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SR MUSETS ss os NUSE7 z PER D COLLECTOR «QS Laruns His ne GL À PARIS, CHEZ BÉCHET JEUNE, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE s PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, N° 4. 182$ “ÉL Vtt, j Ci u Pr OUR : 5 SAGE ER : 174 PRET de PCA NE LE" AT h 28760 ARE va eee ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. Osservarions sur quelques Mollusques et Zovphytes , envisagés comme causes de la Phosphorescence de la mer; (Lues à l’Académie des Sciences de l’Institut, le 18 octobre 1824.) Par MM. Quox Er GarmanrD, Médecins de la Marine royale , Naturalistes de l’expédition de découvertes autour du monde, commandée par M. le capitaine de Freycinet. Sr la vie, considérée au sommet de la chaîne des êtres, est un spectacle merveilleux par sa complication, on n’est pas moins étonné de la simplicité qu’elle affecte dans les derniers anneaux de cette même chaîne. À ce terme, on croit saisir ses phénomènes ; on étudie, on s’empresse ; et les derniers résultats sont que, là comme ailleurs, elle est impénétrable à nos sens et se dérobe à nos moyens d'investigation. C’est dans les lieux où les phénomènes qui en faci- litent la propagation sont sans cesse renaissans, où des torrens de lumière et de chaleur pénètrent et échauffent les eaux, où l'électricité semble répandue avec profu- sion dans tous les corps, que l’on voit se développer , pour ainsi dire spontanément, des myriades d’animal- cules. Lorsque aux brises légères qui agitent la surface de la mer succède un calme parfait, il semble qu'une baguette magique anime le sein des eaux, et que leurs Tome IV. — Janvier. (6) principes constituans se réunissent , se concrèlent pour produire la vie. Nous avons souvent contemplé ce spectacle ; il rom- pait pour nous la monotonie des calmes, et diminuait l'ennui des longues navigations. Mais personne n’ignore qu'il faut être initié à l'étude des secrets de la nature, pour apprécier ses merveilles : car ces mers animées pour l'observateur, sont mortes et dépourvues d'intérêt pour le vulgaire qui n’y remarque que les objets les plus saillans. C’est principalement dans les détroits, à l'approche des terres, et dans les lieux peu profonds, que les ani- malcules se reproduisent avec une admirable fécondité. Dans les Moluques, par exemple, il suflisait de puiser de l’eau dans un vase pour s’en procurer un grand nombre d'espèces. Les uns étaient allongés, cylindri- ques ; d’autres orbiculaires, aplatis; la plupart de forme ronde ; ceux-ci naÿeaient, tourbillonnaient avec vitesse; ceux-là paraissaient simplement formés d’une masse gé- latineuse immobile. Quelquefois la mer était couverte de fibrilles , de filamens déliés, ou bien d’une sorte de poussière inerte en apparence, quoiqu’elle füt proba- blement organisée. Il est difficile de se faire une idée de cette fécondité ; elle égale, si elle ne surpasse pas celle qui s'opère sur la terre. Quels en sont les moyens?..……. Ces animalcules, dépourvus d'organes perceptibles , pro- créent-ils ? transmettent-ils l'existence à d’autres indi- vidus ? où bien, à ce dernier terme de Fanimalité, suf- firait-il, comme l’ont pensé quelques philosophes , de la combinaison de certains principes simples pour produire des êtres organisés? Cette opmion est aussi celle d’un célèbre naturaliste de nos jours. Nous ne faisons que l’in- (2) diquer sans nous y arrêter davantage , parce qu'aucune observation précise ne l’a encore fait sortir du rang des hypothèses. Dans les espèces les plus simples qui affectaient une forme ronde, on ne pouvait distinguer aucun organe propre à une fonction quelconque. Ici l’irritabilité est tout; elle constitue à elle seule la vie, comme le dit Bonnet; et l’on est parfaitement disposé à croire , avec cet illustre penseur, que la première des fonctions, la nutrition , s’opère par toute la surface du corps. Un phénomène propre à plusieurs espèces différentes d'animaux, mais qui appartient plus spécialement aux Mollusques et aux Zoophytes pélagiens, c’est la phos- phorescence , sur laquelle on a beaucoup écrit, et qui laisse encore un, si vaste champ aux systèmes, puisque tout est à découvrir. dans la manière dont elle s'opère. Cependant, pour contribuer à éclairer cette matière, il ne faudrait pas répéter à satiété ce que l’on sait déjà, et se croire obligé, parce qu’on met le pied sur la mer pour la première fois, de renouveler des applications de physique tout-à-fait surannées , et dont on ne parle plus depuis long-temps. Certes, nous pouvons dire avoir observé ce singulier spectacle sous tous les méridiens, puisque nous les avons tous parcourus ; nous en avons même vu des effets que personne ne cite : eh bien! nous devons avouer que nous ne sommes pas plus avancés dans la connaissance du principe producteur de la phos- phorescence , que lorsque nous commencämes à l’exa- miner il y a dix ans. Aussi, sans aspirer à l’honneur facile d'émettre une hypothèse , nous nous contenterons d'ajouter aux faits positifs déjà connus , quelques simples remarques à l’aide desquelles des observateurs plus ha- (8) biles dévoilerotit peut-être un jour la cause de la sur- prenante faculté que possèdent les animaux dont nous nous occupons. Nous ne sommes plus à une époque où l’on mette en doute les causes générales de la phosphorescence de la mer. Les naturalistes ont démontré qu'elle est produite par les animalcales qui pullulent dans ses eaux; qu’elle n'appartient ni au liquide, ni à l'électricité, encore moins à la putréfaction , quoique , dans cet état, certains Mol- lusques , tels que les Biphores et les Calmars, soient susceptibles d'émettre quelques lueurs, mais toujours de peu de durée (1). Une phosphorescence active tient essentiellement à la vie ; car les Animalcules et les Mollusques chez lesquels les fonctions vitales sont ralenties, n’émettent presque plus dé lumière, et elle s'éteint lorsqu'ils cessent d'exister. Ce principe lumineux est parfois inhérent à la substance dé quelques Méduses , de certains Biphores, Béroës, Py- rosomes, etc. ; il la pénètre, et ces animaux ne sont pas maîtres de le rendre plus actif ou de l’affaiblir. D’autres, au contrairé, chose merveilleuse ! jouissent de ‘cette fa- culté, et modifient tellement la lueur qu’ils répandent, qu’à volonté ils l’augmentent, la diminuent, ou la font tout-à-fait disparaître, ainsi que nous le dirons plus bas. Le calme , la chaleur, une surabondance d'électricité dans l'atmosphère , accroïssent l’intensité de la phospho- rescence. La nuit la rend plus apparente, et le mouve- mént la développe. Tous ceux qui ont navigué entre les (x) Nous avons aussi remarqué cette particularité sur une Tortue de mer vivante, à qui on avait enlevé les écailles. La superficie du dos s'était ulcérée, ét l’on y voyait la duit plusieurs points lumineux. (9) tropiques, dans le voisinage des terres et par une peute profondeur , savent quelle brillante trainée de Iumière le vaisseau laisse après lui. Ce beau spectacle a exercé la plume de plus d'un voyageur ; et chacun, en le dépei- gnant selon l'impression qu'il produisait en lui, ne l’a que trop souvent embelli encore par une narration un peu fastueuse. Quoi qu'il en soit, le développement de la phosphorescence par la collision est vraiment une chose admirable. Dans le repos, les ondes ne laissent äpércévoir d'autre lumière que celle de quelques gros Mollusques; mais lorsqu'on les agite, chaque molécule animée devient lumineuse. Si, dans ces instans, les agiles Dauphins se jouent autour du navire, on les voit décrire sous les eaux des serpenteaux semblables à ceux des feux d’artifice; et quand ils viennent respirer l'air avec bruit, l’illusion augmente , et l’on croirait voir et entendre la déflagration d’une fusée. Nul doute que la viscosité de la mer ne soit due à cette innombrable quantité d'animaux. La plupart, que leur transparence dérobe à la vue, deviennent, à l’aide de là phosphorescence, des points lumineux qui s’atta- chent aux corps que l’on plonge dans l’eau. De-là est venue probablement l’idée que beaucoup de poissons vi- vans sont phosphoriques : il peut y en avoir sans doute, et notre intention n’est pas de le nier; cependant il faut croire qu’ils sont rares , car nous n’en avons jamais vu. On les aperçoit très-distinctement nager quand la mer est lumineuse, ét il semblerait même qu'ils contri- buent à lui donner cetté appärénce ; mais si on les exa- mine quand ils se tiennent en repos , il ést fâcile de se convaincre que la faculté dé seintiller ne leur est pas ifhérente , et qué l’eflét qu'ils produisent dans cette cir- (10) coustance, est le mème qu'on obtiendrait en agitant dans l’onde un corps inerte. Voici quelques expériences faites sur ces Animaleules ; elles sont de peu d'importance, il est vrai, mais nous ne les donnons que pour ce qu'elles valent. En septembre 1817, étant dans la Méditerranée, près des côtes de Murcie, par un calme très-profond, la mer en parut couverte dans l’espace de plusieurs lieues ; ils étaient de couleur grisätre, et on les apercevait à quelques pieds de profondeur. Ayant rempli un seau de cette eau lumineuse, nous la gardâmes jusqu’à la nuit, où la phosphorescence commença à se montrer, en même temps que celle de la mer, mais beaucoup moins écla- tante : ce qu'il faut attribuer à l'impossibilité de renou- veler le liquide de notre vase; car le propre de tous les Zoophytes et Mollusques est de sécréter un mucus qui les entoure et les fait périr lorsqu'ils ne nagent pas li- brement dans de grandes eaux. Quoi qu'il en soit, nous soumimes les uns et les autres, c’est-à-dire ceux de la mer et ceux que nous avions auparavant pris dans un seau, à l’action de quelques réactifs que nous avions sous les mains. D'abord nous versämes dans le vase qui contenait ces. animaux, de l'acide sulfurique affaibli : ils brillèrent tout-à-coup, se dessinant parfaitement en globules, et finirent par ne plus donner de lueur. Une nouvelle dose d’acide les fit encore reparaître ; mais à la troisième ex- périence, ils avaient péri, et rien ne put les forcer à briller de nouveau. L’acide était-il pur, ils périssaient subitement en répandant une légère lueur. Le vinaigre et l’acide hydrochlorique produisaient le même eflet; le dernier surtout avec beaucoup plus de force. Il est une (Aa précaution à prendre, c’est de répandre les acides très- doucement et de manière à toucher les parois du vase ; car de l’eau simple , versée d’une certaine hauteur, fait paraître la phosphorescence ; et si l’on agissait ainsi avec tous les réactifs, on ne pourrait distinguer ce qui dépend de la cause mécanique, de ce qui appartient à leur action chimique , laquelle détermine une agitation très-vive parmi ces Animalcules avant de les faire périr. Ces agens, en altérant leur substance, les rendent un peu plus visibles à l'œil nu. La phosphorescence de la mer ne se manifeste pas seulement entre les tropiques: elle a lieu aussi dans nos parâges, et nous l'avons remarquée jusque par le soixantième degré de latitude sud , où elle était peu in- tense, il est vrai. L'eau saumâtre ou presque douce n'est pas non plus étrangère aux eflets de ce phéno- mène , que nous vimes reproduits avec force dans la ri- vière de la Plata. Quelle en est la cause essentielle? quel est l'organe qui, dans les Mollusques les plus simples comme dans les plus composés , sert à transmettre ces effets à nos regards ? Ce sont des questions auxquelles on ne répon- dra peut-être jamais péremptoirement. Nous nous bor- nerons à faire une remarque à cet égard; cest qu’en étudiant ces animaux, en en maniant des masses, notre odorat a toujours éprouvé la même sensation que pro- duit celle d’une grande quantité d'électricité accumulée sur le plateau d'une machine électrique. L'observation par laquelle nous allons terminer ce mémoire, est le fait le plus singulier que nous ayons encore vu en ce genre. ( re à Étant mouillés sur la petite ile Rawak, directement placée sous l'équateur, nous vimes un soir sur l’eau des lignes d’une blancheur éclatante. En les traversant avec notre canot ;, nous voulümes en enlever une partie ; mais nous ne trouvàmes qu'un fluide dont la lueur dis- parut entre nos doigts. Peu de temps après, pendant la nuit, et la mer étant calme , on vit près du navire beau- coup de ces zùnes blanches et fixes. En les examinant , nous reconnümes qu’elles étaient produites par des Zoophytes d’une petitesse extrème , et qui avaient en eux un principe phosphorescent si subtil, et tellement susceptible d'expansion , qu’en nageant avec vitesse et en zig-zag, ils laissaient sur la mer des trainées éblouissantes, d’abord larges d’un pouce, qui allaient ensuite jusqu'à deux ou trois par le mouvement des ondes. Leur longueur était quelquefois de plusieurs brasses. Générateurs de ce fluide, ces animaux l’é- mettaient à volonté ; on voyait tout-à-coup un point lumineux jaillir de leur surface, et se développer avec une prodigieuse rapidité. Un bocal que nous mîmes à la surface de la mer, reçut deux de ces Animalcules qui rendirent immédiatement l’eau toute lumineuse. Peu à peu cette lueur diminua , et finit par disparaître. Ce fut en vain qu'à la loupe et à la lumière ( moyen fa- cile de distinguer dans l’eau les Mollusques transpa- rens ), nous fimes des eflorts pour apercevoir quelque chose; tout avait disparu. Seulement nous pouvons as- surer qu'à l’aide de la lueur que répandaient ces ani- maux, mous discernâmes qu'ils étaient excessivement petits. Deux officiers de l’Uranie admirèrent avec nous ce (13) phénomène dont nous ne sachons pas qu’on ait parlé. D’autres, observateurs plus heureux, pourront peut- être reconnaître l'animal qui le produit. Nous avons souvent réfléchi à l'étrange faculté dont sont doués ces Zoophytes microscopiques, et nous l’a- vons toujours trouvée inexplicable , à moins de suppo- ser, pour se rendre raison d’un fait aussi singulier, qu'ils recèlent en eux un des principes de la phospho- rescence , qu'ils l'émettent à volonté, et que ce prin- cipe devient seulement visible lorsqu'il se combine avec l’eau de la mer. Nous ne disons rien du sentiment des auteurs sur le sujet qui nous occupe; nous ne faisons point de cita- tions ; nous ne combattons point les opinions qui ten- draient à faire croire que la phosphorescence de la mer est due à d’autres causes qu'à la présence des animaux : il serait absolument oïseux de rappeler des systèmes que la seule observation devait renverser ; et c’est aussi ce qui a eu lieu. Nous n’apportons que des faits, peu nom- breux , sans doute , mais, nous osons le dire , aussi bien observés que nous pouvions le faire dans nos doubles fonctions de médecins et de naturalistes , et en franchis- sant avec rapidité des espaces immenses (1). (1) En allant des îles Mariannes aux îles Sandwich, nous rencon- trâmes très au large, par 35 de latitude Nord, et dans une étendue de plusieurs degrés, une énorme quantité d’œufs de Mollusques : ils étaient tous de la même espèce, rougeâtres, et formés d’un grand nombre de petites cupules allongées , fixées par une de leurs extré- mités sur une petite bandelette longue d’un pouce et demi à deux pouces, laquelle, dans l’eau, était un peu recroqueviliée sur elle- même, de sorte que la masse des œufs avait une forme arrondie. En AE les cupules , il en sortait beaucoup de petits grains noirs qui, examinés au microscope, étaient autant de petites coquilles discoïdes et planor- biques , ayant quelques rapports avec celles du genre Atlante de Nore sur l'ile de Madère ; Par M. Lrororn ne Bucu. M. Édouard Bowdich, que les sciences viennent de perdre, ayant de se rendre de nouveau à la Guinée, avait passé l'hiver de 1821 - 1822, dans l'ile de Madère ; et il a publié plusieurs des observations extrêmement importantes , qu'il a faites dans cette ile, dans le Journal philosophique d'Edinburgh , T. XVIIT, p. 317. Une de ces observations concerne la hauteur de l'île. Muni de baromètres de Fortin , il en avait laissé un dans la maison du consul anglais, M. Veilsch, pour servir à y faire des observations correspondantes et il s'était rendu avec l’autre, à la plus haute cime de lile, au Pico-Ruivo. Il donne le détail de ces observations. Le baromètre, à la cime, se soutint à 22 pouces 10,7 lignes de Paris. Therm. 9,15 deR. (9,5. c.) À Funchal dans la maison de M. Veilsch, à 28 p. 5,6 lignes. Therm. 16,4 R. (20,50 c.) L’élévation de la maison de M. Veilsch , au-dessus de la mer, s’est trouvée de 145 pieds de Paris. Le baro- : mètre se serait donc soutenu au bord de la mer, à 27 > er ne M. Lesueur, et que nous avions déjà trouvées dans d’autres parages. Mais les Atlantes sont très-rares ; et si les œufs dont nous parlons eussent seulement donné chacun une coquille , la mer en eût été cou- verte. D'ailleurs, les Atlantes connus jusqu’à ce jour sont presque microscopiques, et les Mollusques desquels provenaient ces œufs de- vaient être.fort gros. Les localités et la fraîcheur de la température ne permettent pas de supposer que ce soient des Nautiles; d’où il suit'que nous ignorons complètement quel est le Mollusque dont Vem- bryon discoïde et aplati couvre ainsi ces parages. ce (15) pouces 7, 14 lignes. C’est en eflet une hauteur bien consi- dérable , mais elle n’est pas extraordinaire dans le voisi- nage de cette partie de la côte d'Afrique ; phénomène que j'ai discuté dans mon Mémoire sur la température des îles Canaries. M. Bowdich détermine donc, d'après ces données , la hauteur du Pico-Ruivo à 6164 pieds anglais, ou à 5788 _pieds de Paris. La capitaine Sabine, si connu par ses belles expé- riences et par ses observations , poursuivies avec non moins de sagacité que de persévérance et de courage, dans les différens climats du monde, a publié, presque en mème temps que M. Bowdich, une détermination de la hauteur du Pico-Ruivo { Journal of the Royal Ins- titution, XXIX , 69). Il y donne également tous les dé- tails de ses observations. Ce sont les suivantes : 13 janvier 1822. A la cime de Pico-Ruivo , barom : 23 p. 4,54 1. de Paris. Therm. ,1,8R.(2,25 ©.) A Funchal, 7 1/2 pieds au-dessus de la mer : 28 p. 6,331. Therm. 13,1 R. (16,37 c.) . M. Sabine donne à la montagne, d’après ces élémens, une hauteur de 5438 pieds anglais, ou de àr13 pieds de Paris. Ces mêmes données, calculées d’après les tables de M. Oltmanns ( dans l'Annuaire ), ne font monter cette hauteut qu'à 5orr pieds de Paris. M. Bowdich a très-bien senti que la préférence se- rait toujours accordée à une détermination qu’on doit à un physicien aussi habile et aussi expérimenté que l’est M. Sabine , et qu'on rejetterait la sienne, qui donne à la montagne pas moins que de 777 pieds de plus. Il s’ap- puie, pour la soutenir , d’une mesure de la cima de To- ringas , faite par moi, en 1815, et publiée par M. Bar- (- 18) row , dans l'introduction du Voyage du capitaine ‘Fuckey au Congo. Cette cime, que tout le monde sait à Ma- dère être bien infèrieure au Pico-Ruivo , serait élevée , selon cette mesure , de 5484 pieds; ce qui surpasserait donc déjà de beaucoup la hauteur assignée, par M. Sa- bine , à la montagne la plus élevée : d'où M. Bowdich croit pouvoir” conclure qu'il doit y avoir une erreur dans les déterminations de ce physicien célèbre. J'ai repris mes notes, pour voir si des circonstances extraordinaires auraient pu avoir eu de l'influence sur le baromètre, lorsque je l’ai porté à la cime de Toringas; ou si une erreur de quelque autre nature aurait pu s'être glissée quelque part. Je conserve encore dans ce moment ce mème baromètre , garni du même tube , et rempli du même mercure qu'il contenait à Madère , quoique depuis il ait servi à mesurer plusieurs centaines de hauteurs dans les îles Canaries, et quoiqu'il ait été porté à tra- vers les rochers les plus difficiles , et les laves des plus raboteuses ; preuve qu’on peut bien conserver des ba- romètres en voyage, quand on en a la ferme volonté. J'ai rapporté et observé ce baromètre à la même place, à Funchal, d’où j'étais parti pour la cime de Toringas ; le baromètre avait monté assez régulièrement pendant ce temps, et sa variation entière, pendant les 13 heures écoulées entre le départ et le retour, avait à peine ex- cédé une demi-ligne. Jai donc pu me servir de ces ob- servations, à Funchal, comme d'observations corres- pondantes ; elles se trouveront dégagées par-là d’une erreur possible d'un second observateur, ou d’une dif- férence entre la graduation ou la marche de deux baro- mètres différens, dont on ne pourrait plus s'assurer dans ce moment. (17) Or, les différentes hauteurs, déterminées avant d’ar- river à la cime , sont autant d’échelons qui limitent tou- jours davantage une erreur possible dans l'observation à la cime. On s’apércevrait de suite d’une telle erreur, et d’une erreur st sensible par quelque irrégularité frap- pante dans la série ascendante de ces hauteurs, et on _arriverait quelque part à un résultat, sinon impossible, du moins extraordinaire, et peu vraisemblable. Voici donc les hauteurs observées , et la manière par laquelle nous y sommes parvenus. ® Nous partimes , M. Chrétien Smith, le célèbre bota- niste norwégien ; qui a péri dans l’expédition du Congo, et moi, de Funchal le 26 avril 1815, à la pointe du jour. Nous arrivames bientôt à la plate-forme de l’église de la Senhora di Montes, d'où l’on jouit d’une des plus belles vues du monde. Les beaux jardins des habitans de la vilie s’élevaient jusqu’à cette hauteur , mais les Pal- miers avaient disparu depuis long-temps, ainsi que les Euphorbes en arbres, les Agaves, les Cacalia Klein, et le Cactus Opuntia lui-même s'était montré pour fi dernière fois à 1005 pieds de hauteur. Le baromètre fut observé sur cette plate-forme à six heures av. fix Libre. 28,281 p. ang. 26 p. La de Paris. Therm. Te c. FRS c. à 4e pieds au-dessus de la mer. 30,166 p. ang. 28 p. 3,4 1. de Paris, Therm. 18 c. 16,3 c. Hauteur au-dessus du niveau de la mer 1,674 pieds de Paris. Une belle source près de cette église, jaillissant avec force hors de terre, se soutint constamment, pendant notre séjour à Madère, à 13,8c.(11,2,R.) Le penchant des montagnes s'élève plus rapidement ‘depuis cette église; toujours sur des agglomérats de roches Towe IV. 2 18 ) basaltiques , poreuses , et souvent même en forme de scories , agglomérats qui alternent fréquemment avec des couches irrégulières de basalte. Une pierre assez vi- sible de la ville même s'élève sur ce penchant, là où il perd un peu de sa rapidité. On l’atteint après une heure de montée. h. 10. a. m. fixe libre. Bar. 27,446 p. angl. 25 p. 8,81. Paris. 60,72 cmt. Therm, 18 ec. 14,5 c. à 4o pieds au-dessus de la mer, Bar. 30,124 p. angl. 28 p. 2.91. Paris. 96,52 cmt. Therm. 18 c. 16,5 c. Hauteur au-dessus du niveau de la mer 2435 pieds de Paris. Peu après , nous entrâmes dans une épaisse forèt composée du superbe Laurus indica, dont le bois rivalise en beauté avec celui de l’acajou ; puis du Laurus nobilis , enfin du Laurus Til (L. fœtens), un des plus grands et des plus beaux arbres de l’île , maïs que la hache n’at- taque jamais impunément. L’odeur exécrable qui se dé- veloppe du bois est si forte , que les ouvriers sont obligés de s'enfuir, et qu'il faut y retourner à trois ou quatre reprises différentes, avant qu'un arbre puisse être coupé. Il n’offense point l’odorat avant d'être attaqué ; il forme tout au contraire, par ses larges feuilles et par ses bran- ches étendues, un des plus grands ornemensde ces forêts. Peu à peu se mêlent à ces lauriers l’Ærica scoparia el Eri- ca arborea, etils augmentem en nombre à mesure qu’on monte. Le chemin qui conduit à Santa-Anna, sur le penchant nord de l'ile, se sépare dans cette forêt de celui qui continue vers la hauteur des montagnes. Le baro- mètre s’y soulint : h."114a.fm° fixe libre. Barom. 36,60 p. ang]. 24 p.11 1. Paris, 76,312 cmt. pars 16 c. 14.5 c. à 4o pieds au-dessus de la mer, Barom. 30,12 p. angl. 28p. 2.7 1. Paris. 60,611 cmt. Therm. 18 c. 18 c. hauteur au-dessus du niveau de la mer 3,201 pieds de Paris. (19) C’est à peu près à cette hauteur que nous entràmes dans les nuages qui, dans cette saison, couvraient et enve- loppaient presque constamment la partie supérieure de l'ile. Les brouillards nous permirent néanmoins de nous apercevoir de la direction de la route, et nous conti- nuames de monter. À une heure, nous nons trouvâmes à l'entrée d’un large vallon, ou d’une espèce de plaine, e Val Ganane, couvert de buissons. C'était une forêt de Myrtiles en fleurs, de 16 à 20 pieds de hauteur, c'est- à-dire de cette espèce particulière à l’île de Madère, et connue sous le nom de Waccinium Arctostaphylos. Su: le bord de ce vallon , le baromètre fut observé : h. rp. m. fixe libre. Barom. 25,696 p. angl: 24 p. 1 1. Paris. 65,254 ent. Therm. 15 c. 10,2 c. à 4o pieds au-dessus de la mer, Barom. 30,114 p. angl. 28 p. 2,51. Bit 76, ée cmt. Therm. 18 c.20 €. hauteur au-dessus du niveau de la mer 4,162 pieds de Paris. À peu de distance, nous vimes encore un tronc dé Laurus nobilis, le dernier sur cette route, pauvre et rabougri ; d’autres arbres de cette espèce n’auraient cer- tainement pas pu croître à une hauteur plus considé- rable. Cette hauteur est déterminée par le baromètre comme il suit : b. 1 1f2p. m. ; fi Libr Barom. 25,078 p. angl. 23 p. 61. Paris. 63,704 cmt. Therm. CRT à 4o pieds EU mA de la mer, Bar. 30,114 p. angl. 28,p. 2,91. Paris. 76,497 cmt. Therm. 18c. 0 € hauteur au-dessus du niveau de ja mer 4,769 pieds de Paris, Une montagne assez escarpée du côté du nord, un rocher de basalte termine ce penchant. Au bas du ro- cher on voit jaillir une très-forte source, entourée d’un bassin en pierre de taille. Sa température était de 45 2* (20) fabr. 7, 250. —5,75R. Des Vaccinium Arctostaphylos rampent autour. Îls ne peuvent plus s'élever en arbres, et plus haut on n'en voit plus. Hauteur du baromètre au-dessus de ce rocher de ba- salte : b. 2 p. m. P fixe libre. Dar. 24,988 p. angl. 23 p. 5,1 1. Paris. 63,476 cmt. Therm. 10 c. 9,75 c. à 4o pieds au-dessus de la mer, Bar. 30,11 p. angl. 28 p. 2.81. Paris. 76,487 cmt. Therm. 18 c. 20 c. hauteur au-dessus du niveau de la mer 4,849 pieds de Paris. Les brouillards augmentèrent tellement en épaisseur depuis ici, que nous ne reconnümes plus aucun objet à deux pas de distance. Mais comme nous nous trou- vâmes sur une arêle extrêmement escarpée et aiguë, il pouvait y avoir peu de doute , mème dans ces ténébres , sur le chemin à prendre pour atteindre la cime. Nous continuèmes donc notre route; et dans peu de temps nous arrivames au bord de la neige qui couvrait les cimes. 2 p- nm. fixe libre. Bar. 24,602 p. angl. 23 p. 1,8 1. Paris. 62,724 cmt. Therm. 10 c. 8.95 c. à 4o pieds au dessus de Ja mer, Bar. 30,11 p. angl. 28 p. 2,8 1. Paris. 56,487 cmt. T'herm. 18 c. 19 c. hauteur au-desseus du niveau de la mer 5,148 pieds de Paris. L'arête que nous poursuivimes semblait entourée de -précipices affreux. Enfin elle changea brusquement sa direction vers l'ouest, pour se tourner vers le sud , et là, elle formait comme un-:immense bastion au-dessus de l’abime. Une haute pyramide , érigée avec les pierres de la cime, désignait clairement cet endroit comme le point le plus élevé de la montagne. Nous fixaämes le ba- romètre à cette pyramide , et nous l'observames : né din (21) b.4p.m. fixe libre. Bar. 24,370 p. angl. 22 p. 10,1 1. Paris. 61,906 cmt. Therm. 10 c. 8 75 c. à 4o pieds au-dessus de la mer, Par. 30,110 p. angl. 28 p. 2,8 1. Paris. 6,487 ctm. Therm. 18 e. 18,75 c. hauteur au-dessus du niveau de Ja mer 5,484 pieds de Paris. Beaucoup de hauteurs avaient donc été déterminées pendant cette. petite excursion. Une erreur dans la no- tation des observations ou dans l'indication du baromè- tre, devient par là bien peu probable. Mais cette hauteur trouvée pour la cime de Toringas, surpasse de plus de {00 pieds ceile trouvée pour le Pico-Ruivo , par. M. Sabine. Je n’hésiterai donc pas à donner la préférence à la détermination de M. Bowdieh. Il est très-possible que M. Sabine, dans les brouillards du mois de janvier, ait cru avoir atteint la cime du Pico- Ruivo , lorsqu'il en était encore assez éloigné. Nore sur le Tnrirozium mMAcELLANIcUM, Par M. DE Canpozzr. En étudiant la famille des Légumineuses , dans l'Her- bier du Muséum d'Histoire Naturelle, j'ai en occasion d'y voir la plante qui a été décrite dans le Dictionnaire Encyclopédique sous le nom de Z'rifolium Magellani- cum. Je fus frappé, dès la première vue, de ce que l'aspect de cette plante paraissait étranger au genre des Trèfles , et mème à la famille des Légumineuses. Étant ainsi averti de cette anomalie apparente , et ayant eu occasiôn de retrouver nn petit échantillon de ceue plante (22) parmi celles qui sont provenues de l’herbier de Com- merson , je l'ai disséquée avec soin, et je eroïs pouvoir affirmer qu’elle appartient à la famille des Oxalidées. M. Poiret , tout en la plaçant dans le genre des Trèfles, avait bien senti ce qu’elle y présentait d’irrégulier, car il ajoute à sa description la note Suivante : « Cette plante » exigerail un examen beaucoup plus détaillé. Peut-être » n’appartient-elle qu'imparfaitement à ce genre dont » elle s’'écarte par son port, par la disposition de son » pédoncule et de ses fleurs. » Je n’ai rien à modifier à ce qui concerne la description de la racine , de la tige et des feuilles, mais quant aux fleurs et aux fruits, voici ce que j'ai observé dans un échantillon, à la vérité peu complet, et déjà en matu- rité. Le calice est formé de cinq sépales presque li- néaires , pointus, légèrément soudés ensemble par leur base , étalés (au moins à l’époque où je les ai vus), et hérissés sur le dos et sur les bords de poils longs et roides. Les pétales manquent, peut-être parce qu'ils sont déjà tombés : les filets des étamines , au nombre de dix, dépouillés de leurs anthères, persistent autour du fruit, étalés sur le calice, glabres , et en forme d’alène : ils me paraissent libres jusqu’à leur base. Le fruit est composé dé cinq carpelles ovoïdes, fortement hérissés de poils, de consistance membraneuse , indéhiscens et monosper- mes. Du centre de ces carpelles, s'élèvent cinq styles fi- liformes , rapprochés à leur base, divergens au sommet, terminés par une petite tête échancrée. Les graines sont ovoïdes, pendantes dans le carpelle un peu amincies vers leur point d'attache, marquées de dix petites côtes formées par des séries de petits tubercules obtus et fort semblables aux figures g G, de la planche CXIIT, de (23) Gærtner. Vues à l'intérieur, elles offrent un albumen charnu, dans le centre duquel est un embryon droit, à radicule supérieure et à cotylédons planes et ovales. Il est évident, d’après cette description, que cette plante est une Oxalidée : si la structure de sa fleur était mieux connue, omggourrait peut-être en former un genre particulier, intermédiaire entre le Biophytum et lOxalis. Mais dans l’état actuel des connaissances, il convient mieux de la placer à la suite des Oxalis, comme espèce mal connue. Une seconde observation à faire sur cette plante, c’est que , d’après l’Herbier du Muséum, elle n’est pas origi- naire de Magellan , mais de Monte-Video, et par consé- ‘quent le nom spécifique ne peut être conservé. Je pro- pose de placer cette espèce à la fin du genre Oxalis , sous la phrase suivante : Oxaris ertocarPA, caulibus procumbentibus rufo-hirsu- tis, foliis longe petiolatis, 3-foliclatis, foliolis late obcor- datis utrinque rufo-willosis, pedunculis folio longioribus , calycibus fructüibusque hirsutis, semünibus solitariüs (in carpello quoque ). In America Merid. circa Monte- Video. Trifolium Magellanicum Poir! Dict. 8. p. 25. An genus proprium afline Biophyto ob stamina forsan omnino libera , et Oxalidibus Hedysaroideis ob carpella seu ovarii loculamenta 1-sperma. ( V. S. sine fl. ) Ousenvarions sur quelques Végétaux fossiles du Terrain houiller , et sur leurs rapports avec les Végétaux vi- Vans ; Par M Av. Broncnrarr. L'érune des corps organisés fossiles est d'autant plus (24) diflicile , que la structure des êtres vivans dont ils se rapprochent est encore plus obscure. De nombreuses collections d'anatomie comparée sont devenues indispen- sables pour la détermination des ossemens isolés que les couches du globe ont enveloppés ; sans ces collections , on ne serait jamais parvenu à figé les familles auxquelles ces anciens animaux se rapportent, à déterminer leurs genres , à limiter leurs espèces avec exactitude. Des col- lections dirigées vers ce but manquent eñtièrement pour la botanique fossile. Quelques échantillons, rapportés par des voyageurs, souvent sans déterminations pré- cises, suflisent à peine pour nous donner une idée des parties des Végétaux que les herbiers ne peuvent con- tenir. Le défaut d'objets de comparaison est d’autant plus nuisible aux progrès de cette partie de l’histoire naturelle, que les fossiles végétaux des formations ar- ciennes , paraissant se rapprocher presque tous des grands Végétaux mohocotylédons arborescens, actuelle- ment limités aux zônes les plus chaudes de la terre, ‘étude des plantes qui croïssent sur notre sol ne peut nous donner que peu de lumières sur la structure des arbres qui composaient ces antiques forêts. Si l’on ajoute à cela les changemens que la compression et les autres ‘phénomènes qui ont accompagné la destruction de ces végétaux ont produits, on aura une idée de la diflicuité de la détermination de portions de plantes dé- tachées et ainsi modifiées. Toutes ces circonstances rendent les erreurs excusables , et de nombreuses ob- servations deviennent nécessaires pour les rectifier. C’est ainsi qu'après des erreurs trop grossières pour les rappeler, on a été conduit, par une première ap-- proximation, à regarder tous ces grands Arbres qni DR PE PO (25 } accompagnent les couches de houille comme des tiges de Palmiers ; peut-être même , sous ce nom, n’a-t-on eu l'intention que d'indiquer leur place parmi les Mo- nocotylédons , classe dans laquelle les végétaux arbores- cens sont rares et appartiennent presque tous à cette famille des Palmiers. Une étude plus approfondie a fait reconnaître , dans ces grands végétaux des terrains houil- lers, des caracières qui annonçaient des êtres très- diflérens, et qui ont permis d’en former plusieurs genres ; telles sont les tiges auxquelles on a appliqué les noms de Calamites, de Sigillaires, de Clathraires, de Syringodendron, de Stigmaire , et de Sagenaire ou Lépidodendron. Leur comparaison avec les diflérens végétaux actuellement existans, a prouvé qu'aucun ne pouvait se rapporter à la famille des: Palmiers ni aux végétaux arborescens des familles voisines , telles que Les Asparagées , les Pandanées, les Liliacées, etc. Des ca- ractères nombre®x et importans m'ont paru au con- traire rapprocher les Calamites des Equisetum ou Prêles ; les Sigillaires et les Clathraires, qui ne doivent peut-être former que deux sections d’un même genre des Fou- gères; les Sagenaires ou Lépidodendron de M. de Stern- berg , des Lycopodiacées, enfin les Stigmaires offraient une analogie assez marquée avec les tiges de quelques Aroïdes. Quant aux Syringodendron , leur position dans le règne végétal avait été jusqu'alors l’objet de conjec- tures appüuyées sur des preuves plus ou moins vraisem- blables , mais toujours réfutées. Ils avaient ainsi été suc- cessivement transportés de la famille des Palmiers dans celle des Cactées , de-là dans celle des Euphorbiacées, etc. , sans qu'il nous parüt possible d'admettre aucune de ces analogies. Ne trouvant donc rien qui leur füt com- ( 26 ) parable parmi les végétaux actuellement existans, je les avais regardés comme les restes d’un genre com- plètement différent de ceux que nous connaissons; de nouvelles observations, faites sur les lieux mêmes qui renferment ces débris Yégétaux, me permettent mainte- nant de détruire cette erreur, et montreront combien , dans ce genre d’étude, on est exposé à subdiviser , en regardant comme des êtres différens les portions d’un mème ètre. Le genre de plantes fossiles auquel M. de Sternberg a douné le nom de Syringodendron , renferme des tiges dont la surface est couverte de côtes convexes, nom- breuses , parallèles et très-régulières; sur le milieu de ces côtes , sont placées en quinconce des impressions simples ou doubles, linéaires ou arrondies, mais tou- jours très-bornées et n’ayant jamais la forme d’un disque ou d’un écusson , comme dans le genre Sigillaire ; ce caractère seul distinguait ces deux gênres, mais il pa- raissait très-important, puisqu'il annonçait une grande différenee dans la forme des organes dont ces impres- sions indiquaient l'insertion. Dans les Sigillaires, on regardait, avec raison, les disques comme la marque laissée sur l'écorce par la base du pétiole, après la chute des feuilles. La forme de la base de ces pétioles, et la disposition des vaisseaux qui la traversaient, rangeaient presque avec certitude ces Végétaux dans la famille des Fougères. La forme des impressions des Syringoden- dron indiquait, au contraire , des organes petits, sou vent géminés, dans lesquels on avait cru reconnaître les traces d'épines analogues à celles des Cactus, des Euphorbes charnues, etc. Ce caractère avait sufli pour engager plusieurs naturalistes à admettre ce rapproche- “mn A: dE ment. Une forme parfaitement semblable dans les Syrin- godendren et dans les Sigillaires, leur existence dans les mêmes couches du globe, auraient dû mettre sur la voie, si ce n’est de leur identité, du moins de leur analogie. Néanmoins , tous les auteurs modernes avaient ‘ admis ces deux genres comme distincts. L'observation directe vient cependant prouver que ce ne sont que deux parties d’une seule et même plante ; que le genre Syringodendron doit être rayé de la liste des Végétaux ; en un mot, que ce ne sont que des Sigillaires dépouil- lées de leur écorce extérieure. Plusieurs échantillons recueillis dans les mines de Valenciennes, de Mons et de Charleroi, prouvent évidemment cette identité; ils sont Sigillaires et Syringodendron , suivant que l'écorce charbonnée qui enveloppe le noyau pierreux qui com- pose presque entièrement ces tiges, est encore con- servée ou bien est déjà tombée. C’est en effet un carac- tère propre aux tiges fossiles des terrains de houille d’être transformées ou plutôt remplacées entièrement par une substance inorganique déposée par voie de sé- diment , souvent très-grossière et ne conservant aucune trace de l’organisation intérieure de la tige ; autour de ce noyau terreux se trouve une couche plus ou moins épaisse de charbon lamelleux très-friable , qui a conservé exac- tement la forme de la surface du végétal. Suivant que cette couche analogue à l'écorce a une épaisseur plus ou moins grande et plus ou moins égale , le noyau central, quand il en est dépouillé, conserve plus ou moins exactement la forme de la surface extérieure du vé- gétal. Dans les Stigmaires , dans les Sagenaires, dans les Calamites, dans quelques Sigillaires, cette écorce forme une couche extrèmement mince, une sorte d’é- ( 28 ) piderme qui laisse au noyau pierreux la même forme que présentait la surface même du Végétal. Dags la plu- part des Sigillaires, au contraire, cette écorce, d’une à deux lignes d'épaisseur , ne conserve pas intérieurement la mème forme qu’elle a extérieurement ; le disque produit par la base entière du pétiole n'existe plus; les vaisseaux seuls qui le traversaient laissent encore une trace intérieurement , et produisent ces impressions étroites et souvent punctiformes qu’on avait observées sur les Syringodendron. Ce caractère vient encore à l'appui du rapprochement de ce genré et des Fougères en arbres. Dans le petit nombre de tiges de ces plantes, que nous avons eu occasion d'observer , et particulière- ment dans celles de l’ancien continent, on remarque une écorce, ou plutôt une couche extérieure , parfaite- ment distincte, d’une organisation très-difiérente de l'écorce des végétaux dicotylédons ; cette écorce parait se détacher de la substance qui occupe le centre de la tige et forme alors une sorte de cylindre creux, d’une substance très-dense , dont ia surface externe présente, avec beaucoup de netteté, la forme des bases des péuoles, tandis que l'interne n'offre que le passage des vaisseaux. Qu'on suppose ce cylindre ligneux rempli d’une substance terreuse ; que cette écorce se change ensuite en charbon, et on obtiendra des tiges presque semblables aux Sigil- laires ; qu'on enlève l'écorce charbonnée, et le noyau terreux représentera, avec de légères différences; les Syringodendron. Si toutes les preuves que nous venons de rapporter établissent presque avec cerutude l’analogie de ces tiges immenses avec les tiges des Fougères arborescentes , un caractère bien remarquable distingue , si ce n’est toutes (29) les Sigillaires, du moins quelques-unes d’entre elles, de nos Fougères arborescentes actuelles. Toutes les Fou- gères en arbre connues présentent une tige parfaitement simple, analogue, pour la forme générale, à celle des Palmiers, des Cycas, etc., mais ordinairement plus large vers la base : caractère qu'on n’observe pas dans les tiges de la plupart des Monocotylédones arbores- centes, et qui se retrouve également dans les fossiles du genre Sigillaria. Jusqu'à présent tous les échantil- Jons de ces fossiles, que j'avais vus dans les collections, : étaient parfaitement simples, et ce caractère m'avait paru sans exception; joint à plusieurs autres, il servait à distinguer ce genre des Sagenaires dont la tige est ordinairement dichotome. Cette différence tendait à confirmer l’analogie du premier de ces genres avec les Fougères , et du dernier avec les Lycopodes. Je fus donc très-étonné lorsque je vis, dans la collection de M. de Derschau, ingénieur des mines du grand duché du Bas-Rhin , une tige que tous ces caractères rangeaïent parmi les Sigillaires, et qui était deux fois dichotome ; trois échantillons de lx même espèce présentaient plus ou moins complètement ce caractère. Étant descendu moi-même dans une des mines de houille des environs d’Essen (dans la mine de Kunzwerk), je pus m'assurer sur les lieux de cette organisation remarquable. Le toit presque vertical d’une des couches de houille, dans laquelle la galerie avait été pratiquée, présentait une immense quantité d'empreintes de végétaux de diverses espèces. Après avoir vu avec étonnement, parmi les débris de cette antique forêt, des tiges de Sagenaires, de près de deux pieds de diamètre, sortir perpendicu- lairement du solde la galerie, se diviser une ou deux {30 ) fois, et se perdre bientôt dans les roches qui couvraient ette galerie, sans qu'on püt juger si leur longueur était proportionnelle à leur diamètre; après avoir cherché en vain à suivre plusieurs de ces tiges entrecroisées dans tous les sens, j'arrivai enfin à une tige de Sigillaire, que sa position m'a permis de suivre dans presque toute son étendue. Cette tige était couchée parallèlement au sol de la galerie, presqu’à la hauteur de l’œil de l’ob- servateur ; vers sa base, elle avait environ un pied de diamètre , et paraissait brisée et non pas terminée natu- rellement; elle était, comme toutes les tiges déposées dans le sens des couches, comprimée au point d’être tout-à-fait plane. En suivant cette tige dans la galerie, je fus étonné de voir qu’elle atteignait sans interruption une longueur de plus de quarante pieds; son diamètre diminuait insensiblement, de;sorte qu’elle n’avait plus que six pouces à son extrémité supérieure; . mais cette extrémité, au lieu de se terminer subitement, était divisée en deux branches, chacune de quatre pouces environ de diamètre, qui s'éloignaient en divergeant pendant l’espace de quelques pouces, et étaient inter- rompues par une fracture de la roche; je ne pus la suivre au-delà de ce point avec certitude, mais il est néanmoins bien prouvé que ces tiges, après avoir atteint une grande hauteur sans se ramifier, finissent, si ce n’est toujours , du moins dans quelques cas , par se bi- furquer, et probablement par devenir plusieurs fois di- chotomes. C’est à cetie division tardive de la tige qu’on doit attribuer la rareté des échantillons qui en pré- sentent des exemples; au contraire, l'étendue considé- rable de la partie simple de la tige de ces végétaux devait rendre les échantillons de ces portions de tiges très- (31) communs dans les déblais sortis de ces mines. Dans les Sagenaires, au contraire, où la tige paraît se diviser à peu de distance de sa base, et se ramifier un grand nombre de fois, les exemples de ces divisions dichotomes sont plus fréquens. Après avoir bien établi le mode de divisions des tiges qui composent le genre Sigillaria , 1] nous reste à déter- miner , si malgré cette forme dichotome , elles doivent rester parmi les Fongères, où si ce caractère suffit pour les éloigner de ces plantes, parmi lesquelles on ne connait actuellement aucun exemple de ce genre de structure. Le mode de division de la tige ne me parait pas un caractère assez important pour éloigner des végétaux qui ont tant d’autres caractères communs ; nous voyons dans les familles de plantes monocotylédones les plus naturelles ces deux modes de structure réunis, et rien dans l'organisation des Fougères en arbres ne paraît s'opposer à ce qu'elles aient pu réunir, comme ces fa- milles, des plantes à tiges simples et d’autres à tiges ra- meuses. Parmi les Palmiers, supposez que le Doum , ce Palmier à tige dichotome, si commun en Egypte, eût été détruit par quelque révolution du globe, tous les botanistes regarderaient une tige simple comme un ca- ractère général des plantes de cette famille, et peut- être hésiterait-on à placer dans ce groupe un végétal qui paraîtrait s'éloigner par ce genre d’organisation de toutes les autres espèces connues. Rien ne,nous prouve que la famille des Fougères, dans laquelle les espèces arborescentes sont encore si mal connues, ne renferme des espèces à tiges ainsi dichotomes. Les caractères dé- duits de la forme et de la disposition des bases des [2 (32) pétioles , et de la disposition des vaisseaux dans ces pétioles , caractères qu'on ne retrouve que parmi les Fougères, nous paraissent d’une importance beaucoup plus grande.et décident, à ce qu'il nous semble, la place que ces végétaux doivent occuper. Toutes les familles de plantes monocotylédones pha- nérogames qui renferment des espèces arborescentes, nous présentent ces deux formes de tiges ; ïlest donc probable que lorsque la zône équinoxiale nous sera mieux connue, on y découvrira des Cycas, des Zamia , des Fougères à tiges dichotomes , comme on connait des Dracæna, des Yucca, des Palmiers, qui offrent cette organisation. Peut-être aussi ces végétaux, si remarquables par leur forme, par leur grandeur, nous pouvons mème dire par leur élégance , ont-ils cessé d'exister à la surface de la terre, et leurs débris vien- dront compléter nos idées sur plusieurs familles de plantes dont la végétation actuelle de notre globe ne nous offre plus que des restes imparfaits, de même que le monde ancien a déjà comblé plusieurs des la- cunes du règne animal. EXPLICATION DE LA PLANCHE 2. Fig, 1: Sigillaria hippocrepis. Ad. B. Sigillaire à côtes aplaties, large de 8 lignes; écorce lisse extérieu- rement, striée intérieurement; cicatrices demi-clliptiques tronquées inférieurement ou en forme de fer à cheval, marquées de trois fais- ceaux vasculaires supérieurement ; cicatrices internes simples ovales. J'rouvé dans les mines de Houille de Mons. Fig. o. Sigillaria reniformis. Ad. B. Sigillaire à côtes aplaties large d'environ 15 lignes ; écorce épaisse , lisse extérieurement , striée intérieurement ; cicatrices petites larges de 3 à 4 ligues , réniformes, échancrées supérieurement et marquées (33) de trois faisceaux vasculaires; cicatrices internes ovales, grandes géminées. Recueilli dans les mines de Houille de Mons. Fig. 3.—4. Sigillaria lt) Ad. B. Sigillaire à côtes convexés anguleuses ; écorce assez épaisse, lisse ex- * térieurement, striée intérieurement ; cicatrices oblongues , tronquées aux deux extrémités, marquées de trois faisceaux vasculaires supé- rieurement ; les cicatrices sont rapprochées et l'intervalle qui les sé- pare est rugueux et strié transversalement. Var. «. minor. Côtes larges de 5-6 lignes ; cicatrices internes arron- dies; (fig. 3.) Var. £. major. Côtes larges de 8-10 lignes ; cicatrices internes allongées, lineaires. (fig. 4.) Se trouve dans les mines de Houille de Charleroi. Fig. 5. Sigillaria mamillaris. Ad. B. Sigillaire à côtes rétrécies alternativement, de { à 5 lignes de large, formant des mamelons qui supportent des cicatrices rétrécies et tron- quées supérieurement , élargies et arrondies inférieurement, mar- quées vers leur bord supérieur de trois faisceaux vasculaires. Écorce très-mince, striée tranversalement au-dessous des cicatrices, lisse intérieurement ; cicatrice intérieure arrondie. Se trouve dans les mines de Houille de Charleroi. Observation. Les trois premières espèces difiérent essentiellement de toutes celles figurées par MM. de Sternberg, Schlothein Rhode, etc. ; la dernière ressemble assez au Lepidodendron alveolare, Stern. ; mais elle s’en distingue par ses cicatrices moins rapprochées et par, son écorce striée dans l'intervalle des cicatrices. Recaercess sur l'origine et les différences caractéris- tiques des races humaines qui habitent la partie australe de l'Afrique ; * Par Roserr Kwox, D. M. La meilleure excuse que je puisse donner en présen- tant ces recherches au publie, est que l’on n'en à jamais Tour IV. 3 (34) fait de semblables sur le pays dont je vais parler ; divers voyageurs ont décrit, avec une exactitude proportionnée à leur talent d'observation, la péninsule de l'Afrique méridionale, et ils ont publié d’intéressans ouvrages sur son histoire naturelle, sur ses relations politiques, etc.; mais je ne sache pas qu'on ait jamais envisagé les races sauvages qui habitent la Péninsule, sous le point de vue anatomique; de-là se sont élevées des conjectures mal fondées et des erreurs positives trop nombreuses pour être relevées. J'ai essayé de corriger celles qui sont liées plus immédiatement avec mes recherches ; mais j'ai évité avec soin des critiques générales qui m’auraient éloigné de mon sujet. L'on imaginera facilement combien il m’a été difhicile. d'éviter de fréquentes conjectures et même l'impossibilité dans laquelle je me suis trouvé de le faire constamment : pourtant j y ai recoursrarement, et quoique soit par manque de documens suflisans, soit par d’au- tres causes, quelques-uns des résultats puissent être dou- teux, je serai suflisamment récompensé de mes travaux si les faits que je suis parvenu à rassembler deviennent de quelque utilité aux savans qui écrivent sur l’histoire naturelle de l’homme. La portion de l’Afrique située au sud du tropique, renferme au moins trois races distinctes d'hommes ; celle que l’on. rencontre à partir de la ville du Cap ( Cape Point) en se dirigeant vers le-nôrd, a envahi le pays qu'elle habite ; elle constitue la colonie anglo-hollan- daise du Cap, et est composée d’un mélange de toutes les nations modernes de l’Europe et principalement de Hollandais; les colons qui occupent les districts les plus éloignés sont d’une taille gigantesque; ce qui tient sans doute à ce qu'ils descendent d’une race naturellement ( 35°) grande et favorisée par l'influence du climat, de la nourriture et des localités. Cette race s'étend mainte- nant aw nord depuis la ville du Cap jusqu’au bord du Gariep ou rivière d'Orange, et à l’est jusqu’à la rivière Keïskamma. Ils ont expulsé et en partie exterminé la race de Hottentots ou Bosjemans (car on verra que je les considère comme la même race), et on ne les trouve maintenant qu'en petit nombre, les uns servant de do- mestiques aux colons, les autres conservant encore une sorte d'indépendance sauvage et habitant cette vaste por- tion de pays presque désert qui s'étend depuis la chaîne de montagnes où les rivières Gariep et Great-Kci pren- nent leur source, jusqu'aux côtes occidentales de l’At- lantique méridionale. Tout près du tropique et vers la côte occidentale ha- bitent les Duramas (race qu'on m'a dit êtré nègre) qui s'étendent vers le Benguelo et le Congo, de sorte que les Bosjemans, s'il en existe au nord de la rivière Gariep, doivent occuper une zône au centre de l'Afrique, bornée d’un côté par les contrées du Darama et de Benguelo, et de l’autre par les nations cafres. Ces dernières s'étendent depuis le Keiskamma oriental tout le long de la côte jusqu’à Inhambane ; mais avant d’atteindre ce lieu elles rentrent dans l'intérieur des tér- res et possèdent le pays montagneux qu’on a toutes rai- sons de supposer dévoir occuper les pays entré les sources des rivières Gariep et Great-Kei ei l’équateur. ILparaîtraïit, d'après le journal de Jan Reenen , que les Temboo sont la dernière tribu cafre que l’on rencontre sur la côte de Natal, et qu'au-delà, à environ vingt-six degrés de latitude sud , on trouve les Hamboonas, race totalement différente de celle des Cafres. Ils sont décrits de la sorte : gx (36) « Ce peuple à la peau jaunàtre avec de longs cheveux » fort épais et frisés, qui sont relevés sur le sommet de » la tête en forme de turban (r).» À l'endroit de la côte où les Hamboonas disparaissent, commence la race nègre; elle occupe tôus les environs de Sofalo , In- hambane et Mosambique, et fournit aux Portugais un moyen facile de faire un trafic si révoltant et si con- traire aux sentimens d'humanité. Le pays de montagne habité par la race cafre, ne peut être d’une grande éten- due en largeur , étant limité à l’ouest par ces vastes dé- serts inconnus que l’on suppose habités par les Macasses nomades , et à l’est par la contrée nègre de Mosambique. Il est malheureux pour nos recherches actuelles, que l’on ne soit pas encore parvenu à résoudre deux pro- blèmes géographiques d’un grand intérêt; on a cru long- temps que les races cafres étaient arabes, et les tribusdes Bosjemans ont été considérées par quelques savans comme tirant leur origine des Chinois, et par d’autres des Égyp- tiens; elles ont même été quelquefois comparées aux Troglodytes ou Pygmées dont parle Hérodote , et qui ha- bitaient les déserts situés au sud de Barcas et de Syrène. Nous allons voir maintenant que les Cafres ne sont pas des Arabes Bédouins , et qu’ils ne peuvent tirer leur ori- gine d'aucune souche européenne caucasique; mais l’in- certitude qui existe relativement à l’origine des Bosje- mans, est bien plus difficile à résoudre; il serait bien à désirer, tant pour la science géographique que pour l’his- toire naturelle de l’homme, que l’on connüt avec plus de (x) Je considère les Hamboonas (s'ils existent réellement ) comme descendant d’une race de Chinois naufragés ou de navigateurs malais, modifiés par les alliances avec les tribus nègres où cafres ; il serait pourtant possible que cette race provint de Madagascar. ( 37) certitude l'étendue de pays occupée par la race cafre au nord et à l’est, à compter du Keïiskamma , ou, pour m’ex- primer plus clairement, les frontières de la Cafrerie pro- prement dite. Nous savons déjà que cette race occupe la portion de pays qui environne des deux côtés le pays de montagve situé entre les sources du Gariep et l'équateur, et qu'elle habite les vallées et les penchans de ces mon- tagnes. Leurs progrès vers l’ouest furent probablement arrêtés par le grand désert du centre et par la répu- gnance bien naturelle qu’ils ont pour un semblable pays ; tandis que vers l’est, c’est-à-dire du côté de l'Océan In- dien , de nombreuses tribus de nègres étaient possesseurs de la contrée, et il est évident, par leur totale ignorance de l'emploi des bateaux et des canaux, qu’ils ont long- temps habité l’intérieur du pays, ce qui est encore = prouvé par la résistance que les Portugais, qui recher- chaient avec avidité de l'or dans cette contrée , éprou- vaient de la part des tribus de noirs habitant les mon- tagnes à l’ouest de leurs établissemens, qui étaient sans doute Cafres, car les nègres sont naturellement timides et aisés à soumettre. Il est beaucoup plus dificile de deviner avec quelque probabilité l'étendue des nations Bosjeman, tant à cause de la différence absolue qui existe entre eux et les tribus qui les environnent , que par le peu de connaissances que nous possédons relativement à la géographie du centre de l'Afrique. Il est bien connu qu’originairement elles s’étendaient jusqu’à la ville du Cap, et les Euro- péens les ont trouvées au nord aussi avant qu'ils ont pu pénétrer. Mais à part ce peu de renseignemens, tout est encore dans la plus profonde obscurité. Comment done les aborigènes du sud de l'Afrique remontent-ils aux ( 38 ) races primitives de l’ancien monde? Privés comme nous le sommes de tous détails historiques relatifs à l’affilia- tion de ces races, et jusqu’à ce qu’un nouveau Mongo- Park nous ait fait connaître le centre de l'Afrique aussi bien au sud qu'au nord de l’équateur , car ces deux points nous sont également inconnus, nous rassemblerons ici les résultats obtenus par les recherches anatomiques; méthode qui, fondée sur des lois physiques fixes et géné- rales, approchera de la vérité, si elle ne parvient pas à l'atteimdre complètement. Nous ponvons envisager la race humaine comme dé- rivant originairement d’une souche à laquelle le nom arbitraire de Caucasienne a été donné. Cette première espèce , par les diverses influences du climat et des civi- lisations, prit à une époque fort éloignée cinq formes distinctes qui ont aussi été désignées arbitrairement sous les noms de Caucasienne, Mongole, Ethiopienne, Amé- ricaine et Malaise ; nous ne pouvons hésiter à rapporter les nations cafres à la race Ethiopienne, non-seulement à cause de leur position géographique, mais aussi à cause de leur extrême ressemblance, tandis que les Bosjemans peuvent être, quant à présent, réunis aux Mongols, jus- qu’à ce que des recherches plus profondes nous aient démontré un rapport plus intime avec quelque tribu africaine inconnue, ou que celte race ait été suivie à travers l'Afrique centrale jusqu'à la vallée du Nil, et de-là jusqu'en Asie, d’où nous supposons que toutes les nations tirent leur origine. ( 39 ) VARIÉTÉ ETHIOPIENNE. Nègres. D'une couleur générale- ment très-sombre- Les cheveux noirs et lai- neux. Tête étroite, comprimée sur les côtés. Front arqué. Os molaire proéminent ; yeux creux, nez gros et peu éloigné des lèvres. ‘ Mächoire ayancée. supérieure Les incisives supérieures avançant obliquement. Lèvres très-grosses. Menton reculé. Les jambes généralement torses: ils ont une assez gran- de difficulté à se maintenir dans la position droite, ont les genoux légèrement pliés, et les talons ont une ten- dance constante à quitter la terre. Les muscles gastrocné- miens placés trop près de la cuisse. Cafres, comprenant les Z7'emboo, les Bri- quas, les Boshuanas, les Cafres rouges, etc. D'une couleur brüne; quelques-uns par- faitement noirs. Cheveux noirs, laineux et crépus distribués en petites toufles sur le péricrâne. Crâne étroit, allongé, ressemblant au con- tour du crâne des femmes européennes. Front diflérant peu de celui des Nègres, seulement plus reculé, très-étroit et pas haut. Dans le plus grand nombre, comme dans les Négres, quelques-uns ont la physionomie moins éthiopienne. Le développement osseux de la mâchoire supérieure presqu’aussi grand que dans les Nègres. Presque pas chez les Cafres. À peu près comme dans les Nègres. Pas autant que parmi les Nègres. Ce n’est jamais ainsi chez les Cafres : ils ont les extrémités inférieures bien propor- tionnées, et souvent d’une force d’Hercule ; les extrémités supérieures sont faibles et dis- proportionnées; tandis que les membres in- férieurs, le ventre et les reins sont même supérieurs à ceux des Européens. Le crâne cafre est moins grand dans la plupart de ses mesures que celui des Européens ; les os temporaux sont plats et comprimés, et la suture squammeuse souvent droite au lieu.d’être , comme dans les Européens, semi- circulaire. Ce peuple est diflicile dans le choix de sa nourriture : il ne mange ni poisson nioiseau, rien en un mot de ce qui est regardé comme impur par la loi Lévitique ; pourtant il mange crues les parties inférieures des animaux, telles que Jlés intestins, l'estomac, les ; I ; ; ( 40 } poumons, etc., arrachées de l'animal qui vient de monrir. En examinant soigneusement les habitudes et les ma- nières d’être de cette race, je la crois alliée de très-près aux Nègres, et je pense que les différences que l’on peut observer doivent être attribuées à celles des climats. Les Cafres en un mot sont les nègres des montagnes; ce sont les nègres changés par le séjour d’un climat extra- tropical ; comme tous les montagnards, ils sont hardis, courageux et épris de la liberté. Ils ont une intelligence supérieure à celle des Nègres, et je les crois susceptibles d'un très-haut degré de civilisation. La disproportion extrême que l’on observe chez les Cafres entre les extré- mités supérieures et les inférieures est due sans doute au degré très-inégal d'exercice auquel sont soumises ces deux parties du corps ; le Cafre ne travaille jamais, et de-là provient la faiblesse de ses bras ; mais la chasse et les excursions lointaines sont ses exercices habituels, et par ce moyen ses membres deviennent musculaires et acquièrent souvent une force d'Hercule. L’excès de la nourriture donne sûrement lieu à l'énorme enflure des jambes à laquelle plusieurs d’entre eux sont ‘sujets, quand , soit par indolence soit par suite des infirmités de l’âge , ils cessent de mener la même vie active. Ils prati- quent la circoncision et la polygamie ainsi que presque toutes les nations africaines. Suivant le rapport des voyageurs anciens et moder- nes, on trouve disséminées en Afrique des tribus de races semblables à celles des Cafres et qui ne paraissent pour- tant pas liéés les unes aux autres. On nous a parlé d’une nation nègre appelée Nubœ, qui habite Le pays à l’ouest du Nil près du confluent du Nil abyssinien et du vrai (4) Nil; on décrit ce peuple comme étant d'un caractère doux, ayant de petits traits, le nez plat et les cheveux crépus; il parle une langue douce et sonore et diffère en ce point de ses voisins. Les voyageurs font aussi men- tion des Ababdes qui habitent à l’est du Nil, et disent qu'ils sont noirs , avec des traits européens ; mais comme peu de voyageurs ont été anatomistes, on ne peut pas trop compter sur leurs rapports. On croit généralement que, par des moyens extérieurs et particulièrement par la pression, la forme du cràne humain peut être modifiée et changée, et que cela peut même à la fin devenir héréditaire. On assure par exemple que les différences craniologiques les plus remarquables parmi certaines nations, sont occasionées parla pression ex- térieure; que l’aplatissement du nez des Africains provient de la mème cause; que les Nègres ont les jambes tordues parce que durant leur enfance ils sont portés sur le dos de leur nourrice, et que la grandeur des pieds des Cafres et la petitesse de ceux des Bosjemans sont dues chez les premiers à l'abondance de la nourriture, et au défaut d’alimens chez les seconds (1). Mais ces assertions se trouvent constamment réfutées par les faits. Les pieds et les mains des Cafres et des Bosjemans sont réguliers et bien proportionnés quoique durant leur enfance ils soient portés comme les Nègres; ils n’ont jamais les jambes tordues ni déformées. Le nez des Africains est plat indépendamment d'aucun moyen inventé par les nourrices , et tous les crânes humains de l’univers en- tier sont formés des mains de la nature et non par celles de l’homme. (1) Blumenbach de naturæ varictate. (4) Variété Moxcoze. Frais Mongols habitans Africains Bosjemans, comprenant les nom- des déserts du centre de l'A- . ‘ &e breuses tribus Hottentotes, telles que les Wa:- maquas , etc. Couleur jaune ouolivätre. Couleur légèrement jaune ou olivitre , elle est assez diflicile à déterminer et varie en intensité parmi les Hottentots, mais est assez uniforme parmi les vrais Bosjemans. Cheveux noirs, durs, Cheveux noirs ordinairement courts, mais droits et rares. ELA : venant quelquefois à une longueur considé- rable, plantés en petites touffes, séparées sur le péricrâne comme aux Cafres. Tête de forme carrée. Le contour de la tête large et carré, et res- semblant beaucoup à celui des Mongols. Visage large, plat , écrasé Visage assez semblable à‘ celui des véri- et les traits paraissant alors S \ Lt ler tables Mongols; les lèvres grosses. Frontuniet plat,nezpetit Comme les Mongols. et plat. L'ouverture dela paupière Comme aux Mongols; l’angle interne de étroi igne. s al a: * Srpae Hisie l'œil est tout-à-fait arrondi. Menton avançant un peu. Menton très-petit, pointu, mais pas avancé. J'ajouterai comme observation aux divers caractères de ces races, qu'il existe la plus parfaite symétrie dans la conformation entière des Bosjemans ; leur stature est remarquablement petite; je crois que la taille moyenne est de quatre pieds six pouces pour les hommes (1); les femmes ont les fesses remarquablement proéminentes et les nymphes aïlongées; mais un simple croisement avec un Cafre ou tn Européen détruit ce caractère. Les Bos- jemans ont une force de vision rare, mais qu’un seul mariage avec une autre race suflit pour détruire; le crâne est bien formé et épais, les apophyses nasales de l'os maxillaire supérieur sont larges et courtes, ce qui fait pa- (x) Cette mesure est probablement donnée en pieds anglais qui, comme on sait, sont plus petits que les pieds de France. (48) raître la racine du nez dans les Mongols et les Bosjemans plus large; les trous pour le passage des nerfs grands hypoglosses sont très-grands (1); le crâne vu vertica- lement est presque égal à une tête européenne bien for- mée; les os pariétaux sont très-saillans et forment la partie la plus large du crâne; ils ont ainsi que la race mongole le trou occipital plus grand que dans les autres races; le plancher de l’orbite ne rétrécit pas autant sa cavité que dans la race mongole, ce qui change beancoup la physionomie pour ce qui regarde la direction des yeux. Les mœurs des Bosjemans ont été décrites avec des détails suflisans par la plupart des voyageurs qui ont parcouru l'Afrique ; je me contenterai donc de faire seu- lement quelques remarques sur les divers points de res- semblance qui existent entre les races de vrais Mongols et celles des Bosjemans. Ils consistent d’abord dans les pays qu'ils habitent, qui dans les deux cas sont de vastes déserts sablonneux élevés, presqueentièrement dépourvus d'herbages et d’eau ; en second lieu dans le goût qu'ont les deux races pour la chair de cheval, nourriture qu'ils préfèrent à toute autre, ce qui leur mérite bien le nom d'Hippophages , et troïisièmement enfin dans la longueur de leur vue qui est au-delà de toûte croyance : je me suis assuré qu’elle est égale à celle des Européens aidée des meilleures lunettes. Le Bosjeman est industrieux , adroit et ingénieux ; il a une grande facilité pour l’imitation et beaucoup d'intelligence; il apprend promptement les langues , et sa légèreté à la course est presque devenue proverbiale. L'origine de cette race, c’est-à-dire la manière dont 2 2 1"9I SSSR RER AISONEEEIRSE EEE CONS AIEERRERE RENE Eur SON EEE EE SA ER ART EES (1) Ces trous sont décidément plus grands dans la race noire que dans la race blanche; ils indiquent évidemment le passage d’un nerf proportionnellement plus grand. ( 44) elle est descendue et s’est séparée des variétés les plus étendues de la race humaine, est une des recherches les plus importantes que présente l’histoire naturelle de l’homme. Nous ne pouvons associer les Bosjemans avec -la variété Mongole qu’en nous transportant de la pénin- sule méridionale de l'Afrique au grand désert de l'Asie. Les anneaux qui lient ces deux nations sont perdus et les deux races intermédiaires inconnues; bien que l’on ne puisse entièrement compter sur l’histoire quand il s’agit d’événemens aussi éloignés, les renseignemens qu'elle donne sur ce sujet ne doivent pas être négligés. Il existe un fait auquel on fait si souvent allusion , qu’on ne peut le mettre en doute quoiqu'il soit amplifié et défiguré par la fable. Je veux parler des fréquentes éruptions des peuples du nord de l’Asie dans les États méridionaux de l'Europe et de l'Asie. Les premiers monumens d’an- tiquité, encore conservés dans les caveaux d'Éléphantine dans la péninsule indienne, attestent la présence prédo- minante de la race mongole à une période antérieure de plus de deux mille ans à l’ère chrétienne, et prouvent qu’à cette époque la physionomie mongole avait les rap- ports les plus frappans avec celle des races actuelles chinoises et bosjemans. La première introduction des Mongols ou des races asiatiques’ septentrionales dans la péninsule de l’Inde est attestée plus tard par leur influence sur les Indous modernes ; car quoique le célèbre Blumenbach nous assure que le crâne indou est semblable en perfection et en proportion à celui des Turcs, et que par conséquent il rapporte cette race à la variété caucasique , j'ai trouvé dans les têtes des Indous que j'ai examinées, que le développement de la mâchoire supérieure n'était pas exactement semblable à celui de la race caucasique. k ÿ à 2 | maine. (65 D La grande antiquité des hordes mongoles de l'Asie est aussi prouvée par le premier établissement de l'empire chinois; et quoique je sois entièrement persuadé de l’ancienneté plus grande encore de celles des Indous et des Égyptiens ; pourtant plusieurs passages d'Hérodote indiquent que les tribus mongoles se formèrent plus rapidement encore que les caucasiques en une nation grande et belliqueuse. Il paraïîtrait donc, d’après un examen rapide des rap- ports historiques, des restes d’antiquité, et des lois et cérémonies religieuses qui ont été transmises de géné- rations en générations , qu'à une période très-éloignée les races mongoles pénétrèrent en Europe et dans le sud de l’Asie, et rien n’empèche de penser qu'ils peu- vent avoir, par leur présence, modifié quelques-unes des races du centre de l'Afrique. Dans la crainte qu'on ne m’accuse d’avoir, par oubli, omis de parler de la race mongole comme ayant pénétré dans les déserts de l'Amérique, je dirai ici que le peu de crânes esquimaux que j'ai examinés m'ont paru être tout-à-fait américains, et que je n'ai pas découvert le plus léger rapport entre aucune des races natives d'Amérique etlles têtes mongoles. J'observerai encore ici que la plu- part des opinions renfermées dans ce mémoire sont fondées , non sur la théorie ou sur des conjectures, mais sur l'examen anatomique de cranes d’une grande quan- sité de races humaines dont je dois en grande partie la … comrunication à MM. Jameson , Monro et Barcklay. Le “tableau ci-joint donne les mesures comparatives de la “1iète de plusieurs variétés remarquables de la race hu- dés (46) *samnod | | Ta DE LSTS a " : . q TRS EXITTZS chi Chr À ethr | Lei LL 9‘ci £1 af sussop-ted ‘oxqne f v aproq -semu as{ydode oun,p soueysi(} —————— mur «x: - “[8hdi90 noi} vp anauaysod 9‘ht gi 1f1S 1‘ pioq-ue zou np so sop pspee -189,9 “X9Y19A 9[ Ans Inanguor] QE RS, nu! 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Il a pesé six œufs , au commen- cement et vers la fin de l'incubation , et la moyenne de ses expériences donne un sixième de perte en poids, à très-peu de chose près. Les nôtres avaient déjà été exé- cutées lorsque l'ouvrage de M. de Saint-Hilaire parut ; et comme elles s’en rapprochent beaucoup ; puisque nos œufs ont subi une diminntion égale à peu près au septième de leur poids primiuf, nous avons cru que éette matière était suffisamment éclaircie. Afin de nous placer dans Îles conditions les plus ordinaires, nous avons fait usage de Poules couveuses , de préférence à otré machine et aux Poules d'Inde que nous avions évtütume d'employer. Les œufs étaient très-frais au Mo- ment où on les pesait pour la première fois, et nous avons eu soin de les soumettre à la mème opération à trois époques différentes , c’est-à-dire après le septième, le quatorzième et le vingtième jour de l'incubation. Le résultat le plus saillant de cette comparaison , c’est que la perte se divise d'une manière inégale, et qu’elle est d'autant plus forte qu'on est plus près du commence- ment de l'expérience. En effet, d’après une moyenne de douze résultats , nous trouvons qu'un œuf, pesant . 55,36 grammes, se réduit à 48,63 gr. par une incuba- (48) tion de vingt jours complets. La perte qu'il a éprouvée est donc égale à 7,73 gr.; mais il se trouve qu’elle se distribue de manière que pendant les six derniers jours l’œuf a perdu à peu près la moitié du poids qui exprime la diminution occasionée par les sept pre- miers. En effet , au bout du septième.jour , il offre une différence de 3,16 gr. ; lorsqu'il arrive au quatorzième ; il présente une nouveîle diminution, mais elle ne s’é- lève qu'à 2,84 gr. ; enfin elle est encore plus faible à dater de cette dernière époque jusqu’au vingtième jour, et l’œuf a perdu seulement 1,71 gr. Avant de discuter les causes de cette diminution progressive, nous don- nerons le tableau qui renferme ces résultats, et nous passerons à une série analogue exécutée sur des œufs qui n'avaient pas été fécondés. Nous publierons plus tard des expériences relatives aux changemens de composition chimique, qui peuvent se reconnaître dans l’œuf fécond ou infécond aux diverses phases de l’incubation. Nous avons eu égard dans ces ex- périences à l'influence que les œufs exercent sur lat- mosphère, et nous pouvons établir ici que la perte de poids qu’ils éprouvent provient en grande partie de l’eau qui s’est évaporée, et que le reste est dû à la transfor- mation d’une certaine quantité de carbone en acide car- bonique. Pour le moment, nous allons discuter les résultats de la perte totale aux différentes époques de l’incubation. ( 49 ) CHancemenT survenu dans Je poids des œufs fécondés pendant l’incubation; octobre 1822. 1194 14 ganurad SPI0q -sauof L sodde 9 À ‘sinof oc soide 9}194 2}194 “quU)S24 na ap CPUNNT *sanof Yi *2[8}01 ! soide 9 RE gram. ; ; Poulet prêt à “y TE) éclore. °56,12 ‘ "Idem. L 62,03 Idem. / 6.55 Il avait déja percé 49,10 ; ja percé 19 ” la coquille. 54, 57 6,57 L'abdomen n’était pas encore fermé. 55,52 5,97 Prêt à éclore. A B C D E F G 56,58 9,13 £ Idem. 53,55 7,65 | 45. Idem. 55,95 2,4: 8,43 47 Près de rentrer le 4 jaune. 50,35 9:10 À 43,25 |Prêt à éclore. L = 56,20 3 ,35 | 8,15 | 48,05 Idem. EC RFF m 64,75 25 ! 55,50 | Coquille percée. #7 9% > P Toraz. .|676,37 20,58 | 92,75 1583,62 Moyeune.| 56,36 1,71 7,72 | 48,63 : On conçoit qu'il suflisait de comparer sous ce point de vue les œufs féconds et les œufs stériles, pour s’as- surer si cette perte était un simple résultat d’évapora- tion , ou bien si elle se trouvait liée d’une manière quel- conque avec le travail de l’évolution. Mais il fallait aussi, pour rendre Ja conclusion précise, que ces der- Tom IV. 4 ( 50 ) i niérs n'éprouvassent pas un changemént de constitution chimique; car s'ils avaient offert cette action complexe on n'aurait pas facilement distingué l'influence particu- lière à chacune de ces actions. Des expériences multi- pliées nous avaient appris que les œufs très-frais, bien qu'ils ne fussent pas fécondés, pouvaient supporter l’incubation ordinaire, sans maniféster des symptômes de putréfaction appréciables. Leur consistance reste à peu près la mème ; le jaure acquiert une couleur un peu plus foncée , et sur dix qu'on soumet à ce genre d'é- preuve, il s’en rencontre à peine un ou deux qui se soient notablement altérés. Il n’en est pas de même si l’on continue, et vers le iréntième ou quarantième jour ils . exhalent tous une odeur infecte qui se perçoit aisément, même au travers de la coquille. Nous avons donc choisi douze œufs stériles fraîche- ment pondus, et nous avons répété sur eux les opéra- tions dont les œufs féconds avaient été l’objet. Au bout de vingt jours révolus, la perte en poids s’est trouvée absolument semblable , et en comparant les pesées in- termédiaires , on peut se convaincre que sa distribution a lieu d’après la même loi. C’est ce que le tableau sui- vant mettra facilement en évidence, et l'on pourra aussi remarquer que le poids moyen de l’œuf stérile est plus faible que celui de l’œuf fécondé. Avant d'admettre une telle différence , il serait nécessaire sans doute de multiplier les résultats plus que nous ne l’avons fait ici , mais nous ajouterons qu'elle nous a paru réelle dans un assez grand nombre d'œufs que nous avons examinés sous ce rapport. CHanGEmENs survenus dans le poids des œufs non fécondés lorsqu'on les a éouvés pendant la période ordinaire ; oe- tobre 1823. *sanof hr 104 soide 9 *sanof oc saide 914 [8107 CICR | à H Obsersations. 2: n AAA ( ap OJounN] otunad sanof L sorde 97104 re on a = B Ke CAR Tous les œufs contenus dans ce Tableau étaient stériles et n'a- vaient contracté presque aucune odeur pendant cette incubation. {Les numéros F, Let M ont été mis de côté à cause de la puan- teur qu'ils exha- laient. 1,12 1,50 Torar. [473,11 12,15 | G2,11 Moyenne.| 52,56 1,35 | 6,90 Nous avions un autre moyen plus propre encore à nous faire connaître s’ikexiste réellement quelque liaison entre les mouvemens du fœtus et la perte que l’œuf éprouve par l’évaporation. Lorsqu'on se pourvoit au ha- sard dans Tes marchés des œufs qu’on veut soumettre à l'incubation , ils se trouvent mélangés de manière à produire les résultats les plus irréguliers. Si l’on en prend un certain nombre, et qu’on les couve pendant trente ou quarante heures , par exemple, les uns auront 4* ( 52 ) atteint réellement le degré de développement qui con- vient à cette époque; les autres seront plus ou moins au-dessous, et l’on pourra même en trouver qui se montreront plus avancés de quelques heures. Ce dernier cas , bien qu'il soit plus rare, se montre néanmoins. assez souvent pour donner la clef des petites inexacti- tudes relatives aux phases de l’évolution qu’on trouve, soit dans l'ouvrage de M. Pander, soit dans celui de M. Rolando, etc. Ces auteurs semblent avoir adopté pour principe , dans leurs recherches, cette vue très- . judicieuse , dont nous avons fait usage nous-mêmes , qu’un fœtus peut bien être retardé, mais qu'il est im- possible qu'il se montre hâtif. Ce n’est point non plus l'effet d’une idiosyncrasie particulière qui amène les irrégularités que nous venons de mentionner, elles tiennent à des causes plus faciles à atteindre. Ainsi que nous l'avons dit plusieurs fois dans le cours de ce Mé- moire, les œufs qui ne sont point récemment pondus se développent plus tard que les autres , et aucun auteur n’a pris garde avant nous au temps qui leur est nécessaire pour acquérir la température qui est indis- pensable aux mouvemens du germe. De plus l’incuba- tion ne date pas de l'instant où l’œuf est placé sous la Poule , elle commence réellement à l'époque où le jaune a acquis la température de 35° à 40° C. C’est à ces deux causes que doivent se rapporter les observations tardives. Mais la première est de beaucoup la plus efficace , sur-- tout lorsqu'on se livre à une série d'expériences qui exigent plusieurs milliers d'œufs, ainsi que cela est arrivé à Malpighi, à M. Pander et à nous-mêmes. Quant aux fœtus hâtifs, ils ne se montrent tels que parce qu’ils ont déjà subi un commencement d’incuba- (53) tion, et pour s’en convaincre , il suflit d'examiner quel- ques douzaines d'œufs pris dans les marchés; on en trouve de toutes les époques , depuis ceux qui n’ont point été couvés jusqu'à dix ou douze heures, et quel- quefois davantage. Cette circonstance tient à la méthode adoptée dans les campagnes pour la récolte des œufs. On les laisse pendant quinze ou vingt heures à la dis- position de la mère, qui en profite souvent pour les couver , ou qui les couve sans intention. Sous ce point de vue, nos recherches ne sont point sans quelque prix, à cause du soin extrême que nous avons mis à constater les diverses époques de l'évolution. Les œufs que nous avons employés pour établir notre série, ont été, pour ainsi dire, pondus sous nos yeux, et nous avons bien souvent poussé le scrupule jusqu’à les ex- traire de l’oviducte. Aussi regardons-nous les dates que mous avons données comme excessivement exactes , et nous n’hésitons plus maintenant dès qu'il s’agit de fixer J'âge du Poulet, puisqu'il suffit de comparer ses dimen- sions et l’état de ses organes aux fignres que nous avons tracées. C'est ainsi que nous avons pu nous débarrasser de toutes les causes d'erreur, et que nous avons re- connu les retards fréquens qui se montrent dans le dé- veloppement des Poulets. Ces retards eux-mèmes vont maintenant nous devenir “fort utiles , puisqu'ils nous permettront de séparer nette- ment les deux ordres d’action qui s'effectuent dans'un œuf fécondé qu’on soumet à la chaleur de l’incubation. En efet , si la perte de poids qu'il éprouve est liée d’une manière quelconque au mouvement de l’embryon , elle sera d’autant plus forte que celui-ci se trouvera plus avancé dans un temps donné; mais si au contraire elle (54) n’est d ue qu'a un simple effet d'évaporation , elle sera en rapport avec le temps de l'incubation et n'en aura point avec l’âge réel du Poulet. Toutes les expériences que nous avons faites sont en faveur de cette dernière supposition , et dans le nombre il n’en est pas une qui puisse fournir un argument à l'appui de la première. Nous en citerons dix pour exemple , et l’on pourra s’as- surer, en parcourant le tableau , qu'il arrive quelque- fois que, pour des temps d’incubation semblables, l'œuf dont le Poulet est le moins avancé , se trouve précisé- ment celui qui a éprouvé la perte la plus considérable, Nous joignons à ces résultats quelques faits du même genre observés sur des œufs de Canard; mais c’est moins dans le but de fournir des élémens nouveaux à cette dis- cussion , que les faits précédens semblent éclaircir d’une manière suflisante , que pour montrer le rapport de la diminution des poids dans ces deux espèces. On arrive ainsi à ce résultat remarquable, que pendant les pre- mières heures, les œufs de Poule perdent 0,026 gr. par heure ;:et ceux de Canard 0,017 gr. seulement. Si l’on admet que cette différence est en raïson inverse du temps nécessaire à l’incubation complète de ces deux espèces, on trouve 26 : 17 ::æx: 21, durée de l’incu- bation des Poules. Il est aisé de voir que x égale 32; ce qui est à peu près le nombre de jours après lequel les petits Canards percent leur coquille. On conçoit maintenant pourquoi la coque de l'œuf des Canards est plus épaisse, plus serrée et moïns po- reuse que celle des œufs de Poule, et l’on parviendra probablement par de nouvelles recherches à donner à cette loi plus d’étendue et plüs de généralité. | (55) Perte en poids éprouvée par les œufs pendant les prémières heures de l’incubation. M2. — su | = rh do F 8, > Observations S d = a { s de l'œuf. 2-2, = E È LE) FL 6e = 5 © a RE ES TE OU gram gram heures heures 3 Poulet. 158,625 | 0,600 22 15 On remarque parmi ces œufs, celui qui pesait 72,600. 1dem. 59,350 0,555 22 22 C'est le plus lourd à un seul jaune que nous ayons jamais 1dem. |72,600 1,050 48 24 repcontrd. IL est prubable J que sa dimension extraordi- Idem. |55,125| 1,175 48 33 vaire a contribüé pour beau- coup à la lenteur de l'incu- bation en reudant plus difh- cile le réchauffement du LE F É Jaune qui se trouve à peu Idem. |59,045 | 1,145 48 42 près au centre dans les œufs 1dem. |55,725 | 1,150 48 x non-Couvés. Idem. |54,525| 1,325! 48 42 Idem. |62,145 1,320 | 48 48 Idem. |50,055 | 1,855! 6o 48 Idem. Toraz. -1.l, » [12,040 | 452,0 | 356,0 Moyenne.,| » 1,204 |. 45,2 | 35,6 | cesse | GS | us | nmnemmemnnnnsntne Canard. 65,875 0,425 29 20 Les œnfs de Canard que E Le nous avons employés étaient Idem. |63,300! 0,455] 355 3o {très-frais, et l'on pourra re- , marquer qu'ils ont presque Idem. 156,355 | 0,625 33 30 tous éprouvé l'évolulion la 7 ? RE plus régulière. Idem. |60,450 | 0,600| 36 32 Idem. |65,680 | a,655| 36 30 Idem. :\61,755 | 0,555| 36 32 ———— | | —— ee | mm Toraz » 3355 | 1090 174 Moyenne. » 0,559| 33 29 ( 56) On peut conclure des divers résultats contenus dans celte note : : 1°. Que les œufs fécondés ou inféconds éprouvent à peu près la même perte en poids pendant la durée de l'incubauon ; k 2°. Que cette perte suit dans l’un et l’autre cas une progression décroissante à dater du commencement de ‘J'incubation ; 3°. Qu'on observe un rapport remarquable entre a durée de l’ineubation et la perte en poids journalière. Celle-ci parait d'autant moindre que l’incubation dure plus long-temps ; | 4°. Que la perte de poids paraît entièrement due à l’évaporation ou bien à des altérations chimiques indé- pendanies de l’évolution du fœtus , puisqu'elle est en rap- port avec la durée de l’incubation et non point avec le développement plus ou moins rapide du jeune animal. Nous avons enfin cherché à préciser d’une manière satisfaisante les conditions qui font varier si souvent les expériences sur l’incubation relativement à l’âge du Poulet. Dans. notre prochain Mémoire nous donnerons l'échelle des développemens pour les cinq premiers jours, et l’on verra que les caractères du fœtus ont pu nous servir à déterminer son àge sans difficulté. (57) Mémoire sur le genre Icrines; Par M. A. VALENCIENNES. M. Frédéric Cuvier a publié (Mem. Mus. Hist. nat., Tom. IX, pag. 41) la figure d’un Mammifère qui porte à Java le nom de Benturong. Le dessin lui avait été en- voyé de Calcutta par M. A. Duvaucel qui a vu cet animal vivant dans la ménagerie du marquis d'Hastings à Barag- poor, où on le conservait comme originaire de Boutan. M. F. Cuvier jugea que ce mammifère devait se rappro- cher de ses Paradoxurus; et il le place dans ce genre sous le nom de Paradoxurus albifrons. Pendant mon séjour à Bruxelles en 1822, j'ai été assez heureux pour me procurer un individu de cette espèce. L'examen des dents m'a fait reconnaitre qu’elle devait être distinguée des autres Paradoxures , et j'ai été con- firmé dans mon opinion par celle de M. F. Cuvier qui veut bien m'’honorer de son amitié. Je proposai pour ce nouveau genre le nom d’Ictides (1), et l'animal fut dé- posé dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle sous le nom d’Jctides albifrons. Ce carnassier de la fa- mille des Civettes, établitentre ce groupe et celuides plan- tigrades une liaison évidente. La ressemblance avec les (1) Ce nom vient de celui d'Zktis, qu’Aristote a employé pour un petit quadrupède qu'il n’a pas caractérisé; mais qui est peut-être le Putois. Par un hasard singulier , M. Temminck, à Leyde, avait voulu . nommer ce genre ÆArctictis; c'est sous ce nom qu'il désigne l'animal qui fait le sujet de ce Mémoire, dans son prospectus des Monographies de Mammifères. Mais M. Cuvier ayant adopté le nom que j’avais pro- posé, et l’ayant publié depuis long-temps, je n’ai pas cru devoir le changer. (58 ) Ratons (1) avait surtout frappé MM. Diard et Duvauccl, car ils l'indiquent dans leur correspondance sous le nom de Raton à queue prenante. L’individu que j'ai rapporté pour le cabinet du roi, et que je dois à la générosité de M. Drapiez, directeur du Musée de Bruxelles , nous a mis à même d'en connaître le système dentaire. M. F. Cuvier l'a décrit dans son ou- vrage sur les dents des Mammifères, pag. 102, n° 34 bis. Il fait voir que les rapports et la similitude de la denti- tion placent cet animal à côté des Civettes, et surtout auprès du Pougouné (Paradoxurus Typus), à cause de la grosseur du talon des molaires tuberculeuses; mais ce talon est plus court, plus arrondi et encore plus fort que celui que l’on observe dans le Pougoune. Les molaires du 5 Benturong ressemblent beaucoup à celles des Ratons ; un autre rapport existe encore entre ces deux animaux: ils sont tous deux plantigrades. Depuis ce travail M. F. Cuvier a publié dans son His- toire naturelle des Mammifères deux figures de Bentu- rong , qui lui avaient été envoyées par MM. Diard et Duvaucel; l’une est celle qui avait déjà paru dans les Mémoires que j'ai cités plus haut; la seconde, faite à Java, forme le type d’une seconde espèce sous le nom de Benturong noir. Elle diffère de la précédente par sa cou- leur et par sa taille qui est un peu plus forte. Je crois cependant qu’il peut y avoir encore quelques doutes sur Vexistence de ces denx espèces , peut-être n’em font-elles qu'une? La différence dépendrait de l’âge et du sexe. M. Temminck croit que les mâles du Benturong sont noirs , que les femelles sont grises ou roussâtres ; ét que les jeunes sont roussâtres. (1) Ursus lotor Lin. éstin le oeil ( 59 ) Ces renseignemens lni ont été fournis par MM. Kuhl “et Van-Hasselt , dont les noms doivent toujours être cités par ceux qui s'occupent de l’histoire naturelle de Java. On trouve des passages insensibles de la couleur grise à. la couleur noire du pelage des Benturongs , parmi les nombreux individus qui faisaient partie des belles col- léctions que les infortunés voyageurs ont envoyés au Musée royal des Pays-Bas. Les caractères du genre Ictides sont faciles à tracer depuis les travaux de M. Frédéric Cuvier. Ce sont des animaux à corps trapu, à marche plan- tigrade et à queue forte et prenante; ils ont dix-huit dents à chaque mâchoire , savoir six incisives , deux ca- nines et dix mâchelières ; à la mâchoire supérieure il ÿ a quatre fausses molaires et six vraies, tandis que l'infé- rieure porte six fausses molaires et quatre vraies. Les incisives n’offrent rien de remarquable. Les canines sont longues , comprimées ; tranchantes sur leur bord anté- rieur et postérieur; elles ressemblent tout-à-fait à des canines de Coatis. Quant aux mâchelières , je dois ren- voyer à la description exacte que M. F. Cuvier eri a déja donnée. | Quoique ce savant ait déjà donné la figure de deux Benturongs , je crois cependant qu'il n’est pas inutile d'en publier une nouvelle faite sur l'individu que pos- sède le cabinet du roi, et d'y joindre une description dans laquelle je donnerai les mesures des différentes parties du corps dé ce singulier carnassier. Sa physionomie est assez semblable à celle d'un Raton; sa longueur depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue est d’en- viron deux pieds ; il est couvert de poils durs , longs et épais. Chaque poil est noir dans les deux tiers de sa lon- (60) : gueur , et blanc grisätre, quelquefois roussätre à sa pointe. Ii en résulte que la couleur générale du corps.est grise- roussätre en dessus sur un fond noir; je ventre est un peu plus foncé que le dos , il est presque noirâtre ; le feutre est laineux , fin, assez épais et roussâtre ; la tête est grosse et longue de cinq pouces et demi, sa largeur est égale à sa longueur; le nez , le front et le tour des yeux sont gris , les lèvres sont noires ; les moustaches ont leurs poils très-longs; les poils sont, les uns blancs, les autres noirs, d’autres enfin sont noirs à la base et blancs à la pointe ; les yeux sont petits, les oreilles sont arron- dies , petites, garnies en dedans de poils courts et blan- châtres; en dehors elles portent des poils très-longs de mème nature que ceux du corps , et qui forment par leur réunion un long et gros pinceau sur chaque oreille; les membresantérieurs ont cinq pouces de longueur ; le bras est de la même couleur que le corps; mais l’avant-bras paraît plus blanc parce que les poils ai ler recouvrent ont plus de leur moitié blanche. Il ya cinq doigts à chaque main; leurs ongles sont très- forts, comprimés, crochus et non rétractiles ; la paume est noirâtre ; les membres postérieurs sont aussi longs que les antérieurs , et ils offrent le même arrangement dans la distribution de leur couleur. Le pied, de quatre pouces de long, a cinq doigts à peu près d’égale longueur et pourvus d'ongles assez forts; la plante du pied est noire , entièrement nue, et touche le sol par tous les points de sa surface. La partie antérieure est lisse, celle qui répond au talon est hérissée de nombreuses aspérités cornées, fort dures ; la queue a deux pieds six pouces de long : elle est prenante sans être nue en dessous à son extrémité inférieure ; sa base est très-grosse et pourvue (61) de muscles très-forts ; elle est recouverte de poils sem- blables à ceux du dos, l'extrémité est noire. L'individu sur lequel j'ai fait cette description est en- tièrement adulte : il vient de Java. Le voyageur qui l’a donné à M. Drapiez lui a dit qu'il avait été tué dans l'intérieur de l'ile, et que l'espèce y était fort rare; elle paraît être plus commune à Sumatra et à Malacca. C’est de ces contrées que l’on a reçu en Europe la plupart des individus. Explication de la Planche 1. Fig. 1. ctides albifrons réduit au quart de la grandeur naturelle. Fig. 2. Mächoire inférieure. Fig. 3. Mâchoire supérieure. Fig. 4. Partie antérieure de la tête vue de profil. OsservAtions sur Le genre Caara , extraites d’une lettre adressée aux Rédacteurs ; Par M. AGARDH. On a long-temps soupçonné que le genre Chara n'appartenait pas aux Vaïades. MM. Nees d’Esenbeck et Wallroth ont produit plusieurs raisons pour les transporter parmi les Ælgues. Je ne connais pas les observations que M. Vaucher a faites sur la reproduc- tion de ces plantes, et qui doivent les rapprocher des Marsiléacées. I m’a semblé pourtant que , quelle que soit leur germination, l’organisation de leur tige, ainsi que celle de leur fruit , les en éloignait beaucoup, et que si l’on ne veut, avec MM. Richard et Kunth , en faire une famille à part, elles pourront rester parmi ( 62 ) les Algues, comme un chaïnon plus développé et su- périeur des Confervoïdées , et comme un lien qui joint celles-ci aux Marsiléacées. Par cette vue, vraie ou fausse ,je me crus, dans ces derniers temps, obligé, par mon travail sur les plantes aquatiques cryptogames, à les étudier avec une atten- tion particulière ; mais n’ayant pas eu le temps de beau- coup étendre ni de rectifier le peu d'observations que j'ai pu faire, c'est encore avec quelque défiance que je les ai introduites et caractérisées dans le Systema Al- garum, qui vient de paraître (1). Cependant j'ai trouvé une différence assez grande et assez tranchée entre les espèces à un tube et celles à plusieurs , pour en faire deux genres distincts, pourvu que je pusse découvrir dans la fructification des caractères aussi marqués que dans l’organisation des tiges. Je me suis félicité de les avoir trouvés dans la différence des deux organes, que M. Wallroth appelle les fruits ( les pistils des auteurs) et les globules (les anthères des auteurs ); en effet, les espèces à un tube les ont séparés (on pourrait les ap- peler déclives dans le sens des auteurs), dénués de bractées ei avec une couronne (calice des auteurs) presque nulle, tandis que les espèces à plusieurs tubes les ont tous nus, approchés l’un de l’autre, soutenus de plusieurs bractées, ét avec une couronne très-marquée. C'était après une analyse de plusieurs espèces que je mé crus assez cerlain de cette observation ; je fis des premières espèces mon genre ÂMitella , et je con- servai le nom ancien de Chara aux dernières. C’est sous ce nom que je les distinguerai dans ce petit exposé. (r) Systema Algarum. anci. 4gardh. Lundæ , 1824, 1 vol. in-8. (63) Aussi je fus plus fàäché que surpris de voir tout mon petit système des Characées bouleversé par l'excellent Mémoire de M. Amici sur la circulation de leur suc (dans les Annales des Sc. nat. ; tom. IT, mai 1824). Il y à figuré une Nitelle , et la plus vulgaire de ce genre, la Nitella flexilis, précisément avec des caractères con- traires à ceux que Je croyais être si essentiels et si mar- quans , PI. IT, fig. 5, et PI. V, fig. 1, où le globule est posé immédiatement sous le fruit qui est soutenu par une bractée et couronné par un grand calice, exac- tement comme dans mon genre Chara. Je me hâtai d’examiner de nouveau mes Nitelles desséchées , la sai- son ne me permettant pas de les chercher vivantes , et particulièrement la Nitella flexilis en question. A ma satisfaction, je la trouvai constamment comme je l’avais vue auparavant , anthères approchées, sans bractées et avec une couronne très-peu marquée. La différence entre la plante de M. Amicietla mienne est très-marquée , et elles ne peuvent pas appartenir à la même espèce. Après, j'ai examiné mes autres Nitelles , et je les ai trouvées de même. Je sens bien que M. Amici ne peut pas s'être trompé, mais il me semble qu'il reste un point à éclaircir : c’est de savoir commient l'espèce de M. Amici peut avoir la tige d’une Mitella et le fruit d’un Chara, et si par-là toute la différence générique entre ces deux prétendus genres doit s’évanouir. L'anatomie des Characées est très-simple et très- connue. La tige des Nitelles consiste en un seul tube -cloïsonné et composé d’une membrane très-mince et” incolore, si semblable aux tubes des Valonia, que c'est une nouvelle preuve de leur affinité avec les Algues. Les Chara ont le tube principal revêtu de plu- ( 64 ) sieurs tubes beaucoup plus petits, excepté dans la partie qui rampe dans la vase, et souvent dans les derniers articles des rameaux, qui sont simples ; cela est bien connu , mais ce que l’on ne paraît pas assez connaître , c’est l’organisation des prétendues anthères ou des glo- bules de Wallroth. Les auteurs les décrivent très -dif- féremment, et pourtant c’est l'organe le plus remarquable de tous et dont la fonction est la plus douteuse. Elle le sera encore lorsqu'on apprendra la singulière struc- ture interne qu'il a, et que je décrirai comme je l'ai vue , quoiqu’elle diffère en beaucoup de points de celle indiquée par les auteurs antérieurs. Tout le monde sait que ces anthères ou globules sont ronds et rouges , et que leur place est ordinairement immédiatement au-dessous des fruits. J'ai déjà dit que ce dernier fait parait souffrir une exception dans les Ni- telles, où j'ai trouvé les globules sur des tiges diffé- rentes de celles qui portent les fruits. Il est possible que je me sois trompé, parce que ces anthères sont ca- duques , mais je ne le crois pas ; c’est du moins un point à vérifier. La surface de ces giobules est hyaline ou in- colore ; sous cette membrane , on observe un globe rouge et réticulé ou celluleux , mais ils ne se présentent pas toujours ainsi ; souvent, au lieu de cet aspect réticulé , le globule est incolore , mais marqué de roses ou d'étoiles , dont les rayons sont rouges ou lancéolés. On voit dans les figures desauteurs, tantôt une de ces formes, tantôt l’autre; je Les ai trouvées toutes les deux sur une mème espèce, et j'ai lieu de croire que le dernier état est le vrai noyau du glo- bule , caché sous l’écaille réticulée (1). Le noyau contient (1) Quand ces prétendues anthéres sont irès-môûres, on réussit ,sou- ( 65 ) des fils très-singuliers ; ils sont simples ( une seule fois j'ai cru les voir fourchus), courbés et entrecroisés, hyalins et incolores avec des stries transversales , parallèles et ser- rées, comme dans un Oscillatoire ou un Nostoc; mais ce qui est le plus remarquable, ils sont attachés plusieurs ensemble à un organe particulier en forme de cloche, qui est également incolore, mais remplie d’un pig- ment rouge. Cette cloche, à la base de laquelle ils sont extérieurement attachés , est d’une forme un peu diffé: rente dans les diverses espèces. Elle est mince et longue dans le Chara vulgaris, plus grosse dans le Chara firma , plus courte dans le Chara delicatula, et encore plus courte dans le Chara collabens. Ilne m'a pas été possible de déterminer avec sûreté comment ces cloches sont placées dans le noyau. J'ai souvent cru voir qu'elles sont la même chose que les rayons dans les roses ou étoiles du globule, dont je viens de parler; d’où il suivrait qu’elles sont placées vers ia surface , pendant que les fils sont tournés vers le centre. Ces cloches ne sont pas en grand nombre ; elles se dé- tachent souvent des fils et perdent facilement leur ÿig- ment : ce qui les rend très-dificiles à bien observer, et qui les a fait négliger par les auteurs. D'après cette exposition de l’anatomie de ces organes, il est bien difficile d’en déterminer la fonction , car'je ne me rappelle aucun organe , ni dans les Algues, ni parmi les autres plantes, qui puissent leur être com- paré. Il n'existe aucune ressemblance avec les anthères vent par une légère pression, à les diviser en plusieurs valvules, comme on les voit trés-bien figarées par M. Walroth dans son l'raité, tab. 2, f.3 ,et tab. 5. Ces valvules sont rayonnées et répondent sans doute aux étoiles dont nous avons parlé. Tome IV. 5 ( 66 ) des plantes phanérogames, ni mème avec leurs fruits. Pourtant M. Walroth prétend les avoir semées et qu’elles ont produit des plantes semblables ; maïs il n’a pas donné de détails sur cette expérience remarquable, qui serait une des plus intéressantes pour la connaissance de ces plantes. M. Nees d’Esenbeck a donné un Mémoire excel- lent sur les Characées, dans les Mémoires de la Société de Regensburg. Il y adopte l’opinion de M. Walroth sur leurs fonctions, et jette beaucoup de lumière sur l’his- toire de ces plantes. Pour l’anatomie des prétendues an- thères , ses recherches diffèrent beaucoup des miennes, comme on le voit en comparant ses dessins à ma descrip- tion , soit qu'il ait observé ceux d’un Witella et non ceux d’un Chara , soit que la manière différente de disséquer ces organes ait produit cette différence dans leur aspect. Je connais trop bien la justesse de ses observations pour eh douter un moment. Cependant, c’est par une sem- blable discussion que l’on finira par trouver la vérité et corriger les erreurs. C’est par cette seule raïson que j'ai osé présenter mes observations , quoique opposées à celles de savans aussi respectables que ceux dont il a été question dans cette petite notice. Lundi , le 29 septembre 1824. Anazyse de l'eau du Rio Vinagre, dans les Andes de Popayan; par M, Marraxo pe Rivero (Extrait d'une Lettre en date du 8 octobre 1823), avec des éclair- cissemens géognostiques et ph siques sur quelques phé- nomènes que présentent le soufre, l'hydrogène sulfuré et l'eau dans les Volcans ; 7 Par M. Le BARON Azex. DE Humsozpr. « ConForMÉMENT au désir de M. de Humboldt, je me (67 ) suis procuré l’eau du Rio Vinagre. Elle n'a été envoyée par M. Torrès, qui s'intéresse à tout ce qui peut:con- tribuer aux recherches scientifiques. Cette eau m'a donné par litre : acide sulfurique, 1,080; acide muriatique , 0,184 ; alumine, 0,240; chaux, 0,160, et quelques in- dices de fer (1). La présence de l'acide muriatique con- firme les observations faites sur les vapeurs et les: pro- ductions lithoïdes du Vésuve et de plusieurs autres: vol- cans. » Rivzeo. J'avais annoncé , au moment de mon retour d'Améri- que, la présence des acides sulfurique et muriatique . dans l’eau du Rio Vinagre, que les indigènes appellent Pusambio. (Voyez Vues des Cordillères et Monumens des peuples de l'Amérique, vol. 11, p. 166; Mivellement La- rométrique des Andes, n° 126; Caldas, Semanario del Nuevo Reyno de Granada, 1. 1, p. 265 ) ; mais dépourvu de sels de baryte, j'avais engagé MM. Rivero et Boussin- gault, lors de leur départ pour Bogota, à vérifier ces faits. L'analyse que nous devons à un de ces habiles chi- mistes est la première qui ait été tentée sur l’eau du Rio Vinagre. Je vais extraire de mon Journal de Voyages, en grande partie encore inédit, quelques éclaircissemens sur les circonstances locales. La ville de Popayan est située dans la belle vallée du Rio Cauca , sur le chemin de Bogota à Quito, au pied (1) Il ne peut être douteux que les indications sont par grammes et, fractions de grammes : un litre d’eau du Rio Vinagre renferme 18, 080 d'acide sulfurique et ogr.,184 d’acide muriatique: Cette propor- tion, d’acide/sulfurique est encore très-sensible au goût, et se mani- feste par d’abendans précipités avec les sels de baryte. G.