ё s qx te? "m 4 Jf x А "i UE NY | id D М E | D M JM YA n J M À je! m \ pu bi » Me m bo quus | in T 3 Y 1 TI MU г) ч { MA! ul | BN о. MEIST À CENE d MO db ME 1 bid nu | MUR MN PANA H 8 net | ^ "T ANT , і К. к 0 7.064; i I" Jr He | AV М 0 al *" Му SN »M t Mi uii Ma t | ANT LR LIN + т МАМ ХА, Ad t yi an ^ T p dn Dore ur dem. NAR, УУЧ e n Mf i Me ALES M M kay] MA ie r 7 Dom "ei 3: + ANNALES DES SCIENCES D'OBSER VATION. TOME IL. IMPRIMERIE DE PLASSAN ET C", RUE DE VAUGIRARD, N° 19. ANNALES DES SCIENCES D'OBSERVATION , COMPRENANT L'ÁsTRONOMIE, LA PHYSIQUE, LA CHIMIE, LA MINERA- LOGIE, LA GÉOLOGIE, LA PHYSIOLOGIE ET L'ÁNATOMIE DES DEUX RECNES, LA BOTANIQUE, LA ZOOLOGIE, LES THEORIES MATHÉMATIQUES: ET LES PRINCIPALES APPLICATIONS DE TOUTES CES SCIENCES А ГА MÉTÉOROLOGIE, А L'AGRICULTURE, AUX ARTS, ET A LA MÉDECINE; PAR MM. SAIGEY ET RASPAIL. TOME П. Ж; WOES җы “ш 2 MEE —— سے —— S AU BUREAU DES ANNALES, RUE DE VAUGIRARD, N° 17. 1829. E CE К їйїн жуа ў UO RA imperiti 4, quaeso Р: » x за ПТУ, АЙЕ, з 019191088. 4 mr ex flans”, A аади: тох яа, MIn Хы Ж УРТА $i Jeter. onse ел2 дит RAHAR SEA калучу mi T T n sari- “+ gt va IU ИГ. CAT найи, "id Ё М b i j D e ` am g à are И (H^ ALIAE" POR i í X LO LIN | 2 "Tao is 777 dr AL Me ^ | » КЫ; a а " p" е ia =A k Е €, UN: - i j 4 2 › " 2 А d t ۸ FAR ^ ў + p M VAM À f * "au А А * 3 - PM re LS д | ~; - ui uad EL Figs MA ي‎ H ^ * \ wel A^ кол ins 7 Я = s { 5 \ n + i ү h: i Ё үз -Ja 7 і AL " Ы) H 1 А "С 1 , * д” [А Е, ( i Е ПЕТЕ 1 И se T , E t д 2 ANNALES DES SCIENCES D'OBSERVATION. LOIS DES PRÉNOMENES ATTRIBUÉS AU MAGNÉTISME EN MOUVEMENT; PAR M. Saicex. Je me suis déjà occupé de ces phénomènes dans deux articles des Annales (t. I, p. 48 et 185); j'ai fait voir, par de nombreuses expériences, que si les distances d'une petite aignille aiimantée à un disque métallique trés-mince sont en progression par diffé- rences, les nombres d'oscillations que perd cette aiguille entre deux amplitudes données, à cause de la présence seule du disque, forment une progression par quotient dont le rapport varie pour les différens métaux, mais de telle manière que les amortissemens de l'aiguille, supposée osciller dans l'épaisseur méme des disques, deviendraient toutes égales entre elles. Ces lois empiriques sont celles qui règlent la marche d'une aiguille aimantée oscillant dans l'air; elles sont l'expression des actions combinées de ce fluide, du disque métallique, du fil de suspension de l'aiguille, et peut- être de quelque autre cause inconnue. Il s'agit maintenant de faire la part de chacune de ces forces. " Action du fil de suspension de l'aiguille. Les expériences suivan- tes ont été faites avec une aiguille aimantée à saturation, cylin- drique, d'un millimètre de diamètre, de 41 millimètres de lon- gueur, pesant 29 centigrammes, et suspendue раг un fil de cocon dédoublé. On savait déjà, d’après les expériences de Coulomb, que de pareils fils n'ont qu'une force de torsion tout-à-fait né- gligeable. J'ai fait osciller mon aiguille, dans les mémes cir- constances, en employant d'abord un fil de 72 millimétres de longueur, puis en le réduisant à la moitié, et enfin au tiers, sans 2. 1 (2) jamais pouvoir obtenir la différence d’une oscillation entre deux amplitudes quelconques. D'ailleurs, la torsion d'un fil de co- con, füt-elle de l'ordre des forces qu'il s'agit d'estimer ici, il n'en résulterait qu'une trés - petite accélération dans la vitesse d’oscillation de l'aiguille ; mais il ny aurait point cause nouvelle d'amortissement, puisqu'une aiguille aimantée ou non aimantée, suspendue à un fil d'une force de torsion quelconque, oscillerait dans le vide absolu, en décrivant des arcs parfaitement égaux, sans jamais s'arréter, si, apres avoir dérangé cette aiguille de sa position d'équilibre, on l'abandonnait ensuite à la force de tor- sion du fil. Nous pouvons donc faire complétement abstraction de cette force, tant qu'il ne s'agira point de mesurer la durée des oscillations de l'aiguille. ` Action de Рай. L'appareil qui m'a servi à faire les expériences en question, dans l'air plus ou moins raréfié, est représenté par la fig. 1, pl. I. La cloche de verre S8 porte une tubulure occupée par un bouchon gh, dans lequel passe un tube de verre e d. Ce bouchon et ce tube sont représentés plus en grand dans la fig. »; l'axe du tube est occupé par une tige de graminée f d, très-égale sur toute sa longueur, et divisée en millimètres. Le tube passe dans le bouchon à frottement dur, mais la tige de paille glisse dans le tube à frottement trés-doux. A la partie inférieure de la tige est attaché un fil de cocon dédoublé d c, terminé par un petit étrier de papier c, dans lequel est placée horizontalement l'ai- guille aimantée a b servant aux expériences ; et afin que ces der- nières soient bien comparables entre elles, on a soin de coller l'aiguille à l'étrier, de maniére à en former un systeme invariable, dont le point de suspension soit toujours le méme point c. Quand le bouchon g h est mis en place, et collé dans la tubu- lure pour plus de sûreté, on procède à la graduation de la cloche S S. On commence par diviser en degrés un cercle un peu plus grand que l'ouverture de la cloche, et tracé sur un papier. Ce cercle est placé sur un marbre, ou sur une plaque de verre RR, bien unie et bien horizontale; on pose la cloche par-dessus, et de telle manière que le fil de cocon dc soit exactement dans la verticale passant par le centre du cercle; alors, au moyen d'une double équerre, on éléve des verticales par chaque point de divi- sion du cercle, ou plutôt à la rencontre du bord extérieur de la (5) cloche avec les rayons du cerele menés par ces points de division. Ces verticales peuvent étre tracées du haut en bas de la surface extérieure de la cloche, au moyen d'un tire-ligne chargé d'encre ordinaire : les traits ainsi obtenus, si l'on a eu soin de bien des- sécher la cloche, ont assez de netteté et finissent par adhérei très- fortement au verre. De cette maniere, la cloche, toute irrégulière qu'elle soit, a son contour divisé, non en parties égales, mais par des plans qui, passant tous par le fil de suspension de l'aiguille, comprennent entre eux des angles dièdres parfaitement égaux. Cela fait, on met la tige f à son zéro, puis on enfonce ou retire le tube ed, de manière à amener l'aiguille a b en contact avec un disque horizontal m n, soutenu par trois petits tubes de verre ppp verticaux et collés à leur base au moyen d'un peu de cire. Enfin, on tire plus ou moins la tige f, et l'on connait, au nombre de millimétres dont elle a marché, la distance de la face inférieure de l'aiguille à la face supérieure du disque. Quand cette distance a été bien déterminée, si R R est la platine de la machine pneu- matique, on recouvre la cloche SS d'une autre cloche ТТ; on raréfie l'air plus ou moins, puis on fait osciller l'aiguille, en l'é- cartant de sa position d'équilibre. Il ne faut point ici employer d’aimant assez énergique pour troubler l'état magnétique de l'ai- guille; mais on fera agir sur celle-ci un aimant trés-faible, jus- qu'à се que l'aiguille atteigne ou méme dépasse un peu l'ampli- tude à partir de laquelle on veut compter ses oscillations. On saisit l'instant ой le trait de la division de la cloche, qui marque cette amplitude initiale, coupe en deux parties égales la base circu- laire de l'aiguille cylindrique; cette première opération exige quel- quefois beaucoup de temps. On compte ensuite les oscillations, en regardant toujours du méme cóté du zéro de la division; de telle sorte que les oscillations se comptent par paires. Si, par exemple, à la 18* oscillation, l'aiguille n'a pas encore atteint son amplitude finale, et qu'à son retour à la 20°, elle l'ait dépassé d'autant, on en conclura qu'elle fait 19 oscillations entre les deux amplitudes en question. Dans le cas ой, à la 20* oscillation, l'aiguille aurait dépassé l'amplitude finale et s'en trouverait éloignée deux fois plus qu'à la 18° oscillation, époque à laquelle elle n'aurait point encore atteint cette amplitude, on diviserait 2 oscillations par 5, et l'on en conclurait que le nombre d'oscillations cherché ез! (4) 20 — 3 ou 19 3. Quand l'aiguille fait au plus 25 oscillations pour perdre 10 degrés d'amplitude, on peut encore, aprés beaucoup d'exercice, estimer ainsi une demi-oscillation. Mais de 25 à 5o oscillations, nécessitées pour perdre 10 degrés d'amplitude, on ne peut plus tenir compte d'une demi-oscillation; et au-delà, lindécision peut aller à plusieurs oscillations. Voici alors com- ment j'en détermine le nombre, à une unité prés, quand l'indéci- sion s'élève jusqu'à 6, terme auquel je suis arrivé dans le cours de mes expériences. Je saisis l'iustant où l'indécision commence, et l'instant où elle cesse ; c'est-à-dire que je note le nombre des oscillations, d'abord quand le bout de l'aiguille semble décidé- ment coupé en deux parties égales par le trait de la division, puis quand ce trait est vu avec la méme évidence, quitter le milieu de l'aiguille; je prends la moyenne entre ces deux nombres, et j'ai un premier résultat. J'obtiens un second résultat, en recommen- cant la série des oscillations, puis un troisième, et ainsi de suite jusqu'à ce que la moyenne de tous les résultats déjà obtenus ne soit plus troublée d’une oscillation par l'addition des résultats subsequens. Quant au point de départ de l'aiguille, il n'est jamais erroné d'un quart d'oscillation, parce que cette amplitude initiale répond toujours à un angle très-considérable, et que l'aiguille y éprouve un amortissement très-rapide. On me pardonnera d’être entré dans ces détails d'observation; ils étaient nécessaires pour concevoir comment j'ai pu déterminer des fractions d'oscillation, que l'on n'estimerait pas avec plus d'exactitude au moyen d'un appareil construit à grands frais, puisqu'il s'agirait toujours de saisir, pour ainsi dire au vol, les indications de l'aiguille. D'un autre côté je ne voulais point augmenter la longueur de cette aiguille, non plus que l'épaisseur des disques métalliques dont j'ai fait usage. Je désirais connaître la loi de l'action mutuelle d'une ligne sur une surface; la suite de mes recherches a prouvé que j'avais en cela raisonné juste, et que je n'aurais pu débrouiller les phénomènes très-compliqués du magnétisme en mouvement, si, à l’exemple de quelques physiciens qui s’en sont occupés avant moi, je m'étais servi de gros barreaux aimantés et de plaques d'uu pouce d'épaisseur. Il s'agissait d'abord ici d'observer l'effet de la résistance de l'air sur la marche de l'aiguille aimantte. Si l'on pouvait faire le vide (5) absolu, une pareille aiguille suspendue par un fil de torsion у décrirait des oscillations d'une amplitude invariable , et par consé- quent ne s'arréterait jamais sous la double influence de la torsion du fil et de la force magnétique du globe. Alors. on pourrait étu- dier l'aetion amortissante des disques métalliques, sur l'aiguille en mouvement , abstraction faite de toute force étrangère et per- turbatrice ; on présenterait le disque à l'aiguille, à différentes dis- tances, et le nombre des oscillations de cette dernière entre deux amplitudes trés-rapprochées, serait inversement proportionnel à l'action amortissante. En effet, la durée de chaque oscillation étant une quantité à peu près invariable (d’après les expériences qui ont déjà été faites à ce sujet, et d’après celles que nous rapporie- rons par la suite), si, pour faire perdre à l'aiguille un degré d’ami- plitude il fallait, par exemple, que cette aiguille exécutát 10 0s- cillations dans un premier cas, puis, dans un second cas 20 os- cillations , il s'ensuivrait qu'à chaque oscillation l'amplitude diminuerait, terme moyen, de ;— de degré pour le premier cas, et de 5 pour le second; c'est-à-dire que les forces amortissantes seraient entre elles comme ces fractions, ou en raison inverse des nombres 10 et 20, puisque, pour détruire la quantité de mou- vement qui anime l'aiguille dans ce degré d'amplitude, il eût fallu d'abord un nombre d'instans marqué par 10, puis un nombre de pareils instans marqué par 20. Mais, dans l'impossibilité de produire un vide absolu , il reste la ressource d'atténuer la résistance de l'air, à tel point que ses effets puissent être négligés, comme du même ordre que les er- reurs d'observation. En effet, les géomètres ont démontré que la résistance de l'air aux corps solides qui s’y meuvent, est en raison inverse de la densité de ce fluide élastique, quand tout reste in- variable, excepté cette densité; or, en admettant qu'une aiguille fasse 10 oscillations entre deux amplitudes voisines et dans l'air à 760 millimètres de pression, elle en devra faire le double, c’est- à-dire 20 , dans l'air comprimé deux fois moins, ou à 580 mm. de pression; enfin 7600 dans l'air à 1 mm. ; et, dans ce dernier cas, on pourrait négliger la fraction =, qui exprime la perte faite sur un degré d'amplitude pour chaque oscillation, relative- ment à la fraction notable qui exprimerait la perte correspondante, occasionée par la présence d'un disque métallique. (6) J'ai donc observé la marche des oscillations de l'aiguille aiman- tée, dans de l'air plus ou moins raréfié. Une fois l'aiguille diri- gée sur le zéro des divisions de la cloche S S, on faisait le vide avec précaution, à 2 lignes par exemple. Quand l'aiguille avait repris sa position d'équilibre , troublée par le jeu des pistons de la machine pneumatique, on l'écartait à 90° au moyen d'un faible aimant, et l'on comptait les nombres d'oscillations qu'elle exécu- tait pour revenir successivement à 80, à 70, à бо, et jusqu'à 10 degrés d'amplitude. Cette opération faite un nombre suffisant de fois, on laissait rentrer un peu d'air pour arriver à 4 lignes de pression ; on recommencait les mémes observations, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on füt revenu à Ja pression atmosphérique. Par des motifs que j'expliquerai plus loin, j'ai recommencé les mêmes observations un trés-grand nombre de fois, et dans des circonstances trés-variées; je ne donne ici que les moyennes de toutes ces observations; les pressions de l'air sont exprimées en lignes. PRESSIONS| Nombres d'oscillations que l'aiguille libre, écartée primi- tivement à 90° d'amplitude, exécute pour revenir aux Ж . DE L'Am.| amplitudes de 80 7o бо 90 До 30 20 10 2 10,0 22,0 59,0 55,5 79,0 110,0 155,0 250,0 4 9,5 21,0 35.4 55,0 75,5 105,0 148,0 220,0 H46 9,9 20,5 54,5 51,8 75,8 102,8 145,0 215,0 8 91 20,0 33,7 50,8 72,8 100,7 142,0 210,5 10 8,9 19.7 55,0 49,7 70,8 98,6 159,0 206,0 20 8,5 18,8 51,5 47,4 67,5 94,0 152,5 196,5 До 7.8 17,5 29,0 45,6 62,0 86,5 122,0 181,0 555 4,5 10,5 18,0 27,5 40,0 57,0 85,0 128,5 En retranchant successivement ces nombres les uns des autres, on obtient les nombres d'oscillations que l'aiguille exécute de 90 à 80 degrés, de 80à то, et ainsi de suite, toujours de 10 en 10 degrés; les voici : (5? PRESSIONS NES . E S. ua: DE L'AIR. Nombres d'oscillations que l'aiguille libre exécute de go de 8o de уо de бо de 5o de 4o de 50 de il a constaté que le fer et le cuivre s'emparent de l’azote. Ces mé- taux augmentent beaucoup en volume ; celui du fer s'accroît par- fois de 11,5 pour 100. Il est vrai que le poids s'en trouve rare- ment augmenté , à cause que l'azote s'est dégagé par cet excès de température. 6 avril. — MM. Chevallier et Langlumé présentent des dessins lithographiés par leur nouveau procédé. MM. Quoy et Gaimard adressent un dernier mémoire conte- nant leurs recherches depuis l'ile de France jusqu'à leur retour. M. Robert de Marseille envoie un mémoire sur l'identité de la dernière épidémie de Paris , avec celle qui a régné dans les Ап- tilles. M. Julia Fontenelle adresse une lettre contenant de nouveaux détails sur l'influence du froid chez les nouveaux-nés. M. Sérullas annonce que le corps désigné par le nom de chlo- rure d'azote est ип véritable chlorure d'ammoniaque; tous les composés que l'on regardait comme des azotures contiennent aussi de l'hydrogène. 15 avril 1829. —M M. Becquerel et Pouillet ayant obtenu égalité de voix comme candidats à la section de physique , en rempla- cement de M. Lefévre-Gineau, la nomination est remise à la séance suivante. M. G. Cuvier fait un rapport favorable sur le mémoire de M. Roulin , concernant l'histoire naturelle du tapir, et particu- lierement celle d'une nouvelle espèce de ce genre que l’auteur a découverte dans les hautes régions de la Cordillière des Andes. M. Cuvier, tout en convenant que la tête de ce nouveau tapir ressemble , plus que celle du tapir ordinaire , à la tête du palæo- therium , ne croit point cependant que le nouveau tapir soit une métamorphose de l'espèce antédiluvienne. M. Benoiston de Châteauneuf présente un mémoire sur la lon- gévitéen France, depuis le commencement du diæ-neuviéme siècle. M. Sérullas lit son travail sur le corps nommé chlorure d'a- . (i Ho) i zote, qui est une combinaison d'azote et d'ammoniaquo. L'argent fulminant est de méme formé d'argent et d'ammoniaque. M. de Blainville fait un rapport sur un méinoire contenant la description d'un cétacé échoué sur la cóte de Saint-Cyprien ; il pense que c'est là une baleine jubarte de Linné, et non une es- péce nouvelle. M. Sylvestre lit pour M. Tessier un rapport favorable sur l'ou- vrage de M. dQ’ Harcourt, intitulé : Réflexions sur l’état agricole et commercial des provinces centrales du royaume. M. Poisson fait un rapport trés-favorable sur le mémoire de M. de Pontécoulant, relatif aux grandes inégalités de Jupiter et de Saturne. M. Poisson lit une note sur la constitution intime des fluides. 20 avril. — M. Magendie fait un rapport favorable sur le mé- moire de M. Leroy d'Étioles, relatif aux dangers de l'insufllation dans les poumons des noyers ou des asphyxiés. M. Robiquet annonce qu'il est parvenu à faire cristalliser la matière colorante de l'orseille. M. de Rossel dépose la deuxieme partie du Pilote francais , et l'exposé des travaux relatifs à la reconnaissance hydrographique des côtes occidentales de France, par M. Beautemps-Beaupré , suivi d'un précis des opérations géodésiques qui ont servi de base aux cartes et plans des trois premières parties du Pilote français, par M. d'Aussy. M. Cagnard Latour adresse une note sur la cristallisation de la silice. M. Desfontaines fait un rapport favorable sur un mémoire de M. Cambessèdes, relatif aux plantes de la famille des sapindacées. M. Cordier annonce que l'Académie ne peut faire de rapport sur les pierres précieuses (topazes blanches ). présentées par un marchand intéressé. M. Becquerel est nommé membre de la section de Physique. FLEURS ARTIFICIELLES EN CIRE. llestdes fleurs, remarquables parla beauté de leurs formes et par l'éclat de leurs couleurs, qu'on rend méconnaissables par la dessiccation, et qui, dans un herbier, ne conservent plus rien de leur premier aspect et de leurs premières grâces. La peinture peut en reproduire, il est vrai, les effets prin- (3503 cipaux; mais elle ne permet point d'aborder de près leurs carac- ` teres et leur structure. Telles sont les Orchidées, les Bromélia- cées, les Cactées, etc. On a essayé, pour suppléer à la nature vivante , les procédés artificiels; et il faut avouer que des mains habiles ont trés-souvent ravi pour ainsi dire, à la nature, ses plus beaux secrets. Mais jusqu'à présent ces imitations heureuses , faites à l'aide des tissus ouvragés, ne supportaient ni l'approche du regard, ni l'emploi de la loupe. Au moyen d'un nouveau procédé, mesdames Louis et Héreau sont parvenues à composer des fleurs en cire, qui tromperaient le botaniste le plus exercé. La diapha- néité des pétales, la mollesse des contours, la flexibilité des tiges, la variété des nuances et des teintes, rien enfin n'a opposé des obstacles insurmontables à la magie de leurs artifices. Nous invitons les amateurs à en juger par leurs propres yeux ; ils trou- veront de nombreux échantillons de cetart nouveau chez M. Louis, libraire, rue du Paon, n. 2, et à l'exposition au profit de l'extinc- tion de la inendicité, salle Lebrün, rue du Gros- Chenet. N£cnorocre. Au commencement de cette année est mort le cé- lébre physicien anglais M. Wollaston. Quoique malade des suites d'une apoplexie qui le privait de l'usage de ses membres, il dic- tait encore, avant de mourir, des mémoires sur divers sujets. Ces . mémoires ont été remis à la Société royale de Londres. Le 28 février 1829, la science a perdu Dominique-Sébastien Léman, lun de nos plus zélés minéralogistes. Né à Naples le Зо décembre 1781, il fut amené en France en 1795 parses parens, francais d'origine, que les événemens politiques forcaient de chercher un asile hors de l'Italie, aprés avoir perdu leur for- tune. Léman, ágé alors de quatorze ans, fit ses premieres études au collége de Juilly, et les termina aux écoles centrales de Paris, à une époque où l'étude de la nature faisait partie des études classiques. Léman en contracta le goüt de bonne heure, et se fit déjà remar- quer par ses professeurs. C'est là qu'il se lia d'amitié avec M. Des- marest, dont il devint par la suite le beau-frère. Simple dans ses goûts, modeste dans ses prétentions, il vit passer devant lui les places sans les solliciter, les faveurs sans les envier, et peut-étre méme sans en soupconner l'existence. Avide de savoir, mais plus avide encore d'indépendance, il sut se créer une position qui lui (152) permettait de satisfaire l’un de 8es goûts sans s’exposer à sacrifier Pautre. En France, on ne rougit pas d'obtenir par intrigues une place qu'on exerce sans talens, et l'on rougirait de devoir son ai- sance aux ressources d'une profession lucrative. Léman secoua de bonne heure ce préjugé (1), que l'on ignore en Allemagne et en Angleterre , et il fut commerçant d'histoire naturelle. afin de res- ter auteur indépendant, Il faut le dire pourtant à la louange de notre époque, ce titre ne lui enleva l'intimité ni des Laplace, ni des Haüy , ni des savans les plus capables d'apprécier l'étendue et la solidité de ses connaissances; et tel professeur plus élevé en dignité que lui, venait quelquefois consulter humblement le simple marchand d'histoire naturelle. Heureux de-trouver une existence sociale au sein de ses propres études, Léman publiait sans bruit et sans coterie les nombreux résultats de ses recher- ches, soit dans le Bulletin de la société philomatique, dont il était membre, soit dans le Dictionnaire des sciences naturelles , dont il était le principal directeur. C'est à lui que nous devons la jolie découverte de l'identité de la gyrogonite avec les graines de chara , ainsi que la détermination de plusieurs autres fossiles jus- qu'alors incertains. Ami sincère, bon parent, il devint, par ses soins et ses travaux, le consolateur et le soutien d'une тёге qui ne l'a précédé que de quelques années daas la tombe. Léman est mort frappé d'une attaque d'apoplexie foudroyante. Depuis quel- ques mois un affaiblissement sensible de ses facultés mentales semblait lui présager cette catastrophe, à laquelle il a survécu quelques heures seulement. Jeunes amis de la science, détournez vos regards loin de ces places que l'intrigue achète par tant de láches complaisances , ou qu'elle vend à de si cruelles conditions. Voulez-vous vous créer une existence également à l'abri et du besoin qui flétrit 'homme, et de l'esclavage qui le dégrade, croyez-moi, attendez tout de vous-mêmes, et imitez le savant célèbre et modeste que la science vient de perdre dans la personne de notre collègue Dominique- Sébastien LÉMAN. ite Rd emm om T E HE‏ ا (1) Le célébre Wollaston n'a jamais cru déroger à la dignité de la science, en vendant les échantillons des substances dont la découverte lui avait coüté tant de dépenses et tant de travaux. Magnetisme pan rotator. = / t LI е ip = WCA flabellata. Za ‚Ж ерл Laur. Tord Monographie du genre HIEROCHLOE et analogies du FESTUCA flabellata. дат " = * LAIT ut. des deene dobs. Tom. 9/4 , Пара dal Mo ; СД ghee du «genre. ПРОСТИ ОТ et analogies te KESTUCA Alabellata . гат: flab ellata , Jamk. Ann. des Serene. dobs. Гот. Ape FN 5 = = ڪڪ E‏ چ کے SE‏ j . Monographie du ретте А et analo gies du FESTUCÀ Aab late: Zerik LOIS PES PHÉNOMÈNES ATTRIBUES AU MAGNETISME EN MOUVEMENT ; PAR M. SaiGEY. J'ai fait voir, dans un précédent article (tom. Н, p. 1-16), que l'action exercée par un disque de cuivre, sur les oscillations de l'ai- guille aimantée, est en raison inverse du carré de la distance, abs- traction faite de toute cause perturbatrice. J'ai donné les procédés de calcul à suivre dans la discussion de ces expériences ; је ne les répéterai point ici; je suppose qu'on les ait présens à la mémoire, et je me bornerai, pour abréger, à transcrire les résultats observés et calculés des expériences suivantes. Expérience 1. Elle a été faite avec un disque de cuivre ayant 90 millimètres de diamètre , pesant dans l'air 96,85 grammes, et dans l'eau 86,00 grammes à 17°, et dont la densité est par consé- quent 8,926, et l'épaisseur moyenne 1,706 millimètres. L'aiguille qui avait servi à toutes les expériences précédentes, ayant été ob- servée au-dessus de ce disque, dans l'air à 2,2 lignes de pression, exécuta les nombres d'oscillations du tableau suivant : 50—40 40—30 30—20 20—10 DISTANCES.| Obs. Cal. | Obs. Cal. | Obs. Cal. | Obs. Cal. DNS" оа, ора, ор 5,0! 950. - 7,0 5j 4,5... 4,5 Бу a. 5,5 9.0. . 9115,0. . 15,0 43 6,5. . . 6,5| 8,5. . . 8,5[15,о. . 15,5|20,0. . 19,6 5, À 8,5. . . 8,60|11,0. . .11,0|17,0. . 17,7|26,0. . 26,1 73 ]|12,9. . -12,9|16,0. . .15,8 24,0. . 24,7|98,0. . 57,7 9; |15,8. . .14,1|20,2. . .19,5|50,о. . 29.9|47,0. . 46,5 111 |18,5. . -16,9 OR ATID: 55,4 одага 55,0 19 £ |20,5. . .18,5|25,7. . .24,0|97,5. . 56,0/60,0. . 57,5 De ces nombres d'oscillations observés, j'ai déduit les nombres Я, 11 ( 154 ) d'oscillations que l'aiguille exécuterait sous l'influence seule du disque ; puis je les аі calculés dans l'hypothese de la loi du carré des distances. J'ai alors obtenu les résultats suivans : 50—40 40—50 30—20 20—10 DISTANCES. | Obs. Cal. | Obs. Cal. | Obs. Cal. | Obs. Cal. 23 SOE OO 28539... 121311560672 dais M ЭЗ nost n 1159... 12,4): 5.9... 157 4 3 9:0.. 9,0| 11,7.. 11,4| 18,5.. 19,5| 27,5.. 26,6 5 3 19,9... 1940] 17,1.. 17,2] 27,4.- 20,5] 40,0.. 40,3 7 à 26019 33, 7|-9939..' 82,6! D1,7.. 99,9| 29,4... 70,1 9: 48,6.. 41,6| 58,7.. 52,8| 90,9.: 89,6|127 ..123 TR 85,9.. 61,5| 95,9.. 77,9|150 ..152 |195 ..182 ІЗ 21 155 . | 849 155 ..108 [250 ..183 [306 ..251 Ici on a été obligé d'augmenter d'un tiers de millimètre toutes les distances comptées du milieu de l'épaisseur du disque à l'axe de l'aiguille. On trouve alors que le calcul fondé sur la loi du carré des distances s'accorde parfaitement bien avec l'observation, jus- _ qu'à la distance d'environ 7 millimètres ; mais au-delà, les nombres calculés sont plus petits que les nombres observés; c'est-à-dire que l'action du disque, obtenue par l'observation directe, devient moin- dre que ce qu'elle devrait être d’après le calcul. Ce résultat n'est pourtant pas contraire à la loi du carré des distances, car le dia- mètre du disque n'étant guère que deux fois plus grand que l'ai- guille, dès que l’on éloigne cette dernière de quelques millimètres, l'influence des bords du disque devient appréciable, et le disque ne peut plus étre considéré comme indéfini par rapport à la lon- gueur de laiguille. C'est pour cette raison que, dans les expériences suivantes, faites avec des disques égaux à celui-ci, je n'ai poussé l'observation que jusqu'à 6, 8 ou 10 millimètres. On conçoit qu'il n'est pas nécessaire en effet de démontrer l'existence d'une loi à chaque expérience nouvelle, mais qu'il suffit de l'avoir établie entre des limites très-étendues, par une expérience conduite avec tout le soin possible, et en se servant d'un appareil convenable ; les expé- riences subséquentes doivent être destinées à déterminer les cons- ( 155 ) tantes des formules au moyen d'un nombre de données suffisant, Mais avant que de passer à ces expériences, il faut comparer entre eux les effets produits par les disques de cuivre déjà employés, sous le rapport de leurs épaisseurs ou de leurs masses. Une erreur s'é- tant glissée dans la détermination de la densité du premier de ces disques (article cité, p. 9), je rétablis ici les véritables résultats de l'expérience : Poids du disque dans l'air, 154,38 grammes ; poids dans l'eau, 136,93 grammes; diamètre, 150 millimètres; donc densité, 8,847, et épaisseur moyenne, 0,988 millinétre. Ce disque et celui dont je viens de faire usage ayant réagi sur la méme ai- guille aimantée placée dans les mémes circonstances, et tous deux suivant la loi du carré des distances, on peut comparer immédiate- ment leurs actions, en se bornant aux résultats obtenus à la pre- mière distance de 2 ; millimètres, puisque tous les autres résultats sont proportionnels à ceux-ci, du moins si l'on prend les nombres calculés, que je choisis. En effet, on obtient ainsi : Nombres d' oscillations sous l'influence du disque épais, du disque mince. |" ^PFonTS. De 50° à 40° 2,6 4,8 1,85 r тот 4 — 40 — 50 9,5 6,7 2,05 — 30 — 20 5,0 10,1 1,80 — (30 — 10 2,7 17.9 2,92 Le rapport moyen est 2,00; c'est-à-dire que l'aiguille fait, terme moyen, deux fois plus d'oscillations sous l'influence du disque mince que sous celle du disque épais; ou bien, que l'action de ce dernier est précisément double de l'action du premier. D'un autre cóté, on a Densité. Épaisseur. Masse. Disque mince. . . . 8,847 0,988 8,741 Disque Tepas Y ru. 8.926 1,706 15,228 Le rapport des masses est 1,74, au lieu de 2,00 qu'il semblerait devoir atteindre; toutefois, il est permis de croire que l'action des disques de méine nature est proportionnelle à leur masse. L'ano- ( 156 ) malie, qui s'éleve ici au huitième du total, peut s'expliquer, d'a- bord par les erreurs d'observation que laisse soupconner la colonne des rapports donnée ci-dessus, et, en second lieu, par la différence de densité des deux cuivres, en sorte que le plus dense exercerait, à égalité de masse, une action un peu plus forte que l'autre; il pourrait arriver aussi que les échantillons d'un méme métal agis- sent diversement sur l'aiguille aimantée, d’après leur degré de pureté et le mode de leur extraction ou de leur fabrication ; enfin, il serait possible que le métal, de méme que le fer, réagit sur le magnétisme naturel de l'aiguille. Nous reviendrons plus tard sur toutes ces questions; mais nous pouvons, dés à présent, adopter les deux lois suivantes, sans craindre de commettre des erreurs notables : Un disque métallique, supposé indéfini, exerce sur l'aiguille aiman- tée une action qui est en raison inverse du carré de la distance de l'aiguille au disque , et en raison directe de l'épaisseur ou de la masse de ce dernier. Ainsi, quand on voudra calculer l'effet d’un disque trés-épais, sur les oscillations d’une petite aiguille aimantée, il faudra partager le disque en tranches infiniment minces, dont chacune agira pro- portionnellement à sa masse, et en raison inverse du carré de sa distance à l'aiguille, puis sommer toutes ces actions par l'emploi du calcul intégral. Si l'aiguille avait une grosseur considerable , il faudrait la considérer comme partagée en un nombre infini d'ai- guilles linéaires, etle calcul consisteraiten deux intégrationsrelatives, Pune aux élémens du disque, et l'autre aux élémens de l'aiguille. Mais, avant que d'établir une théorie mathématique de ces phé- noménes, il est essentiel de les observer dans des cas trés-variés , et d'en circonscrire, pour ainsi dire, le domaine. Aprés avoir cons- taté l'action des plaques métalliques sur l'aiguille aimantée, et en avoir déterminé quelques lois, il est bon de s'assurer s'il existe une action des plaques non métalliques sur les oscillations de l'aiguille. M. Arago s'était d'abord prononcé pour l'affirmative; MM. Prévost et Colladon, en répétant ces expériences, n'avaient remarqué aucun indice d'action. dans le bois, le soufre et le tritoxide de fer; MM. Nobili et Bacelli еѕѕауёгепі aussi vainement de faire agir, sur des aiguilles méme très-sensibles, des disques de verre , de résine, de bois ou de carton, soit par la rotation de ces disques, soit par (157) les oscillations de l'aiguille. Mais ces derniers physiciens n'ayant point indiqué à quelle distance ils placaient leurs aiguilles, M. Arago crut devoir attribuer au trop éloignement de celles - ci. la nullité de leur action sur les plaques non métalliques. En effet, une ai- guille suspendue sur de l'eau faisait, d’après lui, 50 oscillations entre 53 et 43 degrés d'amplitude, quand la distance de la face inférieure de l'aiguille à la surface de l'eau n'était que de 0,65 mil- limètre , tandis qu'elle exécutait бо oscillations à 52,2 millimètres de l'eau. Voici, ajoutait-il, les résultats que la. méme aiguille a donnés en la plaçant sur de la glace (eau gelée) : à 0,70 millim., il s'écoule 16 oscillations, de 53° à 43°. Jur ert cc s A ac a Per SAU: NES SL Пий, Уш. уш... JUN. ы «house Li РУС дыра о, CERA ERI, as р ра BN Vo ote A ЙГ. к (a E Mia SD IOS Sur un plan de verre (crown-glass), avec une autre aiguille : à 0,91 millim., il s'écoule. 12» oscillations, de 9o* à 41°. à 90,99 millimi). аш FESO coo. T o оі вара < 193504 millimis'i © oupatb ОЙ НГ» ep ЕЧ У озш noi ADA TE IEC SRE са onte base] ИЛАН M. Arago ajoutait que l'on parviendrait probablement à rendre sensible méme l’action des gaz comprimés. Mais environ trois mois aprés cette prédiction, et à la suite d'un voyage que M. Arago venait de faire en Italie, parut, dans les Annales de Chimie et de Physique, une note qui, mise au bout d'un article insignifiant de géologie, et sans aucune indication dans la table des matiéres, semblait devoir échapper aux regards des physiciens; cette note conservait à M. Arago l'exactitude de ses observations, et à MM. Nobili et Bacelli la certitude du principe qu'ils avaient posé ; c’est-à-dire que si M. Arago avait observé un effet très-sensible, 1а où MM. Nobili et Bacelli n'avaient absolument rien vu, et si l'un adinettait ce que les autres niaient formellement, la plus parfaite harmonie régnait néanmoins entre ces habiles observateurs; un mot suflisait pour la mettre en évidence : il fut convenu qu'une action de surface, à Paris très-énergique , et presque insensible à Reggio, avait simulé au physicien francais les phénomènes du ma- ( 158 ) gnétisme par rotation, phénomènes qui s'étaient présentés sans altération aux regards des physiciens italiens. Il faut pourtant avouer que ces expériences devaient étre repri- ses et discutées avec soin. La physique, dans son état actuel, ne peut se payer de mots : si les actions de surface se font sentir à de grandes distances, on doit s'en occuper comme d'une classe nouvelle de phénomènes; il faudra, dansbeaucoup de cas, faire la part de ces actions, et dans les observations du magnétisme en mouvement, on ne peut négliger l'iniluence de cette cause perturbatrice. L'ex- périence suivante est propre à lever tous les doutes sur cet impor- tant objet. Expérience 2. Un disque de verre (crown-glass), de go millimè- tres de diamètre, et de 1,7 millimètre d'épaisseur, fut mis sur les trois supports p, p,p de notre appareil (pl. І, fig. 1), au-dessous de l'aiguille aimantée ab; on fit le vide, et l'on mit l'aiguille en mouvement. A la distance d'environ un millimètre, mesurée entre le disque et l'aiguille, le nombre des oscillations de cette dernière se trouva diminué de moitié; mais il s'agissait de prouver que cette diminution n'était pas simplement un effet de surface, une résistance de l'air interposé entre le disque et l'aiguille. A cet effet, je répétai l'expérience, en laissant rentrer l'air peu à peu, et j'obtins les résultats suivans : سسس Pressions [Nombres oscillations que l’aiguille aimantée exécute à de L'air. 1 millimètre du disque de verre. ҮТЕ ИН ДИНИНИНГ E es e ال ت‎ = 50—40 10—30 50—20 20—10 5 lignes 12,0 13,8 23,7 36,0 5,7 11,0 12,9 З 52,4 10 10,7 15,0 22,9 32,0 14 10,5 19,0 21,9 51,5 42 10,0 12,5 20,9 51,0 555 8,0 10,0 18,0 25,0 Quant aux nombres d'oscillations que l'aiguille exécute librement dans l'air à differentes pressions, ils se trouvent consignés dans le tableau de la page 7 (tome T de ces Annales), et les nombres cor- 1 | | | (159 ) respondant à des pressions qui n'y sont pas indiquées, s'obtiennent aisément par interpolation. Pour discuter les observations précé- dentes, je les ramène toutes, par le calcul, à la méme pression initiale de 5 lignes. Par exemple, l'aiguille faisant 8 oscillations de бо à До degrés d'amplitude, dans l'air ordinaire à 555 lignes de pression, il s'agit d'en conclure combien elle fera de ces oscillations dans l'air à 5 lignes. Voici la marche du calcul dans ce cas particu- lier, qui pourra servir d'exemple Si en 8 oscillations l'aiguille perd 10 degrés d'amplitude, chaque 10 oscillation lui fait perdre, terme moyen, Б? de degré. Cette perte est due à la présence du verre et à toutes les autres causes que je groupe en une seule; celle-ci, d'aprés le tableau de la page 7, fait perdre — ede degré par chaque oscillation : donc la perte oc- , casionée par le verre est, pour chaque oscillation, 10 10 8 12,9 D'un autre cóté, soit z le nombre des oscillations que l'aiguille, en présence du verre , doit exécuter dans l'air à 5 lignes, chaque 10 oscillation faisant perdre, terme moyen, degré. Mais, d'apres 10 le tableau cité, la perte est de par chaque oscillation, pour 22.9 l'aiguille oscillant hors de la présence du verre : donc ce dernier produira une perte exprimée par 10 10 == —— a 22,9 et comme la perte occasionée par le disque de verre doit être la même dans les deux cas, on aura l’équation 10 TOW PRO 10 T 22,9 8 12,5 L] ( 160 ) de laquelle on tire z — 11,3. En procédant de méme pour tous les nombres du tableau précédent, on formera le suivant : Anciennes|Nombres d'oscillations que l’aiguille aimantée exécute à pressions 1 millimètre du disque de verre, et dans Pair à 3 lignes de Pair. de pression. 50—40 40—930 30—20 20—10 %5 12,0 19,8 23,7 56,0 5,7 11,8 15,1 25,4 53,0 10 TESI 15,5 25,5 33,3 14 11,0 13,4 22,5 55,2 42 11,5 13,9 29,1 54,7 555 1755 13,4 25,0 31,7 moyennes 11,4 13,9 25,5 55,7 А deux ou trois exceptions prés, chaque valeur de ce tableau s'accorde assez bien avec la moyenne correspondante, pour qu'on puisse attribuer les differences aux erreurs de l'observation , et aux petites variations de la longueur du fil de suspension de l'aiguille, occasionées parla présence de l'air (voyez, à ce sujet, p. 15 et 14 du cahier précédent). Par conséquent, on ne peut pas admettre d'action de surface, au moins à un millimètre du disque ; car les oscillations se trouvent trés-bien représentées et calculées, en tenant simplement compte de la résistance de l'air supposé indéfini. Ce serait donc une grande erreur que d'attribuer à la couche d'air comprise entre le disque et l'aiguille, une résistance plus grande que si ce disque était enlevé; et si de 555 à 5 lignes de pression, cette couche ne produit aucun effet appréciable et distinct de sa résistance dans l'air illimité, on peut croire qu'un pareil résultat s’observerait encore au-dessous de 3 lignes, jusqu'au vide ab- solu. ' Il est inutile de faire ici les mémes calculs pour des distances de l'aiguille au disque de verre plus grandes qu'un millimètre. Voici les observations moyennes jusqu'à 4 millimètres : ( 161 ) m ——————— Rr Nombres d'oscillations que laiguille aimantée exécute en pré- sence du disque de verre, dans l'air à 5 lignes de pression. Dist. 50—40 4o—30 36—20 20—10 ET Pc mm. Obs. Cal. Obs. Cal. Obs. Cal. Obs. Cal. оТ AUS CRC PES LATE PE o 59,7: 03908 5,5 | 15,5. . 15,5 19,0. . 15g 51,0. . 31,0 45,5. . 46,5 4,5. | 18,0. . 17,9 22,5. . 22,5 35,0. . 355,2 55,0. . 54,8 5,5 | 19,5. . 19,4 24,5. . 24,5 58,0. . 37,7 60,0. . 6030 ——| Nombres d'oscillations faites sous l'influence seule du disque. 2,5 | 22,7. ..25,0 24,5. . 2%,9 50,9. . 52,0 62,4. . 61,6 9,5|.485,0. . 47,4 51,8. . 51,5 107. . .107. 120. . .197 3 | 84,1. . 80,0 90,0... 87,0 176, ...182. 229. . .215 543 [192,.. 5.122 394 .,.192 алі. arb S91 одо? On a ici augmenté toutes les distances de 1,3 millimètre afin de compter les distances du milieu de l'épaisseur du disque à l'axe de l'aiguille aimantée. Il est donc prouvé, par ces résultats, que le verre amortit les oscillations d'une pareille aiguille, et que son ac- lion est, comme pour les métaux, en raison inverse du carré de la distance. Mais cette influence est extrêmement faible, et cesse d’être sensible pour le disque et l'aiguille en question, à 5 millimètres de distance. En comparant les nombres d'oscillations que l’aiguille fait en présence de ce disque de verre, et en présence du disque de cuivre (de l'expérience 1) qui a la méme épaisseur, on trouve, pour la distance de 2 > millimètres , Verre. Cuivre. Rapport. De 50*à До? 23,7 2,6 O,1T De 4o à бо 25,6 3,3 0,13 De Зо à 20 55,5 5,6 0,10 De 20 à 10 63,4 7,7 0,12 rapport moyen, 0,125 : donc l'action du verre, à volume égal, n'est que les 12 ou 13 centièmes de celle du cuivre; mais, à poids ( 162 ) égal, elle en devient les 44 centièmes environ. Je ne cite ce rap- port que d'une manière approchée, me proposant de donner une liste complète des actions des corps sur l'aiguille aimantée, quand cette action sera bien définie. Il est inutile de dire que le bois et le marbre exercent une action comparable à celle du verre; on ne peut manquer de s'en apercevoir, pour peu qu'on apporte de pré- cision en de semblables expériences; et la première précaution que suggère cette remarque, consiste à éloigner de tous corps étrangers les disques soumis à l'expérience, en ne les posant point immédiatement sur une table de marbre, sur une feuille de verre, ou sur un bloc de bois. L'appareil le plus simple sera presque toujours le meilleur, parce qu'au moins on n'aura pas à craindre l'action perturbatrice des pièces qui entrent dans la composition d'une machine compliquée. C'est ici le lieu d'indiquer l'erreur que l'on peut commettre en négligeant les précautions dont je parle. Je suppose, par exemple, que, voulant examiner l'action d'un disque de cuivre, d'un milli- mètre d'épaisseur, on le mette immédiatement sur une plaque de verre trés-épaisse. Pour fixer les idées, j'admets que l'aiguille soit en tout semblable à celle dont je me suis servi dans mes précéden- tes expériences; elle fera librement, dans l'air, 45,5 oscillations entre 20 et 10 degrés d'amplitude; placée à un millimètre du dis- que de cuivre, la distance du milieu de son épaisseur, au milieu de l'épaisseur du disque, sera de 2 millimètres; et, sous l'influence seule du disque, et d’après le tableau de la page 14, elle fera 19,2 oscillations entre les mêmes amplitudes. Par conséquent, lai- guille perdra , en somme, et pour chaque oscillation , un nombre de degrés marqué par 10 10 —— + —— = 0,978 ; Td Um SE L . 10 et les 10 degrés d'amplitude seront perdus еп 70,978 ou 10,2 0S- cillations : tel est le nombre que l'observation devrait fournir. On en obtiendra un tout différent par l'emploi de la plaque de verre. Celle-ci étant supposée divisée en tranches d'un millimètre d'é- paisseur, on voit que la distance de la premiére tranche à l'ai- ( 165 ) guille sera de 5 millimètres, celle de la seconde tranche, 4 millimé- tres, et ainsi de suite. Or, puisqu'à volume egal, l'action du verre est les 0,125 de celle du cuivre, on trouvera que la perte en degrés, occasionée pour chaque oscillation, à cause de la présence seule du verre, est la somme des termes de cette progression j 0,125 X 4 X 10 1 1 1 19,2 9 Sr A 25 чү avec. autant de termes que la plaque de verre а de millimètres d'é- paisseur. On n’exagère pas beaucoup, en supposant cette épaisseur infinie ; alors la somme des termes entre parenthèses est, comme п? 1 ; 1 UY on sait, égale à D EE 1 — ; et l’expression précédente de- vient finalement 0,245. En l’ajoutant à la perte précédente 0,978, la perte totale s'élève à 1,225 degré, pour chaque oscillation ; et les 10 degrés d'amplitude se trouveront perdus en 8,2 oscillations, au lieu de 10,2 qu’on obtiendrait si l’on observait l’action du dis- que de cuivre loin de la plaque de verre : c’est donc une erreur du 5° environ sur le nombre cherché; et, quand on mettra l'ai- guille à 2 millimètres du disque métallique, l'erreur nouvelle ne sera pas proportionnelle à la première, parce que les actions du dis- que et des tranches du verre décroissent comme le carré de la dis- tance, tandis que la résistance de l'air, et l'action de la force in- connue, dont il a été question , restent invariables. Il ne faut donc pas s'étonner des différences énormes que pré- sentent les résultats obtenus par les physiciens sur cette classe de phénomènes très-intéressans. Si, à l'exception de MÀ. Arago et Baumgaertner, aucun d'eux n'a pu constater l'action des disques non métalliques sur l'aiguille aimantée, on peut douter qu'ils aient bien observé l'influence réciproque des matières non magnétiques, influence qu'ils ont considérée comme absolument nulle. Cette question était à reprendre, et voici de quelle manière je l'ai réso- lue. Expérience 5. J'ai pris une aiguille cylindrique de plomb de cou- pelle, de mémes dimensions que l'aiguille aimantée, et pesant 17 centigrammes; je l'ai suspendue horizontalement, comme on (C 164 ) le voit en a’ b^ (pl. T, fig. 5), dans un étrier de papier c’, à un très- petit fil de laiton vertical cc', dont on peut négliger le poids ; ce fil est terminé, à sa partie supérieure, par un second étrier de pa- pier c, dans lequel est placée l'aiguille aimantée ab, parallèlement : à la première. Quand les aiguilles sont disposées de manière à ce que, étant bien horizontales et bien parallèles entre elles, la tige cc! soit dans la verticale du fil de suspension cd, on colle les ai- guilles en place, et l'on obtient ainsi un système invariable, ca- pable d'osciller sous l'influence magnétique du globe, mais avec plus de lenteur que si l'aiguille aimantée ab pouvait se mouvoir isolément. La distance des deux aiguilles, comptée entre leurs axes, est de 29 millimètres. J'ai fait osciller ce systéme dans le vide de Ja machine pneuma- tique, et voici les moyennes des résultats que j'ai obtenus : PRESSIONS| Nombres d'oscillations des aiguilles d'acier et de plomb. 5 DE L'AIR EN LIGNES. 50—40 Д0—50 50—920 20—10 2 19,4 25,0 97,7 57,0 4 18,5 25,0 55,8 55,2 6 17,7 22,7 54.7 51,2 8 17,9 919-71 55,8 50,0 10 17,0 21,7 55,9 49,2 5355 12,0 15,5 24,0 57,0 J'ai fait ensuite osciller ces aiguilles au-dessus du disque de cuivre qui ávait servi à l'expérience 1. De cette maniere l'aiguille de plomb, trés-rapprochée du disque, pouvait en être influencée, tandis que l'aiguille aimantée, très-éloignée du méme disque, n'en ressentait aucune action appréciable, et ne faisait partie du système que pour l'entrainer dans son mouvement oscillatoire. Il s'agissait de constater, comme pour le verre, l'absence totale d'une préten- due action de surface que produirait la couche d'air interposée en- tre le disque et l'aiguille de plomb. C'est dans ce but que j'ai ré- pété les observations à différentes pressions de l'air; voici la pre- mière série pour la distance d'un millimètre : PRESSIONS | Nombres d'oscillations des aiguilles d'acier et de plomb, DE L'AIR. celle-ci à 1 millimètre du disque de cuivre. 50—40 40—50 30—20 20—10 4 15.0 16.0 25 37 6 12.0 15,0 25 55 10 11,9 14,5 22 55 555 9,0 11,0 18 27 En ramenant toutes ces observations à ce qu'elles seraient dans l'air à 5 lignes de pression, en s'appuyant sur les nombres du ta- bleau précédent, et en suivant d'ailleurs le méme mode de calcul que pour le verre (page 159), on trouve : ANCIENNES|Vombres des oscillations des aiguilles d'acier et de plomb, PRESSIONS| celle-ci à 1 millimètre du disque de cuivre, dans L'air à DE L'AIR. |. 5 lignes de pression. 50—40 40—20 50 —29 20-—10 5 13,0 16,0 25,0 57,0 6 12,5 15,7 25,8 36,5 10 12,5 15,6 25,4 55,5 535 12,9 14,8 24,5 35,5 moyennes 12,5 15,9 24,1 56,0 П semble ici que les nombres d'oscillations augmentent à mesure que l'air devient plus rare, ce qui indiquerait une faible action de surface ; mais on doit faire attention que, quand l'air est extrait du récipient de la machine pneumatique, la distance des aiguilles au disque augmente un peu, comme il a déjà été dit plus haut, et il arrive que l'action du disque diminue, ou que le nombre des oscil- lations des aiguilles augmente; par conséquent on peut encore considérer l'action de surface comme absolument nulle, au moins à la distance d’un millimètre. On raméne de méme а 5 lignes de pression de l'air les nombres ( 166 ) «(oscillations des aiguilles, observées à diverses pressions, et à des distances de plus en plus grandes ; on prend la moyenne des résul- tats correspondans; on cherche ensuite l'action du disque seul; puis, en augmentant toutes les distances de 1,2 millimétre, afin de les compter entre les milieux des épaisseurs du disque et de l'ai- guille, on trouve queles nombres d'oscillations sont proportionnels aux carrés des distances, comme il est indiqué dans le tableau suivant : Nombres des oscillations des aiguilles d'acier et de plomb , dans l'air à 5 lignes de pression, en présence du disque de cuivre. Dist. IE 5o— 0 40—50 50—20 20—10 س سے‎ a аа. me^ a8 mm. | Obs. Cal. Obs. Cal Obs. Cal. Obs. Cal. 210971 709,9. ISE LD Ue AA OS OAL оды Обр. 30,5 339 1 Oa 2 12,9 7 18,9. . оу 35.0. « 30:9. O, , 142 $99 4655. € 16,5 "43199. . 2190. 92:9. - 99.0 21910. SA SS ADD. 25.4.1 2955. маза «43,0. IO у Омо. 000 mün | 15,9. . 18,9 24,2: . 24,97. 90,0. « 00,0 540. . 54,6 On voit que la proximité du disque réduit à un tiers les nom- bres d'oscillations que les aiguilles exécutent librement; ce qui indique une action assez considérable du cuivre sur le plomb. L'aiguille formée de ce dernier métal, est aussi influencée par des disques de zinc, d'étain, de plomb et de verre; mais je ne donne- rai point les détails de ces nouvelles expériences, qui ne sont qu'une confirmation de la premiere. Il demeure prouvé qu'une réaction s’opère, non-seulement entre l'aiguille aimantée et les divers corps métalliques ou non métalli- ques, mais encore entre les matiéres non susceptibles de l'aiman- lation ordinaire. Dans tous les cas, cette action mutuelle est très- sensiblement en raison inverse du carré des distances, et ne peut être attribuée à une résistance de la couche d'air située entre le disque et l'aiguille. Quoique je me propose de donner plus tard une liste des actions réciproques de tous les corps, je ne puis me dispenser d'appliquer ( 167.) ici mes méthodes de calcul aux expériences 4, 5, 6, 7 et 8, citées dans ces Annales (t. 1, p. 51-55), et relatives à l'action des disques de cuivre, de zinc, d'étain et de plomb sur l'aiguille aimantée; car les résultats que je vais en déduire serviront de bases à quelques- unes des observations par lesquelles je terminerai cet article. J'ai donc calculé les nombres d'oscillations que l'aiguille ferait sous l'in- fluence seule de ces disques ; j'ai fait les corrections des distances nécessitées pour mettre le plus d'accord possible entre les résultats observés et les résultats calculés; j'ai rapporté toutes les actions à l'unité de distance; et aprés avoir pris la moyenne de chaque série de valeurs , j'ai comparé entre elles ces diverses moyennes. Jai tenu compte des densités et des épaisseurs des disques, en déterminant ces élémens avec plus de précision que je n'en avais d'abord apporté, et je suis arrivé aux résultats suivans que l'on peut considérer comme assez exacts, bien que je ne les donne que comme une première approximation : Action absolue des disques sur l'uiguille aimantée. Cuivre: subit: Ню fe Дөө incident 112) doe. Ui nn 10056 Étaindanenub Sue lan 3x 21 Plomb hae perle ТЕР 12 Мегге. md GOSS г. 15 M Seebeck a donné (Annalen der Physick und Chemie, 1826, n° 6, p. 203), les nombres d'oscillations qu'une aiguille de » ; pouces de longueur, placée à 5 lignes des diverses plaques métalliques, exécu- tait entre les amplitudes de 45 et 10 degrés. J'ai calculé, en partant de ces expériences, les nombres d'oscillations que l'aiguille eût fait sous l'influence seule des disques; j'ai ramené ces derniers à une méme épaisseur ; enfin, j'ai rapporté tous les nombres en question à l'unité de distance, en supposant que l'aiguille de M. Seebeck eüt une épaisseur d'une demi-ligne ; c'est-à-dire que j'ai pris pour la distance observée, 3 lignes + la demi-épaisseur du disque + la demi-épaisseur de l'aiguille. Alors, en désignant par тоо l'action absolue du cuivre, j'ai pu compléter le tableau suivant, en y insé- rant les nombres de la dernière colonne : ( 168 ) m ————————————————————————————M————————————————— ل‎ Nature Épaisseur Nombre Action absolue de la plaque. de la plaque. d'oscillations. des métaux. Marbre. . . . ———. . . 116. . . . ——— Ferro HENE allis HO ДА А оноо owe ad SORS Argent: a3. «oies ЫЙ. e Lips ex ob omen Cire. desire NAROA rose h 211468. 7+) эте T ob Orah ent сай MORT Ie DMS inci oe 50 ipea ИЕ Was Bia АЙ vq er ey oer meet 46 Laiton: ^od $950 ten dani cup. LA 50 BAIR EOS йз à 1,0 Ab 40, RAMOS heet we 30 Platine vor ent rer ИО rene ве 21 Plomb атла эн otya Aia дит (gi mito uos 8 Antimoine . ~ 2,0 хо ERGO YF 8 Bismuth... . o 2,0 понео обе E 2 Mercure. . . . 2.0 ET ONES Р ome c 1 En replacant ici les résultats des expériences de MM. Herschel et Babbage, Nobili et Bacelli, déjà citées dans ces Annales (t. I, p- 48), on aura tout ce qui a été fait jusqu'ici pour déterminer l'ac- tion des divers métaux sur l'aiguille aimantée. Herschel et Babbage. Nobi!i et Васе. Cnivre: oc YEE TOO KEL moo атоо ineo. hy. Male ey до Кек Один raies Go Latona iaa dote сы E pM sevi 25 BESIR ete zin удо те C405 dioit an PIGDIB н ао PEAS bel ROSA: 17 Antoine) 15 Goss tr гале Bismuth OE dS ei aet i9 Ces dernieres expériences ont été faites avec des disques tournans. En les comparant avec les précédentes on trouve que les nombres donnés par MM. Herschel et Babbage sont beaucoup trop forts et divent être rejetés; à moins pourtant qu'on ne double l'action du cuivre, ou qu'on ne divise par 2 celles du zinc, de Pétain et du ( 169) plomb. La moyenne des résultats donnés par MM. Nobili et Ba- celli, par M. Seebeck et par moi, est 57 pour le zinc, 24 pour Pé- tain, 12 pour le plomb, quand on admet 100 pour le cuivre; et j'ai trouvé 36, 21 et 12. Ceci montre que l'on peut estimer l'é- nergie comparative des plaques sur l'aiguille aimantée, soit en imprimant à ces plaquesun mouvement de rotation sur elles-mêmes, soit en faisant osciller l'aiguille au-dessus de ces plaques en repos. La première méthode donne presque immédiatement les résultats cherchés, puisque les actions sont proportionnelles aux sinus des déviations de l'aiguille; mais cette méthode exige un appareil com- pliqué. La seconde, au contraire, est très-simple dans l'emploi de l'appareil qu'elle nécessite ; elle est susceptible de beaucoup plus de précision; elle permet de faire les expériences dans le vide presqu'aussi facilement que dans l'air ; mais les résultats immédiats de l'observation doivent être soumis à une assez longue suite de calculs. Voici la marche qu'il faut suivre pour arriver à des résul- tats sur lesquels on puisse compter. Aiguille aimantée. Cette aiguille doit être d'un trés-petit diame- 1ге, afin que l'on puisse, sans erreur sensible, considérer son ac- tion comme provenant des points de son axe. Elle sera bien égale sur toute sa longueur, parfaitement rectiligne, et suspendue de maniere à se placer dans une situation exactement horizontale; pour être rassuré sur l’invariabilité de son point de suspension, on соПега l'aiguille dans son étrier. Pendant toute la durée des expé- riences, il faut être certain que les circonstances atmosphériques sent demeurées les mêmes; car si, par exemple, après avoir com- ` mencé vers le milieu de la journée une série d'expériences, on la reprenait sur le soir, il arriverait que, par le raccourcissement du fil de cocon, les distances de l'aiguille au disque seraient augmen- tées, et qu'on ferait des erreurs très-notables, comme de 2 ou 3 oscillations sur 15. : Disques. Les disques doivent être épais de 1 millimètre au moins, et de 2 millimètres au plus. Leur diamètre ne peut avoir moins que deux fois la longueur de l'aiguille, si l'on ne veut faire les expériences que jusqu'à quelques millimètres de distance. Iis seront d'autant plus grands, par rapport à l'aiguille, qu'on voudra étendre les expériences à de plus fortes distances. Je conseille de les découper dans une feuille laminée, et de ne point les mettre 2. 12 (120) sur le tour, si ce n'est pour leur donner un bord parfaitement cir- culaire; mais on fera mieux de les frotter en tout sens sur une pierre unie, puis de s'assurer qu'ils demeurent sensiblement en équilibre quand.on les a posés par leur centre sur une pointe ver- ticale. Il ne faut pas s'en tenir à la mesure directe de leur épaisseur, mais on doit déterminer cette dimension moyenne en prenant la densité de tous ces disques et en mesurant exactement leur diamè- tre : оп peut aisément obtenir leur densité à un millième prés, mais il serait bien difficile de mesurer leur épaisseur à un centième, quand elle n'est que d'un millimètre, et il importe de déterminer cette dimension avec beaucoup d'exactitude. Observations. On ne se bornera pas à compter les oscillations de l'aiguille à une seule distance de la plaque, et entre deux seules amplitudes. On doit répéter cette observation de millimètre en millimètre, jusqu'à ce que les amortissemens deviennent insen- sibles; car on ne peut jamais étre certain de connaitre la vé- ritable position du zéro des distances. Si, par exemple, on s'était trompé, sur cette détermination, d'une petite fraction de milli- mètre, en la désignant par 2, et l'ajoutant avec son signe à toutes les distances observées, on l'introduirait dans les équations de condition qui expriment la loi du carré des distances, et l'on en déduirait sa valeur la plus probable, soit par la méthode des moindres carrés, soit par quelqu'autre méthode plus expéditive, soit enfin par simple tátonnement. On verra tout àl'heure celle que j'ai cru devoir adopter. Calcul. Quand on aura toutes les séries d'observations qui ex- priment les nombres d'oscillations que l'aiguille exécute pour arriver d'une amplitude initiale à des amplitudes qui diminuent successivement de dix degrés, par exemple; quand on connaitra de plus les nombres d’oscillations que l'aiguille fait librement entre les mémes amplitudes , on calculera, 1° les nombres d'os- cillations que l'aiguille fait sous la seule influence du disque, en s'y prenant de la manière suivante. Soit a les oscillations que l'aiguille fait librement, et b celles qu’elle exécute en présence du disque; sous l'influence seule de ce disque, elle en fera un nombre représenté par a b n ( ала )) 2°.On divisera tous les nombres ainsi obtenus раг le premier de chaque série, et on aura leurs rapports; 5°. On prendra la moyenne de tous ces rapports, relatifs à la méme distance, mais à des amplitudes diverses, et l'on aura de cette maniere une série de rapports exprimant les nombres d'os- cillations aux distances 1 + 2, 2 + x, 5 + x, etc., en désignant par æ l'erreur commise sur la position du zéro des distances ; 4°. Pour déterminer cette erreur, on dressera une table de rapports croissant, d'abord comme le carré des distances 1 2 3 4 5 etc., puis, comme le carré des distances чыз 2,4 $;1 4.1 551 etc., puis, comme le carré des distances 1,2 2,2 3,2 4.2 Буз etc., et ainsi de suite , en augmentant les distances successivement d'un dixieme de millimétre. En comparant les rapports observés à ceux du tableau que l'on a ainsi dressé une fois pour toutes, on recon- nait bientót à quelle série on doit s'arréter. Si la série observée tombe entre deux séries calculées, on prend les différences de part et d'autre, et l'on place la série observée entre les deux séries calculées, à des distances proportionnelles aux différences en question. De cette manière, on peut obtenir à un dixième ou même à un centième de millimètre la correction du zéro des distances; et l'on est plus satisfait du résultat ainsi obtenu, que si l'on avait cherché à mesurer directement la véritable distance de l'aiguille au disque ; car il serait presque impossible d'éviter une erreur assez forte, sur cette mesure, dans l'incertitude où l'on se trouverait de reconnaitre, sur la surface du disque, le point dont la distance à l'aiguille exprimerait la distance moyenne de tous les points de la surface du disque au plan parallèle passant par l'aiguille. D'ailleurs, ce n'est pas rigoureusement des milieux des épaisseurs du disque et de l'aiguille qu'émane l'action mu- tuelle de ces corps, mais de points plus rapprochés de leurs faces qui sont en regard; et il n’y a qu'une loi pareille à celle que nous ( 172.) avons déterminée précédemment, qui puisse faire connaitre la distance réelle des centres d'action. 5*. Une fois les distances bien connues, on peut calculer les nombres d'oscillations faites sous l'influence seule du disque, en partant de la loi du carré des distances , et en accordant le mieux possible les nombres calculés avec les nombres déduits de l'ob- servation, soit par tâtonnement, soit par une méthode réglée. 6». Connaissant les nombres d'oscillations que l'aiguille fait, sous linfluence seule du disque, à l'unité de distance et entre diverses amplitudes , et ces nombres étant déterminés concurrem- ment avec tous ceux qui se rapportent à de plus grandes distances, on caleulera maintenant les nombres d'osciliations de l'aiguille , à l'unité de distance, pour l'unité d'épaisseur, d'apres cette loi, que les nombres d’oscillations de l'uiguille sont en raison inverse de l'épaisseur du disque. 7°. Quand on aura ainsi déterminé, pour tous les disques ra- menés à l'unité d'épaisseur, les nombres d'oscillations que l'ai- guille fait à l'unité de distauce et entre les mémes amplitudes, on choisira l'action absolue d'un disque pour unité ou pour cent, et l’on calculera les actions absolues de tous les autres disques, d'apres la loi que les actions des disques sur l'aiguille sont en raison inverse des nombres d’ oscillations exécutées , par cette dernière, dans les mêmes circonstances. C'est en suivant cette marche que l'on pourra déterminer les rapports exacts de l'action absolue de tous les corps sur l'aigaille aimantée, et de tous les corps les uns sur les autres. On verra si cette action est, comme la pesanteur, inhérente à la matière, ou si elle varie avec la pureté, la densité et l'état d'aggrégation des corps. Mais auparavant, il est bon de savoir d'apres quelle loi réagissent deux élémens matériels, quand on fait varier la distance qui les sépare; de reconnaitre si cette action est attractif ou répul- sif; si elle peut changer de signe, ct enfin si elle s'exerce toujours suivant la droite qui réunit les deux élémens : c'est cette action élémentaire qui sera l'objet d'un de nos prochains articles. ( 275 ) SUR L'INFLUENCE MAGNÉTIQUE DU RAYON VIOLET ; par M. Е, ZANTEDESCHI, PROFESSEUR, A PAVIE. Lorsqu'en 181» le professeur Morichini publia ses experiences sur l'influence magnétique du rayon violet, il n'y eut pas de phy- sicien en Europe qui ne voulût les répéter et les varier : mais mal- heureusement les tentatives des hommes les plus habiles ne furent point couronnées du succes qu'on avait droit d'en attendre. Aussi il n'est pas étonnant que plusieurs des savans les plus recomman- dables aient alors mis en doute les résultats du professeur italien. Ce ne fut qu'en 1826 que madame Somerville confirma , par les expériences les plus décisives, le fait avancé par lui, que le rayon violet était doué d'une propriété magnétique. Néanmoins les phy- siciens ne furent pas encore satisfaits; ils ne pouvaient ni vérifier à leur gré les résultats obtenus, ni découvrir les causes qui s'oppo- saient à la réussite des expériences. Cet état de choses m'a engagé à entreprendre sur ce sujet une série d'expériences, dans cette méme ville où, en 1815, le professeur Configliacchi avait déjà fait des essais remarquables. Ce n'est qu'avec une grande défiance que j'entreprenais de nouveau un travail que ce savant me paraissait avoir conduit jusqu'au bout avec une admirable sagacité; cepen- dant le succès de mes recherches a dépassé ce que je pouvais espé- rer. Je vais exposer brièvement la méthode que j'ai suivie et les causes qui peuvent empécher l'aimantation que l'on a en vue de produire. Quant à la méthode, j'introduis dans une chambre obscure un rayon solaire au moyen d'un héliostat, et je le disperse de manière que le spectre se forme horizontalement ; ensuite je place, sous le rayon violet, dans une direction perpendiculaire à celle du méri- dien magnétique, l'extrémité seulement des fils que je veux aiman- ter. De cette manière j'ai obtenu les résultats suivans : 1) Ayant placé, dans la position indiquée, un fil de fer doux, bien poli, long de 4 pouces, et dun quart de ligne de diamètre . au bont de 5 minutes je trouvai que l'extrémité exposée au rayon (174) violet avait acquis un pôle nord. Au bout de 5 minutes, ce fil, pré- senté à une aiguille aimantée, offrait des pôles bien prononcés. о) J’exposai de la même manière deux fils de fer doux, pareils au précédent, à l'action de la lumière blanche; au bout de 5 minu- tes, les deux extrémités exposées avaient acquis un póle nord ; mais il était faible, et, au bout de quelques minutes, il avait disparu. Dans le premier cas, comme dans celui-ci, je m'assurai avec beau- coup de soin que les fils employés ne possédaient pas préalablement de magnétisme sensible. 5) Le rayon violet renversa les pôles très-prononcés d'un fil de fer doux; il développa très -distinctement en six ou sept minutes ceux d'un autre fil qui manifestait à ses deux extrémités une très- faible répulsion pour le póle d'un aimant. 4) Ayant placé, par une extrémité. une aiguille aimantée dans les rayons rouge, jaune, orangé et vert. et ayant observé la nature de ses póles et leur énergie au bout de six ou sept minutes, je n'y ai trouvé aucune altération quelconque ; je n'ai remarqué non plus aucun effet produit par cette opération sur une aiguille qui n'avait pas de magnétisme sensible. 5) Un fil de fer couvert d'une couche d'oxide, et fortement ma- gnétisé, ayant été exposé au rayon violet, en 3 minutes le pôle sud fut transformé en un póle nord. 6) Un fil de fer doux, bien poli ei aimanté, ayant été exposé par ses deux extrémités au rayon violet, il se forma eu 10 minutes un póle nord à chacune de ces extrémités. 7) Sile fil de fer est oxidé, le méme effet s'obtient en 5 minutes. Les dimensions de tous les fils employés étaient toujours les - mémes que celles du premier dont il est fait mention. Toutes ces expériences qui, répétées plusieurs fois, donnèrent toujours les mêmes résultats, ont mis hors de doute la propriété magnétisante du rayon violet ; mais je dois ajouter que j'ai rencon- tré, en les faisant, des difficultés inévitables qui m'ont révélé clai- rement les causes du mauvais succès des tentatives de plusieurs physiciens. Je ne rapporterai pas ici en detail les faits qui m'ont conduit à des résultats généraux, soit parce que cela serait trop long, soit parce qu'il n'en résulterait aucun avantage pour l'étude de la science. Je me bornerai à signaler les observations suivantes : 1°. Les fils de fer provenant d'une mine sulfureuse ne peuvent ( 175) s'aimanter ; il en est de méme du fer qui a été fortement trempe, auquel je suis cependant parvenu quelquefois à communiquer quel- ques légères traces de magnétisme. ` 2°, А des températures basses ou peu élevées, telles que — 6" R. , o° et + 10°, on n'obtient qu'une aimantation équivoque : et c'est en vain que l'on essaie de renverser les pôles d'un fil aimanté ; c'est ce que m'a démontré une très-longue suite d'expériences faites l'hiver dernier. Tandis que, lorsqu'on opère à + 20° centi- grades, comme madame Somerville, ou à + 25° ou + 26°R., comme je l'ai fait moi-méme en juin et juillet de l'an précédent, on obtient des résultats très-frappans. 5°. Les fils d'un diamètre un peu fort n’acquièrent que difficile- ment une aimantation un peu prononcée: 4°. En promenant le rayon violet du milieu à l'extrémité de Pai- guille, on n'obtient que des effets faibles, incertains et comme nuls. Je terminerai cette note en me proposant d'examiner si l'action du rayon violet n'est point une action chimique. On a pu d'abord attribuer cette action aux faibles courans qui s'établissent du rayon rouge au rayon violet, et dont j'ai reconnu plusieurs fois l'existence au moyen d'un multiplicateur convenablement disposé; mais si telle était la cause du phénomène, la portion du fil placée sous le rayon violet devrait, comme on sait. acquérir un póle sud ; or, on a vu qu'elle acquérait constamment un póle nord. On pourrait croire encore que l'aimantation dont il s'agit est due à la différence de température des diverses parties du fil; mais alors encore, d’après les doctrines thermo-électriques, c'est le pôle sud qui devrait se développer dans l'extrémité exposée au rayon violet. D'ailleurs, dans ce cas, lorsque la température est la méme dans toute l'étendue du fil, il ne devrait paraitre aucune aimantation ; or, nous avons vu (6) qu'il se forme alors un póle nord à chaque extrémité. J'ajouterai enfin qu'ayant fait naitre artificiellement sous le rayon violet une température plus basse que celle du milieu ambiant , j'ai observé les mêmes effets que précédemment, quoi- qu'à un degré moindre d'intensité. Ces considérations me conduisent à penser que le rayon violet agit chimiquement. Je me confirme dans cette opinion en voyant que les carbures, et non les sulfures de fer, peuvent acquérir le ( 176 ) magnétisme; que les aiguilles artificiellement oxidées présentent le phénomène en question avec plus de promptitude et de déve- loppement que celles qui ne le sont раз; et que, selon le degré de température, l'influence magnétique du rayon violet s'accroît, s'af- faiblit et s'annulle. En vue d'étendre mes idées sur ce dernier point, je voulus essayer si j'obtiendrais des effets analogues de la lumiere d'une chandelle, et de celle de la lune. Ап bout de trois quarts d'heure j'obtins une légére aimantation dans une aiguille soumise au rayon violet de la lumière d'une chandelle ; mais celle de la lune n'eut aucun effet. Je dois dire que, lorsque j'opérais sous le rayon lunaire. la température n'excédait pas + 5° R. Lorsque j'aurai renouvelé l'expérience dans une autre saison, j'en publierai le résultat. D’après tout ce qui précède, je suis convaincu que les physi- ciens, en opérant de la maniére indiquée, verront naitre sous le rayon violet une aimantation qui n'a besoin pour se manifester, ni du ciel d'Italie, ni de celui d'Angleterre, mais seulement des pré- cautions que j'ai signalées plus haut. Hs reconnaitront également que l'aimantation ainsi obtenue n'est pas passagère, mais perma- nente, comme je m'en suis assuré en retrouvant au bout de huit mois mes fils et mes aiguilles encore magnétiques. Pavie, 10 avril 1829. (Biblioth. univ. de Genève, t. XLI, p. 64.) NOUVELLES RECHERCHES SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES GAZ, PAR MM. Avec. pe LA Rive ЕТ Е. MARCET, ( Communiquées à la Société de Physique et d’ Histoire naturelle de Genéve, le 16 avril 1829.) Nous avions déjà été amenés à conclure, d’après une suite nom- breuse d'expériences que, sous le méme volume et sous la méme pression, toutes les substances gazeuses, quelle-que soitleur nature, ont la même chaleur spécifique (1). On objecta aux conséquences (1) Annales de Chimie et de Physique, t. XXXV, p. 5; et Bibl. univ., t. XX XVI, p. 100. ( 177 que nous avions tirées de nosrecherches, que lesmasses de gaz que nous soumettions à l'expérience étaient trop pelites pour que nous pussions apercevoir des différences entre deux chaleurs spécifi- ques, lors méme que ces différences auraient existé. Cette objec- tion, la seule qu'on ait élevée contre l'exactitude du procédé que nous avions employé, était trop importante pour nous avoir échappé ; aussi l'avions-nous déjà discutée dans notre Mémoire, et avions-nous cherché à la réfuter par diverses considérations ; nous avions, en particulier, montré que notre appareil indiquait des différences de capacité entre des volumes égaux d'air atmos- phérique pris à divers états de densité ; preuve que notre procédé était assez délicat pour aecuser ces différences , lorsque réellement elles existent. Néanmoins, comme nous nous étions peu étendus sur ce point particulier, nous avons senti qu'il y aurait quelque avantage à reprendre cette partie de notre travail, afin de chercher à appré- cier exactement quelle pouvait étre l'influence de la cause d'er- reur que nous venons de signaler. Dans ce but, nous avons com- mencé par répéter les expériences que nous avions déjà faites sur la chaleur spécifique de l'air atmosphérique à différentes densités, et nous les avons étendues à trois autres gaz, en nous servant toujours du méme appareil que nous avons déjà employé dans nos précédentes recherches. Il n'est peut-étre pas inutile de rap- peler que notre méthode consiste à juger, par la température plus ou moins élevée qu’acquièrent des volumes égaux de diverses substances gazeuses exposées à la méme source de chaleur et placées dans les mémes circonstances, de leur plus ou moins grande capacité pour le calorique. Le gaz est introduit dans une boule de verre très-mince, fixée à l'extrémité d'un tube recourbé qui plonge par son autre extrémité dans une capsule pleine de mercure; la colonne de mercure qui s’élève dans le tube déter- mine, par sa hauteur, la pression plus ou moins grande à laquelle est soumis ce gaz, dont les plus petites variations de tempé- rature sont indiquées parson augmentation ou sa diminution de force élastique que rendent sensibles les mouvemens du mercure. On peut, par ce moyen, lorsque la pression, à laquelle le gaz est soumis, est de 68 à то centimètres, apprécier une différence d'un vingt- cinquieme de degré centigrade. La boule de verre est renfermée ( 178 ) dans une boule de cuivre trés-mince et noircie intérieurement, au centre de laquelle elle est placée, et dans laquelle on fait le vide; c'est cette boule de cuivre que l'on plonge dans un bain d'eau entretenu à une température constante plus élevée que la température ambiante. La chaleur arrive alors uniquement par rayonnement sur la boule de verre qui renferme le gaz, et toutes les circonstances étant parfaitement semblables pour chacun des gaz qu'on intro- duit successivement dans la boule, le réchauffement plus ou moins grand qu'ils acquièrent dans le méme temps, doit dépendre de leur chaleur spécifique. Le tableau qui suit indique de combien de degrés se sont ré- chauffés dans le méme temps, savoir cinq minutes, des volumes égaux d'air atmosphérique, d'acide carbonique, de protoxide d'azote, et d'Aydrogéne soumis successivement à différentes pressions et ex- posés à une température ambiante de 10° centigrades plus élevée que la leur, c'est-à-dire de 20°, eux-mêmes ayant été d’abord amenés à 10°. Les degrés de réchauffement ont été calculés en prenant dans chaque cas le rapport entre l'augmentation de force élastique qu'a éprouvée le gaz au bout de cinq minutes, et celle qu'il a acquise lorsqu'il s'est mis en équilibre de température avec l'eau dont il est entouré, c'est-à-dire lorsqu'il s'est lui-méme réchauffé de dix degrés. GAZ SOUMIS A L'EXPÉRIENCE. | Pression à laquelle le gaz| Réchauffement du est soumis. gaz en 5 minutes, centimètres degrés 66 6,7 Air atmosphérique 46 7,04 25 8,55 68 6,66 55 6,96 Gaz acide carbonique 42 7,80 27 8,45 1 essi а le 6 га GAZ SOUMIS A'L'EXPÉRIENCE. Pression à laquelle le gaz| Réchauffement du est soumis, gaz en 5 minutes. centimètres degrés 67 6,69 Gaz protoxide d’azote 50 7,20 57 7,60 ( 1 ) 27 8,50 65 7,00 Gaz hydrogene 50 7,40 32 8,10 22 8,60 Il résulte de l’inspection de ce tableau que, dans les mêmes cir- constances et dans le même temps, un même volume d’un gaz quel- conque se réchauffe d’autant plus qu’il est soumis à une pression plus faible, ce qui prouve que la chaleur spécifique des gaz sous le méme volume est d'autant moindre qu'ils sont plus raréfiés. Nous n'avons point cherché à calculer les rapports exacts qui гё- gnent entre la force élastique d'un gaz et sa capacité pour le calo- rique ; il aurait fallu, pour cela, multiplier beaucoup les expériences et les diriger d'une autre manière. Notre but était seulement , et nous croyons l'avoir atteint, de montrer que l'appareil dont nous avions fait usage dans nos précédentes expériences, était assez sen- sibles pour donner des différences entre les chaleurs spécifiques des gaz lorsque ces différences existent, et que, par conséquent, s'il n'en avait point donné entre les divers gaz, réduits aux mémes volumes et soumis à la méme pression, c'est que réellement ils ont tous, dans ce cas, la méme capacité pour le calorique, quelle que soit leur nature chimique. Nous ne nous sommes pas contentés de cette premiere preuve de (1) Il s'est évidemment glissé une erreur dans la détermination de ce nombre , qui doit étre plus élevé; nous nous en sommes apercus trop tard pour pouvoir refaire l'expérience, notre appareil étant déjà démonté quand nous avons calculé les résultats qu'il nous avait fournis. ( 180 ) l'exactitude des résultats auxquels nous étions parvenus dans notre précédent travail ; mais reprenant les expériences mêmes qui nous y avaient conduit , nous avons cherché à les répéter en opé- rant sur des masses beaucoup plus considérables. Dans ce but, nous avons substitué à la boule de verre dont nous nous étions servi jusqu'alors, une autre beaucoup plus grande et cependant très- mince ,. puisqu'elle ne pesait qu’un peu moins de 22 grammes, quoiqu'elle püt contenir 0,4 gram. d'air atmosphérique, sous la pression des 68 centim. et à la température de 12° centig. , pres- sion et température qui sont celles auxquelles le gaz était soumis dans nos expériences. Le tube recourbé, qui établissait la commu- nication entre l'intérieur de la boule et le réservoir du mercure, était de 4 millimètres de diamètre environ, de manière que le mercure pouvait s’y mouvoir librement, et obéir facilement aux plus petits changemens de force élastique du gaz; ce tube était interrompu , à 12 centimètres environ de distance de la boule, par un robinet de verre qui pouvait s'y ajuster par frottement et sans ciment, et qui permettait de faire le vide dans l'intérieur de la boule, et d'y introduire successivement différens gaz. L'absence de tout métal et de tout mastic nous a permis d'opérer sur certains gaz, tels que le chlore et l'hydrogène sulfuré, que nous n'avions pu, du moins le premier, soumettre à l'expérience avec notre précé- dent appareil. Il faut seulement avoir soin , lorsque l'on opére sur ces gaz, de laisser dans le tube de l'air ordinaire, afin d'éviter un contact immédiat entre eux et la surface supérieure de la colonne de mercure, qui serait sans cela attaquée tout de suite. Cette pré- caution ne peut rien changer aux résultats, vu que la quantité d'air atmosphérique qui reste dans le tube est comme infiniment petite par rapport à la quantité de gaz qui est dans la boule, et que, d'ail- leurs, la légère impureté qui en résulte pour ce gaz ne pourrait avoir d'influence que dans l'appréciation des chaleurs spécifiques relatives des diverses substances gazeuses, si l'on arrivait'à trou- ver qu'elles différent les unes des autres sous ce rapport. La nouvelle boule de verre a été placée, comme la précédente, au centre d'un ballon de cuivre de 22 centimétres, ou huit pouces environ de diamètre, dans lequel on faisait le vide et dont les parois trés-minces étaient noircies intérieurement. On s'est assuré, aprés chaque expérience, qu'il avait bien tenu le vide, et en gé- ( 181) néral que toutes les parties de l'appareil étaient en bon état. Voici quelques détails sur la manière dont nous avons fait chaque expé- rience. Nous commençons par faire un vide aussi parfait que possible dans la boule de verre, pour y introduire le gaz, que nous y lais- sons soumis à la pression de 69 centimètres environ ; nous faisons ensuite le vide dans la boule de cuivre, et nous la placons dans une masse d'eau entretenue constamment à la température de 10? R, ou 12,5 centigrammes ; nous sommes assurés que le gaz a pris la température de cette eau quand la colonne de mercure qui est dans le tube , aprés avoir monté ou descendu , reste pendant quelque temps parfaitement stationnaire. Nous transportons alors rapidement la boule de cuivre dans un second baquet rempli d'eau à la température de 51° centigrammes ou un peu moins de 25° R. Aussitôt le gaz, en se réchauffant, augmente de force élastique, et fait descendre la colonne de mercure ; à partir de l'instant où le réchauffement commence, nous observons, de minute en minute, de combien la colonne de mercure s'abaisse, ce qui nous donne les accroissemens successifs de la force élastique de ce gaz, d'ou il est facile de conclure les augmentations correspondantes de sa tempé- rature. L'expérience faite, nous nous assurons qu'aucune des portions de l'appareil n'a perdu, et nous la recommencons, soit avec le même gaz, soit avec un nouveau, que nous introduisons dans la boule de verre, aprés y avoir fait plusieurs fois le vide pour chasser complétement le premier. Nous n'entrerons pas dans le détail minutieux des précautions diverses que nous avons prises pour rendre les expériences aussi exactes que possible; nous nous bornerons à faire remarquer que nous avons eu soin d'employer des gaz bien purs et bien desséchés, et d'opérer avec de grandes masses d'eau que nous agitions continuellement afin que leur tem- pérature füt bien la méme tout autour de la boule de cuivre, qui en était complétement entourée. Chaque expérience a été répétée plusieurs fois, et il n'a pas même été nécessaire, le plus souvent, de prendre des moyennes entre les résultats qu'elles ont donnés, tant ils étaient d'accord les uns avec les autres. Les gaz que nous avons soumis à l'expérience sont : l'air atmos- pherique , l'acide carbonique, le protoxide d'azote, l'hydrogéne percar- buré (gaz oléfiant) , l'acide sulfureux , Vhydrogène sulfuré, le chlore ( 182 ) et l'Aydrogéne. Nous avions choisi, pour commencer, les gaz que nous venons de nommer, qui nous semblaient différer le plus les uns des autres par leurs propriétés chimiques et physiques; comme les résultats qu'ils nous ont fourni ont été parfaitement semblables les uns aux autres, nous n'avons pas cru devoir étendre nos re- cherches aux autres substances gazeuzes que nous avions d'ailleurs déjà examinées sous ce rapport dans notre premier travail. Le tableau qui suit peut donner une idée exacte de chacune de nos expériences ; la premiere colonue contient les noms des gaz sur lesquels on opère ; la seconde indique au bout de com- bien de minutes chaque observatiou est faite, à partir de l'instant ou le réchauffement a commencé , ou de l'instant ou la boule de cuivre a passé de l'eau à 12,5 degrés dans celle à 51 degrés; la troisième renferme le nombre de millimètres dont la colonne de mercure s'abaisse , ou les accroissemens de force élasti- que du gaz correspondant à chacune des époques de l'observa- tion ; enfin, la quatrième colonne donne en degrés centigrades les réchauffemens du gaz déduits des augmentations correspon- dantes de sa force élastique. L'élévation de la température est fa- cile à caleuler dans chaque cas, en se rappelant qu'à la pression de 69 à 7o centimètres à laquelle les gaz ont été soumis , chaque degré centigrade correspond, comme il est facile de le démontrer, à une différence de 2,5 millimètres environ dans la force élas- tique, ou à 25 des divisions de notre échelle, qui donne très-exac- tement les dixiemes de millimètres ; d'ou il résulte que nous pou- vons facilement apprécier, dans le réchauffement, une difference de = , ou 0,04 de degré centigrade. : Réchaullemens du gaz Accroissement déduits des aceroissemens H A pe ^ z Gaz soumis à expérience. | Époque des ; de la force correspondans de sa force observations. élastique du gaz. élastique. minutes millim. degrés centigr. 2 23,0 9.20 5 28,1 11,24 4 31,5 12,60 Air atmosphérique 5 55,5 19,40 6 34,6 15,84 35,4 14,16 14.40 хз e с» 5 © | | ( 185 ) =————-——-————Є———_—Є_——_—-- Accroissement | Récbauffemens du gaz déduits des accroissemens Époque des Gaz soumis à l'expérience, observations. |, de la force: correspondans de sa force élastique du gaz. élastique. minutes millim. degrés centigr. 2 23,0 9.20 o 28.0 11,20 4 21,5 12,60 Acide carbonique 5 92.7 19,48 6 34,7 19,88 7 55,5 14,20 8 55,9 14,56 2 25,0 9:20 5 28,0 11,20 4 51,5 12,52 Protoxide d'azote 4j 55,4 15,96 6 94,5 13,80 7 55.5 14,20 8 36,0 14,40 2 23,0 9,20 3 28,0 11,20 Hydrogène percarburé 4 51,5 12,60 (gaz oléfiant) 5 D 1? 10 24? 6 34,5 13,80 2 25,0 9,20 Acide sulfureux 5 28,0 11,20 4 51,5 12,60 2 25,0 9,20 Hydrogène sulfuré 9 28,1 11,29 4 31,7 12,68 2 22,9 9:16 3 28,0 11,20 Chlore 4 51,6 12,64 5 2255 13,40 6 54.4 15,76 › 25,6 9,44 5 20.0 11,60 А 52,0 12,80 Hydrogène 5 35,8 15,52 6 54,7 19,88 7 35,9 14,20 8 56.1 14.44 (84 5 Tl faut observer sur ce tableau 1° que, pour certains gaz, tels que l'acide sulfureux , l'hydrogène sulfuré et le chlore , nous n’a- vous pas pu pousser les observations aussi loin que pour les autres, à cause de la difficulté que nous avons éprouvée d’empêcher qu’au bout d'un certain temps ils ne se mélangeassent complétement avec l'air que nous avions laissé dans le tube, et ne vinssent atta- quer la surface de la colonne de mercure; en effet, dès que nous apercevions la plus légère trace d'action, nous étions obligé de cesser l'observation, de peur de ne pouvoir mesurer exactement la hauteur du mercure; 2° que celle des observations relatives au gaz oléfiant, qui a été faite au bout de cinq minutes, est réelle- ment erronée, comme le prouvent l'accord parfait des autres avec les résultats correspondans obtenus pour les autres gaz ; 3° que les degrés de réchauffement observés pourle gaz hydrogène, different trop de ceux qui ont été observés pour les autres, pour qu'on puisse attribuer cette difference à une simple erreur, mais qu'il existe une autre cause à laquelle elle est due, et sur laquelle nous reviendrous. Si nous comparons entre cux les résultats fournis par le tableau qui précède , nous voyons que des volumes égaux de tous les gaz que nous avons soumis à l'expérience , non compris l'hydrogène, ont acquis au bout du méme temps une méme augmentation de force élastique , et par conséquent un méme accroissement de tem- pérature. Ainsi, au bout de 2 minutes, leur force élastique a aug- menté de 25 millimètres, et par conséquent leur température s'est élevée de 9°,20 : pour le chlore seulement, l'augmentation de force élastique n'a été que de 22,9 millimètres, ce qui correspond à un réchauffement de 97,16 ; la différence de quatre centièmes est trop petite pour qu'on puisse l'attribuer à autre chose qu'à une erreur d'expérience; c'est ce que prouvent d'ailleurs les autres résultats obtenus pour le chlore, et qui sont tels, que leur différence, par rapport aux autres gaz, est nulle, ou bien en sens contraire. Au bout de 3 minutes, l'augmentation de force élastique a été pour l'air et pour l'hydrogène sulfuré de 28,1 millimètres , et pour les autres de 28,0 millimètres ; ce qui correspond à un réchauffement, pour les deux premiers gaz de 11°,24, et pour les derniers de 11*,20. En poursuivant de semblables comparaisons, on trouve que , dans les cas peu nombreux où il y a des différences entre les ( 185) degrés de réchauffement observés pour les divers gaz au bout d'un méme temps, ces différences rapportées à l'air atmosphérique ne sont que de 0,04 degré, excepté dans les deux seuls cas ou elles se sont élevées à 0,08 ; et, comme elles sont tantôt en plus, tantôt en moins, pour le méme gaz, elles disparaissent si l'on prend une moyenne entre les expériences qui ont été faites au bout des temps différens. Il nous parait prouvé maintenant, par la suite des expériences dont nous venons d'exposer les détails, que des volumes égaux de differens gaz, placés dans les mêmes circonstances, acquièrent dans le méme temps le méme degré de réchauffement; résultat qu'on ne peut expliquer qu'en admettant, ou que ces gaz ont la méme chaleur spécifique, ou que l'appareil n'est pas assez sen- sible pour nous faire apercevoir des différences dans le degré de réchauffement, si réellement elles existent. Cette dernière suppo- sition nous parait tout-à-fait invraisemblable, vu que la boule de verre pesant un peu moins de 22 grammes, et contenant 0,4 gram- me d'air atmosphérique, elle ne peut à elle seule absorber tout le calorique, et rendre nuile l'influence du gaz sous ce rapport. En effet, le volume constant du gaz, dontle poids dépend de la pe- santeur spécifique qui lui est propre, est assez considérable pour qu'une différence de quatre centièmes de degré dans son réchauf- fement comparé à celui d'un autre, n'en produise pas une d'un dixième dans leur chaleur spécifique relative. C'est ce qu'il est fa- cile de démontrer par la formule des chaleurs spécifiques , en sup- posant que le calorique rayonnant qui arrive sur la boule de verre placée au milieu du vide , se répartisse proportionnellement à leur masse et à leur chaleur spécifique entre la boule et le gaz qu'elle renferme. On voit, en effet, qu'en calculant ainsi la capacité de deux gaz pour le calorique , dans les cas ой les degrés de réchauf- fement observés dans le méme temps sont différens, on arrive à deux nombres, dont l'un ne diffère de l'autre que d'un dixième. En mettant donc de cóté les observations qui donnent une identité parfaite daus les degrés de réchauffement, et en ne tenant compte que de celles beaucoup moins nombreuses , qui donnent une diffé- rence, on parvient néanmoins à montrer que, si les chaleurs spé- cifiques des gaz diffèrent entre elles , elles ne peuvent différer que d'un dixième. 2 5 ( 186 ) Quant à la faculté conductrice de chaque gaz pour le calorique , il parait que, l'hydrogène excepté, elle diffère fort peu, comme d'autres faits l'avaient déjà démontré , et que les différences de température et les masses de gaz n'étaient pas, dans nos ехре- viences, assez considérables pour qu'elles pussent exercer une in- fluence sur la vitesse du réchauffement. Il n'y a que l'hydrogène pour lequel cette influence ait été sensible d'une maniere évi- dente, puisqu'au bout de 2 minutes il s’est réchauffé de 9*,44 , au lieu de 9°,20 ; au bout de 5 minutes de 11°,60 , au lieu de 115,24; au bout de 4 minutes de 127,80, au lieu de 12*,60, etc. Ce n'est qu'au bout de 6 minutes que son réchauffement est devenu sem- blable à celui des autres gaz, parce que la différence entre sa tem- pérature et celle de l'enceinte devenant beaucoup moindre, l'effet de sa plus grande conductibilité а dà disparaitre. D'autres re- cherches antérieures aux nótres avaient déjà montré la faculté que possède l'hydrogène de se mettre, beaucoup plus rapidement que tous les autres gaz, en équilibre de température avec les corps ambians ; c'est donc bien à cette circonstance, et non pas à une autre cause, telle qu'une différence de chaleur spécifique, qu'il faut attribuer la vitesse plus grande de son réchauffement, dans les pre- miers instans. On pourrait peut-étre tirer des expériences qui précedent , la conséquence que l'influence qu'exerce la conductibilité différente des gaz n’est pas nulle, mais que le réchauffement est le même pour tous, parce que le pouvoir conducteur est dans chacun d’eux pro- portionnel à la chaleur spécifique qu'il possède; c'est-à-dire , que le gaz qui tendrait à se réchauffer le plus vite, à cause de sa plus grande conductibilité ‚ aurait une plus grande capacité pour le ca- lorique , qui ferait qu'en définitive son réchauffement ne serait pas plus prompt. Nous ne croyons pas nécessaire de discuter sé- rieusement cette conséquence, 1° parce que toutes les expériences qui ont été faites jusqu’à présent, montrent que les gaz diffèrent très-peu entre eux, sous le rapport de la conductibilité , et que, vu la manière dont nos expériences ont été dirigées, cet élément ne peut exercer aucune influence; 2° parce que cette conséquence nous conduirait, pour les chaleurs spécifiques des gaz, à des ré- sultats trop opposés à ceux auxquels ont conduit les expériences antérieures, pour qu'on pût les admettre ; 5° enfin, parce que ( 187) l'exemple de l'hydrogène , en faisant une exception à cette loi hy- pothétique, montre que, lorsque la différence de conductibilité est réellement un peu grande, elle exerce une influence facile à apprécier. Qu'il nous soit permis de citer encore, en preuve de la sensibi- lité de notre appareil, la manière exacte dontil indique , par un ré- chauffement plus rapide , le pouvoir conducteur plus considérable de l'hydrogéne. Si la boule de verre exerçait seule une influence sensible sur ce réchauffement, et que la masse du gaz intérieur füt trop petite pour y influer en quoi que ce soit, on ne devrait voir aucune différence entre la température acquise dans les mémes circonstances, au bout d'un méme temps, par l'hydrogène , ou par un gaz moins conducteur. Nous croyons donc pouvoir tirer des nouvelles recherches que nous venons d'exposer, les mémes conclusions que nous avions déjà énoncées dans notre précédent mémoire: 1°. Que, sous la méme pression et sousle méme volume, tous les gaz ont la méme chaleur spécifique. Е 2°. Que , sous le méme volume, un méme gaz a d'autant moins de chaleur spécifique , que la pression à laquelle il est soumis est moindre. (Bibliothéque universelle de Geneve, t. XLI, p. 57.) EL COR WIIIEEG AE EEE PTE ELEC ENT SR ПЫН СЫЗ РЫ „ҮТ р: GO CARO ESO RECHERCHES SUR LES MÉTAUX QUI ACCOMPAGNENT LE PLATINE, ET SUR LA MÉTHODE D'ANALYSER LES ALLIAGES NATIFS OU LES MINERAIS DE PLATINE; PAR J. J. BERZÉLIUS. ` (Suite de la page 55 du numéro précédent.) 