SE HRHNHE HA. RON HUMAIN MR HRANHEN ONE HARRIS | HAAHCDIEN 7 rer ya res æ tot 21: RHIN ROHAN LIT LES LE3 3: 215 2e EXT! ….. HE n » ets? 2e Li + : 15 sZsiei LETErE 3 : 1, à . , He \« (à | | % ner. UE ÿ Le 21 CE y Fe e 2 ; Î ke À C0 D OU A I M de C A j F Î ! ; ‘ L tre \ l \ ; : 14 H i Fa É— * ; | D — 1 4 Vers À FA ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. es SECONDE SÉRERB. TOME VIf. rehr menonee | ANNALES DES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, _ ET L’HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN Geconde Gérie. TOME SEPTIÈME. — ZOOLOGIE. PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR, PLACE DE L'ÉCOLE=DE-MÉDECINE ; N. 13. 1837. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. PARTIE ZOOLOGIQUE. CHLLL1LEL LE LL: 1] RecuEnCHEs sur quelques Entozoaires et larves parasites des insectes Orthoptères et Hyménopières. Par Leon Durour, correspondant de l'Institut. {Présentées à l'Académie des Sciences le 4 juillet 1836. Minima non spernenda. L'étude minutieusement attentive des parasites, même les plus petits et les plus profondément cachés dans les tissus or- ganiques est loin d'être indifférente pour le scrutateur des su- blimes harmonies de la nature. Il y a dans cette nécessité, dans cette solidarité d'existence entre des êtres si dissemblables un principe qui se rattache aux lois générales des créations, et qui peut nous mettre sur la voie d'en pénétrer le but. Dans le cours de mes nombreuses dissections des Orthopte- res et des Hyménoptères, j'ai eu occasion de découvrir dans les cavités splanchniques de ces insectes, soit dans l’intérieur du canal digestif, soit en dehors de celui-ci, divers parasites, dont les uns sont des Æntozoaires où vers intestinaux et dont les 6 LÉON DUFOUR. — Æntozoaires. autres sont des Zarves ou des Chrysalides (1). Ce sont ces ob- servations isolées, ces sortes de hors-d’œuvre dans l'anatomie entomologique que j'ai cru devoir réunir en un travail spécial. Je ne me dissimule point les imperfections de celui-ci, mais il renferme.des faits nouveaux qui devront provoquer d'attention d'investigateurs où plus habiles!, ou plus heñreux” que moi. La distribution que je viens d'é tablir dans ces parasites en SE et en larves ou chrysalides, amène naturellement la division de mes recherches en deux chapitres. CHAPITRE 1°. ENTOZOAIRES. Le domicilele plushabituelde ces vers.est l’intérieur du tube digestif, mais il en est qui se trouvent en dehors de celui-ci, ainsi que je vais en fouruir des exemples. Quand ils habitent dans ce tube, ils se tiennent en particu- lier dans la portion de celui-ci essentiellement destinée à la chylification et que j'ai désignée en entomotomie sous le nom de Y’entricute-chylifique. Nous ferons à cet égard une remarque qui n'est pas sans intérêt, c’est que dans l’homme et les grands animaux c’est aussi dans l'intestin grèle, qui est l’analogue du ventricule chylifique des insectes que les Ascarides lombricoï- des séjournent ordinairement, 1] paraît qu ceux-Ci S€ TIOUTTIS- sent principalement des sucs chyleux. Ce n’est qu’accidentelle- ment et surtout lorsque ces sucs sont altérés, soit par une rmna- ladie, soit par d'autres causes qu ’on voit ces vers franchir ou le pylore pour s’introduire «ans l'estomac ou la valvule iléo-ccæ- cale pour pénétrer dans le gros intestin. Il est fort singulier que la dissection scrupuleuse de plu- (1) IL est assez digne de remarque que je n'aie trouvé dans aucun des Névroptères-soumis à mon scalpel ni entozoaires ni larves quelconques. Je ne saurais me rendre raison de l'absence absolue de tout parasite intérieur dans les insectes de cet ordré, tandis que j'en ai rencontré dans les Orthoptères , les Coléoptères, les Hyménoptères, les Hémiptères. LÉON, DUFOUR. — Entozoaires. % sieurs milliers. d'individus appartenant à 140 espèces d'Hyimé- noptères ne an'ait mis à même de constater qu'un nombre extrêmement. restreint d’Entozoaires , car jusqu'à ce jour ils se réduisent à deux espèces seulement, d'une vit dans le Sphe- codes, autre d’un genre encore douteux, dans le Bombus. Ru- dolphi, dans l'énumération systématique des divers animaux qui nourrissent des Entozoaires cite seulement une #/aria dans Ja larve d’une Tenthredo.. A l'article des Grégarines je chercherai à expliquer. cette rareté des Entozoaires dans les Hyménopteres. Genre FicaiRe, Füilaria. Je ne saurais partager, au moins encore, l’opinion de quel- ques naturalistes qui veulent confondre dus un même genre les Æilaria et les Gordius, ni la conviction toute récente de M. Gervais, relative à l'identité spécifique d’une filaire du Blaps mortisaga avec le Gordius aquaticus (1). Les Filaria appartien- nent à l'ordre des Æntozoaires ou vers qui vivent dans le corps des animaux , et les Gordius à celui des Ænnélides qui habitent les eaux ou les lieux humides. La ressemblance est, je crois, plus apparente que réelle et peut-être la même qu'entre le Lom- bric terrestre et V Æscaride lombricoide. C’est à l'anatomie à juger en dernier ressort cette question. 1. Filaria iocustæ Rudolph. entoz. 2. p. 77. Lyonet, ouvr. posth. p. 358. PI. 37. fig. 15. F. forficulæ Du, Anpal. 2 Sc, nat. t. 13. p. 66. pl. 9.C, fig. 1. æ. F. tricuspidata Duf. ib.t. 14. p. 222. pl. 12. C. ». 4-6 pollicaris, gracilis filiformis, antice sub obtusa, postice in marc subattenuata in fæmina tricuspidata. Ce yer aune gracilité partout uniforme et presque capillaire. Il est blanchâtre ou semi-diaphane, lisse à. sa surface et sans au- cune trace de segmentation. (1) Annales de la Société Entomologique , novembre 1835. 8 LÉON DUFOUR, — ÆEntozoaires. On le trouve dans la cavité abdominale, mais en dehors du canal digestif, de divers Orthoptères, comme les Acrydiens, les Grylloniens, les Locustaires. 11 s’entortille souvent autour des viscères et paraît se nourrir des sucs graisseux. Ors. Quoique le ver décrit et figuré par Lyonet fût sorti de la chenille d’un Bombyx, je ne saurais douter de son identité ‘avec la F. Jocusteæ. J'en dirai autant de ma F. forficulæ dont la différence de taille ne tient sans doute qu'à l’âge ou à l’étroitesse de lhabitat. La lecture de la note de M. Gervais (loc. c.) m'a suggéré l’idée que ma F. tricuspidata, trouvée dans le Gryllus burdigalensis n’est que la femelle de la F. locusteæ. 2. F.? sphecodes Nob. PL. 1. A. fig. 1. 6-pollicaris capilläris albida, subrigida, altero apice incrassato obovato:. En août 1834, je rencontrai cinq ou six individus de cet En- tozoaire dans la cavité abdominale du Sphecodes gibbus male, et en dehors du tube alimentaire. Je le rapporte provisoirement et avec doute au genre Filaire. Il est plus grèle qu’un cheveu et l'an de ses bouts est renflé en olive. Je constatai bien ses mou- vemens. Il avait une raideur remarquable très différente de celle des Filaires ordinaires. Je ne lai observé qu’une seule fois et je sens le besoin de l’étudier encore. “Oxyuris? Gryllotalpæ Nob. pl. 1. A. fig. 2. Subbilinearis vermiformis, albido-pellucidus, antice obovatus ob- tusus, postice attenuatus acutus. J'ai trouvé à diverses reprises dans le ventricule chylifique du Gryllotalpa vulgaris plusieurs individus d’un petit Ento- zoaire qui me paraît avoir de grands rapports avec le genre Oxyuris de Rudolphi (r). 11 a une à deux lignes de longueur, et il est grèle comme un ver. Le bout antérieur où la tête est ar- rondi et son contour m'a paru débordé dé chaque côté par une {1} Rudolphi. Entozoaires , tome 11, page 100. LÉON DUFOUR. — fntozoaires. 9 espèce de petit mamelon palpiforme que je n'ai pas osé expri- mer dans la figure, de crainte d’avoir mal vu. Le bout opposé est atténué en pointe. À travers la pellucidité de ses tégumens on reconnaît que le tube digestif de ce parasite débute par un œsophage d'une ex- cessive ténuité; puis il se dilate brusquement pour se continuer ensuite tout d’une venue et sans inflexions. L’anus s’ouvrirait à une assez grande distance de l'extrémité postérieure du corps. Genre Senéruzame, Sphærularia Nob. 1. Sphærularia Bombi Nob. PJ, 1. A. fig. 3. Teres, albido-pellucida, mollis filiformis, haud annulata, undi- que sphærulis vesiculæformibus granulata, antico posticeque obtusa subrotundata. Hab. in abdomine Bombi terrestris et B. hortorum. — Long. 6- 8 Zn. J'ai vainement cherché à rapporter ce singulier Entozoaire à quelqu'un des genres consignés dans l'ouvrage de Rudolphi; j'ai cru pouvoir en constituer un nouveau sous le nom de Sphérulaire qui exprime sa structure extérieure. Je l'avais d’a- bord pris pour une larve de Diptère, mais l’absence de toute segmentation, et sa forme cylindrique, me ramenèrent à un Entozoaire. Il n'est pas très grèle, puisque sur six à huit lignes de longueur, il en a près d’une de largeur. Il n’offre aucune dis- tinction ni de tête ni de queue, et il est obtus ou même arrondi par un bout ou par l’autre. Toute la surface de son corps est cou- verte, soit au-dessus, soit au-dessous , de granulations sphéroi- dales sbbtsbles à à des vésicules shillaphancs: Je l'ai rencontré plusieurs fois dans la cavité abdominale des espèces précitées de Bombus , en dehors du tube digestif et toujours libre. En juin 1833, j'en trouvai deux ensemble dans le même individu du 2. hortorum, et cette circonstance me fortifie encore dans l'idée que c’est un Entozoaire. oO LÉON DUFOUR. — ÂÆnlozoatres. Genre GRÉGARINE, Gregarina Nob. J'ai déjà indiqué, dans mes recherches anatomiques sur les Coléoptères, l'existence de ces Entozoaires (1), et j'établis la dénomination générique de Gregarina dans des: recherches semblables concernant les Labidoures (2); enfin, j'en ai figuré aussi deux espèces sans les décrire dans mon travail sur l’ana- tomie des Hémiptères (3); je suis aujourd’hui plus à même de donner quelques développemens sur l’organisation générale de ces Entozoaires. Loin d’être grèles et sétiformes comme des Filaires, ilssont, au contraire, courts et gros, globuleux ovalaires ou coniques : et ordinairement d’un blanc pur. Dans leur jeune âge, il n'existe dans leur corps aucune trace apparente de segmentation; mais, parvenus au dernier terme de leur croissance, à l’état adulte, ils offrent à un œil attentif un segment antérieur dont la confi- guration et la grandeur relative varient, et suivant les espèces et suivant quelques conditions individuelles. Profitant de la ter- minologie suivie dans les Arachnides, j'ai adopté, pour désigner ce segment antérieur, le nom de céphalothorax. ‘ Le corps des Grégarines est évidemment constitué par une double enveloppe membraneuse; mais ces deux tüniques, qui lors de leur contiguité, sonit très difficiles à ‘constater, pré- sentent, dans d’autres circonstances, une humeur intermédiaire qui permet de les distinguer l’une de l'autre. La tunique ex- ierne ou tégumentaire est pellucide : c’est sa duplicature qui forme d'empreinte circnlaire pour la délimitation du céphalo- thorax, La tunique interne ou viscérale paraît le plus souvent blanche, mais je lui ai, dans quelques cas, trouvé une teinte roussätre. Il est possible, vraisemblable même, que l'une et l’autre de ces couleurs tiennent à celle des ingesta. La bouche de ces petits Entozoaîires occupe la partie anté- (x) Ann. des Sc. "nat., t. vur, p.44, pl. 21 bis, fig. 7. (x) Ann. dés Se. nat., t. xin, p. 366, pl. 22, fig. 5. (2) Recherch, anat. et physiol. sur les Hémipt., pl. 17, fig. 206. LÉON DUFOUR. — Æntozoaires. 11 rieure et un peu inférieure du céphalothorax: elle n’est pas facile à mettre en évidence. Dans quelques conditions favo- rables, je l'ai surprise se prolongeant au-delà du bord antérieur pour y former une sorte de museau rétractile ou de promuscide. Tantôt, sans doute dans un léger état de contraction, elle res- semble à un petit tubercule, tantôt, plus développée, son orifice s'évase et'est même par fois festonné, ainsi que je lai repré- senté dans quélques Grégarines des Coléoptères. Durant lob- servation microscopique, j'ai souvent été témoin du vomissement par eet.orifice de la matière ingérée, et j'ai une fois saisi le moment où l’Entozoaire, après avoir émis cette fusée nébuleuse, en avalait de nouveau une partie. Leurs mouvemens sont fort.obscurs et leur locomobilité est d’une lenteur extrême; cependant je les ai constatés. _Ls Grégarines doivent leur nom à l'habitude qu'ont ces Entozoaires de vivre par troupeaux assez nombreux; il n’est pas rare qu'elles soient disposées.en.séries à Ja file les unes des autres. Elles habitent le tube digestif d'insectes de divers ordres, et on les rencontre rarement ailleurs que dans le wentricule chylifique et ses appendices. Je répète que je n’en ai point trouvé dans les Névroptères, et j'ajoute que les Hyménoptères ne m'en ont pas -offert une seule. Ce double fait négatif me confirme dans l’idée que j'ai déjà émise ailleurs, qu’un genre de vie peu actif de la part de leurs hôtes est une condition fa- vorable au développement des Grégarines. Aussi voyons-nous que, parmi les Coléoptères, la lourde et sombre famille des Mélasomes , les Chrysonièles aptères , les Lucanes qui ne volent que le soir, sont ceux qui en nourrissent le plus. Parmi les Orthoptères, onles rencontre-particulièrement dans les Gryl- lons, le Gryllotalpa, les Ephippigères, insectes qui ont une locomobilité peu active. Le Phymata crassipes est la seule es- pèce de tout l’ordre des Hémiptères où j'aie rencontré des Grégarines; je ne me rends pas raison de ce fait excep- tionnel. Le genre Gregarina appartient à l'ordre des vers 2ntestinaux parenchy mateux de Cuvier, et sans doute aussi à celui des En- loz0a trematoda de Rudolphi; mais j'avoue que je ne saurais 12 LEON DUFOUR. — Æntozoaires. encore assigner son affinité avec aucun des genres décrits par ces deux auteurs. Je vais exposer le signalement des espèces que j'ai reconnues jusqu’à ce jour. 1. Gregarina sphærulosa Nob. pl. 1. A. fig. 4. Subsphærica alba, cephalothorace abdomen adæquante. Hab. in ventriculo Ædipodarum et Gryllotalpæ. Elle est plus petite que les autres espèces, égalant à peine la grosseur d’une tête de fine épingle à insectes; j'en ai trouvé des myriades dans le Taupe-Grillon. Les individus bien adultes semblent résulter de l'union de deux hémisphères. Des yeux peu rigoureux pourraient croire que ce sont deux individus accouplés bout à bout. 2. G. soror Nob. pl. 1. A. fig. 5. Subsphærica alba, cephalothorace abdominis dimidiam partem adæquante. Hab. in intestino recto Phymatæ crassipedis. Celle-ci n’est peut-être qu’une variété de la précédente; mais le céphalothorax ne forme pas, comme dans cette dernière , la moitié de tout le corps. 3. G. ovata Nob. PI. 1. A. fig. 6. — Duf. Ann. des. Se. nat. tom. 13. pl. 22. fig. 5. ; Ovaia, utrinque obtusa; cephalothorace abdominis quartam partem adæquante. Hab, in ventriculo Grylli campestris et forficulæ. 4. G. conica Nob. pl 1. A. fig. 7. — Duf. Ann. des Sc. nat. tom. 8. pl. 21 bis fig. 7. Oblongo-conica; cephalothorace subgloboso abdominis tertiam par- tem adæquante. Hab. in ventriculo Coleopterorum et Gryllorum. LÉON DUFOUR. — Æntozoaires. 13 5, G. hyalocephala Nob. pl. 1. A. fig. 8. Oblongo-conica ; cephalothorace hemisphærico diaphano, abdo- minis quartam partem subadæquante. Hab. in ventriculo Tridacty li. Cette espèce se fait remarquer par la transparence habituelle du céphalothorax qui a une forme exactement hémisphérique. Je l’ai trouvée en abondance dans le Tridactylus variegatus. 6. G. oblonga Nob. pl. 1. A. fig. 9. Oblonga flavescens conico-cylindroidea; cephalothorace abdominis quintam partem vix adæquante. à Hab. in ventriculo ŒEdipodæ migratoriæ et Grylli campestris. Beaucoup moins conique que la G. conique, elle a une cou- leur jaunâtre qui ne s’observe pas dans les autres espèces. CHAPITRE IL LARVES ET CHRYSALIDES. Goedart, M'"° Mérian, Albin, Réaumur, de Géer ont décrit des mouches dont les larves habitaient les chenilles des Lépi- doptères. M. le professeur Audouin et Lachat ont donné une excellente description avec figures d’une larve trouvée dans un Bourdon (1). Dans un mémoire spécial, j'ai aussi exposé l’his- toire de deux Diptères du genre Ocyptère de Latreille, dont les larves vivent dans la cavité abdominale d’une Casside et d’une Pentatome (2). Enfin, M. Robineau Desvoidy a désigné, sous le nom d’Entomobies , une tribu de ces Diptères Myodaires dont les larves habitent le corps de divers insectes (3). On a signalé de ces larves dans les Coléoptères, les Hyménoptères, (x) Journ. de phys., tome zaxxvir, p. 228, et Mémoires de la Société d'hist. nat. de Paris, tome 1, p. 329. (2) Ann. des Se. nat., t, x, p.248, pl. 11. (3) Essai sur les Myodaires , p. 29. 14 LÉON. DEFOUR. — Æntozoaires. les Hémipteres, les Diptères : on n'en connaissait point encore dans les Orthoptères, où j'en ai rencontré quelques-unes, et j'ai déjà dit que les Névroptères ne | nourrissaient point de Ppa- rasites intérieurs. Les larves et les chrysalides dent je: vais "moscdpur m'ont paru appartenir toutes à l’ordre des, Diptères et à celui des Rhipiptères. Elles ne vivent jamais dans l’intérieur des viscères comme la plupart des Entozoaires, mais bien dans les. cavités splanchniques en dehors de ces viscères et aux dépens du tissu adipeux qui s’y rencontre. En attendant que des’ circonstances plus heureuses me mettent à même d'obtenir les insectes parfaits des diverses larves que mes dissections m'ont fait découvrir dans le corps des Orthop- tères et des Hyménoptères, j'ai pertsé qu'il importait à la science de signaler ces larves. Ces. faits, tout incomplets qu’ils sont, pourront être fécondés par les entomologistes observateurs. C'est par des matériaux recueillis de toutes parts, et conve- nablement remaniés, que l'édifice de la science s'élève et se grandit. . Larve apodes, ablongue, blanéhätre, de quatre lignes de PE sur près de deux de largeur, tronquée et échancrée en avant, pointne en arrière , où elle est niarquée sur le dos du dernier segment de deux traits noirs longitudinas. Pl 1 A figure ro Dans l’'EZdipoda migratoria. 2. Larve apode , oblongue, blanchätre, de près de deux lignes: de. longueur, obtuse, entière:et élargie en avant,-atténuée et pointue: en arrière. Dans l'OEdipoda cœrulans. Elle appartient certainement à une autre espèce et peut-étre même à un autre genre que la précédente. 3. Larve apode, oblongue, blanchâtre , de: trois higries de longueur sur une et demie de largeur, plus dilatéé en avant avec le segment antérieur entier arrondi maxqué de-deux points LÉON DUFOUR. — ÂÆntorouires: 15 noirs, en pointe lancéolée en arrière, avec un trait noir dorsal médian au dernier segment. PI. 1 À , fig. 11. Dans le Bombus terrestris. L'existence des deux points noirs à la tête et du trait caudal me porte à croire que cette larve diffère des deux précédentes. Fautil la rapporter à celle que M. Audouin et Lachat ont trouvée dans le corps du B. lapidarius ; et dont ils nous ont donné la figure dans le Mémoire précité? Tout en tenant compte des configurations polymorphes que ces larves peuvent pré- senter à cause de leur texture molle ét éminemment contractile, je suis porté à croire qu'il y a une différence spécifique entre leur larve et celle que jé viens de signaler. Le trait différentiel principal est l'existence, dans la larve, du B. lapidarius d'un col mince et assez long. Les observations directes de Baumhaer, de Latreille et de Carcel ont constaté que le Conops rufipes naït du corps des Pombus. J'ai moi-même souvent été témoin de l'ardeur avec laquelle ce Conops poursuit les Bombus, pour insérer ses œufs dans ses entrailles , et je possède , dans ma collection, un B. ter- restris ; à la région anale duquel pénd un Conops rufipes dont le bout renflé de l’abdomen est resté engagé dans la cavité du ventre de l'Hyménoptère. Je dois cet objet intéressant à l'amitié de M. Boisgiraud, professeur à la Faculté des Sciences de Tou- louse. Mais quélle est la larve qui produit ce Conops? On née nous l'a point encoré appris. 4. Larve apode, oblongue ; blanchätre, de deux lignes de longueur, un peu déprimée, plus dilatée à la partie antérieure, qui est en arc de cercle entier, sans aucune trace ni d'yeux, ni de bouche, ni de points noirs particuliers, atténuée en ar- rière. Région dorsale du dernier segment marqué de deux lignes parallèles obscures. L’individu dont j'offre la figure avait, de chaque côté du corps, une série longitudinale de neaf à dix boursouflures obrondes subvésiculeuses, séparées par un large espace médian lisse. Ces boursouflures ne sont sans doute que 16 LÉON DUFOUR., — Æntozoaitres. les lobes latéraux d’autant de segmens tégumentaires. PI. 1 A, fig. 12. Dans la Dasypoda plumipes mâle. En août 1835, j'ai rencontré une seule fois cette larve que je suppose être encore jeune. Dans la localité où je trouvai aboudirintit cette Dasypode, je remarquai que la Pangonia marginata la poursuivait spé- cialement, ce qui me fit naître l’idée que la larve pourrait bien appartenir à ce rare Diptère. 5. Larve apode, blanchâtre, analogue à la précédente pour la forme et la grandeur, mais avec les segmens bien marqués, et deux points noirâtres au segment antérieur. Un seul trait médian noir au segment postérieur. Dans l’A/ndrena thoracica , en avril. Je la crois distincte comme espèce du n° 4. La Pangonia n’habite pas la contrée où j'ai pris l’Andrène qui recélait cette larve. 6. La larve apode, blanchätre, allongée, subdéprimée, en pointe lancéolée aux deux bouts, lobée ou festonnée sur les côtés. PI. 1 A, fig. 13. Dans lAndrena aterrima. Panz. mâle. Au lieu d’avoir sa partie antérieure en arc de cercle entier ou échancré, cette larve l’a prolongée en pointe triangulaire. Elle m’a offert un cas singulier de parasitisme qué je crois nouveau pour la science, et qui mérite d'arrêter un moment notre attention. Rappelons, àce sujet, un fait qui a quelque analogie avec lui, dont nous avons parlé en décrivant. la larve de l’Ocyptera bicolor (1), et qui déjà avait été ‘implicitement signalé par M. Andouin et Lachat, dans le Mémoire relatif à la larve parasite d’un Bombus, et que j'ai cité plus haut. La larve Je l’Ocyptère emprunte au Pentatome, dont elle est parasite,;un stigmate qu'elle s’'approprie exclusivement, et qui devient pour (1) Ann. des Se. nat., t,x, p. 248, pl, vx: LÉON DUFOUR. — Ænlozoaires. 47 elle l'orifice unique au moyen duquel Pair pénètre dans son appareil respiratoire ; celté usurpation anatomique est certaine - ment un fait très piquant. Mais c’est bien autre chose pour la larve de lAndrène. J'ai trouvé cette larve fixée par une de ses extrémités sur la grande vésicule trachéenne qui occupe, de chaque côté, la base de la cavité abdominale de l'Hyménoptére. Quelle fut ma surprise en cherchant à reconnaître ce mode d'insertion, de voir que celle- ci n’était pas tout-à-fait immédiate, et qu ‘elle avait lieu à la fa- veur de deux troncs trachéens similaires qui pénétraient dans le corps de la larve un peu en arrière d’une de sés extrémités, mais par sa face inférieure. Cette double trachée était évidem- ment fournie par la grande poche aérifère qui servait de sup- port à la larve, et je constatai qu’elle n’en était qu’une conti- nuation anatomique. Voilà donc deux trachées nutritives dépendantes de lutricule aérifère de l'Hyménoptère qui vont fonder tout l'organe res- piratoire du parasite, c'est-à-dire son appareïl le plus essentiel au maintien de la vie. Ainsi l'existence de la larve.se trouve doublement sous la dépendance de celle de lHyménoptère; ‘celui-ci l'alimente: de’son tissu adipeux splachnique, et non- seulement il se charge de respirer pour elle et de lui administrer l'air indispensable à sa vie, mais encore il lui fournit , de sa pro- pre substance, l'organe destiné à la circulation.de:ce fluide vital. Ce mode snclite de parasitisme, cet exemple de deux êtres de genre fort dissemblable, dont l’un est enté, écussonné sur l’autre par l'appareil organique le plus important, celui de Ja circulation, constituent, je le répète, un fait inouï jusqu’à ce jour dans Îles fastes de la science. Je ne lui trouve de compa- rable que la circulation utéro-fœtale des grands animaux, et il serait superflu de faire ressortir l'énorme différence qui existe entre ces deux cas, entré ces deux conditions physiologiques. 7. Larve apode, oblongue, blanche, de trois lignes de lon- gueur, dont la plus grosse extrémité présente deux plaques demi-circulaires brunâtres, sur lesquelles on voit une tache obscure bifide. VII. Zoor., — Janvier. 2 18 LÉON DUFOUR. — Æntozoaires. Dans la Vespa vulgaris. La forme de cette larve, que je n'ai pas suffisamment étudiée, est très différente de celle des précédentes. 8. Larve apode, subdiaphane , fort grèlé, longue de près de trois lignes sur un quart de ligne de largeur, composée de plus de quinze segmèens thafqués par des festons latéraux. Tête noire, ovale, pointue, coriacée; bout opposé terminé par une 5 ue noirâtré, allongée, déprimée. PI. 1 À, fig. 14. je Dans l’Aylotoma cœrulescens. Cette larve, que je trouvai libre dans la: cavité abdominale de cet Hyménoptère;:est très distincte de toutes celles qui pré- cèdent. Elle vécut quinze ou seize heures dans l’eau où je dis- séquais l’'Hylotome, et elle mangeait avec avidité.le tissu grais- seux: de cet insecte. Elle est remarquable: par le:nombre des segmens de son corps, qui m'a paru être de vingt à vingt-cinq. Ce dernier fait, #il est bien positif (et je n’ose pas en garantir Ja certitude, parce que je ne l'ai constaté qu’une seule fois), ne confirmerait point la définition que M. de Blainville donne de la larve d'un Héxapode comparativement à un ver. D'après ce savant, la larve n'aurait jamais que quatorze anneaux, en ne comprenant la tête que pour un. (2), Je ne suis pas éloigné. de croire: que-la larve dont il e:t ici “question appartienne ou à un, Rhipiptère où à quelque insecte voisin de cet, ordre: l'étude de cette métamorphose serait in- téressante. 9. Larve du Xenos Rossi, apode, oblongue, blanchâtre, de près de quatre lignes de longueur, ayant une tête écaillense, plate et brune, et neuf ou dix segmens au corps. Nymphe ou chrysalide cylindroïide, oblongue, formée par l'induration de l'enveloppe tégumentaire de la larve; sa tête, largement triangulaire et coriacée, faisant une saillie extérieure entre les segmens dorsaux de l'Hyménoptère dont elle est pa- (x) Journ. de phys., t. Lxxxx, p. 91. LÉON DUFOUR. — Æntozoaires. 19 rasite, offrant, de chaque côté, deux petits tubercules margi- naux et se terminant par trois points saillans; son corps, plus court, mais un peu plus gros que la larve, présentant encore la trace des segmens de celle-ci..Pl. 1 A, fig. 12. Dans le Polistes gallica. C’est entre les segmens dorsaux de l'abdomen dé-cet Hymé- noptère que se trouvent logées les Chrysalides. J'ai rencontré jusqu’à quatre de ces parasites sur un même poliste, de ma- nière que son abdomen en était bosselé, difforme; et d’une pesanteur qui lui devenait à charge. L'automne ést surtout la saison où les Polistes sont dans cet état bizarre de gestation. Ils survivent à la métamorphose complète du Xeno$, ainsi que je m'en suis convaincu en conservant, dans des bocatix où je les nourrissais, ces Guépiaires chargées de leurs parasites. Ceux-ci n’attaquent point les viscères de l’insecte et ne vivent qu'aux dépens de son tissu adipeux splanchnique. 10. Nymphe ou chrysalide de Rhipiptère , apode, longue de deux lignes sur près d’une de largeur, à tête ovale subtrian- gulaire, noirâtre, coriacée, déprimée, excavée:en dessous, séparée du corps par un étranglement , à corps cylindroide blanchâtre souple, annelé. PI. 1A., fig. 16. | Dans le Sphex sabulosa. En août 1834, je trouvai deux individus de ce parasite dans le même Sphex; ils étaient enfoncés dans la cavité abdominale de, cet Hyménoptère jusqu'aux. trois-quarts de leur longueur. Je présume que cette chrysalide appartient à un Rhipiptère, mais à une espèce différente du Xenos Rossii, et nouvelle, suivant toute apparence; Car les auteurs ne citent point le Sphex comme nourrissant des insectes de cet ordre. Serait-ce par hasard la chrysalide du Stylops melitæ de M. Kirby ou d'ané’éspècé voisine? Je ne négligerai point l'occasion ; si elle sé présenté ;! de MOT ere une observation ‘qui peut dvibdir Pun mtérétpiquant.” 