-L. He ( 68 ) des deux grands volcans de Puracé et de Sotarà. Ces volcans, presque éteints, et n’offrant que les phénomènes des solfatares, font partie du chaînon central des Andes de la Nouvelle-Grenade. Par les 1° 55” et 2° 20° de la- titude boréale, le nœud des montagnes qui renferme les sources du Magdalena se divise en trois rameaux, dont l’oriental se prolonge vers Timanà et les Nevados de Chita et de Merida; l'intermédiaire et central vers les Paramos de Guanacas et de Quindiü; l’occidental vers le terrain platinifère du Choco et l’isthme de Panama. En montant de la ville de Popayan à la cime du volcan de Puracé, nous avons trouvé, M. Bonpland et moi, à 1356 toises de hauteur, une petite plaine ( ZLlano del Corazon), habitée par de pauvres Indiens cultivateurs. Ce plateau est séparé àu reste du contre-fort par deux ravins extrèmement profonds : c’est au bord de ces précipices qu'est construit le village de Paracé. Des sources Jjaillissent partout du roc trachytique ; chaque jardin est entouré d’une haie vive d’euphorbes ( Zechero), à feuilles minces et du vert le plus tendre; Cette belle verdure contraste d’une manière frappante avec le ri- deau de montagnes noires et arides qui entourent le volcan , et qui sont déchirées par l’effet des tremblemens de terre. Le site du village est célèbre dans le pays à cause de trois belles cascades ( choreras) de la rivière de Pusambio, dont l’eau est acide, et que le peuple, qui ne connaît d'autre acide que le vinaigre, appelle Rio Vinagre, quel- quefois Gran Vinagre. Cette rivière prend naissance à peu près à 1700 toises de hauteur, dans un endroit très- inaccessible. Quoique la température de l’eau soit peu dif- férente, dans les cascades inférieures, de celle de l’atmos- (69 ) phère ambiante , il n’en est pas moins certain que les sources du Rio Pusambio ou Vinagre sont très-chaudes.Ce fait m'a été attesté par les indigènes et par le missionnaire du village de Puracé. En allant à la cime du volcan, j'ai vu une colonne de fumée s’élever à l’endroit où les eaux acides viennent au jour. J’ai dessiné la seconde des chutes du Vinagre (planche xxx des Vues des Cordil- lères ) ; l’eau qui s'ouvre un chemin à travers une ca- verne se précipite à plus de 60 toises de profondeur. La chute est d’un effet très-pittoresque ; mais les habitans de Popayan désireraient que la rivière, au lieu de se jeter dans le Rio Cauca, s’engouflrât dans quelque cre- vasse ; car telle est la délicatesse de constitution des ani- maux qui respirent par des branchies, et qui absorbent l’oxigène dissous dans l’eau, que le Cauca, pendant un cours de quatre lieues, est dépourvu de poissons, à cause du mélange de ses eaux avec celles du Rio Vina- gre (1), qui sont chargées à la fois d’oxide de fer ét d’a- cides sulfurique et muriatique. Lorsqu'on reste long- temps sur le mur du rocher taillé à pic qui avoisine la cascade, on sent un picotement dans les yeux à cause des gouttelettes dispersées et suspendues dans l’atmos- phère. Les poissons reparaissent dans le Rio Cauca, là où il s'agrandit par les deux afiluens du Pindamon et du Palacé (2). Un peu au nord des sources du Pusambion naissent deux autres ruisseaux également chargés d’acide sulfu- EE —————— ———"——— ——————— ———"—— — ———— (1) M: Caldas a même attribué à ce mélange, avec bien peu de rafson sans doute , l'absence des goîtres dans la vallée du Rio Cauca. Sema : nario, t. 1, p. 265. Voyez mon Aémoire sur les Gottres dans les Cor dillères (Magendie , Journ. de Physiol. , t. IV, p: 109.) (2) Journal de Physique, t. LXII, p. 61. (7e) ; rique hibre , que le peuple appelle lès Petits-Vinaigres (los dos Vinagres chicos ) : ils se jettent dans le Rio de San-Francisco , ‘qui lui-mème n’est qu'un affluent du Gran Vinagre. Pendant mon séjour à Popayan, c'était une opinion généralement reçue que toutes ces eaux acides contenaient du fer dissous par une grande quan- tité d’acide carbonique. En se rappelant seulement que les sources du Vinagre sont très-chaudes, on aurait dû abandonner cette opinion. Je fis bouillir des eaux pui- sées à la cascade, et je trouvai, après l’ébullition, le même goût acide et les mêmes précipités que dans l’eau son bouillie. Il me restait, à cette époque , très-peu de réactifs. Le nitrate d'argent (1) donnait un précipité blanc cet laïiteux, indiquant la présence de muriates. Celle du fer s’annoncçait par le prussiate de chaux, celle de la chaux par l’oxalate de potasse. En pesant l’eau avec beaucoup de soin dans les ateliers de la Monnaie de Popayan , le poids d’un même volume d’eau du Vi- nagré a été trouvé'au poids de l’eau distillée dans le rap- port de 2735 + grains à 2731 gr., c’est-à-dire que la pe- santeur-spécifique de l’eau de la cascade était = 1,0015. Il ne faut pas confondre les eaux que je décris et dont M. Rivero a donné la première analyse, avec celles des deux lagunes souterraines que nous avons trouvées près de la cime du volcan, l’une à 2245 toises de hauteur, autre au-dessus des neiges, à 2420 toises. Ce volcan de Puracé est un dôme de trachyte semi-vitreux, gris-bleuà- tre-et à cassure conchoïde. Il offre, non un grand cratère he lemme ve onn ie 2 EMelnn tn sn: à GRR ENEE RUE, (1) La présence simultanée des acides sulfurique et muriatique a été recoñnueaussi par M. Vauquelin, dans l’eau que M. Leschenault avait puisée dans le, eratère-lac du Mont-ldicnne de Java. (Journal de Physique, t. LXV , p. 406.) (71) à son sommet, mais plusieurs petites bouches. Il: difière beaucoup du volcan voisin, le Sotarà, qui est de forme conique, et qui a lancé une immense quantité d’obsi- diennes. Ces masses, couvrant les plaines de Julumito, sont des boules ou larmes d’obsidienne dont souvent la surface est tuberculeuse. Elles présentent, ce que je n’ai vu nulle part ailleurs dans les deux hémisphères , toutes les nuances de couleur, depuis le noir foncé jusqu’à celle du verre artificiel entièrement incolore. On peut être surpris de voir que cette décoloration n'ait été accompagnée d'aucun boursoufllement. Les obsidiennes de Sotarà sont mêlées de fragmens d’émaux qui ressem- blent à la porcelaine de Réaumur, et auxquels j'ai trouvé adhérentes des masses de feldspath qui ont résisté à la fusion. d Ici, comme dans les Andes de Quito, comme au Mexi- que et aux îles Canaries , le système de roches basaltiques reste éloigné des trachytes qui forment les volcans. de Puracé et de Sotarà. Les basaltes de la Tetilla de Julu- mito n’appartiennent qu'à la rive gauche du Cauca : ils sortent au milieu de porphyres de transition dépourvus de pyroxène ; renfermant un peu d’amphibole, très-peu de quarz en petits cristaux implantés dans la masse , et un feldspath qui passe du feldspath commun au vitreux. Ce porphyre est recouvert, près de Los Serillos, d’un calcaire gris-noirâtre, traversé de filons de carbonate dé châux , et tellement surchargé de carbone, que, dans quelques parties, il tache les doigts comme un schiste alumineux ou comme les lydiennes (1) de Steeben, (1) M. Vauquelin à constaté récemment , par une analyse directe , la présence du carbone dans les lydiennes les plus pures. J'avais ve- (72) dans le Fichtelgebirge. Le dôme trachytique de Puracé, qui donne naïssance à la petite rivière d’acide sulfurique, sort d’une syénite porphyrique (avec feldspath com- mun), qui, à son tour, est superposée à un granite de transition abondant en mica. Cette observation (x), très-importante pour le gisement des roches volca- niques, peut être faite près de Santa-Barbara, en mon- tant de Popayan au village de Puracé. Le volcan, comme la plupart des grands volcans des Andes, présente des couches ou nappés de matières lithoïdes fondues, non de véritables courans de laves. Des fragmens de calcaire grenu, vraisemblablement magnésien, que j'ai trouvés à plus de 2000 toises de hauteur , paraïssent avoir été lancés par des crevasses qui se sont refermées depuis. Ils ressem- blent à ceux du Fosso Grande du Vésuve, qui doiveñitlèur texture grenue au feu volcanique. On ne peut aller à che- val que jusqu'aux cascades du Rio Vinagre. De-là, nous mimes huit heures pour monter à pied à la cime du volcan et pour en descendre. Le temps était affreux, il tombait de la grèle et de la neige. J'eus beaucoup de peine à enflammer l’amadou à la pointe du conducteur de l’é- lectromètre de Volta; les boules de moelle de sureau s'écartaient de 5 à 6 lignes, et l'électricité passa sou- te connu , dans une série d'expériences faites sur les excitateurs galva- niques en 1798, que les lydiennes des schistes de transition de Steeben produisaient , conjointement avec le zinc, le même effet que le gra- phite ou carbure de fer. Je fis dès-lors des essais pour prouver chi- miquement la présence du carbone dans plusieurs variétés de lydiennes. Voyez mes Lxpériences sur la Fibr: nerveuse et musculaire (en alle- mand),t.1l, p. 163. (3) Foyez, sur l'ensemble de ces phénomènes des volcans de Po- payau, ihon Æssai sur le gisement des roches, 1823, p. 129, 139, 340. (73) | vent du positif au négatif sans qu’il n’y eût aucun autre signe d'orage; car les éclairs et le tonnerre sont (d’après . mon expérience) en général très-rares lorsqu'on est au-dessus de 2000 ou 2200 toises de hauteur. La grêle était blanche (1); les grains, de 5 à 7 lignes de dia- mètre, composés de couches diversement translucides, n'étaient pas seulement très-aplatis vers les poles, mais tellement renflés dans leur zône équatoriale, que des anneaux de glace s’en séparaient au moindre choc. J’a- vais déjà deux fois observé et décrit ce phénomène dans les montagnes de Bareuth et près de Cracovie, pendant un voyage en Pologne. Peut-on admettre que les couches successives qui s'ajoutent à un noyau central sont dans un état de fluidité assez grand pour que le mouvement de rotation puisse causer l’aplatissement des sphéroïdes? Lorsque le baromètre indiquait que nous étions parvenus très-près de la limite des neiges perpétuelles , nous vi- mes augmenter les masses de soufre disséminées dans des roches trachytiques imparfaitement colonnaires. Ce phénomène me frappa d’autant plus que je savais com- bien le soufre est rare sur le flanc des volcans enflammés: une colonne de fumée jaunâtre et un bruit épouvantable nous annonçaient le voisinage d’une des bouches (bocas) du volcan. Nous eûmes quelque peine à nous appro- cher de son bord; la pente de la montagne étant très- rapide et les crevasses n’étant couvertes que par une croûte de soufre dont nous ignorions l'épaisseur. Nous (1) J'ai déjà rappelé ailleurs, dans ce Journal, qu’au Paramo de Guanacas où le chemin de Bogota à Popayan passe à la hauteur de 2800 toises , on a vu tomber, non de Ja neige, mais de la gréle rouge. Renfermait-elle ces mêmes germes d’organisation végétale qui ont été découverts au-delà du cercle polaire ? (74) crèmes pouvoir évaluer l’étendue de cette croûte, qui est souventinterrompue par les rochers, à plusde 12,000 pieds carrés. Ces petites arêtes de rochers trachytiques agissent fortement sur l’aimant. Je tàchai de m'en éloigner autant que possible pour déterminer l’inclinaison de l'aiguille. Elle était à la ville de Popayan ( hauteur 911 toises } de 23°,05 , division centésimale; au village de Puracé (hau- teur 1356 toises) de 21°,81; près du sommet du volcan de Puracé (hauteur 2274 toises ) 20°,85 : l'intensité de la force magnétique variait très-peu à Popayan et au village de Puracé, et la diminution de l'inclinaison n’est cer- tainement pas l'effet de la hauteur, comme le prouvent tant d’autres observations que j'ai faites sur le sommet des Andes, mais l'effet d'attractions locales dépendantes de certains centres d'action dans les trachytes. La bouche du volcan de Puracé est une fente perpen- diculaire dont l’ouverture visible n’a que 6 pieds de long et 3 de large. Elle est recouverte en forme de voûte par une couche de soufre très-pur, qui a 18 pouces d’épais- seur, et que la force des vapeurs élastiques a fendillée du côté du nord. À r2 pieds de distance de la bouche, nous sentimes une chaleur agréable. Le thermomètre centigrade, qui s'était soutenu jusque-là à 6°,2 (froid bien peu considérable par un temps de grèle et à 2245 toises de hauteur ), s’éleva à 15°. Placés de ma- nière à ne pas être incommodés par les vapeurs, nous eûmes le plaisir de faire sécher nos vètemens. Le bruit effrayant que l’on entend près de cette ouverture a pres- que toujours la même intensité : il ne peut: être: com- paré qu’à celui que causeraient plusieurs pompes à feu réunies, au moment où lon ferait échapper à la fois la vapeur condensée. Nous jetàâmes de grosses pierres dans (75) la crevasse, et nous découvrimes à cette occasion que l'ouverture communique à un bassin rempli d’eau en ‘ébullition. Les vapeurs qui échappent avec tant de vio- lence .sont de l'acide sulfureux, comme l'indique leur odeur suflocante. Nous verrons bientôt que l’eau de la lagune souterraine est chargée d'hydrogène sulfuré; mais l'odeur de ce gaz ne se fait pas sentir au sommet du volcan, parce qu'il est masqué par l’odeur beaucoup plus forte des vapeurs d’acide sulfureux. Je n’avais au- eun moyen de déterminer la température de ces vapeurs qui paraissent subir, dans l’intérieur du volcan, une pression prodigieusement forte. Comme les Indiens pré- tendent que l'ouverture a plusieurs compartimens qui ne sont pas tous remplis d’eau, et que le bruit que l’on ntend ‘parfois dans l’intérieur dela crevasse annonce *.. flammes ; j'introduisis, au moyen d’une longue per- che, des papiers teints avec la teinture de violette sous la voûte , là où je pouvais être sûr de ne pas toucher la surface de l’eau. En retirant Ja perche, je trouvai les papiers fortement rougis, mais aucunement enflammés, comme il était facile de le prévoir. Nous réussimes, après plusieurs vaines tentatives, à puiser de l’eau dans la crevasse : c'était en liantune tutuma (fruit du Crescentia Cujete) à une tige de 8 pieds de longueur. L’eau fut de suite versée dans une bouteille hermétiquement bouchée. Nous l’examinämes à notre retour au village de Puracé : elle exhalait une forte odeur d'hydrogène sulfuré, elle n'avait pas de goût acide! mais de faibles précipités causés par le nitrate d’argent annonçcaient la présence de l'acide muriatique. La croûte dessoufre-qui se forme au-dessus dé la bouche naît sans doute du contact des vapeurs d'acide sulfureux avec l’hy- (76) drogène sulfuré que dégage la lagune souterraine. L'eau même de cette lagune est recouverte d’une peau de sou- fre qui disparut dans les endroits où nous jetàmes les pierres. Il résulte de ces observations que la seule pré- sence de l'acide muriatique ou des combinaisons de cet acide avec des bases salifiables indique une faible ana- logie entre les eaux du Rio Vinagre et celles des lagu- nes : les premières, qui naissent beaucoup plus bas, à la pente du volcan de Puracé, sont chargées d’acide sul- furique libre : les autres, que l’on trouve au sommet du volcan , contiennent de l'hydrogène sulfuré. Comme les bouches supérieures se trouvent à des hauteurs très- différentes au-dessus du niveau de la mer, on peut sup- poser que leurs eaux souterraines sont dues à la fonte des neiges et qu’elle ne communique pas. Le Rio Vinagrey, recoit son acide dans l’intérieur d’un volcan qui abonde en soufre, et dont la température paraît extrêmement élevée, quoique depuis des siècles on n'ait aperçu aucun phénomène lumineux à son sommet. Le bon curé du village de Puracé croyait rendre un grand service à ses paroissiens comme aux habitans de la ville de Popayan, en faisant, comme il disait, net- toyer de temps en temps les cheminées du volcan. I] ordonnait aux Indiens d'enlever la croûte de soufre qui s'élève en forme de dôme au-dessus de la crevasse. Cette croûte a pris quelquefois, à ce qu’on assure, en moins de deux ans, jusqu’à quatre pieds d'épaisseur. Elle rétrécit sans doute l'ouverture par laquelle sortent les vapeurs d'acide sulfureux; mais on conçoit que la force élastique de ces vapeurs est telle que, si l’ouver- ture était entièrement bouchée pour quelques instans, elle briserait plutôt la voûte nouvelle que de produire (77) des commotions en agissant contre les paroïs rocheuses du volcan. Depuis plusieurs années , les lagunes, qui représentent en petit les craters-lacs de nos volcans - éteints, paraissent conseryer chacune le même niveau de leur ligne d'eau; ce qui prouve que la vaporation est égale à l'infiltration des eaux de neige et de pluie; mais cet équilibre n’a pas toujours été également stable. . Vers l’année 1790, la Boca grande causait des inon- dations partielles. J'insiste sur ce phénomène parce qu'il semble jeter quelque jour sur un problème de la géologie des volcans, qui n’a pas été suffisamment examiné, je veux dire sur les éjections d’eau et de boue. Au Vésuve, ces éjections ne sont qu'apparentes et ne viennent ni de l’in- térieur du cratère ni de crevasses latérales. Une immense tension électrique se manifeste dans l'atmosphère qui en- vironne le sommet du volcan au moment des grandes éruptions. Des éclairs sillonnent l’air : les vapeurs aqueuses émises par le cratère se refroïdissent, des nuages épais enveloppent le sommet ; pendant la durée de cet orage, restreint à un petit espace, l’eau descend par torrens et se mêle aux matières tuflacées qu’elle entraîne avec elle (1). (1) Déjà M. de la Condamine (Mémoire de l'Académie, 1554, p: 18)a eu des idées très-précises sur la cause de ces phénomènes qui se trouvent également exposés dans la Storia dell ineendio del 1937, publiée par l'Académie de Naples. J'ai vu, dans mon dernier xoyage à Naples (décembre 1822), les dégâts qu'ont causés les torrens d’eau du côté d’Ottajano , au pied du Vésuve. Ils ont transporté dans là plaine, non-seulement des boues, mais des masses de laves de 48 pieds de circonférence et de 25 pieds de hauteur. Voyez l'excellente description de ces phénomènes, par MM. Monticelli et Covelli. (Storia del V'esuvio degli anni 1821-1823, p. 91-98. )-Par le mélange de Ja pluie et des cendres volcaniques, il se forme dans l'air (L. c., p.94) des espèces de pisolithes à couches concentriques , que j'ai aussi trou- » ( 78 ) Ces effets, purement météorologiques, ont donné lieu aux traditions sur les eaux bouillantes sorties du cratère du Vésuve en 1631; traditions fabuleuses que perpétue une inscription à Portici. Dans les volcans des Andes qui dépassent Ja limite des neiges perpétuelles, les causes des inondations sont très-différentes de celle que nous venons d’indiquer. Comme les éruptions de ces cimes colossales n’ont lieu qu'après de longs intervalles (tous les trente à quarante ans, et même plus rarement encore), des bancs de neige d’une épaisseur énorme s'accumulent sur le flanc des montagnes. Ces neiges ne fondent pas seulement au moment de l’explosion, mais quelquefois plusieurs jours auparavant. C’est ainsi qu'en février 1803, pendant mon séjour à Guayaquil, les habitans de la province de Quito furent effrayés de l'aspect du cône du Cotopaxi, qui perdit une grande partie de ses neiges dans une seule nuit, et montra à découvertla couleur noire de ses roches brülées. Quelle que soit l’idée que l’on se forme de la puissance des forces volcaniques etde l'intensité des feux souterrains dans les Andes , on ne saurait admettre que les parois épaisses d’un cône puissent se chäuffer uni- formément et transmettre avec une telle rapidité (par la conductibilité de leur masse ) la chaleur au dehors. La fonte subite des neiges, lorsque, dans les Cordil- lères, elle précède les éruptions, n’est probablement due qu’à une infinité de petites fumaroles qui dégagent des vapeurs chaudes à travers la roche fendillée du cône. Ces vapeurs , d’après ce que, j'ai eu occasion d'observer vées sur le plateau d'Hambato, parmi les anciennes éjections du Car- guairazo, Les bahïtans de la province de Quito appellent naïvement ces phisolites des grélons de terre. | ( 79) dans les cratères du Vésuve, du Pic de Ténériffe et du volcan de Jorullo au Mexique, sont le plus souvent de l’eau pure, qui n’agit aucunement sur les réactifs les plus sensibles : d’autres fois elles renferment de l'acide muriatique. On remarque qu’une mème crevasse donne, à des époques très-rapprochées , de l’eau distillée (pure: et des eaux très-acides. La source artificielle, que M. Gimbernat a eu l’ingénieuse idée de former au som- met du Vésuve par la condensation des vapeurs dans un tube de verre, a montré quelquefois ces variations : elles prouvent ou le changement d’action chimique dans l’intérieur du volcan, ou l’ouverture accidentelle de quelques nouvelles communications. Dans les Andes de Quito, comme en Islande et dans les éruptions de l'Etma du 23 mars 1536 et du 6 mars 1755, la fonte subite des bancs de neige a produit de grandes dévas- tations (1). D’autres fois, par de lentes infiltrations , les eaux de neiges s'accumulent dans les cavités latérales du volcan; des secousses de violens tremblemens de terre, qui ne coïncident pas toujours avec l’époque des éruptions ignées, ouvrent ces cavités, et des eaux long-temps re- tenues, qui nourrissent de petits poissons du genre Pimelodes, entraînent avec elles des trachytes broyées, des ponces , des tufs et d’autres matières incohérentes. Ces éjections liquides répandent, pour des siècles, la stérilité dans-les eampaynes. Des boues argileuses ( lo- dazales\ ont couvert un espace de plus de quatre lieues carrées , lorsque, dans la nuit du 19 juin 16098, le pic (x): Ferrara, Campi Flegrei, 1810, p. 165.— Idem, Descriz. dell £Etna , 1818, p. 89, 116-190. (80) du Carguairazo , dont Ja hauteur actuelle excèdeencore 2450 toises, s’affaissa avec fracas. Les lagunes d’eaux sulfureuses que nous avons trouvées à la cime du Puracé expliquent ce que les habitans de Quitto rapportent de l'odeur fétide des eaux qui descendent quelquefois du flanc des volcans pendant les grandes éruptions. Frappés de la nouveauté de ces phénomènes que nous ne faisons que rappeler ici, les Conquistadores espagnols ont, dès le seizième siècle, distingué deux sortes de volcans, les” volcans de feu et les volcans d’eau (volcanes de fuego y de agua). Cette dernière dénomination, qu’on dirait in- ventée pour rapprocher les volcanistes des neptunistes , et pour mettre fin au fameux schisme de la Géologie dogmatique, a été appliquée surtout aux montagnes du Guatimala et de l'archipel des Philippines. Le olcan de agua , placé entre le volcan de Guatimala (1) et celui de Pacaya, a ruiné, par des torrens d’eau et de pierres qu'il lança le 11 septembre 1541, la ville d'Almolonga, qui est l’ancienne capitale du pays. Cette montagne n’atteint pas la limite des neiges perpétuelles, mais elle reste couverte de neige pendant plusieurs mois de l’an- née. Lorsqu'on se rappelle la confusion des récits que l'on trouve de nos jours dans les feuilles publiques de l'Europe , chaque fois que l’Etna ou le Vésuve sont en action, on ne saurait se plaindre de l'incertitude dans laquelle nous laissent les chroniqueurs de l'Amérique (1) Juarros, Compendio de la Historia de Guatemala , 1809, t. I, p.72; t. 11, p. 351.— Remesal, Hisi. de la Provincia de San-l'icente, Lib. IV , cap. 6. — Aussi dans la grande éruption du volcan de la pro- vince de Sinano au Japon (27 juillet 1583 ), des eaux bouillantes étaient. mélées aux rapilli. ( Mémoire sur la Dynastie régnante des Djogouns , 3820, p. 182.) PR nn ge r sf ter ile (81) espagnole et les Conquistadores du seizième siècle sur des phénomènes d’inondations volcaniques si dignes dé fixér l'attention des physiciens. Pendant l'éruprion de V'Etna en 1992, il s’ouvrit sur la pente du volcan, à 3 milles de distance du cratère, un gouflre (1) duquel sortit, pendant plusieurs semaines, de l’eau mêlée dé céndres, de scories et d’argiles. Ces éjections liquides, qu'il ne faut pas confondre avec le phénomène des Salses (2) ou volcans d'air, étaïent très-épaissés. On conçoit que, dans la zône équinoxiale, même des montagnés très-bassés peuvent ; par une disposition particnlièré de leurs cavités souterraines et par l'abondance excessive des pluies tro- picales , être sujettes à causer d’effrayantes’ inondations chaque fois qu’elles éprouvent des sécotisses de tretiible- mens de’terre. Il ÿ a plus encore : lés phénomènes que nous venons de décrire se répètent de témips ‘en temps loin des volcans, dans les ‘miontagnes' sétondairés', au centre de l'Europe. De tristes exemples ont prouvé de nos jours que, dans les Alpés dela Süisse là où aucune secousse de tremblement de terre ne sé fait sentir, une simple pression hydrostatique soulève ét brise ‘violem- ment des bancs de rochers ; en les projetañt'à de grandes distances, comme s'ils étaient lancés js des forces élastiques. {1) Ferrara, Deser. dell Etna, p. 132. Comme ce phénomène, semble avoir quelque rapport avec celui de la Moya de Pelileo, qui contient des carbüres d’hydrogène , et que j'ai fait conndître à mon’ retour d'Amérique , je me suis procuré très-récemment une nole ie nuscrite explicative du savant géologue sicilien, (M. Ferrara,,.,shn lé; ruption boueuse de l'Etna observée le 25 mars : 792: (2) I wy a que le torrent fangeux ( fiume di fango) de Saôta- Maria-Nascemi (18 mars 1790), dans le Val di Noto, qui ne sémble appartenir à l’action des Salses. nhnrds Tome IV. 6 ( 82 ) Les trachytes de Puracé renferment du soufre comme ceux du Mont-d'Or en Auvergne, de Budoshegy en Transylvanie, de l'ile Montserrat dans les petites-An- ülles , et de l’Antisana dans les Andes de Quito. Il s’en forme encore journellement dans les fentes, autour des gouffres de Puracé, soit par une sublimation très-lente, soit par le contact des vapeurs d'acide sulfureux avec l'hydrogène sulfuré des lagunes. Le volcan travaille dans son intérieur comme les solfatares ; mais il n’offre dans sa forme rien qui ressemble aux lieux que l’on désigne par ce nom et que j'ai visités, par exemple aux so/fatares de Pouzzoles , du Pic de Ténérifle et du volcan de Jo- rullo au Mexique. Ces trois dernières sont des cratères qui ont vomi des layes; elles annoncent que leur pre- mier_ état. était très-diflérent de celui dans lequel nous les voyons aujourd’hui. Par des températures très-élevées, les produits chimiques d'un volcan ne sont pas les mêmes que par une température très-basse. Si l’on veut appeler vaguement solfatare tout lieu où il se forme ou dépose du soufre, cette dénomination pourra même être appliquée à un terrain,que je vais décrire ici et qui contraste sin- gulièrementavec les trachytes des volcans. En traversant la Cordillère des Andes de Quinditù, entre les bassins du Cauca et du Magdalena (lat. 4° 30—4° 45°), j'ai vu une immense formation de gneiss et de micaschiste re- pôser immédiatement sur un granite ancien. Les couches de micaschiste qui alternent avec des strates de gneiss sont dépourvues de grenats, tandis que le gneïiss en con- tient beaucoup. Or, dans ces mêmes micaschistes primi- tifs, un peu à l’ouest de la station du Moral, à la hau- teur de 1,065 toises au-dessus du niveau de la mer, dans la Quebrada del Azufral, des filons pourris, extrème- (83 ) ment crevassés, sont remplis de soufre (1) et exhalent une vapeur sulfureuse dont la température s'élevait à 47°,8 centésimaux lorsque l’air ambiant était à 20°,2. Voilà donc répétés en petit, dans les fentes d'une roche primitive , les phénomènes de la solfatare trachytique de Budoshegy en Transylvanie, qui a été récemment exa- minée par M. Boué. Le micaschiste de Quindiù qui en- toure les filons ouverts est décomposé , et le.soufre se trouve en masse assez considérable pour devenir l’objet d’une exploitation qui nourrit une famille établie dans le ravin de l’Æzufral. La roche renferme quelques Py- rites décomposées; mais je doute fort que ces pyrites jouent dans la nature le rôle important dont on les a char: gées si long-temps dans des explications géologiques. Au milieu des roches granitiques de Quindiù s'élèvent les trachytes du volcan de Tolima, cône tronqué qui rap- pelle la forme du Cotopaxi, et qui, d’après une mesure géodésique que j'ai faite à l’ouest d’Ibagué, est la plus haute cime des Andes dans l'hémisphère boréal (2). Un ruisseau qui répand fortement l'odeur de l’hydrogène sul furé descend du pic de Tolima, et prouve que les tra- chytes qui ont percé les roches granitiques renferment également du soufre. Récemment deux savans voyageurs, MM. Rivero et Boussingault, ont visité cette petite sol- fatare dans le schiste micacé de Quindiü : ils em ont envoyé des échantillons au Cabinet de l'Æcole des Mines , à Paris, qui renferme les suites géognostiques les plus complètes et les plus instructives. (1) Voyez mon ÂVivellement Nador et géognostique des Cor dillères, N° 102. (2) Hauteur, 2,865 toises; lat. bor., 4° ,46". 6* ( 84 ) En suivant la Cordillère des Andes vers le sud, on retrouve ces mêmes alternances de formations primitives et de régions porphyriques et trachytiques; mais quelle a été ma surprise lorsque, au-delà de l'équateur, j'ai re- connu que la célèbre montagne de. soufre de Ticsan (lat, aust. 2° 107), entre Quito et Cuenca, m'est compo- sée ni de trachyte, ni de calcaire ou de. gypse, mais de micaschiste ! Cette montagne de soufre, que les In- diens appellent Quello, se trouve, d'après ma mesure barométrique, à 1,250 toises de hauteur au-dessus du niveau de l'Océan. Elle est entièrement composée de micaschiste (glimmerschiefer) primitif, qui n'est pas même anthraciteux, comme le sont les variétés de cette rochè propres aux terrains de transition. Dans des ravins irès-profonds, entre Ticsan et Alausi, on voit le mi- caschiste reposer sur du gneiss. Le soufre est contenu dans une couche de quarz qui a plus de 1,200 pieds d'épaisseur : elle est assez régulièrement dirigée N. 18°E., et inclinée, comme le micaschiste, de 70° à 80°, au nord- ouest. La couche de quarz qui passe quelquefois au hornstein,est exploitée à ciel ouvert. La pente du Cerro: Quello, sur laquelle les travaux sont commencés depuis des siècles, est opposée au sud-sud-est, et la couche de quarz paraît se prolonger vers le nord-nord-ouest, c'est-à-dire vers la côte de l’océan Pacifique: On as- sure cependant n'avoir pas trouvé de soufre à fleur de terre, dans cette direction, à la distance de 2,000 toises de Ticsan. Tout y est couvert d’une épaisse végétation. Vers la fin du dix-huitieme siècle, on exploitait encore des masses de soufre qui avaient 2 à 3 pieds de diamètre; aujourd’hui on travaille sur des strates quarzeux beau- coup moins riches, dans lesquels le soufre n'est dissé- (85) miné que par rognons de 3 à 4 pouces d'épaisseur. On observe que l’abondance de soufre augmente avec la pro- fondeur ; mais le travail a été dirigé si imprudemment que les strates inférieurs sont à peu près inaccessibles. Le quarz dans lequel le soufre est disséminé ne pré- sente ni de grandes fissures ni des cavités ou des dru- ses : aussi n'ai-je pu trouver aucun échantillon de soufre cristallisé. Le minerai qui fait l'objet de l'exploitation du Cerro Quello ne forme pas, comme on pourrait le supposer, un amas ou entrelacement de filons : le soufre est dissé- miné sans aucune continuité, par petites masses, dans le quarz qui traverse le micaschiste parallèlement à ses strates. Les fentes qui peut-être ont jadis réuni ces mas- ses ne sont plus visibles; mais tout le quarz paraît avoir subi un changement extraordinaire. Il est terne , souvent friable, et se brise dans quelques parties au moindre choc : ce qui indique un fendillement insensible à la vue: La température de la roche ne différait pas de celle de l'air extérieur. Les habitans aiment à attribuer les violens tremblemens de terre auxquels leur pays a été quelquefois exposé, à des concavités qu'ils supposent exister au-dessous de la montagne de soufre. Si cette hy- pothèse est fondée, il faut admettre que la cause qu’elle indique n’agit que localement. Dans la grande catas- trophe du 4 février 1797, qui a fait périr tant de milliers d’Indiens dans la provinee de Quito, les trois endroits où il y a Je plus de soufre , le Cerro Quello, lAzufral de Cuesaca près de la villa d’Ibarra, et le Machay de Saint-Simon ; près du volcan d’Antisana , ne furent que bien faiblement agités ; mais à une époque de beaucoup antérieure , on a éprouvé sur la couche dé quaiz mème (86) qui renferme le soufre près de Ticsan, une explosion semblable à celle d'une mine. La couche de quarz est au jour des deux côtés de la petite rivière d’Alausi; et vis-à-vis le Cerro Quello, on trouve un petit plateau où , dans le dix-septième siècle, était situé le village de Ticsan. On voit encore les ruines de l’église du Pueblo Viejo. Un tremblement de terre entièrement local ( car ses eflets étaient restreints à un très-petit espace de terrain) fit écrouler les collines d’a= lentour ; une partie du village s’affaissa, une autre partie fut jetée en l'air, comme cela est arrivé à Riobamba, où j'ai trouvé les ossemens des malheureux habitans de la ville, lancés sur le Cerro de la Culca, à une hauteur de plusieurs centaines de pieds. Les Indiens de Ticsan qui survécurent à cette catastrophe construisirent leurs habi- tations plus au nord, loin de la montagne de soufre , dont ils redoutent le voisinage. Il se peut que la coïncidence de ces phénomènes d’explosion et de gisement d’une matière facile à convertir en vapeurs élastiques, n’ait été qu’accidentelle : maïs il se peut aussi que d’anciennes communications avec l’intérieur du globe, celles à tra- ver lesquelles s’est formé, par sublimation , l'immense dépôt de soufre, se rétablissent de temps en temps, et permettent aux forces volcaniques d’ébranler la surface du sol. Près des ruines du Pueblo Viejo de Ticsan, j'ai trouvé une colline de gypse superposée au schiste mi- cacé : comme cette colline n’est pas recouverte par d’au- tres formations, il est difficile de décider si le gypse , en partie fibreux et mêlé d'argile , est primitif comme celui de Val Canaria , ou de transition comme les gypses de la Tarentaise. L'abondance du soufre dans les terrains primitifs est (8) | un fait géologique très-important sous le rapport de l'é: tude des volcans et des roches à travers lesquelles le feu souterrain s’est frayé un passage. Avant que j'eusse vi- sité les Andes de Quito et la montagne de Ticsan’, on ne connaissait le soufre que dans les calcaires et les gypses de transition, dans les gypses , les marnes et les argiles muriatifères des terrains secondaires, et dans les rôchies exclusivement appelées volcaniques. Ces divers modes de gisement , auxquels on peut joindre les terrains tér- tiaires, expliquaient très-mal la fréquence ‘des vapeurs sulfureuses exhalées par les bouches de volcans dont on plaçait (et avec raison sans doute) le ceritre d'action bien au-dessous des roches secondaires et intermédiaires, A mesure que l’on apprend à connaître une plus grande partie du globe, on ne voit pas seulements’agrandir la géologie positive, c’est-à-dire le tableau des formations et des gisemens : même la géogonie ou géognosie sys- tématique, la science conjecturale qui recherche les causes des phénomènes, commence à s'appuyer sur l’a- nalogie de faits plus certains. On aurait pu être frappé depuis long-temps des petites masses de soufre natif qui sont disséminées dans quelques filons métallifères et qui traversent des roches granitiques, par exemple, dans le Schwarzwald, près Riepoldsau. La montagne de Tiesan que j'ai fait connaître ne laisse plus de doute sur l'existence du soufre dans les terrains primitifs. Ré- cemment aussi on a reconnu au Brésil, que la forma- tion de quarz chloriteux qui recouvre, dans la Capita- mia de Minas-Geraes , le thonschiefer primitif, renferme de l’or et du soufre à la fois. Des plaques de cette roche, fortement chauflées , brülent avec une flamme bleue. Près de Villarica , dans le site appelé Æntonio Periera, un {88 ) shiste du mème âge.que celui auquel-est superposé li- tacolumite qu.quarz chloriteux, renferme un banc -cal- caire traversé par des filons.de quarz que le Baron d'Es- chwege, (directeur des mines d’or et de diamans de ces contrées ),a trouvé, rempli de petits rognons de soufre pulvérulent., Tous ces phénomènes augmentent d'intérêt lorsqu'on! réfléchit que. ce savant géologue, de même qu'un, autre/voyageur allemand, M. Pohl, inclinent à croire,.que l'or, le fer micacé , des diamans , les euclases, la, platine et le ;palladium , qui sont propres au terrain d’alluvion, du Brésil, proviennent ou de la destruction de la grande formation de quarz chloriteux, ou de celle d’une couche ferrugineuse (itabarite) qui est superposée à cette formaiüon. (Ann. de Chim. et de Phys., octob. 1824.) Exrrair d’une lettre adressée aux Rédacteurs ; par M. Gay, sur L'ARENARIA TETRAQUETRA. J'ai donné, dans le troïsième volume de vos An- males (p. 27 ), l’histoire de l’Arenaria tetraquetra , et j'ai fait tout ce.qui dépendait de moi pour distinguer les for- mes sous lesquelles cette plante se présente. Mais les meilleures descriptions, par cela seul qu’elles me ‘parlent pas aux yeux,.ont toujours quelque chose d’obscur. Je crois donc me rendre utile et compléter mon travail en vous adressant les figures des deux variétés que j'ai pro- posé d'admettre sous les noms d’uniflora et d’aggregata. Je profite de cette occasion pour vous annoncer que les Arenaria,tetraquetra x laxifolia et 6 densifolia Ser. n’appartiennent pas tous les deux, aïnsi que:je/l'avais pensé, à mon 4. tetraquetra f -aggregata.D'après les (89) explications qui m'ont été transmises par M. Seringe depuis l'impression de mou mémoire, la première de ces variétés se rapporte à ma variété B, et la seconde à ma variété «. Cette dernière est uniflore dans l’herbier de M. De Candolle comme dans le mien, et M. Seringe ne lui a attribué des tiges pauciflores que pour prévoir le cas où on la trouverait avec plusieurs fleurs. Je dois aussi à M. Seringe l’avantage de pouvoir supprimer le doute avec lequel j'avais cité l’Æ{r. imbricata de Lagasca parmi les synonymes de la variété uniflore, M. Seringe a vu des échantillons envoyés par l’auteur, etils ne dif- fèrent point de ceux que produisent les Pyrénées. Explication des Planches. PL. 3. Arenaria tetraquetra 4 uniflora | fertilis. ) Fig: 1. La plante entière , avec une portiou de son rhizome (grandeur paturelle). Fig. 2. La fleur entière, avec deux paires de bractées au-dessus du calice (quatre fois plus grand que nature). Fig. 3. Le calice, à la base duquel on voit deux bractées opposées et engaînantes (même proportion). Fig. 4. Portion de la fleur, dans laquelle le réceptacle a été conservé intact, pour montrer le point d'attache de l'ovaire et l'insertion des pétales et des filamens sur le tube très-court du calice. La stérilité des anthères se reconnaît déjà à leur petitesse ( six fois plus grand quenature). 3 Wiia Fig. 5. Ovaire avec ses trois styles (six fois plus grand,que nature). Fig. 6. La graine, de grandeur naturelle. Fig. 7. La même, vingt fois plus grande que nature. Arenaria tetraquetra x uniflora sterilis. ) Fig. a. Une feuille, avec son point d'attache sur la tige (sept fois plus grand que nature ). Fig. b. La fleur entière , avec une paire de bractées à la base du calice (quatre fois plus grand que nature). Fig. e. Le calice, avec les mêmes bractées (méme proportion ). ( 90 ) Fig. d. Un pétale et un filament. Ici, les anthères sont fertiles, comme dans la figure b (même proportion). PL. 4. Arenaria tetraquetra Ê aggregata. Fig. 1. La plante entiére ( grandeur naturelle). Fig. 2. Une feuille, avec son point d’attache sur la tige (sept fois plus grand que nature). Fig. 3. La fleur entière , avec une paire de bractées à la base du calice (quatre fois plus grand que nature). Fig. 4. Le calice, avec les mêmes braciées (même proportion). Fig. 5. Portion de la fleur, pour faire voir l'insertion de l'ovaire, des filamens et des pétales (cinq fois plus grand que nature). Fig. 6. Un pétale et un filament (même proportion). Fig. 7. Ovaire avec ses trois styles (douze fois plus grand que nature ). \ Norice sur quelques genres et espèces nouvelles de légu- mineuses , extraite de divers Mémoires présentés à la Société d'Histoire naturelle de Genève, pendant le cours des années 1823 et 1824 ; Par M. De Canpozze. Première partie. — Genres nouveaux. I. Prresrzeya. Calyx subæqualiter 5-lobus subbilabia- tus. Cor. glabra vexillo subrotundo breviter stipitato , alis obtusis subfalcatis ; carinà bicipità dorso curvo con- vexà. Stam. diadalphæ(get 1). Stylus filiformis. Stigma capitatum interdüm dente acuto posticè auctum. Legu- men sessile plano-compressum, ovali-oblongum stylo apiculatum 4-6-spermum. — Frutices capenses. Folia simplicia integerrima exstipulata. Flores flavi in capitula subumbellata aut subspicata dispositi. Differt a Borbonià et Aspalatho staminibus diadelphis, a Liparia (quæ jam monente Linnæo solà L. sphæricà (@:1D) constat) calycis lobis æqualibus, formà et æstivatione petalorum. Sect 1. Ersormea. Calycis basis intrusa. — Huc referendæ P. myrti- folia quæ liparia myrtifolia Thunb.—P. lævigata quæ Borbonia lævigata Lin. — P. hirsuta quæ Liparia hirsuta Thunb. Sec. 2. AnrisoraeA. Calycis basis non intrusa ovata aut obconico- attenuata. — P. capitata quæ Liparia Burch! cat. geogr. n. 591. — P. graminifolia quæ Liparia graminifolia Lin. —P. ericæfolia quæ Borbo- nia ericæfolia Lin. — P. sericea quæ Borbonia sericea Lam. et £. Bor- bonia axillaris Lam. — P. elliptica sp. nov. — P. villosa quæ Liparia willosa et Borbonia tomentosa Lin. — P. vestita quæ Liparia vestita Thunb. ÿ II. Requrenra. Calyx acutè et subæqualiter 5-fidus persistens post anthesin non inflatus. Carina obtusa pe- talis liberis. Stamina monadelpha vaginà supernè fissà. Stylus filiformis vix incurvus. Legumen compressum ovale , styli basi uncinatum , 1-spermum. — Suffrutices africani. Folia bistipulata simplicia obcordata mucronata penninervia. Flores minimi ad axillas subsessiles congesti. Genus a Podalyrià diversissimum , Anthyllidi , Halliæ et Goniogynæ proximum. 1. À. obcordata. — Podalyria obcordata Lam. ill. & 329. f. 5. Poir. dict. t. 5. p. 445 (v. s.). 2. R. sphærosperma, stipulis calyce brevioribus , leguminibus pubes- centibus basi attenuatis, seminibus sphæricis. ad cap. Bonæ Spei detexit cl. Burchell ( v.s.). III. Goniocywa. Calyx 5-fidus, lobis subæqualibus. Carina obliquè truncata acuminata (ut in Ononide). Stamina monadelpha vaginà anticè fissà. Stylus angulo recto flexus filiformis. Legumen compressum vix subtu- midum 1-loc. 1-spermum. — Herbæ suffrutescentes in- dicæ graciles dichotomæ hirtæ. Süpulæ o. Folia brevis- sima petiolata cordato - subrotunda. Flores axillares ( 92) solitarii subsessiles flavi parvi. Genus ab Hedysaro diver- sissimum inter Crotalariam et Halliam medium. \ 1, G.: hebecarpa, leguminibus pilos longos sparsos gerentibus, foliis brevissime peliolatis cordato-subrotundis. in Zeylonæ partibus iñte- rioribus solo pingui detexit el, Leschenault ( v. s. ). 2.16. leiocarpa, quæ est Hallia hirta Willdi( v. s. ). 3. G.. latebrosa, quæ Hedysarum latebrosum Lin. (v. s..). 11 IV. Saninea. Calyx cyathiformis campanulatus mat- gine truncato subintegro. Cor. papilionacea carinà ob- tusissimà , vexillo subbreviore. Stam. diadelpha; liberum et 4 alia cæteris dimidio breviora. Stylus filiformis glaber cum staminibus circinnatim incurvus. Legumen stipita- tum compressum lineare elongatum polyspermum stylo mucronatum.— Frutices caribæi inermes. Folia abruptè pinnata , foliolis glabris mucronatis. Pedicelli fasciculati 1-flori. Corollæ purpurescentes. . 1. S.\ florida, quæ est Robinia florida Vahl (wv.s.). 2. $. dubia quæ est Robinia dubia Lam. (v. s.). V. Courserra. Calyx 5-fidus laciniis acutis subæqua- libus, 2-superioribus subbrevioribus et paul altius coa- litis. Vexillum obcordatum latitudine brevius. Carina obtusa alis brevior. Stam. diadelpha. Stylus incurvus basi crassus glaber, apice filiformis, undique barbato-villosus. Stigma capitatum terminale glabriusculum. Legumen compressum 1-locul. 5-8-spermum apice attenuatum stylo mucronatum. — Frutices americani, stipulæ subu- latæ. Folia abruptè pinnata multijuga, petiolo nune in setam nunc in foliolum terminale producto. Pedunculi 2-3-flori foliis breviores. Flores flavi. Genus si cotyledones foliaceæ Robiniæ et Caraganæ affine , si cotyledones carnosæ Abro afline. 1. C. tomentosa quæ Lathyrus fruticosus Cav. ic. t. 84 (v. v.). a. CP virgata, seu AEschinomene virgata Cav. ic. t. 295. ( 93 ) VE. Corynecza, Calyx subbilabiatus 5-dentatus, dentibus patulis linearis subulatis, 2-superioribus vix brevioribus Cor. papilionacea, petalis brevissimè unguiculatis, carinà obtusä. Stam. diadelpha inter se subæqualia. Stylus glaber clavæformis. Legumen lanceolatum compressuüm margi- natum polyspermum. — Frutices domingenses. Folia abruptè pinnata petiolisstipulisque mucronato-subspinosis foliolis exstipellatis. Ramuli pubescentes. Pedicelli fasci- culati 1-flori. Flores purpurescentes. 1. C. polyantha, seu Robinia polyantha Sw. 2. C. paucifolia, foliolis 2-3-jugis ellipticis supernè glabris pube- rulis in Ste: Domineo detexit cl. Bertero. Robinia domingensis Spreng: in herb. Balb. priori valdè aflinis ( v. s.) comm. clar. Balbis.). VIE BremonmerA, Calyx campanulatus subtruncatus vix 5-dentatus , dentibus minimis- acutis subdistantibus. Cor. papilionacea calyces triplo longior; stam. diadelpha (get 1). Legumen articulis plurimis 1-spermis subcom- _ pressis, ad suturas promiaulis, ad extremitatem utramque truncatis, demum secedentibus constans; semen ovatum hylo Jaterali. Radicula incurva. Cotyl. foliaceæ. — Frutex. Folia simplicia oblonga pube brevissimà canes- centia brevissimè petiolata, utrinque attenuata ; stipulæ: minimæ acutæ non scariosæ. Racemi subspicati axillares. Flores purpurei. : Genus a Mullerà diversissimum, Alysicarpo affine. 1. B, ammozxylum. Hab, in insulis mauritianis ubi dicitur Bois de sable Cv: s.). £. Javana.-in insulà JavA, forsan species propria articulis le- gum. 5 nec ut in Mauritianâ 12-14 (v. s. in h. Deless. ). / . . … VUIL, Picrerra. Calyx campanudatus 5-fidus, lobis 2, su- perioribus brevioribus, 3 inferioribus acuminatis subspi- nosis. Cor, vexillum complicatam subrotundum, carina (94) obtusa alis paulo brevior. Stam. diadelpha inter se longi- tudine subæqualia. Stylus filiformis glaber. Legumen sti- pitatum compressum oligospermum, nunc continuum isthmis semina separantibus, nunc articulatum articulis i1-spermis, nonnullis subabortivis. Semina compresso- plana avalia ad basin subtruncata; cotyledones planæ vi- rides. Radicula super earum commissuram prona. — Frutices americani glaberrimi nitidi. Stipulæ caulinæ spi« nescentes rarius subinermes. Folia impari-pinnata. Foliola exstipellata nervo apice in mucronem spinosum producto. Flores flavi axillares, laxè racemosi aut solitarii, ad apicem pedicellorum articulati , bibracteolati. 1. P. squammata— Robinia squammata Vahl symb. 3. t. 69. 2. P. aristata.'— AEschinomene aristata Jacq.-Schæœnb. t. 237. 3. P. obcordata, foliolis 10-12-jugis suboppositis obcordatis in mucro- nem spinosum brevem recurvum productis, stipulis lanceolatis iner- mibus. Hab. in St Domingo. Bertero (+. s. sine fl. comm. a cl. Balbis). 4. P. Jussiœi, foliolis 3-4- jugis alternis oppositisve oblongis mu- crone spinoso recto brevi, stipulis spinosis erectis minimis. Robi- nia aculeata Juss! herb. species non satis neta (v.s.in h. Juss.). 5. P. Desvauxii. — Robinia spinifolia Desv. (v. s. in h. Desf.). 6. P. ternata, foliolis 3 approximatis cuneato-oblongis in mucronem spinosum brevem rectum terminatis, petiolis brevissimis, stipulis spinosis reclis , pedicellis axillaribus 1-floris, leguminibus strangulatis lineari-oblongis acutis. Hab. in Ste Domingo. Bertero (v.s. in h. Balb.). IX Apesmra. Calyx 5-fidus, lacinïis acutis subæqua- libus. Cor. vexillum super alia petala junius complica- tum, carina apice curvo-trancata. Stamina 10 distincta approximata. Legumen compressum transversè pluri- articulatum, suturà superiore subrectà crassiuseulà , infe- riore sinuato-lobatà, articulis 1-spermis ‘demum sece- dentibus suborbiculatis. Semina compresa reniformi- orbiculata. Embryo radiculà inflexà. — Herbæ australi- (95 ) americanæ Æschynomenes aut Onobrychidis facie sed staminibus liberis donatæ. Stipulæ lanceolatæ. Folia abruptè pinnata, petiolo in setam producto. Pedicelli axillares 1-flori et foliis superis abortivis in racemum ter- minalem dispositi. Sect. 1. Paraconium. Schrank. munsch. denksch. 1808. p. gr. Stam. 10. Legumen 4-8-articulatum, articulis me mbranaceis scabris pube- rulisve. — Habitus AEschinomenes. 1. A. muricata.— Hedysarum muricatum Jacq. it. rar. t. 598 (v. v.). 2. À. Smithiæ, caule decumbente pubescente, foliolis cuneatis emarginatis 5-jugis pubescentibus, pedicellis axillaribus r-floris fo- lio brevioribus, leguminis articulis piloso-scabris. Hab.in Amer. merid. Habitus Smithiæ ( v.s.). . 3, A. dentata. — AEschinomene dentata Lag.! ( v. s.) comm. a cl. Lagasca). 4. A. hispidula. — AEschinomene hispidula Lag! Hedysaram pendu- lum var. £ Desv (vx. s. comm. a cl. Lagasca ). 5. A. bicolor. —Hedysarum bicolorum Poir ( v. s. in h. Mus. Par. et Juss.). « : ; 6. À. pendula.—Hedysarum pendulum var. « Poir. (v.s. in h. Mus. Par. et Juss.). 7. À. punctata. — Hedysarum punctatum Poir (v. s. in h. Mus. Par. et Juss.). . Sect 2. CazrorricHA.— Stam-5-10. Legumen biarticulatum, articu- liscoriaccis rugoso-venosis setiferis, setis barbato-plumosis. — Habi- tus Onobrychidis. 8: A. papposa.— AEschinomene papposa Lag. (v. s. comm, a cl. La- gasca). 9. À. longiseta, caule decumbente villoso, foliolis 6-7-jugis obovatis mueronulatis utrinque villosis, racemo subterminali, floribus distan- tibus longe pedicellatis, calycibus glandulosis, Jeguminis setis longis- simis rigidulis. Hab. in Amer. australi. Herba Anthyllidis montanæ ; Flos Ononidis; Legumen fere Onobrychidis ; Stamina Sophoræ (+. s. ): . X. Penrorreria. Calyx 5-partitus, laciniis lanceolato- subulatis barbatis. Cor. papilionacea, calyce brevior. Stam. diadelpha. Legumen rectum exertum, constans ar- ticulis plurimis compressis semi-orbiculatis 1-spermis (96) ad suturam convexam dehiscentibus. — Herbæ ameri- canæ. Folia 1-juga cum impari, foliolis stipulatis ovalibus oblongisve. Stipulæ à petiolo distinctæ subscariosæ. Ra- cemi terminales congésti. Pedicelli gémini. Flores parvi. Genus medium inter Uraniam et Desmodium. Y. P. barbata. — Hedysarum barbatum Lin. ( v. s. ). 2. P. cayennensis, foliolis elliptico-ovatis, calycibus post anthesin patentibus, leguminibus glabriusculis. Hab. in Cayennâ ( v. s. comm. a cl. Perrottet ). 3: P. venustula. Hkdysarum venustulum H. B. Kunth. ex descr. XI. Cozrxa. Calyx 4-idus intus subcoloratus, lobis ovali-lanceolatis longitudine æqualibus , superiore pauld latiore. Petala longiusceula unguiculata, vexillo bi-cœteris uni-auriculata, carinalia basi libera obtusa recta;Stam. filamenta in vaginam anticè fissam coalita , uno sublibero. Ovarium lineari oblongum villosissimum. Stylus linearis glaber. Stigma capitellatum. Legamen compresso-pla- num ovali-cblongum tomentosum 4-6-spermum — Rami : lignosi. Stipulæ ovatæ liberæ deciduæ. Folia palmatim trifoliata breviter petiolata. Flores ampli purpurei. 1: C.-speciosa. — Cytisus speciosus Loïs! in Duham. arb. (v. 8. ):" 2. C. trinervia, foliolis ellipticis basi cuneatis trinerviis obtusis su- pernè pubescenti-velutinis subtus reticulatis subtomentosis. in [ndiæ orient, montibus Nelligery detexitcl. Leschenault (v. s.). XIT. Dumasra. Calyx cylindricus obliquè truncatus edentulus basi bibracteolatus. Cor. papilionacea, pe- talorum unguibus calycis longitudine, carina obtuso. Stam. diadelpha persistentia. Stylus medio dilatatus. Stig- ma terminale. Legumen basi attenuatum bivalve compres- sum oligospermum ad semina subtorulosum. — Herbæ scandentes forsan basi suffruticosæ. Folia 1-juga cum si RON impari, foliolis ovatis. Racemi axillares folio sæpius breviores. Legumina pube brevi congestà velutina. -1. D. villosa, ramis petiolis pedunculis foliisque junioribus villoso- ‘hirsutis , foliolis ovatis sublanceolatis, adultis subglabratis. — In Na- -pauliä (v. s. comm. a cl. Wallich. ). mA 52 pubescens, ramis petiolis pedunculis foliisque pubescentibus, foliolis ovatis. — In Napauli4. Prioris forsan varietas (v. s. comm. a cl. Wallich). XIIL Pugrarra. Calyx campanulatus obtusiusculè bi- labiatus , labio superiore integro aut vix bidentato, su periore 3-fido. Cor. papilionacea carinà rectà obtusà, vexillo obovato. Stam. monadelpha. Legumen plano- -compressum basi attenuato-stipitatum stylo apiculatum bivalve continuum polyspermum.—Frutices indici scan- dentes, stipulæ caulinæ deciduæ. Folia 3-foliolata 1-juga cum impari, foliolis amplis ovatis acutis reticulato-nervosis basi sstipellatis. Racemi compositi ramosi. Flores pedicel- lati 2-3 flavescentes. 4 Genus ab Hedysaro diversissimum, potius Phaseoleis adnumerandum. 1. P. tuberosa.— Hedysarum tuberosum Roxb. Willd. (v.s. comm. a cl. Puerari ). 2. P. Wullichi, foliis supernè glabris, subtus pedicellis calycibusque pubescentibus.— Hab. in Napauliä. Wallich. Racemi 3-4-poll. longi (ves:). XIV. Darzinerowra. Flores hermaphroditi. Petala 5 distincta. Stam. 5. Legumen bivalve continuum exsuc- cum lanceolare oligospermum.— Herbæ perennes glabræ ‘inermes boreali-americanæ. Folia bipinnata, pinnis folio- lisque multijugis. Flores capitati albi. Capitula solitaria. Legumina conferta brevia. Genus Acaciæ et Schranckiæ affine. 2. D. brachyloba, — Mimosa illinoensis Michx, Acacia brachyloba Wild. ( v.s.) Tome IV. “7 (98 ) 2. D. glandulosa. — Mimosa glandulosa Michx. Acacia glandulosa Willd. Mimosa contortuplicata Zucc ( v. v. )! SECONDE PARTIE. — Æspèces nouvelles. r. Sophora glauca, fruticosa, foliolis 19-23 ellipticis mucronatis su- perné glauco-velutinis subtus villosis, racemis terminalibus confertis. = In Indiæ orientalis montibus Nelligery ubi dicitur Houbbey de- texit CI. Leschenault. Frutex 7-pedalis ; ramulis pedaneulis petiolisque velutinis, floribus purpurascentibus (v. s. comm. a cl. Leschenault). 2. V'irgilia rubiginosa, staminibus persistantibus, ovariis tomentosis, foliolis ovali-oblongis acuminatis oppositis glabris, racemis paniculatis ramulisque rubiginoso-velutinis. —In insulà Guadalupä detexit CL: Ber- tero. Petala violacea. Foliola 3-4 poll. longa. Legumen junius videtur compressum oblongam nec moniliforme, habitus tamen potius So- phoræ (v.s. comm. a cl. Balbis). s 3. Thermopsis Napaulensis, foliis petiolatis , foliolis oblongis utrin- que acuminatis ; slipulis petiolo brevioribus, floribus geminis, pedi- cellis calyce duplo longioribus. — Hab. in Napauliä. Wallich. Bracteæ stipulis majores. Carina obtusa alis vexilioque longior nec ut in aliis subæqualis (v. s. comm. a cl. Wallich). 4. Cyclopia latifolia, tota glabra, ramis ob projecturas prominulas angulatis, foliolis 3 sessilibus ovatis subcordatis mucronulatis, calycis lobis acutis.—Hab. ad Cap. Bonæ Spei. Flores secus ramulos in axillis solitarii pedicellati bibracteolati majusculi (v. s. comm. a cl. Puerari). 5. Podolobium aciculare, fohis alternis linearibus acuminato-pungen- tibus margine revolutis glabris supernè transversè venoso-reticulatis; ra- mulis pedicellisque pubescentibus. — Hab. in Novâ Hollandià orientali. Frutex ramosissimus. Folia simplicia patentia rigida in axillâ ramuli- fera et florifera unde ternala videntur. Legumen stipitatum ovatum polyspermum extus pubescens intus leve. Calyx 5-fidus basi attenuatus bibracteoïatus. Flor. ign. et ideo genus subdubium (v. s. comm.a Mus. Par. ). 6. Crotalaria tuberosa, radice tuberosa, caule herbaceo ramoso vil- loso, foliis lanceolato-linearibus acutis sublus et basi præsertim vil- losis, pedicellis axillaribus 1-floris adpressis. — In Napauliä. Flores ex sicco cæruleo-pur purescéntes (w. s. comm. a cl. Wallich). 7. Crotalaria Roxburg hiana , herbacea, foliis oblongo- -linearibus acutis Re ramisque adpressè pubescentibus, floribus lateralibus breviter pedunculatis, calycibus bracteisque hispidissimis acuminatis. — 1n IndiÀ orientali. C. stricta Roxb. cat. sine descr. non Roth. afinis C. anthylloidi etcalycinæ (v. s. comm. a cl. Leschenault ). 8. Indigofera multicaulis, canlibus plurimis gracilibus diffusis, sti- pulis subulatis minimis, foliolis 3 oblongo-cuneatis obtusis, floribus ( 99 ) axillaribus sessilibus, leguminibus pendulis compressis acutis 5-6- spermis cum caule foliisque subtus piloso-strigosis, — In Napauli4. L. trifoliatæ valdé affinis sed certe stipulis donata (v. s. comm. a cl. Wallich ). 9. {ndigofera polyphylla , caule herbaceo érecto strigoso-scabro, fo- lis pinnatis 12-16-jugis, foliolis ellipticis supernè scabris subtus albido tomentosis, racemis , fol longitudine, leguminibus pendulis rectis. — In Napauliâ, habitus Daliæ (v.s. comm. a cl. Wallich). 10, Zndigofera oligosperma, caule herbaceo erecto, ramis apice an- gulatis pubescenti-scabris, foliis pinnatis 4-5-jugis, foliolis elliptico- oblongis mucronatis utrinque adpressè setosis, racemis folii longitu- dine, leguminibus teretibus villosis setosisque 2-3-spermis patulo- reflexis. — In Senegaliâ. Afinis I. dispermæ (v. s. comm. a cl. Bacle). 11. T'ephrosia sophoroides, foliolis 2-3-jugis elliptico-oblongis acumi- patis utrinque glaberrimis, petalis styloque glabris. — in Napaulià (v. s. comm. a cl. Wallich). Hæc et sequentes constituant sectionem inter - Tephrosias ( aut genus Tephrosiæ proximum) mihi Muxpuzea dictam. Hüc referendæ sunt eliam omnes Robiniæ indicæ a Roxburghio in cat. Calc. indicatæ. 12. T'ephrosia Lrachystachya , foliolis 7-8-jugis ellipticis obtusis, j1- nioribus utrinque adpressè sericeis , adultis supernè glabris, subtüs pu- bescentibus , racemis paniculatis petioli parte nud4 brevioribus, petalis styloque glabris.— In Napauliâ (v.s. sine fruct. comm. a cl. Wallich). 13. T'ephrosia hypargyrea, suffruticosa erecta, caule angulato sub- xelutino, foliolis 4-jugis supernè glabris subtus sericeo-argenteis in- fimis subrotundis cauli approximatis , superioribus ovali-oblongis, ter- mivali maximo, pedunculis axillaribus folio longioribus, leguminibus strictis secundis patulo -deflexis — In Indi orient. Species pulcherrima distinctissima ( v. s. comm. a cl. Leschenault). 14. Vissolia stipitata, foliis. .... Leguminibus oblongis incurvis ob- tusis glaberrimis pedicellatis, stipite majorem fructus latitudinem æquante,— In Brasiliâ nec in Madagascar ex herb. Commerson. Nis- solia punctata Poir. dict. 4. p. 492. Lam. ill. t. 600. f, 1. Sed puncta sunt sphæriæ quædam minimæ in parte fructus alæformi et e mortuñ matæ ( v.s. sine fol. et fruct. sed folia ab auct. descriptæ verosimiliter ad N, reticulatam referenda ). 15. Poitæa viciæfolia, petiolo angustissimè alato, foliolis -6-18-jugis oblongis mucronatis ramulisque hirsuto-pubescentibus , floribus legu- minibusque erectis. — in Santo Domingo detexit cl. Bertero (v. s. comm. ab am. Balbis). 16, S'yvainsona lessertiæfolia, cavule subherbaceo erecto ; foliolis 6-5- * 7 ( 100 ) jugis elliptico-oblongis subobtusis, leguminis pedicello brevissimo. In Novæ Hollandiæ orf australi (v. s. comm.'a Mus. Par. ). 19. Lessertia macrostachy a, caule erectiuseulo basi sufiruticuloso, fo- liolis6-jugis elliptico-oblongis obtusis sub pubescentibus, impari sublon- giore, racemis pedunculatis dissitifloris, folio duplè triplève longiori- bus. — Ad Cap. Bonæ Spei (v. s. comm. a cl. Burchell ). 18. Urania lagopus, caule fruticoso apice hirsutissimo , foliolis 3- ovatis obtusis mucronalis subtus molliter pubescénti-velutis, racemo cylindrico peliolo dupld longiore, calycis laciniis setacels hirsutissi- mis , bracteis dorso hirsutis.—In Napauliâ. an satis differt ab Hedysaro lagopoide Burm, quæ Uraniæ certè species (v. s. comm. a el. Wallich). 19. Desmodium (1) pseudotriquetrum, caulibus adscendétitibus suB- hirsutis triquetris, foliolis in apice petioli solitartis ovato-lanceolatis subcordatis acuminatis petiolo alato dupld longioribus, leguminibus glabris ad suturam utramque ciliatis. — In Det Affiné D. trique- &ro (v.s. comm. à cl. Wallich ). . 20. Desmodium parvijolium, caule procumbente herbaceo tenello glabro, foliolis 3 minimis obavatis subrotundisve emarginatis mucro- natisve subtus adpressè puberulis supernè glabris, racemis axillaribus 5-6 floris folio muilto longioribus, leguminibus glabris articulis semi-or- biculatis. —In Napauliâ. Affinis D: trifloro ( v. s, comm. a cl. Wallich). 21. Desmodium diffusum, caule fruticoso erectiuscule tereti glabro, ramis pubescentibus, stipulis lanceolatis, foliolis ellipticis acuminatis supr glabris subtus adpressè pubesrentibus , racemis terminalibus elongatis , pedicellis calyce duplo longioribus fasciculatis, leguminibus (junieribus) villosis.—[{n Indià orient. Hedysarum diflusum Roxb. cat. 59. non Willd. (v. s. comm. a cl, Lambert ). 22. no dén laxiflorum, caule frutescente erecto tereti glabro, ramis pubescentibus, stipulis lanceolatis, foliolis ellipticis acuminatis supra glabris subtus adpressè pubescentibus , racemis terminalibus laxis, pedicellis hirsutis filiformibas cilyce multo longioribus , leguminum articulis 4-5 oblongis comhpressis vix subpuberulis, — 1n Napgulià. An fortè prioris varietas ( v. s. comm. a cl. Waliich).. 23. Desmodium elegans, caule fruticoso ramoso tereti, ramulis sub : angulalis. pubescentibus, stipulis linearibus acuminatis } foliolis ovatis acuminatis supernè glabris infernè pube adpressA pallidis, racemis ter- (1) Omnes fere Hedysari species trifoliatæ ad Desmodii genus' Des- vauxianum sunt meo seusu revocandæ et Hedysari nomen servo specie- bus Europæis imparipinuatis fructu pluri-articulato seu Echinolobiis Desvauxii. te ‘ (roi) minalibus folio vix duplo Jongioribus, pedicellis hispidis filiformibus: In Napauliä. Leg. igo, (v.s. comm. a cl. Wallich). 24. Desmodium multiflorum, caule fraticoso tereti glabro, ramis, hirsutis subtrigonis, stipulis' lanceolato-subulatis, ovatis mucronatis supernè pubescentibus subtüs villosis; racemis axillaribus et termina- libus hirsutis foliis longioribus, —1In Napaulià. Cal. fere glaber. Cor. purpurea. Legum junius articulis 5-6 ovatis pubescentibus (v. s: comm. a cl. Wallich). | 25. Desmodiuni angulatun , caule suffruticosé , ramis angulatis pu- bescentibus secus angulos villosis, foliolis ovatis subacutis utrinque. adpressè wvillosis; racemis axillaribus terminalibusque subspicatis, bracteis villosis acuminatissimis deciduis flore longioribus. — In Na- pauliâ. Leg. ignot. (v.s. éomm, a cl. Wailich). 26. Desmodium pilosiusculum , caule angulato pilosiuseulo, foliolis ovato-lanceolatis acutis supernè glabris subtus puberulis, racemis ter- minalibus subspieatis, bracteis flore longioribus. villosis acumiriatis deciduis, leguminis subincurvi articulis ovalibus scabris. — In insulis Phälippinis (v. ssinherb. Thibaudexitin. Neaei). 27. Desmodium confertum | caule fruticoso teretiusculo villoso, fo- liolis ovatis subacutis subcoriaceis superné glabris subtus villosis, ra- cémis confertis brevibus terminalibus, bracteis ovatis subacutis glabris diliatis. — In Napauliä. Leg, ign. ( v. s. comæ. a cl. Wallich). 28. Desmodium rufescens, caule fruticoso, ramis pedunculisque teretibus pube rufà villosis foliolis ovato-ellipticis obtusis mucronatis supernè glabris subtus pwbescentibus, racemis terminalibus paniculatis, bracteis deciduis villosis acuminatissinis. — In Indiâ orient, Folia sum- ma unifoliolata (v. s.). 29. Desmadium concinnum , caule fruticoso ramoso , ramis teretibus pubescentibus, foliolis elliptico-obovatis mucronatis subtus pubescen- tibus mervis secundariis prominulis parallele lineatis, stipulis Janceo- lato-linearibus acuminatis, racemis terminälibus, pedicellis geminis hirtellis, bracteis deciduis ovatis acuminatis villosis. — In Napaulii. -Priori aflinis (v. s. comar. a cl. Wallich). 30. Desmodium trichocaulum, caulibus diffusè procumbentibus basi suffruticulosis teretibus hirsutis, foliolis obovato-subrotundis obtusis supernè glabris subtus pubescentibus, stipulis scariosis lanceolato- linearibas acuminatis glabris, bracteis conformibus ciliatis, racemis terminalibus, pedicellis geminis. — In Napauliä (v. s. comm. a cl. Wäallich ). 31. Desmodiuni paucinervium, caule fruticoso. crecto ramoso tereti glabriusculo, foliolis elliplieis obtusis subtus pubescentibus venosis, L'rox.):, à stipulis membranaceis acuminato-aristatis, bracteis conformibus sub- ciliatis, racemis terminalibus, pedicellis solitariis geminisve. — In Indi orient. ( v. s. comm. a cl. Wallich). 32. Desmodium Leschenaultii, caule tereti puberulo suffruticoso, foliolis rhomheis mucronatis utrinque puberulis, racemis axillaribus gracilibus, stipulis bracteisque acuminatis subpilosis, pedicellis 2-4 patulis. — En AIndià orient ( v. s. cult. in h. Calc. comm. a cl. Lesche- nault). d 33. Desmodinm laxum, caule volubili trigono petiolisque pilosius- culis glabrisve, stipulis lanceolatis acuminatis, foliolis ellipticis acumi- natis glabris subtus in nervis pubescentibus , medio basi acuminato la- teralibus basi inæqualibus semicordatis, paniculâ terminali laxissim, pedicellis geminis. — In Napauliâ. Legum. juniora glabra repanda (v. s. comm. a el. Wallich). 34. Desmodium oxyphyllum, caule erecto tereti ramoso ramulisque subängulatis glabris, stipulis subulatis, ellipticis acuminatis glabris subtus pallidis albidis, paniculis terminalibus laxis; pedicellis 2-4 fasciculatis. — In Napauliâ ( v. s. comm. a cl. Wallich). 35. Desmodium podocarpum, caule adscendente tereti, ramis su- bangulatis petiolis pedunculisque pilosiuseulis, stipulis subulatis, fo- liolis laté ovatis subrhombeïs subtus pallidis utrinque sparsè puberulis, racemis terminalibus elongatis gracilibus, pedicellis geminis, leguminis articulis 1-3 triangularibus puberulis distantibus, infimo stipitato. In Napauliâ (v.s. comm. a cl. Wallich). à 36. Hedysarum nummularifolium, fois omnibus 1-foliolatis breviter petiolatis orbiculatis mucronatis glaucis pubescentibus, racemis axil- laribus paucifloris folio multà longioribus. — In Oriente inter Bagdad et Kermancha legerunt CI. Olivier et Bruguiere. Caulis velutino-canus stipulæ basi concretæ. Legumen biarticulatum muricato-glochidiatum. Sectio ( mihi Dilobium ) cum H. sparteo et H. lappaceo distineta conficiens (v. s. comm. a Mus. Par. ). 37. Lespedeza eriocarpa, erecta, pctiolis brevibus, foliolis obovatis retusis mucronatis utrinque reticulatis supernè glabris subtus strigoso- pubescentibus, racemis fasciculatis subsessilibus calycibus coroll4 et legumine hirsuto ovali acuminato dimidio brevioribus. — In Napauliâ ( v.s. comm. a cl. Wallich). 38. Rhynchosia (1) menispermoidea, caule volubili retrorsum-pubes- (+) Ad hoc genus à Loureiro conditum pertinent Glycines species 1-2- spermæ, seu Glyciae Nutt., Arcyphyllum Ell. ( 103 ) cente, stipulis ovatis, foliis reniformibus, racemis paucifloris subsessi- libus , calycis laciniis lanceolatis ecutiusculis trinervis , legumine ovali-lanceolato. — In Acapulco detexit cl. Née (v. s. herb. Thibaud). ” Recaercaes anatomiques sur les Canasiques et sur plu- sieurs autres insectes Coléoptères ; Par M. Léon Durovr. (Suite.) COLÉOPTÈRES TÉTRAMÉRÉS. La troisième grande division des Coléoptères est celle où les tarses ont tous quatre articles seulement. Ces insectes, infiniment plus nombreux en genres et en es- pèces que les Héréromères, se nourrissent généralement, : ainsi que ces derniers, de matière végétale. M. Latreille les partage en sept familles. Famille XI. x Rhincophores. Cette dénomination est due au prolongement anté- rieur de la tête, qui forme une sorte de nez, de mu- seau, ou de trompe, où s’insèrent les antennes. Ce dernier trait les a fait désigner, par M. Duméril, sous le nom de Rosrriconnes. M. Latreille avait autrefois divisé ces insectes en deux familles, celle des BrucnëLes et celle des Caaransonires. Plusieurs caractères anato- miques militent en faveur de cette séparation. À. BrucHEzrs. Les Antribus albinus et latirostris sont les seules es- (1041) pèces de cette division que j'aie disséquées. Ils n'ont point de vaisseaux salivaires. Leur tube alimentaire a environ deux fois et demie la longueur du corps. L'oœso- phage est renfermé dans la tête, et le jabot est fort court. Le ventricule chylifique est flexueux ou replié sur lui-même, parfaitement lisse dans toute son étendue, tandis que dans les Charansonites il offre un espace hérissé de papilles. L'intestin grèle est long , filiforme, courbé en une anse assez grande , et il dégénère insensi- blement en un cœcum allongé, brusquement séparé par une contracture annulaire d’un rectum bien marqué. B. CHArANSsoNrrEs. Les Charansonites dont j'ai pu étudier avec quelque détail l’organisation intérieure sont les suivans : Æpode- rus intermedius, Lixus augustatus, Pachygaster nava- ricus. Le canal de la digestion est, dans l’Æpoderus , trois ou quatre fois plus long que son corps. L'œsophage est as- sez long et la dilatation qui forme le jabot était peu mar- quée dans les individus que j'ai disséqués. Le ventricule chylifique est allongé, flexueux , membraneux, lisse ex- cepté avant sa terminaison postérieure où il présente un espace garni de papilles grèles , bien distinctes. Ensuite il redevient lisse et se renfle en-bourrelet pour l’inser- tion des vaisseaux biliaires. L’intestin grèle débute par uue portion conoïde et se continue en un tube filiforme replié sur lui-même, Le cœcum est oblong et le rectum court, assez gros. Je retrouve la même forme , la mème structure dans l’Attelabus betuleti dont Ramdohr a représenté l’organe ( 105 ) de la nutrition (1). Seulement j'observe, d’après la figure, que l’espace occupé par les papilles est plus considérable que dans l’Æpoderus. L'appareil digestif du Zixus et du Pachygaster débute dans l’arrière-bouche par deux vaisseaux salivaires d’une ténuité capillaire, diaphanes, flexueux ou repliés, assez: longs pour que leurs extrémités flottantes pénètrent jus- que dans la cavité abdominale. Lorsqu'on soumet à une forte lentille du microscope un de ces vaisseaux , on re- connait qu'il ÿ a un tube inclus destiné à contenir la sa- live, tandis que l'enveloppe , d’une texture plus contrac- tile, paraît propre à imprimer un mouvement au liquide. Le canal alimentaire de ces deux Charansonites a près de trois fois la longueur de leur corps. L’œsophage est grêle dans le Lixus, moins long dans le Pachygaster. I est suivi d’un jabot ou gésier ellipsoïde , roussâtre, d’une consistance présque calleuse, parcouru à l’intérieur ;; dans le Zixus, par huit colonnes qui, au microscope , paraissent composées de soies ou petites lames embriquées et brunes disposées de ‘chaque côté d’un axe comme les barbes d’une plume. Ces colonnes sont obtuses du côté du ventricule chylifique et forment là par leur rappro- chement une valvule. A travers les parois de ce même organe, dans le Pachygaster, on reconnait qu’il renferme aussi des pièces de trituration. Le ventricule _chylifique commence par une portion dilatée, boursoufllée dans le Lixus , à peu près lisse dans le Pachygaster, puis il de- vient cylindrique comme un intestin, se replie, se ren- fle de nouveau , et, un peu avant l'insertion des canaux hépatiques , qui, marque sa terminaison, on remarque (1) Loc. cit. , Tab. X , fig. 8. ( 106 }) un espace fort circonscrit hérissé de papilles, tandis que l'organe est très-glabre dans tout le reste de son étendue. Cet espace papillaire ne se distingue par au- cune contracture de ce qui le précède ni de ce qui le suit. L'intestin grêle est long, flexueux ou replié, puis il se dilate en un cœcum allongé terminé par un rectum filiforme. Ramdohr a représenté l'organe digestif du Curculio Lapathi (1). L'existence des vaisseaux salivaires ne lui a point échappé, et quoiqu'il n’en ait signalé et figuré qu’un seul , il est probable qu'il y en a une paire. Le gésier qu’il appelle, ainsi que je l'ai dit ailleurs, estomac à replis, est garni intérieurement d’un appareil de trituration com- posé de feuillets cornés , de bandelettes musculaires trans- versales et de dents. Le ventricule chylifique de cette es- pèce débute par un renflement considérable, globuleux, lisse, et me paraît un peu moins long que dans le Zirus. M. Marcel de Serres a aussi donné la description de l'appareil nutritif du Curculio sulcirostris ( 2), insecte du genre Cleonis de M. Dejean. Mais j'éprouve le plus grand embarras pour faire cadrer ses détails anatomiques avec ceux qui concernent les Charansonites que j'ai dis- séqués. IL ne fait pas mention des conduits salivaires. TL appelle vaisseaux hépatiques courts , les papilles du ven- tricule chylifique. Il place le gésier après ce dernier et il y fait aboutir les autres canaux biliaires. Famille XII. Xylophages. Ces Coléoptèrés , d’une dissection difficile et vétilleuse (1) Loc. cit., Tab. X, fig. 1-7. (2) Loc. cit., p. 58. L ( 107 ) à cause de leur petite taille, se creusent des conduits labyrinthiques dans le boïs mort dont ils font leur nour- riture ; en sorte qu'ils sont, ainsi que leurs larves, la peste de nos arbres de construction ; à leur corps trapu et cylindroïde , à leurs mandibules fortes et acérées, à leurs pates courtes et robustes, on voit que la nature les a destinés à être des tarières vivantes. Leur organisation interne est aussi en rapport avec ces traits extérieurs. Mes investigations anatomiques se sont bornées jusqu'a ce jour au Bostrichus capucinus et au T'omicus typographus. Le Bostrichus a une conformation de tête fort singu- lière. Elle se prolonge en arrière en une apophyse qui pénètre dans le corselet et qui présente une fissure lon- gitudinale pour l’attache des muscles. C’est à la base in- férieure de cette apophyse qu’est l'ouverture qui donne issue à l’œsophage. Le tube digestif de cet insecte a près de trois fois la longueur de son corps. Je LS point re- connu dans l'individu que j'ai disséqué une dilatation de l'œsophage qui méritàt le nom de jabot. Ce conduit était simplement tubuleux et traversait le corselet sans alté- ration de son diamètre. Je présurme néanmoins que ce tube est susceptible de se renfler vers son extrémité pour rece- voir et retenir pendant quelque temps les alimens. Le ventricule chylifique est oblong, conoïde, à peu près droit, parfaitement glabre et lisse même au microscope. L'intestin grèle est filiforme, flexueux , assez long. Il dé- génère insensiblement en un cœcum allongé renfermant des excrémens blanchätres, solides, et se termine par un rectum peu distinct. La tête du Tomicus, assez grosse mais en grande par- tie enchâssée dans lecorselet, est largement trilobée en ar- rière, carac{ère remarquable qui, ainsi que l’apophyse oc- ( 108 ) cipitale du Bostrichus , n’a point étésaisi par lesentomo- logistes et dont la connaissance était réservée à la zooto- mie. Deux muscles très-forts, un de chaque côté, se fixent aux échancrures qui séparent les trois lobes occipitaux , et contribuent puissamment aux efforts considérables que fait la tête pour perforer ie bois. L'intérieur de la poi- trine est aussi plus riche en faisceaux musculeux que celle des insectes qui n'ont pas le mème genre de vie. Le canal alimentaire de ce Xylophage a la mème lon- gueur relative que celui du précédent. L’œsophage se renfle un peu vers sa partie postérieure de manière à offrir un vestige de jabot. Il s’abouche brusquement à un gésier presque globuleux ou turbiné , d’une consis- tance dure , comme élastique. Au tour de son orifice œso- phagien le gésier est marqué d’une auréole brunâtre lé- gérement festonnée dans son contour et qui semble de texture cornée. Dans sa moitié postérieure il présente en dedans une valvule conoïde resultant de la connivence de plusieurs pièces étroitement lancéolées qui paraissent en dehors comme autant de raies. Le ventricule chylifi- que forme à lui seul près des deux tiers de la longueur de tout le canal alimentaire. IL.est hérissé de papilles qui sont bien plus prononcées en arrière qu’en avant de l'or- gane. Il est suivi d’un intestin grêle, filiforme , flexueux, puis d’un cœcum à peine renflé, allongé , renfermant des excrémens blanchâtres assez solides, enfin d’un court rec- tum qui a une teinte jaunàtre. Famille XIII. Platysomes. Les insectes de cette famille, ainsi que leur nom l'in- dique, sont remarquables par la dépression de-leur corps. (. 109 ) Ils sont de fort petite taille et on les trouve sous les écorces d'arbres. L'Uléiota flavipes est la seule espèce dont j'ai pu étudier l'anatomie. Son canal de la digestion a environ trois fois la longueur du corps. L’œsophage se dilate en un jabot assez marqué. Le ventricule chylifique est allongé et garni de papilles bien prononcées dans toute son étendue. L'intestin grêle est flexueux. Le coe- cum est renflé, obtus à sa terminaison. Le rectum est asséz long, droit, séparé du cœcum par une contracture annulaire. Famille XIF. Longicornes. Indépendamment des traits entomologiques nombreux qui rendent cette famille l’une des mieux caractérisées , elle en a offert à mes recherches un autre essentielle- ment organique , constant dans toutes les espèces et dont quelques autres genres étrangers aux Longicornes four- pissent aussi des exemples : c’est que le bord postérieur ou occipital de leur tête est fortement trilobé. Cette con- formation est une conséquence des habitudes et du genre de vie de ces insectes. On sait que leurs larves vivent et subissent leurs métamorphoses dans l’intérieur du bois. Ils avaient donc besoin, pour sortir de leurs étroites pri- sons ligneuses, que la tête destinée à frayer la route au resté du corps füt solidement attachée par des muscles vigoureux qui pussent lui faire exécuter toutes les nuances nécessaires de direction. Anssi des faisceaux musculeux considérables sont-ils fixés aux sinus des lobes en question. Les Coléoptères Longicornes soumis à mes recherches zoologiques sont les suivans : | Prionus coriarius, Pr. faber, Lamia textor, Ceram- ( rro ) byx moschatus, Hamaticherus heros, Ham. cerdo, Clytus arcuatus , Callidium bajulus , Cal. clavipes , Lep- tura hastata, Stenopterus rufus, Rhagium bifasciatum. En général leur tube alimentaire a beaucoup d’analo- gie pour sa structure et sa conformation avec celui des Mélasomes. Il n’a pas ordinairement une longueur qui surpasse. plus de deux fois celle de leur corps. Contre l’assertion de M. Marcel de Serres (1) , il est dépourvu de gésier. Le ventricule chylifique tantôt lisse, tantôt cha- griné suivant les genres, est précédé d’un jabot plus ou moins marqué et suivi d’un intestin grêle long et flexueux, puis d’un cœcum, enfin d’un rectum qui, dans les fe- melles , a une longueur considérable. Mais cette confor- mation générale du canal digestif des Longicornes pré- sente des modifications que je vais signaler. Le jabot du Prionus coriarius commence à l’origine même du corselet, en sorte que l’œsophage est presque nul. Il était, dans l'individu dont j'offre ici la figure, di- visé par un étranglement en deux ballons ovoïdes d'une texture comme scarieuse quand ils sont gonflés par de l'air, renfermés l’un dans le côrselet , l’autre dans le mésotho- rax. Cet étranglement qui ne présente aucune trace de valvule intérieure est, sans doute, accidentel et dû à la compression mécanique exercée sur l'organe par l’anneau étroit et corné qui sépare le corselet du mésothorax. Le ventricule chylifique est distinct du jabot par une con- tracture permanente qui recèle une valvule musculeuse. Il est très-lisse en dehors et d’une configuration varia- ble. La figure ci-jointe représente une de ces variations où l'organe débute dans la cavité abdominale par un ren- (1) Loc. cit., p. 59. Cure ) flement semblable à ceux du jabot. Puis il se rétrécit brusquement en un conduit tubuleux qui en imposerait pour un intestin, si on ne le voyait pas précéder l’inser- tion des vaisseaux biliaires. Le véritable intestin grêle, moins délié que ce tube ventriculaire, est long, filiforme, replié sur lui-même. Il dégénère en un cœcum allongé lisse et musculo-membraneux, renfermant une pulpe excrémentitielle , blanche. Le rectum est à peine sensible dans le mâle. ; | Je n’ai point trouvé, dans le Prionus faber , le jabot étranglé comme dans l’espèce précédente. Cet organe, dans l’état de vacuité, offre quelques plissures transver- sales. Le ventricule chylifique est lisse et glabre. Il pré- sente à son origine, au moins dans l'individu dont j'ai dessiné l’appareil digestif , un renflement globuleux que sa tension élastique eût pu faire prendre par des yeux peu exercés pour un gésier. Ce renflement, qui n’est garni intérieurement d’aucun appareil spécial de trituration , renfermait un liquide brun. Ensuite l’or- gane finit par acquérir une ténuité presque capillaire, mais il se renfle de nouveau pour l'insertion des vaisseanx biliaires. L’intestin grèle est long, filiforme. La portion du gros intestin qui recoit l'insertion postérieure des canaux hépatiques , et que j'ai toujours désignée sous le nom de cæcum , semblerait se refuser ici à cette dénomi- nation et présente une organisation particulière. C'est un tube étroit , court, cylindroïde, droit, d’une texture toute granuleuse à l'extérieur. Cette forme, cet aspect granuleux sont-ils purement accidentels et le résultat d'une contraction uniforme et permanente de l'organe ? Je ne serais pas éloigné de le croire si son mode de con- nexion avec un renflement intestinal qui le suit ne de- vait faire supposer des fonctions spéciales. Au lieu de s’a- (ra) boucher bout à bout avec ce renflement, comme c’est l'ordinaire , il s’y implante latéralement ainsi que cela a lieu dans la vessie natatoire des Dytiques. La dilatation intestinale qui précède le rectum est ovoïde, lisse, gar- nie intérieurement de rubans musculeux , longitudinaux, fort étroits. Elle contient une matière excrémentitielle liquide, d’un brun verdâtre. Le rectum de la femelle est long, filiforme, et s'engage avec l’oviducte dans un étui membrano-corné. Cette longueur du rectum est une con- séquence de celle du tube éducateur qui est destiné à s’allonger beaucoup hors du corps de l’insecte pour la ponte des œufs. Le tube digestif de la Lamia textor a bien plus d’éten- due que celui des autres Longicornes, puisqu'il a quatre fois la longueur du corps de l’insecte. Le jabot doit être fort court; dans les individus soumis à mes dissections, je ne l'ai pas trouvé distinct de l’œsophage, et celui-ci at- teint à peine le commencement du corselet, Le ventri- cule chylifique en est séparé par un bourrelet prononcé, siége d’une valvule. Il égale en longueur la moitié de celle de tout le tube alimentaire. Il est cylindroïde et se replie en deux grandes circonvolutions, maintenues par des brides trachéennes excessivement multipliées. Sa sur- face externe est couverte de points papilliformes que la loupe rend à peine‘sensibles et dont la saillie varie sni- vant le degré de contraction de l’organe. L’intestin grèle est filiforme. Il se renfle en un cœcum allongé. Le rec- tum , distinct de ce dernier par une contracture valvu- laire , est long dans la femelle et renfermé dans un étui qui lui est commun avec l'oviducte. Il est coudé à son origine et ce coude est maintenu par deux brides musculai- res distinctes , destinées sans doute à faciliter ou à régler ses mouvemens Jorsque l’oviducte s’allonge pour la ponte. (#7) Ramdohr, qui a aussi figuré le canal digestif de ceé insecte (1), l’a vu, pour aïnsi dire, du même œil que moi. Seulement il n’a ni exprimé ni mentionné les points papillaires du ventricule chylifique. Cet auteur a pareïl- lement représenté cet organe dans le Lamia ædilis (2). Le.jabot est plus prononcé que dans l’espèce précédente, le ventricule chylifique est moins long ; mais ce sont les seules différences appréciables. : - Le Cerambyx moschatus , insecte fort remarquable par l'odeur suave qui s’exhale de tout son corps, odeur spéciale qui approche un peu de celle de la rose, a un jabot allongé. Le ventricule chylifique est bien moins long que celui des autres Longicornes et à peu près droit. Il est chagriné , comme celui de la Lamia, par de nom- breuses papilles qui ressemblent à des points saillans, et séparé du jabot par une valvule interne formée d’une rosette de huit à dix lames. Le reste du tube ne diffère point de celui de la Lamia. Ramdohr a représenté l’or- gane digestif du même Ceramby x (3), et je n’observe point de différence bien notable entre sa figure et la mienne. Îl désigne sous le nom de pharynx l’œsophage et le jabot. Les Hamaticherus ont le jabot bien prononcé. Le ven- tricule chylifique est un peu plus long que celui du Ce- rambyx. 1 présente quelques traces de plissures annu- laires. Les points papillaires y sont fort superficiels. Les figures que je donne de ces organes suppléeront à d’autres détails. M. Marcel de Serres a aussi décrit l'appareil di- (1) Loc. cit., Tab. IX, fig. 1. (2) Loc. cit. , Tab. IX1, fig. 26. (3) Loc. cit., Tab. XXIV, fig. 1. Tour IV. — Février. 8 Çri4) estil du Cerambyx heros(1). Iladmet , immédiatement avant l'insertion antérieure des vaisseaux biliaires , un gésier dont mes dissections ne m'ont pas confirmé l’exis- tence, et dont la position n’est jamais en cet endroit dans aucun insecte. Le canal de la digestion a, dans le C/ytus arcuatus , la même longueur respective que dans les Æamaticherus. Le jabot est allongé et très-expansible. Le ventricule chylifique distinct de ce dernier, et par une contracture brusque et par une texture plus charnue, n'offre aucune trace de points papillaires. IL est à peine flexueux, et marqué de plissures annulaires, an moins dans sa moitié antérieure. L'intestin grêle, le cœcum et le rectum ne diffèrent point de ceux des Longicornes précédens. La forme et l’organisation du tube alimentaire sont les mêmes dans les deux Calhidium soumis à mes dissec- tions, que dans le Clytus, seulement je n'ai pas re- marqué que leur ventricule chylifique eût des rubans musculeux annulaires sensibles. Ramdohr a représenté - le canal digestif du Callidium bajulus (>), et la figure qu'il en donne ressemble pour les parties essentielles à celle qui accompagne mon travail. Le jabot de la Leptura n’est pas plus marqué que celui de la Lamia. Le ventricule chylifique débouche presque immédiatement de la ète. Il est à peu près droit, hérissé de papilles courtes et obtuses assez prononcées surtout à sa partie antérieure. L’intestin grèle est replié sur lui-même, filiforme, etse renfle en un cœcum oblong. Le canal digestif du Stenopterus a un jabot allongé, (1) Loc. cit., p. 59. (2) Loc. cit., Tab. XXIV, fig. 2. ( 215 7 un ventricule chylifique dont les points papillaires sont: à peine saillans. Il ressemble pour tout le reste à celui de la Leptura. Dans le Rhagium le tube de la digestion a deux fois et demie la longueur du corps; l’œsophage et le jabot sont fort courts ; le ventricule chylifique , qui semble prendre naissance de la tête même, est assez long pour faire une circonvolution sur lui-même. Il est tout couvert de pa- pilles granuleuses peu saïllantes. Le reste de l’organe est comme dans les Longicornes précédens. Le Rhagium noctis a , d’après la figure que nous a donnée Ramdohr(1), la même longueur, la même configuration du tube ali- mentaire que dans l'espèce précédente. Mais son ventri- cule chylifique ne paraît pas avoir de points papillaires. Famille XF. Eupodes. Cette famille a été formée par M. Latreille aux dépens de la suivante qui dans ses premiers ouvrages portait le nom de Chrysomélines. Elle se compose d'insectes her- bivores. J'ai étudié l’organisation intérieure des espèces suivantes : Donacia simplex , Donacia discolor, Crioceris merdigera. Les Donacies constituent un genre dont la forme du corps, la physionomie , les habitudes et le genre de vie ont une conformité remarquable dans toutes les espèces. Peut-être faudra-t-il un jour les séparer des Criocères que les Crcliques me semblent réclamer, et en faire à la suite des Leptures une petite famille aussi distincte par ses traits extérieurs que par son organisation. Leur tube tn mn qi mme (1) Loc. cit., Tab. XI, fig. 3. g* ( 116) de la digestion égale en longueur trois fois celle de tout le corps ; l'œsophage traverse le corselet sans perdre sa ténuité capillaire. Je ne l’ai point encore observé dilaté en jabot, mais j'ai de la peine à croire qu’on ne les ren- contre pas ainsi quelquefois. Le ventricule chylifique est assez long pour faire dans l’abdomen une circonvolution. Il est tout couvert de papilles bien saillantes, plus courtes néanmoins vers la partie postérieure de l’organe. L’in- testin grêle est flexueux. Le cœcum est allongé et peu distinct du précédent. L'oœsophage du Crioceris n’est point capillaire comme celui de la Donacie ; il est fort court, et je n’ai point saisi l'étranglement valvulaire qui le sépare du ventricule chylifique. Celui-ci a des papilles excessivement courtes et assez grosses ; il est allongé, renflé antérieurement et flexueux dans sa partie postérieure; l'intestin grêle est filiforme et le cœcum oblong bien marqué. Je me dis- pense d’autres détails que l'inspection des dessins indi- quera. La figure que Ramdohr a donnée de l'appareil digestif du Crioceris asparagi (1) confirme , quant à la forme générale du tube alimentaire, ce que je viens d’ex- poser sur le Crioceris merdigera. Mais le ventricule chy- lifique y est dépourvu de papilles. Famille XV1. Cry cliques. Les insectes de cette famille sont tous herbivores ainsi que leurs larves. J'ai disséqué Îles suivans : Cassida wi-. ridis, Timarcha tenebricosa, Chrysomela populi, Ga- leruca tanaceti, Galeruca lusitanica. (1) Loc. cit., Tab. VI, fig. 5. ( 119) Notre inimitable Réaumur a décrit et figuré avec son exactitude et sa clarté accoutumées les métamorphoses de la Casside verte. | n’a laissé rien à faire sous ce rap- port ; aussi a-t-il été copié et recopié par tous les auteurs qui lui ont succédé. Il ne manque, pour compléter l'his- toire naturelle de cet insecte, que d'exposer son anatomie : c’est ce que je vais tâcher de faire. Son canal digestif a une longueur qui ne surpasse pas deux fois celle du corps. L'œsophage se dilate le plus souvent en un jabot bien apparent qui s’avance jusque dans le corselet. Mais j'ai trouvé des individus où son diamètre n’éprouvait aucune diminution, en sorte qu'il n’y avait point de jabot. Le ventricule chylifique s’en distingue par un étranglement qui est le siége d’une valvule interne. Il est parfaitement lisse, même quand on l’observe au microscope , et ren- ferme un liquide alimentaire jaunâtre ou brunâtre. Renflé dans sa partie antérieure, il dégénère en arrière en un tube intestiniforme qui se replie sur lui-même. L’in- testin présente à son origine une portion bien plus étroite. Le cœcum est sensiblement plus gros et renferme ordi- nairement des crottes vertes. Le rectum, qui est assez long, en est brusquement distinct par une contracture valvulaire. Ramdohr a aussi publié ce qui est relatif à l'appareil digestif de cette même Casside (1). Nos obser- vations sont d'accord , quant à ce qui concerne le tube alimentaire. La T'imarcha tenebricosa, insecte qui par sa forme , sa couleur et la lenteur de ses mouvemens, rappelle les Hé-. lasomes , se fait remarquer par l'humeur safranée qui découle de sa bouche , des articulations de-ses pates et des —- {n) Loc. cit., ab. XXV, fig. 3. (rr18 ) côtés de l'abdomen lorsqu'il est irrité. Son tube alimen- taire égale en longueur trois fois celle du corps. L’œæso- phage est fort court, assez gros, et se renfle en un jabot bien prononcé quoique peu väste. Le ventricule chyli- fique est lisse, c’est-à-dire sans papilles sensibles à l'œil ni à la loupe; il est assez allongé pour faire à lui seul la moitié au moins de la longueur de tout le tube digestif. Renflé vers son origine, il dégénère ensuite en un canal cylindroïde qui se replie sur lui-même : je l’ai trouvé rempli d’une pulpe verdâtre ; l'intestin grèle est filiforme; le cœcum est oblong et présente quelques traces de plis- sures longitudinales. Sa tunique externe est ordinaire- ment lavée de rouge. Le rectum est droit , bien marqué, aussi gros que l’œsophage, et légèrement strié. Le canal de la digestion est un peu moins long dans la Chrysomela populi que dans la T'imarcha. Le ventricule chylifique a des papilles courtes et obtuses. Ramdohr a donné des détails intéressans sur la texture de cet or- gane (1). Il a représenté la trame des fibres longitudi- nales et transversales où sont implantées ces papilles. Cet auteur a exposé pareillement l'anatomie de l’appareil nutritif de la Chrysomela violacea (2) qui appartient au genre Prasocuris de M. Latreille. Cet insecte paraît avoir un jabot assez considérable et un ventricule chylifique couvert de très-courtes papilles. Ce canal est pour tont le reste semblable à celui des espèces précédentes. D’après la description que M. Marcel de Serres nous a laissée de l'appareil digestif de la Chrysomela Bank- si (3), il paraît que ce dernier a plus d’analogie avec (1) Loc. cit., Tab. VI, fig. 2-8. (2) Loc. cit., Tab. VE, fig. 4-11. (3) Loc. cit., p. 61. (m9) celui de la Zimarcha, qu'avec ce mème orgañe dans Ja Chrysomela populi : Le canal alimentaire de la Galeruca tanaceti a quatre ou cinq fois la longueur du corps. Il a du reste la plus grande analogie de forme et d’organisation avec celui de la Cassida. L'œsophage , aussitôt après sa sortie de la tête, se renfle én un jabot ovoïde qui présente quelques traces de fibres longitudinales. Le ventricule chylifique en est séparé par un étranglement valvulaire. Il est. comme dans la Castida, parfaitement lisse et glabre, di- laté dans sa partie antérieure, et rétréci ensuite en un tube reployé en circonvolutions, de manière que cet or- gane forme les deux tiers de la longueur de tout le canal digestif, Il y a un intestin grêle, un cœcum et un rec- tum distincts. Le jabot de la Galeruca lusitanica esi moins déve- loppé que dans l’espèce précédente , puisqu'il atteint à peine le corselet. Le ventricule chylifique n’en diffère que parce qu'il est moins long. Tout le reste est sem- blable. Je renvoie le lecteur aux figures pour en juger. On trouve dans Ramdobr Ja figure de l'organe diges- tif de la Galeruca vitellina (1), que M. Dejean place parmi les Chrysoméles. Le jabot n’y est pas apparent. Le ventricule chylifique y est représenté lisse et long comme dans les autres Cycliques. L'intestin paraît ren- flé à son origine. Je n’ai eu occasion de disséquer aucune espèce du genre Cryptocephalus , mais Ramdohr a publié la figure du canal alimentaire du Cryptocephalus 4-punctatus (2). (x) Loc. cit,, Tab. VI, fig. 4. (a) Loc. cit. , Tab, V, fig. 6. ( 120 ) Le jabot est oblong. Il se rétrécit brusquement en ar- rière en un col qui paraît s’aboucher latéralement dans le ventricule chylifique. Celui-ci est long, et, avant sa terminaison , il offre, ainsi que dans les Charansonites, un espace hérissé de papilles bien prononcées. L’intes- tin grêle est filiforme et le cœcum allongé. COLÉOPTÈRES TRIMÈRES. "La quatrième grande division des Coléoptères com- prend les insectes qui n’ont que trois articles à tous les tarses. Ils sont, à cause de Jeur petitesse, peu propres aux recherches anatomiques. Ils laissent transsuder, par les articulations de leurs pates, une humeur jaunätre d’une odeur spéciale , comparable à celle de la pomme- de-terre crue. Famille XVII. Aphidiphages. Ces Coléoptères , ainsi désignés, parce que la plupart d’entre eux se nourrissent de pucerons , ont une forme de corps arrondie. Je n’ai encore pu disséquer que la Coccinella septem-punctata et la Coccinella argus. Je retrouve dans la Coccinella 5-punctata, ainsi que dans les Charansonites et quelques autres Coléoptères dont j'ai parlé plus haut, un appareil salivaire. Il se compose de trois paires de vaisseaux diaphanes , d’une ténuité plus que capillaire , entortillées et se portant de l’arrière-bonche jusque dans l’abdomen où flottent leurs extrémités. Soumis à une forte lentille du microscope , ces vaisseaux présentent à travers leurs parois pellacides un axe tubuleux , linéaire comme dans les Charansonites. Le conduit alimentaire de cette Coccinelle dépasse à peine deux fois la longueur de son corps ; l’œsophage (5220) est renfermé dans la tête de manière que pour le mettre en évidence il faut tirailler en arrière le tube digestif, il se renfle en un jabot à peine sensible. Le ventricule chylifique est bilobé à son origine qui touche à la tête et reçoit le jabot dans l’échancrure formée par ces lobes. Plus long que tout le reste du tube, il est très-lisse et fort expansible ; je l’ai trouvé rempli d’une pulpe tantôt noirâtre , tantôt jaune. Après la première insertion des vaisseaux biliaires qui marque sa terminaison , on voit un intestin fort court suivi d’un cœcum légèrement ren- flé et d’un rectum bien marqué. Ramdohr qui a disséqué la même Coccinelle et figuré son appareil de la diges- tion (1), ne fait aucune mention de l'existence des vais- seauxsalivaires, mais nous sommes parfaitementd’accord quant à la forme , à la longueur et à la texture du tube alimentaire. | Il est fort digne de remarque que malgré toute l’at- tention possible dans des recherches spéciales, je n’aie pu découvrir la moindre trace des vaisseaux salivaires dans la Coccinelle argus, insecte qui est cependant plus grand que l'espèce précédente où ces vaisseaux existent incontestablement. Son canal alimentaire a quatre ou cinq fois la longueur du corps. L'œsophage et le jabot sont forts courts comme dans la Coccinella punctata ; mais le ventricule chylifique, quoiqu'offrant la même texture - organique que dans celle-ci, n’est nullement bilobé à son origine; il est aussi plus long et flexueux. Le reste de l'organe digestif ne diffère pas du sien ainsi qu’on le verra par l'examen comparatif des figures. (La suite duns un prochain numéro. ) (1) Loc. cit., Tab. V1, fig. (3122) Explication des Planches. Planche 5. Fig. 1. Appareil digestif fort grossi de l'Anrarisus ArBinus mâle, a. T'éte arrondie postérieurement , mais le bord supérieur de l’ou- verture œsophagienne est trilobé , caractère qui ne peut être exprimé dans la figure ; labre demi-circulaire, cilié; mandibules courtes, épaisses à leur base; b. ventricule chylifique précédé d’un jabot fort court; cecc. vaisseaux hépatiques; d. intesiin gréle dégénérant insensiblement en cœcum; e. rectum; f. dernier seg- ment dorsal de l'abdomen, marqué en devant d’une gouttière lon- gitudinale dans laquelle il y a une ligne élevée. Fig. 2. Appareil digestif fort grossi du Lixus ANGUSTATUS. a: Tête; bb. vaisseaux salivaires; c. œsophage; d.gésier; e. ventri- cule chylifique; ff. grands vaisseaux hépatiques ; gg. petits vais- seaux hépatiques ; h. intestin gréle; i. cœcum; j. rectum; k. der- nier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 3. Portion considérablement grossie d’un vaisseau salivaire. Fig. 4. Surface interne considérablement grossie du gésier. Fig. 5. Une des colonnes ou arètes internes du gésier considérable- ment grossie, Fig. 6. Extrémité postérieure considérablement grossie du ventricule chylifique, vue en dessous pour mettre en évidence le mode d’in- sertion des grands vaisseaux hépatiques. Fig. 7. Appareil digestif fort grossi du Tomicus TYPoGRAPHUS. a. Téte ; bord occipital trilobé ; b. œsophage ; c. gésier; d. ventri- cule chylifique ; eeee. vaisseaux hépatiques tronqués; f. intestin gréle; g. cœcum; h. dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 8. Appareil digestif fort grossi du BosrricHuS CAPUCINUS. a. Téte; bord occipital prolongé eu apophyse; masse des antennes : composée de quatre articles dont le dernier est tronqué et échancré; b. œsophage et jabot confondus; c. ventricule chylifique ; dd. vais- seaux héputiques ; e. cœcum allongé précédé de l'intestin gréle ; J. dernier segment dorsal de l'abdomen. | Fig. 9. Appareil digestif fort grossi de l'Uzr1oTA FLAVIPES mâle. a. Téte ; bord occipital avéc üne large échancrure peu profonde, dont le fond est droit ; yeux insérés sur les côtés d’une protubé- rance frontale ; mandibules armées d’un prolongement corniforme ; antennes longues et velues ; b. jabot suivi du vent ricule chylifique; ce. vaisseaux hépatiques; d. intestin gréle suivi d'un cœcum; €. rectum ; f. dernier segment dorsah de l’abdomen. ( 123 ) Planche 6. Fig. 1. Appareil digestif médiocrement grossi du Prionus CORTARIUS mâle. ù ; a. Téte ; bord occipital trilobé; b. jabot ; c. ventricnle chylifique ; dd. vaisseaux hépatiques ; e. intestin gréle ; f. cœcum ; 8; dernier segment dorsal de l’abdomen. Fig. 2. Appareil digestif grossi du Prionus FABER femelle. a. Téte; bord occipital trilobé; labre transversal , étroit, cilié; b. jabot; c. ventricule chylifique; dddd. vaisseaux biliaires; e. intestin gréle ; f. portion granuleuse du gros intestin ; g. cœcum ; h. rec- tum fort long; i. portion tronquée des ovaires et glande sébacee ; j. étui commun au rectum et à l’oviducte ; k. tige cornée où se fixent des muscles destinés à l’extraction et à la rétraction de cet étui; Z. dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 3. Appareil digestif grossi de la LamrA Texror femelle. a. Bord occipital de la tête trilobé ; b. jabot et æsophage ; c. ventricule chylifique ; dddd. vaisseaux hépatiques tronqués; e. intestin gréle ; f. cœcum; g. rectum fort long , muni de deux brides musculeuses ; h. dernier segment dorsal de l’abdomen. Fig. 4. Appareil digestif grossi du Cerameyx moscmATus femelle. a. Téte à bord occipital trilobé; à. antennes tronquées ; b. jabot; c. ventricule chylifique; dddd. vaisseaux hépatiques tronqués; e. in- testin gréle; f. cœcum ; g. rectum ; h. dérnier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 5. Appareil digestif grossi de l'HAMATIGHERUS CERDO, a. Tête à bord occipital, légèrement trilobé ; b. jabot précédé de lœsophage; e. ventricule chylifique ; dddd. vaisseaux hépatiques ; e. intestin.gréle ; f. cécum suivi du rectum ; g. dernier segment dorsal de l’abdomen. Planche 7. Fig. 1. Appareil digestif fort grossi du Caztinium Basuzus femelle. a. Bord occipital de la tête trilobé ; b. jabnt; eo. ventricule chylifique ; dddd. vaisseaux hépatiques tronqués; e. intestin gréle; f. cocum intestiniforme suivi d’un rectum fort long; g. dernier ségment dorsal de Pabdomen; 4. étui éducateur pour la ponte des œufs, terminé par deux appendices palpiformes biarticulés. Fig. 2. Appareil digestif fort grossi de la Lerrura HAsrATA mâle. a. Tête avec un col trilobé ; b. ventricule chylifique, précédé d’un jabot fort court; cccc. vaisseaux hépatiques, ceux de la droit ce (124) tronqués ; d. intestin gréle ; e. cœcum suivi d’un court rectum ; E dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 3. Appareil digestif fort grossi du CRIOCERIS MERDIGERA. a. Téte munie d’un col arrondi ; b. ventricule chylifique ; ecc. vais- seaux hépatiques, les grands tronqués , les petits entiers; d. in- testin gréle ; e. cœcum ; f. dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 4. Portion du ventricule chylifique considérablement grossie pour mettre en évidence les papilles. Fig. 5. Extrémité postérieure du ventricule chylifique , vue par sa face inférieure, pour mettre en évidence les insertions ventriculaires des vaisseaux hépatiques. Les plus grands de ceux-ci aboutissent à une vesicule biliaire. 4 Fig. 6. Portion antérieure du cæœcum, vue par sa face inférieure, pour mettre en évidence les insertions cœcales des vaisseaux hépatiques. Fig. 5. Appareil digestif fort grossi de la DowaciA simrzex mâle. a. Tête ; bord occipital légèrement trilobé ; b. œsophage et jabot con- 2 fondus; c. ventricule chylifique; dddd. vaisseaux hépatiques; e. intestin gréle , suivi d’un cœcum peu marqué; f. dernier segment dorsal de l’abdomen. Fig. 8. Portion du tube alimentaire et vaisseaux hépatiques considé- rablement grossis de la DonaciA Discozor. a. Portion postérieure du ventricule chylifique, vue par sa face inféricure ; b. vésicule biliaire des plus longs vaisseaux hépatiques ; cc. vaisseaux hépatiques intestiniformes et flottans ; d. intestin grêle. Planche 8. Fig. 1. Appareil digestif fort grossi de la Cassin virinis femelle. a. Tête carrée, déprimée ; b. jabot suivi du ventricule chylifique ; cecc. vaisseaux hépatiques ; d. cœcum précédé de l'intestin gréle; e. rectum ; f. derniers segmens dorsaux de l’abdomen. Fig. 2. Appareil digestif fort grossi de la TimarcHA TENEBRICOSA. a. Téte; bord occipital légèrement trilobé, labre transversal, co- riacé, échancré ; mandibules courtes, robustes, creusées en gout- tière , édentées; D. jabot; c. ventricule chylifique ; ddd. vais- seaux hépatiques; e. intestin gréle ; f. cœcum suivi d’un rectum bien marqué; gg. ligamens HN A h. dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 3. Extrémité postérieure considérablement grossie du ventricule chylifique, vue en dessous pour mettre en évidence ‘les inser- tions des vaisséaux hépatiques. ( (ram) Fig. 4. Appareil digestif fort grossi de la GALLERUCA LUSITANICA. a. Téte; bord occipital trilobé; antennes de douze articles, dont le dernier beaucoup plus petit, en quelque sorte rudimentaire ; labre échancré, cilié; mandibules pointues avec une petite dent obtuse au-dessous de leur pointe; palpes maxillaires à articles assez gros, conoïdes , le dernier petit, pointu, enchatonné ; b. Jabot ; c. ventricule chylifique ; dd. grands vaisseaux hépatiques ; ee. petits vaisseaux hépatiques ; f. intestin gréle ; g. cœcum; h. dernier segment dorsal de l’abdomen. Fig. 5. Portion très-grossie du tube alimentaire vue par dessous, pour mettre en évidence les insertions des vaisseaux hépatiques. Fig. 6. Appareil digestif fort grossi de la GALLERUCA TANACETI mâle. a. Téte, dernier article des antennes pointu ; chaperon transverse, étroit; labre échancré, cilié ; palpes comme dans l’espèce pré- cédente; b. jabot; c. ventricule chylifique ; dd. grands vaisseaux hépatiques ; e. petits vaisseaux hépatiques ; f. cœcum précédé de l’in- testin gréle, et suivi du rectum ; g. dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 7. Appareil digestif fort grossi de la CocciNELLA SEPTEM-PUNCTATA. a. Tête ; bb. vaisseaux salivaires ; c. ventricule chylifique précédé du jabot; dd. vaisseaux hépatiques ; e. intestin gréle ; f. cœcum suivi du rectum ; g- dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 8. Portion considérablement grossie d’un vaisseau salivaire. Fig. 9. Appareil digestif fort grossi de la CocanEzzra ARGUS. a. T'éte ; bord occipital trilobé, lobe intermédiaire plus petit; labre arrondi, cilié; b. ventricule chylifique précédé du jabot ; cecc. vais- eseaux hépatiques tronqués ; d. cœcurm précédé de l'intestin grêle, et suivi du rectum ; e. derniers segmens dorsaux de l’abdomen. Mémoire Géologique sur le sud-ouest de la France , suivi d'observations comparatives sur le nord du méme royaume , et en particulier sur les bords du Rhin ; ’ Par M. Aur Bové. (Suite. ) Le sol tertiaire du sud-ouest de la Frauce renferme quatre terrains ou étages différens ; les Molasses occupent ( 126 ) la partie la plus inférieure, et supportent un dépôt de calcaire analogue au calcaire grossier parisien, puis vient un terrain d'eau douce et un grand dépôt marneux et arenacé, qui paraît être marin. Les Molasses se voient surtout dans la partie orien- tale du bassin, et s'étendent vers l’ouest environ jusque vers Auch, Condom, Nérac, Marmande et Libourne ; au-delà elles ne reparaissent que çà et là, sous le Cal- caire grossier au nord de la Garonne, et elles sont aussi à l'ordinaire recouvertes par cette formation, ou par le dépôt d’eau douce dans toute la partie du bassin tertiaire au nord de la Viaux et de la Garonne. La formation de la molasse comprend , principalement comme en Suisse, des alternations répétées de Grès à ciment calcaire et de Marnes ; les Grès sont surtout com- posés de grains de Quarz et d’écailles de Mica, ou de Mica talqueux (la Grave), et cà et là aussi de grains de Feldspath. De semblables Grès granitiques se voient, par exemple, au Pic de Bère, au confluent du Lot et de la Garonne. Les Grès ont un ciment calcaire plus ou moins abon- dant et passent aux marnes sablonneuses ; ils sont, à l’or- dinaire, grisètres ou gris-blanchâtres ou brunâtres; ils se désagrégent souvent assez facilement en sable et em- pèchent ainsi leur emploi comme pierre à bâtir, et ils offrent çà et là, par suite de la distribution inégale du ciment calcaire, des concrétions globulaires ou des ro- gnons allongés , botryoïdes on en forme de choux-fleurs, commé cela se voit au-dessus de Fronsac près de Libourne. Ces roches qui sont identiques avec les Molasses de la Suisse, renferment quelquefois des amas où même des lits de Poudingue calcaire composé de cailloux prin- (127) cipalement quarzeux et de calcaire intermédiaire, comme à Grateloup dans le département de Lot-et-Garonne. Dans les endroits où j'ai observé ces agglomérats, ils se trouvaient parmi les assises supérieures de ce terrain. Les Grès calcaires renferment aussi des rognons mar- neux blanchàtres et jaunâtres , qui peuvent quelquefois être dérivés de la décomposition des cailloux calcaires, comme ceux de l’Argile tertiaire supérieure: de Vienne en Autriche. AET Les Marnes de ce dépôt sont plus ou moins argileuses et peu feuilletées ; elles sont jaunâtres, jaunes brunûtres; bleuâtres, grises-bleuätres , et plus rarement en partie bigarrées de rouge, comme à la Graye près de Saint- Denis non loin de Libourne. Ces roches ne m'ont offert ni Pyrites ni Gypse, et an nord de la Garonne aucune trace de lignite ; mais au sud de ce fleuve , M. Jouannet nous apprend que le creuse- ment des puits en a fait découvrir dans plusieurs endroits près de Bordeaux, comme à Belin, à Sestos, etc. (1). Ce com- bustible est accompagné d’argile et de poudingue. Au sud de Dax l’on voit aussi paraître çà et la sous le sable des Landes des argiles avec des lignites accompa- gnés de fer phosphaté (Saint-Lon); mais il est extré- mement difficile quelquefois de décider si ces masses font partie de la Craie, de la Molasse ou même du Cal- caire grossier ou des sables des Landes. Ainsi le dépôt de Bitume sablonneux ou de Poix minérale d'Armentière auprès de Bastènes, semblerait au premier abord placé dans les sables comme celui de Zilensig en Prusse (2), .