3 lridium. Tennant, et plus tard M. Vauquelin (1), sont les seuls qui aient fait des expériences sur ce métal, et ce que nous en savons est le résultat de leurs travaux. Cependant, on verra combien peu ces travaux pouvaient servir de guide dans une recherche analytique. (1) Annales de Chimie, tom. LXXXIX, p. 202. ( 188 ) Préparation de iridium. L'ividium se trouve ou comme partie constituante des minerais de platine, ou combiné avec l'osmium en un alliage natif particulier. Dans le premier cas, il est dissous avec le platine par l'eau régale, et dans le deuxième cas il reste inidissous à l'état d'une poudre noire. La séparation de l'iridium d'avec le platine étant le but de l'analyse, je n'en parlerai que dans la description des méthodes analytiques, et je ne m'occupe- rai ici que de la décomposition de la combinaison de l'iridium avec osmium. Ces deux métaux adhèrent ensemble avec une forcé qui en effet est étonnante, si l'on fait attention que la place qu'ils occupent dans la série électro-chimique ne parait pas très-différente. Chaque tentative pour décomposer cette combinaison doit com- mencer par la pulvérisation. Elle est en petits grains de grandeur différente , qui sont trés-durs et trés-compactes. On ne peut les piler dans un mortier de pierre, parce qu'on ne peut y donner des éoups assez forts. L'opéràtion se fait mieux dans un mortier d'a- cier, ou dans un cylindre sur une lame d'acier; cependant la du- reté des grains est telle, qu'ils s’enfoncent dans l'acieret y restent, siles coups sont assez forts. On les pile d'abord autant que possi- ble, et ensuite on les porphyrise, jusqu'à ce que l'on puisse éten- dre la poussière sur la main, comme du graphite. Quand ils sont une fois écrasés, la porphyrisation en est assez facile. П faut donner beaucoup de soin à cette opération, parce que la poudre fine est très-vite décomposée, tandis que la grossière n'est que faiblement atfaquée. La poudre étant ainsi obtenue, 6n la fait bouillir dans l'acide muriatique, qui dissout le fer avéc effervescence; on dé- cante la solution du fer et on lave bien la poudre. J'avais cru pouvoir éviter cette opération pénible, en fondant 1 partie de l'alliage d'osmium et d'iridium avec 6 parties de bis- muth à une chaleur si forte, qu'un quart de bismuth se volatilisa. Je m'attendais à ce que, en dissolvant le bismuth dans l'acide ni- trique, l'alliage d'osmium et d'iridium resterait dans un grand état de division ; mais les grains ne furent pas changes, ils avaient seu- lement perdu un peu de leur poids. _ La poudre n'est pas attaquée sensiblement en la chauffant dans l'oxigene ou dans le chlore. On peut rendre solubles les métaux ( 189 ) de deux manières, en les fondant avec le perchlorure double de platine et.de sodium, ou avec le nitre. Je ne recommanderai pas la première de ces méthodes, parce qu'elle a l'inconvénient de mélanger les deux métaux avec un peu de platine; cependant je crois que l'expérience que j'ai faite mé- rite d’être citée. ; Deux parties de la poudre métallique furent mêlées avec trois parties de chlorure anhydre et introduites dans une cornue de verre qu'on chauffa pendant deux heures au bain de sable, à une température aussi élevée qu'elle put le supporter. L'osmium et l'i- ridium séparent, quoique incomplétement, le platine, etse combi- nent avec le chlore et le sodium. D’après ce qu'on savait jusqu'à présent de l'osmium, on aurait pu croire que le chlorure d'osmium se serait volatilisé, et que l'iridium serait resté à l'état de chlorure double; mais cela n'a pas lieu. On trouve, il est vrai, dans le col de la cornue, un chlorure vert d'osmium, et plus en arriere, un sublimé rouge de chlorure d'iridium; mais la quantité de tous les deux est très-petite. Le sel fondu se dissout très-facilement dans l'eau avec une couleur brune si foncée, que la solution est presque tout-à-fait opaque. Ce qui ne se dissout pas est du platine en pe- lites paillettes luisantes ; mais elles contiennent aussi une combi- naison de platine avec l'osmium et l'iridium, qu'on ne peut dé- truire par la voie humide que trés- difficilement. La solution sentait l'oxide d'osmium ; étant mélée avec de l'eau régale et dis- tillée, il se volatise de l'oxide d'osmium avec l'eau; cependant Іа plus grande partie de l'osmium reste dans le sel, Si, après avoir desséché le sel et l'avoir broyé avec du carbonate de soude, on le distille dans une cornue de verre, il se dégagera du gaz acide carbonique et un peu d’oxigène, et il se sublimera de l'oxide d'osmium. Une pàrtie de l'oxide suit cependant l'acide carbonique, qui, pour cela, doit être absorbé par l'ammoniaque. Le sel resté dans la cornue est encoré mêlé d'oxide d'iridium et de platine métallique. Le sel étant enlevé par l'eau, on traite le résidu par l'eau régale, qui dissout le platine avec un peu d'iridium, et laisse indissous l'oxide d'iridium , lequel, réduit par l'hydrogène, donne l'iridium métallique. La décomposition par le nitre est la meilleure et ne laisse pres- que rien à désirer. On méle la poudre fine avec son poids ou un ( 190 ) peu moins de nitre, qu'on a fondu auparavant pour qu'il ne con- tienne pas d'eau. On introduit le mélange dans une petite cornue de porcelaine, à laquelle on adapte un récipient tubulé portant un tube qui plonge dans un flacon renfermant de l'ammoniaque éten- due. On chauffe la cornue d'abord trés-doucement, et on évite que le dégagement de gaz ne devienne trop violent, parce qu'alors la masse monte aisément. Vers la fin, on augmente la chaleur jus- qu'à l'incandescence. Quand il n’y a plus de dégagement de gaz, l'expérience est terminée. Le sel est dissous dans l'eau froide, et la solution est introduite dans un flacon bouché à l'émeri, dans lequel on met de l'acide mu- riatique et beaucoup d'acide nitrique, afin qu'elle devienne très- acide. Elle sent alors fortement l'oxide d'osmium. On met la li- queur claire dans une cornue et on la distille, en lutant bien les jointures et en refroidissant beaucoup le récipient. La partie non dissoute est de méme mêlée avec de l'acide nitrique et de l'acide muriatique, et distillée dans une autre cornue. La liqueur qui | passe à la distillation contient, comme dans l'opération précé- dente, de l'osmium, et le résidu dans la cornue retient l'iridium avec une portion d'osmium. Il faut séparer la liqueur claire de la matiére insoluble, pour éviter les soubresauts, pendant l'ébullition, qui jettent facilement une partie de la solution d'iridium dans le récipient. On ne peut filtrer les solutions alcalines à travers le papier, parce qu'elles en sont désoxigénées en partie; le papier se colore en vert, et les li- queurs passent très-lentement. L'acide nitrique est ajouté en ex- cès pour détruire les chlorures doubles de l’osminm, et amener ce métal à l'état d'oxide volatil. Ce qui reste dans les deux cornues après la distillation étant filtré, on ajoute du chlorure de potassium, et on évapore pour chasser les acides muriatique et nitrique en excès. La masse saline sèche est bien mélangée avec du sous-carbonate de soude, et chauffée dans une cornue, comme je l'ai deja dit, et l'oxide d'os- mium qui se volatilise, est recueilli; on dissout ensuite le sel dans l'eau, et l'oxide d'iridium reste libre. Quand on y soupconne du platine, on l'enléve avec l'eau régale. Quelquefois il contient un peu de rhodium, qu'on sépare en le fondant avec le sulfate acide de potasse. (191) Après toutes ces opérations, l'iridium retient néanmoins opi- uiâtrément une portion d'osmium. On ne l'en peut délivrer qu'en le réduisant par l'hydrogéue à une chaleur trés -douce, et en le chauffant ensuite à une chaleur rouge obscure à l'air libre, tant qu'on sent l'oxide d'osmium. Il faut réduire et oxider plusieurs fois l'iridium pour le débarrasser entierement d'osmium, ce qui ne se fait que trés-difficilement et très-lentement. Si l'on chauffe jusqu'à l'incandescence, les deux métaux se combinent de nouveau intimement, s’agglomèrent, et osmium ne peut plus être brûle. Pour obtenir tout l'osmium, j'ai fait rougir doucement l'iridium dans un courant d'oxigene, et j'ai conduit le gaz dans l'ammonia- que caustique. Quand l'iridium contient beaucoup d’ osmium , celte méthode est bonne, mais elle ne vaut plus rien si on veut séparer les dernières portions d'osmium. On peut aussi séparer la plus grande partie de l’osmium en chauffant doucement le mé- tal dans le chlore; il suit alors le gaz sans se condenser, et doit être recueilli dans l'ammoniaque caustique. Je dirai plus tard, en parlant de l'oxide volatil d’osmium, comment оп reconnait que l'iridium ne contient plus d'osmium. L'iridium réduit par l'hydrogeue est gris, métallique et tout-à- fait semblable au platine obtenu du muriate ammoniacal de pla- tine. Il est insoluble dans l’eau régale, dans l'acide sulfurique et dans le bisulfate de potasse. П a une grande affinité pour l'oxi- gène, de sorte qu'il s'oxide en le chauffant au rouge dans un grand état de division, et se change en oxide d'iridium. Dans un état plus compacte, tel, par exemple, qu'on l'obtient en le chauffant jusqu'à lincandescence dans l’oxigène , il s'oxide moins facilement. Chauffé à une forte chaleur à l'air libre, avec la potasse caustique ou carbonatée, il s'oxide et se combine avec l'aleali, qu'il colore en jaune. Si l'on ajoute du nitre, l'acces de l'air n'est pas néces- saire. А une forte chaleur rouge, il décompose le nitre et l'oxide se combine avec la potasse. -Poids de l'atome d'iridium et de celui de platine. J'ai déterminé le poids atomistique de l'iridium en réduisant le chlorure noir d'i- ridium par l'hydrogène. Ce chlorure cristallise, comme on sait, en octaèdres réguliers, comme le sel de platine correspondant, et est ainsi isomorphe avec ce dernier; aussi a-t-il la méme composi- tion atomistique. Cent parties du sel d'iridium , chauffées d’abord ( 199.) doucement dans un courant de chlore, ont perdu dans [а réduc- tion par l’hydrogène 29 parties de chlore. Le sel de platine don~ nant la même perte, ces deux métaux paraissent, comme le cobalt et le nickel, posséder un poids atomistique presque égal. Dans mes expériences antérieures, je déterminai le poids atomistique du platine de la même manière; mais je ne connaissais pas encore les méthodes d'obtenir du platine pur, que je viens d'apprendre par mes recherches; c'est pour cela que j'ai résolu de comparer le poids atomistique du platine pur avec celui de l'iridium. Le perchlorure de platine et de potassium a été précipité d'une solution alcoolique de perchlorure de platine, par une solution sa- turée de chlorure de potassium dans l'eau, délivré par des lava- ges à l'alcool de toute liqueur adhérente, et séché d'abord à l'air, ensuite dans un courant de chlore à une chaleur presque rouge. 6,981 grammes réduits par l'hydrogéne, ont perdu 2,024 gram- mes de chlore. Le platine obtenu pesait 2,822 grammes, et le chlorure de potassium 2,155 grammes. On sait que le sel double est composé de KC1* + РЕСІ. Si l'on caleule le poids de l'atome d'aprés la quantité du chlore , on trouve 1954,54; et, d’après le chlorure de potassium, on a 1252,18. Cette différence provient naturellement de l'impossibi- lité de faire les expériences avec une exactitude absolue, et de pe- tites erreurs qui peuvent se trouver dans le poids de l'atome du chlore et du chlorure de potassium. Peut-être viendrait-on plus près de la vérité en prenant le nombre moyen des deux résultats, 1955,26. La différence entre la quantité du chlore dans le sel de platine 0,2898, et la quantité du chlore dans le sel d’iridium 0,2900, est dans les limites des erreurs inévitables d'observation. Je crois ainsi le poids atomistique de l’iridium égal à celui du platine. П faut avouer que mon iridium n'était pas absolument libre d'os- mium; mais comme ce métal possède à trés-peu près le méme poids atomistique que l'iridium, une petite quantité contenue dans le sel d'iridium ne peut pas influer d'une manière remarquable sur la quantité de chlore. Chlorures d'iridium simples et doubles. L'iridium se combine avee le chlore dans un plus grand nombre de proportions qu'au- cun des autres métaux, savoir, 2, 5, 4 et 6 atomes. Notre nomen- elature manque de noms pour un si grand nombre de combinai- ( 195) sons. J'appellerai la première, contenant 2 atomes de chlore, proto-chlorure (chlorure); celle de3 atomes, sesqui-proto-chlorure (sesqui-chlorure ) ; celle de 4 atomes, perchlorure (chloride), et celle de 6 atomes, sesqui-perchlorure (sesqui-chloride). a) Perchlorure et ses sels doubles. L'iridium n'étant dissous par l'eau régale que quand il est allié avec d'autres métaux , avec le platine, et méme, dans ce cas, qu'en petite quantité, on ne peut former ces sels par la voie humide qu'après oxidation du métal par la calcination avec la potasse, ce qui est trés-long. Cependant, jai trouvé que le perchlorure se forme très-aisément quand on chauffe un mélange intime de la poudre fine du métal et de chlo- rure de potassium ou de sodium au rouge naissant dans un cou- rant de chlore, comme je l'ai fait à propos du rhodium. La masse saline est séparée par l'eau de l'iridium non attaqué, et comme elle pourrait contenir un degré inférieur de combinaison avec le chlore, on ajoute de l’eau régale, et on évapore à siccité. L'excés du chlorure de potassium ou de sodium peut être óté par de pe- tites portions d'eau; car le sel double est insoluble dans une. so- lution de ces sels. On le dissout alors dans l'eau bouillante, et on évapore à cristallisation en ajoutant un peu d'eau régale, parce que les circonstances les plus insignifiantes peuvent le réduire en sesqui-proto-chlorure. Ce sel est noir, comme M. Vauquelin l'a déjà remarqué, et eristallise en octaedres réguliers, qui ne contiennent point d’eau. Comme il a, de plus, la composition atomistique du sel de pla- tine correspondant, il s'ensuit que l'iridium et le platine sont iso- morphes. Ce sel, quoique noir, donne une poudre rouge. Tl est insoluble dans l'alcool, et peut étre précipité, par ce liquide, de ses solutions. Le précipité est, selon la grandeur des grains, brun ou rouge foncé. On peut le précipiter entièrement, quand la li- queur d’où on le précipite, ou l'aleool, contiennent du chlorure de potassium en dissolution. M. Vauquelin dit que ce sel et le sel ammoniacal correspondant sont très-peu solubles dans l'eau ; mais je n'ai pas obtenu le méme résultat. Le sel en poudre se dissout trés-vite jusqu'à saturation ; mais , s'il contient du chlorure de po- tassium ou de sodium, ces sels sont dissous par l'eau, et le sel d'iridium reste comme insoluble dans la liqueur incolore ; la solu- tion des sels doubles dans l'eau est jaune en couches minces, et ғ ( 194 ) d'un rouge foncé en couches plus épaisses ; c'est pourquoi dans un verre elle est considérée en masse d'un beau rouge foncé, tan- dis qu'elle parait jaune au bord de sa surface. Ce sel supporte une chaleur rouge faible , sans étre décomposé et sans se fondre. А une chaleur plus forte, il se change, sans se fondre, en sesqui-proto- chlorure ; et, à une chaleur encore plus forte et soutenue, il se vo- latilise du chlore et du chlorure de potassium , et il reste de l'iri- dium métallique avec une partie du chlorure de potassium. Avec le chlorure de sodium on obtient un sel double noir, qui cristal- lise ou en tables ou en prismes quadrangulaires terminés par deux plans, et qui est isomorphe avec le sel de platine correspondant. 11 contient de l'eau de cristallisation, et est composé de K CL + Ir Cl’ + 6H. Avec le chlorure d'ammonium, le perchlorure d'iridium forme un sel double semblable au sel de potassium, qui est très- peu so- luble dans l'eau, et insoluble dans l'alcool. Il se décompose à la distillation sèche, et laisse de Firidium métallique. Sa formule est : NH4CI + Ir CH. Suivant M. Vauquelin, ce sel, délayé dans l'eau à travers la- quelle on fait passer du chlore jusqu'à décomposition complete du sel ammoniac, donne le perchlorure; mais il faut bien étre en garde contre la formation du chlorure d'azote. On peut aussi ор- tenir le perchlorure en lavant bien l'iridium calciné avec la potasse et le nitre, traitant par l'eau régale , et évaporant à consistance sirupeuse. Il se dépose ensuite une portion de sel double de po- tasse ; on décante la solution concentrée du perchlorure , et on l'é- vapore pour chasser l'acide en excès. Dans mes expériences, celte solution n'a montré aucun signe de cristallisation ; mais elle for- mait une masse noire, dure et fendillée, qui se détachait du verre et pouvait supporter une forte chaleur sans se décomposer. Le perchlorure se dissout facilement dans l'eau avec la méme couleur que les chlorures doubles. Il se dissout aussi dans l'alcool , mais il s'y change facilement en sesqui-proto-chlorure. П retient opiniá- trément l'eau ; il donne, par la distillation seche, de l'acide mu- ( 195 ) riatique, d’où résulte la formation d'oxide d'iridium, et la masse perd sa solubilité dans l'eau. А une chaleur plus forte, il perd du chlore, se réduit en un chlorure inférieur, et enfin en métal. Б) Sesqui-proto-chlorure et ses sels doubles. On obtient le sesqui- proto-chlorure en traitant l'iridium , après l'avoir chauffé avec la potasse et le nitre , et l'avoir bien lavé à l'eau bouillante , par l’a- cide muriatique qui dissout une grande partie de la masse en se colorant en noir brun. On évapore la solution à siccité , et on en- léve le sesqui-proto-chlorure par l'alcool; il reste une portion de sous-sel double avec le chlorure de potassium. On obtient la méme combinaison en chauffant l'iridium seul, ou mêlé avec du nitre, dans le chlore ; il se sublime une quantité peu considérable d'une substance d'un brun foncé. Obtenu ainsi , le sel est insoluble dans l'eau ; il le devient encore, si on le chauffe seul à une chaleur aussi élevée qu'il puisse supporter sans se décomposer. La couleur de la solution du sesqui-proto-chlorure est la méme que celle du per- chlorure, et n'en différe que par une nuance qui ne peut étre dé- crite. La dissolution du sesqui-proto-chlorure, contenant la méme quantité de sel que l'autre, est plus foncée, et tire sur le jaune brun ; cependant on ne peut guére distinguer les deux dissolutions avec quelque certitude par la couleur. Le sel double du sesqui-proto-chlorure avec le chlorure de po- tassium se prépare en mélant du chlorure de potassium à la solu- tion du premier, ou en chauffant un mélange de perchlorure d'iri- dium ou de potassium avec de l'iridium porphyrisé dans une cor- nue de verre jusqu'au rouge. La masse ne fond pas; si on la traite ensuite par l'eau, pour séparer l'iridium indissous, et si on éva- pore la solution, un peu de perchlorure double non décomposé cristallise d'abord. On décante les eaux-méres, et on les évapore ; mais, en les abandonnant à une évaporation lente, spontanée, elles ne donnent point de cristaux réguliers , mais seulement des végétations sur les bords. Le sel n'est pas noir comme le sel du perchlorure, mais d'un jaune brun foncé. Quelquefois il tire au bleu ou au vert; ce qui provient d'un peu de sel de proto -chlo- rure. Il est presque insoluble dans l'aleool. J'ai déterminé la com- position du sesqui-proto-chlorure par l'analyse de ce sel double, dont j'ai précipité la solution concentrée par l'aleool, pour obte- nir le sel pur à l'état solide , quoiqu'il soit impossible de le débar- ( 196 ) rasser de quelques traces du sel de proto-chlorure ou de perchlo- rure. Cent parties de ce sel, séchées à une température au-dessus de 100° c. , jusqu'à ce qu'elles ne perdissent plus en pomes ‚ ош donné, dans deux expériences : Chlorure de potassium. . . . 32,20. . . 51,8 Chlore. ^ic IA MEMI aere Ur roger SUP AEA ER MERE ORAN ARRET aA CBI Е. En comparant la quantité du chlore uni à l'iridium avec celle qui est dans le chlorure de potassium, on trouve qu'elle est 1 $ de celle du dernier; car, dans 52,2 de chlorure de potassium, il y a 15,25 p. de chlore et 15,25 X 1; = 22,865. La quantité de métal corres- pond à un atome d'iridium. Ce sel est ainsi composé de кс + Ir СР. Le sel double avec le chlorure de sodium, obtenu d'une manière semblable , se fond à la chaleur rouge, et se dissout aisément dans l'eau et l'alcool. Les solutions concentrées ressemblent à un mé- lange de sang des veines et d’eau. Avec le sel ammoniac, on ob- tient un sel double, très - soluble, en ajoutant un peu de sel am- moniac à la dissolution du sesqui- proto-chlorure. П donne une masse saline confuse , de couleur jaune brun foncé. c) Proto-chlorure et sels doubles. Lorsque l'iridium, obtenu en réduisant ses sels doubles par l'hydrogene , est exposé au rouge naissant dans un courant de chlore, il l'absorbe, se gonfle et se change en une poudre légère, trés - salissante , d'un vert d'olive foncé , et son augmentation de poids correspond au poids de deux atomes de chlore. Il s’est changé conséquemment en proto - chlo- rure Ir CP. Si l'on expose ce proto-chlorure dans une cornue de porcelaine à une forte chaleur, il se décompose ; du chlore se dé- gage, entrainant un peu de sesqui-proto-chlorure et de perchlo- rure. Si iridium contient un peu d'osmium , celui-ci se volatilise aussi, quoique incomplétement. Le résidu est de l'iridium métal- lique. Le proto-chlorure d'iridium, préparé de cette maniere, est in- soluble dans l'eau. L'acide muriatique bouillant en dissout une ( 197 ) trace, et devient verdâtre. L'eau régale ne le change point, et n'en dissout qu'une petite quantité ; cependant le protochlorure formé par une autre voie , n'est pas tout-à-fait insoluble. Si on le décom- pose par la potasse, et qu'alors on traite par l'acide muriatique en exces, le chlorure se reproduit, et une partie s'en dissout dans l'ex- cès de l'acide. La couleur de la solution est mélangée de brun, de jaune et de vert. Si l’on filtre la solution et qu'on l'évapore, elle devient jaune à un certain degré de concentration , et laisse à la fin une masse jaune transparente sur le verre. Le résidu sec, mais pas chauffé fortement, se dissout complétement dans une petite quan- tité d'eau chaude, avec une couleur jaune ; mais, sil'on étend apres la solution avec beaucoup d'eau froide, elle se trouble , et la plus grande partie du proto-chlorure se précipite avec une couleur d'un vert brunàtre , pendant que la liqueur retient une couleur d'un vert jaune. Ce phénoméne parait dépendre de ce que le chlorure s'unit chimiquement avec l'acide hydro-chlorique, et donne ainsi la com- binaison jaune, qui peut être évaporée sans perdre sa solubilité , qui est dissoute par une petite quantité d'eau , mais est précipitée par une grande. Des combinaisons semblables de l'acide hydro- chlorique avec les chlorures d'autres métaux sont déjà connues. Avec le chlorure de potassium, on obtient un sel double ver- dátre ; radié et cristallisé. On le prépare en précipitant une solution du sel double du sesqui-proto-chlorure par l'alcool, et distillant la liqueur alcoolique brünátre. Une partie de l'iridium se réduit en métal, et une autre se change en proto-chlorure. | Avec le sel ammoniac , il forme aussi un sel double; si l'on verse de l'ammoniaque caustique sur du perchlorure d'iridium et de po- tassium , il se produit , en quelques momens, une effervescence ; il se dégage du gaz azote; la liqueur prend une couleur brune, et il reste une matière presque blanche. En évaporant à siccité la li- queur filtrée, et reprenant le résidu dans très-peu d'eau, il reste encore une portion indissoute de cette matière blanche, ou d'un gris blanc. La solution est d'un brun jaunátre. Si l'on y verse de l'alcool , il se précipite un sel qui parait brunátre dans la liqueur alcoolique , mais qui est d'un gris brun après avoir été séché. Il est soluble dans Геап, et composé de С N H CI’. ( 198 ) La matière insoluble que l'ammoniaque forme dans le perchlo- rure d'iridium et de potassium de l'expérience précédente, est, après la dessiccation , d'un gris blanc, tirant au vert, et un peu so- luble dans l'eau, de manière qu'elle diminue par les lavages. En évaporant les eaux de lavage; elle se reproduit sans altération. Chauffée , elle se fond un peu, se gonfle , et se décompose en lais- sant 56,5 p. c. d'iridium, dont elle contient conséquemment plus que le sel précédent. La proportion relative de ses principes vola- tils n'a pas été déterminée; je ne puis donc rien dire de certain sur sa composition. d) Sels doubles du sesqui-perchlorure. Si, dans la description de l'osmiure d'iridium, on dessèche la masse traitée par l'eau régale, et qu'on y verse successivement de petites quantités d'eau pour dissoudre le chlorure de potassium qu'elle contient en excès, il arrive ordinairement que la première portion n'est que faiblement colorée; mais la suivante est d'un rose plus ou moins foncé, comme la solution d’un sel de rhodium. En la décantant et ajou- tant trés-peu d'eau, on peut obtenir plusieurs fois des solutious de couleur de rose, que l'on recueille séparément. Aussitót que le perchlorure commence à se dissoudre, la couleur tire au jaune, et alors on ne réunit plus ces solutions avec les premieres. La liqueur rouge étant évaporée à sec, on broie le résidu, et on le lessive avec de l'alcool à 0,84, qui dissout le chlorure de potassium, et se colore en rouge par un peu de sel d'iridium. Il reste enfin une poudre saline brune qui se dissout en rose dans l'eau, et qui, soumise à l'évaporation spontanee, cristallise en cristaux. quadri- latères, bruns, transparens, d'un rouge de rubis , formés de pris- mes rhomboidaux terminés par deux plans. Ce sel ressemble tel- lement à un sel de rhodium, qu'il serait pardonnable de le croire. tel; mais il a une composition toute différente de celle du sel rouge de rhodium et de potassium, et ne contient point de rhodium; 100 parties de ce sel, chauffées tant qu'il s'est montré de l'humi- dité, ont été réduits par l'hydrogene. On a trouvé 24,17 р. de “chlore , 25,92 de métal, et 51,91 de chlorure de potassium. En caleulant ces résultats, on trouve que la quantité de chlore uni à l'iridium est égale à celle qui est dans le chlorure de potassium. Au contraire, la quantité de métal n'est que les deux tiers de celle qui se trouve dans le perchlorure d'iridium , et très-près de celle ( 199) du sel de rhodium, ou le potassium et le rhodium auraient pris des quantités égales de chlore. , Pour voir si le métal obtenu était du rhodium, je l'ai tenu long- temps en fusion avec du sulfate acide de potasse, mais il ne s'en est rien dissous, et j'ai obtenu un oxide d'un bleu noir. Cet oxide d'iridium, réduit par l'hydrogène, et chauffé avec du chlorure de potassium dans le chlore , n'a pas donné de sel rouge, mais le sel ordinaire d'iridium rouge ou d'un brun foncé. Je n'ai pu produire à volonté le sel rose, pas méme en saturant de chlore la solution du sel de perchlorure, ou en la faisant bouillir avec du chlorate de potasse et de l'acide muriatique, et évaporant. Ce résultat et la circonstance que le sel rouge avait déposé dans les solutions et évaporations précédentes une poudre verte, qui ne se montre pas avec les sels du perchlorure, me fit soupconner que ce sel conte- nait un autre métal que l'iridium. Cette substance verte indissoute se comporte cependant comme du proto-chlorure d'iridium, et je n'ai jusqu'à présent aucune rai- son de croire que le métal, dans ce sel, soit différent de l'iridium. En calculant ła one du sel on trouve qu’elle s’accorde avec la supposition qu’un atome de chlorure de potassium s’est combiné avec un atome de perchlorure d’iridium, dans lequel le métal est combiné avec 6 atomes de chlore, et que la formule est 5 К СІ? + Ir СЇ, La composition calculée, comparée avec celle que donne l'observation, conduit aux résultats suivans : Calculés. Observés. Chlorure de potassium. . . 52,21 51,91 Соте ы nd MR Ent ca DURS 24,17 min hus гу orne c» еЗ 23,92 Les différences du résultat analytique proviennent de l’impossibi- lité d'obtenir ce sel entierement dégagé de perchlorure double d'iridium. Ce sel est précipité de sa solution aqueuse par l'aleool, avec une couleur rose pále; mais il reste beaucoup du sel dans la liqueur alcoolique, qu'on peut distiller sans que le sel soit réduit à un chlorure inférieur; On peut précipiter par l'hydrogène sulfuré ( 200 ) les autres chlorures de l'iridium pendant que celui-ci reste dans la liqueur. C'est pourquoi une solution d'iridium, précipitée par l'hy- drogène sulfuré, passe par le filtre colorée en rose. Cependant, si l'on sature complétement la liqueur avec l'hydrogène sulfuré, et qu'on la laisse digérer à бо° c. dans un flacon bouche, le sel qu'elle contient se décompose peu à peu pour la plus grande partie, quoi- qu'il en reste toujours une portion qu'on ne peut précipiter de cette maniere. Oxides et sels oxigénés de U iridium. L'iridium a une grande affinité pour l'oxigène; il se combine avec ce gaz à une chaleur rouge, et le retient au plein rouge; mais il se réduit à une température plus élevée, comme le nickel, et sans addition. А chacun de ses chlorures correspond un oxide qui forme des sels particuliers avec les acides; c'est ce qui rend très-difficile leur dénomination ; notre nomenclature n'étant appli- cable qu'à deux degrés d'oxigénation, j'emploierai provisoirement pour ces oxides les mémes noms dont je me suis servi pour les chlorures. Ces oxides sont le protoxide I r; le sesqui-protoxide Ir; le peroxide Ir, et le sesqui- peroxide Ir. Leur composition est déterminée par la circonstance qu'ils sont produits par la dé- composition des chlorures au moyen d'un alcali. a) Protoxide. Quand on fait bouillir le proto-chlorure obtenu par la voie séche avec une lessive un peu concentrée de potasse caustique, le protoxide se sépare en uue poudre pesante noire, qui est à peine attaquée par les acides, quoiqu'ils se colorent un peu en vert. La lessive alcaline avec laquelle on fait bouillir le proto- chlorure se colore peu à peu en pourpre, et enfin en bleu foncé ; ce qui parait étre dà à ce que le protoxide est amené à un degré supérieur d'oxidation. La quantité que l'aleali en dissout est très- petite. Si l'on précipite un proto-chlorure double avec du carbonate de potasse, on obtient un précipité volumineux d'un vert gris, qui est l'hydrate du protoxide. Il se prépare facilement en mêlant du chlorure de potassium à la solution du sesqui-proto-chlorure d'iri- {йип et de sodium, et en évaporant; il se dépose du perchlorure ( 201) d'iridium et de potassium, et le proto-chlorure double reste dans la liqueur, que l'on précipite par une légere digestion avec le carbo- nate de potasse. Il faut prendre garde de ne pas ajouter un exces de ce dernier sel, parce que le protoxide d'iridium serait dissous avec une couleur d'un jaune vert. L'hydrate est dissous par les acides, à l'aide de la chaleur, en sels de protoxide d’un vert sale. La solution dans l'acide nitrique, abandonnée à elle-méme, prend peu à peu une belle couleur pour- pre; mais, évaporée à une douce chaleur et reprise par l'eau, elle est d'un beau jaune vert; comme précédemment, je n'ai pas fait des expériences sur chaque sel de protoxide; je me suis contenté de démontrer leur existence. b) Sesqui-protoxide. C'est celui qui se forme de préférence, tant par la voie sèche que par la voie humide. Par la voie sèche on l'obtient en mélant bien le per-chlorure d'iridium et de potassium avec son poids de carbonate de soude ou de potasse, et chauffant dans un vase clos jusqu'à ce que la masse commence à rougir au fond. Si l'on pousse la chaleur plus loin, l'oxide chasse l'acide carbonique et se combine avec l'aleali, et l'on obtient alors avec l'eau une dissolution jaune contenant de l'oxide. А une chaleur modérée la solution de l'alcali est au contraire incolore et libre d'iridium dissous. La masse saline, dissoute dans l'eau bouillante et filtrée, laisse sur le filtre une poudre fine d'un bleu noir, qui a une grande ten- dance à passer à travers le papier quand la solution saline est pas- sée et qu'on verse de l'eau pure, et à former une liqueur trouble d'un gris bleu qui devient claire en tombant dans l'eau saline. C'est pour cela qu'on doit laver cet oxide avec une solution de sel ammoniac, dont on chasse le reste par la chaleur. Dans cet état, le sesqui-protoxide est insoluble dans les acides; il n'est pas méme dissous lorsqu'on le fond avec du bi-sulfate de potasse, qui oxide l'iridium bien divisé jusqu'à ce degré; l'hydro- gene le décompose sans l'aide de la chaleur; il s'échauffe avec ce gaz et se réduit en métal; ce qui parait provenir de ce qu'il a, comme le métal, la propriété d'effectuer la réunion de loxigène avec l'hydrogene. Mêlé avec des corps combustibles et chauffé, il se décompose avec une vive détonnation. Je suis persuadé que cet a 14 ( 202 ) oxide а été pris, par les ehimistes qui ont travaillé sur l'iridium, pour du métal dans un état très-divisé. Pai déterminé la composition de cet oxide par la méthode dont je me suis déjà servi pour le rhodium et pour le palladium ; mais elle donne ici des résultats beaucoup plus concordans. On recueille le mélange de gaz acide carbonique et d'oxigene qui se dégage, en chauffant le per-chlorure d'iridium et de potassium avec le sous- 'arbonate de soude, et on en fait l'analyse. Le gaz a été recueilli dans quatre éprouvettes graduées. Aprés l'absorption de l'acide carbonique par la potasse caustique, le résidu a été, dans la première , 0,114; dans la seconde, 0,12; dans la troisième, 0,11, et dans la quatrième 0,112. Si l'on suppose que l’oxigène que l’alcali perd avec l'acide carbonique soit avec celui que le métal s'approprie dans le rapport de 4 à 5, le mélange des gaz qu'on obtient doit étre formé de 88,89 p. d'acide carbonique et 11,11 p. d’oxigène; comme le résultat de l'expérience est d'accord avec cette supposition, il s'ensuit que le sesqui-protoxide contient 2 atomes de radical et 5 atomes d’oxigène. Le sesqui-proto-chlorure, précipité par un alcali, donne un pré- cipité brun foncé qui est hydrate du sesqui-protoxide. П arrive cependant quelquefois que, méme aprés une digestion, il ne se forme pas de précipité, et j'en ignore la cause. Le précipité re- tient toujours de l'alcali qu'on ne peut ôter par le lavage; obtenu par l'ammoniaque, il se réduit avec une légère détonnation quand on le chauffe. T! se dissout dans les acides et donne des sels oxi- génés particuliers, dont les solutions ressemblent à un mélange de sang veineux et d'eau. Cet oxide se forme aussi quand on calcine l'iridium avec de l'alcali et du nitre ; cependant, avec le libre accès de l'air on n'a pas besoin du dernier. La combinaison fondue est d'un jaune brun foncé. La solution se décompose aussi facilement que celle du ca- méléon minéral, et les causes les plus insignifiantes de réduction déterminent la précipitation du protoxide, et d'autant mieux que la liqueur est plus étendue. La combinaison solide de la potasse et du sesqui-protoxide d'iri- dium contient plus du dernier que l'eau n'en peut dissoudre ; c'est pourquoi elle en est décomposée, et il reste du sesqui-protoxide uni à une moindre quantité de potasse. Cette partie insoluble, sé- ( 205 ) | parée de la combinaison avec l'alcali, est soluble dans les acides. Une autre partie de la masse, calcinée avec l'alcali, est tout-à- fait insoluble; c'est en partie de l'iridium non oxidé, ou du pro- toxide qui ne s'est pas combiné avec l'alcali, faute d'une suffisante quantité de celui-ci ou d'une température assez élevée. C'est pour- quoi il se dissout beaucoup plus d'iridium avec le nitre dans une cornue de porcelaine, qu'avec la potasse caustique dans un creuset d'argent, parce qu'on peut donner dans la premiére une plus forte chaleur. L'oxide d'iridium fondu, à une température trés-éleyée, avec du carbonate de potasse dans un creuset de platine, se combine avec l'aleali en une masse saline jaune ou jaune brunátre, qui, comme on le reconnait, en l'ótant du creuset refroidi, n'en a nullement attaqué le poli. Mais si l'on verse de l'eau sur le sel et qu'on le chauffe, il se dépose sur le platine une pellicule d'oxide d'un brun vert, qui ressemble à une tache épaisse de soufre sur l'argent. La méme chose a lieu dans un creuset d'argent. Les creusets de pla- tine sont de méme un peu tachetés quand on y fond de l'iridium avec du sulfate acide de potasse. Je n'ai pas pu remarquer, en dis- solvant l'oxide, obtenu par la calcination avec l'aleali, dans l'acide muriatique, qu'il se soit formé une portion de sel de per- chlorure ; et je conclus de là que le sesqui-protoxide est le plus haut degré d'oxidation que l'iridium forme par la voie séche. c) Per-oxide. Je n'ai pu l'isoler; il est si complétement soluble dans les alcalis caustiques ou carbonatés, qu'aucune portion n'en est précipitée, soit qu'on en ajoute peu ou beaucoup, soit à froid ou par digestion. En faisant bouillir le per-chlorure double de po- tassium avec une solution de carbonate de potasse ou de soude, il y a une effervescence, et il se précipite une substance noire qui, aprés avoir été lavée, jouit de toutes les propriétés du sesqui-pro- toxide, et donne avec l'acide muriatique une solution brune obs- cure, qui ne fournit pas du per-chlorure double de potassium. Pour expliquer la manière d'agir des alcalis sur le per-chlorure, on pour- rait croire qu'ils ne le décomposent pas, parce que cet oxide n'exis- terait point ; mais ce qui prouve que cette explication serait fausse, c'est que le sulfure d'iridium préparé par le per-chlorure et l'hy- drogène sulfuré est dissous très-facilement par l'acide nitrique ( 204 ) en sulfate d'iridium qui se comporte de la méme maniere avec les alcalis. Si l’on mêle le sulfate avec du chlorure de barium, il se préci- pite une combinaison très-fixe de oxide avec le sulfate de baryte; et si l'on ajoute au sel de per-chlorure du nitrate de protoxide de mercure, une petite quantité de ce nitrate précipite une matière floconneuse d'un jaune brun qui est un sous-sel de per-chlorure (une combinaison de per-chlorure et d'oxide), et la liqueur con- tient du per-chlorure de mercure en dissolution. Une plus grande quantité du sel de mercure précipite un mélange jaune clair de proto-chlorure de mercure et de sous-sel. En faisant digérer ce précipité avec la liqueur, on obtient, selon les circonstances, du per-chlorure ou du proto-chlorure de mercure et du proto-chlo- rure d'iridium, et la couleur du précipité devient d'un vert gris. d) Sesqui-peroæide. On l’obtient en ajoutant du carbonate de potasse ou de soude au chlorure rose d'iridium et de potassium exempt d'ammoniaque. Tl ne se trouble que trés-peu ; mais si on le met en digestion, il se précipite un hydrate gélatineux; qui, jeté sur un filtre, est jaune brun ou verdátre, et ressemble tellement à lhydrate d'oxide que les sels de rhodium fournissent dans les mémes circonstances, que l'on ne peut l'en distinguerà l'apparence. La liqueur filtrée est jaune, à cause d'une partie d'oxide dissoute par l'alcali. Si l’on traite l'hydrate lavé, par l'acide muriatique, il se dissout comme l'hydrate d'oxide de rhodium avec une couleur jaune, et ne devient rouge que quand il est presque évaporé à sec. Le sel qu'on obtient est du chlorure double régénéré, duquel l'aleool n'extrait pas une trace de sesqui-per-chlorure isolé. Cela prouve que l'hydrate d'oxide est une combinaison d'oxide et de potasse. Si l'on chauffe l'hydrate sec dans un vase distillatoire, il sé décompose avec une décrépitation presque instantanée, et il est jeté hors de la cornue comme l’hydrate d'oxide de palladium. Comme le sesqui-per-chlorure contient un atome de métal et six atomes de chlore, ce sesqui-peroxide doit être formé d’un atome de métal et de trois atomes d’oxigène. Tennant et Vauquelin ont décrit, comme caractérisant principa- lement l'iridium, un oxide bleu qui se dissolvait en bleu dans les acides et les alcalis. Cet oxide existe en effet; mais, comme il con- tient moins d'oxigène que le sesqui-protoxide et plus que le pro- it ) 05ھ ( toxide, il appartient à ces combinaisons dont le fer, le manganese, le tungstène et le molybdéne montrent des exemples, et dont la plupart possèdent aussi la méme couleur bleue foncée. Je n'ai pu isoler cet oxide bleu aussi complétement qu'il eût été nécessaire pour une analyse; car il contient ordinairement de l'alcali, sur- tout de l'ammoniaque, avec laquelle il s'unit en une combinaison détonnante, qui cependant ne fait pas d'explosion, mais décrépite seulement. On l'obtient quelquefois quand on traite l'iridium en vase clos avec la potasse caustique; quelquefois, quand on fond le per-chlorure double de sodium avec l'iridium, et qu'on précipite la solution par l'ammoniaque caustique. La manière la plus sûre de le préparer est d'ajouter à une solution d'un per-chlorure double un excès d'ammoniaque caustique, et d'évaporer le mélange jus- qu'à ce qu'il ne sente que peu l'ammoniaque; il devient successi- vement bleu, et enfin l'oxide bleu se précipite. Si l'on évapore la liqueur à siccité, l'oxide disparait de nouveau. L'oxide précipité est jeté sur un filtre. Quelquefois la liqueur filtrée est tout-à-fait incolore ; quelquefois l'oxide se dissout dans l'eau de lavage en lui communiquant une couleur bleu pâle ; en cela, il se comporte en- tièrement comme les oxides bleus de tungstène et de molyb- dene. On peut obtenir les solutions d'iridium avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, sans que cela dépende de corps étrangers. Elles sont roses dans le sesqui-per-chlorure ; d'un rouge foncé, orange ou jaune selon la concentration du per-chlorure et du sesqui-pro- to-chlorure ; vertes quand ces derniers sont mélés avec l'oxide bleu, et enfin bleues ou pourpres quand, à ce qu'il semble, elles con- tiennent une combinaison du sesqui-proto-chlorure ou du sesqui- protoxide avec plus de proto-chlorure ou de protoxide qu'il ne s'en trouve dans l'oxide bleu. La couleur vert sale appartient au proto-chlorure. Vauquelin et Tennant ont trouvé que les solutions d'iridium perdent leur couleur par l'acide sulfureux, par les sels de protoxide de fer et par l'ammoniaque ; mais cela n'a lieu que quand elles sont trés-étendues, autrement elles restent d'un vert jaune. Ces réductions ne vont jamais plus loin que jusqu'au proto- chlorure; car, quand on verse ces réactifs dans la solution d'un proto-chlorure, sa couleur ne change pas du tout. La présomption que l'iridium, dans le degré inférieur de ses combinaisons avec le ( 206 ) chlore ou l’oxigène, forme des combinaisons incolores, est aussi sans fondement. Sulfure d'iridium. L'iridium parait se réunir avec le soufre en autant de propor- tions qu'avec l’oxigène, tous ses chlorures étant décomposables par l'hydrogène sulfuré. Ces précipités sont d'un brun obscur ou presque noir, et ressemblent entièrement à ceux que donnent le platine, le palladium et le rhodium. Ils ne deviennent pas acides pendant qu'on les séche, comme le fait le sulfure de platine ; mais quand on les chauffe dans un vase distillatoire, ils donnent de l'a- cide sulfureux au commencement ; ce qui prouve qu'une oxidation а commencé pendant leur dessiccation. Le sulfure d'iridium se dissout plus facilement dans les hydrosulfates que le sulfure de platine. Précipité d'une semblable solution par un acide, il est soluble jusqu'à un certain degré avec une couleur rouge brune ; de maniere que l'eau de lavage, aprés que l'acide est passé, est fortement colorée. Un grand excés d'acide en empéche la solubi- lité; c'est pourquoi, à mesure que, par l'évaporation de la liqueur, l'acide devient plus concentré, ce qui était dissous se sépare, mais non en totalité. La plus petite quantité d'acide nitrique dans la liqueur le change pendant l'évaporation en sulfate d'iridium. Les degrés plus élevés de sulfuration se dissolvent avec une grande facilité et sans résidu. Quand il y a excès de sulfure, il se forme du sel de protoxide, et la solution devient d'un brun vert ou d'un brun rouge. Y a-t-il excès d'acide, on obtient, surtout à l'aide de la chaleur, du sulfate de peroxide d'iridium, et la liqueur devient d'un jaune brun clair et pur. Si l'acide est concentré, il arrive, comme avec le sulfure de rhodium, qu'il reste beaucoup de sulfate formé, indissous dans l'acide, qui se dissout quand, aprés avoir décanté cet acide, on ajoute de l'eau. Si le sulfure d'iridium est mêlé avec du sulfure de platine, on peut enlever, par l'acide nitrique, la plus grande partie de l'iridium souillé par un peu de platine, le sulfure de platine restant pour la plus grande partie indissous tant qu'on n'emploie pas la chaleur. Quand on distille du sulfure d'iridium, il s'évapore de l'eau, de l'acide sulfureux, et plus tard du soufre, pendant qu'il reste un ( 267 } sulfure d'iridium gris, semblable au sulfure de plomb, qu'on ne peut décomposer par la chaleur seule. Ce sulfure n'est plus solu- ble dans l'acide nitrique et à peine dans l'eau régale, qui cepen- dant l'attaque avec le temps, et se colore en un beau vert faible. Ce degré de sulfuration parait être Ir 5 ; et il donne avec l'eau _ régale du sulfate de protoxide, qui est la cause de la couleur verte. Si l'on grille ce sulfure, il se dégage beaucoup d'acide sulfureux, et la masse devient d'un brun obscur. Elle se change en un sous- sulfate qui n'est pas décomposé par la chaleur. REMARQUES GÉNÉRALES SUR L'ANALYSE DES MATIÈRES VÉGÉTALES ET ANIMALES. Nous nous proposons de donner sur l'étude des matières orga- niques, tant du règne végétal que du règne animal, une série de mémoires dont cet article peut être considéré comme l'introduc- tion. Les principes d'analyse que nous allons exposer en peu de mots seront successivement développés quand l’occasion de les appliquer se présentera pour la premiere fois, ou lorsqu'ils seront suggérés par l'observation elle-méme. On peut les résumer en un seul principe, trés-général et trés-évident, qui consiste à étudier un objet, non pas sous un ou plusieurs rapports particuliers, au moyen de telle ou telle méthode scientifique, mais en lui-méme, sous le rapport de toutes ses propriétés, avec le concours de toutes les sciences réunies. Dans l'étude des objets naturels, et surtout dans l'examen des matières organiques, on s'est plus ou moins écarté de ce principe ; et de la trop grande spécialité des recherches il est résulté des erreurs nombreuses, et des théories encore plus nuisibles aux progres futurs de l'analyse. Ainsi, d'un cóté, nous serons amenés à combattre ces erreurs et ces théories, et, d'un autre cóté, nous devrons montrer, par les résultats mêmes de nos observations , l'exactitude de nos méthodes, et la fécondité du principe qui leur sert de base. ( 208 ) Afin de mettre plus d'ordre dans l'exposition somunaire de ces méthodes d'analyse, nous irons des propriétés générales aux pro- priétés particulières dont peuvent jouir les matières soumises à l'observation. Nous nous occuperons ici de chacune de ces pro- priétés, abstraction faite de toutes les autres; mais nous les indi- querons dans leur ensemble et dans lear corrélation lorsqu'il s'agira d'étudier un objet déterminé. De {а forme. Les matières organiques qu'il s'agit d'analyser sont presque toujours très-divisées. Nous'reviendrons plus tard sur les moyens auxquels on doit avoir recours pour opérer cette division mé- canique; il ne s'agit ici que de déterminer la forme des parti- cules qui composent, par leur réunion, une substance don- née. A la vue simple il est impossible, non pas d'assigner la forme exacte d'une particule organique, mais méme de décider si cette dernière est cristalline, ou si elle conserve des traces d'organisa- tion. C'est ainsi que la fécule avait été considérée comme formée de petits cristaux, parce qu'à la vue simple elle offre des points brillans, qui simulent les reflets des facettes qu'on supposait à chaque grain féculent ; tandis qu'au moyen du microscope il était aisé de voir que ces grains sont arrondis comme des vésicules. Il est donc indispensable, pour déterminer la forme de ces parti- cules, d'amplifier considérablement leurs dimensions. Alors on pourra les calquer sur un papier, ou les mesurer immédiatement. Les contours seront, ou parfaitement circulaires, ou elliptiques, ou plus ou moins irréguliers. On fera donc connaitre les rapports des diamètres, et les variations que peuvent offrir le grand nombre des individus soumis à l'observation. Si la matière que l'on observe est cristalline, on mesurera les angles formés par les arétes et les faces des cristaux, les rapports des dimensions, et, par la cristallographie , les formes primitives les plus simples dont les formes observées ne sont que des dériva- tions; car il peut arriver que les cristaux d'une méme substance, affectent diverses formes secondaires et se groupent de manière à tromper un observateur superficiel. Le caleul des formes secon- daires sera trés-souvent propre à indiquer les petites corrections t ( 209°) qu'il faudra apporter à l'observation directe pour la faire coinci- der avec quelque forme primitive très-simple, et, par cela méme, trés-probable. - Nous ne craignous point d'annoncer que l'examen des formes des particules organiques sera d'un trés-grand secours dans l'é- tude de ces derniéres, et que souvent il sera possible, à la simple inspection au moyen du microscope, de reconnaître que tel objet est formé de telle substance, ou de déterminer la place et la fonc- tion que telle matière remplit dans l'organisation, et méme de faire des analyses complètes de certains composés que la chimie seule débrouillerait difficilement, et érigerait peut-être en matière immédiate. C'est ainsi que M. Raspail a fait l'analyse microscopique de l'Aordéine, prétendue substance homogène que Proust avait ex- traite de la farine d'orge, et qui, examinée au microscope, n'était qu’un mélange de grains féculens, vides ou encore remplis de leur gomme, de fragmens du péricarpe de la graine imprégnés de résine, de cellules du périsperme, de débris des enveloppes calicinales, d'embryons et de poils, etc., tous objets reconnaissables au premier coup d’œil pour quiconque les avait précédemment étudiés sous le rapport de leurs formes. De la densité. Après avoir mis à contribution toutes les ressources de la géo- métrie et de la cristallographie pour déterminer la forme des particules organiques, on doit essayer sur ces dernières l'action des agens naturels. Nous commencerons par examiner l'action de la pesanteur; c'est-à-dire que nous chercherons à connaitre le poids spécifique ou la densité de ces particules. Quand celles-ci peuvent être obtenues en très-grande quantité, on en détermine la densité par les procédes ordinaires de la physique, en pesant la substance dans l'air et dans un vase que l'on achève de remplir avec un liquide convenable. Mais il est un second procédé auquel on aura recours dans le plus grand nombre de cas. Ce procédé n'est autre que celui par- lequel on peut reconnaitre que des globules de fécule différent essentiellement des globules de graisse, par cela seul que les pre- miers se précipitent au fond de l'eau, tandis que les seconds y { 219 ). surnagent; d'ou il résulte que les substances qui composent ces deux espèces de globules sont de densités différentes , et par conséquent de nature diverse. Mais il ne suffit pas de dire que telle matière est plus ou moins dense que tel ou tel liquide; il faut encore assigner le poids spécifique d’une particule avec une précision suffisante pour qu’on puisse assurer que cette particule est de même nature que telle autre substance prise en masse, ou qu'elle en diffère au moins par cette propriété. Il est bon, par exemple, de pouvoir démontrer qu'un grain de fécule possède exactement la densité de la gomme, un globule de graisse celle de l'huile, un raphide celle de la silice, etc., et de pouvoir ainsi compléter la preuve de l'identité de ces matières correspondantes. Supposé donc qu'il s'agisse de déterminer exactement la den- sité d'une espèce de fécule qu'on ne peut obtenir qu'en très-petite quantité ; on en mettra quelques grains dans l'eau, qui tous, quand ils seront mouillés, se précipiteront au fond du liquide. Mais si à ce dernier on ajoute goutte à goutte un autre liquide beaucoup plus dense,:tel qu'une dissolution métallique trés-con- centrée, il arrivera un instant ou les grains de fécule se soutien- dront indifféremment à toutes les hauteurs dans la liqueur mélan- gée, dont il suffira maintenant de prendre la densité pour avoir celle de la fécule en question. Il est bien entendu que les liquides employés ne doivent avoir aucune action immédiate sur les globules. On pourra, par ce procédé, reconnaitre la densité de toutes les matières organiques proprement dites, parce qu'il est possible d'avoir des liquides dont les densités varient entre les limites ex- trémes. Mais un autre avantage que l’on retirera de cette méthode, c'est de pouvoir faire des analyses mécaniques, ou la séparation plus ou moins complète des matières qui entrent dans certains mélanges. Car, en admettant que deux substances, dont les deu- sités different entre elles d'un dixième de leur valeur moyenne, soient mélangées ensemble, on les séparera complétement dans un liquide dont la densité aurait cette valeur moyenue, et différerait par conséquent d'un vingtième de chacune des deux autres. On voit évidemment que cette analyse mécanique est en tout point semblable à l'analyse par les dissolutions, et que celle- ci méme n'est que le dernier terme de la premiere. Daus l'une et dans Pautre, il y a plusieurs précautions indispensables à prendre, i ? oes clipei ГЫ EY ie Ама (5E f et l'on n'obtient pas toujours des résultats satisfaisans ; car il peut se faire que des matières très - differentes dans leur composition aient à peu prés la même densité, comme aussi il peut arriver que ces matières jouissent d'une solubilité presque égale dans differens menstrues. À Les mouvemens, soit ascendans, soit descendans, de corpuscules placés dans un liquide en repos, sont quelquefois très-lents ; et ce retard provient de trois causes principales. Par la première, un corps immergé perd une partie de son poids égale au poids du liquide déplacé. Si, par exemple, le corps pèse 101, tandis que le même volume liquide pèse 100, la pesanteur qui, dans le vide, ferait parcourir à ce corps 4,4044 mètres durant la première se- conde, ne lui fera plus parcourir qu'un chemin égal au précédent réduit dans le rapport de 101 + 100 à 101 — 100, c'est-à-dire environ 22 millimètres ; car la force motrice, représentée par la difference des poids du corps et du liquide déplacé, doit mettre en mouvement ces deux masses; la premiere, pour la faire des- cendre, et la seconde, pour la faire remonter d'une quantité égale. La deuxieme cause de ralentissement consiste dans la viscosité du liquide, en vertu de laquelle le volume de ce liquide, qui doit remonter à la place du solide , ne peut se mettre en mouve- ment sans entrainer une masse plus ou moins considérable du liquide environnant. Enfin, la troisième cause de retard se ren- contre dans des couches fluides qui s'attachent aux particules solides par un effet d'affinité, et qui participent à tous les mou- vemens de leurs noyaux. Dans ce cas, il ne faut plus comparer la densité du liquide avec celle du corps solide, mais bien avec la densité moyenne du noyau et de son enveloppe. Et si l'on fait attention que le noyau peut diminuer presque indéfiniment sans que l'épaisseur de sa couche décroisse d'une manière sensible, on conçoit qu'il peut arriver des cas où la densité du noyau, quelque considérable qu'elle puisse être, n’élève la densité moyenne en question au-dessus de celle du liquide pur, que d'une quantité tout-à-fait négligeable. Ainsi, en poussant extrêmement loin la division mécanique d'une matiere méme tres-dense, si des cou- ches liquides restent adhérentes à ses particules, ou si, en d'autres termes, ces dernières sont susceptibles de se mouiller, elles pour- ront employer un temps considérable à se précipiter au fond du ( 212 ) vase ; et, dans tous les cas, cette précipitation ne pourra jamais être complète, vu que les couches liquides ne se pénètrent que difficilement. Dans la circonstance particulière ou les corpuscules ont à peu prés la densité du liquide, leurs couches se feront mu- tuellement obstacle, et les corpuscules, au lieu de former un dé- pót compacte, se maintiendront à distance en présentant l'aspect d'un nuage floconneux. П ne faudrait done pas s'étonuer que des particules organiques, dont la densité s'écarte toujours trés-peu de celle de l'eau pure, employassent des heures et méine des jours entiers à se précipiter au fond du liquide ou à venir surnager à sa surface ; ni que d'au- tres particules fussent animées de certains mouvemens, spontanés en apparence , qui ne seraient que la conséquence des agitations imperceptibles d'une faible masse liquide, exposée à mille causes extérieures de perturbation. Tant d'erreurs de ce genre ont été commises, des systèmes tellement extravagans ont été l’inévitable suite de l'oubli des principes d'hydrostatique que nous venons de rappeler, qu'il n'était pas inutile de s'y arrêter un moment. Nous allons passer maintenant à d'autres considérations. Électricité, On n'a guère mis à profit l'action des courans électriques de la pile que dans le but de provoquer la décomposition des substances minérales. Une petite pile serait employée avec avantage dans l'analyse des matières organiques, soit pour décomposer les sels formés de ces matières, soit pour séparer les élémens de certains produits immédiats, soit pour donner lieu à quelques phéno- menes de coloration, comme les anneaux électriques de M. Nobili, soit enfin dans les analyses microscopiques. ll serait bon, par exemple, de chercher l'explication des différences que présentent certaines matières végétales dans leur conductibilité pour les flui- des électriques. Nous tenterons à ce sujet quelques expériences. Magnétisme. La présence du fer dans les productions naturelles peut étre reconnue au moyen d'une aiguille astatique très-sensible. Peut- étre y aurait-il quelque différence entre l'action magnétique du fer simplement déposé à l'état d'oxide dans un corps organisé, et ( 2318 ) l'action de ce métal véritablement combiné avee les tissus. Une polarité pourrait peut-être aussi être observée dans diverses plan- tes trés-ferrugineuses, où dans différens organes d'üne même plante. Chaleur. Il arrive souvent que des matières insolubles ou peu solubles dans un liquide, à la température ordinaire, s'y. dissolvent plus abondamment par une chaleur élevée. Quelquefois cette dissolu- tion n'est qu'apparente, et provient de ce que les particules de la substance en question s'élèvent et se soutiennent dans le liquide par l'effet du bouillonnement. Tel est le cas de l'ulmine, que les chimistes regardent comme soluble dans l'eau chaude; mais à l'aide du microscope, on voit les particules charbonneuses dont l'ulmine se compose nager dans un liquide incolore. Tel est aussi le cas de ces substances réputées immédiates, et en réalité par- faitement bien organisées, dont les différentes parties s'isolent à la faveur de l'ébullition, et dont les unes se dissolvent effective- ment, tandis que les autres, flottant dans le liquide, restent indivi- duellement imperceptibles, et présentent, dans leur ensemble, ce louche que les chimistes n'ont jamais pu bien caractériser. La fusion ignée peut aussi n'étre que partielle en réalité, bien que complète en apparence; pour donner lieu à cette dernière illusion, il suffit qu'une substance qui formerait comme le ciment d'un produit organique vienne à se liquéfier par la chaleur et à entrainer les particüles désaggrégées des autres substances restées à l'état solide. C'est ainsi que des globules de graisse semblent se fondre entiérement par 1а chaleur; mais, à l'aide du microscope, on apercoit alors les tégumens de ces globules flotter dans la matière huileuse qu'ils recélaient auparavant. Pour lever tous les doutes que l'on pourrait avoir sur la réalité d'une dissolution, il sera donc quelquefois indispensable de re- courir au microscope ; car, dans les circonstances douteuses, sen tenir à la vision ordinaire, ce serait agir à la manière d'une per- sonne qui s'efforcerait de voir à la ]ueur des étoiles ce qu'elle ne pourrait bien distinguer qu'à la clarté du jour, ou qui; plutót que d'ouvrir les yeux à la lumière, plongerait ses doigts dans un (214) liquide pour y découvrir des particules indissoutes. Tel est pour- tant le travers de certains chimistes, qui, bien qu'avertis de leurs méprises, refusent pourtant de recourir à un moyen d'investiga- tion aussi simple, et persistent opiniátrément dans leurs vieilles habitudes, et par conséquent dans leurs erreurs, dont le nombre va croissant de jour en j our. Les tissus et tous les produits organiques renferment de l'eau en quantité variable. Ce liquide est ou hygrométrique ou essen- tel à la composition des substances. Savoir à quel point on doit dessécher ces dernières quand on veut en faire l'analyse elémen- taire, est une question qui a fort embarrassé les chimistes, et qui est loin d’être résolue; il faudra la reprendre, en essayant des pro- cédés nouveaux et appropriés à l'étude de chaque substance. 1l est indispensable en effet de pouvoir distinguer l'eau hygrométrique d'avec l'eau de constitution, pour arriver à la composition élé- mentaire des matières immédiates, ou bien de prouver, par des expériences péremptoires, l'impossibilité qu'il y a de séparer net- tement ces deux portions d'un méme liquide. Enfin, pour compléter l'étude de l'action que la chaleur exerce sur les matières organiques dans le cas où celles-ci ne sont point altérées par cet agent, il faudra déterminer leur point de fusion ou de volatilisation, leur dilatation, leur capacité et leur conduc- tibilité pour la chaleur, et, si l'on veut, leur pouvoir émissif ou absorbant. Action de la lumière. Nous arrivons maintenant aux observations les plus intéressan- tes, à celles qui reposent sur la vision. C’est, en effet, par le moyen de la lumière que nous acquérons les notions les plus variées et les plus importantes, et sur la nature intime des corps et sur leur mode d’organisation. Nous devons cet avantage à l’admi- rable structure de l'eil et aux rapports intimes que la lumière peut avoir avec les dernières particules matérielles ; ear ces particules, dans leur rencontre par un faisceau lumineux, impri- ment à chacun des rayons élémentaires dont il se compose des modifications qui se perpétuent jusqu’à l’arrivée de ces rayons dans notre œil ; de telle manière que, pour nous, ces rayons rem- plissent la fonction d'organes extrémement déliés, au moyen (925 ) desquels il nous serait possible de palper, pour ainsi dire, les molécules mêmes de la matière. Les modifications des rayons lumineux sont, il est vrai, en nombre presque infini, bien que nous n'en puissions percevoir que les principales et les plus ca- ractéristiques; dans l'insuffisance de notre organe visuel, il est done nécessaire de recourir à des moyens artificiels, soit pour augmenter l'énergie de nos perceptions, soit pour les rendre plus distinctes les unes des autres. Le microscope est, comme on sait, l'instrument que l'on choisit de préférence pour atteindre ce but. Lesobservationsau microscope présupposent, dans celui qui veut les faire, une connaissance plus ou moins complète des phénomènes optiques, ou du moins de ceux que l'on a jusqu'à présent étudiés. Sans doute, il y a dans le régne organique une multitude de faits que l'on peut suffisamment bien observer, quand on n'ignore pas les lois les plus ordinaires de la lumière ; mais il en est quelques- uns dont l'observation réclame une connaissance plus explicite de ces lois; et l'on ne peut nier, qu'à mérite d'ailleurs égal, l'obser- vateur qui possédera le mieux les théories optiques sera aussi le plus capable de procéder avec ordre, clarté et précision, à l'étude des corps organisés et à l'analyse de leurs produits. Il n’est donc pas étonnant que l'emploi du microscope dans l'analyse des matières organiques présente des difficultés de plus d'un genre aux observateurs qui n'ont point l'habitude de manier cet instrument, ou qui ne possèdent que des connaissances d'op- tique trop superficielles ; et les nombreuses illusions auxquelles le microscope a entraîné de pareils observateurs n'ont pas mé- diocrement servi les chimistes , quand ils ont voulu repous- ser un moyen d'investigation qui mettait à de si rudes épreu- ves et leurs travaux scientifiques , et leurs théories si mer- veilleusement combinées, et par-dessus tout leur réputation d'habiles observateurs. M. Raspail, à qui la science devra cette révolution, a déjà dit plus en détail quelles oppositions sys- tématiques s'éleverent à l'annonce de ses premières recherches, et comment les cris d'indignation qu'il avait d'abord soulevés se calmèrent peu à peu, et finalement laissèrent entrevoir comme très-prochaine cette régénération de la chimie organique. Je me bornerai ici à présenter quelques considérations générales sur l'emploi du microscope dans ce genre d'analyse. ( 216 ) Il faut d'abord bien se persuader que, dans l'emploi de cet instrument, tout se passe conformément à des principes d'optique parfaitement définis, qui peuvent subir l'épreuve des calculs les plus minutieux; que, par conséquent, il n'y a d'illusions que pour les observateurs qui ne connaissent раз ces principes, ou qui ne peuvent en faire une application raisonnée. Pour lobservateur suffisamment instruit, ces illusions n'existent pas comme telles; ce sont purement et simplement des phénomènes accessoires, qui compliquent la détermination des formes observées, qui, dans quelques cas, rendent cette détermination impossible, mais qui ne peuvent jamais étre prises pour la réalité. Ce qu'il faut donc chercher avant tout, c'est à diminuer la complication des phéno- mènes optiques, à débrouiller leurs indications, et à parvenir, im- médiatement ou par le calcul, aux formes et aux propriétés des matières qui donnent naissance à de pareils phénomènes; et si l'on rencontrait, dans le cours des observations microscopiques, certaine circonstance inexplicable par toutes les théories connues, on aurait fait une découverte réelle, qu'on devrait alors signaler et poursuivre dans ses conséquences. En conséquence, et c'est une opinion que tout le monde parta- gera, il ne suffit pas d'étre académicien pour faire de bonnes ob- servations microscopiques ; il faut plutót savoir de quelle maniere les rayons de lumiere sont réfléchis par les surfaces de séparation des différens milieux ; comment ils se réfractent en passant de l'un de ces milieux dans l'autre; jusqu'à quel point le voisinage des corps occasione la diffraction de ces rayons ; quelles kois président à Jeur décomposition et à leur recomposition totale ou partielle ; ce qui $e passe au point d'entrecroisement ou d'interférence de deux rayons sensiblement parallèles; enfin, quelles circonstances peu- vent donner lieu aux phénomènes si compliqués de la polarisa- tion. Au moyen de toutes ces connaissances, soit qu'on les possede par soi-même, ou qu'on les réclame de la complaisance d'un collégue ou d'un ami, on ne s'exposera jamais à prendre des sur- faces courbes pour des surfaces planes; des protubérances pour des trous; les couleurs du prisme, comme appartenant à des objets qui ont décomposé la lumiere ; l'opacité, pour le caractere d'un corps parfaitement diaphane ; le noir pour le blanc ou le blanc pour le noir, suivant la position de l'objet relativement au foyer (8217) des lentilles, etc;, erreurs qui, se renouvelant presque tousles jours, seraient capables de jeter des doutes sur l'utilité réelle des instru- mens d'optique appliqués à l'étude de l'organisation, et de couvrir du méme ridicule les découvertes chimériques de l'ignorance en faveur, et les résultats de trayaux judicieusement poursuivis avec апе opiniâtre constance, г Il faut l'avouer, la plupart des observations microscopiques d'au- jourd'hui méritent, jusqu'à un certain point, la défaveur qui les en- toure, Mais au temps où l’on fit les premières observations de ce genre, le méme savant ne bornait point encore ses études à une seule des sciences exactes ; il était à la fois naturaliste, physicien et géo- mètre; il apportait ainsi dans les recherches microscopiques aux- quelles il se livrait les connaissances acgessoires qui deyaient le diriger. et affermir sa marche : c'est alors qu'au moyen d'une simple loupe furent exécutés les beaux travaux des premiers observateurs. Mais depuis que des sciences, qui deyaient se préter un appui mutuel ont fait complétement divorce, les lois de l’organisation sont demeurées inconnues aux physiciens et aux chimistes, et les naturalistes ont perdu de vue les proprié- tés essentielles de la matière aussi-bien que le mode d'action des agens universels. En conséquence , les premiers ayant voulu appliquer immédiatement aux produits des règnes organiques les principes qui les avaient guidés dans l'étude des substan- ces minérales, ils se sont trompés de même que les naturalistes quand ils ont prétendu étudier l'organisation des espèces, en gé- néral, sans physique ni chimie, et spécialement, à l’aide du mi- croscope, sans connaître la marche des rayons lumineux. Et si quelque esprit judicieux se présentait aujourd'hui qui voulût ré- tablir l'ordre dans les études élevées, et rapprocher des sciences faites pour marcher ensemble ; ne recueillerait-il comme prix de ses louables efforts que l'animadversion des deux partis? Les sa- vans du premier ordre, les vrais amis du progres des lumières, devraient-ils partager ces petites passions, cet esprit de coterie, qui d'ordinaire anime la médiocrité scientifique? Mais non, des physiciens, des astronomes, ne repousseront pas, lorsqu'il s'agit de l'étude des particules organiques, l'insurument qui, sous une autre forme , leur a ouvert l'immensité des espaces célestes. Ils n'ignorent passans doute qu'à cette époque où l'onyenait de faire 2. 15 ( 218 ) l'application des lunettes aux cercles astronomiques, les vieux observateurs refusaient opiniátrément de préter les mains à cette innovation, qu'ils considéraient comme une source d'illusions et d'erreurs inévitables; et que, bien des années aprés, Hevelius observait encore, à Dantzick, au, moyen de pinnules, malgré les conseils et l'exemple de Hallei, qui, à ses côtés méme, manœu- vrait avec succès la lunette astronomique. On a récemment appliqué l'achromatisme au microscope, dans le but d'en pouvoir agrandir le champ visuel; de cette maniere, on a beaucoup diminué les aberrations de sphéricité et de réfran- gibilité ; mais on a perdu en clarté ce que l’on gagnait en préci- sion, puisqu'une trés-grande quantité de lumière s'est trouvée perdue par toutes les réflexions partielles que lui font subir les sur- faces des lentilles composant le système achromatisé. Un pareil système, il est vrai, par cela seul qu'il agrandit le champ de la vision, et qu'il permet d'éloigner l'objet de la lentille, convient parfaitement aux dissections et aux manipulations en général ; mais quand il s'agit d'observer purement et simplement une particule organique , il vaut mieux se servir d'une simple loupe montée, c'est-à-dire composée d'un objectif globuliforme, d'un oculaire et d'un réflecteur. J'ai essayé comparativement une semblable loupe et le microscope d'Ainici, et j'avoue avoir été beaucoup plus sa- tisfait de la netteté des images produites par le premier, que de l'agrandissement nébuleux de ces mémes images obtenues par le moyen du second. Пу a, ce me semble, un point au-delà duquel les perfectionnemens du microscope deviennent illusoires ; et ce point, que l'on atteint plus ou moins vite d’après les objets soumis à l'observation, est celui ou la perte occasionée par les réflexions aux surfaces des lentilles, contrebalance l'avantage du grossisse- ment. Toute piéce qui n'est pas absolument nécessaire à la cons- truction du microscope doit être soigneusement écartée ; à plus forte raison faudrait-il l'éloigner, si cette pièce devenait nuisible au but principal que l’on se propose d’atteindre avec un micros- cope, celui de bien voir. Tel est pourtant le cas du miscroscope d'Amici, qui n'est que le microscope ordinairement achromatisé, mais dans lequel les rayons de lumière se trouvent brisés à angle droit entre l'objectif et l'oculaire. Peut-on croire sérieusement que l'avantage, s'il y en a, de voir dans une direction horizontale E LL REPRE ( 219 ) l'image des objets que l’on aurait examinés dans le sens vertical, compense la triple déperdition de lumière produite par les ré- flexions irrégulières sur les trois faces du prisme en question, et quelquefois aussi la perte due à la polarisation dans certaines po- sitions du réflecteur? Quand les objets que l'on observe au mi- croscope ont plus qu'un centième de millimètre, on peut les voir parfaitement bien au moyen d'un grossissemet de cent; si ces objets avaient des dimensions bien moindres, on pourrait porter le grossissement à quelques centaines de fois; mais aller à des grossissemens de mille, en conservant les contours des images in- colores et bien déterminés, est une chose impossible parla nature méme des matiéres dont on compose les lentilles. C'est par la méme raison que les astronomes ont limité à quelques centaines de fois les grossissemens de leurs lunettes. Les observations que l'on peut faire, relativement à l'action des matières organiques sur la lumière, sont les suivantes. On définira d'abord la couleur que prennent les particules observées au mi- croscope, soit par réflexion, soit par transmission. On dira si ces particules sont diaphanes, translucides ou opaques dans leur état naturel de division. Il arrive souvent que la méme substance est opaque, vue en masse et à la simple vue, tandis qu'elle est trans- parente dans ses particules microscopiques; la fécule, par exem- ple, est dans ce cas. Mais l'observation la plus importante consiste à déterminer le pouvoir réfringent de ces matières. Je suppose, pour fixer les idées, qu'il s'agisse de la faire sur un grain de fécule. Celui-ci, vu dans l'air, au moyen du microscope, et par la lu- miére transmise à travers une très-petite ouverture, est tout-à- faitnoir, excepté vers son centre, où un petit point brillant indique le passage des rayons qui n'ont point subi de réfraction, et qui se sont propagés suivant Гахе du microscope. Cette circonstance annonce déjà que la fécule n'a pas une forme aplatie, et qu'elle n'est pas non plus composée de vésicules simplement gonflées par de l'air. Un de ces grains mis dans l'eau ne parait plus ombré que sur les bords, et dans l'huile on ne le distingue plus qu'avec peine. Maintenant, si l'on examine une table de réfraction, on trouvera que la gomme possède à peu près le même pouvoir ré- fringent que l'huile, et que, par conséquent, il n’est pas impos- sible que la fécule soit de la gomme sous une forme particulière. ( 220 ) Pour compléter cette preuve, il suffit de mélanger de la fécule ауес Че la gomme ramollie par l'eau, de faire sécher lentement la páte qui en résulte, et d'en examiner une lanière au microscope. Les grains de fécule, parfaitement intacts, ne paraitront cependant plus ombrés sur les bords, mais simplement terminés par des lignes circulaires provenant des enveloppes qui ont un pouvoir réfringent supérieur à celui de la gomme, On arriverait au méme résultat en employant deux liquides dont les pouvoirs réfringens seraient l'un supérieur, et l'autre inférieur à celui de la fécule, et en suivant 1а méthode d'observer les réfractions imaginées par M. Brewster. Caractères chimiques. Nous n'avons rien à dire, pour le moment, sur les procédés par lesquels on opère la séparation des diverses matières organi- ques solubles. L'analyse élémentaire ne laisse non plus rien à désirer. Nous ne voulons parler ici que d'un seul prinéipe qu'il n'eüt jamais fallu perdre de vue. Les matieres organiques ne sont pas renfermées dans les végétaux et dans les animaux, comme les substances minérales au sein de la terre. Les élémens des miné- raux s'étant réunis par juxtà-position, on peut les désunir de nou- veau, en les attaquant de proche en proche dans un ordre inverse ; et le réactif qui sera capable d'opérer cette désaggrégation en un seul point pourra évidemment l'achever dans toute la masse. Il n'en serait pas ainsi d'un être organisé; créé d'une manière in- eompréhensible, toutes ses parties se correspondent et se déve- 1оррепї simultanément; les élémens matériels y sont amenés de mille maniéres diverses, à travers mille canaux imperceptibles qui s'ouvrent, se ferment, se vident et s'obstruent, non-seulement sous l'influence'des agens physiques, mais sans doute aussi par des causes qui nous échapperont toujours. Quand le principe de l’organisation vient à être détruit, ses effets n’en subsistent pas moins ; tellement que si l’on veut isoler une ou plusieurs des ma- tières immédiates contenues dans un corps organisé, force est bien à chacun des réactifs que l'on emploie dans ce but, d'aller saisir, par tous ces chemins étroits et sinueux, les élémens pour lesquels ils ont de l'affinite. Il arrive. alors que des portions d'un réactif, ou se trouvent emprisonnées dans quelques cellules, ou ( 221 ). ~ - bien demeurent, sous forme d'un corps inerte, au lieu méme dans lequel s'est opérée leur combinaison avec la matière organique. Ainsi , quelques traces de dissolvans, quelques atomes d'acide ou d’alcali, demeurent toujours dans les tissus qu'ils ont attaqués, et qu'ils n'ont pas complétement détruits. Que l'on veuille à pré- sent chasser ces atomes d'acide par des atomes d'alcali, ou ces derniers par les premiers, les uns se combineront avec les autres et resteront, à l'état de sels, dans les pores de la substance orga- nisée. L'erreur que partageaient les chimistes sur la nature de ces pro- duits, qu'ils considéraient comme immédiats, leur avait faire croire à une extrême instabilité de toutes les substances organiques еп général. Pouvait-on voir rien de plus fugitif, par exemple, que l'existence de l'amidon, qui, à une faible chaleur, se trausformait en empois, empois au minimum, empois au maximum, empois de toutes les consistances, en amidon modifié, en amidon soluble, en amidon insoluble, en amidon gélatineux, en hydrate d’amidon, en amidine, en ligneux amilacé, en bassorine. Mais depuis que tout le monde sait qu'un grain d'amidon est un organe complet, forme principalement d'une gomme emprisonnée dans un sac, on voit clairement qu'en ouvrant ce sac la gomme pouvait sortir et se dissoudre dans l'eau; et que, pour ramener le grain d'amidon à son état primitif d'insolubilité, il fallait tout au moins remettre la gomme dans son sac et fermer celui-ci. Un pareil exemple suffira sans doute pour faire comprendre que l'instabilité des produits organiques est parfois illusoire, et que, eroyant altérer la nature de ces derniers, on ne fait que désunir les parties d'un système orga- nisé. Ainsi, quoi qu'on ait pu dire, les matières organiques réelle- ment immédiates, mais dont le nombre devra être considérable- ment diminué, jouissent d'une existence tout aussi durable, ré- sistent à l'action délétère des réactifs avec autant d'énergie qu'un irés -grand. nombre de matières du règne minéral. Et Pon se trompe, dans beaucoup de cas, lorsqu'on croit pouyoir détruire les dernieres traces de l'organisation d'un produit végétal ou ani- mal par l'emploi des dissolvans neutres, des dissolutions alcalinés ou des acides étendus, au moyen méme de la chaleur : les tissus organiques se trouvent alors, il est vrai, plus ou moins altérés et divisés: mais on apercoit toajours, surtout à l'aide du microscope, А ( 243 ) ‘leurs lambeaux, déliés et transparens, flotter dans les liqueurs, раззег à travers les filtres, se déposer à froid, et remonter à chaud, soit par leur propre dilatation, soit par les agitations du liquide. L'extréme difficulté que l'on éprouve à détruire l'organisation des tissus tient probablement au carbone qui en fait la base, et qui, par sa cohésion, résiste peut-étre plus qu'aucune des autres ma- tières à l'action du plus grand nombre de réactifs. Cette fixité du carbone se trouve sans doute beaucoup augmentée par la combi- naison de cet élément avec des matières terreuses, comme Ја chaux, l'alumine, le fer et surtout la silice. Aussi quand on chauffe un tissu organique jusqu'au rouge, les élémens gazeux le quittent presqu'en totalité, mais la plus grande partie du carbone conserve son organisation; et quand, par un feu soutenu, on a brülé tout ce carbone, les matières terreuses, sous forme de cendres, repré- sentent encore le tissu primitif, qui semble n'avoir subi que des changemens de couleur. Enfin, et c'est une erreur sur laquelle il sera le plus difficile de faire revenir les chimistes, un petit nombre d'élémens, trois chez les végétaux et quelquefois quatre chez les animaux, pourraient-ils donner naissance, par leurs combinaisons mutuelles, méme en des proportions très-variées, à toutes ces matières prétendues immé- diates qui pleuvent aujourd'hui dans le domaine de la chimie ? Ne pourrait-on pas d'abord mettre plus de soin et faire preuve de plus de sagacité dans l'extraction et dans l'étude de ces matières; et, en second lieu, considérer un très-grand nombre de produits organiques comme des combinaisons de substances végétales et animales dans le sens propre du mot, avec les substances minérales qu'on en retire par incinération ? П ne faut pas avoir fait une longue étude de l'organisation en géuéral pour demeurer convaincu que les matières terreuses n'y sont point accidentellement, comme des impuretés ou des mélanges, mais bien à l'état de combinaison avec les tissus, et précisément pour donner naissance à ces tissus. Par exemple, l'analyse élémentaire assigne la méme composition au sucre, à la gomme, à l'amidon et à tous les bois, sauf les ma- tieres terreuses, qui, d'abord en très-petites quantités dans la gomme et dans l'amidon, s'élévent à quelques centièmes, et même quelquefois à plus d’un dixième, dans les différens tissus ligneux. Suivant cette nouvelle manière d'expliquer l'immense variété des ( 225 ) - produits organiques, la gomme serait un composé de sucre et de matières terreuses ; l'amidon serait de la gomme renfermée dans une couche aussi gommeuse, mais plus durcie par ces matières ; le ligneux enfin ne serait qu'une réunion de cellules de méme nature sucrée, rendues plus consistantes par une plus grande pro- portion d'oxides métalliques. Toutes ces analogies sont en effet confirmées par les transformations si faciles de ces substances, d'abord en gomme, et finalement en sucre. Mémes simplifications pourraient étre apportées à l'histoire des huiles, des graisses et de tous les tissus adipeux. Ces résultats, une fois bien constatés, seraient plus satisfaisans pour l'esprit, beaucoup plus simples en théorie, et plus féconds dans la pratique des arts que cette multi- tude de produits réputés immédiats, qui fatiguent la mémoire sans étre d'aucune utilité pour la science, à laquelle méme ils ont im- primé un mouvement rétrograde ; car le temps qu'on aurait pu consacrer à son perfectionnement réel, il faudra l'employer à dé- truire des erreurs, à combattre des illusions et des préjugés, à con- vaincre, ou du moins à réduire au silence, des hommes en général étrangers aux sciences dont nous invoquerons le secours, d'une confiance aveugle dansle pouvoir de la chimie, quelquefois pas- sionnés, et d'autant plus opiniâtres dans leurs systèmes que ceux- ci sont plus dénués de preuves positives. Le lecteur jugera de la tâche que nous nous imposons, à l'inspection seule du tableau suivant, ой nous avons réuni, par ordre alphabétique, toutes les richesses de la chimie organique : Acides. Origine. Inventeurs. ` abiétique pinus À bies Baup acérique acer campestre acétique alcool et bois allantoique allantoide Lassaigne aloétique aloès Braconnot ambréique ambréine Pelletier et Caventou amniotique amnios Vauquelin et Buniva amylique amidon Tünnermann anémonique blanc anemone nemorosa Schwarz anémonique volatil | anemone nemorosa Schwarz aspartique benzoique bolétique bombique . butirique camphorique caprique caproïqué carbazotique carthamique caséiqué cérique cévadiqué chlorocyanique cholestérique cholique chyazique argenturé chyazique-ferruré chyazique-sulfure citrique codéique éœruléo-sulfuriqué cóeruleo-hyp osulfur. colopholique coniique cosmique croconique crotonique cyanique cyanourique delphique élaiodique ellagique équisétique érythrique filicique flavique ( ээй) asparagus officinalis benjoin bolètus pseudoigniarius ver à soie (bombya) beurre camphre beurre de vache beurre de vache, etc. indigo carthamus tinclorius fromage (caseum) cire saponifiee cévadille (тешїї Sa- вайа) Меп аё Prusse etehlore tholestériné bilé bleu dé Prusse et argent bleu de Prusse et fer Plisson Bracónnot Chaussier Chevreul Kosegarten Chevreul Chevreul Liebig Dœbereiner Proust Pfaff Pelletier et Caventou Berthollet Pelletier et Caventou Tiedmann et Gmelin. Porrett Porrett bleu de Prusse ét sóufre Porrett citron opium indigo, indigo acide pinique conium maculatum beaume météorique Schéele Robinet Berzélius Berzélius Unverdorben Peschier John préparat. du potassium Gmelin ou iatrophique ou fulminique urine huile de dauphin huile de ricin noix de galle equisetum fluviatile urine fougère mâle Wæhler Brugnatelli Chevreul Bussy et Lecanu Braconnot Braconnot Brugnatelli Batso huile animale de Dippel Unverdorben formique fulminique fungique gallique * garancique glaucique hircique humique hydrocarthamique hydrocyanique hydroferrocyanique hydroindigoique iatrophique igazurique isatique kinique kramérique laccique lactique lampique lichenique malique margarique margaritique méconique mellitique ménispermique morique mucique nancéique nitroleucique nitrosaccharique cenothionique oléique oxalique pectique ( 225 ) fourmis alcool, acide nitrique, argent boletus juglandis noix de galle ou alizariné scabiosa suceisa graisse de bouc : végétal charbonné carthamus tinctorius ou prussique bleu de Prussé indigo iatrapha curcas strychnos ignalià isalis tinctoria quinquina kramerta triandra lacque lait combustion lente lichen islandicus pommes, etc. graisse huile de ricin opium meliite ` menispermům cocculus morus alba Lowiz Gay-Lussacet Liebig Braconnot Schéele @- Zenneck Runge Chevreul Sprengel Doebereiner Porrett Doebereiner Pelletier et Caventou Pelletier et Caventou Doebereiner Vauquelin Peschier John Schéele Faraday Pfaff Schéele Chevreul Bussy et Lecanu Sertuerner Klaproth Boullay Klaproth gomme, sucre de lait, etc. sucs aigris (Nancy) leucine sucre de gélatine ou sulfovinique huile et graisse sel d'oseille pulpe végetale Schéele Braconnot Braconnot Braconnot Sertuerner Chevreul Bergmann Braconnot phocénique pinique polygalique prussique purpurique pyreumique pyrocitrique pyrokinique pyromalique pyromucique pyrotartrique pyrourique rhabarbarique rheumique ricinique rosacique sébacique sélinique silvique solanique sorbique stéarique subérique succinique sulfoadipique sulfonaphtalique sulfosinapique sulfovinique tanacétique tartrique ulmique urique uvique végéto-sulfurique violique zumique ( 226 ) huile de dauphin résine des conifères polygala senega bleu de Prusse urine Chevreul Baup Peschier Schéele Schéele, Proust huile animale de Dippel Unverdorben acide citrique acide kinique acide malique acide mucique crême de tartre acide urique rheum palmatum rheum Rhabarbarum huile de ricin urine suif selenium palustre pinus sylvestris solanum nigrum sorbus aucuparia graisse quercus suber (Liege) succin naphtaline moutarde alcooletacide sulfur. tanacetum vulgare créme de tartre charbon végétal urine raisin ligneux et acide sulfur. violette ou nancéique Lassaigne Pelletier et Caventou Lassaigne Schéele Fourcroy etVauquelin Schéele Runge Henderson Bussy et Lecanu Proust Thénard Peschier Unverdorben Peschier Donovan Chevreul Brugnatelli Gehlen Faraday Henry et Garot Dabil, Sertuerner Peschier Schéele Braconnot Schéele kestner Braconnot Peretti Braconnot Substances alcalines ou neutres. aconitine adipocire adragantine agedoite albyperle albumine animale albumine végétale alcool alizarine alontine althéine amanitine ambréine amidine amidon ammoline amygdaline anémonine angusturine animine anis-ulmine apaline aposépédine asarine asparagine atropine barégine bassorine bétuline bleu d’indigo bréine brucine brun d’indigo bryonine burcérine butirine ( 229 ) Origine. Inventeurs. aconitum neomontanum Brandes graisse Fourcroy astragalus creticus Bucholz réglisse Robiquet calculs Melandri ceufs et sang végétaux gommeux sucre et ligneux garance Robiquet et Colin angelica archangelica. Trommsdorf althæa officinalis Bacon amanita (champignon) Letellier ambre gris Pelletier amidon Th. de Saussure plantes féculentes huileanimale de Dippel Unverdorben amygdalus communis | Deebereiner anemone nemorosa Heyer bonplandia trifoliata Brandes huileanimalede Dippel Unverdorben anis (anethum fanicu- lum) Brandes fromage Braconnot asarum europeum Górz asparagus officinalis Vauquel. et Robiquet atropa Belladona Brandes eaux de Barege gomme bassora Vauquelin betula alba Chevreul indigo Berzélius arbol а brea Baup brucæa antidysenterica Pelletier et Caventou indigo Berzélius bryonia alba Vauquelin baume de sucrier Bonastre beurre Chevreul caféine calenduline camphre cantharidine caphopicrite capsiline carmine carotine caryophylline castorine cathartine céraïne cérasine cérine cétine chelidonine chitine cholestérine : cicutine cinchonine cire coerulin colocynthine conien cornine corydaline coumarine cristallin cucurmine cyanourine cynapine cynodine cylisine dahline daphnine datiscine daturine delphine (( 22682) cafe calendula officinalis lytta vesicatoria ou rhabarbarin poivre d'Espagne kermes (cochenille) carotte vert des plantes castoreum cassia senna cire ou prunine cire sperma ceti chelidonium majus élytres d'insectes calculs biliaires cicuta virosa cinchona cordifolia abeilles indigo сиситіѕ Colocynthis conium maculatum cornus florida corydalis bulbosa camphre de Tonka indigo curcuma longa urine æthusa cynapium cynodon dactylon cytisus laburnum dahlia daphne alpina datisca cannabina datura stramonium Robiquet Geiger Robiquet Bucholz Pelletier et Caventou Wackenroder Einhof Bizio Lassaigne et Feneulle Boudet et Boissenot John John Chevreul Godefroy Odier Poulletier Brandes Pelletier et Caventou Walter-Crum Vauquelin Brandes Carpenter Wackenroder Buchner Unverdorben John Braconnot Ficinus Semmola Chevall. et Lassaigne Payen Vauquelin Brandes delphinium staphysa- Brandes gria digitaline diosmine dracine elaine élatérine élatine élémine émétine entoméiline éritrogène erythrophylle esculine éthal éther acétique éther arsénique éther benzoique éther chromosulfur. éther citrique éther fluoborique ether hydriodique. éther muriatique éther nitrique éther oxalique éther phosphorique éther sulfurique extractif fibrine filicine fungine fuscin garancine gelatine gelée ( 229 ) digitalis purpurea Leroyer diosma crenata Cadet de Gassicourt dracana draco M elandri ou oléine Chevreul momordica elalerium elatine hydropiper ? Vauquelin ? amyris elemifera Baup ou violine Pelletier et Magendie élytres d'insectes Lassaigne sang Bizio aesculus hippocasta- ıı, Canzoneri num cétine Chevreul alcool etacide acétique de Lauragais alcoolétacide arsénique Boullay alcool et acide benzoi- que alcool et acideschrom. Gay-Lussac et sulfur. alcool et acide citrique alcool et acide fluo- Gay-Luss. et Thénard borique alcool et acide hydrio- Gay-Lussac dique alcooletacidemuriat. Basse de Hameln alcool et acide nitrique, Navier alcool et acide oxalique alcooletacide phosph. Boullay alcool et acide sulfur. décoction de végétaux sang fougère mâle Batso champignons Braconnot huile animale de Dippel Unverdorben garance os et peaux suc de groseilles gentianin glaiadine glairine gluine gluten glutine glycérine glycyrrhicine grossuline guaranin gummine hélénine hématine hématosine hématoxiline hircine hordéine huiles grasses huiles volatiles hyosciamine iatropine igrusine indigogène indigotine inuline isolusine jalappine jamaïcine laccine laurine légumine leucine leucocérine ligneux amilacé lignine lupuline mannite masticine ( 230 ) gentiana lutea gluten eaux minérales glu (viscum album) céréales gluten huile et graisse réglisse ribes grossularia paullinia sorbilis (gua- гапа) ou gomme inula helenium bois de campéche sang bois de campéche graisse de bouc hordeum vulgare hyosciamus niger iatropa Curcas huiles essentielles indigo indigo inula helenium polygala senega convolvulus jalappa geoffræa jamaicensis gomme laque laurus nobilis légumineuses muscles amidon ou ligneux humulus lupulus manne mastic Henri et Caventou Einhof, Taddei Bouillon-Lagrange Schéele Doebereiner Guibourt Martius John Chevreul Chevreul Chevreul ? Chevreul Proust Brandes Nimmo Bizio Liebig Chevreul Rose Peschier Hume Huttenschmidt Funke Bonastre Braconnot Braconnot Th. de Saussure Yvès Proust Matthews médulline mélaine mélanicine mélanourine morphine myricine naphtaline narcotine nicotianine odorine olanine oléine olivile opian osmazóme oxide caséeux oxide cystique oxide xanthique parigline phœnicin phocénine picromel picrotoxine pipérine pollénine polycroite polygaline prunine pseudotoxine purpurine pyrélaine pyrrétine quassine quinine rhabarbarin rhaponticine ( 231 ) moelle des plantes sepia urine urine opium cire huile de naphte opium nicotiana tabacum John Bizio Braconnot Sertuerner John Faraday Robiquet Hermbtaedt huile animale de Dippel Unverdorben huile animale de Dippel Unverdorben graisses et huiles gomme d'olivier ou narcotine muscles, sang, etc. vieux fromage calculs urinaires calculs urinaires salsepareille indigo huile de marsouin bile menispermum. cocculus piper nigrum pollen crocus sativus polygala senega prunus cerasus extraits aqueux des vé- gétaux garance bois distillé bois distillé cassia quinquina rheum rhabarbarum rheum rhaponticum Chevreul Pelletier Sertuerner Vauquelin, Berzélius Proust Wollaston Marcet Pallota Walter-Crum Chevreul Thénard Boulla y Oersted John Bouillon-Lagrauge et Vogel Peschier John Brandes Robiquet et Colin Berzélius Berzélius Thomson, Pfaff Pelletier et Caventou Rudolfi Horneman héine rouge d'indigo salicine sambucine sandaricine sanguinarine santaline saponine 3n sarcacolle scillitine sénégine séreusine smilacine solanine stéarine strychnine strychochromine styracine subérine sucre sucre sucre sucre < surinamine tannin pur trémelline ulmine ` urée vératrine vert d'indigo violine xanthine zanthopicrite zéme zymóme \ ( 259 ) rheum rabarbarum indigo salix alba sambucus nigra sandaraque sanguinaria canendensis bois de santal saponaria officinalis: penæa sarcacolla scilla maritima polygala senega huiles essentielles smilax salsaparilla solanum nigrum graisses strychnos nuo vomica strychnos nux vomica styrax q uercus suber de cannes de raisin de lait de diabetes geoffræa surinamensis noix de galle tremella mesenterica ulmus campestris urine veratrum sabadilla indigo viola adorata garance zanthoayylum.. clava Herculis теа mais gluten Vauquelin Berzélius Fontana Ellason 'Gièse Dana Osborn Thomson Vogel Gehlen Bizio Folchi Desfosses Chevreul Pelletier et Caventou Pelletier et Caventou Bonastre Chevreul Huttenschmidt Berzélius Brandes Vauquelin Rouelle Meissner, Pelletier et Caventou Chevreul Boullay Kuhlmann Chevall. et Pelletan Bizio Taddei (La suite prochainement. ) ( 259 ) DEVIATIONS PHYSIOLOGIQUES ET METAMORPHOSES RÉELLES DU LOLIUM ; PAR M. RASPAIL. J'entends par déviations physiologiques ce que nos peres nom- maient monstruosités. Ce dernier mot, qui fut créé le méme jour que celui de miracle, doit disparaitre de la science , puisque l'idée fausse qu'il exprimait en a déjà disparu. Les jeux apparens de la nature ne sont que des combinaisons moins ordinaires de ses lois: cherchons à trouver la formule de ces combinaisons ; nous arrive- rons ainsi à la connaissance plus complete des lois elles-mêmes. Mais n'allons pas publier autant de mémoires que nous aurons l’occasion de trouver de ces déviations isolées : qui ne connait aujourd'hui les cas de passage de la feuille au pétale, du pétale à l'étamine, etc. ? Et que signifie qu'on nous décrive une fleur possédant onze segmens, au lieu de six, à sa corolle ; six étamines, au lieu de trois; trois styles réunis en un seul, au lieu d'un seul style, et qu'on emploie à cette description superflue six pages, au lieu de deux lignes? Ces faits de détails, si communs et si faciles à décrire, pourront entrer, en vertu de la loi des complaisances réciproques, dans les compilations de physiologie; mais la science n'en retire que des mots. | Le seul moyen de tirer parti de ces déviations naturelles, c'est d'en observer autant qu'on peut en rencontrer, et de ne les publier qu'alors que de leur ensemble doit résulter une confirmation ou une base d'une théorie physiologique. C'est là le motif qui me porte aujourd'hai à publier, dans deux paragraphes séparés, les déviations nombreuses que j'ai eu occa- sion d'observer, en mai et juin 1828, sur le ray-grass d'un champ assez étendu, qui longe la Fosse-aux-Lions près Gentilly; et la métamorphose évidente du Lolium en Festuca, qui est devenue démontrée à mes yeux, en observant, en juin 1829, les Lolium de la prairie de Gentilly même. › DÉVIATIONS PHYSIOLOGIQUES nv Lorin. Je crois devoir, avant de les exposer, rappeler la structure du Lolium, telle que je l'ai éta- blie dans mes précédens mémoires; et j'invite mes lecteurs à me su уге, en ayant sous les yeux un Lolium ordinaire. d Si l'on remonte de la racine vers la panicule, en ayant soin de 2. 