20 LÉON DUFOUR. — Ænluzoaures. EXPLICATION DES FIGURES. (Toutes considérablement grossies ). “Fig. x. Filaria ?. Sphecodes. Fig. à. Oxyuris? Gryllotalpæ. Fig. 3. Sphærularia Bombi. “Fig. 4. Gregarina sphærulosa de \'OEdipoda cœrulescens. Fig. 4 a. La même du Grÿllotalpa. : Fig. 5. G. soror. du Syrtis. Fig. 6. G. ovata du Gryllus campestris. Fig. 6 a. La même accouplée de la Forficula. ‘Fig. 7: G, conica; des Coléoptères avec la bouche étalée. ‘Fig. 9. a. La même; du Gryllus avec le céphalothorax enfoncé. Fig..8. G. hyalocephala. Fig. 8. a. La même avec la bouche contractée en bouton. Fig. 9. G. oblonga du Grillon. *Fig. 9. a. La même de l'OŒEdipoda migratoria. Fig. 9. 6. La même; jeune. Fig. 10. Larve, dans l’'OEdipoda migratoria. Fig. 1r. Larve: dans le Bombus terrestris. F Fig. 12. Larve; dans la Dasypode. Fig. 13, Larve; dans l’Andrène avec l’utricule trachéenne de celle-ci. Fig. 14. Larve; dans l’Hylotome. Fig. 15. Chrysalide du Xenos Rossi. -Fig. 16. Chrysalide de Rhipiptère; dans le Spheg sabulosa. PR “Norice sur’ les derits incisives et le nombre des côtes du Rhino céros africain. Par le Professeur G. Vrozix (père), d'Amsterdam. Après que le célèbre. Camper eut traité. dans un. discours public.à Groningue,en l'an 1772 (1), de l’histoire naturelle du Rhinocéros africain , et qu’il eut fait mieux connaîtreicet ani: (1) Ge discours parut à Amsterdam , l’an 1782, chez P. Meyer et G. Warnars. in-4°. vroziK, — Sur le Rhinoréros africain. a1 mal par des recherches anatomiques, on fut convaincu qu'il existait une espèce à double corne, distincte de l'espèce Asia- tique, qui n’en possède qu’une. H restait cependant quelques points qui ne purent être éclaircis qué par des découvertes plus récentes. On compte maintenant très distinctement quatre espèces, savoir celles, d'Afrique, d'Asie, de Java et de Suma- tra, et les découvertes des naturalistes ont énrichi de beaucoup nos connaissances sur P anatomie ét l'économie domestique de ces animaux. Le grand Cuvier rassembla, dans:ses Recherches sur les osse- mens fossiles, tout ce qui avait paru antérieurement à lui sur ce quadrupède dontil enrichit l’histoire.par ses propres travaux (2). Il semblera donc peut-être superflu d'ajouter encore des recher- ches à celles de ce célèbre savant. La considération qu’ *en ma- tière scientifique, tout le mondè doit concourir à augmenter les connaissances acquises, a seule pu me déterminer à traiter ce sujet, après-de si illustres prédécesseurs. Camper avait prétendu , que lés Rhinocéros sont dépour- vus de dents incisives, tant à la mâchoire inférieure qu’à la. supérieure, ne comptant de chaque côté que sept moläires, ce qui fait en somme 28 dans les deux mâchoires. Il pensa même, que les incisives leur seraient superflues, e« puisque la lèvre su périeure forme une espèce de doigt qui leur.sert, comme à l'éléphant , pour saisir de petits objets et les. porter däns Ja bouche : dans lequel cas les incisives de li mâchoire inférieure leur seraient inutiles et même génantes. »(1) Plus tard il révoqua cette proposition trop générale. Dans une lettre à Pallas, il dit: « J'ai ew occasion de distinguer deux es- « pèces de Rhinocéros asiatiques, qui ont l’une et l’autre, qua: « tre grandes incisives. Feénverrai , à ce sujet , à l’Académie de « Pétersbourg la continuation de mon Mémoire sur ces ani- « {re À R A maux (2). » La mort de Camper, qui suivit de près cette let- ; tombe l'avoir empêché d'exécuter ce dessein. I parait ce- (2) Nouv. éd, IL ». fig. t. Paris, 1822 , in-4°. (x) V.L ec. p. 169. (2) Comparer : Neue Nordische Beytræge. VIL. p. 249, et Cuvier, 1. c. p. 26: Là 22 _vaoux. — Sur de Rhinocéros africain. pendant, que quoique Camper ne voulût pas nier : l'existence des incisives chez tous les Rhinocéros, il ne les attribua pour- tant pas au Rhinocéros africain. Cuvier, qui nota soigneusement tout ce qui concerne les in- cisives. des trois autres espèces , semble avoir partagé le senti- ._ment de Camper, en n'attribuant au Rhinocéros:africain nulles dents incisives, pas même à la mâchoire inférieure (1). | Ayant fait, dans l’année 1829, l'acquisition du. squelette d un Rhinocéros africain adulte , chez lequel plusieurs parties tendi- neuses et ligamenteuses étaient conservées, je trouvai..le limbe alvéolaire de la mâchoire couvert de sa gencive desséchée, ce qui me fournit l’occasion de Pouvoir: bien observer les parties situées au-dessous. Je m'en réjouis d’ autant plus, que je pensai que peut-être. je trouverais dans cette espèce ce qui avait été observé relativement aux dents incisives de la mâchoire infé- rieure de l'espèce asiatique, savoir, qu’elles restent toujours ca- chées sous la gencive. (2) Après l'avoir fait ramollir dans de l’eau tiède , je pus.à la fin enlever la gencive, sans offenser la mâchoire inférieure: Aussi- tôt qu'elle fut soulevée, je vis quatre objets, ayant la forme de dents dans des alvéoles très larges. En regardant de plus près, je vis que l'alvéole extérieure du côté droit était couverte d’un fragment asseux (3). Les: trois autres dents étaient entièrement libres, En les ôtant des alvéoles, je pus remarquer leur différence de forme et. de grandeur. Celles du milieu, de la forme d’une tonpie, sont les plus:petites : des extérieures je n’en pusexaminer qu'une, qui se laissa détacher de la mâchoire, Elle est beaucoup plus grosse: et plus: longue que les autres, de forme conique vers les deux bouts, plus élargie vers la partie inférieure : toutes trois ont leur surface rude et ne sont pas revêtues d’émail. (4) (1) L.c. p. 27, 3oet 31. ) e (2) Cuvier,, 1. c. p. 10 : « Elles restent en tout temps cachées sons la gencive , et + rail pour- « quoi Meckel ne les avait pas vues dans l'animal vivant, tandis qu’elles se sont montrées dans « le squelette. » {3) pl. x B. fig. 1. (4) Voy. fig. 2. Les trois dents sont représentées moitié de grandeur naturelle, vrouiK, — Sur le Rhinocéros africain. 23 Après ces observations, il me parut intéressant d'examiner, si le même fait se présenterait dans les squelettes : le Musée de Leyde m'en fournit une première occasion, Dans les os intermaxillaires de la mâchoire supérieure, je ne trouvai nul vestige de dents ou d’alvéoles : on n’y découvrait que de petites éminences aux endroits où l'on aurait pu s’atten- dre à trouver des dents. Les deux molaires antérieures manquent, dans la mâchoire inférieure, ce qui me parut assez curieux ; on ne trouve même aucun vestige annonçant qu'elles aient existé précédemment. La direction proéminente des deux premières molaires de la mâchoire supérieure, qui sont en même temps plus petites que les suivantes, peut seulement faire supposer qu’elles n'ont pas manqué entièrement. D'abord mes recherches se portèrent sur le crâne d'un Rhi- nocéros adulte, dont le squelette avait été envoyé, quelques années auparavant, du Cap de Bonne-Espérance, au Musée de Leyde, par. les naturalistes Boye et Macklos. La partie antérieure de la mâchoire inférieure est entière- ment intacte. Du côté droit, on trouve deux alvéoles : celle qui se trouve près du milieu de la mâchoire forme un trou très dis- tinct; l’autre ést plus ou moins fermée. Du côté gauche, on trouve quelques vestiges de l’alvéole extérieure dans un bord élevé, demi-circulaire. L'autre alvéole, qui se rapproche davantage du milieu, est, au contraire, très distincte, et contient nne dent qui s'élève au-dessus du bord de la mâchoire inférieure. Des deux côtés on voit, six molaires également développées. Contre la plus antérieure, on voit de chaque côté de la mâchoire une septième molaire très petite, de forme comprimée, s’éle- vant à peine au dessus de la mâchoire, et dont la surface postérieure est pressée contre la molaire suivante ,-sans inters- tice osseux, comme on en voit ordinairement. Dans la mâchoire supérieure les os intermaxillaires sont, par- faitement intacts. Cependant on n'y découvre nul signe d’inci- sives ou d'alvéoles. Les molaires sont au nombre de sept et bien développées. Les six postérieures correspondent à celles de la 24 vrouk. =# Sur le Rhinocéros africain. mâchoire inférieure. La septième ou l’antérieure n’a que la moi- tié de la largeur des autres, mais est cependant très forte en com: paraison de la molaire, qui lui correspond dans la machOÏre inférieure. Outre ce crâne, on trouve au Musée de Leyde encore trois autres crânes de Rhinocéros africains , ayant APPArLERU à des individus plus jeunes. Dans la mâchoire inférieure de la ‘plus grande on trouve distinctement quatre alvéoles. Les dents elles-mêmes sont perdues. | | | Les molaires ne sont pas toutes bien développées : la septième ou postérieure est cachée dans l’alvéole: La première n'a en grandeur que la moitié des suivantes, mais elle est plüs grande que celle de l'individu adulte, décrit ci-desli Elle est presque aussi grande que la molaire, qui lui correspond dans la mâ- choire supérieure. | Les os intermaxillaires, non dépourvus entièrement des par- ties fibreuses qui les avaient recouvertes, n’indiquaïent pas d’al- véoles. Des sept molaires, la dernièré était cachée dans son alvéole et la Rene avait la moitié de la grandeur des < sui- vantes. Le second crâne appartenait à un individu encore plus jeune. Les alvéoles des quâtre incisives étaient très distinctes, et les exté- rieures plus profondes que celles du milieu, comine chez le crâne de ma collection. Dans les deux mâchoires il n y a que cinq molaires, de chaque côté, dont les dernières encore cachées dans les alvéoles. | Les os intermaxillaires étaient endommagés. Le troisième crâne est celui d’un Rhinocéros, nouveau né. Au côté gauche de la mâchoire inférieure, on voit très distinctement une incisive dans son alvéole : les autres ne sont pas si distinc- tes. Toutes les molaires sont encore cachées dans leurs alvéoles. Dans les intermaxillaires, on ne trouve ni dents ni alvéoles. Dans le Musée de Groningue on a conservé le crâne du Rhi- nocéros bicorne , décrit par Camper. Je | di ar donc de l'examiner. Les deux mâchoires possèdent en tout 28 molaires, dont les vroLIK. — Sur le Rhinocéros africain. 25 antérieures sont bien plus petites que les suivantes. Les os in- termaxillaires manquent. Dans la mâchoire inférieure on voit . quatre alvéoles fermées , dont les éxtérieures cependant offrent des traces indiquant qu 'ellés ont été ouvertes. Les crânes”des Rhinocéros ‘africains , que je viens de dé- crire, sont les seuls que j'aie pu examiner. Cependant ces faits me semblent suffisans pour que je puisse en conclure la présence de quatre incisives dans la mâchoire inférieure. La comparaison ve j'ai faite d'individus appartenant à des espèces différentes m'a suggéré en outre la réflexion suivante. Camper admet que le nombre des molaires est toujours de 28. Cuvier (r) dit même que quand il y en a moins, cela vient de ce qu'elles n'ont pas percé, ou 1 de ce qu’elles sont tombées ou usées. | Ceci me parut ne pas avoir toujours lieu. Dansle crâne d’un Rhi- nocéros de Java, de ma collection, peu avancé dans l'âge adulte, je ne compte de chaque côté dans les màchoires que six molaires sans aucun vestige de la présence d'une septième en avant. D'où je conclus que le nombre de 28 n'est pas invariablement fixe. La même chose à lieu quant aux côtes. Gependant les indi- vidus d’une même espèce semblent en avoir le même nombre. Cuvier attribue 19 côtes au Rhinocéros. Tiedemann lui donne dans un passage (2) vingt vertèbres dorsales, auxquelles corres- pondent les côtes : tandis qu'ailleurs, dans la description même du Rhinocéros (3; il ne lui en assigne que r9. Ce dernier nombre est exact pour toutes les espèces , hors l’africaine. Dans le squelette de ma collection, on en trouve 21 de chaque côté : dans celui du Musée de Leyde, on n’en compte que 20 (4). Ilparaît done que:le nombre de 19 côtes n’est pas exact, pour toutes les espèces de Rhinocéros. Au reste, on voit très souvent que le nombre des côtes va- (1) V.Le. p. 9 et suiv. (2) Zoologie, 1, p. 235. (3) Ibid. p. 510. (4) La dernière paîre de mon squelette étant très petite et tendre , il ne me semble pas im- possible qu’elle soit un jeu de la nature, comme on en voit quelquefois chez les autres ani- maux , même chez l'homme, 26 VROLIK, — Sur le Rhinocéros africain. rie, chez des animaux du même genre. L'Equus Montanus a 19 côtes, tandis que l'Equus Quagga et l'Equus Zebra n’en pos- sèdent que 18. Le Tapirus ‘americanus.a 18 côtes, le Tapirus indicus en possède 20, etc. Ce serait donc s’exposer à se trom- per que de déterminer par le nombre de côtes d’un animal, ce- lui de toutes les espèces du même genre. Cependant le célèbre Cuvier n’y fit, pas toujours attention, comme nous l'avons vu par rapport au Rhinocéros. En énumérant les points de compa- raison, du Daman et du Rhinocéros, il'dit : (2) « La composition du tronc :en offre déjà un. Le Daman a « vingt-une côtes de chaque côté, nombre supérieur à celui de « tous les autres quadrupèdes, l'Unau excepté, qui en a vingt- trois; et ceux qui les ontle plus nombreuses après le Daman, appartiennent précisément à cet ordre des pachydermes dans lequel nous voulons le ranger; l'éléphant et le tapir en ont chacun vingt; le Rhinocéros en particulier en a dix-neuf; les solipèdes qui apprachent beaucoup des pachydermes, en : ont dix-huit. » On; voit par l'énumération des côtes du Tapir américain et de l’Equus montanus que les nombres donnés par Cuvier ne sont pas tout-à-fait exacts. Le nombre des vertèbres lombaires de mon Rhinocéros afri- cain, ne répond pas non plus aux données du grand naturaliste... Je n'en trouvai.que deux: il en indique trois. Ceci peut cepen- dant très bien s'expliquer par lenombre des vertèbres dorsales, qui chez mon individu est de 21 au lieu de:20, ce qui a proba- blement réduit le nombre des vertèbres lombaires de trois à deux. RAR A À À A EXPLICATION DE LA PLANCHE 1 B. Fig. 1. Mâchoire inférieure du Rhinocéros africain. Fig. 2. Incisives détachées de l’alvéole. EHRENBERG. — Sur l'existence d’Enfusoires fossiles. 27 OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES sur l'existence d’Infusoires fossiles …et sur leur profusion dans la nature , Par. M; ERRENBERG. Second article. (1) : Il'est aujotird'huï suffisammént FRôuve, que l'argile à polir de Bilin ‘en Bohème ; qui appartient à la formation tertiaire, est composée en très grande partie des enveloppes siliceuses du ‘Gaillonella distans et de quelques aütres Infusoirés, sans aucun autre corps étranger. Mais les nouvéaux dépôts siliceux et le Bérgmehl de Santa-Fiora, moins intéressans pour la géologie, et ‘qui sont formés d'enveloppes d'Infusoires plus grosses, contri- buent plus encore que Pargile è à polir, à mettre en évidence cette composition organique ; Car cètte dérnière ne renferme que des animalcules pour lesquels il faut avoir recours à un grossisse- ment à-la-fois très fort et très clair. Grâce aux soins généreux et aux Communications de M. Alexandre de Humboldt qui, im- médiatement dE son voyage à Toœplitz, a visité les gisemens de Bilin, et qui m’a envoyé deux 'colléctions très nombreuses des terrains de cette localité, je me suis trouvé, pour continuer ‘mes recherches, en’ possession de matériaux qui m'ont donné des résultats nombreux et nouveaux. Mais avant qué d'aborder ces résultats vraiment merveilleux, je dois diré que l'examen de l'argile à polir de Planitza , dont la communication bienveïllante’ dé ‘M. Weïss et la libéralité de M. Freieslébeèn me mirent à même d’étudiér un échantillon, m’a fait voir avec certitude que les couches dé ce térrain sont en- core des lamas immenses d’Infusoires fossiles. À la vérité, l’é- ‘chañtillôn que j'ai examiné ressémble au schiste siliceux (Sawg- schiefer) de’ Bilin , et les dépouilles d’Infusoires (Gaillonella (#) Annalen der Era etc, de Poggendorff,-n° 6, 1836 ; traduit de Yallemand ‘par M. Brullé, 28 EHRENBERG. — Sur l'existence d’Infusoires fossiles. distans) qu’il renferme, sont remplies d’un ciment siliceux qui les réunit entre elles et qui empêche d'en reconnaitre bien net- tement la forme; mais j'en ai vu quelques-unes d’une manière si distincte, que je suis parfaitement convaincu du rapport de ces deux terrains, C’est sans doute ce ciment qui donne à la roche un aspect plus terreux, analogue aux parties moins com- pactes de l'argile à polir, mais ses parties n’en sont pas moins formées d'une masse prédominante de Gaillonella distans non altérés. Un autre échantillon digne d’un intérêt tout particulier, est celui de l’argile à polir de Cassel, que M. Carus eut la bonté de m'envoyer de Dresde, etoüil avait cru reconnaître aussi des for- mes organiques. Quelques échantillons du même gisement se trouvent aussi au Cabinet Royal de Minéralogie;, ils renfer- ment des empreintes de poissons (/euciscus papyraceus). Tout récemment encore, je dus à l’obligeance de M. Kesferstein à Halle, des échantillons du tripoli de Cassel, provenant de l’Ha- bichtswald. Cette terre à polir de Cassel renferme sept espèces différentes d’enveloppes d’Infusoires, entre lesquelles on peut remarquer une masse moins compacte.et en grande partie sili- ceuse, formant une espèce de gangue :et de ciment qu’il n’est pas facile d'isoler entièrement des débris organiques. Ce que cette rocheoffre de plus remarquable, c’est qu’elle renferme, de manière à n’en pas douter, deux formes des plus distinctes d’es- pèces aujourd'hui vivantes , tandis que la roche de Bilin et celle de Planitza ne présentent généralement que. des formes soit d'espèces détruites, soit d’espèces encore inconnues, ou même des formes analogues à celles des espèces vivantes, mais trop peu distinctes et trop peu arrêtées pour offrir une identité complète. J'ai reconnu dans la roche de Cassel les Gaillonella varians et Navicula viridis : le Nav. striata semble s’y trouver aussi. Le Gaillonella varians et le Navicula viridis se présentent simultanément dans la formation tertiaire de Cassel et dansile Bergmehl de Santa-Fiora, et leur forme est en général voisine de celle du Navicula Follis. Outre 1° le Gaillonella varians, 2° le Navicula viridis, 3° le N.striatula, 4 le N. crux (confer. nav. Follis adulta), j'ai rencontré de plus dans la roche de Cassel; 5° le EHRENBERG. — Sur l'existence d’Infusoires fossiles. 29 N. fulvajuv., 6° le N. gracilis, et 7° le N. Cari , N. Sp., trois es- pèces moins tranchées, dont la dernière, très abondante, m'est encore inconnue. Après ces observations sur l'existence maintenant bien con- statée d’Infusoires fossiles servant de pierre à polir , abordons l'examen du riche envoi fait par M. de Humboldt, des terrains de Bilin et de la vallée de Luschitz, et qui est devenu la source d'investigations plus heureuses, Cet envoi se compose d’une pe- tite collection de diverses roches de Bilin, recueillies par M. le D' Stolz, d’une collection plus considérable faite par M. le D* Reuss , et enfin de plusieurs échantillons pris par M. de Hum- boldt lui-même. Un dessin à la plume, fait avec beaucoup de soin par M. Reuss, et qui accompagnait cet envoi, donne une connaissance exacte de la position des couches de ce terrain. La roche à Infusoires de Bilin forme la couche supérieure, épaisse de 14 pieds, du Tripelberg, qui s'élève d'environ trois cents pieds au-dessus de la petite rivière de Biela, et que l'on à confondu jusqu'ici avec le Kritschelberg, dont il est bien dis- tinct. Elle repose sur une couche d'argile, qui, elle-même, re- couvre une couche de marne crayeuse. La base de la montagne est formée par le gneiss. Les couches de roches supérieures s'étendent à l'occident du Tripelberg jusqu'à un filon basal- tique qui forme le Spitalberg, et de l’autre côté duquel ( à l’oc- cident) on trouve une couche de calcaire grossier qui repose sur le gneiss, et qui est rempli de pétrifications ou d'empreintes de. petits animaux marins à enveloppe calcaire, de la famille des Crinoïdes. Dans le tripoli (Podirschiefer), les masses les plus solides du schiste siliceux et du semi-opale (Saugschieferet Halbopal) sont situées dans la moitié supérieure, et les masses terreuses dans la moitié inférieure, souvent sans aucun ordre bien distinct, les Infusoires étant disposés presque horizontalement. L'observation attentive que je fis du schiste siliceux et du sémi-opale, dont j'ai eu à ma disposition de nombreux échan- tillons, m’a conduit à ce résultat presque inattendu, que l’un et l'autre ont entre eux les plus grands rapports par les Infu- soires qu'ils renferment. Le Saugschiefer n’est évidemment, 30 raneNBenG. — Sur l’existence d’Infusoires fossiles: ainsi que me l’a fait voir lé microscope, qu’une roche à polir, dont les dépouilles d'Infusoires sont agglomérées par uné masse siliceuse amorphe, et en sont même remplies comme le test fos- silé de beaucoup de mollusques. C'est ce que prouvent sa pe- santeur spécifique et tous ses autres caractères. Dans les passa- ges successifs de cette roche au sémi-opale, 6n Voit'eommeént là masse siliceuse s’est accrue aux dépens des ‘enveloppes ‘des infusoires, ét comment les petites enveloppes ont diminué sous” le rapport du nombre et de la forme des contours! La formation da semi-opale dans la roche à polir et son mé- lange avec la masse de cette dernière, semblent avoir ‘eu lieu d’une manière insensible. Ayant examiné soigneusement sous le microscope les différens échantillons de sémi-opale de Bilin et de la vallée de Tiuschitz qui en est voisine, j'ai reconnu que tous ces échantillons , semblables quelquefois à la pierre à fusil sous le rapport dé la dureté, et donnant comme elle des étin- cellés, sont tantôt formés d’Infusoires réunis par une masse siliceuse transparente, et tantôt renferment seulement des indi- vidus isolées d'espèces plus grandes, comme sont les insectes dans l’ambre. Souvent même il est très facile de reconnaître, que les couches du tripoli (Polirschiefer) n’ont été altérées ni par leur mélange avec le schiste siliceux (Saugschiefer), dans lequel ilse ré- pand comme une masse siliceuse amorphe et comme'une espèce de ciment, ni par leur mélange avec le semi-opale ; maïs tout au plus par la dissolution de quelques-uns des’ Infusoires qu’elle renfermait, sans doute des espèces les plus petites, tandis qu’une autre partie, et surtout les plus grosses espèces, demeurèrent sans altération. Dans ces cas, les couches sont demeurées tout aussi distinctes qu’ellés l’étaiént auparavant dans le tri- poli et c’est ‘ce qui forme les ‘stries du semi-opale. Les ‘stries blanches et moins transparentes, sont le plus ordinairement des lamelles encore existantes d’Infusoires. On peut donc comparer la force dissolvante qui a agi sur les enveloppes siliceuses, à celle d’une goutte d’eau ou de vapeur sur une massé dé farine. Les portions atteintes en auront été’ pénétrées sans changer de place, dissoutes en partie peu-à-peu', ét changées en une masse opaline, ou bien la matière formatrice de l’opale ne rencontrant EHRENBERG. — Sur l'existence d’Infusoires fossiles. 31 aucun intervalle où elle pût pénétrer, s’est assimilée une portion plus ou moins grande de ces enveloppes siliceuses vides. La vé- ritable opale ligniforme dans laquelle la substance ligneuse s’est convertie en opale, porte à croire avec vraisemblance qu'une certaine masse d'opale aura remplacé cette substance, soluble dans l'humidité, tout en en conservant la forme. Le déplace- ment opéré par l’opale de la masse siliceuse qui remplissait l’in- tervalle des enveloppes d’Infusoires, n’est pas aussi évident ; maïs cependant cetteopinion paraît admissible, savoir que l’opale aura pu se former aux dépens des enveloppes siliceuses soit à l’aide de l’eau pure, soit à l’aide d’un autre dissolvant non acide, comme la pâte se forme de la farine. La pâte offre des raies avant d’être pétrie ; le semi-opale présente souvent aussi des raies formées par les Infusoires ; chacune de ces deux substances est également hydratée, | Les espèces isolées que renferme le semi-opale de Bilin et de la vallée dé Lusichtz, et qué nous ävons comparées, pour la dispo- sition,aux insectes de l’ambre jaune,sont : 1° Gai/lonella distans, 2 G. varians , à laquelle se rapportent surtout les gros indivi- dus, 3° G: férruginea, 4° des filamens siliceux de quelque éponge. La première est presque entièrement dissoute, et se présente quelquefois en masse prédominante avec les contours un peu effacés, quoique la substance qui. lui sert de gangue semble tout-à-fait vitrée. La deuxième se présente d’une ma- nière plus distincte, mais avec les contours effacés. La troi- sième, déjà obtenue quelquefois dans les échantillons de cou- leur jaune-brune (Ledergelben), ne peut être considérée, à cause de sa petitesse, comme une espèce bien déterminée. Quant à la dernière, qui se sera peut-être pb ii dans les parties humides du tripoli déjà formé, elle n’est pas sans. impor- tance à l'égard de la question de l'influence du feu souter- rain. Chauffé au rouge, cet opale jaune devenait rouge et se com- portait comme le fer ; la partie rouge se composait de filamens articulés de Gaillonella , il n'était donc pas possible que cette substance eût été déjà oxidée à air libre. Toutefois, la direction horizontale et régulière des couches de la roche à polir, qui sont peut-être autant de couches annuelles ou périodiques résul- « 3a ENRENBERG. — Sur l’existence d’Infusoires fossiles. tant de dépôts, est en faveur de l'influence du feu. D'ailleurs, la purification de toute la substance a pu se faire à l’aide des vapeurs chaudes, émanées de quelque volcan voisin, sans que la présence du feu ait été vraiment nécessaire. Ces composans organiques se sont montrés dans. le sémi- opale de Bilin, d’une manière qui n'est pas douteuse. Unestruc- ture très analogue, avec des formes organiques'très voisines, s’est aussi montrée dans le semi-opale de Champigny, dans celui de la Dolérite de Steinhen près Hanau , et dans celui de la forma- tion de serpentine de Kosemitz en Silésie. Les corps microsco- piques, et jamais plus gros, de forme distinctement .globu- leuse, renfermés dans le semi-opale de Kosemitz ou dans le pé- trosilex ( Hornstein ), et ressemblant entièrement à de la farine blanche, dont sont remplies les dépouilles fossiles, pourraient bien appartenir en partie au genre Pyæidicula encore vivant. Ils se comportent d’une toute autre manière que les petites co- lonnes de stalactite, qui forment les yeux ronds de l’Agathe. Il était naturel d’éprouver encore une fois le silex de la craie, que j'avais déjà étudié souvent. C'est ce que je fis avec plus de soin et aussi avec plus de succès. Les petits fragmens de silex noirs et pourvus de petits espaces transparent, ne me présen- . tèrent aucune trace distincte de corps microscopiques sembla- bles à des êtres organisés, mais on' en voit beaucoup dans les parties blanchâtres. ou jaunâtres, qui ne sont pas transpa- rentes. Les échantillons plus rares qui sont striés horizontale- ment, se comportent d’une manière presque analogue au sémi- opale strié. Ils renferment tousdes corps fusiformes ou globuleux, quelquefois pourvus d’une ouverture, et à peine visibles à l'œil nu, qui sont répandus isolément dans une masse transparente de silex. Quelquefois aussi ces derniers présentent comme le Gaillonella distans de Cassel, des stries qui vont en rayonnant du centre, lequel est percé, à la circonférence, et une enveloppe assez distinctement limitée. Les enveloppes d'apparence créta- cée et blanches du silex, ne font pas effervescence avec les aci- des, ainsi que je m'en suis assuré; ce n’est point de la craie, mais une terre siliceuse, non susceptible d'effervescence , et qui se comporte comme la croute d’un morceau de pâte, c'est- FHRENBERG. — Sur l'existence d’Infusoires fossiles. 