… 2 (1) Voyez Recueil académique de Bordeaux , 1823. (2) Foyez Schriften der Naturforscher Gesellschaft, in Berlin, vol. - 11, p. 335. ’ ( 128 ) quand on le voit reposer sur une argile noire bitumi- neuse et être recouvert d’abord d’un peu de sable à cailloux de Quarz et de Minerai de fer hydraté; et plus haut par une marne argileuse, brunâtre et jaunâtre, à petites parties de Bitume ; mais quand on observe ensuite dans la collection de M. de Borda, la résine fossile, les dents de squale et les bivalves (Vénus?) rares qu’on as- sure y avoir été trouvées, on pentherait à l’annexer à la craie plutôt qu’à l'argile plastique, si les mêmes fos- siles ne se retrouvaient pas dans une couche bitumineuse intercalée dans la partie inférieure du calcaire grossier de l'Esperon près de Dax. Des restes d'êtres marins n'existent que dans les cou- ches tout-à-fait supérieures de la Molasse, et près de son contact avec le calcaire grossier ; ainsi à la Grave près de Libourne , une couche de Grès au haut du côteau laisse apercevoir distinctement de petits fragmens de coquil- lages bivalves et d’univalves calcinés ; maïs jamais je n'y'ai pu trouver des fossiles entiers. Enfin on y observe rarement ,.comme en Suisse, des débris d’ossemens comme dans le Grès de la Grave, près de Libourne, où M. le duc Decazes à creusé une glacière et a fait décou- vrir des restes de trois éspèces de Palæotherium, d’un Crocodile et d’un Fryonix (1). : Les roches de cette formation offrent des assises d’une épaisseur qui varie non-seulement d’une couche à une autre, mais encore dans la même couche ; ainsi on voit des couches de Grès qui ont vingt à trente ee d’é- paisseur et qui se rétrécissent plus loin jusqu’à n’avoir plus que quelques pieds. C'est cette stratification irré- (1) Voyezle dernier volume des Ossemens Fossiles de M. Cuvier. ( 129 ) gulière et la surface ondulée.de la Craie, qui fait que ce dépôt a une surface extrèmement bosselée, et qui rend difhicile non-seulement son étude, maïs encore celle des terrains superposés. Ainsi le géologue qui ne s’est pas apercu de cela, est tout étonné de trouver les mêmes couches à des niveaux très-différens, et de revoir même dans une plaine les couches d’un escarpement voisin très-considérable, comme de deux à trois cents pieds de haut. Les bords de la Ga- ronne entre Agen et Marmande présentent ce fait d’une manière très-frappante, car sur tout le côté nord, on a des collines de Molasse couronnées de Calcaire d’eau douce et d’une hauteur d'environ trois cents à quatre cents pieds, et sur la rive sud il n’y a que des petites collines, qui s'élèvent peu à peu au sud; en général il paraît que tout le long de la Garonne la formation de la Molasse descend à un niveau inférieur sans perdre en apparence aucune de ses conches supérieures, et c’est cetie espèce de vallée naturelle qu'est venu occyper la Garonne, qui ensuite l’a creusée plus profondément et a entamé ses flancs. | Voici trois coupes de cette formation comme exemples. La première est prise au Pic de Bère au confluent du Lot et de la Garonne. On y voit dans la colline se suc- céder, de bas en haut, une couche d'argile grise, un Grès .micacé calcaire, une argile marneuse jaune, une argile grise, bleuâtre et verdâtre, une marne argileuse grise et jaunâtre , une marne argileuse jaunätre, une marne ar- gileuse bleuâtre , une roche semblable, jaune brunätre, une roche semblable grise-bleuätre, un Grès calcaire, un sable jaunâtre à petits filons calcaires, une marne Tome IV. 9 ( 130 ) jaunâtre à parties blanches, une marne blanchätre re- couverte du Calcaire d’eau douce. À la Grave près de Saint-Denis ( département de la Gironde), on voit se succéder de même, de bas en haut, une marne grise et rougeàtre, une marne grisâtre et bleuâtre, un Grès calcaire à mica talqueux verdâtre, à ossemlens et quelquefois à parties fortement endurcies par un suc calcaire , et formant des amas’ et des petits filons , un Grès calcaire fin à petits rognons de marne argileuse verdàtre et grisâtre, une marne calcaire en- durcie, une marne grise-jaunâtre et une marne argileuse jaune-verdâtre, une marne grise-jaunâtre à rognons mar- neux endurcis et une marne argileuse. Près de Fronsac les collines présentent de bas en haut la série suivante de couches : une marne” grise et blan- che ; un Grès calcaire , une marne argileuse verte à petites parties blanches, une marne jaunàtre et grisätre avec des rognons de marne calcaire endurcie plus ou moins grossière, une marne sablonneuse verdâtre à parties cal- caires etrenfermant plus de sable vers sa partie supérieure que vers sa partie inférieure; une marne argileuse ver- dâtre à petites parties calcaires et dessus un lit de Cal- caire blanc-jannâtre compacte avec des coquillages, telles que des bivalves et des cérithes, et enfin un Calcaire blanc peu coquillier. Sur la formation de la Molasse s’est déposé le calcaire grossier, comme nous venons de le voir et comme l’on peut encore s’en assurer à Blaye et à Gironde où les marnes argileuses inférieures sont en partie rougeâtres et employées pour des tuiles. Le dépôt calcaire ne se montre que dans la partie oc- ( 131) cidentale et nord-ouest du bassin ; il abonde surtout entre Blaye, Saint-Emilion, la Réolle, Langon et Bordeanx; il y forme des collines escarpées le long de la Garonne, de la Dordogne et de la Gironde, et produit antour de Bordeanx toutes les éminences fertiles qui s’élèvent hors des Landes à l’ouest, au sud et à l’est de cette ville. À l'est de ce district il paraît se prolonger quelquefois sous les dépôts plus récens, du moins il reparaît daris les environs de Condat où de Fumel. Au sud on ne le trouve plus qu'à un niveau fort inférieur ; ainsi il se montre çà et là dans les Landes, quand le lit des rivières est assez profond, comme à Roquefort , autour de Môat- de-Marsan , le long de la Bouze et du Midou ; il se trouve en assez grande masse à Tartas et ressort souvent sous les sables tertiaires des Landes, sur la rive occidentale de l’Adour entre cette ville et Dax. Au sud de l’Adour il reparait encore au-dessous de Saint-Séver , à l’ouest de Dax à l'Esperon où il occupe assez de place dans un vallon, et au pied des coteaux qui bordent la rive nord du Luy depuis Narrosse jusqu’à Donzac. Cette distribution particulière du Calcaire grossier ne laisse pas que d’être très-intéressante, car il Paraîtrait d’après cela que le dépôt ne s'est adossé que sur ün côté d’une série de hauteurs de Molassé, qui est encore assez bien indiquée par les collines on le pays. élevé qui part du pied des Pyrénées près de Lannemézan , traverse les . Landes environ du sud-est au nord-ouest, forme aiusi le partage des eaux et s’éténd ensuite par la Réolle dans la partie nord du département de Lot-et-Garonne. Dans tonte la partie orientale du reste du grand bas- sin , le calcaire ne s’est pas déposé et toute cette portion 9 … (1829 s’est trouvée transformée après le dépôt de cette roche en un bassin d’eau douce, qui avait une ou peut-être plusieurs issues pour l'écoulement de ses eaux dans la mer ; le lit actuel de la Garonne inférieure est probable- ment le reste de l’un de ces canaux de communication. Le Calcaire grossier de cette partie de la France se divise en deux assises distinctes, la première ou l'infé- rieure occupe presque toute l'épaisseur du dépôt, et: n'offre qu'une roche plus ou mois: compacte, dont les parties mêmes les plus inférieures ne laissent apercevoir aucune trace de particules vertes, et l’assise supérieure n’a qu'une épaisseur beaucoup moins considérable et est en grande partie sablonneuse , et remplie de fossiles très- souvent bien conservés. Le Calcaire grossier compacte est jaunätre ou jaune brunâtre (Mont-de-Marsan), ou jaune blanchâtre ou même blanchâtre, comme sur les hauteurs de Fronsac et de Libourne. Il offre différentes variétés qui dépen- dent de son grain plus ou moins fin ou de sa nature plus ou moins marneuse, ou de la quantité et du genre des restes organiques qu'il renferme; ainsi autour de Li- bourne et au Pont de la Malle près de Bordeaux les as- sises, tout-à-fait inférieures, présentent des calcaires compactes très-peu coquilliers, blanchâtres et ressemblant de loin à une craie dure. Ailleurs les Calcaires de certains lits renferment assez de Cérithes ou de Miliolithes et se rapprochent davantage des Calcaires grossiers de Paris, tandis que çà et là ils s'en éloignent, lorsqu'ils sont rendns poreux par un grand nombre de débris fossiles ou de madrépores branchus, et qu’ils sont d’une nature particulière assez friable , comme certaines couchesd’entre deux mers au nord de Bordeaux. (1331) Des lits minces de marne calcaire séparent quelque- fois les couches compactes, et dans les couches tout-à- fait inférieures , on observe des cailloux de Quarz de la grosseur d’une noisette ou d’une noix, et des couches qui renferment naturellement ou par suite d’une dé- composition, des rognons irréguliers de Calcaire dur dans une base jaunûtre friable , comme cela se voit bien dans les carrières et les escarpemens aux environs de Blaye. Plus rarement on trouve, parmi les mêmes assises, des Calcaires d’une teinte grisätre plus ou moins foncée et légèrement bitumineux ou fétides , comme à Bourgneva près de Bordeaux , et à l’Esperon à l’ouest de Dax. Dans ce dernier endroit l’on voit au-dessus des marnes crayeuses et des argiles, reposer avec une inclinaison à l'est nord-est de trente degrés, la série suivante de couches : une marne calcaire grise terreuse, un calcaire grossier gris, une marne calcaire grise à parties plus foncées, une marne calcaire tachetée de blanc, un ealcaire mar- eux blanc et jaunâtre à Miliolithes et Cérithes, une marne calcaire grise, une marne calcaire fort bitumi- neuse , grise noirâtre à Natices et bivalves , un calcaire gmarneux gris à rognons de calcaire endurci et avec quelques bivalves, un calcaire sablonneux coquillier, jaunâtre et à boules d’argile , un calcaire blanc à rognons de calcaire dur, une marne calcaire grise à petites co- quilles , enfin un calcaire gris-brunâätre à Madrépores, à Echinites, Sabots, Cérithes et Natices, et au-delà il y a encore d’autres couches calcaires semblables. Il est aussi arrivé qu'en exploitant des Calcaires gros- siers de la Dordogne pour la bâtisse, l’on y a trouvé des morceaux de lignite où de charbon minéral. (134 ) Les assises sablonneuses du Calcaire grossier ne se voient qu'au sud de Ja Garonne, autour de Bordeaux; on les connaît surtout près de Langon, de Saucas, de Leognan, de Mérignac et de Saint-Médard, et elles y occupent un niveau beaucoup plus bas que les couches compactes du nord de la Garonne et se cachent sous les sables des Landes. Dans le département des Landes des dépôts semblables se voient sur le calcaire grossier à Saint-Séver, entre Tartas et Dax et près de Dax. Les affleuremens les plus connus près de.cette dernière ville sont au nord de l’A- dour dans la commune de Saint-Paul ,savoir le Mainot dans le quartier de Castelcrabe, le moulin de Cabanes, les lieux, appelés Labernadère, Tucavu, le Mandillot, Abesse, Vielle et Quillac. On trouve des banes sembla- les le long du bord nord du Luy près de Narrosse , de Saugnac, de Sort, de Cambran, de Garrey , de Mim- baste, de Clermont, de Poyartin, de Montfort, d'O- zoust et, de: Castelnau; au sud du Luyÿ il y en a, de même dans les collines de Heugas, de Gaas, de Benesse et. de Caignotte. %o . Ces Calcaires sont des espèces de marnes blanches- jaunètres, jaunâtres ou brunâtres ; plus exactement ce sont des débris très-atténués de coquilles et de Zoo:, phytes , qui sont mèêlés de quelques particules argileuses. Certains lits sont agglutinés en un Caicaire qui donne une pierre à bâtir peu durable (Leognan, Langon )ou même une espèce de Calcaire grossier à Péctoncles et Peignes, qui se trouve dessus et dessous les faluns , comme cela se voit près, de Dax et de: Saint-Séver. Rarement dans certaines localités, comme à Abasse, près de Saint-Paul, la! marne calcaire coquillière se ( 289 ) troïfve assez imprégnée de fer hydraté jaune-brun pour mériter d’avoir été exploitée. Il est possible que cet ac- cident provienne du voisinage d’un banc de fer oligiste dans le grès bigarré ou peut-être des sources minérales qui en derivaient leurs parties ferrugineuses. Ces dépôts atteignent une épaisseur de quelques pieds, à vingt ou vingt-cinq pieds même; ils sont exploités comme marnes et on y trouve rarement, à ce qu'il paraît, des débris de bois bitumineux ou pyriteux , dans le dé- partement des Landes. Les pétrifications de ce terrain n’y sont pas distribuées, du moins en apparence , également ; dans les assises in- férieures abondent surtout les Miliolithes , les Clypéastres bombés avec quelques univalves et bivalves, et cà et là beaucoup de madrépores, quelques dents de Squale; néanmoins ils ne sont pas entassés, comme les fossiles des faluns. Dans ces derniers les genres et les espèces fossiles sont très-nombreux; comme M. Basterot va publier très-in- cessamment ün travail spécial sur ces restes organiques , je me contenterai d'indiquer ici les fossiles que j'y ai observés. On y trouve les genres suivans : Patella (deux espèces), Fissurella, Crepidula, Capulus (quatre es- pèces ), Calyptrea (trois espèces), Conus (deux espèces), Cypræa ( deux espèces), Ovula, Oliva, Ancilla, Voluta, Mitra, Marginella , Tornatella , Nassa | Cancellaria, Buccinum ; Terebra (plusieurs espèces }, Purpura , Dolium, Harpa, Cassis ( deux espèces ), Strombus, Ros- tellaria (trois espèces ), Murex (au moins cinq espèces ), Fusus, Pyrula, Fasciolaria, Pleurotoma (beaucoup d’es- pèces), Cerithium (plusieurs espèces), Scalaria, Tro- ( 236 ) chus, Solarium, Turbo, Monodonta, Turriteila (plu- sieurs espèces), Bulla , Phasianella , Pyramidella, Natica, Nerita, Neritina, Melania, Stomatia, Haliotis, Denta- Bum (quatre espèces), Serpula, Siliquaria, Nautilus, Vaginella, Mytilus. (Ces Moules sont analogues à celles des terrains tertiaires du Rhin et du Danube inférieur, ét aussi à ia moule d’eau douce de Hongrie.) Nucula (au moins deux espèces), Pectunculus, Arca, Cardita, Cardium, Crassatella, Lutraria, Mactra, Erycina , Do- nax, Lima (au moins deux espèces), Venus, Cytherea, Cyrena, Venericardia , Lucina (trois espèces ), Tellina, Solen, Mya (deux espèces), Pholas, Chama, Ostrea (trois espèces), Avicula, Perna, Pecten , Corbula ( deux espèces), Terebratula, Balanus, Lepas. Il y a aussi des Lunulites , des Licophris lenticulata (de Denys de Mont- fort), &es Alvéolites (Dax), des Madrépores propre- ment dits, des Astrées (au moins trois espèces), des Millepores, des Oursins , des Scutelles à contour angu- leux (Dax), des ossemens de cétacées (Mérignac, Na- rosse, Montfort), des os de Dauphin ( Poyartin ), des dents de Squale, des os de poissons ( Dax), et des os de Mastodonte de Poyardin qui se voient dans la collection de Dax. On peut remarquer que ces fossiles sont plus ou moins bien conservés dans différentes localités et que certaines coquilles, telles que les Néritines, etc., ont encore leurs couleurs naturelles. Quelques-uns sont ‘presque toujours brisés tels que les Pernes, les Avicules, les Nautiles et mème les Moules , et d’autres: sont fort rares , par exemple les Solarium et les Mnrex qui sont assez communs près de Paris. Les Oursins Cuv. y (137) sont beaucoup moins fréquens que dans l’assise inférieure et jamais si grands; ils appartiennent à d’autres espèces que ceux qui gissent plus bas. Quoique ces restes organiques se trouvent généra- lement partout, néanmoins le nombre des mêmes espè- ces varie beaucoup d’an lit à un autre et d’un lieu à un autre , et certaines espèces y sont plutôt par amas ou par bancs; ainsi autour de Bordeaux à la Coquillière le long du ruisseau de Hos près de Saucas abondent surtout les belles Pyrules et les jolies Lucines qui ne sont que fort éparses ailleurs ; dans le bois près du moulin de l’é- glise à Saucas , il y a des espèces de lits courts de grands peignes que l’on ne revoit pas à Léognan, tandis qu'il y a çà et là dans cette dernière localité des accumulations considérables de grandes Turritelles, d’une grosse espèce de Cérithe, et une assez grande quantité de T'rochus glutinosus ? qu'on ne revoit pas à Saucas ou qui y sont infiniment plus rares. A Léognan dans le champ du moulin au bord du ruis- seau et dans le jardin de M. Jordan , les petites coquilles sont beaucoup plus nombreuses que partout ailleurs, vu que le sable marneux y est très-fin ; les Corbules, les Stomatia , les Nucules, les Vaginelles et surtout des oper- cules d’univalves y abondent, et près du moulin Coquilla se rencontrent surtout les raretés de ce dépôt, savoir les . Pernes, les Avicules, les Solen, les Rostellaires, les Murex , les Capulus et les Solarium. À Mérignac dans la vigne de M. Durucu se trouve surtout une immense quantité de Madrépores, d’Astrées, et de Licophris, qui sont mêlés d'un bon nombre de Moules , de Lucines , de Cyprées , de Cônes , de Cérithes, de Néritines , de Dentales , de Cabochons, de Crépidule s ( 138 ) et de Balanes et même d'os de Cétacées : tous ces fossiles sont peu communs ailleurs. Le Falun de Saint-Médard a aussi ses particularités , et autour de Dax l’on remarque la même chose ; ainsi d’a- bord, certains Fossiles communs dans ce dernier lieu, tels que les Rostellaires , sont très-rares à Bordeaux, et les Nautiles, dont des fragmens se voient assez souvent à Léognan , sont assez rarement bien conseryés au Man- dillot, près de Dax. dur De plus, on voit près de cette dernière ville, des Scalaires, des Dolium, des Haliotis, des Lepas, dont je n'ai pas eu occasion d’observer de traces sur les bords de la Garonne. Autour de Dax, les Fossiles varient encore d’un lieu à un autre assez considérablement; ainsi les Rostellaires existent surtout au Mainot, les Cyprées et les grandes Huîtres, semblables à celles qui sont supérieures au Cal- caire d’eau douce de la Garonne, au moulin de Cabanes. Les ossemens de Baleine et de Dauphin existent aussi surtout dans cette localité , ainsi qu’à Narosse et dans la commune de Montfort. Enfin près du moulin de Ca- banes, et au lieu dit le Mantillot, on observe dans le falun des Coquilles d’eau douce , qui ont encore quel- quefois leurs couleurs, et qui se rapportent aux genres Neritina, Melanopsides ( M. Dufouri Fer. ), Planor- bis et Helix. Dans ces dernières localités, le Falun repose sur un banc semblable, endurci et changé en un Calcaire bru- nâtre, et.il contient aussi des rognons endurcis sembla- bles , dont la forme rappelle, quelquefois , celle des cail- loux roulés. - Cette circonstance, jointe aux cailloux de Quarz et (139) d’autres roches des Pyrénées qui s'y trouvent empâtées, ont fait naître à M. Grateloup l’idée qu'il y avait eu dans ces endroits un remaniement du Falun, au moyen d’un courant d’eau douce, d’où serait résulté naturellement ce mélange de Coquillages d’eau douce et de Coquilles marines (1). En réfléchissant sur ce sujet, sur les lieux, je n'ai pu m'empêcher de trouver cette explication très-plausible , mais je suis loin de croire que ce remaniement , causé par un courant d'eau douce , soit de date récente; il est au contraire presque de l’âge du F‘alun , parce qu'on revoit , dans le nord du bassin, des mélanges semblables (Mérignac, Léognan ), accompagnés mème de vérita : bles alternations de couches de Calcaire marin et de Calcaire d'eau douce. C’est au moulin de l'Église , près de Saucas ( dépar- tement de la Gironde ), que j'ai fait, dans l’agréable compagnie de M. Jouannet, cette curieuse observation. Sur le bord méridional du ruisseau de Hos , l’on trouve un petit talus composé de bas en haut des couches sui+ yantes : un Calcaire sablonneux formant des rognons irréguliers dans un sable Calcaire composé de Coquil- lages brisés, un Calcaire à Cérithes, Miliolithes et Bi- valves , un Calcaire sablonneux jaunâtre, ou une espèce de Falun à Cérithes, Dentales, Pyrules, Lunulites, Pétoncles , Arches, etc.; une marne blanche grisà- tre, à Planorbes et Lymnées; elle prend un aspect bréchiforme , et est fortement endurcie dans sa portion supérieure, où elle est percée de trous de pholades, (1) Ilest à espérer que M. Grateloup nous fera connaître incessam- ment les curieuses observations qu'il a faites sur les faluns du dé- partement des Landes. (140 ) dont les Coquillages sont encore en partie intacts dans les vides ainsi formés. Enfin, au-dessus repose distinc- tement un Falun ou un sable calcaire à Cérithes , Turritelles , Pyrules , Casques , Strombes , Olives , Patelles, Calyptrées , Peignes, Tellines , Mactres, Vagi- nelles, etc. Sur la rive opposée du ruisseau, l’on observe la même chose dans une carrière de Calcaire d’eau douce de quatre pieds et demi de profondeur. Une marne sa- blonneuse calcaire, à Coquilles marines , à Cérithes et à rognons marneux, endurcis, blancs, en occupe le fond, et est recouverte par une marne argileuse, bru- nâtre ; un Calecaire marneux, fétide et noirâtre, à Pla- norbes et Lymnées, un Calcaire. d’eau douce bréchi- forme, c’est-à-dire composé de fragmens angulaires du Calcaire précédent noirâtre , et empâtés dans une base semblable, moins foncée. La grosseur de ces morceaux varie de celle d’un pois à celle d’un œuf de poulet ou de dinde. L'on voit au-dessus un ou deux pouces d’un Calcaire compacte, brunâtre, ayant fair siliceux, et àstra- tification ondulée ; un Calcaire marneux, bréchiforme, à fragmens de la même nature que la pâte , et à Planorbes, Lymnées, Hélices, et çà et là à univalves ressemblant aux Cérithes ; une marne argileuse coquillière , avec tous les Fossiles précédens, et dans sa partie supérieure en outre avec des grandes Cyrènes. ( Mactra ? Cyrena de M. Brongniart. ) Enfin, sur la surface très-irrégulière de ce dernier lit, se trouve un sable Calcaire blanc-gri- sâtre, avec les mêmes Fossiles marins que le Falun au- dessous du Calcaire d’eau douce, savoir surtout des Cérithes, des petites Lucines et d’autres bivalves. M. Jouannet a aussi observé, dans la partie inférieure (ir) du Calcaire d’eau douce de Bazas, un mélange de Co- quilles marines et d’eau douce. Ces derniers exemples indiquent dans ces différens lieux des accidens particuliers ; en effet, par la distri- bution du Calcaire grossier et du Calcaire d’eau douce de notre bassin , ils se trouvent placés de manière qu’on peut croire, qu'à Dax et à Mérignac, un courant d’eau douce y a amené les Coquillages fluviatiles , tandis qu’à Saucas l’eau douce a pu prédominer quelque temps sur l’eau de la mer , parce que c'était probablement un des points voisins du contact du canal d'écoulement du bas- * sin d’eau douce avec l’eau de la mer. | Ce qui vient encore corroborer cette idée, c’est que sur les confins assez élevés du Calcaire grossier et du Calcaire d’eau douce, comme à la Réolle, l’on croit apercevoir déjà, dans les assises tout-à-fait supérieures marines, des indices géologiques de l’approche du ter- rain d'eau douce. On y voit, en effet, les roches suivantes se succéder _de bas en haut. Un Grès calcaire marneux ; une marne rargileuse, grisätre , coquillière ; un sable marneux gris ; “une marne grise, à Coquilles marines; un sable mar- neux , à roguons endurcis ; deux alternations d’une marne argileuse et d’un sable jaunâtre ; une marne ar- gileuse grise; un Calcaire d’un aspect bréchiforme ou à fragmens empatés d’une marne verdàtre, et çà et là avec des huîtres ; un Grès calcaire coquillier; une marne brunâtre, à huîtres et à rognons marno-calcaires; un Calcaire grossier sablonneux ;: et une marne blanche grossière , à Coquilles marines turbinées. Le Calcaire d'eau douce, qui succède au Calcaire grossier, ne paraît le recouvrir nulle part, si ce n’est (142) dans les environs de Saucas ; à l’ordinaire , les deux dé- pôts sont séparés par un vallon, du moins je me suis donné inutilement beaucoup de peines pour trouver de semblables superpositions. Il est possible cependant qu’on soit assez heureux d’en découvrir entre la Réolle -et Lauzun. Du reste, les apparences géologiques et la distribution particulière du Calcaire grossier, ne laissent pas de doute que le Calcaire d’eau douce , malgré sa po- sition sur la molasse, ne soit postérieur au Calcaire grossier. Le Calcaire d’eau douce, qui paraît correspondre au dépôt d’eau douce de Paris supérieur au Calcaire gros- sier. occupe dans le bassin un espace assez considérable et limité environ par une ligne irrégulière, passant par la Réolle, Bazas, Condom, Auch, Moissac, à l’ouest de Cahors et’ près de Lauzun. Tout le reste du sol du fond du bassin est presque uniquement formé par la molasse, et il me paraît fort peu probable qu’on doive rattacher à nôtre bassin d’eau douce les dépôts sembla- bles qui se trouvent en petite quantité autour de Milhau, dans la partie supérieure du Tarn, et ceux qui couvrent une assez grande étendue de pays schisteux, granitique et trachytique autour d’Aurillac. Ces derniers bassins peuvent bien avoir été en communication, au moyen d’un cours d’eau avec le bassin du Lot et de la Ga- ronne ; mais ils formaient, cependant, des lacs d’eau douce tout-à-fait indépendans de celui dont nous allons décrire les dépôts. Le Calcaire d’eau douce couronne les collines de mo- lasse, et suit toutes les irrégularités de la surface de ‘ce -dernier terrain. Il s'élève environ entre quatre ‘on cinq cents pieds au-dessus de la mer; dans les endroits les (143) plus élevés , comme entre le Lot et fa Garonne, il forme sur les côteaux, tantôt des plateaux élevés, assez éten- dus , tantôt des séries de buttes blanches à petits escar- pemens, qu'on reconnait de très-loin, ou bien il ne s'élève qu'en petites collines arrondies dans la plaine. En général, ce terrain de molasse et de Calcaire d’eau douce est très - irrégulier , et entrecoupé d’un grand nombre de grandes rivières et de ruisseaux, de vallées ou 4e gorges : de-là vient aussi la grande fertilité et la variété des produits naturels de cette partie de la France. Les pentes et les plaines de molasse sont propres, par leurs marnes , à des champs et à différentes cultures ; les côteaux calcaires donnent d’excellens vins, et procu- rent à la vigne une nourriture et une chaleur qui lui conviennent ; tandis que les petits vallons humides offrent çà et là quelques pâturages , et les grandes vallées remplies du limon et du gravier des rivières , permettent la culture si avantageuse du tabac. Le Calcaire d'eau douce se trouve divisé, à l’ordi- naire, naturellement en deux assises assez constamment distinctes : l’assise inférieure est un Calcaire sans co- quilles , et l’assise supérieure un Calcaire très-coquillier, accompagné de marnes. Ainsi, par exemple, au Pic- de-Bère , au confluent de la Garonne et du Lot, l’on ob- serve, au-dessus des couches horizontales d’une grande convexité de molasse , un Calcaire compacte blanchâtre, ur peu poreux, "qui renferme en apparence des frag- mens arrondis ou angulaires d’un Calcaire de la même nature; puis un Calcaire marneux gris; un Calcaire marneux blanc verdâtre , à aspect bréchiforme ; un Cal- caire blanc marneux , semblable à la première couche. Au-dessus suivent les assises coquillières , consistant en (144) un Calcuire gris fétide à Planorbes, Lymnées , Hélices , à nids d’Argile jaune, et à tubulures ou porosités iden- tiques avec celles de tous les Calcaires d’eau douce con- nus, et en un Calcaire poreux blanchâtre, avec les mêmes coquillages et des débris d'ossemens. Enfin, viennent des lits de Marne argileuse, jaune grisätre et blanchâtre, sans aucune trace de Fossile. Le haut des collines qui dominent la Garonne, de Tonneins à Moissac, offre la même série de couches ; un Calcaire plus ou moins marneux , à rognons calcaires de même nature, recouvre immédiatement la molasse , et le plateau supérieur est formé par un Calcaire coquil- lier , quelquefois marneux, légèrement fétide, et çà et là à ossemens de quadrupèdes d’espèces maintenant éteintes. Le Calcaire compacte sans Coquilles est souvent as- sez différent des Calcaires d’eau douce ordinaire, car il est quelquefois aussi compacte qu’un Calcaire jurassique, et ses teintes jaunâtres ou blanchâtres le rapprocheraient, minéralogiquement, tout-à-fait de ces Calcaires , si l’on n’y apercevait pas, cà et là, quelques petites cavités ca- ractéristiques. Ces dernières sont tapissées, le plus souvent, de pe- tits cristaux de chaux garbonatée, et plus rarement de baryte sulfatée bleuâtre qui, çà et là, forme même des groupes assez gros de cristaux, comme dans les en- virons de Lagarde, près de Lauzun. De petits filons de chaux carbonatée fibreuse s’y rencontrent aussi. Les autres variétés de ces Calcaires ont presque toutes un aspect oolitique ou bréchiforme, c’est-à-dire que des fragmens arrondis ou angulaires sont empâtés dans une base qui est de Jlamème nature que les prétendus dé- 1 | } (145) bris ; mais quand on vient à examiner avec attention ces derniers + On trouve que très-souvent ce sont des con- crétions calcaires qui ont été endurcies plus tôt que le reste de la masse, et même, çà et là, ces espèces de ro- gnons sont légèrement imprégnées de silice , et laissent apercevoir, comme près d'Agen, une espèce de struc- ture circulaire concentrique : la roche a alors presque l'aspect d’une Craie dure, à rognons de silex pyro- maque, .‘ Cette structure concrétionnaire m'a paru , depuis, être assez généralement répandue dans la plupart des Calcaires d’eau douce. Ainsi elle existe en partie, dans celui d'Ulm, et dans le Calcaire grossier mélangé de Coquilles d’eau douce de l'rancfort-sur-le-Mein, mais nulle part elle ne m’a paru si universellement distincte que dans le sud de la France; ailleurs elle est au con- aire le plus souvent masquée. C'est à cette structure et à des retraits que je crois devoir attribuer la formation de presque tous, ou de tous les Calcaires d’eau douce bréchiformes du sud de la France; car cette apparence particulière, et ces fragmens angulaires empâtés dans une base semblable, ne se laissent guère raisonnablement expliquer par la supposition d’une destruction ou d’un morcellement d’une couche et de sa réagglutination. Les Calcaires d’eau douce coquilliers sont exactement semblables à ceux de Fontainebleau, d'Ulm , de Wal- lerstein, etc. Ils sont grisätres ou gris noirâtres, tra- versés de tubulures caractéristiques , et cà et là tapissés de cristaux de chaux carbonatée. Les Fossiles ordinaires ÿ sont sonvent par paquets, et y offrent plusieurs espèces de Planorbes, de Lym- Tome IV. 10 (146) nées, d'Hélices, et peut-être de Cyclostomes (+). Je n’y ai pas pu découvrir d'autre coquillage d’eau douce, mais des ossemens de Paléotherium ( P. medium, Agen, Pic-de-Bère) et de Tryonix ( Lauzerte) (2), y sont assez fréquens. La seule roche qui m’ait paru subordonnée à ce dé- pôt, c'est un Silex meulière, ou une espèce de Silex plus ou moins carié, qui participe tantôt de la nature du silex pyromaque, tantôt de celle du silex corné, (Hornstein), et qui passe même au Calcaire, en se mé- langeant de parties calcaires. Les couleurs sont d’ailleurs, comme dans le Silex meu- lière de Paris, le gris, le jaune, le jaune brunätre et le brun foncé, et il présente, çà et là, un aspect bré- chiforme, en paraissant renfermer des morceaux de Cal- caire. On n’y voit jamais de Coquilles fossiles, mais quelquefois on y rencontre beaucoup de bois dicotylé- dons silicifiés et semblables au bois des conifères, comme à Grateloup ( département de Lot-et-Garonne). Les bois siliceux de palmiers de Montflanquin appartiennent probablement aussi à ce dépôt. Ce produit siliceux est assez rare dans le sud de la France, et ne se trouve qu’en espèces d’amas dans la partie supérieure du Cal- caire sans coquilles, comme à Damazan et à Grateloup, et peut-être , dit-on, à Gontand. Les masses de cette meulière sont trop petites et trop peu cariées pour être ‘employées comme meule, néan- moins elles offriraient quelques avantages comme pierre de route. Au-dessus du Calcaire d’eau douce, l’on voit M LUE a es inptipiélaes ch, 24 SSSR ai (1) Voyez Annales du Muséum, vol. 19. (2) Voyez le dernier volume des Ossemens Fossiles de M. Cuvier. ( 145) au nord de la Garonne, dans les endroits les plus éle- vés’, et au sud de cette mème rivière , sur les côteaux, des masses plus ou moins grandes d'Argile marneuse , dessous lesquelles sourdent quelquefois des sources. Aïnsi nous en avons déjà cité sur le Pic-de-Bère, près d’Aiïguillon, et il s’en trouve de semblables au sud de. la Garonne, près de Léognan, près de la Plume, et sur “plusieurs autres points du département de Lot-et- ‘Garonne. Près de la Plume, l’on voit reposer les argiles gri- satres ou grises jaunâtres sur le Calcaire d’eau douce compacte et coquillier ; elles y renferment de petits groupes de cristaux de Gypse en crête de coq, et elles sont recouvertes par les graves ou sables des Landes, qui forment le sommet de la butte. ÿ Le Gypse a été exploité autrefois , mais il s’est trouvé en trop petite quantité pour pouvoir supporter la con- currence du Gypse amené du nord de la France dans ces contrées. | Outre ces argiles sans fossiles , l’on trouve encore en lambeaux, cà et là, des argiles marneuses jaunâtres ou grisätres , mêlées de parties blanchâtres, et pétries de grandes huïtres ressemblant à l’Ostrea hippopus et à l’huître des environs de Berne. Ces espèces de bancs d’huïtres se trouvent le long de là Gironde , de la Garonne , du Lot et de la Dordogne, et il ne me paraît pas tout-à-fait sûr qu'il n’y en ait point dans le département des Landes, car les grandes huîtres de cette contrée sont identiques avec celles dont nous parlons , et doivent néanmoins provenir , dit-on , des Fa- luns du Calcaire grossier. Ces amas d’huîtres s'élèvent assez haut, puisqu'on les trouve adossés contre les pente 10° (2148 ) des plateaux les plus élevés du Caleaire d’eau douce, comme sur le côté oriental du Pic-de-Bère , tandis qu'ils recouvrent ailleurs de semblables masses qui n’atteignent pas une si grande élévation , comme on le voit dans les vignes de Galapian , au nord du Lot. Les huîtres se trouvent entières ou brisées, le plus souvent les valves supérieures sont changées en marnes, ou ont à moitié disparu; elles ont de deux à quatre pouces jusqu’à six à sept pouces de long. Les localités de ces banes sont fort nombreuses , il y en a au-dessus de Blaye, près de Sainte-Croix du Mont, à Bra, à Auros, près de Bazas , à Sestos, près de Saint-Macaire , au Pic- de-Bère , à la voûte au-dessus de Clérac, au sud d’Aï- guillon , dans la campagne de M. de Malprade , à Ga- lapian , daus les environs d'Agen , à Mont-Ségur , etc. Il me paraît probable , d’après la position de ces ar- giles à huîtres, qu'elles: correspondent aux marnes ma- rines supérieures au gypse de Montmartre, et aux marnes vertes à huîtres. Une grande alluvion sablonneuse forme le dernier dé- pôt tertiaire du bassin, puisqu'il recouvre tous les ter- rains précédens, et il pourrait donc être analogue aux sables sans coquilles au-dessus des Marnes marines su- périeures de Paris. Cette formation constitue tout le sol des Landes, elle y atteint près de quatre-vingts mètres de hauteur sur la mer près de Saint-Magne (1), et elle est limitée depuis Bayonne jusqu’à Pau environ par le cours de l’Adour et du Gave de Pau; plus à l’est elle s'étend jusqu’à Tarbe et jusqu'aux rivières de la Baise et de la Garonne, Elle dé- (r) Jouannet, Recueil acaaémique de Bordeaux, 1823. ( 149.) passe néanmoins ces limites , soit dans le département des Basses-lPyrénées ét en général sur le pied de ces montagnes, $oit au nord de la Gironde, où l’on trouve déjà ces sables à Mirambeau, soit à l’est de la Baise dans le département du Gers. Elle fecouvre dans sa partie orientale les sommités des collines de Calcaire d’eau douce, et ne laisse apercevoir que çà et là dans sa portion occidentale de petites masses de Craie ou de Calcaire grossier, tandis que sur le pied des Pyrénées elle se cache souvent sous des amas énormes d’alluvions modernes accumulées par les an- ciénnes rivières de ces montagnes et sous les marnes- fluviatiles. Si Ce dépôt consiste en un sable fin quartzeux, blanchätre, grisätre ou jaunâtre, ou plus rarement brun-rougeâtre.ou rouge ( Bedat), qui ne renferme que çà et là des parties plus grossières, ou plus argileuses, ou des rognons ag- glutinés par un ciment de fer hydraté (Saueas ). Le manque de ciment produit un sol qui cède sous les pieds, et à travers lequel l’eau filtre très-aisément, de manière qu’il ne peut être employé qu’à des planta- tions de pins ou de chênes à liége; il est mème extrè- mement nécessaire d'entretenir ces forêts, car leur ex- tirpation exposerait tous les fertiles pays du voisinage à être ensevelis sous des dunes de sables que le vent dé- placerait à volonté, comme cela a déjà eu lieu sur les bords de la mer. Dans la: Chalosse (au sud de lAdour), ces sables sont quelquefois assez marneux ou recouverts de Marne d’eau douce, de manière que la culture des terres devient impossible. … Les Minerais de fer hydraté, épars dans ce terrain, m'abondent que dans le département des Landes où le . ( 150. ) voisinage des couches de fer oligiste du Grès bigarré et des terrains schisteux paraît avoir favorisé tellement ce dépôt, qu'il pourrait devenir çà et là un objet d’exploi- tation. Le Minerai est un fer hydraté brunâtre, ou jaune- rougeûtre, ou brun-rouge , qui est plus ou moins mélangé de parties sablonneuses et plus ou moins carié; rarement il forme une espèce d'Hématite compacte, uniforme ou géodique. Les environs de Bastènes , de Brasampoui, de Saint-Séver et de Bayonne, m'ont paru les lieux les plus favorables pour essayer leur exploitation. Les sables des Landes renferment encore çà et là de très-petits blocs de roches intermédiaires dures, et des cailloux de Quarz hyalin, qui sont quelquefois aven- turinés et portent dans le pays le nom de cailloux du Médoc, parce qu’ils abondent surtout dans cette localité. Près de certaines masses de Diabase et de Craie, des cailloux de ces roches ou des Silex se trouvent encore dans ces sables comme près de Bastènes et entre Bayonne et Biaritz. Cà et là on y observe des morceaux de bois silicifiés ou changés en une espèce de Grès, comme dans la Chalosse, etc. | Dans le département des Landes on y rencontre aussi des amas d’une argile jaunâtre ou grise-jaunàtre comme à Bastènes, et quelquefois des nids irréguiers d'une argile blanche assez smectique , comme à Bastac près de Ganjac, où on a essayé, il y a trente ans, d'employer cette substance à la fabrication de la porcelaine; mais elle est en trop petite quantité, puisqu'elle ne forme que rarement des rognons de deux à trois pieds, et qu’à l'ordinaire ils n’ont que quelques pouces. Il est difficile de prononcer sur la nature de cette matière argileuse, qui a quelquefois un aspect singulier et une aggrégation (ar tout-à-fait particulière; serait-ce peut-être un produit d’une décomposition de la: Diabase des environs ? Enfin une substance assez semblable par ses caractères extérieurs , et qu’on à nommée Lenzinite, se trouve -dis- tribuée de même en roguons dans ces sables. Les loca- lités de cette substance sont entre Condure et Saint-Sé- ver dans la commune de Boulin-la-Grange, Pouillon, et dans la commune de Bahus le lieu dit Lhoutes. Ces sables y présentent à peu près la succession sui- vante de couches assez irrégulières. Au-dessus de proé- minences de Craie grossière quelquefois à Silex, l’on. observe une Marne sablonneuse alternant avec des sables ; viennent quelquefois un hit de sable à amas de cailloux et des lits de sable noir pénétré d’oxide de Manganèse, et tout-à-fait supérieurement des sables à rognons irré- guliers de fer hydraté brunâtre ou rougeâtre fort impur et renfermant cà et là des masses de Lenzinite de quel- ques pouces à un pied de long. Elle s’y trouve en plusieurs états qui dépendent soit de la décomposition, soit peut-être de son aggrégation ou de ses parties chimiques constituantes ; il y en a qui est terreuse, blanche, et d'autre qui est d’une couleur blanc de lait et mème translucide et se brisant en petits éclats à angles aigus. Quelquefois on dirait qu’elle passe au Silex ou qu’elle n’est qu'un rognon de Silex ainsi changé, mais vu le voisinage des rognons de véritable Silex et l'appa- rence semblable de la Craie et de la Lenzinite, il est très-facile de se tromper dans de semblables observations. Les clluwions du grand bassin du sud-ouest de la France consistent en alluvions anciennes et modernes des rivières , et en alluvions qui sont le produit de la ( 152 ) chute et de la réaggrégation des débris dés montagnes. Les alluvions anciennes abondent surtout sur le pied des Pyrénées qu'elles encroütent sous la forme d’un dépôt fort épais de cailloux plus op moïns mélangés de sables : comme par exemple au sud de Pau et sur le pla- teau de Lannemezan à Montrejean, où l’on remarque: même de gros blocs de Granite et de Schistes, quoique ce plateau soit séparé des Pyrénées par une vallée assez profonde. On en trouve aussi le long des grandes rivières, soit dans les Pyrénées, soit jusqu’à une certaine distance de ces montagnes , comme dans la vallée de l’Arriège , de là Garonne, de l'Adour , du Gave de Pau, du Luy (à Po- mares) , du Lot, ete. Ces rivières sont obligées d'y creuser souvent leur lit, comme cela se voit bien entre Saïint-Pé et Lourde et près d’Argos dans la vallée de l’Arriègé. Au nord de Bayonne ces alluvions enclavent plusieurs étangs ou lacs , et indiquent ainsi l’ancien cours du Gave de Pau et de l’Adour. Les cailloux de ces dépôts varient d’un lieu à un autre suivant les vallées dont ils sont sortis , et sont quelquefois assez gros , sans atteindre cependant le volume des blocs des Alpes ; ils sont en couches fort irrégulières, comme cela se voit bien dans la plaine des bords du Lot entre Aiguillon et Ville-Neuve (1). : En général les rivières paraissent s’être éloignées si peu de leurs lits primitifs, que l’on peut tout de suite dire, par lesalluvions anciennes où modernes qui les accom- pagnent, si elles prennent leur source dans les Pyré- nées ou l'Auvergne , où seulement dans les terrains cal- (1) Voyez Mémoires sur les cailloux de M. Palassou. \ (2738) caires ou tertiaires ; ainsi on observe dans le Luy jusqu’à son confluent dans l’Adour des cailloux de Micaschiste, de Quarz, de Schiste siliceux, etc. Mais si les cours d'eaux paraissent avoir contribué puissamment à la production de ces alluvions anciennes, maintenant fort au-dessus du lit actuel des rivières, les blocs énormes et certains grands arhas de cailloux dans des localités particulières des Pyrénées ou à leur pied, semblent indiquer que des débacles de lacs d’eau douce y ont eu aussi une grande part, et cette idée devient d’au- tant plus probable quand on observe dans presque tou- tes les vallées de cette chaîne les traces d'anciennes di- gues, et qu’on voit, pour ainsi dire encore, chaque vallée partagée en plusieurs cavités placées , l’une à la suite de l'autre , sur un niveau toujours plus élevé. Aïnsi la vallée du Gave de Pau formait probablement huit bassins sem- blables dont le premier s’étendait de Bétarran au défilé qui conduit à Lourdes, tandis que le second allait de- puis là jusqu’à Arguelles, et qu'il ÿy avait plus haut six autres cavités séparées par des canaux étroits, qui çà et là donnent lieu encore à des chutes d’eau. La vallée de Massat , de la Sallat, de la Garonne, ete., D des divisions naturelles tout aussi évidentes. Parmi les alluvions anciennes on doit compter les mas- ses de Marnes argileuses à coquillages fluviatiles et terres- trés , qui se voient çà et là, le long des principales rivières, de la même manière qu’au bord du Danube et du Rhin. Elles paraïssent reposer sut d'anciens amas de cailloux, et s'élèvent quelquefois à quarante pieds au-dessus du niveau des plus hautes eaux, comme près d’Aiguillon , vis-à-vis d'Agen au sud de la Garonne et à Donzat au-dessus des sables des Landes , etc. (154) On peut encore placer ici ce banc-d’huîtres qui se trouve, suivant M. Jouannet , à Saint-Vivien à douze pieds au-dessus du niveau de l'embouchure de la Garonne, et qui n’y présente comme un amas semblable des ma- rais de la Rochelle (1) que les huîtres communes de la côte act#elle. Les alluvions modernes des rivières sont des cailloux de la même nature que ceux des dépôts précédens, mais plus petits ; ce sont des sables fins, souvent argileux, noirâtres ou blanchätres et des espèces de Marne argi- leuse grise ou noirâtre , comme on le voit le long de la Garonne et des autres grandes rivières: Ces grands courans d’eau sont souvent distinctement encaissés entre des pentes qui présentent de chaque côté plusieurs terrasses et plusieurs talus, ce qui semblerait indiquer plusieurs époques où le lit des rivières s’est trouvé assez comblé de débris pour que ces dernières tâchassent de l’élargir ou de l’approfondir, et lorsque les paroïs du canal se sont trouvées plus fortement ag- grégées que le fond, le lit a gagné en profondeur, et ainsi se sont formées et se forment encore ces espèces de gradins d’alluvions , qui accompagnent toutes les rivié- res. Au bord de la Garonne, de la Sallat et de l’Arriège, l’on observe surtout trois grandes terrasses et talus sem- blables. ; Les débris des montagnes qui tombent de leurs flancs par suite de la décomposition, de la pluie, de la neige et de la gelée, et qui ne sont pas enlevés par les eanx des rivières, restent sur le pied des montagnes où ils (1) V’uyez le Mémoire intéressant de M. Fleuriau de Bellevue dans le Journ. de Physique, 1817. (156) forment des tas de masses, qui se lient ensemble par leur propre pesanteur ou par les infiltrations d’eau chargées de parties argileuses ou calcaires. Des brèches ou des agglomérats se forment ainsi , ce sont même quelquefois des roches très - compactes à ciment de chaux carbonatée concrétionnée .fibreuse. ou lamellaire (col de Mende). Elles abondent dans les valiées des Pyrénées comme dans les Alpes, et l’abon- dance des masses calcaires leur fournit amplement le ciment nécessaire à leur consolidation. Rarement ces amas ainsi durcis renferment des osse- mens d'animaux encore existans et des coquillages ter- restres encore actuellement vivans sur les lieux, comme entre Loucrup et Arguelles. * Enfin il n’est peut-être pas hors de propos de citer la caverne de la Combe Grenan à ossemens de bœuf, de chevaux, d'oiseaux, et qui se trouve, suivant M. Jouannet, dans le Calcaire crayeux du Périgord, et de dire que le grand courant de l'Atlantique amène des Ponces jus- que sur les dunes des Landes. Après avoir esquissé la constitution géologique du sud-ouest de la France, si nous jetons les yeux sur le grand bassin secondaire et tertiaire du nord de la France , nous trouvons d’abord dans les dépôts tertiaires des deux contrées quelques différences notables , malgré une analogie assez grande de composition, de groupe- ment et même de distribution géographique des différens terrains. Ainsi dans le bassin du nord, le Calcaire grossier est relégué aussi dans certains points, savoir dans la partie nord et sud du bassin ; le Calcaire d’eau douce supérieur y occupe surtout le milieu et le sud-est, tandis que les (‘156 ) autres dépôts sont principalement distribués dans la por: tion septentrionale ou dans celle de la Seine ét de la Marne. ( Mais dans le sud-ouest de la France nous n'avons pas vu de traces de dépôt d'eau douce supérieur, ni ces masses gypseuses à ossemens de Paris ; le Calcaire sili- ceux n'y est indiqué que par les Meulières, et en général le Calcaire d’eau douce du sud-ouest de la France res- semble, par sa nature et sa composition minéralogique, beaucoup plus au second Calcaire d’eau douce supérieur de l’Orléanais qu’au premier dépôt Calcaire d’eau douce de la capitale. Le Calcaire grossier des deux bassins est souvent assez différent; les assises chloriteuses et sablonneuses, les Grès et les Lignites supérieurs de ce Calcaire (Mont- Rouge ) manquent entièrement dans le sud-ouest de la France , ou y sont que faiblement indiqués ; les couches de sable calcaire coquillier se trouvent dans le nord de la France dessous les partiés compactes, et dans le midi au-dessus de ces dernières. # Enfin l’A4rgile plastique existe dans la Gascogne sous la forme de Molasse et de Marne; les Lignites ne s’y montrent guère , et les Fossiles des différens étages de la formation marine du sud de la France ne sont pas tou-- jours identiques avec ceux des dépôts géologiquement correspondans du nord. Si les terrains tertiaires ainsi comparés offrent des dis- semblances, les formations plus anciennes présentent aussi certaines petites différences très-intéressantes pour la géologie. D'abord le dépôt crayeux du nord de la France n’est pas morcelé comme celui du midi, il entoure tout le (157) bassin d’une large ceinture , dont la superficie est seule ravinée et dont les fondemens sont çà et là mis à nu par des rivières, comme dans la plaine que la Marne et la Saulx ont formée aux dépens du Grès vert autour de Vitry-sur-Marne jusqu’à Bar-le-Duc. Ensuite la forma- tion de la Craie du sud de la France diffère de celle du nord par ses assises de Craie dure, qui ont un tout autre aspect que les couches analogues de Craie grossière de la Champagne ou de la Sarthe, et qui ne enfer point de Silex, ni de ces Craies plus on moins silicifiées et fer- rugineuses qu’on appelle dans le Mans Pierre de Cos ou la Cos. De plus la Craie chloritée qui n’existe guère que dans le département des Landes occupe tout autour du bassin septentrional un espace très-considérable (1), et paraît même remplacer presqu’entièrement, dans plusieurs points de l’ouest du bassin, le dépôt de Grès vert, tan- dis que cette dernière roche , plus ou moins grossière ou fortement agglutinée , forme sur le côté ouest du bassin en Normandie et dans le Mans (entre la Ferté, le Mans, la Flèche, la Loire et la Sarthe), un espace presque plus considérable que le même dépôt dans le sud de la France. | Dans le premier bassin le Grès vert a peu d'indices (Vivray) des abondans dépôts de fer hydraté du même Grès de la Saintonge et du Périgord , et cette roche aré- nacée s’y lie davantage avec la Craie chloritée marneuse avec laquelle elle alterne même , et dont elle contient les Fossiles, tels que la Gryphœæu spirata Schlotheim (G. co- (1) Voyez la carte Géologique de la France, dans la description des environs de Paris, par M. Brongniart, (158 ) lumba Brong., et les grandes huîtres (Ostrea biauricu- lata ), comme près de la Flèche, à Saint-Germain, etc. Enfin les traces de Lignite (le Mans) et les impressions de branches et de feuilles d'arbres du Grès vert du nord(r) ne peuvent pas se comparer à l’abondance des Lignites et des bois pétrifiés du même dépôt dans le midi. Le Calcaire jurassique est plus complètement et géné- ralement développé dans le nord que dans le midi de la France ; là Normandie, le long de la Manche, offre abon- damment des Oolithes inférieures jurassiques, un Calcaire à Polypiers (2) avec les autres couches intéressantés su- périeures et en partie légèrement arénacées de cette formation. Ainsi nous retrouvons sur la côte de la Nor- mandie les Marnes du cap de Chatelaïllon qui parais- sent être le Kimmeridgeclay des Anglais, et les descrip- tions nous font soupconner aussi dans la Normandie l'existence des Calcaires supérieurs à la Marne de Cha- telaillon et équivalant au Portlandstone, tandis que les Lumachelles du Rocher (Rochefort) répondraient au Purbeckstone. Les Oolthes supérieures, etc., séparentle Grès vert du Mans et la Craie chloritée du département de l'Orne, des terrains plus anciens, tandis que dans l’est de la France elles occupent avec les Calcaires compactes et les Lumachelles (Verdun, Bar-sur-Aube, Auxerre) une (1) Ces impressions se trouvent surtout près d'Angers , à Pelavé près Noirmoutier et au Mans; elles ont quelque ressemblance, en partie, avec des branches et des feuilles d’oranger. (2) Nos excellens observateurs, MM. Prévost et Desnoyers, vont sûrement établir encore d’autres rapprochemens entre la France et l'Angleterre ; c'est à eux à décider si le Calcaire à Polypiers de la Normandie n’est pas le même que celui de la Rochelle. Se (159) « étendue de collines et de montagnes arrondies et apla- ties beaucoup plus considérables que dans le sud de la France. Dans cette portion de l’est de la France il est extrêmement probable qu’on retrouvera une grande partie des sous-divisions jurassiques de l'Angleterre ; ilme sem- ble déjà reconnaître le Cornbrash Limestone dans les Calcaires , s'étendant des environs de Vermanton à Chau- mont et.Toul ; le Forest Marble pourrait même aussi y exister, mais les Calcaires de Portland seraient représentés en France par des Calcaires beaucoup plus généralement compactes qu'oolithiques. Je n’y connais pasencore autant de couches arénacées et de Marnes comparables aux Schistes calcaires de Stonesfield ; mais certaines Marnes de la chaîne du Jura offrent au moins la structure particu- lière de ces Schistes. Enfin dans l’est de la France les Oo- lithesinférieures et ferrugineuses des Anglais, constituent au-dessus des Marnes du Lias des assises puissantes qu’on connaît déjà assez bien près de Mézières, de Thionville, de Metz, de Nanci et à l’est de Langres. Le Calcaire à gry phite forme dans le nord de la France une véritable bande, à l’ouest en Normandie , au sud au- tour de la partie nord du district granitique ou plus an- cien du centre de la Bourgogne, et à l’est tont le long des limites du Calcaire jurassique, près de Bour- bonne-les-Bains, Bulgnéville, Mirecourt, Nanci, Chà- teau-Salins, Metz et Thionville, et il se revoit encore au pied des Ardennes entre Sédan et Mézières. Ce Calcaire renferme beaucoup de pétrifications , telles : que des Plagiostones ( PL. gigantea Sowerby.), des Pei- gves , des petites et grandes Ammonites, des Nautiles, dont on peut facilement faire une belle collection, soit dans les environs de Sombernon, soit près de Vie en «+ (100 ) Lorraine. Près de cette ville on y a trouvé rarement des débris d’écrevisse. Le sud de la France n'offre pas ces alternations fré- quentes de Calcaire à gryphite ou de Lumachelles ( Cal- caires à encrines, ou à peignes, ou à térébratules , etc. ), et du Lias avec des argiles quelquefois à minerais de fer hydraté exploité, qui abondent dans les environs de Metz , de Longuyon , et dans la partie orientale du dépar- tement de la Haute-Marne (x). Le troisième Grès secondaire ou le Quadersandstein ne forme que dans le Luxembourg des masses aussi consi- dérables que dans les Pyrénées ; ailleurs dans le nord-est de la France, il disparaît presque entre le Muschelkalk ou le Grès bigarré et le Calcaire à gryphites, comme cela se voit près de Metz, et entre Vic et Château-Sa- lins, où ce Grès, malgré sa petite épaisseur, est cepen- dant encore bien caractérisé par ses débris de végétaux et ses impressions de bivalves marines , sa nature quar- zeuse et quelquefois à fragmens de Schiste siliceux, et ses teintes jaunâtres ou blanchâtres. Tout récemment M. de Bonnard nous a appris que le plateau granitique du centre de la France était recou- vert, cà et là (entre Autun et Saint-Emiland , auprès d’Avallon , à Royat, près de Clermont , à Châteauneuf, à Melle, à Confolens, et près de Nontron }), par un dé- pôt arénacé , quelquefois très-siliceux ou marneux, qui se liait avec le Lias. Il nous a fait connaître que ce ter- rain renfermait des amas de Gypse ( près de Somber- non ), et que ces Grès, plus ou moins grossiers et quelquefois granitiques , étaient souvent mélangés de (1) Woyez le Journal des Mines, n. 102. ( 161 ) Baryte, de Fluor, de Galène et de minerais de zinc et de cuivre. Quelquefois ce dépôt a l’art de remplir des fentes dans le Granite. Comme nous retrouvons d’abord , cà et là, les fossiles du Lias (Gryphites, Moules, Té- rébratules, Peignes, etc.), puis plusieurs des carac- tères du Quadersandstein d’Amberg, à roches siliceuses et à amas plombifères, et enfin les Grès compactes sili- cifiés de Harptreehill, en Angleterre ; nous n'avons guère de doute que ce ne soit un dépôt de Quader- sandstein qui doit ces caractères particuliers au voisi- nage des terrains qu’il recouvre immédiatement; néan- moins nous devons dire que M. de Bonnard paraît un peu s'éloigner de cette classification , et que ses curieuses recherches seront bientôt livrées au public. La formation du second Coelcaire secondaire on du Muschelkalk , est bien mieux marquée , et celle du Grès bigarré beaucoup plus étendue dans le nord-est de la France que dans le sud-ouest; le Muschelkalk compacte ou presque marneux forme, comme je l'ai déjà dit dans mon précédent Mémoire , une bande presque continue le long des Vosges, et occupe presque toutes les crêtes des collines de l'espèce de grande vallée, que la Marne bigarrée forme entre les véritables montagnes des Vosges, et la limite déjà indiquée du Calcaire jurassique. Dans sa partie inférieure il alterne à plusieurs reprises, et quel- quefois sous la forme d’une espèce d’Oolithe particulière ( Roggenstein ), avec les Marnes bigarrées gypseuses et salifères, comme cela se voit bien à Vic, dans les nou- veaux puits qu'on a creusés pour l’exploitation du sel (1). (1) Woyez Mémoire de M. Voltz dans les Annales des Mines pour 1822. Tome IV. II ( 162 ) Dans le grand terrain schisteux intermédiaire du nord de la France et dé la Belgique, nous aurions un dépôt assez analogue à la chaîne des Pyrénées, si les masses granitoïdes y abondaient; mais cette ressemblance de- vient frappante, quand nous lui comparons les terrains anciens du nord-ouest de la France, car en exceptant les lambeaux.houillers et les* masses de Porphyre et de Grès rouge , nous retrouvons presque toutes les masses principales de la Bretagne , de la Vendée et du Cotentie dans les Pyrénées, si ce n’est que certains minéraux empâtés sont remplacés par d’autres, et que les masses calcaires sont infiniment moins abondantes dans le nord- ouest que dans le midi de la France. D'un autre côté, la ressemblance des Pyrénées et des Vosges est bien plus éloignée ; on est mème tenté de ne voir que dans la partie méridionale de cette dernière chaîne , des dépôts schisteux et granitoïdes, semblables à ceux des Pyrénées, et il n’y a, dit-on, dans les Vosges, que deux localités de roches serpentineuses ou dialla- giques. ! Tout le reste de ces montagnes n'existe guère dans les Pyrénées , et l’on se trouve dans un tout autre pays - au milieu de ces accumulauons de belles Grauwackes très-souvent impressionnées ( Viche), qui enclavent, outre des Calcaires quelquefois à débris organiques, ( Millépores, Madrépores), une quantité considérable de masses et d’aggrégats porphyriques à fragmens de Schiste, de Calcaire, de Granite et de Porphyre. Ces dernières roches alternent souvent avec les Grau- wakes, y passent mème fréquemment, et très-rarement des aggrégats semblables très-fins renferment des Ma- drépores ; car il existe dans la collection de Strasbourg (163) des échantillons pareils, trouvés dans une carrière de Calcaire , à une demi-lieu au-dessus de Minget. à Mani, on ne peut s'empècher de se rappeler, involontairement , la position des Calcaires grenus des Pyrénées, à côté des Granites , quand on aperçoit, près des masses de Porphyre ferrugineux de Framont , des amas d'un Calcaire blanc saccharoïde ou presque grenu, qu’on cherche vainement ailleurs au milieu des Schistes des Vosges , et l’étonnement augmente quand on croit . observer que ces masses calcaires, imprégnées de fer oligisie écailleux ou pulvérulent, sont placées soit à côté du Porphyre, soit même sur cette roche ; tandis que celle-ci rappellerait quelquefois les Porphyres mé- tallifères de Schemnitz, si elle n’était pas si défigurée par les imprégnations ferrugineuses brunes rougeâtres, et si elle n’était pas çà et là traversée de mille manières par des réseaux de petits filons , ou de petits nids de Fer oxydé hydraté rouge brunâtre. C’est encore un exemple remarquable de Porphyre métallifère , accompagné aussi des mêmes masses schisteuses bizarrement colorées à cause des différéns degrés d’oxidation de leurs parties ferrugineuses, comme nous l'avons observé ailleurs. Tout le reste des Vosges est un dépôt de Grès rouge plus ou moins fin, sur l’âge duquel on a déjà beau- coup discuté ; d’après mes lectures, mes intéressantes conversations avec MM. de Beaumont et Voltz de Strasbourg, et mes propres observations, l'incertitude , de la place géognostique de ces Grès me paraît dépendre udiquement du manque de la formation du premier Cal- care secondaire. En effet, un grand dépôt de roches houillères , plus où moins intimement liées aux Grauyyackes , occupe sur 11* (164 ) le pied nord des Vosges le fond d’une espèce de large canal, qui jadis était probablement un détroit de mer. Des petites masses charbonneuses semblables se lais- sent apercevoir dans les Vosges même, et surtout dans la partie sud ( à Ronchamp ), et immédiatement au-des- sus de ces dépôts viennent des couches qui ne sont que des aggréguts porphyriques, qui appartiennent incon- testablement au Zodiliegende des Allemands, ou au nouveau Grès rouge de M. Buckland. La fréquence des Porphyres récens argilolithiques (entre Raon-sur-Plaine et Framont, etc.) devait d’ailleurs déjà faire soup- conner cés Grès dans les Vosges, car ces deux dépôts n'existent guère l’un sans l’autre. ] Sur ces aggrégats ou ces espèces de brèches feldspa- thiques , reposent de puissantes assises de Grès rouge, très-souvent fort grossier ; il est à ciment argileux rouge, et composé de sable quarzeux et de cailloux de Quarz, de roche quarzeuse de transition, et de Schiste sili- ceux, qui atteignent quelquefois la grosseur d’un œuf d’autruche , comme cela se voit soit à Plombières , soit à Kreutznach, soit au-dessus de Saverne, etc. L'on recennaîtrait aisément, dans ce terrain, les Grès rouges ( T'odiliegende) de la partie nord du Thürin- gerwaid , si le Zechstein venait à le séparer des couches inférieures du Grès bigarré, mais accidentellement ce dépôt manque. Si les faits de gisement ne s’y opposaient pas, on pourrait être tenté de chercher cette dernière formation dans les lits calcaires noirâires de la forma- tion honillère supérieure du Palatinat du Rhin. Devrait- on peut-être trouver l'équivalent du Zechstein dans quel- ques masses de Poudingues unies à certains amas fort rares d’un Calcaire sublamellaire assez spathique , blan- ( 165 ) chätre, grisätre ou gris brunître , que M. Voltz a dé- couvert dans certains points des Vosges, dans les parties inférieures de ces Poudingues à cailloux de Quarz , et qu'il a vu se lier intimement aux roches arénacées. Le Calcaire magnésien d'Angleterre nous offre dans quel- ques localités des anomalies semblables. La seule formation avec laquelle on court risque de confondre le Grès grossier des Vosges, c’est le vieux Grès rouge des Anglais, mais la position du Grès vos- gien , le manque total des autres caractères accessoires du vieux Grès rouge anglais, empèchent ce rapproche- ment qui serait même minéralogiquement incomplet. Ces Poudingues encroûtent, pour ainsi dire , la Grau- wacke des Vosges; ils cachent son prolongement vers le nord, et sont recouverts du Grès bigarré qui est gé- néralement plus fin, et qui devient marneux dans ses lits supérieurs au pied des Vosges. Comme cette dernière roche est aussi rougeâtre, et qu'elle est composée des mêmes élémens que le Grès rouge inférieur plus an- cien , il est tout naturel, vu le manque du premier Cal- caire secondaire, que l’on ne puisse pas véritablement tracer la limite exacte de ces deux dépôts , à moins qu’on ue veuille prendre pour ligne de séparation les lits su- périeurs des Poudingues , ce qui ne serait probablement qu'une limite approximalive et sujette à bien des dif- ficultés (1). Le Grès bigarré ( Red Marl) des Vosges s'appuie sur les Grès grossiers précédens , comme sur une es pèce de toit, de manière que ses couches inclinent à . (1) Messieurs de Bonnard et de Buch ont émis depuis long-temps les mêmes idées. ( 166 ) l'ouest sur le versant occidental des Vosges, et à l’est sur le côté opposé; leur angle d’inclinaison est peu con- sidérable, et diminue à mesure que ces roches s’avan- cent dans la plaine. Le Grès bigarré renferme , comme en Allemagne, des assises supérieures plus marneuses que les infé- rieures , et ces dernières sont, comme en Angleterre, le gisement d’amas gypseux et salifères considérables. Le Grès bigarré se prolonge tout le long du pied occidental des Vosges , et recouvre dans le nord le bord du terrain houiller, et forme une bande étroite dans le fond de la sinuosité profonde que renferment les mon- tagnes schisteuses intermédiaires entre Trèves, Die- kirck et Kilbourg. Il y est accompagné d’une masse étendue de Marnes bigarrées, qui occupent, entre les Vosges et la limite ju- rassique , une grande partie des départemens de la Meur- the et de la Moselle, et se prolonge de là dans le dis- trict de Saarbruck, et même remonte jusque dans les environs de Trèves. Ces Marnes sont tout-à-fait semblables à celles de l'Allemagne; elles sont plus ou moins schisteuses, en- durcies , et approchent quelquefois de la nature du Muschelkalk ; leurs assises supérieures renferment aussi, comme en Westphalie, des couches subordonnées de Grès à taches pyriteuses jaunâtres , et de Calcaire, comme près de Vie, ; Ces roches rougeûtres, verdâtres, jaunâtres ou gri- sûtres , sont accompagnées d’amas de Gypse, qui offrent des Gypses compacte , fibreux ou spathique, grisâtre ou blanchâtre, et qui abondent surtout près de Vic, de Dieuze, de Guebling, de Petelange, de Bouzonville, etc.; - (107 ) enfin il est maintenant reconnu que ce dépôt de la Lor- raine contiert des couches et des amas salifères très- riches (1). : Sur le versant oriental des Vosges, le Grès bigarré ne forme pas une bande aussi large, ou plutôt il se cache , très-vite, sous le Muschelkalk, sous les terrains tertiaires ou les alluvions ; aussi ne voit-on guère, en Alsace , de Marnes bigarrées, quoïque l’on y aperçoive, çà et à des masses, des assises tout-à-fait supérieures du Grès marneux, comme autour de Sultz-les-Bains Ë entre Sultz et Finkheim, et dans le vallon de Hasland. Ces Grès extrêmement marneux, et quelquefois à écailles de mica et à rognons de marne, sont rougeîtres, gris-jaunâtres, ou verdâtres ; ils alternent avec de véri- tables Marnes plus ou moins endurcies, verdâtres , gri- sâtres ou rougeûtres, bigarrées de jaune, et ils renfer- ment dans certains lits beaucoup de débris de branches ou de troncs passés à l’état de Lignite, et quelquefois i im- prégnés de Fer hydraté. On ÿ trouve aussi des impressions de dicotylédons et de monocotylédons méconnaissables |, et rarement de belles fougères incontestables, dont les échantillons existent dans le Musée de Strasbourg, et seront figurés dans l'ouvrage de M. Ad. Brongniart sur les plantes fossiles. De plus, quelques lits de marne sablonneuse, avec des écailles de Mica, renferment des impressions et des moules de Peignes , de Térébratules, de Natices et de morceaux d'Isis fossiles, qui se retrouvent tous dans le té G) Woyez Mémoire sur Vic, par M. Woltz, Annales des Mines 1822. ( 168 ) second Calcaire secondaire qui couronne quelquefois les collines ainsi composées, comme cela se voit des deux côtés de la vallée de Sultz-les-Bains. Ces Coquillages et ces Lignites qui, d’après M. Voltz, existent aussi dans les marnes bigarrées de Vic, et dont on aperçoit des traces en Westphalie, semblent dimi- nuer beaucoup les prétendues anomalies des dépôts sa- lifères de la Pologne, de la Galicie et des parties orientales de la Hongrie , que les Lignites et certains Fossiles marins semblaient isoler, au premier abord, des masses semblables (1). Le Muschelkalk forme, tout le long du pied orien- tal des Vosges, et même jusqu'aux Calcaires tertiaires du pays de Hesse-Darmstadt, une lisière extrèmement mince, d’un quart-d’heure à une heure de chemin de largeur. On y reconnaît, comme sur le versant opposé des Vosges, toutes les assises ordinaires du Muschelkalk allemand, les Calcaires compactes gris des assises infé- rieugs, les Calcaires à Encrines et à Térébratules de celles du milieu et dans le haut du dépôt, les Calcaires brunâtres ou jaunâtres, en partie magnésiens et quel- quefois cellulaires , à druses de Chaux carbonatée , ou à petits filons et à rognons siliceux de Silex corné (Horn- stein ). | Dans l'espèce de golfe que les Grès des Vosges for- ment autour de Neuwiller et de Saverne , l’on peut pas- ser en revue , aisément, toutes ces variétés et ieur su- perposition, les unes sur les autres , avec une inclinai- son générale à l’est. ES AA res 29 27 SORCIER ETES (1) Voyez Beudant, sur la Hongrie, et Pusch dans Léonhard Tas- chenbuch, 1823. ( 169 ) Dans la grande vallée du Rhin, nous trouvons çà et là , au pied des montagnes, des petits amas de Calcaire Jjurassique , qui y forment simplement des masses isolées, des espèces de promontoires ou des collines, et qui s’é- tendent au nord jusqu’au-delà de Haguenau. Ils sont plus fréquens sur la rive orientale que sur le bord opposé du Rhin ; ainsi l’on trouve , en descendant depuis la chaîne jurasique de Basle, des Oolithes et des Calcaires compactes de ce dépôt; d’abord sur le Rhin, vis-à-vis de Grosskembs, puis entre Mulheim et Fri- bourg ( en Brisgau ) , au pied de la Forèt-Noire , et re- posant sur du Grès bigarré particulier, près de Wol- fenweiler. Entre Brisach et Fribourg, se trouvent trois séries de collines calcaires semblables , qui s'élèvent du milieu des marnes fluviatiles ou Jacustres; l’une se trouve entre Rimsingen et Opfingen, et s’étend depuis la grande route de Fribourg à Brisach jusque vis-à-vis de Wasen- weïler ; une seconde se trouve au sud d’Eichstetten, au nord-est de la première; et ure troisième éminence ju- rassique est à Riegel, au nord-est de ce dernier village, entre le confluent de deux petits ruisseaux. À Herpols- heim , on en revoit encore un petit amas qui se cache bientôt sous les terrains d’alluvions pour reparaître, à Mablberg , sous la forme d’un espèce de promontoire. En Alsace, le Calcaire jurassique apparaît cà et là, dit-on, dans la partie sud de cette province ; il yen a an devant de la sinuosité de Saverne et près de Bux- weiler ; le Calcaire à Gryphites et l’Oolithe inférieure res- sortent des deux côtes du dépôt d’éau douce, avec des traces du Quadersandstein coquillier. Plus au nord, M: Voltz paraît en avoir vu près de Soultz et de Wis- sembourg. ( 170 ) Le reste de la vallée rhénane est occupé par les ter- rains tertiaires , comme je l’ai déjà dit dans mon précé- dent Mémoire; leur distribution y a beaucoup de rap- port avec celle des dépôts semblables des bassins ter- tiaires français ; ainsi tous les Calcaires grossiers renfer- mant inférieurement beaucoup de Coquilles d’eau douce, sont relégués dans la partie nord, et ne paraissent pas dépasser Heidelberg et Landau , tandis que les Calcaires d’eau douce véritables ne se trouvent que plus au sud. Les Argiles plastiques ou à Lignites se voient surtout dans la partie au nord de Strasbourg , et paraissent re- couvertes dans le midi par des dépôts d’eau douce plus ou moins récens. Ce terrain renferme, suivant les belles observations de M. Voltz, çà et là des masses considérables de véritable Molasse ou de Grès calcaire, et des espèces de Nagelfluh, où d’agglomérat à frag- mens calcaires comme près de Haguenau et de Soultz. Les Lignites que contiennent ces roches présentent rarement , suivant le même géologue, des espèces de Li- gnite bacillaire ou divisée en petites baguettes très-min- ces , qui proviennent peut-être de quelques Palmiers ; le Succin y est assez rare , et des Planorbes s’y rencontrent comme à Buxweiler. La circonstance la plus curieuse est la liaison que ces dépôts paraissent avoir avec un Calcaire d'eau douce, qui, avec des marnes quelquefois à Gypse fibreuse, re- couvre, comme dans le sud-ouest de la France, la Mo- lasse cà et là, comme près de Wissenberg , Haguenau , Soultz et Buxweiïler. Ce Calcaire est en partie com- pacte, plus ou moins marneux , percé de trous , et sem- blable à celui qui est coquillier dans le sud-ouest de la France, et en partie à concrétions calcaires ressem- (171) blant assez à celles de certains Calcaires grossiers de Francfort-sur-le-Mein , comme près de Wissembourg. À Soultz, il renferme un lit d'un Calcaire bréchiforme identique avec celui du sud-ouest de la France, et à Haguenau, il doit être lié, dit-on, à la Molasse ou à l’Argile à Lignite, par une alternätion, et des ossemens de Quadrupèdes, peut-être de Tapir, ont été décou- verts dans ce dépôt. Les Fossiles ordinaires sont, comme ne des Planorbes, des Lymnées, des Hélices, des Cyclades (Buxweïler ), et des univalves voisines des Cérithes , ( Haguenau ), ainsi que des ossemens de Paleotherium ( Buxweïler }) (x). Les dépôts d’eau douce qui recouvrent toute la plaine et la surface légèrement ondulée de l’Argile plas- tique au sud de Strasbourg , sont composés surtout de masses puissantes de marne faiblement aggrégée, gri- sätre , jaunâtre , ou jaune brunûtre. Elle content, çà et là, des cailloux des raches du voisinage, qui sont plus gros près des montagnes que dans la plaine. Il ÿ a aussi beaucoup de petits rognons irréguliers de Marne endur- cie, passant au Calcaire, et fendillée intérieurement. Ce dépôt qui s'élève certainement à deux cents, et même jusqu'a près de trois cents pieds au-dessus du Rhin , encroûte le pays plat et le pied des montagnes, et cache une grande partie de la base du groupe basal- tique du Kaiïserstuh]. | Des Coquillagès fluviatiles et terrestres calcinés y (1) Ceci n’est qu'un fragment des intéressantes communications que M. Woltz à bien voulu me faire en me montrant la belle collec- tion du Musée de Strasbourg ; il est bien à desirer qu'il nous fasse bientôt connaître tout l’ensemble de ses belles découvertes. ( 172 ) sont abondamment répandus dans certains lits ‘et cer- tains lieux (Labr}; ils m'ont paru se rapporter aux genres Lymnée, Physe, Paludine, Clausilie, Pupe et Hélice. A la sortie de la vallée, derrière Lahr, l’on y observe , dans les petits escarpemens, des os humains épars ; il serait intéressant de rechercher si ce lieu a été anciennement un cimetière, ou si ces ossemens yÿ ont été enfouis par quelque débacle postérieure au dépôt marneux. Ce sont les mêmes dépôts que j'ai mdiqués dans le sud-ouest de la France; il me semble toujours que c’est le dernier dépôt d’eau douce qui a précédé la plus grande partie des alluvions anciennes et modernes des rivières actuelles , et même, d’après leur position, je serais plutôt enclin à y voir un dépôt fluviatile qu’un dépôt lacustre. En effet, ses Fossiles paraissent avoir tous leurs ana- logues vivans dans le pays même, et la fréquence seule de quelques-uns ne cadre accidentellement pas avec l'abondance actuelle des mêmes Mollusques qui y vi- vent maintenant; et enfin ces Marnes n’ont jamais le caractère minéralogique d'ancienneté des Calcaires d’eau douce tertiaire les plus récens. Dans le fond de la vallée du Rhin, ce fleuve a creusé ce dernier dépôt, et en a enseveli de très-grandes por- tions sous des amas énormes de cailloux de roches d'âge très-diflérent, qui proviennent de la Suisse et des montagnes des bords du Rhin. Le groupe du Kaiïserstuhl s'élève entre Alt-Brisach, Burkheim, le Rhin, Endingen , Eichstetten et Wasen- weiler, comme une ile isolée au milieu de la vallée; il m'a paru être un massif de Dolérite feldspathique , élevé du fond de l'espèce de golfe de mer, que for- (178) mait cette contrée lors du dépôt de l’Argile plastique. Cette roche feldspathique blanchâtre, grisätre, noi- râtre ou rougeàtre, et à cristaux de Pyroxène, forme un groupe de montagnes coniques ou arrondies, et à gradins ; ces proéminences sont placées autour d’un vallon , sous la forme d’une espèce de ceinture ellip- tique ; elles sont plus élevées sur le côté nord que sur - le côté sud, et près du tilieu du cercle se trouve, plus près du dernier que du premier bord, la plus haute de ces montagnes, le Kaïserstuhl, qui atteint une hauteur de mille sept cent trente-quatre pieds sur la mer , Ou environ onze cent vingt pieds sur le Rhin, tandis qu'à quelque distance du pied de ces collines est sortie en mème temps, d'une fente , la masse pa- ralléhpipède et basse de Brisach. Ces montagnes, semblables aux colonnes basaltiques d’Eisenach et d'Eschwège, ne laissent apercevoir au- cune trace de cratères ou de courans; il semble que l'agent volcanique n’a eu que la force de soulever les masses compactes liquéfiées, et de produire cà et là, et surtout à leurs surfaces. des scorifications ou des porosités qui se trouvent maintenant remplies de Chaux carbonatée et de Mésotype, comme sur le pied et la cime du Kaiïserstuhl, près d’Oberschafhausen, et sur- tout sur le haut et la pointe occidentale de la colline de Brisach. Les roches tufacées y sont très-rares, il ÿ en a cepen- dant quelques masses à Brisach, le long du Rhin; le Tuf verdätre n’y est évidemment pas un agglomérat igné réaggrégé par les eaux, mais sa liaison avec la Do- lérite feldspathique montre son identité avec ces masses tufacées, contemporaines des colonnes basaltiques d’Ei- (174 ) senach. Les porosités de ces Tufs sont infiltrées de Chaux carbonatée , qui a aussi comblé les interstices vides par de petites veines de Chaux carbonatée fibreuse ; çà et là il y a aussi un peu d’Analcime| ou/de Mésotype. Les roches doléritiques, d’ailleurs les plus intéres- santes , sont, comme on le sait, celles qui renferment la Limbilite ; cette substance jaunâtre , lamelleuse , ne m'a pas paru dériver toujours du Péridot, car quelque- fois des cristaux de Pyroxène renferment distinctement la Limbilite dans un contour noir d’argile intacte. Des Dolérites à Pyroxène décomposé en une substance jaune brunâtre, ou vert tendre, conservant encore la forme de ce minéral, s’observent près d’Illingen et près d’Oberschefhansen, et an pied du mont Eichenspitz, l’on tronve surtout les Dolérites à Feldspath blanc, à petits" cristaux circulaires de Pyroxène, à petits filons calcaires et à cristaux de Sphène. Cà et là il y a aussi des druses et des petits filons d’Analcime, et des peti's eris- taux d’'Amphigène. Quecques observations sur les productions de l'ile de Terre-Neuve, et sur quelques Algues de la côte de France appartenant au genre LAMINAIRE ; Par M. DE La PyLare. : Les deux voyages que j'ai faits à l'ile de Terre-Neuve, à mes frais, en 1816 èt 1819, m'ont procuré une ample moisson d'objets d'histoire naturelle et d'observations. La botanique m’a offert un millier d’espèces; la zoologie vingt-quatre Mammifères , soixante-dix Oiseaux, trente- (175) quatre Poissons , quarante-six Mollusques, quatorze An- nelides , soixante Insectes, trente-quatre Zoophytes et Acalèphes, enfin vingt-un Polypes et Polypiers. J'ai re- trouvé sur cette île le beau Feldspath du Labrador, des ro- ches amygdaloïdes rejetées sur certaines parties de la côte, des rochers de Granit et de Gneiss , des roches siliceu- ses , enfin une Chaux carbonatée contenant des Ammo- nites , vis-à-vis l'embouchure seulement du fleuve Saint- Laurent. J'ai reconnu en outre que lile Saint-Pierre, tout entière , n'était qu’un rocher de ce superbe Por- phyre à pâte d’un rouge vineux , connu sous le nom de Granit oriental, dont se composent certaines carrières de l’'Égypte.et de la Grèce, et dont les anciens se ser- vaient lorsqu'ils voulaient joindre dans leurs édifices la magnificence à la solidité. JS Mais obligé de circonscrire mes entreprises dans le cerele d’une certaine économie, je. n'ai pu faire au- tant qu'il m'eût été possible, si le gouvernement m’eût secondé dans mes recherches. Cependant j'ai eu la sa- tüsfaction d’enrichir les galeries du Muséum d'histoire naturelle , de divers objets nouveaux pour la science ; de divers autres qui manquaient à ses nombreuses collec- tions, et d’un herbier où la série des algues marines et d’eau douce l'emporte , par les soins donnés à leur pré- paration , sur tout ce que l’établissement possédait en ce genre. Comme je tiens à l'antériorité de la publication de mes découvertes, et que je la pourrais perdre en bota- nique , parce qu'une certaine quantité de plantes , sorties de la collection que j'avais formée en 1816, se trouvent répandues dans les herbiers , je prends date de l’indica- tion que je donne ici de plusieurs espèces de ces con- (176) trées, et des noms que je leur ai imposés depuis leur découverte. Ils sont également consignés dans un Mé- moire que jai présenté à l’Institut royal de France, le 0 janvier, et dont je n'ai pas encore pu donner lecture. Je citerai d'abord un Myriophyllum complètement privé de feuilles, et que j'ai nommé, en conséquence, Myr. denudatum ; puis une petite fougère qui appartient au genre Schizea : je lai appelée Filifolia, en raison de ses feuilles filiformes. La mème plante a été retrouvée depuis aux îles Malouines, par M. Gaudichaud. Une autre plante, l’'Empetrum rubrum , croît également aux deux extrémités de l'Amérique , mais elle n’était encore connue qu'au détroit de Magellan. Cette dernière contrée produit encore des espèces voisines d’une fort belle Ciné- raire que j'ai nommée C. carnosa , en raison de la consis- tance charnue de ses feuilles : elle abonde à l’ile Saint- Pierre et autour de Terre-Neuve , dans certaines anses, au bord de la.mer, où elle se tient toujours parmi les galets et les graviers qui se trouvent un peu au-dessus du niveau des plus grandes eaux. Les familles des Joncs ei des Graminées m'ont également offert quelques es- pèces nouvelles. Du reste, la masse des végétaux ter- restres se compose ici, par quatre degrés de latitude, des espèces. de la zône glaciale de l’ancien et du nouveau continent , et de celles qui habitent la partie supérieure des Alpes sous la zône tempérée : la géographie de ces plantes m'a fourni divers faits bien curieux sous ce rap- port. J'ai recueilli parmi les grandes Algues pélagiennes, ‘appartenant au genre Laminaria, Lamx., plusieurs belles espèces nouvelles. Ces plantes aussi curieuses que (177) remarquables par leur forme et leurs proportions, mé- ritent de fixer l’attention du marin, de l’armateur qui entreprend la pèche de la morue, et des botanistes. La première est la Laminaire à long pied ( Lamina- ria longicruris ). Il est rare que l’on approche de Terre- Neuve, ou des iles Saint-Pierre et Miclon, sans ren- contrer , à la surface de la mer, cette grande plante ma- rine : elle ressemble à un large baudrier, d’un brun jaunâtre ou olivâtre, élégammient festonné sur ses bords, long de 5 à 8 pieds, et qui termine le pied de la plante, qui est mince, au moins aussi long, et se tient seul flot- tant sur l'Océan à l’aide d’un renflement creux inté- rieurement , qui se trouve situé dans sa partie supé- rieure. Quand les marins , enveloppés par les brumes, si fréquentes dans ces parages , rencontreront cette plante , ils ne doivent s’avancer qu'avec toutes les pré- cautions possibles, n'étant qu’à une ou deux lieues de la côte de Terre-Neuve , qui est bordée de rochers dans toute son étendue. La seconde espèce nommée l'Agar ( Laminaria Aga- rum) , est un végétal fort bizarre : un pied solide, long de 5 à 9 pouces, se termine par une feuille plus ou moins longue et de largeur également variable , qui est percée de’ trous comme un crible sur toute sa surface. Ce végétal croît depuis 25 jusqu'à 35 brasses d'eau, et passe pour anti-scorbutique dans le nord de l’ancien continent , le long des côtes de la Sibérie, où il est éga- lement très -commun. Une autre petite espèce, non moins remarquable par sa couleur rouge carminée très- vive, que par l'élégance de ses formes, vit dans les mêmes parages ; l’on en voit presque toujours des débris parmi les racines de la précédente: Cette plante, un peu dif- Toue IV, 12 (178 ) férente du Varec plumeux (Fucus plumosus), de l'Eu- rope boréale, est un mets très-friand pour la Morue. Quand les pècheurs rencontrent, en sondant, l’Agar, qui leur anncnce la présence de cette dernière plante, nous sommes , disent-ils, sur un excellent fonds ; nous allons faire bonne pêche! Deux autres espèces étaient confondues sons le nom de Laminaire digitée, et cependant sont éminemment distinctes entre elles. J'ai nommé l’une de ces plantes L. stenoloba, Laminaire à courroies étroites , par op- position à l’autre espèce, L. platyloba, Laminaire à larges segmens. Quoique la fronde soit de mème na- ture que chezle L. digitata, les caractères déduits de la forme de ces végétaux distinguent trop ces deux Algues, pour qu'on ne les érige pas en espèces particulières. Une forme accidentelle du L. platyloba constitue le Fucus ( Laminaria) bifurcatus de Gunner , relaté par Linné et par Gmelin. Le peu de longueur du stipe, son état menu et d’égale grosseur, distinguent de suite ces deux plantes du Laminaria Phycodendron , qui est le meilleur com- bustible pour les habitans des côtes de la Basse-Breta- gne. , qui manquent de bois, et ne font du feu qu'avec du gouémon ou varec desséché. Je n’oublierai point qu’à notre arrivée en rade, à l’île Saint-Pierre, en 1816, je ne quittai, pour ainsi dire, qu'à regret, le canot qui nous conduisait à terre, en voyant tous les rochers sous-marins recouverts d’un su- perbe Laminaria esculenta , plus grand que celui d’Eu- rope : cette plante , qui habite toujours un peu au-des- sous du niveau des plus basses marées, ondoyait au gré des vagues avec autant de souplesse que d'élégance. La forme et la largeur que prennent ici ses feuilles, me (199 ) rappelèrent celles des Bananiers qu'on élève dans les serres. J’ai nommé cette belle plante Lam. esculente var. platyphylla. Une autre variété se distingue au contraire de celle- ci, par ses frondes qui n’ont euviron que la largeur d’un ruban; je l’ai appelée en conséquence Lam. esculenta var. {œniata. Une troisième se distingue des deux précédentes , par l'écartement des pinnules ou folioles qui croissent à la base de la fronde. Je la désigne par le nom de Lam. esculenta var. remotifolia. ‘ . L'espèce qui croît sur nos côtes , à l'extrémité de Ja Basse-Bretagne , est intermédiaire entre ces deux der- uières quant aux proportions de sa fronde : elle s’en dis- tüingue surtout par ses folioles plus courtes et fort nom- breuses. Je l’ai distinguée en conséquence, dans mon Prodrome des Algues de France, par le nom de Lam. esculenta var. polyphylla. L'on ne fait à Terre-Neuve, ri en France, aucun usage de cette Algue intéressante , parce que l’on ignore qu'aux îles Féroé elle est recherchée et mème estimée parmi les plantes alimentaires. Les habitans la mangent crue ou cuite , et trouvent le goût de la moelle de choux à cette côte qui traverse le milieu de la fronde longitu- dinalement, En Islande elle figure aussi, diversement apprêtée, parmi les mets de la table du riche, ainsi que sur celle du pauvre. Je n’ai point observé , dans la partie du nord de l'ile de Terre-Neuve , une autre Laminaire qui est fort: com- rune aussi dans le port de l’île Saint-Pierre : celle-ci se rapproche du Lam. bulbosa d'Europe, par son pied comprimé vers sa partie supérieure , par la nature de sa 1a* ( 180 ) fronde, et même par la manière dont ses racines com- mencent à se développer. Mais cette espèce est beaucoup plus petite, et jamais, en grandissant, elle ne développe à sa base ces sacs radicifères, ni ces plis ondulés de l’autre plante , qui garnissent dans un àgèe avancé les cô- tés de son stipe dans sa partie inférieure. Je lai nommée, d’après l'épaisseur et la consistance de sa fronde , Lami- naire en forme de cuir, Laminaria dermatodea. Cette espèce se rapproche encore , par sa texture, du Lam. bulbosa que nous venons de citer, et forme à Terre- Neuve, comme l’autre en Europe, le passage des Algues de la zônc froide à celles de la région tempérée. Le Lam. bulbosa est de toutes les plantes marines , celle qui four- nit le meilleur engrais, et comme les chardons se pro- pagent d’une manière extraordinaire dans les champs qu'on fertilise avec cette Algue, connue sous le nom de Baudraie , à l'ile d'Ouessant, les paysans sont persuadés qu'elle les engendre. La dernière se distingue éminemment de toutes celles qui précèdent, par les nombreuses rides dont elle est sillonnée sur ses festons. C’est une feuille simple , lon- gue d’un à deux mètres, dont le stipe, muni de racines, est un peu renflé, ainsi que dans le Zam. longicruris ; mais la plante se distingue de cette autre par sa fronde plus étroite et plus épaisse, plus longue, plus rigide, et dont les festons ou les ondulations marginales moins membraneuses se trouvent couvertes de rides tortueuses sur toute leur superficie : c’est d’après ce dernier carac- tère que je l’ai nommée Laminaire ridée ( L. caperata ). Je me borne à ce précis sur ces végétaux remarqua- bles dont lies échantillons , excepté l’Agar , ne sont con- nus que depuis mes. voyages. Îls nous suggèrent cette re- ( a8r ÿ marque intéressante , par l'étendue de la famille qu'ils constituent, que tandis que nous voyons dans Ja région équatoriale les plantes terrestres nous préseuter les plus grandes dimensions dont les végétaux soient susceptibles, dans le nord du globe, au contraire , où les arbres-et les plantes n’ofirent que des individus chétifs et à feuilles étroites, les grandes formes végétales habitent sous les eaux de l'Océan , où elles se réfugient pour jouir d’une température plus uniforme, et se trouver ainsi déro- bées à l’âpreté du climat. ; Je n’omettrai point de consigner encore dans cet ar ticle, qu'il existe en France, sur les côtes de la Bre- tagne occidentale, trois espèces de Varec également du genre Laminaire, qui ont été confondues , jusqu'à ce jour ,‘par les botanistes. Étant à l'ile de Sein, au mois d’août et de septembre 1822, j'ai appris à les distinguer entre elles , et je puis garantir la validité des carac- tères que je leur assigne , d’après l’examen d’une grande quantité d'échantillons que les marées de l’équinoxe re- jetèrent à la côte. Ces plantes ont été toutes publiées sous le nom de Laminaire digitée. 3 1°. Laminaria phycodendron. N. Laminaire arbores- cenke. d Stipite valido longo tereti , rugoso , apice valdé atte- nuato subconstrico : frondis basi cordatæ vel subreniformiter flabellatæ lacinis lanceolatis , tenacibus , sat crassis sub- corneis ; fusco ubique concolore , sub dio non insigniter mu- tabili. C'est la plus commune : les habitans la nomment Cal- cogne, et la recherchent, particulièrement poar faire L du feu : c’est leur bois de chauflage. ( 182 ) Laminaria ochroleuca. N. Lamivaire jaunûâtre. Stipite etiam basi sensim incrassato , non rugoso, lævi, ad frondis basin minus constricto ; laciniis latioribus longioribus multo tenuioribus ; pallenti-lutescentibus subolivaceis ; ad frondis originem albentibus , Tr æqualibus aut longio- ribus : fronde antice cordata in fuscum mutabili. J'ai rencontré cetie espèce abondamment rejetée dans l’anse d'Annotmeur : les habitans de l’île de Sein Ja distinguent à sa consistance et à sa couleur de l'espèce qui précède , et la nomment en celtique Calcogne- Melen. 3°. Laminaria leptopoda. N. Laminaire à pied ment. Supite gracili, lævi, cylindrico , undique æquali,, ple- rumque elongato ; fronde basi cuneata , lacinüs prælongis , lineari-acutis , bi-multi-partitis, sæpe ape , virenti-fuces- centibus sub dio albescentibus. Quand la fronde va se détruire, sa couleur vert- olivâtre devient blanche comme un morceau de parche- min, lorsqu'elle est soumise à l’action de la pluie ou de la rosée. C’est la seule espèce de Laminaire qui nous offre ce genre d’altération, et que les vaches re- cherchent pour leur nourriture, le long du rivage, à île de Sein : elles vont l'y trouvér quand la mér est basse, et la mangent avec avidité lorsqu'elle a blanchi; mais elles n’en veulent point dans son état naturel. Elle abonde dans l'Océan aux îles de Sein, &d'Oues- sant, etc. Elle avait aussi été recueillie à Belle-Isle en mer, par M. Bory de Saint - Vincent; M. Dorbigni l’a retrouvée aux environs de La Rochelle, à l’île de Ré. À l'ile Sein, en Bretagne, elle est connue sous le ( 183 ) nom de Fouétrac où Fouéioutrac, en raison de son stipe flagelliforme , c'est-à-dire qui ressemble assez bien à un fouet. Je crois qu’on doit rapporter au genre Laminaire le Desmarestia Dudresnayi de Lamouroux , plante extrè- mement rare. La forme de cette Hydrophyte, et surtout de sa racine blanche, la classe’ certainement dans ce genre. J'en ai beaucoup tronvé de fragmens rejetés sur la côte de Biaritz, auprès de Bayonne, au commence- ment de juin 1823. : S'il en était des Laminaires comme des végétaux di- cotylédonés , l’on pourrait statuer sur leur âge par le nombre des couches concentriques qui s’observent dans la partie inférieure de leur stipe. Un des troncs du Lam. Phycodendron que j'avais sous les yeux, m’en présen- tait huit qui se trouvaient inégalement espacées. La dernière couche, extérieurement , porte l'écorce qui est mince , et la plus interne enveloppe la partie médullaire qui constitue un axe de forme cylindrique. Comme cette moelle ei les environs sont le plus imprégnés des sucs propres à la végétation de ces algues dendroïdés , il en résulte sans doute que, malgré l'apparence d’une organi- sation dicotylédone , l'accroissement se fait par le centre, ainsi que chez les palmiers. Au-dessous de l'écorce des Laminaires , l'on remarque une série d’utricules beaucoup plus grandes qui forment le reste de la substance interne, et dans lesquelles se trouve élaboré le mucilage sucré dont la plupart des Varecs se couvrent quand ïls sont retirés de la mer. En séchant , ce mucilage paraît à la superficie de la plante comme une poussière blanche , et c’est à la présence de ce principe, dont les mouches sont si avides , qu'est due ( 184 ) la quantité de celles-ei que nous observons sur les mon- ceaux de gouémon , épars le long du rivage. J'aurai l’honneur de présenter successivement divers Mémoires relatifs aux productions et au climat de Terre- Neuve, un précis sur la Flore de ce pays, et sur mon travail concernant les Algues qui se trouvent en France. J'ai recueilli et dessiné soigneusement toutes ces belles espèces sur lesquelles j'ai plusieurs détails importans que je réserve pour mon travail général sur les Algues ma- rines : je le publierai bientôt sous le nom de Néréide Française. A Explication de la Planche 9. A. Laminäria longicruris ; B. Lamiparia Jongicruris; Var. £. tenuior ; . GC: Laminaria caperata ; D. Laminaria esculenta platyphylla ; E. Lam, esculenta remotifolia; F. Lam. esculenta tœniata; G. Laminaria dermatodea ; H. Laminaria Agarum, I. Laminaria platyloba ; K. Laminaria stenoloba. Osservarions sur La disposition et le développement des œufs de plusieurs espèces ovipares , appartenant au genre Hirupo : Par M. Raven, D. M. (Communiquées à l’Académie royale de Médecine, en décembre 1824.) $ 1. Depuis long-temps on a distingué les animaux en vivipares ei ovipares , Suivant que leurs petits naïssaient vivans, et sans enveloppe particulière qui les nourrit et les protégeàt, ou qu'ils sortaient d’un œuf fécondé avant ou après la ponte. Outre cette dernière différence, qui apporte des modifications importantes dans la forme et la disposition des organes sexuels, les animaux ovipares , à sexes réunis ou isolés, en présentent une autre moins ( 185 ) remarquable , mais qui mérite cependant d’être étudiée d’une manière générale. Tantôt , en effet , un ou plusieurs œufs fécondés, comme dans les oiseaux , par exemple, sont expulsés isolément au dehors, après que chacun d'eux s’est revêtu d’une enveloppe particulière dans lo- viducte; tantôt, au contraire, ce conduit fournit une mem- brane ou capsule commune à plusieurs oyules. C’est “en particulier ce qui a lieu dans toutes les espèces de -sangsues ovipares dont j'ai pu étudier le mode de repro- duction (1). Quelquefois même ces œufs sont rnunis d’une seconde enveloppe commune, disposigion fort re- marquable dans les sangsues dites médicinales. $ >: Je m'étais d'abord proposé de soumettre au juge- ment de l’Académie quelques observations sur le dévelop- pement des œufs de l'Æirudo vulgaris de Muller, appartc- nant au genre Vephelis de M. Savigny ; les capsules qui renferment les ovules de cette espèce présentent quelques phénomènes très-curieux, déjà décrits avec plus ou moins d’exactitude par Bergman (2), M. Johnson (3) et M: Ca: réna (4). Elles offent surtout cette particularité remar- (1) Plusieurs espèces, telles que l’Æirudo complanata Mur. l’Hirudo cephalota CarEwaA , sont vivipares. L'Hirudo complanata , conservée dans des bocaux pleins d’eau, y fait des petits aux mois de juin ét de juillet : circonstance qui m'a permis de répéter les observations, faités par M. Duméril sur la reproduction de cet animal, et qu’il a con- "signées dans le Bulletin de la Société Philomaätique. (2) Bergman (T'ob.), Opuscula physica et chimica, in-8°. Lipdiæ, 1988 , vol. 5. Dissertatior de cocco aquatico sive :hirudine acto-oculaté. — Dissertatio de hirudinibus. Ibid. # (3) Johnson (J. R.), Observations sur la S'angsue vulgaire, novem- bre 1816. (4) Caréna , Mémoires de l'Académie royale de Turin , 1820. Mono- graphie du genre hirudo. ( 186 ) quable, qu'étant parfaitement transparentes elles per- mettent de suivre, sans interruption , les phases successives qui amènent la transformation complète de l'œuf en un individu. Mais des circonstances particulières , et l’intérèt plus direct qu'offre d’ailleurs l'étude des Sangsues dites médicinales, m'ont déterminé à commencer ces lectures par l'exposé des observations que j'ai faites sur la repro- duction des Sangsues grises et des Sangsues vertes du com- merce, désignées par M. Savigny sous le nom de Sangui- suga medicinalis et de Sanguisuga officinalis. , $ 3. M. Le Noble, médecin de l’hospice de Versailles, annonça le premier à la Société d'agriculture du dépar- tement de Seine-et-Oise, dans sa séance du 6 mars 1821 (1), que les Sangsues médicinales se développaient dans de petits cocons ovoïdes et du volume d'un petit cocon de ver à soie, et que leur tissu présentait la mème configuration extérieure que celle d'une éponge très-fines il:annonça également ; qu'ayant ouvert: un certain nombre de ces cocons, il en avait trouvé plusieurs de vides, et que leur cavité lisse et polie était comme en- duite d’une couche de vernis ; qu’ils présentaient à chaque extrémité un très-petit trou, et que d’autres plus petits, qui ne paraissaient pas encore achevés à l'extérieur, étaient remplis par une espèce de gelée transparente et homogène ; que dans quelques autres enfin , il avait trouvé neuf, dix, douze, et jusqu’à quatorze petites Sangsues, qui lui avaient paru être à diverses périodes d’accroisse- ment qui semblaient correspondre au développément plus ou moins considérable du tissu qui formait le cocon. A peine eus-je connu le travail de M. Le Noble , que je for- | j solihé Re (1) Motice sur les S'angsues, in-8°. Versailles, 18a1. ( 187) mai le projet de répéter ses observations, et j'ai dù à l’o- bligeance de M. Charpentier, pharmacien à Valenciennes, de pouvoir examiner et disséquer , cette année , un grand nombre de ces cocons ; aucune des Sangsues vertes ou gri- ses, que j'avais conservées dans des bocaux, n’ayant dé- posé de capsules ni fait de cocons, à l’époque de la ponte, c'est-à-dire depuis le commencement du mois de juillet jusqu’au mois de septembre; circonstance d'autant plus remarquable que d'autres espèces , que j'avais également conservées dans de l’eau, telles que l’Æirudo vulgaris de Muller, et l’Æirudo bioculata du même auteur, ont pondu plusieurs capsules sur lesquelles j'ai pu suivre le développement des œufs et leur transformation en in: dividus. M. Duméril a bien voulu me diriger dans cés recher- ches , et la plupartdes observations que je vais avoir l’hon: neur de soumettre à l’Académie ont été vérifiées par cé savant professeur. $ 4. On sait que le prix des Sangsnes, devenu assez élevé, éprouve d’ailleurs des variations considérables dans les diverses saisons de l’année, Cette circonstance a condüit le pharmacien éclairé ; dont j'ai eu déjà l'honneur de vous parler , à acheter une certaine quantité de ces animaux, pendant la belle saison, et à les déposer dans des réser- voirs , ou plutôt dans des espèces de maraïs artificiels qu'il æ fait établir. Les Sangsues s’y conservent et s’y reprodui- sent dans une assez grande proportion, pour qué ce genré d'industrie soit à la fois Incratif et utile au pays qu’il ha- bite. Vers la fin du mois de juillet, et surtout vers le mois d'août, M. Charpentier, en examinant attentive- ment les rives des ruisseaux qu’il a fait établir , s'aperçut que de petits trous de forme conique étaient pratiqués 188 sur les bords de ces ruisséaux. Les paroïs de ces trous étaient très-lisses, et chacun d'eux contenait un peut cocon à enveloppe spongieuse, dans lequel était renfenmé du mucus, ou des petites Sangsues, qui, plus tard, de- vaent en sortir. De semblables observations avaient peut- ètre été déjà faites par d’autres personnes avant M. Le Noble et M. Charpentier. M. Collin de Plancy assure que les paysans de la Bretagne, qui s'occupent habituellement de la pêche des Sangsues connaissent, depuis fort long- temps, l’existence de ces es pèces de nids, et qu'ils peuplent même de ces animaux les étangs et les marais qui en sont dépourvus, en y déposant un certain nombre de ces cocons recueillis, en d’autres lieux, au commencement de la ponte des Sangsues. $ 5.Chacun de ces éocons représente un ovoïde , dont le plus grand diamètre varie ordinairement de 6 à r2 lignes, et le plus peut de 5 à 8 lignes. Leur poids s’é- lève de 24 à 48 grains, suivant leur volume ou leur état de plénitude ou de vacuité, suivantenfin qu’ils contiennent du mucus ou de petites Sangsues. Leur volume est Jui- même en rapport.constant avec le nombre d’ovules ou de Sangsues qu'ils renferment et avec l'époque de leur for- mation et leur degré de développement. $ 6. Leur structure, quoique plus complexe que celle des capsules qui renferment les ovules des autres Sangsues oyipares, est cependant assez simple. On distingue en effet, dans chaque cocon parvenu à son entier développe- ment, 1° une enveloppe extérieure , spongieuse ; 2° au- dessous de celle-ci une capsule analogue à celle observée autour des œufs des autres espèces de Saugsues ovipares ; 3.enfin du mucus, des œufs, ou des Sessueté dans la cavité de cette capsule. ( 189 ) 7. Lorsqu'elle est parvenue à son éntiér développe- ment , l'enveloppe spongieuse, la plus extérieure de tou- tes, entoure la capsule dans toute son étendue. Jamais je ne lai vue manquer à la surface des cocons qui conte- paient ou avaient contenu des Sangsues. Elle forme une couche d’une épaisseur de deux lignes environ, sur tous les points de la surface de la capsule ; elle est seulement un peu plus mince vers l'extrémité du grand diamètre deïces petits ovoïdes. Le tissu qui la forme est fortement organisé , demi-transparent , composé de. fibres solides, fines et déliées, très-régulièrement.entrelacées, de ma- nière à former des espèces de prismes creux hexagones, à travers lesquels l’eau et l’air peuvent facilement péné- trer. Ce tissu n’est point attaquable par l’ean froide. Il avait conservé une grande partie de sa résistance sur des cocons que j'avais conservés dans ce liquide, depuis le commencement du mois d'août jusque dans Le mois de novembre. Il a fini cependant, ces jours derniers, par se détacher sous la forme d’une poussière noirâtre, qui s’est déposée au fond du vase, tandis que la membrane cap- sulaire, ainsi mise à nu, surnageait à la surface de l’eau. Suivant M. Boullay, qui a bien voulu l’examiner , il pent ètre comparé, sous le rapport chimique , à l’épiderme de Ja peau. A l'analyse , il offre les caractères des matières cornées. Comme elles, ce tissu est insoluble dans l’eau, l'alcool et les acides faibles, si ce n’est à l’aide du diges- teur qui Lransforme le tout en nne sorte de matière géla- tineuse. Je dois encore faire observer, relativement à celte première enveloppe, que les petites Sangsues con- tenues dans la capsule, après avoir percé cette dernière membrane, s’échappent à travers les, mailles du tissu spongieux , ordinairement sans y laisser de traces de leur (190 ) passage. Enfin il est une dernière particularité que je crois devoir faire connaître , c’est qu’on trouve presque toujours dans le tissu spongieux, lorsqu'on observe les cocons au mois d'août, une ou plusieurs larves d’un in- secte diptère, dont, à la vérité, je n’ai pu suivre le dé- veloppement, ces larves n’ayant vécu ni dans l’eau, ni dans les capsules de verre sur lesquéls je les avais placées. J'ai même montré une fois à M. Duméril une de ces larves, située dans le mueus contenu dans la cavité de la capsule, et par conséquent renfermée dans l’intérieur de cette membrane : circonstance très-difficile à expli- quer, à moins qu'on ne suppose que la capsule, à la- quelle je ne pus découvrir d'ouverture , avait été acei- dentellement perforée. A cette occasion , je dois encore rappeler qu’on trouve quelquefois un autre insecte dans le tissu spongieux, et qu'il a été reconnu par M. Duméril pour un individu du genre Élophore. J'essaierai plus loin de faire connaître le mode de formation et les usages de ce tissu spongieux ; je passe à la description de la cap- sule placée immédiatement au-dessous de lui, et dans laquelle le mucus est renfermé. $ 8. Cette capsule qui, je crois, n’a été encore observée ni décrite par aucun auteur , adhère fortement, par sa surface externe , au tissu spongieux auquel elle corres- pond. Elle se présente sous la forme d’une poche sans ouverture , formée par une membrane mince , blanchà- tre, transparente et assez résistante. Lorsque l'enveloppe spongieuse en a été détachée , elle ne tarde pas à brunir ou à se ternir par le contact de l'air. Comme les cap- sules'de l’Airudo vulgaris de Muller, elle offre aux deux extrémités de son grand diamètre deux petites saillies angulaires , dont la base se confond avec la capsule; et (191) dont la pointe fait saillie dans la cavité de cette membrane, lorsqu'elle est vide ou qu'on en a enlevé le mucus ou les Sangsues qu’elle peut contenir. Ces petites saillies sont ordinairement d’un tissu plus ferme que la membrane; elles sont d’un brun jaunâtre et peu transparentes, elles finissent cependant par être détruites. La capsule présente alors une petite ouverture circulaire d'une demi-ligne de diamètre, vers le point qu’occupait celle de ces saillies qui correspondait à la petite extrémité de la capsule. On remarque plus rarement une semblable ouverture à l’ex- trémité opposée, et il est plus rare encore d'observer à la fois ces deux issues sur un même cocon. C’est par ces ouvertures que sortent les Sangsues lorsqu'elles ont at- teint le terme de leur vie intra-capsulaire. Le petit nombre d'essais que M. Boullay a pu faire sur la composition chimique de cette capsule me portent à croire avec lui qu’elle est de nature albumineuse, car elle se comporte avec les réactifs comme l’albumine coagulée. Cette membrane présente quelques particularités re- marquables , lorsqu'on la compare aux capsules des au- tres espèces de Sangsues ovipares, à celles de l’Æirudo vulgaris ou de l’Hirudo bioculata, par exemple. D'abord les capsules des Sangsues vertes et des Sangsues grises sont incomparablement plus volumineuses. La surface externe des capsules de l’'AHirudo vulgaris et de l’Æirudo bioculata est libre, enduite d’une sorte de vernis gluant, au moyen duquel elles s’attachent aux feuilles des plantes aquatiques , ou aux parois des vases dans lesquels on a conservé les espèces qui les produisent. Les capsules des Sangsues vertes et grises n’offrent point cet enduit ; il était inutile , puisqu'elles devaient être déposées dans la ; (492) terre ; owplutôt elles avaient besoin d’être protégées par un tissu élastique plus solide; et c’est là, ce me semble, le principal usage de l’enveloppe spongieuse. $ 9: La matière que contient la capsule des Sangsues médicinales , et qui la remplit exactement lorsqu'on n’y distingue encore ni œufs ni Sangsues, est blanchâtre, peu transparente, de la, consistance d’une gelée tremblante; sa saveur.est fade , et ne donne aucun indice d’acidité ou d’alcalinité. Cette matière molle est peu altérable, et se conserve plusieurs jours sans éprouver d’autres change- mens qu’une légère dessiccation, si l’air est sec et chaud. En perdant l'eau à laquelle était due sa consistance molle; elle se transforme en un corps friable et transparent qui ressemble à de la colle de Flandre. Devenue tout-à-fait solide, elle.est réduite au huitième de son poids. Il résulte de l'analyse chimique faite par M. Boullay, que cette matière est composée d’une très-petite quantité d’albumine, d'environ un douzième, et d’une autre subs- tance qui offre les caractères du mucus, tel qu'il a été décrit par Fourcroy et M. Vauquelin. On n’a pu analyser comparativement le fluide contenu . dans les petites capsules de l'Æirudo vulgaris de Muller, n’en ayant pas recueilli une assez grande quantité. Je fe- rai remarquer seulement qu’il est jaunätre , beaucoup plus aqueux et plus transparent que le mucus-des capsules des Sangsues grises et vertes, et qu'il permet de distinguer plus facilement les ovules et de suivre leur dévelop- pement. ‘ $ 10. Deux fois seulement j'ai pu distinguer à la loupe plusieurs ovules rangés symétriquement au milieu du mu- cus qui remplissait la totalité de la capsule. Leur dispo- sition était tout-à-fait analogue à celle que j'ai indiquée NL "4 (193) dans la pl. 2, fig.», pour les ovules de l’Æirudo vulgaris. Si mes recherches sur ce point eussent été commencées dès la fin de juin, et si j'avais disséqué un plus grand nombre de cocons dans les premiers jours de juillet, j’au- rais pu, très-probablement, constater un plus grand nombre de fois l'existence ét l’arrangement de ces ovules. Ayant examiné plus tard ün assez grand nombre de ces capsules, j'en ai trouvé quelques:unes incomplètement remplies du mucus et offrant le plus ordinairement une cavité orbiculaire, dans leur centre. Enfin, dans l’inté- rieur de plusienrs autres , il n’existait plus de mucus, soit qu’elles continssent un certain nombre de petites Sang- sues, 8, ro et mème 15, sur le point de sortir, ou que ces animaux se fussent déjà pratiqué une issue. Dans ce dernier cas, on remarquaïit souvent vers l’extrémité la moins, volumineuse des capsules une petite ouverture qui leur avait donné passage. $ rr. Ces capsules, revètnes du tissu spongieux, de- venues désormais sans usage, peuvent rester enfouies dans la terre plusieurs mois sans êtres détruites, mais alors on les trouve déprimées, affaissées ou déformées, leurs mem- branes sont plus sales et de couleur brunâtre : le tissu spongieux, moins élastique, ne reprend plus par le la- vage sa couleur première. Dans la cavité de plusieurs d’entre elles j'ai quelquefois trouvé une eau trouble qui y avait pénétré, je pense, par imbibition, ou par la pe- tite ouverture dont j'ai déjà parlé. $ 12. Après avoir fait connaître le gissement, la con- formation et la structure des cocons, il me reste à indi- quer leur mode de production , l’époque de leur formation et leurs usages ; à rechercher la durée de la vie intra-cap- Towe IV. 13 (194 ) sulaire des Sangsues médicinales ; à en étudier les phé- nomènes ; enfin à signaler quelques différences que pré- sentent, sous ce rapport , les Sangsues vertes et les Sang- sues grises. $ 13. L’enveloppe spongieuse me paraît être d’une for- mation postérieure à celle de la membrane capsulaire, qui est probablement expulsée du corps de l'animal avec les œufs qu'elle renferme , comme dans les autres espèces de Sangsues ovipares. Cette opinion me semble résulter des observations suivantes : 1° cette enveloppe spon- gieuse n'existe pas autour des capsules des autres espèces de Sangsues ovipares. 2°. Les capsules de ces dernières, comme je l'ai déjà dit, sont glntineuses à leur surface ex- térieure et s’attachent aux feuilles des plantes aquatiques. 3°. Les Sangsues offcinale et médicinale , déposant au con- traire leurs capsules dans la terre, exposées par cela même à des pressions plus violentes, devaient ètre mu- nies d’une seconde enveloppe plus propre que les capsu- les à les préserver du contact de corps extérieurs plus durs ou plus solides. Cette seconde enveloppe me paraît done, je le répète, d’une formation postérieure à la première. Ayant examiné, en eflet, un très-grand nombre de co- cons, j'en ai trouvé quelques-uns dont la capsule n’était pas entièrement couverte de ce tissu spongieux et dont la surface, dans quelques points , se trouvait immédia- tement à nu, ainsi que je l’ai indiqué dans la figure 13. On ne peut supposer , dans ce cas, que l'absence par- tielle du tissu spongieux ait été le résultat de la pu- tréfaction, ou de toute autre cause qui l'ait détruit; car j'ai observé cette disposition sur plusieurs cocons remplis de mucus non altéré, de formation récente, et en général peu volumineux, sur lesquels même les fibres (195) du tussu spongieux présentaient l’arrangement régulier et hexagonal que j'ai précédemment indiqué: Mais en admettant que ce tissu spongieux se développe autour des capsules après qu’elles ont été déposées par l'animal dans le sol des marais ou des ruisseaux, il reste encore à déterminer si cette matière est le produit d’une humeur qui suinte du corps des Sangsues, ainsi que l’a shpposé M. Le Noble, ou si, comme le pense M. Duméril , l'animal exposerait la capsule enveloppée d’une matière glaireuse qui en se détachant formerait le tissu spongieux, dont les fibres prendraient une disposition hexagonale régulière par suite du dégagement d’un fluide élastique : c’est ce que j'ignore complètement. Du reste, les usages de ce tissu me paraissent entièrement mécaniques. Il pro- tège la capsule et les germes qu’elle renferme contre les pressions que des corps extérieurs pourraient leur faire éprouver, et les défend peut-être en outre des atteintes que leur porteraient certains animaux. } $ 14. La capsule commune des œufs des Sangsues grises et vertes , comme toutes les membranes analogues qui enveloppent les œufs des Sangsues ovipares , est sécrétée par l’oviducte. Je puis étayer cette assertion de l’obser- vation suivante. J'ai vu plusieurs espèces, telles que l’Zi- rudo vulgaris et\ Hirudo bioculata de Muller , que j'avais conservées dans des vases transparens , déposer un cer- taïn nombre d'œufs fécondés , renfermés dans une capsule commune. Cette observation est surtout très-facile à faire sur l'Æirudo vulgaris, dont les ovules ne sont pas d’abord visibles à l'œil nu, mais qui ne tardent pas à le devenir après 36 ou 48 heures. Or, si les œufs de ces espèces sont expulsés, enveloppés d’une membrane commune, tout porte à penser que la formation des capsules des € ( 196 ) Sangsues vertes et dés Sangsues grises a lieu dans lescorps de ces animaux par un même mécanisme. Rien n'autorise à supposer avec M. Le Noble que l’animal dépose ses œufs dans une masse de mucus qu'il aurait d’abord versé dans les loges qu'il se creuse dans la glaise, qu'il organiserait ensuite deux autres membranes autour de ce mucus, sans qu'aucun corps étranger ne se trouvàt mélangé avec ce fluide, enveloppé plus tard par les membranes spongieuse et capsulaire. Cette dernière membrane me paraît donc avoir pour usage de renfermer les ovules, de prévenir leur dissémination, leur écrasement , au moment où ils pourraient être le plus facilement détruits, c’est-à-dire au moment de leur expulsion du corps de l’animal; de renfermer et très-probablement de produire le mucus qui sert au développement des germes ; enfin de protéger les petites Sangsues dans leur vie intra-capsulaire. Un nouvel abri leur est fourni par la membrane spongieuse dont j'ai parlé. Cet abri est tel, que la nature des divers Keux dans lesquels des cocons bien conformés peuvent être plongés, a moins d'influence qu'on ne pourrait le croire sur le développement des germes qu’ils renferment. En effet, que des cocons soient placés dans dela glaise, dans de l’eau, ou exposés à l’air libre, les ovules peuvent également se développer dans ces diverses conditions. Ayant oublié par hasard plusieurs cocons dans un petit vase de terre, qui contenait aussi un peu de foin, je fus fort étonné , lorsque je les retrouvai , environ 15 jours après, de voir dans le foin plusieurs petites sangsues mortes et d’en rencontrer plusieurs autres vivantes et bien développées dans les capsulesde ces cocons, dontle mucus était en grande partie absorbé. Aussi suis-je très-disposé à croire parfaitement exacte l’assertion de M. Collin de (197) Plancy, relativement aux pêcheurs de Sangsues, qui; dit-il , repeuplent de ces animaux certains marais, en Y: déposant un ceriain nombre de cocons. $ 15. J'ai déjà dit que le nombre des germes renfermés dans chaque capsule pouvait varier de 6 à 15 au plus, et que je n'avais pu en suivre le développement dans toutes ses phases , comme j'ai pu le faire pour une autre espèce, l’Æirudo vulgaris de Mullen Les petites Sangsues grises sont, en général , plus volumineuses et ont les vaisseaux sanguins plus apparens. Les individus qui appartiennent aux Sangsues vertes sont plus petits et plus bruns. J'ai fait représenter, dans les figures 18 et 18 a, une pe-. tite Sangsue grise extraite d’une capsule au moment où elle était sur le point d’en sortir. L’œil armé d’une lonpe, j'ai pu facilement distinguer sur ce petit animal les bandes jaunes longitudinales de sa face dorsale , les dix yeux ou points noirs placés sur sa tète et disposés en fer à cheval, ainsi que les petites taches ventrales qui la caractérisent. Craignant de fatiguer l’attention de l’Académie par de trop. longs détails sur l’organisation de ces animaux à cet âge, je me bornerai aujourd'hui. à quelques remarques gé- nérales. ? 