F ES 4 4 is fo F « » "1 ‘ ” | À É # : d 1 1 v , 4 + 7 18 14 n, : ré 3e: de 2e REED Es ÿ # LS ANNALES 7/0 ; DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE Comité de rédaction des Annales. Rédacteur en chef : L. GRANDEAU, directeur de la Station agronomique de l'Est. Secrétaire de la rédaction : H. GRANDEAU, sous-directeur de la Station agronomique de l'Est. U. Gayon, directeur de la Station agronomique de Bordeaux. Guinon, directeur honoraire de la Sta- tion agronomique de Châteauroux. Margottet, recteur de l'Académie de Lille. Th. Schlæsing, de l’Institut, professeur à l'Institut national agronomique. E. Risler, directeur de l’Institut na- tional agronomique. A. Girard, de l'Institut, professeur au Conservatoire des arts et métiers. A. Müntz, professeur à l'Institut na- tional agronomique. A. Ronna, membre du Conseil supé- rieur de l'agriculture. Ed. Henry, professeur à l'École na- tionale forestière. E. Reuss, inspecteur des forèts à Alger. Correspondants des Annales pour l'étranger. ALLEMAGNE. L. Ebermayer, professeur à l'Univer- sité de Munich. J. Kônig, directeur de la Station agro- nomique de Münster. Fr. Nobbe, directeur de la Station agronomique de Tharand. Tollens, professeur à l'Université de Güttingen. ANGLETERRE. R. Warington, chimiste du laboratoire de Rothamsted. Ed. Kinch, professeur de chimie agri- cole au collège royal d'agriculture de Cirencester. BELGIQUE. A. Petermann, directeur de la Station agronomique de l'État (Gembloux). CANADA. Dr 0. Trudel, à Ottava. ÉCOSSE. T. Jamieson, directeur de la Station agronomique d'Aberdeen. ESPAGNE ET PORTUGAL. Joâo Motta dâ Prego, à Lisbonne. ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE. E. W. Hilgard, professeur à l'Univer- sité de Berkeley (Californie). HOLLANDE. A. Mayer, directeur de la Station agro- nomique de Wageningen. ITALIE. A. Cossa, professeur de chimie à l'É- cole d'application des ingénieurs, à Turin. NORWÈGE ET SUÈDE. Zetterlund, directeur de là Station agronomique d'Orebro. Dr Al. Atterberg, directeur de Ja Sta- tion agronomique et d'essais de se- mences de Kalmar. SUISSE. E. Schultze, directeur, du laboratoire RARE de l'Ecole polvtech- nique de Zurich. RUSSIE. Thoms, directeur de la Station agro- nomique de Riga. Nora.— Tous les ouvrages adressés franco à La Rédaction seront annoncés dans Le premier fascicule qui paraîtra après leur arrivée. Il sera, en outre, publié s'il y a lieu, une analyse des ouvrages dont la spécialité rentre dans le cadre des Annales (chimie, physique, géologie, minéralogie, physiologie végétale et animale, agriculture, sylviculture, technologie, etc.). Tout ce qui concerne la rédaction des Annales de la Science agronomique française el étrangère (manuscrits, épreuves, correspondance, etc.) devra étre adressé franco à M. Henry Grandeau, docteur ès sciences, secrétaire de la Rédaction, 3, quai Voltaire, à Paris. ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGERE ORGANE DES STATIONS AGRONOMIQUES ET DES LABORATOIRES AGRICOLES PUBLIÉES Sous les auspices du Ministère de l'Agriculture PAR Louis GRANDEAU DIRECTEUR DE LA STATION AGRONOMIQUE DE L'EST PROFESSEUR AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS INSPECTEUR GÉNÉRAL DES STATIONS AGRONOMIQUES VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ENCOURAGEMENT A L'AGRICULTURE MEMBRE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE 2° SÉRIE — DEUXIÈME ANNÉE —- 14896 Tome II Avec figures dans le texte et une planche hors texte. PARIS BERGER-LEVRAULT ET Ci, LIBRAIRES-ÉDITEURS 5, rue des Beaux-Arts, 5 MÊME MAISON A NANCY 1896 _\ TRES = Re D Ne À | AAA D à ET di | % 14 | | n. de mr 2 4 N ) n fé Li “fre el 2e 4e" mA \ , \ ue: a RC RE Bd rt : ? PAS D 1e jee HA (NT EN ROUTES AI SE “nee AS 4 # 2 RUN 206 der ne PRE 74 | sHAGEX sal un re vitre de E Pa ER, ’ 1) pag 0 Le ñ KR At sie : r | : FN wi 1 à fat rS É +: 4 rie ERA GLOVE Ur re CAEN RS . ua à . h MW PU M Cr" È N° " ‘ AUL PA NE AE LIPAEPS LUES Ke SAN NE > "D | L LISA ME UT Re RAR AU RES Shut ; | ÿ A TR, NEA EN ERA \2# MAIS k ue FAURE? A LAIT MC L 1 Fm À ET RPPEITL me 2° Fra + Éuibs Le Ca OR AAA De LUCE ose ENS alle RUE A PONT AR cu LSAR EN | Cl (an | date ARS ACL ANATS Wet, 224 J dt (TE e Lu Apr £ ra d'A ; Ci CPE): .. ii l A & ROULE Le san at 1204 80b) ARR LAS 7 | nt 0 es di S. ; l ï ## eût à ge FFE RRES | 10 N,” BL 4 . “LL Be CR F Des: PTAnt aie À Ne . à # PAGES ; : À Pet APTE OA A LUE 7 ALE % farah ft FA p : : CA w! in — e a. roro sur gass Nr hi paf SATER LE 40 1 NES Tv | | ni PORT TT > à Lys RES he | FO TL IMPACT Loi de CR PDT D es nr e k L . ‘AR M à ETC, 2 et } æ Æ va vs ie abat CA Fe da MORE AN QUE SRE ONE DA ET run ; Ca “ 4 fa CE (Nr Ha Nas ANT Menu #7) LINE pe AL PUR PAIN DAY UE IC”, DATE # AGE: na Sa " pire nt M'A A 4 Ar "Dr pr | LL un AGRICULTURE COLONIALE LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES PAR Henri LECOMTE DOCTEUR ÈS SCIENCES BE — Diverses sortes de textiles végétaux. Les textiles végétaux actuellement cultivés et utilisés peuvent être rangés dans deux grandes catégories parfaitement distinctes : 1° Les poils ou prolongements grêles qui se développent à la sur- face des organes (surface des graines, face interne du fruit, etc.). Le coton est le type de ces textiles, puisqu'il est constitué par les poils recouvrant les graines du cotonnier. A côté du coton viennent se placer un certain nombre de succédanés d'importance secondaire dont nous aurons plus tard l’occasion de nous occuper et qui sont les poils se développant sur la graine des Calotropis, Asclepias, Strophantus, Epilobium, elc., et ceux qui tapissent l’intérieur du fruit chez les Ochroma, Bombax, Eriodendron, etc. % Les fibres constituées par des productions essentiellement in- ternes et qui ne sont autre chose que des cellules ayant acquis une plus grande longueur que les autres éléments des tissus et affectant la forme de fuseaux. Ces fuseaux isolés ou groupés en faisceaux se ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÈRIE. — 1896. — 11 1 2 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. rencontrent dans l'écorce des tiges (chanvre, lin, jute, etc.), ou dans les tissus de la feuille (phormium, agave, bananiers, etc.). On con- çoit facilement que pour isoler ces fibres et les utiliser on soit obligé de les débarrasser des autres tissus qui les englobent. RD ERGOMON Espèces cultivées. Le coton est constitué par les poils unicellulaires, longs et ténus, qui recouvrent les graines du cotonnier et leur forment une sorte d’auréole. Le cotonnier (Gossypiuin) appartient à la famille des Mal- vacées ; la synonymie des espèces du genre Gossypium est très con- fuse, comme d’ailleurs celle de presque toutes les plantes cultivées, dont l'aire de dispersion considérable a laissé le champ libre à toutes les variations que peuvent provoquer le mode de culture, la nature du sol et les différences de climat. Bentham et Hooker ne comptent que deux espèces parmi les cotonniers cultivés ; Masters en admet quatre, Parlatore sept et Todaro trente-quatre. Le simple énoncé de ces divergences de vues montre assez que nous ne pouvons ici dis- cuter la question des espèces. Disons tout de suite qu’il ne faut pas attacher une grande importance à la division qu'on adopte souvent en cotonniers herbacés et cotonniers ligneux. Tel cotonnier qui est herbacé dans le midi de l’Europe peut devenir un arbre et se trou- vera, dès lors, rangé dans la catégorie des « ligneux », si on le trans- plante dans les régions tropicales et réciproquement. Les espèces du genre Gossypium peuvent être divisées en deux grandes catégories : 1° Celles dont les graines sont seulement recouvertes par des poils longs qui constituent le coton et s’enlèvent complètement (Gossypium Barbadense) ; 2° Celles dont les graines ont deux sortes de poils, les uns longs, consliluant à proprement parler le coton, les autres courts, formant LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. . un duvet autour de la graine quand on a arraché les premiers (G. her- baceum, G. arboreum, G. religiosum). Les principales espèces de cotonniers sont les suivantes : 1° Le Gossypium Barbadense L. ou cotonnier des Barbades. Cette espèce fournit, au moins quand elle est cultivée dans de bonnes conditions, un coton remarquable par la finesse et la longueur de ses poils autant que par leur blancheur éclatante. Originaire des Antilles, elle a été introduite aux États-Unis en 1786. C’est elle qui fournit les beaux cotons de Géorgie que le commerce désigne sous le nom de Sea Island, le plus beau coton des États-Unis. Il faut encore rapporter à cette espèce, malgré des différences de détail dues sans doute à la nature du sol et au climai : Le cotonnier de Pernambouc ; —- du Brésil ; — de Bourbon ; — Jumel (d'Égypte) ; — Bahmia (id.). 2 Le Gossypium hirsulum L. ou cotonnier velu. Cette espèce pa- rait originaire des parties les plus chaudes et humides du Mexique et sans doute aussi de la Jamaïque et des îles Gallapagos. Introduite aux États-Unis, elle a donné naissance aux sortes suivantes : coton de la Louisiane ; coton courte soie ; colon de la Nouvelle-Orléans ; coton de la Caroline. Les filaments de ce coton sont courts, mais en revanche ils sont blancs, soyeux et de belle qualité. 3 Le Gossypium herbaceum L. où cotonnier herbacé. Cette es- pèce, originaire d'Asie, porte en Chine le nom de mie wha ; elle fournit le coton de Lu Floride, le coton de Malte, le coton des Cala- bres, le coton de l'Inde, le coton de Siam blanc. Ge coton, assez pré- coce, est court, un peu grisâtre et de qualité ordinaire. Le G. herbaceum produit dans l'Inde trois variétés : le dacca, le bérar est le china. 4 Enfin, le Gossypium arboreum L. ou cotonnier en arbre. Cette espèce a produit deux variétés, l’une à graines lisses, l’autre à graines duveteuses. Elle exige un climat plus chaud que les autres cotonniers ; le coton qu’elle fournit est beau et plus abondant que 4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. celui du cotonnier herbacé. Le G. arboreum, que l’on désigne sou- vent sous le nom de colonnier rouge, est répandu dans la Haute- Égypte, en Perse, au Brésil, en Syrie, dans la Bolivie, la Malaisie, la Guyane, l’Hindoustan, la Chine, le Japon, etc. Conditions climatériques favorables à la culture du cotonnier. Il est assez difficile d'indiquer exactement les conditions climaté- riques les plus favorables à la culture du cotonnier, par la raison, que les exigences diffèrent avec les espèces cultivées. D’après de Humboldt, les espèces G. Barbadense et G. arboreum se trouve- raient surtout très bien d’une moyenne de température variant entre 20° et 30°, qu'on rencontre au sud du 34° de latitude nord. Le G. her- baceum se contenterait d’une température hivernale minima de 10° et d’une température estivale moyenne de 25°. Aux États-Unis, on considère comme un facteur important l’inter- valle entre la dernière gelée du printemps et la première gelée de l'automne et, en général, la récolte se montre d’autant plus abon- dante que cet intervalle est plus grand. La région la plus favorable à la culture du cotonnier s’y étend de 25° à 35° de latitude nord. Les années pluvieuses sont, en général, des années de mauvaises récoltes, car le cotonnier pousse beaucoup trop en tige ; aux États- Unis les années de sécheresse sont aussi celles des meilleures ré- coltes. Mais une sécheresse trop prolongée serait naturellement aussi préjudiciable au cotonnier qu’une pluie persistante. C’est pour cetle raison qu’au Brésil cette culture ne peut se faire dans les ré- gions voisines de la côte, où les pluies sont beaucoup trop fréquentes. Partout ailleurs, au contraire, c’est au voisinage des côtes, sous la salutaire influence de l'air salin, que croissent les meilleures sortes. C’est ainsi que le célèbre Sea Island des États-Unis, semé à l’intérieur des terres, n’y fournit plus qu’un coton de qualité très ordinaire. Sol qui convient au cotonnier. Aux Etats-Unis, les terrains consacrés à la culture du cotonnier sont de plusieurs sortes : d’abord dans la Géorgie, la Caroline du LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 2 Sud et quelques comtés de l’Alabama et du Mississipi des terres rouges composées de erdfe et d’argile, plus ou moins sablonneuses suivaut les localités, exemptes presque complètement de cailloux. Dans le centre de l’Alabama et au Texas, le cotonnier occupe des terres noires composées d’alluvions reposant sur le terrain crétacé ; c’est un sol d’une remarquable fertilité. Enfin, les alluvions riches en humus des immenses vallées du Mis- sissipi sont les plus recherchées. Leur sous-sol meuble effectue na- turellement le drainage ; les eaux ne séjournent jamais à la surface du sol et le sous-sol n’est pas non plus marécageux à cause de la légère pente du terrain. Aux Indes anglaises, les terrains les plus favorables à la culture du cotonnier sont constitués par le « regur », sorte d’argile ferrugineuse noire, bleuâtre ou grise dont la composition a été trouvée la suivante (pour un échantillon) : SIC SE ASS AOC RENE HERO TR Ets 48.20 DHEA NE RE M Mers 20.30 (arbonate derchanxe. 20. ve DER 16.00 Garbonate de magnésie .. ... — . . . * 10.20 Over de tien EC NS ER LT 1.00 Eau et matières organiques. . . . . . . . 4.30 Sans entrer dans le détail des opérations de culture, il y a quel- . ques principes généraux sur lesquels il est utile de s’arrêter. D'abord, le cotonnier étant une plante à racine pivolante doit être cultivé dans un sol profond ; en outre, les graines, devant être semées à la surface du sol, demandent une terre ameublie par de fréquents labours, pour que la racine puisse facilement y pénétrer. Enfin, il est indispensable de n’utiliser que des graines choisies, provenant des plus belles capsules de la dernière récolte et appartenant à une sorte unique, afin d'éviter les mélanges toujours préjudiciables à la qualité du produit. Ajoutons qu’il est absolument nécessaire, le co- tonnier étant une plante épuisante, de pratiquer des assolements, en faisant alterner sa culture avec celle de céréales diverses ou de légu- mineuses. < En général, on peut dire que toutes les terres fertiles, profondes, assez ondulées pour ne pas être marécageuses, conviennent à la culture du cotonnier. 6 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Production et consommation. En 1747, on reçut, en Angleterre, 7 sacs de coton provenant de Charleston ; c’est le premier envoi de coton fait par les États-Unis. En 1764, l'histoire mentionne l’envoi de 8 balles ; en 1770, les/États- Unis expédièrent 3 balles de New-York, 4 sacs de la Virginie et 3 ba- rils de la Caroline du Nord. (Deschamps, Le Coton.) En 1784, l'envoi se composait déjà de 71 balles ; mais la douane anglaise s’'émut, sous le prétexte que les États-Unis ne pouvaient produire une quanlité si considérable de coton et l’expédition fut confisquée. C’est seulement vers les dernières années du siècle dernier qu’on vit cette culture prendre rapidement une importance qui grandit encore, quand des inventions mémorables vinrent apporter une transformation com- plète dans le traitement mécanique du coton. Le tableau suivant donne une idée assez exacte de la progression suivie par la culture du coton aux États-Unis (en balles de 200 kilogr..) : SAISONS. PRODUCTION. SAISONS. PRODUCTION, 1783-1784. . . 71 balles. 1878-1879 . . 5 000 000 balles. 1823-1824 . . 500 000 — 1880-1881 . . 6000000 — 1830-1831. . . 1000000 — 1890-1891 . . 9000000 — 1839-1840. . . 2000000 — 1892-1893 . . 7000000 — 1851-1852 . . 3000000 — 1893-1894 . . 7905000 — 1858-1859 ,. . 4000 000 — La production la plus élevée est celle de la saison 1891-1892 qui serait de 9 473 000 balles, pesant 1 894 600 000 kilogr. D’après le rapport de la commission des valeurs pour année 1895, la production totale du coton dans le monde entier serait la suivante, pour les dernières années : É -UN DE ÉGYPTE TOTAUX er 1 000 ses 1 000 kilogr. 1000 kilogr. 1000 kilogr. 1590-1891 . . 1 831 600 528 500 161 400 2 521 500 1891-1892 . . 1 894 600 515 550 186 000 2 596 150 1892-1893 . . 1 404 000 498 925 203 400 2 106 315 1593-1894 . . 1 251 000 523 7119 199 200 2 303 975 À ces quantités, il faudrait encore ajouter pour chaque année : 4° 400 000 balles de 80 kilogr. produites par le Pérou et le Brésil ; LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 7 2 65 à 70 millions de kilogrammes de coton, fournis à l’industrie russe par l’Asie centrale et la région du Caucase. On arrive ainsi, pour l’année 1895, au total énorme de 2 200 000 000 kilogr. pour la production du monde entier et de 2500 000 000 kilogr. pour 1894. Sans aucun doute, ce chiffre déjà respectable se trouve au-dessous de la vérité, car il conviendrait d’y ajouter tout le coton utilisé sur place par les indigènes pour leurs besoins personnels. Mais il est évident que nous manquons absolument des données nécessaires pour établir ce calcul complémentaire. Du tableau que nous venons de donner plus haut pour la produc- tion totale du globe nous ne voulons retenir pour le moment qu’une seule chose, c’est que la production baisse aux États-Unis et qu’elle a augmenté en Égypte. D’après les statistiques officielles fournies par le département de l’agriculture des États-Unis, il faudrait attribuer uniquement cet abaissement de la production à la diminution de l'aire cultivée qui serait pour ces dernières années : LS ORAN PAR SOTEe 19 469 617 acres ?, SOIR ETES eN PUR 19018460 — One ARE PNR Ne he 15 881984 — 1 Ut ME sd MO Tete 15 963 966 — Mais il n’est pas facile de contrôler ces chiffres, la vérilé est peut- être ailleurs : une culture sans assolement épuise peu à peu le sol, si on ne restitue pas à ce dernier les substances minérales qu'il a per- dues. Un autre moyen se présenterail : ce serait de porter peu à peu la culture sur de nouveaux terrains ; mais la plus grande partie de ceux qui sont favorables se trouve déjà utilisée. On peut dire, sans crainte de se tromper beaucoup, que les prix de vente assez bas de ces dernières années n’ont peut-être pas encouragé les cultivateurs américains à amender leurs terres, et c’est sans doute là une des causes principales du recul de la production. Dans le delta du Nil au contraire, où les terres favorables se trouvent encore en grande quantité, où la culture plus récente n’a pas encore épuisé le sol, la 1. 2 acres et demie valent un hectare environ. 8 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. production a augmenté et tout le monde sait que le jumel d'Égypte est l’un des cotons les plus estimés sur les marchés européens. La conclusion de ce qui précède est facile à prévoir : il ne faut pas que le découragement momentané des cultivateurs américains puisse influencer les colons de tous les pays tropicaux et leur faire envisager comme problématique une culture qui a donné aux États- Unis de si beaux résultats et qui en a fait la fortune. Cette situation doit les encourager au contraire à lutter partout où se trouvent d’im- menses territoires vierges de toute culture et au milieu desquels la production du coton pourra s’épanouir en loute sûreté. Dira-t-on que les prix de vente ont cessé d’être rémunérateurs ? Nous n’établirons pas le tableau des prix pour la série des années de 1840 à nos jours ; on trouverait, en 1862, 1863, 1864, 1865 et 1866, un relèvement énorme des prix dù uniquement aux troubles apportés à la culture par la guerre de Sécession. Mais nous voulons simple- ment mellre en regard deux périodes éloignées, l’une, de 1840 à 1850, qui a vu la culture du coton prendre aux États-Unis un essor rapide ; l’autre, de 1880 à 1890, qui se trouve plus rapprochée de nous. On à mis en regard les valeurs de la même qualité de coton sur la place de Liverpool. VALEUR VALEUR de la de la SAISONS. livre anglaise SAISONS. livre anglaise exprimée exprimée en pences. en pences. 1839-1840. . 5,20 1879-L880y; D ta RE Abo 1840-1841. . 2,13 US TER E AN D 5e 6,48 1841-1842. . 4,56 1881518821 RL TES 6,70 1842-1843 . 4,37 LOG PES 0 5 EME 5,90 1843-1814 . 4,71 1883-L8BLLT PMU EUR 6,03 1841-1845 . 3:92 lRSASBS ES en 2,76 1845-1846. . 4,80 1885-86 EAN AL AMOR 1846-1547, . 6,05 TSSG LSSTE NAN 5,42 1847-1848. . 3,93 SRI ATP 5,51 1848-1849. . 4,09 1888-1889 ..…. . . . 5,73 1849-1850 . 7,10 LSBOMBOD ACT ENS 2,97 Il faut reconnaître que pendant la période 1880-1890 les prix sont supérieurs de 1 p.100 en moyenne à ceux de la période 1830-1840, Cette différence de prix doit compenser l’augmentation du prix de LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 9 la main-d'œuvre (car l'emploi des machines agricoles en à restreint l'importance) et, par conséquent, nous devons conclure que les prix de vente laissent une place à un bénéfice net très appréciable. [Il est vrai qu’on à encore eu à enregistrer un léger abaissement des prix dans ces dernières années, surtout en 1893 ; mais cette baisse n’a élé que momentanée. Si maintenant nous pénétrons plus loi dans notre sujet, si nous recherchons la loi qui préside à l’évolution de l’industrie cotonnière, non seulement en Europe, mais dans le monde entier, nous recon- naîtrons encore que de ce côté règne la plus grande sécurité pour le présent el sans doute aussi pour un assez long avenir. L'importance de l’industrie cotonnière peut être évaluée d’après deux bases distinctes. On peut simplement rechercher et comparer les quantités de coton en laine consommées; d’autre part, on peut rechercher le nombre de broches qui sont utilisées pour le trans- former. COTON MANUFACTURÉ SARL (en milliers de balles de 400 livres anglaises). 1870 1889 1894 ANGLE LRO SERRES MEN Er A ERR AIT 3 013 3 770 4 033 Europe continentale . . . . . 1 962 4 069 » HRÉSUDIS Ra TT PUS PEL 1116 2 692 » Indesrortentales eme ren 87 891 12299 L'OTAN SEINE 6 178 À 11 422 » Ce tableau montre nettement que l’industrie tend à se déplacer : les pays producteurs cherchent à manufacturer sur place les pro- duits du sol. De plus, l’industrie cotonnière subit un ralentissement en Angleterre, tandis qu’elle se développe rapidement sur le conti- nent européen. Dans les Indes anglaises, la quantité des balles ma- nufacturières s’est élevée à 1 375 500 en 1895 contre 1 222 000 en 1894. La puissance de l’industrie cotonnière, nous avons déjà eu l’occa- sion de le dire, peut encore se mesurer par le nombre de broches mises en œuvre dans un pays. On objecte en effet aux comparaisons établies sur les quantités de coton consommées que le numéro moyen de la filaiure a baissé partout et que, par conséquent, la même quan- tité de coton ne représente pas la même somme de travail industriel 10 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ni la même surface de tissu produite. Mais le nombre de broches ne représente pas non plus les variations du résultat obtenu, car, avec un nombre donné de broches Mull Jenny de 1865, on produisait moitié moins qu'une filature Self-acting moderne d’un même nom- bre de broches et trois fois moins qu’une filature au continu. Quoi qu’il en soit, le tableau suivant met sous les yeux du lecteur une comparaison assez instructive : NOMBRE DE MILLIERS DE BROCHES. PAYS. + ! 1881 1886 1891 1894 Grande-Bretagne et Irlande. . 40 600 42 700 44 000 45 270 Continent FARMER 21 245 22 900 25 050 26 850 TorTaz de l'Europe . . . . 61 845 65 600 69 050 12120 HÉRtSAUAS EE RÉ EN ete 11 375 13 400 14 774 15 550 Indes torientales AE 1 513 2 262 3 302 3 600 Toraz pour le monde entier. 714733 81 262 87 176 91 320 La conclusion énoncée plus haut s’affirme par ce tableau : les États-Unis et les Indes orientales ne veulent pas seulement produire le coton, mais encore le manufacturer. Dans les Indes anglaises, le nombre des broches a progressé de 3 650 000 en 1894 à 3 712 000 en 1895. L’Angleterre a toujours occupé le premier rang pour la manufac- ture du coton. C’est ainsi que pour l’année 1889 elle a mis en œuvre 3 770 000 balles de coton, pendant que l’Europe continentale en uti- lisait 4 069 000 balles. L'Allemagne se place encore avant la France; notre pays n’occupe donc que le troisième rang à ce point de vue. En 1894, l’industrie française a utilisé 178 000 000 de kilogrammes de coton en laine contre : Pour 180440. era tente 155 250 000 kilogr. LS D DM LES RS RES 125 000 000 — — "5100 D Le ee Nes tele 108 000 000 — MS OEM PER ERE ZAR 88 000 000 — L'industrie du coton a donc fait des progrès très sensibles dans ces dernières années. Mais ces progrès rapides ne laissent pas que d’être LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 11 inquiétants, car s’il est vrai que nos exportations de tissus de coton se sont élevées dans la même proportion que la consommation du coton, puisque ces exportations atteignent une valeur totale de 110 000 000 de francs en 1894, pour 79 100 000 en 1880, il n’en existe pas moins ce fait que nous demandons toute la matière première à l’étranger, surtout aux États-Unis, aux Indes et à l'Égypte. En effet, pour le dernier exercice écoulé, celui de 1895, les im- portations totales se décomposent de la façon suivante (commerce général) : PAYS. , POIDS. États-Unis (0. At). . . . . 144 567 634 kilogr. Easter eh it 1689512220 Indes angidises Pen 11279696 — ANCIOTELT ES 4 Ur ner ie cle 6220247 — RURQUIR RE RCE enr 1 63S 417 — ANÉTES PAYS Mer LL AE, 4993 303 — DOTALE AE AR 185 594 519 — Les statistiques coloniales de 1891 signalent une exportation totale de 263 Lonnes de coton en laine pour toutes nos colonies réunies ; nous estimons que ce chiffre n’est pas exact, car 1l faut y ajouter le coton expédié en Chine et en particulier au Yun-nan par nos colo- unies de l’'Extrème-Orient. D’après les derniers renseignements que nous avons pu recueillir, on pourrait estimer ces expéditions à 2 000 tonnes par an; de telle sorte que les exportations de coton en laine de nos colonies s’élèveraient à environ 2 200 tonnes, soit la milllème partie de la production connue du monde entier. Sur ce chiffre de 2 200 tonnes on ne signale aucune expédition en France, de telle sorte que notre industrie n’est alimentée que par le colon élranger. Notre but étant précisément de mettre en évidence ce qu’il serait possible de demander aux colonies françaises au point de vue des productions textiles, les seules qui nous occupent dans cet article, nous allons passer en revue, aussi sommairement que possible, les tentatives faites jusqu’à ce jour pour y introduire la culture coton: nière, en utilisant les documents fournis, soit par les administrations, soit par les voyageurs qui ont parcouru ces pays. 12 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Colonies françaises d'Asie. Les établissements français de l'Inde ne peuvent prendre une place considérable dans la production du coton, car l’étendue de ces éta- blissements est restreinte comme on le sait et de plus il ne reste plus guère de terres disponibles. De même que dans les Indes anglaises le sol est généralement propre à la culture du coton. On y rencontre le Gossypium herbaceum et le G. arboreum, avec un autre cotonnier à graines sphériques qui n’a pas encore été décrit. On a d’ailleurs essayé dans l’Inde la culture de la plupart des cotonniers de l'Orient et même des sortes de la Louisiane, mais, comme nous l’avons déjà dit, cette culture n’est pas susceptible d’y prendre jamais une grande extension. Les cotons produits sont généralement de bonne qualité et préparés avec assez de soin; mais ils sont consommés presque complètement par l’industrie du pays et les exportations sont insi- gnifiantes. Il arrive en France, tous les ans, une certaine quantité de coton en laine provenant de l'Inde française ; mais ce coton vient réellement des pays voisins de notre colonie. Si la culture du cotonnier n’est pas florissante dans l’Inde fran- çaise, on a du moins tenté depuis fort longtemps de profiter du bas prix de la main-d'œuvre indigène pour fabriquer sur place les tissus de coton nécessaires au commerce local et même à l’expor-- tation. Le coton Ariélour ou Salem qui constitue la matière première de cette industrie est surtout produit dans la partie méridionale de l'Inde d’où on l’expédie en balles de 300 livres anglaises au prix de 95 à 110 roupies' les 500 livres. Le sud de l’Inde peut ainsi produire annuellement de 30 000 à 40 000 balles de ce coton. Il existe dans la région de Pondichéry 2 filatures et tissages de coton fournissant annuellement au commerce 5 000 à 6 000 balles de tissus, Ces tissus teints en bleu et désignés sous le nom de gquinées sont rassemblés en balles de 100 pièces. Pour les sortes légères, la pièce pèse 1,500 et vaut sur place 2 roupies à l’état écru ; mais on 1, La loupie vaut ? fr. 40 c. environ. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 13 fabrique aussi des guinées de 3 kilogr. valant 3 roupies trois quarts. L'usine la plus ancienne, fondée en 1835, contient actuellement 20 000 broches et 500 métiers à tisser ; elle occupe de 4 700 à 2 000 ouvriers. La deuxième usine, fondée en 1858, compte 8 000 broches et 180 métiers avec un personnel de 600 ouvriers environ. Le mou- vement d’affaires occasionné annuellement par celle industrie se monte à 4 millions de francs environ. L'industrie cotonnière de l’Inde ne peut d’ailleurs pas être appré- ciée seulement par l'importance des usines mécaniques installées dans le pays, car on compte en outre un assez grand nombre de mé- tiers indigènes dans les districts de Pondichéry, de Karikal et de Chandernagor. De même que dans l’Inde française, l’industrie du coton tend à s'implanter dans l'Inde anglaise. Mais ici elle se trouve dans des conditions beaucoup plus favorables, puisque les Indes anglaises pro- duisent annuellement une quantité de coton qui peut être évaluée, en chiffres ronds, à 500 000 000 kilogr., comme le montre le tableau suivant : ANNÉES COMMENÇANT le 31 mars. 1 000 KILOGR. PT OLA SAUT PACE DEN RSR RS 28 500 RON ER RENE N'OSE Er 515 550 LORS EURE PMR MANENES NE 498 925 L'industrie cotonnière d'Angleterre tend à s'implanter de plus en plus aux Indes; le nombre des broches, qui était de 1513000 en 1881, s’est élevé à 8 399 000 en 1891 et à 3 650 000 en 1894, c’est-à-dire que le nombre des broches a plus que doublé en dix ans. Et ce sont probablement ces tissus de coton, produits à bon marché et teints sur place qui alimenteront bientôt le commerce anglais dans toutes les colonies du monde. L'établissement en 1894 d’un droit de 5 p. 100 sur tous les fils et tissus de coton d’origine anglaise admis jusque-là en franchise n’a pas peu contribué à l’extension de l’industrie cotonnière dans l’Inde. Mais ces dispositions sont sur le point d’être modifiées. Les exportations de coton manufacturé de l'Inde, qui s’élevaient à 6 374 564 Rx. en 1888-1889, ont progressé à 8 100 658 Rx. en 1892- 1893. 14 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Si nous voulons ne pas fermer définitivement le marché des colo- nies à nos tissus de coton, il importe de rechercher des conditions de production à bon marché. Il est évident que nous ne pouvons trouver dans le territoire si restreint de l’Inde française les conditions nécessaires pour engager la lutte ; mais nous allons voir si on a fait dans l’Indo-Chine, où nous avons dés possessions considérables, tout ce qu’il était possible d'espérer. Notre vaste colonie de l’Indo-Chine, qui s'étend du 9° au 23° degré de latitude nord, conviendrait merveilleusement, en beaucoup de points, à la culture du coton ; on a déjà fait de nombreux essais ; des exploitations ont élé créées ; mais ici comme partout ailleurs nous ne recontrerons pas le concours nécessaire des grands capitaux qui seuls pourraient féconder les entreprises coloniales. Le coton est cultivé dans presque toutes les provinces de l’Annam et du Tonkin, mais surtout dans les provinces du Thuân-Khanh et du Thanh-Hoa ; mais il est rare que cette culture soit bien conduite ; les cultivateurs n’ont pas fait jusqu’à ce jour la sélection des bonnes sortes à cultiver et les soins donnés à la récolte laissent le plus sou- ven. à désirer. Des expériences faites au jardin d’essai de Hanoï prouvent que cette culture serait non seulement possible, mais encore fructueuse et qu’il suffirait sans doute de se procurer de bonnes graines pour obtenir d'excellents produits’. Nous avons eu l’occasion d’étudier des cotons du Tonkin et nous avons pu constater que la longueur des brins atteint souvent 0,045 ; ces cotons sont blancs, fins, soyeux et représentent bien certainement un produit très supérieur à la plu- part des cotons des Indes anglaises. Le coton indigène de l’Annam s’est montré beaucoup plus court, moins blanc et moins soyeux (lon- gueur : 0%,015 à 0,025). Le climat de lAnnam proprement dit paraît plus Mie à la culture du coton que celui du Tonkin, car dans ce dernier pays la température est plus variable ; en outre, au Tonkin surviennent sou- vent des pluies inopinées qui compromettraient la récolte. 1. Les cotonniers d'Égypte, de Géorgie, de la Louisiane et le Sea Island, cultivés depuis quatre ans au jardin d'essai, ont donné des produits d'excellente qualité, LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 19 Dans la province du Thuân-Khanb, la récolte du coton vient comme importance après celle du riz, et cette province, qui est située au sud de lPAnnam, exporte annuellement 400000 kilogr. de coton à destination du Japon, où ce produit est plus particulièrement ap- précié. Le transport se fait au moyen de jonques chinoises qui vien- nent prendre leur chargement dans les ports de Phan-ri et de Nha- trang. En remontant vers le nord, on trouve encore des plantations de coton, mais de moindre importance, dans le Quang-nam et dans le Nghè-an. Dans cette dernière province, 1l existe cinq marchés où se traitent les affaires de coton. C’est surtout à la fabrication des coton- nades indigènes qu'est employé le coton de cette province. La province de Thanh-Hoa est le plus fort pays producteur. On estime en effet la récolte annuelle à 600 000 kilogr. de coton égrené. La plus grande partie est achetée par les Chinois de Nam-Dinb, qui eux-mêmes l’expédient en Chine de Haïphong. Les cultures du Tonkin sont moins importantes que celles de l’An- nam. Elles se rencontrent surtout dans les provinces de Ninh-binh, Hà-nam, Haï-duong, Lang-son et Cao-bang. En 1893, il a été exporté par le port de Haïphong 462 000 kilogr. de coton égrené provenant du Tonkin et représentant une valeur de 436 000 fr. Mais le coton du Tonkin est encore apprécié des indigènes du Yun- nam el il trouvera toujours dans cette province un débouché facile. Dans la seule année 1894, le Tonkin a fourni au Yun-nam 4519 pi- culs (1595 piculs de plus qu’en 1893) de coton représentant une va- leur de 79 709 taëls (valeur moyenne 4 fr. 0 c. en 1894). Ce coton a été surtout transporté sur les marchés de Yun-nan-fou, Kin-tsing, Tch'eng-Kiang et Liu-Noan. Le gouvernement local s'efforce d'encourager la culture du coton et par un arrêté en date du 7 octobre 1893, il a été décidé qu’une avance de 500 piastres serait mise à la disposition du Tong-Doc de la province de Hanoï pour être répartie à litre d'avance entre divers villages qui se livrent à la culture du coton; ces avances devaient être remboursées dans un délai de dix-huit mois à courir du 1° jan- vier 1894. Dans ces dernières années, une plantation de 800 hectares de co- 16 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ton a été créée par M. Bourgoin-Meiffre dans la province de Sontay sur les bords de la Rivière Noire ; une autre plantation est en voie de création dans la province de Ninh-binh. Au Cambodge, le coton ne vient pes moins bien que dans le reste de l’Indo-Chine ; il donne d’excellents résultats dans tous les terrains bas, et un industriel, M. Praire, vient d’y créer une filature. Le reste de la récolte est accaparé par les Chinois pour l'exportation à l’état brut. Pour donner une idée de l'importance de cette culture au Cambodge et de l’expansion qu’elle peut prendre, nous rappellerons que les exportations ont élé les suivantes pour 1889 et 1892 : ANNÉES. QUANTITÉS EXPORTÉES. LS SOS SR on Ve 30 000 piculs !. LOS TEE ALERTER UE 80 000 — Enfin, dans la Cochinchine, on ne comptait en 1894 que 640 hec- tares plantés en coton, dont 220 dans l’arrondissement de Baria et 200 dans celui de Bentré ; mais sans aucun doute on pourrait, dans cette région, consacrer d'immenses territoires à cette culture. « La culture indigène dans toutes les parties de l’Indo-Chine pré- sente beaucoup de points défectueux. En général, les labours man- quent de profondeur ; la terre n’étant pas assez meuble, les coton- niers ne peuvent étendre leurs racines et les trous, insuffisamment creusés, sont beaucoup trop rapprochés les uns des autres. Les An- namites ont aussi le grand tort de laisser 3 à 4 pieds par trou, de sorte que les cotonniers manquent d’air, s’étiolent et produisent des capsules petites et peu fournies. En ne laissant qu’un seul pied à 0%,90 ou 0,60 de distance, on obtiendrait comme rendement le même résultat, et le coton aurait la soie plus longue, plus brillante et plus soyeuse ; les sarclages se feraient aussi avec plus de facilité. » (Note adressée par le gouvernement général de l’Indo-Chine au Mi- nistère des colonies.) L'époque la plus favorable pour les ensemencements au Tonkin s'étend de février à avril; la floraison se continue de fin mai à fin juillet et la récolte a lieu en juillet et août. 1. Le picul représente un peu plus de 60 kilogr. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 17 Les cotons de l’Indo-Chine, trouvant un écoulement assuré en Chine et surtout au Japon, atteignent des prix de vente élevés qui approchent souvent de { fr. le kilogramme et dépassent par consé- quent celui des plus beaux cotons d'Amérique. L’élévation des prix de vente du coton produit par notre colonie à pu faire croire qu’il ne serait jamais possible d'introduire ce coton en France ; nous ne partageons pas cette manière de voir et nous pensons que les prix de revient et par conséquent les prix de vente subiraient une baisse forcée si la culture venait à être faite dans de meilleures conditions et si on recherchait les meilleures conditions à réaliser pour assurer un fort rendement ; les bénéfices réalisés n’en seraient pas sans doute sensiblement diminués. Il est en effet absolument impossible, d’après les conditions actuelles de culture, de dire quel pourrait être, avec plus de méthode, de soins et de science, le rendement d’une plantation de coton en Indo-Chine. En tout cas, le coton produit trouverait toujours en Chine et au Japon un écoulement facile à des prix très rémunérateurs. On pour- rait expédier, soit à l’état brut, soit sous forme de fil. La province chinoise de Yun-nan a reçu en effet, à elle seule, dans l’année 1894, des cotons filés n° 10 et n° 20 pour une somme un peu supérieure à 2 400 000 fr. et des tissus de coton écrus, blanchis, teints ou im- ‘primés pour 200 000 fr. Mais le Japon surtout parait devoir être, dans un avenir prochain, un marché où pourront s’écouler des quantités considérables de co- ton. En 4886, les filatures japonaises ont produit 6 422 072 livres de fil; en 1890, ce nombre s’est élevé à 42 527 042 livres et en 1892 ce dernier chiffre avait presque doublé. Aussi Les importations de coton ont-elles subi un accroissement exceplionnellement rapide. Tandis qu’en 1888 elles s’élevaient à une valeur de 1 221 769 piastres, elles atteignent plus de 16 millions de piastres en 1893 et 19 600 000 cn 1894. Le nombre des broches était de 381 781 à la fin de 1893. Aussi voit-on diminuer peu à peu limportation des fils étrangers. Cette importation, qui s'élevait à 15 600 000 piastres en 1888, était descendue à 8 000 000 de piastres en 1893. Dans un avenir prochain le Japon deviendra un centre industriel important et fournira sans doute les tissus de coton nécessaires pour alimenter le commerce de ANN. SCIENCE AGRON. — %° SÉRIE. — 1890, — 11, 2 # 18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. tout l'Orient. C’est là, pour l’industrie européenne, un péril sur le- quel nous ne pouvons trop insister. Actuellement, il exporte déjà des fils et même des tissus, et cette exportation croît rapidement. En 1899, l'exportation des filés (Yarn) s'élevait à une valeur de 7 719 piastres seulement pour monter à 59175 en 1893 et à 955 529 en 1894. D'après un rapport fourni par notre ministre au Japon, le coton brut employé par les filatures japonaises provenait en 1891 et en 1892 surtout des Indes, de la Chine et des États-Unis; les résultats de 1893 se montrent très différents : le coton indien a disparu ; l'importation des États-Unis s’est maintenue à peu près stationnaire; l’Angleterre, qui est entrée en scène en 1899, a fourni, en 1893, près de la moitié des cotons employés au Japon, et la Chine en a vendu aussi une quantité considérable ; mais ce coton est de moins bonne qualité que celui qui vient de l’ndo-Chine. Et le rapport du ministre conclut ainsi: « Pour l’achat du coton brut, l’Inde est dans une mau- vaise situation comme vendeur ; Angleterre, qui ne produit pas le coton, ne peut le fournir que de seconde main; il semble qu’il y ait là une situation à exploiter pour nos colonies de l'Indo-Chine, pro- ductrices de coton, rapprochées du Japon et qui sont, comme celui-ci, pays de monnaie d’argent. » En résumé, la culture du coton se présente en Indo-Chine avec l’avenir le plus rassurant, soit que notre colonie se contente de pro- duire le coton en laine pour lexporter en Chine et au Japon, soit qu'on y organise à la fois la culture et l’industrie du coton. Mais nous ne cesserons de ie répéler : l’ère des tentatives isolées et mo- destes est finie ; il est nécessaire d'engager la question plus hardi- ment et sur des bases plus solides ; il faut analyser les terres partout où le climat se montre favorable à la culture du coton; il faut com- parer ces analyses avec celles qui ont été faites des sols favorables à la culture du coton dans l’Inde anglaise et aux États-Unis; il faut introduire les cotonniers les plus appropriés à la nature du sol et au chmat ; il faut surtout le concours réuni des bonnes volontés, des initiatives hardies et des capitaux. À ce prix le succès serait assuré. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 19 Établissements français de l'Océanie. Nos colonies de la Nouvelle-Calédonie et de Tahiti, situées au voi- sinage du 20° de latitude sud, conviennent bien par leur climat à la culture du coton et les cotonniers croissent en effet naturellement en beaucoup de points. On y rencontre, en particulier, deux espèces qui ont été distinguées par Parlatore de celles que nous avons si- onalées plus haut. Le Gossypium Tailense Parl, abondant à Tahiti et aux iles de la Société, y fut récolté par Forster, compagnon de Cook, dans son deuxième voyage autour du monde. Ce cotonnier croît spontanément à Tahiti, où il ne fut pendant longtemps l’objet d’au- cune culture. Il est reconnaissable à ses bractées profondément laci- niées et à son calice dont les divisions se terminent en longues pointes. Le G. Sandwicence Parl. a été découvert aux îles Sandwich, à 22° de latitude nord, par Menzies qui faisait partie de la célèbre expédition de Vancouver. Cette espèce est surtout caractérisée par une longue pointe terminant la capsule, ce qui permet de ne la con- fondre avec aucune autre. D'ailleurs, les meilleures espèces peuvent prospérer dans nos co- lonies océaniennes, principalement à Tahiti, Moorea, aux iles sous le Vent et aux Marquises, où la culture du coton trouverait les con- ditions les plus favorables de sol et de climat et où les cotonniers sauvages poussent, dit Parlatore, comme de la mauvaise herbe. Il est peu étonnant, dès lors, que les premiers efforts de la cul- ture coloniale se soient portés vers cette plante textile : dès 1864, une compagnie anglaise prenait l'initiative de cette culture et au moyen de l’immigration chinoise créait sur l'immense territoire d’Altimaono de vastes plantations de coton qui répandirent la richesse dans la colonie ; vers 1872, lorsque cette compagnie fut dissoute et les plantations abandonnées, la culture du coton, propagée par l'exemple, s’était déjà assez répandue sur tous nos territoires pour que la moyenne des exportations ait pu non seulement se maintenir, mais encore augmenter notablement. En 1884 et 1885, l'exportation atteignait 660 000 kilogr. » (Rapport de l'administration locale.) À ce moment, le coton de Tahiti était encore expédié à la métro- 20 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. pole, au moins en grande partie ; mais depuis que l’Angleterre s’est emparée de ce trafic, nous ne recevons plus rien; les cultures ont périclité rapidement et les exportations décroissent tous les ans avec une telle rapidité que pour 1894 elles ne s’élevaient plus qu’à 169953 kilogr. se répartissant de la façon suivante" : Pour l'Angleterre et la Nouvelle-Zélande. . . . . 88 664 kilogr. Pour les États-Unis d'Amérique . . . . . . . . 80579 — Les prix de ces cotons varient de 1 fr. 20 c. à 1 fr. 60 c. le kilo- gramme et le fret pour l’Europe (Angleterre actuellement) s'élève à environ 495 fr. la tonne pour les sortes mélangées, les seules, d’ail- leurs, qui soient expédiées, par la raison que le mélange des espèces est devenu si intime qu'il n’est guère possible de procéder à la sé- lection des diverses catégories de cotons. C’est pour remédier à cet état de choses que la Chambre d’agriculture de Papeete à fait venir récemment des graines de coton des îles Fidji pour les cultiver 1so- lément et obtenir des récoltes sans mélange. L'absence de communications directes avec la France a découragé, comme on le voit, la culture du coton dans notre colonie de Tahiti ; par suite, l’intervention des commerçants anglais a provoqué un avilissement des prix et peu à peu les indigènes abandonnent la cul- ture du coton; peut-être ne serait-il pas difficile de rétablir cette branche de la culture locale et de rendre à ces colonies lointaines une source de richesses qu’elles ont vu Larir si rapidement. Nous ne citerons que pour mémoire la présence du coton dans la Nouvelle-Calédonie, car on n’a jamais tenté de cultures importantes dans cette colomie, Culture du coton en Afrique. Le cotonnier se rencontre sur un grand nombre de points en Afrique et sans doute on pourrait y compter plusieurs espèces 1. D'après les renseignements reçus de la Chambre d'agriculture de Papeete, il existe dans les établissements français d'Océanie quatre usines à égrener le coton, éeux à Tahiti, une aux îles Marquises et une aux îles sous le Vent. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 21 spontanées; mais des renseignements complets nous manquent à cet égard. Pour notre part, nous avons rencontré au Congo, sur la côte occidentale d'Afrique, le Gossypium Barbadense L. assez abondam- ment répandu. Malheureusement un grand nombre de voyageurs signalent la présence du cotonnier jusqu’au centre de l'Afrique sans fournir les matériaux ou les renseignements nécessaires pour déter- miner l’espèce ; il nous est donc impossible de dire actuellement quelles sont les différentes espèces de Gossypium qui vivent en Afrique à l’état spontané. C’est principalement en Égypte que la culture du cotonnier a pris, dans la dernière moitié de ce siècle, un développement considérable et pendant l’année 1894 la superficie Lotale de terres consacrées à cette culture s’est élevée à 965 946 feddans’, soit 397 297 hectares. Sur ces 965946 feddans on en trouve 912 201 dans la Basse-Égypte et le reste dans la Haute-Égypte. Aucun pays n'offre un ensemble de conditions aussi favorables à la culture que l'Égypte. La nature du sol convient en général très bien à cette plante ; en outre, le climat s’y montre d’une régularité remarquable. Les pluies sont rares et c’est surtout par des irriga- tions bien conduites que le cultivateur de coton fournit au sol l’eau qui lui est nécessaire. Il est donc absolument maître d’un des fac- teurs les plus importants de la culture. Dans les autres pays en effet, les sécheresses prolongées ou les pluies inopinées au moment de la malurité sont les principaux obstacles à la culture du coton. En Égypte ces obstacles n’existent pas. Jusqu'en 1820, le cotonnier indigène était seul cultivé et il l’est encore aujourd’hui en un grand nombre de points; le lin et la laine suffisant à la fabrication des vêtements de la population, le lin servait simplement à faire des coussins et des matelas ; ce coton court el grossier ne pourrait d’ailleurs servir qu’à la filature des gros numéros. Un derviche turc revenant des Indes avait remis à Maho-Bey El Orfali, un des grands personnages du pays, une certaine quantité de graines de coton indien. Maho-Bey se contentait de cultiver ce 1. Le feddan équivaut à 4 200"1,833 ou 42 ares. 22 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. coton comme plante d'ornement quand un jour, Jumel, industriel genevois, qui, après avoir éprouvé des pertes dans son pays, s'était retiré en Égypte, passant par hasard devant le jardin de Maho-Bey à Boulac, aperçut un pied de ce coton; il apprécia de suite sa valeur et encouragea Méhémet-Ali à en faire la culture ; des graines furent semées par les soins de Jumel en trois endroits différents en suivant les instructions du derviche. Cet essai réussit et donna 15 ardebs de graines (l’ardeb correspond à 197/,74). Méhémet-Ali rassembla alors tous les gouverneurs du pays, les exhorta à ré- pandre la nouvelle culture, promit les plus hautes récompenses à ceux qui y apporteraient tous leurs soins et édicta les peines les plus sévères contre ceux qui l’entraveraient par un moyen quel- conque. Enfin pour enseigner aux fellahs la culture du coton, on fit venir de l’Asie-Mineure des personnes habituées à cette cul- ture. Jumel mourut en Égypte dans un état voisin de la misère, au mo- ment où les cultures faites sur ses conseils et en partie par ses soins commençaient à faire la richesse du pays. Il est vrai que les Français ont conservé le nom de Jumel au coton d'Égypte ; mais en Égypte, en Allemagne et en Suisse on le désigne sous le nom de Maho ou Mako. Au début, tout le coton cultivé était identique et provenait des mêmes graines ; mais peu à peu, les différences de sol, de culture, etc., ont déterminé la formation d’un certain nombre de types dis- uncts: Ashmouni, Hamouli, Bamich, Abiad, Mit Afifi, Sea Island, Gallini, Zafiri, Psikha, Hariri et Maskens”. Les semailles se font habituellement fin mars ou au commence- ment d'avril, la floraison commence vers le milieu de juin et la cueil- lette se fait à partir des premiers jours de septembre. Le rendement en graines pour 1894 a été de 4 kantars 91 (le kan- Lar vaut 445,493) au feddan ; mais ce résultat est un peu supérieur à la moyenne. Enfin le rendement en coton représente environ le tiers du rendement total. {. Une autre sorte, le coton Abassi, obtenu par M. Zafiri Parachimonos, cultivateur en Égypte, paraît devoir donner surtout de bons résultats dans les parties les plus chau- des de l'Afrique. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 23 Les premières expéditions de coton à Liverpool datent de 1823; ces expéditions ont suivi la progression suivante : DSP EL Een me Pom 15 000 balles. LOLONS UE ENS Re 35 000 — ABDO M EREe L 79000 — LHC ISLE AE NT NE 109 000 — LORS fe 7e 220 000 — #1550 ET teste 240 000 — D LE MS En tin 207 SRE 683 636 — La récolte de l’avant-dernière année 1893-1894 (l’année coton- nière commence en Égypte le 1° septembre et finit le 31 août de l’année suivante) se chiffrant par 5 123 350 kantars contre 2 686 382 pour l’année 1883-1884, on voit que la culture s’étend rapidement. La récolte est expédiée pour moitié en Angleterre ; un cinquième en Russie ; le reste presque également en France, en Italie, en Autriche, aux États-Unis et en Espagne. Quant aux graines elles-mêmes, on ex- pédie en Angleterre et un peu en France celles qui ne sont pas utili- sées par les huileries du pays. D'un travail publié par l'administration des domaines de l’État égyptien qui a fait cultiver en moyenne 32 000 feddans en coton pen- dant les quinze dernières années (de 1879 à 1895), il résulte que le rendement en coton brut augmente rapidement à mesure que se perfectionnent les procédés de culture ; cette augmentation se montre surtout sensible pour ces dernières années. Le rendement, qui était de 3 kantars 06 au feddan en 1889, s’est élevé à 3,97 en 1890, à 4,19 en 1891, à 5,30 en 1892, à 4%62 en 1893 et enfin à 4,51 en 1894 ; le rendement en graines ayant naturellement suivi une pro- gression parallèle mais un peu moins accusée, il en résulte que, malgré une baisse de prix des cotons, le rendement total en argent a augmenté dans ces dernières années. Ce rendement, qui avait été en moyenne de 8 livres’ 63 piastres par feddan pour la période 1879-1889, s'élève à 10"*,66 pour la période 1890-1893 et reste encore à 8,72 pour l’année 1894 qui a vu une baisse de prix sans exemple. 1. La livre égyptienne correspond à 25 fr. 923 de notre monnaie. 24 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Si nous avons longuement insisté sur le développement de la cul- ture cotonnière en Égypte, c’est qu’à notre avis nous devons en tirer un enseignement pour nos colonies africaines ; nous avons voulu montrer que si la culture du cotonnier est possible et fructueuse en Égypte, elle pourrait sans doute l'être au même tire et pour les mêmes raisons dans d’autres pays d'Afrique. Algérie et Tunisie. > Si le bassin du Nil se montre favorable à la culture du cotonnier, elle ne réussirait pas au même titre en Algérie, en Tunisie et au Maroc. Une différence de latitude d'environ 5° entre les côtes sep- tentrionales de l'Égypte et de l'Algérie provoque une différence très notable dans les climats. Tandis que la température se montre très égale en Égypte, elle subit en Algérie et en Tunisie des variations brasques fort préjudiciables à la culture du coton. Aussi certains cotonniers qui viennent fort bien en Égypte ne fructifient pas à Alger. Tel est le cas d’une sorte nouvelle, le coton Abassi, obtenu par un cultivateur égyptien et qui n’a pas fructifié au jardin d’essai d'Alger. De plus, les jeunes plants, alors qu’ils ne possèdent encore que 3 ou 4 feuilles, sont sujets à une maladie produite par les brus- ques variations de température ou par l’action subite des courants d'air humide et froid : la végétation s'arrête, les feuilles se recro- quevillent et se gonflent ; une teinte pâle envahit la plante et la chlo- rose se déclare *. Les premiers essais de culture èn Algérie datent de 1850 ; mais cette culture dut se propager rapidement, car à l’Exposition de 1855 on rencontrait déjà une collection de 250 échantillons de coton al- gérien exposés par 190 planteurs. C’est surtout la province d'Oran qui, en raison de son climat plus favorable, avait vu cette culture se développer avec plus de rapidité et le coton produit était d’assez bonne qualité. Malheureusement le prix de revient trop élevé ne laissait aucun bénéfice au cultivateur. Un décret impérial du 16 oc- tobre 1855 vint apporter un encouragement en instituant des primes 1. Dupuis, Bull. de la Soc. zool. d'acclim., t. IX, p. 823, 1862. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 25 pour la culture du coton. Aussi en 1855 la province d'Oran possédait à elle seule 12000 hectares de terre plantées en coton. On ne le cul- tivait pas seulement pour la prime offerte, mais aussi parce que les troubles survenus en Amérique avaient provoqué à partir de 1855 une hausse sensible des prix qui atteignit son maximum en 1864. La production a été la suivante pour un certain nombre d'années: RO RE RACE EE Her 4301 kilogr. MS A EE PE PET 12369 — 1800 FR RES US 81 890 — 1 RO Ve AR EE SAUT 104 000 — OA 149 000 — LS CIRE EN NS 297 000 — SGA NS TE 376000 — SCORE en 850 000 — Mais naturellement on abaissa les primes et quand les prix du coton reprirent leur cours normal, la culture du coton en Algérie ne fit plus que péricliter. En 1871, la production fut encore de 270 000 kilogr.; mais en 1876 le nombre des planteurs se réduisait à 9 et la surface cultivée en coton n’était plus que de 36 hectares, fournissant une récolte de 14500 kilogr. Depuis ce moment, la cul- ture du coton paraît abandonnée en Algérie. En somme cette culture ne semble appropriée ni au climat ni aux habitants de l’Algérie ; la . température en est trop variable et d’autre part la main-d'œuvre en est trop chère. Aussi ne pensons-nous pas qu’il soit utile de faire de nouvelles tentalives. Au Maroc, où on a trouvé le cotonnier à l’état sauvage, cette plante viendrait sans doute dans les mêmes conditions que dans la province d'Oran. En Tunisie on a fait aussi des essais de culture à peu près à la même époque qu’en Algérie et en 1855 une société de planteurs s'était fondée à Tunis grâce aux soins de la Cotton Supply Associa- tion. Cette dernière avait d’ailleurs fait remettre au consul anglais de Tunis plusieurs centaines de sacs de graines pour les distribuer aux cultivateurs ; mais, soit insouciance de la part des Arabes, soit méfiance, la culture n’a jamais pris la moindre extension. Il serait peut-être utile d'essayer dans les régions voisines de la Tripolitaine ceux des cotonniers d'Égypte qui se montrent les moins exigeants au point de vue de l’eau. 26 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Sénégal el Soudan. Le coton a été signalé par tous les voyageurs qui ont parcouru le Sénégal et le Soudan ; on le rencontre partout et parfois en assez grande quantité. [Il est vrai que certains de ces voyageurs ont pris parfois pour des cotonniers des arbres de grande taille dont le fruit volumineux contient abondamment une bourre soveuse ; ces arbres dont nous parlerons plus loin ne sont autre chose que des Bombax et les poils qu'ils fournissent ne peuvent en aucune façon être con- fondus avec le coton, car leur peu de résistance les rend impropres à la filature et par conséquent au lissage. Les habitants du Cayor, du Oualo, du Fouta et du Galam cultivent le cotonnier pour leurs besoins personnels ; mais les commerçants établis dans le pays n’ont jamais encouragé ces cultures et on le comprend facilement, car ce serait créer pour eux l'impossibilité d'utiliser les étoffes européennes comme objets d'échange. Au Bon- dou on rencontre des champs considérables de ce précieux textile ; les indigènes savent très bien le filer et le Lisser soit seul, soit associé à la soie pour en faire des pagnes qu’on rencontre à Saint-Louis el à Bakel sous le nom de Pagnes sor. Au moment de la guerre de Sécession, on a fait quelques essais de grande culture au Sénégal ; en 1866 existaient des plantations chez les Sérères (M. Fritz Kæchlin), à Saint-Joseph près de Dakar (M5 Kabès) et au confluent du Taouey dans le Sénégal (M. Ardin d’Elteil). — On a fait plusieurs essais de culture de cotons étrangers ; mais jusqu’à ce Jour il paraît démontré que les cotons indigènes con- viennent mieux que tous les autres. Les principales sortes sont les suivantes: 1° Le Toubab, d'importation européenne, le plus apprécié des co- tons indigènes en raison de la grosseur des capsules et de la longueur du coton ; 2° Le Ndérgo ou Ndérgo, assez voisin du précédent et sans doute 1. D'après des renseignements récents fournis par la Chambre de commerce de Rufisque (1895). LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 27 comme lui d'importation européenne. — Très hâtif et le plus ré- pandu dans la colonie ; 3° Le Môho, originaire, parait-il, du Sénégal. — Soie dure et très courte ; 4° Le Guiné se rencontre de préférence dans le Pakao et la Haute- Casamance ; il fournit un coton rougeâtre. Autrefois chaque famille entretenait une plantation de coton assez développée pour suffire aux besoins de l’année et comprenant de 50 à 300 pieds environ. Tous les ans des tisserands passaient avec des métiers rudimentaires ; ils fabriquaient des bandes larges de 0,19 à 0,15 dont on cousait 7 ou 8 ensemble pour faire des pagnes de 1 mètre à 1°,20 de largeur sur 2 mètres à 2°,50 de longueur. Les pagnes de dessous se portaient écrus ; ceux de dessus étaient teints à l’indigo. Les premiers valaient 2 fr. 50 c. à 5 fr. suivant les régions, tandis que le prix des pagnes bleus pouvait atteindre 7 fe. 50 c., 10 fr. et même 15 fr., suivant la qualité de la teinte. Les « teinturiers » indigènes les plus habiles parvenaient, au moyen de plissages préalables, à produire des zébrures allant du bleu pâle au bleu foncé ; mais ces pagnes « artistiques », dont le prix pouvait s'élever à 30, 50 et même 100 fr., n'étaient qu’à la portée des plus riches indigènes. L'introduction de tissus d'Europe ressemblant aux plus beaux pagnes amena une baisse rapide et considérable. D’autre part, le commerce se mit bientôt à vendre aux indigènes des filés de coton teints, à l’aide desquels ils purent produire, même avec leurs mé- uers primitifs, les dessins les plus variés. Dans ces conditions, la cul- ture du coton, on le comprend facilement, ne fit que péricliter. Enfin, la substitution de la monnaie d’argent aux produits d’é- changes a porté le dernier coup à cette culture. Tant que le pagne indigène a servi de monnaie, il a conservé une valeur assez grande (2 fr. 50 c. dans la Casamance il y a trois ans); mais aujourd’hui qu’on paie en argent le caoutchouc, les arachides, les noix de pal- mes, etc., la valeur du pagne indigène est descendue à 1 fr. et au maximum à À fr. 60 c. Les noirs préfèrent naturellement s’adonner aux cultures fournissant des produits que le commerce européen achète contre de l’argent et ils ont d’autant plus volontiers délaissé 28 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. la culture du coton que nous leur vendons, pour un prix modique, des étoffes de superbe apparence dont les dessins variés et de mau- vais goûl flattent leur vanité. | Le coton du pays est cependant cultivé encore un peu partout, mais dans de faibles proportions et ne sert plus guère qu’à fabriquer les vêtements de dessous des femmes et ceux de quelques peuplades réfractaires au progrès. Les champs de coton ne sont ni vastes ni réguliers ; ce sont des recoins insignifiants aux alentours des habitations ; il est donc ac- tuellement impossible de donner une idée, même approximative, de l’étendue cultivée. Les régions les plus favorables à la culture sont la Moyenne et la Haute-Casamance, le Saloum, la Walo, le Diambour, le Diobas et partie du Cayor et du Baol. On sème le coton au Sénégal vers le commencement de la saison des pluies, c’est-à-dire en juillet, et la récolte peut ainsi se faire en décembre, au début de la saison sèche. Il importe, en effet, d'éviter une sécheresse prolongée pendant la végétation de la plante et au contraire d'organiser la culture pour assurer la fructification et la récolle après la saison des pluies. La situation géographique du Sénégal et du Soudan rend ces deux colonies particulièrement propres à la culture du cotonmier ; mais il faut chercher simplement à améliorer par la culture les cotonniers indigènes ; la main-d'œuvre n’est pas coûteuse et sans aucun doute une entreprise de ce genre donnerait les meilleurs résultats. Les Russes sont parvenus à acclimater le cotonnier dans le Turkestan et ils en retirent annuellement plus de 150 millions de kilogrammes de coton. Le climat du Haut-Sénégal et du Soudan présentent, paraît-il, beaucoup d’analogie avec celui du Turkestan; il est probable que les cultures y auraient le même succés. La mission de Thiès fait en ce moment des essais de variétés amé- ricaines et égyptiennes, elle espère, avec des soins, produire du co- ton longue soie supérieur aux cotons indigènes ; d’autre part, le ministère des colonies (Service des renseignements commerciaux) a récemment fait parvenir à Saint-Louis un lot de graines de coton Abassi de provenance égyptienne pour des essais de culture. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 29 Il faut espérer que ces tentatives ne seront pas aussi éphémères que celles d’il y a une quarantaine d’années el que les invasions de sauterelles ne viendront pas décourager les bonnes volontés. Guinée. — Côte d'Ivoire. — Dahomeu. y Le cotonnier pousse partoul naturellement sur la côte occidentale d'Afrique. À l'Exposition de 1866 on pouvait déjà voir du coton pro- venant du Grand-Bassam, d’Assinie et du Dahomey. Dans nos établis- sements de la Côte d'Ivoire (Grand-Bassam), le coton à été rencontré jusqu’à 100 kilomètres de la côte. Les indigènes le recueillent pour en tisser des étoffes et l’administration locale pense qu’on pourrait uti- lement créer dans cette région de grandes plantations de cotonniers. Les indigènes cultivent aussi le coton pour leur usage au Dahomey et principalement à Porto-Novo. La Maison Régis, établie depuis longtemps dans cette région, a même tenté de faire des cultures pour exportation. A Sierra-Leone et à Lagos, qui sont des possessions anglaises, le coton pousse aussi naturellement. A Lagos, la culture du coton se pratique dans l’intérieur du pays, à 60 milles anglais de la côte. En 1866, on pouvait estimer la récolte de cette région à 60 000 balles de 130 kilogr. Congo francais. On a rencontré le cotonnier dans toutes les parties du Gongo fran- çais. À proximité de la plupart des villages on trouve toujours des cotonniers dont lès indigènes recueillent les capsules à maturité. Les Bakounis et les Batékés entre autres fabriquent avec ce textile les sacs tricotés qu’ils suspendent à leur épaule et dans lesquels ils renferment du manioc et divers objets qu'ils emportent dans leurs voyages. Dans le Congo belge le cotonnier (Gossypium anomalum) [Wawr et Peyr] existe, parait-il, à l’état cultivé chez les Bavumbos, peuplade du Kassaï, qui en filent le coton pour l'utiliser à la confection de jolis bonnets exécutés au crochet de bois. Le cotonnier arborescent (G. arboreum L.) croît à l’état spontané au Tanganyka. 30 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Nous ne croyons pas cependant que la culture du coton puisse donner de très bons résultats au Congo. Tous les échantillons que nous avons recueillis avaient une soie courte manquant de souplesse. Le climat nous paraît trop humide pour cette culture. Cependant on ne peut se prononcer d’une façon définitive tant que des essais sé- rieux n’auront pas été tentés. Madagascar. Avant l’introduction des cotonnades européennes, les Malgaches cultivaient beaucoup le coton et en recueillaient les capsules avec soin pour fabriquer des étoffes employées dans les cérémonies. On ne trouve plus aujourd’hui que quelques plantations dans l’Imerina et encore sont-elles fort peu importantes. Le cotonnier pousse à l’état sauvage dans la partie ouest de l'ile. La vallée de Mangoro ainsi que les régions de Tananarive et de Fia- narant(soa lui conviennent particulièrement. Le bas prix exceptionnel de la main-d'œuvre à Madagascar permettrait peut-être d'y créer avec profit d'importantes plantations de cotonniers. Mayotte. Les cotons de cette provenance se montrent d’assez bonne qualité et se rapprochent du coton de la Nouvelle-Orléans. On a vu de ces cotons dans chacune de nos expositions ; ils ont même obtenu des récompenses à l'Exposition du Havre (1887) et au concours général agricole de Paris en 1888, mais il n’y a eu jusqu’à présent que des essais de production. M. de Faymoreau, qui est l’auteur de ces essais, a pu récolter jusque 250 kilogr. de coton à l’hectare et 750 kilogr. de graines, ce qui constitue un rendement très sérieux ; les prix de vente du coton furent de 1 fr. 20 c. à 1 fr. 80 c. le kilogramme. Réunion. Les cotons de la Réunion ont joui pendant longtemps d’une répu- tation méritée ; mais leur production a toujours été en diminuant depuis 1875, à mesure que la culture de la canne à sucre prenait LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 51 une extension de plus en plus grande, et les exportations de colon sont actuellement à peu près nulles. Cependant on peut récolter à la Réunion les cotons les plus appréciés ; les meilleures sortes y pous- sent naturellement et deviennent arborescentes. Malheureusement l'introduction des cultures de canne à sucre à déterminé une hausse sensible des salaires, d’autant plus appréciable que la somme de tra- vail fournie par indigène en une journée est elle-même très faible. Une fois le salaire payé, 1l ne reste plus au planteur un bénéfice suf- fisant pour couvrir les frais généraux de son exploitation. D'ailleurs la colonie subit en ce moment une crise causée en grande partie par l’état dans lequel se trouve l’industrie de la canne à sucre, et les cul- üvateurs s’abandonnent à un profond découragement plutôt que de demander à des cultures nouvelles ce que la canne à sucre ne pou- vait indéfiniment leur donner. Sur la côte orientale d'Afrique, dans le Zanguebar se trouve une espèce spéciale décrite par Masters sous le nom de Gossypium Kirkii Mast. Sir John Kirk a rencontré ce cotonnier à Dar-Salam, près des lacs Nyassa et Tanganyka, de même que dans les bassins du Zambèse, du Shira et du Rovuma. Colonies françaises d'Amérique. Guyane. Les textiles sont particulièrement abondants à la Guyane et l’Ex- position permanente des colonies en a reçu de beaux spécimens, soit à l’état brut, soit sous forme de fils et de tissus. Le coton est spécialement représenté dans tous les envois faits par les soins de l’administration locale, car on le rencontre en maints en- droits à l’état sauvage. On distingue à la Guyane les terres haules et les lerres basses. Ces dernières occupent tout le littoral et s'étendent jusqu'aux premiers sauts des rivières. Ces Lerres sont d’origine alluviale et se composent de terreau reposant sur une espèce de vase homogène particulière- ment favorable à la végétation. La fumure y est presque inconnue. Au delà des cataractes commence une chaîne de montagnes qui 32 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. va rejoindre le massif principal de Tumuc-Humac qui occupe toute la partie sud de la Guyane sur une largeur moyenne de 10 à 12 kilo- mètres. Les terres hautes occupent la chaîne et le massif ; elles sont notablement moins fertiles que les terres basses. Enfin dans les parties basses se rencontrent de vastes savanes noyées (pripris) dont le sol serait sans doute très fertile si on prenait soin de le dessécher. | -Les cotonniers de la Guyane se rapprocheraient les uns du Géorgie longue soie, les autres du Jumel d'Égypte. Ils deviennent arbores- cents et fournissent un coton d'excellente qualité à soie longue et fine que ses qualités ont longtemps maintenu en haute faveur jusqu’au moment où les perfectionnements apportés aux machines à filer ont permis d'obtenir des fils de bonne qualité avec des cotons médiocres. Dans le Haut-Oyapock les indigènes cultivent, d’après Coudreau, une espèce supérieure encore à celle de Ja côte. D'ailleurs, entre lP'Oyapock et le Vincent-Pinçon toutes les terres basses conviendraient à la culture du cotonnier. Autrefois la culture du cotonnier comp- tail à juste titre au nombre des cultures de la Guyane et, en 1827, l'exportation fut encore de 15000 balles (280 000 kilogr. en 1836 d’après Aubry-Lecomte) ; mais, depuis cette époque, le chiffre de la production à graduellement baissé et les exportations n’existent plus depuis l’année 1844. Sans aucun doute le sol de la Guyane conviendrait très bien à la culture du cotonnier ; malheureusement plusieurs causes viennent s'opposer en partie à celte culture. D’abord l'incertitude constante des saisons qui caractérise la climatologie de la Guyane ne permet- trait pas toujours d’assurer la récolte dans de bonnes conditions. En- suite 1] serait nécessaire, en beaucoup d’endroits, de faire des travaux de desséchement considérables. Enfin depuis qu’on a découvert des mines d'or (1859), la main-d'œuvre est devenue plus coûteuse etles cultures ont dù se restreindre. On se dirige vers les placers dans l’es- poir d’une fortune plus rapide et on néglige l’agricullure, source fondamentale et permanente de la richesse d’un pays. Ajoutons que le manque de soins donnés à la culture, de même que l’humidité trop prononcée de l'atmosphère et du sol, ont provo- qué l’envahissement des cultures de cotonniers par divers insectes LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES GOLONIES. 99 qui provoquent de sérieux ravages et par une maladie analogue à la rouille due au développement d’un champignon parasite sur le tronc et les branches. En résumé, en dépit de conditions particulièrement favorables, la culture du coton ne semble pas devoir donner de très bons résultats à la Guyane”, du moins tant que l'exploitation des mines d’or détour- nera l’attention des colons et des indigènes. Antilles. La culture du coton a été fort longtemps en honneur aux Antilles car le sol aussi bien que la proximité de la mer se prêtent merveil- leusement à la production des cotons longue soie. Non seulement on rencontre le coton à l’état sauvage sur les mornes, sur les rocs, et dans les sables du bord de la mer, mais ce sont précisément les plus belles espèces qui paraissent convenir spécialement à ces terres favo- risées. Les sortes désignées sur le marché sous les noms de Porto- Rico, Haïti et Cuba sont connues et appréciées depuis longtemps. Le cotonnier est essentiellement une plante tropicale et c’est pré- cisément de l'Amérique tropicale que la culture s’est propagée aux États-Unis. Le coton était produit en si grande abondance dans les Antilles que Christophe Colomb s’en fournit là en 1493 et en fil la base du tribut imposé aux Caraïbes. D’ailleurs on ne le rencontrait pas seulement dans les îles, mais encore sur le continent depuis le 1. Nous devons signaler en passant un travail de M. Mias sur la culture du coton- nier à la Guyane (Notes et recherches sur le cotonnier, 1892). L'auteur croit que par une sélection raisonnée des graines on pourrait obtenir un rendement supérieur. C'est une constatation qui a été faite depuis longtemps et dans tousles pays cotonniers; nous ajoutons qu'elle n'est pas spéciale au coton. — Il pense qu'on pourrait arriver à la production exclusive d'un colonnier donnant des capsules à cinq loges. — Nous ne partageons pas à ce point de vue l'optimisme de l'auteur. C’est d’ailleurs pour avoir recherché la production en quantité au détriment de la qualité que les colons de nos possessions d'Amérique ont vu ce coton perdre peu à peu son antique réputation sur les marchés d'Europe. Des nombres cités par M. Mias nous ne voulons retenir que ce qui suit: Chaque capsule fournirait de 2 gr. à 2%*,50 de coton et exceptionnellement 3 gr. pour les capsules à 4 loges. Le poids des graines serait à celui du coton comme 3 est à 2. C'est-à-dire que le contenu d'une capsule pesant 5 gr. fournirait 2 gr. de coton égrené et 3 grammes de graines. ANN. SCIENCE AGRON. — 92° SÉRIE. — 1896. — 1. 3 94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Mexique jusqu'au Pérou, et quand les Espagnols s’emparèrent de ces empires ils trouvèrent chez les indigènes des étoffes de coton qui leur parurent d’une telle beauté qu'ils les envoyérent à la cour de Madrid comme un des plus beaux trophées de leur conquête. Les premiers colons qui s’établirent aux Antilles se firent plan- teurs de coton et de tabac; ils eurent soin, à l’exemple des indi- oènes, de ne semer que les sortes de coton existant dans le pays et ils obtinrent ainsi des produits sans mélange qui ne tardèrent pas à être supérieurs à tous les autres. « Les plus renommés étaient ceux des îles Désirade, Saintes et Marie-Galante, des paroisses de la Gua- deloupe-au vent de l’anse Bertrand, du Port-Louis, du Moule et de Saint-François, et celui des paroisses sous le vent dites Bailly et Vieux- Habitants. » Les exportations des Antilles pour l'Angleterre, l’frlande et lAmé- rique du Nord furent de 2000 balles de 440 livres en 1753 et de 2 400 balles en 1768. En 1787 l'exportation atteignit 16 000 000 de livres et sur ce chiffre la part de la Martinique et de la Guadeloupe s'élevait à environ 2 500 000 livres puisqu'en 1785 elle était de 1 512 000 pour la Martinique et de 835 380 pour la Guadeloupe. Malheureusement notre siècle a vu baisser graduellement la pro- duction cotonnière des Antilles comme le montre bien le tableau suivant qui donne pour un certain nombre d’années les exportations à destination de l’Angleterre : HOUR PORTE RTE 90 634 balles. DORA ER ER 30988 — FO DE TAN NN EE I ARR 1216002 Le dont Mr A ce 11 300 — [l'est vrai que pour cette dernière année 1897 l'exportation totale à destination de tous les pays d'Europe était de 25 000 balles ; mais peu à peu ces exportations ont diminué et elles n’atteignent plus guère en ce moment que quelques centaines de balles. C’est à l’avidité des colons qu’il faut faire remonter la cause de l’abandon des cullures cotonnières. En important des espèces à grandes capsules qui rapporteraient davantage ; en mêlant les grai- nes et par conséquent les cotons, ce qui amène toujours leur dépré- ” LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 3) cation ; enfin en expédiant les cotons mal desséchés pour en aug- menter le poids, 1ls consommèrent la ruine d’une culture qui avait donné de si belles espérances et qui paraissait devoir être une source de richesses pour les colonies européennes des Antilles. Ajoutons à cela que l'attrait d’une nouvelle culture, celle de la canne à sucre, vint les détourner de celle du coton, malgré les efforts répétés des administrations chargées de diriger les colonies. Et pendant que nos colons abandonnaient ainsi une culture qui pouvait faire la fortune des Antilles, quelques émigrés de Bahama introduisaient le coton longue soie dans la Caroline du Sud et dans les îles du littoral. Mais ces cotons exigent l’air de la mer; ils dégé- nèrent et disparaissent loin des côtes. C’est pourquoi les États-Unis ne peuvent fournir la totalité des cotons de qualité supérieure néces- saires à l’industrie et c’est aussi ce qui fait l'avantage des cultures d'Égypte, de même que ce serait pour nos colonies des Antilles une source importante de revenus. Martinique. En 1888, sur 98 782 hectares cultivés cette colonie possédait seule- ment 21 hectares plantés en coton. C’est dire que la récolte doit être insignifiante ; aussi les statistiques officielles ne nous indiquent-elles qu’une exportation de 50 kilogr. pour l’année 1893. Au moment où la culture du coton était le plus en faveur, en 1779, la surface de terrain qui y était consacrée n’a pas dépassé 2 724 hec- (ares. Les principaux cotons cultivés étaient les suivants : 4° Gossypium religiosum L. — Pierre velu des Antilles très fin, belle qualité, fournissant un produit abondant. Dans les terres riches du voisinage de la mer ce cotonnier donne un coton remar- quable. ®% Gossypium Barbadense L. — Coton indigène longue soie. Fin, nerveux, à graines peu adhérentes. Espèce commune très produc- tive et durant deux ans. 3 Coton indigène courte soie à grand rendement. A la Martinique comme d’ailleurs dans toute l'Amérique tropicale 36 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. les cotunniers herbacés deviennent promptement arborescents et fournissent une première récolte six mois après les semis. Au moment de la guerre de Sécession il y eut une recrudescence des cultures mais elle fut de peu de durée. Exportation de 1864. . . . . . . 10 135 kilogr. — te uo MELC 46283 — Depuis elle n’a fait que baisser et en ce moment elle est à peu près nulle comme nous l'avons dit plus haut. Il y a plus, notre colonie ne se fournit même pas en tissus de coton de provenance française ; elle les demande presque tous à Manchester malgré un droit de 62 fr. les 100 kilogr. (calculés au taux de 13 kilogr. pour 100 mètres carrés), sur les cotons unis et croisés et de 50 p. 100 ad valorem sur les indiennes et satinettes de coton. A la Martinique comme dans la plupart de nos colonies ce qui constitue la supériorité incontestable du commerce anglais c’est le bon marché de ses étoffes (malgré les droits qui en maJorent le prix), c’est aussi une pratique mieux entendue du trafic avec les imdigènes et c’est surtout le soin qu’apportent les fabricants anglais à tenir compte des goûts de l’acheteur. Guadeloupe. Les cultures de coton avaient une grande importance à la Guade- loupe à la fin du siècle dernier et au commencement du xix°. M. Grollet-Balguerie, dans un travail sur les cotons de la colomie, porte à 60 le nombre des espèces cultivées, mais il a confondu les variétés avec les espèces, puisque dans les estimations même les plus forcées le nombre des espèces cultivées dans tout le globe ne dépasserait pas 34 (Todaro). Les principales sortes cultivées étaient les suivantes d’après M. Aubry-Lecomte : 4° Siam blanc couronné, de dimension médiocre, fournissant des capsules petites mais bien fournies. Coton à soie longue et fine d’une blancheur parfaite. 2° Géorgie longue soie devenant beaucoup plus grand à la Guade- LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 37 loupe qu’aux États-Unis et durant dix à douze ans. — Soie longue, fine, se détachant facilement des graines. 3° Cotonnier de la Barbade très élevé et très productif, mais à soie un peu grossière. 4° Cotonnier de l’Inde, très élevé, rustique, à soie un peu courte mais très résistante. 9° Le coton Zozio des nègres à soie fine mais courte. 6° Le cotonnier tacheté, rustique, très ramifié, à graines duve- teuses, verdâtres, fournissant un coton blanc, long et nerveux, mais très adhérent à la graine. 7° Le cotonnier pourpre ainsi nommé à cause de la couleur rose des nervures des feuilles, La pointe des graines porte une houpe verdâtre qui suit le coton dans l’égrenage et nécessite un triage à la main. 8° Cotonnier d'Afrique à coton résistant mais un peu grossier. 9° Coton nankin. La plupart de ces cotons pouvaient rivaliser pour la filature et le tissage avec les meilleures sortes d'Amérique. D’après M. Fereire, ancien vérificateur des poids et mesures à la Basse-Terre, le rendement serait d'environ 500 kilogr. de coton égrené par hectare el par an pour deux récoltes, mais ce chiffre nous paraît un peu exagéré, car dans la Géorgie l’hectare ne rend guère que 160 kilogr. de coton par an et pour une seule récolte, il est vrai. Les cultures de coton de la Guadeloupe possèdent dans la punaise rouge un ennemi reloutable qui sévit surtout dans le voisinage des fromagers (Bombax pentandrum). Il ne nous a pas été possible de trouver une statistique suivie des cultures et de la production du coton dans notre colonie ; mais nous donnons ci-dessous un certain nombre de chiffres que nous emprun- tons à diverses publications sans en garantir l'exactitude. LAS NE RTE 1 447 090 pieds de cotonnier. NS OPA ARR NT 10 400 O0G = 100 SN Es eat 7 450 000 — INA TR Ps 13 628 000 — LETTRE ER UE 11 975 000 == 38 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Exportations : 1775. 1 ASMROMPARARAPRRNECES 519 37 livres. 1789:) ERP RL ASE NTENETAETSAE 835 380 — An XIE EME NT EURE 327020 — An XII RES Ar KO 120 18012 0 BA NT SRE 104 921 — So SU Re ST RUE 390 746 — (BLOC 18 26 100 000 à 200 000 kilogr. par an. 18927-18370 00e 30 000 à 90 000 — 1840-1850 . … . 7. 15 000 à 60 000 —= 850-1800 30 000 à Sû 000 == LS GE: PL CPR ONE RER 105 501 kilogr. LOGE RAR TANGER TE 288.801 — LES Ne Nr riviere 1337 — L'ÉVLESER TRE SN RS 627 — Il est vrai qu’en 1894 la production s’est élevée à 17 208 kilogr., mais la récolte a été utilisée presque en entier dans la colonie elle- même. Conclusion. Arrivés au terme de cette longue étude de la culture du coton dans nos colonies, il nous faut bien reconnaître que les progrès sont négatifs. Si nous avons pu donner la mesure des efforts qu’il im- porte de tenter pour reprendre une place même très secondaire sur le marché des cotons nous aurons atteint notre but. Répétons-le en {terminant : nous ne croyons pas qu’il soit actuellement possible d’ar- river à des résultats sérieux en cultivant des sortes médiocres. Les cultures des États-Unis et des Indes anglaises sont en trop bonne voie de ce côté pour que la lutte soit profitable. Mais il serait utile de proposer, partout où cette culture est possible dans nos colonies, les sortes à longue soie que l'Inde ne produit pas, que les États- Unis et l'Égypte ne fournissent pas en suffisante quantité et qui trou- veront toujours un écoulement facile sur les marchés européens. Il convient aussi de ne pas s’attarder dans les errements du passé. Dans notre siècle tout se renouvelle avec une rapidité vertigineuse : le produit d'aujourd'hui dispute la place à celui d’hier. Pour ce qui LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 39 concerne les textiles, le jute, l’agave, la ramie, l’abaca, etc., n’ont pas dit leur dernier mot. Si nos colonies ne peuvent reprendre dans la cullure du coton une place qu’elles pouvaient disputer au com- mencement du siècle il appartient à l’activité de nos colons de choi- sir une nouvelle voie. La production du coton nous échappe, soit ; mais nous laisserons-nous devancer aussi dans la culture des autres textiles ? N'engagerons-nous pas la lutte sur le terrain de la produc- tion ? Laisserons-nous toujours les colonies anglaises nous fournir la matière première nécessaire à nos industries et le commerce anglais inonder nos propres colonies de ses produits manufacturés? Il est temps encore de réagir et dans un second chapitre nous essayerons de montrer à la fois ce qu’on a fait pour la culture des textiles autres que le coton et ce qu’on pourrait tenter avec succès. II. — LE JUTE Le jute (Corchorus) appartient à la famille des Tiliacées comme le tilleul de nos pays, les Grewia, Sparmannia et Triumfetta des pays tropicaux qui peuvent être rangés aussi parmi les plantes textiles et dont nous parlerons plus loin. Mais nous voulons faire remarquer tout de suite que ces plantes ne sont pas seulement susceptibles de rapprochement par le fait qu’elles fournissent de la filasse mais en- core à d’autres points de vue. C’est ainsi que le Corchorus olitorius ou Mauve des Juifs a ses feuilles employées comme aliment en Égypte, en Arabie et en Palestine; dans certaines parties de l’Europe les feuilles du tilleul sont données comme fourrage aux bestiaux; enfin dans l'Himalaya les vaches sont nourries l'hiver avec les feuilles du Grewia didyma. Les Corchorus qui fournissent le jute sont généralement de petits arbrisseaux ou des herbes suffrutescentes à feuilles dentées. Les fleurs généralement petites el jaunes sont portées par des pédicelles courts, axillaires ou opposés aux feuilles. Ces fleurs ont un calice à o sépales, rarement #4, et une corolle à nombre égal de pétales. Éta- 40 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. mines en nombre indéfini, rarement en nombre double de celui des pétales. Ovaire 2-5 loculaire à loges multiovulées, surmonté d’un style court terminé par le stigmate. Le fruit est une capsule tantôt en forme de silique allongée, tantôt subglobuleuse et à déhis- cence loculicide. Les graines albaminées contiennent un embryon souvent recourbé, à cotylédons foliacés. Le genre Corchorus a été divisé en plusieurs sections (Engler et Prantl). Section I. — Conera (D. C.). — Capsule siliquiforme à 2 valves, non terminée par un bec recoürbé. C. siliquosus (D. G.). — Amérique centrale. C. hirlus L. — Amérique centrale et méridionale. Section Il. — Coreroines (D. G.). — Capsule siliquiforme à 3-6 valves, à bec non recourbé. C. olilorius L. — Sauvage dans l'Inde, capsules allongées de la grosseur d'une p:ume d’oje. — Gultivé dans tous les pays tropicaux. C. antichorus Raeusch — Afrique centrale et Indes. Section IT — CErATocoRETA (D. G.). — Capsule siliquiforme avec 3-5 cornes ordinai- rement bifides. C. acutangulus Lam. — Dans tous les pays tropicaux. Section IV, — Gansa (D. G.). — Capsule presque globuleuse, déprimée au sommet. C. capsularis L. — Même forme de feuilles que le C. olilorius mais à dents plus courtes, capsule petite, dure ct rugueuse. Graines peu nom- breuses d'un gris-bleu foncé. — Cultivé comme texile. Section V. — Guazumoines (D. G.).— Capsule un peu allongée, couverte de poils roïdes. C. hirsutus L. Antiles. C. hygrophilus Gunn. Australie. Dans l'Inde, qui est par excellence le pays producteur du jute, on ne cultive que les Corchorus capsularis et C. olitorius. Ces deux espèces se distingnent surtout par la forme du fruit beaucoup plus que par les caractères des feuilles. Le Corchorus olitorius L. ou mauve des juifs (Olus judaicum des anciens) est employé comme aliment en Égypte, en Palestine et en Arabie’. En Syrie, dans un sol pauvre et dlesséché, il se présente sous la forme d’une plante chétive el herbacée. Dans le nord de l'Inde, il devient un arbuste de 4 à 5 pieds de haut pour atteindre, au Bengale, jusqu’à 12 et 15 pieds. {. Rauwolf l'a vu employé pour cet usage par les juifs des environs d'Alep. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 41 Le Corchorus capsularis L. se renconire aussi dans presque toute l'Inde, à Ceylan, en Indo-Chine et en Chine. Rumphius (herb. amb. v. 219) le décrit sous le nom de Ganja, qui veut dire chanvre, et c’est de là que vient le nom Ganja donné à l’une des sections du genre Corchorus. La culture de ces deux plantes constitue aujourd’hui une branche extrêmement importante de l’agriculture dans les Indes anglaises. Le jute a pris en effet, comme nous le verrons plus loin, une impor- tance considérable comme textile et on peut le considérer avec le coton, le lin et le chanvre comme l’un des textiles indispensables. Il est loin d’ailleurs de posséder les qualités des trois autres; il leur est bien inférieur; mais son bas prix exceptionnel, la facilité avec laquelle on le travaille, son abondance sur le marché lui ont permis de prendre peu à peu une place telle que dans la seule année 1895 l'industrie française en a manufacturé un poids de 77000000 de kilogrammes. Pays où le jute se cultive actuellement. Les Indes anglaises, particulièrement le Bengale, lAssam el TOrissa, sont les principaux centres de production. Mais on le cultive encore en Chine, au Japon et en Indo-Chine, particulièrement au Tonkin. On a aussi introduit cette culture dans les États du Mississipi et de la Caroline du Sud où on le sème dans les rizières après la première récolte. Le jute y vient tout aussi bien, si ce n’est mieux, qu’au Bengale; mais la main-d'œuvre y est trop onéreuse pour un produit d’aussi bas prix et la culture du jute ne pourrait prendre une certaine extension dans ces pays que si on trouvait des machines pouvant effectuer une partie au moins du travail de décorlication qui se fait aujourd’hui à la main. En Chine, le jute est cultivé aux environs de Canton et de Hau- kon; mais toute la production est utilisée par l’industrie mdigéne ; elle ne suffit même pas à cette consommation, car la Chine s’appro- visionne encore dans l'Inde. Les jutes chinois ne se rencontrent donc que rarement sur les marchés étrangers. Au Japon, où il est égale- ment cultivé, on le nomme Kana, Kibio, Tsunaso el Ilsibi (D' Mène). 42 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Nous aurons l’occasion de revenir plus loin sur la culture de ce textile dans l’Indo-Chine. Pour le moment, nous allons tout d’abord nous occuper des conditions de cette culture au Bengale. Choix du sol. Le jute (Corchorus olitorius et C. capsularis) n’est pas exigeant au point de vue de la nature du sol et il se développe assez facile- ment dans tous les terrains à la condition d’y trouver l’humidité né- cessaire. Au Bengale, on y consacre des terres de natures très di- verses ; mais le rendement est aussi très variable; tandis qu’on récolte à peine 500 kilogr. de filasse à l’hectare dans certains en- droits, la production peut s'élever dans d’autres à 3000 et même 4900 kilogr. Le choix du terrain a donc une réelle importance au point de vue des bénéfices à réaliser. « L'expérience a montré que les meilleurs terrains sont ceux qui sont composés de moitié sable el argile avec moilié dépôts marneux et d’alluvion » (Journal ofji- ciel de l’Indo-Chine française du 23 mai 1895). Naturellement les terres riches et fraîches, les terres à rizières, les terres basses situées au bord des fleuves lui conviennent parfaitement. On a reconnu aussi que les sols ferrugineux fournissent un produit de qualité su? périeure. « Les terres nouvelles et basses, situées sur le bord des cours d’eau, fournissent un jute abondant, mais de qualité inférieure ; les terrains élevés produisent le meilleur et les terrains accidentés le plus fin » (Journal officiel de l’Indo-Chine française du 23 mai 1895). Préparation du sol. I est indispensable d’ameublir parfaitement le sol par plusieurs labours et hersages successifs avant l’ensemencement ; dans certains pays producteurs, ces labours sont renouvelés tous les mois à partir d'octobre ou novembre jusqu’au mois de mars. On arrive ainsi à di- viser parfaitement la terre et à la débarrasser des racines de mau- vaises herbes qui seraient préjudiciables à la culture du jute. Si le sol est pauvre, on le fume abondamment, car le jute est une plante assez épuisante. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 43 Choix des graines et ensemencement. Le choix judicieux des graines a aussi son importance bien qu’on néglige souvént d'y apporter tout le soin désirable. Il est nécessaire de réserver dans la culture de l’année les plus beaux plants et de laisser les fruits arriver à leur complète maturité. On procède alors à la cueillette des capsules; on les fait sécher au soleil pendant plu- sieurs jours et on les bat; les graines sont ensuite conservées dans des sacs ou dans des pots de terre. Un semis serré donne (comme pour le chanvre d’ailleurs) une filasse longue et douce; des semis espacés produisent une filasse plus grossière et plus résistante. L’ensemencement doit être fait par une belle journée de soleil après que la pluie ou une irrigation a rendu le sol humide. L'époque varie suivant les années et suivant la nature du sol; tantôt c’est en mars qu’on fait l’ensemencement : le plus souvent il a lieu en avril ; mais il peut être retardé jusqu’au mois de mai. La graine de jute étant très fine, on a soin de la mélanger à 2 ou 3 fois son volume de terre sèche tamisée pour que l’ensemence- ment soit aussi régulier que possible. Le semis se fait à la volée et en une seule fois. On recouvre ensuite les graines en passant la _herse ou le râteau ; parfois même on donne ensuite un coup de rouleau léger. Dans le Sylhet, province du Bengale, la graine est semée pour être ensuite repiquée en place; mais cet usage un peu compliqué est loin d’être la règle. Quand le sol a été bien préparé et que les semailles ont été faites dans de bonnes conditions, les plants apparaissent au bout de quel- ques jours (3 à 7 jours) et le champ ensemencé prend alors l'aspect d’une prairie d’un beau vert. Au moment où les plants atteignent 0,20 à 0",30 de hauteur, il est bon de sarcler pour enlever les mauvaises herbes. Cette opération permet aussi d’espacer les plants dans les endroits où ils sont trop serrés et d'en repiquer au con- traire où il se trouve des vides ; on ménage entre les plants un in- tervalle de 0",12 à 0",15 environ. Au début de la croissance du jute les inondations sont préjudi- ciables à la plante; elles ont au contraire beaucoup moins d’impor- 44 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. tance quand le jute a atteint 1 ou 2 mètres; mais elles ne doivent pas durer longtemps. Au Bengale, la première période de croissance est en général favorisée par des pluies légères alternant avec du so- leil; dans d’autres pays où on aurait à craindre les périodes de sécheresse, il serait nécessaire de se ménager la possibilité d’une irrigation du sol. Récolte. Puisque l’époque des semailles est variable, il en résulte nécessai- rement qu'il n’y a rien de fixe non plus pour l’époque de la récolte; en général, elle peut se faire de 80 à 90 jours après les semailles. Il convient de faire cette moisson au début de la floraison; avant, la filasse manque de résistance ; si on attend la fructification, la filasse est plus abondante, mais elle manque de finesse et de lustre; c’est ce que l’on appelle un jutie boisé. Les pieds de jute sont coupés à 0,10 du sol environ, la partie de Ja tige située au-dessous ne donnant qu’une filasse de très mauvaise qualité. Dans certaines régions, on groupe les tiges en bottes de 50 à 60 qu’on laisse sur le champ exposées au soleil, jusqu’au moment où toutes les feuilles sont tombées; on assure que l’action de la rosée pendant cette période blanchit la fibre. On réunit ensuite ces bottes en meules pendant deux ou trois jours et on prétend que cette pra- tique facilite ultérieurement la décortication. Dans d’autres régions, aussitôt les tiges coupées on les trie en trois sortes d’après la longueur; on les rassemble en bottes consti- tuant la charge d’un homme et on les soumet au rouissage immédia- tement. Rouissage. Le rouissage des tiges se fail dans une eau stagnante surtout chargée de substances végétales en décomposition. Si la plantation se trouve à proximité d’une rivière, on noie les tiges dans les parties de cette rivière où le courant est le plus faible. Les bottes sont dans l’eau disposées de deux façons différentes suivant les régions. En LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 45 certains endroits, on les empile horizontalement entre des pieux de façon que le côté des racines d’une botte repose sur les têtes de la botte située au-dessous. Ailleurs on incline les tiges obliquement, le sommet en dehors de l’eau. Cette dernière disposition paraît préfé- rable à la première, car, au bout de quelques jours, en accentuant l'inclinaison des bottes, on peut immerger le sommet des tiges, cette partie se rouissant plus rapidement, et on obtient un résultat plus uniforme. Dans les deux cas, d’ailleurs, on recouvre le tout de débris de jute, de pierres et même de bouse de vache pour retenir les bottes d’abord et ensuite pour les préserver de l’action du soleil. Au bout de cinq à six jours d'immersion, il faut avoir soin de surveiller le progrès du rouissage afin de ne pas dépasser le moment favorable pour retirer le jute de l’eau. Le rouissage est terminé quand l'écorce s’enlève facilement. Une trop longue immersion enlève à la fibre une partie de sa ré- sistance en même temps qu'elle lui communique une désagréable teinte de boue. En général, le rouissage exige dix à douze jours pour les plantes coupées en fleurs et de douze à dix-huit jours pour celles qui ont été récoltées en graines, mais comme celte durée est soumise à un certain nombre d’autres influences, il faut, nous ne pouvons trop le répéter, surveiller attentivement l’état des tiges ‘quand elles sont dans l’eau depuis une semaine. Décortication. Pour décortiquer son jute, le cultivateur indien entre dans l’eau jusqu’à la ceinture; il prend par le côté des racines une poignée de tiges qu’il secoue dans l’eau d’un mouvement continuel jusqu’à ce que la filasse reste seule entre ses doigts. De temps en temps, l’ou- vrier ramène à lui la filasse, la fait sortir de l’eau en l’élevant à la hauteur de sa tête pour la faire retomber vivement en fouettant l’eau. Avec un peu d’habileté, la filasse se trouve bientôt séparée de tout le reste des tissus et on n’a plus qu’à opérer un lavage aussi complet que possible dans de l’eau propre. Plus ce lavage est soigné, plus la fibre est blanche et de belle apparence. 46 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Parfois on détache la filasse à la main sans avoir recours au bat- Lage dans l’eau ; le rouissage dans ce cas n’a pas besoin d’être aussi prolongé et la filasse conserve plus de résistance en même temps qu’elle est moins emmêlée. Après le lavage, on fait sécher le jute au soleil pendant une jour- née, puis deux ou trois jours à l'ombre et de nouveau au soleil. Quand la filasse est bien sèche, on la met en écheveaux, on coupe les extrémités et à ce moment on peut procéder à la préparation des balles pour l’exportation. Caractères physiques et chimiques des fibres. Une section transversale opérée dans une tige de jute montre que les fibres sont groupées en faisceaux disposés en couches concen- triques à la face externe du liber et dans ce tissu lui-même. Ce sont ces faisceaux et non les fibres isolées, trop courtes par elles-mêmes, qui constitueront les brins de filasse. Chacun de ces faisceaux pou- vant atteindre plusieurs mètres de longueur se compose d’un très srand nombre de très petites fibres accolées les unes aux autres. Chacune de ces petites fibres élémentaires n’a guère en moyenne qu'une longueur de 2 millimètres avec un diamètre moyen un peu supérieur à + de millimètre. Un brin de filasse comprend générale- ment 20 à 30 de ces fibres sur une section transversale. D'après Wiesner,.le jute frais contient environ 6 p. 100 d’eau, le jute brun plus de 7 p. 100. Complètement saturé, 1l peut en con- tenir jusque 24 p. 100. Le congrès de Turin a adopté le nombre de 13 3/4 pour la reprise de la filasse de jute. Le jute fraichement préparé peut être d’un beau blanc; mais son aspect change ensuite rapidement. Il passe successivement par diffé- rentes nuances fauves pour devenir brun. En même temps, il perd peu à peu une partie de sa résistance. C’est surtout l’humidité qui exerce une influence marquée sur ces changements de coloration et de résistance ; quelques sortes ne modifient que très peu leur colo- ration; d’autres, et les plus nombreuses, se foncent peu à peu Jjus- qu'au brun. Ce fait peut être constaté facilement sur les sacs de jute employés pour le transport du coton el du café. Il faut remarquer LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 47 d’ailleurs que cette coloration existe naturellement pour la filasse retirée de la partie inférieure des tiges et qu’elle peut se développer dès le début dans les fibres de toute la tige quand celle-ci est coupée trop tard. Au point de vue chimique, les fibres de jute se montrent forte- ment lignifiées. Une solution d’iode, de sulfate d’aniline, de chlo- rure de zinc 1odé ou de chlorure de calcium iodé colore la filasse. en jaune plus ou moins foncé. Cette filasse résiste difficilement à l’action prolongée de l’humidité car peu à peu le ciment qui agglo- mère les fibres se dissout et la filasse se désagrège. Ceci est sur- tout fort net après l’action d’une lessive alcaline ; les tissus de jute ne peuvent, sans être irrémédiablement détériorés, subir un tel trai- tement. En résumé, par la faible longueur de ses fibres (14 fois plus courtes que celles du chanvre et 10 fois moins que celles du lin en moyenne), et par leur lignification prononcée, le jute se montre un textile de qualité très médiocre: mais ces défauts sont compensés par un bon marché incomparable. Pour tous les tissus qui ne doivent pas être soumis à l’action de l'humidité prolongée, il est aujourd’hui d’une application courante ; il alimente chez nous et surtout en An- eleterre une branche importante de l’industrie de la filature et du tissage. À ces divers points de vue, on ne saurait accorder trop d’at- tention à tout ce qui concerne sa production. Usages. Le premier emploi du jute est évidemment celui qu’on en a fait dans l’Inde où on l’emploie depuis fort longtemps à la fabrication de toiles grossières connues sous le nom de gunny;'ces toiles servent à l'emballage du coton, du riz et du café et on les connait en Angle- terre sous le nom de gunny bugs. Au Bengale, les toiles grossières se nomment aussi megila chouli, et c’est ce dernier nom qui s’est peu à peu transformé en celui de jute (en anglais joute) sous lequel o1 désigne aujourd’hui ce lextile. En Europe, on l’emploie pour faire des toiles d'emballage, des coutils, des treillis, des sacs, des cordages, des tapis et des tentures 48 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. à bon marché ; les tissus de jute servent à la fabrication du linoléum et des toiles cirées. Le jute prend bien la teinture et convient donc parfaitement pour ce dernier usage, car les teintures sont habituellement soustraites à l’action de l’eau ; mais peu à peu la teinte se fonce toujours. On en fait aussi des velours et peluches pour ameublement, des tresses, des semelles, des lacets, etc., etc. Les filateurs ont réussi à donner à ce texlile une souplesse suffisante pour permettre le mélange avec le chanvre par exemple. Il n’est pas difficile de reconnaître ces mé- langes *. Pour la seule année 1894, les exportations de tissus et objets de jute fabriqués par l’industrie française s’élèvent à la somme de 5138 000 fr. En 1899, l’industrie anglaise a exporté pour 2562 401 livres sterling de jute fabriqué, soit plus de 64 millions de francs. Le centre de cette fabrication se trouve à Dundee. Extension de la culture du jute aux Indes. En 1857, la culture du jute, presque uniquement confinée au Bengale, y occupait une superficie de 38 000 hectares environ dont la production en filasse pouvait être estimée à moins de 7 millions de francs. Actuellement la superficie cultivée en jute aux Indes anglaises est d'environ 750 000 hectares fournissant annuellement 84 000 000 de livres de filasse, soit 4200 000 balles de 400 livres. Le prix moyen 1. En dehors des caractères microscopiques des fibres qui permettent de reconnaître facilement le jute dans un mélange on peut employer les moyens suivants : 1° Soumettre le tissu à l’action de la vapeur d’eau pendant trois ou quatre heures à une pression de plusieurs atmosphères ; laver à grande eau ; le jute se désagrège et se trouve entraîné ; 2° Une solution de sulfate ou de chlorhydrate d'aniline le colore en jaune très nette- ment ; 3° Placer le tissu après ébullition préalable (pour enlever l’apprèt) dans une solution de phloroglucine ; le laisser cinq minutes environ ; puis le placer sur une soucoupe en présence de l'acide chlorhydrique,. le jute prend une belle coloration rouge. La pyrocatechine, la résorcine, le sulfate de thalline, de toluilène-diamine, la naphtyl- amine fournissent aussi des réactions colorantes caractéristiques. (V. Lecomte. Les Textiles végétaux, leur examen micro-chimique. Paris. 1893.) LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 49 des cinq dernières années étant de 26 roupies (la roupie vaut ac- tuellement 1 fr, 80 c.) la balle, la récolte annuelle a donc une va- leur de 109 200 000 roupies ou 195 000 000 de francs contre 5 000 000 à peine en 1857. On voit par la comparaison de ces chif- fres quelle extension la culture du jute a prise aux Indes anglaises. Toute la récolte n’est pas exportée. En 1893, sur une récolte de 4 200 000 balles, les Indes ont exporté 2 439 195 balles, dont 1649317 pour l'Angleterre seulement. Les exportations de la sai- son 1893-1894 se décomposent de la façon suivante : DESTINATION. EN ER ie balles. balles. Angleterre, LIRE. 1 626 759 22 598 Continent et Re 596 690 » AIMÉTIQUE He nn AT 63 277 209 459 DIVERS MES re RUE: 10 267 275 Ces exportations représentent une valeur de 118 000 000 de francs environ. Importation du jute en Angleterre et en France. Les deux tableaux suivants montrent, aussi nettement que possi- ble, l’importance croissante prise par l’industrie du jute en Europe. Tableau de l'importation du jute en Angleterre. QUANTITÉS importées ANNÉES. en Angleterre en tonnes anglaises de 1016 kilogr. CSD 0 PPS RE LS dE » tonnes. SG IA à PANORAMA EST TA EE à A 306 — EN EL Par MERS ARTE PEN E 2980: — LS TPRE RAA NIN ES aE D ER 28200 — opte MOMENT PEAU »3 000 — TÉSRES FRAIS ER er 313 800 — SSD EU RE ES à "TERRE 383 400 — EU ENT AM RER TR LL 369900 — ASE MEL EE 3 USENET 344 700 — KE APN SCENE EP + EU EME 255 500 — EL ETAGE CORRE CES 0 ES 278É00 — DTA A ten à 100 à NME ile 285 700 — ANX. SCIENCE AGRON. — 2€ SÉRIE, — 1896, — 11. 4 p0 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Tableau de l'importation du jute en France. QUANTITÉS : ANNÉES. D And te française, LÉO TORRES LE NU ATE 243 000 kilogr. LS ON RE RAP per deu ten 5201000 — ONE bte TA ATOME 1 750 000 — LOS RNA NE RTE EE TEE 3 300 000 — PS DORE ERNEST 6940000 — LS 6 BRAS UE PA LR Le 16 645000 — RS T en OP OISE JON EE 3637711000 — AS SON ETS EURE RER EN Tr 31071 000 LOS eme OR PEU 38 700 000 — MO QT ORNE M PE RE EU 28 913 000 — Re DORE ANS CORRE ASE 35 1171000. — LS 80 TR en ee 31 274 000 — LOST ER MIE gare 0 Ver aile 46 986 000 — LS SOUPLE PNR Le 40 152 000 — RE NO ALIEN CNT ARE 47 748 000 — RAR ESA EEE EEE 3 955 000 — 1 89 Eten nc es TS DE DER EN PR 60 857 000 — LS Q2LE MAP EE EMA EE TOUR 43 481 000 —- OS EE Enr par LE AIT EREE à 59 519 000 — DS DAME ME ns 93 7131 000 — REPAS CAES ET dE a La e 116 9891000. — L’Angleterre tient le premier rang pour l’industrie du jute ; l’A- mérique et la France viennent ensuile. Dans l’année 1895, notre pays a utilisé plus de la sixième partie de la production du monde entier. Prix du jute. D’après une publication anglaise datant de 1859, que nous avons sous les yeux, le prix du jute a été en moyenne de 18 livres 12 shel- lings la tonne de 1016 kilogr. de 1850 à 1859. Les prix extrêmes ont été de 13 livres en 1859, et 26 livres en 1854. Pendant la même période, le prix moyen du chanvre de Russie était en Angleterre de 37 livres la tonne, soit le double du prix du jute. Le prix maximum fut aussi atteint en 1854 (58 livres la tonne). Cherchons maintenant si, dans la période la plus rapprochée de LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. p1 nous, la même proportion s’est conservée entre les prix. Si nous nous reportons au taux officiel des marchandises importées, nous trouvons pour le chanvre teillé une valeur moyenne de 0 fr. 73 c. le kilogramme pour la période 1877-1886 ; et pour le jute en brins ou teillé, une valeur moyenne de 0 fr. 41 c. pendant la même période. Le rapport des prix s’est modifié, comme on peut le voir, de la pre- mière période considérée à la deuxième. En 1894, les valeurs éta- blies à l'importation étaient 0 fr. 78 c. pour le chanvre et 0 fr. 35 c. pour le jute. L'année 1894 à vu se produire les fluctuations les plus grandes sur les prix du jute, et Dundee, qui est le principal centre manufac- turier où se traite ce textile, a été le siège d’un véritable crach. A la suite d’une mauvaise récolte effectuée en 1893, les prix des bonnes premières marques étaient de 16 livres 10 shellings la tonne de 1 016 kilogr. et les achats du commencement de 1894 se firent à ce taux élevé. Mais bientôt des arrivages importants des Indes et des modifications du change firent baisser les prix des mêmes premières marques à 14 livres en avril. Puis arrivèrent de Calcutta des nou- velles excellentes des conditions dans lesquelles les semailles s’étaient faites et les meilleurs pronostics sur la récolte. Ces’ nouvelles ac- centuèrent encore la baisse ; plusieurs maisons (28) suspendirent leurs paiements et alors les prix descendirent à 13 livres fin juin et à 12 livres en août. En septembre, on apprit que la récolte était es- timée à 2 750 000 balles de 400 livres, soit un excès de 8 p. 100 sur la consommation, et les prix tombèrent à 10 livres, soit moins «le O fr. 25 c. le kilogramme. En France, ces fluctuations de prix furent évidemment une gène pour l’industrie, mais la spéculation étant moins forte, il n’y eut pas de crach comme à Dundee. L'industrie du jute. L'industrie du jute se trouve surtout confinée en frlande, et Dun- dee en est le centre principal ; c’est dans cette ville que se traitent presque toutes les affaires de jute. En France, le département de la Somme s’est fait du traitement industriel de ce textile une spécia- 52 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. lité importante ; c’est dans ce département que se trouvent les prin- cipales usines. L'importance de l'industrie européenne du jute peut facilement se déduire du chiffre des importations de matière pre- mière au commerce spécial. Mais, ce qu’on sait habituellement le moins, c’est l’extension que prend peu à peu l’industrie du jute dans l'Inde. Nous avons déjà constaté ce fait pour le coton, il nous faut encore l'enregistrer pour le jute. A la fin de l’année 1895, il existait dans les Indes anglaises 28 usines de jute occupant 79 157 person- nes et représentant un capital nominal nécessaire de 39 000 000 de roupies environ. Toutes ces usines, sauf deux, se trouvent au Ben- gale, et la plupart dans le voisinage immédiat de Calcutta. Ces usi- nes, placées dans une situation privilégiée, dans un pays qui n’a pour ainsi dire pas de charges, trouvant la matière première à leur porte et une main-d'œuvre d’un bon marché exceptionnel, peuvent lutter avantageusement contre l’industrie européenne ; il en est ré- sulté que la fabrication des Indes s’est développée rapidement, qu’elle refoule peu à peu les produits de Dundee et que, non con- tente de fournir les Indes elles-mêmes, elle dispute maintenant la place aux produits de Dundee sur les marchés du Levant. Il y a mieux : une importante manufacture de jute vient de s’installer sur le territoire français de Chandernagor et comme notre minuscule colonie se trouve enclavée dans le territoire indien, elle offrira aux fabricants de l’Inde la tentation continuelle d’y introduire leurs toiles pour ensuite les expédier en France avec la détaxe qu’on pour- rait accorder à un produit fabriqué dans une de nos colonies. C’est là un danger contre lequel nous ne pouvons trop nous élever, car ce serait sacrifier notre industrie métropolitaine à l’industrie étrangère sans aucun profit pour nos colonies. Culture du jute. Inde francaise. La superficie totale de nos établissements de l'Inde n’atteint pas 90 000 hectares, sur lesquels près de 35.000 sont occupés par des cultures diverses (riz, arachides, bétel, indigo, coton, etc.); les LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 53 terres considérées comme incultes représentent environ 7 000 hec- tares ; il reste donc une surface cultivable trop faible pour y éta- blir d'importantes cultures de jute. Il est donc inuuile de nous y arrêter. Indo-Chine*. Mais notre vaste colonie de l’Indo-Chine conviendrait merveilleu- sement à celte culture. Aussi a-t-on fait dans ces dernières années des efforts considérables pour l'y implanter définitivement. Le sol et le climat se montrent tout aussi favorables que ceux de l'Inde anglaise ; la main-d'œuvre est peu onéreuse ; les populations sont relativement intelligentes, aptes à la culture et susceptibles d’un travail continu ; sans aucun doute, on obtiendrait d’excellenis ré- sultats. Cette culture est déjà pratiquée en beaucoup d’endroits. Nous lisons dans une note publiée par le Journal officiel de l'Indo- Chine à la date du 23 mai 1895 : « La culture actuelle est beau- coup plus avancée en Indo-Chine qu’elle ne l'était au Bengale en 1855. » Tout en rendant justice aux efforts qu’on a faits, aux entre- prises de culture que l’adminisiration locale a favorisées de tout son pouvoir, nous devons à la vérité de déclarer qu'il y a dans les appréciations de l’auteur du rapport un optimisme un peu exa- géré, car les statistiques anglaises accusent une exportation de 78 351 399 livres (anglaises) de jute pour la saison 1854-1855. Ce qui est vrai, c’est que les exportations de l'Inde n’ont pris une cer- taine importance qu’à partir de 1830 environ; mais la culture du jute y était pratiquée bien longtemps auparavant pour les besoins indigènes. Un rapport adressé au gouverneur de la Cochinchine à la date du 99 décembre 1894 par le directeur du Jardin botanique de Saigon, relate les résultats des expériences de culture faites dans le voisi- nage de cet établissement. 1. Les demandes de renseignéments adressées aux administrations de l'Inde et de l'Indo-Chine n'ayant pas été suivies de réponses jusqu'à ce jour, nous devons nous re- porter à des documents d'origines diverses. b4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. NATURE DU TERR AIN FUMURE LABOURS RÉSULTATS 2 labours |} et un hersage. | Résultat nul. 1° Rizière de 65 ares à Bien-hoa. Nulle. | Es 2 20 Rizière saturée d'alun dans la | Nulle. lien: TH plaine des Tombeaux . a 3° Champ d'essai du jardin tant que : Rizière susceptible d'être d Tiges de 2 mè- 'e. em. e drainée et irriguée. — Terrain A Four tres à 2",50. médiocre. . Tiges de 3 mè- tres à 32,50. 2 labours form de et 2 a 1 475 kilogr. 4° Terre meuble du jardin d'essai de qualité très ordinaire. . Fumure. de filasse à l'héctare. Le tableau ci-dessus, dans lequel nous avons résumé les résultats obtenus à Saïgon est fort instructif, car il montre qu’avec des la- bours soignés et une fumure convenable on peut obtenir de sérieuses récoltes de jute en Cochinchine. Et le directeur du Jardin d’essai ajoute : « J’ai cherché à faire comprendre aux indigènes l’intérêt qu'ils trouveraient en cultivant la jute en grand ; je leur ai égale- ment expliqué les avantages qui en résulteraient pour notre produc- tion de riz, effectivement, si l’Annamite veut cultiver ce textile, il sera obligé, pour obtenir un beau produit, de labourer sa terre une première fois au commencement d'avril, de la fumer copieusement, de donner un deuxième labour et deux hersages. Au mois d’août il fera sa récolte, retournera son champ immédiatement après pour y repiquer son riz; celte rizière aura donc élé soumise à deux la- bours, une fumure et deux hersages supplémentaires. Ce système d’assolement améliorerait sûrement nos variétés de riz, qui dégéné- rent d'année en année. » Le jute ainsi produit trouverait d’abord un écoulement facile dans la colonie même, qui importe annuellement pour plus de 2 000 000 de francs de sacs de jute destinés à l’exportation du riz. Dans lAnnam, le jute est cultivé un peu partout ; on le trouve sur LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 55 tous les marchés ; mais il n’a ni la souplesse ni la résistance des jutes de l’Inde. « Enfin, au Tonkin, cette culture se fait principale- ment dans les provinces de Bac-Ninh, Nam-Binh et Haï-Duong. La province de Bac-Ninh a plus de 6 000 hectares plantés en Jute, et les autres provinces approvisionnent, dans les mêmes proportions, tous les marchés de ces régions. C’est une marchandise courante ; une grande partie de ce produit est achetée par les Chinois, qui l’expor- tent à Hong-Kong, et de là sur les marchés de Chine et du Japon. Dans toute l’Indo-Chine il sert à faire des nattes, des cordages, des fils, etc., et se vend généralement 3 piastres Je picul. » (Note du Journal officiel de l'Indo-Chine, 23 mai 1895.) MM. Saint frères, dont les manufactures de jute sont des plus flo- rissantes et qui uliiisent une partie importante du jute introduit en France, ont eu l’excellente idée d'encourager la culture du jute en Indo-Chine et ils ont chargé un de leurs agents, qui avait visité le Bengale, d'organiser cette culture. Dans l’état actuel, avec les mani- pulations fatigantes qu’elle exige, il ne faut pas songer à la mettre entre les mains des Européens ; aussi s’est-on décidé à faire orga- niser la culture par les indigènes eux-mêmes, en les aidant de conseils éclairés et en leur fournissant des graines provenant du Bengale. Le journal l’Avenir du Tonkin du 7 décembre 1895 relate les ré- _sultats d’une de ces expériences : « L’essai de plantation de jute qu’a fait faire dans le mois de juin dans le huyen de Dong-Yên M. le résident de Hung-Yen, avec les graines qui lui avaient été données par M. Simonet (représentant de MM. Saint frères), a donné des résultats surprenants. « Un mau de jute a produit 20 piculs de fibres qui ont été ven- dues à Hanoï à raison de à piastres 90 le picul. Les frais de main- d'œuvre ont été peu élevés et le bénéfice net est de 60 piastres. Aucune des cultures du Delta ne donne un rendement aussi rémuné- rateur ; la canne à sucre, qui est considérée comme la culture la plus riche, ne donne que 35 ou 37 piastres par mau. L’intention de M. le gouverneur général par intérim est d’obliger chaque chef de canton à faire planter au mois de février prochain six mau de jute. Tous les villages pourront ainsi se rendre compte du rendement D6 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. exact de celte culture, qui peut devenir une source de fortune pour le Delta. » M. Saint, que nous avons vu au sujet de ces intéressantes lenta- lives, nous à déclaré que les résultats étaient de tout point satisfai- sants au point de vue de la qualité du produit et au point de vue du rendement. Malheureusement, la mise en balles pour le transport exige des machines qui n'existent pas encore en [ndo-Chine et qu'il conviendra d'installer si la culture se généralise. Les balles confiées actuellement aux navires de commerce n'étant pas suffisamment comprimées, le transport est plus onéreux qu'il ne devrait l'être ; en outre, le fret de Hanoï ou de Saïgon en France est toujours notable- ment plus élevé que celui de Calcutta au Havre, Ge fret s'élève sou- vent à plus de 100 fr, la tonne, alors qu'il est pour le jute de 30 fr. la tonne de Calcutta au Havre. — Dans ces conditions, la concur- rence est actuellement difficile ; mais de telles difficultés ne sont pas insurmontables, et quand la production du jute sera considé- rable en Indo-Chine, le fret s’abaissera sans doute dans de notables proportions. Aulres colonies. La culture du jute n’est pas pratiquée dans les autres colonies; | cependant plusieurs d’entre elles le possèdent à l’état spontané avec d’autres Tilacées, qui pourraient être utilisées de la même façon. Réunion. Les Corchorus ne sont pas indigènes à la Réunion et ne paraissent pas susceplibles d'y être cultivés en raison du prix élevé de la main- d'œuvre ; on y rencontre, en outre, un Grewia et trois espèces du genre Triuwmfelta ; mais ces plantes ne sont l’objet d'aucune appli- cation. Madagascar. On a rapporté de Madagascar un textile nommé Kiridjy, qui doit appartenir au genre Corchorus, mais dont nous n’avons eu entre les mains que la filasse. Ce textile serait assez abondant. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 917 Possessions francaises d’Océanie. Le Triumfella procumbens et le Grewia melacocca existent à la Nouvelle-Calédonie. Le jute n’y trouverait probablement pas en beaucoup de points les conditions favorables à sa culture. Côle occidentale d'Afrique. On rencontre assez abondamment les plantes du genre Corchorus au Sénégal. « Le Lignoum hat (crocs de chiens) des Wolofs pos- sède une écorce fibreuse qui pourrait servir dans l’industrie. On le rencontre partout ; mais les noirs le dédaignent et l’arrachent de leurs champs comme plante malfaisante". » Le Crenkren est un autre Corchorus qu'on peut rapporter à lespèce C. olilorius. « I contient de bonnes fibres ; mais elles sont rarement utilisées par les noirs ; par contre, 1ls se servent beaucoup des feuilles pour leur cuisine, surtout à Gandiol. Le C. olilorius est cultivé en Gambie pour ses feuilles, qui sont utilisées dans la cuisine indigène. » Sans aucun doute, les Corchorus lrouveraient en certains points du Sénégal les conditions nécessaires à leur culture, surtout dans les terrains bas facilement irrigables ; malheureusement les indigènes ne seraient peut-être pas capables de fournir le travail continu que comporte une cullure de ce genre. Le Grewia à feuilles de bouleau (Kell en wolof) est aussi assez répandu au Sénégal ; « son écorce contient de très bonnes fibres qui servent aux indigènes à tresser la paille des cases; pour faire des cordes, ils laissent macérer l'écorce dans l’eau et retirent après la filasse. Les cordes sont solides et résistantes à l’usure. » Mais celles qui ont été adressées à l'Exposition permanente des colonies étaient très grossières. Sur toute la côte occidentale on rencontre aussi des Triumfella en assez grand nombre ; mais ils ne sont pas utilisés. 1. Renseignements communiqués par la Chambre de commerce de Rufisque sur la demande qui en avait éié faite par le service des renseignements commerciaux. D8 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Colomes francaises d'Amérique. Le jute a été cultivé à la Martinique à titre d’essai. Le Triumfelta lappula (mahot cousin) est employé pour faire des cordes d’une grande résistance. Guyane. Mahot cousin (Tr. luppula). Conclusions. Pour nous résumer, nous pensons que la culture du jute donnera de bons résultats en Indo-Chine et que cette culture pourra nous permettre de ne plus être tributaires des Indes anglaises, en même temps qu’elle sera, pour la colonie, un sérieux élément de prospé- rité. Ce textile pourrait peut-être aussi prospérer en certains points du Sénégal où les irrigations sont faciles; mais il faudra vaincre l'éloignement des noirs pour tout travail suivi. III. — FAMILLE DES MALVACÉES. Cette famille -nous fournit déjà le coton, comme on l’a vu plus haut ; mais, en outre, on peut retirer des tiges de la plupart des plantes de la famille des Malvacées une filasse assez abondante; le cotonnier contient déjà des fibres dans l'écorce de sa tige ; mais c’est surtout le genre Hibiscus qui paraît le plus important à ce point de vue, d'autant plus qu’il est répandu dans toutes les régions chaudes el qu'il se rencontre abondamment dans la plupart de nos colonies. Dans l’Afrique tropicale seulement, Oliver cite 34 espèces apparte- nant à ce genre important. Les fleurs des Hibiscus ont un calicule à cinq pièces où un plus grand nombre ; elles sont pourvues d’un style à cinq divisions et possèdent une capsule contenant de nombreuses LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 59 graines. Les espèces les plus importantes de l'Afrique tropicale, du moins au point de vue spécial qui nous occupe ici, sont les sui- vantes : Hibiscus macranthrus Hochst. — articulatus Hochst. — panduriformis Burm. — physaloides Guill. et Perr. — vilifolius L. == cannabinus L. — sabdarifia L. — esculentus L. — tiliaceus L. Dans nos possessions d'Asie, on rencontre aussi un assez grand nombre d’Hibiscus : Hibiscus cannabinus L. — esculentus L. — vilifolius L., etc. Les établissements français de l'Océanie possèdent aussi plusieurs espèces dont la plus importante, Hibiscus tihiaceus L., se rencontre à la Nouvelle-Calédonie, où elle porte le nom vulgaire de bourao. Les indigènes l’utilisent pour la fabrication des filets destinés à la pêche du gros poisson ; cette plante fournirait probablement une excellente pâte à papier’; elle est très abondante dans la colonie. On retrouve encore diverses espèces du genre Hibiscus aux An- tilles el notamment H. cannabinus ou Gombo-chanvre dont les tiges s'élèvent souvent à 1,50 ou 2 mètres et fournissent une filasse d’une grande ténacité, Dans nos colonies, on n’emploie pas beaucoup ces plantes ; cepen- dant nous avons dit plus haut l’usage qu’en font les indigènes néo- calédoniens ; au Sénégal, les noirs connaissent l’Hibiscus Senegalen- sis (Bissab y alla en wolof, ce qui signifie : oseille sauvage), qui est très abondant dans la colonie, mais ils emploient rarement ses fibres : il paraît même qu’il y a une soixantaine d’années on a fait 1. Les feuilles sont employées, même par les médecins français, pour faire des ca- taplasmes ; elles fournissent une tisane émolliente. 60 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. des essais de culture de l’Hibiscus cannabinus autour des étangs du Cayor, mais que ces tentatives ont été rapidement abandonnées, on ne sait pour quelles raisons. (Notice de la Chambre de commerce de Rufisque.) Enfin, dans l'Inde, on emploie aussi parfois les fibres de l'Hibiscus cannabinus qu’on désigne sous le nom de Ambariée ou chanvre du Deccan. Forbes Royle rapporte des essais de résistance montrant que des cordages en Hibiscus possèdent moins de ténacité que ceux du sunn, À Pondichéry, les maraîchers en font, paraît-il, des bordures pour encadrer leurs cultures, mais c’est surtout afin d'utiliser les feuilles en guise d’oseille dans l'alimentation. Nous extrayons d’une note parue en 1894, dans le Bulletin de l'Exposition permanente, les renseignements suivants : « Après arra- chage de la plante, dont la végétation ne dure que 3 mois et demi à 4 mois au plus, les tiges qui contiennent des fibres de très bonne qualité sont employées à la fabrication de cordes utilisées sur place pour les besoins de la culture. . (Sur le territoire anglais, dans le district de Salem, la culture de l'Hibiscus cannabinus (en tamoul: Catchériké) se fait sur une plus grande échelle et fournit des fibres pour la fabrication d’excellentes cordes d'emballage pour balles de coton, de peaux et de toiles: elles sont en usage à Pondichéry depuis de longues années. « C’est par le rouissage que l’on sépare les fibres de la partie li- sneuse et, lorsque cette opération à été convenablement faite, le produit est d’une blancheur et d’un brillant soyeux remarquable et sa ténacité très grande. « Cette plante se reproduit de graines. L’ensemencement se fait à la volée et les liges, poussant serrées comme notre chanvre, sont d’une seule venue, sans ramificalions comme celui-ci et atteignent Ja hauteur de 1,60 à 2 mètres, selon les terrains où elles sont ré- coltées. » Une autre espèce, Hibiscus esculentus L., est encore cultivée dans certains pays. Aux Antilles, cet Hibiscus porte les noms de Okro, Okra, Gombo, Quimbombo (Cuba) et à Maurice celui de Lalo. Gette plante cest cultivée comme légume dans un certain nombre de pays tropicaux ; les gousses sont comestibles et, parfois, on a employé les LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES -COLONIES. 61 graines müres, grillées et pulvérisées comme succédané du café. D’après Roxburg, les fibres de cette plante auraient une assez grande résistance et on les cultiverait précisément à titre de textile à Cuba et aux États-Unis du Sud. Mais le consul anglais à Santiago de Cuba dit dans son rapport pour 1889: «Les fruits de Quimbombo sont bien connus sous le nom d’Okro aux [Indes occidentales, où on les emploie comme légume; mais quoique Pichardo, dans son «Diction- nario de voces Cubanas », parle de celte plante comme applicable à la fabrication des cordages, je ne sache pas que l’on en ait encore employé la fibre. » Le consul ajoute qu’un commerçant en a fait ré- colter des tiges en 1888 et les a expédiées à Londres pour en con- naître la valeur marchande qui aurait été estimée à 40 livres la tonne. Mais MM. [de et Christie, qui ont vu ces échantillons, confiés par le Foreign Office au Musée de Kew, ne pensent pas que la valeur en soit supérieure à 20 livres. Les fibres élémentaires constituant la filasse de la plupart des Hi- biscus et surtout de A. cannabinus sont plus longues que celles des divers Corchorus ; et cependant la filasse qu’on retire de l’Hibiscus est toujours rude, cassante, et se montre de qualité inférieure à celle des Corchorus. Gela tient évidemment au défaut de culture. Il serait intéressant, dans celles de nos colonies comme celle de la Côte occi- dentale d'Afrique où les Hibiscus se rencontrent à chaque pas, de faire une sélection des espèces les plus propres à fournir de la filasse et d’en organiser une culture suivie. Il est absolument impossible d'apprécier un produit de cette nature à sa véritable valeur si la plante qui le fournit n’a pas élé cultivée spécialement dans ce des- sein. En récoltant les tiges d’Hibiscus au moment convenable, en les soumettant à un traitement analogue à celui qui est suivi pour le jute, peut-être pourrait-on en tirer une filasse supérieure à ce der- nier par la longueur des fibres. C’est du moins une conviction qu’on acquiert par l’étude de la structure des liges et par l'examen des fibres. 62 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. INVEN=N SIDA Le genre Sida, qui appartient aussi à la famille des Malvacées, contient un certain nombre d’espèces qui seraient sans doute utili- sées avec profit comme plantes textiles. Dans les Indes anglaises on cultive déjà : Sida carpinifolia L. — cordifolia L. — humilis Wild. — rhombifolia L. — spinosa L. et ces différentes espèces avec leurs variétés fournissent toutes un textile d'excellente qualité plus apprécié que le jute. On ne saurait trop considérer ce fait que les Sida ont d’abord été cultivés dans l’Inde, qui est par excellence le pays du jute. C’est que, bien évidem- ment, on avait pu reconnaître la supériorité du Sida sur le jute ; et cette supériorité est, pour nous, incontestable. En effet, les fibres de Sida sont plus longues que celle des Corchorus ; en outre, si les fibres contenues dans la partie la plus externe de l’écorce sont en général lignifiées, celles de l’intérieur ne le sont pas ou du moins ne le sont que très peu, ce qui assure à la filasse de Sida une supério- rité très nette sur celle du Corchorus. Bien que semblable extérieu- rement à la filasse du Jute par son aspect et par ses caractères chi- miques généraux, elle se montre cependant plus douce au toucher et plus uniforme. Cette supériorité est confirmée par une étude atten- tive des fibres. Des analyses comparatives effectuées par MM. Cross el Bevan ont montré en effet que la proportion de cendres est plus faible chez le Sida que chez le jute ; que la proportion de cellulose est plus forte (83 pour 75) et que le pouvoir absorbant pour l'humi- dité est nettement plus faible chez le Sida que chez le Corchorus, ce qui assure naturellement à la filasse de Sida une conservation plus facile et plus longue. L'exposition coloniale anglaise (Imperial Institute) contient non seulement des échantillons de filasse provenant du Sida rhombifolia LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 63 L., mais encore de la variété rhomboidea de la même espèce, abon- dante au Bengale, de la filasse de Sida cordifolia du Panjab et enfin des-échantillons de Sida carpinifolia, provenant du district de Nel- lore. Les diverses espèces du genre Sida ne manquent pas dans nos co- lonies ; on rencontre en Cochinchine : Sida alnifolia ; S. cordifolia ; S. Indica; S. coparia ; S. viscosa ; à la Réunion, Sida humilis. Sur la Côte occidentale d'Afrique on connaît : Sida linifolia ; S. urens; S.triloba; S. humilis; S. truncala; S. carpinifolia; S. spinosa ; S. cordifolia, etc. Nous ne saurions trop recommander de tenter la culture du Sida partout où il croît en abondance. Malheureusement on fait en géné- ral des essais trop restreints et les quelques grammes d'échantillons de filasse qui parviennent en France sont bien insuffisants pour per- mettre d’en apprécier la valeur marchande. A la même famille des Malvacées appartiennent encore les plantes suivantes qu’on peut regarder comme susceptibles de fournir de la filasse : Adansonia digitata ou Baobab. — (Côte occidentale d'Afrique, Madagascar, Nossi-Bé, Réunion, Inde, Martinique.) Abutilon Indicum. — (Inde.) Abutilon laxiflorum. — (Sénégal.) Abelmoehus. — (Sénégal, Guadeloupe.) Thespesia populnea. — (Inde, Indo-Chine, Nouvelle-Calédonie, Tahiti, Martini- que, Guadeloupe.) Urena. — (Martinique, Inde, Indo-Chine, Réunion, Côte occidentale d'Afrique.) Nous ne citons d’ailleurs dans la liste ci-dessus que les genres les plus importants, car toutes les Malvacées peuvent être rangées dans la catégorie des plantes textiles. Nous pensons que des essais de cul- ture faits sur place, dans nos colonies, présenteraient un grand in- térêt, car les fibres fournies par la tige de la plupart des Malvacées paraissent plus longues et partant plus propres à la filature que celles du jute. 64 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. V. —— FAMILLE DES PAPILIONACÉES. Cette famille ne compte guère chez nous que le Méhlot blanc de Sibérie, le Genêt commun et le Genêt d’Espagne, dont il soit possible de retirer de la filasse. Dans les régions chaudes du globe, les Cro- talaria et Sesbania peuvent être considérés comme les seules plantes -textiles de la famille. Le Crolalaria juncea L. est une plante herbacée cultivée dans toute l'Inde pour ses graines usitées dans la médecine locale et pour la filasse que fournit sa tige. On désigne cette plante aux Indes sous le nom de Sunn; le nom sanscrit est Sana ; Meesta Pal et Ghore Sunn au Bengale ; Janapa à Madras; on connaît encore la filasse sous les noms de Calcutta Hemp, Sunn Hemp, Chanvre de Madras, Chanvre brun de Bombay, Chanvre de Jubbulpore (Crotalaria tenui- folia?) et ln de Travancore. La filasse de Crolalaria est employée depuis fort longtemps aux Indes et on l’a parfois importée en France, où elle a même été ven- due comme du chanvre véritable. D'ailleurs les tissus qu’on en fa- brique présentent le meilleur aspect, en même temps qu'ils sont d'une résistance remarquable. Le Crotaluria est cultivé à Bombay, à Bornéo et à Java ; on sème en mai ou Juin et on arrache la plante en août, avant la floraison si on veut obtenir une filasse fine et souple. Si, au contraire, on veut obtenir une filasse plutôt résistante, on ne récolte qu'après la floraison. Le rouissage se fait dans les mêmes con- ditions et par le même procédé que celui du jute ; mais il est en gé- néral beaucoup plus rapide et ne dure guère que deux ou trois Jours, car le Crotalariu juncea est'une plante herbacée. — Forbes Royle rapporte que des cordages de sunn, mis à l’essai, ont présenté une résistance au moins égale à celle des cordages fabriqués avec le meilleur chanvre de Russie. La filasse, telle qu’elle nous est expédiée sous le nom de sunn, de chanvre de Madras ou de chanvre brun, se compose de filaments saies, souvent emméêlés accompagnés de lambeaux d’épiderme par suite d’un rouissage opéré dans de mauvaises conditions; aussi le déchet au peignage se montre-t-1l considérable. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 09 La longueur des fibres élémentaires qui constituent les filaments paraît osciller entre 4 et 8 millimètres et leur diamètre entre 0"",02 et 0,04; à ce point de vue déjà, les fibres constitutives des fila- ments de sunn se montrent très supérieures à celles du Jjute; mais un autre caractère de supériorité réside dans ce fait que la mem- brane de ces fibres n’est pas lignifiée ; elle est constituée par de la cellulose pure qu’entoure une fine gaine de cellulose lignifiée réu- nissant les fibres les unes aux autres. C’est là un fait qui ne manque pas d'importance, car les fils, cordages ou tissus fabriqués avec un textile non lignifié présentent de la souplesse et ne se brisent pas comme les autres aux nœuds ou aux plis. Malheureusement, on cultive aux Indes plusieurs espèces de Cro- lalaria et le plus souvent les différentes sortes de filasse provenant d'espèces distinctes se trouvent mélangées de telle façon qu’il n’est guère possible d’assigner à une espèce bien déterminée de Crotala- ria, des qualités nettement définies. Quoi qu’il en soit, la filasse de Crotaluria se montre supérieure à celle du Jute et elle prendrait une place importante dans l’industrie si elle était fournie en suffisante quantité. Il existe en Indo-Chine plusieurs espèces de Crotalaria; on trouve à Tahiti le Crotalaria verrucosa, et le nombre des espèces qu’on rencontre sur la côte occidentale d'Afrique est très considérable puisque la Flore tropi- cale d'Afrique d'Oliver (Flora of tropical Africa) en mentionne déjà 106. Il est donc du plus haut intérêt de faire des essais de culture et d'utilisation. Malheureusement, la plupart des essais que font nos colons ou nos administrateurs restent sans résultat, d’abord parce qu’ils sont souvent faits sur une trop petite échelle pour qu'il soit possible d’en tirer des conclusions certaines ; d’autre part les échan- tillons expédiés en France sont enlassés dans un musée et ne sont généralement l’objet que d’un examen sommaire. Il est véritable- ment pénible de constater que les tableaux comparatifs de résistance fournis par Forbes Royle en 1855 soient restés les documents uni- ques à consulter. Il est vrai qu’on reprend cette étude actuellement en Angleterre; le journal mensuel publié par llmperiul Institute (Exposition coloniale de Londres) a déjà fourni plusieurs résultats ANN. SCŒENCE AGRON. — 9 SÉRIE. — 1896. — 11. D 66 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. intéressants. Mais nos colons doivent-ils en être réduits à recourir à l’obligeance d’une institution anglaise pour obtenir les indications nécessaires ? VI. — FAMILLE DES URTICÉES. La plupart des plantes appartenant à cette famille pourraient four- nir des fibres textiles. L’Ortie de nos pays (Urlica), qui a donné son nom à la famille, donnerait d’excellents résultats si elle était cultivée spécialement pour cet usage. Les Pipturus de la Nouvelle-Calédonie et de Tahiti sont bien connus par les indigènes de ces pays qui les emploient à la confection des pagnes et à la préparation des filets de pêche résistant longuement à l’action de l’eau. L’espêce communé- ment employée à cet usage en Nouvelle-Calédonie est le Piplurus velulinus Des, qui est très abondant. Les autres espèces connues dans la colonie et employées pour le même usage sont P. œsluans Wedd, P. nivea Wedd, P. pellucidus Wedd. A Tahiti, les indigènes emploient à la fabrication des filets de pêche la filasse qu’ils retirent du Piplurus velulinus var. pomoluense H. Bn. et du P. propinquus Wedd, Mais les plantes les plus importantes de cette famille, au point de vue qui nous intéresse actuellement, sont bien certainement les Bœhmeria (Ramie) dont on connaît deux espèces principales culti- vées : le B. nivea et le B. tenacissima, mais le nombre total des es- pèces connues est considérable. Les diverses espèces de Bæhmeria sont des plantes ligneuses très ramifiées dès la base (mais dont on peut atténuer la ramification en semani serré); les Liges, couvertes de poils, au moins quand elles sont jeunes, sont dressées et atteignent 2 à 4 mètres de hauteur avec un diamètre de 0,01 à 0,02 à la base. Les feuilles, assez grandes, à limbe denté, sont alternes ou opposées, péliolées et pourvues de -stipules libres et soudées. Les fleurs unisexuées sont réunies en glo- mérules à l’aisselle des feuilles. Les fibres élémentaires de ramie blanche sont habituellement très longues et elles atteignent souvent 0",25, tandis que celle du lin ne LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 67 dépasse guère 0,06, mais elles ont aussi un diamètre beaucoup plus fort pouvant atteindre 0"®,080 à 0®,100, tandis que le diamètre des . fibres de lin ne dépasse pas 0,036. Les Chinois, qui uulisent la filasse de ramie depuis fort longtemps, isolent les fibres élémentaires et les nouent les unes au bout des au- tres pour en faire des fils sans torsion qui donnent naturellement, au tissage, des étoffes très transparentes, les A-pou, qu’on importail autrefois en Angleterre sous le nom de Grass-cloth. Il est bien évident que le mode de traitement suivi en Chine ne peut être adopté, car il nécessite une main-d'œuvre beaucoup trop dispendieuse. On a d’abord essayé de traiter les tiges par le rouis- sage; mais ce procédé, qui donne cependant de si bons résultats pour le lin, le chanvre et le jute, n’a pas paru applicable à la ramie. Aux enthousiastes qui avaient, dès le début, rêvé de substituer la ramie à tous les autres textiles et même à la soie, vinrent alors s’ajouter les inventeurs et les chimistes qui s’ingénièrent à trouver, les uns des machines à décortiquer en vert ou en sec, les autres des procédés de dégommage. A l'heure actuelle le nombre de brochures et d’ar- ticles consacrés à la culture ou au traitement de la ramie est tel que leur énuméralion serait à peine contenue dans cet article et cepen- dant la question ne paraît pas beaucoup plus avancée qu’au début, du moins au point de vue de l'application industrielle de la ramie. Les essais de culture faits en Algérie par M. Rivière, en Tunisie par M. Pascal, en Égypte par la société A. Favier d'Avignon; les renseignements rapportés d’Indo-Chine par tous les voyageurs, co- lons et admimistraleurs; les tentatives de culture de M. Reynaud à la Réunion, de M. Armand à la Nouvelle-Calédonie, de MM. Barzilay et Lacroix à la Guadeloupe, de M. Bellanger à la Martinique et bien d’autres essais que nous ne pouvons énumérer, ont montré surabon- damment que la ramie pourrait dans toutes nos colonies fournir un minimum de 3 coupes par an. Malheureusement, la nécessité de faire passer les liges dans une décortiqueuse pour traiter ensuite par un procédé chimique les lanières ainsi obtenues a découragé complète- ment les cultivateurs. Pour nous, qui suivons depuis fort longtemps déjà tout ce qui se fait sur la ramie ; qui avons cultivé, décortiqué, dégommé et même 68 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. filé de la ramie, nous pensons que ce textile n’a de pire détracteurs que les plus enthousiastes de ses partisans. Si on cultivait la ramie dans notre colonie de l’indo-Chine, par exemple à la façon du jute, et si on la traitait comme ce dernier textile en ayant soin de laisser le sommet des tiges macérer moins longtemps que la base comme on le fait d’ailleurs pour le jute en beaucoup d’endroits, nous sommes persuadé qu’on obtiendrait avec des soins et après quelques tâton- nements une très belle filasse, infiniment supérieure au jute et qui pourrait, dans des conditions de prix acceptables, faire concurrence au chanvre que nous demandons tous les ans à l'Italie et à l’Allema- gne. Mais si on persiste à vouloir faire de la ramie un textile destiné à faire concurrence à la soie, nous ne pouvons que conseiller aux colons de ne pas se livrer à ces expériences coûteuses. Les résultats obtenus jusqu’à ce jour dans cette voie sont suffisamment probants pour qu’il ne soit pas nécessaire d’insister davantage. VII. — FAMILLE DES THYMÉLÉACÉES. Cette famille, représentée chez nous par les Daphne, dont la tige est d’ailleurs riche en fibres textiles, comprend dans les régions tro- picales plusieurs genres dont l'écorce est utilisée par les indigènes. Le Daphne bholua ou D. Cannabina de la Cochinchine possède dans son écorce une grande quantité de fibres textiles et cette écorce, macérée et battue, peut tenir lieu de papier à écrire. Forbes Royle ea signale Putilisation dans le Népaul. Le Daphne Lagelta SW. ou Lagetta lintearia Lam. est un arbre assez élevé qu'on rencontre à la Martinique. Le Lagetta funifera Mart. el Zuce. ou Funifera ulilis Leand. (Mahot piment) se trouve aussi dans la même colonie. Ces deux plantes possèdent un liber exceptionnellement riche en fibres disposées par couches concen- triques réunies de place en place. Ce liber, préparé par macération, perd lout son parenchyme mou et il ne reste plus qu’une sorte de dentelle fine dont on peut fabriquer des nattes fines, des manchettes, etc. ; d’où Le nom de bois dentelle donné au Lagella linteariu. Le LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 69 Lagetta funifera, que nous avons eu loccasion d'étudier, possède des fibres qui mesurent en moyenrie 0",005 de longueur avec un diamètre de 0,019 à 0,014. Les extrémités sont souvent élargies en forme de spatule ou même bifurquées ; ces fibres sont nettement lignifiées ; elles constitueraient une matière première très propre à la fabrication du papier. Le genre Thymelea se trouve, paraïit-il, représenté en abondance dans l’Algérie du sud et cette espèce qui se montre aussi fort riche en fibres pourrait, peut-être, faire l’objet d’une exploitation. Enfin M. Drake del Castillo a signalé une autre Thyméléacée, le Wickstræmia Balansæ, cultivé au Tonkin pour ses fibres qui ser- viraient à préparer une pâte à papier d’assez bonne qualité. Nous pourrions encore étudier un grand nombre d’autres plantes Dicotylédones capables de fournir de la filasse. Il nous paraît préfé- rable de limiter cette étude aux seules plantes dont la culture peut être conseillée. Parmi les végétaux qu’il nous restait à étudier 1l en est, en effet, qui sont des arbres, les Ficus par exemple, et alors il ne faut pas compter sur une culture possible ; d’autres n’ont pas encore été l’objet d’une étude assez complète pour qu’il soit possible d’en con- seiller la culture. Nous arrêterons donc ici l'étude des plantestextiles ‘appartenant aux Dicotylédones. MONOCOTYLÉDONES La filasse produite par les plantes Monocotylédones est toujours formée de filaments dont les éléments constituants ou fibres élé- mentaires dépassent rarement quelques millimètres de longueur, mais qui se trouvent cimentés les uns aux autres de façon à produire par leur réunion des filaments parfois assez longs qui se dissocient d’ailleurs très facilement sous l'action de l’humidité et en particulier 10 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. sous l’action des lessives alcalines. Ces textiles ne peuvent donc avoir qu'une valeur secondaire, car, en plus de ce caractère d’infériorité qui tient à la faible longueur de leurs fibres élémentaires, celles-ci sont généralement lignifiées (à l'exception de celles de l’Ananas), ce qui rend la filasse cassante. Mais si la filasse produite par les Monocotylédones n’a pas une grande valeur intrinsèque, il faut reconnaître que quelques-unes de ces plantes sont si répandues et fournissent une si grande quantité de produit avec des moyens d'extraction primitifs, que la valeur mar- chande de cette filasse lui assure une place importante parrni les Lex- tiles actuellement employés. L'Abaca ou chanvre de Manille, lAgave, le Sanseviera, le Phor- mium, le Yuccu, V'Alfa, le Coir (fibre du cocotier), le Raphia, comp- tent à juste titre parmi les plus importants de ces textiles el nous nous proposons de les étudier successivement. I. — ABACA OU CHANVRE DE MANILLE. L’Abacu ou chanvre de Manille n'est autre chose que le textile fourni par le bananier textile, très commun sur les terres volcani- ques des Philippines, dans les îles Sangi et Talant ainsi qu’à Gélèbes et à Gilolo. Les divers noms indigènes sont indiqués ci-dessous : Iles Philippines, Abaca ; Sangi et Talant, Holé ; Amboine, Fana ; Célèbes, Aofo ; — Pisang ulan; Java, Gedæng sepet. C'est seulement sur les marchés de Londres qu’on lui a donné le nom de chanvre de Manille (Wanilla hemp). Le bananier textile (Musa mindanensis Rumph, ou Musa lexlilis Ruiz) atteint une taille plus élevée que les autres bananiers ; on en trouve qui ont jusqu'à 10 et 12 mètres. Les feuilles sont graniles, fortes et très vertes ; les fleurs pourvues de longues bractées sont LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 11 rassemblées en une grappe assez lâche inclinée vers le sol, les fruits plus petits et plus durs que ceux des autres bananiers ne sont pas comestibles. Le bananier textile ne vient pas aux hautes altitudes, non plus que dans les plaines basses et marécageuses ; mais il affectionne Îles pentes des collines peu élevées des régions volcaniques. Aux Philippines on le cultive partout, même dans les forêts où les grands arbres le protègent contre les. vents qui ont sur lui d’autant plus de prise qu’il atteint une taille plus élevée. On le sème ou on le plante. Par semis, on obtient au bout de deux ans seulement des tiges propres à la préparation du textile ; les plants provenant de rejetons sont exploitables dès la première année. Habituellement les plants sont espacés de 5 mètres en tous sens, ce qui peut être considéré comme un maximum. L'entretien consiste simplement à enlever les mauvaises herbes deux fois par an au moins. La main-d'œuvre occasionnée de ce chef est loin d’être considérable. On coupe le tronc un peu au-dessus du sol avant la fructification ; on prétend, en effet, qu'après ce moment les fibres perdent de leur résistance en même temps que leur extraction devient plus difficile. Une même pousse peut ainsi fournir des troncs exploitables pendant cinq, Six, sept ans et même davantage. Le tronc du bananier est formé, comme on le sait, non pas d'un cylindre ligneux tel que celui de nos arbres ; mais 1l est constitué par les gtuines des feuilles emboîtées les unes dans les autres. Une fois le tronc abattu on le fend dans sa longueur par plusieurs inei- sions et les gaines des feuilles se séparent ainsi facilement les unes des autres pour former de longues bandes de 5 à 6 centimètres de longueur qu’on suspend à l’ombre pour les faire sécher, après avoir rejeté celles qui recouvraient l’extérieur du tronc. Au bout de deux jours environ on peut procéder à l’extraction des fibres. La feuille du bananier est constituée par un tissu paren- chymateux mou dans lequel courent parallèlement les faisceaux qui deviendront les brins de filasse. Il s’agit de débarrasser celte filasse de sa gangue de issu mou. Les bandes sont passées sous une lame de bois tranchante, ma- nœuvrée par une pédale. L’ouvrier prenant la bande par une extré- 12 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. mité la fait glisser sous le couteau el enlève ainsi tout le tissu mou d’un côté ; ensuite 1l procède de la même manière pour l’autre côté ; il repasse ainsi la bande plusieurs fois sous le couteau jusqu’au mo- ment où les fibres sont bien débarrassées du tissu mou qui les enveloppait. Il ne reste plus ensuite qu’à faire sécher, à battre et à peigner. Tel'est le mode d’extraction suivi dans l’Archipel, mais il est de toute évidence que pour une extraction rapide et économique de la filasse 1l conviendrait de remplacer les procédés primitifs ac- tuellement en usage par des moyens mécaniques appropriés. Dans l’fnde, où le bananier textile est également répandu, on ex- trait les fibres à peu près de la même façon ; mais au lieu de pro- céder complètement à sec, on lave la filasse dans l’eau de savon puis à grande eau avant de faire sécher. Aux Antilles, où le bananier textile a été introduit, on fait fer- menter les troncs avant d’en extraire la filasse et on la blanchit ensuite par une immersion plus ou moins prolongée dans une disso- lution de soude et de chaux vive. Les brins de filasse ainsi retirés du bananier textile mesurent or- dinairement de 1",30 à 1",80 de longueur. Chacun de ces brins est constitué par une multitude de petites fibres accolées et juxtaposées ; chaque brin est donc à vrai dire non pas une fibre, comme on le dit d'habitude, mais un faisceau de fibres courtes (moyenne 6 millimètres de long). Ces filaments sont colorés en jaune d’or par l’iode et l'acide sulfurique, en jaune par le sulfate d’aniline ; ils sont donc lignifiés comme les éléments du bois. Quand cette filasse a été séchée à l'ombre elle est blanche ; mais si elle a été séchée au soleil, au moins avant le raclage des lanières, elle acquiert une coloration brun jaunâtre plus ou moins prononcée. Elle est habituellement soyeuse, souple et très résistante ; de plus elle prend bien la temture. | On admet qu’une tige fournit 500 gr. de filasse au minimum et que le rendement annuel d’un hectare de plantation varie de 800 à 1 500 kilogr. La filasse extraite des parties les plus extérieures du tronc est la plus grossière ; la plus fine est retirée de la portion la plus interne ; il est donc utile de les séparer et c’est d’ailleurs ce que ne manquent LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. Ta pas de faire les indigènes des Philippines. La filasse la plus grossière peut être utilisée pour faire des cordes, des cordages, des toiles et une excellente pâte à papier ; la filasse de deuxième qualité tissée seule ou avec la soie sert à fabriquer de belles étoffes ; enfin la plus fine est propre à faire de la gaze. La culture de l’abaca est presque complètement localisée aux Philippines actuellement et c’est seulement à partir de 1860 qu’elle y a pris de l'extension grâce à une large utilisation qu’on en a faite en Angleterre et aux États-Unis sous le nom de chanvre de Manille. Depuis vingt-cinq ans la France est entrée timidement dans le mouve- ment et l’abaca sert aujourd’hui à la fabrication des tissus d’ameu- blement, des pâtes à papier, des nattes, des paillassons, elc., etc. Mais l’utilisation de ce textile ne peut que s’étendre et sa consom- mation s’accroître ; la progression de ces dernières années en est une preuve certaine. Le chanvre de Manille occupe le deuxième rang au nombre des productions des Philippines et cependant sa culture est relativement récente. D’après les statistiques que nous avons pu recueillir, les ex- portations auraient suivi la progression suivante : ANNÉES. QUANTITÉS EXPORTÉES. PES ER NS an nee 13 800 kilogr. 1 KO P ARBRE PERRET NET QUE es 327000 — LOTS RE CAR RAT ES HORIE, 3715 000 — LS LOS PSE ee 7375 000 — ISOUSIS TOME ER 30 000 000 — LOTO TES OPEN 40 000 000 — DS ER De te ne 47 500 000 — SO ER ae 70 500 000 — SDS ES MN Teens 93 750 000 — Les exportations de 1893 se décomposent de la façon suivante : PAYS DE DESTINATION. POIDS, ANCIPLOFTE SR: ee ientes 48 435 000 kiiogr. États Dis MR EE Ce INT 29 475000 — Possessions anglaises d'Asie. . 13 520 000 — JAPON ar 1 260 000 — ÉSDAON ER A ALES Mat 975 000 — HEYDION SRE LATEST 41 000 — AUS ITA ENS A ONE est 26000 — 14 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Les autres pays n’en reçoivent directement que des quantités insi- gnifiantes. L’Angleterre approvisionne l’Europe entière. La valeur de ce produit rendu franco à bord était en 1886 de 6 à 8 pesos (1 peso = 5 fr. 25) le picul (1 picul — 625,950), ce qui correspond à une moyenne de 65 fr. le quintal. Mais la consom- mation n'ayant pas toujours suivi la même progression que la pro- duction, il s’en est suivi, surtout dans ces dernières années, des fluc- tuations assez sensibles. MOYENNE des prix franco | ANNÉES. au Havre ou à Marseille. LS DAS Ne RS EE 85 fr. le quintal. OMR RE ee Re Le RE 65 — LSSST TNT RES AMI TRE S7 = LS O0 RMS TES AR Cp Ta 90 — LS ae Le HER M UT CUTAE 70 — 192 MATRA NS SRE SSII SES 60 _ Dans une même année, on a vu des modifications de prix fort im- portantes ; c’est ainsi qu’au commencement de 1893 la valeur était de 65 fr. le quintal pour s'élever à 72 fr. au milieu de l’année et retomber à 59 fr. à la fin. Nous ne relaterons pas les résultats, d’ailleurs contradictoires, des expériences faites sur la résistance des cordages d’abaca compa- rativement à celle d’autres cordages ; nous nous contenterons de r'e- produire les lignes suivantes empruntées à un ouvrage spécial (Cor- derie, Alheilig) : « Les cordages de cette substance sont remarquables par leur force et leur grande légèreté ; ils deviennent raides par les temps de pluie et sont toujours moins souples que ceux en chanvre, tout en ayant une résistance au moins égale ; mais ils ne résistent ni aux coques ni aux nœuds. » € Pour la mise en œuvre du chanvre de Manille, on est obligé de le disposer sur une planche et de l’arroser d'huile, de façon à per- mettre aux fibres de glisser les unes sur les autres. On peut surtout employer les cordages comme câbles de transmission entre le volant d’une machine à vapeur et la poulie de l'arbre de couche. » Non seulement la culture du Musa textilis aurait sa place marquée dans nos possessions du Pacifique, mais cette plante prospère bien LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 79 jusqu’au 20° degré de latitude nord et on l’a trouvée en Annam, dans les vallées de Fai-fao et dans les environs de la rivière de Tou- rane ; on la retrouve en grande quantité au Tonkin, le long du Fleuve Rouge. Des expériences entreprises au Jardin botanique de Saigon (1890-1892) ont montré que le Musa texlilis pouvait se déve- _lopper à merveille en Cochinchine. On le trouve encore dans l'Inde, à la Réunion, à la Guadeloupe, à la Martinique où il a été sans doute importé. À la Guadeloupe en particulier on le rencontre abondam- ment, et dans son ouvrage sur les Plantes utiles des colonies, M. de Lanessan dit que les produits dé ces plantes se perdent faute de demande. Sans aucun doute on pourrait cultiver le Musa textilis dans un grand nombre de nos colonies. Il est donc désirable de voir entre- prendre des essais dans cette voie partout où la main-d'œuvre n’est pas à un prix trop élevé ; d’ailleurs il ne sera pas bien difficile, dans de grandes exploitalions, d'organiser un mode d’extraction des fibres moins primitif et moins pénible que celui des indigènes des Philippines. La récolte de Pabaca aux Philippines laisse fortement à désirer depuis quelques années. Les indigènes ne le préparent plus avec autant de soin et sacrifient trop volontiers la qualité à la quantité ; aussi l’arrivage, à Manille, d’abaca de première qualité a subi une ‘progression décroissante dans ces derniers temps. «Si les pays étran- gers qui s’approvisionnent d’abaca aux Philippines venaient à décou- vrir une autre colonie de production d’un textile de même espèce, il est présumable que les commandes se dirigeraient de ce côté. » (Rapport du Consul de France en date du 31 décembre 1894.) Autres bananiers. Les diverses espèces du genre :Musa sont susceptibles de fournir des fibres au même titre que le Musa texlilis. Les principaux sont : Musa paradisiaca L. Musa sapientum L. Il est vrai que la filasse fournie par ces bananiers ne présente pas au même degré les qualités de légèreté et de résistance qu’on ren- 76 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. contre dans celle du Musa textilis ; mais si la valeur est moindre, il faut remarquer que la filasse ne serait en somme qu’un produit secondaire dans les bananeries. Nous ne pouvons admettre, sans nouvelle preuve, que la filasse soit nécessairement moins résistante après la fructification qu'avant. Les différences constatées tiennent sans doute à ce que l'extraction des fibres étant devenue plus diff- cile, la manutention leur enlève une partie de leur résistance ; mais un mode d'extraction approprié lèverait sans doute la difficulté. En tout cas, s’il était possible d'utiliser les nombreux troncs qui jonchent inutilement les bananeries de tous les pays chauds, le ren- dement obtenu de ce chef ne serait pas négligeable. La banane tend à prendre une place importante dans l’alimentation des Américains du Nord ; les bananeries remplaceront sans doute un Jour les cultures délaissées de nos Antilles. Les Européens eux- mêmes accueilleront peut-être, dans un avenir prochain, ce fruit des tropiques. Qui peut dire aujourd’hui l’extension que prendra la culture des bananiers ? D’après un rapport officiel, l'exportation des bananes de Costa-Rica, pour les États-Unis, a pris une exten- sion exceptionnellement rapide. En 1887, le nombre des régimes exportés n’atteignait pas 600 000; en 1894, il a dû dépasser 1 400 000. Il y a évidemment dans cet accroissement rapide un avertissement qu'il n’est pas inutile de noter au passage. Les colons des Antilles pourraient d’ailleurs faire préparer aussi les fibres d’une autre Musacée, Heliconia caribæa Lam., assez ré- pandue. Ceux de la Nouvelle-Calédonie emploieraient dans le même but Heliconia Austro-Caledonica. II. — FAMILLE DES LILIACÉES. Phormium tenax. La famille des Liliacées compte deux plantes textiles qui pour- raient prendre une certaine importance, le Phormium et les Yucca. La culture de ces deux plantes n’ayant actuellement qu’une faible LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 77 extension nous allons très brièvement résumer ce qui les con- cerne. Le Phormium tenax fut découvert à la Nouvelle-Zélande par Banks qui accompagnait le capitaine Cook dans son premier voyage autour du monde. «Il donne, dit Cook, des produits semblables à ceux du lin et du chanvre, mais d’une qualité supérieure ; les indigènes en font des tissus pour se vêtir, des lignes à pêcher, des filets, etc.’. » Les habitants de la Nouvelle-Zélande désignent cette plante sous le nom de Koradi ou encore de Korere, et ses filaments sous celui de Muka. En raison de sa provenance la filasse est souvent désignée chez nous sous le nom de lin de la Nouvelle-Zélande (New Zealand Flax des Anglais). On ne la rencontre plus que très rarement sur le marché, mais la filasse de jute est souvent désignée, à tort, sous le même nom quoique provenant de plantes très différentes (Cor- chorus). On a fait des essais d’acclimatation en Irlande ; malheureusement les hivers rigoureux sont trop souvent funestes à cette plante et il a fallu en abandonner la culture tout d’abord accueillie avec enthou- siasme. Les essais tentés en France et en Dalmatie ? pour la cullure du Phormium n’ont pas mieux réussi qu’en Irlande ; mais ils ont donné de fort bons résultats dans la Nouvelle-Galles du Sud *, dans les Indes anglaises et à Natal. Actuellement on ne rencontre plus guère cette plante en Eurepe que dans les jardins, où ses grandes et belles feuilles Pont fait adopter comme plante d'ornement. Le Phornium Forst (Clamydia Banks) appartient, comme on l’a dit plus haut, à la famille des Liliacées et à la tribu des Liliées. Le Ph. tenax, de beaucoup le plus important et le plus connu, est une belle plante dont la hampe, atteignant deux mètres de hauteur, émerge d’un bouquet de grandes feuilles. Celles-ci sont radicales, distiques et forment des faisceaux étalés en éventail comme chez des Iris. Elles -ont de 1 mètre à 1,60 de long. Leur tissu coriace se coupe difficilement en travers, mais 1l se laisse déchirer avec la plus 1. Voyage de Cooï. Edit, franç., t. IT, p. 258 — 1774. 2. Meyen, Pflamzengeographie, Beriin., 1836. 3. Bennet, Wanderiag in New Soulh Wales, London, 1834, 18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. grande facilité, dans le sens de la longueur, en lanières fines et ré- sistantes. La hampe qui surgit de ce bouquet de feuilles et qui se trouve reliée à un rhizome court et charnu à environ 3 centimètres de diamètre à la base; mais elle va en s’amincissant graduellement vers le sommet; à la partie supérieure, elle est rameuse, el ces ra- mifications distiques naissant à l’aisselle de longues spathes caduques, portent chacune 12 à 15 pédicelles dirigés vers le haut et terminés par les fleurs. Le genre Phormium comprend deux espèces communes à la Nou- velle-Zélande et aux iles Norfolk : 4° Ph. tenax Forst., à fleurs grandes et d’un jaune rougeûtre ; 2 Ph. Cookianum Lejolis, plus petite que la précédente dans toules ses parties, avec des feuilles à pointe aiguë et les fleurs d’un jaune verdâtre. Les Phormium se rencontrent dans tous les terrains, aussi bien sur les coteaux secs et arides que dans les vallées; mais les plantes des vallées atteignent toujours de plus grandes dimensions que celles des coteaux. Un pied âgé de trois ans donne, en moyenne, 36 feuilles dont chacune peut produire cinq grammes de filasse sé- che, teillée et peignée. Une section transversale de la feuille dans sa région moyenne montre qu’elle est constituée par un parenchvme homogène (sans tissu en palissade) dans lequel courent de nombreux faisceaux d’im- portance très inégale. À chacun de ces faisceaux libéro-ligneux cor- respondent deux groupes de fibres leur formant une sorte de sque- letie, el ce sont précisément ces faisceaux fibreux qui fourniront les filaments de filasse. Les fibres du Phormium ont été étudiées par de nombreux obser- vateurs au nombre desquels il faut citer Schacht, Vétillart, Schlesin- ger, Wiesner et l’auteur de ce travail. La longueur des fibres élé- mentaires constituant les filaments varie de 1"",8 à 5 millimètres avec une moyenne de 2 millimètres ; leur diamètre est de 0",010 à 0,017 pour celles de la face supérieure (moyenne 0"*,014) et 0%%,006 à 0"",011 pour celles de la face inférieure de la feuille. L'action des réactifs sur ces fibres montre qu’elles sont lignifiées, mais que celte lignification n’est pas poussée aussi loin que pour la LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 79 plupart des fibres fournies par les plantes Monocotylédones, et c’est sans doute à ce fait qu'il faut attribuer la supériorité indiscutable qu’elles présentent. | Pour obtenir la filasse, les indigènes de la Nouvelle-Zélande font avec une large coquille une incision de chaque côté de la feuille, ce qui leur permet d’enlever l’épiderme ; puis ils déchirent ensuite la feuille en fines lanières qu’ils débarrassent en partie du parenchyme en les raclant avec la même coquille; ils achèvent ensuite de les nettoyer en les battant longuement dans un courant d’eau et en les tordant entre les mains. Elles sont enfin séchées au soleil et pei- gnées. Cette série d'opérations peut s’effectuer très rapidement et on dit avec raison que les « feuilles peuvent être coupées le matin et les filaments tissés avant le coucher du soleil ». En Europe, on a surtout utilisé les dissolutions alcalines et les eaux savonneuses pour isoler les fibres. Les filaments obtenus sont blancs et brillants ; les tissus qu’on en fabrique prennent fort bien la teimture. Dans des essais faits par De- candolle, les filaments de Phormium ont présenté une résistance de 23.7, celles du lin et du chanvre étant, respectivement, de 11 5/4 et de 16 3/4. La filasse est d’ailleurs plus légère que celle du lin ou du chanvre; malheureusement, comme toutes les fibres lignifiées, celles du Phormium supportent difficilement les plis et les nœuds. «M. John Murray, dans une brochure publiée sur un papier fait avec cette fibre, rapporte que le vaisseau Alalanta qui faisait le service entre Southampton et les iles de la Manche ne portait que des cordages de Phormium. Il ajoute qu'il a vu des échantillons de cordes, ficelles, toiles à voiles, emballages, toiles pour literies, etc., fabriqués avec ce même textile. Les voilures et les cordages du beau modèle de frégate présenté par le roi Guillaume IV au roi de Prusse étaient également de Phormium. Enfin le yacht du capitaine Harris, qui était une merveille de construction navale, portait une voilure faite de trois variétés de lin de la Nouvelle-Zélande”. » À une certaine époque, en particulier vers 1850, l'Angleterre à utilisé une quantité notable de ce textile et les prix ont atteint 39 li- 1. Vétillart, Études sur les fibres végétales textiles, Paris, 1876, p. 206. 80 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. vres pour la tonne anglaise sur le marché de Londres en 1854". Mais les importations ont rapidement diminué, car l’industrie a be- soin de recevoir régulièrement les produits qu’elle manufacture, et la culture du Phormium n’était ni assez étendue, ni assez bien enten- due pour se soumettre à ces exigences. La filasse de Phormium est bien certanement supérieure à celle de jute; nos colons pourraient faire des essais de culture, la plante n’étant pas exigeante au point de vue de la nature du sol, et nous sommes persuadé qu’on pourrait rendre au lin de la Nouvelle-Zélande la vogue méritée dont il a joui autrefois. Autant que possible il faut choisir, pour cultiver le Phormium, les sols légers, mais frais en été et pouvant être irriguës. Les semis ne réussissent pas facilement; mais il est préférable d’enlever les reJetons des vieux pieds, soit en automne, soit au printemps, et de les planter à une distance qui peut varier de 4 mètre à 1,50, sui- vant la nature du sol et suivant le climat. 100 kilogr. de feuilles vertes fournissent de 20 à 25 kilogr. de filasse. Yucca. Le Yucca appartient, comme le Phormium, à la famille des Lilia- cées; les diverses espèces de ce genre sont originaires des parties méridionales des États-Unis et on a pu très facilement les acclimater en plusieurs parties de l’Europe. La feuille peut fournir des filaments qui ressemblent beaucoup à la filasse d’agave connue sous le nom de pite. Aussi parait-il certain que les envois de pite qui arrivent sur les marchés d'Europe se trouvent souvent mélangés de filasse pro- duite par le Yucca. On a cultivé aux Indes : Yucca angustifolia, — aloéfolia, — filamentosa. Les deux dernières espèces surtout ont donné une filasse d’aspect brillant qui a reçu le nom de silk grass (herbe de soie). Gette filasse prend habituellement très bien la teinture. {. La filasse est vendue de 350 à 450 fr. les 1 000 kilogr. sur les lieax de production. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 81 Au Sénégal, on cultive ces plantes pour l’ornement à Thiès; elles s'accommodent de tous les terrains et viennent sans aucun soin. A la Martinique, on rencontre aussi dans les jardins les Yucca gloriosa et Yusca aloefolia. Or, les fibres élémentaires qui constituent les filaments de Yucca sont plus longues et plus fines que celles d’Agave. D'un grand nombre de mesures eflectuées par nous sur les fibres de Y. angustifolia, il résulte que la longueur moyenne est de 3"",5 et le diamètre 0"",12, tandis que, pour le pite, la moyenne des lon- gueurs de fibres est de 2"",5 et celle des diamètres 0"",024. L’ex- ploitation des divers Agave fournissant le pite a pris dans ces der- mères années une telle extension qu’il pourrait être très intéressant de cultiver le Yucca, en tant que succédané de l’Agave, dans toutes nos colonies où il à pu s’acclimater et, en particulier, à la côte occi- dentale d'Afrique. III. — SANSEVIERA. Le genre Sanseviera L., de la famille des Hémodoracées, voisine de celle des Liliacées, se trouve répandu sur les côtes d'Afrique, à Ceylan et dans l’Inde et même en Océanie (Tahiti); en Afrique seu- lement, on compte 11 espèces, dont 8 possèdent des feuilles à limbe aplati au milieu de sa longueur et demi-cylindrique à la base. Dans ce premier groupe, on rencontre deux espèces dont les fleurs, très longues, atteignent de 0",08 à 0",12 de long, Sanseviera longiflora : Sims. et Sanseviera kirkii Bak. Quatre autres espèces ont des fleurs de 0®,025 à 0,05 de long : Sanseviera Guineensis Willd., S. thyr- siflora Thun., S. zeylanica Willd. et S. subspicata Bak.; deux espèces à fleurs très courtes, 0,015 à 0",02, possèdent : l’une des feuilles de 1 mètre de long, S. nilotica Bak.; l’autre des feuilles de 0",30 seulement, S. Senegambica Bak. Enfin, un deuxième groupe est constitué par trois espèces dont les feuilles sont demi- cylindriques dans toute leur longueur ; ces trois espèces sont San- seviera Volkensi Gurke., S. cylindrica, Boj. et S. Ehrenbergiü Schweinf. ANN. SCIENCE AGRON, — 2° SÉRIE, — 1896. — 11. 6 82 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Le Saunseviera Guineensis Willd., dont les feuilles atteignent jus- qu’à 1,50 de long, est surtout répandu sur la côte orientale et sur la côte occidentale d'Afrique depuis la Nubie jusqu’au Zambèze d’une part et de Sierra-Leone à Angola d'autre part. On rencontre aussi la même espèce à Maurice ; elle est cultivée, surtout comme plante d'ornement, à la Jamaïque et à la Trinité. Cette plante est très abon- dante au Sénégal où elle se trouve surtout répandue dans le Ndoute et autour des forêts de palmiers. Le nom indigène est Nder pour le pays des Serères et Yoss pour le pays wolof. Les Serères retirent de ses feuilles des fibres très fortes et d’une grande finesse qui leur servent à fabriquer des cordes. Les négresses, avec la filasse de cette plante, confectionnent des perruques imitant fort bien leurs cheveux tressés, qu’elles se posent sur la tête pour augmenter leur coiffure. On rencontre aujourd'hui chez les Serères très peu de négresses sans cet ornement de faux cheveux en Yoss'. La même plante se re- trouve à la côte de Guinée et à la côte d’[voire où les indigènes l’'emploient pour la fabrication des filets de pêche ; nous l’avons ren- contrée en abondance au Congo, surtout dans la région saline entre Loango et l'embouchure de la Loëmé; elle pousse là en grande quantité, sans aucune culture, dans les sables du voisinage de la mer dans Ja région déjà caractérisée par la présence de nombreux pal- miers du genre Hyphæne; les noirs du Congo ne paraissent pas l’u- tiliser. Le Sanseviera zeylanica Willd., qui a des feuilles dépassant sou- vent 1 mètre de long sur 0",02 à 0,04 de largeur, se rencontre à Ceylan où les mdigènes le désignent sous le nom de Neyanda ; il se trouve aussi très répandu dans les Indes et on le connaît sous les noms de Movra, Moorga (bengalais), Moorva (sanscrit), ou Maroo! (Indes et archipel indien). On trouve d’ailleurs aussi aux Indes orientales, avec S. zeylanict, deux autres espèces, dont l’une, S. lanuginosa Willd., constitue véritablement une espèce propre voisine du S. zey- lanica, mais dont l'autre, S. Roxburghiana Schult., doit être consi- dérée simplement comme une petite forme de la même espèce. 1. Renseignements fournis par la Chambre de commerce de Rufisque sur la demande du sei vice des renscienennis CeNiLe. Caux LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 83 Au point de vue qui nous occupe spécialement ici, les espèces les plus importantes sont : Sanseviera Guincensis Willd. — longiflora Sims. — cylindrica Boj. — seylanica Wild. La dernière surtout es, connue depuis fort longtemps comme plante textile et Roxburgh fut le premier à en signaler la présence sur la côte de Coromandel. On la retrouve d’ailleurs à Ceylan, à Java et en Chine. La filasse qu’on retire des longues feuilles charnues des diverses espèces du genre Sanseviera' commence à être connue très avan- tageusement sur le marché des [ndes, où elle porte le nom de Bows- tring Hemp”. Pour retirer cette filasse, les indigènes raclent géné- ralement les deux faces de la feuille à l’aide d’un couteau de bois pour enlever l’épiderme et une bonne partie du parenchyme ; puis ils achèvent d'isoler les fibres en battant fortement la feuille dans l’eau. Quelquefois même on commence par faire macérer les feuilles dans l’eau pour faciliter les opérations ultérieures; mais cette pra- tique n’est pas sans enlever aux fibres une grande partie de leur ré- sistance et sans en altérer la teinte. D’après le docteur Roxburgh, les feuilles fourniraient une quantité de filasse égale à la quarantième partie de leur poids et il estime à 1 600 kilogr. de filasse la récolte annuelle qu’on pourrait retirer d'un hectare de terre cultivé en S. zeylanica. Les essais qu’on a faits sur la résistance de ce textile sont contradictoires et il n’est pas utile de nous y arrêter. Disons seulement, en passant, qu’il serait extrê- mement utile de reprendre une série d’expériences comparatives sur les propriétés des textiles au double point de vue de leur résistance et de linfluence que l'humidité exerce sur eux, car nous ne possé- dons guère à ce sujet que les expériences de Forbes Royle déjà très anciennes et quelques-unes de Roxburgh. Les filaments ont le plus souvent une longueur égale à celle de la 1. Le nom de Sanseviera est tiré, paraît-il, d'un nom napolitain, San-Severino, qui était celui d’un botaniste amateur. 2. En annamite : T'aoclien ; Mac lâän, Nai rân, 84 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. feuille ; ils sont d’une grande finesse et peuvent supporter sans se rompre un poids assez considérable ; malheureusement, malgré leur finesse, ils sont excessivement raides, ce qui esl un inconvénient sé- rieux pour la filature et le tissage. Comme la plupart de leurs con- génères retirés d’autres plantes Monocotylédones, 1ls prennent très bien la teinture. Chaque filament est, en somme, un faisceau de fibres; celles-ci sont creuses, droites, lisses et terminées en pointe ou un peu émous- sées; la cavité centrale est relativement très grande. La longueur moyenne parait osciller entre 2 millimètres et 2°%,5 pour un dia- mètre d'environ 0"",02. D'après Vétillart (loc. cit.), les fibres four- nies par le S. latifolia atteindraient jusqu’à 8 millimètres de long. Dans le parenchyme qui accompagne ces fibres se trouvent des amas de cellules à épaississements spiralés qui permeltraient sans doute, dans bien des cas, de reconnaitre la filasse de Sanseviera. Les fibres sont lignifiées comme celles de la plupart des Monocotylédones. Si on se rappelle que la filasse de Sanseviera est très appréciée aux Indes, où elle est réputée pour sa résistance quand elle a été bien préparée, et si on veut bien en rapprocher ce fait qu'il ne man- que pas d’autres textiles dans cette région, on conviendra sans doute que les Sanseviera pourraient devenir un textile d'avenir pour celles de nos colonies où ces plantes poussent facilement. Nous croyons, par conséquent, qu'il serait utile d'organiser des cultures. Sans doute, les Sanseviera sont très abondants à l’état sauvage en certains points de la côte occidentale d'Afrique et on pourrait, au début, se contenter d'exploiter les plantes qui poussent naturellement ; mais la culture ne serait ni difficile, ni dispendieuse et on en retirerait des produits de meilleure qualité, car, pour ce qui concerne les tex- tiles, on a toujours avantage à obtenir un produit homogène et cette homogénéité ne peut guère s’acquérir que par la culture. Il ne serait sans doute pas bien difficile d'imaginer des machines propres à isoler les fibres et à supprimer, au moins en partie, le travail manuel qu'exigerait celte opération. Il ne faudrait pas songer en effet à confier un travail aussi pénible à des noirs : ils refuseraient de s’y astreindre. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 85 IV. — LROMÉLIACÉES. La famille des Broméliacées compte un certain nombre de plantes d’origine américaine dont les feuilles, souvent réunies à la base de la tige, allongées, étroites, épaisses, rondes, dentelées et épineuses sur les bords, rappellent, jusqu’à un certain point, celles des Agave. Les fleurs forment des épis écailleux, des grapj * rameuses ou des capitules, dans lesquels elles sont quelquefois tellement rapprochées qu’elles finissent par se souder ensemble. Les feuilles contiennent toujours une forte proportion de fibres textiles. Ananas. La plante la plus utile de cette famille est l’ananas (Ananassa su- tiva Lindl.; Bromelix Ananas L.), dont les baies soudées, et très souvent devenues aspermes par la culture, forment un fruit volumi- neux, ovoide et aigu, élégamment imbriqué à sa surface, formé d’une chair acidule, aromatique et sucrée, etcompté au nombre des fruits de table les plus estimés. … L’ananas est originaire d'Amérique, où on le cultive dans toutes les régions chaudes pour son fruit savoureux qui constitue un article important d'exportation. À la Guyane, par exemple, on en connaît plusieurs variétés : ananas commun, ananas maïpouri sans épines et ananas maipouri épineux, ananas pyramidal, etc. On le cultive aussi dans les Antilles, et le nombre des variétés cultivées à la Guadeloupe, de même qu’à la Martinique, est assez considérable ; on connaît le pain de sucre, l’ananas anglais, l'ananas * bouteille, l'ananas vert, l’ananas pot à eau, l’ananas porcelaine, bar- bade et Cayenne ou Barot. Il n’est pas difficile sous le rapport de la nature du sol et peut se passer de fumier dans les terres vierges nouvellement mises en culture. Partout ailleurs, il convient de lui fournir un engrais et de le choisir riche en potasse. Le mode de reproduction le plus favorable au point de vue de la rapidité de dé- veloppement de la plante et de la beauté des fruits consiste à plan- 86 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ter les rejetons qui poussent à la base du fruit ou au pied de la plante mère. L’ananas s’est répandu aussi en Afrique où on le rencontre sur la côte occidentale et sur la côte orientale ; il y a été importé d’Amé- rique, probablement par les Portugais. Au Congo, par exemple, il est extrêmement commun en cerlaines régions (Jgouou des Gabo- nais; là fubu, pl. ma fubu dans le pays de Loango). Non seulement l’ananas a envahi peu à peu lAfrique, mais on le cultive encore à _:.:.si-Bé, à la Réunion, dans l’Inde, en Indo-Chine, à la Nouvelle-Calédonie, à Tahiti, etc.; en un mot, on le rencontre aujourd’hui dans toutes les régions tropicales, et dans plusieurs co- lonies anglaises, il est cultivé non seulement pour son fruit, mais encore pour la filasse que produisent ses feuilles (Pine apple des Anglais; pina, silgrass, des colonies anglaises). On fabrique, parait-1l, aux Philippines, avec la filasse de l’ananas des tissus transparents et d’une finesse extrême, constituant ce qu’on appelle la baptiste d’ananas. Gomme les beaux tissus de ramie, 1m- portés autrefois en Europe et réputés pour leur transparence, ils doivent celte qualité à ce fait que les filaments sont noués les uns au bout des autres sans avoir subi aucune torsion. On comprend que ce mode de production du fil ne soit possible qu'avec des fila- ments.très réguliers et seulement dans les pays où la main-d'œuvre est à vil prix. Pour obtenir ce beau textile, on étend les feuilles fraiches sur une planche et on enlève avec un couteau lépiderme extérieur de la feuille. On a mis ainsi à découvert les faisceaux blancs et fins de fibres qui courent d’un bout à l’autre de la feuille et qu'il est pos- sible de détacher avec le couteau ou simplement à la main; c’est seulement des feuilles fraiches qu’il est possible de retirer une filasse de bonne qualité. Les noirs du Congo français, qui utilisent fort peu cette plante comme textile, mais qui en apprécient hautement le fruit, savent cependant fort bien traiter les feuilles pour en retirer l filasse, et il ne serait pas difficile de trouver là, même sans culture, une quantité considérable de feuilles à exploiter, car l'ananas y est fort abondant en certaines régions du Mayombe. Les feuilles atteignent jusqu’à LES TEXTILES VÉGÉTAUX LES COLONIES. ST 2 mètres de longueur et sont dentées sur les bords ; pour préparer la filasse, on coupe les plus grandes feuilles : un homme armé d’un couteau en détache toute l'extrémité (au moins 0",30 de longueur) et, cette feuille étant creusée en goultière, enlève d’un seul coup, à l’aide de son couteau, les deux bords dentés, de façon à obtenir des lanières de largeur uniforme, qu’on étale pendant une Journée au soleil. Le lendemain un homme prend ces lanières une à une, les étend sur un tronc de bananier couché horizontalement sur le sol et à l’aide d’une sorte de couteau constitué par un demi-pétiole de ra- phia fendu dans sa longueur, racle celte lanière d'un bout à l'autre pour en détacher le parenchyme. La filasse ainsi obtenue est encore un peu verdâtre, car elle retient une notable proportion de tissus parenchymateux ; pour enlever complètement ce dernier, on réunit la filasse en longs faisceaux qu’un homme trempe dans l’eau et passe ensuite entre ses doigts, qu'il fait glisser d’une extrémité à l’autre. Il ne reste plus qu’à faire sécher et à rassembler en faisceaux plus volumineux, qu’on noue soigneusement pour éviter l’'emmêlage des fibres en attendant l’utilisation. Celle préparation longue et laborieuse ne convient pas au tempé- rement des noirs, qui préfèrent de beaucoup la filasse de raphia, plus facile à préparer. Aussi les Congolais de la région du Mayombe ne se servent-ils guère de la filasse d’ananas que pour fabriquer des filets de pêche, qui possèdent le précieux avantage d’être transpa- rents. Cependant, il parait que dans la région du Kassaï on en fa- brique des pagnes. | Une section transversale pratiquée dans la feuille montre qu’elle est parcourue par de nombreux faisceaux libéro-ligneux accompa- gnés chacun d’une gaine de fibres, et en outre une multitude de faisceaux uniquement fibreux formant à la feuille une sorte de char- pente. Ces derniers, qui mesurent 0,050 à 0,070 de diamètre, four- niront précisément les filaments de la filasse. Chacun de ces fais- ceaux est lui-même constitué par l'assemblage d’un grand nombre de fibres élémentaires mesurant 0,002 à 0",009 de long (moyenne 0",005). Les fibres d’ananas ne se colorent pas ou se teintent à peine sous l’action d’une solution de sulfate d’aniline ; elles se colorent en bleu 83 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. par le chlorure de zinc iodé ; elles se montrent donc formées par de la cellulose pure ou à peine lignifiée. Ce caractère, qui constitue une remarquable exception chez les Monocotylédones, assure à la filasse d’ananas une souplesse qui constitue son principal titre de supério- rité et qui lui permettrait d’être facilement filée et tissée. La possibilité de retirer d’une cullure d’ananas deux récoltes de nalure différente, le fruit et la filasse, la facilité avec laquelle se pro- page et se cultive cette plante, le peu d’exigence qu’elle montre au point de vue de la nature du sol, sont autant de raisons qui militent en faveur de l’extension de sa culture. Malheureusement, on n’a guère cultivé l’ananas jusqu'ici que pour en obtenir le fruit et on laisse perdre une quantité considérable de filasse qu’il serait possible d'utiliser et dont on pourrait uirer grand profit. C’est là une obser- vation que nous avons déjà faite au sujet des bananiers. On utilise encore la filasse contenue dans les feuilles d’autres plantes de la même famille et voisines de l’ananas. Nous citerons le Bromelia karatas L., commun dans l'Amérique du Sud et à la Gua- deloupe, le Bromelia sagenaria du Brésil (Curralow ou Grawatha); le Bromelia pinquin des Anülles et enfin le Bromelia pina des Phi- lippines. Tillandsia. On rapporte habituellement aussi à la même famille les Tilland- sia, malgré leur ovaire libre, qui constitue un caractère différentiel très net. D'ailleurs, les diverses espèces de ce genre vivent sur les arbres, à la facon des lichens de nos pays. Les tiges grêles, noirâ- tres, volubiles du Tillandsia usneoides constituent non pas un tex- üle proprement dit, mais une sorte de crin végétal. On en a exporté autrefois une quantité considérable de la Louisiane en France, eton Putilisait pour la fabrication des meubles et des sommiers; mais de- puis un certain nombre d'années déjà les arrivages ont baissé peu à peu et sont insignifiants aujourd’hui. On rencontre à la Guadeloupe Lillandsie nitidu Hook., T. fasciculuta et T. utriculata qui pour- raient sans doute servir aux mêmes usages. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 89 V. — FAMILLE DES AMARYLLIDÉES. Les deux genres Agave et Fourcroya de la famille des Amarylli- dées contiennent des espèces dont les feuilles sont remarquablement riches en fibres textiles. C’est surtout le genre Agave qui est de beaucoup le plus intéressant à ce point de vue, car plusieurs es- pêces sont déjà utilisées comme plantes textiles depuis longtemps. Agave. Les Agave sont des plantes vivaces, acaules ou parfois caules- centes, à feuilles sessiles, très grandes, disposées en rosette. Ces feuilles, généralement charnues, sont presque toujours dentées sur les bords et terminées par une pointe rigide et piquante. Elles sont parcourues dans la longueur par une multitude de faisceaux fibreux qui peuvent devenir autant de filaments textiles. Les fleurs’, généralement de couleur indécise, sont portées sur une hampe florale pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur et émergeant du milieu de la rosette formée par les feuilles. D’après M. le D' Weber*, il existe trois formes d’inflorescences permettant de créer trois sections ou sous-genres : 1° Agave singuliflores à épi lâche; fleurs solitaires à l'aisselle des bractées. 4. virginica L.:; A. maculosa Hook., etc. 20 Agave géminiflores. Épi dense ; fleurs géminées. A. geminiflora Gawl. ; À. Jilifera Salm. ; À. heteracantha Zucc.; A. densiflora Hook., etc., etc. 3° Agave proprement dits; à panicule thyrsoïde et à rameaux multiflores. À. Âme- ricana L.; A. salmiana Otto.; A. rigida Haw; A. mexicana Lamk., etc., etc. Le genre Agave comprend plus de cent espèces, toutes d’origine américaine ; on les rencontre principalement au Mexique, au sud des 1. Ces fleurs possèdent un périanthe tubuleux ou campanulé, régulier, à six divi- sions. Six étamines insérées sur le tube, filiformes, longuement exsertes quand la fleur est epanouie. Ovaire infère, triloculaire. Capsule coriace, loculicide, trivalve. Graines discoïdes, comprimées, noires. 2. Dictionnaire d’horticulture illustré, par D. Bois ; P. Kleincksiek, éditeur, 25, rue des Écoles. 90 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. États-Unis, dans l'Amérique centrale et aux Antilles. Mais on ne les retrouve pas au sud de l’Équateur. Beaucoup de ces espèces, se re- produisant facilement par les rejets souterrains qu’elles fournissent ou par graines, sont cultivées comme plantes ornementales d’un très: bel effet. L’Agrve Americana L. est naturalisé depuis plus de trois siècles dans la région méditerranéenne, en particulier en Espagne, au sud de la France, en Italie et en Algérie. Les feuilles de cette es- pèce atteignent souvent plus de 2 mètres de longueur sur 0",95 de largeur. Elles sont fortement attachées par leur base et présentent une cerlaine rigidité. Aussi en Espagne, en Italie et en Sicile on éta- blit des haies d’agave pour servir de clôtures autour des propriétés. L’Agave Americana L. est naturellement le plus connu chez nous, puisqu'il y est naturalisé ; aussi lui attribue-t-on le plus souvent et à tort tous les usages auxquels certaines espèces sont particulièrement propres dans leur pays d’origine. C’est ainsi, par exemple, que le tex- le connu sous le nom de henequen est indiqué par un grand nom- bre d'auteurs comme étant fourni par À. Americana L., alors qu’en réalité il est produit par À. rigida Miller. Cette dernière espèce, très répandue au Yucatan, possède des feuilles relativement courtes de 0,40 à 0,50 de long, rigides, glauques et bordées de dents courtes. Elle comprend d’ailleurs plusieurs variétés, entre autres À. rigida, var. sisalana, dont les feuilles sont dépourvues de dents marginales. Le henequen fourni par À. rigida et ses variétés porte aussi le nom de chanvre du Yucatan et chanvre de Sisal (Sisal Hemp des Anglais). Jusqu'ici les divers Agave n’ont guère été cultivés d’une façon suivie, à litre de plantes textiles, que dans certaines régions du Mexique. Aussi allons-nous tout d’abord indiquer les conditions de cette culture dans ce pays, afin de fuurnir les indications nécessaires aux personnes qui désireraient se livrer à celte exploitation dans certaines de nos colonies. L’Agave rigida Mill., qui fournit le henequen, parait originaire des régions les plus chaudes du Yucatan. On le rencontre principalement sur la côte nord, où il constitue presque l'unique végétation pouvant se développer dans le sol pour ainsi dire pétrifié de cette région. Le henequen se reproduit par drageons empruntés à la plante mère. On les choisit de 0°,25 de longueur environ et on les place LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 91 dans des trous espacés de 1,25 à 2 mètres suivant les régions. Dès que ces rejetons atteignent une hauteur de 0",50, on les transplante dans les champs de culture. Il est utile de donner deux binages la première année et un seu- lement chacune des années suivantes. La plante atteint son dévelop- pement complet vers l’âge de quatre ou cinq ans. A partir de cette époque, on coupe annuellement un certain nombre de feuilles. La durée pendant laquelle peut se continuer cette exploitation va- rie, en général, de six à huit ans ; mais elle s’élève parfois à plus de quinze ans. D’après un rapport officiel, fourni par l'ingénieur Vicente Solis (Léon), les frais d'établissement d’une plantation de 100 mécales (4 hectares 82 ares) pouvant contenir 10 000 plants d’agave peuvent être évalués comme il suit ! : Nalemede to 000 Tants. trace er EMNAR NE: 2 000 piastres*. Clôture en pierres sans mortier. . . . . . . . 420 —. Erépara One QUES CLR nl ea voie he at 475 — Repiquage des plants. . . . . Lx à à 250 — Travail du sol pendant quatre He ant la pre- MIÉTENÉCOLE NN ME 1.250 — Intérêt du capital employé at ratés ANSTE 1451 — MOT AL ee a re NS 5856 piastres. Les frais d’entretien et d'exploitation pendant six ans peuvent être évalués de la façon suivante : Machine à vapeur (3 chevaux) . . . . . . . . 1 090 piastres. — pour nettoyer les fedilles. . . . . . 450 — Hangar pour la machine à vapeur. . . . s 3 500 — Goupe et transport de 24 millions de feuilles Re 12 000 — Salaires : un mécanicien à 1 dollar par jour et huit ouvriers à 50 centavos . . . . ù 9000 — Combustible, huile, réparations aux Hioiines en 6 ans Lie Er NON TE AO OR Usure de la machine en 6 ans de aile Seat: 024 — Intérêt du capital employé en matériel . , . . . 1468 — En y ajoutant le prix de revient de la plantation . 5856 — Nous arrivons à une dépense totale de . . . . . 33 688 piastres. 1. L'Industrie textile, 15 juin 1893, page 240. 2. La piastre mexicaine a une valeur nominale de 5 fr. 35 c. 92 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. D'autre part, le produit annuel à partir de la sixième année est de 1 200 000 livres de fibres à 5 centavos', soit un revenu brut de 60 000 piastres. On voit par les chiffres que nous reproduisons quels bénéfices peut procurer une telle culture. Malheureusement la filasse de henequen n’est guère utilisée jus- qu’à ce jour, au moins en grande quantité, qu'aux États-Unis; il en résulte qu’une production énorme ne trouverait d'écoulement qu’en faisant connaître et apprécier peu à peu cette filasse sur d’autres marchés. En 1887, 1888, 1889, les prix de vente du henequen au Mexique se sont maintenus à un taux assez élevé (14 centavos la livre de 460 gr.) par suite de la concurrence de deux groupes d’agioteurs américains qui voulaient se rendre maîtres du marché. Cette hausse produisit dans le pays une prospérité exceptionnelle et tout à fait éphémère qui provoqua chez les Yucatèques les plus folles extravagances ; mais 1l fallut renoncer à ce luxe effréné quand les prix redescendirent peu à peu, vers 1890, au taux moyen des prix de vente. En 1892, les prix variaient de 41/3 à 41/4 centavos la livre. Le henequen a commencé à être exploité sérieusement au Yucatan vers 1860. Auparavant il était déjà cultivé, mais seulement pour alimenter l’industrie du pays, qui exportait aux États Unis des ha- macs et des cordages. La blancheur et la souplesse de ces objets at- üirèrent bientôt l'attention des acheteurs ; les États-Unis ne se con- tentèrent plus d'importer les objets fabriqués, mais ils demandèrent bientôt la matière première pour la transformer eux-mêmes et les exportations prirent un accroissement rapide que nous résumons par le tableau suivant : l'OS D DRE EEE METTRE 2 173 468 piastres. DSS TANT ie 6641255 — LOST ARR ace A EE 8783978 — mais, avec la baisse des prix, le chiffre de l'exportation descendait à 9 996 044 piastres en 1891. Même au taux de 4 centavos la livre, les cultivateurs de henequen réalisent, d’ailleurs, encore de beaux hbé- néfices. 1. Les prix se sont éleyés jusqu'à 14 centavos la livre en janvier 1S89. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 93 Le trafic important auquel donne lieu l’exploitation du henequen a provoqué l'établissement de plusieurs lignes de chemins de fer et en particulier celui d’une nouvelle ligne reliant Merida au port de Progreso, qui est le principal centre d’exportation. Une section transversale dans une feuille d’agave montre que cette feuille est parcourue dans sa longueur par de nombreux fais- ceaux libéro-ligneux accompagnés chacun d’une gaine de fibres. Cette gaine de fibres forme, sur une section transversale du fais- ceau, deux croissants dont les concavités se regardent. Chacun de ces croissants constitue la section d’un faisceau de fibres. On trouve d’ailleurs au voisinage de l’épiderme des faisceaux fibreux isolés à section plus ou moins arrondie. Ces faisceaux fibreux, une fois séparés, constitueront les brins de filasse. On comprend donc que ces brins puissent présenter la lon- gueur même des feuilles dont on les retire. Au début de l’exploitation du henequen, l'extraction des fibres se faisait d’une façon très primitive. Il faut avoir soin tout d’abord de procéder sans retard à cette opération, afin d'éviter toute fermenta- tion, qui nuirait à la résistance de la filasse. Ensuite, à l’aide d’un couteau, on enlève les épines que la feuille porte sur ses bords. On l’applique alors sur un poteau de bois incliné de façon à mettre la face concave en dessous et au contact du poteau; puis à l’aide d’un instrument de bois en forme de fourchette on ratisse la feuille dans sa longueur pour enlever l’épiderme et le parenchyme sous-jacent. On isole ainsi les brins de filasse et on n’aura plus qu’à les soumet- tre à un lavage pour les débarrasser de la partie charnue qui peut encore y rester adhérente. Mais ce travail ne manque pas, on le comprend sans peine, d’être excessivement pénible. Par ce moyen on relire de cent feuilles environ 2 kilogr. de filasse et un homme met trois heures en moyenne pour effectuer cette opération. En d’autres endroits, l’outil dont on se sert présente la forme d’une sorte de couteau en bois ou en fer, à section triangulaire et présentant une poignée à chacune de ses extrémités. L’ouvrier se tenant debout, le devant du corps cuirassé par une planche solide, applique une feuille d’agave sur cette planche et la racle à l’aide du couteau de bois qu’il tient à deux mains. 94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Mais depuis quelques années déjà les procédés mécaniques ten- dent à remplacer les procédés primitifs d'extraction et il existe ac- tuellement au Yucatan, et en particulier à Merida, un certain nom- bre d’usines où on extrait mécaniquement la filasse d’agave. Les filaments obtenus sont fins, légers, assez longs, très blancs et très souples. Chacun d’eux est en réalité formé par l'association d’un grand nombre de fibres élémentaires, comme c’est le cas pour toutes les Monocotylédones. Chacune de ces fibres élémentaires pré- sente la forme d’un fuseau avec des extrémités un peu élargies en lame de sabre. D’un certain nombre de mesures que nous avons eu l’occasion d'effectuer sur les fibres d’Agave rigida, provenant de la Réunion, il résulte que les longueurs oscillent entre 1,2 et 4"",3, avec une moyenne de 2,5, Le diamètre au milieu de la fibre a varié, pour les mêmes matériaux, de 0,017 à 0"%,095 ; mais il est assez irré- gulier. L’épaisseur de la membrane étant de 0"",005 en moyenne, on voit que la cavité des fibres est en somme très développée, et comme celte cavité est remplie d'air, on s'explique facilement la légèreté excepüonnelle de la filasse. Au point de vue chimique, les fibres d’agave se colorent en jaune dans une solution de sulfate d’aniline ou sous l’action des réactifs iodés. Elles sont donc constituées par de la cellulose très nettement ligniliée. A ce titre, la filasse devrait, par conséquent, présenter la raideur de celle des autres Monocotylédones ; mais la cavité de ces fibres étant assez grande relativement à l'épaisseur de la membrane, il en résulle que cette raideur est très manifestement amortie de ce fait. On pouvait admirer à l'Exposition de 1889, dans le pavillon af- fecté au Mexique, de magnifiques échantillons de filasse de henequen et des produits manufacturés obtenus avec cette matière première. On en fait couramment des tapis, des hamacs, des sacs, des stores, des brosses, des chapeaux pour dames, des cordes et cordelettes, des rênes, etc. Enfin, en mélange avec le colon, le henequen est employé à la fabrication de toiles grossières. D’après MM. Grisard et Van den Berghe, il existait, en 1889, dans l'exposition du Yucatan LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 99 plusieurs variétés de henequen, parmi lesquelles le Chelem, le Yaxci, le Sacci se faisaient surtout remarquer par l’abondance et la qualité de leurs produits. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le faire remarquer la filasse tirée de l’Agave rigida présente un certain nombre de qua- lités très appréciables telles que la souplesse, la blançcheur et la lé- oèreté. Nous pouvons ajouter qu’elle offre en outre une très grande résistance. Nous n’accordons qu'une médiocre importance aux ré- sultats signalés par Forbes Royle et rapportés par Vétillart, car ces résultats concernent des cordes et les comparaisons n’offrent alors de l’intérèt que si toutes les cordes sont fabriquées exactement de la même façon. Une corde d’agave (Americana ?) présentant 2 mètres de longueur sur 0",08 de circonférence s’est rompue sous un effort de 1 250 kilogr. Nous croyons qu'il serait plus rationnel d'effectuer ces essais sur des brins isolés, sans torsion et de section connue ; on éhminerait ainsi toutes les conditions qui tiennent au mode de fabri- cation. Or, en effectuant des essais de cette nature sur des brins d’Agave rigida provenant de la Réunion, nous avons trouvé qu’un seul brin de filasse replié en deux et représentant une section de 1/20 de millimètre carré s’est rompu sous Peffort produit par un poids de 2*5,500. Utilisalion des autres espèces d’Aqave au Mexique. On w’uülise pas seulement au Mexique l’Agave rigida dont nous venons de parler. Sur les plateaux de l’intérieur on exploite une autre espèce, Agave heleracantha Zuec., connue dans le pays sous le nom de Lechuquilla et qui fournit en quantité considérable une filasse plus courte que celle du henequen, plus rude aussi et qu’on emploie surtout sous le nom de Tampico pour la brosserie et pour la confection des matelas. D’après M. Bianconi, chaque plant de Le- _chuguilla pourrait fournir 05,250 de filasse par an valant en moyenne 4 piastres les 100 kilogr. | Une autre espèce ou probablement plusieurs autres espèces por- tant dans le pays le nom de Maguey manso (A. Sulmiana, etc.) four- nissent aussi des fibres qui sont exploitées sous le nom d’/rtle et 96 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. servent à confectionner des cordes et des toiles grossières. On a fait des essais d'utilisation de ces dernières fibres pour la préparation des pâtes à papier et on a obtenu, paraît-il, d'excellents résultats. Enfin on ne retire pas seulement des divers Agave les fibres que contiennent leurs feuilles. Le Pulque est une liqueur fermentée que fournit le Maguey manso (A. Salmianu, ele.) ; le tronc de quelques espèces (4. Scolymus Karv, elc.) contient une sève qui par distilla- tion donne le Mescal ou eau-de-vie du pays. Enfin la partie inférieure du tronc de certaines espèces (4. heleracantha ; À. saponaria, elc.), particulièrement riche en saponine fournit une sorte de savon qui se vend sur tous les marchés mexicains sous le nom d’Amole. La culture des agaves dans les colonies francaises. Si nous avons longuement insisté sur les résultats que donne la culture de l’Agave rigida au Mexique et sur les progrès rapides de cette exploitation, c’est que, à notre avis, celte culture serait pos- sible dans un grand nombre de nos colonies et même en Algérie, sur tous les terrains de mauvaise qualité et aujourd’hui incultes. Ces plantes sont en effet peu exigeantes sur la nature du sol et même sur le climat. On cultive en effet l’Agave Americana en Sicile où les jeunes feuilles servent à la nourriture des chèvres et les feuilles plus âgées à l’extraction de la filasse (Savorgnan d’Osoppo, Piante tessili ; Mi- lano, 1890). Dans nos colonies d'Amérique on trouve des Agave en Guyane : Agave americana L.— Vulg. : aloès. Agave fœtida (L.). — Fourcroya fœtida; Vulg. : Pitte. A la Martinique : A. Americana L. A. fœtida L. À, filifera Salm. On les appelle vulgairement aloës ou langue-de-bœuf, Elles abon- dent, paraît-il, dans la colonie où elles servent de haies de défense. Des feuilles on retire une filasse très résistante qui sert à la confec- v LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 97 tion de cordes très légères qu’on emploie pour la pèche de la ba- leine à cause de leur propriété de flotter à la surface de l’eau : À la Guadeloupe : A. vivipara L. Ce A. american«. Importés en Afrique, les Agave se sont répandus rapidement sur certains points de la côte. Aux environs de Dakar et de Saint-Louis l’Agave americana L. pousse à l’état presque sauvage. Les missions de Thiès et de Saint-Joseph en possèdent aussi de toute beauté‘ qui sont cultivés pour l’ornement, mais qui se propageraient facilement dans le pays. À la Réunion se trouvent aussi plusieurs espèces d’Agave qui re- coivent le nom vulgaire d’aloës : A. Americana L., vulgt. aloëès bleu, cadère (dans la partie sous le vent). A. rigida Mill., vulgt. Choka. Commun dans la partie du vent où à sert à former des haies impénétrables. Rare dans la partie sous le vent. Cette dernière espèce est précisément celle qui donne le hene- quen du Yatacan. Enfin, d’après les renseignements fournis par la chambre d’agri- culture de Papeete, divers Agave ont été introduits à Tahiti et y ont tellement prospéré que sur certains points on cherche le moyen de les détruire. Sans aucun doute les Agave trouveraient dans nos colonies d’O- céanie le climat et le sol qui leur conviennent. Mais non seulement ces plantes pourraient prospérer en Océanie, elles viendraient pro- bablement très bien aussi dans la plupart de nos autres colonies où elles ont déjà été introduites comme plantes d'ornement. Fourcroya. Le genre Fourcroya appartient, comme le genre Agave, non seule- ment à la même famille des Amaryllidés, mais encore à la même 1. Renseignements fournis par la chambre de commerce de Rufisque sur la demande du service des renseignements commerciaux. ANN. SCIENCE AGRON, — 9% SÉRIE, — 1896. — 1. 7 98 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. tribu des Agavées à tige dressée. Mais tandis que les sépales, les pé- tales et les élamines sont concrescents chez les.Agave, on les trouve complètement libres chez les Fourcroya. Le textile connu sous le nom de Pite ou Pitte doit être attribué exclusivement au Fourcroya et non pas, comme on le fait d’habitude, avec divers Agave. Il y a là une confusion regrettable qui tient à ce fait que les Aguve etles Fourcroya sont des plantes de même aspect extérieur, que le public confond facilement. On rencontre les Fourcroya dans la plupart de nos colonies ; mais ils paraissent avoir comme les Agave une origine américaine. Ils sont signalés aux Antilles et à la Guyane en Amérique ; on cultive le F. gigantea Vent. comme plante d'ornement à la mission de Thiès au Sénégal. Le F. gigantea Vent. (— Agave fœtidu L.) est très commun à la Réunion où on le cultive pour ses fibres. Les Agave el Fourcroyu ont été introduits à la Nouvelle-Calédonie et se sont parfaitement acclimatés dans celte colonie. On trouve même dans les bois une autre Amaryllidée qui est sans doute indigène, le Crinum asialicum à fleurs blanches et odorantes. D'après les expériences du professeur Cazzuola dont les résultats sont reproduits par Savorgnan d’Osoppo (Piante tessili, Milano 1891) des cordelettes de même grosseur soumises à des essais de résistance se sont rompues par les poids suivants : CORDELETTES a — Sèches. Mouillées. Kilogr. Kilogr. Chan Pere De RER SARA 10,000 13,000 FRS SL A ST ER AE TE 7,000 9,000 AGAVCAMETICANT ET D TUE. 11,500 13,000 Fourcroya gigantea . . . . . . 13,000 15,000 On voit par ces résultats que les textiles fournis par les Agave et les Fourcroya présentent de très remarquables qualités de résis- tance. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 94 VI. — FAMILLE DES PALMIERS. La plupart des représentants de la famille des Palmiers pourraient à la rigueur être considérés comme des plantes textiles, car les fais- ceaux des feuilles peuvent toujours être isolés et fournissent des filaments plus ou moins ténus. Les plus importants à ce point de vue sont : 1° Cocotier (Cocos nucifera) ; Afrique et Amérique ; 2° Raphia ; Madagascar, Congo ; 3° Dattier (Phœnix dactylifera) ; Afrique du Nord ; 4° Palmier nain (Chamaærops humälis) ; région méditerranéenne ; 5° Palmier à huile (E/æis Guineensis L.) ; Afrique ; 6° Mauritia flexuosa ; Amérique du Sud ; 7° Arenga saccharifera Labill ; Cochinchine ; 8° Borassus flabelliformis L. ou Ronier ; Asie méridionale et Côte occiden- tale d'Afrique ; 9° Corypha umbraculifera L.; Inde ; 10° Coryota urens; Indes (donne le crin végétal connu sous le nom de Black fibre) ; 119 Astrocaryum vulgare Mart.; Amérique du Sud ; 12° Attalea funifera Mart. ; Brésil; fournit le Piassava ; 13° Calamus verus Lour. ; Inde. Ne pouvant étudier ici tous ces palmiers dont quelques-uns n’ont d’ailleurs qu’une importance très secondaire au point de vue spécial qui nous occupe, nous nous contenterons de parler du cocotier et des raphia qui sont sans contredit les deux palmiers fournissant les textiles les plus employés. Le cocotier. Le cocotier (Cocos nucifera L.) répandu actuellement dans les ré- gions tropicales des deux Mondes est bien certainement lun des arbres les plus utiles à l’homme. Le bois de la tige est quelquefois employé à la charpente des cases; les feuilles tressées servent à couvrir les paillottes ou sont utilisées pour faire des cloisons légères à l’intérieur des cases ; les pétioles sont un combustible d’ailleurs 100 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. médiocre ; les nervures des folioles rassemblées en faisceau servent de balais; l'enveloppe extérieure des fruits contient, dans une masse charnue abondante, des fibres estimées; le parenchyme qui les entoure a lui-même été préconisé dans ces derniers temps pour remplir le cofferdam des bateaux. La coque ligneuse qui enveloppe la graine est un combustible de premier ordre et sa dureté lui permet d’être trans- formée par la sculpture en une foule d’objets. Le contenu de cette coque, d’abord liquide et laiteux, constitue une boisson précieuse et rafraîchissante ; plus tard amande se durcit et on en retire une huile connue sous le nom d’huile de coprah. Enfin la sève sucrée qu’on extrait de l’arbre est une boisson assez estimée, d’un goût agréable et piquant. De ce callou on peut retirer du sucre comme on le fait du jus de la canne à sucre. Ou bien on l’abandonne à lui- même ; il fermente et on obtient le vin de cocotier qui, par distil- lation, donne l’arack, sorte d’eau-de-vie présentant de l’analogie avec le rhum. Si, enfin, au lieu de livrer le callou à la distillation, on laisse la fermentation acélique s’établir, on a le vinaigre de callou. Les emplois multiples du cocotier, son port à la fois élégant et ma- jestueux en font l’un des arbres les plus remarquables des régions tropicales. Son tronc, presque lisse, ne dépassant pas 0",50 ou 0,60 de diamètre, s'élève à 20 ou 25 mètres de hauteur en diminuant pro- gressivement de diamètre et se termine par un élégant panache de longues feuilles pouvant atteindre 5 ou 6 mètres de longueur. I pousse 12 de ces feuilles par année. La floraison se produit une fois par mois environ et débute par la production d’une spathe allongée qui se compose d’un tissu fibreux assez serré dont les fibres s’entre- croisent comme les fils d’un tissu. Cette spathe qui constitue lout d’abord une enveloppe complètement fermée s’entr’ouvre bientôt et laisse apparaître les grappes de fleurs. Mais chacune de ces grappes, d’abord très chargée de fleurs, ne fournit en réalité que 8 ou 9 cocos au maximum, car toutes les autres fleurs avortent. La moyenne du rendement est d'environ 70 à 80 cocos par arbre et par année. Chaque coco peut être assez justement comparé à une énorme noix dont le brou serait très développé et contiendrait de nombreux LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 101 filaments textiles. Ces filaments, on le comprend tout de suite, ne peuvent être constitués que par la gaine fibreuse des faisceaux libéro- ligneux. L’extraction de ces filaments est assez pénible. Générale- ment les indigènes placent le brou sur une pierre et frappent à l’aide d’un maillet de bois afin d’écraser peu à peu le parenchyme qu’on enlève ensuite par des lavages répétés. Cette opération peut d’ail- leurs être précédée d’un rouissage qui dure environ 6 mois et qui facilite beaucoup l’extraction de la filasse. Ce rouissage présente un autre avantage, car l’extraction des fibres se faisant plus facile- ment, n’exige pas des moyens mécaniques aussi violents, et les fibres obtenues passent pour avoir conservé plus de force et plus d’élasticité. Chacun des filaments constituant la filasse de Cocos nucifera L. présente une longueur qui ne dépasse guère 0",30; leur diamètre varie de 0%®,95 à À millimètre. La section transversale d’un de ces filaments présente à peu près la forme d’un cœur ; la partie concave est occupée par le faisceau libéro-ligneux. En réalité, chaque brin de filasse est constitué par un grand nombre de fibres élémentaires soudées les unes aux autres, mais qu’on sépare assez facilement les unes des autres avec des aiguilles après ébullition dans l’eau pure ou mieux dans de l’eau additionnée d’un peu de potasse ou de soude. Ces fibres élémentaires sont extrêmement courtes. En effet, leur longueur varie de 0"",4 à 1 millimètre (moyenne 0"",7). Quant à leur diamètre il oscille autour de 0"*,020. Traitées par l’iode et l’acide sulfurique ces fibres se colorent en jaune d’or; le sulfate d’aniline leur communique une coloration jaune intense ; elles se montrent donc très fortement lignifiées. Enfin, d’après Schlesinger, la teneur en eau de ce textile séché à l'air serait de 20.6 p. 100. La filasse retirée du fruit du cocotier porte en Angleterre le nom de coir ; elle présente toujours une teinte brune assez pro- noncée. On la recherche à la fois pour sa résistance, son élasticité et pour la légèreté des objets qu’on en fabrique. La légèreté du coïr est due comme toujours à lair contenu dans les cavités des fibres ; quant à l’élasticilé elle se montre très pro- 102 ANNALES DE La SCIENCE AGRONOMIQUE. noncée ; elle paraît d’ailleurs d’autant plus grande chez la filasse des Monocotylélones que les fibres élémentaires sont elles-mêmes plus courtes et que le ciment pectique servant à les unir se trouve en plus grande quantité. Un filament isolé mesurant 1/4 de millimètre de diamètre peut supporter facilement 200 et même 250 gr. avant de se rompre. D’après le D' Wright une corde de coïr s’est rompue sous un effort de 100 kilogr. alors qu'une autre corde de mêmes dimensions en Hibiscus cannabinus s’est rompue sous l’action d’un poids de 89 kilogr. seulement. Cette filasse sert à de nombreux usages ; on en fait des cordages légers qui possèdent la propriété de résister beaucoup plus que les autres à l’action de l’eau de mer; on en fait des filets, des nattes, des tapis grossiers ; si on frise cette filasse et si on la colore en noir elle peut passer pour du crin et lui être subslituée dans la plupart de ses usages, comme le rembourrage des coussins et des matelas. Le parenchyme qui accompagne la filasse dans le brou et qui était simplement utilisé comme combustible dans les disülleries indigènes a élé préconisé dans ces dernières années pour remplir le cofferdam des bateaux. On utilise à cet effet la partie parenchymateuse du brou débarrassée autant que possible de poussière et on y mélange envi- ron 1/15 de fibres. Disons Lout de suite d’ailleurs que les essais tentés jusqu’à ce jour en vuc d’uliliser cette cellulose de cocotier pour la protection de la coque des bateaux ne paraissent pas avoir donné tous les bons résuitals qu’on en attendait. Comme on l’a vu par tout ce qui précède le cocotier peut fournir deux produits principaux, le coprah et la filasse. Dans une exploi- tation bien entendue il conviendrait donc de tirer parti simultané- ment de ces deux sources de revenu. L'huile retirée du coprah n’est pas seulement ulilisée dans les pays d’origine. En Europe, elle sert à la fabrication des bougies stéariques et des savons. En raison de la propriété qu’elle possède de s’émulsionner très rapidement on s’en sert même pour falsifier le lait. Dans ces conditions la culture du cocotier peut devenir la source de produits multiples et des cul- tures importantes existent déjà actuellement. L'ile de Ceylan surtout est couverte de véritables forêts de cocotiers. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 103 Culture du cocotier. Ce palmier ne réussit bien qu’au voisinage de l’équateur, entre 42 environ de latitude nord et 12° de latitude sud ; mais on le ren- contre bien en dehors de ces limites. Les îles en général et surtout les îles madréporiques comme :l en existe tant dans l'Océanie pa- raissent être son habitat de prédilection. L’abondance des pluies des régions équatoriales semble aussi être très favorable à sa cul- ture. Le voisinage de la mer provoque toujours une plus belle crois- sance des cocoliers ; au milieu des terres ils se montrent plus chétifs et fournissent des fruits sensiblement plus petits. Au point de vue de la nature du sol il convient de faire observer que les sables du littoral sont particulièrement favorables ; mais on peut aussi cultiver le cocotier au bord des lacs ou des rivières; il faut seulement que le sol ne soit pas trop sableux ou ne soil pas uni- quement formé d’argile; un mélange de sable et d’argile convient très bien; s’il ne faut pas que le sol soit trop sec, il est juste de dire aussi que les sols marécageux sont funestes à cette culture; on n’obtiendrait que de mauvais résultats en plantant des cocotiers dans une rizière ; mais on peut très bien les cultiver sur les parties émergées du voisinage. D’après M. Poulain’, le voisinage de certains arbres serait aussi préjudiciable aux cocotiers, en particulier celui du filao ou Casuarina. La dissémination spontanée se fait très facilement au bord de la mer. Les cocos tombent sur le sable ou dans l’eau et sont emportés par les vagues de la mer; mais comme leur légèreté les fait surnager, ils sont rapportés à la côte soil à l'endroit même où ils sont tombés, soit à une distance plus ou moins grande de leur point de départ. Comme la coque très dure enveloppant la graine ne permet pas la pénétralion de l’eau de mer les graines conservent leur faculté germinative et se déve- loppent facilement sur les points du rivage où elles sont déposées par la mer. 1. Voir Poulain : Le Cocolier dans l'Inde. — Revue coloniale, novembre, 1895. 104 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Dans la pratique on a soin de laisser mûrir sur larbre les fruits dont on veut employer la graine pour semence. En outre, au lieu de les laisser tomber sur le sol lors de la cueillette, on les enveloppe d’un sac et on les fait descendre à l’aide d’une corde pour éviter tout choc un peu violent. Les pépinières de cocotiers se créent très facilement. Il suffit de creuser un fossé assez grand pour y placer les cocos ; on les range en files et on les recouvre de 0,05 de terre environ. On a soin d’ar- roser tous les jours si cette préparation de la pépinière n’est pas faite pendant l’hivernage et au bout de trois mois les jeunes pieds peuvent être transplantés. Pour cette deuxième opération, on creuse des trous de 1,50 de côté environ et on remplit tont le fond avec la terre enlevée de la surface à laquelle on mélange un peu de famier, de la cendre et du sel marin. On place ensuite le plant et on l'entoure de terre en ayant soin de ménager autour du pied une sorte de cuvette destinée à conserver les eaux de pluie et d'arrosage. L’irrigation doit se faire tous les jours pendant le premier mois au moins. La distance à con- server entre les plants varie beaucoup suivant le développement que prennent les cocotiers dans le pays considéré ; comme les feuilles atteignent facilement 5 mètres de longueur, une distance de 10 mè- tres en tous sens paraît un minimum pour les plantations du bord de la mer. Le cocotier commence à fleurir dès la cinquième année; il produit ses premiers fruits à la septième et se montre en plein rap- port à la douzième année. à Si nous avons insisté un peu longuement sur la culture du coco- tier et si nous la recommandons tout spécialement aux colons qui possèdent des territoires voisins de la mer dans les régions équato- riales, c’est que nous voyons dans cette culture une source multiple de revenus susceptibles de s’accroître encore si on imaginait des appareils pour enlever mécaniquement les fibres et retirer de cha- que noix le coprah qu’elle contient. Il est évident en effet que les manipulations actuelles ne conviennent aucunement à une exploita- tion un peu importante. LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 105 Le Raphia. Le genre Raphia comprend un certain nombre d’espèces répan- dues dans les parties les plus chaudes de l'Afrique. Le Raphia Ruffia Mart. paraît dominer dans la région orientale et c’est sans doute aussi à cette espèce qu’il faut rapporter le raphia de Madagascar et des îles voisines ; le À. vinifera Pal. de Beauv. se trouve sur la côte occidentale et en particulier dans le Cameroun. Au Congo le raphia se présente d’ailleurs sous plusieurs formes. Pechuel-Lôsche en avait * déjà reconnu trois dans la région de Loango ; nous avons pu nous- même en reconnaître deux parfaitement distinctes dans le Fernand- Vaz. L'aspect général de la plante, la forme des feuilles, les carac- tères du fruit étaient nettement différents dans ces deux raphia. Au nord du Congo, dans la région gabonaise, se trouve le R. vinifera représenté en particulier par sa variété À. lædigera Mart. Le Rufia vinifera reparaît en Amérique où on en trouve deux variétés : l’une à l'embouchure de l’'Amazone, R. tædigera Mart.; l’autre, plus à l’in- térieur desterres, R. Nicaraguensis Oerst. Au Congo, où nous avons rencontré le raphia en maints endroits, les colons le désignent sous le nom de palmier-bambou et les noirs du Loango sous celui de &e Kiekie. La connaissance de ce genre exige de nouvelles études car on n’est pas bien fixé actuellement sur les caractères spécifiques. Quoi qu’il en soit, le raphia fournit, au point de vue spécial qui nous occupe ici, deux produits très différents. Le Raphia lœdigera, autrefois très employé, possède à la base du pétiole des feuilles des lanières qui s’en détachent et qu’on récolte sur la côte occidentale d'Afrique sous le nom très impropre de Piassava. Cette désignation devrait en effet se rapporter uniquement au produit de l’At{alea funifera Mart. du Brésil ; mais ce nom de Piassava s’est actuellement acclimaté sur la côle occidentale d'Afrique. Disons tout de suite d’ailleurs que le produit connu sous le nom de Piassava n’est pas à proprement parler un textile, car il est constitué par de solides lanières qu’on utilise avec avantage pour la confection des machines balayeuses employées dans les villes. Le trafic auquel donne lieu ce produit 106 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. n’est pas très important. Pour l’année 1891, les exportations du Congo se sont élevées à 71 000 kilogr., dont 62 000 à destination de l’étranger. Le produit le plus important du raphia consiste dans ces lanières jaunâtres très résistantes qu’on retire des folioles et qui sont aujour- d’hui universellement répandues surtout chez les horticulteurs qui en font des liens. À ce titre encorc nous ne pourrions faire entrer le raphia dans les textiles; mais dans les pays d’origine, au Congo et à Madagascar surtout, les indigènes fabriquent avec ces lanières des étoffes de très belle apparence qui se vendent même couramment dans certains magasins français actuellement. Les indigènes du Congo emploient d’ailleurs les feuilles du pal- mier-bambou à plusieurs usages. Le péliole est employé pour la charpente ; les folioles repliées en deux dans leur longueur et ras- semblées en panneaux servent à couvrir les cases ; enfin c’est de ces mêmes folioles qu’on retire la filasse. Pour cette dernière application les noirs choisissent des feuilles jeunes et détachent les folioles encore appliquées les unes contre les autres. L’extraction de la filasse se fait d’une façon très primitive. L’indigène prend une de ces folioles entre ses doigts, l’ouvre et la plie sur son doigt de façon à mettre la face inférieure en dessus ; alors avec l’ongle il sectionne l’épiderme infé- rieur et le parenchyme de la feuille, mais laisse intact l’épiderme supérieur. À l'endroit où il a fait celte incision :l détache le paren- chyme avec l’ongle et n’a plus qu’à tirer à lui le tissu ainsi isolé. I} ne reste plus alors que l’épiderme supérieur de la foliole constituant une lanière assez large et translucide. Get épiderme lui-même ne présenterait qu'une faible résistance et ne conviendrait aucunement comme textile ; mais à sa face interne se trouvent accolés des fais- ceaux de fibres dirigés suivant la longueur de la foliole et qui sont fortement fixés à l’épiderme. Chacun de ces faisceaux est formé de fibres élémentaires accolées les unes aux autres et ne mesurant guère que À à 2 millimètres de longueur sur 0,011 à 0"",016 de diamètre. Les faisceaux longitudinaux parallèles entre eux sont d’ailleurs reliés de place en place par des faisceaux dirigés oblique- ment de telle sorte que l’ensemble de ces faisceaux, vu par trans- parence, affecterait la forme d’un tissu très lâche. C’est sans doute à td LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 107 à la présence de ces ramificalions dirigées obliquement que les feuilles de raphia doivent leur résistance spéciale qui les fait employer à la couverture des cases. Sous la forme primitive qu’elles ont au début les lanières de ra- phia peuvent donc avoir la demi-largeur d’une foliole et ce sont pré- cisément ces lanières qui servent directement aux horticulteurs et aux viticulteurs. Mais les indigènes savent fort bien les transformer en filaments très fins ; ils n’ont pour cela qu’à les déchirer dans leur longueur. Les faisceaux obliques présentant beaucoup moins de ré- sistance que les faisceaux longitudinaux se rompent très facilement et on obtient ainsi des lanières ténues comme des fils. Chacun de ces fils se compose donc d’un fin lambeau d’épiderme renforcé par un ou plusieurs faisceaux fibreux accolés à la face inférieure. Ces fils ainsi obtenus sont parfois d’une finesse extrème. Il faut alors les nouer les uns au bout des autres pour obtenir des filaments propres au tissage. L'opération de la filature se trouve donc sup- primée. La filasse ainsi oblenue est composée uniquement d'éléments ligni- fiés. {in effet, elle se colore en jaune par l’action combinée de l’iode et de l’acide sulfurique ; en jaune aussi par le chlorure de zinc iodé et le chlorure de calcium iodé. Cette filasse ne se distingue donc en rien à ce point de vue de celle qu’on obtient des autres plantes Mo- nocotylédones (Ananas excepté). Mais elle présente du moins un avantage sérieux : l'abondance de la matière première. Tant que la main-d'œuvre se maintiendra à vil prix dans les pays où croit le raphia la préparation du fil sera aussi très avantageuse ; mais on comprend sans peine qu’une manipulation aussi primitive ne sau- rait convenir à une industrie un peu importante. En supposant que chaque fil possède une largeur de 1 millimètre on pourra en obtenir 50 au moins de 1,50 de longueur dans une seule foliole, ce qui représente pour une feuille entière une production considé- rable. L’exportation du raphia est presque le monopole de Madagascar où on en produit de grandes quantités. Les principaux centres pro- ducteurs se trouvent sur la côte est, entre Tamatave et Valomandry, et, dans l’intérieur, à l’ouest de la route qui relie Majunga à Tananu- 103 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. rive. L’exportation du raphia en lanières se fait surtout par Fénérive, Tamatave, Vatomandry et Majunga. En 1890, les cours étaient les suivants d’après M. d’Anthouard : PRIX des 100 kilogr. Damatave ire re 40 à 50 fr. MAHOMAN TN EN PAR RTE IT 30 à 32 Maqungan ee En ERA 28 à 30 Mais depuis cette époque les cours se sont élevés graduellement et ont atteint 90 et même 100 fr. La valeur totale de ces exportations a été de 217192 fr. pour 1890. A partir de cette époque les rensei- gnements font défaut. En Europe les principaux marchés du raphia sont Marseille, le Havre et Londres. Les indigènes de la côte occidentale d’Afrique savent fort bien, à l’aide de métiers rudimentaires, tisser avec le raphia des étoffes qui sont parfois d’une assez grande finesse et qu'ils emploient à la fabri- cation des pagnes. Mais c’est principalement à Madagascar que cette industrie se trouve localisée, et les pièces d’étoffe de raphia y por- tent le nom de rabanes. Dans le pays on les utilise pour la confection des vêtements. Les rabanes grossières sont exportées comme toiles d'emballage ; la Réunion en consomme une grande quantité pour l’expédition du café et des autres marchandises. Ces rabanes sont habituellement jaunes, unies ou traversées, dans le sens de la lon- gueur, par des raies bleuâtres. Les rabanes plus fines, généralement teintes et terminées par de longues franges, mesurent 8",50 de long sur 0*,60 de large. On les exporte surtout en France où elles servent à faire des rideaux et . des tentures de fantaisie. La pièce de ces étoffes valait 0 fr. 80 c. à Tananarive en 1890 et se vendait à Paris au détail À fr. 50 c. à 2 fr. Les exportations de sacs vides et de rabanes se sont élevées à 129 545 francs en 1890. Les Hovas tissent aussi des rabanes dont la chaîne est en soie mal- sache et la trame en raphia ; ces étoffes de luxe sont d’un prix assez élevé et ne font pas l’objet d’un commerce d’exportation. I n’est guère possible de conseiller aux colons la culture du ra- PI LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 109 phia ; mais du moins pourraient-ils, dans le pays où ce palmier est très répandu, au Congo et à Madagascar, en provoquer la récolte par les indigènes. L'emploi des lanières brutes pourrait en effet se géné- raliser chez les horticulteurs et les viticulteurs. D'autre part les étoffes tissées par les indigènes seront toujours appréciéés à titre de tissus de fantaisie. Les autres palmiers ne peuvent pas être considérés comme de vé- ritables plantes textiles. A la vérité, si on peut retirer de leurs feuilles des filaments plus ou moins fins il est difficile de les faire servir au tissage et on les emploie presque exclusivement aux travaux de van- nerie ou à la préparation du crin végétal. VII. —— FAMILLE DES GRAMINÉES. Nous laissons de côté pour la même raison un végétal très connu et très répandu au nord de l’Afrique, l’alfa (Stipa lenacissima) de la famille des Graminées ; l’alfa n’est utilisé en effet que pour la vannerie et pour la préparation d’excellentes pâtes à papier. Si nous laissons de côté dans ce travail l'étude de lalfa nous voulons dire au moins, en passant, combien il est regrettable de voir l’industrie mé- tropolitaine se désintéresser à peu près complètement de ce végélal dont l’exploilation constitue une source importante de revenus pour certaines régions d'Algérie. Pour l’année 1894, l'Algérie ayant ex- porté au total 81 875 395 kilogr. d’alfa en paquets ou en balles, nous trouvons seulement 4 952 025 kilogr. à destination de France contre 73 759 622 kilogr. pour l'Angleterre. On peut dire en somme que presque tout l’alfa récolté dans nos possessions du nord de l'Afrique s'écoule en Angleterre. 110 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. CONCLUSIONS Nous ne nous dissimulons pas que notre travail est très incomplet. Nous avons laissé de côté, en effet, une foule de végélaux employés parfois à titre de plantes textiles, mais qui ne nous paraissent pas appelés à être jamais l’objet d’une culture étendue et suivie. Nous nous sommes surtout efforcé de mettre en relief les textiles les plus avantageux dans le présent et probablement aussi dans lavenir sans nous proposer pour but de faire une nomenclature complète des plantes qui peuvent les produire ; el si nous avons insisté lon- guement sur les statistiques du trafic auquel ces textiles donnent lieu, c’est que nous avons voulu montrer l'étendue du champ d’acti- vité que nos compatriotes trouveraient dans les colonies. On ne sau- rail trop le répéter, les connaissances coloniales sont trop peu ré- pandues chez nous. Le coton, le jute, le café, le thé, le cacao, le poivre, etc., sont des productions dont le public ne connaît que fort vaguement la provenance et dont il ne soupçonne pas non plus l’im- portance commerciale. Et comment pourrait-il concevoir l’idée d’aller cultiver aux colonies les plantes qui fournissent ces produits, alors qu’il ne les connait même pas ? C’est là, à notre avis, une des prin- cipales causes du peu d’empressement que mettent nos compatriotes à se tourner vers l'exploitation agricole des colonies. En écrivant ce modeste travail nous avons eu pour objectif de combler cette lacune pour ce qui concerne les textiles ; aussi, sans nous attarder à une étude exclusivement scientifique des plantes que nous avions à étudier, avons-nous cru devoir surtout indiquer les conditions de leur culture, les préparations qu’il est nécessaire de faire subir à ces végétaux pour en retenir la filasse, et les qualités de ce dernier produit. Nous nous sommes aussi efforcé de mettre en relief l'importance économique des divers textiles pour mieux faire sentir la nécessité de les exploiter. Nous sommes persuadé que LES TEXTILES VÉGÉTAUX DES COLONIES. 111 cette culture serait fructueuse dans un certain nombre de nos colo- nies et qu’elle pourrait y devenir un des principaux facteurs de pros- périlé. Sans doute, il nous est bien difficile de prendre actuellement une place marquante dans la culture du coton: les États-Unis, les Indes, l'Égypte sont en trop bonne voie de ce côté, les cultures y sont faites dans de trop bonnes conditions, pour qu’il nous soit pos- sible de lutter avantageusement, au moins pour les cotons médio- cres. Mais la production des cotons longue soie, limitée à certaines régions côtières, pourrait être conseillée aux colons de quelques- unes de nos possessions et en particulier des Antilles. Et d’ailleurs, le coton n’est pas le seul textile emplové. Tout se transforme rapidement dans le domaine industriel. Le lin et le chan- vre, les textiles d’hier, sont de moins en moins employés en France. C’est ainsi que dans une période peu éloignée de nous, de 1882 à 1890, la consommation intérieure du lin est tombée de 1 043 800 quintaux à 840 800, ce qui représente une diminution de 20 p. 100. Celle du chanvre, dans la même période, s’est abaissée de 658 800 quintaux à 599 900 avec une diminution de 15 p. 100. En même temps la consommation du jute passait de 387000 quintaux à 552400 et accusait ainsi une augmentation de 42 p. 100. Or, nous avons vu, à propos du jute, que ce textile est de plus en plus employé et que les quantités portées au tableau du commerce spécial pour 1895 s’élevaient à 769 890 quintaux, ce qui représente sensiblement une augmentation de 100 p. 100 sur l’année 1882 que nous avons prise pour point de départ. La caractéristique de toutes ces transformations est la tendance vers le bon marché des objets fabriqués et partant de la matière première. Si le lin et le chanvre sont déjà délaissés, gardons-nous de nous attacher exclusivement à la ramie qui est, il es! vrai, un textile de haute valeur, mais d’un prix actuellement trop élevé ; tournons surtout nos efforts vers la production du jute, de l’abaca, de lagave el de quelques autres textiles dont la culture conviendrait bien, nous lavons vu plus haut, à certaines de nos colonies. Efforçons-nous de n'être plus complètement à la merci des pays élrangers, comme nous le sommes malheureusement aujourd’hui, pour tout ce qui concerne les matières premières textiles. Mais souvenons-nous aussi 142 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. que de telles entreprises ne peuvent prospérer que si elles sont fé- condées par des capitaux. De modestes essais isolés, tentés par des colons plus riches de bonne volonté que d’argent, peuvent fournir d’utiles indications pour l'avenir; mais pour étendre les cultures reconnues possibles, le concours des capitalistes est nécessaire. Ceux- ci reconnaitront peut-être un jour qu'il est dangereux d’obéir exclu- sivement à la suggestion de mines d’or problématiques et qu’ils ser- viraient mieux la France et leurs propres intérêts en consacrant une partie de leurs capitaux à l'exploitation agricole de notre domaine colonial. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT PAR L. GRANDEAU, H. BALLACEY et A. ALEKAN SEPTIÈME MÉMOIRE EXPÉRIENCES D'ALIMENTATION AVEC UN MÉLANGE DE TOURTEAU ET DE PAILLE D’AVOINE Nous avons étudié dans les précédents mémoires la valeur nutri- tive de la ration-mélange de la cavalerie de la Compagnie générale des voitures, puis, successivement et séparément, celle des éléments qui la composent’. Un seul de ces éléments, le tourteau, restait à soumeltre à l’expérimentation. Cette dernière étude fait l’objet du présent travail. | En raison de la grande variété des tourteaux qui entrent dans le rationnement des animaux, il importe de dire quelques mots sur la nature de celui qui à été consommé pendant les expériences. L'origine du tourteau reçu à la Compagnie générale des voitures n’a pas varié depuis huit ans. Durant tout ce temps, à part des diffé- rences peu importantes, dues sans doute à des accidents de fabri- cation, il a présenté une composition régulière aussi constante qu’on peut l’attendre d’un produit industriel. 1. Voir Études expérimentales sur l'alimentation du cheval de trait, 1°, RE -49, 5° et6° mémoires. (Annales de la Science agronomique française et élrangère.) ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1896. — x. 8 114 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Vendu sous le nom de tourteau de maïs, cet aliment concentré contient en réalité, outre des déchets d'industrie traitant le maïs (amidonnerie, disüllerie), une proportion considérable d’autres dé- chets industriels et notamment de résidus provenant de l'extraction de la fécule de pomme de terre (gras de féculerie), des débris d'orge et de touraillons, provenant de la brasserie et de la distillerie par le malt vert. On peut se rendre compte aisément, de la facon suivante, de la présence de ces différentes matières dans ce tourteau : Un échantillon de 4 ou 2 kilogr. de tourteau est délayé dans l’eau, et les parties insolubles sont successivement passées dans des tamis de grosseur croissante (les n° 60, 40, 30 et 10 suffisent largement à la séparation). Les différents lots ainsi tamisés sont ensuite examinés au micros- cope. Le produit qui passe au tamis le plus fin (n° 60) est formé presque entièrement de grains de fécule de pomme de terre, accompagnés de fragments d’épiderme de pommes de terre et de grains d’amidon de maïs en pelite quantité. Tous ces éléments semblent bien carac- tériser le gras de féculerie. Ce même tamis arrête, au contraire, les enveloppes des grains de maïs dans lesquelles on retrouve des grains d’amidon. Les tamis à mailles plus larges (n° 40 et 30) retiennent d’abord les fragments d’enveloppes de maïs, puis les touraillons, les enve- loppes de grains d’orge et les sons de maïs. | Enfin le dernier tamisage sépare les quelques grains d’orge, d'avoine et de sarrasin que contient le tourteau, beaucoup de tou- raillons, et des amas de grains d’amidon de maïs qui semblent indi- quer la présence de gras d’amidonnerie. | Les chevaux sont très avides de ce tourteau; la ration-mélange en a renfermé des quantités variables avec les approvisionnements, mais s’éloignant peu d’une moyenne de 1 000 à 1 200 gr. Pour les expériences, il constituait à lui seul l'aliment concentré de la ration ; l’aliment fibreux, dont on a vu, par nos précédentes expériences, que la présence est absolument indispensable, était re- présenté par la paille d'avoine. | ALIMENTATION DU GHEVAL DE TRAIT. 115 Chevaux d'expériences. Les trois chevaux qui avaient pris part aux expériences précé- dentes, exécutées avec la féverole, se trouvant en excellent état, on les conserva pour les expériences au tourteau, en raison de l’intérêt qu’il y a d'étudier, sur les mêmes animaux, deux alimentations de nature si différente. | Ces chevaux, au moment des expériences, figuraient sur les con- trôles de la compagnie, avec les renseignements suivants : Cheval n° {. Age : 12 ans. N° matricule : 34 614, du dépôt Saint-Martin. — 102, —. 10 ans: == 34464, — Ségur. Oo Jan _ 37 999, — Arago. Leur état général qui était bon s’est maintenu tel pendant toute la durée des essais. Cependant le cheval n° 2 est tombé boiteux après un mois de travail à la voiture, à la fin de février 1892. Le traite- ment de la boiterie ayant nécessité des soins spéciaux, le cheval fut envoyé au dépôt de Charonne, puis à l’infirmerie du dépôt Letort, où il fut remis au régime du tourteau. Il rentra au laboratoire le 4e juin 4892 et reprit les essais à la voiture que sa boiterie lui avait fait abandonner. Il les exécuta en juin et juillet 1892. = Régime de transition. Le régime de transition à commencé le 6 mai 1891 et a pris fin le 27 mai. Les chevaux recevaient alors, chaque jour, 7 kilogr. de ration-mélange en usage pour la cavalerie de la Compagnie. Voici les phases diverses de la transition : MÉLANGE. TOURTEAU. PAILLE. Du 6au 8 maiinelus , 5k8,250 0k:,500 1K3,350 Du Jaui1 — 4,500 1 ,000 1 ,750 Du-i7 au 14. — 3 ,750 1 ,500 2 ,100 Du 15 au 17 — 3 ,000 2 ,000 2 ,500 Du {8au 20 — 2 ,250 2 ,500 2 ,850 Du 21 au 23 = 1 ,500 3 .000 314200 Du 24 au 26 — 0 ,750 3 ,500 3 ,600 RÉCIT RSA et ge » 4 ,000 4 ,600 116 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Cette période de transition fut effectuée sans difficulté et les che- vaux acceptèrent facilement leur nouveau régime. Leurs poids étaient, le 1° juin, au début des expériences : cheval n°1, 477,8; cheval n° 2, 506,3; cheval n° 3, 499,4. Le poids du cheval n° 1 est le même qu’au premier jour des essais à la féve- role ; ceux des chevaux n°* 2 et3 sont en augmentation de 30 kilogr. chacun, sur leurs poids respectifs à la même époque. Programme des expériences. Ce programme à été identique à celui que nous avons suivi dans nos précédentes recherches; il a, comme lui, comporté des expé- riences au manège au pas el au trot, puis des expériences à la voilure. Le tableau suivant donne le détail de toutes les situations des chevaux pendant la durée des essais. MANÈGE AU PAS. MANÈGE AU TROT, JUIN JUILLET AO Û T SEPTEMBRE OCTOBRE |NOVEMBRE | 1891. 1391. 1891. 1891. 1891. 1891. | e | Cheval n° 1. .| Travail Repos Marche Travail Repos Marche — n°2. .| Marche Travail Repos Marche Travail Repos — n°3. .| Repos Marche Travail Repos Marche Travail VOITURE. DÉC, [JANVIER|FÉVRIER| MARS | AVRIL | MAï! JUIN [JUILLET 1891. 1892. 1892. 1892. 1892. 1892. 1892. 1892. | Cheval n° 1. .| Entraint | Travail! Repos | Repos | Repos | Repos » » | — n°2, .| Repos | Repos | Entraint |Boiterie|Boiterie|Boiterie| Entrain' | Travail — n°3. .| Repos | Repos | Repos | Entrain' | Travail! Travail » » | 1. Les expériences ont cessé le 15 mai 1892 pour les chevaux nos 1 et 3. Les résultats du | 1er avril au 15 mai ont été réunis pour la discussion des résultats. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 17 Fixalion des rations. Les rations furent fixées comme il suit : TOURTEAU. ee (Re . « . . Ration d'entretien . . . . . 48,000 4k8, 000 1" série . ‘ Marche. . . . Ration de transport au pas. 4 ,500 4 ,500 Travail. . . . Ration de travail au pas. . DO 00 5500 Repos. . . . Ration d'entretien . . . . 4k8,000 4*s,000 2€ série. . { Marche. . . . Ration detransportautrot . 5 ,500 5 ,500 | Travail. . . . Ration de fravail au trot. . 6 ,500 6 ,500 Dans le but de conserver à la ration une relation nutritive cons- tante, nous avons donné, pendant ces deux séries, des quantités égales de tourteau et de paille. Les chevaux n’ont pas toujours accepté ce rationnement et ont quelquefois laissé du tourteau et, plus fréquemment, de la paille. Pour les essais à la voiture, ils ont reçu les quantités suivantes : PAIILLE TOURTEAU. d'avoine RUE . . . . Ration d'entretien . . . . 4%s 000 4Xs,000 dSérIe.…. Re he . Ration de travail modéré. . 7 ,000 4 ,000 ETpavail. 45 + > Rañon/de:travail: "0%, 185000: 4°: 000 Comme dans les séries précédentes, ces quantités ne furent pas toujours intégralement consommées, mais nous n’avons tenu compte, pour l'établissement des coefficients de digestibilité, que des quan- tités réellement ingérées, comme nous l’avons toujours fait dans les précédentes séries d'expériences. Résultats généraux. On trouvera dans les tableaux suivants toutes les données relatives aux observations faites quotidiennement et qui ont porté sur les quantités d’eau bue, de fèces rendues chaque jour, sur les poids et sur la température des chevaux. Toutes ces observations ont été faites d’une façon identique à celles des essais précédents ; nous ne reviendrons donc pas sur les détails que nous avons déjà décrits plu- sieurs fois. 118 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. (Numéro matricule 34 641.) TRAVAIL AU MANÈGE AU PAS. ie are EAU marière | porps| TEMPÉ- EAU BUE totale POID8 seche du | RATURE = du AE : du = — © con- —— - —— |cheval | Ë des À cheval Juin |à7h | 3 |a6h. four- | sommée p.100 | totale |26h.|;6p du du totale. ; par fèces. des des du du jour, feces. fèces. 12210 | 23.20] 2833 | 477,1| 37 LS 9 890 | 28.20| 2789 | 475,0| 37 6 3 10 670 7130 | 8240 | 26040 " u 14550 | 27.20] 3142 | 477,6| 37 7 4 7 250 9 120 | 11 440 | 27 790 " n 13010 | 27.12| 3528 | 480,2| 37 8 o 9 530 6240 | 13 840 | 29 610 u " 15710 | 25.40] 3990 | 481,6] 37 7 6 5 300 9710 | 7660 | . 22 670 u n 15 390 | 26.48| 4075 | 476,8| 37 8 7 10940 | 7480| 9840 | 28 260 " u 18100 | 24.80! 4489 | 477,5| 37 6 8 3990 | 9190 | 8800 | 21980 " n 14470 | 26.88] 3890 | 476,2] 37 6 9 10610 | 8440 | 5840 | 24890 u n 19 980 | 26.28| 5251 | 476,6| 37 6 10 9 070 6720 | 11 090 | 26 880 " " 17 930 | 27.68| 4963 | 477,1] 37 7 11 6540 | 12590 | 8750 | 27 880 n " 15 600 | 31.36| 4892 | 476,5] 37 6 12 4 760 7350 | 7760 | 19870 " " 12410 | 33.84| 4200 | 474,2] 37 4 10 170 13750 | 28.40] 3905 | 474,9] 37 14 8720 | 13150 | 8390 | 50 260 " " 16090 | 28.56| 4595 | 477,8| 27 © 9 850 16 790 | 28.60] 4802 | 478,0] 37 5 16 7180 | 10460 | 10 750 | 28 390 n " 16390 | 31.28! 5127 | 478,1| 37 5 17 6920 | 11590 | 12 000 | 30 510 1 " 16 020 | 27.36| 4383 | 479,7| 37 9 18 5 810 | 11370 | 12 890 | 30 070 " u 15 070 | 28.40! 49280 | 481,4| 37 6 14270 | 29100 14 580 5 20 6990 | 10980 | 12590 | 30560 u u 14410 | 30.72] 4427 | 481,5] 37 6 21 8830 | 11310 | 3590 | 23730 " n 18980 | 26.00! 4935 | 474,1! 37 5 | 22 9 750 7110 | 11 030 | 27 890 " " 14970 | 27.24! 3887 | 476,5| 37 5 23 5 840 | 10260 | 12710 | 28 810 " n 15990 | 25.84, 4132 | 477,9] 37 6 | 24 10 960 | 11480 | 10710 | 33 150 " u 18150 | 26.32| 4777 | 479,5| 37 6 | 25 9570 | 11950 | 9840 | 31360 u " 19 840 | 25.52] 5063 | 477,4| 37 6 | 26 12850 | 9450 | 7660 | 29 960 " n 14750 | 25.08| 3.699 | 474,5] 37 8 | 27 10 480 9710 7350 | 27540 " " 14010 | 25.24] 3956 | 473,3| 37 6 28 10 370 | 10 620 | 10 880 | 31 870 n u 15350 | 26.72| 4102 | 476,0| 37 9 29 T110 | 13740 | 11920 | 32 770 " " 18960 | 26.72| 5068 | 478,5| 37 7 30 7170 | 15060 | 12 030 | 32 260 u n" 16420 | 27.80| 4565 | 478,6] 37 7 | Koyennes . n " ” 27 603,6| 1 079,9! 28 683,5 |15535,0 () 4272 | 477,4] 37 6 OssEnvaTION, — La matière sèche des fèces, imparfaitement desséchée, contenait encore 1.30 D 100 d’eau. Sou poids réel est donc de 4 216,5 au lieu de 4 272, ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 119 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2. s MARCHE AU PAS. (Numéro matricule 34 464.) Lie ne EAU marTière | Porps| TEMPÉ- EAU BUE totale | PoIDs seche du | RATURE = ET —— " ——— du con- = sm | cheval du , des À cheval | Te à 7h. à à 6h. four- | sommée p.100 | totale [à6h.|:61 du du totale, par feces. des des du du 1891. matin. pe soir. Se jour. fèces. | fèces. | matin.| matin, Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Kil. |Degrés| 1 6 280 7770 | 12300 | 26 350 | 1 024,9 " 14 690 | 22.04] 3238 | 506,3] 38 1 2 4 690 7460 5570 | 17 720 " " 16 450 | 93.28! 3839 | 502,2| 37 9 3 10 780 7 740 6260 | 24780 " 1 13920 | 25.48] 3547 | 506,1| 37 8 4 4 500 9 010 9 600 | 23110 n " 16160 | 25.84! 4176 | 504,2] 37 9 > 9 17 6 230 | 12760 | 28 160 1 " 16 890 | 23.92] 4038 | 507,6| 37 8 6 3260 | 10-410 6440 | 20110 1 " 45750 | 93.90] 3654 | 503,5| 37 6 7 7 080 9 040 5 350 | 21 470 " 1 15 700 | 26.28] 4126 | 504,4] 37 5 S 4 020 9 100 9 270 |» 22 390 1 " 14940 | 25.98! 3777 | 504,5| 37 8 9 à 790 9 070 1310 | 14170 u " 15 390 | 26.88| 4137 | 49S,6| 37 9 10 9 320 7 630 9 700 | 26 650 1 on 16 120 | 26.96! 4346 | 502,4| 37 8 11 4 510 9 870 8130 | 22510 " " 16 750 | 27.52] 4610 | 502,1| 37 8 12 5 010 5940! 4690 | 15 640 u n 12940 | 50.84! 3991 | 500,2| 37 6 15 3 100 | 12 45 7 370 | 22900 1 " 15120 | 28.40] 49294 1 500,5| 37 7 14 7 050 | 10 920 2340 | 20310 " " 16140 | 27.32| 4409 | 498,6| 37 7 15 8 890 | 10 290 5030 | 24210 " 1 13050 | 26.24] 34924 | 501,0! 37 7 ‘16 3 200 9 990 | 10980 | 24170 " " 15 190 | 27.40| 4162 | 501,5} 37 8 17 5 470 | 11 220 7120 | 23 810 M 1 16 120 | 23.56| 3 79S | 501,4] 37 7 15 4 630 | 11 350 6520 | 22 530 n n 13 480 | 26.08! 3516 | 501,0! 37 9 19 5 320 | 11 510 | 11320 | 28 150 1 1 14010 | 23.88! 3346 | 500,0| 37 8 20 1 810 | 13 360 8220 | 23 390 " " 14320 | 24.52| 3511 | 498,6] 37 7 21 4 300 | 10880 | 3930 | 19110 1 " 15 640 | 24.20| 3785 | 495,9! 37 9 22 9 640 343 10540 | 23 610 1 " 13280 | 26.40! 5 506 | 498,0| 37 6 23 2 400 4 870 | 13140 | 20 410 1 " 15 400 | 26.356! 4059 | 497,6| 37 9 24 14 230 | 11 350 8 620 | 34 200 u 1 15 830 | 26.56| 4904 | 497,6| 38 1 25 5 850 | 12 980 | 10110 | 28 940 " n 16970 | 24.76| 49202 | 498,8| 37 8 26 5 030 | 9910 7 520 | 22 460 u Ü 13 510 | 26.80| 3621 | 494,8| 37 7 27 S90 | 14 590 9 890 | 25 570 "u 1 13 600 | 2S.68| 3900 | 498,1! 37 7 28 1240 | 13 040 | 12 320 | 26 600 " u 14350 | 26.72] 3829 | 496,7| 37 8 99 4550 | 13 050 | 10310 | 27 S10 1 " 16770 | 24.08| 4038 | 501,5| 37 9 30 6 090 | 13 810 | 11 660 | 31 560 n " 17570 | 23.88| 4148 | 502,5! 37 7 Moyennes. " " n._ |23 753,3] 1024,2| 24 777,5 |15194,3] " |3907,3| 500,9! 37 8 OmBservaTION. — La matière seche des feces contenait encore 1.80 p. 109 d’eau. Son poids réel est donc 3 837 au lieu de 3 907,3. ss 120 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMINQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 3. (Numéro matricule 37 999.) REPOS, à7h. du matin. Juin 1591. Gr. 8 790 6910 9 830 10 790 8 450 2 200 6 560 4 960 9 920 6 860 3 390 10 270 4 110 6 520 7 220 6 690 3 820 16 380 10 920 7 290 7 060 * 9 710 3 990 8 660 7 520 8 720 11 200 10 500 9 840 | Voyennes EAU BUE à midi. Gr. 8 370 7 320 5 980 6 050 3 340 11 720 4560 10 790 7 040 7 970 8 950 o 900 7 5S0 11 050 12 080 4 590 6 560 5 510 5 620 4 820 2 820 (12 du soir. 9 790 7010 7 640 10210 9 650 13 580 totale. 29 370 21 090 21 900 24 900 23 660 19 590 19 970 18 550 20 820 29 440 29 180 22 900 18 900 25 730 23 150 19 890 24 970 29 590 24 350 26 330 24 320 26 850 29 563,5 —_———— — à 6 h. EAU totale con- EAU du four- sommée ar rage. s jour, POIDS des fèces. 14 890 13 750 12 850 14 470 13 150 15 010 14 660 14 650 13 550 13 760 14 620 14 700 14 150 14 640 14360 14 000 15 310 4560 15 280 13 980 14 650 14 770 16 320 15 940 14 460 13 390 14 580 14 080 13 840 MATIÈRE sèche = « p. 100 des feces. totale des fèces. 3 651,8 POIDS du cheval à 6h. du malin. 492,4 489,5 489,6 491,5 494,0 493,0 494,7 291.0 492,7 496,5 491,3 495,0 195,5 294,4 498,1 499,7 493,6 495,0 497,6 498,4 497,4 498,6 497,8 493,8 494,5 499,0 493,1 493,5 493,4 496,7 494,5 OgservarTion. — Li matière sècho des feces contenait encore 1 26 p 100 d'eau. Son poids réel est done 3 605,8 au lien de 3 651,8. TEMPÉ- RATURE du cheval à6h, du matin, —— Degrés 97 8 37 S 37 ————————— —————— || ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 121 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAT, n° À. (Numéro matricule 34 614.) REPOS, Juillet 1591. 7 G00 & 570 7 020 5 200 6 740 8 330 10 210 9 090 9290 8 110 10 010 11 2650 10 460 11260 4 030 4340 2 270 9 200 4120 6 880 11 960 6 54 4930 3 080 8 910 3 480 8 180 4970 6150 8 140 9 90 2 400 10 660 8 S90 11 730 7 080 10 #70 8 830 6 200 4 060 5 180 6 690 7 910 5 250 9 160 totale, 29 010 20 600 18 490 17 410 23 520 18 920 92 610 19 360 19 470 20 140 21 570 16210 27 400 17 450 24 310 29 240 53 380 20 640 16 310 18 020 91 790 19 360 20 040 16 650 25 970 19 430 20 870 19 280 17 690 16 950 18 550 20 444,2 814,8 EAU totale du con- four- sommée par rage. à jour. Gr, 21 259,0 fèces. Gr. 15 100 11 950 11 610 | 12410 13 470 12 490 13 220 11 280 12 590 11 220 13 580 15 920 13 620 10 820 11 250 14 00 12 580 12 850 12 160 12 430 12 950 14 670 13 190 12 670 15 680 13 720 13 820 12 500 14 190 13 270 13 850 12971 ,9 MATIÈRE sèche p.100 | totale des des fèces, | fèces. 69 3 879 3 447 3 507 2 865 2571 2 796 3 629 4 092 3 568 3513,4 POIDS du cheval à6h, du matin. TEMPÉ- | RATURE | du cheval à 6 h. du matin | Degrés 4 6] 122 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2. (Numéro matricule 34464.) TRAVAIL AU MANÈGE AU PAS. NET Fra EAU MATIÈRE |POIDS TENPÉ- EAU BUE totale | PorDs sèche du | RATURE = —— du con- Le —— - —— pe Rs Juille | à 7h. à à6h. four. | sommée p. 100 | totale [a6h.|,55 du du totale. par fèces. | des des du dé 1591 ; midi. - rage: : : : i à | : matin. soir. Jour. fèces. | fèces, | matin. | matin. ones suc TEE nn a ere ne, | Gr. Gr. Gr, Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Kil. | Degrés | Il 1670 | 14740 | 14130 | 30540 | 1 147,4 u 17970 | 27.96] 5024 | 497,1] 37 7 | 2 8420 | 14840 | 14640 | 37 900 nu " 20 220 | 26.08| 5273 | 500,0! 37 8 3 4 560 | 13 830 | 14 030 | 32 420 1 1 19 170 | 26.16! 5015 | 500,4! 37 8 4 3430 | 13290 | 10 720 | 27 440 " n 15 980 | 27.48| 4391 | 496,6! 37 7 5] 5 530 | 10 880 | 12930 | 29 340 " 1 16 970 | 24.28| 4120 | 496,2| 37 7 6 7 630 | 14320 9790 | 31 740 1 1 19 060 | 25.44| 4849 | 496,8| 37 9 7 5 990 | 15 390 | 14310 | 35 690 1 " 20 370 | 24,42] 4974 | 499,4| 37 6 | $ 1590 | 14300 | 13350 | 29 240 " nu 19 740 | 24.56| 4848 | 499,0| 37 7 9 6700 | 13 S70 8 840 | 29 410 u Q 16 600 | 26.60! 4416 | 499,2! 37 5 10 2 570 9 500 | 14890 | 26 960 " n 18 770 | 28.52| 5353 | 495,6| 37 6 11 | 7090! 13990 | 14460 | 35 540 " " 20 880 | 25.52] 5329 | 501,6| 37 6 42 9 550 | 13 140 9 290 | 31 980 1 " 19 590 | 25.20] 4886 | 501,4| 37 7 13 9990 | 13460 | 12430 | 35 880 " 1 20 050 | 24.88| 4998 | 503,0! 37 7 | 14 8 190 5 870 5 980 | 20 040 1 1 15 380 | 27.84]. 4982 | 497,3| 37 7 | 15 13740 | 10860 | 13330 | 37930 " u 20 260 | 26.56| 5381 | 501,7| 37 7 16 11 020 | 13810 | 14420 | 39 250 " u 19170 | 26.40! 5061 | 502,0! 37 8 17 4750 | 13460 | 14510 | 32 720 " u 19 370 | 26.36| 5106 | 503,1! 37 8 18 8280 | 13440 | 12240 | 33 960 M u 19 850 | 27.20| 5399 | 501,2| 57 7 19 11 790 9 920 | 10920 | 32 630 " n 18 790 | 25.24] 4743 | 500,4| 37 7 20 4970 | 12220 | 14120 | 31 310 1 " 17 760 | 26.28] 4667 | 500,4| 37 7 24 9 990 | 13 780 | 11630 | 35 400 u " 21 650 | 24.72] 5352 | 501,4] 37 8 | 29 5160 | 13120 | 14280 | 32 560 n " 21 880 | 24.00! 59251 | 499,9) 37 7 | 23 8010 | 14540 | 12580 | 35 130 " u 20 320 | 24.48] 4974 | 501,1| 37 7 24 690 | 12350 | 13870 | 926 910 " u 19 800 | 24.00| 4752 | 497,2! 37 7 25 7 220 | 14700 | 13060 | 34 980 n " 20 660 | 23.681 4892 | 502,4| 37 7 26 6310 | 10 480 9 660 | 26 450 1 1 21 300 | 22.72| 4839 | 493,3] 37 8 27 7 460 9 390 | 14390 | 31 240 " " 20 170 | 25.24| 5091 | 502,1! 37 7 28 8 090 | 11 690 | 13930 | 33 710 " 1 21 080 | 25.48| 5371 | 497,0| 37 7 29 7210 | 14320 | 15370 | 36 900 " 1 20 510 | 23.52] 4824 | 502,5| 37 8 | 20 7 610 | 13020 | 12420 | 33 050 “ " 19 910 | 24.12! 4802 | 505,9| 37 8 31 1420 | 12 690 | 13650 | 27 760 " 1 20 370 | 22.52] 4791 | 503,6| 37 7 | Moyennes ,| » u nn | 32129,3| 1 147,4] 83276,7 |19464,5] " |4937,2| 500,0! 37,7 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 193 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N0 5, MARCHE : PAS. (Numéro matricule 37 999.) Re 48 5 EAU MArIèRE |Porps| TÉMPÉ- totale POIDS sèche du | RATURE du cheval à 6h. totale, ; èces. des du du | feces. | matin. | matin. DATES, con- _— cheval Re des Juillet È sommée 5 totale |à 6h. 3 874 26 990 .68| 4205 23 590 .84| 3048 34 330 .28| 3556 95 740 14290 | 27.00! 3858 99 530 18 060 | 24.64! 4450 28 070 15340 | 25.60! 39927 92 600 16 840 | 26.00! 4 462 29 290 14 050 | 26.20! 3681 92 120 13490 | 26.68! 3 509 28 240 12 720 | 26.59] 3373 20 870 15360 | 25.12] 385s 33 720 15 620 | 26.08| 4074 29 230 13 780 | 26.72| 3 682 30 470 17 040 | 26.48) 4512 25 550 16 710 | 24.40| 4077 30 800 | 14190 | 26.68] 3 786 31 620 16250 | 25.36| 4421 26 060 14 500 | 26.00! 3 770 27 790 15940 | 28.98) 4508 18 020 15 700 | 27.00! 4963 97 710 14100 | 25.92! 3655 30 340 15410 | 25.44] 3844 20 320 14 090 | 27.20| 3813 9% 810 14630 | 23.80! 5482 94 800 16030 | 26.20| 4200 30 040 14 330 | 24.24| 3474 94 750 14500 | 25.44| 3680 24 640 13700 | 26.36| 36411 20 650 14190 | 24.64| 3479 93 930 15 700 | 23.52| 3693 @ "1 1 à HN © © © CO © CO OO »1 1 © © @ °J ®@ © © Œ © L-2 OO © © 27 249,4 |15067,7 3 887,9 2] 124 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. (Numéro matricule 34 614.) MARCHE AU PAS. EAU MATIÈRE |Porps) TEMPÉ- totale POIDS sèche du | RATURE con- d —— - — | cheval SA l k es E cheva four- | sommée p. 100 | totale [a6h.},; b. par èces. des des du di rage. À À ù : jour. fèces. | fèces. | matin.| »atin. | Degrés 11170 | 7820 | 7 560 9 190 10 970 6 170 10 230 | 10 920 | 4 840 7 080 | 7 900 13 480 | 11 340 11920 | 2: 14 570 4570 | 15 410 7 550 13 820 10 090 | 14 920 10 570 15 810 9990 | : 15 770 7690 | 2235 15 040 7710 | 227: 16 230 10 820 | 2945 16 120 6790 | 21: 15 210 8460 | 94 62 13 760 6 060 14 290 10 920 | 23 190 14 320 10 850 | 25 580 13 880 8 860 | 21 550 15910 11 960 | 34 650 15 250 | 12460 | 24670 15 910 8 780 | 25350 14 530 19 LO OP © © OO nn OO CO À 19 19 | "._|24081,3] 1070,8| 25 102,1 |15546,1 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 125 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. OHEVAL N° 2, REPOS. (Numéro matricule 34 464.) EAU mATièREe | Porvs| TEMPÉ- totale POIDS Sèche du RATURE EAU BUE du cheval à6h du soir, jour. fèces. | fèces, | Matin.| matin, con- d ——— + — | cheval es = àa6h. sommée p. 100 | totale | à 6 b. du par feces. des des du Gr. : ; : Gr. , il, | Degrés 8930 | 95 620 15210 k c 37 7 2980 | 14 620 11 420 : L 37 8 7960 | 94 750 14 020 ; 9,21n937t8 11920 | 19190 13090 | 23.8 4 37 8 9550 | 15410 13 520 | 26. 2,5| 377 6930 | 15650 13 050 | 24.5 37 7 8 670 | 99 840 11 600 | 23. 5,5 |l:87 6900 | 13990 13 490 :47 37 7490 | 13 600 13 300 : 37 10 290 | 95120 12 720 ; 37 8970 | 1S 820 12 040 : 37 11 850 | 90 820 12 690 | 24. 37 12 850 | 21 600 13 490 5 33 37 10530 | 914 920 12 290 .88 37 6470 | 16660 12 310 . 2,5| 37 6890 | 19610 10 770 4710 | 18470 11 590 9 740 | 91 450 12 520 11060 | 19 720 13 450 5150 | 13 860 11 590 10290 | 19 850 12 470 9030 | 17070 13 310 6880 | 15 280 11420 9 340 | 93 130 12 320 3930 | 10840 11 240 8070 | 921 820 10 940 2280 | 10 100 11 050 9 410 | 90 710 13 370 10 380 | 20 700 12 340 5030 | 14470 11 450 9 290 | 23190 UN © COCO EC CC EC | Le D 10 © æ © e Lo 18 641,3| 940,8 | 49 582,1 |12466,1 - 126 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. : N° 3. eee < TRAVAIL AU MANÈGE AU PAS. (Numéro matricule 37 999.) MATIÈRE | Porps| IEMPE- totale | porps sèche du re | uu des cheval sommée p.100! totale [36h |,65 par fèces, | des des du du jour, feces. | feces. | matin.| matin. con- ———— < _—— | cheval Gr. = Ki. |Degrés 15 840 | 24.76 490,0! 37 9550 | 250: 15 300 | 24.88]. 487,0| 37 9240 | 24! 12 950 | 28.6: 489,0! 38 9 920 13220 | 25. 489,5| 37 10 880 14 890 | 24. 489,5! 37 5 440 13 940 | 24. 485,7 11 940 14 180 | 25. 488,3 11 490 14810 | 24. 486,0 14 940 | 2 15 000 | 24. 486,0 11 890 12450 | : 14 430 | 23. 488,0 10750 | 4: 12 160 14410 | 24. 436,0 5 960 11 230 13 920 | 23. 485,6 8640 | 10670 | 10500 | 29810 14000 | 22.5: 486,4 5310 | 12160 | 9490 | 26960 14240 | 24.6 483,9 9680 | 9070 | 11570 | : 12 840 | 26. 483,6 9790 | 8220 | 10 690 7 14 160 | 23. 484,2 11220 | 7540 |. 89290| 27 14 560 | 23. 484,7 12460 | 7630 | 10530 13 820 | 26. 484,8 10120 | 3350 | 12650 14150 | 26. 483,5 5530 | 9590 | 10240 : 13080 | 25. 484,9 8490 | 4020 | 13090! 2 12 880 | 23. 483,0 5110| 8820 | 12220 | 25145 14 070 | 26. 483,0 8110| 6980! 6210 2 14450 | 25.: 71,1 10470 | 8470 | 11720| 20660 13 240 | 24. 483,2 4790 | 10390 | 10920 | 26100 14 480 | 25. 481,0 10720 | 9490 | 13880 | 34090 13 790 | 25. 481,0 6720 | 8370 | 14130 13240 | 24. 479,0 12 890 | 12 390 13160 | 27. 75,8 8410 | 13900! 2632 14 620 | 22. 481,8 6280| 7060| 2: 15590 | 24.8 483,9 10 960 | 11210! 346 16 470 Moyennes . " 28 827,9 |14164,5 oo © © © Q@ © © © © O@ CO © @ © © © © © D © © L- æ © © = © © & © ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 127 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1, (Numéro matricule 34 614.) TRAVAIL AU MANÈGE AU TROT. LAORE Ares EAU MATIÈRE | POIDS Temp | EAU BUE totale | POI0S sèche du | RATURE = ee cmmaeee | OU con- 2 —— — chpeal RER Sremhes t A hou g°51- | à 6h. four- | sommée p. 100 | totale [a6h. |, 63 | du du | totale, par fèces. des des du du 1891. matins |. Midi | poire. | EE jour. fèces. | fèces. | Matin.|matin. EE, PP D, Gr. Gr. Grp Ier Gr Gr. Gr. Gr. Gr. Kil. |Degrés 1 7 070 8550 | 10780! 26400 | 1219,4 " 18 840 | 25.40! 4785 | 481,7| 38 4 | 2 12 830 8130 | 11830 | 32 790 " " 91 590 | 27.20! 5872 | 488,9] 38 4 | 3 9 260 8 450 SS70 | 26 580 " " 17150 |-28.60! 4905 | 475,2] 38 3 | + 1097 8 890 | 13030 | 32 890 " " 20 600 | 29.20] 6015 | 478,3| 38 3 5] 10 990 | 10930 | 12790 | 34710 1 " 20 080 | 29.00! 5S23 | 481,6| 38 2 6 8 780 9 220 | 14410 | 32410 " 1 20 180 | 26.88] 5424 | 479,4| 37 9 “É 7 840 | 11120 | 14300 | 33260 1 " 22 300 | 25.08] 5593 | 478,9| 3S 3 8 13 460 9 080 | 14080 | 36 620 " " 23 570 | 25.20| 5940 | 478,3| 38 3 9 7 410 | 10150 | 14080 | 31640 " n 29 440 | 25.20! 5655 | 480,3| 38 2 10 12 340 | 13720 | 11530 | 37 590 " u 19 580 | 26.72] 5932 | 477,8] 3$ 4 {1 12 340 | 13720 | 1155 37 590 " " 20 100 | 27.32] 5491 | 477,4| 38 12 6950 | 14090 | 14970 | 36 010 " u 17 590 | 28.28| 4 974 477,0! 38 3 13 5 840 | 13520 | 12750 | 32110 u " 20 400 | 26.00! 5304 | 471,5] 38 4 14 14360 | 11110 | 14750 | 40 220 " 1 18 640 | 29.08! 5421 | 476,8| 38 3 15 8 940 | 12 450 | 13930 | 35 320 u " 1S 690 | 28.48] 5323 | 477,2] 38 0 16 5 140 | 13980 | 12520 | 31 640 Q 1 18 670 | 26.40| 4929 | 476,4] 57 9 17 8 220 | 12710 | 13550 | 34280 " " 19710 | 25.80! 5085 | 477,8] 38 1 18 9 980 9 770 | 13730 | 33480 " ” 19 440 | 26.20! 5093 | 473,7] 38 2 19 6520 | 14050 | 13410 | 35990 " " 19 140 | 26.00! 4976 | 470,5| 58 1! 20 12 580 | 11460 | 14540 | 38 380 " n 15 350 | 26.40| 4052 | 472,8] 38 1 21 4 640 | 13140 | 10520 | 928 500 " " 18 160 | 27.40] 4976 | 468,8] 3S 0 22 11740 | 12470 | 12840 | 37 050 0 1 19 620 | 25.72! 5046 | 473,5| 38 1 23 5 940 | 12040 | 13210 | 31 190- " " 18 090 | 26.40! 4776 | 471,2] 38 1 24 7 520 | 11720 | 13790 | 53 030 " " 17 330 | 24.80] 4298 | 472,3| 38 1 25 6040 | 12750 | 14030 | 32 820 " " 19320 | 97.00! 5216 | 472,7| 38 2 | 26 9 490 | 11120 | 14050 | 34640 " " 20 430 | 25.80| 4862 | 479,9] 38 2 | 97 7 540 | 135380 | 14150 | 35070 " " 18060 | 25.60] 4623 | 474,2| 37 9 28 4 030 | 13810 | 14140 | 31980 " " 19 860 | 23.60! 4694 72,3| 37 8 29 8 850 | 12780 | 13080 | 34710 " u 20 27 24.80| 5027 | 471,9] 37 $S 30 4940 | 14020 | 11990 | 30 950 " " 17 960 | 26.60| 4777 | 457,6| 37 8 | Moyennes . | » " “| 33588,8] 1 249,4] 34807,7 |10438,3] |5139,6| 475,0] 38 1 | 128 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION BU CHEVAL DE TRAIT. CHKVAL n°0 2. (Numéro matricule 34 464.) MARCHE AU TROT. DATES. Septembre 1891. = 30 Moyennes . 1 750 12 980 1 880 3 980 1 200 » 870 6150 3 390 2 620 650 1380 6 660 (72 midi. RE Gr. 11 670 9 350 13 380 11 210 13 010 13 290 11 930 12 400 11 790 15 160 14 230 13 790 13 850 12 730 14 260 13 230 14330 13 830 14 550 15 420 13 340 13 910 14 880 13 450 11 590 12 910 14 020 14 960 14 230 14 530 13 230 10 100 4140 11 160 10 950 9 690 13 990 13 400 12 890 14 050 14180 14430 9 640 13 360 14 130 14 200 14 510 13 800 14 530 13 490 14 220 13 090 14 120 14480 13 910 12 760 10 730 13 870 10 110 13 250 " totale, Gr. 26 360 27 560 17 520 30 150 27210 31 770 34 340 33 560 28 870 32 690 32 750 35 660 25 240 39 070 28 390 29 310 32 820 28 830 34 950 35 060 30 950 29 620 29 650 31 560 29 530 31 440 30 400 33 300 25 720 34 440 30 624,0 EAU du four- rage. Gr. 1235,9 1 235,9 EAU totale con- sommée par jour. Gr, 31 459,9 POIDS des fèces. Gr. 15 320 29 840 21 770 19 900 20 390 24 080 21 900 22 600 20 900 18 770 20 930 20 860 20 210 19 040 20 320 18 420 18 580 1$ 090 1€ 050 18 160 19 250 18 230 17 060 17 070 19257,3 MATIÈRE sèche p. 100 | totale des des fèces. | féces, Gr. 26,96! 4130 27.60! 6304 24.28| 59286 28.16! 5 604 25.16| 5130 26,80! 6453 23.12| 5063 25.56! 5777 24,88| 5 200 25.24| 4738 24.68| 5166 25.28| 5973 24.64| 4980 23.16| 4410 22,96! 4665 95.12| 4627 24.68| 4586 94.88| 4501 23.08| 4397 22.68| 4419 924.88| 4789 23.20 |°°4 2929 94.928| 4142 923.28| 3974 94.68| 4952 24.121 4412 25.16! 4166 24.48| 49269 23.28| 4106 23.08| 3882 "_ |4754,3 POIDS du cheval a 6h, du matin. Kil. 513,4 509,5 508,0 510,4 510,4 506,3 509,5 512,5 506,8 509,2 508,0 507,0 500,4 507,5 503,2 501,7 502,3 496,6 497,8 499,2 497,0 494,7 495,2 495,5 493,4 494,1 494,0 496,0 489,4 490,5 502, 0 TEMPÉ- RATURE du cheval! à 6h, du matin, Degrés 33 { Ce C2 19 co C2 co C2 D © © À 19 © [2 19 > © co Let SR D OÙ in © © 16. = ce œ ee À 2 2 19 © ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 129 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL NO 5. (Numéro matricule 37 999.) M TEMPE- ass EAU BUE 2 A DOS E Pose F. Dee: IHATURE D —— 0 — ©" du con- ——…— + — | cheval du ; des cheval Septembre | à 7h. à à6h. four- | sommée p.100 | totale [à6h. |, 6h es) Lente he ai LAS x matin, | MI, soir. jour. fèces. | fèces. | Matin. | matin. | ER Re ——— Gr. Gr Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. | Gr. Kil. |Degrés| 1 11666 | 4240 | 13600 | 29500 | 891,3 " 15 200 | 24.88| 3782 | 487,2| 37 9 2 11 450 4 880 6 020 | 22 350 " " 15250 | 24,88| 3794 | 489,0] 37 8 3 9 640 4540 | 11280 | 925 460 1 M 15 440 | 27.00! 4169 | 486,6| 37 9 4 8 400 2 690 9910 | 21 000 " " 13 780 | 28.20| 3886 | 486,0! 37 9 y 6 650 3 840 | 11170 | 21 660 1 n 14440 | 25.20! 3639 | 487,4! 38 4 6 4 470 8990 | 10330 | 23 790 u " 15 390 | 22.80] 3509 | 487,5| 38 1 | 7 5 590 | 10 280 8 900 | 24770 " 1 15 040 | 24.72] 3718 | 490,0! 37 9 8 9 030 3340 | 12580 | 24950 Q " 16 740 | 23.20| 3884 | 488,0! 38 2 9 4930 | 11760 7 090 | 23 780 1 " 16 450 | 23.80] 3915 | 489,0! 35 0 | 10 7 440 6890 | 11270 | 95 600 " " 15 140 94.3 | 3682 | 487,6! 28 3 11 6 420 7 900 8 720 | 23 040 " " 15440 | 94.44] 3774 | 487,0) 38 3 12 5 080 7730 | 11 860 | 24670 u " 14 620 | 26.08! 3813 | 487,2| 38 3 13 270 | 13730 9 690 | 23 690 " u 16590 | 22.08! 3663 | 486,6! 38 3 14 10 750 4050 | 12410 | 27 240 1 u 15 800 | 24 20 3824 | 488,8| 38 2 .45 3 390 | 10 230 5 970 | 19590 n u 14 690 | 26.20! 3849 | 484,9! 58 3 16 > 810 7810 9 330 | 22950 n u 16 020 | 23.20| 3717 | 487,2| 38 0 | 17 3 760 7920 | 10590 | 922 270 n " 14170 | 24.48| 3469 | 488,5| 38 1 | 18 6 960 3560 | 12040 | 92 560 " " 15 130 | 26.40| 3994 | 487,4) 38 3 | 19 7 090 3614 | 13070 | 93 770 n " 15 600 | 26.40! 4118 | 488,5| 33 0 | 20 4 800 6710 7510 | 19020 " " 14 540 | 22.20| 3295 185,6| 38 1 | 24 d 730 8 230 | 10 820 | 24 780 Q " 15 300 | 26.00! 3978 488,4| 38 1 || 22 6 310 5 290 8 740 | 90 340 " “ 14530 | 27.72| 40928 486,2| 57 8 | 23 6 220 6 830 8 550 | 21 600 " " 14820 | 23.40, 3468 487,5| 38 2 | 24 4940 6330 | 10250 | 22 020 " " 14690 | 24.20! 3555 | 488,4! 58 1 | 25 6 320 4990 | 11610 | 22920 " " 13 180 | 23.40! 3084 | 490,0! 38 2 | 26 4 420 8 040 9160 | 21 620 " " 1 144940 | 923.98! 347$ | 490,5| 38 3 | 27 8 810 3 240 9 770 | 21 820 u " 14980 | 23.68! 3547 | 490,5| 37 9 | 28 9710 4180 | 12550 | 26 440 " " 13 410 | 23.80! 3192 | 492,3| 38 4 | 29 3 520 | 10 730 7710 | 21960 u u 14910 | 22.00! 3280 | 489,5] 38 1 | 30 10 030 3 660 | 11910 | 25 600 1 u 15 680 | 24.60| 3857 | 487,5| 38 1 | | Moyennes . n " "| 23357,7| 891,3 | 24249,0 [15063,7| " |3696,5| 488,0! 28 1 | ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1896, — 11. 9 130 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. Numéro matricule 34 GI, fete ie RAA MS EAU marrèræe |Porps | TEMPi- : EAU BUE totale | PorDs sèche du | MTURE = — — © © du con- —— < _— | cheval du : des cheval APS ee PAU | à à 6h. four- | sommée p.100 | totale [à6b. |, 6p. du du totale, par feces. des des du al 1391. matin, | Midi. | soir. ie jour. fèces, | fèces. | matin.| matin. PS, PS a ee mes mms | cn GR, ne muse | Gr, Gr. Gr. Gr. Gr. Gr, Gr. Gr Kil. Degrés| il 7720 | 8600 6090 | 21910 | 942,4 Ï 11 890 | 26.28] 3125 | 468,0| 37 9 2 8550 | 7 740 7050 | 23340 u u | 10810 | 26.88] 2906 | 471,0! 37 9 | 3 6460 | 7 750 4840 | 19 050 " " 8 860 | 27.48] 2455 | 472,0| 37 9 | 4 4970 | 6500 | 10970 | 22240 " u 13380 | 24.50| 3318 | 4735,3| 37 7 | D) 7710 | 2730 | 11340 | 21 780 1 n 13 640 | 24.60| 3355 | 474,5] 37 8 | 6 6540 | 6 330 6740 | 19610 1 " 11 440 | 26.60| 3043 | 473,5| 37 8 7 9 120 | 5 980 6900 | 22000 " u 11230 | 24.68| 2772 | 474,5] 37 9 ù 6 420 | 2630 9 810 | 15860 n° 1 13 170 | 24.00! 3161 | 473,0! 37 8 9 5 850 | 2800 | 11500 | 20 150 u " 11 420 | 23,80] 2718 | 474,0| 37 8 10 7 510 | 7000 5 080 | 19 590 " 1 13 450 | 24.08! 39239 | 473,0| 37 9 11 6970 | 2700 | 11230 | 20 900 1 1 11820 | 93 00| 2719 | 473,6| 37 9 19 5 670 | 640 8 290 | 20 500 W 1 19 180 | 27.60| 3362 473,5| 37 9 13 7790 | 2610 | 11340 | 21 740 1 “ 12 500 | 26.64| 3330 | 475,5| 37 8 14 6S10 | 6050 8 890 | 21 750 u " 14 430 | 24.90| 5492 | 473,7| 37 7 15 6470 330 | 10020 | 16 830 1 " 12 500 | 25.40| 3175 | 470,0} 37 9 16 4 S60 130 | 12350 | 22 340 1 1 14350 | 23.80| 3415 | 472,2| 37 7 17 4190 | 6540 | 10180 | 20910 1 1 15370 | 25.48] 3916 | 470,2| 37 9 15 4400 | 4530 | 10150 | 19 060 " 1 13160 | 24.48| 3992 | 471,2] 37 8 19 9690 | 1490 | 12610 | 23 7950 1" Ü 19 780 | 23.20| 2965 | 470,8! 37 8 | 20 7290 |, 3590. |, 10:010:| 20 820 1 “ 13 800 | 23.60! 3257 | 471,3! 37 8 21 7180! 4100 7020 | 18300 7 " 15310 | 23.32] 3570 | 468,4| 37 9 22 8 S40 | 5 510 8 990 | 23340 " " 13 200 | 24.00] 3168 | 473,5] 37 9 23 7320 | 5110 | 11340 | 23770 1 1 16 220 | 22.20| 3601 | 472,7|.37 8 24 1350 | 363 5 240 | 10 220 1 1 13 760 | 22.40| 3082 470,0! 38 0 | 25 10410 | 2830 645 19 670 " 1 14580 | 22.48| 3978 | 472,5| 37 8 | 26 13260 | 1840 | 10060 | 25 160 " Q 14 030 | 22.80! 3199 | 473,5| 37 9 | 97 7810 | 3170 | 11460 | 22 440 0 “ 14550 | 21.80] 3172 | 468,6| 37 9 28 8120 | 6020 1860 | 16 000 u 1 14480 | 19.80! 2 867 473,3| 37 8 29 6550 | 6410 6890 | 19 550 M nt 13880 | 23.80] 3303 | 479,4| 37 7 | 30 6180} 4030 9010 | 19 220 1 " 13 630 | 25.00| 3408 | 469,6! 37 9 | 91 0 990 | 4290 8070 | 18350 it " 13 530 | 23.28] 3150 | 469,5] 37 8 Moyennes is D] u u |20435,9| 949,4 | 24 377,6 |13204,8 u 3184,6| 473,2| 37 8 | | ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 151 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2. (Numéro matricule 34 464.) TRAVAIL AU MANÈGE AU TROT, DATES. Octobre 1891. = Moyennes . à 7 h. du matin, Gr. 4 740 9 040 5 190 1 900 10 S60 8 270 10 260 4 890 3 850 14180 6 720 8 980 11150 10 120 8 450 880 10 480 8 130 7 020 13 050 13 260 10 350 8290 11 910 8 540 9 460 6 190 4 600 12910 6 420 9 490 11 midi. > Gr. 13 640 | 13 590 14 380 13 190 13 130 14 800 14 060 14 520 11760 | 5 000 | 11100 | 14 620 10 890 15 700 14360 14260 14 590 15 930 13 270 8 880 | 10 990 | 14 390 15040 12 250 11 860 11 560 15 440 | 14 040 13 060 | 10 100 | 13 690 | 1 BUXR APPEL: à 6h, 4 du totale, soir, Gr, Gr. 14200 | 32 580 14 390 | 37020 14210 | 33 780 15 020 | 30 110 13770 | 37 760 14260 | 37430 10 990 | 35 310 13150 | 32 560 14200 | 29910 12870 | 32050 13 860 | 31 680 13180 | 36 780 12 660 | 34 700 14010 | 39 830 14860 | 37670 14 690 | 29 530 13 650 | 38 720 12 300 | 36 360 4440 | 34430 14010 | 35940 12 400 | 36650 14290 | 39030 12 500 | 35 800 10 880 | 35040 13750 | 34150 11450 | 32 170 14780 | 36410 11730 | 50 340 11310 | 37 250 15 070 | 31 590 13340 | 36520 : EAU du four- rage. 1 247,1 35 142,9 | 1 247,1 EAU totale con- sommée par jour. 36 390,0 POIDS des fèces. Gr. 18 370 18 360 17 290 16 270 17 540 18 700 16 910 16 100 16 470 17 040 19 070 17 710 20 780 18 780 17 160 15 300 18 060 18 120 19 800 18 300 18 770 21 610 21 530 18 620 19 850 20 340 18 590 18 710 19 670 18 790 19 900 18458, 7 MATIÈRE [POIDS sèche du ——— - —— | cheval p.100 | totale [à 6 h. des des du fèces. | feces, | matin, es | ms Gr. Kil. 23.76| 4365 { 486,0 24.46| 4491 | 486,8 25.16| 4350 | 487,2 24.88| 4048 | 483,2 24.92| 4371 | 485,1 99,8S| 4979 | 484,8 95.16! 4255 | 487,6 24.00! 3864 | 485,3 22,68] 3735 | 482,1 23.76, 4049 | 485,7 18.98 3486 | 483,2 25.08| 4087 | 485,6 25.52, 5303 | 453,6 23.08! 433 185,6 23.96| 4112 | 484,0 UE 3623 | 450,6 924.68) 4457 | 484,7 23.72| 49298 | 454,5 923.98| 4609 | 483,3 22.88] 4908 | 485,0 24.56! 4610 | 484,3 292,88! 4944 | 483,4 19.36! 4168 | 483,0 29.920! 4134 | 484,4 19.48! 3867 | 482,6 22.28| 4532 | 480,2 21.76! 4045 | 4S0,6 20.48! 3832 | 477,9 29,98| 43892 | 479,8 21.48, 4036 176,4 91.44, 4967 | 475,7 y] :257,1| 483,5 TEMPÉ- RATURE du cheval à 6h. du matin. | Degrés 38 37 © F2 rs 132 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N0 3. (Numéro matricule 37 999.) MARCHE FAUARENR: Ÿ iR TEMPÉ- TE EAU BUE + a POIDS % Ve e Fe Ho — me du con- || CHE VAI du Octobre | à7h:| à |à6h. tour. | sommée |“ |5.400| toute [a 6h. 26h dé du #4 du totale. rage. ÉPar fèces. des des Le du : matin, | M0. soir. jour. fèces, | fèces. | Matin. |matin. a me on ans | me — —— —— Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Kil. |Degrés 1 > 850 8 360 6790 | 21000 | 1 033,2 " 14340 | 25.48] 3654 | 482,1| 38 0 2 6 590 | 13 970 9 410 | 29 970 " " 13 940 | 26.20! 3652 | 486,5] 38 1 3 5 020 | 11070 7420 | 23510 " u 14870 | 26.88| 3997 | 483,5| 37 8 4 6710 7 590 | 13440 | 27 740 M 1 16 120 | 23.68| 3817 | 482,1| 37 9 6] 6 490 8080 | 14010 | 28 580 ° 1 " 15230.| 21.80! 3320 | 482,5| 37 9 6 10 770 2430 | 14050 | 27 250 " u 15 380 | 22.80] 3507 | 478,6| 38 0 7 10 750 2 790 | 14290 | 27 830 1 1 13 050 | 23.40! 3054 | 480,5| 38 1 8 10 700 1 860 | 14720 | 27 280 " 1 14730 | 25.68] 3488 | 478,7| 38 2 9 5 990 8570 | 12260 | 26 820 " " 13 850 | 22.48| 3113 | 479,6| 38 0 10 5 790 8000 | 12190 | 25 980 " u 13470 | 23.92| 3209 | 476,9| 38 1 11 8 630 7 58) 8 700 | 24 910 u 1 14 070 | 20.60] 2898 | 479,4] 38 1 12 6450 6590 | 12450 | 25 490 1 1 14000 | 25.92] 3629 | 477,8| 38 1 13 6 77 10 290 7 660 | 24 720 Ü 1 13050 | 24.76| 3231 | 475,6| 37 9 14 6110 6 760 | 14060 | 26 950 " 1 12320 | 22.80| 2809 | 477,8] 37 9 15 51570 9 540 8410 | 22 520 u 1 12740 | 25.00! 3185 | 475,3| 88 1 16 7 990 5 270 9910 | 23 170 " 1 12170 | 22.20| 2 702 | 475,4| 38 1 17 9 830 5420 | 10160 | 25 410 1 Q 11750 | 23.40! 2750 | 476,8| 38 3 18 7 500 47170 | 11060 | 23 330 1 Q 11200 | 24.32] 2724 | 476,8| 38 0 19 5 740 8 590 9 990 | 24 120 " (0 11460 | 22.80] 2613 478,2| 38 3 20 5 020 6 480 9 790 | 21 290 0 " 10530 | 24.60] 2590 | 476,7| 38 1 21 6070 | 11 320 | 10280 | 27 670 u Q 13 610 | 22.52| 3065 | 478,7| 38 2 22 11100 3 900 | 11330 | 26 330 n n 15300 | 22.08] 3378 | 474,4! 38 1 23 11 290 3 290 | 12 660 | 27 240 " 0 14340 | 20.00| 2868 | 475,4| 38 2 24 6310 5 00 6630 | 18440 1 1 12 810 | 21.28| 2726 | 480,0| 38 3 25 6 140 | 11 290 9310 | 26 740 u " 13070 | 20.60! 2692 | 473,5| 38 1 26 10 100 490 | 12730 | 23 250 Q " 13 630 | 19.88| 2710 | 474,9| 38 2 27 4610 7 410 | 11150 | 23170 " " 12 760 | 20,88|: 2656 | 474,6| 38 2 28 8 540 3 420 9 070 | 21 030 u 1 13 310 | 20,80! 2768 | 465,4| 38 1 29 5 210 2 370 6390 | 13 970 " 1 12 140 | 20.32| 2467 | 468,2] 38 1 30 7 640 1020 | 12870 | 21 530 Q 1 13 450 | 21.08] 2835 | 472,6| 38 1 31 4 690 3 240 | 11060 | 28 990 " u 13 490 | 21.48| 2898 | 475,2| 37 9 Moyennes .| " "| 24426,1| 105,2) 95459,3 |13495,2] v |3096,9| 477,2] 38 1 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 133 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. (Numéro matricule 34 614.) MARCHE AU TROT. EAU MATIùRE |peorps | TEMPE- totale POIDS sèche du |RATURE du des cheval} à 7 b. à four- sommée p. 100 | totale à 6h. à 6h. du ee par fèces, des des du db con- mm <> | cheval Novembre 1891. matin. jour. fèces. | fèces, | Matin. | matin. | Gr, : il. |Degrés! 3 080 14 820 | 22.00! 2 37 8 9 700 | 23 660 14 700 | 24.00! : a1 4 9 120 | 27 390 19 710 9 800 | 26 770 23 020 10 760 | 26 110 21 270 3800 | 19 370 20 190 5340 | 23 660 16 850 2490 | 11 740 16 790 9410 | 32940 18 770 3620 | 17 590 18 170 12 790 | 94 200 14 600 10480 | 92 550 17 180 7040 | 24 990 16 640 2130 | 17 410 15 000 6150 | 20570 | . 15 390 6750 | 24 860 15 570 6010 | 23 450 19 620 13200 | S570 | 27 480 18 740 19 760 | 10170 | 26 190 19 460 11170| 7580 | 929 920 18 600 16260 | 11550 | 22 000 17 750 10280 | 7850 | 23910 18 660 12960 | 6170 | 21990 16 850 13450 | 8550 | 26720 16510 6740 | 12230 | 23 570 18 540 13 080 | 6 880 19 440 | 10 650 10950 | 2490 12 030 | 5340 7 800 | 11 990 29 829,7] 1 548,2] 24377,9 [17787,7 134 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2. (Numéro matricule 34 464.) AEROE vus en FE — du con- —_— - — | cheval Hi | des ; cheval Moses ue 7h à à 6h. four- | sommée p. 100 26h. | 6h du du totale. par fèces. des du Et 1891. matin, | midi. soir. CE jour. fèces. matin. | matin. es | ms | memes leu menus | cames es | ne | | Gr Gr Gr. Gr Gr Gr. Gr Kil. |Degrés 1 4 230 0 8850! - " 1 126,0 u 13 830 | 18.88 n 57 9 OT 9230 | 10210 | 9550 | 28 990 " Q 14 560 | 22.08 450,0| 38 3 3 9 560 930 | 10270 | 20 760 n u 18 580 | 22.4S 480,6| 37 8 4 5310! 4940! 7810 | 18060 u 1 16350 | 20.88 479,0| 37 9 ] 3520 | 9350 Ü 12 870 Û n 14570 | 20.12 474,6| 38 0 ô S240| 4320 | 8040! 20 600 Û n 14360 | 21.36 478,8| 37 8 7 3980 | 8110 u 11 690 n n 13910 | 21.2 472,8| 37 8 8 9330 | 4870 u 13 200 "u m 14 370 | 24.16 472,2| 3S 2 9 114500 | 4590| 6000 | 19090 u Q 15 530 | 24.48 474,8| 38 0 10 7 800 8760 | 8850 | 25 490 " il 16350 | 21.88 483,0| 38 6 11 6189] 7080 390 | 13650 Ü n 13 740 | 24.60 478,5| 37 8 12 7770 | 6070] 2630| 16470 | » | 1 13 250 | 25.88 478,5| 37 9 13 6330 | 5 950 u 12 280 u " 12 170 | 25.68 475,5| 37 9 14 5890 | 6360 4 050 | 16 300 1 u 13 700 | 25.2 478,0| 37 7 15 5240 | 7 160 u 12 400 " " 11 420 | 25.48 476,5| 38 3 | 16 8010 | 9530 990 | 18 530 " " 14 520 | 27.36 479,0| 38 1 | 17 8820 | 4510 Q 13 360 n " 13 820 | 28.76 475,9| 38 2 18 9420 | 8430 | 2610 | 20460 " Q 14 630 | 25.68 479,4| 38 3 19 7090 | 1480 | 11990 | 20 560 " " 11 160 | 27.4 484,2| 38 4 20 6180 | 5430| 1140 | 12750 " " 12 800 | 24.88 482,0| 38 0 21 6100 | 5350 | 5270 | 16 720 " u 12 480 | 24.88 485,5| 38 0 22 8900 | 5070 u 3 970 " u 14 220 | 25.88 484,0! 38 2 23 10620 | 7450 | 5580 | 23 650 " n 14 270 | 27.08 489,5| 38 6 24 2680 | 3780 | 7060| 13520 " " 14 910 | 27.28 482,41 38 1 95 1600 | 8740 | 8450! 16790 n° " 13 450 | 25.88 479,4| 37 9 26 6 130 " 6160 | 12190 " u 12 500 | 26.16 475,7| 38 1 27 10190 | 3050 | 7180 | 20420 " " 13 340 | 22.68 475,3| 38 1 28 8110! 2500 " 10 610 u Ü 11 150 | 27.12 473,1| 37 9 29 7190 | 7280| 2740 | 17210 Q Q 14 330 | 25.68 473,7| 38 1 30 10190 | 4440 | 10120 | 24750 0 Ü 15 750 | 24.88 479,2| 37 8 Moyennes . D u 1 17 013,0! 1 126,0! 18 159,0 |13933,: 1 478,8| 38 0 Re ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. a CHEVAL N° 5. (Numéro matricule 37 999.) TRAVAIL AU MANÈGE AU TROT, | Novembre 1891. à7h. du matin. Gr, 4950 4 570 8 040 7 610 9 070 10 980 14 120 13 260 12 330 12 920 9 190 11410 13 540 9 680 11 880 12 110 12 550 12420 9 980 $ 260 10 120 11 700 12 600 10 200 10 490 10 360 9 160 11 480 11 630 11 350 7 900 8 520 7790 6 720 6210 » 240 4080 7 100 7 860 Gr. 11480 6 980 10 080 totale. 19 930 27 640 20 630 22 960 18 650 24 730 23 550 23 070 26 310 29 510 26 620 22 170 23 870 25 590 29 360 26 610 27 480 27 550 25 510 22 570 26 740 29 940 94 504,0 totale con- sommée par jour. four- rage. POIDS des fèces, Gr. 12 310 19 950 13 970 13 490 14 650 15 400 16 540 15 37 16 700 15 320 15 700 14 920 13 740 16 440 16 010 15 080 15 670 14 510 13 090 15 310 12 970 14 540 15 030 15 840 16 240 16 620 14030 13 370 15 340 15 640 95 774,9 |15059,0 MATIÈRE sèche p. 100 des fèces, __ totale des fèces. 2 995 3 164 3 246 3 751 3 554 3 607 3 616 4 471 3 685,3 POIDS du cheval à 6h, du matin. 467,2 467,7 466,2 468,6 467,8 466,6 465,2 464,4) 466,5 465,6 466,6 465,6 465,2 462,9 463,3 467,0 468,3 TEMDÉ- RATURE du cheval à 6h, du matin, and Degrés 38 0 38 Î 9 > © à © = br bp 136 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N°0 I. (Numéro matricule 34 614,) TRAVAIL A LA VOITURE. DATES. Décembre 1891. 21 Moyennes . EAU BUE — 2" à7h. du matin. 3 680 6 590 8 780 8 320 9 310 5 700 8 470 1 990 11 260 950 , 9140 3 950 10 750 2 860 à à 6h. du midi, soir. Gr. Gr. 9 670 | 10 830 10470 | 8 900 12 440 | 13210 12940 | 8130 8 440 | 13 890 9830 | 9010 10 700 | 11500 | 11560 | 7230 8380 | 8140 5720 | 7850 | 5 880 | 12410 7620 | 3600! 11650 | 6980 | 4970 | 5610 11580 | 12 840 | 3640| 4370 | 12 440 | 19 630 | 5420 | 10 980 9 470 | 10680 | 7420 | 7480 9 560 | 11 350 8510! 4830) 9 650 | 11140 | 7480 | 10 310 10 390 | 10 090 | 7640 | 7500 | 15 290 | 13710 8490 | 6040] 11 840 | 14 460 8 680 | 10 580 12 980 | 13 500 30 250 27 340 27 300 24 600 24 210 22 480 25 680 30 720 16 530 21 420 12 670 29 670 9 250 28 410 20 080 26 740 23 680 29 230 22 650 26 490 26 260 27 980 23 670 30 250 29 790 29 340 | 94 846,4 1 569,3 EAU totale con- sommée par jour. POIDS des feces. Gr. 17 020 17 550 15 970 17 030 | 16 880 16 490 15 810 16 520 17130 15 830 14 900 9 860 16 160 12 310 13 370 9 970 13 550 13 450 18 880 19 450 20 840 19 180 19 660 15 800 16 420 15 380 16 550 15 060 16 950 16 050 18 150 16134,8 MATIÈRE sèche A p.100 | totale des feces. des fèces, Gr. 4 397,9 .00| 4 450,0 4111,2 3 587,9 3 561,6 4 304,6 5 407,1 5 751,8 5 063,5 5 563,9 4 044,8 4 302,0 4 091,1 3 458,2 4 078,2 4 282,7 | 4 089,5 3 884,1 "| 4060,9 porps | TEMPÉ- du | RATURE cu Pre ORNE TS E du | malin. | matin, Kil. |Degrés 170,4| 58 0 472,0| 27 8 467,9] 37 8 475,0| 37 9 165,2| 37 9 473,1| 37 8 165,1| 37 S 470,5| 37 8 157,3| 13719 465,9! 57 9 164,9| 38 1 164,8| 58 1 161,5| 38 1 458,3| 57 9 460,5| 38 1 454,6| 37 9 455,8| 37 9 461,3] 37 $ 458,5| 57 8 462,4| 57 7 461,7| 57 7 465,2| 37 8 455,7| 37 7 463,2| 57 8 451,3| 37 7 460,0! 37 $ 453,2| 37 8 459,6|.37 $ 449,5| 37 8 458,9| 37 7 445,6| 578 461,5| 37 8 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 137 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N0 2. (Numéro matricule 34 464.) RARAPE TES RAR EAU marière |porns | TEMPÉ-| EAU BUE totale POIDS sèche du RATURE _— RE — —— du con- a m——_— | CHIÉVAL du | | cheval Décembre Là 70h: à à6h. four- sommée p.100 | totale | à 6 b. à 6h. ‘ du re du totale. rage ASS fèces. des des qu du 1591. matin, | Midi. soir. jour fèces, | fèces, | Matin.| matin. ms | | |, | ne | ns | ns | me | nn Gr. Gr. Gr. Gr. Gr Gr. Gr. Gr. Kil, |Degrés 1 2940 | 7670! 1490 | 11400 | 1248,0 u 11 610 | 25.00! 2902,5| 475,0| 37 9 2 9 670 550 3 840 | 18 590 " " 12370 | 25.98] 3127,1| 477,4] 37 9 | 3 7 770 3 h20 6 660 | 17 950 " " 12 660 | 26.48] 3352,4] 479,2! 38 0 | 4 8 640 2 150 6 600 | 17 390 1 1 13 840 | 24.90! 3349,3| 481,0| 38 1 ù 4 400 1290 8520 | 14910 " Ü 12 920 | 25.88| 3 343,7) 477,4| 37 S 6 8 590 2 410 1910:| 12910 " " 14 900 | 23.36| 3 480,6! 476,2| 37 9 7 8 490 2 110 3490 | 14090 1 1 11 620 | 31.08! 2449,5| 475,5| 37 9 | 8 8910 | 5140! 4060 | 18110 u " 13 700 | 22.96| 3145,5| 478,1| 37 7 9 n 12200 | 2320 | 14 520 " " 13 760 | 24.48| 3368,4| 477,4| 37 9 10 9 260 1 820 6 650 | 17 730 1 " 12 560 | 24.56| 3084,7| 479,6| 37 8 11 9 550 3 080 6 960 | 19 590 " 1 14 580 | 95.80! 3 761,6] 479,4! 37 8 12 5 670 4 170 5 670 | 15510 1 1 10 890 | 25.60] 2787,8| 481,1| 37 8 13 4180 8 370 2 890 | 15440 1 " 14 630 | 23.92) 3 499,5] 481,2] 37 8 14 3 410 5 920 6 910 | 16240 1 1 12 810 | 24.88| 3187,1| 4S0,0| 37 8 Ar 4 380 8 470 7 360 | 20210 Q " 14410 | 24.90! 3 487,2! 483,4| 37 S 16 5 820 820 | 83S0 | 15020 u " 11 810 | 25.98] 2985,6| 479,5| 37 7 17 5510 | 5830 | 2920 | 14260 Q u 12 270 | 24.36| 2 988,9] 479,4| 37 S 18 10 630 3 340 7 090 | 921 060 u 1 11710 | 24.72] 2 894,7|° 484,0] 37 7 19 » 330 5 090 6 960 | 17 380 1 " 13 030 | 24.32| 3 168,9! 485,4| 37 7 20 7 380 1 870 1 9 250 Q " 13 010 | 25.16| 3273,3| 480,0! 37 $ 21 12 950 " 8130 | 21120 1 " 13 470 | 25.16) 3389,0| 482,7| 37 8 22 11 240 1 1960 | 13 200 " 1 12 790 | 27.68] 3540,3| 480,5| 37 7 23 6 400 8 090 7 090 | 21580 " 1 13 460 | 24,68] 3 321,9! 486,0| 37 8 24 8 020 " 7760 | 15 750 " " 11940! 21.68! 258S,6| 486,6| 37 7 | 25 2 090 5 650 3370 | 11110 1 " 12 430 | 92.72] 2 894,1| 483,2| 37 8 26 11110 1 330 7 090 | 19530 " 1 13 800 | 24,56| 3 389,3] 487,1| 37 7 | 27 1 030 9 240 5 200 | 15470 “ 1 13 960 ! 19.68] 2 747,3] 486,2| 37 7 | 28 8 810 1 6910 | 15 720 " " 12 260 | 26.76| 3280,8| 486,3! 37 9 | 29 5 790 133 9 600 | 16 720 " " 14000 | 22.48] 5 147,2] 486,0! 37 7 | 30 4 810 2 490 | 10 200 | 17430 1 1 13 420 | 23,20 3 113,4] 486,9] 37 S 31 2 960 6100 7 690 | 16750 " 1 11740 | 21.16} 2 484,2] 487,6] 37 7 | u " " 16 299,0! 1 248,0| 17 547,0 |12979,3 nu | 3144,0| 481,6! 37 S | Moyennes . _ 138 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N0 3. (Numéro matricule 37 999.) RÉPORS j TENPÉ- ASRDRL LEE EAU BUE HEA su POIDS ù ee de A rte cé ©" in con- —— - _—— | cheval S E des L cheval Décembre | à ; h. à e b. | four- pra a a à 4 à 6b. 1891. Pr midi. ir Net BE jour. + PR a matin. ee SP, PP, PE PP, PO, ss | Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Kil. |Degrés 1 7090 | 5990 9590 | 22670 | 1 248,0 1 15 470 | 24.60! 3 805,6| 467,0! 58 1 9 9240 | 49240 8 550 | 22 030 1 " 15 020 | 21.40] 3 214,3] 468,6! 38 1 3 8 660 | 1670 75S0| 17910 " " 13 540 | 23.00! 3114,2] 468,0! 37 9 4 9720 | 3010 9 320 | 22050 1 " 15 110 | 22.72] 3432,9| 470,5] 37 S ) 7930 | 1520 | 11770 | 21 220 " " 15 140 | 93.52! 3 560,9] 470,6| 37 6 6 4720 | 3300 | 12140 | 20160 1 " 13 270 | 24.00! 3184,8| 469,1! 37 8 7 9270 | 1800 5 470 | 16 540 " " 14350 | 24.90| 3 472,7| 465,0| 38 2 8 10070 | 4040 2 890 | 17000 " " 14 800 | 22.60! 3344,8] 462,5| 38 2 | 9 8100 | 1740 2 650 | 12490 1 " 12 920 | 24.68| 3 188,6] 460,0! 38 2 10 8100 | 3880 7550 | 19530 " 1 13 330 | 22.52] 3 001,9! 462,0| 37 8 11 5170 | 4940 7330 | 17 440 n 1 12 460 | 23.20] 2 890,7| 462,1) 57 7 12 5 790 | 3700 7 830 | 17320 1 " 12 950 | 24.48| 3 170,2] 465,2| 37 7 3 7710 | 7660 4180 | 19 550 " " 11 320 | 25.48] 3 184,3] 465,0| 37 9 14 6150 | 4860 4410 | 15 420 " ," 13 460 | 23.40! 3 149,6] 459,8! 38 1 | 15 8 290 | 4720 5050 | 18060 1 " 13 360 | 23.92] 3 195,7 er 37 9 | 16 7180 | 3 620 7210 | 18010 1 1 13 830 | 24.80! 3 429,8] 459,5| 37 9 | 7 8250 | 2290 8350 | 18890 u m 12 590 | 22.60! 2 845,3] 462,1| 37 8 18 10 360 " 6760 | 17120 " " 13 620 | 23.60! 3214,3] 460,0! 37 9 19 7 570 | 3270 5 520 | 16360 1 " 13 760 | 24.16| 3 324,4! 460,1! 37 7 | 20 6 650 | 7380 5 600 | 19630 " 1 13 420 | 25.00! 3 355,0| 463,4| 37 8 | 91 9010 | 2190 7 690 | 18 890 " " 14960 | 25.88| 3 871,6] 466,2| 37 8 | 22 8070 | 3170 | 11090 | 22330 (1 " 14 780 | 27.40| 4 049,7] 463,3] 37 8 28 9260 | 5 230 3 980 | 18470 " " 14 020 | 23.80| 3336,7| 465,7| 37 9 24 5 770 | 4040 7320 | 17130 " " 14 850 | 22.60! 3356,1! 466,1! 37 6 25 5 630 | 6 580 3110 | 15 320 " " 13 600 | 22.52| 3062,7| 467,3| 37 9 26 8 820 | 5430 6360 | 20 610 " " 14 500 | 23.20! 3 364,0! 469,2! 37 8 27 " 9 840 2 670 | 12 510 u " 13 660 | 23.00! 3 141,81 466,0! 7 8 28 7 490 " 8 070 15 560 u " 14380 | 24.20| 3479,9| 467,3| 37 S | 29 o 170 | 5 800 4560 | 15 530 0 " 14020 | 22.00! 3 084,4! 468,0! 37 6 50 6120 | 5 560 5210 | 16 890 " " 15720 | 21.60| 3395,5|] 468,0! 38 0 51 0 530 | 7480 3410 | 16420 u " 14 580 | 25.48| 3 714,9] 468,1! 37 7 | Moyennes . " " "| 18034,1[ 1248,0| 19 982,1 [13960,91 " |3320,6| 465,0! 37 8 | ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 139 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. À TRAVAIL A LA VOITURE, Numéro matricule 34 614.) EAU MaTièREe |porps | TEMPÉ- totale POIDS sèche du |/ATURE du —— 2 — con- d cheval cs ;l $ es cheva Fnvieet | #7 lb: four- | sommée p.100 | totale [à6h. |; 61. totale. : par fèces. des des du du ‘1892. TAB L" jour: fèces, | fèces, | Matin. | matin. | nn ns ns Gr. K Gr. Gr. Gr. il, | Degrés 12 940 | 10850 | 7580 | 31370 16 820 | 25. 4505,9| 459,5| 37 8 1170 | 15380 | 13680 | 30 230 14 120 | 23. 3 354,9 13470 | 3470 | 11 040 | 27 980 16 790 è 4 096,7 5 610 | 13160 | 13460 | 32 230 16 560 .20| 3 179,5 12510 | 6710 | 7510 | 26 730 16990 | 24. 4213,5 3 740 | 12 730 | 13480 | 29 950 15 730 | 23.20! 3 649,3 13500 | 9480 | 7370 | 30 350 16 130 | 26. 4193,8 3090 | 14070 | 14430 | 31 590 19 020 : 4 793,0 13120 | 6520 | 10160 | 29 800 14 640 | 25. 4 160,0 3 330 | 14090 | 13490 | 30 910 19:800°|: 22. 4 435,2 14160 | 5650 | 10 670 | 30 480 18750 | 25. 4 800,0 3570 | 12970 | 12670 | 29 210 19 450 : 4185,6 13590 | 9740 | 10860 | 34 190 17 700 | 26.40! 4 672,8 12 750 | 13390 | 27 030 18 750 | 22. 4 200,0 9660 | 8890} 30 790 19290 | 25.60! 4 938,2 13 870 | 13510 | 28 330 16 670 10650 | 6620 | 9530 | 26 800 18 600 5 710 | 12930 | 13 660 | 32 300 21 120 12850 | 9700 { 4 30 030 17 660 1910 | 12 690 34 28 930 19 350 13010 | 5790 18 650 2780 | 13 190 | 13 82 15 750 12 730 7 550 9 ; 16 890 6010 | 10 720 19 000 12340 | 13190 34 75 18 650 1580 | 12190 54 19 180 12710 | 14800 19 910 5 620 | 14790 Ë 20 530 13 490 | 12 090 34 820 18 800 2680 | 10930 26 980 18 480 .60! 3991,6 13 900 | 11 590 33 650 18 520 : 5 037,4 © OO "1 © OT C7 9 Moyennes , u 30 467,7| 1 613,5] 32 081,2 |18106,4 4 386,0 140 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2, EAU totale con- sommée (Numéro matricule 34 464.) ue DATES. EAU BUE EAU Æ É RE — du Janvier a7h à a6h four- du du totale 1800 lei dbmidissl4 rs LE Gr. Gr. Gr, Gr Gr. 1 7 950 580 3540 | 12070 | 1238,8 2 8 860 | 3660 | 10 280 | 22 800 u 3 7 370 910 9550 | 18 830 "u 4 1 600 | 6310 | 11160 | 19 070 " 5 6 550 m 7 660 | 14210 " 6 3580 | 2060 9 490 | 15 130 " d 8 700 960 5 100 | 14 760 "M 8 6 860 | 4160 7 340 | 18 360 1 9 7 210 " 2 890 | 10 100 " 10 6220 | +659 4590 | 12 460 " 11 11430 | 7020 | 11390 | 29 840 1 12 5 350 | 3020 8 900 | 17270 " 13 " 6 700 7780 | 14480 " 14 4 320 | 2810 7 660 | 14790 " 15 5 730 | 1 670 9 310 | 16 710 1 16 3 860 | 3220 7 100 | 14180 " 17 6 500 | 1780 6 520 | 14800 1 18 5 750 | 1450 | 11 060 | 18 260 " 19 5 880 | 3060 6 090 | 15 030 u 20 2 460 | 5 720 7470 | 15650 1 24 4 730 | 2 370 8220 | 15 320 u 22 2 990 | 4940 8 750 | 16 680 " 23 4290 | 4740 5 330 | 14 360 " 24 4 840 | 2730 | 10160 | 17 730 " 25 3 780 | 4840 | 10180 | 18 800 " 26 410 | 2 380 9 870 | 12 660 " 27 5 470 | 2 620 6 760 | 14850 " 28 1 260 | 2 940 9370 | 13 570 " 29 4220 | 1610 | 41320 | 17 150 1 30 3450 | 1180 | 10260 | 14 890 Q | 31 " 4 670 7 860 | 12 530 " Moyennes . " 0 n | 16 043,2] 1 238,8 17 282,0 |13557,7 POIDS des fèces. 13 020 12 910 13 500 13 710 12 950 13 900 13 760 13 650 13 790 13 970 16 630 14 260 15 700 12 090 13 460 12 250 14 700 12 240 16 540 11 870 13 440 14 040 12 800 13 950 13 170 12 520 13 860 12 230 13 410 12 300 13 670 MATIÈRE sèche — —— p. 100 | totale des des fèces. | fèces. Gr. 22.68| 2953 21.44| 92768 27.48| 3710 24.88| 3411 23.92] 3098 23.60| 3280 26.48| 3644 26.08| 3560 22.88| 3155 21.28| 2973 24.48| 4070 25.48| 8633 24.48| 3843 24.48! 9960 25.52| 3435 25.56! 3131 23.88| 3510 25.40| 3 109 24.64| 4075 24.88| 2953 23.88| 3209 23.88| 3353 23.48| 3005 POIDS du cheval à 6h. du matin. TEMPÉ- RATURE du cheval a 6h. du matin. Degrés 37 37 | 37 37 37 37 37 37 37 37 37 37 37 37 37 6 87 8 0 ("SR ON NC Ent — JON — CNT CO ON > PS OO © 1 Q2 | D @ 1 I OO I NN D O@® © C9 Ce 1 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 141 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N°0 3. (Numéro matricule 37 999.) REPOS. àa7h. du matin, midi. Janvier 1892. soir. totale, Gr. 16 140 17 890 14 890 13 040 14 130 16 970 16 680 15 450 10 840 18 920 22 660 15 670 15 7850 14 900 17 400 14 040 16 580 17 460 15 290 16 070 11 370 16 530 15 760 16 110 13 850 15 410 14 050 17 560 14 840 15 060 13 530 15 802,2 totale POIDS con- four- sommée par fèces. rage. ; 8 jour. Gr. 14 560 14 390 14 120 11 820 12 450 13 980 13 230 13 250 13 400 13 910 15 500 13 640 13 880 13 550 14 310 13 500 13 250 14 600 14 080 13 280 13 790 13 540 13 620 13 610 13 710 12 270 14 070 14 240 13 320 13 150 14 140 1 238,8 41,0 |15676,1 MATIÈRE sèche a — + p.100 des fèces. Li, totale des fèces. 2 969 2 321 3 258 3 330 2 972 3 365 3 248,3 POIDS du cheval à 6 h. du matin, 469,0 469,8 467,5 469,0 469,6 471,0 469,2 TEMPÉ- RATURE du cheval à 6h, du matin, Degrés 37 37 37 8 142 ANNALES DE LA SCIENCE. AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. (Numéro matricule 34 614.) Février du 1892. Gr. 9 190 T 570 8 200 4 470 9 240 3 240 30 20 1 690 4 460 4 390 4 680 8 860 5 050 2 320 4 920 1 880 4 360 4 640 5 050 2 790 450 100 4 950 5 880 3 910 3 810 4 080 3910 matin, EAU BUE à midi, Gr. 10 390 2 330 8 300 7 345 8 110 7 110 6 560 5 850 7 960 5 670 10 150 5 060 1 880 7 630 6 400 7 390 230 3 160 5 110 5 290 6 630 7 300 6 740 3 330 6 550 1 490 2430 2 360 8 780 à 6 h. du soir. Gr. 29 200 16 420 23 840 415 975 24 520 15 460 14 550 19 540 13 990 14 440 16 110 15 820 16 770 15 460 14 730 18 470 19 210 14 210 12 180 16 930 12 760 21 390 14 090 12 540 18 960 10 660 17 760 9 970 20 020 16 516,2 REPOS. 1 117,2 EAU totale du con- sommée par jour. four- rage. 17 633, 4 fèces. Gr. 12 650 13 810 10 930 11 850 12 770 12 620 11 960 12 640 12 660 12 350 13 290 14 O10 13 240 12 690 12 890 14 330 3 850 11 810 11 360 12 740 12 690 12 480 12 060 11610 12 790 11 880 12 790 12 450 12 080 12595,8 MATIÈRE sèche mm mm— | cheval totale des fèces. p. 100 des fèces. Porps | TEMPÉ- du | MTURE du : cheval à6h.|;,6h. du du matin. | matin. Degrés 442,5 444,0 439,1 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 145 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2. (Numéro matricule 34 464.) TRAVAIL A LA VOITURE. ST ep EAU MaTière |porps | TEMPÉ- S EAU BUE totale | PorDS eche du | RATURB — SE du con- —— — — | cheval du ; des 3 cheval Février a7h Ft à 6 h. four- summée p. 100 | totale | à 6 b. à 6b. du du totale. RS Pas fèces. | des des ge du 1892. matin. | Midi. soir, jour, fèces. | fèces. | Malin. | matin, Gr, Gr. Gr. Gr, Gr. Gr. Gr Gr. Kil. |Degrés 1 5 940 9 500 7390 | 22830 | 1 421,1 u 15250 | 25.68| 3916 | 484,1 1 à 7 990 2 300 9210 | 19 500 " 1 15 680 | 29.98! 4591 | 489,0| 37 9 3 8 300 9 420 ù) 070 25 790 1 u 15960 | 25.80! 4117 | 486,9) 37 $ 4 2 890 8 220 6150 | 17 260 1 " 11110 | 25.28] 2808 | 487,8| 37 8 5 6 790 7 850 9 420 | 24060 1 " 14330 | 22.96| 3290 | 483,2| 37 9 6 4 370 7 250 6 320 17 940 " " 15 400 | 25.16] 3874 | 486,0| 37 8 7 5 910 9 850 9 320 | 25 110 " u 16 27 24.,48| 3983 | 477,6| 37 8 8 8 300 9 130 6950 | 24380 " " 17870 | 24.68] 4410 | 484,0| 37 9 9 10 460 | 10 930 8 750 | 30 170 Q " 16330 | 23.88| 3 899 | 474,5| 37 8 10 8 940 7 990 8 920 | 25 850 " " 17 060 | 23.28| 3971 | 482,9] 37 7 11 8 880 | 10 560 | 11420 | 30 860 " u 19 910 | 27.08] 5 592 475,9| 37 S 19 7 020 8 430 | 12 090 | 27 540 0 1 20 310 | 24.28] 4931 | 482,9] 37 S 13 6 410 S110 | 13610 | 28 130 u 1 20 510 | 22.96| 4709 474,0! 37 8 | 14 8 860 | 10 790 7 890 | 27 540 u 1 19 670 | 22.68] 4461 | 481,9] 37 8 15 " 14 340 | 13 790 | 28 130 1 M 17070 | 21.88] 3733 | 469,5] 37 8 16 12 440 6 970 9 990 | 29 400 1 " 20 760 | 24.08] 4997 | 478,9| 37 7 17 2 840 | 14 670 | 14280 | 31 790 1 " 17170 | 22.88| 3928 | 463,3| 37 8 18 12 350 5 310 9480 | 27 140 u " 15 880 | 22.88| 3633 | 469,9| 27 S 19 6 2S0 | 14 980 | 10 750 | 31 290 " 1 16150 | 24.28! 3991 | 459,5] 87 8 | 20 13 630 7 510 | 10970 | 31970 1 u 16 780 | 25.98] 4242 | 471,8| 27 8 | | 91 5 130 | 14 690 | 14 500 | 34 320 1 1 16570 | 23.68| 3 924 459,5| 37 8 99 12 190 8 850 8930 | 29970 1 " 17 960 | 24.56! 4411 | 469,4| 37 8 | 33 3 040 | 14190 | 15 300 | 31030 Ù 1 16 110 | 27.76| 4472 168,5| 37 8 24 14 650 | 10 690 6 990 32 360 1 1 14 860 | 26.98] 3 905 462,5| 37 7 25 7 520 | 14590 | 12930 | 36 040 u M 16 740 | 24.56| 44111 452,5! 37 8 26 11 520 7 040 8 820 | 27 380 1 " 14740 | 25.96| 3 826 460,5| 37 7 27 1590 | 14 490 | 13460 | 29 540 " 1 14300 | 24.48] 3 501 149,0! 37 8 | 98 9 950 S 970 5 840 | 24 790 1 1 15 870 | 26.12| 4145 456,3| 37 8 29 7 870 1 10 960 13 850 u 1 16710 | 25.98, 4 294 149,8| 38 0 Woyennes . " u "| 27273,8| 1 421,1| 98 694,9 |16666,5 "| 4114,7| 472,4| 37 8 | 144 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 3. (Numéro matricule 37 999. RL DE sau pur TR nl te AIN EE Fe D con- 1 | cheval fr0 : ; cheval Févaer tit ab à à6h. four- | sommée p.100 | totale [à6h.|,6n | ee cu a totale. rage. par feces. des des me du 5 matin, | Id, soir. jour. fèces, | fèces. | Matin. | matin, Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Kil. |Degrés | 1 7970 | 3560 | 2100 | 15630 | 1 117,2 u 11 890 | 25.00| 2971 | 466,2 u | 2 9 770 2 790 6 260 18 820 1 " 12 870 | 93.60| 3037 | 472,8| 37 7 3 3 090 7 900 » 570 16 560 0 " 13 600 | 22.98| 3030 | 467,8! 38 0 4 3050 | 7215 | 2460 | 12 725 n 0 10 550 | 25.32] 92671 | 465,5| 37 8 P] 5 590 | 4420 | 4070 | 14080 " n 12 340 | 25.00! 3085 | 465,7| 57 8 6 3310 | 4750 | 4190 | 12310 " n 11350 | 25.20] 2860 | 465,4| 37 8 7 5930 | 3850 | 7480 | 17 260 u 1 13 920 | 22.28| 3101 | 466,3] 37 9 8 8 060 880 | 6190 | 15130 u " 12 880 | 23.68| 3049 | 466,0! 37 8 9 6690 | 5370 | 5080 | 17140 " " 14 640 | 23.40] 3425 | 465,7| 37 8 10 8300 | 49270 | 7240 | 19 810 u " 14 180 | 22.20| 3147 | 469,5| 37 8 | 11 6480 | 3310 | 7320 | 17110 u " 14 120 | 22.60| 3191 | 470,0! 37 9 12 8 200 680 6 470 15 350 " ” 15 800 | 26.80| 4234 469,0 37 8 | 13 6 590 9 160 3 310 19 060 Q " 15 620 | 22.80| 3561 | 471,0! 37 9 | 14 7750 | 5060 | 7720 | 20 530 n " 15 290 | 22.00| 3363 | 473,3| 37 7 15 1 090 6 390 5 b00 12 980 1 " 14310 | 22.48| 3217 | 468,5| 37 7 16 6 100 1330 7 090 14 520 D " 13 620 | 22.20! 3023 | 467,8| 37 8 17 5170 | 2830 | 7850 | 15 850 " " 413 550 | 23.88| 3935 | 466,5| 37 7 18 2270 | 5200 | 8390 | 15 860 " " 13 450 | 23.60| 3103 | 468,0! 37 7 19 1430 | 6850 | 2430 | 10710 " " 12 800 | 24.20| 3097 | 466,6| 378 20 2.220 270 | 6970 9 460 n " 14 020 | 25.40] 3561 | 460,0! 37 7 21 6910 | 7960 | 8320 | 23190 ” ” 14210 | 25.00| 3552 | 467,8| 37 7 22 3 790 7 330 8 440 19 560 Q " 13 750 | 24.20] 3327 | 471,9} 37 8 23 n 6740 | 7050 | 13 790 m m 13 350 | 24.60| 3284 | 468,5| 37 7 24 3 780 6 760 " 10 540 " 1 13 140 | 23.80! 3127 | 463,5| 37 8 25 8 670 3 880 6 830 19 380 1 " 13 650 | 24.60! 3358 | 468,5| 37 8 26 7 360 1 930 7 210 16 500 " 1 14 190 | 25.40| 3603 | 466,7| 37 8 27 5 100 7 930 3 020 13 050 " w 14 120 | 24.40] 3445 | 468,5| 37 7 28 6180 2 360 6 290 14 830 " Q 13 880 | 24.S0| 3442 | 468,8| 37 7 29 1220 | 9530 | 2980 | 1373 " " 13730 | 24.08! 3306 | 467,4! 37 8 Moyennes ,| 0 "._|15636,5| 1 117,2] 16 758,7 |13604,1| » |3255,3| 467,7] 37 8 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 145 _ ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. Numéro matricule 34 614.) REPOS. EAU marrèræ |porps | TEM- totale POIDS sèche du RATURE du con- ———— - _—— | cheval : sommée p.100 | totale à 6h. is par des des du ln jour. fèces. | fèces. | matin. | matin. D Gr. À ; il. |Degrés! 12 500 u 11 320 | 26. 3020 41,9| 376 | 17 910 11 570 | 26.28| 3041 18 950 n 13 650 | 24. 3 276 12 700 10 850 | 24.80! 2691 18 910 1 13 780 | 24.16| 3 329 21 060 1 13 520 | 25.48] 3175 11 220 11 800 | 24. 2 903 15 900 11 540 | 95. 9 894 15 860 11 290 | 26. 2945 | 449,0! 37 13 510 24,4 21 | 440,5 11 770 9240 | 6 94 040 080 | © 11 990 430 | 19 820 7530 | 38 12 910 6650 | 59 18 780 4710| 4310 | 13250 12 900 10 | 21 500 8980 | 25 16 980 5 180 16 190 3 570 18 580 4 900 12 040 5 230 14 480 12 400 6 960 50 | 15 680 " 12 080 16 850 11 650 23 630 13 290 13 260 | 12 890 17 200 | v 12 430 14 150 | 11 580 15 540 15 720 31 É 7 59 17 790 0) 11 280 Moyennes . 16 191,3] 4050,0| 17 241,3 |12626,1 ANN. SCIENCE AGRON. — % SÉRIE. — 1896. — 11. 10 146 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N0 3. (Numéro matricule 37 999.) TRAVAIL A LA VOITURE, Moyennes . " " EAU BUE mA RO Re er on OR LR RR ER à du a7h à | à 6h. four- Re midi. us Dre Tage Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. 8 770 4 0S0 4 810 17 660 | 1 199,7 9 790 3 640 6 790 | 20 220 " " 10 080 6 030 | 16110 " 8 890 | 10 220 3 650 | 99 770 " 9 720 | 11 770 | 5 830 | 30 320 " 11 620 2 090 8 940 | 292650 " 7 980 8 990 | 11 810 | 98 780 Q 10 490 4 980 4 630 | 20 100 " 11 180 | 13 480 7 640 32 300 " " 11 840 | 11 050 | 22 890 " 9 610 2 500 | 12250 | 24 360 1 4 330 1 430 | 13 140 | 18 900 " 9420 | 7780 | 12160 | 29 360 u 14 190 4 670 7 440 | 26 300 1 13 010 6 710 | 14080 | 33 800 u 13 890 1 960 7 720 | 23 570 1 13 170 6 840 | 14130 | 34 140 u 14 840 4 700 8 770 | 28 310 “ 13 340 8010 | 13560 | 34910 " 13 990 | 10 780 2 750 | 27 520 " 13 620 | 12 850 | 14390 | 40 860 " 14 690 7 680 5 590 | 27 960 " 13 190 6 870 | 14 490 | 34550 " 13 760 7 570 9 400 | 30 730 " 7 780 | 10210 5160 | 923150 1 14 770 8 540 8230 | 31 540 " 6710 | 10 890 | 13 760 | 95 260 " 14 970 3 300 8 130 | 26 400 1 7 580 | 11 740 | 13 620 | 32 940 " 13 380 2 510 9 040 | 24 930 1 9 640 9 420 | 14590 | 33 650 "“ 27 320,9 | 1 199,7 EAU totale POIDS con- des sommée par jour. fèces. Gr, u 13 710 u 13 660 u 13 430 u 17 270 u 19 360 " 19 020 u 18 990 " 18 060 u 19 550 " 16 540 " 19 410 " 19 590 u 20 910 " 16 780 u 20 350 u 20 460 u 16 210 " 17 660 u 16 200 " 17 350 " 17 190 " 16 690 1 15 S90 " 20 110 " 17 520 1 14 780 u 18 690 " 16 430 " 19 350 " 16 730 " 19 110 28 520,6 |17645,6 OssenvarTion. — Le 3 août, le cheval no 3 a pris le travail à la place du no 2. MATIÈRE sèche p. 100 | totale des des feces. | feces. LO RO NO >> C9 Or Porps | TEMPÉ- RATURE du cheval à 6h, du matin. du cheval à 6h. du matin, Degrés| 37 8 C2 Le 19 1 Lu Les] _ ” [=] 1 CO 00 00 DO OT CS LS O0 TO CO ET RIO0 D CO OUT D LC0S LOO NS PO SCO NOTE OO ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 147 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. Numéro matricule 34 614.) REPOS, 5 160 5 530 5 920 9 220 5 110 6 330 4 420 4 830 6 430 4 050 1 090 5 160 5 710 4 450 6 270 3 760 7 050 4470 10 120 2 740 8 030 2 390 4220 4180 10 060 3 610 2 520 5 470 5 790 6 820 EAU BUE à midi. 6 000 9 750 6 180 11 050 7 510 9 220 » 840 12 890 7 240 8 840 9 930 5 510 6 130 8 310 410 3 560 6 120 3 940 8 030 5 540 9 260 3 710 10 360 5 280 3 110 2 610 1490 à 6 h. Gr. 7 940 6 360 ù 650 | 6 150 6 940 11 880 5 020 11 660 7 730 11 750 6 830 12 190 > 860 9 290 8 190 10 170 7 890 8 220 7 920 10 030 8 690 9 680 4050 3 880 5 630 1780 8 790 9 720 6 930 10 360 17 820 17 290 15 910 21 370 21 800 24 390 20 490 24 000 23 380 21 640 20 810 24 590 20 410 23 670 19 970 20 060 23 250 16 100 21 600 18 890 20 660 20 100 13 810 17 320 19 400 15 750 16 590 18 300 15 330 18 670 du four- rage. OnSBRYATION, — À reporter au mois suivant les moyennes. EAU totale con- sommée par jour. POIDS fèces. MATIÈRE sèche LE p. 100 | totale des des feces. | fèces. POIDS du cheval à 6h. du matin, Gr. 13 640 14 050 14 520 16 800 14 130 14 120 12 980 14 620 15 700 13 800 14410 15 340 15 520 14 230 14 590 14 380 13 150 14 260 12 680 13 990 14 990 13 850 14 210 13 130 13 530 13 400 11 780 11 740 12 980 12 950 Kil. 459,7 454,0 451,4 450,2 452,0 451,6 451,3 452,0 452,0 453,2 450,5 450,0 447,0 448,4 448,9 449,2 446,0 443,0 446,2 448,2 450,1 451,8 447,4 446,1 446,9 447,2 448,0 | Degrés| TEMPÉ- RATURE du cheval à 6h. du matin, 37 9 © 1 oo © Pt J mm AIO AIO ID NN OO D I © 1 NN OO 1 © 148 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N9 3, (Numéro matricule 37 999.) DATES. Eh à7h. du 1892. matin. eee Gr. 1 14 860 2 8 030 3 15 090 4 8 780 b) 15 050 ( 7 310 7 14 960 8 11 190 9 14 970 -10 3 990 11 15 160 12 10 490 13 16 020 14 8 680 15 45 570 16 4 860 17 14190 18 9 030 19 15 150 20 9 820 21 15 250 22 © 8460 | 25 14 800 24 9 180 25 15 650 26 8 230 27 14 650 28 8 110 29 14 830 30 8 440 EAU BUE à midi, a 6h. du soir. & —— totale. EAU du four - rage. TRAVAIL A LA VOITURE. EAU totale con- sommée par jour. POIDS des fèces. MATIÈRE sèche Re — © p. 100 des fèces. Gr. 9 420 12 620 13 950 12 340 15 190 13 930 11 970 13 870 8 010 15 080 10 860 14 330 9 340 14 450 7190 13 77 3 540 11 210 6 460 12 290 9 980 14 070 13 350 Gr. 7 370 14 610 2 260 14 810 13 670 15 140 8 430 15 300 12 240 15 620 11 020 14 740 8 050 9 240 7 070 14 720 > 890 14 430 12 770 14 490 12 820 14 580 10 030 14 720 8 840 15 080 10 830 13 980 7 190 14 910 Gr. 31 650 3 260 31 280 35 930 43 910 36 380 35 360 40 360 35 220 34 690 37 040 39 560 33 410 32 370 29 830 33 350 23 620 34 670 34 380 36 600 38 050 37 110 38 160 38 830 30 380 39 940 34 350 32 070 27 990 38 430 Gr. Gr. Osservarion, — Les moyennes sont reportées au mois suivant, Gr. 15 520 16 940 14 850 16 220 19 360 14 250 15.920 15 860 15 280 14 780 16 040 18 530 15 860 16 800 15 610 15 070 19 310 17 310 20 920 16 890 20 490 18 970 20 130 16 320 17 500 14 370 19 940 18 250 17 230 18 390 totale des feces. POIDS ravi. | du cheval à 6h. du matin, RATURE du cheval à 6h. du matin. Degrés 8 9 1 @ © Œ@ œ Œœ@ © Lo + [ON — [#2] æ © © [2] © OO © O0 O0 O0 © O0 © OC OO © OC din à titine St loénèun. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 149 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 1. (Numéro matricule 34 614.) nr DER REUAREUE SN, ut POIDS < ee te va RENE a+ —— 0 du con- —— - — | cheval du Mai àa7h. à à 6h, four- sommée p.100 | totale [à 6h. Fes du du totale. par fèces. des des du du 1892. matin. | midi. soir! is jour. fèces. | fèces. | matin. | matin. mms | mme © name emœœœms | meme | nes | acmamensenes ncenmcs | mcmmeme | Ces | empcnamer Gr. Gr Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Kil. |Degrés 1 6 550 2 600 2790 | 11940 | 894,8 " 13950 | 25.52] 3 560 | 442,0! 27 7 2 7 690 5 090 | 10510 | 23 290 " " 13 080 | 28.00| 3 662 | 448,2] 37 6 3 5 980 6430 | 2740 | 15150 m u 11 940 | 26.00| 3097 | 447,0| 57 6 | 4 4 370 6 570 8280 | 19 220 u u 11 760 | 25.72| 3025 | 449,3] 57 7 D) 4 490 3 060 6030 | 13 580 " " 12 380 | 28.80] 3565 | 445,9| 37 7 ( 8 290 1 450 8390 | 18130 " " 11 830 | 27.36| 3237 | 447,9] 57 6 7 5 430 4590 | S010 | 18030 u u 15 080 | 27.60] 4162 | 448,8] 37 7 8 2 740 | 114420 | 8090 | 22250 " u 45150 | 24.92] 3775 | 454,9] 37 6 9 6 890 4410 | 4830 | 16130 " n 19 580 | 27.60| 3472 | 451,8] 37 6 10 4 960 8750 | 67S0| 20490 " " 12 880 | 27.40| 3529 | 451,5] 37 7 11 6 260 4 390 6770 | 17 420 " 0] 13400 | 26.48| 3548 | 448,6] 37 8 12 9 780 1 680 | 10530 | 24 990 " u 13490 | 24.80| 3345 | 449,3] 37 7 13 7 760 5 040 | 11 490 | 24260 " u 11 910 | 24.20| 2882 | 449,6| 37 7 14 5 530 3960 | 12600 | 22090 " u 14000 | 25.80! 3612 | 448,6| 37 8 15 8 810 2 090 8430 | 19 330 " "u 11 670 | 23.80] 2777 | 448,2] 37 6 Moyennes . " " "| 19503,8] 894,8 | 20 398,6 |13656,4 u | 3501,4| 449,2] 37 7 150 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N© 8. ; TRAVAIL A LA VOITURE. (Numéro matricule 37 999.) re LS D EUnE He es POIDS Ù ru su = ER ——— _— du con- ———— — | S ; des | Mai à7h. à à 6 h. four- sommée p. 100 | totale | du du totale. par fèces. | des | des 1892 matin, | Midi. soir. en jour. fèves. | fèces. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. 1 14 510 6 690 8720 | 29920 | 1 104,2) “ 19 800 | 23,80| 4 712 2 13 020 | 10 580 | 14460 | 3S 060 u 1 20 150 | 24.80| 4 997 | 3 14 580 8710 | 11420 | 34710 " " 23410 | 24,92| 5834 4 9 910 | 14470 | 14720 | 39 100 " " 16910 | 20.92| 3537 5 15 610 8 670 | 12090 | 36 370 " " 19 510 | 26.20| 5 112 6 11 480 8 530 15 080 | 35090 " " 19570 | 22.40! 4384 7 15 990 9 530 | 14260 | 39 780 " " 21 510 | 25.72] 5 609 ë 7 090 | 14210 | 14390 | 35 690 u n 20 140 | 22,88| 4 608 9 15 480 9 410 | 45120 | 40 010 " " 20 110 | 24,98] 4 883 10 10 490 | 15 630 | 14970 | 41 090 " u 16130 | 25.08| 4045 il 15 630 | 14770 | 11860 | 42 260 " u 20 130 | 23.20| 4670 12 9 490 | 15630 | 15210 | 40 330 " Q 16 690 | 23,84| 3 979 45 45 750 | 14690 | 41 340 | 41 780 1 u 18 250 | 23.60| 4 307 1: 8680 | 14490 | 15 270 | 38 440 " " 19 110 | 24.92] 4762 | 15 15 530 | 15 160 | 12 180 | 42 870 " u 21 030 | 22.98 x 4 685 | Moyennes n u mn. | 36028,4| 1 404,2) 37 132,6 |17903,5] v |4258,84 POIDS du cheval à 6 h, du matin, Kil. 437,8 439,3 440,5 439,4 444,3 432,6 444,6 430,7 446,5 430,0 443,6 429,5 443,2 430,7 443,8 441,5 TEMPÉ- RATURE du cheval à 6 h, du matin. Degrés 37 8 37 9 37 8 37,9 37 8 37 9 37 8 37 8 38 0 37 8 38 0 37 8 33 0 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 151 ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2. (Numéro matricule 34 464.) EN ROUES: EAU marière [eorps | TEMPÉ- EAU BUE totale RATURE || du {|| = | ; ar cheval | àa7h. ; à 6h, four- soummée p.100 | totale [à 6h. a6h. du | du totale, rage par | fèces. des des du fhn 2 ; tour | ne 3 1592. matin, | Jour. fèces. matin. ! matin. |] sèche du con- ——— — _m— | cheval Juin | À cl Ce cree Gr. ; Gr. Gr. Gr. Gr. ”, il. | Degrés 8070 | 13110 | 14160 | 35340 | 1118,5 17 340 5. 4 626 38 1 11580 | 7360| 7150 | 25 890 14 850 9 10 260 | 11 960 | 12 830 | 35 050 17 770 | 23. ; : 85 0 5| 37 9 9 14450 | 9480 | 11740 | 35 670 | 19 900 14390 | 8580 | 14770 | 37940 20 770 12780 | 8950| 9820 | 31550 18 920 12510 | 11980 | 14650 | 39 140 19 120 9270 | 9480 | 12200 | 30 950 17 120 8 400 | 14 320 | 15270 | 38 190 18 320 | 24.48| 4485 | 470,0 12610 | 13230 | 13290 | 39130 17250 | 25.9 481,4 12660 | 10 5L0 | 115 590 | 38 840 18 700 | 26.88| 50 467,0 15410 | 14240 | 10570 | 40 220 | 18320 | 24.68] 4521 | 478,6 7140 | 14720 | 15300 | 37 160 18350 | 28.48] 5220 | 464,6 13080 | 9350 | 9550 | 32880 16550 | 27.68| 45 475,2 8630 | 13830 | 13460 | 35 950 17840 | 25.4:| 4538 | 464,0 14900 | 12210 | 9620 | 36720 19 020 ÿ 9 220 | 13620 | 14970 | 37 810 18 580 13370 | 12560 54 960 19 100 13 490 | 13 640 | 1 42 200 17 870 14 160 | 10 060 ÿ | | 19::0 8 960 | 10130 | 13 7! 39 17 360 14780 | 15 060 0 | 378€ | 19 800 8 680 | 15 510 ÿ 17 090 11 140 | 418 | 16 680 L4150 | 15580 | 26: 16 370 13 150 | 11090 |. 39 5 | 16000 15 670 | 14990 | 35 6$ | 14 850 14 590 | 13 660 2: 15 160 15 060 5 6 | 16480 11 610 | 1° 40 6 | 14 690 = @ @ © OO +” © ©: ‘©. ‘el QD LOMME LOL re. ble [2] 17062,0 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. CHEVAL N° 2. (Numéro matricule 34 A 464.) TRAVAIL A LA VOITURE. Juillet 1892. Moyennes . EAU EAU BUE 0 EE ——— du AE à à 6 h. four- du du totale. rage matin. | Midi. soir, ; Gr. Gr. Gr. Gr. Gr. 4230 | 15290 | 15980 | 35500 | 1 173,2 149200 | 15 110 | 15260 | 44 570 1 15 210 | 15 470 | 16 470 | 47 150 u 15 670 | 4:55 170 | 10 480 | 41 320 " 12 140 | 15 000 | 15 640 | 42 780 u 15 470 | 14 440 7 450 37 360 " 15 650 10 620 15 410 14 210 15 390 11 810 14 640 13 710 11 840 10 540 15 460 12 390 15 190 11 590 14 850 15 240 15 610 8 590 " 15 190 15 490 15 450 8 540 15 300 13 530 15 230 14 740 14 760 15 190 12 190 12 570 15 060 7 760 14 480 13 990 15 160 14 670 14 080 15 050 15 060 14 710 14 880 14 920 14 190 (12 15 190 6 090 15 020 11 030 16 040 5 610 15 290 7 730 15 450 11 470 15 390 6 230 14 950 11 840 15 110 9 550 15 280 13 490 15 130 11 890 15 260 15 330 16 250 10 960 15 830 34 190 u 41 820 " 34 240 " 43 200 " 35 380 u 40 980 u 43 620 1 41 600 1 42 130 u 41 910 u 4% 890 " 46 370 Q 41 490 " 38 610 u 40 076,8] 1 173,2 EAU totale con- sommée par jour. 41 250,0 |15823,5 POIDS des fèces. Gr, 15 370 16 140 16 160 13 910 15 020 14 050 14150 12 320 12910 11710 13 600 12 250 13 480 18 920 16 720 | 16 840 15 740 15 700 15 650 18 780 17 770 19 000 16 460 18 920 17 060 16 470 15 990 18 010 17 220 16 840 17 370 MATIÈRE sèche p. 100 | totale des des fèces. | fèces, Gr. 25.68| 3947 25.48| 4112 24.16| 3 904 24.48S| 3 405 23.32| 3503 28.28| 3975 26.48| 4030 26.68| 3287 26.40! 3408 26.20| 3068 27.68| 3764 26.68| 3 268 25.40| 3424 25.68| 4850 25.48| 49260 27.68| 4661 27.00! 4250 27.52| 4591 28.88| 4 520 27.56| 5176 25.68| 4563 28.88| 5487 28.40| 4675 27.28| 5161 25.76| 4395 26.48| 4362 26.56| 4947 25.48| 4589 26.48! 4560 26.24] 4419 26.48| 4600 POIDS du cheval à 6 h. du matin. TEMPÉ- RATURE du cheval a 6h. du matin. | ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. RATIONS CONSOMMÉES. Nous avons fait remarquer plus haut que les rations fixées n’ont pas toujours été consommées entièrement par les chevaux. On a, comme dans toutes les expériences précédentes, tenu compte seulement des quantités réellement ingérées. Ces quantités moyennes journalières sont réunies, mois par mois, dans le tableau ci-dessous, qui indique, en outre, la teneur moyenne en eau des fourrages consommés : TAUX p. 100 d’eau n° | du de la tourteau,| paille. QUANTITÉS INGÉRÉES RÉELLEMENT PAR JOUR. RS CS SN Cheval n° 1, Cheval no 2, A — a — Paille, Cheval n° 3, Tourteau. Tourteau.| Paille, |Tourteau.| Paille. Juin 1891 Juillet 1891 Août 1391.77". Septembre 1891. Octobre 1891 , . Novembre 1891. . . Décembre 1891. . . Janvier 1892 . . Février 1892 . . . MATOS CUS Avril et mai 1892 . . Juin 1892: : . 1.12% Juillet 1892, . . . . Observations : .92 .42 .16 .34 .49 .82 4.01 8 .49 .13 9. 10 .70 9. 10. 83 42 11.84 (EL 12.36 11.15 12. 14.3: 17. 18.4 A7 17 13. 11.1: aie Kilogr. 5,317 4,000 4,500 6,500 4,000 5,500 6,415 7,000 4,000 4,000 4,000 LA 2 9 (16 Kilogr. 4,217 4,000 4,00 4,333 4,000 5,500 3,907 4,000 4,000 4,000 4,000 9 + Kilogr. 4,900 5,900 4,000 5,500 6,500 4,000 4,000 4,000 7,000 " L LA 1 7,000 7,742 Kilogr. Kilogr. Kilogr. 4,000 4,500 5,500 D ue QI, DENTS CUS 1, LE ER OO PE PT ER NU PO AE OR EE PO PE 1 Cheval boiteux, ? Chevaux ayant terminé leurs essais, Les quantités de matière sèche consommées Journellement pen- dant cette série d’essais se déduisent aisément des données précé- dentes ; elles se trouvent réunies dans le tableau suivant : Juin 1891 Juillet 1891 Août 1891 Septembre 1891 Octobre 1891, ,. Décembre 1891 Janvier 1892 Février 1892. . . . Mara 18992 uen. Avril-mai 1892. . Juin 1892 . . . Juillet 1892 Novembre 1891. . . . CHEVAL N° 1. EE CHEVAL N°0 2. © CHEVAL NO 3: Tourteau. CARRE ee D Gr. 4736,1 3 583,2 3997,8 5 762,9 3 540,4 4739,9 5 517,3 6125,7 3 594,8 3 636,0 3 652,0 Paille. Tourteau, Gr. 3717,4 3602,0 3934 ,4 3 850,7 3517,2 4711,9 3235 ,4 3260,8 388,0 3314,0 3453,2 Gr. 4008 ,6 4926,9 3553,6 4876,3 5753,2 3447,2 3439 ,6 3 500,4 6 290,9 " 6311,9 6935,3 Paille, Tourteau, Gr. 3967,2 4952,7 3505,6 4887,8 3644,7 3426,8 3312,4 3260,8 3288,0 Gr. 35063,2 4031, 1 4886,2 3 046,4 4860,0 5 601,7 3439,6 3500,4 3 594,8 6 186,7 6 898,2 Paille. el Gr. 3526,4 3267,9 2954,3 3495,3 2864,8 | 2997,4 | 3312,4 3260,8 | 3288,0 | 2 803,6 2822 ,0 154 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. COMPOSITION CENTÉSIMALE DE LA MATIÈRE SÈCHE DES TOURTEAUX ET DES PAILLES CONSOMMÉS Pour arriver à établir les coefficients de digestibilité des trois chevaux, pour les différents éléments nutrilifs des rations consom- mées, on à déterminé, sur des échantillons moyens prélevés fré-- quemment, la composition centésimale de la matière sèche des tourteaux et des pailles, composition indiquée dansle tableau suivant CELLULOSE EE saccha- rifiable, CENDRES. AMIDON. INDÉTER- GRAISSE. brute, PROTÉINE. Tourteau. 1 .b8 .78 .24 -20 © LEO 1 Septembre 1891 Octobre 1891 Novembre 1591 Décembre 1891 Jauvier 1892 MHévrienis920 mu | Mars 1892. . . . Avril-mai 1892 I 1 © © YO D II a UNIS OIOR OO C5 CS C5 LEO 19 1O 19 O9 LOM— 1 © œ | Juillet 1892.. Paille. IE RE < 15. Septembre 1891 à S 13.6 Octobre 1891 0.40 | 33. 15.8 18. 15 16. 13.6 15. 16. 15.35 16. & Févrièn 1892. 2. | Mars 1892 Avril-mai 1892 Juin 1892 1 © O0 19 C* © © à OO Or OE © OO © sien NE CaTE LE die alilire En ne pe be pe de mm nn C0 pe QT D © EE - = De ne me be = pie nn ee RO de = 19 A RS UE CE PEUT TO CON Æ 1S © ts re) COMPOSITION CENTÉSIMALE DE LA MATIÈRE SÈCHE DES FÈCES D'autre part, on a déterminé mensuellement la composition cen- tésimale de la matière sèche des fèces de chaque cheval sur des ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 155 échantillons obtenus comme suit : On prélevait quotidiennement un échantillon moyen des fèces émises, qu’on desséchait dans une étuve à basse pression pendant 24 heures environ. Après broyage, ces échantillons journaliers étaient conservés jusqu’à la fin du mois, et à ce moment on prenait, de chacun d’eux, un poids représentant une partie aliquote (le 1/100° par exemple) de la matière sèche rendue par chaque cheval; on obtenait ainsi un échantillon moyen mensuel, dont la composition est donnée ci-dessous : E CELLULOSE 4 . £ ; il 5l$lslElés £ saccha- Ê D 3 = à £ ù pates rifiable. F 6 d = US > Cheval n° 4. | Juin 1891... . . . . . .. 11.08 | 25.83 | 15.35 | 4.60 u 5.80 9.60 | 27.74 Juillet 1891... 10.64 À 26.71 | 14.21 | 3.89 " 4.60 7.69 | 32.26 | Août 1891. . . . . . . . :. 12.37 | 24.281 | 13.88 | 4:43 INA ST UINS 076 | Septembre 1891 . . . . . . . 10.40 | 23.80 | 11.03 | 7.17 u 4.36 | 9.13 | 34.11 OCIODFEULS IL RER NT 9.53 | 26.39 | 11.97 | 4.40 u 4.29 9.01 | 34.41 | Novembre 1891 ; . . . . . . 11.48 | 26.72 | 13.19 | 3.55 u 4.75 | 9.08 | 31.23 | Décembre 1891 . . . . . . . 12.04 | 24.82 | 12.82 | 3.56 " 5.44 | 11.14 | 30.18 | | Janvier 1892 . . . . . . .. 10.41 [25.58 | 12.32 | 3:34 n | 437 | 10.62 | 33.37 | Février 1892 . . . . . . .. 11.12 | 26.37 | 14.82 | 3.20 | » | 5.02 | 10.75 | 31.72 MATE ROIS TE Ce | 11.40 | 25.65 | 12.97 | 3.73 u 5.60 | 9.72 | 31.63 Avril-mai 1892 . : . . . . . 11.09 | 27.385 | 15.51 | 1.69 " 6.23 | 9.41 | 28.72 | Cheval n° 2. D RÉ SL Net SIM ACTE 11.92 | 25.95 | 13.50 | 5.04 i 6.51 9.06 | 28.72 JATERLSON EUROS 9.88 | 28.49 | 14.91 | 4.40 " 1.35 8.17 | 30.50 LANG LE MS ON EN MENTON 10.85 | 26.99 | 14.76 | 3.93 u 4.65 | 7.68 | 31.14 | Septembre 1891. . . . . . . 11.09 | 26.13 9.94 | 7.05 " 4.35 6.69 10934.7 l Octobre 1891 . . . . . . . . 10.74 5.61 | 13.89 | 4.82 u 5.13 8.96 | 30.85 | Novembre 1891 . . . . . . . 10.82 | 28.29 | 12.92 | 3.69 " 4.33 8.50 | 34.45 Décembre 1891 . . . . . . . 12.68 | 27.68 | 14.66 | 3.38 u 5.07 | 8.51 | 28.02 TAILLE nr 12.01 8.41 192.58 | 2.71 mn 4.49 8.66 31.14 R'évrienis92 00-16-00. 14.00 | 23.65 | 12.06 | 2.90 u 6.02 | 11.63 | 99.74 | JUN NES ER ET 14.13 | 26.50 | 14.97 | 1.68 u 6.07 | 10.52 | 26.13 | JALUS ISIN EEE UC CNE 14.13 | 25.93 | 16.02 | 2.30 " 6.80 | 8.33 | 26.49 | | Cheval n°3. PRO EC M OPEN EE RARE 11.59 | 26.11 | 14.71 | 3.97 D 5.05 | 8,74 | 928.93 Jutllet is. Ne ere 11.20 | 27.50 | 14.68 | 2.88 " 4.73 8.09 | 30.32 AOBT ASS ANRT ENT. 12.68 | 25.37 | 14.78 | 4.55 " 5.23 | 8.26 | 29.13 Septembre 1891. . . . . . . 10.64 1 26.28 | 10.24 | 7.61 u 4,48 7.70 | 33.08 | OCODIEIEMEE ENT 11.10 | 24.02 | 13.04 | 4.82 n 6.12 0198/7317 Novembre 1891 . . . . . . . 12.64 | 23.13 | 12.90 | 4.921 u #.16 9.40 | 32.51 | ! Décembre 1891 . . . . . . . 13.45 | 26.31.| 14.85 | 2.32 u 5.17 | 8.28 | 29.62 OR EN AR ne .82 | 27.52 | 13.07 | 3.78 u 5.67 8.40 | 29.74 | 2.96 | 95.07 | 12.36 | 2.72 " 6,9% | 10.34 | 30.32 | DRE Tu le MeDerle 3.32 | 23.20 | 13.49 | 2.51 1 6.06 | 11.49 | 30.00 ER TN CR TE 3.8 94.99 | 16.07 | 2.13 " 8,00 | 11.66 | 23.91 156 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. COMPOSITION DES RATIONS INGÉRÉES ET DES FÈCES RENDUES. — QUANTITÉS DE PRINCIPES IMMÉDIATS UTILISÉS. — COEFFICENTS DE DIGESTIBILITÉ. Les données analytiques qui précèdent permettent d'établir : 1° La composition moyenne journalière des rations ingérées par chaque cheval, dans les différentes situations où il s’est trouvé ; 2° La composition moyenne correspondante des fèces rendues ; 3° Les quantités moyennes journalières de principes immédiats utilisés ; 4° Les coefficients de digestibilité de chacun de ces principes. Ces différents résultats sont réunis dans la série suivante de ta- bleaux, à propos de laquelle on peut faire. les mêmes remarques que dans les mémoires précédents. Ainsi, on n’a calculé ni les quantités utilisées de matières minérales, ni leurs coefficients de digestibilité, pour les raisons données plusieurs fois (voir 5° mé- moire, p. 127, et 6° mémoire, p. 45). Il convient également de remarquer que le fait observé pendant les essais à la féverole (coefficients de digestibilité négatifs pour les matières grasses), ne s’est pas reproduit aussi fréquemment avec l’alimentation au tour- teau, grâce sans doute à la quantité notable de matières grasses qu’a toujours renfermée la ration pendant cette dernière série d’ex- périences ; cependant, il s’est présenté une fois pour le cheval n° 3 au repos en février 1892. R MOIS de juin 1891. Tourteau . À digéré. . Tourteau . . | Paille . . À ingéré,. . | A rendu (fèces). . | Tourteau . . | Paille. . A digéré. . . ALIMENTATION DU CHEVAL Paille CN. FN: | A ingéré. . . . A rendu (fèces). . Coefficients de di- gestibilité , . . A digéré. . . . | Coefficients de di- gestibilité . . . A ingéré. . .-. À rendu (fèces). . Coefficients de di- gestibilité . . . MATIÈRE a — —— orga- sèche, nique. ER ROM U | Rss Cheval n° 4. — Travail au manège au pas. 4736,1| 4390,8 a | À À ————_— | —————— À — | | ————— | ——— | ————— 8453,5 4216,5| 3749,3 CENDRES. CELLULOSE À saccha- brute. rifiable, 345,3 1 204,8 —— || ———— | ——— | —— ———— | | ———— | À ———— À ———— | ————_—_— | —————— | ————_ | 71975,8| 7429, 6 ———— | | ——_—…_—_—_—_—_|Ùù———— | | ———Ù———| ————— | ——— 3303,4 3994 ,4 6597,8 | ———_—— |__| |__| ————— | —————— | ————— | ——— 3409, 9 49.14 | 51.68 "1 Cheval n° 3. 1 DE AMIDON. 1 629,7 298,1 1927,8 194,0 292,2| 293,7 | 1379,4 1285,8| 690,7 | 318,2 1578,0| 914,4 | 1697,6 968,8| 518,0 | 193,4 609,2| 396,4 | 1504,2 38.61 | 43.35 | 88.61 — Repos 259,8| 198,8 | 1226,1 1142,9| 614,0 | 282,8 1402,7| 812,8 | 1508,9 941,5| 530,4 | 143,2 461,2| 289,4 | 1365,7 32.88 | 37.74 | 90.51 TRAIT. SUCRE. 136,4 43,1 179,5 " 179,5 100.0 GRAISSE. Hi [DL =] PROTÉINE. INDÉTERMINÉS. 985,6 703,7 166,2[1 039,1 1151,8/1 742,8 404,8[1 169,6 747,0| 573,2 » 64.86 | 32.89 834,2| 595,7 177,3|1 108,8 1041,5|1 704,5 347,6 |1 102,0 663,9| 602,5 65.64 | 35.35 741,5| 599, 899,2/1515,1 345,1|1 043,2 158 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. MOIS de juillet 1891. Tourteau ! . .:. Paille A rendu (fèces). . Coefficients de di- gestibilité , . Tourteau . A rendu (fèces) . Ardigéré. :h. : : Coefficients de di- gestibilité , . . Monrieau 0. Paille: te À ingéré. . A rendu (fèces). . A digéré Coefficients de di- gestibilité . . . MATIÈRE A — — orga= sèche. nique. 3583,2 3 602,0 3349,6 3375,1 7185,2| 6724,7| 460,5 | 1447,1| 803,6] 1367,8| 166,6 | 289,9 | 868,111782,3 3513,4| 3139,6| 373,8 | 938,4! 499,3] 136,7| 161,6 | 270,2/1133,4 3671,8| 3585,1| 508,7| 304,3 1231,1| 166,6 | 127,6 | 587,9] 648,9 51.10 | 53.99 " 35.15 | 37.87 | 90.00 | 100.0 | 44.12 | 68.87 | 36.41 Cheval n° 4605,7 Cheval n° 3. — Marche 4031 ,1 3267,9 CELLULOSE ä ñ ; à D a À Es A = 2 Æ à A le] e = E E] & saccha- pl = 5 © a) D brute, « o 5 À rifiable. Z LL. Cheval n° 4, — Repos, 233,6 226,9 934,7 1212,4 a 207,1] 1150,2| 95,3 596,5] 217,6| 71,3 2. — Travail au manège au pas. 1581,5 1 033,2 ——— | ——————— | ———————— | —————— | — " 29.31 | 36.50 262,8 | 264,1| 1233,0| 1294,0| 107,2 | 256,8 | 545,3] 767,9 | 205,9 | 1400,0! 541,1] 197,2] 64,7 | 55,2 | 105,9] 997,7 7299,0 3887,9 | |__| —————— | ——_— |__| |Ù| —————— | ————— | ——— 41.06 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 159 MATIÈRE , CELLULOSE ä à Le) r Q À b re MOIS ——… — a a É a 2 £ 2 + A te O sr Ex =) < orga- = saccha- = b & © = d'août 1891. séhé: Ê Loue « æm 5 £ à nique. rifiable. z RÉ RSR Cd OR. | MERS eme | Ce meme eus | Des CORNE | ie eme We HAUSSE Us CERN EEE Cheval n° 4, — Marche au pas. Tourteau . . . .| 3997,8| 3742,7| 955,1 | 343,4] 249,5 | 1458,4l 99,9 | 267,0 | 757,6] 566,9 LE LEONE JR 3931,4| 3614,2| 317,2 | 1271,0| 626,7 | 9254,0| 120,7 | 75,9 | 119,111146,8 A ingéré. . . . .| 7929,2| 7356,9| 372,3 | 1614,4| 876,2 | 1712,4| 220,6 | 342,9 | 876,7|1713,7 A rendu (fèces). .| 3912,9| 3428,0| 484,0 | 950,1] 543,1 | 173,3] 177,3 | 342,4|1949,7 A digéré. . . . . 4016.3| 3928,0] 664,3| 333,1 | 1539,1| 220,6 | 165,6 | 534,3] 471,0 Coefficients de di- gestibilité . 50.65 | 53.39 " 41.15 | 38.02 | 89.88 | 100.0 | 48,29 | 60.94 | 27.48 Cheval n° 2. — Repos. Tourteau . . . .| 3553,6| 3326, 226,7 305,3! 321,7 | 1296,4| 88,8 | 237,4 673,4! 503,9 Paille, . +. .. 3505,6| 3222,7| 282,9 | 1133,4| 558,8 226,5] 107,6 67,6 106,211 022,6 ‘ RASE ST RE SR TER OI A ingéré. . . . .| 7059,2| 6549,6| 509,6 | 1438,7) 780,5 | 4522,9| 196,4 | 205,0 | 779,6/1 526,5 A rendu (fèces). .| 3548,8| 2085,5| 363,3 | 903,9! 494,3 | 134,6] nv 155,7 | 957,9/1042,8 A digéré. . . . . 3710,4| 3564,1| v 534,8) 286,2 | 1391,3| 196,4 | 149,3 | 522,4] 483,7 Coefficients de di- | gestibilité . . .| 52,56 | 54,42 n 37.17 | 36.67 | 91.36 | 100.0 | 48.95 | 67.00 | 31.69 Cheval n° 3. — Travail au manège au pas. Tourteau . 4886,2| 4574,5] 314,7 | 419,7] 304,9 | 1782,5| 192,9 | 326,4 | 995,9! 692,9 Paille cree 2954,3| 2715,9] 238,4 955,1! 470,9 190,9, 90 7 57,0 89,5! 861,8 A ingéré. . . . .| 7840,5| 7290,4] 550,1 | 1374,8| 775,8 | 1973,4| 942,9 | 583,4 | 1045,4/1 554,7 A rendu (fèces). .| 3521,9| 3075,31 446,6 | 893,5] 520,5 | 160,3! » 184,2 | 290,9|1 025,9 A digéré. . . . .| 4318,6| 4215,1| » 481,3! 255,3 | 1813,1| 242,9 | 199,9 | 724,5] 528,8 Coefficients de di- gestibilité . . .| 55.08 | 57,82 " 35.00 | 32.91 | 91.87 | 100.0 | 51.96 | 71.35 | 34.00 160 de septembre 1891. Tourteau , Parle”: À ingéré. . A rendu (fèces). . A digéré. . Coefficients de di- gestibilité . . Tourteau , MPalle scie À ingéré. . A rendu (fèces). . A digéré, . Coefficients de di- gestibilité . Tourteau . Paille . . | A ingéré, . | À rendu (fèces). . A digéré, . Ceefficients de di- gestibilité . . . ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. MATIÈRE 5 329,0 3613,9 4876,3 3546,4 3495,3 49.64 CELLULOSE saccha- CENDRES. AMIDON. brute. rifiable, 433,9 236,8 au trot. 367,2 300,6 1 603,8 460,9 667,8 527,2 1905,4 1242,3 2 064,7 335,2 743,1 39,00 Cheval n° 3. — Repos. 169,0 GRAISSE. 494,5 206,8 217,7 51.28 235,1 72,3 307,4 165,6 46.13 y. PROTÉINE. 1254,0 INDÉTERMINÉS. 1037,4 5 [1 249,6 1 061,1 121,2 1182,8 318,1 774,7 86,7 858,4 284,6 573,8 66.85 2463,8 1 652,1 811,7 32.94 638,4 1134,2 1 772,6 1229, 8 549,8 31.02 } ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 161 MATIÈRE : CELLULOSE : de MOIS E 4 È ë ë & Fra orga- Æ saccha- À D 3 © 5 d'octobre 1891. sèche, 5 brute, s 2 Le) A Æ 4 = A nique, rifiable, Z sn | RER CREME um | cms Queer nine mme | I LES OURS RE CES OT EE ? Cheval n° 4. — R:pos. Tourteau . . . .| 3540,4| 3335,0| 205,4 | 251,7| 193,5 | 1071,3| 93,8 | 210,7 | 687,2 | 827,0 Paille. . , . . .| 3517,2| 3200,0| 227,2 | 1170,9| 556,4 | 995,5] 54,5 | 67,2 | 125,2 |1090,3 A ingéré. . . . .| 7057,6| 6625,0] 432,6 | 1422,6| 749,7 | 1296,8| 148,3 | 277,9 | 812,4 |1917,3 A rendu (fèces) .| 3184,6| 2881,1| 303,5 | 840,4] 381,2 140,1 u 136,6 | 287,0 |1095,S A digéré. . . .. 3873,0| 3743,9| v" 582,2| 368,5 | 1156,7| 148,3 | 141,3 | 525,4 | 821,5 Coefficients de di- gestibilité . . .| 54.87 | 55.51 u 40.92 | 49.15 | 89.20 | 100.0 | 50.85 | 64.67 | 42.85 Cheval n° 2. — Travail au manège au trot. Tourteau . . . .| 5755,2| 5419,5| 333,7 | 409,1| 314,1 | 1740,9| 152,5 | 842,3 | 1116,711313,9 Paille. . . , . .| 3644,7| 3409,3| 235,4 | 1213,3| 576,6 | 233,6| 56,5 | 69,6 129,8|1129,9 Aingéré. . . .. 9397,9| 8828,8| 569,1 | 1622,4| 890,7 | 1974,5| 209,0 | 411,9 | 1246,5|2473,8 A rendu (fèces). .| 4937,1| 3782,0| 455,1 | 14085,1| 583,5 | 204,2| 217,4 | 379,7|1307,1 A digéré, . . . .| 5160,8| 5046,8| vw 537,3| 302,2 | 1770,3| 209.0 | 194,5 | 866,8|1166,7 Coefficients de di- gestibilité . . .| 54.91 | 57.16 " 33.12 | 33.93 | 89.66 | 100.0 | 47.22 | 69.54 | 47.16 Cheval n° 3, — Marche au trot. Tourteau . , . .| 4860,0| 4578,1| 281,9 | 345,5] 265,4 | 1470,6| 128,8 | 289,2 | 943,3|1135,3 Paille. . . . . .| 2864,8| 2679,7| 185,1 | 953,7| 453,2 | 183,6] 44,4 | 54,7 | 102,0! 888,1 Aingéré. . . . .| 7724,8| 7257,8| 467,0 | 1299,2| 718,6 | 1654,2| 173,2 | 343,9 | 1045,3|2023,4 A rendu (fèces). .| 3096,9| 2753,1| 343,8 | 743,9] 403,8 | 149,3] v 189,5 | 284,6| 982,0 A digéré. . . . .| 4627,9| 4504,7 u 555,3| 344,8 | 1504,9| 173,2 | 154,4 | 760,7|1041,4 Coefficients de di- gestibilité . . 59.90 | 62.07 Û 49.74 | 43.81 | 90.97 | 100.0 | 44.90 | 72.77 | 51.46 ANN. SCIENGE AGRON. — 2° SÈRIE. — 1896, — 11 1i 162 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. À ü MATIÈRE ; CELLULOSE E ê MOIS £ 2 a — É À © a um Æ = A LA n A 2 El à £ Ô Ë orga- saccha- © E e 91. 5 A mn c1 { de novembre 1891 sbcbe: E brute. 4 E & a nique. rifiable, 2 Cheval n° 4. — Marche au trot. Tourteau . . . .| 4739,9| 4409,4! 337,5 342,7| 344,1] 1447,1| 135,6 | 310,9 | 1063,1| 758,9 Paille A AL 471,9) 4451,1| 280,8 | 575,6) 857,11 973,8} 70,7 | 75,9 | 160,2/1417,8 A ingéré. . . , . 9451,8| 8833,5| 618,3 | 1918,3| 1904,2| 1720,v) 206,3 | 386,8 | 1223,3]2176,7 A rendu (fèces). .| 4416,4| 3909,4| 507,0 | 1480,1| 582,5] 156,8) 209,8 | 401,0/1379,2 A digéré. . . .. 5035,4| 4924,1| v 738,2| 618,7] 1564,1. 206,3 | 177,4 | 824,3| 707,5 Coefficients de di- gestibilité . . .] 53.97 | 55.74 u 38.48 | 51.50 | 90.89 | 100.0 | 45.76 | 67.38 | 36.64 Cheval n° 2. — Repos. Tourteau , . . .| 3447,2 3201, 50,3 | 1052,4| 98,6, | 226,1 | 773,2 | 551,9 Paille. , . . . .| 3426,8! 3222,5| 204,3 | 1:45,9|] 623,3 199,1] 51,4 55,2 | 116,5 |1031,1 Aingéré, , . , .| 6874,0) 6424,2] 449,8 | 1395,1| 873,6 | 1251,5| 150,0 | 281,3 | 889,7 |1583,0 A rendu (fèces). .| 3394,1| 3026,8] 367,3 | 960,2! 438,5 | 125,2] 147,0 | 288,5 |1067,4 Adigéré. . . . .] 3479,9) 3397,4) ou 434,9| 435,1 | 1126,3| 150,0 | 134,3 | 601,2 | 515,6 Coefficients de di- gestibilité . . .| 50.62 | 52,88 " 31.17 | 49.80 | 90.00 | 100.0 | 47.74 | 67.57 | 32.57 Cheval n° 3. — Travail au manège au trot. Tourteau . . . .| 5601,7| 5202,0| 398,8 | 405,0| 406,7 | 1710,2| 160,2 | 367,5 | 1256,5| 896,8 Paille, . . . . .| 2927,4| 2094,6| 199,8 | 744,8| 405,2 | 129,4| 33,4 | 35,9 75,7| 670,2 A ingéré, . . . .| 7829,1| 7297,5| 531,6 | 1149,8| 811,9 | 1839,6| 193,6 | 403,4 | 1332,2/1567,0 A rendu (fèces). .| 3685,3| 3219,5] 465,8 | 854,3] 475,4 | 155,1| vw 190,2 | 346,4/1198,1 A digéré, . . . .| 4143,8| 4078,0| vw" 295,5| 336,5 | 1684,5| 193,6 | 213,2 | 985,8] 268,9 Coefficients de di- gestibilité.. . .| 52.93 | 55.88 Û 95.70 | 41.44 | 91.57 | 100.0 | 52.85 | 74.00 | 23.54 MOIS de décembre 1891, Tourteau . . . Paille. . A ingéré, . A rendu (fèces). A digéré. . . . Coefficients de di- gestibilité . . A,ingéré, . A rendu (fèces). . A digéré. . Coefficients de di- gestibilité . . . Fonrteatue,,-.. 1": AGE Ainpéré. [Le -. A rendu fèces). . A digéré. on Coefficients de di- gestibilité . . . ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. MATIÈRE À sèche, 3439,6 orga- nique. 3195,0 3091,5 CELLULOSE CENDRES. brute. n°24 1007,9 498,1 33.07 Cheval n° 2. 244,6 220,9 261,8 1112,0 465,5 | 1373,8 Cheval a saccha- rifiable, 460,9 270,1 36.95 AMIDON. — Travail à la voiture. 1 680,6 106,3 1 097,8 91.17 1204,1| 131,9 93.60 | 100.0 163 GRAISSE. PROTÉINE INDÉTERMINÉS. 1097,9 1058,7 | 2156,6 | 1295,6 931,0 | 853,3 ‘ | 733,3 | 684,51 132,5 1083,8| 865,8 1768,3 | 590,9 68.25 164 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. MATIÈRE — , orga- CELLULOSE EE saccha- de janvier 1892, Tourteau . . Pai | À ingéré, . . . A rendu (fèces). . A digéré, . . . . Coefficients de di- gestibilité , . . Tourteau , . | Paille, PAinséré En ee A rendu (fèces), . A digéré Coefficients de di- gestibilité . . . | Tourteau SET À Paille | À ingér6 A rendu (fèces\, . PARHYETÉ Ar. MU. Coefficients de di- gestibilité , . . sèche. 6 761,2 3 306,4 CENDRES. AMIDONX, brute, nique, rifiable. Cheval n° 4. — Travail à 5 612,4 3018,9 1916,1 Cheval 3207,1 3018,9 6 296,0 2909,3 1204,9 93.08 1 094,9 199,6 6 226,0 2 864,4 3361,6 54.00 90.51 SUCRE. la voiture. 156,2 100.0 GRAISSE. 150,2 58,4 208,6 148,5 60,1 28.81 PROTÉINE. 1 298,4 152,9 894,6 286,3 608,3 68.00 2 INDÉTERMINÉS. 1098,5 898,3 1463,6 463,2 94,04 587,7 898,3 1 486,0 1029,6 456,4 30.71 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 165 MOIS de février 1892, Tourteau . Paille. np. CU A rendu (fèces). . A digéré, Coefficients de di- gestibilité . Jourteau . . Paillo. : ‘ À ingéré. . A rendu (fèces). . A digéré. . . . Coefficients de di- gestibilité . Tourteau . Paille: 7% A ingéré. . A rendu (fèces), . A digéré. . Coefficients de di gestibilité , . MATIÈRE 0 À orga- CENDRES. sèche, nique. CELLULOSE a saccha- brute. rifiable. Cheval n° 1, 3 594,8 3238,0 3334,9 Cheval 6290,9 3288,0 5836,1 3077,2 454,8 210,8 665,6 576,1 8913,3 3538,6 438,5 1141,3 1549,8 973,1 576,7 AMIDON. SUCRE — Repos. 250,6 1111,3 1134,5 92.23 | 100,0 GRAISSE. PROTÉINE. IND ÉTERMINÉS. 1 389,9 1010 ,0 166 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. MOIS de mars 1892, | | | | | Tourteau , | Paille. ASInpÉLO ER .0 | A rendu (fèces", . | A divéré. Coefficients de di- gestibilité . | Tourteau , . Paille, A ingéré. . A rendu (fèces). . | À digéré. . Coefficients de di- gestibilité . MATIÈRE RE — —— 3636,0| 3334,9 3104 ,9 3656,5 06.69 Cheval 6 186,7 2803,6 8 990,3 4071,0 4919,3 54.74 CENDRES. CELLULOSE A saccha- brute. rifiable, AMIDON, 1 193,9 91.03 | 100.0 la voiture. 2001,2 95. 14 GRAISSE, 2 PROTÉINE. souris. | INDET DU 1°r AVRIL au 15 mai 1892, | Tourteau . . Paille, A ingéré, . ee | A rendu (fèces\. . | A digéré. . : Coefficients de di- gestibilité . . | Tourteau | Paille. A ingéré. . ve A rendu (fèces). . A digéré. . : | Cocfticients de di- gestibilité , MATIÈRE < — orga- sèche, nique. 3 652,0 7105,2 39501,4 3603,8| 3457,9 50.721752. 62 Cheval 6 898,2 2 829,0 56.18 | 58.81 CENDRES. CELLULOSE _—— 0 ° _ — saccha- brute. rifiable. Cheval n° 1. — Repos. 298,0 1268,0 1 566,0 957,6 37.01 + AMIDON,. 100.0 n° 3. — Travail à la voiture. 564,3 562,9 1036,2 1599, 1 1061 ,3 537,8 539,4 326,3 33.63 | 32.28 2237,9 ? 96.10 GRAISSE. PROTÉINE. ÉTERMINÉS. INDET ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 167 MATIÈRE CELLULOSE MOIS DE JUIN A saccha- CENDRES. AMIDON GRAISSE. PROTEINE are 009 et juillet 1892, brute. nique. rifiable. INDÉTERMINÉS. (Juin) Cheval n° 2. — Travail à la voiture. Tourteau + . . .| 6: 5706,0| 605 4 576 2008,5| 196,3 | 325 1 589,3 Paille. . . . . .| 3456,3| 3206,1| 2: 31. ) 5 4,6 150,9 À ingéré. A rendu (fèces). . A digéré, . . Coefficients de di- gestibilité , Tourteau . . . .| 6935,3 510,4| 608,9 51,5 | 4 399,5 Paille. . . . . .| 2601,2| 24: 5 | 922,4] 430, 5 87,9 Aingéré. , . . .| 9536,5 32 48,5| 2219,5 4 1 487,4 5 A rendu (fèces). .| 4200,0| 3606 593,5 5 5,6 319,9 A digéré. . . . .| 5336,5 34: 29 : ; 1137,5 Cocficients de di-| [. gestibilité . Si l’on réunit les résultats relatifs à chaque cheval, sans s'occuper des situations dans lesquelles 1l se trouve, on arrive aux moyennes suivantes, pour les coefficients de digestibilité et pour les rapports entre la matière sèche ingérée du tourteau et de la paille : 76.47 CELLULOSE SUCRE GRAISSE, PROTÉINE orga- saccha- brute, nique. rifiable. RAPPORTS entre la matière seche du tourteau INDÉTERMINÉS. Cheval n°1. , .238 52,05 | 54.15 | 36.19 | 49.42 90.70 100.0 65.06 Cheval no 2, . :975 52.8 55.31 | 33.69 | 40.: 91.14 | 100.0 | 58.86 | 69.17 Cheval no 3. . .28 03. 4 99.18 | 34.36 | 37.26 | 91.47 | 100.0 | 34.08 69.85 168 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. La première celonne renferme les poids de tourteau ingérés en mème temps que 1 kilogr. de paille. Ces poids servent à apprécier l’influence que peut avoir la proportion de paille ingérée sur les coefficients de digestibilité, puisqu'il est impossible d'éliminer cette influence en faisant consommer aux trois chevaux, et pendant toute la durée des expériences, des rations où l’aliment concentré soil dans un rapport constant avec l'aliment fibreux. On a d’ailleurs insisté, dans un mémoire précédent (voir 6° mémoire, p. 58), sur l’importance de ces données. 3 Nous ne discuterons pas, pour l’instant, les résultats rapportés ci-dessus; nous ferons remarquer seulement que le cheval n° 3, qui a consommé la proportion la plus élevée d’aliment concentré, à éxalement le mieux digéré la matière sèche totale, l’amidon et la protéine. Par contre, la cellulose saccharifiable à été moins bien digérée par ce cheval que par les deux autres. Ges résultats sont-ils dus à une influence individuelle ou montrent-ils que, moins la proportion de paille est élevée dans une ration, mieux cette ration est digérée dans son ensemble ? Nous reviendrons plus loin sur ce point. Si, nous reportant aux tableaux généraux des coefficients de di- sestibilité, nous groupons les résultats obtenus, non plus par cheval, mais suivant les différentes situations des trois chevaux, nous oblien- drons, en faisant la moyenne, des coefficients moyens relatifs à cha- que situation de repos, marche ou travail. Ces nombres sont réunis dans le tableau suivant : | cs MATIÈRE CELLULOSE ü © d . ol ras lee ee a z | Er . Ë x mi 2 E 5 © £ n 2 c 2 =] £ D © 5 : GE] a o 2 E4 = LES œ £ 5 2 2 © 5 <= = = "A Lo) = E E S « [ce] = el : EN CA pan ŒÆ 5 a = a | | — Au repos. MÉheyal ne 1.1, 1.050 | 53.61! 54.09] 59.63! 45.421 91.59/100.00! 32.22] 64.80/29.48 HOHevalmos, LE. CN 1.033 51.93! 54.90] 34.77! 49.55] 91.401100.00! 37.54] 67.92126.20 NCHEFALRL US EN TON 1.034 | 50.42] 52.081 56.58! 39.00! 89.611100.00| 27.18| 66.50157.69 | Coefficients moyens. . 1.039 51.791 54.091 36.99] 41.651 90.871100.00! 22.32] 66.34137.89 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. MATIÈRE CELLULOSE AMIDON. des matières sèches organique. saccharifiable. | | A la marche au pas. Cheval n°1. . . Cheval n° 2 HOhevalno 8,1, 1... .* Coeñfticients moyens. . Cheval no 1. .006 53. 55.541 5S.4S| 51.: Chevalno 2. . . . . . ; ; a ).00 HEAR Toua enie L 9. £ . 74 Coefficienuts moyens. . , 4.85] 57. 40.07 ROReyalnatss > otre. le 110% 52 99.74 Cheval n° 2. . . . sue .9 : 29. Cheval DE Te sn Coefficients moyens. , Au travail Cheval no 1. s 46.54| 48. .2 4 3.681100. Cheval no 2.1 0 ue, 5 54. 57.16] 33.19 . 9: .66/100, Phoyalnos tisser. Le. DCE 52.951 55. 95. 41.4 .57|100. Coefficients moyens, . .86: 53.85] 28.02| 35.45 .30 100. Au travail à la Cheval no 1. . . . : . 53.43 COhayAlin0 274, #42 E 55.30 Cheval no 3. . . Are ‘ 59.45 Coefficients moyens. . 2.085 | 54.73 GRAISSE, PROTÉINE. INDÉTERMINÉS. 1170 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Ce tableau fait ressortir l'influence sur la digestibilité : 4° De l’individualité ; 2e De la situation (repos, marche ou travail) et de l'allure. Dans tous les cas où, pour une même situation, les rapports entre le tourteau et la paille se sont montrés sensiblement égaux pour les trois chevaux, les écarts entre les coefficients de digestibilité sont imputables à l’individualité. En examinant, par exemple, les diffé- rents coefficients de digestibilité des trois chevaux au repos, coef- ficients tous comparables, nous trouvons que le cheval n° À a un peu mieux digéré la ration totale que les deux autres, mais qu’il y à, à cel égard, de très faibles différences entre les trois chevaux ; ce même cheval digère mieux l’amidon et les celluloses, tandis que le cheval n° 2 assimile davantage la protéine et la matière grasse. La comparaison entre les chevaux n° 1 et 2 peut même se pour- suivre pendant la marche au pas, la marche au trot et le travail au trot; dans toutes ces situations, le cheval n° 2 s’est montré meilleur assimilateur, en ce qui concerne l'ensemble de la ration en général et la protéine en particulier. Quant au cheval n° 3, il se distingue très nettement des deux autres, excepté au repos; dans tous les autres cas, il a consommé une proportion plus forte de tourteau; c’est pourquoi on peut diffi- cilement comparer ses coefficients de digestibilité à ceux des che- vaux n% 1 et 2. Si pourtant l’on choisit les situations (repos, marche au pas et travail à la voiture) dans lesquelles la ration du cheval n° 3 a élé la plus voisine de celle du cheval n° 2, nous voyons que, dans chaque cas, ce dernier a digéré plus complètement la protéine. En somme, l’individualité exerce, ainsi qu’on l’a souvent remarqué, une très grande influence sur la digestion des divers principes nutri- tifs, et les exemples que nous venons de citer ne font que confirmer cette observation. D'autre part, les conditions de repos, marche ou travail, et l’al- lure à laquelle on soumet les chevaux d’expérience, jouent un rôle considérable dans la digestibilité. Ge rôle ressort plus clairement de la comparaison des chiffres ci-dessus, envisagés en éliminant Pindi- vidualité, c’est-à-dire en ne prenant que les moyennes de chaque ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 171 situation ; ces moyennes se rangent, comme suit, par ordre de gran- deur croissante : Échelle croissante des coefficients moyens de digestibilité. MATIÈRE Dee TE Ne ue sèche totale. organique. p. 100. p. 100. À la marche au pas. . . . . . . . 49.76 52.44 AURLTANATEA UOTE er 51.46 53.85 AUPLrAS AI TAUR PAS EN a 51.74 54.03 AE TO A te dre me dt mue BI re, 54.09 Auetravail à la voiture. 7.0.2... 54.73 57.23 AA mar Ce AUSITOE ON EEE Te 54.83 Li Nous voyons ainsi que c’est à la marche au p's, contrairement à ce qui a été si souvent constalé dans les essais antérieurs, que la di- gestibilité totale de la ration a été la plus faible, et qu’à la marche au trot elle a atteint son maximum. Est-ce l’effet de la paille qui se fait sentir ainsi d’une façon prépondérante? Cela n’est pas probable, car en dressant l'échelle croissante des rapports du tourteau à la paille, on ne trouve pas une différence suffisante entre les rations de marche au pas et au trot, pour justifier le grand écart des coefi- cients moyens de digestibilité correspondants. Par contre, ainsi que le prouve le tableau ci-dessous, les rations de marche au trot et de travail à la voiture, qui ont été digérées en proportion presque sem- blable, ont contenu ces quantités de tourteau bien différentes : Échelle croissante des rapports entre les poids du tourteau et de la paille. ADIFEDONSE : PINOT. POPNER E te 1,039 Aelatmarele au DAS ER EMEN TEEN, 1,087 ARIASNATCNE AULINO ES ENTER Te NT. 1,234 BR LTAYA PAS DAS en Le ar UE ANA US 1,308 AUGETAVAMANEETO LEE Vas enter 1,863 AUNTAVAN ASIA VOILUr EL: TRE RIT 2,085 Si maintenant, reprenaat les coefficients moyens donnés précédem- ment, nous envisageons, pour chacun des principes nutritifs, le coef- ficient minimum, moyen et maximum, nous arrivons aux résultats 172 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. suivants, qui résument l’étude de la digestibilité d’une ration com- posée de tourteau et de paille d’avoine : COEFFICIENTS É mer g le maximum minimum, moyen. maximum, CESR Matière sèche totale. . 49.76 (M.P.) 52.79 54.83 (M.T.) 507 Matière organique. . . 52.44 (M.P.) 54.88 DD eNCI] 4.79 Cellulose brute. . |. . 28:02 (TT) BAS 40.07 (M.T.) 12.05 Cellulose saccharifiable. 32.80 (T.P.) 39.33 46.99 (M.T.) 14.19 AMIdOnDE EL. LU Ie 88 -S0(TE De) 91.10 94:57 (10) 6.27 ÉTAISSE EE NME 28 SON Ne) 37.03 50.51 (T.T.) 21.66 PrOtéInE SR er 06 07(MAE) 68.03 71.08 (M.T.) 7.39 Indéterminés, 5. nee 9185) 36.21 40.35 (M.T.) 9.00 Les différences entre les valeurs extrêmes, mises ainsi en évidence, ne s’éloignent pas, sauf en ce qui concerne la graisse, des diffé- rences constatées pour l’avoine, le maïs et la féverole. Il est à rc- marquer cependant que les coefficients se sont montrés différents dans ces diverses séries, mais supérieurs, presque toujours, à ceux donnés par le tourteau. VARIATIONS DU POIDS DES CHEVAUX COMPARÉES AUX QUANTITÉS INGÉRÉES ET DIGÉRÉES. Les tableaux suivants permettent de dégager, mieux que les coef- ficients ci-dessus, l’influence de l’un ou l’autre des principes nu- tritifs dans la production du travail. Ils renferment, d’une part, les quantités ingérées journellement par chacun des trois chevaux dans chaque situation, et de l’autre, les quantités digérées des différents principes. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 175 QUANTITÉS INGÉRÉES PAR JOUR. Cheval n° 1. MATIÈRE CELLULOSE — — organique. AMIDON. GRAISSE. a | saccharifiable. Au repos. | Juillet 1891. . . . Octobre 1891. . . | Février 1892, , . . Mars 1892 . . . . 803,6 749,7 663,6 770,2 1 367,8 1 296,8 1 306,5 1311,5 Du 1er avril au 15 MAOURAE ie 862,3| 1 331,4 Moyennes , , . 769,91 1 322,8 A la marche au pas. NIET rie JR ASE 876,2 Le À la marche au trot. Novembre 1891. . J'en 1 204,2 pal Au travail au pas. | Juin 1891 . . .. SALAM Le sie A Au travail au trot. | Septembre 1891. . | 9 nt] ie 1 636,2 Au travail à la voiture. | Décembre 1891. . ,| 8752,7| 8 144,6] 1 506,0 9 386,5| 8 631,3] 1 657,1 859,2] 1 533,3 958,9] 2 115,7 180,6 Janvier 1892. . . . 201,5 Moyennes . . .| 9 069,6! 8 388,0] 1581,6| 909,1! 1 974,5! 191,1 PROTÉINE. INDÉTERMINÉS. 1 782,3 2,411 917,3 1 889,9 1 629,7 | al D 287,0 303,2 | 4 305,7 321,2] 145!,3 2 156,6 1 926,8 312,2! 13:8,5]2 041,7 174 QUANTITÉS INGÉRÉES PAR JOUR. Cheval n° 2. ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Août 1891 Meur. Novembre 1891. . . Décembre 1891. . . Janvier 1892. . Moyennes . . , Juin 1891 Septèmbre 1891. . 1 Fo? pe 1 905,4 Juillet 1891. . . . ) Octobre 1891. . . . — LI | Février 1892. . . . Juin 1892, . . . Juillet 1892. . . . Moyennes , . . MATIÈRE 2 ——— sèche, 7 059,2 6 874,0 6 752,0 6 761,2 6 861,6 sur] pra 1 578,0 9 397,9 CELLULOSE re 5 e Z - _ © ol 2 A = £ = = $ 2 Gr. Gr. Gr. Gr. Au repos. 6549,6| 1438,7| 780,5] 1 522,9 6494,2| 1395,1| 873,6] 1251,5 6286,5| 1 373,8| 731,0! 1 204,1 6226,0| 1425,3| 783,3] 1 294,5 6371,6|1408,2| 792,1| 1 318, A la marche au pas. À la marche au trot. Au travail au pas. 9 a) 1 v80,s| 1 ti i ul Au travail au trot. 8 828,8 Au travail à la voiture. 3,311549,8| 825,9] 9 157,4 8912,1| 1 748,0| 1 105,4] 2 115,0 8 706,4| 1 432,8] 1 048,5| 29219, 1576,9| 993,3] 2 | da) ei ie ES - à : g & de Lis It B < = Æ a a 2 = 5 cs A si Gr. Gr. Gr. Gr. | 196,4] 305,0] 779,6|1 526,5. 150,0! 281,3| 889,71 583,0. 131,9| 911,6! 865,8/1 768,5) 134,6| 208,6| 894,6/1486,0 | 153,2| 251,6| 857,4/1 590,9 al 355,2 ts EE mel os 1 182,8[2 463,8 20 397,5| 4 193,7[2 450,6 209,0! 411,9 ro 1 208,2| 951,9] 1 409,312 510,8 257,1| 379,7| 1 740,2|1 566,7 317,4| 458,5| 4 497,4|1 749,5 260,9! 365,4| 1 545,6|1 940,0! do: . ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 179 QUANTITÉS INGÉRÉES PAR JOUR. Cheval n° 3. MATIÈRE CELLULOSE A M A AMIDON. GRAISSE PROTÉINE. organique. TJ | saccharifiable () a # [P] a Au repos. Juin 1891 . . . . 1402,7| 812,8] 1508,9 31: 1 515,1 | Septembre 1891 . . 7 1366,7| 624,41 1 496,0 2 4 1 772,6 Décembre 1891. . . 2 1373,8| 731,0] 1 204,1 9 [1 768,3 | Janvier 1892. . . . 1425,3| 783,3] 1 294,5 9 1 486,0 Février 1892, . . . 9 1361,9 è 1306,5 1 889,9 Moyennes, , . : 2 1 362,0 Juillet 1891. . . À la marche au trot. Octobre 1891. , . LR 299,2 LARUE 343,9 | 1 045,3 2 033,4 | | Au travail au pas. Août 1891 . . .. HE OS ET eo) el 21° is RE Au travail au trot. Novembre 1891. . | oil au] I el eut,e] 1 839,6 303,4 1 332,2 [4 567,0! Au travail à la voiture. Mars 1892 8 990,3! 8 318,5] 1 486,1! 883,1] 2 103,4 6,6! 318,8 1 464,2 /1 876,5 Du 1er avril au 15 | | mai 1892. . . . . 9 é 1 599,1] 1 010,7] 232S,6] 2 8| 419,2] 1 599,5|1 834,5 | | Moyenres . . . 40,9/1542,6| 946,9] 2216,0) 229,2] 369,0] 1 531,814 855,:| 176 D, | | J Mars 1892. . ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Février 1892 . . . . Juillet 1891. . . . . | Octobre 1891 . ! Du 1 avril au 15 mai JÉÉF C hlotoercie Moyennes, . | Août 1891. . . anvier 1892 . Moyennes. . . Décembre 1891 . . . | QUANTITÉS DIGÉRÉES PAR JOUR. Cheval n° 1. MATIÈRE TT *- 3 671,8 3 873,0 3 698,6 3 797,1 3 603,8 3 728,9 4016,3 Juin 1891. , ... JO) | Septembre 1891. . | 4 #51) 4 691,8 | : —— organique. 3 585,1 3 743,9 3 552,0 3 656,5 3 457,9 3 605,1 A la 3 928,0 — CELLULOSE | | saccharifiable. marche au et) 333,1 AMIDON. À la marche au trot. Novembre 1891 . . | D) 4 924 1 | oi tes 1 564,1 Au travail au pas. A + Au travail au trot. % Au travail à la voiture. 4572,6| 498,1 5 000,5| 4 701,9 4 846,1 4 637,2 535,2 516,6 1 688,7 1 969,7 1 829,2 | ee) ie bis es ce ie 1 500,0] se) 16,8) ii er sl LE GRAISSE. , PROTÉÈINE. 880,2 853,3 985,5 919,4 INDÉTERMINÉS,. 648,9 821,5 879,9 625,5 496,0 694,4 1 1 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 1 QUANTITÉS DIGÉRÉES PAR JOUR. Cheval n° 2. MATIÈRE CELLULOSE A — a AMIDON GRAISSE. PROTÉINE INDÉTERMINÉS. saccharifiable, [P] ds | Août 1891 £ 3 354,1 , Novembre 1891 . . .| 3479,9| 3 397,4 Décembre 1891 . . .| 36 3 541,2 Janvier 1892 . . . .| 3454,8| 3 316,7 Moyennes. . . .| 3565,3| 3 454,8 A la marche au pas. et) 609,2! 396,4| 1 504,2 A la marche au trot. Septembre 1891. . june Au travail au pas. Juillet 181. . . . Hits so re pe 1 665,4] 229,9 Au travail au trot. | Octobre 1891 . . . .| 5160,8 He ee he 209,0] 194,5 | | | Au travail à la voiture. Février 1892. . . . . 540°,2| 5 974,7 576,7| 32 208,2! 4,2! 0: 287,1 Juin 1892. . . . . . 5458,7| 497441 531,8] 418,: 25 257,4| 367,5 || ! Juillet 1892. . . . .|5556,5! 5 099,91 543,7| 375,7] 2 122,9! 317,4| 172,9] 1 137,5! 629,8 | Moyennes. . , .|[ 5: 5 148,6! 454 ë c 3| 260,9! 92,7] 1108,5| 701,5 || ANN SCIENCE AGROX. — 2 SÈXE. — 1596. — 11. 12 178 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. QUANTITÉS DIGÉRÉES PAR JOUR. Cheval n° 3. MATIÈRE CELLULOSE . SE A g 5 al £ 5 # a & = d 2 A x m “4 ea £ E El a < = El = Rs = D] À D a © EH 3 a 2 É < " ei) ä & : LUE Are 2 © 1 m4 ORESSERTRS ERÉETRET ces | Creuse SERRES GERS RSR Gr Gr. Gr Gr. Gr Gr Gr. Gr | Gr Au repos. Tonus ct 3 483,8| 3409,9| 461,2| 282,41 1 365,7| 143,5] 101,1] 584,1] 471,9 Septembre 1891. . .| 3345,2| 3256,5| 495,2] 247,0 1914,7| 134,2] 141,8] 573,8] 549,8 Décembre 1891 . . .| 3421,4| 3412,5| 500,7| 237,9] 1 127,1] 131,9] 29,9] X90,9 Janvier 1892 . . . .|3512,9| 3 361,6| 531,4] 358,7] 1171,7| 134,6| 94,4] 621,7] 520,0 | Février 1892 . . . .| 3 627,5| 3 578,7] 545,8] 961,2] 1218,0| 140,0| (1) | 547,9] 902,9 Moyennes. . . .| 3480,2| 3403,8| 506,9] 277,4| 1919,4| 136,8] 76,8] 583,7] 645,9 A la marche au pas. Juillet 1891. . . « HIER 294,9 nl HA ie) sa] sise] 586,8 A la marche au trot. Octobre 1891 , . . UE el 555,3 ut) PES 173,2 Au travail au pas. Août 1891. . , . 4318,6 7) 481,3 + ee) 2 199,2 Bi] 528,8 Au travail au trot. || Novembre 1891, . . 4 143,8] Lt] 295,5 ii) re) De 219,2] sa] 368,9 Au travail à la voiture. Mars11892/0,27 700 4919,3| 4789,7| 541,6| 336,81] 2 001,2] 186,6] 72,1 996,4! 655,0 Du 1e avril an 15 mai BR CCG Te 5 461,4, 5 271,4] 527,8| 326,3] 2237,9| 271,8] 78,5| 4 102,9] 816,2 Moyennes. . . .|5190,3| 5 030,5! 539,7| 351,5] 2 119,5] 229,2] 75,3] 1 049,6] 735,6 1. Résultat négatif. Nous pouvons maintenant établir, par genre d'exercice, Îles moyennes des quantités ingérées et digérées journellement par les ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 179 (rois chevaux ; ces moyennes sont réunies ci-dessous; on y à ajouté les chiffres moyens trouvés pour la durée entière de l'expérience au tourteau. MATIÈRE CELLULOSE a — — ñ F a | ù EL a A £ 6 ë 2 2 2 à 2 A 2 a “a 2 . S . s | a] Le a a d Ca © =] 5 [=] < 8 n EMA ts D GA DT 00 OR MO OO EE DE ps Cl = : S £a A 2 2 A2 GS Z S È À PRE enr | CRETE ane, | den Gr. Gr. Gr. Gr, Gr. Gr, Quantités moyennes ingérées par jour. Au l'EpOs. « +. … » 32 6934,4| 6 428,2] 1 415,8| 761,6] 1 554,3| 147,9] 245,0] 870,31 673,4 A la marche au pas. , . . . | 7734,7| 7903,3| 1518,8| 854,9] 1 633,8! 184,6! 326,7] 946,41 727,9 A la marche au trot. . 8 980,2| 8 395,91 1 707,6| 929,8] 1 813,3] 188,5] 385,1] 1 150,512221,3 Au travail au pas. . . , . 8 724,5| 8136,8| 1 638,2| 924,1| 1 927,9) 207,2! 393,6| 1 120,3/1 916,0 Autravail autrof, . . . ., S 946,9! 8 356,41 1 469,5] 892,81 9 024,91 195,6| 495,7] 1 509,412 109,3 Au travail à la voiture . . 9 348,7| 9 624,3] 1 507,0| 949,8] 2118,9| 927,1| 348,9| 1 485,3|1 945,7 Moyennes générales pour | toute la série d'expériences. | 8 444,9| 7 860,8| 1 552,8| 873,8] 1 808,6! 191,8! 555,7| 1 147,0|1 952,3] Quantités moyennes digérées par jour. Au repos. « « « » « « e « « | 3590,8| 3487,9| 524,3] 316,5] 1 212,1| 147,9| 82,2] 577,4] 642,0 A la marche au pas. . . . . 3855,4| 3782,9| 522,8] 311,0] 1 474,2] 184,6| 133,0] 603,8| 553,4 A la marche autrot. . . . . 4891,0|4766,0| 678,9! 443,5] 1 599,5] 188,5] 183,9] 816,4! 883,5 Au travail au pas. . . . . . 4 499,3 4378,8| 508,5! 307,7) 1 737,4] 207,2| 170,1] 753,9] 682,5 Au travail autrot . . . . . 4592,9| 4487,5| 415,8| 279,2] 1 781,6| 195,6) 215,1| 910,9! 689,8 Au travail à la voiture . . . | 5 118,71 4938,8) 513,5| 261,5] 2 005,0! 227,1] 91,5| 1025,8| 751,4 Moyennes générales pour toute la série d'expériences , 4307,0| 527,2) 336,6! 1 635,0! 191,9) 147,5] 781,4! 697,1 ses) Comment se sont comportés, au point de vue des poids, les che- vaux qui ingéraient et digéraient les quantités que nous venons de déterminer ? Au repos, les trois chevaux se sont au moins maintenus ; ils ont même plusieurs fois augmenté de poids. Des augmentations de près de 10 kilogr. ont élé constatées sur le cheval n° 2; les quantités ingérées ci-dessus peuvent donc être regardées comme largement suflisantes. La ration de transport au pas a produit une augmentation de poids vif sur le cheval n° 1 ; les chevaux n° 9 et 3 ont éprouvé, dans les mêmes conditions, une légère diminution. Il est vrai que le cheval n° 3 n’a pas accepté en totalité sa ration, et a souvent laissé de la paille, mais les chevaux n° 1 et 2 ont ingéré 180 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. entièrement leur ration, et le cheval n° ! a augmenté, landis que le cheval n° 2 diminuait; ce dernier digérait même plus de matière sèche et, dans cette matière sèche, plus de protéine que le cheval ne 4. Le cheval n° 2, dont le poids vif était d’ailleurs supérieur à celui des deux autres, semble avoir eu une ration insuffisante. Pendant la période de transport au trot, le cheval n° 1 a augmenté légèrement, mais les deux autres ont subi des pertes de poids sen- sibles, notamment le cheval n° 2 ; comme pendant la marche au pas, ce dernier a consommé pourtant toute sa ration, tandis que le che- val n° 3 a laissé plus de 2 kilogr. de paille par jour. La ration de transport au trot, suffisante pour l’un des chevaux, n’a pas pu parer complètement aux besoins des deux autres. Il est bon de remarquer que le cheval n° 2 est influencé surtout par l'allure, et que celle du trot ne lui convient pas, car il a reçu la même ration pour Île travail au pas, pendant lequel il a augmenté, que pour le simple transport au trot, pendant lequel on constate une diminution. Au travail au pas, le cheval n° 1 s’est simplement maintenu et le cheval n° 3 a éprouvé une diminution; le cheval n°2, qui a augmenté, est d’ailleurs le seul à avoir consommé intégralement sa ration. Les tableaux du travail, qui seront donnés plus loin, permettent d’expli- quer pourquoi on constate de telles différences : le cheval n° 2 est - celui qui a fourni le moins de travail; vient ensuite le cheval n° 1, puis le cheval n°3 ; ce dernier, avec très peu d'écart sur le n° 1. Au travail au trot, les trois chevaux ont perdu du poids. Aucun n’a acceplé entièrement sa ration ; toutefois, il faut observer que le tourteau a été intégralement consommé, landis qu'il n’en a pas élé de même pour la paille ; ainsi, au lieu de 64,500 de paille par jour, le cheval n° À n’en a consommé que 45,200, le cheval n° 2 4%s,100, et le cheval n° 3 25,600. Les chevaux n° 1 et 2 ont subi tous deux des pertes d'environ 8 kilogr. et le cheval n° 3 a perdu plus de 9 kilogr.; pourtant le cheval n° 1 a fourni chaque jour 60 000 kilo- grammètres de plus que le n°2 et 20 000 de plus que le n° 3; les pertes de poids ne se montraient donc pas, dans ce cas, proportion- nelles au travail produit, mais la grande différence dans la quantité de paille consommée par les chevaux n° 1 et 3 renil la comparaison difficile entre ces deux animaux. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 184 Au travail à la voiture, les trois chevaux ont perdu du poids, et les pertes varient dans le sens du travail produit, sans êlre cepen- dant proportionnelles à ce travail ; pour les seuls mois de travail en charge, nous voyons le cheval n° 1 perdre un peu plus de 14 kilogr., le cheval n° 3, 12 kilogr. et le n° 2, 6 kilogr. seulement; mais le cheval n° 4 a fourni, par journée de travail, 65 000 kilogrammètres de plus que le n° 3 et 100 000 de plus que le n° 2; en même temps il a consommé une ration plus faible que les deux autres, ce qui prouve qu'il est bon utilisateur des aliments digérés. Nous pou- vons dire que les quantités moyennes digérées, pendant le travail à la voiture, ont été insuffisantes, bien que l’expérience nous ait appris combien il faut être réservé sur les conclusions à tirer des pertes momentanées de poids vif chez les animaux. On à calculé, comme pour les expériences au maïs et à la féverole, les relations nutrilives des quantités ingérées et digérées, en trans- formant la graisse en amidon, à l’aide du coefficient 2,5. Les déno- minateurs des fractions ainsi calculées représentent les poids d’hy- drocarbonés (amidon, sucres) et de graisse, ingérés et digérés, en même temps qu’un kilogramme de matière azotée. Ces dénomina- teurs sont réunis, dans le tableau ci-dessous, qui comprend, égale- ment, les chiffres moyens pour les trois chevaux, dans les diverses situations et les moyennes de chaque cheval pour l'expérience en- 4 ’ lière du tourteau, ainsi que les moyennes générales : MOYENNES par situation, TT, À À À | Ingérè. | Digéré. | Ingéré. | Digéré. | Ingéré. | Digéré. | Ingéré. | Digéré. | CHEVAL K° 1. CHEVAL N0 2. CHEVAL N° 3 oPe 2,40 ta ” Au repos - > à 1h er Nr 1 v A Ia marche au pas. . . . 1 A la marche au tiot . . . c Au travail au pas . . . . 1 Au travail au trot . . . . LO 19 410 19 19 19 F ea CC = 19 1° © 10 CS 19 CC Au travail à la voiture . . Moyennes par cheval, . . 2,86 Moyeunes générales. Les différences de deux à trois unités constatées pendant les expé- riences au maïs entre les relations correspondant aux rations ingé- 182 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. rées et digérées, ne se sont pas reproduiles dans cette dernière série, pas plus d’ailleurs que dans les essais à la féverole. Les nombres ci- dessus se rapprochent beaucoup de ceux trouvés pour la féverole ; ils nous montrent, en même temps, que, dans l’alimentation au tour- teau, les rations ont été moins riches en matières azotées que dans la série précédente, mais toujours beaucoup plus riches qu'avec les régimes de l’avoine où du mais. Le tableau ci-dessus nous fait voir encore que, pour chaque cheval (en mettant à part la période de repos), la situation dans laquelle il s'est le mieux comporté est celle qui correspond à la ration nutri- tive la plus large, c’est-à-dire à la plus grande quantité de principes hydrocarbonés digérée, en même temps que 1 kilogr. de protéine. Pour le cheval n° 1, c’est la période de la marche au pas qui s’est montrée la plus favorable et la relation nutritive y est de . ; pour le cheval n° 2, qui s’est médiocrement comporté en général, la rela- lion de . correspond à la période de travail au pas, où ce cheval a augmenté de poids; enfin, pendant la même période, le cheval n° 3 est celui qui a fourni le maximum de travail, et sa ration digérée a eu pour relation ns les trois dénominateurs 4,07, 2,98 et 3,48 sont les chiffres maximums trouvés pour chaque cheval, ainsi que le montre le tableau précédent. Si nous envisageons maintenant les résultats d'ensemble par che- val, que voyons-nous ? À mesure que diminuent les dénominateurs des relations nutritives moyennes, les chevaux se comportent moms bien, c’est-à dire qu’ils perdent plus de poids ou produisent moins de travail ; c’est encore une confirmation de ce qui précède. Quant à la comparaison entre l'alimentation au tourteau et cell des expériences antéricures, nous la reporterons à la suite de la sta- lique de lazote et de l’eau et de l’étude complète du travail pro- duit ; nous aurons ainsi sous les yeux plus d'éléments pour l'établir. STATIQUE DE L’AZOTE. L'alimentation au tourteau élant riche en matière azotée, presque aulant que l'alimentation à la féverole, la balance entre l’azole ingéré el l’azole rendu sous ses diverses formes présente un intérêt tout particulier. Nous allons l’étudier de près. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT, 155 Azote de la protéine digérée. Les deux premiers termes de cette balance, c’est-à-dire l'azote ingéré et l’azote rendu sous forme de fèces, o1t élé dounés précé- demment par mois et par cheval, à propos des coefficients de diges- üibilité ; 1l suffit, en effet, de diviser par 6,25 les chiffres trouvés pour la protéine, pour obtenir l'azote correspondant, soit dans les aliments, soit dans les fèces. On s’est borné, dans les tableaux qui seront donnés plus loin, à calculer l'azote digéré par chaque cheval ct pour chaque mois, d’après la quantité moyenne journalière de protéine digérée. Une fois ces chiffres obtenus, il restera à en re- trancher l'azote des urines, des poils et des poussières de pansage, de la corne, de la sueur, et l’azote volaul qui s'échappe pendant la dessiccation des fèces, pour établir la statique de l'azote. Azote de l'urine, Comme dans les essais antérieurs, les urines de chaque cheval ont été recueillies avec le plus grand soin pendant les mois de repos et de travail au manège. On les pesait chaque jour, ainsi que les eaux ayant servi au lavage des stalles, et on prélevait de suite un échantillon d'urine et un autre des eaux de lavage, pour chacun des trois chevaux. Les échantillons journaliers, additionnés de chlo- roforme pour empêcher toute fermentation, formaient un échan- üllon mensuel, dont on prenait la densité et dans lequel on dosait l’azote, la matière sèche et la matière minérale, suivant les procé- dés ordinaires. Les résultats de ces analyses ont été réunis dans les tableaux suivants, qui ont trait aux mois de mai 1891 (régime de transition), juin, Juillet, août, septembre, octobre et novembre 1891, pour les trois chevaux ; décembre 1891 et janvier 1892 pour les chevaux n° 2 et n° 3; février 1892 pour les chevaux n° 1 et n°3; mars, avril et mai 1892 pour le cheval n° 1 seulement. Les chiffres obtenus doivent être considérés comme des minimums, à cause des pertes d’azole sous forme d’ammoniaque que subissent les urines depuis le moment de leur émission jusqu’à celui du prélèvement de l’échantillon. Inférieurs aux résultats trouvés dans lalimentation à la féverole, ils sont notablement supérieurs à ceux qu’on à déduits des expériences au maïs. 184 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Mois de mai 1591 (transition). | Poids moyen journalier . || Densité . Volume correspondant. Azote dosé dans 1 centim, cube. mg. | Azote total . d’où Azote total des urines . Volume et poids d’urine correspon- dant à l’eau de lavâge . d’où || Poids total d'urine émise. . gr gr, Matière sèche dans 5 centim. cubes d'urine . gr. Matiè.e minérale dans 5 centim. eubes d'urine . gr. Matière organique dans 5 centim. cubes d'urine . gr. Matière sèche totale . gr. Eau de l'urine. . or gr Mois de juin 1891. Poids moyen journalier . gr. Densité . CHEVAL N° 1. CHEVAL N0 2. 7 — — Urine, Lavage. 1,095 1,647 Urine. 3 827,7 1,0460 3 659,3 15,000 54,889 5 541,7 1,0390 | Volume ecrrespondant. Azote total . Azote dosé dans 1 centim, cube. cc. my. =] gr. 1 763,4 1,957 2,216 5 333,6 15,601 83,209 Lavage. 1 668,8 1,0148 1 644,4 1,063 1,748 1 774,0 1,0080 759,0 0,981 1,725 a CHEVAL N° 9. EE Urine. 3 993,5 1,0390 3 843,5 13,080 50,27: Lavage. 1 689,6 | 1,0120 1 669,5 1,066 1,780 d’où Azote total äes urines. Volume et poids d’eau correspondant à l’eau de lavage. +75 d’où Poids total d'urine émise. . | Matière sèche dans 5 centim. cubes d'urine . gr. | Matière minérale dans 5 centim, cubes d'urine aline het LT: | Matière organique dans 5 centim CUDOS 'ATINONTSE 0 gr. Matière sèche totale, | Eau de l'urine, . EE 84,934 110°°,5 — 1146°,8 198,2 TT 52,053 arCce Re T 136°°,1 — 1416" ,4 0,105 0,145 199,0 3 935,9 6 046,7 1,0293 5 874,6 11,553 67,869 69,984 39CC o— 4100 182,8 —1888",1 6 234,8 0,155 0,046 0,109 187,8 6 047,0 Es O à ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 185 CHEVAL N° 1. CHEVAL N° 2. CHEVAL N°0 3. Re A ——— — | Urine. | Lavage. | Urine. | Lavage, | Urine. | Lavage. ee den Mois de juillet 1891. Poids moyen journalier . . . . | 5712,9| 1856,5] 6399,4| 1 863,9| 7 352,6 PO LS ÉER C TN Lee or ele LÉ AO PT PTE 1,026 Volume correspondant. , . . 2120 9 7 166,3 Azote dosé dans {1 centim.cube. ms. 11,388 25 1,009[ 12,056 Azote total NN or: 65, 163 2,269 5,298 1,868] 86,253 d'où Azote total des urines. . . . . gr. ; 107,096 87,928 Volume et joids d'urine correspon- 2 à ‘a s dant à l’eau de lavage . . . . . . 51109°°,5 = 1138 ,61139°°,9 =: 14987, 8 d'où Poids total d'urine émise, . . . gr. Maière sèche dans 5 centim. cubes ee DOS PET PSE CHANT à. Matière minérale dans 3 centim. cubes RÉRT RE ALTER EAN ERA EE TS Matière organique dans 5 centim. cubestd'nrinet. fs. CU nETr: Matière sèche totale. . Eau de l’urine. . . . Mois d'août 1591. Poids moyen journalier . , . .| 5695,8| 1885,5| 5313,6| 1851,3| 7 080,0| 1 857,7 Densité PM ae - le . 1,031! 1,0066 1,035! 1,0056| 1,0288| 1,0065 Volume correspondant. . . . . .| 5524,5| 1875,1| 5133,9| 1841,0| 6 881,8] 1 845,7 Azote dosé dans 1 centim. cube. .| 10,820 4,122 2, 0,744] 12,911! 1,246 AZote;total=. 2.7.8 7, su | 59,775 2,102 £ 1,370] 88,851! 2,300 d'où Azote total des urines . . . , , gr. 61,877 4 91,151 Volume et poids d'urine correspon- 2 Ê ; à dant à l'eau de lavage . . . . . .1194°°,3 = 9008" ,3/119°°,4 = 1168" ,0/107°°,8 —1108",9 d’où Poids total d'urine émise. . , . gr. 5 ; 42 7 190,9 Matière sèche dans 5 centim. cubes CARO EME te OR eee RTE ) 205 0,165 Matière minérale dans 5centim.cubes L'OFHORRENETT he eine d'IDré ),065 65 0,047 Matière organique dans 5 centim. CUDEBId'UrIRG Pr 7. pre : L 0,118 Matière sèche totale. , . . . . gr. FE 245 230,6 Hatdel'arine.ft.2r 00 0 gr 5 674 EX j 6 960,3 186 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. CHEVAL N°0 1. CHEVAL No 2, CHEVAL N0 8. | me ee || PO Uriue. | Lavage. | Urine. | Lavage. | Urine. Lavage. | a | ns | nee Mois de septembre 1891. Poids moyen journalier . . . . gr.| 6957,3| 4 820,3 6 074,3 6 734,3 Densité , . . . 1,041| 1,012] 1,042 1,0315 Volume correspondant. . . . . -[ 6683,2| 1798,7| 5 829,5 9 6 528,6 | Azote dosé dans 1 centim. cube. 1017592 1,380] 17,259 11,665 IFAZotPito RATE ERP EE .| 447,571 2,482| 100,495 ÿ= 76,156 d’où 2 — | — = | Azote total des urines. , . , . gr. 120,053 102,119 77,705 dit Volume et poids d'urine correspon- SE e dant à l’eau de lavage . . . . . .1141°°,1 — 1466",9) 94°°,9 = 988" 4 132°°,8 —1378",0 d'où Poids total d'urine émise. . . . gr. Matière sèche dans 5 centim. cubes ADN OPA M ETS 0,230 Matière minérale dans 5 centim. cubes GÉS NE) ONE 0 CO LE COL T 0,077 Matière organique dans 5 centim. Cubes d\urine ee '. 0,153 0,180 | Matière sèche totale. , . se 513,9 311,6 Hautdenurine eee le 6 790,3 > 860,8 Mois d'octobre 1891. | Poids moyen journalier . . . 6585,3| 1945,1| 572 1886,7| 6 837,0 Densité el retenir ë 1,0075 5| 1,0060 1,031 Volume correspondant. . ., . . €. 368 1930,6! 5475,3| 1875,4| 6 631,4 Azote dosé dans 1 centim. cube. H IE 0,793] 21,349 1,331! 13,250 Azote total . . gr.| 745 1,531! 116,892] 2,496] 87,866 d’où Azote total des urines . . . . . gr. 119,388 89,188 | Volume et poids d'urine correspon- ; | A : dant à l’eau de lavage . . . . . . 11307 ,1 = 1348°,5/116"°,0 = 41228 ,2/ 09° 8 — d’où Poids total d'urine émise. . . . gr. 6 719,8 ) 543,8 6 939,9 Matière sèche dans 5 centim. cubes CU CAC LEON DO MEME 0,195 25 0,150 | Matière minérale dans 5 centim. cubes d'urine nee CASE or: 0,060 0,050 Matière organique dans 5 centim. Cubes Lurine DT: 0,135 0,190 0,100 Matière sèche totale, . . . . . gr. 253,4 285,2 201,9 Baudelurine: 2 Le tpr: 6 466,4 9 998,0 6 735,0 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 187 CHEVAL N° 1. CHEVAL NO 2, CHEVAL N0 3. Ù a Urinc. | Lavage, | Urine. | Lavage. | Urine. | Lavage. Mois de novembre 1891. l’oids moyen journalier , . . . Le L 1908,7| 52 34,7|, 7 885,3| 1 780,0 Pt POELE MOT PS MO NE » 1,007 : 1,034 1,008 | Volume correspondant . . . . 6 203,6 8 7 626,0| 1 765,9 Azote dosé dans 1centim. cube. 104,255 16,669 15,439| 1,178 Aleobe:to tel nee der Cu .| 88,308 : 84,147| 5,202] 117,738] 2,080 d’où Azote total des urines . . . . . gr. 5 89,349 119,848 Volume et poids d’urine correspon- dant à l’eau de lavage . . : . . .|162 d’où ec ,1 = 1678",8/319"°,1 = 3948" ,31434°°,7 —1396",3 Poids total d'urine émise. . 4 . gr. 6 588,5 Matière sèche dans 5 centim. cubes ERA MONO ELEMENT 2 Matière minérale dans 5 centim. cubes ŒUTINON Der Miele tee etes DR 0,045 Matière organique dans 5 centim, cubes darines,t. : » 2+lele ee Gr. 0,180 0,210 Matière sèche totale. . us ; 286,4 278,7 | Eau de l’uriné. 6302,1 5 290,6 Mois de févr. 1892. Mois de décembre 1591. EE TT Poids moyen journalier , . . . | 59524,8| 1938,6| 5 164,2 2 j 1 894,2 DID A RENE EE 1,038 1,011 36| 1,008 Volume correspondant. . . . . .| 5322,5| 1917,5 | Azote dosé dans 1centim.eube. mg.] 14,992| 1,250 | Azote total ee Teen 110105 2,589 “ A .., " d’où | Azote total des urines. . . . . gr. 82,354 | Volume et poids d'urine correspon-| : F + dant à l’eau de lavage . . . . . .[172°°,7 — 1796",3[129°,9 = 135€", d’où | Poids total d'urine émise. . . . gr. 5 704,1 5 299 ,4 É Matière sèche dans 5 centim. cubes DUNNE Se ren ds RnB. 0,260 0,265 Matière minérale dans 5 centim. cubes HRTIMO ee alone ren eue ETS 0,085 0,070 Matière organique dans 5 centim. COUDE LATINE NS 0 MES ere ME 0,195 Matière sèche totale. . . . . ÿ j 269,8 Aude UTINREN Ne c 04 . j 5 029,6 138 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Poids moyen journalier . Densité . Volume correspondant. Azote dosé dans 1 centim. cube. Azote total . . d’où Azote total des urines , gr. Volume et poids d'urine correspon- dant à l’eau de lavage . d’où Poids total à’urine émise. . gr. F Matière sèche dans 5 d'urine . centim, eubes gr. Matière minérale dans 5centim, cubes d'urine . gr. Matière organique dans 5 centim. cubes d'urine . gr. Matière sèche totale . gr. Eau de l’urine. . Mois de mars 1892. CHEVAL NO 1. À Urine. | Lavage. 5174,8 1,043 4 961,4 1 642,2 1,015 1 617,9 14,333] 1,445 71,112| 9,338 Mois de janvier 1892. EE | CHEVAL N°0 2. CHEVAL N°0 3. . EE Urine. | Lavage. Lavagr. 5 452,9 1,043 4 939,8 1 944,9 1,013 1 919,2 14,855] : 4,217 73,381| 2,336 TT — 1 999,3 | 1,002 | 1 906,4 12,957| 1,227 66,156| 2,339 | a 5 105,8 68,494 0,185 270,1 5 046,1 Poids moyen journalier . Densité . Volume correspondant, . ce. Azote dosé dans 1 centim.cube, mg. Azote totai . gr. d’où Azote total des urines . gr. dant à l’eau de lavage, d'où Poids total d'urine émise. . gr. Matière sèche dans 5 ceitim. cubes d'urine . gr. Matière minérale dans 5 centim. cubes d'urine . gr. Matière organique dans à centim. cubes durine . gr. Matière sèche totale . Eau de l’urine. . MOIS D'AVRIL-MAL 4892. CHEVAL N0 1. Re Urine. 6 362,9 1,0333 1 983,5 1,0096 1 964,5 1,276 3,391 M — 78,608 Volume et poids d'urine correspon- Mois de février 1892. CHEVAL N° 3. Lavage. 1 789,6 1,008 1 775,4 1,207 2,143 0,185 266,0 4963,1 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 189 Azote dégagé par les fèces pendant la dessiccation. Comme dans les essais précédents, on a cherché à évaluer la perte d'azote qu’éprouvent les fèces pendant leur dessiccation. A cet effet, on a prélevé, chaque jour et pour chaque cheval, un échantillon de 290 gr. de fèces fraîches, et les trois échantillons étaient portés de suile à l’étuve à vide. Cette éluve est disposée de façon à permettre de recueillir séparément les produits volatils provenant de chacun des échantillons dans une solution acide contenant 50 centimètres cubes d’acide sulfurique par litre d’eau. Les liquides journaliers sont ajoutés les uns aux autres pour chaque cheval, puis pesés et analysés en fin de mois. Voici les résultats de ces analyses : CHEYAL N° 1. CHEVAL N° 2. CHEVAL N9 3. — — = — —— * —— Poids Poids Poids moyen moyen moyen Mois d'expériences. [journalier] Mois d'expériences. [journalier] Mois d'expériences. |journalier d’ozote d'azote d’azote recueilli. recueilli. recueilli . Gr. Mai 1891 (transition).| 0,643 [Mai 1391 (transition). 9 Mai 1891 (transition). Juin 1891 1,929 |Juin 1891 24 [Juin 1891 Septembre 1891. . .| 4,412 [Septembre 1891. . . 376 |Septembre 1891, . . Octobre 1891 . . . .| 1,192 |Octobre 1891 . . . . Octobre SI Novembre 1891. . .| 0,861 [Novembre 1891 . . . 258 [Novembre 1891 . . Janvier 1892 , . . . 1,315 |Janvier 1892 &. =." . 458 [Janvier 1892 . . . 1,473 |Février 1892... . . ; Février 1892 . . . . Mars 1892. . . . . .| 0,557 Mars 1892 Avril-Mai 1892 . . . 1,109 [Juillet 1892: . ..n . 4,95 Avril-Mai 1892 . . . Onsenvations : {0 Pendant les mois de juillet, août et décembre 1891, l'étuve à vide ayant été en répa- ration, on n'a pas pu obtenir l'azote volatil des fèces, 2° Le cheval no 2 a été malad: pendant les mois d: mars, avril et mai 1892, Azote des poussières de pansage et des poils recueillis pendant la tonte. Les poussières provenant du pansage journalier ont été recueil- lies séparément pour chaque cheval et analysées à la fin de chaque mois d'expérience; on a également recueilli et analysé les poils 190 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. provenant de la tonte. Ces analyses ont donné pour résultats les chiffres groupés ci-dessous, qui permettent d'évaluer la perte moyenne journalière d'azote éprouvée par chacun des chevaux, du fait du pansage et de la tonte : CHEVAL N° 1. CHEVAL N° 2. CHEVAL N0 3. poussières correspon- poussières correspon - poussières correspon - re- re- Tes dant. dant. dant. cueillis. cueillis. cueillis. Mai 1891 (transition) 31,403 46,861 | Juin 1891 18,657 20,692 2 15,173 | Juillet 1891 25 99,524 18,710 14,795 Août 1891 14,581 16,358 10,666 Septembre 1891 31,063 39,405 9 30,613 Octobre 1891 30,249 31 ,: 23,684 | | Novembre 1891 590 ? | 347,594 240 ,600 428,603 Décembre 1891 26,094 14,767 11,861 | Janvier 1892 13,120 ) 2 4 9,737 HÉVHOLE SIDE RER IRAN UE È 9,437 12,039 19,580 14,715 31,205 29,306 Soit par jour une production moyenne de 14,043 . La tonte de mai a donné : Cheval no 1, 280 gr.; cheval no 2, 130 gr.; cheval no 3, 270 gr. . La tonte de novembre a donné: Cheval no 1, 2300 gr.; cheval no 2, 1 570 gr.; cheval no 5, 2750 gr. 3. Le cheval no 2 donne à la tonte de janvier {488 gr. . Le cheval no 2 est malade, ÿ, Fin des expériences pour les chevaux 1 et 3. Azote de la corne. Chaque fois que les chevaux ont eu besoin d’être ferrés, on a recueilli et pesé la corne qu’on leur enlevait, car c’est là une source de déperdition d’azote qui n’est pas négligeable. Les poids de corne ainsi recueillie sont réunis dans le tableau ci-dessous, où figure PE ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 191 également la production journalière moyenne de corne pour chacun des chevaux d’expérience : CHEVAL N° 1. CHEVAL N° 2, CHEVAL N90 3. — Corne Corne Corne re- re- re- cueillie. eueillie. eueillie, 10 juillet 1891. . . . Lama Mel TE 31 juillet 1891. . . . 15/2004 1891-20 Nr 9 juillet 1891. . . . 26 septembre 1891. . 31 août 1891. . . . . 19 juillet 1891. . . . 23 octobre 1891. . . 13 septembre 1891. . 31 août 1891 29 octobre 1891 . . . 14 septembre 1891. . | 3 septembre 1891. . 9 19 novembre 1891. . 25 septembre 1891. . 4 15 septembre 1891. . 27 novembre 1891. . 29 octobre 1891 . . . 25 18 septembre 1891. . 3 mars 1892 . . . . 25 novembre 1891. . 1er octobre 1891 . . 15 avril 1892 . . 1er décembre 1891 . 11 octobre 1891 . . . 14 décembre 1891 . . 21 octobre 1891 . . . 31 décembre 1891 . . L 26 octobre 1891 . . . 11 janvier 1892 . . . 17 novembre 1891. . 29 janvier 1892 . . . 31 janvier 1892 . . 24 février 1892 . . . 20 mai 1852. . . 20 juin 1892. . . . . 4 juillet 1892. . . . 20 juillet 1892. . . . Corne recueillie en Corne recueillie en Corne recueillie en 203 jours 4. 435 jours 2 130 259/jours . |. | 21 9340 Soit en un jour . . . Soit en un jour . . . 4,896 [Soit en un jour . . . 5,058 1. La corne recueillie les 10 juillet, 42 mai et 31 juillet 1894 n’a pas été comptée dans Le poids total : ces trois dates ont seulement servi de point de départ, Il résulte des chiffres donnés ci-dessus que la production journa- r lière de la corne a été : Pour le cheval n° 1 de. . . … .!. ; 75,093 Poulercthevalm 2 des 2 CCE 4 ,896 POI CE VAN TEL SN EN UT. 5 ,058 L'analyse d’un échantillon moyen, fait avec la corne des trois chevaux, a donné 14.51 p. 100 d’azote; on en déduit que les trois 192 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. chevaux ont employé journellement les quantités suivantes d'azote à la production de leur corne : Cheval no free Re etes 151,029 Chexaln:9 PEREU NT RC ER EE 0 ,710 Cher ES AR SRE UE 7e 0 ,734 Azote de la sueur. Comme dans les deux séries précédentes, on n’a pas cherché à évaluer de nouveau l’azote éliminé par la voie cutanée sous diffé- rentes formes (urée, ammoniaque, albumine, etc..). On admettra donc, ainsi que l’ont montré les expériences de 1888, qu'un cheval perd chaque jour par la sueur : AZOTE. AUPFEDOSR onde be et fs PRES Do R Re 15,305 AUSEPAVAUESS AO SR TE 2179 Balance de l'azote. Nous pouvons maintenant établir la balance entre l'azote digéré et l'azote rendu sous les différentes formes que nous venons de détailler, pendant les mois de repos, de marche et de travail au manège. Gelte balance est indiquée dans le tableau suivant : DIF- FÉ RENCE | RIATIONS du poids VA- SITUATION entre l'azote digéré et l'azote ren(lu, chevaux. des digérée. chevaux. a CA e “a QI © LA & feces. des de la protéine des urines, des poils et du pansage, volauil des de la sueur, total rendu, Q 3 de la corne, | Ke Cheval n° Juin 1591 .|Travailau pas.|747,0|119,520| 85,501|1,639|1,92911,029/2,179| 92,277] — 27,243 | Diminution Juillet1891.|Repos . . . .1597,9| 95,664! 65,425/1,659| " |1,029/1,305| on " » Août 1891 .| Marche au pas.|534,3| 85,488| 61,877|1,639| " :1,029/1,305| nv " » Sept. 1591 . | Travail au trot|880,2|140,832|120,053|1,639/4,412|1,029|2,179| 129,312] — 11,520 | Diminution Oct. 1891. .|Repos. . . . .|525,4| 84,064! 76,07111,639|1,192|1,029/1,505| 81,236] — 2,828] Entretin. Nov. 1891 .|Marcheau trot. |824,5]131,888| 90,615|1,639/0,861|1,029|1,305| 95,449] — 36,439] iminuuon Févr, 1892.|Repos . . . .1542,3| 86,768| 82,584|1,639|1,173|1,029|1,305| 87,550] + 0,762| Entretien. Mars 1892 .|Repos . . . .1619,0] 99,040! 73,450|1,63910,557|1,029/1,305| 77,980] — 21,060 | Augment, À il 1892. x = > 4 = = D sé £. ee, À Mi ague, pRepes . . . [544,7] 87,152] 73,608/1,630/1,102/ 1,020] 1,305) 83,685] — 3,460 /Diminu‘ion ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 193 AZOTE DIS vA- a FÉRENCE SITUATION ER RIATIONS CE = z eutre reulr s : A : : : $ du DATES. des mo | ä wo | S à = = l'azote o2| = 2 à sels | £ £ E oids 2 |SE | £ |8S|<8| $ | 5 | 5 | digére | P chevaux, CA 3 als 3 2 A u du s à = EN EE] QE: = rc et l'azote st à = = 10) MS & D = © = = L= £ rendu. chevaux. 0 EPS ARE CR CNRS COREEEERS en mes | coms | =mccr | mme | nc EEE | Ces Gi Gx Gr. Gr MG | Gr. 1|0Gre Gr, Gr. Cheval n° 2. Juillet 1891.| Travail au pas.|790,31126,448|107,096|1,808| " |0,71012,179 u _ Août 1891 .| Repos . . . .[522,41 83,584) 64,086[1,808| " |0,71011,305| vw Sept. 1891 .| Marche autrot.|864,2|138,272|102,119|1,80811,276|0,710|1,305|107,318| — Oct. 1891 .| Travail au trot|866,8[138,688|119,388|1,808/1,70710,7102,179| 125,792 Nov. 1891 .| Repos. . . . .|601,2| 96,192! 89,34911,808/0,258|0,710|1,305| 93,430! — Déc. 1891 .|Repos . . : .[598,3| 95,726| 8 — 30,954! Diminution = ie Dimivution 762 | Diminution » 4,4251,808| " |0,71011,305| v Janv. 1892. |Repos . . . .|608,3| 97,328] 75,717|1,80810,458/0,710/1,505| 79,998 Juin 1891 .| Marche au pas.|663,9/106,224| 84,934|1,808)1,02410,710|1,305| 89,781| — 16,443| Diminution — 17,330 | Augm nt. Cheval n° 3. Juin 1891 .|Repos . . . .[584,1| 93,456 60,081/1,73111,793/0,734|1,805| 75,544] — 17,912 | Augment. Juillet189 .| Marche au pas.|613,3| 98,128| 87,928|1,731| " |0,73411,305 " " » Août 1891 .|Travailau pas.|724,5|115,920| 91,15111,731| " |0,73412,179| v " » Sept. 1891 .[Repos . . . .|573,8] 91,808| 77,705|1,731/2,226|0,734/1,505| 83,701] — S,107|Augment. Oct. 1891 .|Marcheautrot.|760,7|121,712| 89,18811,731|1,642/0,734|1,305| 94,600 | —27,112| Diminution Nov. 1891 . Travail au trot|085,8/157,728|119,818/1,731|1,877|0,734/2,170 | 196,330] — 21,580] Diminution Dée. 1891 .|Repos . . . .|590,9! 94,544| 79,19911,731| " |0,734/1,305| v " , Janv. 1892. |Repos . . . .[621,7| 99,472| 68,49411,73110,482|0,734|1,305| 72,746] — 26,726| Augment. Fév. 1892 .| Repos . : . .|547,9| 87,664| 77,689/1,73111,05410,734|1,505| 82,513] — 5,151|Augment. Le tableau précédent montre que, dans un seul cas et pour l’un des trois chevaux seulement (cheval n° 1, février 1892), il y a eu un léger excès d’azote journalier rendu ; cet excès est même si peu important, 0,762, qu’on pourrait le négliger et considérer l'azote digéré et l'azote rendu comme en parfait équilibre. Précisément, le cheval s’est entretenu pendant cette même période ; 1l semble donc, dans ce cas, qu'il y ait accord entre le résultat de la statique de l'azote et celui des pesées journalières de l'animal. Il n’en esl pas de même dans beaucoup d’autres périodes de l'essai au tourteau ; les chiffres ci-dessus accusent, en effet, dix-sept cas de déficit pour l'azote rendu, sur lesquels dix correspondent à ANN. SCIENCE AGRON. — 2 SÉRIE, — 1896. — 11. 13 194 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. une diminution de poids, un à l'entretien, et six seulement à une augmentation de poids vif. Il semble, de prime abord, que du mo- ment où l’on trouve un déficit dans l'azote rendu par rapport à l’azote digéré, il doive toujours se produire en même temps une certaine quantité de chair ; on a constaté dans les expériences an- térieures et on constate de nouveau aujourd’hui que les choses ne se passent ainsi que dans un très petit nombre de cas, en appa- rence tout au moins. Cela tient, en grande partie, à ce que la pro- duction d’une certaine quantité de chair peut être masquée soit par la consommation de la graisse, soit par la perte d’une partie de l’eau des tissus. Nous pouvons, ainsi qu’on va le voir, établir d’une ma- nière approchée la statique de l’eau chez nos animaux d’expérience, mais la recherche des variations de la graisse ne nous est pas pos- sible, du moment que nous ne recueillons pas les produits de la respiration. Nous nous bornerons donc à remarquer que, dans les six cas où la balance a indiqué une augmentation de poids, d’accord avec la sta- tique de l’azote, les chevaux étaient au repos. Les résullats de ces six mois extraits du tableau précédent sont réunis ci-dessous : AZOTE De AUGMENTATION É FÉRENCE se 2 de poids respondant entre l'azote DATES. re à ECS EGamiurse Tac. l'augmen- et l'azote tation mensuelle, | journalière, rendu. de poids, PRE CR RE RMS ED ER Emme RSS Se ETS me Gr. Kg Gr. Gr Chevalno 1... MarsH1892 0e 21,060 8,7 280,6 12,627 Chevalno "mr Janvier 19920 17,330 1,3 41,9 1,885 Es LANTA EEE 17,912 2,3 76,7 3,451 ChvalasaaS nel Septembre 1891. . . . . 8,107 2,8 93,3 4,198 Janvier 1892000 26,726 1,9 64,5 2,902 Février 1e92 NN ee »,191 0,4 13,8 0,621 Les chiffres de la colonne de droite ont été obtenus en supposant que l’augmentation de poids journalière soit due à la formation de ussu musculaire, contenant 4.5 p. 100 d'azote ; ils nous montrent ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 195 que les quantités d’azote correspondant à la chair formée sont toutes inférieures aux quantités d’azote disparues d’après la stati- que ci-dessus. Les différences entre l’azote digéré et l'azote rendu paraissent donc trop fortes dans tous les cas; cela provient, à coup sûr, pour une bonne part, des pertes importantes subies par les urines et les fèces, qui ne nous permettent que d’obtenir des mi- nima pour l'azote éliminé. Bien que nous ayons pu quelquefois retrouver sous ses diverses formes presque toul l'azote digéré par nos chevaux, 1l nous reste encore à améliorer nos moyens de recherches, de manière à faire disparaître les anomalies signalées plus haut ou à en faciliter lin- terprétation. STATIQUE DE L'EAU. Des deux termes dont se compose la statique de l’eau : eau con- sommée et eau rendue, nous ne pouvons exactement apprécier que le premier, en pesant la boisson et en dosant l’eau contenue dans les aliments. L'eau rendue dans l'urine et les fèces est également déter- minée, mais nous ne pouvons pas évaluer directement l’eau perdue par la voie pulmonaire et par la transpiration ; l'eau perdue de ce chef ne peut être déterminée que par différence entre l’eau totale consommée et l’eau de l'urine et des fèces : c’est là un inconvénient, augmenté encore de l'erreur possible provenant de l’eau fixée par les tissus ou éliminée de ces mêmes tissus. Ces réserves faites, nous réunissons dans le tableau suivant les éléments qui nous permettent d’établir une statique moyenne jour- nalière de l’eau en y ajoutant les pertes éprouvées par les chevaux pendant le travail ou la marche. Ce tableau ne comprend, bien en- tendu, que les mois où l’urine a été recueillie. TABLEAU, 196 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. DATES. Juin 1891 . Juillet 1891 . Août 1891 . Sept. 1891 . Octobre 1891. Nov.1891%.%: | Février 1892. Mars 1892 . . Avr.-Mai 1892 Juin 1891 Juillet 1891 . Août 1891 . Sept. 1891. . Octobre 1891. Nov. 1891 . . Déc. 1891. Janvier 1892. Juin 1891 . Juillet 1891 . Août 1891 . Sept. 1891. . Octobre 1891. Nov. 1891 . Déc. 1891 . : Janvier 1892. Février 1892. EE Ne 16 516,2 16 191,3 19 503,8 39 129,3 18 641,3 30 624,0 35 142,9 17 013,0 16 299,0 16 043,2 29 563,3 26 419,4 97 797,4 24 504,0 18 034,1 15 802,2 15 636,5 des four- rages, Gr. 1 079,9 814,8 1 070,8 1 219,4 942,4 1 548,2 1 117,2 1 050,0 894,8 1 024,2 1 147,4 940,8 1935,9 1 247,1 1 126,0 1 248,0 1 238,8 940,4 850,0 1030,5[ 891,3 1 033,2 1 270,9 1 248,0 1 258,8 1 117,2 L EAU totale con- sommée, Gr. 34 807,7 91 377,6 94377,9 17 633,4 17 241,5 20 398,6 31 459,9 25 459,3 774,9 19 289,1 17 041,0 16 753,7 95 de des l'urine, fèces. a Gr, Gr, Cheval n° 1. 5 561,0 | 11 319,1 5693,3| 9458,5 5 673,1 | 11 633,2 ë 790,3 | 14 298,7 6 466,4 | 10 020,2 6 302,1 | 13 371,3 5418,4| 9411,6 5 039,5 | 9 473,2 10 155,0 Cheval n° 2. 5 458,3 | 11 357,3 6 260,6 | 14 527,3 5914,5 | 9117,3 5 860,8 | 14 503,0 5 558,6 | 14 201,6 5 290,6 | 10 539,2 3 029,6 | 9 835,3 5 046,1 | 10 251,3 Cheval n° 3. 6 047,0 | 10 831,9 7 290,9 | 11 179,8 6 960,3 | 10 642,6 6 644,8 | 11 367,2 6 738,0 | 10 328,3 7753,0 | 11 373,7 5 645,8 | 10 640,8 5275,7 | 10 497, :963,1 | 10 348,8 DIFFÉ- ‘ RENCE entre l’eau con- totale ; sommée zez et l'eau cueillie, {recueillie. RE ESS | Re Nm ES Gr. Gr. 16 880,1] 11 803,4 15 151,8] 6 107,2 17 306,3] 7 795,8 21 089,0| 13 718,7 16486,6| 4891,0 19673,4| 4 704,5 14 830,0| 2 803,4 14512,7| 9 728,6 16553,7| 3 844,9 16815,6| 7961,9 20 787,9 | 12 488,8 14331,8| 5 250,3 20 363,8| 11 096,1 19 760,2! 16 629,8 15 829,8] 2309,2 14 864,9] 2682,1 15 297,4] 1984,6 16878,0| 6594,8 18470,7| 8 778,7 17 602,9] 11 225,0 18012,0| 6237,0 17 066,3] 8 393,0 19126,7| 6648,2 16286,1| 2996,0 15 703,5) 1337, 15 311,9 PERTE de poids du cheval pendant le travail ou la marche, Gr. 4 S00 6 900 5 700 5 600 SITUATION des chevaux. Travail au pas. Repos. Marche au pas. Trav. au trot. Repos. Marcheautrot. Repos. Repos. Repos. Marche au pas. Travailau pas. Repos. Marcheautrot, Trav. au trot. Repos. Repos. Repos. Repos. Marche au pas. Travail au pas. Repos. du À dl: RS Marche autrot, Trav. au trot. Repos. Repos. Repos. Ce tableau nous montre que les réserves faites plus haut étaient bien justifiées, car les chiffres représentant les différences entre l’eau ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 197 consommée et l’eau recueillie, pour un même cheval et dans la même situation de repos, sont loin d’être concordants. Ainsile cheval n° 1, au repos, aurait éliminé, en juillet 1891, 6 1075°,2 d’eau par jour ; en octobre 1891, 4 891 er.; en février 1892, 2 8035,4 el en mars 1892, 2 7285°,6. Ces écarts ne peuvent pas êlre entièrement atlri- bués à la différence des températures extérieures, puisque l’eau éliminée en octobre 1891 a été supérieure à celle de mars 1892 et même d’avril-mai 1892 (3 8445,9). Si nous passons aux deux autres chevaux, nous voyons qu’au repos les quantités d’eau éliminées par jour ont été respective- ment: [ 5 250,3 en août 1891 2 309 ,2 en novembre 1891 2682 ,{ en décembre 1891 19S4 ,6 en janvier 1892 6 594*,8 en juin 1891 6237 ,0 en septembre 1891 Pour le cheval n° 3 de { 2996 ,0 en décembre 1891 1337 ,5 en janvier 1892 1441 ,8 en février 1892 Pour le cheval n° 2 de Faisons maintenant, par cheval, la moyenne des nombres ainsi mis en évidence, nous aurons les quantités moyennes journalières d’eau éliminée par la respiration et la transpiration culanée : (ACL OTTO NE PÉTER AO ER DR SU 4 0755,0 CRENARNDATRRTONREAN UT EN PETe 3056 ,9 Cheval mA A RIRE ire 3721 ,4 Le cheval n° 2 se sépare donc nettement des deux autres en éli- minant notablement moins d’eau au repos ; le même fait s'était déjà produit au cours des expériences à la féverole, où l’on trouve au repos pour les mêmes chevaux les quantités d’eau suivantes : DRASS RATS RARE REA 22 o 4235',5 CHeva ln ee TE SE Pre 3 692 ,8 CREVANAIELAMIES HE EE Re 621219 Il est vrai, comme on l’a remarqué plus haut, que le poids de 198 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. l'eau excrétée par le cheval a pu être influencé par l’eau fixée dans ses tissus. Considérons maintenant les périodes de marche et de travail ; les trois chevaux se sont comportés à peu près de la même façon pen- dant la marche ou le travail au pas, mais à l’allure du trot, le cheval n° 2 a éliminé beaucoup plus d’eau que les deux autres, en n’é- prouvant pas pendant le travail une perte de poids supérieure à celle du cheval n° 1, par exemple, mais aussi en effectuant un travail bien inférieur à celui de ce dernier cheval. Nous verrons plus loin en parlant du travail quelle a été la valeur de cette diminution et quel cas particulier présentait le cheval n° 2. TRAVAIL PRODUIT AVEC L'ALIMENTATION DU TOURTEAU. 4° Travail au manège. Le travail au manège a été exécuté dans les mêmes conditions que pendant les séries précédentes d’expériences ; chaque jour, pendant un mois, chacun des trois chevaux faisait 350 tours le matin et au- tant le soir ; les trois premiers mois ont été employés à faire tra- vailler les chevaux au pas et les trois suivants consacrés au travail au trot. Un second cheval, qui recevait seulement la ration de trans- port, suivait, attelé derrière la flèche, le cheval qui actionnait le manège. La piste ayant été refaite depuis les expériences à la féverole, il y a lieu de modifier légérement la valeur des chemins parcourus aux différentes allures ; le rayon de la piste étant de 4,60, un tour de piste au pas représente 28,903, ce qui donne 20“",232 pour les 700 tours journaliers. C’est également le chemin parcouru chaque jour par le cheval qui marchait sans travailler. Au trot, le cheval parcourt une piste dont le rayon est de 4",79, par suite de l’habitude qu'ont tous les chevaux, à cette allure, de s'appuyer sur le trait ex- térieur ; 1l fait donc, en un tour : 29",845 et par jour 20“",891. Par contre, le cheval qui marche au trot suit une piste dont le rayon est seulement de 4",45 et il n’effectue par tour de piste qu’un trajet de 27",960, ce qui donne pour la journée (700 tours) 19“",572. La ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 199 mésure du travail effectué nous à été donnée par la lecture du nombre de tours de la roulette du totalisateur Leclerc, qui a fonc- lionné, celte fois, avec de très courtes interruptions. La roulette ayant été modifiée au début des expériences, on a déterminé la valeur kilogrammétrique de la nouvelle roulette, qui a été trouvée de 42,4308 au lieu de 40,8997 qui représentait la valeur de Ja précédente. Les principaux éléments du travail: durée, nombre de tours de la roulette, élévations de température du cheval au travail, pertes de poids au travail et à la marche, ont été notés pendant les six mois de manège. On trouvera réunies toutes ces données dans les ta- bleaux suivants, qui renferment aussi l'évaluation du travail en kilo- grammètres et des observations relatives à la marche du manège et à l’état de l'atmosphère. TABLEAUX, 200 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. CHEVAL No 2, CHEVAL N° 1. — Travail au manège au pas, Marche on pas. | DATES. °° EEE" — OBSER- mÀ é Nombre Perte de yoids Élévation de la] Poids moyen | Perte de poids Durée 1 ET As alinens températuredu du chevall du chevall varrons. du travail de tours de la ARE ENRER cheval pendant] pendant lef pendant la | Juin ; roulette, dant letravail.| Le travail. travail, marche, 1891. eo NL el re PP ST OO TS Matin.| Soir, | Matin.| Soir, | Matin.| Soir. | Matin.| Soir. | Matin} Soir. | Matin| Soir. | Matin| Soir. me | | cc | =mmmcmcees | ec | emmener Css Gens | <= 27 | cum | mamans | coment Min. | Min. Gr. Gr. Deg. | Deg. | Kill, | Kil. | Gr. Gr. l 106 112 | 4 609 | 4786 | 4000 | 4 S00 1 6 0 6 [495,2|490,6| 5 500! 3 700 2 119 120 | 4753 | 4533 | 3 800 | 2 000 0 5 0 8 |486,6 485,6! [ 600! 1 300 3 119 119 | 4406 | 4438 | 4500 | 4 300 O8 0 7 |490,2 490,2] 2 200| 3 300 4 120 1114 | 4422 | 4566 | 4 200 | 4 200 0 5 0 7 |491,81493,6| 2 800! { 600 b) 116 115 | 4295 | 4573 | 4400 | 4 600 0 5 0 7 1495,4/494,3| 3 600! 3 000 ô 116 1142 | 4524 | 4849 | 3 600 | 4000! O0 6 0 6 |493,71495,6| 1 000! 3 000 7 115 111 | 4786 | 2020 | 3400 | 2400! O0 4 0 7 |404,3/495,6| 1 100| 700! (1) 8 112 110 | 4955 | 4989 | 4 000 | 4400 0 5 0 8 |[487,2)400,8| 2 000! 2 000 9 107 111 | 4936 | 4 895 | 2 600 | 2 400 0 3 0 9 |492,8)498,5| L OC0| 1 100 (2) 10 110 109 | 4816 | 5 074 | 3 200 | 5 200 0 4 0 8 |493,11492,1| 2 600| 2 000 IL 107 106 | 4836 | 5158 | 4200 | 3 900 0 6 0 7 |489,9/494,5| 1 500! 1 900 12 106 106 | 4945 | 4968 | 1 600 | 4 000 0 5 0 6 |[4S6,6|488,6] 2 000! 1 200 13 104 102 | 4969 | 5 197 | 4 260 | 4 400 0 7 0 5 |455,7|489,7] 2 200| 2 700 14 ill 113 | 4948 | 5168 | 2 600 | 5 800 07 0 5 |490,21496,5| 800! 3 000 15 107 114 | 4555 | 4856 | 3 200 | 4000 0 6 0 6 |492,4|496,2] 2 209 | 2 600 16 102 105 | 4807 | 4830 | 4 600 | 4400 0 7 0 5 [491,3/494,9] 2 400 | 2 700 4 108 103 | 4554 | 4902 | 4 800 | 4400 0 8 0 6 |490,9)494,7| 3 700| 3 300 L8 103 104 | 4695 | 4757 | 3 800 | 6 000 0 8 0 8 [491,81405,41 5 200| 2 800 | 19 107 107 | 4561 | 4975 | > 400 | 5 600 07 0 6 |494,8 497,51 2 700 | 3 100 | 20 106 102 | 4702 | 4710 | 3900 | 4500 0 7 0 5 |491,61495,3] 2 500! 1 600 21 107 105 | 4932 | 4 670 | 2 400 | 3 200 0 5 0 8 1496,8]500,6| 2 200! 3 000 29 107 104 | 4741 | 4592 | 3 000 | 3 200 0 6 0 7 {492,5 492,91 1 200| 2 500 23 109 401 | 4606 | 4757 | 4600 | 5 500 0 6 0 7 1489,5 494,81 3 000! 4 100 24 104 106 | 4358 1 4 600 | 3 400 0 7 0 6 1[495,41499,21 2 300! 3 200 (3) 25 108 104 " ï 4900 | 4200! 07 0 5 [405,5 498,3! 3400! 3 500 26 106 104 Q " 5 200 | 5 200 0 6 0 5 194,9 405,5 2 900 | 3 500 27 107 106 u " 4 000 | 4 000 0 3 0 5 [492,0 494,41 1 100! 3 000 | 28 105 105 " " 4 000 | 4200 | 0 6 0 5 |490,4,493,61 2 600 | 2 900 29 107 106 " " 2000 | 2400 | 0 3 | 0 7 [489,9/497,6| 4 100! 1200! (4) | (5) 30 108 108 " 4364 | 4400 | 4000 0 4 0 5 [490,8 497,0] 2 90u| 2 200 Moy, . 108 107 | 4705 | 4818 | 3 800 | 4 100 0 6 0 6 [491,8,495,8] 2 300! 2 500 1. Le 7 juin : Courroie cassée, 2. Le 9 juin : Pluie le soir, 3. Le 24 juin : Totalisateur en réparation, 4. Le 29 juin : Pluie le matin, », Le 29 juin : Pluie partielle le soir, APT | du watin 4705 X 42,4308 — 199 637 kilogrammètres. eo TEsoire, 1 S18XC 42,4308 — 204 432 de on mé minimum . 4 995 X< 42,4308 — 182 240 — L maximum . 4969 X 42,4308 — 210 839 — = minimum \ ,1308 — 188 308 — | maximum . À 4138 K 42 Travail du soir. 42,4308 = 220 513 — LME [SA ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 201 CUEYAL No 3. Marche au pas. — OBSER- CHEVAL N° 2, — Travail au manège au pas. Nombre Perte de poids Élévation de la Poids moyen |Perte de poids Durée fs | température di ‘heval 1 cheval! y N8. de tours de la du cheval pen- es 2 aturedu| du cheva du c VATIONS du travail. cheval pendant| pendant le] pendant la Jullet roulette, dant le travail. | le travail. travail, marche, ES a © | ie |, ne © 1891, Matin.| Soir. | Matin.| Soir, | Matin.| Soir, | Matin.| Soir, | Matin Matin Matin | Soir, Min. | Mio. Gr. Gr. Deg. | Deg. | Kil. CHI: 105 107 6 500 | 5 200 106 109 44 | 4000 | 6000 107 108 4 400 | 4500 107 106 4 200 | 4 000 130 130 44 | 3800 | 4200 117 118 4400 | 2 500 113 112 4200 | 4000 115 114 2 400 | 3200 114 113 3 800 | 3 S00 109 3100 | 3 800 139 3 900 | 4700 122 4700 | 4700 516,6/521,3| 2 400! 3 000 116 4 600 517,3|522,4] 2 300! 3 600 144 4 200 é 514,6/518,2| 2 300! 2 700 143 4 6 5 300 D 6 [517,81521,9] 1 900! 2 400 112 4900 | 5 600 514,51519,8| 2 900! 2 900 118 4 50 6 000 515,3/517,5] 3 800! 3 400 {il 500 | 4909 519,9/517,5] 2 900! 2 700 118 4l 4 600 511,21515,81 3 300! 2 000 105 Ô 5 C00 516,3/520,7| 2 500! 2 900 113 4400 512,21517,4) 2 300| 3 000 114 4 400 | 4 800 514,21520,0| 2 300! 2 100 109 3 800 | 3 900 507,11511,61 4 900! 2 700 {il 2 800 | 3 200 510,7|517,5| 1 600! 2 200 115 4 200 | 5 S00 514,11514,5| 2 000! 2 500 11l 3 200 | 3300 505,71506,8] 2 600! : 114 3400 | 2 600 306,6/511,3| 1 900 193 4400 | 3 800 509,81517,8| 1 800 109 2 600 | 3 600 512,81523,1] 2 000 111 3 400 | 3000 514,71519,9] 2 000 RS | 510,31513,0| 3 900! 3 200 5114,91516,4| 3 400! 2 500 912,21516,7| 1 600! 2 4C0 509,51514,0| 2 700| 2 900 507,4|511,5] 1 300! 2 100 509,51514,0| 3 100! 2 000 508,21515,9] 2 400! 2 700 507,3|514,9| 2 400! 2 200 512,11517,5] 2 200| 3 100 507,11510,7| 1 800! 1 300 511,41517,3] 2 000! 2 800 Qt (er) CO =1 © OF #e CO DO = CE O S000CSCSOSS + DS 00O0S©CCSCSO©c© 19 19 à CG 19 © CO Où Or À I = NI QE S © © SES © © RUN SES 7] o © (= p] SOS COoO© IS XX Or © Or Qt Or oO Er [7 F = Qt 115 É 4 000 | 4 200 511,91516,5| 2 300] 2 . Le 3 juillet : 4 surcharges de 40 kilogr. . Le 6 juillet : Pluie le soir. . Le {1 juillet : Urine perdue, 500 gr. environ. . Le 15 juillet : 6 surcharges. . Le 18 juillet : Thermomètre cassé, . Le 28 juillet : Pluie partielle le soir, . Le 31 juillet : Pluie partielle le soir. I D 77 à CO DO TVA ioven du matin . 3 807 X 42,4308 — 161 534 kilogrammètres. Es du soir . . 3 641 X 42,4308 — 154 490 = ravait de matli minimum . 3 027 X 42,4308 — 128 438 — maximum . 4784 X 18,4308 — 202 989 — > : { minimum . 2 716. X 42,4308 — 117 788 — Travail du soir . . cars Rd | maximum . 4 893 X 42,4308 — 207 614 — ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Durée du travail, A —— — CHEVAL N° 3. Nombre de tours de la roulette, — Travail au manège au pas. Perte de poids du cheval pen- dant le travail. Élévation de la température du cheval pendant le travail, 2 1 Poids moyen du cheval pendant le travail. CHEVAL No 4, Marche au pas. Perte de poids du cheval pendant la mar he. + OBSER- VATIONS. ne Matin. Matin. Matin.| Soir. | Matin.| Soir. | Matin| Soir. | Matin| Soir. | Matin Min, Deg. | Deg.-| Kil. | Kil. 135 116 117 115 117 112 114 114 115 119 117 119 120 125 121 117 117 119 116 116 115 116 117 111 115 114 115 114 117 120 115 2915 3 463 3 385 3 661 3 658 3 710 3719 3 950 4 694 6 117 6 262 5 088 5 555 > 548 4 930 5 235 » 028 4 947 5 174 5 362 5 933 6 0$6 5 098 4 Y5+ 5 2929 5 558 D 255 5 606 5 697 > 209 4738 2 700 2 800 2 000 2 700 3200 3 400 3 000 2 900 3 400 4 000 4 000 3 600 4 000 4200 3 200 4 100 2 900 2 000 3 200 3 700 3160 9 500 2 900 2 600 3 100 2 300 4 8C0 3 900 4 300 3 200 3 500 3 100 3 200 3 000 3 800 4 800 2 400 3 000 4 000 3 000 3 600 3 500 3 600 3 200 5 000 4 SO0 3 400 4 500 3 800 4700 1 900 3 500 3 300 4 500 3 500 3 700 5 100 5 100 4 200 3 900 4 100 4260 Co 504,9 502,5 503,6 500,9 501,8 502,5 502, 1 499,9 502, 6 502,0 503,1 497,8 499,1 497, [ 493,9 500,4 501,3 499,5 499,6 496,5 498,1 496,2 495,8 495,2 494,2 498,7 493,4 485,5 496,3 501,2 501,3 505,6] 25 505,0! 14 502,5 502,3 504,0 505,3 501,7 499,9 502,4 501,7 498,9 501,1 203,3 500,5| 3 400 499,5] 1 500 499 ,9| 2 700 501,21 2 800 500,1! 2 200 496,0! 1 900 499,01 1 900 496,7| 1 400 498,2] 1 700 496,11 2 700 498,11 2 000 495,9] 2 200 : 496,3| 1 600 492,7| 2 700 490,51 2 900 497,9] 2 200! : 499,11 2 100! : 503,3] 2 700 00 2 700 | 800 2 s00 2 100 [ 600 3 000 2 500 2 000 2 000 1 300 1 500 Æ © O & + à rs S Où À # © Or Or OT © 9 400 3 600 25)0 2 000 4100 4 700 3 200 3 809 2 000 CNRS Œ © 1 © =] CRUE 7 CSN CRE T0) SO 0200. 00 0 0 0 O0 S © ) «1 © © O0 BHO =] Se © © G “I © «J 7 4 895 3 200 | 3 700 [53 499,1|499,8| 2 100! 2 $00 . Le {er août : Pas de surcharges le matin, 2. Le {er août : 4 surcharges le soir. 3. Le 3 août : Pluie le matin, . Le 3 août : 6 surcharges le soir. ». Le 6 août : Pluie partielle le soir. ÿ. Le 7 août : . Le 12 août : 8. Le 13 août : Pluie partielle le matin, 9 et 10. Le 18 août : Pluie partielle le matin et le soir. 11. Le 20 août : 12, Le 21 août : 13. Le 29 août : 14 Le 30 août : Pluie le soir. Pluie partielle le soir, Le soir, urine du cheval n° { perdue. La courroie se casse le matin, 8 surcharges le soir, Pluie partielle le matin. | she MAR 2 du matin . 4 895 X 42,4308S — 207 699 kilogrammètres. : du soir. . 4 891 XX 42,4308 — 207 529 — du matt { minimum . 2915 X 42,4308 — 123 686 = { maximum . 6 262 X 42,4308 — 265 702 — Na or Û minimum 3 311 XX 42,4308 — 140 488 = ° * } maximum. 6692 X 42,4308 — 283 947 £ ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 203 QIIE 9 CHEVAL N0 1. — Travail au manège au trot, POULE | DATES. Marche au trot. | TPE SU WE RSS ne — OBSER- | Æ - Nombre Perte de poids Élévation de la] Poids moyen |Perte de poids Durée 3 température du| du chevall du cheval] varrons. | Sep- du travail de tours de la | du cheval pen- cheval pendant pendant le pendant la | É roulette. dant le travail. | le travail. travail, marche, tembre x | © — a He TT, en ——— —e— Lt 7, | 1891. Matin.| Soir, | Matin.| Soir. | Matin.| Soir. | Matin.| Soir. | Matin| Soir. | Matin! Soir. | Matin| Soir, Sn CR ———— CR ETS | me —n ms Min, | Min. Gr. Gr. | Deg. | Deg. | Kil. | Kil. | Gr. | Gr. { 72 70 3 441 | 3 327 | 3300 | 3600| 07 0 9 |499,1|501,1| 4000! 3900! (1) 2 72 7 3 862 | 2056 | 4100 | 4300! 0 7 12 1501,0/498,0[ 3 500! 5 000 3 70 12 3 743 | 3502 | 4500 | 4200! 0 3 0 9 1406,71495, 1] 4 100! 2 800! (2) | 4 74 7 3 664 | 4935 | 2 800 | 4 400 (RS 0 8 |493,81494,4[ 3 100! 3 G00 (3) 5 74 75 4149 | 3 868 | 4 800 | 4700! 09 12 |495,21497,01 2 900! 3 600 F6 T6 71 3902 | 2054 | 4 600 | 5 400 [0 1 0 1495,31496,2| 2 900! 3 800 Sr 73 72 4 697 | 4564 | 4000 | 4900! 09 L 0 |[494,51497,01 2 900! 3 600 | $ 74 72 3 819 | 4002 | 4400 | 4600! 0 9 0 6 [496,31496,5|] 2 900! 4 000 1E2:0 71 70 3 831 | 3696 | 3900 | 4200! 0 9 1 0 |492,91493,3] 3 400! 4 200 |, 10 72 7 3755 | 3931 | 5 200 | 5 700 0 9 1 1 [495,11498,01 2 300! 3 900 11 73 70 3 996 | 3986 | 4400 | 5 700 (D 1 O0 [494,81494,21 6 400! 4 200 12 72 70 3803 | 3538 | 5 500 | 5900! 1 0 1 0 |488,11492,9] 3 700! 4 700 13 74 72 3720 | 3946 | 5 300 | 5 700 1 1 1 |489,41492,3| 2 S00 | 3 200 14 72 7: 3701 | 3654 | 4800 | 4 000 (En 0 9 1491,31492,01 3 200! 3 600 (4) | 15 78 71 4 023 | 4438 | 5 000 | 4 500 1 0 0 9 |491,51494,7| 3 900! 4 200 | 16 77 71 2461 | 3207 | 4 300 | 4 900 0 6 0 9 |488,81494,4[ 3 800 | 4 500 | 17 74 7 3279 | 3844 | 3700 | 4800! 06 1 0 |[490,31495,6| 4 200! 4 100 (5) | 18 73 72 5 256 | 5748 | 4500 | 8 900 au 1 7 |493,6)490,91 4 900! 3 500 19 73 74 o 845 | 4752 | 5 700 | 6 400 ai 1 4 |485,1/487,8| 3 700! 4 000 | 20 72 75 5 109 | 1851 | 5 000 | 5 300 105 1 3 |488,51489,3] 3 500! 4 000 (6) | | 21 79 74 ; nu | 4400 | 3400 11 1 1 |484,3/488,2] 3 100! 3 100 (7) | | 99 74 75 " "| 3000 | 4600! 0 8 | 1 1 |486,51490,1| 3500! 3700! (8) 2e 74 72 “ " 3 800 | 4400! 0 S 1 2 |486,11487,41 3 800! 3 200 24 75 71 u " 3 500 | 4400 0 8 1 3 |485,71488,7| 2 900! 4 100 | 25 72 79 " " 3500 | 4700! 0 9 | 41 3 [484,71488,3| 3 100 | 3 400 26 74 73 Û nm | 3700 | 4200] 1 3 | 1 3 |489,3/490,1| 3 000! 3 800 97 72 79 u u 3 300 | 4200 11 1 4 [487,31490,61 3 700! 3 500 28 72 71 u D 4500 | 4400| 0 9 1 2 |485,9/488,8[ 3 400! 4 000 (9) | | 29 73 79 " n 3 590 | 4100 1 1 [487,71490,91 4 100! 3 200 | 30 72 pi " n 4 400 | 4400 7 L 1 [483,21487,2| 3 000! 3 500 Moy 73 72 3952 | 3744 | 49200 | 4800| 09 1 1 |490,71492,7| 3 500! 3 700 PA Te ler septembre : 4 surcharges le matin, 5. Le 17 septembre : 8 surcharges le soir. 2. Le 3 septembre : 6 surcharges le matin, 6. Le 20 septembre : Accident au totalisateur le soir. | 3. Le 4 septembre : Le chapeau est tourné de 1/6 7. Le 21 septembre : Pluie partielle le soir, | Le soir. 8. Le 22 septembre : Pluie le matin, L 9 4. Le 14 septembre : Pluie partielle le soir, . Le 28 septembre : 353 tours le soir. Traal mov du matin. . 3 952 X 42,4308 — 167 6S7 kilogrammètres. ‘a rs ; ' y du soir. . 3714 X 492,1308 — 158 861 er Prada die ati minimum . 2AGI XX 42,4308 — 104 422 — ©" [ maximum . 5 845 X 42,4308 — 248 008 — : à { minimum . 2 054 XX 42,4308 — 87 153 — Travail du soir, . à 3 Fr | maximum. 5 748 XC42,4308 — 243 892 72 204 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. CHEVAL N0 2. — Travail au manège au trot, SHPLRES DATES. Marche au trot. — OBSER- = De Nombre Perte de poids Élévation de la| Poids moyen |Perte de poids nee 4 CU température du] du chevall du cheval] varions. Oeto- du travail. AROUTAeNE AGE CHCve pen | ETS pendant] pendant le] pendant la roulette. dant le travail, | Je travail. travail. marche. bre. RTE LS AP D Es. 2° 0 + | | ue Matin.| Soir, | Matin.| Soir. | Matin.| Soir, | Matin.| Soir, | Matin, Soir, | Matin| Soir. | Matin | Soir. mm | cms mme | CEnms | ce | memes RS ET | CS Rues | SNNNMMMMS GE | SOSEER © Min, | Min. Gr. Gr. Deg. | Deg. | Kil. | Kil. | Gr. | Gr. l 6100 | 5600! 2 3 | 2 7 |499,0/502,7| 3 100! 3100| (1) | (2) 2 4000 | 4900! 23 2 0 |501,0,501,4| 2 600! 4 000 3 5 800 | 4400 149 1 7 |498,3,501,7| 2 000! 3 600 4 7 70 " 1 4 000 | 4 100 129 1 6 [495,4/498,51 2 600! 3 400 5 70 72 1 Û 3 600 | 5 000 18 1 7 |499,81501,5] 3 500! 3 600 6 75 72 n u 3 900 | 5 200 1,5 1 5 [499,11592,41 3 800! 4 500 7 76 74 " " 2 300 | 4 600 12 1 2 |500,0,505,2/ 1 400! 3 100! (3) 8 75 71 Q 1773 | 4 400 | 4700 1 6 1 4 1499,3/502,5| 2 800! 4 100 9 74 76 2 190 | 2067 | 5 400 | 4 700 1 2. L 3 [494,8 406,8] 3 100! 4 100 10 71 74 2154 | 2947 | 3700 | 5000! 1 4 45 |501,3/502,0| 3 100! 3 300 11 7 77 1989 | 1864 | 3 800 | 5 400 17 1 9 |409,5 498,3] 2 600 | 3 800 12 74 79 1813 | 2026 | 49200 | 4200! 21 2 3 |495,7,500,8| 3 400! 2 700 13 73 75 2116 | 2787 | 4000 | 4200! 2 0 1 7 |501,9 501,5] 2 600! 3 300 {4 72 71 2110 | 2027 | 4700 | 4 500 19 1 8 |498,6/502,9/ 2 80u| 3 700 15 72 75 1814 | 2883 | 4200 | 5 000 18 2 0 |498,51503,5| 3 000! 3 300 (4 16 74 77 2 901 | 3021 | 4900 | 4 700 18 1 9 |490,2 495,5] 2 500! 2 400 (5) 17 73 72 2186 | 1538 | 5500 | 4800] 23 13 |497,0/501,0| 3 900! 3 000 (6) 18 74 73 2 129 | 1996 | 4100 | 4500 1 6 1 7 |498,5,502,9] 1 500! 3 100 19 74 76 1786 | {474 | 4 400 | 4 200 1 4 1 2 |497,61500,5| 2 400! 2 900 (T 20 71 75 1647 | 2519 | 2 800 | 3200 1 4 0 9 |501,4/500,9! 1 200] 2500! (8) 21 74 75 2217 | 2185 | 4 000 | 4 200 on 2 0 1501,6,501,0| 3 000! 2900 (9) 22 74 72 1834 | 2125 | 4300 | 4 800 19 2 3 |499,7,503,4] 2 400| 3 800 23 72 73 1-791 | 2997 | 4400 | 5 0C0 2 0 1 8 |498,2,502,0| 2400 | 3 100 24 73 69 1 800 | 2082 | 1 S00 | 4 500 13 1.6 1500,4,503,7| i 600! 2 300! (10) 25 74 76 3021 | 3582 | 4 800 | 4400 179 2 1 |499,11498,7| 2 100] 2 100 (11) 26 75 72 3353 | 2044 | 3000 | 3600 | 1 2 1 4 |497,01498,7| 800! 2 600! (12) 27 72 70 2381 | 2874 | 4600 | 5 500 49 2 2 |491,3,497,9] 3 200| 3 500! (13) 28 67 72 2518 | 2358 | 4000 | 4500 19 2 1 |491,5/1496,2] 2 300 | 2 100 (14) 29 71 70 2920 | 2330 | 5 000 | 4 700 1 2 2 2 |496,01498,3] on" “ 30 71 69 3465 | 4319 | 4500 | 5 400 1 5 2 4 |492,4/490,8 n s 31 59 85 2378 | 2912 | 2 500 | 5400 | 1 0 7-1492,2,1499,5 u u | (15) [Moy. .| 72 73 2304 | 2523 | 4 100 | 4 800 11 %4 17 |497,9,500,1] 2 500! 3200 1. Le {er octobre : 8 surcharges pour les 125 pre- 8. Le 20 octobre : Pluie le matin, miers tours le matin. L 9, Le 21 octobre : Pluie partielle le soir. 2. Le {er octobre : Pas de surcharges le soir, 10. Le 24 octobre : Pluie le matin. 3. Le 7 octobre : Pluie le matin 11. Le 25 octobre : Pluie le soir, 4, Le 15 octobre : 6 surcharges le soir. 12. Le 26 octobre : Pluie le matin, ». Le 16 octobre : Pluie partielle le soir. 13. Le 27 octobre : Accident à la courroie le matin, 6. Le 17 octobre : Petite courroie cassée le soir, 14. Le 28 octobre : Chute du cheval, no 2, le matin. 7. Le 19 octobre : Pluie partielle Le soir. 15. Le 31 octobre : Chute du cheval le matin et l® soir. à du matin . 2 304 XX 42,4308 — 97 761 kilogrammètres. Travail moyen . . ; : 2 2% du soir . . 2 523 X 42,4308 — 107 053 2 : : à minimum . 1 647 XX 42,4308 — 69 884 — Travail du matin , À ; À Ut) maximum. 3521 X 42,4308 — 149 399 2 : : minimum . 1474 42,4308 — 62543 — Travail du soir . | é J maximum , 4319 X 42,4308 — 183 259 — +7 DATES. No- vembre 1891. > QE À CO RO bn QE LO t9O 9 © DUC F4 ñ Matin. Durée du travail, © Soir, Min, | Min. [LA LA 75 72 74 75 74 73 77 75 78 73 72 71 T4 73 76 76 74 73 71 74 72 72 76 72 74 74 76 76 75 74 76 75 74 75 T6 72 76 77 78 76 74 75 75 76 76 84 80 sl 87 83 82 76 82 75 76 74 77 79 76 75 4, Le 6 novembre : 5. Le 7 novembre : 6. Le 20 novembre : Brouillard le soir, Tet8. Le 21 novembre : 9. Le 24 novembre : sives le soir, ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 205 CHEVAL N9 3. — Travail au manège au trot, DUREE Marche au trot, — OBSER- Nombre Perte de poids Élévation de la [Poids moyen] Perte de poids de-téursde:lat|{'du cheval peu- RAR are du du cheval! du chevall yarroxs. … | chevalpendant! pendant le] pendant la roulette. dant le travail. | Le travail. travail. marche, + |, te | | —— | 4 —, Matin.| Soir. | Matin.| Soir, | Matin.| Soir, | Matin| Soir. | Matin| Soir, | Matin| Soir. Deg. | Deg. | Kil, | Kil. | Gr. | Gr, " " " " " " " " 2 050 | 1 584 0 9 1 6 |486,7|1490,3| 1 700! 1700! (1) 2915 | 2020 0 8 0 8 |489,61485,7| 1 100! { 800! (2) 2 362 | 2 000 07 0 9 |487,81487,4[ 1 200| 2 600 1634 | 2179 0 6 1 0 |488,3/490,61] 1 900! 2 100 (3) | 2 861 | 1 851 1 0 0 9 |491,0|488,21 2 200! { 600! (4) 2757 | 2 987 (Mi 1 2 |492,31480,91 1 100! { 900! (5) 3 359 | 2954 | 2 (CS 0 7 |490,51489,0) 900! { 200 9 779 | 2661 | 2 000 | 2 800 08 0 7 |490,01480,8] 1 200] { 900 2 403 | 2373 | 3300 | 3 200 1 0 0 8 |490,1|1487,0 600! 1 200 3988 | 4769 | 4000 | 4200! 08 1 1 1489,0!486,8] 1 500! 2 500 4833 | 49216 | 3600 | 3400 La 1 0 |487,1|489,8] 1 500! 2 000 3 553 | 3508 | 2 500 | 2800 0 7 0 9 |[487,21486,2[ 1 400! 2 400 3591 | 4493 | 3 400 | 3 800 RS 0 9 1487,31487,9) 1 200| 2 200 5335 | 4659 | 3400 | 3200! 11 1 3 |488,2/490,3] 1 500! 2 600 4408 | 4367 | 3600 | 3300] 08 1 3 |485,31483,21 1 900! 2 000 4483 | 3876 | 3600 | 2800] 08 12 |485,81485,11 1 100! { 500 3469 | 4132 | 3000 | 4000! 06 0 8 |485,81489,01 2 500! 2 500 3703 | 3334 | 3400 | 3 100 08 1 1 |485,51482,11 900! 1 700 3350 | 3062 | 2800 | 3100! 0 9 | 41 1 |483,7/483,1| 900! 1 700 (6) | 3019 | 3173 | 2800 | 2700 | 0 6 1 2 |484,61484,8[ S00! 2800! (7) | (8) | 3304| 3175 | 2 900 | 3900 | 12 1 1 |485,41487,0] 900! 2 500 3 041 | 2981 | 2400 | 2.900 4 1 0 |4$4,21487,5| 2 000 | 2 700 3097 | 2637 | 2400 | 2500 | 08 1 4 |483,41484,7| 1 400| 2200 (9) 3617 | 3881 | 2700 | 2500! 13 13 |482,6/482,7| 1 000! 2 300| (10) | (11) 3475 | 3402 | 2500 | 2700 | 1 4 [ 1 [481,91482,31 2 000! 2 000 3197| 3141 | 2500 | 3100 | 0 7 | 10 |[481,9/480,5| 1 600! 1 900! (12) 3494 | 3392 | 2100 | 2 100 0 9 1 2 |482,4/481,51 1 900! L 600 2 894 | 3037 | 1900 | 1900! 0 8 | 0 5 |480,81484,6| 800! Lovo! (13) | 14) 3014 | 3164 | 3500 | 2 100 0 9 1 3 [482,21485,41 1 900! 2 600 3390 | 3207 | 2700 | 2900! O0 9 1 0 |486,11486,0] 1 400 | 2 000 4 surcharges le matin. 6 surcharges Le soir, 1. Le 2 novembre : Pas de surcharges le matin. 2, Le 3 novembre : 3 Le 5 novembre : Courroie cassée le matin, 8 surchargrs le matin. Pluie le matin et le soir. 10. Le 25 novembre : Prises de températures succes- | sives le matin. 12 surcharges, 11. Le 25 novembre : Urine du cheval no { perdue le soir. 12. Le 27 novembre : Accident à la courroie le matin, Le 29 novembre : Brouillard et pluie le matin et le soir, Prises de températures succes- Travail moyen . . Travail du matin . Travail du soir. du matin, . du soir . , | minimum | maximum minimum , maximum . 3 390 X 42,4308 — 3 207 X 42,4308 1634 X 42,4308 5 385 X 42,4308 — 228 490 1584 X 42,4328 — 67 210 4 769 XX 42,4308 — 202 352 143 S40 kilogrammètres. 136 500 69 332 I Il Ï | 206 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Les tableaux précédents montrent qu’à l'allure du pas, les chevaux ont, en moyenne, produit journellement au manège les quantités suivantes de travail : CHEVAL N° 1. CHEVAL N°0 2. CHEVAL N° 3. Kilogrammètres. Kilogrammètres. Kilogrammètres. Travail du matin. . . . 199 637 161 534 207 699 Travail du soir. , . . 2014 432 154 490 207 529 Travail journalier . . . 404 069 316 024 415 228 Les chevaux n° 1 et 3 ont donc produit sensiblement la même quantité de travail, mais le cheval n° 2 n’a fourni que les 3/4 du tra- vail produit par les deux autres. Si nous considérons maintenant, non plus le travail journalier moyen, mais le travail minimum et maximum correspondant à 350 tours de manège au pas, nous trou- vons les résultats ci-dessous : CHEVAL NO 1. CHEVAL N° 2. CHEVAL No 3. Kilogrammètres. Kilogrammètres. Kilogrammètres. Travail minimum . , . 182 240 117 788 123 686 Travail maximum , . . 220 513 207 614 283 947 C’est donc le cheval n° 1 qui à fourni le travail le plus constant el le cheval n° 3 qui accuse les plus grands écarts. La variation, en prenant les chiffres extrêmes (117788 et 283947), a donc éié dans le rapport de 1 à 2,4. Les autres éléments des tableaux précédents : durée du travail ou de la marche au pas (par conséquent vitesse), pertes de poids et élé- vations de température, n’offrent pas d’écarts aussi accentués. On peut s’en rendre compte par les chiffres ci-dessous, résumant les données moyennes relatives à 350 tours de manège au pas, réunivs pour chaque cheval : | re ÉLÉVATIONS PERTES la marche de POJERRES ou e de Au\travaill température. poids. Minutes. Degrés. Grammes, Cheval n° 1 117,0 » 2 450 Marche au pas. . : — n°2 107,5 » 2 400 — /n° 3 114,5 » 2 400 — ni 107,5 0,6 3 950 Travail au pas . | — ; M0? 114,5 0,45 4 100 AT 117,0 0,55 3450 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 207 Nous voyons ainsi qu’à la marche au pas, les pertes de poids éprouvées par les trois chevaux ont été les mêmes, malgré de légères différences dans les temps employés à effectuer le même parcours de 10 kilomètres (exactement 10,116). En prenant la moyenne des résultats trouvés et arrondissant les chiffres, on peut donc dire qu’un cheval de 500 kilogr. en transportant simplement son propre poids sur une pisle horizontale de 10 kilomètres, à lal- Lure du pas et avec une vilesse de 1",50 par seconde, perd de ce fait : 25,400. Pendant le travail au pas, nous observons des écarts assez faibles entre les vitesses des trois chevaux, qui ont été, par seconde, de : 1M,568 pour le cheval n° { 1 ,472 — — n°2 NON Re ES Ce En faisant la moyenne, ces résullats nous donnent pour la vitesse au pas : 1",494 par seconde, soit 5*",378 à l'heure. Les élévations de température éprouvées par les chevaux au bout de 390 tours de manège au pas nous donnent également des résul- tats peu différents ; le cheval n° 1 montre l’élévation maxima, mais il faut se rappeler que ce cheval avait une vitesse supérieure aux deux autres, et produisait un travail presque semblable à celui du cheval n° 3. L’élévation minima a été fournie par le cheval n° 2 qui, ainsi qu'on l’a fait remarquer plus haut, a produit une quantité de travail bien inférieure à celle des deux autres. Quant aux pertes de poids pendant le travail, elles ont varié dans de plus larges limites, mais ne semblent nullement en rapport avec le travail produit ; ainsi le cheval n° 3 qui a produit en moyenne, pour 350 tours de manège, plus de 200 000 kilogrammètres, a perdu 3,450, tandis que le cheval n° 2 à perdu 4,100 en ne fournissant que 158 000 kilogrammètres. Ces différences tiennent, à coup sûr, à l'individualité, au moins pour une bonne part; si, malgré ces diffé- rences, nous faisons la moyenne des résultats trouvés, nous pourrons dire : Un cheval de 500 kilogr., effectuant au pas un parcours de 10 ki- lomèlres, à la vitesse de 1",50 par seconde, el produisant un travail 208 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. mesurable de 190000 kilogrammèlres perd de son poids environ 3*5,800. Les variations constatées plus haut, dans la quantité de travail fournie, prouvent de nouveau que la traction nécessaire pour action- ner le manège de Wolff est éminemment variable, puisque le chemin parcouru a été le même pour les trois chevaux. Cette traction est représentée par les chiffres suivants : TRAVAIL AU PAS. Traction Traction Traction minimum. maximum, moyenne, Kilogr. Kilogr. Kilogr. Chevaln A6 re Ne: 18,015 21,798 19,972 3 3 NE Er ee ee 11,644 20,523 15,620 —\ "mas rte 12,226 28,069 20,523 On voit donc qu’elle a varié de 1 à 2,4. Le minimum 11%,644 à eu lieu quand le chapeau portait 6 surcharges de 40 kilogr. tandis que le mois précédent, lorsque le chapeau ne portait aucune sur- charge, on a observé jusqu’à près de 22 kilogr. de traction. Le maximum 28,069 s’est présenté lorsque le chapeau était chargé de huit poids de 40 kilogr. Il semble que la traction varie beaucoup plus sous l'influence des agents atmosphériques (température, état hygrométrique), que sous une plus ou moins grande surcharge du chapeau. Ainsi un changement brusque de température dans un sens ou dans l’autre, une chute de pluie, influencent toujours la traction d’une façon notable; étant donnée la nature de la source du travail dans le dispositif de Wolff, cette constatation n’a rien qui doive nous surprendre. À l'allure du trot, le travail moyen journalier se répartit comme suit : CHEVAL KN0 1. CHEVAL N°0 2, CHEVAL N0 3. Kilogrammètres. Kilogrammètres. Kilogrammètres, Travail du matin. . . . 167 687 97 761 143 840 Travail du soir. .. . . 158 861 107 053 136 500 Travail journalier , . . 326 548 204 814 280 310 Ce travail a donc été moindre qu’au pas, pour chacun des che- vaux; Comme au pas, C'est le cheval n° 2 qui a produit le moins de Lravail, mais il ne faut tenir compte des chiffres fournis par ce der- ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 209 nier cheval que dans une mesure restreinte, car on a été obligé de diminuer la traction pendant son mois de travail. Les écarts extrêmes relevés pendant la période du trot ont été les suivants, pour 350 tours de manège : UHEVAL N°9 1. CHEVAL N°0 2, CHEVAL N9 3, Kilogrammètres. Kilogrammètres, Kilogrammètres. Travail minimum. . . 87 153 62 543 67 210 Travail maximum . . . 248 008 183 259 298 490 HORS es Lin à 160 855 120 716 161 280 En prenant les résultats d'ensemble, on voit donc que le travail a varié de: 62 543 à 248 008 kilogrammètres, c’est-à-dire de 1 à 8,9. On a réuni ci-dessous les résultats relatifs à la durée du travail ou de la marche au trot, aux élévations de tempéralure et aux pertes de poids constatées pendant 350 tours de manège : DURÉE FE ÉLÉVATIONS P&RTES la marche de ROTENNES AR = température, Fe ravail. poids. Minutes. Degrés, Grammes. Cheval n° 715 5 » 1 700 Marche au trot. . | — n°2 7205 , 3 600 — n°3 12 5 » 2 850 — n°1 1275 1,0 4 500 Travail au trot. . | = n%2 12 5 Cr | 4 450 — n°3 Ta,o 0,95 2 S00 Bien que les vitesses aient été sensiblement les mêmes, nous voyons qu’à la marche au trot les chevaux ont éprouvé des pertes de poids variant du simple au double ; il est bon de remarquer que le cheval n° 2 a marché au trot en septembre 1891, le cheval n° 3 en octobre et le cheval n° 1 en novembre, et que la température exté- rieure s’est abaissée notablement d’un mois à l’autre. Quoi qu’il en soit, le cheval n° 2 paraissait déjà mal supporter l'allure du trot, même quand il ne faisait que déplacer son propre poids. Pendant la période de travail, ce même cheval, qui n’avait pour- tant pas une vitesse supérieure à celle du cheval n° 1, a perdu pres- que autant de poids que lui, tout en fournissant chaque jour 120 000 kilogrammètres de moins. On a vu plus haut, à la statique de l’eau, les différences énormes constatées sur les trois chevaux dans les ANN. SCIENCE AGRON, — 2° SÉRIE, — 1896. — 11. 14 210 | ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. quantités d’eau éliminées par le poumon et par la peau, pendant le travail au trot; ces quantités ont été, par Journée moyenne, de: 13 7182,7 pour le cheval n° { 16 619:,8 — n° 2 6648 ,2 — n° 3 elles sont donc entre elles comme : CREVAl MM PET NRA REA ES Eee 1 ne REA ER ET 20 IE LE ee ttes 2 TA à Le LUN SRE OT me US 2,5 Si l’on rapproche de ces données les élévations de température constatées, on voit que le cheval n° 2 s’est encore distingué des deux autres à cet égard. Il a accompli son travail au trot en octobre 1891 avec la même vitesse que le cheval n° 4 en septembre, mais il li est arrivé souvent de terminer à grand’peine son travail journa- lier, qui était cependant notablement inférieur à celui du cheval n° {. En quelques minutes, il était couvert de sueur, et, plusieurs fois, on a dû interrompre ses séances de travail, dont la durée n’ex- cédait pourtant pas 1 heure 1/4, pour lui permettre de reprendre haleine. Ce cheval, très probablement, wlilisait mal l'énergie, et fournissait, lors de la transformation de cette énergie en travail, un déchet considérable sous forme de chaleur. Il est regrettable qu’on v’ait pas pu le conserver pour d’autres essais, car 1l eût été intéres- sant de le suivre au point de vue thermique. Les vitesses respectives ont été, pour le travail au trot, de: CHEVAN N0 1. CHEVAL N0 2. CHEVAL N° 8. PatsecONnte NUS 20,401 2,401 20,306 Soit en moyenne 2,309 par seconde, c’est-à-dire 8*",529 à l'heure. La traction moyenne pendant les trois mois de travail au trot, a varié, comme d’ailleurs le travail moyen. Elle est donnée ci-dessous, en même temps que les tractions extrêmes: TRAVAIL AU TROT, EE : Traction Traction Traction minimum. maximum. moyenne. Kilogr. Kilogr. Kilogr. Cheval nie RER. 8 343 23 742 15 631 MAD MAT (PAS 5 957 17 543 9 803 = DO SNS ETES: 6 434 21 873 13 418 éts“tact Lt, à foi) ts nl à de mn des dé. tte mar de rio ch né à dn. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. A à Ainsi, tout en écartant les nombres fournis par le cheval n° 2 en raison de son cas particulier, nous vérifions à nouveau que La lrac- tion à l'allure du trot est notablement inférieure à la traction néces- saire pour actionner le manège au pas. En nous bornant aux che- vaux n° { et 3, nous trouvons les moyennes générales de 20 kilogr. pour la traction au pas et 145,524 pour la traction au trot. Cette dernière ne représente donc que les 71/100 de la traction au pas et elle a varié du simple au triple. En ne considérant toujours que les chevaux 1 et 3, nous voyons également que pendant le mois de septembre, la traction minimum a été relevée quand le chapeau portait 6 surcharges, et la traction maximum quand il avait 8 surcharges ; en novembre, le minimum correspond à un chapeau sans surcharges et le maximum à 8 sur- charges ; mais avec 12 surcharges, on n’a pas obtenu une traction: plus grande qu'avec 8, à la suite de plusieurs journées de brouillard et de pluie. 2° Travail à la voiture, La période de travail à la voiture a suivi immédiatement celle du manège, et s’est effectuée dans les mêmes conditions que dans les expériences précédentes ; chaque cheval a donc été d’abord soumis à un mois d'entrainement, ayant pour but de lui faire effectuer petit à petit un travail comparable à celui des chevaux de place; pendant cette période, la voiture était traînée à vide, le cheval travaillait tous les deux jours, et de la façon suivante : MATIN, SOIR. TOTAL. Les 2 premiers jours. . . . 2 courses de 1/2 h.. 3 courses de 12h. 2 h. 1/2 Les 2 jours suivants . . . . 2? — 3/4 2. — 3/4 3 Les 3 — — 2 — 3/4 3 — 3/4 3 h. 3/t Les 4 — — 2. — jh. > baies AT 1 1 — 1/2 4: QUE Les 4 ou 5 (suivant le mois). 2 — 1h.f/4 2 — 1jh.1/f2 o h. 1/2 Chaque course, quelle que fût sa durée, était suivie d’un repos d’une demi-heure ; au commencement et à la fin de chaque course, on pre- nail la température du cheval, et on enregistrait son poids avant et après le travail du matin et celui du soir. | 212 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Les mêmes déterminations ont été faites au cours du 2 mois, pendant lequel chaque cheval travaillait 5 heures 1/2, réparties comme précédemment, mais avec 140 kilogr. de charge dans la voiture. Le cheval n° 1 a effectué ses essais en décembre 1891 et jan- vier 18992. Le cheval n° 3 a effectué les siens en mars 1892 et du 1* avril au 15 mai 1892. Il a pris, en effet, la place du cheval n° 2, tombé boiteux à la fin de son mois d'entraînement (février 1892) et a travaillé six se- maines au lieu d’un mois, avec la voiture chargée. Le cheval n° 2 à repris son service, après guérison de sa boiterie, le 4° juin 1899, et a effectué ses essais définitifs en juin et juillet 1899; il y a donc eu, pour ce cheval, 2 mois d’entrainement. Les chemins parcourus ont été relevés, comme dans les séries précédentes, à l’aide de l’odo- graphe de M. Marey, dont le fonctionnement a été plus satisfaisant que dans les essais à la féverole ; les tracés douteux qui se sont pré- sentés de temps en temps ont été écartés, de sorte: qu’on peut comp- ter sur les résultats inscrits dans les tableaux qu’on lira plus loin. L'autre élément du travail, la traction moyenne, à élé déterminé sur la piste de la manutention, où se déplaçait la voiture d’expé- riences pendant les essais; cette déterminalion a donné lieu aux observations suivantes : N'ATUTÉ SEA PISTE ER NE RE 2 Gros pavé sec. Durée moyenne d’un‘essai. Lu RTE Vitesseamovenne Ne EE Sr Sr 11 kilomètres à l'heure. Poids delASvOIUTE VITE te A 490 kilogr. POIGSTANECOCREN EC RTE 64 — ROIS Te 2AVOVASEUTS PNR RENRRPR RR 140 — Effort moyen à vide avec le cocher. . . . . 20K5,211 Effort moyen en charge (cocher et voyageurs). 24 ,643 Ainsi qu'on l’a fait observer dans le 6° mémoire (page 95), les efforts de traction ainsi déterminés sont inférieurs aux efforts réel- lement exercés par le cheval, en raison de l’inclinaison des traits. En tenant compte de ce fait, on trouve que l'effort à vide est de 21,161, et l'effort en charge de 25*,801. Si nous considérons les rapports entre ces coefficients et le poids ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 213 correspondant de la voiture, nous voyons que l'effort à vide repré- sente les 3.82 p. 100 du poids du véhicule, tandis que l'effort en charge ne représente plus que les 3.72 p. 100 du poids de la voiture chargée. La charge de 140 kilogr., ajoutée à la voiture, n’a en effet que 3.31 p. 100 comme coefficient de traction; elle a donc pour résultat d’abaisser la valeur de la traction de la voiture. On trouvera dans les tableaux suivants les données relatives à la durée du travail, au chemin parcouru et au nombre de kilogram- mètres fournis par les trois chevaux pendant les mois d’entraine- ment à vide et de travail en charge. Cheval n° 4. “ ÉE (el \ TRAVAIL DATE A rerte Sont Hogité, mètres. kilogrammètres, Entrainement. — Voiture à vide". 3 décembre . . . 2h 307 27 670,9 285 543,9 5) — ET 2e SD 29 725.1 629 012,8 11 — HS 3 45 SAINT S02 884,3 13 — Rrne 3 49 38 666,9 818 199,3 15 — SNS Le 4 30 45 312,5 958 857,S TS A ES POS 5 30 56 429,2 1 194 098,3 31 — AA > 30 7 275,0 102111499653 Moyennes . . . . 4h 4m125 41 860,2 S85 803,7 Vitesse moyenne à l'heure , . . . . 10km,285 Travail, — Voiture en charge*. AHIANVIer ut. 5302 60 658,4 1 565 047,4 LORS AUS NT 5 30 52 683,4 1 359 284,4 18 — o 30 59189117 1 390 459,7 20 — ù 30 26 066,7 1446 576,9 22 — o 30 97 758,3 1 490 221,9 24 — 5 30 . 108 241,8 1 502 696,7 DRE ENT nt 5 30 58 362,6 1 505 813,4 DONS SE UNE « 5 30 59 329,2 1:530 752,7 SORE EL 6 d o 30 28 240,7 1 502 668,3 Moyennes . . . . 5h 30m 27 248,1 1477 058,2 Vitesse moyenne à l'heure . . . . . 10km, 409 1. Traction à vide, 20k%,211. Traction corrigée, 21*,161. 2. Charge, 140 kilogr. Traction, 24,643. Traction corrigée, 23*£,S01. 214 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Cheval n° 2, PTE An és SU effectué. : mètres. kilogrammètres. Entrainement. — Voiture à vide. {er février. . LS (1 28 275,0 598 327,3 3 — 2 30 24 529,2 519 062 ,4 FA = 3 » 32 987,5 698 048,5 T — 3 » 34 437,5 7128 731,9 ECS E 3 45 42 654,2 902 605,5 HAE 3 45 42 775,0 905 161,8 13: — 3 45 41 445,9 877 030,7 15 — 4 30 52 320,9 1107 162,6 17e 4 30 47 125,1 997 214,2 Jp 4 30 46 883,4 992 109,6 21. — 4 30 3 166,7 1 125 060,5 23 — o 30 63 920,9 1 352 630,2 25 — 5 30 57 154,2 1 209 440,3 215: — o 30 06 308,4 1 191 542,0 Moyennes . . . 4h gmi3s 44 570,3 943 152,1 Vitesse moyenne à l'heure . . ... . 10km,980 1° juin. 22200 26 462,5 959 973,0 3 — 2 30 26 220,9 94 860,5 5 — 3 » 32 020,8 677 592,1 RSR CHR 3 » 30 450,0 644 352,4 CA LEE CPR 3 45 39 633,4 838 682,4 11 — 3 45 40 237,5 851 465,7 13 — 3 45 41 808,4 884 707,5 15e LL. 4 30 47 487,6 1 004 885,1 A RS ES PRIE 4 30 47 729,2 1 009 997,6 DAS MEET 1 FRONT RNE 30 08 604,2 1 240 123,5 25 — 5 30 56 429,2 1 194 098,3 D TER us Eee o 30 55-100,0 16529718 720 A mi LE FRPERP RE 30 51 737,6 1 158 302,3 Moyennes . . . . 4h 5m48s 42 810,1 906 539,3 Vitesse moyenne à l'heure . . . . . 10km 459 1. Traction à vide, 20*4,211. Traction corrigée, 214,161. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. Travail. — Voiture en charge". kilogrammètres. 1 384 226,2 1 449 696,3 1371 754,0 1 353 048,3 1 399 812,6 1 346 822,0 1 371 754,0 1371 754,0 1 368 637,3 1 337 461,9 Î 1 356 167,6 Î Î 1 okm l Î l Î Î Î 1 Î Î DE FEtrav ei, noue: mètres. {er juillet. ET 53 650,1 3 — 5 30 56 187,6 5. — 5 30 53 166,7 9 — DHaU 52 441,7 13 — > 30 54 254,2 15 — 5 30 52 200,0 17 — 5 30 53 166,7 19 — D S0 53 166,7 21 — 5 30 53 045,9 23 — 5 30 51 837,6 25 — 5 30 53 408,4 27 — 5 30 52 562,6 29 — 5 30 53 408,4 31 — 5 30 53 650,1 Moyennes . 5h30 53 296,2 Vitesse moyenne à l'heure . Cheval n° 3. Entrainement. — Voilure à vide?, 11 mars. . 345 41 445,9 13 — 3 45 42 050,0 15 — 3 45 40 479,1 lp 4 30 48 091,7 19 — 4 30 48 816,7 21 — 4 30 49 300,0 23 — 4 30 47 970,9 25 — > 30 58 845,9 27 — 30 29 691,8 29 — 5 30 56 791,8 31 — 5 30 58 120,9 Moyennes . 4h 40" 50 145,9 Vitesse moyenne à l'heure TRAVAIL effectué. 311990, 377 990,1 384 226,2 375 095,2 690 877 030,7 889 820,0 856 578,2 017 668,5 033 010,2 043 237,3 015 112,2 245 238,1 263 138,2 201 771,3 229 896.4 061 137,4 10km, 761 1. Charge, 140 kilogr. Traction, 24K%,643. Traction corrigée, 25 2. Traction à vide, 20“5,211. Traction corrigée, 21*,161. k5 801. 215 216 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Travail. — Voilure en charge. pare D mètres. kilogrammètres. PEN UE See 0 0 RS OE »7 879,2 1493 341,2 4 — 5 30 56 066,7 1 446 576,9 pee 2 30 55 220,7 1 424 749,5 CURE > 30 55 945,8 1 443 457,6 10 — > 30 58 966,7 1 521 399,8 one 5 30 55 825,0 1 440 340,8 16 — > 30 56 066,7 1446 576,9 Lo > 30 56 550,0 1 459 046,5 20 — > 30 54 858,4 1415 401,6 22 — o 30 96 550,0 1 459 046,5 JE 5 30 54 375,0 1 402 929, 2 Mai. . 9 53 770,8 1 387 340,4 D 5 30 52 320,9 1 349 931,5 Cr 5 30 52 804,9 1 362 419,2 SH —: 5 30 52 200,0 1346 812,2 10 — « . > 30 51 364,3 1 525 250,3 IR > 30 51 595,9 1331 225,8 (RE 5 30 50 870,9 1 312 520,1 Moyennes . . . . 5 30 54 623,9 { 409 338,3 Vitesse moyenne à l'heure. . . . . . gin 982 On a donc, en résumé, obtenu, avec l’alimentation au tourteau de mais, les résultats suivants pour les vitesses moyennes à l’heure : CHEVAL N0 1. CHEVAL N° 2 CHEVAL N0 3 Kilomètres, Kilomètres. Kilomètres, Vitesse à vide. - 10,285 10,720 10.761 Vitesse'en charge, . 10,409 9,690 9,932 Ce qui donne, pour l’ensemble des essais au Lourteau, les moyennes générales ci-dessous : Vitessefævidess 2, ue 10km 589 Vitesse en charge … . . . 10 ,010 Si nous ne considérons que les trois mais de travail en charge, où la durée journalière du travail a été constamment de 5 h. 30 m., 1. Charge, 140 kilogr. Traction, 24K5,643. Traction corrigée, 25*8,801. ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 217 nous obtenons pour les chemins parcourus moyens et le travail cor- respondant les résultats suivants : Cheval n° { Cheval n° 2 . Cheval n° 3 . Moyennes générales , CHEMIN parcouru, Kilomètres. 57,248 53,296 EU ER 54,623 55,056 TRAVAIL correspondant. Kilogrammètres. 1 477 058 1 375 095 1 409 338 1 420 497 L'alimentation au tourteau de maïs a donc permis d'obtenir des vitesses au moins égales et des quantités de travail plutôt supérieures à celles qui ont été constatées lors des expériences précédentes sur les différents grains de la ration de la Compagnie générale. On verra plus loin l’ensemble de tous ces résultats, rapprochés les uns des autres. Pour l'instant, examinons quelles ont été les pertes de poids cor- respondantes aux quantités de travail fournies pendant les mois de travail en charge ; ces pertes sont réunies dans le tableau ci-dessous : CHEVAL N° 1. CHEVAI; N° 2. CHEVAL N° 3. TT — — — TT — — — Dates. SA LU Durée me Due Durée Porte < u du ns É u es travail. de poids. me travail, de poids, AD travail, AO OI RO RSR ET CREER CONNECT EEE | Kilogr. Kilogr Kilogr 2 5b3om 92,9 { 5h3om 29,5 2 avril 5h3om 25,2 4 5 50 16,0 3 5 30 34,01 x — 5 30 24,7 6 5 30 52,6 5 5 30 31,01 6 — 5 30 26,4 8 5 30 21,6 7 5 30 26,5 || 10 — 5 30 26,0 10 5 30 19,8 9 5 30 27,4 12 — 5 30 19,6 12 5 30 20,5 it 5 30 28,2 = » 30 15,5 14 5 30 17,8 13 5 30 2482 16 — # 30 17,4 16 5 30 17,4 15 5 30 EN CRE 5 30 17,6 18 5 30 19,7 7 5 30 26,3 20 — 5 30 26,1 20° 5 30 19,6 19 5 30 D? 29 — 5 30 29 ,4 22 5 30 20,9 21 5 30 21132 |oat— 5 30 21,9 24 5 30 94,5 93 5 30 22,9 26 — 5 30 22,9 26 5 30 21,1 25 5 30 24,5 || 98 — 5 30 20,7 28 5 30 95,4 27 5 30 29,6 || 30 — 5 30 18,8 | 30 5 30 26,9 29 5 30 27,4 2 mai 5 30 7,6 31 5 30 26,7 4 — 5 30 20,2 6 — 5 30 19,1 8 — 5 30 24,3 10 — 5 30 27,2 12 — 5 30 24,7 14 — 5 30 29,6 Moyennes.| : 30 21,0 5 30 24,6 5 30 21,3 1. Le cheval a uriné pendant le travail : les pertes de poids sont donc trop fortes ecs jours-là, mais les moyennes sont calculées sur les données exactes. 218 ANNALES DE LA SCIENCE \AGRONOMIQUE. Ces pertes de poids sont tout à fait comparables à celles éprouvées par les mêmes chevaux au régime de la féverole, pendant leurs essais à la voiture et comparables aussi à la perte de poids constatée avec l’alimentation au maïs ; on peut s’en rendre compte d’après le Lableau suivant : Travail à la voiture, en charge. , , TRAVAIL DÉSIGNATION DURÉE PERTE ; correspondant 4 des chevaux, du travail. de poids. moyen, EC DE RS ER RD Kilogrammetres | Kilogr. N° 30 334. . . 5h30m, 1105 478 Maïs Mai 1889. . À et paille de blé 34 464. . . 5 30 1 283 476 Septembre 1890, Féveroles | 37.999... 5 30 1 261 174 Novembre 1890.{et paille d'avoine Tourteaux LS 34 464. . . 5 30 1375 095 S1090Meeue 5 30 1 409 338 Juillet 1892. . . Avril-Mai 1892. et paille d'avoine Janvier 1892. . | — 34 614 . . . 5 30 1 477 058 Faisant la movenne des pertes trouvées pendant les expériences au tourteau, nous trouvons alors que : Les chevaux, au régime du tourteau, ont effectué journellement à la voiture un parcoars de 52“",056 en 5 h. 30 m., et qu'à ce par- cours correspondent un travail de 1 420 497 kilogrammètres et une perte de poids de 22 kilogr. En même temps que les pertes de poids, on a noté les augmenta- tions de température des chevaux au cours du travail à la voiture; avant el après chaque course, on prenait la température de l’animal el on enregistrail également la température ‘extérieure, matin ct soir, pendant les heures de travail. Nous nous bornerons à donner ci-dessous les résultats relalifs aux trois mois de travail effecuf, car pendant ces trois mois les chevaux ont travaillé d’une manière uni- forme, et les résultats sont, par suite, comparables. {a PO ER ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 219 Cheval n° 4. | ACCROIS- DATES. TEMPÉRATURE | spygyr | TEMPÉ- | porps [TRAVAIL a 2. | de la RATURE | moyen produit Janvier du initiale finale Hs ; en ture cxté- du d 1892. travail. du du Re à kilogram- fe IP Noa Qu rieure, cheval, otre ere mm nd —_—__— ns RER Es Degrés. | Degrés, | Degrés. Kilogr. de à 9h15 37 7 38 2 0 5 ù 476,5 |698 35: | 9h.45à11h 37 9 28 8 0 & 176,5 |698 353,9 2 EE 2 h. 45 37 6 38 4 0 RE TE Sh16 à Lib. 45 581 | 391 1 AP DE IESU0NS,S 8h. à 9h. 15 37. 7 38 5 0 FEES 6 |rwaänun 381 | 388 0 FO PIS STI 1h.15à 2h. 45 37 7 38 6 0 469,9 |763 812,9| 3h.15à 4h. 45 383 | 390 0 eg (TU PIESS 8h. à 9h. 15 37 7 38 4 0 ï 476,0 |632 833.: . fee 381 | 390 0 OS IP RSnEe 1 jar 2 h. 45 37 6 38 5 0 472,9 |757 576,4 3h.15à 4h. 45 38 2 39 1 0 Fe PAU NS ht A AURA 15 37 7 38 7 1 171,1 |642 236,3 = a tune St à 37 9 38 8 0 Ce || ii = os d'e 45 * 377 | 389 n 468,3 |S04 340,6 | 3h.15à 4h.4. 38 4 39 1 0 dette 8h. à 9h15. 37 7 38 7 1 468,7 |664 058,9 | s 9h.45à1l1h. 383 | 389 0 42 bre 2 1h.15à 2h.45. 37 5 38 8 1 | : 466,6 |826 163,0 3h.15à 4h. 45. 28 4 39 2 0 8h à 9h.15. 378 38 6 0 à ; 467,6 |667 178,2 _ enter 38 2 39 1 0 ? 3 ]1h.15à 2h.45.. 37 9 38 8 0 459,7 |835 518,5 3h.15à 4h.4. 38 4 39 4 { She à" 9h15! 37 8 38 8 1 e. L 464,8 |676531,2| 9h.45à1i1h. .. 58 4 28 9 0 26 ©« re 1h.15à 2h.45. 37 7 38 9 1 LS | A 460,2 |829 282,2 3h.15à 4h. 45 . 38 5 29 4 (0 Shea 9 161. 37 8 £8 9 1 Ë 467,4 |689 000,9 æ 9h.45à11h. 33 D 39 2 0 1h.15à 2h.45 .. 37 5 39 0 1 ; à 461,1 |841751,8| Sha15 à 4h. 4; 38 39 4 0 RUE PRE CS EE 1e 0 1 d | È 462,9 |676 531,2 9h.45à11h. 3 0 ST 1h.15à 2h 1 1 1. 15à 2h..45 , | es ? 453,7 |826 137,1 Sh15 A A h.45 1. 6 (0 (l 220 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Cheval n° 2. À ACCROISSE- TEMPERATURE : , DATES. DURÉE RS RENE = ee 7 u + RATURE , du Trés tempéra- Juillet initiale finale ë ture exte- 1892. travail, da ee du Re cheval, | cheval. | cheval. ÿ ee ES eee, | mec | ee | Run Res Degrés. | Degrés. | Degrés. | Degrés. RSR MANIA ENCE |N37 00 38 8 09 } oi ce NT RES Se 385 | 391 060 . 1h15 2h45... 1:#3ng9 #30 12 29 G ÉSh T5 AA A5 ER 07 39 3 0 6 She ATOME 37 6 39 0 AS) NEr | 98 4 JDA AL he er all Se 0 12 ) 3 1h.15à 2h.45., . . .| 378 39 2 14 } as 8h 154: 4h+45.0. N lisses 39 9 WATT LS RE UD 0 EN CN RTC 38 9 Lo res JS adlhr es ul ER el neo CRT AR 5 { ae» 2H 40e Re SA ES TT 39 4 (1702) sn \3h.15 à 4h.45., | 3% 8 39 6 os } le CAO as EU ner 38 8 LR) Fe 9h45 a IR .e , » L | as 4% |"390 06 ) 4 9 pre 2h 45 AUTO ES TAG 39 1 15 la |3h15à 4h45... :.| 28 | 33 0 M) Ca EE ALU T0 US Ne Là RE TA 38 4 000) 19 6 PE ES ER 38 2 38 8 0 6 . En Sn A5e pu PAP) ES 10) Sr 0 10 | ER J CÉRÉALES 39 2 0 6 fes matos el ET 38 6 WE Jar 9'HAD ANT D. res 2 39 1 mr 0) 15 1h.15à 2h.45..,...| 378 38 4 0 6 | 99 4 8 TD a AREAS ES os 38 8 0 5 Shan Obs. NIET 38 6 D'ACTE | É 18 8 RAA AUTRE en NS ao 38 9 0110) 17 ose CA pee I LT OU) 39 1 AGENTS 3h.15à 4h.45,....| 36 | 392 Der liret { 8h. CCE DIRES OM) QE TNT 38 4 0 4 | l'170 CAT EE AG SEA SEE | LYS 38 8 07 ) 19 RACE 2h45 DATES 0 38 7 0 8 4 SYh-drA MAR AH 2 38 3 39 4 07 8h ao RA5: ee sr |o7aer 38 4 0 7 Dee J' 23 Loan Ce. 582 | 36 0 4 UP) ; l'h. 15 200 /h 45.8 Pa. |lo727 38 5 0 8 jé 6 RER Ah AT et CIS 9 38 9 0 6 | | POIDS moyen du cheval, 471,2 480,2 478,6 483,9 480,8 TRAVAIL produit en kilogram- mètres. 751 342,9 657 824,5 791 871,8 623 530,0 | 621 456,5 731 591,8 636 000,9 763 811,7 626 648,0! | 720 174,2 | 617 295,1) 754 458,9 | 608 986,0 | 762 768,0 l 617 295,1 | 751 342,2 2 | | ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 221 Cheval n° 2. (Suile.) ACCROISSE- : TEMPÉRATURE MENT a Re TRAVAIL BARRE pr de la produit — TEXTURE x RATURE| moyen du Te l tempéra- en Juillet, initiale finale FU sa _e Apte 892 travail du du du ÿ 8 ie cheval. | cheval. | cheval. | "Te cheval, | mètres, _mmœme | es | es | nes PRES mm Degrés. | Degrés. | Degrés. | Degrés. | Kilogr. ST ar min. 2700) F8 a 0 6 F4 à | ‘ 17 8 | 480,1 |608 986,0 ORAN AT A ATARI NN JEU: 38 2 39 0 0 8 23 \ R à 9 F 97 7 38 9 12 | Lo pe LR PE pe EC AR AS 7 | 270 s752 |128485,0 3h.15à 4h.45.. ...| 385 39 3 08 ) CA ME ON ro Lt ae LS) OGC 38 à 0 7 l er males \onasann......| 3%3 39 1 08 ) 25 Q € c n sk 1h15 AE ND 45.4 sl PRIS 39 2 ER UN FO RE SUD EUR AD A5 0 | CB 39 4 072) $ $ io RON ME En ee Bol NET 38 6 0 9 | ec aro,0 lois o21.a DAS AT he 2 8 0 482 39 2 10 ) 27 le SANT PIN TST)S 39 9 11 ORALE PR 3. 2 | 3h.15à 4h.45. . . . .| 38 6 39 4 0 8 8 b. AROMHED Re Ternes 37 8 38 8 10 30 8 189,4 648 371,6 One A5 DAT RESF ele 08 0 39 5 09 29 (SR A MANN NEC 37 9 39 4 479 31 2 RE LATE 3 £ 34 # , Shoot A hd rm 8849 39 6 07 NS Et ec CTI 38 6 08 202 |are,o |617205,1 DONAD AMIE. ce 38 4 39 1 07 A à 27 3! : 1 4 31 1h15 4092/h:45.4. 21100879 39 3 k 99 4 aras |r66931,1 EN re EU OT LISAPIERE AE 38 9 39 © 0 6 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. 10 12 16 18 20 a _—- À ——…— Lena | 9 h, 1 b. 3 b: 8 h. 9 b. Ah 3 h. 8 h. 9 h. 1 b. 3 h. 8 h. 9 D. 170: 3 h. 8 h, 9 h. UE 9 h- 8 h. Re DURÉE du travail à 9b. à 9h. à 9h. 15à 21h. .15à 4h. à 9h. AFS RUES 15 A4 2/h: 15 à 4). à 9h). 45 à 11h.. 19 42h 15 à 4h. à 91h: ADTAMAMNLN. 15 4° 2h. 15à 4h. à 9h. 15. . AD a DIR Cu RENE ve De livE Tr ZEUS AD AMAR Tree -.15à 2h. .15 a 4 n°4 SADNASEIUR 45 à 11h.. DANS 15 à 4h. à 9h. 45 AMAVR.«... 15à 2h.4 15à 4h. à 9h. 1582 | 3h,15à 41h. Cheval n° 3. ; ACCROISSE- TEMPÉRATURE MENT de la nel nl ture du du du cheval. | cheval. | cheval, Degrés. | Degrés. | Degrés. 37 5 38 1 06 } 37 7 38 3 06 ) 37 4 38 7 (nee) 334 | 588 04) 87 7 38 4 07 } 58 1 38 7 06 ) 37 9 38 S 09 } 383 | 591 08 ) SpA 38 4 027" 381 | 386 05% ) 37 3 38 7 14) 382 | 303 Wine) 1 8 38 07 | 382 | 386 04) 37 5 38 6 L 4) 38 4 39 2 08) 37 6 38 3 07 } 581 | 386 05 ) 37 6 38 9 1407 38 4 39 1 07 ) 37 6 38 4 08 } 381 | 387 06 ) 37 4 38 4 10} 38 0 38 9 09 ) 37 7 38 4 CM 37 9 38 5 06 ) 37 4 38 4 10 } 38 1 38 6 05 ) Me 38 2 05 } 380 | 383 03 ) 37 4 38 2 08 } 38 1 38 9 08 ) 37 8 38 2 0 4 38 0 38 6 0 6 ———— —— TEMPÉ- RATURE exlé- rieure. Degrés. 14 4 1° [#14 CS 25 4 cheval Kilogr. 481,4 TRAVAIL produit en kilo gram- mètres, 670 295,0 823 046,2 664 058,9 657 823,8 766 925,5 670 295,0 773 162,6 689 000,9 773 162,6 664 058,9 660 942,1 798 104,4 651 589,1 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 223 Cheval n° 3. (Suife.) k ACCROISSE- # TEMPERATURE — , RAVAIL DATES. DURÉE qi Bosc r. produit e 1a < re le ru RATURE| moyen f du a: tempéra- en Avril, initiale finale ture exté- du kilogram- 1892. travail du CE du rienre aval Nes cheval, | cheval. | cheval. D PACLCAETE métres- ee, | mnmmnens = ——— ne nn Degrés. | Degrés. | Degrés, | Degrés. | Kilogr. SR RSS IS 7U0 38 3 03 LA PPS OR ï DR AD Th USE IENSSLD 38 4 )4 |) 1h MS AN She + 00.0, | 8720 38 5 06) + \ 15 8 "| 829 282,6 Ji 15 a) he deu . : 58 4 38 8 EM DA COMENT ME 37 5 38 5 10 ) ee A ER 462 è ,9 ER EE PARA ES 380 | 387 07 | RS se TRNTS AR OIRAS A Ca 0e OT 4 38 9 15 ) k 4 | 463,4 |763 812,5 3h15à 4h.45... ..| 383 | 388 DHEA) ? ? Mai BAM AMOR 15 PS IS 7 7 38 6 09 } k 4 | 466,2 |626 647,2 : RE 384 | 385 01 } : # Die HUNtELE 37 6 38 4 08 ae 2 | 463,8 |760 693,2 (ES Poe SE EE RP CE PTE 38 6 0 4 à | ENT EN Mere) PO TUE 38 4 07 } LOS] PR PROC 2e P Je 2 | 465,2 |623530,4 PAST ESEe NNOSL 38 $ 16 ) 4 \ + dr = Dutir ag | he LD A MATRA Eee NS 7 A 38 5 11 ) ne Le El Sn Lo ad Ab NE OISE 38 7 (15) ASE à DEhal ts le9766 38 3 TS) +2 ’ . s 9 6 | 469,6 |614177,4 D'hAparllihos ee nu A 38 6 0525) 6 { Fou e CA na GE RE MES PA) 38 6 1000) FRA 163,6 |748 241,8 | Sh.15à 4h.45...,..| 382 | 38 06 ) Fra & RÉEL TI SR TE Re EE 38 ! sh à 9h. 15 38 1 8 » 0 4 | is ET uses , À PRÉ SE IS PAS] RCE: 387 04 }) « Pan Mh-A5 msn li 9748 38 5 07 } re : à * 262 | 460,4 |701 459,2 PS 154 dhas: 0 "379: | "387 os } 2e RSR SR AMI os NT STE 7 38 5 08 ) 5 à ; PR . {194 | 468,7: |607 941,3 UP NN Te See RESTE 38 6 05 ) 10 RSA MO he dr ne 37 3 38 6 0e SANS J ae É Lu : . { 256 | 465,0 |717 309,0 bel AS LR ASS, + | 98 9 38 9 06 ) | frs th: At 9h19. +2,51. 37 9 2 6 0 7 l Fa 163.9 Peas DAS AU R EEE ent, 11-3852 38 9 0741) E RER snapaennk. 377 .-Fre86 [Sonde ( 276 | 462,9 |723984,5 | 3h.15à 4h. 45... ..| 382 39 2 10 ) à D LD NC RE ET TU ES AROEA) RTE 38 4 07 } 20 2 | 466,3 |598588, A RTE TE es 381 | 389 08 ) 10h70 Lie RE Under ceseel. 5704 38 4 11 | | 26 6 | 464,5 |713931,8 sh 158 4h45... ..|. 303 l388 0 5 sn it ete | ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE, Les tableaux précédents nous conduisent aux résultats moyens ci- dessous : TEMPÉRATURE A initiale du cheval, Degrés, finale du cheval, Degrés. ACCROISSE- MENT moyen RATURKE de la exté- tempéra- ture, TÉMPÉ- rieure, Degrés. | Degrés. Cheval n° 1. (Janvier 1892.) 98 03 Cheval n° 2. (Juillet 4892.) 38 06 38 22 38 81 39 03 33 86 39 16 0 83 1 00 0 80 POIDS moyen du cheval, Degrés. 469 4 465 0 TRAVAIL moyen en kilogram- mètres. Kilogr. 660 249,5 816 808,7 625 380,2 0 84 26 6 749 715,0 Cheval n° 3. (Avril-mai 1892.) Matin ee Cameroon T8 38 50 0 61 SORA HOUn dénlot or cine D. dot al LNGTAEN 38 73 0 86 169 3 |643 794,5 466.0 765 543,8 | | Les accroissements moyens de température ainsi trouvés ne sont pas exacts en valeur absolue, puisqu'ils résultent de la prise des tem- pératures avant et après deux courses séparées par un repos: mais ces courses et ce repos ayant toujours eu même durée, les nombres représentant les accroissements de température, sont comparables. C’est le cheval n° 1 qui a présenté l’accroissement moyen de tempé- rature le plus grand, soit pendant le travail du matin, soit pendant celui du soir; il est vrai que c’est le même cheval qui a fourni la plus grande quantité de travail. Le cheval n° 2 n’a pas présenté des élévations de température aussi accusées que pendant la période de travail au manège ; si pourtant nous le comparons aux deux autres chevaux, nous voyons que sa température moyenne s’est élevée le matin presque autant que celle du cheval n°1, et le soir autant que celle du cheval n° 5, bien qu'il ait effectué moins de travail que les deux autres. C’est d’ailleurs sur le cheval n° 2 que l’on constate l’é- lévation maximum de température: 1°,7 le 3 juillet 1892 après la 1° course du soir, les chevaux n°* 4 et 2 n’ayant donné au plus que 1°,9 pendant leur travail à la voiture. Nous rappellerons, en passant, que les mêmes chevaux ont accusé ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 220 au cours des essais à la féverole, des accroissements de température plus élevés que pendant les essais au lourteau, tout en produisant, moins de travail. On peut s’en rendre compte par les chiffres ci- dessous : Matin SOIT . Matin Soir . Matin Soir . ACCROISSEMENT moyen TRAVAIL moyen de la température. en kilogrammètres. Cheval n° 4 (Juillet 1890). LT 1 50 609 991,1 709 103,2 Cheval n° 2 (Septembre 1890). 0 98 1.50 Cheval n° 3 (Novembre 1890). MS 10623 581 419,9 679 753,7 À la féverole, comme au tourteau, on voit que c’est le cheval n°1 qui à éprouvé les plus grands accroissements de température, en produisant le maximum de travail. Nous avons réuni dans les tableaux suivants les résultats relatifs au refroidissement du corps du cheval pendant le repos qui suit le travail. Cheval n° 1. ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1896. — n. TEMPÉRATURE TEMPÉ- | POIDS | REFROI- > TR RATURE | moyen DATES DURÉE DU REPOS initiale finale DIS- À Fe Fa exté- du SEMENT.| . cheval. | cheval. rieure. | cheval. EU Degrés. | Degrés. |: Degrés. | Degrés, | Kilogr. | 2 CS Ba AN ne LES PSE EN RECENT EE 35 2 37 9 0 3 5 0 476,3 CR SEE UNS ES MOREN OT An D 33 4 33 1 0 3 ù 4 475,0 16 9 h. 15 à 9 h. 45 33 5 38 1 04 |—01 469,6 \ 2h.45 à 3h. 15 33 6 33 3 03 |[—08 469,9 18% ONRETLD A ONE AS, ET UE LR, 33 4 38 [ 03 8 0 476,0 Pond 9h15... 33 5 38 2 0 3 6 0 472,2 20 9 h. 15 à 9 h. 45 . . 33/7 31 9 08 |—12 471,1 2 h. 45 à 3 h. 19 33 9 38 4 (LES 0 5 468,3 99 DNA MO DA AO NE PE TOR or LME At LT à 38 7 38 3 0 4 4 0 458,7 A 9 h. 45 à 3 h. 15 38 8 38 4 0 4 AE 466,6 21 L 9:h. 15 4.9 h. 45 .….. 33 6 . 38 2 0 4 4 8 467,6 PROMO OR MORE M en ene 1e 33 3 38 4 0 4 10 $ 459,7 26 f 9h. 15 MO ANE Nate. et Treme le 33 8 38 4 0 4 2 0 464,8 ER OC ES CE 35 9 33 5 0 4 2 6 460,2 28 ORALE AO DA ne at sole 33 9 33 9 0 4 6 8 467,4 CO SE Fo LOS RE ET 39 0 38 6 0 4 7 4 461.1 2 TOUR EP re L'ACe 39 0 38 5 0 5 il 0 462,9 2 h. 45 à 3 bh. 19 39 1 St 7 0 4 12 0 453,7 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Cheval n° 2. DATES. Juiller 1892. ot 27 29 31 TEMPÉRATURE s REFROI-| TEMPÉ- EE £ De RATURE DURÉE DU REPOS. initiale finale. D S- À exte- du du SEMENT.| rieure. cheval. cheval, Degrés, | Degrés. | Degrés. | Degrés. 15 à 9 h. 45 : 58 8 38 à 0 3 21 0 SRE NME NS TE To Pre 39 1 38 7 0 4 29: 6 15 à 9h. 45 . : 39 0 38 6 0 4 28 4 45 à 3 h. 15 . 39 2 38 8 0 4 26 2 ja 01h40 : 38 9 35 6 0 3 2202 A5 aa he 10% : 39 4 238 8 0 6 33 { 15 à 9 h. 45 38 8 38 4 0 4 22 Q 45 à 3 h. 15 39 1 36 8 03 31 2 15 à 9h. 45. à 38 4 38 2 02 19 G 45 à 3 h. 15 . 38 9 38 6 0 3 18 5 LOS OA AN EN ER TEE TT 38 6 38 4 0 2 18 0 145 à 3 h. 15 g 38 4 38 3 Gel 22 4 DÉRON NET URGENT 38 6 33 2 0 4 188 45 à 3 h. 15 39 1 33 6 0 5 23 9 15 à 9 h. 45 38 4 38 1 0 3 17 0 45 à 3 h. 15 . 38 7 38 3 0 4 19 4 15 à 9 h. 45 : 38 4 38 2 0 2 45 2 45 à 3 h. 15 À 38 5 38 3 0 2 16 0 1200 ADE Re 38 4 38 2 0 2 17 8 LSEVeN a 5 38 9 38 5 0 4 27 6 15 à 9 h. 45 38 © 38 3 0 2 21 0 45 à 3 h. 15 . 39 2 38 7 0 5 30 4 SE ie Eur ue 38 6 38 2 0 4 22 6 45 à 3 h.15 33 9 38 6 03 54 1 15 à 9 h. 45 Sr : 38 8 58 6 0 2 228 45 à 3 h. 19 ANSE ER NE 39 4 38 9 0 5 31 2 15 à 9 h. 45 38 6 38 4 0 2 20 2 45 à 3 h. 15 = 39 3 38 9 0 4 " POIDS moyen du cheval. Kilogr. 480,5 476,6 488,3 479,5 485,2 479,0 474,6 471,9 | 480,2 478,6 | 486,3 482,9 487,4 483,9 484,7 482,5 483,9 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 2217 14 Cheval n° 3. TEMPÉRATURE RErRoOI-| TEMPÉ- | POIDS Ron DURÉE DU REPOS. initiale finale DIS- en EE du FE exté- du cheval, | cheval, SAICENTe |CHenre cheval. | | Degrés. |. Degrés, | Degrés. | Degrés. | Kilogr. 9h.15à9 h.45 38 1 37 7 0 4 14 4 481 ,4 2 h. 45 à 3 h. 15 . S 38 7 38 4 0 3 25 1 1 9h. 15à9h.45. 38 4 38 1 05 23 7 476,4 | 2h.45à3h.15.,. 38 8 38 3 0 5 28 4 m | 9h.15à9h.45 . . . 38 4 38 1 0 3 16 6 476,2 | 2h.45à3h.15 . 38 7 58 2 0 5 28 0 469,9 9h. 15 49h 45000 ! 38 5 38 2 0 3 17 0 477,6 2h.45à3h,15 . . 2 38 6 38 4 0 2 97 4 472,8 DTA A OR ARU. 38 3 38 1 0 2 19 0 469,9 2h. 45à3h. 15 . 38 9 38 4 0 5 28 4 469,8 9h:15à9h. 45. 38 4 38 1 0 3 18 0 475,0 2 h. 45 à 3 h. 15 . 38 4 38 0 0 4 25 4 473,5 DA MD RU ADR ER USE 38 4 37 9 0 5 6 4 464,4 2h.45à3h.15. 38 38 1 (1 8 0 465,7 9 h. 15 à 9 h. 45 38 2 38 0 0 2 3 0 464,7 9h. 454.30). 15%. 1.1. 38 2 38 1 01 5 0 463,2 9h.15à9h.45. 38 2 33 0 e 02 8 8 467,9 2 h. 45 à 3-h. 15 . mn un " 11 6 D 9h.15à9h.15. 38 3 38 0 03 14 6 468,2 2 h. 45 à 3h. 15 . 58 5 38 1 0 4 15 8 ( 9h.15à9 h. 45 . . 38 5 33 0 0 5 9 0 462,1 DRNAB Ad neuls lue ON de e 38 9 38 3 0 6 16 4 463,4 9h:15à9h. 45. . 38 6 38 4 0 2 8 4 466,2 2 h. 45 à 3h. 15 . à ARE 38 4 38 2 0 2 9 2 463,8 Ce LE MD et ee Ne 38 4 38 2 0 2 15 2 465,2 DNA AHA 3h, 15 440, er eee 38 5 38 2 0 3 18 8 465,5 9h.15à9h. 45 ‘ 38 3 38 1 0 2 9 6 469,6 d'h. 45/4 3h50: ue 38 6 38 2 0 4 16 0 463,6 9 h. 15 à 9h, 45 . . . . . 38 5 38 3 0 2 17 8 469,1 21h45:à13 h 15. 5... : 38 5 37 9 06 26 2 160,4 9h.15à49h.45 . .. 38 5 38 { 0 4 19 4 468,7 2 h. 45 à 3 h. 15 s 38 6 38 3 0 3 25 6 465,0 DNAB AS hr APE IN 1 2 38 6 38 2 0 4 20 8 463,9 2h.45à3h.15. 38 6 38 2 0 4 27 6 462,9 SANTE AE MON UT Br ORNE MASSE 38 4 38 1 03 20 2 466,3 2h.45à3h, 15 s 38 5 38 3 0 2 26 6 464,5 | 228 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Ces résultats montrent que le refroidissement du corps du cheval, pendant la demi-heure qui suit le travail, varie dans des limites assez étroites, quelle que soit la température extérieure : l’abaisse- ment de température n’a même pas atteint 1° pendant les mois cités plus haut, tandis que la température extérieure passait de — 1° à + 34°. Actuellement, nous ne pouvons pas tirer de conclusions des don- nées thermiques réunies dans les tableaux précédents, quelles que soient leur valeur et leur étendue ; nous pensons toutefois les utiliser ultérieurement, pour étudier de plus près la répartition de l'énergie sous ses diverses formes. COMPARAISON ENTRE LES ESSAIS AU TOURTEAU ET LES ESSAIS ANTÉRIEURS. Conclusions. L'expérience d'alimentation au tourteau, que nous venons d’ex- poser dans les chapitres précédents, termine Ja série des essais, dont le programme avait été fixé en 1880, d'accord avec MM. Gran- deau et Leclerc, par M. le président du conseil d'administration de la Compagnie générale des voitures. Ce programme compor- tait : 1° L'étude de la ration-mélange de la Compagnie dans les diffé- rentes situations de repos, marche, travail au manège au pas et au trot, et travail à la voiture ; 2 L'étude, dans les mêmes conditions, de chacun des fourrages contenus dans ce mélange. Conformément à ces indications, des TR dont les résullats ont paru dans les Annales de la Sciencè agronomique française el étrangère, ont été poursuivies presque sans interruplion de 1880 à 1892’, Nous sommes en mesure, actuellement, de grouper les 1. Voir Études expérimentales sur l'alimentation du cheval de trait (Mémoires EE ee (E E ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 299 résultats de ces douze années d'expériences, pour en tirer des conclusions générales sur les conditions de l'alimentation du cheval de trait : c’est ce que nous nous proposons de faire dans un prochain travail. Pour l'instant, nous nous bornerons à comparer, au seul point de vue de l’utilisation des ralions, les essais au tourteau avec ceux qui ont été exécutés antérieurement sur : 1° Le foin donné seul ; 2° L’avoine, mélangée de paille d'avoine ; 3° Le maïs, mélangé de paille de blé ; 4° La féverole, mélangée de paille d'avoine. Le foin représente le type de l’aliment fibreux, pauvre en protéine, graisse et amidon, et contenant surtout des celluloses ; l’avoine et le maïs, plus riches en protéine, apportent en outre au cheval beaucoup d’amidon et de graisse; la féverole est, par excellence, le grain riche en protéine, tandis que le tourteau, par sa teneur en matières azotées, se place au-dessous de la féverole, mais au-dessus du maïs et de l’avoine, qui, d'autre part, lui sont supérieurs par leur richesse en amidon. La comparaison entre ces diverses alimentations est donc desplus intéressantes. Pour l’établir aussi exactement que possible, nous ne nous servirons pas des rations distribuées, mais des quan- lités de principes nutrilifs contenus dans ces rations, qui ont été digérées par les animaux en expérience. A cet effet, nous formerons deux groupes parmi les principes nutritifs digérés ; dans le premier, figureront seulement les matières azolées, et dans le second toutes les substances hydrocarbonées (amidon, cellulose brute, cellulose saccharifiable et sucre), auxquelles on ajoutera la graisse, trans- formée au préalable en amidon à l’aide du coefficient 2,5, et, de plus, les indéterminés. Nous savons, en effet, aujourd'hui, d’après les recherches récentes, que, dans ce groupe des indéterminés, il y à une notable proportion de pentoses, corps voisins des sucres fermentescibles, dont la digestibilité est sensiblement la même que celle des autres éléments des fourrages ; il nous semble donc plus rationnel de tenir compte des indéterminés, même pris en bloc, que de les laisser complètement de côté, comme on l’a fait jus- qu'alors. On trouvera ci-dessous, groupés comme il vient d’être dit, Les 230 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. principes nutrilifs digérés chaque jour par les chevaux, pendant les expériences qui nous occupent : ESSAIS ESSAIS ESSAIS ESSAIS ESSAIS au foin. à l’avoine, au maïs. à la féverole, au tourteau, 2, CS À Pa Hydro-! D... | Hydro- Pré Hydro- Pro Hydro- Pro- | Hydro- car- car- car- car- car- téine. Honés téine, bonés, NOR: bonés, HE bonés. es bonés. gr. gr. ë gr. - : ; gr, JE gr. 211,9 | 2558,1| 442 3 665,2 2 3 162,5 3 048,3 A la marche au pas. .] 274,5 | 2 853,0] 435 3 338,8 3 924,6 3 753,7 3 378,9 A la marche au trot .| 246,3 | 2 929,1! 4° 3 965,3 515 3 628,3 43 251,9 Au travail au pas . .] 361,5 | 3 721,4 3 787,3 3 88: 4101,7| 753,913 622,2 Au travail au trot . .| 389,7 | 4 603,5 49276,0| 4 4 j 4 504,0! 910,913 899,2 Au travail à la voiture.| 388,7 | 4 608,6! 474,9 | 4463,5 4,e 4 034,91 1 025,814 066,7 ? L ? 2 Nous voyons ainsi, que, pendant les essais au tourteau, les chevaux ont digéré, d’une façon générale : 4° Tantôt plus, tantôt moins d’hydrocarbonés, mais toujours deux à trois fois plus de protéine, que pendant les essais au foin ; 2 Moins d’hydrocarbonés, mais plus de protéine, que pendant les essais à l’avoine et au maïs ; 3 Moins d’hydrocarbonés et de protéine que pendant les essais à la féverole. La comparaison entre ces différentes expériences sera rendue plus facile, si nous transformons en calories les quantités ci-dessus des principes nutritifs digérés, à l’aide de leurs chaleurs de combustion, représentées en moyenne par : 4,6 pour la protéine (supposée à l’état d’albumine) et 4,1 pour les hydrocarbonés. Nous reviendrons plus lard avec détails sur la valeur calorimé- trique des fourrages que nous avons expérimentés. Les résultats de cette transformation en calories sont réunis dans le tableau suivant : 231 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 0‘YSF CT *SaL107E9 u2 218101 In9]8 À c‘1991 L°986 GT *So0e? uy sau0qieo -03pÂt sop LLE) LEON F°G6r 61 0°00S 08 £‘80Z 97 *SA1IO[B9 : *SaTIOTB9 LE] ua oura3o1d 28101 BI 9P anope À In9[E À ‘NVALHNOL AV SIVSSH 1 ‘200 67 c‘06€ GT 8 ‘996 I *sol10fe? ua sauoqueo -01pÂq sap ino[e A *Sa1107R9 ua au191014 EI 2p FLO CAN *SO10]89 ui 2[8101 In2[P À & ‘666 SI 6‘FCYOT 8°0609F 0‘99r CF *Sal10e9 uo sauoqueo -01p{q sop INOTEA 9‘Fco AT *SAHOTUI ua au1910414 EI op IN9[E A "SIVN NV SIVSSA ‘090 LF *SOTOTR9 *Sar0Te9 un Ho sauoqie9 -01pÂU 2{8101 sop In2]8 À Ana [8 À *SILO[U0 ua oura)o4d EI 9P 10978 À 6° cr FI *SOLIO[E9 u) 218101 IN E À *SlIOpRO uo san0 ques -01pÂq sap inoje A } "Sale LE] eutaod EI op In e A "NIOU NV SIVSSH 91NJIOA Bree ny [BALAJ ‘017 NE [IBABAI NY sed ne [VAUT nY "10411 ne OUI EI Y JC ne OUoIUU 6 Y sodoi ny 232 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. De ce tableau, nous pouvons déduire que l’alimentation au tour- _Leau à mis à la disposition de nos chevaux des quantités d'énergie, dont la différence avec celles des essais antérieurs est exprimée par les chiffres suivants : DIFFÉRENCES, EN FAVEUR DU TOURTEAU ENTRE LE TOURTEAU ET ——— 7 le foin. l’avoine. le maïs. la féverole, Calories. Calories. Calories, Calories. Au répos . + 3 691,1 | — 1 906,5 | —- 1 859,4 | — 1554 3: À la marche au pas . + 3 663,3 | — 1311,3| — 1116,1 | — 3920,7 A la marche au trot. + 8 045,9 | + 2 924,9 | + 3 057,6 | + 1 696.1 Au travail au pas . + 1398,2|+, 786,3 | + 682,2 | — 4 640.9 Au travail au trot . — 490,1|+: 452,4|— 278,8 | — 4 716,6 Au travail à la voiture . +. 704,9 / + 907,4 | + 3-990,0 | — 428074 Les écarts mis ainsi en évidence sont, tantôt en faveur du tour- teau, tantôt à l'avantage des autres régimes. Si on se bornail à l’examen de ces différences, on serait tenté de conclure que le tour-- teau s’est montré supérieur au foin d’une façon indiscutable, supé- rieur, mais moins nettement, à l'avoine et au maïs, et tout à fait inférieur à la féverole. Avant de conclure en ce sens, il convient de rechercher quelles ont été, au cours des essais en question : 1° Les différences dans le travail produit ; 2° Les variations des poids des chevaux. Les différences de travail ressortent du tableau suivant, qui ren- ferme, exprimées en kilogrammètres, les quantités journalières du travail effectué dans les différents cas: AVOINE. MAÏS. | FÉVEROLE. |TOURTEAU. 390 761 S602179 1 105 478 Au manège au pas. Au manège au trot. À la voitures . 378 410 270 567 1 103 993 1 420 497 1. Chiffres laissés de côté, comme inexacts par suite de l’emploi du manège sans le compteur totalisateur. 2. Résultat trop élevé (voir Ge mémoire, page 92). 3. Travail pour chaque journée de sortie, ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT, 233 Voyons maintenant quelles ont été les variations de poids des che- vaux pendant les différents essais ; nous allons, à cet effet, grouper ci-dessous les poids trouvés pour chaque cheval, au début et à la fin de chaque mois d'expérience, en désignant par poids initial et poids final le poids moyen des cinq premiers et des cinq derniers jours du mois. Ces poids nous donneront les variations mensuelles de chaque cheval, que nous grouperons ensuite par mode de mouvement, pour chaque expérience précitée. CHEVAL N° 1. CHEVAL N° 2, CHEVAL N° 3. TE — — — — POIDS POIDS POIDS = =] = = a E = 2 | ——— _—— © 1 | © £ o = | —— © ä S + = us es A LS = = , 2D|>3=> b, © 5 > 3 s 2% Sos | = . SDS | ST 6 = | Ds |S5Ss6| — 20 = £ « = ä 8. le %# = a ER) SR 3 ä CRE RS PACE = > Re AIRE = > in = El > E] = = = El = RE | SR T2 menmeceme | er = 0 | ES EE | Kil. | Kil. Kil. Kil. | Kil. Kil. | Kil. Kil. Kil. Essais au foin. Novembre 1883. . .[M. P. [410,6/408,8l— 1,8] R. !416,11423,6!+ 7,5 T2 P. 1424,0 AE Fa Décembre 1883. . .[T. P. |413,01401,9]— 11,1[M. P. [433,41432,1 — 1,3] R. |415,11414,2.- Janvier 1884. . . .| R. |308,41396,5]— 4,9[T. P. |442,01426,2 — 15,8 M. P. |417,4|1410 sl se Mars 1884. . . ., T. T. |389,0/376,41— 12,6[ M. T. |419,2/419 0 0,2] R. |402,8/422,3 — 19,5 BV LAS4 ES 2 R. |376,0/353,3|L 7,3[T. T. |410,3 à nb 16,11M. T. |413,7|399 sl 13,9 LÉ Te CNP M. T. |384,91372,9]— 42,0) R. |405,21405,4 0,1[T. T. |398,81383,4 — 15,4 Juin 188447, 0 . * T. V. |374,71303,0]— 14,7] R. |410,11406,6— 3,5! R. |355,1|1386 el+ 1,5 Juillét 1881 . . . .[T. V. |363,6/367,2]+ 3,6] R. |410,8/409,8 — 1,0] R. |3s7,0/337,1|+ 0,1 AOAt 1884: R. 1370,51361,8|— 8,7|T. V. |404,41398,2|— 6,2] R. 1|387,81385,9|— 1,9 Septembre 1884 . .| R. 1368,51365,9|— 9,6 u u u u T,. V. |382,91385,6|+ 2,7 Octobre 1884. . . .| R. |366,0|363,8|— 2,2 " " vu m_ |[T. V. |1384,61376,6|— 8,0 Essais à l’avoine. Juillet 1886 . . ..| R. 1|348,51389,3[<4 40,8] vwtf nt | vt CL. R._ 1331,3[371,0[< 39,7 Mont 1886... . : R. |3593,7|1418,4|<+ 24,7 u u u F R. |375,81401,5|— 25,7 Septembre 1886 . .| R. |423,2|437,0| + 13,8 u n " u R. |407,5/423,0|+ 15,5 Octobre 1886. . . .| R. |429,7/445,5|<+ 15,8 D u D n R. !422,8|437,0| + 14,2 Novembre 1886 . .| R. |443,8/449,0|+ 5,2 " " u u R. _|439,01437,0|— 2,0 Décembre 1886. . .| R. |449,2/459,3[ + 10,1 " u u D R. |438,5/448,3|+ 9,8 Janyvier/1887. . ..|'T: EP: [9 439,3] — 14,6 u u u n M: P. 447,8|449,5|+ 1,7 Février 1887. . . .|M.P. 434,01495,8|— 8,2 " u n D ,T. P. 460,7 438,0|— 12,7 MAT EST PE MOUSE M. T. |493,51416,0]— 6,6 “ u “ " ee Le [+092 432,6 — 6,8 Avril1887 0," T.T. 413,01394,1[— 19,5 u " " . jMT. 432,1 sus) 0,6 DEL LIBRES SN, UT l380 8 375,9] — 13,9 u " " " M 5 Le | 455,0 423,9|— 12,0 Juin 1887... IMC T, 379 2 394,9] 15,7 u u u n Lr. TL Fe 418,2] — 5,8 oniet 1887. ee IT.-V. La 81373,3|— 4,5 u ï " " \T- je L419,0 411,7|— 0,3 1. Pas de cheval n° 2 dans cette expérience. 234 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. | Juillet 1899 . Novembre 1890. 1er à 21 nov. 1888 . 29 nov. à 11 déc. 1888. 12 à 31 déc. 1888. , Janvier 1889. . . . Février 1889. . . Mars 188), Avril 1889... . . Mai 1889. . . Juin 1889 . Décembre 1889 Janvier 1890, Février 1890. Mars 1390 . . Avril 1890 EN UE, Mai 1390. : . 5 Juin 1890 . . ‘ Août 1890 . . . Septembre 1390 Octobre 1890. . Juin 1891 50.0... Juillet 1891 Août 1891. Septembre 1891 Octobre 1891. . …, | Novembre 1891. . | Avril-Mai 1892, | l'Juin 1892... Décembre 1891 Janvier 1892. Février 1892. Mars 1892 . Juill t 1892 CHEVAL N° 1. OHEVAL N° 2. PEUR LEP ENTER PE AUEE) RMS TN POIDS POIDS AR PRE ÉCRIS RCE Ov P 285] + |. |#2231825| - | . | £4È —— — a | Kil. | Kil. | - Kil. Kil. | Kil. | Kil. Essais au maïs. M. P.|419,81422,5|+ 92,7] R. [475,91483,3l4 7,4 T. P. |419,31415,6[— 3,7|M.P. |479,6/479,1[— 0,5 R. |413,81422,5|+ 8,7]T. P. |480,31478,3l— 2,0 R. |424,01431,8]—+ 7,8[T.T. |489,6/475,5l— 7,1 M. T. |432,31428,6|— 3,7] R. |475,61478,5|+ 92,90 TT. |428,9/422,1[— 6,8/M. T. |480,0/475,9|— 4,1 u " u " R. |475,31483,7|<+ 8,4 ” " " 1 R. |484,1/1489,0| 4,9 Essais à la féverole. R. |464,41476,9[+ 7,5]M. P. |468,31471,0[+ 2,7 M. P. |476,31480,2]—+ 3,917. P. |475,9/475,4l— 0,5 LT. P. |479,71472,7|—— 7,0| R. |474,5/480,1|E 5,6 T.T. |471,4/460,0— 11,41 R. |487,11496,6[Æ 9,5 R. |461,61474,9|+ 13,3[M. T. |498,7/480,6|— 18,1 M. T. |473,11460,4[— 3,7]T.T. |478,41468,5]— 9,9 T. V. [476,21409,5|— 6,7] R. |476,2,488,7] + 19,5 T.V. [471,5/454,1[— 17,4] R. |490,81493,8lL 3,0 R. |453,11460,8|+ 7,7] R. |493,5 500,3[L 6,8 R. |465,9,468,9|+ 3,0] R. |502,2/410,9 8,7 R. |470,31473,1|—+ 2,8[T. V. |504,31477,4|— 96,9 R. |476,0/474,9|— 1,1[T. V. |[477,2/466,9|— 10,3 Essais au tourteau. D. P. [478,31476,1]— 2,2] M. P. 1505,31498,7|— 6,6 R. |476,2/478,5] 9,3[T. P. |494,11502,2]L 8,1 M. P. |480,41483,2]2 9,81 R. |502,11511,4[+ 9,3 TT. 1481,11473,2]— 7,9[M. T. |510,31492,8|— 7,5 R. |471,81472,1|+ 0,3[T. T. |455,7/478,1|— 7,6 M.T. |476,0|471,4|— 4,6| R. |478,61476,0|— 2,6 T. V. [470,6/454,51-— 16,1] R. [478,0/480,6[ + 8,6 T. V. [451,71434,11 — 17,6] R. |486,0/437,2]+ 1,2 R. |444,7/445,9| + 0,5[T. V. [486,2/455,1|— 31,1 R. |442,9/451,6[+ 8,7 "u u * f R. |452,01448,9|— 3,1 " fl 5 D " " " mn [TT V. |478,31454,9]— 93,4 u " u D TV. 1454,81449,3|— 5,5 Situation du cheval, CHEVAL N° 3. 454,2/45 446,8/4: 462,0 |. 463,9/46 468,246 168,2/4 475,5 478,3|. 484, ! 469,2 459,046 6 |: = 475, 491,4 493,0 489,0 487,2 483,3 473,1 468,9 467,4 467,6 408,0 449,6 " 417,0 417,5 )|430,1 21437,6 437,8 444,7 434,9 406,2 407,0 493,7 489,9 481,3 490,0 471,2 464,8 467,5 469,3 468,0 456,2 436,8 Se 5 À Kil — 0,2 + 3,1 + S,5 + 6,4 + 6,3 SRE) — 12,0 — 21,9 + 1,1 D[— 3,2 + 4,4 + 0,5 + 3,3 + 0,5 + 0,5 + 5,3 + 6,0 — 19,2 — 11,3 + 9,7 + 5,4 + 2,8 —— 3,1 + 2,8 — 12,1 — 8,3 — 1,4 + 1,9 + 0,4 — 12,4 — 12,8 ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 239 Etablissant maintenant, pour chaque situation, les moyennes des variations de poids mensuelles de nos chevaux, nous avons, comme bilan définiuf, les gains et les pertes indiquées ci-dessous : ESSAIS ESSAIS ESSAIS ESSAIS à l’avoine, au maïs, à la féverole, au tourteau, | kil. kil. kil. | Au repos . . . . . . .| Gain + 0,9/Gain +17,8| Gain + 6,6|Gain + 7,5|Gain + A la marche au pas. . .|Perte— 3,2|Perte— 3,2] — + 4,7| — LL 2,0|Perte — 2,: A la marche au trot . .| — 7|Gain + 2,8| Perte — 0,5|Perte — Au travail au pas . . . Perte — 13,6 — — 2,6 Au travail au trot . . . — —11,6 — — 3,8 Au travail à la voiture . — — 2,4] — —20,3 En rapprochant ces résultats de ceux trouvés plus haut, relatifs aux quantités digérées et au travail produit, nous sommes conduits à faire les remarques suivantes : En ce qui concerne le repos, nous devons mettre à part les essais à l'avoine, par suite des conditions trop spéciales dans lesquelles se sont trouvés les chevaux (voir à ce sujet le 4 mémoire) ; cette réserve faile, nous constatons, dans tous les essais, des augmentalions de poids, mais ces augmentations ne croissent pas, d'une manière absolue, avec les quantités assimilées ; ainsi, l'augmentation la plus faible à bien eu lieu avec le foin, qui, d’ailleurs, fournissait le moins d'énergie disponible ; mais, par contre, le tourteau n’a pas produit d'augmentation comparable à celles du maïs et de la féverole. A la marche au pas, Vécart des poids fait ranger comme suit les différents régimes essayés, en commençant par les moins favorables : fuin, avoine, tourteau, féverole, maïs. La supériorité du tourteau sur l’avoine s’affirme encore davantage, si l’on tient compte des quantités assimilées, qui ont été plus faibles dans le cas du tourteau ; d’autre part, et en vertu de considérations analogues, la supériorité du maïs et surtout celle de la féverole s’atténuent dans une large mesure. A la marche au trot, le foin s’est montré inférieur aux autres régimes, au point de vue de la variation des poids, mais il est vrai 236 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. de dire que les éléments nutritifs assimilés ont été en quantité bien inférieure, avec celte alimentation. Dans cette situation, le tourteau a produit un résultat moins satisfaisant que la féverole, le maïs et l'avoine, tout en mettant plus d'énergie à la disposition de nos che- vaux. Pendant les périodes de travail au manège, soit au pas, soit au trot, nous ne pouvons pas comparer les essais au foin et à l’avoine à ceux des autres séries, en raison de l'incertitude où nous sommes sur le travail fourni. A l'allure du pas, les chevaux se sont mieux comportés avec le tourteau qu'avec la féverole et le maïs, car ils ont accusé la plus faible perte de poids, en fournissant autant de travail et en assimilant moins d'aliments nutritifs qu’à la féverole, et autant qu’au maïs. Par contre, à l'allure du trot, le maïs et la féverole se sont montrés supérieurs au tourteau ; pour la féverole, cette supé- riorité dans la quantité de travail fourni s'explique par l’écart entre les quantités assimilées ; pour le maïs, cet écart n'existe pas, et les chevaux ont perdu moilié moins de poids qu’au tourteau, tout en produisant 100 000 kilogrammètres de plus par jour. Au travail à la voiture, le muïis paraît, à première vue, inférieur aux autres régimes, mais ce n’est [à qu’une apparence ; nousrappel- lerons, en effet, qu’un seul cheval a pu être observé dans cette situa- tion, avec l'alimentation au maïs, et qu'il a assimilé une quantité d'éléments nutritifs manifestement insuffisante ; 1l n’est donc pas étonnant de constater, dans ce cas tout particulier, une perte de 20 kilogr. pour un travail de 1 100 000 kilogrammètres, tous les deux Jours. Après le maïs, c’est le tourteau qui accuse la perte de poids la plus forte, pour des quantités assimilées sensiblement égales à celles du foin et de l’avoine, maisil faut remarquer que, dans l'essai au tour-- teau, les chevaux ont produit 4 400 000 kilogrammètres, soit 500 000 de plus qu’au foin et 300 000 de plus qu'à lavoine. L'écart avec la féverole est encore de plus de 100 000 kilogrammètres en faveur du tourteau, malgré une assimilation beaucoup moindre, on s'explique donc aisément la perte de {7 kilogr. constatée avec le tourteau. De toules ces remarques, 1l semble résulter que le tourteau s’est montré supérieur en même temps au foin, aliment peu concentré, ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT. 231 et à la féverole, qu'on peut regarder comme le type des aliments palurels riches en protéine ; d'autre part, il a été plutôt inférieur aux aliments riches en amidon et moyennement riches en protéine, comme le mais et l’avoine. Son coefficient d'utilisation est donc in- termédiaire entre ceux des deux catégories d’aliments que nous venons de distinguer, comme l’est sa relation nutritive, c’est-à-dire le rapport des matières azotées aux matières hydrocarbonées. Au point de vue pratique, les derniers essais que nous avons exé- cutés montrent : Qu'un résidu industriel, comme le tourteau, peut, d’une façon générale, salisfaire à tous les besoins de l’organisme chez le cheval. L'analyse chimique nous avait, par avance, renseignés à cet égard, el l'expérience n’a fait que confirmer ce résultat déjà prévu : il n’en est pas moins utile de faire ressortir cette conslatation. On a pu ali- menter pendant un an des chevaux avec une ration de tourteau et de paille d'avoine, sans que leur santé en souffre le moins du monde ; aucun inconvénient n’est résulté de la distribution journalière de ra- tions comportant jusqu’à 8 kilogr. de tourteau, à la condition essen- tielle de n’employer jamais que des tourteaux de qualité irrépro- chable. Il est done possible, et il peut êire avantageux, d'augmenter la dose de tourteau généralement donnée dans les rations destinées aux chevaux ; en ce qui concerne la cavalerie de la Compagnie gé- nérale, rien ne s'oppose à ce qu’on augmente la quantité employée jusqu’à ce jour, chaque fois que l’élévation du prix des grains rendra cette substitution économique. Paris, le 31 août 1896. STATION AGRONOMIQUE DE L'ÉTAT À GEMBLOUX RAPPORT SUR: LES: TRAVAUX "DE; 1Ee9% Par M. A. PETERMANN DIRECTEUR DE LA STATION I. — Recherches de chimie et de physiologie appliquées à l’agriculture. a) Travaux achevés et publiés en 1895. 1° Composition de quelques vins de fruits et de baies (Bulletin de l’Agri- culture, 1895 ; Bulletin de la Slation agronomique, n° 59). 2° Analyse de substances intéressant l’agriculture (suite). 18) La composition des betteraves fourragères. 19) Déchets de peaux de lapin. 20) Le pain de seigle à la drêche. 21) Poudre d'animaux malades. (Bulletin de l'agriculture, 1895; Bulletin de la Station agrono- mique, n° 59.) 3° L'eau dans le miel, par M. Graftiau (Bulletin de l'Association belge des chimistes, n° 54, 1895). 4° La richesse du givre en combinaisons azotées, par M. Graftiau (Bul- lelin de l'Association belge des chimistes, n° 4, 1895). b) Travaux en cours d'exécution. 1° Les produits chimiques employés à la stérilisation des matières fécales sont-ils nuisibles aux plantes agricoles ? (seconde année). 2° Etude sur la nocuité de certains tourteaux alimentaires. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ÉTAT A GEMBLOUX. 239 3° Étude sur le réchauffement et le refroidissement du sol sablo-argi- leux (suite). 4° Influence du lit de germination sur l’essai des semences. II. — Météorologie agricole. Les observations météorologiques, ainsi que celles de la tempéra- ture du sol nu et du sol gazonné, à différentes profondeurs, ont été poursuivies conformément au programme adopté depuis 1892; leur publication régulière n’a subi aucune interruption. III. — Travaux pour les divers services techniques du ministère. a) Inspection de l’agricullure. g'échenti= DOSASES lons. exécutés, GLS caf DA et me 8 256 Recherches spéciales. SérnenCes NT JEU, 49 98 | — Betteraves à sucre. . . . . 111 227 — Betleraves fourragères . . . 3 2: — Pommes de terre . . . 3 3 — RENEISONME PE. ee el ee 1 6] — Farime/de-coton.7,. "21. 2 10 Examen microscopique. Nitrate de soude 4 13 — Sulfate d'ammoniaque . 2 4 — Kaïnite . CM ES ARE 2 4 — Scories de déphosphoration . 2 4 — Superphosphate. . . . 2 6 — Phosphate minéral. . 3 9 — Poils de lapin l 6 — ROULDO REP EIRE PAPER 1 o Pouvoir absorbant pour l’eau. b) Direction des eaux et foréts. MONTE SEE rester en Te de 6 30 Pouvoir absorbant pour l’eau. Eau-de rivière + 2... . 2 6 Recherehe {oxicologique. c) Direction de l'agriculture. Pain de seigle el de drêche , il 6 Examen microscopique. d) Administralion des ponts el chaussées. j ME DOMONREUT TE Te ERA l 6 Examen microscopique. À reporler, . . 