DPI tit ju qu 1 Loi {ip Î Li ( in # Ü Hi un 44 La prit w if RUN jy 14 4 f Ÿ RELE) à fe [PRE j 4: FA a BTX Ù 4 TEX pa ni ts jt « ae CES PRE EE < (ii u vaut {x HR nl As ï 2h PANNE LR na en ni À AU ( : HAE 4 HR A 2 PAS EU pu Û dr 1 de Nout sn US A tra Jus “nn tr ne M RReMEnE pt Mae ie ! ; à + 2 = Te nds 7 = nes DÉS LS SES £ Ar as ns 05e RTE ES Es nr TE LES Te re re SE < EEE Lam ANNALES DES SCIENCES NATURELLES HUITIÈME SÉRIE ZOOLOGIE dp'éds ANNALES SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME XII PARIS MASSON ET C*, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain. 1901 Il MONOGRAPHIE DE LA FAMILLE DES PLEUROBRANCIHIDÉS (DEUXIÈME ET DERNIÈRE PARTIE !) Par A. VAYSSIÈRE Professeur à la Faculté des sciences et Conservateur du Musée d'Histoire Naturelle (Zoologie) de Marseille. Nous n'avons pas à ajouter grand’chose à la bibliographie que nous donnons dans la première partie de nos recherches sur les Pleurobranchidés (p. 210-218), car depuis sa publica- tion il n’a paru à notre connaissance que la monographie de Bergh sur la même famille de Mollusques ; mais ce tra- vail on ne peut plus important mérite que nous nous y ar- rêtions assez longuement. Toutefois, il ne nous est guère possible d'analyser ici point par point ces recherches à la fois zoologiques et anatomiques ; nous sommes obligés de nous contenter d'en donner maintenant une idée générale, en nous réservant d'en parler plus en détail dans le cours de notre Mémoire. _ C'est dans le Aeisen im Archipel der Philippinen von C. Semper que ces recherches ont été publiées ; elles font en quelque sorte suite à l’ensemble de Mémoires sur les Nudibranches et les Marséniadés que Bergh a précédem- ment fait paraître dans la même grande publication. (1) La première partie de cette monographie des Pleurobranchidés a paru en 1898, dans le tome VIII des Ann. des Sc. nat., p. 209-402, pl. XIII à XX VIT. ANN. SC. NAT. ZOOL. XII, À IN A. VAYSSIÈRE. Le premier fascicule des recherches de Bergh sur les Pleurobranchidés date du milieu de l’année 1897, au mo- ment où nous venions de remettre à M. Milne-Edwards, directeur des Annales des Sciences Naturelles, le manuscrit de la première partie de notre monographie ; le deuxième fascicule a été publié peu de temps après. Ainsi s'explique pourquoi nous n’avons pas parlé des résultats obtenus et signalés par ce naturaliste dans ces deux fascicules, bien que notre travail ait paru un peu après. Dans le premier fascicule, qui est celui dont nous aurons le plus à nous occuper ici, Bergh donne la description des diverses espèces de Pleurobranchæa, faisant non seulement connaître tous les caractères zoologiques de ces Mollusques, mais encore décrivant avec soin l’organisation interne de plusieurs d’entre eux ; cette première partie est accompa- gnée de quatre planches in-4°. Le deuxième fascicule est consacré à l'étude des genres Oscaniopsis, Oscanius et Oscaniella; au texte assez étendu de celui-ci se trouvent jointes aussi quatre autres planches représentant des détails anatomiques de la plupart des es- pèces signalées. Depuis, le savant naturaliste danois a fait paraître (1899) la fin de sa monographie des Pleurobranchidés qui forme un troisième et très fort fascicule terminé par quatre plan- ches de détails anatomiques se rapportant aux genres Pleuro- branchus et Pleurobranchæa. Dans son ouvrage, Bergh établit un certain nombre de genres auxquels 1l donne à tous la même importance. Comme nous l'avons indiqué au commencement (p. 253) de la première partie de notre monographie, nous pensons que l’on ne doit pas attribuer à toutes les divisions établies par plusieurs naturalistes la même valeur. Notre manière de voir n’a pas changé depuis la publication du travail de Bergh et nous croyons que les trois genres que nous avions établis doivent demeurer tel quels. Le genre Berthella, dont le ca- racitère principal réside dans la forme allongée, lamelleuse MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 3 et dentelée des pièces chitineuses de la radula; le genre Pleurobranchus, caractérisé surtout par la présence de dents unciformes; et le genre Pleurobranchœæa, dont toutes les espèces, dépourvues de coquille, possèdent un voile buccal très grand en continuité directe avec la partie antérieure du manteau qui est rudimentaire laissant plus ou moins à découvert la branchie, et sont munies de deux rhino- phores très distants l’un de l’autre. A ces trois genres nous joindrons celui que Bergh a créé sous la dénomination d'Oscaniopsis, pour un certain nom- bre d'espèces placées autrefois parmi les Pleurobranchæa. Le facies de ces Mollusques offre, en effet, une grande res- semblance avec celui des Pleurobranchæa ; comme ceux-ci, ils ont un grand voile buccal en continuité avec un manteau rudimentaire, leur branchie est petite et presque à décou- vert, et ils n’ont pas de coquille ; mais la structure de leur collier œsophagien, de leur appareil génital..., présente beaucoup plus d’analogie avec celle de ces mêmes organes internes chez les autres Pleurobranchidés. Quant à élever au rang de genre les groupes des Oscanius, Susania, Oscaniella..…., nous ne croyons pas devoir le faire, vu que les différences qui existent entre eux et les Pleuro- branchus vrais ne sont pas assez importantes ; il est même souvent bien difficile de classer certaines espèces qui servent en quelque sorte de transition entre ces divers groupes. Nous leur conserverons, en conséquence, une valeur sous- sénérique et les placerons tous dans le genre Pleurobran- chus, comme nous l’avons fait au commencement de la première partie de notre travail. Bergh ne semble pas attacher la même importance que nous à la différence de forme des dents radulaires, car plusieurs espèces à dents lamelleuses allongées sont placées sous la même dénominalion générique que des types à dents unciformes. Nous avons montré cependant qu'à ces diffé- rences dentaires correspondent un certain nombre de carac- tères anatomiques dans la structure du collier œsophagien, 4 A. VAYSSIÈRE. des organes génitaux, formant un ensemble qui selon nous doit imposer cette séparation en genres distincts. Dans le travail du savant naturaliste danois, nous avons constalé qu’un certain nombre d'espèces nouvelles étaient similaires des nôtres; ayant publié les diagnoses de ces espèces dans le Journal de Conchyliologie(vol. 44, p. 5-31 et PI. IV et V) quelque temps avant (1896) l’apparilion de son premier fascicule qui est de 1897, nos dénominations de- vront être conservées. Au sujet de la partie iconographique de ce bel ouvrage, qu'il nous soit permis d’exprimer un regret, celui de ne presque pas trouver de figures de facies de ces animaux ; malgré les difficultés que l’on éprouve pour bien faire re- produire ces dessins, 1l nous semble indispensable qu’une monographie de ce genre soit accompagnée d’un grand nom- bre de ces figures, car seules elles permettent de se faire une idée de l’aspect présenté par ces différents Mollusques, sans obliger le lecteur de recourir à des ouvrages plus ou moins anciens que l’on ne peut pas toujoursse procurer. À défaut de reproductions coloriées, faites d’après l’animal vivant, ou d’après de bonnes figures, des dessins en noir d'individus conservés dans l'alcool aident aussi dans la détermination de ces êtres, car il y a toujours quelque caractère, soit dans la forme du manteau ou du pied, soit dans la structure de ces organes, qui persiste suffisamment pourattirer l'attention et faciliter le classement. Dans la première partie de notre monographie nous avons oublié de signaler l'ouvrage de Quoy et Gaimard (Zoologie du voyage de l'Astrolabe, publiée en 1832) dans lequel nous trouvons les descriptions de quatre espèces de Pleuro- branchus (P/. mammillatus, Peroni, punctatus et cornutus) et d’une espèce de Pleurobranchæa (ou P/ewrobranchidium), le PI. maculata. Le dessin colorié que nous donnons dans notre première partie (PI. XV, fig. 27, grandeur naturelle) n'est pas une reproduction d’un des dessins de Quoy et Gai- mard et n'appartient pas à cette espèce, mais ila été établi MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 5) par nous d’après un des spécimens, assez bien conservé sous tous les rapports, de l’envoi que le professeur Brock nous avait fait en 1888 de Mollusques pris à Amboine; ce type fait partie du genre Oscaniopsis nouvellement créé par Bergh; nous avons dénommé celte espèce, quiest nouvelle, Oscamop- sis Ambhoun et avons déjà publié sa diagnose dans le tome 48 du Journal de Conchylioloqie. C'est donc par erreur que j'ai indiqué dans l'explication de cette planche que cette figure a été empruntée à l’At/as de Zoologie du voyage de l'Astro- labe el qu’elle appartient au genre Pleurobranchœæa. Des cinq espèces décrites par les zoologistes de « l’A stro- labe », nous avons pu en étudier trois, les P/. mammillatus el Peroni et le Pl" maculata; quant aux deux autres, nous n’en avons trouvé aucune trace dans l'envoi en communication que le Muséum de Paris nous a fait de toute la collection des Mollusques appartenant à ce groupe. — Dans le pré- sent travail, nous reproduisons en noir (fig. 243) une des figures du Pleurobranchæa maculaia de Quoy et Gaimard pour en faire bien ressortir le facies que l’on ne voit qu’en partie dans le dessin d’un de nos individus contractés par l'alcool (fig. 244). Avant de commencer l’étude du genre Pleurobranchæa, nous allons faire connaître les caractères du genre Oscamiop- sis nouvellement créé par Bergh comme nous l'avons déjà dit, et décrire les espèces se rapportant à ce nouveau groupe qui est intermédiaire entre les Pleurobranchidés à coquille el ceux qui en sont dépourvus. Parmi les divers Mollusques que nous avons reçus du Muséum de Paris ou de feu le professeur Brock, nous avons trouvé deux espèces appartenant à ce nouveau genre, l’Os- caniopsis Amboinei et l'Osc. compta de Bergh. Avant de faire la description de ces deux espèces, nous allons donner la diagnose générique de l'Oscaniopsis et décrire ensuile avec quelques détails la structure des principaux organes internes. 6 | A. VAYSSIERE. GENRE OSCANIOPSIS, Rud. Bergh, 1897. Synonymes : Pleurobranchæa (pars), Meckel, 1883. Pleurobranchidium (pars), Blainville, 1813. «Facies général d’un Pleurobranchæa.—-Tête nulle; grand voile buccal très large, arrondi en avant, anguleux sur les côtés et se continuant sur le milieu de sa partie postérieure par le manteau. Ce dernier est peu étendu, arrondi-ovale, avec petits rebords libres sur les côtés et en arrière; en avant, au point de jonction du voile et du manteau, se trou- vent deux rhinophores, enroulés et canaliculés, assez écartés l’un de l’autre, mais moins que chez les Pleurobranchæa. « Branchie bipennée, pas très grande, avec une double sé- rie de nodosités alternantes. « Orifice génital unique ; pénis volumineux et cylindrique. Anus placé en arrière et un peu au-dessus de la branchie. « Pied très grand, tronqué en avant, en pointe arrondie postérieurement; glande pédieuse à sa partie postéro-ven- trale ; le bord antérieur est bilabié comme chez les Plewro- branchus. | « Collier œsophagien formé de deux paires de centres nerveux, rapprochés et reliés au-dessous par de courtes commissures. «Mâchoires constituées par de très nombreuses petites pièces, cubiformes, relativement peu épaisses. Radula en forme de lame deux fois plus longue que large, portant de nombreuses dents unciformes allongées disposées en ran- gées transversales ; la formule radulaire est & , 0, æ. « La disposition générale des organes génitaux se rap- proche de celle des Pleurobranchus (s.-g. Bouvieria). « Coquille interne nulle. » Si l’on ne se rapportait qu'à l'aspect général de ces Mollusques et à l'absence d’une coquille, on mettrait sans hésitation ces animaux dans le genre Pleurobranchæa, et MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. y c’est en effet ce que tous nos prédécesseurs ont fait; mais dès que l’on étudie l’ensemble de leur organisation in- terne, l’on constate un certain nombre de caractères qui les différencient et qui ont nécessité la création de ce nouveau genre intermédiaire entre les Pleurobranchidés à coquille et les véritables Pleurobranchæu. Ces Mollusques, d’après les espèces connues, ne paraissent pas arriver à une taille bien considérable ; les plus grands conservés dans l'alcool atteignent de 4 à 5 centimètres de longueur maxima, ce qui nous donne de 7 à 9 centimètres pour les individus frais. La disposition du manteau se rapproche quelque peu de celle de l’organe palléal des Oscanius (Osc. membranaceus), sauf dans sa partie antérieure qui, au lieu de déborder sur le voile buccal, se continue avec lui comme chez les P/ewro- branchæe«. Le voile buccal (fig. 190) est très grand, arrondi en avant, présentant sur toute l'étendue de ce bord, du côté de la face inférieure, de nombreuses digilations ramifiées dispo- sées sur trois ou quatre rangs; ses parties latérales, angu- leuses et rejetées en arrière, ne paraissent pas pouvoir former de véritables tentacules buccaux, comme cela s’ob- serve chez les Pleurobranchæa; cependant, ces extrémités anguleuses se replient sur elles-mêmes, comme on peut le voir sur notre figure 190, /. Chez nos animaux conservés dans l'alcool les petites digitations ramifiées qui bordent la partie antérieure du voile sont toutes rétractées et présentent l’aspect de petites glandes en grappe que l’on aurait isolées (fig. 191). Au point de jonction du manteau et du voile, à peu de distance de la ligne médiane longitudinale du corps, nous trouvons les deux rhinophores. Ces organes sont consti- tués par une lame charnue enroulée sur elle-même de dedans en dehors; ils forment ainsi deux tentacules cylin- driques, qui doivent être légèrement coniques chez les ani- maux frais et qui sont très surbaïissés et un peu déroulés SU A. VAYSSIÈRE. chez les individus conservés dans l'alcool (r, fig. 190). On remarque sur ce dessin que le bord lamelleux enveloppant présente inférieurement une échancrure au-dessous de la- quelle la lame forme une sorte de languette. A leur face interne, les rhinophores offrent un revêtement épithélial assez épais, sorte de membrane olfactive analogue à celle qui tapisse l’intérieur des mêmes organes chez tous les Pleurobranchidés. Le pied est très grand chez les Oscantopsis, tronqué en avant, arrondi dans le reste de son étendue, débordant largement tout autour sauf en avant; la face dorsale de cel organe, qui se trouve ainsi à découvert, offre à peu près la même texture et la même ornementation que la face externe du manteau. La face inférieure du pied est par contre plus lisse, avec deux ou trois très grandes taches qui envahissent la majeure partie de cette face; en arrière, l’on constale la présence d’une glande pédieuse assez étendue, presque diffuse. Le bord tronqué du pied offre un double repli analogue à celui que nous avons constaté chez la plupart des Pleuro- branchidés, repli qui s’interrompt même au-dessous de la bouche sur 1 millimètre de longueur; ce repli se continue un peu sur les côtés en s’effacant progressivement. Le long du bord droit du manteau, l’on aperçoit l'organe respiratoire; la branchie, en partie protégée par les tégu- ments palléaux, constitue ici une plume bipennée, à pin- nules alternes, disposées de chaque côté d’un sillon repré- sentant le rachis (fig. 192). A la base d'insertion de chaque pinnule se trouve une petite nodosité; le nombre des pinnules est d'une quarantaine de chaque côté. En avant de l'insertion branchiale se trouvent les orifices sexuels, desquels l’on voit sortir bien souvent le pénis (P, fig. 190); celui-ci, chez l'animal vivant, doit être lisse, long et d’un faible calibre ; mais chez nos spécimens con- servés depuis longtemps dans l'alcool, il offre une surface fortement grenue, il est court et d’un diamètre assez consi- MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 9 dérable. Nous reviendrons sur sa constitution à propos de l'étude des organes reproducteurs. Après ces quelques indications générales données sur le facies des Oscaniopsis, nous allons décrire seulement les organes internes offrant une disposition spéciale et pouvant contribuer à caractériser ce type de Pleurobran- chidé;, nous étudierons d’abord la structure du collier œsophagien, puis celle de l'appareil génital, et nous terminerons par la descriplion des pièces chitineuses des mâchoires et de la radula, pièces dont la connaissance offre une importance considérable dans les descriplions spéci- fiques de tous ces Mollusques. Tous les exemplaires d'Oscaniopsis que nous avons étudiés ayant séjourné longtemps dans l'alcool (plus d’une quinzaine d'années), nous ne pourrions rien préciser ni sur la forme exacte de ces animaux ni sur la coloration de leurs tégu- ments, si, parmi nos exemplaires de Brock, il n’y en avait pas eu deux ou trois qui, malgré leur long séjour dans l'alcool, avaient conservé encore assez bien leur coloris pour nous permettre d'en faire un dessin en couleur (fig. 27 de la PI. XV de la première partie de ces recherches). Système nerveux. — En comparant le collier nerveux des Oscaniopsis et ceux des autres Pleurobranchidés que nous avons étudiés dans la première partie de cette monographie, l’on constate que c’est de celui de l’Oscanius membranaceus (fig. 188) qu'il se rapproche le plus. Les centres cérébroïdes, à surface mamelonnée, sont intimement accolés l’un à l’autre (fig. 203), ne montrant qu'un sillon circulaire les séparant; les ganglions pédieux pyriformes sont très rapprochés des précédents, laissant toutefois assez bien voir les deux connectifs cérébro-pédieux qui les relient de chaque côté. Quant aux commissures sous- œsophagiennes, elles sont à peu près de même longueur dans les deux genres. Le dessin de ces ganglions que je donne figure 203 fait mieux connaître la forme de ceux-ci que ne pourrait le faire 10 A. VAYSSIÈRE. une bonne description; aussi je n’insisterai pas davantage sur leur structure ; je me contenterai seulement de faire observer que la forme exacte de ces ganglions a dû néces- sairement être un peu modifiée par l’action de l’alcool. En dehors de ces quatre centres nerveux, l’on observe, sur Ja face postérieure et à droite, trois cellules nerveuses inégales, formant le centre viscéral V; la première de ces cellules est réunie au bord postéro-inférieur du ganglion cérébroïde de droite par un nerf assez fort v, et à celui de gauche par un autre nerf v',v' très grêle, mais beaucoup plus long, qui suit les commissures sous-æsophagiennes. C'est sur le prolongement du conneclif » que se trouvent deux des trois cellules viscérales, et c’est de celles-ci que partent : le nerf branchial à, le nerf cardiaque c et les deux nerfs génitaux g; ces derniers n'innervent que la glande hermaphrodite, un autre tronc nerveux, le n° 10 de droite, étant chargé de l'innervation des organes reproducteurs annexes. : Enfin le stomato-gastrique est constitué, comme chez tous les Gastéropodes, par les deux ganglions buccaux, deux petits centres ovoïdes accolés l’un à l’autre et reliés aux ganglions cérébroïdes par les deux connectifs 44, ici assez forts. De ces centres sortent : les deux nerfs radulaires » chargés de l’innervation de la radula; les troncs #2, m qui vont se ramifier à droite et à gauche dans les parois mus- culaires du bulbe buccal; les filets nerveux s,s des glandes salivaires; et enfin les deux nerfs æ,æ qui, descendant le long de l’œsophage, vont se ramifier dans les parois de celui-ci, de l'estomac et de l'intestin. Comme nous l’avons déjà dit, chaque ganglion pédieu est relié au cérébroïde placé de son côté par deux conneclifs dont les points d'insertion sont distincts du côté cérébroïdal, tandis qu'ils se réunissent en un seul au sommet du ganglion pédieux ; entre eux ces connectifs laissent un petit espace vide qui constitue le triangle de Lacaze-Duthiers. Quant aux commissures sous-æsophagiennes, elles sont MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. { { au nombre de trois; il y en a deux fortes, presque de même longueur, reliant entre eux les ganglions pédieux ; l’anté- rieure ou supérieure & est deux fois plus grosse que l’infé- rieure a/; et une très grêle cs, cs, placée un peu en dedans et au-dessus des précédentes, qui met en communicalion les bords inféro-externes des centres cérébroïdes. Cette der- nière commissure est assez difficile à apercevoir et surtout à suivre sur toute sa longueur. Nous avons pu constater la marche des principaux troncs nerveux partant des quatre gros ganglions du collier œso- phagien et nous rendre compte de leur fonction. Des centres cérébroïdes sortent : Les nerfs {,1, troncs volumineux se dirigeant vers le mi- lieu du voile buccal; arrivés dans cet organe, chacun d’eux se bifurque en une branche (la plus volumineuse) qui pénètre dans le rhinophore placé de son côté pour former le nerf olfactif, et en une seconde innervant la partie centrale du voile. Les nerfs 2, 2 sont surtout chargés de l’innervation des parties latérales du voile buccal. Les nerfs 3,3 se ramifient dans les téguments palléaux compris entre les rhinophores. Les nerfs Z, { vont dans la musculature des parties laté- rales du manteau. Les nerfs 5,5 sont des nerfs tout à fait latéraux, allant surtout se ramifier dans la partie postérieure des tissus compris entre le pied et les bords du manteau; ils se pro- longent jusqu à l'extrémité de ce dernier organe. Les ganglions pédieux donnent naissance : Aux nerfs 6,6, qui vont se perdre en avant du collier dans les tissus des parties latérales du corps. Les nerfs 7, 7 innervent la partie antérieure du pied. Les nerfs &, 8 la partie moyenne. Et 9,9, qui sont les troncs les plus volumineux de l'orga- nisme, constituent les grands nerfs pédieux qui se ramifient dans toute-la moitié postérieure du pied. 12 A. VAYSSIÈRE. Enfin les nerfs 10, 10 innervent les téguments latéraux médians ; l’un des deux, celui de droite, qui est beaucoup plus fort que celui de gauche et qui sur son parcours présente des cellules nerveuses de renforcement, est surtout chargé de l’innervation des organes annexes de la reproduction (glandes diverses, conduits génitaux et organe copula- teur). C'est près des points d'insertion des troncs 1, { que l’on voit sortir deux nerfs grêles et assez longs qui vont aboutir à la base des veux. Les organes visuels seraient ici moins atrophiés que chez les Pleurobranchus (Susania et Oscanius); ils arrivent presque à la surface des téguments et se distin- guent près de la base des rhinophores. Quant aux otocystes, ils sont accolés intimement aux bords internes des ganglions pédieux, chez les Oscaniopsis, au-dessus des points de sortie des nerfs 10; ils forment chacun une petite vésicule ovoïde un peu comprimée, ayant dû contenir de nombreux pelits otolithes dont on ne trouve que des traces chez nos spécimens conservés dans l'alcool. Nous n'avons pas pu arriver à distinguer, le long du connectif cérébro-pédieux interne de chaque côté, le nerf auditif qui relie l’otocyste avec le ganglion cérébroïde placé du même côté. Appareil reproducteur. — La structure de cet appareil se rapproche davantage de celle des organes génitaux de beau- coup de Pleurobranchidés à coquille que de celle des mêmes organes chez les Pleurobranchæa; en elfet, si nous comparons l'ensemble de cetappareilchezl’Oscaniopsis Amboinei(fig. 204), nous constatons que c’est surtout avec celui du Bouvieria ocellata (fig. 182) qu’il a le plus d’analogie, tandis qu'il s'éloigne beaucoup de la disposition observée chez le Pleu- robranchæa Meckeli (fig. 223). Les organes reproducteurs des Oscaniopsis se composent des parlies suivantes : Une glande hermaphrodite volumineuse, enchâssée dans la partie latérale droite de la masse hépatique ; cette MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 13 glande, d'aspect grenu, s’est complètement décolorée sous l’action de l'alcool et offre chez tous nos individus une teinte blanchâtre légèrement jaunâtre. Nolre dessin 204 n'en présente qu'un tout petit fragment H qui est le point de départ du conduit génital commun cg. Ce conduit, enveloppé d’abord par un prolongement de la membrane de nature conjonctive qui entoure la masse hépatico-hermaphrodite, décrit dans cette espèce de fourreau quelques sinuosités, puis atteint bientôt la surface postéro- inférieure de l’amas formé par les glandes de la glaire et de l’albumine et continue à partir de ce point à décrire des sinuosilés de plus en plus accentuées, tout en se diri- geant vers la partie centrale de la cavité du corps. Arrivé au sommet de la glande, ce conduit génital se bifurque, la petite branche o demeure accolée à l’amas glandulaire, tandis que l’autre cd s’en sépare et se dirige en avant; cette dernière constitue le canal déférent, l’autre l’oviducte. Le canal déférent (cd, cd, fig. 204) chez l'Oscaniopsis est d’un fort calibre dans toute son étendue; il offre un aspect un peu mamelonné et une teinte blanchâtre (blanc laiteux); sur son parcours, on ne constate aucune trace de prostate distincte analogue à celle des Berthella (fig. 179 et 180) ou des Pleurobranchæa (fig. 223). Mais si la fonction n’est pas dévolue à un organe distinct, elle n’en existe pas moins et se trouve répartie sur presque toute l'étendue du canal et remplie par de petites glandes enchâssées dans les parois de celui-ci comme chez les P/eurobranchus. Le canal déférent décrit quelques grandes circonvolutions avant d'aboutir à la base du pénis P; à l’intérieur de celui-ci et suivant son état d'extension, le canal est recti- ligne ou décrit quelques sinuosités. Comme chez presque tous les autres Pleurobranchidés, l'organe copulateur est formé en grande partie par le retournement de la gaine. Aucun repli marqué ne s’observe autour de la base de l’organe, lorsque celui-ci est complètement projeté au dehors, comme cela s’observe sur notre figure 190; mais si l'organe est peu 14 A. VAYSSIÈRE. x projeté ou retiré à l’intérieur de la gaine, l’on constate alors autour de l’orifice mâle un petit bourrelet annulaire qui le sépare de la surface latérale des téguments. La partie femelle des annexes des organes reproducteurs se compose : D'un oviducte o (fig. 204) sinueux, accolé et même un peu enchâssé à la face antéro-supérieure de l’amas glandu- laire À,G/; à son extrémité, ce canal s’ouvre dans un vaste utérus U pyriforme allongé communiquant avec l'extérieur, même en arrière du pénis, par un orifice assez large. Les parois de cet utérus sont d’un blane jaunâtre et assez épaisses. L’amas glandulaire, d’une teinte jaune, en forme d'a- mande renflée, est constitué par la glande de la glaire G, G/, au centre de laquelle se trouve celle de l’albumine A; les conduits excréteurs de ces deux glandes vont déboucher au fond de l’utérus, à côté de l’orifice de l’oviducte. Il nous reste à signaler, pour terminer la description de l'appareil génital, la poche copulatrice pc. Celle-ci est assez volumineuse, d'une forme sphérique et d’une teinte jaune- paille ; elle possède des parois délicates, un peu transpa- rentes, permettant de distinguer les substances qui y sont contenues. Cette poche communique avec la partie infé- rieure de l’utérus par un canal court, mais d’un assez fort calibre. Appareil digestif. — Le tube digestif des Oscaniopsis offrant beaucoup d’analogie avec celui des Pleurobranchæa, et devant décrire ce dernier avec quelques détails, nous nous contenterons de dire ici un mot seulement sur la disposition des mâchoires et de la radula. Les mâchoires forment à l'entrée de la cavité buccale deux grandes lames qui se rejoignent presque en dessus et surtout en dessous; ces organes, qui sont deux fois plus longs que larges, sont constitués, par un grand nombre de petites pièces chitineuses placées côte à côte, ce qui donne à ces lames une certaine élasticité. Vues par leur face MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 15 externe, ces petites pièces ont une forme polygonale variant avec le point de la mâchoire où on les à prises et avec l'espèce d'Oscaniopsis que l’on étudie. Quant à la radula, lorsqu'elle est complètement retirée du fourreau, elle est étalée et présente l'aspect d’une lame deux à deux fois et demie plus longue que large; sur cette lame sont insérées un très grand nombre de dents chitineuses, unciformes, allongées et assez redressées, disposées en ran- sées transversales; un sillon médian longitudinal, très étroit, sépare chaque rangée en deux parties symétriques. Le nombre des rangées, ainsi que celui des dents à chaque rangée, varie avec l’âge de l'individu et suivant l'espèce étudiée, mais ce nombre est toujours très considérable chez les Oscaniopsis et me paraît osciller entre 50 et 80 pour les rangées et 200,0,200 à 250,0,250 pour les formules radulaires. Oscaniopsis Amboinei, À. Vayssière, 1899. (Journal de Conchyliologie, tome 48.) « Coloration générale d’un jaune-paille accentué, avec nombreuses taches d’un noir velouté; ces taches, de dimensions variables, arrondies ou ovales et entourées la plupart d’une ligne claire, ne se trouvent qu'à la face dor- sale du manteau, du voile buccal et du pied; la face infé- rieure de ce dernier organe est d’une coloration jaune bru- nâtre plus ou moins accentuée. « Animal de taille moyenne et de forme ovale arrondie. Manteau peu développé, légèrement rugueux, ne couvrant que le milieu de la face dorsale de ce Mollusque; son bord antérieur se continue avec un grand voile buccal trapéziforme, à bord antérieur crénelé, disposé en arc, à angles latéraux très étendus et recourbés en arrière. Le rebord palléal de droite est un peu plus développé que celui de gauche, et cache en partie la branchie. Rhinophores auriformes, assez distants l’un de l’autre, insérés sur le 16 A. VAYSSIÈRE. voile buccal, à son point de jonction avec le manteau. « Pied très grand, tronqué en avant, en pointe très arrondie en arrière. « Les surfaces dorsales du manteau et du pied sont légè- rement rugueuses, les faces inférieures lisses. « Le pénis projeté est cylindrique et presque lisse chez l'animal vivant, mais devient en forme de massue et présente des anneaux réguliers de petites granulations chez les individus conservés dans l'alcool. « Mâchoires très étendues, lamelleuses, constituées cha- cune par une multitude de petites pièces chitineuses épaisses dont la surface externe est pentagonale, hexago- nale ou en losange, suivant le point occupé par la pièce que l’on observe. « Radula ayant de 50 à 80 rangées transversales avec une formule radulaire variant de 200,0,200 à 235,0,235. Le rachis est très étroit ; les dents unciformes, à crochet assez redressé, sont très inégales entre elles, la première (la plus interne) étant en longueur 4 à 5 fois plus pelite que celles qui occupent le milieu de chaque demi-rangée et en volume de 20 à 25 fois moins grosse. À leur base, du côté de leur face latérale externe, toutes les dents offrent un repli chiti- neux, angulaire, allant embrasser la base de la dent suivante. « Dimensions : 18 à 43 millimètres de longueur, 14 à 34 millimètres de largeur, sur 5 à 11 millimètres de hau- teur. » Habitat. — Mer des Moluques, à Amboine {envoi de Brock). Nous avons peu de chose à ajouter à la partie de cette diagnose se rapportant à l'aspect extérieur de l’animal; les individus que nous avons eus à notre disposition, prove- nant de l'envoi du professeur Brock et pris à Amboine vers 1880, étaient plus ou moins décolorés; les taches brunes, par l'effet du frottement, avaient même totalement disparu, chez plusieurs, mais trois d’entre eux s'étaient conservés suffisamment avec leur coloris pour nous permettre, comme MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 17 nous l'avons déjà dit d'en faire un dessin colorié qui doit s'éloigner fort peu de l'aspect présenté par l'animal vivant. Ce dessin à paru dans notre première partie de cette mono- graphie (Ann. des sc. natur., 8° série, t. VILL, PL 15. fig. 27), mais à été désigné à tort Pleurobranchæa maculata et c'est Oscaniopsis Amboinei qu'il doit porter au bas de la planche comme dans l’explication de celle-ci. D’après l'inspection de la surface dorsale du manteau et du pied chez nos individus ayant conservé quelque peu leur coloration, il nous semble que ces surfaces doivent être assez rugeuses chez les animaux vivants ; elles ne deviennent lisses chez les spécimens conservés dans l'alcool que par suite de leur frottement les unes contre les autres, ou contre les parois des bocaux dans lesquels ils sont conservés. Le voile buccal qui est ici en surface aussi étendu que le manteau est disposé en arc; le bord antérieur de cet organe présente à sa face inférieure, insérées dans un large sillon, plusieurs rangées de digitations marginales (fig. 191) qui s'aperçoivent à peine lorsque l’on regarde la face dorsale de l'animal. Dans cette position Le bord du voile n'offre que de très petites dentelures très rapprochées, mais si l’on retourne ce bord, l’on constate que ces petiles dentelures ne forment que la première rangée des digitations margi- nales et qu'il en existe trois ou quatre autres. Les digita- tions de la seconde rangée sont moins nombreuses, par suite plus espacées, elles sont aussi plus fortes et leurs ramifications dendritiques plus accentuées. Les digitations des deux ou trois autres rangées sont beaucoup plus grosses et encore plus espacées entre elles ; celles d’une rangée alternent toujours avec celles des rangées voisines. Par suite de l’effet de l'alcool toutes les ramifica- tions se sont tellement contractées qu'elles donnent à ces digitations l'aspect de glandes en grappe (fig. 191); sur l'animal vivant ces digitations marginales doivent proba- blement être très développées et dépasser plus ou moins le bord du voile. ANN. SC. NAT. ZO0OL. XII 18 A. VAYSSIÈRE. Plus en dessous et formant le rebord interne du sillon, nous voyons une bande transversale de nature glandulaire qui doit sécréter probablement un suc défensif comme celui auquel donnent naissance les glandes margino-palléales antérieures chez divers Bullidés (Scaphander) et Aplysiadés (A plysia). À la face inférieure du pied, près de son extrémité posté- rieure, nous n'avons pas constaté la présence d’une glande pédieuse développée comme chez les Susania, Oscanius, au milieu des nombreuses bandelettes musculaires obliques ; à peine peut-on distinguer chez quelques individus de petits renflements sphériques offrant une texture glandulaire dont la véritable nature est difficile à reconnaître par suite des effets de l’alcool. Au sujet de l'aspect présenté par l'organe copulateur chez les spécimens conservés dans l'alcool de l’Oscamopsts Amboinei, nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer au dessin (P. fig. 190) que nous donnons de la partie droite d'un de nos individus chez lequel le pénis était complète- ment projelé; il a pris une forme en massue qui ne doit pas exister chez l’animal frais. La surface de l'organe, au lieu d'être lisse, est aussi d'aspect granuleux, granulations régu- lières disposées de manière à constituer une série d’anneaux transverses. Müchoires. — Ces organes lamelleux, deux fois plus longs que larges, ont une coloration jaune pâle, légèrement verdâtre. Les pièces chitineuses qui constituent ces lames sont relativement très petites et par suite très nombreuses ; leur forme, vue par leur face externe, est très variable, aussi ce caractère ne peut-il guère servir pour la diagnose spécifique. Vues de ce côté, on en trouve un grand nombre de forme hexagonale (fig. 19%, 195 et 196), d’autres sont carrés ou en forme de losange (fig. 193) allongé plus ou moins régulier. La pointe antérieure de chacune de ces pièces est bien MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 19 marquée, mais ne présente pas de dentelures sur ses côtés (a, fig. 197); examinées de profil, l’on constate que ces pièces sont très épaisses et que leur bord antérieur s’avance en forme de coin entre le vide des deux pièces placées en avant. Radula. — La taille des dents chez l’Oscaniopsis Amboinei varie beaucoup de la première à celles qui occupent le milieu de chaque demi-rangée ; en longueur cette variation va de 1 à 5, pour redescendre ensuite jusqu’à 1 à l’extré- mité externe de celle-ci; mais en volume, cette variation va de 1 à 20 ou 25. Les premières dents latérales (fig. 198) ont leur partie lamelleuse proportionnellement plus large; vues de profil l'aspect de ces dents rappelle bien celui d’une griffe de félin, de lion surtout, mais à mesure que l’on s'éloigne de la ligne médiane la dent en s’allongeant se rétrécit (fig. 199, 200, 201}. Les deux faces latérales ne sont pas semblables chez les dents de ce mollusque; la face latérale interne est relati- vement plane ou à peine bombée, et n'offre du côté de son bord convexe qu'un rebord aigu; mais à la face latérale externe, l’on constate vers la base de la dent, près du bord concave (fig. 201), un fort repli chitineux crochu qui en remontant s’atténue peu à peu, tandis qu'en dessous il forme un prolongement angulaire à la base même de celle- el. Ce repli en venant embrasser une partie de la face interne de la dent placée à côté, donne à ces pièces une certaine solidarité dans leurs mouvements. Le repli que nous venons de décrire est surtout bien accentué chez les dents du milieu de chaque demi-rangée, et s’atténue chez les dents voisines du rachis, ainsi que chez celles qui sont insérées sur les bords de la radula; les dernières des deux côtés (fig. 198 et 202) n’en offrent plus aucune trace. | L’aire géographique de l'Oscaniopsis Amboiner est limitée d’après nos connaissances actuelles aux côtes de cette île, 2( A. VAYSSIÈRE. mais il est probable que cette dernière espèce doit avoir une aire plus étendue. Oscañiopsis compta, Bergh, 1897. C'est peut-être à cette espèce décrite par Bergh d’après des individus provenant de Hong-Kong, qu'il convient de rapporter le spécimen ayant le n° 29 dans l'envoi du Muséum de Paris; d’après l'étiquette, portant la dénomination spé- cifique de Pleurobranchus luniceps de Cuvier, cet animal aurait été pris à l’île de France par M. Mathieu. L'absence complète de la masse viscérale, le bulbe buccal compris, rend à peu près impossible la détermination de ce mollusque ; toutefois, en nous appuyant sur quelques carac- tères externes, nous croyons devoir le placer dans le genre Oscaniopsis, près de POsc. compta. La coloration générale des téguments avait complètement disparu. Le corps de cet individu mesurait 53 millimètres de long sur 45 millimètres de large, dimensions un peu supérieures à celles de nos plus gros spécimens d’Osc. Amboinei; l'animal est plus arrondi, surtout dans sa partie pédieuse postérieure. La surface des téguments dorsaux du manteau et du pied est très rugueuse, la face inférieure est lisse. La branchie bipennée, proportionnellement assez petite, n'offrait que 34 à 35 pinnules de chaque côté du rachis; cet organe se trouvait à peu près complètement caché par le bord palléal. Tels sont les quelques caractères différentiels que nous avons constatés chez cet individu bien mal conservé; espé- rons que quelque naturaliste parcourant les côtes des îles Maurice et Bourbon, ainsi que celles de Madagascar, pourra se procurer des individus frais avec lesquels il arri- vera à déterminer avec plus de précision les caractères du type d’Oscaniopsis habitant cette région. ue MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 21 Oscaniopsis, sp.? Dans l’envoi du Muséum de Paris, nous avons trouvé sous le n° 52, un Pleurobranchidé très mal conservé, qui aurait été pris par Eydoux en 1833, sur la côte orientale de l'Hindoustan, près de Pondichéry. Ce mollusque, qui a 60 millimètres de long sur 47 milli- mètres de large, appartient au genre Oscaniopsis. Tous ses téguments ont une teinte noirâtre due au mau- vais état de conservation de cet animal, on dirait qu'il élait en partie décomposé quand il à été mis dans l’alcool: aussi il ne m'a pas été possible de distinguer aucun indice de sa coloration primitive. | L'aspect général, la forme des diverses parties du corps rappellent bien notre (type générique, l’Oscaniopsis Am- boinei. Les bords antéro-inférieurs du voile buccal offrent sur toute leur étendue de nombreuses digitations en forme de grappes, analogues à celles que nous avons constatées chez l'Amboiner et représentées figure 191. Ayant ouvert le corps, nous avons observé que le collier œsophagien offrait aussi la même disposition que celle que nous avons dessinée figure 203. Nous pouvons en dire de même de l’appareil génital, sauf que le canal déférent cd serait chez Le type de Pondichérv, près de deux fois plus long que celui de l’Amboiner, mais le pénis complètement rétracté dans sa gaine montrait la même forme et ses parois externes les mêmes dessins que ceux du pénis de notre type (P, fig. 190). Les dents radulaires et les pièces masticatrices de ce mollusque offraient aussi à peu près la même identité avec celles de l’Amboiner. De nouvelles observations seraient cependant nécessaires pour voir si ce mollusque est bien, comme tout semble l'indiquer, identique à l'espèce d’Amboine, ce qui donnerait à celle-ci une aire géographique très étendue; ou bien si 29 A. VAYSSIÈRE. certains caractères qui ont pu nous échapper, joints à ceux de la coloration des téguments, permettent de créer pour lui une espèce ou une variété PL Les autres espèces de Pleurobranchidés sans coquille, en dehors de celles que nous venons de placer dans le genre Oscaniopsis, nous paraissent toutes appartenir au genre Pleurobranchæa, bien que certains auteurs aient cru devoir créer pour plusieurs d’entre elles des coupes génériques distinctes, telles que les Xoonsia, Neda, Pleurobranchillus, Euselenops. Nous ferons cependant remarquer que l’orga- nisation interne des types de certains de ces derniers genres n’est pas connue, et que plus tard peut-être, il sera nécessaire, lorsqu'on aura fait leur anatomie, de sortir quelques-uns d’entre eux du genre Pleurobranchæa dans lequel nous ne les laissons momentanément que par suite de la trop grande insuffisance des caractères zoologiques donnés par nos devanciers. GENRE PLEUROBRANCHÆA, Leue, 1813. Synonyme : Pleurobranchidium, de Blainville, 1824. Animal ovale allongé, convexe, assez bombé; tronqué en avant, en pointe très arrondie en arrière. « Manteau petit ne recouvrant guère plus que la portion centrale du dos, celle qui est au- no de la masse viscérale; bords à peine saillants en arrière et sur les cotés (surtout à gauche) et se confondant avec Le voile buccal en avant. Ce dernier a ses extrémités latérales enroulées el en forme de tentacules. « Pied volumineux, ovale allongé, tronqué en avant, muni d’une glande à sa partie postéro-inférieure; sur sa face postéro-dorsale se trouve une éminence conique, re- courbée en arrière. « Rhinophores auriformes canaliculés, très éloignés l’un de l’autre; yeux à la base externe de ces organes. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 23 « Branchie petite, bipennée, étalée, placée parallèlement au bord droit du manteau qui la cache en partie. « Orifice génital externe formant une sorte de cloaque dans lequel aboutissent les conduits mâle et femelle; pénis cylindro-conique, assez volumineux, de la base duquel partent, lorsqu'il est complètement sorli, deux rebords membraneux qui, en se rejoignant en arrière, limitent la por- tion cloacale postérieure, celle où se trouve l’orifice femelle. « Pièces des mâchoires lamelleuses, très grandes, offrant un aspect finement guilloché, constituées par de petites pièces chitineuses, grêles, en forme de colonnes prisma- tiques plus ou moins allongées, à surface externe polygo- nale, irrégulière à quatre ou cinq côtés. « Formule radulaire œ,1œ ou 2,0, ; dents très nom- breuses, légèrement unciformes, toutes munies d’un fort denticule sur leur face interne. « Système nerveux constitué par un collier œsophagien offrant quatre ganglions mamelonnés; les deux cérébroïdes accolés l’un à l'autre, les deux pédieux réunis entre eux el aux cérébroïdes par de très longs connectifs. « Coquille nulle; pas trace de cavité coquillière. » Ce genre créé en 1813 par Leue pour les Pleurobranchidés à manteau rudimentaire a été conservé par tous ses succes- seurs; de Blainville en 1824 crut toutefois devoir changer la dénomination de Pleurobranchæa en celle de P/eurobran- chidium que plusieurs naturalistes après lui ont adopté. Nous rétablissons la dénomination de Pleurobranchæa comme étant la plus ancienne. Le corps des P/eurobranchæa est allongé, plus ou moins ovale, surtout lorsque l'animal est en marche, mais cette forme se modifie assez lorsqu'il se contracte et surtout chez les individus conservés dans l'alcool. Aussi les figures données par divers auteurs de certaines espèces s'écartent assez de celles de l'espèce méditerranéenne que nous pre- nons pour type de ce genre. Oo " A. VAYSSIÈRE. Le caractère le plus marquant que nous retrouvons à peu près chez tous les Pleurchranchæa, e’est l'état rudimentaire de son manteau qui en avant est en continuité avec le voile buccal et en arrière un peu avec les téguments pédieux. Toutefois chez le Pleurobranchæa Nowæ-Zélandiæ le bord antérieur du manteau ne paraît pas se confondre avec le voile buccal, d’après la figure de Cheeseman que nous avons reproduite dans la planche 15 de notre première partie. Ce- pendant Bergh, qui a eu l'avantage d’en étudier quatre spé- cimens qu’il a reçus de Nouvelle-Zélande, dit que le manteau est en continuité avec le voile buccal (p. 150, ÆReisen Archi- pel der Plilippinen. — Malacologische Untersuch. — Dre Pleurobranchiden). Le bord antérieur du voile offre de très petites digitations marginales moins accentuées dans ce genre que chez les Oscaniopsis. Les rhinophores cylindro-coniques et très distants l’un de l’autre sont constitués comme chez tous les Pleurobran- chidés par une lame charnue enroulée sur elle-même; le revêtement épithélial interne de ces organes tentaculaires n'offre pas ici de plissements transversaux analogues à ceux que l’on constate chez les > inophores de la majeure partie des Pleurobranchus. Les bords du manteau sont très étroits et semblent même se confondre avec les téguments latéraux chez les individus fortement rétractés ou conservés dans l’alcool; aussi la plume branchiale, est-elle en grande partie à découvert chez tous les Mollusques appartenant à ce genre. Le manteau est non seulement réduit dans son étendue, mais aussi dans son épaisseur qui n'arrive jamais aux dimensions que l’on ob- serve chez les Berthella, les Pleurobranchus vrais et les Susania ; dans son épaisseur l’on ne constate pas la présence d’une cavité coquillière et par suite aucune trace de coquille, même rudimenlaire. Le pied par contre est très développé chez les P/euro- branchæa, de forme ovale allongée, tronquée en avant, MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS,. 25: pointue en arrière ; à la face dorsale de son extrémité posté- rieure nous trouvons chez diverses espèces un tubercule conique (P7. Mekeli, obesa..... ) très proéminent et recourbé en arrière, dont la signification organique nous échappe. À la face inférieure et postérieure du pied nous avons bien une glande assez étendue, placée au-dessous de ce tubercule, mais elle n’a aucun rapport avec lui. La branchie n'arrive jamais à avoir les deux tiers ou les trois quarts de la longueur du corps comme chez d’autres Pleurobranchidés, d'ordinaire, elle à à peine un tiers de la longueur; elle est toujours bipennée, jamais repliée longi- tudinalement, mais, au contraire, bien étalée. Les orifices de la génération, placés un peu en avant de: l'organe respiratoire, sont situés dans un même enfonce- ment entouré de tubercules peu proéminents (fig. 227). Lorsque ces animaux projettent leur trompe, l’on voit en avant et au-dessous du bord antérieur du voile, un corps très volumineux" constitué surtout par le bulbe buccal qui se trouve alors contenu presque en entier dans la région proboscidienne dévaginée; cette disposition se remarque surtout chez les individus que l’on a plongés dans l’alcool, tandis qu'ils étaient encore bien vivants. Système nerveur. — Le collier œsophagien n'offre pas ici la concentration que nous avons constatée chez les autres senres de Pleurobranchidés, les commissures sont plus longues et lesganglions pédieux très éloignés des cérébroïdes. Chaque ganglion ne forme pas une masse aussi compacte, les cellules nerveuses qui le constituent se groupent en trois. ou quâtre amas reliés entre eux, sortes d'éminences coni- ques, ce que l’on n’observe jamais à la surface des centres nerveux des types précédents. La distance de chaque ganglion pédieux au ganglion céré- broïde du même côté est presque aussiconsidérable que celle: qui sépare les deux ganglions pédieux ; ainsichezle plus gros desindividus que nous avons disséqué en vue de l’étude de ce système organique, nous avions 6 millimètres de longueur 26 A. VAYSSIÈRE. pour les commissures pédieuses, et 5°”,5 pour les connectifs cérébro-pédieux. L'enveloppe de nature conjonctive entourant les centres nerveux et les connectifs étant très hyaline, il nous a été possible de bien observer par transparence les diverses par- ties du collier. Aussi grâce à cela nous avons pu suivre dans toute leur longueur les diverses commissures et tous les connectifs, même certains d’entre eux que l’on ne peut voir d'ordinaire qu'après une longue et minulieuse dissection faite sous une forte loupe. Les commissures pédieuses sont au nombre de deux, assez inégales en grosseur; l’antéro-supérieure, plus forte, estaussi un peu moins longue; la postéro-inférieure, près de trois fois moins grosse, est un peu plus longue. Entre les deux se trouve la commissure cérébroïdale sous-æsophagienne, très fine, onduleuse, remontantdes deux côtés après êlre passée sur la face postérieure des lobes internes des pédieux et en suivant le connectif cérébro-pédieux dans le névrilème duquel elle est plus ou moins enfoncée. Enfin l’on observe la commissure viscérale », prenant naissance à gauche, sur le bord inféro-latéral du cérébroïde de ce côté et à droite du petit amas ganglionnaire viscéral, lequel est relié au bord inférieur du cérébroïde droit par un tronc nerveux v’ assez fort. Il est assez difficile de pouvoir définir la forme des gan- glions cérébroïdes et pédieux : par suite dulong séjour dans l'alcool des divers mollusques que j'ai disséqués, la masse des cellules nerveuses s'était contractée et ne formait plus que quelques bosselures coniques dont j'ai déjà signalé l'existence ; le névrilème qui entourait ces divers centres étail souvent séparé en partie de la masse ganglionnaire et n en donnait plus exactement la forme. Ce névrilème, bien que assez transparent, offre une épaisseur assez considérable el se continue autour des différents connectifs et troncs ner- veux sortant de ces ganglions, augmentant ainsi beaucoup la grosseur de ceux-ci. Dans le (fig. 205) dessin d'ensemble, MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 74 je n'ai même pas représenté le névrilème des nerfs connectifs pour ne pas trop embrouiller la figure. Les ganglions cérébroïdes vus par leur face postérieure sont un peu réniformes ; leur longueur est presque le dou- ble de leur largeur. Chacun d'eux peut se subdiviser en trois régions : une supérieure, une inférieure et une plus petite postérieure. La première sert surtout de point de dé- part aux nerfs des téguments céphaliques et péribuccaux et me semble constituer le véritable centre cérébroïde. La seconde fournit les nerfs des téguments palléo-latéraux et ceux des organes génitaux et branchiaux. Enfin le petit renflement me paraît être le ganglion sensi- tif, il produit en effet les nerfs optique et auditif, ainsi que quelques nerfs des téguments palléo-latéraux. Voici l’énumération des différents troncs nerveux qui sortent de ces ganglions : 1, 1. — Nerfs sortant des bords antéro-supérieurs, con- tournant le bulbe buccal et se rendant dans les téguments circumbuceaux et proboscidiens (innervant surtout les par- ties latérales de ces léguments), et aussi dans la région cé- phalique, même au-dessus du collier œæsophagien. 2, 9. —_ Ces nerfs qui se bifurquent aussi dès leur base, envoient l’une de leurs branches dans les parties latéro- inférieures de la trompe; l’autre se perd dans les téguments céphaliques, le long des bords du manteau. 3, 3. — Nerfs également proboscidiens et circeumbuccaux inférieurs. 4, 4. — Nerfs dorso-latéraux. 2, 9». — Petits nerfs se perdant dans les mêmes régions que les précédents. 0, 0. — Nerfs optiques très longs,bien que les yeux soient complètement à l’intérieur de la cavité générale, adhérant seulement à la face interne des téguments. mo. — Nerf moteur oculaire de gauche, suit le nerf opti- que et envoie à son extrémité de fines ramifications ner- veuses dans les lissus entourant l'œil. 28 A. VAYSSIÈRE. SEE Nerfs latéraux, allant se ramifier sur les côtés du corps dans les téguments compris entre le pied et le manteau. ie d inférieur du cérébroïde de gauche F allant se Mramifier dans les parties latérales du cor LS placées de ce côté. p'. — À droite, le pendant du nerf 11 est plus volumineux el, après un parcours égal aux deux tiers de la longueur des conneclifs cérébro-pédieux, il aboutit à un petit ganglion triangulaire, ganglion branchio-génital ; de ce petit gan- glion V, partent trois nerfs : un cardiaque c très grêle, un brachial 4 et un génital g. Ce dernier, arrivé au centre de la masse des organes annexes de la reproduction, donne un petit reuflement nerveux adhérant aux parois supérieures de l’utérus ; de ce renflement partent îes filets nerveux qui vont les uns à la glande hermaphrodite, les autres aux or- ganes annexes de la reproduction. — Le nerf branchial 4 contourne intérieurement la masse génitale, puis, passant sous le conduit génital commun, en avant de la masse hépatico-hermaphrodite, va s’enfoncer dans les téguments ; en ce point il se bifurque, l’une des branches pénétrant dans la partie antérieure de l’organe respiratoire, l’autre dans la partie postérieure. Du ganglion branchio-génital sort le nerf », v qui longe le bord interne du ganglion pédieux droit, puis les commis- sures interpédieuses, remonte le long du bord interne du ganglion pédieux gauche et des connectifs cérébro-pédieux de ce côté et va enfin se terminer au bord inférieur externe du cérébroïde de gauche, près du nerf 11. Ce nerf v, » cons- üitue,comme je l’ai déjà dit, une commissure viscérale sous- œsophagienne. De la face antérieure des ganglions cérébroïdes sortent les deux connectifs cérébro-buccaux 6, 4, connectifs pas très longs, mais assez forts, aboutissant aux deux ganglions buc- caux P de forme ovoïde, accolés l’un à l’autre et situés au point de naissance de l’æsophage, entre lui et le fourreau MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 29 radulaire. Ces deux ganglions qui sont proportionnellement assez gros, donnent de nombreux nerfs qui se rendent dans la masse du bulbe buccal ou le long du tube digestif. Nous avons : >, nerfs du fourreau radulaire ; /, /, nerfs des parties latérales et inférieures du bulbe; p, p, nerfs des parties postéro-latérales du bulbe ; », #, deux filets ner- veux très délicats se perdant aussi dans les tissus muscu- laires de la région postéro-latérale de ce même organe; s, s nerfs des glandes salivaires ; &, æ nerfs œsophagiens qui, dans le début de leur parcours, ne sont pas accolés aux pa- rois de l’æsophage, mais réunis seulement à elles par des filets d'une certaine longueur {les premiers Innervent même les parois dorsales de la cavité buccale). La glande salivaire impaire doit être innervée par une branche d'un des nerfs latéraux /, ou même par des rami- fications de chacun d'eux. Les ganglions pédieux ?, P (fig. 205) sont un peu ovoides, avec quelques mamelons coniques qui en modifient assez la forme ; ces centres sont environ moitié moins gros que les cérébroïdes. Ils peuvent se subdiviser chacun en quatre parties caractérisées par un renflement qui est le point de départ d'un ou de plusieurs troncs nerveux ou conneclifs. À l'examen au microscope l’on constate sous l’épais, mais assez transparent névrilème de nombreuses cellules ner- veuses assez grosses et d’une coloration blanc jaunâtre. Sur la portion renflée du bord supérieur de chaque gan- glion pédieux viennent aboutir les deux connectifs cérébro- pédieux ; sortent ensuite les nerfs suivants : 10, 10. — Sur la face postérieure, Les troncs nerveux 10 qui innervent la musculature des parties latérales, un peu anté- rieures, du pied ; mais celui de droite, beaucoup plus volumi- neux, envoie sa branche principale à l'organe copulateur. Cette branche (fig. 224) va aboutir àunpetit ganglion placésur la face postéro-interne du sac du pénis et c’est de ce ganglion que partent en avant deux nerfs, un se dirigeant dans les tissus sous-jacents, l’autre contournant la base du sac et se 30 A. VAYSSIÈRE. dirigeant vers un petit ganglion antéro-inférieur qui donne plusieurs filets nerveux; du premier ganglion part un troi- sième nerf qui remonte le long des parois du sac et pénètre à l’intérieur de celui-ci avec le conduit déférent. Une qua- trième branche se dirige en dehors, contourne la base de la gaine péniale et complète ainsil'anneau nerveux quil’entoure. 9, 9. — Les grands nerfs pédieux chargés d'innerver les régions moyenne et surtout postérieure du pied; ces troncs sont les plus volumineux de ces centres nerveux. 8, 8. — A côté des précédents prennent naissance deux autres nerfs moins forts qui, après un court trajet en ar- rière, pénètrent dans la musculature de la portion antéro- moyenne du pied. 7, 7. — Vers le milieu de la face antérieure des ganglions pédieux, sortent deux nerfs qui, à peu de distance de leur origine, se divisent en quelques branches qui s’enfoncent aussitôt dans la masse musculaire pédieuse sous-jacente, en se subdivisant elles-mêmes en un grand nombre de ramifications qui innervent tous les tissus de cette région et surtout ceux du bord antérieur du pied. Organes des sens. — (Œil. — Les yeux sont en partie atrophiés chez les Pleurobranchæa Meckeli; les nerfs optiques qui sont d'une très grande ténuité, vont aboutir chacun à un œil globuleux comprimé, proportionnellement peu volumineux pour les dimensions de ce mollusque. Ces organes contenus dans la cavité générale du corps, sont légèrement engagés au milieu des muscles entrecroisés qui tapissent les parois, au lieu de traverser les téguments et d'arriver à fleur de peau. Chacun d’eux est constitué par un corps rélinien produit par l'épanouissement du nerf optique, autour duquel se trouve une masse pigmentaire noire; enchâssé dans cette masse de pigment se trouve un petit cristallin sphérique, très translucide, protégé en avant par la membrane cornéenne transparente qui en se conti- nuant tout autour de l'organe oculaire forme son enveloppe externe (fig. 205). MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 31 Un nerf très grèle 71.0. accompagne le nerf optique sur tout son parcours et va innerver les enveloppes muscu- laires de l'œil remplissant ainsi le rôle de nerf moteur oculaire. Otocyles. — Les otocystes (ot, of, fig. 205) sont placés ici comme chez tous les Pleurobranchidés sur la face externe des ganglions pédieux; ils adhèrent légèrement aux parois de ces centres nerveux qui en ce point forment un petit enfoncement. Les organes auditifs sont un peu ellipsoïdaux ; dans leur intérieur, ils contiennent de nombreux otolithes qui mal- heureusement n'avaient presque pas laissé de traces chez la plupart de nos individus par suite de leur long séjour dans l'alcool. Le nerf auditif reliant l'otocyste au ganglion cérébroïde placé de son côté, est assez difficile à suivre chez ce mollus- que ; ce n’est qu'avec le secours du microscope et lorsque la préparation est bien étalée, qu'il est possible de constater sa marche jusqu’au point où il s’insère sur le centre céré- broïde. C’est vers le milieu de la face postérieure de ce ganglion, un peu au-dessus du point de départ du nerf oplique, que se trouve l'insertion du nerf auditif. Appareil digestif. — Généralement, ces mollusques lors- quiis meurent projettent plus ou moins leur trompe et leur bulbe buccal, surtout lorsqu'on les plonge brusque- ment dans un liquide conservateur (alcool ou formol) ; l’on constate alors, sous le bord antérieur du voile buccal, une masse volumineuse, ovoïde ou cylindro-conique, tronqué en avant, à parois rosées (chez l'animal frais), minces et un peu flottantes qui ne sont autres que celles qui tapissent l'intérieur de la trompe lorsque celle-ci est invaginée. Si l’on fend tous les téguments du dos suivant la ligne médiane longitudinale, l’on trouve immédiatement au- dessous du réseau argenté de la musculature palléale, toute la masse viscérale. Celle-ci seulement est entourée de toutes parts, dessus, dessous, sur les côtés et même entre 2 A. VAYSSIÈRE. les divers viscères, par une glande blanchâtre (un peu hya- line et légèrement jaunâtre, chez les individus frais) dont les très nombreuses ramifications dendritiques se super- posent et forment une sorte de feutrage lâche protégeant tous les organes internes; cette glande est la glande supplé- mentaire de ELacaze-Duthiers, glande ptyaline d’autres auteurs. Toutes ces ramifications glandulaires vont aboutir à un pelit nombre de conduits qui se réunissent bientôt pour former un canal excréteur assez volumineux, blanc nacré, à parois assez épaisses dont le diamètre va en diminuant à mesure quil arrive à son point d'insertion sur la ligne médiane dorsale du bulbe buecal (S. fig. 206), presque sur la région proboscidienne. Ce canal passe à l’intérieur du collier œsophagien. Sur les côtés du bulbe, un peu en dessus des ganglions buccaux viennent déboucher deux autres canaux de la même teinte, mais d'un calibre trois ou quatre fois plus petit, possédant un petit renflement oviforme un peu avant leur pénétration dans l'épaisseur de la voûte palatine du bulbe ; ce sont les conduits excréteurs des véritables glandes salivaires. Nous n'insisterons pas sur la constitution du tube digestif qui est semblable chez tous les Pleurobranchidés: il con- vient cependant de signaler le volume relativement beau- coup plus considérable du bulbe chez les P/eurobranchæa que dans les autres genres précédemment étudiés. Nous allons donner quelques indications sur les teintes présentées par les tissus de cette région chez l’animal frais avant de décrire les màchoires et la radula. Les parois æsophagiennes sont d’un gris bleuâtre à l’exté- rieur, mais si on les fend dorsalement ainsi que celles du bulbe, l’on constate qu’intérieurement elles ont une colo- ration d’un noir velouté au point de départ de l’œsophage, et d’un jaune grisâtre dans le reste de leur étendue. La radula occupe la majeure partie du plancher du bulbe, MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 33 elle offre en son milieu un fort sillon longitudinal qui la divise en deux parties symétriques sur lesquelles sont disposées ses nombreuses rangées de dents chitineuses d’un jaune assez vif. Les bords de la radula sont entourés d'un liséré noirâtre dû surtout au plissement de la muqueuse en ce point. Radula. — La membrane radulaire bien étalée forme chez les P/eurobranchæa une lame une fois et demie plus longue que large; ses dimensions réelles varient avec la taille de l'individu étudié; nous en avons constaté ayant 12 millimètres de long sur 8 de large; d’autres arrivaient à 32 millimètres sur 21. Cet organe, d’une belle coloration jaune d’ambre foncé en avant, plus ou moins clair en arrière, est toujours divisé en deux portions latérales symétriques par un sillon assez marqué, d'ordinaire inerme sur la majeure partie de sa longueur. Les dents un peu uneiformes, insérées sur la lame conjonc- tive qui forme la charpente de la radula, ont toutes leur pointe dirigée en arrière, leur portion convexe en haut. Ces dents sont disposées en rangées transversales au nombre de 35 à 50, dont la formule radulaire varie avec la taille du mollusque; ainsi chez nos plus petits individus celte formule était de 62,1,62, tandis qu'elle arrivait à 84,1,84 chez les plus gros. S1 l’on examine avec attention sous un grossissement microscopique moyen une demi-rangée, l’on constate que la première dent, celle qui est à côté du sillon rachidien (ou de la dent médiane, lorsque celle-ci n’est pas tombée) est très petile et mal formée; la suivante est plus forte et bien constituée. À partir de la seconde jusqu’à la vingt- cinquième ou trentième, ces pièces chitineuses vont pro- gressivement en augmentant de erosseur, de telle sorte que la trentième arrive à être au moins trois fois plus longue, ce qui lui donne un volume d’environ huit à dix fois plus consi- dérable que celui de la seconde. De ce point les dimensions des dents ne: varient presque plus jusque vers la cinquante ANN.' SC. NAT. ZOOL. NII, à 34 A. VAYSSIÈRE. à soixante-cinquième, suivant la taille de l'individu, mais plus loin chez les quinze à vingt dernières de la demi-rangée la pointe de chaque dent devient droite, et sa grosseur va en diminuant jusqu’à devenir presque inférieure à celle de la première dent. | Nous donnons plusieurs dessins de ces deuts chezle Pleu- robranchæa Meckeli (fig. 208, /,1! 