33 à-dire qu’elle constitue cette couche de la farine siliceuse ( Xie- selmehl) (véritable matière organisée }, qui, dans la formation du silex, reçoit seulement à sa surface la partie liquide qui se dissout et qui se transforme, mais qui ne pénètre pas dans son intérieur. Il est par conséquent très probable .que, le silex pyromaque de la craie (Feuersteine) s'est formée d’une manière analogue au semi-opale du tripoli. Les parties siliceuses se se- ront fixées peu-à-peu à cause de leur poids, dans des en- droits particuliers, etauront ainsi formé une couche de farine siliceuse (Xiese/-Bergmehl) dans la craie, comme.on voit, dans les masses de décombres coupées perpendiculairement, ies objets d’une pesanteur inégale, le mortier, les débris de porcelaine, les os et autres semblables, disposés séparément en couches hori- zontales. Supposons maintenant la présence d'un fluide dissol- vant élastique ou disséminé en gouttelettes, ces masses se seront transformées alors en couches horizontales et auront donné lieu à des cavités qui ont déjà attiré d’une manière si spéciale l'attention des géologues, et dont quelques-unes présentent sou- vent la forme soit d’une holoturie, soit des coraux, mais dont le plus grand nombre se refusent à toute désignation spéciale, soit à cause de leur énorme volume, soit à cause de leur forme abso- lument indéterminée. Je présenterai dans un prochain Mémoire de peu d’étendue(1), quelquesautres faits nouveaux sur l’arrange- ment microscopique et très régulier de la craie et de la terre à porcelaine. On trouve surtout très distinctement dans le Méni- lite la structure en masse d’une substance qui s’y est répandue et qui ne présente presque aucune cavité dans son intérieur, sans que pour cela les couches de la masse principale aient été dérangées. J'arrive enfin à l’examen de l’opale précieuse ( £delopal\) de Kaschau. Dans quelques fragmens , tant de l’opale serpentine très commune de Kosemitz que dans l’opale porphyre de Kas- chan, j'ai trouvé pareillement des corps ronds qui y étaient ren- fermés, comme ceux du silex mentionné plus haut, mais la plus (3) Dans le 9° cahier du journal de Poggendorff, 1836. VII. Zooz. — Janvier, 3 34 EnRenBerc. —Sur l'existence d’Infusoires fossiles. grande partie de la masse était homogène à l'intérieur. Je re- cherchaï donc quelle pouvait être la guangue de Fopale pré- cieuse (Ædelopal\, et je trouvai qu'une masse pyriteuse (Séein- markartige-Masse) en enveloppe toujours ‘immédiatement les masses. Cette pyrite de Kaschan présente sous le microscope ue grande ressemblance avec le Gaillonella distans, comme c’est aussi le cas du Saugschiefer de Bilin:- Ces caractères si frappans de première formation, m'ontengagé à répéter souvent ces recherches et d’autres semblables, et à les exposer en pu- blic, plutôt que de les passer sous silence; je continuerai par la suite mes expériences et mes études sur ce sujet, et j'en pré- senterai les résultats, soit qu'ils doivent nous ouvrir une voie nouvelle ; soit qu ils nous aient déja appris tout ce que nous Porto ol savoir. BEN ‘Plus cet axiôme, en partie suranné et dy ér à nouveau , ‘Omnis Calx'e vermibus ; omnis Silex à vermibus; omne Ferrum è vermibus, semble pouvoir acquérir de vraisemblance, plus ilest nécessaire de répéter des expériences exactes (ce qui n’est cer- tainement pas l'affaire d’un jour) pour séparer les faits de la théorie.et pour dégiger les premiers des nuages qui les voilent, ce qui nous mettra ainsi en état d'atteindre, autant que pos- sible, par des observations soigneuses, les limites probables “be la nature leur a post Péri les faits les plus avérés jusqu'ici, on peut FAPASE les :Suivans.,, SAVOIr : Que 1° le Bergmehl; 2° le dépôt siliceux (Krerelguhr), l'un -et l’autre dé formation tertiaire; 3° le tripoli ( Polirschiefer }; 4° le Sangchiefer; 5° l'Albopal de Tripoli, tous trois de forma- tion tertiaire, se composent, en tout ouen partie, de débris -des enveloppes d’infusoires; De plüs, que d’autres espèces minérales se comportent très probablement de la même manière; telles sont les suivantes : : 6° Le Semi-opale de la dolérite; 5° l'Opale précieux du por- phyre; 8° le Silex de la craie, tous trois de formation secon- daire et primaire; 9° la terre jaune (Gelberde); ro° le minerai P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 35 de fer limonéux (Reseneisenstein); 11° certaines espèces de py- rites (Steinmark) (r), tous trois de formation récente. Etudes pour servir à l’histoire naturelle des Myriapodes, Par M. P. Gervais. De toutes les parties de l’'Entomologie, celle qui s'occupe de l'histoire naturelle des Myriapodes paraîtra, sans contredit, la moins avancée , si l’on s’en rapporte au peu de détails que les ouvrages les mieux famés renferment sur ces animaux remar- quables; les Myriapodes, en effet, ont été étudiés avec moins de succès , et surtout avec moins de suite, que beaucoup d’au- tres groupes d'animaux articulés; mais ils ont cependant donné lieu à plusieurs travaux intéressans, et qui méritaient certaine- ment qu’on en fit plus de cas. Beaucoup de ces travaux répan- dus, ilest vrai, dans des recueils ou des ouvrages assez variés, ont été, néanmoins, passés sous silence ou fort incomplètement énumérés par des personnes que leur titre de monographes aurait pu faire croire moins superficielles; et il est à remarquer, d'autre part, que les savans qui ont eux-mêmes apporté d’utiles matériaux par la myriapodologie, ont le plus souvent négligé de faire savoir ce que leurs prédécesseurs avaient ps fait pour cette science. C'est ce que m'ont pas tardé à me faire sécunmitre les re- cherches que nécessitait la détermination de quelques espèces recueillies aux environs de notre capitale; car pour trouver le (1) L'étude d'un échantillon de pyrite, qué l’on à régardé jusqu'ici comme une roche nac- tique (Schwimmstein) (voy. la Géognosie de Klœden. 1834 , p. 30), m'a appris tout récemment que sa masse principale est formée des mêmes fuseaux siliceux d’éponges , et des petits globules (Infusoires ( Pyxidicules ), que la gangue siliceuse de la pyrite renferme si abondamment. Ces corps existent même aussi dans la poussière (Meh?) de l'enveloppe de la silice. Cette roche nac- tique se comporte d'ailleurs à l'égard de la silice comme le tripoli à l'égard du semi-opale; et appartient à la craie. . 3. 36 P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. nom d'un animal, même vulgaire, il faut souvent passer en revue bien des descriptions et compulser bien des ouvrages. L'histoire de la science est intimement liée à la rapidité de ses progrès, et dire ce qu'elle a acquis, c’est indiquer ce qui lui manque encore. Aussi ai-je pensé qu’il ne serait pas inutile de joindre, à quelques études sur les métamorphoses et les carac- tères spécifiques des Tules, des Scolopendres, étc., différentes données de bibliographie que j'ai dû nécessairement acquérir. On se rappellera toutefois que mon but n’a point été une sy- nonymie des Myriapodes, et que si j'ai fait connaître que cette partie de la science était moins pauvre qu’on ne l'avait géné- ralement supposé, j'ai pu ignorer ou bien omettre, à. cause de la nature de mon sujet, sn AE faits déjà publiés. J'indiquerai, dans un premier chapitre, les opinions diverses que les principaux zeologistes se sont faites des Myriapodes, en discutant, s’il se peut, les raisons sur lesquelles repose leur maniere de voir. Je passerai ensuite à la classification des ani- maux de ce groupe, et à l’'énumération des espèces indigènes ou exotiques que j'ai étudiées, en même temps que j'indiquerai leurs congénères déjà connues, et, dans un troisième chapitre, .je signalerai diverses particularités encore inédites de leurs mé- tamorphoses. CHAPITRE PREMIER. Les anciens auteurs, et parmi eux Aristote , frappés des rap- ‘ports évidens que les Mille-pieds ou Myriapodes présentent -dans leur forme extérieure avec les vers marins, et particuliè- rement avec les Néréides, les ont fréquemment comparés à ces animaux, et souvent même ils ont appliqué aux uns et aux autres le nom commun de Scolopendres, en les distinguant seulement par des épithètes tirées de la nature du milieu qu'ils habitent. Les naturalistes qui ont les premiers étudié les Naïs, autres animaux articulés qui semblent représenter dans nus eaux douces les Néréides des eaux salées, leur ont aussi donné le nom collectif de Scolopendres ou de Mille-pieds, et pour Trem- bley, le Naïs, nommé depuis Maïs proboscidea par Müller, est ‘ P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 37 le Mille-pieds à dard. Les Lules étaient par les anciens, comme ils le. sont par les modernes, rapprochés des Scolopendres ; et Aristote dit qu'ils constituent une autre forme de ces ani- maux. La classification linéenne a placé les Eules et les Scolupendres parmi les insectes aptères, et plus près des vers , qui commen- cent par. quelques èspèces apodes que d'aucun autre genre d'animaux; tontefois ils n’y forment pas, dans la catégorie des aptères , un groupe séparé des autres animaux de cette section. Geoffroy et delGeer, célèbres par leurs observations, qui n’ont trouvé jusqu'ici que des admirateurs, placèrent dans leur sys- tème.entomologique les deux genres que je viens de citer, après tous les autres articulés, pourvus de pattes, dont ils avaient eu connaissance, Fabricius (1793) (1) les a rangés dans la sixième classe de sesinsectes, etil les réunit aux Cloportes, qui forment. le troisième genre Oniscus, en les appelant du nom commun de Mitosata; c’est entre les Libellules (4donata) et les Arachnides ‘ou Octopodes (urogata) qu'il place ses Mitosates. Les Glomeris, dans sa méthode, font partie du même genre que les Cloportes, . mais ils ne tardèrent pas à en être séparés pour être relégués, par Olivier (1792) (2), dans le groupe de Crustacés. récem- ment distingués par Lamarck. Latreille, adoptant cette elassi- - fication , rapporte les Myriapodes à la classe des Arachnides, et, ainsi que Lamarck, il les y laisse avec les Thysanoures, associant : ainsi, dans un même groupe, des animaux qui appartiennent, sans aucun doute, à trois classes différentes. Le même savant (3) . ‘établit trois genres particuliers pour les trois sections indiquées . par Olivier dans le genre des Iules. Leach (1814).(4) revient'à, la manière de voir de Fabricius, en admettant pour les Myria- podes ( Mitosata Maj: parte, Fabric.) une classe particulière qu'il rapproche, d’une part, des Crustacés terminés par les Armadilles, et de l’autre des Arachnides, à la tête desquels on (1) Entomologia systematica, II. (2) Encyclop. méthod. Insectes. t. vrr, p: 412, art. Zule, (3) Hist. des insectes, 1804. : (4) Linn. trans. 1.17, p. 336, et Zool. Miscell. mi. 38 P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. distingue les Nymphons et autres, dont les rapports avec les Géophiles ne sont pas très évidens. Leach décrit parmi les Jules plusieurs espèces d’Angleterre; il distingue le genre Craspédo- some voisin des Polydèsmes; et en même temps qu’il admet, sous le nom de Cermatia Illig. le genre proposé par Lamarck sous celui de Scutigera pour le Scolopendra araneoïdes , il caractérise, aux dépens des Scolopendra, les genres : Cryp- tops, Lithobius et Geophilus ; qui doivent cértainement être adoptés : le travail de: Leach est le meilleur que Fon-ait sur les Myriapodes, M:dé Blainville : (r) fait aussi des Myriapodes une classe particulière, mais ilest plus heureux que ses prédé- cesseurs dans la position qu'il assigne à ces animaux. Recon- naissant à-la-fois leurs rapports avec les Crustacés à quatorze pattes, et les Annélides à soies ou Chétopodes, il les place entre ces deux classes d'animaux qu'ils semblent lier; plus tard, M. de Blainville ‘aperçut, dans le singulier genre Peripatus de Guil- ding, un/nouveau point de transition entre les Myriapodes et les Chétopodes, et dans un de ses cours de la Faculté des Sciences, il établit pour les Péripates, dont il a étudié une se- conde espèce (Perip. brevis Blainv.; du Cap (2), une nouvelle classe sous le nom de Malacopodes. Latreille(3),reconnaissantensuite, avec MM. pli étde Blain- ville, que les Thysanoures sont de véritables insectes, en rappro- che les Myriapodes, et considère ces derniers comme formant (x) Bulletin de la Société Philomatique, 1816, p, 123. (2) M. de Blainville a bien voulu m'en communiquer la description suivante extraite d’un mémoire manuscrit depuis plusieurs années. « Corps subfusiforme pourru de quatorze paire paltes, noir velouté en dessus, blan- châtre en dessous ; longueur totale en comprenant les antennes, 43 mill; plus grande largeur, 4 mill. Animal terrestre recueilli par M. Goudot pendant une excursion à la montagne de la Table (Cap de Bonne-Espérance), et trouvé sous une pierre dans une localité ombragée. Les Péripates seront placés après les Myriapodes et à la tête des Entomozoaires que l’on a nommés. Annélides ; il faut sans doute rapporter à leur groupe un animal dont il est question dans une lettre adressée de San-Carlos de Chiloe (Chili) à M. de Blainville par M. Gay, et que ce dernier appelle provisoirement Venilia Blainvillei, Ce Péripate a 19 paires de pattes; il est également terrestre et vit au milieu des bois et sous les troncs d’arbresipourris: Le P, séuliformisia été ob- servé aux îles Caraïbes par M. Guilding ; M. Mac-Leay l’a trouvé à Cuba, et MM. Audouin et Edwards en ont étudié un individu rapporté de la Guyane par M. Lacordaire. » (3) Règne anim. par G. Guvier, L 14, 1819: RP. GERVAIS, — Sur les Myriapodes. 39 le premier ordre dans la classe même des insectes; les Glomeris sont dès-lorsséparés des Cloportes, que Fabricius et Latreille lui- même;dansses premiers ouvrages,avaitregardé comme leurs con génères, par les Arächnides etune partie des Crustacés. En 1 825:il a formé, avec les Myriapodes, une classe à part; mais.en leur reconnaissant les mêmes affinités ou au moins celles qu'il leur suppose avec les Thysanoures, car il dit, en 1832, (1): « Ainsi les Machiles seraient des Thysanoures pourvus de onze paires de pattes, dont trois thoraciques et complètes et neuf ventrales ourudimentaires. Ces insectes doivent donc, en,série naturelle, venir immédiatement après les Myriapodes. » M; Straus, dans son;savant ouvrage (2), reconnaît les affinités des Myriapodes avec les Annélides, et pour lui le Pollyxenus est le genre le plus voisin de ces animaux; c’est surtout des: Léo- dices qu'il lui semble serapprocher.M.Straus admet qu'un genre inconnu doit exister, qui formera,un nouveau chainon entre les deux classes (3); il'trouve.de même que Latreille et que M. Du- gès (4) depuis lui, que les Myriapodes ont aussi des rapports avec les Thysanoures. Ajoutons que plusieurs autres naturalistes ont encore étudié les Myriapodes, mais sans apporter aucun fait nouveau capable d’infirmer ou de détruire l'opinion que chaque auteur s’est faite deleurs affinités. On doit surtout citer M.E.T. Gray et M. Brandt: le premier a distingué (1832) dans les figures de l'animal King- dom de Griffith, pl. 133, mais non décrit, un nouveau genre de Glomeris, qu'il appelle Zephronia, et un autre genre de lules aplatis sous le: nom de Cambala. M. Brandt (5) ne s’est également occupé que des animaux du même ordre. Il a donné uue monographie des Glomeris, et une autre moins étendue pour les Iules et les polydesmes. Nous citerons dans notre deuxième (1) Nouvelles Annales du Muséum, I, 175. (2) Cousidérations générales sur l'anatomie des animaux articulés , introduct., p. 16. (3) On peut dire que ce genre est celui des Péripates cité plus haut; mais le Péripate qui se vapproche sans contredit des Léodices et de quelques autres Chétopodes à deux antennes, pa- raît plus voisin.des Scolopendres, que des Polyxènes et même que des Iules. (4) Mém. sur les. conformités organiques de l'échelle auimale, in-4°, 1832. (5) Bull. Soc. nat., Moscou, t. vi, p. 194. 4o P. GFRVAIS. — Sur les Myriapodes. chapitre les intéressantes espèces dont on doit la distinction à cesavant. M. Risso (1) avait aussi décrit quelques Myriapodes de la France méridionale, et beaucoup d'auteurs que nous cite- rons ont aussi parlé d'animaux de cette classe provenant de diverses localités. CHAPITRE II. Classe des MyrrAPoDEs, Myriapoda. ” Entomozoa pedibus articulatis, utrinque r2 et amplius; seg- mentis utrinquè uni vel bipedigeris; antennis duabus; oculis gregatis,stemmatiformibus, nullis ve; ætate in nonnullis numero variant segmenta corporis, pedesque, antennarum articuli , ‘et oculi pariter. Animalia terrestria, tracheis pro respiratione prædita; Crus- taceis tetradecapodis et Annelidibus intermedia. _* Myriapoda sic disposita vellem : priora Oniscis maxime affi- mia, posterioraque Chetopodis et Peripatis. | Ordol. Iozus Lion. Myrrar. CHiILOGNATHA Latr. Internoscuntur antennis septem articulatis ; segmentis que sæpius utrinque - bipedigeris. Fami, I. { Pedes utrinque 12. ; oculi gregali, Pollyzenus, Latr., Oniscoïdea. | Oculi gregati, : Zephronia, Gray. / Pedes utrinque 17—20. : Oculi seriati, Glomeris, Latr. Pedes utrinque 31, Oculi nulli, Polydesmus, Latr. Oculi nulli, Blaniulus, Gery. Fame. II. Corpus cylindii- cum. Oculi gregati, Zulus, Linn. \ Zuloidea. Oculi gregati, Craspedosoma, Leach. Pedes utrinque À Corpus depres-{ Oculi 3-3,seriali, Platyulus, Gerv. 40 et am- sum. plius. Oculi nulli . Cambala, Gray. (r) Hist. nat, de l’Europe mérid., v, p. 147. P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 4 Ordo II. ScocopexprA Linn. MyriaP. CiLopopaA Latr. Distincta antennis articulis 14, et ultra ; segmentis complanatis, unipedigeris. liformib ca Filiformibus } Fam. L. 3 longissimis. Scutigeridea. sessssssssssessossessss.. Scutigera, Lamk. Antennis | ri Fe IL. /30-ad 4o articulatis $ pedibus Zithobius, Leach. Monilifor- utrinque 15. mibus. | Scolopen- à | 17-ad 20 artic. pedibus utrinque Scolopendra, Linn. droidea. E a1; oculis. 4. È Id, oculis nullis. Cryptops, Leach. < J14-artic. pedib. numerosis oculis inconspicuis. Geophilus, Leach. SL Chiloguatorum ordo. Familia L Oniscoibea, Oniscoïdes. Genus I POLLYXENUS, PoLLyxÈne. Corpus depressum, articulis submollibus , penicillatis ; pedes utrinque 12; oculi capitis adlatera utrinque in cumulum gregati. 1. P. queur-pe-11èvre, P. lagurus. lulus lagurus. lule à queue en pin- ceau, De Geer mém. vu, p. 571, pl. 36, fig. 1-8 jun. et adult.; Scolopendre à queue eu pinceau, Geoff, 11, 227, pl. 22, f, 4; Pol. lagurus Latreilie, Hist. nat. Ins. t. vu, p. 80. Leach , Zool. mise. tab. 13£. (Europa.) 2. P. rascicuzé, P. fasciculatus. Say, Journ. Ac. Sc, nat. Philadelphia , t. 11. part. 1, p.112; id. OEuv. entom. edente Lequien, t. 1, p. 20. (America.) Genus II. GLOMERIS, GLoneais. Corpus articulis, capite incluso, 13, semi-cylindraceis, supra 42 p. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. et lateraliter crustaceis , infrà sub-crustaceis; pedes utrinque17, oculi 8, in quovi latere capitis per lineam dispositi. 1. GL pusruté, G. pustulata. — Oniscus pustulatus Fabr. entom. syst. 11,. 396. (Germania.) 2. GL. raAcHETÉ, G. guttata. Risso, Eur. mérid. v, 148, sp. 3. (Gallia austr.) 3. Gi. Klugii Brandt. prodromus sp. 1, Bull. Moscou vr, 125 ; edit. gall. s, 284. (Egyptus, Syria.) 4. Gl:tétrasticha Brandt, loc. cit. sp. 6. (Germania.) 5: Glquadripunctata Brandt, Loc cit. sp. 9. (Éuropa austrälis.) 6. Gl. Hexasticha Brandt. ibid. sp. 10. (Europa.) 7e Gl. lepida Eichwald, zool. specialis part. 2. p. 123. (Podolia australis.) 8. GL. MARGINE, G2. marginata.—-Onisc. marg. Will. entom. 1v, 187. tab. 11. Ê. 15, Jul. margin. Olivier, Encycl. métho. vur. 414,5; Gl. marginata Leach. zoo. mise. 111, 32. pl. 132. (Europa.) 9--GL. s0RDÉ, G. limbata. — Jul. limb. Oliv. Encycl. méth. vu, #14, 6. (Gallia.) 10. GL. cHATAIN, G. castanea Risso, Eur. mérid. v, 148, 2. (Gall. austr.) 11. GL. annulata Brandt, loc. cit. sp. 5. (Gall. austr., Italia.) 12. Gl. nobilis Koch. Deutschland Crustaceen, Myriap. etc. fasc. 4. tab. 1. (Allemagne). Glom. rmarginatæ varietas ? 13. Gl. transalpina Koch, ibid. tab. 2; (Germania) ; Sad species va rietas ? 14. GL. MaRBRÉ, G. marmorea, — Jul, marmoreus ; Oliv. Encycl. méthod - vir, 414, 7. (Gallia. ) 15. GL. marmorata Brandt, prodr. sp. 4. (Allemagne.) non cet a prece- dente? 16. Gz. rLoM£É, G. plumbea. — Jul, plumbeus. Oliy. loc. cit. sp 3. In maribus organa RE Ru An post pedes extremos adfixa vidi,. Genus III, ZEPHRONIA , Z:PHRONæ&. | Segmenta glomeridum sed capite incluso 14; pedes utrinque 20 circiter; oculi plurimi, in cumulum capitis utrique later! gregati. 1. Zeph. ovalis T.E; Gray, Anim. Kingdem. insect, pl. 135. £. 5. (Patria ?) 2. Zeph. rotundata, Sphærotherium rotundatum Brandt, Prodromus p- 198. sp. 1 ; édit, gallic. p. 296. (Caput Bonæ-Spei.) P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 43 3. Zeph. compressa, Sph. compressum Brandt, loc. cit. sp. 2. (Caput Bonæ- Spei. po" Lichtenstein, Sph. Licht, Brandt, ibid, sp. 3. (Caput Bonx-Spei.) 5. Zeph. punciata, Sph. punctatum, Brandt, ibid. sp. 4. (Patria ?) 6. Zeph. elongata, Sph. elongaium , nes ibid. sp. 5. Se Bonæ- Spei.) qi Zeph. Javanica Guér. Meneer: Règn. anim, insect., pl. 1, f. 1, ined. (Java.) 8. Zeph. testacen)| Jui.’ pou») oué Encyd method. vit, 414, sp. 2. (Madagascar) 9. Zeph: Hercules; tronent Hercul. Brandt. monog. Bull. Moscou vi. p. 200. sp. 1; edit. gallic. p. 288. (Patria ignota.) 10. Zeph. insignis, Sphær, ins. Brandt. ibid. sp. 2. (Java.) Familia IT. IurorvErA, Zuloides. Segmenta corporis 21 et amplius, coriacea, cylindrica, de- pressa, vel marginata; pedes numerosa, utrinque 30 et ultra. Genus IV. POLYDÈME, Porvprsarüs. (1) Corpus formà variabile, lateraliter plus minus carinatum, segmentis 21 (primo cepbalico; secundo vel nuchæ clypeiformi, tribus postes utrinque unipedatis, 14 bipedigeris, duobusque posterioribus, quorum ultimum anale, apodis); pedes utrin- que 31; oculi nulli. A.— Polydesmi glomeridiformes. 1. P. runs, P. scaber Perti, apud Spix. et Mart. Hist. nat. Brés. ins. tab. 40.f. (Brasilia) 2. P. zËpré, P. zebratus Gervais, Ann. Soc. Entomol. France. v. 370. (Brasilia) . a 3. P. varcinten, P. virginensis. Jul. virgin. Drury n1, 393; J. tridenta- tus Fabr. Entom. syst. xx, 393 > Polyd. “ie P. Beauv. ins: d’Afr. et d'Am. Aptère. pl. 1v. f. 5; Fontaria ii + E. Gray, Anim. Kiogd. insect. pl. 135. £. 1: (Carolina.) #° Huic speciei (P. granuloso que par ogg in figura dedit Pal: Beau- # PH # à (1) De hoc genere amplius nuncupavi in zoologico repertorié : Annales de la Société entemo - logique de France, 1. v ; p. 273 et 560. L 44 P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. vois, nec E. Gray, quod ad naturam confirmare vel infirmare non mihi: datnm est; accurata descriptio desideratur. 4. P. cranureux, P. granulosus Pal. Beauvois, loc. cit, p. 156. f. 4. (Guinea.) B. — Polydesmi propriè dicti. 5. P. apcari, P. complanatus. Jul. compl. Linn. syst. nat: 11, 1065; 4 ; Scolopendre à 60 pattes, Geoff. 11, 675, 2; Jul. compl. De Geer. vu, 586, pl. 36, £. 23-26, Polyd. compl. Latreille, nouv. diet. Leach., zool. mise. zur, 37, tab. 135. (Europa.) 6. P. pranème, P, diadema Gerv. Ann: Soc. Entom, T. ” Bulletin. (Gibraltar, Rambur.) 7. P. nENTELÉ, P. dentatus. Jul. doriituss Oliv. Ragpol: méthod. Vu, 419. sp. 20 (Cayenna.) 8. P. roucrarrt, P. rubescens Gerv. Ann. Soc. Entomol. v, 379. (Bra- silia.) 9. P. pe Brainvizzr, P. Blaïnvillei Eydoux et Gerv. Ann. Soc. Entom. v; 3793 ibid. 560, (Barbaria, Egyptus.) | 10. P. ccasre, P. glabratus Perty, loc. cit. p. pl: 40. f. 7. (Brasilia.} 11. P. racmerté, P. conspersus. Perty, ibid. f. 8 (Brasilia.) 12. P. MARGARIMIFÈRE, P. margaritiferus Eyd. et Far: Ann. Soc. Entom. v, 379. (Manilla.) C. — Polydesmi iuloides: 13. P. pazxiPÈoe, P. pallipes. Jul. pallipes, Oliv. Encyct. method. vi, 414. sp. 12; Polyd. pallip. Gerv. Mag. zool. 1835. cl. vu, n. 153. p. 11 ; Guerin Iconogr. insectes pl. 1, f. 2, ined. (Gallia centralis.) 14, P. pe Gurrin, P. Guerini Gerv. Ann. Soc. Entomol. v, 560. (Ma- dera.) 15. P. stigmatosus. — Jul. stigm. Eichw. z0ol. special, part. 2. p. 121; Strongylosoma iuloides Brandt, Bull. Moscou vr. p. 205. ( Lithua- nia, Volhynia. ) 16. P. cyriprique , P. cylindraceus Gerxv. Ann. Soc. Entomol. t. vz. (Barbaria.) 17. P. depressus, Jul. depressus Fabr. Entom. syst. 11, 393. (India ) 18. P. stigma. — Jul. stigma Fabr. ibid. p. 304. (Tranquebar.) 19. P. rugulosus Eschscholtz, Mém. Soc. Imp. nat. Moscou vi, 112, 3. (Brasilia.) 20. P, lateralis Eschsch. ibid, sp. 4. (Insula Guam.) 21, P. granulatus Say, Journ. Acad. Sc. nat. Philad, t. 11. part. 1. p. 107; id. OEuv. Entom. edente Lequien, 1, p. 20. (Pensylvania.) 22. P. serratus Say, Journ. ibid. p. 106 ; id. œuv. entom. 1, p. 19. (Awer. septentr.) , g: P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 45 -23tet24. Sunt adhuc species duæ, -mihi figura Grayi cognotæ ; nulla data est descriptio? P, elegans, Gray loc, cit, pl. 195. € 6, et P. Leachii id. ibid, f, 3. Genus V. BLANIULUS, BLanIULrs. ‘Corpus pedesque numerosi iulorum (vide inferits); oculi, “etiam in adultis , inconspicui. 1. B. curruré, B. guttulatus.— Jul. gutt. Bosc. Bull. Sc. Soc. Philomat. 1792, p. 10 ; Fabric. syst. entom. syst. suppl. p. 289; J. pulchellus, Leach. Linn. trans. x1 3799; Z. fragarius Lamk. Anim. s. vert. v. t. 36. (Gallia, Britannia.) Hoc genus distinxi, anno 1836, in notà philomaticæ societati pariensiensi ‘communicata; oculis nullis polydesmos memorat, jungitque [ulis quo- rum corpus et pedes babet ; unica species noscitur, circà Lutetiam non infrequers. Genus VI IULUS, Iuzes. ‘Corpus articulis numerosis (4o et ultra) cylindraceis, late- raliter non carinatis; pedes numerosissimi; oculi distincti, gre- gati. A. — Articulis plus minusve longitudinaliter sériatis, penè-ultimo non mu- cronato. | 1. Ï. pe Decaisne, Z. Decaisneus N. sp. Blaniulo guttulato fo:ma similli- mus, sed colore paululum fuscescente, maculis lateralibus punctiformi- bus rubro-violaceis ; oculis distinctis nigris. Hab. Lutetiæ. Unicum specimen reperi, cujus figuram serius dabo. 2. [. Lucrrucr, Z. lucifugus N. sp. I. corpore, anterius præsertim, crasso, albicante, iu non nullis,vix Jutes- cente; maculis laterum virguliformibus ferrugineo-rubris; oculis ni- gris in triangulum per lineas gradatas congregatis. Hab. Lutetiæ. 1n Museo pariensi abundat. puparum in tabnla nostra (pl:1v B.) formam delineavi, et Adultorum iconem in Magasin zoologique mox videbitur, cum accuratiore descriptione. 3. Lixoren, Z. indus Linn, syst. nat. — De Gcer, vu, 588, pl. 43, f. 7- g; mon Pal. Beauv. Ins, d’Afr. et d'Am. Apt. p. 154, pl 1v, f. 2. (India.) S , 4. T. Borra, £. Borta Nov. sp. I. Boveano affinis, sed, dimidio minor, differt segmentis ad basin non 46 P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes.. cireulatim, etiam tenuissimè, striatis, articulo anali villosulo, pedibus utrinque circiter 118, subvillosis. ( Asia PA Noise Ægyptus, Abissynia.) 5. I. Boværx, Z. Boveanus. T. corpore longissimo, pedibus utrinque 125, subvillosis ; articulorum dimidiäâ anteriore læviter circulatim lineolatâ; articulo anali glabro longitudo o,’08. (Ægyptus.) 6. Ï. pes sevcneLces, I. Seychellarum.— ul. insularum Seychellarum, Desjardins, Ann. Soc. Entomol. franc. 1v, 171; id. proceedings zool. Soc. London, 1835, p. 206. (Insula Mauritania.) B. — Seumentis longitudinaliter striatis ; penè-ultimo mucronato. 7. L. verresrRe, Z. terrestris Linn, syst. edit. x, p. 635, sp.3 ; Iule à deux cents pattes, Geoff. 11, 679, 1 ; Zul. terrestris Oliv. Éièrel. méthod. vi, #15, sp. 10. (Europa.) 8. I. pes sagces, 1. sabulosus Linn. syst. nat. édit. x, p. 640, 5; Z. à 240 pattes Geoff. 11, 679 2; I. fasciatus De Geer vu, 578, pl. 36, f. 6-15 (Adult.) et fig. 16-22 (ova et pupæ); Z. sab. Oliv. Encycl. méth. vu, 415, sp. 11. (Europa.) 9. I. Lonpinien, Z. londinensis Leach, trans. Linn. Soc. xr, 3783 id. Zool. misc. 111, 33, tab. 133. (Anglia.) 10. I. nor, I. niger Leach, Zool. misc. nr, 34. (Anglia.) 11. Î. Des ARBRES, L. arboreus Latreille, Hist. nat. des Crustacés et des Ins. vit, 75. (Gallia.) 12. L. poinrirsé, Z. punctatus Leach trans. Linn. Soc. xt. 379 ; Zool. id. misc. 111, 34. (Anglia.) 13. I: micnon, Z. pusillus Leach, trans. ag ibid.; ét Zool. misc. p. 35. (Britannia.) 14. T. INCARNAT, Z. aimatopodus Fo Eur, mérid. v, 160, sp. 5. (Gallia meridionalis.) 15. I. anneré. Z. annulatus Risso ibid. sp. 6. (Gallia merid.) 16. I. monstre, Z. modestus Risso ibid. p. 150. (Gallia merid.) 17. L..:NOIRATRE, Z. piceus Risso ibid. (Gallia mérid.) 18. I. COMMUN, /. communis Savi, Opusc. scientif. 1, 321; Bull. Sc. nat. 1823, 1v, 330. (Italia) | 19. L rérine, L. fætidus Savi, ibid. (Talia.) : Obsery. Non satis accuratè descriptæ fuerunt hæ species, nec erant sat nume- rosæ quas ad naturam observavi, quam ut illarum naturalem suscipiam disposi- tionem; oculis, rugis, mucronibus, pedibus studere oportet. Non nullas addam species quarum nequidem net indicare valeo. 