1°. Les petites Sangsues, contenues dans, leurs capsu- les ; sont d’antant plus rouges et moins allongées , qu'elles sont encore plus éloignées du moment où elles sortiront de la cavité de cette membrane. . 2°. Le pigment de la peau se développe de très-bonne heure sur ces Sangsues. Jamais je ne les ai trouvées entiè- rementincolores , circonstance d'autant plus remarquable, que l'Æirudo vulgaris de Muller, qui, parvenue à son en- tier développement , offre une couleur très-foncée, est (198 ) au contraire parfaitement incolore au moment où elle sort de sa capsule. 3°. Les Sangsues vertes et les Sangsues grises, comme les petits de l ÆAirudo vulgaris , sortent ordinairement de la capsule par la petite extrémité du cocon, qui présente alors une petite ouverture circulaire, vers le point opa- que qui termine l'extrémité correspondante de son grand diamètre. : 4°. Après avoir percé la capsule, les petites Sangsues s'engagent dans le tissu spongieux ; elles serpentent dans son intérieur , sortent par divers points de sa surface et quelquefois se logent de nouveau momentanément dans ce tissu. 5°. À cette époque, elles nagent déjà avec une très- grande agilité. Elles vivent dans l’eau de Seine filtrée, et s’y développent ; phénomène d’autant plus remarquable que les Sangsues, parvenues à leur entier accroissement, finissent, au bout de quelques mois, par y perdre de leur poids. $ 16. En terminant cette première partie de mon Mé- moire , j'avais également formé le projet d'examiner s’il ne conviendrait pas d'interdire la pêche des Sangsues mé- dicinales pendant certaine saison de l’année, c’est-à-dire à l’époque de la ponte. Je m'étais aussi proposé de re- chercher si des milliers de Sangsues , consommées dans les hôpitaux de la capitale, et dont on ne tire aucun parti après leur application, ne pourraient pas être uti- lement employées à la reproduction de ces animaux, qu’on déposerait dans des marais artificiels, et si ces ani- maux ne pourraient pas eux-mêmes , après un an de sé- jour, ètre employés à une nouvelle application. Ces di ( 199 ) | verses observations, qui intéressent plus spécialement l’art de guérir, seront présentées incessamment à l’A- cadémie de médecine. ( La suite dans un numéro prochain. ) Explication de la Planche 10. Hirudo' vulgaris. Fig. 1 et 2. Forme et dimensions naturelles des capsules des œufs de l'Hirudo vulgaris de Muller. | Fig. 3. Capsule des œufs, vue à la loupe, et dans laquelle les ovules pe sont pas encore visibles. Fig. 4. Autre capsule de lAirudo vulgaris | également vue à la loupe, et dans laquelle trois ovules sont visibles. Fig. 5. Capsule de l’Æirudo vulgaris, vue à la loupe, et contenant plusieurs ovules transformés en individus. Fig. 6. Semblable capsule, vue à la loupe, dans laquelle les petites Sangsues ont acquis le plus haut degré de développement de leur vie intra-capsulaire. Fig. 7. Aspect de l'Æirudo vulgaris. très- -grossie, au nement où elle vient de sortir de la capsule. Hirudo bioculata. Muller. Fig. 8. Capsule brunâtre de lAHirudo bioculata de Muller. Elle est yue à la loupe. — Le trait au-dessus indique ses dimensions natu- relles. Fig. 9. Hirudo bioculata, vue à la loupe. Elle était sortie depuis deux jours de Ja capsule. S'anguisuga officinalis et S'anguisuga medicinalis. Savigny. Fig. 10, 11, et 12. Cocons de Sangsues grises et vertes, représentés dans leurs dimensions naturelles. — La figure 11 montre deux pe- tites Sangsues sortant par chaque extrémité du cocon. Fig. 13. Grosse extrémité de la capsule non encore recouverte par le tissu spongieux. Fig. 14. Aspect du tissu spongieux vu par la face interne de la mem- brane capsulaire. ( 200 ) Fig. 15. Tissu spongieux vu à la loupe. Disposition hexagonale ma- nifeste. Fig. 16 et 17. Larve d’insecte diptère trouvée souvent dans le tissu spongieux, vue par les faces dorsales et abdominales. Fig. 18. Petite Sangsue grise sortie depuis deux jours de la capsule. Elle est vue à la loupe. — 18 a indique ses dimensions naturelles. Fig. 19. Petite Sangsue verte sortie depuis trois heures de la capsule. —19 a indique ses dimensions naturelles. Fig. 20. Section d’un cocon vide, faite dans le sens de son petit dia- mètre; on apercoit au centre le petit trou par lequel les Sangsues sorlent de la cavité, et la disposition hexagonale des fibres du tissu spongieux. Fig. 21. Section d’un autre cocon dans le même sens, mais au centre duquel existait la même cavité centrale beaucoup plus développée. Fig. 22. Section d’un cocon plein de mucus, suivant le même dia- mètre, indiquant l'épaisseur du tissu spongieux, de la membrane capsulaire. Ossenvarions sur les Végétaux fossiles renfermés dans les Grès de Hoer er Scanie; Par M. An. BRONGNIART. {Lues à la Société Philomatique, janvier 1824.) Lorsque les caractères minéralogiques d’une roche et sa position par rapport aux terrains voisins ne peuvent servir à fixer son époque de formation, le géologue est obligé de recourir aux caractères que les débris organi- ques qu’elle renferme lui fournissent , et sans prétendre que ces caractères soient d’une valeur supérieure aux autres et surtout à la position respective lorsqu'on peut l’observer , ils deviennent de première importance pour établir, sice n'est avec certitude, da moins avec une grande probabilité , l’époque de formation de ces terrains dans les cas où tous lus autres caractères manquent ; il est mème des circonstances où les restes de ces êtres ({ 201 ) organisés se sont présentés avec une telle constance dans, les mêmes couches du globe , que le géologue n’hésitera pas, d’après quelques-uns de leurs fragmens , à déter- miner la formation dans laquelle ils ont été trouvés. C'est ainsi que dans le règne animal des ossemens de Palæo- therium et d’Anoplotherium.sont des caractères propres jusqu’à présent seulement aux Gypses du terrain de sé- diment supérieur, que certaines espèces d’oursins et de coquilles sont des preuves évidentes de l'existence de la Craie, que les Trilobites sont un caractère propre uni- quement aux terrains les plus anciens; de même dans le règne végétal la présence-de Fougères arborescentes, et d’autres végétaux cryptogames qui n'existent plus ac- tuellement sous des formessaussi grandes et aussi majes- tueuses, est un témoignage assuré qu’un dépôt de charbon fossile est d’une formation contemporaine du terrain houillier. Peut-être un jour trouvera-t-on quelques ex- ceptions à ces règles, mais on n’en connaît aucunes jus- qu'à présent, elles doivent donc passer aux yeux des naturalistes pour des règles certaines. | Les débris de végétaux renfermés dans le sein de la terre ont paru offrir moins de secours aux géologues que les restes d'animaux, parce que ces débris ont été l'objet d’études moïns suivies, et parce qu'en général on ne les trouve que dans un petit nombre de couches. Cependant ils pourraient fournir des caractères essentiels surtout pour la distinction de ces formations arénacées , connues généralement sous le nom de Grès, qui se représentent à diverses époques dans les terrains secondaires, et que le géologue distingue diflicilement lorsque leur position par rapport aux autres terrains ne peut pas ètre déter- minée directement. Les fossiles animaux sont én général ( 202 ) très-rares dans ces sortes de dépôts; les restes de végé- taux, quoique souvent peu nombreux, s’y présentent ce pendant plus fréquemment que dans les autres couches de mème époque, c’est-à-dire dans les dépôts calcaires qui séparent ces formations arénacées. Jusqu'à présent ces restes de végétaux ayant à peine fixé l'attention des naturalistes, on n’a pu distinguer ceux qui sont propres à telle ou telle de ces formations ; leur rareté dans la plupart des terrains qui se sont déposés depuis le ter- rain houillier jusqu'aux terrains de sédiment supérieur, c'est-à-dire jusqu'aux lignites de l'argile plastique, a été un obstacle à ce genre de recherches. Il n’est personne qui, ayant étudié même superficiellement les végétaux que renferment les anciennes formations de houille et ceux que contiennent les dépôts récens des lignites ter- tiaires, ne les distingue avec la plus grande facilité; mais il n’en est pas de même des couches renfermant des dé- bris de végétaux qui se sont formées entre ces deux grands dépôts de charbon; ainsi nous savons maintenant que le Grès bigarré, le Quadersandstein, le Sable ferrugineux ou Iron-Sand des Anglais, et le Sable vert ou les cou- ches inférieures de la Craie chloritée, contiennent des débris de végétaux assez nombreux dans quelques loca- lités et même quelquefois des couches de Charbon assez puissantes ; mais les caractères organiques propres à dis- ünguer ces terrains , n'ont pas encore été tracés avec soin. Je ne chercherai pas à indiquer dans ce Mémoire les végétaux qui paraissent caractéristiques de ces diverses formations. Les matériaux propres à établir cette histoire de la végétation pendant la période des terrains secon- daires, soht encore trop peu nombreux; leur dispersion ( 203 ) dans des terrains-qu’on n’a en général que peu d’intérèt à exploiter, n’a permis d’en recueillir qu’un petit nombre qui sont répandus dans tant de collections différentes qu'il est très-difhcile de consulter cès échantilons. Je me con- tenterai pour le moment de faire connaître les débris remarquables que contient une de ces formations d’é- poque douteuse, qui n’a été visitée que par très-pêu de géologues, et je chercherai, d’après les caractères de sa végétation, à indiquer la période à laquelle il est probable qu’elle appartient. On sait que les terrains anciens, c’est-à-dire les 880 rains primiufs et de transition , sont beaucoup plus ré- pandus dans toute la Scandinavie que les formations plus récentès. Cependant l'extrémité méridionale de la Suède, qui forme la province de Scanie , présente plusieurs points de formation secondaire ; tels sont le terrain de Craie qui se montre dans quelques endroits de cette province, la formation houillière de Hoeganes et les Grès de Hoer dont nous allons nous occuper plus particulières ment. Hoer est un petit village situé vers le centre de la Scanie au nord de Lund. À l’ouest de ce village s’étend une chaine de collines, composée en grande partie d’un Grès légèrement ferrugineux ou d’une Arkose, c’est-à- dire d’une roche mélangée de Quarz et de Feldspath réunis par voie d’aggrégation. Jusqu'à présent on n’a rien pu fixer sur les rapports de position de ces roches avec celles qui les environnent. Rien ne les recouvre et elles paraissent reposer immédiatement sur un terrain / granilique qui se montre dans plusieurs points autour de ces collines. IL est donc impossible d'établir par des observations directes de superposition leur époque de formation. Les (204 ) débris organiques peuvent seuls nous indiquer à peu près à quelle période on doit les rapporter. On n’a trouvé dans cette roche aucune portion d’animal, ni coquilles, ni polypiers, ni ossemens d'animaux vertébrés; les restes de végétaux y sont au contraire assez nombreux. Plu- sieurs carrières ont été creusées dans ces collines pour en extraire des meules ; mais les plantes fossiles n’ont été trouvées abondamment jusqu’à présent que dans un seul endroit, c'est dans le Grès légèrement ferrugineux qui occupe la partie supérieure d’une de ces collines et qui probablement forme en effet les couches les plus récentes de cette formation. C'est là que M. Nilson, professeur à Lund, a ob- servé pour la première fois ces restes de végétaux , et qu'il a découvert les échantillons qui sont déposés dans la collection de l'Université de Lund, et dont une partie a été figurée dans les Mémoires de l’Académie de Stock- holm (1) pour l’année 1820. Cependant une autre ear- rière creusée dans l'Arkose, et, à ce qu’il paraîtrait, dans les couches inférieures de la même formation, nous à offert une impression végétale, unique il est vrai, mais très-remarquable et tout-à-fait différente de celles trou- vées jusqu'alors dans cet endroit. Si nous examinons avec soin tous les fossiles végétaux découverts dans ce lieu, c’est-à-dire ceux recueillis par M. Nilson ét conservés dans la collection de Lund, et ceux qe nous avons rassemblés avec lui dans ce même endroit, nous n’y verrons pas un seul indice de plantes marines : tout est terrestre, on n’y voit aucune tracé de (1) Mém. de l’Acad. des Sciences de Stockholm, tome XI, 1820, page 284. ( 205 ) Fucus , d'Ulve , ou de Conferves ; mais les autres grandes classes du règne végétal s’y trouvent toutes représentées; ainsi les Monocotylédones cryptogames et phanéroga- mes , et les Dicotylédones s’y montrent tous d’une ma- nière-bien caractérisée. Ce dernier fait surtout mérite toute notre attention, car dans les terrains de transition et dans les formations secondaires les plus anciennes, tels que les terrains houil- liers, on n’a jamais trouvé aucune trace de végétaux. di- cotylédons, ou du moins le seul genre qui pourrait ap- partenir à cette grande classe, le genre Astérophyllite, ne présente pas d’une manière assez évidente les carac- tères des plantes dicotylédones pour qu'on puisse fixer sa position ayec certitude, et en admettant mème qu'il appartienne à la division des Dicotylédons , ces plantes seraient réduites dans les terrains houilliers à un seul genre herbacé. Ce n’est que dans les couches inférieures du Calcaire jurassique , dans le Lias des géologues anglais , et dans le dépôt de Grès qui est immédiatement au-des- sous , et que les géologues allemands ont nommé Quadersandstein, qu’on commence à trouver des débris appartenant sans aucun doute à des arbres dicotylédons, Il est en effet encore douteux pour nous si le Grès bi- garré renferme déjà des bois et des feuilles. d'arbres di- cotylédons. Si nous ne nous trompons pas dans cette ob- servation la présence des végétaux dicotylédons dans les Grès de Hoer nous parait établir que cette formation ne peut pas appartenir à un terrain plus ancien que le Quadersandstein. , Parmi les végétaux monocotylédons eux-mêmes, il existe des différences génériques et spécifiques si mar- ( 206 ) quées entre ceux de Hoer et ceux du terrain houïillier, qu'on les distingue au premier coup-d'œil; ainsi les trois espèces de Fougères découvertes à Hoer diffèrent côm plètement de celles qu’on a observées dans les ter- rains plus anciens, et les Monocotylédones phanéroga- mes présentent des caractères encore plus distincts. Nous allons éxaminer successivement ces divers fossiles. Parmi les Fougères on peut distinguer trois espèces bien caractérisées. La première a été trouvée dans les couches d’Arkose probablement inférieures et sans aucun autre fossile; elle offre des frondes d’une taille supérieure à celle de toutes les Fougères fossiles connues, maïs que nous ne pouvons qu'évaluer approximativement à 4 ou 5 pieds, äucun des échantillons que nous avons vus n'étant com- plet. Cette fronde une seule fois pinnée a des pinnules de près d’un pied et demi de long, larges d'environ 4 pouces , à bords parallèles, paraissant arrondies et ob- tuses au sommet, et adhérentes par la base au pétiole commun ou même légèrement décurrentes inférieu- rement. Les nervüres ont une disposition tout-à-fait particulière , qu'on n’a encore observée dans aucune Fougère fossile et qui ne se retrouve que dans un pe- tit nombre d’espèces vivantes. La nervure moyenne de ces pinnules parcourt toute leur longueur ; elle est droite et très-marquée ; il en naît des nervures secondaires nom- breuses, simples , droites, légèrement obliques , qui s’é- téndent jusqu'au bord de la fronde et sont éloignées d'environ 4 à 5 lignes les unes des autres ; d’autres ner- vures très-nombreuses unissent ces nervures secon- daires'entre elles, et donnent à toute la feuille l'aspect d’un grillage ou d’un réseau à mailles carrées. Ces der- (207) nières nervures forment en effet des sortes d’arcs trans- versaux parallèles au bord de la pinnule et qui vont d’une nervure secondaire à l’autre. Cette disposition de nervures, très-rare même parmi les Fougères vivantes, existe néanmoins danstoutle genre Meniscium et dans ue Polypodes. Nous donnerons pour cette raison à l'espèce fossile que nous venons de décrire le nom de Filicites meniscioides. Elle devra for- mer une section tout-à-fait particulière parmi les Filici- tes, section à laquelle on pourrait donner le nom de Dictyopteris. Les deux autres espèces ont été trouvées dans le même endroit que tous les fossiles de Hoer. L'une présente des feuilles distinctes lancéolées ; en- tières, qu’on n’a trouvées jusqu’à présent qu'isolées, mais qui ne sont probablement que les folioles d’une feuille “pianée. Une nervure moyenne parcourt cette feuille, mais disparait à quelque distance de son extrémité; il en nait des nervures secondaires très-fines, obliques, légèrement arquées et plusieurs fois dichotomes surtout près de leur base. L'autre est une feuille pinnatifide dont nous n’avons trouvé que quelques pinnules détachées; ces pinnules, adhérentes par toute leur base au rachis, sont obliques, beaucoup plus élargies vers leur angle ne que vers le supérieur. Elles sont oblongues , arrondies au sommet, la nervure moyenne ne paraît pas atteindre jusqu’à l’ex- trémité ; les nervures secondaires ne sont pas visibles. Nous désignerons la prergière de ces espèces par le nom de Filicites Nilsoniana et la seconde par celui de Filicites Agardhiana. Parmi les autres végétaux eryptogames de ce terrain, il ne reste qu’une seule espèce que nous puissions citer; .. (208 ) c'est une plante qui paraît appartenir à la famille des Lycopodes, mais dont nous n'avons vu que quelques fragmens très-courts « DENT Ses feuilles linéaires, aiguës ou plutôt sétacées, sont insérées tout autour de la tige ; elles sont étalées surtout vers leur extrémité. Cette espèce paraît bien différente de toutes celles qu'on a observées, soit dans le terrain houillier soit dans les terrains tertiaires : on peut lui donner le nom de Lycopodites patens. Les végétaux cryptogames de Hoer paraissent bornés aux quatres espèces précédentes ; parmi les plantes pha- nérogames dont les débris se trouvent dans le même lieu les rapprochémens seront plus difliciles à établir : nous y voyons en eflet trois groupes de plantes bien distincts dont deux cependant semblent avoir plusieurs points _d’analogie ; ces trois groupes sont tous bien certainement monocotylédons. Ils ne paraissent pas pouvoir se rap- ‘porter à aucune des familles de Monocotylédones eryp- togames que nous connaissons, Nous devons donc cher- cher leurs analogues parmi les Phanérogames. Un de ces genres, le premier dont nous nous oecu- pérons, présente un caractère très-remarquable, carac- tère qui jusqu'à présent n’a été observé que dans deux familles, celle des Fougères et celle des Cycadées ; je veux parler de l’enroulement des feuilles en forme de crosse dans/leur jeunesse, disposition que présente très- clairement un des échantillonsde la collection de Lund. Les feuilles de ces plantes, dont nous avons distingué quatre espèces, sont pinnées ; le rachis est épais , les pin- nules sont rapprochées, souvent même adhérentes en- tre elles par la base; leur forme est plus ou moins al- | (209 ) jongée, quelquefois assez aiguë; elles sont traversées par trois où quatre nervures principales assez espacées, parallèles et séparées chacune ‘par des nervures plus fines et en forme de stries. Aucune plante vivante que je connaisse ne présente exactement ce genre d'organisation; il est surtout très- différent de celui que nous observons dans toutes les Fougères. Sans être parfaitement semblable à celui des Cycadées, il a cependant beaucoup plus d’analogie avec la structure de ces végétaux qu'avec celle d'aucune autre plante. Les Zamia et les Cycas qui composent seuls jusqu’à présent la petite famille des Cycadées , ont des caractères singuliers qui les distinguent de tous les autres végétaux et qui les rattachent cependant à plusieurs autres fa- milles. Suivant M. Richard la structure des organes de la fructification les rapproche des Conifères et les place- rait parmi les Dicotylédons dont ils diffèrent tellement par leur port; la structure de leurs tiges et la forme de leurs feuilles établit d’une autre part de grands rapports entre ces végétaux , les Palmiers et les Fougères. Ils ont surtout de commun avec ces dernières l'enroulement des feuilles en spirale. Quant à la structure même des feuilles, elle diffère beaucoup dans les deux genres Zamia et Cy- cas; dans Fun et dans l'autre les feuilles sont profondé- ment pinnatifides ; dans le premier il n’y a pas de ner- vure principale au milieu des pinnnles, toutes les ner- vures sont parallèles , égales, très-fines, et en général simples ; elles sont quelquefois fourchues ou dichstomes lorsque les pinnules étroites à leur base deviennent en- suite plus larges. La structure des feuilles permet de* distinguer deux groupes dans le genre Zamia, l’un qui a Tome IV. 14 ( a10 ) pour type le Zamia spiralis, a les folioles très-longues, linéaires, entières, et les nervures simples et parallèles ; l'autre qui renferme presque toutes lès espèces d’Amé- rique et du cap de Bonne-Espérance a les folioles élargies quelquefois presque cunéiformes, dentelées vers le sommet et les nervures plus nombreuses, moins régn» lières et souvent divisées. Enfin dans les Cycas les pinnules, toujours adhéremtés par une base élargie, n’ofirent qu’une seule nervure dans leur milieu, nervure qui est en général très-forte et très- saiblante ; le reste du tissu de la feuille n’est qu’un pa- renchyme dépourvu de vaisseaux visibles extérieurement. On voit que ni les Zamia ni les Cycas ne présentent exactement la mème structure que les fossiles qui nous occupent ; cependant dans les Zamia et principale- ment dans le Zamia spiralis nous trouvons de même des nervures parallèles au bord de la feuille, égales et très-régulières, mais les feuilles sont toujours un- peu rétrécies vers leur base, caractère qui n'existe ni dans les Cycas ni dans les plantes fossiles de Hoer. Ces plantes formeraiïent donc un groupe intermédiaire entre les Zamia et les Cycas , groupe qui serait caractérisé par ses feuilles à pinuules adhérentes par toute la largeur de leur base, traversées par plusieurs nervarés parallèles dont quelques-unes sont plus fortes .et plus, saillantes, La grande uniformité que nous offre l’organisation. des feuil- les des Zamia et des Cycas doit nous faire présumer que des plantes dont la végétation était si différente devaient présenter des caractères génériques distincts ; nous nous permettrons donc d’en former un genre particulier dans “la famille des Cycadées, et nous lui donnerons le nom de Nisom , en l'honneur du savant professeur auquel on (au ) doit Ja découverte et la première publication de ces végé- taux singuliers. Un autre genre de plantes fossiles trouyé dans cette même localité semble se lier intimement à celui que nous venons de faire connaître, et paraît cependant mériter den être distingué génériquement ; il n’a pas offert, comme celui que nous venons d'examiner, ce ca- ractère remarquable d’avoir les feuilles enroulées en spirale : sa position dans la famille des Cycadées n’est par conséquent pas aussi gertaine ; néanmoins sa ressem- blance avec celui que nous venons de décrire et son pen d’analogie avec les autres plantes monocotylédones con- mues parait nous autoriser à le placer dans la même fa- mille ; ses feuilles sont également pinnatifides , mais les pinnules sont toujours libres jusqu’à la base de forme presque carrée, tronquées au sommet et traversées par des nervures parallèles entre elles, perpendiculaires au rachis , extrêmement fines , simples , beaucoup plus dis- linetes vers la base et finissant par s’évanonir insensi- blement yers l'extrémité des pinnules. Deux espèces composent ce gere remarquable ; dans June les pinnules sont plus larges que longues, dans l'autre elles sont plus longues que larges, et leur taille est en outre plus considérable. La strycture singulière dé ce genre est si différente de celle de tous Jes végé- taux viyans, si distincte mème de celle du genre précé- dent, que nous croyons pouvoir en former un genre par- ticulier auquel nous donnerons le nom de Prerorayiium. Deux autres groupes de plantes monecotylédones s’of- frent encore parmi les végétaux fossiles de Hoer. Le premier qui parait renfermer deux ou trois espèces, a des feuilles simples, à neryure moyenne assez grosse et saillante, à nervures secondaires presque perpendicu- 14* * (laifa 2) laires sur cette nervure moyenve , simples , irès-rappro- chées et paraissant former sur le bord libre de la feuille de petites dentelures aiguës; ce dernier caractère n'est cependant pas bien évident. Si l’on passe en revue les familles de plantes mouoco- tylédones, on verra qu'il n’y a que les Cannées et les Musacées ou Bananiers dont les feuilles présentent une structure semblable à celle que nous venons de décrire: mais dans la plupart des Cannées les feuilles sont plus ou moins ovales et beaucoup plus larges proportionnel- lement à leur longueur , que dans les plantes fossiles de Hoer ; dans les Musacées au contraire, elles sont presque toujours très-longues, d’une largeur égale partout et à bords parallèles; enfin les nervures secondaires sont moins obliques, caractères qu'on retrouve également dans les deux espèces fossiles de Hoer et qui nous enga- gent à les rapprocher de la famille des Musacées , avec tous les doutes néanmoins qu’on doit conserver lorsqu'on détermine une plante uniquement d’après des fragmens de feuilles , et que ces fragmens ne présentent pas des caractères très-particuliers. Si les rapports que nous in- diquens entre ces fossiles de Hoer et les Bananiers sont justes ; il est digne de remarque , que ces végétaux pa- räissént réduits à une taille bien inférieure à celle qu'ils présentent maintenant, tandis que dans les terrains plus anciens nous voyons presque toutes les plantes mono- cotylédones acquérir des dimensions bien supérieures à celles que nous leur connaissons actuellement: Cette même remarque s'applique aux genres de Cyca- dées que nous avons fait connaître dans ce mémoire, et dont les feuilles ont une taille beaucoup moins considé- rable que celles de la plupart des plantes de cette famille qui existent encore. ( 255 ) La dernière plante monocotylédone de Hoer, qu'il nous reste à faire connaître, consiste, en une seule feuille isolée et presqu'indéterminable. Cette feuille est lancéo- lée, obtuse au sommet; ses nervures sont toutes égales et parallèles. Ces caractères ne permettent pas de la rap- porter à une famille particulière , car ils sont communs à un trop grand nombre de plantes monocotylédones. Cette espèce doit donc rester jusqu’à ce que de nouveaux échan- tillons la fassent mieux connaître dans ce groupe, auquel M. Schlotheim a donné le nom de Poacites , et qui doit renfermer toutes les feuilles monocotylédones indéter- minables dont les nervures sont parallèles au bord. , - Nous avons maintenant indiqué tous les végétaux fos- siles découverts dans Le grès de Hoer et qui se rapportent à la grande division des Monocotylédones ; les débris de Dicotylédones y sont en général rares et assez mal con- servés : ce qui ne nous permettra pas de les décrire spé- cialement. Cependant la collection de Lund renferme des portions de feuilles grandes, souvent lobées et à ner- vures réticulées , qui ne laissent aucun doute sur l’exis- tence de cette grande classe de végétanx parmi les fos- siles de Hoer. . La végétation dont les restes ont été enveloppés dans cette formation de Grès paraît donc composée de quelques espèces de Fougères, de deux genres de la famille des Cyca- dées très-différens de ceux qui existent actuellement, de quelques plantes analogues aux Bananiers ; enfin ile plu- sieursgenres de végétaux dicotylédons indéterminables. H nous reste d’après ces données à comparer cette végétation avec celles dont nous trouvons les débris dans d'autres couches dont, la position géologique est bien counue. PA - Nous avons déjà indiqué les raisons qui s'opposent à (214 ) cé qu'ôn püissé regarder te téfrain cominé dé même époqué qué la fotihation honîïllière où comime plûs ânéien qu'elle. On né trouve dans les dépôts de Houille et dans lés éouches plus ancienriés qui font partie du terrain de transition âücun indicé de ces végétaux monocotylédons si rémarquables qe renferme le Grès de Hoer; of n’y voit rieñ qui puissé faire présumer l’existence d’arbres dicotylédons ; etifin il n’y à rien de commun entre ces deux florës , car les Fougères mêmé qui appartiennent à ces deux époques sont très-différentes spécifique métt. Des cäractères presqu'aussi nombreux distinguent les végéraux de éette formation de éeux des terraitis tértiai- res; dans ces dérniérs, en éflet, les Fougères sont extrè- niement rares , je n'en cottiais encore qu'un seul exemple biët certain, les Monocotylédonés ne $’ÿ trouvent qu’en petite pbréportion, et ce sont presqu'uniqüement des feüilles linéaires graminiformes et des feuilles de Pal- miérs ; lés Dicotylédones au contraire , et surtout les Conifères et lés Amentacées, paraissent y dominer; on n’ÿ a jamais rien vu d’analogue aux Cycadées de Hoer. C’est donc dans les terrains postérieurs à là formation houillièré ét antérieurs à l'argile plastique que nous de- vons chercher la végétation analogue 6ù contéporaine de celle de Hoer. Les végétaux, en pétit nombre, qu'on à trouvés dans lé Grès rouge, sémblent être les mêmes que éeux du terraiñ houillier. Le Calcaire alpin (Zechstein dés géo- logues allemands) n’a présenté jusqu'à présent que peu de plantes, et elles paraissent toutes äppartenir à la fa- mille des Alguës, et s'être développées dans le fond des _inérs : tels sontiles fossilés végétaux des Schistés Gui- { 215 ) vreux du pays de Mansfeld ; le Grès bigarré ne renferme aussi que très-peu d’impressions de plantes. Les unes ont été trouvées dans le Grès des Vosges; on m'a assuré qu'elles appartiennent à la famille des Fougères , maïs jé n'ai pas encore pu les examiner moi-même ; les autres ont été découvertes dans diverses parties de l'Allemagne, ce sont des Fucus que j'ai déjà décrits. On ne voit encore dans ce terrain rien d’analogue aux Végétaux que nous avons fait connaître dans cé Mémoire. Nous ne connaissons encore aucun débris de plantes dans Ja formation calcaire qui succède immédiatement au Grès bigarré et queles géologues allemands ont désignée, sous le nom de Muschelkalk, mais la formation arénacée qui recouvre ce calcaire et que les mêmes savans ont nommée Quadersandstein nous offre les premiers indices d’une nouvelle végétation. Les fossiles de cette époque sont néanmoins si rares en France , et j'en ai vu si peu de bien caractérisés en Allemagne, que je n’ose presque rien dire à leur égard ; cependant les dépôts de ce Grès qui couvrent une partie de la Westphalie paraissent renfer- mer des débris assez nombreux de monocotylédones pha- nérogames : telles sont quelques tiges orbiculées très-dif- férentes des Calamites du terrain houillier et qui ont une grande analogie avec les tiges des Bambous et dés autres Graminées. Telles sont encore quelques fenilles qui pa: raîtraient appartenir comme celles de Hoër à la famille des Cycadées et dont j'ai vu des fragmens dans la col- lection de M. Schlotheim. À cette formation arénacée succède le calcaire jurast sique , dont les couchés inférieures rénferment quelques feuilles qui ont une grande analogie avec celles dé a fa: mille des Cycadées. (tax6,)) La plante décrite et figurée par M. Schlotheim sous le nom d’Algacites Filicoides, et qui a été trouvée par M. Mérian dans les couches inférieures du calcaire du Jura près de Bâle’, nous semble devoir se rapporter à la famille des Cycadées, comme nous l'avons déjà indiqué dans notre Mémoire sur les Fucoïdes ; elle a même plus d’analogie avec les espèces de cette famille actuellement existantes, que celles de Hoer. Dans les couches supérieures du Calcaire jurassique les débris de végétaux deviennent plus nombreux et plus variés. C’est à ces couches qu'appartiennent les im- pressions de plantes d’Eichstaedt, celles de Stonesfield près d'Oxford , et celles que M. Desnoyers vient de dé- couvrir à Mamers dans le département de la Sarthe et qui ont les plus grands rapports avec celles de Stonesfield. La végétation de cette époque paraît consister en une assez grande quantité de Dicotylédones dont les couches d'Eich- staedt renferment beaucoup de feuilles , en fougères très- différentes de eelles du terrain houillier et qu’on a ren- contrées particulièrement à Stonesfield et à Mamers; enfin M. Desnoyers m'a montré le dessin d’une feuille trouvée dans cette même formation, et conservée dans la col- lection du Mans, qui paraîtrait, par la disposition de ses nervures, appartenir à la famille des Cycadées. Les autres végétaux que renferme ce terrain à Stonesfield et à Ma- mers paraissent faire partie de la végétation sous-marine; ce sont des plantes du genre Cuulerpa, et d’autres que leur port ferait prendre pour des Lycopodes ou des Co- nifères , mäis qui nous semblent se rapprocher plutôt de quelques plantes marines et surtout du genre que nous venons de nommer. On voit qu'à l’exception des plantes marines dont la ( 217) présence peut dépendre des circonstances qui ont ac- compagné la formation de ces couches, la végétation de cette époque a de grandes analogies avec celle dont nous trouvons les. vestiges dans les Grès de Hoer. On y voit également des Fougères, quelques traces de Cycadées et des plantes dicotylédones. | M. Mantell a découvert’dans des couches dont l’épo- que de formation ne paraît pas beaucoup différer de celle des lieux que nous venôns de citer , des fossiles végétaux qui confirment encore cette analogie du Grès de Hocravec les divers membres de la formation jurassique. Ce géologue a en effet observé dans les couches désignées par les savans anglais sous le nom de Iron-Sand ou Sable ferrugineux à Tilgate dans le Sussex, des débris de végétaux dont les uns sont évidemment des feuilles de fougères et dont les autres semblent être des tiges de Cycadées. Quant à la Craie dont les couches succèdent presqu’immédiate- ment à celles du calcaire jurassique , les plantes en petit nombre qu’on y a trouvées sont toutes d’origine marine: ce sont des Fucus, des Ulves, des Conferves on des Zos- tères; on n'ya rien vu qui annonce une plante ter- restre. L'examen rapide que nous venons de faire des végé- taux qui ont été enveloppés dans les diverses couches des terrains secondaires doit nous porter à regarder celles de Hoer comme correspondantes, pour leur époque. de formation , à la période qui s’est écoulée depuis le dépôt du Quadersandstein jusqu’à celui des couches inférieures _de la Craie, c’est-à-dire à cette grande période pendant Jaquelle toute la formation jurassique s’est déposée. .: . Nous n'avons pas encore les matérraux nécessaires pour fixer avec plus de précision celle des couches de ( 228 ) ce terrain à laquelle le Grès de Hoer peut se rapporter est-ce au Quadersandstein, au Sable ferrugineux, ou au Grès vert? c’est ce que nous ne pouvons déterminer ; peut-être un jour , lorsque nous connaîtrons mieux les végétaux fossiles renfermés dans les parties moyennes des terrains secondaires, pourrous-nous établir avec plus d’exactitude la couche à laquelle correspond cette for- mation singulière. Explication des Planches. Planche 11. Filicites meniscioides, fronde pinnatifide, pinnules larges de 4 à 5 pouces, longues d’environ 18 pouces, obluses au sommet, traversées par une nérvure moyenne qui s'étend jusqu’à l'extrémité ; nervures se- condaires simples, pinnées, peu obliques ; nervures tertiaires trans- verses. (Celte figure est réduite au tiers.) Planche 12, Fig. 1. Filicites Nilsoniana. Folioles lancéolées rétrécies à la base, poin- tués au sommet ; nervure moyenne allant en diminuant de la base au sommet ; nervures secondaires obliques, courbées, dichotomes, trés-serrées. Fig. 2. f'ilicites Agardhiana. Fronde pinvatifide; pinnales libres jus qu'à la base, oblongues, arrondies au sommet, dilatées vers la base surtout inférieurement ; nervure moyenne s'évanouissant vers l’ex- trémilé ; nervures secondaires non visibles. Fig. 3. [Vilsonia elongata. Pinnules oblongues presque linéaires , élar- gies à la base, arrondies au sommet ; libres jusqu’à leur point d'in- sertion, Nervures principales au nombre de quatre, séparées cha- cune par deux ou trois nervures plus fines. Fig. 3*. Une Pinnule de la même espèce, isolée et complétée d’après divers fragmens séparés. Fig. 4. Vilsoniabrevis. Pinnules ovales-allongées ; adhérentes entre elles par la base. Nervures principales au nombre de trois, confluentes vers le sommet, séparées chacune par trois nervures plus fines et tuberculeuses. ; Fig. 5. La même espèce encore enroulée en erosse. (219 ) Fig. 6. Wilsonia?P æqualis. Pinnules étroites linéaites libres jusqu’à leur _ base ; nervures teutes égales, très-fines, au nombre de six à huit. Fig. 5. Pierophyllum majus. Pinnules tronquées, libres jusqu’à la base, plus longues que largès, nervures fines et nombreuses, disparais- sant avant d'atteindre le bord libre des pinnsles. Fig. 8. Pterophyllum minus. Pinnules tronquées, légèrement arrondies aux angles, libres jusqu’à la base? plus larges que longues ; ner- vüres fines et nombreuses, disparaissant avant d'atteindre le bord libre des pinnules. Note additionnelle. ; M. C. Prévost , dans lé rapport qu'il a fait à la Société philomatique sur ce Mémoire , à posé quelqués questions _ que nous n'avions pas d’abord voulu discuter dans üf travail spécial , ces questions se rapportant à l'étude gé- _mérale des végétäux fossiles et à l'importance de ces corps organisés pour la géologie; mais les dontes qu'il a élevés à cet égard nous indiquent qu’il ne $era pas inutile de donner quelques éclaircissemens sur ce sujet. M. Prévost demande d’abord si les rapports d'orga- hisation et de forme des diverses parties des végétaux, font aussi constans et aussi nécessaires que cela paraît être chez les animaux et surtout chez les mammifères. Nous répondrons à cet égard qué lés canses physiclo- giqués qui détérminernit ces rapports dans la forme des drganes, ne sont souvent pas aussi évidentes que parmi Jes ahimaux, et que par cette raison la nécessité de ces félations de forme ne paraît pas aussi bién établie ; mais quoique hous ne puissions pas prouver cette nécessité dé relation dans les formes dés organes, il n’en est pas Moins évident que, dans beaucoup de cas, il existe des fapports entre les formes de deux systèmes d'organes Sans que nous puissions en apprécier les causes. Ces éhingemèns sinultanés dans tons les érganes qui accom- | | | ( 220 ) pagnent une modification dans un organe principal, ont parfaitement été’ sentis depuis les belles observations de M. Desfontaines sur l’organisation des tiges des Mono- cotylédones et des Dicotylédones. On a vu que les dif- férences de structure de l'embryon entraînaient de gran des différences dans la structure des tiges, des feuilles, et l’on peut même dire dans celle des organes de la fruc- tification des trois grandes divisions du règne végétal ; mais si l’on veut aller plus loin on n’aperçoit plus de relations semblables entre les divers organes des végétaux qu’on réunit dans les classes fondées sur l'insertion des étamines ou sur l’organisation des enveloppes florales, et qui servent à établir des coupes dans ces grandes di- visions : c’est que ces classes sont loin d’être parfaitement naturelles; si nous descendons plus bas jusqu'aux familles ou aux genres, nous voyons certaines formes dans la tige ou dans les feuilles accompagner constamment un mode particulier d'organisation florale dont nous trou- vons l'expression dans le caractère de la famille ou du genre. Mais nous observons que ces liaisons entre les deux grands systèmes d'organes des végétaux, ceux de la nutrition et ceux de la génération, sont bien plusin- times dans certaines classes de plantes que dans d’autres, et il est assez remarquable que c’est dans les classes où les organes de la fructification paraissent avoir acquis le moins de développemens que ces rapports entre les divers organes sont le plus sensibles. En eflet, parmi les Aco- tylédones, ou Cryptogames celluleuses, ces relations sont si intimes qu'au premier coup-d’œil l'homme le moins exercé reconnaît non-seulement la famille mais le genre auquel une de ces plantes appartient d’après la forme de Ja fronde, du chapeau ou de toute autre partie qui (av) dépend des organes de la végétation. Dans les Monoco- tylédones cryptogames, ces rapports’ sont déjà moins évidens. En effet, on parvient facilement à la connais- sance de la famille par l'examen d’un organe quelconque, mais on ne peut que rarement déterminer le genre d’a- près les organes qui n’ont pas servi pour les caractériser. Dans les Monocotylédones phanérogames, les relations entre les organes de la végétation et de la fructification de- viennent encore moins constantes; cependant une même famille (fondée, comme toutes celles qu’on a établies parmi les plantes phanérogames, d’après la considération seule _ des organes de la fructification ), présente presque tou- jours la même forme dans les feuilles, dans les tiges; mais cette mème forme se présente dans plusieurs autres _ familles; ainsi la distribution des nervures est presque la mème dans toutes les Graminées, dans toutes les Cy- péracées, dans toutes les Liliacées; on peut en dire au- tant des Balisiers, des Bananiers, des Nayades , des Or- chidées ; elle varie davantage dans les Aroïdes et les Hy- drocharidées ; mais on retrouve souvent le même mode de structure dans plusieurs familles, tels sont les Bali- siers et les Bananiers , les Liliacées et les Asparagées , etc. Si nous passons à une classe plus élevée du règne vé- gétal, aux Dicotylédones, ces relations n'existent plus d’une manière constante que dans quelques familles, ou du moins on ne les y a pas encore bien distinguées .‘et de plus l’analogie des organes de la végétation dans des - familles très-éloïgnées est extrèmement fréquente. Il résulte de ces règles qu'on observe dans l’organisa- tion des Végétaux, que parmi les Acotylédones nous pourrons toujours arriver à la connaissance de la famille à et même souvent à celle du genre, d’après les Organes ( 222 ) de la végétation, que parmi les Monogotylédones nous pourrons très-souvent , au moyen de ces mêmes organes, déterminer la famille et rarement le genre, et que parmi les Dicotylédones , ils ne nous fourniront que rarement des irdications même sur la famille. Parmi les Mono- cotylédones , nous pourrons déterminer le genre , lors- que la famille sera peu nombreuse , et que les organes de la végétation seront assez variés , d’un genre à l’autre, el assez constans dans Je même genre pour nous in- diquer des rapports intimes entre ces organes et ceux de la fructification; e’est le cas des Cycadées , et c’est ce qui nous a eugagé à regarder les genres que nous dé- erivons dans ce Mémoire comme nouveaux. Nous voyons , d’après cela , qu’un organe isolé ne peut nous conduire, que dans un petit nombre de cas , À dé- terminer un genre , c'est-à-dire à reconnaître un genre encore existant, ou à distinguer un genre nouveau de tous ceux qu'on connaît actuellement , mais que £es eas se présentent cependant quelquefois , et qu’alors on peut le faire avec certitude. Mais on objecte que nous pour- rions être conduits à considérer , comme appartenant à des plantes différentes , les divers organes d'une même plante; cela est vrai dans beaucoup de cas , et nous pa- rait impossible à éviter dans l’état actuel de la science, lorsque ces organes ne peuvent se rapporter à nn genre connu; ainsi nous pourrions déconvrir, soit à Hoer , soit dans un terrain d'époque analogue, des tiges ou des fruits que nous reconnaîitrions bien , il est vrai, pour appartenir à la famille des Cycadées comme les feuilles que nous avons décrites dans ce Mémoire, sans qu'il nous füt cependant possible d'affirmer qu’elles ont fait partie de la même plante. (: aaë) Cet inconvénient nous paraît impossible à éviter, mais il n'est pas d’une grande importance, car la chose es: sentielle sous le point de vue botanique et géologique, c'est la détermination des espèces et Leur distribution dans les familles naturelles qui ne sont réellement que de grands genres. En effei les corps organisés fossiles, et partieulièrement les végétaux, nous paraissent pouvoir servir de deux ma- nières à caractériser les formations; tantôt c’est une es- pèce qui, se trouvant fréquemment dans une couche et ne se trouvant que dans cette couche, en est un carac- tère essentiel ; tels sont le Chara medicaginula ( gyrogo- nite) pour les terrains d’eau douce supérieure, le Ce- rithium giganteum pour les couches inférieures du cal- caire grossier, la Gryphea arcuata pour les couches inférieures du calcaire jurassique, et dans ce cas le ca- ractère spécifique est la chose la plus importante ; la po- sition de l'espèce, son genre, sa famille, ne sont pour ainsi dire rien; cette espèce n’est plus qu’une sorte de marque de la couche qui l'enveloppe ; tantôt au contraire les caractères spécifiques deviennent de peu d’impor- tance ; c’est la prédominance de certains genres, de cer; taines familles, de certaine classe même, qui devient le caractère essentiel d’une couche ou plntôt dans ce eas de toute une formation ; £’est la relation numérique des diverses formes et du nombre de leurs individus, et non le caractère des espèces, qui devient important. Ceite manière de considérer par exemple la végétation de l’an- cien monde donne lieu à de grandes divisions qui em- brassent souvent plusieurs formations, et que nous dé- signerons sous le nom de Périodes de Végétation ; on peut les regarder comme analogues à ce qu’on a nommé ré- (294 ) gions en géographie botanique. Aïnsi la première pé- riode qui embrasse les terrains de transition et les ter- rains secondaires jusqu'au Grès rouge , et peut-être jus- qu’au Grès bigarré, est caractérisée par la prédominance des Monocotylédones cryptogames qui forment plus des neuf dixièmes de la végétation; la seconde période qui s'étend depuis le Quadersandstein jusqu’à la Craie , se distingue par une proportion à peu près égale de Mo- nocotylédones phanérogames et de Dicotylédones. Enfin la troisième période qui embrasse toute l'étendue des ter- rains tertiaires, est caractérisée par la prédominance des Dicotylédones et par l’absence presque complète des Monocotylédones cryptogames, Cette manière de considérer la végétation du globe à diverses époques a cet avantage , que les différences dé- pendantes des localités disparaissent presque entièrement, et que les faits rares qui pourraient se présenter par la suite ne changeraient rien aux proportions générales déjà établies; ainsi on viendrait à découvrir quelques débris de Dicotylédones dans les terrains houilliers , qu'il n’en serait pas moins certain que ces végétaux formaient la moindre partie de la végétation de cette époque; et que les Monocotylédones cryptogames en formaient au con- traire la partie dominante. On conçoit que dans cette manière d’étudier les vé- gétaux fossiles, la détermination des familles , et ensuite celle des espèces ; pour pouvoir en fixer le nombre, sont les deux choses essentielles. ( 06} De quelques phénomènes physiques et géologiques qu'of- frent les Cordillères des Andes de Quito et la partie occidentale de T Himalaya; Par M. ArexanDre DE Humsozpr, (Lu à l'Académie des Sciences, séances des 7 et 14 mars 1825.) Première partie. Jar exposé, dans le dernier Mémoire que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie , les procédés géométriques d’après lesquels on trace les sections ver- ticales qui représentent une grande étendue de pays. J'ai rappelé qu’en exprimant, par projection, la position re- lative des points dont les divers systèmes déterminent la forme polyédrique de la surface de la terre , on peut ou projeter ces points sur un même plan, ou les répartir en plusieurs profils partiels qui sont orientés selon la direction des routes qu’a suivies le voyageur. Cés métho- des graphiques, ces sections verticales d'un pays d’une vaste étendue, dont je crois avoir donné le premier exemple dans mon Atlas du Mexique, complètent les notions anciennement acquises sur le figuré géométrique du terrain. Fondées sur des procédés extrèmement sim- ples , elles exigent à la fois la connaissance des courbes de niveau et l'emploi des instrumens propres à fixer as- tronomiquement , en longitude et en latitude , les inter- sections des profils partiels qui servent d’axes de rota- tion, et qui indiquent autant de points dans lesquels a changé la direction de la route parcourue, J'ai publié une suite de sections verticales qui, toutes tracées dans l'esprit d'une mème méthode, ont néces- Tome IV. — Mars. 15 ” " Ça) sairement aussi la mème conformité d'aspect que pré- sentent les cartes trop exclusivement appelées géogra- phiques, celles qui figurent la situation répective des lieux projetés sur un plan horizontal. Dans ces der- nières , le rapport entre les échelles de latitude et de longitude , entre les divisions des méridiens et des pa- rallèles , est invariablement déterminé par la nature de la projection que l’on a choisie. Au contraire, dans les coupes géographiques ou sections verticales, le rapport des échelles de distance et de hauteur est variable. Les dimensions auxquelles est assujetti le tracé, permettent rarement de donner la même valeur aux deux échelles, et de représenter les inclinaisons des pentes comme elles existent dans la nature. La plupart des profils défigurent les contonrs, mais elles les défigurent également dans toutes leurs parties, avantage que n'offre guère la pro- jection de Mercator dans les cartes géographiques. Les coupes, tout en indiquant numériquement le rapport des échelles de hauteur et de distance, offrent des données précises d’après lesquelles on peut calculer lin- clinaison réelle des pentes. Il résulte de ces considéra- tions , que l'aspect plüs ou-moins agréable que présente le tracé de la section verticale d’un vaste pays, dépend entièrement du rapport entre les deux échelles de hau- teur et de distance. * J'ai cru devoir rappeler, dans l'introduction de çe Mémoire , les fondemens principaux d’une méthode graphique , qui, à d'imitation dé mes profils mexicains et du tableau de la géographie des plantes équinoæia- les, a été appliquée successivement à la chaîne du Cau- case, par MM. Parrot et d'Engelhardt ; aux Alpes de la Suisse et aux Carpathes , par M. Wahlenberg; aux mon- Cras3 ) tagnes de l'Allemagne, par MM. Schübleret Hofmann ; à celles de la France, par MM. d'Oeynhausen et Dechen; à la Capitania de Minas Geraes , par M. d'Eschwege ; et au plateau du Mysore et aux Gates de Malabar (1), par les officiers ingénieurs attachés à la triangulation du major Eambton, dans l'Inde. Les élémens de cette méthode graphique sont les résultats d’un nivellement baro- métrique ou géodésique , la connaissance précise des distances , la détermination astronomique des points d’intersection ou axes de rotation des profils partiels, enfin l'orientation de plans sécans , c’est-à-dire l’angle que chaque plan de projection fait avec le méridien. De même que les cartes topographiques proprement dites peuvent embrasser une surface plus, où moins grande en projection horizontale , de même aussi le figuré du terrain er profil offre un tableau physique général ou spécial. C’est à cette dernière classe qu’ap- partient le travail que j'ai l'honneur de présenter à (2) Cette coupe du plateau de Mysore dont le savant naturaliste, M. Leschenault, a rapporté une copie manuscrite, s’étend depuis lem- bouchure. de la rivière Palaur par Velore , les Gates de Coromandel, Mysore (au sud de Seringapatam), jusqu'aux Gates du Malabar et au mont Dily par les paralièles de 12° 1° à 12° 50° de latitude et 722 53 à 77° 9! de longitude à l'est de Paris. Le plateau de Mysore a une hau- teur moyenne de 420 à 460 toises au-dessus du niveau de la mer , et est par conséquent de prés de 100 toisés plus élevé que le plateau de l'Espagne entre Almansa et Astorga; maïs la longueur de ce dernier est deux fois plus grande. Pour se former une idée précise de la hau- teur moyenne des continens européens , je consigne ici les donnécs suivantes : basses plaines de l’intérieur de la France et de la Lombardie, 80 toises ; plateau de la Russie çentrale autour de Moscou, 145 toises ; de la Souabe, 150 toises ; de l'Auvergne, 174 toises ; de la Suisse, 220 toises; de la Bavière, 260 toises ; du Tyrol (bassin d’Inspruck), 307 toises ; de l'Espagne , 350 toises. (Note de M. de Humbotdt.) 19” ( 228 ) l'Académie, et dont ce Mémoire n'est qu’une analyse très-succincte. Dans la partie la plus occidentale de l'Amérique du .sud , entre les parallèles de 1° — 2° de latitude aus- trale, s'élèvent les plus hautes cimes des Andes. Les plateaux de Quito et. d’Hambato , qu'on peut appelèr le Thibet du Nouveau - Monde , et que couvrent de nombreux troupeaux de Ilamas, anciennenement ap- pelés brebis du Pérou , se prolongent du nord au sud entre le zœud des montagnes de VAfluay et celui de Chisinche. Ces plateaux ont plus de trois mille mètres de hauteur au-dessus du niveaù de: l'Océan. Des deux chaînons qui les limitent, j'appelle celui de l'est le Chaïnon du Coiopaxi, celui de l'ouest le . Chaïinon du Chimborazo. La section verticale présente dans ces véritables dimensions, le plateau d’Hambato et de Calpi, la position de quelques lacs alpins, et tout le chainon occidental jusqu’au rivage de la Mer du Sud. Ce n’est pas la représentatjon d’un pays en- üer , comme dans mop Profil de la Péninsule espa- gnole, c’est le figuré géométrique d’une région de peu d’étendue, représentation qui n'a de commun avec ma coupe idéale de l’Amérique équinoxiale, publiée à la suite de la Géographie des plantes de 1805, que l’iden- uüté de la méthode graphique. Les cartes spéciales:et les tableaux physiques d’une seule province ont lavantage de préciser les idées, et de présenter les phénomènes tels qu'ils sont modifiés par les localités. Avant de s’éle- ver à des aperçus généraux, il faut , dans toutes les branches des sciences, rassembler un grand nombre de faits particuliers , et les considérer dans leurs ‘rapports les plus individuels. Les plantes inscrites sur le profil ( 229 ) ne sont pas celles, qui végètent dans toute la région équinoxiale des Andes; ce sont les plantes pro- pres à la flore de Quito , que nous avons recueillies , M. Bonpland et moi, pendant l’espace de dix mois, de- puis le niveau de la Mer du Sud jusqu’à la hauteur de 5600 mètres. Le seul aspect du profil suflit pour rappe- ler simultanément la position astronomique des lieux, la configuration du terrain, la distribution de la végé- tation selon la diversité des familles naturelles , la limite des neiges, le décroissement du calorique, la diminution de la pression de l’aimosphère , enfin la comparaison des plus hautes cimes des Andes avec celles de lHima- laya. C’est le grand avantage des méthodes graphiques appliquées aux différens objets de la philosophie natu- relle, de porter dans l’esprit cette conviction intime qui accompagne toujours les notions que nous recevons im- médiatement par les sens. D’après l’ensemble.de ces considérations, il serait superflu de développer ici ce que la vue seule de mon dessin fait suffisamment connaître : je me bornerai à un petit nombre de remarques relatives à des objets qui n’ont point encore été suffisamment discutés. Les sec- tions verticales d’un pays , comme les cartes ,en projec- tion horizontale, ne peuvent inspirer de la confiance qu’autant qu’elles sont accompagnées d’un mémoire jus- üficatif. Comparaison de la ligne de faite des Andes et: de l'Himalaya. Personne ne voudrait révoquer en doute aujourd’hui, que la partie de la chaîne de l'Himalaya , comprise entre les rivières Gundhuk et le Sutledge, ne soit de ( 230 }) beaucoup plas élevée que les plus hauts sommets de la Cordillère des Andes. Les premiers relèvémens du colonel Crawford, du lieutenant Webb, et de l’ingé- nieur en chef M. Colebrook, frère de l’orientaliste cé- lèbre de ce nom, avaient déjà rendu ce fait très-proba- ble : mais, encore cinq ans après mon retour de Quito, dans le onzième volume des Recherches asiatiques , on croyait devoir s'arrêter à la simple conclusion « que quel- ques cimes de l'Himalaya égalaient pour le moins Ja hau- teur du Chimborazo. » On manquait à cette époque d’une mesure barométrique précise , propre à déterminer l’é- lévation du plateau dans lequel la base et les angles avaient été mesurés ; on craignait surtout l'influence va- riable des réfractions terrestres sur des angles de hauteur de 2° à 3°. Ces dôutes furent singulièrement exagérés en Europe par des personnes qui n'étaient aucunement ver- sées dans la théorie des mesures géodésiques. J'ai examiné, dans deux Mémoires sur les montagnes de l'Inde (1), les limites des erreurs qui peuvent avoir affecté les premières mesures de M. Webb , et j'ai démontré que pour croire les maxima de la ligne de faïte de YHimalaya, infé- rieurs aux points culminans de la Cordillère des Andes , le coefficient de la réfraction aurait dü être de 3, pres- que de + au lieu de = et de +, qui résultent, pour des latitudes si méridionales et pour des plateaux si élevés, des opérations très-précises du colonel Lambton. Depuis l’année 1815, dans laquelle la province du Nepaul a été ajoutée à l'empire Britannique dans l'Inde, le capitaine Hodgson et le lieutenant Herbert ont fait une triangulation qui embrasse toute l'extrémité occi- (1): Voyez Annales de Chimie et de: Physique, tom. 3, pag: 297 ct lom. 14, pag. 5. ; , (-24x ) dentale de l'Himalaya : les cocfficiens de réfraction ont été déterminés par des observations réciproques; les an gles de hauteur ont été mesurés à différentes heures du jour , et l'élévation des bases au-dessus du niveau de la mer a été déterminée en employant plusieurs baromètres comparés entre eux et un grand nombre d'observations correspondantes, faites aux mêmes heures, à Calcutta et à Seharampoor. Tous les doutes sur la hauteur pro- digieuse des montagnes de l'Inde ont été levés ; mais d’a- près les divers Mémoires publiés à Calcutta et en Angle- terre, d’après les indications contradictoires des cartes les plus modernes, sans en excepter celle qui vient d’être publiée sous les auspiecs du colonel Blacker, directeur- général des opérations géodésiques dans l’Indostan, on restait encore incertain sur les questions suivantes : quelle est la cime de l'Himalaya qui atteint le maximum de hauteur ? Quel nom doit-on donner à cette cime ? Parmi les sommets qui se présentent en premier rang, dans les méridiens de Bénarès et d’Almora , le plus élevé est-il mesuré avee la même précision que le sommet qui le suit immédiatement? Ces incertitudes ont rap- port, non à des quantités peu considérables, mais à plus de 1200 mètres:de hauteur. De plus, les cartes géographiques et les journaux qui paraissent en An- gleterre, en France et en Allemagne ; augmentent jour- nellement la confusion des résultats numériques. Les observateurs ont assigné, à diverses époques, diffé- rentes hauteurs à la mème montagne. Souvent on a pris les élévations au-déssus du plateau de Gorukpoor, pour des élévations au-dessus du viveau de la mer; souvent on s'est trompé dans la réduction des mesures anglaises en mesures francaises ; enfin ou à confondu (283 9 les unes avec les autres, des montagnes qui n'étaient désignées que par des numéros , ou, ce qui est pire encore , par le nom des stations d’où leur azimuth avait été déterminé. Forcé par la méthode graphique que j'emploie dans le figuré du terrain, de m'arrèter à des données précises, j'ai rassemblé tous les matériaux qui ont rapport à la mesure des différentes parties de l'Hima- laya , depuis le Hindou-Khoo } jusqu'à la vallée du Bou- rampooter. J'ai comparé ces mesures entre elles, et ‘j'ai consulté sur les résultats de ces comparaisons , ün sa- vant illustre que son séjour dans l'Inde , ses occupations géodésiques , et sa ‘vaste érudition dans la géographie moderne et ancienne de l'Asie, ont le plus familiarisé avec l’objet que je voulais traiter. Voici les données les plus positives auxquelles je me suis arrêté conjointement avec M. Colebrook, dans un Mémoire que je prépare pour la Société asiatique. | Il faut distinguer entre les sommets dont la hau- teur a été déterminée par des opérations trigonomé- triques qui ne laissent rien à désirer, et quelques sommets plus. élevés encore, dont la mesure ne se fonde que sur des angles de hauteur, et des relève- mens pris dans des lieux dont la position astronomi:- que, et par conséquent la différence en latitude et en longitude paraissaient suffisamment connues (1). À la pre- (1) MM. Herbert et Hodgson s'expriment avec beaucoup de pré- cision sur cette différence entre là certitude des mesures du Iawahir et de Dhawalagiri : « On ne connaît, disent-ils, aucune hauteur des Pics plus au sud-est de lat. 290 49° 43”, et long. 810 2” à l’est de Green- wich. » (Asiat. Res., tom. 14 ; p. 189). Ces habiles observateurs ex- cluent par conséquent les mesures trigonométriques qui ne sont pas fondées sur des bases directement mesurées. (283) mière c'asse appartient le Jawahir, situé par les 30° 22° 19° de latitude au sud-ouest du lac sacré de Ma- nassarowar ; à la seconde classe le Dhawalagiri ou Mont-Blanc ( car en sanscrit dhawala ‘signifie blanc, et giri montagne ), au sud-est du lac sacré par les 28° 4o° de latitude. Le Jawahir à 7848 mètres ( 4026 toises ), le Dhawalagiri 8556 mètres ( 4390 toises ) de hauteur. En adoptant le résultat de ma mesure du Chimborazo ( 6530 mètres ), on trouve que le som- met de l'Himalaya, mesuré avec le plus de précision, est de 1318 mètres ; le sommet mesuré par approxi- mation de 2026 mètres, plus élevé que le Chimborazo. Dans la mesure du Jawahir (qui est le Pic 4. n°2 ,. relevé dela plate-forme du temple de Surkandra, et le Pic n° 14 du tableau de hauteurs publié par le capitaine Webb ) (1), les résultats obtenus par MM. Hodgson et Herbert ne changeraient encore que de 136 mètres , si-la réfraction oscillait dans les limites extrêmes de = et -, tandis que des obser- {1) Le capitaine Webb donne à ce Pic, n°14, la hauteur de 25,669 pieds anglais, en le plaçant lat. 300 21° 51”, long. 590 48’ 31 à l'est de Greenwich. ( Asiat. Res. , vol. 53 , p. 306). MM. Herbert et Hodgson le font Jat. 300 22° 19”, long. 709 57° 22”, On lui attribuait d’abord 25,589 pieds anglais. (Asiat. Res., tom. 14, p. 311-316), et puis 25,749 pieds anglais. =4026 toises parce que la hauteur du plateau de Belville fat d’abord supposée de 853 pieds, et par des obser- vations barométriques plus exactes de 1013 pieds au-dessus du niveau de la mer. 11 y a trois Pics d’une hauteur prodigieuse qui se suivent daus la direction du sud-ouest au nord-est que l’on voit de la plate- forme du temple de Surkandra. Ces Pics sont désignés dans la carte de M. Herbert, par les noms de Jawahir Peaks À n0 1, A nf 2 et A n° 3 on P. C'est le Pic intermédiaire qui est le plus élévé de tous. Plus au nord-ouest paraissent les montagnes colossales de Kedarnath et de Jamoautri. (234) vations directes ont prouvé que, sous cette zône et à cette hauteur, elles se soutiennent assez généralement entre + à + La hauteur du Dhawalagiri est dépen- dante d’un plus grand nombre d'élémens incertains , de la position astronomique des lieux en longitude et en latitude, des azimuths et de la réfraction ; cepen- dant deux mesures successives des capitaines Webb et Blake dont nous possédons tous les détails, offrent à peine une différence de 150 mètres. / Le Dhawalagiri, appelé aussi par corruption Dhoula- gir ou Gasakoti, donne naissance, sur sa pente méridio- vale, à la rivière Ghandaki (1). C’est sur les bords de cette rivière qu'on recueillit dans un schiste de transition, les fameuses cornes d'Ammon ( selagrana ) que les croyans parmi les Hindous regardent comme des images de l’incarnation de Vishnou pendant le cataclysme des grandes eaux. En placent le Puy-de-Dôme sur le Chim- borazo on aura la hauteur du Jawahir; en plaçant le Saint-Gothard sur le Chimborazo on aura la hauteur du Dhawalagiri. En contemplant du fond des plaines et des sillons que couvrent nos cultures, les sommets des Alpes et des Cordillères, nous sommes d’abord frappés de la dif- férence prodigieuse qu'offre la hauteur des montagnes ; nous oublions qu'une planète voisine dont le nivellement du sol à été entreprise dans toute la surface visible aux habitans de la terre ; présente ces mêmes mer- veilles et de plus grandes encore. Fondés sur des ana- (1) Asiat. Res. , vol. 12, p. 266. — Journ. of the Royal Inst., vol. 11, p. 240. La longitude du Dhawalagiri est de 830 20° à l’est de Greenwich; sa hauteur est de 28,077 pieds anglais = 8556 mètres = 4390 toises. Les premiers relèvemens avaient donné, dans les hypo- thèses de distance et de réfraction les plus défavorables, un minimum de 26,862 pieds anglais. (235) logies qui ne sont qu'apparentes, nous nous formons une idée vague du maximum de hauteur que les cimes de notre globe peuvent atteindre, comme s’il nous était donné de mesurer les forces élastiques qui ont soulevé la croûte oxidée de notre planète ; comme si l’action qui a produit , sur des crevasses , ces murs rocheux que nous appelons les Alpes et les Pyrénées, avait limité les forces qui ont agi sous la chaine des Andes et de l'Himalaya, sous Mowna-Roa et le Pic de Ténérifle. Pourquoi ne découvrirait-on pas un jour, au nord de l'Himalaya, entre cette chaîne et celle du Zungling ou entre la chaîne du Zungling et celle de Thianschan ou Montagnes cé- lestes, des sommets qui seraient supérieurs au Dhawa- lagiri comme celui-ci l’est au Chimborazo, et le Chim- borazo au Mont-Blane ? Même les êtres organisés nous offrent cette variété prodigiense de grandeur. Lorsque je fis connaître la fleur de ?_Aristolochia cordiflora de 18 pouces de diamètre, on ne se doutait pas de l’exis- tence du Aafflesia dont la fleur a 3 pieds d'ouverture. - Aux yeux du géologue qui ne perd pas de vue les masses et la configuration générale du sphéroïde terrestre , la hauteur des montagnes est un phénomène peu impor- tant : ilne voit dans les maxima de faites des Pyrénées, des Alpes, des Cordillères et de l'Himalaya , qu'une série de termes qui croissent comme Jes nombres 1. 1 2. 2 et 2 +. . Je n'arrête aux poïnts culminans de chaque système , car la hauteur moyenne des lignes de faîtes, déterminée par la hauteur moyenne des cols et des passages, est une idée abstraite, et même assez vague lorsqu'il y a groupement de montagnes et non une chaîne continue. M. Ramond , qui, dans toutes les branches des sciences \ (236) physiques qu'il a traitées, s’est toujours élevé à des vues générales, avait déjà observé que le faîte des Pyrénées n’est guère plus bas que la hauteur moyenne des Alpes, et que ce qui caractérise cette dernière chaîne est la grande élévation relative de ses sommets , c'est-à-dire le rapport de ces sommets à la hauteur moyenne de la ligne de faite. D’après mes recherches cette hauteur moyenne égale dans les Andes les points culminans des Pyrénées; dans l'Himalaya, les points culminans des Alpes. La géognosie a ses élémens numériques comme toutes les sciences qui traitent de la configuration et de l’éten- due des chaînes de montagnes et des bassins, de la dis- tribution des êtres organisés, des causes qui modifient les inflexions des lignes isothermes. Dans un Mémoire géologique , que j'aurai bientôt l’honneur de présenter à l’Académie , j'exposerai quelques propriétés remarqua- bles de ces élémens numériques, relatives aux points cul- * minans et à l’aire de la section horizontale des chaînes. Il suflit d'annoncer ici que le rapport de la hauteur moyenne des crêtes est à celle des cimes les plus élevées dans les Pyrénées comme 1 : 1 2, dans les Alpes=— 1::2, dans les Andes et l'Himalaya — 1 : 1 -&. En Amé- rique un seul système de montagnes, celui des An- des, réunit dans une zône étroite et longue de trois mille lieues, tous les sommets qui ont plus de 2700 mètres de hauteur , tandis qu'en Europe, même en con- sidérant (d’après des vues trop systématiques) les Alpes et les Pyrénées comme une seule ligne de faîte, on trouve encore sporadiquement bien loin de cette ligne où arète principale ( dans la Sierra-Nevada de Grenade, en Sicile , en Grèce, dans les Apénnins, peut-être aussi | (237) en Portugal), des cimes de 1900 et 3500 mètres de hau- teur. Cette distribution inégale des points culminans, tantôt isolés ou sporadiques au milieu des bassins des mers et des plaines continentales, tantôt réunis en groupes où alignés par files, a des rapports avec la forme et la masse des terres qui ( en les comparant au fond de l'O- céan ) ne sont elles-mèmes que de vastes plateaux. Si la hauteur des pics offre peu d'intérêt au géologue , il n’en est pas de mème des évaluations du volume des arêtes comparé à l'étendue de la surface des basses régions. Cette partie de l'Orographie , sur laquelle mes sections verticales jettent quelque jour, est même de beaucoup d'importance dans les recherches de la Mé- canique céleste. M. de Laplace a fait voir récemment « que l'harmonie qu’offrent les expériences du pendule avec l'aplatissement donné par les mesures des degrés ter- restres et les inégalités lunaires, prouve que la surfaceserait à peu près celle de l'équilibre, si cette surface devenait fluide. I suit de cette concordance des résultats que la pe- tite profondeur moyenne des mers doit être du même ordre que la hauteur moyenne des continens et des îles (1). » Or cette hauteur moyenne dépend bien moins de ces chai- nons ou arêtes longitudinales de peu de largeur, de ces points culminans ou dômes qui attirent la curiosité du vulgaire, que de la configuration générale des plateaux, de ces plaines doucement ondulées et à pentes alterna- tives, qui influent, par leur étendue et leur masse , sur la position d’une surface moyenne, c'est-à-dire sur Ja hauteur d’un plan placé de manière que la somme des ordonnées positives soit égale à la somme des ordonnées (1) Mécanique celeste , tom. V., p. 14. ( 238 ) négatives. La géographie physique, de même que la mé- téorologie et la connaissance des climats, ne peuvent faire des progrès qu'à mesure que l'on considère les phéno- mènes dans leur ensemble , et que l’on se déshabitue d'attacher trop d'importance soit aux points culminans qui se trouvent isolés sur une ligne de faites, soit à ces extrémes de température qu’atteint le thermomètre pen- dant un seul jour de l’année. Seconde partie. J'ai exposé dans la première partie de ce Mémoire les avantages que présente la méthode graphique des sec-- tions verticales lorsqu'on l’applique à une grande étendue de pays; j'ai rappelé que ce genre de projection seul, trop long-temps négligé, peut fournir une connaissance précise de la hauteur moyenne des continens et des îles , élément qui n’est pas sans intérêt pour la Mécanique céleste, et que les observations du pendule semblent lier à la connaissance du maximum de la profondeur de la mer. J'ai fait voir en mème temps : 19. Que cette hauteur moyenne des continens, d’a- près les recherches que j'ai pu faire jusqu’aujourd’hui, a pour nombres limites 120 et 160 mètres ; 2. Que les opérations géodésiques faites sur le pla- teau du Seharanpoor prouvent indubitablement qu'un des sommets de la ligne de faite de l'Himalaya (le pic Ja- wahir}, situé à l’ouest du Lac Manassarowar , surpasse de 676 toises le point culminant des Andes ; 3°. Qu'il existe dans la mème chaîne de l'Himalaya, mais au sud-est du Lace Manassarowar , un autre sommet, appelé par les indigènes la Montagne-Blanche (Dhawa- lagiri), qui est plus élevé encore que le Jawabir (239 ) 4°. Que deux mesures de ce Mont-Blanc de l'Inde, faites en diflérentes stations et à diverses époques, ont donné, à 12 toises près, la même hauteur prodigieuse de 4390 toises ; mais que, malgré cette concordance, sans doute accidentelle, le Dhawalagiri n’est pas mesuré avec la même précision que le Jawahir , [a longueur de la base à laquelle s'appuyaient les angles , n’ayant été déter- minée que par des moyens astronomiques ; 5°. Que pour croire que le Jawahir ne surpasse pas le Chimborazo en hauteur, on est forcé d'admettre un coeflicient de réfraction terrestre qu'il serait absurde de supposer même dans le nord de l’Europe ; 6°. Que dans plusieurs parties de l'Inde la valeur du coeflicient de réfraction a été déterminée par des observations réciproques; que ce coeflicient, dans les basses latitudes et sur les plateaux du Nepaul, est gé- néralement de -= à -=, et qu’en supposant les li- mites extrêmes de -L et de —-, la hauteur du Pic Ja- wahir ne changerait encore que de 136 mètres, c'est-à- dire de -- de la hauteur totalé, erreur qu'on ne peut considérer comme très-considérable, si l’on se rappelle que les opérations faites par des astwonomes justement célèbres à différentes époques et à différentes distances , pour déterminer la hauteur du Mont-Rose, varient de - de la hauteur (1) mesurée, et s’éloignent par con- séquent de beaucoup, malgré l’habileté des observateurs, de la grande concordance trouvée récemment pour le Mont-Blanc entre les observations de MM. Tralles, Car- lini, Corabœuf et L'Ostende. 7°. Que toute mesure géodésique d’une chaîne de ns, al ail a iront POS en à gs mÉSQ\ (à) Welden, Monographie des Mont-Rosa, 1824, pag. 20. ( 240 ) montagnes située dans l’intérieur d’un continent, étant par sa nature en partie géométrique, en partie baromé- tique, il est important de connaître le rapport de ces deux élémens, qui varie généralement avec la petitesse des angles de hauteur ; mais que dans la détermination des sommets de l'Himalaya, ja mesure barométrique, fondée surd'emploi simultané de six baromètres et d’un grand nombre d'observations correspondantes (à Seha- ranpoor ei à Calcutta), ne porte que sur une hauteur de 300 mètres. 8°. Que les points culminans ou les maxima des lignes de faite des principales chaînes de montagnes en Eu- rope, en Amérique et en Asie, sont comme les nombres 10,14, 18, 24, c'est-à-dire qu'ils suivent à peu près une progression par différences dont la raison est un demi, mais que dans les sept chaînes des Alpes, des Andes, de l'Himalaya , du Caucase, des Alleghanis et de Venezuela, le rapport des crêtes aux sommets, c’est-à-dire le rap- port entre la hauteur moyenne des faîtes et les points culminans, est très-régulièrement comme 1 à 1 £ ou comme un à deux. La masse des Hautes-Pyrénées est généralement plus élevée que celle des Hautes-Alpes, quoique la hauteur des pics dont les Pyrénées sont do- minées soit de beaucoup inférieure. En calculant la hau- teur moyenne de vingt-trois passages mesurés avec beau- coup de précision, j'ai trouvé pour les Pyrénées 1217 toises, pour les Alpes seulement 1168 toises ou 49 toises de moins. Les passages ou cols appelés ports ou hour- ques dans les Pyrénées, sont de faibles échancrures ou dépressions locales des faites. Ils donnent un ombre limite, un minimum de la hauteur du faite ; tandis que la ligne des neiges éternelles qui n’atteint pas la hauteur ( 241). moyenne de la crête, fournitun autre nombre limite pour le maximum. La hauteur moyenne des faîtes estpar con- séquent contenue entre ces deux extrèmes. Or les som- mets, des Pyrénées sont si peu.élevés que le rapport des crêtes À'ces sommets y est de.r à 1 £, au lieu de 1 à 2, comme donnent six autres chaînes principales des deux continens. Îl est presque superflu d'ajouter que les rap- ports numériques que nous venons d'annoncer ne seront plus les mêmes, si le niveau des mers venait à.changer , ou si on comparait les sommets des courbes au centre de la terre. Après avoir rappelé ces résultats généraux qui ne sont pas sans intérêt pour la géographie physique, je vais passer à la seconde partie de ce Mémoire qui peut être considéré comme un Mémoire inétfiestif de li nou- velle carte en section verticale que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie dans sa dernière séance. Constitution géognostique. La chaîne de l'Himalaya sur laquelle le capitaine Gérard s’est élevé à la mème hauteur (près de 5900 mètres) à laquelle MM. Bonpland , Carlos Montufar et moi, nous sommes parvenus à la pente du Chimborazo, est composée , autant qu'on a pu l’examiner jusqu'ici, non de roches porphyriques, comme le Caucase, mais de granite , de gneïss, de micaschiste avec disthène, et de ces amphibolites que l’on désigne vulgairement sons le nom de diorites ou grunstein primitif. Les mesures des montagnes de l'Inde dont les plus précises ne datent que de l’année 1816, ont restitué par conséquent les points culminans de la surface du globe au domaine des formations primitives, et ceux parmi les géognostes qui regardent les Cordillères comme soulevées par des forces. Tome IV. 16 (242) élastiques à travers des crevasses ou sillons ouverts plus ou moins ramifiés , croient trouver dans la prodigieuse hauteur des montagnes de l'Inde, une preuve de l’as- sertion que les premiers ou plus anciens. soulèvemens de la croûte oxidée de notre planète, ont été" les plus considérables et les plus violens. Lorsqu'on examine la constitution géognostique de l'Himalaya entre les méri- diens du Lac Manasarowar et le glacier des sources du Gange, on est frappé de la ressemblance parfaite qu’elle offre avec la constitution géognostique des Alpes, dans les environs du Saint-Gothard. Au contraire , la partie des Andes de Quito , dont j'ai tracé la section verticale, est presque entièrement composée de trachyte. C’est une éruption de trachytes qui , sur la pente occidéntale des Andes , atteint une épaisseur de plus de 6500 mètres, à travers des formations de micaschiste et de gneïss, de- venu talqueux. J'ai déterminé avec soin, en appuyant les angles de position à une base mesurée dans la plaine de Riobamba- Nuevo, le volume du Chimborazo , et j'ai trouvé le dia- mètre du dôme de trachyte , là où commencent les neiges perpétuelles de 6700 mètres , et à la grande hau- teur de 5g°o mètres, par conséquent près du sommet encore de 1300 mètres. Il serait à désirer que l’on eût déterminé d’une manière analogue le volume du Mont- Blanc et de quelques pics de l'Himalaya. Lorsque des forêts de Cinchona qui avoisinent la ville de Loxa, on avance vers le nord , on franchit d’abord le nœud des montagnes de l’Assuay , groupe de roches trachytiques, qui offre un passage des Andes très-fréquenté. Fai trouvé le point culminant du col à 2428 toises de hauteur : c’est une échancrure, une dépression du faite des Andes ( 243 ) dont le fond égale à peu près la hauteur du sommet du Mont-Blanc. À ce nœud succède le passage de la Cor- dillère , devenu célèbre par les travaux des académiciens français , qui ont placé leurs signaux tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre des deux chaînons. L’occidental est le chaînon du Chimborazo, du Carguairazo et d’Iliniza ; Voriental, le chaînon du volcan de Sangay, des Col- lanes et du Tungurahua. Le dernier est brisé par le Rio Pastaza, car en dépit des dogmes surannés des géogra- phes, les plus hautes Cordillères du monde, l'Himalaya et les Andes, donnent passage à des rivières. Le bassin que limitent les chaînons du Chimborazo et du Tungu- rahua est fermé vers le nord par le nœud de montagnes de Chisinche , espèce de digue trachytique de peu de hauteur , qui divise les eanx entre l'Océan Atlantique et la Mer du Sud. Dans cette région le système des roches trachytiques est entièrement séparé du système des roches basalti- qués. Celui-ci est très-rare dans la province de Quito, et ne se trouve qu'à son extrémité-septentrionale ; il est caractérisé par la présence de l’olivine qui manque en- tièrement dans les trachytes des Andes, riches à la fois en cristaux allongés et fendillés de feldspath vitreux, d’amphibole et de pyroxène. Les trachytes sont sou- vent très-régulièrement stratifiés, par exemple au Chim- borazo et à l’Assuay , mais ils varient par groupes dans la direction et dans l’inclinaison de leurs couches, comme font les phonolites du système ‘basaltique. C’est à la pente orientale du Chimborazo que la structure colon- naire des trachytes est la plus commune ; j'y ai vu à 2180 toïises de hauteur des prismes pentagones et heptagones, de trachytes gris-verdâtres extrêmement minces , et de 10* (“244 ) 5o pieds de longueur. Ces trachytes donnaïent des mar- ques très-sensibles de polarité, l'axe magnétique étant perpendiculaire à l’axe longitudinal des prismes. Dans les Andes comme dans l’ancien continent, chaque cône ou dôme trachytique offre des roches différentes dans leur composition, selon que l’un des élémens pré- domine sur les autres. Le mica noir est le plus commun dans les trachytes du Cotopaxi qui abondent en même temps en masses semi-vitreuses et en obsidiennes : l’am- phibole domine dans les trachytes d’Antisana; le pyroxène dans les régions moyenne et inférieure du Chimborazo. Les trachytes de cette dernière montagne renferment en même temps des pyrites, un peu de quarz, deux va- riétés de feldspath, le vitreux et le commun, et ce qui est très-remarquable, des grenats. J'ai recueilli ces grenats près de la bouche latérale du Yanaurcu, colline que j'ai figurée sur mon profil, et qui, d’après un mythe local très-répandu parmi les montagnards de race indienne, a été enflammée par la chute d’un aérolithe. M. Beudant a également trouvé des grevats, non dans les trachytes , mais au milieu des brèches trachytiques de la Hongrie. Une roche dans laquelle le feldspath compacte atteint le maximum de son développement, la phônolithe, se montre au milieu des trachytes du Chimborazo : car'il y a des phonolites de trachyte, comme il y a des phono- lithes du terrain basaltique. Les derniers forment les plus grandes masses dans les deux continens, et ils sont toujours superposés aux basaltes. Une partie du chaïnon qui est opposé au chattôft tra- . chytique du Chimborazo présente une formation de gneiss-micaschiste, traversée par de riches filons d’argent rouge et d'argent sulfuré. En montant sur le volcan: ( 245) constamment enflammé du Tungurahua, j'ai même vn. apposés , sinon superposés, des trachytes noirs et semi. vitreux à un micaschiste verdâtre à surface striée et: soyeuse, renfermant des grenats. Ce micaschiste repose sur un granite stéatiteux composé de feldspath lamelleux verdätre et à gros grains, de peu: de quarz blanc, de tables hexagones de mica noir et de quelques cristaux eflilés d’amphibole. C’est sur ce point seal que l’on voit des trachytes percer les roches vulgairement appelées primitives. A Décroissement du calorique. Température des différentes zônes superposées. L'échelle climatérique placée à gauche du profil des Andes de Quito diffère entièrement de celle que pré- sente le tableau physique qui accompagne l'Essai sur la Géographie des Plantes. I se fonde sur l’ensemble des observations que j'ai faites à différentes hauteurs (1) de- puis les côtes de la Mer du Sud jusqu’à 2550 toises. J'ai indiqué les températures moyennes et les variations de température du jour et de la nuit. Ce tableau prouve, comme M.‘Oriani l'avait soupçonné depuis long-temps, que dans l’état moyen de l’atmosphère, la température ne décroit pas uniformément en progression arithmétique. J'ai fait voir dans un autre endroit (dansle Mémoire sur les lignes isothermes) , que le décroissement de la chaleur (et ce fait est bien digne d’attention}se rallentitentre 1000 (1) Température moyenne : au niveau de la mer du sud 270,5 therm. cent. ; à 500 toises de hauteur 210,8; à 1000 toises 180; à 1500 toises 14°,3 ; à 2000 Loises 70 ; à 2500 toises 1,, 5. Ce dernier résultat ne se fonde que sur un petit nombre d’observations. (246 ) et 3000 mètres, surtout entre 1000 et 2500 mètres de hauteur; là où est placée la première couche de nuages, etqu’ensuite il s'accélère de nouveat. Le Docteur Young a récemment examiné les influences de ceite accélération sur les réfractions atmosphériques (1). Malheureusement toutes les observations de température que l’on peut employer dans ce genre de calcul; ont été faites sur la pente mème dès Andes ou de l'Himalaya, et non dans des aérostats. Elles sont modifiées localement par les effets de la radiation du sol dont l'influence est difhcile à apprécier. Positions astronomiques propres à fixer les limites ex- trémes de la section verticale. Ces limites extrêmes sont le village indien de Calpi et l'ile de la Punà (2) sur les côtes de la Mer du Sud près de Guayaquil. J'ai lié Calpi par le transport du temps à la ville de Quito , dont la longitude, avant mon voyage, élait indiquée, sur toutes les cartes et dans tous les tableaux de positions géographiques, trop à l’est de près d’un degré. La position de Guayaquil se fonde sur deux occultations d'étoiles et sur mon obser- vation du passage de mercure sur le disque du soleil, faite au Callao de Lima , en supposant la différence de la longitude entre le Callao etl’ile Santa-Clara (au S. S. O. du port de Guayaquil) tellé qu’elle a été déterminée (1) Journ. of the Royal Inst. , vol. XI, p. 360. (2) La position de cette île est d’après les cartes du Deposito hidro- grafico de Madrid, 820 35° 0”; d’après mon chronomètre ( Rec. d’obs. astr. , tom. Il, p. 439), 822 37° 4%”; d’après le éapitaîne Basil-Hall (Extracts from. a journal svritten on the côasts of Chili; Peru , ete., tom. II, p. 359), 829 24 48” à l'occident du méridien de Paris (maximum des différences 12” en temps). (249) chronométriquement par l'expédition de Malaspina, par moi et récemment par le capitaine Basil Hall. Un tableau de positions que ce navigateur a ajouté à son intéressant voyage aux côtes du Chili et du Mexique, semblait jeter de nouveau quelques doutes sur les longitudes du Callao et-de Valparaiso. Ces doutes devaient d’autant plus fixer l'attention des géographes , que M. Givry , ingénieur hydrographe de la marine royale, dans une lumineuse discussion insérée dans la Connaissance des temps pour l'année 1827, avait confirmé le résultat de mon obser- vation du passage de mercure par des nombreuses séries de distances lunaïres, et qu'il avait réduit Valparaiso, Arica et les points principaux de la côte de l'Océan Pacifique , à la longitude de Callao (1)... (L'auteur a cru devoir supprimer ici des développe- mens qui n'auraient eu de l'intérêt que pour un très-pétit nombre de lecteurs de ce Journal.) La géographie astronomique d’une grande partie des côtes de l'Amérique du sud est aujourd’hui tellement avancée (la limite des erreurs étant au-dessous de 4° à 5” en arc), que dans les points les plus importans elle ne peut être que faiblement perfectionnée par des détermi- nations chronométriques, ou par des distances lunaires prises avec des instramens de petites dimensions, mais qu’elle exige, pour ne pas rester stationnaire , des obser- vations nombreuses d'occultations d'étoiles , d’éclipses du soleil, de passages de planètes et d’immersions ou d’é- meérsions des deux premiers satellites du Jupiter. (1) L'ensemble de ces distances lunaïres orientales et occidentales prises par M. Lartigue, enseigne de vaisseau , donne au Callao 59° 29) ; mon passage de Mercure 59° 34° 30°”, (Conn. des temps pour 1827, p. 257.) ( 248 ) Végétation de la province de Quito. : La coupe dont je donne une description succincte offre l'esquisse de la géographie des plantes dans les Andes de Quito, depuis l'équateur jusqu’à 4° de latitude aus- trale. C’est une carte spéciale dans laquelle j'ai inscrit les noms des espèces les plus remarquables d’après la Pneus à laquelle nous les avons recueillies, M, Bon- pland et moi. Nous n'avons pu herboriser avec soin que dans les parties tempérées et froides de cette région des Tropiques. Depuis les recherches laborieuses faites au Brésil par M. Auguste de Saint-Hilaire, nos herbiers ne renferment peut-être pas le plus grand nombre d’es- péces équinoxiales qu'on ait rapporté en Europe ; mais le travail immense de M. Kunth entièrement terminé aujourd'hui et formant sept volumes des Nova Genera, présente non-seulement la plus grande masse de plantes tropicales qu'on ait jamais publiées ou illustrées. par l’a- nalyse des parties de la fructification; cet ouvrage est aussi le seul dans jequel la Géographie des plantes ait été fixée par des mesures précises relativement à la sta- ion de quatre mille cinq cents espèces phanérogames. Dans mon traité de Distributione geographicä planta- T'UM ; secundèm cæli temperiem et altitudinem montium , je n'ai pu me servir que de résultats approximatifs : c’est depuis que M. Kunth a terminé les Nova. Genera, avec cette supériorité de talent dont les grands maîtres de J'art lui ont rendu les témoignages les plus honorables, que nous avons pu concevoir le projet d'employer un si grand nombre de matériaux entièrement nouveaux, pour trouver les coefliciens (1) numériques de chaque groupe, RSR EE ren (1) M. de Humboldt a développé le phénomène singulier de la cons- ( 249 ) pour diviser les plantes par flores, qui se succèdent comme par étages les unes aux autres, pour les con- signer dans des cartes spéciales, et pour publier en- semble, dans le courant de cette année même , Un ou- vrage général sur la Géographie des plantes dans les deux continens. Ce traité sera précédé par mon Æssai sur les climats | considérés dans leurs rapports avec les inflexions des lignes isothermes. La Géographie des plantes est, pour ainsi dire, une science mixte. Placée tance des rapports numériques, dans un mémoire inséré dans le dix- huitième volume du Dictionnaire des Sciences Naturelles , ayant pour titre : Vouvelles recherches sur Les lois que l’on obsérve dans la distri- bution des formes végétales. « Les formes des êtres organisés, dit-il, se trouvent dans une dépendance mutuelle. L'unité de Ja nature est telle, que les formes se sont limitées les unes les autres d’après des lois cons- tantes et immuables. Lorsqu'on ‘connaît sur un point quelconque du globe, le nombre d'espèces qu'offre une grande famille (p. ex., celle des Glumacées , des Composées ou des Légumineuses ), on peut évaluer’ avec beaucoup de probabilité, et le nombre total des plantes phané- rogames, et le nombre dés espèces qui composent les autres familles végétales. C’est ainsi qu’en connaissant , sous Ja zône tempérée , le nombre des Cypéracées ou des Composées, on peut deviner celui des Graminées ou des Légumineuses. Ces évaluations nous font voir dans quelles tribus de végétaux les Flores d'un pays sont encore incom- plètes : elles sont d'autant moins incertaines que l’on évite de confondre des quotiens qui appartiennent à dif'érens systèmes de végétation. Le tra- vail que j’ai tenté sur les plantes, sera sans doute appliqué un jour avec succès aux diflérentes classes des animaux vertébrés, Dans les zônes tempérées, par exemple, il y a près de cinq fois autant d'oiseaux que de mammifères, et ceux-ci augmentent beaucoup moins en avancant vers l'équateur, qne les oiseaux et les reptiles. Nous concevons com- ment, surun espace de terrain donné, les individus appartenant à diffé- rentes tribus de plantes et d'animaux peuvent se limiter numériquement ; comment , après une lutie opiniâtre et après de longues oscillations , il s'établit un état d'équilibre qui résulte des besoins de la nourriture et des habitudes de Ja vie; mais les causes qui ont limité Les formes sont cachées sous ce voile impénétrable qui dérobe à nos ye tient à l’origine des choses, au premier développe ganique, » ux tout ce qui went de Ja vie or- ( {Vote des Rédacteurs.) ( 250 ) sur la limite de la botanique descriptive et de la clima- tologie , elle emprunte des secours à chacune de ces deux branches des sciences physiques. Les bornes de ce Mémoire ne me permettent pas d'en- trer dans le détail des considérations que fait naître le tableau de la végétation sur la pente occidentale des Cor- dillères de Quito. Il suffit de rappeler ici que les neiges éternelles y commencent à la hauteur du Mont-Blanc, c'est-à-dire à 2460 toises, tandis que sur la pente bo- réale de l'Himalaya , sous le 30° à 31° de latitude, elles se trouvent 1/40 toises plus haut. Cette circonstance rend habitable, à un grand nombre de peuples de races tar- tare et mongole , de vastes pays qui, sans l’heureux ef- fet du rayonnement de la chaleur dans les plateaux d’A- sie, seraient ensevelis, même pendant lété, sous une couche épaisse de glaces et de neiges. M. Colbrooke a réçu très-récemment de l’Inde, de nouvelles mesures géodésiques qui confirment ce que j'ai exposé ailleurs, sur la différence de hauteur à laquelle se soutiennent les” 4 neiges sur les pentes méridionales et septentrionales de l'Himalaya. Quoique dans le plateau des Cordillères de Quito on trouve la mème température annuelle que dans les hautes latitudes , il ne faut pas trop généraliser ces analogies entre les climats tempérés des, montagnes équatoriales, et ceux des basses régions de la zône circompolaire. Ces analogies sont modifiées par l'influence de la distribu- tion partielle de la chaleur dans les différentes parties de l’année. Considérées en masse , les formes des plantes alpines du Chimborazo et de l’Antisana ont une physionomie que l’on pourrait appeler européenne. Je ne citerai que les genres Plantago , Geranium , Are- naria , Banunculus et les Saxifrages. Les Malvacées, les ( 25%) Rubiacées et les Labiées diminuent, tardis que les Com- posées , les Ombellifères et les Crucifères augmentent. Dans les Andes de la Nouvelle-Grenade et de Quito, le peuple reconnait la proximité de la région des neiges éternelles , par des touffes éparses de deux plantes à feuilles cotonneuses de la famille des Composées. C’est le Xraylejon appartenant aux deux genres Culcitium et Espeletia. Très-près des neiges végètent les Stereocaulor botryoides, Bryum argenteum, Polytrichum juniperinum, Eudema rupestris, Gentiana rupestris , Culcitium nivale, Culcitium rufescens, LYsipomia reniformis, Ranunculus Gusmanni , Geranium acaule, Sida pichinchensis, Eu- dema nubigena, Cenomyce vermicularis , Stellaria ser- prilifolia, Festuca dasyantha, Deyeuxia rigida, etc. Parmi les plantes que nous avons recueillies dans la ré- gion froide du volcan d’Antisana, M. Kunth a reconnu le Montia fontana que l’on trouve dans toute l’Europe tempérée. + C'est la réunion des phénomènes physiques et des productions végétales qu'offre le dessin que j'ai l’hon- neur de soumettre à l'Académie, L’enchainement des causes et des effets est tel, qu'aucun phénomène ne peut être considéré isolément. L'équilibre général qui règne au milieu des perturbations et d’un trouble apparent, est le résultat d’une infinité de forces mécaniques et d'attractions chimiques qui se balancent les unes les au- tres (1), et s'il est utile d'envisager séparément chaque série des faits pour y reconnaitre une loi particulière , l'étude de la nature, qui est le grand problème de la Physique générale , ne peut se perfectionner que par la (1) Humboldt et Bonpland , Zssai sur La Géographie des Plantes équinoriales, 1£07, pag. 43. / (252 ) réunion de toutes les connaissances qui ont rapport aux modifications de la matière. La coupe de la partie occidentale des Andes de Quito qui accompagne ce Mémoire, ne pouvant être réduite aux petites dimensions de notre Atlas, nous nous sommes bornés à ajouter au travail de M. de Humboldt, la section verticale qui représente le rapport des crêtes et des som- mets dans les Pyrénées, les Alpes, les Andes et l’Hima- laya. Voici les données numériques sur lesquelles se fonde le dessin de M. de Humboldt. PYRÉNÉES. ALPES. Passages: Toises. Passages, Toises. Port de Rat. . . . 1169 Col de Seigne. . . . 1263 Col de la Couillade. . 1016 Col de Terret. .. 1191 Port de la Vieillat. . . 31286 Mont-Cenis. . . . 1060 Port de la Picade: . . 1243 Petit Saint- Bernard. . 1195 Port de Benasque. . . 1235 Grand Saint-Bernard. . 1246 Port de la Glère. . . 1192 Simplon. - - . 1129 Port de Plan, : . . 1151 Saint-Gothard. . . . 1065 Port de Vieil . . . . 1314 Col de la Fourche. . . 1250 Port de Pinède. . . . 1280 Grimsel. . . + + 1314 Col de Piméné. . . . 1291 dJulier-pass. . . . . 1158 Port de Gavarnie. + 1190 "TASER Port de Campbiel. . . 1533 Hauteur moyenne des Col de Tourmalet. . .- 1126 Passages 1178 Hauteur moyenne des Point culminant (m).. . 2462 passages. . . . . 1217 Crète: (a): 1105 TAMAIMENN tape LS 1 MO MA Point culminant (m). . 1787 FAN Gréte{n) suc: 201014 950 ” n:m::1:1,4. ANDES. HIMALAYA. Passages. Toises, Passages. Toises. Quindiu, . . . . . 1798 DBamsaru. . . . . . 2416 COMENT, à 2-0 Nitce Ghaut. . + . . 2629 Guamani. . .:. . . 2723 Rol-Ghati . :°. «0: 2545 Micuipampa. . . . . 1817 Gunass. . . . . : : 2415 Montan. L ; 1780 Baspa. PNR ROUE: Qt: 23560 . De Mendoza : à Val pa- L TA1S0- 1. 1987 Hauteur moyenne des — Passages. . :. ." +. 2452 ( 253 ) Hauteur moyenne (sans Point culminant. .. . 4390? Buaneeau).: … ol) a8iquméle. M. 0! . 5" MURS Point culminant (m}. . 3550 Ne Mme c'1 2 Gélein): "51. LE | 1850) k n:m::1:1,8. CHAINE DE VENEZUELA. ALLEGHANIS. Toises. : Toises. Maximum : Sz//a de Ca- Maximum : M. Washington.1040 (HHEAS AE OUEN 29 Soir 1350 MARIE 0e LU TE NOnÈte N'NBMMELMIN 1560 SL: r 19 4 1/0: + n:im::1:1,8. CAUCASE. Nr DM SAS MM - 25 Maximum : E/burz. . . 2785 Alpes. . as Crete D 21:11) .0 07 1330 a Andes. SUCRES n:m::1: 2 Venezuela. 1:1,8 Alléghanis. 1:1,8 Caucase. 1:2 : Himalaya. . 1:1,8 . PYRÉNÉES. ALPES. ANDES. HIMALAYA. Sommets. . 1,0 1,4: 1,8 ‘2,4 À peu près. 1 1,172 2 2 1/2 Lettre adressée à M. Boué sur la constitution géologique des environs de Boston ; Par M. Le pocreur W. WEessrer. La ville de Boston est située sur une presqu'ile com- posée de gravier , d’argile et de sable ; les agglomérats anciens de Roxburgh s'étendent de 4 à 5 milles de tous les côtés; ces roches sont stratifiées, elles sont compo- sées de fragmens de Quarz , de Feldspath compacte , de Syénite , etc., et ont une pâte formée des mêmes débris. Les fragmens ont quelquefois deux pieds de dia- mètre, et ils sont si fortement cimentés qu'ils ne tom- bent pas lorsqu'on casse [a roche. Ces roches sont tra- ‘ (254) versées d’une foule de fentes d’une ligne à un pied de largeur, et les murs de ces fentes sont tout-à-fait nnis. Eïles ressemblent aux poudingües compactes ou à pâte granitoïde du lac Ness en Écosse, et paraissent appar- tenir aux dermiers terrains de transition. La surface de leurs masses laisse apercevoir des traces d’une grande débâcle , car elle est couverte de blocs et sillonnée dans une cértaine direction vers l'Océan. Ces roches, si gros- sières à Roxburgh, deviennent plus fines vers Brighton où elles passent au Schiste argileux ou à une Grauwacke. Plus loin à Brighton cette dernière passe à l’amygdaloïde, qui. accompagne la roche prédominante. Il ÿ a là de petits filons d'Épidote, de Quarz et de Chaux carbonatée , et le Quartz est coloré par la Chlorite et contient du Cuivre sulfaré (1). À Roxburgh , l'agglomérat est traversé par quatre à cinq filons de Grunstein divisé en prismes ir- réguliers horizontaux. Les Syénites y abondent, et cés concrétions prismatiques se décomposent à la manière des Basaltes et des Gruensteins intermédiaires. | Le Schiste argileux domine autour de Charlestown , où on l’exploite pour les toitures, et où il est traversé (1) D’après les échantillons , les agglomérats intermédiaires de Brighton ont des rapports avec les poudingues de Pisse-Vache et de Valorsine ; les-roches les plus grossières ont une pâte de Schisteargileux, talqueux, verdâtre, et renferment de gros fragmens de roches granitoïdes et porphyriques, tandis que les Grauwackes ou les grès de cette même locaïhité sont les mêmes roches à plus petits grains ; ou le plus souvent c'est une pâte de Schiste argileux brun noiïrâtre qui envéloppe surtout des grains de Quarz ; ou bien encore, comme à Milton, des fragmens de Schistes argileux. Toutes ces roches se revoïent dans le terrain schisteux et porphyrique de transitio® du Cumberland, où J'on retrouve aussi ces amygdaloïdes , épidotiques. Nous élevons des doutes sur un passage réel de ces dernières roches aux agglomérats. L4265 ) de petits filons spathiques ; laSyénite y forme des couches qui présentent quelquefois des veines de Préhnite et de Feldspath. Le Schiste argileux contenu sous Boston ressoït à Quincy. Les roches des environs de Malden sont feldspathiqués et porphyriques ; ces beaux porphyres brun-violâtres , violâtres ou rougeûtres, y sont accompagnés de grandes masses de brèches porphyriques ; à Dorchester l’on peut observer une espèce de passage ou d'union entre les ag- glomérats et les Feldspaths compactes , gris, rouges ou verdâtres et à dentrites de Manganèse (1); ces dernières roches s'étendent de-là aux montagnes appelées les mon- tagnes bleues et qui sont à douze milles de Boston. Le porphyre les constitue aussi et y présente, vraiment , des indices d’une origine ignée. La Syénite forme une masse qui ressort dans beaucoup d’endroits autour. de Boston, sur une étendue de vingt à trente milles, On l’exploite et on l’emploie comme pierre à paver et à bâtir. Cette roche existe par des amygdaloïdes de Quincy, il y a des roches amphiboliques près de Hingham et peut- être des roches pyroxéniques dans l'ile de Nuham. M. Webster a joint à cette lettre un envoi de beaux . (1) Le passage réel des porphyres aux brèches ou agglomérats por- phyriques se retrouve partout en Allemagne aussi bien qu’en Écosse, et en Norwège aussi bien que dans le Tyrol méridional. Les por- phyres lors de ‘leur élévation ont dû soulever avec eux une masse considérable de débris des roches traversées; ces fragmens ont été em- pâtés par la masse extérieure des porphyres, voilà toute l'énigme de ces espèces de salbande de brèche autour des dunes ou des filons porphy- _riques ; l’on distingue assez facilement ces brèches des poudingues et des grès de transition ou du terrain secondaire, parce que ces premières roches n'empâtent que des fragmens angulaires et ne renferment ja- mais des cailloux roulés. ( 256 ) morceaux géologiques ; entre ceux des localités que nous venons de citer, nous signalerons encore : 1°. Des échantillons granitoïdes à Tourmaline , Béril, Cymophane, Grenat, Pinite, Columbium et Tale de Had- ham. Cette roche, formée comme celle de Bodenmais en Bayreuth ou de Portsoy en Ecosse, est en filons de six pieds d'épaisseur au milieu du micaschiste ; 2°, Des échantillons des Grauwackes schisteuses à Pro- ductus et du caïcaire à encrines de Carslille. Ces roches sont exactement celles de l’Eiffel et du calcaire métal- lifère d'Angleterre ; | . 