209 à 214) pour bien mon- trer les variations progressives ou régressives que l’on constate chez la même espèce. Quant à la forme même de ces dents, elle diffère de Cle que nous avons constatée chez les dents des Berthella et des Pleurobranchus, elles ne sont pas lamelleuses et très allon- gées comme celles du premier genre, et moins recourbées et proportionnellement plus longues que celles de l’autre genre. Aussi il n’est pas possible en se basant sur ce carac- tère seul de confondre les P/eurobranchæa avec les autres genres de cette famille de Mollusques. Toutefois nous trouvons chez un des sous-genres de P/eurobranchus, les Oscanius, des dents crochues sur la face externe desquelles on constate un petit denticule ; seulement ce denticule, très petit n’existe que sur les quinze à vingt premières dents d'une demi-rangée, tandis que chez les P/eurobranchæa il est proportionnellement plus fort et persiste sur toutes les dents. Ce denticule crochu, de six à dix fois moins fort que la dent elle-même, est inséré sur la face interne, un peu sur la convexité de la dent comme on peut le constater sur toutes les figures (211 à 214). L'ensemble de la dent forme une sorte de pyramide à quatre faces inégales, dont le sommet presque droit chez les premières et les dernières dents, est sensiblement recourbé en arrière et en bas chez les autres. La partie supérieure de ces pièces est massive, mais infé- rieurement, elles offrent sur leur face concave un creux assez considérable dans lequel va se placer l'extrémité de la convexité basilaire de la dent suivante. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 39 Quant aux dents médianes, il est souvent aussi difficile de constater leur présence dans la radula des P/eurobran- chæa que dans celle du Scaphander lignarius, et encore chez ce type de Bullidés leur présence est-elle plus constante. Ces dents médianes tombant dès qu’elles arrivent sur la partie étalée de la radula, il faut les rechercher dans la portion de la radula qui est encore enroulée sur elle-même et contenue dans le fourreau; parfois elles se détachent toutes pendant la préparalion, mais d'ordinaire il en reste quelques-unes en place. Nousavons représenté (m fig. 208 et 209) trois de ces petites dents prises dans la partie postérieure de la radula du P/euro- branchæa Meckeli pris à Carry-le-Rouet (près de Marseille) ; leur longueur, comme on peut le voir sur nos dessins, varie un peu, ainsi que leur forme, mais on peut dire que d’une manière générale, ces petites dents sont constiluées par des lames chitineuses trapézoïdales dont la plus petite base est libre. Si l’on examine avec soin l’une de ces lames avec un fort grossissement microscopique, l’on remarque qu’elle peut se subdiviser en deux parties latérales symétriques, sépa- rées par une rainure longitudinale; de chaque côté de cette rainure se trouve un petit denticule conique droit, peu proéminent, et aux extrémités un autre rudiment denticu- laire allant en divergeant. Enfin dans l'épaisseur de la lame, nous voyons vers la base d'insertion un renflement de chaque côté du sillon médian. Cette dent médiane peut être considérée, comme nous l'avons déjà dit dans divers mémoires antérieurs sur plu- sieurs types de mollusques, comme représentant les deux premières dents latérales (une de chaque demi-rangée) intimement soudées. En effet, les deux renflements internes constituent les corps des deux dents, les deux denticules coniques médians les denticules internes, et les pointes divergentes les denticules latéraux. | _ On peut considérer que dans le genre Pleurobranchæa les dents médianes sont en voie de disparition, et que chez les 36 A. VAYSSIÈRE. autres types de la famille des Pleurobranchidés, ces organes ont complètement cessé d'exister, sauf peut-être quelques cas exceptionnels comme celui qui a permis à O. Sars de repré- senter dans son ouvrage « Mollusca Regionis Articæ Nor- vegiæ » une rangée radulaire du P/ewrobranchus plumula avec deux dents médianes rudimentaires ou parties de denis placées côte à côte ; à moins que ces prétendues dents mé- dianes ne soient que les bases des deux premières dents la- térales dont les sommets se seraient brisés. Nous penche- rions plutôt vers cette seconde hypothèse, parce que toutes nos observations chez les divers Pleurobranchus ne nous ont jamais permis de constater la moindre trace de dents médianes véritables, tandis que l’enchevêtrement des premières dents des demi-rangées de chaque côté amène bien souvent ces petites pièces sur le rachis. Une disposi- tion de ce genre peut expliquer la méprise d'O. Sars au sujet de la structure de la radula de son P/. plumula. Mächoires. — Chez les Pleurobranchæa, ces deux organes constituent deux grandes lames assez épaisses, placées sur les côtés de la cavité buccale, mais occupant à l'entrée de la bouche plus des trois quarts de l'ouverture; le bord infé- rieur de l’une touche celui de l’autre, mais entre les bords supérieurs il y a toujours un certain intervalle (fig. 206, "). Ces lames sont deux fois et demie à près de trois fois plus longues que larges; leur bord antérieur est droit, leur bord supérieur légèrement convexe, tandis que leur bord infé- rieur est également droit, sauf en avant où l’on constate une petite échancrure. En arrière, chacun de ces organes se ter- mine par un bord droit sortant de la masse glandulaire qui produit ces organes. Lorsqu'on ouvre la cavité buccale, l’on constate que les mâchoires sont recouvertes dans presque toute leur étendue par un repli de la muqueuse buccale, elles ne sont à nu qu'antérieurement, aux points contre lesquels la membrane radulaire vient s'appuyer lorsque l’animal la projette pour saisir un débris alimentaire. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 37 Si nous isolons une de ces lames, après avoir débar- rassé sa surface externe de son revêtement épithélial, et sa face interne des bandes musculaires longitudinales et obli- ques, pour donner à l’ensemble une certaine transparence, nous constatons que la surface masticatrice n'offre pas ici l'aspect d'un carrelage régulier, mais celui d'une mosaïque dont les pièces seraient de formes et de dimensions assez variables. La surface externe de toutes ces pièces chilineuses est proportionnellement trois à cinq fois plus petite que la sur- face des mêmes pièces chez les Berthella et les Pleurobran- chus ; leur aspect général diffère aussi. Isolons quelques-unes de ces pièces ; leur face externe a la forme d’un polygone irrégulier à quatre, cinq ou six côtés et dès le début de leur formation (fig.222) cet aspect se présente. Mais si ces pièces ont une surface externe peu étendue, elles ont, par contre, une épaisseur beaucoup plus considéra- ble que celle que l’on observe dans les mâchoires des autres Pleurobranchidés, surtout pour les pièces placées vers le milieu de ces organes. En longueur elles offrent par suite l'aspect de bâtonnets avec striations transversales, sortes de plis très accentués (fig. 215 et 216). Quant aux détails de structure des bords de la surface ex- terne de ces pièces, ils varient suivant l’espèce de P/euro- branchæa que l’on étudie et suivant le point de Ia lame où on les a observées. L’æsophage, l'estomac et la région intestinale présentent chez les Mollusques les mêmes dispositions que celles que nous avons déjà indiquées pour les autres genres de cette famille ; Ia masse hépatique est comme chez tous ces animaux très volumineuse, elle enveloppe une partie de l’estomac et plus ou moins tout Le tube intestinal. L’anus se trouve placé au-dessus de la branchie, entre le milieu de son point d’in- sertion et le rebord droit du manteau ; il n’est pas à fleur de peau, mais à l'extrémité d’un tube flottant de 1 à 3 ou 4 mil- limètres de longueur. 38 A. VAYSSIÈRE. Appareil reproducteur. — Les organes génitaux sont assez difficiles à étaler de manière à en voir l’ensemble, et l’on est souven( obligé de sectionner les conduits génitaux pour ar- river à étudier sur place les diverses parties de ce système organique. Cependant, lorsque l’on a disséqué quelques fois cet appareil, l'on peut arriver par un travail long et minu- tieux à débrouiller suffisamment ces conduits pour qu'il soit possible de les étaler sur un même plan ; c’est cet ensemble ainsi disposé que nous avons représenté figure 223. Glande hermaphrodite. — Cette glande en grappe, plus ou moins volumineuse suivant son état de fonctionnement, est en partie enchâssée dans la masse hépatique, sur la face inféro-antérieure droite de cet amas; elle est bien mise en relief par sa coloralion jaune ou jaune orangé qui tranche sur la couleur brun verdâtre du foie. La glande hermaphrodite forme une masse compacte et granuleuse, les nombreux acinis laissent apercevoir par transparence à leur intérieur des cellules ovulaires nucléées et nucléolées mélangées à des faisceaux de spermatozoïdes retenus par leur région céphalique au noyau de la cellule spermatogène. De la glande hermaphrodite partent plusieurs conduits excréteurs qui se réunissent d'abord en deux, puis en un seul canal pour former le conduit génital commun. Ce ca- nal traverse d’abord une portion de la masse hépatique, puis de l'organe de Pojanus duquel il semble sortir ; il est d’abord assez élroit, mais après un court trajet il se renfle brusquement et triple son diamètre. Avec ce volume le con- duit génital décrit une ou deux courbes, puis diminue de calibre pour reprendre celui qu'il avait au début; il décrit encore une ou deux circonvolutions sur une longueur égale à celle de la portion renflée, puis il se bifurque, l’une des branches forme le canal déférent, l’autre l’oviducte. Oviducte. — Cette branche se renfle immédiatement pour former d’abord un tube assez court (0v, fig. 223), puis un premier renflement ovoïde, suivi d’un second qui $e continue MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 39 par un conduit ov' cylindrique allant en augmentant pro- gressivement de diamètre jusqu'à la région utéro-vaginale V ; presque dès le début de la portion ov' vient déboucher dans ce conduit une grande vésicule pc à parois peu épaisses, d’un jaune pâle grisâtre, constituant la poche copulatrice. Les parois de l’oviducte présententune épaisseur relative- ment assez forte, elles sont d’une coloration blanche légère- ment jaunâtre; ces parois sont constituées par une couche de tissu conjonctif fibreux, revêtu à l’intérieur par un épi- thélium qui se détache très facilement chez les individus conservés dans l'alcool. Dans l’épaisseur de ces parois se trouvent des amas de petites cellules glandulaires destinées par leur sécrétion à faciliter la marche des ovules ; exté- rieurement les parois de l’oviducte sont lisses, mais elles offrent à l’intérieur des plis longitudinaux plus ou moins accentués. Vers le sommet du renflement utéro-vaginal, sur sa face postérieure, vient aboutir le conduit excréteur des glandes de l’albumine et delaglaire. Ces glandes À , intimement unies Tune à l’autre, forment un amas assez volumineux qui adhère aux parois vaginales. Ces organes glandulaires of- frent un aspectun peu feuilleté et une consistance glaireuse ; ils possèdent une coloration violacé grisâtre ou jaunâtre suivant les parties que l’on examine. Canal déférent. — La seconde branche provenant de la bifucation du conduit génital commun constitue le canal déférent. | Après untrès court trajet il traverseune grosse glande pr, la prostate, d'aspect papilleux et d’une belle coloration jaune canari ; à l'intérieur de cette glande le canal forme un renflement fusiforme dans lequel vient se déverser le liquide amené par les petits tubes excréteurs de cet organe. Si l’on isole (fig. 229) quelques-uns de ces tubes glandulaires, l’on remarque qu'ils sont assez allongés, un peu fusiformes, comprimés et d'aspect granuleux; ces tubes ne vont pas séparément verser leurs produits dans la poche centrale de 40 A. VAYSSIÈRE. l'organe, mais ils se réunissent par groupes de six à dix et c’est le conduit commun de ces quelques tubes qui va s’ou- vrir dans le réservoir central de la prostate. Sorti de l’autre côté de la glande, le canal déférent cd, toujours d’un calibre très faible, après avoir décrit deux ou trois eirconvolutions, pénètre dans une grande poche gp ayant la forme d’un tronc de cône renversé. Les parois de cetle poche sont assez transparentes chez les individus conservés dans l'alcool, pour permettre de suivre quelque peu à traversles nombreux contours que décrit la partie cd’ du canal déférent avant d'arriver à la base du pénis; mais chez le ?/eurobranchæa Meckeli pris à Carry-le-Rouet (golfe de Marseille), que nous avons disséqué frais, les parois de cette poche étaient à peu près opaques et possédaient une coloration d’un blanc nacré très luisant. Ces parois sont formées par l’entre-croisement de nombreuses bandelettes fibreuses (ou fibro-musculaires) analogues à celles qui forment les parois internes du corps de ce mollusque. Dans l’intérieur de cette poche le conduit déférent cd! ac- quiert un diamètre un peu plus fort el ses parois externes prennent une coloration blanc nacré. La partie supérieure de cette poche est retenue contre les téguments dorso- latéraux du corps, par une forte bandelette musculaire 7%, tandis que sa partie inférieure, assez rétrécie, fait corps avec les parois internes du flanc droit de l'animal. Pénis. — L’organe copulateur ne forme pas chez le Pleu- robranchæa Meckeli un corps massif volumineux; il est seulement représenté (fig. 225) par une petile masse mus- culaire conique arrondie, placée au fond de la poche péniale, au sommet de laquelle s'ouvre le conduit déférent cd. Lorsque l'organe est projeté et offre alors une longueur assez considérable (fig. 29 de la PI. XV de la première partie de cette monographie), le pénis est constitué par la dévagination de la poche péniale, poche à parois internes plissées transversalement dans la rétraction, ce qui lui per- met de s’allonger au moment de l'érection. : MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 41 Une bandelette musculaire m (fig. 224 et 225), insérée sur les parois de la poche péniale, à côté du point d’entrée du canal déférent et dont le prolongement constitue le muscle qui sort du sommet de la grande poche gp (fig. 223), permet la rétraclion complète du pénis, tandis que la sortie de cet or- sane est surtout due à l’afflux du sang dans cette région. Si l'on examine un fragment du canal déférent pris dans sa partie moyenne ou vers son extrémité, on constate qu’il offre une consistance assez forte due à l’épaisseur de ses parois, le diamètre interne de ce canal est à peine égal à la moitié du diamètre externe ; nous donnons (fig. 228) l'as- pect que présente un fragment de ce canal vu par trans- parence. Nous avons représenté (fig. 226) le pénis aux deux tiers en érection d'un individu frais pris à Carry (golfe de Mar- seille); une fente pratiquée vers la base permet de voir la portion non projetée de l'organe, le muscle rétracteur 7" ici subdivisé et le canal déférent cd. Dans sa portion effilée le pénis offre des plis longitudi- naux un peu sinueux,; plus baut, ces plis en se mettant en rapport avec des plis transverses formentune sorte de réseau, ce qui donne un aspect fortement granuleux à cette région ; enfin au-dessus nous avons des plis transverses. — Tous ces plis doivent plus ou moins disparaître lorsque l’organe est bien en érection. | Chez cet individu vivant de P/eurobranchæa, l'extrémité du pénis avait une coloration rose fanéeirisée, tandis que le reste de l’organe possédait une teinte grise foncée à peine irisée; le fond de la poche péniale était aussi vieux rose, le canal déférent blanc jaunâtre et le muscle rétracteur blanc nacré. En arrière des orifices génitaux se trouve une petite ou- verture en forme de boutonnière qui sert d’oritice d’excré- tion à une glande d’aspect fortement chagriné (fig. 230) et d'une coloration ocre jaune pâle que l’on observe entre le foie et les organes annexes de la reproduction. Cette glande qui me paräit isolée, pourrait bien être chez ce Mollusque 49 A. VAYSSIÈRE. l'analogue de la glande opaline des Aplysiadés. — Son con- duit excréteur offre sur toute sa longueur (fig. 231) de forts plis longitudinaux. | * Pleurobranchæa Meckeli, Leue, 1813. Synonymes : Pleurobranchus baléaricus, Cuvier (de Laroche). Pleurobranchœæa Meckeli, Leue, 1812. Pleurobranchidium Meckeli, Blainville, 1825. — — Delle-Chiaje, 1828. Pleurobranchæa Meckeli, Cantraine, 1840. — — Philippi, 1844. Pleurobranchidium Delle Chiajei, Vérany, 1846. « Coloration des téguments allant du gris brunâtre pâle au gris noirâtre; teinte plus accentuée à la face dorsale du manteau et sur les deux faces du pied, plus claire et même un peu rosée sur les parties antérieure et latérales du corps ; branchie d’un jaune grisâtre. | « Corps volumineux, très bombé, à téguments épais et musculeux. La surface dorsale du manteau ainsi que celle du pied offrent de nombreux petits mamelons irréguliers, cir- conscrits chacun par un sillon d’une teinte plus foncée; les autres surfaces du corps sont lisses chez l’animal vivant. « Branchie bipennée, étalée, ayant à peine le tiers de la longueur totale du corps et présentant 28 à 29 pinnules de chaque côté de son rachis. « Pénis conique, assez volumineux. « Màchoires très grandes, d’une coloration jaune assez pâle donttoutes les petites pièces chitineuses constitutives formant à la surface externe de petits polygones irréguliers de quatre, cinq ou six côtés, dont le ou les côtés antérieurs offrent de petitsdenticules ; l'épaisseur deces pièces esttrès considérable et leur donne l'aspect de prismes à quatre, cinq ou six faces plus ou moins accusées, striées transversalement, et terminés parfois inférieurement par une pointe un peu recourbée. «Radula lamelleuse, formant, étalée, un pentagone irrégu- lier dont les deux plus petits côtés sont dirigés en avant. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 43 Formule radulaire 60, 1,60 à 75, 1,75. Dents médianes peti- tes, rudimentaires, en forme de palette trapézoïdale, très caduques ; dents latérales en forme de pyramide triangulaire à sommet légèrement recourbé, avec un denticule de cinq à dix fois plus petit qu’elles, inséré sur le milieu de leur face interne. | « Dimensions : longueur 40 à 76 millimètres, largeur 23 à 40 millimètres et hauteur 14 à 20 millimètres. » Habitat : Méditerranée (golfe de Marseille, côtes de Nice, et de Gênes, golfe de Naples, côtes d'Oran et d'Alger, île [viça dans les Baléares, côtes de la Sicile...) . Cette espèce est la seule qui se trouve dans la Méditer- ranée, les nombreux exemplaires provenant des divers points du littoral des côtes européennes ou africaines occidentales nous ont tous présenté des caractères à peu près identiques dans la forme générale de leur corps et dans la structure des pièces masticatrices et des dents radulaires. Parmi les individus qui nous ont été envoyés en communi- cation par le Muséum de Paris, les uns (n°9,48, 49, 50et51) sont accompagnés d'étiquette indiquant leur provenance (n° 9 pris à Oran, 48, 49 et 50 à Iviça, et 51 dans le golfe de Naples), d'autres (n° 38) ne portent aucune indication de localité. Les exemplaires des n° 48, 49 et 50 provenant d'un “envoi fait d'Ivica par de Laroche sont désignés sous le nom de Pleurobranchus balearicus, et ont dù être examinés par Cantraine qui ayant constaté leur ressemblance avec le Pleurobranchæa Meckelii, a mis en synonymie leur dénomi- nalion à la page 87 de sa Malacologie méditerranéenne. C'est surtout en étudiant les spécimens pris par nous dans le golfe de Marseille (à Carry-le-Rouet, en août 1897), par M. C. Viguier à Alger en 1893 et en 1894, et par le labora- toire de Naples en 1889, que nous avous pu décrire quelque peu l'organisation de ce lype de P/eurobranchæa. Ces Mollusques ne paraissent pas être très abondants nulle part ; dans le golfe de Marseille nous n’avons pu en récolter que trois exemplaires sur des fonds vaseux dans le voisinage 44 A. VAYSSIÈRE. de fonds coralligènes, par 30 à 50 mètres de profondeur. A Alger et dans le golfe de Naples cette espèce paraîtrait être moins rare que sur nos côtes. La taille de ces mollusques varie assez; ce sont ceux pro- venant du golfe de Naples qui sont les plus gros, ces ani- maux arrivent à 76 millimètres de long sur près de 40 de large et 20 de hauteur ; ceux de Carry et d'Alger n'ont que 40 à 50 de long, 23 à 28 de large et 14 à 17 de haut. Nous pouvons en dire de même de la coloration qui était d’un gris brunâtre clair chez nos trois individus de Naples, tandis que chez ceux d’Alger et de Marseille la teinte est beaucoup plus foncée; c’est la face inférieure du pied qui, proportionnellement, possède toujours la coloration la plus sombre. Nous n'avons rien à ajouter à la description du corps de cette espèce, nous ferons seulement observer que le dessin colorié de ce type, que nous avons donné dans la première partie de notre monographie (PL. 15, fig. 29 du tome VIIT des Annales des Sciences Naturelles, Zoologie), a été assez mal reproduit, soit dans sa forme, soit dans sa coloration. L’ani- mal dans sa partie postérieure manque un peu de largeur et sa coloration est trop rougeûtre ; l'ensemble du dessin man- que aussi de relief. Nous pourrions faire aussi les mêmes critiques pour plusieurs autres de nos dessins (fig. 8, 9, 15, 23 et 28). Les petites digitationsconiques, non ramifiées qui garnis- sent le bord antérieur du voile buccal disparaissent presque totalement dès que l'animal a séjourné quelque temps dans l'alcool; en dehors de la rangée garnissant même le bord, on en observe en outre quelques-unes disséminées en-dessous ou sur les extrémités angulaires du voile. À la partie postéro-dorsale du corps, nous observons un tubercule conique dont le rôle physiologique n'est pas connu, tubercule que l’on retrouve chez d’autres (P/. obesa..…) Pour terminer l’étude des P/eurobranchæa Meckeli 11 ne MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 45 nous reste plus qu’à décrire en détail la structure des pièces des mâchoires et de la radula. Mächoires. — Ces organes que nous avons représentés (fig. 207) dans leur ensemble, offrent à peu près le même aspect que celui des mâchoires des autres Pleurobranchi- dés, mais leurs pièces constitutives se font ici remarquer par leur peu de largeur et leur grande longueur ou épais- seur. À leur face externe ces pièces montrent une forme presque carrée, en losange, pentagonale ou même hexago- uale ; ces variations tiennent surtout au point où l’on exa- mine celles-ci, ainsi cette surface est carrée ou pentagonale dans les parties centrales des lames masticatrices, tandis qu’elle tend à devenir hexagonale, plus ou moins irrégulière et à s’allonger sur les bords des lames ; très épaisses au mi- lieu, les mâchoires vont en s’amincissant vers les bords. Si l’on examine avec un fort grossissement quelques-unes de ces pièces, prises vers le centre d’une mâchoire, l’on constate que sur le bord antérieur convexe (fig. 217, 219 et 220) de leur face externe l’on a un certain nombre de denticules (onze à quinze), de grosseurs différentes, le médian un peu plus fort que les latéraux; celui-ei en s’accentuant finit par donner à ce bord une forme angulaire très marquée (fig. 219 4s) et l’on a alors une pièce à surface pentagonale ou hexagonale. À mesure que l’on s'éloigne du centre de la mâchoire pour se rapprocher d’un des bords latéraux, l’on voit des denti- cules de chaque pièce se porter sur le côté tourné vers ce bord comme on peut le constater sur nos figures 216 et 218 qui montrent des pièces placées près du bord gauche, et 218 bis et 221 des pièces du bord droit. Les striations transversales du corps de ces pièces sont toujours très accentuées chez le Pleurobranchæa Meckeli (fig. 215 et 216). Radula. — Nous avons déjà beaucoup insisté sur la struc- ture des dents radulaires dans notre description de l’appa- reil digestif; ce que nous en avons dit se rapportant surtout 46 A. VAYSSIÈRE. au Pleurobranchæa Meckeli, nous n'avons qu'à renvoyer le lecteur à ces quelques pages en avant. La formule radulaire varie avec l’âge et la taille de l’indi- vidu, elle arrive à 75, 1,75 chez nos plus gros spécimens, mais descend à 70, 1,70 et même 60, 1,60 chez les jeunes. La présence de la dent médiane ne peut guère se consta- ter que dans la partie enroulée de la radula, et encore faut-il étaler avec beaucoup de précautions cette portion pour ne pas faire détacher ces pièces rudimentaires. Au point de vue de l’alimentation cette espèce de Pleuro- branchæa, d’après les débris alimentaires trouvés dans l’œsophage et dans l'estomac de plusieurs individus, nous semblesenourrir surtout d'Annélides, de Sternaspsis, de petits Crustacés (Ostracodes, Amphipodes) et de Foraminifères. Nous n'avons jamais pu garder longtemps en vie nos exemplaires de Pleurobranchæa Meckeli pris dans le golfe de Marseille, et aucun d'eux ne nous à donné de ruban nida- mentaire ; aussi ne pouvons-nous rien dire au sujet de leur ponte. Bergh, à la page 28 de sa Monographie, établit une variété Occidentalis pour un type vivant aux Antilles (Martinique, Cuba) et ayant beaucoup d'analogieavecles vrais P{. Meckel. Pleurobranchæa capensis, À. Vayssière, 1899, « Coloration ? « Facies d'un Pleurobranchæa Meckeli contracté par l’al- cool, mais avec des téguments lisses. — Branchie étalée, ayant à peine le tiers de la longueur du corps, possédant 18 pinnules au-dessus dé son rachis et 17 au-dessous. & Appareil génital muni d’un canal déférent assez court. | « Mâchoires constituées par de petites-pièces, pas très épaisses, à surface carrée ou pentagonale irrégulière dont le bord antérieur offre de cinq à dix dentsane à peu près égales. ; MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 47 « Radula ayant pour formule 58,0,38; dents très peu unciformes, massives et courtes, avec leur denticule latéral long et fort. « Dimensions : environ 30 millimètres de longueur. » Habitat : côtes du cap de Bonne-Espérance. Ce sont deux individus de 26 à 30 millimètres de longueur, envoyés sous le n° 19 par le Muséum de Paris, qui m'ont servi à créer cette espèce. Cet établissement les avait reçus en 1829 du capitaine Fairé qui les avait pris sur Les côtes du cap de Bonne-Espérance. _ Conservés dans l’alcool depuis près de quatre-vingts ans, ces mollusques n’offraient plus aucune trace de coloration ; leurs téguments, à la face dorsale surtout, étaient complète- ment lisses. Leur voile buccal proportionnellement assez grand, comme chez PI. Meckeli, avait des angles latéraux antérieurs très aigus ; les rhinophores situés au point de jonction du man- teau et du voile, très écartés l’un de l’autre, étaient sur- baissés, cylindriques et comme toujours formés par une lame enroulée sur elle-même. La branchie étalée sur le côté droit de l'animal, peu re- couverte par le rebord palléal, n’avait pas le tiers de la lon- gueur du corps ; de chaque côté de son rachis lisse on observait 18 pinnules au-dessus et 17 au-dessous. L’orifice externe de l’appareil génital ne laissait pas sortir l'organe copulateur et se trouvait être divisé en deux par un fort repli transversal, l'ouverture antérieure constituant l’orifice mâle, la postérieure l’orifice femelle. Le collier œsophagien est chez le P/. capensis semblable à celui du Meckeli, sauf, que la commissure interpédieuse est un peu plus courte, le ganglion viscéral disposé de la même manière est plus arrondi et les ganglions buccaux ovales al- longés, quelque peu distants l’un de l’autre au lieu d’être accolés. L'appareil. digestif ne nous offre rien de particulier à 48 _ A. VAYSSIÈRE. signaler, sauf les détails dans la structure des pièces de la radula et des mâchoires. Dans la cavité stomacale de l’un de nos individus, nous avons trouvé des débris de tentacules branchiaux d’une Annélide tubicole et de nombreux Diatomées. Mächoires. — Ces organes sont formés par deux grandes lames, deux fois plus longue que larges, d’une coloration jaune paille. Les nombreuses petites pièces ou bâtonnets chitineux constituant ces lames donnent à la surface de ces organes un aspect quadrillé; mais le quadrillage n’est nulle- ment régulier, les surfaces supérieures de ces pièces étant les unes carrées, les autres rectangulaires, pentagonales ou en losange. Sur le bord antérieur de ces pièces (fig. 235, 236 et 237) se trouvent des denticules au nombre de 5 à 10 à peu près de même force. Si l’on isole quelques-uns de ces bâtonnets (fig. 234), l’on remarque que les plus longs atteignent à peine quatre fois le grand diamètre de leur surface externe; ces bâtonnets sont arrondis ou prismatiques, striés transversalement sur toute leur longueur. Inférieurement ils ne se terminent pas en pointe recourbée. Ces pièces maslicatrices se rapprochent assez par les dé- tails de leur structure de celle des P/eurobranchæa incons- picua et tarda. Raduia. — La formule chez le plus gros de nos deux spécimens était 58,0,58. Toutes ces dents, d'une belle colo- ration jaune d’ambre, offraient beaucoup d’analogie dans leur forme générale avec celle du Meckeli, mais elles seraient plus fortes et plus courtes, Les premières (1,9, fig. 233) seraient ici un peu plus allongées, mais toutes les suivantes (31), sauf les dernières (47,48,) sont proportionnellement plus massives et plus courtes, leur crochet un peu plus droit, plus long et plus volumineux. Nous n'avons pas aperçu de dents médianes, maisnous pen- sons qu'il en existe de très caduques comme chez la précédente espèce, vu la largeur assez considérable du sillon rachidien. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 49 Appareil reproducteur. — Cet appareil que nous avons représenté dans son ensemble (fig. 232) offre aussi quelques différences qui le distingue de celui du Pleurobranchæa Meckel. Ces organes se composent : d’une glande hermaphrodite H située à la face antéro-latérale droite de la masse hépa- lique; d'un conduit génital commun e d’un faible calibre dans toute son étendue et se terminant en cæcum; un peu avant l'extrémité cæcale du conduit e part un oviducte o, assez long, mais presque du même calibre que le précédent canal. L'oviducte ne se renfle que dans le voisinage de l’oritice externe pour former une vaste poche cylindrique ot’, sorte d'utérus, à la partie inférieure de laquelle arrivent par un très large conduit les produits des glandes de la glaire et de l’albumine A. Un peu au-dessus du point d'arrivée de l’oviducte 0», presque sur le prolongement de l'utérus se trouve la poche copulatrice pe. La partie mâle de cet appareil se compose d’une première portion du canal déférent qui se détache du conduit e à côté de l’oviducte, un peu plus près de l'extrémité cæcale. Le canal déférent traverse ensuite une glande muriforme, arrondie, comprimée, la prostate; ce canal cd, après avoir traversé la prostate, se dirige en avant et s’accole bientôt contre le muscle rétracteur » du pénis, puis redescend le long de ce muscle sans décrire de sinuosités et va se ter- miner au centre de la portion renflée de la gaine du pénis gp. Chez le capensis le canal déférent se trouve donc être einq à six fois moins long que celui du Meckeli, mais son diamètre est presque double. Pleurobranchæa maculata, Quoy et Gaimard, 1832. Synonymes : Pleurobranchidium maculatum, Q. et G., Voyage de l’Astrolabe, Zool. t. IE, p. 301-302, PI. XXII, fig. 11-14 (1832). . Pleurobranchæa maculata, Q. et G., Spengel Zoolog. Jahrb. — ANN. SC, NAT. ZOOL. XII, 4 50 ; A. VAYSSIÈRE. Supplément Fauna chilensis, p. 492-494, pl. XXIX, fig. 2-9 (1898). À = _ —?— Bergh, Reisen Archipel der Philippinen. — Die Pleurobranchiden, p. 153-154 (1898). « Celoration générale d’un blanc sale, légèrement jau- nâtre, avec nombreuses taches d’un brun clair; ces taches, de dimensions variables et de forme irrégulière, ne se trou- vent qu à la face dorsale du corps. « De forme ovale allongée, tronqué en avant, le corps est épais et assez bombé; le manteau, légèrement rugueux, recouvre à peine le milieu du dos et constitue de chaque côté, surtout à gauche, un rebord peu marqué; en avant, ilest en continuité avec un voile buccal pas très grand, disposé en arc et légèrement crénelé le long de son bord antérieur. « Rhinophores cylindro-coniques, pas très longs, ayant un aspect très auriforme chez les individus conservés dans l'alcool. ‘4 « Branchie assez petite, bipennéee, étalée présentant de chaque côté de son rachis 23 à 25 pinnules. « Les orifices génitaux sont entourés par une membrane très proéminente en arrière. « Mâchoires formées de petites pièces chitineuses à sur- face externe carrée et à bord antérieur munie de cinq à douze dentelures peu inégales entre elles. « Radula ayant pour formule 80,0,80; dents unciformes, assez massives, avec leur denticule latéral proportionnelle- ment court et grêle. « Dimensions : 40 à 50 millimètres de longueur sur 19 à 24 millimètres de largeur et 10 à 12 millimètres de hauteur. Habitat. — Port Western, baie de Jervis et toute cette partie australe de l'Australie; la Nouvelle-Zélande. » Les six spécimens qui m'ont permis d'étudier les carac- tères de cette espèce proviennent : cing d’entre eux du voyage de l’Astrolabe (n° 25, 26 et 27 de l’envoi du Muséum de Paris) et sont par conséquent ceux qui ont servi de types MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 51 à Quoy et Gaimard pour la créer; le sixième (n° 17, Mus. de Paris) a été pris sur les côtes de la Nouvelle-Zélande par Belligny en 1843. Nous avons été étonné de trouver sur les étiquettes accompagnant les individus des n° 25, 26 et 27 provenant du voyage de lAszrolabe, la mention Nouvelle-Zélande au sujet de l'habitat, alors que Quoy et Gaimard disent, p. 302, que ces Mollusques ont été pris par eux « à Port-Wertern, à la baie de Jervis et sur toute cette partie australe de la Nouvelle-Hollande ». Y a-t-1l eu erreur de la part d’un des naturalistes ayant examiné ces animaux et qui en refaisant les trois étiquettes aura mis pas mégarde Nouvelle-Zélande au lieu de Nouvelle-Hollande? Il est cependant probable que cette espèce habite aussi les côtes de la Nouvelle-Zélande puisque Belligny en a recueilli un exemplaire en 1843. Quant aux huit exemplaires pris à l’île Juan Fernandez, par le professeur Plate, spécimens étudiés par R. Bergh (p. 153-154 de sa monographie des Pleurobranchidés), nous ne croyons pas que ces mollusques appartiennent au P/euro- branchæamaculata, d'aprèsles descriptions faites par lesavant raturaliste danois. La couleur « du dos gris-violet, parsemé presque partout de taches brunes, grandes et irrégulières, branchues, souvent anastamosées entre elles » ; le nombre des pinnules branchiales s’élevant de 9 à 11 de chaque côté au lieu de 23 à 25; la formule dentaire 40,0,40 à 46,0,46 au lieu de 80,0,80; la forme en prisme hexagonal des petites pièces masticatrices, ainsi que quelques autres petites diffé- rences nous amènent à croire que l’espèce éludiée par Bergh, malgré la raison que l’on peut invoquer sur la petitesse de la taille pour expliquer certaines de celles-ci, n’est pas le Pleurobranchæa maculata. La distance considérable entre les lieux d'habitat du type et l’île Juan Fernandez ne peut qu'augmenter celte probabilité. Il est regrettable que quelques dessins des pièces masti- catrices et radulaires n'aient pas élé donnés par Bergh, car 52 A. VAYSSIÈRE. mieux qu'une description la comparaison de ces organes aurait pu lever tous les doutes. Les spécimens que j'ai étudiés étaient complètement décolorés, seulement les uns mis brusquement dans laleool lorsqu'ils étaient pleins de vie sont demeurés très contractés et leurs téguments offrent un aspect mamelonné (fig. 244) qui s'éloigne beaucoup de celui du dessin colorié de l'animal, vu de profil, donné par Quoy et Gaimard et que nous avons reproduit en noir (fig. 243). Les naturalisles de l’As/rolabe disent bien dans leur description que ces mollusques étaient couverts de rugosités peu élevées, mais elles devaient être bien peu marquées puisqu'ils ne les ont pas représentées dans leurs figures coloriées. Les deux dessins que nous donnons, joints à la diagnose, permettent de se rendre suffisamment compte de l'aspect présenté par le Pleurobranchæa maculata; aussi nous con- tenterons-nous de signaler seulement quelques détails de structure. La branchie offre un rachis lisse dans toute son élendue, et les pinnules placées de chaque côté, au nombre de 93 à 2% au-dessous et 24 à 25 au-dessus, sont adhérentes aux parois du corps sur la majeure partie de leur Niue les pointes seules se trouvant libres. À la face dorsale de l'extrémité du pied nous n’avons trouvé aucune trace du tubercule conique si développé chez d’autres espèces de Pleurobranchæa. Le côté antérieur de cette partie du corps offre un double rebord se continuant un peu sur les côtés; et à la face postéro-inférieure de cet organe, nous n'avons pas constaté l'existence de la glande pédieuse. Système nerveux. — La disposition du collier œsopha- gien est à peu près identique à celle de celui du P/euro- branchæa Meckeh ; le connectif qui relie le cérébroïde de droite au ganglion viscéral serait ici un peu plus long, ce qui permet au ganglion viscéral de se trouver à la même hauteur que le ganglion pédieux de ce côté. Les nerfs optiques seraient aussi moins longs et MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 53 les yeux adhéreraient à la face interne des téguments. Appareil génital. — On constate toujours dans la dispo- sition générale de cet appareil un polymorphisme considé- rable qui peut être utilisé dans les déterminations géné- riques et spécifiques de ces mollusques Opistobranches. Dans celui du P/eurobranchæa maculata, tout en trouvant dans le plan général de cet appareil beaucoup d’analogie avec celui des Pleurobranchæa Meckeli et capensis, nous remarquons certaines différences comme on va le constater dans la rapide description de ces organes. Cet appareil (fig. 247) se compose : de la glande herma- phrodite H dont nous n’avons représenté qu'une petite portion; cette glande, d'aspect grenu, est enchâssée à la face antéro-inférieure droite de la masse hépatique; le conduit génital commun e, sinueux et assez long, se renfle peu à peu et arrive à avoir en son milieu le double de son diamètre primitif, puis revient progressivement à ce dernier volume au moment de se bifurquer en oviducte et en canal déférent. L’oviducte ov se renfle un peu et prend d’abord un aspect verruqueux, diminue ensuite et offre alors des parois lisses; cette première portion va s’insérer vers la base d’un renfle- ment pyriforme b, à parois résistantes, qui est en rapport di- rect avec la grande poche copulatrice sphérique pe, qui, elle, offre des parois très minces. De la poche à part un tube 0v'0v' d'un diamètre assez fort, contituant la seconde partie de l’oviducte et allant aboutir à l’utérusuw; près du point d’inser- tion de l’oviducte sur l'utérus et disposé sur le prolongement de ce dernier, nous trouvons l’amas des glandes annexes À (glandes de l’albumine et de la glaire) et leur large conduit excréteur. Ces glandes d’un aspect gaufré ont une coloration jaune pâle avec bandelettes sinueuses d’un gris noirâtre. _ La partie mâle de l'appareil se compose, chez le P/ewro- branchæa maculata, d'un canal déférent qui pénètre aussitôt dans la glande prostatique pr qu’il traverse de part en part; cette glande, d’un jaune paille, légèrement grenue, est toujours assez comprimée. Le canal déférent cd à sa sortie 54 A. VAYSSIÈRE. se dirige vers la base du pénis, pénètre dans l’intérieur d’une poche fusiforme, peu large mais longue, à parois transparentes qui est intimement accolée au muscle rétrac- teur »2 de l’organe copulateur. Le canal déférent (cd fig. 247) remonte assez haut à l’intérieur de cette poche, en décri- vant de nombreuses sinuosités, puis redescend en présen- tant la même disposition et va se terminer au fond de la petite gaine p du pénis. Quant à l’organe copulateur, lorsqu'il est complètement projeté au dehors comme le représentent nos figures 243 et 244, il est long et légèrement cylindro-conique chez l’ami- mal vivant, un peu plus court, mais beaucoup plus conique chez les individus conservés dans l'alcool, sa surface est lisse ou légèrement striée transversalement. Autour des orifices de la reproduction l’on observe un repli charnu assez accentué qui en arrière de l’ouverture femelle se prolonge davantage comme on peut le constater sur nos figures 243 et 244. : Le muscle rétracteur 2 (fig. 247) est très long, il se dirige de la base du pénis à la partie postérieure de la cavité viscérale, en passant au-dessus de toute la masse du tube digestif; il se bifurque à son extrémité et ses deux branches ne tardent pas à s’insérer contre les parois du fond de la cavité viscérale, près de la ligne médiane. Appareil digestif. — Ce système organique n'offre dans son ensemble aucune disposition spéciale pouvant le diffé- rencier de celui des autres P/eurobranchæa, sauf en ce qui concerne la muqueuse tapissant la cavité buccale et se prolongeant le long des parois de l’œsophage et de l'estomac qui présenterait chez le P/eurobranchæa maculata une colo- ration noire très intense, malgré le long séjour de ces mollusques dans l'alcool. Le bulbe est ici très volumineux, comme chez les autres espèces appartenant à ce genre. L'orifice anal se trouve comme toujours placé sur le flanc droit de l’animal, au-dessus de la branchie, au niveau du MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. D dernier tiers de cet organe (fig. 243). Dans l’intérieur de l'estomac de trois de nos spécimens, nous avons trouvé une grande quantité de débris d’une espèce de Sertulariens qui doit servir à l'alimentation de ce P/eurobranchæa. Les mâchoires et la radula sont les seules parties offrant dans leurs pièces constitutives un certain nombre de carac- tères spéciaux, que nous allons décrire en détail. Mächoires. — Ces organes forment à l'entrée de la cavité buccale deux grandes lames, sortes de rectangles allongés, ayant chez notre plus gros individu 12 millimètres de long sur 5 de large; ces lames se touchent presque à la face dorsale, tandis qu'inférieurement elles offrent un écarte- ment de 4 millimètres environ. Ces lames ou plaques masticatrices sont formées par une multitude de petits bâtonnets prismatiques chitineux (fig. 246), pas très longs, dont les surfaces inférieures en- voient leurs prolongements radiciformes dans l’épaisseur de la membrane conjonetive qui leur sert de soutien. La surface externe de ces pièces, d'ordinaire carrée, présente le long de son bord antérieur un certain nombre de denticules (5 à 12) à peu près égaux ; souvent le ou les denticules médians sont un peu plus forts que les latéraux, ce qui tend à donner à certaines d’entre elles une forme pentagonale (fig. 245). Radula. — La langue en partie étalée sur le mamelon radulaire, lorsqu'on la sort complètement du fourreau et qu'on l’étend, présente l'aspect d’une grande lame pentago- nale dont les deux côtés antérieurs sont de petites dimen- sions par rapport aux {rois autres. Sur cette lame, divisée en deux parties symétriques par un fort sillon longitudinal, se trouvent insérées de 40 à 49 rangées transversales de dents unciformes, très inégales entre elles. Chaque rangée chez notre plus gros spécimen avait pour formule 80,0,80. Dans toute l'étendue du sillon médian ou rachis, peu large, mais très marqué sur toutes les radulas examinées, nous n'avons vu aucune trace de dents médianes; il est 56 A. VAYSSIÈRE. possible que des observations faites sur un grand nombre d'individus frais puissent amener la découverte de la pré- sence de quelqu’une de ces dents, mais ces pièces si elles existent doivent être toujours très rudimentaires. Les premières dents latérales (1,2,3,4 fig. 238) montrent encore un certain état d’atrophie, la quatrième seule com- mence à présenter une forme assez nelte. Ces pièces vont en augmentant de taille à mesure que l’on s'éloigne du rachis (fig. 242) et arrivent à leur maximum vers la trentième (fig. 239); elles sont alors cinq à six fois plus longues que les premières et elles présentent un aspect unciforme bien caractérisé qui va en‘diminuant à partir de la cinquan- tième (fig. 240) et disparait presque lorsqu'on arrive aux quinze dernières (fig. 241). Sur la face latéro-interne de ces dents, presque sur le milieu de la convexité, nous avons un denticule également crochu (fig. 239), cinq fois plus petit que le crochet terminal de la dent, mais qui tend à diminuer d'importance vers la quarantième, qui se rapetisse (fig. 240) et qui finit par dis- paraître chez les douze ou quinze dernières (fig. 241). Sur cette face latéro-interne, vers la base de chaque dent, se trouve un prolongement angulaire, très aigu et un peu recourbé, dont la pointe va s'appliquer dans un creux présenté par la dent précédente (fig. 239), disposition qui donne plus de résistance à ces pièces et qui facilite leurs mouvements d'ensemble. La coloration de toutes ces dents était d’un beau jaune ambré, teinte due à la nature chitineuse de celles-ci. Un septième exemplaire pris en 1843 par M. Laucan, sur les côtes de la Nouvelle-Zélande, et provenant aussi de l'envoi du Muséum de Paris (n° 21), appartient aussi à cette espèce de Pleurobranchæa, bien que son facies extérieur s'éloigne de celui du Pleurobranchæa maculata pour se rapprocher un peu du Pleurobranchæa Novæ-Zelandiæ. Tous ses organes, comme nous avons pu le constater, ont une structure iden- tique à celle du type que nous venons de décrire. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 97 Pleurobranchæa tarda, Verril, 1880. Verril, American Journal Scienc., 1880. — Catalogue of Marina Mollusca (Trans. Conn. Acad. V, p.546, PI. LVIIT, fig, 26), 1882. Tryon, Manual of Conchology, vol. XVI (Tectibranches, par Henry A. Pilsbry), 1895;-p..225-227, PI: LIIT, fig: 86: Bergh, Pleurobranchidæ (Reisen Archipel der Philippinen von C. Semper), 1898, p. 39-41, pl. VI, fig. 28-31 et PI. VIT, fig. 1-15 et 22-27. « Coloration. — Les téguments de ce mollusque doivent être d’un rouge brun. « Corps subovale, bombé au milieu, tronqué en avant, terminé en pointe en arrière: il est deux fois plus long que large. « Manteau à surface réticulé, à lignes brunes, les réticu- lations sont plus petites en arrière qu’en avant; les bords palléaux sont presque effacés, sauf le long du flane droit où il y a un rebord assez prononcé. « Voile buecal ou céphalique peu étendu, en continuité postérieurement avec le manteau et offrant en avant un bord disposé en arc. « Pied très large, tronqué en avant, terminé en pointe en arrière; son rebord antérieur est bilobé. « Rhinophores cvylindro-coniques, très distants l’un de l'autre, auriformes. « Branchie bipennée, ayant le tiers de la longueur du corps, possédant un rachis lisse sur lequel sont insérés, au- dessus 16 pinnules et au-dessous 15. « Orifices de la reproduction placés côte à côte, offrant un bourrelet qui les entoure tous deux lorsque le pénis est rétracté; en arrière de l’orifice femelle, le bourrelet forme une lame triangulaire, plissée transversalement sur sa face interne. « Mâchoires lamelleuses constituées par de nombreux petits bâtonnets polyédriques dont les surfaces externes sont à quatre ou cinq côtés, le côté antérieur muni de cinq 58 A. VAYSSIÈRE. à sept denticules, le médian un peu plus accentué que les latéraux. « Radule ayant pour formule 70.,0,70; dents unciformes peu recourbées, inégales entre elles, et munies chacune (moins la première et les dix dernières de chaque demi- rangée) d’un fort denticule inséré sur sa face postéro- convexe. « Dimensions : longueur 30 à 40 millimètres, largeur 10 à 14 millimètres. Habitat. — Océan Atlantique, le long des côtes orientales des États-Unis (près de l'ile Block, à la hauteur de la baie de Chesapeake et de celle de Delaware) par des fonds vaseux de 50 à 400 mètres. Les deux individus que j'ai pu étudier, individus que Je dois à la libéralité de feu le professeur Lowen, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Stockholm, qui les tenait de Verril lui-même, étaient de petite taille, ils n'avaient que 14 à 16 millimètres de long sur 6 à 7 millimètres de large et 5 millimètres de hauteur maxima. Leur long séjour dans l’alcool (fig. 248) leur a fait perdre non seulement leur couleur, mais aussi une partie de l'aspect réticulé de leurs téguments; la déformation complète des diverses régions du corps ne nous permet pas d’ajouter de nouveaux détails à ceux donnés déjà dans la diagnose sur le facies de ces mollusques. Nous avons pu cependant étudier l’ensemble des prinei- paux appareils (système nerveux, organes génitaux et tube digestif) et en représenter diverses parties. Appareil génital. — Les organes de la reproduction offrent chez le Pleurobranchæa tarda une grande ressem- blance avec ceux du Plewrobranchæa maculata comme on pourra en juger en comparant les figures de ces deux systèmes organiques (fig. 247 et 249). Ces organesse composent : de la glande hermaphrodite A, enchâssée dans la partie antéro-inférieure droite du foie; d’un conduit génital commun e très sinueux, assez long et MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 09 d’un calibre beaucoup plus fort en son milieu qu’à ses extré- mités. Ce conduit se bifurque ensuite, l’une de ses branches 0v constitue l’oviducte, l’autre cd le canal déférent. L'oviducte, d’abord d’un calibre assez faible, déérit deux ou trois sinuosités assez accentuées, puis va aboutir sur le côté d’un canal beaucoup plus large 09! qui forme ia seconde partie du conduit femelle ; à sa partie supérieure, ce canal 0v' se termine par la poche copulatrice pc, pyriforme et à parois minces ; inférieurement, l’oviducte se continue par un ren- flement « formant l’utérus. À ce même renflement vient aboutir le volumineux canal excréteur des glandes À (fig. 249) de l’albumine et de Ia glaire. | Le conduit déférent cd presque dès son début traverse la glande prostatique pr, puis continue sa course directement vers la poche du pénis; arrivé en ce point, il décrit une anse le long de cette poche, puis remonte en longeant le muscle rétracteur de l'organe copulateur et forme alors une seconde anse cd! beaucoup plus longue qui va finalement se terminer au fond de la poche p du pénis. L’organe copulateur doit constituer un corps cylindro- conique assez long p qui n’est qu'incomplètement développé dans notre figure 248 ; examinée sous un fort grossissement, sa pointe offre l'aspect d’untube conique dont le revêtement externe est constitué par un épiderme épais à cellules poly- gonales allongées et irrégulières ; sous l’épiderme (fig. 250) se trouve une couche de fibres musculaires, puis une cou- che de fibres longitudinales, enfin, tapissant l’intérieur du canal, un épithélium pavimenteux. Dans l'épaisseur des pa- rois de l'organe, entre les fibres musculaires, se trouvent des lacunes permettant au sang de venir gonfler le pénis au moment de l'érection. Dans notre figure 250 les dentelures que l’on aperçoit par transparence sur les bords du pénis, en dedans du revèête- ment épidermique, sont dues à l’aspect présenté par les bords des fibres annulaires et non, comme on pourraitle croirede prime à bord, à la présence de denticules chitineux. 60 A. VAYSSIÈRE. En arrière de l’orifice externe femelle nous avons repré- senté dans notre figure 248 le prolongement lamelleux trian- gulaire inséré sur le bord postéro-inférieur de cet orifice; cette lame offre de ‘huit à dix plis transverses. Collier æsophagien. — La partie centrale du système ner- veux est constituée par quatre ganglions reliés par des con- nectifs cérébro-pédieux et des commissures interpédieuses, proportionnellement un peu plus courts que ceux du collier œsophagien du P/. Meckeli, ce qui diminue assez l'étendue du collier chez le PJ. tarda. Les deux ganglions cérébroïdes cubiformes sont comprimées et sans trace de mamelons coniques analogues à ceux du Meckeli; accolés l’un à l’autre, ils donnent naissance à tous les nerfs de la région céphali- que ; les troncs nerveux olfactifs présentent chacun un gan- glion à la base du rhinophore qu’il innerve. Les deux ganglions pédieux ont absolument la même forme que ceux du Meckeli (fig. 205); comme ces derniers, ils offrent un otocyste ovoïde sur leur bord externe. Le ganglion viscéral petit, un peu ovoïde, sans trace de divisions, est rattaché au ganglion cérébroïde de droite par un connectif assez fort, de longueur presque égale à celle des connectifs cérébro-pédieux de ce côté; quant au con- nectif qui le relie au ganglion cérébroïde de gauche, il est très grêle et demeure accolé au collier sur toute sa longueur, ce qui rend sa recherche assez difficile. Les ganglions buccaux, très ovoïdes, même un peu fusi- formes, sont réunis l’un à l’autre par leurs pointes internes. Les nerfs œsophagiens donnent chacun un petit ganglion nerveux, placé non sur le tronc, mais sur unede ses premiè- res ramilications ; de ce ganglion partent plusieurs filets dont on peut d'autant mieux suivre les traces que les parois de cette portion de l’æœsophage sont complètement noires. A ppareil digeshf. — Autour de l'orifice buccal, lorsque la trompe est projetée, nous avons un cercle brun assez foncé (Hig. 248) dù à la coloration de l’épithélium tapissant les parois de la cavité buccale. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 61 Le bulbe de forme cylindrique assez allongé, offre un peu en arrière de son milieu deux forts prolongements latéraux très arrondis, qui avecle prolongement en cœcum du four- reau radulaire, donnent un aspect de trèfle à l’ensemble de l’organe. Quant à l'œsophage, il prend naissance sur le bulbe entre ses prolongements latéraux ; ses paroissont assez épaisses et d’un beau noir. L’estomac qui lui fait suite, ainsi que l'intestin, ont, au contraire, des parois d’un blanc jaunâtre. Laissant de côté la description des régions moyenne et postérieure de l'appareil digestif qui n’offre aucun intérêt spécial à cause de leur ressemblance avec celles du PJ. Meckeli, je vais décrire les pièces chitineuses de la cavité buccale. Mächoires. — Les lames masticatrices, aussi développées que chez les espèces précédentes, tapissent presque l'entrée de la cavité buccale ; contiguës à la face dorsale, elles sont quelque peu distantes l’une de l’autre à la face ventrale. Les nombreux petits bâtonnets qui constituent ces lames (fig. 252) sont polyédriques, à arêtes souventarrondies ; leur surface externe forme des polygones à quatre ou cinq côtés (fig. 253), dont les bords antérieurs présentent de cinq à sept denticules, le médian d'ordinaire un peu plus fort que les latéraux. Radula. — Cet organe lamelleux, près de deux fois plus long que large, supportait chez nos deux spécimens de trente-deux à trente-trois rangées de dents, ayant pour formule 70,0,70 ; une quinzaine de rangées étaient étalées sur le mamelon charnu de la langue ; les autres roulées sur elles-mêmes sont contenues dans le fourreau radulaire. Les dents légèrement unciformes, proportionnellement massives chez cette espèce, sont toutes d’une belle colora- tion jaune d'ambre ; nous n'avons trouvé aucune trace de dents médianes dans toute l'étendue du rachis. La première dent latérale (fig. 251, /) est dépourvue de denticule, il en est de même chez les dix ou douze derniè- 62 A. VAYSSIÈRE. res (08), tandis que toutes les autres sont munies sur le mi- lieu de leur partie convexe, d’un denticule dont la taille va en augmentant de la deuxième dent (2), à la huitième (8); à parlir de cette dernière, le denticule ainsi que la dent offrent les mêmes dimensions jusque vers la quarantième; puis ces pièces diminuent de taille (44), le crochet terminal se re- dresse de plus en plus et le denticule s’atrophie progressive- ment, de telle sorte que chez la cinquante-sixième(50,fig.251) il n’est plus représenté que par une simple petite pointe à peine distincte. Dans la cavité buccale et dans l’œsophage de l’un de mes deux individus j'ai trouvé des débris alimentaires contenant de nombreux spicules longs et capités (fig. 254), en forme d’épingle; ces spicules doivent appartenir à une espèce d'éponges (Suberites ?) dont ces mollusques font leur nourriture. Pleurobranchæa Brocki, Bergh, 1897, Bergh, Die Pleurobranchiden (Reisen im Archipel der Philippinen von C. Semper), p. 41-46, PI. IV, fig. 8-17. « Coloration générale d’un brun foncé chez l’animal con- servé dans l’alcool, teinte qui devait être rouge brun chez le mollusque frais. « Corps très allongé, ovale convexe, assez épais. Voile buccal trapéziforme, assez large mais très court, à bord an- itrieur convexe présentant douze à seize petites digitations coniques; en continuité avec ce dernier se trouve le manteau, ici assez étendu, avec un bord gauche peu prononcé, et un bord droit assez large pour cacher la branchie. Rhinophores lamelleux, cylindro-coniques, assez écartés l’un de l’autre. « Branchie bipennée, étalée, ayant les deux cinquièmes de Ja longueur du corps et possédant quarante et une pin- nules au-dessus de son rachis et quarante au-dessous. « Pied très grand, débordant sur les côtés du manteau et surtout en arrière où 1l se termine en pointe arrondie ; en MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 63 avant il est tronqué et son bord est bilabié sauf au milieu. « Toute la surface dorsale du manteau et du pied est ma- melonnée, tandis que leur face inférieure est lisse. « Organes génitaux offrant au début de l’oviducte un petit cæcum spiral, portant directement inséré sur le commen- cement du dernier tiers la poche copulatrice ; pénis volumi- neux, Cylindro-conique, à surface finement striée transver- salement, pouvant se retirer en entier dans une vaste gaine à parois très minces. « Mâchoires lamelleuses, à bords latéraux sinueux, deux fois plus longues que larges, constituées chacune par une multitude de petits bâtonnels courts, à surface polygonale irrégulière (4 à 6 côtés) à angle antérieur très finement dentelé. « Radula presque aussi large que longue, offrant trente- quatre rangées de dents, ayant pour formule 68,1,68; dent médiane en forme de A, atrophiée, pelite et très caduque occupant le milieu d’un rachis assez large; dents latérales de dimensions variables {du simple au quadruple dans leur longueur), suivant leur rang. La première et les deux outrois dernières ont un denticule latéral à peine indiqué, mais qui est bien constitué chez les autres. « Dimensions : 79 millimètres de longueur sur 32 milli- mètres de largeur et 17 de hauteur. » Habitat. — Côtes de l’île d'Amboine. Cette espèce qui a été créée et décrite par Bergh en 1897 dans sa Monographie de Pleurobranchidés, a été dédiée par le naturaliste danois à feu le professeur Brock duquel il tenait les spécimens. Nous-même nous avons pu étudier . ce Pleurobranchæa d'après un individu trouvé dans l’envoi de Tectibranches que Brock nous avait fait en 1888, peu de temps avant sa mort. L'étude anatomique de ce mollusque nous permet de confirmer les observations de notre ami le D’ Bergh, et de les compléter sur quelques points. Les individus de grande taille de cette espèce, lorsqu'ils Gi A. VAYSSIÈRE. sont en marche doivent atteindre et dépasser même les di- mensions du P/. Meckeh, mais comme facies général ils se rapprocheraient davantage de l'aspect du P/. Novæ-Zelandiæ dont nous avons donné une reproduction coloriée à la PI. 15 (fig. 28) de la première partie de notre Monographie; comme chez cette espèce, le manteau est très étendu et son bord droit peut recouvrir en entier la branchie. La coloration était assez mal conservée chez notre indi- vidu ; à la surface des téguments des diverses parties du corps l’on constatait des restes du revêtement pigmentaire, restes d’un brun foncé que le moindre frottement détachait ; comme nous le disons dans notre diagnose, chez l'animal vivant ce pigment devait être d’un rouge brun analogue à celui que l’on observe chez le Pleurobranchus Perrieri. En dehors de cette teinte générale y avait-il des taches ou des trails d’une coloration différente, nous ne pouvons le dire, l'état de conservation de notre exemplaire ne nous a pas permis de constater s'il en existait. Le pied, un peu plus large que le manteau, se terminaiten arrière en pointe arrondie et offrait à sa face postéro-infé- rieure une glande pédieuse peu développée, mais qui était très visible à travers les téguments. Aucune trace de tuber- cule conique à la face postéro-dorsale. Système nerveux. — Cet appareil organique présente dans sa partie centrale (collier œæsophagien) une similitude telle avec celui du P/. Meckeli que. nous avons pris pour type du système nerveux dans ce genre, qu'il est inutile de re- commencer 1ci sa description ; je renvoie le lecteur à ce que j'en ai dit plus haut et à la figure que je donne PI. IE. Le centre viscéral placé à droite, constitué par quelques cellules nerveuses, est tout à fait au niveau du ganglion pédieux de ce côlé comme chez les P/. maculata et tarda. Contre la base du pénis nous avons un petit ganglion py- riforme qui envoie des filets nerveux aux diverses annexes de l’appareil reproducteur. Appareil génital. — Chez le PJ. Brocki ce système orga- MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 65 nique offre un certain nombre de dispositions qui lui sont propres et qui le différencient des espèces voisines. Bergh dans sa Monographie donne une figure d'ensemble de cet appareil, chaque partie de celui-ci étant dans sa position naturelle ; notre dessin (fig. 255) le représente un peu étalé pour mettre en relief chaque annexe. La glande hermaphrodite Æ7 d'aspect assez grenu et d'une teinte jaune cendrée occupe toute la partie antéro-inférieure droite de la masse hépatique ; de cette glande part un con- duit génital commun e, très sinueux, d'un calibre moyen sur toute sa longueur et d’une teinte ocre brunâtre très pâle. Ce conduit passe au-dessus des annexes femelles et va aboutir à la face postérieure de la prostate pr. Au moment de tra- verser celte glande, le conduit se bifurque, la branche prin- cipale forme l'oviduete, l’autre, beaucoup moins grosse, constitue le point de départ du canal déférent. L'oviducte 0, presque dès son début, offre un tube 4, sorte d’appendice cæcal, contourné cinq fois sur lui-même en tire-bouchon ; cet appendice, d’une coloration jaune paille, a un aspect gaufré et constitue une sorte de glande annexe. Le canal femelle continue sa course en arrière, augmente progressivement de volume et décrit deux ou trois circon- volutions, puis se dirige en avant vers l’orifice externe de la reproduction ; sur toute l'étendue de sa partie sinueuse or les parois de l’oviducte sont blanchâtres et délicates, mais dès que ce canal se dirige en avant, elles deviennent jaunà- tres et s'épaississent. C’est en ce dernier point ov' que s'in- sère la poche copulatrice pce, grande vésicule sphérique d'un jaune verdâtre, à parois délicates, qu’il est difficile d'isoler sans la déchirer. Un peu avant d'arriver à l’orifice externe, presque à la ré- sion utérine w, se trouvent deux petits diverticulums coni- ques d, destinés probablement à augmenter les dimensions de l'utérus, car rien dans l'épaisseur de leurs parois charnues ne semble leur assigner un autre rôle. * Dans l’utérus vient déboucher le volumineux mais très ANN. SC. NAT. ZOOL. XII, 5 66 A. VAYSSIÈRE. court conduit excréteur des glandes annexes À de la glaire et de l’albumine ; cette dernière d’une teinte jaune clair forme au centre de l’autre un petit amas en losange fine- ment grenu qui tranche au milieu des grosses granulations et des sinuosilés des tissus un peu hyalins de la glande de la glaire. | Quant au canal déférent cd, après avoir traversé la pros- late pr, glande très finement grenue, discoïde et d’une teinte ocre jaune, il se dirige vers l'extrémité cæcale de la volu- mineuse gaine du pénis. Pour arriver en ce point le canal déférent cd, qui est très grêle, d’un aspect luisant, à parois épaisses mais cassantes demeure accolé au muscle rétrac- teur m du pénis dont nous n'avons représenté qu’une partie dans notre figure 255. Ce muscle va s’insérer au milieu de la race interne des parois latérales gauches du corps de ce mollusque. L'organe copulateur ou pénis est constitué pär un long. tube conique (fig. 256), d’un aspect nacré et à parois lisses lorsque l'organe est en pleine érection, mais qui sont plus ou moins plissées annulairement suivant l’état de contrac- tion de l'organe. Le pénis forme une sorte de sac à parois très résistantes, bien que peu épaisses, rempli par une sorte de tissu muqueux au centre duquel se trouve le pro- longement du canal déférent ; c’est une structure interne spéciale que nous n'avons encore observée que chez le PE4, Brocki. L’extrémité libre du pénis,lorsqu'elle st un peu contractée, dans l’état où nous l'avons représentée (fig. 256), ressemble assez à l'extrémité d'un lombric. Appareil digestif. — L'orifice buccal externe est suivi d’une trompe à parois épaisses, offrant à son intérieur de nombreuses petites papilles sécrétant un mucus destiné à agglutiner les particules alimentaires et les petits animaux passant à sa portée. Le bulbe buccal que nous trouvons à la suite présente l'aspect d’un corps en forme de cube allongé, ayant chez MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCUHIDES. 