204 714 240 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. NOMBRE d'échanti- POSAGES lons. exécutés. REPOTLEEEN 204 714 e) Service de santé el d'hygiène publique. GIRCOSE A NS NRA 16 80 Recherche toxicologique. Pâte d'allumettes .e.. 4 8 — HAUNTe DIS EAP RTE 2 — { Examen microscopique. Farine de froment. , . . . 38 76 Piq | Recherche du cuivre et de l’alun, f) Commission de haute surveillance des laboratoires d'analyses de l'État. : re à Examen microscopique. uperphosphalte. . . . . . = Recherche du cuivre et de l’alun, Scories de déphosphoration . 2 — 268 894 Parmi les analyses qui nous ont été demandées de la part de l’ins- pection générale de l’agriculture, nous signalons une tourbe du pays qui se distingue par sa richesse en azote, mais dont les propriétés physiques laissent tant à désirer qu’elle nous paraît impropre à l’u- sage de litière. D A ES ET VS 6 à DT 21.28 p. 100 Matières organiques. . . . . . . 67.81 Matières minérales . 1 Ne 10.91 — 100.00. p. 100 Cette tourbe étant très dure et peu spongieuse, le pouvoir absor- bant pour l’eau est beaucoup inférieur à celui des tourbes employées habituellement comme litière; l’échantillon se. mouille, du reste, avec une {rès grande lenteur. Rappelons que 100 kilogr. de tourbe litière de bonne qualité retiennent, d’après différents auteurs : 895 litres d'eau (Fleischer) ; 700 à 900 — (Wolff); 450 à 615 — (Petermann). Nous avons constaté deux falsifications d’une gravité exception- nelle, à l’occasion de l'analyse d'échantillons d’engrais prélevés chez 1. Renfermant azote. sn ste ree CIDRE ; 1.64 p. 100 2. Renfermant acide phosphorique anhydre . . . , . 0.08 — — potasse anhydreé. Um MN TEEN 0.07 — — pouvoir absorbant pour l'eau. HET 119.00 — RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ÉTAT A GEMBLOUX. 241 un cultivateur de Nieuwkerken par les agents de l'inspection de l’a- griculture. Un nitrate de soude renfermait une proportion telle de chlorure sodique que le titre en azote était descendu à 8.47 p. 100 et un sul- fale d'ammoniaque falsifié par du sable et par des sulfates et des chlorures alcalins ne dosait plus que 8.96 p. 100 d’azote ! En fait de matières fertilisantes, nous avons eu aussi l’occasion d'examiner quatre échantillons de Guano du Pérou, prélevés direc- tement sur les navires en déchargement à Anvers. Il nous semble utile de publier ces analyses. Oa coustate fréquemment qu'une erreur, même manifeste, répétée souvent el d’une manière persistante, retourne en vérité admise par beaucoup et passe finalement à l’état de légende. Il en est ainsi avee le guano. Continuellement on entend dire et on lit que celte matière fertilisante, qui, dans le temps, dominait le marché, n’est plus guère employée et ne présente plus qu’un intérêt historique. Cela est ab- solument faux. La baisse considérable des engrais chimiques, tels que le nitrate de soude et le superphosphate; l’épuisement de certains gisements de guano ; la mise en pratique de nouvelles théories agronomiques sur la captation de l’azote par certains végétaux et enfin d’autres rai- sons d’ordre purement commercial; telles sont les causes principales pour lesquelles ces précieux excréments d'oiseaux aquatiques qui nous viennent du Pérou, ne jouent plus le rôle prépondérant de jadis ; mais leur consommation représente encore un chiffre très respectable. D’après les statistiques officielles, l'Europe a reçu, en 1895, au delà de 100 000 tonnes de guano, dont, au port d'Anvers seul, o1 a déchargé 4% 292 tonnes, soit 44 millions de kilogramms. Reste la question de la qualité. ; Dans une note que nous avons publiée en 1873", nous avons dé- montré que l’on peut distinguer dans l’histoire de cet engrais deux périodes bien tranchées, 1842 à 1866 : guano Chinchas à haut titre (12 à 15 p. 100 d’azote) ; 1866 à 1873 : exploitation de gisements de différentes autres îles, guano à titre moyen (9 à 12 p. 100 d’azote). 1. Recherches de chimie el de physiologie aspliquées à l'agriculture, t. {, p. 445. ANN. SCIENCE AGRON. — 92% SÉRIE. — 1896. — It. 16 242 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Quelques années plus tard, en 1877, nous avons repris ce sujet en signalant la baisse continue de richesse des guanos importés (3 à 8 p. 100) et nous avons surtout appelé l'attention des intéressés sur la grande irrégularité du titrage du guano brut, constatée par de nombreuses analyses faites à la Station agronomique. Cette troisième période des guanos pauvres s’est prolongée jusque dans ces dernières années. Mais déjà dans son rapport sur les travaux du Laboratoire de l'État d'Anvers en 1894, M. Crispo annonçait la reprise de l’ex- ploitation des iles Chinchas. Cette bonne nouvelle s’est pleinement confirmée, ainsi que le démontrent les analyses que nous avons exécutées dernièrement avec le concours de M. l'assistant Hendrick, sur les échantillons authentiques dont nous avons parlé plus haut. SAINT: CHINOHAS £ POLESTAR. © CUTBÉRT. riche, moyen. p. 100. p. 100. p. 100. p. 100. FAURE eV 25 nd EE ST LR IE AR TE 13.91 12.62 13.80 12.04 Matières organiques et volatiles?. . 32.86 48.79 49.66 ot — minérales solubles dans les ACITES MINE TAUX EU TONER 26.09 28.66 27.84 44.90 Matières minérales insolubles dans les acides minéraux . . . . . . 27.14 DVD S 210 MU 5.29 100.00 100.00 100.00 100.00 Les chiffres précédents démontrent que les nouveaux arrivages de 1. Recherches de chimie el de physiologie appliquées à l’agriculture, &. T, p. 349. SATNIE CHINCHAS POLESTAR. © DORPRRTE riche. moyen. p. 100. p. 100. p. 100. p. 100. 2. Renfermant azote total. . . . . 8.418 13.08 14.35 7.90 Dont à l'état ammoniacal (traces d'azote nitrique) 24e Te TE 3.87 3.66 3.74 6.54 3. Potasse anhydre soluble dans l’eau. 1.82 1.70 2.04 4.10 Potasse anhydre soluble dans les ACIdeS MIMÉTAUXA UNE Re 0.55 1.03 0.41 0.00 Acide phosphorique anhydre so- luble dans l'eau. . 2.18 2,46 2.53 ».01 Acide phosphorique anhydre so- luble dans le citrate.”. +. 2.108 202 1297 SL Acide phosphorique anhydre s0- Juble-dans l'acide ut 2.86 3.38 3.47 4.11 RAPPORT SUR LES (TRAVAUX DE L'ÉTAT A GEMBLOUX. 243 Chinchas ne le cèdent en rien, sous le ango de l'azote, aux anciens guanos à haut titre. En 1873, nous avons établi, en le basant sur 94 analyses pu- bliées de 1847 à 1865 par différents chimistes, un litre moyen de 14.39 p. 100, et un demi-siècle après, nous constatons nous-mêmes 14.34 p. 100 d’azote total! Nous avons poussé nos investigations plus loin. Les oiseaux producteurs du guano, principalement des pélicans, avalent, avec les poissons qui leur servent de pâture, du sable et de l’argile chargés de diatomées, végétaux inférieurs dont les cuirasses siliceuses traversent leur tube digestif et dont les formes les plus variées et les plus gracieuses se retrouvent dans leurs excréments. En examinant sous le microscope (gross. 600 — éclairage oblique), le résidu insoluble dans les acides minéraux, nous avons retrouvé en abondance dans le guano actuellement importé les diatomées dont nous avons publié la liste en 1877, avec prédominance caractéristique des Melosira et surtout de nombreuses formes de Coscinodiscus. Les gisements de Chinchas actuellement exploités sont certaine- ment de formation récente. La proportion d'acide urique, que lon peut facilement extraire à l’état de grande pureté (renfermant 33 p. 100 d’azote) est considérable et les dépôts sont d'épaisseur moindre qu’ils ne l’étaient auparavant. Le taux élevé en matière terreuse et siliceuse prouve que la pioche et la pelle de l’ouvrier qui recueille le guano entament le sol sur lequel il repose. Au point de vue de l'emploi agricole, 1l est à remarquer que le Chinchas de nos jours est moins riche en acide phosphorique, dont cependant les trois quarts y sont à l’état soluble dans l’eau et le ci- trate. Pour la culture des céréales, du lin et de la betterave 1l con- vient donc de mélanger le Chinchas avec un guano pauvre en azote ou de lui associer du superphosphate de chaux, toutefois en faible proportion, afin de ne pas saturer la réaction alcaline du guano brut, favorable à la nitrification, Ce mélange peut avantageusement être fait avant l’épandage, mais il faut s'abstenir, dans sa préparation, d'employer des scories de déphosphoration, dont la chaux libre peut provoquer des pertes en ammoniaque. 244 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Pour des prairies, l’association de kaïnite sera tout indiquée dans beaucoup de cas. Un des échantillons de scories de déphosphoration remis par l’ins- peclion de l’agriculture représentait une grossière imitation de cet excellent engrais phosphaté : phosphate minéral brut finement moulu et coloré. Dans notre rapport pour l’année 1892, nous avons indiqué les réactions auxquelles nous soumettons les scories dou- teuses. Elles sont d’une netteté telle que le chimiste peut répondre sans la moindre hésitalion ; le citrate d’ammoniaque acide, pro- posé dernièrement par M. Wagner, est également employé avec avantage. Parmi les aliments concentrés du commerce, la farine de colon biendécortiquée constitue un des meilleurs; ce produit est bien appré- cié par les éleveurs et les engraisseurs. Il n’en est pas de même d’un déchet de la fabrication de cette farine qui a fait son apparition sur le marché. Riche en coques moulues et en fibres de colon, ce pro- duit doit être réservé à l'emploi de matière fertilisante. La propor- tion élevée de ces fibres dont la présence est facile à constater sous le microscope et même par un simple examen à la loupe, le rend impropre à un usage alimentaire continu. Les fibres de coton indi- geslibles se rassemblent el forment finalement des pelotes qui — ainsi qu'on l’a constaté à l’autopsie — occasionnent de fortes inflam- mations intestinales. Voici l’analyse, faite par M. l'assistant Motquin, des échantillons qui ont donné lieu aux considérations précédentes : FARINE DE COTON a —— impure, riche en coques moulues avec fibres de coton adhérentes, de toute première qualité. p. 100. p. 100. ÉAUEMNEEALE TRAME TES 6.54 7522 Matières grasses re 0e 14.49 9.10 — albuminoïdes , , . 46.38 39.44 — hydrocarbonées , , 20.42 27.37 CeNUIOSE REP EROREE 4.19 9.52 Matières minérales. ., . , . 7.98 7235 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ÉTAT A GEMBLOUX. 245 Dans le rapport sur les travaux de la Station agronomique en 1894, nous avions établi que les espèces botaniques à semences nues donnent des résultats satisfaisants dans les appareils à germination, tandis que celles à graines couvertes d’enveloppe y germent très 1r- régulièrement. Nous pouvons joindre à nos nombreux essais une nouvelle expé- rience confirmant les faits observés jusqu’à présent. Il s’agit de semences de pastel (Isatis tinctoria), plante tinctoriale et fourragère dont le fruit forme une silicule aplatie. Un lot de ces grâines nous à donné, dans le mélange de terre et de sable, disposé comme nous l’avons dit l’année dernière, un pou- voir germinatif de 80 p. 100 après 10 Jours, tandis que dans un appareil de germination en terre cuite et sur la toile le rendement n’a été respectivement que de 99 et de 66 p. 100. Parmi les analyses qui ont été réclamées à la Station agronomique par la direction des eaux et forêts, figuraient deux eaux de rivière, polluées par des résidus industriels. L'une renfermait, par litre, 11 milligr. de soufre à l’état d’acide sulfhydrique et sulfures alcalins. Quoique la nocuité des sulfures solubles soit parfaitement établie, nous avons procédé — il s’agis- sait en effet d’un procès-verbal suivi de poursuites — à des expé- riences x anima vili. De trois épinoches placées dans l’eau polluée à 9 h. 10 m., la première est morte à 10 h. 45 m., la deuxième à 11 h. 15 m., la troisième à 2 h. 30 m. Tandis que les témoins ont vécu dans l’eau pure au delà de 24 heures en se tenant au fond du vase, les poissons immergés dans l’eau polluée montaient à la surface et happaient l’air par des mouvements convulsifs. Les symptômes de l’asphyxie étaient mani- festes. Les sulfures s'emparent en effet rapidement de l’oxygène dissous dans l’eau. Dans le second cas il s’agissait d’une pollution très grave d’un cours d’eau important par des résidus d’une usine s’occupant de la distillation du goudron. La décharge, à certains moments, est telle- ment abondante que nous avons constalé des taches huileuses, irisées jusqu’au delà d’un kilomètre en aval de l'usine. Il résulte des ana- 246 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. _lyses et des recherches de l’expertise judiciaire que le principe toxique qui agit avant tout est le phénol (acide phénique). Les poissons sont d’une sensibilité extrême envers cette substance qui, on le sait, à la particularité de coaguler rapidement l’albumine du sang. En dehors des essais concluants faits par les experts en amont et en aval de l'usine, nous avons établi la limite de concentra- tion à laquelle action toxique du phénol s'arrête. Des poissons bien vivants d’un poids moyen de 80 gr. pour les tanches et de 100 gr. pour les carpes, ont été placés dans cinq aquariums, l’un rempli d'eau pure, quatre avec de l’eau phéniquée à*dose décroissante. Voici les résultats de ces essais : Mort survenue dans l'eau pure après . LL. . . : . . . 1, 9 h — à { millième d'acide phénique après . . . 25 m.: — à 1 dix millième d'acide phénique après . 1h 20m. — à 1 cent millième d'acide phénique après . 40 h. — à 1 millionième d'acide phénique après. . T0 Les 88 échantillons de farines analysés à la demande du Service de santé et de l'hygiène publique, ont été prélevés par les agents de la douane à la frontière. Cette enquête a été ordonnée à la suite de réclamations adressées au gouvernement sur la qualité des farines françaises importées dans le pays. E AU. CENDRES. p. 100, p. 100, MNT ON NN ME RE 10.92 0.42 MAXINUNE RE TEE 13.58 1.18 Moyenne générale. . .- 00 0.74 Les titres en eau sont irréprochables, ceux en cendres sont très satisfaisants. L'examen microscopique n’a relevé aucune falsification. La cons- tatation de beaucoup de seigle dans plusieurs échantillons a trouvé son explication naturelle; il s’agissait en effet de « méteil », vendu du reste sous ce nom. La culture du méteil, mélange de froment et de seigle, presque abandonnée en Belgique, occupe encore en France, quoique aussi en diminution, la surface respectable de plus de 300 000 hectares. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ÉTAT A GEMBLOUX. 247 7 échantillons, sur 38, étaient blutés d’une manière insuffisante. Le microscope y montrait beaucoup de débris de son; ce sont ces mêmes farines qui ont fourni les chiffres les plus élevés en cendres : au delà de 1 p. 100. Dans le but de recueillir des renseignements sur la composition des glucoses (sirops et massés), l’inspection des denrées alimentaires a prélevé 16 échantillons dans les fabriques mêmes. Les analyses exécutées par M. Graftiau ont donné les résultats suivants : SUBSTANCES ACIDITÉ MATIÈRES réduisant exprimée EAU. {la liqueur en minérales, cupro- acide potassique. sulfurique. p. 100. p. 100. p. 100. p. 100. hi DEG OR PRO RE EE 10.37 0.23 33.939 0.011 MARNE RME IEEE 25811 0.50 64.3 0.060 Moyenne générale . . 17.29 0.35 49.81 0.032 Tous les échantillons étaient exempts de zinc, de baryum et d'ar- senic; deux accusaient des traces de plomb, un en renfermait une proportion sensible. L’acidité était due à la présence de l’acide sul- furique ; dans un cas nous avons constalé une réaction nette d’acide acétique ; partout absence d’acide oxalique. Les titres faibles en substances réductrices de plusieurs échantillons prouvent que l’in- dustrie des glucoses a encore de grands progrès à réaliser. La pro- duction de dextrine dans ces échantillons était considérable ; elle à varié de 26 à 40 p. 100. A propos de l’analyse des glucoses, nous croyons utile de faire connaître comment nous exécutons le dosage de l’eau qui, dans toutes les substances sucrées, présente certaines difficultés. En effet, la lenteur avec laquelle les glucoses, le miel, les sirops, elc., aban- donnent l’eau et leur décomposition facile quand on les expose à une température dépassant même faiblement 100° C., obligent le chimiste à employer des expédients pour hâter l’opération, en augmentant la surface d’évaporation, sans toutefois altérer la matière sucrée. Une bandelette de papier à filtrer de 20 à 25 millimètres de lar- geur sur 30 centimètres de long, en prenant la plus pelite dimen- sion pour axe, est enroulée en une spirale lâche et placée dans une 248 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. capsule à fond plat. On sèche à l’étuve et on tare. On enlève la spirale et pèse environ 5 gr. de matière sucrée, que l’on dilue en- suite avec une dizaine de centimètres cubes d’eau chaude. On agite avec une mince baguette en platine ou en verre que l’on retire ensuite et rince. La spirale de papier est ensuite placée debout sur le fond de la capsule; ses spires ne doivent pas se toucher. Lorsque, au bout de quelques instants, la liqueur sucrée est entièrement absorbée par le papier, on porte à l’étuve à eau de Gay-Lussac jus- qu’à poids constant. Quel que soit le mode de dessiccation employé — chaleur, vide ou air sec — l’usige du papier filtre est à recommander. La des- siccalion se fait alors avec une rapidité réellement remarquable, ce qui, du reste, n’est pas surprenant quand on considère que la sur- face d'évaporation est plus que décuplée. La spirale de papier ne gène même pas l'opérateur, si celui-ci veut opérer le dosage des matières minérales sur la prise d’essai ayant servi à la détermination de l’eau. Il suffit d'employer un papier pauvre en cendres dont on connaît le dosage. La porosité réalisée par la grande augmentation de la surface produit en peu de temps une cendre absolument blanche. IV. — Consultations écrites. Application de la loi sur la falsification des engrais. . . . . . 5] Composition, valeur, emploi et fabrication des engrais . , . . 22 Physiologie végétale . Fr CHE 6 MOTOR ee LE RE EN SAR 3 Choix des” SOONCES Nas et PP OR PE ML RUTTES D) RER A D DE AN ER ta ee ne le 9 Maladies parasitaires des plantes... . . . . . . . . . .. 9 Alimentation du bétail . : 9 mdusiriés-agnoles" ts AR RE ER te RE 8 Tente dé la DO EP PCT A ER 4 Hygiène, denrées alimentaires pour l'homme , , l Méthodes/d'analyse\chimique) : 2: Éd vin ER l Bibliographie chimique et agricole , . , . ; à 1 12 Organisation des laboratôires, des écoles agricoles (demandes de l'étranger). 9 Divers 2 IN GRALON PRIMES ACER 9 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ÉTAT A GEMBLOUX. 249 Le relevé précédent montre que le public continue à s’adresser fréquemment au personnel de la Station pour des renseignements des plus variés. Ces consultations se rapportent pour la plupart à des questions d'importance locale ou momentanée. Quelques-unes ce- pendant ont traité des sujets d’un intérêt plus général. Nous relevons parmi nos correspondances relatives aux maladies parasitaires des plantes, la constatation du Peronospora trifolium sur des plantes provenant d’une trèflière des environs de War- nelon. Ensuite, lenvoi d’un échantillon de betteraves atteintes, non comme on le supposail par la pourriture du cœur assez fréquente en Belgique et produite par un champignon le Phoma Belae, mais par une pourrilure bacillaire causée par le Buclerium Gumimis, ma- ladie vulgairement appelée Gummosis. Les belteraves malades plongées immédiatement après leur arra- chage dans de lalcool étendu nous sont arrivées dans un état de parfaite conservation et l'examen microscopique des coupes des parties malades nous à fait reconnaître l’absence complète de myce- lium de champignon. La Gummosis de la betterave, décrite par Comes et Sorauer, n'avait pas encore élé signalée en Belgique. L'examen micros- copique des coupes de betteraves malades a fait nettement ressortir le véritable caractère de la maladie : dégénérescence gommeuse de la racine suivie de coloration brune noirâtre des faisceaux vascu- laires, d’abord, et ensuite du parenchyme qui les entoure. Nous prions les producteurs de betteraves qui, vers la fin de l’été 1896, rencontreraient dans leurs cultures des sujets suspects, de bien vouloir nous les envoyer, afin de continuer l’étude de cette maladie particulièrement intéressante. Un feuillage desséché, ou seu- lement fané, mais adhérant encore au collet, une coloration bleuâtre quelquefois très foncée de l'extrémité du pivot et l’aspect de la racine, découpée longitudinalement, sont les caractères qui doivent donner l’éveil. Sur deux échantillons de betteraves à sucre récoltées dans la pro- vince de Liège et dans la terre adhérente aux racines, nous avons constaté la présence du nématode. 250 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Depuis que nous avons signalé en 1883, pour la première fois, l'existence de ce parasite sur des betteraves des environs de Saint- Trond, les foyers d’attaque deviennent tous les ans plus fréquents el causent déjà, par-ci, par-là, des dégâts sérieux, heureusement encore localisés. D'après le rapport de la commission spéciale insti- tuée pour la lutte contre le nématode, aucun des moyens préconisés jusqu’à présent n’a été reconnu pratique et efficace. Parmi les consultations concernant les engrais arüficiels, nous remarquons depuis deux ans une augmentation de demandes à propos de leur emploi en arboriculture et en culture marat- chère. Les renseignements demandés sur les nouvelles variétés de pommes de terre à haut rendement, étaient relativement nombreux pendant l’exercice écoulé. À la suite d’une note de M. Grafliau’ sur la culture d’une plante fourragère peu connue en Belgique et en France, mais très estimée en Allemagne, en Italie et en Espagne, la Courge fourragère (le Kürbis des Allemands — Cucurbita Pepo), plusieurs demandes nous furent adressées sur sa composition. Des essais de cultures ayant été tentés avec plein succès dans dif- férents endroits, il était en effet intéressant d'exécuter l’analyse complète de cet aliment. Composilion du Kürbis, récolté en sol sablo-argileux. LOT PS ET PRE ET Ar a EE NT 91. 1.83 Matières erasses eee 0.14 — albuminoïdes brutes? . 1:15 — hydrocarbonées .90 Cellulose . è 0.94 Matières minérales . 0.44 100.00 {. L'Ingénieur agricole de Gembloux, 1895, p. 119. 2 Matières albuminoïdes pures. . . «+ . . . 0.51 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ÉTAT A GEMBLOUX. 251 La cendre renferme : ChauL.- » HRIMIOHC 9.08 MARRON NT Re 6.05 ROME LR PROIEMARRNR TAN IT Cat 43.83 ROUE UT SEE LR ENT Suarx 1.29 Oxyde de fer et alumine. . . , . . . . 0.42 ACITELCATDOMIQUE ES ER RAA DIR AE LUE 12 81] RAD DUSRROTIQUENRSES ER Ne AU 15.00 = ASULUTIQNE STE Ta Te 6.66 PS OlQUÉ PAS AE QU AVES DNS 12 2.63 CRIONE SEE Te RER RAR SE Lu D 3.00 100.77 Oxygène correspondant au chlore . . . 0.6? 100.10 La richesse en potasse et en acide phosphorique des cendres de Kürbis frappe tout particulièrement dans l’analyse précédente. Le Kürbis renferme au milieu de sa chair une grande quantité de longues graines blanches, fortement aplaties. Dans une des cultures d'essais organisées par M. Graftiau, un seul fruit d’un poids de 9 kilogr. a donné un rendement de : Graines fraîches. . 70*",0 — séchées à l'air . 43 ,0 —, sèches. 39 ,6 Ces graines renferment à l’état sec : 36.62 p. 100 d’une graisse comestible, liquide à la température ordinaire et d’une finesse de goût exquise, ressemblant à l’huile d'amandes. L'huile des graines de Kürbis est caractérisée par un indice de réfraction de : 82,0 à la température de 15°5 C., 73,3 à la tempéra- ture de 30° et 70,0 à la température de 57°. Le tourteau résultant de lextraction de l'huile des graines de Kürbis constitue une excellente substance alimentaire dont le coeffi- cient de digestibilité est très élevé. 252 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. V. — Publications diverses du personnel de la Station agronomique. 1° Lois spéciales pour combattre la falsification des engrais, des subs- tances alimentaires pour bétail et des semences, par A. Peiermann (Rapport présenté au Congrès international d'agriculture, Bruxelles, septembre 1895, t. I; Bulletin de la Station agronomique, n° 58.) 2° Expériences sur la stérilisation de la viande d'animaux tuberculeux, par À. Petermann en collaboration avec MM. Stubbe, André et Raquet (Compte rendu du Congrès international d'agriculture, Bruxelles, septembre 1895, t. Î). 3° Le sewage de Vienne, par A. Petermann (Bulletin de l'Agriculture, 1895). 4° Travaux du Congrès international d’agriculture, Bruxelles, sept. 1895, par J. Grafliau (Journal d'agriculture pratique, 1895). M. de Marneffe, appelé par le gouvernement brésilien pour créer dans l’État de Pernambouc une Station agronomique sur le modèle de celle de Gembloux, qu’un délégué de ce pays a visitée, nous a quitté après une collaboration dévouée de plus de dix ans. Il a été remplacé par M. Hendrick, ingénieur agricole, élève de l'Institut agricole de l’État de Gembloux et de l’Université de Liège, ancien assistant au laboratoire de l’État à Louvain. Janvier 1896. LA FUMURE DU COTONNIER PAR Louis GRANDEAU —2 #5 00— J'ai reçu, dans ces dernières années, de nombreuses demandes de renseignements sur le choix et la proportion des fumures à donner aux végétaux des régions tropicales, caféiers, colonniers, cacaoyers, palmiers, cannes à sucre, etc., etc. Ces questions, émanant pour la plupart de Français possédant dans nos colonies des installations agricoles, à l’organisation desquelles ne les avaient pas préparés des études spéciales, n’ont pas laissé que de m’embarrasser plus d’une fois, dans l'ignorance où j'étais moi-même des conditions de ces cultures exotiques, de la nature des terres qu’elles occupent et de leurs exigences au point de vue de leur alimentation. J'ai dû, avant d'émettre une opinion sur les fumures à expérimenter, prier la plu- part de mes correspondants de m'adresser, avec des échantillons de terre prélevés avec soin dans les domaines qu'ils exploilaient ou qu'ils se proposaient de mettre en valeur, des spécimens des végé- taux cultivés, afin de pouvoir, d’après l'analyse de ceux-ci com- parée à la composition chimique du sol, indiquer la nature etle poids des engrais à expérimenter. D’autre part, j'ai recherché, dans les publications récentes des directeurs des Stations des régions tropi- cales, les analyses déjà faites et les résultats d'expériences culturales méthodiquement conduites. A l’aide des renseignements puisés à cette double source : examen au laboratoire des suls et des plantes, documents émanés des Stations étrangères, je suis en mesure au- jourd’hui de fournir à nos compatriotes des colonies quelques indi- calions qui peuvent les guider dans leurs essais de fumure. 254 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. D'un autre côté, quelques grands propriétaires égyptiens m'ont consulté récemment sur les exigences de plusieurs végétaux de leur pays et notamment sur le cotonnier qui occupe une si large place dans le delta du Nil. Une publication, qui a paru à l’occasion de Ja dernière exposition agricole de Berlin”, est venue compléter les ren- seignements que J'ai réunis depuis quelques années sur les cultures tropicales. Cette publication où se trouvent résumées, avec de nom- breux résultats numériques à l’appui, les expériences culiurales des Stations agronomiques de l’Amérique du Sud, de Java, de l'Inde ct du Japon, est d'autant plus intéressante qu’elle est illustrée de nom- breuses photographies prises dans les champs d’essais et dont les clichés ont été libéralement mis à ma disposition par les éditeurs. M'aidant des documents que renferme cette étude Sur la fumure des plantes tropicales, je vais pouvoir répondre aujourd’hui aux questions posées par mes honorables correspondants du Caire : 4° Quelle fumure convient le mieux au cotonnier ? la famure a-t-elle une influence sur la précocité du cotonnier, si importante au point de vue industriel ? Pour aborder utilement la première question, il importe d’avoir une idée exacte de la composition de la plante et des quantités de principes fertilisants que sa récolte exporte du champ où elle s’est développée. — Le cotonnier aime les terres perméables, profondes: les sols lehmeux (silicéo-argileux) lui conviennent particulièrement. C’est une plante pivotante qui parcourt en quatre mois et demi à cinq mois les phases de sa végélation : sa racine principale pénètre fréquemment à plus d’un mètre dans le sol où elle va chercher l’hu- midité nécessaire à la croissance du végétal. Le cotonnier ne pros- père pas dans les sols fortement argileux, ni dans les terres humiques acides : il ne supporte pas l'ombre, car il exige une grande lumière. Partout où 1l ne pleut pas suffisamment, il faut irriguer le sol qui le porte. J’indique dans le tableau suivant les quantités de principes minéraux enlevés à l’hectare par une récolle moyenne de coton et de graines ; nous verrons plus loin que cette récolte peut être beau- coup dépassée sous l’influence des engrais. Comme j'ai l'habitude de 1. Uebcer Düngung tropischer Pflanzen. In-4°, avec photographies de cultures. Syn- dicat de Léopolds Hall — Stassfurt, LA FUMURE DU COTONNIER. 255 le faire, j'ai transformé en mesures françaises les nombres donnés, dans les mémoires originaux, en mesures anglaises. Une récolte de fibres pesant 336 kilogr. (300 livres anglaises à lacre) à l’hectare, et les 733 kilogr. de graines correspondantes enlèvent les quantités suivantes d’azote et de matières minérales : . Acide sulfurique. Matières insolubles ! . (PAZOLE RETRAITE DEN R AN ER A à 23k8,03 2. Acide phosphorique ; TA DST O TASSE AE MERS ea de Me enr 11e; 02 4. Soude. 220 o, Chaux. 11488 6. Magnésie. a 7 1 8 2 Les éléments minéraux sont très inégalement répartis dans les différentes parties de la plante : à l’aide des indications du tableau suivant, on pourra toujours, après avoir déterminé les poids respec- tifs des tiges, feuilles, fibres el graines, produits sur une surface donnée, calculer l'emprunt fait à cette surface par la récolte obtenue. Le D' Woltmann assigne la composition moyenne suivante aux cendres du cotonnier à longues fibres d'Amérique : TIGES. FEUILLES. FIBRES. GRAINES,. p. 100. p. 100. p. 100. p. 100. Cendres pures. . , . 18 129 IT? 3.5 ‘ 100 parties de ces cendres renferment : CRAURS EE RE oder 34.8 34.9 20.4 4,7 Magnésie 0 Fuel: 3.4 1.3 4.0 us Acide phosphorique. . : A/S 18.7 15 5 2950 Dotasset eme 17.4 1515 29°:2 33.8 NOTE ES EU ete 13.3 8.9 13.5 JA0 Oxyde de fers ©. 4.8 3:2 ? ? Chlore:s. 27. fr, 2 1 6.9 6.2 Fil Acide sulfurique . 2.3 5.6 6.3 1.2 LA EN COPA EL EE 4.1 6.7 4.0 0.3 En raison du peu de durée de la période de végélation du coton- nier, la fumure azotée lui est indispensable. On enfouit généralement dans le sol, après la récolle, les tiges et les feuilles; quand, au lieu d’opérer ainsi, on les brûle dans le champ, leur azote est perdu pour la récolte qui suit. L’exportation des fibres et des graines entraîne une autre perte d'azote. 1. Silicates, etc. 256 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Autrefois, on restituait fréquemment au sol les graines dont on avait extrait l’huile, mais la valeur de ces tourteaux, comme aliment du bétail, s'oppose généralement à .cette pratique. Il faut donc recourir à lemploi des engrais commerciaux pour restituer à la terre les matériaux exportés par la récolte. | La station agronomique d’Auburn (Alabama) a entrepris, en 1891 et 1899, une série considérable d'expériences cullurales sur lin- fluence des divers engrais. Je résume, dans le tableau I, les prinei- paux résultats de ces essais méthodiquement conduits dans quatre sols de nature différente : 1° sol argilo-calcaire à sous-sol sableux ; 2° sol sableux à sous-sol sableux ; 3° sol sableux à sous-sol argilo- calcaire ; 4 sol humique, calcaire, à sous-sol argileux. 16 parcelles ont été consacrées à ces essais : trois d’entre elles n'ayant reçu aucune fumure étaient destinées à servir de témoins. Les autres ont reçu les quantités d'engrais indiquées dans la seconde colonne du tableau I. Tableau I. — Rendement en coton (fibre) à l'hectare. UNE HAT ARUES . SOL Res SOL REN- NUMÉROS QUANTITÉS D'ENGRAIS Lex. ner caucarme. | Eyexrs des à mi Sous-sol | Sous-sol | Sous-sol | Sous-sol | Moyens | pareener, ERETE lehmeux. | lehmeux, | sableux. | argileux. |généraux. kilogr. kilogr. kilogr. kilogr. kilogr. 4 8 Pie fUMOTÉ AE AE 384 466 644 382 459 Dan Î 108 kilogr. Nitrate de soude. 544 521 604 538 566 2 269 — Superphosphate. 681 750 955 538 760 | 3 72 — Chlorure. . . . 498 5 677 502 por A ES 523 683 | 742 | 647 649 Ü 72 — Superphosphate. RAT de cs note th tone etape 970 | 269 — Superphosphate.| » ARE M EE AUS e 874 | 909 646 819 | 269 — Superphosphate. | | 2 MO0BIEE Nitrate. . | 269 — Superphosphate.; 997 1 093 1 165 897 1 058 72 — Chlorure. . À (4750 — Fumier d'étable. | 927 | 1012 | 1166 | 314 932 LA FUMURE DU GOTONNIER. 257 Bien qu’appliqués à faibles doses, le superphosphate, le chlorure de potassium et le nitrate de soude ont plus que doublé le rendement du coton ; la récolte moyenne des parcelles soumises à cette fumure a en effet été de 1 058 kilogr. de fibres, contre 489 kilogr. dans les parcelles sans engrais, soit une augmentation de 569 kilogr. à l'hec- tare ou 116 p. 100 ; cet accroissement de rendement a été obtenu avec une dépense de 69 fr. 40 c. à l’hectare, ce qui fixe à 12 fr. 20 c. par 100 kilogr., le prix de revient de l’excédent sur les parcelles non fumées. Je réunis dans le tableau Il les excédents moyens de rendement obtenus, à l’hectare, dans chaque parcelle, sous l’in- fluence de la fumure, le coût de la faumure à l’hectare et le prix de revient des 100 kilogr. d’excédent de chaque parcelle, ce qui permet de se faire une idée exacte du bénéfice qu’a procuré la fumure dans les expériences d’Auburn. Tableau If. NUMÉROS EXCÉDENTS PRIX Hu des de 5e 100 kilogr. parcelles. rendements. la fumure. d’excédents, kilogr. fr. c: fr... 9 (EN PR, KO). 269 69,40 12,20 6 fe ph) 481 51,40 10,70 15 (Fumer) a te 443 53,00 11,45 7 (AE AROMNE EEE 330 42,75 12,95 2 Pete À 271 24,75 0,91 l CAT ER gate A 1 26,60 34,50 3 TS OT pe 68 18,00 26,50 On voit, par là, dans quelles limites considérables la fumure peut influer sur le prix de revient d’un excédent de récolte, suivant qu’elle est plus ou moins bien adaptée à la nature de la plante cultivée. Les rapprochements ci-dessus donnent une nouvelle démonstration ma- nifeste de ce fait sur lequel j'ai si souvent appelé l’attention de mes lecteurs, à savoir qu’en l'absence d’une quantité suffisante d’un ou de plusieurs principes nutritifs, l’action de celui qu’on introduit dans le sol est pour ainsi dire nulle ; les parcelles [, qui n’ont reçu que du nitrate de soude, ont fourni un faible excédent de récolte de 77 kilogr. sur les parcelles non fumées, et les 100 kilogr. d’excédent de récolte y reviennent à 34 fr. 50 c. ; dans les parcelles 9 et 6, au ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1896. — 11. il) 258 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. contraire, auxquelles on a donné, à côté de la même dose d’azote, de l'acide phosphorique et de la potasse, les excédents ont varié de 481 à 589 kilogr., avec un prix de revient oscillant entre 10 fr. 70 c. et 12 fr. par 100 kilogr. d’excédents. ® Influence de la funure sur la précocité du colonnier. — Les chiffres du tableau HT qui résument les observations faites à Auburn, dans les parcelles dont nous venons d’examiner les fumures, sont des plus significatifs en ce qui regarde l’influence de ces dernières sur la maturalion du coton. Sous le n° 1 sont réunis les taux pour 100 des fibres récoltées dans les deux premières cueillettes ; sous le n° 2, les taux des deux dernières récoltes. Le total des deux colonnes représente la récolte entière, égalée à 100. Les planteurs attachent une grande importance à la précocité des récoltes de coton ; ils trouveront dans les chiffres ci-dessous, en les comparant aux chiffres des famures du tableau If, des indications qui leur seront, je crois, très utiles. Tableau III. — Influence de la fumure sur la maturation du coton (en centièmes de la récolte totale). I FT. III. IV. NUMEROS SOL DE PRAIRIE | SOL LEHMEUX. SOL SABLEUX. SOL SABLEUX. des Sous-sol lehmeux. | Sous-sol lehmeux. | Sous-sol sableux. calcaire. Sous-sol argileux. parcelles. À. — Parcelles sans fumures. 04.35 .40 [SA 1] 19 =] B. — Fumure azolée. D 5177 [45.98 | 56.68 | 43.32 | 64.38 | 35.62 | 40.00 | 60.00 | L C. — Fumure phosphatée. .46 | 71.56 1 — Le ü" Re 19 © [ | l | 28.44 | 63.39 | 56.61 [126267 | 73.33 LA FUMURE DU COTONNIER. 259 L I. III. IV: NUMÉROS SOL DE PRAIRIE SOL LYHMEUX. SOL SABLEUX. SO{ SABLEUX. albaire des Sous-sol lehmeux. | Sous-sol lehmeux. | Sous-sol sableux. | Sous-s01 argileux. Sn — parcelles. 1 2 4 2 4 2 1 2 a Etes ane | nt de | RE RO CHNENRTe ARE D. — Fumure polassique. 3 RÉ 44.44 | 00.66 | 44.34 [51.68 f 38.32 | 28.60 | 71.40 E. — Fumure azolée el polassique. ) | 26.67 | 43.33 | 1.94 | 48.06 | 8.36 | 41.64 | 38.90 | 61.10 F. — Fumure azolée et phosphatée. 6 | 18.70 | 21.30 | 74.87 25.63 | 55-80 | 34.20 | 34.80 | 65.20 G. — Fumnure polassique et phosphatée. 7 | 12.61 | 27.39 | 68.06 | 31.94 | 68.34 31.66 | 28.00 | 72.00 H. — Fumure azolée, polassique et phosphatée. 9 | 16.82 | 23.18 | ta tEUT | 28.93 | 67.79 | 32.29 | 40.00 | 60.00 I. — Fumicr d'élable. .24 | 23:76 | 75.48 | 24.52 | FA Fons | 27. La figure 1 est la reproduction photographique d’une culture de coton de Poplarville (Mississipi) en sol lehmeux à sous-sol silico-ar- gileux, particulièrement favorable à la culture du cotonnier. Ce champ avait reçu, à l’hectare, les quantités suivantes d’engrais : Superphosphate . . . . . . . . . 690 kilogr. Nitrate déisoute sn ER NE 295 — Chlorure de potassium , . , . . . 135 — Gette fumure, très supérieure à celle des champs d’expériences d'Auburn, a produit une récolte de 2959 kilogr. fibres et graines à l’hectare, en excédent de 2107 kilogr. sur la récolte du champ témoin sans fumure. Gomme dans les expériences d’Auburn, la famure phosphatée s’est montrée très favorable à l’augmentation des rendements. Le chau- 260 ANNALES DE LA SCIENGE AGRONOMIQUE. lage à haute dose, non seulement n’a pas amélioré les rendements, même en présence des engrais phosphatés, azotés et potassiques, mais il les a abaissés. La potasse dans le sol de Poplarville s’est montrée très efficace : elle a notablement accru les rendements. Voici, d’ailleurs, le résumé des expériences de Poplarville : Tableau IV. VONIES NE RENDEMENTS M eue en rendement des FUMURES. fibres sur les parcelles parcelles. ! : A sans graines. fumure. kilogr. kilogr. l SansNensnais ed er ET eee. 852 » 16 2 242 kilogr. CHAMR ES AE ESA ARR 874 29 { 690 — superphosphate . | 2 470 Nr * | 225 — nitrate € Se | 690 — superphosphate . | DARAE: 225 — nitrate 022163 EST | 2249 © — "chaux": ; | 690 — superphosphate . | 3 295 AnIrate t- Lure 2959 2 107 | 135 — chlorure de potassium . \ | 690 — superphosphate . . ar DIS ENT ATEN ATEMES | 2 859 007 | 3 — chlorure. | Ses The . (191249 + chaux. k / | 690 — superphosphate. 6 4 | 295.24 tr ate el 6 Ne de | 2 635 1 753 270 — chlorure. L | 690 — superphosphate. | RAS 9225 — nitrate RARES | 9 439 1580 | 270 — chlorure de potassium . \ \ 2942 — chaux. Maladie du colonnier. Le cotonnier est sujet à une maladie parasilaire qu’on désigne en Amérique sous le nom de yellow leaf Blight ; c’est une sorte de rouille jaune qui cause, dans certaines années, de grands ravages. D'après le D' Atkinson, directeur de la station d’Auburn, cette ma- “OTITAIVIdOG 9p 191Uu0)09 ap duty) — ‘ HANOIT 262 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ladie aurait pour cause dominante des conditions physiques défavo- rables du sol et une alimentation mal appropriée à la plante. Il résulte d'expériences de grande culture poursuivies depuis longues années en Amérique, que l'emploi de la kaïnite (sulfate de potasse ct de magnésie) comme fumure atténue dans une grande propor- lon, si elle ne l’enraye pas toujours complètement, le développe- ment de cette maladie. Les figures 2 et 3 représentent : la figure 2, un champ d’Alabama envahi sur sa moilié de gauche par la rouille jaune, tandis que le FiGure 2. Plants de cotonnier malades. Plants de cotonnier sains. côté droit du terrain, fumé à la kaïnile, est exempt du mal. La figure 3 est la photographie de trois plants de cotonnier extraits de ce champ ; ces trois plants, semés dans le même sol, se sont, on le voit, comportés bien différemment, suivant que leurs graines ont élé LA FUMURE DU COTONNIER,. 203 ou non plantées dans une terre fumée aux engrais potassiques. Le D' Atkinson dit que les expériences mullipliées de la station d’Auburn FIGüRE 3. — Champ de cotonnier envahi sur sa moitié de gauche par la rouille jaune. ne laissent aucun doute sur l'efficacité de la kaïnite contre la rouille jaune. L'emploi de cet engrais a de plus accru les rendements de 70 à 100 p. 100 dans les terres d’Auburn. Je pense qu’il faut couclure du 264 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. rapprochement de ces faits que les terres en question sont extrême- ment pauvres en polasse, condition qui s’oppose, on le sait depuis longtemps, à la production de la matière verte et par suite au déve- loppement des végétaux. Un autre agriculteur, H. Clark, à Hop Hull, a constaté les mêmes faits : l’action de la kaïnite, dit-il, s’oppose, d’après mes expériences de plusieurs années, à la maladie du coton- mer ; j'estime qu'il faut employer, pour supprimer complètement la rouille, de 560 à 670 kilogr. de kaïnite à l’hectare (500 à 600 livres anglaises à l’acre). M. Battle et plusieurs fermiers américains confir- ment les bons effets de celte fumure en vue de combattre ou de prévenir la rouille jaune du cotonnier. STATION AGRONOMIQUE DE L’ILE MAURICE RAPPORT STE EEE ER AV AUX" D.F:..189:5 Par M. P. BONÂME DIRECTEUR DE LA STATION Météorologie. Les observations météorologiques ont été faites à la Station dans les mêmes conditions que pendant l’année 1894. … Baromélre. — Observations à 10 heures du matin ; pression ré- duite à 0°; hauteur de la cuvette au-dessus du niveau de la mer : 1 030 pieds anglais. La pression barométrique moyenne présente peu de variations avec celle de l’an dernier, elle est de 736,9 à 10 heures du matin contre 736,3 en 1894, mais les pressions extrêmes sont un peu moins accentuées ; la plus haute est de 742,9 le 29 août et la plus basse de 725,1 le 16 janvier, c’est-à-dire à peu près aux mêmes dates qu’en 1893. L’amplitude totale est donc de 17"",8 contre 20"",7 en 1893. Hygromèétre. — Observation faite également à 10 heures du ma- tin. L'humidité relative de l'air est de 78,8 contre 79,1 en 1893. Les extrêmes varient à là même heure de 58° à 97°. Une seule obser- vation par jour ne peut donner la moyenne réelle de l'humidité atmosphérique, car il suffit d’une variation momentanée du temps 266 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. à l’heure de l'observation pour modifier ce chiffre d’une façon sen- sible. Ces variations sont indiquées par la courbe de l’hygromètre enregistreur. À moins de temps pluvieux, le degré hygrométrique se maintient entre 90° et 60° de 10 heures du matin à 5 heures du soir, mais il est généralement au-dessus de 90° de 7 heures du soir à 7 heures du matin. Température. —- La température moyenne à l'ombre est de 21°,89 avec des variations mensuelles de 19°,11 à 24°,75. En 1893 la tem- pérature moyenne élait de 21°,74 avec des variations mensuelles de 19°,3 à 24°,8. La moyenne des maxima est de 26°,4 et celle des minima de 17°,3 avec des extrêmes allant de 19°,05 à 32° pour les maxima et de 10°,25 à 22°,5 pour les minima. Pluviomètre. — La quantité de pluie tombée en 1894 a été de 1777 millimètres (69,6 pouces) contre 1 619 l’année dernière, soit 168 millimètres d’excédent. C’est un peu plus que la moyenne an- nuelle qui est de 50 à 62 pouces, si on se rapporte aux observations qui sont faites dans les environs de la Station depuis plusieurs années. De ces 1777 millimètres, 1 026 sont tombés pendant le jour el 745 pendant la nuit. Cette quantité d’eau est répartie sur 330 journées, mais, comme on ne doit compter comme pluie que les quantités d’eau au-dessus de 4 millimètre (4/100 de pouce) par 24 heures, le nombre de Jours pluvieux se trouve être de 143 contre 130 en 1893. Cette différence de 330 à 143 jours de pluie, suivant qu’on compte ou qu'on ne compte pas les journées au-dessous de 1 millimètre, semble considérable, mais elle est sans importance eu égard à la quantité d’eau enregistrée. Ainsi, en 1895, les 143 journées de pluie au-dessus de 1 millimètre ont donné 1 722"",70 d’eau, soit, en moyenne, 12 millimètres par journée de pluie, tandis que les 189 Journées pendant lesquelles la quantité de pluie a été au-dessous de | millimètre, n’ont donné que 49"",15, soit 0"",95 par journée de pluie, quantité tout à fait négligeable et sans action sur la végétation, parce que celle minime proportion d’eau est complètement évaporée 267 quelques instants plus tard, à moins que le temps ne soit couvert pendant la plus grande partie de la journée, ce qui est exceptionnel. En outre, si on répartit les 143 jours de pluie au-dessus de 1 mil- limètre entre le jour et la nuit, on ne trouve pendant l’année que 6T journées pluvieuses de 6 heures du matin à 6 heures du soir. Si les pluies ont été aussi irrégulières que l’an dernier, la répar- lition en est différente, ainsi que le montre le tableau suivant allant, RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. pour l’année culturale, de novembre à octobre. Saison 1894. Saison 1895. NOMBRE NOMBRE PLUIE de PLUIE . de totale ira totale es ho ER Fe Pie Han, 1 nil. nn 1 SERA Novembre 189%. 20,85 5 Novembre 1894. 27,15 3 Décembre 1893. 32,60 8 Décembre 1594. 215,05 12 Janvier 1894. . 381,45 16 Janvier 1895. . 139,05 15 Février 1894. 363,40 15 Février 1895. . 95,55 8 Mars 1894. . 125,75 10 Mars 1895, . 632,90 26 Avril 1894. 102,75 10 Avril 1895. 81,55 6 Mai 1894 . 118,39 11 Mai 1595 . 122,80 18 Juin 1894. 32,95 6 Juin 1895. 120,10 12 ‘ Juillet 1894. S8,70 13 Juillet 1895 . 24,49 7 Août 1894. . 86,70 16 Août 1895. . 149,95 16 Septembre 1894 49,00 13 Septembre 1895 38,19 6 Octobre 1894 , 28,15 7 Octobre 1895 . 2120 6 1430,65 128 1698,95 135 Pour la coupe 1895, nous avons eu les premières pluies au com- mencement du mois de décembre, mais le mois de janvier n’a pas reçu une quanlité d’eau en rapport avec la saison, et le mois de février a été relativement sec; il en est résulté un retard dans la végétation que les pluies alors trop abondantes de mars n’ont pu atténuer complètement, car le mois suivant a été relativement sec. En somme, bien que l'effet des pluies de décembre 1894 ait été très profitable aux jeunes plantations et que nous ayons reçu plus d’eau que l’an dernier, sa réparlition n’a pas permis à la végétation de suivre un cours très régulier. La maturation de la canne s’en 268 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. est ressentie, elle a été ralentie et les pluies d’août, venant après une sécheresse de plus de 5 semaines, l’ont encore retardée, de sorte que la fabrication a été commencée avec des jus très pauvres et qu'elle s’est continuée à peu près dans les mêmes conditions jusqu’à la fin de la campagne. La teneur de l’eau de pluie en azote nitrique ou ammoniacal n’est pas aussi considérable qu’on pourrait le croire. Des analyses suivies n’ont pas été faites au laboraloire, mais de temps à autre on recher- che l'azote ammoniacal par la méthode Nessler et l’azote nitrique par la formule de Grandval et Lajoux. Dans divers essais, on a trouvé 08,43 d’azote ammoniacal par litre et 0"6°,40 d’azote mitrique. En prenant ces chiffres, qui sont au-dessus de Ja moyenne, pour l’eau tombée en 1895, 1770, la quantité reçue par arpent serait : Azote ammoniacal. + . . . . . 3100 VALUE (8 8 1 MEME PAIE RE 2 2 OS 6k8,117 L’azote ammoniacal correspondrait à environ 154,90 de sulfate d’ammoniaque et l’azote nitrique à environ 19 kilogr. de nitrate de soude. | Tableau I. — Température à l'ombre. MAXIMA. ® MINIMA. TEMPÉRA- ET TURE Moyenne. Extrêmes. Moyenne. Extrêmes. moyenne. Janvier . . 29,30. 25,50 32,00 -20,20 17:50-222;508294775 Février . . 29027 0 160 19,50 17,00 21,00 24,60 Mars. . . 27,20 23,00 30,50 20,60 19,00 22,50: 123,90 Avril. . 27,416. 24;50 29,00 15,90 15,50 21,50 23,03 Mais are 20, 20820225 50m0%277 00 18,00 15550220; 50220215 60 Juin . ; 23,00 00:00 55 où LEA 10,29 17,90 19 Juillet 23,70 19,50 25,50 14,38 11,50 17,50 19,04 AOÛE SRE 23,30 20,50 25,50 14,50 11,50 17,90 18,90 Septembre. 25,23 22,50 27,00 14,55 12,00 17,00 19.89 Octobre. . 27,953 24,50 29,50 16,10 14500: 26,900 /ZL;6L Novembre . 28,08 24,00 31,00 17,66 15,00 195 502%22r87 Décembre . 27,932:125,00 : 31,00 17,66 15,00 20,00 23,19 a ———— —————— —————— ————— —————— ———— t a C3 = D] Q2 12 t (ee) (o2] [=] —h En] oo Q2 A CS CS [e] — [en] Le) +2 —_ (ee) (le) Moyennes. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 269 Tableau II. — Répartition des pluies en 1895. NOMBRE de jours de pluie a TOTAL JOUR. NUIT. nn _ PRSTE millimètres, pouces. rer dires 1millim. DAVIS 40,55 98,50 139,05 5,46 26 15 Février . . . 82,50 13,05 95,55 3,73 24 8 Mr Mec 2046 15 391,75 637,90 25,06 31 26 Avril Erre He, 46,60 34,95 81,55 3,20 26 6 IEN ol ORNE 53,50 69,25 122,80 4,82 29 18 Join es 00 30,05 89,15 120,10 4,72 28 12 Juillet 22 2, 6,95 17,50 24,45 0,96 28 7 AD E T5! 32,20 117,75 149,95 5,89 31 16 Septembre . . 21,40 16,75 38,19 1,50 27 6 Octobre” :"2". 24,00 28,39 52,39 2 28 6 Novembre . . 103,30 52,90 156,20 6,14 28 13 Décembre . . 57,10 96,70 153,80 6,04 26 10 Tome nn 074250 000660007710 160 ,631399 1 143 Laboratoire. Les analyses payantes faites au laboratoire, pendant l’année 1895, ont été au nombre de 87, ayant nécessité 294 dosages, non compris lès essais qualificatifs et les recherches diverses. Ces analyses se décomposent comme suit : Superphosphates et phosphates divers . 25 Sulfate d'ammoniaque et nitrates. . 7 Engrais composés. . . . , ne, Engrais divers . 13 Fumiers. . 3 » Analyses diverses : Cannes, farines, eaux, soufre, ete. . . . . . 17 La composition moyenne des superphosphates analysés au labo- ratoire est de 16.9 d’acide phosphorique soluble dans l’eau et 2.5 de soluble dans le citrate d’ammoniaque, avec des extrêmes de 14.6 à 20.3 pour le soluble dans l’eau, et de 0.9 à 4.4 pour le solu- ble dans le citrate. | Pour les phosphates précipités, la moyenne est de 35.6 soluble 210 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. dans le citrate et 5.3 insoluble; les extrêmes de 30 à 58 pour le soluble au citrate et 3.5 à 8.8 pour l’insoluble. Ces chiffres ne comprennent pas les phosphates intermédiaires entre le superphosphate et le phosphate précipité dont la teneur varie de 17 à 20 p. 100 pour le soluble dans l’eau et de 10 à 20 p. 100 pour le soluble dans le citrate. Les mélanges analysés présentent la composition suivante : AZOLCIONCADIQUE Re ED De Ne dent.3ha 030 pie HAZOteMIITIQUE Ut Re 0.8 4.3 — Azote ammoniacal . 3.2 DE Azote total . HE EC 6.2 11.1 — Acide phosphorique soluble dans l'eau . 0.7 8.5 — Acide phosphorique soluble dansle citrate. il 9.1 — Total . te 9.5 14.3 — Potasse 3.0 7.5 — Les fumiers présentent des variations de : Acide phosphorique . . . . . . . . de 0.26 à 0.43 p. 100 PORASS ES nm NE Lea Er 0.14 à 1.30 — VAN RTE RE PA EE GE Re 0.59 à 1.80 — Ces analyses ne sont pas en nombre considérable; elles indiquent que, sauf quelques exceptions, on ne cherche pas à obtenir de la Station agronomique certains renseignements qu’elle serait à même de fournir dans bien des circonstances. Ainsi, pour ce qui concerne l’analyse des engrais, on envoie gé- néralement à la Station un échantillon sans aucune indication, et c’est à peine si on indique les éléments à doser. Si on demande un renseignement, c’est souvent sur une question à laquelle il est diffi- aile de répondre catégoriquement, comme, par exemple, la valeur commerciale de l’engrais examiné. On sait que le cours des engrais n’est pas établi sur la place de Maurice et que le prix des matières premières y varie non seulement suivant leur valeur sur les marchés extérieurs, mais aussi suivant leur abondance ou leur rareté sur la place. D’un autre côté, comme la valeur de l’engrais composé dépend de la nature des matières premières, c’est à l'intéressé à s’informer du prix auquel il pourrait se procurer celles-ci sur place. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 271 Les formules jouent aussi un grand rôle dans la confection des engrais, chaque propriétaire à la sienne, qui est naturellement la meilleure, et suivant la source à laquelle il demandera tel ou tel élément, le prix de son engrais variera dans de grandes limites. Par exemple, si l’azote organique du sang coûte 1,50 R. à 1,60 R., celui du tourteau se vendra 1,25 R.; à 1,30 R.; toutes ces données sont indispensables à connaitre pour fixer approximativement la valeur de l’engrais, et c’est à celui qui a fait composer son mélange à fournir ces renseignements. Ce que doit rechercher avant tout le planteur, c'est de se procu- -rer un engrais au meilleur marché possible, et pour cela, au lieu de s’en tenir à une formule absolument invariable et étroite, il de- vrait, suivant les fluctuations du marché qui sont parfois importantes, modifier sa formule, non pas dans sa partie essentielle, mais en remplaçant partiellement les composants dont la valeur commer- ciale a augmenté par d’autres dont les prix sont plus réduits et dont la valeur agricole est à peu près identique. La formule aurait moins d'importance si, au lieu de demander un engrais contenant tant pour cent d’azote, d’acide phosphorique el de potasse, on en venait à ce qui a déjà été conseillé plusieurs fois, c'est-à-dire à employer à l’arpent une quantité déterminée d’élé- ments fertilisants ; cela permettrait également, et sans souci de la formule, d'utiliser les matières premières les plus économiques. Ainsi, quand un propriétaire demande un engrais ayant une compo- sition centésimale déterminée, il sera nécessaire peut-être d’em- ployer des matières premières à haut titrage pour arriver à la teneur indiquée, comme, par exemple, des superphosphates riches au lieu de superphosphates ordinaires; si les premiers sont d’un prix relatif plus élevé, le prix dé lengrais s’élèvera dans la même proportion sans aucune ulilité. Ceci ne veut pas dire que les superphosphates pauvres soient plus économiques que les superphosphates riches, mais cela peut arriver comme aussi l’inverse peut avoir lieu ; nous voulons simplement faire remarquer que la formule fixe a beaucoup d’inconvénients et ne se prêle. pas aux modifications qui peuvent êlre indiquées par l’état du marché local. On peut également comparer le sulfate d'ammoniaque et le nitrate 212 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. de soude qui peuvent dans une cerlaine mesure se substituer l’un à l’autre dans beaucoup de circonstances ; à un moment donné nous voyons le sulfate d’ammoniaque à 300 Rs, mettant le kilogramme d'azote à 1,46 R. et le nitrate de soude à 200 Rs, donnant le kilogramme d'azote à 1,26 R. N'y a-t-il pas avantage à augmenter lc taux d’azote nitrique pour diminuer celui de l’azote ammoniacal pour renverser la proportion lorsque les circonstances locales se modifieront. Pour le nitrate de potasse c’est la même chose; en Europe ce sel est peu employé à cause de son prix élevé et on le remplace par du nitrate de soude et du chlorure de potassium ou du sulfate de po- tasse. À Maurice les conditions sont très différentes. À une certaine époque nous voyons le nitrate de potasse à 340 Rs, le nitrate de soude à 200 Rs et le chlorure de potassium à 250 Rs le tonneau. Pour équivaloir à une tonne de nitrate de potasse, il faudra environ : 838 kilogr. de nitrate de soude à 200 Rs. . . . . 167,06 Rs. 880 kilogr. de chlorure de potassium à 250 Rs . . 220 ,00 387,06 Rs. Le nitrate de potasse est donc plus économique dans ce cas; quand l'inverse se produira, on emploiera le nitrate de soude et le chlo- rure de potassium au lieu et place du nitrate de potasse ; avec les prix ci-dessus pour le chlorure de potassium et le nitrate de potasse, il faudrait, pour qu’il y ait égalité entre les prix des nitrates, que celui du nitrate de soude s’abaisse à 143 Rs. La substitution du nitrate de potasse au nitrate de soude ne peul pas toujours se faire intégralement, à cause de la teneur en potasse du premier nitrate, mais, dans le cas actuel, il faudrait mettre dans l’engrais la potasse à l’état de nitrate de potasse et le reste seule- ment de l'azote nitrique sous forme de nitrate de soude. I est bien entendu que nous n’entendons pas ici préconiser un sel ou une matière fertilisante plutôt qu’un autre, nous voudrions seulement appeler l'attention des planteurs sur le cours des matières premières au moment où ils font leurs achats, afin qu'ils les modi- fient suivant les circonstances, et qu'ils cherchent, au lieu de s’en tenir à la deuxième ou troisième décimale dans la formule d’un en- hd ST SRÉES RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 219 grais, à utiliser pour composer un engrais économique les matières premières qu'ils peuvent se procurer au plus bas prix. En dehors des analyses payantes, 1l en a été fait naturellement un beaucoup plus grand nombre pour les recherches et les travaux proprement dits de la Station. Il serait inutile de les énumérer ici ; celles présentant un intérêt quelconque seront publiées en temps el lieu. Nous citerons seulement une analyse de beurre suspect d’être fraudé par addition de margarine, ce que ne confirment point les données de l'analyse. Nous donnons comparativement l’analyse de trois échantillons : 4° Beurre du pays authentique ; 2 Beurre suspect ; 3° Beurre factice (oléo-margarine). Les acides gras fixes ont été dosés par la méthode de Hehner et Angell et les acides gras volatils par la méthode de Reichert Messel Wollny (exprimés en cenli-cubes de potasse déci-normale pour 5 gr. de matière grasse). d 2 3. RAR PO EN ER CA TESTER! à 16.7 LE 10.5 Matière insoluble dans l’éther, caséine, etc. . L 7 2.4 1819 SIDE RETARDS SRE ONE OS DO CMOS Ro TO NDLR DAT TE traces 2.5 4.3 GTASSC RDA TE EN CE MN Tec 81.6 83.9 83.3 100.0 100.0 100.0 Acides gras fixes pour 100 de graisse pure . 8-3 87.2 94.9 Acides gras volatils (R. M. W.). . . . . . 29.1 30.1 0.5 Indicerde-Koetts(orfen 4000 N- qe 0 231 234 198 En ce qui concerne les falsifications, on est souvent tenté de croire falsifiées les matières alimentaires qui ne paraissent pas d’une saveur agréable; c’est quelquefois un indice, mais souvent une erreur ; ainsi, pour les beurres, on rencontre des margarines com- merciales qui sont certainement supérieures comme goût à certains beurres mal fabriqués. Il en est de même pour les vins. Les vins naturels sont auJour- d’hui à si bas prix qu’il y a peu d'intérêt à les falsifier. La falsifica- tion ne se fait que là où il y a bénéfice certain, et, comme une ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1896. — I, 18 214 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. falsification coûte cher, elle s'arrête aussitôt que les prix de vente s’abaissent. Ce ne sont pas seulement les matières alimentaires qui peuvent être falsifiées et nous citerons les deux suivantes constatées cette année. Une peinture au blanc de zinc contenait p. 100 : Sulater de DATI CRUE 70 DYTENTE NZ CM A ASNIERETEEENSETEReS 30 100 Avec cette proportion il n’y a pas lieu de s’élonner que les pein- tures ne liennent pas. I vaudrait tout autant broyer du carbonate de chaux avec de l’huile de lin. Des éponges vendues au poids contenaient : LOL RE OT OO ER PES dc ÿe cs do EU MO OO 16 SADIE RE NAME eee Net le ME UE 52 Eponge. . 32 Les éponges étaient très humides et l’eau indiquée représente seulement celle disparue par une légère dessiccation au soleil. Cela nous rappelle des graisses américaines analysées autrefois et qui contenaient de 25 à 38 p. 100 d’eau. Essais d'engrais divers. Les cannes récoltées cette année ont été livrées à l’usine de Trianon, qui est l’établissement le plus rapproché de la Station. M. Lagesse, administrateur de lusine, a bien voulu faire passer séparément au moulin les différents lots d'expériences, afin de pouvoir prélever un échantillon de jus pour l’analyse. À certains moments, ce travail supplémentaire ne se fait pas sans inconvénients pour la marche de l’usine, ni sans donner quelques ennuis au personnel, et nous devons nos sincères remerciements à M. Lagesse pour l’amabilité avec la- quelle il a bien voulu se prêter à nos essais. On verra plus loin l’analyse de divers lots faite comparativement RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 219 sur les jus prélevés au moulin de l'usine et sur des cannes prises au carreau el passées au pelit moulin du laboratoire. La différence qui peut exister entre les deux analyses provient de l’échantillonnage et non pas de la différence de pression dans les deux moulins; car avec le petit appareil du laboratoire, et en passant la canne deux fois, on arrive à extraire au moins autant de jus que dans un moulin ordinaire d'usine. La maladie de la canne a été généralement beaucoup moins in- tense et beaucoup moins répandue cette année qu’en 1894, néan- moins elle est loin d’avoir disparu. Son apparition a eu lieu beau- coup plus tardivement que l’an dernier et, sur les propriétés où l’on a coupé les carreaux de bambou de très bonne heure, par crainte de voir se renouveler les pertes de l’année précédente, l’af- fection a passé presque inaperçue. En 1894, dès le mois de mai, les cannes commencçaient à jaunir et, en juin, la maladie sévissait dans Loute son intensité, tandis qu’en 1895, à la même époque, les cannes semblaient absolument in- demnes de toute affection, et ce n’est que plus tard, en juillet et août, que les premiers symplômes se sont manifeslés pour aller en s’aggravant jusqu'à la fin de l’année. Comme précédemment, c’est sur les variétés Bambou et analogues, Bornéo rouge, Lahinia, Ota- miti, que les dégâts ont été le plus sérieux. A la Station, des traces de gomme existaient également sur la Louzier et la P. Makay, mais pas en assez grande quantité pour affecter les rendements ; on s’en apercevait surtout par le développement prématuré des bourgeons axiilaires sur les tiges atteintes. Cette différence dans le développement de la maladie ne peut guère être attribuée qu'aux circonstances climatériques différentes de celles de 1894, car aucune mesure spéciale n’a été prise pour l’enrayer. Les pluies ont commencé en janvier seulement pour 1894 et, en décembre, pour la récolte 1895, c’est-à-dire un mois plus tôt. Il suffit parfois de variations peu sensibles pour modifier plus ou moins profondément la marche de la végétation; ainsi, tout ie monde a pu remarquer, en 189%, la floraison, pour ainsi dire générale, de toutes les plantations de cannes; cette année, au contraire, les fleurs 276 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ont été relativement rares, et le même fait s’est observé pour la floraison d’autres végétaux tels que les aloës (fourcroya). Évidem- ment, celte particularité ne peut avoir été occasionnée que par une modification atmosphérique agissant sur la végétation. L’envahissement des cannes gommeuses par le Tricosphæria sac- chari a été constaté comme l’an dernier, et ce champignon est tou- jours très abondant ; dans quelques cas il a même paru être d'une plus grande gravité et nous avons vu des touffes entières de cannes dont les tiges envahies l’an dernier par les borers n’ont pas émis de nouveaux rejets, et se sont complètement desséchées sur place. Les tiges mortes étaient envahies par le Tricosphærix, et dans ce cas particulier, si le champignon n’a pas été la cause première de la mort de la souche, il a dû contribuer pour beaucoup à ce résullat final. Sur quelques variétés, et particulièrement sur la canne Sanda. et la canne Meera, un certain nombre de tiges non gommeuses élaient atteintes par un champignon dont le mycelium était très abondant dans tous les tissus ; les caractères de ce champignon sont analogues à ceux indiqués comme caractéristiques du Colle- lotrichum falcatum, et qui ne serait qu’un des stades du Tricos- phœria. La bouillie bordelaise, employée à trois reprises différentes sur des cannes vierges, la dernière application en mars, c’est-à-dire au moment où il était encore possible de pénétrer dans le carreau et d'y manier le pulvérisateur, n’a point paru avoir d'effet marqué sur le développement soit de la gomme, soit du Tricosphæria et, jus- qu’à présent, on ne connaît pas de remède efficace contre ces deux affections. L'année dernière nous avons rendu compte d’un certain nombre d'essais d’engrais entrepris sur diverses propriétés, el il avait été recommandé non seulement de les répéter à nouveau sur les mêmes propriétés, mais encore d’en entreprendre de nouveaux. Il était dunc à supposer que celte année on pourrait ajouter de nouveaux documents à ceux précédemment obtenus, parce que les premiers essais en avaient démontré l'importance à ceux qui les avaient en- repris et que l’exemple serait contagieux. Malheureusement, il n’en RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 217 a pas élé ainsi; on se rappelle que c’était sur les propriétés du Mauritius Estates and Assels Company Limited que la majeure partie de ces essais avait eu lieu. Le directeur général, M. Hay, s’in- téressait beaucoup à ces travaux et la Société possédant des pro- priétés dans presque tous les quartiers de l’île, il pensait avec raison que la méthode expérimentale appliquée à l’usage des engrais pou- vait procurer à la compagnie une notable économie par un emploi plus judicieux des matières fertilisantes. Des ordres avaient été donnés sur toutes les propriétés pour ex- périmenter les diverses formules et pour en constater les résultats dans les circonstances les plus diverses. Ces ordres étaient peut-être plus on moins ponctuellement suivis, mais il y avait tout lieu d’es- pérer que, peu à peu, les méthodes expérimentales se seraient gé- néralisées et, à ce point de vue, nous ne pouvons que regretter sincèrement son départ de la colonie, car c’était un homme de pro- grès et d’inilialive. Depuis le départ de M. Hay, ces essais ont été discontinués et nous ne pensons pas qu'ils aient été entrepris sur d’autres proprié- tés. Cette abstention est regrettable, car il était d’autant plus utile de multiplier ces essais que les terres de la Station présentent sous ce rapport certains inconvénients que nous avons déjà fait re- marquer. Le peu d’empressement qu'on a mis à répondre à la demande du comité des chimistes de la chambre d’agricullure ainsi qu’à la nôtre ne peut pas être mis sur le compte de l’indifférence, car il semble difficile qu'un planteur n’altache aucune importance à des recher- ches aussi utiles et aussi pratiques ; il paraît devoir plutôt être attri- bué à ce que chacun croit n’avoir rien à apprendre au sujet de l’action des engrais, et qu’il est impossible de faire mieux que ce qu'il a fait jusqu’à présent. Autrement, comment pourrait-on ex- pliquer cette abstention presque générale ; ce n’est pas non plus le surcroit de travail que cela occasionnerait, car, si cette dernière raison en était la cause, c’est qu'on ne se rend pas compte de l'utilité des essais et des renseignements qu’ils peuvent donner. Nous ne mettons pas en doute la valeur des documents et ré- sultats que chacun possède sur toutes ces questions, néanmoins on 278 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. ne peut s'empêcher de remarquer que, sur certains points, les opi- nions les plus contradictoires et les plus opposées sont souvent soutenues avec la même conviction, ce qui tendrait à faire penser que ces convictions ne sont pas assises sur des bases d’une indiscu- table solidité. Fréquemment on base son opinion sur l’observation d’un fait sans chercher à vérifier si ce fait est corroboré par d’autres obser- vations où bien s’il est dû à une simple circonstance fortuite ; et cependant, en agriculture, on ne devrait accepter comme acquis que ce qui à été démontré et vérifié par une suite de résultats de même nature. Celle année, par exemple, on a encore beaucoup discuté sur les mérites et les inconvénients du nitrate de soude, on à été même jusqu’à lui attribuer la faible richesse des jus constatée dans tous les quartiers de l’île, comme si l’emploi du nitrate de soude avait été une mesure générale et comme si la même constatation n'avait pas été faite aussi bien sur les propriétés qui avaient employé le nitrate de soude que sur les autres. Du reste, la quantité employée généralement est si réduile que, même en admettant l'influence du nilrate de soude sur la richesse saccharine de la canne, on ne Com- prendrait pas les résultats que l’on avance, puisque cette influence ne se vérifie même pas quand le nitrate de soude est employé dans la fumure à l'exclusion de toute autre matière azotée, Le tableau TT donne les résultats obtenus avec divers engrais sur les terres de la Station. Plantation en lousiers le 25 janvier 1894, guanage le 17 avril, récolte le 9 octobre 1895. Écartement des lignes — 4 p. 60, écar- tement des plants — 2 p. 70. Ge champ est une des premières terres défrichées à la Station ; Il paraissait assez homogène autant qu'il était possible de s’en rendre compte, car il n'avait pas encore été cultivé, mais dans le cours de l’année on a pu constater des différences assez considéra- bles dans la végétation, qui ne permettent la comparaison des ré- sultats qu'entre les parcelles réunies dans la même série. Après la plantation, les dégâts par les lièvres ont été assez considérables pour nécessiter des repiquages nombreux, mais comme il n°y à pas RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 279 eu de parcelles spécialement ravagées, les résultats partiels restent comparables. À Par contre, les vents pluvieux de décembre 1894 ont abattu les cannes qui étaient déjà grandes, et, les rats, très nombreux dans cet endroit, ont causé des dégâts importants. Dès le mois de janvier on a retiré du champ les cannes, coupées à la base par les rats, et il a élé remarqué que les parcelles ayant reçu du fumier ordinaire étaient beaucoup plus attaquées que celles qui n’en avaient pas reçu; ainsi, si l’on ramène à l’arpent les cannes coupées par les rats, on en compte environ de 200 à 800 sur chaque arpent, et de 3 000 à 6 000 sur les parcelles famées au fumier, soit, en moyenne, de 1 à 2 cannes par fossé. Est-ce une coïncidence ou le fumier attirerait-il spéciale- ment ces rongeurs ? C’est un point qu’on ne peut résoudre sur une seule observation. Tableau III. — Analyse des cannes du champ n° 2, le 9 octobre 1895. DENSITÉ POUR POUR ‘ COEF- 100 CENT. CUBES.| 100 DE CANNES. PU- |FICIENT NUMÉROS 4 REDÉ 262000 MNTENTS Glucose.| Sucre. |Glucose. SIQUE,. Ce 50 480 »2 950 3 650 92 579 44 320 39 SOU 36 210 40 620 7 490 61 970 65 400 64 350 QI LS] [= OO mm D à © (2) © = © (= le = PS UNS SN ENT) Do Ji 2 .22 .51 5 Lo S un C2 (ep) + © 1] 57 810 6 050 oi 810 48 060 33 600 41 160 2193 C2 _ _ © © © © © 19 © © à C2 © o ©" . — [æ) _ 2 > Cr = COBr NI D (le) CS - 280 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. La fumure à l’arpent a été de : Parcelles 1 à 4 : Acide phosphorique 7.15" :12000 40 kilogr. à l'arpent POTASSE NE RM RSR ASE 30 0 — — AAOTOS CN APPRENTI AISETLE SURQEEE = L’acide phosphorique et la potasse restant identiques sur les quatre parcelles, l’azote a été employé sous diverses formes, P. 1 — azote organique, P.? — azote ammoniacal, P.5 — azote nitrique, P. 4 — même quantité totale mais un tiers organique, un second ammo- niacal et le troisième nitrique. Les engrais employés sont composés à l’arpent de : A 2 3. 4 SAT Ar TS E ES MeS LNE Lee 230 » » 76 Sulfate d'ammoniaque . . » 146 » 48 Nitrate de soude... » » 193 64 SUDETDNOSPRAE EE iii 1il iii 111 Guano phosphaté . , . . S6 86 86 SG Sulfate de potasse. . , , 60 60 60 60 Parcelles 7 à 10. — Mèmes dosages que ci-dessus. Dans la parcelle n° 7, la potasse est à l’état de chlorure de potas- sium, et de nitrate de potasse dans le n° 8. La parcelle n° 9 à reçu, en outre, 3 600 kilogr. de fumier à l’ar- pent et, la parcelle n° 10, 7 200 kilogr. ENGRAIS EMPLOYÉS. fe 8. 9. 10. Sang desséché. . . . . 76 76 76 76 Sulfate d'ammoniaque. . AS BRAS 48 48 Nitrate de soude. . . . 64 7,9 (1 G4 Nitrate de potasse . . , » 68 » » Superphosphate . . . . iii 111 111 iii Guano phosphalé. . . . 86 SG 86 86 Chlorure de potassium , 60 » 60 60 La composition du fumier mis dans les parcelles 9 et 10 était de : HÜMIAITÉ REC TE SUR MINE RNA AU De 57.4 Maltéresnninerales PR NRA PTE RER DIS Matières 'organiques.s.. Mn (Mr 25.1 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 281 JAI) RPC (1 PPUEES SCENE 0.80 p. 100 Acide PROSPRONIQUE NE 0.32 — Potasse . 0.28 — Parcelles 11 à 15. — Mêmes dosages que ci-dessus, lacide phos- phorique seul varie de forme. La parcelle n° 11 a reçu de l’acide phosphorique soluble par le superphosphate ; la parcelle 12 de l’acide phosphorique soluble dans le citrate d’ammoniaque, par le phosphate précipité, la parcelle 12 de l’acide phosphorique insoluble, par le guano phosphaté et, la - parcelle 14, un mélange par moitié d’acide phosphorique soluble et insoluble. Fumure à l’arpent : 11 12. 1 14 Sang desséché. 76 76 76 76 Sulfate d'ammoniaque . . 48 418 48 48 Nitrate de soude . . . . 64 64 65 64 Superphosphate. . . . . 292 » » 111 Guano phosphaté . . , . » » 172 86 Phosphate précipité . . . » 105 » » Sulfale de potasse. , . . 60 60 60 60 Purcelles 15 à 17. — En plus de l’engrais ordinaire à 30 kilogr. d'azote, 30 kilogr. de potasse et 40 kilogr. d’acide phosphorique, la parcelle n° 15 a reçu 15 kilogr. de potasse; la parcelle n° 16, 20 kilogr. d’acide phosphorique et la parcelle n° 17, 10 kilogr. d’a- zote. ENGRAIS EMPLOYÉS, 45; 16. 17. Sang . robe de 76 76 76 Sulfale d'ammoniaque . . 48 48 48 NMALENTENSO UE RS 30 64 128 Nitrate de potasse. . . . 30 » » Superphosphate. . . . . lil 222 iii Guano phosphaté . . . . 86 86 86 Sulfale de potasse. < 60 60 60 Parcelles 18 à 21. — Ces parcelles ont reçu des engrais incom- plets, un élément faisant défaut, les deux autres étant en même quantité et proportion que plus haut. La parcelle n° 21 n’a reçu 282 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. aucun engrais ; 1l faut remarquer que la partie du champ où ces essais ont été faits paraît inférieure aux autres parties. 18 19 20. 21 ; DANCE APTE » 76 76 » Sulfate d'ammoniaque . . ) 48 4S ) Nitrate de soude 0: » (ue 64 » Superphosphate. . . . . 1j » 111 ) Guano phosphaté . . . . 86 » 86 » Sulfale de potasse. . . . 60 60 » ù Ce champ a dû être coupé avant que les cannes aient atteint leur maturité, afin d'arrêter les ravages des rats qui étaient d’autant plus importants que toules les cannes étaient couchées et qu’il était, par conséquent, très difficile d’y pénétrer pour placer des pièges. La richesse des cannes est exceptionnellement faible et elle ne se relève que dans la partie du champ comprenant les parcelles 7 à 10 et 18 à 21. La terre étant de qualité inférieure dans cette partie du carreau, les cannes moins nombreuses se sont moins couchées et ont müri plus facilement. Sur les autres parcelles le rendement à l’arpent a été considérable maloré le déchet causé par les rats, et la richesse de la canne est d’au- tant moins élevée que le rendement à l’arpent est plus considérable, de sorte que, malgré les écarts dans le rendement de cannes à l’arpent, le sucre produit sur la même surface n’a pas subi de très grandes variations. | La richesse de la canne des parcelles 11 à 14 doit subir une lé- gère correction, Car, par suile d’un accident de moulin, les cannes ont séjourné plus de huit jours dans la cour de l’usine avant d’être écrasées et cela pendant une période pluvieuse ; on sait que, dans ces conditions, les cannes s’altèrent d'autant plus rapidement que la maturité est plus incomplète et c’est pourquoi le coefficient gluco- sique de cette série est très élevé. Les mêmes essais ont été continués sur les mêmes parcelles pour 1896 et, comme ce sont des terres neuves, il est à supposer que l’action des engrais s’accentuera d’autant plus que toutes les feuilles ont été enlevées du champ, afin de diminuer autant que possible la fertilité initiale de cette terre, sur laquelle il résulterait que l'acide RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 283 phosphorique à eu une action marquée si on envisage les résultats des parcelles 18 et 19. Dans aucun cas l’azote nitrique n’a paru diminuer la richesse des jas, pas plus dans la parcelle 3 qui a été fumée au nitrate de soude que dans la parcelle 17 qui a reçu un excédent de 64 kilogr. de ni- trate de soude à l’arpent. Champ d'expérience de Bénurés. Sur l’établissement Bénarès on a expérimenté sur un champ de Port Mc Kay vierges, l’engrais ordinaire contenant 50 kilogr. d'azote, 90 kilogr. de potasse et 40 kilogr. d'acide phosphorique à larpent en augmentant graduellement la dose de chaque élément; malheu- reusement il n’a pas été possible de choisir un champ très régulier et uniforme, en outre la parcelle 1 à dû être sacrifiée en partie pour établissement d’un canal d'irrigation. Cet essai se divise en trois séries. Série M : variation du taux de l'azote ; Série N : variation du taux de l'acide phosphorique ; Série O : variation du taux de la potasse. Pour la série M on emploie par arpent 40 kilogr. d'acide phospho- rique et 30 kilogr. de potasse, puis des doses respectives de 30, 35, 40 et 45 kilogr. d’azote dont 10 kilogr. d'azote organique et 10 ki- logr. d'azote ammoniacal ef le reste soit 10, 15, 20, 25 à l’état d’a- zole nitrique. Soit à l’arpent : M! M2. M: M: DANENTESSÉChÉL NUL EUT. 76 T6 76 76 Sulfate d'ammoniaque . . 48 AS 48 48 Nitrate de soude . . . . 64 96 128 160 Superphosphale. . . . . iii it 111 iii Guano phosphaté . . , . 86 86 86 86 Sulfate de potasse. . . . 3 30 8 30 Chlorure de potassium, . 30 30 30 30 Pour la série N on emploie à l’arpent 30 kilogr. d’azote et 30 ki- logr. de potasse, puis respectivement 30, 40, 50 et 60 kilogr. d’acide phosphorique dont 20 kilogr. d’acide phosphorique insoluble par le 284 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. guano phosphaté et le reste soit 10, 20, 30 et 40 kilogr. d’acide phosphorique à l'état soluble par le superphosphate, soit à l’arpent : N!. N°. NS. N‘. Sang desséché. . . . 76 76 76 76 Sulfate d'ammoniaque. 48 48 45 48 Nitrale de soude, . . 64 64 64 64 Superphosphate . . . 99,9 111 166,5 222 Guano phosphalé. . , 86 S6 SG S6 Sulfate de polasse . . 30 30 30 30 Chlorure de potassium. 30 30 30 30 Pour lu série O on emploie à l’arpent 40 kilogr. d’acide phospho- rique et 30 kilogr. d'azote, puis respectivement 30, 40 et 50 kilogr. de potasse, soil à l’arpent: oO! O? O* Sang desséché . . . . . 76 76 76 Sulfate d'ammoniaque . . 48 48 48 Nitrate de soude . . . . 64 64 64 Superphosphate. . , , . iii 11 IL 31 Guano phosphalé . , , . S6 S6 S6 Sulfate de potasse. . . . 30 40 50 Chlorure de potassium. . 30 40 0 Tableau IV. — Champ d'expérience de Bénarës. Analyse des cannes Port Mc Kay, vierges, âgées de 20 mois. NUMÉROS | peNsITÉ HOUR FOR COEF- des 100 CENT. CUBES.| 100 DE, CANNES. = |FICIENT | à BAUME JE MARS Ain Rien nr PAR- s p GLUCO- CELLES. Sucre, |Glucose.| Sucre, | Glucose, SIQUE. .4 .0 rl 30 460 ee] 129 360 26 840 28 340. 129 140 | 29 560 33 040. 32 820 ee REX OT TJ —) C2 co D © or & & À D D 1D À RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 285 Les résultats obtenus par l'application de ces engrais sont indiqués dans le tableau IV. Plantation le 14 février 1894; en sus de l’en- grais complet employé le 4 juin, on ajoute à larpent 50 kilogr. de nitrate de soude le 2 avril et 15 000 kilogr. de fumier le 3 juilleL. Récolte le 22 octobre 1895. Établissement Highlands. Sur la propriété Clairfond dépendant de l'établissement Highlands on a également employé des engrais identiques, c’est-à-dire à dose variable d'azote, d’acide phosphorique et de potasse. Il nous manque certains renseignements relativement à la surface des parcelles et par conséquent pour calculer le rendement à l’arpent. Nous donnons dans le tableau V l'analyse des jus dont la richesse uniforme est caractéristique, ce qui vient encore démontrer le peu d'influence re- lative des engrais sur la richesse saccharine de la canne. Tableau V. — Champ d'expérience de Highlands. Analyse des cannes. NUMÉROS des POUR POUR 100 COEF- 100 CENTIM, CUBES. DE CANNES. 4 PURETÉ. | FICIENT DENSITÉ BAUMÉ. PAR- à 150, GLU- CELLES. Glucose. | Sucre. | Glucose. OOSIQUE. M'. 3. 3. 3. 7e 12 19 2 Cjr 19 O2 C9 19 1 1 — 19 29 19 [4 1 SD Or IQ OO © © © © So © © OrONOMOrOIONS 19 © 1 286 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. De l’utilisation des mélasses. La baisse continue du prix des sucres place tous les pays produc- teurs dans une situation très précaire, aussi bien les pays produc- teurs de sucre de canne que ceux de sucre de betterave. On cherche de tous côtés à ouvrir de nouveaux débouchés au sucre afin de rendre à cette industrie la prospérité d'autrefois, mais la né- cessité pour chacun de produire beaucoup pour produire à bon marché, amène la surproduction et par suite l’avilissement des prix. La mélasse qui reste comme résidu final a subi une baisse encore plus considérable et, dans certains cas, on en arrive à la laisser perdre dans les ruisseaux faute d’emploi et de moyens économiques de trans- port sur les lieux où elle pourrait être utilisée. A Maurice, la mélasse à une valeur commerciale très faible et parfois elle encombre le marché ; il semble cependant qu’en l’ab- sence de droits fiscaux qui en entravent l’emploi en d’autres pays, elle devrait être utilisée sur une plus vaste échelle. Nous passerons, ici, en revue les principaux débouchés de la mélasse et la valeur qu’on peut lui attribuer dans les différents cas; la comparaison de sa valeur commerciale avec sa valeur intrinsè- que, suivant son mode d'emploi, indiquera s’il y a avantage ou non à l'utiliser. De quelque façon qu’on l'utilise, la valeur de la mélasse est tou- jours en rapport avec sa composition, et cette composition varie surtout suivant sa concentration, c’est-à-dire suivant la quantité d’eau qu’elle contient. On distingue généralement ici deux sortes de mélasses : 1° Le sirop de guildiverie qui est constitué par le sirop tel qu'il sort des turbines avec les eaux de lavage des sucres. 2 La mélasse pour lexportation qui a été concentrée au triple effet pour en diminuer le volume et augmenter proportionnellement sa richesse. Cette dernière est le résultat d’un travail spécial en vue de diminuer les frais de transport ; ce travail est parfois très rému- nérateur, mais nous n’envisagerons ici que le sirop ou mélasse de guildiverie, et nous prendrons comme base la teneur moyenne de RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 281 quatre échantillons analysés au laboratoire et dont la composition centésimale est la suivante : 72 86 138. 139. MOYENNE. Densité ee ire 142,5 1362 18985 139.8 139.5 DÉS MEME Je 20.60 27.80 27.40 30.40 26.37 Matières organiques! . 22.64 20.00 20.07 16.51 19.90 SUCTO ee eine 34.22 21.80 27.67 208 27.061 GIUCOSCEMAENENNONS 15.44 23.50 18.20 19.88 19.25 CENTRES 7.10 6.90 6.66 6.84 6.87 Soit par hectolitre : Kilogr. Kilogr. Kilogr. Kilogr. Kilogr. D NET Mag 36 17200 3800 SEA Te Matières organiques * . 32,26 27,20 28,00 23,08 27,16 eee A AS EE 070 86 612,00 0607 28700 Rose NE EE PO OO US SN O0 A ES METRE 84 Cenrese nd AAA NNNTOS ES 9,40 9,29 9,56 9,58 Poids de l'hectolitre . 142,50 136,20 139,50 139,80 139,50 La mélasse qui a été concentrée pour l’exportation renferme les mêmes proportions relatives des divers éléments, et elle ne diffère des précédentes que par sa faible teneur en eau; comme la simple concentration augmente souvent sa valeur vénale de cent pour cent, il en résulte que l’emploi du sirop ordinaire est beaucoup plus éco- nomique puisque sa valeur intrinsèque n’est pas augmentée dans le même rapport. | On ne peut guère se haser sur un prix quelconque pour les divers emplois du sirop, ce prix variant dans des limites extrêmes suivant l’état du marché local; mais il est généralement excessivement bas, puisque le sirop se vend parfois une roupie cinquante la barrique. La variation dans les prix est encore accentuée par le fait qu'il n'existe pas d'unité de base pour la vente des sirops; on compte bien par barrique, mais on n’a jamais établi ce que pouvait bien représenter une barrique ou, ce qui revient au même, deux tierçons de mélasse. Si la barrique représente cinquante gallons, soit deux cent vingt-sept HAADONTAZOTE ee 0.273 0.277 0.313 02: d'ADONtAZOLENM MMM 0,390 0,377 0,450 0,324 0,120 288 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. litres quand 1l s’agit de vesou, la plus grande fantaisie règle la con- tenance de la barrique ou du tierçon de mélasse, il existe de petites et de grandes barriques qui vont de soixante à soixante-dix et même quatre-vingts gallons, soit de 272, 318 à 363 litres, ou en kilogrammes pour une densité de 1 400, de 380, 445 et 508 kilogr. ; c’est-à-dire une variation de plus de 30 p. 100. Si on veut établir une compa- raison quelconque, il faut donc toujours prendre la valeur ou la composition, soit des 100 kilogr., soit de l’hectolitre, de laquelle on pourra facilement établir celle de la barrique suivant sa contenance. Les mélasses sont employées ou ont été proposées principalement: 1° Pour l'alimentation humaine ou animale ; 2° Comme engrais ; 3° Comme combustible ; 4° Pour la fabrication des salins ; 9° Pour la fabrication de l’alcool. Nous nous bornerons à examiner successivement ces divers dé- bouchés qui sont les seuls qui aient une importance véritable sans parler de diverses autres applications comme la fabrication des ci- rages, la fabrication des mortiers et ciments auxquels la mélasse donnerait des propriétés particulières, etc. La mélasse dans l'alimentation. Le sucre était autrefois considéré comme aliment de luxe en rai- son de son prix élevé, mais aujourd’hui où sa valeur est descendue à un taux qu’elle n'avait jamais atteint auparavant, on tend à lui resti- tuer son rôle véritable dans l’alimentation. La consommation du sucre, et surtout celle des bas produits, s’est d’abord vulgarisée dans les contrées où des droits de consommation excessifs n’en in- terdisaient pas l’emploi pour l’alimentation du bétail, et l'addition de sucre à la ration ordinaire a toujours donné d'excellents résultats. On sait que le sucre n’est pas un aliment complet et que pour salisfaire à cette condition, l'aliment doit se composer de matières azotées ou protéiques et de matières non azotées telles que les graisses, le sucre, l’amidon, etc. Dans la ration des animaux domestiques ces matières azotées et RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 289 non azotées, pour être utilisées complètement et assimilées par l’é- conomie animale, doivent s’y rencontrer dans une certaine propor- tion relative, qui est en moyenne comme 1 est à 5, mais qui peut varier suivant le but à atteindre dans l'alimentation. Il n’est pas nécessaire qu'un aliment quelconque contienne ces deux principales combinaisons dans le rapport ci-dessus, mais ce rapport doit exister dans l’ensemble de la ration, et on peut y arriver, par exemple, par le mélange de matières très azotées avec d’autres contenant une forte proportion de matières non azotées. N'ayant en vue en ce moment que la consommation des mélasses, nous ne les considérerons que comme une matière hydrocarbonée ne devant sa valeur qu'aux matières sucrées quelle contient ; cette valeur sera un minimum, puisqu'elles renferment en outre des ma- tières azolées et des matières organiques autres que le sucre qui ne doivent pas être sans influence dans lalimentation, mais que leur nature et leur rôle encore peu connus ne nous permeltent pas de faire entrer en ligne de compte. La mélasse a déjà été employée dans l’alimentation, toutes les fois que son prix de vente s’est abaissé suffisamment pour rendre son emploi économique, et que des droits quelconques n’en venaient pas arüficiellement surélever la valeur. C’est pour cette raison. que son usage s'est surtout généralisé en Angleterre, tandis qu’en France les droits de consommation qui exis- tent ne permettent pas jusqu’à présent son usage dans l'alimentation du bétail. En Allemagne, à une réunion générale des fabricants de sucre tenue en 1894, il a été établi qu’il n’y avait aucun avantage à vendre la mélasse à 6 marks les 100 kilogr., le fofn valant ce prix, et qu'il valait mieux la faire consommer par les animaux de la ferme, bœufs chevaux ou moutons. Le professeur Mærcker recommande d’en don- ner jusqu’à 10 kilogr. par 1 000 kilogr. de poids vif pour les mou- tons et 3 à 4 kilogr. pour les bœufs comme dose maximum, et dans ces conditions, mélangée avec une nourriture sèche, elle n’est ja- mais laxative. La mélasse est légèrement laxative en raison des sels qu’elle contient, mais cet inconvénient n’est pas grave, si on n’en exagère pas la dose, et il a été reconnu qu’on peut facilement aller ANN. SCIENCE AGRON. — 2€ SÉRIE. — 1896. — 1. 19 290 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. jusqu’à 1 kilogr. par tête de gros bétail et par jour sans aucun in- convénient. En France, M. Cornevin constate que la mélasse donne aux chevaux un poil luisant et qu'avec celte nourriture, ils accomplissent un bon Lravail et ne maigrissent pas, bien que légèrement relâchés. Dans les Antilles, à la Martinique et à la Guadeloupe, malgré le prix de la mélasse relativement plus élevé qu’à Maurice, on la donne aux bœufs en mélange avec des feuilles de cannes hachées, et c’est même une grande ressource après la coupe et, quand les fourrages manquent, les animaux mangent très volontiers de la paille sèche de canne mélangée avec de la mélasse; c’est du reste la meilleure ma- nière de la distribuer aux animaux; son emploi est très facile si on la dilue suffisamment pour la rendre plus fluide ; on en imbibe alors les aliments hachés, secs ou ligneux qui composent la ration. En somme, la valeur nutritive de la mélasse n'est plus mise en doute et il s’agit seulement de savoir si son emploi est économique, en d’au- tres termes si les matières sucrées qu’elle renferme peuvent être trouvées à meilleur marché dans d’autres aliments. On peut comparer les matières sucrées aux matières féculentes (fécule et amidon), les deux aliments remplissant le même rôle dans l'alimentation comme aliments respiratoires et comme production de force musculaire, et s’il y avait un avantage, ce serait en faveur du sucre, puisque les matières amylacées doivent être transformées dans l’organisme en matière sucrée avant d'être assimilées; du reste, soit que l’on prenne la puissance calorifique du sucre et de l’amidon déterminée par le calcul ou par les méthodes calorimétriques pour les évaluer comme aliments respiratoires, soit qu’on s’en lienne aux expériences directes d’aliñentation, comme source de production de force musculaire, ces deux éléments, sucre et amidon, donnent sen- siblement les mêmes résultats et peuvent être estimés à la même aleur. C’est pourquoi nous calculerons la valeur des mélasses dans alimentation au prix auquel on paie les matières hydrocarbonées, par exemple dans le manioc. Le manioc contient de 1 à 2 p. 100 de matières azotées et de 30 à 32 p. 100 de matières hydrocarhonées, conslituées principalement par de la fécule et il vaut de 8 Rs à 12 Rs le millier. RAPPORT SUR LES TRAVAUX:DE L'ILE MAURICE. 291 Nous pourrions négliger la valeur de la matière azotée qui est en faible proportion, mais, pour attribuer à la mélasse son minimum de valeur, prenons la matière azotée à une valeur moyenne de quatre fois celle des matières non azotées; prenons également la teneur maximum du manioc en fécule et nous pouvons lui attribuer pour un prix moyen de 2 Rsles 100 kilogr. (10 roupies le millier) les chiffres suivants : Fécules eee 7 0 35K5,0 à 0,0488 — 1,71 R. Protéine. . . . . 1 ,5à 0,195 — 0,29 . 2,00 R. soit le kilogramme de fécule à 0,0488. La mélasse que nous prenons pour type” contient par hectolitre en moyenne 656,37 de matière sucrée qui, à 0,0488, donnent une valeur de 3,19 Rs A 3,19 Rs l’hectolitre, la barrique de 60 gallons vaudrait 8,67 Rs; la mélasse la plus riche à 70.76 de sucre vaudrait dans les mêmes conditions 9,38 Rs et la plus pauvre à 61.70 de sucre 8,18 Rs la barrique. En conservant les mêmes bases de calcul, qui sont plutôt en dessous qu’en dessus de la réalité, nous voyons que si le millier de manioc s’abaisse à 8 Rs, la barrique de mélasse ne vaudra plus que 6,93 Rs, mais que s’il vaut 12 Rs, sa valeur s’élèvera à 10,39 Rs. Les chiffres que nous avons pris comme base pourraient subir de légères varialions sans que le résultat général se modifie sensible- ment, c’est-à-dire que la valeur de la mélasse comme matière ali- mentaire est bien supérieure à sa valeur vénale et qu’il y aurait grand avantage à la faire entrer dans la ration des animaux d’une exploita- lion ; si le manioc a été choisi comme base d'évaluation, c’est que la substance alimentaire qu’il fournit est analogue à celle contenue dans la mélasse et à un prix moins élevé que dans les autres matières offertes par le commerce. L'économie que l’on réaliserait sur une exploitation en donnant 1 kilogr. de mélasse par jour et par tête de bétail serait loin d’être négligeable, surtout si on considère que tout ce qui constitue l’en- grais proprement dit dans la mélasse, retournerait au sol par les fu- miers et que celte valeur s’ajouterait à celle qui vient d’être évaluée. 1. Voir page 287. 202 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Emploi de la mélasse comme engrais. La valeur de la mélasse comme engrais est très discutée et si cette utilisation spéciale a de chauds partisans, il est des personnes qui ne lui accordent aucune espèce de valeur. Celte différence d’opmion tient certainement aux circonstances diverses dans lesquelles la mé- lasse a été employée et à ce que, de par sa composition, elle est un engrais incomplet et qu’il est nécessaire de lui adjoindre d’autres substances pour fournir tout ce qui est indispensabte à la végétation de la canne. Quoi qu'il en soit, on admettra que l'emploi direct de la mélasse comme engrais n’est pas un procédé rationnel, puisqu'il n’y aura d’utilisé qu’une faible partie de ses principes constituants, et la ma- tière sucrée ne paraissant pas avoir une action sensible sur la végé- tation. Il sera toujours plus logique de faire servir la mélasse à Pali- mentation du bétail ou à la fabrication de l'alcool, puisque dans ces deux cas les principes fertilisants qu’elle contient seront retrouvés dans le fumier pour le premier cas, et dans les résidus de la distil- lation pour le second cas, tandis que les matières sucrées qui forment les deux tiers des substances totales qu’elle contient seront égale- ment utilisées. La composition minérale des mélasses citées plus haut est la sui- vante : Composition centésimale moins le charbon et l'acide carbonique. 72. 86. 138. 4139. MOYENNE. SITICO PARENT ON 0.62 2.49 2.00 1.53 1.66 Chorene eee tte 14,35 14.65 15.60 16.94 D.39 Acide sulfurique. . . 10.48 19.69 12.36 12.46 13.73 Acide phosphorique. . 1.24 0.595 0.46 0.45 7 CHAUX ATEN UNE 23.25 24.61 23.47 15281 DASRI Magnésie. . . . . . 16.20 9.52 8.84 10.31 11:29 Potasses Pres 33.99 29.37 37.30 44,49 36.18 Soude retire 0e 2.14 1.79 3.20 1.39 218 Oxyde de fer . 1.39 0.62 0.23 0.47 0.68 103.220%103:292810% 91 103.81 103.45 À déduire pour chlore. 3.22 3:29 AOL 3.81 3.49 EE —_—]—"—— Zn RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 293 Matières minérales par hectolitre de mélasse. Silice . 0,052 0,200 0,160 0,129 0,135 Chlore. . Œ 1,215 1,176 1,248 1,435 1,269 Acide sulfurique. . 0,888 1,973 0,989 1,055 1,126 Acide phosphorique. . 0,105 0,044 0,037 0,058 0,056 CHARS EN St 1,969. 1,986 1,877 1,339 1,793 Magnésie, 1,373 0,764 0,707 0,873 07929 Potasse 2,842 2,360 2,984 3,769 2,989 Soude . 0,181 0,143 0,260 0,114 0,174 Oxyde de fer . 0,118 0,050 0,018 0,040 0,056 12 12 o a œ 12 (2) © 8 8 À déduire pour chlore. 0,273 QE a ———————— —————— — Cendres pures. . FALSE TO 8,032 8,000 8,470 8,242 Cendres brutes . . . 10,120 9,400 9,290 9,560 9,600 Azo{e . 0300708774: 045021083240 0580 Les seuls corps que l’on puisse considérer comme engrais et aux- quels on puisse attribuer une valeur argent sont l’acide phospho- rique, la potasse et l’azote que la mélasse contient dans une pro- portion qui varie par hectolitre de 05,037 à 0%6,105 pour l'acide phosphorique, de 2*6,360 à 3*5,769 pour la potasse et de 04,324 à 0“6,450 pour l'azote. Si nous prenons chacun de ces éléments au prix le plus bas que . le commerce offre actuellement, soit pour lacide phosphorique 0,39 R. le kilogramme dans le guano phosphaté, pour lPazote 1,20 R. le kilogramme dans les tourleaux, et pour la potasse 0,50 R. le kilogramme dans les sels de potasse, la valeur de la mé- lasse moyenne par hectolitre sera de : Acide phosphorique. . . 0,056:à 0,39 R. — 0,022 R. NUIOR ces cher ele ee 0 ,385 à 1,20 —0,462 Potasse. . 2 ,989à 0,50 — 1,494 Valeur Eden eCiOItTE FRE CRE RE 'OTSRR La barrique de 60 gallons ou 272 litres vaudra donc 5,38 Rs. Si on fait le même calcul pour chacune des mélasses ci-dessus, on trouve que la valeur, comme engrais, de la barrique variera de 4,48 Rs pour le n° 86 à 6,25 Rs pour le n° 139, c’est-à-dire à un prix généralement supérieur aux prix de vente. 294 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Il ressort donc de celte évaluation qui n’est pas exagérée, qu’il y aura avantage à ne pas vendre les mélasses et à les employer même comme engrais toutes les fois que le prix de vente ne dépassera pas 4 Rs à 9 Rs la barrique de 60 gallons. La mélasse n’est pas un engrais complet, et elle constitue spécia- lement un engrais potassique ; la fumure devra donc être complétée par une addition d’acide phosphorique et d’azote en quantités va- riables suivant la composition de la mélasse et les conditions habi- tuelles de la fumure. La mélasse est mise généralement directement dans les fossés d'attente plusieurs mois avant l’époque de la plantation, mais il sem- blerait préférable d’en faire une solution pour arroser les fumiers ; les matières sucrées, par leur décomposition, y provoqueraient une fermentation qui faciliterait la désagrégation des feuilles de cannes et des matières ligneuses employées pour leur confection. Emploi de la mélasse comme combustible. Depuis quelques années on a beaucoup parlé de l'emploi des mé- lasses comme combustible, mais c’est une pratique qui ne s’est guère répandue, et pour résoudre la question, comme il n’a pas été fait d’essais industriels permettant d'évaluer cette valeur d’une manière pratique, on ne peut que se baser sur la composition des mélasses et en calculer la valeur calorifique moyenne. On peut toujours établir la valeur de la mélasse comme combus- tible comparativement au bois ou au charbon de terre, et comme les prix de ces derniers combustibles varient dans de très grandes limites suivant les contrées, il s’ensuit que dans certaines conditions et lorsque la houille sera d’un prix élevé, il pourra y avoir avantage à faire passer les mélasses par les générateurs de l’usine. On en a obtenu, paraît-il, de très bons résultats à Cuba ; mais dans cette co- lonie, il existe des usines éloignées de toute voie de communication où le bois et la houille sont à des prix excessifs ; dans ces circons- tances, la mélasse n’a qu’une valeur insignifiante, et faute de moyens économiques de transport, on laisse écouler parfois les égouts des turbines dans les ruisseaux ; en les brülant, non seulement on en RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 295 üre un profil, mais on se débarrasse d’une matière très encombrante. Il en est autrement quand on peul se procurer du combustible à un prix relativement bas et, dans la généralité des cas, il vaudra mieux utiliser les bas produits d’une autre façon. Il est vrai qu’en recueillant les cendres des générateurs et en les utilisant pour engrais, on diminuerait d'autant le prix de revient du combustible, cependant il ne faudrait pas exagérer la valeur des cendres ainsi produites, car la haute température des foyers engage la polasse et l'acide phosphorique dans des combinaisons peu solu- bles dont l'effet sera beaucoup moins actif et surtout moins rapide ; par le seul fait du passage dans un foyer de générateur, la valeur de la mélasse comme engrais sera réduite dans une très grande pro- portion. Nous ne connaissons pas d’essais pratiques relatifs à l'emploi de la mélasse comme combustible et il serait à désirer qu’un proprié- taire veuille bien les entreprendre. Ces essais sont incompatibles avec la marche d’une usine pendant la fabrication, mais pendant l’inter-récolte, il ne manque pas de sucrerie où il serait possible d'isoler un générateur de faibles dimensions avec lequel on pourrait facilement faire les essais dont nous parlons ; la dépense serait insi- gnifiante et il ne s'agirait que d’un peu de surveillance intelligente . pendant les essais qui n’exigeraient en outre que fort peu de temps. En l’absence de ces renseignements, on ne peut évaluer la valear des combustibles que par les méthodes calorimétriques ou par leur composition centésimale, On sait que les méthodes calorimétriques consistent à brûler le corps dans un appareil spécial et à mesurer la chaleur produite pendant la combustion ; pour beaucoup de com- bustibles, cette quantité est supérieure à celle qu’on obtient en cal- culant le pouvoir calorifique d’après leur composition centésimale. Uiie des formules les plus employées pour ce calcul est celle de Dulong : « La chaleur dégagée par un combustible est égale à la somme des chaleurs dégagées par la combustion de ses éléments, en ne tenant pas compte de l'hydrogène qui peut former de Leau avec l’oxygène du combustible, comme si l’eau était préalablement formée dans le combustible. » La vapeur n'étant pas condensée dans les foyers, on doit tenir 296 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. compte de la chaleur de vaporisation de l’eau formée par la combus- uon de l'hydrogène, et de celle nécessaire pour vaporiser l'eau déjà formée dans le combustible. Au point de vue absolu, il faut consi- dérer que le pouvoir calorifique est indépendant de la vitesse et, par suite, de la température de la combustion, et qu’en pratique la com- bustion n’est jamais assez complète pour transformer intégralement l'hydrogène et le carbone du combustible en eau et en acide carbo- nique ; en oulre, l'effet utile du combustible dépend de son état phy- sique, solide, liquide ou gazeux, de son état d’agrégalion, de la na- ture de ses cendres plus où moins fusibles, elc., etc. Comme l'évaluation du pouvoir calorifique par le calcul est presque toujours inférieure à celle mesurée par les méthodes calorimétri- ques, en prenant la première méthode, on sera presque certain de rester en dessous de la vérité et de ne pas exagérer la valeur de la mélasse. A la Louisiane, le D' C.-E. Coates, professeur à l’Université, est arrivé aux chiffres suivants en se basant sur les essais calorimétriques du D' Atwater sur les carbonhydrates, matières azolées, etc., et en tenant compte des chaleurs spécifiques de l’eau, de l’acide carbo- nique, etc. La mélasse prise pour type contenait : Matières hydrocarbonées . . . . . —160 Autres substances combustibles . 00 Cendres . Pirre AN ASE) BRU. 55 BCP Ent ARE —#ÿ20:4229 Et le D' Coates arrive à l’estimation suivante : Chaleur utilisable de la mélasse, , . . . . — 2365 calories. — de la houille moyenne . . — 300 — et en introduisant le coefficient théorique d’utilisation de 75 p. 100 pour les liquides et de 60 p. 100 pour les solides, il obtient : MIA SSL AS NA RIRE EST 1 774 calories. HONTE RME, A7 EEE TE 3 180 — Le rapport scrait de 1 à 1,79 ; une Lonne de houille pourrait done RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L’ILE MAURICE. 297 être remplacée par 1 790 kilogr. de la mélasse ci-dessus; mais, si on ne tient pas compte des coefficients différents pour les liquides et pour les solides, ce qui serait peut-être plus juste, car la mélasse ne peut guère être considérée comme un liquide, surtout au point de vue de son utilisation comme combustible, une tonne de la même SAT 2e ha 00 houille équivaudrait à 9 365 Le D' Stubbs, de son côté, a exposé les données suivantes devant le « Louisiana Sugar Plantation Association ». Deux mélasses ont été prises comme types : le n° { mélasse de dif- fusion et le n° 2 mélasse de moulin; leur composition était : — 2 240 kilogr. de mélasse. I II SUCIES OL PIUCOSC ARR LM Lee 0-00 61.56 Albumine et matières organiques. . . . MES 5.72 FAURE CR an En MONTE ete DU —172%90 26.62 CALORIES. nds Pouvoir calorifique (Atwater). . . 2 958 2 876 — (RuNner SENS. 2 902 2 816 — (Stubbs) . . . 9 177 2 037 Les deux premiers ont été calculés d’après les chiffres obtenus par le D Atwater et le D' Rubner par les méthodes calorimétriques, le troisième a été calculé par le D° Stubbs d’après la composition centésimale des mélasses. Le D° Stubbs admet que le pouvoir calorifique du charbon bitu- mineux de Pensylvanie est de 7 870 calories ; une tonne de ce char- bon équivaudrait donc, d’après les essais d’Alwater, à 2 660 kilogr. de mélasse de diffusion et à 2 750 kilogr. de mélasse de moulin. Si nous prenons maintenant la composition moyenne des mélasses analysées au laboratoire, nous arrivons aux conclusions suivantes : Composition moyenne par 100 kilogr. ne" (VAN — 20 91 SUCTO ES LUCOSE te re eee = 46.86 Matières lorganiques : "LME TT —19400 Admettons que les matières organiques non sucrées possèdent le 298 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. même pouvoir calorifique que le sucre dont la composition centé- simale est de : Carbone, ERA RE. nf 42.10 HYATODÉNONS APR Are ee ie em eee 6.43 ORYEÈRE EE AT RENE MIRE 51.47 100.00 le pouvoir calorifique du sucre calculé par la formule de Dulong donnera (v. Ser. p. 50) : CATDONEE PERMETTRE ARR LT AU RRE 0,421 HYOTOSENC EN EXCESS IP MEME TI EEE 0,000 Bat ne Mere cs RER 0,579 1,000 d’où CATDONE PRES Er 0,421 X 8 0S0 = 3 401 TI CREME ie Sr A ES 0,579 X 606,5 — 351 Pouvoir calorifique. . . . . . — 3 050 et pour la mélasse ci-dessus : Sucre et matières organiques. . . . 66.76 X 3 050 — 2 036 HAE SA Ne Re De AU RS eee 26.37 XX 606,5 — 160 Pouvoir calorifique de la mélasse . . . . . . —"1}070 Si on veut maintenant la comparer au bois, nous admettrons que les bois secs, pour un même poids, ont, à peu de chose près, le même pouvoir calorifique, et que le bois ordinaire à 30 p.100 d’eau a un pouvoir calorifique d’environ 2 500 calories, si on le calcule de la même manière que pour la mélasse, et que ce que l’on appelle ici bois de forêt doit avoir approximativement la même puissance calorifique. La corde de bois ordinaire pesant environ 1000 kilogr. (soit 300 kilogr. le mêtre cube) équivaudrait done comme pouvoir calo- rifique à 1 330 kilogr. de mélasse, en d’autres termes à 3,9 barriques de 60 gallons. Si on fait le même calcul pour chaque mélasse séparément, on trouve que le pouvoir calorifique varie de 1730 calories pour le RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 299 n° 139, à 2080 calories pour le n° 72; et qu’une corde de bois serait remplacée par 1 440 kilogr. de la première mélasse et par 1200 kilogr. de la seconde. Si ces diverses évaluations sont différentes les unes des autres, cela est dù d’abord à la différence de composition des mélasses, puis au mode de calcul employé pour établir leur pouvoir calorifique. En somme, les essais calorimétriques donnent à la mélasse à peu près la même puissance calorifique qu’au bois; le calcul par la composition centésimale reste un peu en dessous et donne dans tous les cas un minimum d’évaluation; du reste, ces chiffres restent comparatifs et, en pratique, l'effet utile des combustibles varie en- core dans de plus grandes limites suivant la construction des foyers, des cheminées, le talent du chauffeur, etc. Il serait donc extrème- ment intéressant qu'un propriélaire fasse les essais directs dont il est parlé plus haut. Fabricalion directe des salins. Nous ne dirons qu’un mot de l'utilisation directe des mélasses pour la fabrication des salins. Il en avait été question l’an dernier, et c’est pour répondre à une demande de renseignements que les cen- dres des mélasses ci-dessus ont été analysées. L’extraclion du car- bonate de potasse des salins de mélasses de betteraves n’est pas sans importance, et c’est par analogie qu’on avait pensé à la même in- dustrie pour les mélasses de cannes. Il faut tout d’abord établir qu’en Europe l'extraction des salins ne se fait pas directement sur la mélasse, mais sur les vinasses de dis- üllerie après la fabrication de l'alcool; en outre, les cendres de mé- lasses de betteraves et de cannes n’ont pas la même composition : les premières renferment une proportion beaucoup plus élevée de carbonate de potasse qui en constitue principalement la valeur, puisque le carbonate de polasse vaut au moins le double des autres sels de potasse, chlorure et sulfate ; les mélasses de betteraves sont également plus riches en sels que celles de cannes et, par consé- quent, la quantité de sels qu’on ne peut extraire beaucoup plus con- sidérable. Du reste, nous donnons un peu plus loin à la fabrication 300 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. de l'alcool la composition des salins de distilleries de mélasses de cannes, qui sont de même nature que les salins obtenus directement des mélasses, puisqu'on n’ajoute aucun acide pour la fermentation et que la seule différence est une dilution plus considérable de la malière mise en œuvre. Pour les mélasses de belteraves, on compte de 11 à 14 kilogr. de salin brut pour 100 kilogr. de mélasse dont la composition centési- male est en moyenne de : POUR 100 KILOGR. de mélasse, Carbonate de potasse. . . 30 à 35 p. 100, soit 38,7 à 4k8,4 Garbonate de soude. . . . 12 à 15 115 a 12849 Chlorure de potassium . . 10 à 15 — 2581849 Sulfate de potasse . . . . 12 à 16 en fi" à2#0 Insoluble et divers. . . . 20 à 25 — DÉPOT El Les salins de mélasses de cannes, dont la composilion suit, ont été obtenus en calcinant directement la mélasse, puis en épuisant à lea à bouillante. On a obtenu les résultats suivants pour 100 de salin bru. Le partage des acides et des bases a élé vérifié dans la partie soluble et dans la partie insoluble ; l’alcalinité totale de la partie soluble a été calculée en carbonate de potasse, la proportion indiquée des autres sels de potasse ne peut être affectée que par les faibles quan- tités de sels de soude existant dans les mélasses. Composition centésimale. 72 86 138 139 Partie soluble : Kilogr. Kilogr. Kilogr. Kilogr. Carbonate de potasse . . . 10,0 2,45 8,6 11,9 Chlorure de potassium . . 2150 29,00 26:84 30,9 Sulfate de potasse . . . . 19,0 12,60 23,1 24,0 Sulfate de chaux. . . . . » 9,59 ) » 50,0 53,60 58 ? ,? 66,4 Partie insoluble : Sable, - charbon, phosphate de chaux, carbonate de chaux, sulfate de chaux, eLC MELON ME 50,0 46,4 41,9 33,6 100,0 100,0 100,0 100,0 1, Y compris environ à de chlorure de sodium. L RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L/ILE MAURICE. 301 Soit, pour 100 kilogr. de mélasse : 72 86 138 139 Partie soluble : Kilogr. Kilogr. Kilogr. Kilogr. Carbonate de potasse. . . 0,71 0,17 0,57 0,78 Chlorure de potassium . . 1,49 2,00 11874 AE Sulfate de potasse . . . . 1,35 0,87 1953 1,65 Sulfate de chaux. . . . . » 0,65 » » 3.95 3,69 3,88 4,54 Partie insoluble : Sable, charbon, ete . . . 3,99 3,21 2,18 3,30 Ainsi qu’on pouvait le prévoir, la quantité de carbonate de po- tasse est très faible, et la presque totalité de sels solubles est cons- tuée par du sulfate et du chlorure de potassium qui n’ont de va- leur que comme engrais, c’est-à-dire celle des engrais polassiques du commerce. [Il faut également ne pas oublier que les matières azotées de la mélasse sont complètement perdues par le fait de leur incinéralion. Fabrication de l'alcool. . La fabrication de l'alcool est certainement, avec l'alimentation du bétail, l'emploi le plus rationnel de la mélasse, parce que, après la transformation du sucre en alcool, les résidus, conf£enant les principes fertilisateurs de la matière première, peuvent être re- cueillis et utilisés à leur tour. Malheureusement les cours de l’alcool, suivant ceux du sucre, ont subi une baisse analogue, de sorte qu’er ce moment on cherche de nouveaux débouchés pour l’alcool comme on en cherche pour le sucre, afin d’en augmenter la consommation et, par suite, d’en relever les prix ou tout au moins de les maintenir à un chiffre rémunérateur. Ces débouchés de l’alcool sont très variés, et ils le seraient en- core davantage sans les droits fiscaux et les formalités qui en res- treignent souvent l'emploi. Dernièrement encore, il a été question 1. Y compris environ 0,32 de chlorure de sodium. 302 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. d’une lampe spéciale où les vapeurs d'alcool mélangées d’air for- ment une flamme incolore suffisamment chaude pour porter à l’in- candescence un morceau d'oxyde terreux ; avec de l’alcool dégrevé de tous droits, la lumière de cette lampe pourrait être plus écono- mique que celle du pétrole : ce serait là un débouché considérable pour les alcools de qualité inférieure. À Maurice, l'alcool est à un prix d’excessif bon marché et ses qualités spéciales ne permettent pas de l’exporter au dehors, excepté à Madagascar, où on lui reconnait, paraît-il, en dehors de son bon marché, une saveur très appréciée des indigènes. Dégrevé de droits, cet alcool pourrait être employé pour la fabrication du vi- naigre qui deviendrait probablement une industrie locale, puisque le chiffre de l'importation du vinaigre est d’environ 1 000 hectolitres annuellement. Quant à la fabrication de l’alcool pour la consommation, elle pourrait être beaucoup plus considérable en faisant une eau-de-vie non pas extra-fine, mais du rhum de qualité ordinaire. Il est curieux de constater que, dans une contrée où la culture de la canne est aussi développée, les importations d'alcool de toutes sortes soient aussi considérables; en effet, les importations en 1893 (brandy, wisky, etc.) ont été de 121 000 litres, pour une valeur de 275 600 roupies. Si une partie de ces alcools était remplacée par de l'alcool ou du rhum de fabrication locale, nous ne dirons pas que l'hygiène y cagnerait beaucoup, mais les avantages ne seraient pas négligeables pour l’industrie indigène. + Sans aborder ici le point de vue hygiénique, nous ferons re- marquer qu’on abuse de ce mot lorsqu'on s'élève contre l'importa- tion des alcools étrangers sous le prétexte qu’ils sont plus toxiques que le rhum naturel. Rien n’est moins prouvé que cette hypothèse, et la question de l’alcoolisme a été tellement discutée et déplacée, qu’on en est arrivé à croire que les alcools naturels, rhum, cognae, etc., étaient plus hygiéniques que les alcools dits industriels. On peut tout d’abord se demander en quoi lalcool de la canne à sucre peut-il être plus alcool naturel que celui de la betterave, par exemple, et, au point de vue hygiénique, il est prouvé que les RAPPORT SUIR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 303 alcools d'industrie bien rectifiés contiennent moins d’impuretés toxiques que les eaux-de-vie naturelles non rectifiées; 1l est égale- ment reconnu que l'alcoolisme n’est généralement pas dû aux im- puretés contenues dans l'alcool, mais simplement à la quantité d'alcool absorbée. Dans son dernier rapport, M. Riche, membre de l’Académie de médecine, en prenant les chiffres de nocivité des im- puretés de l'alcool établis par M. Dujardin-Beaumetz, compare, au point de vue de l’intoxication, deux individus buvant l’un de l'alcool impur, l’autre de l’alcool pur, et 1l montre que, pour la même quantité ingérée, le consommateur de l'alcool impur sera comme s’il avait absorbé 67 petits verres et, le second, 66 seulement, et M. Riche ajoute : « que le lecteur juge l’état de celui-ci, lorsque celui-là sera frappé d’intoxication ! » En nous plaçant spécialement au point de vue de l’industrie lo- cale nous pensons simplement qu'avec des précautions, et en fabri- quant du rhum avec des vesous où bons sirops, on arriverait à faire une eau-de-vie convenable qui tendrait à réduire dans une forte proportion l'importation d’alcools étrangers. En ce moment examinons spécialement la fabrication de l'alcool de mélasse, c’est-à-dire des derniers résidus de la sucrerie. Le placement du tafia de Maurice à l'étranger est difficile, paraît-1l, puisqu’on le vend à l'exportation 0,10 R. le litre à 22° Cartier (99° G.-L.), soit environ 17 Rs l’hectolitre à 100° ; c’est un prix excessi- vement bas et qui n’atteint même pas le prix des alcools ordinaires en Europe. Les tafias cependant se vendent généralement à un prix beaucoup plus élevé que les alcools; ainsi, en France, on voit l'alcool de bourse à 32 fr. l’hectolitre et les tafias de la Martinique en moyenne à 49 fr. les 52°, ceux de la Réunion à 33 fr. les 54°, soit, respectivement, 86 fr. et 61 fr. l’hectolitre à 100°. Les tafias de qualité moyenne ne doivent donc pas servir à fabri- quer de l'alcool ordinaire, puisque par la rectification et la purifica- tion ils perdraient la prime dont ils jouissent sur l’aicool, et, pour que cette opération soit rémunératrice, il faudrait ou en faire de l’alcool extra, ou tout au moins d’une qualité spéciale prisée par le marché, ou encore travailler des tafias invendables à l’état na- turel. 