16 ( 394 ) ne pas perdre de vue Fordre d'alternation des organes, voici ce qu'on observe ; dans l'ordre alterne avec la feuille qui termine le chaume, on trouvera, immédiatement au-dessous de la locuste la plus inférieure, la feuille spiculaire, qui est réduite à l'état d'un bourrelet un peu échancré au - dessous de la locuste, s'abaissant vers la partie opposée du chaume qu’elle embrasse. J'ai déjà dé- montré , dans un travail précédent, que ce bourrelet était l'équi- valent de la feuille véritable, et que très-souvent il se développait sous cette forme. Ce point une fois établi, il est facile de faire voir que tous les organes de l'épi ne sont qu'une répétition exacte des organes du chaume : car le rachis de l'épi devient l'analogue du chaume ; il part, comme celui-ci, de la base d'une feuille pari- nerviée , qui s’oblitère, ou plutôt se développe peu dans certains cas, mais qui, dans le plus grand nombre de cas, se présente adossé contre le rachis des Lolium ; et c'est de la base antérieure de cette feuille parinerviée que sort la glume des locustes de cette plante, comme c'est de la base antérieure de la feuille рагіпегуіёе , qui se trouve adossée contre la base du chaume, que sort la première feuille du bourgeon ; celle-ci, comme la glume de la locuste, al- terne avec la feuille parinerviée, et par conséquent avec le chaume ou le rachis. Quant à la locuste, son analogie avec le bourgeon lui-même n'a plus besoin aujourd'hui de démonstration; je ren- verrai, à ce sujet, à mon Mémoire sur la formation de l'embryon. J'ai déjà démontré encore que le rachis lui-même peut rester à l’état de feuille ou de glume, et que la feuille parinerviée et ce ra- chis peuvent ne faire qu'un seul tout, ainsi qu'on l'observe au som- met d'un épi de Lolium méme. Ces notions préliminaires une fois bien conçues, les innombrables déviations que j'ai eu l'occasion d'observer, entre autres lieux, dans le champ de ray-grass dont jai déjà parlé, vont se grouper d'elles-mémes dans des cadres presque tout tracés d'avance, et s'expliquer sans le moindre effort : 1°. Déviations de la glume inférieure. L'inverse de ce qui arrive toujours à la dernière locuste d’un épi de Lolium, s'observait sur la plupart des articulations d'une multitude d'individus: de méme que le rachis reste sous la forme de glume au sommet de l'épi, ici, au contraire, la glume ordinaire était devenue rachis d'un nouvel épi, en sorte que la locuste dont elle eût été la glume se trouvait nichée dans la bifurcation des deux rachis. ( 235 ) 2*. Déviations de la paillette inférieure de la bále inférieure de certaines locustes. La nervure médiane s'était détachée pour four- nir à la formation de la locuste. La paillette était ainsi devenue parinerviée. Les organes de la génération s'étaient formés aux dé- pens des bâles qui auraient dû se former dans son sein ; et, dés ce moment, la glume inférieure, en conservant sa forme de glume, longue, verte, ligneuse, était devenue la pailletteinférieure dela bále inférieure ; et, à proprement parler, ces locustes n'avaient point de glume. Ce cas, je l'ai observé sur un Lolium de la forme qu'on. nomme temulentum, et qu'on ne trouve que dans les moissons. Mais sur les bords de l'étang de Gentilly, à droite, j'ai recueilli un nombre immense de Lolium cristatum qui , par suite d'une dé- viation semblable, n'offraient pas méme les traces des glumes. En: ce cas, le Lolium n'entrait plus dans aucune classification soit na- turelle, soit artificielle; il est vrai que son ovaire ét son facies rappelaient encore son origine. 5°. Déviations du pédoncule qui part de la base de la paillette pari- nerviée dans une locuste. Ce pédoncule, au lieu de rester blana châtre, gréle, et de supporter une bâle, s'élargit, devient rigide, canaliculé largement , fortement herbacé, et supporte une locuste au lieu d'une bále, par le mécanisme suivant. La paillette infé- rieure placée au bout de ce pédoncule devient glume en contrac- tant des formes nouvelles, et une consistance plus forte ; la pail- lette supérieure à celle-ci, et qui ейї été la paillette parinerviée de la bále, devient la paillette parinerviée d'un nouveau rachis. Се qui eût fourni aux étamines dans Ix bále se change en paillette inférieure, qui alterne avec le rachis; et ce qui eüt fourni au pé- ricarpe dans la bâle devient la paillette parinerviée, et la ner- vure médiane de l'ovaire se change en pédoncule de la bâle sui- vante. Le périsperme devient l'appareil mâle qui alterne avec Ia paillette parinerviée qui est née du péricarpe, et l'embryon devient l'ovaire. Je prie mes lecteurs de ne me suivre que le crayon à la main, et de peindré ce que je décris; ils se convaincront par leurs propres yeux de la facilité avec laquelle cette théorie expli- que tous ces phénomènes. Quand ce mécanisme a eu lieu, il ar- rive trés-souvent que les éntrenœuds inférieurs se rapprochent tellement, quel'on serait porté à croire que le nouveau rachis part du centre des deux locustes. Mais tout se rétablit à l'imagiriation ( 256 ) dés qu'bn fait attention à l'ordre d'alternation de tous сез organes. 4°. Déviations de la paillette parinerviée , qui ordinairement se trouve adossée contre le rachis du Lolium. Cette paillette existe le plus ordinairement, surtout dans les Lolium bien nourris et vi- goureux ; mais elle est adossée contre la base interne du large ra- chis d'ou part la locuste; et pour bien l'observer, il faut rame- ner en dehors la locuste elle-même. On remarque alors qu'elle est le plus souvent largement échancrée au sommet, possédant deux nervures latérales herbacées, qui, en se prolongeant, la ren- dent bilobée : quelquefois l'échanerure s'étendant jusqu'à la base de l'organe, celui-ci semble divisé en deux paillettes uninerviées. Dans la déviation qui nous occupe, la séparation de ses deux par- ties nous paraît encore plus considérable ; chaque moitié se re- jette en dehors, et vient pour ainsi dire rejoindre l'autre sur le dos externe de la locuste qui, outre cette réunion de circonstances , n'a point sa glume ordinaire. Ces deux moitiés acquièrent une con- sistance et des formes telles, que, si cette déviation était cons- tante sur toute la longueur de l'épi, ce Lolium ne devrait plus être rangé que dans les Triticum. J'ai rencontré un cas ou, par le raccourcissement de trois entrenceuds, trois locustes, ainsi munies de deux glumes, semblaient implantées sur la méme articulation, et représentaient, de la sorte, une articulation d'Hordeum non aristé. 5°. Déviations de la direction de la glume inférieure des locustes, et de la paillette parinerviée dont nous venons de parler. La glume in- férieure se dirige verticalement vers la terre, et simule l'éperon que l'on remarque à la base de Ја glume inférieure de /4ndropo- gon acicularis de Retz. (Voy. les Annales des sc. d'observation , tom. 1, p. 105.) Les deux moitiés de la paillette parinerviée du rachis contractent souvent aussi la même direction, ainsi que toute la locuste ; et j'ai eu soin de m'assurer qu'aucune cause mé- canique n'avait produit cette déviation. 6°. Déviations de la nervure médiane de la paillette inférieure de (а bále. Ce fait avait déjà été annoncé comme un des points princi- paux de ma théorie générale de la végétation. Dans une traduc- tion que M. Trinins a publiée à Saint-Pétersbourg de ce dernier travail, ce savant académicien annonça n'avoir rien trouvé de semblable, quoique. depuis la publication de mon mémoire , il ( 255.) eût cherché avec constance la vérification de ce fait. Cela ne nrétonne pas; il y a une certaine fatalité qui préside à la recher- che des faits qu’on admet avec peine à priori. Ces faits, reconnais- sables pour d’autres, semblent passer inapercus ; et il faut en avoir perdu de vue des centaines, pour parvenir à les fixer une fois. D'un autre côté, ces faits sufvivent peu à l'observation; on les détruit en les observant ; pour les atteindre, on serait forcé de casser, de briser tout ce qui les constitue. De là vient qu'il est souvent difficile d'en offrir la preuve à ceux à quile hasard a refuse de la présenter. J'ai trouvé cette année-ci encore cette déviation qui est bien plus fréquente dans les Nastus que dans les Lolium. Je conserve un échantillon dont la nervure médiane s'est dé- veloppée sous forme de pédoncule avorté, dont on ne voit plus que le point d'insertion à la base de la paillette ; en sorte qu'ici les organes de la génération se trouvent enveloppes par deux pail- lettes parinerviées; et sile pédoncule de la paillette inférieure eüt produit une bále, on aurait eu une seule bále donnant nais- sance de chaque cóté ап complément de la locuste. D'autres in- dividus m'ont offert ce méme cas, mais avec des modifications légères ; ainsi, sur les'uns, la paillette inférieure avait fourni, par sa nervure médiane, à la formation du pédoncule d'une bále supé- rieure qui était surmontée de plusieurs autres báles, et par ses deux nervures latérales à la formation de deux moitiés séparées de paillette parinerviée ; et ces deux moitiés conservaient chacune leur nervure verte et carenée. L'autre paillette parinerviée était intacte et donnait naissance à des bâles analogues à celles dont je viens de parler, en sorte qu'ici encore les organes de la géné- ration semblaient exister entre un pédoncule florigère et une paillette parinerviée. D'autres fois, le pédoncule formé aux dépens de la nervure médiane de la paillette inférieure, devenait rachis d'une locuste, et portait néanmoins, de chaque côté de sa base, une moitié de la paillette sous forme de bractée uninerviée. 7°. Déviations de chaque moitié de la paillette parinerviée. Dans une bâle , chaque moitié de la paillette parinerviée, après s'être isolée de l’autre, avait donné naissance, l’une à une paillette su- périeure parinerviée, du sein de laquelle s'élevait un ovaire, et l'autre à deux paillettes externes dont la supérieure parinerviée . et qui portaient dans leur sein un ovaire à leur tour. La Ье que ( 238 ) je décris équivalait donc à trois báles; car la paillette véritable- mentinférieure, par rapport à ces deux moitiés de paillette , était munie aussi d'un ovaire. Ce fait n'a rien d'inexplicable ; puisque c'est de la nervure médiane de chaque organe inférieur que tire son origine l'organe supérieur, il n'y a rien d'impossible à ce que chaque nervure soit appelée dans certaines circonstances à remplir les mémes fonctions; саг les nervures ne different entre elles que par le degré de leur développement. 8». Déviations des organes de la génération. Je ne parlerai pas ici des écailles devenues moitié écailles et moitié anthères, des éta- mines arrivant par tous les passages à l'état de paillette; ces faits n'offrent rien qui ne s'explique d'avance par la théorie que nous avons publiée dans notre mémoire sur les tissus organiques. Mais jai observé dans un Lolium ramifié , trouvé en juin 1828, dans les moissons du coteau de Saint-Maurice, des déviations d'une haute importance en physiologie. Un ovaire portait de chaque cóté une feuille uninerviée, qui était le prolongement de chaque nervure latérale ; la nervure médiane, c'est-à-dire celle qui est logée dans le sillon postérieur de l'ovaire mûr , s'était changée en pédoncule portant à son sommet la répétition de cette-déviation. La face antérieure de cet ovaire était hérissée de fibrilles stigmatiques et de stigmates complets. Mais le sommet était perforé et laissait voir dans son intérieur un ovaire normal alternant avec l'ovaire perforé. Ainsi donc l'ovaire représente, par ses deux nervures latérales, cha- que portion de la paillette parinerviée, et par sa nervure médiane , le pédoncule qui part de la base de cette paillette. L'ovaire n'est donc que le tronc ordinaire, que l’entre-nœud dont les feuilles soit entiéres soit parinerviées ne sont que le prolongement. Enfin l'embryon lui-même qui, si l'ovaire ne se füt pas perforé, eût conservé sa forme et les destinations de l'embryon, est suscep- tible de se développer avant sa maturité, et même avant la fécon- dation, dans le sein de l'ovaire. Car ici il ne parait nullement que la fécondation se soit opérée, puisque les anthères étaient closes, que les stigmates étaient encore vierges, et qu'enfin tous ces or- ganes s'étaient méthamorphosés avant leur état adulte. J'ai ren- contré d'autres modifications de cette déviation ; mais toutes cu- rieuses qu'elles sont, elles peuvent étre facilement ramenées par la pensée à cette déviation principale. Il me reste à décrire une ( 259) métamorphose complète , générale et constante, qui fera sans doute rabattre beaucoup de l'importance qu'on attache à l'im- muabilité de l'espece dans les graminées. MÉrAMonPHOsE DU Lorrom EN Festuca eration. M. Link (1) an- попса , en 1827, avoir reconnu, d'une manière indubitable, que ce qu'on appelait ordinairement Festuca loliacea n'était qu'un Lolium monstrueux. Mais la description sur laquelle l'auteur appuyait son opinion , laissait tant à désirer, que, tout convaincu que j'étais de mon cóté, et par ma propre expérience, de la possibilité de cette . déviation, cependant j'eus de la peine à croire que M. Link eût vu ee que j'avais vu moi-même. Car les caractères que M. Link assignait à cette espèce eussent tout aussi-bien pu convenir à ane déviation du Lolium qu'à une déviation de Bromus pinnatus, de Glyceria fluitans, et je disais méme alors à une déviation de Fes- tuca elatior (2). En écrivant ce dernier mot, je ne me croyais pas aussi prés d'une troisième vérité, et je n'aurais peut-être pas osé alors supposer qu'en tracant les mots Lolium, Festuca loliacea , et Festuca elatior, je faisais, sans le savoir, la synonymie de la méme espèce. Une seule promenade dans les prairies de Gentilly, au mois de juin 1829, m'a démontré tous ces passages sur des milliers de pieds séparés; et ce n'est par aucune idée préconcue, par aucune prévision théorique , que mon attention s'est portéesur ce point. Sur les bords d'une portion de la prairie située à l'en- trée du grand Gentilly, et destinée à l'exploitation d'une blanchis- serie, je remarquai un Gramen en épi, dont les épillets étaient très-longs et fortement divariqués. Je crus apercevoir un Bromus pinnatus ; et l'humidité de cette localité rendait à mes yeux le fait assez piquant pour mériter une remarque. Mais ce Gramen était un Lolium par le facies, et un Festuca par la présence d'un pé- doneule et d'une seconde glume ; c'était donc là ce que les auteurs ont appelé Festuca loliacea que je cherchais depuis long-temps aux environs de Paris, et que j'avais sans doute bien des fois foulé aux pieds sans le reconnaitre. Je me convainquis d'abord que le Fes- tuca loliacea n'est qu'une déviation des Lolium qui croissent côte à (1) Linnea, avril 1827, p. 234. (2) Bull. des Sciences nat. et de géologie, tom, XII, n. 178, oct. 1827. ( 240 ) côte dans la même prairie; 1° parce que le même pied de Lolium portait, à la base de l’épi, des locustes biglumées et pédonculées, et qui des lors étaient des locustes de Festuca; et, en approchant du sommet, des locustes uniglumées et sessiles, et qui par con- séquent appartenaient au genre Lolium; 2° ‘parce qu'un jet por- tant des locustes loliacées, ou sans glume inférieure, sortait de la méme souche que les jets qui portaient exclusivement des locus- tes à deux glumes; 5° parce que les locustes des pieds isolés qui, par la constance de leur caractère générique, appartenaient systé- matiquement au genre Festuca, ne différaient en aucune autre ma- nière des locustes des Lolium : paillette inférieure à cinq nervu- res, avec ou sans intermédiaires, non réunies au sommet, qui est membraneux ; pédicelle des báles large et terminé par un large bourrelet au sommet ; facies et couleur absolument identiques; étamines également linéaires et jaunes, quelquefois lavées de pur- purin; écailles auriculato - aiguës; ovaire glabre, mais surtout stigmates insérés au- dessous du sommet, plus ou moins, selon l’âge de la plante : enfin, un certain caractere d'identité indéfi- nissable, qui ne permet nullement d'émettre le moindre doute fondé, quand on a les échantillons sous les yeux. Le Festuca loliacea est donc une déviation incontestable du Lolium. Je vais indiquer par articles les différentes modifications de ces passages, que j'ai eu l'occasion d'observer sur le grand nombre d'individus qui m'ont passé sous les yeux, parce que ces divers points me serviront à la démonstration de la seconde partie de la proposition que j'ai avancée : | 1°. La glume inférieure de la locuste, glume qui, sur toute la longueur du rachis, affectait le méme cóté, variait en lon- gueur depuis + jusqu'à 5 + millimètre; alors elle était her- bacée sur-le-champ de sa surface, elle possedait trois nervures, une médiane et les deux autres sur le méme cóté. L'autre cóté n'en avait pas. 2*. Sur d'autres individus, la glume inférieure était accompa- gnée d'une autre glume membraneuse, placée sur le cóté opposé à l'insertion de celle-ci; ce qui rappelait évidemment les deux moitiés de la paillette parinerviée du rachis, aux dépens de la- quelle se serait formée la nouvelle glume de la locuste, par Pa- vortement d'une de ses deux moitiés. ( 24i) 5°. Sur d'autres pieds, la glume inférieure, au lieu d’être laté- rale, comme le n* 1, alternait évidemment avec la glume supé- rieure; mais alors la bâle inférieure était pédonculée assez lon- guement. 4°. Sur toutes ces locustes, dont je ne note ici que les princi- pales variations, la glume supérieure rappelait, par sa longueur et par le nombre septenaire de ses nervures, la glume unique des Lolium ordinaires. 5°. Mais, dés que le pédoncule de la locuste s'allongeait d'une manière plus sensible, les différences des glumes s'effacaient, la supérieure perdait le nombre de ses nervures et se raccourcissait ; l'inférieure devenait alterne et s'allongeait ; et sa locuste comparée avec une locuste des Festuca elatior qui couvrent la prairie, n'of- frait plus la moindre différence caractéristique. Car le Festuca ela- tior a la même paillette inférieure que le Lolium, avec le som- met membraneux, les cinq nervures quelquefois accompagnées d'intermédiaires, la paillette parinerviée, les étamines ‚ les écailles, l'ovaire, les stigmates du Lolium; enfin, en supprimant les glumes, il est impossible d'établir entre les organes floraux de ces deux es- pèces la moindre différence réelle. Il ne reste donc plus, pour les distinguer, que la panicule de l'un. (Festuca elatior ) , et l'épi de Pautre ( Lolium ), que les deux glumes du premier, et la glume unique du second. Or, le Lolium nous offre des locustes qui de- viennent pédonculées, et qui revétent ainsi le caractère des pani- cules ; et nous avons suffisamment fait remarquer, dans nos diverses publications, qu'enire le pédoncule unique de la panicule spici- forme et le pédoncule ramifié de la panicule composée, il n'existe pas la moindre différence essentielle. Quant aux glumes, les Lo- lium en acquierent deux assez communément, pour couvrir des carrés entiers de la forme surnommée Festuca loliocea; done il n'existe aucune barrière insurmontable entre le Lolium etle Festuca elatior. П parait que le Lolium ne passe au Festuca elatior que par Pin- termédiaire du Festuca loliacea; celui-ci porte encore la glume su- périeure du Lolium ; au moins il l'offre moins simplifiée, ses pail- lettes florales sont moins courtes en général que dans le Festuca elatior. Mais, à part ces différences du plus au moins, qui du reste ne sont pas constantes, Гей] le plus exercé n'en découvre ( 242 ) plus d'autre; on en jugera par les figures que je tâcherai de faire entrer dans une des planches des livraisons suivantes de nos 4n- nales. Voici, en attendant, le tableau destiné à exprimer en milli- mètres ces différences de taille , résultant d'un grand nombre d'observations : Festuca loliacea. Festuca elatior. Glum. infer. Ss ae tide Аа 3,55, 22» 2 i Glum. supér. 997995 $9 ЕНИ Paillette infer. 6i, 7 7% 5:54:60, O чун Paillette supér. GE, 7 52,61, 7, Or, ces mêmes différences s'observent sur les Lolium eux- mêmes ; et je pose en fait qu’il est impossible de rencontrer deux Lolium qui n'offrent pas, avec un autre Lolium, des différences, soit de longueur absolue , soit de longueur relative entre les or- ganes divers de la locuste. Aussi la distinction des espèces de Lo- -lium n'est basée que sur des observations isolées et incomplètes ; et si l'on voulait maintenir les Lolium tenue, multiflorum, crista- tum , compositum , ramosum , etc. , il serait plus raisonnable encore d'en créer au moins cent autres espèces. Je me flatte de pouvoir le démontrer, les échantillons et les descriptions des auteurs à la main, si ma proposition trouvait des incrédules. Je n'ai point cité dans cette énumération le Lolium temulentum ou arvense des au- teurs, non pas que je doute du passage du Lolium perenne au Lolium temulentum , mais parce qu'en admettant les principes que j'ai posés sur l’espèce dans les graminées, le temulentum offre une différence appréciable qui , quoique due à la nature de son habitat, permet de le distinguer d'une manière systématique. Quant au Féstuca elatior, et méme au Festuca loliacea, qu'on ne pense pas que, dans la classification „je cherche à les réunir aux Lolium ; la classification est artificielle, elle nous sert à classer ce que nous trouvons, et dans l'état où nous le trouvons; la physiologie s'oc- cupe de son histoire et de son origine. Un jour peut-étre pourrons- nous classer physiologiquement; mais il serait téméraire de l'en- treprendre dans l'état actuel de la science , et il faut attendre que la direction imprimée à ces investigations ait enrichi la science de faits plus nombreux et aussi incontestables. En attendant. ran- ( 245 ) geons les plantes de manière à pouvoirles retrouver sous la main, quand le cours de nos études en réclame la consultation, et n'at- tachons qu'une importance passagère à ces dénominations fas- tueuses de classifications par familles naturelles. Quoi de plus na- turel que le genre Lolium ! et pourtant ce genre, comme on le voit, est plus naturel dans nos livres que dans la nature! Cependant il serait encore possible de réparer ce défaut de la classification, et de la faire cadrer avec la nature. Ce serait, ou bien de diviser chaque genre en deux parties , qu'on pourrait dé- signer sous le nom de partie systématique , qui renfermerait les ap- plications les plus matérielles de la classification , et partie physio- logique, qui comprendrait les cas evidens de déviation , sauf à re- produire et à replacer ces déviations раг un double emploi , dans la place que leur assignent ailleurs leurs nouveaux caractères ; ou bien d'admettre comme caractère générique du Lolium les écailles glabres et auriculato-aigués , et surtout l'insertion des stigmates distiques sur la face antérieure de l'ovaire; par ce dernier carac- tére, ce genre ne se rapprocherait que des Bromus ; par le premier, il s’en distinguerait provisoirement d'une manière à peu près suffi- sante. Voici quelles seraient alors les phrases systématiques des plantes que ie viens de décrire: LorivuM Stigmata disticha sub apicem ovarii inserta (vid. Ann. des Sc. d’obs., tom. І, pl. 2, fig. 1 ) ; squamz binæ auriculato-acutæ. * Spice. Lolium perenne ; gluma sublignea , viridis, locustá integrá bre- vior, paleis muticis. (Lolium perenne , tenue , compositum , multiflo- rum , etc.) Hab. in pratis el secus vias. Lolium temulentum ; paleæ aristatze , gluma lignea viridis , lo- custá integrá longior. ( Lolium temulentum, arvense). Habit. inter, messes. ** Paniculæ. a) Paniculá simplici. Lolium festucoides ; glumá superiori coriaceñ 7-nerviá ; glumá ( 244 ) inferiori 3-5 nervià. ( Festuca loliacea.) Habit. in pratis pinguibus ad oras. b) Paniculà compositá. > Lolium festuca ; Фата superiori 3-nervià, inferiori 1 - nerviâ (Festuca elatior.) Habit. in pratis uliginosis. , Qbs. J'ai eu lieu de remarquer que, dans la prairie de Gentilly, la forme Lolium perenne se trouve sur les sentiers foulés au pied, et peu inondés pendant l'hiver; que la forme Festuca loliacea se trouve dans les lieux plus gras et un peu moins battus ; et qu'enfin la forme Festuca elatior couvre comme une moisson toute la partie spongieuse de la prairie, celle qui, dans l'hiver, est entierement submergée. Que le Festuca elatior ne puisse pas ensuite pousser plus loin les variations de sa forme, et subir les passages de bien d'autres Fes- tuca, c'est, je crois, ce qu'on ne saurait soutenir, lorsqu'on se sera convaincu par soi-même du passage que je viens de signaler ; et le travail que je publie aujourd'hui à ce sujet, bien loin d'infirmer ce que j'ai dit de cette espèce dans le tom. I des Annales, p. 455, пе fera , je pense , que le confirmer aux yeux d'un botaniste philo- sophe. N. B. Je prie mes lecteurs de corriger les fautes suivantes qui se sont glissées dans le mémoire sur les Hierochloe. P. 80, lig. 25, tom. П, australis, lisez : borealis. P. 84, lig. 17, borealis , li- sez : australis. P. 89, lig. 9. borealis , lisez : alpina. ANATOMIE COMPARÉE DE DEUX ESPECES DE STRONGYLUS QUI VIVENT DANS LE DELPHINUS | PHOCENA ; PAR M. RASPAIL. Jacques-Théodore Klein (1) fit, le premier, connaitre une espece d'Enthelminthe qu'il avait trouvé dans la caisse du tympan du Del- phinus phocena. La figure dont il a accompagne sa description n'est (1). Hist. nat, pisc. miss. , 1, р.з 515 tab AVG. ( 245 ) rien moins que suflisante dans l'état actuel de la science; et sans le nom du marsouin que ce strongle habite, elle pourrait convenir à une multitude d'autres vers intestinaux. Camper (1) en retrouva dans la caisse du tympan et dans les bronches du méme cétacé. Rudolphi (2) recut ensuite de M. Albers des individus de deux sortes que ce dernier avait trouvés également dans la caisse du tympan et dans les bronches du marsouin ; et il en donna une des- cription assez étendue. Vrolik eut (5) l'occasion de confronter la grande espèce avec la : description de Rudolphi, dans une brochure de quelques pages. Mais l'auteur ajouta peu de chose à ce qu'avait observé Rudolphi. Au mois de mars 1829, M. Breschet , ayant recu des têtes de marsouins conservés dans le vinaigre, eut la complaisance de me faire passer, par M. Kuhn, les deux sortes d'individus que Rudolphi avait décrits. La plus petite espèce n'étant arrivée la premiere, je fus fort étonné de voir qu'elle ne s'accordait ni avec la description de Ru- dolphi, ni avec celle de Vrolik, et je m'occupai d'en faire l'ana- tomie afin de m'assurer si les organes intérieurs présenteraient les mêmes différences que les extérieurs. La plus grande espèce m'étant ensuite parvenue , grâce à l'obligeance de ces messieurs, je pus compléter mon travail; car je possédais non-seulement les femelles , mais encore les mâles. П en est très-souvent des vers intestinaux comme des fongosités parasites; la localité qu'ils habitent est jusqu’à présent leur meilleur caractère distinctif. Cependant il n'est pas démontré encore que ce caractère, tiré de la localité, ne soit capable de faire diviser des choses semblables, et qu'on ne puisse trouver que la même espèce a été revêtue souvent de deux noms differens. Les caractères gé- nériques des Enthelminthes sont si vagues à leur tour qu'on aura Y été sans doute trés-souvent exposé à réunir, dans un méme grou- \ pe. des espèces fort diverses quant à leur organisation intérieure ; (1) Fon Krankheiten der Thiere, p. 47. (2) Entoz. hist. nat., tom. II, p. 227. (5) W'arneming van Mormen ; in-8°, Amsterdam. ( 246 ) et l'organisation extérieure est si peu abordable à Рей пи où à la simple loupe, que les caractères qu'elle à fournis presque éxelu- sivement perdront peut-être de leur valeur, lorsqu'on les soumet- tra à une révision nouvelle. On ne saurait done trop inviter les auteurs qui s'occupent de l'étude des vers intestinaux, à ne plus les décrire d'une manière incomplète, mais à nous donner de bonnes figures des organes ex- térieurs et intérieurs, et à les accompagner de descriptions détail- lées. Un peu de persévérance et l'habitude qu'elle fait contracter suppléent suffisamment aux difficultés que présente la petitesse de ces objets; il est méme quelquefois plus facile de disséquer les plus petites espèces que les plus grandes. Pour celles-ci, on est obligé d'employer des ciseaux, et l'on en trouve rarement d'assez acérés; pour celles-là, au contraire, la pointe d'une aiguille un peu aiguisée sur la pierre devient le scalpel le plus convenable et le plus commode à manier. C'est du reste ce que mon expérience confirme à l'égard des deux espèces que je vais décrire; et je puis assurer que l'anatomie de la plus petite m'a préparé et expliqué Panatomie de la plus grande. Dès que j'eus reconnu que cette petite espéce ne pouvait pas exactement convenir aux descriptions de Rudolphi et de Vrolik, je cherchai à jui donner un nom qui, sans préjuger la question de leur identité ou de leur différence, rendrait le langage de la description moins ambigu ou moins prolixe, et j'appelai la petite espèce Strongylus minor. C'est par celle-ci que je vais commencer. Anatomie du Strongylus minor femelle. La fis. 9, pl. 7, offre sur un fond noir la femelle de ce petit ver, de grandeur naturelle, et grossie à la loupe. Sa longueur est de 0,%025, et son diamètre est environ de 0",001. Une ligne rougeâtre coupée transversalement par des bandes moins foncées, s’étend depuis les parties les plus voisines de la tête jusqu'à une certaine distance de la queue. Cette ligne est extérieurement coupée par deux petits filets blancs qui se dirigent óbliquement et presque parallèlement. L'animal présente le même aspect sur ses deux flancs, et comme il est toujours fléchi pardevant, il arrive que la position qu'il prend en vertu de cette flexion, offre toujours un des flancs à l’œil de l'observateur. Si l'on veut ouvrir longitudinalement le corps de l'animal, c'est par cette ligne rougeátre qu'il faut y procéder, en y enforicant légèrement la ( 247 ) pointe aiguisée d'une aiguille, et en la poussant devant soi tant qu'on n'éprouve pas de résistance. Cette opération réussit mieux toutes les fois qu'on a laissé macérer le ver dans l'eau pendant quelques jours; et l'on peut alors parvenir à ouvrir l'animal jus- qu'à l'ouverture de la bouche, l'étaler sur le porte-objet comme on le voit en partie sur la figure 1"; on s'assure alors que chaque cóté du corps est traversé longitudinalement d'une bande plus transparente que le reste du fourreau; que c'est cette bande qui se déchire par la pointe d'une aiguille, et que c'est à travers sa mem- brane transparente qu'on distingue cette ligne rougeâtre dont j'ai déjà parlé et qui n'est autre chose que le canal intestinal. Sur la figure 1™ on voit que la bande membraneuse opposée à celle qu'ona déchirée sépare le corps en deux parties égales, sur la droite des- quelles se distingue le canal intestinal purpurin. Quand on exa- mine cette bande longitudinale et transparente au microscope, on remarque (fig. 2, c) qu'elle est à son tour traversée longitudina- lement par un vaisseau plus ou moins verdátre, qui parait com- posé d'un lasis assez serré, et que je ne saurais mieux comparer qu'à une nervure microscopique de l'épiderme de certaines plan- tes. Ce vaisseau ne parait pourtant pas appartenir aux couches inférieures à cette membrane. Car lorsqu'on enlève l'épiderme de l'animal, on enléve en méme temps ce vaisseau ; et si on observe l'épiderme au microscope (fig. 2 a^), on découvre qu'il est traversé longitudinalement de tubes transparens qui ont environ = de millimètre en largeur, et qui sont distans les uns des autres de туз de millimètre à peu près. Chaque moitié de l'animal en possède 65 environ. Cette membrane épidermique, d'une transparence très- grande, oppose une telle force à l'instrument tranchant, que le plus souvent, au lieu de se déchirer, elle ne fait que se refouler еп ar- rière, et qu'on ne peut l'obtenir que comme un fourreau qui se détacherait du reste de l'animal. Dès ce moment les deux parties du corps semblent ne plus tenir entre elles, et elles se séparent spontanément. Chacune de ces deux moitiés est charnue, blanche, lavée d'une teinte indéterminable de jaune et de purpurin; on reconnait facilement qu'elle se compose de couches musculaires transversales, mais si serrées qu'on ne pourrait les considérer com- me des masses isolées. Quant au système nerveux, il serait impos- sible d'en reconnaitre des traces à cause de l'exiguité de ces organes. ( 248 ) Le canal intestinal s'étend longitudinalement depuis le bont an- térieur et le plus gros de l'animal, jusqu'à l'extrémité la plus effilée. Cet organe est toujours rougeâtre, ses parois sont fortes et résis- tantes; quelquefois apres une longue macération dans Peau, il arrive sur certains points que la couche interne et rougeâtre s'est décomposée , et qu'il ne reste plus là que la membrane externe qui est pellucide. Quand on l'observe au microscope, on croirait que ce canal est tapissé de globules sanguins revétus d'une couche rou- geâtre. Je l'ai représenté au grossissement de 100 diamètres (pl. 7. fig. 8); on y voit (a) la bouche, qui est.simple et arrondie; (4) l'aesophage qui, à la loupe, est blanchâtre ou jaunâtre; en (5^) est un étranglement qui sépare l'oesophage du canal intestinal propre- ment dit (c). La structure de l’œsophage diffère essentiellement de celle du canal intestinal lui-même ; mais cette difference ne peut se découvrir qu'à l'aide des réactifs. Si l’on place la partie antérieure du corps de се Strongylus dans l'acide, sulfurique concen- tré (pl. 8, fig. 1); elle devient tellement transparente que l'on peut distinguer les traces des tubes longitudinaux qui traversent l'épi- derme, et que j'ai décrits plus haut. Le canal intestinal (c), propre- ment dit, se modifie à peine dans cet acide; mais l'essophage (^) offre alors quatre cercles parallèles et distans entre eux, qui sem- blent jouer le róle ou de valvules ou de sphincters ; la bouche (a) reste aussi simple qu'on l'avait soupconné en considérant l'organe sans acide (fig. 8, pl. 7). L'eesophage est long de + millim. Je suis parvenu à poursuivre le canal intestinal jusqu'à lanus ; mais à quelque distance de cet organe le canal intestinal perd déjà et sa couleur rougeâtre et la consistance de ses parois. On voit l’a- nus en (/), fig. 5. pl. 8, sur la partie postérieure du corps observée dans l'alcool au grossissement de 100 diam etres. Le canal intestinal y arrive à travers les organes de la génération, qui l'enveloppent et le dérobent ainsi aux regards. Le canal intestinal est accompagné dans toute sa longueur de deux organes blancs cylindriques, qui sont les deux orgarnes générateurs. On en voit la partie antérieure (pl. 7, fig. 1). Je n'assurerai pas que leur point d'insertion ait lieu comme semble l'indiquer la figure; je crois méme que les deux extrémités re- viennent s'insérer beaucoup plus bas apres avoir fait faire une anse А chacun de ces organes; саг, toutes les fois que jai ouvert le ( 249 ) corps de l'animal, en le fendant longitudinalement, il m'a paru que je les entrainais avec la pointe de l'aiguille et que je les déroulais autour d'elle. L'analogie rend plus que probable cette dernière supposition ; mais j'ai dà représenter ces deux organes tels que je les trouvais sous mes yeux après la dissection. En continuant d'a- vancer d'avant en arrière, on voit vers le milieu du corps de l'ani- mal que chacun de ces deux organes filiformes s'amincit (pl. 7, fig. 6 et fig. тее” e"), pour se terminer en une espèce de cloche (f) qui vient s'aboucher par son ouverture avec un sac plissé, transpa- rent, contenant dans son intérieur un sac plus étroit (в) qui ren- ferme les ceufs. En avancant toujours vers la partie postérieure du corps de l'animal, on trouve que ces deux organes (fig. 6, pl. 8 g'g’) viennent s'aboucher à un étranglement (g”’/) avec un canal (m) qui se termine à une grosse protubérance, laquelle forme la queue; là se trouve la vulve, qui est ou distincte de l'anus ou confondue avec l'ouverture de cet organe. Le canal (m) est évidemment le vagin; chacun des sacs (g g^) est une corne de l'utérus. L'organe (f) pourrait être comparé à la trompe, la portion (ee! ё!) à un ovi- ducte, toute la moitié antérieure (d) de cet organe générateur à l'ovaire. Car dans toute la longueur (d) on ne trouve qu'une masse laiteuse formée de globules intimement soudés entre eux. L'étran- glement (e ee е") ne renferme presque rien, il se plisse en nœuds (e), se termine en une collerette (е' e" ) ; et la cloche (f) a assez de consistance pour conserver ses contours sans se déformer. La cloche est longue dey millim. , et l'étranglement (е e7) de : de milli- mètre. Si l'on examine ensuite chacun des ovaires (g) on remar- que versle commencement, à partir de la cloche ( f). que cet organe renferme des œufs tels qu'on les voit (A, fig. 9, pl. 7); un peu plus bas, ils ont la forme (i), et en approchant du vagin on commence à remarquer le petit ver (/) que l'on.trouve plus loin dépouillé de son enveloppe (4) et prêt à sortir. Les figures 6, pl. 8, 6 et 7, pl. 7, sont dessinées au grossissement de 100 diamètres. La figure €, pl. 8, est observée dans l'acide sulfurique concentré qui, en amincissant les parois , rend tous ces organes plus faciles à étre distingués. Anatomie du Strongylus minor mâle. Le Strongylus minor mâle est plus gréle et un peu plus court que le Strongylus femelle. La fig. 3, pl. 7, le montre vu à la loupe. La partie postérieure de son corps offre une différence considérable. On la voit de profil au grossisse- 2, Er ( 250 ) ment de 100 diametres, fig. 10, pl. 8. Onla voit au méme grossis- sement, mais de face, fig. 11, pl. 8. Elle est bordée de chaque côté d'une membrane qui se dirige en devant, en sorte que les deux mem- branes sont presque parallèles. L'extrémité est renflée, et elle se termine par le pénis (o) qui est évidemment perforé; de chaque côté du renflement est un organe (p) analogue au pénis (о) mais imperforé. La surface extérieure de l'extrémité caudale est traver- зёе de bandes obliques d'arriére en avant, qui paraissent étre les effets d'un jeu musculaire. Si l'on ouvre longitudinalement l'ani- mal, on découvre le canal intestinal qui est conformé comme dans la femelle. Les deux ovaires sont remplacés par deux organes analogues, mais remplis d'une pulpe spermatique; je n'ai pas pu découvrir qu'ils fussent entrecoupés dans leur longueur comme l'est l'ovaire de la femelle (ef); si je puis me servir de cette comparaison, il en est de ces vers comme des poissons; dans le mâle comme dans la femelle les organes générateurs occupent le méme espace et affectent la méme forme ; mais ils different seule- ment par le contenu. La figure 9, pl. 8, offre la double laite (и) séparée du canal intestinal (c) ; et la fig. 11, pl. 8, offre le canal intestinal (c) enveloppé de l'extrémité de l'organe mâle qui aboutit au pénis (o). C'est donc à tort que l'on considérerait les membranes appendiculaires (q r st) de l'extrémité caudale du S/rongylus mâle comme des bourses; ce ne sont évidemment que des moyens de copulation et non des organes de la génération. Hs servent au mâle à saisir la femelle. Ces vers donnent lieu à une remarque que j'ai eu déjà lieu de faire à l'égard de Ascaris vermicularis; c'est qu'on trouve dans certains endroits du corps que ces vers habitent, des femelles en trés-grand nombre et sans aucun mále. J'ai méme observé, pen- dant plusieurs jours , des ascarides rendues par un petit enfant de 5 ans; je n'ai jamais pu y rencontrer un mále. On pourrait expli- quer cette anomalie en pensant que les máles ont fourni leur car- rière après avoir rempli leurs fonctions, qu'ils survivent peu à cet acte qui, chez d'autres animaux d'un ordre inférieur, estle terme de la vie; ou bien que les femelles en état de gestation ont besoin d'un séjour qui ne convient pas aux mâles; et qu'alors les mâles et les femelles se séparent en deux troupeaux. Anatomie des Strongylus inflexus major, mâle et femelle. Le Stron- ( 251 ) gylus femelle (pl. 8, fig. 7), est long de 18 à 20 centimètres. La surface de son corps offre à peu près les mêmes caractères que - celle du Strongylus minor; au lieu d’être aminci par les deux bouts, sou diamètre est à peu près égal sar toute la longueur. L'extrémité anale est un peu renflée; et à l’œil nu elle offre un crochet bien distinct qui se courbe en avant du corps. Ce dernier caractère devient très-saillant à la loupe, ainsi qu'on le voit fig. 4, pl. 7; on voit même alors que ce crochet en possède à sa base un plus exigu, qui est susceptible de s'appliquer contre l'autre. Je me suis assuré par la dissection, que le canal intestinal aboutit au sinus que forment ces deux crochets par leur réunion. Du reste, la structure du canal intestinal, et la direction et la forme des ovaires rappellent exactement les organes correspondans du Strongylus minor. M faut en dire autant de la structure générale du corps, des vaisseaux latéraux, de l'épiderme sur lequel pourtant les tabes longitudinaux ne sont pas trés-distinets. J'ai dessiné (fig. 5, pl. 7) la bouche, l'eesophage et le commencement du canal intestinal à la loupe. Le Strongylus major ne differe donc du Strongylus minor que par le petit crochet de la queue. Or, il n'est pas impossible que cette différence ne soit que l'effet de l’âge et du développe- ment. Car, si l'on compare l'extrémité du Strongylus minor, pl. 8, fig. 5, avec celle du Strongylus major, on concevra sans peine comment un simple développement de plus pourra produire ces deux appendices de chaque côté de Panus (1). Or, tous les organes du Sirongylus major sont environ dix fois plus développés que ceux du Strongylus minor ; et 'ammoniaque liquide ou l'acide sulfu- rique concentré suffisent pour allonger déjà la partie postérieure de ce dernier, comme on le voit sur la fig. 6, pl. 8. La vulve doit s'aboucher aussi avec Panus dans le Strongylus major ; Car, malgré la grosseur de l'animal, je n'ai pu découvrir d'autre ouverture que celle ou vient aboutir le canal intestinal. Le Strongylus major mâle ne diffère pas plus du Strongylus minor mâle, que les deux femelles ne différent entre elles ; е Y que l'unique différence existe sur l'extrémité caudale. On voit cette extrémité représentée à la loupe, fig. 2, pl. 8. On la voit grossie 100 fois à la fig. 5, pl. 8; là, elle présente sa face antérieure. Sur la fig. 4, pl. 8, elle présente sa face postérieure, à un plus fort grossissement. Or, nous retrouvons sur cette extrémité tous les ( 252 ) analogues de l'extrémité caudale du Strongylus minor, à l'excep- tion du pénis (o, pl. 8, fig. 1 1). Mais ce pénis peut bien étre sup- osé retiré dans la substance même de la queue; et dés lors la seule différence consisterait en ce que, dans le major, cet organe serait habituellement enfoncé en lui-même, et que, dans le mi- nor, cet organe resterait habituellement sorti : habitudes que l’âge des deux sortes d'individus expliquerait suffisamment. Cette sup- position, dont la justesse est du reste confirmée par l'analogie , devient encore plus probable , quand on observe l'extrémité cau- dale du Strongylus major dans l'acide sulfurique ( fig. 8, pl. 8); car l'organe (o), dont l'acide altere peu l'opacité , rappelle évidem- ment le pénis du Strongylus minor (pl. 8, fig. 11, 0). Une fois ce point établi, toutes les autres différences disparaissent. En effet, l'extrémité o du Strongylus major est échancrée et bilobée, parce que le pénis en se retirant а entraîné avec lui la portion corres- pondante de la membrane qui le recouvre. Les deux crochets se retrouvent sur le major (р, fig. 2, 5, 4, 8, pl. 8), comme sur le minor (p, fig. 10, 11, pl. 8). Le lobe q de l'un correspond au lobeq de l'autre; il faut eu dire autant des lobesr, s, t; et, par la fig. 4, pl. 8, on voit bien que les deux membranes latérales du major, quoique moins paralléles que dans le minor, pl. 8, fig. 10, ne tendent pas moins à étre unilatérales. Or, les différences d'áge et de développement suffisent assez pour expliquer ces dilférences dans la structure extérieure. Peut-étre que la difference d’habitat ajouterait encore à l'influence de l’âge ; car le major replié sur lui- même est enfermé dans les veines pulmonaires, et logé dans des espèces de kystes membraneux ; l'autre réside spécialement dans la cavité du tympan. On trouve des individus du Strongylus major donttoute la chair, surtout sur la moitié postérieure du corps, a contracté une couleur rouge foncée , tandis que, chez les autres, la chair reste blanche. tudolphi avait cru pouvoir attribuer cette couleur rougeátre à Veffet de l'aleool dans lequel les individus qu'il a observés lui avaient été envoyés. Mais cette hypothese n'est plus applicable à nos individus ; car le marsouin était arrivé à Paris dans le vinaigre ; et la couleur rouge que nous signalons ne se montrait que sur un certain nombre d'individus. { Je ne me hasarderai pas à tracer des caractères génériques d'a- ( 255 ) pres l'anatomie seule de ces individus. Les matériaux que nous possédons en anatomie comparée de ces enthelminthes sont encore trop peu nombreux ; mais je proposerai de considérer les deux groupes d'individus que je viens de décrire, comme deux variétés d'une méme езресе avec les deux phrases suivantes : Sirongylus inflexus. Var. a. Strongylus major 0°,20 longus, teres, antice et postice parum attenuatus : caudá fæœminæ inflatà et inæqualiter biacu- leatâ. Pen? maris intrá latente. Var. 8. Strongylus minor 0",025 longus , utrinque attenuatus ; caudá feminæ inconspicue bilobä. Pen? maris semper ехѕегіо. Hab. major in bronchiis, vasis pulmonaribus ; et minor præser- tim in cavo tympani Delphini phocena. - EXPLICATION DES PLANCHES 7 et 8. (РІ. 7.) Fig. 1. Strongylus minor femelle, ouvert par le cóté. La bou- che est en (a); sur un des côtés de la ligne latérale on voit le ca- nal intestinal rougeâtre, et sur l'autre les deux extrémités anté- rieures des organes générateurs. Fig. 2. Ce carré montre le même Strongylus de grandeur na- turelle et grossi à la loupe. On voit en (d) la structure de Гері - derme au grossissement de 100 diamétres; et en (c) le vaisseau la- téral au même grossissement. Fig. 3. Strongylus minor mâle, vu à la loupe. Fig. 4. Partie postérieure du Strongylus major femelle, vu à la loupe. L'anus (/) est entre les deux crochets. Fig. 5. Bouche (а), œsophage et commencement du canal in- testinal du même, vu à la loupe. Fig. 6. Portion médiane des organes générateurs femelles : (d) ovaires, (e) oviducte, (f) trompe, (g) utérus. Fig. 7. Id., vu dans un état de contraction de l'oviducte; et ayant la trompe plus allongée. (е) Oviducte, (e^) renflement du méme organe, (e") collerette bien distincte qui précède la trompe, (g) utérus. (254) Fig. 8. (a) Bouche, (b) œsophage, (b') étranglement qui sépare l'aesophage du canal intestinal (c) du Strongylus minor. Fig. 9. (i h) OEufs à divers états de développemens; (j k) petits sur le point de sortir de l'utérus : ils sont vüs au grossissement de 100 diamètres. , (РІ. 8.) Fig. 1. Partie antérieure du Strongylus minor dans l'acide sul- furique concentré, au grossissement de 100 diamètres; (c) canal intestinal; (b) œsophage avec ses segmens en sphincters. Fig. 2. Partie postérieure du Strongylus major mále, vue à la loupe ; (o) partie dans laquelle est enfoncé le pénis; (q, 7s 5, t) sont les differens lobes de la membrane caudale qui correspondent aux mémes lettres de la fig. 11. Fig. 5. Méme partie postérieure grossie 100 fois, vue par de- vant ; les mêmes lettres marquent les mêmes organes. Fig. 4. Méme partie vue à un plus fort grossissement et par derriere. Fig. 5. Partie postérieure du Strongylus minor femelle, dans l'aleool; (g) utérus; (g') leur insertion; (m) vagin; (L) vulve. Fig. 6. Id., vu au méme grossissement dans l'acide sulfurique. Mémes lettres, mémes organes. Fig. 7. Strongylus major femelle, vu à la loupe. (а) Bouche ; (4) anus. Fig. 8. Partie postérieure du .Strongylus major mále dans l'a- cide sulfurique; voyez pour les lettres l'explication des figures 2 et 5. Fig. 9. Troncon, pris sur la partie moyenne du corps d'un Strongylus minor mále. (c) Canal intestinal ; (u) laite. Fig. 19. Partie postérieure du Strongylus minor mále, vu au méme grossissement, de profil. Fig. 11. La méme portion vue par devant. Les mémes lettres signifient les mêmes organes que dans les figures 2 et 3. (o) Penis ; (p) crochets destinés à la copulation; (4, г, 5, {) lobes de la mem- brane copulatrice. ( 255 ) ea DT NE A PP E ER e NOTICE SUR PLUSIEURS ESPÈCES DE LÉPIDOPTÈRES NOUVEAUX DU MIDI DE LA FRANCE ; PAR J. P. RamBur, doct.-méd. 11 y а déjà plus d’une année que je désirais faire connaître aux entomologistes les espèces nouvelles de lépidoptères que j'ai re- cueillies en 1827 aux environs de Montpellier. Des circonstances m'en ayant empêché, quelques-unes, depuis ce temps, ont été publiées, telles sont les Noctua contribulis, Magnolii, obesa et quelques autres. Tous les jours nos contrées méridionales en fournissent de nouvelles. M. le comte de Saporta, qui habite la Provence, est le naturaliste qui en a fait connaitre le plus grand nombre. Le catalogue méthodique de M. Boisduval a donné un élan géné- ral; et tout fait espérer qu'aucune contrée de la France n'échap- pera désormais aux investigations des entomologistes; le midi surtout sera encore long - temps une mine inépuisable, autant par la variété de son sol, et par le grand nombre de plantes remar- quables et étrangères au reste de la France qui y croissent, qu'à cause du petit nombre de véritables entomologistes qui s'y trouvent. J'ai fait figurer deux noctuelles déjà connues : 1°. La JV. cailino, trouvée par M. Lefebvre, en Sicile, qu'il a publiée d’après un individu gâté. M. de Saporta, auquel l’histoire des Lépidoptères doit déjà beaucoup, a aussi trouvé ce papillon en Provence; mais je crois étre le premier qui l'ai découvert en France. 2°. La №. salsolæ (contribulis , Bd. , Dup.), qui n'est point re- connaissable dans l'ouvrage des Lépidoptères de France , continué par M. Duponchel, et aussi parce que j’ai ajouté la description de la chenille, J'ai conservé à cette noctuelle le nom de Salsolæ, que je lui avais donné dans ma collection, parce qu'avec la N. Sodæ, ce sont les deux premieres noctuelles que je sache vivre exclusi- vement sur des plantes salées ou maritimes, et que ce fait devra ( 256 ) fixer l'attention des observateurs qui sont éloignés des plages de la Méditerranée , ou qui seront à méme d'explorer ces localités, encore si peu connues. M. Boisduval , à qui j'ai communiqué la plupart de mes espe- ces pour le supplément à son catalogue, a voulu absolument me dédier la noctuelle qui est figurée et décrite sous le nom de N. Ramburii. GENRE VANESSA fab. Vanessa Elymi; Alis sinuato - dentatis fulvo nigroque variis. Anticis supra fascia transversali maculis quinque albis. Posticis subtus ocellis quinque , secundo tertioque obsoletis , pl. 5, fig. 1 et 2. Cette vanesse, quoique très-différente pour le dessin, et méme un peu pour la forme des ailes, pourrait bien n'étre qu'une variété de la У. cardui; pourtant j'ai quelque raison de croire qu'elle forme une espèce. D'abord je l'ai trouvée à une époque ou la 2 cardui ne parais- sait point encore ; en outre j'ai vu un individu complétement sem- blable au mien dans la collection de M. Chabrier fils, à Montpel- lier, qui m'a assuré en avoir pris deux dans les mêmes lieux où j'ai rencontré le mien. Les ailes sont fauves; les supérieures ont en dessus la base, et une partie da bord interne, d'une couleur dorée verdátre. La moitié externe de l'aile est occupée en partie par une large tache noire qui descend jusqu'à l'angle postérieur, et qui est dé- coupée par une bande marginale de taches fauves; prés de cette bande, et plus intérieurement on voit une autre bande courbe composée de cinq taches blanches, qui descend de la côte jusqu'au milieu de l'aile, et dans sa direction le rudiment de deux autres taches. A l'extrémité interne de la grande tache noire, existe près de Ја côte un gros point noir. Les ailes inférieures ont le cóté externe largement bordé de noir, avec une ou deux bandes transverses vers le milieu de l'aile d'un noir lavé de fauve. Les nervures qui sont noires se dilatent à leur extrémité en des taches de cette couleur. ( 257) ре plus, l'aile offre postérieurement une série transverse de cinq taches noires un peu oculaires. Le dessous des ailes supérieures ressemble à peu Mon au-des- sus, à l'exception du sommet, qui est d'une couleur rousse mélée de blanc, avec les marques des taches blanches du dessus ; la cóte est à la base fortement striée de noir. Le dessous des inférieures est d'une couleur rousse mêlée d'un peu de blanc et de noir, avec les nervures blanchátres, et trois taches oculaires, dont la premiere du cóté de l'anus, trés-marquée, et les deux suivantes presque effacées. Le corps et les antennes sont à peu prés comme dans la V. cardui ; ses palpes sont un peu plus blanches. ЇЇ diffère de la V. cardui, 1* en ce que les ailes supérieures sont un peu plus étroites, et que les deux dents internes du bord postérieur des inférieures sont un peu plus saillantes; 2° en ce que les ailes supérieures n'ont qu'une bande blanche en dessus; 5? parce que les taches noires des inférieures sont en dessus uu peu oculaires, plus petites et à peu prés égales qu'en dessous ; qu'il y en a deux (2* et 5*) presqu'effacées, et qu'en outre cette surface de l'ailc est beaucoup moins marbrée. J'ai trouvé ce beau lépidoptère sur les bords de la Méditerra- née, aux environs de Montpellier, le 5 juillet. GENRE NOCTUA fab. N. Anomala. (&'. Pæcilia, Och. Bryophila, Treit. Boisduval.) Paulo minor V. Algæ, alis supra pallido-griseis , extimo fulvo maculatis. An- ticis strigis quatuor transversis, nigris, sinuatis, externa serrata. Macula reniformi geminata, nigra. Orbiculari nigra punctiformi, subnulla. Pal- pis capite longioribus. Antennis vix pectinatis, pl. 6, fig. 9. Cette petite noctuelle а presque l'apparence d'une phalène, surtout à cause du dessin des ailes inférieures, qui est presque semblable à celui des supérieures, mais elle a tous les caractéres d'une noctuelle , et doit je crois être placée à côté de la N. Alg«. Elle est un peu plus petite que la IN. Algae. ( 258 ) Ses ailes sont en-dessus d'un gris pâle, avec quatre lignes trans- verses sinueuses sur les supérieures, dont la plus externe est en forme de scie, avec l'extrémité des dents noires. Entre cette ligne et la suivante, on voit deux taches fauves plus ou moins marquées. La tache réniforme est double, noire, et l'orbiculaire, presque nulle, ne consiste qu'en un très-petit point noir. Les ailes inférieures offrent quelques lignes transverses, inter- rompues, dont la postérieure en scie et sur laquelle sont appuyées des taches jaunes. La marge des quatre ailes est d’un gris bleuâtre, la frange est grise, un peu jaune à son côté interne et bordée intérieurement d'une ligne de points noirs. Le dessous des ailes est d'un gris un peu roussâtre. Tout le corps est de la couleur des ailes. Les antennes du mále sont un peu pectinées. J'ai trouvé cette noctuelle sur les pierres et sous les petits ponts, aux environs de Montpellier, dans les mois de juillet et d'aoüt. N. Salsolæ (contribulis, Boisduval , Dup.). (Genre Hadena , Och.) Alis anticis supra griseo-fulvis, strigis tribus transversis, pallidioribus, externa in medio signum M. figurante. Macula pallidiori subter maculas ordina- rias. Alis posticis supra albidis ad marginem fuscantibus. Fascia mar- ginali luteola. Antenuis maris subpectinatis , pl. 6, fig. 1. M. Boisduval a rangé cette noctuelle dans son nouveau genre Luperina (Apamea Treit.), et à côté de la N. testacea ; mais je crois qu'elle serait mieux placée dans le genre Hadena Och., après la №. Genistæ; ce qui prouve que la plupart des genres créés par Ochsenbeimer sont à peine des coupes pour lesquelles il n'y a aucun caractère générique. C’est pour cette raison que j’ai conservé le nom de noctuelle aux espèces que j'ai décrites dans cet opuscule ; car il me semble que la plupart des coupes qui doivent porter dans cette famille le nom de genre sont encore à établir. La Noctua Salsolæ est de la gran- deur de la №. dentina et ressemble un peu à la №. Genistæ. Les ailes supérieures sont en dessus d'un gris cendré nuancé de fauve brunátre plus ou moins foncé. Leur longueur est traversée ( 259) par trois lignes sinueuses un peu plus pâles que l'aile; la dernière formant dans son milieu la lettre M dont les angles s'avancent jus- que dans la frange. | Les parties anguleuses de cette ligne sont couvertes intérieure- ment par des traits sagittés d’un fauve brun. Les deux autres lignes renferment les deux taches ordinaires, dont l’orbiculaire est obli- que, de la couleur de Vaile, et plus foncée au centre; la reniforme est d'un fauve brun avec quelques parties claires; au-dessous de ces deux taches on voit une autre tache pâle, bordée en partie par le chevron qui part de la ligne interne ; celui-ci est conique, d'un brun fauve, il est entouré en partie ainsi que les taches ordinaires par une ligne noire. Une partie de l'espace contenu entre les deux lignes externes, et de celui qui avoisine la côte, à peu près dans sa moitié interue, est d'une couleur pále. La frange est d’un fauve brun éclairée à son côté interne , et traversée par quelques lignes cendrées. Elle est bordée interne- ment par une série de lunules noires. Les ailes inférieures sont blanchátres, un peu brunes, ainsi que les nervures vers la partie postérieure, ауес une bande marginale jaunátre peu apparente. Leur frange est blanchátre, sinueuse, bor- dée intérieurement de six lunules noires. Les ailes en dessous sont blanchátres, avec le bord antérieur, une lunule, et une ligne ponctuée aux inférieures, brunes. Le corps est de la couleur des ailes, avec une ligne noire sur la partie antérieure. La poitrine et l'abdomen sont d'un gris cendré, les antennes sont d'un gris brun, très-peu pectinées dans le mále, qui ne diffère en rien de la femelle. Ce papillon parait dans les mois de mai, de juillet et d’août. La chenille est brune en dessus, ou d'un brun un peu fauve, avec des atomes blanchátres; elle est plus pále et verdátre en dessous. On voit en dessus trois lignes longitudinales de points blanes, et quatre points noirs peu distincts sur chaque anneau. Sur les cótés il y a une bande jaune, souvent fauye au milieu. La tête est verdâtre, blanchâtre supérieurement, avec un réseau brun. Les pates sont verdätres. Les stigmates sont oblongs, blan- ( 260 ) chátres et bordés de noir, placés sur une partie plus foncée, for- mant presque une tache. Cette chenille est un peu renflée en dessus à son extrémité pos- térieure. Elle vit sur les Salsola et les Chenopodium maritimes. On la trouve au mois de juin, août et septembre. Elle s'enterre pour se transformer, et passe l'hiver en chrysalide. N. Sodæ. (Genre Mammestra, Treit. Och., Boisduval, Supl. ) Vix statura N. chenopodii , illiusque affinis. Alis anticis supra cinereo-fulvis, striga externa subdentata. Macula orbiculari rotunda minima. Alis pos- licis albo-luteolis, ad marginem fuscantibus. Antennis in mare vix pec- tinatis , pl. 6, fig. 7. Г Cette noctuelle est à peu près de la taille de la I. Chenopodü , et lui ressemble beaucoup; mais elle forme une espèce bien dis- tincte. Les ailes supérieures sont en dessus d'une couleur cendrée, teinte d'un peu de fauve, et traversées par trois lignes sinueuses plus páles. La ligne externe forme la lettre M dans son milieu, mais ce signe est peu marqué. La tache orbiculaire est trés-petite, d'une couleur cendrée, plus obscure au centre. La réniforme est d'un brun bleuâtre dans ses trois quarts postérieures. La ligne interne offre un petit chevron court, conique, d'un noir fauve. On voit à la base de l'aile un double trait noir trans- versal, et qui s'étend jusqu'au milieu de l'aile. Le bord antérieur est marqué de points noirs et de points jaunátres. Les ailes inférieures sont d'un blanc un peu roussátre, et de- viennent brunes vers leur extrémité, oü il existe une bande margi- nale de la couleur de l'aile. Le centre de l'aile offre un croissant brun. Le dessous des quatre ailes est d'un brun roussátre trés-clair aux inférieures, avec un croissant et deux lignes transverses bru- nes. Tout le corps est à peu près de la couleur des ailes, avec une ^ ( 261 ) ligne brune sur la partie antérieure. Le mâle a les antennes un peu pectinées. Ce papillon parait aux mémes époques, et sa chenille se nour- rit des mêmes plantes que la N. Salsolæ. N. riparia, Boisd., Ind. Ме. supl. (Genre Leucania, Och., Boisd.) Statura N. L. album , illiusque subaffinis , alis anticis supra albo-roseis fusco- luteoque variis. Fascia ad apicem obliqua dilutiori. Punctorum nigrorum serie transversa, interrupta nervo medio quibusdamque ramis albo-luteo- lis, subtus nigrescentibus , pl. 6, fig. 5. Ce lépidoptère est de la taille de la №. L. album à laquelle -elle ressemble un peu. Ses ailes supérieures sont en dessus d'un blanc rosé, avec des parties plus foncées, d'un brun jaunátre; cette dernière teinte occupe surtout la partie moyenne et longitudinale de l'aile; elle se trouve coupée par une bande claire qui descend obliquement du sommet de l'aile. La nervure médiane, ainsi que quelques ra- meaux, sont d'un blanc jaunátre. L'aile présente à l'union de son tiers postérieur, une ligne trans- verse interrompue de petits points noirs. La frange est d'un brun rosé, bordée intérieurement par une série de trés-petits points noirs. Les ailes inférieures sont blanchátres à la base, et deviennent d'un brun légèrement fauve dans le reste de l'aile. Leur frange est blanchátre. Le dessous des ailes supérieures est d'un brun noir plus clair vers les bords, avec un point noir à la cóte. Les ailes inférieures ont le dessous en grande partie d'un brun rosé. L'autre partie, qui est interne, est blanchátre avec une seule transverse de points noirs et un trés- petit point semblable au centre. Tout le corps est d'un gris souvent teint de rose ; la partie antérieure est traversée par trois lignes brunes. Les máles portent en dessous, à l'union du ventre avec la poi- trine, une touffe épaisse de poils noirâtres, au centre de laquelle ( 162 ) existe un paquet serréde poils blancs; leur couleur est généralement plus foncée que celle des femelles. On trouve cette espèce dans les mois de mai, d'aoüt et septem- bre; elle voltige le soir dans les endroits herbeux du bord des rivières, aux environs de Montpellier. N. amnicola , (Genre Leucania Och. Treit. Boisd.) Statura №. riparie , №. obsolete simillima. Alis anticis supra luteo - rufis. Nervo medio in punctum dilatato. Serie transversa, obliqua, vix incurvata, interrupta, nigrorum punctorum ; aliquando fere nulla. Alis posticis fusco- luteolis; omnibus subtus margaritaceis , pl. 6, fig. 5. Cette espèce ressemble beaucoup à l'obsoleta , mais elle est plus petite et parait en différer notablement; ce qui me fait croire que c'est une espéce distincte, c'est qu'elle ne varie pas dans plusieurs individus. E La couleur des ailes supérieures est d'un jaune roux en dessus. La nervure médiane, peu visible d'abord, s'élargit en un point à l'endroit de ses dernières ramifications; elle est d un blanc jaunâtre avec quelques rameaux peu visibles. Derrière cette nervure on voit une légère teinte d’un brun rose, quelquefois à peine sensible, qui se continue jusqu’à la marge, et du sommet de l’aile on en voit partir une très-légère éclaircie, sou- vent insensible. La ligne transverse de points est réduite à deux ou trois, et même elle peut manquer tout-à-fait. Les lignes longitudinales qui bordent les nervures et celles qui existent entre elles sont assez marquées et d’un brun rose; оп voit aussi un trait de cette couleur vers l'angle interne du bord pos- térieur de l'aile. La frange est d’un brun rosé, bordée intérieurement d’une suite de très-petits points noirs. Les ailes inférieures ont la base et le bord antérieur d’un blanc jaunátre luisant, le reste est d'un brun jaunátre assez foncé, excepé le bord interne, qui est blanchátre; le bord postérieur de l'aile est un peu déchiqueté par une couleur jaune , sur laquelle existent quelques petits points peu visibles ; la frange est blanchátre. ( 265 ) Le dessous des ailes est blanchátre avec un reflet brillant cou- leur de nacre. La tête et les antennes sont d'un roux brunátre. La partie antérieure du corps est marquée de trois lignes brunes, le reste est jaunátre, un peu brun vers la base des ailes. L'abdo- men est d'un gris roussátre, et la face antérieure des cuisses est brune. Ге måle n'a pas les antennes sensiblement pectinées, il porte à la base de l'abdomen une touffe de poils noirs dans laquelle est renfermé un paquet de poils couleur de paille. Elle diffère de la JV. obsoleta, 1° en ce que la nervure médiane est moins apparente, plus droite, et s'élargit en un point; 2° en ce que la ligne de points, quand elle existe, est presque droite au lieu d'étre courbe; qu'elle n'est pas composée de plus de quatre points, qui quelquefois manquent, et que le rameau continuateur de la nervure médiane n'en présente jamais; 5° les ailes inférieures sont plus brunes et toutes brillent, à leur surface inférieure , d'un reflet couleur de perle. Cette espéce se trouve dans les mémes lieux et aux mêmes époques que la N. riparia, mais elle parait plus rare. N. Ramburii. ( Boisd. , Ind. M. supl. Genre Catephia, Och. Treit. Boisd.) Statura №. Alchymistæ. Alis anticis supra fusco-fulvo-violaceis. Strigis nigris augulatis. Macula reniformi externe flavescente. Alis posticis Alchimistæ. Omnibus subtus nigro rufescente latissime marginatis. Anticis macula cen- trali nigra, pl. 5, fig. 5. Ce lépidoptère est de la taille de la N. 4lchymista ; le dessus des ailes supérieures est d'un fauve brun un peu violet, mélé de noir bleuâtre et de jaune fauve par endroits; l'aile est traversée par deux lignes noires, sinueuses, anguleuses, dont l'externe est dou- blée par une autre ligne d'un noir plus pále et bleuátre. Entre ces deux lignes sont UP les deux taches ordinaires. L'orbicu- laire est irrégulière d’un fauve violet. La reniforme est de la même couleur avee un point d’un, noir bleuâtre à sa partie postérieure; elle est bordée du côté externe ( 264 ) par une ligne jaune interrompue postérieurement, et devant la- quelle il existe une petite éclaircie blanchátre. Au-dessous de cette tache, il existe un espace d'un jaune fauve, bordé intérieurement par le chevron qui part de la ligne interne. Celui-ci est bordé de noir, renflé à son extrémité, rétréci à sa base en un pédicule étroit. à La base de l’aile offre quelques lignes placées sans ordre. L'espace compris entre la ligne externe et la frange, est traversé par une ligne très-sinueuse, jaune, interrompue et peu apparente. Cette ligne est bordée intérieurement de fauve obscur, dans lequel on apercoit quelques traits sagittés. La frange est de la cou- leur de l'aile, un peu sinueuse, bordée intérieurement d'une suite de lunules noires. On voit cinq points blancs sur la moitié externe de la cóte. Les ailes inférieures sont blanches, avec le cóté interne et une large bande marginale d'un noir fauve; la frange est de la méme couleur avec deux taches blanches qui s'avancent un peu sur l'aile. Le dessous des ailes est blanchátre avec une nuance de gris jau- nátre au bord antérieur, et une large bande marginale d'un noir fauve; les supérieures ont de plus une tache noire centrale. Le corps est en partie d'un fauve violet et d'un noir bleuátre avec une double ligne noire sur la partie antérieure. L'abdomen est d’un brun rougeâtre plus clair sur les côtés, avec quatre pinceaux de poils en dessus et un autre terminal. Les antennes sont noirátres, point pectinées. J'ai trouvé cette noctuelle le 6 juillet sur le tronc d'un chêne, aux environs de Montpellier. Cette description est faite d'aprés un mále. N. Cailino, Lefebvre, Boisd. (Genre Ophiusa, Och., Treit., Boisd.) Statura V. stolide. Alis anticis supra strigis tribus transversis, fascia media rufa. Margine late albo-fusco cerulescente , macula reniformi maxima externe bidentata, posticis albis; fascia marginali nigra, puncto albo ex- terne interrupta , pl. 5, fig. 4. Cette noctuelle est de la taille de la №. stolida; ses ailes supé- rieures sont traversées en dessus par trois lignes sinueuses, dont | ( 265 ) la derniere est oblique dans un sens opposé aux autres. Ces trois lignes partagent l'aile en quatre portions. La première, en commençant par la plus externe, est d'un blanc bleuâtre ombrée de brun du côté de la frange; celle-ci est d’un brun roux bordée intérieurement d'une série de petits points noirs; la seconde portion est d'un noir un peu roux, avec quelques endroits d'un cendré fauve ; elle est occupée en partie par la tache réniforme , qui est trés-grande, bidentée à son cóté externe, et bordée d'une ligne trés-noire; son cóté interne forme une tache noirátre étroite, qui est éclairée intérieurement par une ligne blanche , laquelle borde aussi les deux nervures qui aboutissent à sa base; le reste de la tache réniforme est d'un cendré fauve; cette couleur s'étend jusqu'à la côte. La troisième portion est roussátre, avec deux lignes transverses d'un brun ferrugineux, noires vers la cóte. Enfin, la dernière partie présente à son côté externe une bande étroite, d'un brun roux, bordée par la ligne interne ; plus intérieure- ment, une autre bande d'un noir bleuátre; le reste est d'un gris roussátre avec un double trait noir transverse. Les ailes inférieures sont blanches avec une bande marginale d'un noir un peu fauve ; cette bande est flexueuse à son côté anté- rieur, ой elle forme un angle, échancrée à son cóté postérieur par une tache blanche oblique; les nervures du milieu de l'aile en un arc central sont noirátres. La frange est blanche avec une tache brune dans son milieu. Le dessous des ailes est blanc, un peu gris au bord antérieur avec une lunule centrale; trois bandes sur les supérieures, et deux sur les inférieures, noirátres. Les antennes sont noires, pas sensiblement pectinées. Le corps est grisâtre teint de roux, avec deux petites bandes noires longitudinales sur la partie antérieure. La poitrine est blan- che; l'abdomen est d'un gris roussátre , finement ponctué de noir en dessus. Cette description est faite d’après uu individu mâle, que j'ai pris, le 2 mai, dans un endroit sablonneux, sur le bord du Lesk , aux en- virons de Montpellier Cette noctuelle se tient à terre, et son vol ressemble à celui des N. cingularis et Algira. ( 266 ) Phalena tibiaria. (Phal. geometrica L. ; Phalena Fabr.) Statura Ph. Wanariæ alis griseo-rufis, extimo fuscantibus. Anticis serie trans- versa obsoleta punctorum alborum, omnibus subtus puncto lineaque punc- tata nigris. Antennis pectinatis, pl. 6, fig. 2. Cette phalène est toute d’un gris roussâtre, devenant plus som- bre vers l'extrémité des ailes. Les supérieures offrent en dessus, à peu près vers le tiers pos- térieur de l'aile, une ligne courbe de points blanchátres peu visi- bles, et qui sont accompagnés d’un très-léger point noir; on aper- coit aussi sur l’aile des atomes noirs, qui, dans certaines parties, forment presque des lignes; la marge est bordée d'une suite de traits noirs. Les ailes inférieures sont páles en dessous, surtout vers la base. Toutes ont en dessous un point noir, un peu marqué en des- sus, et une ligne transverse de points noirs. La teinte des ailes varie selon les individus ; quelquefois la ligne de points blancs est presque nulle, et les atomes noirs qu'on y re- marque sont plus ou moins nombreux. Les antennes du måle sont aussi pectinées, et ses jambes posté- rieures renflées ; les autres jambes ont leur face antérieure brune. Cette phalène se prend à la mi-septembre dans les clairières des bois, ou elle voltige le soir. Elle n'est pas rare en Touraine. Phalena aniculosata. Statura Ph. ornatariæ. Alis fusco-nigricantibus. Striga ad marginem sinuata luteola. Margine , serie punctorum nigrorum , fimbriaque luteolis. Puncto centrali subtus nullo, parte corporis antica, verticeque capitis, canescen- tibus , pl. 6, fig. 4. Cette phalène a les ailes d'un brun noir en dessus, plus foncées lelong de la cóte dans les supérieures, avec un point central noir légèrement entouré de blanchátre, et une ligne sinueuse posté- rieure, d'un blanc jaunátre; la marge est jaunátre, ainsi que la frange, qui est bordée intérieurement d'une série de points noirs ; le dessous des ailes est d'un blanc brunátre plus pâle aux inférieu- res, où le point de dessus parait très-légèrement. ( 267 ) La ligne sinueuse postérieure du dessus parait aussi un peu. La tête et le corps sont noirs, avec la partie antérieure de celui- . ci, et le sommet de celle-là blanchâtres. Les antennes sont brunes, blanchátres à la base. J'ai pris cette phalène dans le mois de septembre , aux environs de Montpellier. Phalena pityata. Statura Ph. venosate. Alis griseis , anticis supra, strigis quatuor, transversis , obliquatis, nigris, paulum sinuatis, posticis tribus vel quatuor strigis trans- versis panctoque nigris, antennis non pectinatis, pl. 6, fig. 6. Cette phalène est de la taille de la Ph. venosata ; les ailes sont grises, les supérieures ont en dessus quatre lignes obliques trans- verses, noires et un peu sinueuses, dont les trois plus internes n'at- t eignent pas la cóte. Les inférieures ont aussi trois ou quatre lignes moins longues que la largeur de l'aile. А Outre cela, les quatre ailes sont marquées d'une grande quantité d'atomes et d'un point central noir; la frange est grise, bordée d'une ligne noire. Les ailes sont en dessous d'un gris påle avec un point noir. Le corps est gris avec quelques nuances noires ; le ventre est gris aussi, et la plupart des anneaux ont en dessus deux points noirátres peu distincts; les antennes ne sont point pectinées. J'ai trouvé cette phaléne au mois d'avril dans les bois de pins, et sur l'écorce de ces arbres, aux environs de Montpellier. Phalena limbata. Statura: Ph. obfuscariæ. Alis supra albido-luteolis, atomis rufis et nigris, fascia marginali rufa, subtus rufis ; posticis fimbria crenata , pl. 6, fig. 8. Cette phalène est de la taille de la PA. obfuscaria, mais ses ailes sont plus étroites; elles sont en dessus d'un blanc jaunátre, avec des atomes roux et noirátres , quelquefois réunis en stries, et une bande marginale rousse. Le dessous est roux avec un point central plus foncé, qui рагай ( 268 ) ur peu en dessus; la frange est roussátre, crénelée aux ailes in- Térieures. Tout le corps est de la couleur des ailes. J'ai trouvé ce lépidoptère au mois de septembre, aux environs de Ganges. Cette description est faite d’après une femelle, et je soupçonne que le mäle doit avoir les antennes pectinées. DESCRIPTION DE LA.CHENILLE DE LA Zygena Occitanica, pl. 5, fig. 5, 6. Je ne parlerai point du papillon, il est trop connu des naturalistes. Sa chenille est toute d'un vert pàle avec le ventre plus clair; elle a sur le dos une bande blanchátre, quelquefois un peu jaunátre. Sur les cótés de cette bande on voit une ligne longitudinale formée de petits traits noirs, et qui s'arréte au onzième anneau; au-dessous de cette ligne existe une bande blanchátre sur laquelle est placée une série longitudinale de dix taches jaunes, le premier et le der- nier anneaux en sont privés. Encore au-dessous on voit une suite de petits points noirs arrondis, qui sont les stigmates. La tête est très-petite et parait noire, elle est presque toujours cachée sous le premier anneau. Les pattes écailleuses sont brunátres, les autres sont un peu jau- nátres. Cette chenille vit sur le Dorychnium monspeliense, et on en trouve toujours plusieurs sur la méme touffe, Elle file vers la fin de juillet, et au commencement d'août, le long d'une tige, unc coque courte, oyoide, arrondie aux extrémités, et de couleur jau- ne , fig. 7. La chrysalide, fig. 8, est courte , avec le ventre recourbé en avant; elle a la tête et la poitrine roussâtres , le ventre et le dos verdâtres , les ailes un peu rouges, et tachées de quatre ou cinq points de cette couleur. L'insecte parfait éclót au bout de quinze jours. Quelquefois la coque est blanchátre, et alors elle renferme un ichneumon qui sort plus tót que ne l'eàt fait le papillon. BULLETIN ANALYTIQUE ET BIBLIOGRAPHIQUE. ASTRONOMIE. Sur le plan invariable du système solaire. — Dans la séance du 25 mars 1828, M. Poinsot a présenté à l'Académie des Sciences de Paris une note fort importante, relative à la théorie et à la détermination exacte du plan invariable des aires dans le système du monde. On sait que, dans le mouvement d'un système de corps qui ` réagissent d'une manière quelconque les uns sur les autres, si Pou projette sur un plan les aires que tracent autour d’un point fixe ou foyer les rayons vecteurs, menés de ce foyer à toutes les parti- cules égales du système , la somme de ces aires projetées demeure constante, nonobstant les variations qu'éprouve chacune d'elles, par la liaison et l'action réciproque des différeus corps; et c'est en cela que consiste le principe si connu de la conservation des aires. | En considérant ainsi des airés sur les divers plans qu'on peut mener par le méme foyer, on voit qu'il existe un plan distingue de tous les autres par la propriété- suivante : si l'on projette les _ aires sur un des plans perpendiculaires à ce plan unique que nous disons être distinct de tous les autres, la somme des projections est toujours nulle; on reconnait aussi que la projection des aires sur le plan unique dont il s'agit, est la plus grande possible. Cette propriété avait déjà été remarquée par les géomètres; ils avaient choisi ce plan pour simplifier le calcul dans la recherche du mou- vement de quelques systèmes, et, par exemple, lorsqu'il s'agis- sait du mouvement d'un corps solide qui tourne librement autour de son centre de gravité. L'auteur ajoute : c'est ce méme plan que M. Laplace a considéré dans notre système planétaire , auquel il a donné le: nom de plan invariable. Il a cherché la position que ce plan devait avoir au commencement de 1750 , et ses formules lui (270) ont donné, pour cette époque, l'inclinaison du plan sur l'éclip- tique égale à 17,7689 et 114°,3979 pour la longitude de son nœud ascendant. M. Poinsot remarque que ce grand géométre, en éta- blissant son analyse, n'a considéré que les aires décrites autour du soleil par les différentes planètes regardées comme autant de points, dont chacun serait chargé de la masse entière de la pla- nète et de ses satellites. Or, on sait que M. Poinsot a découvert une nouvelle théorie des momens et des aires, oü ces sortes de quantités ne sont pour lui que l'expression géométrique des cou- ples ou forces de rotation, qui s'exercent actuellement dans le système. Tous les géométres connaissent ces belles et ingé- nieuses recherches qui ont contribué à perfectionner la sta- tique, et qui ont à la fois l'avantage de la clarté et de la profon- deur. П conclut aujourd'hui de sa théorie des momens, que le plan vraiment invariable n'est autre chose que celui de l'aire qui résul- terait des aires simultanées décrites par les particules du système, si l'on composait entre elles toutes ces aires à la maniere des simples forces appliquées sur un point, et que, par conséquent, pour déterminer le véritable plan invariable, il faut combiner en- semble, non-seulement les aires que M. Laplace a considérées, mais encore d'autres aires que son analyse ne comprend point, savoir : celles qui proviennent des mouvemens particuliers des sa- tellites autour de leurs planètes principales, et celles qui naissent de la rotation de tous ces corps et du soleil lui-même sur leurs propres axes. M. Poinsot fait remarquer que le plan de cette aire résultante est le seul dont on puisse affirmer qu'il demeure immo- bile dans le ciel, ou qu'il reste toujours parallèle à lui-même , quels que soient les changemens que la suite des siècles puisse ap- porter dans les mouvemens, dans la figure et la position mutuelle des differens corps célestes. Il ajoute que, si l'on ne compose entre elles qu'une partie de ces aires simultanées , on ne peut plus dire que l'aire partielle qui en résulte soit invariable de grandeur et de po- sition dans l'espace ; d'ou il suit que le plan déterminé par M. La- place peut varier, et qu'ainsi il n'est pas propre à faire reconnaitre les changemens qui peuvent survenir avec le temps dans la posi- tion des orbes et des équateurs planétaires; l'auteur en conclut donc que, pour obtenir ce résultat, et donner ainsi aux astro- (271) nomes futurs le moyen de comparer d’une manière précise les observations séparées par de très-longs intervalles de temps, il faut recourir au plan qu’il propose, parce qu’il est seul invariable. П nomme ce plan l'équateur du système du monde. Telle est la conséquence principale de la théorie nouvelle que M. Poinsot a présentée à l’Académie. Quant à la détermination de cet équateur du système solaire, l’auteur remarque qu'elle dé- pend non-seulement des masses des différens corps célestes, mais encore des momens d'inertie de ces corps par rapport à leurs axes, quantités qui nous sont jusqu'à présent inconnues. Aussi l'auteur fait-il observer que la question qu'il traite a deux objets très-différens. Le premier est une théorie importante qu'il est né- cessaire de rectifier pour l'exactitude et la perfection de la science; le second est une application particulière qui suppose la mesure de certaines quantités que le temps seul et l'observation peuvent nous faire connaitre. Il en résulte, dit l'auteur , que le plan dont il s’agit doit différer sensiblement de celui que M. Laplace a dé- terminé, parce que, si les aires dues aux révolutions des satel- lites, ou méme à la rotation des planètes, sont des quantités as- sez petites pour qu'on puisse es négliger à l'égard des autres, il n'en est pas de méme de l'aire due à la rotation du soleil, qui est une quantité considérable , et qui ne doit étre omise dans aucun cas. En supposant d'abord le soleil homogène, M. Poinsot trouve que l'aire due à la rotation de ce grand corps sur lui-même, vaut plus de бо fois celle que la terre décrit en méme temps par son mouvement de révolution dans son orbite annuelle. Si , comme il est très-vraisemblable , la densité n'est pas uniforme , mais si elle croit dela surface au centre, en raison de la profondeur, l'auteur trouve que l'aire dont il s'agit s'éléve encore aux deux tiers de la valeur précédente. Et, dans l'hypothése méme où la densité du soleil augmenterait depuis la surface ou elle serait nulle, jusqu'au centre ой elle serait infinie, comme l'ordonnée d'une hyperbole s'approchant de l'asymptóte qui lui est parallele, cette aire décrite aurait encore la moitié de la valeur qu'on a trouvée dans le cas d'homogénéité. Ainsi, pour cette hypothèse , qui paraît extrême , la résultante des aires, déterminées sans tenir compte de cette quantité, differeautant de la véritable, que si l'on eût oublié, dans (272) ‚ le calcul, au moins 25 globes tels que le nôtre, qui auraient cir- culé comme la terre à la même distance du soleil, mais dans un plan incliné de 7 à 8 degrés au plan de notre écliptique. L'auteur conclut que cette omission altère d’une manière trés-sensible la position du plan invariable, parce qu’il est aisé de voir qu’elle change de plusieurs minutes son inclinaison à l'écliptique , et de plusieurs degrés la longitude de son nœud ascendant, et que, par conséquent, il n’est pas moins nécessaire, dans l'application que dans la théorie , d'avoir égard à cette partie des aires qui vient de la rotation du soleil. Il est certain que le seul plan rigoureusement invariable, est celui que l'auteur détermine. Quant aux modifica- tions que pourraient autoriserla constitution du systeme solaire et la forme des mobiles, il serait nécessaire de les fonder sur une dis- cussion détaillée des divers élémens. Les conséquences ne pour- raient étre qu'approchées ou assujetties à toutes les limitations que l'on aurait introduites dans le calcul. Au reste, M. Poinsot se propose de développer toutes ces considérations dans un Mé- moire qu'il doit lire trés- prochainement à l'Académie. (Analyse des travaux de Р Асай. roy. des Scienc. , en 1828, p. 6, part. math.) PHYSIQUE. Sur les couleurs des réseaux ; par M. Babinet. — On sait que Fraunhofer a donné des mesures très-précises et très-nombreuses sur les spectres des réseaux. Voici comment on peut reproduire ce phénomène : on trace, sur une lame de verre, des lignes paral- lèles et très-serrées , au moyen d’un diamant mu par une vis mi- crométrique ; M. Lebaillif a formé, pour M. Babinet, un réseau pareil, qui contient 100 traits par millimètre. Si l'on regarde , à travers ce réseau , la flamme d'une bougie, ou, si l'on veut, une ouverture rectiligne étroite et fortement éclairée, on recoit d'a- bord l'image directe de cette fente sans aucune altération : puis, à droite et à gauche, une foule de spectres ou d'images colorées , d'autant plus larges, qu'ils s'éloignent plus de l'image directe , mais dont les parties correspondantes sont également espacées ; en sorte que ces spectres, d'abord séparés prés de l'image directe, ( 275 ) finissent par se superposer en partie. M. Babinet donne une expli- cation très-simple de ce phénomène, en s'appuyant sur la théorie des interférences donnée par Fresnel. Dans cette théorie , on ad- met qu'un point quelconque d'un rayon lumineux, pris dans le vide ou à la rencontre des corps diaphanes et des surfaces réflé- chissantes, peut étre considéré comme un centre d'émanation de lumière. Supposons, pour fixer les idées , que la lumière incidente au réseau dont nous venons de parler tombe perpendiculairement sur le plan de ce réseau, et que l'oeil soit placé en arrière à une certaine distance , et ne considérons que les rayons d'une méme couleur qui se trouvent dans le plan mené par l’œil perpendiculai- rement aux traits du réseau ; voici ce qui arrivera. Si les distances de l'oeil aux extrémités de l'intervalle compris entre deux traits consécutifs du réseau, avaient pour différence la longueur exacte d'une ondulation lumineuse, la première moitié de cet intervalle enverrait à l'œil des rayons qui différeraient précisément d'une demi-ondulation avec les rayons émanés de la seconde moitié de l'intervalle; toute lumière serait détruite par l'effet des interfé- rences , et l'intervalle en question serait entièrement privé de cette espèce de lumière. Mais si l'on vient à rendre opaque le milieu de l'intervalle, au moyen d'un nouveau trait qui en occupe précisé- ment la moitié, on arrétera par le fait les rayons qui interféraient avec ceux qui ont encore la liberté de passer, soit à gauche, soit à droite. L'intensité la plus vive pour ces derniers aura lieu dans cette supposition, que le nouveau trail occupe les second et troi- sième quarts de l'intervalle, en laissant libre les premier et qua- trième quarts, ou, en d'autres termes, si les intervalles е leslargeurs des traits du réseau sont tels que les distances de leurs extrémités à l’œil de l'observateur different précisément d'un quart d'oscillation. Quand cette condition n'est pas remplie, il y a une partie des rayons qui sont complétement détruits par les interférences, et la lumière des ouvertures est moins vive que dans le premier cas. Cette re- marque sur la vivacité des rayons qui traversent un réseau, avait échappé à Fraunhofer; elle est due à M. Babinet. Maintenant, il est clair qu'il y aura d'autres intervalles entre les traits du réseau, ou, ce qui revient au méme, d'autres distances à Ре de l'observateur, pour lesquelles se reproduira le méme . phénomène relativement aux autres rayons lumineux : de là for- ( 274 ) mation d'un spectre de toutes les couleurs, si la lumière incidente est de la lumiere blanche. Ce phénoméne se reproduira toutes les fois que la largeur d'un trait ajoutée à l'intervalle qui le sépare du suivant , fera une somme égale à la longueur d'une ondulation lu- mineuse , ou de deux ondulations, ou d'un nombre entier d'ondu- lations. А la suite de l'article de M. Babinet, se trouve une explication du méme phénomène, donnée par M. Th. Young, et insérée par le rédacteur des Annales de Chimie et de Physique (t. XL , p. 166 et :78). Thermomètre à maximum et à minimum. — On peut se procurer uu thermomètre à maximum et à minimum très-exact, en faisant ипе légère addition au thermomètre métallique de Bréguet. Voici comment : Au milieu du cercle gradué qui marque le chemin que suit la pointe de l'aiguille, on creuse une rainure concentrique à ce cercle. On y dispose deux petits curseurs trés-légers, situés de chaque cóté de l'aiguille, et tels qu'ils puissent céder au moindre effort. Il est clair que, quand l'aiguille fait une excursion dans un sens, elle pousse devant elle l'un des curseurs, et que celui-ci qui reste ensuite au point où l'aiguille l'a amené, indique une tempé- rature maximum , ou une température minimum , suivant le sens de la marche de l'aiguille. Pour mettre cet instrument en expé- rience , il suffit d'approcher les deux curseurs de l'aiguille , jusqu'à ce qu'ils la touchent. Cette disposition qui, pour les températures atmosphériques, parait devoir conduire à des résultats exacts, peut être appliquée au thermomètre à cadran, et à la plupart des thermomètres métalliques. Quand on l'applique au thermomètre de Bréguet, il faut que la spire soit assez forte pour que le mou- vement de l'aiguille ne soit pas gêné par la petite résistance que présentent les curseurs ( ou bien, si cette résistance est constam- ment la même, il suffira de déterminer, une fois pour toutes, la perte de torsion qu'elle fait éprouver à la spire, et cette perte, estimée en degrés du thermometre , sera une correction qu'il fau- dra reporter sur toutes les observations de température maximum ou minimum. ) (Extrait du Cours de Physique et de Chimie indus- trielles, que M. Lechevalier, lieutenant d'artillerie, publie actuel- lement à Paris, chez Bachelier; et à Metz. chez madame Thiel. ) (275) Écoulement et pression du sable. — M. Huber-Burnand à fait à Y verdun plusieurs expériences intéressantes sur écoulement et la pression du sable. On fait passer ce dernier à travers une gaze en coton, présentant 15 fils sur 18 dans l'espace d'un centimètre. Le sable ainsi tamisé est placé dans une caisse, dont le fond présente une fente qui a, pour le moins, deux millimètres de largeur. Voici les résultats sur l'écoulement. La vitesse de l'écoulement du sable ne dépend point de la hauteur de ce sable, au moins jusqu'à des hauteurs décuplées. Il parait que la quantité de sable écoulée croit dans un rapport plus considérable que l'aire de l'orifice, quand on fait varier sa largeur seulement. Celui qui s'écoule par des orifices faits sur les parois verticales de la caisse, a une vitesse indépen- dante de la hauteur du sable ; mais rien ne s’écoule si le diamètre du trou percé horizontalement est moindre que l'épaisseur de la paroi. Le sable versé dans un tube deux fois coudé à angle droit, ne remonte point dans la branche opposée ; il s'étend à peine dans la branche horizontale. Quelle que soit la pression que l'on fasse subir au sable renfermé dans une caisse, elle n'influe en aucune maniére sur la quantité de sable qui s'écoule par une ouverture quelconque. Une régle implantée