67 notre individu 20 millimètres de long sur 10 à 12 millimè- tres de large et 11 de haut ; le bulbe est un peu moinslarge en son milieu (9 à 10 millimètres) qu'à ses extrémilés, sur- tout la postérieure qui arrive presque à 13 millimètres. A la face supérieure, au niveau de son dernier tiers, sort l’œsophage, tube de 4 millimètres de diamètre, d’une teinte noirâtre (noir violacé) qui tranche sur la coloration blanc jaunâtre nacré des nombreuses bandelettes musculaires lon- gitudinales, transverses ou obliques, qui limitent les parois du bulbe. En dessous de l’œsophage, sur le milieu de la face posté- rieure du bulbe,nous trouvons l'extrémité du fourreau radu- laire qui forme un cône de 4 millimètres de saillie. Quelques millimètres en avant de l'insertion œsopha- gienne vient déboucher dans la cavité buccale le conduit excréleur de la glande ptyaline ou glande salivaire supplé- mentaire de Lacaze-Duthiers. Les nombreuses ramifications de cette glande forment un réseau à mailles très serrées, qui recouvre toute la masse viscérale et qui pénètre même entre les organes. De chaque côté de l’æœsophage viennent s'ouvrir les con- duits excréteurs des glandes salivaires ; chacun de ces deux conduits, 3 millimètres avant de pénétrer entre les bandes musculaires du bulbe, se renfle légèrement. Le tube digestif, après un court trajet de 15 millimètres, région formant l’œsophage, se renfle sur une étendue presque aussi considérable pour former une cavité stomacale dont les dimensions précises étaient chez notre animal 14 millimètres de long sur 7 millimètres de largeur maxima; toute la surface externe de l'estomac est enveloppée de nombreuses petites bandelettes blanchâtres, disposées transversalement, formant des anneaux successifs. . Peu en arrière de l’estomac, le tube digestif vient s'acco- ler contre la masse hépatico-hermaphrodite, adhérant forte- ment aux tissus du foie, l'intestin forme en ce point un renflement un peu plus petit que celui de l'estomac, dans 68 _ A. VAYSSIÈRE. lequel viennent directement déboucher les nombreux conduits excréteurs hépatiques. | L'intestin se dirige transversalement de gauche à droite, en pénétrant davantage dans la masse hépatique, traverse quelques ramifications de la glande hermaphrodite et va aboutir # l’orifice anal placé au-dessus de l'insertion bran- chiale, entre elle et le bord droit du manteau. Si l’on ouvre le tube digestif dans toute son étendue, du bulbe à l'anus, l’on remarque que l'aspect des parois inter- nes varie avec les régions. Dans l’œsophage ces parois, d’une belle coloration noir velouté qui s'arrête netle au niveau de l'estomac, offrent quelques plis longitudinaux peu marqués et de nombreux replis transverses sinueux. A l’intérieur de la cavité stomacale les plis longitudinaux sont très nombreux, sinueux et proéminents, ce qui vient encore augmenter l'épaisseur des parois ; la coloration de celles-ci, ainsi que celle des parois internes dureste du tube digestif, est d’un jaune rosé très pâle. L’intestin proprementdit, aussi bien dans le renflement où débouchent les conduits hépatiques que dans sa région rec- tale, montre des parois avec plis longitudinaux disposés en feuillets, plis plus ou moins prononcés mais toujours lisses. Mächoires. — Les deux lames masticatrices, disposées sur les côtés de la cavité buccale et se prolongeant jusqu’au fond de cette cavité, se touchent presque à la face dorsale, tandis qu’elles laissent entre elles un intervalle de 3 à 4 mil- limètres à la face ventrale ; elles sont ovales avec bords la- téraux sinueux (fig. 257). L'épaisseur de ces lames est peu considérable chez le PE, Brochi et les bâtonnets en nombre très considérable qui composent chacune d'elles sont si intimement unis les uns aux autres qu'il n’est pas possible deles isoler. Les surfaces externes de ces bâtonnets sont polygonales (4 à 6 côtés), polygones allongés (fig. 258) dont les sommets antérieurs, légèrement proéminents, forment une sorte de denticule à bords sinueux. dore \ in | MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 69 Ces bâtonnets sont très faiblement colorés en jaune ver- dâtre, ce qui donne aux mâchoires elles-mêmes une teinte jaune très pâle. Radula. — Cet organe constitue une lame de 18 millimè- tres de longueur sur 14 de largeur ; cette lame est divisée longitudinalement en deux parties symétriques par un sillon assez large qui forme le rachis de la radula. Sur cette lame linguale de notre unique spécimen de PI. Brochi nousavons constaté la présence de trente-quaire rangées de dents, les premières comme toujours incom- plètes sur les bords. La formule dentaire était 68,1,68. La dent médiane est très petite, atrophiée, comme on peut le constater sur notre figure 260; nous n'avons constaté dans la longueur du rachis que cinq de ces petites pie les autres étaient tombées. Quant aux dents latérales, elles sont très inégales entre elles, en longueur et en largeur, comme on peut s’en rendre compte dans notre figure 259 qui représente treize dents d'une même demi-rangée, mais occupant une position diffé- rente, comme l’indique le numéro d’ordre placé au-dessous de chacune d'elles. Toutes ces dents sont pourvues sur leur partie convexe interne d'un denticule, à peine indiqué sur la première, mais qui dès la seconde est bien conformé; ce denticule va en augmentant progressivement avec le volume de la dent. À partir de la quarantième il devient plus grêle, diminue peu à peu de longueur et disparaît presque chez les deux ou trois dernières dents. Pleurobranchæa Novæ-Zelandiæ, Cheesemann 1878. Proced. Zool. Societ. London, p. 276, PI. XV, fig. 3. Coloration gris brunâtre, avec nombreuses lignes et taches plus foncées, et ponctuations blanches presque mi- eroscopiques. | «Corps ovale allongé, convexe, épais et charnu, à sur- 70 A. VAYSSIÈRE. face ridée, mais, en dehors des rides, lisse et gluante. « Voile buccal trapéziforme, à bord antérieur légèrement frangé, avec angles latéraux longs et très aigus; manteau recouvrant plus des deux tiers de la surface du dos, un peu moins large que le pied, ayant ses bords latéraux peu éten- dus, celui de droite ne recouvrant pas tout à fait la branchie. « Rhinophores cylindro-coniques, formés chacun par une lame enroulée sur elle-même. « Branchie assez longue, ayant près de la moitié de la longueur du corps, constituée par un rachis inerme de chaque côté duquel se trouvent insérées 17 (ou 30) pinnules finement pectinées. « Mâchoires lamelleuses, trois fois plus longues que lar- ges formées par une multitude de bâtonnets cornés assez courts, polyédriques, à cinq à six pans ; facettes supérieures penta ou hexagonales avec striations se terminant en avant par de courtes dentelures. « Radula grande offrant quarante-cinq à quarante-huit rangées de dents ayant pour formule 80,0,80 à 90,0,90 ; dents inégales, la plusinterne et la plus externe étant quatre fois plus courtes que celles du milieu, et une dizaine de fois moins volumineuses. « Dimensions: 60 à 82 millimètres de long, sur 32 à 44 mil- limètres de large. » Habitat : es de la Nouvelle-Zélande (baie d’Auckland (Cheesemann); Port-Nicholson (Capitaine Hutton) ; baie d'Akarva (Henry Suter). Dans des fonds sablonneux ou va- seux presque au niveau des marées basses. Malgré de nombreuses démarches auprès de divers natu- ralistes néo-zélandais, n'ayant pu arriver à me procurer quelques spécimens de cette intéressante espèce de P/euro- branchæa, je suis réduit, pour établir la diagnose, à la note de Cheesemann et à la description un peu plus étendue de Bergh {Die Pleurobranchidien, p. 150-152, 154-155). Au point de vue du faciés, c'est au mémoire de Cheese- MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 71 mann que j'ai emprunté la figure coloriée que j'ai donnée dans la première partie de ma Monographie des Pleuro- branchidés (PI. 15, fig. 28). Cette figure, d’après les diagnoses de mes prédécesseurs, devrait être un peu moins rougeâtre, il faudrait qu'elle donnât davantage sur le gris brunâtre; la teinte de mon dessin ressemble cependant beaucoup à celle que Cheese- mann a donnée au sien. À la face inférieure du pied, d’après Berg (p. 150), la coloration serait gris cendré pâle. Comme facies, le dessin de Cheesemann que j'ai reproduit fidèlement présenterait un défaut; l’on dirait que le voile buccal n’est pas en continuité directe avec le bord antérieur du manteau comme chez tous les P/eurobranchæa, mais que ce dernier au contraire viendrait le recouvrir en partie comme cela existe chez les Perthella et les Pleurobranchus. Les dia- onoses de Cheesemann et de Bergh ne laissent cependant rien supposer de semblable; notre reproduction coloriée offre donc une erreur que le lecteur devra corriger par la pensée, en attribuant à cette partie antérieure du corps la disposi- tion qu’elle présente chez le P/eurobranchæa Mekeli (voir : notre fig. 29 de la PI. 15). La plume branchiale ne posséderait d’après ces deux naturalistes que 17 pinnules de chaque côté de son rachis, cependant Bergh, à la page 151, en décrivant avec un peu plus de détails l'organe respiratoire, parle de 30 pinnules de chaque côté. C'est au mémoire du savant naturaliste danois que je renvoie le lecteur pour tout ce qui concerne la structure du collier œsophagien et du tube digestif; il ne trouvera rien sur les autres organes; il est regrettable que Bergh n'ait pu étudier l'appareil génital, la connaissance de celui-ci étant d’une très grande utilité dans la description d’un Pleurobranchæa. Nous regrettons que cette description du P/eurobranchæa Novæ-Zeiandiæ ne soit pas accompagnée de figures dans le mémoire de Bergh, surtout de quelques dessins de pièces 72 A. VAYSSIÈRE. mandibulaires et radulaires, leur connaissance étant indis- pensable pour bien déterminer une espèce. Pleurobranchæa obesa, A.-E. Verril, 1882. Synonyme : Koonsia obesa, Verril. Catalogue of marine Mollusca added to the fauna of New-England during the past ten years (extr. Trans. of the Connecticut Academy, 1882, vol. V, part. 2, p. 546) et Res. of the Explor. made by the steamer Albatross, 1885, p.571, PI. XXVIIT. Bergh, Pleurobranchiden (Reisen im Archipel de Philippinen von C. Semper), 1897-1898, p. 30-33, PI. VII, fig. 19-21. « Coloration à la face dorsale d’un jaune brun plus elair ou plus obscur, avec un réseau brun, à l’intérieur des mailles se trouvent des taches blanches. — Orifice buccal d'un brun pourpre ainsi que la branchie. « Pied d’une teinte jaune saumon. — Corps ovale, court, mais assez large; voile buccal à bord antérieur dentelé; manteau à bords développés et bien délimités. — Tubercule conique à la face postéro-dorsale du pied. Pénis armé de petits crochets chitineux? ». Habitat. —- Océan Atlantique occidental (côtes des États- Unis) et mer des Antilles. Cette espèce, pour laquelle Verril avait cru devoir créer le genre Xoonsia, ne nous est connue que par la courte diagnose et le dessin noir que ce naturaliste en a donnés en 1885 dans les résultats scientifiques du voyage de l’A/batros; el aussi par la description un peu plus détaillée de ce type que nous avons trouvé dans l'ouvrage de Bergh «Die Pleuro- branchiden» , p. 30-33, PI. VIL, fig. 19-21. Le facies de ce mollusque, qui appartient bien au genre Pleurobranchæa, rappelle tout à fait le P/eurobranchæa Mec- kel; comme celui-ci, il est pourvu à sa face postéro-dorsale d’un tubercule conique un peu recourbé. À notre connais- sance, dans ce genre, ce sont les deux seules espèces munies de cet appendice. Dans notre PI. 15 de la première partie de cette Monographie, l’on pourra comparer les dessins de MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 13 facies de ces deux espèces et constater la ressemblance qui existe entre eux. Le Pleurobranchæa obesa serait-il une variété du Meckelr, ou bien constituerait-il une espèce bien distincte? Une étude plus détaillée de tous les systèmes organiques que celle que Bergh a pu faire, nous paraîtrait nécessaire pour lever tous les doutes; des dessins de ses différents organes seraient également indispensables, car les figures de trois dents radulaires de l’obesa que donne Bergh sont insuffisantes pour mettre en relief les caractères spécifiques de cet animal. Verril, au sujet de l'organe copulateur de ce type, dit qu'il est armé de crochets; nous avons reproduit cette assertion dans notre diagnose, bien qu’elle n'ait pas été vérifiée. Quant au genre HALIOTINELLA de Souverbie, placé par P. Fischer à la fin de la famille des Pleurobranchidés dans son Manuel de Conchyliologie (1887, p. 573) et par H.-A. Pilsbry au milieu de ce même groupe de Mollusques (Manual of Conchology of Tryon, t. XVI, p. 209-210), il ne doit pas faire partie de cette famille de Tectibranches, et c'est avec raison que ces deux naturalistes font précéder ce nom générique d'un point d'interrogation. Ce genre Haliotinella, créé par Souverbie en 1875 (Jour sai de Conchyliogie, 1. XV, p. 33), n’est établi que d’après une coquilie trouvée en Nouvelle-Calédonie par le père Mon- trouzier; celte coquille seule ne peut suffire à déterminer la création d’un genre, d'autant plus qu’elle paraît offrir surtout de l’analogie avec celle des Sigaretus. Le genre GYMNOTOPLAx à été créé par Pilsbry en 1896 (Manual of Conchology de Tryon, t. XVI, p. 210-212) pour quelques P/eurobranchus (Pl. americanus de Verril, et scu- 14 A. VAYSSIÈRE. tatus (Martensi) de Martens), qui d'après lui auraient le milieu de leur manteau perforé, laissant un peu à nu une portion de leur coquille comme cela s'observe chez les Aplysia. Nos observations et celles de Bergh ne nous ont pas montré ce Caractère; aussi supposons-nous que dans les spécimens observés par Pilsbry ce caractère est tout à fait accidentel, dû peut-être à quelque déchirure du manteau. Cette coupe générique, en conséquence, ne doit pas être maintenue, comme nous l'avons déjà dit dans une note, à la page 297 de la première partie de notre Monographie. Les dénominations génériques de Gervisia (Quoy et Gai- mard, d’après Rang), de Wes{ernia, des mêmes natura- listes, sont synonymes de P/eurobranchus dans le sens le plus large. Quant à celles du Pleurobranchæa, d’Orbigny 1837, et de Posterobranchus, de Rochebrune 1881, elles s'appliquent à des types de mollusques de la famille des Bullidés, section des Doridiidés, et sont synonymes d'A glaja ou de Doridium. Le genre Pleurobranchillus a été créé par Bergh en 1893 pour un type de Pleurobranche pourvu d’une coquille, trouvé dans les dragages de l’AÆirondelle, près des îles Açores: il l’avait dénommé P/. morosus et avait joint à celui-ci son P/. Brokù des côtes de l’île d'Amboine. Ce genre ne doit pas être maintenu et doit être mis en synonymie, car, comme l’a reconnu Bergh, dans sa Monographie des Pleu- robranchidés (p. 3 et 6), ces deux espèces de mollusques sont des P/eurobranchæa. Quant au genre Oscaniella que Bergh a également créé (1897) pour les espèces suivantes : purpurea Bgh, des îles Philippines; diversicolor, Bgh, d’Amboine; a/finis, Bgh, des Philippines; styphla, Bgh, d'Amboine:; granulata, Krauss, du cap de Bonne-Espérance:; et areolata, Morch, des Antilles, MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 75 ce genre ne nous semble pas devoir être maintenu, les caractères signalés par le naturaliste danois ne sont pas suffisants pour séparer ces divers types dont le facies à l’état frais est inconnu. Attendons pour établir de nouvelles coupes génériques dans la famille des Pleurobranchidés, à moins que ces nouvelles divisions ne reposent sur des caractères anatomiques comme ceux du genre Oscaniopsis de Bergh lui-même, de mieux connaître ces mollusques, de les avoir eus vivants pour pouvoir donner des indications précises sur leurs formes extérieures en même temps que celles ba- sées sur la structure des pièces masticatrices et radulaires. On ne peut guère, selon nous, mettre dans ce même genre Oscaniella des espèces de Pleurobranchidés munies en partie de dents radulaires lamelleuses dentelées (Osc. affinis) et des espèces à dents radulaires unciformes; comme nous l'avons dit précédemment (p. 253 de notre première partie), ce caractère à une importance suffisante pour séparer ces espèces en deux groûpes principaux : celles à dents lamel- leuses dentelées dans le genre Berthella, les autres dans le genre Pleurobranchus ou dans un de ses sous-genres. Cependant Bergh semblerait avoir trouvé quelques es- pèces, appartenant à son genre Oscaniella dont les dents latérales internes seraient unciformes et les dents latérales Jamelleuses et dentelées (Osc. affinis, styphla). Comme nous l’avons dit au début de cette deuxième partie (p. 4), Bergh a mis en synonymie certaines de nos espèces, en dehors des espèces réellement nouvelles qu'il a créées et que nous ne pouvons identifier à aucune des nôtres. Nous allons en donner une liste, ainsi que de celles que Bergh a signalées que nous ne connaissions que de nom, sans possé- der sur elles la moindre description; ces espèces disposées par lettre alphabétique seront chacune accompagnées d’une indication renvoyant le lecteur à la partie du mémoire du naturaliste danois, où se trouve leur diagnose. En dehors de ce renseignement, nous ne donnerons que le lieu d'habitat. ‘76 A. VAYSSIÈRE. Liste des espèces nouvelles de Pleurobranchidés, décrites par Bergh en 1897 (loc. cit.). Pleurobranchæa Agassizt, Bergh, 1897, p. 48-49, PI. VII, fig. 28-32. Hab. — Océan Atlantique occident. (canal de Bahama). Pleurobranchæa inconspicua, Bergh, 1897, p. 49-51, PI. VIII, fig. 2-10. Hab. — Océan Atlantique (côtes du Brésil) Oscaniopsis Semperi, Bergh, 1897, p. 54-57, PI. VI, fig. 11-31. Hab. — Iles Philippines. Oscanius Petersi, Bergh, 1897, p. 89-91, PI. XI, fig. 39-47. Hab. — Océan Indien (côte de Mozambique). Oscanius Semonis, Bergh, 1897, p. 91-93, PI. XIL, fig. 21-31. Hab. — Amboine. Cette espèce est bien voisine par la forme de sa coquille et par quelques autres caractères du Pl. Forskali d'E. Ruppel, 1828, qui habite la mer Rouge. Oscaniella purpurea, Bergh, 1897, p. 95-99, PI. VII, fig. 28-39. Hab. — Iles Philippines. Elle serait synonyme de notre Pleurobranchus Perrieri, qui a été créée en 1896 (Jowrn. de Conchyl.) et décrite plus longuement dans notre pre- mière partie, p. 321-327, fig. 127-134. Oscaniella purpurea, Bergh, variété, p. 100-103, PI. XI, fig. 48-51 et PI. XII, fig. 1-12. Hab. — Ile Maurice. Cette variété serait peut-être le Pleurobranchus Peroni de Cuvier Te nous décrivons, p. 308-315 de notre première partie, fig. 108-113. Oscaniella diversicolor, Bergh, 1897, p. 103-105, PI. IX, fig. 1-8. Hab. — Mer des Moluques. Oscaniella affinis, Bergh, 1897, p. 105-106, PI. IX, fig. 23-30. Hab. — Iles Philippines. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. T1 Oscaniella styphla, Bergh, 1897. p. 107-110, PL. IX. fig. 9-46. Pleurobranchus sideralis, Loven, 1846, p. 426-129, PI. IX, fig. 51-53, PL. X, fig. 1-11. Hab. — Côtes de Norwège. Pleurobranchus Cuvieri, Bergh, 1897, p. 129-131, PI. XI, fig. 19-27. Hab. — Ile Maurice. Cette espèce est probablement le eine PI. Peroni de Curier. Pleurobranchus papuligerus, Bergh, 1897, p. 131-132, PL. XI, fig. 1-11. D'après Bergh, cette espèce serait peut-être notre PI. Mobü (Journ. de Conchyl. 1896. ) Les Pleurobranchus quadridens et circularis de Morch appartiennent bien au genre Berthella par la forme lamelleuse de leurs dents radulaires. Pleurobranchus Strubelli, Bergh, 1898, p. 138-142, PI. X, fig. 20-30. Hab. — Ile d Re Cette espèce a quelque ressemblance avec notre Berthella Brocki du nal de Conchyliologie, 1896), que nous décrivons en détail dans notre première partie, p. 258-261, fig. 1-13. Pleurobranchus diaphanus, Bergh, 1898, p. 142-144, PI. X, fig. 38-46. Hab. — Les îles Philippines. Pleurobranchus Platei, Bergh, 1898, p. 144-146, PI. XI, fig. 28-38. .Hab. — Les côtes du Chili. Certaines de ces dernières espèces seraient pour moi de véritables Berthella, d’autres des Pleurobranchus. De nou- velles observations faites sur des animaux frais, portant sur l'étude de tous les organes sont indispensables pour trancher les différences d’appréciations que l’on peut cons- tater entre Bergh et moi. Aux naturalistes voyageurs de prendre sur place de bons dessins coloriés de ces divers mollusques et de faire ensuite leur anatomie: ils apporte- ront ainsi des preuves irréfutables au lieu de probabilités dont on doit se contenter lorsqu'on étudie des animaux mous conservés dans l'alcool depuis de nombreuses années. INDEX ALPHABÉTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES DE PLEUROBRANCHIDÉS ÉTUDIÉS DANS LA PREMIÈRE PARTIE DE CETTE MONOGRAPHIE (Annales des Sciences Natur. Zoologie, 8° série, t. VIII) ET DANS CETTE DEUXIÈME ET DERNIÈRE PARTIE. GENRES. Toue VII] Tome X Pages. Pages. Berthe Blainville MAS 25 RNA TRES 255-256 BROCH A INIAYSSICNE ASIE EAN ERRENER EEE 256-261 CURCUIAISS MOLChMIS CO EP CREER RE 271 CANAL EUCE AR MODS ER ER EEE ER ERREEETER 261-265 Edo ns AN AYSSIÈRE MSI O EEE REP EPP PER EER 265-268 oranuliia KTaUuSS MISE EPP ERP EP RECRÉER .. 268-271 puma Montacu MBUSEEE ERP R PETER PRUTE 211-277 quaddens eMOLChAMSOO MER PLEASE TAN 218-279 Bouvrenid PAIN EYSSIERE MISUOPEE EEE PERRET TETE 280-281 ROM AIO, ABUS 00e sc 6ecooovoccoacoe 281-285 ocellataDelle Chi) e ASS PER ECP Er EEREERERE 285-289 DOtntjomcCL AO LbIENy, AS EC ES REP CEE EEE 289-291 bertonatas Philip DIABLE EC PÉRCRRELERRERR 291-297 Sn, Marian AD ee doses eovevobeuse 297-302 Stellata AR ISS 0 182.650 2 ENS ER EN 302-307 Cléanthus, Leach, syn. de Pleurobranchus...........,... 399 Cyanoguster, Rud., syn. de Pleurobranchæa............. Discoïdes, Renier, syn. Pleurobranchus......,........... Buselenops Pilsbry 48961Syn OSCamus ERP RE SCE 380 Gervisia (Quoy et Gaim.), Rang, syn. Pleurobranchus .... 7% Gymnotoplax, Pilsbry, 1896, syn. Pleurobranchus . ....... 13 HaholinellutSouvesbie ASTON EEE ER EEE 13 Koonsia, Verril, 1880, syn. Pleurobranchæa............. 72 Lamellaria, Montagu, 1811, syn. Oscanius............... 382 Neda, H. et A. Adame, 1858, syn. Oscaniopsis, ........... 245 OscantellaRBer eh AS ERRPPENPAP ARE EE RE Al 74-75 Oscamapsis Bench MSIE EP EMPE EEE AE AA À y, (AR 6-16 Amboinet, CAE NV ass AS TR ER RER 16-21 COMPARE LANMIS ONE PERMET 21-22 SOUS IPONACRÉNVE UE IRAN MARNE ET ANA AE 22-22 Oscanius Meache SAT PACE PAU RE RTE EEE 380-381 memonanuiceus Montaeu, ASIE NEC 382-388 SempertANEVSSière, SNL AIN. RE EPAONEESENRNRE 371-319 ComnuIus OuoetGamard AS LEP ESC" 379-380 PRE MaULEnes AO ER NC 20 se 22-42 MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 19 GENRES. Tome VIII|TomE X Pages. Pages Pleurabranchæa Meckeli, Leue, 181432 ".% 2442 000.20 42-46 » var. accidents Berre ASIE UE 46 RO GONE SE TONER TONNES PRET 62-69 CHNENSISNPANNANISSIÈTE ASDI EE CEE L PEER C 46-49 maculata, Quoy et Gaimard, 1832................ 49-56 Novæ-Zelandiæ, Cheesemann, 1878............... 57-62 ODESADONSIG) Ne ASS PEER RE RENTE Sn 12-73 RELONIÉ LCL CSS OMIS RU CRT ASE RTE art 57-62 Pleurobranchidium,Blainville, 1824, syn. de Pleurobranchæa Delle-Chiale. MB282LT LEE UC ENREE MAN ATEU 6 et 22 Pleurobranchillus, Bergh, 1893, syn. de Pleurobranchæa.. 74 PleurobranchUuS OUI ASUS. PERRET 307-308 GNEMICANUS NE RCUMISS DEEE RAT eee 307-358 AN OOSAIBE A SMILE EE EME. 346-347 AREGLATUSAMOLENMASO EE ELA Een 338-339 BlanulemlessonMASS OR RER A EEE 396-397 Devos APNILD pi MIS LEE SEE EE CPR EE 390 Enyptroides Roches MBLE EEE EEE CREER 352 Contarin Meranv, 1840 ANERRE EEE PAER UE 350-351 CROSS CAIN ANSSIÈRE MIS DCE LES ARR EAN 332-334 delicatus, Pease, 1861....... PE MN ele etape 34l Denola RS MÉTANNE MAS EC PER ERERR REEECEE 31 Diouetinhochebeune SOPRANO 345-346 dulutines He PACA dans MISSIONS 35 Par Re Ro ÉPICES SEM CRE 315-320 Hors, Delle=Chiaje AS28 EE LE 360 2 Grain ASS Le ASIE MARNE RE TIEE 334-337| ° debHaanuaGantraine SALOPE ER NRT EE 350 limacoides te orDeS MISE PTE EIRE 352 HÉDUNETUSS CRUIEZEE PET PEER EEE PEER RTC 360 » OQuoyetiGaimard, 183200 370-375 HOTTE LUS ARE AS CSC DÉMÉPRREEEREPRR E RE 344 Mob Vayssiere LS RER Eee nn 327-331 oblongus, Savigny-Andouin, 1825................ 348-349 cnaiusabheesemanni ASS Eee Creme ere CU OUT IR cons, PERS Tee eee EEE CR ere 341-342 pellneidns, AGE MODE MOT ER See ER eee 0e 343 BÉOMACUMIErR ASE ES PCR EE EN 308-315 Re RAPENAVSSIÈRe SIGNE ERP RE RE 321-327 punctatus, Quoy et Gaimard, 1832 ............... 339-341 purpureus Relais 5 IEEE DRE O D OO TE bi 353 RetCUIA ISA ANE ISSN TE RE RE 359 TULUSNPERASE AGO SPA PEN IE ART 344 SAUT IMÉTANV MIS ECM E MMS RE A ANT PRNTUE 351 SCULAtUSR EF OLDES ISLE EEE 392 SONAUS MR OLDE SAIS EEE 302-353 LeSSeLLALUS NP EASEMAIS CS PER NE RE Te 342-343 Darians PeaSe, LSCUPP PEER PE REC R EP REN EE T N 344-345 Diolaceuss PERS RAC COPA RS er 396 psp Lor, JNELINEMIS ISERE ER ede 347-348 80 A. VAYSSIÈRE. GENRES, Towe VIT, Tome X Pages Pages. Pleurobranchus zeylanicus, Kelaart, 1859.....-.......... 393 Postérobranchæa, d'Orbigny, 1837, syn. d’ note ou de Dori- DUMÉ CRE. LA ARMOR RSR INC 74 SusSania, (Gray, A B57E TASSE ARRESNERPNRNER RRERER RE 351-360 teslidunaria, \Gantraine, AS40 REPOSER PEER 360-368 cornuta, Quoy et Gaimard, 1832................. 379-380 granuis Pease, ASC ET EME NE PEN ERArIUERANER 375-376 Hill Heydle ABS CNR PRRRRR CEE 368-370 mammillata, Quoy et Gaimard, 1832.............. 310-375 Sempert, A INVAVSSIÈrE, AO DGA CAEN ENS RER 371-399 Westernia {Quoy et Gaimard).Rang.syn.de Pleurobranchus 74 EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE I Fig. 1490. — Oscaniopsis Amboinei, A. Vayssière, 1899. — Partie latérale droite d’un individu vu par sa face dorsale. — Gross.: 3/1. — V, voile buccal; », rhinophore contracté; M, manteau; et P, pénis très développé. Fig. 191. — Quelques digitations marginales grossies du voile buccal. — Gross.: 7/1. Fig. 192. — Branchie étalée. — Gross. : 4/1. Fig. 193, 194 et 195. — Quelques pièces masticatrices vues par leur face externe et prises en divers points d’une même mâchoire. — Gross. : 210/1. Fig. 196. — Quelques-unes de ces mêmes pièces vue de trois-quarts. — Gross. : 210/1. Fig. 197. — Une pièce masticatrice vue de profil; ex, face externe; in, face interne ou base; a, extrémité antérieure. — Gross.: 260/1. Fig. 198. — Première dent radulaire vue par sa face externe. — Gross. : 210/1. Fig. 199. — Vingtième dent radulaire vue par sa face interne. — Gross. : 210/1. Fig. 200. — Les 69°, 70° et 71° dents radulaires, vues par leur face interne. — Gross. : 210/1. Fig. 201. — Les 100 et 101€ dents radulaires, vues par leur face interne. — Gross. : 210/1. Fig. 202. — La 230€ et dernière dent radulaire, vue du côté interne. — Gross. : 210/1. Fig. 203. — Ensemble du collier œæsophagien de l’Oscaniopsis Amboinei, vu par sa face postérieure ; Gross. : 6/1. — C, C, centres cérébroïdes; P, P, centres pédieux ; 0, nerfs optiques; {, 1, troncs nerveux des rhinophores et de la partie médiane du voile buccal ; 2, 2, troncs des parties latérales du voile buccal; 5, 3, nerfs des parties palléales comprises entre les rhi- nophores; #, #, nerfs latéro-palléaux ; 5, nerf palléo-latéral gauche, allant se terminer même à l’extrémité postérieure du manteau; 6, 6, nerfs latéraux antérieurs; 10, 10, nerfs latéraux médians (celui de droite . beaucoup plus fortinnerve l'organe copulateur); 7, 7, nerfs pédieux anté- rieurs ; 8, 8, nerfs pédieux moyens; 9, 9, nerfs pédieux postérieurs ou grands nerfs pédieux ; V, petits centres viscéraux; v, connectif cérébro- viscéral de droite; v', connectif cérébro-viscéral de gauche ; b, b, connec- tifs cérébro-buccaux ; B, ganglions buccaux ; æ, æ, nerfs œsophagiens ; r, nerfs radulaires ; s, s, nerfs des glandes salivaires latérales; m, m, nerfs des masses musculaires du bulbe buccal et de la trompe. ANN. SC. NAT. ZOOL. XII, 6 82 A. VAYSSIÈRE. Fig. 204. — Appareil génital du même. — Gross. : 2/1. — H, glande her- maphrodite; eg, conduit génital commun; cd, ed, conduit déférent d'aspect granuleux et à parois glandulaires épaisses ; P, pénis; p,c, poche copulatrice ; Gl. glande de la glaire; À, glande de l'albumine ; 0, 0, oviducte; U, utérus dans la partie inférieure duquel s'ouvre le conduit de la poche copulatrice. PLANCHE IT Fig. 205. — Pleurobranchæa Meckeli, Leue. — Ensemble du collier œsopha- gien, vu par sa face postérieure. — Gross. : 12/1. — C. C ganglions cérébroiïdes ; P, P, ganglions pédieux; a, a, commissure pédieuse antéro- supérieure et a', a" commissurce pédieuse postéro-inférieure ; B, ganglions buccaux; æ, æ, nerfs œsophagiens ; r, nerfs radulaires ; s, s nerfs sali- vaires; l,l, n,netp, p nerfs de la musculature du bulbe. — 0, o, nerfs optiques, celui de gauche terminé par le globe occulaire ; mo, nerf moteur occulaire; es, cs, cs, commissure cérébroiïidale sous-æsophagienne; VW, ganglion viscéral ; v, v, v la partie gauche du connectif cérébro-viscéral ; b, nerf branchial; g, nerf génital innervant la glande hermaphrodite ; e nerf du cœur. — ot, ot otocystes reliés aux ganglions cérébroïdes par de minces filets nerveux d. Les autres nerfs ont la même signification que ceux de la figure 203. Fig. 206. — Bulbe buccal ouvert par la face dorsale pour montrer en place les mâchoires et la radula. — Gross. : 2/1. — m, mâchoire de droite; 7 la radula; f, repli charnu qui occupe le centre de la partie de la radula située dans le fourreau ; S, conduit excréteur de la glande ptyaline ou glande supplémentaire. Fig. 207. — Radula étalée. — Gross. : 2/1. Fig. 208. — Dent médiane met les deux premières dents latérales L, l', vues un peu en racourci. — Gross. : 75/1. Fig. 209. — Deux autres dents médianes ®», m et une première dent laté- rale | prises sur le même individu que les précédentes, mais vues bien étalées. — Gross. : 75/1. Fig. 210. — Deux dents latérales (28 et 29°) vues dans leur position natu- relle. — Gross.: 75/1. PLANCHE III Fig. 211. — Pleurobranchæa Meckeli, Leue. — Diverses dents latérales de la même demi-rangée. — Gross. : 75/1. — 4, la première ou plus interne ; 2, la deuxième ; 43, la treizième ; 35, la trente-cinquième ; 69, la soixante- neuvième el 70, la dernière ou plus externe. Fig. 212. — Les quatre premières dents latérales vues en place, couchées, leur pointe dirigée vers le fond de la bouche, avec les faisceaux fibreux qui les font mouvoir. — Gross. : 210/1. Fig. 213. — La 34 dent latérale, vue de profil. — Gross. : 210/1. Fig. 214. — Les deux dernières dents latérales ou dents marginales. — Gross. : 210/1. Fig. 215. — Une pièce des mâchoires, prise vers le milieu de ces organes, et vue de profil. — Gross. : 210/1. Fig. 216. — Extrémité supérieure d’une des pièces chitineuses mastica- trices montrant de trois quarts sa face externe. — Gross. : 280/1. MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 83 Fig. 217. — Face supérieure ou externe d'une autre pièce. — Gross. : 280/1. Fig. 218. — Plusieurs autres pièces plus petites vues par leur face externe. — Gross. : 280/1. Fig. 218 bis. — Une autre pièce masticatrice, vue également par sa face eve — Gross. : 280/1. Fig. 219. — Deux pièces masticatrices d’un des individus rapportés par de La Roche; ces pièces sont vues presque de face. — Gross. : 280/1. Fig. 219 bis. — Une autre pièce provenant aussi d’un autre envoi fait au Muséum de Paris par de La Roche. — Gross. : 280/1. Fig. 220. — Pièces masticatrices d'un autre individu, situées vers le centre d’une mâchoire, vues par leur face externe. — Gross. : 210/1. Fig. 224. — Quelques autres pièces, prises vers les bords de la lame masti- catrice. — Gross. : 210/1. Fig. 222. — Pièces masticatrices, en voie de formation, prises sur le bord postérieur d’une des mâchoires, — Gross. : 210/1. PLANCHE IV Fig. 223. — Pleurobranchæa Meckeli, Leue. — Ensemble des organes géni- taux. — Gross. : 5/1. — H, fragment de la glande hermaphrodite ; e pre- mière parlie du conduit génital commun, e sa partie renflée et e”sa partie antérieure ; ov, l’oviducte ; pc, poche copulatrice; ov' partie inférieure renflée de l’oviducte allant déboucher dans l'utérus V ; la glande prosta- tique pr, de laquelle sort le canal déférent cd qui entre bientôt dans une grande poche gp à l’intérieur de laquelle il décrit de nombreuses circon- volutions cd’ avant d’arriver à la base du pénis. — A, glandes de l’albumine et de la glaire et g nerf génital formant entre les glandes A et l’oviducte un petit ganglion génital. Fig. 224. — Gaine du pénis, isolée. — Gross. : 10/1. — m, muscle rétracteur inséré au sommet de la gaine près du point d'arrivée du canal déférent cd ; 10 nerf de l’organe copulateur formant un anneau nerveux à la base de la gaine. Fig. 225. — Pénis rétracté au fond de sa gaine. — Gross. : 16/1. Fig. 226. — Pénis en érection, mais contracté par le formol, d'un individu pris dans le golfe de Marseille (à Carry). — Gross.: 3/1. Fig. 227. — Orifices génitaux d’un des individus pris à Alger, montrant leur disposition lorsque le pénis est complètement rétracté. — Gross. : 5/1. Fig. 228. — Fragment très grossi, comprimé el vu par transparence du canal déférent. — Gross. : 210/1. Fig. 229. — Quelques tubes prostatiques isolés. — Gross. : 45/1. Fig. 230. — Glande placée en arrière des orifices sexuels. — Gross. : 5/1. Fig. 231. — Conduit excréteur de la glande précédente, ouvert pour monter ses replis internes. — Gross. : 10/1. Fig. 232. — Pleurobranchæa Capensis. — Appareil génital. — Leslettres ont la même signification que pour la figure 223. — Gross. : 6/1. Fig. 233. — Diverses dents radulaires d’une même demi-rangée; / et 2 les deux premières dents latérales, voisines du rachis, 44 la trente-unième, 47 et 48 les deux dernières. — Gross. : 210/1. Fig. 234. — Deux bâtonnets des mâchoires, vus de profil. — Gross. : 210/1. Fig. 235. — Quelques autres bâtonnets vus par leur face externe. — Gross. : 210/1. 84 A. VAYSSIÈRE. Fig. 236. — Face exterue d’un autre bâtonnet masticateur. — Gross. : 210/1. Fig. 237. — Face externe de 5 autres bâtonnets pris près du bord d’une des mächoires. — Gross.: 210/1. PLANCHE V Fig. 238. — Pleurobranchæa maculata, Quoy et Gaimard. — Les quatre pre- mières dents latérales internes de la même demi-rangée. — Gross. : 75/1. Fig. 239, 240, 241 et 242. — Diverses dents latérales, vues dans plusieurs positions ; les chiffres placés au-dessous indiquent le rang occupé par chacune d'elles. — Gross. : 75/1. Fig. 243. — Reproduction de l’animai, grandeur naturelle, d’après un des- sin colorié de Quoy et Gaimard (Relalion Zoologique du voyage de l’As- trolabe, 1832). Fig. 244. — Dessin grossi une fois et demie d’un de nos spécimens conservés dans l’alcoo! depuis 1830 et provenant du voyage de l’Astrolabe ; r, rhi- nophore de droite. Fig. 245. — Quelques pièces chitineuses d’une des mâchoires, vues par leur face externe. — Gross. : 210/1. Fig. 246. — Une pièce des mâchoires, vue de profil. — Gross.: 210/1. Fig. 247. — Appareil génital. — Gross. : 4/1. — H, fragment de la glande hermaphrodite: e conduit génital commun; ov, Preicre portion de l’ovi- ducte ; pe, poche copulatrice ; b, renflement de la partie supérieure de la deuxième portion ov’' de l’oviducte ; U, utérus; À, glandes de la glaire et de l’albumine. La prostate pr, traversée par le canal déférent cd qui, après avoir longé le muscle rétracteur m du pénis, en décrivant plusieurs sinuosités cd', va déboucher au fond de l'organe copulateur p. Fig. 247 bis. — Deux débris de Sertulariens names dans le lube digestif de plusieurs de nos spécimens de P{. maculata. — Gross. : 60/1. Fig. 248. — Pleurobranchæa tarda, Verril. — Animal contracté par l'alcool, vu par le flanc droit ; p, pénis. — Gross. : 2/1. Fig. 249. — Ensemble de l'appareil génital de cette espèce; les lettres ont la même significalion que dans la figure 247. — Gross.: 4/1. Fig. 250. — Extrémité du pénis, vu au microscope et par transparence. — Gross. : 340/1. PLANCHE VI Fig. 251. — Pleurobranchæa tarda, Verril. — Diverses dents radulaires laté- rales prises dans une même demi-rangée ; les numéros placés au-dessous indiqueni le rang occupé par chacune d'elles en allant du rachis vers les bords de la radula. — Gross. : 210/1. Fig. 252. — Un bätonnet chitineux d'une des mâchoires, vu de profil. — Gross. : 210/1. Fig. 253. — Quelques bâtonnets de la même mâchoire, vus par leur surface externe. — Gross. : 210/1. Fig. 254. — Un des nombreux spicules siliceux trouvés dans l’œsophage et l'estomac d’un de nos Pleurobranchæa tarda, devant appartenir à une espèce d’éponge voisine des Suberites. — Gross. : 25/4. Fig. 255. — Pleurobranchæa Brocki, Bergh.— Appareil génital de cette espèce. — Gross.: 2/1. — H, fragment de la glande hermaphrodite; e, e, con- duit génital commun; pr, proslate traversé par le canal déférent cd; gaine MONOGRAPHIE DES PLEUROBRANCHIDÉS. 85 du pénis gp, et m muscle rétracteur du pénis. Au commencement de l’ovi, ducte ov, se trouve un appendice cœcal a disposé en tire-bouchons; pc- poche copulatrice ; ov’ deuxième partie de l’oviducte avec ses deux petits diverticulums d ; U, utérus ; 4, amas des glandes de la glaire et de l’albu- mine. ; Fig. 256. — Pénis isolé, sorti de sa gaine. — Gross. : 2/1. Fig. 257. — Une des mâchoires. — Gross. : 2/1. Fig. 258. — Quelques bâtonnets chitineux d’une des mâchoires, vus pres- que par leur face externe. — Gross. : 210/1. Fig. 259. — Dents radulaires d’une même demi-rangée ; les petits numéros placés au-dessous de chacune d'elles indiquent le rang occupé, le n° 1 représentant la dent la plus interne. — Gross. : 60/1. Fig. 260. — Une des dents médianes m, très caduques et atrophiées de cette espèce. — Gross. : 60/1. FÉCONDATION CHIMIQUE PARTHÉNOGÉNESE? Par le D' CAMILLE VIGUIER. (STATION ZOOLOGIQUE D'ALGER) Toutes les observations mentionnées au cours du présent mémoire étaient entièrement terminées le 3 juin dernier, et je commençais même le travail de rédaction, quand une attaque de rhumatisme articulaire, portant principalement sur la main droite, et dont je suis encore loin d’être entière- ment remis, est venue m’arrêter pendant delongs mois. Dans les premiers jours, cependant, ma lucidité était assez grande pour que j'aie pu dicter les résultats de mes obser- vations. J'ai envoyé ce manuscrit à mon savant et excellent ami M. Perrier, qui voulut bien se charger de faire ce qui m'était désormais impossible. Il en tira les deux notes présentées par lui, et parues les 2 et 9 juillet dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences. Mais dans son passage sur le lit de Procuste, et quelque intelligemment qu'aient été faites les coupes, une grande partie du manuscrit avait dû disparaître ; et M. Perrier lui- même m'invita à le reprendre et à lui donner une forme défi- nitive. C’est ainsi que j'ai été amené à écrire, ou plutôt à dicter, le’ présent travail, qui rectifiera quelques erreurs et 88 CAMILLE VIGUIER. une contradicüion, trop compréhensibles dans les circons- tances où mes notes furent publiées. Je serai amené, chemin faisant, à discuter les travaux publiés depuis lors, ou ceux qui, déjà publiés, ne m'étaient pas encore connus au mois de mai. J'étais occupé depuis quelque temps déjà à des études sur les œufs d’Oursins lorsque parut le mémoire de M. Yves Delage |7|.Je fus vivement frappé par un passage de ce tra- vail (p. 524). Des œufs d’Oursins non fécondés (l'espèce n’était pas indi- quée) se développaient en blastulas et plutei normaux après un séjour temporaire dans une solution de chlorure de magnésium (Læb |24). Delage, 1l faut le dire, considère cela comme un déve- loppement parthénogénétique ; mais Læœb, dans son premier travail, ne s’expliquait point nettement à cet égard. Tantôt il parlait de fécondation (/erthzation), tantôt il parlait de par- thénogenèse artificielle. Je sais fort bien que le mot /ecun- dation existe en anglais; et, si Læœb ne l’a pas employé, il me semblait d’abord que c'était à cause de son sens trop précis, ne permettant aucune équivoque entre la fécondation et la parthénogenèse. Cependant, en consultant l’ouvrage de Wäzson : The cell in development and inheritance (1897), je vois (p. 129) que les deux termes sont tenus par lui comme équivalents, et signifient reproduction sexuelle, par admixture ‘comme dit Wilson) de deux substances vivantes. J’entendrai donc toujours par /ertilization fécondation. Du reste, sauf pour quelques citations littéraires, je cite et ne traduis pas. Une fois déjà l’occasion s’était présentée à moi de repren- dre des expériences dont Lœb avait tiré toute une vaste théorie; et les conclusions qui s’imposaient à la suite de ces expériences de contrôle étant absolument opposées aux sien- nes [44), toute la théorie demeurait une simple vue de l'esprit. FÉCONDATION CHIMIQUE. S9 Je n'étais donc pas sans quelque défiance; et quelle que soit la réputation que s’est acquise l’auteur, j'eus aussitôt l'idée de vérifier les résultats qu’il annonçait. Deux vers d’un vieux poète anglais, Dryden, Je crois, chan- taient en effet dans ma mémoire, comme dit Musset : Errors like straws upon the surface flow He who would search for pearls must dive below (1). et je partageais sans le savoir le scepticisme de Bergh, dont le compte rendu [2] ne m'était pas encore parvenu. J'aurais signé, si je l'avais connue, sa première phrase : «Verfasser teilt Versuche mit, die — fallssierichtig sind — die eminenteste Beduntung und vielleicht die weitrei- chendsten Konsequenzen haben werden. » Mais ce n’est que plus tard que j’ai pu, grâce à l’obligeance de mon savant ami Maupas, me procurer un tirage à part de la note origi- naie de Lœb. Voici l'analyse succincte de ce travail; mais, de même que Bergh, je crois devoir transerire, dans le texte original, les passages les plus saillants ; de peur que l’on ne m'’applique le proverbe italien : 4aduttore, traditore. Je V'avais déjà fait dans mon manuserit primitif; mais ces passages furent retranchés quand parurent mes notes (2). Suivant Lœæb, tout œuf est susceptible de se développer parthénogénétiquement ; mais il en est normalement empé- ché par la présence de substances inhibitrices ou le manque de substances excitatrices dans le milieu où il se trouve, que ce soit l’eau de mer pour les œufs d'Oursins, ou le sang pour les Mammifères. (4) Traduction libre : « Les erreurs comme les pailles flottent à la sur- face ; mais il faut plonger pour chercher les perles. » Je n'ai pas la préten- tion d’avoir pèché une perle rare, mais la découverte de la parthénogénèse chez les oursins me paraît devoir disqualifier absolument ces animaux dans les recherches du genre de celles de Lœb: et c’est déjà un résultat d’une certaine importance. (2) Que l’on veuille bien remarquer que le premier travaii de Lœb m'élait seul connu à ce moment; et que c’est là-dessas que porte mon raisonne- ment. Nous verrons plus tard à discuter ses autres publications. 90 CAMILLE VIGUIER. Au nombre des substances inhibitrices sont, pour les œufs d'Oursins, le calcium et le sodium; au nombre des subs- tances excitatrices, le magnésium, le potassium et l’Aydro- xyle. Læb déclare lui-même (p. 137) « The end of the season allowed me to try only a limited number of variations ». Ce qui ne l’empêche pas de déclarer au bas de la même page : « AI the spermatozoon needs to carrv into the egg for the process offertilization are ions to supplement the lack of the one or counteract the effects of the other class of ions in the sea water, or both ». Il veut bien cependant ajouter : « The spermatozoon may, however, carry in addi- tion à number of enzymes or other material ». Mais il ajoute : « The ions and not the nucleins in the spermatozoon are essential to the process of fertilization ». Et complétant, comme de juste, sa théorie, il poursuit : «TL have no doubt that the same principles hold good for the process of fertilization of other, if not all, the marine animals, although the ions involved will probably differ in various species ». Enfin, donnant naturellement de l’envergure à ses idées, il termine sa courte note par le paragraphe que voici : « Finally we may ask the question whether we may expect to produce artificial parthenogenesis in mammalians. This is similar to the fact mentioned above that the unfertilized eggs of sea urchins may show a segmentation 1f they stay long enough in the sea water. Ï consider it possible that only the ions of the blood prevent the parthenogenetic origin of embryos in mammalians, and Î think it further not impos- sible that à transitory change in the ions of the blood may also allow complete parthenogenesis in mammalians ».. Il ya évidemment équivoque entre la fécondation et la par- thénogénèse, et Le texte de cette première note de Lœb ne nous montre pas clairement la pensée de l’auteur, qui semble comprendre à la fois l'une et l’autre par le mot /er- tilization. FÉCONDATION CHIMIQUE. 91 x La première idée qui vient à l'esprit à la lecture de ce travail est qu’ainsi disparait, s’il s’agit réellement d’une fécondation, toute hérédité en ligne paternelle (1). Car si, vraiment, les œufs mis en expérience provenaient d’une femelle rée//ement non parthénogénétique les plutei obtenus par Lœb, pour employer le langage vulgaire, des- cendaient de Mme Oursin et de M. Chlorure de magné- sium. En tirant les déductions logiques de cette théorie, on arriverait, en admettant l'hypothèse d’une véritable fécon- dation, à cette conclusion inespérée des féministes les plus ardents, qu'une fois déterminés les ions nécessaires au développement des œufs humains, tous les mâles pourraient, dès leur naissance, être anéants par leurs mères ; la pro- duction normale du genre humain n'ayant plus lieu désor- mais que grâce à l'injection dans le sang des femmes qui voudraient devenir mères des ions nécessaires au dévelop- pement de leurs œufs. Si l’on n'admet pas ce procédé un peu excessif, je con- seillerais à nos législateurs, en ce temps où l’on gémit sur la dépopulation de la France, de faire une bonne loi, rendant obligatoire cette injection fécondante aux femmes en âge d'en profiter. Mais, bien que les maris ne puissent être rai- sonnablement jaloux d’un simple produit chimique, ils trou- veraient peut-être mauvais que l’on accroisse ainsi les charges de leurs familles. Aussi bien, pourquoi s'arrêter à moitié chemin ? Lœb ayant sauté d’un bond des Oursins aux Mammifères, je ne vois pas pourquoi on ne continuerait pas à développer sa {héorie. Les biologistes semblent actuellement d'accord pour admettre l’équivalence des deux gamètes, l'œuf n'ayant, (1) Je regrette d'autant plus que cette remarque ait disparu de ma note du 9 juillet, que les idées de Læb, déjà flottantes à ce moment, semblent s'être définitivement arrêtées à la parthénogénèse, cette objection si simple s'étant sans doute présentée à son esprit. Nous verrons plus loin par quelle hypothèse il a essayé de combler ce vide. 92 CAMILLE VIGUIER. comme caractère distinctif, qu'une quantité, fort variable suivant les cas, de substances nutritives. L'un des gamètes pouvant être remplacé par un simple produit chimique, il n'ya aucune raison apparente pour que l’autre ne puisse l’être aussi ; et les substances nutritives, devant être, pour les chimistes, moins difficiles à obtenir que les germes eux-mêmes, on pourrait espérer réaliser, quelque jour, la culture in vitro de n'importe quel animal, fût-il aussi compliqué qu’un mammifère; et les biologistes pour- raient un beau matin entendre sortir d’une de leurs cuvettes le salut d'Homunculus à Wagner : Nun Väterchen! wie stehts! es war kein Scherz! Komm drücke mich recht zärtlich an dein Herz! Doch nicht zu fest damit das Glas nicht springe (1). Ces petits citoyens chimiques, pour lesquels un savant professeur, armé d’un dictionnaire grec, et doctus cum libro, ne larderait pas à fabriquer un nom, auraient sur notre vieille humanité l'avantage d'être exempts des dia- thèses dont nous souffrons ; car ils seraient sans doute fabri- qués avec des produits chimiques purs, dans des Instituts spéciaux, et élevés aux frais d’un État qui, réalisant cette fois le socialisme intégral, nous affranchirait enfin de cette vieillerie qu'on appelle Ja famille. Mais ces rêveries, renouvelées du Moyen-Age, reposent encore sur une base bien fragile. — Paulo minora canamus : et revenons à nos Oursins. Je suis fort loin, toutefois, de contester à un savant, le droit d'émettre des hypothèses, quand 1 ne peut erpéri- menter, et j'ai moi-même usé de ce droit. Il serait à sou- haiter, cependant, que l’on s’en tint à la définition que je donnais en 1884 (Revue philosophique) d'une théorie scien- üfique ; et ce n’est que pour montrer l’outrance de la théorie de Lœb, que j'en ai tiré les dernières conséquences. (4) Eh bien, papa! comment ça va-t-il? Ce n’était donc pas une farce ! Viens, presse-moi bien tendrement sur {on cœur! Mais pas trop fort, de peur que le verre n'éclate, — Gœthe, Faust, 2° partie, 2° acte, scène 11. FÉCONDATION CHIMIQUE. 93 Quant à ses faits, je ne me crois pas le droit de les con- tester — je tâcherai seulement plus loin de les expliquer — On ne peut jamais raisonnablement reprocher à un savant de n'avoir pas fait une observation. Quelque opposé que je sois aux idées à priori, j'avoue que je n'ai entrepris ce travail que pour chercher d’où pou- vait bien provenir l’erreur du professeur de Chicago. Car, si je suis bien persuadé que les substances protoplasmiques ne sont, après tout que des composés chimiques, ou, pour mieux dire, des associations de composés chimiques, et qu elles ont dû se former, à des moments donnés, et dans des circonstances particulières, à l’aide de substances miné- rales, puisque notre globe paraît avoir certainement tra- versé une période où ne pouvait exister aucune substance protoplasmique, je tiens pour absolument invraisemblable que l’une quelconque de ces substances puisse être rem- placée par un produit chimique aussi simple que le chlorure de magnésium. Peut-être les progrès de la chimie amèneront-ils les sa- vants à fabriquer des substances protoplasmiques. Mais, en admettant même cette hypothèse, elles seront, sans nul doute, bien autrement complexes que le chlorure de magné- sium. En outre, 1l est une considération que l’on ne saurait né- eliger : c’est que les protoplasmes actuels sont les résultats d’une lente évolution qui s’est prolongée pendant une longue suite de siècles ; et qu’il semble bien difficile de les réaliser d’un seul coup. Ainsi que je le disais plus haut, je n'ai connu tout d’abord le travail de Lœb, que par la citation faite par Yves Delage. Comme on pouvait s'y attendre, Delage adoptait la théo- rie de Lœæb, sans la vérifier du reste; et, Lœb s'étant arrêté au chlorure de magnésium comme à la substance la plus. favorable ; c’est de celle-là que parlait Delage, sans indi- 94 CAMILLE VIGUIER. quer d’ailleurs de quelle espèce d'Oursins s'était servi Loœb. Dans une note de sa page 135, Lœb écrit : « [ propose to substitute in the future the = solution of NaCIl for the 0.7 per cent solution ». Et il ajoute : « J{ is time that we were rid of percentage solutions in physiology !! » J'ai consulté mon excellent collègue M. Muller, profes- seur de chimie à l’École des sciences (qui à bien voulu me remettre du chlorure de magnésium pur, pour commencer mes expériences), afin de savoir s’il y avait là quelque chose d'important dont le sens m'échappait. M. Muller n’a pu me renseigner à cet égard. Je comprends que l’on fasse une solution équimoléculaire d’un sel, quand il n’y a plus qu'à la diluer. Je comprends même fort bien qu'on indique la formule à titre de rensei- gnement; mais je ne vois pas comment cela dispense des percentage solutions que Lœb traite avec tant de dédain. En tous cas j'avoue ne pas comprendre l'exclusion des percentage solutions, quand on arrive à des formules comme 10 celle employée par Lœb Si n MgCË; —», étant lasolution équimoléculaire, — et lorsqu'il faut encore étendre cette solu- tion (on néglige de dire si elle est faite dans l’eau de mer ou l’eau distillée) d’un volume égal d’eau de mer, avant de l’'employer. Car, enfin, il faut toujours bien en venir à ré- duire en chiffres ces belles formules, lorsqu'il s’agit de faire les solutions d'expérience. Cette complication me semblait avoir été cause d’une erreur de Delage qui a imprimé dans une note de sa 20 page 524 ii Mg CP; c'est-à-dire une concentration double (1). (4) Ceci est trop intimement lié au texte de mon manuscrit primitif et à la discussion de mes expériences pour que je puisse Le modifier tout à fait. FÉCONDATION CHIMIQUE. 95 C'est sur ces données que j'ai commencé mes recherches. Je dois toutefois rendre à Delage cette justice que son avis (/oc. cit.)est que la conclusion de Lœb dépasse la portée de son expérience. Comme je ne pouvais savoir, même après lecture de la note de Lœb, s’il avait fait sa solution normale dans l’eau distillée ou dans l’eau de mer, j’eus l’idée, autant que la quantité des sujets me le permettrait, de travailler avec deux solutions normales, l’une indiquée sommairement Lœb eau de mer et l’autre Læb eau distillée, et, bien en- tendu, ramenées à la dilution voulue avec de l’eau de mer filtrée. Ignorant d'abord sur quel type avait travaillé Læb, et ne pensant pas qu'il se fût adressé aux ArBAGIA, dont les œufs, très sombres, n’ont que 0"*,077 de diamètre tandis que ceux du SPHŒRECHINUS et du ToxoPNEUSTES sont clairs et de 0”°,10 à 0"*,12 de diamètre, ce qui leur a valu d’être choisis pour toutes les expériences sur les œufs d'Our- Mais il n’est que juste de relirer le reproche d'erreur sur le Litre de la solu- tion que je faisais alors à Delage. C.-H. Morgan [37] dont le travail était à l'impression quand parurent mes communications préliminaires (et qui semble du reste, si l’on s’en rap- porte à la note de sa page 495, être moins intransigeant que Loeb au sujet des percentage solutions), et Loeb lui-même [26] donnant cette même for- mule n, il me semblait déjà fort probable que c'était celle-là qui avait dû être imprimée dans l’Amer. Journ. of Phys. [24] dont jen’ai pu me procurer que le tirage à part. Morgan, il est vrai, comme Loeb [26|, se réfèrent aux deux premières publications de cet auteur [24 et 25], mais Delage ne cite que la première d’entre elles. Or, dans le tirage à part de celte note, qui porte sur la couverture: Reprinted from the Amer. Journ. of Phys., on trouve, Û 10 $ 1 PES à page 137, ligne 43 : F n ; et, comme à la fin de la ligne précédente, et à cette ligne-là même (deux mots plus loin) se trouvaient deux corrections à la plume, sans doute failes par l’auteur lui-même, j'avais tout lieu de croire 1 : ne : ; correcle la formule : Sn MyCb. Mais la critique que j'adressais à Delage doit remonter jusqu’à Lœb ; car, à la page 468 de son mémoire |25}, on trouve 20 : la formule — n Mg CL. Il aura sans doute mal revu les épreuves des tirages à part de sa note préliminaire [24]; mais ce n’est point ma faute, et cela n'infirme du reste en rien les conclusions du présent travail. 96 CAMILLE VIGUIER. sins, je me suis adressé au Sphærechinus granularis et au Toxopneustes lividus, que j'ai d’abord traités par la solution de Mg Cl au titre indiqué par Delage. Je constalai, comme on le verra dans l’énumération cei- après, que les œufs ayant passé dans les solutions sa- lines ne me donnaient aucun développement. Mais c’est au cours de ces expériences préliminaires que je découvris la parthénogénèse ; et je poursuivis quelque temps ces. recherches exclusivement au point de vue de la parthéno- génèse. Mais, aussilôt en possession de la note du savant amé- ricain, J'ai repris les expériences au chlorure de magné- sium : cette fois, comme je l'ai dit, avec les deux solutions Læb eau distillée et Læb eau de mer, au Utre indiqué sur le tirage à part de la note de cet auteur : tandis que la solution normale au titre indiqué par Delage était faite à l’eau distillée. J'opérai à la fois sur les trois espèces d’Oursins que l’on peut se procurer facilement à Alger et dont je donne les dé- terminations d’après Carus : Prodromus faunæ mediterraneæ (pars À). 1° L’Arbacia pustulosa (Gray) où Echinocidaris æquituber- culata (Des., loc. cit, page 98). 2° Le Strongylocentrotus lividus (Brandt) ou Toropneustes lividus (Ag. et Des., loc. cit., page 99). 3° Le Sphærechinus granularis (A. Ag., loc. cit., page 100). Les Toxopneustes et les Sphærechinus étant comestibles, sont moins faciles à se procurer en grand nombre que les Arbacia, dédaignés par les amateurs ; en outre, les Sphære- chinus, vivant à une plus grande profondeur, ne peuvent se prendre que par les eaux claires ; et notre mois de mai a été fort mauvais. Toutes les cultures ont été faites à la station zoologique d'Alger, avec l’aide de M. Menant, officiellement prépara- teur du laboratoire de zoologie de l’École des Sciences, qui est en réalité le mécanicien de la station — celle-ci n'ayant FÉCONDATION CHIMIQUE. 97 en fait de personnel que le minimum — un concierge (1). La plupart des larves en voie de développement, venant le second jour nager à la surface, il était facile de les évacuer et de laver les œufs non développés qui demeuraient au fond de la cuvette (2). On comprend ainsi que j'aie pu séparer et féconder des œufs non développés parthénogénétiquement, après avoir évacué les larves parthénogénétiques produites dans la même cuvette. Ces explications préliminaires une fois données, je me borne, pour le moment, à transcrire ci- dessous mon carnet d'observations. Une remarque toutefois — Je n'aurais point pensé à dire, car cela va de:soi, qu'on à opéré avec un matériel soigneu- sement lavé à l’eau de mer filtrée, d’abord au papier, puis à la porcelaine, si Læb (25) n'avait longuement insisté sur les minutieuses précautions prises au cours de ses expé- riences. Quelques-unes même peuvent paraître singulières. Ainsi, en stérilisant son eau de mer par le chauffage, il mentionne « During the time the water was heated no sea urchin was opened in the laboratory, or was even kept there (3) » Comme si les spermatozoïdes d’un oursin atact dans un coin du laboratoire eussent risqué d’infecter l’eau des ex- périences ! (1) Lorsque des savants français ou étrangers sont venus travailler à la station où deux.laboratoires leur étaient officiellement réservés, je devais, pour qu’ils ne perdent pas leur temps, leur servir de préparateur. Je regrette qu'il me soit impossible de continuer et qu'une situation, acceptée comme provisoire, ait maintenant toutes chances d’être définitive. Car il est trop évident que la station ne peut actuellement rendre les services qu’on serait en droît d’en attendre si elle se trouvait dans des conditions normales. Mais ce n’est pasicile lieu de raconter mes nombreux déboires. Qu'il suffise de savoir que M. Menant, observateur intelligent et précis, quoiqu'illettré, ne pouvait avoir aucune idée préconçcue sur la parthénogénèse des oursins. (2) Ceci est en contradiction absolue avec ce que dit Læb (24, p. 469). « The only difference between parthenogenetic and normal blastulæ is that the latter rise to the surface of the water, while the former do not. » Il m'est arrivé devoir de jeunes larves parthénogénétliques rester au fond de leur cuvette, et je l'ai signalé. Mais c'est l'exception. (3) Science, p. 613, 1° colonne, ligne 6 et suivantes. ANN. S€. NAT. ZOOL. ALAN 98 CAMILLE VIGUIER. Les produits de chaque femelle et de chaque mâle étaient individuellement vérifiés au microscope. Pour les Toxopneustes et les Sphærechinus, on opérait la dilacération des glandes sénitales avec toutes les précautions nécessaires ; mais pour les Arbacia, où l'intestin est très volumineux. et chez les- quels il est du reste très facile de provoquer l'évacuation des produits génitaux des sujets mûrs en piquant la membrane buccale, on se contentait, après avoir soigneusement lavé et brossé les sujets, de les renverser sur de pelites cuvetles con- tenant de l’eau de mer filtrée, où leurs produits tombaient naturellement. Les instruments en platine iridié étaient stérilisés au feu; le reste du matériel lavé au sublimé, puis à l’eau distillée. | Au cours des cultures, les larvesétaient tuées au sublimé, lavées à l’eau distillée, passées dans les alcools successifs, chargés de bicarbonate de soude pour préserver les for- mations calcaires, et mises ensuite dans le liquide glycé- riné de Hœntsch : enfin dessinées à la chambre claire d’Ober- hauser à un grossissement uniforme de320 diamètres. Mais, pour ne pasrendre trop ardue la lecture de ce mémoire, je n'indiquerai les dimensions que pour les cultures les plus probantes. [. — SPHŒRECHINUS Les expériences ont commencé avec le Sphærechinus gra- nularis dont une culture marquée À, à été mise à l’étude le 4 mai, à cinq heuresdu soir. Une partie des œufs était gardée comme témoins, une autre était fécondée, une troisième par- tie, après avoir passé deux heures dans la solution de MgC, au titre indiqué par Delage, était soigneusement lavée à l’eau de mer et laissée dans l’eau de mer, sans fécondation. Le 5 mai, à cinq heures du soir, les œufs témoins et ceux ayant passé par la solution de MgCl? ne montraient aucun développement, tandis que les fécondés étaient à l’état de blastula. FÉCONDATION CHIMIQUE. 