20. 21. 22. 23. 24, 25. 26. 27. P, GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 47 L. AmMERICANUS Pal. Beauv. [ns. d’Afr. et d’Am. p. 155. Aptères, pl. vr, f. 3. ( I. Beauvoisit; — 7. indus Beauvois loc. cit. p. 154, f. 2, exclusa syno- nymia (Hispaniola.) L. resnivus, Perty apud Sp: et Mart. Ins. pl. 40, f. 10. (Brasilia.) L. varws! Fabr, Entomol. Syst. 31, 394. (Italia.) I. crassus, Linn. Syst, nat. ; Fabr. ibid. sp. 7. (Asia.) I. carnirex. Fabricius. ibid. p. 395. (Tranquebaria.) I. ruscus, Fabr. ibid. sp. 12. ([ndia.) L maxmus, Fabr. ibid. p. 396. - ? naturalist’s Miscellany t. 1, pl. 48. (America.) : 28. I. Rurssrris Guldenstedt, Lin. 1. 295. 29. 30. 81. 32. 33. 34. Sequentium accuratiorem descriptionem et figuras promisit C1. Brandt. Srmosorus Orrersir, Brandt, Bull. Moscou vi, p. 202, sp. 1 ; edente Lequien. 1, p. 290. (Brasilia.) Sp. Bungii, id. ibid. sp. 2. (Chiua.) Spirotreptus Sebæ.— Seba thes. tab. 87, f. 5 ; Brandt, loc. cit. p. 203. sp. 1. (Patria ?) Spirot. Audouini Brandt, ibid. sp. 2. (Patria?) Spiropœus Fischeri, Brandt, ibid. (Patria ?) Spirocyclistus acutangulus Brandt, ibid. Ignotüm mihi transivi genus Rissoi Callipum (Callipus Æissontus, Leach. in Risso, Eur. merid. v, p. 151. (Gallia australis). Genus VII. CRASPEDOSOMA, CRASPEDOSOME. Corpus lineare, depressum, segmentis sicut in Julis nume- rosis, sed depressis,'nec cylindraceis; pedes numerosissimi; oculi distincti gregati. A. — Setigera. 1. Cr. ne Rawums, €. Hawlinsii Leach, British Cyclopedia suppl. 1, 430, pl. 22; id. Zool, mise. 1, 36, pl. 134, f. 1-5. (Britannia.) B. — Glabra. Ce. POLYDESMOIDE C. polydesmoide. Iul. polyd, Montagu Msc. : Craspedosoma polyd. Leach. Zool. misc. 1, 36, tab, 134; Risso, Eur. merid. v, 151. (Anglia, Gallia australis,) 1e) 3. Cr. Richü T, E. Gray. Anim. Kingdom Ins. pl. 135, f. 4. (Patria ?) 48 p. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. Genus VIIT. PLATYULUS, PLATYULE. lulorum pedes et segmenta numerosa, segmenta vero de- pressa; oculi in cumulum non gregati, sex tantum, per lineam duplicem capitis paginæ superiori, difficile distincti. 1. P.n’Aupouin, P. Audouinianus Gerv. Soc. Philom. décembre 1836. et Journ. Institut, 1836, p. 435. (Hab. prope Lutetiam.) Hocce animal prope Lutetiam (Meudon) collegi; reperit etiam ad Belle- vue, Profess. Audouin, cui dedicatumvolo. Platyulo accuratè studuit et hujus descriptionem icone illustratam perficit D. Audouin. Genus IX. CAMBALA, CamBaLaA. Platyulos oculis déstitutos, ex figura Grayi, récipere videtur ; descriptio mihi ignota, nondum data ? 1. GC. zacrarius T, E. Gray, Anim. Kingdom. Ins. pl. 135, fig. 2 (Patria ?) & IL. Ordo scolopendrarum, Familia III. ScuricEriveA , Scutigéridiens. Genus X. SCUTIGERA , ScuTIGÈrE, Antennæ longissimæ, setaceæ, filiformes; pedes utrinque 15, Jongiores; segmenta corporis supra 8, vix inæqualia, imbricata, infra 15, anali et cervicali exceptis; oculi reticulati. 1. SC. ARANEOIDE, S. araneoides. — Scolopendra coleoptrata Linn. syst. nat. edit. x, t. 11, 1062; scolop. Araneoïdes, Pal. spicil. Zool. fasc. 1x, tab. 4, f. 6; Cermatia lineata Illig. C. lineata Latr. nouv. dict. xxx, 446, C. araneoides Latr. genera p. 60. C. livida Leach, Zool. misc. in, 38, tab. 136; Scut. lineata Léon Dufour Ann. Sc. nat. 1, p. 92 pl: 5, f. 4-5 (anat. accur.) ; Cerm. variegata Risso Eur. merid. v, 153. (Europa, Africa borealis.) 2. SG. LONGICORNE, 5. longicornis.—Scolop. longic. Fabr, Entom. syst. 1, 393, 3. (Tranquebar.) - P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 49 3. So. venparre, 8. wirescens Latr. nouv. dict. xxx, 477, (Insul, Mauri- tiana.) ; 4. Sc.,..........,(Nova-Hollandia) de hac specie locutus est Latreille (nouv. dict. xxx, 447) sed neque nomen neque descriptionem dedit. Fossilem scutigeram in succino? reperit D. Berendt, ut mecum commu- nicavit CI. Audouin. % : Genus XI. LITHOBIUS, Larnonr. In adultis segmenta corporis 17, supra imbricata, inæqualia; pedes utrinque 15, postici longiores; antennæ moniliformes, subsetaceæ, articulis 20 ad 40, ætate variabilibus; oculi plurimi, gregati. | r. Lrra, À venaILuES, L. forcipatus. —Scol. forcipata Linn. Scolp. à 30 pattes, Geoff. 11; Sc. forcip. De Geer vu, 557, pl. 35, f. 12-16; Lith. forficatus Leach Zool. misc. 11, 39, tab. 137; Scol, forcip. Trevira- nus Zeitschrift für Physiolog. 11, p. 18. tab.1v-vi; nec non Duf. Ann. Sc. nat: 11, 82. pl. 5, f. 1-3. (anat. accur.) (Europa.) 2. Lith. vulgaris Leach, Zool. misc. ir, 40. (Anglia.) 3. Lith. variegatus Leach, ibid. (Anglia.) 4. Lith. longicornis Risso, Eur. merid. v, 154. (Gallia australis.) Specierum 2, 3 et 4 nullum specimen vidi, has que certas non credo. 5. Lrrm. nupicorxe, L. nudicornis Nov. sp. Lith. forcipato affinis, differt colore dilutiore, antennis que (circiter 42-articulatis) nudis nec pilosulis. (Sicilia.) Observ. Lithobiis cum ætate numero variant pedes, segmenta corporis, an- tennarum articula nec nen oculi, quod frequentissime confirmare potui ; pro ju- nioris habeo figuram Clar, Savignyo in splendidissimo opere (descrip. de l'Egypte Ins. Myriap. f. 3) inscriptam, cui, capitis in utroque latere, oculi solum quatuor adsunt. Lithobiorum pupas devidi duobus tantum tribus ve ocellis præditas, et omnibus noscuntar adultorum oculi numerosissimi (vide Treviranum, loc. cit. L. Dufourium etc.). Savignyanus Lithôbius antennis articula 20 præbet, quod est pariter junioris et cum sententiä meñ convenit. Genus XII. SCOLOPENDRA, ScOLOPENDRE, Segmenta corporis depressa, 23 capite incluso; oculi utrinque 4, stemmatiformes; forcipes seu pedes maxillares validi; pedes VII, Zoor, — Janvier, 4 Re P, GERVAIS. — Sur les Myriäpodes. utriique 21, pootici longiores, primo articulo spinuloso , an- tennæ setaceæ 17 ad 20- -arliculatæ, 1. Sc. vioLAcÉE, S. violacea Fabr. Entom, syst. suppl. p. STE Guerin Iconogr. insectes pl. 1, f. 7 ined. (Caput Bois de ) 2. Sc. rAUVE, S. fulva Now. sp. S. corpore dilutè fulvo ; pedum posticorum articulo primo supra plano, ibidem 4, infra 2-5 spinuloso. Long. corporis 0,029. (Sicilia, Al. Le- febvre.) 3. Sc. morpaNTE, S. morsicans.— Lion. syst. nat.; Vill. Entom. 1v, x1, 17-18; Scolopendre, Savigny, Egypte Myriap. f, 1; Sc. alternans LéachZool. imisc. It, p. 40,:tab. 130? Sc. complanata. Latreille, nouv.,dict. xxx, 393; Sc. cingulata id. Règ. anim, G. Cuvier 1v, 339. Sc. ferruginco-virescente tincta, segmentis complanatis, quadratis, an- tennis 20 aut rarius 18 articulatis ; pedibus posticis crassis, subbrevi- bus ; articulo primo intus 5 , infra 2-spinigeros longit. 2,90: (Europa meridionalis, Africa sept, Asia occidentalis:) :; 4. Sc. Harnie, S. äudax, nov. spi Scol. morsitans ares nouv. dict. xxx 393? exclusà synonymis : | A præcedente differt corpore Mende vix depresso, articulis angustioribus ; antennis. 18-articulatis;. pedibus posticis. lungioribus, vix depressis, articulé primo intus 3 etinfra, 2 spinigero ;\ Statura Sc. morsicantis. c nt 5. Sc. sunsrixrebor, S. subspinipes Leach, Linn, trans. x1, 383 ; id. Zool. misC. 111, #1. Sc. antennis 18-articulatis; -pedibus poster ioribus supra marginatis, com- planatis, intus 3-4, infra _2sspinigeris ; segmentis corporis, posteriori- bus præsertim, marginatis; long. it à 0,115; antenaarum 0,022, pedum post. 0,027. Sc. subspiniedi refero specimina a doct. F. Eydoux in itinere circa orbem terraruin collecta; sed quorum cet ae nescimus.. -6. Sc. ne Branor, $. Brandtiana.' -Sc. ferrugineo-flava , antennis a 18-articulatis ; pedibus posticis supra planis, primo erticulo plurispinuloso, EME AT 4 pOS*rema com- plicata; long. corp. 6,110, antennarum 6,020, pedum posticorum -0,023. ( Patria ?) 7. Sc. D'Expoux, Sc. Eydouxiana, nov. spec. (Sénégal.) 8. Sc. ne LA SacrA, 8. Sagræa.— Sc. morsitans Shaw., naturalists miscell. t. 1, pl. 9? Sc. Sagræa Guer. Voyage à Cuba FA M. de à Sagra , Entomol. msc. Sc. colore ferragineo, anténnis gracilibtis, elongatis, pedibus posticis cy+ P. GERVAIS.. — Sur les Myriapodes. br lindraccis, spinulis 20-25 circiter, spina extrema spinulis non nullis, minimis composita; longit. corporis in permagno specimine 0,144; anteunarüm 0,040 ; pedum postic 0,036. (Cuba.) Species : hujusce-generis adde : ge Se. trigonopoda Leach, Zool. misc. 1x, 41 (Patria ?) 10. Sc. gigas Leach, Linn. trans x1, 383; id. Zool. miscell, rx, 42 (Patria ?) 11. Sc. viridipes L. Dufour, Ann. gen. Sc. physiques, V1, 317 (Hispania.) 12. Sc. italica Koch, Deutschlands Crustac. myriap. etc. fase. 9, tab. 1. 13. Sc. marginata Say, journ, Ac. nat. Sc. Philad. 1, part. 1, p. 100; id. œuv. entomol. edente Lequien 1, 22. (Georgia amer., Floridia.) 140 Se diridis Say, Journ. ar à P. 110, id. œuv. entom. p. 23. (Ame- rica sept.) | An in eodem. genereadaumerandæ sunt?, 15. Sc. (innominata) Savigny, Egypte tab. myriap. f. 2. pedes utrinque 18 tantum præbet., . 16. Sc. gigantea Linn. syst. nat. edit. 2, p. 1063, sp. 4; Scol, maxima pe- dibus utrinque 36, Brown, jam. tab. 42, f. 4. (America.) Lit dé 8: férruginea Se. pedibus utrnqué 23, De Geer, vit, 568, tab. 43, f. 6. : 008 (Africa) 318. Sc. dorsalis Fabr. Entom. syst. mn, 391. (T fanquebaria.) 19. Sc. clypéata Fabr. ibid. (Tranquebaria.) Genus XIII. CRYPTOES, CRyPTOPS. Antennæ 17-articulatæ, pedes utrinque 213 posticis longio- ribus, non spinigeris ; oculi inconspicui. 4 COnipes'rAnRDINS, C: Aortensis Leach. Encycel. brit. suppl 1, 431, 22; id. Zool. misc. ux, 43, tab. 139. (Britaunia, Gallia.) © J'19} Cr, pe SAvVIGNY, C:Savignyt Leach, Zool. misc.1r, 42; Sc. germanica ( Koch, Deutschlands Grust: myriap:; ete. fase. 1x; n.'2; (Britannia, Germania, Gallia.) L: 3. Cn. uxarry, ©. hyalinus Say, ‘jourp. Acad. Sc? Philad: 11, p. m3 id. .) @uv.e om: 1,23. (Georgia:amer., Floridia orientalis.) : 4, On. sixsérmes} C:6-spinosus Say, journ. ibid. p, 1123 id. œuv.entom. 1, 24:(América sept, ) 5. Cr. PROLONGÉ, C. posticus Say, journ. ibid. p. 112; id., œuv. entom. 1, 24. (Georgia Floridia orientalis.): 4. 52 P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. Genus XIV. GEOPHILUS. GÉoPHILE. Corpus lineare, depressum; pédes numerosissimi,-utrinque 5o et ultra; segmenti extremi tentaculiformes, præcedentes magoitudine non superantes, inungues; antennæ 1/4-articula- tæ; oculi nulli. (1) A. — Forcipes validi, capite angusto, elongato non oblectæ; antennæ mo- noliformes, pilosæ, elongatulæ. G. maxillares. . G. FERRUGINEUXx, G. ferrugineus Koch, Deutschlands Crust, myriap., etc. fasciculo 3, n. 1 (Germania.) 2. G. MAxILLAIRE, G. maxilluris Nov. sp. G. subvillosus, antennis capiteque ‘ferrugineis; corpore dilute fulvo, pedes utrinque 46. (Hab. Lutetiæ, in regio museo sat frequens.) B. — Forcipes minus validi ; caput latius ; antennæ ‘variabiles. a ) — Antennæ moniliformes, capite ter longiores. G. longicornes. 3, G. £Lecrrique, G. electricus. — Sc. electrica, Linn.; Sc. fulva De Geer vu, 561, pl. 35, f. 17; G. longicornis Leach, trans. Linn. Soc. x1, 386; id. Zool. misc. nr, 45, tab. 140, f. 3-6;.9c. fulva Trev. Ver- mischt Schrift. 11, 33, tab. wir, f, 3-5 (Anat. accur.); Geop. electr. Koch. Deutschl. Crust. fasc. 3, n. 4; G. crassipes, id. ibid. n. 5 sexus alter? (Europa.) D.) — Antenne moniliformes capite circiter duplo longiores G. monili- cornes. À 4. G. simrce, G. sémplex Gerv. Mag. zool. cl. 1x, n. 133, p. 9 et pl. 137, f. 1 (1835); G. linearis Koch, loc. cit. fasc. 4, n..1. _. Belgia, Germania.) 5. G. RouGEATRE, G.-rubens Say, Journ. Ac. nat. Sc. Philad. tn, part. », P. 113 ; id. œuv. entomol. 1, 35. (America sept.) 6. G. corpornacr, G. corpophagus Leach, trans. Linn: «1, 384; Gerv. Mag. Zool. cl. ax, n. 133, p. 5 et 7. (Anglia, Gallia.) 7 G. SOUTERRAIN, G. subterraneus Leach, Linn.trans) «1, 385. (Anglia.) 8. G. acumixé, G. acuminatus Leach, Linn. trans. x1, 386; Koch, Dentschl. Crust. fasc. 9, n. 6 (1836). (Anglia, Germania.): (x) De Gevphilis, Leachiano genere, in Magasin de Zoologie cl.rx , n° 133 (1835) scripsi. P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. 53 9. G: MaurIME, G. maritimus Leach, ‘Zool. misc. pl. 140, f. 1-2. (An glia.) 10. G. ne Gasnrez, G. Gabrielis. Scol. Gabrielis Linn. syst. nat, Fabr, Entom. syst. 11, 392 ; Sc. semipedalis L. Dufour Ann. gen. Sc. phys. vi, 317, pl. 96, £. 8. (Europa meridionalis.) 1. G. ne Wazcxenarn, G. Walkenuerii Gerv. Mag. zool. cl. 1x, pl. 133, f.1, p. 8 (Gallia , Barbaria ?) C. — Antenne articulis inæqualibus, decrescentibus G. acuticornes. 12. G. lævigatus.—Crytops lævigatus, Brullé, Expéd. Sc. de Morée, Ins. p. 62, pl. 28, fig. 14; Geoph. læv. Gerv. Mag. Zool. cl. 1x, pl. 13, r f. 2, ex Brullé. (Græcia, Peninsula ibera.) 13. G. sizonNé, G. sulcatus.— Crytops Gabriélis Brullé , expéd. Sc, de Morée, ibid. p. 62, pl. 28, f. 2; exclusà synonymià. (Græcia.) 14. G. Bansaresque, G. barbaricus Gerv. Magas. zool. cl:1x, pl. 133, £. 3, p. 10. (Barbaria.) (5. G. pe Savieny, G. Savignyanus. — Scolopendre 4 27h, . Savigny, Egypte; Myriap. f. 4. (Ægyptus.) Sequentium accuratior descriptio necessaria videtur : 16. G: phosphorens Scolp. phosphorea, Linn., Gmel, syst. nat, 11, 1064, sp- 4 (Asia.) 17. :G: occidentalis; Scolop. occident. Linn. ibid. sp. 10. (America.) 18. G. angustatus Eschscholtz, Mém. Soc. Imp. Moscou, vi, 112; id. Bull. Sc: nat. vu, 267. (Insula Guam.) 19. -G. longissimus Risso , Eur. mérid. v, 155 ; (Gallia australis.) G. elec- tricus auct ? 20. G. attenuatus Say, Journ. Acad. nat. Sc. Philad. t, 2, part. 1, p. 113, 3; id. œuv. entom. 1, 26. (America sept.) CHAPITRE HI. Après avoir exposé les données auxquelles je suis présente- ment arrivé quant à la classification des Entomozoaires Myria- podes, et à la détermination spécifique de ceux de ces animaux qui vivent dans nos environs, je dois faire connaître différens points non moins curieux de leur histoire naturelle; je parlerai surtout des variations que ces animaux éprouvent avec l'age 54 P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. dans plusieurs de leurs organes. J'ai étudié principalement les Jules, et, parmi les Scolopendres, les deux Cas Lithobius et Geocphilus. $ L De Geer, voulant observer lés:mœurs du'lule commun par toute l’Europe, et que Linnæus avait nommé Julus sabulosus , conserva un de ces animaux dans un vase particulier, et obtint qu il y pondit plusieurs œufs. « Celui (le Tule ) dont je viens de donner la description, dit de Geer (vir, 582), était une fernelle, car elle pondit | un,grand nombre d'œufs d’un blanc sale, dans:la terre; près du fond du poudrier, où elle les avait placés en. un tas les unsauprès des autres; ils sont très petits et de figure.arrondie.. Je n’espérais pas voir des petits sortir.de ces-œufs, car ikétaitincertain si la mère avait été fécondée ou non. «Cependant après quelques jours, c'était le 1°* du mois d'août 1746, de chaque œuf il sortit un petit Jule blanc, qui n'avait pas: une: ligne de longueur. J'éxaminai d’abord. au.nricroscope les coques d’œufs vides, et je vis qu'elles s'étaient fendues en deuxportions égales, mais qui tenaient Ron ensemble vers le bas. « Ces! jeunes ils noüvellément éclos mé firent voir une chose à laquelle je ne m'attendais nullement: Je savais que les insectes de ce genre ne subissent pas de métamorphose, qu’ils né deviennent jamais des ‘insectes ailés, ainsi j'étais comme assuré que les jeunes devaient être semblables en figure, à la grandeur près, à leur mère, et, par conséquent, je croyais qu'ils étaient pourvus d'autant de païttés qu’elle; mais je vis toute autre chose : chacun d’eux n'avait en tout que six pattes qui com- posaient trois paires, ou dont il y avait trois de chaque côté du corps, etc. »(1) (x) Le même savant avait encore constaté que les Pollyxènes ont de même moins d'anneaux et de paires de pattes dans le jeune âge que dans. l'âge adulte. ” « Les Iules (Po/yxenus lagurus) de la troisième grandeur étaient encore plus petits que ceux à six paires de pattes; ils sont très courts et le’ dessus du corps est divisé ‘en trois an- AEGERVAIS: »— Sur les Myriapodes. 55 M. Paul Savi, s'est aussi occupé du développement des Iules; il. nomme, communis espèce qu’il a observée , et il la regarde comme distincte de toutes celles,qu’on avait décrites avant lui. Ce que-M,.Savi dit de plus remarquable sur ces animaux est en opposition.complète ayec les observations de «le Geer. En effet, A’après lui, les Iules sont complètement apodes et non pourvus de six,pattes lorsqu'ils.viennent au monde. M. Savi a:t-il bien observé? Je n’en veux pas douter, mais je ne crois pas qu’on puisse encore conclure de ses observations, que de Geer ait été dans l'erreur; le récit de ce dernier est trop circonstancié pour qu'il soit permis de le taxer d’inexactitude. Je n’ai pu malheu- reusement réussir a voir pondre et éclore les Iules que j'ai fré- quemment, recueillis; mais en étudiant ces animaux dans leur jeune âge, j'ai constaté, comme de Geer l'avait fait observer, que le, nombre des:anneaux (1), du, corps, celui des pattes et celui des articles des antennes augmentent à mesure que se fait le dé- veloppement.. C'est. en arrière. qu'apparaissent les. nouvelles pattes, mais jusqu'au complet développement, il reste encore dans. cette partie plusieurs anneaux apodes en avant de celui qui ‘présente l'anus.) Mais, uu fait plus remarquable, et dont ni de Géer,ni M. Savi ne font mention, c’est que les variations portent non-seulement les organes que je viens.de signaler, mais ‘encore. sur les yeux, qui sonteux-mêmes bien moins nombreux chez les jeunes que chez les adultes. Dans les lules parfaitement développés de l’espèce que j'ai le plus. étudiée, sous ce rapport, le Zulus, lucifusus, les Yeux qui apparaissent.sur chaque:côté de la tête comme une tache trian- gulaire d'an'noir profond, sont composés comme dans la figure ci- AIRE (pl. 4 B, fig. 3 < de DE ocelles S'RParÉe eux-mêmes “neaux ; dubis anneau a duaré sisi, aiñsi le corps pee l'insécte est géraiu en tout de douze “brosses; les: pinceaux de la queué sunt encore: plus déliés que ceux des lulés de la grandeur moyenne; et le nombre de leurs pattes est proportionné à leur grandeur ; ils n'en ont que truis aires.» De Geer, Mém. t. vi, p. 579, pl. xxm, f. 8, (+) Cette variation du nombre des anneaux des Tules que nous retrouverons chez quelques Myriapodes'encore , est un caractère qui suffirait à lui seul pour éloigner ces animaux des in- sectes Hexapodes auxquels on a voulu les réunir. On sait en effet que la fixité des segmens du corps de ces derniers, est un des faits les plus remarquables de leur histoire. (Voyez au sujet de cette fixité, Blainville, Bull. se. Soc. Philomatique de Paris.) 56 P. GERVAIS, — Sur les Myriapodes. en lignes parfaitement régulières , et d’une manière tout-à-fait géométrique. Le nombre de ces ocelles chez un jeune Iule qui n'avait éncore que quelques anneaux au corps, et sept paires de pattes, était de six seulement, ils étaient sur trois lignes et déjà disposés en un triangle équilatéral. La première ligne ne présen- tait qu'un seul ocelle , la seconde en avait deux et la suivante trois ainsi qu'on peut le voir pl. 4 B, fig. 3 b; chez un individu un peu plus âgé, une nouvelle rangée de quatre s'était déjà montrée. Les véritables insectes, c’est-à-dire les Hexapodes n'offrent aucun exemple de ces modifications; les yeux des Iules, qui varient comme nous venons de le voir , sont donc beau- coup moins fixes et sans doute moins parfaits que ceux de ces animaux. Rappelons que parmi les Myriapodes , il est des ani- maux fort voisins des Iules qui ne présentent aucune trace d’yeux même dans l’état adulte, tels sont les Blaniulus et les Polydesmus. Chez d’autres ces organes affectent des disposi- tions plus ou moins singulières ; groupés en amas chez les Polyxènes où ils n'avaient pas été bien observés jusqu’à ces derniers temps, ils ont une forme à-peu-près semblable chez les Zephronia tandis que chez les vrais Gloméris ils sont dis- posés en une série linéaire sur chaque côté de la tête. Chez certains lules ils sont au contraire ramassés et même assez con- fus ; il semble alors qu'on pourrait jusqu’à un certain point les comparer aux points pseudo-oculaires annélides. (r) (x) Dans quelques cas, les yeux des Myriapodes rappellent par leur confusion et leur nature (Lulus decaisneus) , les points oculaires des Chétopodes et des Annélides apodes. Mais chez ces derniers animaux , les organes auxquels on donne le nom d’yeux, en sont-ils véritablement? M. de Blainville (Dictionn. des Sc. nat.) les appelle points pseudoculaires, ce qui indique que leur véritable usage ne lui est point démontré. M. Ehrenberg a décrit sous le nom d’Amphicora une petite sabelle qui aurait de semblables points oculaires non-seulement à l’extrémité anté- rieure, mais aussi à la postérieure; M. Dujardin m'a montré des dessins faits par lui sur nos côtes de l'Océan, et qui représentent des animaux semblables aux Amphicora. Ce sont au- tant d’argumens en faveur de l'opinion que ces prétendus yeux n'en sont point réellement. J'ajouterai que la même chose peut être dite pour certains Hirudinées , et que les Zchtkyobdella geometra ont des points pseudoculaires , ou au moins des taches de pigmentum tout-à-fait, ana- logues sur la tête et sur la ventouse postérieure, On trouve une indication de cette disposition dans les figures déjà publiées de l'Ichthyobdelle, P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. b7 f IL. Personne, que je sache, n’a parlé du développement des es- pèces de la famille des Scolopendres, et je ne connais sur cette partie de l’histoire naturelle des espèces de ce groupe que la phrase suivante relative au genre Géophile : «In january, I observed beneath the earth in à garden, à cavity six young ones (varying very much in the number of their legs). Leach, Zool. mise. , 1, p. 44 ).» J'ai surtout étudié les Lithobies ou Scolopendres à quinze paires de pattes, et j'ai de plus recueilli deux petits animaux Myriapodes que je rapporte aux ss gra autre genre de la même famille. Envisagés dans leur état complet de développement, les Litho- bies ont quinze paires de pattes; de là le nom de Scolopendres à quinze paires de pattes que leur impose Geoffroy; elles ont les antennes grenues et composées de quarante articles environ, enfin leurs yeux, dont M.Treviranus (/oc. cit. pl. vir,fig.1) a donné une bonne figure, sont fort nombreux et disposés et groupes sur les côtés de leur tête: Une jeune Lithobie que je recueillis le 29 mai 1836, n'avait encore que sept paires de pattes, dix anneaux pour tout le corps, deux yeux seulement de chaque côté et huit articles aux antennes; remarquons d’abord qu'un seul de ces anneaux, l’anal était privé de pieds, ce qui établit tout d’abord une différence entre les jeunes Lithobies et les jeunes Iules ; auxquels nous avons toujours vu à l'arrière du corps plusieurs segmens apodes. Cette même larve, car je crois que ce nom peut lui être appliqué, montrait déjà, le 8 juin suivant, quatorze articles aux antennes et huit paires de pattes; il ÿ avait encore un anneau apode pour l'anus, mais on comptait en tout onze segmens. La figure que je publie représente une autre Lithobie à-peu- près du même âge, mais qui a déjà trois yeux, et une de celles que j'ai encore étudiées avait dix paires de pattes dont les deux postérieures rudimentaires et à peine formées. La même planche donne la figure d’une Lithobie dont les pattes sont 58 P. GERVAIS. — Sur les Myriapodes. toutes développées, mais qui n’a pas encore tous ses yeux, cha- que côté n’en présentant encore que huit. Les Lithobies subis- sent done comme les lules des variations dans le nombre des anneaux de leur corps; de leurs paires de pattes ainsi que dans celui des articles de leurs antennes ; elles nous présentent un second exemple d'animaux chez lesquels les yeux, varient avec l’âge, particularité bien remarquable et, que je ne crois pas avoir encore été signalée, Les. yeux des Myriapodes pa- raissent tout-à-faitcomparables aux yeux lisses oustemmates des Entomozoaires hexapodes, mais ils offrent d’un genre à l’autre des variations remarquables. Les Sco/opendra n'en ont que quatre paires, et chez. les lules, où ils sont nombreux et rapprochés, ils se groupent de différentes façons, et leur disposition peut dans certains cas offrir de véritables caractères pour la distinc- tion des espèces et même pour celle des genres. Quelques Myria- podes, manquent. d’yeux à toutes les époques de leur vie, et chez les scutigères ces organes sont assez semblables aux yeux à facettes. de certains Hexapodes. -ILime reste: maintenant à examiner comment ,se dévelop- pent les:pattes et les anneaux du:corps à mesuré que chaque jeune, Lithobie avance en àg?, Étudiés en dessous chez un in- dividu adulte les segmens pédigères des Lithobies sont à-peu- près égaux entre eux; mais en dessus , où ils sont comme im- briqués, quelques-uns apparaissent plus grands et d'autres plus petits {pl 4B, fig. re), lesiplus grands de. ces arceaux pédi- gères sont.les 1,23, 5, 7,8,10,12, 13et14°; ces trois der- riiers correspondant à à quatre ta dE inférieurs etipar suite à quatre paires de pattes. Les 2,4,6, get 11e sont plus petits ; j'ai constaté que les pattes existent déjà aux arceaux les moins grands, avant que la. partie supérieure de ceux-ci ne se soit montrée; et.je ferai observer que ce: qui est patmanent pour un des segmens postérieurs qui n’a en dessus qu'un écusson, existé alors pour deux des segmens postérieurs; ils n'ont en déssus qu'un seul écusson, le plus, petit des’ deux écussons n'ayant pas:encore apparu ; ce fait mérite d'être signalé, car si l'on suppose le même phénomène permanent pour tous les anneaux de la scutigère qui n’ont point de carapace supérieure, on sex- LP, GERVAIS: — Sur-les: Myriapodes. 59 pliqueracomment à tous les âges cette dernière a moins de seg- meus visibles en dessus qu'elle, n'a de paires de pattes. Chez les Géophiles ; la disposition est: tout autre, ët c'est une nouvelle preuve des nombreuses différences que: les divers genrés de la classe qui nous occupe présentent entre eux; mais!commie je n'ai pu encore me procurer que deux très jeunes Géophiles, je demande a n’en, parler, qu'après en avoir étudié un plus re nombre. Je terminerai donc ce travail en donnant la. liste des Myria- podes que j'ai'rencontrés aux environs de Parts; leur némbre est de vingt : 1. Pollyxenus lagurus (Scolonendre À pinceau, Geoffroy.) 2. Glomeris marmoratus (Tulus marm. Olivier.) 3. GI. marginatus (Tulus marg. Olivier.) 4 Polydesmus\ complanatus (Scolopendre à 60 pattes, Geoffroy.) .5.. Polydesmus pallipes (Tulus pall. Olivier.) 6. Blaniulus guttulatus (ulus guttulatus, Bosc. ) 7. Tulus Decaisneus. 8. Zulus lucifugus. 9. Lulus sabulosus (Tule À 340 pattes, Geoff.) 10. Zulus terrestris (Iule à 200 pattes, Geoff.) 11. Platyulus Audouineus. 12. Scutigera araenoides (Scolop. à 28 pattes, Gcoff.) 13. Lithobius forcipatus (Scolop. à 30 de Geof.) 14. Cryptops hor‘ensis. ess 15. Cryptops Savignyi. 16. Geophilus maxillaris. 17. Geophilus electricus: | 18. Geophilus simplex. 19. Geophilus carpophagus. 20. Geophilus Walckenaërii. Geoffroy paraît avoir confonñdü les'Cryptops:(scolopendres sans yeux, à vingt-une paires de pattes et à dix-sept articles aux antennes) avecles Géophiles: (qui-ont quatorze articlés aux antennes et beaucoup plus de vingt-une paires de pattes), car dans sa description de la quatrième scolopendre (t. 1H, p.676, 60 CAUTLEY ET FALCONER. — Fossiles de l'Himalaya. n®4) on reconnaît des caractères qui‘appartiennent aux Géo- philes carpophage et électrique (ceux de la couleur et du nombre des pattes, 144) et d’autres qui sont propres au Cryptops (tel est celui d’avoir dix-sept articles aux antennes qu'il attribue à sa Scoloperñdre). EXPLICATION DE LA PLANCHE 4 B. Fig. 1. Lrrmomius rorcirarus, a. très jeune individu ; 2. antenne du même; c. patte ; d. tête de profil pour voir les yeux ; e. Liraosix plus âgée, mais non adulte; f tête et yeux ; g- antenne; À. patte. Fig. 2. BLANIULUS GUTTULATUS. Fig. 3. Juzus Lucrruçus. a. tête et yeux de l'adulte; #, yeux d’un très jeune individu ; c. d’un autre d’âge intermédiaire. Synopsis des genres et des espèces d'animaux fossiles découverts dans les couches supérieures des dépôts tertiaires des mon- tagnes Sivalek de l'Himalaya , | Par MM. CaurLex et FALCONER. (1) I. PAcHYDERMATA. 1, Elephas. 