perpendiculairement dans le haut de la colonne de sable, et dans la direction de l'ouverture in- férieure , descend dans le sable et avec le sable, sans s’incliner d'aucun cóté, et avec une vitesse parfaitement uniforme. Des grains de sable mis en tas s'éboulent de telle manière, que les surfaces sont inclinées de 50 à 55 degrés sur l'horizon. Voici les résultats sur la pression du sable. Un œuf mis dans l'intérieur du sable contenu dans une caisse, ou sur le fond méme de cette caisse, reste intact, méme sous une pression de 25 kilo- grammes. D'une boite cylindrique partait horizontalement un tube qui redevenait vertical, et qui était ouvert par ses deux bouts; on versa du mercure, et le niveau de ce liquide s'établit à la méme hauteur dans la boite et dans le tube; ensuite on mit sur le mer- cure de la boite une colonne cylindrique de sable, de 65 centi- mètres de hauteur; mais le niveau du mercure dans le tube ne va- ria que d'environ 2 millimètres. L'auteur a fait plusieurs autres expériences pour démontrer que la pression du sable contenu dans un cylindre, s'exerce presque en totalité contre les parois, et non contre le fond. Que ce fond soit un simple morceau de papier 276 ) humecté et appliqué à l'extrémité inférieure du cylindre; qu'on appuie ce dernier par sa base; qu'on le remplisse alors de sable оч de toute autre matiere globuleuse, telle que des poids secs, puis qu'on le soulève verticalement; le papier qui en forme le fond res- tera en place, malgré le poids considérable de la colonne. (Biblio- théque universelle de Genève, t. XL, p. 22.) CHIMIE. Sur le sodium. — M. Sérullas avait déjà fait voir que le potassiunx mis sur le mercure, et exposé àl'airhnmide, décompose la vapeur d'eau, et que l'hydrogène qui se dégage pousse en sens contraire le morceau de potassium. Ce mouvement n’a plus lieu sur le mer- cure renfermé dans une cloche qui ne contient que de l'air sec : l'amalgamation s'opère e tranquillement, Mais le sodium projeté vivement sur le mercure, est lancé avec violence hors du bain, et donne lieu à une petite explosion, ac- compagnée de chaleur et de lumiere. Quand on le projette sur une dissolution gommeuse, le sodium ne tarde pas à s'enflammer, parce qu'il est retenu par la viscosité du liquide , ce qui permet à la chaleur de combinaison de s'accumuler : la flamme est jau- nátre, tandis que celle du potassium est bleuâtre. ( Ann. de Chim. et de H hys. , t. XL, p. 527. Purification de l'oxide de manganèse ; par M. Lassaigne. aite d'abord le peroxide de manganese par l'acide muriatique étendu , puis à chaud, par 4 ou 5 fois son poids d'acide sulfurique concen- tré, et on évapore à siccité. On traite ensuite la masse par 8 ou. 10 fois son poids d'eau bouillante. On précipite le cuivre que la dissolution pourrait contenir, en versant un peu d'acide sulfurique , et faisant passer un courant d’hydrogène sulfuré : on filtre pour séparer le sulfure de cuivre. On fait bouillir pour dégager Pexets d'hydrogène sulfuré, et on précipite par le carbonate de soude. Ce précipité n’est plus composé que de carbonates de manganèse et de fer ; on le lave et on le traite à chaud par un excès d'acide oxa- hque. L'oxalate de manganese se précipite, etcelui de fer reste en - (#277) dissolution. On calcine le premier en vase clos , et l'on obtient le protoxide de manganèse pur. (Ibid, p. 529.) Lettre de M. Braconnot 4 M. Gay-Lussac , sur une encre indélébile. « En vous adressant quelques observations sur une matière co- lorante brune, je me suis beaucoup trop empressé, d’après quel- ques essais faits à la hâte, d'annoncer qu'elle pouvait être em- ployée avantageusement comme encre indélébile; car, l'ayant soumise dernièrement à de nouvelles épreuves, je n'ai pas tardé à me convaincre qu'elle ne méritait pas ce titre, puisque les carac- ières qu'elle a fournis ont disparu par des macérations successives dans le chlore et la potasse. (A6id, р. 4595 voy. Ann., cah. précéd. , p. до.) Examen chimique du curare. — Ce curare est un poison que MM. Pelletier et Petroz ont recueilli sur une flèche. Ils en ont ob- tenu une substance végéto - animale, une résine et une matière grasse, plus, un principe amer, solide, translucide , d'une cou- leur blonde, soluble dans l'alcool et dans l'eau , mais non dans l'éther, ramenant faiblement la couleur du tournesol rougi par un acide, précipitée de sa dissolution aqueuse seulement par la noix de galle et les autres matières astringentes; ce serait peut-être , d'aprés les auteurs, un nouvel alcali vegetal. On l'obtient en trai- tant le curare par l'alcool, puis par l'eau, ajoutant du sous-acé- iate de plomb , précipitant ce métal par un courant d'hydrogene sulfuré ; enfin, versant de l'acide sulfurique étendu de beaucoup d'alcool, qui chasse l'acide acétique auquel ce nouvel alcali serait combiné ; purifiant par le charbon animal , et séparant l'acide sul- furique par un léger excès de baryte, et cet excès par un courant d'aeide carbonique. On concentre la liqueur, et on dessèche la ma- tiere amère sous le récipient de la machine pneumatique. (Ibid, p. 215.) Acide aspartique ; par M. Plisson. — L'auteur avait fait voir Pi- dentité des matières cristallines trouvées dans les asperges, les ra- cines de réglisse, de guimauve et de la grande consoude : c’est l'asparagine. En la précipitant par l’oxide de plomb, et décompo- (278 ) sant le sel qui en résulte, par l'hydrogène sulfuré, l'auteur a obtenu un nouvel acide, qu'il a nommé aspartique ; il est en poudre cris- talline, qui, au microscope, parait composée de longs prismes transparens et incolores. L'auteur traite fort au long le chapitre des aspartates. En prenant l'atome d’oxigène pour 100, celui d'acide aspartique pèserait 1690,817. (Ibid, p. 518.) Procédé pour extraire lurée; par M. Henry fils. — On verse à cet effet, dans Purine fraiche un léger excès de sous-acétate de plomb ou d'hydrate de ce métal; on décante la liqueur après le précipité; on sépare tout le plomb par des additions d'acide sul- furique en petit exces. Apres la séparation du sel blanc, on con- centre trés-rapidement sur un feu soutenu, en mettant dans le li- quide une certaine quantité de charbon animal. On le passe sur une toileserrée , et on l'évapore d'environ un tiers de son volume; par le refroidissement, la liqueur se. prend en une masse aiguillée, jaunátre, formée de beaucoup d'urée et de quelques sels. Les cristaux égouttés et exprimés sont traités par une tres- petite quantité de carbonate de soude , afin de séparer l'acétate calcaire qui. pourrait rester, et on les met en digestion dans l'alcool, à 58 ou 40*. Ce menstrue filtré et distillé laisse pour résidu l'urée. (J'our- nal de Pharmacie , avril 1829. ) Nouveau combustible fossile. —M. Macaire-Prinsep vient d'analyser un minéral combustible, trouvé depuis deux ou trois ans dans une carrière de lignites qu'on exploite près d'Urnach, dans le canton de Saint-Gall. Il est en petits cristaux blancs, aciculaires, implan- tés dans les intervalles des fibres des lignites, ou en enduits lamel- leux translucides, placés entre les couches ligneuses qui résultent de l'accroissement annuel des troncs d'arbres. Son éclat est gras, comme nacré : sa densité est d'environ 0,65; il est sans saveur et sans odeur; ses propriétés chimiques se rapprochent de celles de la naphtaline. Il est formé de carbone 75, et d'hydrogéne 24 , tan- dis que la naphtaline , d’après l'analyse de l'auteur, serait compo- sée de carbone 86, et d'hydrogène 15,8. La composition de ce nouveau fossile est donc la méme que celle du gaz hydrogène protocarboné. (Bibliothèque universelle de Genève, t. XL, p. 68.) PROCÉDÉS DIVERS POUR LA CONSERVATION DES SUBSTANCES ANIMALES ET YÉGÉTALES DESTINÉES AUX COLLECTIONS SCIENTIFIQUES. On connait les avantages et les inconvéniens des divers liquides dont on a fait jusqu'ici usage pour conserver les préparations ana- tomiques ou les individus du regne animal et végétal qui enri- chissent nos cabinets. L'alcool, qu'en voyage on ne trouve pas toujours sous sa main, entraine dans des dépenses auxquelles la bourse d'un particulier refuse de se préter. Ce menstrue dissout les substances grasses, sucrées, et les matières colorantes, et ne peut par conséquent satisfaire dans tous les cas les vues du collecteur. Les dissolutions d'alun, de nitrate de potasse, ne remplissent qu'imparfaitement leur destination, et altèrent les tissus. Le sublimé corrosif, outre les dangers qu'offre son emploi, ne conserve pas mieux les substances dans leur intégrité. M. John Davy (1) vient de proposer la dissolution de gaz acide sulfureux dans l'eau, qu'on filtre ensuite afin de donner de la transparence au liquide. Cette préparation joint à la modicité du prix, la propriété de conserver indéfiniment les substances, et de rendre transparentes les parties les plus tenues de l'organisation. L'auteur garde de cette manière, depuis trois ans, diverses pièces anatomiques, qui sont aussi fraiches qu'au moment de leur im- mersion; les flacons sont bouchés hermétiquement et lutés avec de la cire. Le méme procédé, d’après l'auteur, pourrait s'appli- quer aux substances végétales. Les pièces d'anatomie patholo- gique peuvent également étre conservées intactes dans la méme liqueur. Il faut avoir soin de plonger ces substances dans la solution, avant que la putréfaction se soit déclarée. Si l'on veut rendre l'organisation des tissus plus apparente , on doit employer une so- lution assez forte. On n'a besoin que d'une solution faible, quand il ne s'agit que de conserver des pièces anatomiques. RP EO RE O LN O RR MEE (1) Trans: of the soc. med. chir. ofthe Edinb., vol. LL, part. 1. d ( 280 ) Ce procédé ne saurait sans doute convenir aux substances dont on veut conserver etla forme exacte et les couleurs. M. Vignal, préparateur du cours de botanique de la Faculté de médecine de Paris, vient de découvrir qu'un moyen excellent de conserver les substances animales, c'est de les laisser plongées dans une eau contenant un exces de camphre en grumeaux. Tant que les grumeaux de camphre existent dans l'eau, les pièces se con- servent sans altération, méme au contact de l'air. Elles se conser- veraient indéfiniment dans un flacon bouché à l'émeri. M. Vignal , qui nous promet de plus amples détails à cet égard, conserve dans un flacon ouvert, et depuis un an, un fétus de deux à trois mois. Ces dissolutions ne paraissent pas convenir à la conservation des substances végétales, encore moins à celle des champignons. En 1827, M. Е. Luedersdorff (1) a conseillé l'emploi des huiles grasses mélangées d'alun ou de créme de tartre. L'alun doit étre aupara- vant séparé, par une forte chaleur, de son eau de cristallisation. Tl pénètre alors dans les plantes presque aussitôt avec l'huile , ab- sorbe toute leur humidité, et conserve entièrement leurs cou- leurs. On n'a qu'à tremper la plante dans le mélange : on la place ensuite entre du papier gris pendant vingt heures , pour que l'huile la pénètre entierement. Alors on la place dans du papier sec, et, en peu de temps, elle sera préte pour l'herbier. En voyage, on peut laisser les plantes dans un vase plein d'huile, pour se réser- ver le soin de les dessécher au retour. Quant aux champignons , l'auteur les plonge dans le suif de mouton exposé à une chaleur de 42 à 45° R. , après avoir percé l'épiderme du champignon sur dif- férens points. Le suif pénètre dans la substance des champignons ; on enlève le superflu après le refroidissement : de cette maniere , le champignon conserve non-seulement sa forme, mais encore ses couleurs. La composition chimique des champignons m'avait fait pen- ser, depuis long - temps, que l'infusion de noix de galle pourrait remplacer avec avantage l'acide pyroligneux dont on se sert ordi- nairemént pour conserver ces espéces de cryptogames. L'acide (1) Das Auftrocknen der Pflanzen, ctc. , in-8" de 150 pag. Berlin , 1527. ( 281 ) pyroligneux altere les couleurs et la consistance du champignon. L’infusion de noix de galle , un peu alcoolisée , me semblait devoir obvier à ces inconyéniens ; et l'expérience n'a pas démenti mes pré- visions. M. Petit, à qui j'ai communiqué ce fait, a conservé ainsi, pendant deux mois au moins, et sans aucune altération , les champi- gnonsles plus fugaces. Bien loin de se.ramollir, ces individus avaient acquis daus le liquide une plus grande consistance , et ils avaient conservé parfaitement leurs couleurs. Cependant le vase était sim- plement recouvert d'un liége, etla superficie du liquide offrait des moisissures en assez grande quantité. Il faut avoir soin de tenir le champignon plongé entièrement dans la dissolution. Ко CHIMIE MÉDICALE. EXAMEN DE L'ANALYSE, faite par M. Caventou, d'un sang offrant des caractères particuliers. MM. Collineau et Gendrin ont consigné (dans le t. CVI du Journal général de Médecine, janvier 1829, p. 67) une observa- tion fort intéressante dont leur pratique les a rendus témoins. Le 7 novembre 1828, M. Collineau fut appelé, à sept heures du matin, par un marchand chapelier, ágé de trente-neuf ans, d'une forte constitution, mais d'un caractère mobile et tres-irritable. Depuis à peu près une heure et demie, cet homme éprouvait des vertiges, une pesanteur et un malaise de téte, surtout vers la partie posté- rieure dela base du crâne, accidens auxquels il n'était pas sujet, et qui l'effrayaient tellement, que, malgré la crainte que lui causait la saignée, il se soumit sur-le-champ à cette opération, qui fut pra- tiquée au bras droit. Le sang, au sortir de la veine, était trouble, d'un rouge clair, sale, et devenait marbré, rouge-blanchâtre, à mesure qu'il se refroidissait dans la cuvette, Quelques gouttes, qui tombaient sur le carreau , blanchissaienten peu d'instans, et pre- naient l'aspect du chocolat au lait. La saignée fut de pres de vingt onces, Au bout d'une heure et demie, il s'était formé un caillot d'un volume médiocre, nageant dans une grande quantité d'un fluide blanc et opaque, tout-à-fait semblable à du lait. M. le doc- teur Gendrin alla le méme soir voir le malade : le sang était tel que 2, 19 ( 282 ) M. Collineau l'avait examine le matin, c'est-à-dire, vingt-quatre heures après la saignée; le caillot, qui ne formait pas le cinquième de la masse du sang, surnageait; il était d'un rouge plus violâtre que dans l'état physiologique; il était recouvert d'une couche couenneuse, blanche, trés-peu consistante, qui n'avait pas plus d'une ligne d'épaisseur. Cette couche était diaphane et comme gé- latiniforme. Le sérum dans lequel nageait le caillot présentait exactement le même aspect qu'il avait la veille, au soir; il avait le goût fade du ,sérum ordinaire; M. Gendrin en recueillit six on- ces qu'il porta à M. Caventou, pour en faire l'analyse. Le malade n'avait fait aucun exces, il venait de marcher vingt minntes avant d'appeler le médecin, et il n'avait pris qu'un verre de vin, à six heures. П ne s'était exposé à aucune cause d'infection syphiliti- que ; seulement, aux mois de juin , juillet, août, il avaitété malade sans garder le lit; il lui était venu à l'aine gauche une tuineur semblable à un bubon , laquelle s'étant ouverte, avait produit une petite plaie fistuleuse qui suppurait encore. MM. Gendrin et Col- lineau furent amenés à penser, en outre, que cet homme avait éprouvé une pleurite chronique, dont les suites n'étaient pas en- core entièrement dissipées. Cette observation, comme cas pathologique, ne laisse rien à désirer; voyons si l'analyse du chimiste rivalisera d'exactitude avec la description du médecin. M. Caventou à remarqué que ce liquide n'avait ni odeur, ni sa- veur particulière ; il paraissait neutre au tournesol. On a essayé de le filtrer, afin de séparer la matière blanche qui occasionait son opacité ; mais tout le liquide passait à travers le filtre. On en a fait chauffer une partie ; elle s'est coagulée en une seule masse, comme de l'albumine pure. « Étonné d'un résultat aussi mar- que, dit M. Caventou, je fus porté de suite à en conclure que le sang blanc devait sa couleur et ses propriétés à de l'albumine dans un certain état de coagulation; mais les essais que je fis pour dé- terminer la présence de l'albumine me firent changer d'avis » Voici quels furent ces essais. Le liquide ne précipitait point par le sublimé corrosif. il se coagulait à peine par les acides et l'alcool. li ne formait point avec les alcalis caustiques une masse homo- ( 285 ) gène et translucide, Mais il précipitait abondamment par la noix Ale galle. Par l'acide hydrochlorique il ne devenait pas bleu. D'où M. Caventou conclut que cette substance n'était ni de l'al- bumine, ni de la fibrine ; qu'elle n'a que des rapports très-éloi- gnés avec la gélatine et le mucus; enfin, sans oser pourtant l'as- surer positivement, qu'elle pourrait bien être une matière animale particulière plus commune qu'on ne pense dans les fluides animaux. «Car, dit M. Caventou, de méme que l'on a compris sous les noms génériques de gomme et de résine assez bon nombre de corps distincts , on a confondu ,“je crois, sous la dénomination d'albu- mine , beaucoup de liquides animaux, qui, peut-être , n'ont d’au- tre analogie avec l'albumine que le caractère général de la coagu- lation par la chaleur. » Une seule hypothèse, fort admissible du reste, suffit pour faire tomber une théorie aussi hasardée. Supposons qu'une des causes qui président, daus letorrent de la circulation, à la coagulation du sang, et à la formation des congestions sanguines, se soit mani- festée chez le malade en question. On sait que l'alcool produit cet effet d’une manière palpable; et une disposition quelconque de l'individu peut rendre, dans l'estomac à jeun , un verre de vin for- tement alcoolique. Supposons encore qu'un acide quelconque se soit développé daus le torrent de la circulation : l'albumine du sang se sera coagulée. Or, voyons ce qui arrivera, surtout 24 heures aprés, si l'on met cette substance en contact avec les réactifs. Ceux qui sont destinés à coaguler et à précipiter, ne coaguleront presque rien, puisque la coagulation est déjà effectuée, et qu'en chimie , comme partout ailleurs, non bis in idem; il n'y a donc rien étonnant qu'entre les mains de M. Caventou, le sublimé corrosif, l'alcool et les acides aient été inhabiles à reproduire un effet qui avait été déjà produit. | Quant aux alcalis caustiques, au lieu de former, comme dit M. Càventou, une masse homogène, ils dissolvent au contraire la masse d'albumine : mais leur effet varie selon l'intensité de la cause qui a présidé à la coagulation, et selon le temps que l'albu- mine cst restée exposée à l'air : j'ai vu trés-souvent l'ammoniaque liquide trés- concentré se refuser à dissoudre de l'albumine qu'il dissolvait très-bien la veille. Or, dans le cas qui nous occupe. le ( 284 ) sérum était exposé à l'air depuis 24 heures. La noix de galle pré- cipite d'une autre maniere que les acides et l'alcool; on pourrait dire qu'elle clarifie le plus souvent plutôt qu'elle ne précipite. L'acide hydrochlorique varie sa réaction selon la quantité rela- tive d'acide et d'albumine. Or, si l'albumine est fort aqueuse, on conçoit qu’une dose d'acide hydrochlorique, suffisante en d'autres cas pour produire une réaction marquée , sera impuissante dans cette hypothèse. Nous avons conservé quatre jours, dans un flacon bouché à l’émeri, de l'albumine et de l'aleide hydrochlorique. Le coagulum est resté blane de neige; nous avons versé une seconde fois une quantité nouvelle d'acide en excès, et ce n'est qu'au bout de 24 heures que la couleur purpurine s'est manifestée. M. Caven- tou ne nous révèle aucune des précautions qu'il aura prises pour obtenir cette réaction. Observons encore que les sels qui peuvent se trouver mélangés avec l'albumine, paralyseront l'effet de l'acide hydrochlorique, en le saturant : or, il n'est pas dépourvu de vrai- semblance que des sels à base d'ammoniaque se soient formés en 24 heures dans le sang qu'a examiné M. Caventou. ll eût été convenable, en conséquence, de nous faire connaitre les doses em- ployées, puisque tous ces réactifs varient en raison des doses qu'on emploie. L'analyse de M. Caventou doit donc être considérée comme in- complète; et il faudrait bien se garder de fonder sur un travail aussi superficiel les motifs d'une application quelconque dans la pratique médicale. Comment M. Caventou a-t-il pu , en voyant tout ce liquide laiteux passer à traversle filire, ne pas supposer que le filtre avait des mailles trop larges, comme cela arrive souvent ? Kt pourquoi ne pas filtrer à travers plusieurs feuilles? Je suis cer- tain qu'en employant ce procédé, l'albumine coagulée serait restée sur le filtre. Je profiterai de cette circonstance pour inviter les médecins à attendre beaucoup plus d'eux-mêmes que de l'analyse d'autrui, et à porter toujours avec eux des papiers réactifs destinés à essayer les liquides qu'ils observent. Il me parait infiniment probable que ce sang , au sortir de la veine, était acide; l'effet qu'il produisait sur le carreau porterait à le croire , ainsi que се que dit M. Caven- tou, qui l'a observé 24 heures plus tard , alors, que l'ammoniaque, «qui se forme incontestablement, a dà en saturer une partie. Саг ( 285 ) M. Caventou n'affirme pas positivement que ce sang füt neutre, au tournesol; seulement il paraissait être. R. r , MEDECINE LEGALE. SUR LA NÉCESSITE D'ÉTRE PRUDENT EN MÉDECINE LÉGALE. Une erreur peut étre réparée en chimie ; en médecine légale elle est souvent irréparable; le glaive dela loi ne revient pas en arrière comme l'opinion du médecin; et bien des fois le médecin lui-même, qui ne redoutera pas d'avouer une erreur devant des confréres aussi exposés que lui à errer, et partant, enclins à l'indulgence à titre de réciprocité, reculera d'effroi à la pensée seule d'une rétractation légale. Les juges qui pèsent longuement les charges de l'accusa- tion et les moyens de la défense, le public, plus porté à la mi- séricorde qu'à la sévérité, tout enfin lui semble prêt à s'indigner de la légèreté qui aurait pu présider à sa déposition ; et il y a cent à parier que, chez certains esprits, cette fausse honte l'emportera sur le sentiment du devoir et sur le cri de la conscience. D'ou vient donc qu'on se trompe plus souvent encore dans les expériences de toxicologie que dans les expériences de haute chimie; et qu'un savant qui n'a à s'occuper que du nombre des atomes qui entrent dans une combinaison, s'expose moins à faillir que le médecin qui se livre à des recherches d'ou peuvent dépen- dre la vie et la mort d'un acensé? Je ne chercherai pas a décou- vrir la raison d'une anomalie aussi choquante; inais il n'est que trop vrai que l'anomalie existe, ainsi qu'on va s'en assurer. 1^, En 1825, dans une accusation fameuse d'empoisonnement, des médecins, consultés sur la question de savoir si les poisons vé- gélaux n'étaient pas capables d'étre décomposés dans l'estomac, se décidèrent à répondre affirmativement ; en 1828, M. Orfila, qui, à la vérité, n'a opéré cette fois que sur des portions de boyaux ar- rachés à des animaux morts, assure avoir retrouvé, huit mois après, des poisons végétaux qu'il avait enfermés dans ces membra- nes inertes. 2°. Hoffmann, С. Renault et d'autres toxicologistes établirent que le sulfure d'arsenic pur n'était pas vénéneux, et que les effets Jeleteres de certaines variétés du sulfure d'arsenic du commerce, ( 286 ) provenaient de l'acide arsenieux avec lequel ils sont mélangés. Smith combattit ces expériences par des expériences contradic- toires. M. Orfila a embrassé l'avis de Smith. 5°. M. Orfila, dans sa Toxicologie générale, 5* édition, et dans 1а Chimie médicale, ainsi que dans le Traité des poisons, 1818, avait admis, aprés avoir fait des expériences, que les sulfures de plomb, de cuivre et de mercure étaient vénéneux. Aujourd'hui (1), par suite de nouvelles expériences, M. Orfila se déclare pour l'inno- cuité de ces trois sulfures (sulfure de plomb, sulfure de cuivre et sulfure noir et rouge de mercure). Nous devons ajouter foi aux résultats des dernières expériences; саг un auteur ne contredit pas еп général sa première opinion, sciemment , sans avoir acquis un grand degré de certitude : mais pourtant, comment est-il arrivé que la premiere opinion se trouve tout-à-fait fausse ? M. Orfila nous invite à penser que les substances qu'il a employées alors n'étaient pas pures et pas assez dépouillées, le sulfure de plomb du sulfure de potasse, le sulfure de cuivre du foie de soufre, et le sulfure de mercure du sublimé corrosif. Cependant, lorsqu'on procède à des expériences aussi simples, aussi faciles et aussi peu coûteuses, et dont les applications peu- vent avoir des résultats si terribles, ne devrait- on pas si bien prévoir toutes ces circonstances accessoires, et tellement varier les procédés, qu'on ne s'exposát pas à venir dire, cinq à six ans aprés , absolument tout le contraire de ce qu’on aurait consigné dans des ouvrages classiques? 4°. M. le préfet de police de Paris a adressé aux difiérens com- missaires une circulaire pour faire procéder à la saisie des bon- bons et autres pastillages en sucre , colorés par des matières véné- neuses minérales, telles que le vert de Schweinfurt ( arsenite de cuivre), et le rouge de Sibérie ( chromate de plomb), poisons fort actifs. M. Barruel, qui a analysé certains de ces bonbons, pense qu'un moyen très - simple d'y faire présumer l'existence d'une ma- tiere colorante minérale suspecte , c'est de les faire dissoudre dans l'eau ; si ce liquide reste trouble avec un dépôt au fond, il y a pro- bablement une substance minérale , tandis que les couleurs de na- hano ou кы tagu apps i ade eji EE MEE Eee (1) Archiv. génér. de médec., t. XIX, mars 1829, p. 225. \ : , E 9 ( 287 ) ture végétale se dissolvant parfaitement , laissent pour l'ordinaire l'eau plus limpide. M. Robiquet a fait observer avec juste raison , à ce sujet, que les confiseurs emploient souvent, pour préparer leurs pastillages et dragées, des fécules et des laques colorées par des matières végétales, qui peuvent troubler l'eau ; on aurait donc tort de conclure , comme le fait M. Barruel, que le précipité offre une présomption méme probable. 5*. M. James Smittson avaitindiqué, pour découvrir des atomes d'un sel mercuriel, le petit appareil suivant : Une lame ou un an- neau d'or recouvert préalablement d'une feuille d'étain roulée en spirale, est plongé dans le liquide à examiner ; on verse par-des- sus une ou deux gouttes d'acide hydrochlorique, et l'on voit au bout de quelques minutes ou de plusieurs heures, suivant qu'il y a plus ou moins de sublimé corrosif en dissolution, le mercure du sublimé se porter au pôle résineux sur l'or et le blanchir ; il suffit, ensuite, de chauffer la lame ou l'anneau d'or pour volatiliser le mercure , et faire reprendre la couleur jaune à la portion blan- chie. M. Orfila fait remarquer, avec juste raison (Journ. de Chim. тее. , juin 1829, p. 265), que, dans ce cas, il peut se former de l'hydrochlorate d'étain qui blanchirait l'or, comme le fait le mercure , et qui, parla chaleur, laisserait bientót l'or aussi jaune qu'auparavant ; qu'en conséquence , on ne doit prononcer que cette réaction est due au mercure, qu'aprés avoir recueilli ce dernier métal par la distillation. Avec cette modification, ce petit appareil est susceptible de faire découvrir d'une manière sûre les plus pe- tites parcelles de mercure. RÉACTION SINGULIERE DE L ACIDE SULFURIQUE SUR L'ALDUMINE DE L OEUF DE POULE ; PAR M. RASPAIL. Si un chimiste avait été appelé devant la loi pour instruire les jurés de l'effet que l'acide sulfurique concentré doit produire sur l'albumine de l’œuf, il aurait certainement répondu que cet acide coagule en blanc l'albumine. Cette réponse aurait été capable ( 288 ) d'induire la justice en erreur dans les circonstances que je vais énumérer : | 1°. J'ai fait voir (tom. І, p.72) que des parcelles de sucre quelconque, tombées par hasard dans 1 'albumine, suffiraient pour faire produire une réaction purpurine par l'acide sulfurique con- centré. о°, J'avais laissé de l'albumine de l'œuf exposée à Pair pendant plusieurs jours; j'y versai de l'acide sulfurique, et j'obtins un coa- gulum composé de grumeaux blancs et de beaucoup plus de gru- meaux jaunes , avec une odeur qui, à mon odorat (que du reste je ne donne pas, en fait de réactifs, comme meilleur que celui de tout autre), me semblait se rapporter plutôt au chlore qu'à une autre substance. 3°. Je mélangeai avec du sel marin très-pur et trés - blanc de l’albumine toute fraiche de l'œuf de poule; et l'acide sulfurique concentré, versé sur la substance, me donna un coagulum tout aussi jaune que dans le cas précédent, et qui semblait m'offrir la méme odeur. Je répétai la méme expérience avec du sel purifié au feu ; j'obtins le méme résultat. 4°. Je fis parvenir sur de l'albumine de l'œuf de poule un cou- rant de chlore produit par le mélange ordinaire de peroxide de manganèse, de sel marin et d'acide sulfurique ; le récipient qui contenait l'albumine et recevait le chlore m'offrit à la surface un coagulum un peu blanchátre ; mais l'albumine dans laquelle trem- pait l'extrémité du tube qui amenait le chlore resta jaune verdátre, telle que l'albumine de l'eeuf de poule apparait ordinairement en sortant de l’œuf. Je m'assurai que l'albumine ne contenait pas d'a- cide hydrochlorique; car elle ne rougissait pas le tournesol. Lorsque je versai l'acide sulfurique concentré sur cette substance , jobtins encore le coagulum jaune d'or, mélangé de quelques grumeaux blanes. 5*. Je versai de l'acide hydrochlorique concentré sur l'albumine fraiche de l'œuf de poule; il se forma un coagulum blanc de neige ; je versai ensuite sur ce mélange de l'acide sulfurique concentré , et le coagulum devint d'un jaune d'or, mélé de quelques grumeaux blanchátres. 6°. Je versai d'abord l'acide sulfurique concentré sur l'acide hy- drochlorique concentré également ; il se produisit une telle effer- ( 289 ) vescence , que des gouttes innombrables jaillissaient en pétillant de tous les côtés ; après cette première effervescence, il se mani- festa un dégagement de bulles au fond du vase; je mélangeai alors l'albumine fraiche avec cette combinaison des deux sub- stances , et l'albumine se coagula encore en jaune d'or. 7°. Si l’on place doucement l'albumine fraiche sur la surface du mélange préalablement opéré des deux acides, tout ce qui est en contact avec la surface du mélange jaunit ; la partie supérieure de l'albumine reste blanc de lait, quoique fortement coagulée. 8°. Un papier tournesol mouillé, placé au-dessus du mélange de sel marin, acide sulfurique et albumine fraiche, rougit à la longue, mais bien plus tard que placé sur le simple mélange de sel marin et d'acide sulfurique. 9°. L'acide hydrochlorique concentré, versé sur un mélange de sel marin et d'albumine, coagule en blanc seulement. 10°. L'acide nitrique versé sur ce triple mélange ne produit instantanément aucun changement de couleur, mais le lendemain la couleur jaune s'est manifestée comme si l'on avait traité l'albu- mine seule par l'acide nitrique. Ces expériences nousapprennent , en premier résultat, combien on a tort en médecine légale de se fier à une simple réaction de coloration. Ensuite, elles me portent fortement à penser que l'albu- mine de l'eeuf joue, à l'égard du sel marin traité par l'acide sulfu- rique, le méme rôle que le peroxide de manganèse ; et que, soit par l'effet des sels qu'elle renferme , soit par l'effet de sa propre organisation , elle empéche le chlore de s'hydrogéner, ou elle dé- compose l'acide hydrochlorique qui se dégagerait, en sorte que, de ce triple mélange (albumine , sel marin et acide sulfurique), il ue se dégagerait de l'acide hydrochlorique, qu'alors que celui-ci aurait échappé au contact de l'albumine. Car l'acide hydrochlorique seul coagule en blanc. subitement l'albumine, et s'il la dissout ensuite, c'est pour la colorer successi- vement en purpurin, en violet et en bleu. L'acide sulfurique coa- gule en blane de neige l'albumine. Donc, dans le cas du triple mélange , la couleur jaune d'or ne peut être attribuée qu'au chlore. On exigera peut-étre, pour élever cette assertion au rang d'une démonstration, que l'on cherche à recueillir le chlore produit par le mélange. Je me serais occupé de ces recherches, si , en.y pensant ( 290 ) n instant, je n'étais resté convaincu de l'impossibilité d'obtenir un résultat satisfaisant. On sait en effet que, soumis à l'action de la chaleur ou de la lumiére méme, le chlore ne tarde pas à dé- composer les corps hydrogénés et l'eau aussi; en sorte qu'en sou- mettant le mélange d'albumine et de chlore , bien lavés , à l'action de la chaleur pour recueillir le chlore, je n'aurais pas manqué d'obtenir dans le récipient de l'acide hydrochlorique. Dans l'albumine exposée plusieurs jours à l'air, il s'est produit une décomposition putride qui a mis à nu l'hydrochlorate de soude, ainsi que les autres sels; c'est pour cela que l'acide sulfu- rique agit sur cette albumine de la même manière que sur l'albu- mine fraiche mélangée avec du sel marin. Il n'y aurait rien d'im- possible que la couleur jaune que contracte l’albumine par l'acide nitrique ne fût due aussi à la décomposition de l'acide méme. On peut poser en principe, qu'à part la substance colorante , tout ce qu'on dit de Palbumine s'applique immédiatement au sang, et qu'ainsi l'acide sulfurique dégagera du sang tout ce qu'il peut dé- gager de l'albumine, et entre autres principes de l'acide hydro- chlorique, dont les vapeurs rougiront le papier réactif, et du chlore qui colorera en grande partie l'albumine. Tel est le développe- ment de la note succincte que l'on trouve à la page 138 de la li- vraison анаа de nos Annales. BOTANIQUE. RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DES TIGES DES CYCADÉES; par M. Ad. Вкохсміавт. (Annal. des Sciences naturell., avril 1819, p. 989.) M. Ad. Brongniart décrit et figure, dans ce travail, les circon- stances que lui a permis d'observer une tranche de Cycas revo- luta, qui est mort au Jardin-des-Plantes. M. Buckland a déjà publié une figure anatomique de cette plante (Transact. géolog. , 2* série , vol. IT, p. 595). Les résultats auxquels parvient M. Bron- gniart sont les suivans : Cette tranche présente un double anneau trés-régulier de tissu fibreux, dont le centre est occupé par du tissu cellulaire rempli de fécule, et dont la partie externe est en- - (291) tourée par une couche très-épaisse de tissu cellulaire également rempli de fécule, et mêlé de faisceaux fibreux, qui de la zone fibreuse circulaire se portent dans les pétioles des feuilles; enfin, cette zone fibreuse se trouve elle-méme séparée en deux zones concentriques par une couche de tissu cellulaire ; et d'autres pro- longemens celluleux rayonnans la divisent en plusieurs faisceaux. M. Brongniart reconnait, dans ces diverses parties, les ana- logues de la moelle , du parenchyme cortical et de la couche fibreuse du bois avec les rayons médullaires, en un mot, toute l'organisation d'une plante dicotylédone d'une seule année , mais dont les vaisseaux ont une grande analogie avec ceux des coniferes. L'auteur ne manque pas, en parlant des fibres qui composent ces vaisseaux, d'adopter l'opinion de M. Mirbel; et il regarde ces tubes comme percés de pores transversaux ovoides, presque li- néaires, entourés d'an bourrelet souvent trés-peu marqué, mais assez large pour qu'il soit contigu à celui du pore voisin, dont il ne serait séparé que par un sillon,plus ou moins visible. Ce bour- relet ne se présente pas d'une manière aussi nette sur les figures de M. Brongniart, et il est facile de se convaincre que ce que l'au- teur prend pour un bourrelet n'est qu'un simple effet de lumière produit par les diverses dépressions qui existent entre chaque pré- tendu pore linéaire. Quant à l'existence de ces pores, on se rap- pelle que des physiologistes d'un mérite éminent, et en se fondant sur des expériences variées, les ont considérés comme de simples globules hyalins. M. Brongniart n'apporte d'autre preuve en fa- veur de cette opinion, qui depuis long-temps a perdu de sa va- leur, que l'observation suivante : lorsque ces pores correspondent à la partie déchirée obliquement du tube d'une de ces fibres, on voit clairement que ce sont de véritables ouvertures; car le bord du tube est interrompu dans le point qu'ils occupent. Mais l'habi- tude des observations microscopiques fait indubitablemert con- naitre que le méme effet d'optique aurait lieu, en supposant que chacun de ces prétendus pores soit une vésicule à parois plus trans- parentes et plus minces que celles du tube. Si ce sont des pores, l'air peut y passer; or, voyez si, en plongeant votre tube dans l'eau; et en le pressant au microscope, l'air s'échappe des pores sous forme de bulles; si cela n'arrive point, vos pores ne sont que des cellules. ( 292 ) M. Brongniart ne manque pas d'adopter encore une opinion de M. Dupetit-Thouars , qui , dit-il, dans son excellent travail sur la germination et la fructification des Cycas, а indiqué un suc gom- meux dans les pétioles de ces plantes ; l’auteur attribue à ce suc gommeux la consistance particulière qui caractérise le sagou qu'on retire de ces plantes; mais il aurait fallu d'abord prouver que cette consistance n'est pas due à la torréfaction qu'on fait subir à cette substance avant de la verser dans le commerce ; on ne conserve plus le moindre doute à cet égard, une fois qu'on a examiné au microscope les boulettes du sagou (1). L'opinion principale de M. Brongniart se réduit à admettre que la tige des Cycas possède une structure dicotylédone, mais d'une dicotylédone d'une année; ces deux membres de la proposition sont également sujets à discussion. La plupart des monocotylé- dones que j'ai examinées au point de jonction du systeme radicu- laire et du tronc , enfin à cette partie qu'on nommerait volontiers. le collet (dans les Orchis par exemple) , offrent au moins un an- neau continu, qui a la plus grande analogie avec un des anneaux concentriques des dicotylédones; en conséquence, on pourrait considérer toute la tige des Cycas comme l’analogue du collet des monocotylédones. Quant au second membre de la proposition, il aurait fallu préalablement avoir vérifié les tranches inférieures jusqu'à la base de la tige, et il n'y aurait rien d'impossible que la tranche observée par M. Brongniart ne Їйї une tranche supérieure, en sorte que, plus bas, on découvrirait peut-être les emboite- mens concentriques analogues à ceux des dicotylédones âgées de plus d'un an. Le mémoire est accompagné de figures. ДА. FLORE BORDELAISE ET DE LA GIRONDE; par J. Е. LATERRADE, in-12 de 591 pages. Prix : 6 francs et 7 fr. бо c., franc de port. Bor- deaux, 1829; chez l’auteur, rue des Remparts, n° 51. Depuis l’époque de la publication de la première édition de cet ouvrage, M. Laterrade а continué de s'occuper de cette Flore; il a publié, soit dans PAmi des champs, soit dans le Bulletin de la = Í I ——— P ———————I 1) Voyez les Annales des Scienc. lobs., t. IL, p. 96. ( 295 ) Société linnéenne de Bordeaux , les especes nouvelles qu'il a eu l'oc- casion de rencontrer dans la Gironde et aux environs de Bordeaux. Ces diverses publications viennent d'étre réunies en corps d'ou- vrage dans la troisième édition que nous annoncons. Les plantes y sont distribuées d’après le système linnéen, et l'ouvrage est pré- cédé d'un cours élémentaire de botanique, il comprend l'énuméra- tion de 579 genres, et la phrase, en francais, des espèces qui leur appartiennent. COURS DE PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE ET COMPARÉE, PROFESSÉ A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS; par M. Ducroray DE BLAINVILLE. 2*-11* livrais. Paris, 1829; Rouen frères. (Voy. les Annales, tom. I", p. 468.) Nous aurions désiré consacrer à ce cours une analyse un peu étendue. Un sujet aussi neuf semblait nous promettre des idées neuves ou des vues philosophiques propres à donner une impul- sion nouvelle à l'étude des corps organisés. L'occasion était belle à saisir ! Une révolution se prépare de toute part; nos vieilles rou- tines sont ébranlées ; persuadé que les livres nous trompent, cha- cun cherche à reconstruire l'édifice de son instruction ; en se rap- prochant de la nature, on menace d'abandonner cette multitude de substances dont le débordement n'avait plus de frein; la ear- rière est ouverte, on commence à l'exploiter. Un homme , placé à la tête des études scientifiques, aurait pu détourner à son profit toute la gloire de la tentative, par cela seul qu'il eüt paru y pré- ter les mains. Mais décidément l'adresse de nos maitres est en dé- faut! M. de Blainville a préféré revenir en arriere sur les chemins battus ; et son cours n'est qu'une répétition de tout ce que nos livres de chimie organique nous ont si péniblement et si infruc- tueusement appris sur la nature des substances que cette science analyse. Si nos lecteurs étaient assez indulgens pour ne voir dans ce que nous allons dire que l'aveu irrésistible de ce que nous croyons vrai, et non l'envie de rendre malice pour malice , cubli des con- venances pour oubli des convenances, nous nous hasarderions à soupconner que M. de Blainville avait, en commençant, concu le ( 294 ) projet de bien faire; mais que ce projet ayant été improvisé, et поп müûri, le professeur s'est trouvé tout à coup au-dessous d'un sujet dont il n'avait pas eu le temps de mesurer toute l'étendue. П lui a bien fallu, dés ce moment, avoir recours aux méditations des autres, les lire, les transcrire, ou les consulter; enfin , se constituer chaque jour élève, six heures avant d’être professeur. De là est arrivé que le méme nom d'auteur se retrouve presque à chaque demi-page; que, jusqu'à ses conversations particulières, tout est mis à contribution; que rien n'est bon que ce que ce savant soutient, que rien n'est faux que ce qu'il repousse; circonstances d'une évidence telle, que l'un des élèves de M. de Blainville s'é- criait un jour : Malheur aux élèves dont le professeur a des amis ! car aujourd'hui on a perdu l'habitude de dire : Magis amica veritas !.. En effet, en voyant le professeur citer à faux, dénaturer ou tron- quer les opinions, les dépouiller de leurs preuves, attribuer aux uns ce qui appartient aux autres, glisser sur des faits importans, s’appesantir sur des détails sans consistance, nier ou affirmer ar- bitrairement un point en litige, on cherche, mais vainement, de qui, soit de lui, soit de M. Chevreul, soit de ses élèves, M. de Blainville а cru devoir servir plus utilement les intérêts. П y a роп tant dans ce cours des choses qui appartiennent en propre à M. de Blainville; ce sont encore des termes nouveaux; la forma- lité (la propriété, dit auteur, qu'ont les molécules de se réunir, de s'assembler, de se gronper dans l'espace, pour former des corps que nous apercevons parnotre organe de la vision proprement dite); Ја tangibilité , outre la porosité , la lacunosité (car M. de Blainville craint que les physiciens n'aient souvent pris des lacunes pour des interstices moléculaires, puisqu'on voit des lacunes à la surface des métaux et de l'or lui- méme); la visibilité, la coloricité, la sonoréité ; V'anatomie moléculaire ou chimique (comme si ces deux mots n'étaient pas contradictoires) , et l'anatomie textulaire ou phy- sigue (comme si l'anatomie pouvait s'occuper d'autre chose que des tissus) ; l'Aématosine (pour désigner la matière colorante du sang) ; l'ovarine (pour désigner la substance non analysée qui est conte- nue dans les ovaires). Non content de ceux qu'il invente, M. de Blainville adopte ceux que d'autres ont inventés avant lui. Nous frouvons parmi les caractères des substances qu'il décrit, 1° les caractères mieroscopiques ; 2° les caracteres chimiques ; 5° les са- ( 295) ractères physiques ; 4° enfin, les caractères organoleptiques, c'est-à- dire les caractères accessibles à l'odorat et au goût, comme si ces derniers n'étaient pas compris par tous les auteurs daus les carac- teres physiques. Mais M. Chevreul a proposé ce mot à M. de Blainville; et l'on est toujours très-bien venu auprès de ce pro- fesseur , toutes les fois qu'on a un mot nouveau à faire passer en usage. C'est ce qui est arrivé à l'égard des hèmes, acrohèmes , chromhèmes , protachromémes , deutachromèmes , protochromhémes , deutochromhèmes , etc. , inventés par M. Laurent. Cependant le succès jusqu'à ce jour a trahi des espérances aussi faciles ; et le publie ne parait pas s'empresser d'adopter ce néologisme fatigant. L'intérét des faits observés serait dans le cas de préter du crédit à la plupart de ces mots ; mais il est juste d'avouer sans détours que cet auxiliaire manque absolument au cours de M. de Blainville ; tout ce qui n'est pas pris dans les livres semble étre dit au hasard ; l'auteur vous jette ca et là une réflexion, comme s'il lancait une plaisanterie : c'est à prendre ou à laisser, il n'y tient pas. En voici des exemples : 1°. M, de Blainville soutient (p. 145 et 146) que, dans les cavi- tés du corps qui ne sont pas en contact avec l'air extérieur, il n'y a point de vaporisation de substances; et que, par conséquent , la vapeur du sperme ne parvient point jusqu'aux ovaires à l'état de vapeur. Les expériences de Spallanzani auraient occupé plus con- venablement la place de cette singulière hypothèse. 2^. Les grumeaux de la sérosité ne sont nullement des globules , et c'est par suite d'une illusion d'optique qu'on les a regardis comme tels. M. de Blainville n’apporte aucune raison pour le démontrer, il les considère comme des grumeaux; mais les grumeaux eux - mêmes ne sont que des agrégats de globules, et tous ces grumeaux et ces globules de la sérosité ou du sang ne sont que des précipités d'albumine. (Voir le Répert. gén. d'anat. , tom. VI, 2° part. , p. 257). 5°. Dans les entomozoaires , on ne trouve pas de membranes sé- reuses. On n'y trouve donc pas de cavités? 4°. L’humeur plastique est un fluide pathologique qui suinte des bords d'une solution de continuité, quand lhémorrhagie a cessé. Mal- heureusement la plastique ne se montrant que dans le cas de plaie , on ne l'a pas considérée comme un élément de l'organisme, et Pon ma ` ( 296 ) pas songé à létudier en particulier ; on s’est contenté de l'assimiler à la synovie. On croirait à ce langage que M. de Blainville a des rai- sons pour la croire distincte de cette derniére substance. Non, il appelle seulement notre attention sur elle, et il désire ardemment que l'on confirme sa prévision. Il en est de méme de l'ovarine , que , dit-il, malheureusement personne n'a encore étudiée. 5". Ou M. de Blainville a-t-il trouvé que, d’après M. Raspail , les globules du sang sont formés d'une vessie pleine d'un flfaide analogue au véhicule dans lequel se trouverait la matière colorante ? M. Raspail n'est-il pas le premier à avoir soutenu que les globules du sang sont incolores? Et M. de Blainville peut-il se promettre de faire croire qu'il n'aurait pas eu connaissance du travail de ce dernier, imprimé , en 1828, dans le Journal général de Médecine ? On le dirait, en lisant tout ce que professe M. de Blainville au sujet des globules et des divers principes du sang ; c'est, en vé- rité, ce qu'il y a de plus arriéré en physiologie. 6*. M. de Blainville admet, comme tout-à-fait positive , l'obser- vation de M. Barruel , méme sur la différence des odeurs du sang selon les sexes. On croirait que M. de Blainville aurait par devers lui quelques expériences analogues , ou au moins quelques essais ; non, c'est à priori, comme le dit si fréquemment M. de Blainville. 7*. А la fin de la 10° livraison se trouve une note faite après coup sur les principes immédiats des corps organisés. Cette note ou tableau a tout l'air d'appartenir à un chimiste très-lié avec M. de Blainville ; nous féliciterions, dans cette supposition, ce chimiste célèbre d'avoir gardé l'anonyme. Les substances préten- dues immédiates les plus singulières y sont conservées scrupu- leusement, jusqu'à l’hordéine, oxide casseux , la daturine, le gluten, l'ulmine, Yamidine, etc. M. de Blainville répète, jusqu'à trois fois, que le règne végétal ne possède pas de composés binaires; mais les huiles essentielles de térébenthine rectifié , de citron rectifié, et surtout de rose, ne peuvent-elles pas être considérées comme des composés binaires? M. de Blainville, en revoyant les tables de ces substances, pourrait nous objecter que M. de Saussure à trouvé de l'azote dans deux de ces substances; mais M. de Saus- sure en a trouvé partout ; et, comme on n'admet pas l'azote dans l'amidon , où M. de Saussure en a trouvé, on ne doit pas l'ad- mettre dans ces huiles. Du reste, la quantité de cet azote ne dé- ( 297) passe pas 0,775; on peut le négliger. Croirait-on que M. de Blain- ville considere l’albumine comme un composé quaternaire de carbone, d'oxygène , d'azote , d'hydrogène et de soufre? la céré- brine comme un composé sexénaire d'oxygène, d'hydrogène, d'azote , de carbone, de soufre et de phosphore? et pourquoi ne pas les considérer comme des composés octénaires de carbone , d'hydrogène , d'azote, de chaux, de potasse , de soude, de soufre et de phosphore ? 8*. Cest à l'article graisse que M. de Blainville défend , avec le plus de chaleur, les principes de son honorable ami, M. Che- vreul : mais M. de Blainville ne sert pas utilement la cause de ce chimiste ; car il a recours à des altérations de texte, et aujour- d'hui il commet sciemment ces fautes graves. Je ne reproduirai pas ici l'objet de la réclamation insérée tome 1° de nos Annales К page 476. Les raisons que M. de Blainville apporte en faveur des opinions de son ami ne sont pas d'une grande force : la pre- mière , c'est que tout le monde connait le soin scrupuleux avec lequel M. Chevreul procède à l'analyse de ses substances; per- sonne ne le nie : mais, quand on part d'un principe erroné, tous les soins du monde n'empéchent pas qu'on ne se fourvoie; c'est multiplier des o par des unités. Si les caractères employés par M. Chevreul, dans la distinction de ses substances grasses, sont valables, il s'ensuit que M. Chevreul est resté encore fort au- dessous de son sujet , et il aurait pu en créer au moins trente de plus; ear, à chaque ébullition nouvelle, à chaque distillation, il prétera à la substance grasse une variation nouvelle (1). Si ces caractères sont factices et artificiels, pourquoi créer tant de sub- stances ? La seconde raison invoquée pour M. Chevreul, c’est que l'oléine, par exemple, possède 78,566 de carbone, et la stéa- rine 78,776. M. de Blainville ignore que les meilleures analyses organiques faites sur la même substance par des auteurs recom- mandables, celle de la graîsse de porc, par exemple, faite par MM. de Saussure et Chevreul, différent en carbone de 78,845 à 79,098. Du reste, il n’y aurait rien d'étonnant que la partie concrétée de la graisse eüt un peu plus de carbone que la partie NN à UN ЖҮН (з) Foyez le Répert. gén. L Anatomie, t, VI, part. 2°, p. 246, édit. in-8°, 2. 20 “ ( 298 ) devenue plus fluide par l'action du feu; mais serait-ce là une raison pour en faire des substances différentes? et comment nous prouvera-t-on que ces différences ne varient pas à l'infini? 9*. M. de Blainville pense que la graisse est une exsudation du sang. Le sang est la source de toutes les nutritions ; il n'y a rien d'é- tonnant que la graisse soit une élaboration de ce liquide. Mais M. de Blainville veut autre chose. D'apres lui, la graisse est toute faite dans le sang, elle suinte à travers les parois des vaisseaux. En voici la preuve : l’auteur ayant eu le malheur de blesser la veine jugulaire du dernier éléphant qn'on a disséqué, trouva le lende- main que tout le trajet qu'avait parcouru le sang était blanchi par une substance, que dans ses lecons orales M. de Blainville n'avait fait que soupconner être de la graisse, et que dans sa lecon écrite il reconnait avoir eu à ses yeux tous les caractères de la graisse d'oie. M. de Blainville ne nous indique pas les procédés qu'il a suivis. Nous ne nous permettrons pas de dire que cette matière blanche pourrait bien étre de la fibrine; nous aurions trop Pair d'imiterservilement les apercus de M. de Blainville, et d'assurer po- sitivement des choses que nous n'avons pas vues de nos propres yeux (1). Mais nous admettrons le fait comme constaté , en deman- dant ce qu'il prouve. Ne sait-on pas que le sang possède un principe gras? Et de là s’ensuit-il que la graisse des autres organes ne soit que la filtration de ce principe à travers les parois des vais- seaux ? 10°. Nous terminerons cettecritique (que les lecteursde l'ouvrage de M. de Blainville trouveront encore fort incomplète) par une dou- ble réclamation contre l'habitude que M. Blainville a contractée , d'attribuer aux Allemands toutes les opinions professées par un homme qui malheureusement n'est pas son ami, dés que ces opi- nións lui paraissent prouvées. Où M. de Blainville a-t-il trouvé que M. Heysinger (р. 546 ) ait le premier comparé les globules grais- seux aux globules de pomme de terre? Dans quel livre M. de Blainville a-t-il trouvé que les Allemands (p. 545.) aient déjà professé l'organogénésie globulaire , telle que nous l'avons expo- ر (1) On a trouvé, disait un jour М. de Blainville à son cours, dans les éponges, des cristaux de silice; cela pourrait bien être des cristaux de carbonate de chauz ! ( 299 ) sée dans nos différens écrits. MM. les membres de la section de physiologie ne pouvant plus attribuer cette théorie à un auteur qui a obtenu pour son plagiat deux ou trois rapports favorables, il faut aller chercher еп Allemagne plutót que d'avouer qu'un Francais indépendant en est l'auteur! Eh bien! nous sommons ici M. de Blainville de nous citer les sources dans lesquelles il a puisé ces deux assertions. S'il ne le fait pas, il avoue son erreur volontaire ; s'il le fait, nous nous empressons de lui annoncer que nous ferons constater le tout d'une nraniére très-authentique. А. SUR LES HABITUDES DU LAMPYRIS NOCTILUCA. Dans le Bulletin de la société philomatique , février 1826, M. M.... de Rouen, a consigné des observations qu'il avait eu occasion de faire sur les habitudes du Lampyris noctiluca et de sa larve. Il ré- sulte de cette note que les larves sont earnivores, et qu'elles se nourrissent avec avidité des limacons vivans; mais qu'une fois parvenus à l’état d'insectes parfaits, ces animaux sont exclusive- ment herbivores, et qu'ils ne touchent plus aux limaçons. M. Recluz a observé tout le contraire, vers le milieu de sep- tembre 1821, à Agde (Hérault) , qu'il habitait à cette époque : il a recueilli des vers luisans à l'état parfait dans des coquilles d' Helis pomatia et arbustorum, dont l'animal était encore plein de vie, quoique mutilé; ces insectes transportés chez lui avec les co- quilles, ne les ont abandonnées qu’après avoir dévoré tout ce qui y était contenu. Placés ensuite dans une boite avec des feuilles de graminées, ces insectes s'en sont également nourris. En consé- quence , les Lampyris noctiluca à Vétat parfait sont aussi-bien car- nivores qu'herbivores. La dissidence qui semble exister entre ces deux observations, ne provient peut-être que de l'époque à laquelle M. M.... observa ces insectes. Ils venaient à peine de sortir de l'état de nymphe; et il est permis de supposer que leurs organes n'avaient pas encore acquis tout le degré de maturité, propre à développer chez eux les habitudes qu'ils avaient contractées, à l'époque à laquelle les ob- serva M. Recluz. ( 500 ) Nova ACTA PHYSICO-MEDICA ACADEMLE CÆSAREÆ LÉOPOLDINO-CARO- тлх® naturz curiosorum , Bonnae, Tom. XIV ; pars prima 1828, paru en 1829, p. 420, avec pl. Ce nouveau volume, que nous venons de recevoir, renferme les mémoires suivans , dont nous donnerons successivement l'ana- lyse : 1°. Sur les plaies parfaitement guéries qu'on remarque sur le crâne des hyènes fossiles; par Samuel - Thomas de Soemmering. 44 p. , avec 5 pl. 2°. Description du Salvinia natans ; par G.-W. Bischoff. 26 p. , avec 5 pl. 5°. Analogie du système nerveux des intestins des insectes, avec le nerf sympathique ; par Jean Muller. 58 p. , avec 5 pl. 4°. Specimen mala conformationis encephali , capitis et pelvis viri ; auct. M.-I. Weber. 18 p., avec 5 pl. (Voy. ci-après, p. 301.) 5°. Sur le Lacerta quetz paleo de Seba; par Maximilien, prince de Wied. 10 p. , avec une pl. 6°. Sur une espèce mal connue de Cordylus (Cordylus cataphrac- tus ; par Fr. Boie. 6 p. 7°. Sur les glandes salivaires des serpens; par Н. Schleger de Leyde. 16 p. , avec 1 pl. 8*. Sur le développement des branchies des foetus; par Henr. Rathke. (Voy. nos Annal. , t. П, p. 116). 58 p., avec 2 pl. 9°. Classification naturelle des oiseaux; par F.-A. Ritgen. 28 p. 10°. Classification naturelle des amphibies ; par F.-A. Ritgen. 40 p. 11*. Sur les parties solides qui servent de moyens de locomo- tion ; par F.-A. Ritgen. 44 p., avec pl. 12°. Nouvelles espèces de crustacés, trouvées, en 1818 et 1819, dans la Méditerranée; par A.-W. Otto. 26 p., avec 5 pl. (Gi-après, p. 501.) r 15°. Sur la structure du nid du Mus minutus de Pallas; par Const. Gloger et L.-L.-C. Gravenhorst. 42 p. , avec 1 pl. 14°. Sur le Daphnia sina ; раг Fr. -V. -P. Gruithuisen. 8 p. , avec 1 pl. 15°. Sur la JVais diaphana et la Nais diastropha ; раг F.-V.-P. Gruithuisen. 12 p. avec 1 pl. ( 5o1 ) SPECIMEN MALE CONFORMATIONIS ENCEPHALI CAPITIS ET PELVIS VIRI; 4 auct. M.-I. WEBER. Dans cette dissertation, présentée pour la fête célébrée à l’occasion de la cinquantième année du doctorat de M. Soemmering , l'auteur entre dans les plus grands détails sur la structure du crâne , de l'encéphale et du bassin d'un homme mort d'une entérite, à l'áge de soixante ans, et qui, pendant toute sa vie, s'était fait remar- quer par un esprit droit, un peu enclin à la colère, mais surtout par son penchant aux plaisirs vénériens. L'hémisphére droit du cer- veau est plus petit que le gauche ; l'hémisphére gauche du cerve- let, au contraire , est plus petit du double que l'hémisphere droit, et les dimensions du crâne sont en proportion de cette différence. Le bassin était irrégulier, et nullement symétrique ; l'hémisphere droit offre les caractères du bassin de l'homme; le gauche ceux du bassin de la femme. Le mémoire est accompagné de 5 belles pl. lithographiées. (Acad. ces. leop. сиг. nat. Bonne. Y. XIV, part. 1°, p. 109; 1828, paru en 1829.) DESCRIPTION DE QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DE CRUSTACÉS, trouvées en 1818 et 1819 dans la Méditerranée ; par le docteur A.-W. Отто, (avec 3 pl. grav.) 1°. Portunus infractus; espèce voisine des Portunus Rondeletii et longipes de Risso , crustacés de Nice, tab. 1, fig. 5 et 5, dont il se distingue par son test non brisé. Trouvé parmi les pierres sur les bords unis du golfe de Naples, ой ces crustacés nagent avec tant de rapidité , que, malgré leur grand nombre, l'auteur n’a pu en prendre que sept individus. 2°. Inachus musivus ; espèce très-voisine du Pisa nodipes Leach , dont elle diffère principalement par le caractère suivant : Rostri longissimi paululum declivis spinæ in apice tantum divaricatæ , cæte- rum unite ; spine utrinque tres circà oculos. Trouvée sur les bords du golfe de Naples, parmi les rochers et les plantes marines. 5°. Alpheus viridis ; rostrum testê longius , pedum par primum breve ; cauda maximé inflexa.... Assez nombreux près de Nice. 4°. Al. pinnophylaz; très-voisin de P'4L.. tyrrhenus de Risso. Mais la couleur de celui-ci est grisâtre, et non d'un rouge aurore, ( 302 ) Les autres différences ne peuvent être saisies sans le secours des figures. L'auteur en a trouvé deux individus à Napies, vivant sur une très-grosse Pinna nobilis. 5°. Calianassa laticauda; distincte du Callianassa subterranea , par le derriere de sa queue très-large, aplatie. Trouvé en quantité à Nice. 6°. Praniza branchialis ; voisin de l'Oniscus cæruleatus Leach. Trouvé parasite sur les branchies du B/ennius Phycis, près de Nice. 7*. Cymothoa parallela; corpore parallelo ; dorso transversim valdé convexo. Trouvé à Nice, sur plusieurs poissons, et entre autres sur une espèce de Spare. 8°. Caligus paradoæus ; ..... teste margo acutus absque ciliis ;..... articulo quarto maximo , maribus subquadrato , fæminis elongato... appendicibus sex oviferis , filiformibus. Trouvé à Nice, sur les na- geoires du Squalus griseus. 9°. Caligus minimus ; cauda appendicibus binis foliaceis , subova- tis, quarum singula setis quatuor pinnatis instructæ sunt... . appendices oviferæ pedunculatæ , caudá haud. longiores. Trouvé sur le palais du Perca labrax , à Nice. L'auteur de ce mémoire ne parait avoir eu entre les mains que Y Hist. nat. des crustacés de Risso, édit. de 1816. Il serait prudent de chercher à confronter les descriptions fort détaillées, ainsi que les jolies figures de ce mémoire, avec le grand ouvrage que M. Risso vient de publier sur l’histoire naturelle générale des cótes de Nice. (Ibid. , p. 551.) CALAMITÉS RÉSULTANT DU SYSTÈME DE LA CONTAGION et méme de ce- lui de l'infection ; résultats avantageux de l'applicatiou de la saine doctrine ; nouveaux obstacles de la connaissance de la vérité; par M. Lassis, docteur-médecin. In-8° de 56 pages. 1829. M. Lassis, qui cette année-ci encore a mérité, de la part de РА- cadémie des sciences, une rémunération plus flatteuse qu'impor- tante par sa valeur, ambitionne une sorte de suffrage qui soit des- tiué moins à couronner Phomme qu'à faire triompher la vérité. ( 505 ) Dans la longue discussion qui a occupé l'Académie royale de mé- decine, les longs travaux et les documens de M. Lassis ont été écartés. Cette contradiction entre les deux Académies tourne à nos yeux contre la derniére. Car, ou bien les documens de M. Las- sis sont de nulle valeur; et alors, il y a de la part de l'Académie de médecine pusillanimité à se taire; ou bien ces documens ont du prix , et alors les passer sous silence, c'est commettre un injustice envers l'auteur et la société. Or, on sait que l'Académie royale de médecine n'est pas pusillanime ; donc sa conduite nous autorise à lui appliquer le second membre de notre argumentation. M. Las- sis , dans cet opuscule, ainsi que dans bien d'autres, ne demande qu'à étre jugé ; mais il le demande avec une assurance qui est d'un heureux augure pour la cause qw'il défend. COURS PUBLICS (1). COURS SUR LES ANIMAUX SANS VERTEBRES, PAR M Lamarck, Av Muséum. M. de Lamarck, frappé d'hémiplégie , et ayant perdu la vue depuis plusieurs années, a dû renoncer au bonheur de développer en pu- blic ses grandes idées sur cette partie de la zoologie qu'il a rendue classique par la publication de son cours. Cette privation serait cruelle pour tout autre professeur ; c'est un premier coup de mort pour M. Lamarck ; et l'on n'aura pas de peine à le concevoir, en se rappelant avec quel zéle, avec quelle abnégation de soi-méme, celui que l'Allemagne tout entière proclame le Linné français, pré- parait à chaque instant les matériaux immenses de ses leçons, Grâce à la plume d'une nouvelle Antigone, cet illustre professeur est parvenu à coordonner ses lecons, et à enrichir la littérature scientifique du résultat méthodique de ses nombreux travaux. Mais il n'est plus appelé à développer lui -méme ses principes, à interpréter ses propres pensées, à professer ses opinions et ses ا ر ا لیے‎ s Lo M E LL e are. атн (1) Nous avons déjà entretenu nos lecteurs sur le cours de M. de Blainville, d’après l'ouvrage sténographié. Tous les cours n'ayant pas encore assez attiré l'attention du public pour mériter les honneurs de la sténographie, nous nous proposons d'aller assister à quelques-unes de leurs séances, afin de mettre nos lecteurs au courant de la manière dont les sciences sont professées à Paris. ( 504 ) découvertes, à jouir enfin de la vie et du bonheur d'un savant ; un voile impénétrable est tiré pour lui sur le spectacle de la nature ; et M. Audouin , aide-naturaliste, est chargé provisoirement de rem- placer le Linné français. Une pareille tâche est capable de faire naitre le génie aprés coup! Le coeur d'un savant palpite à la seule idée d'une pareille succession quoique provisoire; et par combien de préparations ne chercherait-il pas à procéder à des lecons encore empreintes de tant d'honorables souvenirs ! Il ne parait pas que M. Audouin ait ressenti une influence aussi heureuse ; ses lecons, que nous avons eu la patience d'enten- dre, semblent avoir été apprises jour par jour; la sphère en est si étroite que nous doutons méme que les élèves les plus novices aient quelque chose de solide à y puiser. L'idée la plus insigni- fiante vient s'y délayer dans une répétition telle de synonymes, de mots impropres, de phrases décousues, que la séance la plus lon- gue ne suffirait pas à quatre idées de ce genre. Le sommaire de la lecon du 25 juin 1829, par exemple, annon- cait que l'auteur parlerait de la couleur des coquilles et de l'ani- mal, des organes de la locomotion, de ceux de la respiration, du systeme nerveux, de la circulation, de la génération. Un professeur concis aurait à peine le temps d'effleurcr chacune des questions contenues dans ce cadre ; que sera-ce d'un professeur peu préparé qui, faute de faits, a recours aux paroles? Aussi à chaque question, M. Audouin avait-il la précaution d'avertirses au- diteurs qu'il ne leur donnerait pas méme les généralités dela ques- tion, vu qu'ils étaient censés ne pas connaitre un seul des animaux de cette classe, et qu'en les citant il ne ferait que fatiguer inutile- ment la mémoire de ceux qui l'écoutaient. Ce subterfuge est sans doute adroit; mais pourtant que vient faire l'auditeur? ne vient-il pas apprendre ce qu'il ne connait pas? pourquoi voulez-vous mé- nager sa mémoire plus qu'il ne veut la ménager lui-méme? vous annoncez des généralités, et après avoir lancé quelques paroles parmi lesquelles on entend les mots de ganglion, génération, sys- гете musculaire, vous êtes quitte de votre rôle, et vous nous ren- voyez? vous n'étes donc là que pour parler et non pour enseigner ? En vérité, en entendant M. Audouin, nous étions tentés de croire que chacune de ses phrases était mesurée sur la marche de Vai- guille de sa montre, et que le premier mot venu lui paraissait bon ( 305 ) pour compléter la phrase trop courte. C'est ainsi qu'aprés nous avoir dit que le pied des mollusques est musculaire, l'auteur nous ajoutait : Ce sont des trousseaux musculaires ; que certains mollus- ques sautent ; il ajoutait que leur marche est une espèce de saut suc- cessif , ou, en d'autres termes, ils ne marchent qu’en sautant. C’est ainsi qu'après avoir parlé de la bouche de certains autres, M. Au- douin nous disait que chez eux c'est une sorte de muffle circulaire qui entoure la bouche, et une foule de choses analogues dont il serait fastidieux d'occuper plus long-temps nos lecteurs. Le méme motif nous privera du plaisir d'entendre une seconde fois M. Au- douin. Nous craindrions trop du reste que le feu qui nous anime dans l'étude de la nature ne se ralentit à chaque séance; on ne ré- pare pas un temps ainsi perdu. COURS D'AGRICULTURE AU MUSÉUM. Ce que nous avions prévu dans notre article des Annales (t. I, p. 154) n'a pas manqué de s'accomplir; et il est évident aujour- d'hui, pour tous les bons esprits, que l'agriculture tombe en dé- cadence , gráce à la marche qui préside aux nominations pour les chaires vacantes. Ces torts ont fixé, cette année, l'attention de la Chambre des députés, ainsi qu'on pourra s'en faire une idée par l'extrait ci-joint de la séance du 16 juin : « M. de Rambuteau : Dans la section qui est maintenant soumise à votre délibération, se trouve compris pour une allocation de 335,000 fr. le Muséum d'histoire naturelle. Je remarquerai à celte occasion que, depuis qu'on a supprimé la pépinière du Luxembourg et celle du Roule, le Jardin des Plantes est le seul établissement ou il existe des cours d'agriculture, dans lesquels les personnes qui veulent se livrer à cette sorte d'étude peuvent pui- ser une instruction solide. On a vu avec regret que l'emplacement destiné à ces cours ait été diminué, et que les cours étaient eux- mémes suspendus cette année, par la nomination de M. Mirbel à laplace vacante depuisla mort de M. Bosc. J'appelle sur ce point l'attention de MM. les ministres, et surtout celle de M. le mi- nistre de l'intérieur. » Je ferai remarquer à la Chambre, en terminant ,que 70,000 fr. ^ ( 506 ) seulement sont portés au budget pour encouragement à l’agricul- ture , tandis que les théâtres de Paris recoivent 1,500,000 fr. » M. Cuvier, commissaire du Roi : Les observations de honorable préopinant, en ce qui concerne la suppression des pépinières , * sont parfaitement justes. l! est très-vrai qu'il résulte de la mesure qui a été prise, un surcroit de devoir imposé à l'administration du Jardin des Plantes ; mais on peut étre assuré que l'agriculture n'en éprouvera aucun préjudice. » Il est vrai que le nouveau professeur n'a pas commencé son cours ; mais il s'y prépare. ( Une voix : ГЕ devrait être prêt ! ) Et celte année le cours sera fait. » Le langage de M. Cuvier est une de ces réponses évasives, dont on fait semblant de se payer dans une assemblée délibérante, afin. de ne point mettre trop dans l'embarras le défenseur obligé d'une mesure blámable. M. Cuvier regarde la suppression des pépinières comme un surcroit de devoir imposé aux professeurs du Muséum ; et le Muséum nomme, pour suffire à ce surcroit de devoir, un au- teur étranger aux premieres notions d'agriculture. M. Cuvier an- nonce que M. Mirbel se prépare à faire son cours, et que cette année le-cours sera fait; c'est-à-dire, eu d'autres termes, que M. Mirbel compte pouvoir apprendre, en trois mois, un art im- mense , que d'autres connaissent à peine en dix ans de pratique et de méditations. Les semailles, le sarclage et la récolte , la taille des ceps еї la vendange, la greffe et le développement de ses bourgeons ont donc lieu dans l'espace de trois mois ? Quant à nous, nous croyons pouvoir assurer que M. Mirbel n'est pas animé envers l'agriculture d'un zèle assez vif ou assez constant pour lui faire surmonter les obstacles presque invincibles qui s'opposent à sa nouvelle éducation. Une personne digne de foi, qui avait l'habitude de se rendre régulièrement auprès d'un habile employé du Jardin des Plantes, pour prendre des lecons d'horti- culture, a trouvé cette école définitivement fermée , par l'ordre de M. Mirbel; celui-ci a intiméà ce jardinier professeur l'ordre de ces- ser des lecons qui auraient ри provisoirement, au moins, sup- pléer à l'absence des siennes. Ou est donc cette envie de subir un surcroit de devoir imposé à l'école d'agriculture du Muséum , quand on veut étouffer, dans cet établissement, tout ce qui serait dans le cas de représenter l'agriculture? M. Mirbel pense-t-il que ( 307 ) la pratique d'un jardinier instruit ne soit pas aussi orthodoxe que ses futures théories? CORRESPONDANCE. EAU-DE-VIE, ANTIDOTE DE LA BIÈRE. Dans une excursion botanique aux environs de Lyon, vers le mois de janvier 1828, je rencontrai dans une auberge un homme qui s'était епіуге en buvant de la bière. J’invitai l'hótesse à don- ner à cet homme quelque chose pour le tirer de cet état de souf- frances ; l'hótesse m'assura n'avoir autre chose que de l'eau de fleurs d'oranger, dont elle lui administra deux ou trois cuillers à bouche. Cinq minutes aprés, l'ivresse persistant, j'allai lui faire adminis- trer de nouvelles doses de cette liqueur, lorsque je m'apercus que le flacon, sous l'étiquette de fleurs d'oranger de Grasse, ne ren- fermait que de l'eau-de-vie. Je cherchai à réparer cette méprise involontaire, et j'envoyai prendre de l'émétique; mais, dans cet intervalle , l'ivresse se dissipa, et cet homme me dit qu'il lui sem- blait sortir d'un long et pénible réve. Je n'ai pas laissé passer dans la suite l'occasion de répéter cette expérience curieuse, et j'ai tou- jours obtenu un résultat aussi satisfaisant; M. Taillet, médecin à Agde, a eu l'occasion de vérifier ce fait dans sa pratique. N'ayant trouvé rien d'analogue dans aucun ouvrage de thérapeutique, je vous prie, monsieur, de consigner cette observation dans vos Annales, et d'agréer l'assurance, etc. Reczuz, pharmacien. Paris, 4 juillet 1829. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 27 avril. —M. Cuvier présente la deuxième édition de son Règne animal, et deux nouveaux volumes de son ouvrage sur les Poissons. M. Arago communique les détails que lui adresse M. de Bréauté , sur un tremblement de terre ressenti aux environs de Dieppe, dans la nuit du 1*' au 2 avril. Le même académicien annonce des observations de M. Kupp- fer de Casan , et qui constatent l'influence des aurores boréales sur les mouvemens de l'aiguille aimantée. M. Kuppfer va entre- prendre un voyage scientifique en Sibérie. ( 508 ) M. Arago annonce ensuite que M.:-Domet de Mont vient de découvrir des pierres lithographiques dans les environs de Dóle. M. Arago termine ses communications par un rapport très-fa- vorable sur les observations magnétiques et météorologiques , faites à bord de la Chevrette. M. F. Cuvier fait un rapport approbatif sur l'iconographie du Règne animal de M. С. Cuvier, par M. Guérin. M. Chevreul lit pour M.Yauquelin un mémoire sur l'acide pec- tique , et la racine de carotte. M. Cauchy achéve la lecture de son mémoire sur les dilata- tions et condensations linéaires des corps solides ou fluides. À la fin de la séance, M. Arago annonce que le prix de mathé- matiques sur le calcul des perturbations des mouvemens ellip- tiques des comètes sera décerné à M. de Pontécoulant , auteur du seul mémoire adressé à l'Académie sur ce sujet. 4 mai. — M. Arago fait son rapport sur les travaux relatifs aux sciences mathématiques, qui ont été exécutés pendant le voyage de la Chevrette. M. Julia Fontenelle communique des faits observés par M. Por- tal, sur l'innocuité de l'insufflation de l'air chez les nouveaux-nés, et sur les avantages qu'on peut en retirer. M. F. Cuvier fait un rapport sur le mémoire de M. Villermé, relatif aux naissances. M. D'Haussy lit un mémoire sur les positions géographiques du Caire , d'Alexandrie, et de quelques autres points de la Méditer- ranée. M. Roulin donne des détails sur les tremblemens de terre res- sentis en Amérique. 11 mai. — M. Cordier présente un mémoire de M. Destrem, sur les cavernes à ossemens de Bire. L'auteur y a bien trouvé quel- ques ossemens humains, mais ils étaient renfermés dans des couches différentes de celles qui contiennent les véritables fos- siles. M. Girou de Buzaringue envoie de nouvelles observations sur les causes qui déterminent la production des sexes chez les ani- maux. M. Durville lit un rapport détaillé sur la marche et les opéra- ( 509 ) tions du voyage de découverte de la corvette l’Astroloble en 1826, 1827, 1828 et 1829. M. Gasparin est nommé membre correspondant pour la section d'agriculture. 17 mai. — M. Navier annonce que le prix de mécanique sera décerné à M. Thilorier, inventeur d'une nouvelle pompe à com-. pression. M. Dulong lit un mémoire intitulé : Recherches sur la chaleur spécifique des fluides élastiques. M. Deleau annonce la possibilité qu'il y a d'articuler les sons sans le secours du larynx. On communique deux lettres de M. Bory Saint-Vincent, sur l'expédition en Morée. 25 mai. — M. Geoffroy Saint-Hilaire entretient l'Académie de deux cas de monstruosités humaines. M. Arago annonce que le prix d'astronomie fondé par Lalande, ne sera point décerné cette année. M. Dumeril fait la méme annonce, à l'occasion du prix fondé par M. de Alhumbert. On remet au concours la méme question , savoir : Exposer d'une manière complète et avec figures les change- mens qu'éprouvent le squelette et les muscles des grenouilles et des sa- lamandres aux différentes époques de leur vie. Le prix sera de 1,500 fr., et la clôture du concours est au 1“ avril 1851. М. С. Cuvier fait un rapport sur les troisième et quatrième en- vois de MM. Quoy et Gaymard. M. Duméril fait un rapport approbatif sur un mémoire de M. Le Sauvage , relatif aux monstruosités dites par inclusion. M. Puissant fait un rapport favorable sur les trois premieres li- vraisons de l'Atlas topographique et géologique du département du Puy-de-Dóme, par M. Busset. M. Savart lit un. mémoire intitulé : Recherches sur la structure des métaux , étudiée par le moyen des vibrations. 1" juin. — L'Académie, sur le rapport de M. С. Cuvier, ac- corde une somme de 2,000 fr. à M. Savatier , auteur du seul mé- moire envoyé au concours, sur le sujet suivant : L'Histoire géné- rale et comparée de la circulation du sang dans les quatre classes d'a- nimaux vertébrés, avant et aprés la naissance, et à différens âges. ( 910 ) Les 1,000 fr. restant de la valeur du prix seront joints au prix pour 1851. M. Serres fait un rapport sur le prix de statistique. Il sera dé- cerné à M. Falret , auteur d'un ouvrage sur Les aliénés , les suicides et les morts subites. © Sur le rapport de M. Chevreul, un prix de 5,000 fr. sera décerné a M. Dubuc, qui a répandu l'usage d'un parement économique , qui permet de tisser la toile dans les lieux secs. M. Straus lit un mémoire sur le système tégumentaire et mus- eulaire de l'araignée aviculaire. Il va publier un ouvrage sur toute la classe des arachnides, partagée en trois ordres : les arachnides pulmonaires , les branchifères (ou limules) , et les trachéennes. П donnera , dans le plus grand détail , l'anatomie des trois types, sa- voir : l'anatomie de l’araignée aviculaire , du scorpion d'Afrique et du limule cyclope. M. Virey annonce avoir vu de jeunes araignées qui, dans une chambre close, pouvaient s'élever et se soutenir dans l'air, en laissant un fil attaché à leur point de départ. L'auteur explique ce vol par les mouyemens des quatre paires de pattes. M. de Blainville fait un rapport sur les prix Monthyon, relatifs aux perfectionnemens de la médecine et de la chirurgie. Aucun prix ne sera décerné, mais seulement des encouragemens à MM. Piorry, Jaubert, Brachet et Louis. 8 juin. — M. Arago annonce la mort de Humphry Davy, à Genève, dans la nuit du 29 au 50 mai dernier. Cet illustre chi- miste était âgé de cinquante ans, et revenait d'un voyage en Italie. M. Cordier annonce la découverte faite par MM. Marcel de Serres et Farine d'une caverne à ossemens, à Argant, près de Vingran ( Pyrénées-Orientales). On у a trouvé des ossemens de rhinocéros théicornis, de sangliers, de chevaux, de bœufs, de moutons , de cerfs, mais aucun ossement de carnivores. 15 juin. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. Outre les séances hebdomadaires, auxquelles sont admis les divers savans de la capitale, l’Académie des sciences consacre tous les ans une séance spéciale, dans laquelle le public est admis indistinctement, sur la simple exhibition d’une carte d’entrée que l’on distribue au secrétariat quelques jours auparavant. Cette séance d'apparat est (Зэт) vemplie par la lecture des éloges des académiciens récemment dé- cédés, et par celle d'un mémoire que les membres de l'Académie ont jugé capable d'offrir quelque intérét , aux yeux des savans et d'un public composé en grande partie de dames et de gens du monde. Quelques instans avant l'ouverture de la séance, on distri- bue, gratis , l'analyse imprimée des travaux dont l'Académie a pris connaissance pendant le cours de l'année écoulée. La partie phy- sique est rédigée par M. Cuvier, et là partie mathématique par M. Fourier, en leur qualité de secrétaires perpétuels de l'Acadé- mie. Cette double analyse est accompagnée de l'annonce des prix décernés et des sujets de prix proposés pour les années suivantes. Cette année-ci la séance était présidée par M. Mirbel, et l'ordre des lectures annoncait l'éloge de M. Bosc par M. Cuvier, des ex- périences sur quelques effets de l’action du froid sur les animaux par M. Flourens, et l’éloge de M. le marquis de Laplace par M. Fourier. Le président ne prenant la parole qu'au commencement de la séance, et n'ayant qu'à lire le programme des prix décernés ou proposes, il est assez indifférent qu'il préside avec une représenta- tion plus ou moins solennelle. Cependant, dans l'intérét des con- venances, il eût été à désirer que M. Mirbel se fût préparé d'a- vance à la lecture du programme imprimé. Il est des choses qu'on peut lire, mais qu'en présence d'un auditoire aussi bien composé on doit se garder de prononcer. Ainsi l'expression de maladies vé- nériennés , qui se trouve dans le titre d'un ouvrage mentionné par la commission des prix, aurait bien pu étre supprimé à la lecture publique; ce mot a produit sur les auditeurs une impression fâ- cheuse. Les savans n'ont pas été plus favorablement disposés en- vers M. Mirbel, en lui entendant prononcer : Mémoire sur la force STATISTIQUE du cœur ; au lieu de ces mots : Mémoire sur la force statique, quise trouvent sur le programme, et tant d'autres choses dénaturées d'une manière analogue. Nous nous permeltons ces réflexions dans l'intérét des autres lectures académiques qui sont destinées à suivre la lecture du programme, et dont le mérite n'a plus qu'à perdre dés que l'hilarité s'est emparée des auditeurs. L'éloge historique de M. Bosc n'a offert rien de bien remarqua- ble. Un style simple, des détails ordinaires sur la vie domestique et sur les places qu'avait occupées ce savant; quelques renseigne- ( 512 mens, ou trop courts, ou déjà assez connus sur le róle honorable que M. Bosc a joué dans les orages de la révolution; enfin, aucun de ces traits qui frappent l'esprit et élèvent ûme ; voilà l'idée qui nous est restée du discours de M. Cuvier. Les expériences de M. Flourens ont paru trop faibles et trop vagues pour occuper une place dans une telle solennité. Le style négligé et lâche n'en a pas méme été relevé par le soin que prenait l'auteur d'annoncer, à chaque fait de détail, son importance physiologique. L'auteur a entrepris de prouver que le froid agit, dans l’hibernation des ani- maux, principalement par son influence sur le système respiratoire, et que le froid est souvent la cause de la phthisie pulmonaire; d'ou il a semblé un instant conclure qu'en faisant cesser la cause on serait en droit de se promettre qu'on détruirait l'effet; mais malheureusement M. Flourens a abandonné là nos espérances; et ses conclusions n'ont pas plus ajouté aux ressources de la pratique médicale, que ses expériences n'avaient ajouté à la théorie de la double question qu'il avait entrepris de traiter. M. Fourier est venu ranimer l'attention un peu fatiguée de l'au- ditoire. Malgré la géne qu'éprouve ce savant dans l'acte de la dé- clamation, il n'a pas cessé un instant de captiver toute l'assemblée. Les travaux de Laplace, analysés et appréciés par un auteur com- pétent, et présentés avec un style empreint d'une profonde mais élégante simplicité , des pensées noblement senties et énergique- ment exprimées, tout enfin offrait l'alliance la plus heureuse du géomètre et du littérateur. M. Fourier а enlevé tous les suf- frages, lorsqu'il a annoncé qu'il présenterait Laplace comme les anciens représentaient leurs grands hommes, c'est-à-dire seul et dépouillé de ces vains accessoires que le monde appelle les hon- neurs, enfin tel qu'il doit parvenir à la postérité la plus reculée. L'Académie n'a eu, à proprement parler, à décerner, cette année, qu'un seul prix à un ouvrage vraiment remarquable ; c'est le grand prix de mathématiques qu'a obtenu M. Gustave de Pontécoulant pour son travail : Sur le calcul des perturbations du mouvement ellip- tique des cométes. Le grand prix des sciences naturelles a été rem- placé par une somme de 2,000 francs accordée à M. Savatier, à шге d'encouragement, pour un travail Sur la circulation dans les quatre classes d’animaux vertébrés. La valeur du prix d'astronomie a été réunie à celle de l'année précédente. Au lieu d'un prix de méca- | (515) nique, la commission a accordé une somme de 1,500 francs à M. Thilorier, auteur d'une nouvelle pompe à compression, et une mention honorable à M. Colladon, auteur d'un mémoire sur les roues à aubes, destinées aux bateaux à vapeur. Le prix destiné à celui qui aura découvert les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre a été décerné à M. Dubuc, qui, le premier, a in- troduit dans l’art du tisserand un parement économique qui per- met à l'ouvrier de travailler dans un lieu sec. Des encouragemens ont été accordés à divers ouvrages de médecine ou de chirurgie. Le prix de physiologie expérimentale a été partagé entre M. Ré- gulus Lippi, pour son ouvrage publié à Florence en 1825, sous le titre de Illustrazione anatomico-comparale del sistema linfatico chilifero, e delle palpebre (1), et entre M. Poisseuille, auteur d'un mémoire sur la force statique du cœur et sur l'action des artères. Enfin, le prix de statistique a été décerné à M. Falret, pour son travail sur le nombre des aliénés , depuis 1801 jusqu’à 1828, et sur les causes physiques et morales des maladies mentales depuis 1815 jusqu’à 1828, et sur la statistique des suicides et des morts subites, depuis 1594 jusqu'en 1824 , dans le département de la Seine. L'Académie comprend nommément parmi les diverses autres recherches mathématiques auxquelles le grand prix pourra étre accordé en 1850, la question suivante, déjà plusieurs fois remise au concours : Examiner dans ses détails le phénomène de la résis- tance des fluides, en déterminant avec soin, par des expériences exac- tes, les pressions que supportent séparément un grand nombre de points (1) Un journal de médecine a fait connaître certaines particularités, qui sembleraient prouver que M. Magendie se seraitopposé vivement à la décision de la commission dont il faisait partie, Si le fait est exact, il n'est pas propre à encourager les concurrens qui désireraient envoyer des piéces au concours, . C'est peut-étre à de tels motifs de crainte que l'on doit attribuerla pénurie de travaux importans présentés à l'Académie. Au reste, la commission ne parait pas trop rassurée au sujet de la démonstration de M. Lippi; car elle déclare que l'auteur a établi d'une manière suffisante la communication des vaisseaux lymphatiques des glandes conglobées avec les vaisseaux capillaires veineux. Sila démonstration a eu lieu à Paide du mercure, on serait autorisé à en douter encore. Des bibliographes très-instruits nous ont dit que M. Ribes a publié depuis long-temps des choses analogues dans le Bulletin de la société médicale d'encouragement. Nous vérifierons ce fait. 2. 21 | ( 914 ) convenablement choisis sur les parties antérieures, latérales et posté- rieures d’un corps, lorsqu'il est exposé au choc de ce fluide en mou- vement, et lorsqu'il se meut dans le même fluide en repos ; mesurer la vitesse de l’eau en divers points des filets qui avoisinent le corps ; construire, sur les données de l'observation, les courbes que forment ces filets ; déterminer le point où commence leur déviation en avant du corps; enfin. établir, s’il est possible, sur les résultats de ces expé- riences, des formules empiriques, que l’on comparera ensuite avec l'ensemble des expériences faites antérieurement sur le méme sujet. Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de 3,000 fr. Le sujet du grand prix des sciences naturelles pour 1830 est la description accompagnée de figures suffisamment détaillées de Ро- rigine et de la distribution des nerfs dans les poissons. On aura soin de comprendre, dans ce travail, au moins un poisson chondropté- rygien, et, s'il est possible, une lamproie, un acanthoptérygien thoracique et un malacoptérygien abdominal. La Commission aura plutôt égard à l'exactitude du travail qu'au nombre des espè- ces observées. La valeur du prix sera de 5,000 francs. Pour 1831, l'Académie remet au concours la question suivante d'histoire na- turelle : Faire connaître, par des recherches anatomiques et à l'aide de figures exactes, l’ordre dans lequel s’opère le développement des vaisseaux, ainsi que les principaux changemens qu’ éprouvent еп géné- ral les organes destinés à la circulation du sang chez les animaux ver- tébrés avant et après leur naissance, et dans les diverses époques de leur vie. La valeur du prix sera une médaille d'or de 4,000 francs. Une médaille d'or de la valeur de 1,500 francs sera accordée, en 1851, au meilleur mémoire sur la question suivante : Déterminer, à l'aide d’observations, et démontrer, par des préparations anato- miques, et des dessins exacts, les modifications que présentent, dans leur squelette et dans leurs muscles, les reptiles batraciens, tels que les grenouilles et les salamandres, en passant de l’état de larve à ce- iui d'animal parfait. L'analyse imprimée de la partie physique des travaux de l’Aca- démie des sciences, pendant l'année 1828, se compose de 115 pages in-4*. La partie mathématique est de 59 pages. Les personnes qui lisent habituellement le compte rendu des séances de l'Académie des sciences, se rendraient difficilement rai- son de ne pas trouver, dans le rapport annuel, la 20° partie des mé- دج ( 315 ) moires qui ont été présentés à l'Académie, pendant le cours de l'année précédente. Cela vient de ce que MM. les secrétaires ne doivent mentionner que les travaux des académiciens eux-mémes, ou ceux des savans étrangers à l'Académie, sur lesquels un ou deux membres de cette société savante ont bien voulu exprimer leur opinion dans une des séances hebdomadaires; d’où il arrive que le rapport annuel se ressent presque toujours de la négligence que les commissaires apportent à l'examen de certains travaux qui sont soumis à leur jugement, ou de la faveur qu'ils accordent à certains autres. Soit par exemple un travail étendu mais malheureusement composé de 800 observations délicates : il est tel membre de la sec- tion de physiologie qui refusera de l'examiner ; mais quelques jours apres, un petit essai d'une seule observation peu importante, offrant moins de difficultés à l'examen, obtiendra de sa part ou un encou- ragement ou un rapport favorable; en conséquence, dans l'analyse annuelle, le petit travail sera longuement mentionné et le grand travail sera passé sous silence. On voit par là combien la statistique scientifique doit se méfier de ces documens officiels, et combien on aurait tort de juger des progrès de la science sur de semblables données. Tel travail qui a occupé 7 à 8 pages du rapport annuel a disparu de la science l'année suivante; et tel autre, à qui MM. les commissaires n'ont pas daigné accorder les honneurs de la sépul- ture, est parvenu , sans cette formalité d'usage, à franchir ra- pidement les rives de l'oubli. Malgré cet inconvénient notable, ces rapports annuels ne laissaient pas que d'avoir un but d'utilité, à une époque où les journaux scientifiques étaient moins nombreux et moins répandus. Mais aujourd'hui l'utilité de ce recueil est fort bornée; tout ce qu'on y trouve est déjà connu depuis un an, tout a été déjà apprécié à sa juste valeur; et M. le secrétaire perpétuel n'a plus que le pénible avantage de pouvoir distribuer en passant quelques faveurs à l'amour-propre de ceux dont il est obligé d'a- nalyser les travaux. Cependant, si l'on prend soin de confronter l'analyse académique avec les rapports mensuels que l'on trouve consignés dans les journaux scientifiques. et les jugemens de celle- là avec les rapports de ceux-ci, on aura des données suffisantes pour déterminer quelles sont celles des sections de l'institut qui inspirent le plus de confiance et qui compromettent moins leurs faveurs. ( 916 ) La plupart des jugemens apparténant en propre aux commis- saires, nous ne tiendrons compte à M. Cuvier que de ceux qu'il rend en son nom. L'observation sur une tige carrée du Calycanthus minor, par M. Mirbel, ne présente pas un phénomène extrêmement curieux : c’est un phénomène que la famille des labiées reproduit sur pres- que tous ses individus. L'article consacré à M. Dupetit-Thouars, sur les étamines et les bourgeons, peut être considéré comme la huitième édition des mémes idées publiées tous les ans dans le rapport. Les recherches de M. Moreau de Jonnés surle mais n'ont aucunement le mérite de la nouveauté ; et les inductions que l'auteur en tire sont trop hypothétiques. Qu'ajoute réellement à la science la description du Theligonum Cynocrambe par M. Delile? Parmiles écrits que M. Cu- vier annonce comme très-importans, nous en trouvons qui n'of- ` frent rien moins que de l'importance. L'endosmose et l'exosmose de M. Dutrochet continue tous les ans à occuper un assez grand nombre de pages; et, à force de répéter ces mots, on nous fera croire, sans doute, que cette prétendue découverte est autre chose qu'une simple création de mots. M. Cuvier s'est montré fort dis- cret au sujet de la théorie géologico-végétale de M. Ad. Bron- gniart ; et il a eu le courage d'exprimer des doutes sur ses animal- cules végétaux; mais il lui aurait été facile de rendre à chacun ce qui lui est dà, de ne pas passer sous silence M. de Sternberg, dans le premier article, et de ne pas attribuer, dans le second, à M. Brown une opinion que le savant anglais n'a eu qu'à traduire. MM. Audouin et Milne Edwards, ainsi qu'on s'y attendait, occupent un long espace dans le rapport de cette année ; M. Audouin aura bientôt un titre de prescription dans cette publication académique ; mais la science a souvent à regretter les écarts de cette faveur. Nous nous permettrons de nous demander comment il est arrivé qu'on ne se montre pas plus sévère dans l'examen des travaux de ces Messieurs, que dans l'examen des travaux des autres savans de la capitale? Comment la Commission, qui a décerné le prix l'année passée au Mémoire sur la circulation des crustacés, ne s'était pas apercue que l'article principal de la circulation, que le cœur de ces animaux, avait été défiguré parces auteurs d'une maniere méconnaissable ? Pourquoi M. Cuvier, à qui le bel ouvrage de ( 513) M: Strauss а révélé une erreur aussi importante, ne l'a-t-il pas mentionnée, comme un errata indispensable, dans ce répertoire aca- démique ? Pourquoi, en parlant des recherches de ces Messieurs sur les polypes ou les prétendus polypes, M. Cuvier n'a-t-il pas cru devoir rappeler que ces deux auteurs n'avaient fait en cela qu'appliquer un travail d'autrui à des animaux que primitive- ment M. Cuvier regardait comme étant tout aussi simples que les hydres? Non content de vanter ce que l'Académie est censée avoir examiné, M. Cuvier ratifie d'avance un travail que ces Messieurs n'ont pas encore achevé : ces Messieurs annoncent avoir rapporté d'un voyage боо espèces, dont 400 au moins de nouvelles ou peu connues ; cette annonce est brillante; mais comment M. Cuvier en a-t-il reconnu l'exactitude ? rien de plus juste que de faire des rap- ports sur le passé; mais pourquoi sur l'avenir ? il est temps qu'on permette à l'opinion publique de voir et de juger par elle-même, et qu'on ne cherche plus à l'influencer! NÉCROLOGIE. M. Abel, géomètre norwégien du plus grand mérite, vient de mourir à peine âgé de 50 ans. П avait fait ses études à Christiana, où il était devenu professeur de mathématiques. П publia d'abord quelques articles scientifiques dans les journaux de la Norwège, et principalement dansle Magasin de physique du globe de M. Haus- teen. C'est à la sollicitation de ce dernier savant qu'il entreprit de déterminer, avec plus de précision que Newton ne l'avait fait, l'action de la lune sur 1а marche du pendule, et sur la direction du fil-à-plomb sous toutes les latitudes. Il étudia avec ardeur les ouvrages des premiers géomètres, et particulièrement ceux des académiciens francais. Ses investigations furent dirigées en parti- culier sur l'analyse algébrique; il vint à bout de démontrer com- plétement une vérité que l'on n'avait fait que soupconner avant lui, celle de l'impossibilité de résoudre algébriquement les équa- tions générales d’un degré supérieur au quatrième. П est vrai que Ruffini, géomètre italien, mort il y a quelques années, avait essayé de démontrer la méme proposition; mais il parait que cette dé- monstration est incomplète et qu'elle peche par sa base : du moins tel est le jugement qu'en a porté M. Abel, à qui on l'avait indi- ( 9318) quée. Le mémoire trés - remarquable de ce dernier géomètre fut inséré dans le premier numéro du journal de mathématiques, que M. Crelle publie actuellement à Berlin, journal dont M. Abel fut l'un des plus zélés rédacteurs, et qu'il n'a cessé d'enrichir de ses propres travaux durant les trois années écoulées depuis sa pu- blication. M. Abel désirait particulièrement se faire connaitre en France, et dans ce but il vint à Paris en juillet 1826. Il supposait que ses premiers travaux y étaient connus ;il apportait, en manuscrit, des recherches nouvelles qu'il voulait soumettre au jugement de РА- cadémie des sciences; et, sans autre recommandation, il se flattait d'obtenir la protection et l'amitié des géomètres francais. Il igno- rait que, dans la carrière des sciences comme dans toute autre carrière , il ne suffit point, pour parvenir, d'avoir un mérite incontéstable, mais qu'il faut encore posséder une certaine sou- plesse de caractère, et avoir certaines protections; il n'est donc pas étonnant que les démarches de M. Abel auprès des géomètres dont il briguait le suffrage et l'appui, aient été complétement infructueuses. Un jour que, découragé par toutes ces sollicitations, M. Abel vint m'avouer son désapointement : « Je ne connais, me dit-il, aucune personne qui puisse m'introduire auprès des géo- mètres de l'Académie, et je ne parviendrai à rien sans une pro- tection spéciale; je n'ai pu me faire écouter d'aucun de ces mes- sieurs : on ne m'a point recu chez M. Legendre; la porte m'a été fermée chez M. Poisson; je suis bien arrivé jusqu'à voir M. Cau- chy, mais il m'a renvoyé, sous prétexte qu'il ne pouvait s'occuper que de ses Exercices de mathématiques. J'aurais pourtant, continua- t-il, à présenter à l'Académie un mémoire sur les fonctions, qui contient des résultats assez curieux, et je n'ose en faire la lecture moi-même ; je désirerais que quelque membre de l'Académie vou- lût bien s'en charger. » Ces paroles et plusieurs autres du méme genre que je ne rap- porte point ici, jointes à l'état de souffrance et méme de misère dans lequel me paraissait étre M. Abel, firent sur moi une vive im- pression. Je l'engageai à retourner à Berlin, et à publier ses mé- moires dans le journal de son ami M. Crelle, sans s'inquiéter de l'avis des académiciens francais. « D'ailleurs, ajoutai-je, comment voulez-vous que ces messieurs s'occupent de vos recherches, eux ( 519) qui ne prennent pas même la peine de lire celles de leurs confr&- res, quand ils n'ont point l'ambition de se les approprier? Si, pour- tant, vous tenez à ce que votre mémoire soit présenté à l'Acadé- mie, adressez-vous à M. Fourier qui, sans aucun doute, aura la complaisance de s'en charger. » M. Fourier, en effet, présenta ce mémoire à la séance du 50 oc- tobre 1826; il fut renvoyé à l'examen de MM. Legendre et Cau- chy, et M. Abel reprit le chemin de l'Allemagne, ou il attendit plus de deux années'le résultat de sa démarche. Vain espoir! son travail n'obtint de la part des commissaires de l'Académie qu'un dédaigneux silence. L'analyse de son mémoire sur la résolution des équations, que je l'avais prié d'insérer au Bulletin universel de M. de Férussac, n'attira pas davantage leur curiosité. Il parait que M. Abel en fut vivement affecté, et que le chagrin qu'il en ressentit acheva d’altérer sa santé déjà défaillante. Toutefois, un reste. d'espérance vint le ranimer lorsque, vers la fin de 1827, M. Legendre fit un pompeux éloge des découvertes de M. Jacobi, sur les fonctions elliptiques. M. Abel publia, presque immédiate- ment aprés, un mémoire trés-étendu et trés-important sur cette classe de fonctions, et successivement plusieurs additions à ce pre- mier travail, dans lesquelles il faisait voir que les résultats de M. Ja- cobi, qui avaient tellement excité l'enthousiasme de M. Legendre, n'étaient que des cas très-particuliers de formules beaucoup plus gé- nérales auxquelles il était parvenu de son cóté. Déjà il se proposait de publier un traité spécial sur les fonctions en général, et en parti- culier, sur les fonctions elliptiques, quand les efforts qu'il avait été obligé de faire pour atteindre et dépasser en mérite les travaux de géométres qui s'étaient occupés des mémes questions depuis plus de quarante ans, avancérent le terme de son existence : il mourut au commencement de l'année 1829. M. Legendre annonca cette mort déplorable à la séance de РА- cadémie du 21 juin dernier. L'intérét, dit-il, qu'avait inspiré aux géomètres ses confrères, un homme qui donnait de si grandes espérances, avait porté plusieurs d'entre eux à faire des démarches auprés de l'ambassadeur suédois, dans le but d'améliorer le sort de M. Abel. L'ambassadeur écrivit à son gouvernement, et en re- сш pour réponse la nouvelle de la mort prématurée de ce géo- mètre. M. Legendre a voulu s’exeuser de l'oubli dans lequel il avait ( 320 ) laíssé le mémoire de M. Abel. «Je n'ai pu, dit-il, parvenir à en déchiffrer l'écriture, tracée en caractères très-irréguliers et avec une encre très-blanche. » Mais d'autres personnes qui ont vu cette écriture l'ont trouvée très-lisible, bien que formée de caractères un peu fins. Quoi qu'il en soit, le mémoire de.M. Abel passa entre les mains de M. Cauchy, qui l'égara dans ses papiers. « D'ailleurs, ajoute M. Legendre avec beaucoup de franchise, M. Abel, dont le nom était tout-à-fait inconnu, n'avait personne qui püt provoquer le rapport des commissaires, et son mémoire est resté entièrement oublié. » Et c'est seulement long-temps aprés que ce mémoire eut paru dans le journal de mathématiques de Berlin, que M. Legendre fit connaitre à l'Académie les travaux d'un géomètre qui, apprécié plus tôt, aurait pu jouir au moins pendant quelques années, d'un sort digne de lui. Du reste, une mesure, bien flatteuse pour ce géomètre, vient d’être prise par l'Académie, sur la proposition de ses commissaires : ila été décidé que le mémoire de M. Abel serait réimprimé dans le Recueil des savans étrangers; et cette fois-ci, du moins, l'auteur infortuné pourra, sans inconvénient, attendre l'exécution de cette mesure réparatrice. M. Abel parlait également bien les langues scandinaves, Palle- mand et le francais. Il était d’une taille un peu au-dessous de la moyenne. Sa figure, hálée et amaigrie, portait l'empreinte de la fatigue et des soucis. Une grande timidité et beaucoup d'honnéteté décelaient la douceur de son caractère. Sa mise plus que modeste, l'unique repas qu'il prenait par jour, et son humble réduit de la rue Sainte-Marguerite, n'annoncaient pas chez lui de grandes ressour- ces pécuniaires. Les petites économies que sa place de professeur lui avait permis de faire, servaient à couvrir les dépenses de son séjour à Paris qui, d'aprés son. aveu, ne pouvait étre de longue durée. « Pour moi, je n'ai rien à craindre des voleurs,» répondait-il en souriant à une personne qui lui montrait certains dégáts causés par ces derniers, et l'engageait à surveiller son butin. En effet, il se trouvait à peu près dans le cas de ce philosophe qui portait tout son bien sur lui; mais, dans ce sens, on peut dire que sa fortune était immense ; car il avait lu et médité les ouvrages de tous les géomeétres; il n'avait pas méme perdu un mot des nom- breux écrits de M. Cauchy ; et je dois le dire, au risque de dimi- nuer la bonne opinion que l'Académie s'est formée du mérite de ( 32r-) M. Abel, il avait la plus grande estime pour les travaux de cet académicien, et allait méme jusqu'à lui assigner le premier rang parmi les géomètres. L'intérêt qui s'attache au mérite malheureux, fera excuser les détails dans lesquels je viens d'entrer. Mon intention n'a point été de déverser le bláme sur quelques membres d'une société dont le suffrage est justement apprécié par tous les savans de l'Europe; j'ai voulu montrer, puisque l'occasion s'en présentait, le sort pres- que infailliblement réservé à un jeune homme qui se présente, sans autre recommandation que celle de ses travaux , à ce haut tribunal scientifique. Parvenus à cet áge ou l'esprit se plait à revenir sur le passé, et suit avec inquiétude et dépit les inno- vations scientifiques, un petit nombre de savans, d'ailleurs pleins de zèle et d'activité, pourraient difficilement prendre une con- naissance, méme superficielle, des nombreux écrits sur lesquels ils auraient à prononcer. Il faut donc que la faveur, ou quelque heureux hasard, détermine le choix et dicte le jugement. Méme dans le cas qui nous occupe, ce n'est point l'incontestable mérite de deux jeunes mathématiciens, MM. Abel et Jacobi, que l'Aca- démie a reconnu et proclamé ; c'est plutót un encouragement donné pour traiter certaines questions, hors desquelles il semblerait qu'il n'ya ni progrès pour la science ni bénéfice pour les auteurs. «Prenez, disent les uns, dans mes ouvrages le texte de vos écrits; cultivez le champ le plus abstrait de l'analyse, développez les germes féconds que mes soins y ont déposés. » — « Mais non, disent les autres, les questions de la philosophie naturelle sont plus dignes de vos mé- ditations; dirigez donc vos travaux vers ces hautes applications, si nécessaires aux progres de l'intelligence humaine. » — Jeunes savans! dirons-nous, n'écoutez que la voix intérieure qui vous indique le genre d’occupations le plus convenable à vos goûts, à vos moyens ; suivez l'impulsion naturelle qui vous porte vers tel ou tel objet d'étude. Lisez et méditez les écrits des hommes de génie; mais ne devenez ni des disciples complaisans, ni des ad- mirateurs intéressés. Vérité dans les faits, et liberté dans les sys- tèmes, telle doit être votre devise. SAIGEY. HERBIER DE LINNÉ. La Société Linnéenne de Londres vient d'acheter (mars 1829), ( 3229 l'herbier de Linné pour le prix de 5,000 guinées (environ 78,000 francs); l'herbier de Smith lui-même et sa bibliothèque sont com- pris dans la vente. PROGRAMME DE LA SOCIÉTÉ TEYLÉRIENNE POUR L'ANNÉE 1829. La Société propose au concours la question qui suit : Parmi les découvertes auxquelles les derniers perfectionnemens du microscope ont donné lieu, on doit compter la maniere dont la fécondation s'opère dans les plantes de différens ordres. Ge- pendant quelques physiciens ayant encore élevé des doutes sur ce que d'autres rapportent avoir observé à cet égard, il importe de continuer et de répéter les observations par le moyen de micros- copes de la dernière perfection et d'un pouvoir supérieur, afin de faire disparaitre les doutes qui subsistent encore , ou bien de con- firmer ce que les derniéres observations apprennent à l'égard de la fécondation des végétaux. C'est pour ces raisons que la Société demande : « Un mémoire conterant une exposition exacte de l'état actuel » des connaissances touchant la fécondation des végétaux de dif- » férens ordres, autant que ces connaissances ont été acquises , » soit par les dernières observations microscopiques, soit par » celles de l'auteur méme. Ce mémoire doit étre accompagné des » dessins nécessaires pour l'éclaircissement du sujet (1). » L'auteur est tenu d'indiquer la construction et le pouvoir gros- жеее ———————— (1) Le préambule de ce programme nous parait rédigé d'une maniére assez obscure ; et il serait assez difficile de préciser à quelles découvertes le rédac- teur veut faire allusion. Nous n'entreprendrons pas de soulever un voile qui couvre peut-étre un ridicule; mais nous ferons observer que la rédaction méme du programme implique contradiction ou pléonasme. Les auteurs parlent d'une découverte contre laquelle il s'est élevé des doutes; et ils pro- posent pour sujet de prix de lever les doutes qui subsistent encore ou de con- firmer la découverte : ce qui signifie en d'autres termes, ou qu'il n'y a pas de découverte, puisqu'on a lieu d'en douter, ou que les concurrens sont invités à confirmer la découverte, ce qui revient à peu prés au méme, Mais pour- quoi ne pas la réfuter s'il y a lieu? un concurrent qui la réfuterait d'une ma- niére péremptoire n'aurait donc pas le prix? Nous invitons la société teylé- rienne à surveiller le rédacteur du programme, si toutefois il doit être juge; il a certainement des idées préconcues , et un juge ne doit point еп avoir. ( 925 ) sissant du microscope dont il anra fait usage, ainsi que les cir- constances dans lesquelles ses observations auront été faites , afin que celles-ci puissent être répétées avec le même succès. Enfin l'auteur doit indiquer, dans des notes à ajouter à son mémoire, les expériences et les observations par lesquelles il a táché vaine- ment et sans succés de se convaincre de ce que d'autres assurent avoir observé. On peut consulter sur ce sujet A. Broguiart, Mémoire sur (a génération et le développement de l'Embryon dans les végétaux pha- nérogames ; Annales des Sciences naturelles, t. ХП, p. 14, 145, 225. — A. Brogniart, Nouvelles Recherches sur le pollen et les granules spermatiques des végétaux ( Globe, 2 juillet 1828). — M. Raspail, Observations et Expériences sur les granules qui sortent pendant l’explosion du grain de pollen. Mém. de la Soc. d’ Hist. Nat. de Paris, tome IV. — К. Brown, Brief account of Microscopical observations on the particles contained in the pollen of plants, Svo. , Lond. 1828, et dans the Philosophical Magazine and Annals of Phi- losophy, n° 25, sept. 1828, p. 565. — M. Raspail, Notes sur l’ou- vrage précédent, Мет. de la Soc. d’ Hist. Nat. , tome IV. — І. C. Treviranus , de ovo vegelabili ejusque mutationibus. Wra- tisl. 1828. Le prix du concours est une médaille d'or de Доо florins de Hollande, valeur réelle. On peut répondre en hollandais, latin, francais, anglais et en allemand, mais seulement en caractères ita- liens. Les réponses doivent être adressées à la seconde Soeiété Teylérienne à Harlem, avant le 1“ avril 1850, pour être jugées avant le 51 décembre de la méme année. CRYPTOGAMIE. PILOBOLUS OEDIPUS. M. le docteur Montagne a donné récemment dans les Annales de la société linnéenne de Lyon, la description d'une nouvelle espèce du genre Pilobolus, sous le nom de P. oedipus ; il la dis- tingue des P. crystallinus et roridus par son stipes renflé à la base, et il la signale par la phrase suivante : P. oedipus, stromate basi inflato apice globoso , vesicula nigra subsphærica. Ad stercus humanum. ( 924 ) Le mémoire dont cette nouvelle espèce a fourni le sujet, est accompagné d'une figure et contient des généralités sur le genre Pilobolus. MYCOLOGIE EN CIRE ou COLLECTION COMPLETE DES ESPÈCES DE CHAMPIGNONS (fungi) Qui CROISSENT AUTOUR DE NOUS, MODELÉS EN CIRE, DE MANIÈRE А REPRÉSENTER А LA FOIS ET LES DÉTAILS DE LEUR ORGANISATION ET L'HISTOIRE DE LEUR DÉVELOPPEMENT ; Publiée par MM. RASPAIL, membre de plusieurs sociétés sa- vantes, nationales et étrangeres, ET TALRICH , docteur-médecin , modeleur en cire de la Faculté de médecine de Paris, correspondant de l'Académie royale de médecine. SOUSCRIPTION. La mycologie, cette branche de la cryptogamie qui traite spé- cialement des productions que l’on désigne en général sous le nom de champignons, intéresse également, et la physiologie, et l’écono- mie domestique, et la matière médicale. Il n'est pas de question sur laquelle le physiologiste ait des idées moins arrêtées que sur celle de leur reproduction; en considérant la singularité de leur structure intime, et l'élégante symétrie de leurs contours qui rap- pellent plutôt la sévérité du compas que la hardiesse du pinceau, le nomenclateur dérouté en ferait volontiers un troisième règne parmi les êtres organisés. Mais ce qui rend ces productions encore plus dignes d'une attention sérieuse, c'est une certaine anomalie dans leur composition chimique, telle que le champignon qui res- semble le mieux à celui dont nous couvrons nos tables, est le plus souvent celui qui donne la mort; et cependant on se. plaint de toutes parts qu'il n'est pas, en botanique et en matiere médicale, d'étude plus négligée que celle de la mycologie : nos profes- seurs de botanique rurale l'excluent de leurs démonstrations ; les professeurs de matière médicale n'en parlent que d'apres les livres; nos sociétés savantes, l'Institut de France méme (car le vénérable tag) el infortuné Persoon n'en est pas) ne possedent pàs un seul mem- bre qui ait dirigé ses recherches sur ce point; et lorsqu'un empoi- sonnement est arrivé par l'usage de l'une de ces substances per- fides, il est rare de trouver, nous ne dirons раз parmi les phar- maciens des petites villes, mais méme parmi les membres des sociétés savantes de nos départemens et de la capitale, un homme qui ose se prononcer sur Геѕрёсе de champignons qui a été la cause de cet événement désastreux. Qu'on ne pense pas que ce soit par indifférence que nos sa- vans négligent l'étude de ces. productions ; dans ce siecle le savant ne voit rien avec indifférence; l'esprit d’investigalion s'attache à tout, et l'on n'abandonne que ce que l’on désespère de pouvoir traiter avec succès. Cette indifférence apparente vient donc d'une autre source : les nuances variées et trompeuses des formes qu'af- fectent ces productions, effraient eucore plus l'esprit que le nom- bre de leurs espèces n'effraie la mémoire ; les figures coloriées par lesquelles des auteurs recommandables ont cherché à fixer ces nuances trompeuses, ne servent bien des fois qu'à jeter dans un plus grand embarras celui qui a besoin de déterminer une espèce : le pinceau est impuissant en pareil cas; il rend des contours, mais il ne rend ni les formes, ni ce je ne sais quoi indéterminable, que l'on serait en droit de traduire par le mot d'aspect. А la rigueur, les savans de profession peuvent vaincre ces diffi- cultés ; l'habitude de voir et de comparer supplée dans leur esprit à l'impuissance des livres. Mais le pharmacien et le médecin toxi- cologiste, mais le professeur, chargés de déterminer une espèce, entrent dans un dédale sans fin, s'ils veulent consulter les ouvrages : les figures de Bulliard sont еп désordre, et le texte manque; celles de Paulet n'inspirent aucune confiance ; le sy- nopsis de Persoon et sa mycologia, l'elenchus de Fries, sont des ouvrages que le mycologue consulte avec profit, mais que l'ab- sence des figures rend inabordables à tout autre savant. Il lui faudrait une bibliothèque pour la vérification du texte; et une bibliothèque ne s'improvise pas. On pourrait remédier à ces inconvéniens en formant une collec- tion aussi complète que possible de toutes les espèces de cham- pignons desséchés; ce moyen certes contribuerait autant aux pro- grès de la mycologie, que les herbiers contribuent aux progrès de ( 526 ) la science qui traite des végétaux d'un ordre supérieur. Mais comment obtenir une collection semblable ? on déforme ces pro- ductions en les desséchant, et pour les reconnaitre on est réduit alors à recourir à des circonstances étrangères ou à des souvenirs de localités. Les insectes ensuite ne ménagent pas long-temps ces restes informes échappés à la dessiccation ; et pour remédier à cet inconvénient, il faut en faire naître un autre, en employant des substances dont l'action délétère survit long-temps encore à la manipulation. Certains liquides sont dans le cas de conserver les espèces de champignons ; mais ce mode de conservation ne parait pas devoir être d'une longue durée; et le champignon y perd toujours et de sa forme et de ses couleurs; or, le champignon n'a pas d'autre caractère spécifique. Ce sont là sans aucun doute les causes qui ont suspendu les progrès de la mycologie, et qui en rendent l'étude si difficile ; l'en- treprise que nous annoncons est, nous le pensons, le seul moyen d'en ranimerle goût; et le talent de M. Talrich, apprécié depuis long- temps par l'Académie et la Faculté de médecine, est un sür garant dé la perfection de l'exécution. Sa belle collection des maladies des yeux, l'écorché que la Faculté de médecine vient d'acquérir pour enrichir ses galeries d'anatomie, enfin les groupes de champignons que le public aura la liberté d'examiner dans les différentes expo- sitions de la capitale, passent déjà, aux yeux des connaisseurs, pour des chefs-d’œuvre de Part de limitation appliqué à l'art du moulage en cire. П paraîtra chaque mois, à dater du 1“ octobre, deux livraisons de champignons modelés d’après nature. Chaque livraison se com- posera de quatre espèces différentes, représentées chacune par cinq individus destinés à reproduire aux regards les divers áges, les divers aspects et l'anatomie des organes de l'espéce. Chacun de ces groupes sera solidement fixé sur un pied en forme de vase, portant une étiquette signée de la main des deux auteurs, et con- tenant le nom technique et souvent les noms vulgaires, les pro- priétés nuisibles ou comestibles du champignon d’après les au- torités les plus recommandables, ainsi qu'un numéro d’ordre. Nous publierons les champignons, selon que le hasard les offrira à nos recherches, et sans nous astreindre d'avance à une méthode queleonque. Mais M. Raspail se charge de rédiger, à la fin de (527) l'entreprise, un ouvrage ex professo dont il aura préparé les ma- tériaux par l'étude spéciale de chacune des espèces publiées. Cet ouvrage, de 400 pages au moins, sera destiné à classer et à dé- crire les c-pèces de cette famille , à publier les résultats d'une série nouvelle d'expériences toxicologiques faites sur les animaux vivans, et à recuillir la synonymie et l'historique de la science de la manière la plus complète. Le prix de chaque livraison est de 40 francs; et le nombre des souscripteurs est fixé à soixante ; la nature de cette publication ne permet pas de suffire à un plus grand nombre de demandes. Cependant, dans l'intérét de l'écono- mie domestique et de la matière médicale, il sera loisible aux souscripteurs de déclarer s'ils désirent souscrire à la collection compléte ou seulement à la collection des champignons comes- tibles et vénéneux ; dans ce dernier cas, le prix de la livraison est augmenté de 10 francs. Le nombre de ces derniers souscripteurs ne peut s'élever au-dessus de quarante. Nous ferons connaître dans les Annales des sciences d'observation la clôture des souscriptions. Si l'on veut faire attention que chaque livraison renfermera vingt individus modelés en cire, on sera forcé de convenir que le prix, en apparence exorbitant de До francs, n'est encore qu'une somme bien modique : et nous ne pouvons nous défendre de l'es- poir que les universités et écoles départementales du royaume, que les muséum et les collections pharmaceutiques nous honore- ront de leurs souscriptions. Cet appel en Angleterre serait suivi immédiatement du succès ; l'esprit national protégerait-il moins en France les entreprises dont les résultats intéressent également et la science et l'humanité? Une entreprise analogue avait été formée en Italie; mais l'exécution fut bien loin de répondre aux promesses des auteurs; l'artiste resta au-dessous de son art, le naturaliste n'offrait aucune garantie. En France, feu M. Pinson, modeleur de la Faculté, avait réuni, pour sa collection particu- lière, un certain nombre de champignons modelés en cire; cette collection a été acquise par le muséum. On ne saurait refuser à M. Pinson le talent de l'exécution; mais ses ouvrages se ressen- tent presque tous d'un défaut assez grave; l'auteur savait mieux. travailler la cire qu'imiter la nature ; on regrette de ne pas trou- ver la moindre tache, la moindre bosselure dans ses champignons, comme on regrettait de ne pas trouver un seul loup parmi les moutons de Florian. Enfin, on voit la cire à travers tous ses ou- " ( 528 ) vrages, et l'on ne ressent alors que l'illusion du cabinet. Le Muséum possede encore une petite collection de trente espéces environ de champignons modelés en cire, qui, quoique inférieurs à ceux de M. Pinson, parurent au gouvernement autrichien , dignes d’être offerts en présent à l'administration francaise. Nous pouvons répondre que nos livraisons tout aussi bien finies que les modèles de M. Pinson, auront plus de vérité encore; et que rien ne leur manquera pour satisfaire à la fois et le savant qui étudie les organes, et l'homme du monde qui ne cherche qu'à reconnai- tre d'un seul coup d’ ceil le facies. On souscrit sans rien payer d'avance, mais en prenant l'enga- gement de payer à chaque livraison : Au bureau de rédaction des Annales des sciences d'observation, rue de Furstemberg, n* 6. Et chez Meilhac, libraire, rue du Cloitre-Saint-Benoit, n? 10. Prix de la livraison pour la collection entière. . . . . 4o fr. Prix de la livraison pour la collection des champignons Соте BL VORENIENX. о « Moi зыны ы i шоо ES Deuxlivraisons paraitront tous les mois, et chaque livraison sera composée de quatre espèces offrant chacune cinq individus. N. B. Les souscripteurs étrangers sont invités à faire connaître, à Paris, un correspondant chargé de compter le prix de la livrai- son, et de prendre avec les auteurs des arrangemens pour les frais de transport. Errata du mois de mars 1829. Page 452, lign. 17, latas, lisez : latos. РФ 454, lign. 4, alternas, lisez : alternos. Ibid., lign. 5, fig. 27, lisez : fig. 26. Page 464, lign. 51, Mendrayera , lisez : Mendragora. Errata du mois d'avril. Page 68, lign. 4, généalogie, lisez : géologie. Page 69, lign. 51, curtatus, lisez : abbreviatus. Page 75, lign. 15, fournirait, lisez : fournissant. Ibid. , lign. 16, et deviendrait, lisez : cette paillette deviendrait. Page 80, lign. 25, australis, lisez : borealis. Page 84, lign. 16, borealis, lisez : australis. Page 80, lign. 9, borealis, lisez : alpina. Page 195, ligne 15, trente. lisez : soixante-dix. dnn. des Serene. d obw: Jom- J. ые. ү _ i^ = 28° A 4а Rambur del. F. Ple se Vz, 2. Гапелга брт: fem). — 5. Noctuz Ramburi Гтаі Ј. _ 4 Noctua € autno mate y. : 5,6. chenille de la Гир. occilaruca. = 7. гот cocon 8. læ chrysalide. Y 3 | | | | | Rambur del . Е PE re. 1 Noctua J'atrole Fon j. — 2. Ceometra libraria mati. 5. oec r partit late. Д. боото атомга 5. Моо amnicola malj. = В oom Pr ai. А £4 oclua Јо Pot /male)._ ©. Ceo. lind alat УА Tum Voctca anomala ret) 2. : d'obs. tom. Ann. des Se Inatomie des SYRONGY LUS inflexus её minor обл. tom 2. dnni des Je’ Ag. (лги del ME Perret лор Anatomie des S natomie des STRONGYLUS inflexus ec minor EXPÉRIENCES DU PENDULE, FAITES А KOENIGSBERG ; PAR M. Besser. M. Bessel, le plus habile et le plus laborieux des astronomes allemands, vient de publier, dans les Mémoires de l Académie de Berlin, des expériences du pendule qui présentent beaucoup d’in- térêt. 1 a d'abord imaginé une nouvelle manière de faire ces ex- périences ; ensuite il a corrigé d'une erreur assez notable la for- mule qui sert à calculer la marche du pendule dans lé vide; il a démontré, par l'expérience directe, la nécessité de cette correc- tion; enfin il a déterminé la longueur du pendule simple qui bat la seconde à l'observatoire de Keenigsberg. Tel est l'ordre que nous suivrons dans l'analyse que nous allons donner de son mémoire. Description du pendule. r Le principe sur lequel est construit le nouveau pendule de M. Bessel peut s'énoncer ainsi : Deux pendules sont successive- ment observés, qui ont la méme boule placée à une hauteur inva- riable, mais qui ont des points de suspension différemment élevés dans la méme verticale ; alors on connait la différence des longueurs des pendules observés, et l'on peut déduire la durée d'une osciila- tion d'un pendule qui aurait cette différence pour longueur. De cette manière, il n'est pas nécessaire de mesurer les longueurs effectives des deux pendules, ni de s'inquiéter-beaucoup de leur mode de suspension, circonstances qu'il est difficile de bien appré- cier dans les observations du pendule. L'appareil de M. Bessel a été construit par M. Repsold, artiste qui jouit d'une haute réputation dans toute l'Allemagne. On doit se représenter une barre de fer verticale, de 10 pieds delongueur. de 4 pouces de largeur et de 4 lignes d'épaisseur. Cette barre est solidement fixée contre un bois d'acajou affermi dans une 2, + 22 і ( 3350 ) muraille, sans aucun point de contact ауес le plancher. A cette barre est invariablement adapté une petite table de fer horizon- tale, sur laquelle on pose une toise dans une direction bien verti- cale; le parallélisme de cette toise et de la barre est conservé au moyen de petits bras еп forme d'anneaux. Mais comme la toise serait moins longue dans cette position verticale que dans sa posi- tion horizontale, à cause de la compression qu'elle subit par l'effet méme de son poids, on a eu soin de la soutenir à son milieu par un contre-poids presque égal; de cette maniere, la moitié supé- rieure de la toise se raccourcit, tandis que la MET inférieure s'allonge d'une même quantité, et la toise conserve sa véritable longueur. Dans cette position de la toise, son bout supérieur sert de pla- teau pour établir la suspension du plus long pendule ; et quand on a enlevé cette toise, la petite table sur laquelle elle reposait porte à son tour la suspension du plus court pendule. Ces pendules sont formés de la méme boule de laiton, successivement suspendus par des fils métalliques dont la longueur varie précisément d’une toise, et qui sont attachés de la même manière par leurs bouts supérieurs. Au-dessous de la boule des pendules, est fixé à la barre un cy- lindre creux en bronze, dans lequel glisse verticalement un cylin- dre d’acier de sept lignes de diamètre. Ce cylindre s’ajuste si bien dans le premier, qu'il peut se passer d'huile et qu'il conserve in- variablement sa verticalité. Une vis micrométrique , placée au- dessous, le fait monter ou descendre à volonté. Le pas de cette vis, détermine par les observations méme du pendule, est de 0,0902 de ligne. La vis peut être mise en jeu par un levier et une roue dentée, tandis que tout l'appareil est renfermé dans une cage que l'on n'ouvre point, afin d'y maintenir la température aussi constante que possible. L'extrémité supérieure du cylindre d'acier ne touche pas immédiatement la boule des pendules, mais elle porte un petit plan d'acier horizontal, qui termine le plus court des bras d'un levier dont l'autre bras est six fois plus long. On tourne la vis jusqu'à ce que ce petit plan, étant pressé contre la boule, soulève le grand bras du levier jusqu'à une certaine mar- que, c'est-à-dire jusqu'à ce que la pression du plan contre la boule soit égale à 52,84 grains. Le raccourcissement que cette pression ( 351 ) occasione dans les longueurs des pendules, est déterminé par l'ex- périence méme ; à cet effet, on suspend différens poids aux deux pendules, dont on observe l'allongement, au moyen de la vis mi- crométrique. M. Bessel pousse méme la précaution jusqu'à pren- dre une moyenne entre les pressions exercées contre la boule des pendules, suivant qu'on lui présente l'une ou l'autre des faces du petit plan. Р La toise employée par M. Bessel est en fer; elle a été construite par M. Fortin, et comparée avec la toise du Pérou par M. Arago et le capitaine Zahrtman ; elle s'est trouvée plus courte que cette dernière de 6,0008 de ligne. Sa largeur est de 19 lignes, son épaisseur de 4,» lignes, et sa dilatation de 0,0000114 de la lon- gueur totale, par chaque degré du thermométre centigrade. M. Bessel a imaginé un mode de suspension tout particulier. A cet effet, il place horizontalement, soit au bout supérieur de la toise, soit sur la tablette qui supporte cette toise, un cylindre d'environ une ligne de diamètre, contre lequel vient s'appüyer une mince bande de laiton. Cette bande est attachée, par son bout inférieur, avec le bout supérieur du fil du pendule, et va, dans une direction oblique, se fixer, par son autre bout, à un point plus élevé; de cette manière, la bande métallique, tirée par le poids du pendule, reste constamment appuyée contre le cylindre, sur la surface duquel elle s'enroule et se déroule un peu à chaque oscillation du pendule. Le point de suspension est donc variable ; il décrit, sur le cylindre, un arc semblable à celui que parcourt le centre de la boule à chaque oscillation. Ce centre ne se meut plus, il est vrai, sur la circonférence d'un cercle, mais sur la développée de la section transversale du cylindre. M. Bessel fait voir alors qu'on ne commet pas d'erreur sensible en suppo- sant que la longueur du pendule demeure invariablement égale à sa valeur moyenne, qui correspond à la position verticale. La petite bande de laiton a 0,008 ligne d'épaisseur, et 1,4 ligne de largeur ; elle est attachée à l'un des bras d'un levier, dont l'autre bras porte un contre-poids. Ce levier joue sur un système de deux paires d" Y, fixées à la grande barre de fer, au niveau du bout supérieur de la toise. Un semblable système est fixé à la même barre, au niveau de la tablette qui soutient cette toise. On porte w ( 332 ) l'appareil de suspension de l'un à l'autre de ces systemes, pour observer successivement les deux pendules. І Le fil de suspension, en acier, a ses bouts terminés раг deux petites vis de méme poids, qui pénètrent, l'une dans la boule, et l'autre dans un appendice à la bande d'enroulement. On peut ainsi retourner le fil pour voir s'il est bien égal sur toute sa lon- gueur. Tandis que le pendule est en mouvement, la bande, en s'enroulant et se déroulant, ne conserve, pas la forme rectiligne qu'elle possede à l'état de repos; cela tient à son élasticité ; mais la courbure qu'elle affecte devient insensible à une très-petite dis- tance du cylindre, et l'altération minime qu'elle peut occasioner dans la marche des deux pendules devant être la méme pour cha- cun de ces derniers, elle disparait quand on ne considere que la difference des longueurs des pendules. Pour annuler toute influence réciproque entre les pendules et l'horloge, M. Bessel met cette dernière à & pieds 6 pouces des pre- miers; et, dans l'intervalle, il dispose un télescope privé de son oculaire, de telle maniere que l'objectif renvoie l'image du pendule précisément sur l'horloge. Il observe l'une et l'autre, au moyen d'un second télescope placé à 15 pieds de distance. L'échelle, servant à mesurer les amplitudes d'oscillation , est fixée sur la barre de fer, 412,5 lignes plus bas que le point áe sus- pension du plus court pendule; elle est divisée en demi-ligne, et porte à son milieu une marque blanche qui a la largeur d'une divi- sion, et que le fil du pendule en repos doit couper en deux parties égales. Un cylindre de laiton creux, peint en noir, ayant 2 lignes de longueur sur 1,25 ligne de diamètre, est traversé et porté par le fil du pendule. Quand celui-ci est en repos, ce cylindre cache la marque blanche de l'échelle des amplitudes. Enfin, à la partie inférieure du pendule de l'horloge est adapté un papier noir percé d'un trou d'environ 3 lignes de diamètre. Maintenantfsi tout est en repos, la marque blanche, le cylindre noir, le trou du papier et le second télescope seront en ligne droite; le cylindre noir rem- plira le trou et cachera la marque en question. Cette marque sera encore invisible quand les pendules (d'observation. et de l'horloge) seront en mouvement et coincideront dans leurs vibrations; et l'instant vrai de la coincidence sera la moyeune entre l'époque de ( 935 ) la disparition et de la réaparition de cette tache, conformément à la méthode du capitaine Sabine. Réduction du pendule au vide. Bien que les axiómes ou les principes fondamentaux de la mé- canique rationnelle aient toute l'évidence et toute la simplicité dé- sirable, cependant il arrive parfois qu'on les applique mal, soit que l'on se trompe sur la nature méme de la question proposée, ‘soit qu'on néglige des circonstances du méme ordre que celles qui sont prises en considération. C'est ainsi que plusieurs des propo- sitions secondaires de la mécanique sont erronées ou incomple- tes, et que beaucoup de formules établies par de grands géomètres seraient sujettes à révision. Tel est encore le cas de la réduction du pendule au vide. M. Bessel démontre, par le raisonnement et par l'expérience directe, qu'il y a erreur dans la manière dont òn opère cette réduction. Depuis Newton on admet que si m est la masse d'un corps plongé dans l'air et m' la masse du volume d'air déplacé, la force qui sollicite ce corps à tomber est réduite dans ^ la proportion de l'unité à D — . M. Bessel fait justement ob- m server que la force motrice totale m — т’ n'est pas uniquement employée à mouvoir la masse m, mais qu'elle doit aussi ёге ré- partie sur toutes les molécules d'air déplacées par m dans son mouvement ; que, par conséquent, le dénominateur de la fraction ci-dessus doit être augmenté , el par suite la fraction elle-même diminuée ; qu'aiusi, le pendule qui oscille dans Pair est plus retardé dans sa marche qu'on ne le suppose ordinairement. П peut alors arriver, ou que cette résistance inconnue de l'air dépende de l'am- plitude des oscillations, ou qu'elle en soit indépendante, et puisse être assimilée à un accroissement de l'inertie du pendule. C'est cette derniere hypothèse qui s'est réalisée dans les expériences de M. Bessel. з Avant de citer ces belles expériences, il est nécessaire de mieux examiner l'état dela question. M. Bessel ne semble pas avoir soup- conné qu'elle pouvait étre résolue par les plus simples notions de la mécanique. En désignant par g la force accélératrice de la pe- santeur dansle vide, et par m la masse d'un corps solide, la force ! ( 354) motrice ou totale qui sollicite ce corps à tomber sera exprimée: par m g. Mais si le corps est plongé dans un fluide, liquide ou ga- zeux, et que la masse du fluide déplacé soit m^, la force motrice en question sera réduite à (m — m!) g. Admettons à présent que le corps soit descendu d'un mètre, par exemple ; et, tout étant revenu au repos, voyons ce qui s'est passé. La masse solide m n'à pu descendre d’un mètre sans qu'une masse m/ du fluide n'ait monté d'autant. En effet, si l'on considère les deux positions occupées par le corps solide, au commencement et à la fin de sa chute, on voit que quand ce dernier occupait la position supérieure, un volume égal de fluide occupait la position inférieure; et que, quand le solide a pris la position inférieure, le fluide a pris la po- sition supérieure. On a pu aisément suivre le corps solide dans sa marche descendante ; mais le volume fluide s'est élevé par por- tions détachées, ct bien qu'on n'ait pu distinguer et encore moins suivre des yeux ces diverses portions dans leur mouvement ascen- dant, néanmoins le résultat final de tous ces déplacemens partiels est évidemment l'ascension de tout le volume fluide déplacé par le solide. Ainsi, la force motrice (m—m^)g a été employée à mouvoir, non-seulement la masse solide т, mais encore la masse fluide m^; c'est-à-dire que ia force accélératrice g s'est trouvée / ку à M—m . réduite à — — 6: C'est exactement le cas de la machine m- т d'Atwood : la masse solide m et la masse fluide m’ sont censées attachées aux deux bouts d'un fil qui passerait sur une poulie ; et l'excés m — m^ de l'une de ces masses sur l'autre, serait le poids additif qui mettrait le système m + m! en mouvement, Et quand les géomètres ont considéré la force (m — m^) g comme employée tout entière à faire tomber la masse m dans un fluide dont elle déplace m', c'est comme si, dans la machine d'Atwood, ils eus- sent négligé le mouvement ascendant de la masse m/, pour ne lenir compte que du mouvement descendant de la masse m, ani- шее de toute la force motrice (m — т!) в. Ce que nous disons des mouvemens verticaux s'applique à tous les autres mouvemens, quel qu'en soit la direction et l'intensité. Si donc la boule d’un pendule pèse 8000 et l'air déplacé 1, la pesan- 8000 — 1 ———— et 8000 + 1 teur se trouve réduite dans le rapport de l'unité à аре ( 355 ) 8000 — 1 non раз à . La perte, dans le premier cas, serait à très- 8000 peu prés double de la perte dans le second cas. En définitif, la correction que l'on faisait subir au pendule pour passer de l'air au vide, n'atteignait guère que la moitié de sa valeur réelle. C'est aussi le résultat de l'expérience suivante qu'on pourra maintenant inieux apprécier. M. Bessel observe d'abord la marche d'un pendule forme d'un fil métallique et d'une boule de laiton , dont la densité est 8,18955. Ensuite il fait la méme observation avec un pendule composé du fil métallique et d'une boule d'ivoire , dont la densité est 1,79445. Comme les deux boules sont parfaitement égales, elles devront imprimer à l'air les mêmes mouvemens ; et, puisque leurs masses sont très-différentes, elles devront être diversement influencées par cette résistance de l'air. Dans ce cas, la réduction des deux pendules au vide , calculée par la formule ordinaire , ne devra pas conduire à la méme longueur de pendule. On sera donc obligé de multiplier cette correction par un facteur 1 4-2, d'égaler les lon- gueurs des deux pendules , et d'extraire de cette équation de con- dition la valeur de +. M. Bessel trouve ainsi, v= 0,9459; c'est-à- dire qu'il faut doubler, à peu prés, la valeur de la réduction au vide, telle qu'on la supposait, pour avoir la véritable réduction. Ce résultat s'accorde parfaitement avec l'explication théorique donnée tout à l'heure. M. Bessel ne s'est pas borné à cette seule expérience ; après avoir fait osciller dans un méme milieu des pendules de masses différentes , il a observé la marche d'un méme pendule dans divers milieux. A cet effet, il s'est d'abord servi de son long pendule à fil métallique et à boule de laiton; la durée d'une des oscillations de ce pendule fut de 1",7217 dans l'air, et de 1",9085 dans l'eau. Ensuites son court pendule à fil métallique et à- boule de laiton, observé de méme, donna 1",0020 et 1”,1078 dans ces deux milieux respectifs. D’après nous, la pesanteur était diminuée dans l'eau, de 8,18955 — 1 "^ ا ا‎ 764 P - r 8,18955 + 1 S TET 4 ( 556 ) et non pas seulement, comme l'ancienne formule l'indiquerait , de 8,18955 — 1 د‎ ТТ, 7 8,18955 - = 0,12211 ; en sorte que cette derniere valeur doit être multipliée par 1 + 0,774, pour reproduire la première. M. Bessel trouve 1 + 0,648 dans le cas du long pendule, et 1 + 0,602 dans le cas du court pendule. Un cylindre creux de 56 lignes de longueur, de 32 lignes de diamètre extérieur, de même nature et de même УЙУ que la boule de laiton, fut fermé à ses deux bases; alors sa densité appa- rente était réduite à 2,0788. Substitué à la boule du long pen- dule, il exécutait une vibration en 1",7244 dans l'air, T en 7892 dans l'eau; et mis à la place de la boule du court peu- dule, les durées de ses oscillations , dans les mêmes milieux res- pectifs, étaient de 17,0104 et 1//,6585. La correction de la ré- duction au vide, pour ces deux pendules oscillant dans l'eau, était 0,747 pour le premier, et 0,761 pour le second. La théorie ne donne ici que 0,55 1. Enfin M. Bessel a enlevé les bases du cylindre précédent ; les durées des oscillations ont été de 1/^,7199 dans l'air, et de 2,5675 dans l'eau, pour le plus long pendule; et, pour le plut court, de 1^^0019 dans l'air, et de 17,5042 dans l'eau. Les corrections sont ici 7,99 et 8,21. En admettant que l'eau contenue dans le cylindre se meuve avec lui, la théorie ne donnerait pour cette correction que 5,49. ; Dans le cas du cylindre , soit vide, soit plein d'eau, la théorie ne donne que la moitié de la correction réelle, tandis qu'elle donne à peu près cette correction pour le cas de la sphère oscil- lant dans l'eau, et exactement cette correction pour les pendules qui marchent dans l'air. La figure du pendule influe donc beau- coup sur la résistance du fluide, et c'est ce que M. Bessel voulait démontrer par l'expérience directe. Il conclut de là, qu’un pen- dule de Kater, qui peut être retourné dans l'air, pourrait n'étre pas reversible daus l'eau. Un de ces pendules qui, dans l'air , fai- sait une oscillation en 1^^,0002, étant posé indifféremment sur ses deux axes, n'était plus en effet réciproque dans l'eau; car, avec Ж „ ( 557) son plus grand poids en bas, il faisait dans ce liquide une oscilla- tion en 1,1177, et, quand on l'avait retourné, il employait 1,1450 à faire cette oscillation. ‘Il suit encore de là, qu'un pendule de Kater, bien que reversible dans l'air, ne le serait plus dans le vide, à moins que ce pendule ne fût symétrique dans ses deux bouts. Or, comme cette dernière condition n'était pas remplie pour les pendules de Kater, dont on a fait usage jusqu'à présent, on com- mettait toujours deux erreurs ; l'une, en faisant une fausse réduc- tion du pendule au vide, l'autre en se trompant sur la nature méme du pendule, qui n'était point réciproque. En suivant les idées de M. Bessel, on devra donc construire le pendule de Kater, de telle manière que les deux moitiés de ce pen- dule soient symétriques, mais de natures différentes. On mettra , par exemple, une sphére pleine à l'un des bouts, et une sphere creuse de méme diamètre à l'autre bout ; la sphère pleine corres- pondra à celle de laiton, et la sphère creuse à celle d'ivoire. Ou bien on déterminera directement la réduction au vide, en obser- vant le méme pendule dans l'air ordinaire, puis dans l'air plus ou moins raréfié. De pareilles expériences viennent d'étre faites en Angleterre avec le pendule du capitaine Kater, et l'on a trouvé que la réduction réelle est à la méme réduction faussement calcu- lée jusqu'ici , dans le rapport de 10,56 46,26; cette réduction n'est pas tout-à-fait doublée , comme dans les expériences de M. Bessel. En appliquant la correction donnée par cet astronome, aux expé- riences du pendule faites par M. Biot, on trouve que les nombres d'oscillations qu'il donne doivent être augmentés d'environ 2 1 se- condes par jour; et que, par conséquent, ses pendules à seconde doivent être allongés de 58 millièmes de millimètres : à quoi ser- vait donc de pousser l'exactitude jusqu'à 6 décimales après les millimètres, quand on ne pouvait pas même répondre de la se- conde décimale ? Il faut pourtant avouer que les observations du pendule que l'on a faites pour déterminer la figure du globe n'ont pu, malgré cette inexactitude de la réduction au vide, conduire à une valeur erronnée de l'aplatissement; car, si l'on augmente toutes les longueurs du pendule de quelques centièmes de mil- limètres, la différence des longueurs au pôle et à Péquateur restant la même, le quotient de cette différence par la lon- gueur à l'équateur ne variera pas d'une quantité appréciable, Dès ( 538 ) lors, les savans anglais , et le capitaine Sabine en particulier, ne se trouvent point autorisés à gratifier des mémes erreurs, et la détermination du mètre, et celle du pendule auquel ils ont rap- porté les mesures de leur pays. П paraît qu’on a repris à Londres les observations que le capi- taine Kater fit jadis avec tant d'exactitude, au moyen du pendule qu'il venait d'imaginer. On sera obligé d'altérer un peu la position des axes de cet instrument, afin de pouvoir le retourner dans le vide. La correction que l'on obtiendra pour la station de Londres sera reportée sur toutes les expériences faites dans les autres sta- tions de la Grande-Bretagne. En outre, un des pendules invariables du capitaine Sabine, déjà observé à Londres et à Paris, a été en- voyé à Kænigsberg, ainsi qu'un autre pendule invariable de construction française, dont la marche avait été suivie par M. Arago, dans la salle de la méridienne. Ces deux pendules, observés par M. Bessel, viennent d’être renvoyés à Londres, pour у être de nouveau mis en expérience , soit dans l'air, soit dans le vide. Le résultat de toutes ces recherches sera de lier trois points, Paris, Londres et Koenigsberg , par des observations bien comparables , et de corriger toutes celles des capitaines Sabine, de Freycinet et Duperrey. Longueur du pendule de Kænigsberg. Les déterminations de la longueur du pendule à Koenigsberg obtenues par M. Bessel sont au nombre de quinze ; onze au moyen de la boule de laiton , et quatre avec la boule d'ivoire. Chacune de ces déterminations est basée sur quatre séries d'expériences faites avec le plus long pendule, et sur deux séries faites avec le plus court. M. Bessel a employé ordinairement le mode de suspension dont nous avons déjà parlé, c'est-à-dire une bande métallique enroulée sur un cylindre ; quelquefois il a rendu fixe le point de suspension, en attachant la bande métallique; enfin il a fait usage du couteau, à la manière ordinaire. Dans ce dernier cas , l'axe du mouvement était de 0,051 ligne au-dessus de l'axe du cylindre dans le premier cas, et de 0,056 ligne plus élevé que le point d'attache dans le second cas, bien que la boule fût toujours à la méme hau- teur. Par conséquent, les deux premiers modes de suspension ( 559 ) s'accordent assez bien entre eux, mais non avec le troisième. M. Bessel entre dans beaucoup de détails sur l'erreur que l'on peut commettre avec ce dernier mode de suspension, et il a même re- connu, par un procédé très-ingénieux de M. Repsold, que le cou- teau d'un pendule ne roule pas simplement, mais glisse un peu sur les plans qui le supportent. Voici la moyenue de toutes les expériences : Longueur du péndule simple qui, dans le vide, bat la seconde sexagésimale à l'observatoire de Kænigsberg, 440,8147 lignes de Paris; Hauteur de la station (boule du pendule), 11,2 toises au-dessus du niveau de la mer Baltique ; Diminution de la longueur du pendule, correspondante à cette élévation, 0,0032 ligne; Longueur du pendule au niveau de la mer, 440,8179 lignes. S. RETENIR MÉMOIRE SUR L'ACTION DE LA LUNE Я POUR DIMINUER LA PRESSION DE L'ATMOSPHERE, DÉTERMINÉE PAR LES OBSERVATIONS DU BAROMÈTRE; PAR M. FLAUGERGUES. M. Flaugerguess'occupe depuis vingtans d'observations baromé- triques propres à déterminer l'action dela lune surl'atmosphere, et il vient de publier un mémoire (1) et une addition (2) à ce mé- moire, contenant le résumé de toutes ses recherches à ce sujet. Une constance si admirable lui eüt sans doute mérité la bienveil- lance des savans, si les résultats auxquels il est parvenu s'étaient accordés avec certains travaux analytiques. M. Flaugergues peut nn вааз و ا ا او وا‎ Т ҮЙ (1) Biblioth. univers. de Genève, déc. 1827, p. 264. (2) Jbid., avril 1829, р. 265. (940 ) se consoler de sa disgrâce ; il suffit à sa réputation qu'il ait em- ployé de bons instrumens, qu'il s'en soit servi avec intelligence, et surtout avec un zèle peu commun : si les faits qu'il établit sont vrais, la théorie mieux éclairée s'en rapprochera de plus en plus; mais ce triomphe esi encore éloigné, à en juger du moins par la lenteur et l'incertitude des premiers pas que les géometres et les physiciens ont faits dans cette difficile carrière. Daniel Bernouilli avait d'abord cherché à prouver que, par la force attractive du soleil, la hauteur barométrique devrait étre de 20 lignes plus grande pour ceux qui auraient cet astre au zénith que pour ceux qui l'auraient à l'horizon (Traité du flux et reflux de la mer). D'Alembert réfuta cette théorie, et fixa à 5 lignes la variation barométrique due aux attractions du soleil et de la lune (Recherches sur la cause générale des vents). Le père Paul Frisi ré- duisit d'abord cette variation à + de ligne (De Gravitate univer- I20 sali Corporum), et plus tard, à + de ligne pour le soleil, et à z5 pour la lune ( Cosmographie physice et mathematicæ pars prior et altera). Le père Fontana trouva - de ligne pour cette dernière action (Atti dell Academia di Siena, 1774). Toaldo, en corrigeant la théorie de Frisi, porta à + de ligne les variations extrêmes du baromètre dues à l'action lunaire (Mémoires de P Académie de Ber- lin, 1778). Laplace ayant repris la question dans son ensemble, au moyen d'une analyse plus profonde, trouva d'abord 0,25970 millimètre pour l'étendue du flux lunaire atmosphérique ( Méc. céleste, t. МІ, p. 296); mais ayant ensuite discuté sept années d'observations barométriques faites par M. Bouvard, il réduisit cette dernière valeur à 0,05445 millimètre (Connaiss. des Temps, 1826) ; enfin il crut méme devoir l’abaisser à 0,01763 millimètre, par la discussion de quatre nouvelles années d'observations du méme astronome (Jbid., 1850); et cette troisième valeur n'a méme qu'une très-faible probabilité. Parmiles météorologistes même incertitude. Lambert, au moyen de onze années d'observations barométriques faites à Nuremberg, ne peut décider si les hauteurs de cet instrument sont plus grandes lorsque la lune est à l'apogée que lorsque cet astre est au périgée (Acta helvetica, t. IV). Toaldo trouve que la hauteur du barome- tre est plus grande vers l'époque de l'apogée de la lune que vers l’époque de son périgée, de 0,047 pouce anglais ou 0,529 ligne (541) francaise ( Мет. de U Académie de Berlin, 1778). Le père Cotte, d’après vingL années d'observations, porte à ; de ligne exces de la hauteur barométrique correspondante au périgée lunaire sur la hauteur correspondante à l'apogée (Mém. sur la Météorologie). ^u contraire, le docteur Howard, qui a fait ses observations aux États-Unis , prétend que le baromètre monte le plus souvent dans les quadratures, et qu'il baisse dans le plus grand nombre des syzygies. ( Annuaire du bureau des longitudes , 1895). Suivant cinq années d'observations faites à Mulhausen, par Mayer, la moyenne des hauteurs dans les syzygies surpasse de +, de ligne la moyenne des hauteurs dans les quadratures ; et cette moyenne, lorsque la lune est apogée , surpasse de 0,59 ligne la moyenne du baro- mètre, lorsque la lune est périgée (Mém. sur la Météorol. de Cotte). MM. Van-Swindem et Mothe (Zbid.) on fait à ce sujet des obser- vatious trop peu nombreuses pour en pouvoir rien conclure. M. Flaugergues a observé journellement à midi, depuis 1808, la hauteur absolue d'un baromètre de 2,46 lignes de diamètre, plongeant dans une cuvette de 57,89 lignes de diamètre. Ses ob- servations, faites à la précision d'un centième et demi de ligne, sont corrigées des effets de la capillarité, de la variation du niveau extérieur, de la température du mercure dans le tube et dans la cuvette. Celle-ci est élevée de 56,78 mètres au-dessus du niveau de la Méditerranée. L'observatoire de Viviers est à 2° 20/ 55",5 de longitude E. de Paris, et à 44° 29/ 1" de latitude B. Voici les résultats moyens de toutes les observations faites du 19 octobre 1808 au 18 octobre 1825, tous les jours à midi : > ; . Nombre des Hauteurs du Points lunaires. observations. baromètre. 1 ' mm. Hauteur moyenne générale. . . . . 7281,. . 755,46 Conjonction ou nouvelle lune. . 20947... 795,48 Premer OCEAN cce List оу NN EPS e DRE Premier quadratus. ч Lois 23. aea i da ort NEN TAS ncm Le jour précédent celui du second octant. 288% RES Second eetant. 75 2 Aa рис а алев аа Le jour suivant celui du second octant. . 917) 794,85 Opposition ou pleine lune. . . . . . . 246. . 755,50 ( 542 ) РО ИЛЫ ig Nombre des Hauteurs du . observations. baromètre, mm, ‘Troisième octant.. . . À io + : PAU. : OOO Le jour précédent celui de la 3" даана) 19467: à "SUPR Seconde quadrature. . . . asd М iU A едЕ, Le jour suivant celui de la 2° T Lu. "1. 247... ISL O HAN ENENOCEANES" Tome RON QTY 2L IS ТЕСЕН И, HORREUR МОМЕ wrote erp ter pf d We e Péquatéur. то РЧ ER 654 DOD Lunistice austral.. . . . iso 2 272... DJs Lune périgée (parallaxe ota бо' » i . 965 . . 254,75 Parallaxe horizont. équator. бо min.. . V LUE s s da OE она OC ыы чаны ER PR SO DOS РЕНЕА, Аа гаа SR PE OU ras 723 o APA rogo SAR O noy; distance] 530 v . 799,46 Дз EME ane cn и ИНН, НУРУ d SR AR lc c dedu gie т аге БАК 5 ptis ЈГ. à T TOM : ANS MU Ra SAT SERE DS pad apogée (pile moyenne 54” 4"). . 265 .. 755,75 Les conséquences qui découlent de ce tableau sont de trois es- pèces , suivant que l’on considère l'action de la lune comme dé- pendante de sa position synodique, de sa déclinaison, ou de sa distance à la terre. " Action de la lune dans sa révolution synodique. Par le choix que l'auteur a fait de l'heure de midi pour ses obser- vations barométriques , les hauteurs observées ne sont pas affectées del'action du soleil, ou le sont également ; et, dans tous les cas, on peut assimiler une révolution synodique de la lune à une de ses révolutions diurnes apparentes, pendant laquelle ce satellite agi- rait seul sur notre atmosphère. Alors les phases ne sont plus que l'indication des différentes distances de la lune au méridien ; et, en suivant celle-ci dans une révolution entière, on voit que le mercure du barometre baisse constamment jusqu'à ce que la lune ( 545 ) est arrivée au second octant ; que le baromètre remonte d'ici jus- qu'à la seconde quadrature, pour redescendre ensuite jusqu'à cette premiére position. Au moyen des hauteurs barométriques des jours qui précédent et suivent le second octant et la seconde qua- drature, l'auteur trouve que le barometre atteint son vrai minimum d'élévation, 754,78 millimètres, quand la lune est éloignée de 155° du méridien vers l'est, ou environ 9 h. 18 min. avant le pas- sage de cet astreau méridien ; et que le barometre aniya à son vrai maximum , 756,26 millimètres, quand la lune est à 90° du méri- dien vers l’ouest, c'est-à-dire environ 6 h. 12 min. après son pas- sage au méridien. Ces deux positions de la lune ne comprennent pas des intervalles égaux, en sorte que le baromètre passe plus vite de son miñimum à son maximum, que de ce dernier état au premier. Or, comme l'action de la lune est en raison indirecte de la hauteur barométrique, il suit des résultats précédens, que la plus grande action de la lune pour diminuer la pression atmosphé- rique, a lieu 9 h. 18 min. avant le passage de cet astre au méri- dien, temps auquel commence le flux atmosphérique lunaire; et que la plus faible action a lieu 6 h. 12 inin. après le passage au méridien , époque du reflux atmosphérique lunaire. Ou voit par là qu'il y a une grande différence entre le flux et le reflux de l'at- mosphere , dont l'étendue totale est de 1,48 millimètre et le flux et le reflux de la mer, quoique produits l'un et l'autre principale- ment par l'attraction de la lune, puisque le premier phénomène n’a lieu qu’une fois dans un jour lunaire, et que le BEGG arrive deux fois dans le même espace de temps. Action de la lune en rapport avec sa déclinaison. La déclinaison de la lune , suivant qu'elle est boréale ou aus- trale, modifie encore l'action de cet astre pour diminuer la pres- sion de l'atmosphère. Cette action est plus forte (au moins à la latitude de Viviers) , lorsque la déclinaison de la lune est australe que lorsqu'elle est boréale; ce qui résulte évidemment de ce que la hauteur moyenne du baromètre, lorsque la déclinaison de la lune est australe et à son maximum, c'est-à-dire dans le lunis- tice austral, est plus grande de 0,27 millimètre , que dans le lu- nistice boréal. ( 941) Action de la lune suivant sa distance à la terre. L'action de la lune pour diminuer la pression de atmosphère varie encore suivant la distance de cet astre à la terre. La hauteur moyenne du baromètre augmente, ou l'action de la lune diminue, à mesure que la parallaxe diminue , et cela sans aucune exception ; ce qui suffit pour prouver que cette action n'est autre chose que l'attraction newtonienne de la lune sur l'atmosphère. D’après Newton (Phil. nat. princ. mathem. , lib. Y, prop. 46 , coroll. 14), les hauteurs barométriques doivent étre à peu pres proportion- nelles aux cubes des parallaxes correspondantes de la lune. L'au- teur choisit ici les observations relatives aux parallaxes de 60! et de 54/, savoir, 755,01 millimètres et 755,75 millimètres, pour déterminer l'effet de la lune à toute distance de la terre. En nom- mant а l'effet pour la parallaxe de Go’ et y l'effet pour la parallaxe de 54^, on a les relations a—y=555,75— 755,01, et т: у:: бо? : 54°, qui donnent z = 2,75 et y = 1,099. La moyenne 2,56 millimetres correspond à la parallaxe de 55! 10" ; et celte moyenne, ajoutée à la hauteur moyenne générale du baromètre 755,46 millimètres, donne 757,82 millimètres pour la hauteur moyenne véritable du barométre à Viviers, c'est-à-dire celle que l'on trouverait s'il n'y avait plus de lune. Maintenant si, en partantde cette hauteur moyenne et de l'action de la lune pour la parallaxe de 57'10", on calcule les actions cor- respondantes à toutes les autres parallaxes, et qu'on les compare aux observations, ou trouvera Action de Hauteurs moyennes. Parallaxes. la lune. Calcuiées. Observées. Différences. Oy ОЗ erbe 170000. -icq709501 les JDE Bone ee «udo Ore 755,25 . . 555,50 . . +0,07 Б ra AD. ud» ten acie val Dad ljus: alle + 0,05 DE ue ОД ampesot ПУН суи: 755,46. 002 56 2,92 ... 755,00 . . 755,90 Жы. — 0, 10 55 2152,10. 15:4 15101700579 f» 157 009 LE E 54 aat Pc co ү т: 755,85 . . 755320 jp — 0,08 ( 545 ) « Les différences des hauteurs moyennes déduites des observa- tions, avec les mêmes hauteurs calculées, ne sont pas, comme on voit, bien considérables; elles sont irrégulières et de différens signes , et tout indique qu'elles proviennent des variations acciden- telles. Ainsi, on peut espérer, ajoute l'auteur, que , dans la suite , le temps amenant des chances contraires, ramènera bientôt les ré- sultats de ces observations à suivre la loi de la proportionnalité avec le cube de la parallaxe , ou avec le rapport inverse du cube de la distance de la lune à la terre, comme une conséquence de la gravitation universelle en raison inverse du carré de la distance, et j'aurai ainsi la satisfaction d'avoir ajouté un petit fleuron à la couronne immortelle de Newton ». Variations diurnes du baromètre. M. Flaugergues a aussi observé la variation diurne du baro- mètre dépendante de l'action solaire. Il a porté principalement son attention vers le minimum du matin, dont l'observation a toujours été un peu négligée. П a observé le baromètre pendant un an, à 5 h., à 4 h. età 5 h. du matin. Vers le solstice d'été, le minimum arrive quelquefois à 5 h.; mais le plus souvent à 52, ou à 4 h. Vers le solstice d'hiver, ce minimum était retardé bien rarement jusqu'à 5 h. ; mais il avait lieu le plus souvent à 4 + h. , et méme à 4 h. Alors M. Flaugergues s'est borné, les années suivantes, à obser- ver un autre baromètre tous les jours à 4 h. du matin, et, dans le reste de la journée, à 9 h. du matin et à 3h. du soir, d'apres la méthode de Ramond. Il résulte des observations complètes de 977 jours, que, depuis 4 h. jusqu'à 9 h. du matin , le baromètre monte, à Viviers, de 0,524 millimètre; que, depuis 9 h. du matin jusqu'à 3 h. du soir, le baromètre descend de 1,129 milli- mètre, pour remonter ensuite; à 8 h. du soir, son ascension est déjà de 0,505 millimètre, d’après un plus petit nombre d'obser- vations. Alors M. Flaugergues a pu calculer la table suivante de ces variations : ( 546 ) 4 h. du matin. . . 0,605 mm. 10 h. du matin. . 1,074 mm. 5 х t REOS I GLO 1I id. . . 0,966 6 TRES HITS тїї....... 0,804 7 tU 1:0 0? N LS 008 1 h. aprés midi . 0,589 8 ОКАН, SETS VS led) 2 id. . 0,921 9 TINI (E eum . 0,000 En traitant la courbe de ces observations par la méthode des maximum et minimum, vn trouve que la variation maximum, 1,157, arrive à 8 h. 25 min. du matin, et non à 9 h. , comme on le croit communément. Enfin, l’auteur а trouvé que les nombres de jours pluvieux, pendant vingt ans, ont été dans les rapports suivans : Nouvelle lune. . . 78]|Dernierquartier. . . 65 Premier quartier. . 88| Lune périgée. . . . об Рїеїпе lune. . . . S2] Lune apogée. . . . 94 RECHERCHES SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES FLUIDES ÉLASTIQUES ; PAR M. Durosc. ( Extrait.) M. Dulong entre d'abord dans une discussion fort étendue sur les recherches qui ont été faites pour déterminer la chaleur spé- cifique des gaz. Nous abrégerons cette partie de son mémoire; mais nous rapporterons en entier les recherches qui lui sont propres. П semblait que le travail de MM. Laroche et Bérard (Ann. de Chimie , t. LXXXV, p. 72 et 115) avait fait cesser toute incerti- tude sur la chaleur spécifique des gaz soumis à une pression cons- ( 547 ) tante, lorsque М. Haycraft, d'abord, et ensuite MM. de la Rive et Marcet sont venus révoquer en doute les résultats des physiciens francais, et ont cherché à établir que tous les gaz simples ou com- posés ont, sous le méme volume et à force élastique égale, la méme chaleur spécifique. L'appareil de M. Haycraft ( Edinburg's philos. Trans., et Annal. de Chim. et de Phys., t. XXVI, p. 298) ne diffère pas essentielle- ment de celui de MM. Bérard et Laroche ; mais, au lieu de me- surer l'élévation de température produite dans le calorimètre, M. Haycraft,a u moyen de deux appareils parfaitement sembla- bles, se bornait à constater si, dans les mémes circonstances, des volumes égaux de deux gaz cédaient aux calorimètres des quan- tités de chaleur égales ou inégales; et de ces expériences compa- ratives, il avait conclu que tous les gaz simples ou composés ont, à volume égal, la méme capacité pour ta chaleur. M. Dulong fait d'abord observer que les expériences de M. Hay- craft n'ont été faites que sur 6 gaz, dont 4 simples et 2 compo- sés, savoir l'acide carbonique et le gaz oléfiant; que ce dernier a constamment indiqué une capacité supérieure à celles des autres; et que l'acide carbonique étant le seul des gaz composés qui ait paru avoir la méme chaleur que les gaz simples, on ne peut pas conclure d'un seul gaz composé à tous ceux du méme genre; qu'enfin, les détails des expériences n'étant point suffisamment indiqués, on ne peut juger de l'exactitude de ces dernières. MM. de la Rive et Marcet publièrent ensuite, sur les chaleurs spécifiques des gaz, un premier mémoire dans les Ann. de Chimie et de Phys., t. XXXV, p. 5; puis un second mémoire sur le même sujet, et en employant la méme méthode expérimentale, que l'on trouve au numéro précédent de nos Annales, p. 176. Le résultat de leurs recherches fut, qu'à volume égal tous les gaz, tant simples que composés, ont la méme chaleur spécifique. Dans les premières expériences, le gaz remplissait un ballon de verre de 4 centimètres de diamètre, et de + millimètre d'épaisseur. Par conséquent, la chaleur que prenait le ballon était à la chaleur que prenait l'air, par exemple, comme 126 est à 1. Pour un autre gaz, dont la capacité eût été d'un quart supérieure à celle de l'air, la chaleur nécessitée par cet accroissement de capacité n’eût été que la 555 partie de ia quantité totale : quantités trop minimes 500 ( 548 ) pour pouvoir étre appréciées; mêmes remarques à l'égard. des nouvelles expériences. En second lieu, les physiciens génevois semblent avoir oublié que le refroidissement ou le réchauffement d'un gaz n'est pas simplement proportionnel à sa capacité pour la chaleur, mais qu'il se trouve encore fonction de la conductibilité de ce gaz, ou plutót de sa mobilité , de sa densité. MM. Dulong et Petit ( Mim. d" Arcueil, t. I", p. 201, et Journal de Physique, t. LXXXIX, p. 357) avaient bien caractérisé cette propriété conductrice des gaz; ils avaient fait voir que, d'un côté, le plus mobile de ces gaz réchauffait le plus vite un thermomètre qu'on y plongeait, et que, d'un autre cóté, ce méme gaz arrivait plus vite que tout autre à l'équilibre de température avec son enceinte; de telle manière que, dans le premier cas, on lui eût attribué la plus grande capacité pour la chaleur, et la plus petite dans le second cas. M. dela Rive et Marcet ont cru voir dans les differences des temps de réchauffement d'un méme gaz soumis à des pressions diverses, un argument sans réplique en faveur de leur méthode. M. Dulong démontre qu'il n'en est rien, et établit en méme temps une formule par laquelle on pourrait calculer les résultats en ques- tion sans admettre une diminution de capacité pour la chaleur quand la densité du gaz diminue. « En définitive, ajoute M. Dulong, il ne me parait pas possible d'imaginer une disposition d'appareil, ou une manière d'opérer, qui permette de conclure les chaleurs spécifiques des gaz, de l'ob- servation des temps de leur réchauffement ou de leur refroidisse- ment. Les résultats de Laroche et Bérard sont donc encore ceux qui doivent inspirer le plus de confiance; et, s'ils laissent encore désirer une plus grande précision, ils suffisent bien pour mettre hors de doute que tous les gaz simples ou composés n'ont pas, sous le méme volume, une égale capacité pour la chaleur. Toutefois, ces déterminations se rapportent seulement aux gaz soumis à une pression constante; la question relative à la supposition d'un vo- lume constant reste tout entière. Envisagée sous le point de vue scientifique , celle-ci présente de beaucoup plus grandes difficultés que la premiere ; jusqu'à présent même, aucune méthode directe n'a été indiquée pour la résoudre. » Laplace a démontré que la formule donnée par Newton pour ( 949 ) caleuler la vitesse de propagation du son ne s'accordait avec la vitesse effective que quand on multipliait la vitesse calculée, par 1а racine carrée du rapport de la chaleur spécifique de l'air sous une pression constante , à la chaleur spécifique du méme fluide sous un volume constant. ( Méc. céleste, t. V, p. 125.) M. Poisson démontra aussi ce résultat, mais d'une manière plus directe. MM. Clément et Désormes, d'une part, et MM. Gay- Lussac et Welter, d'autre part, arrivèrent, au moyen d'expériences directes , à la détermination de ce rapport. Mais ces expériences, non plus que celles de M. Dalton et de M. Despretz, ne peuvent conduire à des résultats suffisamment exacts, d’après l'opinion de M. Dulong. « J'ai pensé, continue-t-il, qu'on y parviendrait plus sürement en recherchant la vitesse réelle du son dans chaque fluide élas- tique, et en la comparant, conformément à la théorie de La- place, avec celle qu'indiquerait la formule de Newton. » Nous admettons douc, comme un principe démontré, que le carré du quotient de la vitesse réelle du son dans un fluide élastique quelconque, divisée par la vitesse calculée d'aprés la formule de Newton, est égal au rapport de la chaleur spécifique sous une pression constante, à la chaleur spécifique sous un volume cons- tant. Ainsi, la recherche de ce rapport se réduit à celle des vitesses réelles du son dans les divers fluides élastiques. » Pour tout autre gaz que l'air atmosphérique , on ne peut son- ger à mesurer directement la vitesse de propagation d'une onde sonore ; il faut évidemment recourir à un moyen indirect. La théo- rie des instrumens à vent en a suggéré un qui a été indiqué et mis pour la premiere fois en pratique par Chladni et Jacquin (Chladni, Traité d'acoustique, p. 87 et 274.) Ce moyen consiste à faire parler un méme tuyau, à embouchure de flüte, successivement avec tous les fluides élastiques, supposés à la méme température, et à dé- terminer la hauteur du ton donné par chacun d'eux. En admet- tant que la colonne fluide contenue dans l'instrument éprouve le méme mode de subdivision dans tous les cas, qu'il corresponde, par exemple , à ce que l'on nomme le son fondamental, ou le plus grave de tous ceux que la théorie de Bernouilli indique pour le méme tuyau , on arrive facilement à connaitre Та longueur d'une onde et sa durée dans chaque fluide élastique. et, par conséquent, ( 55° ) la vitesse avec laquelle un ébranlement se propagerait dans cha- cun d'eux. » M. Dulong cite rapidement les expériences faites à ce sujet par Chladni, par Kerby et Merrick, par M. Renzemberg de Dussel- dorf; enfin, par M. Richard Van Rees, dans le laboratoire de M. Moll. « La discordance , dit M. Dulong, des résultats obtenus par les habiles expérimentateurs que je viens de citer, ne laissaient guère d'espoir d'arriver à une solution satisfaisante de la question par l'emploi des mémes procédés. » On devait soupconner que ces observations n'étaient pas exac- tement comparables , soit parce que les gaz n'avaient pas toujours été exempts d'impuretés, soit parce que le mode d'insufflation pouvait, indépendamment de toute autre cause, faire varier la hauteur du ton. Je résolus donc de reconnaitre et de vaincre, s'il était possible, les difficultés inhérentes à ce sujet. » D'abord, je voulus savoir quel degré de précision on pouvait attendre de ce genre d'expériences; pour cela, je fis parler des tuyaux de divers calibres avec de l'air atmosphérique. Ces tuyaux, à embouchure de flüte, réunissant les proportions que l'expé- rience a fait découvrir comme les meilleures pour obtenir un son plein et difficilement variable, étaient placés horizontalement dans l'air libre, et l'on y faisait passer un courant d'une vitesse con- stante, à l'aide d'un gazomètre muni d'une éprouvette qui laissait juger le degré de pression initiale. Cette pression était ordinaire- ment de 5 centimètres d'eau. » L'auteur discute d'abord l'expérience analogue de Daniel Ber- nouilli, citée dans les Mémoires de Р Acad. des Scienc. , pour 1762, p. 467, et il la trouve, contradictoirement à l'opinion de ce géo- mètre, aussi contraire au résultat de l'observation de la vitesse du son, que les expériences de ce genre qu'il a faites lui-méme. « Ce géomètre, continue M. Dulong, avait indiqué un procédé fort ingénieux, et qui parait susceptible d'une grande exactitude, pour mesurer la longueur des colonnes d'air qui vibrent à plein orifice. Ce procédé consiste, comme l'on sait, à enfoncer un pis- lon gradué dans le tube sonore, jusqu'à ce que celui-ci rende le méme ton que lorsqu'il était ouvert. La distance de la surface an- { 351 ) térieure du piston à l'orifice du tube est prise pour la longueur de la colonne d'air vibrant à plein orifice dans le tuyau bouché par un bout, qui serait à l'unisson du premier. C'est ce moyen que j'ai d'abord employé sur des instrumens de longueurs très-différentes, en y joignant la détermination du nombre exact de vibrations cor- respondant à chaque son. Pour ce dernier élément, la siréne de M. Cagniard de Latour m'a paru ne rien laisser à désirer. Quand on s'est familiarisé avec cet instrument, la précision de ses indica- tions est presque illimitée. La sirène dont je me sers habituelle- ment porte un disque mobile assez épais pour conserver une vi- tesse invariable pendant les intermittences trés-courtes du courant qui la fait parler. Une soufllerie d'un orgue de Grenié , qui permet d'augmenter à volonté la vitesse du vent, en appuyant plus ou moins sur une pédale, sert à entretenir le mouvement du plateau à un degré tel, que le ton de la siréne se maintienne à l'unisson de celui que l'on veut évaluer : pour des sons purs et forts, l'oreille est sensible à de très-petites différences, et en soutenant pendant quatre minutes au moins , comme je l'ai toujours fait, le mouve- ment du plateau, si l'unisson est d'ailleurs bien observé, on voit que les erreurs que l'on peut commettre en engrenant la roue du compteur, ou en l'arrétant , se trouvent réparties sur un intervalle aussi grand qu'on le veut, de manière à s'affaiblir de plus en plus. » П serait inutile de décrire en détail des expériences qui ont . toutes été faites de la méme manière : je me contenterai d'en rap- porter les résultats dans le tableau ci-joint (1) : шишиши (2) D'aprés la théorie, la vitesse du sou dans un gaz est égale à deux fois le produit dela longueur du tuyau, parle nombre des vibrations du son qu'il rend dans le méme intervalle de temps, c'est-à-dire en une seconde. Ainsi, dans le tableau'suivant les nombres de la dernière colonne (vitesse du son, déduite de la demi-concamération finale) sont le double produit des nombres correspondants des 8* et 9° colonnes (nombre de vibrations par seconde sexagé- simale et distance de la surface antérieure du piston à Рогі[ісе). Le calcul est l4 même dans les tableaux des pages 554 et 558. осе] "P | m |go‘érle‘ccé| m | ‘or [|| omi cpm Dti m enl anb invi dut тес Жетишет а EE pm m бї Rr dis: ibd gcc | c‘chél oc | ‘lil gt6| c С 49 c‘cc| с*09 gt o chig @ 45 g gelo gih 65 |р |р ‘pr | ‘pr vii 'әлә1вләА юл] gi Ure | 6 Р oc |Gt*ec|t bat € Ct oc c*9c 19 ст|әзор әр 91ny9noqur 44 cgo] ‘pr | “pr 146] 290 pps |р | ‘pr | ‘pr | m от ‘опер ÿ‘occ т | ‘pr | сосуд pp | op | "P y ‘pi 6 |-ләр op souuoqua gc‘iec | cfche) oc c'cc|lo*got] € 9 сс ©°“с©| 609 g ічо,рәјләлпоә әцәпоя т©обс pr | m ve YOY) ow | m "mj mi m S0 0 : 2066 в ес] 6 | 6%с%Ф%90) e | с ct Vi] c't9 C9 Les | с‘) oc | 9‘Lolc‘Gcz qu 8 b «9|c1*Zct ge 99961] "~ | "P |82%01|9*46) m | m | mj ‘pr | т ve ‘gee › * [ео 20491 c'c46 с 7 сс 91| 16c сс ‘әлү 9qonogq GSE © = [2 m отого € PD mi рт ec cec] ° ° [gos [ghae hos] € | wm | pr | "| m 9 Sy EC y р! 1 “сє 9*o6t B p р! ЕД т c cíceg [с.с] „0б | t5ee| t 6y аб | «c£ | S «cel Gog Vi «D дй ер LSI S?93|4.9 £ ' El А 4 ; "E^ леко |25 ү шык шв |” E 3 à z Ses BESTS el SET 15 д 18 [es z S78 (аа eet IE |92 © | 9 5 =E PENE EA 8 | 8 لن ا‎ | 8 E = ES I E | ( 355 ) » Toutes ces observations s'accordent à donner une vitesse de propagation trop petite; on voit d'ailleurs que l'erreur est à peu prés la méme en considérant des tons graves ou des tons aigus. Cette remarque suffit pour écarter l'idée qu'elle pourrait provenir de là chaleur enlevée ou cédée à la colonne fluide par les parois du tuyau; car, si cet effet était sensible, il le serait davantage sur les tons les plus graves, produits par des vibrations plus lentes, et, partant , exposées plus long-temps û l'influence de la cause retar- datrice. » Mais la théorie plus générale et plus conforme aux effets natu- rels que M. Poisson a donnée du mouvement de l'air dans les tuyaux de flûte (Мет. de U Acad. des Scien. , 1817, р. 305), sug- gérant quelques doutes sur la vraie longueur de la demi-concamé- ration finale, j'ai voulu essayer si, comme cette théorie l'indique, la mesure de l'intervalle entre deux nœuds consécutifs ne conduirait раз à des valeurs plus rapprochées de la vitesse du son. Le tableau suivant offre les résultats d'une série d'expériences dirigées vers ce but. Note (1) du tableau suivant. « En faisant ces expériences , j'ai eu l'occasion de remarquer un fait assez curieux qui mérite d'étre rapporté. Lorsque l'on modifie, par degrés insensibles, l'ouverture de la bouche d'un tuyau de flûte ordinaire , ouvert par les deux bouts, on finit par lui donner une grandeur telle que le son fondamental et son octave en sortent avec la méme facilité. Dans ce cas, le tuyau rendant actuellement le ton le plus grave, si l'on agite l'air avec la bouche prés de l'orifice du tube, perpendiculairement à sa direc- tion, comme pour éteindre une bougie, le courant d'air générateur du son continuant d'ailleurs avec une vitesse constante, le ton passe à l'octave aiguë et y persiste. Alors, si l'on fait sonner par un autre tuyau l'octave un peu for- tement, le tuyau de flûte repasse à l'octave grave.» En comparant ainsi les deux premiers tons donnés par le même tuyau ouvert par les deux bouts, on trouve qu'ils sont presque rigoureusement à l’octave Pun de l'autre; mais, quand le méme tuyau est successivement ouvert et fermé par le bout opposé à l'em- bouchure, le son aigu est à peu prés d'un demi-ton au-dessus de l'octave du son grave, du moins pour le tuyau employé par l'auteur. ( 554 ) 5 $ э ә & ° AT qe. ce « . . . . . 285 адк pi |at'ev p "S p p | "829 10| osse a] 11108 әле v әт бс) * '" |9921 | ос" ИД cs їў|-әтаешәр“фшоүд op әш} KOCE s. 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Excepté pour la 65* expérience. » On peut conclure de tout ce qui précède, que la valeur ab- solue de la vitesse du son dans l'air libre ne peut étre exactement déduite de la position des surfaces nodales déterminée par le pro- cédé de Daniel Bernouilli, lorsque d'ailleurs la durée des vibra- tions de la colonne d'air ne laisse aucune incertitude dans sa me- sure. » Cette différence ne provient point d'une inexactitude dans la détermination de la vitesse du son dans l'air, ni des variations de la température, comme l'auteur s'en est assuré. L'expérience prouve d'ailleurs que les parois du tuyau n'influent point sur la température de la colonne d'air en vibration. Il faut donc admettre que la propagation du son est moins rapide dans une colonne d'air limitée que dans ce fluide supposé indéfiniment étendu. «J'ai voulu savoir, continue M. Dulong, si, avec un mode d'ébranlement plus conforme aux suppositions de la théorie, on arriverait à une solution plus exacte. J'ai donc cherché à ébranler la colonne d'air renfermée dans un tuyau bouché par un bout, en faisant vibrer, à l'extrémité ouverte, une lame élastique dont le ton pouvait étre déterminé fort exactement ; c'était d'abord un simple diapason, dont je placai une des branches dans le plan de l'orifice d'un tube, que je reconnaissais à volonté , en y versant du mercure jusqu'à ce que le ton rendu par le tuyau, et qui était toujours le méme que celui de la tige élastique, fût le plus fort possible. Alors, en mesurant Іа longueur du tube, on pouvait, comme précédemment, en conclure une valeur de la vitesse du Son. ... . А la température de 20°, une verge élastique qui ren- dait un son de 504 vibrations par seconde , faisait résonner le plus fortement une colonne d'air de 55,2 centim. de longueur, et renfermée dans un tuyau bouché par un bout. En considérant la longueur de cette colonne comme une demi-concamération finale, elle correspondrait à une vitesse de 334 m. , au lieu de ( 356 ) 345,2 m. — J'ai fait souder un disque de cuivre de 2 centimètres de diamétre à chacune des branches d'un autre diapason ; ce qui a fait descendre le ton d'une tierce et 7 de ton : j'ai déterminé le nombre des oscillations correspondant à cette modification de l'instrument, et, en le faisant vibrer à l'orifice d'un tube dont je variais à volonté la profondeur, j'ai déterminé celle qui donnait le son le plus intense : Nombre de vibrations. . . . . . 604,4 Profondeur dutube. . . . . . . 22,9 centim. Profondeur d’après la théorie. . . . 25,9 id. Ainsi, ce nouveau mode d’ébranlement, qui doit produire des mouvemens parallèles à l'axe du tuyau, conduit encore à une vi- tesse trop faible: » П ne restait donc plus qu'à s'assurer si cette discordance, quelle qu'en soit la cause, n'affectait pas proportionnellement la mesure de la vitesse du son dans tous les gaz. Voici comment l'au- teur s’y prit : А « Le tuyau де flüte placé dans une grande caisse de bois dou- blée de plomb en dehors et en dedans, et convenablement étayée dans l'intérieur pour supporter la pression de l'atmosphère , rece- vait d’un gazometre à pression constante le fluide élastique préa- lablement desséché par un sel déliquescent, ou par de la chaux caustique. Sur la face de la caisse opposée à celle qui était tra- versée par le porte-vent, on avait pratiqué trois ouvertures; l'une, bouchée par un disque de glace , derrière lequel était un thermo- mètre ; l'ouverture du milieu communiquait avec un large tube de verre qui pouvait étre fermé par un bouchon à vis; enfin, la troi- sième ouverture laissait passer, à travers une boite à cuir, une longue tige rodée qui servait à introduire un piston dans le tuyau, afin de connaitre la position de la surface nodale. Aprés avoir fait le vide dans la caisse à l'aide d'un tube de plomb que l'on vissait sur la machine pneumatique , on la remplissait avec un fluide élas- tique ; puis, en ouvrant le bouchon à vis, l'écoulement du gaz qui faisait parler le tuyau continuait sous la pression constante de l'atmosphère, sans que l'air extérieur pût se inéler avec le gaz in- ( 357 ) térieur ; apres avoir pris l'unisson du ton fondamental donné par chaque fluide élastique, lorsque le tuyau était ouvert, on intro- duisait le piston, pendant que l'écoulement du gaz et le son se prolongeaient, jusqu'à ce que l'on eût obtenu le ton primitif; alors l'enfoncement de la tige permettait, dans chaque cas, de con- naitre la position de la surface nodale.... Avec les gaz les plus dif- férens pàr leurs propriétés physiques, tels que le gaz hydrogene et le gaz acide carbonique, la surface nodale était exactement à la même place. Ce point était trop capital pour que je ne cherchasse pas à le mettre hors de doute ; aussi ne l’ai-je admis comme un fait positif et général, qu'aprés lavoir vérifié sur six gaz diffé- rens ; mais, ce principe une fois reconnu, il est évident qu'il suf- fit de constater les nombres de vibrations correspondant aux tons obtenus des mémes tuyaux, parlant successivement avec tous les fluides élastiques ; ces nombres exprimeront les rapports des vi- tesses de propagation du son dans les divers fluides. On pourra donc déterminer, par un calcul très-simple , la valeur du rapport de la chaleur spécifique à pression constante, à la chaleur spéci- fique à volume constant pour tous les fluides élastiques autres que l'air atmosphérique ; la valeur de ce méme rapport étant connue, quant à ce dernier fluide, par la comparaison de la vitesse réelle et de la vitesse calculée d'aprés la formule de Newton. La table suivante présente des résultats relatifs à six fluides élastiques, choisis convenablement parmi ceux que l'on peut se procurer en assez grande quantité. 12. Élévation de tempé-| ~ D Le) © © 4 a Las] Гав) Š rature produite par une| & | а. а 5 Gl | ul | i ? 67*| = = VT | > Y condensation d'un 2 67°] e T = E т z du volume primitif, o о supposé à of et à 0,56, д еа TETE SEE 6 P PL Е = 11. Chaleur spécifique à | 2 12 © = | une | >з „ pression constante, d'a- 5 e a о | к раб | pres !ев observations de| _ | X E Ts T ic rs Laroche et Bérard, 10. Chaleur spécifique | ә | s | à pression constante , - | - > | celle de l'air étant prise| _ | i n" ^ ы e e pour unité. 9. Chaleur spécifique à | le | SS | volume constant, celle | Si | К © | de Pair étant prise pour | D E E У ml unité. z j © 8. Rapport de la chaleur) _ 16 puo | gs | SE | кзз | 3 c spécifique à pression С] | چچ ا چچچ‎ | 88 m | i: iy constante, à la chaleur ior Ты os | Se ue ЕЕ LAE is in spécifique à volume constant. T CUBO MES J 7. Vitesse de propagation | =] ^ | © + | Ф Й | du son, à la températu-| = ES S бы Us ИЕ 5 t 5 TEC ES © e © re део”, déduite du on 5 б - | 2 S | A LE | donné par chaque flui- | > de. ;. i ER + Q 6. Vitesse de propagation & | ك‎ | = | & | du son, à la températu- | 2 em 5 e$ is تر اي‎ re de o, d’après la for-| 2 | © e Mes es m mule de Newton. ^ 9 SENE СОТТЫ: NS em c oo ONE 5. Nombresadoptés dans | а ЕА + ra | кы ыы | le calcul pour la densité | © © à © |25 © | du fluide. Ф E ES e d E 3 | hei ic ед 4. Température, therm. | , vi À | c a | E | о | centigrade. S a ГЕТЕ а а = T oo oo bs : А асот LO су, Q 5. Nombre de vibrations + | END | <, | e | EC | a NS | i E is en une seconde sexagé- кешсе | de | 25 |218 К simale. 5 | rere 1 90 90 115 и | | | | ^a © - - - 2. Tons donnés par le|-2 =>] | "UL | méme tuyau de 60 cen- H - а | 5° | S | 5 © AN limétres. 3 | | Е | аат REGEM СЕТ. ДАТА АЗАЯ E 5 d ox g ча E Е Ж. у з, SS 48. ues 3 A g S | E = ez i È de дш: © ja |2| 1. Noms des fluides = EP | E = | z E = | élastiques. E 5 | & S | E E E 8 z - 22 "S X c ri E © F — o c = < ( 539 ) «Les nombres, dit M. Dulong, qui marquent le rapport des deux chaleurs spécifiques sont tous plus grands que l'unité : ce qui doit être, puisque c'est la chaleur spécifique à volume cons- tant que l'on suppose égale à l'unité, et que la quantité de chaleur nécessaire pour produire une méme élévation de température avec dilatation, est toujours plus grande que celle qu'il faudrait pour accomplir la méme variation de température sans changement de volume. Ainsi, la chaleur nécessaire pour faire varier d'un degré une certaine masse de gaz, d'air, par exemple , lorsque son vo- lume reste invariable , étant prise pour unité, la chaleur néces- saire pour produire une élévation d'un degré dans la même masse, libre de se dilater sous sa pression primitive, serait 1,421; etson volume augmenté de +, si l’on partait de la température zéro. Maintenant, supposons que, aprés avoir subi ce changement de température et de volume, la masse soit instantanément réduite à son volume primitif sans éprouver aucune perte de chaleur, l'élé- vation de température qui se manifestera sera due tout entière à la portion de chaleur correspondante au seul changement de vo- lume, à la quantité de chaleur qu'absorberait la méme masse en se dilatant de zz, sans changer de température ; et comme la capacité, sous le volume primitif, est prise pour unité, l'excés 0,421 du pre- mier nombre sur l'unité serala mesure de l'effet thermométrique pro- duit dans la masse, sous un volume constant, par la chaleur que dégagerait une compression équivalente а +. Le méme raisonne- ment s'applique à tous les autres fluides élastiques, et l'on peut ainsi comparer les élévations de température qui résulteraient , dans tous ces corps, d'une méme compression. » On -voit que, pour les gaz oxigène, hydrogène et pour l'air, c'est-à-dire pour les gaz simples, le rapport des deux chaleurs spécifiques est, à fort peu prés, le méme. Comme c'est en élevant au carré les nombres fournis immédiatement par l'observation que l'on obtient ces coefficiens, on ne fera aucune difficulté d'attri- buer aux erreurs de l'expérience les petites différences que l'on y apercoit. »La fraction qu'ils comprennent pouvant étre regardée comme exprimant l'élévation de température produite dans ces fluides par une condensation subite de + de leur volume à 0°, on en con- cluerait donc que ces gaz, en subissant une méme condensation , ( 560 ) éprouvent une méme élévation de température ; or, s'il est reconnu que les gaz élémentaires ont la méme chaleur spécifique sous une pression constante (Ann. de Chim. et de Physiq. , t. X, p. 406) , la manière la plus simple et la plus probable d'interpréter ce résultat, c'est d'admettre que la chaleur spécifique de ces gaz à volume con- stant est aussi la méme, et que tous ces fluides dégagent une méme quantité absolue de chaleur pour une condensation égale. Quant aux autres substances gazeuses, on voit que le rapport des deux cha- leurs spécifiques devient en général d'autant plus petit, quele gaz auquel appartient ce coefficient possède une capacité plus grande ; par conséquent, l'élévation de température produite dans ces divers gaz, par une méme condensation, est d'autant plus faible, que la chaleur spécifique est plus grande. » On est ainsi conduit à rechercher si ces différences de tempé- rature ne proviendraient pas uniquement de la différence de capa- cité des divers fluides. Les rapports qui résulteraient de cette sup- position entre les chaleurs spécifiques des quatre gaz composés sur lesquels j'ai opéré, se lisent dans la 9* colonne du tableau pré- cédent; et, en caleulant toujours dans la méme hypothèse les chaleurs spécifiques sous une pression constante, on trouve des nombres qui différent trés-peu de ceux qu'ont obtenus, par des observations directes, Bérard et Laroche, ainsi qu'on peut le voir en confrontant les colonnes 10 et 11 du méme tableau. » П en serait donc des gaz composés comme des gaz simples, et nous serions conduits à cette loi générale, remarquable par sa sim- plicité, savoir : 1* que des volumes égaux de tous les fluides élastiques pris d une méme température et sous une méme pression , étant com- primés ou dilatés subitement d'une méme fraction de leur volume, dé- gagent ou absorbent la même QUANTITÉ ABSOLUE DE CHALEUR; 2° que les variations de TEMPÉRATURE qui en résultent sont en raison inverse de leur chaleur spécifique à VOLUME CONSTANT. » Dans un second Mémoire, M. Dulong recherchera les altéra- tions qui surviennent dans la valeur des coefficiens qu'il vient de déterminer, lorsque l’on fait varier la température et la pression. Jl examinera aussi les lois de la chaleur spécifique des gaz compo- sésrelativementà leur composition. Enfin, il étendra ses recherches au cas des vapeurs. (Annales de Chimie et de Physique, t. XLIX , p. 113-159.) MÉMOIRE SUR UN NOUVEL OPSIOMÈTRE ; par C. J. Lenor, ingénieur au corps royal des ponts et chaussées ; Cet instrument est fondé sur un fait connu depuis long-temps : en effet, on trouve décrit dans plusieurs ouvrages sur l'optique , l'apparence que présente une ligne droite placée près de l'œil et dans la direction de son axe ; mais on n'avait point tiré parti de ce phénomène pour faire un instrument commode avec lequel on pût mesurer l'étendue de la vue, et donner immédiatement la longueur du foyer des verres propres à la corriger. Ce nouvel opsiomètre est composé d'une règle de quatre-vingts centimètres de longueur, et de cinq de largeur. Au milieu de cette règle, qui est couverte de velours noir, on tend, parallèlement à sa longueur, à l’aide de deux boutons de bois, un fil de soie blanche. J'avais d'abord employé un fil de soie noire sur un fond blanc ; mais j'ai trouvé que l'élargissement de la ligne noire, par l'effet de la confusion de la vue, était moins sensible que celui de la ligne blanche. Le long de cette règle, et à trois millimètres de distance, est fixée une tringle de bois graduée en centimétres. Sur cette tringle glissent quatre boîtes de cuivre, fendues à leur partie infé- rieure pour glisser à frottement sur la regle. Ces boites portent des index qui aboutissent au milieu de la grande règle ; et de petits appendices de cuivre , divisés en millimetres, qui permettent d'es- timer la distance de l'index au zéro de l'échelle. La grande règle et la tringle de bois sont ajustées dans deux socles, dont l'un porte un anneau de quinze millimètres de dia- mètre , dont le plan est perpendiculaire à la règle , et dont le cen- tre „ placé à trente-cinq millimètres au-dessus, correspond au fil de soie. А deux centimètres de distance de cet anneau est fixée une planche mince d'environ vingt centimétres de longueur, et qui est percée d'un trou circulaire de vingt millimètres, dont le centre correspond au centre de l'anneau. Si l'on applique un œil à l'ouverture circulaire, la partie du fil а; 24 ( 362 ) blanc voisine de l’œil parait demi-transparente , et sous la forme d'un angle , dont le sommet se trouve sur le fil à une certaine dis- tance, que je désigne sous le nom de première limite de la vision dis- tincte. Pour le plus grand nombre de personnes, la portion qui suit immédiatement ce point parait nette et d'un blane mat, sur une certaine longueur. Ensuite , elle reparait sous la forme d'un angle opposé au premier , dont le sommet détermine la seconde limite de la vision distincte; et l'intervalle entre ces deux points est ce que j'appelle le champ de la vision distincte. Un verre biconvexe ou plan convexe, interposé entre Рей et l’objet, rapproche les limites de la vision distincte, et cet effet est d'autant plus considérable que le foyer du verre est plus court. Un cil dont : centimètres. millim. lapremière limite était à. . . . 