3°. Des échantillons du calcaire à encrines anglais des bords du lac Huron et de Charlotte-Head sur le lac Champlain. Ces calcaires sont gris -noirâtres ou noirs , présentent des Madrépores branchus, des Productus, des Trilobites, etc., et sont minéralogiquement les mêmes ro- ches que celles du calcaire à encrines d'Angleterre. Il paraît que cette formation intermédiaire récente est très- répandue dans le nord des États-Unis, et près de plu- sieurs des grands lacs américains (1). Néanmoins quelques géologues paraissent enclins à y annexer, à tort, quelques parties des calcaires jurassiques du grand bassin du Mississipi. (1) Voyez à ce sujet les excellens Mémoires de Bigsby dans le journal Silliman. — 1824. d ( 257) Mémoire sur le mode d'action des nerfs preumo-gas- triques dans la production des phénomènes de la Digestion ; | Par MM. Brescaer ET H. Mine Enwanps. (Lu à la société Philomatique dans la séance du 19 février 1825. ) Daxs un Mémoire que nous avons présenté à la so- ciété , il y a environ un an, nous avons cherché à dé- terminer quelles pouvaient être les causes des différences d'opinion relativement à l'influence du système nerveux sur la production des phénomènes de la digestion. Cette question nous paraît être maintenant décidée; car d’a- près les résultats que nous avons obtenus, il devient facile d'expliquer comment des physiologistes, dont les talens pour l’observation sont trop bien connus, pour qu'on puisse les soupconner de s’être trompés sur les faits qu’ils avaient constatés , ont cependant déduit de leurs expériences, des conclusions diamétralement op- posées. En effet, M. de Blainville, à qui nous devons les premières recherches sur ce sujet, pense que la section des nerfs de la huitième paire anéantit les forces di- gestives ; MM. Legallois, Dupuy, Wilson Philip, Mac- donald , Clarke, Abel , Hastings , etc., adoptent tons cette opinion, d’après des expériences dans lesquelles chacun de ces physiologistes avait vu la section de ces nerfs être suivie de la cessation des phénomènes de la digestion. La proposition contraire semblait être tout aussi bien établie, car M. Magendie, ainsi que plusieurs autres Tome IV. 17 ( 258 ) expérimentateurs, Ont vu les animaux sur lesquels on avait pratiqué celte “opération, digérer complètement les alimens qu’on leur avait fait manger immédiatement avant de couper les pneumo-gastriques de l’un et de l’au- tre côté du cou. Tel était à peu près l'état de la question, lorsque nous fimes, conjointement avec le docteur Vavasseur , une série d'expériences, qui parait fournir une explication satisfaisante de ces différences. En effet nous avons cons- taté que la section des nerfs de la huitième paire avec perte de substance, de même que la destruction d’une certaine portion de la moelle épinière, le narcotisme, eic., ralentissent considérablement le travail digestif, mais ne l’arrêtent pas complètement. Ainsi lorsqu'on fait l'ex-- périence sans avoir, pour servir de terme de comparai- sou, un autre animal de la même espèce, qu'on fait manger en mème temps, et qu'on place autant que pos- sible dans des conditions semblables, mais sans lui cou - per les pneumo-gastriques ; il est bien difficile d’appré- cier d’une manière exacte l'influence de cette section sur la digestion; et suivant qu'on tue l'animal sur lequel on l'a pratiquée plus ou moins long-temps après l'opération on trouve les alimens contenus dans son estomac, ou dans leur état naturel, ou ayant déjà subi les modifi- cations, qui caractérisent la chymification. Par exemple, si après avoir fait manger de la viande à un chien, on lui fait la section avec perle de substance des deux nerfs pneumo-gastriques , et que six heures après celte opé- ration on le tue, on trouve les alimens dans son estomac à peu près tels qu'ils étaient avant d'y être ingérés. Il ne faut pas cependant conclure de-là , que la’ section de ces cordons nerveux arrête tout travail digestif , Car Si (250 ) on à eü la précaution de faire l’expériencé comparative dont nous venons de parler, on trouve que dans l’ani- mal sain, la viande, quoique plus altérée que. dans le cas précédent , est loin d’être digérée. Si on répète ces deux expériences, mais seulement en laissant vivre les animaux quelques heures de plus, on trouve des difié- rences bien plus grandes ; car il est probable que dans l'animal sain l'estomac séra vide et la digestion com- plètement terminée, tandis que dans celui dont on a ‘ coupé les nerfs de la huitième paire, Le bol alimentaire sera altéré à la vérité; mais c'est principalement à sa surface et vers le pilore qu'il sera converti en une subs- tance pulpeuse et homogène : les morceaux qui se trou- vent au centre de la masse consérveront encore leur aspect fibreux et leur couleur naturelle. Énfn, si on laisse écouler un espace de temps plus grand encore en- tre l'opération et la mort des animaux, on pourra trouver que la digestion est complètement achevée dans l’un comme dans l’autre cas. Cette dernière expérience prouve certainement que la section des nerfs pneamo-gastriques avec perte de substanee, n'arrête pas complètement fa chymification , ainsi que le pense M. Wilson Philip, ete. ; mais d’un autre côté, il ne faut pas en conclure qué ces nerfs n'exercent pas une influence très-marquée sur la pro- duction des phénomènes de la digestion. Il est au con- traire évident que cette opération de même que toute autre cause susceptible de diminuer la somme de l’in- fluence nerveuse transmise à l'estomac, ralentit le tra- vail dont cet organe est le siége. Mais les différences sur’ lesquelles cette proposition est fondée, ne pouvaient être constatées qu'au moyen des expériences compara- 17” ( 260 ) tives dont nous venons de parler, et que nous avons faites en grand nombre sur des chiens, des lapins, des cochons d'Inde, des chevaux, etc. En examinant au contraire la question d’une manière absolue, comme on l'avait fait jusqu'ici, il était presque impossible de les apprécier. On avait cherché à déterminer si la section de ces nerfs dé- truisait la faculté digestive ou ne la détruisait pas. D'après nos expériences nous sommes arrivés à un ré- sultat qui tient le milieu entre ceux déjà obtenus, car, ainsi que nous l’avons dit, ce travail est considérable- ment ralenti, lors de cette opération, sans être complète- ment arrêté. Ce fait une fois bien établi, il devenait nécessaire d'examiner la nature de l'influence qu’exercent les nerfs de la huitième paire sur la digestion ; dans cette vue nous avons cherché d’abord jusqu’à quel point un cou- rant électrique peut contrebalancer les effets résultans de leur section avec perte de substance. M. Wilson Phi- lip, qui le premier fit ce genre d'expérience, avança que par ce moyen on peut rétablir le travail digestif. Mais comme ce physiologiste pensait que la section de ces nerfs arrêtait complètement les phénomènes qu’elle ne fait réellement que ralentir, nous avons cru devoir revenir sur ces expériences, ayant soin d’avoir toujours , pour servir de terme de comparaison, des animaux dont on avait seulement coupé les nerfs pneumo-gastriques, et d’autres sur lesquels nous n'avions pas pratiqué cette opération, mais qui du reste étaient placés les uns et les autres dans les mêmes circonstances : nous espérions par ce moyen pouvoir mieux apprécier jusqu'à quel point un courant électrique transmis à l'estomac par l’extré- mité inférieure du nerf coupé, pouvait suppléer à l’in- ( 2671 ) fluence nerveuse : question qui se rattache à des consi- dérations d’une trop haute importance en physiologie pour ne pas mériter toute notre attention. La série d’expériences que nous avons faites à cette : occasion confirme encore ce que nous avions déjà ob- servé, savoir : que la section des nerfs de la huitième - paire avec perte de substance, diminue considérable- ment l’action digestive de l’estomac. Elle nous a égale- ment démontré qu’au moyen de l'influence électrique on peut rétablir l’activité de cette action, et convertir en chyme les alimens contenus dans l'estomac, avee presqu’autant de rapidité que dans l’état naturel. Enfin nous avons reconnu aussi que la position des pôles de la pile n’influe pas sur le résultat obtenu. Ces expériences , ainsi que celles faites par plusieurs savans sur la contraction musculaire, semblaient mon- trer une analogie des plus grandes entre les effets pro- duits par l'influence nerveuse et ceux qu’on obtient à l'aide d’une pile galvanique. Et comme on est toujours porté à attribuer la production de phénomènes sembla- bles à la même cause, ces expériences paraissent devoir rendre encore plus probable qu’elle ne l’était déjà, l’o- pinion que l'influence nerveuse est de la nature de l’é- lectricité. | Dans l'intention de voir jusqu’à quel point il était pos- sible de pousser cette analogie, et tant que cela était du ressort de notre sujet principal, nous avons essayé si après la section avec perte de substance des nerfs pneu- mo-gastriques, ce qui diminue beaucoup l’activité des forces digestives, on pouvait rétablir dans son état nor- mal ce travail ainsi ralenti, en établissant la communi- ation entre les extrémités supérieures et inférieures. ( 262 ) des nerfs coupés, à l’aide des corps, bons conducteurs de l'électricité, Après plusieurs essais rendus infructueux par la difliculté de fixer convenablement les conducteurs chez des animaux de la taille des chiens ordinaires, nous sommes parvenus à surmonter ces obstacles dans l’ex- périence suivante, pour laquelle nous avions eu le soin de choisir des chiens de la plus grande taille. Ayant fait jeûner trois de ces animaux pendant vingt- quatre heures , afin que leur estomac ne püt plus con- tenir des restes de la digestion précédente, nous ayons fait manger à chacun une quantité à peu près égale de tripes cuites, coupées en gros morceaux. Sur l’un de ces chiens nous avons fait seulement la section avec perte de substance des deux nerfs de la huitième paire à la ré- gion du cou, Sur le second nous avons pratiqué la mème opération, et ensuite nous avons introduit les deux ex- trémités de chaque nerf dans des cylindres faits avec du fil de cuivre tourné en spirale. Pour empêcher le déplacement de cet appareil , et des extrémités des nerfs, nous avons fixé ces derniers aux conducteurs métalliques en lés traversant de part en part à plusieurs reprises avec un fil du mème métal, mais plus mince, et ensuite nous avons réuni les bords de la plaie à l’aide de quelques points de suture. Enfin le troisième chien fut laissé in- tact pour servir de terme de comparaison. Douze heures après l'opération on tua ces animaux. Celui sur lequel on avait pratiqué la section avec perte de substance des deux pneumo-gastriques, sans avoir ensuite rétabli la continuité au moyen de conduc- teurs métalliques, avait dans l’estomac une masse con- sidérable d’alimens , présentant presque le mème aspect qu'avant d’avoir été mangés, et dont la surface seule- ( 263 ) ment était couverte d’une couche mince de substance pulpeuse et grisätre. Les morceaux de tripes qui se trou- vaient au centre de la masse; quoique ramollis, étaient assez secs et avaient encore leur couleur et leur forme naturelles. Les paroïs de l’estomac étaient lisses et sans plis. Enfin les vaisseaux chylifères étaient vides. Dans le chien qu’on avait laissé intact , et qui servait de terme de comparaison, l'estomac contenait une pe- tite quantité d’alimens très-ramassés, et une grande quantité de chyme mêlé à de la bile. Les parois de ce viscère étaient ridées et contractées. Les vaisseaux lactés étaient gorgés de chyle. L'animal sur lequel nous avions rétabli la continuité entre les deux extrémités des nerfs coupés à l’aide de fils bons conducteurs de l'électricité , avait dans l'estomac un peu de tripes ramollies et très-altérées , et beaucoup d’alimens réduits en une substance pulpeuse et homo- gène. Les paroïs de ce viscère étaient également ridées, et couvertes d’une couche épaisse de chyme. Enfin les vaisseaux lymphatiques du mésentère étaient remplis de chyle. Nous voyons donc que dans cette expérience la diges- tion n'avait fait que peu de progrès dans le chien dont on avait coupé les nerfs pneumo-gastriques , avec perte de substance , sans établir entre les deux extrémités une continuité artificielle ; tandis que dans celui auquel on avait adapté des conducteurs métalliques, qui se por- taient des extrémités supérieures de ces nerfs à leurs bouts inférieurs, la digestion était presque complète , et paraissait èlre tout aussi avancée que celle du chien qu'on n'avait point opéré, et qui, par conséquent , était dans l’état naturel, ( 264 ) Pour nous assurer que ce phénomène curieux n'était point l'effet du hasard, nous avons répété ces expérien- ces un grand nombré de fois, et nous en avons rendu témoins plusieurs personnes accoutumées à ce genre de recherches. MM. Prévost de Genève, Ségalas, Bo- gros , etc., assistèrent à une de ces séries d'expériences , et confirmèrent, par leur assentiment, le jugement que nous avions déjà porté. Il est dont évident qu’en réunissant, par l’intermé- diaire d’un corps métallique , les deux extrémités cou- pées des nerfs de la huitième paire, on peut activer le travail de la digestion au point de rendre la chymifica- tion presqu’aussi rapide que dans l’état naturel, tandis que sans cela il aurait été considérablement ralenti par suite de la section : effet semblable à celui qu’on obtient en faisant passer à travers l'extrémité ‘inférieure de ces nerfs un courant électrique. Pour expliquer ce phénomène , il fallait supposer que l'influence nerveuse peut être transmise par des conduc- teurs métalliques, de même qu’un courant électrique ; ou que ces mêmes conducteurs , placés en contact avec les parties de l'animal, agissaient en développant de l’électri- cité ; ou enfin, que l’irritation occasionée par la présence de ces fils métalliques, dans le bout inférieur du nerf, est la cause de ce phénomène , de même qu'un stimulant chimique ou mécanique, agissant sur un nerf qui se rend aux muscles de la locomotion , détermine la con- traction de ces derniers. C'était ce qu'il fallait décider par la voie expérimentale. Pour y parvenir, nous avons comparé dans une nou- velle série d'expériences les effets qu’on obtient, 1° par la section avec perte de substance des nerfs pneumo- . | | ( 265 ) gastriques ; 2° par le rétablissement de la continuité après cette opération, au moyen de corps bons conduc- teurs de l'électricité ; et 3° par le même procédé, en. employant seulement comme corps intermédiaire un des plus mauvais conducteurs de l'électricité , tels que de la baleine ou du verre. Dans toutes ces expériences, nous avons constamment observé des différences très- marquées entre les progrès de la digestion, chez les animaux dont les pneumo-gastriques avaient été ‘seule- ment coupés avec perte de substance, et ceux chez les- quels on avait réuni les extrémités des nérfs coupés à l’aide d’une substance intermédiaire. Mais il n’y avait aucune différence sensible, lorsqu'on employait à cet . usage des fils de platine ou de cuivre , des lames d’étain, ou bien des tiges de verre fixées avec des fils de soie. Il paraissait donc probable que les phénomènes que nous avons signalés plus haut, ne dépendaient point de la transmission de l'influence nerveuse à travers ces corps, comparativement bons et mauvais conducteurs de l’é- lectricité. Mais afin de ne laisser aucun doute à cet égard, nous avons répété encore une fois ces expérien- "ces , en les modifiant de la manière suivante : après avoir placé les conducteurs métalliques, et ÿ avoir fixé les extrémités des nerfs coupés, nous avons pratiqué de chaque côté une seconde section entre l'extrémité supé- rieure du nerf et le cerveau, de manière à intercepter toute communication entre ce centre nerveux et la pe- “te portion du nerf fixée à l’extrémité supérieure du conducteur. Si dans ce cas la digestion était ralentie, “comme lors de la simple section avec perte de substance de ces nerfs, il en résulterait que le rétablissement de ce travail dans toute son activité , ainsi que nous l'avons vu ( 266 ) daus les expériences précédentes, dépendrait de la trans- mission de l'influence nerveuse à travers ces corps étran- gers , tandis que. si cette seconde section n'apportait aucune différence dans le résultat de l'expérience , cette explication deviendrait aussitôt inadmissible. C'est en effet ce que nous avons constaté à plusieurs reprises. Ainsi, il ne nous reste qu’à savoir si les phé- nomènes que nous avons observés, et qui ressemblent exactement à ceux qu'on obtient en employant la pile galvanique , dépendent de l'électricité développée par le contact des conducteurs sur le nerf, ou bien de l’excita- tion mécanique de ce dernier. Pour résoudre cette ques< tion , il importait de comparer les effets obtenus par l’é- lectricité et l'application des fils métalliques, avee ceux qu'ont obtiendrait en: irritant mécaniquement l'extrémité inférieure du nerf coupé. Pour remplir cette dernière condition, nous avons attaché quelques brins de il au- tour des nerfs au-dessous de la section ; et nous les avons fixés par ce moyen aux muscles voisins, de manière à les tirailler un peu , surtout lorsque l’animal faisait quel- que mouvement. Ayant tué lies animaux sur lesquels nous avions fait ces expériences comparatives , un certain nombre d'heu- res après l'opération, nous avons trouvé que dans celui dont nous avions simplement coupé les pneumo-yastri- ques avec perte de substance, les alimens n’étaïent ré- duits én pulpe qu’à la surface, les parois de l'estomac étaient flasques et lisses, et les vaisseaux chylifères étaient vides, Dans l’autre, chez lequel les extrémités inférieures des nerfs coupés étaient fixées aux muscles voisins , de manière à les ürailler continuellement, sans cependant changer leurs rapports naturels, la digestion était au ( 207 ) contraire aussi avancée que lorsqu'on emploie la pile gal- vanique. En eflet, la masse alimentaire était en grande partie réduite en pulpe, et les vaisseaux lactés étaient remplis de chyle ; enfin, les paroïs de l'estomac étaient contractées et froncées. Cette expérience , qui nous paraît concluante, a été répétée plusieurs fois avec le même succès. Toujours l'irritation mécarique du bout inférieur du nerf déter- minait, mais d’une manière moins prononcée , les effets que nous avions déjà obtenus à l’aide de l'électricité. Tels sont les faits que nous nous proposions de com- muniquer aujourd’hui à la société, mais avant de ter- miner ce mémoire, nous nous arrêterons un instant sur les conséquences qu’on peut en tirer. . Nous voyons que la section des nerfs pneumo-gastri- ques avec perte de substance, ralentit le travail digestif sans l'arrêter complètement ; et qu'après cette section on peut rétablir l’activité normale de l'estomac et rendre les altérations que subissent les alimens aussi rapides que dans V'état naturel, à l’aide d’un courant électrique. Mais nous Yoyons aussi que cela ne dépend pas de l'influence chimi- que de cet agent sur les alimens ; car les phénomènes qu'il détermine peuvent également être produits par un stimulant purement mécanique, et les résultats que l’on obtient par l’un et l’autre de ces moyens sont identiques. I en est de mème ici que pour la contraction des mus- cles qui peut être déterminée par l'application de sti- mulans chimiques ou mécaniques sur les nerfs qui se tendent à ces parties, ainsi que par le contact de corps Qui produisent un courant électrique. Aussi pouvons- nous conclure que toujours ces divers stimulans agis- sent de la même manière. ( 268 ) Quant à la nature de l'influence qu’exercent les nerfs pneumo-gastriques sur les phénomènes de la digestion, il me paraît bien probable que leur action détermine la contraction des fibres musculaires de l’estomac, etc., et que les mouvemens ainsi produits activent la chymifica- tion en renoûvelant la surface du bol alimentaire qui se trouve en contact avec les parois de l’estomac. Lorsqu'on fait la section de ces nerfs on paralysé la couche mus- culaire de ce viscère , et par suite du défaut de mouve- mens qui en résulte , les alimens conservent toujours les mèmes rapports, et ne peuvent être transformés en chyme que successivement de la surface de la masse vers son centre. Lorsqu’après cette section on irrite le bout inférieur du nerf soit à l’aide de l'électricité , soit à l’aide d’un sti- mulant mécanique, on détermine la contraction des fibres musculaires de l'estomac, de même qu’on détermine celle des muscles de la locomotion en agissant de la même manière sur lés nerfs de ces organes. C’est à ce phéno- mène que l’on doit attribuer l'accélération du travail di- gestif qui résulte de l'emploi de ces divers moyens. Dans ces cas, ainsi que nous l’avons observé plus haut, on trouve, après la mort des animaux, les parois de l’esto- mac contractées et rugueuses, de même que chez les ani- maux sains, tandis que dans ceux à qui on a seulement coupé les nerfs de la huitième paire, ces mêmes parois sont flasques , lisses et sans plis. Une expérience que nous avons faite sur des chevaux et qui est consignée dans notre premier Mémoire, vient | encore à l'appui de cette opinion. Ayant fait manger de l’avoine à trois chevaux, nous fimes sur l’un d’eux la section des nerfs de la huitième paire ; sur un autre ( 269 ) mous pratiquämes la même opération, et ensuite nous fimes passer, par l'extrémité inférieure du nerf coupé, un courant électrique continu pendant toute la durée de l'expérience ; le troisième cheval fut laissé intact. Huit heures après l'opération on tua ces trois animaux. Celui a qui on avait seulement fait la section des pneumo-gas- triques avait l’estomac distendu par des alimens très-peu alténés, et on n’en trouvait point dans les intestins gréles ni dans .le cœcum. Dans les deux autres, au contraire, il n’y avait presque plus d'avoine dans l'estomac; mais on en trouva dans le cœcum une grande quantité mêlée avec des débris de la même substance. Si l’on attribuait l’accélération de la digestion pro- duite par le passage d’un courant électrique à travers le bout inférieur du nerf à l’action chimique de cet agent sur les alimens , il serait assez difficile d'expliquer comment la position des pôles de la pile n’influerait pas sur le résultat de l'expérience, fait que nous avons cons- taté , et dont il a été fait mention plus haut. En effet, si la séparation des principes qui constituent le chyme dépendait alors de l’action électrique, comment se fe- rait-il que les mêmes phénomènes se produisent lors- . qu’on place soit le pôle négatif, soit le pôle positif, en communication avec le nerf, et e pôle opposé en com- munication avec les intestins ou d’autres parties voisines. En attribuant au contraire les effets dont nous venons de parler à l'excitation de la contraction des fibres mus- -culaires de l'estomac, cette difliculté n’existe plus. Cette manière d'envisager la question nous explique aussi la cause des vomissemens qui surviennent si fré- quemment après la section des nerfs de la huitieme paire, sans. qu'il soit nécessaire, pour le faire, d’avoir recours ( 270) aux sympathies dont on parle tant en médecine, et qu’on connaît si peu. En effet les fibres musculaires de l’œso- phage, de mème que celles de l'estomac, reçoivent des filets de ces nerfs ; aussi doïvent-elles être également -paralysées par suite de l'opération. Or, il est évident qu’a- « lors les alimens ne trouvant pas d’obstacle à leur sortie par l'ouverture cardiaque, doivent être rejetés au-dehors, pour peu que l'animal contracte avec force les mäscles de l'abdomen : ce qui, d’après les expériences de M. Ma- gendie sur le vomissement, suffit même dans l’état ordi- naire pour vaincre la résistance que l’œsophage oppose à la sortie des matières contenues dans l’estomac. Cette compression peut donc à plus forte raison suflire pour dé- terminer le vomissement lorsque cet obstacle n'existe plus. Les expériences dans lesquelles nous avons fait passer un courant électrique à travers l'extrémité infé- rieure du nerf coupé, confirment ce que nous venons de dire, car alors nous n'avons jamais observé de vomisse- mens. Du reste la paralysie de l’œsophage, à la suite de cette opération, avait déjà été constatée par M. Dupuy. Nous croyons donc pouvoir conclure : 1°. Que la section des nerfs de la huitième paire re- tarde considérablement la transformation des alimens en chyme sans l'arrêter. } 2°. Que ce ralentissement dans le travail digestif dé- pend principalement de la paralysie des fibres muscu- laires de l'estomac. | 3°. Que les vomissemens qui surviennent souvent après cetté section , dépendent de la paralysie des fibres mus- culaires de l’œsophage. 4°. Que le rétablissement de l’activité de la chymifi- cation après cette section, à l’aide d’un courant électri- (271) que, ne dépend pas de l’action chimique de cet agent, mais bien de ce qu'il détermine les mouvemens néces- saires pour renouveler la surface du bol alimentaire, et mettre tour à tour toutes les parties qui le composent en contact avec les paroïs de l'estomac. 5°. Qu'’à l’aide de lirritation mécanique du bout in- férieur du nerf, on obtient des résultats analogues. Nous sommes donc portés à «croire qu’une des fonc- tions principales des nerfs pneumo-gastriques, considérés seulement comme faisant partie de l'appareil digestif , est de présider aux mouvemens de l’estomac, mouvemens qui accélèrent la digestion en facilitant le contact du suc gastrique avec les diverses parties du bol alimen- taire. Sur la formation de l'Embryon dans les Graminées ; Par M. Raspaiz. (Lu à l’Académie royale des Sciences , séance du 2 novembre 1824.) En m'occupant spécialement de l'étude des Grami- nées , je n’avais ni le projet de faire un travail sur la germination, ni par conséquent l’ambition de parvenir à une découverte quelconque , sur un sujet tant de fois exploité. Je m'étais imposé la tâche de ne rien préjuger, mais de prendre note de tout; de ne me tracer aucune route , mais de m'orienter à chaque instant , et de reve= nir sur mes pas autant de fois que lexigerait le besoin de vérifier un fait , ou de constater un nouveau rapport. Ne connaissant les savans qui ont illustré cette partie de la science que par leurs ouvrages, c’est-à-dire que par leurs bienfaits, je me trouvais ainsi à l'abri du dan- (272 ) ger de me créer d'avance, soit un adversaire à com- battre, soit une doctrine à professer ; de sorte que je suis d'autant plus en droit de réclamer l’indulgence et la bonne foi de la critique, que les erreurs que l’on pourrait trouver dans ce travail , ne sauraïent être au- cunement attribuées ni aux illusions de l'esprit de sys- tème , ni aux écarts de l’une ou l’autre passion. J'aurais pu grossir ce Mémoire en multipliant les ci- tations des auteurs, et en décrivant les faits avec des dé- tails qui étaient inutiles à mon sujet; je suis persuadé que mes lecteurs me sauront gré de la concision avec laquelle j'ai procédé à l’exposition des faits, et qu'ils ne pèseront que l'importance des preuves. $ I. Paillette supérieure de la fleur des Graminées. ( PI. 13, fig. 1. a.) On ne s’étonnera pas, je pense, de me voir com- mencer par une bractée , lorsque je dois parler de l’em- bryon. Les savans sont bien persuadés qu'aucune partie d’un être organisé n’est étrangère à une autre de ses parties, et que les organes qui semblent être placés à des distances énormes dans l'échelle des fonctions, sont souvent ceux qui ont entre eux la plus grande analogie, et qui s'expliquent le mieux les uns par les autres. La paillette supérieure des Graminées, c’est-à-dire celle qui alterne avec les écailles ou avec l'appareil des étamines , quaud les écailles n’existent pas, est l'organe qui m'a fourni les premiers faits, et qui m'a, pour ainsi dire, tracé la route que j'ai suivie pour arriver à la solution du problème que je soumets à la critique des physiologistes. Cete paillette ( pl. 13, fig. 1. à. ) est le plus ordinai- (273) rement marquée de deux nervures placées plus près des bords que du centre, ou à une égale distanee des uns et de l’autre. Quand ces deux nervures se sont présen- tées sous une forme bien prononcée et d’une couleur verte , la paillette a recu le nom de bicarinée, dans les Bromus, Festuca, Triticum , etc: On à cessé de lui donner ce nom toutes les fois que les nervüres; moins visibles et moïns fortes, n’ont pas imprimé à la paillette ( pl. 13, fig. 27 ) la forme désignée par la dénomination ; et on a dit qu’alors elle n’était pas bicarinée, par ex. : dans les Phleurn, Phalaris, Agrostis, Lagurus, etc.; de sorte que le mot bicariné tendait moins à exprimer la cause qui , dans certaines circonstances , pouvait produire cette forme, qu'un effet accidentel d’une cause réelle et in- dépendante de ces circonstances. En conséquence , et comme la distinétion introduite ne me semblait qu’anne distincüon du plus aa moins , 'éntrepris d'observer cette paillette dans tous les genres, et mème sur toutes les espèces que j'avais sous la main, pour pouvoir mieux peser toute l'importance de ce caractère. (A.)es Phaluris, les Phleum, les Agrostis, ete., en- fin tous les genres qu'on croÿait n'avoir r point: de paillette bicarinée , furent bien reconnus commie possédant , ainsi que les Bromus et les Festuca , une paillette supérieure à deux nervures, qui, quoique non herbacées (pl. 13, f. #7), n’en occupaient pas moins les deux parties latérales, ainsi qu'on le remarque dans les espèces qu’on appelait lauparavant bicarinées. 1l est vrai qu'ayant à subir une “pression moindre où ane pression nulle de la part de Waxe destiné à supporter une fleur supérieure ( pl. 13, fig. c),les paillettes de ces geures ne s'étaient pas com- primées ; et c'est là ce qui avait principalement servi à Tous IV. 18 -. (274) induire en erreur. Je crus donc devoir changer cette dé- nomination comme ne désignant qu'une forme infini- ment variable, et en prendre une qui exprimât une organisation qui ne varie pas. J'ai nommé cette paillette non pas binerviée , mais parinerviée, par opposition avec les autres bractées des Graminées, qui toutes sont munies d’une nervure impaire ou médiane. (B.) J'observai un autre groupe de genres disséminés dans les classifications , dont la paillette supérieure pos- sédait une nervure médiane verte et souvent carinée, soit sans autres nervures latérales, le Crypsis ; soit avec deux nervures latérales, le Cinna, l’Asprella, etc. J'appelai ce groupe à paillette supérieure impariner- viée; ce qui, dans la classification que je méditais , for- mait deux ordres bien distincts et bien faciles à saisir. (C.}) Il me restait à connaître la cause qui, dans une famille aussi homogène que la grande famille des Gra- minées, produisait pourtant dans les enveloppes florales une telle différence d'organisation. À force d'examiner minutieusement la foule des individus que je décrivais , je constatai que toutes les fois que la locuste est multi- flore (pl. 13, f. 1), la paillette supérieure (a) de chaque fleur est parinervice; que dans le plus grand nombre des locustes décrites dans les auteurs comme uniflores , on rencontrait, à la base de la paillette supérieure , qui. dans ce cas est parinerviée , le pédoncule d’une fleur avortée, par exemple : l'Agrostis spica venti L., le Deyeuxia montana Palis. etc. Que dans les locustes à paillettes supérieures imparinerviées, On ne trouve ja- mais, à la base de la paillette, ni pédoncule avorté, ni pédoncule florifère : les genres Crypsis, Mibora, Cinna, Oryza, Zoysia, Anthoxanthum, Asprella. CU 275 ) (D.) Il me paraissait naturel de conclure de tous ces faits, que le pédoncule , soit avorté , soit florifère , était pris au détriment de la nervure médiane qui, par con- séquent, manquait dans la substance de la paillette pari nerviée ; que ceite nervure , au contraire, ne s'étant pas détachée dans les Crrpsis, Cinna , etc., non-seulement ces espèces étaient restées à paillette supérieure impari- nerviée, mais encore essentiellement uniflores. Ce n’était là qu’un aperçu; il fallait le poursuivre pour en faire une démonstration. Or, ces sortes de dé- tachement de nervures ne sont pas un fait inusité dans les autres bractées de Graminées ; l'arête en est une Preuve convaincante. Dans les espèces du même genre, on la voit se détacher de la substance de la valve ou paillette à des distances plus ou moins grandes. Cette arête est évidemment le prolongement d’une nervure médiane ; car, au-dessous de ce qu'on appelle l'insertion de l’arête > On voit l’existence d’une nervure bien caractérisée ; au-dessus de l'insertion » AU contraire, on ne voit plus qu’une lacune membraneuse. Or, qu'on examine deux individus de la même espèce, J’un à paillette mutique, et l’autre à paillette aristée ( l’4- É. sativa dans ses deux variétés ); la paillette mutique sera partout imparinerviée , elle aura partout sept ner- vures ; Ja paillette'aristée , au contraire » ne sera impa- rinerviée qu'au- dessous de l’insertion de l’arête ; et au- dessus de son insertion elle n’aura plus que vures. six ner- Sur le même individu, qui plus est, il m'a été facile d'observer que cette arète pouvait se détacher de plus en plus, à mesure que la fleur avançait en âge. Cette observation a été faite sur l'Aira cæspitosa Lin. ( pl. 18* (236) 13,f. 17). Sur certaines fleurs de cette espèce, l'aréte se détachait à peine au sommet , et alors à travers le jour, on comptait cinq nervures sur toute la paillette. Dans d'autres fleurs plus avancées (aa), l’arête se détachait depuis le sommet jusqu'au milieu, et dans cét état on ne comptait cinq nervures qu’au-dessous de l’arête ; dans d’autres enfin, encore plus avancées, l’arête était basi- laire (a), et en la coupant, on ne voyait plus dans la pailletté que quatre nervurés. Cétte paillette jouait ici évidemment le rôle d’une paillette supérieure qui aurait eu à sa base ün pédoncule avorté. Elle avait la plus grande analogie avec la paillette supérieure de l4vena subspicata, qui possède quatre nervures et un pédon- cule avorté. (PI. 13, fig. 1% bis a. ) (E.) Cette première induction me conduisait mème un peu au-delà de ce qué j'avais prévu; j'étais en droit de conclure que l’arête elle-même m'était qu’un avor- ternent d’un axe qui aurait été pris aux dépens de la ner- vuré médiane , et qu’un jour jé pourrais rencontrer des fleurs dont la paillette inférieure, ainsi que la paillette supérieure, fournirait par sa nervure médiane un axe à d’autres fleurs. L'arête dé l'Æira canescens L. ne me paraît pas bi éloignée de cet état ( pl: 15, f. 16). Vue à une lentille de déux lignes de foyer, sa partie inférieure (a) paraît dure ét cassanté, non tordue, et assez semblable aux pédoncules des fleurs ou balles. L’articulation (b), que jusqu'à présent on avait regardée comme hérissée de poils, n’est autre chose qu’une collerette de bractées triangulaires , et la partie supérieure à cette collerette (c) est transparente, en massue , assez comparable par sa forme et sa consistance à la plupart des balles restées à l’état rudimentaire. é 6 277 ) : J'avais besoin pourtant d’une preuve plus directé. Dir Lolium compositum L, vint nr'offrir l'occasion de vé- rifier ma conjecture ; et j'avouerai franchement que ce fut un beau jour pour moi que celui où je rencontrai cetle variété du Zolium perenne à V'état frais. On $ait que les individus de cette variété, sans per- dre les çaractères du genre, semblent cependant se rap- procher des genres paniculés; et voici le mécanisme par lequel ils passent à cet état. Tantôt c’est la glume ex- terne qui se change en un axe qui supporte d’antres lo- custes ; tantôt l’axe principal donne naissance à d’autres axes ; et le plus souvent enfin, on voit du fond des lo- custes même partir des axes qui supportent des locus- tes supérieures , du fond desquelles partent encore d’au- tres locustes , et ainsi de suite. Or, si on examine avec soin le point de départ de ces derniers axes , on verra facilement que leur base est insérée à la base d’une pail- lette. Si c’est à la base de la paillette inférieure, on n’a qu’à enlever cet axe de surcroît, pour s’apercevoir que la paillette qui le supporte a perdu sa nervure médiane, “et que cette nervure est remplacée par une large lacune membraneuse. Je donne ce fait comme un fait constant sur tous les épis qui se composent, les Lokum , les Tri- ticum, les Hordeum , les Rottbælla, etc., ainsi que je m'en suis convaincu par une foule d'observations qui ne manqueront pas de se représenter aux yeux des bota- nistes qui voudront les vérifier, Toute nervure médiane peut donc devenir axe ou pédonceule florifère. Je ne dois pas laisser sans réponse une objectiôn peu importante , il est vrai, mais pourtant que certaines per- sonnes pourraient peut-être encore me faire. Ils attri- bueront l'absence de la nervure médiane dans la paillette (278) inférieure dont j'ai déjà parlé, et dans toutes les pail- lettes parinerviées, à la pression exercée par le nouvel axe qui part de leur base (1). Je répondrai premièrement : la pression dans les Vé- gétaux peut produire des empreintes, mais ne glétruit jamais un vaisseau. Secondement : dans la supposition de l’objection , il arriverait une chose assez singulière ; c'est que l'organe le plus faible exercerait une plus grande pression ‘que l'organe le plus robuste. Car le pédoncule qüe l’on voit à la base de la paillette pariner- viée ne se développe jamais que postérieurement à la paillette de la base de laquelle il part, ainsi qu'on peut s’en convaincre à la simple inspection des som- mités des locustes , dans lesquelles on voit des pédon- cules à l’état rudimentaire, quand la paillette qui les supporte a acquis tout son développement. Il serait bien plus naturel de penser que si une pression devait dé- truire un organe , c’est la pression exercée par la ner- vure médiane de la paillette, qui eût dû détruire le pédoncule avorté. D'ailleurs lorsque la panicule est en- fermée dans la gaîne de la feuille supérieure du chaume ; elle éprouve des pressions de tous les genres, et cepen- dant, une fois étalée et parvenue à la floraison, on n’observe aucune anomalie dans le nombre des nervures de ses paillettes. Enfin, et te qui est péremptoire , vous trouverez des axes qui exercent des pressions fortes et non interrom- pues sur des paillettes , de la base desquelles ils ne par- tent pas ; par exemple : l’axe des Zolium, des Rottbælla, {1} M. Cassini avail adopté une explication peu diflérente (Journ. de Physique); les raisons que j'expose la réfutent également. (279 ) sur la paillette inférieure qui est adossée contre eux; l'axe du Pharus contre la glume supérieure de la locuste ; l'axe du Tragus contre la paillette infé- rieure, etc. Eh bien! qu'on examine toutes ces pail- lettes ou glumes, et on leur trouvera toujours une nervure médiane. J’ose avouer ici que je n’ai pas en- core rencontré un fait contradictoire à ces preuves. Il est une objection plus plausible , et que j'ai plus à cœur de réfuter. En vérifiant la forme des paillettes des fleurs qu’on avait regardées comme uniflores, on _m'opposera sans doute les paillettes supérieures des Agrostis vulgaris, des Phleum , des Panicum, des Pas- palum, Stipa, etc., qui sont parinerviées, et à la base desquelles pourtant on ne trouve point le pédoncule avorté qui se trouve à la base de l’Ægrostis spica venti Lin. , et qui devient florifère à la base des paillettes des Poa, Bromus, etc. Je répondrai que, d’un côté, il devient prouvé, sans crainte d’être démenti, que dans aucune fleur à paillette supérieure imvarinerviée, on ne rencontre un pédon- cule à la base de la paillette. Que d’un autre côté, toutes les fois qu’on trouve un pédoncule soit avorté , soit florifère , la païllette qui le supporte est parinerviée. Qu'il est done tout naturel de conclure que l’ab- sence du pédoncuie sur certaines paillettes parinerviées doit s’attribuer , soit à un avortement complet , soit à la tendance qu'ont les fleurs de ce genre à se développer sur de très-courts pédoncules , et à paraître presque ses-. siles. Les preuves de la solidité de cette explication se sont "présentées en assez grand nombre dans le cours de l’é- tude que je poursuivais. ( 280 ), Je, citerai : 1° an Æchnodonton tenue Palis. , pris l'été tpassé au jardin de l'École de Paris; chaque lo- custe renfermait deux fleurs semblables, également sessiles , la supérieure partant de la base de la paillette parinerviée de la flear inférieure. 2°. Des individus de Panicum wiride, pris aux en- virons de Paris, qui, outre la fleur inférieure unipa- léacée et la supérieure hermaphrodite, en possédaient une troisième hermaphrodite exactement semblable à la première, sessile comme elle, et insérée à sa base. 3°. Enfin un Paspalum, qui existe dans} Æerb. maurit. de M.-Delessert, sous l'étiquette Panicum, le de France, mil, v, Agrost., Lamk. Cet individu possède deux fleurs également conformées et également sessiles; la supé- rieure n’a d'autre différence que la forme des étamines qui ont avorté. Je ne grossirai.pas la liste de mes ci- tations ; et je me crois en droit de réduire mes résul- tats à ces trois. théorèmes. 1°. Il n'y a de locustes essentiellement uniflores, que celles dont toutes les paillettes sont imparinerviées: : 2°. La paillette parinerviée des fleurs de Graminées n'est pas un organe différent des autres enveloppes cali- cinales , et toute paillette peut devenir parinerviée comme elle. 8% Enfin la paillette parinerviée dans les Graminées, provient du développement de sa nervure médiane, sous la forme d’arète on d’axe florifère. S il. Des feuilles caulinaires. IL n’est plus possible de révoquer en doute aujour- d'hui l'identité des glumes et des paillettes avec les feuil- les qui entourent le chaume, La différence que lon re- 4 ( 281 ) marque entre leurs formes, ne vient que du plus ou moins de développement, .et n'a d'autre origine que la plus où moins grande proximité des organes de la fruc- tification ; car toutes les fois que la locuste devient vi- vipare, on voit les paillettes s’allonger, multiplier le nombre de leurs nervures, et représenter parfaitement, dans cet état, un chaume quelconque commençant à “pousser hors de terre. On voit même ces paillettes se munir d'une lame à l'instar des feuilles caulinaires : ce que j'ai particulièrement observé sur un Dactylis re- pens, conservé dans la belle collection que la noble obli- _geance de M. Delessert tient ouverte à quiconque s'oc- eupe de botanique. : Il est dope évident que les lois qui président à lor- ganisation des pailleues, doivent présider aussi à l’orga- nisation des fewilles caulinaires; et que toutes les fois que je trouverai une feuille parinerviée, je serai en droit d'expliquer ce phénomène par la transformation de sa nervure médiane en axe (ou, si l’on veut, en chaume qui n’est qu'un axe plus développé ). La première feuille du bourgeon canlinaire , dont MM. Poiteau et Turpin avaient déjà aperçu l’analogie avec Ja paillette supérieure ( pl. 13, fig. r , a), cette feuille, dis-je, ne sera parinerviée que parce que sa nervure mé- diane se sera transformée en axe, lequel aura acquis un plus grand développement d’organe, en acquérant un plus grand développement d'action. Cette vérité devient d’une évidence palpable dans de Graminées d'une certaine proportion. Dans le Zea mays, où cette feuille parinerviée acquiert un énorme développement , ‘et reçoit dansune large rainure le chaume qui s'en est détaché , cette feuiile et ce chaume , ainsi adossés l’un contre l'autre, présentent admirable- ( 282 ) ment l’image d’une feuille dont la nervure médiane ne se serait pas détachée, et qui alternerait avec la feuille inférieure. Car il faut bien remarquer que le chaume (a, pl. 13, f. 4) alterne toujours avec la nervure mé- diane de la feuille inférieure (d), et que la gemme (b) se trouve placée entre la nervure médiane de la feuille in= férieure (d), et l’axe ou chaume qui est inséré à sa base (a), ainsi que la paillete parinerviée (pl. 13, f.1,a), se trouve toujours placée entre la paillette inférieure (b) et le pédoncule de la fleur suivante (c d). Que serait-il donc arrivé si la nervure médiane de la feuille primordiale de la gemme, au lieu de devenir chaume , était restée confondue avec la substance de la feuille même ? Il serait arrivé que le bourgeon se serait développé seul , qu’il n’y aurait pas eu de feuille pari- nerviée , mais bien une feuille imparinerviée alternant avec la feuille inférieure au bourgeon , et qu’enfin lépi ou la panicule serait sortie du bourgeon seul , au lieu de sortir de la nervure médiane développée en chaume (x). Or, c’est précisément ce que l’on observe sur la por- tion du chaume qui supporte immédiatement l'épi fe- melle du Zea mays. Dans l’aisselle des feuilles nombreuses qui recouvrent l’épi en forme de spathe , 6n ne trouve aucun bourgeon, toutes ces feuilles se sont conservées dans leur intégrité ; nulle nervure médiane n’a crû aux dépens de la tige- mère; et l’épi renfermé dans les feuilles du bourgeon a pu se développer tout entier et sans obstacle. ne + Gi) M. Turpin, dans son Mémoire ingénieux sur les Graminées, avait expliqué la forme de la feuille bicarinée', par la soudure de deux feuilles ; l’ordre seul d’alternation, invariable dans cette famille, sufit pour détruire cette explication. | ( 283 ) Me voilà arrivé à l’objet principal de ce Mémoire ; car l’organisation des bourgeons caulinaires doit néces- sairement nous amener à l'étude du bourgeon primitif, je veux dire de celui de la graine. . $ IIL. Bourgeon de la graine ( pl. 53, f. 5, d). Entraîné par la force des principes que j'ai dévelop- pés plus haut, je présumai d'avance que la feuille pari- nerviée (b) qui paraît la première hors de la graine dans l’acte de la germination , ne devait être telle que parce que sa nervure médiane était employée ailleurs. Mes soupçons ne pouvaient raisonnablement tomber que sur le cotylédon lui-mème (a), et c’est cet organe qu’il fal- lait analyser. (A#) Mes premiers essais furent faits sur des graines d’Avena sativa. J'attendis, pour les examiner, que la plumule eût poussé plusieurs feuilles, et je dépouillai le cotylédon (a) (extrémité du corps radiculaire, Rich. ) de tout le mucilage périspermatique qui pouvait l’en- tourer encore. Sans trop me fier à la ligne médiane qui saillit sur la face postérieure de cet organe, je l’exami- nai à un faible microscope, et je découvris sans peine, dans la substance de ce cotylédon (f. 3), une (a) ner- vure grosse, herbacée, qui aboutissait à la base de la feuille parinerviée , et exactement entre les deux ner- vures de cette feuille (fig. 5 ). Je découvris la même ner- vure sur une foule d’autres graines de genres bien diffé- rens, tels que l'Echinaria , les Phleum, etc., et jé ne ren- contrai pas la moindre exception , toutes les fois pour- tant que j’observai le cotylédon dans un état avancé, état où ses parois sont deyenues plus minces et plus transpa- rentes. Pour l’apercevoir sur le Zea , il faut couper ( 284) longitudinalement le cotylédon , et l’on y voit cette ner- vure s’insérer sur l'articulation elle-même (pl. 14, fig. 9; c). Si l’on fait près de l'articulation de cette graine une coupe transversale , on aperçoit l'empreinte de trais ner- vures réunies ( pl. 14, fig. 10, a bb ); eton peut, par des coupes transvérsales successives , s'assurer du point où la nervure médiane se détache des deux autres pour passer la médiane (a) dans le cotylédon , et les deux au- tres (bb) dans la feuille parinerviée. ( PI. 14, fig. 11.) Le cotylédon Juss. (hypoblaste ou extrémité du corps radiculaire, Rich.; carnode, Cassini) ent donc, à l'égard de la première feuille, le même rang que le chaume à l'égard de la première feuille du bourgeon , et que le pé- doncule de la seconde fleur à l’égard de la paillette pari- nerviée de la fleur inférieure dans une locuste; c'ést-à- dire ; que le cotylédon était, dans le principe , une atte- nance de la feuille parmerviée, attenance qui s'en est détachée , tantôt en n’entrainant avec elle que la partie correspondante de la substance de la feuille , comme dans les Avena, triticum, Bromus, Echinaria , etc. , et tantôt en entraînant, outre la majeure partie de la substance médiane de la feuille , épiderme de la portion restante, corame dans le Zea, où le cotylédon forme une espèce de gaîne à la piumule. ( PI. 14, f. 4.) (B.) Un fait aussi important ne pouvait pas rester isolé , et je le regardais déjà comme le germe d’une vé- rité nouvelle. Cette nervure médiane représentait , au milieu du pé- risperme , le chaume encore renfermé ( pl. 13,f. 4,a) dans la feuille qui lui sert de spathe (e). Mais cette ner- vure était-elle ainsi tronquée avant la maturité de Ja graine , et n’avait-elle jamais eu d’autre développement ? ( 285 ) L’'analogie ne rendait pas à mes yeux ce fait croyable. Si l'on examine l'ovaire encore jeune même à l'état sec, au microscope , on s’apercevra facilement qu'il est tra- versé par une ligne qui part du sommet de (£. 19) lembryon , et qui se bifurque tantôt à sa sortie, tantôt plus ou moins près du sommet de l’ovaire pour fournir un vaisseau à chaque style, ou enfin qui ne se bifurque pas, mais qui passe tout entier, dans un seul style, dans le Nardus stricta L. (pl. 13, f. 50 ). Cette ligne mé- diane, me disais-je , ce conducteur du fluide fécondant, doit aboutir au sommet de la RÉVUE médiane du coty- n. Le style, ainsi que ses stigmates, ne seront qu’une panicule restée à l’état rudimentaire , à peu près comme elle doit l'être dans les gaines des feuilles encore très- jeunes , et avant que la plante ait acquis son développe- ment intégral. De même que la panicule de la même plante peut varier depuis l'état le plus simple jusqu’à l'état le plus composé: de même la nervure pourra res- ter simple dans le Vardus (f. so), se divisér dans la substance d’un seul style dans le Zea (pl. r4, f. 5), se diviser en deux styles dans les Bromus et dans le Dactyhs hispanñica (pl. 13, f. 19), ou bien en cinq'et sept styles même, ainsi que je l'ai rencontré sur une foule d’ovaires d’un Dactylis glomerata L. pris dans les prairies du Canal. | ‘Ajoutez à cela que les fibrilles stigmatiques hérisséés de papilles distinctes (pl. 13, f. 28) et très-souvent alternes , représentent bien des rudimens de rameaux. D'un autre côté, si l’on veut suivre le développement du style dans le Zea, ce qui est trèsfacilé à faire’ eri cherchant dans les feuilles spathiformes des épis encoré très-jeunes ( pl. 14, f. 7), on verra que les deux styles ( 286 ) (a) soulèvent peu à peu la substance de l'ovaire (bb), qu'ils l’entrainent, ou pour mieux dire, qu'ils la dis- tendent en s’allongeant et en restent enveloppés ; qu'ainsi le style s’est formé par un accroissement des conducteurs de bas en haut , ainsi que les axes et pédon- cules; accroissement qui peut atteindre jusqu’à quinze centimètres de long. (C.) Cependant, quelque satisfaisante que füt à mes yeux cette explication , il était nécessaire de trouver mé- caniquement l'insertion du style sur le sommet de cette nervure médiane dû cotylédon, ou bien même sur le sommet de l'embryon lui-même, dans le cas où le @ tylédon ne serait pas encore séparé de la feuille infé- rieure. J'avais, à cet instant, à ma disposition beaucoup d’épis jeunes de Maïs, et je m'occupais à en analyser les ovaires. Sur un ovaire très-jeune , mais fécondé (pl. 14, f. 13), en soulevant le péricarpe, organe qui n’adhère pas au tégument propre (a), je m'aperçus d’une résis- tance à la base du style lui-même, qui, là, forme une espèce de cône (pl. 14, f. r, æ); cette résistance me parut produite par l’adhérence du péricarpe au sommet d’une protubérance (pl. 14, f. 13, b,) du tégument propre, et sous cette protubérance adhérait le sommet du cotylédon lui-mème. Je dois faire observer que les modes de pression exer- cés par les spathes sur l’épi, sont si variés dans le Maïs, que le sommet des ovaires varie aussi beaucoup; que ce soulèvement produit par le cotylédon varie à son tour, et que l’observateur doit tenir compte de ces variations et régler sur cette donnée la marche de son analyse. En mürissant, le tégument propre coule contre les conduc- teurs du style, et le sommet de l'embryon est placé à .C 287) l’époque de la maturité, immédiatement au-dessous du point où ces deux conducteurs se rapprochent pour for- mer le style; ce n’est donc point à cette époque qu'on doit chercher à vérifier les faits dont je parle. Mais avant la fécondation (pl. 14, f. 2), et à l'instant où l'ovaire commence à épaissir , si l’on fait une coupe longitudi- nale entre les deux styles , on voit qu’ils partent du som- met (a) de l'embryon, qui , à cette époque, est.adhérent et peu développé ; que ces deux conducteurs ( pl. 14, f. 3, b), après avoir divergé en soulevant le péricarpe, viennent se réunir presque en un point (c), et que dès- lors ils marchent parallèlement pour former le style. Je ne me suis point contenté de cette observation , et j'ai cherché à la vérifier sur des ovaires d’une moindre consistance : ceux des Bromus et ceux des Æordeum. Dans les Bromus, ainsi que je l’ai constaté (pl. 13, f.22), sur une foule d'espèces, les stigmates sont toujours insé- rés au-dessous du sommet de l'ovaire (b) ; en saisissant avec deux pinces , sans intéresser les stigmates , les deux côtés du sommet, on parvient à diviser l’ovaire en deux moitiés , et à mettre à nu les deux moitiés de la cavité (c) où se trouve logé l'embryon (b), dont on distingue bien, à toutes les époques, le cône radiculaire (b). Or, si l’on observe ces ovaires avant la fécondation, ce que l’on reconnaît à l’agglutination des fibrilles stig- matiques qui n’offrent alors qu’une espèce de stigmate membraneux , on verra que l'embryon tient, par son sommet, au sommet de cette cavité, et que le point d’adhérence correspond exactement au point d'insertion des styles (a); l'embryon adhère encore alors à la par- tie antérieure de la cavité par son articulation. Sur l’Hordeum , dont les stigmates sont insérés au (f. 24) ( 268 ). sommet, on ne voit pas toujours aussi facilement l’in- sertion des styles au-dessus de l’embryon même. Sur un ovaire de cette espèce , j'ai pourtant mis À nu, par l'effet du déchirement , l'étui de l’un des conducteurs (a) qui aboutissait évidemment au sommet de l'embryon. Après la fécondation, adhérence organique de la partie antérieuré finit par s’oblitérer , mais elle existe encore quelque temps, ainsi qu'on le remarque bien sur Îles ovaires de Zea. L’adhérence des conducteurs sur le som- met de l'embryon s’oblitère à mesure que les stigmates se flétrissent , et à une certaine époque , on trouve l’em- bryon entièrement isolé, et n’adhérant à aucune surface ambiante (pl. 13, fig. 25, 26), quoiqu'il soit pressé de toute part. Lorsque je présentai ce travail au jugement de l’Aca- démie , je ne m'attendais pas à ce que l’on élevät des doutes sur la nature de ce corps vert (fig. 23 ) que je nomme l'embryon , corps que depuis M. Mirbel jusqu’à M. R. Brown, on a toujours désigné sous ce nom, quoi- qu’on n'ait point cherché à l'extraire de l'ovaire avant la maturité. Je suis donc forcé d'entrer dans quelques détails pour fixer les idées à ce sujet; et je doïs expri- mer, en passant, ma réconnaissauce envers mes juges , dont la critique s'étant portée sur ce point, m'a révélé, sinon l'existence d’uné erreur, du moins la nécessité d'une preuve. On sait qu'à sa maturité on distingue, dans la graine des Graminées, ün péricarpé , un tégu- ment propre qu'on ne peut séparer du périspermeé (or- ganes sur la naturé desquels je vais m'expliquer plas bas }, et enfin l'embryon. Or, à l’époque de mes obser- vations, l'ovaire présente de mème un péricarpe qui alors est vert ét se détache facilement du périsperme (289 ) { pl. 13, F: 20, d'), un tégument fortement injecté d’une substance saccharine qui doit se changer en péri- sperme , et enfin ce corps vert, qui par conséquent ne peut être que l'embryon (f. 22, b; f. 24, 9 À Maïs ce qui ne laisse plus aucun doute, et ce que les physiologistes pourront vérifier l’été prochain sur les Éromus et les Hordeum , C'est qu’en continuant d’exa- miner l'embryon dans la cavité qui le renferme, on le voit successivement passer à la forme (F. 23), présenter un commencement de cotylédon (a), de plumule (8) et de cône radiculaire(c), et arriver enfin aux formes (fig. .25, fig. 26 ) qui sont incontestablement celles des em- bryons de Bromus. Pendant ce laps de temps , la cavité ne change point de forme , le périsperme seul prend une plus grande extension. Je n’ai pas besoin, je pense, de preuves plus positives, et le corps (fig. 23) que l’on trouve toujours dans la cavité (c, pl. 13, f. 22 ), est le véritable embryon. Ces faits sont susceptibles d’une explication différente, il est vrai, mais qui nous conduit à ün but semblable, et qui ne dérange en rien l’état de la question. On peut supposer que le style et:les stigmates , au lieu d’être le prolongement de la nervure médiane du coty- lédon, soient celui de la nervure médiane de la feuille inférieure à l'embryon, c'est-à-dire, dela feuille desti- née à devenir tégament propre et périsperme:, L’em- bryon adhérerait, par sa face antérieure, à la nervure de cette feuille, de sorte que le cotylédon n'étant pas encore détaché, semblerait alors supporter le style. Dans la suite, la nervure médiane de la première feuille de l’em- bryon se détacherait de Ja feuille dès-lors parinerviée , Pour se conlinuer à son tour en axe ou chaume. Mais Tome IV. 19 ( 290 ) elle serait arrêtée dans son développement par la masse du périsperme déjà à demi-formé; et le tissu cellulaire qui entoure cette nervure , emploierait à son accroisse- ment en largeur les fluides qui ne pourraient lui servir pour son accroissement en longueur, et formerait ainsi le cotylédon ou hypoblaste. Au reste, un fort microscope décidera, je le pense, la question. Replaçons maintenant la graine dans les enveloppes calicinales, afin que l’analogie de sa position achève de nous éclairer sur l’analogie de sa nature. S IV. Écailles et étamines. Je n'ai pas besoin de rappeler ici qu’à la base des étamines , dans les Graminées , se trouvent deux ou trois écailles ordinairement assez courtes , sur la nature et la forme desquelles les savans ont émis les opinions les plus opposées. J'ai présenté à l’Académie des sciences un tra- vail spécial sur ces organes, je me contenterai ici d'en emprunter les principes les plus indispensables à mon sujet. 1°. Si les écailles pouvaient être regardées comme des organes à part et indépendans, elles devraient alterner, d’après les lois invariables que la nature suit à l'égard des Graminées , et qu’elle ne contredit pas dans les au- tres monocotylédones , d’une part avec l'organe infé- rieur, et d’une autre part avec l'organe supérieur. Or, il arrive, tout le contraire; car elles alternent bien avec la paillette supérieure (pl. 13, fig. 1, a), qui est pour elles l'organe inférieur. Mais elles sont en- tièrement parallèles (pl. 13, fig. 6, 9 ) aux étamines, et insérées au-dessous des filamens. D’un autre côté elles alternent avec la partie postérieure de l'ovaire , au moins (291 ) quand elles sont au nombre de deux ; et si elles sont at nombre de trois , celle qui est adossée sur la partie pos- térieure de l'ovaire est toujours la plus courte et la moins considérable ( pl. 13, fig. 10, d). Mais alors même qu’on ne tomberait pas d’accord avec moi sur le point des écailles, qui doit être considéré comme le point d’alternation, il n’en serait pas moins vrai que les étamines, dont la médiane alterne toujours avec la partie postérieure de l'ovaire, alternent aussi avec la paillette qui leur est inférieure, et que, par con- séquent , l’ordre d’alternation se trouverait interrompu à l'égard des écailles ou à l’égard des étamines. 2°, Ces écailles n'existent pas dans tous les genres ; elles manquent entièrement dans les Ælopecurus, le Mi: bora, V Anthoxanthum, le Cenchrus, le Crypsis, etc. ; elles manquent même dans certaines espèces apparte- nant par tous leurs caractères aux genres qui sont mu- nis ordinairement de ces organes. Je puis donner ces faits comme le‘résultat des dissections les plus nom- breuses. 3. On trouve au Jardin du Roi, et dans beaucoup d’herbiers , sous l'étiquette du Rottbælla monandra Ca. un Vardus qui, entre autres formes peu ordinaires aux Nardus, tels que deux styles et deux fleurs dans la même locuste (pl. 13, f. 8), possède deux écailles (b) et une seule étamine (a), tandis que, dans le Nardus à l’état sauvage , on ne trouve jamais d’écailles, mais trois étamines à filamens très-dilatés à la base ( pl. 13, fig. 32,4). | 4°. Si l’on fait bien attention au point d'insertion ( pl. 13, fig. 9) des filamens des étamines, dans les espèces à deux écailles et à trois étamines, on s’assurera que 19° (292) l'étamine impaire (a) part du milieu des deux écailles, et les deux autres étamines ( » c) des deux côtés ; dans les espèces à trois écailles et à trois ( pl. 13, f. ro ) éta- mines, le point d'insertion de chaque filament corres- pond à chacun des interstices des écailles, et, dans tous les cas, ces,étamines ne font qu’un seul corps à leur base et se soudent avec les écailles. 5°. En décrivant les formes des écailles, je m'étais aperçu que les unes étaient membraneuses au sommet, et les autres épaisses, tronquées, et comme marquées d'impressions digitales, si je puis m’exprimer ainsi ( pl. 13,f. 11, d); par exemple : celles des Melica, An- dropogon, Panicum, etc. Je ne savais à quelle cause attribuer cette différence d'organisation , lorsque la dis- section de quelques fleurs de panicum virgatum L. à l’état frais, et fort éloignées de l'instant de la fécon- dation , servit à m'expliquer ce phénomène. Les anthères des étamines serrées l’une contre l’autre et placées sur un seul plan, s’appuyaient, par leur ( pl. 13, f. 11) extrémité inférieure, sur le sommet des écailles, et faisaient presque corps avec elles. La ligne médiane des deux lobes de l’anthère (a) du milieu cor- respondait à la ligne qui sépare les deux écailles (à). Chaque lobe de cette anthère (bb) s'appuyait sur chaque côté correspondant de l’écaille. Chaque lobe interne des deux anthères extrèmes s’appuyait sur chaque côté cor- respondant de l’écaille placée au-dessous d’eux, et les lobes externes de ces (cc) deux dernières anthères se trouvaient en dehors. En enlevant les trois anthères , on s’apercevait que chaque écaille était marquée de deux impressions lobaires (d), ce qui devait être. Ce fait servit plus qu'à m'éclairer sur l’origine de ces ( 298 ) impressions; à lui seul il m'indiqua les rapports des écailles et des étamines. Je supposai que les anthères qui, dans le fait, s'étaient trouvées et n'étaient pas ve- nues se placer sur ces écailles, fussent restées agglutinées avec elles, et que ne s’injectant pas de pollen, et par conséquent avortant, elles eussent été examinées dans cet état ; elles n'auraient constitué qu’un seul corps qui, se colorant par le progrès de la végétation, eût présenté des nervures au nombre de trois principales : en un mot, c'eût été une véritable valve calicinale. Dans cette ex- plication , l’anthère ne serait autre chose que l’ensemble de deux portions (injectées de pollen), qui partiraient du sommet d’une nervure, laquelle deviendrait conducteur ou filament ; et les grains de pollen ne seraient que des cellules injectées et isolées. Les écailles ne seraient que des débris en plus ou moins grand nombre, et à qui les anthères auraient laissé plus ou moins de substance en se détachant. ‘ Dans les espèces sans écailles , il n’y aurait pas eu de ces sortes de débris; de-là la dilatation de la base des filamens des étamines dans ces espèces ( pl. 13, f. 12). Dans le Nardus ( pl. 13, f. 8) à une seule étamine et à deux écailles, les deux autres étamines seraient res- tées à l’état rudimentaire dans la substance des deux écailles. Eafin les différentes formes d’écailles ne seraient dues qu’à des différences de déchirement. Or, quant à l’origine et à la formation de l’anthère, il est facile de voir que l'explication que j'en ai donnée est raisonnable , en examinant une étamine restée à l’é- tat rudimentaire (pl. 13, f. 15). À une forte lentille même , on voit le filament traversé (b) par deux ner- ( 294 ) vures qui aboutissent aux points de contact des lobes de l'anthère (aa), ainsi que le style est traversé quelque- fois par deux conducteurs. Quant à l'identité du point d'insertion des écailles et des étamines, je me contenterai de citer deux preus ves. La première est prise d’un Zripsacum dactyloï- des L. (pl. 13, f. 14 ); les étamines de la fleur femelle étaient avortées (d), mais on voyait leurs filamens tra- verser les écailles (2), et faire corps avec elles (c). La seconde est tirée d’un Oryza sativa L. On sait que l’Oryza a deux écailles et six étamines. Or, dans une locuste ( pl. 13, f, 13 ), j'ai trouvé une écaille libre (b), cinq étamines fertiles (a), et une sixième avortée (d) , insérée au sommet de la seconde écaille (c) , et fai- sant tellement corps avec elle, qu'il eût été impossible d’assigner les portions qui appartenaient à l’un et à l’au- tre de ces deux organes; enfin, dans ce cas, l’écaille ne paraissait être que la base du filament, mais une base très-élargie. Je dois avertir que j'opérais dans les deux cas sur le frais, et qu’on ne saurait attribuer l’adhérence de ces organes à l'effet de la dessication artificielle. Il devient donc constant que les étamines et les écailles tirent leur origine de la même articulation , qu’elles n’é- taient destinées primitivement qu’à composer de concert le tissu d’une paillette, et que l’infiltration de la som- mité des nervures a seule produit leur séparation (1). (x) D'où l’on doit conclure que de toutes les dénominations données jusqu’à ce jour à ces écailles, dénominations qui tendaient à leur faire jouer un rôle d’une plus ou moins grande importance, telle que nectaire, lodicule , glumelle, phycostème, la moins impropre est encore celle d’écailles, qui n’exprime que des débris. Je ne parle pas du mot de corolle, qui serait peut-être le vrai mot, si nous avions une bonne définition de la corolle. J'ai développé cette idée _. le second Mémoire dont j'ai déjà parlé. ( 295 ) $ V. Ovaire. L'appareil réuni des écailles et des étamines ne cons- tituant qu’un seul et même appareil, et pouvant être considéré comme une paillette, la loi d’alternation n'offre plus d’exceptions. Au-dessus des étamines, et toujours dans l’ordre al- terne , se trouve l'ovaire. A. Si l’on examine un ovaire d’un assez fort calibre avant l'entière maturité de la graine , on pourra déta- cher le péricarpe, qui alors offre une consistance assez forte, et n’adhère point avec le tégument propre des auteurs. Dans le Zea , mème jusqu’à la maturité, il res- semble à une exfoliation plus on moins distante du té- gument (pl. 14,f. 5, d). Sur le péricarpe des Bromus et d’autres (pl. 14, f. 16) Graminées, on remarque la nervure médiane et deux nervures latérales; et la nervure médiane alterne avec l’étamine médiane. A la maturité de la graime, il faut l’'humecter pour enlever le péricarpe avec sa nervure médiane , qui, par l’effet de la pression du pédoncule de la fleur supérieure , semble adhérer au tégument. Sur le Festuca diandra , le péricarpe affecte la même ( pl. 13, f. 18 ) organisation que la paillette inférieure de la fleur. Il est muni de trois nervures (aa) qui se réu- nissent au sommet, et y forment un bourrelet cartila- gineux qu’on enlève avec elles (b). Dans les ovaires avortés (pl. 13, fig. 21), ce péri- carpe reste isolé et ressemble à une feuille à l’état ru- dimentaire et non percée par le développement des feuilles qu’elle renferme. En l’ouvrant on s'aperçoit de l'existence de ces feuilles qui adhèrent fortement à sa base; nul périsperme n'y paraît. Cette observation est ( 296 ) faite sur l’Æolcus spicatus Lin. à l’état frais. Des échan- tillons à l’état sec de Sorghum saccharatum m'ont offert des ovaires d’un assez fort calibre ; dont le péricarpe ovoïde , vésiculeux, rougeâtre et coriace , possédait dans une grande cavité, une poche blanchâtre, membraneuse, plissée , adhérente à sa base , et à travers laquelle se dessinait un corps opaque adhérent, qui occupait la place de l'embryon. Le péricarpe est donc une véritable pail-- lette qui n’a point été fendue par le développement des paillettes ou feuilles qu’elle renferme, et qui alterne avec les étamines. B. Quant au tégument propre que les auteurs nous disent faire corps avec le périsperme, la formation du périsperme dans la graine est sans doute le moyen le plus sûr de nous éclairer à cet égard. 1°. Observons d’abord qu’à aucun âge de l'ovaire, on ne saurait séparer le prétendu tégument du périsperme, et que ce n’est que par analogie que Richard en a admis la séparation dans la graine des Graminées. Or l’analogie est un guide fort trompeur toutes les fois qu'il s’agit d’énumérer les enveloppes d’une graine; et l’on n’est pas plus autorisé à s’étayer de son secours pour supposer un tégument propre dans les grainesde cette famille , qu’on ne le serait pour y supposer une ou plusieurs capsules. 2°. En coupant longitudinalement un jeune ovaire de Mays, on y distingue (pl. 14, f. 5. d.) le péricarpe dont la substance jaune se dessine tout autour de l'ovaire, ensuite une autre enveloppe distincte (c) assez épaisse, dans la cavité de laquelle se trouve l'embryon (a) qui alors adhère par sa partie antérieure à la partie antérieure de cette enveloppe. En ouvrant de la mème manière et successivement (297 ) des ovaires plus avancés, on voit la substance de cette enveloppe (c) se distendre (et cela premièrement dans sa partie supérieure) ; on la voit s'approcher de plus en pluswdu péricarpe (d); et en mème temps les parois de la cavité (c) où se trouve logé l'embryon , se rap- prochent (fig. 6) de plus en plus de l'embryon lui-même, et. finissent par l’enfermer tout-à-fait. S'il reste quel- ques traces de cette cavité, c’est toujours à la base qu’on les remarque; ce qui n’arriverait pourtant pas si le pé- risperme était un organe nouveau qui se développât en- tre l'embryon et ce qu’on appellerait alors le tégument propre. Le périsperme ne peut donc être que le tissu d'une feuille non fendue, dont le tissu cellulaire , se trouvant infiltré d’une surabondance de liquides saccharins de- venus sans emploi dans la végétation, a vu passer, par l'évaporation et une combinaison chimique particulière à cet organe, les liquides à l’état de fécule amylacée. Il est arrivé à ce tissu cellulaire ce qui arrive souvent aux autres organes de Graminées, ce qui arrive toujours aux feuilles basilaires du Poa bulbosa Lin., qui s’injectent de cette matière, s’épaississent, et, en s’imbriquant mutuel- lement , produisent ce bulbe qu’on serait tenté d’attri. buer au renflement de la base du chaume. Il est arrivé à cette feuille ce qui arrive quelquefois dans toute sa longueur au chaume qui rampe sous terre , et dont le tissu cellulaire se remplit de substance amylacée avec tant d’abondance , que daus l’Ævena bulbosa Lin, et le Cyperus esculentus Lin. , elle y forme des tuber- cules assez gros et comestibles. Je vais plus loin , et je dis que chaque articulation de ce chaume souterrain , en conservant son bourgeon et (298 ) une fraction quelconque du chaume supérieur , est une véritable graine, avec l’unique différence que, dans la graine, c'est le tissu de la feuille qui s’est injecté (pl. 13, fig. 2 bb); au lieu que dans le chaume rampant, c'est le chaume lui-même, et que la feuilleengainante y est restée (fig. 4. e) à l’état de feuille, et par conséquent sans nul emploi dans l’acte de la germination. Le chaume ici (pl: 13, fig. 4. a) estle véritable cotylédon, mais assez rempli de substance amylacée pour n'avoir pas besoin de la richesse d’un corps ambiant; le bourgeon est le même que dans la graine ; la radicule ou le corps radi- culaire est facile à apercevoir par une coupe longitudi- nale (fig. 4. e), et c’est du point (e) que doivent partir les radicelles. Or chacun sait que lorsqu'il s’agit de faire lever des Graminées à chaume souterrain , il est indifférent de se- mer des graines ou une portion du chaume munie de ses bourgeons; et dans les départemens méridionaux, on n’a pas d'autre moyen de faire reproduire | Ærundo do- nax dont on forme de larges rideaux contre:les vents du nord, fléaux de la végétation de ces contrées. J'ai dit que le périsperme commençait à se former dans la partie supérieure de la feuille. La raison en est simple: si la formation avait commencé à la base, le périsperme n'étant qu'un tissu infiltré de fécule, les premières cou- ches de la fécule, ce principe insoluble, se seraient op- posées à ce que les liquides arrivassent plus haut, et la graine n’en eût pas été fournie. Je reviens à mon sujet. C. J'ai fait voir dans le péricarpe la nervure qui alterne avec l’étamine médiane ; on s’attendra sans doute à ce que je montre dans le périsperme la nervure qui alterne avec la médiane du péricarpe, et peut-être attachera-t- LR ( 299 ) on une si grande importance à la voir, qu’on ne m'ac- cordera ma définition du périsperme qu'après que j'au- rai indiqué la localité de la nervure du milieu. Or deux circonstances s'opposent d’abord à une pareille indica- tion : 1°. La feuille s’injecte de bonne heure de la subs- tance qui doit se métamorphoser en périsperme, et il serait impossible d’apercevoir des nervures au milieu d'une substance aussi opaque. 2°. Il est certain que plus une feuille est à l’abri du contact immédiat de la lumière, et plus elle s’étiole : de-là la consistance membraneuse et presque anerviée des paillettes des Ændropogon et sur- tout de celles du Zea dont l'épi est toujours revêtu d’une foule de feuilles caulinaires. Or ici la feuille qui s’injecte est totalement revêtue d’un péricarpe d’abord herbacé et épais; cette feuille doit donc s’étioler et les nervures n’y doivent pas être visibles. Cependant à l’aide du raisonnement appuyé sur la dissection et sur l’ad- hérence primitive de l'embryon lui-même , il devient, je pense , très-facile d'indiquer la nervure du milieu. $ VI Embryon. A. Nous avons déjà dit que l’embryon adhérait à la cavité qui le renferme par sa face antérieure, c'est-à- dire par celle qui est opposée à son cotylédon (pl. 14, fig. Ga). Si l’on coupe longitudinalement un embryon de Zea, on remarquera d'abord que la partie qui adhère aux pa- rois de la cavité (pl. 14, fig. 8 d), n’adhère nullement ni à l'articulation de l'embryon ( e } ni à la radicule (e ); mais qu’elle vient passer sous la radicule qu’elle ren- ferme de toutes parts, et s’insérer au-dessous du cotylé- don lui-même ( b). Une coupe transversale démontrera 2 ( 3200 }) encore mieux peut-être (pl. 14, fig. 10) la non-adhé- rence de cette portion (d) avec la face antérieure , soit de l'articulation, soit de la plumule (ce), soit de la ra- dicule. Ensuite on pourra s'assurer que cetie partie est munie , ainsi que le cotylédon, d’un vaisseau bien visible qui vient s'insérer d’un côté (c) au-dessous du cotylé- don lui-même sur l'articulation, et que, de l’autre côté ce vaisseau doit s’insérer sans aucun doute sur la partie à laquelle l'embryon adhère. Or un vaisseau quelconque ne s’insère jamais sur du tissu cellulaire, mais bien sur un autre vaisseau , et ce n'est jamais par du tissu cellulaire seul qu’un organe adhère à celui auquel il doit son ori- gine. Il faut donc nécessairement admettre sur cette partie du périsperme un vaisseau ou nervure, de laquelle est issu le bourgeon que nous nommons embryon ; et dès- lors nous avons trouvé évidemment la nervure médiane qui alterne avec la nervure médiane du péricarpe. Remarquons en passant que l’adhérence de l'embryon contre cette portion de la feuille devenue périsperme, a été cause que l’infiltration de la substance amylacée s’est portée primitivement vers la partie postérieure (pl. 14, fig. 6e), et que l'embryon est resté refoulé même après la fécondation vers la partie à laquelle il adhérait d’abord. De-là sa position constante vers la base de la partie inférieure de la graine des Graminées (a). La partie du tégumeut à laquelle adhère l'embryon, ne s’injectera pas de périsperme, à cause de la pression qu'elle ne cesse d’éprouver , même après que l’adhérence organique de l'embryon est détruite. À la maturité de Ja graine, on trouvera toujours, pour arriver à la face antérieure de l'embryon, un péricarpe sec et coloré, et la portion non injectée du tégument propre. ( 3ot ) Jusqu'ici l’ordre d’alternation n’est pointinterrompu ; il ne l'est pas davantage à l’égard du cotylédon lui-même. Ceiorgane alterne avec le point d’adhérence de l'embryon, de manière que la plumule ou bourgeon primitif (pl. 14, fig. 8, a. ) se trouve placée entre le tégument propre d’une part (fig. 6 a. ), et de l’autre, entre la nervure mé- diane ou l’axe détaché de la substance de sa première feuille, et qui devient ici par ses fonctions véritable co- tylédon (pl. 14, fig. 8 .). Cette nervure médiane ou pour mieux dire ce chaume (K IIT, A.) emprisonné dans la substance du périsperme qu'il distend en se dévelop- pant, ce chaume, dis-je, n'étant pas en contact avec l’air atmosphérique, restera à l’état rudimentaire et la plante sera terminée en longueur. B. Arrètons-nous un instant pour démontrer avec quelle facilité on explique par les considérations précé- dentes toutes les formes que peuvent revêtir les locustes des Graminées. Les circonstances nécessaires à la formation de la graine n'ayant pas lieu , et la végétation des bractées n’é- tant pas épuisée par ce grand acte , les glumes<’allongent, la pailletie inférieure ( pl. 13, fig. 6 c.) s’allonge à son tour et multiplie le nombre de ses nervures (fig. 9 c.); Ja paillette parinerviée ( fig. 6 d.) ne se détache pas de sa nervure médiane (e ) et devient une bractée absolu- ment semblable à l’inférieure ( fig. 7 c. d); l'appareil réuni des étamines et des écailles (fig. 6 g.) se déve- loppe sous la forme de paillette (fig. 7 g.); le péricarpe (fig. Gf.) et le tégument propre , prenant la même forme et dans l’ordre alterne , sont fendus sur leurs bords par la première feuille (fig. 5 b.) de l'embryon, de laquelle le cotylédon (a) ne se sépare pas, qui devient une pail- C'3as ) lette semblable aux autres (fig. 7 f.) et qui sera fendue à son tour par les inférieures ; c’est-à-dire que dans cet état on aura une locuste vivipare (fig. 7, pl. 13). Si plu- sieurs nervures médianes dans une telle locuste se déta- chent, on aura plusieurs rameaux viviparés dans la même locuste , et partant de la base d’une paillette pari- nerviée ; ce que l’on rencontre quelquefois. Si dans une locuste la troisième bractée tend à devenir l'organe mâle , et la quatrième et cinquième l'organe fe< melle, vous aurez une locuste sans glume et à deux pail- lettes : l’Æsprella Anaxs. L'organe mâle ne se développera-t-il que dans la cinquième paillette et l'ovaire qu’à la sixième ; on aura un Crypsis, si la nervure médiane de la quatrième paillette ne se détache pas ; etun Bromus,un Poa,un Avena, etc., si cette nervure devient florifère. Il sera très-possible de trouver dans les mêmes espèces des individus mâles et des individus femelles, que dis-je! de trouver sur le même individu des fleurs mâles et des fleurs femelles. Les individus mâles existeront parce que la sommité du rameau qui devait se changer en ovaire, sera restée à un état plus ou moins microscopique ; l'individu femelle, parce que la feuille qui devait se développer sous la forme staminifère s’est changée en péricarpe , la suivante en périsperme et les autres en em- bryon; et l'espèce décrite par un auteur comme polygame ou unisexuelle sera décrite ; avec non moins de raison, comme hermaphrodite par un autre; Ce qui arrive tous les jours dans la famille des Graminées. Je ne pousserai pas plus loin ces sortes d'applications ; il est facile de les poursuivre sur tous les genres des Mo- nocotylédones et sur ceux de la classe des Dicotylé- dones mèmes. ( 303 ) $ VII. Aura seminalis. Nous voici parvenus dans les questions de la plus haute importance et dans le sein dés phénomènes les plus obs- curs de la physiologie. Je ne prétends pas résoudre tous les problèmes qui vont se présenter, mais seulement offrir à la fois les faits qui peuvent nous servir à ar- river au moins à un des résultats; heureux si par un travail infatigable j'ai pu préparer , quoique de bien loin, une vérité nouvelle. A. Si la graine n’est qu’une sommité de rameau, que deviennent alors et l’idée de la fécondation et le besoin de l’action du fluide des anthères dont la présence jus- qu'ici a été assez généralement regardée comme étant d’une indispensable nécessité? Je ne me dissimule pas l'im- pression que produira au premier coup-d’œil la nouveauté des observations suivantes, qui à mes yeux ne sont pour- tant que la conséquence immédiate des faits. Mais je me contenterai à ce sujet de rappeler que de graves au- teurs ont révoqué en doute la nature de la fécondation, et que de ce nombre se trouve Spallanzani. 1°. Nous avons précédemment démontré l'identité de toutes les pièces qui composent l’embryon avec celles de chaque bourgeon caulinaire ($ V. B. —$ III. A. ). 2°. Avant la fécondation l'embryon est adhérent à la paroi antérieure de la feuille qui le renferme ($ III. C. ), ainsi que le bourgeon l’est à la feuille ifférieure du chaume (1). 3°. Après la fécondation et surtout à une certaine (1) Spallanzani avait apercu ladhérénce de l'embryon dans les lé- gumineuses., Son observation est restée stérile et non accréditée. (304 ) époque, il n’adhère ni par le sommet ni par sa face ari- térieure; sur les Bromus on peut alors, en fendant le tégument propre et par la simple pression de la pointe d'un instrument, le faire sortir dans toute son intégrité sous les formes que j'ai représentées (fig. 25, 26, pl. 13). L'action de l’aura seminalis a donc pour but d'isoler l'embryon et de le laisser renfermé dans le centre d’une feuille inférieure, dont le tissu cellulaire, injecté de ma- tière amylacée dans les Graminées, doit lui servir d’abord de silo, si je puis m'exprimer ainsi, et ensuite de pé- risperme. L’embryon à l'abri du contact de l'air se con- servera dans ce milieu ; il n’en sera pas de mème du style que nous avons dit être le prolongement de la nervure du cotylédon ou du tégument. Car cet organe n'étant plus en communication avec la tige inférieure, et ne recevant plus de substances propres à opposer à l’action des gaz at- mosphériques, doit subir le sort de tout ce qui cesse de végéter en plein air ; aussi arrivera-t-il que les styles et les stigmates ne survivront pas à la fécondation. La fécule amylacée, ce principe insoluble , ayant en- vahi toute la substance du périsperme, la graine cessera d'être à son tour en communication avec la tige; elle tombera , en emportant dans son sein l'espoir de l’année suivante. B. Si le but de l'aura seminalis est une séparation, quel est le mode par lequel ce fluide opère? est-ce par une actiôn chimique? Certes à faut bien qu'il y ait quel- que chose de semblable pour interrompre la communi- cation entre les vaisseaux ; il faut bien qu'il y ait dans cet acte ou une décomposition qui détruise, où une combinaison qui obstrue. Je ferai observer à ce sujet que dans toutes les graines fécondées de Zea à quelque D PL ( 305 ) momens qu'on les prenne, on remarque à la base de l’em- bryon et sur la partie de la cavité qui le supporte une tache violette assez large et semblable à celles que la téinture d’iode produit sur la fécule. Je ne donne cette obser- vation que comme un fait et non comme un moyen d’ar- river à une conséquence. Mais en admettant que le résultat de l’action du flnide des anthères sur les stigmates soit une action chimique, il faudra qu’il existe encore une cause qui ait déterminé et provoqué ce résultat, une cause qui ait préparé d’un côté l'organe passif et de l’autre l'organe fécondant; et qui les ait rendus, dans un instant donné, propres à s’attirer mutuellement et à concourir au grand acte. Nous ne sômmes peut-être pas éloignés de l’époque où cette cause pourra être assignée; je n’entreprendrai pas de la rechercher ici; mais Pétablir ai en peu de mots quel- ‘ ques légers rapprochemens , afin de faire apercevoir plutôt que de décider la question. Un fluide s'élève à travers un conducteur que nous nommons le style; un autre fluide quifne part pas de la même articulation, marche dans un sens parallèle et ar- rive dans les anthères; à un instant marqué par la na- ture, une espèce d'attraction se manifeste, le second fluide s’élance par explosion hors de ses enveloppes ; le premier l’auire et le reçoit; et la sommité du rameau ($ TL. C), à laquelle il arrive, cesse de communiquer avec le reste de la plante. Ne dirait-on pas que par ce peu de mots j'ai décrit la grande loi que M. Ampère nous a révélée, et que j'ai tracé la marche de ce fluide que les anciens auraient appelé l’ame de l'univers , du fluide électro-magnétique ? Quoi qu'il en soit, j'ai montré d’un côté que l'embryon Tor IV. 20 ( 366 ) n'avait aucun Organe qui n’existàt dans une articulation quelconqne du rameau ($ HI. A.); d’un autre côté, que cet embryon existe et âdhère à la cavité qui le ren- ferme, mème ayant la fécondation ($ III. C.). La fé- condation n'a donc rien créé ; la fécondation n’est donc qu'une séparation , qu'un isolement ; et si ce dernier mot pouvait ètre reçu comme synonyme des mots vivificatum , fæcundatum , tout mon Mémoire n’eût été que le dé- veloppement de cette phrase de Linné : Semen, pars vegetabilis decidua; novi rudimentum, pollinis irriga- tione vivificatum. Phil. bot. 1563, p. 58; misérable condition de la raison humaine, qui fait que tant d’an- nées s'éconlent inutilement, depuis l'instant où une vérité a été aperçue, jusqu'à celui où l’on se croit en droit de la démontrer ! C: Prenons maintenant le fait inverse : dans le cas où la fécondation n’aurait pas lieu , que deviendrait l’o- vaire et pourquoi la sommité de rameau ne se dévelop- perait-elle pas? car enfin alors il n’existerait pas d’in- térruption entresla tige inférieure et la sommité rudi- mentaire. Je ne pense pas que les faits nous manquent pour résoudre ce problème. Nous avons dit que les styles sont le prolongement de: la nervure médiane qui s’enveloppe de la substance du péricarpe ( HIT. B. ); qu’ils y restent emprisonnés, et que dès-lors ils ne peuvent plus élaborer avec autant d'énergie les gaz nécessaires à leur développement ($ VI. À ). Cependant les fluides aflluerit dans le tissu cellu- laire de la feuille inférieure à l'embryon, laquelle achève d’emprisonnerde plus en plus ce dernier organe ( V. B.). L'embryon toujours en communication avec l'ovaire sera envahi à son tour par la surabondance de ces liquides ( 307 ) qu'il ne pourra pas assez élaborer , et qui resteront sans emploi; or comme un liquide stationnaire dans les vé- gétaux doit toujours être un germe de destruction, l’'em- bryon ne manquera pas d’être détérioré par ceux qu’il recèle, et par conséquent incapable d’une végétation ultérieure ; en d’autres termes la graine ne sera pas fé- eondée. Quoique je définisse la fécondation une sépa- ration, on ne saurait nier pourtant que les modifications de cet acte de séparation n'impriment de nouvelles mo- difications aux formes de la plante future ; de-là les va- riétes et les Lybrides. Ne sait-on pas d’ one que les bourgeons greffés sur une plante étrangère peuvent par ce seul transport se modifier de mille manières diffé- rentes ? Je dois rappeler de plus que la séparation n’a pas lieu immédiatement après le contact des granules de pollen avec les stigmates , et que par conséquent l'embryon peut ‘continuer à se développer dans l'ovaire jusqu’à une cer- taine proportion, développement que l’on peut suivre par des dissections successives, et dont il serait superflu de décrire ici la marche d'une manière trop mivutieuse. $ VIIL Germination. Mon travail m'eût paru incomplet, si je n'avais pas cherché dans la germination une contre-épreuve aux principes que je viens d'admettre, et si je ne m'étais pas assuré qu'il ne se forme alors aucun nouvel organe. A, J'ai parlé ( $ VI. A.) d’une enveloppe qui prenait son origine au-dessous du cotylédon lui-même, renfer- mait la radicule et venait s’insérer sur la partie anté- rieure de la cavité oùestlogél’emibryon. Richard a appélé cette poche radiculode ; et il regardait cet organe, je ne 20* ( 368 ) sais sur quel fondement, comme une simple bosse de la tigelle; il avait même établi sur sa présence ou son absence un caractère propre à distinguer les Monocoty- lédones des Dicotylédones. Quant à l'importance de ce caractère je renvoie aux Mémoires de MM. Mirbel et Richard, insérés dans les Ænnales du Muséum. J'ajouterai ici que la radicule, ou si l’on veut que lé cône radiculaire est organisé absolument comme la plu- mule ; et que par une coupe longitudinale on peut voir qu'il n’est comme cette dernière qu’un emboîtement de différentes feuilles encore à l’état rudimentaire. Le bord antérieur de la poche, qu’on nomme radiculode, se pro- longe quelquefois jusqu’à faire corps avec les bords du cotylédon , et à former à la plumule. un fourreau légè- rement perforé au sommet, ainsi qu'on le remarque sur l'embryon du Mays. Ne perdons pas de vue ces trois circonstances. B. Or, lorsqu'on met en contact avec l’eau une graine d’Avena sativa, espèce qui germe le plus vite (en 24 k. en été), l'eau pénétrant par le hile gonfle le périsperme, ét la végétation commence. Le péricarpe éprouve une pression de la part de la plumule et de la radicule qui commencent à végéter (pl. 14, fig 14), et on le voit s’exfolier et se rejeter sur les deux'côtés de l'embryon. Le tégument propre plus épais et moins sec se fend longitudinalement, et on voit paraître d’abord tantôt le cône inférieur et tantôt le cône supérieur ou plumule; ensuite tous les deux à la fois. La radiculode (pl. 14, fig. 14 f), organe qui appartenait à l’ancienne tige, est distendue par la radicule , organe intègre et qui tend en bas. Bientôt cette poche se fend pour laisser (g) sortir une radicelle. ( 309 ) Examinons maintenant les différentes formes sous les- quelles cette racine peut s'offrir. Si les feuilles emboîtées de la radicule { A) se déve- loppent dans leur intégrité, on aura un ‘chaume traçant sous terre, conformé comme le chaume aérien et pro- duisant des radicelles à chaque articulation, ainsi que cela s’observe sur le chaume traçant sur le sol. On pourra alors comparer la radicule et la plumule à deux porte- vues accolés par les deux objectifs et que l’on allongerait à la fois et en deux sens opposés. Si au contraire les nervures de la première feuille se développent à part, ainsi que nous avons vu les nervures des feuilles aé- riennes devenir axes ou arêtes ; de mème nous ver- rons ces nervures devenir radicelles, et dans ce cas, au lieu d’une seule radicelle, il en sortira plusieurs de Ja radiculode ( pl. 14, fig. 17 cecc); si le même phénomène se manifeste successivement sur les feuilles suivantes, la plante finira par offrir une foule de radicelles disposées en cercles concentriques , c’est-à-dire un riche chevelu. Enfin si les nervures de la première feuille seulement se détachent en radicelles, on verra sortir un chaume traçaut du milieu d’un cercle de radicelles : je donne ces faits non comme des conjectures, maïs comme des observations. Quant à la radiculode, ou elle sera d’une consistance propre à subir long-temps la pression de la radicule , et alors on la verra saillir en forme de poche au dehors : l’{vena, Triticum, Zea; ou bien elle cédera à la première pression de la radicule et se fendra avant de se distendre, et alors on n’en observera pas de traces : dans l’Echinaria et beaucoup d’autres graines de Gra- minées. C. Cependant la plumule s ‘allonge dans un sens op - ( 310 ) posé; la feuille parinerviée se fend et laisse sortir deux ou trois feuilles supérieures qui en général ne recèlent pas de bourgeon (S IF. ) et qui sont herbacées. Le chaume supérieur peut ou s'élever en droite ligne dans les airs, ou bien ramper sous la terre et fournir d’autres chaumes par ses bourgeons, ou bien enfin ramper sur la térre et pulluler de la même manière. D. De nouveaux organes semblent se présenter à la base de la feuille parinerviée. r°. On apercoïit quelque- fois à sa base une membrane que la plumule (pl. 14, fig. 14 d.) semble avoir percée en se développant ; M. Ri- chard Va nommée épiblaste, et elle a été prise pour un second cotylédon par MM. Turpin, Poiteau et Dutro- chet (Mëm. du Muséum. Ce prétendu organe ne se rencontre point sur toutes les graines des Graminées, et en nous rappelant l’organisation de la radiculode, nous nous assurerons que cette membrane n'est rien moins qu’un second cotylédon, et qu’elle aurait mème pu se passer d’un nom spécial.’ Car dans les Graines dont la radiculode (pl. 14, fig. 8 d.) se prolonge vers le haut de Ja plumule, ou forme une espèce de fourreau à cette dernière, la plu- mule en se développant rejettera sur la partie antérieure cette sommité inerte d’un organe qui a appartenu à une üge qui n’est plus ; cette sommité c'est l’épiblaste : on Ja voit bien sur l’Ævena, le Mays , le Triticum (pl. 14, fig. 14 d, fig. 17 e. ). Dans les graines au contraire dont la radiculode sera percée de bonne heure par la plu- mule et ne s’élèvera pas au-dessus de l'articulation, on n’apercevra point d'épiblaste à époque de la germina- tion, parce que les bords de la radiculode seront dis- tendus par Varticulation , et comme soudés avec elle. « ( 311 ) L'épiblaste n'est donc pas un organe mais un simpledébri. 2°, Au-dessous de la base de la feuille parinerviée, pa- raissent quelquefois deux ou trois tubercules alternes qui fournissent chacun une radicelle, laquelle sort d'une espèce de radiculode (pl. 14, fig 14 c.). Ces tubercules sont assez rapprochés les uns des autres pour avoir donné le change sur le point de leur origine. Mais si l’on considère que les articulations inférieures du chaume sont très-rapprochées, et que chaque articulation (pl. 13, fig. 4) a sa radicule spéciale, on ne verra dans ces tubercules que des radicules des articulations inférieures, qui, ayant à percer une portion de la radiculode, la poussent devant elles , et s’en forment comme une es- pèce d’étui. | E. Pendant que le cône radieulaire d’un côté et la plumule de l’autre continuent leur végétation, le coty- lédon dont l'élaboration, fournit à la fois à leur double développement, grossit de toute la longueur du péri- sperme qu’il déplace; et il s’oblitère quand il n’a plus rien à transmettre à la plante qui peut alors élaborer l'air par ses propres forces. On ne doit pas s'étonner que ce co- tylédon n'ait pas d'autre accroissement , tandis que les eo- tylédons des plantes dicotylédones en prennent souvent un si considérable. Le cotylédon dans les Graminées avait déjà eu son développement, il avait porté sa panicule qui a été frappée de mort après ou avant sa naïssance(K VII. A. ). Ce cotylédon est comparable à une tige coupée par la main de l’homme, tige qui finit par se dessécher jus- qu'à l’articulation voisine, et par s'oblitérer tout-à-fait ; car les organes des Végétaux ne peuvent que se développer et non segeproduire. F. 1°. Si l’on blesse profondément ce cotylédon dès (ua Ts les premiers instans de la végétation , la plante meurt. 2°, Si l’on enlève tont le périsperme, la plante ne meurt pas de suite, elle se conserve dans l’eau assez long- temps sans éprouver la moindre modification ; mais elle finit par périr même lorsqu'on la place dans un milieu capable de produire beaucoup d’acide carbonique; 3° si on n'enlève qu'une portion quoique considérable de périsperme, la plante continue à végéter, mais sous des formes très-gréles , et je ne pense pas qu’elle pousse bien loin son existence; 4° que l’on coupe au contraire la radicule ou la plumule, pourvu qu’on n'intéresse pas l'articulation qui les réunit, la plante se munira encore de l’un et de l’autre organe et continuera à végéter par ses bourgeons. Je puis donc conclure de tout ce paragraphe que la germination ne tend qu’à confirmer les faits contenus dans mon Mémoire, et que nul organe nouveau ne vient s’y développer. Je dois, avant de finir ,supplier les savans de ne point employer, pour combattre mes observations, l’analogie des Dicotylédones; car pour qu’une telle ana- logie füt une preuve, il faudrait que le point sur lequel elle repose füt évidemment établi, et non sujet à des con- troverses ; autrement ce serait réfuter des faits par une hypothèse. Jose cependant déclarer que les principes que j'ai établis sont de l’application la plus facile aux au- tres familles de végétaux, et que je me propose de le démontrer ultérieurement en m’appuyant sur l’observa- tion et l'expérience, sans le secours desquelles on ne doit jamais se permettre de rien avancer. CONCLUSIONS. 1°. L’embryon n'est qu'une sommité de râmeau que l’action du fluide des anthères a détaché du point de (: 3x3) ” son adhérence , et laissé renfermé dans une feuille in- férieure dont le tissu cellulaire, en s'injectant de fécule amylacée dans les Graminées, doit lui servir de pért-. sperme. 2°. Le style et les stigmates ne sont que le prolonge- ment resté à l’état rudimentaire , d’un chaume terminal. 3°. La nervure médiane détachée de la feuille pari- nerviée, et qui reste enfermée dans la feuille inférieure devenue périsperme, fournira à la plante les produits de la décomposition du périsperme , et remplira ici les fonctions d'un véritable cotylédon (S4VIIT. F.), ainsi que l'avait avancé l’illustre auteur du Genera plantarum. 4°. La fécondation dans les végétaux n’est qu’un iso- lement ; et la mort d'un végétal qui a produit ses fruits, n'est que le retranchement de la portion qui a fourni son développement intégral, de celle qui est restée à l’état rudimentaire. 5e, La graine du végétal existe également dans tous Jes bourgeons qui sont adossés contre une tige capable de fournir à leur développement ultérieur. 6°. En réunissant à la feuille parinerviée la nervure médiane qui s’en est détachée et qui devient cotylédon, on voit que toute la plante: peut se réduire à un cône ascendant , qui répond au caudex ascendens, et que je nomme plumule ascendante; à un cône descendant qui répond au caudex descendens , et que je nomme plumule descendante ; enfin à une articulation qui est le foyer et le centre de leur action et de leur existence. C’est là que le végétal doit être désormais étudié : hic Labor est. 7°. Enfin et par forme de corollaire, qu'il peut exister, dans les, végétaux , des familles qui , ne portant jamais ni fleurs ni graines, n’en soient pas moins de véritables . ( 314 ) végétaux, et n’en conservent pas moins les moyens de se reproduire, dans le sens que jusqu'ici on à attaché à tous ces mots , contre l’axiome de Linné : Omne vivum ex ovo ; per consequens et vegetabilia. (Phil. bot. 1763, pag. 92) Nomenclature et synonymie des organes décrits dans çe Mémoire. Embryon. Auteurs. Sommité rudimentaire de rameau. IVob. Nervure médiane détachée de la feuille parinerviée , en entraînant le tissu cellulaire qui se distend et s’é- Cotylédon. Juss. Hypoblaste où Extrémité du corps radicu- laire. Rich. , aissit, pour fournir à la plante le pro- Carnode. Cassini. Vitellus. Gaert. s4 : ts Ë 2 y B : duit de la décomposition du péri- sperme. Cotylédon. Rich. ———— Feuille parinerviée. Vob. Blaste. Rich. Plumule. Epiblaste. Rich. second Cotylé- Débri supérieur de la radiculode don. Poiteau , Turpin, . Du- e : L trochet (Mém. du Mus.), 9 PIUS Où moins saillant dans l'acte de Cassini (Journal de Phys, ) la germination. Radiculode. Rich. —— Radiculode..….. + Feuille inférieure à celle qui doit Péricarpe, Aut. FE 1€ s’injecter de périsperme. Tégument propre. Juss. 4 Feuille inférieure à. l'embryon, la- Episperme, Rich. quelle doit s’injecter de périsperme. Périsperme. Juss. Endosperme. Rich. { La même feuille tout-à-fait injectée. Tigelle. Rich. Articulation de la plumule et de la { radicule. ” Panicule à l’état rudimentaire, ou prolongement de la nervure du co- tylédon, ou de celle de la feuille infé- Style et Stigmates. rieure. Action du fluide des anthères qui s { tend à séparer une sommité rudimen- Ééspudatiore, Autre taire de rameau, d’avec la tige infé- rieure. ( 315 ) N. B. La graine des Graminées est toujours un akène, et le péricarpe ne parait quelquefois adhérer au tégument propre qu’en vertu de la tension exercée par le péri- sperme. À l'état frais on peut toujours le détacher ; et à l’état sec, on n’a besoin que de laisser séjourner la graine plus ou moins long-temps dans l’eau, pour enlever le péricarpe sans aucune trace d’adhérence. Le célèbre an- teur de l’Ænalyse du fruit avait établi au contraire que le fruit des Graminées était presque toujours une ca- ryopse, c'est-à-dire un fruit dont le péricarpe fait tel= lement corps avec le tégument propre, qu'ils semblent ne former entre eux qu’une seule enveloppe. Explication des Planches. | - IV. B. Toutes les figures sont plus ou moins grossies dans les deux planches. Planche 13. Fig. 1. Fleur ou bâle d’une Jocuste de Bromus (a) ; paillette parinerviée ou supérieure , (b) paillette imparinerviée ou inférieure , (e) pédon: cule de la fleur ayortée (d), partant de la base de Ja paillette pari- nerviée (a). (f)Ovaire dont l’embryon (k) est représenté longitudima- lemert coupé pour laisser voir les emboîtemens des feuilles qu'il recèle. Fig. 2, Coupe longitudirale d'une graine d’Ævena sativa, L. (a) plu- mule, (b) péricarpe , (c) cotylédon, (d) débri de la radiculode que M. Richard a nommé épiblaste , (e) radiculode, (f) racine première qui en sort par une fente longitudinaie et variable (g) , (4) péris- perme qui, d’après nos observations, n’est que le tégument propre injecté de substance amylacée, (i) péricarpe. | Fig. 3. Cotylédon, (a) nervure médiane et herbacée qui aboutit au sommet (e), (b) tissu cellulaire du cotylédon. Pig. 4. Coupe longitudinale d’une fraction du chaume tracant sous terre, (a) chaume, (b) bourgeon où plumule caulinaire, (c) cône radiculaire , (4) nervure médiane de la bractée (e) inférieure au bourgeon (b). ( 316) Fig. 5. Dissection idéale d’une graine en germination, destinée à dé- montrer les rapports d'identité des trois espèces de bourgeons ; celui de la Jocuste fig. 1, le caulinaire fig. 4, et celui de la graine. (a) cotylédon M ond à (c) fig. 1. - à (a) fig. 4 ; (b) feuille pari- nerviée correspond, à (a fig. 1) et à la première feuille du bourgeon (b fig. 4); () tégument propre ou périsperme correspond. à (b fig. 1 et à ed fig. 4), (c) péricarpe représentant ici une seconde feuille in- férieure qui alternerait avec ( f fig. 1), et avec (e fig. 4); (d) feuilles de la plumule emboîtées et qui sont mises à nu par une coupe lon- gitudinale correspond. à l'ovaire, fig. 1, et à la plumule (b fig. 4); (e) épiblaste, (f) radiculode, (A) portion du péricarpe qui s’exfolie sur les deux côtés, (3) radicelle principale. * Fig. 6. Locuste fertile, à une seule fleur. Fig. 7. Locuste vivipare propre à démontrer le mécanisme par lequel une locuste ordinairement fertile passe à cet état ; les mêmes lettres marquent les mêmes organes dans leurs deux états ; (fig. 6e) pédon- cule avorté ou florifère qui, restant sous la forme d’une nervure agglutinée à la paillette parinerviée (d), forme la bractée (ed fig. 7) dans la locuste vivipare. Fig. 8, 9, 10. Insertion des étamines entre les écailles. Fig. 11. Écailles et anthères agglutinées dans le jeune Âge des Pani- cum, Paspalum et de tous les genres à écailles impressionnées au sommet ; (d) représente les deux impressions que l’on remarque au . sommet de ces écailles, impressions qui peuvent varier de forme. Fig. 12. Étamines des ri ÆAlopecurus ; enfin de tous les genres sans écailles; la base des filamens en est très-dilatée. Fig. 13. Appareil des écailles et étamines trouvé dans _une locuste d’un Oryza sativa à V'état frais. L Fig. 14. Écailles adhérentes aux filamens des étamines, trouvées dans le Tripsacum dactyloides, L., à l'état frais. Y Fig. 15. Étamine avortée, le filament (b) est traversé de deux con- ducteurs qui arrivent aux deux lobes des anthères (aa). Fig. 16. Arête de lAira canescens, L. Fig. 17. Paillette inférieure de V_Aira cæspitosa, L. «4 jeune, (a) plus avancée en âge. Fig. :7 bis. Paillette supérieure de l’Ævena subspicata à quatre ner- vures , et un pédoncule avorté (a). Fig. 18. Ovaire du Festuca diandra, Mich., dont le péricarpe est tra- versé de-trois nervures saillantes qui se réunissent en un cône car- tilagineux au sommet (b). Fig. 19. Ovaire du Dactylis hispanica, L. (317) Fig. 20. Ovaire du /Vardus stricta ; le style en est simple. Fig. 21. Ovaire avorté de l’Holcus spicatus , L. (a) Cavité sèche for- mée par le péricarpe, (b) cône des feuilles emboîtées dont la su- périeure n’est pas devenue périsperme, et dont l’inférieure n’a pas fourni par sa nervure médiane un cotylédon. Fig. 22. Ovaire de Bromus ouvert, avant la fécondation, en deux moiliés, pour laisser voir l'embryon qui adhère au point de Pinser- tion des stigmates (a), et que l’on retrouve toujours ensuite, mais * sous différentes formes dans Ja cavité (ce) ; le cône (b) est le-cône radiculaire te Fig. 23. Embryon plus avancé en âge, (a) rudiment de cotylédon qui commence à se détacher, (4) plumule, (c) cône radiculaire. Fig. 24. Ovaire d’Aordeum avant la fécondation , l’étui du conducteur ÿ est mis à découvert. Fig. 25. Ovaire pris quelque temps après la fécondation, l'embryon n’adhère plus, (a) cotylédon, (b) plumule, (c) cône radiculaire, Fig. 26. Embryon encore plus avancé, (abc) mêmes organes que dans le précédent. Fig. 27. Paillelte parinerviée des Agrostis, etc. Fig. 28. Fibrille stigmatique , vue à une assez forte lentille. Planche 14. Fig. 1. Ovaire de Zea maïs plus avancé que l'ovaire de la fig. 7, mais pourtant non encore fécondé. Fig. 2. Coupe verticale de cet ovaire (fig. 1) a, embryon adhérent fortement à cette époque, (b) deux exfoliations formées par la partie antérieure du péricarpe et du tégument propre, (c) périsperme commencant à se former, et aflectant une forme aplatie par la . pression qu’exercent sur Ja graine les feuilles spathiformes qui re- couvrent l’épi femelle de Zea; (d) un: des styles qui, aprés avoir erré dans la substance du péricarpe qu’ils soulévent , viennent se réunir sur le sommet (à) de l'embryon, (c) péricarpe soulevé et non adhérent au tégament propre. Fig. 3. Fragment antérieur du péricarpe , destiné à laisser voir Ja marche des deux styles qui, après s’être séparés au sortir du sommet de l'embryon (a) , s’éloignent l’un de l'autre, se rapprochent en (b), et se réunissent en (c), pour, former un seul style. Fig. 4. Embryon mûr, détaché mécaniquement de la graine du Zea maïs , (a) sommet de l'embryon, (4) base du cylindre formé par la plumule et la radicule , (c) point que la plumule a légèrement per- foré avant la germination , (d) partie postérieure de l'embryon. ( 348 } Fig. 5. Coupe verticale d’une graine de Zea maïs non encore saturée de périsperme, (a) partie antérieure à laquelle adhérait embryon avant la fécondation, et à laquelle il reste agglutiné après cette époyue; (b) style, (ce) cavité dans laquelle est logé l'embryon, et qui est formée par la feuilie inférieure qui doit s’injecter de périsperme , (d) péricarpe ou feuille inférieure à celle qui doit s'injécter de pé- Lisperme. Fig. 6. Coupe verticale de la même graine plus avancée, (a) partie antérieure à laquelle adhère lembryon, (b) style, (c) cavité qui di- minue à mesure que la substance de la feuille inférieure s’injecte de périsperme , (d) péricarpe qui commence à être distendu par la dilatation de la feuille (e) qui s'injecte de périsperme, (e) périsperme; on foit des lacunes à la base, parec que le périsperme commence toujours par se former vers Le sommet. Fig. 7. Ovaire extraordinairement jeune de Zea mais, (a) mesure de sa PRET réelle, (a) les deux styles partent de la base (ec) soule- vant la substance du péricarpe dont ils s’enveloppent , et qu’ils poussent devant eux v jusqu'à ce qu'ils aient acquis la longueur de la fig. 1. Fig. 8. Coupe verticale de l'embryon de Zea maïs, (a) sornmet de la plumule , (b) cotylédon, (c) articulation, (d) prolongement de la radiculode, dont le sommet en se rejetant en arrière a été pris pour un orgaue particulier que Richard a nommé épiblaste, et M. Turpin second cotylédon, (e) radicule organisée comme la plumule. Fig. 9. Tranche verticale du même, (a) plumule, (b) radicule, (c) vaisseau du cotylédon ou nervure médiane détachée de la feuille parinerviée, (d) vaisseau de la radiculode qui passait par-dessous la radicule, pour venir s’insérer sur la nervure médiane de la feuille inférieure qui s’est injectée de périsperme. Fig. 10. Coupe transversale du même ,. faite au point où la nervure médiane (a) n’esl pas encore Aéparée 4 deux ‘autres nervures (bb) ? (c) plumule , (d).portion de ja radiculode. Fig. 11. Coupe transversale du même, faite au-dessus du point où 1# nervure médiane (a) s’est détachée des deux autres nervures pour passer là médiane dans le cotylédon (a), et les deux autres dans la feuille parinerviée qui entoure la plumule (2), (c\ portion de la radiculode. Fig. 12. Embryon d’Avena sativa, tiré de da graine avant ln germi- ‘nation, (a) cotylédon, (b) radicule et plumule encore enfermées par le péricarpe et le tégument propre ; (c) fragment dun péri- carpe. C9) Fig: 13. (a) Cotylédon de la graine d’ÆAvena en germination, (b) ra- diculode, (c) empreinte que la plumule à laissée sur la base du ce- ” tÿlédon, semblable à l'empreinte que le bourgeon laisse sur la base du chaëie. Fig. 14: (a) Cotylédon d’une graine d’Ævena sativa en germination , (b) plumule commençant à pousser , (f) radiculode qui se fend pour laisser sortir la radicule (g), (c) radicules latérales alternes Qui partent quelquefois des articulations inférieures de da plu- mule , (d) prétendu organe nommé épiblaste par Ztichard ; il a quel: quefois ua plus grand volume. f Fig. 15. Ovaire de Zea , dont on a enlevé le péricarpe (a), pour laisser voir l’'éminence (b) formée par la substance du tégument propre (c), que soulevait embryon, et sur le sommet de laquelle éminence adhérait le style. Fig. 16. Ovaire de Bromus encore jeune, (a) péricarpe épais et her- bacé qu’on enlève facilement du tégument propre, qui alors est blanc et distendu par le périsperme. La nervure médiane du pé- ricarpe se trouve en (b) dans le sillon même de la graine. Fig. 17. (a) Plumule, (b) cotylédon , (c) radicelles qui sortent quel- quefois en grand nombre de la radiculode (4), (e) épiblaste ( 4vena sativa. ) Nomcr sur l'Encornet des Pécheurs (Loligo pisca- torum, N.) Par M. De LA PyLare, (Bu à l'Institut, le 31 janvier 1825.) C£r animal qui se trouve désigné dans quelques ou- vrages sous le nom vulgaire de Liancornet, n’est appelé que par celui d'Encornet aux colonies françaises de Saint- ” Pierre et de Miclon , situées auprès de l’île Terre-Neuve. Il présenté comme tous ses coordinaux, les Céphalopodes, une organisation bizarre et très-exclusivé, qu'il associe à dés mœurs curieuses dont les détails sont encore peu ( 320 ) connus des naturalistes , et ce mollusque l'emporte en outre sur tous les animaux de la famille à laquelle il ap- partient, par les avantages que l’homme peut en retirer. Dans l'espèce qui nous occupe, de même que chez ses congénères, le corps se trouve composé ou revêtu d’un manteau charnu, de forme cylindrique, d’une texture solide , épais et qui se termine en pointe à son extrémité inférieure. Comme il se dilate vers sa partie supérieure, où il finit en se tronquant transversalement, il ressemble assez bien à un cornct ou un étui, duquel sort la tête seule de l’animal. L’on voit ainsi que le nom vulgaire d'En- cornet résulte autant de sa propre structure que celui de Calmar, qui dérive, selon M. Cuvier , de Theca Ca- lamaria (Ecritoire ), parce qu'il renferme de l'encre et que sa coquille représente la plume(Règne Animal, vol. 2, p. 364). Les mouvemens de ce mollusque sont progressifs ou rétrogrades comme chez la plupart des Cancriformes : l’on trouverait même un peu d’aflinité avec eux par deux espèces de bras plus allongés que les autres ; mais ces bras sortent tous à la fois de l’extrémité supérieure du corps, et entourent la bouche ; quand l’animal les étale , ils s’ou- vrent en étoile ou mieux en forme dé roue. Et tandis que l’Encornet nous rappelle la nombreuse famille des oi- seaux par un véritable bec corné, il diffère, si je ne me trompe, de tous les autres ordres de la zoologie par la position de celui-ci sur le sommet de la tête. Tous ces membres que nous venons d’indiquer con- sistent en huit pieds charnus et deux bras moitié plus longs, de mème nature , formant dix fouets de la plus grandeÿsouplesse, que l'Encornet lance sur sa proie. Ils la rapportent, tout aussitôt qu'elle est saisie, sur sa ( Aas>) bouche, où la tenant étroitement embrassée de toutes parts, elle y reste fixée tout le temps qu’il met à la dé- vorer. Mais la vatüre lui a donné les moyens de l’y main- tenir , sans exiger une continuité d'efforts, parce que les huit pieds, ainsi que la partie supérieure des deux bras, présentent une multitude de ventouses cupuliformes, qui restent appliquées au gré du mollusque, de la manière la plus intime sur la proie qu'il a saisie. Le peu de largeur de la bouche, ou plutôt du bec de l'Encornet, nous annonce qu'il ne peut vivre que d’ani- maux petits : il mange particulièrement, selon les habi- tans de Ja côte sud de Terre-Neuve, les Radiaires mo- lasses, les Méduses qu’ils nomment Marmoues, et c'est dans ce cas qu’il emploie avec le plus grand avantage les ventouses dont ses pieds et ses bras sont munis, car cer-, tainement ces masses glissantes et fragiles lui échappe- raient ou se rompraient en morceaux, s’il venait à les étreindre avec force : il vit aussi de poissons. On l’a trouvé dans des filets tendus pour la pêche du Hareng, tenant étroitement enlacés des individus de cette espèce, dont il dévorait le corps avec son bec. Il poursuit également les bandes de Capelans (Gadus luscus L.), et coupe en deux le corps de ces petits poissons. L’on trouve tant de tron- çons de ceux-ci rejetés à la côte, qu’on serait tenté de croire qu'il y aurait une autipathie certaine entre ces animaux. ' L'on ne peut statuer positivement sur la longueuf de la vie de l’Encornet; mais il me parait assez probable, d'après l'observation de M. Kuec, chirurgien-major de la colonie de Saint-Pierre et de celle de Miclon, que l'existence de ce mollusque ne se prolonge point au-delà de la belle saison. M, Fuec que nous venons de citer a Tome IV. 21 CSS? remarqué, au moment de l'apparition des Encornets sur le banc de Terre-Neuve, que ceux-ci étaient petite et à peine de la moitié de la grandeur qu'ils atteignent à la fin de l’automne , où on ne les trouve que cà et là re- jetés à la côte; qu’en outre leur couleur très-päle ou blanchätre devenait d’un rosé purpurescent lorsqu'ils avaient atteint l’âge adulte. Les Encornetsque j'ai observés à l'ile Saint-Pierre au moment de leur arrivée, étäient également blanchâtres ; seulement longs d’un décimètre et demi en totalité, tandis que ceux qu’on rencontrait en automne , le long de la plage, avaient le double de ces proportions et étaient d’une couleur rosacée plus ou moins grisâtre. Il ne me paraîtrait pas alors invraisem- blable de les assimiler à cette multitude d'animaux d’un autre ordre, dont la vie s'achève à l’époque où leur dé- veloppement complet les a mis en état de se reproduire. Cette présomption se trouve appuyée par le phénomène dé ces troupes entières ou bancs d'Encornets, languis- sans ou expirés, que la mer amoncelle simultanément au fond des golfes. M. Fuec les a vus entassés jusqu’à la hauteur d’un homme sur les sables qui sont au fond de la baie Saint-Main , près du hâvre Saint-Antoine, dans la partie nord de Terre-Neuve ; et il n’y a point d'année que leurs légions ne viennent de même s’échouer sur la côte : ce sont les chasseurs qui les découvrent. Mais l’on ne pourra se faire d'idée de la quantité prodigieuse de ces moltusques, qu’en songeant au nombre qu'il en faut pour joncher le rivage sur une étendue de 2 à 300 taises de longueur. Cette mortalité simultanée nous prouve, si je ne me trompe, l'existence éphémère de ces animaux. Moœurs et qualités de l’Encornet. Les troupes ou bancs de cet animal nous offrent l'i- mage d’une agitation continuelle , qui fournit le spectacle + 323 ) le plus curieux pour l'observateur placé sur un bateau, au milieu de ces mollusques, lorsqu'ils se tiennent à la superficie des eaux : les uns montent, d’autres descen- dent; les autres, immobiles de corps, n’agitent que leurs tentacules, tandis que d’autres courent en tous sens . traversant la masse avec une étonnante vélocité. Quand l'Encornet se divertit, selon le langage des pêcheurs, il se tient étendu horizontalément sur la mer, qu'il bat en la frappant avec les deux côtés de la membrane sagitti- forme qui garnit son extrémité inférieure, ce qu’il opère en se renversant alternativement de droite à gauche, et parfois encore il plonge celle-ci, pour devenir perpen- diculaire, n'ayant plus que la tête seule à fleur d’eau. Il tient alors ses pieds et bras ou tentacules, étalés en roue , et lance à diverses reprises de petits jets d’eau de la grosseur du doigt, à la manière des Soufileurs. Mais les mouvemens rétrogrades de ces animaux sont les plus vifs, en ce qu’ils sont favorisés par la forme du corps ter- miné en pointe : celui-ci représente même assez bien um javelot, dans son ensemble , étant muni à son extrémité de deux membranes latérales qui le font ressembler au fer de la flèche ou d’une lance. L'Encornet au moindre bruit, ou s’il aperçoit son en- nemi, se trouve saisi de frayeur, et c’est un trait qui part comme l'éclair. Ses huit pieds et ses deux bras étalés en roue, selon sa coutume, ont frappé de toute leur force , à la manière d’un ressort qui se débande, la masse d’eau qui était devant lui , et dans l’élan qu'il a pris, il traverse une étendue considérable avec une extrème vitesse , tenant ses pieds et bras réunis derrière lui en un fais- ceau serré, afin d'offrir au liquide déplacé par son volume le moins possible de surface, 21* (34) Ce mollusque a en outre l’avantage de dérober sa fuite par le voile épais qu'il laisse derrière lui, en troublant l'eau par l'émission de sa liqueur noire; mais quand il ne peut plus se soustraire à de nouveaux dangers, il re- jette tout