1. E. primigenius. 2. Mastodon. 1. M. Elephantoides. (2) 2. M. angustidens. M. latidens Clift, M. Elephantoides Clift. 3. Hypopotamus. 1. F1, sivalensis {Nobis.) 2. IH. dissimilis (Nob.) (1) Tiré du journal of the asiatic society of Bengal publié à Calcutta, décembre 1835. (2) Nous regardons le M latidens et le M. elephantoides de M. Clift (Transact, de la Soc. Géol. de Lond.) comme étant de simples variétés d'une même espèce, dépendantes de l’âge et du sexe. C.et F. CAUTLEY ET FALCONER. — Fossiles de l’Himalaya. 61 4, Rhinocéros. | 1. B. angustirictus (Nob.) 2. (Espèce indéterminée.) 5. Equus. 1. E. sivalensis (Nob.) 6. Porcus (espèce indéterminée.) 7. Anoplotherium. 1. À. posterogenium (Nob.) 8. Anthracotherium. 1. a silestrense? (Pentland.) 9. Chærotherium (Nob.) | 1. c. sivalense (Nob.) TT. RuminaNTIA. 10. Sivatherium (Nob.) 1. 8. Giganteum (Nob.) 11. Camelus. (espèces indéterminées : certainement deux.) 12. Cervus. (plusieurs espèces indéterminées.) 13, Antilope. (plusieurs espèces indéterminées.) 14. Bos. (espèces indéterminees, dont une formant une nouvelle section dans ce genre.) Indication d’autres genres fournis par des dents, etc. III. Ropenria. 15, Hystrix. rs 1. (Espèce indéterminée, déposée dans la collection de. Da- dupour.) 16. Mus. (espèces iudéterminées ; id.) IV. Carnivora. 17. Felis. (grande espèce dont les caractères ne sonit pas déterminés.) 18. Canis. (espèces indéterminées.) 19. Hyæna. (espèces indéterminées.) 20. Amyxodon (Nob.) 1. a sivalensis (Nob.) Ga BARER. — Chameau fossile du Sub-Himalaya. V. Reprizra. a1. Crocodilus. c. Biforcatus ? 22. Gaviala. c. Gangetica ? 23. Emys (plusieurs espèces indéterminées!) 24. Trionyx (plusieurs espèces indéterminées.).. VI. Pisces. (Têtes, vertèbres, etc. de poissogs inconnus.) + VII. Tesracea (coquilles univalves et bivalves indéterminées.) Hire r ts Nore sur le Chameau, fosile, du, Sub-Himalaya ; Par M. Baker, lieutenant du génie:r»: L'auteur, qui avait déjà annoncé l'existence d’une ‘espèce de chameau fossile dans cette localité, ‘fait connaître dans cette note les pièces par l'examen desquelles. il est .arrivé, à cette conclusion : « Je possède, dit-il, unierâneavec.des-portions des deux rangées de molaires supérieures, quimontre les os occi- pital et pariétaux dont I disposition ‘est’ si particulière chez le chameau. Un fragment de ds nc supérieuré avec des dents molaires ; si D aou « Deux fragmens de mâchoire inférieure avec des molaires, les extrémités supérieure et inférieure d’un os du métacarpe ( la portion MOYÉRHE Dans } l'extrémité inférieure: du ra- dius. Q « Je n’ai pu découvrir aucune différence entre ces os et ceux du chameau ordinaire de ce: paÿys;:auxquelsuils correspondent même pour la grandeur. Il est cependant à noter que le crâne n’a pas encore été complètement mis à nu, et dr peut-être présenter des, caractères distinctifs, » ve sb | (1) Journal of the Asiatic Society of pull publié à à boue: décembre 1835. picrer. — Organes respiratoires des Capricornes. 63 Nore sur Les organes respiraloires, dés Capricornes,. Par M. Prcrer. (Extrait) (1) Daus celte note, l’auteur fait connaître la disposition. de l’appareïf trachéew chez le Humaticherus heros ,'et décrit une puce écailleuse d’une struetüre re- marquable, qui chez cet insècte,et.chez-quelques autres Capricornes; se trouve entre le stigr.ate et les trachées., ot noi 129 sH9T > « Ordmairement, la partie postérieure. du. stigmate est couverte d’une mem- brane trachéenne que Sprengel nomme membrana prætensà. Cette membrane s’unit at bourrelet.dufondl dé la caisse et couvre ainsi tout le fond de l’ouver- ture; elle est percée de trous où aboutissent. les trachées dncotps. Ces trachées, inégales de grosseur, sont ordinairement au nombre-de 5 à 6 grosses; il y en a, outre cela , souvent une dizaine de petites. C’est l'organisation décrite par Spren- gel, pl. 1, fig. 1, pour la larve du Geotrupes nasicnrnis. Quelquefois aussi la membrana prætensa n’est pas tendue, mais forme un sac que M.Straus nomme poche de la trachée d’origine, qu'il a décrite dans le hanseton , et qui dans cet insecte donne naissance à quinze troncs trachéens. Quelquefois encore la tra- chée d’origine, sans former de poche vers le stigmate, reste simple dans une longueur toujours très petite, et ainsi ne donne naissance au tronc qu’à quelque distance du fond du stigmate. Mais si l'on comparé ces trois modes , on verra qu'ils ne diffèrent que par des nuances de Lu d'importance ; puisque dans tous les trois, des troncs trachéens au nombre de quinze à vingt, ét souvent moins , s'ouvrent dans une cavité formée par une, paroi de même mature qu'eux, el que cette paroi trachéenne est directement unie au bourrelet interne du stizmate. « Dans le Hamaticherus heros , il n'en est pas de même, la membrana prætensa , ou la poche, sont remplacées , dans le stigmate du mésothorax, par uné caisse écailleuse en forme d’ovoïde irrégulier, dont le bord antérieur vient sé joindre äu bourrelet du fond du stigmate. La coulèur de cette caisse est jau- fâtre; elle est dure, très élastique, et, quoique fixée solidement au bourrelet, elle s’en sépare plutôt que de se laisser rompre. Telle est donc une première différence : Ki trachées, au lieu de s'ouvrir dans une poche molle et de même nature qu’elles, s'ouvrent dans une caisse dure, écailleuse et solide. « Uue seconde différence non moins importante, est dans le nombre des trachées qui $e rendent au stigmate ; la caisse est percée de trous arrondis, rangés en lignes inégales , et qui sont au nombre d'environ cent cinquante. De chacun de ds trous naît une trachée, de sorte gris lieu d’avoir, comme à l'ordinaire, quinze à vingt troncs par stigmate, chacun, de ceux du méso- thorax se trouve en avoir environ cent cinquante, On conçoit, fecilement alors que la plus grande partie d’entre eux sont d’un petit diamètre ; cependant il ÿ en a quelques-uns qui sont très forts ; tels sont ceux qui, situés à hi partie postérieure et profonde, sont séparés des autres par un intervalle saus trous et très volumineux ; ils se recourbent, se dirigent en avant , et se rendent en deux trachées parallèles jusqu’à la tête, jetant en passant des branches aux organes du thorax, et particulièrement aux muscles; je les ai suivis jusque dans les yeux et les mâchoires. | (1) Cette note est accompagnée d’une planche, et est extraite du septième volume des Me- moires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. 64 HAE _ Publications nouvelles. « Près de ces deux gros troncs naît une trachée, de communication longitu- divale, et une plus faible, de communication transversale. Les trachées qui nais- sent du milieu de la caisse forment une touffe abondante et se répandent avec profusion aux muscles des ailes ; celles qui naissent de la partie antérieure sont presque aussi nombreuses, ét vont aux muscles des pattes antérieures et à ceux des intermédiaires ; d’autres se rendent au prothorax et au mésothorax. « Cette organisation ne se retrouve point dans les stigmates de l'abdomen; il n'ya qu’une poche trachéenne. De chaque stigmate naissent à la partie posté- rieure les trachées de communication longitudinale et transversale , et à la partie antérieure un faisceau qui se rend aux organes voisins. Q « Telle est la modification remarquable que présente l'appareil respiratoire des Hamaticherus. Je l'ai retrouvé le même dans l’'Hamaticherus cerdo , le Cerambyx moschatus , et le T'rachyderes succinctus. Je ne doute pas que cette forme ne soit constante dans les genres très voisins ; je dois ajouter que je ne l'ai point observée ni chez le Prionus scabricornis ; ni chez le P. coriarius, que j'ai sou- mis au scalpel dans ce but. » PUBLICATIONS NOUVELLES,. ELÉMENS DE ZooLocir, ou Leçons sur l'anatomie, la physiologie, la classi- Jicationet les mœurs des animaux, par M. Mirxe Epwanys. Un très fort volume in-8 orné de 500 gravures intercalées dans le texte, et publié en quatre parties ; la dernière partie vient de paraître. RecagrcHes sur les ossemens fossiles, où Yon rétablit les caractères de plusieurs animaux dont les révolutions du globe ont détruit les espèces ; par G. Cuvir; quatrième édition, en 10 volumes in-8°, avec un atlas de 280 planches. (1) Cette nouvelle edition, dont la dernière livraison vient de paraître, a été enrichie de notes additionnelles laissées par l’auteur et mises en ordre par son frère M. Frédéric Cuvier , et par M. Laurillard; elle offre aussi sur les trois édi- tions précédentes un autre avantage qui sera apprécié de tous ceux qui se ser- vent de cet important ouvrage pour s’aider dans la détermination des ossemens fossiles dont la connaissance est si nécessaire aux géologues; jusqu'ici la plupart des planches n’avaient point d’explication, et pour trouver le nom desobjets on était souvent obligé de feuilleter tout un chapitre ; dans la nouvelle edition , au contraie, chaque planche est accompagnée d’un texte explicatif très détaille. En- fin les éditeurs y ont joint l'éloge de M. Cuvier par M. Laurillard , écrit qui a été couronné par l'académie de Besançon. (1) Chez Docyne et chez Crochard, place de l’École-de-Médecine. Prix ; 150 fr. Le Dis- cours sur, les révolutions du globe {1 vol. in-8) et la Description géologique des environs de Paris, par Cuvier et M. Alex. Brongniart (1 vol. in-8 avéc atlas) se vendent séparément. RÉ TURPIN. == Sur la Cristatella Mucedo. 65 ÉTUDE microscopique de la Cristatella Mucedo, Cuv. (x), espèce de polype d'eau douce. (Lue à l’Académie des Sciences, dans sa séance du 9 janvier 1837.) Par M. Turpin, Membre de l’Institut, Vers la mi-novembre dernier, M. Gervais m'apporta deux corps organisés presque microscopiques, que le hasard lui avait fait rencontrer parmi des plantes fluviatiles, recueillies par lui, pour servir à ses savantes recherches sur les petits animaux ten- taculaires dont se compose l’intéressante et très curieuse famille des polypes. A la première vue de ces corps dont le diamètre atteint à peine un millimètre, je crus qu’ils pouvaient être des capsules ou des séminules isolées de quelques très petits végétaux. Exa- minés ensuite sous le microscope, armé du grossissement d’en- viron 80 fois, je vis qu’ils étaient orbiculaires et qu'ils représen- taient une petite sphère déprimée ou aplatie, dont la surface était mamelonnée, et légèrement incrustée de matière calcaire (pl. 3 A, fig. 2). Un cercle extérieur, plus transparent et jaunâtre, entourait un disque central de couleur brune ou lie-de-vin : ces. deux cou- leurs d’intensités différentes, prouvaient que ces corps étaient vésiculaires, que le cercle extérieur marquait l’épaisseur de la coque, ou de la vésicule, et le disque plus opaque, la capacité remplie d’une substance. Du pourtour rayonnaient environ seize épines de longueur variable (2), tubuleuses, jaunes et ter- (1) Règn. anim., édit, 1817, t. 1v, p. 68. Voyez la description que M. le professeur de Blainville, donne de ce polype dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, t. xt, p. 611, et celle de M. Eud. Deslongchamps, article Cristatella, Encyclop., Méthod. z0oph. ou anim. rayonnés, t. 11, p. 226. (a) Ces différences de longueur sont dues à ce que les épines rayonnantes partent alterna- tivement du bord et de la surface de la coque près du bord. VIL Zoo. — Février. 5 66 TURPIN. — Sur la Cristatella Mucedo. minées, le plus souvent par deux crochets en forme d’hamecon -ou de patte d’ancre, ou d’autres fois, par trois ou quatre des mêmes crochets en forme de grappin. La tige de cette sorte d'é- pine présentait encore à sa surface un grand nombre de petits poils courts et àpres, dirigés de haut en bas, et dans son intérieur on -apercevait, comme dans certains poils animaux, des parties plus opaques coupées par des parties plus transparentes. A ce premier aspect, mon idée se porta d’abord sur les concep- *acles ou fruits sphéroïdes de plusieurs espèces d’ Erysiphe, par- ticulièrement de l'Erysiphe guttatay; Linck, qui offrent les mêmes dimensions, les mêmes couleurs, les mêmes mamelons -ou réticules; la:même dépression, et qui, enfin, sont aussi,pour- vus d'appendicules spinescens, mi s'échappent.en rayonnant de leur-circonférence, La comparaison que j'en fs. ensuite avec mes dessins d'Erysi- phe, détruisit à l'instant cette analogie soupçonnée; mais. je ne pouvais savoir encore auquel des deux règnes, végétal etanimal, -devaient appartenir mes corps spinellés. | Pour,m’en assurer d’une manière certaine, j'essayai d’écraser T'un de ces deux corps en le pressant entre deux lames de verre, et au seul craquement qu'il fit.en,se rompant, je ne doutai plus “du règneauquel il.appartenait. C'était un œuf dont la coque venait de se briser avec éclat. Replacé en.cet état. sous, le. microscope, on voyait la coque vompue:en trois parties et la liqueur albumineuse, blanche.et composée, comme l’albumen de tous les œufs, d’une base. d’eau et d'un grand nombre de globules variables en grosseur, couler et se répandresur le porte-objet. (pl. 3.A, fig. 3.) Mais à quel animal, appartenait cet œuf (1)? quelle pouvait être la malheureuse mère condamnée à contenir,et surtout à pondre des œufs aussi horriblement hérissés de crochets ? Telle était la question que l’on se faisait, et le pénible sentiment que l'on éprouvait, (1) Rœsel a figuré, t. ru, tab. 83, un œuf discoïde, brun, muni d’épines dans la circon- férence, qui a de l’analogie avec celui que je déerisou qui est peut-être le même mal vu et mal placé. TURPIN. — Sur la Cristatella Mucedo: 67 Quoique | loin. d’être satisfait ; je m’empressai, comme on doit toujours le faire. dans les, sciences, qui toutes n’avancent qu’à coups de provisoire, de déctireet surtout d’imager cet œuf i sivsingulier; au moyen des quatre prémières figures du dessin qué:j'ai l'honneur de mettre.en ce: moment: sous: lés yeux de l'Académie, (voyez pl: 2etpl:3 A.) Atout hasard: jecconservai, dans une petite fol débouchée et remplie d’eau, le:second de ces œufs qui mé restait ; en ayant soin toutefois de renouveler l'eau et d’inspecter chaque matin cet œuf, quersarpesanteur spécifique-tenait sr cas nageñnt à la surface-de l'eau: Versle:15 de décembre , en regardant le matin ; comme de coutume, ma petite fiole plrnle entre l'œil et: la lumière ;/je vis avec surprise que l'œuf s'était ouvert en deux valves béan- tes (1), qui n’adhéraient plusentre-elles que par un-seul point,de la:même manière que s'ouvrent les deux valves d'une huître. Ne pouvant douter qu'il ne se fût échappé quelque chose de cette. coque bivalve, je jetai les yeux: dans le voisinage, et jy aperçus ut-petit:animal: composé ; fort élégant, que je reconnus de suite pour-appartenir au groupe des Polypes, et être celui su- perfidiellernent figuré:et très multiplié par Rœsel (2), et nom- mé par. Georges Cuvier Cristatella mucedo et Gristatella va- gans. (3) Ce petit animal composé; qui n’était éclos que depuis:la veille, peut-être: mème depuis quelques instans, car on le voyait tout près de son:enveloppe , paraissant comme suspendu:entré deux eaux; on sentait qu’il éprouvait un besoin, celui d’un point d’ap- (r) Des œufs s’ouvrant en deux valves presque égales, pour faciliter l’'éclosion, offriraient une chose tout-à-fait neuve, si déjà nous ne-conuaissions pas ceux si artistement operculés du: pou du cheval, de la chèvre, etc., dont également l'opercule;: qui doit être considéré comme une valve réduite ,se soulève de la même manière que le couvercle d’une urne de mousse ou de celui des péricarpes à déhiscence transverse (Zeffèrsonia diphylla ), pour laisser sortir le jeune pou. (2) Zns: 3, p.991, t: xor. (3) Il parait assez probable que le petit animal fluviatile décrit et figuré par Müller sous le uom de ZLeucophra heteroclita, pag. 158 et 22, fig. 27-34, est notre Cristatella mucedo , trop imparfaitement représentée pour être facilementreconnue, et dans l'enveloppe polypiaire de laquelle il ne se trouvait que deux polvpes. 5. 63 TURPIN. — Sur da Cristatella Mucedo. pui sur lequel il püt fixer son corps. Aussi ne:tarda:t il pas à descendre au fond de la fiole, d’où ensuite il allongea et mit en - exercice ses élégans panaches. Le voyant ainsi fixé dans:un lieu qui me permettait difficilement de le bien étudier sous toutes: ses faces, j'en conçus de l'inquiétude, car il fallait le détacher -et le placer dans un verre de montre, et je craignais avec toute raison, quoique en me servant d’un pinceau très doux et très fin , de détruire l'unique individu que je possédais, et qu ’a- “lors je n’avais nul espoir de pouvoir remplacer. À force ‘de le caresser avec la ‘pointe de mon pinceau j'en vins à bout, et une fois bien établi dans un nouveau lac-que. contenait un verre de montre, je pus, dans cette situation ; le “bien voir dans tous les sens, le figurer et le décrire sous leimi- croscope. Je passe maintenant à la hosp de d'amis ‘Un corps commun, polypiaire , membraneux;, ovoïde ou lé- gèrement cordiforme, un peu oblique vers sa base, bombé :ou comme bossu sur le dos, lorsqu'on le regarde de profil; non contractile, mamelonné ou papilleux à sa surface, transparent, jaunâtre et comme bordé d’une marge plus transparente , ïin- colore et formée par le prolongement des papilles qui semblent se recouvrir cn cette partie, sert d'enveloppe protectrice à plusieurs individus distincts qui, bien que nés les uns des -au- tres, ne sont cependant qu'agrégés'(pl. 3, fig. 9). Cètte enveloppe qui est, sans-contredit, un véritable polypier, empêche que l’on ne considère plus long-temps , la Cristatelle comme étant un polype nu. (1) | Au sommet de ce polypier sont trois ouvertures d’inégales grandeurs qui aboutissent à autant de cellules tubuleuses plus ou moins profondes, cellules analogues à celles si multipliées et en forme d’étoile qui se remarquent à la surface des polypiers -pierreux ou madrépores. La plus grande de ces ouvertures est située au sommet du polypier , tandis que les deux autres, moins onvertes, sont latérales. Dans chacune de ces cellules loge un (ryCe polype, qui n'est ni simple ni mu, qui, au contraire , se compose d'un polypier et de plusieurs polypes, devra, lorsqu'il aura bien été étudié, faire partie des polypes à polypiers. TURPIN. — Sur la Cristatella Mucedo. 69 . individu distinct de Cristatelle qui, tres probablement, ne s’en isole jamais, pas plus que l’huitre ne s'éloigne de sa coquille. Ces trois individus étant parfaitement semblables, sauf un peu moins de développement chez les deux latéraux , il suffira d'en décrire un ‘seul, celui du milieu, en faisant seulement connaître les légères différences que peuvent offrir les deux autres. : : La grande transparence du corps polypiaire permet de voir la forme, la disposition et l'étendue variable des cellules, en même temps que les corps des trois Cristatelles qui s'y trou- vent logés et qui s’y dessinent par une couleur plus jaune que - celle dupolypier. Ces’ corps qui paraissent se borner à n’être qu'une sorte d'in- testin digestif, sont cylindriques, obtus à leur extrémité in- férieure et légèrement RE 20 une ou deux fois dans leur trajet. Dans leur plus grande extension la partie supérieure de ces : corps sort un peu de la cellule du polypier et au sommet de - cette: partie, qui peut être considérée comme une sorte de col, on: voit facilement l'ouverture de la bouche qui, chez les deux: individus latéraux ; a la forme d’un petit croissant , et chez l'individu central celle d’un mamelon percé à son extré- mité. L’anus, comme l’a très bien observé M. Gervais, estisitué dans ; le voisinage de la bouche, comme chez les Ascidies. Aux deux côtés de la bériélie; le corps se divise en deuxbras, . disposés en. fer à cheval, qui paraissent aplatis, obtus et bor- . dés par des bandes jaunâtres. Chacun de ces bras est muni d’une cinquantaine de tentacules vermicalaires, rétractiles, transpa-. rens ; blanes, et disposées latéralement etau sommet, comme le'sont les barbes d’une plume. Ces nombreux tentacules, vus sous un. fort grossissement du microscope, paraissent tubu- leux et leur tissu formé d'un grand nombre de globules de di- verses grosseurs. Leur surface est couverte d’un nombre prodi- gieux de petits cils dont le mouvement vibrant et très véloce, est trés curieux à étudier sous le rapport de son utilité indispensable à l'existence du petit polype. 70 ŒURPIN. — Sur da Cristatella Mucedo. Lorsqu'on examine avec attention le mouvement des cils, on est étonné de voir qu’ils semblent chèminer ensemble;et comme par «une sorte de tremblotement sur l'un::des côtés du tenta- cule,-et redescendre de la même manière sur l’autre: C'est à ce singulier mouvement, produit par la vibration: successive de chaque cil, mouvement analogue à celui d'apparence circulaire ou de rotation que l’on observe autour de Ja bouche des Roti- fères; des Vorticelles, des Brachions, ‘etc., que! sont dus ces courans d’eau qui se dirigent vers la boirebis du polype en y portant-les molécules nutritives et autres petits infusoires-dont il'se nourrit. | oi fi Ces courans, sans lesquels ce polype ne pourrait pas vivre, les tentacules vermiculairesmanquant de toute faculté prenante, s'expliquent facilément lorsque l'on considère chacun!des cils dont sont couverts les tentacules comme étant autant de petites palettes qui frappent les molécules de l’eau en sens différens.et de manière à en diriger le mouvernent du côté: de la:bouche. Toute: la peau de cette Cristatelle, au moins celle ‘quis’al- longe-en dehors: de la cellule du polypier ‘ascidiforme:, paraît comme: ponctuée ou finement mamelonnée. Les trois’individus qui habitent en société le même polypier proviennent :de deux générations successivés ; les deux latéraux ont eu pour ihèrelin- dividu central, visiblement plus développé que ses enfansiet auxqüels il a donné, naissance par lemode : derreproduction le plus simple; {celui dé la gemmation extérieure (ou 'de‘bourgeon. Agissant d’une manière tout-à-fait indépendante ; et, chacun pour son propre compte;-on voit ces individus, selon:les besoins de repos:ou d'actiôn qu'ils-éprovent séparément;! se contrac- ter, :se retirer presque:eñtièrement dans le: polypier, ‘ou en sortir-en:étendant au dehors leur élégant panache: On ne peut mieux comparer celte trinité de Cristatélles qu’à un végétal dont la tige principale aurait. produit, -par extension de:ses nœuds vitaux, deux bulbilles latérales: qui ensuite se seraient isolées:et développées en deux autres petites branches: Quant à l'existence commune:d’absorption et d’assimilation que l’on suppose chez les Polypes etles Ascidies composés, on ne peut la nier tant qu'il y a adhérence organique-entre les üin- TURPIN, — Sur la Cristatella Mucedo. 72 dividus, soit qu’ils proviennent} eomme chez les végétaux, de bourgeons /ow de-générations successives ; soit que, libres d’a- bord, ils'‘se soient ensuite entre greffés: par rapproche; mais, comme chez les Polypes composés , cètte adhérence n’est que témporaire, et'souvent d'assez courte durée; dès qu'elle cesse, toute communauté orgañique disparait pour toujours. ‘Cest ainsi, par exémple, qu'à la surface -sezilement des gros. polypiers ‘pierreux; tréside, dans les alvéoles ,un -nombre pro- digieux de polypes:distincts et parfaitement isolés les uns des autres ; mais qui cependant résultent tous de mères communes. qui ont successivernent cessé d'exister, et dont les cadavres , restés sur place, sont ensevelis dans Ia masse calcaire et cen- trale du polypier. Les trois individus de la cristitelle composée ; qui ‘fait le su- jet de ce mémoire ; m'ont paru être arrivés à l’époque de la sé- päration, autantique j'ai pu le voir, dans un être aussi petit, les deux enfans' latéraux semblaient n’avoir plus avec leur mère- qu’une simple contiguité, J'ai possédé pendant trois jours, et dans un parfait état de- vie ; le pétit polype composé que je viens de décrire. Le lende- main du jour de son éclosion, j'aperçus nageant dans eau. et entre les trois appareils tentaculaires des individus, trois. corps ovalaires, pointus par l'un des bouts, bruns, bordés par un.cercleplus clair, et comme remplis par une substance granu- leuse: Cés:corps qui, bien certainement, étaient des œufs (1), ne pouvaient provenir que du polype, puisqu’il-était complètement isolé : dans ‘un-verre de montre. Mais quel était celui des trois individus quiavait pondu ces œufs? Par laquelle des deux issues, la bouche ou l'anus avaient-ils été expulsés? Pourquoi des œufs. si différens, par leur forme et l'absence des épines, de ceux d'oùlanimal est sorti? Cette dernière difficulté peut être résolue par l'analogie; par des exemples à-peu-près semblables d'œufs qui, après être pondus, continuent de croître en dehors de la (x) J'ai depuis long-temps observé que les végétaux et les animaux les plus simples possé daient déjà au moins deux moyens de reproductions: celui intérieur, par graine et par œuf, et celui , extérieur, par germe ou bourgeon. 72 TURPIN. — Sur la Cristatella Mucedo. mère (1). Tels sont les œufs de plusieurs espèces d'Acariens. Get accroissement particulier des œufs après être pondus, et le développement subséquent des épines à crochets, lèvent cette autre difficulté dont j'ai parlé au commencement de. ce mémoire : « Quelle est la malheureuse mère condamnée à pon- dre des œufs si horriblement hérissés ? » J'ai vu que, dans sa lettre, M. Gervais disait que les deux in- dividus qu'il s’était réservés , et qui, chose remarquable; étaient éclos le même jour que celui que je devais à son obligeance, lui avaient présenté, après quelques jours, un, phénomène assez singulier, consistant dans le développement tardif des deux po- lypes latéraux. Quoiqu'il soit dans l’ordre naturel que le pro- ducteur existe avant le produit, je n’ai point été témoin d’un semblable développement. Mon petit animal était, dès au sortir de l’œuf, déjà composé de trois polypes ou, au moins, de trois appareils tentaculaires distincts ; seulement, les deux Jatéraux, comme plus jeunes, paraissaient aussi plus faibles et plus indolens; leur panache bifurqué semblait n'être point encore sorti du polypier, on ne voyait à sa place qu'une petite houppe épanouie et composée des tentacules les plus terminaux du panache. Une chose assez, remarquable ;| c’est que les trois individus de Cristatelle, éclos tant chez M. Gervais que chez moi, étaienttous composés seulement de trois polypes , tandis que Rœsel en fi- gure au moins quatre et quelquefois un bien plusgrand nombre logés dans le même polypier, auquel il donne le nom de corps en ballon: Du reste, cette plus grande multiplication me paraît naturelle, et il est assez probable qu’elle aurait eu lieu si nos petits animaux composés avaient vécu plus long-temps, ou (x) Généralement , les œufs prennent, dans l'intérieur de la mère, tout le développement dont ils sont susceptibles, Ceux-ci ont ordinairement leur enveloppe extérieure solidifiée in- térieurement par un enduit calcaire composé de molécules confuses, ou, plus rarement , comme je l'ai fait connaître (Annales des Sciences nat.), de ces mêmes molécules arrangées en beaux cristaux rhomboëdres comme dans l’œuf des Mollusques du genre. D’autres, beaucoup moins nombreux et nécessairemeut mous achèvent leur accroisement après être pondus. Ce dernier mode est comparable , jusqu’à un certain point, à l'expulsion anticipée du fœtus rudimentaire chez les. Marsupiaux qui, aussi, termine son accroissement et sa vie fœtale en dehors de la matrice, contrairement à ce qui a lieu dans la reproduclion des autres mammifères, TURPIN — Sur la Cristatella Mucedo. : 73 mieux; s'ils avaient joui d’un milieu plus convenable à leur na- ture. | L'étude microscopique que j'ai faite de la Cristatella mucedo est loin d’être complète. Oecupé de travaux qui me tiennent dans une autre direction, j'engage M. Gervais, bien plus habile que moi dans ce genre de recherches à les continuer en se pro- «urant de nouveaux œufs , le printemps prochain, afin de bien ‘observer leur développement, leur singulière éclosion, puis les évolutions et la multiplication, par bourgeon, des individus dans l’intérieur du polypier commun qui leur sert d'habitation. Si je me suis permis d'écrire sur un sujet qui appartient à M. Gervais, c’est parce que lui-même, dans sa lettre (1), a fait connaître que de mon côté je m’en étais aussi occupé, et que j'en avais fait un dessin fort étudié ; c'est parce que j'ai vu que rous n'étions pas tout-à-fait d'accord sur quelques points, et qu’il n’était nullement question dans sa lettre de la singulière déhis- cence de l'œuf, de la ponte des œufs ovalaires et dépourvus d’épines, mais surtout de l’existence des cils vibrans, et, par con- séquent, du rôle important qu’ils jouent dans l'existence du polype. Enfin, c’est parce que je me suis flatté de l'espoir que l’Aca- démie verrait avec quelque intérêt les figures représentant tous lès développemens succesifs d’un animal aussi intéressant qu’il est peu connu. EXPLICATION DES PLANCHES 2 ET > A. Fig. 1. Grandeur naturelle de l'œuf. Fig. 2. OEuf très grossi. Un cercle transparent a , jaunâtre, indique l’épaisseur de la coque et un disque brun ou lie-de-vin celui de la capacité remplie de l’albumen. Autour rayon- nept seize épines à , terminées par deux, ou trois ou quatre crochets recourbés en hameçon , et dont la moitié de ces épines s'insèrent, alternativement , sur le bord du disque central. La surface offre un réticule mamelonné. Fig. 3. Le même œuf ayant été écrasé et laissant couler son albumen ; aa. albumen blanc, composé d’eau et de globules , coulant. Fig. 4« Le même ouvert en deux valves béantes pour faciliter l’éclusion du petit polype com- posé. Fig. 5. Une épine très grandie pour faire voir les poils: âpres de la tige , ainsi que leur di- rection de hauten bas. La tubulure de cette tige et son opacité par place. Elle semble être Y extensioh du somiet.de l’un des mamelons du réticuie de Ja coque. (r) Comptes rendus, 26 décembre 1836, page 736. 