304 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Comme pour les vins et pour beaucoup d’autres produits naturels, il y a très probablement pour les rhums une question de cru ou de ‘ terroir, ce qui fait que le rhum de telle localité est préféré à celui de telle autre, et il est probable qu'on ne fera pas à Maurice des rhums rivalisant avec ceux de la Martinique, de la Jamaïque ou même de Bourbon, mais on pourrait certainement améliorer la fa- brication actuelle dont la mauvaise qualité tient, croyons-nous, autant à la fabricalion proprement dite qu'à la matière première elle-même. La matière première surtout est défectueuse et il semble difficile d'en extraire un alcool convenable. Après que les sirops ont été cuits pour faire du 3° et du 4° jet, après que ces sirops ont séjourné dans les bacs à grande surface pendant quatre à cinq mois dans une usine où loutes les poussières, les insectes et parfois d’autres ani- maux s’y engluent, ces sirops forment une décoclion de toutes sortes d’impuretés qui doivent contribuer à donner à l’alcool cette saveur appréciée des Malgaches, mais que d’autres consommateurs trouvent peu agréable. Si on voulait faire du tafia de bonne qualité, destiné par le vieil- lissement à donner du rhum pouvant remplacer dans la consomma- tion locale les eaux-de-vie reçues de l’extérieur, el exporter l’excé- dent à des prix suffisamment rémunérateurs, 1l faudrait commencer par employer de bonnes mélasses, c’est-à-dire ne retirer avec le sucre de vesou que des sucres de premier et deuxième sirop et en- voyer aussitôt les bas produits à la distillerie, sans les laisser séjourner plusieurs mois dans des cuvettes qui deviennent le réceptacle de toutes les immondices d’une usine. Au prix actuel des sucres de 3° et 4° sirops, il est permis de se demander s'il y aurait réellement bénéfice à les extraire des bas produits si ceux-ci acquéraient une plus-value par la qualité des tafias obtenus. Le bénéfice serait peut-être bien mince si on tenait un compte rigoureux des dépenses nécessitées par ce travail, surtout si la fa- brication ayant été bien conduite dès le début, on avait travaillé el extrait comme il convient de le faire les sucres de vesou, de premier et de deuxième sirop. | RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 309 Actuellement, avec les sirops ordinaires de guildiverie, et à part la qualité des produits, quel rendement alcoolique obtient-on ? Nous ne possédons pas de chiffres à cet égard, car, à Maurice, la fabrica- tion de l’alcool est encore moins contrôlée que celle du sucre. Pour l'alcool on calcule par barrique, sans tenir compte des pertes de sirop ou d’alcool, de la richesse des sirops, etc. ; le rendement est évalué à tant de barriques de sirop pour une barrique de tafia, mais quand il s’agit de connaitre le degré ou la richesse du sirop, le vo- lume de la barrique de sirop et de tafia, la richesse alcoolique réelle de celui-ci, on obtient des chiffres tellement différents et contradic- toires que nous ne pouvons en citer aucun, et que nous raisonnerons seulement sur ce qu’il est possible d'obtenir dans des conditions moyennes. Nous prendrons comme base l’hectolitre de sirop parce qu’on à l'habitude de calculer en volume, mais il sera facile de passer au poids du sirop en divisant par la densité. Nous compterons également la richesse de l'alcool en degrés Gay-Lussac ou centési- maux qu'on pourra transformer, si on le juge convenable, en degrés Cartier. Le rendement du sirop en tafia varie naturellement avec sa teneur en matières saccharines, sucre et glucose ; théoriquement, c’est-à- dire en prenant le rendement maximum avec une fermentation complète, les sucres doivent donner en alcool : 100 kilogr. de sucre . . = 64 litres d'alcool pur, c'est-à-dire à 100° G.-L. 100 kilogr. de glucose. . = Ghl — — En transformant la glucose des mélasses en sucre (0.95), nous voyons que la teneur en sucre total par hectolitre de notre mélasse moyenne est de : DUCTO DATE CLONTE ENT TN RENS — 38,52 Glucose (26,85) exprimée en sucre. . , = 25,50 Sucre {0tal. 0" — 64,02 et qu’elle varie de 60,1 pour le numéro 86 à 69,66 pour le numéro 72. Le rendement théorique serait donc, pour le sirop moyen, de 64,02 xX 64 — 401,97 d'alcool pur, soit, en chiffres ronds, de A litres. ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1896. — 1. 20 306 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Si on veut transformer l’alcool pur en degrés Cartier, on n’a qu’à diviser le nombre des litres d’alcool pur par le degré centésimal correspondant au degré Cartier ; ainsi : 2929, Cartier —-59216-L; el 230 Cartier — 62° G-L. 4 litres d'alcool pur correspondant donc à : SE 691,5 à 22° Cartier ; 59 à —66/1- 228% Cartier. 62 Tel est le rendement théorique du sirop dont il est question mais, dans la pratique, on n'obtient jamais ces résultats et on considère qu’on a un bon rendement industriel quand on obtient de 100 ki- logr. de sucre 60 litres d’alcool pur au lieu de 64, ce qui corres- pondrait à un rendement de 95 p. 100 environ du rendement théo- rique. Dans l’exemple précédent, les 41 litres d'alcool rendraient donc pratiquement 38,1 d'alcool pur, soit 64,5 à 22° Cartier ou 611,4 à 23° Cartier. Ce rendement qu’on obtient dans de bonnes usines, avec de bonnes matières premières, est même exagéré pour nos distilleries locales ; et si on peut l’obtenir par la fermentation des sucres ou des vesous, iln’en est pas de même des bas produits pour les diverses raisons ci-après. Premièrement, les résidus de la fabrication du sucre ren- ferment des composés non fermentescibles, et qui néanmoins réa- gissant sur les réactifs, sont dosés à l'analyse comme du sucre nor- mal ; ces matières non fermentescibles sont probablement des dérivés du glucose et se forment aux dépens du glucose pendant les opéra- tions de la fabrication du sucre puisqu'elles ne préexistent pas dans le vesou. Ces matières qui restent toujours dans les vinasses après l’arrêt de la fermentation proprement dite ne sont donc pas fermentescibles, au moins pratiquement, et il y a lieu d’en tenir compte dans le calcul! RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 307 du rendement; elles varient en quantité suivant la nature des mélasses et nous les avons toujours trouvées en moyenne dans la proportion de 5 p. 100 du sucre total existant dans les sirops, avec des varia- lions allant de 3 à 8 p. 100. En outre, la grande quantité de matières étrangères organiques et minérales contenues dans les sirops entrave la fermentation nor- male, et d’après nos essais de laboratoire qui seront cités plus tard, nous ne pensons pas qu'on puisse compter sur un rendement de plus de 85 p. 100 du rendement théorique. Nous ne croyons même pas que ce chiffre soit approché dans la plupart des distilleries du pays, dans lesquelles on se trouvera dans de bonnes conditions relatives si on atteint 80 p. 100. Si nous prenons le chiffre de 85 p. 100, le rendement du sirop moyen contenant 64 kilogr. de sucre par hectolitre sera donc de M XX 0,85 — 34,85 d’alcool pur qui, converti en degrés Cartier, donnera : 591,0 à 22° Cartier: 56,2 à 230 — 44,0 à 30° — ou, en d’autres termes, pour faire une barrique d'alcool de même volume naturellement que la barrique de sirop, il faudrait en sirop pour : 1 barrique à 22° Cartier — 1,69 barriques de sirop ; = 23° = ENT — = 309 — 202 — Le même calcul appliqué à chaque sirop indique que son rende- ment variera en alcool pur de 52,6 pour le n° 86 à 37,8 pour le n° 79. Nous sommes persuadé qu’on trouvera les rendements précédents exagérés, mais on peut les obtenir industriellement avec le sirop pris pour point de départ; on les réduirait même de 10 ou 20 p. 100 qu'ils seraient probablement encore au-dessus des rendements ha- bituels. | da Si les rendements des usines locales sont faibles, cela est dû beau- 308 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. coup au prix réduit du sirop ; la matière première élant à bon marché, on ne s'occupe guère d’en retirer tout ce qu'il est possible d’en ex- traire. Du reste 1l n’existe dans les distilleries aucun contrôle, et les rendements sont établis à la fin de la campagne quand l’on connaît combien on a acheté de barriques de mélasses et combien on a vendu de barriques de rhum. A certams moments on dit que la mélasse ne rend pas, mais en l'absence de tout contrôle, on ne se rend pas compte si la perte est due à la nature de la mélasse, à la fermentation ou à la distillation, el par conséquent on ne peut y remédier ni améliorer le rendement qui se relève plus tard comme il s’était abaissé précédemment, c’est-à-dire sans qu’on sache pourquoi. Nous donnerons plus tard des résultats obtenus dans différentes conditions, et on verra que ceux que nous citons peuvent facilement être obtenus ; ces essais bien que faits en petit n’en expriment pas moins ce qui peut être obtenu en industrie, car 1ls ont eu lieu dans des conditions analogues à celles de la pratique courante. Nous ne citerons aucun chiffre relativement aux frais de fabrica- tion, mais nous ne pensons pas qu’ils soient très élevés et qu’ils ne laissent pas un bénéfice suffisant pour ceux qui se livrent à cette industrie, parce que si les produits se vendent à très bas prix, la malière première a une valeur commerciale encore plus réduite. Après la distillation, la vinasse contient intégralement tous les élé- ments minéraux contenus dans le sirop; ils sont simplement dilués dans une plus grande quantité de liquide, et c’est cetle dilution qui est jusqu’à un certain point un obstacle à son utilisalion comme engrais. Des vinasses ont présenté [a composition suivante : 76 136 Densité A5 ar en 106,80 103,40 Matières organiques par litre . —14150 66,30 Matières minérales par litre. MVL 16,00 Résidu total. ... .. 169,50 89,30 Azote 2/2 DELAI NON RES ESRn 0,650 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L’ILE MAURICE. 309 Composition centésimale des cendres moins l'acide carbonique et le charbon. 76 136 MOYENNE. ST TES AU PR NC D 4.37 1255 2,95 Chloneer ss LAN RE 15.30 16.65 17.48 Acidessüliurique "00; 10.25 12.35 11.30 Acide phosphorique . . . 239 0.90 1 61 CHAUX ENS TS NE AN MENT 24.04 18.49 2127 MADDÉSI re EURE 11620 9.24 10.22 ROtAsS eee T2 ARE 28.91 40.94 34.93 Soude. . SLR ee 200 2.50 2820 Oxyderde fera 2.60 1.13 1.86 104.09 103.73 103.91 A déduire pour chlore, . 4.09 3.13 3.91 100.00 100.00 100.00 Matières minérales par hectolitre de vinasse. 76 136 MOYENNE. DICO RAA En EVE 0,102 0,022 0,062 GHIOFE Re SN Torre 0,428 0,235 0,331 Acide sulfurique . . . . 0,240 0,175 0,208 Acide phosphorique . . . 0,055 0,013 0,034 CURE Ne EM ent à 0,563 0,263 0,413 Magnésier Menu 0,262 0,133 0,198 FOTASSE RME ES de elle 0,676 0,580 0,628 DOUTE Le 0) a ne 0,049 0,036 0,042 DXTARMAE Ter. Se ns M 0,061 0,016 0,038 2,436 1,473 1,954 A déduire pour chlore. . 0,096 0,053 0,074 Gendres/pures 2... 2 2,340 1,420 1,880 Cendres brutes. . . . . 2 UT) 1,600 2.185 PADÉR SRE du. Lego LS Le 0,088 0,065 0,076 Si on calcule la valeur des éléments fertilisants de la vinasse comme on l’a fait pour la mélasse, on trouve comme moyenne les chiffres suivants par hectolitre : Acide phosphorique. . . . . . 08,034 à 0,39 R. — 0,01 R. DO ne ere Pr RATE 20 QUE AU RS PASS AE TT 02262840, 50 > ="081 0,40 R. 310 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Cette valeur est environ le cinquième de celle trouvée précédem- ment pour la mélasse, elle n’est donc pas négligeable et il faut ad- mettre que si les vinasses ne sont pas utilisées plus fréquemment, c’est en raison de la difficulté de leur transport et de l'éloignement des distilleries aux terrains sur lesquels on pourrait les employer. Malheureusement ce cas est assez fréquent, mais il n’est pas général et on ne saurail trop recommander de les utiliser pour l'irrigation des terres partout où cela n’est pas matériellement impossible. Bien souvent quelques tuyaux ou simplement un canal à ciel ouvert per- mettraient de les conduire sur des terres où elles seraient rapidement absorbées. Naturellement on ne peut les utiliser pour l'irrigation directe des végétaux en culture, mais on peut les répandre sur les terres qu’on laisse reposer un an ou deux ans soit avec, soit sans as- solement. On pourrait ainsi fertiliser beaucoup de terrains pour les planter quelques mois après. Pour lParrosage des fumiers, la vinasse est également tout indi- quée et son emploi ne doit pas être négligé ; elle faciliterait la prompte désagrégalion des détritus de toute espèce qui s’enrichiraient des éléments contenus dans la vinasse. Par analogie avec ce qui se fait en Europe dans les distilleries de mélasses de betteraves, on a proposé d’incinérer les vinasses de cannes pour en retirer le salin, mais celles-ci sont moins riches en matières salines ; en outre, ainsi qu’on l’a indiqué pour les mélasses, la pro- portion de carbonate de potasse y est très réduite. Les salins obtenus des vinasses précédentes ont la composition suivante : POUR 100 KILo&r. PAR HEOTOLITRE de cendres brutes. de vinasse. Partie soluble : Le ss 28 2e Carbonate de potasse. . . . 3.1 7.60 0,08 ee Chlorure de potassium . . . 28.1 31.00 0,78 0,50 Sulfate de potasse . . . . . 8.5 23.90 0,15 0,38 Sulfate de soude et de chaux. 1.2 » 021 ) 47.52 62.50 122 1,00 Partie insoluble : Carbonate de chaux, charbon, SIC EC AR DRE ER ENT NE 52.8 37.90 1,55 0.60 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 311 Pour augmenter la concentration et la richesse des liquides on peut, au lieu de prendre de l’eau, diluer les mélasses avec des vi- nasses provenant d’une opération précédente, mais ce qu'on gagne d’un côté on peut le perdre de l’autre, car il arrive un moment où celte concentration même gêne la fermentation alcoolique et les rendements diminuent. Pendant la fermentation, et surtout lorsqu'elle tire à sa fin, les couches de liquides n'étant plus traversées par les bulles de gaz laissent déposer rapidement au fond des caves un dépôt plus ou moins abondant et plus ou moins épais constitué principalement par les débris des vieilles cellules de levures. Ce dépôt est beaucoup p'us riche en azote et en acide phosphorique que la vinasse elle- même, et il constitue un engrais de grande valeur facilement trans- portable à cause de sa concentration. Ceux que nous avons analysés élaient composés de : 78 80 137 Gr. Gr. Gr. Matières organiques, par litre. . Ion 118,0 291,0 Matières minérales, par litre. . 65,4 22,8 33,6 Résidu total, par litre. . . 243,7 110,8 324,6 AGOte ARE Re ir EE es 660 5,100 11,600 Composition centésimale des cendres moins l'acide carbonique et le charbon. 78 80 137 MOYENNE. Silice . 10.35 14.32 11.85 12 17 Chlore . ; 4.40 4.90 5.92 5:07 Acide sulfurique . 32.93 p.938 4.74 14.53 Acide phosphorique . 2.94 14.30 14.26 10.50 Chaux. . 31.44 21.17 14.26 23.30 Magnésie . 3.64 4.81 4.40 4.28 Potasse . 10.33 25.13 28.18 EDEN soude. . : 0.96 le p.29 2.66 Oxyde de fer. . 1.00 5.82 12.43 6.42 100.99 101.10 101.33 101.14 A déduire pour chlore. 0.99 1.10 1.33 1.14 100.00 100.00 100.00 100.00 AL ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Matières minérales par hectolitre. 78 80 137 MOYENKXEB. NICE NL rar eee 0,655 0,305 0,391 0,450 CHIOTS NS 0,278 0,104 0,195 0,192 Acide sulfurique . . 2,085 0,126 0,156 0,789 Acide phosphorique . 0,186 0,305 0,470 0,321 Chaux SPAM 2,181 0,450 0,470 1,034 Magnésie. $. #43 4. 0,230 0,102 0,145 0,159 POLASSC RE RUE ET 0,652 0,599 0,928 0,726 SOUS Ne me hs Le 0,061 0,037 0,175 0,091 OXYHELUENTER MTS 0,063 0,124 0,410 0,199 6,391 241522 08555340 3,951 À déduire pour chlore 0,061 0,022 0,040 0,641 Cendres pures . . . 6,330 2,130 3,300 SH020 Cendres brutes. . . 6,540 2,280 3,360 4,060 AZDIOLR PT NUE 0,360 0,510 1,160 0,677 La valeur de ce dépôt comme engrais sera par hectolitre : Acide phosphorique. . . . . . 0%6,321 à 0,39 R. — 0,125 R. Aa0te on RENE co ae ce DEN OTT ADI 2 0 SUR IP Potasset te pe ES NE D 706-210 00 2 — 0 068 1,300 R c’est-à-dire une valeur plus de trois fois supérieure à celle de la vi- nasse. Suivant la marche de la fermentation et le temps pendant lequel on laisse séjourner le vin dans les citernes avant la distillation, ce dépôt se lasse et devient plus ou moins cohérent. Il ne serait pas impossible d'en fabriquer des lourteaux d’un transport facile et d’une richesse assez élevée. Nous avons mélangé de cette matière contenant environ 25 à 30 p. 100 de matières solides avec le huitième de son poids de chaux ; après le mélange, le magma filtre assez bien à travers une toile de filtre-presse pour en faire un tourteau contenant environ 90 p. 100 de son poids d’eau; desséché à l'air ce tourteau contient 90 p. 100 de matière sèche. Sa richesse en azote est de 1.37 p. 100 quand il contient 90 p. 100 d’ean et 2,39 quand il n’en contient plus que 10 p. 100. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 313 L’azote p. 100 de la matière sèche du dépôt était de 3.60 p. 100, dans celle du tourteau pressé elle était de 3.38 p. 100, déduction faite du poids de chaux ajouté. Culture de la pomme de terre. Bien que la culture de la pomme de terre soit à peu près le mo- nopole exclusif de la petite propriété, son importance est loin d’être négligeable, puisque en dehors de la production locale il en est im- porté de l'extérieur, suivant les années de 400000 à 900000 kilogr. pour une valeur de 30 000 à 70 000 roupies représentant avec un rendement de 5000 kilogr. à l’arpent une surface de 80 à 180 arpents. La pomme de terre vient à peu près sous tous les climats de l’île, aussi bien dans les localités humides que dans les plus sèches lors- qu'on peut l'irriguer suffisamment; la principale condition pour ob- tenir une récolte satisfaisante est d’ameublir le terrain pour que les tubercules puissent se développer avec facilité. Cette culture pourrait donc prendre une certaine extension et serait souvent très rémunératrice même pour la grande ou moyenne culture. Les rendements que l’on peut en obtenir sont évidemment bien inférieurs à ceux auxquels on est habitué dans d’autres con- trées, mais il faut également convenir que les prix sont beaucoup plus élevés ici, et compensent jusqu’à un certain point l’infériorité des rendements. La qualité des tubercules récoltés dans l’île ne laisse rien à désirer et est au moins égale sinon supérieure à celle des pommes de terre importées d'Australie et de Bourbon. L'ile de la Réunion nous envoie des pommes de terre uns toute l’année, et quoiqu’on fasse, celte importation ne pourra Ja- mais être réduite à néant par le développement de la culture locale. Nous ne connaissons pas les conditions culturales de la Réunion, mais il est plus que probable que les pommes de terre qui nous sont envoyées fraiches pendant toute l’année se cultivent dans des loca- lités élevées où les conditions climatériques sont très différentes des nôtres ; et, c’est au moment où nos conditions culturales ne nous 314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE,. permettent point la culture de cette plante que les plus hauts prix sont atteints. Au commencement de l’année, par exemple, la pomme de terre créole n'existe plus sur le marché et toute la consommation est alimentée par l’extérieur. À Maurice, dans les localités moyennes, et nous croyons que dans tuute l’île il en est de même, on ne peut guère commencer les plan- {ations avec quelques chances de succès que vers mars, pour les con- üinuer jusqu’en septembre au plus tard, comme limites extrêmes, mais les meilleures récoltes seront obtenues par les plantations de mai et juin. Si les plantations hâtives et tardives donnent toujours des rendements très mférieurs, elles ont l'avantage de donner leur production au moment où les prix sont en hausse et peuvent être très souvent rémunératrices. À Bourbon on doit pouvoir planter toute l'année, et c’est pour cette raison que cette île nous fournit les pommes de terre pour se- mence qui arrivent au moment où la pomme de terre créole ne se trouve plus sur le marché. ” La végétation de la pomme de terre est très rapide à Maurice et suivant la saison et l’état des tubercules employés pour les semis, on peut récolter deux mois et demi à trois mois après la plantation, de sorte qu’on peut facilement faire deux récoltes sur le même terrain ; pour cela il ne faut pas replanter de suite la pomme de terre qui vient d’être arrachée, mais se procurer de nouvelles semences récol- tées quelque temps auparavant ; le tubercule venant d’être arraché est suffisamment mür pour la consommation, mas 1l l'est insuffisam- ment pour sa reproduction et ce n’est qu’au bout de quelques mois qu’il peut être semé de nouveau. C'est un inconvénient et un avan- tage, un inconvénient parce qu’il faut acheter de nouvelles semences, mais un avantage en ce qu’on n’esl pas obligé de récolter les tuber- cules de suite et qu’on peut les laisser en terre où 1ls se conservent parfaitement, à la condition que les pluies ne soient pas abon- dantes. Si on arrache la pomme de terre trop lôt, elle se conserve mal, mais si on la laisse en terre pour compléter sa maturation, elle se conserve plus longtemps et dans de bien meilleures conditions, sur- tout si on veut la garder comme semences ; s’il fait sec elle peut RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 315 rester un à deux mois en terre après la dessiccation complète des tiges. Cette nécessité de conserver les tubercules récoltés pendant quel- ques mois en attendant l’époque normale de la plantation est une des causes qui tend à faire dégénérer rapidement les nouvelles va- riétés qu'on introduit ici. Si on plante, par exemple, en bonne saison, vers mai Où Juin, on récoltera en août ou septembre alors que la saison de plantations sera passée, 1l faudra donc conserver les tuber- cules jusqu’à l’année suivante, et les planter de très bonne heure, en avril ou mai, suivant qu’ils se conservent plus ou moins bien; la se- conde récolte se fera en juillet ou août et sera par conséquent encore plus difficile à conserver que la précédente puisque le délai sera plus long. Nous avons cultivé de cette façon des espèces reçues dans la colonie en 1893, mais sans pouvoir leur conserver leurs propriétés disunctives et la dégénérescence observée est due principalement aux mauvaises conditions dans lesquelles les tubercules se trouvent quand il faut les garder d’une année à l’autre, c’est-à-dire pendant plusieurs mois. On peut à la rigueur replanter en novembre ou dé- cembre les tubercules récoltés en juillet, mais comme c’est en contre- saison ils dégénèrent encore plus rapidement qu’en les conservant en magasin. Nous donnons ci-après quelques essais de culture de pommes de terre faits à la station dans différentes conditions. Pour que les chiffres soient comparables, tous les rendements ont été rapportés à larpent, quelle que soit la surface consacrée aux essais. Variéles. En 1893 la Société d’Acclimatation a bien voulu nous donner quelques variétés qu’elle venait de recevoir d'Europe. Ces variétés plantées dans les mêmes conditions ont donné les résultats ci-après : Plantation le 20 avril, récolte le 20 juillet 1893 (80 jours). Les tubercules sont ous germés ; après une dizaine de jours les petites liges sortent de terre. On n’observe guère qu’une différence de sept à huit jours entre la maturation des variétés tardives et celle dis variétés hâtives. 316 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Rendement à l’arpent. Kilogr. Kilogr. Hifrel: DR ANIQN 5 780 Éléphant . . . . . 3 500 Saucisson rouge . . . 5 480 Magnum Bonum . . . 3 500 ROVAIE SET a 5 150 Princesse ee 2 740 Institut de Beauvais. . 4 680 Junon . SR M 2 574 ROSC NATIVE AE ASS 4 050 Marjolaine ste 2110 Les tubercules étaient d'une bonne grosseur moyenne et variaient par exemple pour la pomme de terre Eiffel de 30 à 195 gr. En 1894, les mêmes variétés ont été replantées, mais le rendement très réduit par la sécheresse n’a guère dépassé 1 000 kilogr. à l’ar- pent, en outre les tubercules étaient très petits. En 1895, ces mêmes variétés ont été replantées, mais pour la plus grande partie les tubercules étaient en très mauvais élat. Plantées le 8 mai et récoltées le 15 juillet (2 mois 1/2) les variétés suivantes ont donné : Eiffel 3 810 kilogr., Saucisson 4 900 kilogr., Rose hâtive 2 770 kilogr. à l’arpent. Plantations par lubercules entiers ou divisés. La pomme de terre se plante soit entière, soit divisée en un certain nombre de morceaux permettant d’ensemencer avec un même poids de tubercules une surface beaucoup plus considérable. À Maurice on les divise généralement le plus possible, de façon à ne conserver qu’un ou deux yeux sur chaque morceau. Cette manière de procéder peut être logique à un certain point de vue, comme nous le verrons dans un instant, mais où l’on est peut-être dans l'erreur, c’est de dire que l’on obtient ainsi des rendements plus élevés. Évidemment celui qui divisera une pomme de terre en quatre ou cinq morceaux et la plantera sur une surface quatre à cinq fois plus considérable obliendra une récolle supérieure en poids à celui qui la plantera entière, et 100 livres de semences produiront dans le premier cas beaucoup plus que dans le second ; ce raisonnement est analogue à celui qui ayant 300 têtes de cannes à sa disposition planterait 100 fossés à trois Lètes ou 300 fossés à une tête. Mais prenons une sur-- face déterminée à planter. Y a-t-il avantage à employer la pomme de terre entière ou à la diviser par exemple en deux ou trois parties? RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 5 9 0f, Supposons que pour planter un arpent on emploie 1 000 kilogr. de pommes de terre entières, 1l n’en faudra naturellement que 500 ki- logr. si on les divise en deux morceaux. En négligeant pour l'instant la valeur relative de la pomme de terre à la plantation et à la récolte, il suffira que dans le premier cas on obtienne 500 kilogr. de plus que dans le second pour être dans des conditions identiques ; tout ce qui excédera 900 kilogr. sera à l'avantage de la plantation par tubercules entiers. Dans cet ordre d'idées, il a été généralement re- connu qu’au point de vue du rendement, il était préférable de planter entières des pommes de terre de grosseur moyenne plutôt que de les diviser en fragments. Mais ici, il y a une autre question à considérer, c’est celle du prix de la pomme de terre au moment de la plantation et sa valeur à la récolte et même davantage, il pourra donc être sou- vent avantageux de diviser les tubercules afin de réduire le prix de la semence employée. Avec des tubercules entiers et des tubercules divisés en fragments nous avons obtenu les résultats ci-après avec des pommes de terre de Bourbon. Plantation le 31 mai à la distance de 45 à 60 centim&- tre, maturation fin août, récolte fin octobre, Les grosses pommes de terre pesaient en moyenne 48 gr., les moyennes 30 et les petites 18 : POIDS © RÉCOLTE à des tt l’arpent. semences, DErEs Kilogr. Kilogr, Kilogr. Grosses entières. . TRE 7 000 746 6 254 Grosses coupées, . . . . 4 S60 373 4 487 Moyennes entières, . , . 6 480 466 5 984 Petites entières. . 6 000 280 5 720 En faisant entrer le prix en ligne de compte et en estimant les 100 livres à 4 roupies à la récolte et à 10 roupies à la plantation la valeur nette de la récôlle serait en roupies : VALEUR DD UGS Par Pr DIFFÉRENCE. récolte. semence, Grosses entières . . , . 560 139 A11 Grosses coupées. , . . 358 74 314 Moyennes entières . , , 518 93 4925 Petites entières . . , . 400 57 343 318 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. L'avantage serait donc en faveur des pommes de terre plantées - entières même en tenant compte de la valeur de la semence. Dans uu autre essai Les résultats ont été de même nature. Pommes de terre de Bourbon plantées le 6 juillet, récoltées le 6 octobre. Poids moyen de la semence gros tubercules. — 100 CT: — — moyens tubercules. . = NT — — petits tubereules . =; À 1) RÉC êA TE FOR BIG CHR l’arpent. semence, nette. tubercules, Kilogr. Kilogr. Kilogr. Grosses coupées. . . . 6 200 800 > 300 Moyen. Moyennes entières . . . 8 330 1 020 7 310 Moyen. Moyennes coupées.. . . > 080 510 4 570 Petits. Petites entières. . =. 4 760 340 4 420 Petits. Ces différences sont d'autant plus caractéristiques que le tubercule mis en terre parail avoir moins d'importance pour l'alimentation de la jeune plante que dans les climats plus tempérés où la jeune uge se nourrit des matériaux contenus dans la plante mère; ici, au contraire, le tubercule planté émet des bourgeons qui semblent se passer facilement de la plante mère, car souvent à la récolte on re- trouve celle-ci entière et en apparence intacte. C’est pour cette raison qu’on peut facilement multiplier la pomme de terre par bouture ; quand les tiges ont un certain développement, on n'a qu'à les couper et à les repiquer en planches pour obtenir une nouvelle plantation ; c’est une méthode qui peut être employée pour multiplier rapidement une nouvelle variété. Lorsqu'on conserve les pommes de terre d’une année à l’autre pour la plantation, elles émettent des bourgeons plus ou moins vi- goureux de quelques centimètres de longueur qui peuvent également être utilisés pour la plantation. Les pommes de terre desquelles ces bourgeons ont été détachés ne paraissent pas perdre de leurs facultés de reproduction ainsi qu'il résulterait de l’essai ci-après : PLANTÉES GERMES avec germes. détachés. Kilogr. Kilogr. Pommes de terre Bourbon , . . . . 4 720 4 960 Pommes de terre d'Australie : . . . 3 40 3 620 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 319 Les germes détachés des pommes de terre précédentes ont élé mis en planches à la même époque et arrosés suffisamment pour en assurer la reprise. Plantés à la distance de 20 centimètres sur 20, on a récolté le 15 juillet, c’est-à-dire deux mois après à raison de 1 kilogr. par mètre carré de superficie ; ces pommes de terre étaient, il est‘vrai, très petites, mais d’une excellente qualité; la rapidité avec laquelle ces germes ont frucufié est surtout remarquable. Époque de la plantation. La différence qui existe généralement dans le prix de la pomme de terre aux différentes saisons nous a engagé à essayer la plan- lation à l’époque voulue pour récolter au moment de leur valeur maximum, mais les résultats ne sont pas très brillants. Déjà à la fin d'août cette cullure est aléatoire, la végétation est anormale et irré- gulière et les rendements très faibles, même avec irrigation. Une plantation faite à celte époque n’a donné que 1 880 kilogr. à l'ar- pent et seulement 938 kilogr. sans irrigation, la végétation s’est maintenue assez longtemps, jusque vers le 15 décembre (3 mois 1/2) mais les tubercules étaient très petits (15 à 45 gr.). Une autre plantation, faite le 25 janvier, et récoltée le 15 mai, n'a ‘donné que 670 kilogr. à l’arpent, la végétation est également irré- gulière et une partie des tiges se dessèche tandis que l’autre reste verte; une autre, faite au commencement de mars, n’a guère donné de meilleurs résultats ; enfin des plantations faites en novembre et décembre ont donné un résultat absolument négatif, les tiges ont pourri peu à peu pendant les pluies et n’ont produit aucun tuber- cule. À l'inverse des plantations faites en grande saison, les plantations hâtives et tardives ont l'avantage de donner leur production au mo- ment où les pommes de terre valent le double et le triple du prix habituel, c’est une considération dont on doit tenir compte, mais il arrive un moment où les résultats sont problématiques et ne peuvent plus être rémunérateurs. 320 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Plantations avec engrais. La pomme de terre se cultive généralement sans engrais, et cepen- dant, en raison de la rapidité de sa végétation, c’est une des plantes qui est le plus sensible à leur action. Les cultures suivantes, faites dans diverses conditions mais avec engrais et sans engrais, montrent que, dans tous les cas, la récolte paie largement les engrais em- ployés, et l'avantage de la fumure sera d'autant plus grand que le terrain sera plus épuisé et moins fertile. Une des conditions essen- tielles pour la pomme de terre est d’avoir une terre meuble; un ameublissement préalable est donc indispensable, et les résultats seraient différents si on creusait un fossé dans un tuf impénétrable pour y mettre le tubercule. Pommes de terre plantées à la distance de 50 sur 50 centimètres le 26 mai, récoltées le 28 août 1894. Plants à l’arpent environ 16 600. Pour la partie fumée chaque fossé reçoit une valeur d'environ 52 Rs. à l’arpent. Composé par 400 kilogr. de 30 kilogr. de nitrate de potasse, 60 kilogr. de super- phosphate de chaux et 10 de sulfate d’amoniaque et ayant pour composition centésimale, azote — 6, potasse —13, acide phospho- rique 11 p. 100. VALEUR de la récolte RAND EMEN PU à àsme. déduction , : les du prix Papeete 100 kilogr. en Pommes de terre Bourbon (avec engrais) . 5 170 413,6 361,6 — —— (sans engrais). 1 310 104,8 104,8 Pommes de terre d'Australie (avec engrais). 3 280 276,4 224,4 — — (sans engrais). 1710 136,8 136,8 On voit qu'avec une faible dose d'engrais le rendement a été qua- druplé pour la pomme de terre de Bourbon et doublé pour la pomime de terre d'Australie. Si on déduit de la valeur de la récolte la valeur de la semence em- RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE L'ILE MAURICE. 321 ployée qui est d'environ 500 kilogr. à l’arpent à 20 Rs. les 100 kilogr., soit 100 Rs., il reste net: BOurDON Avec ENLTAIS 0 1 - ie 261 Rs. te SANS CDD à Lee DS aie e À Australie aveC\engTais 2 Se 0 124 — Sans engrais. . 36 c’est-à-dire que dans les deux cas la culture ordinaire est consli- tuée en perte et que l’engrais est largement payé par l'excédent de récolte. En 1895 on a recommencé le même essai avec des pommes de terre de Bourbon plantées dans les mêmes conditions, le 26 juillet, et récoltéés le 20 septembre. AVEC SANS engrais. engrais. Rendement à l'arpent . - ol. 4 442 18797 Valeur à 8 roupies les 100 kilogr. . . . . . . . Rs. 355,36 137,96 À déduire : 459 kilogr. de semences à 20 roupies les 100 kilogr. 91,20 91,20 264,16 46,76 A déduire : 298 kilogr. d'engrais à 22,3 roupies les 100 kilogr. 66,45 » TAN TEE 276 soit un excédent à l’arpent de 150,95 Rs. dù uniquement à l’engrais employé. Dans le premier cas il était de 255 Rs. pour les pommes de terre de Bourbon et de 88 Rs. pour celles d'Australie. L'engrais employé contenait p. 100 : azote 7.5, acide phospho- rique 9.8 et potasse 11.6. Il nous semble donc parfaitement démontré, tant par les résultats ci-dessus que par d’autres essais entrepris dans des conditions ana- logues, que la pomme de terre paie largement les engrais qu’on lui donne, nous dirons même que la culture ne sera vraiment rémuné- ratrice qu'à celte condition. À Maurice, comme dans presque toutes les colonies sucrières, on guane la canne, mais on considère que tout engrais appliqué à une autre culture est de l'argent perdu. On voit que tel n’est pas le cas ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SERIK, — 1896. — 11. 21 222 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. de la pomme de terre dont la culture a cet avantage considérable, c'est qu’en trois mois la spéculation est terminée et le terrain libre pour une autre culture. Il est encore possible de cultiver la pomme de terre entre les un de cannes et d’en retirer un profit non négligeable. Pour cela il est indispensable d’ameublir linterligne à la pioche ou à la charrue. Lorsque la canne est plantée tardivement, presque la totalité du ter- rain reste libre et son utilisation par une plante quelconque ne peut être nuisible à la végétation de la canne ; cet inconvénient ne pourrail se produire que lorsque la canne a pris possession du terrain de façon à ce que les deux cultures se gênent réciproquement. Plantant de celte manière, à 40 centimètres de distance, on a obtenu en moyenne 05,250 par plan ; en admettant un écartement are les lignes de cannes de quatre pieds et demi, on pourrait mettre à l’arpent 6 600 fossés environ et obtenir 1 650 kilogr. de pommes de terre, qui à 8 Rs. les 100 kilogr. donnent 132 Rs. dont il faut retrancher 39,60 Rs. pour la semence et 20,65 Rs. pour l’engrais, ce qui laisse 71,75 Rs. net, dont il n’y a qu'à déduire les frais de plantation et de récolte qui sont insignifiants, les frais de préparation du sol et son nettoyage devant naturellement rester à la charge de la canne. Mars 1890. ÉTUDE SUR LA SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE PAR CHA RL ESP ENS A INGÉNIEUR AGRICOLE ! ST — PREMIÈRE PARTIE L’Égypte, située au nord-est de l'Afrique, est bornée au nord par ‘ la Méditerranée, à l’est par l’isthme de Suez, la presqu'île du Sinaï et la mer Rouge, à l’ouest par le grand désert de Libye qui forme le prolongement du Sahara, au sud par la province soudanienne de Dongola. Elle est comprise entre le 21°40' et le 31°30° de latitude boréale et entre le 20°10° et le 30°21” de longitude à l’est du méri- dien de Paris. Physiquement, l'Égypte se divise en deux parties : la Haute-Égypte ou Saïde, la Basse-Égypte ou Bahari. La Haute-Égypte, que l’on a parfois subdivisée en Haute-Égypte et Moyenne-Égypte, est formée par l’étroite vallée du Nil dont la lar- geur moyenne varie entre 12 et 14 kilomètres. Elle s'étend de Wadi- Halfah jusqu’à la pointe du Delta (21 kilomètres au nord du Caire), 1. Chargé par arrèté ministériel du {5 octobre 1895 d'une mission en Égypte. 324 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONO MIQUE. du 24 au 30° de latitude no rd, sur une longueur de plus de 900 ki- lomètres et comprend une surface cultivée d'environ 2 085 000 hec- tares . Elle est bornée à l’est par le désert et la chaîne Arabiques, à l’ouest par le désert et la chaîne Libyques : ces montagnes sont peu élevées et peu régulières ; tantôt elles forment jusque dans le cours du Nil des falaises abruptes, tantôt elles s’éloignent et semblent s’évanouir pour montrer le désert dans son immensité stérile. Le Nil, comme presque tous les fleuves orientés du sud au nord, s’est toujours porté à l’est et suit de très près la chaîne Arabique ; aussi les terres cultivées de la rive droite du fleuve ont-elles une surface bien moins importante que celles de la rive gauche. À 90 kilomètres au sud du Caire, mais à l’ouest de la chaîne Li- byque s’étend une dépression de 40 kilomètres environ de diamètre. Cette dépression est formée, croit-on, par le fond de l’ancien lac Mœ- ris ; elle est irriguée par un canal dérivé du Nil, le Bahr-Youssef, et constitue l’oasis et la province du Fayoum qui est limitée à l’ouest par le grand lac salé de Birket El Kéroun dont le niveau est inférieur à celui de la mer de 83 mètres et qui reçoit toutes Les eaux d'irriga- tion de l’oasis. La Haute-Égyple comprend 8 moudiriehs ou provinces : ce sont les provinces de Guizeh, du Fayoum, de Beni Souelf, de Minieh, d’Assiout, de Girgeh, de Keneh, d’Esneh. La Basse-Égypte comprend le Delta proprement dit, des terres ga- gnées sur les déserts Arabiques et Libyques et le Gouvernorat du ca- ile Poids, mesures et monnaies égyptiennes. 1 oke est égal à 148,248 ; 1 kantar est égal à 44K8,928 ; 1 ardeb est égal à 198 litres. 1 kassabah carrée correspond à 12"1,60250 ; 1 feddan masseri carré correspond à 4 200"91,833333 ; 1 livre égyptienne correspond à 25 fr. 923523 ; 1 talari égyptienne correspond à 5 fr. 184705 ; 1/2 — — 2fr, 592352; 1/4 — — 11029010 1 piastre T, égyptienne correspond à 0 fr. 259235 ; 1/2 — ou piastre courante correspond à 0 fr. 179617. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 329 nal de Suez. Les chaînes Arabiques et Libyques s’affaissent et le pays devient presque absolument plat. A la pointe du Delta, le Nil se divise en deux branches : la branche de Rosette qui a 219 kilomètres et celle de Damiette qui a 220 kilomètres de long. Les autres branches naturelles du Nil se sont comblées, mais tout le Delta et les terres situées en dehors sont irriguées au moyen d’un réseau complet de canaux. Superficie el statistique agricole. — L'Égypte a une superficie d’en- viron À 0921 354 kilomètres carrés, les terres cultivées ou cultivables occupent une surface de 2085 000 hectares et sont seules habitées et cultivées par une population qui atteint sans doute 6 247 000 habi- tants. La densité de la population est donc environ de 245 habitants par kilomètre carré, soit la même que celle du Delta du fleuve Rouge (Tonkin) et plus de trois fois supérieure à celle de la France (75 ha- bitants par kilomètre carré). L'Égypte habitée et cultivée est donc moins du vingt-cinquième de la France; sa population, énorme pour sa surface, n’est pas égale au sixième de la population de la France (38343192 habitants en 1892). Les principales villes de l'Égypte sont Le Caire (275 000 habitants), Alexandrie (228 000 habitants), Damiette (39 000 habitants), Tantah (34000 habitants), Assiout (32 000 habitants), Port-Saïd (25 000 habitants), Tuey (12 500 ha- bitants). On distingue en Égypte trois saisons et trois cultures différentes, correspondant à ces trois saisons : Culture chetwi (hiver) octobre-mai ; Culture sefi (été) avril-octobre ; Culture nili (automne) août-octobre. Beaucoup de terres cultivées, portent deux cultures par an, de sorte que la surface totale des différentes cultures dépasse celle des terres labourables. Considérée à un point de vue d’ensemble, le sol porte cinq cultures en trois ans dans les terres irriguées et sepL cul- tures en six ans dans les terres inondées. Le bersim (trèfle blanc, Trifolium alexandrinum) et les céréales forment le fond principal de la culture, mais, au point de vue de la richesse agricole, les cultures les plus importantes, celles qui font 326 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. chaque année rentrer en Égypte des sommes considérables, sont le coton dans la Basse-Égypte, et la canne à sucre dans la Haute- Égypte. Climat. — Le climat de l'Égypte est essentiellement sec et chaud : il n’a pas sensiblement varié depuis le commencement du siècle. Au Caire, où la chaleur est moindre que dans la Haute-Égypte, la moyenne de la température est de 22° centigrades pour l’année tout entière, de 13° pour les trois mois d’hiver et de 29° pour les trois mois d’été. Plus on descend vers le nord, plus la température s’a- doucit: à Alexandrie, la température moyenne est de 20°,7 centi- grades pour toute l’année, 15° pour les trois mois d'hiver, 25°,6 pour les trois mois d’été. Plus on remonte la vallée du Nil, vers le sud, plus la température devient élevée; la température moyenne an- nuelle à Keneh est de 26°, à Louqsor de 28°. En été, elle est très pénible pour les Européens; mais, à Alexan- drie, la brise de mer et les vents du nord la rendent supportable. La température influe sur l’homme, les animaux et les végétaux, par ses maxima, ses Minima, ses variations plus ou moins brusques. Les variations de température en Égypte sont très considérables entre le jour et la nuit; en un mot, les journées sont presque tou- Jours très chaudes, les nuits très fraîches. Cela s'explique par la sic- cité de l’air et l’absence de nuages ; par suite, il y a un rayonnement considérable dès que le soleil est couché, et un grand abaissement de température. TEMPÉRATURES DATES. DIF FÉRENCE. diurne, nocturne. 1OMJANVIEr. 0 2250 6,3 16,3 L'OMÉYTIEr RON 20,6 Date le 1 'ANALS A Tre 39,5 11,0 LAS LÉaNTiL UE 31,9 10,0 21,9 Tnt. hui ee les 3$,4 14,3 23,9 CE Een EMA En Ne 43,3 20,9 224 NÉE SENTE 37,0 LOT 17,8 20NAOU- ER 38,9 20,3 18,6 29 septembre . . D 2 21150) 16,2 ZSNOCLODIE RE 31,1 17,8 SSS? i novembre. . . 32,4 15,8 16,5 25 décembre.» . 24, 1 4,6 19.5 SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 327 Le percement du canal de Suez n’a rien changé à l’aridité du désert ; le développement des irrigations dans la Basse-Égypte à augmenté peut-être l’humidité et les brouillards au centre du Delta, mais dans des proportions extrêmement faibles. L’état hygrométrique a aussi une influence très appréciable et fort différente sur les végétaux, les animaux et l’homme. Un climat humide et chaud est essentiellement propice à la végé- tation des plantes, tandis qu'il affaiblit et épuise les animaux et sur- tout l’homme. En Égypte, le climat est généralement sec et chaud, mais pendant l’inondation, qui donne une surface d’évaporation énorme, l'air se charge d’humidité. L’humidité absolue est, comme on le sait, le poids de vapeur d’eau contenue dans un mètre cube d’air ; humidité relative, qui nous in- téresse davantage, est le rapport entre le poids de la vapeur actuel- lement contenue dans un volume déterminé d’air et le poids que ce même volume contiendrait s’il étail saturé à la même température. La siccité de l'air n’est pas aussi grande en Égypte qu’on se plaît souvent à le répéter. Ce qui en donne l'illusion c’est le manque presque absolu de pluie. Voici les moyennes comparées de l'humidité relative p. 100 ob- . servées au Caire et dans différentes villes de l’Europe : COTON en ue re dsl 66,24 ÉAITO NE a sara ie een de le LA 61,069 ARR O E7 r Lrsis 99,76 TAXE ER MENT met re TA 56,60 LÉ NE RENE PE M NEA Pa Et PR 55,60 HAMDOUTE 2.0.) 00 be GPU OU 49,80 L’évaporation par suite de la vitesse des vents et de la chaleur est considérable, mais moins qu’on ne l'avait cru tout d’abord. D’après les expériences de l’observatoire du Caire qui remontent à 4887, elles seraient, par jour, de 7 millimètres pour la moyenne annuelle ; en janvier de 2,20, au mois de juin de 2"",48, juillet 11"",14. Avec celte évaporation considérable, les rosées sont très abondantes en. hiver, encore appréciables en été et entretiennent la fraîcheur de la végétation. Les nuages et les brouillards ne sont abondants que dans la Basse-Égvypte et pendant les trois mois d'hiver. 328 ANNALES DE LA SCIENCE AGBONOMIQUE. Dans la Haute-Égypte le ciel est toujours pur. Pendant le mois de décembre 1895 et de janvier 1896, j'ai observé au Caire, le matin et le soir, des brouillards très épais qui rappelaient ceux de Londres. Mais ils sont toujours dissipés par le soleil, de 10 à 5 heures du soir. Les pluies sont très rares dans la Haute-Égypte, plus abondantes dans la Basse-Égypte et surtout sur le littoral méditerranéen. Au Caire, il y a chaque année 10 à 12 averses ; à Alexandrie 95 à 30. Les pluies sont d'autant plus abondantes que le Nil a débordé da- vantage. La crue en 1895 a été très forte et j'ai pu constater que l’hiver 1895-1896 a été, pour l'Égypte, relativement frais et pluvieux. La moyenne mensuelle de la hauteur de pluie est : CAIRE, ALEXANDRIE. millimètres. millimètres. Janvier Le RE 6,35 57,1 PÉVRIER PA ae te 8,25 33,9 Mars. HUILE ER. 00 1,60 21,9 ANT Carte RUN 0,45 2,8 LÉ TRS SNS STE FOMRAR 2 » 0,4 DEDLEMINTE- Ne LOTEN-Ur- » 3,4 OciobFp ALMA OR ANS » 9,1 NONPIRDrES VENT. » 32,6 Décembre." 5,20 42,6 Dans les mois non indiqués la quantité d’eau tombée est nulle. Total pendant une année pour le Caire. . . + 2172190 — — Alexandrie . . 203 ,00 En hiver la température d’un jour à l’autre peut changer brus- quement, par suile de la direction du vent. J’ai observé sur le Nil, à quelques jours d'intervalle, une fois 12° et une autre fois 25° à 9 heures du matin à l’ombre. La neige est inconnue en Égypte ; elle tombe parfois sur le littoral, mais en quantité inappréciable et fond aussitôt après sa chute; la grêle et les orages sont très rares ; les gelées, analogues à nos gelées de printemps, sont encore assez fréquentes dans la Basse-Égypte. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 329 Pendant l’hiver 1895-1896, il y a eu dans la Haute-Égypte d'énormes quantités de cannes à sucre gelées. Les vents sont très forts en Égypte et soufflent d’une façon presque continue. Dans la Basse-Égypte, ils sont assez irréguliers comme durée et comme direction; mais dans la Haute-Égypte, qui est une vallée étroite et bordée de montagnes, tous les vents prennent la direction du sud ou du nord. En Égypte, les vents les plus fréquents viennent du nord-ouest ; en effet, les sables des déserts du Sahara, de Libye et d'Arabie s’échauffent beaucoup sous l'effet des rayons presque verticaux du soleil; les couches inférieures de l'atmosphère s’'échauffent à leur tour rapidement et sont remplacées par l’air plus frais qui vient du nord. À partir du mois de mai souffle le khamsin, vent tout à fait ana- logue au sirocco ou au simoun. Comme son nom l'indique en arabe, il dure environ cinquante jours. Il est toujours très pénible à sup- porter, car il est toujours chargé d'électricité et de sable impalpable qui pénètre partout et qui rend l'air pour ainsi dire irrespirable. D’a- près M. Pictet, un mètre cube de khamsin peut renfermer jusqu’à un gramme de sable. Quand il souffle, la température s'élève rapide- ment et alteint souvent 48° à l’ombre. Son effet est désastreux sur la végétation ; toutes les fleurs, les plantes délicates, les graines à peine formées sont brülées et perdues. Avec les crues du Nil, trop fortes ou trop faibles, il constitue les seuls fléaux qu’ait à redouter l’agriculteur égyptien. Géologie. — Dans son ensemble, l'Égypte offre l'aspect d’un plan incliné de l’est à l’ouest, la chaîne et le désert Arabiques ayant une altitude plus élevée que le désert Libyque qui se termine, au point de vue géographique, à la grande dépression des oasis. Si, partant de Wady-Halfa, nous descendons le Nil, nous rencontrons d’abord des terrains primitifs jusqu’à Assouan. J'ai pu remarquer à Assouan, point terminus de mon voyage (les Anglais ne permettant pas, au moment où j'y étais, de remonter jusqu’à Wady-Halfa, sans doute parce qu’ils y préparaient leur expé- dition), des granits noirs et roses dont les anciens Égyptiens ont recouvert les pyramides et dans lesquels ils ont taillé leurs fameux 330 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. obélisques ; puis de lamphibole, du porphyre, des schistes arg'leux, du quartz, de la serpentine, de lalbâtre. Tous ces terrains primitifs disparaissent dans la vallée du Nil, mais se prolongent sur le littoral de la mer Rouge jusqu’à Suez. Ge littoral est hérissé de sommets graniliques peu élevés mais escarpés, qui renferment des émeraudes, des grenats et d’autres pierres précieuses. (Avant la conquête arabe, ces régions élaient parcourues et exploitées par de nombreux mi- neurs. Dans le Gebel Katireh et le Gebel Doukhan on trouve des carrières de porphyre et de granit d’où l’on a tiré les colonnes et les chapiteaux qui entrèérent dans la construction des villes romaines du littoral méditerranéen. Ces matériaux étaient transportés par barques sur la mer Rouge, puis dans la Méditerranée par le canal de Trajan qui mettait en communication Suez avec Alexandrie.) En suivant la vallée du Nil, on rencontre d’Assouan au Gebel Gecileh des montagnes essentiellement formées de grès; plus au nord, les montagnes comme les déserts Arabiques et Libyques sont formées de roches calcaires de formation crétacée ou éocène. Auprès du Caire, la chaîne Arabique se termine par un dernier contrefort assez élevé désigné sous le nom de Gebel Mokattam. Les environs du Caire constituent un ensemble tout à fait analogue à la formation sédimentaire du terrain de Paris. En commençant par les couches les plus récentes, on trouve suc- cessivement : Le Saharien qui fait partie du système molassique ; Le Tongrien qui fait partie du système nummulilique ; Le Parisien qui fait partie du système nummulitique ; Le Sénonien qui fait partie du système crétacé supérieur. Dans mes promenades aux environs du Caire, j'ai pu recueillir de nombreux échantillons d’actéonelles, de nérinées, d’hippurites, d’oursins. Les déserts Libvques et Arabiques, qui sont argileux ou calcaires, sont presque partout recouverts de sables quartzeux à grains fins, Jaunes ou rougeâtres, de provenance étrangère, toujours mélangés de sels, ce qui prouve qu'avant l’époque quaternaire la Méditerranée couvrail ces vastes espaces aujourd’hui arides et desséchés et com- muniquait librement avec la mer Rouge. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. EE à Sur ce sous-sol, dont nous venons à grands traits d’esquisser la formation et la constitution géologiques, le Nil a apporté des allu- vions souvent d’une grande épaisseur et a ainsi créé des régions fertiles et arrosées au milieu d’un désert; puis peu à peu, conti- nuant son œuvre, il a formé le Delta qui constitue aujourd'hui la Basse-Égvypte. La Haute-Égypte a donc été conquise par le Nil sur le désert, la Basse-Égypte sur la mer. Mais dans les temps préhistori- ques le Nil n’était pas retenu et endigué comme il l’est aujourd’hui ; tour à tour, 1l débordait en couvrant de vastes espaces de ses eaux limoneuses ou il se retirait en les laissant à sec; ces pays furent longtemps malsains et inhabitables ; ce n’est que bien plus tard que l’homme s’en empara, mit les terres en culture et régla le cours du Nil. Toute la terre végétale en Égypte est donc constituée par des ter- res d’alluvions ou de transport qui ont une grande épaisseur, plus grande au centre de la vallée que sur les bords. Ces couches attei- gnent généralement une épaisseur de huit à dix mètres. Elles sont formées de limon argileux et de sable. Le limon provient de la désa- grégation et de la décomposition des roches du haut bassin du Nil bleu ; le sable provient des déserts qui entourent l'Égypte de toutes ‘ parts. Ce sable, emporté par le vent, se mélange directement au sol ou tombe dans le Nil et dans les canaux qui ont un développement et une surface considérables. Il est alors charrié et roulé par les eaux, {andis que le limon se trouve en un véritable état de suspen- sion réparti d'une façon presque uniforme dans la masse liquide ; aussi les terrains élevés, mais cependant recouverts régulièrement par inondation, sont-ils de bonne qualité ; les terrains bas, dont le niveau ne dépasse guère au moment de la crue celui du sable roulé par les eaux, sont de qualité bien inférieure. Les phénomènes qui ont concouru à la formation même du sol en Égypte se continuent aujourd'hui, mais si l’on considère, d’une part, la puissance des couches végétales et leur composition, d'autre part la composition actuelle du limon apporté par les eaux, on trouve une grande diffé- rence qui s'explique par la modification géologique des hauts bas- sins du Nil bleu. Nous reviendrons plus tard sur celte question à propos de l’analyse et de la composition du sol égyptien. Quoi qu'il 332 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. en soit, par suite de ses apports successifs, le Nil a exhaussé tout le sol de l'Égypte; il devrait exhausser à plus forte raison son propre lit et les terres qui l’avoisinent : l'Égypte présenterait alors un léger renflement au sommet duquel coulerait le Nil. Mais les dépôts d’al- luvions ne sont pas seulement proportionnels à la quantité d’eau, ils sont inversement proportionnels à sa vitesse, de sorte que pendant l’mondation les dépôts sur les terres où l’eau a une vitesse presque nulle sont beaucoup plus considérables que dans le Nil lui-même. Par cet exhaussement qu'on observe encore aujourd’hui quoique dans de bien faibles proportions, l'Égypte devrait toujours gagner sur le désert et sa surface devrait augmenter. Il n’en est rien cepen- dant, c’est même le contraire qui a lieu ; en effet, les déserts Liby- ques et Arabiques sont des plateaux dont l’allitude est bien supé- rieure à celle de l’Égyte, de sorte qu’elle ne peut pas s’étendre et le vent qui souffle dans le désert avec une intensité et une continuité remarquables apporte à la longue des quantités considérables de sable qui envahit et étouffe la végétation. Ce phénomène a lieu aussi bien dans la Haute que dans la Basse-Égypte. « On serait porté à croire, dit Guillemin, qu'une grande partie des terrains incultes à l’est du Delta était jadis productive. L'ancienne Péluse, ville fortifiée, commerçante et riche, n’a jamais été réputée comme une oasis au milieu du désert. Elle devait subvenir à la subsistance de ses habi- tants par les produits des terres dont elle était environnée. Il en a été sans doute ainsi pour Farana, ville fondée par les Arabes à l’orient de Péluse et maintenant détruite. » Mais si l'Égypte fertile et cultivée, au lieu de s'étendre, recule devant les assauts que lui livre le désert, elle se rétrécit surtout par la diminution de la hauteur des crues du Nil. Cette diminution est due à deux causes dont la principale est l’abaissement du seuil des cataractes, abaissement qui provient de l’usure des rochers par le courant et de leur attaque lente par l’acide carbonique en dissolution dans les eaux du Nil ; la seconde, moins importante aujourd’hui, est l'exhaussement du sol au-dessus du Nil qui provient, comme nous venons de le voir, de l’apport continu des limons par le Nil lui-même. Cet exhaussement est plus faible qu’on est tenté de le supposer, car des fouilles faites par M. Horner dans la grande plaine de Memphis ont montré que depuis 3 000 ans il ne SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. Hs) s’y était accumulé que 2,85 de limon. L’épaisseur totale de l’allu- vion limoneuse atteint en ce point 9,75 et le fond est formé par le sable du désert. D’après cela le taux moyen d’accroissement depuis 3 000 ans a été de 0",0009 par an ou 90 millimètres par siècle et non 126 millimètres comme le croyait Gérard. Mais d’après l'épaisseur totale, il faut admettre que le Nil a primi- tivement charrié beaucoup plus de limon. Elle est donc encore loin de se réaliser, la triste prévision d’'Hérodote qui a dit: « Un jour le terrain parviendra à une si grande hauteur que les plus fortes crues ne pourront l’atteindre, l'Égypte deviendra un pays stérile et abso- lument inhabitable. » Cependant on estime que sous les Pharaons la superficie cultivable était de 20 millions d'hectares; elle est réduite aujourd’hui à 2085 000 hectares, soit environ le dixième de ce qu’elle aurait été autrefois. La Basse-Égyple, comme nous l'avons déjà vu, est formée par le Delta du Nil qui a un dessin très régulier; c’est un triangle dont le sommet se trouve à 21 kilomètres au nord du Caire et la base à plus de 200. Tout cet espace, comblé aujourd’hui par les alluvions, n’est parcouru que par deux branches importantes : la branche de Rosette et celle de Damiette, qui sont reliées, il est vrai, par une infinité de canaux d'irrigation. La côte du Delta’, qui forme une courbe convexe, n’est constiluée que par une mince langue de terre séparée du sol d'alluvions par des lagunes qui sont les lacs Maréotis, Edkou, Bourlos et Menzaleh. Ces lacs se comblent peu à peu par suite des apports limoneux des eaux du Nil. Leur niveau est souvent inférieur à celui de la mer. Ce phénomène curieux est dû à l’évaporation des eaux et aux digues élevées de main d'homme qui empêchent la mer de com- muniquer avec eux. Plusieurs lacs ont élé desséchés, dessalés et mis en culture : ainsi le lac Mariout, l’ancien lac Maréotis, était complète- ment à sec et misen culture en 1799, quand les Anglais, pour tour- ner les armées françaises, coupèrent la digue qui le protégeait contre l'envahissement de la mer. Depuis que l’on a réparé la brèche, il diminue de nouveau et cède tous les jours des terres à la culture. L’exhaussement continu du Nil devrait donner naissance à de nou- 1. Trailé de géologie, de M. de Lapparent. 1895. 324 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. veaux lacs, mais ce danger a bien diminué, car le Nil n’a plus que deux branches au lieu de sept qu'il formait du temps des Pharaons et des Ptolémées, et le service d'irrigation s’efforce de faire cons- truire des digues pour que les terres conquises sur les lacs ne soient pas de nouveau submergées. Certains auteurs ont cru remarquer un mouvement très curieux de progression du Delta tout entier vers le nord, dans la double action du déplacement de son sommet du sud au nord et de l’empiétement de son littoral sur Ja Méditerranée. En effet, il y a environ 2 000 ans, le sommet du Della se trouvait à 7 kilomètres du Caire, il en est aujourd’hui à 21 kilomètres ; le déplacement moyen aurait donc été de 7 mètres par an. Quant au littoral, Élie de Beaumont croyait pouvoir évaluer son avancement dans la Méditerranée à 4 mètres par an. Voici, pour ce dernier phénomène, l'avis de M. de Lapparent qui fait autorité en la matière : « Du côté d'Alexandrie la langue de terre qui forme la côte est une véritable chaîne de roches calcaires de formation marine et au nord et à l’est c’est un cordon littoral par- faitement caractérisé, Les dépôts du fleuve ne dépassent ce cordon que sur deux points, à Roselte et à Damiette. L’avancement moyen annuel de ces deux points depuis 3 000 ans ne parait pas avoir dépassé 4 mètres. Le reste de la côte offre une stabilité presque absolue. On peut conclure de là que le Delta du Nil est simplement un estuaire comblé, en dehors duquel la conquête opérée sur le do- maine marilime a été tout à fait insignifiante. » Ge résultat est dù à ce que, comme nous l'avons vu plus haut, le Nil dépose la majeure partie de son limon sur les terres de la Haute et de la Basse-Égypte, et à l'existence d’un courant littoral assez fort pour disperser les sédiments. Le comblement de l’estuaire du Nil remonte plus loin que la pé- riode historique et, si le sol du Della s’est sensiblement accru depuis lors, son assiette générale est de date fort ancienne. Il n’en est que plus remarquable d’avoir à constater la stabilité absolue de la côte el l'impuissance du fleuve à édifier quoi que ce soit, malgré le temps laissé à sa disposition dans une mer dépourvue de marées sensibles. La vérité est que le travail d’un fleuve à son embouchure est d'autant moins aclif que le cours d’eau se rapproche davantage de l'état SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 999 d'équilibre. Depuis la période historique il s’est borné à exhausser le sol d’alluvions. Il est tel petit torrent des Alpes qui, à l'heure pré- sente, modifie la surface du globe plus efficacement que ce cours d’eau immense dont le domaine s'étend depuis l'équateur jusqu'au 33° degré de latitude. Le Nil. — Nous venons d’étudier le rôle géologique du Nil et nous avons vu que s’il a eu autrefois une grande importance, il est au- jourd’hui presque nul. Étudions maintenant ce grand fleuve au point de vue géographique et agricole. Le Nil est formé par deux branches principales : le Nil blanc ou Bahr-El-Abiad, le Nil bleu ou Bahr-El- Azraq, au confluent desquels on a fondé la ville de Khartoum. Le Nil blanc vient du lac Victoria-Nyanza sous le nom de Nil Sommerset et traverse le lac Albert-Nyanza ; 1l se divise en deux branches en traversant des marais immenses situés au 9° environ, dont la superficie dépasse 350 000 hectares et dont le lac Nau occupe le centre. Ces deux branches se réunissent de nouveau pour former le véritable Nil blanc. Le Nil blanc coule d’abord de l’ouest à l’est puis, après avoir reçu le Saubat dont l’origine est absolument sem- blable à celui du Nil bleu, il s’infléchit de plus en plus vers le nord. A Khartoum il reçoit le Nil bleu qui descend du lac Tsana en Abys- * sinie. Un peu au sud de Berber, le Nil reçoit son dernier affluent, l’Atbara, qui descend aussi des hauts plateaux de P'Abyssinie. À partir de ce point, il ne reçoit plus aucun affluent, aussi son débit à son embouchure est bien moins considérable que dans le Soudan égvp- tien et, au dire de M. Chélu, si toutes les eaux de la région des lacs arrivaient en Égypte, son volume serait de 20 à 30 fois plus considé- rable ; mais à l’évaporalion s’ajoute une infiltration qui alimente des nappes d’eau fort étendues. Entre Khartoum et Assouan, le Nil est barré par 6 cataractes et de nombreux rapides. Ces calaractes et ces rapides, qui constituent pour la navigation des obstacles presque infranchissables, sont au contraire d’une utilité incontestable pour retenir le flot du Nil. C’est à la lente usure de leurs seuils et à la diminution de leur chute qu’il faut, comme nous l'avons déjà dit, attribuer la diminution de la hauteur des crues du Nil et, par suite, celle de la superficie de l'Égypte cultivée. 336 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. En effet, si la crue du Nil est régulière, elle est de peu de durée, et si les barrages naturels qui forment les cataractes n’étaient là pour retenir le flot du Nil, toutes les eaux de l’inondation s’élance- raient en quelques jours jusqu’à la Méditerranée, en dévastant tout sur leur passage : le reste de l’année, le Nil serait complètement à sec. On peut se demander si dans ces conditions l'Égypte existerait. D’Assouan à la mer, le Nil coule dans un lit qu’il a creusé au milieu des couches de limon qu’il a successivement déposées. En aval de Louqsor, il décrit une grande courbe et se rapproche de la mer Rouge, puis il revient au nord et se rapproche de l’oasis du Fayoum où il passait même autrefois. L’oasis du Fayoum est actuellement arrosée par une dérivation du Nil, le Bahr-Youssef, creusé, dit la tradition, sous les ordres du fameux Joseph, intendant juif d’un Pharaon. D’Assouan au Caire, le Nil a une longueur de 660 kilomètres, du Caire à la mer de 200 kilomètres environ. Régime du Nil. — Le volume des eaux du Nil est assez variable avec l’époque et avec le lieu où onl’étudie. Ainsi, nous avons vu plus haut que le volume des eaux du Nil dans la région des lacs et en Nubie est bien plus considérable qu’à son embouchure. Même, entre la Haute et la Basse-Égypte, on remarque une différence due à la perle par évaporalion, aux infiltrations souterraines et à la quantité d’eau énorme prélevée dans le Nil pour l’arrosage et l'irrigation des terres cultivées. Le Nil roule en Égypte une quantité d’eau égale à peu près à sept fois celle de la Seine, à 4 fois celle de la Loire. Il roule pendant les hautes eaux les trois quarts de son débit total, soit 90 milliards de mètres cubes sur 120 milliards. Le maximum de vo- lume d’eau est en septembre etle minimum est en juin. Entre les maxima et les minima, le débit varie d’après Linant de Bellefonds de 200 mètres cubes à la seconde à 13000 mètres cubes. Le Nil paraît encore bien plus considérable qu’il n’est en réalité, car 1l s'étend beaucoup et a très peu de profondeur. Sa largeur varie entre 500 mètres et 2 kilomètres, mais il ne coule à pleins bords que pendant 2 à 3 mois après les hautes eaux. Au pont de Ksar-El-Nil, au Caire, le lit du Nil n’a que 240 mètres. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 39 Resserré entre des quais, il gagne en profondeur, pour la commo- dité de la navigation ce qu’il perd en largeur. A l’étiage, les berges dominent le cours du Nil de 5 à 6 mètres dans la Haute-Égypte, de 2 à 3 dans la Basse-Égypte. Son lit se déplace assez fréquemment, étant donné le peu de consistance de ses rives formées Lout entières de limon, d’argile ou de sable. Les deux branches de Rosette et de Damiette participent des avantages et des inconvénients du cours principal du Nil. Elles ont sensiblement la même longueur ; celle de Damielte est moins forte comme débit, mais son lit, plus élevé par rapport aux terres avoisi- nantes que celui de la branche de Rosette, lui permet d’irriguer une surface de terre plus importante. Elles ne sont naviguables toutes deux que par des barques à voiles ou à rames. La pente de la surface des eaux est sensiblement égale, entre Assouan et le Delta, à celle des berges ; elle a environ 75 millimètres par kilomètre. La vitesse d'écoulement varie avec la quantité des eaux ; elle est de 640 millimètres au moment de la montée de Ja crue et de 450 à l’étiage : moyenne de 550 millimètres à la se- conde. Crue et éliage. — La crue du Nil se produit généralement avec ‘une grande régularité ; elle est due aux grandes pluies tropicales qui s’abattent à époques fixes sur le bassin du Nil blanc, entre le lac Albert-Nyanza et Khartoum et plus tard surles montagnes de l’Abys- sinie. La crue commence au Caire vers le 10 Juin, c’est-à-dire au solstice d’été. Elle est d’abord lente, puis croît ensuite rapidement jusqu’à la fin du mois d’août et atteint son maximum dans les pre- miers jours d'octobre. Elle diminue ensuite, d’abord rapidement, puis lentement jusqu’au commencement de juin, où le Nil est à l’é- liage. Le Nil blanc ou Bahr-El-Abiad s’enfle le premier et apporte en Égypte les eaux vertes, eaux insalubres chargées de principes végé- taux en décomposition qui proviennent des grands marais tropicaux. Ces eaux n’ont pas d’influence sur l’inondation, car lorsque le Nil est assez haut pour inonder les terres, elles ont fait place aux eaux rou- ces et limoneuses qui descendent des hauts plateaux de l’Abyssinie. ANN. SCIENCE AGRON, — 2° SÉRIE, — 1896. — 11. 22 338 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Mais pour l'irrigation, qui ne tient pas compte de la hauteur des crues du Nil, elles doivent jouer un rôle utile en apportant sur les terres de l’humus et de l’azote rapidement assimilable. Les eaux rouges sont dues aux crues du Nil bleu et de l’Atbara. Ces deux rivières torrentueuses descendent des hauts plateaux d’Abyssinie ; leur cours et leur régime sont irréguliers, leur crue est rapide mais de peu de durée. C’est à ces eaux chargées de limon que l'Égypte doit son existence et sa fertilité. La crue du Nil, tout en étant régulière dans son ensemble, subit cependant des variations qui causent parfois de grands dommages aux cultivateurs. On admet généralement qu’une crue qui mesure au Caire‘ : 24 coudées (altitude au-dessus de la mer 19,53) est trop forte; 22 à 25 1/2 (altitude au-dessus de la mer 18",50 à 19°,31) est bonne; 20 à 22 (altitude au-dessus de la mer 18 mètres) est faible; 18 à 20 (altitude au-dessus de la mer 17",50) est insuffisante. On voit par ces chiffres qu’il suffit d’une minime différence de niveau pour rendre une crue trop forte ou trop faible. Aussi de tout temps les Égyptiens se sont-ils servis d’échelles destinées à mesurer, à prévoir et à prévenir Jusqu'à un certain point les effets nuisibles d’une mauvaise crue. Avant la révolte du Mahdi, que l’armée et l'administration égypliennes, même secondées par des Européens de haute valeur tels que Gordon, ont été impuissantes à réprimer, il y avait des échelles établies à Berber et à Khartoum qui permet- taient d'annoncer la hauteur de la crue longtemps avant qu’elle se produisit en Égypte. Maintenant l’échelle Ja plus éloignée du Caire se trouve à Wadi- Halfah qui est actuellement la frontière de l'Égypte d'avec le Sou- dan égyptien. Pendant la crue, les eaux mettent 26 jours pour aller de Khartoum à Wadi-Halfah ; 4 de Wadi-Halfah à Assouan et 9 d’Assouan à la pointe du Dalta, soit au total 13 jours de Wadi-Halfah à la pointe du Delta. Pendant les basses eaux el l’étiage, les eaux, pour franchir les mêmes distances, mettent 34 jours, — 6 jours, et 9 jours, soit au tolal 45 jours de Wadi- Halfah au Caire. 1. Essai sur l'agriculture de l'Égypte, par Kamel Gali. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 339 Composition des eaux. — L'eau du Nil a pour l'Égypte une im- portance capitale d’abord par l'humidité qu’elle procure au sol et ensuite par les matières fertilisantes qu’elle tient en dissolution et en suspension. Toutes les plantes doivent trouver dans le sol, pour se nourrir et se développer normalement, une certaine somme d'humidité : l'eau d'arrosage a pour effet de dissoudre les matières minérales et de les rendre assimilables aux racines des végétaux. Si elle est pure, elle n'apporte rien par elle-même, mais elle permet aux plantes de s’em- parer de tous les éléments de fertilité du sol ; et si le cultivateur n'apporte rien au sol et se contente d'irriguer avec de l’eau claire et de prélever ses récoltes, il exporte du sol tous les éléments nutritifs de la plante et épuise méthodiquement ses terres qui, au bout de plusieurs années, seront absolument stériles. Heureusement pour l'Égypte, l’eau du Nil n’est pas claire et les matières qu’elle tient en dissolution et en suspension compensent jusqu’à un certain point l’exportation due aux récolles. L'eau a sur les feuilles des végétaux une heureuse influence lors- qu’elle n’y séjourne pas trop longtemps ; elle enlève les poussières et facilite les phénomènes de transpiration et de respiration, mais elle est bien moins nécessaire qu'aux racines. A la rigueur, si les racines ont assez d’eau, les feuilles peuvent presque complètement s'en passer. Nous n’étudierons pas ici la quantité d’eau nécessaire pour chaque plante. Dans la pratique, le cultivateur et en particulier le fellah sait parfaitement irriguer son champ : il connaît fort bien, quoique d’une façon empirique, l’heure et la quantité d’eau favorables à son coton ou à ses céréales. Voyons donc la composition de l’eau du Nil. D’après Vôlcker, elle renferme : Au En début de la crue. pleine crue. Gr Gr. Matières en suspension. . + . 0,2398 1,2480 — en dissolution, . . . . 0,2548 0,1694 D’après ces chiffres, les matières en dissolution sont plus abon- dantes au début de la crue, pendant ou peu après les eaux vertes, que 340 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. les matières en suspension. Le contraire se produit avec les eaux rouges en pleine crue. Voici le résultat des analyses faites par M. Mathey en 1887 (par litre) : JANVIER- MARS- MAI- JUILLET- SEPT.- FÉVRIER. | AVRIL. JUIN. AOUT. OCT. Matières en suspension .| 1,324 0,498 1,427 1,819 Matières en dissolution : Azote calculé en ammo- 0,000161 | 0,000143 | 0,000169 | 0,000560 | 0,000210 | 0,000187 0,0421 0,0432 0,0427 0,0417 0,0467 0,044 Potasse 0,0091 0,0084 0,0209 0,0191 0,0134 0,0102 Acide sulfurique. . . .| 0,0028 0,0028 0,0051 0,0032 0,0019 0,0014 Matières organiques . .| 0,0132 0,0121 0,0105 0,0240 0,0195 0,0149 Acide carbonique (en 0,0341 0,0363 0,0410 0,0372 0,0304 0,0407 Acide phosphorique. . .| Traces. Traces. Traces. Traces Traces. Traces. La coloration des eaux vertes est due aux matières organiques en décomposition, celle des eaux rouges est due à de l’oxyde de fer ; ce dernier disparait dans l'eau qu’on abandonne au repos pendant un certain temps. La quantité d'ammoniaque est considérable, beaucoup plus élevée que dans la Seine ou dans la Tamise, dépassant également de beau- coup la dose d’ammoniaque d’une bonne eau potable, mais ce qui est mauvais pour une eau potable ne l’est pas pour une eau essen- tiellement utilisée pour l'irrigation. Cependant les qualités fertih- santes de l’eau du Nil résident surtout dans les matières en suspen- sion. Si nous comparons le poids de ces matières contenues dans une quantité déterminée d’eau du Nil, un mètre cube par exemple, avec le poids des matières en suspension dans la même quantité d’eau de la Durance, du PÔ, du Rhône, du Danube, du Mississipi, nous trou- vons que la Durance transporte un peu plus de limon que le Nil, le Rhône et le Danube deux fois, le Mississipi six fois autant. C’est donc par les qualités physiques et chimiques du limon et non-par sa quan- tité que le Nil exerce encore une heureuse influence sur les terres qu'il arrose. Le limon actuel est éminemment argileux, riche en oxyde de fer, pauvre en phosphates. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 341 Inondation et irrigations. — De tout temps’ les Égyptiens ont pratiqué à la fois la cullure par limonage, au moyen de submersions faites pendant la crue du Nil, et la culture par irrigations. Mais il y a quelques années, ce dernier procédé élait encore l’exception; il n'était guère appliqué que dans quelques localités privilégiées où on pouvait avoir de l’eau pendant une partie de l'été à peu de profon- deur au-dessous du niveau du sol ou encore sur les bords du Nil et de ses branches, ou enfin dans certain bassins d'inondation et notam- ment dans la Basse-Égypte, pour compléter les effets d’une submer- sion insuffisante. Au contraire, jusque dans les premières années de ce siècle les bassins d'inondation formaient le système normal d’a- ménagement de l'Égypte aussi bien dans le Delta que dans la Haute- Égypte. C’est Méhémet-Ali, le fondateur de la dynastie régnante des Khé- dives, qui conçut le plan général de l'irrigation de la Basse-Égypte. Pour rendre à l'Égypte son antique prospérité, il résolut d’y intro- _duire des cultures plus rémunératrices que celle des céréales et imposa presque par la force, à ses sujets trop respectueux de la tra- diion, la culture de beaucoup de plantes industrielles dont le coton el la canne à sucre sont les plusimportantes. Pour établir ces cultures qui occupent en général le sol pendant toute l’année ou même plus, il fallut remplacer les bassins d'inondation par des canaux d’irriga- tion. Aujourd'hui on peut dire que toute la Basse-Égypte et une bonne partie de la Haute-Égypte sont irriguées régulièrement ; le liers seul de la superficie cultivable de l'Égypte est encore soumis au régime des inondations. Inondation. — Dès la plus haute antiquité, le roi Ména régla la crue du Nil au moven de bassins qui se remplissaient en commençant par le sud et qui se vidaient successivement les uns dans les autres. Pour que l’inondation produise tout son effet utile, il faut que l’eau arrive lentement pour ne pas raviner les terres et s’en aille de même pour qu’on puisse faire les semailles dans la boue humide et que la terre en séchant, trop vite ne se tasse ou ne durcisse et n'empêche les 1. L'Irrigation en Égyple, par M. Barrois. 342 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. semailles de lever. Ce résultat est atteint par le système pharaonique encore ulilisé aujourd’hui. Les bassins sont formés par des digues parallèles espacées environ à 10 kilomètres les unes des autres et perpendiculaires au cours du Nil, par une digue parallèle au cours du Nil pour empêcher l’inondation directe, enfin par un canal qui sert tour à tour à l’adduction et à l’évacuation des eaux. Pour une bonne inondation il faut, d’après M. Kamel Gali, que l’eau atteigne dans les bassins une hauteur de 1",40 et y séjourne de 60 à 70 jours. Si nous admettons que l’eau dépose 1 kilogr. par mètre cube, 1 hectare recevra annuellement 14 tonnes de limon, ce qui donne environ 15 kilogr. d'azote, 45 kilogr. de chaux et de ma- gnésie, 38 kilogr. de soude et de potasse. Si ces éléments constituent une véritable garantie contre l’épuisement total du sol par une cul- ture sans engrais, ils ne suffisent pas à restituer au sol tous les élé- ments prélevés par les récoltes. L’inondation ne permet de faire qu'une seule culture par an, la culture chetwi ou d’hiver (octohre- mai). Avec la baisse constante des produits agricoles, les cultivateurs qui n’ont que des terres inondées peuvent à peine suffire à leurs besoins, bien minimes cependant. C'est pour cette raison qu’on restreint autant que possible les inondations; mais tant qu’on n'aura pas créé dans le lit même du Nil d'immenses barrages formant réservoirs, on ne pourra diminuer les surfaces actuellement submergées, car ces bassins d'inondation constituent des réservoirs ou hods (en arabe), et empêchent le Nil de s'élever outre mesure pendant la crue et de se précipiter en quelques Jours vers la mer. Cette question‘ des réservoirs fut soulevée par M. Prompt, ingé- nieur français, dans un rapport du 27 février 1890. Cet ingénieur proposait de construire en amont d’Assouan, dans le lit du fleuve, un barrage permettant de contenir À milliard 1/2 à 2 milliards de mètres cubes d’eau. Cependant l’idée nouvelle des réservoirs dans le Nil fut accueillie avec faveur, et M. Willcocks fut chargé d’aller étudier en 1890 le relief de la vallée du Nil en amont d’Assouan. 1. L'Egypte el le Soudan égyplien, par Henri Pensa. Hachette, 1895. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 343 Les différents rapports de M. Willcocks, ingénieur ; du colonel Ross, inspecteur général des irrigations ; du colonel Moncrieff, sous- secrétaire d’État au ministère des travaux publics, et de M. Prompt, ingénieur français, sont loin d’être unanimes ni sur le mode d’exé- cution ni sur le coût des travaux. Les trois ingénieurs anglais sont d'accord sur deux points : on peut construire dans la vallée du Nil des barrages submersibles ou insubmersibles pour créer des réserves d’eau considérables ; les murs des barrages doivent être ouverts aux crues et insubmersibles. M. Willcocks propose de construire à Assouan, au pied de la cataracte qui à à mètres de hauteur avec 22 mètres d’élévation, un barrage qui noierait le temple de Philæ pendant l'été seulement. M. le colonel Ross pense que le temple serait noyé pendant l'hiver, et repousse absolument ce projet, qu’é- carte aussi M. Moncrieff s’il y a une autre solution possible. M. Will- cocks repousse le projet d’un barrage à Kalabchah, tandis que les deux autres ingénieurs pensent que ce projet peut être réalisé, avec un barrage de 17 mètres de hauteur au-dessus de l’étiage, qui contiendra plus de 3 milliards de mètres cubes. Ce projet est d’ail- leurs celui qui était préconisé par M. Prompt dès février 1890; jusque-là M. Prompt est d'accord avec les ingénieurs anglais. Les divergences s’affirment sur l'opportunité des autres barrages et sur le coût de ces travaux : M. Willcocks propose de construire trois autres barrages dans le Nil, au nord d’Assouan ; M. Ross n’en pro- pose que 2, l’un au sud d’Assouan, à 120 kilomètres environ et 1 à Assiout ; M. Moncrieff ne désirerait qu’un seul barrage à Assiout pour distribuer l’eau d’étiage (sefi) au nord de cette ville. M. Prompt est de l’avis de M. Ross, mais il juge qu’on devrait commencer par le barrage d’Assiout. Le prix des deux murs de barrage, l’un à Kalab- chah, l’autre à Assiout, serait de 2 millions de livres sterling d'après le colonel Moncrieff, et de 600 000 livres égyptiennes, seulement, d’après M. Prompt. Le colonel Moncrieff conclut que si l'Égypte ne peut supporter une dépense de 2600 000 livres égyptiennes dont 600 000 pour les nouveaux canaux à construire en vue d'utiliser 20 millions de mètres cubes, le projet actuel doit être ajourné comme n'étant pas d'une nécessilé urgente. Au contraire, M. Prompt pense qu'avec la baisse des prix les pro- 344 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. priélaires fonciers seront ruinés et le paiement des impôts sera bien- tôt compromis, si on n'effectue pas ces travaux. D’autres projets sont nés. L’un consisterait à construire des bar- rages sur les grands lacs équatoriaux et à faire couler le surplus de leurs eaux, de manière à les amener en Égypte dans les mois de mai, juin et juillet. Le Victoria-Nyanza a 6 500 kilomètres carrés de sur- face, un changement de niveau d’un mètre fournirait un débit 80 fois supérieur à ce dont on a besoin au Caire et retiendrait le volume d’une crue ordinaire pendant 65 jours. L’Albert-Nyanza, avec son réservoir occidental, serait également utilisable. Un autre projet d’un Américain, M. Cope Whitehouse, consisterait à utiliser la grande dé- pression dite du Ouadi-Rayan, située au sud du Fayoum, pour y em- magasiner les eaux ; ce projet fut étudié en 1889 par le colonel Western ; l’emmagasinage de l’eau garantirait le Delta des inonda- tions dangereuses qui sont rares, mais il faudrait des travaux très considérables pour assurer le détournement de 100 millions de mètres cubes, par jour, hors du cours du Nil pendant la crue, en vue de remplir l’Ouadi-Rayan. Que doit-on penser de ces différents projets ? L’un ou l’autre de- vra aboutir, si on tient à accroître la surface des terres cultivées et la quantité des récoltes. Mais si c’est l'amélioration de la condition des habitants que l’on recherche, l'avis du colonel Ross paraît plein de sagesse : « Dans la Haute-Égypte le système d’emmagasinage des eaux trouverait son application la plus rémunératrice ; cette région jouit en effet d’un climat tropical ; mais la population n’est ni riche, ni instruile, ni éclairée, el le jour où un réservoir sera créé, la terre tombera entre les mains de riches capitalistes étrangers qui déposséderont les fellahs et exciteront de vifs mécontentements ; ce serait une très mauvaise chose au point de vue social, et je suis d'avis que la question des réservoirs doit faire son chemin très ler- tement. » M. Prompt ne s’est pas contenté de prévoir les résultats que l’agri- culture obtiendrait grâce aux réservoirs, 1l a aussi étudié les avan- tages que l’industrie du coton et du sucre pourrait retirer de la force motrice créée par les chutes d’eau et transmise par lélectricité, force qu'il évalue à 41 500 chevaux-vapeur. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 949 rrigations. — L'irrigation n’a pris une grande extension que de- puis 1830, sous la puissante impulsion de Méhémet-Ali. Aidé dans ses grands desseins par des hommes de haute valeur, français pour la plupart, il fit construire sur le Nil, en 1843, à la pointe du Delta, sous les ordres de Mougel-Bey, un immense barrage destiné à relever le plan d’eau dans tous les canaux d'irrigation de la Basse-Égypte. Ce grand travail avait été édifié avec trop de précipitation, surtout à une époque où la construction sous l’eau n’avait pas encore à sa dis- position les procédés par l'air comprimé. Le barrage comporte sur la branche de Damiette une longueur de 522 mètres avec 71 arches et 1 écluse à chaque extrémité ; sur la branche de Rosette, une lon- gueur de 452 mètres, 61 arches et 2 écluses. Ges deux tronçons sont réunis par un quai circulaire. Devant chaque arche on peut élever ou abaisser, au moyen de treuils, un panneau vertical en fer et re- lever ainsi en amont du barrage le plan d’eau du Nil à une certaine hauteur qui, il y a dix ans, ne pouvait dépasser 1",75. Depuis 1886, on à fait de grandes réparations au barrage qui par endroits mena- çait ruine et on a porté la hauteur de la retenue à 3 mètres, au lieu de 1,75, et cela sans ébranler le barrage, en construisant un second barrage en enrochement pour diviser la hauteur de la chute en deux sections de 1,50 chaque et créer ainsi une contre-pression qui altévue, dans une certaine mesure, la poussée des eaux d’amont. Comme nous l'avons vu plus haut, l'irrigation permet d’avoir de l’eau toute l’année et de faire produire à la terre presque sans inter- ruption des récoltes variées ou des plantes industrielles qui occupent le sol toute l’année. Elle donne donc au sol une grosse plus-value et permet de faire une culture intensive, mais elle donne aussi faculté au feliah d’épuiser sa terre, car en pratiquant l'irrigation on donne aux plantes de l’eau presque claire en dehors de la crue et on üre du sol une bien plus grande quantité de produits. L'irrigation dans toute l'Égypte se présente sous l'aspect de ca- naux formant un réseau très compliqué. En effet, pour diminuer les frais d’élévation d’eau, on a été amené à creuser des canaux très longs, parallèles au cours du Nil, mais ayant une pente plus faible que celle de la vallée ; on a ainsi l’eau dans les canaux à un niveau supérieur à celui du Nil. | 346 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Dans la Haute-Égypte, les deux grandes artères de l'irrigation sont le canal Ibrahimieh et le Bahr-Youssef ; dans la Basse-Égypte, les trois grandes artères qui prennent l’eau au barrage, sont les Rayahs de Tewfikieh, de Menoufeh et de Behera. La branche de Damiette alimente encore directement, en aval du barrage, de nombreux ca- naux. Les canaux ne sont pas seuls à alimenter les irrigations ; tous les riverains du Nil ont des machines élévatoires commandées par des machines à vapeur ou par des animaux, qui élèvent l’eau du Nil même pendant l’étiage. Du reste, pendant une partie de l’année, les canaux principaux ont seuls de l’eau, les canaux secondaires restent à sec. Les propriétaires puisent alors, au moyen de machines élé- vatoires, l’eau dans les canaux eux-mêmes ou dans des puits creusés à cet effet. Après la crue très mauvaise ‘ de 1888, alors que 250 000 acres restèrent à sec dans la Haute-Égypte, de grands travaux d'irrigation ont été entrepris pour creuser les canaux, étendre leur réseau, construire les siphons nécessaires pour assurer un arrivage d’eau suffisant à l'irrigation dans une mauvaise année. Grâce au nilomètre d’Assouan établi au temps des Ptolémées sur le roc, on connait, par le nombre de coudées qu’atteint la crue à certaine époque, la quan- tilé d’eau dont l'irrigation dispose ; les chaussées furent pourvues de régulateurs, toutes les saignées nécessaires furent pratiquées le long du Nil. Ces travaux, qui ont coûté 600 000 liv. égyp., furent achevés en 1892. Des travaux semblables ont été poursuivis en 1893 et 1894. En 1893, dans la Haute-Égypte, 7 nouvelles stations de régulateurs ont été construites dans les provinces d’Assiout, Beni-Souef et Fayoum ; 19 régulateurs plus pelits ont été construits et 17 anciens remis à neuf. Dans la Basse-Égypte, on a construit un grand nombre de petits régulateurs et d’aqueducs, de façon à dis- tribuer l’eau plus économiquement et plus régulièrement. En 1894, on a procédé à l'élargissement de plusieurs branches du Nil et de différents canaux (le Rayah Belcas, les canaux Kasid, Difra, Taalib, Kudaba, Rashid, Khatatbeh); on a creusé un nouveau canal destiné 1. L'Égyple el le Soudan égyptien, par H. Pensa. Hachette, 1895. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 347 à renforcer le Rayah de Menoufieh, Dans la Haute-Égypte on a cons- truit 10 régulateurs, 4 aqueducs, et réparé 5 régulateurs, 4 siphons, et 9 aqueducs. Le siphon d’Etsa a été terminé ; c’est un conduit de 3 kilomètres de longueur s’ouvrant directement sur le Nil, passant sous le chemin de fer, sous les canaux Ibrahimieh et Safsafah et aboutissant directement à des bassins d’une étendue de 20 000 fed- dans qui bénéficieront d’une plus-value annuelle de 10 000 liv. égyp. alors que le siphon n’a coûté que 15 000 iv. égyp. Dans la Basse- Égypte, 16 régulateurs, 2 aqueducs et 3 siphons nouveaux ont été construits en 1894 ; 28 régulateurs ont été réparés. On est parfois tombé dans l’exagération, car on ne peut étendre indéfiniment le réseau des irrigations, étant donné que la quantité d’eau fournie par le Nil est limitée et que les terres gagnées sur le désert sont de très mauvaise qualité et exigent beaucoup plus d’eau que les bonnes terres depuis longtemps en culture. De sorte que pour augmenter les surfaces arrosées, l'administration nuit grave- ment aux cultivateurs en ne leur permettant plus de prendre de l’eau dans les canaux qu’au retour de la révolution. Certains canaux res- tent ainsi à sec pendant plus d’un mois. D'autre part, quoiqu’on se réclame à tout propos de la loi sacrée du progrès, jamais l’adminis- tralion n’avait fait autant de difficultés pour accorder l'établissement ‘ de pompes à vapeur sur les canaux ou même sur le Nil. Que peuvent donc faire les cultivateurs, si on ne leur permet pas d'irriguer leurs cultures chaque fois qu’elles en ont besoin ? Enfin l’eau qui a parcouru des canaux trop longs est presque com- plètement dépouillée de son limon et son action fertilisante est bien faible, pour ne pas dire nulle. Les drains qui correspondent aux canaux de distribution, aux ri- voles secondaires et aux fossés d'écoulement n’ont pas seulement pour objet, en Égypte, de recueillir les eaux amenées par les canaux d'irrigation, ils servent surtout à permettre le lavage du sol, néces- saire pour entraîner les couches de sel qui proviennent sans doute de l’eau du fleuve, par suite de l’évaporation très rapide. Les eaux d'infiltration s’évaporent en laissant des efflorescences blanches formées de différents chlorures, mais surtout de chlorure de sodium qui amène, à la dose de 3 pour 1000, une stérilité com- 348 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. plète ; le seul remède, quand la terre devient trop salée, consiste à amener beaucoup d’eau douce. Il y a trois méthodes de lavage du sol : 4° On fait arriver l’eau en grande abondance, on en couvre les champs à une hauteur de 6 à 9 pouces, puis on laisse s’infiltrer une partie de Peau dans le sol et on renvoie le reste au canal ou au Nil. Ce procédé est employé à la fin de la crue, quand l’eau est abondante et toute la région inondée. 2° La seconde méthode consiste à laver les champs au moyen d’une grande quantité d’eau qu’on fait arriver sans interruption pen- dant 10 à 14 jours et qui s’écoule à mesure vers la partie inférieure des digues ; ces digues se construisent très économiquement pour une surface de 1000 acres, mais le plus souvent les surfaces cul- livées ne dépassent pas 200 à 250 acres. L’eau maintenue à un pied au-dessus du sol y dépose une couche de limon ferlilisant ; cette opé- ration, appelée colmatage en français et warping en anglais, se fait énéralement au moment de la crue et dans la Moyenne-Égypte en hiver ; elle n’est possible que dans le voisinage d’un large canal de drainage. 3° La troisième méthode consiste à diviser le terrain en parcelles, au moyen de canaux parallèles, l’un d'alimentation, l’autre de drai- nage mis en communicalion par des rigoles transversales. La com- pagnie de drainage d’Aboukir place les deux canaux à 150 mètres de distance, les rigoles à 50 mètres l’une de l’autre; en général, l'eau de la surface s’infiltre dans le sol et est évacuée par les drains. Le lavage, d’après l'ingénieur de la compagnie d’Aboukir, coûte £ 1,10 (37 fr. 90 c.) par acre, la première année et autant la seconde, de sorte que, pour 3 £ (75 fr.) on peut rendre à la culture un acre de sol, s’il n’est pas absolument stérilisé par le sel. Les canaux de drainage ont été entièrement négligés de 1850 à 1883; les uns se sont encombrés de vase sur laquelle ont poussé des Jones, d’autres ont été barrés par les pêcheurs riverains, d’autres ont été transformés en canaux d'irrigation ; le manque d'entretien de ces canaux a empêché le lavage de certaines terres, comme les champs de cannes à sucre situés sur le parcours du canal Ibrahimieh qui furent sérieusement détériorés par le sel. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 349 Machines élévaloires. — Les machines élévaloires sont des instru- ments destinés à élever une grande quantité d’eau à une faible hau- teur ; les pompes, en général à pistons, sont au contraire destinées à élever une faible quantité d’eau à une grande hauteur. Nous ne nous occuperons que des premières qui sont seules usitées en Égypte et nous commencerons cette étude par les instruments les plus simples et les plus anciens, pour finir par les plus perfectionnés et les plus récents, en passant en revue tous les instruments que l'Égypte utilise ou qu’elle aurait intérêt à utiliser. Le natal, le chadouf et la vis d’Archimède en bois sont mus à bras d'homme, la sakieh et la noria par des animaux, la pompe centrifuge et la roue Sagebien à palettes inclinées, par des machines à vapeur. Natal. — Le natal est d’origine hindoue. Il se compose d’un pa- nier ou couffin, tressé en feuilles de palmier, dont le fond est sou- vent recouvert de cuir et muni de quatre cordelettes. On fait sur la berge du canal un petit réservoir qui communique par une rigole avec la surface à arroser. Deux hommes saisissent les cordes, une dans chaque main et, debout ou assis en face l’un de l’autre, impri- ment au panier un balancement, le remplissent dans le canal et, en rejetant le corps en arrière, l’élèvent et le vident dans le réservoir. * Ce travail est très pénible et deux hommes peuvent à peine, en une heure, élever 4 ou 5 mètres cubes d’eau à 60 ou 80 centimètres de hauteur ; aussi cet appareil est presque complètement abandonné. Chadouf. — Le chadouf est un appareil bien préférable au précé- dent. Il se compose d’un levier à bras inégaux terminé d’un côté par un contrepoids, de l’autre par une tige mobile, terminée elle-même par un panier circulaire en feuilles de palmier ou en cuir qui peut contenir facilement 10 litres d’eau. Le levier a environ 3 mètres ou 3,00 de longueur, la tige mobile en a autant; le contrepoids est formé d'une grosse masse de terre pétrie à l'extrémité du levier et dont le poids est inversement proportionnel à la longueur de son bras de levier. Le levier tourne autour d’une traverse en bois, horizontale, sup- portée par deux pieux fichés en terre. Si le levier a 3 mètres, l’un 390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. de ses bras en avant 2, le contrepoids devra peser plus de 30 kilogr. pour soulever un panier rempli de 10 litres d’eau. Pour établir le chadouf, il faut encore creuser au moins un réser- voir supérieur dans lequel se vide le panier. Pour le faire fonctionner, le fellah abaisse le panier en se suspen- dant après la tige de suspension , le remplit, puis le laisse remonter et le vide dans le réservoir supérieur. Un seul homme peut élever 100 litres par minute, soit 6 mètres cubes à l'heure, à une hauteur maxima de 3 mètres; le grand rendement de cet appareil est dû à ce que l’homme agit plus par son poids que par sa force musculaire et son effort en est réduit d'autant. Dans la Haute-Égypte, on voit souvent deux ou trois chadoufs ins- tallés en gradin au bord du Nil. Mais cette installation est coûteuse et il vaut mieux dans ce cas recourir à la sakieh ou à la noria. Vis d’Archimède. — Dans la Basse-Égypte, surtout aux environs de Mansourab, les petits cultivateurs emploient des vis d’Archimède en bois qu'ils font tourner avec une manivelle. On donne à la vis un SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE, 391 diamètre de 0,25 à 0",50 et une longueur comprise entre 10 et 15 fois son diamètre. Dans ces conditions, le rendement varie de 40 à 60 p. 100 pour une vitesse de rotation de 40 tours à la minute. La hauteur ne doit pas dépasser 3",50. C’est un appareil peu coûteux, d’une installation facile et d’un bon rendement, dont l'usage tend à se répandre. Sakieh. — La sakieh est une noria grossière où la chaîne à godets est formée de cordes en fibre de palmier et de pots qui pèsent en- viron À kilogr. el qui contiennent un litre et demi chaque. Gette chaîne à godets peut s’allonger au fur et à mesure des besoins. L’ap- pareil est mû par un manège et une série d’engrenages en bois qui 392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. absorbent une notable partie de la force dépensée par les animaux. La sakieh est mue le plus souvent par un bœuf ou un buffle, quel- quefois par deux. Les animaux font 150 ou 200 tours de piste par heure et sont relayés Loutes les trois heures. Une sakieh peut arroser deux hectares ; elle fait donc le travail de quatre chadoufs. Les sakiehs ordinaires ont un rendement de 30 p. 100 ; celles qui sont très bien construites peuvent alteindre un rendement de 90 p. 100. Noria. — Les norias sont du même système que la sakieh, mais les engrenages sont en fer; les godets, en tôle ou en zinc, ont une grande capacité et une forme rationnelle pour pouvoir se remplir et se vider complètement, sans occasionner de chocs et de pertes de force vive. Pour utiliser complètement la force de l'animal, on leur donne une capacité inversement proportionnelle à leur nombre et par suite à la longueur de la chaîne; mais dans ce cas, la chaîne à godets a une longueur fixe. Si le niveau de l'eau a de grandes diffé- rences, il faut avoir plusieurs norias ayant des longueurs de chaîne différentes. Ces appareils ont un rendement très élevé, 80 p. 100, qui est rarement atteint dans les machines les plus perfectionnées et les plus coûteuses. Leur emploi ne saurait donc être trop recom- mandé en Égypte. Je ne les ai vues employées que dans la propriété du khédive à Mattarieh, dont S. A. s'occupe avec beaucoup d'intérêt et qui peut être citée comme une exploitation modèle. Tabout. — Le tabout est une roue à augets; entièrement cons- truite en bois, elle est formée de deux tambours concentriques reliés par des cloisons latérales et d’autres en place de rayons. Les cloisons latérales sont percées de trous pour permettre aux augets ainsi for- més de se remplir et de se vider tour à tour. Cette roue est mise en mouvement comme la sakieh, par un manège et par un bœuf ou un buffle. L'eau se déverse dans une auge en bois. Get appareil convient pour élever l’eau à une hauteur de 3 ou 4 mètres, le rendement peut aller jusqu’à 80 p. 100, c’est donc une très bonne machine élé- vatoire. Dans le Fayoum, où il y a de très grandes différences de ni- veau et de nombreuses chutes d’eau, on emploie des roues à godets SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 393 munies de palettes et mises en mouvement par l’eau dont elles élè- vent une partie. Les godets sont, là encore, en terre cuite, ils sont lourds, incommodes et sont fixés sur la roue à palettes qui utilise très mal la force de la chute d’eau. De la sorte, le rendement de ces machines est très faible par rapport à la force motrice, mais il est encore suffisant pour arroser de grandes surfaces. Une seule roue peut irriguer en été 13 hectares. On pourrait avec la même chute élever une quantité d’eau bien plus considérable, en employant une roue Poncelet à palettes courbes, commandant par engrenages une roue à augets, ou un tympan prenant l’eau dans le bief supérieur, ou mieux encore en employant une turbine commandant, dans les mêmes conditions, une pompe centrifuge. Mais ce qui serait plus simple, peu coûteux et bien facile d'établir partout, aussi bien sur les chutes d’eau que dans un canal à courant peu rapide, c’est un tabout de grande dimension dont la partie latérale, qui n’est pas percée de trous, serait armée de palettes en bois. Au lieu de fixer la roue sur des pieux, on pourrait la monter sur des supports fixés eux-mêmes sur deux barques entre lesquelles tournerait la roue, Pompes centrifuges rolatives et machines à vapeur. — Pour irri- guer de très grandes surfaces, 1l faut avoir recours à des pompes centrifuges ou rotatives, commandées par des machines à vapeur. Les pompes les plus employées en Égypte à cause de leur puissance, de leur simplicité, de leur bon marché relalif, sont les pompes cen- tifuges de Gwynn ou de Dumont. Le système en est connu de tout le monde. Ces pompes doivent tourner à une grande vitesse ; elles sont commandées par courroie, par une machine fixe ou par une lo- comobile. Elles ont l'avantage de pouvoir pomper des eaux plus ou moins chargées de limon, sans se déranger, mais elles doivent être amorcées préalablement à la mise en marche et se désamorcent sous l'influence des rentrées d’air. On les amorce au moment de la mise en marche au moyen d’un injecteur à vapeur. Ces machines sont ins- tallées généralement sur le bord des canaux ou du Nil, où elles pui- sent l’eau. Les Travaux Publics exigent maintenant que les proprié- taires fassent une prise d’eau et ne permettent plus les installations sur les digues. ANN. SCIENCE AGRON,. — 9° SÉRIE. — 1896, — Il. 23 304 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Les pompes rotalives à deux axes dont la pompe Greindl est un des types les plus parfaits, sont peu ou point employées. C’est un peu à cause du limon du Nil qui use les parties frottantes et surtout à cause de leur prix plus élevé. La pompe Greind] réunit les avantages des pompes à pistons et des pompes centrifuges ; elle aspire au maximum pratique de pro- fondeur ‘ et elle refoule à des hauteurs quelconques. Elle peut aspirer de l'air, des gaz et, par suite, elle n’a pas le double inconvénient des pompes centrifuges, d’être amorcées préalablement à la mise en marche et de se désamorcer sous l'influence des rentrées d’air. Son installation est simple et comme elle marche à une faible vitesse, elle ne nécessite pas l'emploi de transmissions intermédiaires; ainsi une pompe, dont le débit est de 2 500 litres par minute, ne tourne qu’à une vitesse de 150 tours, le rendement est d’environ 95 p. 100 et le travail utile est de 80 p. 100 du travail moteur. La seule application que j’en connaisse a été faite par M. Gay-Lus- sac, contrôleur français à la Daira Sanieh. Pour arroser différentes propriétés, 1l a fait monter, sur un chaland, une pompe Greindl com- mandée par une machine oscillante. Le tuyau de refoulement vertical peut s’allonger à volonté pour se déverser dans les canaux, selon la hauteur de la berge. Ces pompes sont toujours commandées par des machines à vapeur fixes ou du genre locomobile. Les machines à vapeur fixes à chau- dières séparées ne sont employées que pour les forces supérieures à 20 chevaux-vapeur. Pour les petites forces, on emploie des locomo- biles anglaises ou françaises, anglaises surtout. Locomobiles anglaises. — Construites en Angleterre, où le charbon est très abondant, elles sont simples, robustes, faciles à manœuvrer, ne demandent que peu de réparations. Il n’y a généralement que deux godets graisseurs, l’un sur le piston, l'autre sur la tête de bielle. Ces machines, jusqu’à 12 ou 15 chevaux, ont un foyer et une porte trop pelits pour pouvoir brüler du bois ; même avec la graine de ricin, il faut constamment ouvrir le foyer et la rentrée de l'air 1. Fustegueras et Hergot : Traité de mécanique théorique et appliquée. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 399 froid fait vite baisser la pression. Elles ne peuvent donc utiliser que du charbon et, défaut capital pour l'Égypte, elles en consomment beaucoup, soit de 4 à 5 kilogr. de charbon par cheval et par heure, jusqu’à 6 kilogr. si on calcule le cheval effectif en poids d’eau élevée. On emploie du Cardiff qui encrasse peu la machine; ce charbon coûte à Alexandrie 25 fr. la tonne. Ces machines sont indiquées en chevaux anglais, plus forts que les chevaux-vapeur de 75 kilogram- mètres. Elles peuvent en outre fournir une force encore bien supé- rieure à la force indiquée. Presque toujours à flamme directe, elles se mettent très rapidement sous pression. Elles ont pour ainsi dire conquis toute la clientèle égyptienne par leur bon marché, leur sim- plicité et les facilités de paiement qu’accordent les industriels anglais. J’ai étudié la marche d’une machine anglaise à Bilbeis. Elle coù- tait, avec une pompe centrifuge de Gwynn de 6 pouces, 6 mètres de tuyaux, une courroie en cuir, 220 L. s. ou 6 000 fr., le tout rendu à Bilbeis ; 5 500 à Alexandrie. Elle consommait 6 kilogr. de charbon Cardiff par heure et par cheval, calculé en poids d’eau élevée ; en- viron 090 kilogr. de charbon par journée de 12 heures et pouvait arroser de 10 à 45 feddans. Locomobiles francaises. — Elles sont de fabrication bien plus soi- gnée, avec un socle qui supporte le mécanisme moteur et le soustrait aux dilatations de la chaudière. Elles sont souvent à retour de flammes, elles ont un foyer plus vaste qui peut être alimenté au bois. Elles sont indiquées en chevaux-vapeur de 75 kilogrammètres; leur mise en pression est plus lente que celle des machines anglaises. Elles consomment bien moins de charbon par cheval-heure, 1*,5 ou 2 kilogr. au maximum, mais elles coûtent beaucoup plus cher que les machines anglaises. Il est vrai que l’économie en charbon qu’elles permettent de faire compense, et au delà, la première dépense. Il ne faut pas leur faire donner plus que leur force indiquée. Malheureusement, les maisons françaises ont peu de représentants en Égypte et par suite peu de renseignements sur la solvabilité de leurs clients; aussi exigent-elles d'avance une forte partie de la somme d’achat et réclament, dès l'envoi de la machine, le paiement intégral el immédiat. 396 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. On peut voir dans la propriété de S. Exc. Nubar-Pacha, auprès du Caire, à Choubra, une installation de machine fort bien comprise. La machine à vapeur, d’une force de 30 chevaux, du type demi-fixe, sort des ateliers Weyer et Richemond. Le foyer est amovible pour enlever les incrustations. Il y a deux pistons fonctionnant en com- pound. La chaudière tubulaire est à retour de flammes. En avant du foyer se trouve un second foyer en briques, de grande capacité, qui peut se déplacer latéralement sur des rails. Il sert à brûler le bois de cotonnier fort abondant après la récolle du coton et qui ne coûte rien au propriétaire ; dans ce cas les flammes seules passent dans le foyer de la machine. Quand tout le bois de coton est brûlé, on dé- place ce foyer, et on alimente la machine au charbon. La consomma- tion ne dépasse pas 15,5 de charbon par cheval-heure. La pompe puise directement l’eau dans le Nil. Machines fixes. — Les machines fixes à chaudière séparée du mo- teur ne sont employées que pour les grandes forces. On emploie des moteurs à tiroir plat, lié directement à l’arbre ou des machines Cor- liss ou Sulzer à fermeture très rapide. Depuis qu’on a augmenté notablement la vitesse des machines à vapeur, les machines du genre Corliss ou Sulzer à fermeture très rapide ont perdu de leurs avantages, car la vitesse de fermeture ne varie pas avec la vitesse du volant. Dans les anciennes machines, le üroir lié directement à l'arbre va 3 ou 4 fois plus vite si le volant tourne 3 ou 4 fois plus vite : le laminage de vapeur et le refroidisse- ment de la partie du piston en relation avec le condenseur sont 9 ou 4 fois moindres. Or, les réparations d’un piston plat sont faciles partout, tandis qu’il faut des appareils à aléser pour réparer les ma- chines du genre Corliss ou Sulzer. Dans la belle sucrerie de Cheïk- Fadel, toute la force motrice est fournie par des machines Sulzer qui sont fort économiques et fort bien construites. Dans l'usine d’égrenage de coton de l’administration des domaines, à Koraschia, elle est fournie par une machine Piguet, de Lyon, à ti- roir plat qui ne consomme que 900 gr. de charbon par cheval et par heure. Cette administration employait d’autres moteurs, des lo- comolives routières Fowler, pour actionner des pompes centrifuges. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 391 Elle a fait établir en avril dernier une transmission électrique de la force qui lui permet d'utiliser pour l'irrigation cette machine fixe qui est disponible, puisque l’égrenage de coton se fait à une époque où l’eau dans les canaux est assez haute pour irriguer directement les terres. Celte installation a été terminée au mois d'avril; elle a été un véritable succès pour M. Boutron, directeur des domaines, et M. Sautter, ingénieur du Teftiche de Koraschia. Coût et bénéfices de l'irrigation. — Le coût de l'irrigation varie énormément suivant l'étendue, la disposition, la nature du terrain. L'administration des domaines dépense 3 fr. 56 c. par hectare et par an, tandis que de petits propriétaires, dans des terrains plus ou moins sablonneux, dépensent jusqu’à 25 fr. par feddan. On ne peut donc donner aucun chiffre. Avec de grandes surfaces à irriguer, des ma- chines à vapeur et des pompes bien établies, on peut diminuer énor- mément les frais généraux et les dépenses d’arrosage. Quant aux bénéfices que procure l'irrigation, ils peuvent être évalués d’après les comptes de culture établis par M. Barrois à 185 fr. par hectare au lieu de 107 fr., soit une augmentation de 76 fr. par hectare et par an. En estimant le placement à 5 p. 100, l'hectare vaut dans le premier cas 2 140 fr. ; par l'irrigation, il vaut 5 660 fr., soit une plus- value de 4 590 fr. ; ces chiffres n’ont rien d’absolu, car les produits agricoles ont baissé dans de très fortes proportions. DEUXIÈME PARTIE Nous avons vu, en étudiant la géologie de l'Égypte, que la forma- tion du sol cultivable de la vallée du Nil est due exclusivement aux apports limoneux du fleuve et au sable du désert apporté par le vent. Voici deux analyses de terre que j'ai faites avec M. Bernard au laboratoire agricole de Cluny (Saône-et-Loire). Les échantillons À et 2 ont été pris sur la propriété de M. Yous- souf Saddik-Bey aux environs de Kalioub, les échantillons 1” et 2° 398 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. dans une petite propriété à Choubra. Les n° 1 et 1” sont pris à la surface, les n° 2 et 2” à 0",60 de profondeur". ‘POUR 100 GR. DE TERRE. Terre fine. Pierres, Calcaire. Inattaquable, Note 98.20 1.80 3.40 62,7 No En 99.30 0.70 3.01 (OR NOTES 98.50 1200 4.33 64.7 NPA ITEM 98-39 1.69 1.80 64.1 PAR KILOGRAMME DE TERRE. EEE Azote. SA eu Potasse. Chlore, Gr. Gr. Gr. Gr. N° 1! à (ri 1.50 4,24 0,25 NOTE E 0,42 1,84 8,21 0,38 Noter 0,84 2,96 5,68 0,00 N°9". . 0,42 8,23 3,23 0,00 Le lavage de la terre de Choubra est plus facile que celui de la terre de Kalioub. D’après l’analyse, ces terres sont pauvrés en azote, très riches en Pho* et en Ko, mais nous verrons plus loin qu'il ne faut pas se fier absolument à l'analyse. Si nous la comparons à celle du limon actuel, nous voyons que le sol formé par un limon très ancien devait, autre- fois du moins, renfermer en quantités voulues tous les éléments chi- niques nécessaires pour conslituer des terres extrêmement fertiles. C’est encore aujourd’hui dans le sol plus que dans le limon, surtout avec l'irrigation, que les plantes puisent leurs principes nutritifs. Il est intéressant d'examiner comment ces modifications ont pu se pro- duire dans la constitution du limon charrié par le Nil. Nous avons vu plus haut que les inondations sont produites par des pluies tropicales qui tombent dans tout le bassin du Haut-Nil, surtout sur les hauts plateaux de l’Abyssinie. Pour former tout le sol cultivable de l'Égypte, il a fallu que des étages géologiques entiers fussent désagrégés par 1. Je publierai prochainement dans les Annales d'intéressantes analyses de sols, faites au laboratoire de la station agronomique (sols des domaines de S. A. le Prince Hussein Khamil, de S. E. Nubar-Pacha et Boghos-Pacha.) L. G. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 399 le froid et la chaleur et entraînés par des pluies diluviennes, jusque dans le Nil bleu et le Nil égyptien. La couche superficielle de ce bassin d'alimentation devait être formée de terrains jurassiques ou crétacés riches en calcaire et en phosphates. Ces étages disparus, il reste probablement des terrains primaires bien moins riches que ceux qui ont disparu, bien plus résistants aux divers agents atmos- phériques; c’est ainsi que l’on peut expliquer la diminution du limon en quantilé et en qualité. L’irrigation permet de faire de la culture intensive qui est très épuisante, mais on ne peut conseiller aux pro- priétaires de l’abandonner pour revenir à la culture par submersion, car, seule, la culture intensive permet aux cuitivateurs de réaliser quelques bénéfices. Par conséquent, le seul moyen de lutter contre l’épuisement du sol consiste à se servir des engrais chimiques et naturels pour com- pléter les éléments fertilisants du limon et du sol. Or pour se servir d’une façon rationnelle des engrais, il faut connaître par l'analyse chimique la composition du sol, du limon et du fumier de ferme, puis évaluer en poids approximativement la quantité d’éléments exportés par chaque récolte, ce qui est facile en consultant le bel ouvrage sur les engrais de MM. Müntz et Girard. On se rend compte ainsi des éléments qui manquent au sol ou qu’on lui enlève et on peut y remédier par les engrais naturels. Ceux-ci ne suffisent pas Loujours, surtout quand on a peu de bétail, comme c’est le cas des grands propriétaires en Égypte; il faut alors avoir recours aux engrais chimiques. Ce serait ainsi assez simple de faire de la‘culture intensive sans épuiser le sol; malheureusement l'analyse chimique ne donne pas des résultats absolus, mais seule- ment des éléments de comparaison. Ainsi, d’après l’analyse chimi- que, la terre des environs de Kalioub est très riche en phosphates et en potasse, pauvre en azote. Cependant les blés ysont très verts et parfois sont sujets à la verse, ce qui prouve d’une façon irréfutable que le sol est trop riche même en azote. Que faut-il conclure de ces résultats en apparence contradictoires ? C’est que l’analyse chimique donne la quantité en poids des éléments, mais pas leur degré de finesse et par suite de solubilité et d’assimilation par les plantes. L’azote n’est pas très abondant, mais probablement par suite de la 360 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. mirification qui se produit d’une façon aclive, il est facilement assimilable. L’acide phosphorique et la potasse sont au contraire très abon- dants; cependant si on ajoute des phosphates et de la potasse, on en constate facilement les bons effets. Cela prouve que ces éléments tels qu'ils se trouvent dans le sol sont peu assimilables. En somme, d'après le résultat de ces analyses, et d’après mes observations, le sol égyptien est assez riche en azote et on lui en restitue une quan- tité presque suffisante par le fumier de ferme et surtout par la cul- ture très répandue du bersim ou trèfle blanc (trifolium alexandri- num) qui est la seule plante fourragère usitée en Égypte : chacun sait que le bersim, comme toutes les légumineuses, fixe l'azote atmosphérique par l'intermédiaire de bactéries et que, d’autre part, son puissant système radiculaire ramène à la surface des éléments presque inutilisables du sous-sol. L’acide phosphorique est encore très abondant, mais la partie la plus assimilable à dû être enlevée par les récoltes si belles et si répétées de céréales que les Égyptiens ont faites pendant toute l’an- tiquité. Ces céréales étaient presque toutes exportées sur ltalie. Il faut donc rapporter de l’acide phosphorique sous une forme très assimilable, soit avec des phosphates fossiles, soit mieux encore avec des superphosphates ou des phosphates précipités mais toujours sur des terres couvertes de cultures, pour que les eaux d'irrigation n’en entraînent pas la majeure partie. Pour la potasse, nous répéterons exactement la même chose que pour acide phosphorique. 4 Le calcaire est peu abondant et l'usage modéré de la chaux aurait un heureux effet à la fois physique et chimique sur ce sol très argi- leux, très compact, pénible à cultiver, et qui retient avec force les éléments nutritifs des plantes”. Engrais. — Puisque les engrais seuls peuvent maintenir la ferti- lité du sol et peuvent même l’augmenter, voyons quels sont les meil- Lurs à employer en Égypte par leurs qualités et par leur prix. 1. C'est pour cette raison que j'ai conseillé aux agriculteurs égyptiens l'emploi des scories qui a été suivi de succès. L. G. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 901 Engrais organiques. Fumier de ferme. — L’engrais organique le plus répandu et le plus employé encore en agriculture dans tous les pays du monde est le fumier de ferme. En Égypte la paille hachée et broyée sert uniquement à la nourriture des animaux; leur litière est formée de limon séché qu’on renouvelle chaque jour. Ce limon, enrichi par l'urine et les déjections des ânimaux, se conserve bien lorsqu'il est mis en tas et les déperditions d’azoté sont insignifiantes. Malheureusement les déjections animales servent encore Lrop souvent à la fabrication de galettes qui, séchées au soleil, constituent un combustible de qualité très inférieure, et il en résulte une perte d'azote considérable pour l’agriculture. Le fumier est en raison directe du nombre de têtes de bétail à l’hectare : le fellah qui a de 1 à 5 feddans qu’il cuitive lui-même a toujours une vache ou une bufflonne dont le lait avec les fèves.et le mais forment la base essentielle de sa nourriture. Le moyen et le grand propriétaire ne cherchent qu’à avoir le nombre de têtes de bétail suffisant pour les travaux agricoles, car ils ne vendent géné- ralement ni leur beurre ni leur lait, ne peuvent faire de l'élevage étant donné le bas prix de la viande, le manque de prairies natu- relles et le prix très élevé du fourrage. Aussi dans la grande et la moyenne propriété les rendements de coton sont de 3, 4 ou à kan- lars au feddan au lieu de 7 ou 8 comme il arrive chez le petit pro- priélaire. Coms. — Après le fumier, l’engrais le plus employé est la terre des coms. Les coms sont des monticules constitués par des décom- bres et des détritus d’anciennes villes ou villages. On en trouve dans toute l'Égypte. Auprès du vieux Caire il y en a des monticules énor- mes encore inulilisés. Cet engrais n’est pas assez concentré pour supporter les frais d’un long transport, mais il renferme cependant des quantités notables de chaux, d'acide phosphorique, d'oxyde de fer, d’alumine et de silice ; l’azote en moins grande quantité est bien suffisant. Colombine. — Dans toute la Haute-Égypte et dans certaines par- ties de la Basse-Égypte on rencontre une grande quantité de pigeon- 362 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. niers et des vols innombrables de pigeons. Ceux-ci sont tellement nombreux qu’ils n’ont qu’une valeur infime et on les élève bien plus pour la colombine qu’ils produisent que pour leur chair qui est cependant excellente. D’après les analyses de Gastinel-Pacha la colombine dose : AZOLONE NT A CU ESA Le 9.93 p. 100 ACITeNDDOSDNONIQUE EN ee 1.67 — Phosphate de ChAULX EM AEMENNENS 3.03 — Cet engrais est moins riche qu’on pourrait le supposer et il coûte fort cher aux cultivateurs car les pigeons pillent les récoltes et man- sent le grain dès qu’il vient d’être semé. Mais les cultivateurs s’obs- tinent à en élever beaucoup, espérant toujours que leurs pigeons vivront aux dépens du voisin alors que le voisin se dit exactement la même chose. Poudrelle. — Au Caire il n’y a pas d’égouts : toutes les eaux mé- nagères et les eaux vannes vont remplir une fosse de grande capa- clé. Il ya deux sortes de fosses : les fosses, soi-disant étanches, creu- sées et construites dans les maisons européennes et qui sont vidées par une compagnie de vidanges au moyen de pompes à vapeur et de voitures-réservoirs ; les fosses des maisons arabes creusées à puits perdu et que l’on vide en les remplissant plus ou moins de terre : la matière une fois solidifiée est enlevée dans des couffins par des vidangeurs arabes. (Ces fosses sont la source constante d’épidémies dangereuses.) Ces matières plus ou moins liquides sont desséchées facilement dans des bassins de décantation et la poudrette est vendue actuellement au dosage garanti de : OCAIRE:e BONDY. p. 100. p. 100. Az. ex te UE 1.5 1.6 Acide phosphorique . . . 