27 5 la seconde limite а. . . . . . 33 » le champ de», OSL esta 5 étant arme d'un verre de 45 c. de foyer. la premiere limite etall;d. c up iem ая 1 la secondelimite à з. гаша AS 7 le. charap еу... ns мы e 5 6. Le méme œil, étant armé d'un verre biconvexe de 22° de foyer: centim. millim. la premiere Iimite'etait алал щын 9 9 iB deuxieme c6 04 дь» пами 1 Ic трае рео е 3 2. Les limites de la vision distincte sont d'autant plus prés de Гей et le champ d'autant plus petit , que le fil que Роп regarde est teint d'une couleur plus réfrangible (1). Un verre biconcave interposé entre l'œil et l'objet, éloigne les limites de la vision distincte, et en augmente le champ. س ر (1) Chez une personne les limites de la vision pour l'œil droit qui étaient de 28 centim. et 46 centim. lorsqu'elle regardait dans l’opsiomètre un fil violet, étaient de Зо centim. et 50 centim, lorsqu'elle regardait un fil rouge. ( 565 ) Un milieu plus dense que Pair et terminé par deux surfaces para'- léles , interposé entre Рой et l'objet , augmente le champ de la vision distincte et en éloigne les limites , c'est-à-dire qu'il produit le méme effet qu'un verre biconcave, et que les myopes pourraient l'em- ployer avec le méme avantage, si la grande épaisseur qu'on est obligé de lui donner pour rendre ses effets sensibles, ne causait pas une trop grande perte de lumière. Les limites de la vision distincte varient suivant les individus du méme âge; M y a des personnes dont la seconde limite n'est qu'à deux pouces , d'autres pour qui elle est à une distance indéfinie. Les limites de la vision sont généralement différentes pour les deux yeux. Une personne dont les limites de la vision distincte pour l’œil gauche étaient de 51 c. et 57 c. 5 mill. , avait pour limite de l'oeil droit 32 c. et 57 с. 7 mill. Les limites de la vision changent par l'âge. La première limite s’éloigne de l'eil ; cependant il y a des personnes qui parviennent à à un grand âge, et qui restent myopes. Les limites de la vision sont modifiées par l’usage que Роп fait de ses Yeux. Une foule de faits cités par les divers auteurs qui ont écrit sur l'organe de la vue parait prouver que l'application continuelle de la vue sur de petits objets en diminue l'étendue, tandis que l'habi- tude de considérer continuellement de grands objets éloignés la conserve et la détermine à s'allonger. L'usage des verres change les limites de la vision. Il parait que l'usage des verres convexes tend à allonger la vue; on sait aussi que des jeunes gens, pour s'exempter du service militaire , sont parvenus, par l'usage continuel et gradué de verres concaves, à se rendre myopes au plus haut degré. On comprend, d’après ces faits, combien il estimportant, pour tirer le meilleur parti de sa vue , et la conserver autant qu'il est possible, de ne faire usage que de verres qui suppléent juste à ses défauts : cette remarque prouve qu'il était très-essentiel d'avoir un bon opsiomètre. ^ | Les limites de la vision changent par la plus ou moins grande ouver- Lure de la prunelle. La dilatation de la prunelle éloigne la première li- ( 564 ) mite de la vision distincte, rapproche la seconde, et par conséquent diminue le champ. Le resserrement de la prunelle rapproche la première limite de la vi- sion distincte et augmente la seconde, et, par conséquent , augmente le champ. Ce fait important est prouvé par l'expérience de la carte percée. L'ouverture de la prunelle varie d'une manière permanente par un état de maladie ou par l'âge. L'ouverture de la prunelle non-seulement est modifiée à la lon- gue, mais elle est aussi susceptible de changer de grandeur instan- tanément, en passant d'un lieu dans un autre différemment éclairé, ou en regardant des objets situés à des distances différentes. L'ouverture de la prunelle peut étre modifiée par l'état de mala- die d'organes differens de l'oeil. Du reste, la dilatation et le resserre- ment de la prunelle ne sont pas égaux pour tous les yeux; les en- fans peuvent avec facilité dilater et resserrer l'ouverture de la pru- nelle ; les adultes jouissent de cette facilité à un moindre degré , et les vieillards ont presque toujours cette ouverture d'une méme grandeur dans l'obscurité et au grand jour. La diminution de sensibilité de l’œil est souvent accompagnée de la dilatation de la prunelle. Certaines personnes paraissent pouvoir changer à volonté les limites de la vision distincte. Cette faculté résulte probablement de Taction des muscles de l'oeil, qui en modifie les courbures, Que les courbures de l'ceil soient changées dans cette expérience , c'est ce qui parait incon- testable par la forme courbe que parait prendre une ligne droite placée latéralement prés de l'oeil, lorsqu'il passe de son point de vue naturel à celui qu'on lui fait prendre forcément. La faculté de voir distinctement les objets peut donc, en général, être modifiée à notre insu, surtout chez certains individus; mais ces modifications ne sont qu'accessoires et méme accidentelles, et ne sont point la cause de notre faculté de distinguer les objets à differentes distances, ainsi que je l'ai fait voir dans mes divers écrits sur la vision. En pressant du doigt l'œil, les limites de la vision changent. Elles s'éloignent ordinairement lorsqu'on presse sa partie inférieure et ( 565 ) extérieure , et se rapprochent lorsqu'on presse la partie supé- rieure : ce qui explique pourquoi des objets très - voisins de l'oeil peuvent étre vus distinctement par cet artifice. Une personne dont les limites de la vision distincte étaient, pour l'eil droit, de 5» centimètres 5 millimètres, et 59 centimètres 7 millimètres, en pressant cet œil à sa partie supérieure, trouva que la première limite était à 23 centimètres , et la seconde à 29 centimètres 7 millimètres ; en pressant latéralement la partie inférieure, la premiere limite était au-delà de l'instrument ; mais cet œil étant armé d'un verre convexe, la première limite de cet œil, sans être pressé, était à 20 centimètres, et lorsqu'on pressait sa partie inférieure, elle était à 30 centimètres. Je crois avoir prouvé, contre l'opinion de Dutour, Gassendi , Taquet, que nous éprouvons une sensation distincte par chacun des yeux, d'ou il résulte que, pour avoir- une vision parfaite en faisant usage des deux yeux, il faut que la distance de la vision parfaite soit la même pour chacun d'eux : autrement l'une des images étant confuse, quoique l'autre soit nette, la sensation qui résultera des deux impressions sera confuse. Si, les deux yeux étant inégaux , lobjet se trouve dans le champ de chacun d'eux, l'objet sera vu nettement. Si lobjet n’est que dans le champ de-P un des yeux, la vision sera plus confuse avec les deux yeux qu'avec Рей dans le champ duquel se trouve l'objet. Enfin , l'on voit que dans l'usage des lunettes, l'une des plus importantes conditions à remplir est d'égaliser les yeux : nouvelle preuve de la nécessité d'un bon opsiomètre. La perfection de la vision dépend 1* de la force de l'impression, 2° de la netteté de l'image. L'image est confuse lorsqu'elle est au-delà du champ de la vision nette. Cette confusion est d'autant plus grande que le corps est plus petit, sa distance restant la même. La confusion augmente lorsque le corps s’éloigne ; elle serait peu différente, si le corps augmentait de grandeur proportionnel- lement à sa distance. La confusion peut être telle que le corps disparaisse entière- ment; c'est ce qui arrive d’après les expériences de Tobie Mayer, pour un cercle noir tracé sur un fond blanc et vu d Combre, lorsqu'il ( 366 ) est à une distance d'environ six mille fois son diamètre ; c'est-à-dire qu'il est vu sous un angle d'environ 54"; la distance à laquelle il disparaît est d'autant plus petite qu'il est plus petit. Un œil dont la seconde limite de la vision est plus éloignée que celle d'un autre, perd le point noir à une plus grande distance que cet autre œil. L’interposilion d'une carte percée fait qu’on perd le disque noir à une plus grande distance. L'interposition d’un verre de convergence fait perdre le point noir å une moindre distance qu’à l'œil nu; au contraire , linter position d’un verre de divergence le fuit perdre à une plus grande distance. L'image est confuse lorsque le corps est еп decá de la première li- mile de la vision distincte, et la confusion est d'autant plus grande que l'objet est plus prés. La confusisn est d'autant plus grande que le corps est plus petit. Cette confusion peut être telle que objet disparaisse entièrement. Pour un œil dont la première limite de la vision distincte est plus éloignée que celle d’un autre , le point sera perdu à ‘une plus grande distance. La distance à laquelle le corps disparaît pour un même «il , est plus grande lorsque le corps est plus petit. L’interposition d'une carte percéz exige qu'on rapproche le point pour le faire disparaitre. L’interposilion d'un verre de divergence fait que le point disparaît à une plus grande distance. L'interposition d'un verre de convergence exige qu'on rapproche le point pour le faire disparaître. Les opticiens ont considéré jusqu'à présent la petitesse de l'angle sous lequel on voit un objet, comme la cause de la disparition : c'est manifestement une erreur; car, si un point éloigné est invi- sible, en le rapprochant il deviendra visible, et enfin, si on le rap- proche plus prés que la premiere limite de la vision distincte, il pourra disparaitre de nouveau, quoique vu sous un angle plus grand que celui sous lequel il était visible. Ce point disparait aussi à une plus petite distance, lorsqu'on interpose entre lui et l’œil un verre de convergence , et cependant l'angle sous lequel on le voit est plus grand que celui sous lequel il disparait à l'eeil nu. ( 367% ) U sage des verres pour le perfectionnement de la vue. La lecture et l'écriture étant l'occupation la plus habituelle des peuples policés, et la longueur de nos bras et les dimensions de notre corps déterminant joe distances ой ces deux opérations peu- vent s'effectuer , distances que l'expérience prouve étre d'environ Зо centimétres, une des qualités de notre vue est donc que les points situés à 50 centimétres de nos yeux se trouvent dans le champ de la vision distincte, et méme au milieu de ce champ. + C'est cette distance que j'appelle la distance obligée : laquelle , du reste, peut subir quelques légères variations selon les individus. L’œil dont la seconde limite de la vision distincte est à une dis- tance moindre que 30 centimètres, est désigné sous le nom de myope, et celui dont la première limite est au-delà de Зо centi- mètres, sous le nom de presbyte. Du reste, les yeux myopes ne diffèrent des presbytes que du plus ou moins, et ne comportent pas une organisation différente comme on le pense ordinairement ; cette HORA n’a véritable- ment de sens que sous le rapport de l'usage que nous faisons de nos yeux. Si l'on fait attention que l'élargissement de la prunelle rap- proche la seconde limite de la vision distincte, on ne sera pas étonné de voir que le plus souvent cet élargissement est accompa- gné de myopie. Si, par suite du défaut de sensibilité de Гой, ou du défaut de transparence de ses humeurs, la sensation est trés- faible , la pupille restera habituellement ouverte, et augmentera la myopie, déjà déterminée par la nécessité de placer l'objet pres de l'œil pour recevoir plus de lumiere ; mais, si la sensation est vive, et que la myopie ргоуіерпе de ce que les limites de la vision dis- tincte sont trop pres de l'œil, on verra souvent le myope chercher à diminuer l'ouverture de la prunelle en clignant des yeux. Il y a toujours pour un objet situé à une distance déterminée hors du champ de la vision, un verre tel qu'en changeant les limites et le champ, l'objet se trouve dans ce dernier, et par conséquent est vu nette- ment. Pour les objets situés plus près de Peeil que la première limite de là vision, il faut faire usage d'un verre de convergence tel que l'objet se trouve daas le nouveau champ de la vision distincte. ( 568 ) i Les presbytes, pour qui la distance obligée est moindre que celle de la premiere limite de leur vue, doivent donc faire usage de verres bicon- veces, et de verres tels, que le milieu du nouveau champ se trouve à la distance obligée. Si l'objet est toujours placé à une distance fixe, mais plus loin de l'eil que la seconde limite de la vision distincte, il faut faire usage d'un verre biconcave qui éloigne les limites de la vision, et qui en augmente le champ. Les myopes, pour qui la distance obligée est plus grande que celle de la seconde limite, doivent donc faire usage de verres biconcaves tels, que le milieu du nouveau champ se trouve à la distance obligée. П résulte des observations précédentes que, pour voir nettement des objets situés à des distances différentes, il faut faire usage pour chacun d'eux d'un verre différent. Franklin a fait construire des besicles qui remplissent ce but pour deux distances ; mais le meilleur moyen consiste à faire usage d'une lunette de Galilée, dont les deux verres, en se rapprochant ou s'éloignant, produisent le même effet qu'un seul verre dont le rayon serait variable. Du reste, l'usage des lunettes biconvexes diminue le champ de la vision distincte, et c'est à cet inconvénient que l'on doit attri- buer en grande partie la fatigue qu’o& éprouve par l'usage de ces lunettes; car il n'y a qu'un intervalle trés- petit dans lequel la vi- sion est nette : au-delà et en decà elle est confuse, et les yeux se portant continuellement sur des objets qui ne sont point à la dis- tance convenable pour la vision distincte, les efforts que nous fai- sons pour les modifier de manière à la rendre moins confuse les fatiguent beaucoup. Pour trouver immédiatement et sans tâtonnement le verre qui convient à un œil donné, on adapte à l'ouverture de la planche de l'opsiométre un assemblage de deux ferres, l'un biconcave, et l'autre biconvexe. A la monture du premier est fixée une tige de cuivre le long de laquelle glisse un anneau qui tient à la monture de l'autre, en sorte que ces deux verres, dont les axes se correspon- dent, peuvent être rapprochés ou éloignés l'un de l'autre à vo- lonté. Ces deux verres équivalent à un seul verre dont le foyer serait variable, et peuvent donner aux rayons de lumiéres divers de- erés de divergence ; une graduation tracée sur la tige métallique ( 369 ) adaptée à la monture du verre biconcave , indique le degré d'écar- tement des verres, et peut servir à trouver le verre simple qui pro- duirait le même effet. L'opsiométre dont je viens de donner la description et d'indi- quer l'usage, est supérieur à celui qui a été inventé par le docteur Young. On sait que ce dernier est aussi fondé sur un fait ancienne- ment connu, savoir, la vision double ou simple à travers deux fentes séparées l'une de l’autre par un intervalle moindre que la lar- geur de la prunelle ; mais cet instrument offre trois grands incon- véniens. 1°. Son usage est difficile, et je puis avancer qu'apres l'a- voir fait essayer à plusieurs personnes, j'ai toujours trouvé que ce n'était qu'aprés un temps assez long, et avec beaucoup de реше, que je parvenais à leur faire voir les lignes qui se croisent; aussi, quoique cet instrumeut soit connu, on n'en fait aucun usage chez les opticiens francais. 2°. L'optométre de M. Young ne donne point exactement le point de la vision la plus distincte : en effet, le point d'entrecroise- ment varie avec l'écartement des deux fentes ; à la vérité, on pres- crit de prendre le plus grand écartement possible; mais cette re- cherche est trés-difficile pour les personnes peu exercées dans l'art des expériences. D'ailleurs , ce point est différent de celui que l'on trouverait pour la vision parfaite, si la prunelle était entièrement découverte. 5°. Enfin, on détermine par cet optomètre le point de la vision distincte pour un œil fatigué par l'usage difficile de l'instrument , et qui est différent de celui de l'eeil dans son état naturel. Le nouvel opsiomètre que je propose n'offre point les inconvé- niens que je viens de signaler, et d'ailleurs il donne immédiatement l'étendue de la vue distincte; et, en mesurant le degré de confu- sion que présentent les points plus ou moins écartés du champ de la vision distincte, il donne aussi avec la plus grande exactitude la mesure de toutes les modifications de ia vue sous le rapport de la confusion ; enfin, il donne immédiatement, et sans faire l'essai de plusieurs verres , celui qu'il convient d'employer pour corriger les défauts de la vue. Les recherches expérimentales que j'ai faites avec cet instrument m'ont conduit à l'explication de la scintillation des étoiles , qui est étroitement liée avec la confusion de la vue , et qui résulte des (370 ) caustiques qui se forment dans l'œil, dont la longueur des bran- ches varie par l’action des courans d’air chaud et froid qui par- courent-en divers sens l’atmosphère. Je terminerai ce mémoire par faire observer que, si la nouvelle théorie de la vision fondée sur la perception des images trois dimen- sions, n’était pas déjà largement prouvée par la physiologie, par notre faculté de voir nettement des objets situés à des distances dif- férentes, par le phénomène de l'évaluation des distances des corps, par la vision double, par les effets si remarquables de l'art de la peinture, on trouverait dans les expériences que je viens d'expo- ser, c'est-à-dire dans les phénomènes de la vision confuse, des preuves irréfragables de cette théorie , comme le sentiront facile- ment ceux qui auront lu mes autres écrits sur la vision. EIEEBEENEIUERIYUTD AFENTURUOER RR ERUUCNEEMINRCOKTEESHEELUUDIT TERRE SEPT SIENNE PSP PES UNO. TROISIEME MÉMOIRE SUR D'EXISTENCE D'UNE MATIÈRE REPULSIVE, RÉPANDUE DANS TOUT L'UNIVERS. THÉORIE DE L'ÉLECTRICITÉ ; PAR M. SAIGEY. 46. Dans mon premier mémoire (Annales, t. I, p. 21) , j'ai fait connaitre les motifs qui n'ont déterminé à développer une théo- rie générale de l'univers, en partant d'une hypothèse aussi simple dans son énoncé que féconde dans ses résultats, et en procédant à la manière des géomètres qui, sur la notion de l'étendue, ont déduit toutes les vérités de la géométrie, et toutes celles de la mécanique sur l'idée qu'ils s'étaient faite des forces et du mouve- ment. C'est en suivant cette marche, que j'établis rationnelle- ment une série de propositions, sans m'inquiéter si les résultats auxquels je parviens pourront étre applicables ou non aux phéno- mènes naturels. Je ne me propose pas d'expliquer ou de lier entre eux un nombre de faits déterminé d'avance; je ne cherche point ( 92x ) à établir directement une théorie de l'électricité, puis une théorie du magnétisme, puis une autre pour la chaleur, pour la pesan- teur, pour la lumière; mais, arrivé à un certain point du déve- loppement de ma théorie générale , j'examine si elle peut s'appli- quer à une classe de phénomènes naturels, et je fais un rappro- chement entre l'observatiou et la théorie. Si la concordance est parfaite, aux noms généraux de la théorie je substitue les noms particuliers adoptés par les observateurs, et j'établis, sans nouvel effort, une théorie physique plus ou moins étendue. Mais, si la concordance n'est pas complète, je signale les différences, et je remets à une autre époque le rapprochement en question , per- suadé que je suis, que tout s'enchaine dans la nature, et que tel phénomène que l’on attribue à une cause unique est probablement le résultat de l'action simultanée de plusieurs agens naturels. Ainsi , dans l'intérét des sciences expérimentales , dont la mar- che est si souvent entravée par nos idées systématiques , et pour la dignité de l'esprit humain, tant de fois humilié par la chute de ces systèmes, il est bon que les théories, tout en partant de quel- ques notions générales puisées dans le monde physique, soient développées d'une manière indépendante, et non pas dans le but d'expliquer telle ou telle classe de phénomènes. De cette manière, on ne dira plus d'une théorie, dont toutes les conséquences se- raient déduites par le moyen du calcul, qu'elle est incompléte ou entierement fausse , mais bien qu'elle n'a que peu ou point d'ana- logie avec les faits auxquels on voulait l'appliquer; ce qui ne l'em- pêcherait pas d’être inattaquable comme production de la raison , et de prêter par la suite un secours direct ou indirect aux observa- teurs eux-mêmes. C'est dans cette vue que j'ai déjà consacré deux mémoires (Annales, t. Y, p. 21 et 161) au développement de ma théorie générale, sans faire de nouvelles hypothèses, et sans rien em- prunter à l'observation. Mais on a dà voir, à la lecture des der- niers paragraphes (51 à 45), que tous les phénomènes de l'élec- tricité , dans son état d'équilibre, s'y trouvaient parfaitement re- présentés. Je ne rappellerai pas ici les démonstrations que j'ai déjà données; je me contenterai de décrire, pour ainsi dire, ces phé- nomenes dans leur existence réelle, comme pourrait le faire un professeur qui, après avoir répété toutes les expériences d'élec- ( 572 ) tricité nécessaires à l'intelligence de la théorie , voudrait présenter celle ci dans son ensemble. Théorie de l'électricité. 47. L'électricité est une matière dont les atomes, parfaitement identiques entre eux, sont étendus, impénétrables, mobiles, et jouissent de la propriété caractéristique de se repousser mutuelle- ment en raison inverse du carré de la distance. Les gaz et les liquides ont pour propriétés essentielles d’être plus ou moins compressibles , et de communiquer leur pression dans tous les sens également. L’électricité, d’après la définition précédente , ne jouit pas de ces propriétés. On ne peut donc pas dire que c'est un fluide, et encore moins ип. fluide éminemment élastique. Ces expressions qui pourraient, dans beaucoup de cas, induire en erreur, doivent étre soigneusement écartées. Si la matière électrique était seule dans l'univers, et en équilibre, ses atomes seraient également éloignés les uns des autres jusqu’à l'infini. Chaque atome serait séparément en équilibre par les répul- sions de tous les autres, rangés symétriquement autour de lui. Si, dans cet état, on introduit, au sein de la matière électrique, un corps étendu, impénétrable, et sans action, à distance, sur cette matière, on déplacera un volume d'électricité égal au volume de ce corps. Cette électricité déplacée fera effort pour reprendre sa première position, puisqu'elle la reprendrait en effet si l'on enle- vait le corps qui lui fait obstacle. Elle formera donc, tout autour de ce dernier, une couche plus ou moins épaisse ; et l'équilibre de tout le système exigera 1? que cette couche agisse, sur un point quelconque extérieur, absolument de la méme maniere qu'agissait Vélectricité bornée par la surface extérieure de la couche avant l'apparition du corps; 2° que l'action de la couche et de toute la matière environnante, sur les atomes de la couche elle-même, as- sure l'équilibre de ces derniers. On démontre alors, et il est facile de concevoir ce resultat, que chaque atome de la couche électrique formée autour d'un corps est poussé vers la surface de ce corps; en sorte que tous les ato- mes de cette couche sont en contact immédiat les uns avec les autres, que la couche occupe le moins de place qu'il est possible, ( 575) ou, en d'autres termes, que l'électricité d'une couche est à son mazimum de densité. On démontre de méme que , quelle que soit 1a forme du corps plongé dans la matière électrique, la masse de la couche est pré- cisément égale à la masse de l'électricité déplacée par ce corps, jointe à celle qui occupait déjà le volume de la couche; en sorte que rien n'est changé à l'extérieur. Quant à la forme de la couche électrique, sa surface intérieure est toujours celle du corps enveloppé par cette couche, et sa sur- face extérieure varie avec la figure du corps. Si, par exemple, ce dernier est une sphère, sa couche sera comprise entre deux sur- faces sphériques et concentriques ; et si le corps est un ellipsoide de révolution, sa couche sera limitée par deux surfaces ellipsoidales de mémes foyers. | D'où il résulte que l'épaisseur d'une couche électrique est égale sur tous les points d'une sphère ; mais que, sur un ellipsoide, cette épaisseur est la plus grande aux extrémités du petit axe, et la plus petite aux extrémités du grand axe. Et qu'en général, l'épaisseur de la couche est toujours moindre aux extrémités des grands dia- mètres qu'à celles des petits diamètres d'un corps. L'observation pourra faire connaitre le rapport qui existe entre la densité de l'électricité répandue dans l'espace, et sa densité à l'état de couche. Nous pouvons déjà annoncer que ce rapport, sans étre extrémement grand, l'est néanmoins assez pour qu'on puisse considérer l'épaisseur des couches comme trés-petite, eu égard aux dimensions des corps. Dans ce cas, on peut négliger les puissances supérieures des épaisseurs des couches, et prouver alors, 1°. Que l'action directe de toute l'électricité, suivant la norinale, sur un atome de la couche, est proportionnelle à la profondeur de cet atome au-dessous de la surface extérieure de la couche ; 2^. Que la pression que supporte cet atome, suivant la normale, croit proportionnellement au carré de sa profondeur. A la surface méme des corps, la pression est proportionnelle au carré de l'épais- seur totale de la couche. 48. Ce que nous venons de dire des corps impénétrables à l'élec- tricité, autour desquels se forment des couches de cette matière, ne s'applique évidemment pas aux corps qui sont assez étendus pour pour pouvoir être percus par nos sens, mais bien à leurs dernières | ( 374 ) particules ou atomes. Chacun de ces atomes a sa couche électrique. Si le corps est gazeux, il est clair que les couches de ses atomes ne se toucheront point. Mais, si le corps est liquide ou solide, ces mémes couches seront plus ou moins déformées à leurs points de contact; et il en résultera une couche composée qui s'étendra, non- seulement à la surface extérieure des corps, mais encore tout autour de ses atomes, à peu prés comme la couche du liquide avec lequel on aurait mouillé des grains de sable pris un à un, quand ensuite on viendrait à réunir tous ces grains en un monceau. La couche composée, qui recouvre tous les atomes d'un corps, jouit à peu prés des mémes propriétés que la couche simple qui ne recouvre qu'un atome. Je dis à peu pres, car l'action directe de la matière électrique, et, par suite, la pression exercée sur un point de la couche composée, serait trés-irréguliérement exprimée dans le voisinage des contacts des atomes, c'est-à-dire dans les points sin- guliers de la couche. Jusqu'à présent nous avons considéré l'électricité dans son état neutre, de repos ou d'équilibre. Elle ne manifeste alors sa présence par aucun signe apparent; et toutes les répulsions qu'elle exerce s'entredétruisent mutuellement, ou sont vaincues par la résistance ou l’impénétrabilité des particules matérielles. Mais dès que l'on vient à troubler cet équilibre, on donne naissance aux phénomènes de l'électricité dans l'acception ordinaire de се mot. 49. Pour procéder avec ordre dans l'examen de ces phénomè- nes, nous examinerons différens cas, en allant des plus simples aux plus compliqués. | Supposons d'abord que tous les atomes de l'électricité soient fixés dans les positions qui conviennent à leur état d'équilibre, c'est-à-dire dans des positions telles que chaque atome soit re- poussé par les autres, également dans toutes les directions, ensorte qu'il resterait en repos, méme s'il était libre de se mouvoir. Alors, si l'on ajoute à ce système en un point quelconque de l'espace, un nouvel atome d'électricité, celui-ci repoussera tous les autres, en raison inverse du carré des distances, puisque rien ne pourra contrebalancer son action; et réciproquement ce nouvel atome, repoussé par tous les auires, tendra à se mouvoir en vertu d'une résultante unique qui pourra quelquefois étre nulle. Au contraire, si l'on enlève un des atomes du système en équi- ( 575 ) ` libre, l'effet répulsif de cet atome sur tous les autres sera détruit. Et, comme cette répulsion contrebalancait une répulsion égale et en sens contraire, cette derniere aura maintenant son effet; en sorte que tous les atomes du système seront comme attirés vers le point qu'oceupait l'atome enlevé, de la méme maniére que si cet atome, étant resté en place, eàt changé son action répulsive en une action attractive de méme intensité. Donc, si l'électricité en équilibre peut étre considérée comme neutre, Vélectricité en excès ou en plus doit être considérée comme répulsive, et l'électricité par défaut ou en moins doit être considérée comme attractive. On peut aussi employer, dans ces deux der- niers cas, les expressions d'électricité positive et d'électricité néga- tive. 5o. Considérons, en second lieu, un seul atome de matière or- dinaire, enveloppé de sa couche électrique à l’état neutre; et admettons que toute l'électricité, excepté celle de la couche, soit fixe en chaque point de l'espace. Alors, si l'on ajoute à cette couche une nouvelle quantité d'élec- tricité, l'équilibre de tout le système ne pourra plus être maintenu qu'à ces deux conditions : 1° cet exces d'électricité devra s'arran- ger, au-dessus de la couche neutre, en une nouvelle couche addi- live qui n'ait aucune action sur les points situés en dessous; ce qui assurera l'équilibre de la couche neutre; э° la couche additive dont les molécules se repoussent mutuellement, et qui, par consé- quent, tendent à se disperser dans l'espace, devra être renfermée dans une enveloppe capable de résister à la pression de la couche additive en assurant l'équilibre de cette derniere. Mais la couche additive agira, par répulsion, sur tous les points extérieurs, qui se déplaceraient en effet s'ils n'étaient supposés fixes. Ай contraire, supposons qu'on enléve à la couche neutre une certaine quantité d'électricité , l'équilibre du système n’exigera plus qu'une seule condition, savoir, que l'électricité enlevée eut formé auparavant une couche extérieure qui n'eut agi sur aucun des points situés en dessous. En effet, l'électricité enlevée, devye- nant comme attractive, il faut que les attractions de ses différens points, sur tout ce qui reste de la couche neutre, s'entredétruisent mutuellement. Mais son attraction sur les points extérieurs sub- ( 976 ) siste, et ces derniers se déplaceraient s'ils n'étaient fixes par hy- pothèse. Ainsi, la condition que lee couches additive ou positive, soustrac- tive ou négative , n'aient aucune action sur les points situés en dessous, assigne à ces deux espèces de couches une même forme, quand leurs surfaces extérieures sont les mêmes. La surface exté- rieure étant sphérique, par exemple, les couches en question se- ront comprises entre deux surfaces sphériques et concentriques. Si ces couches sont bornées à l'extérieur par une surface d'ellip- soide, leur surface intérieure sera ellipsoidale , semblable à la premiére et semblablement placée. Par conséquent, l'épaisseur des couches positive et négative est la même sur tous les points d'une sphère ; mais cette épaisseur est plus grande aux extrémités du grand axe d'un ellipsoide qu'aux extrémités du petit axe : résultat que l'on peut généraliser, et qui est contraire à celui que nous avons obtenu pour les couches neutres. Quand il s'agit d'une couche positive en équilibre, l'action directe de toute l'électricité, sur un point de cette couche, va croissant de la surface intérieure à la surface extérieure, proportionnellement à la profondeur dans la couche ; et la pression, proportionnelle au arré ‘de cette profondeur, devient proportionnelle au carré de l'épaisseur totale de la couche pour les points de sa surface ex- térieure. Mais, quand il s’agit d’une couche négative, ces résultats ne sont que fictifs : ils signifient seulement que la pression de la cou- che neutre se trouve diminuée de toute la pression de la couche négative. En résumé, une couche positive presse, de dedans en dehors, contre son enveloppe, et diminue d’autant la pression que la couche neutre exerce en sens opposé contre la surface du corps. De même une couche négative est censée presser contre sa sur- face extérieure, et diminuer d'autant la pression contraire de la couche neutre supposée entière. 51. En troisieme lieu, mettons en présence, d'une maniere in- variable et quelconque, tant d'atomes que l’on voudra, chargés de couches électriques, neutres, positives ou négatives. Suppo- sons, pour un moment, que ces couches soient fixées autour des ( 577) ш atomes, ct que l'électricité répandue dans l'espace soit aussi fixe en chaque poirt. Alors, si nous partageons toutes les forces en deux systè nes, l'un comprenant l'électricité extérieure à toutes les couches et celle des couches neutres, l'autre composé de l’é- lectricité des couches positives et négatives, il suffira de considé- rer l’action de chaque système sur l'autre et sur lui-même, Le premier système ne pourrait troubler l'équilibre ni de ses propres points ni des points du second système, quand bien méme ils seraient tous libres de se mouvoir. Le second système, au contraire, réagit, soit sur lui-même, soit sur le premier, les couches positives par répulsion, et les couches négatives par attraction. Si donc on venait à rendre mobiles les points du second sys- tème seulement, ils réagiraient sur eux-mêmes, еі l'équilibre exigerait, pour s'établir, que l'action directe de toutes les couches positives et négatives, sur un point pris au hasard à la surface inté- rieure de l’une quelconque de ces couches, soit normale à cette surface ; la couche en question s’appuyant alors contre son enveloppe. Et si l'on venait à rendre mobiles les points de toutes les cou- ches, sans exception, l'équilibre exigerait, pour s'établir, que l'action directe de toutes les couches positives et négatives seulement, sur un point pris au hasard au-dessous de l'une quelconque de ces dernières, soit absolument nulle. En vertu de ces réactions, les couches seront plus ou moins déformées, et le méme atome pourra offrir tout à la fois des por- tions de couche neutre, de couche positive et de couche négative. Mais une fois l'équilibre établi, les pressious seront partout pro- portionnelles au carré des épaisseurs de couche, et dirigées comme il a été dit pour le cas d'une seule couche. Toutes ces couches agiront, soit par répulsion, soit par attrac- lion, sur les points extérieurs, qui, s'ils n'étaient fixes, se met- traient en mouvement, et réagiraient à leur tour sur le systeme proposé. Enfin, si l'on met en contact les atomes de ce système, les couches positives iront occuper la place des couches négatives, de manière à recomposer des coaches neutres; et le reste, positif ou négatif, de l'électricité, viendra composer une couche unique à la surface du corps que l'on aura ainsi produit. Car si cette cou- 2. P 22 g (4787 che unique ne doit exercer aucune action sur les points situés au- dessous des couches positives ou négatives que pourraient avoir conservées certains atomes de l'intérieur du corps, il est clair que son action serait aussi nulle sur les points mémes de ces dernieres couches, qui alors seraient libres de se repousser mutuellement et d'arriver à la surface du corps. Ainsi l'on peut dire que les couches électriques, soit positives, soit négatives, se portent tout entieres à la surface des corps naturels. Néanmoins, ce résultat n'est vrai qu'autant que l'on peut négliger les diamètres des atomes relativement aux dimensions de ces corps; et, dans tous les cas, la couche n'est pas accumulée sur les atomes qui limitent le corps, mais elle se propage plus ou moins dans l'intérieur de celui-ci, en diminuant rapidement d'in- iensité à mesure que les atomes sur lesquels elle s'étend s'éloi- gnent de la surface du corps. 52. Il nous reste à parler des attractions et des répulsions des corps électrisés. Rien de plus facile que d'en donner Pexplication si l'on se rappelle 1° qu'une couche positive repousse, et qu'une couche négative attire l'électricité sous quelque forme qu'elle se présente ; 2° que les couches neutres pressent contre la surface des corps qu'elles recouvrent, tandis que les couches positives et né- gatives pressent en sens contraire contre leurs enveloppes, for- mées, comme on sait, par l'air atmosphérique. Dans ces attrac- tions et ces répulsions on suppose que l'électricité extérieure aux corps que l'on considére, soit fixe en chaque point de l'espace. Alors on peut négliger l'action de cette électricité et de celle des couches neutres , et ne considérer que l'action des couches posi- tives et des couches négatives, 1? sur les couches neutres; 2* sur les couches positives; 5° mais non sur les couches négatives, qui windiquent que l'absence de l'électricité. 1°. Si deux atomes А et B sent mis en présence, l'un et l'autre chargés de couches positives, la couche positive de l'un repous- sera la couche totale de l'autre; les couches positives presseront contre leurs enveloppes, plus vers leurs faces opposées que vers leurs faces en regard, et les atomes se fuiront. 2*. Siles deux atomes A et B sont chargés de couches négati- ves, la couche négative de l'un attirera la couche réelle de l'au- tre ; de telle manière, que les couches négatives agiront comme si ( 379 ) elles se repoussaient directement, et presseront plus contre leurs enveloppes sur les faces opposées des atomes que sur les taces en онур alors ces deux atomes se fuiront. Si l'atome X possède une couche positive, et l'atome B une donis négative, la couche positive de А repoussera la couche réelle de B, et la couche négative de B attirera la couche totale de A ; de telle manière que la couche positive de А et la couche né- gative de B agiront comme si elles s'attiraient mutuellement, la premiere entrainant А vers B, et la seconde B vers А : donc les atomes s'attireront. П suit de là que, pour abréger le discours, on peut dire que deux couches positives se repoussent ; que deux couches négatives se repoussent ; et que deux ‘couches, l’une positive el l’autre négative, s’attirent mutuellement. 4°. Si l'atome А possède une couche positive, et B seulement sa couche neutre, 1а première repoussera la seconde; alors appa- raîtra sur В une couche négative en regard de А, et une couche positive sur la face opposée. La couche positive de A attirera la négative de B et repoussera la positive; l'attraction l'emportera sur la répulsion, à cause de la difference des distances, et les deux atomes s'attireront. 5°. Enfin, si l'atome A possède une couche négative, et B seu- lement sa couche neutre, la première attirera la seconde; alors apparaitra sur B une couche positive en regard de A, et une cou- che négative sur la face opposée. La couche négative de А attirera la positive de B et repoussera la négative ; l'attraction l'emportera sur la répulsion à cause de la différence des distances, et les deux atomes s’altireront. П faut bien observer ісі que ces attractions et ces répulsions modifient les formes des couches proposées, et que ce n'est qu'a- près s'étre disposées conformément aux lois de l'équilibre que ces couches réagissent l'une sur l'autre avec le plus d'énergie; et méme tout ce que nous venons de dire dans ce numéro suppose que les couches ont pu obéir à leur action réciproque. Dans le cas contraire, on arriverait à d'autres résultats que j'exposerai plus tard a vec les faits à l'appui. Comme l'électricité répandue dans l'espace et celle des couches neutres ne provoquent aucun déplacement des couches positives ( 580 ) et négatives, il s'ensuit que l'action mutuelle de ces derniè- nières est la cause unique des mouvemens que nous venons de considérer; et puisque la réaction est égale à l'action, le centre de gravité des deux masses qui se meuvent ne peut alors changer de place. Les attractions et les répulsions électriques des corps naturels n'exigent pas d'autres explications que celles qui vieunent d'étre données pour le cas de deux atomes. Car on peut considérer un corps cemme possédant une seule couche sur toute sa surface, ou un nombre infini de couches atomistiques dont les actions, en se combinant, reproduisent l'action de la couche totale. Si le corps, par exemple, était à l'état naturel, et qu'on vint lui présenter un autre corps électrisé en plus, au lieu de dire que le premier se couvre alors d'une couche négative sur la face qui regarde le second, et d'une couche positive sur la face opposée, on dirait que la première face se charge d’une infinité de petites couches négatives, et la seconde face d’une infinité de petites couches positives. 53. Toute la théorie de l'électricité, dans son état d'équilibre, repose donc sur le fait de la formation des couches neutres, posi- lives ou négatives, à la surface des atomes des corps que l'on considère. Les couches neutres pressent contre la surface de ces atomes; les couches positives pressent contre leurs enveloppes extérieures, c'est-à-dire contre l'air ou tout autre gaz qui s'op- pose à l'écoulement de l'électricité ; enfin, les couches négatives, qui ne sont que l'absence de la matiere électrique, diminuent sim- plement la pression des couches neutres ; et c'est du jeu combiné de toutes ces pressions que naissent les attractions et les répul- sions électriques. Comme ces pressions expriment la somme des actions directes et mutuelles des atoines de l'électricité, il est plus simple, pour le géomètre, de remonter jusqu'à ces actions élé- mentaires, et de faire découler toute la théorie des phénomènes électriques de ces deux principes généraux, qu'un atome d'élec- tricité en plus est répulsif, et qu'un atome d'électricité en moins est attractif, et dansles deux cas en vaison inverse du carré dela distance. Je ne me suis occupé jusqu'ici que de l'électricité dans son état neutre, de la forme de ses couches, et de leurs actions récipro- ques à distance ; mais il reste à examiner beaucoup de circons- ( 581 ) Р tances dont je n'ai point parlé, comme le développement de l'élec- tricité par le simple contact, par lacompression, par le frottement, par la chaleur, tous les phénomènes de la pile voltaique, les cou- rans électriques, leurs actions les uns sur les autres, surles aimans, sur les combinaisons chimiques, sur les êtres vivans. J'arriverai à l'examen de ces phénomènes, plus tôt ou plus tard, suivant l'ordre du développement de ma théorie générale, qui procède du simple au composé. Or, tel phénomène que les physiciens con- sidérent comme très-simple, et dont, pour cette raison, ils parlent au commencement de leurs cours ou de leurs ouvrages, peut étre en réalité d'une complication théorique trés-grande; on se verra donc obligé d'en remettre l'examen aprés la discussion d'autres phénoménes pour lesquels quelquefois on n'aura jamais rencontré l'ombre d'une explication, qui résulte pourtant trés-simplement de cette théorie nouvelle. On concoit alors que les classifications physiques peuvent n'étre qu'illusoires, et que même il n'existe point dans la nature d'ordre systématique. Il n’y a sans doute aucun phénomène qui soit purement électrique, purement magnétique, dont l'existence puisse étre attribuée simplement à ce que nous nommons la pesanteur, ou la cohésion, ou la chaleur, ou la lu- miére. Par conséquent, la raison humaine, qui ne peut tout em- brasser a la fois, et dont la marche est nécessairement progres- sive, ne sera jamais capable d'arriver à des théories complètes, qui comprennent réellement tous les faits , sans exception, que nous distinguons par une dénomination particulière; sous ce rap- port, elle ne peut donner que des portions de théorie, et réunir de temps en temps ces parties d'un méme tout, pour en composer l'édifice de nos connaissances. Cela est si vrai, que l'électricité, qui a toujours formé en phy- sique une classe de phénoménes bien distincts , et dont les obser- vateurs et les géométres se sont fort occupés, n'a jamais présenté une théorie compléte, à quelque époque de son développement qu'on veuille remonter. Et méme aujourd'hui la théorie des deux fluides, qui réunit l'assentiment de tout le monde savant, n'expli- que rien autre chose que la forme des couches électriques et leurs attractions et répulsions ; tous les autres phénomènes dans les- quels la matière électrique joue le principal et même l'unique rôle: en apparence , sont complétement en dehors de cette théorie, qui ( 982 ) n'embrasse ainsi que la moindre partie des faits qu'elle devrait expliquer : c'est ce que l'on verra plus en détail dans la seconde partie de ce mémoire. EXEMPLE REMARQUABLE D'ALTERNATIVES DE COUCHES TRÈS- NOMBREUSES ET TRES- MINCES, PROPRES à FAIRE CONNAÎTRE LA DURÉE DE LA FORMATION DE CERTAINS TERRAINS; par M. Pannor, ingénieur des mines. L'idée fondamentale de Verner, en géologie, est celle de la for- mation successive des terràins à la surface du globe. Cette idée qui, à elle seule, devait changer la face de la science, et parce qu'elle était vraie dans sa généralité, et parce qu'elle ouvrait aux géolo- gues une carrière nouvelle d'observations positives, devait natu- rellement conduire à divers genres de déterminations. Il s'agissait d'abord de reconnaitre l’ordre de superposition des terrains. Les travaux nombreux que l'on a entrepris dans ce but nous ont fait connaitre assez bien les divers âges des couches ter- restres, en prenant ce mot dans le sens d'ordre ou de priorité. Un autre genre de recherches, qui découlait de l'hypothèse de Verner, est relatif au mode de formation des terrains. C'est ainsi que l'on a pu reconnaitre des formations par le feu, pour les ter- rains inférieurs en général, et par l'eau, pour les terrains supé- rieurs; des formations par voie de cristallisation, de précipité chimique ou d'alluvion; enfin des terrains d'eau douce et des terrains d'eau salée, d'aprés la nature des débris d'animaux ou de végétaux qui s'y trouvaient renfermés. Un troisième ordre de recherches, dont on s'est bien moins occupé, aurait pour but la dérivation des terrains, ou, ce qui re- vient au méme, l'origine immédiate de certaines couches qui sont évidemment les débris d'autres couches plus ou moins voisines, soit que ces dernières subsistent encore aujourd'hui, soit qu'elles aient totalement disparu sous l'influence corrosive des agens at- mosphériques. Enfin, il s'agirait de déterminer la durée de la formation des -S ( 383 ) : terrains, et, par suite, de rétablir la chronologie des phénomènes géologiques qui ont précédé l'apparition des sociétés humaines à la surface du globe. On se propose de donner ici un exemple de ces deux derniers genres de recherches; c’est-à-dire que l’on assignera, d’une ma- nière presque indubitable, 1° le nombre d'années qui se sont écou- lées durant la formation d'un terrain de sédiment tres-épais ; 2° le mode de dérivation de ce terrrain, en ce qui concerne la manière dont ses divers élémens se sont disposés entre eux. On reviendra plus tard sur ces questions fondamentales de la géologie, dans des articles qui feront suite au premier que nous avons donné sur la figure de la terre ( Annales, tome I, page 545). C'est pour cette raison que l'on se bornera ici à l'examen spécial du cas en ques- tion, sans entamer les généralités. On soupconnait l'existence de la houille aux environs de Mézières, dans les Ardennes, et l'on se mit en devoir de la chercher. M. Parrot, ingénieur des mines, fut chargé de diriger un sondage à Prix, village situé sur la rive gauche de la Meuse, à 5 kilomètres sud-ouest de Mézières. Dans ce lieu, la vallée, bor- née par d'assez hautes collines, n'a guère qu'un à deux kilomètres de largeur. On creusa d'abord un puits de 27 pieds 6 pouces dans la marne; aprés quoi l'on se mit à forer. Cette opération, com- mencée le 5 août 1825, ne fut terminée que le 4 juin 1828; mais les travaux demeurèrent suspendus depuis le 20 janvier 1827 jus- qu'au 17 janvier 1828. Après avoir traversé de nombreuses alternatives de marnes, de sables et de calcaire, on tomba sur une source d'eau salée, à 450 pieds de profondeur; c'était le 12 janvier 1827 ; la source jaillis- sante donnait alors 72 pieds cubes par heure; 5 jours aprés, elle ne donnait plus que 9 pieds cubes à l'heure; le 25, elle jaillissait de nouveau très-abondamment, et le 50 elle cessa de couler aussi fort. Elle coule encore aujourd'hui ; mais elle contient trop peu de sel pour pouvoir étre exploitée sous ce rapport. En effet, d'a- prés l'analyse faite par M. Wahart-Dunème , cette eau, sur 500 - grammes , renferme seulement 1,457 de sulfate de soude, 2,555 de sel marin, 0,536 de muriate de magnésie, 0,228 de carbonate de chaux et 0,394 de sulfate de chaux. Au-dessous de la couche de marne, d'ou partait cette source, on ( 584 ) trouva un banc de grès, puis de l'argile, et finalement le schiste. On jugea dès lors qu'il était inutile de pousser plus !oin : on étaità 480 pieds de profondeur. Voici la série de toutes les couches tra- versées par la sonde, et que M. Parrot а déterminées sur de nom- breux échantillons : Épaisseur. Couches. Épaisseur. Couches. picds pouccs. pieds pouces, 70 2 marne. » 6 calcaire sablonneux. 1 6 calcaire coquiller. » . g marne sablonneuse. 8 » marne jaune. » д calcaire. зо 4 calcaire en petits lits. 1 2 marne sablonneuse. 9 » calcaire, marne et grès. 8 calcaire. 5 » grès compacte. » 7 marne sablonneuse. 2 » marne et grès. r 7 calcaire. 1 5 grès compacte. » 5 marne sablonneuse. » 10 marne et sable. a $ calcaire. 1 4 grès. Led marne sablonneuse. » 8 calcaire très-dur. diit dont » 8 marne sablonneuse. » 8 grès calcaire. 1 » calcaire trés-dur. Y.:5/90marne. » 6 marne sablonneuse. » 6 calcaire sablonneux. Uic oe 5 6 marne. » 5 marne sablonneuse. » 10 calcaire sablonneux. to club dus RE PUE » 6 marne sablonn. friable. » 8 calcaire. » 5 calcaire très-dur. масома к » 9 marne sablonneuse. » 9 calcaire. RON. AE RA. 1, .» marne. » 11 marne sablonneuse. ; ЫҢ {Ае suot vani: » 8 calcaire sablonn. très- p EENS : dur. T à ссать, 2 9 marne sablonneuse. » à . є air 1 » . 8 calcaire sablonneux. оло й aleae, зарою, ов 2 б marne sablonneuse. 5 marne sablonneuse. р ч ые peine 5 calcaire sablonneux. » marne sablonneuse. » 7 marne. 5 calcaire très-dur. vues » 4 marne. sedie iy 1 6 calc. et grès compacte. | » р calcaire. » 8 marne. 1 i marne ( 385 ) Épaisseur. Couches. Épaisseur. Couches. pieds pouces. pieds pouces. 1 у calcaire très-dur. » 4 calcaire sablonneux. » зо marne. » 5 sable. 1 7 calcaire très-dur. » 10 calcaire et gravier. » 7 marne. 1 2 sable. 1 » calcaire trés-dur. © з 3 calcaire gris trés-dur . 1 8 marne sablonn. dure. » 7 sable. 1 б calcaire très-dur. » 5$ calcaire. 1 4 marne. » 11 sable. 1 1 calcaire très-dur. » о calcaire. 1 4» marne. » 4 sable. » 4 calcaire. » 11 calcaire sablonneux. » о marne. » 8 sable. 2 1 calcaire très-dur. » 7 calcaire sablonneux. » 11 marne. » 10 sable. 1 4 calcaire sablonneux. » 5 calcaire sablonneux. 1 1 marne sablonneuse. » 5 sable. 4' 9 caléaire trés dn. » 5 calcaire sablonneux » 5 sable. » & sable. еа » 2 calcaire sablonneux. » 9 sable. » 2 sable. » 7 calcaire très-dur. » 5 calcaire. » 8 sable. » g sable. ао » б calcaire à sable trés-fin. » т sable. PV sable. 1 "AE NN » 10 calcaire à sable trés-fin. » 9 sable. » Д sable. » Д calcaire. 1 1 calcaire. » SSA 1 » sable. 1 4 calcaire sablonneux. » 5 calcaire. 1 4 sable. » 4 sable. » 7 calcaire sablonneux. 1 1 calcairesablonneux gri- 1 2 sable. sütre. 2 8 calcaire sablonneux. 1 2 sable marneux. 1 11 sable. 1 2 calcaire sablonneux gri- 1 9 calcaire très-dur. sátre. 1. 3 sable. » у marne sablonneuse. 1 9 calcaire sablonn. très- | » Д calcaire sablonneux. dur. » 5 marne sablonneuse. 1 8 sable. д calcaire sablonneux. 1 2 calcaire sablonneux. » д marne. 1 » sable. » 6 calcaire grisát. et sable. Epaisseur. 2 ( 586 ) Épaisseur. Couches. pieds pouces. 1 2 1 » - = EN Фолио OI = ш =m БУБУ Лл суО о > 5 mM QUO» ONO NI оо оом LIN On o 1-0] س‎ C1 marne. calcaire noir et sable. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne ferrugineuse. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne compact e. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir et peu de sable. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. marne. calcaire noir. Couches. pieds pouces. m 1 H м œ © - ON © I Qt o Où Or ON O = AY D = I 5 1 6 » b © > = EN = олм со DE ON = n ‚ calcaire marne. calcaire noir. marne. calc. noiret peu de sable. marne. calcaire noir. marne et petits lits calc. — calcaire noir très-dur. | marne et petits lits calc. calcaire noir. , marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. noir. noir. noir. noir. noir. noir. noir. marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire marne. calcaire noir. marne. noir. noir. noir. noir. noir. noir. noir. Épaisseur. ( 587 ) Couches. pieds pouces. LJ ох БУ СУ Сэ On ADO cu сло лым Oko л > LJ =ф ФО д О 4 аел Og MO сл Охо calcaire noir. marne. calc. noiretpeu de sable. marne. calc. marneux trés-dur. marne. calcaire noir. marne. calc. noir etpeu de sable. marne. calc. noiretpeu desable. marne. calc. noir quartzeux. marne. calc. grisátre et peu de sable. marne. calcaire grisátre. marne et petits lits calc. calc. grisátre trés-dur. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. cale. grisátre tendre. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. Épaisseur. Couches. pieds pouces. - © v" л б. o DUO OY OE. щл. = д ge Qvi? mm O E OY йл Où Où O1 О олло Oo о x marne. calc. noirâtre très-dur. marne. calcaire noirâtre. marne. calcaire noirâtre. marne. calc. noirâtre tendre. calc. et petits lits marn. calcaire noirátre. marne trés-compacte. calcaire nolrátre. marne. calcaire noirâtre. marne. calcaire noirátre. marne. calc. noirátre marneux. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirâtre. marne. calcaire noirâtre. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. marne. calc. trés-dur et marne. marne. calc. grisátre trés dur. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirâtre, ( 588 ) Ё paisseur. Couches. pieds pouces. 1 marne. » 9 calc. noirâtre très-dur. 1 10 marne. calc. noirátre trés-dur. 6 marne. » 6 calc. noirátre trés-dur. 1 5 marne. » 8 calc. noirátre très-dur. » 3 marne. » о calc. noirâtre trés-dur. 5 marne. caleaire grisátre. marne. calcaire grisâtre. marue. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noirátre. marne. calc. grisâtre trés-dur. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisátre. marne. calcaire grisâtre. marne. calcaire noirátre. marne. calc. noirátre très-dur. marne. calcaire noirátre. marne. calcaire noir. ©л © 010» OH 00 an CM e DURE со л ор омм A лист => Les marnes ont toujours été Épaisseur. Couches. pieds pouces. » 3 marne. » 2 calcaire noir. 1 io marne. 1 5 calc. grisâtre trés-dur. 4 10 marne. » 6 gravier coquiller d’où jaillit une source d'eau salée. 5 9 marne coquillère. 9 7 grès tendre. » 4 grès très-dur. 2 Д grès tendre. 1 9 grès dur. » 8 grès très-dur. 1 9 grès dur. » 8 grès tendre. 1 4 grès dur. 1 5 grès très-dur. 1 » grès dur. 2 » grès très-dur. 1 » grès dur. 1 4 grès tendre. » 7 marne. » 6 grés tendre. 2 grès très-dur. » 6 grès dur. 1 2 grès très-dur. 2 » grès dur et tendre. » 5 grès très-dur. 5 э terre argileuse rougeát. » о schiste argileux bleuát. 3 3 schiste bleuátre, cor- néennes verdátres , quartz blanc, calcaire et coquillesabondantes. 9 6 schiste rouge avec cale. 6 4 schiste rouge presque pur. bleuátres, comme les ardoises ( 589) communes, excepté dans un très-petit nombre de couches. Оп y a trouvé des coquilles pyritisées et du bois bitumineux. Quant aux sables, ils étaient d'un gris perlé, et contenaient des paillettes de mica jaune d'or; mais on n'y a pas trouvé de coquilles. La plus grande partie de ces sables étaient plus ou moins mélangés de marne et quelquefois de calcaire. Celui-ci renfermait beaucoup de coquilles; presque toujours argileux, sa couleur, d'abord assez claire, est devenue décidément noire vers 224 pieds de profon- deur; et cette dernière teinte s'est maintenue, avec diverses nuan- ces, jusqu'à la source d'eau salée. Tout le terrain traversé par la sonde est donc formé de cal- caire, d'argile et de sable ou grés, mélangés en diverses propor- tions. On peut y considérer plusieurs groupes, en allant de haut en bas, savoir : Premièrement : go pieds où domine l'argile; le calcaire n'y est plus qu'en proportion nécessaire pour transformer l'argile en marne, et donner quelques petits lits de pierres vers la fin de la série. Le sable disparait à peu prés dans le mélange. Secondement : 17 pieds 7 pouces ou le sable domine. D'abord mélangé de calcaire et d'avgile, il finit par devenir presque pur, et se présente alors avec la consistance du grès. T'roisiémement : бо pieds 5 pouces d'un mélange de calcaire, d'argile et de sable, en proportions à peu prés égales, formant des couches alternatives plus ou moins distinctes, et dans chacune des- quelles un des trois principes domine. Quatrièmement : 47 pieds 3 pouces d'alternatives de calcaire et de sable principalement, dans lesquelles l'argile parait peu. Cinquièmement : 201 pieds 6 pouces de couches de calcaire ar- gileux plus ou moins noir, de marnes et de sable dont la propor- tion va sans cesse en diminuant. Sixièmement : 11 pieds 1 pouce d'un banc d'argile avec un peu de sable et de calcaire. Sepliémement : 24 pieds 6 pouces d'un banc de sable ou grès, formé de couches plus ou moins compactes, c'est-à-dire plus ou moins mélangées de parties calcaires et argileuses. Les grains de quartz qui composent ce grès sont blancs, jaunâtres ou rougeâtres. On y rencontre encore des coquilles et des pyrites. Huitiémement : 19 pieds d’argiie, d'abord mélangée de calcaire (9390) < ' et de sable; et finalement presque pur et compacte, c'est-à-dire à l'état de schiste. Voici maintenant le mode de dérivation de ces terrains : La mer, ou une eau étendue et tranquille, recouvrait le pays qu'arrose aujourd'hui la Meuse. Cette mer se trouvait bornée par des terrains dont la base était de calcaire, d'alumine et de silice. L'observation attentive des localités ferait connaitre si, avant la formation du terrain qui nous occupe, les lieux qui dominent le cours de la Meuse offraient déjà des calcaires, des sables et de l'argile; ou bien des schistes, d’où proviendrait l'argile, des bancs de quartz d’où viendrait le sable ; ou enfin des granits, d'ou pro- viendraient à la fois et le sable et l'argile : car il n'y a peut-être pas de matière minérale qui n'ait été prise et reprise plusieurs fois pour entrer dans la composition de terrains de plus en plus récens, et qui, parties des hautes chaines de montagnes , n'ait continuellement été entrainée vers les lieux les plus bas, en sui- vant la mer dans son retrait. Quoi qu'il en soit, les eaux fluviales entraînaient dans cette mer, comme еПеѕ е font encore aujour- d'hui, les portions les plus tenues des terrains qu'elles avaient lavés ; et ces débris, en partie dissous, en plus grande partie sim- plement suspendus dans le liquide, se précipitaient au fond de la mer, où ils formaient des couches variables en nature, en consis- tance, en étendue, en épaisseur et en inclinaison; ces couches recouvraient alors, soit les restes des animaux et des végétaux marins qui avaient vécu sur place, soit les produits organiques que les eaux fluviales avaient emportés dans leurs cours. Pour le cas en question, il faut admettre que les rivières entrainaient dans la mer, de l'argile, du calcaire et du sable, en proportions qui va- riaient pério diquement de la manière suivante : D'abord l'argile arrive presque seule avec un peu de calcaire et de sable (c’est le 8"* groupe dont nous avons parlé) ; Puis cette argile, un peu marneuse, est surchargée de sable (c'est le 7"* groupe); Puis la proportion de sable diminue, et le calcaire arrive en assez grande quantité pour que, mélangé avec l'argile, il produise une marne (6"* groupe); Décidément les alternatives sont de calcaire et d'argile; et l'on obtient une couche de marne à l'époque ou l'argile arrive assez ———€ ( 591) abondamment, et une couche de calcaire argileux quand l'argile vient en moindre quantité*(5"* groupe) ; Enfin, les dépóts de sable prédominent. Le calcaire, trés-peu mélangé d'argile, reprend une teinte blanchâtre et alterne avec le sable (4"* groupe) ; Bientót la proportion d'argile augmente et celle du sable dimi- nue ; le calcaire se mélange indistinctement avec ces deux espèces de dépôts (5° groupe) ; Peu à peu le calcaire et l'argile deviennent rares, ou , si l'on veut, le sable devient abondant, et il ne se forme que des grès plus ou moins chargés d'argile et de calcaire ; les alternatives s'effacent continuellement (2"* groupe) ; Finalement ces alternatives deviennent imperceptibles, et les dépóts de calcaire, d'argile et de sable ne donnent lieu qu'à une marne assez homogène (1° groupe). Il est assez bien établi, par ce qui précède (et l'analyse chimi- que des échantillons eüt mis ceci hors de doute), que le calcaire s'est déposé depuis le commencement jusqu'à la fin; que l'argile s’est aussi déposée durant le méme temps, mais d'une manière irrégulière, si l'on regarde le dépôt calcaire comme sensiblement uniforme ; qu'enfin, le sable a été poussé de temps en temps, ou en quantité trés-variable, jusque dans le mélange des deux terres précédentes. On concoit que le calcaire forme un dépót régulier, puisqu'il peut étre dissous par les eaux de pluie, à la faveur de l'acide carbonique, ou réduit à un grand état de division; mais l'argile, formée d'alumine et de silice à grains plus ou moins gros, ne peut guère être entraînée que par des courans d'eau extraor- dinaires; et les grains de sable, de dimensions beaucoup plus considérables encore, exigeront, pour étre transportés un peu loin, l'action des tempétes et des torrens. ` Les nombreuses alternatives de couches que présentent les 5"*, 4™ et 5% groupes, indiquent en effet que ces couches sont an- nuelles. Quand les mêmes phénomènes se représentent périodi- quement un trés-grand nombre de fois, il serait absurde de les attribuer à des révolutions ou catastrophes subites, qui ne peu- vent avoir que des effets irréguliers. On ne pourrait pas méme supposer ici que les élémens de ces couches aient été tenus tous à la fois en dissolution et en suspension dans un liquide; car on 7 _ ( 592 ) ne concevrait pas plus la périodicité et la régularité des dépôts, й moins toutefois qu'on n'attribuát cette périodicité à un autre phé- nomène périodique et naturel, ce qui rentrerait dans notre sup- position. Elle acquiert plus de vraisemblance encore, si l'on ne perd pas de vue que les circonstances atmosphériques d'alors étaient assez semblables à celles d'aujourd'hui, pour que des plantes et des animaux pussent exister dans la mer et sur la terre. Or, on ne trouve point de période naturelle plus longue que l'an- née à laquelle nous puissions recourir pour trouver l'explication demandée ; car toutes les variations séculaires de notre planète, dans son mouvement sur elle-méme et autour du soleil, ne peu- vent pas amener de modifications sensibles dans l'état de sa sur- face. On est donc forcément conduit à considérer l'année comme la période qui a présidé aux alternatives de couches en question. Le calcaire a pu se déposer toute l'année ; Pargile, et surtout le sable, n'ont pu arriver au sein de la mer qu'à l'époque de la crue des eaux fluviales, dans les saisons orageuses de l'année. Les dépóts d'argile et de sable, ou plutôt l'abondance de ces dépôts relative- ment à ceux du calcaire, indique donc les limites de la période annuelie; c'est-à-dire qu'une couche calcaire avec une couche argileuse ou sablonneuse sont les produits d'une seule année. Il est probable qu'ici plusieurs couches sont passées inapercues, soit à cause de leur extrême minceur, soit par tout autre motif. Quatre lacunes importantes sont méme indiquées dans le tableau de nos couches : les deux premières, page 386, colonne 2, ligne 8 et 10 (d'aprés la moyenne des couches qui précédent et suivent, jy suppose 5 et 7 couches); la troisieme, page 587, colonne 1, ligne 20 (j'y suppose 5 couches) ; et la quatrième, page 587, co- lonne 2, ligue 57 (j'y suppose 3 couches). Alors les 5"*, 4™ et 5"* groupes, qui se prétent à notre calcul, offrent 558 couches sur une épaisseur totale de 518 pieds. Ces 558 couches ont done été formées en un nombre d'années moitié moindre, savoir en 179 ап- nées. Le dépót annuel moyen est 918 pieds divisés par 179, ou 21 pouces 4 lignes; c'est -Z de ligne par jour, et 177 pieds par siecle. SAIGEY. (395 ) Барретта ООЗЕ ОТЧ РЫ ГҮҮ REPRE РНЕ RS D Se à TC CS | ‘Ven —————————————————————————X ÁÉM—ÁÉÓÁÓÉÓÉÉÉÓÉÁÓÁÓ—ÓÓÓÓÓ OSSEMEMENS FOSSILES DE MAMMIFERES ET AUTRES FOSSILES REMARQUABLES DÉCOUVERTS DANS LES CARRIÈRES DE NANTERRE ET DANS CELLES DE Passy. Monsieur , Dans les carrières de Nanterre voisines de celles dites du Loup, j'ai découvert dernièrement des ossemens qui appartiennent, sinon à des pachydermes, du moins à des mammifères. Ils gisent au milieu du calcaire à miliolites de ce canton. Le calcaire qui en renferme le plus est surtout caractérisé par un grand nombre de cérites, de natices; de bivalves; je viens d'y observer quelques mou- les de Mélanie, qui me paraissent étre la Melania lactea, enfin des Paludines en grande quantité et des Lymnées; ces deux dernières coquilles, encore avec leur test, occupent un lit de calcaire connu sous le nom de roche. Le principal calcaire ossifère est, en outre, traversé, en tous sens, par de belles et grandes empreintes de plantes, encore imparfaitement décomposées, et qui me paraissent toutes appartenir aux monocotylédonées, notamment à la famille des palmiers; et enfin des débris de cheloniens ( peut-étre bien de tortues d'eau douce), qu'on trouve dispersés çà et là dans ce gise- ment. Les ossemens renfermés dáns ce lieu sont en grand nombre, cependant ils occupent un espace qui me parait assez circonscrit. D’après la forme et le volume de tous ces os, il est probable que la plupart d'entre eux appartiennent à une grande espèce de paleo- therium età des lophiodons : eneffet, plusieurs mâchoires, à moitié engagées dans le carbonate de chaux, avaient environ 18 pouces de longueur ; elles étaient garnies de grosses molaires, à couronnes en croissant, et, aprés un assez long espace, venait une canine d'une force remarquable; c'était plutót une petite défense. De tous ces os caractéristiques je n'ai pu recueillir que des dents molaires et une canine, que j'ai remises à M. Cordier, qui lui-même a fait depuis, avec M. Reglé et moi, une ample récolte d'ossemens divers. J'en possede encore beaucoup et d'assez caractéristiques p 26 ( 994 ) pour qu'on puisse les attribuer à différens animaux. La plupart sont engagés dans un calcaire à Cérites, avec des moules de Mé- lanie , le tout réuni par de nombreuses empreintes de plantes mo- nocotylédonées. En revenant de Nanterre, on peut observer un autre gisement d'os fossiles dans l'une des carrières du plateau élevé de Passy. Ils reposent là dans un lit d'argile verdátre de 15 centim. d'épais- seur, et qui se représente plus loin avec des épaisseurs variables, mais sans offrir désormais le moindre indice d'ossemens. Ce nou- veau gisement, ou plutót ce nouveau groupe d'ossemens, se trouve à peu près dans la méme région que celui de Nanterre, c'est-à-dire que le calcaire à miliolites qui sépare, dans cette der- nière localité, la couche à ossemens du calcaire d'eau douce supé- rieur, est remplacé ici par un calcaire à cérites des pierres. Ces deux calcaires, d'ailleurs peu éloignés du clicart supérieur, qui renferme à la fois des coquilles d'eau douce et des miliolites ou autres co- quilles, marines contiennent des masses osseuses dans leur partie inférieure. Bien que je n'aie point rencontré de coquilles d'eau douce dans le calcaire supérieur et dans la couche argileuse , il y a, suivant moi, une grande similitude entre ce gisement et celui de Nanterre, car le calcaire inférieur, trés-sablonneux, renferme beaucoup de coquilles agatisées , entr'autres de cérites, de natices et surtout de mélanies, M. lactea. Les empreintes de plantes mo- nocotylédonées y sont aussi trés-communes. Je ferai en outre obser- ver que les cérites de Nanterre se rencontrent également agatisées. Quoi qu'il en soit, les ossemens qui gisent là m'ont paru en quantité non moins grande qu'à Nanterre; mais ils sont plus friables que dans cette dernière localité, à cause du milieu con- servateur dans lequel ils ont été engagés; ils ne peuvent donc pas étre recueillis assez entiers pour qu'on puisse les déterminer nettement ; et, sans une de ces molaires, j'aurais long-temps hésité à regarder ces débris altérés comme des ossemens, qui me parais- sent encore provenir des pachydermes. Enfin, les carrières de cette localité ne sont pas moins remar- quables par la variété de leurs fossiles : on rencontre des dents de squale dans leur partie chloritée, de belles et grandes empreintes d'autres poissons dans le calcaire supérieur (il y en a actuelle- ment une très-grande et très-belle suspendue au ciel de l'une des — ——— ( 595 ) galeries des parties excavées de la carrière à ossemens ) ; des em- preintes de plantes et surtout de feuilles bien nettes, dans un cal- caire sablonneux, souvent agrégé en tabulures, et qui renferme des débris de crustacés, de murex, de cérites, de natices, de limnées, de mélanies, etc. parfaitement agatisées; ainsi qu'une quantité étonnante de modioles encore avec leur nacre ; enfin, ce banc, de plus d'un mètre d'épaisseur , supporte la couche à osse- nens. . Je me propose incessamment de décrire les carrières de Nanterre et celles de Passy qui renferment des ossemens, avec tout le soin qu'elles méritent, eten donnant des desseins à l'appui. J'appliquerai le méme travail au nouveau gisement de débris de pagure, que j'ai découvert en 1827, à Brégy, près Nanteuil-le-Haudoin, où, à l'instar des miliolites, ils forment presque les élémens du grés co- quillier marin de ce canton, dans lequel ces crustacés, à moitié étiolés, paraissent avoir vécu en grande famille et sur plusieurs lieues d'étendue. (On peut se faire une idée de leur multiplicité par les échantillons que M. Cordier a eu la complaisance de me faire déposer au cabinet d'histoire naturelle.) Je ferai , en outre, con- naitre l'analogie qui parait régner entre ce terrain à pagure, et celui de Beauchamp, Pierrelaie prés Montmorency, et autres endroits intermédiaires, ou l'on en rencontre également, mais isolés et tou- jours accompagnés de cythérées lisses, élégantes, etc. ; tous ces terrains sont recouverts par celui d'eau douce, J'ai l'honneur d’être, etc. E. ROBERT: Paris, 1er juillet 1829. P. 8. А l'instant où l'impression de cette note était achevée, j'ai appris , par les journaux et par les lecons publiques de M. Cor- dier, que ce savant avait, le 5 août, fait part, à l'Académie des Sciences, de la découverte qui se trouve consignée dans la lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser. Permettez-moi de profiter de cette circonstance pour offrir publiquement mes remercimens et l'expression de ma reconnaissance au professeur qui, jusqu'à présent, s'est plu à m'aider de ses conseils et de ses encoura- gemens. ( 596 ) n ag ZA EUN TSpeIT NT. асаа‏ صصص مص ص ۽ ص هگ کک EXPERIENCES CHIMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES, AYANT POUR OBJET DE DÉTERMINER LE MÉCANISME DE LA CIRCULATION DANS LES ENTRE-NOEUDS DE Chara ET DANS LE SYSTEME VASCULAIRE DES ANIMAUX; LA NATURE CHIMIQUE DU LIQUIDE CIRCULANT; ET, PAK UNE CONSÉQUENCE IMMÉDIATE, LA NON EXISTENCE DE L'ACIDE LAC- тосе (ov JVancéique) (pl. 9); à PAR M. RASPAIL. Je publie dans ce mémoire les résultats positifs de deux ans d'observations et d'expériences. J'en aurais retardé la publication de deux ans encore, si, à force de consulter les règles de l'analo- gie, je n'étais parvenu à la détermination précise des phénomenes que je m'étais proposé d'analyser; car, composer des mémoires pour introduire des doutes , des opinions aventurées dans la science, c'est encombrer , ce n'est pas la servir. Détermination physiologique du mécanisme de la circulation dans les Chara et dans le système vasculaire des animaux. 1. Soit un entre-nœud de Chara (pl. 9, fig. 5), détaché de la plante, et privé des rameaux qui partent des deux articulations opposées qui le terminent; on enlève avec un scalpel-l'écorce qui la recouvre, par le procédé suivant : on étend l'entre-noeud sur une lame de verre plus courte que la distance des deux articula- tions (ff) que l’on tient plongée dans une petite capsule peu profonde et pleine d’eau. On pince avec la pointe du scalpel chaque lanière de l'écorce, en avancant d'un bout à l'autre, et en ayant soin de ne pas pénétrer trop avant. Quand tous ces lambeaux de l'écorce sont enlevés, on a mis à nu un cylindre incrusté d'une substance blanche, fortement adhérente, dure et cassante , et qui résiste à l'action du scalpel. C'est du carbonate de chaux qu'il faut enlever avec une lame émoussée ; en ratissant le tube dans le sens de sa longueur. Quand le tube est ainsi préparé, si ou le place au foyer du microscope et plongé dans l'eau, voici les phénomenes qu'on observe : ( 597) 2. Une ligne médiane blanche ( fig. 2 a ) se dessine oblique- ment à travers deux couches vertes longitudinales, composées elles-mêmes de séries longitudinales de globules verts, dont la di- rection est parallèle à la ligne blanche. Cette derniere s'étend sur chaque côté opposé du tube. 5. On ne tarde pas à remarquer que cette ligne médiane blan- che (fig. 2 а) est une espèce de ligne de démarcation entre deux courans inverses l'un de l'autre, et dont la direction est marquée par des grumeaux hyalins qu'ils charient. Un de ces courans s'a- vance vers la gauche de l'observateur, et l'autre vers la droite; mais les globules de l'un ne se mélent pas aux globules de l'autre. Quelquefois on observe, surla ligne de démarcation, de grands glo- bes albumineux , qui, obéissant à la résultante des deux forces si- multanées et opposées des deux courans, tournent sur leur axe, retenus au fond du liquide par leur pesanteur spécifique. 4. Gozzi, ayant pratiqué des ligatures sur uu de ces tubes, s'a- percut que la circulation continuait d'avoir lieu entre les ligatures. Je voulus pousser plus loin l'expérience ; je pratiquai deux liga- tures (fig. 5, aa), chacune à quelques millimètres des articula- tions (ff). Je coupai ensuite l'espace intermédiaire entre les articulations et les ligatures, et j'obtins ainsi un tube à articula- tions factices. Non-seulement la circulation continua d'avoir lieu dans le tube mutilé (аа); mais encore , au bout de quelques jours , les deux ligatures tombèrent; les bouts du tube restèrent exactement fermés par la soudure de leurs bords, et la circulation continua d'avoir lieu peudant un mois ( du 26 juillet 1827 au 5 septembre). 5. Un pareil tube sert fort bien à compléter le spectacle de la circulation. On voit en effet que le courant quelconque (^), une fois parvenu à une des extrémités, décrit le circuit tracé par le cul-de- sac qui termine le tube et devient le courant opposé (c). Cette ob- servation peut très-bien se faire, sans aucune préparation, sur les jeunes pousses de Chara. * 6. Nulle cloison ne sépare les deux courans , ainsi qu'on ‘s’en assure par la dissection suivante : que l'on coupe transversalement et obliquement, avec un bon rasoir, le tube dans lequel on aura remarqué la circulation, on verra que ce tube se compose d’un étui cartilagineux, à parois épaisses, mais hyalines et fort trans- ( 598 ) parentes. L'intérieur de ce tube est tapissé de chaque côté des li- gnes médianes (fig. э а), par une membrane verte, sur laquelle on remarquait un instant auparavant, à travers l'étui hyalin, des séries parallèles de globules verts. Non - seulement, à l'aide d'une pointe on peut détacher cette membrane (fig. 1 b) par lam- beaux; mais encore en introduisant la pointe dans le tube, on reste convaincu que cette membrane est adhérente aux parois du tube extérieur; et nulle cloison ne se remarque à l'intérieur. Un phénomène dont nous trouverons bientôt l'explication, se montre alors; un liquide miscible à l'eau part de l'intérieur du tube avec rapidité , mais sans obéir à aucune des lois qu'on avait eu l'occa- sion d'observer, quand le tube était intègre. Cependant, les causes qui présidaient à l'existence des deux courans opposés continuent à exercer leur influence; on voit à travers le tube lui-méme des masses coagulées ramper contre la paroi (cc), en se dirigeant du cóté de l'ouverture vers le fond du tube, et du fond du tube vers l'ouverture (g), d'ou elles sont expulsées au dehors sous forme d'une masse tremblottante , globuleuse et blanchâtre, qui acquiert de la consistance à chaque instant (a). Ce qu'il faut bien prendre en considération, c'est que cette coagulation ne m'a pas paru avoir lieu, au moins d'une manière aussi intense, lorsque je faisais l'ex- périence dans l'eau distillée. Cette expérience prouve évidemment que les parois du tube sont les agens de la circulation. 6. La moindre solution de continuité dans la membrane verte finit par arréter la circulation, et si la circulation continue encore quelques instans, on voit que le fluide circulant tourne tout l'es- pace privé de matiére verte, et que le plus souvent rien ne passe par cette tache blanche. L'intégrité de la membrane verte est donc d'une indispensable nécessité à l'existence de la circulation. Aussi, dés qu'on a fait faire le moindre coude à un tube, on est sür d'avoir arrété la circulation dans son intérieur. 7. Quand on a enlevé le carbonate calcaire qui recouvrait le tube de Chara, qu'on le tienne de nouveau plongé dans l'eau com- mune ; on ne tardera pas à le voir se couvrir peu à peu d'une in- crustation cristalline , dans laquelle se montrent des rhomboides de chaux carbonatée , qui, en s'accumulant, apparaissent au raicros- cope comme des taches noirátres, et à l'oeil nu comme des cris- ( 399 ) tallisations farineuses et blanches. Il ne faudrait pas croire que ces cristaux soient libres et isolés ; si l'on observe leurs raclures au microscope, on découvre que chacun de ces cristaux est empri- sonné dans des interstices cellulaires d'une membrane qui n'est que l'épiderme du tube décortiqué. 8. Si l'on plonge, au contraire, le tube décortiqué et ratissé dans l'eau distillée, l’incrustation n'a pas lieu. Je ne puis pas assurer que la circulation dure long-temps dans cette eau pure; j'en ai conservé pourtant des tubes à articulations factices (voyez S 4) depuis le 15 aoüt 1827 jusqu'au 22 du méme mois; aucune in- crustation ne se montrait sur leur surface. 9. Dans l'eau saturée de sulfate de potasse , et que je n'ai pas eu soin de renouveler, j'ai conservé des tubes avec leurs incrusta- tions depuis le 51 juillet jusqu'au 1*' septembre de la méme année; l'incrustation ne parait pas avoir augmenté. 10. Dans une solution de sel marin, le mouvement a duré tout au plus deux heures. 11. Dans une solution de nitrate de potasse, des tubes avec leur incrustation et à articulations factices se sont conservés neuf jours, et je crois étre en droit d'attribuer leur mort à des accidens méca- niques. La double décomposition avait éclairci beaucoup l'incrus- tation. L'expérience (S 8) prouve que l'incrustation de carbonate calcaire est moins l'effet d'une exsudation, que celui d'une véritable incrus- tation provenant d'un dépót du liquide ambiant. 12. Si l'on place au foyer du microscope un tube décortiqué et dépouillé de son incrustation , mais humecté par une faible goutte d'eau, on remarque qu'à mesure que l'eau s'évapore, le mouve- ment intérieur se ralentit ; mais si, à l'instant ou il est sur le point de s'arréter entièrement , on dépose de nouveau une goutte d'eau sur un point quelconque de ce tube , on voit subitement la portion du liquide intérieur correspondant à ce point humecté , s'ébranler pour se remettre en mouvement ; et si alors, à l'aide d'une paille, on promène la goutte d'eau sur le reste du tube , la circulation se ré- tablit avec toute sa régularité. 15. Si l'on plonge chaque extrémité d'un tube décortiqué dans l'eau, et qu'on laisse exposée à l’air la portion intermédiaire, celle- ci ne manque pas de se contourner et de se dessécher en s’aplatis- ( 4оо) sant. Si le tube n'avait pas été décortiqué, cet effet n'aurait pas eu lieu : ce qui s'explique facilement, quand on pense que Ре- corce de ces tubes se compose de tubes longitudinaux dont les interstices peuvent porter l’eau par l'effet de la capillarité sur toute la surface du tube intérieur. Le tube interne, au contraire, n'offrant ni cellules ni tubes, et étant simplement formé d'une couche épaisse et homogene qu'on peut assimiler à une membrane, celle-ci absorbe les liquides par imbibition dans le sens de son épaisseur, et non dans celui de sa longueur. En d'autres termes, le tube d'un Chara est à lui seul une grande cellule. 14. La cause qui fait contourner le tube desséché réside unique- ment dans le retrait de la substance qu'il renferme; car, si Роп coupe transversalement un tube décortiqué dans l'eau, et qu'on l'y vide en Fexprimant entre deux doigts, le tube en se desséchant conservera sa premiere forme. 15. Une goutte d'aleool, d'ammoniaque liquide, d’alcali caus- tique, ou d'acide, soit végétal soit minéral , placée sur la surface externe d'un tube décortiqué, arrête subitement la circulation ; donc les parois jouissent de la propriété d'absorber promptement les liquides qui les humectent. Ces expériences jetteront plus de clarté sur celles par lesquelles je vais expliquer, je pense, le mécanisme de la circulation. 16. Le phénoméne,de deux courans inverses, et ne se mélant pas ensemble , avait paru si extraordinaire aux physiologistes, que la plupart, dans le but de diminuer l'anomalie , s'étaient crus au- torisés à admettre l'existence d'une cloison entre les deux cou- rans. Quant à moi, j'avais moins cherché, dans mes expériences, à expliquer le phénomène qu'à l'observer par toutes ses faces, lors- qu'un jour, faisant chauffer à la lampe un tube de verre plein d'al- cool, dans lequel étaient suspendus des globules graisseux, je fus frappé de l'analogie qui me semblait exister entre les mouvemens que la chaleur déterminait dans l'alcool, et la circulation que j'a- vais tant de fois observée dans les tubes de Chara. On voyait les globules du fond du tube de verre monter en glissant contre une moitié des parois , et une fois arrivés à la surface du liquide , redescendre en glissant contre la paroi opposée, pour arriver une seconde fois dans le fond, et remonter encore, et ainsi de suite ww ( 401 ) indéfiniment ; ce qui offrait à l'oeil deux courans inverses et sépa- rés par une ligne de démarcation constante. Cette expérience peut se répéter avec plus de facilité encore au moyen d'un tube rempli d'alcool, dans le fond duquel on aura déposé de la sciure de liége; la chaleur seule de la main suffira pour produire ce phénomène aussi long-temps qu'on désirera l'observer. Si l’on réfléchit main- tenant un seul instant sur les circonstances qui l'accompagnent, on ne manquera pas de s'assurer que c'est l'effet le plus simple et le plus ordinaire des lois hydrauliques ; саг, dès que la chaleur vient à dilater des molécules de liquide, celles- ci tendent à monter; et comme elles éprouvent de la résistance de la part dela colonne verticale , elles preunent la résultante , et se dirigent vers une des parois, qu'elles longent jusqu'à la surface du liquide ; là, poussées par les molécules suivantes, et devenues ensuite moins légéres par le refroidissement, elles redescendent en longeant l'autre paroi pour venir s'échauffer, se dilater encore, et monter une seconde fois. Les particules de liége ne sont destinées, dans cette expé- rience , qu'à indiquer la marche des courans, et à représenter les molécules liquides dont la direction, sans ce moyen, échapperait aux regards. Comme les tubes de Chara offrent également ce phé- nomène, qu'ils soient placés verticalement dans l’eau, ou étendus horizontalement , et que , dans cette expérience, le tube de verre est placé verticalement, on peut compléter l'expérience en cour- bant à angle droit un tube de verre, et le remplissant d'alcool jus- qu'au coude; avec un degré de plus de chaleur, on forcera les molécules de liége à vaincre la résistance qu'elles éprouvent en frottant contre les parois supérieures du tube horizontal. En consé- quence, lorsqu'un mobile quelconque a donné une impulsion à un liquide renfermé daas un tube fermé par les deux bouts, il se produit nécessairement un double courant, ou plutôt un seul cou- rant qui revient indéfiniment sur lui-méme , sans méler ses deux moiliés, et en conservant une ligne de démarcation bien dis- tincte. 17. Dans les Chara, ce n'est point la chaleur qui est ce mobile, puisque tous les points de ces tubes étant également plongés dans l'eau, les uns ne peuvent pas étre plus échauffés que les autres. Mais nous avons vu que les parois des tubes décortiqués de Chara aspirent rapidement les liquides qui les mouillent (S 12 et 15) ; ces ( 102) mêmes parois expirent le liquide qu'elles recèlent (S 12 et 15); car partout où il existe une aspiration, une imbibition, une ab- sorption continue , il doit nécessairement exister une expiration, une transsudation , par la raison que la capacité reste invariable ; or, ces deux phénomènes d'aspiration et d'expiration ne peuvent pas avoir lieu sans que le liquide contenu recoive une impulsion capable de produire les phénomènes que je viens de décrire et de définir. Que l'on introduise dans la capacité d'un grand tube de verre deux tubes effilés à la lampe, et se dirigeant au dehors en sens contraire l'un de l'autre; que l'extrémité de l'un plonge dans un réservoir d'eau, et que, par l'extrémité de l'autre , l'observa- teur aspire fortement l'eau du grand tube , aussitót on verra dans le grand tube deux courans inverses se dirigeant l'un du cóté du tube qui aboutit au réservoir vers le fond du grand tube, et l'au- tre, du fond du grand tube vers le tube aspirant ; et là, les cor- puscules suspendus dans l'eau, ne pouvant pas s'introduire par l'extrémité trop effilée du tube aspirant , seront repoussées par les molécules suivantes pour aller compléter le cercle de la circu- lation. Mais qu'est-ce que la force produite par deux tubes, еп comparaison de ces milliers de pores invisibles du tube des Chara, destinés à la succion et à l'expulsion des molécules fluides qui ont concouru ou qui doivent concourir à l'acte de la circulation ? Aussi voit-on que les molécules qui circulent dans l'intérieur d'un tube de Chara glissent fortement attachées aux parois vertes; qu'elles ne dévient jamais de leur direction primitive, qu'alors méme que le tube a été ouvert sur une portion de sa longueur, les molécules sont encore amenées au dehors par l'action de ces parois, à peu prés comme une chaine sans fin qui serait mise en mouvement autour de deux poulies opposées. Ce sont les parois vertes qui président essentiellement à ces phénomènes de succion et de dé- part, et la ligne médiane blanche, en étant dépouillée , reste sans énergie, et forme, pour ainsi dire, l'axe autour duquel se течі la chaine de la circulation (S 6). 18. Au lieu d'un tube fermé par les deux bouts, supposons un cercle tubulé, possédant sur toute la longueur de ses parois la propriété d'aspirer et d'expirer les liquides; les liquides devront nécessairement ne plus offrir qu'un seul courant continu , et non deux courans inverses , puisque, dans ce cas, nulle résistance n'o- | | | | ( 495 ) bligera un courant à redescendre sur lui-même. Que ce cercle tu- bulé soit simple ou ramifié , l'effet sera toujours analogue. Cette explication, qui me parait découler si naturellement de lexpé- rience , fait disparaître d'un seul coup toutes les anomalies que , jusqu'à ce jour, le phénomène de la circulation chez les animaux a offertes à la méditation des observateurs. Le cœur ne sera donc plus l'unique mobile de la circulation; car, en n'admettant que son action, on tomberait dans des résultats en contradiction avec toutes les lois hydrauliques connues. Mais toutes les parois du systéme vasculaire étant destinées à aspirer dans le torrent de la circula- tion les liquides propres à la nutrition des organes qu'ils avoi- sinent, et à rejeter ou à expirer les liquides élaborés, il s'ensui- vra que, sur lous les points du torrent de la circulation, il existera ип double mobile, une double impulsion. Des parois qui aspirent un liquide doivent, si je puis m'exprimer ainsi, étre aspirées à leur tour ou étre attirées par ce liquide; et des parois qui expirent, qui repoussent un liquide, doivent étre re- poussées à leur tour par le méme liquide. De là les mouvemens de systole et de diastole qui seront d'autant plus sensibles, que les parois seront plus libres d’obéir à ces deux mouvemens. Or, le cœur étant la portion du système circulatoire qui offre le plus d'é- paisseur, et par conséquent le plus d'énergie, une surface plus libre, et par conséquent moins entravée, il arrivera que ses mou- vemens de systole et de diastole devront être si puissans, qu'ils iront ajouter encore au mouvement déterminée par l'expiration et l'aspiration des autres surfaces du système de la circulation. En conséquence, le cœur se contractera , quand il aspirera les liqui- des; il se dilatera quand il les expirera ; et, du cœur jusqu'aux dernières anastomoses du système vasculaire, ce double phéno- mène aura lieu avec d'autant moins d’apparence , que les parois seront moins libres, plus fortement attachées aux parois des autres organes. Mais le liquide circulant étant soumis aux deux mêmes causes sur toute l'étendue de son passage, il ny aura plus rien d'étonnant qu'un tube de verre, recourbé et gradue, s'il est plongé par une extrémité dans une artère quelconque, offre le liquide se soutenant toujours à peu près à la même hauteur dans la branche ver- ticale ; ce qui ne devrait pas avoir lieu, siles mouvemens du cœur étaient l'unique cause de l'impulsion imprimée au liquide qui circule, | ( 404 ) 19. Que les parois des tissus animaux aient la propriété d'aspi- rer et d'expirer, c'est, je pense, ce qui est admis dans la science depuis la démonstration que je crois en avoir donnée dans mon mémoire sur l'alcyonelle (part. 2*). Soit la Vorticelle (fig. 5, pl. 9) dont la base (e) est attachée au porte objet ; on voit que la surface de la partie antérieure (a) aspire de fort loin le liquide ainsi que l'indiquent les molécules tenues en suspension. Mais une fois arri- vés à la hauteur des cils apparens qui en hérissent les contours (cc^), ces globules sont lancés brusquement, en décrivant une cour- be que авна de l'aspiration leur fait bientót compléter entière- ment. En sorte que l’on voit, de chaque côté de la Vorticelle, des tour- billons continus de globules attirés et repoussés. En même temps on distingue une circulation évidente dansle bourrelet circulaire de cette surface respiratoire (b). Ces cils expirans se montrent encore sur toute la surface externe de chaque tentacule de l'alcyonelle, et chacun de ces tentacules offre dans son intérieur une circulation branchiale. Les deux roues prétendues du rotifere présentent, de la méme maniere, le double phénomene d'aspiration et d'expira- tion, et la circulation interne dans le bourrelet de chaque surface ; de plus, un cœur palpitant, exactement placé entre les deux or- ganes de la respiration. Mais ce qui est certainement une preuve encore plus évidente, c'est que chaque lambeau provenant de la lacération des branchies, des palpes labiaux et de l'ovaire des mou- les d'eau douce, attirent le liquide et l'expirent en se couvrant de ces cils illusoires que nous venons de remarquer sur la surface res- piratoire de la Vorticelle (fig. 5, сс’). Ces cils illusoires sont l'effet de la différence de densité du liquide expulsé par l'expiration, ainsi qu'on peut le voir plus amplement démontré dans la seconde par- tie de mon mémoire sur l'alcyonelle. Enfin, dans chacun de ces lambeaux on observe une circulation, et chacun de ces lambeaux se meut tant qu'il aspire et qu'il expire, ce qui peut se prolonger pendant 24 heures et davantage. On concevra facilement que cette double fonction des tissu variera d'intensité selon les diverses classes d'animaux, et qu velle pourra s'exercer chez certains d'entre eux d'une maniere inappré- ciable à nos moyens d'observation. зо. Mais Ппе paraîtra pas impossible d priori que certains tissus ne possedent exclusivement que l'une ou l'autre de ces deux fonctions. ( 405 ) Or, cette conjecture se réalise sur les branchies des animaux doués de la double respiration branchiale et pulmonaire. Ainsi, lorsqu'on observe au microscope les papilles branchiales des jeunes sala- mandres (pl. 9, fig. 4), on distingue une circulation évidente dans chacune d'entre elles; les globules ( 4) d'une assez grande dimension se poussent au passage dansles canaux. Mais en méme temps on voit que les corpuscules suspendus dans le liquide am- biant (^) sont attirés par la surface respiratoire, et que, chas- sés par ceux qui les suivent, ils exécutent une espèce de re- mou ( b ), comme nous avons déjà eu lieu de le remarquer sur la Vorticelle. Cependant nul cil illusoire d'expiration ne se montre, rien n'est expulsé au dehors par ces membranes. Mais ce fait là n'offre plus rien d'extraordinaire, quand une fois on voit la sala- mandre arriver à la surface de l'eau, pour chasser par la bouche les gaz de l'expiration. Ainsi, dans les animaux aquatiques d'un ordre supérieur, aspiration existe à l'extérieur, et l'expiration se fait par les parois intérieures. 