ce qui lui est possible de cette substance, puis reste immobile au milieu de ce nuage protecteur qui le rend invisible, et détermine ainsi ses ennemis à l’aban- donner. L’Encornet n’a donc, pour veiller à sa conservation , que la promptitude de sa fuite et cette liqueur noire, car son bec est trop court pour pouvoir le défendre : son corps, de même que ses membres tous charnus, ne trou- vent point l'abri d'aucune enveloppe testacée. Aussi, chaque fois qu'il craint pour sa vie, recourt -il de suite à ses armes ordinaires. Quand on prend l’Encornet à la main, il vous l’en- veloppe et la serre avec ses tentacules, cherchant à vous mordre avec son bec qui pourrait pénétrer même assez avant dans la chair ; mais l’on sé dégage avec facilité. Si l'on a saisi l'animal sans précaution , il vous inonde aus- sitôt le visage d’abord avec l’eau qu'il contenait, puis avec sa liqueur noire, qui, si elle atteint les yeux, cause la douleur la ‘plus vive. L’eau de mer qu'il rejette ainsi forme un jet de la grosseur du petit doigt, qui parvient jusqu’à trois pieds de distance, auquel succèdent une ou deux émissions semblables de cette liqueur noire dont nous venons de parler. Ces matières sont alors lan- cées plus vigoureusement que quand l'Encornet s'amuse, et sortent avec le même bruit que s’il les expulsait en soufllant avec force. Étant jetés dans le bateau où on les amoncelle, les Encornets s’agitent encore quelque temps et viennent ( 325 ) saisir avec leurs bras et pieds les bottes des pêcheurs aux- quelles ils restent adhérens jusqu’à ce qu'ils aient entiè- rement cessé de vivre. Mais ils ont bientôt mis en usage el consommé tous leurs moyens de défense, et dès qu'ils ont rejeté toute l’eau qu'ils contenaient, et leur encre ensuite, ils restent anéantis et ne tardent pas d’expirer, comme si cette substance était le principe de leur force vitale. | Le noir d'Encornet est très-pénétrant et caustique. Je ne peux micux faire connaître ses propriétés qu'en rap- portant la réponse de divers pêcheurs que j'ai question- nés à ce sujet : « Quand nous ôtons de nos lignes les Encornets qui viennent s'y prendre, nous évitons le plus possible , en les tournant convenablement, qu'ils puissent jeter sur nous leur encre, car nos habits en seraient ta- chés, et cette matière est si mordante que dans la saison où l’Encornet donne, c’est-à-dire abonde, étant obligés de le couper par morceaux pour en faire de la bouëte(r), nous avons la peau de nos mains mangée jusqu'au vif: la cuison qui en résulte est aussi forte que si nous étions brûlés. D’après cette qualité corrosive et la douleur ex- trême que nous éprouvons quand elle nous atteint Jes yeux, il est certain que nous aurions bientôt perdu la vue, si nous négligions de nous laver aussitôt. » Les troupes d'Encornets ne font que courir cà et là. Vous en preniez ici tout à l'heure en quantité ; tout-à- coup il vous manque et il faut le poursuivre avec votre chaloupe ; mais s’il a disparu, en s’enfonçant sous les eaux, vous n'êtes averti de sa direction que par le mn D (1) On appelle ici bouète toute espèce d’appat avec lequel amorce le poisson, ( 320 ) succès continu de la pêche de vos voisins. Ce mollusque aime les journées les plus chaudes et les plus calmes de l'été; c’est alors qu'on en prend le plus. Quoique ses bancs se tiennent en général à des profondeurs très-iné- gales, l’on à remarqué qu’il venait davantage à la sur- face de la mer lorsque le temps devait changer; et si l’on voit alors les Encornets vivement agiter l’eau dans les eux où ils se trouvent , et la lancer par jets qui s'élèvent même à 2 et 3 pieds de hauteur, vous avez la certitude d’avoir de la pluie le lendemain. Les habitans des îles Saint-Pierre et Miclon , ainsi que les pêcheurs, font paraître l’Encornet sur leurs tables ; mais ce n’est que comme variété ou par caprice de la part des premiers : on l'y présente en friture, ou à la sauce blanche, ou bien coupé par tranches. Il est préférable surtout lorsqu'il est farci. Sa chair , qui est très-blanche, est toujours coriace et ne fournit qu'un mets lourd. C’est elle qui est l'appat le plus estimé pour la pêche de la Mo- rué, parce que c’est de cette espèce d'animal qu'elle se montre le plus avide. Quand l’Encornet manque, l’on y supplée par des tronçons de Hareng ou de Maquereau . selon les circonstances. Arrivée et péche de l’Encornet. L'’Encornet arrive tous les ans à Saint-Pierre au mois de juillet; on ne le voit qu’en août au port aux Basques et sur quelques autres points de la partie méridionale de Terre-Neuve, que les habitans de nos deux petites co- lonies nomment la Grande-Terre. Mais ce n'est plus qu’en septembre qu'il paraît à la baie Saint-Georges si- tuée à l'extrémité sud de la côte occidentale de Terre- Neuve : l’on en-prend encore quelquefois à Bonne-Baie , ( 327 30 lieues plus au nord, à peu près à la même époque; puis il manque complètement au-delà, selon les pêcheurs. Un phénomène digne de remarque est la fixité des époques auxquelles l’Encornetarrive tous les ans dansles lieux qu'il fréquente : rarement il se trouve en retard de huit à dix jours. Jamais il ne change de parages, se, rendant constamment dans les mêmes endroits ; etcomme il n'habite point non plus indistinctement toute la côte par légion, il n'y a que certaines localités, certains hà- vres autour de l'ile de Terre-Neuve, où l’on puisse le trouver en abondance. Pour peu que l’on franchisse ses limites , à peine peut-on en rencontrer un seul, selon le rapport des marins. Les localités qu'il affec- tionne particulièrement, sont par exemple : sur la côte ouest de Terre-Neuve, le port aux Basques , le Tou et quelquefois la baie de la Poële ; l’on n’en trouve plus ensuite que d’isolés et bien rarement sur tout le reste du rivage. Cependant rien n’annonce extérieurement que ces autres localités dussent être choisies d’une. ma- nière si particulière par ce Mollusque. L'on eu rencontre également sur le banc de ne, Neuve, mais il y manque souvent : il en est ainsi de la plage occidentale de l'ile de Miclon, où il n’est jamais fort abondant. Dans la rade de l'ile Saint-Pierre au contraire, il s'a- moncelle presque tous les ans et même jamais il n’y man- que totalement : aussi l’y vient-on pècher de Miclon; puis des baies de Fortune, de Plaisance, de celle des Burins, en un mot de toute la partie orientale de la côte sud de Terre-Neuve, où il ne se porte jamais quoique fort voisine. | La pêche de l’Ençornet n’exige, pour loute amorce, ( 328 ) qu'un corps brillant dans l’eau. L'on fait en conséquence une espèce de petit fuseau en plomb , qu’on suspend par une extrémité à la ligne, et qui a son extrémité opposée garnie tout autour d’épingles recourbées en crochet de bas en haut. L’on nomme turlut ce petit instrument qui est long d’un décimètre au plus. Les Basques en ont été les inventeurs en 1783, et s’en sont servis les premiers à l'ile Saint-Pierre comme appât pour l’Encornet : c’est ce qui leur a donné un grand avantage sur tous Îles autres pêcheurs, auxquels ils ont tenu caché bien soigneusement leur secret, le plus long-temps possible. Quant à l’u- sage de l’Encornet pour prendre la Morue, c’est une vieille femme française, née à la Baie-de-Plaisance, qui est la première qui l’ait employé comme appât, ayant jugé que la Morue devait en être très-friande puisqu'elle en trouvait dans l'estomac du plus grand nombre. Aucun pêcheur avant elle n’avait tenu compte de cette observa- tion journalière. Pour prendre l’Encornet, il ne suflit que de descendre le turlut au milieu de ses innombrables légions. L’éclat de ce petit fuseau en plomb qu’on a soin de tenir le mieux poli possible, est aperçu par ces animaux, lesquels af- fluent de toute part pour voir ce corps étrange qui brille au milieu de leur élément. En le retirant un moment après, l’on enlève plusieurs Encornets à la fois, qui se sont accrochés au verticille d’épingles recourbées, soit par le corps ou par leurs tentacules. Comme cet animal parait extrèmement curieux, lon peut amener ses légions à la surface des eaux par le moyen le plus simple, même lorsqu'elles sont par cinq ou six brasses de profondeur. Il suffit de descendre le turjut au milieu d'elles et de l’élever successivement en ( 329 ) retirant la corde. Les Encornets poursuivent ce corps bril- lant, remontent et viennent jusque sur l’eau, où il n’y a plus qu’à les prendre avec la main. Quand l'Encornet abonde , un homme peut en prendre 1,200 par heure, mais il faut se borner à la quantité dont on peut avoir besoin pour pècher pen- dant deux à trois jours, car il ne peut se conserver da- vantage. Putréfié, ‘son odeur est insupportable par sa fétidité. Lorsque l’Encornet est rare , il faut recourir à des corps qui brillent plus dans l’eau que le plomb, quelque soin que l’on mette à gratter celui-ci pour le rendre le plus éclatant possible , en enlevant l’oxide qui se forme à sa surface. L’on a substitué quelquefois avantageusement des turluts d'argent à celui de plomb , mais l’on préfère encore à ce moyen une petite bouteille de verre que l’on remplit de mercure. Quelquefois ce mollusque se ren- contre dans différens golfes autour de l'ile Saint-Pierre mais c’est toujours dans la rade qu'il afflue de préférence, peut-être en raison de ses deux entrées, et sa pèche est négligée sur les autres points. La pêche de ce mollusque se fait toujours dans le plus morne silence , surtout lorsqu'il est à fleur d’eau. J’ai vu la rade de l'ile Saint-Pierre remplie de chaloupes françaises etanglaises, sans entendre une seule parole des gens d’équi- page. Les bâtimens anglais seuls se trouvaient au nombre de 300 ou davantage; les habitans de notre colonie en avaient au moins un nombre égal, de manière que le port entier n'avait l'aspect que d’une forêt. Comme c’est du succès de cette pèche que dépend celle de la Morue, les navires ne tirent jamais le canon soir et matin, ni mème le jour de la fête du roi, le 25 août, si la pêche - ( 330 ) dure encore à cette époque, afin de ne pas efrayer l’Encornet et le faire fuir ces parages. C’est avec l’Encornet qu’on complète et termine la pêche de la Morue, à laquelle neuf à dix mille Français sont oceupés tous les ans. L'on a fait la remarque que dès que les troupes de Capelans arrivent autour de Terre-Neuve, la Morue, selon l'expression des pècheurs , ne veut plus manger que de ce petit poisson, et refuse entièrement la chair de Ja Coque, Aya Arenaria , avec laquelle on commence la pèche. Il faut par conséquent ne plus lui présenter que du Capelan, lequel vient ordinairement vers] le milieu de juin, Cette période de la pêche finit au mois de juillet, où paraissent les Encornets sur lesqueis se déchaîne de nouveau toute la voracité de la Morue d'ure manière non moins exclusive ; et comme ce serait en vain qu’on lui présenterait alors toute autre espèce d’appät , il faut faire la meilleure provision possible d'En- cornets afin de continuer la pêche jusqu’à la fin de sep- iembre, époque où elle se termine. Description de l'Encornet des pécheurs (Loligo Piscatorum. ) Loligo corpore cylindrico subæqualt punctis fusco-purpuras- : centibus crebris adsperso ; inque dorso medio lineam obscur riorem formantibus : capitis parte occipitali, dorsique cutis externæ in parte media, acuminata : oculis ellypticis, su- pernè macula fuscescente instructis : cruribus , corpore et bra- chits, dimidio brevioribus : scyphulis adhærentibus , per am- bitus dimidium tantum denticulatis : pinna gemina basiliari latè cordato-acuta. La longueur totale de l'animal est de 53 centimètres, depuis l'extrémité de ses deux bras jusqu’à celle de la parte inférieure du corps. Celui-ci est cylindrique , gros ( 33r ) transversalement de 6 centimètres, et revêtu d’un man- teau, en forme d’étui cylindrique qui se resserre en pointe postérieurement, où il se trouve garni de deux nageoires molles, solides, assez épaisses, mais amincies vers leurs bords. Leur ensemble représente assez exac- tement la forme d’un cœur très-évasé latéralement, dont le diamètre est de 13 centimètres et qui se termine in- férieurement en pointe , ainsi que le corps. Ces nageoires sont de la nature et de la consistance du manteau, éga- lement lisses et parsemées d’une multitude de points arrondis ou comme ocellés , inégaux , d’une couleur pour- prée rembrunie ; mais ils sont plus uniformes sur le dos, où ils deviennent en outre irréguliers et serrés de ma- nière à former une bande très-rembrunie , qui se pro- longe même un peu sur la partie supérieure des nageoires, Le corps constitue une espèce d’étui cylindrique dont la longueur égale celle de la tête depuis sa base jusqu’à l'extrémité de deux grands bras; il est assez flexible quoi- qu'il renferme un osselet mince, cartilagineux , qui sé rend d’un bout à l’autre et se sent, par la pression, dans toute sa longueur. # La tête trouve la facilité de se mouvoir à volonté et de s'incliner en avant, en arrière ou de chaque côté, l’extrémité supérieure du manteau n'étant pas exactement remplie par le corps. Le bord du manteau se trouve coupé droit transversalément, excepté du côté qui ré- pond à la région occipitale où il s’avance un peu en pointe. Le col est comme nul; il se réduit à la contraction par laquelle le haut du tronc se joint à la tête; celle-ci est courte , large de 4 centimètres sur 3 et demi de lon- gueur, un peu aplatie en dessus, où elle offre deux ta- (332) ches rembrunies de chaque côté en dessus des yeux, les- quels sont un peu allongés, assez grands, à peine saillans. Is ont leur prunelle noire et entourée d’un petit cordon blanchâtre qui se trouve en dedans d'un cercle étroit et d’un bleu noirûtre. Le reste de l’orbite, qui est d’un blanc nacré , ne se découvre qu'antérieurement, parce que leur ouverture est transversale, afin de faciliter l'extension des pieds par la dilatation de la paupière supérieure. Le sommet de la tête présente hnit pieds et deux bras placés circulairement autour de la bouche; ils sont un peu anguleux étant comprimés latéralement , arrondis en dehors et plats sur leur face interne, laquelle porte seule les suçoirs. Les pieds ainsi que les bras vont en s'amineissant vers leur extrémité supérieure qui se ter- mine en pointe. Îl règne toujours un ordre symétrique dans la distribution de-ces pieds , par lequel les deux de dessus et ceux du dessous de la tête, qui sont contigus, sont les plus petits ; le suivant de chaque côté est plus long que ceux-ci et plus épais à sa base. Ces derniers sont séparés des deux bras par un autre pied qui tient le mi- lieu entre les proportions des quatre petits et des deux intermédiaires. Ces huit pieds sont garnis dans toute leur longueur de suçoirs cupuliformes, mais les deux bras n’en offrent que dans leur extrémité supérieure : du reste ils sont plus menus que les huit pieds et mème de moitié plus à leur orifice, d’un tiers plus longs que ceux-ci , et d’une grosseur à peu près égale jusqu’à la partie qui porte les suçoirs, laquelle est un peu renflée en forme de massue allongée. Les suçoirs consistent en capsules larges de 2 à 4 mil- limètres, dont le bord est garni, sur la moitié seulement de la circonférence , de petites dents circulaires d’un as- ( 333) pect argenté dont la pointe est un peu rentrante en de- dans. Tantot ces denticules se trouvent latéralement, ou tantôt du côté du sommet des pieds ou des bras : en général elles n’ont point de position fixe. Ces capsules sont d’une nature ferme et cartilagineuse , Juoïque irès- minces, portées sur un pied court , toujours excentrique et placé vers leur partie intérieure. Les pieds et les bras étant tous réunis ensemble inté- rieurement forment l'étoile lorsque l’animal les tient étalés : ils adhèrent entre eux par une membrane qui se prolonge ordinairement en sept pointes en devant. Les deux bras sont placés un peu plus en arrière, et d’après leur adhérence à la membrane qui se trouve décurrente en dessous de son bord, il est très-facile de reconnaître qu'ils ne peuvent agir pour ainsi dire qu’en avant et fort peu se rapporter en arrière, parallèlement au corps, ainsi que cela se voit dans le Calmar ordinaire. * Un bourrelet charnu, circulaire, large de 8 millimè- tres et couvert de papilles très-obtuses, s’élève au centre de la membrane dont nous venons de parler ; il entoure immédiatement le bec corné qui constitue la bouche, et le recouvre à la volonté de l'animal. Ce bec est fort tran- chant, mince, dans une position inverse de celui des oiseaux, du noir le plus intense, composé de deux man- dibules qui sont d’une consistance très-ferme. La supé- rieure en s’abaissant se trouve reçue dans l’inférieure qui se recourbe en crochets de bas en haut. Dans l’état or- dinaire , la pointe seule excède le niveau du bourrelet qui l’entoure. Il y a une très-grande analogie dans la forme de ce bec et celui des congénères de cet animal, avec celui du perroquet; il tranche vivement par sa cou- ( 334 ) leur du noir le plus intense , avec la teinte blanchätre de toutes les parties voisines. Si l’on ne considérait la tête qu'avec tous ses pieds et les deux bras allongés dans la direction du eorps, l'on n’hésiterait pas à croire la bouche de F'Encornet située dans le sillon courbé en arc qui se trouve en dessous, à l'endroit même où la bouche existe dans la conforma- tion ordinaire des animaux. Il serait mème d'autant plus naturel de lv supposer, qu'on rencontre en cet endroit une valvule ou soupape qui vient clore une cavité dans laquelle on croirait trouver l'orifice de l’œsophage, mais qui n’aboutit nulle part. Au reste c’est par cette valvule elle-même que l’Encornet vivant lance avec force toute l’eau et la liqueur noïre que son corps renferme inté- rieurement. Peut-être sert-elle encore à quelques au- tres évacuations. J'ai rencontré parmi les Calmars de l'Amérique sep- tentrionale décrits par le Sueur , une espèce qu’il nomme Loligo illecebrosa, qui me paraît assez analogue à celle que je viens de décrire; mais celui-ci diflère du nôtre par la partie ‘postérieure de sa tète qui se coupe trans- versalement en ligne droite , au lieu de former à sa partie moyenne une pointe correspondante à celle qui est au sommet du manteau. Il en diffère encore par ses nageoi- res dont le bord supérieur est coupé d’une manière plus rectiligne ; en outre ses deux bras se trouvent plus grêles. Ce Calmar sert également d’amorce ou d'appât aux pè- cheurs de la baie de Saude ( Saudy ), pour prendre la Morue. Il reste maintenant à consteter , sur nombre d’indivi- dus, si ce sont deux espèces distmctes, ou plutôt, conime (335) je le présume, deux modifications du type qui constitue l'espèce proprement dite. Ayant décrit et figuré ce Lo- ligo en 1816, je suis le premier naturaliste qui s’en soit occupé ; le Sueur ne l’a publié qu'en 1827. EXPLICATION DE LA PLANCHE 16. Fig: 1. Loligo piscatorum vu en dessus. — Fig. 2. Le même vu en des- sous. — Fig. 3. Le sommet de la tête ayant les pieds et les bras ctalés en étoile, afin de découvrir le bec corné qui forme la bouche. — Fig. 4. Portion dé l’animal vue en dessous pour faire voir la valvule par le sommet de Jaquelle sort la liqueur noire, et que l’on a abais- sée pour découvrir une cavité demi-circulaire qui forme un cul-de- sac, et qu’on pourrait prendre pour la bouche au premier abord. — À. Une des ventouses ou sucoirs, vue latéralement. = B. La même, vue de face, afin de Medégét lorifice par lequel l'air est mfiré —C. Le cristalin. — D. Le même grossi. Norice sur un Însecte hyménoptère , de la fariille des Diploptères, connu dans quelques parties du Brésil | et du Paraguay , sous le nom de LecnecuanA , et récoltant du miel ; Par M. LaTRkicee. Lue à l’Académie royale des Sciences. D'après nos connaissances sur les habitudes des in- sectes , les abeilles semblaient jusqu'à ce jour posséder exclusivement la faculté de recueillir le miel et de le con- server dans des alvéoles. Cette opinion me paraissait mème tellement fondée que quoiqu’un observateur, dont la vé- racité et l'exactitude ne peuvent étre révoquées en doute, don Félix d'Azzara , nous eût dit, dans la relation de ses voyages dans l'Amérique méridionale , que certaines gué- pes de ces contrées faisaient du miel, j'avais pensé avec M. Walckenaer (Traduct. de ces voyages, t. 1, pag. 165) que ce Voyageur, peu versé en entomologie, s'était mé- ( 336 ) pris à l'égard de ces insectes , et qu'on devait les ranger, soit avec les Wélipones, soit avec les T'rigones, hyménop- tères analogues sous ce rapport à nos Abeilles et aux Bourdons. ( Voyez le Recueil d'Observations et de Zoo- logie et d’Anat. comparées de MM. Alexandre de Hum- boldt et Aimé Bonpland , et la seconde édition du Dict. d’hist. natur., article Mélipone. ) Cependant les faits re- cueillis par M. deSaint-Hilaire, dans son voyage au Brésil, au sujet de l’une de ces guèpes , celle que d’Azzara nomme Lecheguana, prouvent incontestablement que cet auteur avait bien jugé les rapports naturels de cet insecte, et que des espèces de guêpes de l'Amérique méridionale, en employant pour la construction de leurs nids les mè- mes matériaux et essentiellement le même genre d’ar- chitecture que les nôtres, destinent néanmoins une partie de leurs gâteaux à recevoir un miel excellent , ayant plus de consistance que celui des Abeilles, et dont M. de Saint- Hilaire nous a donné une quantité suflisante pour en con- naître la nature. Au premier examen des gâteaux apportés par ce savant botaniste, je n’ai pas hésité à reconnaître mon erreur et à déclarer que l’insecte qui les avait construits devait ap- partenir à ma sous-famille des guépiaires et se rapprocher des Guépes cartonnières et autres espèces composant aujourd’hui mon genre Poliste. Cet hyménoptère est aussi désigné sous le nom de Lecheguana dans la belle collec- tion zoologique formée au Brésil par M. de Saint-Hilaire, collection d’autant plus précieuse pour le Muséum d’his- toire naturelle, qu’elle offre un très-grand nombre d’es- pèces recueillies dans des provinces qui n'avaient pas été explorées. J'ai eu la facilité d'en étudier les carac- ières. Le résultat de cet examen a été que l’insecte était réellement de ce genre, et qu'il n’était pas indiqué ou (337) décrit dans les auteurs systématiques. D’autres natura- listes ou voyageurs, antérieurs à d’Azzara , tels que Pison, Marcgrave, Hernandez , étc.; em ont-ils fait mention? c’est ce qui est plus problématique. En comparant les descriptions que fait d'Azzara des guèpiers construits par les insectes qu’il appelle Lechéguana et Camuatis, avec ce que le dernier, dans son Histoire naturelle de la Nou- velle-Espagne, liv: 9, page 133, nous dit de deux es- pèces d’Abeilles , dont il figure les nids sous les noms de Micatzonteco; Mirmiaoatl et Fzaxalagmitl, figures que j'ai. reproduites dans mon Mémoire sur les Abeilles de l'Amérique (Rec. d'Observat, et de Zoolog. et d'Anat, comp. de MM. de Humboldt et Bonpland), j'ai lieu de soupçonner. que ces insecles sont identiques ou peu dif- férens.. La première de ces ruches serait celle de la guèpe Lecheguana. L'abeiïlle, dont, selon Marcgrave, le miel est appelé Aitshaara, er dont la ruche longue d’une demi- aune , et formée d’une espèce de papier grossier , est sus- pendue à des arbrisseaux où à des petits arbres , pourrait hien encore ne pas différer de l’insécte précédent: Les observations que m'a communiquées, à l'égard dexcelui- * ci, M. de Saint-Hilaire, concordent assez bien -âvec celles de Marcgrave. . Les sociétés de nos Guëpes indigènes finissent aux ap- proches de l'hiver ; mais il est probable qu’il n’en est.pas ainsi de celles des Guèpes propres à des pays dont la température atmosphérique est beaucoup plus-élevée, et où cette saison n'est tout au plus distincte que par le repos de la végétation ou moinsd'’activité dans ses dévelop- pemens. C’est peut-être pour mettre à profit ce luxe de végétation qui caracterise les contrées équatoriales ou avoi- sinant les tropiques, et, pour se précautionner contre Tome IV. an ( 338 ) les temps de disettes, que ces Guêpes recueillent du miel. Celle que les Brasiliens appellent Zecheguana se rap- proche beaucoup, ainsi que j'en ai prévenu plus haut, de la Guépe cartonnière de Réaumur, que Fabricius place avec les Guëêpes proprement dites ; en la désignant sous le nomde Vidulans (System. piezatorum, pag. 266), et que j'avais d’abord séparée dans un genre propre, celui d'Epipone (Epipona). Mais il est évident que l’épis- tome ou le chaperon et les organes masticatoires de cet insecte, sont les mêmes que ceux des Polistes, et qu'il doit être rapporté à cette première division du genre que j'ai caractérisé ainsi : ( Genera crustaceorum et insecto- rum, T.IV, p.141): metathorax postice et abdomen antice abrupte truncata ; hoc brevissime pediculato ; illius seg- mento antico in pediculum elongatum non angustato. Les formes de ces parties sont communes tant aux (ruêépes proprement dites ou à celles de notre genre Vespa ; qu'à plusieurs Guèpes solitaires. Voilà pourquoi Fabricius, ne consultant que ces analogies, a confondu générique- ment ces hyménoptères. Ses Guèpes sericea et scutellaris paraissent avoir une grande 'aflinité avec notre Poliste lecheguana ; maïs la première s’en éloigne par la couleur de l’écusson, et la seconde par celle des pieds. Les mandibules de ce poliste sont terminées par quatre dents , dont les trois supérieures très-aïignës, diminuant peu à peu de grandeur, et dont la quatrième ou l'infé- rieure comme tronquée est échancrée. Le thorax est plus fortement tronqué à son extrémité postérieure que dans d’autres espèces de la même division ; la nidulans no- tamment, de manière que l’écusson , en forme de carré transversal , un peu échancré où concave au milieu de son bord postérieur , s’avance um peu au-delà du méta- (359) , thorax, et qu’une portion supérieure de la base de l’ab- domen peut s'appliquer contre lui. Le second anneau de cette partie du corps étant fort grand et pouvant re- cevoir les suivans, elle se présente sous une forme pres- que globuleuse, mais se terminant en pointe. Ce n'est qu’en entrant dans ces moindres détails de formes, que l’on pourra distinguer rigoureusement et sans équivoque les espèces très-nombreuses du genre Vespa de Linné. En admettant la division exposée ci-dessus, les carac- tères spécifiques dû Pozrisre LecHecuana, Polistes leche- guana , deviennent très-simples et peuvent être exprimés ainsi : Corps noir , un peu soyeux, ponctué ; écusson avancé; tête, thorax et pieds sans taches ; métathorax unidenté de chaque côté; bord postérieur des cinq premiers an- neaux de l’abdomen jaune ; ailes supérieures enfumées à leur base. Corpore TUSTO , subsericeo , punctato, scutello pro- minulo ; capile , thorace pedibusque immaculatis ; me- thathorace utrinque unidentato ; abdominis segmentis qunque primis posterius flavo marginatis ; alis superis basi obscuro-flavida. L’abdomen est plus luisant et plus finement ponctué que les autres parties du corps. Le jaune qui borde pos- térieurement ses cinq premiers anneaux tire un peu vers l'orangé. Les deux dents du méthatorax sont formées par le prolongement de ses angies postérieurs. Le duvet soyeux est généralement obscur : mais sur les côtés infé- rieurs du mésothorax et près des angles du métathorax, il est un peu luisant et semble y former des espèces de taches. | Je n'ai vu que des individus neutres. La longueur du 22* . ( 540 ) corps est d'environ huit millimètres. M. Langsdorff m'’a- vait envoyé cet insecte, mais sans indication particulière, Rezarion d'un empoisonnement causé par le miel de la guépe Lecheguanu ; (Extrait, ): Par M. Aucusre DE Sarnr-Hrrarme. Lue à l’Académie des Sciences. Axsrore, Pline et Dioscoride ont assuré qu’en un certain temps de l’année le miel des contrées voisines du Caucase rendait insensés ceux qui en mangeaient , et Xénophon raconte qu'aux approches de Trébizonde , des soldats de l’armée des dix mulle furent très-incommodés pour avoir goûté à du miel qu’ils trouvèrent dans la campagne. Ces récits ont été confirmés par plusieurs modernes, par le P. Lambert, par Tournefort, surtout par Guldenstædt, le compagnon de Pallas, et ces voya- geurs ont reconnu que c'étaient les fleurs de l’Æzalea Pontica , et peut-être aussi celles du Rhododendrum Pon- ticum, qui communiquaient au miel de la Mingrelie des propriétés délétères. Ce n’est pas seulement dans l’Asie-Mineure que l’on a trouvé du miel d’une qualité dangereuse. Seringe ra- conte l’histoire de deux pâtres suisses qui furent victimes d’un affreux empoisonnement, causé par du miel que le Bourdon commun avait sucé sur les Æconitum napellus et Lycoctonum. Celui que les Abeilles de la Pensylvanie, de la Caroline méridionale, de la Géorgie et des deux Florides, recueillent sur les Kalmia angustifolia , lati- folia et hirsuta, et sur l'Andromeda mariana , cause souvent, selon Benjamin Smith Barton, des maux d’es- (34 ) tomac, des vertiges et du délire. Enfin Azzara rapporte que le miel de deux espèces d’Abeiïlles communes au Pa- raguay, occasione l'ivresse la plus complète, des con- vulsions et de violentes douleurs. L Malgré tant d’autorités réunies, de nos jours encore plusieurs écrivains ont traité de fabuleux les récits de l'historien des dix mille; mais si ces récits avaient besoin d’une confirmation nouvelle, on la trouverait, dans un événement qui est arrivé à M. Auguste de Saint-Hilaire pendant le cours de ses voyages. Après avoir suivi long-temps les. bords du Hi de-la- Plata et ceux de l’Uruguay, il était arrivé dans un vaste désert, uniquement peuplé par des jaguars et d'immenses troupeaux de jumens sauvages, de cerfs et d’autruches. Obligé de rester quelques jours sur les bords du Rio- de-Santa-Anna, en attendant un guide qui devait lui être envoyé de fort loin, il profitait de ce séjour pour.aller faire de longues herborisations. dans la campagne. Dans l’une de ces excursions, à] vit un guêpier qui était suspendu, à environ un pied de terre, à J’une des branches d’un petit arbrisseau, et qui avait une forme à peu près ovale , de la grosseur de la tête, une couleur grise, et une consistance cartacée comme les guëpiers d'Europe. Deux hommes qui l’'accompagnaient , un soldat et un chasseur , détruisirent le guêpier,.et ils en tirèrent le miel. M. de Saint-Hilaire mangea environ deux cuil- lerées de ce miel; le soldat et le chasseur en goûütèrent également , et tous s’accordèrent à.le trouver d’une dou- ceur agréable, et absolument exempt de ‘cette! saveur pharmaceutique qu'a si souvent celui de nos abeilles. M. de Saint-Hilaire éprouva bientôt une douleur d’es- tomac plus incommode que vive, il se coucha sous sa charrette et s’endormit. À son réveil il se trouva d'une C4) telle faiblesse, qu'il lui fut impossible de faire plus de cinquante pas; il retourna sous la charrette , et sentit son visage baigné de larmes, auxquelles succéda un rire convulsif qui se prolongea quelques instans. Sur ces entrefaites arriva son chasseur , qui Jui dit d’un air égaré, que depuis une demi-heure il errait dans la campagne, sans savoir où il allait. Cet homme s’assit sous la charrette à côté de son maître, et ce fut alors que commença pour celui-ci l’agonie la plus cruelle. Il ne ressentait point de grandes douleurs, mais il était tombé dans le dernier affaiblissement , et éprouvait toutes les angoisses de la mort ; un nüage épais obscurcit ses yeux, et il ne lui fut plus possible de distinguer que les traits de ses gens et l’azur du ciel. Il demanda de l’eau tiède, et s'étant apercu que toutes les fois qu'il en avalait le nuage qui lui couvrait les yeux s'élevait ponr quelques instans , il se mit à boire presque sans interruption. Cependant le chasseur se leva tout-à-coup , déchira ses vêtemens, les jeta loin de lui, prit un fusil, le fit partir, et se mit à courir dans la campagne, en criant que tout était en feu autour de lui. Le soldat, qui avait pris sa part du miel vénéneux, avait commencé par être fort malade; maïs comme il avait vomi très-promptement , il avait bientôt repris des forces. Il s’en faut cependant qu’il fût entièrement ré- tabli ; après avoir donné pendant quelque temps des soins à M. de Saint-Hilaire , il monta tout-à-coup à cheval , se mit à galopper dans la campagne; mais bientôt il tomba, et quelques heures après on le trouva profondément en- dormi dans l’endroit même où il s’était laissé tomber. Cependant l’eau chaude dont M. de Saint-Hilaire avait bu nne quantité prodigieuse, finit par produire l'effet qu'il en avait espéré, et il vomit avec beaucoup de k- ( 343 ) quide une partie des alimens et du miel qu'il avait pris le matin. Alors il commença à se sentir soulagé, il put distinguer sa charrette, les pâturages et les arbres voi- sins ; il indiqua à ses gens où ils trouveraient un vomitif; il le prit en trois portions, et après avoir rendu la troi- sième , il se trouva dans son état naturel. À peu près dans le mème moment la raison revint tout-à-coup au chasseur, et il prit de nouveaux vête- mens. Le lendemain M. de Saint-Hilaire était encore un peu faible ; le soldat se plaignait d’être sourd d’une oreille ; le chasseur assura qu'il n'avait point encore recouvré ses forces, et que tout son corps lui paraissait enduit d’une matière gluante. M. de Saint-Hilaire, s'étant remis en route, dit à ses gens qu’il serait bien aise d’avoir quelques guëpes de l'espèce qui produit le miel dont il avait failli être la vic- time. Bientôt il aperçut un guëpier absolument semblable à celui de la veille, et ce guèpier fut reconnu par lui, et par toutes les personnes de la suite, pour appartenir également à la guëpe appelée dans le pays Lecheguana. Malgré ce qui était arrivé le jour précédent, quelques Indiens qui accompagnaient M. de Saint-Hilaire eurent limprudence de manger le miel de ce dernier guépier, mais ils furent assez heureux pour n’en point être in- commodés. 4 Aussitôt que M. de Saint-Hilaire fut sorti du désert où il était alors, et qu'il entra dans la province des Mis- sions , il interrogea beaucoup de gens sur le miel du Le- cheguana. Tous, Portugais , Guaranis, Espagnols , s’ac- cordèrent à lui dire que le miel de la guèpe Lecheguana n'était pas toujours dangereux , mais que, lorsqu'il in- commodait , il occasionait une sorte d'ivresse et de délire (344) dont on ne se délivrait que par des vomissemens, et qui allait quelquefois jusqu’à donner la mort. is On lui assura que l’on connaissait parfaitement laplante sur laquelle la guèpe Lecheguana va souvent ‘sucer: un miel empoisonné , mais comme on ne la lui montra pas, il se trouva malheureusement réduit à former de simples conjectures. Sur la nouvelle famille de plantes fondée sur le genre Tamarix ; Par M. Desvaux. D’après la communication que nous avions faite à la classe des sciences de l’Institut de France, de l’établis- sement d’une famille de plantes sous la dénomination de Tamariscunées , on a cru devoir adopter la création de ce groupe naturel, et bien que ce. travail soit fait depuis plus de huit ans.(r),, il n’a pas encore été publié, nous croyons donc utile de faire connaître en détail le résultat de nos observations, en y joignant la mono- graphie de cette petite famille de végétaux. Le savant Gærtner ayant prouvé, par l'analyse, que le genre, Tamarix avait les graines dépourvues d’albumen, dès-lors , quel que soit le rapport de la: capsule de ce genre avec celle du T'elephium, près duquel il étaitplacé, il n'est plus possible de le ranger parmi les Portula- cées ; d’ailleurs le dernier de ces genres, ainsi que noùs nous en:sommes assurés , offre un albumen très-déve- loppé (1) Cette famille de plantes a été proposée en 1815, et le travail lu à l'Institut. (345 ) -Ayant eu occasion d'étudier une série d'espèces nou- velles où peu connues , que l’on peut grouper de ma- nière à former deux genres distincts, nous avons cru par- là pouvoir donner encore plus de consistance à la fa- ruille des Tamariscinées , dont voici le caractère : « Calice libre, profondément divisé , rarement tubu- » leux à sa base, et à divisions imbriquées ; 5 pétales C4 4 (rarement 4), saillans hors du calice et marcescens, Ë fixés à la base du calice; 4,5 ou 10 étamines un peu réunies à la base ou monadelphes; ovaire simple , tri- » gone; style séssile, à 3 sillons ou 3 styles ; fruit cap- sulaire , trigone, trivalve, uniloculaire , polysperme ; y C2 4 » graine aigrettée , à aigrette simple ou composée , fixée » au haut ou au bas des valves ». Dans un Mémoire présenté à l’Institut, M. Auguste de Saint-Hilaire propose de placer le Tamarix dans les Lythraires , en faisant pressentir qu'il peut donner lieu à l'établissement d’une famille particulière , d’après la comparaison qu'il annonce avoir faite des deux espèces généralement connues. Les différences des fleurs de ces deux arbustes nous étaient bien connues, et depuis un grand nombre d’an- nées, nous avions tracé leurs caractères respectifs. Les doutes de M. Auguste de Saint-Hilaire nous engagèrent alors à étudier ce groupe avec un nouveau soin. … Quels que soient les rapports que l’on trouve entre le genre T'amarix et les Lythraires, il est certain qu’il,en diffère par plusieurs points essentiels. Le calice paraitbien un peu tubuleux vers la base, dans le Tamarix d’Alle- magne, ainsi que dans les Lythraires, mais dans quatre espèces congénères , nous avons observé que les divisions (0846) du calice se prolongent presque jusque vers la base: L'insertion des étamines, placées au bas du calice, dans le Tamarix , ne ressemblent point à celles des Lythrai- res, qui ont les filets adnés au calice. De plus, il n’y a point, dans le Tamarix, le placentaire (ou placenta) central que l’on trouve dans le ZLythrum, et les graines, qui sont appendiculées, sont fixées au milieu ou au bas des valves. à Les différences entre les Tamariscinées et les Lythrai- res sont d’une plus grande importance que les rapports qu’elles peuvent avoir, si l’on en excepte l'absence de l’albumen dans les deux familles. Lorsque l’on ne connaissait que deux espèces de Ta- marix, il eût peut-être été inconvenant de constituer une famille de plantes sur deux espèces; mais comme, d’après les observations qui suivent, on trouve une réu- nion de quatorze espèces, qui peuvent être divisées en deux genres , il n’est plus aussi extraordinaire d'établir la famille que nous proposons. Nous n’ignorons pas que ces sortes de créations doi- vent être faites avec une prudente circonspéction , parce que de fausses considérations entravent les progrès de la science , et d’un autre côté il faut éviter l’établissement d’une famille, sur chaque genre de plantes, qui n’a pu ou ne pourrait être classé, parce que l'on multiplierait, au détriment de la science, le nombre des familles. C’est après nous être bien pénétrés de principes aussi utiles, que nous croyons cependant nécessaire de conserver distincte la famille des Tamariscinées. Ces créations ne sont pas toujours une addition au nombre de celles con- nues, parce qu'il n'y a pas de doute que plusieurs de celles que l’on a proposées, ne sont pas établies sur des (347) bases solides, et que même quelques-unes de celles an- ciennement établies doivent être réduites : par exemple ce n’est que par une sorte de préjugé de l’école que l’on a fait trois familles dans les Composées, qui n’en for- ment qu'un seule, très-naturelle , bien loin d’en faire quinze à vingt, comme on le propose aujourd'hui. S'il est une circonstance où l’on puisse proposer l’éta- blissement d’une nouvelle famille de plantes, c’est celle où un genre bien connu dans tous ses détails d’organi- sation , est prouvé cependant n'avoir aucun rapport pro- noncé avec une desfamilles de plantes déjà établie, et c'est ce qui a lieu, au moins nous le pensons, pour le genre T'amarix ; surtout lorsque le genre, tel que nous le supposons , est susceptible de former, ainsi que le Tamarix, divers genres. Au surplus c’est aux botanistes à peser la valeur des caractères que nous avons signalés, car c’est l’assentiment général et non l'opinion particu- lière qui fait règle. * Dans Je genre Tamarix se trouvent réunies neuf es- ces. Le second genre, qui en est détaché, n’est composé jusqu’à présent, d’après nos recherches, que de cinq espèces, et nous le désignons par le nom de Myricarra, mot par lequel Camerarius signalait le Tamarix ger- manica. Nous soupçonnons d’après des fragmens incom- plets, vus dans les herbiers , qu’il sera possible d'élever encore le nombre des espèces plus que nous ne l'avons fait. Si ce ne sont pas des espèces telles que l’on peut s’en faire l’idée, ce sont au moins des modifications qui peuvent être énumérées, et dont les caractères sont aussi mafqués que dans un grand nombre de végétaux que l’on est convenu d'élever au rang d'espèces, bien (:348 ) que des observations plus réfléchies puissent plus tard les replacer dans l’ordre des variations. TAMARISCINEÆ. | : Calix'inferus, profundè partitus , rariüs basi tuba. losus : lacinüis subrmmbricatis. Petala 5, interdüm 4, exserta ;marcescentia , basicalycisadfixa. Siamina 5-10, rarissimè 4 , monadelpha aut tantum. basi coalita. Ova- rium iSuperum , simplex, triangulare. Stylus sessilis, tri- sulcus ; aut styli 3. Fructus capsularis , trigonus ;; :tri- valvis , unilocularis ;polyspermus. Semina apice papposa aut unisetosa , imis aut sæpiüs mediis valvarum basi affixa. Embryo erectus absque :albumine. Æerbæ , fru- tices aut arbusculæ ferè Juniperi facie ; ‘folia alterna quandoque squamiformia aut vaginantia. Flores brac- teolati, spicati : spicis simplicibus aut paniculatis. TAMARIX. Calix 4-5 partitus , persistens : Jlaciniis subimbricatis. Petala 4-5. Stamina 4-5 , quandoquè 10 basi !coalitæ Styli 3, elongati: divaricau. Stigmata subspathulata , glandulosa. Semina basi valvarum aflixa subunisetosa. Flores spicati, spicis paniculatim dispositis. 1. T. Garuca, L. (Tamariscus Varbonensis , Lobel.— 7°. gallicus, AI. — T. pentandra , Moench: Lam. — 2. gallica, 4 WiHd), foliis glaberrimis amplexicaulibus, subremotis, minutis,, adpressis, acutis ; spicis gracilibus, lateralibus; floribus sublaxis, 5-andris ; petalis mi- nutis , patentibus. Habitat in Galliâ, Europeñque australi. (v. v.) 3. T.'Armcawa; Poir. Voy: (7. gallica y Wild!) Foliis glaberrimis amplexicaulibus, imbricatis, adpressis, minultissimis, subaristulatis ; spicis crassis, densis; floribus 5-andris ; petalis magnis patentissimis. Crescit in Barbariæ arenosis inque Galliâ australi. (v.s.) 3. T. Cawescews, Nob. ( 7. pentandra, var. Pall. FI. Ross. 2, p. 52 ( 349 ) 79 B. — 7”. gallica £ Wild.) Fois caulibusque tomentoso-incanis, Habitat in desertibus salsuginosis maris Caspici. (v. s.) : TT. Parrasir, Nob. (T''pentandra;, Pall. Fl: Ross. 2, p:72:50 M.) — T. gallica, Pall. FI. Ross. 2, p. 72: excel. syn! Bieberst.) Koliis glabris subéarinatis, acutis, imbricatis ; spicis' subcrassis ; floribus 5-andris'; stylis brévibus. Habitat in salsis Rossiæs ( vs.) s 5.T. Caixewsis, Lour. Flor. Coch. Ramulis autäntibus; foliis minu- tissinris } acutis, adpressis ,\distantibusspicis linearibus elongatis, te- nuioribus ; petalis eréctis; staminibus: 5. Habitat in. provincid Can- toniensi Sarre 6. T. l'erranprA ; Päll. F T'.gallica Habt. Taur. p.105: ) Foliisä im- bricatis ; acutis, glabris ,;!lanceolatis;"spicis gracilibus, lateralibus, nec’pamiculatim dispositis; floribus subsparsis ; calycibus quadripar- titis ; pétalis stañinibasque quaternatis. Æubitat in! Persià inque de- sérto ‘inter Astrachaet Kisljär et in Taurià: (v.1s.) : l ei 7. T. Soncarica , Pall. Caule humili ; foliis oblongis, carnosis!, ob: tusis , triquetris ; floribus decandris (8-andrisve) axillaribus, confertis, subspicatis. Aabitat in Sibiriâ salsuginosis Songariæ. 8. T. Passeriwoïnes, Raf. Delile, Flor. Aeg., p.58. Caulibus ramis- que cinereis, diffusis; foliis canescentibus , remotis, divaricatis, semi- amplexicaulibus, brevibus, latis, subtriangularibus. Habitat in Arabi4 inque Egyptiæ aridis (v. s. flores non vidi.) ; 9-"T. Orrewrauis, Forsk (T°. aegyptiaca arbor ; G: Bauh. Pinax 48.— Thuya aphylla, L. Sp. pl. excel, syn. — T. articulata, Vah]. Wild, — Atlë arabum Sonnini Voy., vol. 2, p. 4,t.0, fig. 2.) Caule ramisque cine- reis; foliis subovatis, vaginablibus , apicé subacuminatis; spicis laterali- bus, elongatis, gracilibus ; floribus laxis 5-andris. Habitat in Arabi4. MYRICARIA: Calix 5-partitus aut 5-fidus. Petala 5. Stamina 10, filamentis basi coalitis , 5 majoribus. Stylus sessilis. Stis- mata 3 capitata. Semina papposa, valvis aflixa. Flores spicati, spicis terminalibus. ; 1. M. GenwanicA. (T'amarix germanica ,L. — Tamariscus germanica, Lob. Scop. AN.— 7’. decandrus, Liamk. — Tamarix décandra, Moench - non Pal. 7. germanica a Wild). Folüis brevibns acutis , subimbri- catis ; floribus pedunculatis ; capsulis ascendentibus. Cresgit in Ger- maniæ Galliæque locis inundatis. (v. v.) | 2. M. LaneaniroziA ( 7°. germanica, Pal, F1. Ross. 2, p. 73. Bieberst. don Linn.— 7”. decandra, Pall. I. c. t, 80. A.) Folïis lineari-lanceolatis, - basi attenuatis; bracteis subspathæformibus ; spicis laxis basi quan- ( 350 ) doquè ramosis ; capsulis nutantibus. Æabitat in salsis Dauriæ. (v- s.) 3. M. Hersacra. (7°. germanica herbacea, Pall. FI. Ross. p. 93, t. 73. —T. decandra, Pall. 1. c. t. 80 B.—T'.germanica £ Wild.) Cauleher- baceo ; radice perenni ; foliis linearibus ; spicis simplicibus; fleribus minutis sessilibus ; capsulis descendentibus. Habitat ad mare Cas- picum. - | 4. M: VaciwatTA, Nob. (T'amariscus madraspatanus cupressi facie, Petiv. mus. cent. 6 et 7, n° 681?) Caule fruticoso , ramis erectis, sub- adpressis; foliis brevissimis , vaginantibus, adpressis, acuminatis ; floribus sessilibus. Æabitat in Indià Orientali (v. 5.) 5. M.Squawosa, Nob. Frutescens; foliis subulatis oblongis, carinatis, laxé imbriçatis; spicis lateralibus, sparsis, brevibus, crassis, sessilibus, basi squamosis ; squamis imbricatis, obtusis (fuscis); bracteis colo- ratis (albis) ; floribus densis , breviter pcedunculatis. Habitat in Oriente? (v.s.) Recarrcaes microscopiques sur le Porren, et considé- rations sur la génération des Plantes ; Par M. Gurcremin. (Extrait d’un Mémoire lu à l’Acad. des Sciences, le 21 mars 1825.) Le perfectionnement des instrumens d'optique, per- fectionnement auquel MM. Amici et Selligue ont tant contribué, a fait sentir à plusieurs naturalistes la né- cessité de vérifier et d'étendre les observations faites anciennement avec des instrumens moins parfaits. M. Guillemin a appliqué l'excellent microscope de M. Selligue (1) à l’étude du Pollen; ses observations ont confirmé et éclairei les découvertes de Gleichen, de Nedham , de M. de Mirbel ; elles ont été plus nom- breuses et ont fourni des résultats importans pour la méthode naturelle; elles le conduiront à donner à la botanique une monographie complète de cet organe, (1) Voyez la description de cetinstrument, et la manière de s’en servir, dans les Annales des Sciences Naturelles, tom. 3, p. 345. ( S5a) dont les modifications n'avaient été étudiées que d’une manière trop isolée. M. Guillemin s’est assuré que les grains de Pollen étaient toujours parfaitement libres dans l’anthère, et qu'ils n’adhéraient' jamais aux parois et aux filamens qui traversent ses loges ; quant à ces grains eux-mêmes , il distingue deux principales modifications dans leur structure : tantôt ces globules sont lisses non visqueux, tantôt ils sont recouverts d’une couche d’une substance visqueuse que Kœhlreuter paraît avoir prise pour une membrane externe ; les Pollens visqueux pré- sentent toujours à la surface des globules des éminen- ces ou coniques , ou ailongées ( papillæ) , ou arrondies et déprimées (mamiilæ ) , qui paraissent être les organes sécréteurs du fluide qui recouvre les grains de Pollen, opinion déjà émise vaguement par M. R. Brown; l’exis- tence toujours simultanée de ces éminences et de la substance visqueuse , observée par M. Guïllemin dans un grand nombre de Pollens , met cette opinion hors de doute. L Cette distinction des Pollens en visqueux et non visqueux paraît la plus importante; vient ensuite Ja forme des éminences sécrétoires dans les Pollens vis- queux, qui les fait distinguer en Pollen mamillaire et en Pollen papillaire ; enfin la forme générale des grains de Pollen. Cette forme varie beaucoup ; cependant elle peut presque toujours se rapporter à la forme ellipsoïde ou sphérique ; la forme cylindrique , droite ou courbe, ne paraît être qu'une modification dé la première ; les diverses formes polyédriques et triangulaires sont des variétés de la seconde, Un des faits les plus intéressans du Mémoire de M. Guillemin est l’identité de forme qu’il a observée dans les grains de Pollen de toutes les plantes d’un même (352) genre, d'une même famille lorsqu'elle est bien natu- relle , et même souvent de deux familles voisines: Il résulterait aussi de ses observations que le Pollen des monocotylédones est toujours un: ellipsoïde plus où moins allongé, le plus souvent lisse, quelquefois papil- laire ( Amaryllidées ). Cette forme se représente aussi fréquemment parmi les dicotylédones ; mais les formes sphéroïdales qui sont si communes dans cette classe, né paraissent pas exister parmi les monocotylédones. M. Guillemin a examiné les divers phénomènes que présente la déhiscence du Pollen, et il s’est assuré que cette déhiscence est instantanée dans les Pollens lisses et non visqueux, tandis qu'elle n'a lieu qu’au bout de quelque temps dans les Pollens visqueux, que cet enduit mét pendant un certain tempsà l'abri du contact de l’eau. Dans les Pollens lisses on remarque une sorte de suture par laquelle paraît se faire la déhiscence , mais . dont on ne voit rien sortir. K Dans les Pollens visqueux la membrane se rompt irré- gulièrement, et il s'échappe par cette ouverture, comme cela a été bien observé depuis long-temps, un fluide qui ne se mêle pas à l’eau , et qui renferme une infinité de globules très -ténus. M. Guillemin a bien observé le mouvement spontané de ces globules pen- dant quelques momens après l'émission du fluide, mais il n’a pu vérifier le mode d’adhérence du Pollen sur le stigmate , phénomène qu'Amici annonce avoir observé. Néanmoins l'ensemble de ces observations conduit l’auteur à regarder les globules que renferment les grains de Pollen comme analogues aux Animalcules spermatiques, et comme l’origine de l'embryon végétal. w, ' (353) OnsERvATIONS sur quelques systèmes de la formation Oolitique du nord-ouest de la France , et particuliè- rement sur une Oolite à Fougères, de Mamers >. dans ” Îe département de la Sarthe ; Par M. Desnoyers. = (Mémoire lu à la Société Philomatique, en mars 1825.) * Les empreintes de plantes de la famille des Fougères ont été, jusqu’à ces derniers temps, regardées comme ap- partenant en propre, et même presque Fe HMS aux dépôts charbonneux du vieux grès rouge à à Por- phyres, de telle sorte qu’elles ont fait donner à l’une ‘des roches de cette formation le nom de Schiste à Fou- . gères. Le résultat principal de l’observation est incon- testable, et l’un des caractères les plus propres à an- moncer les grès houillers inférieurs au Calcaire alpin, sera toujours la présence de ces plantes réunies à un _grand” nombre d'autres végétaux térresires, non moins _ caractéristiques. Mais l'opinion sur ce fait exclusif com- mence à se modifier, et l’on voit annoncer de sources - différentes, comme exceptionnels isolément , des faits qui * semblent d’abard le contredire, et qui déjà sont assez nombreux-pour permettre d'autres conséquences. Aussi ..M:- Adolphe Brongniart qui vient lui:mème de faire con- 4 naître plusieurs espèces dé ces’ plantes découvertes dans wwe roche de Scanie plus nouvelle que le terrain howil- kr, a-t-il aujourd'hui une opinion bien différente de celle qu'il annorça dans son premier Mémoire sur les végétaux fossiles (1), et il est assez disposé à considérer les Fougères comme ayant formé le tiers à peu près de QE (1) Méw. du Muséum, tom. VIII. Tome IV. — Avril. 23 (354) la végétation terrestre durant l'intervalle compris entre le dépôt du Zechstein et celui de la Craie. N’aurait-il pas été très-étonnant, en effet, qu’une famille de plantes, si importante encore dans la végétation ac- tuelle, tellement abondante et diversifiée parmi les plantes qui recouvraient la surface des terrains de transition, que, paraissant avoir formé plus des deux tiers de la végéta- tion de cette époque, elle a laissé quelques débris à tous les niveaux depuis une profondeur de plusieurs centaines de mètres jusqu’à la hauteur du col de Balme et des Challanges (1), sous toutes les latitudes, depuis la Nouvelle-Hollande jusqu'aux régions septentrionales des deux continens ; ne serait-il pas très-étonnant, di- sons-nous, qu'une famille si naturelle, si développée aux deux extrémités de la chaîne géologique, n’eût pas été représentée par quelques feuilles seulement; dans l'intervalle immense qui sépare ces deux époques et ces deux natures ? M. Ad. Brongniart avait trouvé dans les circonstances du dépôt des terrains, et dans l’organisa- tion propre à ces végétaux, une cause ingénieuse de lenr absence, qui ne supposait point une destruction; et quoiqu'un peu moins nécessaire aujourd'hui , cette ex- plication est toujours très-naturelle, et donne une rai- son satisfaisante de la rareté comparative des Fougères dans le terrain oolitique et dans le terrain houiller. Les observations récentes et nombreuses qui rendent certaine l'existence des Fougères dans des couches plus nouvelles que le terrain houiller, v’altèrent en rien, comme on pourrait le craindre, quelques résultats gé- Ce (1) Journ. des Mines, Mém. de M. Héricart de Thury.— "Trans. Géol. of Lond. V, p. 481, et ame série, 1er vol., p. 162 (355) péraux , unanimement admis, et les grandes lois recon- nues avoir présidé à la distribution géologique des corps organisés. En effet, si l’on retrouve des Fougères (r) dans le Grès bigarré, dansle Quadersandstein, dans les différens systèmes de l’Oolite, dans le sable ferrugi- (1) Plusieurs des indications de Fougères trouvées dans des terrains plus nouveaux que le terrain houiller, qu’on a réunies dans cette note, sont bien probablement erronées botaniquement et peut-être aussi géologiquement ; mais comme la plupart n’ont point encore été dis- cutées sous ce double rapport, il n’était peut-être pas inutile de les rassembler , ne fût-ce que pour engager à les contredire. Vieux Grès rouge. Agglomérats feldspathiques de Saxe : Fougères indiquées par M. Boué. Grès vosgien de Sarrebruck, non-concordant avec le Grès houiller, et contenant pourtant les mêmes plantes. ( Annales des Mines, tom. 8, M. Woltz, p. 235.) . Schiste Marno - bitumineux du Mansfeld : Phalaris indiqué par M. de Schlotheim; quelques auteurs plus anciens, Swedenbourg entre autres, y ont supposé beaucoup d’autres Fougères par un faux rap- prochement de figures que Mylius (Sax. Subterr.) avait données comme provenant du terrain houiller de Manbach. Un naturaliste mo- derne ne reconnaît dans le Zechstein que des végétaux marins. Calcaïre paraissant analogue au schiste bitumineux du Mansfeld , de Muze près Autun, Fougères très-semblables à celles du terrain houiller réunies à des empreintes de Poissons. Observations de M. de Bonnard. . ? Grès bigarré de Pyrmont (Vosges), communication de M. Boué. Grès bigarré , partie supérieure. Heilbroann !,! prés Strasbourg (Schlott./pétrification par terrair, et Musée de Strasbourg. ) Quadersandstein de Bâle: M. Mérian, Beitr. etc., 1er vol., p. 36, Schl. 2e suppl. au Petref., p. 80. Quadersandstein de Gotha. Æspl:nium difforme de Sternberg : Fou- gère regardée comme uve plante dicotylédone, par M, Ad. Brongniart. | Grès (Arkôse) de Hoer en Scanie. Plusieurs espèces accompagnées …. Me beaucoup d’autres végétaux terrestres, M. Ad. Brongniart. (Ann. à des Sc. Nat., tom. 4, p. 200.) | ñ Lias bleu et blanc de Lyme et d’Axmiuster{ Devonshire) : à espèces. —. M. de la Bèche, Trans. Géol. of Lond., 2e série, 1er vol., p. 45, pl. 7, Fa Gg. 2, 3. Lias ou ( Alum shale de Witby, Yorckshire.) MM. Young et Bird : 29 (356 ) neux. et plus rarement dans quelques couches supérieu- res à la Craie, elles y paraissent jusqu'ici infiniment moins communes, et pour ainsi dire plus étrangères que dans le terrain houiller , leur véritable sol naturel. De plus, ce ne sont point les mèmes espèces que celles du Revue de l’Yorkshire. Sternberg, 3e cahier de la Flore du Monde pri- mitif, p.16. Formation Obolitique : Calcaire de V'alogne, deux espèces recueil- lies par M. de Gerville. ———— Oolite, de Stonesfield prés Woodstock (Oxfordshire ). Plusieurs espèces découvertes par M. Buckland , Trans. Géol. , 2€ série, rer vol, p. 391. Oolite de Mamers (Sarthe.) 4 espèces, figurées dans ce Mémoire. — Oolite d Alencon (Orne) ; espèce découverte par M. Re- gley , figurée dans ce Mémoire. Calcaire Jurassique de Neu-Welt (près Bâle), de Bretz- weil et de Mappach , Fongères accompagnant des Lignites; Humboldt, Essai Géogn. , p. 287 ; Sternberg, Flore souter. , 3e cah., p. 12. S'able ferrugineux ( {ron sand ) inférieure au Weald-clay; ‘ilgate (Sussexshire) , 2 espèces accompagnées des autres Fossiles de Stones- field , décrites par M. Mantell, Trans. Géol. , 2e sect. , 1er vol., p.423, pl. 46, fig. 5, 7 et 47, fo 2, 3. S'able fzrrugineux, Hastings et Bexchill (Sussex. ) Fougères citées par M. Mantell au milieu de dépôts charbonneux. Mantell, Géol. of Sus- sex, p. 36 et 299. —Conybeare et Philipps, Géol. of Engl. 1, p. 137. S'able ferrugineux, de Boulogne ( Pas-de-Calais), Conybeare et Philipps , Géol. of Engl., 1, p. 156, Fougères indiquées dans un Cal- caire avec d’autres végétaux et des Coquilles marines. Terrains de S'édimens supérieurs à la Craie. ? Argile plastique d.…... Bouches-du-Rhône, Statist. des Bouches- du-Rhône, in-4o, 1re partie, Observations de M. Toulouzan. Salzeo (Tyrol), Polypode fossile avec Poissons. Argiles vertes alternant avec un Gypse (Vicentin), peut-être con- temporain du Gypse de Montescano, si fertile en empreintes végétales . Fougère découverte par M. Bertrand-Geslin. ? Argiles plastiques de Roche-Sauve en Vivarais, accompagnant les (357) Grès rouge à Porphyres et de l’Anthracite des terrains plus anciens. Dans la formation Oolitique principale- ment, où on en indique le plus grand nombre, l’en- semble des espèces ainsi que des autres végétaux ter- restres decette époque, présente, indépendamment des couches et des localités (Axminter, Stonesfield, Ma- mers, Valogne, etc. ), une certaine physionomie très- particulière , que MM. de Sternberg et Ad. Brongniart ont comniencé déjà à caractériser. Les circonstances de leur dépôt et de leur association paraissent le plus sou- vent n'avoir pas eu une plus grande analogie : les cou- ches charbonneuses, plus ou moins propres à Ja plu- ” végétaux découverts par M. Faujas. Fougère décrite par M. Ad. Bron- gniart, Mem. du Mus., t.8, p. 305. ?? Calcaire schisteux à Poissons, de Monte-Bolca ( Veronais) : As- plenium et Polypodium indiqué par M. Leman. N. Dict. d'Hist. nat., art. Phytolites. ? Argile bigarrée ne différant point minéralogiquement de lArgile j'astique : Fougère conservée par M. Defrance. (Loc. inconnue.) PP Argile x Ménilite de La formation du Gypse à ossemens : parc Fon- terabie à Charonne. Empreinte d’une Lonchyte bien conservée et en- core flexible. Valmont de Bomare, Minér. ,t. 11, p. 298. ? Hœganaes en Scanie, Grès supérieurs à des Lignites, Ophioglosse ? indiqué par M. Nilson, Extrait du rapport de l’Acad. de Stockholm, 1823, 1e partie, Mollasse Hæring en Tyrol, avec beaucoup de végétaux terrestres, communication de M. Boué. Lignite de Bohême : Pteris aspleniforme de Sternberg regardée comme une plante dicotylédone par M. Ad. Brongniart, Mém. du Muséum, tom. 8. M. de Sternberg, Flore du Monde primitif, 3e cahier, p. 12, indique des Fougères de plusieurs localités d'Allemagne, trouvées dans des terrains plus nouveaux que le terrain houiller , et particuliérement dans les Lignites de l’Argile plastique. "Attérissement diluvien : Forêt enfouie des côtes de Bretagne ; ra- cine de Fougère indiquée par M. de Lafruglaye, Journ, des Mines. (358) part, ne se ressemblent pas généralement ; celles des terrains supérieurs qui sont plutôt des lignites, contien- sent en même temps des restes d'arbres dicotylédons, et de certaines familles naturelles de plantes qu’on ne trouve point dans les autres. L'on sait en outre que les seuls animaux évidemment contemporains des plus anciennes [fougères , ou du moins enfouis sous les mêmes eaux, ont toute l’apparence de Mollusques d’eau douce (Unio) (1), au lieu que les plus nouvelles sont ha- bituellement confondues avec un grand nombre de co- quilles de Polypiers et de plantes de la mer, avec de fré- quens débris de grands reptiles Sauriens dont l’origine marine ou fluviatile est douteuse, et plus rarement avec quelques animaux terrestres (Stonesfeld et Tilgate ). De ces différentes circonstances, et surtout de ces der- niers mélanges, ne pourrait-on pas conclure, avec une juste réserve, que, si les Fougères et autres plantes ter- restres du grès houiller, ont été, suivant l'opinion de M. Ad. Brongniart, déposées dans des fonds tourbeux et marécageux , près des lieux où elles croissaient, les végétaux de même nature, enfouis postérieurement, au- raient été entraînés au milieu des sédimens marins par des affluens fluviatiles, analogues à ceux qui paraïssent avoir périodiquement traversé plusieurs des'bassins où se sont déposés les terrains supéricurs à Ja/Craïe. Si (x) On indique, il est vrai, dans le Derbyshire et dans le pays de Galles (Géol. of Engl. 1, 344), une alternative de couches charbon- neuses avec des bancs calcaires à Goquilles marines (Ammonites, Or- thoctres, Térébratules et Polypiers); mais ces, corps sont unique- ‘ment dans la partie inférieure , et appartiennent aux derniers sédimens du Calcaire de transition le plus nouveau (/Wountain limestone ), au- quel le terrrain houiller semble se lier en Angleterre et en Belgique. FO pre ( 359) l'existence de ces courans descendant des terres sèches environnantes dans la direction de quelques vallées des terrains primordiaux, était un peu contrariée par l'état de bonne conservation de plusieurs des végétaux et par leur réunion ordinaire en amas, la supposition de dé- bordemens périodiques des eaux marines qui auraient peut-être saisi, souvent en place, les débris de vêgé- taux terrestres,, deviendrait alors plus naturelle. Quelle qu’en ait été la cause, il est constant qu'aux différens ni- veaux géologiques des Marnes bitumineuses du Mans- feld , des grès de Hoer , du Quadersandstein de Gotha, du Zias de Witby, d’Axminster , de Bâle, de l’Oo- lite schsteuse de Stonesfield, du Calcaire jurassique d’Eichstaedt, des grès ferrugineux de Tilgate , d'Has- tings, de la Rochelle, où l’on rencontre de ces plantes terrestres mêlées aux produits de la mer, ce sont, le plus fréquemment, des réunions nombreuses d'individus et d'espèces. C’est ainsi que dans l’Oolite de Mamers dont je vais donner la description, les empreintes végétales, sans former d’amas charbonneux , sont cependant va- riées, abondantes, et que les premières et courtes re- cherches qu’on y ait encore faites, m'ont présenté plus de huit espèces appartenant à plusieurs genres, dont quatre au-moips à des fougères , nombre qui s'accroitra infailliblement, si cette localité remarquable est visitée par d’autres naturalistes. Le terrain qui les renferme, dont le centre est la pe- tite ville de Mamers, sur les limites des départemens de l'Orne et de la Sarthe, n'ayant encore été l’objet d’au- cune observation géognostique, et montrant en appa- rence une trés-grande identité di interposition avec l’une des couches les plus célèbres de l'Angleterre, l’Oolite ( 360 ) de Stonesfield, si remarquable par ses fossiles extraordi- naires ; surtout par ce reptile gigantesque , l’un des plus grands animaux connus, et par ce Didelphe, le seul mammifère terrestre rencontré dans des terrains plus anciens que la Craie, il ne sera peut-être pas sans inté- rêt de détermitier exactement sa place par un aperçu général sur la distribution des différens systèmes Ooliti- ques dans cette partie de la France. Quoiqu'appartenant à un ensemble de sédimens con- sidérés comme une seule formation (1) (formation du calcaire jurassique ou de lOolite), ces systèmes soni cons- tamment et régulièrement distincts , ici comme en tant d’autres lieux, par leur superposition , leur composition minéralogique , et le plus souvent par la nature et le mode de dépôt de leurs coquilles fossiles. On doit présumer que ces êtres s'y sont rapidement succédés, puisque , hormis quelques espèces pour ainsi dire vagabondes, et indiffé- rentes aux niveaux et à la nature des fonds , commeils’en rencontre parmi les êtres marins de notre époque, ils se remplacent insensiblement, et souvent presque complè- tement d’une couche à l’autre. La diversité de leur gis- sement, de leur conservation fait aussi penser qu'ils ont été enfouis sous l'influence de circonstances assez diffé- rentes; et de même que les couches nombreuses des ter- (x) Ayant souvent occasion d'employer dans le cours de ce Mémoire, -les termes de formation, de terrains et de couches , je rappellerai que le mot formation nous représentera l’ensemble, la réunion des couches ou dernières unités géologiques: nous exprimerons par terrain chaque système de couches formé d’élémens différens (Sables, Calcaires , Argiles), mais dont tous les termes sont étroitement liés l’un à l’autre comme dans l'Oolite de Mortagne, les Argiles de Dives, etc. Cette ex- pression, dans des descriptions plus générales, a un sens moins res- treint et est souvent synonyme de formation. ( 361 } rains de sédiment supérieur , tantôt dans des eaux agitées, tantôt dans des eaux tranquilles, les uns sur des rivages, les autres sur des bas-fonds, soit en familles, aux lieux où ils avaient vécu , soit dispersés, mais toujours peu loin de leur séjour primitif, Toutefois les espèces ne paraïssent pas constamment , et uniquement d'autant plus différentes, qu’elles appar- tiennent à des couches plus éloignées dans la série ; cette différence ne semble pas moins subordonnée quelquefois à la nature minéralogique des couches, ou, pour mieux dire , à leur mode de dépôt dont cette nature n’est que le résultat et l'expression. Plusieurs systèmes argileux, par exemple ( arg. de Dives , Calcaire marneux , Lias), séparés et recouverts par plusieurs systèmes Oolitiques (Oolite de Mortagne, Oolite de Mamers, grande Oolite), présentent souvent plus de rapports entre eux par leurs coquilles fossiles, du moins par la présence ou l’absence de certains genres, qu'avec les couches qui les séparent; et réciproquement pour celles-ci, surtout pour les deux premières. Ainsi, pour citer un seul fait em- _ prunté à l’ensemble de la formation, trois grandes es- pèces de gryphées ( gr. dilatata , cymbium et arcuata), dominent dans trois systèmes argileux ou marneux dif- férens ( argile de Dives , arg. ferrifères inférieures et arg. du Lias), sans qu'on en aït encore cité une seule dans les couches intermédiaires, à structure grenue et oolitique; circonstance qui paraît bien dépendre, à la fois, du mode d’existence de ces animaux et du mode de dé- pôt des terrains où ils ont été ensevelis , très-probable- ment sur les lieux mêmes de leur existence. Cette obser- vation à laquelle je ne crois pas qu’on ait encore donné d'importance, se trouve confirmée par l'examen des (CGT) nombreuses coquilles appropriées aux différentes parties de la formation oolitique d'Angleterre, où l’on n’a point encore indiqué, dans les couches uniquement oolitiques, une seule des espèces du genre Gryphée, trouvées abon- damment au contraire dans l’argile d'Oxford , dans les Marnes de € Oolite inférieure et dans le Lias, systèmes correspondant aux trois que nous venons d'indiquer en Normandie. On peut faire une application semblable des observations recueillies sur plusieurs autres parties de la France, particulièrement sur la Bourgogne, dans le beau Mémoire de M. de Bonnard; sur le Nivernais, la Lorraine, aussi bien que pour le Jura(x), la Suisse et l’AI- lemagne. J’essaierai de développer cette considération , qui me semble importante, dans un travail particulier sur la détermination exacte et la distribation des espèces du genre Gryphée dans les différens terrains qu’elles ca- ractérisent. Nous bornant aux couches de la grande formation ooli- tique, visibles dans la contrée qui nous occupe, nous observerons qu'elles sont toutes comprises dans les par- ties moyennes et supérieures, c’est-à-dire entre les cou- ches nommées en Angleterre . Oolite de Portland et grande Oolite (2). 1] ne parait pas que jusqu'ici on y ait découvert aucunes traces. des systèmes: plus inférieurs ; (1) Entre beaucoup de faits, jé ne citerai que celui ci : les Gryphées arquées, si abondantes dans le Calcaire marneux, compacte des en- virons de Lons-le-Saunier, disparaissent entièrement lorsque les cou- ches prennent une structure arénacée. (Charbaut. Géol. de Lons-ic- Saunier,:18'0, p. 12.) (2) La même observation a été faite par M. Boué (Ann. des Sc, nat., t. 3, p. 304), relativement au bassin du sud-ouest de la France, où ce naturaliste n'a reconnu , sur les côtes de la Charénte ét de la Cha- rente-Inférièure, que les systèmes Oolitiques ct Argileax supérieurs | (:363%) ainsi les Polypiers particuliers au calcaire de Ranville e t autres localités près de Caen et d’Argentan, les coquilles si caractéristiques de l’ancienne Oolite ferrugin euse de Bayeux (Calvados), et de Dundry près Bristol, (Som- merset),. non plus qu’un seul individu de la Gryphæa arcuata du Lias, n’ont été retrouvés: par M. Ménard dans le département de la Sarthe, ni par mvoi dans celui de l'Orne au midi de Séez. Auprès de cette dernière ville à Gaprée, les couches du Calcaire à Polypiers de Ranville s'enfoncent sous les Oolites et les Argiles supé- rieures, pour »e plus réparaître dans la partie méridionale du département. Les seuls terrains qui s’y rencontrent sont, à quelques modifications près , les prolongemens d’une partie de ceux dont M. Constant Prévost a si bien décrit les tran- ches sur les falaises du Calvados, entre Dives et Hon- fleur, et qui ne sont eux-mêmes que la continuation des dépôts contemporains d'Angleterre ; pareïllement dirigés du nord au sud , depuis le comté d’York jusqu’à celui de Dorset. Ils formèrent ici, dans la direction indiquée, de longues zônes presque parallèles, d’une largeur inégale et très-irréguhière , maïs généralement d'autant plus an- ciennes qu’elles sont situées plus à l'ouest ;\et plus près des terrains de transition. (Woy: la carte, pl: 17, fig. 1.) La coupe jointe à cette notice (+)-a été prise à à la grande Oolite. Les deux dépôts contemporains du nord-ouest et du sud-ouest se réunissent au moyen d’une zône: étroite qui traverse la Loire à l’est d'Angers,et dont la composition m'a semblé repré- senter , entre Saumur et Loudun, le système particulier que je désigne par le nom d’Argiles eb Galcaire argileux de Dives où Mamers. (1) La puissance assignée à chaque (dépôt n’est pas tout-à-fait celle qu'on observerait sun la route, même de Paris à Alencon ; l’Oolite de Mortagne occuperait trop d'espace : cette coupe offre plutôt le résultat d'un grand nombre d'observations isolées recucillies sur d’autres points ( 364 ) 35 lieues de la mer, entre Bellesme et Alençon, et tra- verse les couches dans un sens parallèle aux falaises, c’est-à-dire de l'E. S. E. à l'O. N. O., sur une largeur ‘de 8 à 9 lieues. Aux deux extrémités, deux forêts en dominent l’ensemble, la forêt de Bellesme et celle de Perseigne, dont le sol est géologiquement très - diflé- rent: la première , ainsi que la plupart des nombreuses forèts de la partie orientale du département , occupe un grand dépôt argilo-sablonneux, avec silex brisés et mines de fer hydraté, argiles évidemment supérieures à la for- mation crayeuse, et conséquemment bien plus nouvelles que les couches qui nous occupent; la forêt de Perseigne au contraire, comme celles situées plus à l’ouest dans cette partie de la France, repose sur des terrains beau- coup plus anciens, terrains de transition composés de grès, de phyllades, d’eurites porphyritiques, de grani- tes, dont la masse constitue un ilot qui sépare cette con- trée ondulée de la plaine d'Alençon également calcaire, mais plus uniforme. La physionomie de cette petite ré- gion physique ainsi limitée, contraste vivement avec l'aspect de celles qui l’environnent, surtout avec la partie orientale du Bocage Percheron (1). compris dans le même intervalle. L’inclinaison des couches est très- légère, mais dans le sens indiqué ; d’autres coupes prises sur des points diflérens du départ. de l'Orne, et particulièrement entre Mortagne et Alencon, entre Echauflour et Argentan, et dans le Calvados entre Lisieux et Caen, montreraient la même stratification. (1) M. Omalius d’'Halioy, qui faisait souvent ressortir d’une manière si intéressante et si ingénieuse les rapports de la géographie physique avec la géognosie, avait généralement indiqué les différens aspects du Perche, de la Beauce, de la Touraine, de la Sologne et autres petites régions naturelles environnantes , mais il n’avait point parlé du con- traste que présente la première avec les terrains décrits dans ce Mé- moire. ( Ann. des Mines, t. 1, 1616.) (365) Au licu des inégalités multpliées, des côteaux à pentes rapides, des plateaux en partie couronnés de boïs, des vallons étroits et nombreux , se terminant à des golfes,ou conduisant des eaux abondantes aux rivières des vallées à prairies; au lieu de ces changemens si fréquens de niveaux, desol et de culture, dont l’agréablediversité caractérise les paysages du Perche, on ne voit plus ici qu’une seule terre végétale presque constamment rouge ou brunâtre, une surface légèrement ondulée, découverte, presque sèche, surtout sur les Calcaires , généralement à culture céréale , et qui, sans offrir toute l’uniformité des plaines, ne montre quelques vallons un peu profonds qu'aux points où deux systèmes de couches se remplacent. A la “vérité, en remontant au nord, ces mêmes zônes, entre Mortagne et Alençon, présentent, ainsi que l’a déjà re- ‘marqué M. Defrance, plus de verdure, et surtout de fort beaux arbres fruitiers. Cette différence d’aspect ex- térieur est en rapport parfait avec la différence des ter- rains : le sol du Perche est formé des couches de la craie ancienne et du sable vert, recouvertes çà et là par des dunes sableuses mamelonnées, ou en traînées irréguliè- res, par des argiles ochreuses avec silex, formant pres- que tous les plateaux boisés, et çà et là par quelques lambeaux de terrains lacustres; l’autre région au con- traire est formée des diflérens systèmes oolitiques dont nous allons parler. On voit se recouvrir successivement, et se remplacer selon l'âge de leur ancienneté relative (de l'E. à l'O.), ces couches qne j'essaierai de comparer aux strates cor- respondans qui, dans le comté d'Oxford , entre la vallée d’Aylesbury et Charbury (du S. S. E. au N. N. O.) pré- sentent la mème succession géologique et géographique, depuis l'Oacktrée-clay de Shotover (S. E. d'Oxford) ( 366 ) jusqu’au Calcaire schisteux de Stonesfeld (5 lieues N. O. de la même ville); comme depuis l'argile bleue supé- rieure de Bellesme , jusqu’à l’'Oolite à Fougères de Ma- mers. La superposition immédiate des couches recou- vrant les deux terrains comparés , s’observe d’une part à Headdington près Oxford, et de l’autre à Courgeoust près Mortagne. Ce rapprochement qui m'avait vivement frappé dans l'étude de l’intéressant tableau de M. Buck- land sur la stratification de l'Angleterre, et dans la lec- ture de l'ouvrage de MM. Conybeare et Philipps, m'est devenu bien plus certain depuis les nombreuses-et obli- geantes communications de M. Constant-Prévost, et après un examen attentif des séries de roches recueillies par cet habile géologue en Angleterre , ainsi que de celles rassemblées à l'École des mines par les soins de MM. Bro- chant, Elie de Beaumont et Dufrenoy. Je décrirai donc, en commençant par Île plus nou- veau, les deuxième, quatrième, cinquième et sixième des systèmes ci- dessous énumérés , plus particu- lièrement d’après les caractères que présentent les couches du département de l'Orne. Mais afin de mieux préciser leur place au milieu de la grande forma- tion oolitique, tellement variée et développée dans le N. O. dela France, j'ai essayé d’en présenter l’ensem- ble dans un tableau très-imparfait, et sans doute incom- plet encore, en réunissant les caractères les plus saillans de chaque terrain d’après les observations comparées de MM. C. Prévost, de la Bèche, Hérault, de Mangneville, de Caumont, et après avoir observé moi-même en place toutes les couches indiquées. Ge n’est encore qu'un som- muire qui ne peut que faire désirer plus impatiemment le grand tabieau et les descriptions plus complètes que, de- puis plusieurs années, M. C. Prévost a promis à la science. 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COUCTIES CORRESPONDANTES EN ANGLETERRE. Manwes AnciLeuses pe Hoxrreur ou ne Berresue. (15 mètres, la plus grande épaisseur connue, ), Cale ä pâte fine, de couleur plutôt bise que bleuätre, soit tendre et tachant, soit faiblement compacte et dendritique; à cassure polyédrique ou schistéuse. — Ârgiles bleues Res es altérables, — Lumachelle. — Brèche à fragmens et à pâte de cale. bleu. | SYSTÈME SUPÉRIEUR. + + + «Oozrre ne MonrAcne ou pe Lisieux. (40m... . « . . . . . . . . . . . . DR ES, ce tee EM Cale. oolitique blane, jaune ou roussâtre, à gros grains pisolitiformes, en masses imparf, stratifiées. — Petites Dicérates; Nérines ; Mélanies ; Polypiers lamellifères. Oolite plus fine sans & & Pisolite. coquilles. — Lits subordonués de cale. poreux; — de calc. compacte; — de silex cornés Llanes. — Sables silicéo-calcaires verdâtres, ochreux et bigarrés. , ORALE ++), CoMETaE Re Calvarceus-grit. Mienes ARGILEUSESEnE DIVES (D sup) MONDE NMACERS (40 10000) Galets de cale. oolitique. — Argiles bleues à Pernes, à Trigonies, Ammonites; Gryphæa dilatata — Lumachelle. — Argiles jaunâtres. — Ludus de calc. brun compacte. — Oolite Oxroun Cie Bluc-Clay. brune, bleue, roussâtre. — Calcaires durs argilifères ( cale. du pays d’Auge). — Sables et grès calcarifères avec Échinites (de Courgeoust, O. ; de Chauffour, S. ). À ©? ‘| Kelloway rock. Oouxe ve Mamens, OO0iTE AR onÉ axes) (35m 40m): 28e ON Re | Corn-brash Oolite finement grenue, ou lamello - graveleuse , avec nodules de cale. marneux. Fougères, eto— Cale. compacte bleu, jaune et rose, à concrétions spathiques. — Oolite uniforme, |+ + : :» + : © | Stonesfield colite?? tendre ou cohérente. — Sables et grès à ciment cale. (Cale. dur grenu, un peu sableux, schisteux, de Moult ( Calv. }, la plupart des cale. oolitiques du dép. de la Sarthe). ss CATOLIAS BARYMITENE D'ALERCON SL a minor der mber teur Tech cle Let cons Se D Ne Ce OO ER Galcaire demi-compacte. — Oolite jaune et blanchâtre, — Marne jaune dendritique. — Oolite spathique à taches bleues et jaunes Baryte crêtée lamell. disséminée dans l'Oblite. — A ge Ce système est accompagné d’une argile avec baryte , et repose sur un psammite et un pouddingue à graios et ciment quartzeux, également barytifères. L'identité minéralogique ES de ce dépôt avec le terrain d'#rk6se, de Bourgogne, décrit par M. de Bonnard, comme inférieur au cale. à gryphées arquées, est si complète, que je n'ose réunir le dépôt oolitique SYSTÈME MOYEN. . + . : : et le conglomérat de la plaine d'Alencon. Carcamme.De: VALOGNES 21 Se tee ele enttiu 0 Made tte. lase CN. DER RC CE) ODA TE CITES Couches alternatives de glaise diversement colorée, surtout bleuâtre. — Lumachelle. — Calc. cristallin et grenu. — Cule. poreux. — Oolite sublamellaire, bigarrée de bleu, soiQue, de grisätre. — Grès calcaréo-sableux et pouddingue, avec spath calcaire disséminé, (Ce cale. est rapproché du cale. d'Osmanville par M. de Caumont, qui les croit antérieurs au Lias.) GClioirne L'rOLYEISNS, /DRACAEN ET D/ARGENTAN: (20m PE.) 5 LS eue, - - C Forest-marble. Calc. oolitico-graveleux (Sallenelles , ete. }.— Oolite brune (Sanerville’, Bavent, GC, ). — Glaise caltarifère avec encrinites, coquilles, polypiers, surtout pol. foraminés et à réseau; éponges. |. Gb -{ Bradfort-clay. — Sable cale, — Gale. dur, jaunätre, à lamelles spathiques ( var. dominante). Oolite blanche uniforme d'Argentan. — Sables au contact des terrains anciens. Bath oolite. CALOAUAS DE |GAERN (2514 30/m; )Le = ME nee Ne ue ces PP ce D RE ES Galets d'Oolite (Falaise). — Cale, dur finement cristallin, — Strates cale., alternant avec des lits, ou contenant des noyaux de silex corné. — Cale. tuffacé jaunâtre, à grains/fins, avec nœuds plus cohérens (var. dominante}. — Calc. poreux. — Sables de Falaise et d'Ecouché, O. GCALGLIARIMANNEUS DEMPDRT EN BES SX (100). 2: se ee ee CC Ronnans AT? Argiles grises, jaunes ou bleues (état habituel ); steuses ou compacles, alternant une ou deux fois avec un cale. de même couleur. ti ë F Ooure sLANGNE ALrÉnÉE ne Mesray, ne Croisinces, ete, Cazv. (12 m.). . . . . . . DE MO de OT NO CE TOO ITEM ETC EE Calc. le plus souvent tendre et crayeux, se brisant aisément ; faiblement et irrégulièrement oolitique, sans silex. Did eat ol Caltre P [LR gx LI . À OoziTe ET CALGAIRE ARGILEUX FERRIFÈRES DE Bayeux, D'Évnecy, etc., CALY.. . 4 + à © à ES SE Se NE Eee Inrenton Oouire, «| Sand ét Tan ones SYSTÈME INFÉRIEUR. . . . . Oolite lenticulaire ferrugineuse, avec prodigieux amas de coquilles (1 mètre ). Concrétions également ferrugineuses, concentriques plus grosses. — Calc. jaune peu cohérent, avec silex bleus ou blancs altérés. — Calc. argileux, ochreux, avec Gryphæœa cymbium, Plagiostama gigas. — Sables, grès et pouddingue à ciment cale. ou ferrugineux. GATE TNE Se laLaUx D OSAMANYILDE (prés) PE el ee ec CCE Re RC NON D OMON Lits alternans de cale dur, aigre, sublamellaire, dendritique , bleu et jaune. — Sables de même couleur peu cohérens. Coquilles différentes de celles des autres systèmes. Garcaime À Gnyenées Anquées ne Canenran, Loncsrau, ete. (C., M.). . . . . D DER NUE in een ne) PS nee ere TT ee Le mme lA Et Couches d'argile et marne bleues, brunes ou jaunes, feuilletées ou endurcies, alternant jusqu'à vingt fois avec des strates minces de cale. compacte, lithographique, de mème couleur. : ras. Quoique présentant la réunion de treize systêmes de couches bien distinctes, dont six n'avaient point encore été classés, cet essai de tableau n'est probablement ni complet, ni Son 3 ment exact, surtout pour les parties supérieures qui ont été omises à dessein. Il existe en effet sur les falaises, entre Trouville et Villerville, un calcaire spporttnente “a RÉRU Te cette formation, et qui, paraissant plus nouveau que l'Oolite de Mortagne, a été rapporté par M. de la Bèche au Calcaire de Portland, dont il a toutes les apparences; mais & incerlaine encore ayec les Ærgiles de Honfleur m'empèche de l'introduire dans l'ensemble. Il peut être ainsi caractérisé : Cazcane ne Hennequevirre (Calv. ER OU OL DC ADO De PONS ee D ns M2 64 OMS ON MAR TR De 0 D , ù Calc. grenu Hate indie f ei fins, alternant avec des strates parallèles, non feuilletés, de Gale. légèrement oolitique et sableux ; de Cale. dur cristallin ; de silex cornés et pyro- | PonrrAnn-LimestonE ? maques. ( Il ressemble au Calcaire de Caen. ). Peut-être le Calcaire d'Écouché (Orne). Es ; bte Un autre système, solitique encore en partie , et supérieur évidemment à tous les autres, est le sable brun ct le grès bleu calcarifére de Glos, près Lisieux dues es Lou ( 12 d'Écommoy (5. ), de Ballon, de ln Ferté-Bernard (S.). Le fer qui entre si abondamment dans sa composition , et sa place évidente , engage nt IE y reconnaitre j un ge dougsee CA : Jerrugineux d'Angleterre; mais sa structure fréquemment oolitique, ainsi que la ressemblance de quelques coquilles avec celles des COGNTE u HE ST outes p' SYSTÈME tout-à-fait SUPÉRIEUR. € #02: Aussi je me borne à en indiquer le niveau par la stratification de l'intéressante colline de Glos, qui montre de grands rapports avec celle de Shotover, p (ux PEU DOUTEUX.) RUE D ESS se _ À à Tolent es fnon sAxD ? : SABLE FIN, siliceux, blanc, jaune ou rouge, contenant des lits ou blocs ovoïdes de grès calcarifére brun, bleuâtre, avec coquilles et fragmens de lignite. . . - + . - nsasunr-Linrerone 2 Analogue en Oaforditire Cazcaïne siriceux pareillement coloré, souvent oolitique, surtout avec fer lenticulaire coquillier, — Lits de silex calcédonieux calcarifère, . + + « + «+ . 2: 4 + « + + « « au ealCaire ue CALCAINE MARNEUX BLEU, représentent lesiargiles!de: Honflennes ju + cas uct Lee e: CAC RU OUEN ET SEC sa JLAY. Oozrre »LANcuE ( Ool. de MortagneletiLinene res dede else OU 2 eee CORTE ele DO CES CT RO CEE o AL s , , ñ ï :; tre dé Valog fes. lent par leurs Il n'est pas inutile d'ajouter à l'ensemble du tableau les corrections suivantes : La place du calcaire d'Osmanville est un peu incertaine; l'oolite de Mamers ct celle d'Alençon sont entièrement liées ; AE ques QE RE je CIE Fabre Ua galets parties inférieures, et appartiennent à la grande oolite, qu'ils représentent comme sédimens littoraux. Ils ont été en effet déposés sur les bords de l'ancienne terre, aux deux extrémités d'une longue chaïne è TEE 5 AE de Bourgogne, décrit par M. de Bonnard. On arrachés aux mêmes roches : ils sont encore très-peu connus. M Hérault prépare une description de celui d'Alencon; celui-ci pourrait se diviser en deux systèmes, dont l'un, plus ancien, aurait de grands rapports even è SU Ÿ er FE Dé RENE Ne PE doit noter en outre que plusieurs des couches sablonneuses ui occu, et dare la pare inférieure de chaque système , n'existent pas lorsque ces différens systèmes sont en contact immédiat; tels paraissent QD SE) ai nl enEl So la réserve de ces corrections , les calcaire de Caen, au calcaire à polypiers et à l'oolite MP TES Dlusieurs cout hes du l'oofite de Mamers se lient, par de fortes ressemblances tr CE à quelques autres de la grande oolite, forest-marble et calcaire à poly . s j è i F red ë ñ i ( l'autre; mai de grandes surfaces ils se succèdent tous cn se recou- différéns systèmes alternativement formés , comme en Angleterre, de calcaires oolitiques, de calcaires compactes, de sables, de grès calcaréo-siliceux et d'argiles calcarifères, ne sont point des équivalens l'un de l'autre; mais sur de g vrant dans un ordre constant et 2 régulier, et n'alternent que par quelques couches à leurs points de contact, Ann. des Sc. nat., tom. IV, p 366. Abréviations employées dans ce tableau. M., Manche. = C., Calvados. — 0, Orne.—S.,Sarhe, F . (367) b 1 ç? Calcaire et Gr férié de Glos près _ Lisieux. - > Marnes argileuses de Honfleur ou de Bellesme. * 3? Calcaire oolitique , de Hennequeville. - 4 Oolite de Mortagne ou de Lisieux. + 5 Argiles, Calcaires et Sables de Dives, ou de | Mamers. Oolite de Mamers. Calcaire barytifère d Alençon. Calcaire de Valognes. Calcaire à Polypiers de Caen et d Argentan. | Calcaire de Caen. ot . Calcaire marneux de Porten Bessin.(N.de Bayeux.) ê 12% Calcaire oolitique blanc altéré. \ 13 Oolite et Calcaire argileux ferrifères. 14? Calcaire sableux d’'Osmanville. 15 Calcaire à Gryphées arquées de Carentan, etc. Li , © © ou © d | 1. Marnes argileuses de Honfleur ou de Bellesme. , . Je propose ces deux noms, par la crainte que les deux dépôts, quoique dans la même interposition géologique, » nesoient pas parfaitement identiques , et que l’un d’eux À ne soit un peu plus nouveau. L’Oolite de Portland et u celle de Purbeck reconnues en Angleterre comme supé- rieures à des argiles analogues, et représentées peut- È être en France par le Calcaire siliceux de Glos et par “ le Calcaire de Hennequeville, ne paraissant pas exister #4 dans la contrée que nous décrivons, le dernier système de Ja formation y consistérait en ces argiles scientifique- “nicnt reconnues pour la première fois par les belles ob- servations de M. C. Prévost aux environs de Honfleur , “isibles en outre à Blangy et autres lieux voisins de Li- ( 368 ) sieux, à Bellesme, sur les côteaux. environnant Morta- gne, à la Ferté-Bernard, et sur beaucoup de points in- termédiaires. Ces argiles sont assez calcarifères pour être employées à faire de la chaux ; maïs elles ne montrent pas la moindre structure oolitique, et présentent sou- vent au contraire une pâte marneuse uniforme, assez solide, affectant une cassure mate et une division irré- gulièrement polyédrique. Elles consistent le plus habi- tuellement en alternances de lits argileux tendres, ta- _ chans, et d’autres lits plus durs, sous forme de dalles minces que les ouvriers nomment Jallets, tantôt très- continus, tantôt brisés et fendillés. Une brèche, à pâte et à fragmens de calcaire compacte, les accompagne en quelques endroits. La couleur habituelle de la roche est bleuâtre , ou d’un blanc sale, ou marbrée de gris et de jaune. Les impressions de petites coquilles bivalves striées, et de petites univalves turriculées, peu détermina- bles, mais semblables à celles de Honfleur, ainsi que des fragmens d’huitres formant une sorte de lumachelle, sont les seuls corps organisés que j'y aie rencontrés, ail- leurs que sur les falaises ; néanmoins l'existence reconnue dans ce terrain , de fossiles bien plus nombreux et plus variés, surtout la présence d’une grande huiître aplatie, très-caractéristique à Honfleur et en Angleterre, doivent faire présumer que de nouvelles recherches dans les départemens de l'Orne et de la Sarthe produiraïént le même résultat. Ce dépôt ne paraît pas atteindre dans les terres la même épaisseur que sur les côtes: il est plus mince que les systèmes suivans, etsa position au-dessus d’eux tous est presque partout très-visible. Le Kimme- ridge-clay d'Headington près Oxford, bien plutôt que ( 369 ) l'argile de Kimmeridge mème, paraît, suivant M. Cons- tant-Prévost, lui correspondre en Angleterre. L'ensemble des argiles bleues du Cap-la-Hève près le Hävre, ne me semble pas le représenter parfaitement; une partie en est plus ancienne. IL. — Oolte de Mortagne ou de Lisieux. Les couches inférieures immédiatement aux argiles pré. cédentes, appartiennent à un système principalement Oolitique, non moins important en raison de ses fossiles , de sa structure, de sa puissance, de sa continuité, et qui n’a pas encore autant fixé l'attention qu’il le mérite. Si- gnalé par M. de la Bèche(r) sur les falaises entre Touc- ques et Bénerville , et rapporté par lui au Coral-rag, il a été depuis réuni par MM. de Magneville et Hé- rault (2) , pour les bancs de Lisieux , à leur Calcaire à Polypiers, qui comprend déjà un assez grand nombre de couches, dont celles-ci sont très-distinctes et théo- riquement séparées par les argiles moyennes de Dives et par les lits subordonnés de Calcaire du pays d’Auge. Dans les départemens de l'Orne et de la Sarthe , sur- tout dans le premier , cette Oolite prend un très-granid développement ; elle se prolonge, en conservant les mèmes caractères, depuis Villers et Trouville sur la côte du Calvados, jusqu’au-delà de la Ferté-Bernard, eu passant auprès de Lisieux, Gacé, le Merlerault , Échauflour, Séez, Mortagne, Bellesme et Igée. Dans . cette dernière localité , la réunion des couches calcaires et sableuses présente la plus grande épaisseur que j'en convaisse , quarante mètres environ ; mais le nom d’'Oo- (1) Trans. Geol, of Lond., 2e série, 1er vol,, p. 77. (2) Mém. de la Soc. Linnéenne du Calvados, 1er vol. Tome IV. 24 ( 370 ) äte de Mortagne peut lui convenir mieux qu'aucun autre ; car nulle part ailleurs les couches n’en sont plus nombreuses, plus distinctes, et surtout plus évidem- ment intercalées entre les deux argiles. C’est la pierre de taille des environs , comme l'Oolite du Coral-rag à Oxford ; et la plupart des échantillons de cette dernière roche que j'ai pu voir , une partie des Coquilles fossiles qu'on y indique , les descriptions de M. Conybeare conviennent si parfaitement à celle de France , qu'hor- mis l'indication des petites Dicérates très-caractéristi- ques de celle-ci, et le plus grand nombre de Madrépo- res entiers , plus visiblement en place en Angleterre, il n’y aurait presque rien à changer aux caractères. La couleur habituelle de la roche est jaunâtre, ou rou- geñtre; les grains oolitiques en sont généralement plus gros , plus compactes , que dans aucune des autres for- mations ; ils sont souvent concentriques et plus souvent encore ne sont que des fragmens de coquilles imparfai- tement arrondies. Tantôt incohérens , tantôt grossiè- rement cimentés ainsi que les coquilles et les poly- piers, par une sorte de limon calcaire endurci, 6u parune pâte spathique , ils présentent une masse qui ressemble aux Pisolites et concrétions modernes des eaux incrus- tantes, nom par lequel M. Smith désigna le premier la roche du mème äge en Angleterre. Quelques lits plus rares offfent une certaine compacité ; et des plaques ou nodules de Silex corné blanchätre se voïent dans la partie moyenne. Souvent le dépôt calcaire ne présente, dans une épaisseur de plusieurs mètres, aucune strati- fication sensible , et au contraire de nombreuses fissures verticales, tapissées de chaux carbonatée cristallisée. Ailleurs , surtout à Appenay près de Bellesme, ce sont (371) de longs blocs irrégulièrement ovoïdes , très-denses , et fortement cimentés , à structure presque compacte, que: Von prendrait pour de véritables strates, si, de toutes parts, ils ne se -terminaient’ à des sables calcäréo-sili- ceux incohérens. * Les couches moyennes qui sont souvent brisées et en masses irrégulières, éparses sur les pentes des côteaux, sont comme cariées , spongieuses, et traversées de tubulures sinueuses , produites par la destruction de Polypiers la- mellifères. Ces Polypiers (Madrépores, Astrées , Caryo- phyllies) forment souvent eux-mêmes (Appenay) d’assez grandes masses, très-altérées , isolées ou réunies par un magmas calcaire, sur les lieux où ils ont vécu, sem- blablement à ce que M. C. Prévost a signalé dans le même terrain, sur les falaises de Villers et de Henque- ville , et à ce qui se voit en Oxfordshire. Les Échini- des sont représentés par quelques débris de Cidaris , et ( Lisieux) par de nombreux piquans de ce testacé ; les coquilles, bien plus nombreuses en individus qu'en es- pèces , appartiennent aux genres Nérine ( Defr. (1), Mélanie (M. Headdingtomensis ? Sow. Min. conch. tab. 39 ), Cérite ? Trochus , Ampullaire, Modiole, Vénus, Moule, Lucine ou Telline 2 Crassatelle ? Térébratule , Pinnigène , Lime, Huitre (Ostr. minima ) ; Chame et Dicérate ( petite espèce, singulièrement abondante dans n(1) Werine (Defrance) : Coquille turriculée voisine des Mélanies , ayant deux plis à la colümelle, et un troisième sur la paroi interne de la Coquille, plis qui se. continuent jusqu’au dernier tour de spire. (Caractère communiqué.) Cette espèce et la petite Dicérate parais- sent les plus caractéristiques de l’Oolite de Mortagne. L'existence de Nérives dans l’Oolite d'Auxerre et de Nevers, y indique peut-être ce système. 24* (372) les Jits supérieurs, et presque toujours sans son test) (1). Ces corps, presque tous à l’état de moules intérieurs , sont, pour Ja plupart, brisés, arrondis, encroûtés de matière calcaire , et grossièrement unis par le même «i- ment, comme s'ils eussent été plongés dans des eaux incrustantes. On peut remarquer cette autre particula- rité que, sur beaucoup de points, ce terrain ne renferme aucune des coquilles multiloculaires ( Ammonite, Bé- lemnite, etc. ), si communes dans d’autres systèmes de la formation ; et, qu'au contraire, il présente plusieurs des genres qu’on est habitué à considérer comme des coquilles littorales. Quelques circonstances pourraient cependant faire regarder d’autres systèmes également” oolitiques , comme plutôt formés à de grandes profondeurs. Les parties inférieures , où les coquilles sont beau- coup plus rares ; montrent des concrétions globu- leuses de chaux carbonatée fibreuse ; et consistent sur- tout. en Oolites plus fines, lenticulaires , un peu ferru- gineuses, et en sables bruns ou verdâtres, mouchetés de noir et de jaune , friables ou à l’état de grès faible- ment cimenté. Des échantillons du Calcareous grit qui occupe la même place aux environs d'Oxford, ressem- (1) On peut reconnaître, je crois, plusieurs espèces beaucoup plus petites que celles du mont Salève et de Saint-Mibhiel : la plus commune, la plus répandue dans les collections, n’a encore été figurée que dans l'ouvrage de M. Bowdich ( Bowdich : elem. of Conchol., 2° partie, fig. 50) sur des échantillons de Clèvre près la Ferté-Bernard. J'ai vu chez M. de Blainville, de petites Dicérates, du pied des Ardennes ; qui ressemblent beaucoup à celles de l'Orne. M. D'Oxbigny a figuré et nommé : {socardia dicerata'} Es. brevis, {s. orthocera; des Coquilles de Pile d'Aix et autres lieux voisins de la Rochelle qui en ont tous les caractères , avec la même réunion d’espèces et de variétés, et très-pro- bablement dans le même terrain. Toutefois ce naturaliste les rapporte au genre Isocarde, plutôt qu’à celui des Dicérates (Mém. du Muséum, tom. 8, p.98, pl.6 et 7). “ (373 ) ‘ blent beaucoup aux amas irréguliers et mammelonnés de cette dernière roche. : III. — Argiles de Dives , ou de Mamers. La place de ce terrain, quoique paraïssant bien certaine, n’est pas encore unanimement reconnue , à raison peut- être , comme le présume M. C. Prévost , de sa superposi- tion immédiate à Dives sur d’autres argiles plus anciennes, appartenant au Lias ; de même qu’au Hàvre , il semble immédiatement recouvert par les marnes bleues tout-à-fait supérieures ; mais la siratification que ne présentent point assez clairement les falaises, s’observe parfaitement dans l'intérieur où l’on voit les couches variées de ce dépôt constituer des plateaux ou des collines au-dessus de plaines oolitiques. C’est ainsi que dans une grande partie du pays d’Auge, entre Troarn et Mézidon , il recouvre à l’état de calcaire marneux, les lits supérieurs du cal- caire de Caen et du calcaire à Polypiers, particulière- ment vers Troarn et à la butte de Moult, entre Caen et Lisieux ; sur ce dernier point, il domine une plaine constituée d’abord par les couches schisteuses d’un cal- caire dur à grain très-fin , un peu sablonneux, que M. de la Bèche a comparé au Corn-Brash d'Angleterre , et que nous verrons ressembler à quelques-uns des bancs de l'Oolite à fougères de Mamers, recouverte par le même, dépôt argilo-calcaire. + Ce terrain , le plus développé de tous ceux de la for- mation oolitique dans les départemens de l’Orne et de Ja Sarthe ; y est bien moins uniformément argileux que sur les falaises ét dans le comté d'Oxford ; il se compose d’argiles plus souvent bleues que jaunâtres , souvent en- durcies , soit isolées, soit entremélées de sables, ou de bancs minces et nombreux de grès calcaires , de calcaire ( 374 ) & argileux , de lumachelle, d’oolite brune , bigarrée et fer- rugineuse. On y voit fréquemment, surtout dans les ar- giles, des groupes de chaux sulfatée lenticulaire (Troarn (c), Mamers , Bernay , Souligné sous Ballon. S.), et à la partie supérieure , dans les environs de Mortagne , des galets de calcaire oolitique recouverts de petites huîtres et de serpules. Les coquilles fossiles très-abondantes , la plupart pé- trifiées ou en moules, varient plutôt suivant les couches que suivant les localités. Entre Mortagne et le Mesle, entre Bellesme et Mamers , entre Mamers et Saint- Cosme, entre Mamers et le Mans (1), entre le Mans et Alençon, entre le Mans, Sillé - le - Guillaume et Sablé, les’ fossiles des argiles et surtout du calcaire argileux et des sables de cette formation, en même temps peut-être que quelques espèces de Corn-brash d'Angleterre , sont repandus en prodigieuse quantité et distribués irrégulièrement. Ce sont les mêmes en partie qu'à Dives, dans le pays d’Auge (2); et dans le nord du département de l’Orne ; les mêmes pour quelques- uns encore que ceux de l’Oxford-clay et du Kellowar- roc , qui sont tout-à-fait correspondans en Angle- terre , le premier dépôt aux argiles , le second aux cou- ches plus calcaires et solides. On y reconnaît, entre beaucoup d’antres fossiles recueillis depuis long-temps par M. Ménard dans le dé- (1) Les Fossiles et les Roches des localités indiquées dans le dépar- te ment de la Sarthe, ont été observés et recueillis par M. Ménard de Ja Groye, qui depuis long-temps a réuni de nombreux et intéressans matériaux d’une description géologique de ce département: (2) Communications de M. de Magneville, qui propose pour les couches calcaires de ce terrain dans le Calvados, le nom de Calcaire du pays d’Auge. (375 ) partement de la Sarthe , et que j'ai retrouvés dans cel: de l'Orne, pour les Echinodermes solides : Ænanchites bicordata ; Galerites depressaet G. Patella, Nucleolites scutata, Cidaris... ; parmi les Serpulées, la Serpula qua- drangularis’et quelques autres très-constantes; pour les Mollusques , quatre ou cinq espèces de petites Térébra- tules , la Zrigonia inflata (Lamk.) (Pholadomie, Sow.), par milliers et de tous les âges ; les Trigonia clavellata et costata , formant des lits entiers : le Cardium telluris, Plicatula..…. Pecten læve ? la Perna mytiloides (Lamk.); et P. aviculoides ( Gervillie ) ; la Gryphæa dilata, bien plus rare que sur la côte (Sow.); Melania striata (Sow.); Trochus, des Ammonites très- particulières, (Æmm. sublævis , Sow. et autres), propres également à la roche de Kelloway ; enfin, des ossemens de crocodiles sur plusieurs points du département de la Sarthe. ( Bal- lon, Chaufflour et Bernay? Cuvier : Oss. foss. T. V, 2e part., p. 189.) À ces fossiles on peut ajouter des -boïs très-fréquens à l'état charbonneux;, ou convertis en chaux carbonatée fétide ; mais ne rappelant sucune- ment les végétaux si abondans dans le calcaire qui lui est inférieur. Les coquilles différentes ; spécifiquement pour le plus grand nombre, de celles de l’Oolite supé- rieure , et ne présentant pas un seul individu de la petite Dicérate , ou des coquilles :turriculées du genre Nérine , si communes dans l’autre terrain , ne contras- tent pas moins par leur conservation parfaite, et parai- traient avoir été ensevelies sur les lieux même de leur existence dans des fonds vaseux propres à leur dévelop- pement , tandis que les premières auraient été peut-être en partie déposées durant une certaine agitation des eaux. ( 376) Une circonstance qui vient confirmer cette différence de gisement, et l'appropriation que j'ai précédemment indiquée des Gryphées aux dépôts argileux et marneux, à l'exclusion des couches granulaires, est que le système des Argiles de Dives (Oxfordclay ) , si développé dans le département de la Sarthe, mais beaucoup moins ar- gileux, plus mélangé de sable et de calcaire, à struc- ture plus grenue, plus tourmentée que dans le Calva- dos et dans le comté d'Oxford , ne contient plus que de rares et petits individus de la famille des Ostracées , surtout du genre Gryphée, si prodigieusement déve- loppée dans les autres localités , ou des fonds presque entièrement vaseux, favorisaient sans doute leur ac- croissement. A Mamers , ce système, qui occupe les sommets des côteaux environnans , y présente, surtout à l'entrée orientale de la ville, dans une épaisseur de quarante à quarante-cinq mètres , une alternance de couches argi- leuses bleues et jaunâtres, de bancs minces d’un cal- caire argiloferrugineux très-cohérent, et d’une Oolite plus ou moins brunâtre ; il repose très-visiblement sur l'Oolite blanche à fougères, dont il est séparé par plusieurs bancs oolitico-graveleux , tout-à-fait sembla- bles à ceux du Corn-brash qui séparent l'argile d'Ox- ford , de lOolite de Stonesfield, sur la pente du pla- teau de Woodstock. IV.