74 P. GERVAIS. «— Sur des Polypes d’eau douce. Fig. 6. Partie terminale d’une autre épine :ayant quatre crochets recourbés en manière-de grappin. Fig. 7. Polype au moment de ru vu de profil, ‘Fig. 8. Le même ayant un peu grossi. Dans ce prémier état les individus latéraux n'avaient point: encore projeté: au dehors leurs bras ou appareils teñtaculaires) On ne-voyait, à leür place, qu'une houppe composée des tentacules les plus terminaux des/bras, Fig. 9. Le même vu par le dos et dans son plus grand état de développement; a. bord à mar— ginal, transparent et comme composé d'écailles imbriquées du polypier : b. disque ou partie’ s0- lide et plus colorée du polypier, couvert des mêmés écailles; c; oüvéfture! bu ‘étoile principale de la cellule centralé du polypier; d. col du. polype mère. Sur ce col. on.voit: l’añus-sous Ja forme d’un mamelon percé d'un trou au sommet ; ee, les deux bras tentaculaires entre lesquels se trouve la bouche située au sommet d'un mamelon; ff. tentacules vermiculaires, non prenans ; cc”. ouvertures des cellules latérales, De ces deux ‘ouvertures sortent deux individus appartenant à une génération, nouvelle et résultant, par gemmation et par séparation, de l'individu cen- tral; d’d',cols de ces individus. Sur ce col est situé l'anus; e’e’e’e’. bras tentaculaires ; FA dé f’en- tacules. Les flèches indiquent les courans d’eau qui amènent vers la bouche les mp et autres petits mfusoires-suspendus dans l’eau et dont l'animal se nourrit. Fig. 10. Quelques tentacules très grossis pour faire connaître qu’ils:sont un: peu contractiles, tubuleux, composés, en grande partie, de globules et que leur surface est, couverte de très. petits poils ou cils qui vibrént avec une grande vélocité et dont le mouvement successif de chaque cil paraît ascendant sur l’un des côtés des’ tentacules et descendant sur l’autre. ant: ce qu'indique la direction opposée ie deux flèches. 23 RecHenCREs, sur les Polypes d'eau douce Fe genres. Pluatelli, Cristatella es Paludicella , Par M. P. GERVAIS. Premier Mémoire. Synonymie des divers Polypes à panache, et description de la Cristatelle. (Communiqué à la Société Philomatique » le 4 mars 1837.) | IN TRODUCTION: _ La zoologie a fait dans ces derniers déraps de si icrapidés pro- grès; elle est devenue entre les mains de quelques hommes re- P, GÉRVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. 75 marquables, si positive, et chaque jour elle approche avec tant de bonheur de la méthode naturelle, terre promise des savans qui l’étudient, qu’il suffit le plus souvent pour faire connaître un animal donné, dans ses traits principaux, j'ai presque dit dans tous les points de son organisme, d'indiquer ‘sa position natu- relle dans la série des êtres : mais ce résultat.si heureux; dont la botanique jouissait déjà avant que les zoologistes, n’eussent songé à l'obtenir, a rendu plus fréquens les travaux incomplets. On possède bien des ébauches, bien des recherches qui restent à vérifier ou à finir, mais les véritables monographies sont plus. rares de..nos jours, si l’on fait attention au nombre plus con- sidérable des-observateurs; que dans les siècles précédens. C'est cependant aux travaux monographiques que la zooclassiedevra ses plus. précieuses acquisitions et ses derniers perféctionne- mens. Sañs.essayér-une entreprise de ce genre que je crois au- déssus de mes:forces, mais que réclament. les ‘besoins de l'his- toire naturelle:des animaux, aussi bien -que.sa tendance émi- nement positive, j'aurais voulu donner plus de développe- ment: aux, études surtles Polypes d'éa douce, que j'ai l'honneur de: vous soumettre. Aussi: mon intention. étäit-elle d'en retarder encoré la publication, afiu de ne point ajouter aux travaux in- complets dont je parlaïs à l'instant, un nouveau travail qui-mé- ritât lui-même ce reproche, Néanmoins quelques. personnes bienvéillantes m'ont engagé à faire connaître dès à présent, avec quelques détails; ice que j'avais observé sur. ce sujet, plus intéressant : peut-être que difficile; la lettre que j'ai adressée à l'Académiesuür cesanimaux étant fort abrégée, quoiqu’elle traitât dé; trois :Polypes d'espèce et même de genre, distinct, j'ai dûù nécessairemént yométtredifférens détails déjà observéset que j'a- vais d’ailleurs communiqués à plusieurs savans distingués, parmi lesquels:je citerai MM:-de Blamwille et Turpin, aiusi-que mes estimables amis MM: Decaisne et Vanbeneden. M. de Blainville a bien voulu les citer en partie dans les nouvelles additions qu'il vient.de faire à son Manuel d’actinologie. Trembley et Baker, d’après lui, ont les premiers fait connaître les Polypes d'éau-douce, et l’un d'eux (Trembley) a donné sur leur histoire des renseignemens remarquables par leur exacti- 76 P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau’ douce. tude, et qu'on S’étonnerait peut-être de trouver dans un au- teur d’une ‘époque âssez ancienne déjà (1744), si l'on ne savait avec quelle minutieuse assiduité la plupart des savans de son époque se livraient à leurs recherches, ‘et si d’ailleurs les belles découvertes de Trembley n'avaient fait connaître combien il était habile observateur. Roësel donna quelque temps après les remarques qu'il avait faites sur d’autres animaux du même genre que ceux appelés par Trembley, Polypes à panache; i les figure aux planches 73, 74'et 75 de ses Historiæ polyporum. On lui doit aussi la dé- couverte des descriptions fort bonnes quoique incomplètes, et les figures assez exactes d’un autre Polype, appelé depuis Cris- tatelle. Nul n’a observé depuis Roësel l'espèce dont il est ici question, mais plusieurs auteurs ont revu le Polype à panache nommé Tubulaire d'eau douce (Tubularia campanulata, etc.) par les sysmatistes linnéens et P/umatella par Lamarck qui la regarde avec raison comme devant formerun genre particulier. M. Ras- pail'est de tous celui qui l’a le plus complètement étudiée; ainsi qu’il le reconnaît, l’Alcyonelle de Lamarck (Æ/cyon: fluviatile de Bruguière) n’est probablement qu'une variété de la Pluma- telle ordinaire , commune ainsi que celle-ci dans les eaux sta- gnantes de presque toute l’Europe. Bernard de Jussieu, ‘cité par Réaumur, est, je crois, le pre- mier qui l'ait observée en France, et il a très brièvement indiqué, mais avec exactitude cependant la nature de ses œufs qui avaient échappé à Trembley. On n’a jusqu'ici indiqué dans:nos eaux douces.que cette espèce de Polype composé. J'y ai trouvé des corps assez singuliers (pl. 4 B) que leur éclosion m'a fait recon- naître pour les œufs de la Cristatelle, ce qui m'a permis d’étu- dier ce curieux animal; j'ai aussi constaté chez nous la pré- sence d’une. espèce assez différente de Polype, voisin ; selon moi, des Cellariées, et qui me paraît identique avec celui que M. Ebrenberg place dans le genre Ælcyonella sous le nom d'A. articulata. Ces trois:sortes d'animaux ferotit le sujet de plusieurs notices que j'aurai l'honneur de vous soumettre : dans celle-ci je trai- P, GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. 77 terai plus particulièrement de l'œuf des Cristatelles, après avoir essayé une synonymie des Polypes d’eau douce, dont le canal intestinal présente deux orifices distincts. (Tubulaires d'eau douce où Plumatella et Alcyonella, Cristatella et Paludicella.) POLYPIARIA. CLT. Ore anoque distinctis (Polypiaria dubia nec non inter alia polypiaria non nulla, Blainv. Bryozoa maj. ‘parte, Eh: renberg.) S. CI. I. Polyp. hyppocrepia. Tentaculi numerosi, circa os appendici : in ferrum-equinum inserti, nec in infundibulum dispositi; anus medio dorsalis ; ova coriacea, nunquam ciliata, pulvino circumdata. Genus 1. CriISTATELLA. Cristatelle. G. Cuv. Polypi, tentaculis circiter 60, in sacco membranaceo vagant infixi, variabile gregali; cuique orificium peculiare; generatic gemmipara, vel ovipara ; ova spinulosa. . Cristatella mucedo. Federsbusch polyp. etc. Roësel, insect. belistigung suppl. pl. gr. p. 559. (Encycl. meth. pl. 472, fig. 2.) Cristatella mucedo G. Cuvier tabl. élém. p. 656. — . vagans Lamarck An.S. v. t. 2, p. 97. — Blainy. Actinol. p. 489, 678. — Gerv. Compt. rendus Acad. Sc. 1836, 2° se- mestre p. 797« a Turpin ibid. 1837, 1° sem. p. 41. (1) (1) Ex ovis et polypis à me communicatis Cristatellænotitiam habuit ;; illusione optica seductus pro margine diaphano pulvinum à Raspailio in Plumatellâ jàm distinctum habuit, et spinulas margini inserlas scripsit. 58 P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce: Genus 2. PLUMATELLA. Plumatelle Lamk. Tubularia pro parte, Linn. Gmel. etc. Plumatella nec non Ælcyonella Lamk. Halcyonella pro parte Ehrenb. Polypi fluviatiles, hyalini, tentaculis 40-60, in ætate juniori libere vagantes basi vel affixi, nundumtubo vaginati; postea sæ- pius gregati, in tubulis pergamentaceis, cylindricis, dichotomo irregulariter ramosis , aut effusis, aut erectis, aut cespitosis,, in alvearium non raro dispositis retractiles; ova coriacea, nec ci- iata, nec spinulosa.… 1. Plumatella campanulata. _ Polype à panache Trembley, mém. sur l’hist. des Polypes, mém. 11, p.209, pl x, f. 8-9 (1754.) Federsbuch poly p: Roësel, insect. belustig. suppl. p. 447, pl. 73773" Tubularia campanulata Linn. syst. nat, Alcyonelle fluviatile, Raspail (1) Mém. br Hist. nat. Paris, t.1v, p. 75-165, pl. 12-16. Species unica, frequentissime varians. Var : A. — Repens, volubilis, etc. ! Synonyma siciintelligebarni: 1° Tubulæ Trembleyanæ : Hydra campanulata Linn. édit. x; tubularia cry stallina Pall. Zooph. p. 85; ubul. reptans Blumenb. Manuel edit.Gall. p.90; Gmel.syst. nat. Linn. p.3834. Plumatella cristata Lamk, an. s. v. t. 2, p. 107.Vaucher Bull. sc. Soc. philom. anno reipubliéæ x11, p. 158; Cristatella campanulata Fleming British Zool. p. 518 (1); Lophopus campanulatus Dumortier, Bull, Acad. Bruxelles, 1835 p. 424. (x) A synonymia Raspailio data exclude Cristatellam mucedinem supra descriptam Diffu- £giam que Proteiformem (Leclerc. mém. Mus. t. 2, p.474, pl. 17) ; hanc Tubuluriæ sullanæ Blu- P, GERVAIS. —. Sur les Polypes d’eau douce. 99 2° Tubulæ Roeselii : Tubularia gelatinosa Pall. Zooph. p. 85 ; tubularia campanulata Gmel.p. 3834; Plumatella campanu- lata, Lamk.anim. sans vert. t,2, p. 108; Plum. gelatinosa Fle- ming, British, Zool. p. 553. Similiter Plumatellarum formæ priori adnumérabuntur : Tubuiaria repens, Mull,vermes p. 1,2, p.16; Boscii, Lamarckit etc; Plumatella repens : Tubularia lucifuga Vaucher Loc, cit. B. — Dumetosa, præsertim que alveolata. Alcyonium fluviatile Bruguière, Dict. p. 24; Ælcyonella sta-. gnorum Lamk. t. 2, p. 100. S. CI. Il. Polyp. infundibulati. …Permniia adhuc animalia in eâdem classe adnumerari viden- tur, sed dispositione tentaculorum distincta, ideoque sub classis alterius typum offerentia. Hippocrepibus polypiariis anum vide runt Trembley, Raspail, etc. et illum intestin droit vocat Trembley (intestini rectum, intestinumve, rectum latinè num diceres?); Ras- pail, Blainville (Actinologie p. 491) et permulti alii recentiores prointestini recto (ab ore anum separatum sic distirsguentes) ha: buerunt,et equidém rectè;sed recentiusnotum credo marinis po- lypisanum;illum in Flustris detexit cl. Grant, in Escharis Audouin et M. Edwards nuünciärunt, hunc methodicæ animalium, dispo- sitioni utilem characterem oblaturum nunciantes; vidit etiam Blainville anum Dedalæ mauritianæ (Actinol. p. 493) et po/y- piaris dubiis ipsius Dedalæam junxit, Delle-Chiaje, Lister, Sars etc. permultis aliis idem agnoverunt organum, et doct. Ebren- berg unius classis omnia hæc animalia voluit socia, communi nominé Bryozoa vocans; sic Polypiariis dubiis P. membranacea menb. non majote jure Meyen retulit ; infusoriis eum permultis aliis interponendaf ex obser- vatione ceusuit Ehrenberg; Dujardinianis Rhizopodis simillimam (Zcho du monde savant, 1835, p. 307) dixi, quod pro Arcellis Ehrenbergii nuper ipse proposuit Dujardin (Ann. Se. nat. 1836.) + - 80 P. GERVAIS. — Sur des Polypes d’eau douce: operculifera, cellariæa pro parte, sertularitaque ÆActinologiæ referens. Blainvillei Polyp. nuda et millepora Actinis jungit; sed non nulla sunt incerta Bryozoa, Antipathes præsertim, quo- rum animalibus tamen Gray studuerat (vide Blainville Actni. p. 681 et Gray, Proced. Zool. soc. 1832, p.41). Bryozois, vel po- tius polypiariis infundibulatis, illorum parti, similia judico De- daloearum et Paludicellarum genera. Paludicellas vocavi (Comp- tes-rendus Acad. Sc. 1836, 2° sem. p. 797) annalculum circa urbem Pariensem à me detectum et quod pro 4{cyonella articu- lata berolinensi Ehrenbergii teneo. , Sunt Polypiaria infundibulata : 1° P. operculifera (Actin. p. 426) : vide pro animalium struc- tura Milne Edwards (Ann. Sc. nat. t. vi, p. 6, pl. 1, iconesve animalis regni , edente Crochard, Zooph. tab. 86.) 2° P. cellariaæ (Blainv. actin. p.448) pro flustris vide Grant, nec non Lister Philos. transact. 1836, p. 384, pl. 12, f. 2. Ejusdem familiæ cum Edwardsio censeo Dedalæam mauritia- ram, genus etiam Zoobotryon (Ehrenb. symb. physicæ, polypi fol. a) quod præcedentis congener Blainville esse putat. Dia- gnoscitur genus Paludicella formis peculiaribus; illius figuram et descriptionem me modo daturum spero. Inter descriptas fluviatiles Tubularias, Paludicéllæ affinis sola videtur Tubulari& sultana, quam breviter descripsit sed icone illustrans celeberri- mus Blumenbach, (Manuel, p. 90, pl. 23, fig: 5. Num Cella- riæis polypiariis addendæ sunt Serialeariæ, quas Bryozoa judicat M: Edwards (in Lamk. anim. s. vert. s1, p. 160) ? 3. Polyp. pedicellinea (Polyp. sertulariæa pro parte Blainv.). Pedicellinam animal. a Sarsio (Beskrivelser og Jagtagelser p. 4 et Blainv. Actinologie p.676) descriptum pro typo habebo; et cum Pedicellinis vel affinibus formis comparare vellem Poly- piarium a Mullerio descriptum (Mull. von Vurmen pl.s, f. 4-7; Encycl. méth. vers pl. 53, f. ï2 à, c, non a; 14, 16 et 17) quod fere omnes pro Naïde digitatà (Müller ibid. f. 1-3; Encycl. pl. 53, f. 12 a, 13 et 18) toto cælo diversa, tenuerunt. P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. 81 DE LA CRISTATELLE. $ L Roœsel est le premier,on peut même dire le seul auteur qui ait étudié la Cristatelle, car Ledermuller, auquel il la fit connai- tré, n’a rien ajouté de neuf à ce qu'il en a publié. Je donnerai d’abord l'analyse suivante du mémoire de Roesel : S’étant fait apporter, pour ses études microscopiques, de l’eau d'un marais voisin de sa demeure, Roësel observa dans le vase oùcette éau avait été placée quelques globules mêlés à un grand nombre d’autres petits êtres; ils reposaient au fond du verre; leur grosseur était à-peu-près égale à .celle d’une tête d'épingle (Roës. pl. 91, f. 1.) Je ne pus, dit-il, leur remarquer d’a- bord aucun mouvement ; vus hors de. l’eau, als ressemblaient plutôt à des grains de matière muqueuse, ou au frai de certains mollusques, qu'à des êtres vivans ou à des Polypes. Mais quel- ques heures après, les ayant examinés à la loupe, Roësel pecon- nut que plusieurs d’entre eux .s étaient fixés aux parois du vase à deux travers de doigt environ au dessus de sa base; de plus, quelques-uns présentaient des panaches et après un certain nombre de jours, ayant été placés dans un verre concave des- tiné à être soumis au microscope, il fut facile de reconnaître que leurs panaches se présentaient sous la forme d'un peigne à plusieurs rangées de dents, et qu'ils étaient répartis à la circon- férence de l'animal, le corps formant le centre. Ces panaches avaient des mouvemens d'allongement et de rétraction, ét ils disparaissaient quand on imprimait de légers mouvemens au verre qui contenait les Polypes, leur nombre était souvent de neuf et même davantage chez certains individus; d'autres en possédaient:moins. La forme de ces appendices. variait beau- coup. Lorsqu'ils se montraient au dehors; dit plus-loin l'anteur (p.563, $ 1:), voicice qui se pässait. On apercevait. d'abord l'extrémité les dents de ces espèces de peignes dessinés en f.3 aaa et f. 5 a. Quelque temps après on remarquait des filamens ir- VII. Zooz. — Février. 6 “82 P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. régulièrement entrelacéss ils étaient tons d’égale grosseur et avaient leur extrémité un peu renflée, Ils sortaient d’une ouver- ture assez petite comme on peut le voir en à dans la plupart de nos figures. Ensuite ils ressemblaient à deux têtes de chardon en fleurs (fig. 4 et 6 d). Bientôt les deux boutons s'allongaient presque en fer à cheval, je dis presque, parce que les deux bran- ches n'étaient pas aplaties mais arrondies; les filamens qui for- ment le panache sont placés sur ces deux branches (fig. 4, 6, -8,e) qui s’amincissent et s'allongent (fig. 7 g.). Roësel. dit plus loin ‘que le fer à cheval est formé de deux tubes por- tant les filamens dont les extrémités un -peu renflées sont re- : courbées en arc. Les filamens, ajoute-til, paraissent être en nombre égal pour chaque animal; comme pour le Polype que j'ai décrit en premier lieu (1), j'en ‘ai compté soixante. Dans le point de jonction des deux tubes et à l'endroit où ils se courbent en fer à cheval, on remarque une petite tige com- -mune, comme cela se peut voir, fig. 7 g, k h, mais on ne dis- tingue pas toujours: cette tige. À son extrémité, entre les bran- ches précitées, on aperçoit quelquefois un petit mamelon, d’au- -tres fois un enfoncement. Je le corisidère comme labouchedu-Po- ‘lype (v. fig. 11 dans laquellle # indique la tige, m1 étant le mame- lon ou la bouche). Au momentoùtous les Polypessontépanouis, le corps devienttrès clair et transparent, mais ($6) jamais cepen- -dantlatransparence ne fut assezgrande, même avec le plus fort grossissement, pour que Roësel ait pu distinguer ancun des or- ganes des Polypes. Pendant le même acte ($ 9) lés animaux pro- duisaient dans l'eau un tourbillon , comme cela arrive pour la première espèce (P/umatellacampanulata), ce quiamène versla bouche les petits corps flottans entre. les deux tubes: des pana- -ches (le fer à cheval). Ces panaches unefois étendus, les animaux les ldissent long:temps dans lamême position, plus ordinairement que ceux de la précédenteespèce. Leur locomotion sefaiten tour- nant le corps sur lui-même; Roësel n’a pu découvrir comment ces Polypes reproduisent, mais il a souvent vu que, parmi les grands pänaches, il en existait d’autres plus petits qui ne pa- {) La Plamatelle: P. GERVAIS, — Sur les Polypes d’eau douce. 83 raissaient être que de jeunes individus. «Je n’ai pu, dit-il, m’as- surer, à Cause de leur petitesse, s'ils se propagent par divi- sion 3jamais je n'ai pu en conserver plus de quatre jours; car, pour les avoir à ma disposition, j'étais obligé de les placer dans de l’eau pure et claire, qui probablement ne contenait pas assez de nourriture. Dans cette eau leur corps devenait de plus en plus transparent, jusqu'à ce qu'il ressemblât à une petite bulle d'air; ét cependant encore à cette époque, chaque Polype éten- dait son panache et le conservait ainsi jusqu'à sa mort. » Tel est le résumé aussi exact que possible des observa- tions de: Roësel sur le Polype dont on lui doit la décou- verte ; et qu ‘ibla mommé Polype à buisson dé plumets. - 1 Linnæus n’a point faitmention ; dans les diverses éditions de son Systéema naturæ, de ce curieux animal, et Gmelin, dans l'édition. du même ouvrage qu’on lui doit, ne le cite pas non plus, bien qu'il'admette parmi les Polypés d’eau douce pour- vus des panaches, dont il fait comme Pallas , Muller et Blumen- bach,) des Tubulaires, diverses espèces dont plusieurs forment certainement. double emploi: C’est sans doute de la Cristatelle que. Pallas a voulu parler en disant : æ An globuli vagi; tubulos polypis fotos minoribus, quam hujus nostræ speciei sunt, a Ræselio descripti (hist. polyp. p. 559, tab. g) diversam constituant speciem, aut potius pro: prole ejusdemspéciei habendi sunt, non determino pronuncient ahi.» ( Pall. Zoophyta ‘p. 86.) G: Cuvier a le prémier accepté comme exactes les descriptions de Roësel; il était en effet difficile de ne pas les admettre après lés avoir lues attentivement, et si l'on doit s'étonner de quelque chose, c'est certainement des opinions assez singulières qu'on a depuis émisés sur là nature des Cristatelles. Le mot de Cristatella fut proposé par Cuvier, et l'espèce unique dont ce genre s’est trouvé composé a reçu le nom de Cristatella mucedo ; le célèbré auteur des leçons d'anatomie comparée, la plaçait k (x) 11 y a dans la citation faite par Pallas une erreur facile à reconnaitre: la page est bien indiquée , mais il n’y a pas de planche 9 relative aux Polypes : c’est 99 qu’il faut lire. (2) Tableau élémentaire , page 656,:1798. 6. #/ P. GERVAIS, — Our les l’olypes d’eau douce. alors après les Hydres, entre les Corines d’une part et les Vor= ticelles de l'autre, ce qui ne saurait être admis aujourd’hui , et'ce que d’ailleurs, lui-même, n’imita pas entièrement dans son se- cond ouvrage de Zoologie. Pour Lamarck, la Cristatelle a-égale- ment été un genre particulier que, dans son système des ani- maux sans vertèbres, cet illustre naturaliste rapporte parmi ses Polypiers fluviatiles; c'est-à-dire dans un autre groupe que celui des Alcyonelles et des Tubulaires d’eau douce, ‘que l’auteur nomme Plumalella. Ye Crist. mucedo est peur Lamarck le -Crist.-vagans. | En 1817 Guvier a parlé de nouveau, dans son traité sur le règne animal, de la Cristatelle, mais il lui adjoint comme con- génère le Tubuluria-repens, ce qui n’est pas sans inconvénient, puisque le Tubularia campanulata, qui est synonyme de ce der- nier,-est rangé dans une autre famille avec les Campanulaires ; mais cette légère erreur de synonymie ne se retrouve plus dans la deuxième édition. ; En 1828 M. Raspail, dans: son savant Mémoire sur l’Alcyo- nelle, a essayé, quoiqu'il ne l'eüt réellement point vue, de donner une détermination dela Cristatelle. Le Polype de Roësel est pour lui, comme il l’avaitété pour Pallas, le jeune âge de la Tubulaire d'eau douce qu’il appelle Alcyonelle. Sans admettre cette opinion qu'il ne-fait que citer, M. de Blainville (r), rap- proche la Cristatelle des Tubulaires et des Alcyonelles, et il Ja place avec celles-ci dans sa sous-classe des:Polypes douteux, à laquelle il donne pour caractère d’avoir l’orifice anal distinct de la bouche, mais 1l la considère comme l'unique espèce de son -genre;,'ainsi que l'avait d’abord fait G. Cuvier, puis Lamarck. “M. Ehrenberg a depuis (2) admis le rapprochement des genres Cristatelle et Plumatelle qu'il nomme avec M. Raspail, Alcyo- nelles, mais en écrivant Halcyonella , et pour lui l'un et l’autre appartiennent à sa classe des .Bryozoa, laquelle est une exten- sion de la sous-classe des Polypes à double orifice cités plus haut sous le nom de Polypiairés douteux. Ajoutons, pour rendre (1) Actinologie, p..489. (2) Die corallenthiere des Kôthen mecres, in-4°: Berlin, 1834. P: GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. 85 complète cette histoire de l'animal observé par Roësel, que plus récemment un naturaliste moins connu, à émis que la Cristatelle (+) était plutôt un végétal qu'un animal, Mais cet au- teur a, malheureusement pris pour des Cristatelles les corps organisés dont Lamarck à fait le genre Spongilla, et pas plus que ses prédécesseurs il n’a étudié en nature la véritable Cris- tatelle. $ IL. Ayant eu l’occasion d'observer et de posséder vivans pen- dant plusieurs jours deux. individus de Cristatelle éclos chez moi d'œufs que j'avais recueillis dans l’intérieur même de Paris, au canal de l'Ourcq, j'ai pu constater, ce qui d’ailleurs était peu nécessaire : que ce Polype est bien un animal distinct du Po- lype à panache de Trembley , c'est-à-dire de la Plumatelle ; que la description de Roësel était. fort exacte dans la plupart de ses détails, et que Cuvier, Lamarck, Blainville, etc., avaient eu raison en établissant ou en adoptant, pour ae qu'elle fait connaître, un genre particulier. J'ai aussi reconnu que le rap- prochement déjà fait par Roësel et admis depuis par: MM. de Blainville et Ebrenberg, entre la. Cristatelle et les, Plumatelles, devait être conservé, et que si l’on accorde que tous les ‘ani: maux du type des Actinozoaires (animaux rayonnés). offrent: nécessairement le caractère exprimé par leur nom lui-même, _les Cristatelles, non plus que les Plumatelles, ne sont pas de vé- ritables Actinozoaires , ainsi que M. de Blainville l’a d’ailleurs signalé pour les dernieres. M. Raspail établit aussi la supériorité des Plumatelles ; il les compare même aux Céphalopodes, mais par une contradiction assez, bizarre, tout en démontrant la complication de leur organisme, il propose de leur appliquer le nom d'Alcyonelles, donné par Lamarck, à une de leurs variétés quoique cette. dénomination semble indiquer un rapport avec les Alcyons qui sont néanmoins les derniers des animaux. Les Plumatelles, auxquelles se joindront les Cristatelles, ne (x) Diet. pitt. d'Hist, nat, tome «, p. 394. 1835. 86 P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. sont pas des êtres complètement rayonnés; leur forme est au contraire binaire et parfaitement symétrique; leur bouche est sur la ligne médiane, en croissant, et entourée de tentacules nombreux disposés sur deux rangs, l'un antérieur, l’autre pos- térieur ; le plus grand nombre de ces tentacules étant porté sur deux appendices qui rappellent par leur forme celle d’un fer à cheval, dont la concavité serait ouverte en arrière et la Con- vexité tournée en avant. Trembley à parfaitement saisi cette disposition dans la figure qu’il a donnée du Polype à panache, (pl. 10, f.8), mais il n’a point indiqué, non plus que Roësel, etc., les muscles rétracteurs du fer à cheval, qui sont cependant com- posés de fibres verticales assez faciles à reconnaître. La bouche chez la Cristatelle est légèrement en croissant, et la convexité et la concavité de ce croissant ont la même direction que celle du fer à cheval. Les tentacules qui forment autour d'elle une véritable collerette partant de chacun de deux bords du croiïs- sant, ainsi qu’en avant et en arrière de la bouche, sont au nom- bre de soixante environ , comme l’a dit Roësel. J’admets, en me fondant sur des motifs que je développerai dans une autre occa- sion, que le côté vers lequel se dirigent les branches du fer à cheval, est la partie postérieure ou dorsale, et que puisque l'animal n’est pas rayonné, la partie qui lui est opposée est lantérieure. C’est à l'opposé de cette face que l’on aperçoit le rectum, organe déjà indiqué par Trembley dans le Polype à Hi EHe! et auquel cet observateur distingué donne le nom d’intestin droit. Lorsqu'on examiné l'animal, soit de la Crista- telle, soit de la Plumatelle, avec peu d'anténtion , Où dans cer- taines positions, son rectum paraît placé sur le côté, mais en réalité, il l’est sur la ligne médiane, et c’est à son extrémité que s'ouvre lanus, lequel est précédé d’une sorte de réceptacle elliptique, plus où moins protractile. Tel est en abrégé, et seulement dans ses parties principales, le Polype de Cristatelle, qui diffère surtout de celui de la Plu- matelle, en ce qu'il est rétractile, dans une sorte de poche asci- diforme , à laquelle Roësel donne, ainsi que nous lavons vu, le nom de corps en ballon. Cette poche ou ce sac, qui est une espèce de manteau et qui offre un nouveau point d’analogie P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. 