21. Les membranes végétales jouissent des mêmes propriétés ; le grain de pollen de certaines plantes aspire si fortement l'eau, qu'un remou énergique se manifeste autour de cet organe et fait tourbillonner les corpuscules du liquide. Certaines membranes desséchées, en s'imbibant d'eau, produisent le méme phénomène ; enfin l’huile, dans l'acide sulfurique, offre les mêmes mouvemens d'aspiration et d'expiration. (Voy. nos Annales, tom. I, p. 77.) En me résumant, les membranes organiques sont douées de la faculté d'aspirer et d'expirer, ou, en d'autres termes, de s'imbiber et d'exhaler les fluides ou liquides ambians; cette double propriété suffit pour mettre en mouvement les liquides renfermés dans leur capacité. Si cette capacité est un vésicule, ce mouvement déter- minera deux courans inverses l'un de l'autre; et si la capacité est un réseau anastomose, ou un cercle plus ou moins ramifié, alors un seul courant continu aura lieu dans le circuit des anastomoses. La circulation qui a lieu dans le tube du Chara, et, ainsi que l'analogie nous l'indique , dans toutes les cellules végétales tapissées de subs- tances vertes, n'est donc qu'une légère modification du mécanisme qui préside à la circulation vasculaire des plantes et des animaux. Examinons à présent les analogies des liquides qui circulent dans les organes des individus de l'un et de l'autre règne. ( 406 ) Analyse microscopique du suc qui circule dans les tubes des CHARA. Un tube de Chara hispida (espèce dont je me suis servi préféra- blement, à cause de ses grandes proportions et de la rigidité de ses tubes) ne renferme qu'une goutte de liquide ; je doute que les chimis- tes eussent assez compté sur leur patience pour entreprendre l'ana- lyse de cette substance ; mais ce qui paraitra certain aux personnes qui, ne se contentant pas de me lire, essaieront de vérifier par elles- mêmes la nature de mes assertions, c'est que jamais les procédés en grand n'auraient fourni des résultats aussi précis et aussi simples que ceux auxquels m'ont amené les procédés compliqués dont une prévision de chaque instant m'a fait suivre depuis deux ans tous les détours. 22. Toutes les fois que j'ai voulu examiner chimiquement le suc contenu dans un tube de Chara, j'ai eu soin dele dépouiller entière- ment de son incrustation calcaire, de le laver ensuite à l'eau dis- tillée, de le couper avec des ciseaux toujours nettoyes, et d'en ré- pandre le suc sur une lame de verre passée à l'eau distillée et essv yée avec un linge blanc , en pressant le tube avec les doigts. Ce dernier procédé force un assez grand nombre de lambeaux de la membrane verte de sortir du tube avec le suc proprement dit ; mais il est facile de tenir compte des modifications que leur présence est dans le cas d'apporter aux résultats. 23. Le suc d'un Chara plein de vie et de mouvement rougit toujours le tournesol d'une maniere assez intense. Je crois avoir trouvé tout au plus deux exceptions, sur des centaines de tubes qui ont été sacrifiés à cette seule expérience, depuis le premier prin- temps jusqu'en automne. 24. L'ébullition la plus prolongée ne semble pas diminuer l'in- tensité de cette aridité; en sorte que les personnes qui attachent une grande importance à ces réactions, quant à la détermination du régne organique dans lequel elles désirent placer une substance , décideraient sur ce seul fait, que le suc du Chara ne renferme pas de substances animales. La fumée de l'incinération du produit réuni d'une vingtaine de tubes ne m'a pas paru ramener au bleu un pa- pier rougi par les acides ; elle rougissait un papier bleu. 25. Abandonné à lui-même, ce suc ne manque jamais d'acque- (407) . rir une odeur marécageuse, bien plus prononcée encore que celle qu'il exhalait au sortir du tube; il se couvre d’infusoires ou d'une immense quantité de petits globules hyalins, qui, par leur rap- prochement, ne semblent plus faire qu’une seule masse, et dont le diamètre, évalué approximativement, ne m'a pas paru dépasser "n 25; de millim. Le suc a perdu alors son acidité. 26. Pour essayer ce suc par les réactifs dans un verre de mon- tre , il faut en avoir obtenu une certaine quantité , l'étendre d'eau distillée, car l'aspect en est toujours louche, et ensuite verser la substance dans le réactif, et non le réactif dans la substance, afin d'étre sür que la réaction ne provient pas des vases dont on se sert. Voici ce qn'on observe : 27. L'oxalate d'ammoniaque ne produit aucun louche dans le li- quide. Le prussiate ferruré de potasse, aiguisé d'un acide, ne lebleuit pas. L'infusion de noix de galle ne manifeste pas la couleur verte par laquelle ce réactif dénote la présence du carbonate de soude. L'ammoniaque liquide, la potasse caustique n'en précipitent rien. Les acides étendus n'y produisent pas la moindre effervescence. La réaction du muriate de platine, serait trompeuse sur d'aussi petites quantités; cependant on peut voir, avec un peu d'attention, qu'il précipite, quoique faiblement. Ce suc ne renferme donc ni fer, ni carbonate de soude, ou d'autre base, ni chaux libre ou combinée, ni alumine, ni magnésie. 28. Le nitrate d'argent, au contraire, occasionne un précipité floconneux trés-abondant, qui devient violátre au contact de l'air; ce suc renferme done en abondance des hydrochlorates. 29. Le liquide filtré passe transparent ; mais à la longue il épais- sit par l’ébullition et devient louche. 30. J'ai laissé précipiter pendant une heure les flocons que le suc, provenant d'une trentaine de tubes, m'offrait en suspension; j'ai décanté le liquide, j'ai lavé plusieurs fois à l'eau distillée, en attendant, pour décanter , que le précipité fütun peu tassé. J'ai fait incinérer alors le résidu dans une cuiller de platine à la lampe à esprit de vin. Tout a commencé par noircir, et à la longue il est resté, contre les parois de la cuiller, une couche épaisse, blanche, d'un œil un peu bleuátre, offrant les mêmes réticulations que l'al- bumine laisse par son incinération. L'eau distillée, avec laquelle j'ai lavé ces cendres, n'agissait en aucune manière sur les papiers ( 408 ) réactifs. Un acide végétal étendu y produit une petite effervescence, mais ne parvient jamais à tout dissoudre; au chalumeau, on observe - ces scintillations éblouissantes que présente le carbonate de chaux passant à l'état alcalin. Ce qui reste ne fond pas, ne varie pas au feu ordinaire du chalumeau, ne se délite pas dans l'eau , n'est ja- mais déliquescent; dissous dans l'acide nitrique étendu, l'oxalate d'ammoniaque en précipite abondamment de la chaux; c'est du phosphate de chaux. Examinons maintenant les phénomènes dont le microscope peut nous rendre témoins. 51. Le tube du Chara hispida, exprimé sur une lame de verre, offre, outre les lambeaux de la membrane verte (pl. 9. fig. 1, 2), une quantité considérable de globules blancs, plusou moins libres, plus ou moins agglomérés en globes tremblottans (fig. 20) , mais qui ne se prennent pas en une masse homogene, comme lorsqu'on laisse les tubes se vider dans l’eau (pl. 9, fig. 1, a). Ces grands globes représentent ceux qu'on observait à travers les parois, tournant sur leur axe, dans la ligne médiane du tube (pl. 9. fig. 2, a). Les petits globules sont ceux qui étaient charriés par le liquide, et qui, en passant sous la membrane verte, ont paru verts aux modernes ob- servateurs et ont été décrits comme tels. 52. L'alcool concentré coagule les petits comme les grands glo- bules, les rend plus opaques et d'un blanc plus laiteux. L'acide nitri- quelesjaunit (fig. 1, f ). L'acide hydrochlorique concentré finit par leur imprimer une.couleur d'abord violette, puis bleue, et les dis- sout quand il est en excès (fig. 1, е). L'acide sulfurique leur com- munique la couleur purpurine , que ce réactif communique à un mélange de suere et d'albumine (fig. 1, d). L'ammoniaque caus- tique les dissout à l’état frais et avant leur entière dessiccation ; il en est de même de l'acide acétique. La chaleur en rapproche les mo- lécules et les déforme en les coagulant. Ces grands globés et les petits globules sont donc de l'albumine précipitée d'un liquide cir- culant qui les tenait en suspension. 55. En laissant évaporer maintenant le liquide sur une lame de verre , de nouveaux phénomènes se présentent à l'observation. (Je recommande , dans ces sortes d'expériences, de bien étudier d'a- vance au microscope les impuretes de lalame de verre; elles offrent quelquefois des compartimens anguleux qui simulent des cristalli- sations, surtout lorsqu'elles ont été passées au feu d'une manière | | ( 409 ) мп peu brusque. Les verres de montre surtout peuvent offrir des illusions analogues ). Le liquide desséché, outre les grumeaux albu- mineux, présente cà et là les quatre sortes de cristallisations que l'on voit groupées (fig. 12a, b, c, d). Leurétude a exigé de ma part les plus grandes précautions, et l'une de ces quatre espèces a néces- sité des recherches de plus d'un an; je pense qu'on neles considé- rera pas comme minutieuses , en apprenant le résultat final auquel elles m'ont amené. 54. Le cristal ( a ) provient évidemment de l'hydrochlorate de soude, car le sel marin, cristallisant de toutes pièces sur la lame de verre, produit toujours les mêmes cristaux en grand comme en petit. On sait que ce sel cristallise en creux et non en relief; au microscope, le jeu de la lumière semble au contraire le montrer terminé par une pyramide saillante à quatre faces. Pour se con- vaincre du contraire, il ny а qu'à se rendre raison de ce qui se passe. Quand un cristal est terminé par une pyramide placée de champ sous les yeux de l'observateur , la face la plus éclairée est celle qui est opposée à la surface du miroir qui lance les rayons lumineux, ce dont on peut s'assurer en tenant compte du renver- sement des images au microscope composé ; or, ici, c'est tout le contraire ; donc la pyramide est en creux et non en relief. Ajoutez à cela que cette pyramide est composée de décroissemens en esca- lier, ce qui caractérise la cristallisation du sel marin, dont les cubes viennent se grouper de la sorte en amphithéâtre les uns au-dessus des autres. Pour achever de se convaincre que ces cubes sont du chlorure de sodium, il faut amener, tout prés, une goutte d'acide qu'à l'instant de l'observation on fait avancer, avec une pointe effilée de verre, jusque sur eux. Si l'acide est végétal, ou que l'acide minéral soit étendu d'eau, ces cubes se dissoudront sans effervescence; mais si l'on emploie l'acide sulfurique con- centré, une vive effervescence (a^) se manifestera par les bulles de gaz qui s'échapperont dans le liquide. L'acide hydrochlorique, méme concentré , non plus que l'acide nitrique ne produiront pas ce phénomène. Or, les mêmes réactions auront lieu sur le sel marin fait de toutes pièces au microscope. 55. Les mémes réactions par les acides auront lieu à l'égard des arborisations ( d d’ d^); donc ces arborisations sont des hydrochlo- rates. Depuis long-temps l'étude microscopique des cristallisations 2. 27 ( 410 ) m'avait appris que ces formes sont affectées surtout par ces sels à base d'ammoniaque ; je fis cristalliser de l'hydrochlorate d'ammo- niaque au microscope, et j'obtins exactement et les mêmes formes et lesmémes réactions. L'action du feu fait disparaitre ces cristaux. Le carbonate d'ammoniaque semble affecter les mémes formes ; mais le carbonate est volatil, et nos cristaux se conservent indéfini- ment. Les acides étendus et l'acide hydrochlorique concentré dissol- vent, avec une vive effervescence, les carbonates; tandis que l’a- cide sulfurique concentré seul fait effervescence avec les cristaux d du suc de Chara. Le nitrate d'argent les déforme et laisse à leur place des précipités granulés. On retrouve ces arborisations, avec tous leurs caractères, dansla salive, dans l'albumine dissoute dans l'eau, etc. Le chlorate de potasse offre aussi des arborisations, mais moins rameuses, plus compactes, et dont les fibrilles sont toujours réguliérementanguleuses; du reste, le chlorate de potasse n'existe pas dans la nature. Ainsi, ces arborisations, dont les di- rections et les formes varient à l'infini autour de ce type, sous l'in- fluence des obstacles que leur cristallisation rencontre dans ce li- quide épaissi , sont des cristaux d'hydrochlorate d'ammoniaque. 56. Les cristaux (b ) s'offrent sous la forme de cubes, de quadrilateres allongés, de lames hexaédriques d'uüe limpidité trés-grande. Quelquefois ces cubes présentent une pyramide qua- drilatere de champ; et alors ils offrent une certaine analogie avec les cristaux de chlorure de sodium (а ); mais, par ie jeu de la lumière, on voit que leurs faces éclairées sont opposées à la surface du miroir (toujours en tenant compte du renversement des images), et lorsque de semblables cristallisations sont placées prés d'un cristal de chlorure de sodium, on voit que la face éclairée de l'un, est diamétralement opposée à la face éclairée de l'autre. Donc les cristallisations ( ^) ont des pyramides saillantes et non en creux. Les acides étendus, les acides nitrique et hydrochlorique concentrés les dissolvent sansla moindre effervescence; mais l'acide sulfurique concentré les dissout en faisant jaillir les bulles de gaz que j'ai dessinés (a^) sur le chlorure de sodium soumis aux mêmes essais. Le nitrate d'argent les déforme en les remplaçant par un précipité granulé. Ces cristallisations sont des hydrochlorates. Vai fait cristalliser bien des fois l'hydrochlorate de potasse sur une lame de verre, et j'ai obtenu tous ces cristaux avec toutes leurs ( 411) . réactions; ces mêmes cristaux se montrent dans tous les liquides dans lesquels l'analyse en grand indique la présence de l'hydro- chlorate de potasse, Ensuite, le muriate de platine, observé au mi- сгозсоре avec beaucoup de précaution.a précipité et déformé plus vite ceux-ci que ceux d'hydrochlorate d'ammoniaque et de soude. 57. Enfin , pour compléter la démonstration, alcool concentré a dissous aussi vite que l'eau ces trois sortes de cristallisations, et lesa redéposées par évaporation sur le porte-objet, avec leurs pre- mières formes et leurs premiers caractères. L'alcool a dissous aussi la substance verte des lambeaux de membranes vertes, eta dépose, par évaporation, le suc résineux. 98. Il me restait àexaminer les cristaux en lames elliptiques (с), et la découverte de leur nature chimique m'a inspiré une satisfaction d'autant plus vive, que j'avais long- temps désespéré de parvenir à les déterminer. 59. Les acides végétaux ou minéraux, concentrés ou non, les dissolvent sans la moindre effervescence. Le muriate de platine m'a paru les attaquer plus vite que le chlorure de sodium ; mais, comme j'ai eu l'occasion de le faire observer, ce réactif au microscope est sujet à faire naître beaucoup d'illusions quand on opère sur une couche desséchée, parce qu'alors il précipite presque tout. До. Ces cristallisations sont trés-déliquescentes; et l'on prévoit d'avance que c'est à cette propriété qu'on devra attribuer leurs for- mes elliptiques ; il ne faudrait pas confondre avec elles les globules albumineux, qui, par la dessiccation, leur ressemblent quelquefois. 41. J'avais remarqué très-souvent des cristaux semblables dans le suc desséché des plantes. Ayant eu besoin d'observer au micros- cope le dépót que laisse la baie de raisin et le vinaigre, je retrou- vai, dans le suc desséché (fig. 11), toutes les formes que j'avais observées dansle suc de Chara, avec des modifications (fig. то) que l'on remarquait en assez grand nombre. Le vinaigre m'offrit de plus des cristallisations affectant la forme а fig. 11. Le vin ordinaire déposa encore sous mes yeux les formes cristallines (c, fig. 12) du Chara. Le vin du midi, beaucoup plusriche en substances muqueu- ses, les masque davantage ; ces cristaux, ayant à peu prés le méme pouvoir réfringent que ces sucs, y sont d'une telle transparence, qu'il faut faire jouer la lumière de bien des façons pour les y distin- guer. Or. le tartrate de potasse existe principalement dans le vin, le (42) vinaigre ordinaire et la baie de raisin; mes soupçons se porterent donc sur le tartrate de potasse. 42. Je précipitai le carbonate de potasse par de l'acide tartrique en excès, et j’obtins subitement des cristaux tourmentés comme on les voit fig. 9, 10. La forme fig. 14, je ne l'ai obtenue , mais en abondance, qu'une seule fois. Ces cristaux, surtout les formes (fig. 10) se rapprochaient de certaines cristallisations du vinaigre; mais je n'y retrouvai pas les cristaux elliptiques que l'on remarque exclusivement dans le suc de Chara, et en grand nom- bre dans le dépót du vinaigre. 45. Je pensai que cette cristallisation était due à l'acide acétique qui les dissolvait; je fis donc dissoudre du tartrate de potasse dans l'acide provenant du vinaigre distillé; mais l'évaporation de la- cide, au lieu de me laisser sur le porte-objet des cristaux ellip- tiques, n'abandonna que les cristaux fig. 15. Ces cristaux, comme on le voit, étaient réguliers et non tourmentés, parce que leur formation avait eu lieu sans trouble et avec toute la lenteur nécessaire. La moyenne de quatorze observations faites sur diffé- rens cristaux, à l'aide de mon goniomètre microscopique (1), m'a donné langle gab = 13318’. Le supplément de 155^*18' étant 46°42', il s’ensuit que la moitié de l'angle abc étant égal au supplément de l'angle gab, l'angle total арс doit être de 95°24”. Ог, j'ai trouvé souvent cet angle, par l'observation directe, me donnant 93. Quand une face (fe) avait envahi toutes les autres, j'ai trouvé, par l'observation directe, l'angle e fA 47 ; s'il arrive maintenant que la face opposée de l'autre bout envahisse toutes les autres à son tour, on aura un losange efgh, dont les angles obtus seront de 133°18”, et les angles aigus de 46"42^; or, l'observation directe m'a souvent donné 150; pour les uns, et 492 pour les autres, sur des cristaux un peu déliquescens. S'il ar- rivait ensuite que les deux faces du méme côté des deux bouts du^ cristal envahissent toutes les autres et vinssent se réunir immédia- tement les unes aux autres, on aurait le triangle fed , dont Ó——————— — —‏ —— — — س (1) Je m'empresse d'annoncer qu'en plaçant le cercle gradué et les deux cheveux ou fils de cocon au foyer du premier oculaire , les impuretés de la gélatine du cercle ne sont plus un obstacle à la vision. (Voyez les 4mnales, tom. T, p. 228.) — — (415) l'angle fe d serait de 86°36/. En supposant maintenant que deux de ces triangles égaux s'accolent par leur base (fd), on aura un rhombe de 86*36/ sur 9324". On le voit figuré aa^, et Pob- servation directe m'a donné souvent 85 sur 93. D'autres fois , le méme rhombe m'a donné 106 sur 107, de méme que l'angle abc, ce que fournit à peu près le calcul, en joignant ensemble la moi- пе de l'angle ga b = 155°18' avec l'angle aigu e f^ = 46. La me- sure de ces cristaux offre des anomalies à cause des ombres des bords; car, lorsque le cristal est posé un peu obliquement, les bords ombrés peuvent jeter dans des écarts considérables; c'est ce qui arrive quand , au lieu de cristalliser en lames, ils cristallisent en polyédres comme celui de la figure c. Cependant, en tenant compte de toutes ces anomalies, on peut arriver, comme onle voit, au moyen du goniomètre microscopique, à des résultats qui pour- ront étre tót ou tard de quelque utilité. 44. Parmi tous ces cristaux, leslosanges seuls ( fegh) offraient une analogie éloignée avec les ellipses du suc de Chara. Maisils étaient encore trop réguliers pour servir de base méme à une aualogie hasardée. Je pensai que dans le vinaigre, le vin, et par conséquent dans les Chara , leur cristallisation se trouvait troublée par des mélanges. En réfléchissant un instant sur la nature des mélanges qui ont lieu dans le vin et l'acide acétique, je me portai spé- cialement sur l'idée que ces cristaux étaient tenus en solution par l'acide acétique combiné, soit avec la résine, soit avec une sub- stance gommeuse, soit avec une substance albumineuse. Je fis donc un triple mélange d'acide acétique, de résine, de cristaux de tartrate de potasse, d'un côté; d'acide acétique , des mêmes cris- taux, etde gomme, de l'autre; enfin , d'acide acétique , de tartrate de potasse et d'albumine de l'autre. Le premier et le second mé- lange ne me donnèrent rien; mais le troisième laissa déposer sur la lame de verre exactement les cristaux du vinaigre , du vin et du sucdes Chara (fig. 12, cetfig. 11,5 c, c, a). Cette découverte deve- nait déjà d'une haute importance ; elle m'expliquait non-seulement la nature de ces cristaux, mais encore la nature de l'acide libre du suc des Chara, et le phénoméne curieux de la coagulation du liquide circulant, lorsqu'on le laisse échapper dans l'eau commune. 45. Ces cristaux (fig. 1 1 ccc) du suc des Chara étaient donc du tar- trate de potasse dissous parle mélange d'acide acétique et d'albumine; ( 414 } ils étaient déliquescens et corrodés. L'acide acétique dissolvant l'al- bumine, il arrivait nécessairement que, lorsque le suc était en con- tact avec l'air, et surtout avec une eau capable de saturer l'acide , l'albumine se précipitait et produisait sur la lame de verre le coa- gulum (fig. 1, a). On pourrait m'objecter que, si Pacidité des Chara pouvait étre attribuée à la présence de l'acide acétique libre, l'ébullition devrait faire disparaître l'acidité , tandis que j'ai dit le contraire (S 24). Nous verrons plus bas que ces principes sé- véres de la chimie en grand ne sont rien moins que vrais, et qu'ils ont sans doute donné lieu à bien des opinions erronées et à bien des créations imaginaires de substances. 46. J'aurais cru laisser incomplète l'analyse du suc des Chara, si je n'avais pas cherché à analyser la substance du tube lui-même. J'ai exprimé, dans l'eau distillée, un assez grand nombre de tubes pour les dépouiller de toute la matière verte qu'ils recélaient. Je les ai laissés séjourner quelque temps dans l'acide hydrochlorique très-étendu, afin d'enlever tous les sels insolubles dont ils auraient pu être incrustés. Je les ai lavés de nouveau à l'eau distillée, et je les ai laissés sécher. Brülés dans une cuiller de platine, leur fumée ramene faiblement au bleu un papier rougi par un acide. Incinérés prés de la flamme blanche d'une chandelle, leurs ceudres offrent les scintillations éblouissantes du calcaire qui devient alcalin. Ces cendres , insolubles dans l'eau , faisaient une vive effervescence et se dissolvaient entièrement dans les acides quelconques. Les réac- tifs n'y indiquaient que la présence du carbonate de chaux. Je dé- posai un certain nombre de tubes bien préparés dans l'acide sulfu- rique concentre ; ils s'y dissolvèrent presque entièrement, et, sans attendre que l'acide sulfurique vint à charbonner la substance or- ganique, j'étendis doucement d'eau le mélange, et je saturai ensuite l'acide par la craie ; je filtrai et fis évaporer le liquide, en ayant soin de filtrer de nouveau toutes les fois que l'élévation de la tem- pérature précipitait le sulfate de chaux tenu en dissolution. Par l'évaporation complète, j'obtins une couche gommeuse, soluble dans l'eau, ‘et précipitant par l'aleool. Cette expérience confirme encore la démonstration que j'ai déjà publiée sur la combinaison intime des tissus. La gomme joue le rôle d'acide en s’assimilant les bases ; et l'incinération éliminant une partie des élémens de la substance organique, cette combinaison, d'abord inattaquable par les acides ( 415 ) étendus, se change en carbonate; en sorte que, par l'incinération, on obtient à part la base terreuse, et, par la dissolution dans l'a- cide sulfurique concentré, ou étendu bouillant, on peut éliminer la substance inorganique , et obtenir à part la gomme qui lui était combinée. Ces idées expliquent simplement une découverte de M. Braconnot, sur la transformation prétendue des ligneux en gomme ; cette transformation n'est qu'une séparation. ` 4g. Si l'on n'avait que des quantités minimes de tissus dont on voudrait reconnaitre la base au microscope, on pourrait se servir avantageusement de l'acide tartrique, qui précipite la chaux à l'état cristallin. Ces cristaux (fig. 6 ) sont des prismes rectan- gles à pyramides à quatre faces, par décroissement sur les angles; ils ressemblent exactement aux cristaux d'oxalate de chaux que jai découverts dans les tubercules d'iris de Florence (fig. 7). Quelquefois ils s'offrent les uns et les autres sous la forme de la figure 8; mais on peut se convaincre que cette forme ap- parente ne provient que de leur position oblique et inclinée, qui fait que les angles dévient les rayons lumineux; ce dont on peut s'assurer, en faisant rouler sous ses yeux ces cristaux; саг on les verra successivement, dans leur révolution, s'offrir avec la forine. et ensuite avec la forme; ce qui n'arriverait pas s'ils n'étaient pas des prismes rectangles. Les cristaux de tartrate de chaux se distinguent des cristaux d'oxalate de chaux, en ce que, dansles premiers, langle b cd = 129, et l'angle арс 102, et que, dans les cristaux d'oxalate de chaux, l'angle a (c= 62, et l'angle b c d= 149. L'acide oxalique, dans cette expérience, ne remplacerait pas l'acide tartrique , parce que l'oxalate précipité par nos procédés ne cristallise jamais. 48. En me résumant, le tube hyalin de Chara se compose, comme toutes les membranes des cellules végétales, de gomme et de chaux ; la membrane verte renferme une résine verte dans ses granula- tions, et cette membrane est albumineuse. Le suc se compose, 1? d'albumine précipitée en globes ou dissoute dans l'acide acé- tique, et combinée avec le phosphate de chaux et les autres sels de l'albumine ordinaire; 2° de tarirate de potasse dissous dans l'acide acétique albumineux, d'nydrochlorates d'ammoniaque, de soude et de potasse. Examinons maintenant l'analogie de la composition de ce suc avec la composition chimique du sang des animaux. ( 416 ) Analogie du suc qui cireule dans le tube des Chara avec le sang qui circule dans les vaisseaux des animaux. 49- Nous avons trouvé (S 8 ). que le suc qui circule dans un tube de Chara renferme des hydrochlorates de soude, de potasse et d'ammoniaque. On sait, par l'analyse en grand, que le sang ren- ferme aussi de l'hydrochlorate de soude et de potasse. J'ai laissé digérer du sérum condensé, dans l'alcool, et l'évaporation de ce menstrue m'a laissé sur le porte-objet des cristaux d'hydrochlorate de potasse aussi bien formés que ceux du suc de Chara (fig. 12b), ainsi qu'un ou deux cristaux d’hydrochlorate de soude (fig. 12.4) au milieu d'une substance déliquescente, limpide, montueuse, ana- logue à celle que dépose l'albumine dissoute dans le suc du Chara. 5o. L'analyse en grand s'est peu occupée de la présence de l'hydrochlorate d'ammoniaque (fig. 12 d d') dansle sang. Maisce sel, onle retrouve, par lesobservations microscopiques, dans le sérum du sang, si, avant de le laisser évaporer, on a eu soin de l'étendre d'eau distillée ; et on le retrouve encore dans tous les liquides animaux. 51. Nous avons trouvé ( S 4) que l'albumine existait dans le suc de Chara à deux états : à l'état de précipité (fig. 20), et dis- soute par l'acide acétique. Nous avons vu que c'est à cette der- nière circonstance qu'on est autorisé d'attribuer cette coagulation spontanée dont on est témoin, lorsque le suc de Chara se vide dans l'eau ordinaire. Cette coagulation représente exactement la coagulation du sang, sous forme de fibrineau sortir des vaisseaux, Examinons, pour ne pas laisser incomplète cette analogie , dans quels divers.états l'albumine se trouve dans le sang. 52. Le sang renferme de l'albumine dissoute ; car, si on filtre le sérum jusqu'à ce que le microscope n'indique plus le majpdre globule dans ce liquide, on n'a qu'à soumettre la substance à l'ac- tion de la chaleur, et il se produira immédiatement une coagula- tion albumineuse. 53. Mais indépendamment de cette albumine tenue en dissolu- tion, le sang charrie des myriades de globules sur lesquels on а écrit beaucoup de choses mystérieuses, alors qu'on se contentait de juger des objets microscopiques par le simple coup d'œil. On ( 417 ) nous les a réprésentés comme des sacs rouges emprisọnnänt un noyau, et on les a figurés d’après cette idée (fig. 21 aa ^). Dau- tres les ont reconnus doués d'un mouvement spontané, comme M. Rob. Brown et l'Institut de France viennent de soupçonner que lesmolécules métalliques se meuvent spontanément ; d'autres enfin, dont les observations microscopiques ont définitivemement à nos yeux une valeur inverse du bruit qu'elles ont fait à leur publication, ont annoncé hardiment qu'en s'ajoutant bout à bout ils formaient exclusivement les tissus et la fibrine. Examinons à notre tour, par l'expérience directe, ces petits étres mystérieux. 54. Les globules du sang affectent des dimensions et des formes qui paraissent homogènes dans le même animal, mais qui varient pourtant, quoique dans des limites assez rapprochées. 55. Cesdimensions varient suivantles individus; les formes et les dimensions varient suivant les espèces. On observe des différences entre les globules de la mère et ceux du fœtus. 56. Lorsqu'ils circulent dans les vaisseaux, ou immédiatement aprés leur sortie , ils ne se présentent qu'avec la forme de globules simples et infiniment transparens, qui, en passant et repassant les uns sur les autres, entrainés par les courans du liquide, semble- raient étre tout-à-fait animés, aux yeux des observateurs partisans de mouvemens spontanés. Ces globules , si rouges sur les planches de certains auteurs, n'offrent quelque chose d'analogue qu'alors qu'ils sont recouverts de la nappe de matière colorante ; mais dès que la matière colorante , entraînée par l'albumine soluble qui s'épaissit, s’est retirée sur les bords du porte-objet , alors on voit évidemment que chaque globule est incolore et d'une transparence éblouissante. C'est principalement sur les globules grandement elliptiques des batraciens qu'on peut très-bien voir cette circonstance. L'expé- rience est encore plus vite terminée, si on a eu soin d'étendre le sérum d'une grande. quantité d'eau; car alors la matière colorante étant plus délayée et par conséquent inappréciable au microscope, les globules paraissent incolores au commencement méme de l'observation. Enfin, si on les observe circulant dans les branchies des salamandres (fig. 4 4) , ou dans la queue du tétard, on les trouve aussi blancs que dans les précédentes expériences. Il faut tenir compte pourtant de l'effet ordinaire de la lumière, qui, à Vinstant où les globules commencent à altérer l’homogénéité de (418) leur substance, en s'imbibant d'eau, leur préte une couleur.un peu jaunâtre ; mais cet effet a lieu sur tous les grumeaux de l'albumine de l’œuf. Pour se convaincre que cette couleur jaunâtre est l'eftet de la réfraction, on n'a qu'à observer ces grumeaux par réflexion sur un fond noir (fig. 18), et ils apparaîtront blancs comme Ja neige sur toutes les portions un peu opaques; car les autres por- tions trop transparentes se confondront avec le noir du fond. 57. Quelques instans aprés que les globules sanguins des batra- ciens (fig. 21 b) sont sortis du vaisseau et ont séjourné dans l'eau pure, ils commencent à acquérir des formes et des dimensions nouvelles ; ils s'étendent insensiblement, et alors on aperçoit dans leur centre une espèce de noyau (5'); bientôt la couche externe, qui se confond de plus en plus par son pouvoir réfringent avec le liquide, finit par disparaître tout-à-fait ; le petit noyau (fig. ^^”) reste, s'étend et disparaît à son tour. D'autres globules , au lieu de s'étendre sous forme elliptique, s'étendent sous forme sphérique ; enfin, si la quantité d'eau qui sert de menstrue est suffisante, tous ces globules disparaitront en s'y dissolyant; et quelques heures après on n'en trouvera plus un seul dans le liquide. 58. Les globules de certains animaux , surtout ceux des mam- mifères, au lieu d’être Digger dose e elliptiques, sont sphériques et beaucoup plus petits (fig. 21 c c'c”). En approchant le porte-objet de l'objectif, ils présentent dans leur centre un point noir et une au- réole transparente (c). Le point noir disparait, en éloignant une seconde fois le porte-objet : ce qui provient de ce que, dans le pre- mier cas, la partie médiane de la petite sphère n'étant plus au foyer du microscope, n'envoyait plus de rayons lumineux à l’œil de l'ob- servateur. Quand ces globules, par l'évaporation de l'eau, s'appli- quent contre la lame de verre, ils se présentent avec la forme c^, parce qu'alors la substance, se refoulant vers les bords, forme tout autour du globule une espèce de bourrelet. 59. Telles sont les diverses illusions auxquelles ces globules peu- vent donner lieu sous Је rapport de la forme. Étudions leur nature chimique. бо. Un acide minéral concentré , l'acide hydrochlorique, par exemple, commence par déterminer la formation d'un noyau sur les globules encore homogènes (0''''). Mais ce noyau, trace évidente d’une coagulation , varie de forme et de position dans chaque glo- ( 419 ) bule. L'acide hydrochlorique à la longue finit par dissoudre le glo- bule en entier. , 61. L'ammoniaque caustique et l'acide acétique concentrés dis- solvent presque instantanément ces globules. 62. La chaleur les coagule et les durcit. L'alcool produit le méme phénomène. | 65. Or, des globules hyalins, transparens , solubles dans l'eau, l'ammoniaque , l'acideacétique , l'acide hydrochlorique concentrés, coagulables par les autres acides , par la chaleur, par l'alcool , sont évidemment de simples globules d'albumine , et non des molécules organisées; et l'on doit prévoir déjà à quelles graves erreurs l'ons'ex- poserait , si l'on suivait à la lettre les tables des mesures respectives que les micographes ont hasardé de nous donner au sujet des globu- les de divers animaux; car on concoit d'avance que le globule, au sortir du vaisseau, sera bien moindre que quelques instans après son séjour dans l'eau ordinaire, dont on se sert pour délayer le sang trop épais, et que bientót ils affecteront tous des formes différentes, selon que les uns auront plus de tendance à se dissoudre que les autres. Du reste, les mesures qu'on pourrait obtenir par des ob- servations consciencieuses, varient d’après les instrumens ampli- fians, car elles dépendent de la manière dont on aura déterminé l'évaluation des grossissemens, et d’après les différences indivi- duelles des sujets soumis à l'observation. Il faut se contenter, en semblables circonstances, de ne voir qne de simples approximations dans les mesures obtenues. 64. Ces globules peuvent donc étre considérés comme de Palbu- mine, d'abord dissoute dans le sang par un menstrue quelconque , et ensuite précipitée de ce menstrue. Cependant, les précipités d'albumine qu'on obtient par l'alcool , n’offrent jamais un assem- blage de globules homogènes. Cela est vrai; mais les précipités d'al- bumine qui ont lieu par l'évaporation spontanée du menstrue qui la tenait en solution, représentent si bien tous ces phénomènes, qu'avec une matière colorante on croirait avoir devant les yeux du véritable sang. Que l’on dépose une certaine quantité d’albu- mine de l’œuf de poule dans l'acide hydrochlorique très-concentré et en excès ; bientôt l'albumine, d'abord coagulée en blanc, se dis- soudra dans l'acide en le colorant en un violet, qui passera ensuite au bleu. Si on décante alors l'acide hydrochlorique, et qu'on Pa- ( 420 ) bandonne à une évaporation spontanée, on verra se précipiter une poudre blanche qui, observée au microscope, u'offrira que des glo- bules très-petits, identiques, sphériques, et que l'oeil le plus exercé confondrait volontiers avec les globules du sang. 65. Il est facile d'accorder que les proportions de ces globules varieront en raison de la quantité de menstrue qui s'évaporera dans un instant donné, et de bien d'autres circonstances accessoires ; en sorte que ces globules pourront affecter des grosseurs et des formes différentes, selon les âges, les mœurs, l’espèce et le sexe des ani- maux soumis à l'observation. 66. Nous retrouvons donc encore, dans le sang, l'albumine avec les deux états que nous avons observés dansle suc de Chara. Ппе s'agit plus que de savoir quel est le menstrue qui , dans le sang, lui sert de véhicule. Macquer et Homberg avaient déjà trouvé un acide dans le sang; Proust y a trouvé de l'acide acétique ; onsait, d'un autre cóte, que Berzélius y indique, ainsi que dans tous les tissus, du lactate de soude et de potasse ; or, je vais prouver maintenant que l'acide lactique correspond exactement au mélange d'acide acétique et d'albumine du suc des Chara ; et dés ce moment j'aurai achevé de prouver qu'à part la matière colorante , qui, du reste, n'est qu'un accessoire du sang, le sang et le suc circulant dans les tubes de Chara , ont essentiellement les mémes élémens chimiques. 67. Avant de passer à cette démonstration , arrétons un instant notre attention sur la facilité avec laquelle toutes ces notions expli- quent certains phénomènes que le sang présente à sa sortie des vaisseaux. Le menstrue qui tient en dissolution une partie de l'al- bumine du sang, et en suspension sous forme de globules l'autre partie, s'évapore lorsque le sang n'est pas étendu avec de l’eau, et se sature ou s'affaiblit trop pour pouvoir dissoudre l'albumine, quand on fait tomber le sang dans l'eau ordinaire. Dés ce moment un départ albumineux se forme, enveloppant, en se formant, la ma- tiere colorante et une grande quantité de sels dissous dans le li- . quide. Ce coagulum , on l'appellera caillot; la portion du liquide qui le surmonte , et qu'on nomme sérum , ne différera pourtant de ce caillot que par la moindre quantité de toutes les substances qui se trouvent agglomérées dans celle-ci; car ce sérum renferme en- core et de l'albumine qu'on pourra obtenir à l'état de fibrine, et tous les sels que le sang charriait avec lui. En conséquence , le caillot et ( 421 ) le sérum ne sont point deux portions distinctes, mais seulement deux états differens de la méme substance; et c'est étrangement s’abuser que de chercher à donner les proportions dans lesquelles on a cru les rencontrer par l'analyse du sang; car ces proportions varieront à l'infini avec les analyses subséquentes, selon les cir- constances atmosphériques et les procédés employés. Comme la matière colorante du sang est dissoute par le méme menstrue que l'albumine , il s'ensuivra que l'albumine , venant à rapprocher ses molécules par sa coagulation , emprisonnera la ma- jeure partie de la matière colorante, et, en se précipitant, formera le caillot rougeátre, dont, par des lavages et des imbibitions répé- tées au moyen du papier gris, on pourra extraire la matière colo- rante, pour obtenir l'albumine à l'état de fibrine blanche, molle, ductile et élastique. Le méme phénomene aurait lieu à l'égard d'un mélange d'albumine de l’œuf et de garance. La coloration du coa- gulum sera d'autant moins intense , que l'albumine sera en propor- tion plus grande par rapport à la matière colorante. Le noyau que l'on remarque dans l'intérieur des globules des batraciens (fig. 21 b) (car sur la plupart des autres c'est un simple effet d'optique ), n'est que l'effet de la dissolution successive des diverses couches du globule albumiueux. Car la couche externe du globule venant à s'imbiber d'eau la premiere, s'étend la premiere dans le liquide, acquiert par son irnbibition et par son aplatisse- ment un pouvoir réfringent plus faible que les couches centrales, qui, dés ce moment, se montreront plus opaques que la couche externe ; lorsque la couche externe se sera entièrement dissoute, la couche plus interne subira la méme modification, et ainsi de suite jusqu'à la couche médiane ; et le globule finira par disparaitre en entier. Quelquefois, au lieu de deux emboitemens tranchés, on en distinguera trois ou quatre dans le globule, à mesure que l'eau aura pénétré plus avant, mais en proportions différentes. Nous verrons bientót qu'on peut reproduire mécaniquement tous ces phénomènes sur l'albumine de l’œuf. Le suc qui circule dans un tube de Chara a, comme le sang, sa fibrine et son sérum, c'est-à-dire sa coagulation spontanée ($ 6). Voyons maintenant comment le suc des Chara possede l'analogue des lactates du sang. о КШ. Sur la non-existence de l'acide lactique de Schéele ( nancéique de Braconnot оч zumique de Thomson ). 68. Ayant laissé évaporer l'alcool que j'avais versé sur le résidu du suc de Chara, je m’aperçus au microscope que ce menstrue avait déposé, outre des cristaux d'hydrochlorate de potasse, une substance albumineuse, grumeleuse, ayant tout l'aspect déliques- cent de celle qui recouvre ou entoure les cristaux du suc des Chara spontanément évaporé. Je pensai que ce dépôt pourrait bien être de l'albumine dont l'acide acétique aurait produit la so- lubilité dans l'alcool, de même que les acides rendent les: huiles solubles dans l'eau. Par une analogie un peu éloignée, je com- mencais à prévoir que, s'il en était ainsi, je pourrais former de toute pièce l'acide lactique, dont le principal caractère, comme on le sait, est d'étre incristallisable , déliquescent , également soluble dans l'eau et dans l'alcool, et prétant à ses sels les mémes proprié- tés physiques et chimiques; en sorte que le tartrate de potasse, dissous par l'albumine acétique des Chara, aurait dès lors repré- senté les lactates de potasse et de-soude, qu'on a indiqués dans le sang et dans bien d'autres liquides végétaux ou animaux. Ces idées, un peu hétérodoxes en apparence, étaient trop piquantes à mes yeux, pour ne pas en poursuivre la vérification sans délai. 69. Je fis dissoudre du tartrate de potasse dans l'acide acétique; ayant fait évaporer jusqu'à un certain degré, je versai, sur le mé- lange déliquescent, de l'aleool'à 58°; je décantai ; l'alcool évaporé me laissa des crisiaux réguliers de tartrate de potasse. go. Je fis digérer de l'albumine de l'œuf de poule dans l'acide acétique obtenu des seconds produits de la distillation du vinaigre. Une partie de l'albumine se coagula en se tiraillant jusqu'à la sur- face de l'acide. Bientôt ce coagulum filant se subdivisa en gru- meaux albumineux. Je filtrai le mélange et soumis à l'ebullition le liquide filtré ; une nouvelle coagulation eut lieu; je filtrai de nou- veau, et je recommencai à faire bouillir et à filtrer jusqu'à ce que l'ébullition la plus prolongée ne déterminât plus dans le liquide une coagulation appréciable. Après six heures d’ébullition, ce li- quide conservait encore toute son acidité. J'ai eu déjà bien des feis occasion de faire observer combien ( 425 ) l'on se trompe quand on pense dépouiller complétement une substance fixe d’une substance volatile qui a de l'affinité pour elle, ` en soumettant ce mélange à l'ébullition. Cette expérience achève de démontrer, d'une maniére péremptoire, tout ce que j'ai écrit à cet égard. D'ailleurs, si l'acide acétique a de l'affinité pour l'albu- mine, réciproquement l'albumine а de l'affinité pour l'acide acé- tique, ensorte qu'il arrivera un moment où l’excès d'acide acétique s'étant évaporé, le reste, étant en combinaison intime avec l'al- bumine, sera retenu avec fixité par ce dernier corps , méme apres l'évaporation complete des parties aqueuses. 71. Je laissai évaporer spontanément sur une lame de verre une portion du mélange d'albumine et d'acide acétique ; j'obtins une couche grumeleuse, légèrement déliquescente, non fendillée , blanche, qui se redissolvait également dans l'eau et dans l'alcool, qui rendait également acides l'un et l'autre de ces deux menstrues, et que j'obtins une seconde fois avec tous ses caractères , par une nou velleévaporation. 72. Afin que l'expérience fût comparative, je me procurai l'a- cide lactique, du lait aigri, par la méthode de Schéele. L'ébullition m'offrit les mêmes phénomènes que l'acide artificiel que je venais de trouver; je filtrai à chaque nouvelle coagulation, et je finis par obtenir un acide liquide incoagulable et déliquescent après son évaporation. Je ne cherchai pas à en précipiter le phosphate de chaux par l'eau de chaux; car ce précipité n'a pas lieu lorsque l'a- eide est étendu , et je ne voulais pas me servir de l'acide oxalique pour précipiter la chaux à son tour, afin de n'avoir pas des traces d'un acide étranger dans l'acide lactique. Au reste, la présence de la petite quantité de phosphate de chaux qui a pu échapper à tou- tes les coagulations du liquide, ne modifiant en rien les caracteres essentiels de l'acide, j'étais en droit de le négliger, alors qu'il ne s'agissait que de découvrir l'identité de mes deux substances (l'a- cide naturel et l'acide artificiel). 75. J'étudiai ensuite l'action d'un certain nombre de bases sur l'un et sur l'autre, et j'obtins absolument les mêmes réactions avec l'un et avec l'autre. Les sels de l'un et de l'autre refusaient également de cristalliser ; leur aspect était également déliquescent le premier jour, et deux jours apres ils étaient également secs. 74. Mais, observés au microscope, ils offraient trés-souvent les ( 424 ) cristallisations des acétates ; ainsi, le lactate de chaux était parsemé cà et là d'arborisations (fig. 15), qui rappellent la cristallisa- tion de l'acétate de chaux. D'autres fois ces arborisations étaient en panache (fig. 17) , et contournées. La strontiane , la baryte et l'ammoniaque combinées avec l'acide lactique offraient les mémes cristallisations ; mais le lactate d'ammoniaque , en outre, était traversé de figures analogues à la fig. 16, qui imitaient des écailles de papillon. Or, toutes ces cristallisalions appartiennent aux acétates, et je les retrouvai encore dans mon lactate artificiel. Le „lactate de potasse artificiel ou naturel n'offrait aucune cristallisa- tion, et restait long-temps déliquescent; le lactate artificiel et na- turel de fer restait rougeâtre et insoluble; en conséquence, les propriétés illusoires par lesquels l'acide lactique se distingue de l'acide acétique, ne sont dues qu'à la présence de l'albumine que l'acide tient en dissolution, et à laquelle il communique la fa- culté d'étre également soluble dans l'eau et dans l'alcool. 75. La première action des bases sur cet acide confirme encore plus évidemment cette proposition. Dés qu'on met en contact une base caustique avec l'acide, on apercoit, dans le naturel comme dans l'artificiel, un précipite floconneux qui, au microscope, porte tous les caractères de l'albumine, et qui, par l'incinération en grand, ne dément pas sa nature; en sorte qu'en saturant l'acide lactique par la soude, on finirait par séparer toute l'albumine, et obtenir un acétate de soude. Avec les bases peu solubles, on n'ob- tiendrait pas le méme résultat, parce que les acétates de ces bases se précipiteraient avec l'albumine, et s'envelopperaient dans le coagulum. L'étude de ces bases au microscope m'a méme révélé une circonstance que j'ai déjà annoncée ( S 69), et qui me semble promettre des applications théoriques de la plus haute impor- tance en physiologie. 76. Les carbonates de potasse , de soude, de chaux, de magné- sie, de baryte, de strontiane, l'ammoniaque pure versés sur l'acide lactique naturel, précipitaient bien l'albumine de cet acide, mais en grumeaux grauulés, déchirés et informes. Mais, ayant mis, en contactavec l'acide, de la baryte pure, je m'apercus que le précipité avait lieu par petites boulettes blanches à l'oeil nu, et arrondies au microscope. Ces boules, par réfraction, avaient l'aspect jaunâtre et granulé des coagulations de l'albumine ( fig. 19); et par ré- ( 425 ) flexion, placées sur un fond noir, elles étaient blanches comme la neige (fig. 18). Les unes étaient elliptiques ou ovoïdes, attei- gnant 5 millimètre ; les autres, au contraire, sphériques, ayant seu- lement + de millimètre (fig. 19 b), offraient dans leur intérieur un beau noyau opaque, analogue au noyau que le séjour dans l'eau détermine au seiu des globules sanguins des batraciens. Celles-ci étaient les plus nombreuses, et quelquefois aussi, outre leur noyau central, elles étaient encore emboitées dans une sphere plus trans- parente, de manière que le globule pouvait être considéré comme possédant deux noyaux; j'avais donc fait de toutes pièces des globules de batraciens. Toutes les bases caustiques produisirent le méme effet que la baryte caustique. 76. Ayant voulu essayer l'action de ces bases sur mon acide ar- tificiel, je n'obtins plus rien de semblable; l'albumine se précipi- tait en grumeaux informes. Des inductions d'un autre ordre d'ex- périences m'amenaient à penser que les beaux globules que je ve- nais de former renfermaient en abondance le phosphate de chaux du lactate naturel , et que c'était à l'assimilation de ce sel qu'il fal- lait attribuer la forme régulière de mes globes. Mon acide artificiel, possédant peu ou point de phosphate, devait, d’après cette théorie, se refuser à produire ces belles spheres albumineuses. Je laissai digérer du phosphate de chaux pur dans mon acide artificiel , et dès ce momentles alcalis caustiques y déterminèrent la formation du précipité globulaire fig. 19. En conséquence, il devenait démontré que la formation de ces globules était due à une espèce de loi d'or- ganisation; c'est-à-dire que l’alcali caustique venant à s'emparer de l'acide qui tient également en dissolution et l'albumine et le phosphate de chaux , l'albumine, en s'assimilant cette dernière substance , devenait un véritable tissu organisé. 77. Par uue autre conséquence, il devenait évident qu'en préci- pitant par la chaux caustique, dans le procédé de Schéele, on pré- cipite non-seulement le phosphate, mais encore une grande par- tie de l'albumine qui était tenue en dissolution par l'acide acéti- que, et que de cette maniere on dénature en grande partie l'acide lactique qu'on cherche à purifier. Cette réflexion est bien plus ap- plicable encore au procédé de M. Berzélius. Il est impossible qu'au milieu de tant de manipulations indiquées par ce célèbre chimiste pour épurer le prétendu acide lactique ; on ne l'altére pas énormé- 4 2; 28 ( 426 ) ment. Aussi la couleur jaune qu'il acquiert, et que M. Berzélius regarde comme un caractere de cette substance, indique au con- traire une altération réelle, analogue à celle que l'emploi des acides et l'élévation de la température font subir à toutes les substances organiques. L'acide lactique n'est donc qu'une combinaison intime d'acide acétique et de la portion la moins phosphatée de l'albumine. Quant à l'acide que M. Braconnot avait impropreraent nommé nancéique, du nom de la ville de Nancy, et que M. Thomson au- rait peut-être dà se dispenser de nommer zumique, de £vun (le- vain) , il ne doit plus rester maintenant le moindre doute sur son identité avec l'acide lactique, puisque les sucs des végétaux aigris renfermant simultanément du gluten ( albumine végétale) et de l'acide acétique, il est impossible que ces deux substances ne se mélangent pas de la même manière que dans le lait aigri. Quant à leurs sels, on sait qu'ils sont analogues; et s'ils ve- naient à offrir quelques différences , il serait facile de prouver que, par l'addition d'un peu de sucre ou de potasse aux nancéates, on communiquerait à ces derniers sels un aspect un peu plus déli- quescent qu'ils ne présentent en certain cas. Au reste, on me par- donnera , je pense , si j'annonce que les nancéates mêmes offriront des différences entre eux, sous le rapport de l'aspect, selon qu'on les aura obtenus de telle ou telle plante. 78. De toutes ces expériences, il résulte que leslactates de soude et de potasse que l'analyse en grûnd a fait trouver dans le sang, reviennent au mélange d'acide acétique d'albumine et de tartrate de potasse que l'analyse microscopique nous a fait démontrer dans le suc de Chara. Mais les cristaux de tartrate ne se montrent раз dans le sérum du sang ; donc ici ce lactate est un acétate albumi- neux de potasse ; et il n’y aurait rien d'impossible que, dans le suc de Chara , outre le tartrate, il n'existát aussi de l'acétate de po- tasse, Quoi qu'il en soit, cette modification, due à la présence du tartrate dans l'un, et à son absence dans l'autre , est si légère, qu'elle ne saurait affaiblir en rien l'analogie complète que nous venons de découvrir, sous le double rapport, et du mécanisme de la circulation et de leur composition chimique, entre le suc qui circule dans les tubes des Chara, et le sang qui circule dans les vaisscaux des animaux. — enm. | (427) - #9. Partie historique. Schéele (1), en 1780, obtint cet acide lac- tique du lait aigri, dela manière suivante : il réduisit aux 0,125 (1), par évaporaticn le petit-lait aigri, filtra, satura par l'eau de chaux pour séparer le phosphate de chaux, précipita la chaux par l'acide oxalique , et évapora jusqu'à consistance de miel. Bouillon-Lagrange, en 1802 (2), conclut d'une série d'expé- riences, que l'acide lactique n'était que de l'acide acétique sali par un peu de sub tance saline et de matière animale. M. Thénard, en 1806, partagea cette opinion (5). Mais M. Thom- son (4) ayant fait observer que ces deux chimistes n'ayaient ainsi argumenté que d'apres l'acide obtenu par la distillation, acide qui, comme Schéele l'avait déjà avancé, pouvait provenir de la décom- position de l'acide lactique, M. Thénard abandonna son opinion dans son traité de chimie (5); il continua à adopter l'opinion de M. Thomson (6) sur l'identité de l'acide nancéique (7) et de l'acide lactique. Enfin, M. Berzélius (8), par un procédé très-compliqué, détermina encore davantage les chimistes à considérer cet acide _ comme un acide sui generis. Mais ce procédé, destiné à dépouiller l'acide lactique de ses sels, ne produit réellement d'autre effet que d’altérer et de jaunir l'albumine; et, раг l'incinération, on y re- trouvera toujours une certaine quantité de sels. Notre acide artifi- ciel, en passant par toutes ces manipulations , acquerrait certaine- ment aussi la couleur jaune de l'acide lactique de M. Berzélius. Explication de la planche 9. Fig. 1. Entre-nœud de Chara coupé avec un rasoir en g, pour observer la coagulation du suc albumineux (a) qui circulait dans (1) Trans., Stockolm. 1780. (2) Annal. de Chimie, tom. L, p. 288. (5) Annal. de Chimie, tom. LX, p. 280. (4) Syst. de Chim., trad. pac Riffault, tom. II, p. 210, 1818. (5) Tom. 1V, 1824, p. 399. (6) Ibid., p. 401, et tom. HI, p. 685. Thomson, Syst. de Chim., tom. Н, pag. 216. (7) Annal. de Chim., tom LXXXVI, p. 84. (8) Forelasninger à D'jurkemien (Chimie animale), tom, П, p. 450, ( 428 ) son sein. (^) Membrane verte qui tapisse l'intérieur du tube. (cc) Masses albumineuses qui continuent à étre poussées au dehors vers l'ouverture g par la force aspirante des parois du tube. (4) Globes albumineux colorés par l'acide sulfurique ; (e) Id. colorés par Pa- cide hydrochlorique; ( f) colorés par l'acide nitrique. Fig. 2. Portion du méme tube vivant et entier, pour montrer la direction des couransinverses séparés par une ligne médiane. On voit de grands globes rouler sur leur axe sous la ligne blanche; les glo- bules verts appartiennent à la membrane qui tapisse les parois du tube, et les globules grisâtres sont ceux que charrie le courant. Fig. 5. Tube de Chara dépouillé de la partie corticale (dd), sur chaque extrémité duquel sont pratiquées deux ligatures (aa) entre lesquelles la circulation continue, méme aprés qu'on a coupé la portion intermédiaire entre d et a; (e) fragmens des rameaux verticillés ; (^) graine qui renferme de la fécule; (c) granule qu'on suppose être l'analogue de Panthère. J'ai dessiné ces deux organes afin qu'on ne tombe pas dans la méprise dans laquelle est tombé M. Gassini, en prenant le bourgeon pour la graine des Chara. Les bourgeons se trouvent à l'aisselle des articulations. Fig. 4. Branchie d'une salamandre aquatique. (a) Globules san- guins circulant dans les papilles; (b) globules tourbillonnant sous l'influence de l'aspiration des papilles. Fig. 5. Vorticelle fixée sur un porte-objet (e), attirant les cor- puscules suspendus sur l'eau, par sa surface d'aspiration (а) ; les repoussant en les faisant tourbillonner par les cils illusoires d'expi- ration (cc) qui partent du bourrelet circulaire (b), dans l'intérieur duquel on apercoit une circulation véritable. Fig. 6. Cristal de tartrate de chaux ( S 47). Fig. 7, 8. Cristal d'oxalate de chaux ( S 47). Fig. 9, 10, 14. Cristaux de tartrate de potasse précipités par un excès d'acide (S 42). Fig. 11. Cristaux de tartrate de potasse obtenus par l'évapora- tion du vinaigre, ou d'un mélange d'acide acétique pur, d'albu- mine et de tartrate ordinaire (S 44). Fig. 12. Cristallisations qu'abandonne sur le porte-objet le suc des Chara. (a) Hydrochlorate de soude. (a^) Acide hydrochlorique en bulles qu'en dégage l'acide sulfurique concentré. (c) Tartrate de potasse qui était tenu en solution par l'acide acétique albumineux. ( 429 ) (b) Cristaux d'hydrochlorate de potasse. (dd'd^) Arborisations d'hy- drochlorate d'ammoniaque (S 55). Fig. 15. (a,b, с,) Cristaux de tartrate de potasse cristallisant par l'évaporation de l'acide acétique pur (S 45). Fig. 15. Arborisations d'acétate de chaux qu'on observe après la dessiccation de l'acide lactique combiné avec la chaux, et de l'a- cide acétique albumineux combiné avec la chaux (S 74). Fig. 16. Autre cristallisation du lactate ou de l'acétate albumi- neux d'ammoniaque. Fig. 17. Autre cristallisation qu'affectent les lactates ou les acé- tates albumineux de chaux, de baryte, de strontiane (v. S 74). Fig. 18. Globes albumineux du suc des Chara vus par réflexion, analogues aux globes albumineux que les alcalis caustiques déter- minent dans l'acide lactique ou dans l'acide acétique albumineux saturé de phosphate de chaux. Fig. 19. Id. Vus par réfraction, (а) avec un double noyau, (^) avec un seul noyau central, (c) simple et ovoide (9 76). Fig. 20. Globes du suc des Chara (S б). Fig. 21. Globules sanguins, (aa^) tels qu'on les a figurés dans ces derniers temps, (b, b, c, d) tels qu'ils sont réellement, une fois qu'on les aura observé dans un liquide étendu, et hors la nappe de matière colorante. (^) Globules de batraciens, tels qu'ils sont au sortir des vaisseaux ; (0' ^) avec le noyau qu'ils acquièrent dans l'eau, (07) lorsque la couche externe s'est dissoute, (b) coagulés par uri acide; (c) globules du sang humain trop prés du foyer du microscope, (c^) Id. presque desséchés sur le porte-objet, (c") tels qu'ils sortent des vaisseaux. (dd) Globules albumineux que l'évapo- ration de l'acide hydrochlorique, saturé d’albumine, abandonne en très-grande quantité ( S 65). ( 450 ) RENE ES EER U e ЕМС UE RER PE PAP ЗЕН РН ЛЕР ف‎ TPE PCA PES ESSAI DE CHIMIE MICROSCOPIQUE APPLIQUÉE А LA PHYSIOLOGIE , ou L ART DE TRANSPORTER LE LABORATOIRE SUR LE PORTE-OBJET, DANS L'ÉTUDE DES CORPS ORGANISÉS ; —À—— ll PAR M. RASPAIL. 2 2 ale LO Peu de préceptes , beaucoup d'exemples. Ramus. Historique. Qu un jeune homme, victime des bizarreries de la fortune ou de la fureur des réactions, cherchant soit à oublier les hommes, afin de mieux leur pardonner, soit à se soustraire aux tourmens de l'ennui, afin de supporter ауес plus de résignation les tourmens de la misère, vienne un jour à se réfugier dans l'étude des phénomènes de la nature; qu'il ait consacré, pendant plusieurs années, à la re- cherche des faits et de leurs causes, tous les instans qu'il aura pu ravir aux exigences de sa position ; que tout entier à la pensée qui le domine et qui le console, il l'ait poursuivie sans reláche jusque dans les rêves du sommeil, jusqu'à travers les distractions de ses repas et de ses courses, de ses souffrances et de ses soulagemens ; enfin que maitre de la difficulté, ivre de son triomphe, il cède au sentiment de la gloire, genre de faiblesse qui ne dépare pas l’homme de bien, ses premières lueurs d'espérance lui feront porter ses re- gards sur l'Institut francais. Le souvenir de la bonhomie obligeante de Lacépède, de la grandeur fière mais prévenante de Laplace, de la générosité protectrice de Berthollet, la pauvreté indépendante ct loyale de ce jeune physicien, l'impartialité encourageante de ce vieux géomètre, les noms révérés de ces deux ou trois membres que je me garderai bien de louer, car ils пе sont pas encore morts, tout enfin lui aura donné une idée si relevée de ce grand corps aca- démique, que peut-être, dans son esprit, l'image de la gloire sera k; (451) devenue inséparable des suffrages de ces sayans. Admis à la faveur de lire le résultat de ses recherches au sein de cette assemblée im- posante, il tressaille déjà d'espérance en entendant le président proclamer, comme commissaires chargés d'examiner son travail , deux ou trois membres de l'Académie ; et le lendemain il vole au- prés de chacun d'eux , pour les entretenir de ses idées et fixer avec eux le jour de l'examen. Mais quel triste lendemain! La majesté imposante de l'assemblée, la gravité silencieuse de ses augustes- auditeurs de la veille, ces motifs ravissans d'espoir et d'orgueil , il voit tout disparaître avec la rapidité de l'orage, dès qu'il a entre- tenu ses juges en particulier. Comment voulez-vous, lui dit l'un, que je revoie huit cents observations délicates ?— Avez-vous d présenter des espèces exotiques ? lui dit l’autre, je ne т?оссире pas du reste. —Ce que vous annoncez , lui répond un troisième , Je l'ai déja dit dans mes leçons orales. Un quatrième, plus ingénu, lui fait part des soins qui l’accablent : il a un rapport à faire sur les travaux des fils de tel, tel et tel de ses collègues; comment, au milieu de tant de de- roirs de famille , trouver le temps de remplir un devoir de sa dignité? En un mot, déconcerté et perdant courage, notre jeune obser- vateur commence sans doute alors à hair l'humanité, car il vient de connaitre les hommes qui, un instant auparavant, lui parais- saient seuls dignes de son estime ; à voir l'étude avec indifférence, car il l'aimait un peu pour la gloire; il cesse peut-être d'aimer la vie (1), car souvent la vie n'est plus rien aux yeux du sage sans un peu d'illusion! L'infortuné! Il a tort pourtant! Scerate, en affrontant la mort, avait-il en vue d'obtenir pour sa tombe une couronne aux jardins d'Académus ? Platon était-il éloquent, dans l'espoir d'un fauteuil académique ? Aristote consacrait-il toutes les. faveurs d' Alexandre à l'étude de la nature , pour acquérir des dis- tinctions? Pline allait-il s'ensevelir sous les cendres du Vésuye, dans l'espoir de venir lire un mémoire à la réunion-des curieux de Rome ? Descartes enfin fut-il jamais plus grand qu'alors que, faute de juges capables de le comprendre, il ne trouva plusautour de lui que des jaloux capables de le persécuter ? О vous tous, dont l'es- (1) Lisez la Nécrologie du jeune voyageur français Pacho; ct celle du jeune géomètre norwégien Abel. (4nnal, des Scienc, d'obs., mai 1829.) ( 452 ) » prit fasciné aime encore, dans l'étude, l'espoir de cette célébrité qu'on distribue comme une gráce, désabusez-vous! La nature n'a pas besoin de ces auxiliaires illusoires et trompeurs; elle est trop belle par elle-même; aimons -la pour elle-même; il est trés-possi- ble queleshommes dont vous ambitionnez le plus les suffrages per- dent de leur importance, une fois que vous les aurez connus; n'am- bitionnez donc pas un bonheur aussi incertain et aussi précaire; et s'il faut, pourachever de vous désabuser, un exemple quelconque, pré- tez un instant l'oreille aux faits que je vais vous raconter en peu de mots, sans orgueil et sans modestie, mais afin deranimer votre cou- rage et de dissiper vos illusions. Les premiers essais des travaux dont je vais exposer la série ont été lus, le 6 aoüt, à la Société Philomatique, et, deux mois aprés, à l'Académie royale des Sciences. Soit par défiance en un sujet aussi neuf, soit par une aversion préconcue contre un moyen d'in- vestigation inusité, soit enfin que la modestie de la simple loupe montée avec laquelle. j'avais fait ces expériences lui parüt un gage bien aventuré de l'exactitude des faits que j'annoncais, le chi- miste chargé par la Société Philomatique de vérifier ce travail, au bout de dix séances peut-être, n'avait pas encore mis l'œil à l'ocu- laire, et ne paraissait pas disposé à prendre ce parti. Sorti mieux avisé de cette épreuve, je me gardai bien, aprés ma lecture à l'Institut, d'aller importuner mes nouveaux commissaires ; j'avais pris date, circonstance aussi essentielle pour conserver la propriété d'une découverte scientifique, que l'est un brevet d'invention dans le commerce et dans les arts; mon but était rempli; je livrai à l'impression ce mémoire; et dans la suite je ne m'écartai plus de cette maniere d'agir. Imaginez en effet un plaideur en présence de trois juges parlant chacun un langage différent, vous aurez à peu prés le résultat de ce qui serait arrivé à un inconnu ne proposant rien moins que de renverser des théories, en présence de trois commis- saires, dont l'un, exclusivement physiologiste , l'autre, exclusive- ment chimiste, et le troisième exclusivement botaniste, Le physio- logiste (1) ignorait l'art de se servir des réactifs; le chimiste ignorait (1) Le physiologiste désigné alors comme commissaire est resté, depuis, tel- lement étranger à toutes ces découvertes, que, se trouvant un jour chez un ha- bile observateur de la capitale, il tint à peu prés ce langage : Que nous dit done س س se‏ & ( 455) celui de se servir du microscope; le botaniste ignorait Pun et l'autre, et d'ailleurs le mémoire soumis à leur examen attaquait les travaux des trois; le moindre échec auquel on pouvait s'attendre en pareille circonstance , c'était, sans aucun doute, à un silence désapproba- teur. Ce ne fut pas là tout-à-fait le parti qu'on commenca à pren- dre. Quelques sociétés crièrent bien fort ; on persiffla en secret ; on dénatura les idées : on n'en parla que par oui-dire; on refusa de se convaincre par ses propres yeux; les professeurs se prononcaient peu, ou se prononcaient contre; les journaux continuaient à gar- der le silence; la correspondance de nos savans désabusait d'avance la conviction des savans étrangers; et, ce qui était plus fücheux sans doute, notre caractère n'était pas plus ménagé que nos écrits. Mais enfin des plagiaires se ргеѕепіёгепі; ils recurent des couronnes; et, dans son cours de cette année, M. Gay-Lussac lui-même, qui jusqu'alors avait repoussé cette doctrine, l'a accueillie de la ma- nière la plus favorable, sous le couvert du plagiat. Mais pourquoi s'indigner de ces revers! un homme sage les au- rait tous prédits d'avance : les hommes une fois arrivés au pouvoir, une fois chargés de dignités et d'honneurs, doivent nécessairement devenir despotes, dés qu'un pouvoir rival ou supérieur ne contróle plus leur conduite et leurs actions; vieillis dans la considération , la flatterie a tellemement émoussé leur amour-propre , qu'il leur faut de l'adulation pour réveiller leurs jouissances; or, comment veut-on qu'ils prétent une oreille indulgente à la critique d'un in- connu, et qu'ils sanctionnent de leur approbation des découvertes qui les importunent? N'exigeons pas trop des hommes, et pour cela , пе présumons pas trop de leurs qualités ; et au lieu de nous plaindre de leurs procédés, apprenons dès à présent à nous pré- س М. Raspail? il annonce avoir trouvé de la fécule dans une articulation de Chara? — Attendez, répond l'observateur, je vais vous montrer ce qu'il an- nonce ; examinez, au microscope, le résidu de cette articulation que je viens d'écraser sur le porte-objet.—Oui, je vois des globules, mais qu'est-ce que cela signifie, et comment sait-il que là se trouve de l'amidon ? — Un instant, reprit l'observateur, permettez que j'ajoute sur le porte-objet une goutte d'iode.—Eh bien! je vois que les globules deviennent bleus; mais, encore une fois, cela prouve-til que M. Raspail ait trouvé de l'amidon dans cet or- gane? — L’observateur retira la lame de verre, ct invita le physiologiste à s'asseoir, — (494) munir contre ces défauts, hélas! inséparables de l'espéce humaine. Ces hommes qui, aujourd'hui, commettent des injustices, en ont peut-être subi dans un âge moins avancé ; tâchons de ne pas lais- ser, comme eux, de si graves leçons stériles! victimes au matin de notre vie, préparons-nous à n'être pas injustes qnand viendra l'heure du soir. Introduction. Quand on reporte sa pensée sur la série des travaux qui ont été faits à l'aide du microscope, on ne tarde pas à se convaincre que ce n’est pas faute de connaissances dans les sciences mathémati- ques, physiques et chimiques, que l'emploi de cet instrumenta four- ni des résultats dépourvus de précision. Les Nollet , les Baker, les Spallanzani, les Fontana, les Hooke, les Buffon, et tant de phy- siciens célèbres de notre siècle, qui se sont leng-temps adonnés à l'étude des êtres microscopiques , n'ont jamais manqué de faire Papplication de leurs connaissances à l'usage de cet instrument. Mais une idée fatale qui s'empara des esprits, dès l'époque de l'in- vention du microscope, n'a cessé de présider aux observations, en dépit de la rectitude du jugement de l’observateur ; elle a paralysé les efforts des plus habiles, et a inondé la science de systèmes ri- dicules, ou de faits erronés. Dés le moment que l'assemblage de deux ou trois lentilles eut permis à l'homme de contempler des molécules inabordables à l'oeil nu, son penchant au merveilleux le porta à s'éerier : Un monde nouveau nous est révélé ! Et ce monde lui sembla se régir d’après les lois nouvelles ; tout parut amusant, mais tout parut inexplicable. Le microscope devint dans les cours publics une fantasmagorie , dans le cabinet un. passe - temps sans importance, un simple délassement de travaux assidus. Certains observateurs concurent la pensée de soumettre les résultats mi- croscopiques aux règles de raisonnement qui nous dirigent dans les résultats en grand; quelques succès couronnèrent cette pensée ; mais bientôt, fatigués et impatiens des: premiers obstacles, ils firent de nouveau abnégation de leurs connaissances et de leur juge- ment; ils se replongérent dans le doute, crainte de tomber dans une absurdité. Nous avons vu les physiciens les plus habiles nous demander si le globule organique que nous soumettions à leur observation n'of- ( 455) frait pas un trou dans son centre; nous leur répondions en les priant de considérer une lentille de verre par réfraction ; d'autres, admirer comme une merveille les mouvemens des petits corps en- trainés par le liquide agité, et se décidant, sur l'inspection seule d'un phénomène aussi bannal , à reconnaitre un mouvement spon- tané dans les globules du sang sorti de la veine. Enfin, n'avons- nous pas vu quatre membres de l'Institut de France, un membre de la Société royale de Londres, s'étayant de l'approbation des plus habiles physiciens d' Angleterre , soutenir hautement que toutes les molécules visibles des corps organiques ou inorganiques sont douées d'un mouvement spontané; alors que les considérations basées sur tous les phénoménes dont nous sommes témoins chaque jour ramenaient si bien le merveilleux de ces résultats à la sim- plicité des résultats vulgaires! Je ne poursuivrai pas plus loin l'énumération des diverses hypothéses que cette maniere de raison- ner a introduites dans la science ; j'en ai dit assez pour faire com- prendre combien la marche contraire doit étre féconde en résul- tats précis et certains. La portée de nos yeux n'influe pas sur la nature des corps; ce que je vois à ma loupe de huit lignes me pa- rait évidemment identique avec се que je vois à l’œil пи; raccour- cissons le foyer de la loupe, nous verrons beaucoup plus, mais verrons-nous différemment ? Cette pierre, dont je reconnaisles pro- priétés à l'œil nu, en acquerra-t-elle de diamétralement opposées quand je laurai divisée en fragmens microscopiques? non. Pour- quoi donc n’expliquerai-je pas les phénomènes que m’offriront ses fragmens divisés, par les mêmes lois qui m'expliquaient si bien les phénomènes du bloc encore intègre? Non, le microscope ne révèle pas un monde nouveau; il rend abordables des particules trop tenues; il nous sert à démêler des mélanges trop divisés ; il nous permet de pénétrer plus avant dans les organes; rendons cet instrument fécond eu découvertes, en soumettant les phénomènes dont il nous rend témoins à toutes les réactions, à toutes les con- tre-épreuves dont les progrés de la science nous ont mis en pos- session ; enfin cherchons dans son emploi, non du merveilleux ou des hypothèses, mais des résultats. Ce fut la première idée qui vint frapper mon esprit, dès les premiers pas que je fis dans la carrière de la physiologie; en voyant le physiologiste se contenter de dessiner et de découper des ( 436 ) organes, le chimiste de les altérer , de les mélanger ou de les dé- truire, afin de se ménager le plaisir de les retrouver ou de les re- composer, il me sembla voir deux hommes marchant à leur insu, cóte à cóte, dans deux chemins qui ne se rejoindraient jamais. Je voulus me rendre compte des obstacles qui paraissaient s'opposer à leur association ; je ne tardai pas à les apercevoir dans les insti- tutions de nos sociétés savantes, dans lesquelles la science a été tellement partagée en compartimens invariables, en classifications sévèrement systématiques, que l'homme qui ambitionne l'honneur de venir y trouver place, est forcé de retrancher de lui-même tout ce qui n'entrerait pas naturellement dans la classification. Se pro- pose-t-il d'entrer dans la section de zoologie ? il doit se condamner à n'étre jamais chimiste, crainte d'avoir à lutter non- seulement contre les rivalités des zoologistes, mais encore contre les soup- cons des concurrens chimistes ; voudra-t-il allier les deux sciences, il aura pour ainsi dire marié deux idiomes dilférens , il ne sera plus entendu de personne , ses travaux resteront sans gloire et sans ré- compense ; et l'homme abdique rarement ces deux genres de pré- tentions. De là ce divorce ridicule entre tant de connaissances qui ne peuvent faire un pas solide sans se préter un mutuel secours. Ges obstacles ne me firent pas balancer un instant ; faconné de- puis long-temps à toutes les chances de la pauvreté et de l'indé- pendance, j'avais contracté l'habitude des prétentions modérées, des espérances vulgaires. Mon cœur, certes, n'était point fermé au sentiment de la gloire; mais la gloire, je la voyais dans la publicité d'un bon écrit, et non dans l'encens officiel de deux membres d'une académie. J'en- trai donc dans l'exécution de mon projet, avec la hardiesse d'un marin devant lequel s'ouvrent des mers nouvelles; je savais peu de chose, mais j'avais envie d'apprendre beaucoup. En voyant combien produisent peu les hommes qui savent tout , je m'étais de bonne heure fait une idée assez juste de l'omnipotence des con- naissances acquises ; voilà des hommes, me disais-je , qui possèdent des instrumens précis, des leviers bien puissans ; mais il leur en manque un plus puissant encore, c'est cette alliance de la patience qui poursuit, et de la perspicacité qui compare, alliance qui fait le génie des sciences. Au lieu de commencer par apprendre à la fois tout ce que ces hommes оті appris, je vais prendre chaque jour, de ce que ces hommes savent si inu- ( 457) tilement , ce dont j'aurai besoin pour parvenir d une vérité nouvelle ; les vérités sont simples , intelligibles : elles rentrent dans le cadre des phénomènes les plus faciles à retenir ; je ne me croirai sûr d'en avoir trouvé une qu'au moment où le résultat que j'aurai obtenu sera abordable aux intelligences ordinaires ; et alors je le publierai en face des арр j Je suis certain que quelques -unes de leurs sections, d qui jusqu'à ce jour on a présenté tant de savantes incertitudes et de brillantes obscurités , n'oseront pas se décider à comprendre des idées aussi simples que les miennes 5 ce sera là une contre- épreuve , et Je me retirerai satisfait. Peut-être importunés de la voix d'un inconnu, quelques auditeurs s'écrieront : « ce qu'il nous dit ld, tout le monde l'aurait trouvé de méme : c’était facile d prévoir ; » je m'enorgueillirai de ces paroles, en pensant que personne ne l'avait. prévu, et je conti- nuerai avec plus d'ardeur encore à mériter de pareils reproches. Cette résolution une fois prise, je ne pense pas m'en être écarté dans une seule de mes publications scientifiques; et ce sont là les seules règles générales que je crois pouvoir donner à ceux à qui il plairait de courir cette carrière nouvelle; car, si le hasard nous fournit presque toutes les occasions de nos découvertes, il faut étre bien convaincu que l'art de comparer peut seul féconder ces ger- mes inertes que le hasard jette au-devant de nous. Ne formons aucune opinion d'avance; que nos prévisions ne nous servent qu'à démontrer la route de l'analogie ; ne publionsrien quelorsque la der- nière contre-épreuve sera venue confirmer, d'une manière péremp- toire, l'une ou l'autre des solutions que nous aurons pu entrevoir. Il m'a fallu quelquefois un an pour arriver à un résultat qui se ré- duit à deux ou trois lignes ; mais les recherches qui m'ont amené à un résultat si peu volumineux , m'ont appris vingt procédés pour arriver à des résultats d'un autre ordre, dont j'ai souvent fait mar- cher de frontla recherche et la démonstration. Les procédés connus ne m'ont jamais servi de rien; il a fallu en trouver d'autres qui, sans ce genre de recherches, n'auraient jamais eu la moindre utilité. Mais le nombre de ces résultats si longuement obtenus a fini par devenir si grand, leur nature variée a exigé que je les publie dans un si grand nombre de recueils séparés, que bientót ils ont fini par échapper aux recherches mémes des auteurs avides de plagiat. Cependant ils sont tous tellement déduits les uns des autres, ils s'expliquent tellement tous les uns par les autres, ( 458 ) tant de circonstances, que je wai évaluées que quelques an= nées plus tard, se rattachent si naturellement à celles que j'avais vues dés les premieres années, que toutes les personnes qui s'in- téressent à mes recherches m'ont fait sentir la nécessité de les lier dans un travail d'ensemble, et de les présenter telles que je les concois aujourd'hui. C'est là le motif qui m'a décidé à publier cette série de mémoires. Ce n'est point une classification que j'en- treprends de faits chimiques ou physiologiques; c'est une théorie générale de l'organisation qui va découler d'elle-méme d'une série de faits que jose regarder comme bien observés. J'aurai soin, à chaque exemple , de décrire les procédés, de les mettre à la por- tée de toutes les classes des lecteurs. Je publierai peu à la fois, afin qu'on ait le temps derépéter tout се queje publie; et simes lecteurs trouvent une certaine satisfaction à vérifier ce que j'annoncerai, je leur avoue franchement que ce triomphe aura plus de charmes à mes yeux que ces couronnes académiques, trop prodiguées ou trop aventurées pour flatter encore l'amour-propre d'un ami de la vérité (1). Analyse microscopique de la fécule et ses analogies. 1. Les phénomènes de la nature ont des rapports si intimes les uns avec les autres, ils se tiennent par tant de points de contact, qu'on peut indifféremment prendre tel ou tel point de départ lors- qu'on se propose de les étudier les uns par les autres. Je commen- cerai de préférence par l'étude de la fécule; non-seulement afin de ne pas trop déranger l'ordre chronologique de mes travaux, mais encore parce que les conséquences nombreuses qui en dé- coulent naturellement, s'étant classées méthodiquement dans mon esprit à la faveur des longues méditations que j'ai consacrées de- puis cinq ans à leur étude, je pourrai les exposer et les énoncer MM ———— MÀ ا‎ — — ——— , (1) M. Deleuil, opticien fort intelligent , demeurant rue Dauphine, n° 243 se charge de fournir à bon compte aux savans tous les instrumens nécessaires à l'étude des phénomènes dont j'aurai à parler. Il exécute, pour le prix de 50 francs, des loupes montées, élégantes et commodes, analogues à la loupe, certes bien plus modeste mais plus difficile à manier, dont j'ai fait usage dans la plupart de mes recherches. ( 459 ) plus clairement, puisque c'est dans cet ordre que j'ai appris à bien les concevoir. | 2. Si Гоп гаре au-dessus d'un tamis en crin et sous un petit filet d'eau, un tubercule de pomme de terre ou un bulbe de tu- lipe, il se déposera, au fond du vase qui recoit le liquide filtré, une couche blanche. On décantera l'eau jusqu'à ce qu'elle ne soit plus laiteuse, aprés avoir eu soin de l'aiguiser d'un acide, tel que l'acide acétique, pour enlever les sels terreux les plus ordinaires; on fera sécher spontanément cette couche blanche, qui s'offrira alors comme une poudre impalpable, insoluble dans l'eau froide, sus- ceptible d'épaissir dans l'eau bouillante, et se colorant en bleu par la solution d'iode. C'est là la substance qu'on nomme fécule amylacée , amidon , et dont les qualités nutritives ont été connues dans l'ancien comme dans le nouyeau monde, de temps immé- morial. 5. A Гой nu son aspect est cristallin ; mais au microscope еЧе n'offre que des grains isolés, arrondis, de forme et de dimensions variables, non-seulement dans les divers végétaux, mais encore dans le méme végétal; voyez la planche 10. Ainsi la fécule de pomme de terre, fig. 1, dont les plus gros grains atteignent ; de millimètre, diffère immensément de la fécule de petit millet dont les plus gros ne dépassent pas + de millimètre : rien de plus va- rié que les formes qu'affectent les grains de fécule de la premiere; rien de plus uniforme que les grains de fécule du petit millet, autant que la faiblesse du grossissement employé pour les obser- ver permet de les dépeindre. 4. Ces grains grossissent avec l’âge du végétal ou de l'organe qui les renferme. Ainsi, dans le péricarpe de l'ovaire des grami- nées avant la fécondation, ils ne dépassent pas + de millimètre, tandis que dans le périsperme de l'ovaire mór de la méme cé- réale, ils atteignent — (fig. 12). Dans d'autres plantes ils changent de forme en grossissant ; ainsi, dans les tubercules d'iris de Flo- rence ou de Germanie, on les trouve d'abord en juin avec 1а forme et les dimensions de la figure 15. Quelque temps aprés (en au- tomne quand on les laisse végéter dans la terre; en quinze jours quand on les abandonne à l'air libre, dans un endroit peu éclairé) on les retrouve avec les formes bizarres et la taille de la fig. 14. 5. Ils varient de forme et de grandeur dans les divers organes ( 440 ) du méme végétal. Dans la graine des Chara hispida (gyrogonite des géologues) (1), on trouve la fécule avec les formes et les dimen- sions apparentes de la figure 5; et dans les articulations de la méme plante, avec les formes et les dimensions apparentes de la figure 4. Nous reviendrons sur toutes ces formes en particulier, aprés avoir étudié la forme et la structure générale. 6. Si l'on place un grain de fécule sur le porte-objet au foyer du microscope, sa forme ne variera par aucun grossissement, ni avec aucun microscope. Il n'en sera pas de méme des ombres qu'on remarque sur ses contours. Si l'on observe le grain de fécule à sec, son pouvoir réfringent étant bien dillérent de celui de l'air ambiant, il s'ensuivra que, parmi les rayons par lesquels on cherche à éclairer cette petite sphére plus ou moins informe, ceux qui tomberont obliquement sur sa surface inférieure seront fortement déviés à leur entrée et à leur sortie, et qu'il n'arrivera presque au foyer du microscope que les rayons qui auront traversé le centre du globule, lequel apparaîtra alors comme une boule noire percée au milieu d'un point blanc et arrondi (fig. 21); ou bien comme une perle noire plus ou moins allongée, percée d'une ouverture lumineuse et elliptique (fig. 22). Il arrive au grain de fécule observé dans l'air ce qui arrive à une bulle d'air observée dans l'eau, et leur image est alors presque ل ل (1) Dans le Bulletin de la Société Philomatique de 1826 , M. de Blainville, au nom de M. Cassini, a entrepris de démontrer que l'organe qui, jusqu'à ce jour, avait passé pour la graine de Chara, n'était que le jeune bourgeon des rameaux de cette plante; et qu'ainsi il fallait voir la graine dans l'organe rouge que certains auteurs ont pris pour le pollen. La figure que M. de Blain- ville montra à cette occasion, dans une des séances de la Société, suffit pour nous convaincre que M. de Cassini n'avait pas connu la véritable graine; ce qu'il donnait pour le bourgeon des rameaux n'a jamais recu d'autre nom Че la part des auteurs. Crainte que l'on ne commette, en cherchant la fécule de la graine de Chara, la méprise de MM. de Blainville et de Cassini, j'ai eu soin de dessiner cet organe sur la planche 9 de cette livraison, fig. 1, b. On voit en с ce que les auteurs considèrent comme l'organe mâle. Le bourgeon ве trouve toujours à l'aisselle des rameaux (ec), la graine (5) existe exclusive- ment, à l'aisselle de deux petites stipules tubulées, sur la longueur des ra- meaux eux-mêmes. Quant à la fécule des articulations de la méme plante, il faut Ја chercher en f fig. 1, pl. 9. ( 441 ) identique. ( oy. pl. 2, du tom. I, de nos Annal., fig. 11 f’, et pl. 9. du tom. П, fig. 12 a^.) | 7. Si l'on place, au contraire, le grain de fécule de pomme de terre (fig. 1) dans l'eau, alors son pouvoir réfringent, différant peu de celui du liquide ambiant, le grain s'offrira comme une belle perle de nacre, ei sa transparence pourra être telle; qu'on ne le distinguera bien qne par ses contours (fig. 25, pl. 10). 8. Il reste pourtant encore un moyen de diminuer cette transpa- rence ; c'est de diminuer le diamètre du cône lumineux qu'on ré- fléchit sur la surface inférieure du grain de fécule; on peut se servir à cet effet d'un diaphragme percé de trous de divers diame- ires. On arrivera à un tel point, que le grain de fécule observé dans l'eau offrira presque les mêmes ombres que dans l'air at- mosphérique ; ce qui vient de ce qu'à la faveur de ce diaphragme, on diminuera le nombre des rayons qui seraient tombés perpendi- culairement sur la surface inférieure du grain de fécule, et qu'on y fera tomber au contraire un plus grand nombre de rayons obli- ques, qui n'arriveront pas jusqu'au foyer du microscope. 9. Mais alors, si l'on approche le porte - objet, de maniere que le centre du grain de fécule ne se trouve plus au foyer du micros- cope, l'effet contraire aura lieu. Le centre du grain s'offrira comme un point noir enchássé dans une auréole éclairée, ou comme un noyau emprisonné dans un sac, pour me servir de l'expression des observateurs qui, en parlant des globules du sang, ont été souvent . dupes d'une illusion semblable. Avec une ouverture plus grande du diaphragme, au lieu d'un point noir, toute la partie auparavant éclairée de ce grain de fécule paraitra bleue. Le méme effet a lieu à la vue simple, si Роп considère les figures 6 de la planche 10, de cette maniere vague qui fait, pour ainsi dire, qu'on regarde sans voir; toute la partie blanche paraîtra bleuâtre, Ja partie ombrée paraitra blanche. 10. Si l'on verse une goutte de solution aqueuse d'iode sur les grains de fécule qu'on observe au microscope, on verra ces belles perles de nacre se colorer peu à peu et successivement en purpu- rin, en violet, en bleu clair, et ensuite en bleu très-foncé, si l'iode est en excès (pl. 10, fig. 2 a) ; ils apparaîtront alors comme de beaux grains de verroterie colorés ; mais ilsne changeront, en se colorant, ni de forme ni de dimensions. Si l'on verse ensuite de l'ammo- 2, 29 ( 442 ) niaque liquide, ou de la potasse caustique très-étendue d'eau, оп de la chaux caustique étendue ; à la faveur des hydriodates qui vont se former, la couleur bleue abandonnera les grains, qui reprendront leur première transparence nacrée, sans avoir rien perdu ni de leur forme ni de leurs dimensions respectives. On pourra les co- lorer une seconde fois par l'iode, et les décolorer par un alcali étendu , et ainsi de suite presque indéfiniment, sans que ces grains deviennent en rien altérés par cette alternative de réactions ; seu- lement le liquide tenant en dissolution une plus grande quantité de sels qu'auparavant , et acquérant ainsi un pouvoir réfringent diffé- rent de la premiere fois, les grains de fécule sembleront perdre à la longue un peu de leur premiere clarté ; on pourra la leur rendre en étendant d'eau le liquide. Il est évident, par cette expérience, que ces phénomènes n'indiquent qu'une simple coloration, et non une combinaison d'atome à atome , comme on entendait la dési- gner par le mot d'iedure d'amidon. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre des applications. 11. Les formes arrondies , l'isolement réciproque , l'aceroisse- ment successif des grains de fécule, leur coloration par l'iode et leur décoloration par les alcalis étendus , tout enfin semble faire naître la pensée que les granulations , qu'on regardait comme des cristaux, pourraient bien être des organes; les expériences sui- vantes démontrent avec évidence l'exactitude de cette proposition. 12. Les grains de fécule , au sortir des organes qui les recélent , sont mous et fortement ombres sur leurs bords. Si l'on parvient à les atteindre sur le porfe-objet avec une pointe d'aiguille, ils s'é- crasent sous la pression, se vident dans le liquide , et bientót il ne reste plus d'eux-mêmes qu'un sac plissé, déchiré sur un des côtés, tel qu'onen voit une (fig. 5 а) appartenant à la fécule de Chara. Après leur dessiccation ou leur ébullition dans l'alcool concentre, ils sont plus durs et plus transparens , et ils glissent alors facilement sous la pointe de l'aiguille. 15. Mais qu'on pétrisse de la fécule de pomme de terre dans la gomme arabique ; qu'on en compose un cylindre qu'on laissera sé- cher à l'air; que l'on ratisse ensuite un des bouts du cylindre avec un instrument tranchant, en laissant tomber les raclures dans un verre de montre plein d'eau distillée ; qu'on laisse tremper l'au- tre bout du cylindre dans l'eau d'un autre verre de montre; si l'on ( 445 ) examine, quelques heures aprés, les deux verres de montre au mi- croscope, on ne trouvera presque que des vésicules déchirées et plissées (fig. 5 aa aa) dans le premier verre de montre; et dans le second, tous les grains de fécule se montreront tout aussi-bien con: servés qu'auparavant (fig. 1). Si la fécule a été écrasée et broyée, telle que l'est la fécule des diverses farines, les vésicules déchirées (fig. 5 аааа) s'y montrent aussi abondamment que dans le pre- mier verre de montre dont je viens de parler. 14. Que l'on soumette sur une lame de fer une petite quantité de fécule à l'action des charbons incandescens ; dés que les couches inférieures se montreront charbonnées, qu'on jette les couches supérieures dans l'eau du porte-objet, que lon aura légèrement alcoolisée , tout à coup il s'établira des courans rapides dans diffé- rens sens, les grains de fécule passeront sous les yeux de l'obser- vateur avec la rapidité de l'éclair; et c'est à la faveur de cette pe- tite tempéte microscopique qu'on pourra voir de longues trai- nées d'une substance soluble sortir de l'intérieur de chaque grain crevassé, ou de chaque calotte des grains éclatés; bientôt il ne res- tera plus sur le porte- objet que des vésicules plissées, mais dont le diamétre ne sera pas beaucoup plus grand que celui des grains de la méme fécule. 15. Si l'on jette une certaine quantité de grains de fécule dans une grande quantité d'eau en ébullition, et qu'on examine ensuite le liquide au microscope , après son refroidissement, crainte que la vapeur d'eau n'obscurcisse le porte-objet, on verra flotter, dans leliquide, des vésicules infiniment légères et transparentes (fig. 24), plus graudes vingt fois peut-étre que les plus gros grains de la méme fécule. Plus on prolongera l'ébullition, plus ces vésicules s'étendront et deviendront transparentes ; bientót elles se déchire- ront, leurs lambeaux se granuleront et offriront de nouveaux glo- bules qui augmenteront en diamètre à leur tour. Ces lambeaux et leurs débris resteront insolubles, méme après 80 heures d'ébulli- tion. 16. Si l'on abandonne à elle-même, après quelques heures d'é- bullition, la fécule dissoute préalablement dans une assez grande quantité d’eau un peu alcoolisée, au bout d’un à deux jours, toutes les vésicules que j'ai nommées (fig. 2 a^) tégumens se précipiteront au fond du vase, sous forme de flocons ou de détritus blancs comme А ( 444 ) la neige; l'on pourra obtenir séparément par décantation ces tégumens et la substance soluble qui en est sortie, et qui est dis- soute par l'eau devenue limpide, dont les tégumens sont surmon- tés. La faible addition d'alcool dont j'ai parlé est destinée à préve- nir la fermentation qui nous occupera ci-après. 17. On peut assister aux phénomènes les plus intimes de l'ébul- lition de la fécule, à l'aide de l'appareil suivant : qu'on place sur un porte-objet un verre de montre plein d'eau distillée , dans la- quelle on aura eu soin de déposer des fibrilles de coton et des grains de fécule; qu'au lieu d'un miroir réflecteur on emploie une lampe dont la flamme serve à échauffer, et en méme temps à éclairer l'objet, il ne restera plus, pour être témoin de l'effet de la cha- leur sur le grain de fécule, que d'empécher que la vapeur d'eau ne vienne couvrir l'objectif. Pour cela, on enveloppera le tube de l'objectif de l'extrémité imperforée d'une éprouvette à minces pa- rois, que l'on tiendra plongée dans l'eau du verre de montre ; de cette manière on s'opposera à ce que la vapeur d'eau couvre l'objectif, el que l'eau se glisse dans l'intérieur du tube du mi- croscope. Les fibrilles de coton sont destinées à retenir emprison- nés quelques grains de fécule qui, sans cette circonstance , au- raient été soustraits à l'observateur par les courans de l'ébullition. Or, dés les premieres impressions de la chaleur, on verra le grain de fécule se dilater, devenir plus transparent, s'aplatir et s'affais- ser, et se vider comme un sac, jusqu'à n'offrir presque plus de consistance. 