99 Le 5, àcinqheures dusoir, j'ai fécondé les œufstémoins ; et _leG6, à onze heures du matin, ils se trouvaient à l’état de 4/as- tula, tandis que ceux fécondés le 4étaient à l’étatde gastrula : quant à ceux ayant passé par MgCP, ils ne montraient au- cune trace de développement. Tout en suivant cette culture, j'en avais commencé une autre (Sphærechinus B) le 5 mai, à cinq heures du soir. Cette fois, j'avais laissé des œufs témoins, j'avais fécondé un sroupe ; enfin, des œufs traités par Mg CF j'avais retiré une partie après une demi-heure, une autre après une heure, une autre après une heure et demie et le reste après deux heures. De chacun de ces quatre derniers groupes il fut fait deux parts, dont l’une fut fécondée, tandis que l’autre, après lavage, demeurait simplement dans l’eau de mer. - Le 6 mai, à onze heures du matin, les œufs simplement fé- condés seuls, étaient à l’état de blastula ; tandis que les œuis témoins, et tous ceux ayant passé par MeCP, qu'ils aient ou non été fécondés après, ne montraient aucun déve- loppement. La troisième culture de cette espèce (Spherechinus C) à été instituée le 11 mai à quatre heures et demie du soir. J'avais renoncé à l'emploi de MgCl, me défiant des indications de Delage ; et je n'avais plus que deux groupes; des œufs témoins, et des fécondés. C'est ce même jour que je trouvai un Sphærechinus hermaphrodile (marquée C') que Jisolai soigneusement, et dont je mis aussi les œufs en culture. Le 12 mai, à dix heures du matin, les œufs témoins étaient sans développement ; les fécondés étaient à l’état de blas- tula; et, pour l'hermaphrodite, on voyait des larves très rares, et en relard; mais suffisant à montrer cependant qu'il était susceptible d’auto-fécondation comme me l'avait fait supposer l'examen microscopique de ses produits sexuels. — À moins toutefois que l’on ne préfère y voir un cas de développement parthénogénétique — ce qui est im- possible à décider, les Sphæwrechinus parthénogénétiques ne 100 CAMILLE VIGUIER. présentant pas des caractères nettement différents de ceux des fécondés, comme nous le verrons pour l'Arbacia (4). La culture Sphærechinus D du 23 mai, à dix heures du matin, était composée de 2 © et de 5 G°. ; L'inconstance de la parthénogénèse, constatée déjà chez le T'oxopneustes, m'avait en effet décidé, pour limiter le nombre des cultures, à faire des culture mixtes; c’est-à-dire composées de plusieurs femelles et de plusieurs mâles, tous vérifiés iadividuellement au microscope. Le nombre des femelles et des mâles employés, qui d’abord n'avait pas été déterminé, l'était déjà rigoureuse- ment lorsque je commencçais Sphærechinus D. À ce moment j'étais en possession du premier travail de Lœb; mais, vu le petit nombre d'œufs, je ne fis que trois séries : 1° Les œufs témoins ; 2° les fécondés; 3° des Læœb eau de mer. | (1) Je rappelle ici que si l’hermaphrodisme, qui paraît fort rare, était jusqu’à la publication de ma note du 2 juillet, inconnu chez les Oursins, il était au contraire bien connu chez d’autres Eichinodermes. Il a été cons- taté chez toutes les Holothuries du groupe des Synaptes où on l’a recher- ché. LanG. Lehrbuch d. Vergl. Anatomie, p. 1091; et KE. Perrier, Trailé de Zoologie, p. 826. Parmi les Stellerides il est connu sûrement chez l'Amphiura squammata (pour les Ophiures. Giard ajoute à la liste l'Opholepis, ele. Que sont ces etc. ? où se trouve signalé l'hermaphrodisme des Ophiolepis, c’est ce que j'ignore) et l'Asterina gibbosa pour les Étoiles de mer. Et quant aux Oursins, ce n'est que tout récemment que Giard vient de signaler un hermaphrodi- tisme protandrique chez l’Echinocardium cordatum [45]. Les observations de Cuénot au sujet de l’Asferina ayänt été mises en doute par Mac Bride [4, p. 343] et Ludwig [30], Cuénot [7] a repris la question sur des animaux d'origines diverses venant de Roscoff, de Banyuls et de Naples. Les Aste- rina de Roscoff et de Banyuls ont montré un hermaphrodisme qui ne se retrouve pas chez les Asterina de Naples. Il y aurait donc des différences notables suivant les origines géogra- phiques. Cuénot a également trouvé une seule fois à Roscoff un Asterias glacialis hermaphrodite et capable d’aulo-fécondation. Il considère le fait comme une anomalie. C’estainsi que l’on doit regarder l’hermaphrodisme du Sphæ- rechinus granularis. Car sur le grand nombre d'animaux qui m'ont passé entre les mains, je n’en ai rencontré qu’un seul, mais parfait et capable d’auto-fécondation. Il est loutefois à remarquer que les larves’ ainsi pro- duites étaient très rares, et en retard sur les larves provenant d'œufs fécon- dés le même jour et provenant d'une femelle ordinaire. FÉCONDATION CHIMIQUE. 101 La culture D étant la plus intéressante, je la décris d’une facon plus détaillée que les autres, en donnant les mesures. Dès le 24, à dix heures du matin, les œufs témoins ont des larves parthénogénétiques de 0"*,13 à 0"",14 de dia- mètre ; mais le plus grand nombre est resté sans développe- ment: ces œufs non développés étaient loutefois en parfait élal, el ont été conservés. Les fécondés ont des larves qui sont aussi à l’état de gas- trula de même diamètre que les parthénogénétiques; mais la hauteur (ou longueur axiale) des larves, est 0°*,12 à 0°",14 chez les fécondés, au lieu de 0"*,08 chez les par- thénogénétiques. Quand aux œufs ayant passé par les solutions Lœb eau de mer, ils sont {ous pourris. Le 25 et le 26, les larves parthénogénétiques et fécondées suivent leur développement; mais les premières prennent l'avance, et commencent à passer à l’état de plw/er, dont les bras ont 0"",17; {tandis que lés fécondées sont encore à l’état de gastrula de 0"*,15 de haut, et que, sur les plus avancées seulement, on voit se compléter le tube digestif. Le 26, les parthénogénéliques sont à des états divers ; mais les plulei les plus avancés ont des bras de 0°*,24 à 0,25. Ce même jour, les larves des œufs fécondés sont aussi à des états très inégaux, depuis des gastrulæ de 0°*,1% de diamètre, jusqu'à des plutei dont les bras ont 0"",25. Le 27, les cultures ne prospèrent point, sans doute à cause de la température de l'eau, les bras des plulei ont toujours comme maximum moyen 0"",25. Toutefois, chez les parthénogénéliques seulement, il y a quelques développements plus avancés, et le plus grand pluteus mesuré avait des bras de 0"*,33. C’est le seu/ exemple d’une avance prise par les parthénogénétiques sur les fécondés ; et peut-être était-elle due aux conditions différentes où se trouvaient les deux sortes de larves. En effet, tandis que les p/utei parthénogénétiques étaient très uniformes et se tenaient au fond de la cuvette du côté 102 CAMILLE VIGUIER. opposé à la lumière (héliotropisme négatif de Groom et Læb). les fécondés étaient au contraire à des états de dévelop- pement très divers; et nombre d’entre eux commencçaient à pourrir. Le 28 mai, les deux cuveltes(des parthénogénétiques et des fécondés)étaienten mauvais étal; etla culture fut abandonnée. Mais, Le 25 mai, javais commencé la culture Sphærechinus E, composée de 3 © et 4 &'. Il avait été fait les séries que VOICI : 1° OEufs témoins, 2° œufs fécondés immédiatement, 3° œufs fécondés après deux heures de séjour dans l’eau de mer, 4° œufs traités par Lœb, eau distillée, pendant deux heures, 5° œufs traités par Læœb eau de mer, pendant deux heures. Pour ces deux derniers groupes, une moitié a été fécondée après lavage, et l’autre a été laissée sans fécondation. Le 26 mai, les témoins avaient donné seulement quelques larves; les fécondés immédiatement et les fécondés après deux heures étaient à l’état ordinaire de blastula. Parmi les Lœæb, eau distillée vierges se voyait une seule blastula à parois fort épaisses. Les œufs traités par le même liquide, et fécondés après deux heures, n'avaient rien donné. Les Lœb eau de mer, vierges, ne montraient aucun développement; et ceux fécondés après deux heures, quelques larves fort en retard. Le 27, les œufs témoins étaient pourris et furent rejetés. Les fécondés montraient des larves en nombre immense, réparties dans toute la cuvette. Parmi les Lœæb eau distillée, non fécondés, tout est mort : mais on voit quelques blastulas irrégulières, mortes égale- ment. Les œufs traités par le même liquide, et fécondés après deux heures, ont laissé voir trois larves fort attardées. Les œufs trailés par Lœb eau de mer, et demeurés sans fécon- dation, étaient tous pourris. Ceux fécondés après deux heures montraient quelques larves vivantes, fort en retard FÉCONDATION CHIMIQUE. 103 sur celles provenant de la fécondation normale, mais mieux développées que les Læb eau distillée fécondés. ; Le 28, on interrompit les cultures, les fécondés étant seuls vivants. Le Sphærechinus F composée de 3 © et de 6 SG‘ fut mis en observation le 26 mai; mais il est à noter qu'un grand nombre des œufs n'étaient pas mûrs. Il ne fut fait que quatre séries ; les témoins, les fécondés et les œufs ayant passé par les solutions de Lœb. Le 27, quelques-uns des témoins ont subiun commencement de segmentation. La plupart semblent encore en bon état; beaucoup ont conservé la vésicule germinative. Les fécondés ne montraient que deux larves vivantes, la plupart des œufs, cependant, avaient subi un commencement de segmentation; mais presque tous commencçaient à pourrir. Des œufs ayant passé par les solutions de Læb, beaucoup sont encore en bon état, et montrent la vésicule germina- tive ; mais l’on ne voit aucune larve. Le 28, cette culture, provenant d'œufs trop loin de leur état de maturité sexuelle, étaient entièrement hors d'usage et fut rejetée. La dernière série de Sphærechinus (G), composé de 2 © et de 3 o* fut mise en observation le 26 mai. Vu le petit nombre d'œufs, il ne fut fait que trois séries : œufs témoins, œufs fécondés, et Lœb eau de mer. Le 27 mai, les œufs témoins ne montraient pas de larves. Mais, si un certain nombre d’entre eux étaient pourris, d’autres étaient encore en bon état. Les fécondés montraient des larves en nombre immense, réparties dans toule la cuvette. Les Lœb eau de mer étaient restés sans développement, et pourrissaient. Les fécondés ont été encore gardés le 28 et le 29; mais il n'y avait plus d'intérêt à conserver cette culture qui fut arrêtée là. C'est donc, pour toutes les cultures, un total de 13 @ et 21 &, sans compter l'hermaphrodite C'. 104 CAMILLE VIGUIER. La seule culture Da montré nettement la parthénogénèse naturelle complète du moins jusqu’à l’état de pluteus obtenu par Lœb; et même une avance des parthénogénétiques sur les fécondés. | IL. — ToxXOoPNEUSTES. Les T'oxopneustes À ont été mis en culture le 5 mai, à six heures du soir. Ils provenaient d'une © et d’un &. On a fait les séries suivantes : 1° CEufs témoins, 2° œufs fecondés, 3° œufs traités par MgCF (solution forte). De ceux-là, une partie a été relirée après une demie-heure, après une heure, après une heure et demie, et enfin après deux heures. Pour chaque groupe des MgCF, une moitié a élé fécondée après lavage, et l’autre laissée sans fécondation. Le 6 mai, à onze heures du matin, on ne voyait aucune trace de développement pour aucun des œufs avant passés par MeCl. Les fécondés étaient à l’état de blastula; et J'ob- servai alors, pour la première fois, le développement par- thénogénétique des œufs témoins. Aussi ai-je fait des préparations comparatives des larves parthénogénétiques et des fécondées, deux fois par jour, les 6, 7, et 8 mai; soit après dix-sept heures, vingt-deux heures, trente-neuf heures, quarante-cinq heures, soixante- deux heurés, et soixante-neuf heures. Je commencais à entrevoir les causes d'une erreur possible de Lœb ; car, bien qu'il n'y ait pas plus chez les Toxopneustes que chez les Sphærechinus de différences sensibles entre les parthéno- génétiques et les fécondés, le nombre immense de larves obtenues ne permettait pas de supposer une fécondation involontaire dans les conditions de l'expérience. La deuxième série de Toropneustes (B) date du 11 mai, à quatre heure et demie, époque à laquelle j'avais déjà re- noncé à Ja solution forte. Elle ne comprenait comme A que fo et 19 ; mais, en même temps, je mellais en culture une FÉCONDATION CHIMIQUE. 105 troisième série {Toxopneustes C) également composée d'un c et d'une ©. Il n’y avait, pour chacune de ces cultures, que deux groupes, les œufs témoins et les fécondés.Le 12 mai, à dix heures du matin,les fécondés de B comme de Cétaient à l’état de Yastula : les œufs témoins de B avaient donné quelques larves très rares ; et ceux de C étaient restés sans développement. C'est alors que, voyant l’inconstance de la parthénogénèse, je me déeidai, comme je le dis plus haut, à faire des cul- tures mixtes; mais seulement après avoir constaté que les œufs de la & À pouvaient se développer soit avec soil sans fécondation. . Désireux de vérifier encore cela, je fis deux cultures insti- tuées Le 16 mai à quatre heures un quart, une { Toxopneusles D) ne comprenant qu'une femelle pour plusieurs mâles, l’autre (T'oxopneustes Ë) comprenant plusieurs © et plusieurs œ. Pour chacune de ces cultures il avait été fait quatre séries. 1° OEufs témoins ; 2° œufs fécondés; 3° Læb eau distillée; 4° Lœb eau de mer. Le 17,à dix heures du matin,les œufs témoins de D étaient restés sans développement, de même que ceux ayant passé par les solulions de Lœb. Les fécondés ne montraient que quelques larves; et, vu le nombre des ©, on doit V'attribuer aux œufs. Pour Toxopneustes E, on trouvait quelques larves parthénogénéliques provenant de cha- cune des solutions de Lœb; mais il y en avait davantage dans la cuvette des œufs témoins; surtout elles étaient mieux développées. Les fécondés montraient aussi des larves; mais il y avait trop peu d’eau pour elles; et J'arrêtai là ces cultures, pour en recommencer deux autres, le 17àquatre heures du soir. Ces deux cultures :(Torop. F, et Toxop. G), comprenaient chacune plusieurs G‘et plusieurs ©. Comme à l'ordinaire, on avait des œufs témoins, des fécondés, des Læb eau distillée, et des Læb eau de mer. Le 18, à dix heures du matin, des larves parthénogénéti- ques s’obsérvaient en grand nombre dans la cuvette des 106 CAMILLE VIGUIER. œufs témoins. Les œufs fécondés montraient aussi des larves très nombreuses. Les unes et les autres étaient à l’état de blastula à peu près de même dimension, et d'un diamètre moyen de 0**,11. Du côté où doit se faire l’invagination gas- trulaire, l'épaisseur est 0"*,05, tandis qu’au pôle opposé elle n'est que de 0"",01. Lesœufsayant séjourné dans les solutions Lœb eau distillée et Læb eau de mer montraientseulement la segmentation, avec une graude épaisseur de la paroi, qui était surtout remarquable chez les œufs ayant séjourné dans Lœb eau distillée. Comme ces deux cultures F et G étaient de même origine et de même date et qu'elles se développaient de même, Je les réunis alors, cuvette par cuvette, sous la marque FG:; et les larves parthénogénétiques provenant des œufs témoins nageant à Ja surface, furent évacuées avec soin et laissées en observation ainsi que toutes les autres ; tandis que les œufs témoins, non fécondés le 17, et qui étaient demeurés au fond de la cuvette, ont été fécondés vers trois heures. Le 19, la culture FG continuait à montrer des larves provenant des deux solutions Lœæb ; mais les larves parthénogénétiques provenant des œufs témoins étaient plus avancées et com- plétaient leur tube digestif. Elles variaient en diamètre de 0°*,10 à 0°*,12 et comme longueur axiale de 0°°,11 à 0*®,12: tandis que l’invagination gastrulaire se faisait mal ou à peine chez les Læb (surtout Lœb eau distillée.) Les larves provenant d'œufs fécondés après vingt- trois heures après évacuation des parthénogénétiques, étaient du reste beaucoup plus nombreuses que celles-ci. Elles étaient devenues de petites gastrulas de 0"",07 de diamètre et de 0°*,06 à 0",07 de longueur axiale. Quant aux fécondés dès le début ils suivaient leur déve- loppement, assez peu actif. Leurs larves se trouvaient encore à l’état de blastulas d’un diamètre moven de 0®",11. Le 20 mai,à onze heures du matin,les parthénogénétiques provenant des œufs témoins et les fécondés du premier jour sontréunisprincipalementen groupes héliotropiquesnégatifs. FÉCONDATION CHIMIQUE. 107 Les fécondés du deuxième jour nagent au contraire dans toute la cuvette ; mais on distingue deux groupes l’un hélio- tropique — et l’autre heliotropique +. Les larves ayant passé par les solutions Lœb sont en trop petit nombre pour que l’on puisse apprécier leur répartition ; leur développe- ment est du reste fort en retard. Le 21 mai,à onze heuresdu matin, les fécondés et les par- thénogénétiques sont nettement héliotropiques négatifs. (Il y à beaucoup de pourris parmi les parthénogénétiques. Ce n’est toutefois que parmi eux que l’on constate quelques plutei qui ont des bras d’une longueur de 0*",125); tan- dis que les fécondés après vingt-trois heures sont, au con- traire, répartis dans toute la cuvette. Quant aux larves provenant des solutions de Lœb, elles sont héliotropiques négatives, mais fort en retard. Les Loœb eau distillée se ratatinent de plus en plus,sans montrer aucun progrès dans le développement. Pour les Lœæb eau de mer, quoique un nombre immense soit attardé et qu'il y ait de toute petites larves, les choses vont décidément mieux ; et l’on voit wx petit pluteus dont les bras ont 022,13 de long : cest le seu! exemple d'un pluteus provenant d'œufs ayant passé par les solutions salines (1). Le 22 mai, à onze heures du matin, il ne restait plus que quelques larves vivantes dans les Lœb eau de mer, dans les fécondés immédiatement et dans les fécondés après vingt- trois heures : j'arrêtai là cette observation. Bien que mal réussie, et n’arrivant pas à donner des plutei chez les fécondés, cette culture est intéressante par ce fait qu’elle nous a donné deslarves parthénogénétiques provenant des œufs ayant passé dans les solutions salines, de même que de ceux demeurés simplement dans l’eau de mer. Il est à remarquer aussi que, malgré le petit p/uteus observé le (1) Ceci est en contradiction avec la page 121, ligne 3 et 4 des Comples rendus, où une coupe dans le texte à fait disparaitre celte réserve, facile à prévoir en se reportant à la page précédente des Comptes rendus, ligne 18. 108 CAMILLE VIGUIER. 21 dans Lœb eau de mer, il y eut en général un retard très net pour les œufs ayant passé par les solutions salines (sur: tout Læb eau distilléé) sur les larves parlhénogénétiques ordinaires. Il est à remarquer aussi que les œufs de Toxop. des FGont en partie résisté à la solution saline faible,etmême ont subi un commencement de développement; tandis que aucun des œufs de la culture A de la même espèce, qui donna de nombreuses larves parthénogénétiques, ne ré- sista à la solution forte. La solution saline, chez nos Toxopneustes d'Alger, relarde donc tout au moins le développement; et méme elle l’arréle quand la concentration est trop forte : ce qui est le contraire des conclusions de Læb. Le 26 mai, je mis à l'étude une autre culture (T0oxop. H.) provenant de 7 ® et 8 &, et qui eut un développement comparable à celle de la série A. Il y avait les quatre séries ordinaires : 4° témoins; 2° fécondés ; 3° Lœæb eau distillée; 4° Lœb eau de mer. Après deux heures, on a fécondé une partie des témoins et des œufs provenant des solutions salines: Le 27, les fécondés immédiatement ont beaucoup de larves à l’élat de gastrulas d'un diamètre moyen de 0**,11. Les œufs témoins semblent en avoir donné davantage encore, et de même dimension. Elles sont en grand nombre, les unes comme les autres, héliotropiques positives, mais répar- lies aussi dans toute la cuvette. Les témoins fécondés après deux heures ont subi un commencement de développement; mais beaucoup d’entre eux sont pourris. Il y avait du resle trop peu d’eau; et, vu le nombre des cullures en train, ils se lrouvaient dans une cuvette trop petite. Les Lœb eau distillée et les Lœb eau de mer werges, ne montrent pas de larves; mais, beaucoup d’œufs étant encore en bon état, on change l’eau pour suivre la cülture. Quant aux Lœb eau distillée et aux Lœb eau de mer, fécondés après deux heures, ils sont tous pourris et rejetés. Le 28, les larves parthénogénétiques et les fécondées sont très nombreuses. Les fécondées sont devenues des p/utei FÉCONDATION CHIMIQUE. 109 dont les bras ont de 0"",20 à 0®",28. Chez les parthéno- génétiques, il y à aussi tendance à la formation de pluter, mais ceux-ci se développent mal et les bras des plus avan- cés n'ont que 0"",12. Ici ce sont les parthénogénétiques qui sont en retard; et la différence entre elles et les fécondées prouve bien que leur développement n’est pas dû à une fé- condation involontaire des œufs témoins. On n’observe plus rien dans ce qui provient des solu- lions de Lœb {contrairement à ce qui est imprimé page 120 des Comptes rendus ligne 4). Le 29, les parthénogénétiques ont suecombé, les fécondés n'ont plus que quelques larves vivantes; et l’on arrête la culture. Une autre est commencée le même Jour (Toxop. 1) avec 12 © et 8 &', et divisée en les quatre séries habituelles. Le 30 mai au matin, à dix heures et demie, les œufs témoins sont encore en grande partie en bon état, mais montrent de rares larves, les unes vivantes, les autres mortes. Les fécondés ont des larves nombreuses. Les Læb eau distillée et les Læb eau de mer, demeurés vierges, montrent quelques segmentations, mais commencent à pourrir. Les œufs fé- condés au sortir des solutions salines sont sans développe- ment, et pourris. Le soir du même jour, il n’y a plus de vivantes que les larves provenant d'œufs fécondés immédia- tement : tout le reste est mort; et la culture est arrêtée. Des 8 cultures de Toropneustes, À, B, C ne comprenaient chacune qu'un © et 1 &. C'est donc un heureux hasard qui me fit découvrir la parthénogénèse dans À, et nous aurons à reparler de cette culture ; D comprenait { © et plusieurs G'; E, F, G, plusieurs © et plusieurs G‘, en nombre non déter- miné; H,7 © et 8&:;112 © et 8 &. C'est donc un total de 23 femelles comptées, plus celles qui ne l’ont pas été, et de 19 mâles comptés, plus également ceux qui ne l'ont pas été. Les développements parthénogénétiques ont été plus fréquents chez le Toropneustes que chez les Sphærechinus. Mais ce qui est surtout à remarquer ici, c’est que les œufs 110 CAMILLE VIGUIER. de la femelle À pouvaient se développer, soit parthénogéné- tiquement, soit après fécondation. III. — ARBACIA. Pour les Arbacia, il a été fait neuf cultures ; quatre (A, B; C, D) ont été commencées le 16 mai, à deux heures et demie, dès que j'ai pu me procurer le travail de Lœæb. Chacune d'elles ne comprenant qu'un © et 1 &, était divisée en les quatre séries ordinaires. Le 17 mai, à dix heures du matin, tous les œufs fécondés avaient donné des larves. Il n'y en avait ni dans les témoins, ni dans les Lœb {1). À quatre heures du soir, j'ai fécondé les œufs témoins de ces quatre séries; et tous avaient donné des larves le 18 au matin. Dès le 17, j'avais commencé, à trois heures et demie, deux autres cultures d’Arbacia (E et F), comprenant chacune plusieurs ® et plusieurs cf‘. Le 18, à dix heures du matin, les œufs fécondés mon- traient un développement normal. Les lémoins laissaient voir des larves très rares. On ne voyait rien dans les Lœb. Les deux cultures ont été réunies en une seule, mar- quée E F. Sauf les fécondés, que l’on a laissés se développer librement, chacun des trois autres groupes a été divisé en deux parties, dont l’une élait fécondée à deux heures et demie, et l’autre laissée telle quelle. Le 19, les œufs ayant passé par les solutions de Lœb étaient toujours sans développement. On voyait quelques larves parthénogéné- tiques parmi les œufs témoins, et des larves plus rares encore chez les témoins fécondés au bout de vingt-quatre heures. Les fécondés immédiatement étaient très nombreux ; et le 20, à onze heures du matin, on.les voyait en nombre immense réparlis dans toute la cuvette. Ce groupe seul a été conservé ; et le 21, à dix heures du matin, toutes les larves (4) Dans ma note [45] (page 119, ligne 21), on doit lire « que dans les cuvettes », au lieu de « dans la cuvette ». FÉCONDATION CHIMIQUE. 111 étaient à l’état de plutei. Comme il n'y avait plus d'intérêt à continuer l'observation, je l’arrêtai et commencçai le même jour, à 11 heures du matin, une autre culture (Arbacia G.) composée de 23 Q et de 10 . On avait, comme à l'ordinaire, les témoins, les fécondés les Lœb eau distillée, les Lœb eau de mer; et, pour chacun de ces deux derniers groupes, une partie était fécondée au sortir de la solution saline, et après lavage, bien entendu. Comme cette culture est celle qui a donné des résullats les plus probants, j'indiquerai pour elle les dimensions compa- ratives des larves comme je l'ai fait pour une culture de chacune des deux espèces précédentes. . Le 22 mai, à dix heures du matin, des larves parthénogé- nétiques se montraient en aussi grand nombre que les larves provenant des œufs fécondés, et ne présentaient pas encore de différences notables. Rien ne se voyait chez les œufs ayant passé par les solutions de Lœb, qu'ils fussent demeu- rés vierges ou qu'ils aient été fécondés deux heures après. On évacue avec soin tous les parthénogénétiques des œufs témoins et l'on féconde les œufs restés vierges dans l’eau de mer, ainsi qu'une partie de ceux qui ont passé deux heures dans les solutions de Lœb, et sont depuis dans l’eau de mer. Le 23 mai, à 10 heures du matin, les parthénogénétiques et les fécondés du premier jour ont encore des larves à peu près du même développement. Dès le soir, 5 heures, les différences s’accentuent entre les larves provenant des œufs fécondés et les larves parthénogénétiques. Chez les premières, si beaucoup sont encore en retard et à l’état de gastrula de 0%*,07 à 0"*,08 de diamètre des plutei commencent à se former ; et les grands bras des plus avancés ont 0"",16 à 0*°,17 du sommet de la larve à l’extré- mité des bras. Chez les parthénogénétiques, les gastrulas sont à des étals de développement très divers : elles ont en moyenne 0"”,07 de diamètre et 0"",09 de hauteur. Quelques-unes seulement 112 CAMILLE VIGUIER. commencent à prendre la forme de ylulei de 0*",07 de haut sur 0,""13 de large. Quant aux fécondés après vingt- quatre heures, on ne voit que des petites gastrulas dont les plus avancées seulement ont 0,""07 de diamètre et 0°°,09 de haut. D’autres larves sont fort attardées, encore à l'état de blastulas de 0"",07 de diamètre (1). Rien n'apparaît dans les cultures provenant des Læœb eau distillée, que les œufs soient restés vierges, qu'ils aient été fécondés après deux heures où après vingt-quatre heures. Au contraire, dans les Lœæb eau de mer restés vierges, et dans ceux fécondés après deux heures, on voit quelques larves. On en voit aussi, mais beaucoup plus rares dans les Lœb eau de mer, fécondés après vingt-quatre heures. Le 24, la différence s’accentue de plus en plus entre les fécondés et les parthénogénéliques. Chez les premiers, on trouve des plutei à bras courts de 0"",19. Les plus avancés ont des bras de 0°*,24 à 0**,30. Chez les parthénogénéti- ques, outre qu'il y a toujours des œufs non segmentés, la plupart des larves ont 0"*,09 de haut sur 0"*,13 de large ; mais quelques plutei sont plus développés, et leurs grands bras atteignent 0"",21. Pour les fécondés après vingt-quatre heures, où beaucoup d'œufs ne sont point développés, les plus avancés commencent à prendre la forme de plutei; mais les bras n’ont que 0"*,072 de long. Comme il semble que les Arbacia supportent mal le retard apporté à la fécondation, je cesse d'observer le développement de ce groupe. Tous les œufs qui ont passé par Lœb eau distillée sont rejetés. Les Lœb eau de mer, sans fécondation, et ceux fécondés après vingt- quatre heures sont pourris. Pour ceux qui ont été fécondés après deux heures de séjour dans la solulion saline, Ja plu- part des œufs ne se sont pas développés et pourrissent. Cependant, pour des milliers d'œufs, j'apercois trois p/utei, dont un seul vivant. | Le 25, chez les fécondés, il y a encore des larves à tous (4) Imprimé par erreur 0,04 (p. 65 des Comptes rendus). FÉCONDATION CHIMIQUE. 113 les états (v compris celui de b/astula) et des pluter à bras courts de 0*",16 ; tandis queles plus avancés ont des bras deb 30 055 Chez les parthénogénétiques il y a beaucoup de larves altardées ; et quelques gastrulas n’ont encore que 0"",10 de diamètre. Par contre, il y a un grand nombre de plutei d’une longueur de bras variant de 0"",14 à 0°®,24. Le 26, pour les fécondés, tous les plutei sont fort dévelop- pés et à peu près de même taille. Les bras des plus grands atteignant 0®",38. Pour les parthénogénétiques, on trouve des larves à tous les états, et en majorité fort altardées. Les plus grands p/uter ont des bras de 0"*,24 seulement. Cette culture est intéressante; 1° en ce qu’elle nous montre le retard des œufs ayant passé par les solutions salines sur les parthénogénétiques ordinaires ; 2° le retard de ces parthénogénétiques sur les fécondés immédiatement ; 3° enfin, le retard des fécondés après vingt-quatre heures sur les parthénogénétiques. Il faut noter en outre chez les Arbacia un dimorphisme remarquable entre les fécondés et les parthénogénétiques : l’angle formé par le prolongement des bras des premiers étant en moyenne de 37° ; landis que ce même angle, pour les parthénogénétiques n’est pas moindre de 78° (plus du double). Ce dimorphisme enlève les derniers doutes qui pour- raient subsister sur une fécondation involontaire des œufs témoins. Le 27, je juge inutile de continuer les mesures : les deux cultures étant sans progrès sur la veille, et commençant à pourrir. Les fécondés ont toutefois des plutei bien vivants, qui se tiennent au fond de la cuvette, tandis que les parthé- nogénétiques ont toujours des larves d’un développement très inégal. Quelques-unes des jeunes vivent encore ; mais les plutei commencent à pourrir ; et, le 28, les deux cultures sont rejetées, après avoir duré sept jours. Le 29, à dix heures du matin, je recommencais deux autres ANN. SC. NAT. ZOOL. XI]. 8 114 CAMILLE VIGUIER. séries d'Arbacia. L'une (Arbacia H) de 10 Q et 8 &', l’autre (Arbacia 1) 9 @ et 8 . Culture H : — Le 30 mai, à 10 heures et demie, quelques- uns des œufs témoins montrent un commencement de seg- mentation : beaucoup sont intacts; quelques-uns commen- cent à pourrir, les fécondés ont donné des larves. Pour les Lœb : les Lœb eau distillée demeurés vierges sont pourris ; on voit de rares larves parmi les fécondés; le reste est pourri. Les Lœb eau de mer, vierges, n’ont rien donné; les fécon- dés non plus ; mais ceux-ci commencent à pourrir. Le soir, on ne voyait pas de larves parmi les œufs témoins ; il y en avait de nombreuses chez les fécondés après deux heures, de même que chez les fécondés immédiatement. Quelques rares larves se voient encore dans les Lœb eau distillée, fécondés, rien parmi les vierges, non plus que parmi les Lœb eau de mer, soit vierges, soit fécondés. Les Arbacia 1 nous montrent, le 30 mai, à 10 heures à demie du matin : 1° dans les œufs témoins des larves rares et en relard sur celles provenant des œufs fécondés. Une partie des œufs est encore intacte ; mais le reste commence à pourrir. Les fécondés après deux heures ont donné des larves, de même que les fécondés immédiatement. Les Lœb eau distillée soit vierges, soit fécondés, montrent quelques larves. On n’en voit pas dans les Lœb eau de mer; mais les vierges sont encore en bon état, tandis que les fécondés commencent à pourrir. Le soir, les larves parthénogéné- tiques provenant des témoins élaient toujours rares, tandis que les œufs fécondés au bout de deux heures et ceux fécon- dés immédiatement avaient des larves nombreuses. Plus rien ne se voyait de vivant dans aucune des quatre séries ayant passé par le liquide salin. On voit donc que pour les Arbacia (type plus spécialement étudié par Lœæb) il à été mis en observation 46 Q et 30 & pour les A,B,C,D,G,H,[, sans compter un nombre indé- terminé de femelles et de mâles pour les cultures E et F; et que la parthénogénèse a été constatée dans les cul- FÉCONDATION CHIMIQUE. 115 tures E,F,H, 1, et surtout G, où elle était très marquée. Le 30, je renonce à faire d’autres cultures, la parthénogé- nèse des Oursins me semblant désormais établie, et la tem- pérature de l’eau dans les cuvettes d'élevage s’élevant, mal- gré toutes les précautions, à 19 degrés, alors qu'elle n’était que de 15° dans le port, à 6 mètres de profondeur (à quatre heures et demie du soir). IL résulte des expériences ci-dessus que les trois espèces d'Oursins étudiées par moi, peuvent, d’une façon acciden- telle, se développer parthénogénétiquement. Le fait même que, dans un grand nombre de cultures, les œufs témoins sont demeurés stériles, que, dans d’autres, ils ne donnaient que quelques larves, où même quelques commencements de segmentation, suffirait à démontrer que nous opérions avec assez de soins pour éviter des fécondations acciden- telles. On ne saurait donc attribuer à cette dernière cause le nombre considérable de larves apparues parmi les œufs témoins de certaines cultures. Elles étaient évidemment par- thénogénétiques; leur développement différait presque tou- jours de celui des autres ; et, s’il pouvait encore subsister quelques doutes à l'égard de la parthénogénèse, le dimor- phisme très net observé chez les Arbacia entre les larves provenant d'œufs fécondés et les larves parthénogénétiques, et que j'ai tout lieu de croire conslant, serait une preuve suffisante de l'exactitude de mon interprétation (1). (1) Le dimorphisme entre des larves provenant d'œufs de même origine, suivant qu'ils ont, ou non, été fécondés, est un fait bien connu chez les Abeilles, quoique la théorie de Dzierzon ait été critiquée par Pérez. D’autres Hyménoptères sont du reste cités par Maupas [33], qui signale le même fait chez uu Rotifére, l’Hydatina senta. Ici la fécondation a pour effet de faire produire des © à des ® arré- noltoques. C'est l'inverse .qui se produit chez les Rhabditis elegans de Maupas, dont le mémoire : Modes et formes de reproduction des Nématodes, est en cours de publication dans les Archives de Zool. Expér. Maupas rappelle à ce sujet (p. 490) que l'Apus se comporte comme son Rhabditis, d'après Brauer, Beiträge zur Kenntniss der Phyllopoden (Sitz. d. K. Ak. d. Wiss. zu Wien, 1872, vol. LXV, p. 279-91). 116 CAMILLE VIGUIER. Pour nos Arbacia, il est impossible de dire si les Oursins provenant des larves parthénogénétiques aurait différé de ceux donnés par des larves fécondées, soit par quelques caractères particuliers, soit uniquement par le sexe; bien que cette dernière hypothèse me semble fort douteuse. C'est justement ce qui prouve combien on a tort de s'adresser, pour l'étude de l’hérédité, à des êtres dont on ne peut culti- ver les larves que pendant un temps fort limité; alors sur- tout que les caractères adaptifs de ces larves masquent complètement, au moins pour un temps, l’évolution ances- trale (1). Il faut sans doute joindre à la liste des Oursins parthéno- génétiques l’Æchinus microtuberculatus Prowazeck [40]. Je n'ai pu expérimenter sur celte espèce, que l’on ne prend qu'accidentellement à Alger ; ce qui m'a du reste empêché de répéter les observations de Boveri. Mais les plutei de Prowazeck étaient en mauvais état, à ce que nous dit l’auteur lui-même ; et ils avaient pu être plutôt gênés par le traite- ment qu'ils avaient subi. En outre, ici également, et de l’aveu de l’auteur, les expériences étaient insuffisantes (p. 360. Je suis donc en droit de conclure que les Oursins doivent être complètement éliminés des recherches sur la féconda- tion chimique ou sur la parthénogénèse expérimentale ; car, pour attribuer, avec autant d'assurance que le fait Lœb, le développement des œufs à l’action du liquide d’ex- périence, il faudrait être absolument garanti contre la par- thénogénèse naturelle. Or, nous voyons que cela n’est point possible chez les Oursins. (1) Je parle ici de la généralité des cas, bien que quelques naturalistes, et, en ces derniers temps, Mac Bride, soient arrivés à de meilleurs résul- lats. M'étant beaucoup occupé autrefois de la faune pélagique, j'avais imaginé divers moyens de la faire vivre dans nos laboratoires; mais, là comme ailleurs, J'ai été arrêté pur le manque d'aides, et les appareils qu'a décrits Mac-Bride (6), trop tard du reste pour que j'aie pu en profiter, exige- raient des dépenses hors de proportion avec nos ressources. En tous cas, mes cultures ayant été poussées aussi loin que celles de Lœb, nos résultats sont comparables : et c’est l'essentiel pour la question. FÉCONDATION CHIMIQUE. 117 Et, du reste, si la parthénogénèse était jusqu'ici demeurée inconnue chez ces animaux, du moins l’était-elle chez d’autres Echinodermes : Asterina qibbosa — Mac-Bride (5 : p. 343). Asterias rubens — Greeff [12]. À glacialis et Astro- pecten — O. Hertwig [19]. Sans doule, il faut faire la part des différences que peuvent présenter les races géographiques — à plus forte raison les espèces; mais, comme les deux genres d'Oursins étudiés par Lœb présentent, certainement, au moins une espèce parthénogénélique, ainsi que le Sphærechinus granularis (moi) et peut-être l'Echinus microtuberculatus (Prowazeck), on ne saurait se tenir sur une trop grande réserve. En reprenant mes notes pour leur donner la forme ac- tuelle, j'ai naturellement eu soin de regarder ce qui avait paru à peu près simultanément, et depuis leur publication. J'étais également curieux de voir les réflexions qu'elles avaient provoquées. Mais, vu les conditions où elles ont paru, elles semblent avoir été d’abord peu connues. Je ne pouvais songer, en effet, à en faire des tirages à part dans leur forme évidemment imparfaite; et il n'y a pas lieu de s'étonner, surtout à l’époque des vacances, qu'elles aient élé tardivement signalées. Elles n’ont toutefois pas échappé à l'attention toujours en éveil de Giard [15]; d'autant qu'il avait essayé pour son compte de reprendre les expériences de Læb, sur /’As/enus rubens [14] avec peu de succès du reste, puisque, nous apprend-il, il est arrivé à peine au stade à 16 blastomères. Ce qui ne l'empêche pas de dire: « Je ne doute pas qu'en opérant à une saison plus avancée, et en variant les con- ditions d'expérience, on puisse voir se former la larve Pra- chiolaria ». Je ne me permets point, quant à moi, ce genre de raison- nement, qui ne manquerait pas d’allirer à son auteur, les critiques, cette fois justifiées, de Giard s'il était tenu par un autre que lui. 118 CAMILLE VIGUIER. Je dis: j'ai obtenu, ou je n’ai pas obtenu, de plutei, tout simplement. Et je laisse à penser quel orage j'aurais attiré sur ma tête en employant le raisonnement de Giard [14] à ceux qui liront sa note [45]. J'étais en traitement dans une maison de santé de Paris, lorsque parut cette dernière note, rédigée dans le style bien connu de l'auteur. A lire son paragraphe Il (p. 762), il semble que je me sois occupé seulement du Toxopneustes lividus, et de l’Ophiothrix fragilis. — Or, je n'ai jamais parlé de cette Ophiure; mais, par contre, j'ai expérimenté surle Sphærechinus et l'Arbacia dont Giard ne dit pas un mot. Même pour le Toropneustes, je n'admets passa critique ; car toutmon matériel était vérifié au microscope, à de forts grossissements, et l'inconstance même de la parthénogénèse, constatée aussi bien chez les Toxopneustes que chez les deux autres Oursins, prouve, de même que la marche générale des cultures, que mes précau- tions étaient bien prises. Le dimorphisme des larves d'Arbacia, suivant qu'elles sont ou non fécondées, est une autre preuve sans réplique. Et je ne saurais croire que l'importance de cette observation ait échappé au savant professeur de la Sorbonne, surtout après que Le Dantec [22] a longuement insisté sur le cas des abeilles rappelé plus haut (p. 115) dans le volume jubilaire du Laboratoire de Wimereux. | Suivant le Dantec, mes A7bacia parthénogénétiques se- raient non des femelles, mais des par{hénogéniteurs. Je n'ai pas à entrer dans cette discussion. Mais je puis m'étonner à bon droit que Giard ait omis complètement d'en parler dans son paragraphe Il; car s'il avait réfléchi, il n'aurait pas écrit les deux lignes qui le terminent. Dans son paragraphe III, Giard me reproche de n'avoir point parlé de la parthénogénèse de l'Asterias rubens. Ici, il est dans son droit; mais cela est dù au découpage de mon manuscrit primitif. Je signalais, en effet, les re- cherches de Greeff; non que j'aie pu consulter la publication FÉCONDATION CHIMIQUE. 119 originale [12]! qui n'existe pas à Alger, mais je la connaissais par la citation qu'en faitO. Hertwig [18]. Greelf, du reste, dans ses belles observations sur l’Asferias rubens, n’a obtenu que des larves blastula, du moins si j'en crois Hertwig [18] et Taschenberg [41]. Giard aurait donc pu se montrer moins sévère pour un naturaliste dont les cul- tures, au lieu de s'arrêter à la première forme larvaire, ont été poussées jusqu'au dernier point que l’on obtient ordi- nairement dans les laboraloires; et le fait même que l’A rubens peut être naturellement parthénogénétique prouve, d'après Lœb lui-même, que c'est un sujet mal choisi pour l’étude de la parthénogénèse artificielle. Quant à la lenteur des processus évolutifs, elle est nette- ment signalée dans mes notes ; et il n’est pas exact de dire, qu'il semble bien aussi qu’elle ait été très fréquente dans mes expériences. Seulement, ce retard a été beaucoup plus mar- qué pour les œufs ayant passé par les solutions de MgCF que pour ceux qui se développaient directement dans l’eau de mer. C’est ce que constate Læb lui-même, pour les œufs fécondés (24, p. 467) « the treatment with M3CP diminishes the power oj development of egqs, but does not increase it » (1). Je ne crois pas, comme Giard me le reproche dans son paragraphe IV, « avoir conclu trop rapidement à l'ineffi- cacité des solutions salines, pour déterminer la parthéno- génèse, quand celle-ci n’a pas une tendance à se produire naturellement chez la race d'Echinodermes étudiée ». Quant au reste de son paragraphe IV, j'y réponds plus loin; et, quant au paragraphe V, je n’en dirai qu'un mot au moment voulu. La note préliminaire de Lœæb n’a été l’objet d’un compte rendu, que dans le Zoologisches Centralblait du 15 mai, ar- rivé à Alger, lorsque mes expériences étaient terminées et que j'étais au lit depuis longtemps. J'avais heureusement pu me procurer à temps le tirage à part. Au moment où je (1) Les ilaliques sont de Lœb. 120 CAMILLE VIGUIER. dictais mes notes, le travail #n extenso n’était signalé, ni dansl'Anatomischer Anzeiger, ni dans le Zoologisches Anzeiger qui mentionne seulement, dans son numéro du 9 août, l’article de Science [25] et un compte rendu de ses recher- ches dans la Revue Scientifique. Quant au compte rendu détaillé de Bergh dans le Zoologisches Centralblalt, 1 n’a été publié que le 14 août. Bien qu'il ne fût pas encore de l’Institut, M. Giard en était alors si près qu’il ne devait pas ignorer ce qui s’y fai- sait. Il a donc dû savoir que mes deux notes ont été com- muniquées en bloc, par M. Perrier, bien avant leur publi- cation, dans les comptes rendus. En fait, mon manuscrit primitif était rédigé, dans les conditions que j'ai dites plus haut, dès la première semaine de juin, alors que je ne pouvais avoir aucune connaissance de la seconde publication de Lœb, que je discuterai plus loin. Et je trouve, après tout, bien oiseuses ces querelles biblio- graphiques, à la portée de tous ceux qui ont une biblio- thèque bien montée, quand il s’agit essentiellement, de la constatation de faits nouveaux (1). Le second travail de Læb, qui n’est que l'exposé 2n extenso de ses expériences, ne contient aucun fait important, qui n'ait pas été signalé dans sa communication préliminaire, puisqu'il a paru au mois d'avril de cette année. Giard me reproche de n'avoir pas lu, au mois de juin, ce mémoire que Friedländer n'a pu me procurer qu’en décem- bre et qui, s’il ne change rien à la question, témoigne chez son auteur d’un travail considérable, et d’une imagination plus grande encore. Je suis en droit de dire que Giard, qui possédait ce mémoire au moment où il a publié sa note, a eu tort de ne pas lire plus attentivement la page 437. II (1) Je ne me suis pas empressé de rappeler ma Note sur lu constitution des Echinodermes (C.-R. Ac. des Sc., 1884) quand j'ai vu qu’elle était ignorée de Helen Dean King (Regeneration in Asterias vulgaris — Arch. für Entwicke- lungsmechanik (1898) et Further studies, id. (190v). Qu'importe! Si cette naturaliste apporte à la science des faits intéressants, elle a mieux employé son temps à les observer qu’à fouiller les bibliothèques. FÉCONDATION CHIMIQUE. 121 aurait vu que Lœb fait des réserves sur le cas de Ticho- mirow (42) (les Bombyx étant naturellement parthénogé- nétiques). Je pense que s’il eût connu la parthénogénèse naturelle des Oursins, Lœb se fut montré plus réservé dans ses conclusions; mais ce que ne pouvait savoir Lœb, Giard le connaissait par mes notes. Il est vrai qu'à le lire on ne s’en douterait guère ; et rien n’est plus facile que de laisser de côté ce qui gêne. Cependant le fait valait d’être signalé avec l’autorité qui s'attache aux moindres produc- tions du savant membre de l’Institut. Je me borne cependant à la défensive, à cause des rap- ports courtois que nous avons eus Jusqu'ici avec Giard, el surtout parce que je suis persuadé qu'il vaut beaucoup mieux que la plupart des notes, trop souvent agressives, qu'il égrène avec une si grande facilité, et je reviens au mémoire [24] de Læb. Giard me reproche de n'avoir pas lu ce travail en rédi- geant mes notes. Il en parle bien à son aise et comme quelqu'un qui n’a qu'à étendre la main pour atteindre l’ou- vrage désiré. Nous ne sommes pas, à Alger, dans des conditions aussi favorables. Il nous faut altendre que les mémoires originaux soient signalés dans les bibliographies, pour lâcher de nous les procurer, encore n’y réussissons-nous pas toujours, et J'ai craint d’en être réduit à parler de ce travail d’après les quelques mots qu’en dit Læb dans Science [25] et le compte rendu de Bergh [3]. Nous avons vu plus haut les réserves que faisait Bergh au sujet de la communication préliminaire de Læb. Il semble que, cette fois, ilse laisse convaincre, maisnon sans garder une arrière-pensée. Sa prudence me paraissait d'autant plus justifiée, qu’il nous dit, page 550 : « In einem gut selungenen Versuch ist ihr Bau ganz der normale », alors qu'il s’agit des Arbacia chez lesquels le dimorphisme est si net, à Alger du moins, entre les parthénogénétiques et Les fécondés. 122 CAMILLE VIGUIER. J'avais, de guerre lasse, envoyé mon travail à l’impres- sion, lorsque, le 28 décembre dernier, Friedländer a pu m'envoyer enfin le fascicule d’avril de l'A. J. of physiology. Malgré la difficulté qu'il y a à parler un peu longuement d'un travail qu'on n’a pu consulter que lorsque le vôtre est à l'imprimerie, je crois devoir insérer ici quelques remarques. Le mémoire de Lœæb témoigne d’un labeur considérable, et de moyens d'action que je ne puis que lui envier; mais une grande partie ne rentre pas directement dans le cadre de la présente étude. Nous allons donc voir seulement ce qui nous intéresse le plus. Page 451, nous lisons : « My experiments were carried on after the breedingseason was practically over, in september, when the majority of the sea urchins contained practically no more eggs. » IL était évidemment ainsi dans des conditions peu favorables pour observer la parthénogénèse naturelle des Oursins. Quelques lignes plus loin, il nous apprend que son matériel consistait en «a few dozen sea-urchins collected earlv in the season, and kept in a small pond ». L'isolement rigoureux des mâles et des femelles n'a donc pu être observé dans ces premières expériences, puisque les quelques douzaines d’Oursins en question ont vécu ensemble pendant toute la saison, dans une petite mare. Page 468 : « There is a typical difference between bastulæ and plutei wich develop from fertilized and unfertilized eggs. The former rise to the surface the latter swim at the bottom of the dish. » C’est là une généralisation hâtive, qui corres- pond sans doute aux observations de Læb, mais ne cadre point avec ce que j'ai vu. Le dimorphisme des ylutei de nos Arbacia, suivant qu'ils sont ou non fécondés, et que Lœb n’a pas observé chez les siens, puisqu'il nous dit, page 469 : « The plutei produced from the unfertilized egg resemble closely in every regard those produced from the fertilized egg » me semble de toute LA FÉCONDATION CHIMIQUE. 195 autre importance que l'absence ou la présence d’une mem- brane dont il parle dans ce mémoire, et dont il ne disait pas un mot dans sa communication préliminaire [23]. I a été constaté par moi, non pas en jetant un coup d'œil rapide sur le microscope, mais en comparant entre eux de nombreux croquis relevés, au jour le jour, à 360 diamètres. Toutes les mesures que je donne ont été obtenues de même, et sont des moyennes de nombreux dessins, relevés, sans aucune opinion préconçue, et comparés et mesurés, après les expériences, car 1l m'était impossible de tout faire à la fois, étant wractically (pour employer un terme cher à Lœb) seu/, bien que j'eusse l’aide dont j'ai parlé plus haut. Je donne, comme l’avait fait Bergh, et un peu plus au long, les conclusions du mémoire de Lœb (p.468 et 469). « The facts of the preceding chapter force us to transfer the problem of fertilization from the realm of morphology into that of physical chemistry. There is certainly no reason left for defining the process of fertilization as a morpho- logical process. The morphology of the spermatozoon itself becomes of secondary importance as far as the process of fertilization is concerned. The spermatozoon not only starts the development of non parthenogenetic eggs, but is also the bearer of the heredi- tary qualities of the male. From our experiments it becomes evident that these two functions of the spermatozoon are not necessarily bound together, for nobody would assume for an instant that the hereditary qualties that are carried by the spermatozoon could be imparted to the egq by a change in the inorganic constituent of the sea-water ». Ce que je souligne est fort bien; et si Læb avait été aussi explicite dans sa communication préliminaire et s'était borné à lui donner le tilre de la seconde « Artificial production of... larvæ » je supprime normal car il n’en sait rien encore (n'ayant pu les élever jusqu'à l’Oursin) je n'aurais pas écrit quelques-unes des pages qui précèdent, et qu'il est mainte- nant trop tard pour supprimer. Il (RS) 4 CAMILLE VIGUIER. Mais je suis loin d’être d'accord avec lui quand il pour- suit : « We must in future consider the possible or probable separation of the fertilizing qualities of the spermatozoon from the transmission of hereditary qualilies through the same » (p. 469). Car on voit qu'ici encore, Lœb nous parle de fécondation (fertilisation). Mais l’auteur a réfléchi, sans doute, comme je le disais plut haut, qu'ainsi disparaissait toute hérédité en ligne paternelle; et, comme à l'ordinaire, quand les faits lui font défaut, il invente une nouvelle théorie. Où se trouvera donc, dans Le spermatozoïde, cette portion chargée de transmettre les qualités héréditaires, et qui peut être séparée, qui l’est même probablement, suivant l’au- teur, des parties proprement fécondantes du spermatozoïde? Ce doit pourtant être un élément figuré, et non un simple produit chimique. La théorie de Lœb sur la séparation des deux fonctions du spermatozoïde demeure toute entière à démontrer; quoique Giard [15] (p. 164) écrive : « Dans la fécondation vraie, Læœb a raison de distinguer la fonction excitante (?) du spermatozoïde de son rôle comme support de l’hérédité paternelle (1). » Quant à la fécondation proprement dite (quoi que ce terme, en bonne raison, doive comprendre la transmission des caractères héréditaires), 1l faut éviter de la confondre d’une part avec la parthénogenèse naturelle (et nous avons vu que tous les sujets de Lœb étaient apparentés de très près à des animaux parthénogénétiques) el, d'autre part, avec les segmentations que l’on peut obtenir en traitant des œufs par des liquides évidemment fort différents de leur milieu naturel. Je ne crois pas du tout, quant à moi, que de la strychnine, de l’acide sulfurique concentré, du sublimé, etc., puissent donner à des œufs non parlhénogénétiques, ein gewisses Mass (1) Lœb nous déclare p. 469 : «I think the two processes of artificial and natural development must be pretty closely allied. » Je constate, et ne parlerai pas davantage de ce mémoire, sauf pour signaler l’alinéa de la page 470, commencant par : « There is at present, etc. » qui correspond à ce que croyait Lœæb, mais non à ce que j'ai vu. FÉCONDATION CHIMIQUE. 125 von Theilungsfähigkeit. C'est avec des termes aussi vagues qu'on se leurre ; et cela ne répond à aucune idée précise. La note de Lœb [25] dans Science a paru à peu près en même temps que son mémoire [24] et insiste surtout sur les précautions prises par l’auteur qui opérait cette fois sur deux Strongylocentrotus (Toxopneustes) de la côte du Paci- fique. Ce n'est, après tout, qu'une prise de date pour le mémoire, à peine plus long, publié dans le numéro d'août de l’A. J. of phys. [26]. Je l’ignorais absolument quand j'ai découvert la parthénogénèse naturelle de nos Toxopneustes. Ce dernier travail est surtout intéressant en ce qu'il nous montre une évolution dans les idées de Lœb, qui arrive maintenant à émettre la proposition que voiet (soulignée par lui, page 181): « This proves conclusively that the development of the unfertilized egq is produced through an increase in the concentration of the surrounding solution. As it is imimaterial whether the increase of osmotic pressure s brought about by electrolytes or non conductors (il a essayé aussi l’urée et le sucre de canne) {here can be no doubt that the essential feature in tlus increase of the osmolic pressure of the surrounding solution 1s a loss of water on the part of the egq. » Aussi conclut-il, page 184 : « It is therefore probable that the parthenogenetic development is caused by the egg losing a certain amount of water. » C'est l’idée de Bataillon [1] et celle de Giard [15] qui ne fait qu'appliquer iei les idées émises par lui en 1894, sur l’anhydrobiose [13]. Je veux bien ; — mais je demande com- ment on explique ainsi le fait suivant : des œufs sont laissés sans fécondation dans de l’eau de mer naturelle, placée dans une grande cuvette couverte. Une partie, quelquefois fort importante, de ces œufs se développe en blastulas, puis en gastrulas. Je concevrais, à la rigueur, une variation de la pression osmotique déterminée par la concentration de l’eau de mer — si on l'avait laissé s’opérer, ce qui n’est point le cas; voilà pour la déshydratation ; mais comment se serait produite la 126 CAMILLE VIGUIER. réhydratation, quand, avant de changer l'eau, on trouve les larves en pleine activité ? Je crois être en droit d'appeler cela de la parthénogénèse naturelle. Cependant E. Bataillon [1] qui rappelle les travaux anté- rieurs sur les œufs d'Échinodermes, de Lépidoptères, d'Am- phibiens et de Poissons; et qui partage, sans connaître encore mes recherches, mon scepticisme sur le travail de Lœb (Voy. p. 117), engagé depuis longtemps dans des études sur l’action de la pression osmotique sur la segmen- tation des œufs, tend à interpréter, par l’action de cette pression osmotique, les commencements de développement, ou pour mieux dire, les segmentations, obtenues dans di- vers œufs, à la suite de traitements par l’acide sulfurique Tichomirow [42], le sublimé Dewitz [10], les solutions sa- lines ou sucrées, le sérum — il n’ajoute pas à la liste l’urée, la strychnine, ete., etc. Je ne saurais accepter l'opinion exprimée dans son der- nier paragraphe : « À défaut d'explication, une donnée gé- nérale se dégage des expériences incomplètes qui précèdent. La composition chimique du milieu ne saurait intervenir que comme facteur secondaire et surajouté. « Ce milieu « agit par sa pression osmotique. » Morgan |35](p. 525) disait déjà : « My results show that a solution of magnesium, sodium or potassium chloride may awaken to activity the female pronucleus. » Dans sa der- nière publication [36] (p. 594), il pose nettement la ques- tion : « The special problem as it presents itself Lo us is whether the machinery of the egg is set in action by the taking in or giving off of some chemical substance, or whe- ther the result depends rather on a physical change in the egg that is started by the salt solution that acts as a stimu- lus. » Qu'est-ce que ce stimulus? et comment le conçoit-on, sinon comme une varialion dans la composition chimique ? Cependant Morgan ajoute : « I can conceive of the latter change as taking place without the salt solutions themselves _ supplying any chemical matter to the egg. » FÉCONDATION CHIMIQUE. 1947 J'avoue ne pas comprendre. Pour moi, si l’on change les conditions naturelles dans lesquelles se trouve un œuf, qu’on fasse varier la tempéra- Lure, comme Maupas [34] l’a vu pour lAydatina senta, et Nathansohn |37] pour les spores de Marsilea, soit que le changement ait lieu directement, soit, ainsi que le veut Nussbaum [38|, qu'il soit amené par un changement dans les conditions de nutrition, il doit y avoir modification dans la composition chimique, de même que dans la déshydrata- tion partielle supposée par Giard. Cela doit se produire, à plus forte raison, si l’on immerge l’œuf dans un liquide quelconque (à moins qu'ilne soit séparé de ce liquide par une enveloppe imperméable, auquel cas ilne doit pas tarder à passer à l’état de repos chimique ou de vie latente — s’il ne se détruit complètement). Je ne concçois pas, en effet, que, dans ce cas, Le cytoplasme de l’œuf ne réagisse pas d’abord sur le milieu, et, secondairement, sur le noyau. La composition chimique étant ainsi altérée, la forme d'équilibre doit changer aussi; et il y a toute chance pour que ce changement aboutisse à une segmentation, souvent monstrueuse comme le montrent la plupart des figures don- nées par Lœb, et qui ne prouvent guère que cela, soit de l'œuf, soit seulement du noyau; mais cela ne prouve aucu- nement que l’on soit sur la voie d’un développement em- bryogénique normal. Et, de fait, dans la plupart des cas, on n'obtient que quelques segmentations. C'est peut-être ainsi qu'il faut expliquer les commence- ments de développement observés chez la Firola (Pterotra- chœa) Vogt (1) et, parmi les vertébrés, chez des Poissons, des Amphibiens (4), la Poule (OEllacher) (2), le Lapin (Hensen) (3) et le Porc (Bischoff) (4). (1) Bilder aus dem Thierleben, 1852, p. 216-218. (2) Zeitschrift für Wiss. Zoologie. Bd. XXII, 1872, p. 180. (3) Med. Centralblatt, 1869, p. 403-4. (4) Recherches sur la maturation et la chute périodique de l'œuf de l'homme et des mammifères, indépendamment de la fécondation. Ann. Sc. Nat., 1844, M2; p.490: 128 CAMILLE VIGUIER. Il me semble fort peu probable que l’on puisse arriver à obtenir des larves en croisant un Oursin et une Astérie comme l'a fait Giard 4}, et cependantil a obtenu quelquessegmen- tations 2, 4, 8, 16 et même 32 blastomères, quoique beau coup des segmentations fussent monstrueuses (1). Là où on arrive à obtenir des larves, il faudrait encore se demander si on n’a pas eu affaire à des œufs parthénogéné- tiques, qui se sont développés malgré le traitement qu'on leur a fait subir. Parmi les liquides employés pour déterminer le dévelop- pement d'œufs non fécondés, il faut encore citer le produit de la filtration de spermatozoïdes agités avec de l’eau dis- tillée, ou avec de l’eau de mer concentrée puis ramenée à la dilution normale, Pieri [89}, Winkler [46] (2). Il est à re- marquer que, bien qu’opérant sur deux des espèces où j'ai découvert la parthénogénèse (Sph. granularis et Arbacia pustulosa) Winkler n’a obtenu que les premières segmen- tations, et que Pieri, qui opérait sur ma troisième espèce Toxopneustes lividus, et en outre sur l'Echinus esculentus (Sph. gran.) n’est pas arrivé à de meilleurs résultats. R. Dubois [11] du reste, qui pense que la fécondation est due à une zymase (il ne nous dit pas si elle transmet aussi les caractères héré- dilaires), estime, à l'inverse de Pieri et de Winkler, que cette zymase ne peut pénétrer dans l’œuf par diffusion ou esmose, mais seulement par un moyen mécanique, et que c’est justement la raison d’être des spermatozoïdes ! Giard [45] dit aussi, page 764 « Il reste à chercher si l'action excitante (?) est due à une zymase transportée par le spermatozoïde ou à une action déterminant comme les so- lutions salines la production des zymases ovulaires. » Je laisserai ces savants vider entre eux leur différend qui s'éloigne par trop de mon sujet, et me borne à signaler que (4) Giard lui-même compare l’action des spermatozoïdes de l’Asterias ru- bens sur les œufs du Psammechinus miliaris à celle des solutions salines. (2) Winkler se déclare nettement (p. 192) contre la théorie des ions. FÉCONDATION CHIMIQUE. 129 Dubois travaillait, lui aussi, sur lÆchinus esculentus (Sph. gr.). En résumé, nous voyons que j'ai été réellement le premier à découvrir la parthénogénèse naturelle chez trois types d’Oursins distincts. Quant à la parthénogénèse artificielle, ou du moins à ce que l’on appelle ainsi, elle n’a jamais été observée, chez les Oursins, que sur des types apparentés de très près à ceux qui sont naturellement parthénogénétiques. I ne faut pas oublier du reste qu’un commencement de seg- mentation de l’œufne doit pas être regardé comme indiquant la parthénogénèse ; car ce phénomène est depuis longtemps connu, même chez des animaux supérieurs où la parthéno- sénèse n existe pas; et cela en dehors de toute intervention expérimentale, comme je le rappelais tout à l'heure (p. 127). Comme J'ai essayé les deux solutions de Lœb : 1° celle que l’on trouve indiquée dans le mémoire de Delage, dans le ë Ds 20 travail de Morgan etdans la troisième note de Lœb-n M£CP ; 22celle Du M£Cl, qui se trouve dans le tirage à part de la première note de Læb, j'ai pu constater qu'une concen- tration plus grande de cette solution saline, qui, d’après Lœb, devrait provoquer la parthénogénèse artificielle, non dents danse même tore. Vues de face, ces dents sont simples et ne se décomposent pas en plusieurs denticules (fig. 9). Les pla- ques n’ont pas de petite saillie latérale antérieure, ni, par conséquent, de ligament fixateur. La consolidation dans le corps est assurée par 2 muscles plats, servant peut-être de rétracteurs et d’extenseurs : l’un placé à la partie antérieure de la base, et l’autre à la partie postérieure. Les plaques onciales des pinnules de la région abdominale en rangée simple rétrogressive plus petites (0,063) que celles de la région thoracique, et me paraissant avoir toujours 4 dents, ont des soies de soutien chitineuses. Je crois pouvoir rapporter cette espèce du Sénégal à celle de Savigny, quoique avec un léger doute, Savigny trouvant un tube rampant et donnant sur la coloration de longs détails qu'il m'est impossible de vérifier, mes exemplaires étant décolorés. as La Terebella Medusa de Mac Intosh est d’une taille beau- coup plus considérable. Mer Rouge. Côtes du Devonshire. Dans le flacon qui contenait les ZLoimia Medusa, se trouvait une petite Diopalra en trop mauvais état pour pouvoir êlre déterminée et un petit tube vide, parcheminé, transparent, annelé (fig. 10), long de 90 millimètres sur 1°°,25 de diamètre. Les anneaux saillants et colorés en brun sont éloignés les uns des autres de 1°°,5 à 2 mulli- mètres. Dans ce tube devait habiter un petit Chétopté- rien du genre Telepsavus Clpd., Spiochætopterus Sars ou Phyllochætopterus Gr. Clpd. char. emend. cette sorte de tube transparent annelé ayant été rencontré dans chacun de ces trois genres. INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 297 Un tube à anneaux colorés, entièrement semblable pro- venant d'Arcachon, que M. Mesnil m'a communiqué, ren- ferme un petit Chétoptérien incomplet, assez voisin du Telepsavus Costarum Clpd, avec une seule paire de longs tentacules et une premiére région de 9 segments thora- ciques, suivie de 10 segments d’une deuxième région ; mais le reste du corps manquant, il m'est impossible de savoir s'il s’agit d’un Te/epsavus à deux régions ou d'un Spiochætopterus à trois régions. Est-ce un Chétopté- rien semblable à celui d'Arcachon, qui aurait construit le tube provenant du Sénégal ? NÉMATOIDE Endoparasite de la Loimia medusa. FAMILLE DES GNATHOSTOMIDÆ RAILLIET s. ext. (CHEIRACHANTIDÆ Perr.). GENRE LIORYNCHUS Rud. char. auct. (incl. Spinitectus Fourment). LIORYNCHUS UNCINATUS N. S. PI. I, üg. 11-14. Presque tous les exemplaires de Loëmia medusa ont, fixés à la paroi intérieure de l'intestin et roulés en spirale, 1, 2, 3 et même 4 Nématoïdes endoparasites, tous mâles, en presque aussi mauvais état de conservation que leurs hôtes. Le corps de ces Nématoïdes est blanc, cylindrique, long de 00ettlirse dette 24 0 281a1lantéte de 0e 30 à la région moyenne, de 0**,21 à la hauteur de l'anus et 0°*,13 à la région caudale qui a 0””,28 de long à partir de l’anus, et se termine par une pointe très courte, filiforme, recourbée en arrière (fig. 11 et 12). La tête continue avec le corps dont elle forme la partie antérieure est armée de 6 rangées circulaires de crochets. 