2.5 3.0 PORASSe ARS TR LT ee 0.5 0.5 et au prix de 15 fr. la tonne de 1 000 kilogr. À Bondy la poudrette moyenne, dont la composition est don- née ci-dessus, se vend à raison de 4 fr. les 100 kilogr. ou 40 fr. Les SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 363 1 000 kilogr. soit 2 fois et demie plus cher. C’est donc un grand avantage pour l’agriculteur égyptien qui n’est pas trop éloigné du Caire. Get engrais est fort lourd mais peut encore facilement sup- porter les frais de transport par eau sur le Nil ou les canaux par barques à voiles, frais qui sont très peu élevés. Tourteaux. — Les tourteaux sont peu abondants en Égypte quoi- que les plantes qui les produisent y soient très nombreuses, parce que les graines ne sont pas traitées en Égypte qui n’a pas l'outillage industriel nécessaire pour en tirer le meilleur parti; mais celles sont exportées directement sur l’Europe. Les tourteaux sont des engrais riches en azote, moins en phos- phates et pauvres en potasse. Depuis qu’on a reconnu leurs qualités nulritives ils sont généralement trop chers pour être employés comme engrais. Lorsqu'ils contiennent encore de l'huile, ils se décomposent très lentement et même peuvent nuire aux semences. Gadoues ou boues des villes. — Deux seules villes : Alexandrie et Le Caire, sont assez importantes pour fournir des quantités notables de gadoues. À Alexandrie, où toutes les rues sont pavées, ces boues ont une réelle valeur fertilisante et se vendent régulièrement. Au Caire, où toutes les avenues sont macadamisées et non pavées, elles sont mélangées à beaucoup de terre :. Résidus des abattoirs. — Jusqu’à ces dernières années tous les résidus des abattoirs : sang, débris de viande, os verts étaient perdus et inutilisés. On commence maintenant à en tirer parli et une société pour Ja fabrication des engrais, ayant à sa tête un chimiste français, en a la concession ; elle est décidée à vendre ses produits en Égypte au même prix qu’elle les vendrait en Europe, c’est-à-dire aux prix de nos grands marchés, diminués des frais de transport. Il faut espérer que les agriculteurs égyptiens profileront de ces avantages el ne laisseront pas exporter des produits qui augmenteraient notablement la fertilité de leurs terres et le poids de leurs récoltes. 1. Je ferai connaître plus tard la composition des boues de ville d'Égypte dont il a élé fait plusieurs analyses à la station agronomique de l'Est. ILE 364 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Débris de poissons ou quano de poisson. — En Norwège les usines de salaison et de préparation du poisson produisent en grande quan- tité cet engrais qui est très riche en azote et en acide phosphorique. Le lac Menzaleh est connu en Égypte par sa richesse extrême en poissons de Loutes espèces dont quelques-unes sont fort délicates. Malheureusement ces poissons sont salés superficiellement sans être lavés, étêlés, ni vidés el se décomposent partiellement. Ils sont con- sommés dans cet élat par les indigènes mais ne peuvent être exportés. Jsmail-Pacha avait songé à établir des usines de salaison et Gasti- nel-Pacha a étudié les différentes méthodes qui pourraient convenir. D'après lui pour les gros poissons, le mieux serait de suivre les procédés de salaison de la morue; quant aux petits poissons, on: pourrait les fumer, les saler d’après la méthode hollandaise employée pour les harengs. Quant à l’engrais ou guano de poisson qui nous intéresse ici davantage, on peut l'obtenir en cuisant les débris : vis- cères et épines dorsales, à la vapeur sous pression qui les désagrège, . puis on les comprime à la presse hydraulique pour en extraire toute l'huile, enfin on les Lorréfie et on les broie. Engrais minéraux et chimiques. — Les engrais minéraux et chi- miques, extraits ou fabriqués en Europe, sont trop chers en Egypte pour que leur emploi s’y généralise. Phosphales. — Les phosphates fossiles, précipités ou transformés en superphosphates seraient très utiles en Égypte. Les phosphates d'os y sont assez abondants ; on a découvert parfois de véritables brèches osseuses d’ont l'exploitation serait très profitable à l’agri- culture. Les phosphates d'Algérie qui sont tous exportés en France, en Angleterre ou en Allemagne, pourraient, s'ils étaient pris en grosses quantités, arriver en Égypte à un prix très avantageux. Engrais azolés. — Les nitrates du Chili sont mutilisables en Égypte à cause de leur prix élevé, des frais de transport qui sont énormes pour de petites quantités, enfin par leur azote trop rapide- ment assimilable qui ferait, d’une part, verser les céréales et qui, d'autre part, serait entrainé par les eaux d'irrigation. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 369 Sulfate d'ammoniaque. — Les eaux ammoniacales sont fournies par les usines à gaz, mais comme il n’y a pas en Égypte de fabrique d'acide sulfurique, on ne peut les transformer en sulfate d’ammo- niaque. Engrais potassiques. — Ces engrais sont peu nécessaires en Égypte ; le seul moyen de se procurer de la potasse à bon marché consiste à employer des cendres de bois comme engrais. Préparation du sol. — Pour faire une bonne culture, pour obte- nir de beaux rendements, il ne suffit pas d’avoir une terre fertile et d'y mettre des engrais, il faut travailler le sol, le remuer avec des instruments appropriés à sa nature et à la constitution des plantes ‘qu’on veut cultiver. C’est par la culture qu’on permet à la plante de ürer du sol les éléments nécessaires à sa nutrition et qu’on favorise d’autre part les phénomènes de nitrification. Labours. — Le labour est l’opération la plus importante de Ja culture ; aussi, depuis nombre d'années en Europe, les plus grands agriculteurs et les mécaniciens les plus habiles ont-ils cherché à per- fectionner la charrue, cet appareil si simple en apparence, mais si compliqué en réalité. : En Égypte, on se sert encore presque partout de la charrue arabe qui n’a pas varié depuis les Pharaons. Elle se compose de deux mor- ceaux de bois ayant entre eux un angle de 20 degrés environ; l’un d'eux est très long et forme timon, l’autre est terminé par une pointe en fer et remplit bien mal, il est vrai, le rôle de soc, de cou- tre et de versoir. Un manche rond permet au fellah de diriger tant bien que mal cet outil rudimentaire. Le timon se fixe sur le joug qui repose sur le garrot des bœufs. La charrue égyptienne ou mihrat a le grave inconvénient de ne pas retourner la terre, de la couper, de l’aérer à peine ; elle pique ou elle sort constamment de terre; c’est un scarificateur qui fait peu de travail et qui exige une énorme traction. Un cultivateur peut labourer avec cette charrue et une paire de bœufs un demi-feddan par jour, ou le cinquième d’un hec- tare. On ne peut employer en Égypte l’araire si répandu en Europe, 366 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. si simple, si commode quand on sait le manier, car il n’a pas d’avant- train et comme on altelle les bœufs qui sont hauts sur pattes par le garrot, il tendra toujours à sortir de terre ; de plus, le versoir retourne la terre toujours du même côté, on ne peut donc tracer le sillon au retour à côté de celui qu’on a tracé à l'aller, ce qu’on fait toujours par habitude et aussi parce que les terres labourables n’ont souvent que peu d’étendue. Il faut donc employer, en Égypte, du premier coup des appareils très perfectionnés, soit les charrues Brabant dou- bles, remarquables par leur fixité, le réglage, très bonnes pour les labours profonds et les terrains sans pierres, soit des charrues tourne- oreille moins puissantes, pour des labours superficiels. La charrue Oliver tourne-oreille à long timon est bonne mais un peu légère. Il me semble qu’on pourrait fabriquer une charrue moyenne à tourne- oreille avec un âge fortement relevé en col de cygne prolongé par un timon et terminé d’autre part par deux mancherons : un instru- ment ainsi conçu pourrait rendre de grands services à l’agriculture égyptienne. | Dans les grandes plantations de cannes à sucre de la Daira Sanieh et de M. Suarez, on-emploie des charrues à vapeur commandées chacune par deux locomotives Fowler et on en est fort satisfait : le travail est rapide et le labour profond assure aux cannes une belle végétation. Beaucoup de propriétaires égyptiens ayant des terres profondes n’osent pas faire faire des labours profonds avec des char- rues Brabant doubles et deux paires de bœufs, sous prétexte que le sous-sol est souvent salé. Il est bien facile de s’en rendre compte en lavant une petite quantité de terre prise à la profondeur voulue et en faisant tomber une goutte de nitrate d'argent dans cette eau de lavage ; s’il y a une lrace de sel, la liqueur se trouble immédia- tement et donne un précipité blanc qui noircit à la lumière : ce réactif est très sensible. Si la liqueur ne se trouble pas, on peut en toute confiance labourer à la profondeur où on a pris l’échantillon de terre. Rouleau. — Pour rouler les terres labourées et pulvériser les moites d'argile souvent énormes, le fellah se sert d’un rouleau pri- mitif formé d’un tronc de palmier ou d’une planche épaisse et lourde SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 567 qu'il fait tirer en travers par ses animaux et sur laquelle il se tient debout. La herse, telle qu’on la fabrique en Europe, n’est pas assez puissante pour briser ces molles énormes; il vaut mieux employer le rouleau Grosskill à dents ou l’émotteuse de M. Bajac. Le rouleau Grosskill a l'inconvénient d’avoir un poids considérable et de trop tasser la terre. L’émotteuse de M. Bajac, que j'ai vu fonctionner chez M. J. Saddik, pulvérise admirablement le sol avec ses dents mobiles en forme d'étoiles. Pelle à cheval ou kassabieh. — Les terres d'Égypte qui sont toutes irriguées doivent être aussi planes que possible et les façons cultu- rales modifient à la longue leur surface. Il faut alors les niveler. Le fellah se sert de la kassabieh ou pelle à cheval qu’il fait tirer par une paire de bœufs. Elle se compose d’une caisse peu profonde ouverte à l'avant, munie à l’arrière de deux mancherons. L’ouvrier, en sou- levant les brancards, fait mordre dans la terre la partie antérieure de son instrument et la dépose où il veut, en faisant culbuter la kas- sabieh en avant. Les Égyptiens savent très bien se servir de cet ins- trument et ont un sens merveilleux du nivellement pour les petites surfaces. La pelle à cheval, telle qu’on la fabrique en France ou en Angleterre, rendrait leur travail plus rapide et moins pénible. Battage du blé. — Le battage du blé se fait au moyen d’un instru- ment bizarre appelé norag. La norag se compose de 3 ou 4 essieux sur lesquels sont montés des disques en métal. Deux bœufs tirent la norag sur une aire cir- culaire, où l'on a disposé à plat des gerbes de blé. Sous la pression des disques et des pieds des animaux, la paille est liachée et broyée et le blé sort de l’épi, mais le tout est mélangé à beaucoup de pous- sières et aux déjeclions des animaux. C’est pour cela que le blé égyptien à un goût spécial et est déprécié sur les marchés euro- péens AP SES des Domaines on emploie des batteuses à grand travail, Clayton et Schuttleworth munies d’un broyeur et hacheur de paille. Le travail est parfait ; le blé est bien trié et la paille hachée, débarrassée de poussières, est bien meilleure comme nourriture 368 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. pour les animaux. Dans la même administration, on a substitué à la faucille, des faucheuses et des moissonneuses Johnston qui font le travail d’une façon rapide et économique. En terminant ce chapitre nous ferons remarquer que l’Égypte est le pays où la science et la mécanique agricoles sont le plus en retard, et cependant c’est le pays qui en a le plus besoin et où elles seraient le plus facilement applicables, car en Égypte toute la richesse repose sur l’agriculture et le sol, absolument plat, convient à merveille à l'emploi de toutes les machines agricoles perfectionnées. Flore agricole. Principaux végétaux cultivés en Égypte. La flore de l'Égypte est relativement pauvre, car le sol a une com- position uniforme et étant absolument plat partout où 1l est cultivé, il subit à peu de chose près le même climat et les mêmes influences atmosphériques, enfin et surtout parce que rien ne pousse dans le désert. Là où l’eau n’arrive pas il n’y a rien, et là où elle arrive la terre acquiert vite une énorme valeur ; l’homme s’en empare, la cultive et sème des plantes agricoles. Même au milieu des cultures et au grand profit du cultivateur égyptien, il y a peu ou point de plantes adventives, toujours parce que sous ce ciel mexorablement serein la sécheresse amène la stérilité. 5 Les digues qui servent de routes agricoles, les terres en jachère ne sont recouvertes d'aucune plante sauvage dont les graines em- portées par le vent iraient germer au milieu des cultures. De là pro- vient la pureté relative des semences égyptiennes, bien que le fellah ne fasse rien pour l'obtenir. Je ne m’attacherai pas à faire ici des énumérations sèches, lon- oues, ennuyeuses et forcément incomplètes, Je dirai seulement que presque toutes les plantes d'Europe et quelques plantes des pays chauds poussent en Égypte, mais elles ne s’y acclimateront pas com- plètement: je veux dire par là que si les plantes poussent fort bien pendant les premières années et donnent de beaux produits elles se transforment peu à peu et se rapprochent du type originaire du pays, ou finissent par disparaître, si l’espèce n’est pas indigène. Ce phéno- mène curieux est facile à remarquer pour le coton importé d’Amé- SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 369 rique, pour toutes les plantes et surtout les légumes d'Europe. Le seul moyen d'y remédier consiste à sélectionner constamment les semences et si le type que l’on recherche est originaire d’un pays étranger, 1l faut en faire venir de temps en temps des semences pour renouveler l’espèce. Avant d'étudier chaque plante en particulier, nous allons examiner l’ordre dans lequel elles sont cultivées. Comme nous l'avons déjà vu au commencement de cette étude, il y a trois saisons et trois cultures différentes correspondant à ces trois saisons : Culture chetwi (hiver), octobre-mai ; Culture sefi (été), avril-octobre ; Culture nili (automne), août-octobre. Généralement les terres irriguées portent 5 cultures en 3 ans, les terres inondées en portent 7 en 6 ans. Ce n’est que dans les très bonnes terres qu’on peut supprimer la jachère. Les cultures les plus importantes en Égvpte par les bénéfices qu’elles donnent aux cultivateurs sont le coton et la canne à sucre : malheureusement, comme ces deux plantes sont très épuisantes, 1l faut adopter des assolements où elles ne reviennent que tous les trois ans au plus. Avec des engrais puissants et donnés aux plantes à propos, on pourrait adopter un assolement biennal et les faire revenir tous les deux ans. Voici les assolements les plus usités, 1° Pour la Basse-Égypte : 1re ANNÉE. 2e ANNÉE. 3e ANNÉE. Novembre. . Blé : Novembre. . bia Novembre. . sen Mai . Ne ? Mars. . . .| ? Mai . Se Juin . ne AVC Juin . Maïs : Coton ; ° ; Jachère. Octobre. . | LE Octobre. . . Na. Voici d'autre part un diagramme dont les teintes font tout de suite saisir la composition de cet assolement ; chaque teinte repré- sente une culture. Les cultivateurs divisent généralement leurs terres en 5 soles pour avoir chaque année du coton qu’ils peuvent vendre, du blé ou du maïs pour leur nourriture, de la paille et du bersim pour leurs animaux. Voici l’assolement adopté sur le Do- ANN. SCIENCE AGRON. —— 2° SÈRIE, — 1896. — m1. 24 310 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. maine de Santa-Hayatem qui ressort à l'Administration des Domaines et qui contient des terres de première qualité : 1re SOLE. 2e SOLE. 3° SOLE. Maïs ; » Fèves ou pois chiches ; {"° année { Bersim ; Blé ou orge. Bersim ; Coton. » » Fèves ou pois chiches; Mais; » 2e année. { Bersim ; Bersim ; Blé ou orge. » Coton. » » Fèves ou petits pois ; Maïs ; 3° année. { Blé ou orge. Bersim ; Bersim ; » Coton. 2% Voici l’assolement adopté dans la Haute-Egypte pour la canne à sucre : 1" année. — Jachères, labours et plantations de la canne en avril- mai ; 2° année. — 1'° coupe de cannes qui dure de décembre en avril ; 3° année. — 2° coupe de cannes qui dure de décembre en avril; 4° année. — Dourah (sorgho) ou blé avec fèves ou bersim. Si après la première coupe de cannes le cultivateur croit que les cannes de repousse ou de seconde année ne lui donneront pas une récolte suffisante, il laboure et cultive du blé ou du maïs. Coton. — La culture du coton en Égypte remonte à la plus haute antiquité, puisque, avec le microscope, on a pu reconnaître des fibres de coton dans les bandelettes des momies. Mais cette culture était complètement abandonnée quand Mehemet-Ali la fit reprendre de nouveau et chargea un Français du nom de Jumel d’en distribuer les meilleures variétés. Toutes ces graines originaires des Indes ou de l'Amérique ont donné à leur tour de nouvelles variétés qui ont loutes des caractères communs. Elles donnent un coton qu'il n’est pas possible d'obtenir ailleurs, puisque même les Américains et les Japonais qui en produi- sent chez eux en achètent pour le mélanger au leur. Les principales variétés sont l’Hamouli, le Bamich, l’Abiad, le Mit- Afifi, le Sea-[sland, le Quallini, le Zafiri, le Psikha, le Hariri, le Mas- SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. o1 kens. Les quatre derniers ont le défaut de manquer surtout des deux grandes qualités du coton égyptien : la franche couleur beurrée (brown en anglais) et la régularité du fil. Ils retombent dans les bonnes qualités d'Amérique, telles que les Benders, Beeders, Allen- feed, etc., qui valent moins que le vrai coton égyptien. On distingue deux genres de culture : la culture okre qui consiste à laisser le coton deux et même trois ans, mais à le receper chaque année. Cette culture se faisait dans les terres de très bonne qualité, où le cotonnier pendant les premières années s’emporte en bois et donne peu de gousses, ou dans les terres bararis, terres du nord de l'Égypte, froides, exposées aux rosées et où les gousses du coton de première année mürissent trop tard ; la culture bikre qui occupe la terre depuis les premiers jours d’août, où l’on fait le premier arrosage, jusqu’au commencement de décembre de l’année suivante. Elle se fait suivant plusieurs méthodes : Baali (à sec), Demsawi (du verbe couvrir), Meskawi (du verbe arroser), méthodes qui diffèrent seulement par l’époque des arrosages et des labours. La terre reste en friche du commencement d'août aux semailles qui se font avant le 15 mars. On fait, en général, 5 labours, un sillonnage et autant d’arrosages. Les sillons sont écartés de 80 centimètres à 1 mêtre les uns des autres, les semences sont déposées en poquets espacés de 40 à 45 centimètres. On met 8 ou 10 graines de coton dans chaque trou. La veille du jour où l’on fait les semailles, on fait tremper les graines pendant 24 heures dans l’eau. La cueillette se fait en trois récoltes successives à la main depuisles derniers Jours de septembre jusqu'aux premiers jours de décembre. On arrache ensuite le bois de cotonnier qu'on utilise comme combustible, La moyenne de rendement a été, en 1894, sur les propriétés de l'Administration des Domaines, de 4,91 kantars par feddan. L'année à été considérée comme bonne, mais il y a quelques très bonnes terres qui donnent jusqu’à 6 et 7 kantars par feddan. Le coton, comme toutes les plantes rémunératrices dont on a dé- veloppé outre mesure la culture, a des ennemis dont les plus redou- tables rentrent dans l’ordre des lépidoptères. On désigne en Égypte sous le nom général de vers du coton tous 912 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. les insectes nuisibles qui s’attaquent au cotonnier. Il y en à 4: la punaise du cotonnier (Oxycarenus hyalampenis), hémiplère qui s’in- troduit dans la jeune gousse et en ronge le cœur; une espèce d’arai- gnée mal connue qui vit également dans la gousse ; le rongeur du coton (Prodenia lilloralis) est un lépidoptère qui, à l’état de chenille, ronge l’intérieur des tiges tendres et des gousses; enfin le quatrième est de beaucoup le plus terrible : le ver du coton proprement dit est la chenille d’un papillon nocturne (Eurias insulana lépidoptère) qui dépose ses œufs sur les feuilles des jeunes cotonniers. Il y a deux ou trois pontes par an. Dès l’éclosion, la chenille, très vorace, dévore les feuilles et fait périr les plants de coton. Le seul moyen pour lut- ter consiste à enlever les feuilles chargées d'œufs de lépidoptère et à les brüler. Rendement d'une cullure de coton et prix de revient. — Le rende- ment varie beaucoup suivant la qualité de la terre, le nombre des arrosages, des labours, etc. En général, les bonnes terres à coton se louent de 5 à 6 livres égyptiennes, le feddan, ou 300 fr. environ l’hec- tare. Les dépenses Lotales, v compris celle de la location, s’élèvent en moyenne à 700 fr. pour 2 ans ; les recettes brutes comprenant la récolte de coton et celle de fèves ou de bersim s'élèvent à 900 fr. quand la récolte est belle, soit environ 150 fr. de bénéfices nets pour : 2 ans, ou 79 fr. par hectare et par an. | Une fois récolté, le coton est porté à l’usine d’égrenage. Les métiers actuellement employés sont tous fabriqués par la maison Platt, de Oldhamm (Angleterre). L'arbre inférieur doit faire 800 à 900 tours à la minute. Il faut compter environ 2 chevaux 3/4 effec- lifs sur l'arbre moteur par métier, y compris la transmission, les cribles, la presse hydraulique. Chaque métier peut produire environ { kantar de coton égrené par heure, près de 2 de graines. Le coton égrené est pressé à la presse hydraulique et cerclé de feuillards. La graine est débarrassée, dans un métier spécial à scies, du coton infé- rieur ou scarto qui lui reste adhérent, puis est criblée. Les proprié- taires vendent leur coton brut aux usines d’égrenage dont les plus importantes sont à Zazazig ou à Kafr-Zaiat ; ils se font payer en argent ou l’usine garde les graines, en leur payant encore une SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L’ÉGYPTE. Ste redevance. La vente se fait toujours par kantar. Seule l'Adminis- tration des Domaines a des usines d’égrenage. Méhémet-Ali avait installé de belles filatures de coton et des usines de tissage ; ces manufactures ont toutes été abandonnées. Depuis lors, malgré les démarches de l'Administration des Domaines en Angleterre et en France, il n’y a pas une seule filature. Actuellement une société anglaise va en créer une dans la Basse-Égypte. Ce qui jusqu’à présent s’est opposé à la réussite de ces usines, c’est la sic- cité de l'air, la maladresse des ouvriers, le prix très élevé du charbon et du coton égvptien qui est toujours, en Europe, employé en mé- lange avec le coton américain. Or toutes ces causes, sauf la première, à laquelle on peut remédier facilement, tendent à disparaitre. Alexandrie est le principal port et le grand marché de l'Égypte. Les expéditions se font par balles qui pèsent 8 kantars environ, tare comprise, et qui ont un volume d’un demi-mêtre cube. Du 1% sep- tembre au 31 août 1893 on a exporté d'Alexandrie 5 116 724 kan- tars récoltés sur 850 000 feddans correspondant à 683 656 balles de coton pour les pays suivants : AANO RO RNNEMOMENERMEREMENENERS 320 S48 RUSSIO PA ee He este te 2e CL 147 484 ITA ER ENNEMI 20 098 AUDLICRE FE MEME ONCE AE PIC UE 46 741 HE DnS ER ar SD RE ue, 38 765 ie a RE NE a Ro a a 34 713 ÉSDAONE Rene M ee eee Lenbe 17918 ATEMASN EEE EAN AMEL MENT MONS 17 578 Grèce, Roumanie, Turquie. . . . . . ù 673 NN EME PO MA EE MEN 21919 CORNE MINE MUTUEL 505 En 1894, on a expédié 830 000 kantars de plus, soit 5 946724, mais le kantar s’est vendu 168 piastres au lieu de 190 en 1893. Canne à sucre. — La canne à sucre est la principale culture de la Haute-Égypte ; elle était fort peu cultivée avant Méhémel-Ali et sur- tout avant Ismaïl-Pacha qui créa dans la Haute-Égypte toutes les grandes plantations de cannes et les sucreries qui appartiennent aujourd’hui à Ja Daïra Sahieh. 314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. On cultive deux sortes de canne : la canne blanche de Bourbon, la canne rouge de Taiti. On la plante de fin mars en mai, alors qu’on pourrait la planter à partir de la mi-février. Dans les grandes plan- tations de la Daïra Sanieh ou chez MM. Suarez, on laboure deux fois à la vapeur, puis, au moment de planter, on ouvre des sillons espacés de 70-80 centimètres ; on coupe les cannes en morceaux de 60 à 80 centimètres de long et on les couche dans les sillons dans le même sens mais en les entrecroisant, puis on les recouvre légèrement à la pioche et on arrose ; dès que la canne a atteint 15 ou 20 centimètres, on la butte et on donne un deuxième arrosage; un mois après, on fait un premier sarclage et on rectifie le premier buttage s’il est incomplet. Avant que la canne ne recouvre com- plètement le sol, on sarcle à nouveau vers les premiers jours de juin ; à partir de cette époque jusqu’à sa récolte, la canne ne reçoit plus aucun travail, on se contente de l’arroser copieusement tous les 12 ou 15 jours. La récolte se fait du 15 décembre au 15 avril environ. La Daïra Sanieh achète la canne au poids à 1 fr. 75 c. les 100 kilogr. à ses locataires, un peu moins cher aux étrangers. Les nouvélles sucreries de la Haute-Égypte installées par la maison Say ont voulu acheter la canne à la densité, mais les producteurs sv sont refusés; cependant ceux-c1 y perdent toujours, s'ils vendent au poids des cannes gorgées d’eau, car l'usine, obligée d’évaporer cette eau, doit baisser ses prix en conséquence. Voyons maintenant quel est le revenu brut et le revenu net que peut donner un hectare cultivé en cannes. La terre esl occupée 3 ans; la première année elle est en jachère, et est labourée ; la 2° et la 3°, elle est plantée en cannes qu’on coupe deux fois. Les frais de culture, d’arrosage, de chargement et de transport sur les voies de la Daïra s’élèvent à 1295 fr. environ et les recettes à 1 950 fr., soit un bénéfice net pour 3 ans de 699 fr. et par an de 218 fr. environ. Dans les dépenses nous comprenons la location de la terre, qui est toujours très élevée. Dans la Haute-Égypte elle atteint 290 fr. par hectare et par an. D’après ces chiffres, la tonne de canne revient au cultivateur égyptien à 1 fr. 15 c. environ dans les meilleures terres, tandis qu'aux Antilles elle revient aujourd’hui au planteur, à cause des insectes nuisibles, des maladies cryptogamiques et du prix élevé SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 319 de la main-d'œuvre, à près de 1 fr. 90 c., du moins c’est le chiffre que l’usine cherche à garantir au planteur pour que celui-ci n’aban- donne pas la culture de la canne. Si au contraire le cultivateur égyptien, encouragé par les bénéfices qu'il retire de cette culture, veut en accroître l'importance, il lui faut soit augmenter la surface des terres irriguées dans la Haute- Égypte, ce qui est impossible tant qu’on n’aura pas créé en amont ou en aval d'Assouan de grands réservoirs, soit faire revenir plus souvent la culture de la canne sur la même terre et surtout cul- tiver des cannes riches en sucre. Actuellement cette culture ne peut revenir sur la même terre que tous les 5 ou 6 ans. On pourrait adop- ter une rotation où la canne reviendrait plus souvent, à la condition expresse de reslituer au sol, sous forme d’engrais, tous les élé- ments qu’on lui enlève. Lorsqu'on coupe la canne, on l’étête, on l’effeuille et tous ces résidus restent et sèchent sur le sol. Comme ils sont très abondants, on les brûle soit en tas dans le champ, soit dans les foyers des ma- chines à vapeur. C’est même là leur véritable destination, car dans la Haute-Égypte le charbon est encore très cher. On ne peut laisser tous ces débris sur le champ, car étant très abondants, ils seraient très longs à pourrir et seraient difficilement enfouis par la charrue. Si on ne veut pas les brûler, on pourrait lesenfouir en faisant passer dans le champ une norag qui n’aurait que deux essieux, trainée par deux paires de bœufs. Les disques couperaient et enfouiraient les feuilles qui se décomposeraient peu à peu dans le sol. D’après les analyses de la canne on a vu que cette plante enlève au sol des phos- phates et des sels de chaux et de potasse. L’azote donné sous forme d’ammoniaque est nuisible à la production du sucre. 100 kilogr. de cendre de bagasse donnent environ: SIL NE ME EE ERA EE 6S kilogr. Carbonate de potasse. . . . . . 22 — Garbonate de chaux. . : . 2,1: 10 — L’engrais le plus efficace eu le plus économique qu’on emploie de préférence aux Antilles est un engrais de poisson qui dose 12 kilogr. d’azote et 14 kilogr. d'acide phosphorique. Cet engrais serait très 316 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. bon marché en Égypte, si une usine en montait la fabrication auprès du lac Menzaleh. D'autre part, il faut remarquer que l’humus est toujours nécessaire pour une bonne terre à cannes et qu’on l’épuise par l’abus des engrais chimiques ; enfin le sol est généralement peu calcaire en Égypte, ce dont il est facile de s’assurer avec le calcimètre de M. Bernard, et les apports de chaux sont nécessaires. L’azote apporté par les eaux du Nil sous forme de limon ou par le fumier de ferme, est absolument insuffisant ; il faut donc le mettre sous une forme avantageuse et économique. Or, cette forme, M. Thierry, planteur à la Martinique, l’a trouvée en associant à la culture de la canne celle de l'indigo, qui emprunte de l'azote à l’atmosphère comme toutes les légumineuses, qui laisse beaucoup de résidus et qui donne de beaux bénéfices aux propriétaires. Voici donc les engrais et les quantités à employer que je propose aux cultivateurs de cannes : Sur un terrain que l’on a cultivé en indigo mettre 100 000 kilogr. de paillis d’indigo par hectare, puis enfouir par un labour en plein et faire la première année des cannes; pour la deuxième année de cannes, répandre, sur la même surface 5 000 kilogr. de chaux et 900 kilogr. de phosphate de chaux d’Algérie, dont la tonne se vend en gros, prise à Tebessa, environ 69 fr. Ne jamais mélanger la cendre de bagasse riche en sels de potasse avec la cendre de houille et mettre toujours la première sur le champ de cannes d’où elle pro- vient. Avec une simple fumure de 100 000 kilogr. à l’hectare de fumier et de paillis d'indigo, M. Thierry a obtenu à la Martinique une récolte de 145 tonnes de cannes à l’hectare. De pareils chiffres sont faits pour encourager la culture de la canne et de Pindigo en Egypte. Mais il ne suffit pas de faire la quantité, il faut obtenir la qualité que paiera fort bien l’usine par l’achat à la densité. Or, pour faire de la canne riche, il faut la régénérer par la reproduction par graines et la sélection, puis espacer beaucoup les lignes : de 1,50 à 2 mètres au lieu de 0,70 à 0",80, enfin pratiquer l’épaillage, c’est-à-dire l'arra- chage des vieilies feuilles desséchées pour faire pénétrer l'air et la lumière jusque sur les tiges ; car la richesse saccharine est propor- SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 371 tionnelle à la quantité de chaleur que reçoit la canne. Ainsi les cannes traitées aux usines d'Erment et de Mottanah, sont plus riches dans les mêmes conditions de culture, que les cannes de la région de Ro- dah. Celles-ci ont en moyenne une richesse saccharine de 12 kilogr. de sucre cristallisable à l’hectolitre de jus ou 8° 1/4 Baumé pendant les 30 ou 40 premiers jours de la fabrication, soit du 30 décembre au 1% février. 13 de cristallisable à l’hectolitre pendant le mois de février et 8 3/4 Baumé avec 14 à 15 kilogr. de sucre cristallisable à l'hectolitre de jus ; 9° à 9,5 Baumé pendant la dernière période de fabrication; du 1° mars à la première quinzaine d'avril. Si les cannes ne sont pas gelées, nous retrouvons généralement cette moyenne, mais il peut se produire comme en 1896 une inversion causée par la gelée et qui empêche la richesse saccharine d’augmen- ter lorsque la chaleur revient. Fabricalion de sucre de cannes. — Il y a aujourd’hui deux modes de fabrication absolument différents. La Daïra Sanieh écrase la canne dans des moulins, traite d'énormes quantités et fait des sucres de trois jets ; les nouvelles sucreries de la Haute-Égypte montées par la maison Say, de Paris, coupent la canne en cosseties, emploient la diffusion et un procédé de M. Stephen qui leur permet d'obtenir tout leur sucre d’un seul jet. Examinons d’abord les procédés de fabrication de la Daïra Sanieh, en prenant comme exemple l'usine de Rodah qui est la plus belle, sinon la plus importante des usines de cette puissante administration. Tout le matériel mécanique de ces usines sort de la maison Cail, de Paris. La fabrication du sucre comprend 7 opérations : 1° Extraction ; 2° Défécation simple ; 3 Filtration des jus sur noir animal et des écumes dans des filtres- presses ; 4° Évaporation ; 9° Filtration des sirops ; 6° Cuite en grains ; 7° Turbinage. 318 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Le service d’amenée des cannes se fait au moyen de 6 locomotives de 25 tonnes en service et de 250 wagons pouvant contenir chacun 5 000 kilogr. nets de cannes. Les cannes venant des champs sont, pen- dant la journée, jetées directement sur les conducteurs de cannes qui les conduisent au moulin de première pression. Celles destinées à être écrasées la nuit sont mises en tas, d’où elles sont reprises pour être jelées sur les élévateurs afin de ne pas avoir constamment en service des locomotives allumées et parce que le service d’alimen- lation des conducteurs se ferait mal, faute de surveillance. Extraction. — Les cannes des conducteurs sont pressées dans deux premiers moulins à trois cylindres et reçoivent deux premières pressions (diamètre des cylindres 99 millimètres, longueur 2 mètres, puissance de la machine 50 chevaux, vitesse du cylindre 1 tour 60 à la minute, vitesse de la machine 98 tours) ; à la sortie de ce moulin, elles sont imbibées à l’eau bouillante au moyen d’un tube en laiton perforé de trous de 2 millimètres de diamètre. A la sortie des pre- miers moulins, la bagasse tombe sur des conducteurs qui la con- duisent dans deux autres moulins identiques aux premiers, où elle y est repressée avant d’être envoyée au champ de bagasse, où elle sèche pendant 8 ou 10 jours; elle est brûlée ensuite aux généra- teurs de l’usine. On ajoute une nouvelle quantité d’eau à l’entrée de la bagasse dans le moulin de deuxième pression ; le jus ou vesou de première et celui de deuxième pression sont mélangés pour être envoyés à la défécation. Défécation. — Le vesou mélangé est versé au fur et à mesure de son arrivée, dans des défécateurs de 20 hectolitres de contenance (62 défécateurs) ; ces défécateurs sont chauffés en double fond par vapeur directe ; pour que la défécation soit bonne, on ne doit jamais faire bouillir les jus et la température ne doit pas dépasser 97° cen- grades. Quand la chaudière est presque remplie de vesou, on ajoute une certaine quantité de chaux en poudre ou en lait de chaux à 20° Baumé. La quantité varie selon le degré des cannes, selon la tempé- rature ambiante, selon la dilution plus ou moins grande que l’on a SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 319 obtenue à la double pression ; elle doit y être réglée de façon à ce que le jus déféqué soit neutre ou légèrement acide. Au premier bouillon qui se forme à la surface des défécateurs, on arrête la chauffe, on laisse déposer le liquide dans la chaudière pen- dant une demi-heure ou une heure et on vidange le liquide par un robinet à deux ouvertures. La partie claire du jus va directement à la filtration sur noir animal ; la partie trouble est envoyée dans des chaudières identiques aux premières, où elle est réchauffée, avant d’être passée aux filtres-presses. Les jus clairs des filtres-presses sont mélangés avec les jus filtrés de la première défécation, les écumes sont envovées au séchage et servent ensuile de combustible. Fillration des jus. — Les jus sont filtrés par simple pression dans des vases en tôle de 1 ruëtre de diamètre sur 3 de hauteur ; l’usine en possède 65 ; on mar re généralement avec 16 filtres à jus et 12 à sirop. Après la première iiltration les jus sont envoyés au triple effet pour y être concentrés. Évaporation. — L'usine possède 6 appareils à évaporer à triple effet avec chaudières tubulaires, verticales (du type Caiïl, de 1,860 de diamètre). Chaque triple effet peut évaporer 2 400 hectolitres de jus de 4 à 20° Baumé par 24 heures et possède sa pompe à air mue elle-même par une machine à vapeur spéciale. Les condenseurs des pompes à air sont à injection à la partie inférieure. Filtration des sirops. — Les sirops sortant du triple effet sont filtrés dans des appareils identiques à ceux des jus (noir animal). Ils sont recueillis dans des bacs qui servent de réservoirs d'aspiration avec les chaudières à cuire. Cuile en grains. — La cuite en grains se fait dans des chaudières pouvant contenir 100 hectolitres de masse cuite ; il y a 10 chaudières verticales à 4 serpentins de vapeur. Chaque chaudière est munie de sa pompe à air mue elle-même par une machine à vapeur et d’un condenseur à injection semblable à ceux des condenseurs des triple effet. Une pelite pompe horizontale commandée par chaque machine à vapeur des pompes à air sert à enlever l’eau condensée des ser- 380 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. pentins et la refoule directement aux générateurs. Les chaudières de cuite sont chauffées par la vapeur directe des générateurs. La vapeur d'échappement est exclusivement employée au chauffage du triple effet. La masse cuite est vidangée dans des bacs de même contenance que les chaudières pour être ensuite turbinée. Turbinage. — La masse cuite prise avec des pelles est jetée dans un moulin à diviser dans lequel on ajoute plus ou moins de clairee selon la couleur du sucre roux ou blanc que l’on veut obtenir ; cette clairce, comme celle qui est jetée dans la turbine, est faite avec de la mélasse diluée avec de l’eau sucrée à 30° ou 35° Baumé. Lorsque la masse cuite est bien divisée, on la jette à la turbine par charges variant de 25 à 30 kilogr. On laisse écouler la première mélasse qui sert à faire ensuite des deuxièmes et troisièmes jets et on recueille la deuxième mélasse que l’on fait revenir soit avec les jus desséchés, soit avec ceux du triple effet, soit à la chaudière à cuire, selon la co- loration du sucre que l’on veut obtenir. Après la première partie du turbinage on clairce à la vapeur ; on ajoute aussi, quand on veut obtenir un sucre blanc, 3 à 5 litres de clairce faite avec de la mélasse ramenée avec de l’eau chaude à 20° Baumé. Le sucre étant cuit, séché pendant 24 heures, est ensaché en sacs de 100 kilogr. Les mélasses pauvres provenant des turbinages de premier jet sont cuites au filet dans deux chaudières à cuire, identiques aux pre- mières. Les masses cuites sont vidangées dans des bacs d’emplis où on les laisse cristalliser ; selon la richesse de ces masses cuites (c’est- a-dire selon la plus ou moins grande quantité de mélasse riche que l’on aura fait revenir au premier jet après le premier turbinagc) elles mettent de 30 à 50 jours à cristalliser ; on les turbine ensuite, et les mélasses provenant de ce deuxième turbinage sont recuites de nouveau au filet. Vidangées dans des bacs d’emplis, elles forment le lroisième jet que l’on turbine après 4, 5 ou 6 mois de séjour. (Les dernières masses cuites de troisième jet sont généralement tur- binées au début de la campagne suivante.) Les mélasses d’égout ‘des troisièmes jets sont vendues au commerce ou sont distillées à l'usine. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 331 Distillerie. — Les mélasses finales marquent environ 42° à 45° L.; elles sont diluées dans des cuves à mélange à 6° B. et vidangées ensuite dans des cuves de fermentation. Pour activer la fermentation, on ajoute dans chaque cuve de 100 hectolitres, 15 litres environ de levure diluée, faite avec de la farine d'orge; on ajoute à cette levure 1 à 2 litres d’acide sulfurique. La fermentation dure de 4 à 6 jours ; le vin est pris par une pompe et envoyé dans des bacs en charge sur les appareils à distiller. L'usine possède 2 appareils à distiller à co- lonnes, système Mangin, de Paris, qui produisent 5 000 litres de tafia à 95° à l’alcoomètre de Gay-Lussac ou 21° à l’alcoomètre de Caruer, en 24 heures. Ces tafias sont repris et passés dans deux appareils à rectifier Mangin, de Paris, pour obtenir de l’alcool de commerce à 97° Gay-Lussac ou 41° Cartier, densité égale à 810. On fait environ par jour de 24 heures, 2 500 litres. La quantité des mélasses pro- duites par l'usine de Rodeh est d’environ 3 300 000 kilogr. de mé- lasse par an. Dans les usines de la maison Say, la fabrication comprend en prin- cipe les mêmes opérations, mais au lieu d’employer des moulins et la répression de la canne après imbibition d’eau chaude, on coupe la canne en cossettes que l’on traite par diffusion comme la bette- rave. Ce procédé permet d’extraire presque tout le sucre, mais 1l exige des coupe-cannes très puissants, dont les couteaux s’usent rapidement, à cause de la silice renfermée dans la canne et qui font moins de travail que les gros moulins à trois cylindres. L’installa- tion des diffuseurs est toujours très coûteuse et la bagasse réduite en une poudre grossière doit être amenée dans les foyers par une vis d’Archimède et saisie par un courant d’air produit par un venti- lateur. L'installation de l’usine de Cheik-Fadel munie des derniers per- fectionnements, peut être citée comme un modèle du genre. Le service d’amenée des cannes se fait au moyen de chemins de fer de la maison Koppel, de Berlin, à voie étroite de 0",60 de large avec des wagons à boggy. Les cannes sont jetées sur des élévateurs, d’où elles sont reprises et jetées verticalement en bout dans les tré- mies de quatre coupe-cannes, commandés chacun par une machine à vapeur verticale indépendante. Les cossettes sont montées dans un 382 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. élévateur à godets dans les diffuseurs disposés en batterie circulaire. Une fois épuisées, elles sont entrainées par une vis d’Archimède et exprimées dans un moulin à trois cylindres. Les cosseites sont alors emportées au champ de bagasse où elles sont étendues et sèchent en plein air. Lorsqu’elles sont sèches, on les brûle dans les généra- teurs. Les générateurs, les coupe-cannes, les diffuseurs, les moulins, sortent des ateliers de la compagnie de Five-Lille ; les moteurs à sou- pape très économiques, dont la marche est remarquablement douce et régulière, sortent de la maison Sulzer. Le jus est cuit dans des chaudières horizontales à quadruple effet, puis traité par le procédé Stephen. La mélasse, vu son peu de valeur, est mélangée au charbon et brûlée dans les générateurs. Toute l’usine est éclairée à la lumière électrique : l’intérieur par des lampes à incandescence, l'extérieur, les cours, le champ de ba- gasse, par des lampes à arc. Dès l’arrivée de la canne, on prélève des échantillons qu’on ana- lyse dans un laboratoire; toutes les phases de la fabrication sont contrôlées par des analyses. Il faut enfin ajouter que le personnel européen, en majorité français, est de tout premier ordre ; les gros travaux seuls sont faits par des ouvriers indigènes. Indigo. — Nous avons parlé de la culture de l’indigo comme assolement de la canne et nous en avons montré les merveilleux ré- sultats qu’on a obtenus à la Martinique. L’indigo est une légumineuse qui compte 140 espèces dont 3 seu- lement sont ordinairement cultivées. Une seule est originaire de l'Égypte, n’a pas de valeur pratique, mais montre que l'Égypte con- vient à cette culture. Mehemet-Ali a monté quelques indigoteries dont on retrouve en- core les bacs de macération. La terre qui vient de porter du bersim (trèfle blanc) ou toute autre légumineuse est très bonne pour l’indigo. Culture et rendement. — A la fin de mars, on donne deux labours croisés et profonds, puis un roulage ; on sème en poquets en mettant SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 383 environ 10 graines par trou. Aussitôt après les semailles, on arrose tous les 8 jours et on donne plusieurs façons. On fait la première coupe 3 mois après les semailles, lorsque les fleurs sont épanouies, les 2 autres se font 40 jours après et à 40 jours d'intervalle. Comme amendements et engrais, il est bon de mettre 8 à 10 mètres cubes de chaux et 500 kilogr. de phosphate, à l’hectare, enterrés par les labours. Installation d'une indigoterie. — L'eau a une grande influence sur la fabrication; l’eau du Nil filtrée sur du sable fin, doit être pré- férée à l’eau de puits, riche en nitrates et en chlorure de sodium. La matière colorante, d’abord soluble dans l’eau, devient inso- luble par le battage de l’eau, puis par une addition d’eau de chaux. Le produit de la précipitation, décanté, est cuit dans une chaudière qui ressemble à une chaudière de défécation de sucrerie, puis pressé, mis en moule et séché. La fabrication est assez délicate ; elle a été abandonnée en Égypte parce que les cultivateurs ne savaient pas arrêter le battage de l’eau juste à point. Aujourd’hui, des appareils mécaniques permettent de fabriquer un indigo toujours identique à lui-même. Une usine bien montée, pour avoir quelques chances de succès, doit pouvoir fabriquer 20000 kilogr. dans sa campagne. Les frais de fabrication, pour cette quantité, montent à 2 fr. 50 c. par kilogr.., sans compter les frais de production. Comme pour la sucrerie, les uns et les autres diminuent dans de très fortes proportions pour de grandes usines, qui pourraient fabriquer 50 000 ou 100 000 Kilogr. dans leur campagne. L’indigo se vend de 10 à 15 fr. le kilogr. sur les marchés de Ham- bourg et du Havre. L'Égypte du reste est un des pays du monde où il s’en consomme le plus ; elle en importe chaque année pour plusieurs millions qui pourraient ainsi rester dans le pays et enrichir l’agriculture. S. Exc. Daninos Pacha a essayé la culture de l'indigo à Mattarieh et a obtenu d’excellents résultats. Son indigo a été primé à des ex- positions et le jury ne pouvait croire qu'il avait été fabriqué en Égypte, comme si les Indes seules pouvaient en produire. 384 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Ramie. — La ramie, de la famille des urticacées, comprend plu- sieurs variétés : le Bœæhmeria nivea où China-Grass et le Bæhmeria tenacissima ou ramie proprement dite. Sa fibre est remarquable par sa finesse, sa blancheur et sa flexibilité ; malheureusement, son épi- derme, le brun comme disent les fabricants, extrêmement résistant, adhère solidement aux tissus sous-jacents et rend Ja préparation de la fibre très difficile pour l’outillage européen. Son aire naturelle de culture comprend les Indes, les îles de la Sonde, les Moluques, la Chine et le Japon. Cette plante est très exigeante; elle demande un terrain frais, profond, fertile. Il faut la planter sur une récolte de bersim enfouie en vert par un fort labour, puis chauler et phosphater énergique- ment : au moins 5 000 kilogr. de chaux à l'hectare et 400 ou 500 ki- logr. de phosphate de chaux à l’hectare titrant de 50 à 60 p. 100 de phosphate réel ou l'équivalent en poudrette du Caire. Il faut Jabourer profondément, à 25 ou 30 centimètres, avec une charrue à vapeur ou une Brabant double et s’assurer par l'essai au nitrate d'argent que le sous-sol n’est pas salé, auquel cas la culture ne peut donner que des mécomptes. Jusqu’à présent, ceux-ci ont été nom- breux en Égypte, mais en 1895-1896, des essais satisfaisants de dé- cortication ont été faits à Mattarieh par M. Dumonteil devant Son Altesse Abbas-Hilmy avec une machine de M. L. Faure, ingénieur constructeur en France. Il est nécessaire, pour obtenir des résultats avantageux, de combiner l’action lente d’un rouistage chimique aux carbonates alcalins, avec l’action rapide el brutale de la machine. Arachide. — L'arachide aime la chaleur, l'humidité, une terre siliceuse, légère et bien ameublie par de nombreuses façons cultu- rales. Elle réussit très bien dans les terres sablonneuses gagnées sur le désert par l'irrigation du côté de Zagazig. C'est là que la Société franco-hollandaise a créé de grandes cultures. Dans ces terrains, l’arachide tient avantageusement la place du coton et laisse des ré- sidus organiques, qui enrichissent peu à peu le sol en azote. Les semailles se font en avril-mai, en poquets contenant chacun 5 à 6 graines et espacés d'environ 0",75 en tous sens. Aussitôt après les semailles on arrose, puis on reste environ 15 Jours sans arroser, SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 389 jusqu’à ce que la plante soit sortie de terre et ait poussé 4 ou à feuilles. À partir de ce moment, on arrose tous les 8 jours et on sarcle le plus souvent possible. Il faut en tous cas faire un bon sarclage lorsque la plante fleurit, c’est-à-dire en juin, de manière à ce que la fleur qui « pique » en terre, trouve le terrain meuble et puisse s’y enfoncer. Un mois en- viron après ce sarclage, on fait un léger buttage et il n’y a plus qu’à arroser jusqu’à la récolte qui a lieu en octobre-novembre. Pour la récolte, le moyen le plus usité est de bien mouiller la terre et immié- diatement après d’arracher la plante avec ses racines et ses filets chargés de fruits. Le battage se fait à la main; il est assez long et dispendieux. Après la récolte des graines, les tiges feuillées sèches constituent un bon fourrage et les tourteaux de graines une excel- lente nourriture pour les bestiaux. La récolte varie de 5 à 15 ardebs par feddan, en moyenne 19, qui se vendent de 60 à 70 piastres tarif. Or 12 ardebs au feddan équi- valent à 30 ardebs à l’hectare qui, à 70 P.T. l’un, donnent 2 100 P.T. ou 029 fr. comme revenu brut à l’hectare. Les arachides venues dans le sable pur sont blanches et recher- chées ; celles venues dans la terre mélangée d’argile sont brunes et ont moins de valeur. L’arachide est très oléagineuse et donne, non décortiquée, 30 p. 100 d’huile et 70 p. 100 de tourteaux. L'huile ne rancit pas, tandis que la graine rancit et se détériore : il importe donc de la traiter peu après la récolte. Céréales, graminées et légumineuses de grande culture. — Les céréales (orge et blé) occupent une place importante en Égypte. On pourrait grandement améliorer les rendements et la qualité par l’in- troduction de nouvelles espèces appropriées au sol et au climat, sur- tout par la sélection et par l'apport d’acide phosphorique dont la partie la plus assimilable à été enlevée par les récoltes ininterrom- pues qui ont été exportées d'Égypte depuis la plus haute antiquité. Le blé de Médéah, dont le grain est riche en gluten, est un de ceux qui ont donné les meilleurs résultats. Si les Égyptiens veulent un jour que leur blé ne soit plus déprécié sur les marchés européens et soit ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1896. — 11 25 386 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. acceplé par les consommateurs, 1l leur faut abandonner le battage à la norag, et adopter le battage à la machine. Enfin les bons labours sont plus nécessaires pour le blé que pour toute autre plante. Le blé se veml de T4 à 12 fr. l'hectolitre ; les rendements moyens sont de 15 hectolitres à l’hectare ; dans les bonnes terres de Rodah (Haute- Égypte), ils atteignent 24 hectolitres. Les dépenses et les frais de culture sont, dans cette région, de 216 fr. par hectare, les bénéfices bruts de la vente du blé et de la paille sont de 324 fr. ; le bénéfice net monte donc à 108 fr. Dans les terres inondées on ne laboure pas, on se contente de semer dans le limon humide et les récoltes sont d’un quart supé- rieures à celles indiquées ci-dessus. On cultive toujours les fèves après le maïs ou après le douhra (sorgho). Le maïs peut donner 22 hectolitres à l’hectare et l’hecto- litre se vend 8 fr. en moyenne, les fèves, 21 hectolitres à 9 fr. l’un; le douhra peut atteindre 30 hectolitres à 9 fr. l’un. On compte en général, par hectare et par an, un bénéfice net de 100 fr. pour une culture de maïs et fèves et de 180 fr. pour une culture de sorgho et fèves. L’orge donne jusqu’à 30 hectolitres à l’hectare, mais Phectolitre ne se vend que 6 fr. Le rendement moyen est de 15 à 20 hectolitres à l’hectare. Les lentilles ne donnent que 15 à 18 hectolitres à l’hectare, mais l’hectolitre vaut 15 fr. L’elbeh donne environ 19 hectolitres à l’hectare à 9 fr. l’un; cette dernière graine ne donne lieu à aucune exportation ; elle est vendue ou consommée sur place. : Le maïs et l’elbeh donnent un bénéfice net à l’hectare de 80 fr. environ; le maïs et les lentilles, un bénéfice net de 165 fr. ; le maïs et l’orge, un bénéfice net de 90 fr. à l’hectare. Les cultivateurs égypliens pourraient faire de gros bénéfices en cultivant des orges précoces qu'ils pourraient vendre à des prix de faveur aux brasseurs anglais ou allemands, mais il faudrait, là en- core plus que pour le blé, battre lorge à la machine ou au fléau. Le bersim, ou trèfle blanc d'Alexandrie, est toujours semé dans le maïs : il donne de 4 à D coupes et pour chaque coupe 34 000 kilogr. de SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 387 fourrage vert. Il est en général consommé sur place par des bestiaux attachés au piquet. Un hectare de bersim peut nourrir 5 buffles sans qu’on soit obligé de leur donner rien autre chose, or un buffle coûte par jour en fèves et en paille au moins 0 fr. 218, d’où l’on peut calculer la valeur de la récolte de bersim, soit 196 fr. 20 c. Si on cultive le bersim après le maïs, on a pour ces deux récoltes un bé- néfice net par hectare de 94 fr. Toutes ces cultures, comme on vient de le voir, donnent peu de bénéfices, mais elles exigent aussi très peu de travail, très peu de soin ; elles rentrent nécessairement dans tout assolement et pour re- poser la terre et pour nourrir le personnel et les animaux de l’ex- ploitation. Culture maraïchère et fruitière. — On peut admettre que toutes les plantes maraïchères du centre et du sud de l’Europe poussent bien en Égypte en les semant à l’époque qui leur convient. Elles y poussent très vite et atteignent des dimensions énormes, mais comme les plantes en culture forcée en Europe, elles ont des graines atro- phiées qui ne peuvent produire que des plantes dégénérées. Il est donc nécessaire, pour avoir de bons légumes, de faire revenir pres- que chaque année des semences d'Europe. Autrefois, il y avait très peu de légumes en Égypte, mais l’affluence . des Européens et surtout des touristes en hiver, a amené la créa- tion de nombreux jardins potagers aux environs d’Alexandrie et du Caire. Le cultivateur égyptien se contente d’un très mince bénéfice ; il sait bien irriguer : il obtient des légumes en grande quantité qu’il vend à bas prix, mais il ne cherche pas à faire la qualité qu’on apprécie bien moins en Égypte que le bon marché. Il a surtout la déplorable habitude de vendre tout ce qu’il peut et de conserver comme semence les produits dont il ne peut se défaire. Le cultiva- teur européen ne pourrait donc tenter la culture maraïchère que pour lexportation des légumes, en profitant des prix de faveur dont ils jouissent en hiver en Europe, mais il faut compter avec la durée de la traversée, trop longue pour la plupart des primeurs, avec les frais de débarquement et les difficultés d'écoulement immédiat. 388 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Les seuls légumes qui donnent lieu à une exportation importante sont les oignons et les tomates. Les tomates sont cueillies presque vertes et sont emballées dans des caisses à claire-voie qu’on charge sur le pont du navire. Ainsi chargées, les tomates mürissent en voyage et n’entrent pas en fermentation. On en a exporté, en 1893, 77 411 tonnes. Les oignons, cultivés dans les meilleures terres de la Haute-Égypte, en général sur des îlots du Nil entièrement formés de limon et par des petits cultivateurs qui y peuvent consacrer beaucoup de soins et de temps, donnent lieu à un commerce très important. En 1895, il en a été exporté pour 161 000 liv. ég., la majeure partie en Angleterre et en Autriche. Ce commerce des oignons peut donner de très gros bénéfices, mais aussi de gros déboires, car pour les vendre cher sur les places de Trieste, Londres ou Liverpool, on les cueille avant parfaite maturité et parfois le chargement complet d’un grand vapeur se met à fermenter et doit être jeté à la mer. On a essayé la culture des pommes de terre et on a même vendu des pommes de Llerre nouvelles à Liverpool, à Pâques, en 1893, 95 £ la tonne, soit 625 fr. Mais là encore, les bénéfices sont très aléatoires, les frais d'expédition et surtout d'emballage sont élevés ; les prix de vente peuvent baisser de 80 p. 100 si le chargement ar- rive peu de temps après un autre ; enfin la pomme de terre d'Égypte, gorgée d’eau et souvent maculée de lachesnoires, se gâte facilement en voyage. Tout cela fait que des cultivateurs européens préfèrent la vendre directement dans le pays. En dehors des palmiers-dattiers, des orangers, des citronniers, des mandariniers, des bananiers, les arbres fruitiers poussent très mal en Égypte et donnent des produits tout à fail inférieurs, probable- ment parce que leurs racines pivotantes trouvent dans le sous-sol des eaux d'infiltration chargées de sels. Les bananiers au contraire donnent de superbes régimes, les pal- miers-dalliers donnent beaucoup de dattes, mais qui ne sont pas fondantes comme celles du Sud algérien. Faune agricole. — La faune agricole comprend le gros et le petit bétail et les oiseaux de basse-cour. En Egypte, le gros bétail com- SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 389 prend à son tour parmi les ruminants: le buffle, le bœuf et le cha- meau ; parmi les solipèdes équidés : le cheval, le mulet, l'âne. Buffle. — Le buffle (Bos bubalus) est originaire des Indes et a été importé de Perse en Égypte par les Turcs. Sa peau gris de fer tire sur le noir, sa charpente osseuse est énorme, ses mouvements sont lourds mais énergiques et soutenus. Le mâle adulte est dangereux ; la femelle est toujours très docile et se laisse conduire par un enfant; elle porte dix mois et donne un lait très butyreux. Ces animaux sont très rustiques, peu sujets aux maladies, peu difficiles sur la nourri- Lure et consomment des herbes grossières dont les bœufs ne vou- draient pas ; ils aiment énormément l’eau et se baignent très souvent ; ils sont sujets à une maladie infectieuse : la barbonne du bufile, qui heureusement ne se développe que dans les régions marécageuses où l’eau est peu abondante et de mauvaise qualité. Leur chair est dure et exhale une odeur de muse fort désagréable. Presque tous les fellahs ont une ou plusieurs bufflesses dont ils boi- vent le lait et dont ils se servent pour la culture. Bœuf. — D’après M. Piot-Bey, vétérinaire en chef des Domaines, l'espèce bovine est actuellement représentée en Égypte par 3 types distincts : 1° Le taureau Sennaar qui tient à la fois du zébu par sa bosse et son garrol, du bœuf des steppes par la couleur gris cendré de sa robe et la forme et les dimensions de son magnifique cornage ; * 2 Le type de la Moyenne-Égypte, franchement brachycéphale, : trappu sous poil bai brun (type apis) ; 3° Le bœuf commun du Delta, fortement dolichocéphale, longili- gne, à cornes rudimentaires, à pelage toujours très clair et à carac- tère doux, fémelin. Le bétail remplit quatre rôles plus ou moins importants selon l’agriculture du pays. Il est producteur de viande, de lait, de tra- vail, de fumier. De plus, le croît du bétail ajoute encore au bénéfice du cultivateur. En Égypte, par suite du: manque de prairies naturelles, du prix très bas de la viande qui est toujours, il faut le reconnaître, de qua- 390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. lité inférieure, on ne se livre ni à l’élevage, ni à l’engraissement. Le rôle du bétail en Égypte se réduit uniquement à la production de travail et de fumier. On peut voir parfois des bœufs âgés de plus de 20 ans fournir encore une somme de travail suffisante pour com- penser les frais de leur entretien et de leur nourriture. On ne livre à la consommation que les sujets très vieux ou mal conformés et les femelles infécondes. Les moyens et grands propriétaires n’ont que le nombre d’animaux strictement nécessaire pour les travaux agri- coles. Ils ne cherchent pas à l’accroître pour augmenter la quantité de fumier et par suite de rendements. On pourrait donc croire que le travail des bœufs est très bien utilisé et que leur nourriture est destinée à leur en faire produire le maximum. Il n’en est rien cepen- dant. Le mode d’attelage est extrêmement défectueux : Il se compose d’un joug formé le plus souvent d’un gros rondin de bois qui est maintenu sur le garrot peu saillant du bœuf au moyen d’une lanière ou d’une corde qui lui passe sous le cou et qui l’étrangle à moitié. Ce joug est généralement très large, de sorte que les bêtes tirent avec peu d'ensemble. Il faudrait remplacer ce joug trop rudimentaire par le joug de Lombardie qui s'adapte et se fixe bien au garrot des animaux, ou par un joug mobile formé d’une forte planchette rembourrée de paille qui se fixe aux cornes et à laquelle s’attachent deux cordelettes fixées à un palonnier. On peut du reste se servir de préférence des bœufs du Sennaar qui ont un superbe cornage auquel s’adapte fort bien le joug tel qu’on le fait en France. Par ces deux modes d’atte- lage, le bœuf conserve une certaine liberté de la tête qui lui permet de chasser les mouches très nombreuses dans le pays. Quant au régime nutrilf, il est fort mal administré et cause une mortalité effrayante. Pendant les six mois d’été, les animaux sont nourris exclusivement de paille hachée et de fèves concassées, environ 8 kilogr. de paille et 1 litre de fèves; pendant les six mois d'hiver, on les fait pâturer au piquet le bersim, même avant sa floraison. Ce fourrage, essentiellement aqueux et alcalin, leur donne des diarrhées qui, avec le travail souvent excessif qu’on leur demande, les empor- tent rapidement. On peut y remédier en ne donnant pas en hiver SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 391 exclusivement du fourrage sous forme de bersim. On peut leur don- ner en même temps, ou des fèves, ou des tourteaux de coton, ou même simplement de la paille hachée comme ration complémen- taire. Voici du reste les conseils que donne en la matière M. Piot-Bey, conseils qui ont été appliqués avec grands succès et profits par la commission des Domaines : 1° Ménager la transition du régime sec au régime vert en faisant donner pendant huit jours au moins une demi-ration de bersim à Pétable ; 2 Ne pas faire pâturer les animaux au moment où le bersim va fleurir ; 3° N'admettre au pâturage que les bestiaux vigoureux et laisser à l’étable les sujets débilités ou malades ; 4° Exercer une surveillance active sur le bétail mis au vert, et remeltre à un régime approprié (son, farine d’orge, fèves et paille etc.) ceux qui paraïîtraient s’affaiblir ou ceux sur lesquels se produi- rait une diarrhée opiniâtre ; 9° Allouer une demi-ration sèche, supplémentaire aux bêtes de travail, ou réduire la durée de l’attelage à une demi-journée ; 6° Rentrer le bétail à l’étable pendant la nuit et les journées bru- meuses ; 7° Défendre expressément de faire abreuver les animaux dans les marais ou dans les canaux à eau dormante, afin de prévenir Pabsorp- tion des germes de parasites qui pullulent dans ces eaux. Cliameau. — On ne sait pas au juste à quelle époque le chameau s’est répandu en Afrique, mais cette époque remonte fort loin: Abraham vint en Égypte à la fin du règne des Pasteurs et un des rois de cette dynastie lui en donna comme présents. Ces animaux étaient alors fort rares et fort peu employés en Égypte; les Égyptiens les considéraient comme un animal immonde et ils n’avaient pas tort, car le chameau est un des animaux qui reçoivent et transmettent le plus de maladies infectieuses et parasitaires. Il a dû être employé au moins depuis cette époque dans les déserts Libyques et Arabiques, où il est non seulement utile mais absolument indispensable. Le chameau du nord de l’Afrique et de l’Asie occidentale (Came- 392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. lus dromedarius) ou dromadaire, n’a qu’une bosse sur le dos. Il se subdivise en deux races : le hedJin ou chameau coureur, qui est une monture fort rapide ; le gamal ou chameau porteur, qui est très em- ployé non seulement dans le désert, mais encore dans la Haute et la Basse-Écypte comme bête de somme pour tous les travaux agricoles. Le chameau est célèbre par sa sobriété, son endurance ; c’est dans le désert un précieux auxiliaire, mais dans les pays habités et cultivés 1l doit disparaître devant des modes de transport plus rapides et plus économiques. Contrairement à l’opinion générale, le chameau, en dehors du désert qui est son vrai milieu, est fort délicat et exige beaucoup de soins. Il est sujet à la gale, aux filaires du sang, à la phtisie tuberculeuse. Des kystes hydatiques remplis- sent souvent ses vésicules pulmonaires. Une mortalité effrayante, qui atteint parfois 40 p. 100, sévit annuel- lement sur les chameaux du Delta et oblige à renouveler l'effectif total en 3 ans. La charge d'un chameau ne peut dépasser 250 kilogr. et quand il travaille toute la journée, 150 kilogr. Chargé ou non, il marche tou- jours très lentement. Au moment du rut, les mâles ne veulent plus manger et se livrent parfois entre eux des combats furieux où les deux adversaires se déchirent à coups de dents et doivent être peu après abattus s'ils ne meurent de leurs blessures. Ils sont même pour l’homme fort dangereux. Ces animaux marchent difficilement sur la terre humide ; lorsqu'ils glissent, ils se cassent infailliblement une patte et doivent être abat- tus. Leur chair est mauvaise et de peu de valeur, souvent même malsaine. Toutes ces raisons font que l'administration des Domaines et après elle les grands propriétaires cherchent à créer des routes agricoles qui leur permettent d'effectuer leurs transports sur des chariots attelés de mules ou de mulets. L'administration des Domaines a, malgré les nombreux canaux qui sillonnent la Basse-Égypte, construit plusieurs centaines de kilo- mètres de routes agricoles qu’un décret de S. A. le khédive a dé- clarées d'utilité publique. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 393 Cheval. — Le cheval en Égypte n’a aucune utilité agricole, car pour tous les travaux et les charrois on emploie des bœufs, des cha- meaux, des ânes ou des mulets. D’après MM. Mariette, Rougé et Rodier, le cheval n’était pas connu dans la vallée du Nil sous le règne du grand Sésostris, de la XIT dynastie (5433-3395 av. J.-C.). Les Hyksos (2898-1945 av. J.-C.) ont amené en Égypte une race de chevaux qui est encore représentée dans la vallée du Nil par la race nubienne. | On peut évaluer la population chevaline de l'Égypte à 50 000 têtes au maximum. I n’y a pas en Égypte de centres d’élevage ; les gens assez fortu- nés pour avoir des juments les font saillir au hasard des rencontres, sans se préoccuper des qualités de l’étalon. Les chevaux de la Haute-Égvpte, d’Assouan au Caire, sont plus rustiques et plus énergiques que ceux de la Basse-Égypte, mais ils sont moins bien conformés. La population chevaline est issue de croisements nombreux entre la race indigène et des étalons arabes amenés en Égypte par les par- Lisans de Méhémet-Ali. Elle est à l'heure actuelle en pleine dégéné- rescence et à l’état de variation désordonnée. Le seul groupe ca- ballin un peu remarquable par son énergie et son endurance est le Dongolawi. Il est haut sur jambes, a une poitrine large, une croupe avalée, une tête allongée, l’auge étroite, le front et le chanfrein rec- üilignes, la robe noire ou bai brun. Ane. — L'âne est très employé en Égypte comme monture ou comme bête de somme. On distingue deux races : dans la plus ré- pandue, les individus ont un pelage gris roussâtre avec les épaules et la tête noires; la taille est petite, 1",50 en moyenne des oreilles à la naissance de la queue; dans l’autre, qui est une race de luxe, les individus ont une taille beaucoup plus élevée, le pelage blanc, la tête et l’encolure très fortes. Autrefois ces ânes blancs attei- gnaient des prix très élevés et étaient bien plus employés que les chevaux par les riches propriétaires qui habitaient la campagne. Ils sont moins rustiques et moins endurants que les premiers, mais 394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. leur trot est extrêmement doux. Ils sont aujourd’hui relativement rares. Les ânes communs sont encore très nombreux; c’est toujours à âne qu’on traverse la campagne qui manque totalement de routes agricoles. Mulet. — Le mulet en Égypte est surtout employé, dans les villes ou dans les très grandes propriétés qui ont des routes agricoles, comme bête de trait léger ou de gros trait. Il est plus résistant et supporte mieux la chaleur que le cheval. Le mulet égyptien est assez grand, à une robe noire ou bai brun. Il est beaucoup moins fort que le mulet du Poitou et ressemble au mulet algérien ou espagnol. Le nombre des mulets égyptiens s’accroîtra beaucoup le jour où l’on construira des routes agricoles. Petit bétail. — En Égypte, le petit bétail comprend les moutons, les chèvres et les oiseaux de basse-cour. Moutons. — Les moutons sont de l’espèce dite à grosse queue ou moutons de Barbarie. Ils ont une taille élevée, un chanfrein arqué, des oreilles pen- dantes, une laine longue et grossière de très peu de valeur, une queue très grosse, longue et large, formée par l’accumulation d’une grande quantité de graisse. Cette queue rend la monte des femelles par les mâles impossible sans l’aide du berger. La chair de ces animaux est mauvaise el a un fort goût de suif chez les animaux adultes. Les brebis sont aptes à la reproduction à un an et les béliers à dix-huit mois; un bélier suffit à 30 brebis, celles-ci font générale- ment deux portées par an et chaque fois deux agneaux. Cette espèce à grosse queue a dù être créée et développée arti- ficiellement par les Musulmans, qui se procurent ainsi une graisse animale abondante, bon marché et de conservation facile, puisque le Coran leur interdit la graisse de porc. Celte race est représentée en Tunisie par de nombreux troupeaux qui appartiennent aux indigènes, mais ils disparaissent peu à peu devant les moutons algériens ou les mérinos de la Camargue, pré- SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 395 coces et rustiques, dont la chair et la laine sont fines et se vendent bien. L'élevage des moutons n’est profitable que pour les Bédouins qui habitent les confins du désert ou les petits cultivateurs. Les grands propriétaires l'ont généralement proscrit de leurs terres, trouvant avec raison que l’élevage des moutons est un pis-aller qui ne convient que dans les régions qui ne produisent rien ou fort peu de chose. Chévre. — La chèvre est représentée en Égypte par deux races distinctes ; la chèvre de la Haute-Égypte, qui est indigène ; la chèvre de Syrie, très répandue dans la Basse-Égypte. La première est très rustique, peu difficile pour sa nourriture et bonne laitière ; aussi rend-elle de grands services au fellah. Oiseaux de basse-cour. — Les oiseaux de basse-cour sont repré- sentés en Egypte par les volailles proprement dites, les oies, les din- dons, les canards et les pigeons. Volailles. — Les poules en Égypte sont très petites et ont un plumage foncé. Il n’y a pas de sélection et la race est toujours en variation désordonnée. Leur chair n’est pas fine ; leur seule qualité est d’être bonnes pondeuses. Elles sont par contre très mauvaises couveuses, ce qui est sans inconvénient en Égypte, car, depuis la plus haute antiquité, on y pratique l’incubation artificielle au moyen de fours à poulets. Ces fours à poulets se composent d’une grande chambre dont le plancher, situé à un mètre au-dessus du sol, est percé au milieu d’une large ouverture. Un vieux cultivateur entretient un feu sous le plancher et maintient la température à 43 degrés environ. Les poussins sont élevés par des éleveurs spéciaux qui doi- vent en rendre le Liers au propriétaire. On a essayé d’acclimater des races perfectionnées, mais elles ont vite dépéri par suite du climat. Les oies en Égypte sont grosses, pondent et couvent bien, mais leur chair n’est pas délicate. Les dindons sont généralement petits ; les canards sont (rès gros et nombreux dans la Haule-Égypte. 396 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Conditions économiques de l’agriculture en Égypte. Population agricole. — La population agricole est un facteur très important de la production ; elle représente le travail el celui-ci a en Égypte une importance bien plus considérable que le capital. La population agricole est très dense, répartie en villages nombreux el peu considérables. Sa dissémination favorise la culture en mainte- nant le fellah auprès de son travail et en l’attachant au sol. Elle se compose du vrai fellah ou laboureur qui descend des anciens Égyp- tiens et chez lequel on peut retrouver parfois le type pharaonique, et du Bédouin plus ou moins nomade. Le fellah est généralement bon, naïf, gai el serviable, mais il est aussi, par contre, insouciant, paresseux, souvent même menteur et voleur, et ces derniers défauts, il les doit plus à la misère qu’à ses mauvais instincts. Il faut le surveiller de près, être avec lui énergique, sévère et juste. On en fait ainsi un très bon ouvrier agricole, car il est en cénéral sobre et robuste. Par contre, 1l est assez maladroit et on ne peut exiger de lui des travaux délicats. Le Bédouin plus ou moins nomade qu'on rencontre aux confins du désert s’est fixé en grande partie sur la rive droite de la haute vallée du Nil; voici comment l’a jugé M. Jomard, membre de l’Ins- titut, qui accompagnait le général Bonaparte en Égypte: «Il y a des familles arabes qui ont commencé à cultiver en Égypte dès l’introduction de l’Islamisme, d’autres depuis la conquête des Tures seulement. Elles ont perfectionné l’agriculture et l’industrie agri- cole bien plus que les fellahs ; leurs terres sont mieux entrete- nues, mieux arrosées et leurs villages plus peuplés. Ces hommes sont tout à fait distincts des fellahs par leur physionomie, par leur caractère, par leurs manières. Le sang arabe s’est si bien perpétué dans leurs familles sans aucun mélange qu’on ne peut distinguer leurs traits d’avec ceux des Arabes guerriers et, dès qu'ils sont à cheval et endossent le burnous, il n’y a plus moyen de les recon- naître. Ils ont conservé l’air de visage et surtout les yeux petits et brillants qui distinguent cette race, mais plus que tout le reste L4 SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 397 l'esprit de rapacité, de dispute, de chicane. De pareils voisins sont un fléau pour les fellahs. » Les uns et les autres sont pour la plupart illettrés ; il n’en sont que plus heureux, car l'instruction ne pourrait que leur faire com- prendre davantage leur misère, sans améliorer sensiblement leur sort. Ont-ils besoin de savoir commander, puisque pour la plupart ils n’ont qu'à obéir ? Les habitations et les bâtiments agricoles sont des plus rudimen- taires. Ce sont des huttes en briques crues séchées au soleil et re- couvertes de paille de maïs ou de sorgho. Elles sont parfois détruites par une forte pluie ou par une inondation, mais elles sont facilement reconstruiles un peu plus loin. Ce manque complet de bâtiments agricoles suffisants pour rentrer et abriter convenablement les ré- coltes, les instruments et les machines, doit entrer en ligne de compte pour une forte dépense pour celui qui, achetant. une pro- priété, veul y faire une culture intensive et perfectionnée. En somme, la main-d'œuvre en Égypte a des avantages et des dé- fauts avec lesquels il faut compter. L’ouvrier égyptien demande un salaire peu élevé de 0 fr. 50 c. à O0 fr. 60 c. non nourri pour une journée de travail d’au moins 12 heures. Il travaille bien, à condition d’être surveillé ; il est vigou- reux et très apte à tous les travaux de force qui ne demandent pas une grande habileté de main. Ces qualités en font un bon ouvrier “agricole et un médiocre ouvrier d’usine. La terre. — La terre en Égypte a une valeur élevée, qui varie de 20 livres égyptiennes à 50 ou 60 livres égyptiennes le feddan, soit 1 300 fr. à 3000 ou 4000 fr. l’hectare, suivant la qualité du terrain, d’abord parce qu’elle à une faible superficie, le vingt- . cinquième de la France, et est bornée de tous côtés par des déserts absolument stériles, ensuite parce qu’elle a une fertilité incontesta- ble et qu’elle n’a pas, comme dans d’autres pays, à soutenir envers le capital la concurrence d’une puissante industrie ou d’un commerce strès développé. La terre représente aux yeux de l'Égyptien le seul placement sûr auquel il accorde toute sa confiance. C’est pour lui un placement de premier ordre; aussi depuis 10 ans la terre en 398 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Égypte a presque doublé de valeur, alors que le sol lui-même pro- duit moins qu’autrefois, que les produits agricoles ont subi une énorme dépréciation et que les impôts n’ont pas été diminués ni répartis plus équitablement qu’autrefois. À quoi faut-il donc attribuer cette hausse irraisonnée de la terre ? A ce que l'Égyptien riche s’obstine à placer la majeure partie de sa fortune en propriétés foncières et surtout à ce que le fellah a, mal- heureusement pour lui, un amour irraisonné de la terre au point qu’il la loue très cher et que son travail est peu ou pas payé; il ne se doute pas qu’il y a d’autres pays peu exploités, peu peuplés où il pourrait acheter des terres bien meilleur marché et louer son travail bien plus cher. C’est grâce à la main-d'œuvre abondante et bon marché que le propriétaire égyptien retire encore de sa terre un revenu de » ou 6 p. 100 sans s’en occuper. Il y a trois genres de propriétés : la grande, la moyenne et la pe- tite propriété. Chacune a ses avantages et ses inconvénients et com- porte un mode différent d’exploitation. Grande propriété. — La grande propriété en Égypte détient presque les deux tiers de la superficie des terres cultivées. Elle doit son origine à la confiscation pure et simple des terres des vaincus par les vain- queurs ; les plus grandes propriétés appartenaient au khédive, mais par suite d'emprunts elles ont été données comme gages aux créanciers européens, et font partie de deux administrations distinctes : la Daira Sanieh et les Domaines. Les Domaines ont toutes leurs propriétés si- tuées dans la Basse-Égypte et le Fayoum,la Daira Sanieh dans la Haute- Égypte. Après ces deux administrations les plus grands propriétaires sont plusieurs sociétés européennes qui font des affaires plus ou moins brillantes, les princes de la famille khédiviale et MM. Suarez. Les grandes propriétés sont louées à des fermiers ou exploitées en régie. Quand elles sont louées à des fermiers, elles sont divisées en un grand nombre de petites fermes distinctes, car le fermier égyptien n’est qu’un cultivateur qui ne dispose que de ses bras, de ceux de sa famille et de deux ou trois bestiaux. Généralement il n’a aucun* capital, vit au jour le jour, vend ses produits selon ses besoins sans se préoccuper des cours. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 399 Les baux sont à court terme, généralement de 3 ans, 6 ans au plus. Avec des baux d’une aussi faible durée, le locataire cherche à ürer du sol tout ce qu’il peut et traite la terre en pays conquis, aussi les propriétaires sont obligés de faire des clauses restrictives : pour les baux de trois ans, les Domaines ne permettent aux fermiers qu’une seule culture d’été, et la Daira Sanieh les oblige à laisser toute la première année la terre en friche. La valeur locative des terres est en moyenne de 100 fr. l’hectare dans la Basse-Égypte, de 125 dans la Haute-Égypte pour les cultures autres que la canne, de 200 fr. pour la canne, de 90 fr. dans les terres inondées et non irriguées. Pour faire respecter les clauses de location, pour obliger les fermiers à payer régulièrement ou leur confisquer leur bétail s’ils refusent de payer, les grands propriétaires ont un régisseur ou un fermier géné- ral, rarement indigène, généralement européen ou turc. Les Turcs sont peu au courant des nouvelles méthodes de culture, mais ils sont très énergiques, savent se faire respecter et obéir. L'exploitation par régle, par le travail énorme et la surveillance incessante qu’elle exige, est rarement adoptée par les grands propriétaires. Elle est encore em- ployée par les Domaines, par la Daira Sanieh et par MM. Suarez dans leurs grandsteftiches de cannes à sucre de Hawandié et de Cheik-Fadel. L'exploitation par régie permet d’adopter les nouvelles méthodes de culture intensive, d'améliorer le sol, mais elle coûte souvent fort cher par le coulage et les frais inévitables d'administration. Elle ne convient en Égypte que pour les cultures très rémunératrices qui exigent un capital d'exploitation et des machines perfectionnées. En dehors des plantes industrielles, le fermage est préférable en Égypte, car les fermiers, contrairement à ce qui se passe en France, sont nombreux et paient bien, à condition de les y obliger. On paie les ouvriers à la journée, jamais à la tâche, partie en ar- gent, partie en nature. Dans les grands domaines on leur loue des parcelles de terre où ils peuvent cultiver des plantes ou des légumes pour leur subsistance. Moyenne propriélé. — La moyenne propriété a, en Égypte, bien moins d'importance que la grande propriété. Elle comprend des 400 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. surfaces variant entre 10 et 200 hectares. Elle est exploitée par régie ou par fermage comme la grande propriété, mais le plus souvent par métayage ou colonnage partiaire. Les fermiers, au lieu de payer en argent, paient en nature en donnant, d’après les conventions, la moi- lié ou les deux tiers de la récolte au propriétaire. Ce mode d’exploi- {ation a de grands avantages : il intéresse l’ouvrier à la production ; si une forte baisse de prix ou des intempéries diminuent les béné- fices, le propriétaire et le locataire supportent celte perte ; si, au contraire, 1l y a une plus-value, tous les deux en profitent. Mais il faut encore pour ce mode d'exploitation un régisseur payé par le pro- priétaire pour rester constamment sur le domaine, défendre ses in- térêts et faire partager équitablement les récoltes. Pelite propriété. — La petite propriété a fort peu d'importance ; elle est toujours cullivée par le propriétaire et sa famille d’une façon beaucoup plus intensive que la grande et la moyenne propriété, mais grevée de frais considérables, écrasée par les impôts fonciers qui sont très élevés, elle est souvent saisie par les créanciers et, vendue, elle va augmenter quelque gros domaine. Le fellah, petit proprié- taire, n’a pas l'esprit d'initiative et de sage économie du cultivateur français ; 1l emprunte à un taux exorbilant et se ruine avec une par- faite insouciance. Si, après avoir examiné ces trois genres de propriétés, nous les comparons aux propriétés équivalentes en Europe, nous trouvons en faveur de la propriété égyptienne certains avantages, mais aussi de graves inconvénients. La plupart des avantages s'adressent à la grande propriété : c’est la réduction des frais généraux surtout pour l'irrigation par machines à vapeur, les grosses machines coùlant relativement bien moins cher que les pelites et consommant par cheval beaucoup moins de charbon. La configuration du sol permet au grand propriétaire de se servir avec le plus grand profit de toutes les machines agricoles perfectionnées : laboureuses à vapeur, fau- cheuses, moissonneuses. Enfin la main-d'œuvre très bon marché ne grève pas comme en France la terre de frais généraux considérables. La grande propriété n’a pas toujours encore en Égypte, comme en France, sur la moyenne et la petite propriété la supériorité intellec- SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 401 tuelle et scientifique, mais elle possède incontestablement celle des capitaux. Déjà dans certains grands domaines comme celui du prince Halim, à Chawa, près de Mansourah, affermé et exploité par M. Psiachi, dans les teftiches de MM. Suarez, dans la Haute-Égypte, on a construit des routes agricoles ou des chemins de fer à voie étroite, des machines élévatoires très économiques, des canaux d'irrigation et de drainage, des lignes téléphoniques pour relier les différents centres de culture. Les bénéfices bruts sont en Égypte beaucoup plus considérables qu’en France ; par contre, les impôts y sont très lourds, le prix de la terre très élevé, de sorte qu’une légère baisse de produits agri- coles diminue ou même supprime les revenus du propriétaire. L’absentéisme qui a fait et fait encore tant de tort à la propriété foncière en France est de règle générale en Égypte. Dans la campa- gne on ne rencontre Jamais, comme dans le nord de la France et surtout l'Angleterre, de belles propriétés entourées de beaux parcs et d'eaux vives. Cela tient à ce qu’en dehors de la chasse, la campagne n'offre aucun agrément, surtout à cause du manque de routes qui empêche le voisinage. Mais S. A. le Khédive, qui s'intéresse à l’agriculture, réagit par son exemple contre les fâcheux effets de l’absentéisme, et il faut espérer pour l'Égypte qu’il diminuera avec le temps. Enfin nous avons vu qu’il ne pleut presque jamais en Égypte et ‘que toute l’agriculture repose sur l’inondation et surtout sur l’irri- gation. Or, par suile de l'extension excessive des irrigations, l’ad- ministration à adopté une révolution à longue période et chaque propriétaire ne peut prendre de l’eau dans les canaux qu’à son tour. L'administration ne permet plus ou que très difficilement l’installa- ton de pompes à vapeur sur les canaux et fait même des difficultés pour l'installation de pompes sur le Nil. Les propriétés qui touchent le Nil ont le grand avantage de pouvoir être irriguées à volonté, mais le cours du Nil se déplace fréquemment et cause de grands dommages. La propriété foncière en Égypte est donc doublement à la merci de Padministration et par les impôts qui sont écrasants et n’ont pas diminué alors que tous les produits ont baissé de 33 p. 100 et par ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1896, — 1, 26 402 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. une réglementation des eaux qui peut arrêter net la production. On ne saurait donc engager des Européens à faire de l’agriculture en Égypte ; Lous ceux qui l'ont essayé s’en sont fort mal trouvés ; ils se sont presque tous ruinés en grevant leurs exploitations de frais géné- raux Lrop considérables, l'augmentation des récoltes ne compensant pas d'ordinaire l'augmentation des frais que comporte une exploita- tion perfectionnée. Néanmoins, des améliorations de détail peuvent augmenter notablement les revenus du propriétaire et soulager la misère du fellah. Quand éclate une crise agricole, crise qui menace de se pro- longer longtemps, 1l faut que le cultivateur redouble d’activité et d'intelligence ; il faut qu’il soit à la fois agriculteur, commerçant, industriel. Il doit se créer de nouvelles ressources par une initiative sans cesse en éveil; il doit savoir par une comptabilité exacte à combien lui reviennent tous ses produits et s’il ne peut les vendre avec bénéfice en abandonner Ja culture. En Égypte, le cultivateur peut introduire de nouvelles plantes, se servir avec avantage de se- mences sélectionnées. Il peut faire de l'essence de roses avec du géranium rose qui pousse à merveille; de l’orge précoce pour la brasserie ; avec des semences de lin de Riga et par de bons pro- cédés de rouissage et de teillage il peut obtenir une filasse extrê- mement fine qui se revendra toujours cher ; il peut encore produire de l’indigo, de la ramie, du chanvre, des oignons, des tomates, pro- duils qu’on exporte ; l’arachide pousse à merveille dans les terres sablonneuses ; avec des engrais chimiques, le coton pourrait être planté tous les deux ans et donnerait de fortes récoltes ; avec l’in- digo la culture de la canne peut devenir très rémunératrice malgré la baisse du sucre. Industrie. — L'industrie est encore dans l’enfance; du reste, l'Égypte restera toujours un pays essentiellement agricole, car il manque de charbons et de minerais qui alimentent les industries métallurgiques. Toutes les industries en Égypte se rapportent aux productions du sol. Les usines les plus importantes sont les sucreries de cannes de la Daira Sanieh, puis celles de la Société des Sucreries de la Haute-Égypte qui a en outre une raffinerie très importante SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 403 à Hawandié ; en second lieu viennent les usines d’égrenage et de pressage de coton toutes situées à Zagazig, Kafr-Zaïat ou Alexan- drie. La force motrice de l’eau est utilisée par la Société française des moulins d'Égypte, qui a des succursales à Alexandrie, au Caire, à Akhmine, à Tantah. Deux distilleries importantes ont été créées par des négociants grecs au Caire et à Alexandrie. Dans cette dernière ville on trouve encore une huilerie et savonnerie à vapeur qui trai- tent les graines de coton et d’arachide ; un atelier de réparations mécaniques pour les machines à vapeur. Dans les grandes villes existent des usines à gaz et d’électricité, des services des eaux, des sociélés de Tramways, des imprimeries et typographies, des ateliers de fabrication de cigarettes dont la consommation locale et l’expor- tation sont considérables. La petite industrie indigène soutient encore bien la concurrence de la grande industrie européenne, par la modicité des prix de la main-d'œuvre et par sa facilité extrême de se conformer au goût des consommateurs. Cette pelite industrie comprend la fabrication -des babouches, des selles et des harnais arabes, des chéchias, des nattes. Les beaux tapis viennent de Perse ou d’Asie-Mineure, les tarbouches légers et doublés de paille sont fabriqués à Lyon ou en Autriche. Les industries à créer ne sont pas aussi nombreuses qu’on pour- rait le croire au premier abord, car l'Égypte ne peut édicter à sa volonté des droits protecteurs sans en référer aux contrôleurs euro- péens et aux représentants des puissances. Actuellement tous les produits bruts ou manufacturés paient pour entrer en Égypte un droit de 8 p. 100 ad valorem ;: aussi la lutte de lmdustrie égyptienne contre l’industrie européenne est out à l’avan- tage de cette dernière qui dispose d’un capital, d’un outillage et de débouchés considérables. On pourrait créer avec quelques chances de succès des tréfileries et corderies à vapeur, le chanvre étant très bon marché en Égypte, des ateliers de filature et de tissage du coton et du lin, des fabriques d’amidon, d’essences, de conserves alimentaires de légumes et sur- tout de gibier qui est très abondant en Égypte. 404 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Commerce. — Si l’industrie est peu importante en Égypte, le com- merce par contre s’est fort développé depuis le percement de l’isthme de Suez qui fait passer en Égypte une grande partie du transit de l'Europe avec l’Extrême-Orient. Le grand commerce d'importation ou d’exportation est tout entier aux mains des Européens. Les indigènes ne font que le petit com- merce de détaillants. Presque tout le grand commerce est concentré au Caire et surtout à Alexandrie. Commerce intérieur. — Le commerce intérieur se fait par eau et par chemin de fer. Le Nil et les canaux présentent un développement considérable et les transports par eau sont très économiques, car ils ont toujours lieu dans des barques à voiles. Le Nil, dont le cours change souvent de place et qui a très peu de profondeur, n’est navigable que pour des bateaux à fond plat ayant très peu de tirant d’eau. Les canaux et les deux branches inférieures du Nil ne sont navigables que pour les barques à voiles; seul le cours du Nil en amont du Caire est parcouru par les bateaux à va-. peur des compagnies Cook et Gaze. La Compagnie Gaze a des bateaux à vapeur à deux hélices très rapides et fort bien aménagés qui font un service régulier du Caire à Assouan, en s’arrêtant auprès des villes importantes et des ruines qui peuvent intéresser les Louristes. Ces bateaux sont de véritables hôtels floltants avec cabines parti- culières pour chaque passager, salon, salle à manger ; ils ont en général deux étages de cabines. Les marchandises lourdes sont toujours transportées par barques à voiles. La navigation sur le Nil est très lente et très difficile, car on doit toujours s’arrêter pendant la nuit de peur d’échouer sur un banc de sable, ce qui arrive encore souvent. Les barques sont à fond plat, n’ont qu'un mât et une voile triangulaire portée par une grande vergue presque verlicale. Elles remontent assez bien le Nil, car le vent du nord souffle avec beaucoup de force et de régularité. Pour descendre, elles roulent leur grande voile et se mettent en travers du courant, mais elles ne font ainsi que quelques kilomètres par jour. SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 405 IL y a aussi des barques à voiles de plaisance ou dahabiebs avec appartement pour les voyageurs. Cette navigation à la voile est fort agréable, non pour aller vite, mais pour passer une saison sur le Nil. à Les barques qui passent sous les ponts de chemin de fer doivent paver un droit de péage, ce qui est absolument illogique, puisque ces ponts gênent la navigation et que les chemins de fer lui font concurrence ; mais ces derniers appartiennent à l’État qui les ex- ploite lui-même et qui n’a trouvé rien de plus simple que de ruiner, au grand détriment de l’agriculture égyptienne, une industrie de transports très économiques qui lui fait concurrence. Chemins de fer. — Les chemins de fer ont aujourd’hui un déve- loppement considérable tant dans la Haute que dans la Basse-Égvypte et on en augmente tous les jours le réseau. La construction et l’en- tretien de la voie sont très faciles, car le pays est absolument plat et la pluie très rare. La voie est établie sur une digue peu élevée qui la met à l'abri des mondations ; en général elle n’est pas recouverte de ballast ; elle sert aussi de chemin pour les piétons, les ânes et les chameaux. Fort de son monopole, l’État égyptien avait établi des tarifs très élevés pour les voyageurs comme pour les marchandises ; il les a abaissés et aujourd’hui ils sont équivalents à ceux d'Europe. Les marchandises qui donnent lieu à un trafic intérieur sont peu nom- breuses, ce sont presque toujours des matières relatives à l’alimen- tation, des fruits, des légumes. Commerce exlérieur. — Par sa position, l'Égypte se trouve en rapport avec l’Europe et l'Asie; par la création du canal de Suez, elle se trouve sur un des grands chemins du monde. Elle importe peu de denrées de l’Extrême-Orient, mais beaucoup de produits manufacturés de l’Europe. Elle est en relations avec Marseille par là Compagnie des Messageries maritimes, avec l'Italie par la Compagnie Florio Rubattino, avec l’Autriche par la Compagnie du Lloyd autri- chien, avec Constantinople et Odessa par la Compagnie russe de na- vigation, avec l'Angleterre par de nombreuses compagnies dont la 406 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. plus importante est La Peninsular, avec l'Allemagne par une com- pagnie allemande. L'Égypte n’a, comme marine marchande, que la Compagnie Kedivieh. Presque toutes les marchandises, aussi bien à l'importation qu’à l'exportation, sont transportées sous pavillon an- glais. L'Égvpte n’a que deux ports importants : : Alexandrie et Port- Saïd. Alexandrie est le grand port de l'Égypte ; Port-Saïd est surtout un port de transit : celle jeune cilé tend à supplanter Alexandrie et elle y arrivera tôt ou tard, car les grands vapeurs qui vont en Extrême- Orient ne font plus escale à Alexandrie. Les ports de Rosette et de Damiette n’ont plus aucune importance commerciale ; ce sont de petites villes abandonnées. Toutes les marchandises européennes se font concurrence en Égypte, et chaque nation y a sa spécialité. La France importe aujourd’hui moins d’eau-de-vie, de vin et de vêtements confectionnés qu’autrefois, mais plus de chotes de ci- ments, de plâtre. La concurrence y est acharnée et il arrive que des produits s'y trouvent à meilleur marché qu’en Europe. Quant à l'exportation, elle est surtout alimentée par le coton, le sucre brut et raffiné. Environ 55 p. 100 des produits égyptiens ont été expédiés en 1894 en Angleterre, 22 p. 100 en Russie. Le capital. — Le capital, malgré la prodigalité orientale, est maintenant assez abondant en Égypte. Il se porte lout entier sur l’agriculture et, comme nous l'avons vu plus haut, il a fait monter dans une très forte proportion la valeur de la terre. Cependant on peut dire que « l’agriculture par le travail » est la règle, tandis que « l’agriculture par le capital » est l’exception. Tout le capital est consacré à l’achat du terrain; le capital d’ex- ploitation est toujours très faible, presque nul. Aussi le propriétaire acculé par une mauvaise récolte ou par une mévente, est-il obligé de recourir à des prêteurs grecs ou juifs qui lui avancent de lar- gent à un taux exorbitant. Sous la puissante impulsion de Méhémet- Ali et de Saïd-Pacha, il s'était fondé en Égypte de nombreuses ban- ques agricoles qui presque loutes ont sombré. Actuellement il n°y à plus comme grands établissements financiers en Égypte que plu- SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 407 sieurs banques anglaises, le Crédit foncier égyptien et les succursales du Crédit lyonnais. Seul le Crédit foncier égyptien prête aux agri- culteurs, mais toujours sur hypothèques. On critique sévèrement le petit prêteur qui n'avance de l’argent aux fellahs qu’à un taux exorbitant; mais il faut reconnaitre aussi que la solvabilité du fellah est fort douteuse, sinon les grands éta- blissements financiers s’empresseraient de lui avancer de l'argent à un lLaux raisonnable. Le fellah vend sa récolte sans se préoccuper de la somme néces- saire pour acheter la semence, insouciance impardonnable pour un agriculteur. Le prêteur vient alors lui offrir un sac de graine de coton contre un kantar de coton à la récolte. L'opération est bonne, mais si, au moment de la récolte, le créancier ne vient pas lui-même prélever sa part, la récolte est vendue et le créancier en est pour ses frais. Le fellah sourit alors et se dit en lui-même que c’est très commode d'emprunter pour ne pas rendre. L'argent, en somme, est une marchandise comme une autre que l’on vend et que l’on achète plus ou moins cher ; c’est à l’emprun- teur à présenter des garanties suffisantes pour obtenir de l’argent à un taux raisonnable. Généralement le fellah ne veut pas hypothéquer sa pelite propriété, 1l veut donc avoir recours au crédit personnel, et celui-ci, beaucoup plus dangereux pour le créancier, doit être beaucoup plus rémunérateur que le crédit impersonnel qui repose sur des valeurs fixes qui ne peuvent disparaître d’un jour à l’autre comme un débiteur insolvable. Néanmoins, la création de banques agricoles rendrait de grands services à l’agriculture, mais elles ne pourraient toujours avancer de l'argent que sur hypothèques. Le rôle de l'État. — L'État, par ses institutions, par ses multiples attributions, a toujours une grande influence sur la prospérité du pays, et ce rôle est bien plus grand en Égypte que partout ailleurs, par suite du manque presque général d'initiative privée. L'impôt foncier alimente presque à lui seul les ressources du bud- get. Il se divise en : Ochouri et Karadji. Ochouri veut dire en arabe dixième ou dime, qui était la part affé- 408 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. rente au souverain sur les terres qu’il distribuait en toute propriété à ses compagnons d'armes et de conquête. Le Karadyji était la location imposée à toute terre qui n’était pas déclarée Ochouri, ces terres restant toujours propriété du Gouver- nement et le détenteur pouvant en être expulsé à sa fantaisie. Au- Jourd’hui cel état de choses a été bien amélioré et le possesseur de terres Karadji a des titres de propriété parfaitement en règle. Ces deux impôts, qui n’ont aucun rapport avec la qualité et la production de la terre, n’ont plus de raison d’être. On travaille actuellement à la péréquation de lPimpôt et il faut espérer que dans quelques années l'impôt Karadji n’existera plus qu’à l’état de souvenir. L’impôt Ochouri varie de 30 à 120 piastres tarif (0 fr. 25 c.) par feddan et l'impôt Karadji de 70 à 160 piastres tarif. On peut donc dire en général que l'impôt varie de 20 à 100 fr. par hectare, il est en moyenne de 60 fr.; cet écart énorme, qui n’a aucune raison d’être équitable, va être diminué et même supprimé par la péréquation de l'impôt, mais il faut que cette péréquation se fasse en dégrevant la terre Karadji et non en grevant la terre Ochouri de nouveaux impôts. On peut arriver à ce résultat en créant des impôts indirects. Un des principaux et des plus nobles rôles de l’État est d’encoura- ger et de répandre l'instruction professionnelle. Dans ces dernières années, le gouvernement égyptien a créé une école d'agriculture à Giseh. Cette école enseigne à ses élèves les nouvelles méthodes de culture ; des professeurs y font des cours d’une haute valeur scien- ufique. Sur ses champs d’expérience, l’école fait des essais de nou- velles cultures; c’est même là que doivent se porter tous ses efforts. Il faut démontrer aux cultivateurs aussi bien qu’aux élèves, par des exemples frappants, tout l’intérêt qu'ils ont à employer les en- grais el les semences sélectionnées. L'école, administration de l’État, peut faire des essais, des tâton- nements coûteux, des expériences dont elle ne retirera aucun béné- fice; chose impossible pour des particuliers qui doivent compter avec leurs ressources toujours limitées et leurs frais généraux sou- vent considérables. L'école est entrée résolument dans celte voie : elle a démontré SITUATION AGRICOLE ET INDUSTRIELLE DE L'ÉGYPTE. 409 qu’on peut obtenir de la canne riche à 15 p. 100 de sucre; elle a introduit la culture de la ramie, de l’arrow-root, la fabrication du beurre d’après les méthodes européennes au moyen d’écrémeuses centrifuges, de barattes rotatives, de malaxeurs ; son beurre obtient au Caire un prix de faveur. L’apiculture et les ruches à cadres ont parfaitement réussi; le miel est aussi fin que celui de France ou de Suisse. Mais l’École de Giseh peut encore introduire en Égypte bien des cultures et des industries nouvelles : l’indigo, le mürier annuel du Tonkin qui pousse en un an comme le cotonnier et qu’on arrache après la récolte totale des feuilles, la sériciculture scientifique d’après les méthodes de Pasteur, les plantes à essences et le géranium rose, la menthe en particulier. Une seule école d'agriculture ne peut suffire à un pays essentiel- lement agricole comme l'Égypte ; il faudrait, en outre, créer dans la Haute et dans la Basse-Égypte des Stations agronomiques où il y aurait un champ d’expériences, et où un chimiste, dans un labora- toire spécialement organisé, ferait des analyses complètes du sol, des produits agricoles, des engrais, pour une somme modique, enfin des conférences périodiques. Conclusions. De. tout cet exposé, il résulte que l'Égypte est un pays d’une grande fertilité, qui doit, par sa nature même, rester essentiellement agricole. Que sa fertilité peut être sensiblement accrue par la science des méthodes et des efforts. Puisse donc l'instruction, une instruction pratique, s’y développer et, dans le progrès qui l’entoure, ce beau pays se maintiendra à la bauteur de son passé ! | LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION ORIGINE — PRODUCTION EUROPÉENNE COMPOSITION EMPLOI — APPLICATION AUX DIVERSES CULTURES AVANT-PROPOS L’acide phosphorique, aliment indispensable de tous les végétaux, est particulièrement favorable à l'obtention de rendements élevés en céréales et en fourrages. Son apport au sol, à un élat assimi- lable, est le point de départ de toute amélioration des terres pau- vres. C’est lui qui transforme en riches prairies, où abondent les légumineuses, les plus maigres pâturages, lui encore qui permet d'obtenir, avec une faible dépense, des rendements élevés en grains, là où l’on récoltait, à l’hectare, quelques quintaux à peine de fro- ment, de seigle, d'avoine et d’orge. Or, la plupart des terres sont pauvres en acide phosphorique et il en est où l'absence de cet aliment des plantes cause la stérilité com- plète. La restitution au sol des énormes quantités d’acide phosphorique exportées par les récoltes (cette exportation se chiffre annuellement, pour la France, par {rois cent mille tonnes environ), est la condition essentielle du maintien de sa fertilité. Un apport d’acide phosphorique supérieur à celte quantité peut seul accroître la fécondité de la terre. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 41 Le famier de ferme produit annuellement, quelque soin qu’on apporte à sa récolte et à son utilisation, est tout à fait insuffisant pour combler lécart entre les exigences des hauts rendements et les ressources naturelles du sol en acide phosphorique assimilable. Sous l'influence du développement de la consommation des engrais industriels dont l’emploi a certainement triplé depuis vingt ans, les rendements se sont accrus dans une très notable proportion dont la production du blé peut donner la mesure. En quinze ans, dans la période comprise entre 1880 et 1895, les rendements moyens, en froment, du sol français ont augmenté de près de trois hectolitres à l’hectare, c’est-à-dire plus que dans la période précédente de soixante années, de 1820 à 1880, période où l’emploi de fumures autres que le fumier de ferme était presque complètement inconnu. Les quel- ques chiffres suivants le démontrent. De 1820 à 1895, le rendement du blé a suivi la progression très accentuée que voici : AUGMENTATION RENDEMENTS É EE PÉRIODES. à sur l’hectare. 1820-1829. p. 100. hectolitres: PALERME TETE 11,80 Ù » PHOTOS EN GS UEEMNLS 12,30 0,56 4.82 DS LO SAINTE 13,66 1,86 NOTES 1|E SO LES RENNES 13,95 DPALS 15,30 LEGO SCOLAIRE 14,36 256 21.70 LS HD LSTOM MENACE 14,46 2,66 22.60 1SS DS LS IDE ENS DOTE 4,31 36.40 LORRAINE Re LR La » , 42 45.90 Le progrès cultural des quinze dernières années (1880-1895) éclate de la manière la plus évidente dans la comparaison des accrois- sements de rendements obtenus de 1820 à 1880 et de 1880 à 1895. Dans la première de ces périodes, en soixante ans, le rendement à l’hectare a augmenté de 2,66, soit 22.60 p. 100 ; dans la dernière période, dont la durée est du quart seulement de celle de la pre- mière, l'accroissement de rendement a été porté à 5"!,49, sur celui de 1820, et à 2,76, sur la production de 1880. Autrement dit, augmentation du nombre d’hectolitres récoltés à l’hectare a été 412 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. plus grande dans les quinze dernières années que dans les soixante ans qui les ont précédées. Si l’on envisage seule la dernière période décennale (1886 à 1895), l’année 1886, qui ouvre cette période, ayant été une bonne année moyenne, on constate, pour les quatre grandes céréales, les aug- mentations de récoltes ci-dessous : RENDEMENTS MOYENS en quintaux métriques, à l’hectare. SEEN RP p. 100 1895. 1886. Différence. sur 1556. quint. métr. quint. métr. quint, métr, p. 100. LOUER 13,26 11,89 1,42 11.99 Seigle . . . 11,75 9,93 1,52 18.32 Orge. . . . 12,52 19,13 0,39 3.21 Avoine. . . 11,43 11,30 0,13 its Ce progrès est dù, pour la plus grande partie, à l'introduction croissante dans le sol du phosphate et de l'azote qui sont les facteurs essentiels de la production végétale dans un pays comme le nôtre, où le sol renferme presque partout assez de potasse pour nourrir les céréales. A l'heure qu’il est, on peut évaluer approximativement à deux millions de tonnes le poids des engrais commerciaux con- sommnés par l’agriculture française. Cette quantité, déjà considérable mais bien insuffisante encore pour porter les rendements, sur 27 millions d'hectares sous culture que nous possédons, aux chiffres de récoltes qu’on en peut attendre, se répartit à peu près de la ma- nière suivante : I. — Engrais azotés, POIDS QUANIUTÉS CONSOMMÉES. À ns PRSCOre azote. à la culture. tonnes métr. p. 100. tonnes métr. NIÉTATENCESOUTE RE EN 180 000 UE, 27 900 Sulfate d'ammoniaque. . . . 25 000 20.0 > 000 Tourteaux oléagineux . . . . 620 000 .0 31 000 DATE Jesse RE NEO | Corne, CILTS A En ER eMRS 20 000 9.0 1 S00 Poudrette. NAN EE Guanos ENNEMI FLE 2 000 9.0 150 DORE 847 000 65 860 LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 413 II. — Engrais phosphatés. TENEUR ACIDE QUANTITÉS CONSOMMÉES. en acide phos- phosphorique. phorique. tonnes métr, p. 100. tonnes métr. PHOSDHATESTDTULS- RENE. 130 000 15.0 23 400 Superphosphates minéraux et d'os S00 000 13.0 104 000 Scories de déphosphoration. . . 80 000 15.0 12 000 Total Patents 1010000 139 400 III. — Engrais potassiques. Chlorure (Stassfurt). . . . . . 13 000 tonnes. Kamite:(Stassiurt) 020 6000 — LrOUUITS TAN CAS EME EEE 20000 —? LOL UE 39 000 tonnes. Récapitulant cette consommation, on constate qu’elle s’élève au total suivant : NOrAISSAZOLES NE RE 817 000 tonnes. Engrais phosphatés . . . . . 1010000 — Engrais potassiques. . . . . 39 000 — 1 596 000 fonnes. soit en nombre rond 1 900 000 tonnes métriques. Si l’on répartit également, par la pensée, sur les 27 millions . d'hectares de terre en culture, les tonnages d’azote et d’acide phos- phorique indiqués ci-dessus, on constate qu’ils fourniraient seule- ment, par hectare, les quantités suivantes. A7 O0(BEN. 0 CUS PERD ETATS 2k8 44 NCIUE DROSTNorIquEer PEU RME MON ne DAS Ces chiffres sont bien faibles, si on les compare aux quantités d’acide phosphorique et d’azote que reçoivent les terres convenable- ment fumées et qui, sous l'influence de la famure, voient leurs ren- dements en blé s’élever à 30 et 35 quintaux, et ainsi de suite pour les principales récoltes. On considère comme une bonne fumure moyenne pour un hectare de céréales, par exemple, 40 kilogr. d'acide phosphorique et 30 kilogr. d’azote nitrique. Sous l’influence 414 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. de ces quantités d’engrais, on obtient, la plupart du temps, un excé- dent de récolte, sur le sol non fumé, de 8 à 10 quintaux de grains. Les 66 000 tonnes d’azote des engrais du commerce ne suffiraient donc à donner ces 30 kilogr., à l’hectare, qu’à une surface un peu supérieure à 2 millions d'hectares. Les 131 000 tonnes d'acide phos- phorique, réparties à raison de 40 kilogr. à l’hectare, ne permet- traient de fumer que 3 millions un quart d’hectares environ. Il est donc surabondamment établi par ces quelques constatations que les cultivateurs français ne sauraient trop porter leur attention sur l’emploi des engrais minéraux et particulièrement sur l’utilisa- tion la plus large des matières phosphatées et du nitrate de soude qui ne leur ont jamais été offerts à des conditions de prix plus favo- rables qu'aujourd'hui. La France produit 800000 tonnes de superphosphates et 135 000 tonnes environ de scories de déphosphoration ; elle pourrait aisément utiliser le double de ces quantités à l’amélioration du sol et cependant nous sommes malheureusement encore, à l'heure pré- sente, exportateurs de scories et de superphosphates. Mon but, en publiant cet opuscule, est de convaincre ceux des agriculteurs français qui pourraient encore douter de l’efficacité des engrais phosphatés et de les amener à utiliser jusqu’au dernier quin- tal les scories produites par les aciéries françaises, au lieu de les laisser aller féconder les terres des voisins. Depuis 1885, époque à laquelle j’ai signalé aux cultivateurs fran- çais l’efficacité des scories, J’ai expérimenté avec un plein succès ce précieux engrais : 1° dans mes champs d’expériences ; 2 dans ceux de l’école d'agriculture Mathieu-de-Dombasle ; enfin dans un vaste domaine de l’Alsace-Lorraine où, grâce à lintelligence et à l’activité de mes fermiers, MM. Peupion et Spannagel, j'ai pu, par leur emploi sur une large échelle, améliorer très notablement les rendements en céréales et en fourrages. Jai suivi en outre aussi complètement que possible l'emploi des scories, en France et à l’étranger, et enregistré les résultats excel- lents qu'on a partout constatés. L’opuscule que je présente avec confiance à mes lecteurs est un résumé à peu près complet des faits acquis concernant la valeur fer- LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 415 ülisante, la composition, l'application aux diverses récolles, le mode d'achat et d'emploi d’une matière fertilisante d’autant plus précieuse pour l’amélioration des terres qu’elle est applicable à toutes les cul- lures, à tous les sols et à toutes les époques de l’année. Si la lecture de ces quelques pages pouvait aboutir à faire utiliser par notre agriculture la Lotalité des scories produites par l’industrie française et, mieux encore, l’amener à importer les scories des aciéries voisines de nous, j'aurais atteint mon but. Jamais nous ne confierons à notre sol trop d’acide phosphorique : utilisons la production indigène de superphosphate, de scories et de phosphate naturel ; importons, au lieu d’exporter, tous les engrais phosphatés que nous pourrons nous procurer, et notre sol nous per- mettra, par l'accroissement économique de sa fécondité, de lutter contre l’avilissement des prix. L'agriculture européenne ne nous semble pas traverser, comme on le répète trop souvent, une crise. Sa situation difficile est la résultante et l’expression d’un état nou- veau avec lequel il faut nous accommoder et dont nous devons cher- cher à tirer le meilleur parti possible. La diminution du prix de revient des denrées agricoles par l’élé- vation des rendements du sol nous paraît être, plus que jamais, l’élément principal de succès dans la lutte contre la dépréciation des produits. L'exemple de la transformation de la ferme de Schniftenberg, . que je recommande lout spécialement à l’attention de mes lecteurs, est là pour montrer ce qu’on peut attendre de l'application ration- nelle des fumures minérales et, en particulier, des scories associées au nitrate de soude, pour l’amélioration des sols pauvres. J’espère que M. Schickert trouvera des imitateurs parmi les propriétaires, trop nombreux encore, dont les terres, faute d’aliments, ne produi- sent pas à beaucoup près les récoltes qu’il serait possible d’en obte- nir. Que ces propriétaires donnent l’exemple : non seulement ils y trouveront une large rémunération de leurs avances au sol, mais, ce qui sera utile à tous, ils entraineront leurs voisins dans une voie profitable au plus haut point aux intéressés et, par surcroît, à l’ac- croissement de la richesse nationale. 416 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. I. Origine et composition des scories de déphosphoration. Tous les voyageurs qui ont parcouru les régions métallurgiques de l’est de la France, de la Belgique et du bassin de la Sarre ont été frappés, sans doute, de l’accumulation des lailiers des hauts fourneaux autour des usines à fonte. Ces laitiers, résultat de l’opé- ration qui à pour but de séparer le fer de la gangue qui l’enve- loppe, sont devenus pour les producteurs de fonte un véritable em- barras, en raison du volume considérable qu’ils occupent et de leur amoncellement chaque jour croissant dans le voisinage des hauts-fourneaux. Essentiellement formées de silicate de chaux et d’alumine, associées à des quantités de fer plus ou moins notables qui ont échappé à la réduction dans le haut-fourneau, ces scories sont sens aucune valeur au point de vue agricole; leur seul emploi de quelque importance consiste dans l’empierrement des routes et la fabrication des briques. Il n'en est pas de même des scories de déphosphoration pro- venant des aciéries et qui, demeurées longtemps inutilisées comme les scories des hauts-fourneaux, sont devenues un précieux en- grais pour l’agriculture et une large source de profits pour les aciéries, dès que leur haute valeur fertilisante a été mise en lu- mière. Depuis le développement énorme qu’a pris la fabrication de acier (procédé Bessemer, Martin, etc...), des progrès considérables ont transformé la métallurgie du fer. On est parvenu à enlever, plus ou moins complètement, aux minerais et à la fonte qui en dérive, le soufre et le phosphore qui les rendaient inpropres à la fabrication de l'acier de bonne qualité. Le plus grand progrès apporté à cette industrie est incontestable- ment celui qu'ont réalisé, il y a une quinzaine d’années, en Angle- terre, deux jeunes inventeurs, Sydney Thomas-Gilchrist et Percy Gilchrist, qui tentèrent d'appliquer en grand des idées théoriques formulées assez vaguement par l’ingénieur des mines français Grü- ner. Après des tâtonnements et des échecs inhérents à toutes les applications industrielles d’une idée théorique ou d’une expérience LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 417 de laboratoire, Sydney Thomas et Percy Gilchrist, à force de téna- cité, réussirent à introduire dans la métallurgie de l’acier une véri- table révolution. Le but à atteindre était d'enlever le phosphore du minerai de fer qui s’accumule dans la fonte pendant sa production, de le faire passer dans la scorie et finalement d’obtenir de bon acier à l’aide de fontes phosphoreuses, ce qui n'avait jamais été qu’im- parfaitement réalisé dans l’industrie avant eux. Avant 1878, on ne connaissait aucun procédé qui permit d’ex- traire de la fonte servant à la fabrication de l'acier, le phosphore qui accompagne presque tous les minerais de fer. On était bien parvenu, quoique incomplètement, à chasser le phosphore de la fonte, mais non à l'obtenir sous forme d’acide phosphorique, c’est- à-dire au seul état où l’agriculture puisse lutiliser. A cette date remonte la grande découverte de Sydney Thomas- Güilchrist, qui, substituant la chaux et la magnésie aux matériaux siliceux, alors seuls en usage dans la fabrication de l’acier par le procédé Bessemer, réussit à transformer le phosphore de la fonte en phosphate basique de chaux, substance à laquelle les scories doivent leur principale action fertilisante. De 1878 à 1884, S. Tho- mas-Gilchrist, en collaboration avec son cousin Percy Gilchrist, arriva, au travers de péripéties et de difficultés sans nombre, à rendre industriel le procédé imaginé par lui et à le faire passer du laboratoire dans l’industrie métallurgique, à laquelle il allait impri- mer le plus grand progrès réalisé dans le siècle. C’est par l'addition à la fonte, de magnésie et de chaux en grand excès, soit dans le four Martin-Siemens, soit dans le convertisseur Bessemer, que Tho- mas et Percy Gilchrist sont parvenus à rassembler, dans la scorie, presque tout le phosphore de la fonte et à obtenir de l’acier de bonne qualilé, avec une matière première réputée jusque-là im- propre à la production de ce métal. La bauxite, la dolomie, certains calcaires, matières très abondantes dans la nature et riches à la fois en chaux et en magnésie, additionnées, dans certains cas, de mi- nerais de fer manganésiféres, sont les matières employées à la dé- phosphoration. Un exemple donnera une idée des résultats obtenus par la mé- thode Thomas et Percy Gilchrist. ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1896, — nm, 27 418 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Une fonte employée à la fabrication de l'acier contenait, avant traitement : | Ce AE ot pat 3 p. 100 Silicium. . RARE 1-3 — MANRANESeN er EEE) ane 1.52 — Phosphore. . 2.53 — Soufre . 0.2 — Le convertisseur Bessemer (sorte de grande cornue dans laquelle la fonte en fusion est décarburée par l’action de l’air sous pression) était garni intérieurement de dolomie agglutinée avec du goudron. Cette dolomie renfermait : CDAURA RS EEE AU ee De a Pet 53 p. 100 Magnésier SON OISE SE 32 — SIC ReTAlUMINe MATE MEN MA PURE T — L’acier provenant de la fonte dont je viens d'indiquer la composi- lion ne contenait plus que les quantités suivantes de corps étran- gers : GarDone er SEE EAN 0.43 p. 100 Silicium Le Siret Traces, Manganésess en de A Re 0.76 — PROSDROPE EME ST LIRE 0.02 "— SOUTERRAIN EEE à 0.03 — Le laitier séparé de l'acier (qu’on nomme en France scories de déphosphoration et qui est plus particulièrement connu en Alle- .magne sous le nom de phosphate Thomas, présentait la composition suivante : DHICO ASE de Detereuter late llelie Le 12 p. 100 Chauxtet mans NE MT D4 — Oxyde de fer et de manganèse. . . 11 — Acide phosphorique + Le 16 — Le taux d’acide phosphorique des scories varie, d’une part, natu- rellement d’abord avec la teneur des fontes en phosphore, de l’autre, avec la marche des appareils. Les scories pouvant contenir de 7 à 2% p. 100 de leur poids d’acide phosphorique, nous insisterons plus LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 419 loin sur les garanties que les cultivateurs doivent exiger des ven- deurs. Les chiffres suivants donneront une idée des écarts extrêmes que présentent les scories dans leur composition, d’après la nature des fontes et le mode de production du laitier (addition de chaux, etc.) : Acide phosphorique. . . . 8 à24 p. 100 (CIE SM ENT 5 EUR 34 | à 09 — Magnesie 4. Rene Bet ft) — Silice. . AOL TE TANAES —- Protoxyde de manganèse . En a0G — Protoxyderde fer "PR" 0 RE UE — SOU R Le cME Re 0.2à 0.6 — Alumine lan? Ces grandes variations dans la composition des scories dépendent, à la fois, de la nature des fontes et principalement de la quantité et de la nature des matériaux employés pour la garnilure des appareils métallurgiques, où s’effectue la déphosphoration. Suivant que le calcaire ou la dolomie dominent dans le garnissage des cornues ou des fours, la chaux ou la magnésie sont plus ou moins abondantes dans les scories. L'élément essentiel de cet engrais, celui qui doit servir de base à l'évaluation de son prix est l’acide phosphorique. Mais à l’action de ce corps ne se borne pas la valeur fertlisante des scories : la forte proportion de chaux qu’elles renferment (d’ordimaire, 45 à 50 de leur poids, dont un quart environ à l’état de chaux libre analogue à celle qu’apporte le chaulage) rend les scories tout particulière- ment efficaces dans les sols siliceux, argileux ou silicéo-argileux, pauvres en chaux. Dans les sols calcaires eux-mêmes, les scories donnent de très bons résultats. La magnésie concourt certainement à l’action favorable des scories sur la végétation el il peul en être de même de l’oxyde de manganèse. Ce corps joue, dans la végé- tation, un rôle favorable sur lequel nous ne sommes pas nettement édifiés, mais que sa présence dans les cendres de toutes les plantes, parfois en quantité notable, rend infiniment probable. La teneur en chaux et en magnésie des scories concourt activement à la nitrifica- tion des matières azotées du sol et il y aurait lieu de déterminer 420 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. expérimentalement dans quelles limites s’exerce leur action sur ce phénomène essentiel. Nous reviendrons plus loin sur ces divers points. Les scories sortent des appareils à l’état de fusion complète, après avoir subi une température de 1 800 à 2000°. Elles se figent lentement par le refroidissement dans les wagonnets où elles sont reçues au sortir du convertisseur ; elles constituent alors une masse poreuse, dure, se désagrégeant plus ou moins difficilement à l'air, suivant sa composition. Les premières scories que j'ai employées en 1889 (Mont-Saint-Martin) étaient un mélange de poudre et de frag- ments plus ou moins grossiers. Aujourd'hui on livre les scories finement moulues et le degré de finesse entre en ligne de compte, ainsi que nous le verrons plus tard, dans l’établissement de leur valeur vénale et agricole. Lors du refroidissement lent des scories, il se produit fréquem- ment dans l’intérieur de la masse des sortes de géodes tapissées de cristaux de formes variables, aiguilles ou tables rhomboédriques, transparentes, tantôt à peine légèrement colorées en jaune rappelant la teinte de la topaze enfumée, tantôt d’un bleu clair. L'analyse de ces cristaux a révélé un fait très intéressant: l’exis- tence d’un phosphate de chaux inconnu jusqu'ici et qui ne semble pas avoir de correspondant dans la nature. Disons-en quelques mots. Les phosphates minéraux naturels renferment, à l’état de pureté, 3 équivalents de chaux pour un équivalent d'acide phosphorique ; ils sont donc constitués par du phosphate {ribasique de chaux, sui- vant l'expression des chimistes : 100 parties renferment 45.8 d’a- cide phosphorique et 54.2 de chaux. L’acide phosphorique existe, dans les scories, à un état de combi- naison tout particulier. Il y est associé à quatre équivalents de chaux, au lieu de trois, ce que les chimistes expriment par les formules suivanles : Phosphate de scories. Phosphate tétra-calcique. . . . . . Ph05.4Ca0 Phosphates naturels. Phosphate tri-calcique . . . . . . PhOS.3Ca0 Les cristaux transparents que l’on rencontre dans les géodes de LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 421 scories lentement refroïidies, sont constitués par du phosphate tétra- calcique pur, comme l’avaient laissé pressentir les recherches d’'Ehll- genstock, en 1883, et comme l’ont démontré celles de H. Albert, d’A. Petermann et l’étude complète d'Otto (1887). Ces cristaux ont, en effet, la composition suivante : TROUVÉE. THÉORIQUE. Acide phosphorique. . . . . 010 38.8 GRAMME ET RAA 61.30 01122 PHOTOS 100.05 100.0 Ce phosphate, réduit en poudre fine et soumis pendant vingt- quatre heures à l’action d’un courant d’acide carbonique n’aug- mente pas de poids; il ne renferme donc pas de chaux libre. Très rapidement soluble dans le citrate d’ammoniaque acide (à 1.5 p.100 d'acide citrique libre), il l’est beaucoup moins et bien plus lente- ment dans le citrate ammoniacal alcalin. Nous reviendrons sur ces propriétés, en nous occupant de l’analyse des scories et des falsifi- cations dont elles sont l’objet. Ce phosphate particulier semble, en outre, combiné dans les scories à un équivalent de silicate de chaux; la formule qui repré- senterait la composition de ce sel double serait : Ph05,4Ca0<+S$i0?. Ga0 . Dans son mémoire de 1887, Otto a montré que la masse des scories présente la composition des cristaux. Il a déterminé la com- position d’une scorie et le groupement probable des éléments qui la constituent. Voici le résultat de ces observations : Analyse de la scorie. ACIGEIDROSDRONIQUEL. MN RUE 19.02 GRASSE CE ME AE NN ATEN 49.90 MACTÉSIO RS AS tale me eutene Le E 3.40 UXYLETTEMMANTANÈSE. MU TE ES 5.24 ATUNLIN EMA ATEN CN EMI OR EIRE 1.10 Éretuxydetdenfere nee 8.06 ÉérPAUHE UOTE. + 5. ten elis lot RTE >.14 SILCE SARA ie: crue eh ons fe More Ven 8.20 DOUREE ARE ES ALES" REDON 0.60 100.66 422 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. D’après la composition trouvée aux cristaux, Otto représente la constitution de la scorie analysée de la manière suivante : Composition centésimale, Phosphate tétra-calcique . . . . . . . 49.02 SiHGate de Chaux A0 MEME RES 15.55 GHaUX LOT MRAIRE CARRE, Lee 11.00 SIHÉUTE AE CAIN DOM. EURE 1235 Oxyde de manganèse. . SR cr 5.24 Erotoxyde tester Ets ets 8.06 SESQUIOXYAC AC Ter PME PE, de PIRIERS Dr iL4 MapnESie RE A en ce ere 3.40 NIUTINE NE re Dottebte Dee TE et 2 DU Re 1.10 100.16 La masse des scories de déphosphoration est donc formée par un mélange de phosphate et de silicate de chaux, qui diffère essen- tiellement des phosphates minéraux naturels, tant par sa constitution que par sa manière de se comporter vis-à-vis de certains réactifs, ainsi que nous le verrons de plus près dans la suite. II. Importance de la production des scories. Dans l’année 1884, les usines anglaises et allemandes produisirent seulement 864000 tonnes d’acier par le procédé Thomas-Gilchrist ; en 1890, on en fabriquait 2 600 000 tonnes, fournissant 600 000 tonnes de scories environ. Aujourd’hui les aciéries de l’Europe du Nord arrivent à une production de plus de 4 millions et demi de tonnes d'acier, mettant à la disposition de l’agriculture un million de tonnes environ de scories. Cette production considérable d’une des matières les plus pré- cieuses pour la fertilisation des terres ira certainement encore en s’accroissant; mais, telle qu’elle est, elle offre déjà à l’agriculture une source d’engrais phosphatés dont celle-ci, à mesure que les expériences se multiplient, se montre de plus en plus satisfaite. Dès 1885, j'ai appelé l'attention des cultivateurs français sur la haute valeur fertilisante des scories, et les résultats de la pratique ont montré que mes appréciations, si favorables qu’elles fussent, étaient encore au-dessous de la réalité. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 4923 J’ai recueilli aux sources les plus autorisées les renseignements suivants sur l’état présent de la production des scories. Les aciéries du Nord et de l'Est de la France, celles de la Moselle et de la Sarre, des provinces rhénanes, de l’Allemagne centrale et de la Belgique, peuvent livrer à l’agriculture un minimum de 800 000 tonnes de scories. L’Angleterre en produit 180 000 tonnes environ, que la culture du Royaume-Uni consomme presque entièrement, à l'heure qu'il est, après avoir, pendant quelques années d’hésilation, laissé, comme cela a lieu encore en France, exporter la majeure partie de celte production. Les documents que j'ai sous les yeux établissent, comme suit, la part proportionnelle des trois grandes régions de production de l'Allemagne, de la Belgique et de la France en 1895 : I. Aciéries françaises. PRODUCTION annuelle. tonnes, VALENCIENNES TEEN NN SE 20 000 SECAM ee NME TE Ne ou M Nr 12 000 MTRUD OMAN UT 1 Red 12 000 Mont-Saint-Martin (Longwy). . . . . . 35 000 CTÉUS DER EEE CL EEE, 15 000 Saint-Dizier (Glosmortier) . . . . . . 1 500 Saint-Dizier (Forges de Champagne) . . 800 Hennebont Lochrist (Morbihan) . . . . 18 000 Jœuf (Meurthe-e(-Moselle) . . . . . . 35 090 149 300 149 300 II. Groupe des provinces rhénanes occidentales. HEC ere EE esse RE EN PRE 36 000 ÉION EN ETS TN ee 24 000 Horde PA et ra > OPA HT D 40 000 POCHES RES Le AE TEA 70e ON 12 000 HAS pet ON ete: COMMENTE), 15 000 Meidenich et.Ruhrort..:. 4,448 4 1-1. 74 000 CODERRAUSONES SR REC AS EE " 50 000 251 000 201 000 À reporter ete An 400 300 494 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. IREDONCE EN. CNRS 4100 309 III. Groupe belge rhénan. PRODUCTION annuelle, tonnes. RANCE NE ARR E AC ME. ee 50 000 EUSKILONENE ES ARE EEE RE S 000 SUOID EL D RS Rae Ai Re re) AA 6 000 Ougrée SET CRAN HMS 12 000 AnoleneSCICSSIN EN EUR UE 34 000 PrONIeNCE es RU PAT T 2 1 ME 12 000 COIN ER NE RS RE AS 12 000 134 000 134 000 IV. Groupe de la Sarre, Moselle, Luxembourg. Dudel een a RE RO RP 36 000 Thionville (Diedenhofen) . . . . . . . 22 000 Dadyweer Re MERE ER S 000 MOTOR RE re MODE RER EENE NT EAU A 10 000 NetDRINCREN EMEA RE UNE 33 000 SAIS EDELE AE ENT EE NU 12 000 NN ON RP ET LE CE SET 40 000 Eriédrichsthale ui RE AREA ONE 10 000 Malstadt-Burbach :".:, 670 ent 36 000 SALTESUEMIN ES Es de ha: Re NU 8 000 215 000 215 000 Peine Hanovre). SLT NE Te EC 36 000 MaxhutteARoSenDers AE ER 16 000 Friedenshutte/Benthen- MC un 5 000 o 7 000 57 000 806 300 AnRLetENT ENT LAON TS DER RE tS RCI OM 180 000 Total! générale"; NS VS AE 986 309 On peut, sans crainte d’exagération, admettre, en nombre rond, une production annuelle d’un million de tonnes ; en effet, 1l est sans doute quelques aciéries dont la production n’a échappé et, d'autre part, la fabrication de lacier par le procédé Thomas-Gilchrist aug- menle chaque année. Les brevets des ingénieurs anglais étant tom- LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 425 bés dans le domaine public, la production des scories de déphos- phoration ira en croissant. À quelle surface de terre en culture cette production annuelle d’un million de tonnes peut-elle apporter la fertilité? Au minimum à cinq millions d'hectares par an. En effet, l'expérience a montré (j'y reviendrai) que l’emploi de 1 000 kilogr. , soit une tonne, suffit, en moyenne, à la fumure d’un hectare dont la fertilité, accrue par cet apport, se maintient pendant cinq ans au moins. Cela revient à dire que cette fumure correspond à 200 kilogr. par hectare et par an. Les scories ne suffisent donc pas, à beaucoup près, à la famure du soi de l’Europe centrale et, si important que soit leur apport, en raison surtout de leur haute valeur nutritive pour les plantes, elles laissent encore un champ bien vaste à l'emploi des autres matières phosphatées, superphosphates, phosphates naturels, etc... Ce qui importe au progrès de l’agriculture française, c’est d'utiliser, au lieu de les laisser exporter, les scories que nos usines produisent et, après avoir consommé notre production, d'importer des aciéries voisines de nos frontières la plus grande quantité possible de ce précieux agent de fertilisation. La production de scories françaises représente environ 19 p. 100 seulement de la production totale. On ne saurait trop souhaiter que cette quantité soit absorbée entiè- rement par la culture française. III. Premiers essais d'emploi des scories en agriculture. (1884-1887. — Allemagne, Angleterre, France.) Au printemps de 1885 a paru, à Berlin, sur les scories Thomas- Gilchrist, une brochure du D' Fleischer résumant les expériences de culture faites en Allemagne dans les années 1884 et 1885. Il me paraît intéressant de rappeler Les principaux résultats des 1. Je crois utile de reproduire ici des extraits des principaux articles que j'ai consacrés, depuis 1885, à l'étude des scories et à leur emploi agricole. On y trouvera l'historique des premiers travaux auxquels cette importante matière fertilisante a donné lieu depuis dix ans, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et en France. 426 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. premiers essais sur les scories employées comparativement avec le phosphate de chaux précipité et le superphosphate de chaux, d’un prix alors beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui. 4° Essais faits en sol lourbeux dans la propriété de Sallesch, à Ortelsburg (Prusse orientale). À quatre parcelles, semées en avoine, on a donné, avant les semailles, 600 kilogr. de kaïnite. Trois de ces parcelles ont reçu, en outre : la parcelle À, 200 kilogr. de phosphate de chaux préci- pité, contenant 60 kilogr. d'acide phosphorique; la parcelle B, 400 kilogr. de phosphate précipité et 200 kilogr. de scories, soit en tout 80 kilogr. d’acide phosphorique ; la parcelle G, 500 kilogr. de scories, soit 100 kilogr. d’acide phosphorique. Les rendements à l’hectare ont été les suivants : GRAIN. PAILLE, kilogr. kilogr. Parcellefsans#phoSDhate EPA APE 1403 3933 Parcelle À. Phosphate précipité . . . . . . 1455 4335 Parcelle B. Phosphate précipité et scories . . 1657 3929 Parcelle CÉPSCOTIESISELUES NN CR 2125 4995 La récolte de la parcelle fumée à la potasse seule (kaïnite) étant prise pour unité et égalée à 100, les rendements des trois autres parcelles sont représentés par les chiffres suivants : GRAIN. PAILLE. kilogr. kilogr. Parcelle ANT NEA L'or ALAN ve 104 110 PATCONE TBE RS ETS EPA ELA 119 85 Parcellente: RES TN 152 122 2 Essais faits sur la propriélé de Weissagh, prés de Cottbus, en sol tourbeux amendé par le procédé Rimpau (couverture d'une couche de sable de 0",05 ; récolle d'avoine). Les 5 parcelles ont reçu chacune 600 kilogr. de kaiïnite. Sur quatre d’entre elles, on a répandu en outre : parcelle A, 336 kilogr. de superphosphate de chaux; parcelle B, 240 kilogr. de phosphate précipité; parcelle G, 120 kilogr. de phosphate précipité et 300 LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 427 kilogr. de scories; parcelle D, 600 kilogr. de scories. Les rende- ments à l’hectare ont été les suivants : GRAIN. PAILLE. kilogr. kilogr. Avec potasse seule . . . . . D 274 7336 Parcelle AR En re 6228 8772 Barcelle:B; RE RATES 5 628 9012 Parcelle QG Mes 6 300 9180 Parcelle:D: 20600 à: 6840 8313 La récolte de la parcelle sans phosphate étant prise pour unité et son rendement égalé à 100, celles des 4 autres parcelles sont re- présentées par les chiffres suivants : GRAIN. PAILLE,. kilogr. kilogr. Parcelle A = SUPerDhoSDhALE ME NT 112 116 Parcelle B. Phosphate précipité . . . . . . . 101 120 Parcelle GC. Phosphate précipité et scories . . . 113 122 Parcele DE SCORE AR CUS At a nd 123 110 La chaux apportée avec l’acide phosphorique a dû contribuer à l'élévation du laux des récoltes, mais il n’en restait pas moins dé- montré que les phosphates des scories Gilchrist ont exercé sur les rendements une influence supérieure, dans ces essais, à celle du superphosphate. M. Fleischer a fait à la Station expérimentale de Brême des essais de fumures avee les scories Thomas sur des prairies tourbeuses de qualité moyenne ; huit parcelles ont été mises en expérience. Les deux premières n’ont reçu de phosphates d’aucun genre ; les trois suivantes ont élé fumées au phosphate de chaux précipité, à la dose de 150 kilogr. d’acide phosphorique par hectare, et les trois autres ont reçu le même poids de ce corps sous forme de scories Thomas- Gilchrist. Les engrais ont été répandus sur les prairies en février 1885 ; le 21 juillet suivant, on a récolté à l’hectare, sur ces pareelles, les poids suivants d'herbe pesée à l’état frais : DANS ADHOSPNALE MEN 3035 quint. métr. Phosphate précipité . . . . . . o 075 — Scories Thomas-Gilchrist. . . . o 065 — 498 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. M. Fleischer fait observer que ce résultat est d’autant plus inté- ressant que le sol de ces prairies tourbeuses est très riche en acide phosphorique, l'analyse de la tourbe sèche lui ayant donné 0.46 p. 100 d'acide phosphorique. D’autres essais faits dans les prairies de Boergers en 1884, avec un mélange de 160 kilogr. de kaïnite et 120 kilogr. d’acide phos- phorique, à l’état de phosphate précipité, sur une parcelle de 19 ares, et même quantité de kaïnite et d'acide phosphorique dans les sco- ries Thomas, sur l’autre, ont donné, à l’hectare, les rendements suivants : HERBE. Avec lephosphate précipité. .".. . … - 8200 kilogr. Avec. les scories Thomas-Gilchrist . . . . 8667 — Après les sols tourbeux de Brême, passons aux expériences faites dans la terre arable : sol siliceux (Lehm) de Colmar, dans la pro- vince de Posen. Un essai pour culture de betterave, fait par M. Hoyermann, a été conduit de la manière suivante : En sol sablonneux léger (Lehm) reposant sur un sous-sol égale- ment sableux, M. Hoyermann a cultivé de la betterave à sucre dans deux pièces de terre fumées comme suit: pièces A : 600 kilogr. scories Thomas moulues et 300 kilogr. de salpêtre du Chili, semés dans le sol labouré en hiver; pièce B, 400 kilogr. de superphos- phate de chaux à 17 p. 100 d’acide phosphorique et 300 kilogr. de nitrate de soude. Dans les deux pièces, les betteraves sont venues également bien; on ne pouvait constater, à l’œil, de différence d’une parcelle à l’autre, et la récolte a müri également dans les deux. La parcelle fumée aux scories a donné, à l’hectare, 28 600 kilogr. de betteraves à 15.19 p. 100 de sucre, la parcelle fumée au super- phosphate, 28 400 kilogr. à 14.79 p. 100 de sucre. Dans cet essai, 600 kilogr. de scories ont produit autant de récolte que 400 kilogr. de superphosphate. 108 kilogr. d’acide phosphorique contenus dans les scories à l’état insoluble ont eu une influence équivalente à celle de 68 kilogr. d’acide soluble dans l’eau que renfermait le superphosphate. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 429 M. Dangers, à Windhausen, a obtenu 33 120 kilogr. de betteraves à sucre, à l’hectare, avec les scories Thomas et 34 940 kilogr. avec le superphosphate. M. Sarrazin, à Snieciska (Posen), a constaté les rendements com- paratifs suivants, sur une terre à avoine de première qualité : GRAIN. PAILLE. kilogr. kilogr. 55 kilogr, superphosphate (par journal de terre, 02,23). 595 2 305 300 kilogr. scories Thomas (par journal de terre, 0"®,23). 690 2130 Citons encore une expérience de culture faite en 1884 en Silésie par le comte de Lippe. Dans un champ, qui, de mémoire d'homme, déclare cet agriculteur, n’avait reçu de fumure d’origine animale, on à répandu, sur quatre parcelles différentes, 100 kilogr. de sal- pêtre du Chili associé à de la kaïnite et à des phosphates de nature diverse : superphosphate, phosphate précipité, scories Thomas ; la récolte maxima a été obtenue, en paille et grain, avec les scories Thomas, associées à la potasse et au salpêtre. L'année suivante, 1885, après avoir donné aux différentes parcelles une forte fumure d'engrais de ferme, on a planté des pommes de terre dans toutes les parcelles. Celles qui l’année précédente avaient été additionnées de phosphate précipité et de scories de déphosphoration ont fourni une récolte double, environ, de celles des parcelles sans phosphate. La conclusion naturelle de ce qui précède, disais-je, en 1885, en rapportant ces résultats, c’est que les essais de fumure à l’aide des scories de déphosphoration s'imposent et qu’il y a lieu de faire, dès à présent, des expériences sur la culture de l’avoine, de l'orge, des betteraves, etc..., en associant aux scories, employées à la dose de 600 à 1 500 kilogr. à l’hectare, suivant les sols, les engrais potas- siques et azotés. 3° Expériences de Downton et de Ferryhill sur les scories Thomas-Gilchrist. Rien ne saurait, en agriculture, remplacer l’expérimentation di- recte et multipliée, dans les sols de nature si diverse sur lesquels 430 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. elle opère. C’est seulement de l’ensemble et de la comparaison d'essais d’une durée assez longue pour nous mettre à l'abri des causes d'erreur dépendant du climat et d’autres conditions que nous sommes impuissants à écarter, que peuvent résulter des indications précises sur le choix des fumures et la préférence à accorder à tel ou tel état chimique particulier des substances auxquelles nous avons recours pour fertiliser nos champs. Porter à la connaissance des cultivateurs les résultats d’expériences faites avec méthode nous paraît un des services les plus grands qu’on puisse leur rendre. Le praticien, en effet, a peu de loisirs ; 1l lui est difficile, pour toutes sortes de motifs, d'entreprendre des essais dont le résultat est douteux ; il court au plus pressé, ce dont on ne sau. rait s'étonner, et c’est aux expérimentateurs de profession à éluei- der, pour l’en faire profiter, les questions controversées ou les méthodes nouvelles. L'emploi des phosphates insolubles en agriculture est, à l’heure qu'il est, une des plus importantes parmi ces questions non encore complètement résolues, et toutes les expériences bien faites doivent être vulgarisées dans le but de provoquer des vérifications indispen- sables pour fixer définitivement leur rôle. C’est dans la pensée qu’il y a là un service à rendre aux cultivateurs que je n’ai pas reculé devant un travail considérable pour faire connaitre aux agriculteurs français les résultats des expériences fort intéressantes, faites en Angleterre sur les scories de déphosphoration et publiées, en 1886, à Middlesboroug. Toutes les données numériques contenues dans le mémoire publié par le professeur J. Wrightson, président du collège d’agriculture de Downton, et par le docteur Munro, professeur de chimie au même collège, sont exprimées en mesures anglaises : acres, hundry-weights, quarter, livres, etc, ce qui en rend, pour tout autre qu'un An- glais, la lecture absolument impossible, avant transformation de ces chiffres en mesures métriques. Ge fastidieux travail de transforma- tion ne m'a pas rebuté ; l'intérêt que la publication de MM. Wright- son et Munro ne saurait manquer d’avoir pour les agriculteurs fran- çais m'en dédommagera. Les auteurs ont expérimenté comparativement dans deux sols LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 431 absolument différents, en sol calcaire à Downton, en sol argileux dépourvu de chaux à Ferryhill, les engrais suivants : scories de dé- phosphoration, phosphate précipité et superphosphate fabriqués avec ces scories, superphosphate ordinaire et coprolithes. Tous les essais ont été faits en double dans les deux stalions que je viens d'indiquer, sur 35 parcelles contiguës, dont 6 sont restées sans fumure pour servir de témoins. Le sol a été parfaitement nettoyé, labouré, scarifié, hersé et roulé : ces opérations terminées, le 9 juin 1885, on a semé en ligne des navets de Suède et des turneps. Chaque lot, de 40 mètres superficiels, contenait 40 lignes de ra- cines. Les points principaux que MM. Wrightson et Munro ont eu en vue d’élucider dans ces essais de cultures sont les suivants : 1° Déterminer la valeur fertilisante des scories de déphospho- ration et l'influence de quantités croissantes employées comme fumure unique ; 2 Comparer l’action fertilisante, à poids égaux, des scories, du superphosphate et des coprolithes ; 3° Comparer l'influence, à poids égaux d’acide phosphorique, de Pétat sous lequel ce corps était fourni au sol (scories, superphos- phate, phosphate précipité, coprolithes) ; 4 Expérimenter le phosphate précipité provenant des scories, comparativement avec les coprolithes ; 9° Comparer le superphosphate avec les scories, à poids égal d'acide phosphorique ; 6° Expérimenter divers mélanges de scories et de superphos- phate ; T° Étudier l'action sur les récoltes du sulfate de protoxyde de fer contenu dans les scories ; S° Expérimenter des mélanges de scories brutes et de scories traitées par l'acide sulfurique ; 9 Influence des scories employées comme fumure pour les prai- r'Ies ; 10° Enfin, déterminer la forme la plus favorable sous laquelle les scories doivent être employées comme engrais. J’extrais d’une lettre que m’a adressée, à cette époque, M. Munro, 432 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. l'analyse des terres de Downton et de Ferryhill, faite sur la terre fine séchée à 100°, analyse qui a donné les résultats suivants : DOWNTON. FERRYHILL,. Humidité, + pe Res L'éVÉTER. » 7.500 Eau de combinaison et matières organiques. 6.78 7.550 UarDOTALENTENCRAUXE EN EN EP 27.90 0.150 Peroxyde de fer et alumine . SO 4.110 Silice soluble, er dE 0.28 » AGIT NDOSPRONIIE PPT RE 0.25 0.054 Potasse. 0.13 0.045 Magnésie . ONE SPRERERES Le 0.11 -traces. Résidu insoluble dans les acides. . . . . 60.70 80.500 99.96 99.909 Azote de la matière organique. . . . . . 0.26 0.138 Ces chiffres montrent que le sol de Downton, très calcaire, tandis que celui de Ferryhill est presque complètement dépourvu de chaux, contient deux fois plus d’azote, cinq fois plus d’acide phosphorique et trois fois plus de potasse que le sol de Ferryhill. Il n’est donc pas étonnant que l’emploi de ces divers phosphates, scories et autres, dans les deux champs, ait donné des résultats beaucoup plus consi- dérables à Ferryhill qu’à Downton, comme on va le voir: ce qui peut surprendre, c’est que les phosphates ajoulés à une terre aussi riche en acide phosphorique que celle de Downton aient produit des effets notables et sensiblement doublé la récolte. Si l’on eût donné, en même temps que l'acide phosphorique, au sol argileux de Fer- ryhill, azote et la potasse en quantités équivalentes à celle qui lui manque par rapport au sol de Downton, l’accroissement des rende- ments que la chaux et l’acide phosphorique ont quadruplé eût été sans doute bien plus considérable encore. Ceci m’amène, avant de résumer les résultats de ces essais, à faire à leur sujet une observation générale qui me paraît importante. MM. Wrightson et Munro n’ont donné à leur sol aucune fumure azotée et potassique. Dans les expériences que j'ai faites en 1885 et 1886 à l’école Dombasle, comme dans mes essais de culture du Parc des Princes, dont il sera question plus loin, on à fourni au sol de chacune des parcelles, qui a reçu un phosphate différent, des LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 433 quantités identiques de potasse et de nitrate. L’acide phosphorique, donné lui-même en quantités égales sur chaque parcelle, ne diffère de l’une à l’autre que par son origine. Dans les essais de Downton et Ferryhill, il en est tout autrement : l'absence de fumure azotée et potassique a dù modifier singulière- ment les rendements ; toutefois, ces expériences remplissent une condition fondamentale ; elles sont comparables entre elles, puisque l'acide phosphorique, à des doses et sous des états divers, est la seule variable que leurs auteurs y aient introduile. Reste à savoir si l'addition des autres éléments importants pour la nutrition des plantes n’aurait pas eu l’avantage de placer les végélaux dans des conditions plus favorables à assimilation des phosphates. Les matières fertilisantes qui ont servi aux essais sont les suivantes : 1° Scories de déphosphoration provenant de la North eastern steel company, de Middlesborough, et phosphate précipité obtenu à l’aide de ces scories par le procédé de Scheibler'; ces deux matières présentaient la composition moyenne que voici: HOSPHA SCORIES. FHOR TE précipité. CHAUX EN RARE En late « 41.54 28) 00 NAGTICSIE AA M ANTER LE SEEN: 51e 0.63 Alumine. . AE 2.60 (#89 Protoxyde de fer . 14.66 traces. Peroxyde de fer. . 8.64 3.62 Protoxyde de manganèse . 3.81 0.56 Silice. . ESA. 7.40 HA DS Acide phosphorique . 14.32 30.89 Acide sulfurique . 0.31 5.13 Soufre . NT 0.23 » ACITEPCATDODIQUE ER ENT ee » 0.28 ÉAACOMBIRÉ CN LT EE EN » 11.66 Humiditér..:h::eitsatie 198 at » 7.06 99.64 99.16 % Superphosphate ordinaire, récemment préparé, donnant à l'analyse 12 p. 100 d’acide phosphorique soluble ; 1. On avait eu l'idée, au début de l'emploi des scories, de les transformer en phosphate précipité pour les enrichir en acide phosphorique ; mais cette opération a été abandonnée depuis qu'on a reconnu la haute valeur fertilisante des scories em- ployées à l’état de farine fine, sans aucun traitement préalable autre que le broyage. ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1896, — 11. 28 434 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. 3° Superphosphate riche (de Curaçao), contenant 20.1 p. 100 d’acide phosphorique soluble ; 4° Coprolithes de Cambridge, contenant 55 p. 100 de phosphate tribasique de chaux, soit 25 p. 100 d’acide phosphorique ; 2° Mélanges divers de ces engrais types, à indiquer plus loin. Les sols sans fumure de Downton et de Ferryhill n’ont pas pré- senté une fertilité égale. Les 6 témoins de Downton ont donné, sans aucune addition d'engrais, un rendement moyen de 7 304 kilogr. par hectare; les 6 parcelles correspondantes de Ferryhill, une ré- colte moyenne de 3 681 kilogr. seulement. Les auteurs font observer à ce sujet qu'il est reconnu en Angleterre que. l’addition du super- phosphate au sol met le navet de Suède et le turneps en état de ré- sister aux insectes, et que les rendements des parcelles non fumées ont dù être abaissés par le ravage de la mouche. Les conditions générales des essais étant connues, nous allons examiner successi- vement leurs résultats. Pour les présenter d’une manière simple, j'ai dù laisser de côté l’énumération des rendements obtenus dans chaque parcelle ; j’ai groupé toutes les parcelles qui ont reçu le même traitement et j'ai rapporté à l’hectare, en kilogrammes, les rendements indiqués, dans le mémoire original, par parcelle et par acre, en poids anglais. a) Valeur fertilisante des scories de déphosphoration. — Chaque parcelle fumée aux scories était contiguë, dans les deux champs d'expériences, à une parcelle témoin. Le tableau suivant résume les résultats constatés à Downton et à Ferryhill avec des poids crois- sants de scories : Downton. — En sol calcaire. Rae FE Ce RÉCOLTE A L'HECTARE EXCÉDEXNT F à a de des parcelles. l’hectare. avec faumure. sans fumure. récolte. kilogr. kilogr. kilogr. kilogr. AMEL 50? 13870 8071 ù 799 LIEU AO NI 879 11194 T468 3 126 DIN EL OPEN 2911 19760 6373 13 386 LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 435 Ferryhill. — En sol argileux. RER an rles RÉCOLTE A L'HECTARE EXCÉDENT | à de des parcelles. l'hectare. sans fumure. avec fumure. récolte. kilogr. kilogr. kilogr. kilogr. TELL RES, |. 502 16 802 2968 13834 Lee us 879 16242 3450 12792 DARCOS 05": 2511 18743 4 625 14118 Les parcelles fumées ont donné un excédent moyen de 7 637 kilogr. à l’hectare, en sol calcaire et un excédent de 13581 kilogr. en sol argileux. Mais il ne faut pas oublier que le sol de Downton est cinq fois plus riche en acide phosphorique que celui de Ferryhill. La récolte a été plus que doublée par l'application de 1 300 kilogr. environ de scories brutes à l’hectare en sol calcaire ; elle a été plus que quadruplée, pour la même dose, en sol argileux. Cette première série d’essais met trois faits en évidence, savoir: 1° En sol calcaire, comme en sol argileux, dépourvu de chaux, les scories possèdent une action fertilisante marquée : celte action est plus que double en faveur du sol argileux, comme il était naturel de s’y attendre, d’après [a pauvreté en acide phosphorique du sol de Ferryhill. 2 La dose considérable de 2 500 kilogr. de scories à l’hectare, qui a donné le rendement maximum, n’exerce aucune action fâcheuse par suite de l’oxyde de fer au minimum qu’elle contient. On peut donc appliquer sans crainte plus de deux tonnes de scories par hec- tare dans les essais de culture de céréales de printemps. 3° Le rôle attribué généralement en Angleterre au superphosphate, en ce qui concerne la résistance que les plantes racines opposent à l'invasion de la mouche (fly) du turneps, doit être étendu à tous les phosphates insolubles (précipité, coprolithes, scories), contrairement à l'opinion admise auparavant de l’autre côté de la Manche. L'année 1885, comme le font observer MM. Wrightson et Munro, a été tout à fait défavorable aux essais de cullure des racines en particulier. Extrêmement sèche depuis et même avant l’époque de la semaille, la saison n’a pas favorisé le développement des jeunes plantes pour les mettre en état de résister à l’action de l’insecte. L'expérience peut donc être considérée comme concluante. Le relevé suivant pré- 436 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. sente le nombre de turneps récolté par parcelle soumise à l'action des diverses formes de phosphate et comparé au nombre des plantes des parcelles sans fumure. NOMBRE DE PLANTES écoltées par parcelle. NATURE DES FUMURES. PS0 SEOSARATDREC _— Re Downton. Ferryhill. SCOTIES MER PEAU AT MR 2936 1553 SUPETDROSPhAtE. ON, 2896 1861 Phosphate précipité. . . . . 272 1 682 CODRODUNES PRE ET 2657 1802 RIRE Me Le LEE cie 2363 362 À Ferryhill, l’action des phosphates sur le nombre des pieds ré- coltés a été très sensible; à Downton, elle l’est moins. En tout cas, l'influence attribuée au superphosphate devrait être étendue à tous les phosphates insolubles, car tous les lots fumés ont été préservés à peu près sensiblement au même degré de l'invasion destructive des insectes. b) Comparaison des scories, du superphosphale minéral et des coprolithes employés en sol calcaire et en sol argileux. — Douze parcelles ont été consacrées à ces expériences comparatives : une moilié à Downton, l’autre moitié à Ferryhill. Dans ces essais, on a employé la même quantité, en poids, de chacun des engrais, mais non pas la même quantité d’acide phosphorique à divers états. On à répandu à l’hectare 502 kilogr. de scories, de superphosphate ou de coprolithes, selon le cas. Le tableau suivant résume ces divers essais : les chiffres qu’il contient sont rapportés à l’hectare et repré- sentent la moyenne du double essai fait dans les deux champs d’ex- périences. La base de ces expériences est emploi de 502 kilogr. de superphosphate minéral à l’hectare, poids considéré en Angleterre comme une bonne fumure phosphatée pour racines. Downton. — Sol calcaire. NUMÉROS NATURE RÉCOLTER EXCÉDENT TT des et quantités d'engrais à Sans en faveur parcelles, à l’hectare. l’'hectare, engrais. des engrais. kilogr. kilogr. kilogr. kilogr. Sel 31. 502 superphosphate , , 15 266 9 163 10103 7 et 18. JOPASCONIES = 2 PE 13650 6073 5577 2 et 28. 5022coprolithes me 8026 6207 1819 LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 437 Ferryhill. — Sol argileux. NUMÉROS NATURE FASORTE EXCÉDENT x : 1 EE E des et quantités d'engrais FF Sans en faveur parcelies. à l’hectare. l'hectare. engrais. des engrais. kilogr. kilogr. kilogr. kilogr. 8 et 34. 302 superphosphate . . 14900 4033 10$67 7 et 18. 502 SCOTIES A RE 0 17066 2958 14098 2 et 28. DO2 CODLOLITNES RER 13 822 4033 9789 Ces résultats sont des plus intéressants ; le fait, disent MM. Wright- son et Munro, que les scories brutes contenant 14.3 p. 100 d'acide phosphorique donnent des rendements supérieurs à ceux obtenus avec le même poids de coprolithes brutes à 25.1 p.100 d’acide phos- phorique, tendrait à montrer que les phosphates des scories sont plus assimilables que le phosphate de chaux minéral des coprolithes. Nous verrons plus loin qu’il n’en est pas toujours ainsi, dans tous les sols et pour les diverses récoltes. Dans le sol argileux : les scories ont donné de meilleurs résultats, à poids égal, que le superphosphate à 12 p. 100 d'acide soluble dans l’eau. On remarquera les différences considérables qui existent entre l’action des trois engrais dans le sol calcaire de Downton. Ici l’action des superphosphates l'emporte notablement sur celle des phosphates insolubles. C’est un fait constant que l'emploi des phos- phates minéraux insolubles donne de meilleurs résultats dans les ‘ sols argileux ou silicéo-argileux que dans les sols calcaires. Les résultats du champ de Ferryhill (sol non calcaire) confirment pleinement les expériences faites pendant huit ans à la Station agro- nomique de l'Est, de 1871 à 1878, sur la valeur comparative du phosphate minéral, du phosphate précipité et du superphosphate ; ce sont ces expériences qui m'ont amené à préconiser, 1l y a plus de quinze ans, au point de vue économique, la substitution, au moins dans des sols analogues à celui de mon champ d’expériences (argilo- siliceux), des phosphates non dissous au superphosphate. En résumé, on ne saurait plus douter aujourd’hui de la faculté qu'ont les plantes, d’assimiler l’acide phosphorique à l’état complé- tement insoluble dans l’eau. J'en donnerai plus loin des preuves décisives tirées des résultats des cultures du Pare des Princes. Les 438 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. essais à faire doivent porter principalement sur la nature du sol, afin d'établir définitivement l’influence de ses principaux éléments sur celte assimilation. c) Essai des scories sur le rendement des prairies. — L'emploi des scories pour fumure des prairies, comparativement aux autres matières phosphatées, a conduit MM. Wrightson et Munro à des ré- sultats favorables, que toutes les expériences culturales ont, depuis, complètement confirmés. En juin 1884, on a délimité, dans la ferme attenant au collège d'agriculture de Downton, sept parcelles de terrains en prairies de- puis quelques années. A la même époque, ces sept parcelles ont reçu la moitié des famures indiquées pour chacune d’elles dans le tableau suivant; l’autre moitié leur a été appliquée à la fin de mars 1885. Au commencement de juin 1883, on a fauché les parcelles et trans- formé l’herbe en foin qu’on a pesé avant de le rentrer. Voici les résullats constatés : à QUANTITÉS RS EXCÉDENT NID QI d'acide ! sur des FUMURES A L’'HECTARE, phospho- fes soins les récoltes rique à sans parcelles. à l’hectare, l’hectare. fumure, kilogr. kilogr. kilogr. ( D OJSKSCOTIES LEA SERA EP OUNL 736 5 066 1 750 8. 203 scories + 502 superphosphate. 137 4 660 1 344 1 P'ODATSCOTIES A M PT tee 151 4 626 1310 2e SU2ACOPTOIITRES MER ENTER ER 126 4 179 863 5e 1004/Dlatreus ae ROME AUANE » 4 045 7129 3. 502 superphosphate. … … . |, n 62 3 672 306 6. RIBRe e 0SS ONRU DR Hebete USE » 3 516 » Le lot n° 7 est particulièrement intéressant : cet essai montre que, à la dose énorme de 5000 kilogr. par hectare, les scories de dé- phosphoration, non seulement ne sont pas nuisibles, comme on aurait pu le craindre en raison de leur forte teneur en sels de fer et de manganèse non complètement oxydés, mais encore que ces o tonnes de scories ont produit un excédent de plus d’un tiers de récolte par rapport à la parcelle sans fumure. Arrivés au terme de leur étude, MM. Wrightson et Munro posent ce point d'interrogation : Quelle est la forme sous laquelle les scories LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 439 doivent de préférence être employées à la fumure du sol? La ré- ponse à cette question, fort importante pour la pratique, se trouve dans les nombres du tableau suivant, qui résume les essais de Downton et Ferryhill en 1865. ruuuers VUANTITÉS do récoltes à l'hectare. NATURE DES ENGRAIS. à phospho- Crentit EE EE Rene à noter tnt dE kilogr. kilogr. kilogr. kilogr. 4 Scories brutes. . . . . 202 72 14283 5918 2: Scories dissoutes. , . . 502 12 7547 2110 3 MORTE TS 72 11037 1445 1/2 scories dissoutes. . À à | 1/4 scories brutes ! 50? 79 5036 193 3/4 scories dissoutes , 5. DCOTIES DTULES EU 877 126 12788 3724 SCOLIESADTULES EE 2510 398 15 350 13349 sh Phosphate précipité (de scores) ral aitu 190 59 10749 5052 8. Phosphate précipité (de SEULS PR An 393 122 13 364 7855 9. Seories brutes et super- phosphates AP RTS 125 18 3 120 872 Ce dernier mélange (n° 9) a produit, comparativement au super- phosphate employé seul, un excédent de 3 420 kilogr. à Ferryhill et de 872 kilogr. seulement à Downton, sur les parcelles non fumées. L’inspection de ce tableau récapitulatif montre que dans le sol ar- gileux de Ferrvhill, très pauvre en acide phosphorique et presque dénué de chaux, la meilleure fumure, tout bien considéré, a été la scorie brute à la dose de 500 kilogr. à l’hectare, En augmentant le taux de scories, on n’a, en aucun cas, obtenu un excédent de ré- colle proportionnel à cette augmentation. Mais pour se prononcer à ce sujet, il serait nécessaire de con- naître les rendements des parcelles pendant les années qui ont suivi la première introduction des scories à doses élevées. J’aborderai ce point de vue en parlant des cultures du Parc des Princes. À Ferryhill, le phosphate précipité préparé à l’aide des scories, employé à la dose de 400 kilogr. environ à l’hectare, a donné un excédent de récolte presque égal à celui qu’ont fourni les scories \ 440 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. brutes; mais, comme l'acide phosphorique précipité revient, par tonne d’engrais, à un prix beaucoup plus élevé que celui de la scorie brute, son emploi ne saurait être considéré comme écono- mique. À Downton, la récolte maxima a été obtenue par l'emploi de 2 500 kilogr. de scories brutes à l’hectare. C’est donc de beaucoup, sous cette forme, que les scories de déphosphoration sont d’une ap- plication économique dans les sols calcaires. MM. Wrightson et Munro font observer, dans une note finale, que les scories employées étaient grossièrement pulvérisées et que les effets auraient été bien plus marqués, suivant toute probabilité, si elles eussent été en poudre impalpable comme les phosphates minéraux livrés par l’mdustrie à l'agriculture. Nous aurons plus loin la confirmation de cette manière de voir. Les résultats obtenus en Angleterre confirment pleinement, on le voit, ceux des agronomes allemands. Les scories de déphosphoration me paraissaient dès lors appelées à jouer un rôle considérable dans la famure du sol. Je désire, en terminant, appeler lattention de mes lecteurs sur un fait que les expériences de Downton mettent en évidence d’une façon remarquable : le sol du champ de Downton contient 0.95 p. 100 d’acide phosphorique dans la couche d’une épaisseur de 30 centi- mètres. Cette teneur représente le chiffre énorme de 7 500 kilogr. d'acide phosphorique à l’hectare. L’addition, à cette teneur, de moins d’un centième de ce poids, soit de 72 kilogr. d’acide phos- phorique à l’hectare, a suffi pour donner, suivant l’état particulier du phosphate ajouté, des excédents de récolte de 12 000 à 18 000 kilogr. à l’hectare. On voit par là ce que savent tous ceux qui ont étudié le sol dans ses rapports avec la nutrition de la plante, qu'on ne peut considérer à priori la réserve du sol en principes fertili- sants comme ayant une valeur agricole et, partant, une valeur argent comparable à celle des matières que l’on y introduit par la fumure. Les cultures successives emmagasinent dans la terre, tant par la portion des fumures qu’elles n’ont pas utilisée que par les résidus des végétaux qu’on n’enlève pas à la récolte, des masses considé- LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 441 rables d’azote, de potasse, d'acide phosphorique, dont il faut tenir compte, mais auxquelles on ne saurait, sans commettre des erreurs colossales, attribuer la valeur vénale des substances fertilisantes, de même richesse en principes nutritifs, que nous donnons au sol sous forme de fumures complémentaires. Tous les essais de fumure à l’aide de scories Thomas-Gilchrist faits en Allemagne, en France et en Angleterre pendant l’année 1886 ont confirmé leur efficacité. Des rendements en avoine, en orge, en pommes de terre, en fourrages, ont été doublés et souvent plus que doublés par l'emploi de quelques centaines de kilogrammes de ces scories répandues sur un hectare de terre. Seules ou associées, suivant les cas, aux sels de potasse, les sco- ries produisent sur les prairies des résultats excellents. Dans la ferme d’Erching, près de Freising, en Bavière, elles ont doublé la récolte en foin à la dose de 1 000 kilogr. à l’hectare. Dans l’exploi- tation de Schwalbach, même résultat. Associées au nitrate de soude du Chili, dans la même ferme, elles ont exercé une influence aussi favorable sur la production de l’avoine et de l'orge. Nous revien- drons plus loin sur ces résultats que loutes les expériences faites depuis 1886 ont pleinement confirmés. Les terres silicéo-argileuses, où le chaulage produit des effets si manifestes, sont tout particulièrement indiquées, comme je le mon- trerai plus loin, pour l’emploi à hautes doses des scories. % Expériences de Quareux (Belgique, 1886). L’essai de culture de l’avoine sur scories fait à la ferme de Qua- reux, située dans la vallée de l’Amblive, commune d’Ayreille (pro- vince de Liège), est des plus intéressant. Les expériences de M. Albert Orban à la ferme de Quareux (vallée de l’Amblive) ont eu pour but de déterminer la valeur fertilisante du phosphate Thomas-Gilchrist, employé seul ou concurremment avec le nitrate de soude et le sulfate d’ammoniaque dans les pro- portions que j'avais conseillées à cette époque. (Revue du Temps du 10 février 1886.) Le terrain choisi pour l’expérience, d’une étendue de 4500 mètres 442 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. carrés, a une surface unie allant en pente douce de l’est à l’ouest. C’est un sol argileux, de la qualité moyenne du sol d’Ardennes. En 1884, il avait reçu la fumure ordinaire du pays, 60 000 kilogr. de fumier de ferme à l’hectare. On y a récolté de l’épeautre en 1885. La pièce a été divisée en neuf parcelles d’égale étendue, soit 900 mètres carrés chacune, parallèles les unes aux autres, leur plus grande longueur (40 mètres) étant dans le sens de la pente. Avant l’hiver on a donné un premier labour. Le 20 mars 1886, on a ré- pandu le phosphate Gilchrist ainsi que le fumier de ferme sur une des parcelles. Le deuxième labour a été donné les 2 et 3 avril 1886 : on a hersé le 9 du même mois et ensemencé le 10 avril en avoine ordinaire du pays. Le nitrate de soude et le sulfate d’ammoniaque ont élé répandus en couverture, le 3 mai, sur les parcelles destinées à les recevoir. On a roulé les champs le 9 mai. La moisson s’est faite les 16 et 17 août : la récolte a été engran- gée le 30 du même mois et battue le 9 septembre. Avant de moissonner l’avoine, on a mesuré exactement dans le haut et dans le bas de chaque champ, des carrés de 50 mètres de surface ; les bottes d'avoine récoltées dans chacun de ces carrés ont été liées séparément, étiquetées, battues et pesées avec soin. Voici les quantités rapportées à l'hectare et la nature des fumures données à chacune des parcelles. La parcelle À a reçu du fumier de ferme à la dose de 60 000 kilogr. à l’hectare. Deux autres (B et 1) sont restées sans fumure pour servir de témoins. Les parcelles G et D ont été traitées seulement par les scories Gilchrist en poudre fine à la dose de 2500 kilogr. On leur a appliqué 28 kilogr. d’azote en couverture à l’état de nitrate de soude (1795 kilogr. à l’hec- tare). Les parcelles E et F ont reçu les mêmes doses de scories que Get D, et pas d’azote en couverture ; enfin les parcelles G et I, fumées, la première avec 2 000 kilogr. de scories, la deuxième à la dose de 2 500 kilogr. seulement, ont reçu en couverture 125 kilogr. de sul- fate d’ammoniaque, soit 25 kilogr. d'azote environ à l’hectare. Les scories employées renfermaient 16.2 p. 100 d’acide phosphorique ; 2500 kilogr. correspondent d’après cela à 379 kilogr. d'acide à l'hectare et 2 000 kilogr. de scories à 300 kilogr. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 443 Les rendements en paille et grains exprimés en quintaux métriques et rapportés à l’heclare ont été Les suivants : GRAIN, PAILLE. Parcelle Bfsans fumure)."# . : ... ..: 19,50 28,50 ART (Sais fumurel el." 2. . 16,00 33,00 = 11A"(fumier de ferme} 41. ...1, 23,00 34,00 — . CG (scories et nitrate). . . . . . 29, 50 48,00 = LD. (scories et nitrate}... ..… . 34,00 51,00 — E (2500 kilogr. scories). . . . . 27,00 10,00 — F (2500 kilogr. scories). . . . . 26,00 38,00 — G (scories et sulfate d'ammoniaque). 26,00 20,50 — H (scories et sulfate d'ammoniaque). 29,50 41,50 La première conclusion à tirer de cette expérience confirme l'exactitude du fait que j'ai signalé déjà, à savoir que l'emploi à haute dose des scories Gilchrist, malgré le fer au minimum d’oxydation et les petites quantités de soufre qu’elles contiennent, n’exerce aucun effet fâcheux sur la végétation et lui est, au contraire, favorable. En effet, la récolte maxima a été obtenue, en avoine et en paille, avec les scories à la dose de 2 500 kilogr. à l’hectare. Pour mettre en relief d’une façon plus claire les résultats de l’ex- périence de Quareux, j'ai réuni, deux à deux, les rendements des parcelles qui avaient reçu un traitement similaire : on a ainsi sous les veux les rendements moyens suivants (exprimés en quintaux métriques à l’hectare), avec leur valeur vénale au cours de 1886, savoir 16 fr. le quintal d'avoine et 30 fr. les 1 000 kilogr. de paille. VALEUR PARCELLES, GRAIN. PAILLE. totale de la récolte. quint. métr, quint, métr. fr. Sans fumure . ..:. 17,75 30,75 376 Fumier de ferme. . . . 23,00 34,00 470 Scories et nitrate . . . 31,79 0,10 661 Scories seules... . .: . 26,50 39,00 o4l Scories et sulfate . . . 27,15 46,00 982 Le propriétaire de la ferme de Quareux compte son fumier au prix très bas de 6 fr. les 4 006 kilogr.; il a payé, rendues sur le terrain, les scories en poudre impalpable 45 fr. les 1 000 kilogr., soit O fr. 277 le kilogramme d’acide phosphorique ; le nitrate de 444 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. soude 26 fr. les 100 kilogr. et le sulfate d’ammoniaque 30 fr. 50 c. les 100 kilogr. Le fumier de ferme entrant pour 60 000 kilogr. à l’hectare dans son assolement triennal, il affecte un tiers de cette quantité à l’avoine de 1886, soit 20 000 kilogr. J’estime que la quantité de phosphate introduite (à l’hectare 375 kilogr. et 300 kilogr. d'acide phospho- rique) à fertilisé sa terre pour de longues années, mais je prendrai, pour le calcul suivant, la même base que pour le fumier, et j’ap- pliquerai un tiers de la dépense en phosphate à l’avoine, ce qui est évidemment exagéré. Enfin, j'admettrai que les engrais azotés, nitrate et sulfate d’am- moniaque, ont donné tout leur effet et j’en appliquerai le prix entier à la récolte d’avoine. La dépense en engrais affectée à la récolte de Pavoine en 1886 se composera donc : 1° du tiers du prix d'achat des scories; 2° du tiers de la valeur du fumier de ferme ; 3° de la totalité du prix du nitrate et du sulfate d’ammoniaque. Cette base ‘de calcul n’est pas en faveur de la dépense en phosphate, car la récolte maxima obtenue à Quareux, celle de la parcelle D, a enlevé en tout 305,200 d’acide phosphorique par hectare sur les 300 ki- logr. de cette substance apportés par les deux tonnes de scories. Ces réserves faites, voyons quelle est l'influence des divers engrais ci- dessus au point de vue du produit argent de la récolte. VALEUR DÉPENSES = ——— — BÉNÉFICE £ excédant ; PARCELLES. de la DÉS Its ou ner récolte. SENS perte fumure!, fr. fr. fr. fr. SANSLEUITUTE RSR » 376 » » Fumier de ferme... .:. . 120,00 470 94 — 26,00 G. D. Scories, nitrate. . 79,30 661 289 + 205,70 E. F, Scories seules . . . 33800 ” 541 165 + 131,29 G. H. Scories el sulfate. . 70,75 582 206 —- 139,25 L'emploi des scories associées au nitrate a donc le premier rang, 1. Ces chiffres sont la différence entre la valeur des récoltes de chaque parcelle et la valeur de la récolte moyenne des parcelles sans fumure. 2, Obtenus en retranchant des chiffres de. la colonne précédente la dépense en engrais, LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 445 de beaucoup, au point de vue économique ; et si l’on réfléchit qu'une dose de scories beaucoup moindre que celle qui a été appliquée à Quareux suffirait à plusieurs récoltes successives de céréales, on voit que l'emploi des phosphates de déphosphoration permet, avec le concours du nitrate de soude, d’obtenir des résultats très rému- nérateurs, là où le fumier de ferme a constitué en perte la culture de l’avoine. Il ést intéressant aussi de comparer entre eux les excédents de grain et de paille obtenus sous l'influence des diverses fumures, par rapport à la récolte des parcelles qui, depuis trois ans, n’ont reçu aucun engrais. On trouve, par cette comparaison, que le fumier de ferme a pro- duit un excédent de 51,95 de grain et 31",25 de paille ; les scories seules, un excédent de 8,75 de grain et 81,29 de paille ; associées au sulfate d’ammoniaque, les scories ont donné 10 quintaux métriques de grain et 151,95 de paille de plus que les parcelles témoins ; enfin l'addition de nitrate aux scories a fourni, à l’hectare, 14 quin- taux métriques de grain et 191,35 de paille de plus que la récolte des parcelles non fumées. Le quintal de grain produit en plus par rapport au terrain sans fumure, en comptant la paille à raison de 3 fr. les 100 kilogr. et en déduisant le prix des plus-values ci-dessus, ressort à 21 fr. pour le fumier de ferme, 2 fr. 28 c. pour le mélange de scories et de sul- fate, 1 fr. 54 c. pour le mélange de scories et de nitrate, et O fr. 89 c. pour les scories seules. 5° Expériences de la Slation agronomique de V'Est et de l’École pralique d’agricullure Mathieu de Dombasle (1887). J'ai fait en 1886-1887 à la Station agronomique de l'Est des cul- tures expérimentales de blés en vue d'examiner les points suivants : Influence de l’espacement des semences sur le rendement”; Influence de la nature du sol et de la fumure comparée à celle de l’espacement ; 1. Voir Études agronomiques, 3° série (Hachette et Cie), 1887. 446 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Action favorable ou nuisible des scories Thomas-Gilchrist em- plovées à haute dose (3 000 à 3 500 kilogr. à l’hectare) ; Action des matières organiques dans les sols sableux et extra-cal- caires (craie pure); Rapport du poids de grain au poids de paille récolté ; Voici, parmi les résultats acquis, ce qui concerne plus particuliè- rement les scories. On a exprimé souvent la crainte que le soufre et les protoxydes métalliques de ces scories n’exercent sur la végétation une influence fâcheuse ; on a, de plus, conseillé de les employer en poudre impal- pable. Mes cases de végétation ont reçu, en 1886, des scories de la- ciérie de Mont-Saint-Martin, près de Longwy, en poudre grossière, à la dose de 3000 kilogr. à l’hectare : à une teneur de 40 p. 100 d’oxydes métalliques, cela représente environ 300 kilogr. à l’hec- tare. Il est évident, d’après les rendements obtenus, que la végé- tation n’a, en aucune façon, souffert de cette énorme quantité de protoxydes métalliques. Les cultivateurs peuvent donc employer de 500 à 3500 kilogr. de scories à l’hectare, suivant la richesse de leur sol et la nature des cultures, sans avoir rien à redouter. Nous allons voir, en rendant compte des cultures de céréales de l’École Dombasle, que de pareilles quantités ont, au contraire, produit partout d’excellents résultats. En dehors des cultures de blé, qui ont élé continuées, comme les années précédentes, par M. Thiry, dans la ferme expérimentale de Tomblaine, nous avons institué, de concert, en 1887, des essais de culture destinés à montrer, pour le sol sur lequel nous opérions : 1° la valeur comparative des diverses formes de phosphates sur le rendement d’une céréale de printemps; 2° la valeur ferlilisante comparée du fumier de ferme et des engrais minéraux employés seuls et en mélange pour betteraves en 1886, suivies d’un blé en 1887. J'ai préconisé depuis bien longtemps l’emploi, dans le cas des sols pauvres en calcaire, de phosphates insolubles, de préférence aux superphosphates. La raison d'économie, si importante en cul- ture, est celle que j'ai invoquée, l’acide phosphorique insoluble LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 447 coûtant, en moyenne, moitié moins cher, au moins, que le même corps fertilisant dans le superphosphate. Les motifs d'ordre physiologique que j'ai si souvent rappelés dans mes Études agronomiques viennent corroborer la raison écono- mique. Mais rien ne vaut, dans cet ordre d'idées, l'expérience di- recte; c’est pourquoi tous les ans, depuis 1868, j'ai consacré une partie de mes champs d’essais à ces études sur la valeur comparée des phosphates. En 1887, nous avons essayé, pour avoine, l’acide phosphorique sous quatre formes différentes, à la dose de 190 kilogr. d'acide réel à l’hectare, savoir : 4° phosphate des Ardennes; 2° thermo-phosphate Bazin ! ; 3 scories Thomas Gilchrist; 4° superphosphate. Le champ d’expériences avait une surface totale de 25 ares ; loué récemment par M. Thiry, il était en très mauvais état et rempli de chiendent. Il a été nettoyé complètement et labouré avant l'hiver. Au printemps, avant l’épandage des engrais, il a reçu une nouvelle culture. L’ensemencement a été fait en avoine de la variété Pedigree Tartarian (Hallett), d'importation directe d'Angleterre. La semaille a eu lieu le 27 avril 1887, et la récolte le 14 août suivant. Le champ a été partagé en à parcelles d’une contenance égale à 5 ares. Cha- cune des parcelles a reçu 200 kilogr. de nitrate de soude, corres- pondant à 31*#,5 d’azote. L'une d’elles, à laquelle on n’a pas donné de phosphate, servait de témoin ; comme les 4 autres, ainsi que je viens de le dire, cette parcelle témoin a été fumée au nitrate. La seule condition variable était donc, pour les parcelles 2 à 5, la nature du phosphate employé, et, par rapport à la parcelle 1, l'addition de phosphate, cette der- nière n'ayant reçu que du nitrate de soude. J’ai déjà signalé l’importance qu’il y a, lorsqu'on fait un essai d’un engrais particulier, azoté, phosphalé ou autre, à donner au sol, en même temps que cet engrais, une quantité suffisante des autres substances fertilisantes, si la terre n’en contient pas les proportions nécessaires pour fournir une récolte. En ne faisant varier qu’une des conditions du problème à la fois, on délimite ainsi nettement 1. Phosphate des Ardennes porté de 1 500 à { 800 dans un four spécial, puis étonné. 448 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. l'effet que l’on veut étudier. La parcelle 1 avait donc reçu autant d'azote que les autres, et la différence dans les poids des récoltes des # parcelles 2 à 5 ne pouvait être attribuée qu’à l’action des phosphates. Voici les rendements en paille et grain, rapportés à l’hectare, fournis par chacune des parcelles : DIRE one en A POrES 1. Nitrate, pas de phosphate . . . . . . 15,00 3,20 2 PSUDETPODSDTALE MT EN RER DIU 24,75 9,50 3. Phosphate naturel des Ardennes. . . . 39,79 15,00 4. Thermo-phosphate Bazin. . . . . . . 20000 21,30 5.1Scorie Thomas-Gilchrist » .". ..,.. 31,25 20,00 L'action des différentes sortes de phosphates sur l'augmentation du rendement en avoine (paille et grain) ressort clairement des chif- fres ci-dessus. La parcelle témoin, malgré la fumure azotée qu’elle a reçue, n’a produit que 3,30, tandis que les autres ont donné un rendement double en paille et de trois à sept fois plus élevé en grain. La dépense en engrais, par hectare, pour les parcelles 2 à 5, a été à peu près la suivante : pour la parcelle 2 : 150 kilogr. d’acide phosphorique à 0 fr. 55 e. le kilogr., — 82 fr. 50 c., plus 50 fr. de mitrate, total : 132 fr. 50 c. — Pour les trois autres, 150 kilogr. d'acide phosphorique à 0 fr. 25 e. — 37 fr. 50 c., plus 90 fr. de nitrate ; total : 87 fr. 50 c.'. La dose d’acide phosphorique employée est considérable et servira à la production de plusieurs récoltes suc- cessives, On peut admettre, en effet, d’après la composition de l’a- voine, que le quart, tout au plus, de l’acide phosphorique a été consommé par la récolte de 1887, soit une valeur de 21 fr. environ pour la parcelle 2, et de 10 fr. au plus pour les trois autres. Les phosphates minéraux et les scories ont donc fourni un rendement très rémunérateur dans les deux dernières parcelles surtout. Les scories que nous avons employées à Tomblaine provenaient, comme je lai dit plus haut, de l’usine de Mont-Saint-Martin. Ces scories en poudre grossière se sont montrées un engrais phosphaté de premier ordre dans tous les essais en grand que nous en avons 1. Prix du cours des marchés en 1887. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 449 faits, M. Thiry et moi. Malgré leur peu de finesse, elles ont été parfaitement assimilées par les plantes. Pour répondre à cette asser- tion que plus les scories sont fines, plus grande est leur action, j'ai déterminé sur un lot moyen de 9 kilogr. la répartition des scories d’après leur finesse. Voici le résultat de cette analyse mécanique, faite dans des tamis dont l’écartement des mailles a varié de 1/2 mil- limètre à 9 millimètres : EN CENTIÈMES kilogr, p. 100. 2 alimètre "0 MAN EE 0,150 3 00 Lemillimetre ENERE SRR ONU 1,490 29.50 AANUIMETÉS NEA ET EE 0,780 15.60 SANNNDMEUTES 0 Ne RER NE UT 0,660 13.20 AMUTUNELTES PP DE 0,370 0.40 oEMmAIUNetreS HENRI 0,610 1220 Plus grosse que 5 millimètres. . . 0,910 » À MR D AA RENE PAM T A 5,000 On peut représenter d’une manière plus frappante encore la ré- partition, par ordre de grosseur, des grains de ces scories, en cher- chant les proportions de poudre de diverses finesses qui forment le mélange obtenu avec des tamis des différentes grosseurs indiquées plus haut. J’ai trouvé les résultats suivants : Il passe, en tout, aux lamis suivants : EN CENTIEMES kilogr. p. 100. Malle milimeéene ee Pre Lai à 0,150 3.00 0 LE PU ET TEL St SNS ORNE EE tac 1,610 32.80 Maille 2 millimètres. . . . . . . . . . 2,820 48.40 Male Sim EeS ee al ete eh on le 3,060 61.60 Malle mineures EEE NE 3,490 69.00 MATOS AMONNTEUT ES SN OT EEE 4,050 S1.00 Restant sur tamis de 5° millimètres. . . . 0,940 » Les bons effets des scories en poudre grossière, de Mont-Saint- Martin, ne se produiraient pas avec toutes les scories ; cela lient à ce que l’état d’agrégation varie notablement ainsi que je l’ai dit précé- demment avec l'allure des fours à acier. Je reviendrai plus loin sur celte question. {. Les usines de Mont-Saint-Martin livrent aetuellement les scories finement mou- lues comme toutes les aciéries. ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1896. — 11. 29 450 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. 6° Essais culluraux de Rothumsted, Redbourne et Cirencester (1886). Pendant longtemps les superphosphates ont été le seul engrais phosphaté préconisé par les agriculteurs pour la culture des plantes sarclées. Aujourd’hui les scories de déphosphoration sont appelées à partager avec eux la faveur des cultivateurs. Je dois à l’obligeance de M. Percy Gilchrist une communication des premiers essais de culture faits, en 1886, en Angleterre, à Rothamsted, à Redhourne et à Cirencester, sous la direction de M. Warington pour les deux premiers, et sous celle de MM. Kinch et Russel Swanwick pour le dernier. Les résultats obtenus ont été des plus concluants. Un extrait des rapports manuscrits des agronomes anglais, après transformation en mesures françaises des données principales de leurs expériences, va en donner une idée. Les expériences en question ont porté sur le turneps, très voisin, par ses exigences, des autres plantes serclées. Les expériences de Rothamsted, celles de Redbourne et les essais de Cirencester présentent des différences notables, au point de vue de leurs dispositions générales. A Rothamsted et à Redbourne, on a comparé l’action des super- phosphales à celle des scories Thomas-Gilchrist, employées à diverses doses, soit seules, soit associées au fumier de ferme. A Cirencester, on a expérimenté comparativement le superphos- phate, le phosphate précipité de scories et les scories à diverses doses, mais sans addition de fumier. À Rothamsted et à Redbourne, les champs d’essais étaient divisés en 4 lots ; à Cirencester, ils étaient au nombre de 18, répartis en 3 groupes de 6 parcelles, ces 5 grou- pes ont été traités chacun de la même manière. Je me bornerai à résumer ici les moyennes des résultats obtenus dans chacune de ces séries d’essais. Tous les résultats sont rapportés à une surface de 4 hectare et exprimés en kilogrammes. Rothamsted. —- Trois parcelles ont reçu du fumier de ferme, à la dose de 37647 kilogr. à l’hectare. Une parcelle témoin est restée sans fumier. Les champs de Rothamsted ayant, de longue date, reçu LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 451 très fréquemment des phosphates sous diverses formes, se trouvaient dans des conditions moins favorables que ceux de Redbourne et de Cirencester pour des expériences sur les phosphates. Les quantités d’engrais ont été les suivantes : Parcelle 1 : 37 647 kilogr. de fumier de ferme et 1 016 kilogr. de scories Gilchrist (soit 166,6 d’acide phosphorique) ; Parcelle 2: 37647 kilogr. de fumier et 762 kilogr. de scories (125 kilogr. acide phosphorique) ; Parcelle 3: 37647 kilogr. de fumier et 518 kilogr. de scories (89 kilogr. acide phosphorique). Pour la comparaison avec le superphosphate, M. Warington a adopté une excellente disposition, qui éloigne toutes les causes d'erreur résultant de la différence du sol sur lequel on opère. Les lignes fumées au superphosphate (à la dose de 254 kilogr. à l’hec- tare, soit 34 kilogr. d'acide phosphorique à l’hectare) alternaient avec les lignes fumées aux scories. On avait, de la sorte, autant d'expériences comparatives que le champ d’essai comptait de lignes. Les écarts constatés dans les rendements de chacune de ces lignes ont été très faibles, pour la même fumure, ce qui me permet de me borner à donner ici les moyennes de tous les rendements isolés : RENDEMENTS en kilogrammes à l’hectare. Fumier Fumier et Scories PCR osphate et scories. MR seules. à PRE Parcele teneur 49 536 49 442 » » — : 2. 45 674 43 323 » » — 3. 42 948 45 144 » » — À. » » 23 090 23 183 De ces chiffres résultent les rendements moyens suivants à l’hec- tare : Parcelles avec fumier et scories. . . . . . . . 44 289 kilogr. Lu — et superphosphate . . . . A4ATT — La différence énorme dans le rendement des parcelles 1 à 3, com- parées à la parcelle 4, qui n’a pas reçu de fumier de ferme, tient à l'insuffisance d'azote et peut-être de potasse dans cette dernière 452 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. parcelle. Il est plus que probable qu’une addition de quelques kilo- grammes de nilrate et de kaïnite à la parcelle 4 lui aurait permis de donner une récolte égale à celle des 3 premières parcelles. Redbourne. — Le sol n’a pas reçu d’autre fumure que des scories dans le champ n° 1, fumé avec 1 016 kilogr. de scories (166%5,6 d’a- cide phosphorique) ; ce champ a donné une récolte de 80 802 kilogr, de turneps. Le n°2, qui a reçu 754 kilogr. de superphosphate (100 kilogr. d'acide phosphorique), a produit 31 700 kilogr. de turneps. Cirencester. — Comme je l’ai dit plus haut, l'expérience de Ciren- cester a été faite sur 3 lots de terrain divisés chacun en 6 parcelles qui ont reçu, respectivement, les fumures suivantes, rapportées à l'hectare : Parcelle 1 : Sans fumure ; Parcelle 2 : 188 kilogr. de phosphate précipité, contenant 604,4 d'acide phosphorique ; Parcelle 3 : 376 kilogr. de superphosphate, contenant 586,3 d’a- cide phosphorique; Parcelle 4 : 502 kiïlogr. de scories Thomas-Gilchrist, contenant S8 kilogr. d’acide phosphorique ; Parcelle 5 : 878 kilogr. de scories Gilchrist, contenant 154 kilogr. d'acide phosphorique ; Parcelle 6 : 2510 kilogr. de scories Thomas-Gilchrist, contenant 439 kilogr. d'acide phosphorique. La moyenne générale de chacun de ces essais, qui n’ont d’ailleurs présenté, pour chaque lot fumé de la même manière, que des écarts insignifiants, a élé la suivante : RENDEMENT Thestaee: SANS ADULTES. 2 RUE 19935 kilogr. SUDETDHOSpHAtE EN LE MEN PEU 30612 — Phosphate précipité . . . . , . 32 210 — DODLIIOST SCOTIA NE 29 GI4 — STSNRIOET ASCOTIES MEME Use 31939 — 2 O1 DIKNOCT-ASCONES EME 30 243 — De l’ensemble des résultats de ces expériences, découlent quel- LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 453 ques conclusions des plus intéressantes. Je vais essayer de les déduire en quelques mots. 4° L’acide phosphorique insoluble des scories s’est montré assi- milable à un haut degré par les plantes sarclées. A la dose de 88 ki- logr. à l’hectare (500 kilogr. de scories à 16.4 p. 100) il a produit une récolte presque égale à celles qu'ont fournies 60 kilogr. d'acide phosphorique soluble dans l’eau. 2 Les scories employées à très haute dose (deux tonnes et demie à l’hectare) n’exercent aucune action nuisible sur les végétaux. La levée du turneps a été aussi rapide et aussi parfaite, dans ce cas, que celle observée dans les autres parcelles. 3° La récolte obtenue avec 500 kilogr. de scories a été sensiblement égale à celles qu'ont données des poids double ou quintuple du même engrais. Il n’y a donc pas d’intérêt à dépasser la dose de 500 kilogr. à l’hectare. Ce résultat est conforme à ceux que J'ai constatés de 1891 à 1895 dans le champ d'expériences du Parc des Princes. Sauf le cas des prairies, où l'emploi de 4 000 kilogr., au moins, de séories à l’hectare semble fournir les résultats les plus avantageux comme nous le verrons plus loin, on peut, pour toutes les cultures, limiter à 00 kilogr. à l’hectare la quantité de scories # employer et même la réduire à 200 kilogr. si on les introduit tous les ans. 4 Le phosphate précipité a donné des rendements égaux, à dé- pense égale, à ceux qu’on a obtenus avec le superphosphate, fait que confirment tous ceux que j'ai observés, depuis plus de quinze ans, dans mes champs d’expériences. En résumé, les scories Thomas-Gilchrist offrent un engrais phos- phaté très assimilable et actuellement plus économique que les su- perphosphates. Les scories employées dans les expériences que je viens de rapporter étaient en poudre fine. La fumure d’un hectare de terre destinée à la culture des pommes de terre et des betteraves pourrait avantageusement, dans la plupart des sols en bon état d'entretien, être la suivante : POUR POUR pommes de terre. betteraves. Nitrate de soude. . . . 225 à 300 kilogr. 250 à 400 kilogr. SCOLIES NES De TorR Ne 500 — 500 — 454 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Si le sol manque de potasse, 150 kilogr. de chlorure de potassium {à 50 p. 100 de potasse), ou 600 kilogr. de kaïnite compléteraient la fumure pour pommes de terre; 300 kilogr. de chlorure, celle pour betteraves. C’est aux cultivateurs à faire subir à ces indications générales les modifications que comportent le sol, son état de fumure antérieur et les conditions locales de leur exploitation, telles que quantité de fumier de ferme dont ils disposent, etc. 7° Essais sur pommes de terre‘ en Saône-et-Loire. Les essais sur pommes de terre ont donné lieu à diverses obser- vations très favorables. M. L... (Cormatin), qui a essayé les scories sur diverses cultures et en a obtenu satisfaction, a constaté en 1887 que sur des pommes de terre sans fumier il avait eu, avec 1 500 kilogr. de scories par hectare, un quart de récolte en plus. Le même propriétaire a continué ses essais en 1888 ; ils ont fait l’objet d’un article inséré par M. Battanchon dans le Progrès agricole et viticole du 20 janvier 1888. Voici ce que dit à ce propos M. Battanchon : Dans le sol cultivé en céréales, contenant seulement 0.06 p. 100 d'acide phosphorique et 0.077 p. 100 de calcaire, à prix égal, les scories sont d’un emploi plus avantageux que les superphosphates ; elles pro- curent des rendements plus élevés et, de plus, elles laissent dans le sol, à la disposition des cultures subséquentes, un stock d’acide phos- phorique bien plus considérable. C’est, d’ailleurs, ce que l’on va consta- ter d’une façon saisissante encore avec les pommes de terre. Pour celles-ci, qui étaient des € Institut-de-Beauvais », la plantation a été divisée en trois parcelles. La première, que nous appellerons 4, devant servir de témoin, n’a rien reçu. La récolte y a été de 10 833 kilogr. de tubercules. La seconde, b, a été fumée avec l’engrais suivant : NitratedderSOU ee PEER re 100 kilogr. Chlorure de potassium. . . . . . . 200 — Superphosphate à 12 p. 100 . . . . 300 — Prix de revient : 97 fr. 1. Extrait des Notes et résultats d'expériences sur les phosphates métallurgiques, de M. Séjournet (Berger-Levrault et Cie, 1889). LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 459 Elle a fourni une récolte de 22 500 kilogr. de pommes de terre. Quant à la parcelle e, elle a reçu le même engrais, sauf que le super- phosphate a été remplacé par 800 kilogr. de scories moulues du Creu- sot ; le prix a été le même, soit 97 fr. Par le simple fait de cette substitution, le poids de la récolte de pommes de terre s’est trouvé porté à 32 800 kilogr. C’est donc une différence de plus de 10 000 kilogr. de racines uniquement due au remplacement du superphosphate par un poids de scories représentant une dépense égale. Ily a là un effet tout à fait remarquable. Si l'on veut traduire en argent les résultats ci-dessus, en n’estimant les pommes de terre qu’au prix très bas de 3 fr. les 100 kilogr. sur place, on a, relativement à la parcelle sans engrais, un bénéfice net de 062 fr. avec la parcelle e. Quant à la plus-value de rendement due à la substitution des scories au superphosphate, elle ressort à plus de 300 fr., et là encore il y a lieu de tenir compte du reliquat très considérable d'acide phosphorique que conserve le sol. Nous n'avons pas besoin d'insister sur l'importance de cette ob- servation ; les personnes qui en prendront connaissance concluront d’elles-mêmes. Nous signalerons, cependant, ce quin’est pas indiffé- rent, que l'expérience a porté sur des parcelles de 30 ares. M. B... à Montsauche (Nièvre), écrit ce qui suit au sujet d’un essai sur pommes de terre. J'ai planté mes pommes de terre le 20 mai dans une terre propre, fumée au fumier de ferme et aux phosphates métallurgiques du Creusot, à la dose de 2 500 kilogr. à l'hectare. Je l'ai hersée avant la levée, binée à la houe après, mais la fauchaison étant arrivée et la main-d'œuvre étant très rare dans le pays, je n'ai pu leur faire donner une façon à la pioche, ni les faire butter après la fauchaison; les tiges, d’ailleurs, étaient devenues trop longues. Je n'ai fait qu'arracher à la main les herbes qui les étouffaient. La récolle néanmoins a de beaucoup dépassé mes espérances; elle à été la plus belle du pays. Les pommes de terre étaient d’une grosseur rare et régulière : peu étaient petites, quelques-unes très bien faites, sans rejets, pesaient plus d’un kilogramme. Le rendement, qui eût été plus grand si les soins nécessaires eussent été donnés à la culture, à été d'environ 40 000 kilogr. à l’hectare. J’attribue ce beau résultat à l'emploi des scories. a M. Daport a communiqué à M. Séjournet une note sur ses essais de culture au parc de Torcy. 456 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Les deux parcelles expérimentées, d’un are chacune, ont été prises dans le verger du parc. Le terrain de ce verger, cultivé et famé depuis 90 ans, est excellent. La parcelle fumée a reçu, le 19 avril, 10 kilogr. des cories (1 000 à l’hectare) : - POMMES DE JERRE. La parcelle phosphatée a produit . . . . . 276 kilogr. La parcelle -témpin . 727 Eden ru" DETON EE Excédent de la partie phosphatée . . . 40 kilogr. Soit 17 p. 100 environ. Enfin, nous pouvons citer les résultats obtenus par M. Duverne, à Montceau-les-Mines, dans son champ d’expériences. Cette note est empruntée à l’article de M. Battanchon dans le Progrès agricole, dont nous avons donné plus haut divers extraits : Dans la division cultivée en pommes de terre, les engrais ont été répandus, sauf le fumier, comme pour les betteraves, c’est-à-dire moitié avant le dernier labour et moitié après, à l’aide d’un bon hersage. Les pommes de terre ont été plantées le 10 avril. La parcelle C a reçu : Eumier de fermer LUNA NORMES 15 000 kilogr. Engrais Faure et Kessler n° 298 (contenant, d'après le catalogue de cette maison : phos- phate de chaux, 25 à 30 p. 100; po- tasse 10 à 120ph 100) x me Em Ent 400 — Sur la parcelle C” on a mis : SCOMESTUUICTEUSO RENE RE NE 1 200 kilogr. Nitrate de *Soude EM ATEN NERO 200 — ChloruretdepotasSiUn ere 200 Voici les résultats obtenus : PATCONE: ete er ETS RES PSE TU 20 500 kilogr. DarCelle ON MARS PRE PARU RE NS TETE 19 567 — Témoin audi es an ME MANN PAR MENNRE > 093 — Les résultats sont toujours dans le même sens : léger avantage en faveur de la parcelle ayant reçu du fumier, chute considérable dès que l’on passe au témoin. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 457 IV. Expériences du Parc des Princes (1892-1895 !). Les seize parcelles du champ d’expériences ont été consacrées en 1892 et 1893 à la culture des pommes de terre. Aux pommes de terre ont succédé deux céréales, blé et avoine; J'indiquerai les conditions générales des essais et je résumerai en quelques tableaux les résultats obtenus sous l’influence de quelques- uns des engrais phosphatés comparés aux scories. a) Cullure de la pomme de terre. — La partie du champ d’expé- riences affectée aux essais comparatifs sur la valeur des différents engrais phosphatés, scories, superphosphate, phosphate minéral, comprend seize parcelles d’une superficie d’un are et demi chacune. Le terrain, formé essentiellement de sable (93.40 p. 100) resté inculte jusqu’en 1891, a été défriché, puis défoncé à une profondeur de 0,65 à 0",70. Chacune des parcelles, sauf deux demeurées sans fumure pour servir de témoins, a reçu en 4892 même dose d’acide phosphorique sous différentes formes (300 kilogr. à l’hectare), plus 200 kilogr. de potasse à l’état de kaïnite et 45 kilogr. d’azote (300 kilogr. de nitrate de soude) à l’hectare. En 1893, on a donné à chacune des parcelles mêmes quantités de nitrate que l’année pré- cédente, sans qu’on rapportàt ni phosphate, ni potasse. A titre de comparaison, deux parcelles ont été fumées avec des quanutés de sulfate d’ammoniaque et de sang desséché correspon- dant à 45 kilogr. d’azote. Les récoltes se sont succédé, depuis 1899, dans l’ordre suivant : En 1892 : pommes de terre Richter’s Beney. En 1893 : pommes de terre Marjolin-Tétard et jaune de Hollande. Chaque parcelle a été divisée en deux parties égales qui ont porté ces deux variétés. La semence provenait des cultures de M. Joseph Rigault, de Groslay. 1. Voir Études agronomiques, 6° et 7° séries, la description, le plan et le détail des fumures et récoltes du champ d'expériences du Pare des Princes. Hachette et Gie, 1892 et 1896. 458 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. En 1894, le champ a porté du blé : variété d'Alsace récoltée dans l’exploitation de M. Gâtellier, à Meaux. En 1895, avoine de Po- logne. La composition chimique du sol, avant fumure, a révélé son ex- trême pauvreté en principes feruilisants, condition très favorable à l'étude de l’action des engrais sur la végétation. Au moment de sa mise en culture, la terre du champ présentait les teneurs sui- vantes : POUR 100 deterre. CHAUSSEE TN Re 0.920 MAGneSie PANNES RUN SN AR ee 0.080 POLASSEN TIME: PPS REA EUR FRS 0.019 ACIde PhOSPROTIQUE MEME NRA 0.045 AVOTE LE CS NE eo ET RER 0.068 Elle peut donc être considérée comme un sol extrêmement pauvre, rappelant la composition de la terre de Ferryhill (voir p. 432). Les quantités d’engrais incorporés au sol, au printemps de 1892, ont élevé les:taux d’acide phosphorique, de potasse et d’azote à des proportions correspondant, à peine, aux teneurs des sols les plus médiocres sous ce rapport. En effet, après furaure, le sol renfermait seulement : Pour 100 de terre. ACIHENDOSPROL QUE NT EC 0.0573 BOLASSE en NE AT Ne 0.0300 OUR TR RE OL TE EE PRE LEE E 22e 0.0378 Les différents engrais phosphatés, mis en expérience en 1892, sont au nombre de douze, savoir : Phosphates minéraux naturels du Cambrésis, de la Somme, des Ardennes, du Boulonnais, de l'Indre, de la Floride et du Portugal. Phosphate précipité, superphosphate et deux sortes de scories de déphosphoration de provenance différente. Je renverrai, pour la composition de ces différents phosphates et leur influence sur les rendements, aux Études agronomiques, 6° et 7° séries, el je me bor- / LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 459 nerai à résumer dans le tableau ci-dessous les résultats obtenus dans les parcelles qui ont reçu des scories, du superphosphate et du phosphate précipité : 1° en 1892, pommes de terre Beney ; 2 en 1893, avec chacune des variétés Tétard et Hollande ; 3° la moyenne des rendements des trois variétés récoltées dans les deux cam- pagnes : Récolte de 1892. NUMÉROS POMMES DE TERRE des FUMURE. parcelles. Beney. I. TÉMOINS ANS NUE 8 830 kilogr. XIE, SCOTIES EST RE UT SM 27885 — XII, Scories anglaises. . . . . . 20230 — XIV. .Phosphate précipité. . . . . 23 S60 — XY. Superphosphate . . . . … . 2 210 — XVI. DÉMO RASE ANCN MT ANS 12650 — Récolte de 1893. POMMES DE TERRE NUMÉROS — TT — des FUMURE, Jaune Marjolin parcelles. Ares Tétard, kilogr. kilogr. je Kémoiniltle Bu #6 ir Ep) 9 884 12 116 XIL. DCOLIES ESC A CUS RTE CL" 23 121 23 188 XIE, Scories anglaises. . . . . . 23 383 21 242 XIV. Phosphate précipité. . . . . 19 709 17 283 XV. Superphosphate . . . . . . 15 769 14 558 XVI, Léon ere cs TNT NES 8 204 13102 Moyenne des deux années. (Trois récoltes réunies.) NUMÉROS des FUMURE. MOYENNE. parcelles. I. RÉ A AR Nes MERS er tire 10277 kilogr. XIE. SÉDDICST HS ANNE ETUIS 24931 — XHEL Scories anglaises. . . . . . 22,686 — XIV. Phosphate précipité. . . . . 20 286 — XV. Superphosphate . . . . . . 18416 — UT: 4 M2 ct (1) 11 AE 2 LA ERPEET | PSE LEE QE 11415 — 460 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Pour les rendre plus saisissantes, résumons toutes les données de ce tableau en quatre nombres, représentant le rendement moyen à l’hectare des parcelles témoins et de celles qui ont reçu, respec- tivement, des scories, du phosphate précipité et du superphosphate ; nous trouverons ainsi comme rendement moyen général des trois variétés de pommes de terre : A L'HECTARK. L'RS COLIS me ee EN Ne me der 23 809 kilogr. 20 Phosphate précipité . . . . . 20286 — SPASUDETDHOSDRALE RE. 18416 — 4° Témoins sans fumure . . . . 10 841 — Les scories ont donc surpassé le superphosphate et le phosphate précipité. Le rendement moyen des parcelles sans fumure, 10 841 kilogr., chiffre remarquable si l’on se reporte à la pauvreté du champ, me paraît s’expliquer surtout par l’état d’ameublissement parfait et le labour profond du sol qui ont précédé la plantation. En résumé, les deux premières années de culture du champ d’ex- périences du Parc des Princes confirment les résultats que j'ai cons- tatés depuis plus de vingt années dans mes cultures en sol siliceux, pauvre en phosphate et en chaux, à savoir, l’obtention, à dose égale, d’acide phosphorique, de rendements élevés à l’aide des scories en poudre fine et des phosphates minéraux. J’appelle de tous mes vœux des vérifications expérimentales du fait qui est mis en lumière d’une façon indiscutable, à mon avis (assimilabilité des scories et des phosphates minéraux égale ou supérieure à celle des superphos- phates en sol siliceux), par les résullats que je viens de rapporter. Les sols siliceux pauvres qui couvrent de si grandes étendues en France peuvent être singulièrement améliorés par l'emploi simul- tané des scories et des phosphates naturels, du nitrate et des sels de polasse, tandis que l’on réservera les superphosphates pour les sols calcaires et argilo-calcaires, La comparaison des engrais azotés, dans le sol de Boulogne, con- duit aussi à considérer l’azole nitrique comme très supérieur à LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 461 l'azote ammoniacal el surlout à l’azote organique : en effet, les ren- dements moyens des trois récoltes de pommes de terre se sont élevés aux chiffres suivants : Nitratedé)soude. "em 0 0 24931 kilogr. Sulfate d'ammoniaque . . . . . 20929 — Fang'desséché. EME 16542 — donnant des différences, en faveur du nitrate, de 16.5 p. 100 sur le sulfate et de 53.4 p. 100 sur l’azote organique. J'y reviendrai plus loin. b) Culture du blé, 1893-189%. — Le champ d’expériences a été emblavé le 12 octobre 1893, quelques semaines après l’arrachage des pommes de terre. Le froment, suivant un adage bien connu, n’aime pas les sols creux ; aussi n’a-t-il été donné au champ aucun labour d'automne et s’est-on contenté d’enlever les fanes et d’égaliser le sol par un coup de râteau remplaçant un hersage léger en grande culture. La variété employée était le blé d’Alsace, provenant de l’exploi- tation de M. Gâtellier, à la Ferté-sous-Jouarre, qui l'avait lui-mème importé de Lorraine. Jai été guidé dans le choix de cette variété par la précocité du blé d'Alsace d’une part, de l’autre par sa rusticilé, sa résistance au froid et à l'humidité. Le climat du Parc des Princes, en effet, est humide et relativement froid ; l'expérience des années pré- cédentes m'avait appris qu'il convient d’y introduire de préférence des récoltes hâtives. La semaille a été faite avec grand soin, en ligne, au semoir Smyth (six rangs par mètre), que les constructeurs avaient gracieusement mis à ma disposition. On a employé une quantité de semence cor- respondant à 135 kilogr. à l'hectare, ou 156!,4, le poids de l'hecto- litre de semence étant de 85 kilogr. Aucune fumure n’a directement précédé la semaille. La levée du blé s’est faute régulièrement ; la plante n’a nullement souffert pendant l'hiver. Le 28 mars 1894, on a répandu à la volée, en mélange avec de la terre de chacune des parcelles à fumer, une 462 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. dose de nitrate de soude correspondant à 100 kilogr. à l’hectare (soit 15 kilogr. d’azote). Je m'étais proposé de répandre une seconde quantité de nitrate égale à la première, en avril, si l’aspect de la vé- gétation semblait en indiquer la nécessité ; mais j'ai renoncé à ce deuxième épandage, en présence de la vigueur et de la coloration du blé vers la fin d'avril. C’est donc, en tout, une fumure de 15 ki- logr. d'azote qu'a reçue le blé semé après pommes de terre. Comme dans les années précédentes, douze parcelles seulement sur seize ont reçu du nitrate de soude : il n’a été répandu sur les parcelles | et XVI, servant de témoins depuis le défrichement, aucune quantité d'engrais. Les parcelles VIT et VIT ont reçu, comme précédemment, l'azote sous forme de sulfate d’ammoniaque et de sang desséché, à titre de comparaison avec le nitrate. Grâce à la propreté du sol, résultant de la culture des plantes sarclées qui a précédé l’emblavure de cette année, et sans doute aussi à l'extrême sécheresse de 1893 peu favorable au développement et à la frucufication des mauvaises herbes, notre culture de blé était à peu près complètement exempte de ces dernières : à peine a-t-on eu quelques plantes adventices à arracher, et le blé seul s’est développé et a profité de la fumure. Cette absence de végétaux étrangers à ceux dont on se propose la culture est un point essentiel à noter, ies mauvaises herbes croissant au milieu d’une récolte diminuant d’autant les ressources alimen- taires que le sol offre à cette dernière. Du 18 au 20 mai, au moment de l’épiage favorisé par les condi- tions atmosphériques, les 24 ares consacrés à la culture du blé ont été recouverts, à la hauteur de 2",50 et latéralement, d’un filet destiné à protéger la récolte contre les déprédations des moineaux, qui pullulent dans cette région. Un essai de culture de blé et d'orge, en 1892, avait démontré la nécessité absolue de cette protection, les moineaux n'ayant pas laissé un « seul » grain de ces céréales arriver à maturité. La floraison s’est accomplie aussi parfaitement que possible du 3 au 10 juin. Le 48 juillet, le blé était, dans toutes les parcelles, arrivé à maturité. Le blé coupé à la faux a été mis en moyettes le 20 juillet; le battage, commencé le 28 juillet, s’est terminé le LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 463 3 août. En voici les résultats, en ce qui concerne les scories, le su- perphosphate et le phosphate précipité” : Tableau I. NUMÉROS NATURE OR E des des * de la paille parcelles. phosphates. HORS où ST quint. métr. quint. métr. XV: SUPETPhOSPhATE EC OC 34,46 67,54 XII Scorieside l'Est. 2. . | 34,22 76,35 XIIL Scories Anglaises... .1 SDL 74,43 XIV. Phosphate précipité * . . . 210) 61,52 I et XVI. Moyenne des témoins. . . . 19,89 318 Les scories ont donc produit un poids de grain très voisin de celui qu'a donné le superphosphate et très supérieur au rendement fourni par le phosphate précipité. Les poids de paille produits par les parcelles fumées aux scories sont très supérieurs à celui de la parcelle au superphosphate. Le poids naturel de la semence employée en octobre dernier, c’est-à-dire le poids de l’hectolitre légèrement tassé et mesuré sui- vant les habitudes de la pratique, était très élevé et voisin de 85 ki- logr., exactement 84,850. Nous avons déterminé, par la même méthode, le poids de l’hectolitre du grain récolté dans chacune des parcelles, afin de pouvoir indiquer le nombre d’hectolitres corres- pondant à celui des quintaux récoltés à l’hectare. Le tableau IT fait connaître les résultats de ces déterminations ; la dernière colonne ‘indique le nombre de grains récoltés, pour un de semé: Tableau II. suwéros sarune D er PAR des des de à de la parcelles. phosphates, l’hectolitre. l’hectare. semence. kilogr. hectol, fois: XV. Superphosphate . . . . 79,90 43,13 25,9 XIL Scories de l'Est. . . . . 79,40 43,09 2571 XII. Scories anglaises. . . . 81,55 40,12 24,5 XIV. Phosphate précipité. . . 50,85 34,958 21,8 I'et XVI. Moyenne des témoins . . 80,25 24,78 14,9 1. Voir Études agronomiques, 7° série 1896, les résultats détaillés des récoltes des 16 parcelles en expérience. 464 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Le tableau TI] indique pour les mêmes parcelles : 1° La proportion du grain à la paille dans 100 kilogr. de récolte ; 2° La quantité de paille correspondant à 100 kilogr. de grain vanné ; 3° La quantité de grain correspondant à 100 kilogr. de paille et balles. Tableau III. 100 KILOGRAMMES NUMÉROS NATURE om, RL de grains de paille de des de récolte donnent RU ire TR respondent respondent parcelles. phosphates. Graine Paille. à kilogr. à kilogr. de paille. de grains. MÉLEXVEE PET ÉMONS PE APRES 34,71 65,29 188 93,13 XV. Superphosphate. . . 33,78 66,22 196 51,01 XIV. Phosphate précipité . 31,24 68,76 220 45,43 XI Scores HSE NE 30,95 69,05 223 44,82 XIII. Scories anglaises . . 30,91 69,76 228 43,90 La plus-value des rendements des parcelles XIF et XIII, scories, sur les parcelles témoins, est d'environ 14 quintaux métriques à l’hec- tare, ce qui, à 19 fr. le quintal, représente une valeur de 266 fr. non compris celle de la paille, en regard d’une dépense totale en engrais de 100 fr. environ à l’hectare (potasse et nitrate compris). c) Culture de l’avoine 1895. — En 1895, l’avoine a succédé au blé, au Parc des Princes. Les résultats de cette culture ne sont pas moins intéressants que ceux des précédentes récoltes. Je vais les résumer dans leurs traits essentiels". Depuis la récolte du blé qui a eu lieu le 19 juillet 1894, les éteules de cette céréale sont restées en terre. Étant donnée la légèreté du sol, qui ne rendait pas nécessaire un labour d’hiver, le déchaumage n’a été effectué qu’en mars, quelques jours avant la semaille de l’avoine. La variété choisie était l’avoine blanche de Pologne, variété hâtive qui m'avait paru devoir réussir sous le climat humide et un peu froid du bois de Boulogne. La semence pesait 61*8,850 à l’hec- tolitre, poids très élevé, rarement atteint par cette céréale. La 1. Voir pour tous les détails de la récolte Études agronomiques, 7° série, 189», LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 465 semaille a été faite en ligne avec l’excellent semoir à six rangs que la maison Smyth et fils avait, comme l’année précédente, mis obli- geamment à ma disposition. La quantité de semence employée a été de 117 kilogr., soit 189 litres à l'hectare. Conformément au plan d’essais adoptés depuis 1892, le seul engrais à ajouter au sol pour la récolte d’avoine était l’azote. D’ordinaire, c’est en couver- ture, c’est-à-dire à la volée, un peu avant l’époque de l’épiage, qu'on a coutume de répandre le nitrate de soude sur les céréales. Ayant eu connaissance des bons résultats de l’emploi du nitrate au moment de la semaille des céréales d’été, J'ai voulu en faire l’expé- rience. Le champ a donc reçu, quelques jours avant la semaille en ligne, une dose de nitrate de soude correspondant à 100 kilogr. de ce sel à l’hectare, soit 15 kilogr. d'azote. Je me réservais de com- pléter celte fumure au moment convenable, par l’épandage à la volée d’une nouvelle quantité de nitrate, si l'aspect de la végétation rendait cette addition d’azote nécessaire. Il n’en a rien été : l’avoine élait si vigoureuse et de couleur verte si intense, vers le milieu de mai, que j'ai jugé inutile un nouveau nilratage. On peut inférer de là que le nitrate de soude introduit dans le sol, au labour qui a précédé la semaille, a suffi à l'alimentation azotée de l’avoine. Déjà, l'année dernière, la même dose de nitrate (100 kilogr. à l’hectare) avait fourni au blé une quantité suffisante d’azole pour une produc- tion de grain qui a atteint jusqu’à 38 et 43 quintaux mélriques, dans certaines parcelles. L’avoine a parcouru toutes les phases de la végétation dans l’es- pace de 117 jours. Semée le 23 mars, elle élait complètement arrivée à maturité le 18 juillet 1895. La hauteur des tiges variait de 0,80, dans les parcelles témoins, à 1",50 et 1°,60 dans les autres. Le battage a été fait dans le champ même avec la batteuse Lanz, excellent outil que m'avait prêté M. Faul. Cette batteuse, que deux hommes suffisent à actionner, donne de très bons résultats. Comme j'avais déjà eu l’occasion de le constater l’an dernier, à propos de la récolle du blé, cette batteuse ne casse pas le grain ; elle rend de grands services à la petite culture, son prix étant peu élevé et son travail assez rapide. | ANN. SCIENCE AGRON. — 9° SÉRIE. — 1896. — 11. 30 466 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Le tableau [ indique, pour les mêmes parcelles que pour le blé: 1° les rendements d'avoine en grain ; 2 en paille. Tous les chiffres sont rapportés à l’hectare : Tableau I. NUMÉROS NATURE aber: Éd 2h à des des | de la paille parcelles. phosphates. PUPRU ES de Lars quint. métr, quint. métr. XIL. SCOTIES IAE LL ESDENEAANENE 25,45 63,20 XIE. Scories anglaises . . . . . 23,30 54,70 XV. Superphosphate. . . . . . 22,60 22,80 XIV. Phosphate précipité, . . . 20,25 38,90 XViILe AI S'ANSMENETAISE EN AE 12,S9 42,88 A l'inverse de ce que nous avons constaté pour le blé, les scories ont donné un rendement en grain supérieur à celui qu'a produit le superphosphate. Comme pour le blé, le poids de paille a été plus élevé sur scories. Le phosphate précipité s’est montré, comme dans les années précédentes, très inférieur aux scories et au superphosphate. Le poids naturel de la semence était extraordinairement élevé, comme je l'ai dit précédemment (poids, 62 kilogr. à l’hectolitre). Il n’a été atteint par l’avoine d'aucune des parcelles. Ainsi qu’on le verra en jetant un coup d'œil sur le tableau IF, 1l a été supérieur, une seule fois, à 55 kilogr. et il est tombé à 48 kilogr. dans la parcelle V. Le tableau IT fait connaître Le poids naturel de l’avoine des diffé- rentes parcelles, le nombre correspondant d’hectolitres récoltés à Phectare et la multiplication de la semence, c’est-à-dire le nombre de grains produit pour un grain semé. Tableau Il. des des de à de la parcelles. phosphates. l’hectolitre. l’'hectare. semence. kilogr, hectol, fois, XIL. Scories de l'ESÉ .,. 7. 99,17 45,60 7 pate XHL. Scories anglaises. . . . 54,7 42,60 19,7 XV. Superphosphate . . . . 52,2 ! 43,30 19,2 XIVe Phosphate précipité . … °0,7 30,90 A XVI el? Sans engrais MAMAN 46,7 28,05 110 1. Moyenne des deux parcelles témoins. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 467 En partant des rendements inscrits dans ee tableau, il est aisé de calculer pour la récolte de chacune des parcelles : 1° la quantité de paille correspondant à 100 kilogr. de grain, et 2° réciproquement, le poids du grain correspondant à 100 kilogr. de paille. Le ta- bleau IT résume les résultats de ces calculs : Tableau III. . POIDS NUMÉROS NATURE © de paille de grain des des correspon- correspon- dant dant parcelles. phosphates. à 100 kilogr. à 100 kilogr. de grain. de paille. kilogr. kilogr. XII. Scories de l'Est . . . . . 248.4 10,26 XIIL. Scories anglaises. : . . . 234,8 12,59 ME Superphosphate . . . . . 233,0 42,82 XIV. Phosphate précipité. . . . 190,0 52,50 [et XVL. SANS 'EUBTAIS Je: ta nue se 330,1 30,28 Pour donner une idée de la valeur brute de la récolte de chacune des parcelles, nous prendrons, comme base des calculs, le prix actuel de l’avoine, soit 16 fr. les 100 kiïlogr., et 25 fr. pour 1 000 ki- logr. de paille. Les chiffres du tableau IV sont établis d’après ces valeurs et rapportés à une surface d’un hectare : Tableau IV. — Estimation de la récolte. NUMÉROS NATURE Mo VS des des du de de 3 parcelles. phosphates. grain, la paille. la récolte, XIE. Scories de l'Est . . . . 4071,20°+ 1581,00 — 565{,20€ XI. Scories anglaises. . . . 372,80 + 136,75 — 509,55 XV. Superphosphate . . . . 361,60 + 132,00 — 493,60 XIV. Phosphate précipité. . . 324 ,00 + 96.25 — 420 ,25 I et XVI. SASAEN CT AIS Er CC 206 ,34 + 106,45 — 312 ,69 Les parcelles Iet XVI, demeurées sans aucune fumure depuis l’origine, mais très profondément défoncées en 1891-1892, condi- tion qui a sensiblement modifié la fertilité du sol, ont donné les rendements suivants rapportés à l’hectare : Graäms: ti. Peu 121,89 a EU Paileghit: 40 M0 2e 42 ,80 468 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. En retranchant ces quantités du produit de chacune des parcelles, on à, par différence, le poids des récoltes de grain et de paille vrai- semblablement attribuables à l’engrais, puisque toutes les autres conditions, sauf celles de la famure, sont identiques à celles des té- moins. Le tableau V nous indique les excédents en grain et paille (rapportés à l’hectare) fournis par chacune des parcelles : Tableau V. NUMÉROS NATURE PXCÉDENTE sur les témoins, des des à l’hectare. : 4 : EEE — parcelles. phosphates. Cr Paille. quint. métr. quint. métr. Xe SCOTIESNTe EST EN CERN 12,56 20,32 XI. SEDDES ANBITISES" AU MEN 10,41 L'USSE XN: SUPETPROSPNA EEE ONE nil 9:92 XIV. Phosphate précipité. . . . . . 7,36 — 4,38! Il est évident, à priori, que l'excédent d’avoine récolté, pour une même dépense en engrais évaluée à 100 fr. par hectare (maximum), étant, dans la parcelle XIE, de 121,56 et de 71,36 dans la par- celle XIV, le prix de revient de chaque quintal (excédent) sera essen- tiellement différent. Cette différence s’accentuera encore bien davan- tage si, comme on a coutume de le faire dans la comptabilité agricole, on retranche du prix de revient du quintal de grain celui de la paille correspondante. Le tableau VI met en lumière cette double différence et montre de la manière la plus frappante l'influence de la fumure sur le coût d’un quintal d'avoine, dans les conditions où J'ai opéré au Parc des Princes. Deux mots sur la manière dont a été établi le ta- bleau VI. La première colonne donne le quotient de 100 par le nombre de quintaux de grain obtenus, en excédent, sur les parcelles non fumées : les chiffres qu’elle renferme expriment le coût (en fumure) du quintal de grain avec la paille correspondante ; la deuxième colonne donne le prix de la paille correspondant à la récolte en grain, calculé à raison de 25 fr. les 4000 kilogr. Dans là troisième colonne, sont 1. La parcelle XIV a produit 41,38 de paille de moins que les parcelles témoins, bien qu'ayant donné 71,36 de grain de plus que ces dernières. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 469 inscrits les prix du quintal d'avoine (1" colonne), défalcation faite de la valeur vénale de la paille correspondante. Tableau VI. cour AL ss NUMÉROS NATURE (en engrais) k EU out & He du quintal 1 in du quintal 2S Ko: à pal gp pa G das À de grain rarcelles, hosphates. SUIS S S Lire DOSRRIQES sa paille. pondante. (en engrais). XIL Scories de l'Est. . . . 7096 —"41 04 —: 31 990 XIIL. Scories anglaises. . . . POUPEE 62 NGC TC NV Superphosphate . . . . LOUP 2URE=e 20/00 AE ORETIANTEE XIV. Phosphate précipité . . GT EU 2540115502 d) Comparaison de l'influence des engrais azolés : nitrate, sulfate, sang desséché. — La fumure des seize parcelles affectées à des essais de longue durée à été, pour douze d’entre elles, identique quant aux quantités employées : 300 kilogr. d'acide phosphorique, 200 kilogr. de potasse (à l’hectare), donnés au début des essais (printemps de 1892) après un défonçage de 0",60 à 0,70 de profondeur ; engrais azolés en quantités variables d’une année à l’autre, avec la nature de la récolte, mais identiques quant au poids d’azote donné à chacune des parcelles, la même année. Deux parcelles, sans aucune fumure, servent de témoins. La potasse a été appliquée dans toutes les par- celles sous le même état (sulfate dans la kaïnite). L’acide phosphorique a été fourni par le superphosphate, le phos- pbate précipité, les phosphates minéraux de diverses provenances et ‘ les scories de déphosphoration. Deux parcelles seulement ont reçu l’azote sous une forme autre que le nitrate, l’une, parcelle VIL, à l’état ammoniacal (sulfate d’ammoniaque), l’autre, parcelle VIIE, à l’état organique (sang desséché). Ces deux parcelles avaient été fu- mées à la kaïnite el aux scories de déphosphoration, comme la par- celle XII, avec laquelle je les comparerai tout à l'heure sous le rap- port des rendements. J'ai fait connaître, pour les pommes de terre, les résultats cons- tatés dans les parcelles nitratées et dans les deux parcelles témoins; je m'arrêterai maintenant un instant aux quatre récoltes obtenues de 1. Le poids de la paille d'avoine de la parcelle au phosphate précipité n'a pas atteint celui de la paille des parcelles témoins. (Voir tableau [, p. 466.) 470 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. 1892 à 1895 dans les parcelles VIE, VII et XIE, afin d'en dégager quelques renseignements intéressants sur la valeur fertilisante des trois formes principales de l’azote dans les engrais (azote nitrique, ammoniacal et organique). Les trois parcelles en question ayant reçu mêmes doses d’acide phosphorique et de potasse sous les mêmes formes (scories et kaïnite), les différences constatées dans leurs rendements ne peuvent être at- tribuées qu’à l'utilisation plus ou moins complète de l'azote fourni à chacune d’elles, en égale quantité, mais sous trois états différents. Avant d'indiquer les résultats de cette série d’expériences, je tiens à mettre mes lecteurs en garde contre la généralisation que certains d’entre eux pourraient être tentés d’en faire : les différences très sen- sibles accusées par le poids des récoltes, d’une parcelle à l’autre, s'expliquent par la nature siliceuse du sol, et les résultats du Pare des Princes ne sont applicables, par analogie, qu’à des sols de même nature que celui dans lequel ont été faites les expériences. Sous cette réserve expresse, abordons l’exposé des faits relatifs aux engrais azolés. Les parcelles XIT, VII et VIIT ont porté depuis la création du champ d'expériences les récoltes suivantes : À De j Pommes de terre. STE ME CNE EE AA EEE STE Te SRE MAT ES Ed OPEL RET Dire Blé d'Alsace. LROSEAEU LL ANERENNE NANTES Avoine de Pologne. . Les rendements rapportés à l’hectare ont été les suivants: PARCELLE XII. PAROELLE VII. PARCELLE VIII. Sulfat S Nitrate. han dbsséne, quint. métr. quint. métr. quint. métr. Pong id LOU 15922 249,31 204,20 165,02 L'NOALBO EN 249,31 204.20 165,02 Blé Grain. . 34,22 30,73 28,53 RÉLErE Paille . . 76,39 64,37 07,28 AGE Grain. . 25,45 15,04 1997 ; Paille, , 63,20 42,88 26,23 Production totale des 4 années. 697,84 561,42 490,05 1. Ge chiffre exprime la moyenne des rendements en tubercules des deux années. LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 471 En égalant à 100 la production de la parcelle nitratée, celle des parcelles VIT et VIIT devient : ÉOrCENG AIDER RES PTS te 100,0 — Li Lopiol er. ag ee Re PE ES 80,6 Ten D UNEPRES à 2 à VS RAT A ATEN TS TER 70,3 Le rendement moyen des douze parcelles, diversement fumées sous le rapport de l’engrais phosphaté et qui ont toutes reçu du ni- trate, a été le suivant: Pommestdeterren}: M MIN: 22 436 kilogr. L GAIN A UIEPNENNE 331,89 LÉ Le LOIRE Paille. 4400 16139 Gran AE AE 24 ,54 Avoine. . +: Li Ru Paille 2.20 ti Ces chiffres sont, on le voit, très voisins de ceux qu’ont fournis les récoltes de la parcelle XIE. Les rendements des deux parcelles témoins profondément défon- cées en 1891, mais qui n’ont reçu aucun engrais, ont été les suivants (à l’hectare) : Pommes deiterre meme 10 841 kilogr. e (ET ENI : POLPLSSTE 1947,85 pér Paille UNE 37 ,32 ea Graine Vent. l'2M589 ine. Paille le us te 42 ,80 De la comparaison des récoltes des trois parcelles XIF, VIE et VIIL avec celles des témoins, il résulte que les excédents de rendement dus à la famure ont été : PARCELLE XI. PARCELLE VIL PARCELLE VIN. rs Sulfate ane L'LULES d'ammoniaque desséché. Pommes de terre. . . . . kg. 14 090 10 OSS ù 701 Blé Gain. RMI 14,33 10,84 5,64 x Paille. sr 20,12 27,05 23,79 et vi \ Grain ROMPNE 12,56 2,15 LS MPanlés URI ER 20,32 » 13,35 Comment peut-on expliquer ces différences très sensibles dans les 472 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. récoltes de trois pièces de terre de même composition et qui toutes trois ont reçu, de 1891 à ce jour, des quantités égales de principes fertilisants ? Aisément, je pense, en se fondant sur les considérations suivantes. Le nitrate de soude est directement assimilable : pour fournir aux plantes l’azote qu’il contient, il n’a à subir aucune modi- fication dans le sol. Aussi a-t-il donné le maximum de rendement. Les matières azotées organiques et, très probablement, les sels am- moniacaux, ne deviennent des aliments pour le végétal qu’après avoir subi la nitrification, c’est-à-dire la transformation de l’azote qu’ils contiennent en nitrate. Pour se produire activement, la nitri- fication exige la réunion de certaines conditions physiques et chi- miques au nombre desquelles se trouve la présence dans le sol d’une quantité suffisante de calcaire. Or, la terre du Parc des Princes est très pauvre en chaux. Je suis porté à croire que c’est à la lenteur de la nitrification, dans ces conditions, qu’il faut attribuer linfériorité des rendements des parcelles VII et VIIT sur celui de la parcelle XII qui a reçu, tout formé, le nitrate destiné à l’alimentation des ré- colles. Cette manière de voir me semble corroborée par les différences que présentent, dans la même parcelle, les rendements des trois ré- coltes. Celle qui reste le plus longtemps en terre, le blé, dont la pé- riode de végétation est beaucoup plus longue que celle des pommes de terre et surtout que celle de l’avoine, offre des écarts beaucoup moins considérables que les deux autres. La fumure nitratée a pro- duit 34 quintaux métriques de froment, la fumure ammoniacale 31 quintaux métriques, la fumure organique 281",9. Les écarts sont donc de 9 et de 17 p. 100. Pour l’avoine qui, semée le 25 mars et récoltée le 18 juillet, n’a séjourné dans le sol que 117 jours environ, tandis que le blé a occupé la terre pendant 280 jours, les écarts sont beaucoup plus élevés : ils atteignent pour la parcelle VITE (sang des- séché) 30 p.100 et pour la parcelle VIT (sulf. d’am.) 41 p. 100. La conclusion à tirer de ces rapprochements, c’est que, en sol si- liceux, pauvre en chaux, la nitrification des matières azotées se fai- sant très lentement, l’emploi du nitrate de soude, offrant à la plante, dès le début de sa végétation, un aliment azoté immédiatement assi- milable, permet d'obtenir, à dose égale d’azote dans l’engrais, un LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 473 rendement plus élevé. Il peut, je le répète, n’en être pas de même dans des sols de composition différente de celle du terrain où j'ai opéré, et mes expériences du Parc des Princes n’ont toute leur valeur que pour des terres analogues. Cependant les praticiens considèrent, en général, l'azote nitrique comme plus efficace que l’azote ammo- niacal. e) Récapitulation des résultats des expériences du Parcdes Princes. — Le relevé des récoltes brutes obtenues dans les quatre premières années d’expériences au Parc des Princes qui ont porté sur la culture des pommes de terre pendant les deux premières années (1892 et 1893), sur le blé en 1894, et sur l’avoine en 1895, présente un cer- tain intérêt. Le tableau suivant exprime en kilogrammes la récolte moyenne, à l'hectare, des quatre campagnes 1892-1895. Les chiffres qui y sont inscrits représentent la somme des poids moyens de pommes de terre, de grain et paille de blé, de grain et de paille d'avoine produits sur les parcelles XIT et XIII (scories), XIV phosphate précipité et XV su- perphosphate. RÉCOLTE BRUTE moyenne annuelle NATURE DKS PHOSPHATES. 1892-1895 à l’hectare. POOLIE SNS PU à tetes le re Ve 16 352 kilogr. Superphosphate Mu. UML © 14778 — Phosphate précipité . . . . . . 14044 — SOIT ETAT NC LA Ver en AS ES 8225 — Les scories associées au nitrate et à la kaïnite ont donc doublé la productivité du sol. Le superphosphate, avec les mêmes engrais, a augmenté cette dernière de 74 p. 100 et le phosphate précipité de 60 p. 100 environ. Ces fumures sont donc toutes trois rémunératrices, mais à des degrés différents. V. Expériences de A. Petermann sur la valeur fertilisante des scories de déphosphoration. L'intérêt de ce travail tient à ce que, se plaçant dans des condi- tions différentes des essais de cultures à l'École de Mathieu-de- 474 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. Dombasle et au Parc des Princes dont j'ai parlé précédemment, A. Petermann est arrivé à des conclusions qui confirment celles auxquelles nous avons été conduits. Je n’ai cessé d'affirmer, depuis bientôt vingt ans, l’équivalence, tout au moins dans les sols siliceux et silicéo-argileux sur lesquels j'ai opéré, du phosphate insoluble, mais très divisé et disséminé dans la couche arable, et du phosphate soluble dans l’eau, connu sous le nom de superphosphate. Cette équivalence est surabondamment démontrée par les expé- riences que J'ai rapportées plus haut. Les scories de déphosphoration peuvent être, toutes les expé- riences précédemment citées en font foi, sans aucun inconvénient, employées à doses que l’on considérait, au début, comme devant être toxiques, en raison du fer imparfaitement oxydé qu’elles con- tiennent; les essais de Tomblaine, ceux de Wrigthson et Munro, etc., ont prouvé que 2 000 à 5 000 kilogr. de scories à l’hectare ne pré- sentaient, pour la végétation, aucun danger. Ils ont montré, en outre, qu'à doses égales d’acide phosphorique, les scories en sol siliceux el argileux produisent des résultats aussi favorables que les superphosphates. En outre, mes expériences sur orge et sur avoine, en 1887 et en 1895, ont établi que, dans la courte période de végétation des céréales de printemps, lacide phosphorique des scories est assimilé au point de doubler sensiblement la récolte en grains. A. Petermann, par des expériences très bien conduites dans la salle de végétation de la station de Gembloux, est venu confirmer absolument les conclusions de nos essais de grande culture. De plus, les études de A. Petermann mettent en relief un fait que nous n’a- vions point tenté d’élucider et qui a une réelle importance, à savoir que l’action des scories sur la végétation peut être indépendante de leur teneur en chaux et due presque entièrement à leur acide phosphorique. Je ne puis entrer ici dans le détail des expériences de M. Petermann el je me bornerai à en indiquer la marche géné- rale et les intéressants résultats. A. Petermann a opéré comparativement sur deux sols, l’un sa- blo-argileux, naturellement pauvre en matières organiques et en LES SCORIES DE DÉPHOSPHORATION. 4175 acide phosphorique (0.065 p. 100), l’autre sableux, très pauvre aussi en matières organiques et en acide phosphorique. Ges sols ont été ensemencés dans les conditions suivantes de fumure : 1° sans addition d’engrais ; 2 avec potasse et nitrate sans phosphate ; 3° avec nitrate, potasse et superphosphate; 4° avec nitrate, potasse, scories de déphosphoration ; 5° avec nitrate, potasse et scories dé- barrassées de leur excès de chaux ; 6° avec potasse, nitrate de chaux, sans acide phosphorique. Les plantes expérimentées ont été le blé de mars, lavoine, la betterave à sucre et la pomme de terre. Les résultats numériques de ces essais scientifiques ont été des plus nets; A. Petermann les résume dans les conclusions sui- vantes : 41° La scorie de déphosphoration, finement moulue, constitue une matière fertilisante d’une haute valeur ; % Dans mes expériences entreprises avec deux céréales d’été (froment et avoine), cultivées dans deux sols pourvus en excès des autres éléments nutritifs essentiels, l’assimilation de l'acide phospho- rique des scories s’est faite promptement ; 3 L'augmentation de la substance organique produite à été très importante dans le sol sablonneux ne renfermant que 0.1 p. 1000 d'acide phosphorique ; elle a été moins considérable, mais toujours manifeste, dans le sol sablo-argileux à 0.65 p. 1000 d’acide phos- phorique ; 4° La chaux libre contenue dans la scorie de déphosphoration a élé sans action, quoique les sols expérimentés doivent être classés parmi ceux qui sont assez pauvres en chaux, l’un n’en renfermant que 2.37, l’autre 1.55 p. 1 000’; D° La forte proportion de protoxyde et de peroxyde de fer conte- nue dans la scorie de déphosphoration n’a pas été nuisible à la pro- 1. Les choses se passent différemment en grande culture ; les sols qui ont besoin de chaulage, comme mes terres de- Lorraine, se trouvent très bien de l'apport de chaux libre par les scories, ainsi que je le constate depuis dix ans. Cette chaux contribue sans aucun doute à la nitrification des matières organiques. Les expériences en pots sont insuflisantes pour donner une idée de la valeur agricole d’une matière fertilisante. Elles ont surtout de l'intérêt en ce qui concerne la fixation des exigences minérales des plantes. IP LE 476 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE. duction des céréales d’été ni à l'élaboration du sucre dans la bette- rave ou de la fécule dans les pommes de terre. Les chiffres des rendements et les diagrammes qui les représentent montrent une égalité presque rigoureuse entre les résultats obtenus avec le superphosphate et les scories. (A suivre.) L. GRANDEAU. TABLE DES MATIÈRES RER RIO NME EUX L'ÉM'E. (1896) H. Lecomte. — Agriculture coloniale : Les textiles végétaux des colonies . Re RATE Te Robe ÿ L. Grandeau, H. Ballacey et A. Alekan. — Études expérimen- tales sur l'alimentation du cheval de trait (1° mémoire) . . M. A. Petermann. — Station agronomique de l’État à Gembloux : Rapport sur les travaux de 1895 . L. Grandeau. — La fumure du cotonnier. PR ie M. P. Bonâme. — Siation agronomique de l’île Maurice : Rapport sur les travaux de 1895. Ch. Pensa. — Étude sur la situation agricole et industrielle de l'Égypte . L. Grandeau. — Les scories de déphosphoration ; origine, produc- tion européenne, composition, emploi, application aux diverses CAN LS RUE VPN EE AR A Nancy, imyr. Berger-Levrault et Cie, 410 aa F4 + Re it arte Annales de la Science agronomique. 2° Serie. TI. 1896. NANCY-BERGER-LEVRAULT & C'°