18. П est évident que toute réaction capable de faire dégager de la chaleur en quantité suffisante, produira sur le grain de fécule les mêmes effets que l'ébullition de l'eau; or, ce n'est pas pour un autre mécanisme que les alcalis caustiques et les acides paraissent dissoudre en entier la fécule. Si l’on verse de l'acide sulfurique concentré sur une goutte d’eau, dans laquelle on aura déposé quelques grains de fécule, tout à coup les grains de fécule s'étendront et se videront sous les yeux de l'observateur. Si, au contraire, on sature l'acide d'eau, et qu'apresle refroidissement du mélange on y jette quelques grains de fécule , ils resteront aussi intègres que dans lean pure. П en sera de même avec la potasse caustique. 19. Si l’on jette quelques grains de fécule sur une goutte d'acide ИРЕНЕНӘ (445) sulfurique concentré, par un temps trés-sec, les grains ne se mouillant pas et restant à la surface de l'acide, paraitront plus noirs et par conséquent plus petits que dans l'eau pure; et ils n'éclate- ront pas. Mais, dès que l'on versera sur l'acide une goutte d'eau , ces grains éclateront et s'étendrort dans le mélange ; ils devien- dront méme si transparens qu'il faudra diminuer l'intensité de la lumière pour bien apercevoir les contours de leurs tégumens. 20. Si l'on jette des grains de fécule sur une goutte d'acide nitrique ou hydrochlorique concentré et fumant, exposé à l'air, les grains éclateront aussitót. Mais si l'on s'oppose au dégagement de chaleur que produit l'avidité de ces acides pour l'eau, en faisait l'expérience sans le contact de l'air, par exemple en jetant les grains de fécule dans un petit tube plein de ces acides et qu'on bouchera aussitôt, il sera facile de voir que le plus grand nombre des grains de fécule, c'est-à-dire ceux qui n'auront pas assisté au dégage- ment de calorique, resteront intègres pendant assez long-temps. 21. Pour s'assurer que l'action de l'acide sulfuriqne , par exem- ple, n'a point altéré les propriétés respectives des tégumens et de la substance soluble, il faudra étendre d'eau l'acide , le saturer par la eraie, filtrer à plusieurs filtres; les tégumens resteront sur le filtre, emprisonnés entre les aiguilles du sulfate de chaux, et la substance soluble passera limpide. On pourra encore isoler les té- gumens du sulfate, par la lévigation, lorsque le mélange n'en sera pas encore tassé; car les aiguilles du sulfate de chaux se précipite- rent toujours les premières. On aura ainsi les deux substances en état d’être comparées avec celles qu'on aura obtenues par l'ébulli- tion dans l'eau pure ($ 16). 22. Les tégumens obtenus par l'un et l'autre procédés seront également colorables en bleu par Piode (pl. 10, fig. 2, b); et c'est à la faveur de la contraction, et de l'intensité de la coloration que l'iode leur communique, qu'on verra qu'en se vidant ils s'é- taient déchirés sur une portion quelconque de leur surface. 23. La substance soluble dans l'eau se coagulera par l'alcool , par les acides concentrés, par l'infusion de noix de galle, etc., ne perdra point sa solubilité par la dessiccation à un feu modéré, et se colorera en bleu par l'iode , comme le font les tégumens. ( La suite au numéro prochain. ) ( 446 ) CRE DRE EEE EN ا ا‎ m C IUBE CCS TRU تاد اض دو ر‎ LA GALE DE L'HOMME EST-ELLE LE PRODUIT D'UN INSECTE ? En 1687, Cestoni écrivit à Redi une lettre qui a été imprimée en 1691, dans les Miscellanea Nat. Curios., sous le nom de Joh. Cosmus Bonomus , pour lui faire part de quelques observations d'histoire naturelle. Là, l'auteur décrit et figure l'insecte que les traditions populaires, ainsi que bien des auteurs anciens , indi- quaient dans les pustules de gale, et qu'il venait d'avoir de fré- quentes occasions d'étudier par ses propres yeux. Richard Mead et Baker ont reproduit la description et la figure de Cestoni ( dont Baker dénature méme le nom pseudonyme en celui de Bononio) , le premier, dans les Transact. philos. , n° 285, ann. 1705, et le second, dans son Traité du Microscope à la portée de tout le monde, trad. 1754, р. 195, pl. XIIT, fig. а, ^. Le père Bonanni, en 1691, c'est-à-dire presque en même temps que Ces- toni, publía la description et la figure d'un insecte que le P. Baldi- giani lui écrivait avoir été trouvé dans un bouton survenu au vi- sage d'un élève du collége de Rome. Ce dernier lui en faisait passer quatre individus. La figure qu'en donne Bonanni est la méme que celle de Cestoni. Ces insectes furent encore décrits par un observateur anonyme , (Act. Erud., ann. 1682, p. 517, tab. 17, fig. E, E, E), qui les avait observés lui-même. Linné, désirant classer systématiquement cet insecte, crut voir une très-grande ressemblance entre le ciron de la gale et la mite du fromage; et il les réunit tous les deux comme variétés de la méme espèce, sous le nom d' carus Scabiei. Son erreur parait provenir de la figure grossière de la mite du fromage que Cestoni a fait gra- ver (fig. 15, 14) surla méme planche que le ciron de la gale ( fig. 1 et 5). Degéer s'assura de la différence énorme qui existe entre le ciron de la gale et la mite du fromage; il les observa l'un et l'autre, et les fit graver sur la pl. 5, tom. ҮП de ses Mémoires pour servir à l’histoire des insectes. Les nomenclateurs n'ont cessé d'adopter l'opinion de Degéer. M. Latreille a méme fait, du ciron de la gale, ( 447 ) un genre sous le nom de Sarcopte, qu'il a placé bien loin des Acarus; mais M. Latreille ne l'a pas observé par lui-même. Cependant, bien des médecins, ayant vainement cherché, dans les pustules de la gale , l'insecte qui, d’après lesauteurs les plus recommandables, était la cause de cette maladie, ont fini par placer au rang des fa- bles et des hypotheses gratuites tout ce que l'on avait écrit sur le sarcopte des galeux. M. Alibert, dans ses lecons et dans ses ou- vrages, s'est prononcé hardiment en faveur de l'existence de l'in- secte; et, en 1812 , M. J. С. Gales de Betbeze, natif du departe- ment dela Haute-Garonne, est venu confirmer, par des expériences et des figures, l'opinion de M. Alibert, dans une these intitulée : Essai sur le diagnostic de la gale, sur ses causes, etc. M. Alibert est professeur à l'hôpital Saint-Louis; M. Gales était alors interne au même hôpital; sa thèse était destinée à son doctorat. Le plus grand appareil de démonstration se montre dans ce travail; les noms les plus célèbres des contemporains sont invoqués en témoignage ; une planche trés-élégante accompagne le travail; elle a été dessince par M. Meunier, peintre d'histoire naturelle. Rien ne semble donc manquer pour commander la confiance dans les observations de M. J. Gales. Mais, par un nouveau contre-temps, M. Lugol, pro- fesseur de clinique au méme hópital Saint-Louis, nie depuis long- temps l'existence de l'insecte de la gale; il assure n'avoir jamais pu le découvrir sur les nombreux malades affectés de la gale dont il est spécialement chargé ; il propose méme un prix de cent écus : à celui qui le découvrira et qui sera capable de le lui montrer (1). Ni M. Gales, ni personne autre ne s’est encore offert pour gagner le prix proposé par M. Lugol. M. Alibert lui-même, qui se trouve. fortement compromis dans ce pari, au lieu de se mettre en devoir de montrer sur-le-champ un insecte dont les traits doivent lui étre familiers, a renvoyé la démonstration aux vacances; ce renvoi annonce d'avance l'embarras dans lequel se trouve M. Alibert; il craint certainement une défaite trop éclatante, et il attend que le plus grand nombre de témoins ait disparu. M. Lugol ne manquera. pas de prendre acte de toutes ces circonstances , et il continuera à soutenir, plus fièrement que jamais, que les observateurs qui ont — a ———— (1) Voyez la Lancette française, gazette des hôpitaux civils et militaires, 28 juillet, 1°r et 6 août 1829. ( 448 ) cru à l'existence du ciron de la gale ont été dupes de quelque illusion. C'est à l'occasion de cette discussion assez animée que M. Meynier, étudiant en chirurgie de beaucoup de mérite , nous a mis à méme d'examiner la question sous toutes ses faces, et de re- prendre toutes les observations. i Les médecins sont peut-étre les écrivains qui cherchent le moins à concilier les observations , à diviser les questions pour étudier le sujet sous plusieurs faces différentes ; semblables aux jurés, ils ne décident le plus souvent que par oui et par non; c'est vrai absolu- ment, ou c'est absolument faux. De là il arrive presque toujours que les deux partis disputent alternativement avec un égal avan- lage , et qu'on est tenté d'applaudir successivement à chacun des Jeux professeurs opposés. Nous allons suivre une marche. moins exclusive ; et nous arriverons, je pense, à des résultats qui servi- ront à poser la question d'une maniere nouvelle et moins tran- chée. Tous les auteurs qui soutiennent avoir étudié le ciron de la gale assurent que l'habitude de l'observer peutle faire distinguer à l'oeil nu. Or, la loupe ordinaire suffit pour reconnaitre les formes d'un objet dont la petitesse n'échappe pas tout- à- fait à l'œil; il se- ait donc ridicule de se rejeter sur la valeur des microscopes , pour nier ou admettre l'existence de ce ciron ; et il faut étre bien novice dans l'emploi de cet instrument, pour s'étayer de la richesse et du pouvoir amplifiant d'un beau microscope. Donnez-moi le ciron de la gale, et je me fais fort de vous le montrer avec une bonne ou mauvaise loupe, avec un beau, un bon, un mauvais, un sale, un riche, un pauvre microscope. Mettons donc de cóté ce moyen d'argu- mentation , et ne cherchons nullement à évaluer le degré de bonté des microscopes dont se sont servis Cestoni, Degéer, M. Alibert, M. Galès ou M. Lugol. Mais examinons la question sous ses deux points de vue principaux : M. Lugol a-t-il raison de nier sans res- triction l'existence de l'insecte de la gale ? M. Alibert a-t-il raison de soutenir que cet insecte existe dans les galeux de l'hópital Saint- Louis? De la solution de ces deux questions j'en déduirai une troisième , savoir : si l'insecte dont il s'agit ici est la cause ou l'ac- cessoire de la gale ? Afin de rendre plus intelligible ce que nous allons dire, j'ai pris soin de faire graver, sur la planche 12, toutes les figures qu'on a successivement publiées de P Acarus des galeux, : ( 449 ) 1°. M. Lugol a-t-il raison de nier, sans restriction, l'existence du ciron de la gale ?—Si nous jetons un coup d'eeil sur les travaux des premiers observateurs qui ont fait usage du microscope, nous ne manquerons pas de reconnaitre qu'ils n'ont jamais laissé passer une occasion favorable de combattre les préjugés du vulgaire ; le plaisir qu'ils éprouvaient à exprimer des idées opposées à celles du peuple, et à annoncer des découvertes inabordables à l'eeil nu, les portait à exagérer même la beauté de ce triomphe. Il parait donc - déjà assez probable que, dans le cas où le peuple se serait trompé, en considérant comme un insecte la vésicule galeuse qu'il écrasait sous ses doigts, le docteur micrographe n'aurait pas manqué de traiter d'absurde et de ridiculecette opinion, et d'inviter les galeux à abandonner un procédé d'extraction aussi hideux qu'inutile. Cepen- dant, sans parler ici des médecins qui ne se sont pas servis du mi- croscope, tels qu'Abynzoar au 12° siècle, Moufet, Hauptmann , Hafenrefer au 17*; nous voyons un auteur (1) estimé de Redi, observateur si estimable, décrire et dessiner l'insecte de la gale , déclarer l'avoir vu et revu bien des fois. La planche qui contient ces deux figures du méme iasecte, en contient un assez grand nombre d'autres qui, jusqu'à ce jour, n'ont pas été trouvées en défaut. Presque en même temps que Cestoni, le père Bonanni ob- serve de son côté l'insecte dela gale, eten publie une figure qui ne diffère presque en rien de celle du premier (2). Les figures de ces deux auteurs sont à la vérité bien grossières; mais aucune de celles de ce siècle ne vaut mieux ; et pourtant elles sont encore aujourd'hui bien déterminables. A l'inspection des figures, on pourrait croire que Bonanni a copié les figures de Cestoni; en ad- mettant le fait comme prouvé, je ne vois pas que le témoignage de Bonanni en devienne plus suspect. Un homme qui ne dessine pas, et qui observe un objet déjà dessiné, ne se compromettra jamais en reproduisant exactement la figure qui lui parait représenter exactement ce qu'il a devant les yeux. Remarquez bien qu'il ne s'agit pas ici de savoir si les caractères assignés à cet insecte offrent (1) Les deux figures 1 a b qu'il en donne ont été calquées sur notre planche 12, fig. 1. (2) Les deux figures 1 a b sont empruntées de l'ouvrage de Baker, qui lui- mème n'a fait que reproduire celles de Bonanni. ( 450 ) z plus ou moins d'exactitude , mais simplement si l'insecte a été vu. Dans les Actes des Érudits, un observateur figure de nouveau le ciron de la gale (voy. notre planche 12, fig. 4); mais il le repré- sente d'une manière assez différente des figures de Cestoni et de Bonanni. Cette différence, évidemment, n'est pas plus une cause de doute, que la ressemblance des deux premieres figures; се qui offre plus de certitude , c'est que trois auteurs , differant d'inté- réts, de pays et de langage , assurent avoir vu un insecte dans des pustules galeuses. Or, ne sait-on pas que rien n'est plus porté à la contradiction que l'esprit de l'observateur ; M. Lugol ne nous prouve-t-il pas, par son indépendance, que l'on se garde bien en général d'adopter de confiance les idées des autres, sur un sujet qu'on est appelé à traiter ex professo? Pourquoi supposerait-on plus de complaisance dans des observateurs qui, placés sur des théâtres différens , ont moins de motifs de se flatter ou de se crain- dre? Dirait-on que, pleins de l'idée préconcue de l'existence du ciron , ils ont pris pour un insecte le premier corps bizarre qui se serait présenté sur le porte - objet, un grumeau enfin de pus et d'albumine ? Il faudrait supposer que ces hommes aient été aussi mauvais observateurs que dessinateurs; or, la supposition n'est plus admissible quand on se rappelle que, dans ce siècle, rien n’était plus répandu que les amusemens du microscope ; elle l'est encore moins quand on a trouvé l'occasion de revoir ce que ces auteurs ont vu. Enfin, Degéer, qui a tant décrit et tant observé, et qui a appuye ses descriptions de tant de figures , dont aucune jus- qu'à ce jour n'a fait suspecter la bonne foi de l'auteur, Degéer figure de nouveau l'insecte de la gale, d’après ses propres obser- vations; il reconnait que Linné a eu tort de le confondre avec la mite de la farine, qu'il figure sur la méme planche (fig. 2, 3 et 4); or, Degéer ne peut certainement pas être accusé de complaisance, (car, s’il blâme Linné, pourquoi n'eüt-il pas blàmé Cestoni ? ) ni d’une inhabileté assez grossière pour avoir vu un animal dans un grumeau informe. Les figures qu'il publie de Г салих Scabiei , quoique grossièrement exécutées, portent cependant déjà l'em- preinte des progrès que les études d'histoire naturelle avaient faits depuis les premiers observateurs. Les figures 2 de notre plan- che 12 reproduisent celles de Degéer ; on voit qu'elles different im- mensément des premières; mais elles en ont le type général; et | (41) l'on conçoit sans beaucoup de peine comment un crayon peu exercé pourrait les transformer les unes dans les autres. Ces in- sectes sont opaques; or, ceux qui ont l'habitude d'observer au microscope , savent combien il est difficile de dessiner exactement des objets opaques réduits à des formes si petites; le verre réflé- chisseur, le plus ou moins de clarté du jour, la forme du micros- cope, enfin, une foule de circonstances peuvent faire varier l'idée qu'on se formera de ce qu'on a devant les yeux, surtout si l'on ne consacre pas plusieurs jours à l'étude de l'objet microscopique. Quoique la série des travaux de Degéer inspire la plus grande con- fiance , cependant ne cherchons pas à établir ici que les pattes qu'il donne à son insecte sont plus vraies que celles que Cestoni et au- tres ont prêtées au leur; mais avouons que son témoignage ne laisse plus aucun doute sur l'existence d'un insecte qu'on a pu trouver dans les pustules des galeux. M. Alibert a-t-il raison en conséquence d" admettre, sans restriction, que cet insecte doit se trouver dans toutes les pustules de la gale ?— Si l'on pouvait présenter un seul galeux dont les pustules n'eussent jamais offert, dans aucune des périodes de la maladie, rien d'ana- logue à l'carus, ce fait suffirait pour renverser la proposition de M. Alibert. M. Lugol assure pourtant n'en avoir jamais vu un seul dans un hópital consacré au traitement de la gale, dont la clinique lui est confiée depuis long-temps, et dans lequel M. Alibert professe comme lui. Afin de mieux nous éclairer sur les causes de cette dissidence, M. Meynier a eu la patience de recueillir à plusieurs reprises des pustules de plus de deux cents galeux. Nous les avons observées ensemble à la loupe et au microscope ; il nous a été im- possible de rien découvrir qui füt méme capable de produire une illusion informe et grossière. Qu'on ne dise pas que l'animal pou- vait y étre, mais mort; car, un animal visible à l'eeil nu est incon- testablement aussi-bien visible mort que vivant, au microscope. En conséquence , je n'hésite pas à me ranger de l'opinion de M. Lu- gol, et à déclarer que cette année-ci cet insecte n'existe pas dans lesgaleux de l'hópital Saint-Louis. M. Alibert et M. Galès assurent pourtant l'avoir observé dansle méme hôpital; comment concilier ce témoignage avec le nôtre etavec celui de M. Lugol? MM. Alibert et Galés nous ont fourni les preuves graphiques sur lesquelles ils ont assis leur opinion ; pesons ces preuves, et soumettons-les à l'examen ( 452 ) d'une sévère logique; on ne s'attend pas, sans doute, que le res- pect humain nous fasse reculer devant les résultats, quels qu'ils soient, auxquels cet examen va nous conduire. M. Galés, dont le témoignage est si fortement compromis par les dénégations de M. Lugol, garde aujourd'hui le silence le plus profond ; une seule voix, assez maladroite du reste, a entrepris de le défendre ; mais il paraît que cette voix est intéressée. Ce silence, dans les circonstances difficiles, décèle sans doute beaucoup de prudence, mais bien peu de conviction. Cependant, afin de ne point condamner sans entendre, reprenons la thése de M. Gales. L'auteur, après nous avoir dit que, plus detrois cents fois, Па pu observer le ciron de la gale, indique, comme garans de l'exactitude de cette assertion, MM. Leroux, Bosc, Ollivier, Latreille, Deyeux, Pelletan, Thillaye, Désormeaux, Richerand, Delaporte, Alibert et Dubois. Ces noms-là sont fort imposans sans doute ; faut-il les envelopper dans la condamnation de M. Galés, ou dire que M. Ga- lés les cite à tort, et usurpe à leur insu leur témoignage? Il est en toutes choses des accommodemens; et l'on n'est jamais si voisin de la vérité que lorsqu'on aecommode les choses. Écoutons à ee sujet comment M. Alibert, un des témoins invoqués , raconte, dans son cours public, les circonstances dans lesquelles s'est renfermé le témoignage : Ў 5 M. Galès étant sur le point de soutenir sa thèse sur la gale ; M. Alibert lui dit : Donnez-nous du nouveau ; rendez intéressant un sujet tant de fois traité; occupez-vous de découvrir l'insecte que les anciens observateurs ont trouvé dans la gale, el dont les modernes nient l'existence et les effets. M. Gales se mit à la recherche ; et, afin de procéder avec plus de prudence et de prêter plus d'autorité à sa découverte , il invita des pro- fesseurs distingués , el entre autres MM. Latreille et Dumcril , membres de l'Institut , d assister d ses expériences. La séance ne fut pas heureuse ; el les témoins se retirérent sans avoir rien vu. Mais M. Gales parvint enfin а trouver linsecte , et il rassembla une se- conde fois ces docteurs chez lui, pour leur montrer les cirons qu'il conservait exprès. M. Patris les dessina d'abord ; et, sur l'invitation de M. Latreille, M. Gales chargea M. Meunier d'en faire les des- sins qu’il a joints à sa thèse. M. Patrix , dit-on, donne une version un peu différente en apparence, d’après laquelle il paraitrait que (455) les premières observations ont été faites avec le microscope de l’un de ces Leuwenhoek des boulevards, qui, pour deux sous, montrent aux passans ou le pou, ou la puce ; et que c'est à l'aide des pre- mières indications de notre démonstrateur en plein air, qu'ils pro- cédèrent à la recherche de l'insecte de la gale. Des auditeurs un peu trop sévères ont vu dans ce témoignage ingénu, un motif suf- fisant de douter de la véracité de l'auteur de la thèse; ils ont tort : puisqu'on ne se trompe pas en voyant le pou ou la puce, pour- quoi voulez-vous qu'on se trompe alors qu'il s'agit de voir un in- secte tout aussi compliqué ? Mais la seule circonstance essentielle que nous révelent ces tra- ditions authentiques, c'est qu'aucune des autorités invoquées par M. Gales n'a réellement assisté à l'instant où M. Galès, piquant une pustule, la déposait sur le porte-objet avec le ciron tant at- tendu. Dans la thése de M. Gales, je suis donc autorisé à ne voir d'autre témoignage que celui de M. Galès; et comme M. Gales assure avoir observé jusqu'à trois cents individus vivans, et que jamais aucun témoin n'a été appelé par lui à ses recherches immé- diates, dans un sujet si contesté, j'ai droit de soupconner quelques supercheries de collége , sous cette masse de précautions. Les jolies figures dont M. Meunier a enrichi la thèse de M. Ga- lès sont si différentes de toutes celles qu'ont publiées Cestoni, Bo- nanni, Etmuller et Degéer, qu'elles sont capables d'ébranler la crédulité la mieux affermie. D'un autre côté, M. Alibert assure avoir fait dessiner, de son cóté, le méme insecte, et il montre à ses élèves les deux figures qu'il en possède. La différence qui existe dans les figures de M. Alibert est si grande, que, pour prévenir les objections, М Alibert a averti ses élèves, que cette différence était due à ce qu'il avait eu la précaution d'employer un peintre plus habile que celui de M. Gales. Ce qui inquiète d'abord en ceci, c'est que M. Alibert wait pas cité le nom de sou peintre; pour dis- siper toutes mes inquiétudes, je me suis procuré, par des témoins dignes de foi, les deux figures que M. Alibert offre à ses jeunes élèves, et ce n'est pas sans une certaine surprise que je me suis aperçu que les dessins de M. Alibert étaient exactement calqués sur ceux de Degéer (voy. l'expl. de la fig. 2 de la pl. 12). On pourrait justifier une aussi heureuse rencontre , en nous rappelant que ceux de Bonanni ont avec ceux de Cestoni un certain air de | ( 454 ) fraternité, et que nous n'avons pas élevé le moindre doute sur l'authenticité des dessins de Bonanni. Ce rapprochement parait assez juste; mais, pourtant, comment croire que M. Alibert, qui a vu l'insecte dessiné par M. Meunier, sous les ordres de M. Gales, n'ait pas averti M. Gales de l'infidélité de son peintre? Et pour- quoi avoir attendu dix-sept ans pour rectifier un dessin, de manière àrendre de nouveau , à l'insecte, tous les caractères que Degéer lui avait prétés, et que M. Gales lui a ensuite ravis? Si M. Ali- bert a raison , M. Galés en impose; mais M. Gales cite tant d'au- torités, qu'on a de la peine à suspecter sa véracité et celle de son peintre; il faut done se décider à suspecter la fidélité de la mé- moire de M. Alibert, et penser que son érudition habituelle lui aura fait confondre des souvenirs bien distincts. S'il faut en croire les rapports de ses élèves les plus intelligens, M. Alibert serait coupable d'un oubli bien plus grave; car, ce savant professeur ayant présenté à ses élèves les figures 2 а b, leur aurait dit, ou expressément désigné , comme étant la figure d'un autre parasite , d'une punaise, par exemple, la figure a, qui, dans Degéer, est destinée à montrer le ciron de la gale par dessous. Si le fait n'est pas controuvé, nous laisserons à nos lecteurs le soin d'en tirer tou- tes les conséquences ; comme M. Alibert n'a pas publie ces figures, nous nous garderons bien d'aborder aucune explication, et nous passerons à l'examen du ciron de M. Gales(fig.Sa^cde de notre planche 12), qui est du domaine de la critique. Ces jolies figures ont un cachet de vérité que le crayon le plus adroitement mensonger ne saurait jamais atteindre; M. Gales lui- méme convient que son insecte se rapproche tellement de celui de la farine, qu'on pourrait les décrire l'un pour l'autre indistincte- ment. Tenté de croire que cet aveu avait peut-étre pour but de dérouter le lecteur, j'ai cherché à étudier le ciron du fromage; et, des le premier coup d'oeil donné au microscope, il est devenu évi- dent pour moi que M. Gales avait fait le plus joli tour d'étudiant qu'on puisse imaginer ; car il avait mis en défaut la sévérité de ses examinateurs, et donnélechange à deux entomologistes, MM. La- treille et Duméril, qui ont, dansleurs ouvrages, parlé de l'insecte de la gale ex professo. Quoi ! il serait donc vrai que M. Latreille aurait pris, sous le microscope de M. Gales, l’Acarus du fromage pour l'4carus qu'il avait érigé en genre , sous le nom de sarcopte de la % ( 455 ) gale? Il faut l'admettre; car M. Latreille n'a pas plus réclamé que M. Duinéril contre l'opinion que leur attribue M. Galès. Oh! nos maîtres! vous à qui le‘public prête tant de sévérité, un enfant vous endort, dés qu'il vous flatte ! J'aurais désiré dessiner moi-même la mite du fromage; mais je doute que j'en eusse donné une idée plus juste que le dessin de M. Gales. Le corps en est blanc comme la neige; le corselet est un peu bleuátre; toutes les pattes, ainsi que le museau , sont purpu- rines. J'en ai mesuré plusieurs; les plus ordinaires m'ont paru avoir 0",0006. M. Thillaye, d’après M. Galès, a trouvé que les plus petits avaient 0^,000557 ; on voit que nous différons de peu. Cependant , M. Galès nous apprend que le dessin qu'il publie a été fait sur des dimensions bien plus grandes que les dimensions appa- rentes de l'insecte observé au grossissement de 200 fois; or le des- sin ne dépasse pas 0,026 ; d’après M. Gales, la grandeur absolue de l'insecte ne devrait donc étre que de 0",000015. Ceci montre seulement que M. Galès n'avait pas alors une grande habitude du microscope , et qu'au lieu de mesurer l'objet qu'il avait devant les yeux, il a cédé à la premiere illusion, qui, mettant l'objet grossi en rapport avec le diamètre du tube du microscope, réduit immensé- ment, à un œil peu exerce, la grandeur apparente d'un objet. Cette illusion arrive à tous les débutans ; mais, ce qui leur arrive moins facilement, c’est de trouver le moyen de se jouer avec autant de succes de la crédulité des maitres, et de parvenir à leur montrer la mite du fromage comme le ciron qu'on aurait pris dans les pustules de la gale. MM. les professeurs, commissaires des sociétés savantes, mem- bres de l'Institut! ne croyez plus vos amis, vos protégés sur pa- role; et quand on voudra vous montrer le ciron de la gale, de- mandez, non-seulement à assister à la piqûre, mais encore à ex- traire par vous-même le ciron des pustules des galeux! Prenez bien garde surtout à l'odeur du fromage; et, dés ce moment, faites fouiller partout, jusque dans les poches! Il s’agit aujour- d'hui d'un рагі de cent écus ! La gale est-elle le produit d’un insecte? — Puisque M. Alibert s'est contenté de faire calquer les figures a et b de Degéer, et que M. Gales a fait dessiner la mite du fromage; qu'aucun autre mé- decin de la capitale n'ose assurer avoir vu à Paris l'insecte de {а R ( 456 ) gale, que M. Lugol le cherche inutilement depuis plusieurs an- nées , qu'il nous a été impossible de rien observer d'analogue sur prés de deux cents pustules que M. Meynier a eu le soin de re- cueillir, il est évident qu'à l'hôpital Saint-Louis la gale existe sans cet insecte; donc cet insecte n'est pas la cause nécessaire de la gale. Mais, d'un autre côté, puisque tant d'observateurs qui n'a- vaient ni à soutenir des opinions légèrement préconcues, ni à mé- riter la protection des professeurs et à surprendre leurs suffrages, assurent l'avoir vu, et l'ont fait dessiner chacun de leurs côtés, il est évident encore que cet insecte a été vu dans les pustules de la gale. L'insecte de la gale serait donc un parasite accessoire , dont la présence et la disparition tiendrait à la foule de ces circonstances, qui font paraitre et disparaitre, pour toujours, certains parasites du corps humain. Par exemple , il est possible que le climat du Midi, et l'isolement des galeux dans une atmosphère libre, en favorise le développement; que le séjour dans les hôpitaux, et cette atmosphère de vapeurs de soufre qu'on respire à l'hópital Saint-Louis, s'y op- pose. Nous inviterons donc les observateurs, surtout les méridio- naux, à le chercher, principalement dans les pustules des galeux qui n'ont point encore habité les hôpitaux, à faire assister à leurs expériences un grand nombre de témoins, à faire extraire le ciron au hasard par la premiere main venue, et à le faire dessiner sur- le-champ par une main habile; et je ne doute pas un instant que cet innocent parasite ne soit de nouveau trouvé. M. Galés pourrait à la rigueur nous objecter, que la mite du fromage est peut-être aussi friande de la chair humaine que du fro- mage. On lui demanderait de nous prouver pourquoi cet animal, qui en était si avide en 1812, n'en esi plus avide en 1829; dans ce cas, du reste, tous les marchands de fromage devraient être ga- leux. П pourrait ajouter que les premiers observateurs ont déna- turé les traits de l’insecte de la gale; qu'avec un meilleur peintre leurs dessins eussent été ressemblans au sien. Cette maniere de raisonner est analogue à celle, par laquelle certaines sociétés sa- vantes ont quelquefois pensé, qu'avec un meilleur microscope on voyait tout le contraire de ce qu'ón avait vu ауес un microscope inférieur. Mais, par malheur pour M. Gales, les observateurs qui ont dessiné l'insecte de la gale, ont fait aussi dessiner , quoi- que grossièrement, sur la méme planche, Vinsecte du fromage et * ( 457 ) celui de la farine; etlà, ils ont eu le bonheur de se rencontrer avec l'excellent peintre de M. Gales. Enfin, dira-t-on , il est tres- possible que la mite du fromage soit friande des pustules de gale, et que, dans les trois cents cas divers, par M. Gales observés, un hasard, qui ne se représente plus, aura fait que cette mite se sera irouvée dans les pustules de l'hópital Saint-Louis. Cette maniere de raisonner doit provoquer de nouvelles expériences; le fait serait nouveau, il est de l'honneur de M. Galès de tenter de le repro- duire; mais alors la thèse de M. Gales, sous le rapport médical , n'en serait pas moins réduite au néant; car il serait toujours évi- demment prouvé que, ni l'4carus Casei, ni l'Acarus Scabiei ne sont les artisans de la gale; qu'ils peuvent tout au plus en étre les parasites. RaAsPAIL. Explication de la planche 12. Fig. 1. Ciron de la gale humaine tel qu'on le trouve publié par Cestoni (sous le nom de John. Cosm. Bonomus), dans les Miscel- lanea Nature Curiosorum, ann. 1691, p. 55, fig. 1 et5. — Bonani l'a reproduit avec les mêmes formes et les mêmes dimensions. Rich. Mead (Trans. phil., n. 285) et Baker (le Micr. à la port. de tout le mode, pl. ХПІ, fig. П, ab) ont fait calquer les deux fi- gures de Bonani. On voit en c l'eeuf de ce ciron. Nous emprun- tons les figures à Baker. Fig. 2. Mite de la gale calquée sur les figures de Degéer. (а) vue en-dessous; (b) vue en-dessus. La figure b est celle que M. Alibert assure, dans ses cours, avoir fait dessiner d'aprés na- ture par uu peintre meilleur que celui de M. Gales. On nous a soutenu que M. Alibert donnait la fig. а comme un insecte voi- sin des punaises et différent de la mite de la gale. Nous ne pré- tendons pas accuser M. Alibert d'avoir pris ses figures aux mêmes sources que nous; mais il parait bien probable qu'il a été dupe de la complaisance peu éclairée de quelque copiste. Une chose plus inexplicable, c'est que M. Alibert, qui, à son insu, professe dans ses cours la mite de Degéer , a fait graver le ѕагсоріе de M. Galís dans son grand ouvrage sur (es Maladies de la Pear. C'est là ce qui nous a empéché de citer M. Alibert au nombre des témoins irrécusables qui assurent avoir vu le ciron de la gale; car les contradictions évidentes annulent le témoignage. 2. уо ЕЗ ( 458 ) Fig. 5. Sarcopte de la gale tel que M. Gales (Thes. 1812) dit l'avoir extrait des pustules de la gale. M. Gales est le seul qui ait publié une figure analogue ; mais quand on ә vu la mite du fro- mage, оп éprouve le besoin de rendre au peintre Meunier les éloges qu’il mérite pour l'exactitude élégante de son dessin, et d'aecorder à М. Galès un talent prononcé dans l'art de mystifier nos grands observateurs de la capitale. Le plus grand défenseur du ciron de la gale, M. Alibert , le célèbre entomologiste M. La- weille, le non moins célèbre zoologiste M. Duméril, enfin vingt professeurs de la capitale, se sont laissés prendre dans les faibles filets d'un écolier; et la mite du fromage, adroitement placée sous leurs yeux fascinés, est venue se classer dans leurs écrits, sous le nom de sarcopte de la gale. Fig. 4. Ciron de la gale tel qu'on le trouve figuré dans les Acta Eruditorum Leips., Ann. 1682, p. 317, tab. 17, EE E. ب MYSTIFICATION MEDICALE.‏ Monsieur, Vos recherches sur Ја gale, dont vous avez bien voulu me rendre témoin (1), m'ayant pleinement convaincu que le Sarcopte ne doit son existence qu'à la supercherie de quelques adroits mystifica- teurs, je viens de hasarder une tentative pour ramener à sa juste valeur la déposition des témoins qui ont assisté aux expériences de M. Gales. Je pense bien que, dans le rochain numero de votre journal, vous dévoilerez l'erreur que les expériences de M. Gales ont accréditée, et que vous prouverez, pour la cent et unième fois, que nos maitres ne doivent pas toujours étre crus sur pa- role. Mais, telle est encore l'influence des grands noms, qu'il n'est pas toujours possible au raisonnement de discréditer les er- reurs qu'ils partagent; il faut, pour ainsi dire, appeler Thalie au secours de la vérité. Dans la dernière leçon de M. Lugol, j'avais annoncé à ce pro- ЖИЕ Д.А. Узе суу у. Us req ern o a UT LT TREE GE EET (1) Voyez ci-dessus, page 446. (бо) fesseur que je lui montrerais le Sarcopte de M. Gales. M. Alibert, qui naguère semblait prendre un si grand intérêt à l'existence de l’Acarus scabiei, fut averti que la démonstration devait avoir lieu aujourd'hui; et, soit dit en passant, M. Alibert parut très-étonné à cette nouvelle ; le partisan le plus zélé du Sarcopte resta froid et dédaigneux en apprenant que le Sarcopte avait été trouvé sur des galeux de l'hópital Saint-Louis (1). M. Patrix, qui avait Wes lement promis de montrer le brillant coloris du Sarcopte, fut éga- lement prié de venir m'aider à convaincre les incrédules; mais MM. Alibert et Patrix ne nous ont pas honorés de leur présence. M. Lugol venait de terminer sa lecon, lorsqu'il annonce que des affaires extraordinaires l'empéchent d'assister aujourd’hui à la dé- monstration de l'existence du Sarcopte , et me prie de la renvoyer à jeudi prochain. Cependant il me présente des galeux pour com- mencer des recherches, en présence de ses élèves et de tous ceux qui venaient d'assister à sa lecon. A peine ai-je délayé la sérosité de quelques pustules dans de l'eau ordinaire, que plusieurs per- sonnes demandent que l'on emploie de l'eau distillée pour véhi- cule. Un des éleves de l'hópital m'en apporte, et, comme vous le pensez bien , malgré cette précaution , malgré toute l'attention de la foule qui nous entoure, et qui semble tenir compte de tous mes mouvemens, il m'a été bien facile de glisser sur le porte-objet quelques mites de fromage dont j'avais le bout des doigts garnis. Tous les incrédules qui avaient examiné la figure que M. Galés a donnée du Sarcopte, ont trouvé la ressemblance parfaite, et se sont empressés de rendre justice aux partisans du ciron. Ceux qui soutiennent avoir déjà observé le Sarcopte n'ont pas manqué de crier victoire. M. J. Cloquet, qui disait l'avoir vu plusieurs fois, a déclaré à haute voix que ma mite du fromage était bien le Sar- copte qu'il connaissait déjà. Un seul médecin parmi les specta- teurs, M. Bailly, a persisté dans son incrédulité; « je vois, a-t-il dit, un insecte; mais, s'il a été pris sur un galeux, c'est qu'il s'y (1) On m'a assuré que M. Aliberta paru très-étonné lorsqu'on lui a annoncé que le Sarcopte avait été trouvé; et qu'après avoir fait répéter deux fois s'il était bien vrai qu'on l'eüt vu, il a hausséles épaules et n'a pu se défendre d'un sourire. ( 460 ) trouvait par hasard. » € était plus que par hasard; mais, enfin, celui qui doute est bien près de Ja vérité. Agréez, etc. MEYNIER. Paris , 5 septembre 1829. DESCRIPTION D'UN NOUVEL ÉPIZOAIRE DU GENRE DES POLYSTOMA, QUI SE TROUVE SUR LES BRANCHIES DE LA PETITE ROUSSETTE (Squalus Catulus); SUIVIE DE QUELQUES OBSERVATIONS SUR LE Disloma megastomum ET LE Cysticercus Leporis variabilis DE BREMSER; - PAR М. Kvan, D. M. Le genre des Polystoma est encore fort peu nombreux; on n’en connaît guère qu'une demi-douzaine d’espèces, dont une seule vit sur les branchies d’un poisson : c’est le Polystoma duplicatum que Delaroche a trouvé sur le thon. (Voy. le nouv. Bull. de la Société philom., 1811, n° 44, p. 271, fig. 5.) Le Polystoma que je vais décrire est la seconde des espèces de ce genre vivant sur les branchies. Comme je l'ai observée en vie, j'ai été à même de vé- rifier l'opinion du professeur Baer de Kœnigsberg, savoir : que les six pores des Polystoma ne sont point réellement des bouches, mais des espèces de ventouses servant uniquement à fixer l'épi- zoaire, et que ce que M. Rudolphi et d'autres helminthologistes ont considéré comme l'anus, est, au contraire, la véritable bouche. Le nom de Polystoma est conséquemment inexact ; mais puisqu'il est généralement reçu, et que l'on saura d'ailleurs toujours quel sens y rattacher, il vaut mieux le conserver que de créer à chaque mo- ment de nouveaux termes , qui ont bien plus souvent pour but de satisfaire l'amour-propre des auteurs, que de répondre aux besoins de la science. Voici les caractéres du nouveau Polystoma, dont le nom spéci- fique est motivé par un appendice trés- remarquable , dont le ver est pourvu à son extrémité postérieure : POLYSTOMA APPENDICULATUM , depressum , oblongum ; pori sez sim- ( 461 ) plices , uncinati , seriebus binis parallelibus dispositi ; appendia: cau- diformis in cujus apice analia duo orificia. Hab. in Squali Catuli branchiis. Cet épizoaire est long de 6 lignes et large de 2 de ligne (fig. 1); son corps est aplati, un peu plus large dans le milieu que vers les deux extrémités. L'on observe dans toute l'étendue dé la ligne médiane une bande blanchátre, sur les cótés de laquelle sont deux lignes obscures. L'extrémité antérieure (considérée comme l'extré- mité anale, par M. Rudolphi et autres), est rétrécie et présente à son sommet l'orifice buccal, qui est arrondi, d’un diamètre assez considérable, à bords saillans et bien tranchés (fg. 2, a). L'extré- mité postérieure est beaucoup plus compliquée ; après que le corps de l'épizoaire s’est légèrement rétréci depuis le milieu , il se ter- mine subitement par une espéce de base, sur laquelle il s'applique presque verticalement, et qui lui sert pour ainsi dire de support. Cette base a la forme d'un carré allonge, et est destinée à soutenir les ventouses ou les pores; c'està sa face supérieure que s'implante le corps de l'épizoaire, et c'est à sa face inférieure que se trouvent les six ventouses. Celles-ci sont disposées sur » lignes paralleles, 3 ventouses de chaque côté ; elles constituent autant de tubercules saillans, percés chacun d'un orifice arrondi à son sommet ; les deux tubercules du milieu sont les plus considérables. Tous les ori- fices des ventouses sont inclinés vers la ligne médiane, de sorte que ceux des deux cótés se regardent, et chaque orifice en outre est muni d'un onglet, qui fait saillie sur la partie externe de son bord ; le sommet des onglets est recourbé en dedans, et les onglets eux-mêmes, qui sont gréles et allongés, se continuent jusqu'au fond des ventouses. C'est à l'aide de ces ventouses armées des on- glets, que le ver se fixe d'une manière tellement solide sur les lames branchiales , qu'il est impossible de l'enlever entier pendant sa vie, à moins d'emporter en méme temps le tissu organique au- quel il adhère. À la partie postérieure de la base, et derriére l'endroit ou s'im- plante le corps, on voit s'élever un appendice en forme de queue (fig. 2 fet 5, d), qui a quelquefois une ligne de long, et qui revient dans une direction parallele à celle du corps. Cette queue est apla- tie, moins large que le corps lui-même, et divisée au bout en deux petits tubercules striés, dont le sommet est percé (orifices ^ ( 462 ) de l'anus). Dans le Polystoma duplicatum , qui vit également sur les branchies , on remarque déjà un rudiment de l'appendice cau- diforme dont il s'agit ici. П y a en effet chez ce dernier, entre les pores du milieu, deux tubercules coniques fort peu saillans ; mais , dans l'espece que je décris, ces tubercules ont pris tant de déve- loppement, que j'ai eru devoir fonder là-dessus la dénomination spécifique. | Un peu apres la bouche, le canal digestif se divise en deux ban- des latérales, qui laissent dans leur interstice un espace occupé par l'ovaire. Les bandes latérales de l'appareil digestif se distinguent par la présence des matières alimentaires, qui leur donnent une teinte foncée ; elles restent séparées jusqu'à la base qui soutient les ventouses ; là elles se réunissent, et se continuent sous forme d'une strie obscure qui parcourt le milieu de la base et de la queue, jus- qu'à l'endroit ой celle-ci se divise en deux tubercules. t Entre les deux bandes du tube digestif se trouve l'ovaire, qu'on reconnait, en ce qu'il a une couleur moins foncée, et qu'il con- tient manifestement des ovules vers le milieu du corps (fig. 2). Dans la partie antérieure comme dans Ја partie postérieure de l'o- vaire, Pon n'apercoit que de petites granulations, qui n'offrent point encore de traces distinctes d'organisation. Les ovules parve- nus à maturité s'échappent sans aucun doute par une déchirure qui doit se faire sur le corps de l'helminthe ; c’est d’ailleurs le ca- ractère de tous les ovaires qui existent dans la nature, d'émettre leurs ovules, non point par un orifice naturel, mais par un orifice qui est Де résultat d'une rupture. J'ai observé plusieurs fois des vers pleins d'œufs, qui, placés dans un autre milieu, ou mis en contact ауес un peu d'alcool, éprouvaient à un point quelconque de leur corps une petite crevasse, par laquelle fuyaient successive- ment les ovules; s'il y avait eu un conduit naturel pour leur émis- sion , il est hors de doute qu'ils auraient été expulsés par ce con- duit. Le Polystoma appendiculatum est unisexué ; il n'y a que des individus femelles, comme cela se remarque d'ailleurs dans tous les trématodes. Je crois que, si l'on eût plutôt observé des Polystoma vivans, on n'aurait pas si long-temps été dans l'erreur, par rapport à la partie qu'il faut considérer comme la bouche. Depuis que jai vu en vie un grand nombre d'individus de l'espece que je viens de décrire , ( 465) c'est pour moi une chose prouvée, que l'extrémité pourvue des six pores n'est point l'extrémité buccale du ver. M. Baer a d'ail- leurs déjà mis hors de doute cette manière de voir, dans un mé- moire sur le Polystoma integerrimum , qui est inséré dans le tom. XIII, part. 1**, des Actes de Г Acad. des curieux de la nature; L'épizoaire m'a offert une maniere d'agir absolument semblable à celle d’une sangsue qu'on applique, et qui cherche à prendre; et les Polystoma sont en effet de véritables annélides. Ainsi que les _ sangsues, on les voit solidement fixés par leur extrémité posté- rieure ou leurs six ventouses, tandis que l'extrémité antérieure , ou bien la bouche , se meut en tout sens, s'applique successive- ment sur différens points des branchies pour les explorer, les par- court dans une certaine étendue, et s'arréte enfin lorsqu'un endroit favorable à la succion a été trouvé. » Le Polystoma appendiculatum n’est pas le seul helminthe que m'ait offert la dissection de la petite roussette ou du chien de mer, comme l'appellent nos pécheurs. J'ai trouvé, dans le canal digestif du même poisson, un grand nombre de Distoma, ayant tous les ca- ractères de l’espèce que M. Rudolphi désigne sous le nom de D. megastomum (fig. 4 et 5). Ce ver n'avait encore été observé que sur le milandre (Squalus Galeus). Comme je l'ai également trouvé en vie, il m'a éte possible de faire des observations relativement à la nature de chacun des deux pores; mais, sans cet avantage même , la structure de chacun d'eux suffirait déjà pour indiquer quelle est leur fonction. Un des deux pores des Distoma (a) se trouve à l'extrémité du ver, c'estle pore antérieur, ou bien la bouche; l'au- tre pore (c) se trouve plus ou moins rapproché du milieu du córps de l'helminthe , c'est une simple ventouse, servant uniquement à le fixer. Entre les deux pores, êt un peu au-devant du pore posté- rieur, on observe un petit orifice (b), qui est Panus. La bouche est l'orifice d'un canal d'abord assez large, et qu'on peut poursuivre jusqu'à Panus, du côté duquel le canal digestif se rétrecit. Tout l'intérieur du Distoma, depuis la bouche jusqu'à la ventouse, est occupé par le tube digestif, qui, comme on voit, est large et court: Toute la partie qui se trouve derrière la ventouse est occupée par l'ovaire (dd), dont on voit les corpuscules disposés en quatre stries longitudinales ; les deux stries du milieu sont beaucoup moins mar- quées que les stries latérales. La ventouse forme une légère exca- ( 464 ) vation dont les bords sont relevés, et qui se termine bientót en cul-de-sac. Cette seule disposition indique suffisamment combien la dénomination de Distoma est inexacte. Lorsqu'on observe les mouvemens du ver pendant qu'il est en vie, on le voit fixement attaché par le milieu de son corps , tandis que les deux extrémités se relèvent et s'abaissent successivement. Les deux extrémités peuvent se fléchir en arrière de telle sorte qu'elles forment un angle droit, dont le sommet correspond au milieu du corps. En résumé le genre Distoma, du moins le Distoma megastomum, n'offre qu'une seule bouche; cette bouche est ce qu'on nomme communé- meut le pore antérieur; elle se continue dans un canal digestif court, et terminé par un orifice anal étroit, qui est placé immé- distement au-devant du pore postérieur; ce dernier pore n'est autre chose qu'une ventouse servant à fixer l’entozoaire ; enfin, toute la partie comprise entre la ventouse et l'extrémité postérieure est occupée par l'ovaire.. * М. Bremser avait trouvé, dansle péritoine du lapin, un entozoai- re, qu'ibavait pris pour un cysticerque, et qu'il avait envoyé comme tel à M. Rudolphi. (Voy. le Synopsis Entozoorum de ce dernier, page 550.) M. Rudolphi se doutait bien que M. Bremser était dans l'erreur : aussi a-t-il placé le prétendu cysticerque parmi les espèces mal déterminées, et a-t-il ajouté : Si amicus ( Bremser) non 71151551 harum rerum peritissimus, pro Cysticerco non habuissem. Le ver dont il s'agit ( voy. fig. бегу), je l'ai aussi trouvé dans le péritoine d'un lapin, et Jai pu me convaincre que ce n'était point un cysticerque ; d'abord il n'est point renfermé dans une vésicule, et ensuite il n'a point du tout la bouche des cysticerques. C'est une espèce appartenant au genre Monostoma ; longue de 3 lignes envi- ron (fig. б), elle a ordinairement une ligne de large ; le corps est ar- rondi, ovoide, quelquefois un peu comprimé ; on distingue une téte (a fig. 7) , un col betun corpse. А la partie antérieure de la tête se trouve la bouche d, qui est allongée et un peu déprimée ; je n'ai point trouvé d'orifice anal. Le corps est quelquefois étranglé dans le milieu, de manière à présenter deux renflemens. La tête est plus opaque que le corps; celui-ci est légérement transparent: mais on n'y distingue point d'organes particuliers, tout parait ho- mogène. ( 465 ) Explication de la planche 11. Fig. 1. Polystoma appendiculatum , grandeur naturelle. Fig. 2. Le méme grossi, (a) la bouche (b ^ b b). Les deux divi- sions du canal digestif; (c) milieu de l'ovaire; on voit les ovules ; (d d) les extrémités de l'ovaire; les ovules ne sont pas encore for- més; (ee e) les 5 ventouses d'un cóté : on y voit les onglets; (f) appendice en forme de queue; (g g) tubercules au sommet des- quels sont les deux orifices de l'anus. Fig. 5. Le méme grossi et vu de profil, (а) labouche; (^) le corps; (c c c) les 5 ventouses d'un côté; on voit saillir les onglets; (d) ap- pendice en forme de queue. Fig. 4. Distoma megastomum , grandeur naturelle. Fig. 5. Le même grossi, (а) la bouche; (^) l'anus; (c) la ventouse ; (d d) l'ovaire. _ Fig. 6. Monostoma Leporis , grandeur naturelle. Fig. 7. Le méme grossi, (a) la téte; (^) le col ; (c) le corps; (d) la bouche. * e* * ——————————— Óán—m OBSERVATIONS SUR UN MOYEN NOUVELLEMENT PROPOSÉ POUR DISTINGUER LE SANG DES DIVERS ANIMAUX ; а par Е. SOUBEIRAN (1). LI * Déjà des auteurs ont élevé la voix pour infirmer l'excellence de ce procédé. Je vais faire connaitre à la section les résultats d'essais multipliés, entrepris dans le dessein d'éclairer la question. Ils ne me permettent pas de partager l'opinion émise par M. Barrucl. Chaque fois que j'ai fait une expérience de ce genre, je ne m'en suis pas rapporté à mon seul jugement, j'ai appelé trois à quatre personnes au moins pour constater les résultats; aussi les consé- (1) Foy. les Annal. des Seienc. d'obscrv., tom. Il, p. 155, avril 1829. ( 466 ) quences que je vais tirer de mes recherches doivent avoir quelque poids, puisqu'elles sont le résultat d'une sorte d'enquête. Je ferai observer que les mémes individus ayant été appelés toujours à donner leur avis, ils ont été à méme, ainsi que le conseille M. Bar- ruel, de faire l'éducation de leur odotat par les nombreuses expé- riences auxquelles ils ont pris part. Je me suis surtout attaché à reconnaître, s'il était possible, de distinguer le sang de l'homme de celui de la femme, et mon sé- jour dans un hópital, au milieu d'un service actif, m'a permis de multiplier singulièrement les recherches. Je me crois fondé-à Pé- tablir comme principe : 1*. Que le sang d'homme et celui de femme donnent, dans le plus grand nombre de cas, une odeur semblable, ou tellement ana- logue, qu'il est impossible d'y apprécier une différence notable ; 2°. Que le sang de femme a quelquefois une odeur plus forte que celui d'homme. Cette observation trouve principalement son application pour des femmes brunes et d'une constitution ro- buste; " 5°. Que le sang de femme est quelquefois remarquable, en ce qu'il donne une odeur plus faible et un peu différente. ` Je n'appuie ces principes d'aucun développement. L'expérience proposée par M. Barruel est des plus simples; j'ai tenté maintes fois, après avoir fait des essais comparatifs avec du sang d'homme et de femme, de méler les vases et de faire prononcer les assis- lans; et toujours des erreurs ont été commises dans cette épreuve. Que si l'on pouvait accuser nos organes de percevoir difficilement les nuances dans les odeurs, il nous faudrait féliciter ceux qui ont été plus heureusement partagés par la nature, tout en rejetant un caractère que quelques individus privilégiés seraient seuls appelés à saisir, et en nous méfiant toujours quelque peu de l'influence qu'une opinion préconcue exerce nécessairement sur un observa- ‘teur qui n'a, par devers lui, aucun moyen de contre-épreuve. J'ai examiné le sang de divers animaux, et j'ai trouvé que Po- deur qu'il développe par l'acide sulfurique, est souvent particu- lière pour chacun d'eux. Elle est surtout remarquable dans le sang du bœuf et du mouton, dont l'odeur nous a toujours semblé un peu plus désagréable que celle développée par le sang du porc. Nous avons pu reconnaitre que l'odeur développée par le sang du ( 467 ) bœuf et celui du mouton, ne sont pas toujours les mêmes. Le pigeon, le canard, le moineau, ne nous ont rien offert de bien re- marquable. Le sang d'un orvet a fourni une odeur qui nous a paru différer à peine de celle donnée par le sang de l'homme (1). De ces faits nous croyons pouvoir conclure que le sang de quel- ques animaux peut être reconnu dans quelques cas; mais qu'il n'en est pas ainsi pour tous. L'odeur, méme chez ceux qui sem- blent se différencier le plus facilement, a toujours une analogie trop grande pour qu'il soit permis de prononcer, quand on n'a pu opérer que sur des quantités minimes de matière, ainsi que cela a lieu si souvent dans les observations de médecine légale. Ce ca- ractere tiré de l'odeur est mauvais, parce qu'il consiste en une sensation fugace, qu'une circonstance accessoire, une disposition particulière de l'observateur peut empêcher de saisir. Il est mau- vais, parce que l'odeur qui annonce un corps, peut bien être l'in- dice de sa présence, mais qu'elle ne peut servir qu'à le faire re- chercher par des moyens plus certains, et non à affirmer qu'il existe réellement dans la matière soumise à l'examen. Quel obser- vateur, sur un caractere aussi fugace, oserait prononcer sur la présence d'une matière dans une opération ordinaire de chimie? Quelle circonspection bien plus grande ne doit-il pas apporter, lorsque son opinion peut avoir pour conséquences de faire pro- noncer sur l'iunocence ou la culpabilité d'un accusé? Qui oserait- affirmer qu'un empoisonnement a été fait par arsenic ‚ parce qu'une odeur alliacée aurait été développée sur les charbons ar- dens, si des expériences ultérieures ne faisaient isoler le métal? Et, observons que les expériences qui nous conduisent à ces con- clusions ont toutes été faites dans les circonstances les plus favo- rables, avec du sang en abondance, et avec la possibilité de répé- ter le méme examen autant de fois qu'il pouvait être nécessaires En supposant méme que le caractere proposé par M. Barruel pût être distingué avec certitude, il ne pourrait encore être em- ployé en médecine légale, parce que nous ignorons quelle in- (1) Ce fait est une première confirmation de la prévision que nous avous émise dans notre article des Annales, tom. lI, pag. 139, ligne 36. { Note du Rédacteur.) ж ў ( 468 ) fluence peut avoir le temps sur la manifestation du phénomène ; parce que la cause de l'odeur qui le développe nous étant totale- ment inconnue, nous ne pouvons par cela méme apprécier les circonstances qui pourraient la modifier; parce que tout tend à prouver que des mélanges accidentels peuvent changer ou altérer singulierement les résultats. Des parcelles de laine, détachées des vétemens, la sueur qui les impreigne depuis long - temps, l'u- rine qui a pu les salir, les émanations auxquelles ils peuvent avoir été exposés, sont autant de circonstances qui peuvent changer singulièrement la nature des résultats. Cette incertitude que je signale, je la retrouve dans le procès- verbal dressé dans une affaire récente d'assassinat, et à la rédaction duquel M. Barruel a pris part (1). Il me parait appuyer si puis- samment l'opinion que je viens d'émettre, que je ne puis me re- fuser à en rapporter une partie. »Nous nous sommes procuré, quinze jours d'avance, du sang » d'homme et de femme blessés, du sang de bœuf et du sang de » cochon, nous en avons imprégné divers linges qui ont été séchés »et exposés à l'air jusqu'au moment de les soumettre à l’expé- »rience. Alors, ayant coupé un morceau de chacun d'eux, nous »l'avons fait tremper dans une petite quantité d'eau pour recon- »stituer du sang liquide, et nous avons ajouté dans la liqueur une »quantité convenable d'acide sulfurique concentré. Cet acide, »suivant de nouveaux faits observés par M. Barruel, l'un de »nous, a la propriété de développer dans chaque espéce de sang, »une odeur particulière souvent propre à faire reconnaître l'ani- » Mal qui l'a produite. Nous avons traité de méme la plus grande » tache de la manche de 1а chemise, et nous avons observé ce qui » sui : » Le sang de porc a développé une odeur très-marquée et fort » désagréable, dans laquelle on distinguait quelque chose du porc. » Le sang de bœuf a dégagé une odeur moins marquée, analogue » à celle des bouveries. (1) Les experts étaient MM. Henry, Guibourt et Ваггие!. (Note de l'auteur.) ( 469 ) »Le sang d'homme a donné lieu à une odeur trés-marquée , » comme grasse et analogue à celle de la sueur. »Le sang de femme a donné lieu à une odeur un peu aigre non » désagréable. » Enfin, le sang de la chemise a développé une odeur aigre non »désagréable, que deux d'entre nous ont rapportée à celle des » tanneries; le troisième l’a jugée semblable à la précédente. » Nous nous sommes procuré d'autre sang de porc, de bœuf, » d'homme et de femme; le sang de porc pris chez plusieurs char- »cutiers de Paris, et directement à l’échaudoire de la rue des » Vieilles-Tuileries, nous a constamment présenté la méme odeur »repoussante. »Le sang de bœuf nous a offert, tantôt l'odeur forte des abat- »toirs, tantôt celle de la peau de l'animal mouillé. » Le sang de l’homme nous а toujours offert la méme odeur. Le »sang de femme s'est montré plus variable, et notamment le sang »d'une fille de quarante-sept ans, provenant d'une saignée au » bras, a offert la méme odeur que le sang d'homme. » Dans une circonstance aussi grave, la justice pèsera la valeur » d’une déclaration fondée sur des expérimentations nouvelles qui » n'ont pas encore subi l'épreuve de la publicité et de la controverse; » mais voici la nôtre telle que la conscience nous la dicte. » Considérant que l'odeur dégagée par le sang de porc et l'acide » sulfurique , parait propre à ce sang et constante, et que le sang »trouvé sur la manche de la chemise manque absolument de ce »caractére, nous pensons que ce dernier n'est pas du sang de » porc. » Il résulte du texte méme de ce rapport, 1° que sur les trois experts , un seul, et c'est M. Barruel, a cru pouvoir affirmer que le sang trouvé sur la chemise de Bellan était formé par du sang de femme ; A 2° Que le sang de bœuf n’a pas toujours développé la méme odeur ; ч 5° Que le sang de la femme s'est montré variable , et que dans un essai, il a offert la méme odeur que le sang d'homme. J'ajouterai encore que la conclusion est donnée avec ce ton de doute si convenable pour faire ressortir tout ce qu'avait laissé ( 470 ) d'incertitude dans l'esprit des experts les résultats de leurs expé- riences (1). Aussi je considere ce rapport comme l'une des plus fortes pré- somptions que l'on puisse élever contre l'emploi du moyen analy- tique proposé par M. Barruel. M. Barruel conclut de ses expériences, que le sang de chaque espèce d'animal contient un principe particulier à chacune d’elle , et qu’il croit acide. Des expériences multipliées et faites avec la plus extréme attention, pourraient seules donner de la valeur à cette opinion. L'acide pourrait provenir de la décomposition des sels du sang ou des parcelles d'acide sulfurique entrainées avec les vapeurs ; l'odeur peut provenir d'une réaction de l'acide qui aurait donné naissance à un corps odorant, mais qui n'existait pas. Les expériences que promet M. Barruel, ne nous laissent pas douter que nous ne soyons bientót éclairés à ce sujet. Ce chimiste pense que le principe particulier à ce sang a une odeur analogue à celle de la sueur ou de la transpiration pulmonaire de l'animal. Nous avons reconnu que cette odeur varie dans des animaux de la méme espèce; ce qui prouve que ce principe , füt-il vrai, ne pourrait être d'aucun emploi en médecine légale, puisqu'un méme animal pourrait donner des émanations différentes. 1 D’après M. Barruel, ce principe serait assez facile à reconnaitre, quand on en vient à le chasser de sa combinaison par un acide; et l'expérience nous a montré que cette distinction était trés-difficile et souvent impossible à faire. Le principe odorant est, suivant le méme chimiste, bien plus développé dans les mâles que dans les femelles; ce qui parait être vrai dans le plus grand nombre de cas. Mais quelques exceptions suffisent pour interdire l'emploi de ce principe dans les recherches judiciaires, et M. Barruel convient que les exceptions existent. Aussi nous croyons-nous fondés à conclure que dans l'état actuel de la science, si l'on peut présumer, avec quelque apparence de cer- т пажа eem (1) L’embarras avec lequel M. Barruel répondit aux diverses interpella- tions que lui adressa le défenseur de l’accusé, notre travail à la main, acheva de ruiner dans l'esprit des jurés ce système d'expertises légales. ( Note du rédacteur.) (471) titude , que du sang isolé provient d'une certaine espèce d'animal, celte distinction est impossible à faire quand on veut distinguer l'un de l'autre le sang d'homme et le sang de femme, et qu'il ne peut être permis d'user de ce caractère dans une affaire criminelle, lorsque, de l'opinion de l'expert, peut dépendre la vie d'un inno- cent ou la punition d'un coupable. Il faut alors s'appuyer sur des résultats positifs et faciles à exprimer (1). TOXICOLOGIE. Vapeurs de chlore antidote de Pacide hydrocyanique. — M. Si- méon, pharmacien à l'hópital Saint-Louis, vient de découvrir que l'inspiration des vapeurs de chlore et l'eau faiblement chlorée sont un excellent moyen de faire cesser les symptómes de l'em- poisonnement par l'acide hydrocyanique. Les expériences les plus nombreuses répétées sur ces indications n'ont fait que confirmer la découverte. Des chiens et des chats empoisonnés par l'acide hydrocyanique ont été parfaitement rétablis, au moyen du chlore, en trois quarts d'heure. Il est vrai que le chlore a été administré une et quatre minutes après l'invasion des symptômes de l'em- poisounement. B (1) Après la lecture du mémoire de M. Soubeiran à l'Académie royale de Médecine, M. Villermé prit la parole pour déclarer que trois personnes, qui se préparaient à combattre l'opinion de M. Barruel, avaient fini par conve- nir que les expériences de celui-ci étaient exactes. M. Villermé s'est bien gardé de citer les noms de ces trois observateurs; cette circonstance est pour- tant nécessaire pour qu'on ajoute foi à l'assertion de M. Villermé. Incompé- tent par lui-méme, M. Villermé pourrait bien avoir cédé à un de ces mou- vemens de complaisance que lui inspirent tous les travaux de MM. Orfila et Barruel. Ces trois observateurs anonymes ne seraient-ils pas MM. Adelon, Delens et Villermé ? Alors M. Soubeiran doit savoir, par une expérience qui nous est commune, quel eût été le résultat de leurs conférences, si l'Aca- démie les avait nommés juges de son travail. ( Voyez le Journal général de médecine, tome CII, p. 382, 1828.) Raspais. ( 472) LA FLORE ET POMONE FRANÇAISE; par M. Jaume Saint- HILAIRE, 15'-20* livraison, in-4*. Paris, 1829; chez l’auteur, rue de Furstemberg, п, 5 (voy. les Annales, tom. П, pag. 115.) Les livraisons de cet ouvrage se succèdent avec une rapidité qui ne nuit en rien à la beauté de son exécution. Nous avions émis, dans notre premier article, quelques opinions critiques sur le co- loris des fruits ; les huit livraisons que nous avons sous les yeux ne | laissent plus rien à désirer sous ce rapport. Les fruits en sont d'une exécution parfaite; et les fleurs elles-mémes y sont repré- sentées ауес encore plus d'élégance et de variété que dans les livraisons précédentes; ce sont des scabieuses et des senecons vulgaires ou d'ornement. M. Jaume achève de nous prouver, par le soin qu'il prend de cette publication, que les entreprises d'au- teurs sont plus consciencieuses que celles des libraires. LISTE DES MOUSSES, HÉPATIQUES ET LICHENS, Observés dans le dépar- tement de la Lozère; par M. T. C. Prost., in-12, 80 pages, Mende, 1828. Ignon. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 22 juin 1829. — M. Castera adresse à l'Académie un projet d'association pour secourir les naufragés. П donne la des- cription d'appareils qui pourraient servir, en mer, de phares mo- ы PE IU: po , еВ M. Bouvart annonce la mort du docteur Young, et M. Legendre celle de M. Abel. M. Dutrochet annonce que la capillarité s'oppose sensiblement à la transmission de l'électricité voltaique par le moyen de l'eau. M. Élie de Beaumont lit un Mémoire intitulé : Recherches sur quelques-unes des révolutiens de la surface du globe, présentant diffé- rens exemples de la coincidence qui parait avoir existé, entre le redres- sement des couches de certains systémes de montagnes, et les changemens subits attestés par les variations brusques des caractères qu'on observe entre certains élages consécutifs des dépôts de sédiment. M. Navier fait un rapport trés-favorable sur l'ouvrage de M. Co- riolis, intitulé : Du Calcul de l'effet des machines. ( 475) M. Cauchy en fait un pareil sur un Mémoire de M. Tinck, relatif aux élémens du calcul différentiel. Зо juin. — M. Cordier présente un Mémoire de M. de Cristol, sur deux cavernes à ossemens , découvertes par MM. Dumas et Bonauze , l'une à Pondre et l'autre à Jouvignargue, prés de Som- mières. Il parait que ces cavernes contiennent des ossemens hu- mains mélés à ceux d'animaux perdus. M. Rigal annonce avoir trouvé un nouveau moyen de détruire la pierre dans la vessie. M. Gay-Lussac fait un rapport sur un paratonnerre à élever sur une église. M. Jacobi adresse à l'Académie son ouvrage intitulé : Funda- menta nove theoriæ fonctionum ellipticarum. M. Audouin adresse une lettre sur des observations relatives à plusieurs mollusques inconnus ou jusqu'à présent incompléte- ment décrits, sur l'anatomie de la glycimére, sur l'animal de la silicaire, de la clavagèle et de la magile. . M. Héricart de Thury fait une communication sur les puits forés de Saint-Ouen. M. Dupetit-Thouars lit des observations sur la famille des or- chidées. эй | М. Cauchy fait un rapport sur un mémoire de feu M. Abel, présenté à la séance du 50 octobre 1826. Il sera inséré parmi les méinoires des savans étrangers. M. Lugol lit un mémoire sur l'emploi de l'iode dans les maladies scrofuleuses. 6 juillet. — L' Académie reçoit plusieurs mémoires envoyés par la commission de Morée. M. Bourège présente un nouveau systeme sur l'art de tanner les cuirs. M. Chevallier annonce avoir trouvé un procédé pour le net- toyage des monumens anciens. M. Beaudelocque neveu présente un mémoire sur un procédé pour pratiquer l'embryotomie. M. Sérullaslit un mémoire intitulé : Observations sur l’iodure et le chlorure d'azote. Le même lit un second mémoire sur un chlo- rure de phosphore et de soufre. M. Richard lit un mémoire sur les rubiacées. On compte dans 2. $ 31 ( 474 ) cette famille environ mille à onze cents espèces réparties en 150 genres. L'auteur détruit plusieurs de ces genres. П divise cette famille en onze groupes : aspérulées, anthospermées, cpercularices, spermacocées, cofféacées, guellardacées, moreliées , haméliacées, iser- licées , gardeniacées et cinchonées. Au reste, l'auteur a formé dix genres nouveaux dont huit pour des espèces nouvelles. Son mé- moire est accompagné de 78 planches représentant les détails de la fleur, du fruit et de la graine des plantes. 15 juillet. —M. Mallebouche adresse à l'Académie un mémoire sur le traitement du bégaiement. M. Antommarchi litun mémoire sur la communication des veines avec les vaisseaux lymphatiques. П ne croit pas à cette communi- cation. Une vive discussion s'élève à ce sujet. M. Cauchy fait un rapport favorable sur un mémoire de M. Os- trogradscky , relatif à la propagation des ondes dans un bassiu cylindrique. M. Donné lit un mémoire intitulé : Recherches sur les influences qu'exercent les phénomènes météorologiques sur les piles sèches. 20 juillet. — M. Dulong communique une lettre de M. Berzé- lius qui annonce avoir fait la découverte d'une nouvelle terre ; il la nomme thorine, parce qu'elle a beaucoup d'analogie avec une terre à laquelle il avait déjà imposé ce nom, mais qui n'était qu'un sous-phosphate d'yttria. Cette nouvelle terre est blanche, irréductible par le charbon et par le potassium; aprés avoir été fortement calcinée, elle ne peut plus être attaquée que par l'acide sulfurique concentré. L'acide muriatique la dissout facilement à son état naturel, et le chlorure de thorine qui en résulte peut étre décomposé par le potassium; et le thorium, mis à nu, brûle vive- ment à une température élevée. La thorine contient 11,8 pour cent d’oxigène, et a une densité de 9,4; elle existe dans un nou- veau minéral trouvé en très-petite quantité à Brevig en Norwège. M. Gay-Lussac annonce que la plupart des matières organiques, traitées par la potasse caustique à chaud , donnent de l'acide oxa- lique. M. de Blainville fait un rapport sur un mémoire de M. Com- pagno, relatif à la baleine échouée sur les côtes des Pyrénées- Orientales. k ( 475 ) M. Portal lit une note sur la communication des vaisseaux lym- phatiques avec les veines; il partage l'opinion de M. Lippi. M. Cauchy fait un rapport non approbatif sur l'emploi des ba- guettes arithmétiques dans la division, par M. Russel d'Inval. M. Dupetit-Thouars lit un mémoire intitulé : Résultat de l’enle- vement complet d’un anneau d’écorce. M. Flourens lit un mémoire intitulé : Recherches sur la régénéra- tion des os, et une note d'Eapériences sur l'action de la moelle épi- nière dans la respiration. Le principe de la circulation ne serait, d’après l'auteur, ni dans la respiration, ni dans la moelle épinière ; il indiquera plus tard le siége de ce principe. MM. Audouin et Milne-Edwards lisent un mémoire intitulé : Recherches pour servir à l’histoire naturelle des annélides de France. M. Roulin lit un mémoire ayant pour titre : De l’ergot du mais , et de ses effets sur l’homme et les animaux. 27 juillet. — M. Chauvin envoie à l'Académie une échelle de rapport, de 1 à 2000: MM. Marceau et Chappuy présentent une lampe dont le méca- uisme est fondé sur la pression de l'air. M. Bizot envoie une encre indélébile. Un anonyme annonce par écrit qu'il a renversé toutes les théo- ries mathématiques. M. Becquerel ayant versé du carbure de soufre et du nitrate de cuivre dans un tube, et plongé une lame de cuivre dans les deux couches de ces liquides, a obtenu, au bout de six semaines, des cristaux de protoxide de cuivre, et du carbone en lame mince et brillante sur les parois du tube. M. Moreau de Jonnès lit des recherches statistiques sur les pátu- rages de l'Europe. M. Flourens fait un rapport favorable sur un ouvrage de patho- logie vétérinaire de M. Vatal. 5 août. — M. Lauth envoie une réclamation de priorité sur la découverte de M. Lippi. M. Daniel a trouvé qu'en faisant jeuner un chien pendant huit ou dix heures, puis le placant sur le dos, et lui versant de l'eau froide sur l'estomac , il y a toujours production de hoquet. M. Desportes а vu un jeune pigeon vivre deux jours dans sa ( 476 ) coque, dont il ne pouvait se débarrasser, et vivre ensuite long- temps, bien que privé de l'encéphale et de la moelle épinière. M. Duméril fait un rapport sur deux mémoires de M. Château- neuf, relatifs à l'influence. de l'indigence sur la mortalité des hommes. Il en fait un autre sur le mémoire de M. Cottereau, quia proposé l'emploi du chlore pour guérir de la phthisie pulmonaire. M. Cordier annonce qu'on a découvert des ossemens de mam- mifères mélangés avec des débris d'animaux marins, dans une couche de calcaire grossier de Nanterre ‚ prés Paris. M. Becquerel lit un mémoire intitulé : Du pouvoir thermo-élec- trique des mélaux; il attribue le développement de l'électricité. atmosphérique au mélange de l'air chaud avec l'air froid. M. Savart lit un mémoire sur la reaction de torsion. 7 août. — M. Cassini fait un rapport favorable sur une collection de plantes artificielles faites à l’Ile-de-France , par feu M. d'Argen- telle. M. Pamard adresse à l'Académie une sonde courbe pour la li- thotricie. M. Vanner écrit une lettre sur la nature de la rage et sur le mode de traitement le plus convenable à cette maladie. M. Lebœuf égaie l'assemblée par la lecture des preuves qu'il donne contre le mouvement de la terre. M. Chevreul lit une note relative à des expériences faites par M. Donné, sur les moyens de neutraliser l'action des alcalis yé- gétaux sur l'économie animale. M. Dubled réclame la priorité sur les expériences de M. Lippi concernant la communication des vaisseaux lymphatiques avec les veines. M. Gay -Lussac lit un mémoire sur l'acide phosphorique. M. Clarck avait observé que le phosphate de soude calciné au rouge change de propriété; et M. Engelhart avait aussi observé que l'acide phosphorique récemment fondu au feu précipite l'al- bumine, qu'il ne précipite plus aprés un certain temps. M. Gay- Lussac a trouvé que ces deux phénomènes étaient concommit- tans. M. de Rossel fait un rapport trés-favorable sur la navigation dc l'Astrolabe , commandée par M. Dumont-Durville. ( 477 ) M. Duméril fait un rapport favorable sur l'emploi de l'iode contre les affections scrofuleuses , par M. Lugol. 24 août.—MM. Caventou et Francais annoncent qu'ils ont dé- couvert un principe particulier dans la racine de la plante du Bré- sil, nommée Kainca chiococca racemosa. M. Amussat lit un mémoire sur les avantages qui peuvent ré- sulter de la torsion des artères pour arrêter les hémorrhagies, M. Duméril fait un rapport favorable sur le mémoire de M. Rou- lin, relatif aux propriétés du mais ergoté. — . M. Cassini fait un rapport favorable sur le mémoire de M. Ri- chard, concernant la famille des rubiacées. M. Girard fait un rapport sur l'ouvrage de M. Dutems, intitulé : Histoire de la navigation en France. M. de Blainville lit un mémoire sur les oiseaux désignés sous le nom de ganga, qu'il rapporte à la familie des pigeons. M. Dumérii fait deux rapports, l'un sur le mémoire de M. Pail- lard, concernant l'efficacité du deuto-iodure de mercure contre les ulcérations syphilitiques et scrofuleuses, l'autre sur le hoquet des animaux, expliqué par M. Daniel. 51 août.—M. Meckel est nommé membre correspondant de la section de médecine et de chirurgie. M. Geoffroy Saint-Hilaire lit un mémoire intitulé : Méditations sur la nature. M. Amussat continue la lecture de son mémoire sur la torsion des artères. M. Cauchy lit un mémoire sur l'application du calcul des résidus à l'évaluation et à la transformation des produits composés d'un nombre infini de facteurs. j M. Roulin écrit à P Académie une lettre sur l'identité de l’action thérapeutique de Piode, du ch'ore et du bróme. Pages.. ABEL, nécrologie. IM Académie des. Sciences de Paris, séance du 9 mars STE SHORE: (i ter dd du 27 avril au 15 juin. du 22 juinau 5z août. . séance publique. . . Acide acétique et albumine (leur mélange repré- sente l'acide lactique). — aspartique; Plisson., . кет CAEN. A . 200, 4 Actes de Bonne, t. XIV. 5 Albumine (réaction de l’a- cide sulfurique sur P). Alliages, leur densité et leur point de fusion. . Ачта O et ra uin qud Analyse des matières orga- niques (remarques sur l’). Arkose manganésifère. , Arundo alopecurus et an- Палесо. «i3 Anioi Atmosphère (action de la lune SUL lin. Ls, ratis. BÉEmaLes. сы E BerzéLius; mine de platine. Besser ; pendule à Koenigs- berg. Pen. dint Braivvirre ( Ducrotay de); cours de physiologie. . BnacoNNoT; encre préten- due indélébile.. . Branchies des fœtus. . . Bresches osseuses des mi- Deside е. BroxcxianT (Ад. ); cyca- пее У 30, 2 ( 48 ) CRE RCE SOUTH PUMP RP Г" YN INICIO DEP PR ЫИ АРИР PERTE TT. | TABLE DES MATIÈRES DU SECOND VOLUME. 917 146 307 47 310 Pages, Calcaire à gryphites, temps de sa formation. . . . Canaux de navigation. . Carinaires nouvelles. . . Chaleur spéc. des gaz. 176, Chara (analyse chimique du suc qui circule dans un tube de....; son ana- logie avec le sang) . Chimie microscopique ap- pliquée à la physiologie. Cholestérine. . . Croquer (Jules); magné- tisme animal; ^"; . . Chlore, antidote de l'acide hydrocyanique. . . . Combustible fossiles . . Couleurs des réseaux.. . Cours de MM. Audouin et Mirbel au muséum. . . Cristallisations mieroscopi- ques; leur détermina- tions sation cc ША. Crustacés de la Mé diterra- _ Jie. rir et UE SR Curare (examen du). " Cycadees; о. z DELARIVE et Максет; Eha- leur spécifique des gaz. Dilatation des s corps par la chaleur. .. . re Dvrowc; chaleur spécifi- que des gaz: Se Eau-de-vie , antidote de la "Ibibues 4 iis. и уай Elasticité des cristaux. . Électricité ( nouvelle théo- rare Con ere Т Encephali , capitis et pelvis 582 23 130 546 ( 479 ) Pages. viri male conformationis specimen. a . . ; Encre prétendue indélé- bile. . 90, 277 Épizoaire nouveau, et en- to0z031ne8s P. ee tent. ; rea 4090 Erman; dilatation des corps. 57 Fécule (son analyse et ses analogies) s «ied ebi Festuca elatior provenant апа Ж о от: o e nue — flabellata. 1. ne. . . FLAUGERGUES ; action de la lune sur l'atmosphère. 539 Flore bordelaise. . . ° 292 — et pomone française, 115, 472 150 301 458 Fleurs artificielles en cire. Gale (la) de l’homme est- elle le produit d’un in- весте Ж то Gay-Lussac; liqueur de Boyle . 7. 2:072 99155 Géologiedesenvironsd' Aix. 111 GIRARD; canaux de naviga- 446 ШҮҮ. RETE ESTOS Globules chromophores des céphalopodes. . . . 151 GUIBOURT ; sur l'amidon. . 90 Hierochloe (monographie). 7o Hogdeme. 24%: 6.727205 Hyènes fossiles, nouvelles. 127 lridium et ses combinai- sons. . . У, Kvan ; divers ён самае et genre nouveau dé- pizoaire: . ot C R460 KvrrrzEn; densités et fusion des alliages. «Щй 4 060 Lampyris noctiluca. . . 299 Lasis; sur la non-conta- BIOS: А ОРО В T Lenor; nouvel opsiomètre. 361 Léman : nécrolossie. . . 151 Lépidoptères nouveaux du midi de la France. . . 255 Pages, Lézards ( hist. natur. des). Linné (son herbier). . . Litiope (mollusque). . . Liqueur fumante de Boyle. Lolium; ses déviations phy- siologiques et sa méta- morphose еп Festuca elalior. sure 201, — classification physiolo- gique de ce genre. . . Magnétisme animal. 4e Magnétisme du rayon vio- letrsi отров elu. — par rotation. . .1et Manganese de Romanèche. zo pader purine. Janis i: Matières immédiates des végétaux et des animaux (tableau desi). . . £ Médecine légale (rétracta- tions eterreurs). . . Mémoires de l'Acad. des Sciences, tome VIII. . MEYER; mystification mé- dicale au sujet du sar- copte dela gale. . . Mite du fromage prise pour le ciron de la gale. 446, Monracxe; Pilobolus edi- BS. Ceci. V. .; Т. Mycologie en cire. . . . M yrrhe (deux espèces de). Йо и; M р AO Opsiomètre nouveau. . . Ossemens fossiles de mam- mifères dans le calcaire grossier de Paris. .. . Ossification du corps vitré. Orro (A. W.); crustacés de la Méditerranée. . Ouvrages nouveaux. . . Palladium, ses combinai- SOnS.-.. NIU D ЧЕ Pastenague fluviatile. . . Pendule à Keenigsberg. . Phalanger de Cook. . . 195 591 152 55 Qy = C OI l2 C» Quz. t =ч Cle. Cl ( 480 ) Pages. Pages. Phalena. . . . . . 266 | Sang particulier (examen Physiologie (cours de), par M. de Blainville. . 295 Pilobolus ædipus. . . . 925 Plan invariable du monde. 269 Platine (analyse de la mine deposita Lom) 0649955287 PüMaSIOrÉS...- .. .- Ml critique d'un), décrit par M. Caventou. . . . 281 — (eritique des recherches de M. Barruelsurle). 155, 465 Savanr; élasticité des cris- 17 {а ца; Мз Ea 0 ws ААЛ SiMÉon ; chlore, antidote de tAMBUR ; lépidoptéres nou- l'acide hydrocyanique. . yenux, 95059 GI АК Société teylérienne (pro- Raspaiz; sur les Bélemni- gramme -pour l'année тео oto T TD MATE 1829). 5. +: ВМИ — sur le genre Hierochloe. Sodium, ses propriétés. . 276 — examen critique des re- Strongylus inflexus et mi- cherches de M. Barruel ТОТ е OIL NL ERA surle sang. lis. SOUBEIRAN ; Critique des ex- — déviations et métamor- périences de M. Barruel phoses du genre Lolium. sur.leisang; 040$ MES — Anatomie de deux Stron- Substances animales et vé- Б УШНА]. SITE sais gétales ( procédés divers — examen d'une analyse pourleurconservation). 259 dus ЛАЧ sk Sulfates , leur décomposi- — réaction de l'acide sul- UD. у. к. ч Lan БАЙШОТД О Z furique sur l'albumine. — mycologie en cire. +: . — analyse. du suc qui cir- Trnicu; mycologieen cire. 5 T'engyra sanvitaliaccouplée avec la. Meth. ichneumoni- B JAN 1005 cule dans un tube de dessine qaum 5o haa: aon eT e dais Terrains houillers, et ter- — non existence de l'acide Giairesqolun 5. ni рате LDEUgNE. 2 vu I — à lignites de Castellane. 145 ‚ — chimie microscopique. Thermomètre max. et min. 274 — la gale humaine est-elle Urée, procédé pour l'ex- le produit d'un insecte. trames ROE. nos Ji AROS Recruz; habitudes du Lam- Vaisseaux utérins et pla- pyris noctiluca. . « . centaires (leur commu- — eau-de-vie, antidote de “nication } мой. 2378. 395 [а леге, .. (md or mie Vanessa Elymi.. .. I .'950 Résine de gaïac. . . . Ventouse, ligatures et sai- Rhodium; ses combinai- gnée générale et locale SONS. ORALE OUR KE (leur emploi) dans les Rogerr; ossemens de mam- plaies envenimées. . . 125 miftres dans le calcaire Weser (М. J.) ; encephali, grossier de Paris. . . 395 capitis et pelvis viri mala SAIGEY ; lois du magnétis- conformatio. +. . . . 901 me par rotation. . 1 et 155 | ZawrEDpEsCH1; magnétisme — nouvelle théorie électri- du rayon violet. . . . 175 que. =. ES C. К Zygena occitanica, sa che- tulle S гш КЕ co DS AL „2 4 ud ds Jeene: dobs. Jom. 4. Ann FL Pe, ve. Analyse гетото US ^ А € Cp lye du SUC gue eme le aa. Lnteriean d'un tube е. [27 V f e (Gs 4 РР. Ann. des Seine. dobs Jom /7. à p? y. ZZ zo. 200000... 000! d ООО Ф, n 06% ос. 00026260 +0000 DO». 0506900»....6 +00000... Ө - 080 00000... .0004000. QOO 05 о.. ^ (300 Со... Q- 4 0004 000 Div 9... Analyse mucroscoptque e£ analogies de АСА a , 6 del. 7 Я 22,8 Lolystoma appendiculatum - 5 À Гиор megastomum. T. Monorkma Leporis, v——— чын. жаран PO тшу ‚ d obw. Zom M. E — } Ры TA. E Plae, so. Figures du Grow de la gale umane, emprunlees a dwers auteurs. NE > ANNALES SCIENCES D’ OBSERVATION, COMPRENANT L'ASTRONOMIE, LA PHYSIQUE, LA CHIMIE, LA МК LOGIE, LA GÉOLOGIE, LA PHYSIOLOGIE ET L'ANATOMIE DES DEUX, | RÈGNES, LA BOTANIQUE, LA ZOOLOG1E; LES THÉORIES MATHÉMATIQUES, ET LES PRINCIPALES APPLICATIONS DE TOUTES CES SCIENCES À LA MÉTÉOROLOGIE, A L'AGRICULTURE, AUX ARTS ET A LA MÉDECINE: PAR MM. SAIGEY ЕТ RASPAIL. ; , 4 AAA AAA AAA AAA AA УУУ АУУ УУУ УУУ УУУ УУУ УУУ УУУ МЫЗ ЛУУ УУУ AAA AA ЗАЛУУ ی‎ ауа VR TOME I, n? 1. — AVRIL 1829. AAA VA ууу AAA МУУ AAA УУУ AA УЛУУ УЛ AA A AAA AA AE AAA УУУ УУЛ AA AU AS RAS OA NA M PARIS, AU BUREAU DES ANNALES, RUE DE VAUGIRARD, N° #7. -— Ces Annales paraissent le premier de chaque mois, par numéros de dix feuilles, de 38 lignes à la page, et accompagnés chacun de 4 planches gravées. Trois numéros forment un volume, terminé par une table alphabétique. Les lettres et paquets relatifs à la rédaction doivent être envoyés, franc de port, à l'adresse de MM, Saigey et Raspail, place de l'École-de-Médecine, n° 15, à Paris. PRIX DE L’ABONNEMENT : Ч Зо francs par an. RP BO à ad 1 15 francs pour six mois. 36 francs par an. 18 francs pour six mois. А 42 francs par an. Pour l'étranger. . . 1 31 francs pour six mois, Pour les départemens. 1 Chaque numéro se vend séparément, 4 francs pour Paris , 4 francs 5o cent. pour les départemens, et 5 francs pour l'étranger. ON SOUSCRIT : А Paris, chez Baudouin frères, rue de Vaugirard, n° 17; Dans les départemens, chez tous les libraires correspondans ; А Londres, chez Treuttel et Würtz ; А Bruxelles, chez Lecharlier ; А Florence, chez Piatti ; А Leipsich, chez Michelson; А Turin, chez Bocca; А Genéve, chez Barbezat ; А Milan, chez Giegler; A Naples, chez Borel; А Saint-Pétersbourg, chez Weyer; А Berlin, chez Schelinger; À Vienne, chez Schaumburg. Ж, PESIN! EEN g ss Е PIDE ч cU HT 4 > Sa at DOTT wa CoD AT TABLE DES MATIÈRES. Lois des phénomènes de magnétisme par rotation; Saigey. . . . à Élasticité des corps qui cristallisent régulibrement; Savant... N Но Sur les canaux de navigation, considérés sous le rapport de la chute | SA et de la distribution de leurs écluses; Girard. . . . . . . . 3, Encre indélébile ; Braconnot. . . . . . . LAC nO. cong Recherches sur le rhodium et !e palladium ; Berzélius. Sois e PE S PREND Sur la liqueur fumante de Boyle; Gay-Lussac.. . . . . . . . 551 Influence de la liquéfaction sur le volume et la dilatabilité de ш d ques corps; Erman. . + . . . à CRE Un DC Densité des alliages, et leur point de Fani Жар: ТШЕ 60 Ablation d'un cancer au sein pendant le sommeil A Ps 7, Cloquet. . . йл ө ee РУИНЫ iota AA ARE © Je 65 — Additions au mémoire sur os Bélemnites; Raspail, . . . . . . 65 + Sur le genre Hierocloe et le Festuca flabellata; id... . 70 Examen critique d'un travail de M. биро sur l'amidon et Phor- i déine; . . . . ә КЫСТА САКЕ, УЫ, ДО Cholestérine dans l'huile воў е ‘d'œuf; Lot GDS TE E 109 Coloration de la résine de Gaiac. . . . «7. À AE Décomposition des sulfates par les substances тота Vogel. — Terrains houillers. — Terrains tertiaires. . . . . . . «t. 110 Minerais de fer analogues aux brèches osseuses. . . EMEN 112 Gites de manganèse de Romanéche. — Flore et pomone ЖААШ д 113 Communication des vaisseaux utérins et риро ЖЕ: ереп du Totis Уй» ns Жу, Pre CN ipie o PEN 115 Ossification du Dur. site. —Em ploi de la ue , des uo à de la saignée générale et locale dans les plaies envenimées. . . . 123 Phalanger de Cook. . . . . nO : (326. Diverses espèces d'hyénes ELS LOADS spécifi ques dd lékards. 127 Pastenague fluviatile du Méta. . . . . . 2. 129 Tengyra sanvitali et Methoca ichneumonides se SAR NE — | Espèces nouvelles de carinaires. . . DT. MY $0 (OM Globules chromophores de plusieurs ТҮҮ CERERI node! ets 191,0 Litiope, nouveau genre de mollusques.—Avis aux zoologistes.. . . 132 Examen critique du travail de M. Barruel sur les principes odorans du sang, et sur les caracteres propres à distinguer les taches jaunes de le surface de Гевсотаво Ne УШУ». ТАБЕ 133 Terrain-à lignites. — Deux сие; de Myrhes, о АМ NS Puitsforés. . . . NM. red te ret ie ELM OA 144 Séances de l'Académie des BDJences. 25 de MA UP 5 ао 145 Fleurs artificielles en cire. . 2400 О OR d ОМЫЛ VENT 55 Nécrologie.” . . Se Se НАА MIR FE os ue ra MES re ту E ede 153 Coteries scientifiques, ORI of Bee он беш еш е OA: 155 Annonces "d'ouvrages: ИИО. Dole Mao: -144 DE L'IMPRIMERIE DE PLASBAN ET CU, RUE DE VAUGIRARD ; N° 15. —. 17, M E 2 A aS Ver T D Wy Ac AJ ANNALES DES SCIENCES D'OBSERVATION , COMPRENANT L’ASTRONOMIE, LA PHYSIQUE, LA CHIMIE, LA MINÉRA- LOGIE, LA GÉOLOGIE, LA PHYSIOLOGIE ET L'ANATOMIE DES DEUX RÈGNES, LA BOTANIQUE, LA ZOOLOGIE ; LES THEORIES MATHÉMATIQUES, ET LES PRINCIPALES APPLICATIONS DE TOUTES CES SCIENCES А LA MÉTÉOROLOGIE, А L'AGRICULTURE, AUX ARTS ET А LA MÉDECINE; "NE à PAR MM. SAIGEY ET RASPAIL. MAMAAAAAAA AN VAAARAAAT УЛУУ МУУ AAA AA AA AAA AE AA AAA AA SA AA AAA AA AAA AAA AAA AAA AAA TOME IL, n° ». — MAI 1829. AAA AAA УУУ АУУ VY VVAN AA AA A АЛУУ УУУ AE A A AA © асов 4 =ч % ^ à Сыа”: “За. те PARIS, AU BUREAU DES ANNALES, RUE DE VAUGIRARD, Ne 17. Ces Annales paraissent le premier de chaque mois, par numéros de dix feuilles, de 58 lignes à la page, et accompagnés chacun de 4 planches gravées. Trois numéros forment un volume, terminé par une table alphabétique. Les lettres et paquets relatifs à la rédaction doivent étre envoyés, franc de port, à l'adresse de MM. Saigey et Raspail, rue de Furstemberg, по 6. PRIX DE L'ABONNEMENT : Зо francs par an. 15 francs pour six mois, 36 francs par an. 18 francs pour six mois. 42 francs par an. 21 francs pour six mois. Pour Paris; „>> e Pour les départemens. 1 Pour l'étranger. . . . Chaque numéro se vend séparément, 4 francs pour Paris , 4 francs 50 cent. pour les départemens, et 5 francs pour l'étranger. ON SOUSCRIT : А Paris, chez Baudouin frères, rue de Vaugirard, n? 17; Dans les départemens, chez tous les libraires correspondans ; A Londres, chez Treuttel et Würtz ; A Bruxelles, chez Lecharlier ; A Florence, chez Piatti ; А Leipsich, chez Michelson; A Turin, chez Bocca; А Genéve, chez Barbezat ; A Milan, chez Giegler; A Naples, chez Borel; А Saint-Pétersbourg, chez Weyer ; A Berlin, chez Schelinger; А Vienne, chez Schaumburg. | | SUITE DE LÀ TABLE DES MATIERES. Programme de la Société teylérienne pour l’année 1829. . . . . 322 Pilobolus edipus; Montagne. . . . * . . . . 4e. + s $25 Mycologie en cire; Raspail et Talrich. . . . . . . . . . . 324 Errata. 2 204 FOU IT NE ADN TARN ЛЕТШ FRS У АРЕ Nota. Le retard qu'éprouve la publication des Annales est indépendant de la volonté des rédacteurs, et les causes qui l'ont occasioné sont sur le point de disparaitre. DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN EI Сік, RUE DE VAUGIRARD , N° 15. TABLE DES MATIÈRES. Lois des phénomènes du magnétisme par rotation; Saigey. Sur l'influence magnétique du rayon violet; Zantedeschi. . . . Nouvelles recherches sur la chaleur spécifique des gaz; Delarive et Marcet. . . . . . a diss le de dote le Mie e Me d d Examen chimique Дейш; Вере s г» о Remarques générales sur апу organique. . . . . Déviations physiologiques et métamorphoses réelles du fth) Raspañ. Anatomie comparée de deux espèces de Strongylus qui vivent dans le Delphinus Phocæna ; le même. М Ve e ONL NE Notice sur plusieurs espèces de Lépidoptères nouveaux du midi de la France; Rambur. . 4 BULLETIN ANALYTIQUE. . Plan invariable du système solaire; Poinsot. . . . Couleurs des réseaux; Babinet. . . . . . . Re EURE Thermomètre à maximum et à minimum ; Locbesaliel VM eR PE Écoulement et pression du sable; HIR . Sur le Sodium ; Sérullas. — Oxide de manganese parles ns Lettre de M. Braconnot sur son encre indélébile.—Examen chimique du curare ; Pelletier et Petroz. — Acide aspartique; Plisson. . Procédé pour extraire l'urée; Henry fils. — Nouveau combustible fossile ; Macaire-Prinsep. . . . . . . e Was ER ем Procédés divers pour la conservation des Suns animales et végé- тей RS Канн, . s Ne) ede Examen de l'analyse faite pas м. Caveuton! d’un завр offrant Le сагаоёгёв!рагиепиргв+ НИС Sur la nécessité d’être prudent en médecine légale. . . . . . . Réaction singulière de l'acide sulfurique sur l'albumine de l'œuf de poule; Raspail, 723 e е о CTS EVE то Ne SE Recherches sur l'organisation des tiges des cycadées ; Ad. Боза Flore bordelaise; Laterrade amis.: 2 Tor - Cours de physiologie comparée; Blainville. . . . . . . Sur les habitudes du Lampyris noctiluca ; Recluz. . . . Tome XIV des Actes de Bonne. . . . эй» S QUEM Specimen malæ conformationis encephali capitis et URS viri; Weber. Espéces nouvelles de crustacées; Otto. AM E CN Calamités résultant du systéme de la contagion et de l'infection, Cours de zoologie et d’agriculture du Muséum. cute le Le Eau-de-vie, antidote de la bière ; Recluz, — Académie T sciences de Paris au RA C КАНДИ: е NS Séance publique; Rapport annuel. . . . . Nécrologie de M. qiie géomètre norwégien. . Herbier de Linné.. . . . . ANNALES DES SCIENCES D'OBSERVATION , "CowPRENANT L’ASTRONOMIE, LA PHYSIQUE, LA CHIMIE, LA MINÉRA- LOGIE, LA GÉOLOGIE, LA PHYSIOLOGIE ET L'ANATOMIE DES DEUX RÈGNES, LA BOTANIQUE, LA ZOOLOGIE ; LES THEORIES MATHÉMATIQUES, ET LES PRINCIPALES, APPLICATIONS DE TOUTES CES SCIENCES A LA MÉTÉOROLOGIE, À L'AGRICULTURE, AUX ARTS ET А LA MÉDECINE: PAR MM. SAIGEY ET RASPAIL. MAAAOARANA VAAAAAANAAA AA NAA ЛУУ УУЛУ AAA УУЛУ УУУ ЛУУ УУУ NAA AAA VA NAA AAA AAA TAA: AAA УУУ УУУ ууулу TOME П, n° 5. —JUIN 1829. “УУУУ УУУ AAA AAA VA УУУ УУУ УУУ VA VV УУУУ УУ VA VA AAA VA NAA МУУ УУ AAA AAA AA AA VAR УУУ AMA SA УУЛА à à J^ 0 PARIS, AU BUREAU DES ANNALES, RUE DE VAUGIRARD, N° 17. —- Ces Annales paraissent le premier de chaque. mois, par numéros de dix feuilles, de 58 lignes à la page, et accompagnés chacun de 4 planches gravées. Trois numéros forment un volume, terminé par une table alphabétique. Les lettres et paquets relatifs à la rédaction doivent être envoyés, franc de port, à l'adresse de MM. Saigey et Raspail, rue de Furstemberg, n° 6. PRIX DE L'ABONNEMENT : 50 francs par an. 15 francs pour six mois. 56 francs par an. 18 francs pour six mois. 42 francs par an. 21 francs pour six mois. Pour FANS TER CRE Pour les départemens. { Pour l'étranger. . . . Chaque numéro se vend séparément, 4 francs pour Paris , 4 francs 50 cent. pour les départemens, ct 5 francs pour l'étranger. ON SOUSCRIT : A Paris, chez Baudouin frères, rue de Vaugirard, n? 17; Dans les départemens, chez tous les libraires correspondans ; A Londres, chez Treuttel et Würtz ; A Bruxelles, chez Lecharlier ; A Florence, chez Piatti ; А Leipsick, chez Michelson; à А Turin, chez Bocca; А Genève, chez Barbezat ; A Milan, chez Giegler ; A Naples, chez Borel; A Saint-Détersbourg, chez Weyer; A Berlin, chez Schelinger; A Vienne, chez Schaumburg. + VI PES RE EN CRE pes TENE E у. гъ тє: TABLE DES MATIÈRES. Expériences du pendule faites à Kœnigsberg; Bessel. . . . . Action de la lune sur atmosphère; Flaugergues. . . . «+ . . . Chaleur spécifique des gaz; Dulong. . . . . . . - Nouvelopsiométre;-Lehot. . 3 . . . . « + 7. 8 e Nouvelle théorie de l'électricité; Saigey. . . . + . + : + . Sur la durée de la formation de certains terrains; Parrot. . . . Jji Ossemens de mammifères dans le calcaire grossier de Paris; Robeit. Expériences chimiques et physiologiques sur le mécanisme de la cir- culation dans les Chara et dans les animaux; Raspail. . . ®. Analogie chimique du suc qui circule dans un entre-nœud de Chara asp une E УЛЫН TURN CAREAT Non existence de l'acidelactique; Jd. . . . . . . 3 Essai de chimie microscopique appliquée à la physiologie, ou р агі де transporter le laboratoire sur le porte-objet dans l'étude des corps отда IAT AEE T A dre ОО Hed s MIDI re I spes due Analyse microscopique de la fécule. Jd. . . . . . : . . . La gale de l'homme est-elle le produit d'un insecte?. . . . . Mystification médicale à ce sujet « . - . . + « . . . . . Description de nouvelles espèces d'épizoaires et d'entozoaires; Kuhn. Critique des expériences de M. Barruel surle sang; Soubeiran. . Chlore antidote de l'acide hydrocyanique; Siméon. . . . . . Flore et Pomone françaises ; Jaume Saint-Hilaire. — Académie dé Sciences, séances du 22 йшй ац дл ао NP e bis UE) Table des matières du second volume. . . . . . . . . . DE L'IMPRINERIE DE PLASSAN ET CTF, RUE DE VAUGIRARD , N° 15. Pages 5209 559 546 561 570 582 395 md 4 E тү à Е