1460: 228 DE SAINT-JOSEPH. Il en sort un cône obtus, membrane mince, incolore, inerme, rétractile, en haut de laquelle s'ouvre un orifice arrondi qui est la bouche. Chez les uns, le cône est sorti; chez d'autres il est rentré, et alors la rangée antérieure de cro- chets, se rabattant sur l'entrée de la bouche, le corps parait presque tronqué en avant. Les crochets, au nombre de 40 à 44 à chaque rangée circulaire, ont la pointe recourbée en arrière (fig. 13). Vus de face, ils ont l'apparence d’une épine triangulaire, dont la pointe est dirigée en arrière (fig. 14). Ceux de la rangée antérieure sont un peu plus petits que les autres. Le reste du corps est couvert de stries transversales très fines et n’a plus de crochets. A la bouche fait suite un canal digestif rectiligne s’éten- dant jusqu'à l’anus et comprenant un pharynx étroit, un œsophage long de 1*°,30 rempli de granulations brunes et un intestin avec des traînées de granulations d'un brun foncé. L'état de conservation des animaux m'empèêche de voir le détail de l'appareil génital mâle ; je ne puis que distinguer vaguement deux spicules un peu courbes, sans pièces acces- soires, sortant entre 2 lèvres qui entourent l’anus. Les Nématoïdes endoparasites dont le corps est armé en tout ou en partie de rangées circulaires de crochets, ai- euillons ou épines rentrent dans les genres Hystrichis Duj. (1) Molin char. emend. (2), Echinocephalus Molin (3), Lecanocephalus Dies. (4) Molin char. auctis (5), Gnatho- stoma Owen (6) (Cheirachanthus Vies.) (7), Liorynchus (4) Dujardin, Hist. nat. des Helminthes, in-8°, 4845, p. 290. (2) Molin, Prodromus faunæ helmintologicæ Venetiæ (Denks. der k. Akad. der Wiss. zu Wien, in-4°, 1861, t. XIX, p. 305). (3) Molin, loc. cit., p. 311. (4) Diesing, Neue gattungen von Binnenwürmern (Ann. der Wiener Museum, I, 1839, p. 227), fide Diesing. — Systema helminthum, in-8°, t. IL, 1851, p. 250. — Revision der Nematoden {Sitzb. der k. Akad. der Wiss. zu Wien, t. XLIT, 1860, in-8°, p. 668. — Dujardin, Loc. cit., p. 288. (5) Molin, loc. cit., p. 314. (6) Owen, Proced. Zool. Soc. of London, t. IV, 1836, p. 125. — Dujardin, loc. cit., p. 287. (7) Diesing, Ann. der Wiener Museum, Il, 1839, p. 222, fide Dies. — Sys- _INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 220 Rud. (1) (incl. Spinitectus Fourment) (2) char. emend. (3). Le genre Hystrichis a la tête distincte armée, avec bouche inerme ou armée au sommet d’un cône protractile, l'anus terminal et le corps armé partout d’épines triangulaires (4), Le genre Æchinocephalus a la tête distincte couverte de rangées d’épines ou de crochets, une bouche terminale inerme ou armée sans cône protraclile, l’anus non terminal. le corps inerme ou armé de crochets. Le genre Lecanocephalus a la tête patelliforme, inerme, séparée du corps par un anneau corné, la bouche terminale protractile trilobée, des rangées circulaires de longues épines sur {out le corps. Le genre Gnathostoma (Cheirachanthus Dies.) à la bouche protractile, inerme ou armée; la tête, en général, distincte, avec épines simples ; Le reste du corps d’abord avec lamelles palmées dont le bord postérieur est découpé en spinules, puis avec des épines simples: l'anus non terminal. Le genre Liorynchus élabli par Rudolphi pour les Néma- toïdes à trompe lisse, protractile, sans indication d’autres caractères est vague et mal déterminé, comme le pense Diesing. On y range : 1° le L. truncatus Rud. (5) de l’intes- tin du Blaireau. Corps blanc, inerme, de 4°",5 à 4"",7 de long, très mince. Tête tronquée d’où sort un tube protrac- tema helminthum, t. LE, p. 248. — Revision der Nematoden, p. 652. — Dujar- din, loc. cit., p. 286. (1) Rudolphi, Entozoorum sive vermium intestinalium hist. nat., Amsterdam, 1809, in-80, €. IL, p. 247. — ÆEntozoorum synopsis, Berolini, 1819, in-8°, p. 62. — Diesing, Systema hebminthum, L. IT, p. 246. — Revision der Nematoden, p. 670. (2) Fourment, Sur un Nématoïde nouveau parasite du Merlan (Ann. des Sc. nat., 6e série, t. XVII, 188#). (3) Voir ci-dessous, p. 231. (4) L'H. papillosus (Strongylus papillosus Rud.), décrit par Linstow : Zur Kennt. der genera Hÿstrichis und Trepidocerca (Archiv fur Naturg., 1899, p. 155), étant complètement inerme, ne me paraît pas devoir rentrer dans le genre Hystrichis. (5) Rudolphi, loc. cit., 1809, p. 247. — Diesing, Systema helminthum, t. II, p. 247. — Dujardin, loc. cit., p. 282. — Giebel, Die im Zool. Mus. der Univ. Halle aufsestellten eingeweidewürmer (Zeits. für die gesammt. Naturw. Halle, 1866, t. XXVIIL in-8°, p. 275). 230 DE SAINT-JOSEPH. tile cylindrique; 2° le L. gracilescens Rud. (1) de l'estomac du Phoque. Corps blanc, inerme, long de 20 millimètres ) O sur 0"",12 terminé en pointe aiguë. Tête tronquée avec tube protractile sans lèvres; 3° le L. vulpis Duj. (2) du canal digestif du Renard, long de 12 millimètres sur 0"",30. Pas de stries transversales ; 16 à 20 rangées de, 1 7 denticules en avant. Tube protractile à la tête, puis œso- phage musculeux et intestin ; 4° le L. denticulatus Rud. (3), de l'estomac de l’Anguille. Corps blanc, long de 6**°,9 à 10 millimètres chez le mâle, 11 à 18 millimètres chez la femelle. Tube cylindrique protractile à la tête, 8 à 10 ran- gées de denticules (en forme d’aiguillons pointus d’après Schneider) à la partie antérieure du corps suivies de nom- breuses rangées de denticules plus fins. Le mâle a la 5 P queue enroulée et entourée de 2 ailes ou membranes laté- rales avec un spicule simple. La femelle plus forte a la queue droite, et la vulve près de l’anus, d’après Schneider. Schneider indique 9 papilles de chaque côté de la région postérieure chez le mâle, et trouve dans la région antérieure à chaque rangée 56 aiguillons dont le nombre décroît à partir de la 12°, semblant dire qu'il y a des aiguillons sur tout le corps. Il y a donc là 2 espèces entièrement inermes et 2 aulres armées en tout ou en partie. Je distrairais les 2 premières pour ne conserver dans le genre Liorynchus que les 2 der- nières auxquelles j’adjoindrais le Spimitectus onflagells urme ui a la tête continue avec le corps, la bouche Fourment, la têt t I ps, la bouch inerme, le corps armé partout de rangées circulaires de 20 épines, l’anus non terminal et des œufs avec de longs filaments aux 2 pôles. (4) Rudolphi, loc. cit., p. 248. — Dujardin, loc. cit., p. 283. — Diesing, Syst. helm., p. 247. « (2) Dujardin, loc. cit., p. 283. — Diesing, Syst. helm., p. 248. (3) Rudolphi, 1809, t. II, p. 249, et pl. XII, fig. 1-2.— Rudolphi, 1819, p. 62 et 307. — Bremser, Icones Helminthum systema Rudolphii entozoologicum illustrantes, in-fol., 1824. Viennæ, pl. V, fig. 19-22. — Dujardin, loc. cit., p. 284. — Diesing, Syst. Helm , p. 246. — Filaria denticulata. Schneider, Mo- nographie der Nematoden, gr. in-8°, Berlin, 1866, p. 102et pl. VE, fig. 1. INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 231 Je donnerais alors du genre Liorynchus la diagnose sui- vante : | Liorynchus Rud. char. auct. (incl. Spinitectus Fourment,. Tête continue avec le corps qui est armé en avant ou partout de rangées circulaires d'épines où de crochets. Cône protractile inerme en haut duquel s'ouvre la bouche. Anus non terminal. C’est dans ce genre ainsi reclifié que se rangerait Le Né- matoide parasite de la Loñnia medusa que j'appellerais L. uncinatus et dont voici les caractères : Mâle enroulé en spirale long de 10 millimètres environ sur 0"”,36 de large dans la partie médiane. Tête continue avec le corps. Cône protractile inerme en haut duquel s'ouvre la bouche; 6 rangées circulaires de crochets dirigés en arrière à la partie antérieure du corps. Anus non terminal. Queue ter- minée par une petite pointe courte filiforme; 2 spicules. Femelle inconnue. | CRUSTACÉ DÉCAPODE Parasite de la Loimia medusa. FAMILLE DES PORCELLANIDÆ Hend. GENRE POLYONYX Stimps. (1). Pozyonyx Bouviert N. S. PI. I, fig. 15-18, et pl. I, fig. 19-41. Dans tous les tubes de Loimia medusa, 11 Y à un ou plusieurs petits Porcellaniens du genre Polyonyx qui y vivent en commensaux entre le tube et le corps de l’Annélide. Les mâles sont plus petits que les femelles. Dans Les deux (4) Stimpson, Prodromus descriptionis animalium evertebratorum quæ in expeditione ad Oceanum Pacificum septentrionalem a republica federata missa Cadwaldare Ringgold et Johanne Rodgers ducibus observavit et des- cripsit W. Stimpson (Proceed. of the Acad. of. nat. Sc. of Philadelphia, t. X, 1858, in-8°, p. 229). 232 DE SAINT-JOSEPH. sexes, la carapace est plus large que longue. Chez les mâles elle a 4%,5 de large sur 3°°,5 à 4 millimètres de haut ; chez les femelles, 5 à 6 millimètres de large (fig. 15) sur 4°°,5 à 5 millimètres de haut. Dans les deux sexes, l'abdomen reployé sousle sternum à la même longueur que la carapace. Celle-ci, bombée et blanche, est lisse, sauf quelques poils plumeux (1) courts, le long du bord médian du front. Le front, incliné vers le bas, paraît à peu près rond, vu d'en haut. Vu de face, il a un très petit rostre triangulaire médian pointu, concave en dessus, assez rabattu pour qu'on ne puisse pas l’apercevoir d’en haut (fig. 16). A droite et à gauche du rostre, le front est découpé de chaque côté en deux échancrures dont les angles, un peu moins rabaltus vers le bas que le rostre, sont arrondis. Les deux qui sont les plus rapprochées du rostre, plus profondes (2), logent les antennules ; les deux autres, les veux. A la suite de ceséchan- crures, le front est arrondi jusqu’à une entaille à peine indi- quée, qui le sépare du reste de la carapace, dont Les bords latéraux sont creusés d’une rainure et garnis, en dessous de cette rainure, jusqu'à l'abdomen, de longs poils plumeux. Les yeux très petils (0**,03 de diamètre), à pédoncule très court et ne dépassant pas le bord frontal, sont placés dans la 2°° échancrure, tout contre l’angle arrondi qui la sépare de la 1"; une seule fois, chez une femelle, ils se trouvent avec les antennules, dans la 1° échancrure. Ils n'ont pas d’orbite proprement dit et sont enserrés d’un côté par les antennules, et de l’autre par un prolongement chitineux du 1° article basilaire des antennes. Ce prolon- gement concave, en biseau, creusé comme une gouge, à bords unis, garnis de quelques poils courts plumeux, rem- (1) J'entends ici par poils plumeux (fig. 25) ceux qui ont des barbules courtes (02,022 à 022,037 de long), serrées, retenant souvent la vase, le sable et les algues filamenteuses ; par poils pennés (fig. 19), ceux qui ont des barbules très fines, plus espacées et plus longues (0,045 à 0,075) ne retenant pas la vase. Ces différents poils ont une tige mince de 02,006 de large environ. Il y a en outre 2 autres formes de poils dont il sera question à propos de la 5e paire de pattes thoraciques. (2) Ces deux échancrures ne sont pas assez profondes sur la figure. INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 233 plit à peu près la 2° échancrure de sa partie la plus large qui s'appuie sur le bord frontal et dirige sa pointe tout contre l'œil qu'il maintient éloigné de la base de l’antenne. L'antenne, rejetée ainsi latéralement vers le dehors, longue en tout de 7 à 10 millimètres a 3 articles basilaires dont le 1* avec quelques poils plumeux ; le 2°° est le plus haut et le 3% se termine par un long fouet mince multiarticulé. A chaque articulation de ces petits articles du fouet, il y a de chaque côté un ou plusieurs poils très courts filiformes, dont un bouquet garnit l’article terminal. Au pied du 1” article basilaire de l'antenne et en dessus du prolongement signalé ci-dessus, dans la partie la plus rapprochée de la base, débouche la glande antennaire (glande verte) par un gros pore rond. Les 2 antennules (fig. 17) cachées dans les 2 échan- crures de chaque côté du rostre, en regard l’une de l’autre, ont un large (0"*,6) article basilaire sans épines, ce qui est un caractère du genre Polyonyx. Du côté le plus rapproché du rostre, il est creusé d’une rainure où rentrent les 3 ar- _ticles suivants repliés en Z. De ces 3 articles, le 1% est court, le 2*° et le 3” trois fois plus longs chacun que le 1”. Le 3" article s’élargissant beaucoup en avant a le bord antérieur garni de poils pennés à longues barbules (fig. 19), effilés au bout, et se termine par 2 fouets parallèles : l’un court, à 3 articles, l’autre environ d’un tiers plus long avec une large base formée de 7 articles très serrés, suivie des 5 articles plus grêles que ceux de l’autre fouet (fig. 18). Des 7 articles de la base s'élève une touffe de nombreux cylindres olfactifs (fig. 20), incolores, à parois minces chi- lineuses, vaguement articulés, sans barbules, ressemblant un peu à certaines algues filamenteuses et finissant en pointe mousse. | L'article basilaire des antennules contient, non loin de son extrémité postérieure, un ofocyste de forme irrégulière, transparent, où on distingue, à travers les parois de l’article, une rangée de poils très fins et plusieurs grains de sable 234 DE SAINT-JOSEPH. groupés ensemble, tenant lieu d’otolithes. Sur la face infé- rieure de l’article, l’otocyste est dominé par une lèvre courbe garnie de poils qui semble en indiquer l'entrée (fig. 21). La mandibule (fig. 22) est une tige épaisse de chitine brune, longue en tout de 1 millimètre, s’élargissant anté- rieurement en une plaque masticatrice plus claire, convexe du côté tourné vers la bouche et découpée en 3 dents : la plus basse plus saillante, et les 2 supérieures très petites. Au dos de la plaque masticatrice est fixé un palpe à 3 ar- ticles dont le dernier, en forme de palette ovale, porte à sa partie antérieure de courts poils pennés. La 1" mazrille (fig. 23) consiste en 2 lacinies garnies de poils courts pennés et un palpe inarticulé recourbé comme un doigt et terminé par 2 poils raides, unis, courts. La lacinie interne est plus large et la lacinie externe plus étroite ; le palpe est situé près de la base de celle-er. La 2°* maxille (Gg. 24) comprend : 1° une lacinie interne découpée en 2 lobes dont l’inférieur est plus grand que l'autre ; 2° une lacinie externe, garnie comme la précédente * de poils plumeux (fig. 25) disposés sur 2 rangs, et découpée aussi en 2 lobes dont l'inférieur est ici le plus petit ; 3° au-dessus de la lacinie externe, un palpe oblong avec quelques poils pennés à la partie antérieure. En arrière de tout cet endopodite, s'élève un exopodite faisant fonction de scaphognathite, qui est une grande lame mince bordée partout de, poils plumeux, arrondie en haut et se terminant en bas en angle obtus. Le 1°” marillipède (fig. 26) se compose d’un exopodite assez large, recourbé comme un doigt et d’une seule lacinie étroite, oblongue, bordée comme l’exopodite de poils plumeux. Je ne puis assurer s'il y a un palpe comme chez la Porcellana longicornis Pennant. Le 2°° maxillipède (fig. 27) a un coxopodite, un basidiopo- dite et un ischiopodite de petite taille, suivis d’un méropo- dite qui est plus grand que chacun d’eux et que chacun des 3 derniers articles : carpopodite, propodite et dactylopodite. INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 239 Tous ces articles sont assez larges comparativement à leur longueur ; ils ont tous, du côté interne, des poils plumeux, qui deviennent beaucoup plus fournis et longs au propodite et au dactylopodite où ils forment une touffe retombant du côté interne. Un large exopodite plus haut que tout l’endo- podite, se détache du basidiopodite et allant en s’amincissant vers son extrémité antérieure se termine par un flagelium inarticulé. Il mesure 1*°,92 de long, flagellum compris, et 0"",42 de large dans sa partie la plus large. Il y a des poils pennés assez clairsemés sur les 2 bords et sur la ligne médiane de l’exopodite et aussi à l'extrémité du flagellum. > Le 3%° maxillipède (fig. 28) (patte mâchoire externe) qui à en tout 4 millimètres de long est beaucoup plus important que les autres pièces buccales ; il les recouvre toutes comme les battants d’une porte ets’avance jusqu’au-dessousdu front. Le coxopodite massif est suivi d’un basidiopodite court. L'ischiopodite très large (0,84), long de 1**,08, est échan- eré en avant pour l'insertion du méropodite; du côté interne, il est renflé, arqué et creux en dessous. Le méro- podite long de 0"",84 à sur son bord interne un lobe en demi-lune creux aussi en dessous. La carpopodite est à peu près de même longueur, le propodite ovale plus court (0°",60) et enfin le dactylopodite plus étroit est près de moitié moins long que le propodite. Il y a des poils plumeux du côlé interne au coxopodile, au basidiopodite, à la partie la plus basse de l’ischiopodite (en haut ils sont filiformes etpeu nombreux), et aux 4 articles suivants où ils vont toujours augmentant de nombre et de taille jusqu'à former au pro- podite et au dactylopodite une touffe épaisse rétombant du côté interne comme au 2° maxillipède. Quand le maxillipède est au repos, les articles antérieurs sont repliés sous le lobe creux du méropodite et la plaque creuse de l’ischio- podite. Mais quand il se déploie, il dépasse beaucoup le front, au devant duquel il décrit un demi-cercle. Du basi- diopodite .se détache un exopodite de même forme et de 236 ; DE SAINT-JOSEPH. Æi même taille que celui du 2*° maxillipède avec un peu moins de poils. A la {°° paire de pales thoraciques, dans les deux sexes, l’une des deux pattes est plus forte et plus longue que l’autre, tantôt à droite, tantôt à gauche, mesurant 12°°,5 à 13 millimètres de long, tout compris, chez les femelles, et 10 millimèires chez les mâles, tandis que la plus courte n’a que 9 millimètres chez les femelles et 8 millimètres chez les mâles. A la patte la plus forte (fig. 15), dans les deux sexes, le coxopodite, le basidiopodite surtout et l’ischiopodite ter- miné en biseau à sa parlie antérieure sont de très petite taille, cachés sous la carapace, et on ne les voit bien qu'en observant l’animal en dessous. Le méropodite plus large et aussi long {1*°,5 chez les femelles) que les 3 articles précédents réunis se termine à sa face inférieure du côlé externe, au-dessus de l'articulation de l’ischiopodite, par une très petite dent pointue et à sa face supérieure du côté interne par un prolongement recourbé en croc très émoussé, aplati, creux en dessous, qui s'applique sur la base du carpopodite.… Le carpopodite caractéristique, très arqué du côté interne, est large comparativement à sa hauteur (3**,5 de large sur 3°°,5 ou 4 millimètres de haut, 2°°,5 de large sur 3 millimètres de haut chez les femelles ; 2°°,5 de large sur 3 millimètres de haut chez les mâles). Le bord interne paraît légèrement crénelé, ce qu’on n'aperçoit qu'au microscope el entre chaque crénelure s'élève un poil plumeux (fig. 29); il est creux en dessous pour que le propodite en se repliant puisse s’y loger comme sous le méropodite. Le propodite, presque aussi long que tous les articles pré- cédents réunis, est long de 5*",5 et quelquefois de 6 milli- mètres chez les femelles. Les doigts ont 2 millimètres de long et la main renflée presque le double. Celle-ci qui a 2**,5 de large est convexe et unie à la face inférieure; à la face supérieure, une ligne peu saillante, rompant la con- INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. DST vexité de la main et partant de l'articulation du carpopodite se prolonge jusqu'à l'articulation du doigt mobile où elle se termine par une petite dent obtuse plate. Les 2 doigts ne sont pas disposés l’un en face de l’autre sur un plan hori- _zontal; ils le sont sur un plan presque vertical, le doigt mobile dominant le doigt immobile placé au-dessous de lui. Étant arqués, ils ne s'appliquent l’un contre l’autre, lors- qu'ils se referment, que par leur pointe. Souvent même le doigt mobile est tellement arqué qu'ils ne se rejoignent pas. Le doigt immobile a la partie externe convexe garnie de petits denticules qui vont en décroissant de taille de la pointe à la base du doigt et ne persistent pas plus loin; mais les longs poils plumeux qui les cachent et les recouvrent continuent sur la partie externe de la main jusqu'à l’arti- culation du carpopodite. Le côté tranchant du doigt immobile est concave avec une grosse dent près de la base, et de très fins denticules y faisant suite. Le doigt mobile dont le dos est lisse a de fins denticules du côté concave et une dent presque aussi grosse que celle du doigt immobile non loin de sa pointe terminale. C’est la disposition la plus fréquente ; mais quelquefois les grosses dents sont en regard l’une de l’autre à -la base de chaque doigt, les empêchant de se rejoindre au bout ou, plus rarement, la grosse dent du doigt immobile n’est pas à sa base mais non loin de son extrémité antérieure, et alors celle du doigt mobile est à sa base. Il n’y a en général qu’une touffe de poils plumeux entre les bases des 2 doigts. Le bord interne du propodite et les 2 bords du carpopodite et du méropodite ont quelques poils plumeux peu nombreux qui le deviennent davantage à l’ischiopodite, au basidiopodite et au coxopodite. Tous les articles ont à leur face supérieure de très petites rugosités qui retenant des particules de vase donnent une teinte légè- rement brune à cette face, tandis que la face inférieure convexe parfaitement, lisse a la blancheur de la porce- laine. La patte la plus petite, dans les deux sexes (fig. 15), est 238 DE SAINT-JOSEPH. sauf la taille, la longueur et la largeur relative des articles (le carpopodite na plus que 2 millimètres de large sur 2"%,5 de haut dans les 2 sexes) conformée comme la plus grosse palie qui vient d’étre décrite; cependant elle est plus poilue. Les 2 doigts sont garnis de poils tout du long. sur leur face supérieure ; ils ne sont pas arqués et n'ont pas de grosse dent du côté concave. Il en résulte qu’ils se joignent quand ils se referment et qu'ils s'appliquent l’un contre l’autre dans toute leur longueur. Ils sont plus longs relativement à la main que dans la grosse patte ayant 2 millimètres de long et la main seulement 2°*,5. Les. 2*,3"% el 4" paires de pattes thoraciques (pattes ambulatoires), longues de 6 millimètres chez les femelles, couvertes de longs poils plumeux aux 2 bords en ont aussi quelques-uns à la face supérieure et sont blanches à la face inférieure qui est lisse. Elles sont fixées comme la 1°° paire de pattes au plastron sternal, d’un blanc crayeux, concave et profondément échancré en arrière (fig. 30). Le coxopo- dite et le basidiopodite sont très courts (fig. 31); l’ischiopo- dite est plus long du côté interne de la patte où il est terminé en biseau. Le méropodite élargi a 1°°,40 de large et 2 millimètres de long ; le carpopodite et Le propodite sont beaucoup moins larges et près de moitié moins longs et le dactvlopodite très court. Celui-ci se termine par 2 griffes pointues, un peu recourbées, placées sur le même plan horizontal l’une derrière l’autre, la postérieure plus petite que l’antérieure (fig. 32). Plus bas, du côté interne du dactylopodite, il Y a une épine presque horizontale. Quelques poils courts, raides et unis s'élèvent au-dessus des 2 griffes à la face supérieure du dactylopodite et aussi en avant de l’épine. La partie antérieure du propodite est armée du côté interne de 2 gros crocs disposés sur une même ligne et suivis d’un croc semblable placé au-dessous d'eux comme chez. la Porcellana (Pelyonyx) biunquiculata Dana. Les pointes de ces 3 crocs sont dirigées en l'air, dans la direction des griffes du dactylopodite, ce qui constitue un INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 239 appareil préhenseur puissant quand le dactylopodites’abaisse sur le propodite et ce qui permet à l’animal de s’accro- cher soit au tube, soit au corps de la Loimia medusa. C'est dans le coxopodite de la 3" paire de pattes thora- ciques, tout contre le plastron sternal, que s'ouvre le pore génital de la femelle. La 5" paire de pattes thoraciques (fig. 33) est fixée à une bande transversale chitineuse, calcifiée, étroite, séparée du plastron sternal auquel elle fait suite, et insérée au-dessous de son échancrure postérieure. La patte, grêle, longue de 4*°,60 en tout chez les femelles a un coxopodite et un basidiopodite courts, un ischiopodite long de 0"°,60, un méropodite plus large, long de 1*",70, un carpopodite de 1#°,45 et un propodite de même longueur que l'ischio- podite, fendu à son extrémité en deux doigts courts égaux, très poilus, appliqués l’un contre l’autre. Il y a quelques poils pennés droits et courts sur les bords du méropodite. A la partie antérieure du carpopodite, près de l'articulation du propodite et sur tout le propodite, les poils ont une forme tout à fait différente. La tige, d'abord nue sur une certaine longueur, est plus large (0°°,0075); puis, elle est finement pectinée au bord d’un seul côté et se termine en pointe très amincie (fig. 35). Ces poils rappellent les soies de cer- tains Annélides polychètes (l'article des soies en arête des Néréidiens par exemple). À la partie antérieure du doigt externe du propodite, il sy mêle 5 à 7 gros poils longs de 0”*,40 (fig. 36)ayant une large tige droite nue, de 0°",15 delarge, qui s’amineit ensuite pour se recourber en faucille ét se terminer, après la faucille, par une pointe droite nue, filiforme. Celte faucille est garnie, d’un seul côté (fig. 37), de palettes chiniteuses, arrondies à leur extrémité antérieure qui est libre, encastrées dans la tige du poil à leur base, assez espacées d’abord et longues de 0**,012, puis, diminuant de taille et devenant très serrées ; elles semblent destinées an brossage de la chambre branchiale. Ces poils divers du dactylopodite de la 5% paire thoracique se re- 240 DE SAINT-JOSEPH. trouvent chez les Galatheidæ et les Porcellanidæ de nos côtes. Les 3 derniers articles de cette 5" paire sont repliés en Z sur le dos à la base de l'abdomen. | C’est du côté interne du basidiopodite que s'ouvre le pore génital chez les mâles. L'abdomen (fig. 38), large et aplati, se compose de 7 seg- ments dont le 1” est plus étroit el moins haut. Les 4 seg- ments suivants sont à peu près de même taille tous les 4 (2°*,40 de large et 0"*,50 de haut). Ces 5 1° segments ont les bords garnis de longs poils plumeux. Le 6” et avant- dernier est échancré de chaque côté à sa partie antérieure, et dans chacune de ces échancrures sont articulées sur un pédoncule 2 palettes ovales allongées, garnies de longs poils plumeux, qui peuvent se déployer au dehors, et des- cendent presque aussi bas que le telson pour former avec lui une nageoire en éventail. Le telson ou 7" et dernier segment, haut de 1,45, consiste en une pièce triangulaire médiane, dont le sommet. très obtus est dirigé vers le bas. Cette pièce est entourée sur les côtés et en arrière par 2 paleites ovales qui lui sont soudées et l'embrassent, assez semblables aux 2 palettes libres du 6" segment, mais coupées dans leur dernier tiers par un sillon transversal. Ces 2 palettes du telson sont articulées sur un petit pédon- cule qui dépend encore du 6" segment et qui fait suite au pédoncule plus gros des 2 palettes libres. Chez les mâles, il y a une seule paire de fausses pattes abdominales fixées en dessous du 2" segment de l’abdomen (fig. 39). Elles sont longues de 1°*,68 avec 2 articles aussi longs l’un que l’autre, l’inférieur très grèle (0**,10 de large) sans poils, le supérieur plus large (0"*,18) terminé par un bouquet de poils sans barbules. Chez les femelles (fig. 40), il y en a 2 paires, l’une au 4”? et l’autre au 5°° segment. Plus longues que celles des mâles, et aussi larges que le dernier article de celles-ci, elles ont 4 articles. À la partie antérieure du 2” et du 3", il y à de très longs poils sur lesquels, avec de forts grossissements, INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 241 on découvre de très fines barbules latérales, se recourbant en arrière (fig. #1) quand elles sont mouillées, ce qui doit probablement leur servir à retenir les œufs qui ont 0°*,56 de diamètre. Les branchies sont, comme d'ordinaire chez les Porcella- niens, au nombre de 14 dechaque côté : 2 arthrobranchies au 3% maxillipède et aux 4 1° pattes thoraciques, 1 pleuro- branchie aux 4 dernières pattes thoraciques, de sorte que la 5" patte n'a en tout qu'une pleurobranchie. Ces branchies ont la forme de phyllobranchies, soit un axe, avec 2 rangées parallèles de feuilles minces et plates, en ovale allongé, empilées comme les feuillets d’un livre. La pleurobranchie de la 5” patte thoracique a 1 millimètre de long, et se compose de 2 rangées d'environ 20 feuilles qui vont en dé- croissant de hauteur à chaque extrémité, et dont celles du milieu qui sont les plus grandes ont 0**,40 de haut (fig. 33, a et 34). Ens’en tenant aux différences principales, notre Polyonyx s’écarte des autres espèces de ce genre sur les points qui vont être notés. Le Polyonyr macrocheles Gibbes (1) de Newport et des côtes de la Caroline est une espèce peu poilue, de 12°°,5 de large, sur 9 millimètres de long, avec un carpopodite long et étroit à la 1" paire de pattes thoraciques, aussi long que la carapace, d’après Gibbes. Le Polyonyr biungquiculatus Dana (2), de provenance in- connue (3), espèce peu poilue, de petite taille, un peu plus large que longue, a le rostre frontal et les 2 angles orbi- (1) Porcellana macrocheles. Gibbes : On the carcinological collections of the U. S. and description of new species (Proceed. of the American assoc. for advancement of science, 1850, p. 191. — Faxon, On some young stages in the development of Hippa, Porcellana and Pinnixa (Bull. of the Museum of comp. Zool. at Cambridge, t. V, 1879, p. 260 et 261, et pl. IE, fig. 11-21). (2) Porcellana biunguiculata. U. S. exploring expedilion during the years 1838, 1842, under the command of Charles Wilkes : Dana, Crustacea, t. XI, in-4°, Philadelphia, 1852, p. #11 et atlas in-fol. pl. XXVI, fig. 1. (3) D’après Henderson, il y en à des exemplaires au British Museum venant du golfe de Suez et des Seychelles. ANN. SC. NAT. ZOOL. x llO 242 DE SAINT-JOSEPH. taires pointus, le carpopodite de la 1“ paire de pattes tho- raciques plus de deux fois plus long que large, pas de poils entre les doigts de la main de la plus grosse de ces pattes, mais seulement entre les doigts de la plus petite, les 2 griffes terminales du dactylopodite des pattes ambulatoires très écartées l’une de l’autre, la plus grosse placée en arrière, et la plus petite en avant. Le Polyonyx Sinensis Süimps. (1), petite espèce des mers de Chine de 3"",5 de haut, sur 5 millimètres de large, a la carapace un peu quadrangulaire à angles arrondis, le car- popodite de la 1" paire de pattes thoraciques presque aussi long que la main, le doigt mobile plus court que l’immobile, les pattes ambulatoires sans poils avec un dactylopodite ter- miné par 3 griffes. Le Polyonyx Creplini Fr. Müll. (2) de Desterro est voisin du P. hunguiculatus Dana, d’après une lettre de A. Milne Edwards à Fr. Müller. Je ne connais pas d'autre détail sur cette espèce. Le Polyonyr nitidus Lock. (3) des côtes de la Basse-Cali- fornie à 10 millimètres de large sur 7 millimètres de long, le front entier et droit, les 2 1"* pattes thoraciques égales, avec un carpopodite deux fois plus long que large, le doigt immobile de la mair plus long que le mobile, le dactylopo- dite de la 1" patte ambulatoire avec 4 à 5 griffes, qui ne sont plus qu'au nombre de 3 aux 2 pattes suivantes. Le Polyonyx transversus Hasw. (4), des côtes d'Australie, a la carapace beaucoup plus large (11 millimètres) que longue (8 millimètres), avec le bord postérieur couvert de (1) Stimpson, loc. cit., suprà, p, 244. (2) Bruchstücke zur Naturg. der Bopyriden (Jenaische Zeits. für Medicin und Naturw. t. VI, 1872, p. 54). (3) Lockington. Remarks on the Porcellenidea of the W. coast of N. Ame- rica (Annals of nat. hisl., 5e série, t. Il, 1878, p. 415). (4) Porcellana transversa. Haswell, Australian Decapods (Proceed. Linnean Soc. of New S. Wales, t. VI, 1882, p. 759). — Catalogue of Australian Crus- tacea. The Australian Museum Sydney, in-8°, 1882, p. 150. — De Man, Report on Podophthalmous Crustacea of the Mergui Archipelago (Journal of the Linn. soc., t. XXII, 1888, in-8°, p. 222). INVERTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 243 raies parallèles, le carpopodite de la 1" paire de paltes thoraciques une fois et demie plus long que large et le mé- ropodite avec des raies transversales. Le Polyonyx obesulus (White) Miers (1) de l'océan Paci- fique indien et des côles de l'Australie, large de 4,75 à 5 millimètres, sur 3*°,3/5 de long, (8"",5 de large sur 6"*,2 de haut chez les femelles d’après Henderson), a le rostre arrondi et non pointu, le carpopodite de la 1 paire de pattes thoraciques une fois et demie plus long que large, 3 grilles terminales au dactylopodite des pattes ambula- toires. Le Polyonyx Euphrosyne de Man (2), de l'archipel de Mergui, a 13°°,5 de large, sur 9*°,5 de long, l’abdomen plus long que la carapace, les 2 pattes thoraciques antérieures à peu près égales, avec un carpopodite une fois et demie plus long que large, le front assez semblable à celui du P. obesulus. Le Polyonyx carinatus Ortm. (3) des mers du Japon à carapace ronde très petite (2**,5 environ), a le front presque droit, les 2 pattes thoraciques égales, avec un méropodite ayant un prolongement triangulaire pointu à son bord anté- rieur interne, et un carpopodite plus long que large, avec { ou 2 dents au milieu de son bord interne, le dactylopodite des pattes ambulatoires terminé par une grande griffe au-dessous (1) Report on the Zool. collect. made in the Indo Pacific Ocean during the voyage of H. M. S. Alert, 1881-1883. Miers, Crustacea, p. 212. — De Man. Bericht über die von D' Broch im Indischen archipel gesammelten Decapoden und Stomatopoden (Archiv. für natur., 1887, p. 425). — Henderson. A con- tribution to Indian carcinology (Trans. Linn. soc. 2e série, t. V, 1893, p. #30. — De Man. Bericht über die von H. Schiffscapitain Storm zu Atjeh an den westlichen Küsten von Malakka, Borneo und Celebes sowie in der Java See gesammelten Decapoden und Stomatopoden Ilit Theil (Zool. Jahrb. Abth. Systematik, t. IX, 1896, p. 381). — Polyonyæ biunguiculatus Dana. Semon, Zool. Forsch. in Australien uud Malayischen Inseln. Ortmann, Crus- tacea, t. V, gr. in-4°, 1894, p. 30. (2) De Man. Report on Podophthalmous Crustacea of the Mergui Archipe- lago (Journal of the Linn. Soc., t. XXII. 1888, in-8°, p. 221 et pl, XV, fig. 1-3). (3) Ortmann. Die Decapoden-krebse des Strasburger Museums (Zool. Jahrb. Abth. Syst.,5. NI, 1892; p. 268 et pl'XIT; fig, 2). 244 DE SAINT-JOSEPH, de laquelle il y en a une plus petite, suivie du côté interne de quelques denticules. Le Polyonyx tuberculosus Hend. (1) d'Amboine, qui a été peut-être décrit par de Man comme Po/. sp. dans les Archio für Naturg., 1887 (loc. cit.suprà p.424 et pl. XIX, fig. 1) et dénommé incidemment par lui {uberculosus, a 8 milli= mètres de large sur 7°°,3 de long, des tubercules au car- popodite et au propodite des pattes antérieures thoraciques, le bord interne du carpopodite de ces pattes avec des dents et le dactylopodite des pattes ambulatoires avec 4 griffes. L'espèce de de Man n’a que 4 millimètres de large. Le Polyonyx acutifrons de Man (2) de Suez et d’Amboine à peu près de même taille que le P. obesulus a le rostre et les angles orbitaires pointus comme le P. Hunguiculatus Dana, le carpopodite de la 1" paire de pattes thoraciques allongé relativement à sa largeur, les doigts plus longs que la main, une crête sur la face interne dela main, 3 griffes terminales à peu près semblables à celles du P. obesulus au dactylopo- dite des pattes ambulatoires. Notre Polyonyx ne répond done exactement à aucune autre espèce du genre. Il y a lieu d’en faire une espèce nou- velle à laquelle je donne le nom de Polyonyx Bouneri et dont les caractères principaux sont : Espèce poilue de petite taille, à carapace un peu plus large que haute. Front rabatlu à rostre triangulaire pointu et angles latéraux des orbites arrondis. Abdomen de même longueur que la carapace. Pattes antérieures thoraciques inégales avec carpopodite arqué du côté interne, plus large que dans les autres espèces de Polyonyx relativement à sa longueur, et les 2 doigts de la plus grosse patte environ moitié plus courts que la main. Dactylopodite des 3 paires de pattes ambulatoires terminé par 2 griffes placées sur le (1) Henderson. Indian carcinology loc. cit., Suprà, p. 431. (2) De Man. Zool. Jahrb. Abth. Syst., loe. cit., suprà, 1. IX, 1896, p. 384 et fig. 49.— Polyonyæ biunguiculatus. Miers. Report Alert. loc. cit., suprà, p. 559. — Polyonyx biunguiculatus. De Man. Archiv für Naturg., 1887, loc. cit. supra, p. #21. INVERLTÉBRÉS MARINS DES COTES DU SÉNÉGAL. 245 même rang l’une derrière l’autre, dont la postérieure est plus petite ; une épine au-dessous des griffes du côté interne du daclylopodite. Les Polyonyx sont des crustacés des mers chaudes qui mènent souvent une vie parasitaire. Ainsi, sans parler de notre P. Bouvieri, le P. Euphrosyne vit dans le tube d’un Annélide que de Man ne nomme pas, le P. {ransversus dans le siphon d'un Aspergillum, le P. Creplini dans le tube d’un Chétoptère, le P. obesulus dans une éponge, l’Hippo- spongia anomala Poléjaef (1). Andrews (2) trouve à Beaufort des Porcellana et des Pinnixa dans les tubes du Chætopterus pergamentaceus Cuv. (C. Varioperdatus Ren.), en général, un mâle et une femelle dans chaque tube. Il serait intéressant de vérifier si ces Porcellana ne seraient pas des Polyonyx. Outre les animaux du Sénégal qui viennent d’être déerits, M. Félix Mesnil a bien voulu me remettre äussi quelques Annélides polychètes recueillis à Dakar par M. le Docteur Marchoux et conservés dans l'alcool. [ls appartiennent à 3 espèces des côtes de la France. Ce sont : SYLLIS (TYPOSYLLIS) VARIEGATA Gr. (3). Un exemplaire entier de 12 millimètres de long et 91 segments ayant conservé la coloration caractéristique de l'espèce. Semblable en tout aux animaux de Dinard. (1) Henderson. Report on the Anomoura collected by H. M.S. Challenger, t. XX VIT, 1888, p. 115. (2) Andrews. Report upon the Annel. Polych. of Beaufort North Carolina (Proceed. U. S. Nat. Museum, t. XIV, 1891, p. 291). (3) Voir pour la bibliographie et la description : Annél. Polych. des côtes de Dinard, 1'° partie (Ann. des Sc. Nat., 7n° série. t. [, 1887, p. 146). 246 DE SAINT-JOSEPH. Manche. Atlantique. Méditerranée. Mer Rouge (1). Détroit de Magellan (2). EucaLrA viripis Müll. (3). Un exemplaire entier de 33 millimètres de long, sur 2 millimètres de large et 150 segments, devenu brun dans l'alcool. Mers du Nord. Manche. Atlantique. Méditerranée. TRELEPUS SETOSUS Qfg. (4). Deux exemplaires en mauvais état, incomplets, décolorés ; l’un est trois fois plus gros que l’autre. Ils n’ont tous deux que 33 segments tous sétigères ; la fin du corps manque. Les écussons, au nombre de 20, sont mieux marqués qu'aux exemplaires de Dinard, les plaques onciales ont 0**,075 de haut, vues de face, et sont entièrement semblables à celles que jai figurées. Manche. (1) Gravier. Contribution à l’étude des Annél. Polych. de la mer Rouge (Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle 4e série, t. II, 1900, p. 158). (2) Ebhlers. Magellanische Anneliden gesammelt während der Schwedis- chen Expédition nach den Magellansländern. (Gôttingische Nachrichten Math. Phys. Klasse, in-8°, 1900, p. 212). (3) Voir pour la bibliographie et la description : Annél. Polych. des côtes de Dinard, 2%e partie (Ann. des Sc. Nat., 7° série, t. V, 1888, p. 283). (4) Voir pour la bibliographie et la description : Annél. Polych. des côtes de Dinard, 3° partie (Ann. des Sc. Nat., 7ne série, t. XVII, 1894, p. 230 et pl. X, fig. 259-262). EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE VII. Fig. 1-7. — Lycastis Senegalensis N. S. Fig. 1. — Têle et partie antérieure. X 18. Fig. 2. — 1°" pied. X 36. Fig. 3. -- 102€ pied. X 21. Fig. 4. — Pied de la fin du corps. X 25. Fig. 5, — Cirre dorsal bifurqué. Fig. 6. — Soie en serpe hétérogomphe. X 320. Fig. 7. -- Une des 2 mâchoires. X 10. Fig. 8-9. — Loimia medusa Sav.? Fig. 8. — Plaque onciale d'une des rangées simples antérieuresthoraciques Vue de côté. X 210. Fig. 9. — La même vue de face. X 210. Fig. 10. — Partie antérieure du tube d’un petit Chétoptérien. X 4. Fig. 11-14. — Liorynchus uncinatus N.S. Fig. 11. — Partie antérieure. X 50. Fig. 12. — Partie postérieure. X 50. Fig. 143. — Crochet vu de côté. X 330. Fig. 14. — Crochet vu de face. X 330. Fig. 15-18. — Polyonyx Bouvieri N.S. Fig. 15. — Femelle de 522,5 de large sur 422,5 de haut. X 3. Fig. 16. — Front vu de face. -- a, antennule; b, œil; ce, prolongement du 4e article basilaire de l’antenne; d, glande antennaire; e, 1°" article basilaire de l’antenne. X 8. Fig. 17. — Antennule. — a, poils pennés; b, otocyste vu par transpa- rence. X 25. Fig. 18. — Le plus long des 2 fouets de l’antennule. — 4, cylindres olfac- SSD PLANCHE IX. Fig. 19-41, — Polyonyx Bouvieri N.S. Fig. 19. — Portion d'un poil penné de l'extrémité du dernier article de l’antennule. X 270. 248 DE SAINT-JOSEPH. Fig. 20. — Extrémité d’un cylindre olfaclif. X 270. Fig. 21. — Otocyste de l’article basilaire de lPantennule vu par transparence et par la face inférieure de l’article. — a, lèvre poilue. X 60. Fig. 22. — Mandibule. X 40. Fig. 23. — Première maxille. — a, lacinie interne; b, lacinie externe; c, palpe. X 28. Fig. 24. — Deuxième maxille. — a, lacinie interne à 2 lobes; b, lacimie externe à 2 lobes; c, palpe; d, exopodite. X 20. Fig. 25. — Portlion d’un poil plumeux d’une des lacinies. X 270. Fig. 26. — Premier maxillipède. X 12. Fig. 27. — Deuxième maxillipède. — a. exopodite. X 21. Fig. 28. — Troisième maxillipède. — a, exopodite. X 12 1/2. Fig. 29. — Portion du bord interne du carpopodite de la 1r° paire de pattes thoraciques. X 35. Fig. 30. — Plastron sternal.— a, coxopodites de la 3e paire de maxillipèdes; b, coxopodites des 4 premières paires de pattes thoraciques; c, pore génilal femelle; d, bande sternale de la cinquième paire de pattes thoraciques; e, cinquième paire dont les derniers articles ne sont pas représentés. X 6. Fig. 31. — Patte ambulatoire. X 10. Fig. 32. — Partie antérieure du propodite et dactylopodite d’une patte ambulatoire. X 41. Fig. 33. — Cinquième patte thoracique. — «a, branchie; b, bande ster- nale. X 10. Fig. 34. — Une feuille branchiale. X 42. Fig. 35. — Extrémité d’un poil pectiné du propodite et du dactylopodite de la cinquième patte thoracique. X 260. Fig. 36. — Poil en faucille du dactylopodite de la cinquième patte thora- cique. X 250. Eig. 37. — Quelques palettes du poil en faucille les plus rapprochées de la base du poil. X #90. Fig. 38. — Les trois derniers segments de l’abdomen. X 7. Fig. 39. — Fausse patte abdominale d’un exemplaire mâle. X 20. Fig. 40. — Fausse patte abdominale d’un exemplaire femelle. X 20. Fig. #1. — Portion d’un poil du deuxième article de cette patte. X 260. LES PALÆMONIDE DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR Par M. H. COUTIÈRE. La faune carcinologique des eaux douces comprend à Ma- dagascar trois groupes principaux, sur lesquels nos con- naissances sont actuellement très inégales. Alors que les Telphusidæ, avec les genres Telphusa, Paratelphusa, Deckenia, et les Astacidæ, avec le très remarquable As/a- coïdes Madagascariensis, ont été l’objet detravauximportants, les Eucyphotes, appartenant aux familles des Palæmonidæ et des Atyidæ, nous sont encore très peu connus. M. A. Gran- didier ayant bien voulu me confier l'étude des Crustacés de Madagascar (1), j'ai cru devoir consacrer cette étude au genre Palæmon, très abondamment représenté dans la grande île. Les Palæmonidæ de Madagascar ont été l’objet, en 1847, d'un travail de Hoffmann, à l’aide des matériaux recueillis par Pollen et Van Dam. Les six espèces que fit connaître cet auteur sont toutes synonymes d'espèces connues à l’époque; bien plus, quatre d'entre elles, les P. Mayottensis, Reunionnensis, longimanus, Madagascariensis, désignent les unes et les autres Le P. /ar (1) Ce travail est destiné à former l’un des chapitres du volume consacré aux Crustacés dans l'Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, par M. À. Grandidier. Paris, Imprimerie Nationale. : x11, 167 250 H. COUTIÈRE. Fabr. le P. A/phonsianus est synonyme du P. dispar von Martens; enfin, le P. parvus est probablement un jeune de la même espèce. Ainsi décrites comme nouvelles, ces espèces ne nous ont apporté aucune notion sur les rapports de la faune carcinologique malgache avec celle des autres régions du globe (10). Lenz et Richters ont surtout étudié les Brachyures de Madagascar. Ils font remarquer seulement la synonymie probable des P. longimanus, Mayottensis, Reuniensis, Hoffmann (16, 7, 8, 15). Beaucoup plus récemment, Hilgendorf a fait connaître un curieux Palæmonidé, le Bithynis Hildebrandi (30, 244), représenté dans les rivières chiliennes par une espèce très voisine, le B. Gaudichaudi Milne-Edwards. En revanche, les Palæmonidæ du bassin indo-pacifique ont été l’objet de très importants travaux : Hilgendorf (9, 11, 26, 30, 44) nous a fait connaître ceux de l'Afrique orientale; de Haan (1), Dana (3), Stimpson (4), Heller (5, 6), von Martens (8), Hess (7), Miers (13), Sp. Bate (20), Richters (14), Ortmann (21, 22, 27), Henderson (25), Thallwitz 25); Nobili (45, 48, 49) et surtout de Man (12, 18, 19, 24, 35, 36) ont décrit les espèces de l'archipel indo-malais, du Japon, de l'Océanie, avec une abondance de texte et de figures qui rendent aisée, et très inslructive, la comparaison avec les formes malgaches. J'ai eu à ma disposition, pour l'étude de ces dernières, une importante collection comprenant 14 espèces, et certai- nement encore bien incomplète. Elle est due à MM. A. Gran- didier, Humblot, Cattat, Mocquerys, Alluaud, Bastard, Maria ; enfin et surtout à M. G. Grandidier, quia récemment parcouru le sud-ouest de Madagascar. Trois de ces espèces sontnouvelles pour la serence ; je les ai brièvement décrites dans des notes antérieures (49, 46, 47). Deux autres,le P. dolichodactylus, Hilg. et Le P. lemidac- tylus, Hilg. existaient dans la collection (186%) bien avant qu'Hilgendorf ne les décrivit (1875). LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 251 . DISTRIBUTION. ESPÈCES 1. P. (Macrobrachium) lepidactylus Hilg. | Archipel malais, Fidji (?), Côte orientale — P. lepidactyloides de Man. d'Afrique, Madagascar. 2. P. (Macrobr.) Hilgendorfi H. C. Madagascar. 3. P. (Parapalæmon) dolichodactylus | Côte orientale d'Afrique, Madagascar. Hilg. 4. P. (id.) Patsa H. C. Madagascar. 5. P. (Eupalæmon) rudis Heller. — P. | Ceylan, Côte orientale d'Afrique, Mada- Mossambicus Hilg. gascar. 6. P. (Eupalæmon) lar Fabr. — P. or- | Archipel malais, Nouvelle-Guinée, Aus- natus Olivier. = P. Mayottensis, tralie, Nouvelle-Zélande, Tahili, Fidji, P.,Reuniensis, P.longimanus, P. Ma- Mascareignes, Madagascar. dagascariensis Hoffmann.=— P. ru- ber Hess. — P. spectabilis Heller. — P. vagus Heller. = P. equidens Heller. — Bithynis lar Sp. Bate. 7. P. (Eupalæmon) Idæ Heller.=— P. Ma- | Archipel malais, Nouvelle-Guinée, Phi- riæ H. C. lippines, Ceylan, Côte orientale d’A- frique, Mascareignes, Madagascar. 8. P. (Eupalæmon) Rilsemæ de Man. Archipel malais, Madagascar. 9. P. (id.). superbus Heller. Sanghaï, Madagascar. 10. P. (id.) Danæ Heller. Sidney, îles Marshall, Madagascar. 11. P. (id.) multidens H. C. Madagascar. 12. P. (id.) dispar von Martens. — P. | Archipel malais, Samoa, Mascareignes, Alphonsianus Hffm.=— (?) P. parvus | Madagascar. Hffm. 13. P. (Eupalæmon) Sunduaïcus Heller. Archipel malais, côte est africaine, Ma- dagascar. 14. Leander concinnus Dana. = P. con- | Archipel malais, Hong-Kong, îles Mar- cinnus Dana. — L. longicarpus | - shall, Fidji, côte est africaine, Mada- Stimpson. gascar. Comme on peut en juger par le tableau ci-dessus, la plupart de ces espèces possèdent une aire de distribution fort vaste qui s'étend pour quelques-unes jusqu’en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Samoa, aux Philippines et au Japon. Cependant le P. dolichodactylus paraît jusqu’à présent limité au sud de l’Afrique orientale et à Madagascar, et le P. rudis Heller, = P. Mossambicus Hilg., n’a pas été trouvé encore à l’est de Ceylan. Le fait le plus caractéristique est cer- tainement la grande proportion d'espèces indo-malaises (9 sur 14), proportion encore accrue si l’on considère que Îles formes décrites comme nouvelles sont toutes très voisines d'espèces malaises connues : le P. Hilgendorfi du P. lepi- dactylus Milg., le P. Patsa du P. scabriculus Heller, le P.mulndens du P. superbus Heller. La ressemblance des Palémons malgaches et indo-malais 959 H. COUTIÈRE. n’est qu’un cas particulier, mais non des moins importants, du problème de zoogéographie que pose la distribution du genre Palæmon, problème dans lequel se superposent deux ordres de faits : 1° la présence des mêmes espèces dans les bassins fluviaux d'une même contrée, sans com- munication entre eux ; 2° la présence d’espèces identi- ques, ou extrêmement voisines, dans les eaux douces de contrées séparées par de vastes espaces de mer. Il est presque impossible de résoudre ces questions si l’on n'admet l'hypothèse que les Palémons ont été primiti- vement des formes marines et littorales, qui se sont gra- duellement adaptées à la vie dans les eaux saumâtres des estuaires et des lagunes, puis dans les eaux douces des rivières et des lacs. On possède sur cette immigration des faits assez nombreux pour que l’on puisse l’admettre avec la plus grande certitude. On distingue dans la famille des Palæmonidæ plusieurs genres : Büthynis, Palæmon, Leander, Palæmonetes, Palæ- monella, et, dans le genre Palæmon lui-même, la multipli- cité des espèces a conduit à faire plusieurs sous-genres, Eupalæmon, Parapalæmon, Macrobrachium, Brachycarpus. Or, dans ce dernier sous-genre, deux espèces, le Pr. Audouini et le B. Savigny Sp. Bate, ont été recueillies dans la mer par le Challenger (20, 795-98, pl. 129, fig. 4-5) le premier en Nouvelle-Zélande, le second aux Bermudes. Le P.(Brachycar- pus) carcinus, espèce indo-malaise qui atteint dans le genre la taille maxima, a été prise dans la mer également, à l’état jeune, à Macassar, comme de Man le rapporte (24, 424). La même espèce se trouve d’ailleurs dans les estuaires des cours d’eau, et dans ces cours d’eau eux-mêmes, loin dans l'intérieur. Plusieurs espèces des autres sous-genres, surtout à l'état jeune, ont été également recueillies dans la mer. Von Martens cite dans cet ordre d'idées le P. /ar (à Singapour (8), de Man, les P. Zdæ et P. Sundaïicus (à Java) (20) Max Weber, le P. Sundaicus (à Natal) (34). LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR, 253 Les mêmes espèces, et d’autres encore, le P. carcinus, d’après de Man, le P. Nipponensis, d’après Ortmann (22), fréquentent Les lagunes saumâtres ; d’autres ont été recueil- lies dans les eaux douces, il est vrai, mais à une très faible distance de la mer. Tels sont les P. Sundaïcus, P. lar, P. En- dehensis, P. pilimanus recueillis à Flores, dans le fleuve Mbawa. au-dessous de chutes qui interrompent son cours(24). On peut même remarquer à ce sujet que le P. ar Fabr. et le P. placidulus de Man se trouvaient dans le bassin supé- rieur du fleuve, en amont des chutes, ce qui pose le prolème de savoir comment ces espèces ont franchi cet obstacle. Rappelons que le P. lar Fabr. a été trouvé par Semper Jusqu'à 4000 pieds d'altitude, aux Philippines. Les espèces du genre Palæmonella sontmarines, elles sont du reste assez différentes par leurs caractères des Palémons vrais. Par contre, dans le genre Leander, que certains auteurs considèrent seulement comme une section du genre analogue à Æupalæmon ou Prachycarpus, beaucoup d'espèces se montrent indifféremment d’eau douce ou marines. Sur nos côtes, les L. serratus Pennant, L. squilla Linné, L. xiphias Risso, sont des espèces marines de l'extrême littoral, pouvant remonter loin dans les estuaires. Dans les mers tropicales, les espèces du genre Leander sont indifféremment des eaux marines, saumâtres, et d’eau douce. Le Palæmonetes varians montre la même plasticité dans l'étendue d’une seule espèce, mais celle-ci offre de plus un caractère de grande importance : le développement, nor- mal dans la forme marine, est abrégé dans la forme d’eau douce, les œufs donnant des larves qui possèdent à la nais- sance tous les appendices de l'adulte. Parmi les causes qui fontsurvenir chez les Décapodes ce mode de développement avec un petit nombre d'œufs volumineux, on peut citer la vie dans les profondeurs (Sabinea), la sédentarité (plusieurs espèces des genres A/pheus et Synalpheus) et surtout la vie dans les eaux douces ou sur terre (Astacidæ, Telphusidæ, Æqa, Trichodactylus). Le Palæmonetes varians permet de sai- 254 H. COUTIÈRE. sir à l’œuvre, pour ainsi dire, cette action du milieu; or, on a déjà relevé chez plusieurs espèces de Palæmon ce mode abrégé du développement ; c’est ainsi que le P. Sintangensis de Man (36), des rivières du centre de Bornéo, paraît n'être qu'une forme pœcilogonique du P. Æitsemæ de Man (35), de Java et de Madagascar, dont le développement est normal. Le P. Trompü de Man (36) et le P. superbus Heller paraissent être dans le même cas; les P. e/égans de Man (24), P. Daya- nus Henderson (25), P. {dæ, var. idella Hilgendorf (44), ce dernier de la région africaine, possèdent également le développement abrégé, et sont comme les témoins du changement d'habitat survenu dans le genre Pa/æmon. La preuve la plus forte de l’immigration du genre Palæ- mon est peut-être celle que fournit la présence, sur de nom- breuses espèces, de Bopyridæ parasites. Dans le beau travail que J. Bonnier vient de consacrer à leur étude (50) et où se trouvent relevés les noms de tous les hôtes qu'infestent ces Isopodes, les seuls Crustacés d’eau douce cités sont du genre Palæmon : P. dispar von Martens, P. lar Fabr., P. lampropus de Man, P. pilimanus de Man, P. Endehensis, de Man, P. Bariensis de Man, P. placidus de Man; tous, habitant les eaux douces des îles malaises, sont ainsi para- sités par des Bopyridæ des genres Palæqgyge Giard et Bon- nier, et Probopyrus Giard et Bonnier (50, 832-347, 382, pl. 25-32). Le P. lar Fabr. peut même présenter, suivant sa prove- nance, les deux genres de parasites : le premier aux Célèbes, à Flores, à Timor; le second aux Philippines. Le genre Probopyrus, se trouvant également surle Pa/æmo- netes vulgaris Simpson, des eaux saumâtres de l'Amérique du Nord, on conçoit, comme le remarque J. Bonnier, que l'adaptation de ces parasites ait pu se faire graduellement, en même temps que celle de leurs hôtes. Il est probable qu’elle est complète pour les espèces vivant profondément dans les terres, que tous les stades du développement de l'Épicaride s’'accomplissent dans les eaux douces, et que, LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 299 par conséquent, l’infestation des Palémons peut s’y conti- nuer aussi sûrement que dans la mer. Si done on admet l'existence primitivement marine du genre Pa/æmon, on peut envisager sa distribution comme celle de toute autre famille d'Eucyphotes marins vivant actuellement dans les mêmes limites de climat, c'est-à-dire dans les mers intertropicales. La limite d'extension du genre est, au nord, Le Japon (42° L. nord), la Basse-Californie, dans le Pacifique, la Virginie, la côte norvégienne, dans l'Atlantique; au sud, le genre Bithynis représente au Chili les Palæmonidæ; l'Afrique australe en possède de nom- breuses espèces, ainsi que la Nouvelle-Zélande et l'Australie. C’est dire que cette famille d'Eucyphotes possède exacte- ment l’aire de dispersion des Alpheidæ, restés, 1l est vrai, à de très rares exceptions près, exclusivement marins, mais qui présentent plusieurs particularités éthologiques com- munes avec les Palæmonidæ : « facies » littoral, convergences adaptatives vers les Décapodes « Æeptantia », présence du développement abrégé chez plusieurs espèces. La distribu- tion des Alpheidæ (41) présente, comme je m'en suis assuré, des particularités non moins étranges que celle des Palæ- monidæ : la présence simultanée du genre Jousseaumea H. C., dans la mer Rouge, en Basse-Californie et aux Ber- mudes, celle de l’espèce A. macrochirus Richters, en Basse- Californie, aux Seychelles et au Congo, celle du genre Automate de Man, sur le rivage africain de l'Atlantique, dans la mer Rouge, l'océan Indien, le Pacifique jusqu'aux îles Kingsmill, enfin dans le golfe de Panama. D'autre part, les deux familles sont vraisemblablement contemporaines dans le temps, et les Alpheidæ ont « assisté » à limmigra- tion des Palémons dans les eaux douces, après avoir été soumis aux mêmes lois de dispersion marine. L'hypothèse qui doit expliquer là présence à Madagascar des espèces indo-malaises de Palémons doit tenir compte en même temps d’autres faits du même ordre : plusieurs espèces sont communes à cette région, à l'Australie et à la 6 H. COUTIÈRE. 1O Nouvelle-Zélande (P. lar, P. Dan), ou au Japon (2. Nippo- nensis). Une autre espèce Japonaise, le P. brevicarpus de Haan, est représentée dans l’Afrique occidentale par le P. Vollenho- veni Herklots, extrêmement voisine et peut-être identique, alors que, d'autre part, pour Aurivillius (37, 16), le P. Vol- ienhoveni est une simple variété de l'espèce américaine P. Jamaïücensis Herbst. Enfin, le P. Moorei Calman, récem- ment décrit dans la faune du Tanganyika (40, 709), paraît avoir d’incontestables affinités avec quelques espèces indo- malaises. La présence simultanée du genre Bihynis au Chili et à Madagascar est un autre élément de la question; mais il est possible que ces Palæmonidæ soient fixés dans les eaux douces depuis une époque fort ancienne, si l’on en juge par la réduction de leur rostre, la disparition de l’'épine hépatique du céphalothorax, la forme arrondie et lisse du telson, l’aspect lourd et massif du corps et de tous les appendices, les mœurs fouisseuses enfin, tous carac- tères qui indiquent une adaptation de longue date à un genre de vie semblable à celui des Astacidæ. La dispersion du genre Palæmon rappelle de si près celle des Eucyphotes analogues restés marins, que son immigra- tion dans les eaux douces, survenue après cette dispersion, est certainement de date récente. Les données de la paléon- tologie ne sont utilisables, dans ces questions, qu’autant qu’elles sont positives, et l'absence de restes fossiles pour un groupe donné reste à la merci d'une découverte plus heureuse; l'expérience le démontre journellement. Jusqu'à présent, on ne connaît pas de formes pouvant être rap- portées à des Palæmonidæ d’eau douce avant le miocène supérieur; encore le genre Æomelys, H. v. Meyer, des couches d'OEningen, ne les représente-t-il qu'avec une sûreté contestable, les spécimens fossiles connus étant très imparfaits. | Cependant, la distribution des espèces américaines, exposée récemment par E.-L. Bouvier (28, 159), parle dans le même sens. On trouve sur les deux versants américains, LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 257 atlantique et pacifique, de nombreuses espèces communes, ou extrêmement voisines les unes des autres. Quelques-unes d'entre elles ont même passé jusqu’en Afrique, où le P. ma- crobrachion Herklots représente l’espèce américaine P. acanthurus Wiegmann. Or, la communication entre les deux bassins maritimes, qui seule a pu permettre l'établissement de cet état de choses, a persisté jusqu’au miocène supérieur inclusivement, et il semble bien qu'une chaîne d'îles, sinon un rivage ininterrompu, à fait de plus communiquer, à cette époque, les rivages de la mer des Antilles et de la Méditerranée. Là encore, du reste, la distribution des Palé- mons est en harmonie parfaite avec celle des Alpheidæ, qui comptent de nombreuses espèces communes aux deux côtes américaines, dont quelques-unes se trouvent en même temps dans la Méditerranée et sur les côtes africaines. Dans le bassin indo-pacifique, des éléments de cet ordre font encore défaut. Cependant, la géographie de Mada- gascar, de même que celle de l'Inde, de l'Australie, de l'Afrique du Sud, se précise peu à peu. On sait que des dépôts marins, depuis le trias jusqu à l’éocène, se présen- tent en bandes successives sur le versant ouest de la grande île, les premiers s'appuyant sur le noyau primitif cristallin du centre et de la région est. On sait, de plus, que ces dépôts embrassent aux deux extrémités ce noyau allongé, à la façon d’un croissant, ce qui porte à croire que Madagasear était déjà une île pendant la période jurassique. La présence du crétacé supérieur, récemment reconnu sur la côte est, est un argument très démonstratif dans le même sens (39, 434). Les connexions terrestres avec l'Inde auraient donc été rompues depuis une époque fort ancienne. Ce serait cependant dépasser les hypothèses permises que d'attribuer à l'océan Indien, à l’époque où s’est effectuée la dispersion du genre Palæmon, une forme analogue à celle qu'il possède actuellement. A.-M.-Edwards a montré, par l'étude des grands Rallides incapables de voler, dont l’un des rares représentants actuels est l’Ocydrome de la Nou- ANN. SC. NAT. ZOOL. x, 17 258 H. COUTIÈRE. velle-Zélande, qu'une connexion terrestre entre Madagascar, les Mascareignes et Les îles de l'Océanie australe permettait seule d'expliquer certains faits de distribution de ces oiï- seaux (29, 117-136). A l’île Chatam, par exemple, les types éteints de Rallides découverts par Forbes sont extrêmement voisins de ceux qui vivaient encore à Maurice à l’époque où François Leguat visita cette île. Avec l'Æpyornis de Madagascar, les Dinornis de la Nouvelle-Zélande, les Casoars australiens, de l’époque actuelle, ces Rallides constituent une famille très homogène, dont les premiers représentants fossiles ne remontent pas, jusqu'à présent, au delà du tertiaire, et dont la dispersion implique une surface conti- nentale ininterrompue d’abord. Nous ne savons rien sur l’époque où se place la fragmentation ultérieure de ce continent, et il n’est pas possible de dire si les Palémons, depuis la région indo-malaise qui a été vraisemblablement leur centre de dispersion, ont émigré à Madagascar, aux Mascareignes et à la côte orientale d'Afrique, en suivant les lignes de rivages déterminées par une telle configuration de l'océan Indien, ou si des conditions analogues à celles de la géographie actuelle ont présidé à leur dispersion. L'existence d’un centre indo-malais est seulement suscep- tible de preuves indirectes, comme la plupart des questions de ce genre. Le fait qu'il possède à peu près toutes les espèces des régions circonvoisines, alors que chacune de celles-ci n'a qu'un nombre restreint de ces formes, sa posi- tion géographique équidistante, par rapport aux contrées tributaires au point de vue faunique, sont des raisons qui font admettre un tel centre d’origine. En ce qui concerne les Palémons, il me semble nécessaire d’insister également sur ce fait que toutes les espèces possédant le développement abrégé sont indo-malaises, alors qu’on ne trouve ailleurs, — sauf à Zanzibar pour le P. /dæ, var. idella, Hilgendorf(44, 29), — aucun exemple du même caractère. On peut, je pense, voir dans ce fait l'indication que la dispersion des Palémons s’est faite à partir des eaux malaises, et non en sens inverse. LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 299 Quant à la façon dont ces espèces ont pu franchir linter- valle les séparant de Madagascar, on ne peut faire à ce sujet que la remarque suivante : en l’état actuel de la géographie, les courants portent avec facilité de la Malaisie et de l’Inde sur les côtes malgaches et de celles-ci à la côte africaine. À plusieurs reprises, on à constaté l’arrivée, voulue ou accidentelle, d’embarcations malaises à Madagascar (43, 10), et l’on a pu recueillir, en 1884, sur la plage de Tamatave, des ponces provenant de l’éruption du Krakatau. En l’absence d’une ligne continue ou discontinue de rivages, permettant l'extension graduelle des espèces par une série d’empiétements vers l’ouest sur la zone littorale, de sem- blables courants n’auraient-ils pas suffi, à l’époque où s’est faite la dispersion du genre Palæmon, à transporter les larves, pélagiques et passives, des Eucyphotes marins ? Sclater, se basant sur la distribution des Mammifères marins, a montré l'existence probable d’une communication terrestre antérieure entre l'Afrique et l'Amérique méridio- nales, peut-être vers le miocène inférieur (33, 741-48). Ce fait permettrait d'expliquer la présence simultanée du genre Bithynis à Madagascar et dans les rivières chiliennes, et cadre bien avec l'ancienneté plus grande de ce type de Palæmonidæ. En se basant encore sur la distribution des Mammifères, Lydekker (31) admet aussi cette communication australe des deux grands continents, mais il admet, en outre, contraire- ment à Sclater, l'existence d’un continent beaucoup plus vaste, s'étendant jusqu à l'Australie et la Nouvelle-Zélande, hypothèse qu'Huxley avait depuis longtemps formulée et à laquelle les faits rapportés par A.