87 entre la Cristatelle.et les Mollusques tuniciérs, existe déjà lors- que l'animal sort de son œuf. Roësel avait point vu l'anus des Cristatelles, et comme les. animaux qu'il avait observés lui avaient toujours présenté plu- sieurs individus rétractiles dans un même manteau, 11 n'avait pas sur la nature dé chacun de ces Polypes agrégés , une opi- nion véritablement arrêtée : on doit remarquer néanmoins que celle qui l'avait captivé. était bien peu éloignée de la vérité, mais elle n’était pas la vérité tout entière. Chaque appareil ten- taculaire «est certainement l'extrémité antérieure d’un individu de Cristatelle; et, autant on compte d'ouvertures au manteau. et de fersà cheval, autant ily a de Polypes distincts ayant leur bouche, leur anus; et tous les autres organésique les observa- tions de Trembley, Raspail, de Blainville, Meyen; Ehrenberg, Dumortier ;etc:, ont reconnus aux Plumatelles, Mais quel cest le mode de développement de ces Polypes? c’est ce que n'a pu- déterminer Roësel ; je ne crois pas que les remarques de ses. successeurs aient rendu cette question moins difficile à ré- soudre. $ LIL Les Plumatelles sont beaucoup plus fréquentes que les Cris- tatelles; aussi ont-elles. été fort souvent étudiées et possède-t- on sur leur développement des renseignemens assez complets. Leurs œufs sont même connus depuis fort long-temps; Roësel les a pris pour les graines de lentilles d’eau ; mais avant lui, Bernard de Jussieu ,avait.déjà reconnu leur véritable nature, « Jé crois, dit Trembley, devoir encore faire mention d’un fait touchant les Polypes d’eau douce à panache. Ils multiplient, non-seulement par rejetons, mais ils font aussi des œufs. C’est ce que nous apprend M. de Réaumur, dans la préface dont j'ai fait mention ci-dessus. Il a observé avec Bernard de Jussieu que les Polypes à panache ont pondu des œufs bruns et un peu aplatis, et ces messieurs ont vu naître des petits de ces œufs. v 88 P. GERVAIS. — Sur les Polypes d'eau douce. Vaucher a plus tard (1 1) donné des figures du mode d’éclosion des œufs dont s'occupe ici Trembley @); M. Raspail (3) parle éga- lement du même phénomène, et j'en ai moi-même fait plus ré- cemment le sujet de la note suivante: « l’œuf (de la Plumatelle) qui est un disque elliptique s'ouvre au moment de l'éclosion , comme pourrait le faire une coquille bivalve de inème forme, et l'embryon qui s'y est développé apparaît alors, se détend et nage dans le liquide (lorsque son œuf n’était pas adhérent aux corps environnans), tout en conservant à la partie supérieure les deux valves de son œuf, qui lui forment comme une vérita- ble selle d’un ‘beau jaune doré, car telle est la couleur de l'en- veloppe de ces œufs; ou, si lon veut, il représente un mollus- que bivalve dont les‘extrémités antérieure et postérieure ne se- raient pas protégées par la coquille. L'embryon du P/umatella n'est en réalité visible qu’à cette époque: il est assez gros pour être reconnu à l'œil nu ou à une faible loupe, lorsqu'on l’étudie dans un vase de petite étendue, un verre de montre, par exem- ple ;:sa longueur y compris le panache , est trois ou quatre fois celle du grand diamètre de l’œuf, etc. (4)». J'ajouterai qu'il repré- sente parfaitement alors le Leucophra heteraclytes Müller (5), qui est donc bien, comme l’a dit M. Raspail, une jeune Alcyo- nelle étudiée en sens inverse par Müller, qui appelle antérieure l'extrémité qui est la postérieure et vice versd. Ce que je savais sur l’'embryogénie de la Plumatelle et que je résume en commençant ce troisième chapitre) mwa permis de comprendre plus facilement les faits que m'a présentés la Cristatelle étudiée sous les mêmes rapports. Je vais essayer de faire connaître ce que j'ai constaté de cette partie, neuve en- core, de l'histoire de ce second Polype. Les œufs de’celui-ci sont assez singuliers pôur que je m'y arrête quelques instans. ‘Dans des détritus de végétaux aquatiques, repaire d’une (:) Mémoire 3°, page 218. (2) Bull. Sc. Soc. philom. , an xur, pl. ro, fig. 5. (3) Mémoire cité, p.85, pl. 14. (4) Bulletin zoologique, sect. 11, p. 126. 1835. (5) Muller, Vermes terrestres et fur. P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. 89 quantité innombrable de petits animaux inférieurs, ét qui provenaient du canal de lOurcq, lequel aboutit à la Seine, tout auprès du Muséum et dans l’intérieur même de Paris, M. Lau- rent et moi trouvâmes en petit nombre des corps assez singu- liers, discoïdes, hérissés dé petits crochets en forme de haméçon et que nous prîmes d’abord pour dés graines. Je voulus néan- moins m’assurer de leur véritable nature , et pour pouvoir en sacrifier quelques-uns, je rétournai en chercher dans la loca- lité qui nous les avait procurés. L'étude plus attentive que j'en fis me permit bientôt de reconnaître qu’ils se composaient de trois parties assez distinctes : 1° d’une vésiculé discoïde et circulaire , renfermant dans son intérieur un liquide composé de globules; 2° une sorte d’anneau à demi transparent, au lieu d’être roussâtre , et enveloppant le pourtour du disque dont je viens de parler; 3° du point de contact de cet anneau et du corps disciforme partaient sur l’une des faces les crochets dont j'ai parlé. Je reconnus depuis que l'autre face présentait aussi les appendices en crochets, mais qu'ils y étaient moins allongés. Ces remarques me firent douter fortement de l'exactitude de ma première détermination, et me rappelèrent tout naturelle- ment l'œuf de la Plumatelle si bien décrit par M. Raspail, et que tout récemment j'avais examiné avec soin. Les deux parties qui composent l'œuf de la Plumatelle, le disque et le bourrelet, s’y retrouvaient en effet, le premier dans la’coque elle-même, le second dans l'anneau dont cette coque était entouré; les épi- nes de cette singulière production pouvaient et devaient en effet être considérées comme accessoires et d'une importance moins Capitale. Je voulais néanmoins appüyér mon sentiment de l'avis d’une personne plus ‘instruite que moi en carpologie végétale, et je m'adressai à mon ami et collègue M. Decaisne, en lui disant, que si le corps qué javais rencontré dans ma course au canal n’était pas la graine de quelque végétal, c'é- tait probablement l'œuf d’une nouvelle espèce d’Alcyonelle ou Plumatelle ; ce corps avait en effet, comme je viens de le dire, tous les élémens de l’œuf de la Plumatelle, mais il en différait par la forme. L'opinion de M. Decaisne fut que c'était indubitablement un œuf et non un fruit végétal. M. Decaisne 90 P« GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. voulut bien en faire sur-le-champ un dessin que j'ai depwus montré à plusieurs personnes. M. de Blainville ayant examiné l'œuf que je lui montrai , me.fit remarquer son analogie avec le corps figuré par Roësel planche 83, figure à de son His- toire des Polypes, mais sans néanmoins décider d’une ma- nière positive de l'identité de l’un et de lautrez ce que d’ail- leurs les détails dounés par Roësel ne permettent. pas. On peut reconnaitre cependant que la figure de Roësel parait être celle d'un corps beaucoup plus petit; et ce qu'il dit deson étiologie peut difficilement s'accorder avec: ce que nous rapporterons plus loin de nos observations. Plusieurs autres naturalistes sont aussi examiné ces œufs que leur éclosion m'apprit plus tard.être ceux de la Cristatelle. Parmi ces naturalistes ,. je. dois ‘citer M. Turpin, qui crut d’abord y reconnaître des graines d'Æ£rysi- phe, mais qui ne tarda pas à se convaincre, par un: examen attentif (1), de leur nature animale, | L'œuf dont il s'agit et dont j'ai indiqué les caractères les plus apparens a de diamètre environ un millim, dans La majorité des cas ; quelques échantillons sont d’un tiers plus volumineux, Je n'ai point malheureusement assisté à sa ponte, mais tel qu'on le trouve dans l’eau il est assez résistant, ce qui tient à la nature de sa coque, c’est-à-dire de l’enveloppe de, son vitellus. + On doit en effet considérer le liquide contenu dans la partie discoïde. comme .le vitellus, puisque c’est lui qui fournit les élémens qui servent au. développement du fœtus. La: coque est donc sa membrane propre, et si l’on veut l’épaississement de sa membrane vitelline. Quant au bourrelet (je conserve à cette partie le nom que M. Raspail lui a donné dans l’œuf de la Plumatelle), c'est une production adventive, je ne lui,ai point vu le hile qu’en a indiqué chez la Plumatelle, et je suis peu disposé à admettre qu'il en présente un véritablement. S'il existait un hile chez la Cristatelle, comme chez la Plumatelle, son siège serait plutôt sur la coque, qui est la seule membrane propre de l'œuf, que sur le bourrelet; car si ce dernier peut.étre :com- (t) Comptes rendus de l'Académie, 1837, première série , page. 41. P. Gervais. — Sur les Polypes d’eau douce. 91 paré à quelque partié de l'œuf de la plupart des autres ani- maux c'est probablement de l’albumen qu'il est l’analogue. Comme chez la Plumatelle, il est blanchâtre quand on l’exa- mine à ‘un faiblé grossissement, et quand on le voit à de plus fortes lentilles et par réfraction, il apparait, de même composé d'une substance aréolée dontles mailles peuvent étre assez bien comparées, pour l'aspect, à celles des dentelles connues sous le nom de tulle. : Le disque proprement dit ou la ukaër est de nature cornée, circulaire, ainsi que je l'ai dit, au lieu ‘d'être elliptique comme celui dela Plumatellé ; il a d’ailleurs üne plus grande capacité, et sa surface extérieure est rugueuse, et colorée en roux brun- foncé. Une des faces de cette coque est plane ou quelquefois même légèrement concave; Pautfe est au contraire convexe; c'est celle qui porté les crochets les plus longs. Ces derniers, dont l'œuf de la Plumatelle ne présente aucun radiment et qui forit de celui de la Cristatelle une production non moins singu- lièré que l'œuf de certains poissons cartilagineux, sont comme je l'ai dit, implantés sur la face convexe de l'œuf ; la face op- posée ne m'en à montré que de plus courts, leur nature ne paraît pas différente de celle de la coque elle-même; ils ont aussi sa couleur, maïs leur teinte est moins foncée, ce qui tient à leur peu d'épaisseur. Ce sont autant de petites tiges cylindracées, assez flexibles, lisses dans toute leur étendue, mais disposées à leur extrémité libre en crochets à deux, trois où même quel- quefois ‘quatre branches; le nombre le plus fréquent de ces appendices en lramecon est de deux. Ces crochets ne sont pas régulièrement répartis à la ‘face de l'œuf, ils s'insèrent tous au point déljonction' du bourrelet et du disque, et ils se dirigent en dehors en s'appliquant sur le bourrelet; ceux d'une seule des faces. dépassent le bourrelet de la moitié environ de leur lon- gueur totale ; aussi lorsqu'on examine l’œuf par la face opposée semblent-ils implantés à son pourtour, Leur nombre ordinaire est de vingt où vingt-deux! Je n'ai point vu d'œufs de Crista- telle fixés comme cela se voit le plus ordinairement pour ceux des Plumatellés que l’on trouve en abondance appliqués à la surface de certaines feuilles aquatiques, sur des morceaux de 92 P. GERVAIS. — Sur les Polypes d’eau douce. vieux bois, ou, ce qui est plus fréquent encore dans nos étangs, sur des pierres calcaires ou siliceuses. Je les ai toujours rencon.- trés libres, on mieux accrochés, par les espèces de hamecons que je viens de signaler, aux filamens des grandes conferves. Un des meilleurs moyens pour se procurer des Cristatelles est de rassembler des conferves et de les conserver dans un vase particulier, en les agitant à divers intervalles; les œufs accro- chés aux filamens s’en détachent, et comme le plus souvent ils _sont d'une densité spécifique moindre que celle de l'eau, ils viennent bientôt à sa surface. C'est au milieu de décembre que j'ai vu pour la première fois ces Cristatelles, deux des œufs que j'avais misen expérience chez moi ayant éclos. Mes œufs de Cristatelles s'étaient ouverts comme ceux des Plumatelles, en deux valves, encore adhérentes l’une à l'autre par une petite portion du bourrelet. A la première vue, je crus reconnaître dans les Polypes éclos le Leucophra hetero- clyta de Müller, et l’idée me vint que je m'étais trompé en admet- tant l'identité de celle-ci et de la Plumatelle naissante. Mes deux Polypes étaient au fond de l’eau, et il me suffit de les placer sous le microscope , en les prenant avec un bout de plume, pour m'assurer qu'ils différaient de la prétendue Leucophre, et jy reconnus bientôt après la Cristatelle, ce dont je fis à part à dif- férentes personnes et particulièrement à M. Turpin, qui possé- dait aussi un Polype de la même espèce, éclos le même jour que les miens et provenant d’un des œufs que je lui avais remis. L'opinion de M.Turpin, celle au moins qu'il communiqua à M.de Blainville, ainsi qu’à moi, était alors différente de celle-ci. Je n'ai vu pour chaque Polype qu’un seul appareil tentacu- laire, rétractile dans un sac analogue à celui que Roësel avait appelé le corps en ballon; pendant les deux premiers jours, je n'ai distingué qu'un seul orifice pour chacun de ces sacs. Je ne décrirai pas le Polype dont j'ai déjà parlé en faisant connaitre sa bouche et son anus, j'aurai d’ailleurs l’occasion d'y revenir en en donnant la figure à laquelle je travaille en ce moment. Je dirai, seulement que trois jours après, deux Polypes sortatent dé l’un des sacs ascidiformes et-trois de l’autre. Lorsqu'ils sont morts , faute de nourriture, une semaine après leur éclosion, P. GERVAIS. — Swr les Polypes d’eau doure. 93 chacun d'eux se composait de trois individus; lun plus dé- veloppé, celui qui s'était formé dans l'œuf, était au milieu ; les deux autres un peu moindres étaient fixés par leur extré- inité postérieure sur son corps, vers le point que M. Raspail a reconnu être l'ovaire chez la Plumatelle. Je conserve d’autres œufs, et je ne parlerai de cette sorte de génération gemmi- pare que lorsque j'aurai pu répéter de nouveau mes observa- tions ; c'est un sujet trop délicat pour que sur l'étude de quel- ques individus on puisse en hasarder une démonstration. Je remarquerai toutelois que cette variation dans le nombre des individus, émanés d'un même germe, s'accorde parfaitement avec ce qu'en a dit Roësel, dont le texte et les figures démon- trent que le nombre des Polypes peut étre plus considérable à mesure qu'un même faisceau est étudié à diverses époques plus reculées. Roësel a vu dans un même corps en ballon (sac asci- diforme ou manteau) dix individus environ. Le nombre le moins grand dont il parle est quatre, c'est celui des figures 6 à 10 de sa planche, figures que les naturalistes iconographes ont copiées le plus souvent. Les diverses poses que prennent les Polypes que j'ai examinés m'ont permis de comprendre parfaitement les figures de Roësel. Le Polype éclos chez M. Turpin 4 été malheureusement perdu trois jours après son éclosion, ce qui n’a pas permis de l’étudier d'une manière assez complète. C’est d’après les individus éclos chez moi que M. Turpin a terminé le dessin qu'il a fait de la Cristatelle pour sa riche collection de figures. Lorsque le mien sera terminé je le publierai dans ce recueil en décrivant avec plus de détails les Polypes de la Cristatelle. EXPLICATION DE LA PLANCHE 4 A. Fig. 1. OEuf de Cristatelle (grandeur naturelle). Fig. 2 et 3, Le même grossi, vu en dessus et en dessous, Fig. 4. Le mème,vu de profil. Fig. 5. Coupe montrant la coque , le bourrelet et l'insertion des crochets. Fig. 6. Granules des vitellus. 94 BECQUEREL ET BRESCHET. — Température des tissus RecuercHes expérimentales physico-physiologiques sur la tem- pérature des tissus et des liquides animaux, Par MM. BECQUEREL et BRESCHET. TROISIÈME MÉMOIRE. (1) ñ Introduction. 11 est depuis long-temps reconnu que tous les corps orga- nisés vivans ont une température qui leur est propre, laquelle est, dans plusieurs classes d'animaux, supérieure au milieu où ils existent, et qu'ils ont la faculté de conserver, indépendam- ment de toutes les causes environnantes qui tendent à l’aug- menter ou à l’affaiblir. Ils possèdent donc le pouvoir de pro- duire de la chaleur. Il existe aussi des animaux dont la chaleur propre est en équilibre avec la température des corps ambians. La production de la chaleur et sa conservation au même de- gré, quelle que soit la température de l'air, de l’eau, ou de tout autre milieu ou se trouve plongé l'animal, est un des phéno- mènes vitaux les plus étonnans. Existe-t-il un foyer particulier de cette chaleur dans les corps organisés ? est-elle produite sur un point pour être ensuite distribuée partout, ou bien se forme- t-elle sur place dans tous les lieux où l’organisation et la vie se trouvent réunies ? La physiologie ne répond jusqu'ici à ces ques- tions que par des hypothèses ou des présomptions. Nous avons pensé que l'étude de ce point de physique et de physiologie était d’un haut intérêt pour la science, et nous avons espéré pouvoir arriver un peu plus loin que nos prédécesseurs, parce que nous possédons aujourd’hui, pour mesurer la chaleur, des instrumens d’une grande délicatesse, et dont l'effet est in- stantané. À Dans cette exploration, nous avons cru devoir commencer par (x) Voyez le premier Mémoire, Annales, tome n1, page 257, et le second, tome 1v, page 245, et des liquides animaux. 95 constater : 1°}a température des solides et des liquides organi- ques, en appréciant avec plus de rigueur et de certitude qu'on ne l'avait fait les différences de ces températures et les causes de leurs variations ; 2° Nous avons étudié cette température tour-à-tour dans les liquides et les solides organiques, au milieu de circonstances diverses ; 3°. Nous avons voulu constater si tous les liquides et les so- lides animaux étaient doués de la même température sur les divers points de la machine animale, et dans les lieux plus où moins éloignés des centres nerveux où vasculaires ; 4° Si ces centres nerveux ou-vasculaires, si les liqueurs et surtout le sang qui sort dé ces derniers centres, étaient des foyers de chaleur ; l 5°: Enfin nous comptons porter nos investigations sur les causes de cette chaleur propre aux corps organisés, et sur son mode de production. Déjà, dans nos premières communications, nous avons exposé les résultats que nous avons obtenus sur la température des tissus; à l’aide d’instrumens qui ont été décrits avec soin. Au- jourd’hui, nous venons entretenir l’Académie de la suite de notre travail sur les solides et sur le plus important des liquides ani- maux, le sang. Etudier la chaleur animale, c'est étudier la vie dans un de ses plus remarquables phénomènes. En découvrir le mode de production, ce serait trouver la solution de cette grande question physiologique , qu'est-ce que la vie? Nous n'avons nullement la prétention d'arriver à ce résultat; mais dans les sciences physiques, chercher c’est acquérir, et l'étude n'est jamais stérile lorsqu'elle est faite avec attention et con- science, et lorsqu'elle est poursuivie avec opiniâtreté. C'est ce que nous avons fait et ce que nous continuerons de faire avec lé même esprit et la mème volonté. $ I". — De la température de l’homme et du chien dans les plaines et sur les montagnes. Les expériences que nous avons faites l’année dernière sur Ke-- 96 BECQUEREL ET BRESCRET. — Température des tissus la température animale (1) exigeaient qu'elles fussent répétées dans les vallées et sur les plus hautes montagnes, afin de s’as- surer si elle ne variait pas suivant la densité de l'air. On sait qu'à mesure que l’on s'élève dans les pays à monta: gnés très élevées, la respiration devient accélérée par da diffi- culié que l’on éprouve à respirer (2). Les poumons devant tou-| jours absorber la même quantité d'air, redoublent d’efforts pour qu'il n’y. ait aucune interruption dans leur jeu; il en résulte nécessairement.une gêne dans la respiration. On devait recher:! cher si, dans ce cas, la température animale n'éprouvait pas des changemens particuliers. ARTENTUE Nous avons fait des expériences comparatives à Martigny en Valais, dans la vallée du Rhône, et à l’hospice du grand Sainte Bernard, où les religieux qui le desservent nous ont procuré avec une connaissance parfaite non-seulement tout ce dont nous avions besoin pour nos expériences, mais encore plusieurs de ces respectables ecclésiastiques nous ont aidés. Nous citerons: surtout avec éloge et une vive reconnaissance M. Barras, cla- vandier de l’hospice. | Des essais préliminaires nous avaient montré que la sensi- bilité du multiplicateur était telle, qu’un degré de déviation de l'aiguille aimantée correspondait à o,11 de température cen- tigrade. | Température de l'air, 14°; à Martigny. TÉMPÉRATURE ) DESIGNATION DES PARTIES. 4 DIFFÉRENCE, ‘ centigrade. Muscle biceps d’un jeune homme de 20 ans qui nous ARCORPRSURIL. doll lé a eo otreite 1e ci 36,90 Muscle biceps d’un habitant du pays . + « . . . . 36,80, Muscle biceps d’un crétin .1 44 1: 4 4 . , 37 Muscle biceps d’un cretin, frère du précédent, . . , 37 Muscle fléchisseur de la cuisse droite d’ün chien, . , 38,70 Muscle fléchisseur de la cuisse gauche, . : . . . . 38,80 a (r) Voyez notre premier Mémoire, tome 117, page 157. (2) Voyez la relation des voyages de Saussure dans les Alpes.— Deux lettres de MM. Bous- singault et d’Orbigny, dans le mémoire de l’un de nous, sur un organe vasculaire découvert dans les Cétatés Paris, 1836, et des liquides animaux. 97 À l'hospice du grand Saint-Bernard, dans une cellule où la lempérature élait de 14° centigr. TEMPÉRATURE DÉSIGNATION DES PARTIES. : DIFFÉRENCE, centigrade. Muscle biceps du jeune homme de 20 ans, ci dessus fedtionné ;! 1} 0013) AIO Te NET à ste 36,95 Muscle biceps d’un homme de peine employé à l’hos- pice depuis quatre ans. . « . . . . . . . . . 36,80 Muscle biceps d'une autre personne . . . . + . 37 Muscle fléchisseur de la cuisse droite du chien ci-dessus méntionies, 0071) 003 PUR, VOS 38,60 Muscle fléchisseur de la cuisse gauche, . , + . . . 38,70 FRS F4 Cés nombres , qui sont fes moyennes des résultats obtenus dans diverses expériences, montrent qu'il n'existe pas de diffé- rence sensible entre la température des muscles de l’homme ct ceux du chien dans la vallée du Rhône et au grand Saint-Ber- nard, et que le séjour d’un homme, pendant quelques années, dans les hautes régions des Alpes, n’a pas modifié, d'une ma- nière appréciable à nos appareils, la température de ses muscles. $ Il°. — De la différence qui existe entre la température du sang artériel et celle du sang veineux. ‘On a'fait jusqu'ici peu d'expériences pour reconnaître la dif- férence qui existe entre la température du sang artériel et celle du sang veineux. Les premières récherches qui aient attiré sé- rieusement l'attention des physiologistes à cet égard, sont dues à M. John Davy. Les résultats obtenus par cet habile physicien, ont été l’objet de quelques critiques; cependant les nombres obtenus dans diverses expériences sont trop rapprochés les uns des autres pour supposer qu'il ait commis de graves erreurs. A la vérité, lé mode d’expérimentation qu’il a employé, pou- vait faire croire que les températures obtenues n’étaient pas pré- cisément les mêmes que celles que possèdent les vaisseaux dans l'état normal. M. John Davy a opéré de la manière suivante. VIE, Zoor. — Février. ÿ 7 98 BECQUEREL ET BRESCHET. — Température des lissus Ayant découvert la veine Jugulaire interne et la carotide de différens animaux, il a introduit dans le premier de ces vais: seaux un thermomètre ayant un réservoir assez petit pour ne pas gêner la circulation du sang, puis le même instrument dans le second vaisseau. Il a obtenu , dans des expériences faites sur cinq agneaux, des. résultats dont la moyeune donne + 0°,74 centig. pour la différence entre la température du sang artériel et celle du sang veineux. Nous avons cherché aussi à évaluer cette ditférevel en em- ployant les ressources que les phénomènes thermo-électriques meutaient à notre disposition, et sans mériter des reprochés. qu’on avait adressés-au physicien anglais, de désorganiser les. vaisseaux et de gêner plus ou moins la libre circulation du sang! par l'introduction de la boule du thermomètre dans le canal vasculaire. Nous avons pris deux aiguilles composées cha- cune de deux autres, lune de cuivre et l’autre d’acier, soudées à l’une de leurs extrémités seulement sur une étendue de r à 2 millimètres, et légérement recourbées à cette même extrémité, que l’on termine en, pointe très fine, afin de pouvoir les intro- duire dans les vaisseaux sans produire d’hémorrhagie. À partir de la pointe , les, aiguilles vont, en s’écartant, et om les assujettit avec de la soie à une tige en ivoire que lon tient toujours entre les doigts dans la crainte de communiquer de la chaleur au métal: Ces deux aiguilles, après avoir été mises en communication, d'abord lune avec l’antre au moyen d’un fil d'acier, puis cha- cune d'elles avec le multiplicateur à fil court , ont servi à faire des expériences sur quatre chiens de moyenne grandeur. L'une d’elles.a.été mise:dans. l'aorte à sa, sortie: du cœur, l'au- tre dans la veine cave descendante , avant son entrée.dans l’o- reillette droite. La, poitrine était ouverte, les poumons affaissés ne, remplissaient que très imparfaitement leurs fonctions, et le sang qui suintait de l'aorte, paraissait presque noir. L’aiguille du multiplicateur s’est déviée immédiatement de trois degrés,en faveur du,sang artériel; or, comme une -expérience , préalable faite avec l'appareil à température constante. de, M. Soret, indi- quait qu'une déviation d'un degré correspondaità 0,28 de cha- et des liquides animaux. 99 leur , il en résulte que la différence entre la température du sang artériel et celle du sang veineux, était dans cette circon- stance de 05,84. Cette expérience est la première que nous ayons faite pour constater la différence qui existe entre la tempé- rature du sang artériel et celle du sang veineux. Le tableau sui- vant renferme les résultats obtenus sur trois autres chiens. A BUTPRENNES DÉVIATION àhé POSITION DES AIGUILLES. de agé | l'aiguille aimantée. cepngrate. 2° CHIEN. Une des aiguilles placée dans l'artère crurale , 1° tués l’autre dans la veine correspondante. F5 L'ordre des aiguilles a été interverti ; celle qui 4° Le était dans l'artère crurale a été mise dans la en | veine correspondante, et vice versä, 3° cuien. . Une des aiguilles dans l’artère crurale, l’autre 3o pt: dans la veine correspondante. on L'ordre des aiguilles étant interverti ........ F 0,84. 4° cHtEx. Une des aiguilles dans l'artère carotide, à sa | partie inférieure, le plus près possible du o , s . 3 0,84. cœur; l’autre dans la veine crurale, vers sa partie moyenne. | La moyenne de ces résultats nous indique que la différence entre la’ température du sang artériel et celle du sang veineux dans des chiens de moyenne grandeur, est de 1”,01. Nous n’a- vons pas continué plus long-temps les expériences , parce que les résultats étaient toujours sensiblement les mêmes. M. John Davy, ainsi qu'il a été dit, avait obtenu sur des agneaux, pour moyenne 0°,74, c'est-à-dire, 0°,37 moins que nous sur des chiens. Il est assez difficile d'obtenir une concordance plus grande dans des expériences aussi délicates que celles que nous rapportons, surtout quand les vaisseaux n'ont pas un grand diamètre. s1 . 