—Oolite de Mamers ou Oolite à Végétaux terrestres. Ce terrain qui peut être désigné par le nom du lieu prin- cipal des exploitations, constitue à l’ouest et au nord de la ville, un plateau presque nu et assez ondulé; il s'appuie à quatre lieues de-là sur les roches anciennes de la forêt de ES | (3737 ) Perceigne, s’étend au-dessus de l'Oolice barytifère d’Alen- con, et se confond peut-être avec elle, sur quelques points de cette plaine , vers Cuissey, où un calcaire oolitique, semblable à celui de Mamers, a présenté à M. Regley, une des fougères , et plusieurs coquilles que nous verrons dans cette dernière localité; plus loin, au nord, il se réunit à la grande Oolite, dans la plaine de Séez; il se prolonge ensuite au sud-ouest, entre le Mans et Alen- con ; et une grande partie des calcaires oolitiques ob- servés par M. Ménard , dans le département de la Sarthe , me semblent par l’uniformité de leur grain et leur alternance avec des couches compactes, se rap- porter à cette section plutôt qu’à l'Oolite de Mortagne. Le terrain qui nous occupe se compose, aux environs de Mamers, de couches alternatives d'Oolite blanche, par- fois assez fine pour ne pas laisser apercevoir les grains; de calcaire compacte rarement schisteux, à cassure mate ou conchoïde, tout-à-fait semblable au calcaire prédominant dans le Jura ; de sables blancs quarzeux et calcaires , friables , ou endurcis en grès très-cohé- rens. Ceux-ci sont les plus anciens ; le calcaire com- pacte , jaune , bleu , ou rosâtre, soit homogène et den- dritifère , soit pénétré de nodules de chaux carbonatée radiée , alterne avec des Oolites fines, uniformes ,.et occupe la partie moyenne ; l'Oolite à fougères est la plus nouvelle (1). Leurs rapports s’observent aux pro- fondes carrières de Villaine-la-Careille, où les Ooli- ” (x) Une composition et une alternance semblables de couches ooli- tiques et compactes ont été signalées par M. Boué, dans les systèmes prédominants de l'Allemagne méridionale et de la Charente-laférieure; par M. de Bonnard dans l’Auxois; par MM. Charbaut, Woltz et autres géologues duns le Jura. ( 378 ) tes moyennes acquièrent une grande épaisseur, où quelques bancs bruns et bleuâtres oolitico-lamellaires rappellent tout-à-fait le Forest marble, et où quelques autres durs et grenus ressemblent au Corn-brash; à la colline de Chaumiton , où dominent l'Oolite friable, les sables 'et les grès calcaréo-sableux ; à Aïllières , au vallon de l’Arche, où les bancs compactes isolés couvrent de leurs débris la surface des champs ; au vallon de Mar- coué , où les mêmes couches montrent une épaisseur de dix mètres entre deux lits oolitiques'; à Mamers enfin , où des puits traversent toute la formation , dans une puissance de trente-cinq à quarante mètres , et où , jusqu'ici dans la partie supérieure seulement, ont été trouvés les végétaux terrestres. Ces couches à Fougères sont exploitées autour et dans l’intérieur même de la ville, sur une épaisseur de huit à dix mètres : les lits les plus superficiels se divisent en pla- ques comme presque tous les terrains calcaires , et ont un grain sublamellaire;la coucheinférieure non exploitée est bleuâtre, à texture compacte, et contient dans sa pâte un peu marneuse quelques grains et nodules oolitiques , de petites bivalves indéterminables , et quelques petites co- quilles turriculées qu'on dirait être la Melania hordea- cea , si les échantillons provenaient d’une carrière des environs de Paris. La masse principale du dépôt n’est ni feuilletée , ni argilifère , ni charbonneuse , au contraire de ce qui arrive souvent dans les terrains avec emprein- tes végétales ; mais tout-à-fait calcaire , blanche , assez uniformément oolitique, divisée en une dixaine de bancs pleins et continus , successivement un peu graveleux, à grain fin et serré, ou bien à lamelles spathiques, comme le Forest marble et le calcaire à Polypiers du Calvados. (379) Des amas lenticulaires et tubuleux d’Oolite beaucoup plus fine, et de calcaire compacte, y sont disséminés. L'existence de ces concrétions à structure grenue dans une pâte homogène , ainsi que celle des concré- tions de calcaire compacte dans un dépôt entièrement granulaire , ont été remarquées comme très-habituelles dans le terrain de Stonesfield ; et quoique ce rapport extérieur soit en lui-même peu important, il n’est cependant pas à négliger, car il annoncerait peut-être une similitude d'action , qui, d’ailleurs, semble s'être reproduite jusque dans les terrains supérieurs à la craie, et presque toujours aux époques où les eaux commeucçaient à changer la nature de leurs sédimens : c'est ainsi qu'au contact du calcaire grossier et des cal- caires d’eau douce dans le bassin de Paris, au contact de la craie et des terrains d'eaux douces à Dieppe , à Nogent-le-Rotrou et ailleurs, on remarque la réunion et le mélange de ce double mode de structure. Le système qui nous occupe étant précisément celui dont nous cherchons à établir l’analogie avec Stonesfield , il serait bien intéressant de pouvoir comparer d’abord, avant de parler des végétaux, les êtres marins des deux localités ; mais en ce moment cette comparaison ne peut être que très-incomplète , à raison du petit nombre d’es- pèces qu’il m'a été possible de recueillir à Mamers : ce ne sont jusqu'ici que des Mollusques et des Zoophites, tous marins ; et malgré Jeur rareté et leur mauvaise con- servalion, on y reconnait deux espèces de Pecten, des fragmens de Pinna, de Pinnigena, d'Ostræa; une petite Avicule, deux espèces de Térébratules qui se rappro- chent de la 7. spathica et de la T. bisplicata si com- munes dans le calcaire à polypiers du Calvados; de pe- ( 380 ) tites Coquilles bivalves voisines du genre Vénus ? une tige ronde d'Encrinite; de petites baguettes d'Oursins, et des masses globuleuses de Millepore ou de Favosite con- verties en Chaux carbonatée saccaroïde. Ces êtres offrent , comme on peut|le voir et comme je l'ai précédemment indiqué, plus de rapports génériques au moins avèc ceux de l’Oolite de Mortagne, qu'avec ceux des argiles qui les en séparent. Peu abondantes dans les couches mêmes à végétaux, ces corps le sont un peu davantage dans les Sables et Grès inférieurs : on y trouve de plus en effet dé nombreux articles de Pentacrinites , des Bélemnites, d’autres Coquilles des genres Isocarde, Trigonie, Cras- satelle? Cuculée? Lucine ? etc. En résultat je n’ai encore reconnu d’analogues avec Stonesfield, dans ce petit nom- bre d’espèces, que deux Térébratules, une Modiole, une petite Trigonie tuberculeuse, une de ces Coquilles tur- riculées du genre Vérine , différentes de celles de l'Oolite de Mortagne , et plusieurs moules de Coquilles bivalves, qui, par des traces d’impressions musculaires et de char- nières, annoncent des genres et peut-être des espèces semblables. Ces premières analogies, quoique si incom- plètes, permettraient presque néanmoins d’annoncer qu'on pourra en reconuaître de bien plus grandes par des recherches ultérieures. Les végétaux qui semblent être bien plus nombreux dans ces couches , se présentent sous la forme d’impres- sions couvertes souvent d’une poussière charbonneuse,. La plupart étaient brisés lorsqu'ils ont été enfouis , et de nombreux débris de petites tiges réticulées ont été dis- posés dans tous les sens et dans toutes les parties de la masse ; on en trouve des fragmens jusque dans Ja pâte oolitique qui remplit l’intérieur des Coquilles; mais les ( 38r ) grandes feuilles paraissent plutôt avoir été déposées pa- rallèlement aux strates. On reconnaît les débris les plus abondans dans des impressions creuses de petites tiges cylindriques se ramifiant quelquefois , ayant environ un demi-centimètre de diamètre, et des longueurs inégales. Ces empreintes montrent la trace souvent profonde de tubercules plus ou moins régulièrement hexagonaux, dont la disposition et la forme rappellent celles des tiges de quelques Euphorbes, ou des Conifères, et qui va- rient assez entre elles pour annoncer plusieurs espèces (pl. 19, fig. get ro, leurs différens aspects, et fig. 9 A, un fragment restitué pour indiquer les formes habituelles des tubercules , et des petites impressions destinées sans doute à l'insertion des épines ou des feuilles). Recher- chant parmi des figures de plantes fossiles celles qui of- friraient quelques rapports avec ces tigés, j'ai reconnu que plusieurs espèces publiées par M. de Sternberg (3me cah. de la Flore du Monde primiuf, pl. 33, fig. 2, 3, pl. 38 et 39) leur ressemblaient beaucoup : ces figures représentent des végétaux bien plus entiers, mais de grosseur à peu près égale à celle de nos empreintes, à rameaux nombreux couverts d’écailles imbriquées, mais qui paraissent être plutôt ici des feuilles ou des écailles que des tubercules, M. de Sternberg, les rapprochant des Conifères, en a fait avec doute le genre Thuites; cette détermination botanique peut être contestée ; et c'est aux botanistes à la discuter ; M. Ad. Brongniart a bien voulu ‘prendre ce soin dans une description particulière des végé- . faux qui nous occupent ; mais un rapprochement différent et qui intéresse la géologie, est de voir que les végétaux figurés par M. de Sternberg provenaient de Stonesfield. Ce sont encore des -plantes analogues à celles de ( 382 ) cette localité célèbre, qu’on trouve le plus abondam- ment après ces tiges et qui consistent en impressions de feuilles appartenant à la famille des Fougères ; j'en pos- sède cinq échantillons semblant se rapporter tous à des espèces , et peut-être à des genres diflérens : une pinnule isolée (fig. 1), découpée comme les feuilles d’Æsplenium . et de Ceterach, se rangerait dans la division des Filicites pecopteris de M. Ad. Brongniart; une seconde, plus grande et à bords plus aigus, s’y rapporterait peut-être égale- ment ; et trois autres (fig. 3, 4, 5), par leur ressemblance avec des Polypodium ou mieux avec le genre Osmunda, appartiendraient à la section des Filicites névroptères. Deux de ces espèces ( fig. 4 et 5 ) offrent cette particu- larité remarquable, que les feuilles devaient en être épais- ses et se recouvrir un peu l’une l’autre. Un cinquième in- dividu (fig. 2) qui pourrait former une cinquième es- pèce, est celui trouvé par M. Regley dans le calcaire oolitique de la plaine d'Alençon, antérieurement à la découverte que j'ai faite des plantes de Mamers ; il paraît appartenir Hand à cette section et montre du moîns des caractères spécifiques très-différens. Deux de ces plantes paraissent les mèmes que celles figurées par M. de la Bèche (Trans. Géol., 2° sér., 1% vol., pl. 7. fig. 2, 3), comme provenant du Lias d’Axminster ( Dorset ); elles ressemblent encore beaucoup à deux autres empreintes trouvées par M. de Gerville dans le Calcaire de Falo- gnes, terrain dont la structure rappelle aussi Stonesfield et qui, selon les observations de M. Constant Prévost ct les miennes, appartient au système de la grande Obolite plutôt qu’à aucun autre , se trouvant être ainsi très-voisin des couches qui nous occupent. De telles analogies permettront bientôt d'arriver à ce ( 383:) résultat facile à prévoir, que la végétation contempo- raine du dépôt des Oolites n’était pas moins générale, ni moins différente de celle des terrains plus anciens et plus nouveaux, que ne le sont entre eux les animanx de ces époques successives. Parmi d’autres débris de végétaux recueillis également à Mamers, M. Ad. Brongniart a reconnu une feuille d’une forme très-remarquable (fig. 6) qui pourrait ap- partenir aux Zamia; quelques autres feuilles plus ou moins longues et lancéolées! à nervures parallèles, con- fluentes à la base, ayant la forme des Poacites de M. de Schlotheim ; lune d’elles (fig. 7) qui était longue de plus de deux décimètres sur une largeur de trois à quatre cen- timètres, devait, si lon en juge par la profondeur de son empreinte, appartenir à une plante grasse monoco- tylédone de la famille des Liliacées ou des Asparaginées ; des débris de feuilles offrant les mêmes nervures et la même forme générale sont de même assez fréquentes sur le schiste de Stonesfield. Plusieurs fois dans le cours de cette description, ayant indiqué des rapports saillans entre l'Obolite à fougères et le Calcaire de Stonesfield, et craignant cependant, dans Vétat encore douteux de la question, de donner à ces rapprochemens plus de valeur qu'ils ne méritent ,. je les résume en peu de mots!: ahalogie complète dans la po- sition apparente du terrain de Stonesfield et réelle de celui de Mamers, au-dessous des trois mêmes systè- mes de la formation Oolitique ( 4rgile de Kimmeridge, _Coral-Rag, et Argile d'Oxford) ; analogie parfaite dans le mélange des animaux marins avec des végétaux ter- restres ; analogie très-grande entre les familles et peut- es- es € ae être gntre quelques-unes des espèces auxquelles appar ( 384) tiennent de part et d'autre ces végétaux; analogie assez importante encore, mais jusqu'ici incomplète, entre les Coquilles marines des deux terrains. Si, d’un autre côté, nous isolions et réunissions en un faisceau , les différences que les terrains comparés nous présentent, nous en verrions un certain ensemble, peut- être plus imposant. La composition minéralogique d’a- bord ne nous paraîtrait point tout-à-fait identique : la structure oolitique n’est pas la même dans les deux loca- lités ; les bancs minces fissiles et les rognons calcaréo- sablonneux qui dominent à Stonesfield, ne se reconnai- traient qu'imparfaitement dans les couches d’Oolite graveleuse , de Calcaire compacte, d’Oolite fine, de Sa- bles et de Grès, dont l’alternance caractérise Mamers. Cette première dissemblance nous en ferait apercevoir uve seconde un peu plus appréciable, et nous verrions que pour trouver les deux terrains sur un horizon géo- logique parfaitement identique, il faudrait que les cou- ches supérieures de l’Oxfordshire désignées par les noms de Corn-Brash et de Forest-Marble, que nous avons vues représentées au milieu de l’Oolite à fougères, fus- sent plus développées et plus isolées dans le départèment de la Sarthe, pour ressembler mieux à la manière dont elles se comportent dans l’autre pays. Mais l'exactitude, si bien constatée aujourd’hui, pour toutes les époques, des rapports les plus parfaits entre les terrains et presque entre les bancs de la France et de l'Angleterre, ne sau- rait toujours être minutieuse, surlout entre des dépôts éloignés de plus de centlienes. Aussi ces deux premières différences n'auraient peut-être pas mérité d’être relevées, si elles n’en accompagnaient deux autres bien plus grandes etbien plus importantes en apparence ; la première est la position encore incertaine des couches de Stonesfield (385 ) au-dessous des systèmes oolitiques, au milieu desquels elles ont été déposées. M. Prévost discutant soigneusement cette incertitude dans le rapport imprimé à la suite de ce Mémoire, je n’appuierai pas davantage sur ce sujet. La seconde différence la plus réelle consiste dans l’existence des animaux fossiles qui ont fait la célébrité de Stones- field , et dont il n’a encore été trouvé à Mamers aucun débris. Comment, en effet, pourrait-on dire, penser à comparer un terrain , qui n’oflre jusqu'ici de remarqua- ble que quelques restes de végétaux, avec cet étonnant assemblage d’êtres organisés de tous les ordres (1) deCrus- tacés, d'Insectes coléoptères, de Poissons, de Tortues, de Reptiles sauriens gigantesques, d'Oiseaux échassiers et surtout de ce Mammifère Didelphe qui les accompagne? . Certes la différence paraît immense , et peut-être est-il hasardeux d'essayer de la diminuer, d'autant plus que de très-habiles naturalistes ont concu des doutes sur la vé- ritable position de Stonesfield , et que ce rapprochement serait un argument assez fort en faveur de l’opinion con- traire. Mais comme ces doutes ont été principalement excités par les animaux terrestres et fluviatiles dont la présence étonne tant à Stonesfield, et dont l'absence étonnerait également à Mamers, dans la présomption d’analogie que nous cherchons à établir, ne pourrait-on pas essayer d'en diminer la valeur, et appuyer ce rap- prochement de quelques nouvelles réflexions? Je rap- peillerai d’abord que ces végétaux; semblables dans les deux localités, ont eux-mêmes une importance bien plus (1) Buckland : Trans. Géol., 2 série, 1er vol., p. 371; Mémoire sur le Megalosaurus, Reptile saurien de Stouesfield, dont les osse- mens annoncent un animal de la hauteur de l'Éléphant , et de la lon- gueur des Baleines. Cuvier , Oss. foss., tom. 5, 1e partie, p. 343. Tous IV. 25 ( 386 ) grande que des ossemens : leur mélange complet avec les productions marines, leur fragilité et néanmoins la bonne conservation de quelques-uns, prouveraient que de partet d’autre ils se retrouvent dans les couches où ils ont été enfouis dès l’origine, et qu’ils n'y ont point été introduits postérieurement au dépôt de la masse ; ce qu’on ne pourrait présumer aussi positivement pour des os, corps solides susceptibles d’être déplacés et confondus dans des mélanges. Relativement à ces animaux eux-mêmes, on remarquera qu'ils ne doivent être nullement considérés comme les élémens réels de l’organisation sous-marine de cette époque, et qu'ils y sont au contraire étrangers. Les courans , ou débordemens marins , ou autres agens inconnus qui en ont occasioné le dépôt, au milieu des produits de la mer, n'avaient sans doute qu’une iin- fluence très-resserrée; et tandis qu'en quelques lieux ils en entassaient les débris, ils pouvaient ailleurs n'en réunir qu'un très-petit nombre, des végétaux le plus sou- vent, mais les mêmes , comme à Mamers , à Collyweston près Stamford (Lincoln), à Hinton près de Bath , et n’exercer aucunement leur action en beaucoup d’autres lieux. Cependant les sédimens marins ne s’en déposaient pas moins uniformément sur le même horizon géologi- que: à de grandes distances les mêmes espèces dé Co- quilles vivaient pendant la formation des mêmes couches, æe qui est surtout bien remarquable pour les différens systèmes de l'Oolite. Or, si l’on vient à comparer, comme nous avons commencé à le faire, les mollusques marins qui vivaient au moment du dépôt de Stonesfield , avec ceux qui ont accompagné ou précédé de fort peu de temps le dépôt de Mamers, on reconnaïtra, autant que le permettent le petit nombre et l’altération de ces { 387 ) fossiles, que de part et d'autre ils sont à peu près des mêmes que ceux appropriés, en plusieurs autres lieux, à cette même section de l'Oolite, et qu'ils présentententre eux, même spécifiquement, une assez grande masse de ressemblance. Les dents ou palais triturans de poissons marins ( Diodons et autres), si communs à Stonesfield, ne sont pas rares dans le Calcaire de Caen (1) dont la for- mation ne paraît pas avoin, été de beaucoup antérieure à celle de l’'Oolite à fougères. On peut ajouter bien plus encore, c'est que loin de pouvoir considérer comme une. cause essentielle de la séparation réelle et théorique de deux terrains, la présence dans l’un d’eux seulement de ces êtres anomaux étrangers à leur composition organique générale, on ne serait pas en droit, ainsi qne nous l’ap- prend un exemple également célèbre , d'établir leur eon- temporanéité uniquement sur la réunion et sur la coexis- tence de ces mêmes êtres. M. Buckland.a- prouvé en effet, par une comparaison bien curieuse, que les Strates découverts par M. Mantell, dans la forèt de Tilgate en Sussex, et appartenant au Sable ferrugineux ( Iron sand), terrain plus nouveau que toute la formation Oolitique, contenaient la plupart des fossiles dé Stones- field, étrangers à l’organisation sous-marine, tels que Oiseaux, Mégalosaures, Tortues, Fougères., etc., mais non point les mèmes Coquilles marines, L'identité que ce célèbre géologue n’en a pas conclue, reposcrait sur une base infiniment moins sûve que si elle. était établie sur des observations de stratification et sur une analogie G) M. E. Deslongchamps, D. M. à C2en, qui a réuni beaucoup de faits et de descriptions d’un grand intérêt sur les Fossiles de la Nor- mandie, posséde plusieurs de ces dents curieuses par nn grande taille et leur assemblage régulier. 25* ( 388 ) des Mollusques marins; car les animaux de cette der- nière classe semblant s'être remplacés ou modifiés bien plus rapidement et avoir été soumis à des circonstances de vie moins variables, peuvent en conséquence être plus caractéristiques d’une époque resserrée, que les êtres terrestres, ou quelques animaux marins d’une organisa- tion supérieure dont les espèces plus indifférentes aux niveaux et à la nature des eaux, se sont conservées et perpétuées durant de plus longs intervalles. Les végétaux eux-mêmes dont la coexistence a fixé -d’abord notre attention , n'auraient pas présenté un chro- nomètre suüfhisant, car ils montrent depuis le Lias jus- qu’au Sable ferrugineux une physionomie trop peu dif- férente, et surtout encore trop peu connue. Aussi avons- nous été amenés bien plus sûrement à la comparaison de Stonesfield et de Mamers par la similitude parfaite des niveaux géologiques, réunie à de grands rapports entre les coquilles et les végétaux. Nous croyons pouvoir en conclure en dernier résultat, mais toujours avec une réserve trop bien fondée, que ces deux terrains, s’ils ne sont pas tout-à-fait contempo- rains et identiques, ont été probablement déposés à des époques très-rapprochées ; et comme la place de celui de Mamers est évidemment dans le système moyen de l’Oolite (partie moyenne du Calc. du Jura), il en résulte un motif nouveau et puissant de croire avec les géolo- gues anglais, que celui de Stonesfield , malgré ses éton- nans fossiles, occupe la même position. Explication de la Planche XVII. Fig. 2. Coupe des terrains composant la formation oolitique depuis . Bellesme jusqu’à Alencon. — Lesfig. 1, 2, 3:se rapportent au Mémoire suivant. n ( 389 ) Ossenvarions sur les Schistes calcaires Oolitiques de Stonesfielden Angleterre, dans lesquels ont été trouvés plusieurs ossemens fossiles de Mammifères ; Par M. ConsranT PrÉvosr. L (Extrait d’un rapport fait à la Société Philomatique de Paris, sur le Mémoire précédent de M. J. Desnoyers. ) Après quelques considérations préliminaires sur l’im- portance et l'utilité de l'étude de la Géologie positive, et après avoir présenté le tableau des principaux résul- tats auxquels ont conduit les observations directes des géologues modernes, le rapporteur poursuit ainsi : * Pour entrevoir les premiers résultats que nous venons de rappeler, il a fallu sans doute rassembler déjà un grand nombre de faits; mais il en reste un bien plus grand nombre à acquérir, avant qu'il soit possible de considérer comme des principes certains, comme des lois immuables ce qu'il n’est encore permis de don- ner que comme des aperçus; chaque jour apporte la preuve qu’un fait imprévu vient démontrer que nous ignorons complètement ce que la veille nous croyons si bien savoir : d’un autre côté cependant il faut bien se garder de croire , parce que des règles données comme infaillibles ont été détruites , que des explications sédui- santes et adoptées ont été reconnues fausses, qu'il n’y a en géologie ni principes ni lois , et que les faits sont iso- lés ; ce serait tomber d’un excès dans un autre; il faut seulement dans l’état actuel de la science n’adopter et ne rejeter aucune règle exclusivement, et surtout n’ad- mettre et ne récuser aveuglément aucune autorité. Telle est l'opinion qui nous a dirigé dans la discussion à la- \ ( 396 ) quelle nous a conduit la lecture du Mémoire intéres- sant de M. J. Desnoyers. D'après cela, si aucun fait ne nous semble devoir être repoussé, quelque contraire qu'il puisse paraître aux opinions les mieux accréditées, nous croyons aussi qu'il ne faut accepter aucun fait sans l’examen le plus rigoureux, surtout s'il se trouve être en contradiction avec les conséquences tirées d’un grand nombre d’ob- servations précédentes. Nous avons déjà exprimé notre manière de voir au sujet de la citation remarqua- ble faite par les géologues anglais, d’ossemens de mam- mifères dans les terrains oolitiques, et cela avant que nous eussions eu l’occasion de visiter la localité devenue célè- bre, qui offrirait une exception bien manifeste aux règles déduites par M. Cuvier, comme résultats de ses nom- breuses recherches ; nous disions alors (1) que, s’il faut se garder de donner aux fossiles une importance trop exclusive, il semble que d’après la masse des faits con- nus il faut à plus forte raison n’admettre un fait évi- démment en, opposition avec un aperçu général qu'il semble contravier, qu'après s'être bien assuré que cette contradiction n’est pas une anomalie apparente , expli- cable par quelque circonstance particulière. Depuis lors nous avons visité Stonesfield, et malgré l'autorité de tous les géologues anglais, celle de MM. Conybeare et Buckland, malgré l’adhésion à leur manière de voir de plusieurs géologues français qui ont visité les mêmes lieux avant nous, malgré le travail de M. Desnoyers qui prouve d’une manière incontestable qu'il y a analo- gie parfaite entre les terrains des environs de Mamers (1) Bulletin de la Société Philomatique (mars 1824, pag. 42). ( 391 ) en France, et ceux des environs de Stonesfield et d’Ox- ford en Angleterre; il nous reste des doutes que nous me saurions dissimuler. Nous devons déclarer avec une égale. franchise que ni l'autorité de M. Cuvier ni celle de M. Brongniart ne sont les motifs de nos doutes. Le respect inaltérable qne nous professons avoir pour la personne de ces sayans, ne s'étend à leurs opinions qu'autant que les faits nous semblent d'accord avecelles. : On pensera peut-être que l'intérêt seul de la science nous dirige, puisqu’en rompant le silence pour n’émet- tre qu'un doute, nous sacrifions la crainte de nous tromper , à un résultat ordinairement peu envié. Le Mémoire de M. J. Desnoyers a pour objet te dé- crire et de faire connaitre les divers terrains que l’on rencontre successivement en parcourant une ligne qui s'éloigne de Paris à l’ouest depuis Bellesme jusqu’à Alençon, et notamment d'indiquer d'une manière pré- cise dans quel rapport de position se trouve placée une eouche particulière de Calcaire oolitique qui renferme auprès de Mamers une grande quantité d'empreintes de végétaux dont plusieurs ont appartenu à des Fougères. L'auteur du Mémoire a mis dans ses descriptions autant de soins que de clarté, il a heureusement lié les ter- rains qu'il décrit, non-seulement à ceux qui composent en général le sol de la Normandie et de la côte, mais en- core à ceux de l'Angleterre. M. Desnoyers nous parait être parvenu à établir d’une manière incontestable les rapports qui existent entre les terrains des environs de Mamers et ceux des environs d'Oxford : le même ordre relatif de superposition, la na- ture minéralogique , les espèces de fossiles et Je facies gé- méral ne laissent aucun doute sur ce rapprochement. (392 ) ‘ Les argiles de Honfleur et de Bellesme sont évidemment celles qui couronnent les hauteurs des environs d'Ox- ford , la pierre à bâtir de Mortagne est bien le Coral-rag et l'Oolite des environs d'Oxford ;, l'argile de Mamers est bien la même que celle qui forme le sol de la plaine de cette ville de l'Angleterre; l'Oolite de Mamers et celle d’Alencon correspondent parfaitement à ce que les Anglais appellent grande Oolite ou Oolite de Bath. Nous avons essayé de confirmer le rapprochement établi par M. Desnoyers, en ajoutant à la coupe qu'il a donnée des terrains compris entre Bellesme et Alençon, pl. 17, fig. 2, celle des terrains analogues compris entre Oxford et Charlbury, pl. 17, fig. 3 , nous avons essayé aussi. de faire voir comment les deux coupes prises en France et en Angleterre sur deux points éloignés se lient entre elles par des lignes intermédiaires , et nous avons donné ici un extrait, pl. 17, fig. 1, d’une carte géologique qui se rapporte à notre travail sur les falaises de la Norman- die (1). En considérant dans ce travail les terrains en couches presque horizontales au centre desquelles est situé Paris, comme remplissant un vaste bassin dont les bords seraient formés au nord et à l’est par les ter- rains plus anciens et en couches inclinées des Arden- nes et des Vosges, au midi par ceux du Morvan et du Limousin, à l'ouest par ceux de la Bretagne et du Co- tentin, nous avons annoncé que pour compléter l’en- ceinte il fallait passer en Angleterre pour trouver dans DT chine te nilcintqnere SEE (1) Les bandes de terrains de la même nature et colorés de même, ne se voient pas d’une manière continûe à la surface du sol depuis Oxford jusqu’à la côte d'Angleterre. Les diverses formations que nous ayons supposées dénudées sur toute cette étendue sont, dans un grand nombre de points, recouvertes par des lambeaux des formations plus récentes. ( 393 ) le Cornouailles et le pays de Galles les bords nord-ouest de ce vaste bassin, coupé accidentellement et postérieu - rement peut-être par le canal de la Manche. Nous avons dit aussi que les terrains horizontaux se relevaient de toutes parts en S’approchant des bords sur lesquels ils s’apprient; les deux coupes faites, l’une de Bellesme à Alençon, l’autre d'Oxford à Charlbury, confirment ce qu’avaient fait voir la coupe des falaises du Calvados, et celles de Paris aux Ardennes et au Jura. Mais si l'identité entre les terrains des environs de Mamers et ceuxdes environs d'Oxford, considérés d’une manière générale, ne peut être contestée, il ne nous semble pas devoir en être de même du rapprochement que M. J. Desnoyers cherche à établir entre le banc particulier qui, à Mamers, renferme des Fougères fos- siles, et le banc qui, à Stonesfield, contient avec quel- ques plantes, il est vrai, de mème famille , des ossemens brisés de mammifères, d’oiseaux, de reptiles gigantes- ques, des dents et palais de poissons, des élitres d’insec- tes coléoptères, tous fossiles, qui ne se trouvent pas à Mawmers , et qui n’ont jamais été rencontrés réunis qu’à Stonesfield dans des couches auxquelles on puisse assi- gner une aussi haute antiquité. M. TJ. Desnoyers en pro- posant ce rapprochement l’a fait avec toute la sagesse, toute la réserve que commande une question semblable, et nous pouvons dire que les présomptions qu'il a fait valoir sont peut-être les plus difliciles à combattre dans une opinion contraire à la sienne. Pour procéder avec ordre sur un sujet qui nous sem- ble devoir mériter le plus grand intérêt, nous ne pou- vons nous dispenser de donner une courte description de la localité de Stonesfield , d'examiner successivement ( 394 ) si les ossemens trouvés sont bien ceux d’un mammifère, si ces ossemens appartiennent bien aux schistes calcaires: oolitiques de Stenesfield, et enfin sl est incontestable que ces schistes eux-mêmes sont enclavés dans la série: des terrains oolitiques dont ils semblent faire partie, et auxquels on les a rapportés. L Sur les Schistes calcaires de Stonesfield. Stonesfield est un village situé à environ six lieues au nord-ouest d'Oxford. Cette dernière ville est dans une plaine argileuse basse de laquelle on s’élève graduelle- ment sur un plateau uni et calcaire formé par les cou- ches de la formation oolitique que les géologues anglais ont désigné sous le nom de Cornbrasch ; on exploite cette pierre , pour les constructions , à la curface du plateau dans des carrières peu profondes et à ciel ouvert. Après s'être cru Jong-temps dans une plaine élevée et continue, on arrive au bord d’un escarpement rapide du haut du- quel on aperçoit une vallée assez profonde , sinueuse, et au-delà on voit se continuer le plateau sur lequel on est placé. C’est dans la vallée intermédiaire qu'est situé le village de Stonesfield ; la vallée élargie où pour mieux dire le bassin au milieu duquel il est bâti, ne présente pas un fond uni, mais des collines basses et arrondies dont la surface originaire est au surplus masquée par les non:brenx décombres que produisent les exploitations; celles-ci se font par des puits verticaux dont la profon- deur varie de trente à quarante pieds. C’est après avoir traversé une roche grossière nommée Rag par les ou- vriers , et quelques lits d'argile sablonneuse, que l’on ar- rive aux couches que l’on doit extraire pour les trans- former en plaques minces propres à couvrir les maisons ; ( 395 ) ces couches nommées Pendle sont au nombre de deux; leur épaisseur est d'environ deux pieds, et elles sont sé: parées par un banc de pareille épaisseur de grès silicéo= calcaire friable (race), qui n’est pas employé et qui con- tient des espèces d’ellipsoïdes aplatis, plus durs et partiel: lement oolitiques (Whim-Stones ou Potlids); la pierre extraite, exposée à la gelée pendant l’hiver, devient fis- sile, et c’est entre ses feuillets que l’on rencontre les nombreux fossiles qui caractérisent cette localité. Si l’on compare les matériaux extraits des puits avec les diffé- rens lits que l’on peut étudier en descendant dans la val- lée , et dont nous avons pris une coupe que nous joi+ gnons ici pl- 17, fig. 4, ils ne présentent aucune analogie avec eux; les bancs qui se voient dans l’escarpement sont homogènes, à grains plas ou moins fins, à ciment cristallin; ils ne diffèrent pas de ceux que l’on rapporte, dans un grand nombre d’autres lieux de l'Angleterre et en France , à la même époque de la série oolitique ; les blocs que l’on extrait des puits offrent au contraire las- pèct d’un mélange que l’on ne connait que dans ce seul point; on voit dans le même morceau des grains ooliti- ques blancs , rougeätres, noirs, de différentes grosseurs, disséminés inégalement dans un sable calcaire ou mar- neux , blanc ou jaune, micacé par place, avec des frag- mens roulés ou au moins usés par le frottement d’une espèce de grès calcaire à grains fins ou de calcaire ooli- tique dur; tous ces matériaux sont pêle - mêle souvent dans le même échantillon. Avec toutes ces substances différentes, et comme étrangères les unes aux autres quant au mode de leur formation , se trouvent les nom- . breux fossiles qui rendent Stonesfield si célèbre pour les géologues. Les fossiles sont aussi des fragmens qui, ( 396 ) avant d’avoir été réunis et enveloppés dans les matières minérales, ont été brisés; les ossemens que l’on croit pouvoir rapporter à une même espèce d'animal sont iso- lés; ici on trouve une seule dent, là une écaille , plus loin une seule élitre d’insecte , une seule plaque du palais d’un poisson ; enfin les débris organiques sont entassés sans ordre comme les substances pierreuses qui les en- veloppent; ils ont appartenu à des animaux marins, à des animaux terrestres, à des plantes marines, à des plantes terrestres, ete. C’est au milieu d’un bloc qui présente tous les caractères de confusion que nous ve- nons d’énoncer, que l’on a dit avoir trouvé une portion de la mâchoire d’un Mammifère ; cette pièce unique était conservée dans la collection de l’université d'Oxford, lorsque M. Cuvier la vit en 1818. Une inspection ra- pide fit dire à ce savant anatomiste qu’elle avait des rap- ports avec la mâchoire de quelque Didelphe , et cette opinion fut adoptée par la plupart des géologues an- glais qui depuis inscrivirent les ossemens de Didelphes dans le catalogue des fossiles des schistes de Stonesfield et dans ceux par conséquent de la formation oolitique ; résultat qui apportait une importante exception äux ob- servations de M. Cuvier qui, jusqu'alors , n'avait com- mencé à rencontrer les débris de mammifères qu’au-des- sus de la Craie; les conséquences déduites par cet ana- tomiste de faits purement négatifs pouvaient, il est vrai, être regardés comme hypothétiques, et il ne pouvait pas paraître impossible qu’un fait nouveau vint détruire ces conséquences ; c’est ce que l’on crut être arrivé. On avait indiqué des ossemens de Ruminant dans la Craie, en Au- triche; on fut à peine étonné de la rencontre d’un Di- delphe dans le terrain oolitique d'Angleterre ; cependant ( 397 ) les faits négatifs qui avaient servi de base à l'hypothèse que l’on renversait, étaient nombreux, et bien plus ils se liaient à une considération générale qui semblait leur donner plus de valeur; il avait paru généralement vrai que plus les fossiles se trouvaient dans des couches an- ciennes et moins ils présentaient d’analogie avec les êtres actuellement vivans. Cet aperçu appliqué à l'étude com- parée des reptiles , des poissons, des mollusques fossiles et vivans, semble encore raisonnablement fondé, et sous ce rapport l'existence dans la formation oolitique d’un Didelphe, d’un Opossum , espèceïqui habite encore l’A- mérique , aurait dù plus surpendre que celle d’un mam- mifère inconnu. Conduit en Angleterre par le désir dé connaître les terrains si bien observés et décrits par les géologues anglais, et de les comparer à ceux que j'avais étudiés sur le continent , j'étais empressé de visiter Stonesfield , et de voir le fameux Didelphe ; le professeur Buckland, dont la libéralité scientifique n'est comparable qu’à son profond savoir et à l’obligeante affabilité de ses maniè- res, me permit de dessiner les fragmens précieux qu’il possédait ; il m’offrit même, dans l'intérêt de la science , de me les confier quoique uniques, pour que M. Cuvier pût les examiner en détail; je me contentai de faire un dessin exact et quatre fois plus grand que nature, que j'envoyai de suite à l’illustre auteur des recherches sur les ossemens fossiles, qui alors publiait le dernier vo: lume de la seconde édition de son ouvrage. Voici ce que M. Cuvier disait en parlant des ossemens de reptiles recueillis à Stonesfield. « Parmi ces innombrables fos- » siles marins sont toutefois quelques os Jongs qui ont » paru venir d'oiseaux de l'ordre des Échassiers, et (598 ) » mème, à ce qu'on assure, deux fragmens de mâchoire , » qui , lors d’une inspection rapide que j'en pris à Ox- » ford, en 1818, me semblèrent de quelque Didelphe. » Et il ajoute en note : « M, Prévost, qui voyage dans ce » moment en Angleterre, vient de m'envoyer le dessin » d’une de ces màchoires; il me confirme dans l’idée » que la première inspection m'en. avait donnée. C'est » celle d’un petit carnassier dont les mâchelières res- » semblent beaucoup à celles des Sarigues ; mais il » y a dix dents en série, nombre que ne montre » aucun carnassier connu. Dans tous les cas , si cet ani- » mal est vraiment du schiste de Stonesfield , c’est une » exception bien notable à la règle , d’ailleurs si géné- » rale , que les couches de:cette ancienneté ne recèlent » point de restes de Mammifères. » On voit , d’après cette note, que M. Cuvier regarde positivement la portion de mâchoire dont il est ques- tion , comme ayant été celle d’un Mammifère; il dit bien qu'elle rappelle celle des Sarigues, mais il fait remarquer en même temps que le nombre de dix dents en série distinguerait l’animal auquel elle a appartenu de tous les carnassiers connus : maintenant le petit car- nassier, probablement insectivore, était-il réellement un Didelphe ? La forme de la branche montante de sa mâchoire , l'apophyse aiguë que présente l’angle posté- rieur de celle-ci, caractères qui sont, il est vrai, bien prononcés dans les Didelphes, et que présentent aussi quelques Rongeurs et les Paresseux, suflisent-ils pour décider la question d’une manière aflirmative, et dans le cas, par exemple, où le gisement dans la formation ooliti- que serait bien constaté , ne pourrait-on pas encore pré- sumer avec autant de motifs que le Mammifèré de Sto- sn ( 399.) nesfield pouvait. être aussi différent des! Mammifères actuels, que le fameux animal d’Eichstædt était différent des reptiles: connus ? Il faut, à ce qu'il me semble, rester ici dans le doute, jusqu’à ce que l’on puisse exa- miner d’autres portions que des fragmens isolés aussi peu décisifs. A ma connaissance , il a été trouvé déjà à Stones- field , trois échantillons de mâchoire inférieure qui paraissent provenir d'animaux de la même espèce ; l’un est dans le Musée de l’université d'Oxford, l’autre est possédé par une personne qui réside à Londres, et le troisième a été rapporté par M. Brochant' du dernier voyage qu'il a fait en Angleterre : ce dernier échan- tillon est bien moins parfait que celui d'Oxford , dont je donne ici le dessein de grandeur naturelle, pl, 18, fig. 1, et un autre dessin quadruple, pl. 18, fig. 2. C'est une mâchoire inférieure adhérente par sa face interne au schiste oolitique , dans lequel elle est forte- ment engagée ; la face extérieure est la seule visible ; sa longueur totale est de vingt millimètres environ ; e qui TL annoncerait , d’après des proportions normales , un ani- mal de la grosseur d’une Taupe au plus. Tout le tissu osseux n’est pas conseryé ; la forme de la branche mon- tante n'est indiquée que par une empreinte en creux, et il ne reste que quelques portions du tissu spongieux de l’os aux angles moyen.et inférieur. La portion pos- térieure de la branche horizontale est la seule qui ait toute son épaisseur ; quant à la partie antérieure de celle- ci, et sur une longeur de plus de sa moitié, la lame os- _seuse compacte et externe a été enlevée probablement lorsque l’on a brisé la pierre de manière que l’on voit clairement les racines des dents implantées dans les al- ( 400 ) véoles. Ces dents sont au nombre de dix sur une ligne continue ; les trois plas profondes paraissent avoir eu trois pointes à peu près égales ; mais, ainsi que la qua- trième, elles sont brisées-verticalement ; de sorte qu’on ne voit que leur tissu intérieur qui n’est nullement en saillie sur la pierre, dont il se distingue par sa couleur brune. Les six dents suivantes sont presque entières et encore recouvertes de leur émail ; ondistingue très-bien le collet qui sépare le corps de la dent de:ses deux racines, leur couronne est tricuspide, mais surtout.dans les quatre antérieures la pointe moyenne est beancoup plus forte et beaucoup plus aiguë que les deux latérales quisont presque rudimentaires ; il n'y a point de canines. proprement dites sallantes ; et quant aux incisives , la portion tout-à-fait antérieure de la mâchoire n’est pas assez bien -conservée-pour que l’on puisse y voir autre chose , si ce n’est que cette mâchoire ne se prolongeait pas beaucoup au-delà de ce qu'indique le dessin. Les dents ont bien distinctement de doubles racines qui sont aussi distinc- tement enchâssées dans des alvéolés ; par conséquent , la mâchoire dont elles font partie était bien celle d'un Mammifère. Mais les ossemens ont-ils été trouvés dans le schiste calcaire oolitique. de Sionesfield ; ‘ainsi que M. Cuvier semble le mettre, en doute:dansila note que nous avons précédemment transcrite ? Ce ldoute n'existe pour personne en Angleterre, et nous ne l'avons eu aucun instant après avoir examiné Ja pièce ; l’os'est ‘engagé dans la pierre, dont les caractères sont bien re- marquables Jet dans l'échantillon recueilli par M. Bro- chant , on voit la double empreinte sur deux fragmens de la mème pierre , qui se réunissent en un seul mor- ceau. Il ne saurait donc y avoir ici aucun sujet de con- PP Sn Bye Ve ( 4r ) testanion. Il ne résté plus qu’ examiner si les schistes calcaires dé Stonésfield font bien incontestablement par- tié dé la ÿrande formation oolitique. F A cét égard, les géologues anglais nous ont paru être d'accord ; tous le disent d'une manière plus ou fnoïins afirmative, et contester une Opinion professée par MM. Coüybearé et Buékland , pourrait paraître té- ‘mérairé si nous né trouvions pas, dans les écrits de ces télébrés gévlogues même, les moyens d'ajouter aux incértitadés que l’inspéction des lieux, et si, l'on veut, des préventions fondées sur des faits nombreux et con- traïrés ; ont faït naître dans notre esprit. à MM. Cônybearé ét W. Phillips, dans leur Essai sur la géologie de l'Angleterre (1), indiquent comme bancs Subordonnés et associés à la grande Oolite qui serait recou- vérte paï éux , lé Corn-brash, le Stonesfield-slate et le Forést-marble. Mais ces auteurs ne décrivent réellement aucune localité dans laquelle ces trois subdivisions se- räient visiblément Superposées l’une à l’autre avec des täractérés distinctifs ; il ‘semble au contraire résulter des éoiidérations générales qui précèdent l’histoire que le Stonesfield-slate 4 doit mme faisant partie du Forest- marble que comine conétituant des assises distinctes . Tädis qié M. Bückland , dans son Tableau de l'ordre de silpéiposition des strates dont ‘se compose le sol de l’Anglerétre’, et M. Greéenough , dans la Légende de sa Héle carte ‘géologique du mème Pays, placent distinç- tement fe schiste de Stonesfield | entre le Forest-marble ët Ta grande Oo'ite. (1) Ontlines of th Geolosy of England and Wales , ete., pagé 200, Tour IV. 26 ( 402 ) MM. Covybeare et Phillips, page 203, ayant de dé- crire en détailiss exploitations de la vallée de Stonesfield, disent : On peut douter QUELQUE PEU que le calcaire schisteux de Stonesfield , si célèbre, etc. (1), doive être rapporté à la même série que le Forest-marble, Et plus loin encore; pag. 207 , on retrouve la mème expression de doute. «Si ; ‘est-il dit (2), le calcaire schisteux de Sto- » nesfeld peut être exactément assigné à cette partie de » la série: ce qui est rendu encore plus probable par Ja » rencontre des mêmes dents et palais de poisson dans le » Forest-marble et dans les schistes, ici se présente le seul » exemple connu de l'existence de débris fossiles d’oi- » seaux et d’ animaux terrestres ; dans dés banes d’une » semblable antiquité. DHL e of Il résulte évidemment , : à ce qu'il me semble’, des citations que nous venons de faire, ‘que MM Cony- beare et Phillips n'avaient pas acquis ; sur les! rapports de position des: schistes à à: fossiles anomaux de Stonesfield, une conviction parfaite; ‘commé celle que donne uné su- perposition évidente observée sur plusieurs points: En effer, nous verrons bientôt que ces auteurs æindiquent pas ; sans quelque défiance ÿ les rapprocheméns qui donneraient auxmêmeseouches uné étendue considérable. Je ferai: ‘observer, par exemple} dès à présénit; que, page 2 290 ; après avoir plusieurs fois fait rémarquertéom- bien ’il'estidifiicile de distinguer Ja! grande : Oolité des sous-formations qui la recouvrent} MM. Conybeäre’ et TE citent A un peu Pgo aù So jh un (1) There can be little doubt a the calcareons state of Stoneshield. PPT belongs to the same part of the series with the forest marble. (2) I the calcareous slate of Stonesfield be correctly aässigned to this part of the series... ( 403 ) d’Enslow ; localité à peine distante d'un mille de Sto- nesfield , comme l’un des points où la ligne. de sépara- tion des bancs supérieurs, peut être le mienx{tracées Le calcaire, exploité dans lès environs se rapporte au Corn- brash , disent-ils et uné section-très-belle:; qui est vi- sible auprès. de, Blenheim, fait voir soixante-dix pieds environ de. roche calcaire qui : reposent sur dix pieds d’une argile qu'ils regardent comme: étant l'argile qui ordinairement recouvre immédiatement la grande Oolite, et qui, par, conséquent, serait inférieure au: Forest- marble et.au, Stonesfield-slate. Is pensent que cette même argile se retrouve, d’une part, le long de la ravine entre Ditchley.et;lé pare de Blenheim ;: et de l'autre, dans une ravine analogue qui passe au nord:du village de Stonesfield,, pour aller s'ouvrir au, midi de Charl- bury. dans’ la vallée; d'Evenlode.. Dans, aucun:de ces points; qui,circonserivent, pour ainsi dire, la localité de xStonesfield ;.on.ne, parait pas avoir reconnu entre le Corn-brash. et l'argile supérieure à la grande Oolite des couches semblables à celles qui, -dans Ja vallée, sont exploitées, depuis si long-temps ;je dis : iline paraît pâs, puisque, si, en était autrement, tous les doutes émis par les: géologues anglais auraient. sûrement été Aevés. A,très-peu, de distance, les montagnes au-delà de la ri- vière d’Evenladé, sont) couronnées par le Forest-marble qui, dans la forêt de Whichwood, prend la dureté du marbre, d’où laiwvient le nom que lon Jui donne; et, dans ces lieux, ni la structure de la pierre, ni les fos- siles qu'elle; renferme, ne rappellent le calcaire schis- teux de Stonesfield, de même que, dans les exploitations de ce dernier , on ne voit rien qui puisse être compa- rable au Forest-marble proprement dit. 26* ( 404 ) Examinons maintenant ce que pense M. Bucklahd sur le gisement des ossemens du Mégalosaure, qui ont été trouvés dans le même lieu que les màchoires de Math: mifères, et qu'il vient de décrire dans le dernier, numéro des Transactions de la Société géologique de Londres(r). Le célèbre professeur s'exprime à ce sujet de la mänièré suivante : 1 « Pour exploiter les pierres à Stonesfield on desceñd » par des puits verticaux à travers une roche solide de » Corn-brash et des bancs d'argile, qui ont plus dé'qua- » rante pieds d'épaisseur avant que d'arriver aux cou » ches feuilletées qui contiennent les fossiles ;* il est » important ( ajoute l’auteur anglais ) de noter cette » circonstance, parce qu'il a été supposé, par des per- sonnes qui ont dernièrement visité les carrières , que C4 » les fossiles sont logés dans des fissures, dans des ca- »wités ou dans un dépôt superficiel et local ; ce n'est » pas ici le cas décidément; ils sont absolument enve- » loppés dans des strates réguliers de la roche même, » laquelle est connne en Angleterre sur une grande » étendue depuis Colyweston auprès de Stamfort jus- » qu'à Ainton près Bath, où l’on exploité sur plusieurs » points POolite schisteuse, pour l’employer à couvrir » les maisons ; ces diverses carrières abondent également » en végétaux marins et terrestres ; mais le Melghän: » rus, l'Opossum , les Oiseaux et Îles insectes coléop- ».tères n’ont été jusqu’à présent trouvés qu'à Stonesfield » seulement. » k : Nous nous permettrons de faire observer à M: Buckland G) Notice on the Meégälosaürus or great fossil lizard of Stonesfield. Trans. sf the geol. soc: , second séries, vol. 1, part. 2. ( 405 ) que nous n'ayons pas reconnu dans les échantillons de la:roche traversée pour arriver au Schiste calcaire, et que nous.avons pris nous-mêmes auprès des puits , que nous ne trouvons pas dans ceux rapportés par MM. Bro- chant, Dufrenoy et de Beaumont, que nous ne trouvons Pas dans Ja description des exploitations dont il s’agit, ipsérée en 1758 dans les Transactions philosophiques, les caractères de la roche dont se compose le sol du pla- Leau qui s'étend de Begbruck à Woodstock, et dont nous ayons étudié les bancs solides auprès de cette petite ville, et à la descente de Blenheim dans la vallée de Stones- field ; ce dernier Corn-brash est dur, l'Oolite ‘dont se composent ses divers strates est réunie par un ciment cris- tallin brillant; la composition de chaque couche est ho- mogène, à grains quelquefois très-fins. On trouve la même pierre dans un grand nombre de lieux environ- pans , €t son analogue se voit aussi en France. Le Corn- brash retiré des puits nous a paru être inégalement dur Poe, renfermant des parties de Calcaire compacte dans nne espèce de Marne blanche, tendre, générale- ment mêlée d’Argile et de Sable. Cette roche nous a semblé particulière à cette localité. M. Buckland dit que les Calcaires schisteux de Sto- nesfield ne se voient pas dans ce seul lieu, puisque la même formation s'étend en Angleterre depuis Coly- weston jusqu’à Æinton ; mais, répondrons- -nous, ces der- niers Calcaires schisteux sont-ils bien analogues par leur position géologique à ceux de Stonesfield , on seulement sont-ils semblables à eux par leur fissilité ? Il faut faire remarquer d’abord que l’anteur dont nous discutons l'o- pinion , dit positivement Jui:même que les fossiles n’ont été trouvés dans aucun autre endroit qu'à Stonesfield, ( 406 ) et si nous reprenons PRES de MM. Conybeare et Phillips nous lirons page 204 : « Les’ bancs d’Afdoise » calcaire se montrent aussi dans'cette portion du sys- » tème oolitiqué auprès d’Easton et de Collyweston ; et il » est probable que ces bancs appartiennent à la mème » série ir ceux de Stonesfield précédemment déérits ; » nous n'avons cependant aucuné description particu- » lière de ces carrières. » Et page 205: « Toute lämasse » de ce système oolitique dans le Dorsetshire (excepté » l’Oolite inférieure proprement dite et ses sables ) pré- » sente les caractères fissiles dn Forest-marble; car il » semble plus probable’ qu'ici la grande ‘Oôlite passe à » cette structure {comme indubitablement céla arrive » dans d’autres lieux ), qu’il n’est possible de croire que » le Forest-marble, qui généralement n’est qu'un banc » subordonné, acquiert une épaisseur tellémént dispro- » portionnée, tandis que a’ grande: OPREI elle-mêtne » manquerait. » EC Ip X59510 Ua Aïnsi donc, d'après MM: Conybeare et Re le silité, et par conséquent la propriété d’être réduit en plaques minces propres à couvrir les maïsons, devient dans le Dorsetshire un caractère commun à toutes lés couches de la-grande Obolite, et’si'ce caractère est lé seul qui ait servilpour faire établir" ün rapprochement" entré” Îles Sclistes’ calcaires" de’ Collyweston” et’ ceux de Stônes- field’, on Voit!combien ee caractère pérd de sa Valeur; il pourra sembler qu'ane démonstration plus satisfaisante devient nécéssaire pour lever toutes les' incertitudes, d'autant plus que MM. Conybeare ét Plillips disent én- core page 217: CÎl'ne paraît pas que la’ ligne de Sépa- » ration entré l'Oblite exploitée dans les carrières à Stam- » fort'et Kettering et les bancs ‘supérieurs de la série, ( 407) » puisse être tracée avec précision. 8: le Schiste cal- » caire de Collyweston { au sud de Stamfort) peut être » avec exactitude rapporté au Forest-Marble, une ligne » tirée par Raunds et Stanwick, indiquera cependant » ce qui doit être rapporté à la division supérieure. » Nous n'avons trouvé rien de plus positif sur le sujet qui nous occupe dans l’ouvrage des célèbres auteurs de la Géologie de l’Angleterre. Il nous reste encore à employer dans cette discussion un fait très-important et que nous fournit le dernier Mémoire de M. Buckland sur le Mégalosaure de Stones- field. Des os de ce reptile géant, dont la hauteur peutavoir égalé celle du plus grand éléphant, sur une longneur de cinquante à soixante pieds, ont été également ren- contrés par M, Mantell auprès de Tilgate en Sussex; mais dans une formation que l’on regarde, conime plus nouvelle que la formation oolitique : c’est dans le Sable ferrugineux qui se voit presque immédiatement sous la Craie, que ces ossemens remarquables ont été trouvés non pas, jusqu'à présentavec des débris de Mammifères, mais avec presque tous les autres fossiles que renferment les Schistes de Stonesfield. Ainsi avec des os d'oiseaux, de Plesiosaure; avec, des, écailles, des! dents , des os de crocodiles ;.avec des humérus, des.côtes et des vertèbres de Cétacés ; ayec des écaillesiet des os. de Tortues; avec une variété particulière de dents de, Squale ; avec des épines. de. Baliste,; avec des dents de poisson, avec du bois ,:avec des: empreintes de Fougères et de Roseau, et enfin avec/quélques cailloux ronlés de Quarz, Jl sembleique sous le rapport des restes organiques il.y aurait une identité parfaite entre les Schistes cal- cairés dé Stonesfield et les Sables ferrugineux de Til- ( 408, ) gate; tandis que par leur nature minéralogique et d'a près l'opinion des géologues anglais, il faudrait placer ces couches bien loin les unes des autres dans la série. générale des terrains, et par une bizarrerie hien étrange , cette parfaite ressemblance anomale entre: des dépôts formés à des époques très-différentes, se ferait voir dans deux localités distantes dont chacune serait unique et pour ainsi dire anomale dans la formation à laquelle on Ja rapponte , el dont aucune ne serait évidemment re- couyerte parles formations que Yon dit être plus ré centes qu'elle (1). Ce nouveau fait, comme on peut le sentir j'ajoute beaucoup à l’importance du premier, car il fournirait l'exemple d'une nouvelle excepuon à des généralités (tr) M::Mantell (Geol. of Sussex, pag. 37 et 299) avait émis quel ques doutes sur la véritable position géologique des couches observées par lui dans la forêt de Tilgate, en disant que les couches ‘corrés: pondent si bien par leur structure et leurs fossiles avec celles du : Purbeck stone, qu’on pourrait avec raison les regarder comme dépen- dant, de ce dernier terrain dont elles seraient uné protubérance aùû milieu du sable ferrugineux et de l'argile de Æealds. M.:Buckland'ne paraît pas avoir partagé cetle opinion, puisque dans le dernier Me- moire que nous avons cité il dit, aprés avoir donné ja liste des Fobsiles communs aux Schistes de Wionesféeld et aux Sables ferrugineux de la forêt de, Tilgate : « Les anelogies ci-dessus. démontrées sont:très- » frappantes , et quoiqu’elles montrent que les conditions de da terre » étaient les mêmes à peu prés, dans le moment où les deux formations » ont été déposées, cependant, le nombre et l'épaisseur des strates » d'Oolite interposés entre les-deux, nans défend , même! pourtun » instant, de soupconner ] leur identité ; la même conclusion:résulte » aussi d’une considérable variété entre leurs plantes fossiles, et d’une » presque totale différence entre leurs coquilles. » | Nous sommes Join de nier la justesse de la conclusion tirée par M. Buckland des faits qu’il rapponte; mais nous pensons qu'il reste cncore de nouvelles recherches à faire sur la position géologique des CRE RS De p- MR EURE 2 ‘r49g; ), déduites d’observations nombreuses. En effet, ici deux assises d’un âge très-diflérent renfermeraient le même assemblage de fossiles , tandis que des formations en- tières très-puissantes 1ét placées éntre elles ne contien- draient pas, non-senlement les mêmes fossiles, mais aucun fossile que l'on soit habitué à regarder comme de la même époque, Cette nouvelle difficulté vient donner plus de force aux doutes que nous n'avons pas craint d'émettre, parce qu’à notre avis ils subsisteront tant que l’on n'aura par prouvé par une description qui, dans cette occasion , ne saurait être Lrop exacle et trop minutieuse, que les Schistes dé Stonesfield sont bien recouverts, et dans plusieurs points, par les terrains que l’on regarde comme plus nouveaux qu'eux, que des lits schisteux ou non, mais renfermant les mêmes fossiles qu'à Sto- nesfield, se voient sans équivoque dans une position relative analogue, c’est-à-dire au sein de la formation oolitique; et par les mêmes fossiles, nous entendons les Mammifères e1 les oiseaux , car pour la plupart des au- : > Xé: Tr 1: : deux formations qu’il compare, et dont nous ne voyons pas la sépara: tion par de nombreuses et épaisses couches de l’Odlite établie sur des observations directes suffisamment exactes ; nous en | appelons aux doutes de MM. Conybeare ? Philipe et Mantell. 7 + Onpourrait-croirey: il est vrai, d'aprés les détails intéressans qui accompagnent ; dans: Je dernier numéro des ‘Trans. de la Société. Géologique de Londres , les descriptions dés plantes trouvées par M. Mantell dans les couches de la forêt de Tilgate, que ce savant géologue n’a pas! conservé opinion par lui émise dans éa Géologie de Sussex, puisqu'il résulte dé ces détails que les bancs qui renferment . les plantes et les animaux vertébrés fossiles sortent de dessous les bancs supérieurs de l/ron sandstone ( probablement le Green Sand de M.ÆFitton, Ann. of Philos. nov. 1824), et qu’ils recouvrent une ar- gile (Weald clay) qui est elle-même supérieure aux sables ferrugi- neux de Hasting ( Hastings sand, Fittov). if! (4ro ) tres, on pourrait, jusqu'à un certain point, ne pas les regarder comme étrangers au système oolitique, et l’on pourrait concevoir quelques circonstances qui les auraient rassemblés après coup dans des dépôts très-modernes. Nous essayerons de rendre sensibles quelques-unes de ces circonstances possibles par une supposition que l'on de- vra regarder comme purement gratuite, dont nous ne prétendons nullement faire l'application aux Schistes de Stonesfield, mais que nous pourrions employer à lex- plication de phénomènes géologiques que nous avons étudiés avec plus de soin: | Lorsque des couches de sédiment sont évidemment composées de matériaux de nature différente, amalgamés sans ordre, que des coquilles marines, qüe des o$‘brisés de poissons marins et d'animaux terrestres ; que des frag- mens de plantes qui ont vécu dans l’eau ou sur la terre, sont entassés avec des cailloux roulés de roches diffé- rentes, des Sables, des Argiles, des grains oolitiques ; on doit supposer que ces matériaux ont été enlevés! non- seulement à des couches plus anciennes, mais à des couches différentes, par une cause qui les a rassemblés dans’le lieu où on les trouve ; on‘pent encore) supposer que-leur transport secondaire a; euliew plus-ow moins de tempstraprès d'époque de “lexir dépôt:-origimaire:/ et qu'ils pourraient ainsi avoir été fourmis par, desiterrains d'âge tnès-difiérent. Pour prendre :unexembple frappant, voyons ce qui arriverait aujourd'hui sioun .coursideau comme la Seine acquérait assez de volume:et:de rapi- dité pouridétruire et entraîner une partie dui!sol sur le- quel il court, avant que de serendre à la mer ;:né por- terait-il pas pêle-mèêle dans les abimes de POcéan des sédimens enlevés au Calcaire du Jura, à la Craie, à (411) toutes les couches du terrain parisien ? Ne confondrait-il pas les fragmens de fossiles détachés de ces divers ter- rains avec les dépouilles des êtres dont les espèces vi- vent sur les terres environnantes ou dans la mer qui recevrait çft amalgame confus? Ces singuliers dépôts ne pourraient-ils pas se faire au fond des mers dans des ca- vités très-différentes par leur nature.et par leur forme ? Les uns pourraient recouvrir le granit. et des autres les alluvions les plus modernes ; les uns rempliraïent de lar- ges vallées, des bassins! circonscrits; d’autres comble- raient des puits verticaux, pénétreraient, par des ouver- tures plus ou moins larges, dans des cavernes spacieuses analogues à celles que l’on voit dans presque toutes les formations, et notamment dans les terrains calcaires, telles que celles qui, en Angleterre, en Allemagne, en Carniole et dans tant d’autres lieux, sont maintenant remplies d’ossemens d'Hyènes et d’autres Mammifères, et comblées de débris diluviens. Si le fond des mers ac- tuelles venait à être mis à sec, combien de conjectures ne pourraient pas être faites par les géologues futurs aväntqu'ils vinssent à découvrir la- véritable cause de pareils effets ;ret l’époque relative de leur production ! Nous pensons que: dans l'état actuel} de la question relative aux schistés de Stonesfield ; onpeut faire en- corewn grand nombré de: suppositions du même genre, eu sur leur Âge véritable et sur la! manière dont ils ont 1évé formés. Nous n’en ferons cependant aucune ; nous nousbontenterons de faire observer que si on voulait leur-appliquer celle:que-nous avons mise en avant, il faudrait concevoir que le cours d'eau qui aurait joué un rôle analogué à celui qué nous avons fait remplir à la Seine , eût agi da’ sud-ouest au nord-est , on dans le (42) sens opposé ; direction suivant laquelle le sol de l’An- gleterre a été violemment sillonné. Ce cours d’eau n’au- rait alors rencontré sur sa route, depuis le canal de Bristol jusqu’au hâvre de Boston, que des sables cal- caires, des couches oolitiques et argileuses, dont le fond du terrain est exclusivement composé sur toute cette ligne, et, par conséquent, ce seraient les seuls maté- riaux anciens qu'il aurait pu entrainer et confondre avec des matériaux plus nouveaux qui les recouvraient, Nous avons de nombreux exemples du transport après coup de matériaux et de fossiles d’un volume considérable et accumulés sur une grande épaisseur, qui pourraient jusqu'à un certain point être con- fondus avec les ‘couches anciennes auxquelles ils ont été enlevés. Déjà dans notre travail sur les côtes de la Normandie nous avons fait remarquer que les couches q q ches puissantes d’Argile, presque plastique, qui constituent le sol de la ville du Hâvre, et dans l'épaisseur desquelles! les bassins de ce port ont été creusés, sont dial giquement les mèmés que les Argiles du cap de la Hève et de Honfleur ; mais qui ont été enlevées successivement aux falaises détruites par la mer quiles'a portées à l'em- bouchure de la Seine. Les lits modernes sont placés au même niveau physique que les bancs anciens dont pro- vient l’Argile dont ils se composent, et lon pourrait les regarder comme une dénudation de la dernière, si avec quelques fossiles réellement anciens on ne trouvait pas aussi dans les mêmes assises des ossemens de cerfs, des arbres entiers et des lits de coquilles semblables à celles des animaux qui vivent encore sur Ja côte. Peut-être pourrions-nous.citer un exemple plus rapproché de Stw- nesfield en rappelant la formation du gravier , quelque- ( 413 ) fois en bancs très-solidès, qui se voit dans la plaine d'Ox- ford; ce gravier n 'estil | pas en graude partié composé de matériaux dérivés des couches de la formation ooli- tique, mélés avec dés fossiles dé l’Argile d'Oxford qu'il recouvre, avec des Silex, de la Craie et des Cailloux roulés de Quarz? Quelques échantillons solides de ce grâviet ont toute l’apparénce de certaines couches de l'Oolite ferrugineusé inféfièure; et ils renferment des fossiles brisés qui ont été pris à des couchés bien cer- tainement plus anciennés ‘que la Craie dont ils renfer- ment aussi les Silex; tels que dés Trigonies ,‘des Bélem- nites, la Gryphée dilatée, été. La cause violente qui à réuni ces matériaux étrangers les uns aux autres dans la fallée d'Oxford, ne pourrait-élle pas avoir quélqu’analogie avec celle qui aurait entraîné et laissé dans là vallée de Sionesfield et sur les Sables ferrugineux de Tilgate; les fossiles que les géologues y,rencontrent avec tant de sur- prise? Il est assez remarquable que bien que dans le Sus- sex là dénudation du Sable ferrugineux et des Argiles des Feald ait eu lieu au cercle, cependant les couches qui contiennent les ossemens fossiles à Cuckfield sont, d’après M. Mantell, Sur üné ligne qui se dirige dicé tement du nord-est au sud-ouest diréction générale des vallées modernes qui sillonvent 4 partie, centrale de l'Angleterre ainsi, que :noû$ nl précédemment fait remarquer (1 sr PSE à (1) On trouve dans lé derhitr: ifamére des Transactions de la Société . Géologique dé Londres, un ouvel exemple bien remarquable de La réünion dans les mêmes couches ue l'ossiles d'âges lrès-différens, et dé 14 présencé de foskiles ‘antiéhé ans des couches trés-modernes. M. R. Täylor, en décrivant lés Strates des dépôts diluviens qui cons- tituent en grande partit le So! des ‘côintés de Suflolk et de Norfolk, (414 ) Nous devons répéter que nous ne cherchons nullement à expliquer la formation des Schistes de Stonesfield; no- tre seul désir est d'appeler de nouveau l'attention sur le fait anomal qu'ils présentent, et qui a peut-être été présenté trop tôt cômme certain, afin d'engager les géo- logues qui ont l’occasion de visiter ce lieu célèbre, à ne rien négliger pour mettre leur opinion à l'abri des con- jectures des’ incrédules. Il est'sans doute superflu de rappeler, après tout ce que nous avons dit, que l’exis- tence des Fougères dans l’Ovlite de Mamers et dans les Schistes de Stonesfield , ne peut fournir à nos yeux une preuve suflisante de rapprochemens entre les deux assises qui renferment ces plantes, puisque celles-ci ne sont pas les mêmes quant aux espèces, et que la famille des Fougères qui existait sur la terre avant l’époqte de la sp ‘ énumère pari les Fossiles qui se rencontrent dans les couches argi- leuses de ces dépôts de grandes Bélemnites couvertes de Serpules , le Gryphæa dilatata (de l'Argile d'Oxford) , POstréa deltoidea (du Kim- meridge-clay ), des fragmens d’Ammonites et des vertèbres ; il dit qu'à Eye en Suflo!k, les Bélemnites se trouvent avec des dents d "Éléphant. Auprés de Diss au nord desla rivière Waveney , il. a trouvé réunis des Bélemnites, Ammonites,, Oursins , Serpules , Cardivms ; Mies, Tellines, Huîtres, Peignes, Plagiostomes, Térébrataules, Inocérames, des fragmens de Pentacrinites, etc., avec Au ossemens, et ayec l’Ostrea grégarea ; V'Astarte planatà , la prenne turgida, l'Unio Listeri. Dar dés puits ouverts dans l’argile supérieure à fa craie, on a rencontré dansplusieurs lieux de gros docs ou rognons (Poulders y d'un Grès verdâtre remarquable par plusieurs Fossiles particuliers, tels que de petites.Bélemnites , J'erebratula-ovoidea, T. plicata, #. gigantea, Avicula media, et plusieurs espèces FA genres Zrochus, Üaio , Astarte, Venus, Téllina, Cardium , Isocardium et Péctén. À Mathaun : M. A. Taylor a encore trouvé dans le dépôt diluvien solide! ;et au milieu des Argiles, des blocs de sable vert contenant les Pecten or- bicularis et corneu , T'erebratula lata ét ovoides, Trigonia alæformis, plusieurs espèces de Pétoncles et de Bélemnites. (415) formation des premiers dépôts, du charbon de terre, vé- gète encore dans nos campagnes, circonstance qui peut faire croire que l’on pourra rencontrer des Fougères fos- siles dans toutes les formations postérieures aux terrains primitifs; nous pourrions ajouter mème que dans des couches supérieures, de la grande Oolite qui, par leur nature minéralogique, ressemblent beaucoup aux assises de Mamers , on voit souvent des empreintes de végétaux qui pourraient bien, être analogues à ceux que M. J. Des- noyers a décrits;| mous, avons recueilli, .de, :telles em- preintes, il est vrai peu reconnaissables, dans les; car- rières exploitées auprès de Bath. CONCLUSION. 1) Hl nous semble écoles de la discussion LE laquelle nous sommes entrés que : 1° les portions de mâchoire trouvées à Stonesfield ont appartenu à un Mammifère carnassier insectivore qui pouvait offrir quelque analogie avec les Didelphes , mais qui appartiendrait à un genre inconnu. | ES DCes ossemens ont sans aucun doute fait parte FA dépôt des Schistes oolitiques. calcaires exploités à Sto- nesfield. #4 La position géologique de ces Schiiés ne peul pas étre encore regardée comme certaine, et de nouvelles raions deviennent. nééessaires pour qu il soit prouvé qu'ils appartiennent à Ja formation oôlitique moyenne. Lés ‘räisons de douter dérivent de ce que, d'après MM. Conybeare et “Phillips ét d'après nos propres ob- servations , ces Schistés ne sont pas évidemment recou- verts par les formations que l’on dit être plus récentes que la leur; qu'ils occupent une localité circonscrite ; (416) qu'à peu de distahce la cotipe des terrains qui forment les bords de la vallée dans laquelle les exploitations ont lieu par des puits, présente le Cornbrash que l’on re- garde comme plus nouveau , placé immédiatement sur les Argiles de la grande Oolite sans que les Schistes se voient entré deux; que le caractère de fissilité et la propriété de servir à couvrir les maisons , sont communs à un grand riombre de couches différentes du système ooliti- que; que jointe à toutes les incertitudes sur la position di- recte ; la composition des Schistes eux-mêmes ést parti- culière à une localité; qu'ils sont formés de matériaux différens amalgamés sans ordre , et que la plus grande partie des fossiles extraordinaires qui les caractérisent et qui ne sont que des fragmens brisés, n’ont encore été trouvés réunis dans aucune assise des formations ooliti- ques, tandis que les mêmes fossiles abondent en Sussex dans des couches plus nouvelles. 4°. Enfin la présence des Fougères ne peut être un motif de rapprochement entre l'Oolite de Mamers et les Schistes de Stonesfield, parce que ces Fougères ne sont pas de la même espècé, et que la famille à laquelle ces plantes appartiennent existent encore à la surface de la terre. <æ Noia. Avéc les portions de machoires de Mammifère - ‘nous avons fait représenter quelques-uns des fossiles que nous nous sommes procurés à Stonesfield, et qui, étant ‘adhérens au Schiste même,, appartiennent sans aucun doute aux nièmes couches ; nous avons vouln mettre sous les yeux dés géologues l’esquisse des caractères zoologi- ques de ces he en attendant que le professeur Buc- Kland, dont nous avons vu la magnifique collection à Oxford. accomplisse la promesse qu'il a faite de donner (419) la description de tous les objets qui ont été recueillis par ses soins à Stonesfield. _ Explication de Planches. PI. 17. Fig. 1. Carte de la partie méridionale de l’Angleterre, et du nord-ouest de la France, montrant la continuations des mêmes couches dans ces deux pays. Fig. 3. Coupe des divers terrains composant la formation ooli- tique entre Charlbury et Aylesbury dans le comté d'Oxford. Fig. 4. Coupe particulière des terrains de la vallée de Stonesfeld. PI. 18. Corps organisés fossiles de Stonestield. Fig. 1. Mâchoire d’un Mammifére insectivore voisin des Didelphes, de grandeur naturelle. Fig. 2. {dem quatre fois plus grande. Fig. 3: Os long d’Oiseau. … Fig. 4. Côle de Megalosaurus de 22 pouces de long. Fig. 6,7, 8. Dents de Megalosaurus. Fig. 5,0, 10. Diverses dents de Squales. Fig. 11 — 18. Dents et palais de Poissons. . : Fig. 19. Dent. Fig. 20. Opercule. Fig. 21. Écaille de Poisson. ® Fig. 22, 23. Espèce de Trigonie très-abondante dans ce terrain. Fig. 24, 25. Coquilles univalves. Fig. 26. Élitre d’insecte Coléoptére du genre Bupreste? LA } Nore sur les Vég égétaux fossiles de l’'Oolite à Fougères de Mamers; ? Par M. An. BRONGNIART. + Les végétaux découverts par M. Desnoyers à Mamers appartiennent presque tous , comme l'indique le nom qu’il a donné à cette couche à la famille des Fougères ; mais les plantes de cette famille trouvées dans cette for- mation diffèrent essentiellement des espèces des ter- rains plus anciens, et différent également beaucoup des espèces vivantes. Tour IV. 27 (48) Ces Fougères forment deux groupes distincts ; deux espèces auxquelles nous avons donné les noms de Filicites Desnoyersü et de Filicites Reglei , appartiennent à la sec- : tion des Pecoptenis , à en juger d'après les contours de leur fronde, car on n’y voit aucune tracc de nervure ; l’absence complète de la nervure médiane, qui est très- marquée dans la plupart des espèces de cette section , doit faire présumer que si elle existait sur la plante vi- vante , elle était du moins peu marquée, et peut nous faire penser que ces espèces avaient la fronde épaisse et coriace , comme quelques Fougères des genres Ceterach, Cheilanthes, Notholæna, ete. Quantà l’analogie spécifique de ces plantes fossiles, elles nous paraissent ne pouvoir se rapporter à aucune epèce des terrains houillers, ni anx Fougères vivantes que nous connaissons. Le second groupe de Fougères diffère beaucoup plus des espèces déjà connues et devra probablement former une section particulière voisine de celle des Vevropteris. Cette section est propre jusqu’à présent aux terrains secondaires ; en eflet, deux des espèces trouvées à Ma- mers ont été découvertes depuis quelque temps en An- gleterre dans le Lias de Lime et d'Axminster, et figu- rées par M. de la Bèche; l’une de ces espèces a offert une disposition de nervures qu'on n'a pu observer sur Îles échantillons de Mamers , et qui , combinée avec la forme générale , annonce une structure assez particulière. Dans cette seçtion les pinnules , au lieu d’être toutes disposées dans un même plan, et de s’insérer parallèlement à l'axe du pétiole commun ou rachis, comme cela a lieu dans toutes les Fongères connues, s’attachent obliquement sur ce rachis, et adhèrent par une partie assez étendue.de, leur base, à sa face supérieure. Lorsque ces pinnules, (419 ) insérées ainsi obliquement, sont plus larges que l’espace qui les sépare , elles se recouvrent mutuellement comme des sortes d'écailles. Cette disposition et ce mode d’in- sertion ne s’observent dans aucune autre espèce vivante ou fossile ; on doit ajouter à ces caractères la disposi- tion des nervures ; la nervure moyenne manque entiè- rement ; toules les nervures partent en rayonnant et en se dichotomant , non pas d'un seul point comme dans les Sphenopteris et dans les Nevropteris, mais de toute la partie adhérente de la pinnule , si toutefois le dessin qui nous à été communiqué par M. Buckland est exeact ; enfin , les pinnules des trois espèces de cette section pré- sentent à leur base une dilatation ou sorte d’oreillette qui leur donne une forme non symétrique assez remarquable. Tous ces caractères réunis établissent bien la grande différence qui existe entre les Fougères de ces terrains et celles des autres formations. L'insertion oblique des pinoules et l’absence de nervure moyenne, établit mème quelques points d’analogie entre ces plantes et certaines espèces de Zamia. Outre les Fougères, on a trouvé dans FOolite .de Mamers quelques portions de feuilles mo- nocotvlédones , et des tiges qui n'ont laissé dans cette roche que leur empreinte en creux, maïs dont la forme est très-particulière , et qui n’ont, je crois, encore été décrites nulle part. 5 . Ces tiges, en général simples, qu’on n’a suivies que dans une petite étendue, paraissent cependant quel- quefois se diviser en deux ou trois rameaux. Leur gros- seur varie depuis un peu, moins d’un centimètre jus- qu'à deux on trois centimètres de diamètre ; leur tissu est complètement détruit; et la place qu’elles occu- paient n’est plus qu'une cavité eriduite d’une légère * 27 ( 420 ) poussière brune. Le moule produit par ces tiges montre que leur surface était entièrement couverte de tubercu- les à base hexagone, formant des sortes de pyramides obtuses à arêtes quelquefois très-marquées. Ces tuber- cules sont disposés en séries longitudinales très-régu- lières, lorsque la compression ne les a pas déformées , et l’on voit que ces séries ne sont pas parfaitement pa- rallèles à l'axe de la tige, mais forment une sorte de spirale très-allongée. Dans les tiges les plus petites, ces tubercules parais- sent terminés supérieurement par un sommet arrondi sans abeune cicatrice; mais dans les plus grosses on voit toujours que leur sommet était creusé d’une fossette hémisphérique , qui était probablement la cicatrice d’un point d'insertion de feuilles ou d’aiguillons. Parmi les plantes vivantes , les seules qui nous paraissent offrir une grande analogie avec ces fossiles, sont quelques es- pèces d’Euphorbes arborescentes , telles que les ÆEu- phorbia mamillaris et polygona; ces plantes ont des tiges cylindriques , dont les jeunes rameaux ont à peu près la grosseur des tiges fossiles de Mamers, c'est-à- dire deux à trois centimètres ; leur surface est cou- verte de tubercules à peu près hexagones, disposés en six, huit; dix ou douze séries longitudinales parallèles à l’axe, caractère qui seul les ferait différer des tiges fossiles, s'il était certain que l’obliquité de ces séries , dans quelques fossiles, ne füt pas un accident. Ces tubercules, dans l'£uphorbia mamillaris, sont, liexa- gones , plus larges que longs , légèrement pyramidaux ; ils présentent à leur sommét une cicatrice arrondie , produite par la chute des fleurs ou des feuilles qui s’in- séraient au sommet de ces tubercules; de l'intervalle de (421) deux tubercules ; il sort une épine simple, roïde, qui, après sa chute , ne laisse qu'une marque de peu de durée, qui se perd dans le sillon qui sépare les tubercules. On voit qu'il existe une analogie presque, complète entre les tiges fossiles de Mamers et ces Euphorbes, surtout si on ajoute que ces plantes, étant assez grasses et charnues , expliquent facilement la déformation que les tiges fossiles paraissent avoir éprouvée. Ces fossiles diffèrent de tous ceux qui ont été décrits jusqu'à pré- sent; nous en formerons un genre particulier sous le nom de Mamillaria , qui indique leur forme et leur ana- logie avec l’Euphorbia mamillaris. D’après ce que nous venons de dire, il est évient que ces tiges différent beaucoup des plantes de Stonesfield figurées par M. de Sternberg sous le nom de Thuytes, dans lesquelles il existe de véritables feuilles ou écailles très-courtes et imbriquées. Explication de la Planche 19. Fig. 1. Füilicites Desnoyersü. Fronde pinnatifide, rachis large, aplati; pinnules courtes, arrondies, à peu près demi-circulaires , per- pendiculaires au rachis, sans nervures gs , égales entre elles et à peine réunies par leur base. Cätte espèce paraîtrait se rapprocher, par la forme de sa fronde et l’absence de nervure moyenne visible dans les pinnules , des espèces du genre Ceterach. Elle a aussi quelque ressemblance avec le Polypodium suspénsum et lés espèces voisines, surtout par ses pinnules qui ne sont pas du tout obliques sur le rhbkis. Fig. 2. Filicites Reglei. Fronde profondément pinnatifide ; rachis large et épais; pinnules obliques égales, adhérentes par toute leur largeur, oblongues, courtes , arrondies au sommet, libres jusqu’à la base, sans nervures distinctes. Cette espèce a été trouvée aux environs d’Alencon, par M. Regley, dans un Calcaire Oolitique analogue à celui où on trouve la précédente (422) et les suivantes; J’échantillon est trop ‘incomplet pour qu'ou puisse discuter ses affinités. Fig. 3. Filicites Bucklandü. Fronde pinnée.; pinnules obliques égales , _oblongues, obtuses au sommet (d’une largeur presque uniforme dane la var. «, plus dilatées à la base et diminuant insensiblement de largeur vers l'extrémité dans la var. £), dilatées près de l'angle supérieur de la base en une oreillette arrondie, sessiles, insérées obliquement sur la face supérieure du rachis par une base assez étendue, arquée ; nervures dichotomes ? ragonnantes de la base, sans nervure moyenne. | Var. «. Britannica. Piouules plus petites, plus obtuses, d’une lar- geur presque égale dans toute leur longucur. Vare L. Gallica. Pinnules plus grandes, élargies à la base, rétrécies vers l’extrémité. La variété « a été trouvée dans le Lias, à Lime et à Axminster, et figurée par M. de la Bèche (Trans. Géol., 2€ série, vol. 1 , tab. 7, fig. 2); j'en dois des dessins très-exacts à M. Buckland , qui a bien voulu me les communiquer ainsi que ceux de plusieurs autres Fossiles végétaux de Stonesfield. La variété L£ a été trouvée à Mamers, par M. Desnoyers , et dans le Calcaire Oolitique de Valogne, par M. de Gerville. Fig. 4. Filicites Bechü. Froude pinnée, pinnules oblongues a!longées, obtuses, rapprochées, courbées, vers l’extrémité de la fronde, égales , insérées obliquement sur le rachis et presque imbriquées , sans nervures distinctes, légèrement auriculées à l’angle supérieur de leur base. Cette espèce a été trouvée à Mamers et dans le Lias à Axminster. M. de la Bèche en a douné une figure dans les Transactions Géologi- ques (vol. 1, tab. 7, fig. 3). Fig, 5. Filicites Lagotis. Fronde pinnée ; pinnules oblongues ellip- tiques, arrondies à l'extrémité, élargies à la base, insérés oblique- ment par une base lunulée sur un rachis épais et cylindrique ; nervures non distinctes. Fig. 6. Filicites P hastata. Pinnules arrondies à la base , insérées au rachis par une partie assez étendue de cette base, présentant un lobe triangulaire arrondi très-marqué , à leur bord inférieur et supérieur. Point de nervures distinctes. Cet, échantillon n'étant qu’une portion, même incomplète, d’une pinnule, le caractère de cette espèce est nécessairement imparfait ; ce pendant l'absence de nervure moyenne et la forme du point d’in- ( 423) sertion la rapprochent des précédentes dont elle difière par ces deux lobes saillans. Fig. 7. Phryllites ? Échantillon très-imparfait, mais dont les traces de nervures parais- sent indiquer une feuille dicotylédene. Fig. 8. Poacites Fuccæfolia. Feuilles linéaires larges de trois centi- mètresænviron, longues de deux à trois décimitres, ne s’élargis- sant pas à la base, légèrement concave en forme dergouttiére ; nervure moyenne bien marquée; nervures latérales paralièles à la nervure moyenne, à peine marquées, plus visibles vers la base. Fig. 9— 10. Mamillaria Desnoyersit. Vige d’un à trois centimètres de diamètre, couverté de tubercüles hexagones en forme de pyra- milles déprimées , disposées en séries longitudinales, légèrement contournées en spirale, Var. 2. Major (fig. 9.) Tiges de deux à trois centimètres de diamètre ; tubercules larges d'environ six millimètres à arêtes assez aiguës, | marqués au sommet d’une cicatrice concave circulaire. Var. £. Minor (fig. 10.) Tiges d’un certimètre de large au plus; tu- bercules larges de trois millimètres environ; arêtes à peine mar- quées; point de cicatrices distinctes. Si les caractères qui distinguent ces deux variétés ne sont pas dues à l’âge des rameaux , ils sufhraient pour former deux espèces ; mais il nous paraît assez probable que la var. £ n’est que l’âge plus jeune de la var. «. : Fig. 11. Murmillaria Desnoyersü. Var. 4, restituée d’après les moules laissés en creux et représentés fig. 9. Essar d’une classification générale des Graminées, fondée sur l'étude physiologique des caractères de cette fa- mille ; Par M. Raspaiz. { Extrait d’un Mémoire lu à l’Institut , séance du 24 janvier 1825.) Cer Essai est le résultat d’un travail comparatif de deux ans. Six cents espèces de Graminées ont été ana- lysées, décrites et comparées avec le plus grand soin. Les ( 424 ) écailles mêmes , ces organes si généralement nébligés par les auteurs, autres que Schreber, Palisot de Beauvois et M.R. Brown,ont De Los une opiniätrelé qui tiendrait de la minutie, si l’on n’admettait pas avec moi que les objets les plus petits deviennentimportans quand on les groupe et qu'on les compare, et que les plus grands deviennent minutieux quand on les isole. Des résultats heureux ont couronné ma patience , et je vais les ex- poser. Ils se réduiront à pen de pages, mais ils seront clairs et Précis, En botanique, d’ailleurs on commence à s'apercevoir que ce ne sont pas les plus longs travaux qui enfantent les plus gros volumes , et que ce ne sont pas les plus courts qui nous EE M les volumes les moins épais. S I. Racine. Nous avons exposé dans notre premier Mémoire les modifications que pouvait subir la racine des Grami-. nées. Nous avons oublié d’y ajouter que les cônes de la radicule restant emboîtés et s’allongeant en racine prin- cipale , peuvent jeter çà et là des radiceiles et parfois des chaumes traçans ; ce que l’on observe encore quelque- fois sur la partie inférieure , au premier nœud de k tige. Nous sommes déjà en mesure d'expliquer: ces faits dans un prochain Mémoire. Toutes ces modifications se‘ren- contrent sur les individus de la même espèce ,\et‘en général elles ne sauraient pas même fournir de bons caractères spécifiques. | Cependant les modifications indiquent presque tou- jours la nature du terrain. Ainsi, les Gramens venus dans l’eau courante prennent en général les racines 'af- fectées à ce genre d'habitation , c’est-à-dire des racines (425 ) blanchätres, succulentes, longues, aplaties ét comme pennées. Dans les eaux stagnantes et les prairies hu- mides , les Gramens ont plutôt des chaumes traçans. Dans les terrains gras et meubles, on les trouve in- différemment , soit avec des chaumes traçans } soit avec un chevelu ; il en est de même des décombres. Daws les terrains arides et sablonneux , au contraire, et dans les terrains absolument calcaires, ils ont un riche chevelu , mais à radicelles filiformes et grèles. Enfin, dans les terrains rocailleux, les radicelles semblent devenir un peu fusiformes ; elles sont peu nombreuses , et n’ont point de chaume traçant. Ce que nous établissons à l'égard du cône radiculaire dé l’em- bryon , s’observe aussi à l'égard des cônes radiculairés* de tous les bourgeons dé la tige, c'est-à-dire que cés derniers peuvent devenir ou racine principale, ou chevelu, ou chaume tracant ; et prendre toutes les modifications de l’un et de l’autre. Nous pAnagne que le genre Centro- phorum de M. Trinius n’est qu'un Ændropogon, dont le cône radiculaire des locustes s'est développé hors le chaume au lieu de descendre dans son intérieur , et par lercontact de l’air a pris la forme d’une arète descendante. Enfin les racines adoptent la: coùleur: es terrains Es lequel elles croissent., 44, :12.04 $ Il. Chaume ou tige. | tiit | PA 1°. On a cru que les chaumes d’un genre ,ou d’une espèce possédaient constamment le même nombre d’ar- üculations. Cette assertion est loin d’être exacte. L'on voit tel Gramen prolonger dans un climat son chaume d'une manière indéfinie, et étaler sa panicule, dans d'autres , après quelques articulations. Il serait du reste assez difficile de compter avec exactitude le nombre des ( 426:) aruculations d'un chaume, et de bien déterminet:son véritable point de départ. Dans l'Enodium on n’a sou- vent décrit qu une articulation ; quant à moi, j'en ai trouvé deux et quelquefois trois. 2°. Les entre-nœuds du chaume sont invariablement plus courts vers la base , et plus longs vers le sommet de la plante. Ces proportions sont moins sensibles sur les individus qui n'ont point de bourgeon dans l’aisselle des feuilles , c’est-à-dire , d’après nos principes, toutes les fois que nulle nervure médiane ne s’est changée en chaume. Dans ces derniers cas, les entre-nœuds sont toujours très-rapprochés, à 3°. La partie du chaume renfermée dans une gaine est lisse et peu colorée. Cellé qui est en contact avec l'air est verdâtre ou violette, velue, hispide ou lisse. Ces caractères ne sont pas même des caractères véritablement spécifiques, et dépendent du terrain et de l'exposition. $ TL. Feuilles. On distingue dans la feuille des Graminées 1 trois portions : la gaîne (vagina) qui, est la partie: qui, en- toure le chaume et qui-est couronnée de: la ligule ( - gula, fig. 8, 9, a); enfin ,,la lame ( Zimbus) qui part de la base à la ligule. 19. Les feuilles manquent très-souvent de lame à à la base du chaume , et ressemblent, pour le port, à la feuille parinerviée qui paraît la première dans lacte dé la germination. ; 2°. À labase du chaume on trouve encore très-sou vent quelques gaînes qui ne sont pas fendues par-de- vant, mais seulement au sommet , et cela s’observe _….. (C4) principalement dans les chaumes simples, et dont-les bourgeons ne se.sont pas développés. 3°. Il en est de la gaîne comme des entre-nœuds. Elle est toujours plus longue vers le sommet de la tige qu’à la base. À la base, elle est quelquefois si courte qu'il est difficile de la distinguer de la lame. 4°. Le contraire arrive à l'égard de la lame. Elle est en général toujours plus courte sur les gaines supérieu- rés que dans les inférieures. On trouve des lames infé- rieures de deux pieds de longueur , quand la supérieure n'a pas un pouce. Je donnerai plus tard la raison de ce phénomène. On ne doit pas tenir compte en ceci des feuilles qui se sont desséchées avant d’avoir aueint leur entier accroissement. 5°, Les gaines glabres , hispides ou velues, sont pro- pres à distinguer les variétés, maïs ne fournissent point de caractères génériques. Dans les prairies humides la gaine velue devient glabre quelquefois; le contraire arrive dans les champs arides. 6°. La lame est ou planeet lancéolée (Pharus, Olyra), ou plane et ensiforme ( Nastus, Penicillaria), ou ca- naliculée ( Mibora), ou roulée (Æira canescens), ou filiforme . c’est-à-dire ayant si pen de nervures qu’elle semble n'être plus qu'une arête canaliculée ( Festuca heterophylla). Aucune de ces formes n’est affectée ex- clusivement à un genre. 7°: La ligule (fig. 8, 94, 10), au contraire, est un caractère générique , sinon invariable , du moins assez constant pour ne comporter que des exceptions. Il est vrai que nous n’adoptons pour les genres que deux de ses formes : la membraneuse (fig. 8, a), (Li- gula membranacea), et la ligule divisée ou en poils ( 428 ) (pilosa, fig. 9, a), ou en lanières (denticulata ) (fig 10 ). La ligule est tellement exiguë sur certaines es- pèces, qu'elle ne présente plus de traces du caractère générique ; mais, en cet état, elleest un bon caractère spécifique. Cette dernière forme se présente plus sou- vent sur les espèces des genres à ligule divisée en poils que sur les Zigules membraneuses. La ligule membra- neuse est ou tronquée (truncata), quand sa substance étalée a la forme d’un carré long, ou entière (integra), toutes les fois que sa substance étalée a le sommet ar- rondi ou en voûte. Je n’admets point de ligule mem- braneuse laciniée , parce que ce caractère est trompeur sur le sec, et variable sur le frais. Cependant, dans les descriptions spécifiques, on ne doit oublier aucune des modifications que la ligule peut présenter. La ligule peut être encore membraneuse et velue sur sa face pos- térieure ; elle appartient dans cet état aux ligules divi- sées en poils (pilosa ). de 8. Nous insjstons sur cette expression divisée en poils; car cette dernière forme (pilosa) n’est que la décomposition de la forme membraneuse (membrana- cea) ; et les exceptions dans: certains genres provien- nent de ce qu’alors il y a eu ou il n'ya pas, eu de dé- composilion. [TI $ IV. Inflorescence. Bien des genres sont fondés par les auteurs sur l’in- florescence , et cependant l’inflorescence n'a pas été définie. Cette anomalie avait conduit des agrostogra- phes à nier l'importance de ce caractère; car enfin il existe tant d'espèces auxquelles les uns donnent une pa- nicule , et les autres un épi; et ensuite on rencontre ( 429 ) dans des genres à panicule tant d’espèces qui prennent les formes de l’épi, qu’en vérité on était en droit de ne voir plus que des différences de mots et non de formes dans cette distinction. Ajoutez à cela que , d’après les définitions , la seule différence qui existàt entre l’épi et la panicule , ne consistait que dans le plus ou moins de pro- longement des pédoncules. Or , le même individu, selon les terrains et l’exposition, présente quelquefois des pédoncules beaucoup plus courts qu’à l'ordinaire ; le Bromus sterilis, venu à l'ombre , prend des pédoncules fort courts, uniflores ; et si les locustes se redressaient ce Bromus aurait le port d’un 7riticum. | Cependant, à la simple vue, il existe une si grande différence entre le port d’un T'riticum et celui d’un Poa par exemple , qu'il n’était pas probable que cette diffé- rence n’eût pas une expression dans les organes de la floraison ; et il ne s’agissait que de la trouver. Or, voici * par quels résultats nous y sommes parvenus. Il est bon de dire que c’est notre principe du détachement des pervures médianes en arête ou axe, qui nous a révélé ce quernous allons établir. 1°. On sait que certains épis, par exemple : les Lo- lium, les Rottbælla, es Monerma , etc. > dont les lo- custes inférieures n’ont qu'üné gluméÿ portent toujours à leur sommet (fig. 12, ab’) une Jlocuste à deux glumes également conformées entre elles. Or , je prends deux individus de ces genres , l’un dont le rachis est à onze locustés , et l'autre dont le rachis est à douze lo- custes. Il est évident ici que la onzième locuste, qui est biglumée ( ab’) dans le premier individu , correspond à la onzième Ltée du second, locuste qui est uniglu- mée (ab); c’est-à-dire; en d’autres termes, que la on- (430 ) zième locuste du premier qui est biglumée (æb’), si elle était surmontée d’une locuste supérieure, ne serait plus qu'uniglumée , comme la onzième du second individu à douze locustes. Or, comment aurait-elle passé au nom- bre douze, si ce n'est parce que la glume (à) aurait produit la locuste (ab), et jouerait alors le rôle de rachis. Que pourrait-on opposer à cette explication ? Serait- ce que les glumes sont des. feuilles, et que les feuilles ne produisent jamais rien ? On serait démenti par l’ara- logie de certaines dicotylédones mêmes. Serait-ce parce que les vaisseaux ou nervures dans le chaume ou axé sont disposées circulairement, et que, dans les feuilles , elles le sont sur un seul rang et en croissant. Maÿs nous avons le contraire sous la main. Car , enfin , quand méme on ne voudrait pas admettre que le rachis des Lolium ; Rottbælla, soit une feuille ou glume, on admettra du moins que c’est un rachis. Or , les nervures ou vaisseaux de ces rachis sont disposés sur un seul rang en croissant , et non circulairement. Seraït-ce enfin que le chaume a des organes différens des glumes ? Cela ne saurait se soutenir ; car les glumes comme le chaume n’ont que du parenchyme et des nervures ou vaisseaux de la même nature. D'ailleurs, si nous avons prouvé par les faits que la nervure médiane d’une paillette peut devenir axe , pourquoi refuserait-on cette propriété à la réunion de ses nervures ? Il est évident que le tout est capable de ce dont la partie est capable. M. Trinius ( de Graminibus uni et sesquifloris.) a fait représenter une organisation d’épi, qui rend cette.ex- plication accessible à la vue. Les locustes supérieures de son Æpiphystes ophiuros sont pédoneulées et partent de la glame supérieure ; qui alors jouc le rôle de rachis, Rose < de (431) L'auteur adôpte cette explication, mais au lieu de la poursuivre , il s’est jeté dans des théories du reste in génieuses , et il n’est point arrivé aux résultats que nous exposons. Son travail ne nous a’été ‘communiqué que Jong-temps après la lecture de notre Mémoire, et l’i- dentité des deux explications faites isolément semble leur prêter une nouvelle force. Je vais poursuivre l’ap- plication de mon principe. 2°, Si la glume qui reste avec sa forme primitive ne se développe que sous une forme grèle et s’agglutine avec le rachis (fig: 11), on aura l’inflorescence du Nardus , dont chaque locuste semble être nichée à sa base dans un godet. 3. Si elle se développe de la longueur du rachis, on aura l’inflorescence des Loliim, Monerma, de plusieurs Rottbeælla (fig. 11, a) et du Zragus. 4. Si cette même glume se divise en deux parties jusqu'à la base, ces deux portions ressembleront à deux glumes parallèles ; et, dans cet état, on aura l'inflores- cence des Triticum, Secale, et de quelques Rottbœlla (fig. 11, b). 5°..Si l’une des portions de glume se change en axe , soit stérile, soit fertile, et que le rachis ou l’autre glume changée en rachis conserve la ‘forme glumi- forme, on aura l’inflorescence des Tripsacum et de tous les genres que nous réunissons aux Z'ripsacum (fig. 11,c). 6°. Si la glume-rachis se divise en trois, et que chacune de ces divisions donne naissance à une locuste, on aura (fig. 1r , d) l'Hordeum hexastichon; si trois locustes sont sessiles et fertiles , l’ordeum distichon ; l'hordeum murinum, si deux locustes latérales devien- ment stériles et pédicellées, Ce genre d’infloreseence se ( 432 ) perd quand l’épi se ramifie , et alors on ne trouve sou- vent qu’une locuste sur chaque articulation. 7°. Si la glume qui devient rachis se partage en deux axes , dont l’un deviendra stérile , et l’autre portera une locuste semblable à l'inférieure , on aura l’inflorescence des Andropogon(fig. 11 , e), qui se continuera jusqu’à ce que les deux axes ne portent plus que des locustes stériles (fig. 11, f). Si les deux axes portent partout des locustes fertiles, et de la base desquelles partent toujours deux autres axes, on aura une succession de bifurcations ou de dichotomies , et par conséquent l’in- florescence des Sorghum et des Andropogon cultivés ; in- florescence qui se terminera comme la première Docu les glumes cesseront de se convertir en axes (fig. 11, f- Toutes ces inflorescences sont donc des épis; et l’épi a beau se composer et se ramifier , son caractère est ineffaçable. 8°. Je suppose maintenant que dans l’aisselle du ra- chis et de la glume (fig. 12, ba ), il ne se développe point de locuste, et que la glume (a) supporte une locuste comme la glume (b); que ces deux glumes, non distendues par la locuste qui aurait dû se former dans leur aisselle , prennent la forme d’un axe ; qu’il arrive le même phénomène aux glumes de la locuste :supé-. rieure : on aura pour inflorescence le rameau (fig. 13), qui pourra ensuite se modifier d'une foule de manières, et voilà la panicule. Ce Si chaque nervure de la glume (a) devient un. axe, on aura alors un sémi-verticille alternant avec le sémi- verticille supérieur , et dont chaque pédicelle pourra se ramifier plus ou moins. Le pédicelle du milieu de ce verticille sera mème constamment plus long que les = de + æ (433) latéraux , ainsi que la nervure médiane est plus longue que les autres. 9°: En réduisant en définition ces résultats : l’épi est une inflorescence dont toutes les locustes , excepté celles de la sommité, fournissent, par une de leurs glumes, un ou plusieurs axes florilères. Les modifica- tions de cette inflorescence sont représentés (fig. 11). La panicule, au contraire, existera lorsque toutes les Jocustes auront leurs glumes entières , et qu'aucune de leurs glumes ne servira d’axe à d’autres locustes. On conçoit que la différence essentielle entre l’épi et la panicule se réduit à dire que les locustes dela panicule ne sont que des sommités d’épi, et que l'épi existe , parce que ses locustes n’ont avorté dans l’ais- selle d'aucune de ses glumes. De-là dans l’épi les lo- custes paraitront sessiles , tandis qu’elles sont pédon- culées dans la panicule. 10°. Il arrive pourtant des cas où , dans des espèces à genre paniculé, le pédoncule se raccourcit de telle sorte que la locuste devient absolument sessile ; et dès- lors on ne saurait distinguer de l’épi véritable cette nouvelle sorte d’inflorescence. Nous allons donner les caractères évidemment propres à parvenir facilement à les distinguer. 11°. Dans une panicule la glume inférieure enve- loppe toujours la glume supérieure, et n’est jamais placée avec elle sur un plan parallèle. Dans un épi au contraire , quand la glume qui ne s’est pas changée en rachis se divise à présenter deux glumes(7riticum, Ægi- lops), ces deux divisions de la glume sont insérées pa- rallèlement sur le plan opposé au rachis , et nulle d’en- we elles n’enveloppe l’autre. L’A4vena gracilis, L. , le Tome IV. 28 CP ( 434) Spañtina cynosuroides, Schreb. , le rach> notia püngens ne sont donc pas des épis, mais des panicules à pédoncale très-raccourci. Si la glutue externe né se divise pas dans l'épi en deux glumes, la différence des espèces panicu- lées qué nous venons de citer est plus visible, parce qu'alors la glame unique dé l’épi paraît évidemment en face du rachis , tandis que dans le Spartina la glame inférieure est en face de la supérieure et presse de côté le rachis. 1°, Il est une organisation qui n’admet peut-être pas uné exception constante; c’est que dans les pani- culés la glume inférieure , quand même elle séraït plus longue et plus large que la supérieure , a un nombre moins grand de nervures que la supérieure ; ou enfin que le nombre de ses nervures est égal, maïs jamais plus grand que celui des nervures de la supérieure. N'oublions pas ce principe, nous allons l’appliquer. On trouve des épis (le Z'ripsacum par exemple ) dans lesquels la glume inférieure regarde de face le rachis (fig. 11,e); au-dessus de cette glume inférieure et dans l’or- dre alterne, on voit une autre glume qui présse du dos le rachis, et dans l’ordre alterne avec cette dernière viennent les balles ou fleurs. Dans les genres paniculés, on rencontre de même des espèces à locustes sessiles et dont la glume inférieure regarde de face le rachis et semble alterner avec lui; au-dessus de laquelle glame paraît une glume supérieuré qui presse du dos le rachis en alternant avec l’inférieure, et ensuite arrive la fleur, les Paspalum par exemple, ainsi que les espèces qui avaient servi de type au genre Sÿntherisma; mais dans ce der- nier exemple la glume inférieure n’a qu'un nombre égal de nervures, au nombre des nervures de la glame su périeure. ( 435 ) Dans le premier, au contraire ; la glume inférieure a toujours un nombre bien plus grand de nervures que la prétendue glume supérieure ; laquelle alors doit être physiologiquement regardée comme une fleur unipa- léacée ; de sorte que la véritable glume inférieure n’est autre que le rachis. 13°. Il arrive quelquefois qu’on rencontre soudée à la base du rachis une membrane plus ou moins forte qu'on prendrait alors pour la glume inférieure, dane le Lolium et le T'ragus ; maïs dans le Lolium cette membrane est binerviée avec une large lacune membraneuse ; elle alterne bien avec la glume externe , mais non aveé les balles. Elle appartient done au rachis et n’est qu’un débri échappé à la glume inférieure qui s’en est détachée pour devenir axe. Dans le 7ragus cette membrane est tellement adossée contre Le rachis et fait à la base tellement corps avee lui, qu'il est évident qu’on doit dire de cét organe ce que nous avons dit pour la membrane du Zolium. La disproportion du reste de cette prétendue glume doit être une règle pour l’épi, toutes les fois qu’on en rencontrera de telles adossées contre l’axe. 14°. En résumé il faut, pour constituer un épi , que la locuste soit sessile, qué la glume externe ou les deux di- visions de la glume externe regardent de face Le rachis. S'il se trouve une paillette supérieure qu’on puisse ap- peler dn uom de glume, il faut du moins que cette pail- lette ait un nombre moindre de neryures que la glume inférieure. Dans le Pharus cette paillette prend la cou- leur et la forme de la glume inférieure. Dans ma classification , pour ne point trop m'écarter de l'usage, je l'appelle glume, quoiqu'il fût plus conve- 28* ( 456 ) nable de l'appeler fleur unipaléacée. Je ne donne ce der- nier nom qu’à la paillette qui se trouve quelquefois au- dessus d’elle , et alternant avec la paillette inférieure de la fleur fertile, dans les Ændropogon par exemple, qui dans la première supposition devraient avoir deux fleurs unipaléacées. 15°, Quant aux modes d’inflorescence autres que l’épi et la panicule, je n’en admets aucune comme caractère générique, parce qu'il faudrait alors faire autant de genres souvent que d'individus. Ces modes me serviront pour- tant à établir des coupes dans les genres. Ainsi j'appellerai panicule simple ( panicula simplex ) celle dont les pédoncules ne portent qu’une locuste et sont plus courts qu’elle; panicule sous-simple (subsimplex ) celle dont le pédoncule se ramifie de manière pourtant que chaque entre-nœud soit plus court que la locuste ; enfin panicule composée (composita) , celle dont les pé- doncules sont plus longs que la locuste, soit qu "ils se ra- mifient ou qu'ils restent uniflores. L'expression spiciforme (spicæformis) désigne une panicule :qui au premier coup-d’œil ressemble par le port à un épi, par exemple un Ælopecurus. S V. Enveloppes de (a Jia 9YS 299 À . À l'égard de la nomenclature del ces organes, Je pars ge l'ovaire. Les étamines et. les écailles appantien- nent à la mêmé articulation. Inférieurement et alternant avec cet organe se trouve. la paillette supérieure. qui, est ou parinerviée ou imparinerviée.. Inférieurement arrive la paillette inférieure; si au-dessous de cette paillette il ne se trouve que deux ou trois paillettes, .ces deux der- nières je les appelle glume; si entre ces deux dernières Le” _ Rs Ets (437) il yen a une autre, je l'appelle fleur unipaléacée; sil y en a deux ou plusieurs autres, ce sont tout autant.de fleurs unipaléacées. Si au-dessous des étamines:on ne compte que trois paillettes, la losuste n'aura qu'une fleur fertile unipaléacée , et les deux autres paillettes se nommeront glumes : Ælopecurus, Mibora. Les glumes sont ordinairement libres à la base, c’est- à-dire que l’inférieure entoure la base de la supérieure. Mais il est des cas où ces deux glumes se soudent plus ou moins près de la base( Phalaris, Phleum, Alopecurus, Lygeum , Polypogon ); alors elles sont presque toujours égales entre elles. Pour reconnaître l’ordred’alternation, il faut ne considérer que les nervures médianes; ainsi dans l’Ælopecurus la nervure médiane de la paillette qui enve- loppe la graine alterne avec la nervure médiane de l’une des glumes. Cette glume est donc la supérieure et l’autre l'isférieure. Nous venons de supposer que la locuste est uniflore; mais s’il arrive que la nervure médiane de la paillette supérieure (f. 14, a) se détache et devient florifère , et que chaque nervure médiane des paillettes supérieures subisse la mème métamorphose, tout ce que suppor- tent ces axes, sont tout autant de fleurs dont l’extrème avorte ordinairement. Nous rappelons que toutes les locustes dont les paillettes sont parinerviées ont un élé- ment pour devenir multiflores ; qu’il n’y a d’essentielle- ment uniflores que les locustes à paillette supérieure im- parinerviée, c’est-à-dire à paillette dont la nervure mé- diane ne s’est pas détachée. 2°, A la base des glumes se voient souvent des brac- tées ou feuilles beaucoup plas longues que la locuste, et qui l’enveloppent plus ou moins, ce qu’on observe dans ( 438 ) quelques :#ndropogon. On trouve aussi des espèces d'a- rêtes qui semblent lui former une collerette , par exem- ple dans les Setaria. Enfin on trouve aussi à côté ou au- devant des locustes, des espèces d’éventails, dans les Cynosurus par exemple. Ces trois sortes d'organes ont été décorés du nom d’involucre. Ce n’est dans aucun de ces deux cas que nous admettons cette dénomination. Dans le premier cas, c’est une simple feuille inférieure dans l’aisselle de laquelle s'est développée la fleur; feuille qu’on peut trouver fréquemment sur les Dactylis, les Sesleria à la base des épis partiels, et dont la culture peut changer le caractère et la place. Dans le second ce sont de simples pédoncules avortés partant de difé- rens points, et s'élevant plus haut que les pédoncules fertiles. Dans le troisième ce sont des locustes à balles unipaléacées, et qui, se comprimant plus ou moins, ont présenté une forme anomale. Dans les espèces de l’ancien genre Cynosurus , on avait aperçu des passages de ce mode d’inflorescence, et on en avait fait des genres. Il fallait conserver le genre en entier et changer simple- ment le caractère générique. Qu’une feuille se décom- pose en poils ou en nervures à la base d’une locuste, qu'une locuste avorte, que l’épi se développe dans une feuille inférieure au lieu de se développer sur, un long axe; ce ne sont point là des caractères , puisque dans une exposition différente le contraire peut arriver. J’ai été donc très-réservé sur l'emploi de ce caractère: je n’en ai_fait usage que dans trois circonstances : la pre- mière à l’égard des Saccharum dont les trois locustes sont enveloppées à la base d’une collerette de poils qui les dépasse. Je sens toute la faiblesse de ce caractère ; mais je ne pouvais pas les distingner autrement des’ #ndro- a ab en, ( 439 ) pogon, et pour ménager la routine je voulais conserver ce genre. : J'ai encore admis le caractère de l’involucre à l'égard des Cenchrus, parce que plusieurs locustes sessiles se trouvent renfermées dans une feuille plus ou moins dé- composée qui n’alterne avec aucune d’elles, et qui fait corps à la base avec le rachis, de manière que le genre appartient évidemment aux épis, puisque l’involuere a fourni à la formation du rachis une partie de sa substance. J'ai conservé surtout pour le Coix le caractère tiré de l’involucre , parce que l’involucre, ici turbiné et per- - foré au sommet, u’a plus aucun rapport de ressemblance avec tout autre organe des Graminées. Au reste je n’ai fait emploi de ce caractère que dans les épis, parce que là seulement il est invariable. # 3°. Quant à la forme des paillettes ou glumes, je n’ad- mels point la forme des sommets , parce que rien n’est plus changeant et plus facile à s’altérer. J’ose même dire qu’il me serait possible de faire voir sur le même Cala- magrostis , par exemple, la forme des sommets des pail- lettes des seize espèces de Calamagrostis que M. Trinius a fait dessiner. La forme dorsale des paillettes au contraire est un excellent caractère générique. Il est constant et de plus il annonce toujours la forme que prendra la graine à la- quelle la paillette inférieure sert pour ainsi dire de moule. La paillètte inférieure peut donc être ou roulée (Æris- tida ) quand elle enveloppe en cornet et la paillette supérieure et la graine, ou concave ( Festuca) , ou ca- rinée (Poa). Ce dernier caractère est mème le seul qui distingue un Poa d'un Festuca mutique. LA (440) 4°. On a cherché à établir une distinction entre la soie et l’arête; c’est une erreur de plus que Palisot de Beauvois a introduite dans l’agrostographie. Toute arèête est, ainsi que la soie, le prolongement d’une nervure. On aurait pu distinguer seulement la soie de l’arète , en donnant le nom de soie (seta) au prolongement d’une seule nervure (ira, Avena), et celui d’arête (arista) au prolongement de plusieurs nervures ( Stipa, Triticum, Hordeum, Bro- mus ), d'autant mieux que l’arète composée ne se tortille pas , et que la soie ou prolongement d’une seule nervure se tortille très-souvent. 5°. Quoi qu'il en soit, la présence ou l’absence de ces deux organes ne saurait constituer uncaractère générique; car autrement, et si l’on voulait être conséquent, il fau- drait faire un genre de l'espèce mutique, un autre de l'espèce aristée; et quelquefois faire plusieurs genres sur le même individu. Les caractères nouveaux par les- quels je remplace cet antique caractère, apprendront, je pense, à l’abandonner tout-à-fait. $S VI. Nervures des glumes et des paillettes. On a décrit les nervures comme caractères spécifiques ; on n’a point vu qu’elles pourraient être aussi un excel- lent caractère générique. J'ai poursuivi cette idée sur tous les individus que j'ai analysés, et voici les résnl- tats de ce travail comparatif. 1°. Les nervures des glumes sont sujettes à varier dans la même espèce , mais surtout dans le mème genre. Ainsi l_Avena sativa a onze nervures sur ses glumes ou davan- tage , tandis que l_Ævena pubescens n’en a que trois sur la supérieure. Dans les Phleum, Phalaris , Polypogon E., ( 441) pourtant, le nombre des nervures peut être employé comme caractère générique. 29. Dans les paillettes ce nombre est constant. J'appelle paillettes paucinerviées celles qui ne dépas- sent pas le nombre cinq si c’est la paillette inférieure, et le nombre quatre si c’est la païllette parinerviée. J'appelle multinerviées celles qui ont sept nervures et davantage. Il arrive surtout dans les multinerviées que des nervures intermédiaires surviennent quelquefois en- tre les nervures principales, ce que l’on reconnait à la longueur de celle-ci; je marque ce caractère par le signe +, ajouté au chiffre; par exemple: 7 +, signifie sept avec des intermédiaires. -1 3°. Il est des genres qui varient de trois à cinq; je marque alors 3-5 à côté du nom du genre daus le tableau. 4°. Varête compte toujours pour une nervure puis- qu’elle n’en est que le détachement. Ainsi l’A4ira a une pervure , soit que l’arête se détache à la base, soit qu’elle se détache sur le dos, et ce genre qu’on avait réuni à l’Avena tire de l'unité de sa nervure un caractère excel- lent et invariable,. 5°. Les nervures peuvent être divergentes ( Deschamp- siu ) ou convergentes ( Festuca ); elles peuvent être iso- lées à Ja base ou fasciculées, c’est-à-dire qu’alors plu- sieurs nervures, surtout les latérales, partent de la même base et se soudent en ce point : ce caractère dis- tingue éminemment les Briza. Quand je ne marque pas lé nombre des nerVures à côté du genre dans le tableau, c'est qu’elles sont en trop grand nombre. ) 631 19 $ VII. Étamines. Le nombre en est si variable que je ne l’ai jamais em- : ployé comme caractère essentiel ; peut-être pourrait-on ( 442) ürer quelques caractères de la conleur des anthères qui semblent affecter le violet foncé dans la division à stig- mates épars > et le jaune dans la divison à stigmates dis- ques. $ VIII. Écailles (Squamæ Lin.) Schreber avait prévu que les écailles pourraient four- nir un caractère générique; il en avait analysé même un certain nombre; mais depuis cet auteur, la difficulté et la longueur d’une telle analyse avait tellement découragé les botanistes que la plupart ne les ont pas mème décrites et que les autres ne les ont décrites qu’à la hâte : j'en excepte M. R. Brown, qui le premier, depuis Schreber, s'en est occupé avec soin et nous a décrit certaines for- mes avec une grande exactitude. Il y avait deux choses à constater à l'égard des écail- les : 1° si le même genre affectait toujours les mêmes fornies ; 2° quelles étaient ces formes. Pour parvenir à ces deux résultats , il ne se présentait qu'un moyen : c'était de les dessiner en analysant chaque individu et d’analyser le plus d'individus possibles. C'est ce que je n'ai cessé de faire depuis que je m'occupe ex- clusivement des Graminées. Je laisse à ceux qui s’en oc- cuperont dans la suite à juger du mérite de ma patience. Je dois, avant de réduire mes résultats en axiomes, expliquer la cause qui a fait commettre tant d'erreurs aux auteurs qui ont cherché à décrire la forme de ces organes. Ils ont observé presque toujours les écailles sur l'ovaire qu'ils n’envisageaient que par sa face antérieure, de sorte que lorsque les écailles étaient bifides ou échan- crées, l’une des dents se trouvant sur les côtés, ils ne l'ont pas apercue. Pour parvenir au contraire à cons- ; (443) taer la forme dès écailles, il faut couper l'articulation de laquelle elles partent, les laisser tomber d’elles-mèmes sur le porte-objet et les hamecter d’une goutte d’eau, afin qu’elles s’étalent hbrement, et qu'elles prennent leur forme naturelle. Sur le frais, après avoir coupé l’ar- ticulation, on peut délicatement les détacher avec la pointe de l'aiguille. On doit répéter l'analyse plusieurs fois , afin de s'assurer que la forme qu’on observe n’est pas due à une altération produite par l'instrument qui détache ces organes. Lorsque les individus ont été pres- sés trop fortement dans la dessiccation, les écailles s’ag- glotinent avec l'ovaire , et il devient souvent impossible de les en détacher sans les déchirer. On ne saurait donc trop inviter les botanistes à ne pas trop presser les plantes qu'ils desséchent; la beauté des herbiers en soufrira peut-être, mais l'analyse y gagnera. 