-M.-Edwards sur la distri- bution des Rallides, donnent une compréhension beaucoup plus vaste encore. Lydekker admet que la région malgache a été en connexion avec l'Afrique orientale (région éthio- pienne) jusqu'à l’époque miocène. C’est là une opinion que les données actuelles de la géologie de Madagascar ne confir- ment guère, telles que les ai exposées plus haut, et je ne 260 H. COUTIÈRE. l'aurais pas rapportée si la présence dans le Tanganvyika du Palæmon Moorei Calman (40), ne posait un problème au moins aussi incertain. D’après Moore, les formations gré- seuses qui entourent le grand lac africain paraissent d'âge jurassique (32, 437); ce fait assigne une ancienneté très grande à la communication qui a permis aux Palémons et à d’autres formes marines, Méduses, Gastéropodes, Éponges siliceuses, de s’introduire dans le Tanganyika. Le P. Moorei paraît présenter d’incontestables affinités avec l'espèce indo- malaise P. scabriculus Keller, représentée à Madagascar par le P. Paisa H. C. Non moins remarquable est d’ailleurs la Limnocaridina Tanganyikæ Calman; ce curieux Atyidé diffère de tous les autres par la réduction de son système branchial et l'absence d’épipodites thoraciques, qui en font, comme le remarque Calman, non pas un type primitif, mais une forme de reliquat, ayant évolué dans une direction spéciale. Ces Carides font se poser, comme on le voit, de multiples questions sur l'ancienneté d'origine des familles dont ils font partie, et sur la façon dont s’est effectué leur isolement. En admettant que celui-ci ait eu lieu bien avant l’immi- gration spontanée des Palémons dans les eaux douces, ilest remarquable de constater que les Palæmonidæ et les Atyidæ, parmi les Eucyphotes, sont les seuls survivants de la faune marine primitive qui les accompagnait forcément. Un autre point intéressant, que soulève la distribution des Palæmonidæ, est celui de l’état actuel de leur immi- gration. Celle-ci, qui s’est effectuée dans le temps, à une date qu'il nous est impossible de préciser, n’a pas affecté au même degré chacun des genres de ce groupe. Elle n’est pas encore effectuée chez les Leander, les Palæmonetes, alors qu'elle paraît complète et définitive chez les Bithynis. Entre ces extrêmes, on peut trouver nombre d'espèces, des sous- genres Brachycarpus, Eupalæmon, Parapalæmon, Macro- hrachium même, qui établissent une gradation, en ce sens LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 261 que leurs larves, écloses à l’état de zoés, paraissent pouvoir supporter très bien l'existence marine et que jusqu’à un âge assez avancé même, les jeunes s’en accommodent également. On a vu plus haut que les P. Jdæ, P. Sundaïcus, P. carcinus avaient ainsi été recueillis dans la mer, à l’état jeune, et c'est aussi de cette façon que l’on peut expliquer la persis- tance des Bopyridæ parasites et leur adaptation aux eaux douces, l’infestation ayant surtout des chances de succès pendant le jeune âge des hôtes. On peut même se demander si les femelles de quelques espèces ne redescendent pas à la mer pour y faire éclore leurs larves, lorsque le moment de cette éclosion approche pour les œufs qu'elles portent. Si de semblables conditions existent réellement pour les larves de certaines espèces, on peut concevoir également pour elles le mode de transport et de dispersion par les courants, dont l'influence paraît indéniable pour les formes littorales restées marines ; de sorte que, pour ces espèces, la liaison avec leur centre éventuel de dispersion ne serait pas interrompue, et chaque génération recommencerait, pour son propre compte, l'immigration dans les eaux douces, une fois parvenue à l’état adulte ; mais on conçoit aussi que par leur répétition dans la vie de l'espèce où ils se montrent, ces phénomènes aillent s’affaiblissant, et que l'indifférence au degré de densité et de salure des eaux se manifeste entre des limites de plus en plus étroites, Jusqu'à ce que les adultes d’abord, et les larves ensuite, soient devenus exclusivement d'eau douce. À partir de ce moment, l'espèce ne pourra que se cantonner dans des bassins fluviaux fermés, et comme ces bassins pourront être, par suite de la dispersion antérieure de l'espèce, très éloignés les uns des autres, il y aura de grandes chances pour que les conditions de vie n'y soient pas absolument comparables, et pour que certains caractères spécifiques éprouvent le contre-coup des conditions locales. On conçoit, en un mot, que la persistance actuelle de 262 H. COUTIÈRE. l'existence marine pour les larves des Palémons soit à prendre en considération pour expliquer la localisation étroite de certaines espèces, et la très vaste dispersion de certaines autres, mais il n’est pas besoin de faire remarquer qu'une telle explication ne saurait être générale, car une espèce largement distribuée peut très bien se trouver, à l'heure actuelle, précisément à ce point où elle se cantonne dans chacun des bassins fluviaux ou lacustres qu’elle occupe dans des régions éloignées du globe, régions qui seront désormais pour elle définitivement isolées. Dans ces condi- tions, cependant, l'examen le plus attentif ne pourra montrer aucune différence entre les spécimens des diverses provenances. Nous ne possédons même aucun élément d'appréciation touchant la période nécessaire à l'apparition de ces différences ; nous concevons seulement cette période comme soumise à de nombreuses variations, au premier rang desquelles il faut sans doute placer la manière d’être, et si l’on peut ainsi dire, | « idiosyncrasie » de chaque espèce. Les conclusions de la zoogéographie n'ont aucune valeur si elles ne sont appuyées de déterminations spécifiques pré- cises, de sorte que le côté systématique de ces études, s'il n'est pas le plus brillant, et ne se prête guère aux aperçus théoriques, est d’une utilité fondamentale, et doit être traité avec une grande minutie de détails. En ce qui concerne le genre Palæmon, les carcinologistes qui l’ont étudié sont unanimes à reconnaître quelles multiples causes d'erreur résultent des variations individuelles, dans une espèce donnée, suivant l’âge des spécimens et suivant leur sexe. Aussi la plupart des anciennes diagnoses, que le petit nombre d'espèces connues permettrait de faire très suc- cinctes, sont-elles aujourd'hui insuffisantes, et ce serait certainement un très utile travail, et fécond en résultats, que la revision totale du genre, faite par le même descripteur, en s'appuyant sur les matériaux que renferment les collec- tions réunies des grands musées, encore que des revisions LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 263 très étendues aient été faites, embrassant le genre tout entier comme celle d'Ortmann (22), ou étudiant avec le plus grand soin les espèces de la région indo-malaise, comme la fait de Man (24, 35, 86), pour ne citer que ces travaux. Les difficultés dans la détermination des Palémons sont de deux ordres: les unes leur sont pour ainsi dire extrinsèques, ce sont celles qui ont trait à l'isolement de certaines espèces et à la création actuelle possible de formes locales, distinctes spécifiquement de la souche originelle. Les autres difficultés peuvent être dites, par opposition, intrin- sèques, et tiennent au petit nombre de caractères que l’on peut véritablement invoquer pour les diagnoses, pénurie qui se fait sentir non seulement pour les espèces, mais aussi pour les genres. Leander et Bithynis.sont ainsi fondés sur ces uniques faits que l’épine hépatique de la carapace est rem- placée chez le premier par l’épine branchiostégiale, alors que l’une et l’autre sont absentes dans le deuxième genre. Voici quels sont les principaux caractères du genre Palæmon (sensu stricto) : Genre à espèces très nombreuses, taille des spécimens variant dans des limites très étendues, entre cinq centi- mètres au plus (P. Moorei Calman) et 40 centimètres (P. Jamaïcensis Herbst) pour la longueur du corps. La carapace se termine en avant par un rostre aigu, denté sur ses deux bords, au moins deux fois aussi long que large, s'étendant plus ou moins sur le céphalothorax par une crête dentée. La carapace porte une forte épine anten- naire et une épine hépatique située en arrière et au-dessous de la précédente, dans son prolongement. En arrière de cette épine, circonscrite à sa base par un petit sillon ovale, prend naissance une ligne déprimée très nette, oblique d'avant en arrière et de haut en bas, qui correspond au sillon 4, de la nomenclature de Boas. Les sillons 6 et e, sont aussi très légèrement marqués (15). L'abdomen est régulièrement courbé, sans coude brusque entre les 4° et 5° pléosomites. Ce dernier cependant est net- 264 H. COUFIÈRE. tement prolongé en arrière par son tergum, et celui-ci est toujours un peu plus allongé que les terga des somites 2 et 4. La carapace est fréquemment rendue scabre par la pré- sence de spinules très fines, dirigées obliquement en avant sur la région céphalothoracique antérieure, en arrière sur Le 6° pléosomite, Le telson et les uropodes. Le reste du corps en est toujours dépourvu. Il convient d'insister sur la présence de ces spinules, qui sont un trait très général de l’organisation chez les Palæmon et que l’on trouve déjà présentes sur les Axthracopalæmon des temps carbonifé- riens et permiens. Elles garnissent aussi les pattes thora- ciques, bien plus fréquemment encore que la carapace, et s'y montrent d'autant plus développées que le membre lui- même l'est davantage. IL est remarquable de voir que les spinules du céphalo- thorax et des membres, dirigées en avant, et celles du telson, dirigées en arrière, se trouvent sur des parties du corps de l'animal primitivement en contact au même pôle de l'œuf, sur l’ébauche nauplienne de l'embryon aussi bien qu'au stade zoé d'éclosion. Ce fait montre que les spinules caracté- ristiques, très anciennes dans le temps, sont aussi parmi les _ premiers caractères apparus dans l’ontogénie de ces formes de Palæmonidæ. L’œil nauplien persiste fréquemment, sous forme d’une petite tache sombre située de part et d'autre du bee ocel- laire. Les ophtalmopodes portent une large surface cor- néenne ; sur le bord supérieur de celle-ci se remarque une tache circulaire très petite, tranchant par sa couleur d’un noir intense sur le reste de la cornée devenue opaque chez les spécimens conservés. Il est vraisemblable que cette région, si bien circonscrite, joue un rôle spécial dans la vision de l’animal. Elle existe également chez les Pandalidæ. Les antennules, dont l’article basal est excavé pour recevoir les ophtalmopodes, se terminent par deux fouets. LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 265 Le fouet interne est simple, égal à la longueur du corps ; le fouet externe se bifurque près de sa base en une branche interne grêle, dont les articles anguleux portent des soies olfactives, et une branche externe très longue et cylindrique. La portion non bifurquée égale environ l’article distal de l’'antennule. Les antennes ont un scaphocérite très développé, dépas- sant largement le pédoncule anteunulaire. Lépine latérale du scaphocérite ne s'étend jamais aussi loin en avant que le bord antérieur de la portion foliacée. Le carpocérite est très court et porte un fouet antennaire très long et grêle. Les mandibules bipartites ont un palpe triarticulé. La 1 maxille a la forme trifurquée habituelle, avec la trace de deux articles à l’endopodite, l’article distal étant plus grêle et plus fortement courbé en avant que l'article proximal. La 2° maxille porte une lacinie interne rudimentaire totalement dépourvue de soies et une lacinie médiane pro- fondément bifurquée, ciliée sur son bord libre. Sur le 1° maxillipède, l’appendice foliacé de l’exopodite («, Boas) (15) est très développé, l’endopodite est indivis, l’épipodite membraneux a la forme habituelle chez les Eucyphotes. Le 2° maxillipède a la forme récurvée habituelle chez les Eucyphotes, il porte un petit épipodite ovale et une podo- branchie. La 5° maxillipède à un endopodite à trois articles comme chez tous les Eucyphotes. L'article distal est le plus court, se termine par une courte épine, et porte en outre des soies nombreuses et serrées. L’exopodite est plus court que l’article proximal de l’endopodite. L’épipodite est rudi- mentaire. La 1" paire de pattes est repliée sous Le corps, la moitié distale (pince et carpopodite) étant égale en longueur à la moitié proximale du membre. Etendue en avant, cette paire 266 H. COUTIÈRE. de membres dépasse plus ou moins le bord antérieur du scaphocérite. Elle est toujours très grêle, très symétrique, et de forme cylindrique. La 2° paire est l'organe essentiel de préhension et de défense dans le genre Palæmon, et c’est elle qui fournit, avec le rostre, les plus importants caractères spécifiques. Chez les jeunes de toutes les espèces, et chez les adultes du groupe Eupalæmon, ces membres sont formés d’artieles cylindriques et grêles, souvent fort longs, atteignant chez les adultes près de deux fois la longueur du corps (P. Idæ). Dans ce même groupe Æupalæmon, le carpe est plus long que le méropodite. - Dans le groupe Parapalæmon, au contraire, le carpe est au plus égal au méropodite et d'ordinaire un peu plus court. Il faut y joindre cet autre caractère que la paume est légère- ment comprimée. Ortmann donne en outre l'inégalité habi- tuelle des membres de la 2° paire et la présence sur les doigts de la pince de nombreuses petites dents comme carac- ières du groupe Parapalæmon. Ces différences deviennent d'appréciation très délicate chez certaines espèces. Le jeune, par exemple, devra être classé comme un Æupa- læmon, adulte comme un Parapalæmon; deux espèces très voisines pourront différer par des caractères tels que l’on soitconduit à faire de l’une un Zupalæmon, de l’autre un Parapalæmon. Mais ces réserves n’enlèvent rien à la valeur: absolue de ces deux sous-genres, tels que les à créés Ortmann ; elles indiquent simplement que dans Île genre Pulæmon, certains groupes d'espèces affines, en évoluant dans des directions différentes, ont conservé à des degrés variables les caractères originels. En fait, les espèces bien différenciées des groupes Parapalæmon et Eupalæmon sont immédiatement reconnaissables, et d'aspect bien différent quant à leur 2° paire. Dans le sous-genre Brachycarpus (1), où la 2° paire est (1) Brachycarpus, tel que l'entend Ortmann, et non tel que l'avait défini LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 267 encore cylindrique, le carpe est toujours plus court que le méropodite. Bien que la paume reste cylindrique et assez grêle, ce caractère du carpe suffit à distinguer nette- ment le groupe Prachycarpus. Le groupe Macrobrachium est bien caractérisé aussi d'ordinaire par la paume comprimée, ovale, plus large que le carpe à son bout distal, qui donne aux espèces les plus différenciées de ce groupe l’aspeet d’Astacidæ (P. lepidac- tylus). Le carpe et le méropodite, renflés l’un et l’autre du côté distal, sont à peu près égaux d'ordinaire. Là encore, les formes jeunes, et aussi les adultes de certaines espèces, ressemblent aux Parapalæmon et aux Eupalæmon par la faible compression et le peu de largeur de la paume. Les membres de la 2° paire portent très ordinairement chez les Palæmon les spinules dont J'ai déjà signalé l’impor- tance comme ornements de la carapace. Elles manquent totalement chez les adultes de quelques espèces de petite taille, et peuvent être extrêmement réduites chez d’autres dont la taille est cependant assez grande (P. ÆRütsemæ de _ Man). Elles sont coniques, aplaties en forme d’écaille trian- gulaire, mousses ou aiguës, grêles ou tuberculeuses, elles peuvent passer insensiblement aux soies cylindriques quiles accompagnent d'ordinaire, ou au contraire devenir graduel- lement des tubercules arrondis. Elles peuvent aussi se grou- per par places en lignes régulières, être plus ou moins éparses ou serrées, et tous ces caractères de fréquence et de forme servent assez utilement dans les diagnoses. De façon générale, ces spinules vont en s’effilant de la base à l’extré- mité du membre. Elles deviennent aussi de plus en plus rapprochées, si bien quelles prennent à l'extrémité des doigts, l’aspect de grosses soies courtes et rigides. Cette disposition concorde avec le mode de croissance du membre qui s’allonge surtout par la base, alors que la pince bifide qui le termine est formée de très bonne heure. Sp. Bate qui y faisait entrer des espèces du groupe Eupalæmon (P. lar Fabr.). 268 H. COUTIÈRE. Un autre ornement des membres de la 2° paire, beaucoup moins général que le précédent, est la présence d’un feu- trage de poils très mous et très fins, qui semblent, au prémier abord, former sur le membre comme un enduit vaseux. Autant que j'ai pu m'en assurer, ce feutrage tient à ce qu'au lieu d'un poil simple sortant de la carapace, il naït au même point un bouquet dissocié de filaments beaucoup plus fins, comme si ces derniers provenaient de la fragmen- tation du poil. Spinules et poils feutrés sont beaucoup moins développés chez les jeunes individus, ou même complètement absents. C'est également dans ce sens que varient les proportions des divers articles de la 2° paire. Assez constantes chez l'adulte pour servir de base à une spécification précise, ces propor- tions s’altèrent chez les jeunes individus, en ce qu'elles tendent vers l'égalité des divers articles, de sorte que plu- sieurs espèces voisines convergent, — d'autant plus que les spécimens sont plus jeunes, — vers ce type que l’on pourrait appeler « indifférent », et dans lequel chaque article du membre n’a pas encore dégagé sa future manière d’être. L'armature des doigts de la pince est dans le même cas. Elle est constituée d'ordinaire par des dents coniques, alternes sur chaque doigt, s'étendant plus ou moins loin de l'articulation du doigt mobile. Ces dents sont suivies d'une crête médiane, tranchante, dont elles représen- tent une différenciation, et qui s'étend elle-même jusqu’à l'extrémité recourbée des doigts. Souvent, cette armature est complétée par de grosses spinules coniques ou tuber- culeuses, disposées en une série de part et d'autre de la crête de chaque doigt, ou par une bordure de fortes soies, raides et très serrées. Le nombre des dents basales est ce qui varie le moins dans cette armature, dont les autres éléments sont très peu marqués ou absents chez les jeunes. Les pinces de la 2° paire sont fréquemment asymé- LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR.. 209 triques. Chez les Æupalæmon, ou le cas est assez rare, il s'agit d'une simple inégalité de longueur, mais chez les Parapalæmon et surtout les Macrobrachium, 1 SV joint une différence de forme parfois très marquée. Il peut se faire, par exemple, que la petite pince s’épaississe moins, que les doigts joignent exactement et soient inermes; alors que l’armature sera très développée, la paume très renflée et les doigts béants sur la grande pince. Ces différences s’ac- centuent également beaucoup avec l’âge. Il est rare que les femelles soient recueillies aussi nom- breuses que les mâles. Cette rareté apparente ou réelle des © déjà signalée par de Haan, devient évidente par l'examen de toute collection de Palémons un peu étendue. Il est rare qu'elles soient en tous points semblables aux GG; trèshabi- tuellement, leurs pinces de la 2° paire sont beaucoup plus faibles et se rapprochent davantage de la forme qu’elles ont chez les jeunes. D'ailleurs, on observe aussi dans le genre Palæmon des mâles « féminisés ». J'ai pu m'en assurer au moins pour le P. lar Fab., et il est probable que plu- sieurs autres espèces présentent également ce dimor- phisme des cf‘, avec les incertitudes qu'ils crée dans la détermination de l'espèce. Les membres des paires 3, 4, 5, ne présentent aucun caractère saillant. Ils sont toujours de forme cylindrique, grêles, inermes, à l'exception de quelques très faibles épines sur le propodite, terminés par un dactylopodite simple, en forme de griffe longue et faiblement courbée. Ils sont presque toujours recouverts de spinules lorsque celles-ci se rencontrent sur la carapace ; en outre, chez plu- sieurs espèces des groupes Parapalæmon et Macrobrachium, ces membres sont assez courts et robustes, les épines du propodite deviennent très visibles et le dactylopodite prend une apparence biunguiculée, sa portion distale aigüe et cornée devenant brusquement distincte de sa base épaissie. Ces caractères coïncident toujours avec l'existence de pinces fortes et trapues, et avec le raccourcissement du 97 () H. COUTIÈRE. rostre. Ce sont là des faits de convergence adaptative vers les Décapodes feptantia, du même ordre que ceux que j'ai signalés chez les Alpheidæ, quoique beaucoup moins accen- tués. Ces trois caractères, raccourcissement du rostre, déve- loppement du volume des pattes de la 2° paire, robustesse plus grande des pattes postérieures, s'accentuent manifes- tement des Leander aux Bilhynis, et même, dans un cercle plus restreint, des Æupalæmon aux Macrobrachium, et il importe de signaler la concordance de cette évolution avec la marche de l'immigration dans les eaux douces, ce dernier habitat étant de plus en plus exclusif lorsqu'on passe du premier groupe de Palæmonidæ au second. La formule branchiale est extrêmement uniforme dans l'étendue du genre Palæmon. Elle est la suivante : 9 h | 0 k | l m n Ci | pib. | | | | Eu | 1 | FR arthb.| | | 2 | | | | | pdb. 1 Les pleurobranchies sont de plus en plus développées d'avant en arrière. Les pléopodes de la 1°° paire, chez le G',ontune branche interne très réduite. Sur les paires suivantes, cet endopodite porte l’appendice muni de petits crochets terminaux, ouréti- nacles, servant à unir les deux pléopodes opposés, mais sur la 2° paire, cette branche interne porte en outre une lame foliacée, munie de fortes soies, à la base duquel s’insère l’appendice rétinaculaire. L'un et l’autre sont des articles de l’endopodite prolongés latéralement. Chez les ©, la 1" paire de pléopodes porte également un endopodite très court, différent de celui du G° en ce qu’il se LES PALÆMONIDÆ DES ÉAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 271 termine par une toufle de longues soies cylindriques. Ces soies, présentes également, —et surtout, — sur le sympodite du membre, servent à la fixation des œufs. Les paires sui- vantes portent, comme chez le «jf, un appendice rétina- culaire, mais la 2° paire en diffère en ce qu'elle n’a point le second appendice, foliacé et muni de soies, qui dis- tingue le G‘. Ce sont là, du reste, les caractères normaux des Eucyphotes. La © se distingue encore facilement du çÿ, même en l'absence d'œufs, par ce fait que les coxopodites des pattes thoraciques 3, 4, 5 vont s’écartant de plus en plus l’un de l'autre, alors que chez le C, les coxopodites de la 5° paire sont très rapprochés l’un de l’autre. Sur ces articles, les orifices génitaux du G° font nettement saillie sous forme de deux courts tubes tournés l’un vers l’autre. Les orifices © de la 3° paire sont également très apparents. Le telson est toujours, dans le genre Pa/æmon, étroit et allongé, et sa section transversale est presque un demi- cercle. Il porte, selon la règle, deux paires d’épines sur la face dorsale ; la paire antérieure est située sensiblement au milieu de la longueur du telson, la paire postérieure à égale distance de la précédente et du bord distal. Celui-ci porte une paire d'épines de part et d’autre de la ligne médiane ; l’épine interne est toujours beaucoup plus longue que lexterne. Entre les épines internes, le bord postérieur du telson porte quelques paires de soies plu- meuses provenant, de même que les épines ci-dessus mentionnées, des 7 paires de soies du telson larvaire. Au lieu des 3 paires que l’on devrait rencontrer de ce fait (puisque 4 paires de soies larvaires sont transformées en épines), il y a d'ordinaire 6 paires de ces soies plumeuses chez les Palæmon, mais pour 2 paires au moins, il est facile de voir qu'il s’agit de soies surnuméraires, par suite de leur taille bien moindre et de !eur forme simple. Chez les grandes espèces, ce nombre de soies surnuméraires s'accroît un peu ; on en rencontre jusqu à 12. DD H. COUTIÈRE. En outre, la saillie médiane du telson se termine par une soie impaire, naissant à la face inférieure et très visible. Cette saillie médiane elle-même constitue une forte pointe triangulaire chez les spécimens jeunes ; chez les adultes, elle s'atténue et prend un contour simplement convexe. Mais:c’est toujours un caractère spécifique de faible valeur, et je trouve, comme de Man, qu'Ortmann a exagéré son im- portance pour la diagnose des espèces. Le tableau de la page suivante permet la distinction facile des espèces étudiées dans ce travail. P. (Macrobrachium) lepidactylus Hilgendorf. P. LepipacryLus, Hilgendorf. Monatsb. Akad. Berlin, p. 838, tab. IV, fig. 14-16, 1878. es Miers. Ann. et Mag. N. Hist. (5), vol. V, p. 384, 1880. _ Ortmann. Zool. Jahrb., Abth, f. Syst., V, p. 735, 1890. — Hilgendorf. Land und Sussw. Décap. Sud Afrik. 1899. P. LepinacryLoïnes, de Man. Max Weber’s Zool. Erg., p. 497, pl. XXIX, En fig. 51, 1892. — De Man. Notes f. Leyd. Mus., vol. XV, p. 284, pl. VII fig. 8, 1893. ?P. nirTimanus, Ortmann nec Olivier. Zool!. Jahrb., V, p. 737, pl. XLVII, fig. 10. Grâce à un nombre suffisant de spécimens, je puis don- ner quelques détails sur cette remarquable espèce et sa synonymie. Dans sa description du P. lepidactyloïdes, de Man avait reproduit, d’après Hilgendorf, les quelques rares différences qui séparaient cette espèce du P. /epidactylus, et qui étaient les suivantes : P. lepidactylus Hilg, P. lepidactyloïdes de Man. Rostre att. l'extrémité du pédoncule de | Rostre ne dépassant guère le 2e article A. I., s'étendant en arrière sur le tiers | de A. I., s’étendant en arrière sur la du céphalothorax. moitié du céphalothorax. Doigts de la grande pince beaucoup plus | Doigts presque égaux à la paume, munis longs que la paume, armature des| d’une forte armature de dents. doigts faible. Spinulation des deux faces palmaires | Spinulation des deux faces palmaires semblable. différente. Rame externe des uropodes plus grande | Rame externe des uropodes plus petite que l’interne. que l’interne. Mozambique. Archipel malais. LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 273 GROUPE MACROBRACHIUM. Pattes de la 2° paire robustes, inégales, pau me large et aplatie, carpe et méropodile à peu près égaux, renflés distaiement. Pinces de la 2° paire Courbes, béantis, garnis de couvertes de spinules| longues soies transver- aplaties, très obliques, SES RES SOTRÉCSE À 2400 P. lepidactylus Hilg. paume de la grande pince très aplatie, /Parallèles, garnis de soies doigts de la petite obliques courtes et es- pince: DACÉRS RCA EIR ET ARE P. Hilgendorf H. C. GROUPE PARAPALÆMON. Pattes de la 2° paire cylindriques, paume légèrement déprimée, pas plus large que le bout distal du carpe, qui est égal au méropodite. | Très asymétriques, paume de la Annals pince garnie de poils feutrés." doigts avec une rangée des tubercules, ca- Faites Gel ONE SUITE EAST LRO EEE 56e P. dolichodactylus Hilg. Peu asymétriques, semblables, recou- vertes de spinules, pas de poils feu- \ trés ni de tubercules, carapace lisse. P. Patsa H. C. 2° paire: GROUPE EUPALÆMON. Pattes de la 2° paire cylindriques, rarement asymétriques, carpe plus long que le méropodite, paume non déprimée, cylindrique. Plus court; doigts égalant la paume, munis de deux rangées de tubercules, Ssabte Cu Ces pince couverte de poils 2° paire pararape TUBES eee P. rudis Heller. P: 268 Plus long; doigts courts, port à la pince en- Hire | deux tubercules seule- | ment, pince scabre, sans MAMPDONSMEUTTES TOR R P. Idæ Helier. jrs paume plus longue que les doigts, pattes presque JSSes Re ne P. Ritsemæ de Man. courts que la paume. P. lar Fabr. S | Carpe plus long que la :| paume, doigts pres- que égaux à la paume. P. Sundaïcus Heller. | Doigts, paume et carpe presque égaux, doigts avec une rangée de tubercules chez l’a- É [cou et doigts plus [sb] Carapace : Plus court ; | pattes de la: 2e paire : | Lisse ; carpe de la 2° paire par rapport .à la pince entière : un NN ILER EAN RUNUE RUE P. superbus Heller. ‘3 JDoigts et surtout carpe plus longs que la | paume, doigts iner- | MONTE MAP AIORE -niee P. multidens H. C. Égales, doigts égalant la He nes al. paume................. P. Danæ Heller. ® >» 2° ANR Inégales, doigts plus courts DE que la paume........... P. dispar v. Martens. ANN. SC. NAT. ZOOL. XII, 18 974 H. COUTIÈRE. Un second spécimen de plus grande taille (74 millim.) décrit plus tard par de Man, diffère notablement du premier (46 mullim.) par la forme de sa grande pince. Les doigts sont deux fois plus longs que la paume, les dents qui constituent leur armature sont très effacées comme sur le dessin d'Hilgendorf, de sorte que la plus importante diffé- rence entre les deux espèces disparait de ce fait. Voici maintenant les remarques que j'ai pu faire sur les 18 spécimens de Madagascar que j'ai examinés. Il s’y trouve HUE Ir OC La longueur du rostre varie légèrement; elle peut attein- dre celle du pédoncule antennulaire et même le dépasser très faiblement, mais ne dépasse pas d'ordinaire le milieu de l’article distal. Sur un spécimen, elle ne dépasse guère l'extrémité de l’article antennulaire médian. La formule rostrale est assez variable, sans rapport direct avec la taille, comme on peut le voir par l'examen du tableau (p. 276). La crête rostrale s'étend au plus sur le tiers du céphalothorax, avec quatre dents. Dans les spécimens d’Hilgendorf, Le rostre est très légère- ment plus grand que le pédoncule antennulaire, sauf dans un cas; dans ceux de de Man, il ne dépasse pas l'extrémité de. l’article médian, mais la formule rostrale est la même : 3+8 4+8 5+6 3+8 _ô+5 NI ot 0o 3 deMan: : el Hilgendorf indique Le rostre est droit dans les deux spécimens vus par de Man, courbé dans les spécimens d'Hilgendorf et ceux que jai examinés (convexe, puis concave d’arrière en avant). (PI. IX, fig. 1.) Sur les jeunes, toutefois, j'ai vu lerosire presque droit, comme dans le dessin de de Man. Une différence plus réelle est celle de l'étendue du rostre, qui ne dépasse jamais, chez nos spécimens, le premier tiers du céphalothorax avec 4-5 dents. Si tous les spécimens malais montraient avec la même constance le caractère qu'indique de Man (rostre s'étendant sur la moitié du céphalothorax), ils devraient constituer une race ou une LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 279 variété distincte, mais cette différence ne saurait avoir une valeur spécifique, en raison des ressemblances accumulées dans les formes de ces deux provenances. Le caractère tiré de l’inégalité des uropodes à une impor- tance véritablement très faible. Le plus souvent, comme chez les P. /epidactyloïides de Man, la rame externe est très légèrement plus courte que l’interne; mais le contraire se rencontre aussi et les différences sont si minimes que nous ne voyons pas comment on peut les apprécier sûrement. D'ailleurs, sur l’un des types de de Man, ces différences de longueur ont disparu. Des deux pinces de la 1" paire, la plus petite ne donne lieu à aucune remarque. Elle ne montre dans tous les spécimens que des variations très faibles dans sa forme et son armature de soies raides et serrées, et ressemble étroitement à l’appendice homologue chezles P. hirtimanus Milne-Edwards, et les P. placidus, de Man. (PI. X, fig. 13.) La grande pince, au contraire, varie de façon remar- quable dans les proportions relatives de la paume et des doigts, ainsi que dans l’armature de ceux-ci. De Man a bien vu l'étendue de ces variations, en plaçant dans la même espèce les spécimens de ?. lepidactyloides qu'il a décrits, malgré la forme très différente de leur grande pince. Les spécimens de Madagascar, que j'ai examinés, me permet- tent de combler de la facon la plus graduelle la lacune qui sépare les formes extrêmes de cet appendice chez les P. lepidactyloïides, et de montrer que les P. lepidactylus ne saurait être séparé de cette espèce. Le tableau ci-contre indique Îles caractéristiques des 18 spécimens examinés (1). Le graphique qui l'accompagne a été construit en prenant pour base la différence existant entre la longueur de la (1) Les dents qui constituent l’armature des doigts se laissent partager en 4 groupes; (Voir PI. IX.) 0 indique l’hiatus correspondant à une dent du doigt opposé. Le dernier nombre exprime la somme des denticules qui se trouvent sur chaque doigt, à la suite des dents, de part et d’autre de l’arète tranchante médiane. 276 H. COUTIÈRE. LE RAPPORT | = Le GRANDE PINCE À z = É Heu btroetalleSuE de la 2° paire, ns 2. DOIGTS Æ = g u rostre A À =) £ 2 —., comp ée =|<È par rapport au Ac z 5 m| PAUME. |; S| de la base à l'extrémité GOLPECANER. 212 2|péd.antennulaire.| , © 9° CE TS SE distale.) Æ P céphaloth. 5 = Long. | Haut. | E ë : 212|011+12 de 8:28,5 7 AARaR ner A 1| » » 41 |31,5| 17 | 24 HO LIHIC (Moyenne)|A. Grandidier 11 , 21110/1+11 Ghees |Ni/2 GE late, (ET DR) : mi 22 distal. er mn Pt) 11 : à % 11110] 1418 nus id. 8000043 083.5) 0) 0 EEnRelEse — 3 — | 43 9 pires à Vi Ajout id. Boo So Sd S 016,5 AMENER # $ OEM 12 : + (|11011-+12 5| — | 2/3 de l’art. | 7:25,5 | 36,5 | 24 | 14 | 20 De Id. en 1 distal. 5 [0 | 1+6 (a) 119) 6) D 2 2 = égale au moins|(6,5:25,5| 38 | 925 | 14 |[21,5| 21010 11H12 T° “(Moyenne)|6. Grandidier, + |le pédoncule. 610 11+14 7 = 2/3 de l’art. | 6,5:22 | 31 (|16,5! 9,5] 13 238111011411 (Id.) |A. Grandidier. ? distal. T|0|1+14 8 ee égale au moins] 10: 35 | 52 | 32 !17,5] 30 [212101 1#16 (Forte. = ? |le pédoncule. 5 [0 [1--20 9! À | 1/2 de l'art. |11:86,5| 50 | 34 | 0 (54,52 111011+15,, 5 unblo. 2 distal. 5[01+21 10| » » 1:28 39 |o7 |15 | 98 11101124 (Forte). |6. Grandidier. 810|1+24 9] & 1112 | presque égal |9:31,5| 45 | 30 | 16 | 35 PI210114814 la. Grandidier. 2 Jau pédoncule. 3 | 0 | 1443 9 : € 1212 Id. 9:31,5 | 45 |28,5/15,5] 32 [PUTIOTTESE in Inmbiot. 2 3 [O0 | 1+44 2 ‘ ‘ 13] 22 [1/2 ant. distai.| 8:32 | 45 | 32 | 15 | 36 2121011407 iaria. 4 5|0|1+31 d 14/ 22 73 art. distal.| 10:30,5| 44 | 96 | 14 | 82 2111011424 (Faible. ) Humblot . ? 5 | 0 | 1+29 15Ù L life art, distal| 6:94 | 34 |91 112 |o7 [2111011429 4, pr. 1 DOTE HE Id. 8,5:31| 43 |24 | 15 | 34 2111011448 pit) Hnmplot. ? 31211446 17 PINe dépasse pas| 5:29 | 39 | 20 |11,5] 30 PI11O1 1448 Ki) |aria. 1 |lJ'art. médian. 3 [1 | 134 18 2 1/3 art. distal.| 5:22 | 32 DEN ; » |A. Grandidier. ? (Lanzibar.) al » » 173 » |24 114,6] 33 » (Tr.faih.)|Hilgendorf. (Mozambique) Eu dépasse àpeine 1/2 2 20 14 |83/4113,5 21 OT ONE ne) De Man. l'art.médian. Be 21011+.. (Arch. malais.)} @11 DU 1751140825 i ——|ne dépasse pas| 1/2 Ë lo £ 192 » (Tr. faib.)|De Man. ARE BE prob. 32 (Arch. malais.) LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 277 paume (L. P.) et celle des doigts (L. D.), et en groupant les spécimens par ordre croissant de ces différences, sans tenir compte de la taille propre. Il se trouve que dans une série de 18 spécimens, de provenance très rapprochée et d’habitat identique, 17210 e € : on peut établir 2 séries à peu près | égales en importance, dans lesquelles les différences entre la paume et les doigts d’abord positives, passent très graduellement à 0, puis deviennent négatives. Ces deux formes de la pince, avec tous leurs intermédiaires, ne consti- tuent pas une variation sexuelle, tous les spécimens pourvus de leurs pin- ces étant des Ç;', elles ne sont pas davantage liées à la taille, dont elles ne suivent nullement les variations. Le même graphique montre encore une relation entre la longueur des doigts et la hauteur de la paume {HP-): Ces dimensions warient en pis 1. — HP. hauteur de sens opposé, de sorte que le volume D des muscles palmaires augmente dela paume: C., longueur lbisquele bras dudlevier sur lequel, 144 céphabthorer one : : ï inclus). — Les dimensions ils agissent devient plus court et plus réelles, mesurées à partir épais, conditions qui accroissent l’une ÉENEu St " et l’autre la puissance de la pince. Le spécimen décrit et figuré par Hilgendorf prend place dans le graphique en 4, la différence entre la paume et les doigts étant de 9 millimètres. Le premier spécimen décrit par de Man se place très près du point de jonction des deux courbes, en #, les dimensions respectives de la paume et des doigts étant 14 et 137,5. Quant au second, en c, les dimensions indiquées dans le texte feraient croire que les doigts (35 millim.) ont plus 978 H. COUTIÈRE. de deux fois la longueur de la paume (16 millim.); mais en tenant compte du dessin de de Man, ces dimensions devien- nent 32°°,5 et 17°",5. Bien qu'assez exceptionnelles, elles rentrent alors dans le cadre des variations de l’espèce. L'armature des doigts de la grande pince (PI. IX, fig. 2-12), se compose d'un certain nombre de dents basales, très peu variables en nombre et en position, et de deux séries de denticules aigus, dont le nombre varie dans une large mesure avec l'allongement distal des doigts. De même que les muscles palmaires diminuent de volume, l’armature des doigts décroît et s’efface lorsque ceux-ci s’allongent exagérément. La large dent basale du doigt fixe se frag- mente, les cinq saillies qui la composent devenant distinctes (PI. IX, fig. 12), et les autres dents ne sont plus visibles à travers les soies qui garnissent le bord interne des doigts, sans toutefois disparaître. Le spécimen décrit en dernier lieu par de Man, anomal par l'allongement extrême des doigts, l’est également, et dans le même sens, par l’absence totale (?) de dents sur le bord interne des doigts, dont l’ar- mature est uniquement constituée par les denticules. Il l’est encore par l'intervalle très grand que l’on remarque entre les doigts de ce spécimen, intervalle que lon re- trouve très semblable, mais jamais aussi prononcé, sur plusieurs exemplaires de Madagascar (n° 17). Les pattes de la 2° paire sont couvertes de saillies spinuleuses, qu'Hilgendorf a très fidèlement décrites et figurées ; elles sont coniques, fortes et saillantes sur le bord inférieur de la paume, le carpe et la méropodite. Sur ces faces palmaires, elles sont plus courtes, graduellement aplaties et dirigées en avant à mesure que l’on s’avance vers les doigts. Là, elles deviennent très aplaties, allongées, triangulaires comme des écailles ; elles passent graduelle- ment, vers la pointe, à des poils courts et raides, et consti- tuent d'autre part les denticules acérés qui renforcent l’'armature des doigts, de part et d'autre de leur arête interne tranchante. LES PALÆMONIDÆ DÉS EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 27!) La face palmaire inférieure repose sur le sol, par suite du poids considérable de la pince, elle est de ce fait moins colorée et moins ornée; les saillies épineuses sont très courtes et espacées dans l’espace ovale en contact avec Île sol. Cette disposition, que de Man a bien vue et décrite, constituerait l’une des différences entre le P. lepidactyloïdes et le P. lepidactylus, les deux faces palmaires étant assez peu différentes dans cette dernière espèce, d’après Hilgendorf, et portant, comme la face supérieure, de petites épines mélangées aux saillies épineuses plus fortes. Je crois que ce sont là des subtilités d'interprétation qui disparaïitraient par la comparaison des deux spécimens. On peut donc tirer de cette étude les conclusions sui- vantes : 1° L'espèce P. lepidactylus Hilgendorf, existe à Mada- gascar et montre, dans une série peu étendue de spécimens, la série la plus graduelle dans les variations de la grande pince, depuis les formes massives à doigts courts et très armés, jusqu'à celles où les doigts sont grêles et inermes. On y rencontre aussi des variations du rostre, qui peut ne pas dépasser l’article médian, ou excéder légèrement la longueur du pédoncule antennulaire. 2° Cette espèce existe dans l'archipel malais; elle est représentée jusqu'à présent par deux spécimens, apparte- nant aux termes moyens et extrêmes de la série précédente et possédant l’un et l’autre un court rostre. La seule diffé- rence qui subsiste entre les spécimens malais et madécasses est l'extension de la crête rostrale sur la moitié du cépha- lothorax chez les premiers, sur le tiers seulement chez les seconds. Je suis persuadé que l'examen de spécimens malais plus nombreux réduirait ce caractère à la valeur d’une variation locale. 3° L'espèce, dont le type provient de la côte est-afri- caine, nest encore connue dans cette région que par les formes à long rostre, à grande pince allongée et presque irerme, rigoureusement semblables aux termes 280 H. COUTIÈRE. correspondants, dans la série des spécimens madécasses. De Man indique, comme synonyme très probable, le LP. Xr- timanus, Ortmann, nec Olivier. Il s’agit d'un G;', provenant des îles Fidji, ayant pour formule rostrale _—. dont le rostre est plus court que le pédoncule antennulaire, et dont le revêtement épineux de la grande pince est dit par Ortmann être très semblable à celui du P. lepidac- tylus. Miers rapporte au 2. lepidactylus, avee quelque hésitation, un petit spécimen j provenant de l'archipel malais, sans indication de localité, et qui diffère du type d'Hilgendorf surtout par sa petite pince, dont les soies sont rares et faibles. Je ne doute pas qu'il s'agisse de l'espèce d'Hilgen- dorf, ou tout au moins d’une variété très intéressante, car j'ai rencontré parmi les spécimens de Madagascar un spéci- men auquel la remarque de Miers s'applique parfaitement (n° 7 du tableau). La petite pince de cet exemplaire est plus grêle, la courbure des doigts est beaucoup moins accentuée, les soies qui les garnissent sont moins longues et surtout plus flexibles et plus rares (PI. X, fig. 13 à). L'existence de cette forme anomale offre un intérêt par ticulier, lorsqu'on la compare à la nouvelle espèce, P. Hil- gendorf, qui sera décrite plus loin, et qui se distingue du P. lepidactylus, surtout par la forme de sa petite pince. Delbœuf s’est attaché à montrer qu’un petit nombre de spécimens d’une espèce présentant des variations anomales suffisaient à former la souche d’une autre forme spécifique. Le P. lepidactylus etle P. Hilgendorfi sont si proches l'un de l’autre qu’ils pourraient être considérés comme une vérifi- cation de cette hypothèse, si la variété anomale dont il vient d’être question était représentée dans les collections avec plus d’abondance relative. Distribution. — Quellimane et Tette, Mozambique (Hil- gendorf), Zanzibar (A. Grandidier), Madagascar (A. Gran- didier, Humblot, G. Grandidier, Maria), Flores (de Man), LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 281 Grand-Bastard Inseln (de Man), Archipel malais, Java (?) (Miers), Fidji (?) (Ortmann). P. (Macrobrachium) Hilgendorfi, 4. Coutière. P. Hizcenporrt, H. C. Bull. du Museum, n° 7, p. 382, 1899. Cette espèce est représentée par quatre spécimens Œ, dont trois sont de taille moyenne et le dernier très grand. Elle se montre très voisine, par tous ses caractères, du P. lepidactylus, Hilgendorf. LONGUEUR 99 PAIRE. RAPPORT : FORMULE du CÉépha- | ———. " ——— | dela NUMEROS lothorax, Longueur | Hauteur |Longueur| longueur | COLLECTEUR. rostrale. rostre de la de la des à la compris. cpu paume. | doigts. | hauteur. i 12 Hop 5,5 12 4,386 |A. Grandidier. For | » : » 9 11 5 À 11 5,5 13 4,36 Id. 2 6,5 3,2 10 4,71 3 12 : 15,5 9 18 3,12 Id. 2 9 4,5 15 5,33 ñ (5112 » | 20 12,5 35,5 | 4,44 Cattat. 2 12 7 | 24 5,14 Le rostre atteint à peine le milieu de l’article antennu- laire distal. En arrière, il s'étend sur le Ur antérieur du céphalothorax. La formule rostrale est = CE “a ; “a *). Les caractères tirés des épines antennaire et hépatique, des antennes, des maxillipèdes de la 3"° paire, des pattes de la 1", 3°, 4° et 5° paires, du telson, sont les mêmes que chez le P. lepidactylus. Comme dans cette espèce, les pattes de la 2° paire sont iné- gales; elles sont par contre de forme très semblable. Sur la grande pince, les doigts sont plus longs que la paume, parallèles, et leur intervalle, lorsqu'ils sont clos, est tou- jours moins grand que chez P. lepidactylus. Les doigts sont 282 H. COUTIÈRE. armés, chez trois des spécimens, d’une seule petite dent, située au tiers proximal du doigt mobile et un peu en arrière sur le doigt fixe. Quelques dents très faibles, au nombre de 2-3, se remarquent en outre près de la base de chaque doigt (PI. X, fig. 14, 17). Sur un quatrième spé- cimen (PI. X, fig. 16), l’armature est plus forte, et rappelle celle des exemplaires du P. lepidactylus dont la pince est allongée et grêle. II y a d'assez grandes différences dans la longueur relative des doigts; ceux-ci peuvent égaler la paume en longueur, ou être au contraire presque deux fois aussi longs. Par contre, Les proportions de la pince entière, en longueur totale et hauteur, demeurent assez semblables chez les quatre spécimens. De semblables différences dans les proportions de la paume et des doigts se retrouvent dans la petite pince, bien différente à ce point de vue de ce qu’elle est chez le P. lepidactylus, mais qui s’en distingue surtout par sa forme (PI. X, fig. 15). En effet, les doigts sont rectilignes, ils joignent exactement lorsqu'ils sont clos et l’armature de soies raides, si caractéristique de la précédente espèce et de quelques autres, a complètement disparu. Ce caractère, Joint à l’allongement très grand des doigts sur les deux pinces, rend aisée la distinction spécifique entre le P. lepidactylus et le P. Hilgendorfi, lorsqu'on s'adresse aux spécimens très adultes (n° 4). Mais cette séparation serait assez incertaine pour les trois autres exemplaires, en présence de l’anomalie offerte par le n° 7 du P. lepidactylus, où l’armature des soies de la petite pince est très réduite (PI. X, fig. 13 a). J'ai fait remarquer, en parlant de l'espèce précédente, quelle conclusion on en pouvait tirer au point de vue de la parenté de ces deux formes, qui paraissent dérivées l’une de l’autre, la seconde présentant normale- ment une anomalie rare chez la première. Le spécimen décrit par Miers, et que j'ai rapporté avec doute au P. lepidactylus, a été l’objet d’une description trop succincte pour que sa place puisse être fixée dans l’une ou LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 283 l’autre espèce, d'autant plus qu’il s’agit d’un spécimen de petite taille. Jusqu'à présent, la distribution de la nouvelle espèce est donc bornée à Madagascar. M. A. Grandidier (3 sp.) M. Cattat (1 sp). P. dolichodactylus, //ilgendorf. P. DOLICHODACTYLUS, Hilgendorf. Monatsb. Akad. Wiss. zu Berlin, p. 840, pl. IV, fig. 18, 1878. _ — Land und Susswasser Dekap.Ostafrikas, p.31, 1899. — Ortmann. Zool. Jahrb., Syst, V, 1891. Cette espèce est l’une des plus faciles à caractériser. Le céphalothorax, au moins chez les ', est fortement scabre, surtout dans sa région antérieure (PI. X, fig. 18). Le rostre s'étend jusqu’au milieu de la carapace, la formule rostrale 15 étant ee Le rostre est un peu plus court que le scapho- FÉES La 1" paire de pattes dépasse le scaphocérite du tiers distal du carpe et de toute la pince. Les pattes de la 2° paire sont inégales et dissemblables, spinuleuses comme la carapace. 2e PAIRE. LONGUEUR dE = ï MERUS. CARPE. PAUME. DOIGTS. | PROVENANCE. ongueur du corps. Madagascar. Mozambique (Hilgendorf) La grande pince est couverte, sur la paume et la base des doigts, d’un curieux revêtement feutré, plus long que chez aucune autre espèce, Les doigts laissent entre eux un large espace, et sont armés sur toute leur longueur de dents équi- distantes, sauf à la base où ces dents deviennent larges et 284 H. COUTIÈRE. mousses. La base du membre ne porte pas de feutre, mais seulement de longues soies raides appliquées contre les articles. La petite pince (PI. X, fig. 19) ne porte d'autre revêtement que ces soies, plus abondantes sur la paume et le carpe, les doigts ne sont armés de tubercules qu'à la base. Les pattes suivantes portent également de longs poils à leur base. Le P. Petersi Hilg., autre espèce de l'Afrique du Sud, se distingue de la précédente par les doigts de la grande pince, beaucoup plus courts que la paume, égaux en longueur au carpe et au méropodite ; le membre est recouvert de feutre jusqu'à la base, la petite pince est seulement moitié aussi longue que la grande. Le revêtement feutré de leur grande pince distingue ces deux espèces de toutes les autres. Distribution. — Côte africaine, de Natal à Zanzibar (Hilgen- dorf). Madagascar, rivières du centre, région des grandes fo- rêts, avecle P./epidactylusetle P. Hilgendorfi(A.Grandidier). P. (Parapalæmon) Patsa H. Coutière. | P. (parap.) paTsA H. C. Bull. du Museum, n° 7, p. 382, 1899. Cette espèce est représentée par 5 spécimens, 4 © et 1 ', Elle est surtout très voisine du P. scabriculus Heller, et peut être considérée comme une forme représentative de ce dernier à Madagascar. La carapace est entièrement lisse et glabre. Le rostre, légèrement plus court que le pédoncule antennulaire, porte en dessus 11-13 dents, en dessous 2, et même une seule. Il est assez fortement convexe sur le bord orbitaire et relevé à la pointe. Il s'étend en arrière jusqu’au milieu du céphalothorax, où sont situées 3 et même 5 dents rostrales, la 4° ou la 6° étant placée sur le bord orbitaire. La dernière (distale) est toujours très près de la pointe du rostre (PI. X, fig. 20). Le telson se termine en pointe triangulaire non effilée, dont les rapports avec les épines latérales sont les LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 285 mêmes que chez la plupart des espèces de taille moyenne : plus grande que les épines externes, cette pointe a la moitié environ de la longueur des épines internes. La 1" paire de pattes dépasse Le scaphocérite de la moitié et presque des 2/3 du carpe. | coran) NE PERLE Nos | sExE. : du ca merop. | carpe. | paume. | porers. | PINCE rostrale. Longueur entière corps. totale. * (5) 13 45 10 9 7,5 8,5 | 16 1 ®) 0) 72 | » » » » ne » (4) 11 30 6 5 5,5 6 11,5 2 1 58 CE nd D a 4,5 | 9% 5) 13 Lo. PEN OEN MEN AUEt PAEA NE E (5) 13 | 9,5 9,5 7,5 GE IN 4 © 5 » » s “ de = | x (# 11 31 Ÿ 7 5,5 GSM NO) 5 O° ? 5? » » » “ D » Le carpe est plus court que le méropodite et que la pince entière. Les pattes de la 2° paire ont au plus les 3/4 de la longueur du corps, elles paraissent être toujours un peu inégales, mais de forme très semblable. La paume est assez fortement aplatie, le rapport de sa largeur et de son épaisseur étant environ +: Tout le membre est couvert de fines aspérités aiguës, aplaties et dirigées en avant (PI. II, fig. 21). Les doigts, qui joignent exactement lorsqu'ils sont elos, portent dans leur tiers distal 4-5 dents sur le doigt mobile, 3-4 sur le doigt fixe, dents qui sont suivies sur le reste de la longueur de la pince d’une crête tranchante (PI. I, fig. 21 4). Les pattes suivantes sont courtes et robustes, elles pré- sentent la même spinulation que les membres précédents. La 5° paire, étendue, atteint à peine l'extrémité du rostre. Le spécimen Ç;, de plus petite taille il est vrai, est assez 286 H. COUTIÈRE. différent des © par la proportion des articles de la 2° paire et aussi par l'absence presque totale de revêtement épineux sur les pattes de la2 paire et les suivantes. Le P. scabriculus Heller, a été bien décrit par de Man, après Heller. Le céphalothorax est couvert de spinules aiguës, le nombre des dents du rostre est d'ordinaire plus élevé que chez le P. Paisa, au moins au bord supérieur ; Le rostre est presque droit, et un peu plus long que le pédoncule anten- naire. La 1° paire de pattes est moins longue, et ne dépasse le scaphocérite que de 1/4 ou 1/5 du carpe. La 2° paire estinégale; la proportion de ses articles n’est pas la même que chez le P. Patsa, le carpe est plus long que le méropodite, et Les doigts égalent environ 1 fois 1/2 La longueur de la paume. Celle-ci est presque aussi épaisse” ù à 4 que large, ces deux dimensions étant dans le rapport de ci Tout le membre est couvert, comme chezle P. Patsa, de,très fines spinules, mais la pince porte en outre de longues soies dirigées en avant, qui manquent dans la nouvelle espèce. EE Es o C4 1 e Æ 8 | à | roruuze | RÉ |ES : a a CE IE SENS E 5 | 2 | & | corvromur. Ê mn rostrale. SE 2, D = = S = ë LT ps (5) 15 SR S = » » |43/5| 5 [3 3/4] 4,5 | 8,25) De Man. RUN : : b Oo ! < 255 6,9 7 6,5 | 9,5 16 ne C. » ki La » 6,5 1,3 fe S 8,5 16 Heller. A IR NES 5-0 De 0 NN SSD j5 e. ; 2 D | EE 6 10) MT 14,9 en | Comme l'a fait remarquer Koelbel, qui a complété la description de Heller, la figure du P. scabriculus, que donne ce dernier, ne correspond guère aux nombres ci-dessus, la paume étant représentée beaucoup plus courte que les LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 287 doigts. La différence est surtout manifeste pour les deux der- niers spécimens. Cependant Henderson a confirmé le fait, et montré qu'il s'agissait d’une différence sexuelle, propre aux ©. Celle que l’on remarque chez le P. Patsa n’est pas du tout de même ordre, et il est possible, en outre, qu’elle ne se montre plus chez les G' adultes. Ortmann place le P. scabriculus dans le groupe Eupalæ- mon, faisant remarquer toutefois que cette espèce pourrait peut-être se placer dans le groupe Macrobrachium. De Man, enfin, a rangé le P. scabriculus dans le groupe Parapalæmon, qui lui convient également bien, par suite de la faible différence de longueur entre le carpe et le méro- podite. Le P. Patsa, chez lequel Le carpe est nettement plus court, ne peut plus être placé parmi les £Zupalæmon, et peut assez difficilement d'autre part, être appelé Parapalæmon. Par suite de la brièveté du carpe, et de la forme nettement aplatie de la pince, la véritable place de cette espèce serait sans doute dans la groupe Macrobrachium. Cet exemple montre que la classification d'Ortmann, d'ailleurs très naturelle et d'emploi pratique, est parfois en défaut aux confins des groupes définis par cet auteur. Le P. (Parapal.) Horsti de Man, est facile à distinguer du P. Patsa; le rostre est courbé vers le bas, les membres de la 2° paire sont beaucoup plus robustes, le carpe est un peu plus long que le méropodite, l’un et l’autre articles sont fortement renflés à leur extrémité distale, comme dans le groupe Macrobrachium, les doigts plus courts que la paume. Le P. (Eupal.) Endehensis de Man, s’en rapproche égale- ment, mais le carpe est presque 1 fois 1/2 le méropodite chez les spécimens adultes. Les spécimens jeunes sont plus voisins du P. Patsa sous ce rapport, Les deux articles étant presque égaux, mais la forme du rostre est toute différente, la paume est beaucoup moins aplatie que dans la nouvelle espèce, les doigts sont au plus égaux à la paume. Le P. modestus de Man, se distingue très facilement par la 288 H. COUTIÈRE. forme toute spéciale de son rostre. Les doigts des pinces de la 2° paire sont plus courts que la paume. Le P. Moorei Calman, du Tanganyika, peut être aussi rap- proché de la nouvelle espèce. Calman a du reste montré ses ressemblances avee le P. scabriculus Meller : le carpe est à peu près égal au méropodite (très légèrement plus long), les doigts sont presque 1 fois 1/2 aussi longs que la paume, celle-ci est à peu près cylindrique, enfin on remarque sur le membre une trace de spinulation. Les spécimens connus de P.Moorei sont de très petite taille, et peut être seulement des jeunes; comme l’a bien fait remarquer Calman, ils sont comparables à de trop nombreuses espèces pour que l’on puisse se faire une opinion précise de leurs affinités réelles, etilest très à désirer que l’on continue dansles grands lacs africains, les recherches de ce genre. Distribution du P. Patsa. — Mare voisine d'Andampy, rivière Manahara (G. Grandidier), bras de l'Onilahy(G. Gran- didier), Baie d’Antongil (Mocquerys). P. (Eupalæmon) rudis Heller. P. ruD1s Heller, Verh. Zool. bot. Gesell. Wien, p. 527, 1862. — — Reise Novara, Crust., p. 114, 1865. — Ortmann. Z0ol. Jahrb., Syst., V, p. 141, 1891. P. mossauBicus Hilgendorf. Monatsb. Ak. Wissensch. zu Berlin, p. 839, tab. IV, fig. 1878. — — Land et Susswass., Decap. Sud Afrik., p. 29, 1899. — Koelbel, in De Man. Max Weber’s Zool. Erg., p. 440, 1892. Dans la diagnose très complète qu’il donne du P. Mossam- bicus, Hilgendorf fait remarquer l’étroite ressemblance entre cette espèce et le P. rudis Heller, mais il objecte toutefois que, dans l'espèce de Heller, le rostre est plus court que le scaphocérite, et que les pattes de la deuxième paire ne sont pas recouvertes de poils feutrés. La description de P. rudis Heller, a été complétée par Koelbel, mais dans ces indications complémentaires, repro- duites par de Man, pas plus que dans la description de Heller, il n’est question du revêtement feutré des pinces, LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR, 289 simplement qualifiées par Heller de «breviter pubescentes ». L'examen du type du P. rudis Heller, m'a permis de lever tous les doutes sur l'identité de cette espèce et du P. Mossambicus Hilg. Le spécimen de Heller est un G;, long de 92 millimètres dont les caractéristiques sont inscrites dans le tableau ci-joint. 5 LONGUEUR |= iE 2° PAIRE => © FORMULE du rostre alone = par rapport au STE ä & $ # | = 3 | COLLECTEUR. 5 rostrale. édoncule 2 © || NE e | à to | 5 £ p QE | a = ‘o = Æ antennulaire. |" Se) té] & MIRE 22 Ce 288 LR Or POTTER SEE RE ESS US RER RE a 2+9 Égale l’épine G 30,5 147,5 |28,5 |28,5 98-19 Heller 3 lat. du scapho.|40 3 28 | 43 |24,5124,5 (Ceylan). 11, 12 Défis B — à — — scapho. ? a de aUE 5 ? |Hilgendorf 6 à : x ; (Mozamb.) 1 CHER Égale l'épine | 6 ( 45 | 63 | 44 |49,5| , |G Grandi- 4 lat. du scapho. » » » » as ab / 21) en D OR : LA r{ 10 | 55 | 46|43| , a » » » » , 38+2 3 +9 Égale l'épine | 575 À 42 | 58 | 46| 40) 4 lat. du scapho. PE » » » » NGC) ? . 53 4#1,5158,5] » » ‘ Ë DS nr | 58 | 44 |38,5| ” — . Ja ne | DRE Eole lépine LG (453,51 Uen 37 | N É | 3 lat. du scapho. D 133.5 50 | 42 | 38 Le rostre ne dépasse que très légèrement l'extrémité du pédoncule antennulaire ; la carapace, faiblement scabre dans la région orbitaire, le devient de plus en plus à mesure qu'on s'approche du bord inférieur des branchiostégites. La 1" paire de pattes dépasse le bord antérieur du scapho- cérite de toute la pince et du tiers distal du carpe. La 2° paire de pattes est très nettement, et sur toute sa surface, recouverte de poils feutrés, qui, sur le membre examiné à sec, forment un enduit blanchâtre se détachant avec facilité. Ce feutre est peu développé et laisse à nu plusieurs points de la surface du membre, surtout aux arti- ANN. SC. NAT. ZOOL. in 419 290 H. COUTIÈRE. culations. Il devient beaucoup plus épais à la face interne des doigts, où les poils très fins, longs et mous, qui le com- posent, dissimulent presque entièrement les dents arron- dies et mousses qui forment l’armature de la pince. Ces dents, disposées sur chaque doigt de part et d’autre de l’arête tranchante médiane, sont plus nombreuses du côté interne de la pince (à gauche de l’arête, sur la pince droite, et vice versa). Près de l'articulation se trouvent, sur chaque doigt, deux dents plus fortes, la plus antérieure étant très aigüe (PI. XIE fig. 24). Les spécimens que J'ai étudiés reproduisent très étroi- tement tous ces caractères. Ce sont tous des très adultes, mesurant 110 à 120 millimètres de longueur totale. Le rostre est toujours plus petit que le scaphocérite et n’atteint que la longueur de son épine latérale, la carapace est fortement scabre, surtout dans la région inférieure des branchiostégites. La 3° épine rostrale a tendance à devenir post-orbitaire. (Dans le type de Heller, elle est à cheval sur le bord de l'orbite). La 1" paire de pattes est absolument celle du type; la 2° paire est abondamment recouverte d’un court feutrage, de nombreuses places en sont cependant dépourvues, surtout aux articulations, comme l’a très bien figuré Hilgendorf. L’ischiopodite est scabre, mais le reste de la pince est lisse, contrairement à ce que dit Heller ; l'apparence rugueuse de cet article est due aux enfoncements très rapprochés où prennent naissance les bouquets de poils mous qui constituent le feutre. La principale différence entre le type de Heller et les spécimens de Mozambique et de Madagascar est celle-ci : Les doigts, chez les derniers, joignent entièrement lorsque la pince est fermée, et Le doigt mobile est faiblement courbé à la pointe. Sur le type de Heller, provenant de Ceylan, le doigt mobile est fortement courbé à la pointe, et les doigts laissent vraisemblablement entre eux un certain intervalle, chez LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 291 l'animal vivant. Il serait intéressant de voir, sur une série de spécimens de Ceylan, ce que devient cette légère variation. L'’armature des doigts est absolument la même comme disposition, le nombre de dents plus élevé des spécimens madécasses tenant à leur plus grande taille. Les dents des deux séries linéaires, sur chaque doigt, sont aussi plus obtuses chez ces derniers, c’est un caractère constant de « sénilité » que J'ai fait aussi remarquer chez les P. lar et les P. lepidactylus très adultes. On peut voir par le tableau ci-joint que les spécimens de Heller et d'Hilgendorf prennent place parfaitement dans la série des exemplaires madécasses, entre l’un de ceux-ci, chez lequel les doigts sont plus longs que la paume (n° 1), et les quatres autres, chez lesquels les doigts sont plus courts. Il se trouve même que les spécimens de Madagascar sont plus rigoureusement semblables au type de Heller que les exemplaires décrits par Hilgendorf, chez lesquels le rostre est plus allongé. Il y a sans doute dans ce dernier point une variation locale, comme en présentent la plupart des espèces du genre, lorsque leurdistribution estétendue (1) L'un des spécimens de Madagascar (n° 2, présente une anomalie assez rare. Le rostre est dédoublé vers le tiers proximal de sa longueur, et se termine par 2 pointes. L'une d'elles, celle de droite, est le rostre normal,en tous points semblable à celui des autres spécimens. Elle porte sur le bord supérieur 8 dents, de sorte que la formule rostrale, en 20 supposant le rostre redressé, serait As (PL. XI fig. 23). La seconde pointe est plus courte, elle ne porte que 5 dents supérieures, etson bord inférieur en est dépourvu. En exami- nant de près les rapports des deux pointes, on voit nettement que le rostre normal a été infléchi vers la droite, et sa paroi gauche déchirée. La pointe surnuméraire a pris naissance (4) Dans les deux exemplaires de P. rudis Heller, qui m'ont été commu- niqués, il s’en trouve un qui n'appartient nullement à cette espèce, mais bien au P. Idæ Heller. J’ignore si ce spécimen a été déterminé par Heller. 