1°. La forme des écailles et leur nombre sont un ca- ractère générique. 2°. Leur présence ou leur absence ne peut en être un. | LD grandes divisions existent daris la forme des écailles ; quoiqu'elles soient toutes épaisses à la base, il ‘arrive pourtant que les unes sont membraneuses au som- met ( membranaceæ ), et que les autres sont marquées au sommet de dépressions ou enfoncemens plus ou moins profonds, et que nous avons dit, dans notre premier Mémoire , être les traces des lobes inférieurs des anthè- res (impressæ ). On ne voit jamais la forme membraneuse passer à la forme que j'appelle impressionnée. Quant à la forme im- pressionnée , On rémarque une ou deux fois qu’elle se rapproche un peu dé la mémbraneuse (Spartina cynosu- roides); wais si lon y fait attention , on voit bien qu'il ( 444 ) existe au sommet une dépression quoique légère. Aù reste ces cas-là sont très-rares. °. Quoique les écailles ne soient qu'un Li corps à ne base, et que là elles entourent toujours l'ovaire, elles peuvent se diviser en deux lobes ou en trois, et par accident en un plus grand nombre. Les écailles impressionnées ne se divisent jamais qu’en deux lobes qui sont ordinairement soudés dans le genre Melica ; ordinairement séparés dans les Paspalum, Cyno- don, Panicum(p,q), et jamais réunis dans les 4ndro- pogon (t,v). Dans les écailles membraneuses , cet organe peut se diviser en deux ( Poa, etc.); ou en trois ( Stipa, Nastus). Le nombre est invariable dans les membraneuses; la forme du sommet, quoiqu'en général, elle ait un type constant, peut cependant modifier ce type jusqu'à se rap- procher des formes affectées à un genre voisin. L $ 5°. La forme entière ( a,d) dans les membraneuses est constante. La bidentée (1) peut varier sous le rapport de la longueur et de la largeur des dents. La forme j) peut se rapprocher quelquefois de la forme(h),. de sorte que dans chaque espèce il ne faut pas oublier de décrire la modification qu’elle présente. La forme (7), affectée spécialement aux ira, peut varier par l'inégalité des dents; mais son caractère constant est d’être échancrée en croissant. La surface velue ou glabre est indifférente dans les genres. Tel genre présente des espèces avec l’une et des espèces avec l’autre. Cependant on peut établir que les Bromus , les Triticum, Hordeum, Secale, affectent spécialement la modification velue. 6°. Dans les impressionnées (impressæ), les écailles ne (445 ) sont pas velues, mais quelquefois ciliées sur un des bords supérieurs, dans certaines espèces d’Ændropogon, de Tripsacum, par exemple (s,u). NN. B. Dans le tableau des genres joint à ce Mémoire, on trouve à côté du nombre qui marque les nervures de la paillette inférieure’ dans la fleur fertile , la lettre qui correspond à la lettre dont chaque fonte d’écailles est accompagnée dans la planche 20. Les genres qui n’ont pas de lettres sont dépourvus d’écailles. Nomenclature des écailles. 10. Ecailles membraneuses au sommet (squamæ mem- branaceæ ). (a) Écailles entières lancéolées (Zanceolatæ ), ovales (ovatæ) , ventrues (ventricosæ). (8) Écailles aciculaires (aciculares). (c) Ecailles ternées (ternatæ). (d) Entières velnes (integro-pilosæ). (e) Echancrées velues (ermarginato-pilosæ). (f) Auriculées aignës (auriculato-acutæ). (g) Auriculées obtuses (auriculato-obtusæ). (h) Auriculées falciformes (auriculato-falciformes). (i) Bidentées également (æqualiter bidentatæ). (j) Inégalement bidentées (inæ@qualiter bidentatæ). (#) Tronquées dentées (truncato-dentatæ). Tronquées ondulées (truncato-undulatæ). (1) Echancrées en croissant (unulatcæ). d @ Bifides (bifidæ). », Ecailles im pressionnées (squame impressæ). ps Dilatées (dilatatæ). (o) Soudées en une seule (coalitæ) vues à l’état sec. (p,q) Divisées (separatæ ). ( 446) (r) En carré long (quadratæ). (s ) En carré long et ciliées (quadrato-ciliatæ). (t) Cunéiformes glabres (cuneiformes glabræ). (u) Cunéiformes ciliées (cuneiformes ciliatæ). »: $ IX. Opaire. L'ovaire peut être ou velu ou glabre. Ces deux carac- tères sont constans dans les genres. Un festuca ne peut donc pas être confondu avec un Ævena, ni lAvena dont les ovaires sont velus ne saurait être confondu avec l’Aira dont l'ovaire est toujours glabre, Par une anoma- lie assez singulière, les botanistes qui ont mis en lam- beaux la famille des Graminées et qui ont fait tant de génres sur des espèces qui appartenaient à des genrès connus, se sont opiniatrés à réunir les Aira àux Avena qui n'ont aucun rapport entre eux. On dirait qu'on n’a été économe de genres, que pour les genres qui ne ré- clamaient aucunement une telle économie. La forme de la graine provenant presque toujours, de la forme des paillettes qui l’enveloppent, comme nous avons noté là 4 cause, nous nous sommes dispensés dans le tableau de noter l'effet: mais nous n'oublierons pas ce caractère dans la description générique. Dans la division à païllette supérieure Er ice, la graine n’a point de sillon, parce qu'il n’y a pas eu pression exercée par un axe vigoureux (Orysa, Leersia). Dans les parinerviées, plus les genres ont été multi- flores et à fleurs pédonculées (Poa, Festuca, etc. ) , plus ce sillon a été profond. Danses genres. à fleurs sessiles , au lieu du sillon se remarque une large maïs légère compression (Panicum). Diné les fleuts GB IË pédoncule ne s’est pas développé, le sillon est moins profond et (447) quelquefois pea visible (Agrostis , Phalaris, Andro- pogon, Sorghum ). (I X. Stismates. 1”. Le nombre dés stigmates est aussi variable que celui des étamines. Je le note dans la description géné- rique , comme caractère du second ordre. 2°. Les formes en sonttimcaractèreinvariable. Je nedis point les formes qu’on désignait par les mots! aspergilli- formià , subaspergilli aies etc. ; formes qui ne dépen- dent que du plus où moins de prolongement du pédon- cule; maïs seulement celles que je vais décrire ci-après. 3°. Ou les fibrilles stigmatiques sont rangées sur deux rangs éômme les barbes d’une plume. J’appelle alors les stigmates distiques (stigmata disticha) , (fig. 1, 2, 3). + Ou bien les fibrilles stigmätiques sont parsemées autour du style comme autour d’un axe; et j'appelle ces stigmates épars ( stigmata sparsa), (fig. 5, 6, 5). 5°. Ou bien les fibrilles ne sont éparses qu’une fois, et à la base du stigmate , et j'appelle cette forme stigma- tes épars à la base ou semi-épars (basé tartüum sparsa aut semi-sparsa), (fig. 4): "Ge. Le stigmates distiques peuvent avoir des fibrilles très-courtes, sans papilles distinctes; et je nomme ces stigmates qui sont en général très-longs, stigmates toœ- niæformes (tæniæformia) | (fig. 1). Ces stigmates peuvent avoir des fibrilles à papilles nombreuses, fibrilles fort longues quoique simples, et je nomme ces stigmates plumeux (plumosa), (fig. 2). Ces stigmates distiques peuvent posséder des fibrilles ramifiées et couvertes de papilles ; ‘et je nommée ces stig- mates plumoso - rameux "(plumoso-ramosa), ( fig. 3). (448) 7 M. R. Brown a le premier fait usage de ce ‘caractère. Quant à moi, je ne le place que dans les caractères se- condaires, parce qu'il est fort trompeur, et que les stigmates plumeux offrent très-souvent cette forme , lorsque leurs fibrilles se superposent sur le porte-objet. 7°. Les stigmates épars varient à l'infini sous le rap- port du prolongement des styles qui les supportent, et des formes qu'ils prennent eux - mêmes. J'indique dans les fig. 5, 6, 7,.leurs types généraux; mais je n’emploie aucun d'eux comme caractère générique. Ce- pendant on peut dire que la forme 6 convient davan- tage à mes Zripsacum; la forme 7 aux Ændropogon ; la forme 5 aux Paspalum, Panicum, Cynodon. 8. Me voilà arrivé au point où je pourraisréunir d’une manière ciaire et intelligible trois caractères déjà décrits ,et faire voir la sympathie qui existe entre eux. Ces trois caractères sont : la forme des stigmates, celle de la ligule et celle des écailles. Les stigmates distiques, 1, 2,3, 4, existent tou- joursavec les écailles membraneuses. Les ramoso - plu- meux (3) existent avec les: écaiiles membraneuses et avec les écailles impressionnées (n, o). Le Maïs fait exception par son stigmate tœriæforme et ses écailles impressionnées. , Les stigmates épars existent toujours avec les écailles impressionnées , lorsque la pailletie supérieure est pari- nerviée. Dans les paillettes, imparinerviées ils existent avec les écailles membraneuses. La ligule merubraneuse convient aux écailles mem- braneuses, el se trouve par exception avec les écailles impressionvées (Welica, Paspalum). La ligne en poils ou en lanières, au contraire , ne se ( 449 ) trouve jamais qu'avec les écailles impressionnées, La planche jointe à ce Mémoire est disposée de manière à peindre aux yeux ces rapports. Deux ans d'observations non interrompues en constatent la vérité. g°. J'ai découvert un autre caractère que peuvent fournir les stigmates : c’est leur insertion. Ou les stigmates.sont insérés sous le sommet de l’o- vaire ( Poa , Triticum , Avena, Festuca , etc. ); ou bien ils sont insérés sur la face antérieure de l’o- vaire. Ce dernier caractère ne se rencontre que sur les Bromus et les Loliun, mais il est constant. Palisot de Beauvois avait aperçu ce caractère sur son Ceratochloa , et il en avait fait un genre; le Ceratochloa n’était qu’un véritable Bromus,genre sur lequel on n'avait point remar- qué ce caractère, tant-il est vrai.que les travaux faits en courant, et page par page, ne sauraient jamais être compa- ratifs. I] faut noter encore qu'il n'avait pas remarqué l’in- sertion des stigmates, mais seulement la forme du som- met de l'ovaire, que la dessiccation avait exagérée, et qui n’est due qu’au genre d'insertion des stigmates. Ce caractère tiré de l'insertion, joint à la forme des écailles et au nombre des nervures, empèêchera désor- mais de confondre-un Festuca avec un Bromus. S XI. Distinction des sexes. Mes caractères ne doivent être cherchés que dans les locustes fertiles et hermaphrodites , à moins que je ne note le contraire dans le tableau. Je néglige toujours la fleur stérile du sommet, parce que, dans toutes les espè- ces, la dernière fleur, quand elle existe, avorte plus ou moins. _ Je ne tiens compte, comme fleurs neutres ou mäles, Tome IV. ML” ( 450 ) que de celles qui sont inférieures à la fleur fertile ( flos- culus fertilis). Quant à la monœcie, c’est un caractère si variable, qu'il serait impossible, avant d’avoir analysé un individu, d'indiquer le rameau stérile et le rameau femelle. Ces sortes d’avortemens ne sont donc point des caractères , et Von doit se montrer réservé dans leur emploi. Il n’en est pas de même des différences d’inflorescence qui entraînent avec elles des différences de sexe, par exem- ple , dans le Maïs où les panicules sont ordinairement toutes mâles et les épis tous femelles. J'ai employé ce ca- ractère dans le tableau : je le décrirai plus au long dans le genre. Dans la diœcie je n'emploie que les caractères de l’in- dividu hermaphrodite. L'existence de l’autre est cons- tatée dans la description du genre. Au reste, ce carac- tère ne convenant qu’à deux genres, le Spinifex et le Gynerium, son omission ne jettera aucune obscurité dans les recherches. Observons encore que dans les Spinifexæ et Gynerium qu'on plaçait dans la diœcie, ce n’est qu'une diæcie impropre, puisque l'individu fertile est herma- phrodite ,et peut se passer du mâle, et qu'ainsi le mâle est une forme plus ou moins avortée, une véritable sinécure dans l’ordre de cette végétation. C’est donc un accident qu'il faut noter; ce n'est pas un caractère générique. Ces notions abrégées qui se composent de résultats longuement constatés, suffisent pour l'intelligence du tableau des genres. Dans un prochain extrait je donne- rai les caractères génériques détaillés avec les caractères secondaires , j'y joindrai la liste des genres modernes, dont les types doivent rentrer comme espèces dans les miens , ainsi que la liste des espèces qui m'ont servi à PE + é "_ LS ‘ _ à 14 te np, *" ' nr EX te Dr LT. l $ . d à ® e » . =. * s : * + » ai 1 < É ’ + RTE « : : rs E * - < . _ « £ - LA U ER RE — ; > . . F = n. .. - : ” a i - - / 4 r F nu a —s . … " = + D : = 24 ; re “ j 1 v. © 4 ' L mu Æ : .— ï ni 7m L “ « à « 3 Ê —t { 2 CA — à : S à 3 x e 4 è . . > + - “ — = L Le 4 Le =" #. o - - . \ L - s , : L w - L D - i ’ En : i ‘ se ï A æ 0 E m ” 4 = . < … j , 7” ” À Fe " . . ‘ : 9 -. Ca + à | : ; TABULA METHODICA GENERUM AGROSTOGRAPHIÆ. AUCT. RASPAIL. Stigmata sparsa. , . PALEÆ OMNES IMPARINERVIEÆ. Stigmata disticha. Stigmata basi tantum sparsa. . . Paniculæ. . STIGMATA SPARSA. Spicæ, . /. Spicæ et panicule in ea PALEA SUPERIOR PARINERVIA. .. Spicæ, . . Ë 2 a E El og E 3 Paniculæ, . Cum glumis. . { Sineglunte..114.. PR à su. col OT NE D TRE Flosculus fertilis unipaleaceus. . . . . . . . . . . . . . . Flosculus fertilis bipaleaceus. . . . . . . . . . . . . . Cum floseulo inferiori masculo, neutro aut unipaleaceo. Sine flosculo inferiori neutro, unipaleaceo aut masculo. . . Sine involucro . Rachis multiflorus Glumæ Cum inyolucro. Rachis (fœmineæ séTn scie) nu UN OTUS 2e eee, ee le ee dem stirpe smul. . . see ele ro NE TES Oyaxiumpilosum 1e - eee - le ne ne SR ee ; Stigmata infra apicem ovariiinserta. . Ovarium glabrum. Stigmata apice oyarii inserta. . . . , . . Ovarium pilosum. . Palea inférior multinervia. basi liberæ, Cum glumis, Sine clumis. . Ann. des Se. nat,, tom, IV, p. 451. Palea inferior 5 — e inferior carinata, . . a inferior multinervia. . . Sine floseulis inferioribus sterilibus. . . . . . . . Cum flosculis inferioribus steri- libus. LU Palea inf. paucinervia. Unicà cum glumä. . . Binis cum glumis. . . Nervi apice divergentes. , Ovarium nervia. glabrum, Pal. inferior concava. . . ET Nervi apice conflu Lo Glumainferior su- p entes periori minor. . Palea inferior 3—nervia. . . . . cinervia, ; : : Palea inferior 1 — nervia. no : £ Gluma inferior superiori et flosculis major. . . . . ie binæ et inferior 5 nervia. + . . . . . Palea unica illaque 2-4 nervia. . + + . . . . Va DAMON LE 5 © UPalea inf. carinata. Paleæ concavæ. . . . . . ‘| Paleæ carinatæ. , . Cum glumis, . . NN dr Glumæ basiliberæ. . . . Glumæ basi co: Palea inf. 1 nervia. ‘| Palea inf. 3 nervia. . Glumæ flosc. majores. . Glumæ flosc. minvres. . Floseuli bini inferiores bipaleacei. . . . . . . . . : Lier bini inferiores unipaleacei. {Nervi apice confluentes. ANT Le infer concavya. . . “| Nervi apice divergentes. . no RER ND AMOR Un D - Cu Sine flosc. infer. unipaleaceo. . * | Cum flosce. infer. unipaleaceo. _. partialia et pilosa. Glumæ flosculo majores. -{ Involucra partialia et herbacea. . Inyolucrum unicum et generale, ile re ONCAyAS | Locustæ latere à axim n prementes. à à Dés dorso axim prementes. HE inferior carinata. DO CC Rachis eduneuliformis: Glama fosculo me s 0 “jb ho CU Gluma floseulo minor. CE es Stigmata infra apicem ovarii insert, É AC D n Stigmata plumosa. . Spaces . Stigmata tœniæformia. Palea superior multinervia. DE Nervi laterales basi ‘fasciculati. . alea superior paucinervia. Va omnes basi liheri. [Stigmata longè peduneulata. : *} Stigmata ferè sessilia . . J Omnes locustæ perféctæ. *] Cum locustis later, imperfe Stigmata tœniæformia. . . + . . + - + - + - + . - {a inferior carinata. rs plumosa. . . . : .4 Palea inferior concaya. Palea inferior convoluta. . + . Floseuli glumis induti. : - . ©‘ © *]Flosculi in glumis liberi. . Nervi apice confluentes, . « £ af = * | Nervi apice LP ES ire binis flosculis inferioribus unipaleaceis. . . ; Glumæ 3 nerviæ. Sine flosculis inferior. unipaleaceis. CRETE | Palea inf. concava. l EE te carinata. Zoysia. Asprella. Oryza. Mibora. Alopecurus. Crypsis. Cinna. Anthoxanthum. Microlæna. Hierochloa. Ehr'harta, Panicum. Ériachne, Paspalum. Pappophorus. Cynodon. Luziola. Monerma. Pharus. Tripsacum. Andropogon Saccharum. Cenchrus. Coïx. Spinifez. Zea. Triticum. Hordeum. Secale, Lolium. Tragus. fiotthoella. Nardus. Bromus,. Avena, Sesleria. Nastus. Uniola. Poa. Lchinaria. Deschampsia. Lestuca. Cynosurus. Lagurus. Diarrhena. Koœleria. Aristida. Aïra. Holcus. Stipa. Agrostis. Phalaris. Phleum. Polypogon. Lygeum. Zizania. Shmal. Pers. Lin, Lin. Lin. Lin. Lin. Lin. Lin. Desf. Lin. Lin (a (&) Sn Genre ET ren Fm — ce TE me wwns (451) vérifier les caractères. J'annonce d’avance que tous les genres connus doivent se réduire à ceux que je publie, parce que le plus grand nombre des genres modernes ne sont fondés que sur des caractères de nulle valeur. On se scandalisera peut-être de ma hardiesse ; ce scandale, je l'ai prévu; il m’eût été facile de l’éviter. On doit du moins me savoir gré de mon courage, Explication de la Planche 20. Fig. 1. Stigmate téniæforme.— Fig, 2. Plameux. — Fig. 3. Plumoso- rameux.— Fig. 4. Stigmate épars à la base, cette dernière forme ne convient qu’au genre £hrharta, le Microlæna s’en rapproche un peu. Ces stigmates distiques existent avec les écailles membraneuses , et deux des formes d’écailles impressionnées, c’est-À-diré avec toutes les formes d’écailles enfermées dans le crochet supérieur gauche. Fig. 5. Stigmate épars capité. — Fig. 6. Stigmate épars sessile, — Fig. 7. Stigmate épars en panache, Ces formes de stigmates exis- tent avec les écailles impressionnées au sommet, que renferme le crochet inférieur gauche. Fig. 8. Ligule membraneuse qui convient en général à toutes les écailles membraneuses renfermées dans le crochet supérieur droit. Fig. 9 , 10. Ligule en poils ou en lanières qui convient à toutes Jes écailles impressionnées renfermées dans le crochet inférieur droit. Fig. 11. Cette figure représente idéalement sur un même axe toutes les modifications de l’inflorescence épi. — Fig. 12. Axe et glumule du Lolium. — 13. Inflorescence générale de la panicule, — Fig. 14. Figure propre à démontrer comment une locuste uniflore peut de- venir multiflore par le détachement de la neryare médiane de la paillette supérieure. * Fig. a-u. Formes diverses des écailles. ( Voyez leur explication détail- lée, page 444 ) CoxetpérATIONS générales sur la monstruosité; et Des- criplion d'un genre nouveau observé dans l'espèce humaine ; et nommé AspALASoME ; Par M. Georrroy Sr.-Hirame. On est redevable de la découverte de cette nouvelle 29 (452) monstruosité humaine aux recherches ardentes de M. Du- pont, marchand naturaliste et habile modeleur de pré- parations anatomiques. Cet artiste a eu composé dans une nuit l'exacte copie en cire qu’il s’est empressé de pré- senter à la Société Philomatique. Le sujet que M. Serres a disséqué et dont il a déjà étudié avec soin le système san- guin, fait présentement partie du Muséum anatomique des hôpitaux qu'il dirige, et se trouve ainsi à la dispo- sition des personnes qui souhaiteraient de le consulter. L'enfant nouveau-né avait à droite quelques, viscères déplacés : ce n’est pas une chose très-rare, dira-t-on: oui; mais il faut bien qu’on n'ait encore donné à cette monstruosité qu'une attention bien légère. C’est la con- clusion qui me paraît découler de l'expression consacrée pour que l'esprit en gardât le souvenir, du terme recu d'Éventration, qu'on aura regardée comme une sufli- sante explication de ces singulières anomalies. Cependant.une circonstance unique et bien générale, savoir, le souvenir des intestins déplacés , est seule par- là indiquée et retracée. Autant se borner à connaître un mamumifère dans un point de sa structure et Le dire tout simplement un animal à poil. Car d’ailleurs l’esprit ne sait ni ce qui a occasioné le désordre du ‘déplacement des intestiñs, ni en quelle quantité. le-type normal en est aliéré. Toutefois je conviendrai qu’on a fait peut- être un pas de plus dans l'observation qu'autrefois, que dans le temps où l’on se contentait d'appeler toutes les aberrations organiques, singuliers jeux de la nature. J'ai déjà donné à plusieurs monstres des noms en har- mouie avec ceux des nomenclatures adoptées en histoire naturelle. Ainsi j'ai consacré une terminaison uniforme pour les monstruosités de la tête, xepaan. J'emploie une (453 ) terminaison équivalente et également uniforme. pour les monstruosités du caractère des éventrations, cpu; et c’est conformément à ces idées toutes rattachées à un même système que j'ai pensé à nommer la nouvelle monstruosité Æspalasome, c'est-à-dire animal dont le corps rappelle dans quelques-unes de ses parties divers points de la conformation de la taupe. En effet, afin de donner la clef des élémens de cette dénomination , nous rappellerons qu’il y a pour tous les êtres trpis appareils ventraux, le digestif, l'urinaire et le générateur, et que tous trois se prolongent, eu se rap- prochant de l'extrémité du tronc, dans autant de canaux convergeant et se réunissant, savoir : tantôt les trois ensemble ; comme dans les oiseaux, où ils débouchent par un orifice unique , tantôt les deux derniers ensemble et le premier à part, comme dans les mammifères, chez lesquels ils aboutissent à deux méats, et nous rappelle- rons enfin que ces canaux se poursuivent séparément tous les trois comme dans la taupe femelle, chacun s’y ter- minant par une ouverture distincte. C'est cette dernière circonstance quise trouve réalisée dans l’Æspalasome et qui m'a fourni les élémens de ce nom. Quelques faits de détail encore inconnus, maïs bien plus les rapports de ces faits avec d’autres qui sont dans la science, vont, je pense, justifier mon empressement à donner cette communication. Tous les organes de l’hypocondre droit, depnis le dia- phragme jusqu’à l'extrémité du tronc, offraient l’appa- parence de choses tirées du dehors et s’y voyaient flot- tans én-decà de la cavité abdominale : tels étaient le foie, l'estomac et quélques parties des intestins, dont une partie occupe ordinairement la ligne médiane. Le rein o ( 454) droit boursoufilé et son urètre accru singulièrement en largeur existaient par-dessous. Les trois orifices des appareils ventraux, comme s'ils avaient été contraints de faire un quart de conversion vers la droite, s'y trouvaient situés transversalement, l'orifice du canal ayant précédé les autres. Je donne le rapport des trois orifices (voyez pl. 27, fig. 2, et j'en montre, fig. 5, la correspondance chez la taupe femelle (1). Je corrige donc, fig. 2, par un des- sin plus étudié et plus correct, le vague en ce point de l'ensemble représenté fig. 1. Il fallait, je crois , et j'ai désiré qu’on ne s’écartàt en rien de l’imitation faite par M, Dupont. L'ouverture anale fut signalée à l’artiste par un écoulement de matières excrémentitielles, et qu’il a eu le soin d'indiquer à titre de renseignement, lett. a, gti. Quant aux organes sexuels, un boursoufilement de la peau entre les cuisses simulait un scrotum , 0, 0, fig. 1, et un fort prolongement dermoïque canaliculé u (Purètre saillant en dehors) avait bien pu être pris pour un pénis. C’est donc sous la prévention qu’il avait un mâle sous les yeux que M. Dupont a fait son modèle en cire. Cepen- dant la dissection a depuis appris que c’était une fille! Le dessin, fig. 2, présente toutes choses dans leurs position et grandeur relatives : æest l’ouverture de l’a- ous, g celle du vagin, u l’urètre saïllant en dehors et conduisant dans un petit cœcum que j'ai reconnu pour (1) J’emploie, fig. 5, les mêmes lettres que dans les paragraphes sui- vans. a est l'anus, g le vagin, et u le méai urinaire : supposez une force de tirage qui ait entraîné l'intestin rectum et son orifice a, vers Vaine droite, les autres orifices g et w, y seraient aussi arrivés der- riére et comme à la remorque. nement ns... { 455 ) la vessie urinaire ; enfin w , &, sont les signes de onze trés-petits orifices qui se perdent dans la peau, et qui sont sans doute terminés dans autant de points glandu- leux. Un repli du derme Z, fig. 1 et 2, vers le haut, semble un commencement de l'enveloppe tégnmentaire qui s'étend chez les oiseaux au devant des trois issues d’é- limination abdominale, qui y forme bourrelet tout autour, et qui, resserré en sphineter, constitue l’anus externe. Je n'ai point aperçu le rein de gauche, et j'ai déjà fait mention du droit, dont le volume et un entourage de quelques poches membraneuses faisaient tout l’in- térêt. Le rein droit s’ouvrait dans un uretère fort large, etil venait se perdre, non sur la vessie, mais au moyen d’une pointe sans orifice sur le vagin. Je crois d’ailleurs inutile de m’étendre sur l’utérus et ses cornes. | La jambe gauche se bornait à être cagneuse, mais la droite (voyez fig. *) était simplement plus courte et avait très-fortement éprouvé l'effet du tirage exercé de son côté. Les muscles de la cuisse avaient aussi été tirés par le bassin, et étaient ramassés et raccourcis; aussi la cuisse finissait au point m. Les muscles avaient propagé cet.effet à la jambe, dont le tibia était tourné en dedans , singulièrement aplati, et coudé de manière à développer vers le milieu de sa tranche extérieure une sorte d'épine; celle-ci est représentée, fig. 1, par la lettre r. En même temps le pied, amaigri et allongé, avait son tarse qui posait et oscillait sur le péroné, de telle façon qu'on pouvait lui imprimer un mouvement de pronation comme à la main qui tourne sur le ra- dius : ou plutôt les choses paraissaient presque la répé- iition d’une combinaison particulière au paresseux dit (456 ) Aïou Bradypus tridactylus. Ainsi ce singulier événe- ment de monstruosité plaçait le pied droit dans des rap- ports identiques avec la main, quant aux mouvemens de pronation et de supination; en même temps que cette intervention avait encore ramené, ainsi que nous l’avons exposé plus haut, une circonstance nouvelle et propre uniquement à un seul Mammifère, le fait des trois ori- fices distincts de la taupe femelle pour les troïs voies in- testinales, urinaires et génitales. Une autre singularité du même ordre et qu’on ne manquera sans doute point d'accueillir avec autant de surprise que d'intérêt, est le fait que je vais exposer. La plus grande partie de l'intestin postérieur (1) avait entièrement disparu, sans doute en conséquence de l’absence de la mésentérique inférieure. Je donne , fig. 3, toute la fin du canalintestinal, comme elle est établie dans l’Aspalasome. L’extrémité ascendante #, i, est une por- tion de l'intestin antérieur. Le renflement b,b, me paraît correspondre aux premières parties du colon, et la por- tion aveugle cp au segment des suivantes. Dans ce cas, l'intestin postérieur de l’Aspalasome, étant privé de la dernière partie du colon et de tout l'intestin rectum, n’a pas acquis assez de longueur pour fournir les cir- convolutions de l'état normal et pour aller s'ouvrir en arrière, en dedans de la rainure des fesses. Sous sa nou- velle forme, ce n’est plus qu'un cœcuii d’un assez grand volume; ce qui n’empèche pas que le cœcum normal ca n'existe toujours dans ses: dimension et position ordi- (1) Voyez Philosophie Anatomique, tome IL; page 279, d'après quel ” motif j'ai pu et dû diviser l’intestin en portion antérieure et portion postérieure , le cœcum devenant le point de partage de l'appareil entier. : : LR® , C457) paires. Cependant le canal intestinal a toutefois trouvé à déboucher au dehors, comme on le voit au point a: c'est par une gorge en manière d’anneau, à quoi se ré- duit cette nouvelle espèce de rectum , devenue impos- sible en arrière ; l’issue excrémentitielle se voit en avant ou plutôt au-delà et du côté de l’aine droite. L’ayant introduit par cette ouverture ou par l'anus, lett, &, j'ai plongé un stylet qui s’est répandu tant dans le gros et le petit cœcum que dans le renflement b,b, d’où il se poursuivait dans l'intestin antérieur. Cette description faite, il m’a semblé que je venais de rédiger l’histoire anatomique du canal intestinal des oiseaux; car les oiseaux ont aussi deux cœcums: et de même aussi, du milieu de ces canaux aveugles , lett. ca et cp, fig. 4, nait un bout d’intestin r. A cela près de sa plus grande longueur, c’est la partie analogue à l’anneau terminal a, fig. 3, a devenant un sphincter d’anus chez l’Aspalosome. Le cœcum cp ne s’est pas non plus assez prolongé pour former toute la circonvolution nécessaire, et pour s'étendre en arrière. Le bassin, muraille osseuse, entièrement close et d’une étendue considérable par derrière, n’y est praticable pour aucune percée; par con- séquent le bout d’intestin, dit rectum chez les oiseaux, descend tout droit et se dirige en devant pour déboucher dans l'emplacement le plus voisin et le plus accessible; savoir : dans la vessie urinaire chez l’autruche, et dans la bourse génito-urinaire chez les autres oiseaux. La pré- paration de Ja fig. 4, dont j'ai pu distinguer les parties par l'emploi de lettres correspondantes à celles de la fig. 3, montre ces rapports. Par conséquent, ce qu'il ne m'était pas venu dans l’es- prit d'aller chercher arrive ici à titre de corollaire : les oiseaux, quant à la terminaison de leur canal intestinal, (458) sont dans une analogie fondamentale avec les mammi- fères, et, bien mieux, présentent une réelle ressem- blance avec ceux d’entre eux qui sont placés sous de certaines influences pathologiques. Voilà donc, encore un autre fois, diflérens faits de structure organique ra- menés à l'unité de composition. Je pourrais montrer que eela tient aussi à la même cause , à l'absence de la mésentérique inférieure ; mais il faudrait d’abord établir que lartère qui est censée en remplir les fonctions chez les oiseaux, a été le sujet d’une méprise (voyez Tiéd., Anat. des Ois. , page 506), et n’est réellement point cette mème deuxième artère du mésentère. Ce n’est plus identiquement la même dès que l'artère qui se distribue sur l'intestin rectum provient de l’aorte descendante fort au-dessous des iliaques , et seulement un peu avant de la sacrée moyenne. Ce fait de circulation sanguine m'a beaucoup occupé en 1823, et j'ai déjà pour cela disposé un certain nombre de dessins, tout en étudiant la distribution des artères génitales dans toutes les classes d'animaux ver- tébrés. Je ne m’expliquerai donc à cet égard que lors- que je pourrai reprendre ce travail long et difficile, Ainsi voilà une autre partie du système organique de votre nouvelle monstruosité , dans qui l’un des systèmes caractéristiques des oiseaux se tronve jusqu’à un certain point reproduit ; de tels faits donnent une idée très-sim- ple, mais toutefois bien admirable du déploiement des forces de la nature. Effectivement des déviat:ons dans l'état organique d’un animal sont une répétition plus ou moins exacte des déviations des principaux centrés or- ganiques, d'après lesquels sont établis les sous-types réguliers des animaux vertébrés. Depuis que j'ai eu le bonheur de saisir ce point de vue, les applications ar- ( 459 ) rivent en foule ; elles nons montrent la fausseté de cer- tains aperçus prétendus philosophiques, qui portaient à admettre l'existence possible de toutes formes quel- conques, par conséquent imaginaires et capricieuses. Il n'ya au contraire de réalisables que des déviations ren- dues possibles par l’atrophie ou par l'hyperthrophie des artères , lesquelles sont, comme l’on sait, formatrices et nourricières des organes où elles se répandent. Or, qu’un tel ordre de variation soit amené par des chan- gemens accidentels, comme dans les faits de la mons- truosité , ou qu'il soit rendu systématique et persévérant, comme dans les faits zoologiques, les procédés qui y sont appliqués restent les mêmes : ce qui explique com- ment les faits d'anatomie pathologique rentrent néces- sairement, quant à la reproduction des mêmes formes, plus ou moins dans le caractère de l’organisation des animaux réguliers. Mais cette discussion m'a fait perdre de vue le cas particulier de monstruosité décrit dans ce Méfnoire. Je vais y revenir, en insistant sur ce qui en forme la cause prédisposante. En effet, une considération plus élevée, parce qu’elle embrasse l'explication de toutes ces déviations organi- ques, et parce qu’elle ramène à la simplicité ce que l’ob- servation porte à trouver si singulièrement compliqué, c'est que l'apparence de tirage, dont j'ai parlé plus haut, est véritablement l’ordonnée qui régit cette monstruo- sité : c'est pour moi de toute évidence. Ainsi voilà une production récente jusque-là incon- nue (1), qui est une justification sous tous les rapports (1) Au moment de donner de derniers soins à la composition typo: ( 460 ) de ma nouvelle doctrine dans ces questions importantes. Le tirage présumé existe réellement; il est opéré par une lame intermédiaire allant d’une moitié du placenta sur le fœtus dans toute l’étendue des actions ressenties par les viscères : quatre pouces forment la longueur du cor- graphique de ce Mémoire, on m'a communiqué quelques nouveaux détails que je vais consigner ici. M. le docteur Hauregard, médecin du comité de bienfaisance du douzième arrondissement , a recu l'erfant : il a bien voulu m'informer que l’écoulement des eaux s'était fait en deux temps très-diflérens; d’a- bord quand il eut pratiqué une première ouverture, et beaucoup plus tard, quand le fœtus fut engagé au passage. J'ai aussi vu la mère et son mari, graveur sur cuivre. Cette dame, excitée par un sentiment profond d'intérêt public, a mis une grâce parfaite à répondre à mes questions ou plutôt à les prévenir par les informations suivantes. « Elle avait pareillement été frappée du double écoulement des eaux. N'ayant jamais senti remuer, sa grossesse lui parut fort extraor- dinaire : seulement quand elle se trouvait couchée, elle ressentait par- fois le mouvement d’un corps qui oscillait faiblement sur sa base. Elle avait entendu parler de masses charnues pouvant se produire au lieu d'un enfant, et elle se croyait appelée à en offrir un nouvel exemple. Vivement impressionnable, fort maigre, assez grande, elle s’aflligeait : d’un changement dans ses habitudes : elle ne pouvait se défendre, dans ses grossesses , d'émotions vives pour le moindre sujet, principale- ment de frayeurs extrêmes au moindre bruit. » Mariée depuis sept ans, elle fut dernièrement enceinte pour la huitième fois; une fille forte, âgée d’à peu près quatre ans, a seule sur- vécu. La dernière grossesse avait été précédée de trois fausses couches, Madame *** ne pouvait assigner de causes à ces événemens, non plus qu'à celui de son dernier enfantement. Toutefois, quant au phénomène d’éventration, n’aurait-elle pas agi avec trop peu de prudence, lorsque, s’abandonnant à toute la vivarité de ses sentimens comme mère, eile excédait ses forces en tenant sa fille dans ses bras presque continuel- lement et toujours de la même manière? C'était sans doute avoir trop fait pour son état habituel de faiblesse. Enfin son dernier enfant au- rait vu le jour vers la fin du huitième mois de gestation ; il a vécu de six à sept heures, ce qui a permis de suivre, sur les principales artères ( 461 ) don ombilical, lett. j, fig. 1. Tels sont les faits montrés distinctement par la préparation de M. Dupont : or, je v’en puis plus douter, c’est à de telles adhérences du sujet avec ses enveloppes fœtales que l’on doit attribuer chaque sorte de déviations des parties monstrueuses. Le fœtus , qui croît par l'influence de sa suspension au placenta, ressent un effet de tirage dans tous les points où les lames de suspension se portent. Maïs en grandis- sant , 1l devient lourd, fortement impressionnable et plus remuant. Îl tire donc sur son placenta, ou le placenta du bas-ventre, l'effet des contractions et dilatalions des ventricules du cœur. » Je ne commenterai ces faits qu'avec la plus grande réserve. 1°. Le double écoulement des fluides, durant l’enfantement ; avait sa cause dans l'existence de deux poches qui ont été percées succes- sivement : la poche principale , générale et normale, lett. s,s, fig. 1 , se trouvait formée des enveloppes placentaires, et autre, particulière et pathologique, lett. £,t, provenait des brides et membranes qui circonvenaient les viscères déplacés. À 20. L’immutabilité du fœtus : ses entraves en donnent ure explica- tion très-simple. Attaché aux membranes placentaires qui elles-mêmes adhéraient aux parois de l’utérus, il n’était plus pour lui de bonde et de sauts possibles ; j'ai cité plusieurs cas semblables dans ma disserta- tion de l’Anencéphale de Patare ; voyez Journal Universel des Sciences médicales, 1824, tome 36, page 129. 3. L'état nerveux de la mère et ses spasmes habituels, ont pu pro- duire en elle une disposition organique à laquelle on pourrait tout aussi bien rapporter et les fâcheux événemens des trois couches antérieures et celui de monstruosité de la dernière, Il sufliit pour cela que les menibranes ambiantes et fœtales aientsété déchirées. Car que cet état de choses persévère, l'embryon périt, comme je m'en suis tout ré- cemment assuré par une expérience directe sur des cochons d'Inde ; mais qu’au contraire ces plaies se ferment , et que leur guérison laisse toutefois le fœtus adhérent par un ou plusieurs points à ses enve- Joppes, il y a retour à la santé générale, maïs non à toutes les con- ditions des individus normalement conformés. ( 462 ) sur lui, effet qui est uniquement ressenti par les organes qui sont placés en dedans de ces efforts. Il faut done reconnaître que les organes atteints par la monstruosité, c’est-à-dire par de mutuelles adhérences et par les tirages qui s'ensuivent, voient leur déforma- tion expliquée par une égale participation de deux ordon- nées qui sont d’une part, le nisus formativus, ou la ten- dance à une formation normale ; et d'autre part, l’action modificatrice d’une membrane, qui agit comme une toile, laquelle aurait soulevé, dérangé et maniéré tous les ap- pareils. De-là, nous n’avons ni l’effet plein et tout-puis- sant du nisus formativus , ni le tirage net et direct d’une membrane ; mais nous obtenons un résultat mixte, c’est- à-dire le fruit de plusieurs efforts combinés , enfin une monstruosité qui tient de ces diverses causes d'actions. On peut rendre ceci sensible en rappelant quelques propositions de dynamique. Qu'en premier lieu un corps grave soit entrainé vers sa droite, dans ce cas le mou- vement est simple et la direction suivie non incertaine pour l'esprit. Qu'en second lieu, sous l’ouverture d’un angle de quarante-cinq degrés, ce corps soit entraîné au- tant à droite qu’à gauche par deux forces qui se balan- cent, il obéira à deux ordonnées également puissantes, c’est-à-dire qu'il s'avancera dans la diagonale des lignes des deux puissances. Dans cet exemple, l’unique tirage ou le premier ef- fort correspond à notre xisus formativus , dont rien d’a- bord ne contrarie les tendances naturelles; et l’on sait très-positivemeng ce qu'amènent de résultats composés, mais tous normalement coïnecideps, toutes les influences que nous entendons rappeler par ce terme. Un tel ré- sultat, c’est l’animal dans son état parfait. Le double ( 463 ) ürage on les eflorts de la seconde hypothèse reviennent à l’action combinée du nisus formativus et des lames d’adhérence , celles-ci devenant modificatrices au prorata de l’étendue de leur contact. Or, voici comme, dans mon ouvrage sur les monstruo- sités humaines (1), j'ai expliqué la formation des lames qui attachent le fœtus avec ses enveloppes ambiantes. Qu'’une mère, dans les premiers temps de la gestation, soit très-vivement affectée de sursauts ; que cet événe- ment lui fasse ressentir une vive et subite contraction de tout le système musculaire, et que durant cet effort gé- néral l'utérus agisse consécutivement sur les membranes fœtales et les resserre violemment ; ces enveloppes éprou- veront de légères dilacérations, et, ayant en conséquence perdu leurs eaux d’amnios, arriveront au contact sur le fœtus. Un eifet subséquent à tout ceci sera encore que les plaies des membranes ambiantes , ainsi que celles des par- ties dans une position correspondante chez le fœtus, se ré- pareront par une soudure mutuelle; voilà un commence- ment «de lames d’adnérences que des développemens ulté- rieurs affermiront et accroîtront. Uae membrane inter- médiaire entre le fœtus et ses enveloppes est donc très- facilement produite; et telle est en eflet la puissante adhérence, qui devient une ordonnée nouvelle capable de troubler l’ordre habituel des développemens. Cependant des monstres formés sous cette raison , sous une influence consécutive, n'ont jamais été malades; au contraire, renfermés dans un milieu aquatique, rien n’en altère la santé générale; pourvu qu'ils puissent respirer A ——— ——— (r) Philosophie anatomique , Monstruosités humaïnes , in-8° avec planches in-{° ; chez Auteur, au Jardin du Roi. ( 464 ) l'air contenu dans les eaux de l’amnios, ils y croissent sans difficulté, et ils ne peuvent en effet que prospérer dans la cavité qui constitue leur monde extérieur : il en est d'eux comme des poissons qui ne sauraient vivre hors de leur milieu respiratoire. Et en effet, dès que l’u- térus s’en débarrasse pour les plonger dans le milieu atmosphérique, ils périssent, mais parce qu'ils n’ont point été rendus propres à un second mode de respira- tion. On exprime alors ce résultat, en recourant à une sorte d'explication que suggèrent les idées d’une durée quelconque de notre existence. On dit dé pareils êtres, à l'égard de l'espèce humaine, qu'ils ne sont pas nés viables ; cependant ce que les faits nous autorisent à en dire, si nous voulons nous en tenir à un langage exact et physiologique, c’est qu’un tel animal est moins riche- ment organisé que l'être normal. Celui-ci, avec de dou- bles instrumens respiratoires dans un état parfait, est établi à deux fins pour vivre deux fois et dans deux mondes différens, quand celui-là, pourvu d’un seul de ces instrumens, ne vit qu'une fois et dans un même lieu. Jusqu'ici je n’ai parlé que d’une seule classe de mons- tres, des monstruosités formées par influence consécutive, des monstres qui naissent gras et pleins de santé. Il en est cependant une seconde classe, ceux produits par une in- fluence directe , appartenant essentiellement au domaine de la pathologie ; je veux parler des monstres dont une maladie fait dévier la marche des formations normales. C’est à cette seconde classe qu'appartient la monstruo- sité humaine, que j'ai décrite sous le nom de 7/hlipsen- céphale dans un travail fort étendu que j'ai communiqué à le Société médicale d'émulation, et que cette société doit publier dans le prochain volume de ses Mémoires. ( 465 ) C’est encore à cette même classe qu'on devra rapporter l'Hématocéphale poulain, dont j'ai dernièrement entre- tenu l’Académie royale des sciences. foyez ci-après, page 468. Un coup violent porté au ventre dans la région de l’u- térus produit ces accidens, en donnant lieu à la rup- ture de quelques vaisseaux, en dedans des formations fœtales. Dans ce cas, des effets morbides s’ensuivent, et amènent nombre de désordres que l’on classe, comme ceux que détermine l'influence consécutive, parmi les faits de la monstruosité. Je terminerai cet article en rappelant qu’un dix-sep- tième à peu près des naissances d’une grande capitale, comme de Paris par exemple, est sans résultat pour l’ac- croissement de la population; ce dix-septième de fruits utérins se composant d'individus morts-nés. Le nom- bre de ceux-ci fut à Paris en 1821 de 1,414, et celui des enfans nés viables de 25,156. On peut estimer que les monstruosités figurent pour beaucoup, au moins pour une centaine, dans le nombre de 1,414 morts - nés. Quand on songe que, sans l'activité de M: Dupont qui a donné la première information de la naissance du nou- veau monstre , les faits de ce Mémoire auraient été perdus pour la science, et que l’on en enfouit journellement d’aussi importans, on ne peut se défendre d’un certain re- gret. Les avantages dont nous avons été redevables, dans ce cas-ci, au zèle éclairé du magistrat (1) chargé à Paris de veiller au maintien de l’ordre, pourquoi ne nous se- : ; (1) M. le Préfet de Police, sur la demande que lui en avaient faite MM. les docteurs Serres et Magendie, a bien voulu ordonner que le monstre dont il est ici question fût remis aux amphitheâtres d’aua- tomie. : Tome IV. 30 (466). raient-ils pas procurés par une mesure générale ? Ces faits de la monstruosité, stériles autrefois, me paraissent les moyens les plus capables aujourd’hui de perfection ner les études physiologiques et médicales. Si cela est vrai, ne pourrait-on pas concilier les besoins de la science avec les besoins moraux de la société, à qui il est bien certain qu'un sentimént de pudeur publique doit d’abord inspirer d’être ombrageuse et formaliste ? J'élève ces questions, assuré que je suis, qu’on est parfaitement en voie de tirer en ce moment un parti très-avantageux d’études approfondies sur les monstres; car on ne croit plus aujourd'hui à de singuliers jeux de la nature, à ces productions bizarres comme dénotations accusatrices des familles, et comme imprimant un sceau affligeant de réprobation. On est au contraire persuadé que les formations animales ne sauraient se déranger, se détraquer par l'effet d’un caprice, par une suscepti- bilité purement extravagante. Tout désordre organique qu'on ne traïtera bientôt plus de monstre, de produc- tion monstrueuse, sera tout simplement admis pour ce qu'ilest, pour un enlacement différent d'organes, pour une autre complication soumise à une influence éven- tuelle, et dans certains cas, pour une lésion morbide; il ne faut plus qu'y apporter l'œil exercé d'un observa- teur bien pénétré de la nouvelle théorie, pour arriver par l’étude de ces modifications sur de premiers faits et presque sur l’essence des formations organiques. Effectivement, satisfaits autrefois des‘observations que nous procuraient les êtres réguliers, nous restions, à la vue des animaux imparfaits, dans l’étonnement et sans rien savoir de plus. Mais maintenant que ceux-là ont été interrogés, faisons parler les autres: c’est un tout ( 467 ) autre ordre d'idées à concevoir , à apprendre. Depuis que le voile est soulevé, qui pourrait encore douter - qu’on n'arrive sûrement, en suivant ces nouvelles routes, sur de hautes pensées! Qui n’aperçoit déjà qne c’est travailler à surprendre toutes les allures des formations dans la série des développemens! Car enfin si nous avons étudié chez les êtres réguliers des conditions bien ar- rètées de structure , ne trouyons-nous pas chez les au- tres une foule de cas variables, j'allais dire incertains dans leur tendance , ou dans une hésitation remarquable vers une fin dernière ? En eflet, on voit là des cloisons celluleuses assez fixes, et puis ici des fluides contenus, qui se modifient, et qui se métamorphosent jusqu’à l'infini. l'est donc d’un grand intérêt physiologique et médi- çal que les recherches sur la monstruosité puissent avoir lieu sur un théâtre de quelque étendue. Paris serait déjà de ressource, si l’on admeutait pour première mesure que les déclarations des morts-nés y fussent faites avec la distinction de bien ou de mal conformés ; en second lieu, on verrait quelles facilités compatibles avec la dé- cence et l’ordre publics pourraient être accordées, pour que tout ou partie des mal conformés fussent soumis à une inspection des hommes de l’art ; il n’y a pas de doute que nos connaissances hygiéniques n’y dussent gagner considérablement. On ne sait point encore assez jusqu’à quel degré la société est, dans ses rapports moraux, intéressée dans l’es- prit de ces recherches. La mère de mon Thlipsencéphale, présentement morte des suites de sa conche , avait tenté dese faire avorter ; ses manœuvres criminelles obtinrent seulement ce demi-succès , qu’elle réussit à opérer une 07 ( 468 ) déviation de l’ordre des développemens , à nourrir dans & son sein un ètre dont le cerveau ne pouvait croître au de- grénormal, à mettre enfin au mondeun enfantnon viable. IL serait peut-être convenable de communiquer de tels faits à l'administration publique : celle-ci pourrait exiger de ses préposés à la rédaction des actes de l’état civil une précaution de plus, leur prescrire un mode de déclaration plus étendue pour l'enregistrement des morts-nés. Cependant comme il faudrait alors attaquer de front des usages consacrés par l’autorité d’un temps immémorial, chercher à renverser des institutions lé- galement instituées ; c’est une initiative qu'il n'appartient point à un particulier de prendre: sa voix ne serait pas entendue. Je me borneraï à cette insinuation ; faire da- vantage serait un empressement contraire à mes habitu- des de discrétion et de réserve. Je m’arrèête donc devant la crainte qu’une pareille démarche soit intémpestive, que les esprits ne soient pas encore frappés d’évidence, et qu'ils puissent désirer une clarté plus vive et des mo- tifs plus entrainans. | Nove sur un HémarocéPnaLe observé à l'École royale d’Alfort. C£ qui suit est un extrait du procès-verbal de la séance de l’Académie royale des Sciences, à la date du 28 mars 1825. M. Geoffroy Saint-Hilaire met sous les yeux de l’Aca- démie la tête d’un poulain monstrueux, né d’avant- hier à l'hôpital de l'École-Royale d’Alfort. Il fut prévenu de l'événement de cette naissance extraordinaire par MM. les professeurs Dupuy et Girard fils, chefs de cet T4 A ( 469 ) hôpital et des travaux anatomiques de l'École vétéri- rinaire,, et il se rendit de suite accompagné de M. le docteur Serres sur les lieux où , de l'agrément et:sous les yeux des deux professeurs de l'École , eut lieu inconti- nent la dissection du poulain nouveau-né. Cette obser- vation a fait connaître un cas nouveau de monstruosité , à laquelle M. Serres a cru devoir apphquér le nom générique d’Æématocéphale. Un épanchement du sang en dedans des hémisphères cérébraux , du double plus considérable à gauche que vers la droite, avait causé là d’étranges déformations. Des caillots de sang, pénétrés de petits vaisseaux san- guins, et, par conséquent, en parlie organisés, exis- taient dans les intervalles de plusieurs déplissemens des hémisphères ; mème après que le fluide sanguino- lent, remplissant la capacité singulièrement accrue du cerveau , s'était écoulé. Le crâne ouvert par le haut était d’ailleurs reconvert, comme à l'ordinaire, par des 1é- gumens communs, pileux extérieurement , demème que tout le reste de la peau. Les os, rejetés de côté, selon ce qu'en avait décidé le déploiement des parties con- tenues, rendaient le volume de la tête du double plus considérable, plus à gauche qu’à droite. Des recherches suivies avec persévérance par M. Serres lui ont fait découvrir une autre singularité tiès-remar- quable. On ne pouvait en effet revenir de sa surprise, en n’apercevant aucune trace ni de trous, ni de nerfs optiques dans l’intérieur du crâne ; et cependant les yeux paraissaient dans un état sain et normal. Ce cé- lèbre anatomiste découvrit enfin caché dans un repli osseux un cordon blanchätre, lequel se dirigeait du foud de l'œil , de côté et en dedans , se poursuivait dans (470) un canal osseux, où il dépassait la ligne médiane sans altération de forme, et se réndait comme un ligament contenu dans le centre de l’autre globe oculaire. Quel- que peu avant son point d'arrivée et d'insertion, le cordon rencontrait la branche ophtalmique de la cin- quième paire , et s’anastomosait avec elle. Ce cordon a été ouvert ét disséqué très-soigneusement par M. Ser- res , et dans l’intérieur s’est montré très - visiblement un nerf optique , réunissant toutes les conditions pro- pres à rendre ce fait incontestable ; car introduit dans l'œil , il s’y épanouissait en uné rétine distincte. Toute- fois il faut reconnaître que le nerf optique, commun aux deux yeux, ainsi que les rétines de chaque extré- mité, n'avaient que demi-volume ou demi-surface dé VPétat normal. Dans quelle raison ce nerf optique sé conduisait-il à l'égard du cerveau où de ses méninges? s’encastrait-il dans un sinus de la boîte cérébrale ? Ce sont des points qui seront approfondis quand les dissec- tions seront plus avancées , et surtout quand le crâne, par la macération et l'enlèvement de ses enveloppes, sera rendu nettement observable. Il n’y a pas de doute que cette nouvelle monstruosité ne procure de nouveaux faits à la science , et ne donne aussi quelques moyens d’éclaircir certains faits encore douteux d’Ericéphalogénésie. Explication de la Planche 21. Fig. r. Aspalasome de Dupont et son placenta. Fig. 2. Voies d'élimination abdominale dans l’Aspalasome. Fig. 3. Voies d'élimination abdominale dans la taupe. Fig. 4. Les deux cœcums de l’Aspalasome. Fig. 5. Les deux cœcums d’un oïseau. (47) = MonocrAPRie du genre PHEBALIUM ; Par M. An DE Jussreu. (Lue à la Société Philomatique dans la séance du 19 février 1825. ) (Ezxtrait.) M. A. pe Jussreu, occupé depuis long-temps d’un tra- vail étendu sur la famille des Rutacées, en a détaché cetté Monographie d’un genre peu connu; on n’en avait dé- crit jusqu’à présent que deux espèces : c’étaient les Phebalium squamulosum Vent. et P. anceps De Cand. Prod. M. de Jussieu range en outre parmi les Phebalium l'Eriostemon squamea Labill. et cinq espèces nouvelles qu'il a trouvées dans les Herbiers de Paris. Toutes ces plantes croissent, comme celles anciennement connues à la Nouvelle - Hollande, au-delà du trente-troisième degré de latitude australe. À ces observations spéciales sur le genre Phebalium M. de Jussieu ajoute quelques considérations générales sur les Rutacées de la Nouvelle-Hollande , qui lui pa- raissent former un groupe très-naturel dans cette fa- mille ; il discute les divers caractères qui distinguent les huit genres de cette tribu; le genre Phebalium lui- mème pourrait, d'après les modifications de structure de sa fleur et la différence de son port , donner lieu à deux genres que l’auteur a préféré regarder comme deux sections. Il résume ainsi les caractères du genre et des espèces. Parsazium. calix subinteger vel 5-6 divisus , brevis. Petala 5-6 longiora. Stamina 10-12 , filamentis glabris, teretibus vel subulatis, antheris emarginatis. Ovaria 5 (472) cum stylis totisdem in .unum coalitis. Fructus penta- coccus, coccis monospermis, Æmbryo gracilis, teres in perispermo carnoso. + Spec. tomentosæ, folüs sub-ovatis. Calix vix conspicuus. Præfloratio petalorum valvata. Stigma stylo latius, 5-lobum. 1. P. correæfolium, foliis lanceolato-ovatis subtus tomentosis ; floribus axillaribus, ‘ternatis, 2. 2. belote . foliis lanceolato-ovatis, utrinque tomentosis ; flo- ribus subterminalibus, congestis, hexapetalis, dodecandris. ++ Spec. angustifoliæ lepidotæ. Calix facile, conspicuus. Præfloratio contorto-convolutiva (1). Stigma stylis apici vix æquale. 3. P. salicifolium, folüis oblongis, linearibus, argute crenatis, subtus pube stellat pulverulentibus (non nidefih floribus RL GE YA axillaribus. 4. P. Billardieri, fois lanceolaüs; floribus axillaribus, corymbosis ; staminibus: exsertis. — Æriostemon squamea, Labill. Nov.-Holl. 4, tom. 1, tab. 141, p.111. 5.2; FORT (De Cand.), folüis lanceolato-obtusis; floribus terminalibus corymbosis ; staminibus non exsertis: ! 6. P. eleagnifolium, foliüis linearibus , oblongis ; floribus axillaribus et terminalibus , subumbellatis ; stamimibus exsertis. 7- P. squamulosum (Vent.), foliis brevibus, lineari-lanceolatis ; flo- ribus terminalibus, subumbeullatis ; staminibus exsertis. +++ Spec. dubia, pilis simplicibus. 8. P. diosmeum, foliis brevibus, acerosis ; floribus terminalibus su- bumbellatim congestis. | () M. de Jussieu entend par cette expression une disposition des pétales intermédiaire entre la préfloraison tordue’et celle qu’il'a dé- signée par le mot de convolutive (ce mode de préfloraisun nous paraît le même que R. Brown a nommé imbriqué, qui comprend plusieurs modifications distinguées par M. De Candolle sous les noms de quin- conciale , d’alternative et d’imbricative). Des quatre ou cinq pétales il yen à un tout-à-fait extérieur, un tout-à-fait intériear, lestautres se recouvrent par un bord et sont reconverts par Pautre.). (473) Note sur un nouveau genre de Reptile fossile ;: Par M. Gineon MaANrTeELz. (Communiquée à la Société Géologique de Londres, le 10 février 1825.) C'est dans le grès de la forêt de Tilgate , près de Cuckfeld , dans le Sussex, grès qui appartient à la for- mation du sable ferrugineux (Zron-Sand) et qui com- pose en partie la chaîne de collines qui s'étend de Has- ting à Horsham , qu'ont été trouvés les dents, et le peu d’ossemens qui font le sujet de cette Notice, ainsi que ceux d’une espèce gigantesque de Crocodile ,.du Mega- losaurus et du Plesiosaurus , et des restes de tortues, d'oiseaux et de végétaux. L'auteur a envoyé depuis quelque temps des échan- tillons de ces dents à différens naturalistes et particu- lièrement à M. Cuvier. Leur opinion , d'accord avec la sienne, fut qu’ils provenaient d’un reptile hérbivore dont la race est détruite , et qui n’a pas encore été décrit. Avec l’aide de M. Clist, illes a depuis comparés avec celles d’un squelette de l’Iguané des Indes-Occidentales , existant au Muséum du collége royal des chirurgiens ; il leur a trouvé beaucoup d’aflinité avec! les dentside cet animal ; il expose avec détail dans cette: Notice les résultats particuliers de cette comparaïson; et détermine ainsi la place que cet animal détruit doit probable- ment occuper dans l’ordre des Sauriens. L’analogie que nous!venons d'indiquer! a engagé M. Mantell à lui donner-le mom d'Zguanoden. Emysup- posant que les proportions de l'animal fossile fassent les mêmes que celles de, l'animal vivant; M. Mantell établit que l'Iguanodon) devait avoir une taille ,supé- ( 454.) rieure même à celle du Megalosaurus, et qu'il devait surpaÿser soixante pieds (anglais) de long. D’après les fossiles qui sont associés avec ces débris , il conclut que si cet animal était amphibie, il ne devait pas ha- biter la mer , mais les rivières et les lacs d’eau douce. Remarques sur quelques Oiseaux de la province de Rio- de-Janeiro et des environs de Montévidéo ; sur leurs mœurs et leur distribution géographique ; Par MM. Quoy Er Garmarp, Médecins de la Marine royale, MNaturalistes de l’expédition de découvertes autour du monde, commandée par M. le capitaine de Freycinet. £ (Lues à la Société d'Histoire Naturelle de Paris, le 4 juillet 1823. ) Le nom de Brésil rappelle tout ce que la nature a de plus beau et de plus fécond. Aux limites de la Zône torride, et là où commence la Zône tempérée de l’hé- misphère austral, un sol granitique, alternativement abaïssé en plaines ou s’élevant en montagnes, parcouru, fertilisé par des ruisseaux, des torrens où des fleuves, est couvert de la plus riche végétation. Les Oiseaux qui peuplent les forêts presque impéné- trables de cette vaste contrée , comme ceux que l’on ren- contre dans le voisinage de l'immense baie de Rio-de- Janeiro , et sur les nombreuses îles qu’elle contient; sont ornés des plus belles couleurs. Chaque famille a ses loca- Htés propres, où elle semble se plaire davantage. Ainsi les alentours de la baïe , où les montagnes sont peu éle- vées, les boïs moins touffus, le terrain cultivé, et où l'on voit des fermes éparses, sont habités par les jolis Guit-Guits bleus, les Pit-Pits verts, les Tangaras ; dont lé plumage d’un beau rouge contraste avec la sombre verdure du feuillage ; ceux non moins brillans qu'on ( 435) nomme Evêques et Archevèques; les très-petites Tour- térelles ; et dans les jardins, autour des bananiers et des passiflores, bourdonnent de charmans Oiseaux-Mouches; parmi lesquels se distingue le Huppe-Col, qu’à sa peti- tesse on prendrait pouf un insecte. Les clairières recèlent le Coucou Guira-Cantara, très- râre aux environs de Rio-de-Janéiro ; le Coucou Piaye, auquel les nègres attachent des idées superstitieuses : cet oiseau pèucraintif se laisse facilement approcher. Il en est de même des nichées d’Anis, qui, vivant en famille, s'exposent, à la file sur une même branche, aux coups du chasseur. La Pie-Grièche à manteaw; plus défiante; se üent toujours dans les buissons bas et épais, d’où elle fait entendre son cri fort et répété ; tandis que le Jaca- rini; d'un noir bronzé, perché à la cime des: Mimosa ; s'exerce à faire des bonds verticaux qu’il exécute brus- quement , en retombant toujours à la même place: Là où les bois sont le plus touffus ; le Maänakin goî+ treux s’agite avec rapidité et fait entendre un bruit sem: blable à de fortes pétarades. Le Toucan, dévastateur des bananiers ; fréquente les plaines cultivées ; les’ Vangas et les Tyrans, les bords des prairies. | Lorsque, dans nos ‘courses, nous arrivions près de petites mares couvertes de plantes aquatiques, nous étions sûrs d’y trouver des Jacanas , ét, dans les haies des alentours, des Tinamous, qui sont les Perdrix du Brésil. Le ldngdes ruisseaux, nous surprenions les Mar: tins-Pécheurs, qui aiment aussi à se percher au-dessus des torrens ; et partout nous rencontrions le Perenoptère Ürubu ; animal craintif et vorace, exhalant l'odeur in- fecte des cadavres dont il fait sa proie. On le voit dans * la rade voler en troupes nombreuses , planer des heures (476) entières à perte de vue, ou bien tournoyer avee dé- fiance autour des immondices que la mer rejette sur le rivage. fn 91 Un autre oiseau de proie, bee de la plaine, est l'Epervier anomal (Chimango de d’Azara) dont le cri est aigre et très-prolongé. Ce singulier oiseau ne paraît pas participer des mœurs féroces de la famille à laquelle il appartient. Compagnon parasite des troupeaux, tou- jours sur le dos des;bœufs , äl les débarrasse: des ricins incommodes. qui léur sucent Île sang : excessivement craintif, il fuit Fhomme de très-loin ; et ce n’est qu'avec beaucoup de peine et d'adresse que notre compagnon de voyage ; le maïître-canonnier de l’Uranie , M. Rolland, nous en procura deux, dans l’estomac: desquels nous trouvàmes. en abondance les animaux dont nous venons de parler... # si Tous ces ‘oiseaux recherchent les lieux cultivés par l’hommé et que’ modifie son industrie, parce qu'ils y trouvent sans peine de quoi se nourrir et élever leurs petits : aussi y sont-ils très-nombreux. : ; Quand , abandonnant:la plaine et les petites monta- gnes des environs de Rio-de-Janeiro, on s'élève sur la chaîne des: Orgues, la scène change. Aux effets -majes- tueux que produisent les cimes élevées, les ravins , les précipices et les torrens qüi bondissent dans Heurs pro- fondeurs, se joint ce luxe admirable d’une végétation perpétuelle, d'autant plus vigoureuse et: plus fraîche, qu'elle est sans cesse humectée par les nuages qu’elle même attire et produit. : f 140 + etre Là les espèces d’oiseaux,; devenues moins nombreuses, ne sont ‘pas les mèmes que-celles que nous venons de laisser. On ne trouve plus que le Cotinga jaune , le Cas- (477) sique Jupupa remarquable par son croupion rouge, le Gros-Bec plombé, le Picucule à gorge blancheet celui dont le ‘bec est singulièrement recourbé comme une faucille. Le joli Manakin aux longues pennes y fait en- tendre ses espèces de roucoulemens amoureux. Aux bords des torrens, où la végétation se trouve moins pressée , apparait quelquefois le Colibri tacheté, être aérien, qui, par la vivacité de ses mouvemens, semble se reproduire dans mille lieux à la fois. Sur la pente opposée, à l’en-. droit où l’on vient de fonder une colonie de Suisses, ha- bite l’Oiseau-Mouche dont le nom de Rubis-Emeraude exprime l'éclat de ses couleurs. C’est aussi le séjour des Tangaras variés de diverses nuances : ces charmans oi- seaux vivent en petites troupes et paraissent aimer l’om- brage des grands bois et les lieux humides ; c’est là du moins que, souvent au milieu des nuages, nous avons rencontré surtout les espèces nommées Tricolor et Sep- color. Les Tamatias se plaisent aussi dans la solitude : le brun, peu fuyard , jouit de la faculté toute particu- lière d'imprimer à sa queue des mouvemens Jatéraux aussi forts que ceux que la plupart des autres oiseaux exécutent de haut en bas. Si dans ces lieux se trouve une ferme isolée qui ait étendu ses cultures aux alentours , on est certain d’y voir arriver des Cassiques huppés , des Pies-Grièches , des lé- gions d’Aras, d'Amazones et d’autres Perroquets , fléaux des plantations. Evfin, lorsqu'on est parvenu au point le plus élevé des _ montagnes, vers le second registo ou corps-de-garde des douanes, établi dans le seul lieu où l’on puisse passer pour pénétrer dans le district de Canta-Gallo, on est frappé de la solitude profonde qui règne autour de soi. (478 ) C'est là que s’opère le partage des eaux, qui ne sont encore que de simples filets glissant sur la surface des rochers, mais qui, promptement grossis par leur réu- nion, ne tardent pas à tomber en cataractes, à mugir en torrens, et, bientôt libres de tout obstacle, coulent paisiblement en larges rivières. Vers le nord descendent les sources do Ribeiro , de Sant-Antonio , de Rio-do-Co- nego, formant la rivière das Bengalas, qui augmente les eaux de Rio-Grande ; et au sud, celles de Rio-Macacu , dont l'embouchure est dans la grande baie de Rio-de- Janeiro. A ces hauteurs, les oiseaux deviennent plus rares, et il faut parcourir de grands espaces pour rencontrer Ja Pie à gorge ensanglantée d’Azara, l’élégant Couroucou ou bien quelques Pénélopes. On entend de temps à au- tre , dans la profondeur des bois , le Pic solitaire frapper de son bec l’écorce des arbres; tandis que l’Autour huppé et le roi des Vautours planent au-dessus des aiguilles de granite, qui, semblables à d'immenses tuyaux d’orgues, en ont fait donner le nom à ces monts sourcilleux. C’est aussi la demeure des Singes ; et là, par les sommités seu- les des forêts, ces animaux peuvent traverser des espaces considérables sans toucher la terre. Ceux qu’on y trouve le plus ordinairement, et dont le Brésilien se nourrit, sont l’Atèle arachnoïde, une autre espèce noire , le gentil Tamarin, le Sajou, et, dans les régions plus infé- rieures et plus chaudes, le Marikina doré. Nous y avons aussi entendu, sur le soir, les effroyables hurlemens de l’Alouate : renvoyés et augmentés par les échos, ils épou- vanteraient le voyageur le plus intrépide qui ne connaï- trait pas l'animal qui le produit. Voilà pour les Oiseaux les remarques principales que - (479 ) 4 nous ayons été à portée de faire au Brésil. Nous commu- niquerons incessamment à la Société un Mémoire assez étendu sur les Oiseaux pélagiens, spécialement considéres sour les rapports de leurs mœurs et de leur distribution géographique sur les grandes mers du globe. Mais nous devons dire un mot des rives de la Plata. © Si, du vingt-troisième parallèle sud on s’avance vers le _ trente-sixième, la scène change au point qu’il semble que ce n’est plus le même continent ; et après la traversée qui sépare le Nouveau-Monde de l'Afrique, les regards ne sont pas frappés par une plus grande métamorphose. Aux Alpes du Brésil on voit succéder, de chaque côté du grand fleuve, un sol aplati; aux vastes forêts et à leurs gigantesques végétaux, d'immenses plaines ver- doyantes, couvertes de graminées ; aux fréquens coups de tonnerre des montagnes des Orgues, ces vents furieux venant du pôle, nommés Pampéros, qui rendent la na- vigation si dangereuse. Dans quelques endroits de cette terre d’alluvion per- cent des monticules de granite et de schiste, seuls indi- ces qui rappellent au voyageur qu’il n’a point encore quitté le sol de l'Amérique. Les espèces d'oiseaux les plus remarquables de ces contrées sont nomades comme les mammifères. Ce sont des Autruches, dont les troupes vagabondes semblent établir davantage les rapports qui existent entre les dé- sert# du Nouveau-Monde et ceux de l’ancien; des Ca- rouges et des Troupiales couvrant de leurs volées in- nombrables les prairies dontils fouillent la terre pour y trouver des insectes. Nous avons remarqué tant de variété dans leur parure , que plusieurs différences individuelles pourraient bien ne tenir qu’à des disproportions d'âge. ( 480 ) Une espèce plus petite, le Carouge à épaulette, nous a paru avoir les habitudes et le ramage de notre Etour- neau. Comme lui il se plait dans les roseaux et sur les bords des marais fangeux que couvrent les eaux limo- neuses de Rio de la Plata, On rencontre aussi l'Etour- neau militaire dont la poitrine est rouge, et le Carouge Gasquet, vivant en petites troupes isolées. Le Gobe-Mouche leucomèle, le Traquet à lunette, dont l'œil est entouré d’une membrane jaune lichénoïde, que l’on ne voit bien distinctement et dans tout son éclat que pendant l’état de vie, habitent des halliers de faux arti- chauts épineux : caraucun massif d'arbres ne vient borner l’horizon de ces solitudes sansfin, pour en rompre la mono- tonie ; seulement d'énormes Cactus étalés en candélabres forment des haies épineuses impénétrables, d’une cou- leur glauque, sur laquelle contraste le beau jaune de leurs fleurs. Dans les lieux arides et'rocailleux, entre les blocs de granite, se montre le Cactus opuntia , dont les fruits violets, hérissés de milliers de piquans imperceptibles, sont les seuls que cette terre ingrate puisse offrir à l’homme. , Sur les rives de la rade de Montévidéo, le Tyran à ventre jaune, le même que celui du Brésil, dispute à des légions de Mauves et de Goëlands les nombreux cadavres de bœufs et de chevaux jetés à la voirie. L'Ibis des bois, avec ses longues pates et son grand cou; do- mine par-dessus toutes ces troupes voraces ; sa défiance, que sert parfaitement son organisation, est extrême, et il s'envole long-temps avant qu’on ait pu l’apercevoir. Une grosse espèce de Tinamow à long cou et dont le * corps est arrondi, y est très-commune ; sur le rivage, nous n'avons fait.qu'entrevoir des Oies blanches qui ont le bout des ailes noir, e 48} ) Nous devons ajouter que nous n’avons pas vu l’Ornera (Turdus figulus ) sur les mœurs duquel le célèbre Com- merson a donné des détails fort intéressans dans ses manuscrits. Il raconte que cet oiseau est quelquefois si familier , qu'à Montévidéo on en à vu un établir son nid sur une charrette qui voyageait. Ce nid , fait en terre, a la forme d’un four. Il paraît que l’Ornero habite tout le Brésil : nous en avons rapporté un de Rio-de-Janeiro qui nous fut donné par M. Olfers, secrétaire de la légation prussienne. Note sur la Digestion, Par MM. Prévosr Er Le Royen. . L’ox entend par digestion l’aliération que le canal alimentaire fait subir aux substances qui y sont ingérées; altération en vertu de laquelle les principes nutritifs qui y sont renfermés, s'extrayent, se modifient, de manière à réparer chez l'animal les pertes journalières que le corps, éprouve. Les ruminans, par la division de leur estomac en quatre parties distinctes, offrent un grandavantage pour apprécier les changemens successifs qu'éprouvent les végétaux dont ils se nourrissent ; aussi le mouton est-il le sujet dont nous avons fait choix pour cet essai. . Le bol alimentaire, mâché et insalivé dans la bouche, passe, au travers de l’œsophage, dans l'herbier ou panse , vaste cavité qui occupe la plus grande partie de l'abdomen à gauche ; la surface interne de ce réservoir est garnie de papilles formées par la tunique mamelonnée ; Tome IV. 3r ( 482 ) elles sont revètues d’un épiderme qui s'en sépare en lambeaux et très-aisément. L'herbier communique Jar! gement avec la seconde division ; le bonnet, c’est ainsi qu’on la nomme , est placé-à droite de l'œsophage ; la tunique mamelonnée présente ici .des replis cannelés , fort saillans, qui circonscrivent des pelygones dont l’aire est aussi hérissée de papilles; mais celles-ci sont plus fines. L’aliment dans le bonnet semble moins solide que dans la panse ; ramené à plusieurs reprises dans la bou- che par la rumination , il forme enfin une pâte qui passe directement de l’œsophage dans le troisième es- tomac, c'est-à-dire le feuillet, au moyen d’une rainure dirigée de l'ouverture cardiaque ,de l'herbier à l'orifice supérieur du feuillet ; les bourrelets charnus qui for- ment cette rainure la changent en se rapprochant l’un de l’autre en un véritable conduit. Les contenus de la panse et du bonnet sont tout-à- fait semblables; la masse iriturée qu'ils présentent est sensiblement alcaline ; qualité qu’elle doit à la seude non saturée des sucs salivaires et yraisemblablement à celle des sécrétions des deux premiers estomacs ; nous les avons pressés ensemble , et de cette manière nous avons obtenu un liquide débarrassé de débris et un ré- sidu fort dur. Le liquide bouilli ; afin de déterminer la séparation de l'albumine, a été évapré à siccité ; ce ré- Lidu à été repris à l'eau chaude; l’albumine coagulée ne s'est pas redissoute ; l’on a filtré et examiné les eaux mères ; pendant qu’elles évaporaient, il s'est formé à Jear surface une pellicule qui se dissolvait en remuant le liquide, comme aurait fait celle de la gélatine en pareil cas. Convenablement rapprochées, ces eaux mè- res, après leur refroidissement , se sont piises en ge- (483) Je 5 celle-ci par le desséchement a bruni, sa cassure cpait vitreuse et avait quelque transparence, Plusieurs des caractères dela gélatine conviennent à celte ‘subs- tance :-elle est insoluble dans l'alcool ou l’éther , so- luble dans l’eau froide et davantage dans l’eau chaude ; les acides minéraux, le sublimé ne l'en précipitent point à froid, mais lorsqu'on la fait bouillir avec ce dérnier agent, il se forme des flocons qui ne se redis- solvent plus , et le liquide perd son aptitude à gélati- niser,par le refroidissement. Ce dernier résultat ne dif- férencie pas, autant qu'onpourrait le croire la gelée de la gélatine ; car celle-ci, lorsqu'on la retire des os, se comporte avec le sublimé de la mème manière : mais le précipité de la première par le tannin ne se réunit pas en masses comme celui de la gélatine; et dissoute dans l’eau elle forme yne selée bien moins abondante, La portion du résidu insoluble à: l'eau n'était que de l’albumine coagulée , plus un peu de mucus'qui s’est dissous das l’eau acidule et pris en lamés au fond de la capsule par l'évaporation. Ces essais et quelques autres que nous ne rapportons point ici nous engagent à croire que les élémens nutritifs du bol alimentaire sont : 1° l’albu- mine des végétaux ingérés , extraite et retenue en solu- tion, par. les cucs alcalins Propres à l'animal ; et »° ]a gelée dont nous indiquons les Propriétés ; plus üné cer- taine quantité de mucus. Nous ne Prétendons donner rien d'arrêté quant aux quantités de ces élémens , lon conçoit qu'elles doivent varier et par l’état des végétaux qui: peuvent en offrir plus ou moins, ét par les propor- lions souvent très-diflérentes de boisson qui y sont ajou- tées.. Le résultat suivant en donnera toutefois une idée. 31* (484) À à kil, LT Bol alimentaire de la panse et du bonnet. . . 5,24, é Liquide obtenu par EXPrESSION. + +6 «yes 16 2,754 f Résidu de l'expression. à... . . ... . ; 2,478 L. grammes! L'on a retiré du LA ée desséchée, .» : , .,::26,78 liquide. . . . .| Albumine et mucus desséchés.. 27,52 L'on a retiré du D x irie Nés ToLR de l'expression. . .[ Albumine et mucus secs. 4,82 - L'albumine à été lavée à l'alcool aussi bien que la gelée, pour les débarrasser l’une et l’autrede la chloro- phyle et des sels. | . Le feuillet fait suite à la panse ; sa cavité ést remplie par les plis nombreux de la membrane mamelonnée ; ces plis sont minces, assez larges, et juxtaposés les uns aux autres, comme les feuillets d’un livre ; ils compriment fortement entre eux l'aliment qui s’y ent gage ; le liquide que ce dernier contient est ainsi sé- paré et s'écoule dans la caillette ou quatrième estomac ; placé comme le précédent à la droite de la panse, ce dernier offre une plus grande capacité , et communique inférieurement avec le duodénum ; par une ‘ouvértare qui répond au pylore des estomacs uniques; une mem brane muqueuse très-délicate le révèt intérieurement, et présente de grosses valvules disposées dans le seris longitudinal; les liquides qui du feuillet arrivent dans la caillette éprouvent un changement bien remarquable, ils deviennent acides d’alcalins qu'ils étaient , ét il s’én précipite une matière floconneuse d’un blanc opalin, qui se dépose sur les valvules, où elle adhère, comme ferait une fausse membrane. Ce précipité est le chyme ( 485 ) ses caractères indiquent qu'il n'est qu’une albumine presque pure et globuleuse ; soumis à l’action de l'eau froide ou bouillante , il ne se dissout ni dans l’une nt dans l’autre et semble durcir par l’action de la dernière, il est très-soluble dans les alcalis , insoluble dans les acides minéraux ou l'alcool. Le chyme et les parties du bol, pressées dans le feuillet, s’évacuent dans le duo- dénum et entrent en contact avec les sécrétions alcalines du foie et du pancréas. Le chyme se change en une émulsion globuleuse ; l’albumine encore engagée dans le végétal est extraite, tandis que celui-ci parcourt le trajet des intestins ; les chylifères, spécialement destinés à absorber les substances nutritives, les transportent dans . le canal thoracique, qui les transmet directement au système sanguin. Le chyle qui coule dans ces vaisseaux est d’un blanc opalin chez le mouton et le cheval ; il se coagule bientôt dans le vase où on le recueille, et le caillot nage dans le serum qui s’en sépare quelque temps après ; l’air le rougit légèrement. Nous avons ob- tenu une once de chyle très-pur , sur un mouton assez fort. Le caillot lavé et comprimé dans un linge, puis parfaitement séché , a pesé 0,424 grammes ; il était plus soluble que la. fibrine dans les alcalis, mais composé comme elle de globules blancs adhérens entre eux et de 0,0033. mm. dé diamètre ; il donnait les mêmes résul- tats avec les divers réacüfs. Le serum, séparé et évaporé doucement, à pesé après sa dessiccation 2,332 gram. ; Javé à l’eau chande, il s’en-est dissous 0,106 gram. d’une matière identique avec, la. gelée: Remarquons ici , en passant , que nous retrouvons dans le chyle les élémens nutritifs que nous ayons extraits de l'aliment ingéré. Après avoir tracé la marche des phénomènes, cherchons : Li ( 486 ) à nous faire une idée de la manière dont ils ont eu lieu. La soude que contiennent les sues qu’on rencontre dans les deux premiers estomacs, extrait des végétaux l'albumine , et change une partie de celle-ci en gelée. L'expérience suivante nous confirme dans cette opinion. Nous avons pris des blancs d'œufs dépouiilés des mem- branes d’enveloppe, nous y avons ajouté une solution de soude caustique : le mélange, bien remué et laissé en contact avec l'air extérieur, s’est pris en une gelée transparente et jaunâtre. Vingt-quatre heures après , la gelée est redevenue fluide ; exposée à un feu modéré, elle a bruni en se rapprochant; quelques éroûtes trans- parentes et insolubles se sont formées, et lorsque leur apparition a cessé, l’on a passé le liquide , il a présenté à sa surface une pellicule qui se rédissolvait de suite par l'immersion ; après une concentration suffisante , il s'est prissen une masse tout-à-fait semblable aux gelées qu'on retire du bol alimentaire ou des végétaux traités par l’alkali, L'albumine en solution rencontre dans la caïllette un acide libre, que Prout a pris pour de l'acide hydrochlo- rique (1). Son apparition est la seconde’condition es- sentielle à la digestion chez tous les vertébrés ; sans lui, les globules du chylene se formeraient pas. Nous avons cherché à connaître le lieu où il se sécrétait dans les animaux à estomac unique. Après avoir vidé l’es- tomac d’un lapin desses contenus et l'avoir rempli à plusieurs reprises, aveciune solution de soude, pôur neuiraliser l'acide qui-pouvait yrester | nous aÿons in- (x) Le doéteur Prout à Soumis le liquide à l'ébullition , etil s'est dé- gagé de l’acide hydrochloritne. Mais la même chose arriverait! à!tun mélange d’acide lactique on phosphorique ct, de sel, märin. Son ex- périenge est donc sans résultat. (R.) ( 487 troduit dans sa cavité un linge bleui par une solntion végétale ; après six heures de séjour , il s’est trouvé rougi principalement dans la partie en contact avec la région moyenne de l'estomac ; l’on sait que le tissu en est très- différent de celui des portions cardiaque et pylorique ; cette expérience répétée et variée nous à montré posi- tivement que c'était là le lieu de la sécrétion acide. Des moyens analogues ont prouvé le même fait relativement à la caillette chez le mouton, et quant aux oiseaux, c’est lé ventricule succenturié qui joue le mème rôle. 11 était encore intéressant de voir si l'émission d'acide hydrochlorique se trouvait sous l'influence des nerfs de la huitième paire; nous les avons coupés; le linge réactif a rougi, mais moins que dans les autres cas, ce qui paraîtrait décider la question en faveur de la né- gative. En récapitulant les faits contenus dans ce Mémoire, l’on voit : 1°. Que les actes de la digestion sont des altérations purement chimiques auxquelles la vitalité des organes où clles se passent , n’a point de part immédiate ; elles peuvent toutes, à l'exception de celle des vaisseaux absorbans, s’imiter artificiellement au moyen des fluides que les excréteurs fournissent , savoir , la soude et l'acide. 20, La soude est l'agent auquel le suc'gastrique doit ces propriétés dissolvantes qui étonnaiént Spallanzani ; g 3°. Les globules albumineux , dont la réunioñ forme le chyme, sont précipités par l'acide ‘hydrochlorique; celui-ci est une sécrétion ’de la caillette chez les rumi- näns ,du ventricule succenturié chez les oisedux jet de Ja région je sie de l'estomac chez les vertébrés, où ce viscère n’est pas subdivisé. ( 488 ) Sur Le caractère et les habitudes du Lion de ? Afrique australe (article extrait du South african journal , imprimé au Cap de Bonne-Espérance. ) Or distingue dans cette partie de l'Afrique deux ya» riétés de Lions, l’une jaune, l’autre brune, ou , comme disent les colons hollandais, noire ou même bleuitre. Les individus de cette seconde variété sont les plus forts et les plus féroces. Peut-être la différence qu'on remar- que dans la couleur de ces animaux est-elle purement ac- cidentelle et dépend-elle du climat propre aux divers cantons qu'ils habitent, et de la nourriture qu'ils y trouvent. : | Y1 On regarde comme les plus dangereux de tous les Lions, ceux qui occupentle pays des Bosjemans au-delà des limites de Ja colonie; c’est que n'ayant à combattre que ces malheureux indigènes dont les faibles flèches de roseau leur inspirent peu de frayeur ,.et ne connaissant pas les redoutables carabines des colons, ils sont accou- tumés à regarder les hommes comme des adversaires peu dangereux. Lorsqu'un Lion a réussi à enleyer quelque habitant d’un kraal, il. ne manque pas de revenir toutes les nuits pour se procurer quelque autre victime hu- maine. Ces.visites nocturnes finissent par devenir telle- ment à charge aux Bosjemans , qu'onles a vu abandonner. Jeurs habitations pour aller s'établir ailleurs : heureux encore si, pendant leur retraite ;:ce terrible ennemi ne se _met pas À leur poursuite, et ne.parvient pas.à les dévorer les uns après les autres. On prétend mème que ces pau- (vres sauvages SOnL dans l'usage de faire la part au Lion, et de lui laisser les plus âgés et.les plus infirmes d’entre (489 ) eux, en les logeant à l'endroit le plus exposé; dans l'es: pérance de sauver au moins par-là les individus dont l'existence à le plus de prix à leurs yeux. Ce qu'on a dit de la force prodigieuse de cet animal ne parait pas exagéré ; ilest certain qu'il peut traîner sans peine le plus gros bœuf à une grande distance ; et lorsqu'il s’agit d'une proie moins pesante il la charge sür ses épaules et l'emporte au loin; l’auteur de cet ar- ticle a vu un Lion encore très-jeune transporter.un che- val à environ huits cents toises du lieu où il l'avait tué; il a même entendu dire à des personnes dignes de foi que des chasseurs à cheval suivirent l’espace de dix lieues la trace d'un Lion qui emportait à la hâte une genisse de deux ans, et que le corps de la genisse ne paraissait avoir touché la terre qu'en un ou deux en- droits. | Le Lion, comme tous les animaux du genre Felis, a besoin de recourir à la ruse pour se rendre maître des animaux dont il se nourrit. Il peut à la vérité franchir d’un seul saut une dixaine: de mètres, et continuer à s’élancer ainsi par bonds successifs, de manière à sur- passer en vitesse le meilleur cheval ; mais il ne pourrait soutenir long-temps de tels efforts, et il arrive rarement qu'il le tente. S'il ne parvient pas à saisir sa proie après un petit nombre de sauts, il renonce à la poursuivre, sentant qu'il ne réussirait pas à l’atteindre. Ce n’est donc ni par lacheté ni par perfidie, comme le dit Barrow, mais par une conséquence nécessaire de son organisa- tion, que le Lion de l'Afrique méridionale dresse des embuches aux Antilopes, en se cachant parmi les lon- guës herbes et les roseaux au bord des eaux où les ani- maux viennent boire. Il mourrait de faim s'il chassait (490 ) autrement, et cest en effet dans des situations pareilles qu’on trouve les cornes et les os de ses victimes. Quant aux hommes, le Lion les attaque rarement, à moins qu'il nesoit provoqué par eux, ou qu'il ne re- marque dans leur contenance quelque apparence de frayeur. Le plus souvent il se contente de les fixer at- tentivement à une petite distance, comme pour observer leur contenance, et s’il n’y remarque rien d’hostile ni de timide, il se retire à pas lents; mais cela n’est yrai que lorsque le lion n’est pas affamé ou occupé à manger, et lorsqu'on n’a point affaire à un animal qui ait déjà goûté de la chair humaine. Nous ajouterons une couple d’anecdotes prises parmi celles que rapporte notré auteur. Un colon hollandais nommé Gert Schapen, étant à la chasse avec un de ses com- patriotes, s'approche pour puiser de l’eau à une source ‘entourée, comme elles le sont ordinairement, de grands roseaux; à peine fut-il au bord de la fontaine, qu’un énorme Lion s’élança sur lui et le saisit par le bras; au lieu de se débattre, ce qui n’eût fait que hâter sa perte, cet homme conserva assez de sang-froid pour demeurer immobile; le Lion. en fit autant, ne lui serrant le bras entre les dents qu’autant qu’il le fallait pour,le vetenir , et fermant en même temps les yeux comme s/il.m’avait pu supporter les regards de sa victime ; il laissa mème Gert appeler plusieurs fois son compagnon à son secours, mais celui-ci quoique armé ne songea qu'à! sa propre sûreté, (etgrimpa au haut d’un rocher voisin. Se voyant ainsi abandonné, le malheureux chasseur tira de sa gaîne un couteau pointu que les hommes de ces parties recu. lées dé la colonie portent toujours pendu à leur cein- ture, et il-en frappa le Lion avec tant de force:qu'il lai | ( 491 ) porta un coup mortel; mais l'animal en luttant avee Ja mort, lui déchira avec ses terribles griffes les bras et la poitrine , et ious deux tombèrent baignés dans leur sañg. Gért survécut peu à ses blessures, et mourut du tétanos. Les chasseurs de Lions prétendent qu’il eut tort de per- dre patience, et que s’il fût resté encore quelque temps immobile, le Lion aurait fini par lui lâcher le bras. Un autre colon, nommé Lucas Van-Vuuren, traversait à cheval à la pointe du jour les plaines qui avoisinent la petite Fish-river, lorsqu'il aperçut un Lion à quelque distance; il chercha à l’évitér, en prenant un grand dé- tour; mais le Lion qui peut-être était à jeun, se dispo- sait à lui disputer le passage. Lucas le voyant aÿancer ra- pidement, et n'ayant pas ses armes à feu, tenta defuir à toute bride; mais le cheval, déjà fatigué et chargé du poids d’un homme corpulent, fut bientôt int par le Lion à qui la faim donnait des ailes; ce Me animal, s’élançant par derrière, renversaten un instant le cava- lier et sa monture; heureusement l’homme ne fut pas blessé, et il se mit à fuir jusqu'à l'habitation la plus rapprochée peridant que le Lion mettait en pièces le cheval. - Je tiens ces détails de Lucas lui-même, dit l’auteur, et cet honnête paysan ne trouvait rien de remarquable dans cette aventure si ce n’est qu'un Lion eût eu l'audace d'attaquer en plein jour un chrétien qui ne l’a- vait pas provoqué. Ce qu'il regrettait plus que son che- val , c'était sa selle. Il retourna au lieu de la scène le len- demain avec quelques amis, dans l'espérance de la re- trouver, mais elle avait disparu ainsi que le Lion. Il ne restait plus sur la place que les os du cheval coniplète- ment rongés. C. M. ( 492 ) Mémoire géologique sur les environs de Bordeaux : première parlie , comprenant les Observations géné- rales sur les Mollusques fossiles, et la description particulière de ceux qu’on rencontre dans ce bassin ; Par M. De Basreror. (Lu à l'Académie des Sciences, le 17 janvier 1825. ) (Extr. du rapport fait sur ce Mémoire par MM. Browcwianr et BEUDANT.) Ce Mémoire a pour objet la description géologique du bassin tertiaire du sud-ouest de la France; mais la première partie , la seule que l’auteur ait présentée, ne renferme que les observations générales sur les mollus: ques fossiles et la description particulière de ceux que l’on rencontre dans les environs de Bordeaux, Les observations que M. de Basterot met en tête de sou travail peuvent être considérées comme ‘une utile et fort RS ml à l'étude des mollusques fossi- les , et à la recherche des conséquences géologiques que l’on peut tirer de leur présence dans les différentes cou- ches du globe. | à On savait, par suite des observations, faites dans des lieux assez éloignés les uns des autres, que les mêmes espèces de coquilles fossiles qu’on y rencontrait, pré- sentaient toujours quelques différences dans leurs. for- mes, dans: la profondeur de leurs stries, la saillie de leurs tubercules ; etc. Mais M. de Basterot croit :pou- voir aflirmer, par suite de ses recherches, que les mêmes modifications se rencontrent dans les espèces vivantes, que ces espèces ne sont jamais parfaitement identiques dans des lieux séparés par des distances considérables , ou mème dans des localités voisines où les circonstances de chaleür, d'humidité, de nourriture, etc. , etc. , sont ( 493 ) | différentes. Il fait observer, avec raison, qu’on a généra- lement fait peu d'attention à ces différences locales, d’où il est résulté qu'on’a souvent établi des espèces là où on ne devait voir que des variétés plus où moins re- marquablés de la mème coquille, produites accidentel- lement. s * M: de Basterot fait rémarquef aussi que dans des dé- pôts dé même époque “séparés les uns des autres, soit par des distances considérables, soit seulement par des chaînes dé môntagnes, si on trouve dés espècés identi- ques, où ne préseutant que des différences accidentel- les, on observe qu’elles ne sont pas partout associées de même ; c’est-à-dire, qu’en partant d’une localité dont les espèces associées sont bien reconnués , el se portant sur unë autre , on observe dans celle-ci un certain nombre des espèces de la première qui sont alors associées avec des espèces différentes. Ce fait est aussi généralement _ connu des naturalistes quoique non publié. Mais M. de Basterot lui donne plus de précision. En prenant pour centre le bassin de la Gironde, il fait voir que les coquilles -de même espèce sont d'autant plus nombreuses dans les autres bassins de mème époque, que ces bassins sont moins éloignés. En eflet, sur trois cent trente espèces quil a reconnues dans les environs de Bordeaux, il ne s’en retrouve que quatrevingt-onze dans les dépôts d’I- talie, soixante-six dans ceux des environs de Paris, vingt-quatre dans les bassins tertiaires de l'Angleterre, et dix-huïtéeulément dans le bassin de Vienne en Autriche, Enfin, comme fous l’avons annoncé, M. de Basterot a réellement enrichi : par s6s rechérches lé catalogue de nos faits. Il à été conduit à à réconnaîtré, ce que nous croyons parfaitement ëkact, qué les espèces de débris ( 494 ) fossiles qu'on trouve dans les dépôts anciens offrent plus de constance dans leurs caractères et dans. leurs associa- tions d’une localité à une autre, même très - éloignée ; que celles qu'on trouve dans les dépôts plus modernes. Il fait voir d’abord, ce que l’un de nous a déjà publié; que la même espèce de trilobite sans variation se re- trouve dans les calcaires intermédiaires de la France ; de l'Angleterre, de l'Amérique septentrionale; mais en outre il fait observer que d’autres débris fossiles de di- verses sortes se retrouvent avec des caractères absolu- ment identiques, dans les schistes intermédiaires du pays de Galle, du Northumberland, du Finistère, du Cotentin, des Ardennes, du Hundsruck, du Hartz, du comté de La Marck, de Colombie, de New-York, de Pensylvanie, du lac Oneïda dans l’Amérique septentrio- nale. Cette dernière comparaison avait pu être faite.dans, les débris fossiles de quelques localités peu éloignées, mais,elle ne l’avait pas été sur une échelle aussi étendue et par conséqueut aussi capable de donner à l’observa- tion le caractère d’un fait positif. Après les détails généraux dont nous venons d’esquis- ser les plus remarquables, M. de Basterot donne la:des- cripüon des, coquilles fossiles qui se trouvent dans les environs de Bordeaux ; le nombre des genres qu'il décrit est de cent quatre ;, dont soixante-cinq de coquilles uni- valves et trente-neuf de bivalves. Il:y rapporte trois cent trente espèces, dont plus de cent n'avaient pas été décrites. Soixante-six de ces espèces ont leurs analsgues vivans, savoir, quarante-cinq dans la Méditerranée, O- céan , la Manche, et vingt-une dans les auires mers; de ces dernières observations, il résulte évidemment: que les dépôts qui. constituent les Jandes sont très-différens ( 495 ) des sables qui s’amoncellent journellement en buttes mouvantes, où dunes, sur l’un des bords du bassin, puisque sur trois cent trente espèces que présente le sable des landes, quarante-cinq seulement ont leurs ana- logues dans les mers voisines, en y comprenant même la Méditerranée. Les espèces nouvelles sont figurées avec beaucoup d’exactitudesdans des planches d’une belle exécution, qui sont jointes au Mémoire, Nore sur lArgonaute ou l'animal du Nautile, Par M. Poux. LE chevalier Poli, dans la séance du 14 décembre 1824, alu à l’Académie des sciences de Naples, un Memoire surle Nautile ou l’Ærgonauta Argo de Linné. Ce mollusque connu depuis la plus haute antiquité, etqu'Aristote a par- faitement décrit, quant à la manière dont il navigue à la surface de la mer dans lés tèmps calmes, afixé l'attention des naturalistes de toutes les époques, et a été pour eux un problème bien diflicilé à comprendre, ét qu'ils se sont essayé à l'envi de résoudre. Tout récemment en- core, M. de Férussac à In'à l’Académie des Sciences de Paris (séance du 6 décembre 1824) un Mémoité dans le- quel il combat l'idée émise et renouvelée par M. de Blainville (Journal de physique, tom. 86), que ce mol- lusque n’a pas construit la coquille dans laquelle il vit, ét qu'il l'habite accidentellement. Déjà Duvernoy (arti- cle Ærgonaute du Dictionnaire des sciences naturelles } avait ‘dit positivement que les embryons contenus dans lés œufs présentaient une coquille distincte à l’aide du microscope. Mais Everard Home avait présenté une observation négative faite dans les mêmes circonstances. ( 496 ) Ces divers Mémüïres étaient plus riches d’hypothèses que de faits; on n'avait toujours entrevu que quelques points isolés de la question, et personne ne s'était trouvé dans la circonstance favorable de pouvoir l’étu- dier sous toutes les faces, M. Poli, observateur très-exercé etcélèbre conchyliogiste, a été plus heureux qu'aucun de ses prédécesseurs. Le roi Ferdinand ayant fait pêcher des Argonautes, et ayant mis à sa disposition la piscine de Portici, il a pu observer l'animal vivant et les parti- cularités curieuses de sa reproduetion; il a vu par quel mécanisme les œufs chassés de l’utérus sont attachés im- médiatement à la coquillé, et il s’est convaincu, en sui- vant jour! par jour leur développement, que la coquille existait dès la naissance ; il reste donc prouvé, mieux que par aucun raisonnement , que l’Argonaute sécrète la coquille qu’il habite. Cependant il n’adhère en aucune manière à. cette coquille, et cette opinion ancienne, émise par Aristôte, est parfaitement vraie. M. Poli expiique comment il conçoit que malgré cet état libre il peut pro- duire le test qui le protège et le recouvre. Dans un se- cond mémoire l’auteur traitera anatomiquement des di- vérses parties du corps /de :l’Argonaute, Ce travail est accompagné de fort belles planches déjà gravées. .… Note sur le genre PrevosteA , 4 Par M. Cuoisy. + | - Le savant botaniste. qui fdit connaître au public les richesses végétales recueillies par MM. Humboldt et Bon- pland , a établi sous le nom de Dufourea un gente nou. veau de la famille des Convolvulacées ; le but de la noté présente. est d'ajouter deux espèces à ce genre, comme aussirde proposer un autre nom, puisque celui de Di- ( 497 ) fourea , donné par Acharius à des Lichens, a été adopté dans le Synopsis du bel ouvrage de M. Kunth; j'espère être généralement approuvé en Île dédiant soit à feu M. Bénédict Prévost, professeur à Montauban , auteur de plusieurs observations physico- botaniques , soit à M. Pierre Prévost, professeur-émérite de philosophie et de physique générale dans l’Académie de Genève, soit à mon excellent ami M. J.-L. Prévost, déjà célèbre par ses travaux physiologiques ; ce genre entièrement origi- naire de l'Amérique méridionale a pour caractère princi- pal un style entièrement ou profondément bifide, et les deux lobes extérieurs du calice beaucoup plus grands que les autres, et enveloppant la fleur avant son épanouis- sement. PREvVOSTEA. Calycobolus. Wild. , mss. Dufourea. Kunth. Char. gen. Calix quinquepartitus , laciniis duabus exterioribus maximis florem invelucrantibus. Ovarium 2-loculare , loculis 2-spermis. Styli duo aut stylus pro- fundè bipartitus, Stigmata globosa. Capsula bilocularis, Jloculis 1-2-spermis. — Suflrutices volubiles. 1. P. umbellata. Foliis glabris | oblongo-subcor- datis, apice obtusis mucronulatis ; peduneulis axillari- bus multifloris ; laciniis calycinis exterioribus ovato- orbiculatis , mucronulatis, viridibus. Caulis teres virescens glaber aut raris brevibus pilis munitus ; ramuli obliqui. Folia oblongo-subcordata sinu auriculisque obtusis, apice obtusa, mucronulata ; margine integra , 1-3 pollices longa, 1-1-174 lata, viridia , glabra aut sub lente adpressis intricatis brevibus pilis strigosa, ayenia, petiolata; petiolus angulatus 3-4 lincas longus villosus. Pe- duneuli axillares patuli teretes glabri aut subpubescentes, foliis pauld breviores. Flores bifariam umbellati, pedicellis 3-4 lineas longis villo- sis tenuibus articulatis munili, bracteisque ad basim acutis sqnamoso- filiformibus minimis. Laciniæ calycis 2 exteriores ovato-orbiculatæ , mucronulatæ, oppositæ, patulæ, virides, subvillosæ , 4 lineas longæ , Tom. IV. 3a ( 498 ) 3 172 latæ integræ ; tres interiores luteo-membranaceæ, corollæ adpres- sæ, CONVEXæ , At , deciduæ ,*acutiusculæ , margine ciliato-villosæ , 374 lineas longæ. Corolla lutea infundibuliformis, apice integra, basi tubulosa, supra calycem extus pilis longis munita, 15 lineas longa. Stamina 5 æqualia ; filamerta glabra antheris adnata elongatis. Stylus stamina paulo superans apice bifidus glaber ; stigmata capitata minima. Hab. in Brasilià prope Rio-Janeiro. 4. (V.s. sp.in h. Mus. Par., à dom. Leandro de Sacramento et à dom. Gaudichaud repertam.) 2. P. glabra. Foliis glabris, ovatis, basi cordatis, obtusis, mucronatis ; pedunculis axillaribus muiltifloris ; lacinüs calycinis exterioribus reniformibus , viridibus , pollicem fere latis. Dufourea glabra, Kunth. nov. gen. 3,p. 114 , Syn. à, Pe 227 Calycobolus pulchellus. illd. mss. ex Rœm. et Sch. syst. D, pr4. Crescit prope San-Francisco Solano, ad ripam Cas- siquiares. ( Missiones del Orinocco. ) Floret majo. 3. P. sericea. Foliis subtus sericeis ; paniculis ter- minalibus ; laciniis calycinis exterioribus coloratis. Dufourea sericea. Kunth. , loc. cit. Calycobolus emarginatus. Villd., mss., loc. cit. Crescit in regno Novæ-Granatæ , juxta urbem Mari- quita ; alt. {oo hex. Floret julio. 4. P. ferruginea. Tota tomentoso- ferruginea , fo- lis ovato-oblongis, basi subcordatis, apice acutis , mu- cronulatis ; pedunculis axillaribus multifloris ; laciniis calycinis exterioribus ovato-suborbiculatis, obtusiusculis. Caulis teres crassus ut et tota planta tomentoso-ferrugineus , sim- plex. Folia ovato-oblonga, apice acuta, mucronulata, basi subcordata, margine integra, vénis pinnatis munita, 2-4 pollices longa, 2 lata, petiolata; petiolus compressus 6-12 lineas léngus aureo-ferrüugineus ; internodia foliis multo breviora. Pedunculi gemini axillares brevissimi teretes , floribus fasciculato-subLumbellatis ; pedicelli 3-4 lineas longi, bracteis lineari - filiformibus , ciliato-hirsutis , 4-6 lineas longis inter- L ? Le) ( 499 ) mixti. Calycis lacimiæ 2 exteriores ovato-suborbiculatæ, obtusius- culæ, 4 lineas longæ , 3 latæ, involacrantes , tomentoso-ferrugincæ ; 3 interiores orbiculatæ, 2 lineas longæ fatæque, margine membranaceæ, glabræ aut medio tantum subferrugineæ. Corolla 9 lineas longa, in- fundibuliformis extus villosa, apice integra. Stamina æqualia 273 lon- gitudinis corollæ attingentia’; filamenta tenuia, glabra. Styli à æquales, : filiformes ; stigmata capitata ; ovarium conicum parvum, apice vil- losum. Capsula ovato-globosa, calyce interiore major, glabra , 4-val- vis , 2-locularis , loculis 2-spermis. Semina ovato-compressa, 1 lineam longa subcano-tomentosa. Hab. in Brasilià. (V.s. sp. in h. Mus. Par. ) Noxe sur le sang du fœtus dans les animaux vertébrés. ( Extrait d’une lettre de M. Prévosr , D. M.) .. Les communications sanguines de la mère et du fœ- tus dans les animaux vivipares ont occupé tous les méde- cins et un grand nombre d’anatomistes. C’est en effet une des questions piquantes de la physiologie. Les recherches que nous avions faites, M. Dumas et moi, sur la formation du sang dans le poulet, nous avaient appris que pendant les premiers jours de l’incubation , les globules du sang différaient par la forme et le volume de ceux de l’animal adulte. S'il en était de même pour les fœtus des animaux yvivipares, la question des communications sanguines de- venait facile à résoudre. J'ai tenté cette expérience sur des fœtus de chèvre de quatre à cinq pouces , et j'ai pu m'assurer que les globules de leur sang ont un volume double de celni que nous avions observé dans le temps, pour les globules du sang de la chèvre adulte. IT y a donc une différence matérielle, incontestable entre le sang du fœtus et celui de la mère, différence qui ne se conçoit bien qu’en supposant que l'embryon opère lui- même , et pour son compte, la sanguification , en em- ployant des matériaux fournis par la/mère. Je vous en- verrai prochainement tous les détails de cette intéres- sante observation. ( 500 ) TABLE PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. a — PI. I. Icrimes aLsIFRONS, nouveau genre de Mammifères. PI. II. Végétaux fossiles du terrain houiller, appartenant au genre SIGILLAIRE. PI. III. ARENARIA TETRAQUETRA, Var. æ un1flora. PI. IV. ARENARIA TETRAQUETRA , Var. f avoregata. PI. V. Organes de la digestion de l’AnrariBus ALBINUS (fig. 1), du Lixus anGusrarus (fig. 2,3, 4, 5 et 6), du Tomrcus ry- POGRAPHICUS ( fig. 7), du Bosrricus carucinus (fig. 8), de l’ULeioTa FLAvIPES ( fig. 9). PI. VI. Organes de la digestion du Prionus corrarius (fig. 1), du Prronus FA8ER ( fig. 2), du Lamra TexToRr (fig. 3), du CErAmBYx MOscHATUS ( fig. 4 ), de l'HamATICHERUS cERDO (fig, 5}. PI. VIL. Organes de la digestion du Cazrrum BayoLus (fig.1), de la LePpTURA HASTATA ( fig. 2), du CRIOCERIS MERDIGERA (fig. 3, 4, 5,6), de la Donacra simrcex (fig. 7}, de la Doxacra niscoLor (fig. 8 ). PL. VIII. Organes dela digestion de la Cassina vrrinis( fig.1), de la TimarcHA TENEBRICOSA ( fig. 2,3 ), de la GaLLErucA LUSITANICA (fig. 4 et5 ), de la GazzErucA ranaceTt (fig. 6), de la CocciNELLA sEPTEM-PUNCTATA (fig. 7 et 8 ), de la Coc- CINELLA ARGUS ( fig. 9 ). PI. IX. Laminarres des côtes de France et de Terre-Neuve. PI. X. Développement des œufs de Sangsues. PL XI. Végétaux fossiles de Hoer en Scanie; FiiciTEes MENIs- CIOIDES. PI. XII. Végétaux fossiles de Hoer en Scanie; fig. 1 , Fir- CITES NILSONIANA ; fig. 2 , FILICITFS AGARDHIANA ; fig. 3, Nicsowra ELONGATA ; fig. 4 et 5, Nizsonra BREvIS ; fig.6, NirsoniA ÆQUALIS ; fig. 7, PrERoPHYLLUM MaJus; fig. 8, PTEROPHYLLUM MINUS. { 5oi ) PI. XII. Organisation de la fleur et formation de l’'Embryon dans les Graminées. PI. XIV. Formation de l'Embryon dans les Graminées. PI. XV. Coupe idéale représentant les points culminans et les hauteurs moyennes des chaînes principales d'Europe, d’Amérique et d'Asie. PI. X VI. Encornet des pêcheurs (LocrGo piscarorum, La Pyl.). PI. XVII. Carte et coupes représentant la disposition des terrains composans la formation Oolitique dans le comté d'Oxford en Angleterre, et dans le nord-ouest de la France entre Bellesme et Alençon. PI XVIII. Corps organisés fossiles de Stonesfield, près Oxford. PI. XIX. Végétaux fossiles de l'Oolite à Fougères de Mamers. PI. XX. Caractères servant de base à la classification des Graminées; par M. Raspail. PI. XXI. Monstre humain du genre Asparasome de M. Geof- froy Saint-Hilaire. LL TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. es D ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE. pages. Mémoire sur le mode d'action des nerfs pneumogastri- ques dans la production des phénomènes de la diges- tion; par MM. Breschet et H. Milne Edwards 257 Note sur la digestion ; par MM. Prévost et Le Royer. 481 Note sur le changement de poids que les œufs éprou- vent pendant l’incubation; par MM. Prévost et Dumas... 47 Considérations générales sur la monstruosité , et descrip- tion d'un genre nouveau observé dans l’espèce humaine ( 502) et nommé ÂAspalasome; par M. Geoffroy Saint-Hi- laire. Note sur un Hématocéphale observé à l’école royale d'Alfort ; par M. Geoffrey Saint-Hilaire. Note sur le sang du fœtus dans les animaux vertébrés, éxtraite d’une lettre de M. Prévost , D. M. ZOOLOGIE. Recherches sur l’origine et les différences caractérise tiques des races humaines qui habitent la partie aus- trale de l’Afrique ; par Robert Knox. Mémoire sur le genre Ictides; par M. Valenciennes. Sur le caractère et les habitudes du Lion de l'Afrique australe. * Remarques sur quelques oiseaux de la province de Montéz vidéo et sur leur distribution géographique; par M. Quoy et Gaimard. Notice sur l’'Encornet des pêcheurs : Loligo piscatorum ; par M. de La Pylaie. | Note surl'Argonaute ou l’animal du Nautile; par M. Poli. Observations sur la disposition et le développement des œufs de plusieurs espèces ovipares appartenant au genre Hiruno; par M. Le Rayer. © Notice sur un insecte hyménoptère , de la famille des Diploptères, connu dans quelques parties du Brésil et du Paraguay sous le nom de Lecheguana et récoltant du miel; par M. Latreille. Relation d’un empoisonnement causé par le miel de la guèpe Lecheguana; par M. Auguste Saint-Hilaire. Observalions sur quelques Mollusques et Zoophytes envisagés comme causes de la phosphorescence de la mer; par MM..Quoy et Gaimard. Note sur un nouveau genre de reptiles fossiles; par M. Gideon Mantell. BOTANIQUE. Recherches microscopiques sur le Pollen, et considé- pages: 45e 468 499 488 474 319 495 184 - 335 340 5 473 ( 503 ) rations sur la génération des plantes; par M. Guille- min. ( Extrait.) Sur la formation de l’'Embryon dans les graminées; par M. Raspail. Essai d’une classification générale des graminées fon- dée sur l’étude physiologique des caractères de cette fanille ; par M. Raspail. Quelques observations sur les productions de Terre- Neuve et sur quelques algues de la côte de France appartenant au genre Laminaire; par M. de La Pry- late. Observations sur le genre Chara; par M. Agardh. Sur la nouvelle famille de plantes fondée sur le genre Tamarix; par M. Desvaux. Monographie du genre Paesazium; par M. Adrien de Jussieu. (Extrait.) Notice de quelques genres et espèces nouvelles de Lé- gumineuses, extraite de divers mémoires présentés à la Société d'histoire naturelle de Genève pendant le cours des années 1823 et 182/; par M. De Candolle. Note sur le Trifolium magellanicum ; par M. De Can. dolle. Extrait d’une lettre adressée aux rédacteurs sur l’_4re- - naria tetraquetra ; par M. Gay. Note sur le genre PrevosTEA ; par M. Choisy. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. Analyse de l’eau du Rio-Vinagre dans les andes de Po- payan ; par M. Mariano de Rivero, avec des éclaircis- semens géognostiques et physiques sur quelques phé- nomènes que présentent le soufre, l'hydrogène sulfuré et l’eau dans les volcans; par M. Alexandre de Hum- boldt. é De quelques phénomènes physiques etgéologiques qu’of- frent les Cordillières des Andes de Quito et la partie occidentale de l'Himalaya ; par M. Alexandre de Humboldt. pages: 350 271 422 174 61 344 471 90 21 88 496 66 225 ( 504 ) Note sur l'ile de Madère ; par M. Léopold de Buch. Mémoire géologique sur le sud-ouest de la France, suivi d'observations comparatives sur le nord du même royaume, et en particulier sur les bords du Rhin; par M. Ami Bouë. ( Suite et fin.) Observations sur quelques systèmes de la formation oolitique du nord-ouest de la France et particulière- ment sur.une Oolite à fougères de Mamers dans le département de la Sarthe; par M. J. Desnoyers. Observations sur les Schistes calcaires Oolitiques de Stonesfeld en Angleterre , dans lesquels ont été trou- vés plusieurs ossemens fossiles de Mammifères ; par M. Constant Prévost. Lettre adressée à M. Boué sur la constitution géologique des environs de Boston ; par M. W. Webster. Mémoire géologique sur les environs de Bordeaux. Première partie comprenant les observations généra- les sur les mollusques fossiles , et la description par- ticulière de ceux qu’on rencontre dans ce bassin; par M. de Basterot. Observations sur les végétaux fossiles du terrain houil- ler, et sur leurs rapports avec les végétaux vivans, par M. Ad. Brongniart. - Observations sur les végétaux fossiles renfermés dans les Grès de Hoer en Scanie; par M. Ad. Brongniart, Note sur les végétaux fossiles de l'Oolite à Fougères, de Mamers, par M. Ad. Brongniart. Errata du tome quatrième. pages. 14 125 353 389 253 492 23 200 416 Page 176, ligne 24; se compose ici par quatre degrés de latitude, lisez : quarante-six, 181 17e ; au lieu de : par l'étendue de Ja famille qu'ils constituent , lisez : par l’éténdue de la feuille qui les constitue. 298 13; (fig. 4e) et c’est du point (e), Lisez : (fig, 4 c) et c'es du point ( c). 315 27 effacez (i) péricarpe. . 316 8 (ffig.1), lisez: (bfig. 1). 317 15 ovaire, lisez : embryon. Ve H M CE y} COLLECTION GET TS Ez a æ NT: AT EU À VAE 1 k BAUME ñ \ ns CRC d'encre nee #4 Ds Siege de mesinm ns DiBaS rte rm rime enr pre ripe times HOT ES RES Févreisiess OUT LIENS Ftermy anses anse ET: POOPTPITRNEEPEE DE De PDT eu LADCRCIC REP