292 MH. COUTIÈRE. sur cette blessure, et l'on peut faire les remarques suivantes : 1° l'angle que font les deux pointes avec le plan sagittal est absolument le même; 2° la paroi antérieure de la pointe surnuméraire n'a laissé aucune trace de soudure avec la paroi antérieure (ou gauche) de la pointe normale, alors qu'entre la même paroi gauche de cette pointe et la paroï postérieure du rostre surnuméraire la ligne de suture est très visible et assez irrégulière. Les causes qui font le rostre se diriger normalement dans l'axe du corps, et parmi elles la pression interne ou turges- cence du corps, sont évidemment intervenues pour faire croître la nouvelle pointe rostrale symétriquement à la première. Les deux remarques faites plus haut (soudure plus facile dans la région antérieure et médiane, semblable direc- tion des deux pointes) paraissent même établir que !e chan- gement survenu dans la direction et l'intensité normales de la turgescence dans le rostre est la cause directe de l’anomalie présente, mais on ne saurait conclure dans ce sens avant de nouvelles observations et surtout des expé- riences directes sur ce point. P. lar Fabr. P. Lar Ortmann. Zool. Juhrb., Bd. V, p. 724, 1891. — De Man. Max Weber’s Zool. Ergeb., p. 445, 1892. — G. Nobili. Ann. Mus. civ. Genova, vol. XX (XL), p. 482, 1900. Biraynis LAR, Sp. Bate, Challenger Macrura, p. 789, pl. CXXIX, fig. 1, 1888. P. orNATUS Olivier. Encyclop., t. VIIL, p. 660. — H. M.-Edwards. Hist. nat. Crust., t. II, p. 396, 1837. — Heller, Reise der Novara, Crust., p. 119, 1865. — Von Martens. Arch. f. Naturgesch., Bd. XXXIV, p. 27-46, 1868. — De Man. Notes f. Leyden Museum, 1, p. 168, 1879. _ Miers. Ann. Mag. nat. Hist., V, p. 383, 1880. _ Kingsley, Bull. Essexæ Inst., p. 14, 1882. — Hasswell. Cat. Crust. Austr., p. 196, 1882. —— De Man. Arch. f. Naturg, Bd. LIT, p. 554, 1888. Thallwitz. Abhandl. Museum Dresden, n° 3, p. 11, 14891. P. vacus Heller. Siézb. Akad. Wiss. Wien, Bd. XLV, p. 417, pl. LE, fig. 42-43, 1862. — Heller. Crust. Novara, p. 113, 1865. P. oRNATUS var. vAGus Heller, de Man. Arch. f.Nat., Jhg. 53, p. 554, 1887. P. EquiDENS Heller. Sitzb. Akad. Wiss. Wien, Bd. XLV, p. 418; pl. Il, fig. 44. — Miers. Ann. Mag. nat. Hist., 5, p. 382, 1880. LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 293 P. srecraBiis Heller. Verh. Zool. bot. Gesell. Wien, Bd, XIX, p. 525, 1862. — Heller. Crust. Novara, p. 113, pl. X, fig. 8, 1865. P. xuger Hess. Decap. Ost. Australien, p. 45, pl. VIE, fig. 20. — De Man. Zool. Jahrbücher (Syst.), Bd. IT, p. 710. — Ortmann. — (Syst.), Bd. V, p. 705, pl. XLVIT, fig. 3, 1891. P. Mayorrensis Hoffmann. Crust. de Madagascar, p.32, pl. IX, fig. 61-62, 1874. P. REUNIONNENSIS — . — N p- 33, pl.IX, fig. 66-67, 1874. P. LONGIMANUS — —= p. 34, pl. IX, fig. 68-69,1874. P. MADAGASCARIENSIS — — p.35, pl. VIE, fig. 58. P. Mayortensis Hoffmann, de Man, Notes Leyden Museum, 1, p. 173, 1879. P. REUNIONNENSIS — = = 1, p. 174, 1879. Cette espèce, l’une des plus largement distribuées, est aussi parmi celles qui comptent le plus grand nombre de syno- nymes. Hoffmann, von Martens, Miers, Ortmann, Thallwitz, Hilgendorf, et surtout de Man, ont contribué à établir l'étendue de ses variations : j'ai pu confirmer et parfois étendre les données de ces auteurs sur une série, assez restreinte cependant, de spécimens provenant de Mada- gascar. Les adultes G'du P. /ar sont d’une détermination facile, mais les jeunes du même sexe, et surtout les © de tout âge, ont pu être facilement déerits comme de nouvelles formes. En effet : 1° les caractères du.rostre varient dans une mesure assez étendue. 2° Chez les © de tout âge et les cf jeunes, la longueur des pinces de la 2° paire est inférieure à celle du corps, alors que chez les j' adultes typiques, elleatteint une fois et demie sa longueur. 3° Il existe, chez les cf adultes, un dimorphisme qui donne à certains d'entre eux l'aspect extérieur des © en ce qui concerne la longueur et l’armature des pattes de la 2° paire. 4° Les doigts de la pince, qui joignent exactement et sont presque inermes chez les ©, les cf très jeunes ou « fémi- nisés », prennent chez les ° adultes typiques, une forte armature de dents, en même temps qu'il deviennent de plus en plus béants. 294 H. COUTIÈRE. Voici le tableau des caractéristiques des spécimens que j'ai examinés : [eal ° DIMENSIONS |& -|=# . à ; =) = D» < à à a un © |&| FORMULE comparées |[E7|£2a| 8 a UNE E |% els at Es = 5 8 COLLECTEUR. = Nr rostrale. da & = = eo É S ä à C1 CA rostre. m min) [2 à MM. 2-5 #1 (pointe) IE 916 5 * Chevreux. A. Grandidier. < scapho. Éns AOMe E 22 | ° Alluaud. 1602 7ANITE < scapho. _ At F “ Humblot. FtRo ice NN 10e PAPYTE G(anormal)| << SCapho. | SAP bd (cassé) » | (?) ne t 8+6+1 Ê Bastard. 7 lég. —d Nes du graphique. L. totale. 2° paire. Merus. Carpe. Paume. Doigts. 9 Uno 15 15 13 16 15 90 19 17 21 17 à g'i00 À & Pine ? ? 50 Q 100 80 1% 1% 19 16 Il s’agit simplement de mâles « féminisés », la © étant absolument normale. De Man n’admet pas l'identité du 2. equidens Dana, et du P. Reunionnensis Hfm, avec le P. /ar. Nous avons pu exa- miner l’un des types de l’espèce que Heller rapporte au P. equidens Dana, types sur lesquels le D° Kôlbel avait transmis à de Man d'importants renseignements supplé- mentaires. Il s’agit d’un ‘de Maurice, dont les dimensions suivent : 3+7+1 (pointe) Rostre Re Te scapho. No du graphique. L. totale. 2 paire. Merus. Carpe. Paume. Doigts. 21 115 105 22 21 PAT 18 Le céphalothorax est absolument lisse, l’armature des doigts normale, et ce spécimen ne saurait, par aucun caractère, être séparé du P. lar. Par contre, il se peut que les spécimens décrits par de Man, comme le P. acutirostris, appartiennent à une espèce très voisine, mais distincte, synonyme du ?. equidens Dana, espèce caractérisée par la fine spinulation de la carapace, PSE UT le nombre des dents du rostre (= ) , l’armature du doigt fixe de la pince. . De Man donnele P. Reunionnensis Hfm, comme synonyme du P. equidens Dana, et distinct, par conséquent, du P. lar. D'après la description de de Man, les spécimens du P. Reunionnensis Hfm, auraient le plus souvent 3 dents 3 +5 —8 rostrales sur le céphalothorax ( je et leurs dimen- sions seraient les suivantes : 302 H. COUTIÈRE. N°s du graphique L. totale. 2e paire. Merus. Carpe. Paume. Doigts. 28 cg 130 155 34 33 44 25 19 gt 105 82 18 17 20 14 Lespinces,comme l'indique d’ailleursle dessin d'Hoffmann, sont assez grêles, les doigts faiblement courbés. Mais de Man ne fait mention ni de l’armature du doigt fixe, ni de la spinulation de la carapace, propres au P. equidens Dana, et, comme la formule rostrale est celle du 2. /ar, que les dimensions données sont celles de spécimens de cette der- nière espèce, je pense quil faut conclure, avec Ortmann à l'identité du P. Reunionnensis et du P. lar. Miers, à propos de cette espèce et du P. equidens Heller (nec Dana, nec de Man) était arrivé à la même conclusion. Avec Ortmann encore, je crois le P. Madagascariensis Hfm, synonyme du P. lar. II s’agit d'une ©, si l’on en juge par le dessin des pleurons abdominaux. Hoffmann donne les dimensions suivantes : 2+6—7 Formule rostrale Te > A.I. < scapho. Long. totale. 2e paire. Merus. Carpe. Paume. Doigts. N° 44 82 46,5 11 9 10 8,5 Ces caractères cadrent parfaitement avec ceux des jeunes © du P. ar, et de Man a lui-même décrit un spécimen de cette dernière espèce parfaitement comparable : Long. totale. 2e paire. Merus. Carpe. Paume. Doigts. Q 7 47 DO MOTS ROSE RS N° 39 F. rostrale : Fra . > PA Je ne sais s’il faut ajouter à cette longue liste de syno- nymes le P. paucidens Hilgendorf, espèce du Togoland. Le rostre est plus court et plus large que chez le P. ar, la for- 16-27 mule rostrale Ur , alors qu'il y a toujours, chez LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 303 le P. lar, au moins 2 dents sur le céphalothorax, et le même nombre sur le bord inférieur du rostre. Chez un ; de 70 millimètres, les dimensions des articles de la 2° paire son : Merus. Carpe. Paume. Doigts. 11,3 11,5 11,5 9,6 L'égalité des trois premiers articles, comme l’a bien remarqué von Martens, est ordinaire chez les jeunes © du P. lar, mais elle a déjà cessé chez les GG de la même taille, où Le carpe est plus court que le mérus et surtout que la paume. Je n'ai pas examiné le ?. paucidens Hilgendorf, et je n'ai eu entre les mains que très peu de jeunes du P. lar, de sorle que je ne puis conclure dans un sens ou dans l’autre. Distribution géographique. — Madagascar (A. Grandidier, Humblot, Chevreux, Bastard), Nossi-Fali, Mayotte, Reunion (Hoffmann, de Man), Maurice (Heller), Seychelles, Mahé (Alluaud). Bali (Miers), Flores (de Man), Adonara {de Man, von Martens), Célèbes, Makassar (Miers), Tondano fluss, Sawa- gan (von Martens), Gorontalo (de Man), Moluques, Halma- heira (de Man), Morotai (de Man), Ternate (de Man), Sula Besi (de Man), Gebels (de Man), Amboine (M. Edwards, Heller, von Martens), Banda (Challenger), Waïgou (M. Ed- wards), Philippines (von Martens), Paranana, Mindanas, Samboangan (Challenger), Nouvelle-Guinée, Andaï (de Man), Australie (Hasswell), Randavu et Ovalana (Challenger), Tahiti (Heller), rivière de Papenriri (Challenger), Auckland (Heller). P. (Eupalæmon) Idæ Heller. P. Inx Heller. Sitzb. Ak. Wien, Bd. LXV, p. 416, pl. IL, fig. 40-41, 1862. — Von Martens. Arch. f. Naturg., 34, Bd. I, p. 39, 1868. — Hilgendorf. Von Decken’s Reise, Bd. IL, 1, p. 102, pl. VI, fig. 5, 1869. — Richters. Meeresf. Mauritius, etc. ; Dekap., p. 166, 1880. 304 H. COUTIÈRE. P. In Ortmann. Zool. Jahrb., Bd. V, p. 717, 1891. — Thallwitz. Dekap. Studien, Abh. et Ber. Kgl. Mus. Dresden, n° 3, p. 15, 1891 (var. mamillodactylus ?). — De Man. (D'après Kôlbel) Max Weber’s Zool. Ergeb., Il, p. 437, 1894. — Ortmann, Deutsch. Med. Nat. Gesell. Jena, V, p. 18, 1894. — De Man, Zool. Jahrb., Bd. IX, p. 767, 1897. — Hilgendorf. Land und. Susswasser Dekap. Ost. Afrikas, p. 28. — Nobili (G.). Ann. Mus. Civ. Genova, vol. XL, p. 237, 1899 (var. inermis). — Nobili (G.). Ann. Mus. Civ. Genova, vol. XX (LX), p. 480, 1900. (?) P. LancEIrRoNS Dana. U. S. Expl. Expéd., p. 589, pl. XXX VII, fig. 13, 1852 (nec Heller ?). P. Mars H. Coutière. Bull. Mus. Paris, n° 1, p. 23, 1900. Cette espèce est avec le P. /ar l’une des plus largement distribuées. Elle est aussi parmi celles qui paraissent posséder les variations les plus étendues, et les divers spécimens connus mériteraient à ce point de vue d'être soumis à une comparaison serrée par un même deseripteur. Les types de Heller, sur lesquels Külbel a donné d’utiles observations complémentaires, possèdent une formule 10—11 4—5 les trois, élant situées sur la carapace. Celle-ci, dans sa partie antérieure et sur les branchiostégites, est rendue rugueuse par des spinules très fines, dirigées en avant. Le telson et le 6° segment sont dans le même cas, les spinules étant dirigées en arrière. Le même aspect rugueux se retrouve sur les membres thoraciques, et va décroissant de la 2° paire à la 5°. Les pattes de la 2° paire sont inégales, la plus grande est au moins 1 fois 1/2 plus longue que le corps, elle peut atteindre même près de 2 fois sa longueur. Les doigts ont environ la moitié de la longueur palmaire, ils joignent exactement et portent chacun à leur base deux fortes dents alternées. La dent proximale du doigt fixe est allongée et comme divisée superficiellement en denticules. Une arête tranchante peu élevée fait suite à ces dents coniques, et de part et d’autre, sur chaque doigt, on remarque une ligne de fortes soies très serrées. rostrale de les deux dents proximales, et parfois LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 305 En outre, la face supérieure ou supéro-interne du doigt mobile est couverte des mêmes soies jusqu'à son bord externe. La pince entière, presque deux fois aussi longue que Île E E e sl FORMULE TE E © sl, Sul SOMGURE = El 55 | SENS = 5 (e) Æ COLLECTEUR. S u rostrale. 6 3 , : = = = 2 8 © = (2) 11 ANS 23 ES) CNT | 55 M. Maria. 1101 Era 100 } 95/94 [42 26 |13 |39 | (Madagascar). : (2) 10 ao 182/50, 69 |31,,/18158 £ à 130126 (47 [26 |13,5/39,5 — ( (2)11 16512961 135 16151 3 | Evo 100 À 125004 Las Vs Lie |s1 SE ( ; { » » » » » » no" 90 5 als 92 l12 | 8 0 — 1 cl = (9 CLS 22005028 TE UNIES M. Cattat. ; 3 ©? 115/17 [38 |21 |12,5/33,5| (Madagascar...) (3)9 À » ) » » » { » D Heller. 6 | 3 Et bo SE EME) } (2) 10-11 » » » » ) » Hel of ) eller. ne ES HO 0?) 25 159013165/15,5 47 (Bornéo.) (310 vs | 135121,5150 28 14 19 De Man (Java 8 © 4 Ie | 96118 33 18 10 |28 dans la mer.) (3) 10 = À 125019,5145 lv6,5l13,5110 9, | 4 de 81115,5128 |16,5110 [26,5 me (3) 11 ee 116118,5141,5125 |13 |33 10 | z fi 83115" [27 115,5) 9,5/25 = 9 - { » 33 le |3s |21 (59 | Hilgendorf. 1 Ci 3 [05 } » » ») » » » (Zanzibar..) \ | méropodite, n’a guère que les 4/5 du carpe. Ce dernier article est légèrement fusiforme, sa plus grande largeur élant près de l'articulation carpo-palmaire. De Man a complété cette description en ce qui concerne le plus petit de ces membres. Celui-ci a seulement d’ordi- naire les 6/5 du corps, la proportion des doigts et de la paume montre une tendance très nelte à l'allongement des doigts en raison inverse de la taille ; le méropodite atteint les 2/3 de la pince entière, et celle-ci, qui n’est guère plus longue ANN. SC. NAT. ZOOL. XII, 20 306 _H. COUTIÈRE. que le carpe, s’en rapproche d'autant plus comme dimen- sions que le spécimen est plus jeune. A ces diagnoses correspondent parfaitement 4 spécimens cg de Madagascar, que j'ai antérieurement décrits sous le nom de P. Mariæ, et ce nom doit par suite disparaître. Mais déjà, à côté de ces spécimens typiques, on en trouve d’autres chez lesquels les différences entre les deux pattes de la 2° paire sont beaucoup moindres. Le cas a été signalé par Thallwitz sur des spécimens de l'archipel malais, et le même auteur à, de plus, fait connaître deux autres anomalies : 1° L'absence presque totale de saillies épineuses sur la carapace, ainsi que sur les pattes de la 2° paire, où elles sont très atténuées. Cette particularité qui existe seulement sur quelques spécimens de taille moyenne provenant de Luçon, a été notée aussi sur des exemplaires de Nouvelle- Guinée, par G. Nobili, qui en a fait la variété inermus. Je la rencontre aussi sur un spécimen de Madagascar, où elle coïncide avec une malformation du telson, et la présence d’une patte de la 2° paire beaucoup plus petite que la nor- male {l’autre est absente). 2° L'existence chez ces spécimens malais, de deux rangées de tubercules mousses, plus ou moins nombreux, plus ou moins accentués, situés de part et d’autre de la crête médiane, sur chacun des doigts de la pince. Aucune trace de ces tubercules n'existe chez les types de Heller, ni sur les spécimens déerits par de Man, ni sur ceux de Madagascar que j'ai examinés, de sorte qu'il paraît fondé de les séparer, comme l’a fait Thallwitz, en une variété mamillodactylus. Un autre ordre de variations porte sur le rostre qui peut LA 9 ® présenter comme formule rostrale - au lieu de avec 3 4-5 ? toujours 3 dents sur le céphalothorax. J’ai rencontré cette variation chez un spécimen de Madagascar, qui avait en même temps les pattes de la 2° paire beaucoup moins iné- gales que ses congénères typiques (M. Cattat). LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 307 Je l’ai remarquée également sur un spécimen de P. /dæ du musée de Vienne (étiqueté P. rudis Heller), provenant de Ceylan, et auquel il manque malheureusement l’une des pattes de la 2° paire. Le moignon restant du membre indique nettement que c’est la grande pince qui est absente, mais on ne peut rien présumer relativement à ses dimensions. Or, les diagnoses de von Martens, portant sur des spéei- mens des Philippines, celles d'Hilgendorf qui ont trait à des exemplaires de Zanzibar, indiquent également cette formule rostrale =. coincidant de plus avec des membres de la 2° paire sensiblement égaux ou très peu inégaux. Il apparaît en outre, dans ces diagnoses, une autre différence avec les spécimens typiques de l'espèce. La pince entière, au lieu d’être égale aux 4/5 du carpe, est égale à celui-ci, à quelques millimètres près. Von Martens ne donne pas de mensurations, mais 1l dit que chez les spécimens de petite taille, le carpe est plus petit que la pince ; il lui est au plus égal chez ceux de taille moyenne, et c'est seulement chez les spécimens très adultes qu'il arrive à dépasser la pince entière en longueur. Les chiffres données par Hilgendorf se rapportent très bien à ces données. Les rapports du carpe et de la paume 59 62 sont, chez un premier exemplaire RG En chez un second, soit 1, 05. Les derniers chiffres se rapportent à un exem- plaire très adulte (longueur du corps : 105 millimètres), et la différence est frappante avec les spécimens malgaches HP 01000 de même taille, où ces rts devi t —, —, —, soit üces rapportsdeviennent =, —, ==, soi 1, 25 en moyenne. Le spécimen malgache cité plus haut (n° 5), et qui se rapproche des diagnoses d’'Hilgendorf et de von Martens par sa formule rostrale et sa 2° paire moins inégale que de ; DORMI coutume, s’en rapproche aussi par Le rapport a soit 1,16 308 H. COUTIÈRE. qui existe entre le carpe et la pince, sur le plus grand des deux membres. L'augmentation de longueur de Ia pince porte sur l’article entier, mais surtout sur les doigts, ce qui revient à dire que ces exemplaires aberrants conservent, mieux marqué que chez le type, un caractère des Jeunes. On possède sur ce point des observations de Thallwitz, montrant que la longueur des doigts, chez les jeunes du P. Idæ, peut dépasser de beaucoup la moitié de la paume, et aussi des chiffres très nombreux relevés par de Man sur une espèce difficile à distinguer, P. Weberi de Man les proportions des membres de la 2° paire, chez les jeunes, sont tout à fait changées, la pince arrive à être plus longue que le carpe, et les doigts sont surtout nota- blement plus longs que la paume chez certains spécimens de petite taille. | Il semble donc qu'il faille séparer les spécimens de von Martens et Hilgendorf en une nouvelle variété du P. Idæ, et de Man est arrivé à la même conclusion, au moins pour les exemplaires est-africains. Mais il faudrait, pour asseoir cette opinion, un plus grand nombre d'obser- vations basées sur des mesures. C’est ainsi qu’on ne voit pas, jusqu à présent, les rapports qui peuvent exister entre la variété mamillodactylus Thallwitz, où la formule rostrale 14 020418 à varie entre A et nu et les exemplaires ci-dessus décrits, à 9 re. pinces égales, où cette formule est 3” Thallwitz dit seule- ment que la paume est toujours plus courte que le carpe. La différence est toujours si marquée entre ces deux articles que cette indication n'est d'aucune utilité. Peut-être la paume est-elle indiquée par erreur au lieu de la pince entière. La comparaison serrée des diverses variations du ?. /dæ est nécessaire surtout pour la vérification de ce fait remar- x quable, à savoir qu’il existe, à Zanzibar, en Malaisie et LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 90) aussi, semble-t-il, à Madagascar, une variation dans le même sens, portant à la fois sur le rostre, les dimensions des pattes de la 2° paire et de leurs articles respectifs. Comme on trouve d'autre part dans les mêmes bassins de distribution des spécimens typiques, on pourrait en rer vraisemblablement d'instructives déductions sur la produc- üon et la marche des variations. On à vu que les spécimens décrits par de Man avaient été recueillis dans la mer, fait d’un haut intérêt en ce qui concerne la distribution des Palémons. Il convient d'en rapprocher l'existence, signalée par Hilgendorf, d’une variété della, différant du type par sa petite taille (le plus grand spécimen connu jusqu’à présent mesurant 55 millim.), par le grand nombre de dents au bord supérieur du rostre (jusqu à 17) par la 2° paire, qui est tout entière plus ou moins garnie de poils, et sur laquelle le carpe égale sensi- blement la pince entière. Enfin, la principale différence consiste en ce que les œufs sont très gros et peu nombreux (11/4 millim. sur 075). C’est le premier exemple d’un mode de développement abrégé chez les Palémons de cette région. À vrai dire, on connait fort peu les © du P. /dz2. Une seule a été signalée par von Martens, une seconde par Ortmann à Dar-es-Salaam, encore n'est-elle rapportée qu'avec doute au P. Idæ. C’est un fait que l’on peut d’ailieurs remarquer pour beaucoup d'espèces, en particulier pour la plupart de celles qui sont citées dans ce travail. Peut-être tient-il simplement à la plus grande taille, l'aspect plus remarquable des mâles, ou encore leur propension plus grande à se montrer, en allant à la recherche des femelles, circonstances qui expliqueraient leur présence presque exclusive dans les collections dues à des naturalistes non prévenus et rarement spécialistes. | Par l'examen de spécimens jeunes du 2. /dæ, Thallwitz croit pouvoir considérer le P. /anceifrons Dana (nec Heller?). comme une forme jeune du ?. 1dæ. Effectivement, la for- 310 H. COUTIÈRE. | LAS ADE 6 re mule rostrale est la même, = de (Dana indique = sa carapace est déjà rugueuse chez certains spécimens, mais elle est lisse chez d’autres, comme Dana l'indique. Sur les pattes de la 2° paire, la pince entière égale le carpe, et les doigts sont plus petits que la paume. Ces membres sont couverts d’aspérités. Ces caractères se retrouvent chez les jeunes du P. Idæ, cependant Dana indique que les doigts sont notablement plus courts que la paume. Ce dernier caractère porte Ortmann à considérer le P. /ancefrons, Dana, comme étant de valeur spécifique. Ortmann a en effet : nu 10 observé un spécimen long de 85 millimètres (rostre —) 2 dont les pattes de la 2° paire mesurent : Mérus. Carpe. Paume. Doigts. GAUChE EE RErEE 24 39 40 14 DONOAMLSAENRE 18 27 29 10 dimensions évidemment très différentes de ce que présen- terait un spécimen du P. /dæ de cette taille, la paume étant ici plus longue que le carpe, à elle seule. Quant au ?. lanceifrons Heller, il est actuellement difficile de dire s’il s’agit d’une espèce propre. Külbel compare lun des spécimens de Heller aux © du P. equidens Dana; les autres, de petite taille, ont le carpe de Ia 2° paire plus court que la pince entière, et sont de ce fait plus compa- rables au P. /dæ. De Man a montré que le P. /ongipes de Haan se distinguait facilement, au moins sur les individus adultes, du 2. /dx, qui en est évidemment très voisin. Chez le P. longipes, la pince entière est nettement plus longue que le carpe, les doigts ont une forme et une armature un peu différente, de même que Île rostre. La distinction est également facile avec le 2. dispar von Martens, le P. Sundaïicus Heller, le P. Rusemaæ de Man. LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR, 911 Chez le P. dispar von Martens, où les pattes de la 2° paire sont le plus souvent aussi très inégales, et où la formule 11 rostrale Ê à rappelle de près le P. Zdæ, le rostre est de forme différente, plus long, à pointe relevée, la carapace est absolument lisse. Les proportions des articles de la 2° paire sont différentes, la pince entière étant toujours beaucoup plus longue que le carpe. L’armature des doigts comprend, indépendamment des dents basales, une rangée de dents plus petites s'étendant jusqu’à l’extrémité. De même, Le P. Sunduicus Keller ne peut être tenu pour un jeune du P. /dæ, comme l’avait suggéré von Martens, depuis que l’on connaît des spécimens adultes de la première espèce. La forme du rostre est bien différente et les articles de la 2° paire, où la longueur des doigts dépasse celle de la paume, alors que le carpe n’est pas une fois et demie plus grand que le méropodite, ont des proportions tout autres. Il en est de même du P. Rütsemæ de Man, qui ressemble beaucoup à la précé- dente espèce. Le P. élégans de Man, dont le rostre et la carapace rugueuse rappellent aussi le P. /dz, s’en distingue par les pattes de la 2° paire très égales, et sur lesquelles la pince entière est presque deux fois plus grande que le carpe. La distinction devient au contraire très délicate avec le P. Weberi de Man, qui. d’après cet auteur lui-même, doit être considéré comme une forme « vicariante » du P. 1dæ. La carapace est très faiblement scabre, elle est même entiè- rement glabre sur le dessin de de Man, mais d’une part les spinules paraissent avoir disparu (par frottement?) sur le spécimen, d’après l’auteur, d'autre part elles ont persisté sur le telson et le 6° pléosomite. D'ailleurs il existe des indi- vidus du P. Idæ entièrement glabres. Les pattes de la 1° paire chez le P. Weber: dépassent le scaphocérite de la longueur seulement de la pince, elle sont donc un peu plus courtes que chez le P. Jdæ. 312 H. COUTIÈRE. Les pattes de la 2° paire sont presque égales et mesurent une fois et demie la longueur du corps. Les proportions de leurs articles se montrent absolument semblables à celles que l’on remarque chez les spécimens du P. 1dæ à pattes presque égales ou égales. Voici en effet les mesures effectuées sur un très adulte du P. Weberi de Man : Long. du corps. 2e paire. Merus. Carpe. Paume. Doigts. Pince entière. 10% A droite. ..:.. 31 57 34 16 50 à AErauChernt 30 54,5 37 13 50 Les rapports du carpe à la pince entière sont donc respec- tivement 1,14 et 1,09, nombres très voisins de celui de 1.16 que J'ai indiqué plus avant pour un spécimen de Mada- gascar (M. Caltat, n° 5) et de 1,05, qui a trait à un exem- plaire de Zanzibar (Hilgendorf, n° 11). Les doigts sont à vrai dire, surtout pour le membre gauche, neltement plus courts que la moitié de la paume, mais le cas se présente aussi chez deux exemplaires malgaches (n° 2 et3 du tableau). L'aspect rugueux de ces membres, l’armature des doigts et leur revêtement de soies sont absolument les mêmes dans les deux espèces, il faut dire cependant que le carpe est moins renflé à son extrémité distale, ainsi que le méropo- dite, et que la paume a ses bords sensiblement parallèles, au lieu d'être atténuée en son milieu comme chez le P. Ida. Les principales différences portent sur le rostre. Celui-ci affecte, chez le ?. Weberi, des formes bizarres qui, rencon- trées sur un spécimen isolé, seraient vraisemblablement considérées comme une malformation : le bord supérieur fortement convexe au-dessus du bord orbitaire, et pourvu de dents très rapprochées devient brusquement concave dans sa moitié distale et s’effile en une pointe grêle, sur laquelle les dents sont très espacées ou nulles. Sauf cet aspect très particulier. le rostre du P. Weberi se laisse bien compa- rer comme longueur et formule rostrale à celui du P. /da : la portion proximale convexe à de 10 à 12 dents, le bord LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 313 inférieur correspondant 3-4. Il faut ajouter à ces nombres 1-2-3 1-2 Le P. Weberi de Man paraît avoir été retrouvé plus à l’est, près de Schultze Point (Nouvelle-Bretagne). Il s’agit d’un individu Çç;, de petite taille (55 millimètres). Les doigts étaient déjà nettement plus courts que la paume, (commeils le deviennent de plus en plus du jeune à l'adulte), bien que la carapace ne fût pas du tout scabre (Borradaile). Le P. Weberi, si semblable en tous points au P. Idæ, sugoëre l’idée d’une variation accidentelle du rostre qui serait parvenue à se fixer. Il faut bien dire, en effet, que l’espèce est surtout représentée, jusqu à présent, par des individus jeunes [sur 52 exemplaires examinés par de Man, il se trou- vait 1 G'très adulte (104 millimètres), 23 Get © de faible taille (83 à 58 millimètres) et 28 exemplaires très Jeunes (30 millimètres au plus). D'autre part, la forme du rostre diffère presque d’un exemplaire à l’autre, comme s'il s’agis- sait d'une anomalie d'introduction récente, incapable encore de réaliser sa forme définitive chez l'espèce nouvelle qu’elle caractérise. Il serait certainement d’un haut intérêt de voir s’il ne se trouve pas, entre les P. Idæ et P. Weberi quelque indice permettant de fixer le début d’une semblable varia- tion, ou mieux encore son établissement graduel. Si vraiment la parenté entre les 2. /dæ et P. Weberi s’est établie de cette facon, ces deux formes seraient un exemple des plus nets pour illustrer la théorie de Delbœuf, en même temps qu'un bon critérium pour en apprécier la valeur. Mais ces consi- dérations ne pourront être que des vues de l'esprit tant qu'elles ne s’appuieront pas sur un très large ensemble d'observations et de mesures. G. Nobili a récemment décrit une nouvelle espèce de Java, le P. Wolterstorffi, qu'il considère comme intermé- diaire entre deux formes déjà très semblables : les P. /Zdæ Heller et P. /ongipes de Haan. La carapace est scabre, le rostre, semblable comme forme à celui du P. /dæ à pour dents surnuméraires situées sur la pointe effilée. 314 H. COUTIÉRE. (3) 13 RS es formule Mon CU dire ne se rapporte guère 1e je, nr 10—11 ni à la précédente espèce G ram plus) ni au P. longipes — ) gales à peu près comme chez le P. Idæ typique, mais la pince entière est notablement plus longue que le carpe, comme chez le P. longipes; la forme et l’armature des doigts rappellent également cette dernière espèce. Là encore, il est bien difficile de conclure d’après l'examen d’un seul exemplaire, mais l'espèce paraît en tous cas bien distincte du P. 1da. Distribution du P. /dz : Bornéo, Ceylan (Heller), Singa- pore, Java, Luçon (von Martens), Philippines, Java (Thallwitz), Sumatra (Nobili), Nouvelle-Guinée (Nobili), Java, dans la mer (de Man), Zanzibar (Hilgendorf), Seychelles et Maurice (Richters), Dar-es-Salaam (Ortmann). Madagascar { M. Cattat, sans indication de localité), rivière [valoina, côte est, près Tamatave (M. Maria). . Les pattes de la 2° paire sont iné- P. Ritsemæ de Man. P. RirsemÆ de Man. Zool. Juhrb., Bd. IX, p. 774, pl. XXXVII, fig. 70-70, 1897. (?) P. SinranGensis de Man. Notes f. Leyd. Mus., XX, p. 138, pl. VI, 1898. D’après l’excellente description et les figures de de Man, j'ai pu établir la parfaite identité des spécimens de Mada- gascar et d'Atjeh, appartenant à cette espèce. J'ai examiné 13 spécimens Œ et 2 ©. La carapaceest entièrement lisse ; la crête rostrale s'étend jusqu'au milieu du céphalothorax, avec 2 dents chez les spécimens adultes, 3 chez les jeunes, engénéral (PI. XIL, fig.32, 32 a). Lerostreest droit, lancéolé, à peu près égalen longueur au scaphocérite. La formule rostrale est assez variable, comme on le voit par le tableau ci-contre: LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 9315 ; ; NE E ñ f £ = & » 1 Et SAS FORMULE LONGUEUR = £ ES En ETUDE E = < S|S El 5 E à ü rostrale. du rostre. 2 MIQRS = < < = = © SE) &| 7 HENRS e Æ = LES PAT EL A LAIT (28 72 100 | 16 132,5/18 |13 |31 os = < scaphocérite.| 98 90 bis 8h16 |11,5127,5 | (2) 13 xiR 194 14 199. |18 |13 [31 7e) D 6) Nm OS RENE MT EE AIMPEIES 1 ; (3) 9 : SEE PIN 2625 3 © on < scapho. 91 » » » » » » [ (2) 8 75 LL) 122530 13 A PS 4 @\ 3 Fi 89 ] » » | » » » » \ (2) 8 \84 14 126 |14 EU 5 |S as = 80 180 13 23 ra (io | (2) 11 \68 » [20 |12 JA? 6 © Du ce scapho 80 Us » » » » » 7 ei (3 = 0 LR 78 | » » » » » » (2) 10 mer (OÙ MS EL 9 20 ei 5 < ento | Un ON he eo oi 9 @\ 2" = scapho 73 » » » » » » 10 ON _— == scapho ail ») » » » » » NS = 9 — scapho 66 | » a AM ? 2 (2)12 12 © = —= scapho 66 » » » » » » 13 @\ © == scapho 65 | » » | » » » » 148 SNO AO NS 6,5114,5 14 Q 2 DT scapho 66 (4 » » » » » » | É (2)10 148 Se nN8, 51060 | 15 |® 4 SE CRONN EN EN MES le | (4) PI. IV, fig. 32 a). il est à remarquer que les variations du rostre, chez les spéci- mens malais, sont tout à fait comparables, de Man avant note ; BL 610 (210 (3) 10 (5)8 (9 (19 RARE UNS NRA SENS Rent as Les maxillipèdes externes dépassent de leur article distal presque entier l’extrémitéud pédoncule antennulaire. Les 316 H. COUTIÈRE. pattes dela 1" paire dépassent le scaphocérite de leur pince entière et d’une portion du carpe qui varie de 1/4 à 1/3 ou 2/5, des jeunes spécimens aux adultes. Les pattes de la 2° paire, égales chez les © aux 3/4 seu- lementde la longueur du corps, atteignentcettelongueur chez les G'adultes ou la dépassent même légèrement. Elles sont égales ou très peu inégales. Le carpe est à peu près deux fois aussi long que le méropodite, la paume un peu plus longue que ce dernier. Les doigts sont constamment plus courts que la paume, et la pince tout entière, un peu plus longue que le carpe chez les © etles ‘de taille moyenne, devient légèrement plus courte chez les c° adultes (PI. XII, fig. 33). Le carpe s’épaissit régulièrement vers l'extrémité distale, dans la proportion de 5 : 3. La paume a une forme ovale très régulière, elle est légèrement comprimée, sa largeur et sa hauteur étant dans la proportion de 5 : 4. L'armature de la pince consiste en 2 dents à la base du doigt mobile, et une seule sur le doigt fixe, très apparentes chez les adultes, très faibles chez les ©. Ces dents sont suivies d’une crête tranchante qui s'étend jusqu'aux pointes recourbées des doigts (PI. XII, fig. 33 a). Toutle membre porte, au moins chez les adultes, un revêtement de fines aspérités, dirigées en avant, assez espacées et peu visibles. On remarque dans leur disposition les bandes étroites, comprises entre deux rangées parallèles de spinules divergentes, que j'ai déerites chez leva L'une de ces bandes parcourt le carpe, le bord supérieur palmaire et le doigt mobile jusqu’à son extrémité. La spinu- lation de la 2° paire est très peu visible chez les © et manque même à peu près totalement chez l’une d'elle. Les pattes postérieures, comme l’a remarqué de Man, sont très grêles ; le propodite de la 5° paire n’a guère comme largeur que 1/25 de sa longueur. De Man donne, pour les spécimens qu’il a examinés, les nombres suivants : LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 917 | 2€ PAIRE- SEXE. | LONGUEUR! [Longueur | MÉRUS. | CARPE. | PAUME. | DoiGrs. Re du corps. ia les entière. G 46 33 2,9 9 4/5 4 5 1/5 OMS » » ») » » » | 4? 7 1/4 13 7 5 1? Q 69 40 x À s ï ; | © 0 A 28 5 8.) 4 1/4 > 3/4 8 2 } 28 » » » » » | À part le spécimen © long de 65 millimètres, qui corres- pond très complètement à ceux de même taille, provenant de Madagascar, les exemplaires qu’a étudiés de Man sont des jeunes. On peut s'expliquer ainsi que chez les G;', les doigts soient un peu plus longs que la paume. De Man remarque d’ailleurs que les dents situées à la base du doigt mobile sont à peu près nulles, et que le doigt fixe est inerme (1). De Man a très complètement donné les différences qui séparent cette espèce des formes voisines : Chez le P. dispar von Martens, les pattes 3, 4 et 5 sont notablement plus fortes, l’'armature des doigts comprend de nombreux denti- cules. Le P. Sundaïcus Heller a, comme le précédent, les pattes 3, 4, 5, plus fortes que le P. Rilsemæ; en outre, le carpe n’est jamais plus grand que la pince, et la paume de celle-ci n'est pas renflée. Il en est de même chez le P. Danæ Heller, où les pattes de la 2° paire sont beaucoup plus grêles et plus courtes, et chez (1) J'ai pu comparer depuis aux spécimens de Madagascar un jf prove- nant des Philippines (Peters) et étiqueté P. 1dæ. C’est un exemplaire très typique du P. Ritsemæ dont les caractéristiques sont les suivantes : Longueur du Formule 2e paire. Merus. (Carpe. Paume. Doigts. Pince entière. corps. rostrale. Long. totale. (3) 12 101 16 21 22 14 36 103 4 101 16 27 22 14 30 318 H. COUTIÈRE. le P. mulfidens H. Coutière, ea très proche de la pré- cédente. Le P. Nipponensis de Haan = P. nn Heller, se rap- proche beaucoup du P. Ritsemæ, dont il possède la forme renflée des pinces, mais le rostre est plus denté, plus long, avec au moins trois dents sur le céphalothorax. Le carpe est nettement plus court que la pince entière, l’un et l’autre article sont plus fortement spinuleux; enfin, les pattes postérieures sont plus fortes. L'espèce de beaucoup la plus voisine est le P. Sintangensis de Man. Il n’y a aucune différence dans le rostre, et de si légères dans la proportion des différents articles de la 2° paire qu'elles pourraient être sans hésitation comptées en deçà de la limite de variation de l'espèce. Les paires 3, 4, 5, très grêles chez le P. Rütsemæ, le sont également chez le P. Sintangensis. Les deux formes atteignent la même taille. On peut toutefois relever, comme très légères dissemblances, les spinulations du bord antéro-inférieur de la carapace, chez les G'adultes du P. Sintangensis, celles de la 2° paire tout entière, les soies que portent les doigts dans la même espèce, détails qui font défaut chez le P. Ritsemaæ (1). La véritable différence entre les deux espèces est celle qui existe entre la forme marine et la forme d’eau douce du (1) P. Sintangensis de Man. c2 E, | ss : Ë e ; FORMULE EN IN EE n m a ñ = £ | “Lu Ésl ae LE de EME = É rostrale. Æ ëb È < < GS =} RES Le | [-n (3 11 . nes lists 165 010 SRE 2 | _ 41 | 30 | 6 85 | 42 MoN + 1e — 54 | 34,5 | 6,75 | 10,1 | 48 ss "86 4 (®) » 5 ES RSA IEC 9 4,5 3,6 8,1 LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 919 Palæmonetes varians Leach ; les © du P. Rüsemæ portent un grand nombre d'œufs très petits (0,6 mm. X 0,5), alors que chez le P. Sintangensis, les œufs sont beaucoup moins nombreux, et mesurent 1 mm. 6 de grand diamètre, sur 1 mm. 2 de large. Il me semble qu’en présence de ces faits, on doit considérer les P. Rusemæ et Sintangensis comme une même espèce, présentant deux formes distinctes, dont l’une, plus parfai- tement adaptée à la vie dans les eaux douces, est localisée dans le centre de Bornéo, alors que la seconde plus littorale, est aussi celle que l’on rencontre à Madagascar. Distribution. — Atjeh (de Man); Madagascar, côte est ; rivière Ivaloina (M. Maria). P. superbus Heller. P. superBus Heller. Verh. Zool. bot. Gesellsch. Wien, p. 328, 1862. — Heller. Reise der « Novara », p. 168, taf. X, fig. 10, 1865. — Ortmann. Zool. Jahrb. (Syst.), Bd. V, 1891. J'ai pu étudier Le type du P. superbus Heller, du musée de Vienne, et constater son identité parfaite avec les spécimens de Madagascar. Ce type, provenant de Shangaï, est une © dont les caractéristiques sont les suivantes : A A A q EE < © ide e = FORMULE DIMENSION EVER a a É 2 =. © A = & = «© E a = LA =) = rostrale. du rostre. Se | Se = $ < = A A | (3) 15 légt === 65 40 À 10 6 7 3 > scapho. La première dent rostrale (proximale), est très éloignée des suivantes. Celles-ei sont un peu plus rapprochées entre elles au-dessus de la région orbitaire que dans la moitié antérieure du rostre; cette région orbitaire est légèrement convexe (PI. XII, fig. 34). | | 320 H. COUTIÈRE. La 1° paire de pattes dépasse le bord antérieur du scapho- cérite de la pince entière et d’une très faible portion du carpe. Les pattes de la 2° paire sont très égales, lisses, avec quelques soies éparses sur tous les articles du membre. Le carpe dépasse le bord antérieur du scaphocérite des 2/3 de sa longueur. Les doigtssontrectilignes, joignentexactement, et se montrent absolument inermes (PI. XII, fig. 35). La 5° paire de pattes atteint l'extrémité du rostre, lors- qu'elle est étendue. Le telson se termine en une pointe triangulaire, plus longue que les épines latérales externes, alors que les épines internes ont un peu plus de deux fois sa longueur. J'ai examiné 11 spécimens de cette espèce provenant de Madagascar (sauf un provenant de Zanzibar) et, en outre, quelques pinces détachées appartenant certainement au P. superbus, mais dont les possesseurs font défaut. Cette absence est d'autant plus regrettable que les pinces ainsi isolées sont Les plus grandes de toutes, et qu’elles offrentavec celles des spécimens entiers des différences prouvant que le P. superbus, tel qu'il est actuellement connu, est une forme jeune, pouvant atteindre une plus grande taille, dont l’état adulte reste à décrire. Le tableau suivant résume les caractères des spécimens que J'ai examinés. La formule rostrale s'éloigne peu de celle du type, elle ne comprend Jamais plus de 16 dents au bord supérieur, et, bien que les 5 dents proximales puissent être placées, par exception, sur le céphalothorax, cette crête rostrale ne dépasse guère le premier tiers (distal) de la carapace. Le spécimen n° 9 présente 6 dents sur le bord inférieur, deux d’entre elles étant visiblement dédoublées. La disposition des dents, la forme et la longueur du rostre répondent étroitement aux mêmes caractères que chez Le type de Heller. La longueur de la 2° paire s’accentue avec l’âge; elle est la moitié à peine de la longueur du corps chez les spécimens LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. J21 | : 5 =: = = FORMULE DImMENsIONS | FE £|&2 | % E £ 2 = MAR DENAIN EN E SE UN E 2 7 rostrale. du rostre. CE S ë S S & a & © où = Z Cl — _ | (3)15 Un © CRE EE EN 7 SEMI ILE (3) 14 2 : , | 20 VAN EN PEe PS EUN ONS A R ES DS 3 BE Un PEU l 40 » » D ») » : à > scapho. | ; y (3) 12ou11 Rostre £ k : à « 7 3ou4 | incomplet. 09 AE 868) a NÉE NN ET l 5 » nou { 50€) D ES A 43/4) 9 3/4 (4) 16 Un peu ; 6 P {50 82,51 7 |7,5 [514 51/4l101/2 à scapho. ? ? ÿ Je je | 3 < SCap —scapho || 51,037 NT SON PC ST | 13,5 < scapho. | 4U | 20 |42/5| 42/5] 3 1/4| 3,5 |63/4 è 46 22 ox — = = ox o A Ce © = — ox Un peu )48 | 24 4 > scapho. Or À Or ON VON 0. ON 0 OO G Fa il re 54 | 29 pr 6,5 [43/4] 5 |93/4 > TORRES Re ee alt Si ht 53/4] G | 5 5 |10 a CE SR on PAPA PR", 2 Mi LE 6,5 7 CHR OE RIES | LE LEA ESS PAPE ARE SE EE PEN LE 18 9 1 7. 18 T CAE PR RE RS EE es PASS STE 8 |81/:|161/4 (1) Sp. provenant de Zanzibar (A. Grandidier,. très jeunes, ce rapport descend à 1,6 chez ceux dont la taille atteint 60 millimètres. Le carpe, d’abord égal au méropodite, devient de bonne heure plus long que ce dernier article. La paume reste toujours légèrement plus courte, et, le plus souvent, les doigts sont un peu plus longs que la paume. Les dimensions de la paume et des doigts varient en sens inverse, mais l’accroissement de la pince entière suit très régulièrement ANN. $C. NAT. ZOOL. XNA di 329 H. COUTIÈRE. celui du méropodite et du carpe, et celui du corps tout entier. La paume est sensiblement une fois et demie plus large que haute. Tout le membre se montre couvert, sous un grossissement suffisant, d’une fine spinulation, surtout abondante sur la moitié distale du méropodite, plus rare sur la paume. Outre ces spinules, on remarque sur le membre de longues soies dirigées en avant, toujours rares etclairsemées, surtout sur la pince. Les faces internes des doigts portent une crête longitudi- nale tranchante, près de la base de laquelle se trouvent quelques denticules très peu visibles (PI. XII, fig. 37). Cette description ne s'applique plus exactement aux pinces détachées qui accompagnent les spécimens. La paume, surtout dans la région où s'articule le doigt mobile, montre les traces d’un revêtement feutré, déjà visible chez le n° 11, et qui se remarque sur presque tout le membre dans les pinces détachées n° 14 et 15, sous forme d’une pubes- cence brunâtre, très courte, s’enlevant très facilement. En même temps, la spinulation de la pince devient beaucoup plus visible, et les denticules qui arment la base des doigts croissent en nombre et en importance, si bien que sur la pince n° 15, ils s'étendent sur presque toute la longueur du tranchant de la pince où l’on en compte 36 en tout (PI. XI, HE ASIE Ces caractères indiquent nettement l'existence d'individus de plus grande taille, où le revêtement feutré et l’armature de la pince seraient normalement développés, comme ils le sont par exemple chez le P. dohichodactylus Hilgendorf. Il n'est pas possible de dire actuellement quel degré de ressem-= blance le P.superbus adulte présente avec l'espèce sus-indi- quée, mais elle en est sûrement distincte. Le P. dohichodac- tylus présente, il est vrai, la même formule rostrale que le P. superbus, mais la carapace est fortement spinuleuse ; les pinces, très dissemblables comme forme, longueur et armature, sont beaucoup plus longues que le corps. Les LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 323 changements opérés par l’âge, dans les caractères spéci- fiques des Palémons, n’alteignent certainement jamais une importance telle que les pinces égales et semblables, la carapace lisse du P. superbus deviennent chez les adultes ce qu'ils sont dans l'espèce d’'Hilgendorf. Le P. Endehensis de Man, voisin du P. superbus, s’en dis- lingue par le céphalothorax spinuleux, les pattes de la 2° paire plus grandes, inégales et dissemblables, — les doigts de la petite pince étant courbes et garnis de soies (1), — mais la formule rostrale est la même, la proportion des articles de la 2° paire très semblable, et l’espèce a été l’objet de remarques analogues, quant aux différences que pré- sentent les spécimens plus ou moins développés. C’est ainsi que sur la grande pince, d’après de Man, le tranchant des doigts peut être armé sur toute sa longueur de tubercules équidistants, ou ne présenter que quelques dents basales très faibles, comme chez le P. superbus. Le P. Trompi de Man, est beaucoup plus étroitement allié au P. superbus. La formule rostrale est un peu différente,elle OH Je varie de n. à a toutes les dents du rostre sontéquidistantes. Les dimensions de la 2° paire sont les mêmes, et les propor- tions des différents articles sont à peu près identiques, à cetie différence près que les doigts sont constamment plus courts que la paume. En outre, le P. Trompi parait être toujours une espèce de petite taille, et les spécimens, dont (1) P. Endehensis de Man. n = A D Pa HAS 2e PAIRE.| MÉRUS. CARPE. PAUME. DOIGTS. Æ E rostrale. du corps. z 5 (16) 60 10,5 16 14,5 9,5 l Ci 3 44 38 ï » S | 5 (17) ; 47 9 127372881075 8 ? © 4 43 32 » » » » | 324 H. COUTIÈRE. les pinces sont égales en longueur aux n° 14 et 15 du tableau, ne présentent pas l’armature de tubercules équidistants, ni les traces du revêtement feutré, que l’on remarque chez le P. superbus. En outre, les © du P. Trompi portent un petit nombre d'œufs volumineux, ce qui suppose chez cette espèce un développement abrégé, analogue à celui que possède la forme d’eau douce du Palæmonetes varians Leach. J'ai déjà relevé la même différence, d'après de Man, entre les P. Rilsemæ et P. Sintangensis. I est curieux de remar- quer que, jusqu’à présent, les seules espèces ayant acquis le mode abrégé de développement — les Pulæmonetes varians mis à part — sont indo-malaises : les P. Dayanus Henderson, les P. elegans de Man, les P. Sintangensis de Man, les P. Trompi de Man, les P. pilimanus de Man. Il y à dans ce fait une indication probable d’un centre de dispersion indo-malais pour le genre Pulæmon, les espèces de ce centre étant depuis plus longtemps adaptées à la vie dans les eaux douces que celles de Madagascar, par exemple, chez lesquelles les œufs sont toujours très nombreux et ï 2 très pelits. , g = FORMULE LONG. a = bd 9e PAIRE,| MÉRUS. CARPE. PAUME. DOIGTS. = 5 rostrale. du corps. D Æ P. Trompi de Man. (4) 10 28 5,6 6,4 4% 2 es : 50 26,5 5.6 6,4 42 NT | (4) 11 48 33 6,25 7 6,5 B 1 ee 5 29,5 te 7 52 % 6 P. Moorei Calman. 18 11e Le P. Moorei Calman, du lac Tanganyika, est encore une forme bien voisine du P. superbus, et plus encore du P. Trompi. Le rostre est exactement le même, le mérus est LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 920 de même très légèrement plus long que le carpe, les pro- portions de la paume identiques. Les doigts sont plus longs que la paume chezle P. Moorei, mais on peut voir qu'il en est de même dans quelques cas, chezle P.superbus(n®7,8,11,15 du tableau). Enfin, le P. Moorei est jusqu'à présent l’une des plus petites espèces du genre, le plus grand spécimen ayant seulement 25 millimètres,et une femelle ovée 23 millimètres. Distribution du P. superbus : Shanghaï {(Heller); Madagas- car, Bras de l’Onilahy, côte ouest {à 50 kil. environ de la mer) (G. Grandidier). PF. Danæ Heller. P. Danæ Heller. « Novara » Reise, p. 120, tab. XI, fig. 3, 1865. -— Hasswell. Catal. Austral. Crust., p. 197, 1882. — De Man. Max Weber’s Zool. Ergebn., p. 438, 1892. — Ortmann. Zool. Jahrb. Syst., V, 1891. La diagnose de cette espèce a été précisée, d’après le type du musée de Vienne, par Külbel, dont de Man a publié les observations. Elles me permettent de rapporter à cetle espèce au moins un spécimen ‘de Madagascar, dont les caractéristiques sont les suivantes : 3 cs 1-2 te = © à : . e ee FORMULE MEUNE © d a a a UE 22 SE d'EAMMENRE = a rostrale. AS EE E a = © PA & EC? © LE A A I (2119 7 DIE 9 4 |33/4| Madagascar. @j = EDEN EN AE ENT : (Ant | ï AA il Dan Gt 5 » » RDS IGN 4,5 | Type de Heller. Comme dans la diagnose de Heller, la 10° dent rostrale est très près de la pointe, et les deux premières (proxi- males) sur le céphalothorax, la 3° étant sur le bord ocu- laire. Le rostre est nettement plus grand que le scaphocé- rite, il est très légèrement convexe au-dessus du bord orbitaire et.relevé à la pointe {PI. XIL, fig. 38). 326 H. COUTIÈRE. Les maxillipedes externes dépassent des 2/3 de leur article distal le pédoncule antennaire ; l'articulation méro- carpale de la 1” paire de pattes atteint aussi légèrement au delà du même pédoncule, et la pince entière des pattes de la 1*° paire dépasse le bord antérieur du scaphocérite. La 2° paire est notablement plus longue que la 1”, mais très grêle, lisse et glabre. Comme sur le dessin de Heller, la moitié environ du carpe dépasse le bord antérieur du scaphocérite ; toutefois, les doigts sont plus courts chez le type de Heller, et leur armature plus forte. D'après Kôlbel, il y aurait 2 dents minuscules sur le doigt mobile, et 5 plus fortes sur le doigt fixe, l’une surtout très visible. Le type de Heller est plus adulte que le spécimen de Mada- gascar, dont l’'armature des doigts est à peu près nulle. Il se peut que cette différence et la précédente soient en rapport avec l’âge des spécimens. Tous les articles de ces pattes sont lisses et glabres, la paume est cylindrique, égale en largeur au carpe, et les doigts joignent exacte- ment (PI. XII, fig. 38, 38 a.). Les pattes suivantes sont très grêles, celles de la 5° paire, lorsqu'elles sont étendues, dépassent l’extrémité du rostre du 1/5 du propodite. Le telson se termine par une soin médiane, égale en longueur aux épines latérales externes, mais trois fois plus courtes que les épines externes, proportion qui diminue sans doute avec l’âge (PI. XIE, fig. 39). Je rapporte avec hésitation à cette espèce un second spécimen Cÿ, long de 65 millimètres, dont les pattes de la 2e paire font défaut (elles sont en voie de régénération). La formule rostrale, les rapports du pédoncule antennaire, des maxillipèdes, des pattes de la 1" paire, sont les mêmes que ceux du précédent spécimen. Les caractères qui distinguent les P. Danæ et P. Rusemiæ ont été donnés à propos de cette dernière espèce ; ceux du P. multidens et du P. Sundaïcus, autres formes très voisines, seront donnés à propos de chacune de ces espèces. LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 927 Distribution. — Sidney (Heller, Hasswell), Marshall Inseln (Ortmann), Madagascar, Baie d’Antongil (Mocquerys), Ma- dagascar, rivière Manahara (G. Grandidier). P. multidens H. Coutière. P. muzrinens H. C. Bull. du Museum, n° 1, p. 23, 1900. Cette nouvelle espèce appartient à un groupe de formes difficiles à distinguer, et comprenant les P. Danæ Heller, _ P. superbus Meller, P. Sundaïcus Heller, P. Moorei Calman, P. Riutsemæ de Man, P. Trompt de Man, P. Sintangensis de Man. Plusieurs de ces espèces sont sans doute fondées sur des exemplaires jeunes, et j'ignore également si Les deux spécimens du ?. multidens que j'ai examinés sont adultes. Voici leurs caractéristiques : e] © eo] Ê = D = 8 : = & ë © mn 13 un s 8 |s roux) Loncueur | 5 £ | ES ñ a É 2 Ê = = © UNE La (A 5 o CA = a | rostrale. | du rostre. S = = tb È & < S a A A RS © 2 = a SE (2) 14 1 9 |+3/4 6 |10 3/4 PIC 5 >scapho.| 60 35 7 9 |43/4 6 |10 3/4 Û (21 4,5 | 6,5 |31/5|31/4| 6,45 ONE ue 257 A / 1 | _ Les deux premières dents du rostre (proximales) sont un peu plus écartées que les dents suivantes, la dernière est située très près de la pointe, la forme du rostre rap- pelle les P. Sundaïcus, P. dispar et P. Danæ; mais le nombre des dents est plus considérable que chez aucune de ces espèces (PI. XII, fig. 40). Les pattes de la 1" paire, lorsqu'elles sont étendues, dépassent le bord du scaphocérite de la pince presque entière. Les pattes de la 2° paire sont très égales, grêles et lisses, le bord antérieur du scaphocérite atteint à peu près le milieu du‘carpe. Ce dernier article est un peu plus long 398 H. COUTIÈRE. \ que le méropodite, un peu plus court que la pince entière. Dans celle-ci, les doigts sont un peu plus longs que la paume; ils sont, comme toute la pince, complètement glabres, très lisses, et joignent exactement. On ne distingue aucune dent sur leurs bords internes. La pince n’est pas plus large que l'extrémité du carpe, et sensiblement cylin- drique (PI. XII, fig. 40, 40 a.). Les pattes suivantes sont très grêles, celles de la 5° paire dépassent en avant, lorsqu'elles sonlétendues, l’extrémité du rostre. Le telson se termine en pointe aiguë, pluslongue que les épines latérales externes, plus courte que les internes. Ce quidistingue surtout le P.mullidens c’est l'extrême gra- cilité des pinces de la 2° paire, qui ne sont pas beaucoup plus fortes que celles de la 1°. Ce caractère permet d'en distinguer les P. Sundaïcus et P. superbus de même taille, ren même de la formule rostrale, un peu différente chez ces espèces. Chez le P. superbus, Le carpe est d'ailleurs beaucoup plus court que la pince entière, et chez le P. Sundaïcus, 11 est légèrement pluslong. Le P. Moore: Calman, du Tanganyika,se rapproche beaucoup de la nouvelle espèce par la forme des pinces de la 2° paire, dont les doigts sont allongés, parallèles et inermes; toutefois, la paume est plus renflée, et surtout le carpe plus court chez le P. Moorei. La formule rostrale G G (SE =) est également différente chez ce dernier. Les P. Ritsemæ et P. Sintangensis de Man, formes très élroitementalliées et peut-être synonymes, se distinguent du P. mullidens par le carpe de la 2° paire, presque deux fois aussi long que le mérus. Le nombre des dents du rostre est plus faible, sa longueur ne dépasse pas celle du scaphocérite. Le P. Danz Heller, est très voisin du 2. multidens, 11 ne s’en distingue guère que par la longueur de la pince entière, plus courte que le carpe, et aussi par le nombre des dents Le 3) 10\ du rostre, (Le) plus faible que chez le P. multidens. LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 329 Le spécimen © de la nouvelle espèce ne porte pas d'œufs. Ce fait, joint à l'absence totale de denticules sur les doigts des pinces, à la forme très grêle, lisse et glabre de la 2° paire, peut faire supposer que les 2 ex. examinés du P. mulhdens sont incomplètement développés; les différences entre l’état adulte et l’état jeune sont parfois si grandes chez les Palæmon, qu'il est difficile de comparer utilement le P.multidens à des formes adultes. Il est préférable d'attendre à ce sujet l'examen d’un plus grand nombre de spécimens. Distribution. — Madagascar, bras de l’Onilaly (côte ouest), M. G. Grandidier. P. dispar von Martens. P. pispar von Martens. Arch. f. Naturg., Jhg. 34, Bd. I, p. 41, 1868. P. AzpuonsiaNUs Hoffmann. Crust. Madug., p. 33, pl. IX, fig. 63-65, 1874. P. pispar von Martens. Miers. Ann. May. Nat. Hist. (5), vol. V, p. 583, 1880. P. Marccarni R'chters. Meeresf. Mauritrus, Décap., p. 166, tab. XVII, (is. 4-3, 1880. P. pispar, v. Martens, de Man. Arch.f. Naturg., Jhg. 52, Bd. I, p. 556, 1887. — — Ortmann. Zool. Juhrb., Syst. V, 1891. — — De Man, Max Weber s. Zool. Ergeb., p. 427, pl. XXVI, fig. 34, 1892. De Man a décrit avec sa précision habituelle un grand nombre de spécimens de toute taille, provenant des Célé- bes, de sorte que les variations que traverse l'espèce au cours de sa croissance nous sont connues. C’est grâce à ces remarques que je puis rapporter au P. dispar trois jeunes spécimens © différant très peu du P. Sundaïcus. = | EH . = …. AD) = un < B à sn < eo & | FORMULE] LONGUEUR | & = | & 3 ma a = 2 = ie ÉMREENS = = 5 2 = Æ a | rostrale. | du rostre. | : - MES = z < = 5 5) UE 2, & Æ (&) ex A =] # CN Æ = a (3)11 150 55 NO DB NL MES 1 [9] [>scapho) 41 } 5 | : 1 35 3/41 625 | (4) 11 23 5 6501833740 090)/40N650 2 |® 7 Jane) DSTI GS DS OS ANGES 8) 11 3 [9 ) >scapho.| 43 » » » » » » + 330 H. COUTIÈRE. Le rostre, comme chez le P. Sundaïcus, est légèrement relevé à la pointe. La 1° dent (proximale) est un peu plus éloignée de la seconde que celle-ci de la 3°; la dernière dent (distale) est très rapprochée de la pointe; le rostre dépasse notablement le scaphocérite {PIL. XI, Gig. 41.) L'article distal des maxillipèdes externes dépasse à peine le pédoncule antennaire; la 1"° paire de pattes, plus courte que chez le P. Sundaïcus, dépasse le bord antérieur du sca- phocérite de la moitié seulement de la pince{Pl. XII, fig. 42.) Les pattes de la 1" paire sont surtout caractéristiques chez le spécimen n° 1, où elles se montrent très inégales. Elles le sont beaucoup moins chez le second ; en outre, l’un des membres de la 2° paire, chez le premier spécimen, a le carpe plus long relativement à la pince entière, et cette absence de fixité indique que les véritables caractères ne sont pas encore acquis. Chez le P. dispar adulte, les pattes de la 2° paire sont en effet très inégales, et la pince entière est toujours beau- coup plus longue que le carpe. Mais les nombres suivants rapportés par de Man, montrent qu’il en est tout autrement Jeunes du P. dispar d'après de Man : 4 w D : <« d FORMULE SAME ü ä É ô É 4 E © he = a D © E 7 rostrale. te DE S < à © e) = 3 a E = [e} A A S © = = (OUR EC PRE RS = ; l Ci oi ) B0- | 48 735 13 9 5 14 na » o | 5,5 55 9 © (4) 12 ( 39 6,5 D LAS 4,5 11 HSE 91 ) 33 » » » » » AIME 6,5 9 5,5 |41/3 | 94/3 (®) 2 65 » : » À “ » chez les jeunes de l'espèce, chez lesquels la longueur de la pince entière est inférieure, égale ou légèrement supérieure à celle du carpe. Dans les spécimens que j'ai examinés, elle est égale ou légèrement inférieure. Les mêmes diffé- rences s’observent quant à l’armature des doigts. Les deux LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 991 pattes de la 2° paire, chez le spécimen n° 2, sont entière- ment lisses, et portent seulement quelques soies dirigées en avant, surtout sur les doigts. Le doigt fixe est inerme, et porte seulement la crête longitudinale qui ne fait jamais défaut au bord interne; le doigt mobile porte 2-3 dents extrêmement faibles. Chez le spécimen n° 1, les doigts de la petite pince por- tent l’un et l’autre des dents, 3 sur le doigt fixe, 4 sur son opposé. Sur la grande pince, ces nombres deviennent res- pectivement 5 et 6; en outre, le membre tout entier se montre couvert d'une fine spinulation (PI. XIE, fig, 43, 45, a). Le bord interne dela pince porte des épines un peu plus visibles, au nombre de 12-13. Ces détails manquent tout à fait sur la pince opposée, et sur le spécimen n° 1, nou- velle preuve qu’il s’agit de spécimens incomplètement dé- veloppés. Von Martens avait décrit à l’origine les © du P. dispar comme ayant les doigts complètement inermes; de Man à montré que l’on y rencontrait toujours des dents très faibles. en nombre variable. Chez le G;', ces dents occupent tout le tranchant de la pince. En cet état d’incomplet développement, le P. dispar se rapproche très étroitement du P. Sundaïcus, tel qu'il a été défini plus avant. Mais, dans cette dernière espèce, les pattes de la 1" paire sont plus longues, de même que les maxillipèdes externes; les pattes de la 2° paire sont égales, la pince est toujours plus longue que le carpe, les doigts seulement un peu plus courts que la paume, et armés 0) constamment de _. dents. Chez le P. Danæ Heller, et le P. multidens H. C., le carpe est notablement plus long que la pince entière. Le P. Ruüsemæ s’en rapproche davantage, mais les pinces sont très égales, plus renflées, les doigts sont plus longs, la spinulation moins forte qu'elle ne le serait chez le P. dispar de même taille. 359 H. COUTIÈRE. C'est probablement au P. dispar qu'il faut rapporter l'espèce P. parous Hoffmann, autant que l’on peut en juger par la figure, et la description très brève. La formule ros- (3) 12 À trale est , le rostre égale le scaphocérite, la 1° paire est seulement un peu plus grande que le ‘scaphocérite; enfin, les proportions des articles de la 2° paire : mérus 8, carpe 11, paume 9, doigts 5,5 se rapportent bien au P. dispar. Le P. Afphonsiunus Hoffmann, de la Réunion, est un spé- cimen adulte du P. dispar, assez bien figuré. Hoffmann signale sur la carapace, surtout sur les branchiostégites, des points imprimés très gros et serrés. Le P. Malliurdi Richters, est également synonyme du 2. dispar, et, de plus, très semblable aux spécimens de Mada- Sascar que J'ai examinés; le rostre est plus long que le M: 11-12 Scaphocérite, la formule rostrale Distribution du P. dispar : Me Adonara (V. Martens), Réunion (Hfm.), Maurice (Richters), Rodrigue, Malaisie, Samoa (Miers), Amboine, Célèbes (de Man), Madagascar, Sainte Marie, dans un ruisseau (M. Mocquerys) e / P. Sundaïcus Heller. P. Suxpaïcus Heller. Sitz. Ber. Ak. Wien, Bd. XEV, p. #15, pl. I, fig. 38-39. 1862. ES Reise den cNovaran, p115, 4865: He — Ortmann, Zool. Jurhb., V, p. 719, 1890. + _ De Man, Max Weber's. Zool. Erg., p. 437, 1892. mn — De Man. Zool. Jarhb., IX, p. 779, 1897. ne == Max Weber, Zool. Jarhb.. X, p. 165, 1897. —= — Hilgendorf, Land und Süsswasser Dekap. Ostafrikas, p. 130, 1899. (?) P. EQuIDExS (nec Dana), de Man. J. L. S. London, V, 22, p. 283, 1888. (?) P. parvus Hoffmann. Crust. de Mudag., p. 18, 1874. La diagnose de Heller, devenue trop succincte pour per- mettre la détermination de cette espèce, a été complétée LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 393 par Külbel, dont les observations sur les types du musée de Vienne ont été publiées par de Man. J'ai pu examiner 4 spécimens du P. Sundaïcus, 3 © et 1 çj, dont voici les caractéristiques : Re SE , e = FORMULE a © | = 3 ä ä a A Na) A SENS = C2 Es Ë 2 7 rostrale. 2 ONE EE al < Z = e} © = Ù Ca = Ce l Æ OUR (3) 11 à 40 7 titles 5 B. d’Antongil : ? 6) Le » » » » » M: Mocquerys). 3) 9 2 (®) ; 5! » » » » » Ru (3: 12 , , LL pu 3 | 50 34 |G3/4| 10 6 |44/5 © 6) 39 Î 10 6 D (2) 10 Zanzibar | En (0) E UMR RE | D AE nids) Le rostre s'étend presque jusqu’au milieu du céphalo- thorax en arrière. En avant, il égale d'ordinaire le scapho- cérite, sauf dans le spécimen n° # où il est un peu plus court. Il est légèrement convexe sur le bord orbitaire et relevé à la pointe. L’intervalle entre la 1" dent (proximale) et la seconde, est un peu plus grand qu'entre les suivantes; de même, les 2 dents distales sont très rapprochées de la pointe du rostre, ce qui agrandit l'intervalle entre l’avant- dernière dent et celle qui la précède. De Man a fait les mêmes remarques sur les spécimens de l'archipel malais. Le céphalothorax est lisse et glabre (PI. XIE, fig. 44). La partie commune aux deux filaments du fouet anten- nulaire externe, comme le dit de Man, est égale à l’article distal du pédoncule. Les maxillipèdes externes dépassent l'extrémité du pédon- cule antennaire des 2/3 de l’article distal. Les pattes de la 1" paire dépassent le scaphocérite de la pince entière et d'une faible portion du carpe (1/5 à 1/9) (PL. XII, fig. 45). Les pattes de la 2° paire ont au moins les 2/3 de la lon- 334 H. COUTIÈRE. sueur du corps, comme on le voit par le tableau ci-contre, résumant les observations des auteurs. 8 5 | LONGUEUR |?® PAIRE. £ Es tolale Longueur| MÉRUS. | CARPE. | PAUME. | DOIGTS. 5 A | du corps. totale. CA ù Heller, | œ 53 70 À 7 ? 11 Kolbel. 2 46 31 5,5 8 5 2/3] 5 1/3 3 el 60 44 8 12 8 6 3/4 fi De Man. ©) 41 ACTE TPE | | ( \ 16 14 22 14,5 AA Be bo Ne RON ESU UANVG: 12 18 12 ES 7 De Man. 2 ce 65 fi A sen 11,5 10 Q 65 115 17 11,5 0 . US 10 14 10 7 119 DES 11 16,5 10,5 8 SAC 102 105 (?) 20-21 27 20 27) Hilgendorf. Cette proportion croît rapidement avec la taille, jusqu'à dépasser la longueur de l'animal. Le carpe est à peu près une fois et demie aussi long que le mérus, la pince entière toujours plus longue que le carpe, les doigts un peu plus courts que la paume, sauf chez les spécimens très adultes comme celui d'Hilgendorf. La longueur de la paume est très sensiblement celle du méropodite. Le carpe s’élargit assez régulièrement, le dia- mètre de son extrémité distale étant environ une fois et demie celui de l'extrémité proximale. La paume est un peu plus large que le carpe, très légèrement comprimée 1,75 (largeur) \1,5 (hauteur) opposé une seule, moins apparente. Tout le membre est couvert d'une spinulation très fine, qui le rend rude au toucher; ces spinules sont plus apparentes au bord infé- rieur ou interne de la paume (PI. XII, fig.46, 46 «.). Les pattes des paires 3, 4, 5 dépassent légèrement, lorsqu'elles sont étendues, le bord antérieur du scaphocé- 1 Le doigt mobile porte 2 dents, son LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 339 rite. Le telson se termine en pointe triangulaire un peu plus longue que les épines latérales externes. De Man a décrit deux variétés malaises du P. Sundaïcus. La première est de taille plus faible que les spécimens typiques, le céphalothorax ne porte que deux dents rostrales. Le carpe de la 2° paire est un peu plus épaissi à l'extrémité distale, et la paume est presque toujours plus longue que le méropodite. La seconde variété, que de Man distingue sous le nom de Batanana, présente des différences plus sensibles : le carpe est seulement 1 1/3 plus grand que la paume, au lieu de 1 1/2, la pince entière est très légèrement plus grande que le carpe, la paume un peu plus petite que le méropodite, au lieu de lui être égale; les doigts ont les 2/3 de la paume, et portent de longues soies d’un rouge brun; enfin, les pattes 3, 4, 5 sont légèrement plus faibles que chez le 2. Sundaïcus Lype. De Man émet l'opinion que le P. Sundaïcus type ne repré- sente pas en réalité l'espèce décrite depuis sous ce nom par les auteurs, et qu'il s’agit sans doute d’un spécimen à s 4 jeune du P. dispar, larmature des doigts () étant plus compliquée que chezle P. Sundaïcus, où elle comprend seule- ment T dents. L'opinion de de Man pourrait d'autant mieux être soutenue que le P. dispar jeune, dont j'ai déerit plus avant quelques spécimens, ressemble extrêmement au P. Sundaïcus. I est encore plus difficile de diresi le 2. Sun- daicus Heller, est synonyme du P. equidens Dana (nec Heller), le type de Dana, — perdu actuellement, — étant un spécimen très incomplet. Distribution géographique. — Madagascar, Baie d’Anton- gil (Mocquerys), Zanzibar (A. Grandidier). Natal, Durban, dans la mer (Max Weber), Mozambique (Hilgendorf), Java (Heller, de Man), Flores, Célèbes (de Man). 336 H. COUTIÈRE. GENRE Leander Desmarets. Le genre Leander comprend un assez grand nombre d'espèces d'eaux douces, saumâtres ou marines, qui se distinguent du genre Palæmon (sensu striclo) par un petit nombre de caractères. Le plus important de tous est celui tiré de l’épine ptérygostomiale, qui remplace chezles Leander l’épine hépatique présente chez les Palæmon. Ces sortes d’épines (antennaire, hépatique, ptérygostomiale) à laquelle se Joint l'épine sus-orbitaire chez d’autres Eucyphotes, ont une telle imporlance dans l'étude de la carapace que ce seul caractère chez les Leander justifie l'établissement du genre. | Il faut y joindre plusieurs autres, de valeur secon- daire, il est vrai. Toutes les espèces du genre Leander sont de petite taille, les foucts antennaires sont très effilés, les pattes thoraciques 3, 4, 5 très grêles, le rostre allongé, mince et recourbé, inégalement denté en ce sens que sa pointe est souvent inerme; les pattes de la 2° paire ne sont guère plus robustes que celles de la paire précédente, et se terminent par des pinces très faibles, de forme ceylin- drique et inermes. L'abdomen est plus fortement courbé à parlüir du 4° segment que chez les Palæmon, et le telson se termine toujours en une pointe médiane eflilée. Quant aux caractères tirés des appendices buccaux, de la formule branchiale, ils sont absolument les mêmes que chez les Palæmon. A ces particularités de forme des espèces du genre Leander, il fautajouter, comme un autre caractère distinctif, leur existence surtout marine, — puisque aucune espèce n’est exclusivement d’eau douce, — et leur indifférence très grande au degré de salure des eaux. C'est ainsi que l'espèce ci-après décrite, L. concinnus Dana, a pu êlre recueillie lantôt dans la mer le long des côtes, tanlôt dans les eaux saumâtres des estuaires, tantôt dans des lagunes côtières LES PALÆMONIDÆ DES EAUX DOUCES DE MADAGASCAR. 337 entièrement isolées de la mer; tantôt, enfin, dans les fleuves et leurs affluents. Le genre Leander nous offre, en un mot, le premier stade de l'immigration dans les eaux douces, chez les Palæmon. Leander concinnus Dana. PALÆMON coNciNNus Dana. U. S.. Expl. Exp., p. 587, pl. XXXVIIL, fig. 10, 1852. PaLæmon (LEANDER) concinnus Hilgendorf. Monatsb. Akad. Berlin, p. 842, 1878. LEANDER concinus De Man. Max Weber's Zool. Ergeb., Crustacea, p. 506, 1892. = — — Zool. Jarhb., Bd IX, p. 765, 1897. — LONGICARPUS Stimpson. Proc. Acad. Nat. Sc. Philad., p. 40, 1860. — — Ortmann, Zool. Jahrb., V (Syst.), p. 516, 1890. — — — Deuts.Med. N. Gessell. Iena, VIIX, p. 17, 1894, De Man (24, 506) a parfaitement établi l'étendue des varia- tions de cette espèce, surtout en ce qui concerne la longueur du rostre et la formule rostrale. J'ai examiné deux femelles du L. concinnus dont la for- mule rostrale est respectivement : (DE EN GE ) dl Cette dernière est tout particulièrement rare, le nombre des dents au bord inférieur du rostre étant 6 ou 5. La forme du rostre se rapporte bien à la figure de Dana (1); toutefois, il est plus long que dans la plupart des spécimens décrits par les auteurs, et dépasse de pres du tiers de sa longueur le bord antérieur du scaphocérite. La portion dis- tale inerme (au bord supérieur) est sensiblement égale à la portion dentée (PI. V, fig. 47). La 1" paire de pattes dépasse le bord antérieur du scaphocérite de la moitié environ de la pince. Celle-ei est très petite; elle a un peu plus du quart de la longueur du (4) Loc. cit., fig. 10 b. ANN. SC. NAT. ZOOL. xIT, 22 338 H. COUTIÈRE. carpe, et porte des soies fortes, assez nombreuses (PI. V, fig. 47). \ Les pattes de la 2° paire dépassent le bord antérieur du scaphocérite de toute la pince et du tiers distal du carpe. La pince est cylindrique; les doigts inermes, joignant exac- tement sauf à leur base, ont les 2/3 de la longueur de la paume. La pince toute entière, ainsi que la moitié distale du carpe, se montre à la loupe très finement verruqueuse et comme chagrinée. La longueur du carpe est sensi- blement le double de celle de la pince entière (PI. V, fig. 47 et 47 à). Distribution géographique. — Madagascar (bras de l’Oni- lahy, à 50 kilomètres de la côte, G. Grandidier), Fidji (Dana), Hong-Kong (Stimpson), Mozambique (Hilgendorf); îles Marshall, Dar es Salaam (Ortmann); Amboine, Sumatra, Célèbes, Flores et autres îles malaises (de Man); rivières. lagunes fermées, estuaires, pleine mer. © D BIBLIOGRAPHIE . DE Haan, Crustacea in von Siebold, Fauna japonica. Leyde, 1836. . Mune-Epwanrps (H.), Histoire naturelle des Crustacés, I, 1837. . Dana, United states Exploring Expedition. Crustacea, vol. XIII, 36 pl. Philadelphie, 1852-54. . STimpsON (W.), Prodromus descript. anim. evertebr., ete. Proc. Acad. Phi- ladelphia, 1858. . Hezzer, Beitr. z. nah. Kentniss der Macrouren. Sitzb Akad. Wien. t. XLV, I, 1862. . Hezzer, Reise der Fregatte Novara. Crust. 1865. Hess, Beitrage z. Kentniss Decap. Krebse Ost Australien, 1865. Von Martens, Uber einige Ostasiatisch Süsswasserthiere. Arch. f. Naturg., 1868. . Hrzcenporr, v. Decken’s Reisen in Ost-Africa, III, Crustaceen, 1869. . Horrmanx, Recherches sur la faune de Madagascar et de ses dépendances. 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Rostre. Fig. 2-12. — _ Formes diverses de la grande pince. PLANCHE XI Fig. 13. — P. lepidactylus Hilg. Petite pince (les soies ont été enlevées en partie pour montrer leur insertion). Fig. 13a. — P. lepidactylus Hilg., individu anormal, petite pince. Fig. 14-15. — P. Hilgendorf H. C. Pinces de la 2° paire. Fig. 16-17. — — Pinces de la 2° paire. Fig. 18. — P. dolichodactylus Hilg. Rostre. Fig. 19. — — Petite pince (2° paire). Fig. 20. — P. Patsa H. C. Rostre. Pie — Patte de la 2° paire. Fig. 21a. — — Patte de la 2° paire (détails). Fig. 22. — — Telson. PLANCHE XII Fig. 23. — P. rudis Heller. Rostre anormal. Fig. 24. — — 2° paire (type de Heller). Fig. 25. — P. lar Fabr. Rostre. Fig. 26. — — 2e paire (Œ feminisé). Fig. 26a. — — 2e paire (détails). Fig. 27. — — 2e paire (® jeune). Fig. 28. — — 2e paire (G° très adulte). Fig. 29. — P. idæ, Heller. Rostre. | Fig. 30-31. — — 22 paire. Fig. 30a. — — 2e paire (détails de la pince). PLANCHE XII Fig. 32-32a. — P. Ritsemæ De Man. Rostres. Fig. 33. — — 2e paire. INÉENETOENNMS — 2° paire (détails). Fig. Fig. Fi g. H. COUTIERE. g. 34. — P. superbus Heller. Rostre (type de Heller). . 35. — — 2e paire (type de Heller). . 36. — — 2 paire (pince détachée). La — — 2e paire (jeune). . 38. — P. Danæ Heller. Région antérieure. . 384. —- — Détails de la 2° paire. . 39. — — Telson. PLANCHE XIV . 40. — P. multidens H. C. Région antérieure. . 404. — — Détails de la 2° paire. . 41. — P. dispar von Martens. Rostre. . 42. — — Détails (1"° paire el scaphocérite). 43. — — Grande pince de la 2° paire ljeune). . k3a. — — Détails de la 2° paire (grande pince). 44. — P. Sundaïcus Heller. Rostre. . 45. — — Détails (1'e paire et scaphocérite). . 46. — — 2e paire. . 46a. — — Détails de la 2° paire. 47. — Leander concinnus Dana. Région antérieure. . 474. — — Détails de la 2° paire. DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX DES MARES SALÉES DE LORRAINE SULVIE DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA FAUNE DES LACS SALÉS Par R. FLORENTIN DOCTEUR ÈS SCIENCES, PRÉPARATEUR À L' UNIVERSITÉ DE NANCY (Planche XV) Pendant l'été 1900, l'examen de plusieurs échantillons d’eau provenant des mares salées de Lorraine m'a fait découvrir deux formes d’Infusoires nouvelles. L'un de ces Infusoires appartient au groupe des Holotriches : Loxo- phyllum verrucosum, n. sp.; l’autre fait partie des Hétéro- triches : Strombidium eleqans, n. sp. LOXOPHYLLUM VERRUCOSUM, n. sp. (PI. XV, fig. 1-5). Au mois de juin 1900, dans les eaux salées de Vic, con- tenant 22 grammes de sel par litre, j'ai vu un Infusoire qui, au premier abord, peut être pris pour Lorophyllum fasciola Ehr.; mais en l’observant avec plus de soin, on constate qu'il diffère de celui-ci par certaines particu- larités. D'abord sa longueur est plus grande ; elle a une moyenne de 180 y, avec un maximum de 186 y, landis que les plus grands exemplaires de Loxophyllum fasciola des 944 | R. FLORENTIN. mares salées atteignent seulement 148 y. Il à aussi une forme plus élancée que son congénère, grâce à la présence d'un cou plus long et plus étroit. Ce cou décrit une courbe très prononcée (fig. !, c) et le bec antérieur {b), acuminé, est nettement accusé. L’extrémité postérieure (p) est généra- lement en pointe mousse, ce qui donne à celte région du corps un aspect lancéolé. Comme tous les Loxophyllum, cet Infusoire est aplati. latéralement, avec un léger renflement vers la partie la plus large du corps. | | Certains individus, cependant, diffèrent un peu de ce Lype en ce sens que l'extrémité postérieure est plus arrondie (fig. 2 et 3), et le cou plus court et plus eftilé, ce qui contribue à leur donner un corps tout à fait pyriforme.. La bouche est une fente longitudinale située sur Le bord convexe du cou, arête ventrale de l’Infusoire (fig. 1, o). Cette fente buccale ne devient visible qu'au moment de l’en- gloutissement d'une proie, opération très curieuse, admira- blement déerite par Maupas (1). A l'extrémité postérieure, se voit une petite invagination (probablement l'anus) (fig. 2, 4), plus nette chez les indi- vidus pyriformes que chez les autres. Comme chez tous les Lorophyllum (2), la face droite seule porte des cils, la face gauche étant glabre. Le tégu- ment de la face ciliée présente des stries longitudinales, qui m'ont semblé être dues à la conformation même de ce tégument. J'ai, en effet, remarqué très nettement, sur plu- sieurs exemplaires, que la face droite du corps, au lieu d’être plane, présente des ondulations longitudinales, rap- pelant la disposition des tuiles rondes sur un toit, c'est- à-dire qu'en coupe transversale on a l'aspect représenté (1) Maupas, Contribution à l'étude morphologique et anatomique des Infu- soires ciliés (Arch. Zool. expér., 2° série, t. I, p. 427-664, voy. p. 504). (2) Je me range complètement à l'avis de Maupas, qui considère l'intro- duction du genre Litonotus, attribué à des Loxophyllum glabres sur une face, comme absolument inutile, puisque, d’après ses propres observations, tous les Loxophyllum ont une face glabre. DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 9349 par la figure 4. C’est cette disposition qui, au microscope, donne l'apparence d’une striation. Les cils (c), courts et flexibles, sont insérés sur tout le parcours de ces replis longitudinaux. Ce qui caractérise surtout cette espèce, c’est la dispo- sition toute spéciale de ses trichocystes. On en voit d’abord sur le bord ventral ou convexe une rangée ininterrompue, depuis l'extrémité antérieure jusqu à la région postérieure, vers laquelle ils s’éclaircissent un peu. Tous ces tricho- cystes sont parallèles entre eux et perpendiculaires à l’arète ventrale ; ils sont situés dans la bande claire et mince (limbe) qui fait tout le tour du corps. Le bord dorsal (fig. 1, d) possède lui aussi des tricho- eystes, mais arrangés tout différemment, suivant un dis- positif qui se voit aussi chez Lorcphyllum melea- gris O. F. M. : au lieu d’être répartis uniformément, ils sont réunis en pelits paquets, sortes de petits faisceaux qui convergent vers l’intérieur du corps. Ces faisceaux (fig. 1,2, 3, f), renfermant chacun de 5 à 8 trichocystes, sont au nombre de 6 à 10, et correspondent à autant de petites proéminences du bord dorsal, sortes d’ampoules ou de ver- rues, visibles même à un faible grossissement, qui rendent sinueux le contour du bord dorsal. Ces verrues sont répar- ties d’une facon irrégulière, depuis près de l'extrémité pos- rieure du corps jusque dans une région parfois assez avancée du cou. Leur contour externe présente le plus sou- vent la forme d’un arc de cercle ; parfois aussi, ces verrues sont aplaties et prennent un aspect trapézoïdal représenté par la figure 5. Un seul individu, pyriforme (fig. 3), présentait une dis- position singulière de ses trichocystes ventraux. Vers la région postérieure, la rangée habituelle se continuait par un certain nombre de petits faisceaux de 2 à 4 trichocystes seulement (/')}, semblables à ceux du bord dorsal, mais ne correspondant à aucune saillie extérieure, de sorte que le contour du.bord ventral restait tout à fait régulier. 346 R. FLORENTIN. I] y a toujours chez cet Infusoire une vacuole contrac- tile {v c), située à une certaine distance de l’extrémité pos- térieure du corps, à la fin de ce qu’on appelle la cavité générale chez les Loxophyllum. Mais la plupart des indi- vidus possèdent, en outre, d’autres vacuoles contractiles (fig. 1, v'c') en nombre variable, de 3 à 5, distribuées irré- eulièrement le long du bord ventral de l’Infusoire, du même côté que la rangée de trichocystes. Existe-t-1l, comme chez Loxophyllum meleagris, un canal reliant ces vacuoles entre elles? Je ne saurais l'affirmer. L'appareil nucléaire ne présente rien de remarquable : il est constitué par deux masses circulaires d’égal diamètre (fig. 1, 2, 3, N), placées l’une au-dessous de l’autre el presque contiguës, dans la région la plus élargie du corps. Je n’ai jamais réussi à découvrir chez cet Infusoire un appa- reil micronucléaire. Les mouvements de ce Loxophyllum sont identiques à ceux de ses congénères; il nage continuellement avec sou- plesse, d’une vitesse uniforme, en se contractant légèrement de temps à autre. Parmi les Lorophyllum connus, deux espèces seulement possèdent des verrues à trichocystes semblables à celles que je viens de décrire, et situées également sur le bord dorsal de l’Infusoire; ce sont : Loxophyllum meleagris O0. F. M. et L. rostratum Cohn. Comme notre Infusoire, L. meleagris a aussi une rangée ininterrompue de trichocystes sur le bord ventral, mais le nombre de ses verrues dorsales est bien plus considérable (Wrzesniowski en a vu jusqu'à 14). De plus, chez lui, l'appareil nucléaire est formé de plu- sieurs masses d’inégales dimensions réunies par un fila- ment colorable ; ensuite, son svstème vacuolaire est sur le bord dorsal, et enfin sa longueur est près de trois fois celle de L. verrucosum. Chez L. rostratum, le bord ventral est complètement dépourvu de trichocystes ; on en voit sur le bord dorsal, seulement le long du cou et dans les verrues. Les vésicules DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 341 contractiles accessoires sont, comme chez L. meleagris, sur le bord dorsal. On voit, d’après cette discussion, qu'il est impossible d'identifier notre Infusoire avec aucune de ces deux espèces. Il est à remarquer que Loxophyllum grandis Entz, trouvé par Entz dans les mares salées de Hongrie et dans le golfe de Naples, a aussi, comme L. ver- rucosum, des trichocystes (une rangée incomplète), et des vésicules contractiles sur le bord ventral; mais il est dé- pourvu d’ampoules de l’autre côté, et d’ailleurs sa grande taille (350-400 y) ne peut faire songer à une identification. Il n’y à pas à douter que cet Infusoire est une forme nou- velle de Loxophyllum. Je l'ai observé dans une pêche faite, au mois de juin 1900, dans les mares salées de Vic; il s'est très bien développé dans un aquarium du laboratoire, même lorsque l’eau s’est corrompue au bout de quinze jours. Il y à un point important à noter, c'est l'absence com- plète, dans les mêmes eaux, de Lorophyllum fasciola, que j'ai toujours trouvé à toutes les époques de l’année et en grande abondance dans toutes les mares salées de Lor- raine. Est-ce à dire qu'il y a eu, à ce moment, dans les eaux salées de Vic, transformation de L. fasciola en L. ver- rucosum, sous l'influence de conditions qui m'échappent ? Je le croirais volontiers ; mais je ne puis l’affirmer, attendu que je n'ai vu entre Les deux aucune forme transitoire, comme c'est le cas pour Frontania leucas Ehr. (1). Comme on sait, la plupart des espèces de Loxophyllum ont une diffusion remarquable dans les milieux les plus dif- férents; exemples : L. anser, eau douce et mer; L. fasciola, eau douce, mares salées et mer ; L. meleagris, eau douce et mares salées; L. grandis et L. rostrarum, mares salées et mer. (1) J'ai pu, en effet, suivre point à point, la transformation de Frontania leucas en F. marina, par suite d'une augmentation de salure (Études sur la faune des mares salées de Lorraine, in Ann. Sc. Nat. Zool., t. X, 1899, p. 209-350, voy. p. 312). 348 R. FLORENTIN. Il se peut que les deux dernières espèces {L. grands et L. rostratum), qu'on n’a encore vues que dans les milieux salés, ne soient que des formes provenant d’espèces d’eau douces transformées. Partant de cette idée, je ne serais pas étonné si un jour on découvrait dans la mer l’espèce nou- velle L. verrucosum des mares salées de Lorraine; c’est ce qui est arrivé pour L. grandis que Entz a d’abord trouvé dans les marais salés de Hongrie, et plus tard dans le golfe de Naples. Caractères spéciaux. — Dimensions : longueur moyenne, 180 y; avec un maximum de 186 w ; largeur movenne, 43 y. Corps lancéolé ou pyriforme, avec cou généralement très allongé et bec antérieur nettement accusé; faces latérales aplaties. Cils sur la face droite seulement, insérés sur des replis tégumentaires longitudinaux donnant l'apparence de stries. Anus postérieur. Rangée ininterrompue de tricho- cystes dans le limbe du bord ventral. Sur le bord dorsal, 6 à 10 verrues correspondant à des faisceaux de 5 à 8 tri- chocystes. De 3 à 5 vacuoles contractiles, dont l’une pos- térieure et les autres le long du bord ventral. Macronucleus composé de deux masses circulaires, presque contiguës, dans la région la plus élargie du corps. Habitat. — Mares salées de Vic, contenant 22 grammes de sel par litre d’eau (juin 1900). STROMBIDIUM ELEGANS, n. sp. (PL. XV, fig. 6-12). Cet Infusoire a été trouvé en mars et novembre 1900 dans les mares de Laneuveville contenant 53 grammes de NaCI par litre d’eau. À un faible grossissement (fig. 6), il se distingue par sa petite taille (de 32 à 40 y de long et 23 « de large en moyenne), sa forme ovoïde, sa couleur jaunâtre, ses allures très vives. À sa partie antérieure, on voit une petite proéminence étroite, entourée d’un DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 349 appareil ciliaire très délicat, ressemblant à une collerette finement frangée sur son bord libre; puis, plus bas, une tache claire, circulaire, qu’on pourrait prendre pour la vési- cule contractile, mais qui n’est autre que l'ouverture buc- cale, comme nous le verrons. _À première vue, on peut se croire en présence de Strom- bidium sulcatum CI. et L.,ou plutôt S. {ypicum R. Lank. — S, tintinnodes Entz, deux Infusoires marins bien décrits par Entz dans son travail sur les Infusoires du golfe de Naples (1). Mais une étude plus complète fait découvrir des caractères particuliers suffisants pour nécessiter la création d’une espèce nouvelle. Si on observe à un fort grossissement des individus nou- vellement récoltés et bourrés de nourriture, on voit leur corps nettement ovoide (fig. 7), la partie antérieure plus large que la partie postérieure ; il est comprimé assez for- tement dans le sens dorso-ventral, comme le montre une coupe transversale optique (fig. 8), et l'extrémité antérieure est un peu tronquée vers la région ventrale. Au bout d’une quinzaine de jours, ou lorsqu'on fait jeûner les Infusoires pendant quelque temps dans de l’eau filtrée, apparaît un léger étranglement vers le tiers antérieur du corps (fig. 7, e). Cet étranglement corréspond à une ligne courbe transver- sale, bien nette, qui se trouve sur la région dorsale, et limite la partie supérieure des trichocystes caractéris- tiques des Strombidium. À partir de cet étranglement, on remarque de chaque côté, dans la partie postérieure, deux formations assez singulières qui sont très vagues chez les individus bien nourris, mais constantes et très distinctes chez les autres. Au côté gauche, se trouve une sorte de bourrelet cytoplasmique (fig. 7, 4), d'autant plus accusé qu’on s'approche du pôle postérieur, et séparé du reste du corps par un sillon très apparent. Ce bourrelet se termine un peu au delà du pôle postérieur de l’Infusoire. Au côté (1) Entz (Géza), Ueber Infusorien des Golfes von Neapel (Mittheïl. Zool. stat. zu Neapel, Bd V, voy. p. 382-89, Taf. 23, fig. 17-21). 390 R. FLORENTIN. droit, on voit une lame mince, incolore, transparente (fig. 7, /), bien distincte du corps de l'Infusoire, ne con- tenant aucune granulation cytoplasmique ; cette expansion réfringente atteint l'extrémité du bourrelet latéral gauche. Un individu, vu par son extrémité postérieure, a un con- tour représenté par la figure 8 où on voit, en #, le bour- relet dont j'ai parlé plus haut. La formation lamelleuse /, a une certaine analogie avec le limbe des Loxophyllum, entourant la cavité générale de ces Infusoires. Je me demande quel est le rôle de cette expansion ? elle permet probablement à l’animal de se distendre plus facilement lorsqu'il est bourré de nourriture, car chez les individus remplis d'aliments ou digérant une Diatomée, souvent plus grande qu'eux, cette lamelle incolore disparaît, tandis que le bourrelet cytoplasmique (4) reste toujours plus ou moins marqué (fig. 9). Le péristome ressemble en grande partie à la région ana- logue de beaucoup d’autres Sfrombidium. Il occupe la partie antérieure et ventrale du corps (fig. 7, p). C’est un large sillon, arrondi en arrière, s’avançant jusqu’au tiers de la longueur du corps; au fond, se trouve l’ouverture buccale (Hg. 7,0) circulaire, bien visible et toujours ouverte. Les bords de ce péristome sont à peu près parallèles ; ils sur- plombent la fosse péristomienne, surtout du côté droit, où le bord est constitué par une saillie /c) étroite, sinueuse, se prolongeant jusqu’au pôle antérieur où elle devient assez forte pour former la proéminence antérieure (a) dont j'ai parlé au début et qui est particulière à la plupart des Strombhidium. L'appareil locomoteur de S#ombidium elegans est suffi- samment caractéristique pour mériter une description assez détaillée. Il est constitué par de puissantes membranelles qui forment à l’animal une sorte de collerette antérieure ; elles entourent le péristome d'une façon incomplète, en lais- sant à nu son extrémité inférieure et une partie de son bord droit, les points d'insertion formant ainsi une portion de spire ouverte en avant. L DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 91 À gauche du péristome, on remarque une bande ado- rale assez large (comme chez S. sulcatum CI. et L. et S. wride Stein), sur laquelle se trouvent des cannelures transversales qui ne sont autres que les portions basilaires des membranelles. Dans la région postérieure du péristome, cependant, ces lamelles ne portent aucun prolongement ciliaire et s'arrêtent tout simplement au bord extérieur de la bordure péristomienne. Les membranelles ne commencent donc qu'un peu plus haut et présentent, d’une façon per- manente, l'aspect particulier suivant: ce sont des lames aplaties formées de cils coalescents, aïnsi qu'on peut le constater sur des individus traités par un réactif quel- conque. Cette coalescence n’a pas lieu tout le long de la membranelle ; vers l'extrémité libre, les cils formateurs se détachent les uns des autres et donnent à cette région un aspect frangé bien net. Sur les quatre ou cinq membra- nelles inférieures, on ne voit cette particularité que d’un côté seulement, tandis que toutes les autres ont l’extrémité libre en éventail. Cet éventail n’est pas plan, mais décrit une surface courbe vers l'extérieur de l’Infusoire, ce qui contribue à donner à cet ensemble l'aspect d’une collerette évasée, très fine et très élégante. Les membranelles adorales sont le plus souvent au nombre de douze. À droite du péristome, en dehors de la bordure saillante /c) constituant la proéminence antérieure de l’Infusoire, se trouvent toujours trois membranelles insérées sur trois cannelures parallèles à cette bordure ; elles sont encore plus fines et plus transparentes que les autres, de sorte que leur examen n'est pas sans difficulté. IL est à remarquer que la présence de trois formations ciliaires ou cirres, à droite du péristome, parait assez fré- quente, pour ne pas dire constante, chez les Strombidium. Delage les considère comme des organes de fixation ; c'est aussi l'avis de Maupas (1), qui a vu S. wrceolare Stein se (1) Maupas, Études sur les Infusoires ciliés (Arch. Zool. expér., 2° série, L. 1, 14883, p. 427-664, voy. p. 630). 352 R. FLORENTIN. suspendre aux objets par ces appendices, et rester ainsi longtemps immobile. Entz (1) figure aussi, sans en parler, trois cirres à droite de l'expansion frontale de S. sw/catum. Les membranelles des Strombidium m'ont encore inté- ressé à un autre point de vue, sur lequel je veux attirer l'attention. J. Roux (2), qui a étudié avec soin l’Infusoire d’eau douce Séromhidium viride Stein, me dit (par lettre) avoir vu les membranelles de cet Infusoire prendre acei- dentellement un aspect frangé à leur bord distal. D'autre part, Entz rapporte, à propos des cils adoraux de lInfu- soire marin S. éypicum KR. Lank. = S. {intinnodes Entz « Les pointes de ces cils plats me paraissent être de fins filaments, mais je n’ai pu parvenir sur ce point à une entière certitude ». D’après Maupas, l’Infusoire marin S. urceolare a trois longs cirres (appendices de fixation dont j'ai parlé plus haut) sur le bord droit du péristome, qui portent dans le dernier tiers de leur longueur, une rangée de petites pointes dressées comme les dents d’un peigne. Chez le Sombhidium de Lorraine, je le répète, ces fins filaments terminaux existent d’une facon permanente et très nette, avec une disposition et un aspect invariables sur toutes les membranelles et sur tous Les individus que j'ai observés. En rapprochant tous ces faits el en les comparant, on ne peut manquer de faire la remarque suivante : les Strom- bidium ont l'extrémité libre des membranelles péristo- miennes d'autant plus frangée que le milieu où ils vivent est plus salé. En effet, d’abord, ce caractère n'existe pas chez les Strombidium d'eau douce, et Roux l’a observé seulement d'une façon accidentelle ou en le provoquant par une légère pression chez S. wiride Stein. Ensuite, il n'y a pas de doute que l'apparence filamenteuse observée par Entz (1) Entz, loc. cit., Taf. 23, fig. 18 et 23. (2) J. Roux, Observations sur quelques Infusoires ciliés des environs de Genève (Rev. Suisse de Zool., t. VI, 1899, p. 557-636, PI. XIII-XIV). DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 353 sur son Infusoire marin, répond bien à la réalité; de plus, l’autre Infusoire marin S. wrceolare a aussi, d’après Maupas, trois membranelles à extrémité frangée. Enfin, on a vu que S. elegans, qui vit en Lorraine dans des eaux contenant 93 grammes de chlorures par litre (tandis que l’eau de mer n'en contient que 30 gr.), a toutes ses membranelles présen- tant nettement ce caractère particulier. D’après cela, il est permis de voir dans ce caractère le résultat d’une dissociation partielle des cils formateurs des membranelles, dissociation qui serait d'autant plus pro- noncée que la concentration du milieu salé serait plus con- sidérable. Reste à savoir quel est, dans ce milieu, le facteur qui détermine cette dissociation, quel est son mode d'action ? Autant de questions auxquelles l'expérience seule peut répondre. À la région dorsale du corps (fig. 10), on distingue une rangée transversale de bâtonnets serrés, signalés chez tous les Sérombidium et qu’on a l'habitude de prendre pour des irichocystes, bien qu'on ne les ait jamais vus fonctionner comme tels. Chez cette espèce, les formations en question présentent quelques particularités qui méritent d’être notées. Elles sont limitées en avant par la ligne transversale concave que J'ai signalée au début de cette deseription (fig. 10, d); leur direction était perpendiculaire à cette ligne. De plus, ces bâtonnets sont notablement plus courts que chez les autres Strombidium : ainsi, tandis que chez S. viride ils atteignent presque le tiers de la longueur du corps (à peu près 25 p), ils n’ont ici que 8 & de long. Commençant au bord droit du corps, là où se détache la bande claire latérale (/), ils se continuent tout le long de la ligne trans- versale dorsale (d). De plus, ils se poursuivent contre le bord gauche du corps qui n’est autre, comme on sait, que le bord du bourrelet cytoplasmique (0) décrit précédemment. Ils sont perpendiculaires au contour de ce bourrelet et descendent souvent assez bas dans la partie postérieure du corps (fig. 10). Plusieurs fois même, jeles ai vus se continuer ANN. $C. NAT. ZOOL. XII 20 304 R. FLORENTIN. nettement jusqu'à cette extrémité postérieure (fig. 11); mais chose singulière, à partir d’un certain point, qui me paraît être le point le plus éloigné de l’axe longitudinal de l’Infusoire, les bâtonnets cessent d’être perpendiculaires au contour du corps, pour devenir parallèles entre eux. Chez ces individus exceptionnels, la région dorsale est donc garnie d’une couronne presque complète de ces prétendus trichocystes. Quant à la nature défensive de ces formations, elle me paraît bien douteuse. Je croirais plutôt qu’on a affaire 1eiï à des aiguilles (de formation ectoplasmique ou autre), com- parables aux stries rayonnantes que l’on voit dans l'appareil de fixation des Urcéolaires. Ces aiguilles contribueraient simplement à soutenir, à renforcer l’ectoplasme de la région dorsale, danslequel elles semblent être couchées, et à donner par suite au corps une consistance plus ferme, plus rigide, ce qui doit être avantageux à l’Infusoire dans bien des cas. Vers le milieu du corps et à droite, se trouve un macro- nucleus à peu près circulaire (fig. 7, N. Il à une structure qui rappelle celle de beaucoup de Ce : on voit, disséminés dans une substance d'aspect granuleux, un certain nombre de petits corpuscules nucléaires qui entourent un corpus- cule bien plus gros (fig. 12). Chez S. viride, le macronucleus a aussi une structure à peu près analogue à celle-ci. Je n'ai pas vu de micronucleus. La vacuole contractile n’est pas constante. Malgré des observations persistantes et minutieuses, je ne l’ai vue que chez un seul individu, à la partie ventrale, un peu plus bas que le milieu du corps et à gauche (fig. 7, ve). Le cytoplasme est bourré généralement de corpuscules graisseux et d’autres jaunâtres provenant de l'alimentation. La nourriture habituelle de cet Infusoire paraît se com- poser d’une espèce particulière de Diatomée (Navicula cryp- tocephala) (1), car on rencontre beaucoup d'individus avec (1) Je dois cette détermination à l’obligeance de M. le D' Lemaire à qui J'adresse tous mes remerciements. DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 355 une, souvent même deux de ces Diatomées à l’intérieur du corps (fig. 9). Comme ces végétaux sont à peu près de même longueur que l’Infusoire, il en résulte que le corps est déformé de façon à le rendre parfois méconnaissable. J'ai assisté plusieurs fois à l’ingestion de cet aliment, qui ma paru assez intéressante. L'Infusoire, venant à frôler une Navicule avec ses membranelles, s’écarte un peu; puis se jette sur elle d’un trait, de façon à engager une extrémité pointue de la Diatomée dans la fente péristomienne, puis dans la bouche. Lorsqu'une bonne partie du végétal a déjà pénétré dans le cytoplasme, l'animal lâche précipitamment sa proie. Il fait pendant un moment quelques circonvolutions aux environs, et, sans l'avoir touché préalablement, il se lance de nouveau sur l’objet de sa convoitise dans les mêmes conditions que précédemment, et cela avec une précision et une sûreté de mouvements qui font croire à l'existence, chez cet animal, d’un sens visuel. Cette fois, grâce à des efforts visibles de la part de l’Infusoire pour dilater son appareil dégluteur, la Diatomée, bien que logée à l’étroit, finit par être complètement engloutie dans le corps de ce petit être qui change complètement d'aspect. Aussitôt après cette opération, l’Infusoire se met à tourbillonner avec vivacité, comme sil était inquiété par quelque chose, et à ce moment il est difficile de le suivre sous le microscope, avec un gros- sissement moyen. Ce n’est qu'au bout d’une minute ou deux que ses mouvements deviennent plus modérés et qu'il reprend son allure habituelle. Cet Infusoire est très vif, comme d’ailleurs tous Les Jalte- rinæ ; il nage rapidement, en balançant le corps à droite et à gauche et changeant constamment de direction. Il s'arrête de temps à autre en faisant de courtes stations. J'ai vu à plusieurs reprises la division et la conjugaison de cet Infusoire. Il se montre très sensible aux réactifs fixateurs ; pour empêcher le corps de diffluer, j'ai eu recours au perchlo- rure de fer additionné d'acide osmique très étendu. 300 R. FLORENTIN. On sait que les espèces du genre S{rombidium habitent l'eau douce et la mer. Quelques-unes d’entre elles ont été trouvées aussi dans les eaux salées intérieures ; elles paraissent donc assez faciles à acclimater au milieu salé. Ainsi, S. turbo CI. et L., espèce d’eau douce, a été vu dans les lacs salés côtiers d'Odessa et dans les mares salées de Lorraine. De plus, deux espèces marines ont été trouvées aussi dans les eaux salées intérieures : S. sulcatum CI. et L., observé à Odessa et dans les mares salées de Hongrie, et S. minimum Gruber, trouvé par Entz en Hongrie. Voilà encore deux formes qui, comme Loxophyllum grandis, L. rostratum et bien d’autres, n’ont encore été vues que dans les milieux salés intérieurs et la mer, Jamais dans les eaux douces. C’est ce qui fait penser que tous ces Infusoires, et probablement ceux que je viens de décrire, proviennent d'espèces d’eau douce transformées par accli- matation à l’eau salée. Caractères spéciaux. — Dimensions : longueur, 32-40 w ; largeur moyenne, 23 s. Corps ovoïde, comprimé dans le sens dorso-ventral, et léger étranglement transversal vers le tiers antérieur. Sur les côtés latéraux, de l’étranglement à l’ex- trémité postérieure, un bourrelet séparé du corps par un sillon. Bouche circulaire au fond d’uu péristome situé à la partie antérieure, sous forme de large sillon allant jusqu’au tiers de la longueur du corps. À gauche du péristome, zone adorale assez large ; à droite, saillie assez forte se prolon- geant à la partie antérieure du corps en une proéminence frontale. Péristome entouré à gauche, en haut et à droite, par des membranelles {environ 12) finement frangées à leur bord libre. Longs trichocystes dans la région dorsale du corps, en-dessous de l’étranglement transversal. Vacuole contractile à la région ventrale. Macronucleus à peu près circulaire, avec de petits corpuscules nucléaires entourant un plus gros corpuscule. Habitat. — Mares salées de Laneuveville, contenant 53 grammes de sel par litre d’eau {mars et novembre 1900). DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 397 TRAVAUX RÉCENTS SUR LA FAUNE DES LACS SALÉS. Il a paru tout récemment plusieurs études faunistiques sur les lacs salés. Depuis la publication de mes études biologiques sur la faune des mares salées de Lorraine (1), deux auteurs, Butschinsky (2)et Bujor (3), ont fait connaître le résultat de leurs recherches entreprises, le premier dans les lacs côtiers d'Odessa, le second dans les lacs salés de Roumanie, situés dans le voisinage de la mer Noire. Butschinsky donne la liste des Métazoaires qu'il a trouvés, liste qui vient s'ajouter à celle des Protozoaires publiée il y à quelques années par le même auteur (4) et compléter ainsi l'étude faunistique des lacs salés d’Odessa. Le travail de Bujor comprend la faune totale et une partie de la flore des deux lacs salés côtiers T'ékir-Ghiol et Lacu- Sarat, avec quelques données topographiques, climaté- riques, chimiques et thérapeutiques sur lesquelles je n'insisterai pas. Disons de suite que ces études concordent avec les miennes pour faire ressortir deux faits désormais bien établis, caractéristiques des lacs salés et en général de tous les milieux salés continentaux : 1° la faune des lacs salés est variable avec le degré de concentration de l’eau, cette faune étant d'autant plus pauvre en espèces que la salure est plus élevée; 2° les milieux salés continentaux renferment une faune mixte, composée d'espèces d’eau douce, d’eau salée et marines vivant côte à côte. Je reviendrai plus loin sur ce dernier point. Les Métazoaires que Bulschinsky a trouvés dans les lacs (1) R. Florentin, Études sur la faune des mares salées de Lorraine (Ann. Sc Nat., Zool., t. X, 1900, p. 209-350, PI. VIII-X). (2) Butschinsky, die Metazoenfauna der Salzseelimane bei Odessa (Zool. Anz., Bd. XXIII, 1900, p. 495-97). (3) Bujor, Contribution à la faune des lacs salés de Roumanie (Ann. Scientif. Univ. Jassy., vol. [, fasc. 2, 1900). (4) Butschinsky, die Protozoenfauna der Salzseelimane bei Odessa (Zool. Anz., Bd XX, 1897, p. 194). 398 R. FLORENTIN. salés d'Odessa, appartiennent aux groupes suivants : Tur- bellariés, Nématodes, Rotateurs, Phyllopodes, Ostracodes, Copépodes, Amphipodes, Isopodes, Insectes ; maisle nombre restreint des espèces de chaque groupe dénote, dans ces lacs salés, une faune de Métazoaires assez pauvre. Il est à remarquer que le seul Turbellarié indiqué est aussi le seul recueilli dans les mares salées de Lorraine : Macrostoma hystrix VErstedt, très répandu dans les eaux douces ; il s’acclimate très bien aux eaux salées et à la mer. Dans les lacs d’Odessa, il supporte des degrés de salure supérieurs à celui de l’eau de mer. Parmi les Rotateurs, Butschinsky cite deux espèces du genre Brachionus Brachionus urceolaris Ehr., qui se trouve aussi dans les mares salées de Lorraine, et Brachionus Pala Ehr. Ce genre PBrachionus, presque exclusivement d'eau douce (il ne compte qu'une seule espèce marine), semble montrer cependant beaucoup de facilité à l’acclimatation aux eaux salées. Les Phyllopodes sont représentés par Artemia salina, Branchipus spinosus M.-Edw., signalés autrefois dans ces mêmes lacs, par Schmankewitsch, et Daphnia brachiata Leyd. On trouve à Odessa un Amphipode marin, Orchestia litiorea Montagu, habitant aussi les lacs salés d'Algérie, mais à l’état de variété minor, et Gammarus pulex qui n’a pas encore été, je crois, signalé dans les faunes salées. Le travail de Bujor débute par un exposé assez long des différentes origines attribuées par les auteurs aux lacs salés intérieurs situés loin de la mer, notamment ceux d'Algérie et de Roumanie (vallée du Danube). Cette discussion est d’ailleurs loin d’être elose, et je doute fort que, comme le pense Bujor, l'étude de la faune des lacs salés intérieurs fournisse des éclaireissements sur l’origine de ces lacs ; car il faut songer que la dispersion des espèces marines et les variations de certaines formes d’eau douce s’acclimatant dans les milieux salés continentaux arrivent-à imprimer à la faune de ces eaux salées un caractère marin, à tel point DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 399 que Entz et Daday ont pu dire que la faune des Protozoaires des marais salés de Hongrie (dont l’origine marine n’est guère admissible) montre cependant plus d’affinité avec celle de la mer qu'avec celle de l’eau douce. Il me semble qu'au sujet des lacs salés se pose un problème d’un intérêt capital, qui consiste à rechercher l’origine de la faune de ces lacs. C'est, je crois, le but que se propose Bujor dans ses prochains travaux; c'est aussi ce qui m'a guidé dans mes dernières recherches. Dans les eaux des mares salées de Lorraine, j'ai observé un certain nombre d'Infusoires qu’on n’a encore vus jus- qu'ici que dans la mer, et J'ai formulé l'opinion que ces espèces, alliées à des espèces d’eau douce voisines, ont dû être créés sur place par transformation de ces dernières. Pour soutenir cette thèse, j'ai d’abord fait observer qu’en Lorraine il est impossible d'invoquer une faune résiduelle marine, puisque les mares salées de notre région sont de petites flaques d’eau artificielles, de création relativement récente, n'ayant par conséquent Jamais eu de communica- tion avec la mer. De plus, j'ai écarté toute intervention de dissémination passive des Infusoires marins en exposant les raisons qui me font émeltre une semblable opinion. Je rappellerai ici la plus essentielle, qui est le passage pro- gressif d’une forme d’eau douce Frontania leucas Ehr. à une forme marine F. marina Fabre-Domergue, transformation corrélative à une concentration graduelle de l’eau salée. Cette concentration graduelle n’est sans doute pas le seul facteur qui cause les variations observées; il intervient certainement, comme dans tous les cas où on observe des variations morphologiques, d’autres facteurs biologiques, tels que la température, la nutrition, l’oxygénation, etc. Mon intention est précisément d'établir, ainsi que je lai fait pour Frontania marina, la genèse des autres espèces marines que J'ai signalées en Lorraine. Malheureusement ces recherches sont soumises au hasard ; il faut compter avec les changements qui surviennent constamment dans la 360 R. FLORENTIN. microfaune d’une mare, et surtout d’une mare salée, de sorte que les recherches que l’on projette sont subordonnées à l'état des eaux recueillies. Ce n’est qu'à la suite d’un grand nombre d'examens faits à différentes époques de l’année qu'on peut espérer mener ce travail à bien. | Le nombre des Protozoaires cités par Bujor dans les lacs roumains est particulièrement restreint : 15 espèces dans le Tékir-Ghiol, et 7 seulement dans le Lacu-Sarat. Cette pau- vreté s'explique, jusqu’à un certain point, pour ce dernier lac dont les eaux sont habituellement très concentrées (78 gr.5 de matières totales par litre), et renferment une quantité de sulfate de soude à peu près équivalente à celle du chlorure de sodium, ce qui constitue un milieu peu favorable proba- blement à l’acclimatation. Mais le T'ékir-Ghiol n’est pas dans les mêmes conditions; ses eaux ont une composition quali- tative semblable à celle de la mer, avec une concentration plus élevée (55 grammes de NaCI par litre), mais pas suffi- sante cependant pour expliquer l'existence d’une microfaune aussi pauvre en espèces. Je trouve extraordinaire, par exemple, l’absence dans le Tékir-Ghio/ d'Infusoires tels que Cychidium glaucoma, Euplotes charon et tant d’autres, qui ont une diffusion si étendue et supportent des degrés de salure excessivement élevés. Il me semble, d’après cela, que la microfaune des lacs salés roumains gagnerait à être étudiée de nouveau et d’une façon plus complète. Parmi les Protozoaires de ces lacs, il s’en trouve trois qui vivent aussi dans les mares salées de Lorraine : deux Infu- soires, Uronema marina Duj. = U. nigricans 0: F. M,, Euplotes patella O. M. F., qui habitent l’eau douce, la mer et tous les milieux salés, puis un Amæbien d’eau douce, Amæba (Hyalodiscus) limax Duj., qui peut s’acclimater à des eaux très salées, puisqu'en Lorraine il vit dans des mares sursalées contenant jusqu'à 150 grammes de sel par litre. On voit aussi dans les lacs roumains une grande abondance de petits Flagellés, CA/amydomonas Dunal, qui colorent l’eau en rouge verdâtre. On sait que ce sont les hôtes DESCRIPTION DE DEUX INFUSOIRES CILIÉS NOUVEAUX. 301 habituels des marais salants et des lacs salés d'Europe et d'Afrique. Les autres Protozoaires n’ont rien de bien remarquable, à part cependant deux formes d’eau douce vivant dans le lac Lacu-Sarat, c’est-à-dire le plus concentré, formes qu'il est assez intéressant de trouver dans un tel milieu. C'est d’abord, une colonie de Flagellés tres élégante, Gonium pectorale, voisine de Pandorina et des Volvor ; puis un Tentaculifère, Sphærophrya magna, étudié par Maupas. C'est la première fois quon signale ces espèces dans des eaux aussi for- tement concentrées en matières minérales. Bujor s’est surtout attaché à l'étude des Métazoaires de ses lacs salés, principalement à celle d’Artemia salina, qu'il a eu la bonne fortune de trouver en grande abondance en Roumanie. Il a observé les formes de passage de Artemia salina à A. Mihlhausent par suite d’une concentration gra- duelle du milieu, et confirme ainsi en partie les conclusions de Schmankewitsch relatives aux transformations que subit ce petit Crustacé lorsqu'il est soumis à des salures variables de l'eau ambiante. L'auteur se réserve de compléter ses recherches à ce sujet, convaincu de l'intérêt que présen- teront toujours de telles observations « car, dit-il, elles mettront en évidence jusqu’à quel point peut influencer le changement du milieu — que ce milieu soit l’eau ou autre — sur la transformation des organismes ». Le lac Téku-Ghol renferme plusieurs autres Crustacés, notamment un Amphipode marin, Orchestia httorea des lacs salés d'Algérie et d'Odessa, et un Copépode spécial aux mi- lieux salés, Mesochra Blanchardi, le même que Blanchard a trouvé dans les chotts d'Algérie. Je citerai enfin un petit Oligochète du genre Pachydrilus (probablement P. enchy- troëdes), qui vit sur les bords du lac Tékir-Ghiol. On sait que d'autres Pachydrilus, spéciaux aux lacs salés, ont été trouvés par Claparède et Semper dans les salines de Kis- singen et de Kreuznach. À mon avis, il y aurait des re- cherches biologiques très intéressantes à faire sur l’évolu- 362 R. FLORENTIN. tion de ces petits Oligochètes, recherches comparables à celles relatives aux Artemia. En somme, Bujor n’a trouvé dans les lacs roumains au- cune espèce nouvelle venant augmenter la liste des formes de mares salées. Les seules qu’il nous indique sont Aytemia salina, Mesochra Blanchardi et Chlamydomonas Dunal. Espérons que ses études ultérieures, surtout celles con- cernant les autres lacs de Roumanie situés loin de la mer, seront plus fructueuses en résultats. Une dernière remarque à faire sur ces faunes salées de Roumanie et d’Odessa, c’est l'absence complète de Mol- lusques et de Poissons. Les Mollusques manquent aussi dans les mares salées de Lorraine ; cependant Blanchard cite plusieurs Gastéropodes dans les eaux des chotts d'Algérie, et nous savons, par les expériences de Beudant, que ces animaux présentent (à des degrés différents suivant les espèces) une certaine facilité d’acclimatation à l’eau salée. Quant aux Poissons, il y en a en Algérie et en Lorraine. J'en ai vu aussi dans des mares saumâtres situées près du littoral à Roscotf (Perkiridie). Il est à supposer qu'à Odessa et en Roumanie la trop forte concentration ou la compo- sition des eaux s'oppose complètement à l’acelimatation des Poissons d’eau douce au milieu salé. EXPLICATION DE LA PLANCHE XV Fig. 4. — Loxophyllum verrucosum (type lancéolé) ; v, bord ventral ; d, bord dorsal ; b, bec antérieur ; p, extrémité postérieure; c, cou; f, faisceaux de trichocystes ; N, macronucleus ; ve, vacuole contractile ; v'c', vacuoles contracliles accessoires; X 645. Fig. 2. — Loxophyllum verrucosum (type pyriforme) ; a, anus; N, macronu- cleus ; v ce, vésicule contractile ; f, faisceaux de trichocystes ; X 540. Fig. 3. — Loxophyllum verrucosum (type pyriforme); N, macronucleus; v €, vésicule contractile ; f, faisceaux de trichocystes ; f', faisceaux de tri- chocystes supplémentaires ; X 540. Fig. 4. — Coupe transversale optique de la face droite de Loxophyllum ver- rucosum ; ©, cils implantés sur les replis longitudinaux (fortement grossi). Fig. 5. — Portion de bord dorsal de Loxophyllum verrucosum ; f, faisceaux de trichocysies correspondant à des verrues trapézoïdales (fortement grossi). Fig. 6. — Aspect de Strombidium elegans vu à un faible grossissement ; X 540. Fig. 7. — Sirombidium elegans, vu par la face ventrale ; e, étranglement transversal ; b, bourrelet cytoplasmique; {, lame transparente; p, péris- tome ; c, saillie péristomienne; a, proéminence antérieure ; 0, ouverture buccale ; N, macronucleus ; ve, vacuole contractile ; X 930. Fig. 8. — Coupe transversale optique de Strombidium elegans ; b, bourrelet cytoplasmique ; v, face ventrale; d, face dorsale ; X 930. Fig. 9. — (Schéma) ; Strombidium elegans avec une Diatomée D à l’intérieur du corps ; 0, ouverture buccale; b, bourrelel cytoplasmique ; X 930. Fig. 10. — Strombidium elegans vu par la face dorsale; d, ligne concave limitant la partie antérieure des trichocystes {; b, bourrelet cytoplas- mique ; {, lame transparente ; X 930. Fig. 11. — (Schéma); Strombidium elegans, vu par la face dorsale ; é, tri- chocystes ; b, bourrelet cytoplasmique; !, lame transparente ; X 930. Fig. 12. — Macronucleus de Strombidium elegans (fortement grossi). TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME Monographie de la famille des Pleurobranchidés (deuxième et der- nièrespartie), Par tA VAVESSIFRE. 02 SN CET ER AN FAIR RER Fécondation chimique ou parthénogenèse ? par le D' CamiLze VIGUIER. Les appendices des arcs branchiaux des poissons, par le D' Cana MEL APOPTAIP EC ERETE DATA ANT TA00e0 dot blonsoonoece Sur quelques Invertébrés marins des côtes du Sénégal, par M. le baron DE SAINT-JOSEPH. ne eee ee hear Ceci cccec LAN CELIEE Les Palæmonidæ des eaux douces de Madagascar, par M. H. CouTièRE. Description de deux infusoires ciliés nouveaux des mares salées de Lorraine par /R'ANPORENTIN- LES RC CRC CC PPT CNIL EREEEE $ TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME Planches I à VI. -— Pleurobranchidés. Planche VIT. — Appendices des arcs branchiaux des poissons. Planches VIII et IX. — Invertébrés marins des côtes du Sénégal. Planches X à XIV. — Palæmonidæ des eaux douces de Madagascar. Planche XV. — Infusoires ciliés. TABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS CourièrE (M.-H.). — Les Palæmonidæ des eaux douces de Madagascar. FLoRENTIN (R.). — Description de deux infusoires ciliés nouveaux des mares/salées de Lorraine. ......... RE HG ouono a PoprA (D' Cana M.-L.). — Les appendices des arcs branchiaux des POISSONS à ebook one Det et ere Lu MR EN A PERREEEE ne SAINT-JosEPx (Baron de). — Sur quelques Invertébrés marins des côtes TRS ee RSR RES ES doc co c VayssiÈèRE (A.). — Monographie de la famille des Pleurobranchidés... ViGuiER (CAMILLE). — Fécondation chimique ou parthénogenèse ?..... CorgeiL. — Imprimerie ÉD. CRÉTÉ. 249 COUR AIT, FUN: re des Sc. nat. O£Serte. Re ger | Os CGHIUOPS Nr ere OC Wasson et CE Æchteurs rer. des Sc. nat. S£Serte. | PAQUET AIX dr rasé PESTE au OT. HA Le tte Hey À Tmp IS Jemercter. Faris. Pleurobtranchæœaæ Meckelt, 205 AO Messon et CE Editeurs. Hrnnr.cdes Sc. nat. 8 Serce. LONDON | Î & (| || it il i} À F | sl. || 7] \/ { J £ À | || 1À ft © A Î \— _. ES f Pleurobranchæa Meckelr, 211 222. Masson et CE Ehteurs. rn.des Sc. nal. 8 Serte. PAC NTI PIN 2 : ee JT - £ ésere de LES NUE 2: AYSS- Ci GL- Pleurodranchcea Meckel, 223231 Plerr € capensis 239. 937. +7 , 7: “Wesson et CEFcrreurs Arr. des Sc. nat. 8 Serce. LOMME AMIE LIN \K Et K\ \ N AS ATVäyssière del. Jp es Jemercier, Faris. Pleurobranchæa maculata, 238247 Pleur “ tarda, 2486_ 250. Masson et CE Editeurs. Arin.des Sc. nat. Se Serre. Zoo TV ATI RING 2766 68 6463 62 61 43 À TZyrssre 21 7. es . TN A Väyssiere de! Znp'# Termercter, Paris. Pleurobranchæa tarda, 251 254, Pleur Prockt, 255 2060. Masson et CE Éditeurs. D hr do | Do OT LONCA Zrpllafrtane ares Pichara Vétie. a _ Partie de l'arc branchial avec ut apperaice - 8 — Coupe transversale de L'are à avec L appenaice ot à coLé Masson et CE Editeurs. ren. des Sc. rat. 8 Serte. LOU MINNEE SÉ/osevh ae Masson et CE Editeurs. MWicolet Lith. 2 ycasts. Loimia. Liorynchus. Polyonyx . LOU LIST TA D ere. 2 - Ann.des Sc. nat. 8 LS, one 7 PR Be Wicolet Zth. Editeurs. (a 1 Masson et C'À Stoseph del Polyonyx. Zool. Tome X11, PI. 10. Ann. des Sciences nat., 8° Série. ER > 14 2 PULL DL OUTRE 7 AU PAPE ue Sy, / HAN SSSESSSS NN CON PP ur, T4, Ft. Forentin del 4 1 Ab et CE Editeurs. 255071 A4 76° ANNÉE. — VIII: SÉRIE ANNALES DES SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L’'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PURLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME XI. — N° 1. PARIS MASSON ET C, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE andre 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 7 1900 PARIS, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. Ce cahier a été publié en mars 1901, Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. Re XP NOT Ce cahier contient les planches XVII et XVIII qui ont été omises dans la livraison précédente et qui se rapportent au mémoire de M. Sig Thor. Les planches de M. Bordas devraient, pour la concordance du texte, être reculées de deux numéros. Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles. HUITIÈME SÉRIE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. PH. VAN TtEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8°, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année. ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. EpMonp PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8°, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. Prix de l'abonnement annuel à chacune des parties, zoologe ou botanique Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. HéBerr, et pour la partie paléontologique, par M. A. Miine-Epwanps. TomEs I à XXII (1879 à 1891). Chaque volume Peer re 15 fr. Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales des Sciences naturelles. Prix des collections PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Rare). DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 9250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr, SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. GÉOLOGIE, 22 NOÏUMESE 200) M ER ends 330 fr. MASSON ET C°, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (6°) EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES DU TRAVAILLEUR ET DU TALISMAN PENDANT LES ANNÉES 1880, 1881, 1882, 1883 Ouvrage publié sous les auspices du Ministère de l’Instruction publique SOUS. LA DIRECTION DE M. A. MILNE-EDWARDS Membre de l'Institut Président de la Commission des dragages sous-marins Directeur du Muséum d'Histoire Naturelle. VIENT DE PARAITRE CRUSTACÉS DÉCAPODES PREMIÈRE PARTIE BRACHYURES ET ANOMOURES PAR À. MILNE-EDWARDS ET E.-L. BOUVIER Professeurs au Muséum d'Histoire naturelle: Enivolane bave ce 2Nplanchesnors texte PEER 50 fr. Ce volume constitue la cinquième des monographies donnant le résultat de ces importantes expéditions. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER À. VAYSSIÈRE. — Monographie de la famille des Pleurobranchidés (deuxième et dernière partie). CAMILLE VIGUIER. — Fécondation chimique ou parthénogenèse ? TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE CAHIER PI. I à VI. — Pleurobranchidés. 5074-99. — Coreriz. lmprimerie ÉD. CRéré. -e 76° ANNÉE. — VIII: SÉRIE . T. XII N°92 et 3. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE ET , PALEONTOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME XII. — Nos 2 et 3. | PARIS | MASSON ET C*, ÉDITEURS LIBRAIRES DE LACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (VI£) 1900 PARIS, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ETRANGER, 32 FR. Ge cahier a été publié en juin 1901. Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles HUITIÈME SÉRIE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. PH. VAN TtEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8°, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année. ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. EpMonNp PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8°, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires: Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. Prix de l'abonnement annuel à chacune des parties, zoologie ou botanique Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. Hégerr, et pour la partie paléontologique, par M. A. Mieve-Epwanrps. Tomes 1 à XXII (1879 à 1891). Chaque voltme RCE 15 fr. Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales des Sciences naturelles. Prix des collections PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Aare). DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 250 tr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874 à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie, 29 vol. 250 fr. GÉOLOGIE, 22:V0lUmMeS 20e RENE R Re POS 330 fr. Librairie MASSON et C°, 120, boulevard Saint-Germain, Paris (vr‘) | GUIDES du Touriste, du Naturaliste et de l’Archéologue Collection publiée sous la direction de M. MARCELLIN BOULE rer roro) Vient de paraître 3 ILE PUY-DE-DÔME ET VICHY ; 1 PAR MM. | Marcellin BOULE Ph. GLANGEAUD s Docteur ès sciences. Maitre de Conférences à l'Université . de Clermont-Ferrand. F « à G. ROUCHON A. VERNIERE À Archiviste du Puy-de-Dôme. Ancien président de l'Académie de Clermont. 1 vol. in-16, avec de nombreux dessins ou photographies et3 cartes en couleurs, cart. toile. 4 fr. 50 | Volumes publiés : LE CANTAL PAR Marcellin BOULE Louis FARGES Docteur ès sciences. Archiviste paléographe. 1 vol. in-16, avec 87 dessins ou photographies et 2? cartes en couleurs, cart. toile. ..... 4 fr. 50 LA LOZÈRE CNUSSES, EP GORGES DU TARN PAR Ernest CORD Gustave CORD Armand VIRE Ingénicur agronome. Docteur en droit. Docteur ès sciences. M vol. in-16, avec 87 dessins ou photographies, 4 cartes en couleurs, cart. toile....... 4 fr. 50 En préparation : LA HAUTE-SAVOIE TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER CAMILLE VIGUIER. — Fécondation chimique ou parthénogenèse ? (Æin.) D° Canna M.-L. Popta. — Les appendices des arcs branchiaux des Poissons. BARON DE SAINT-JosEPx. — Sur quelques invertébrés marins des côtes du Sénégal (annélides polychètes, nématoïde endoparasite d’anné- lide polychète et crustacé décapode parasite). TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE CAHIER PI. VII. — Appendices des arcs branchiaux des Poissons. PI. VIII et IX. — Invertébrés marins des côtes du Sénégal. ee 5074-99. — Coreerr. Imprimerie Ép. Créré. …_ 36 ANNÉE. — VII SÉRIE DXIT ARE à 0 ANNÂLES DES SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME XIT. — N°: 4 à G. PARIS 7 MASSON ET C“, ÉDITEURS | LIBRAIRES DE LACADÉMIE DE MÉDECINE | 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (VI®) x 1900 Paris, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. Ge cahier a été publié en juillet 1901. Les Annales des Sciences naturelles paraissent par eahiers mensuels. Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles HULTIÈME SÉRIE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. Pa. VAN TIEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8°, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année. ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. EpMoNn PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8°, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. : Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année. Prix de l’abonnement annuel à chacune des parties, zoologie ou botanique Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. HÉBERT, et pour la partie paléontologique, par M. A. MIie-Epwanps. Tours L à XXII (1879 à 1891). Chaque volume "F0." LÉ qe 15 fr. Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales des Sciences naturelles. Prix des collections PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Rare). DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874 à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894), Chaque partie, 20 vol. 250 fr. GÉoLoGre 22 volumes "CLR RP Eee 330 fr. Librairie MASSON et C°, 120, boulevard Saint-Germain, Paris (vi°) GUIDES du Touriste, du Naturaliste et de l'Archéologue Collection publiée sous la direction de M. MARCELLIN BOULE PR Vient de paraître LE PUY-DE-DÔME ET VICHY PAR MM. Marcellin BOULE Ph. GLANGEAUD Docteur ès sciences. Maître de Conférences à l’Université de Clermont-Ferrand. G. ROUCHON A. VERNIÈRE Archiviste du Puy-de-Dôme. Ancien président de l’Académie de Clermont. 1 vol. in-16, avec de nombreux dessins ou photographies et3 cartes en couleurs, cart. toile. 4 fr. 50 Volumes publiés : LE CANTAL PAR Marcellin BOULE Louis FARGES Docteur ès sciences. Archiviste paléographe. 1 vol. in-16, avec 87 dessins ou photographies et 2 cartes en couleurs, cart. toile... 4 fr. 50 A LOZERE CAUSSES ET GORGES DU TARN PAR Ernest CORD Gustave CORD Armand VIRE Ingénicur agronome. Docteur en droit. Docteur ès sciences. 1 vol. in-16, avec 87 dessins ou photographies, 4 cartes en couleurs, cart. toile....... 4 fr. 50 En préparation : LA HAUTE-SAVOIE PE TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER BARON DE SAINT-JosEPH. — Sur quelques invertébrés marins des côtes du Sénégal (annélides polychètes, nématoïde endoparasite d’anné- lide polychète et crustacé décapode parasite). (Suite et Fin.) M. H. Courière. — Les Palæmonidæ des eaux douces de Madagascar. R. FLORENTIN. — Description de deux infusoires ciliés nouveaux des mares salées de Lorraine. TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS C£ CAHIER PI. X à XIV. — Palæmonidæ des eaux douces de Madagascar. PI. XV. — Infusoires ciliés. 5074-00. — CorBern. Imprimerie Er. Créré. QU sas UE 1} que AE 4 à is ï Me TION LI 1BRARI IES nl