100 BECQUEREL ET BRESCHET. — Température des tissus. Nous avons interverti l'ordre des aiguilles pour être assuré de l’exactitude des résultats, c'est-à-dire que l’une a été mise à la place de l’autre, et réciproquement : nous n’avons pas trouvé de différence. On a déterminé ensuite, au moyen de l’appareïl à température constante, la température réelle de la veine jugulaire et celle de l'artère crurale. Nous avons reconnu que l’une était de 38°, et l’autre de 38°, 90. La différence entre ces deux valeurs n’est que de o° go ati lieu de 1°, o1 ; cela tient à des causes qui nous ont échappé. Nous avons essayé de voir comment la température varie dans le même système artériel ou veineux d’un chien de moyenne grandeur , à mesure que l’on s'éloigne du cœur. Les résultats obtenus nous indiquent une très faible différence en faveur des parties les plus rapprochées du cœur. DÉVIATION TEMPÉRAT. POSITION DES' AIGUILLES, DE L'AIGUILLE. centigrade. en faveur de la ea- L'une des aiguilles dans la carotide, l’autre TONGS à se s.0 10» D 0,15 dans l'artère crurale. 2° CHIEN. L'une des aiguilles dans la veine jugulaire } en faveur de la veine externe, l’autre dans la veine crurale. jugulaire ...... 1° 0,3 Nous voyons par là que la température dans le même sys- tème artériel ou veineux, paraît diminuer à mesure qu’on s’é- loigne du cœur. Nous avons vérifié l'exactitude de ces résultats, en changeant de place les aiguilles. Ces expériences seront répétées plus tard sur de grands ani- maux, qui donneront probablement des différences de tempé- rature plus marquées dans le même système artériel ou veineux, à mesure que l’on s’éloignera du cœur. Nous avons fait aussi plusieurs expériences sur un coq d'Inde (rmeleagris gallo-pavo). La température du muscle grand pec- toral a été trouvée de 40° celle du tissu cellulaire sous-cutané de 38°, 5o. Après une préparation préable, qui a forcé d’enlever FLOURENS. — /Jattement des artères. IOT fe sternum, l'une des aiguilles a été placée dans l'oreillette droite du cœur, et l’autre dans l'oreillette gauche. On a obtenu une déviation de 3°, correspondant à 0°,90 de degré centigrade en faveur de celle-ci. Dès-lors il existe une différence d’un peu moins d’un degré entre la température de l'oreillette gauche du cœur et celle de l'oreillette droite. Les faits que nous venons d’avoir l'honneur de communiquer à l'Académie, établissent bien : r° que la température de l’in- térieur du corps de l’homme et des animaux, ne paraît pas éprouver de variation, quand ils vivent dans les plaines ou sur les hautes montagnes ; 2° qu’ils existe réellement une différence entre la température du sang artériel et celle du sang veineux, que lon peut évaluer à 1°,o1 dans le chien; 3° que l’on est porté à croire, d’après deux expériences , qui ont cependant be- soin d’être répétées sur de grands animaux, que la température, dans le même système artériel ou veineux, va en diminuant du cœur aux extrémités. ExPÉRIENCES sur le mécanisme du mouvemeni ou battement des artères, par M. FLouRENSs. La question du mécanisme du mouvement des artères se divise en deux autres : la première, relative à la cause qui dé- termine ce mouvement ;-et la seconde, relative au mode selon lequel il s'opère. Pour plus de clarté, je traiterai ces deux questions l’une après l'autre. Je commence par celle qui se rapporte à la cause. Galien attribuait cette cause, comme chacun sait, à une pré- tendue faculté pulsifique , dérivée du cœur par les tuniques des artères; et voici l'expérience sur laquelle il fondait sou opin:on. 102 FLOURENS. — BPBattement des artères. Une artère étant ouverte par uñe incision longitudinale, Ga- lien introduisait un tuyau dans l’intérieur de cette artères il lait ensuite les tuniques de l'artère par dessus le tuyau ; et aus- sitôt, quoique le sang continuât à couler daris toute la partie de l’artère inférieure à la ligature, le battement de l'artère n’en cessait pas moins, dit-il, dans toute cette partie. (1) Cette expérience ingéhieuse n’a contre.elle.que de n'être pas exacte. Je lai répétée bien des fois, ‘ét après bien des physiologistes (2); et toujours, etcomme eux ,avee un résultat complètement inverse de celui de Galien. J'ai mis, sur plusieurs moutons, l'aorte abdominale à nu; je lai ouverte par une incision longitudinale; j'ai introduit un tuyau de plume (3) ‘dans sa cavité; j'ai lié les tuniques .de Far- tère par dessus le tuyau ; Ja même, dans la plupart des cas, coupé totalement l’artère, dont les deux bouts se trouvaient alors séparés par un tuyau intermédiaire, fixé :à chaque bout par une ligature ; et constamment j'ai vule sang traverser le . tuyau, passer dans la partie postérieure ou inférieure Je Partère; et cette partie inférieure, et toutes les artères qui en dépendent, les crurales, celles de la jambe, celles, du pied, continuer de battre. L'expérience de Galien n’est donc pas exacte; et sa prétendue faculté pulsifique n’est qu'un vain nom. Harvey est le premier qui ait montré clairement, dans l'effort zmpulsif Au sang poussé par les contractions du cœur, la cause directe du mouvement dés artères. | De cette expérience si simple dans laquelle il suffit d’inter- rompre le cours du sang par une ligature pour suspendre le battement daus toute l'étendue de lartère inférieure à la liga- ture, et de supprimer la ligature pour restituer tout-à-la-fois et le cours du sang et le battement de Vartère, il concluait que le (1) Galien: An sanguis in arteriis naturâ continéatur, cap. 8. (2) Surtout Vieussens. M. Magendie l'a aussi répétée, mais dans d’autres vues (Précis élé- mentaire de Physiologie , tom. 11, 2c:éd. | p. 266.) (3) Vu le diamètre de l'aorte abdominale du mouton, je mé suis servi , pour ces expériences, de tuyaux de plumes d'oie. ÆFLOURENS. == Pattément des'artères. 105 battement de artère n'est donc Rage l'effet: du cours ou de l'ef- fort du sang. | | Et de ce fait pathologique qu’il avait eu occasion d’ die, 2 fait remarquable où, malgré l’ossification complète de l'aorte et des crürales, dans une:certaine étendue; ilavait vu néan- moins. toutes les artères ‘inférieures, même ‘celles du pied , continuer de battre, il concluait que le battement des artères -mevenait donc pas du:cœur par leurstuniques ; quoi qu’en eût dlit-Galien, puisque lossification de ces tuniques , c’est-à-dire leur mets." n'avait pui empêché: ce battement, de sur- vivre: RAA SR On's'étorine que des idées si nettes n'aient pas détourné La- murerde chercher ailleurs la cause physique du battement des artères, et dela placer ‘dans le soulèvement de l'artère , déter- ininé par le soulèvement du cœur. Lamure-commence par élever quelques objections contre le fait observé par Harvey. D'abord, :ditl, Harvey ne:parle du battement des artères-placées au dessous de l’ossification, que comme d'un: fait: dont il se ‘ressouvient ; et, en second lieu, ajoute-t-l, ilin'aspas constaté la :circonstauce (seule essentielle, en effet;-par rapport à la théorie de Lamure ) de l'immobilité de la portion d'artère ossifiée. Cependant rien m'est plus aisé que de reproduire le fait d'Harvey ,; du moins quant à son résultat mécanique, seul ré- -sultat à considérer: iei, et de le reproduire avec la circonstance -d'immobilité exigée par Lamure. Si, après avoir coupé: me l'aorte abdominale sur un mouton ,comme je le disais tout-à-l’heure , on en-rejoint les deux bouts :par un tuyau intermédiaire, fixé à chaque bout par une ligature, onsm’a qu'à eomprimer, qu'à fixer alors ce uyau contre le corps ‘des vertèbres, pour interrompre ‘tout soulèvement des artères inférieures par lesoulèvement du cœur; ét toutefois, le battement de ces artères inférieures n’en con- tinue pas moins, ainsi que je l'ai constaté à plusieurs reprises; et, par conséquent, ce n’est pas du soulèvement des artères par le soulèvement du cœur qu'il dérive. * Lamure ne se bortiait pas aix objections que je viens de rap- 104 FLOURENS. — Baltement des àrtères. porter contre le fait d'Harvey ; il s'appuyait, en outre, pour com- battre la théorie de leffort impulsif du sang, sur l'expérience suivante. ei | A IL interceptait une portion d’artère, pleine de sang, entre deux ligatures; et comme il voyait cette portion d’artère se mouvoir encore; ou, plutôt, ce qu'il ne distinguait pas et dont la distinction faisait pourtant tout le fond de l'expérience, être mue par la portion supérieure de l'artère à laquelle elle tenait, prenant ce mouvement communiqué pour un mouvement propre, il concluait que l'effort impuisif du sang n’était donc pas nécessaire pour que l'artère se müt, et conséquemment que ce n'était pas de cet effort que ce mouvement dépendait. L'expérience invoquée par Lamure ne repose donc que sur une illusion ; la véritable cause, la cause physique; la cause directe du mouvement des artères est donc la force impulsive du sang poussé par les contractions des ventricules du cœur, force reconnue et démontrée par Harvey. Mais, la question relative au mode selon lequel se meuvent les artères n'est pas, à beaucoup près, aussi simple que celle qui concerne la cause physique de ce mouvement. Selon Galien, le battement des artères, le pouls, n’est que l'ef- fet de leur diastole et de leur systole, ou de leur dilatation et de leur resserrement successifs (1). Harvey ne voit de même le battement de l'artère que dans le jeu alternatif par lequel ses parois se dilatent et se resserrent (2); Weitbrecht, le premier, le voit dans la locomotion, où mouvement en masse, de l'ar- tère (3); Lamure, dans son soulèvement (4); Arthaud, dans le redressement de ses angles (5), ete. Harvey coupait une artère mise à nu, et la prenant, au point coupé, entre ses doigts, il la voyait se dilater à chaque pulsation. Weitbrecht, frappé de la difficulté d'expliquer le mouvement (x) Galien : De pulsuum differentiis, lib. 2 , eap. 3. (2) Harvey : De circ. sang. Exerc. anatom. , etc. (3) Weitbrecht: De cireul. sang. Gogitat. physiol., etc. (4) Lamure : Recherches sur la cause de la pulsation des artères, elc. (5) Arthaud : Dissertation sur la dilatation des artères etc. FLOURENS. — Paltement des artères. 10 total de l'artère par la seule donnée de sa dilatation et de son resserrement successifs, chercha le premier, comme je viens de le dire, à y joindre la donnée du mouvement en masse, du dé- placement ou de la locomotion de l'artère. Lamure supposa que Je battement de Partère consistait sur- tout dans son soulèvement, de ce que, une artère étant déta- chée des parties sous-jacentes, cette artère lui semblait fuir le doigt placé au dessous pour aller frapper le doigt placé au dessus. } Arthaud ayant redressé ou rendu droites les artères du mé- sentère sur plusieurs animaux, vit ou crut voir que ces artères qui battaient , tandis qu’elles avaient leurs courbures, ne bat- taient plus, ces courbures étant effacées. J'ai répété ces expériences. Le bout d’une artère coupée, pris entre les doigts, paraît se dilater, comme le dit Harvey, à chaque pulsation ; et, en effet, il se dilate d'autant plus qu’on presse davantage l’artère. Mais, ce n’est là qu’une expérience bien vague; il est bien difficile d'y distinguer ce qui n’est que l'effort de l'artère, poussée par le sang, contre la pression des doigts, de ce qui tient à sa dilata- tion naturelle ; et l'on conçoit qu’une telle expérience n'ait eu que bien peu d'autorité sur les auteurs subséquens. L'expérience de Lamure n’est point exacte. Si l'on détache une artère des parties sous-jacentes , elle frappe le doigt placé au dessous comme le doigt placé au dessus. L'expérience d’Arthaud n’est pas, non plus, d’une exactitude complète ; car bien qu’en redressant, en effaçant les courbures d'une artère, on affaiblisse ; en effet, beaucoup sa locomotion, cependant on ne l'étint point. | Ainsi donc, l'expérience d’'Harvey est insuffisante; celle de Lamure inexacte ; celle d’Arthaud incomplète, et la question du mode selon lequel s'opère le mouvement des artères reste sou- mise à tout le vague et à tous les doutes qui, dans les sciences d'expériences, ne cèdent qu'aux seules expériences complètes et décisives. Or, cette question importante, prise dans son ensemble, m'a paru n'être que la détermination expérimentale des divers élé- 106 FLOURENS. = fBattement des artères. mens-qui concourent au mouvement total de l'artère, tels que la dilatation, la locomotion, où d’autres; et par conséquent le ‘premier point a-été, pour moi, de m’assurer dû mombre et dela Sid de ces élémens: *Dilatation des artères. = \ s'agissait d'abord de: eomatater si Yétène se dilate et se resserre alternativement, quandr.elle se meut. | DEL ; | Galien suppose la dinstole Et la systole, sansiles ébioug ef; Harvey ne les démontre que par une expérience dénuée déspré- cision; Weitbrecht cherche à substituer la /ocomotion.à là di- latation ; Eamure l'y substitue formellement; Arthaud affirme -que l'artère se meut sans dilatation ; il s’est servi, tour-à-tour, pour ses explorations ,-de:ligatures, de compas, et jamais:ilin’a vu lartère se dilater. Bichat, qui a répandu tant de lumière sur-ie mécanisme du cours du sang, pense que:« la dilatation et'le resserrement des « artères sont peu de:chose et même présque nuls, dans Pétat «-ordinaire. » Pour (lui,;:comme pour Weitbrecht, la cause spé- ciale du pouls.est daris da locomotion de l'artère. Depuis Bichat, presque tous les physiologistes joignent-la d:- latation à la locomotion pour expliquer le pouls, le ‘battement des artères. Denos-jours, M: Magendie a tenté, de nouvéau et avec succés ; de constater. directement. la dilatation de Var- tère (r); et M. Poiseuille à imaginé-un instrument quida lui à démontrée, et qui, de plus, lui a démaritré qu elle n’est pas très considérable.(2) De mon-côté, je Suis: parvenu-à Ja démonstration directe de la dilatation de Vartère par le procédé que je vais décrire. Vou- lant isoler les uns des autres, comime je vièns. delle diré,les di- vers élémens qui concourent an mouvement total,de l'artère, il me fallait un ‘appareil qui se müt avec: l'artère,sans changer de forme; ou dont la férmeine füt affectée que par la seule dilata- tion: Dans cette vue;|j'ai fait fabriquer unie lame d’acier, à ressort de montre, très mince; J'ai fait faire, de cette lame, de:petits (x) Précis élément. de physiol., 1. 1r, 2° éd. , p. 387. (2) Journ. de physiol. expérim.de M. Magendie, r830 , p.46: FLOURENS. — Baltement des artères. 107 anneaux brisés embrassant exactement et tout juste les artères autour desquelles je les appliquais, ou dont les deux bouts, l'artère étant embrassée par l'anneau, venaient aboutir Fun à l'autre. On conçoit que ces anneaux ayant assez de flexibilité pour céder au moindre effort, et assez de ressort pour revenir aus- sitôt sur eux-mêmes, effort cessant, la moindre dilatation de l'artère devait les ouvrir, et qu’ils devaient se fermer à son moindre resserrement. De plus, ces sortes d’anneaux incomplets, ou à continuité interrompue en un point donné, étant formés comme de deux branches mobiles, il est aisé, en les ouvrant, de les placer autour des artères que l'on veut soumettre à l'ex- ploration; et si, ce qui, je le répète, est une condition de ri- gueur , ils embrassent tout juste l'artère sur laquelle on les place, le phénomène que l’on recherche ne tarde pas à se ma- nifester. J'ai appliqué un de ces anneaux incomplets, ou à branches mobiles, autour de l'aorte abdominale d’un lapin. Aussitôt, j'ai vu fes deux bouts de l'anneau s’écarter et se toucher, ou s'ou- vrir et se fermer alternativement. J'ai répété cette expérience sur plusieurs lapins, et constam- ment j'ai vu l’anneau à branches mobiles accuser et traduire à l'œil, par le rapprochement .et l’écartemernit alternatifs de ses bouts, la dilatation et le resserrement alternatifs de lartère. Et ce jeu des branches mobiles de Panneau, déterminé par le jeu même dés paroïs de l'artère ,S'est montré avec plus d’évi- dence encore sur l'aorte abdominale du chien, laquelle, com- parée à celle. du lapin, est tout à-la-fois plus volumineuse, et d’une énergie d'action plus marquée. (1) L'artéère se dilate et se résserre donc alternativement, quand elle se meut. La dilatation est donc un des faits, un des élé- mens du mouvement de l'artère (2). Est-il le seul ? (1) Les chiens sur desquels ces expériences ünt été faites étaient de moyenne taille. a) J'ai essayé; d'après les conseils de M. Dulong, conseils qui me sont si précieux, d'ap- pliquer à la détermination du phétomène qui m'occupe, le micromètre à double image de Roôchon. Ce micromètre doublant les images des objets , l'empiètément ou le non-empiètement des 108 FLOURENS. — Æattement des artères. 2° Locomotion de l’artère. — Selon Weitbrecht, l'artère qui bat se déplace, ou, tour-à-tour, quitte et reprend sa place. Selon Arthaud, la /ocomotion des artères est toujours en raison des courbures qu’elles forment, et même, selon lui, les artères droi- tes ne se locomeuvent pas. Je commence par examiner ce qui se passe aux angles ou flexuosités des artères. À chaque angle, à chaque flexuosité, à chaque courbure d’une artère, il se fait un mouvement de sou- lèvement ou de redressement, mouvement remarquable et évi- dent à la simple vue. Bien des physiologistes l'ont constaté à la crosse de l'aorte : là ce mouvement éloigne l'artère de la co- lonne vertébrale, et produit un véritable déplacement , dans le sens strict du mot. Nulle part, ce déplacement, cette locomotion des artères par le redressement, par le soulèvement de leurs courbures, ne se prète mieux à l'étude qu'aux artères mésentériques. Toutes ces artéres libres, ou à peine soutenues par une membrane fine, se locomeuvent ou se déplacent, et surtout à leurs flexuesités ou courbures. On n’a qu’à renforcer ces courbures pour renforcer la locomotion, qu’à les diminuer pour Paffaiblir, qu’à les effacer pour l’affaiblir plus encore, sans cependant léteindre, l'abolir entièrement, quoi qu’en ait dit Arthaud. En effet les artères droites {1) elles-mêmes se déplacent, ou, deux images de l’artère, ainsi observée, l’une sur l’autre, devaient, en effet, indiquer sûre- ment si l'artère se dilate ou non. Mais, et sans doute à cause de la Zocomotion ou mouvement en masse de l'artère, mouve- ment qui complique toujours plus ou moins sa dilatation, surtout quand elle est isolée (et il faut l’isoler pour en obtenir nettement la double image}, ce n’est que par instans très courts, et conséquemunent par essais peu sûrs, que j'ai pu rapprocher convenablement les deux images de l'artère et constater leur empiètement. Quoi qu'il en soit, l'emploi de cet-instrument au cas dont il s’agit, exige et mérite des études plus longues que celles auxquelles j'ai pu me livrer jusqu'ici : je me propose de les poursuivre. (1) Droites : c'est-à-dire les moins fexueuses, car presque toutes les artères sont plus ou moins recourbées, ou à leur origine ou dans leur trajet; et, pour le système artériel à sang rouge, par exemple , elles le sont toutes à leur origine commune , la crosse de l’aorte. Ajoutez que l'effet de la courbure d’une artère se fait sentir sur celle qui la suit, lors même que celle- ci est droite, Ce que je dis done ici des artères droites qui se locomeuvent , ne doit s’entendré que des artères telles qu'elles sont en réalité, et non d'artères quu seraient absolument droites. FLOURENS. — fattement des artères. 109 pour me servir de l'expression reçue, et, de plus, spéciale, se locomeuvent. J'ai mis à nu l’une des deux carotides primitives sur un mouton ; je l'ai dégagée des parties voisines et sous- jacentes ; et je l'ai vue, tour-à-tour, se soulever, s’abaisser, se courber en arc, en un mot, se /osomouvoir ou se déplacer, prendre et quitter tour-à-tour sa place. Mais ce n'est pas tout. Il y a, dans un des sillons de la panse du mouton, une artère qui, étant dégagée des parties voisines, est plus libre encore que celles du mésentère, et qui présente plusieurs courbures successives et inverses. Or, quand cette artère se meut, on voit ses courbures opposées se changer alter- nativement les unes dans les autres, et, successivement, les points convexes de chaque courbure devenir concaves, et les points concaves devenir convexes. Ainsi donc, le mouvement Zocomotif des artères renforce , soulève, redresse, abaisse, efface, change les courbures des ar- téres; et ce mouvement locomotif est le second élément du mouvement total de l'artère. 3° Succussion ou élongation de l'artère. —Si Von met une ar- tère à nu, l'une des deux carotides primitives, par exemple, on reconnait bientôt qu’elle est mue d’un mouvement de secousse qui, tour-à-tour, la pousse d’arrière en avant et la ramène d’a- vant en arrière (1). Pour plus d'évidence, j'ai marqué, d'un trait coloré, un point donné de la carutide primitive mise à nu, et dégagée des parties voisines, sur un mouton ; et j'ai vu, tour-à- tour, ce trait coloré avancer ou reculer par rapport à une li- gne fixe, à une aiguille immobile, par exemple, que je lui op- posais. Aux mouvemens de dilatation et de locomotion de l'artère , qui viennent d'être démontrés, se joint donc un mouvement de secousse qui, tour-à-tour, la porte d'arrière en avant, et d’avant en arrière : et là est le troisième élément du mouvement total, ou battement de l'artère. La dilatation, a locomotion et la succussion, pour me servir de l'expression d’Arthaud, le premier qui me paraisse avoir si- (x) C'est-à-dire du thorax vers la tête , et de la tête vers le thorax. rio FLOURENS. — Pattement des artères. gnalé ce fait (1), voilà donc les trois élémens primitifs ou con- - stitutifs , et déterminés par pr du mouvement total de Ptèré: , En physiologie, quand on à, d'une part, les élémens consti- tutifs d’un phénomène, et, de l'autre ; l'organé qui exécute ce phénomène, il ne s’agit plus que dé ‘rattacher les élémens du phénomène aux qualités physiques de l'organe. Or, la qualité physique des artères la plus essentielle, réletivetaent au point de vue qui nous occupe, est leur élasticité. Bichat, Everard Home, M. de Blainville, feu M. Béclard, ont fait connaître sous le rapport anatomique, et M. Chevreul, sous le rapport chimique, le tissu particulier, ce tissu jaune, rétrac- tile, auquel l'artère doit de revenir avec énergie sur elle-même, quand elle a été distendue. M. Magendie a dédmit de cette force de retour la nature du jet du sang qui s'échappe d’uné ar- tère ouverte, jet continu, dit-il, sous l'influence du resserrement des artères, et saccadé par l'effet de la contraction des ventri. cules. (2) | Maintenant, remarquez que, par suite de son é/asticité, Yar- ière peut être distendue en largeur, d’où sa dilatation ; en lon- gueur (3), d'où sa succussion , son élongation (4); qu'elle peut être fléchie, redressée, déplacée, d’où sa Zocomotion ; et que, dans tous ces cas, elle revient par elle-même et par elle seule, à son premier état, et vous aurez toute cette suite de mouvemens inverses et alternatifs de Pensemble desquels dérive son mouve- ment total où son battement. Remarquez, en outre, que l'effort impudsif du sang et Vélasti- cité des parois de l'artère étant donnés, tous les mouvemens de l'artère en dérivent nécessairement et rigoureusement. En effet, l'artère étant supposée pleine, et dans l'état ordi- (1) Quoique, à la vérité, d’une manière bien vague. (2) Précis élémentaire de Physiologie, tome 11, 2° éd., p. 410. (3) L'extensibilité en longueur r’est pas moins remarquable que l’extensibilité en largeur. L’aorte du cheval, par exemple, peut être allongée de près d’un tiers en sus de sa longueur ordinaire, et cela , sans que sa membrane moyenne se vompe. (4) Je dis succussion ou élongation ; car l'artère étant fixée par ses deux bouts, un frait co- loré , marqué sur elle, ne peut, alternativement, se porter en avant et en arrière d’un point fixe donné, sans qu'alternativement elle s'alonge et se raccourcisse, FLOURENS. — Jattement des artères. VTE naire elle lest toujours, chaque nouvelle quantité de sang pous- sée par les ventrieules ne peut y pénétrer sans la distendre en largeur, en longueur, sans tendre à ramener, avec une nouvelle force; à la ligne droite, ses flexuosités, ses courbures, sans dé- terminer par conséquent plus: où moins , selon la disposition plus ou moins flexueuse de l'artère, sa so spé son élonga- tion, sa locomotion. Et de la plénitude de Vaétéres et de laitension de ses parois , et de la continuité de la colonne de sang qui la remplit, et de la tendance incessante (1) de cette colonne à la ligne droite, il suit que chaque nouvelle quantité de sang, poussée par les ventricules, ébranle toute cette colonne continue à-la-fois ; et, simultanément, dilate, allonge et locomeut Yartère. Le battement, où mouvement total de l'artère, est donc un phénomène un, mais complexe; mouvement résultant de tous ceux auquels se prête l'élasticité de l'artère, et, particulièrement, de sa dilatation, de sa locomotion et de son élongation. Quant au pouls, il dépend ou de la dilatation seule, ou de la dilatation compliquée de la locomotion, où enfin de la dilatation compliquée de l'effort du sang contre la paroi de l'artère, dé- primée par le doigt qui Feplare, Selon Galien, selon Harvey, le pouls, C entire le coup dont est frappé le doigt appliqué sur l'artère qui bat, est le choc pro- duit par les parois dilatées de l'artère. Selon Weitbrecht, le pouls est le choc produit par toute l'ar- tère déplacée, et non par la seule dilatation de ses parois. Pour Arthaud (2), qui nie la dilatation, et qui néanmoins re- trouve le. pouls dans les artères mêmes qui, selon lui, n'ont pas de lovomotion, le pouls n'est que l'effet de l'effort du sans con- tre la paroi de l’artèré, déprimée par. la pression, du doigt. D’ "apres cé qui précède, on voit que, dans les artères droites, et qui se /ocomeuvent peu, le pouls tient surtout à la dilatation; (x) Et, de plus,; eroissante à chaque nouvelle quantité de sang poussée. par les ventricules. (2) Le pouls n’est aussi, pour Jadelot , que le sentiment de l'effort quéfait le:sang pour ra- mener l'artère, déprimée par le doigt, à son calibre moyen ; c'est-à-dire au calibre intermc diaire entre la dilatation et \eresserrement de Vartère. 112 VANBENEDEN. — Système nerveux du Limneus glutinosus. que, dans les artères flexueuses , et qui se locomeuvent avec force, le pouls tient surtout à la locomotion ; et que, dans les cas où le doigt ne se bornant pas à toucher l'artère, ou, plutôt, à être touché par elle, la presse et la déprime, le pouls tient, de plus, à l'effort du sang contre la paroi de l'artère déprimée par le doigt. (1) | Le pouls n’est donc que le battement senti par le doigt, et il se complique de tous les élémens (2), de toutes les circonstan- ces qui déterminent ou compliquent le battement. Descrirrion du double système nerveux dans le Limneus lutinosus. Par A: J. VANBENEDEN. (3) Le Limneus glutinosus est connu depuis long-temps. Müller (O.-F.), dans son Histoire naturelle des vers, paraît en avoir donné la première description. Mais si on voit la figure de la coquille dans plusieurs ouvrages de conchyliologie, l'animal n’a pas encore été représenté, que je sache, et à plus forte raison la disposition des organes intérieurs reste encore à faire con- naître. D’après le grand développement du manteau qui peut recou- vrir toute la coquille, M. Nilsson, dans sa Fauna Sueciæ, avait déjà cru devoir faire de cette espèce un type de genre sous le le nom d’Amphipeplea. Nous ne nous occuperons point main- tenant de la valeur des modifications internes dans leurs appli- (x) Dans ce cas, le doigt sent le retour de l'artère à son calibre moyen, plus sa dilatation ordinaire. Le pouls est donc, ou la dilatation, ou la locomotion seules, ou la dilatation, plus le retour de l'artère déprimée à son calibre moyen. (2) Sauf, toutefois, l'élément de l’élongation, qui, par sa nature, n’a nul rapport au pouls. (3) Extrait du Bulletin des séances de l’Académie de Bruxelles. YANBENRDEN.=— Syslème nerveux du, Limneus glutinosus.. 1 13 cations zoologiques; nous ne nous proposons que de faire con- naître le: grand développement de son système nerveux, y com - pris le représentant du grand sympathique des animaux supé- rieurs, désigné sous le nom de nerfs stomato-gastriques. Si l'on coupe, dans cette;espèce, l’œsophage à son origine, et qu'on .le renverse, on aperçoit un anneau ganglionaire tel- lement, compliqué : LS il semble au premier, coup-d’œil, inex- tricable. | Nous donnerons d'abord la x be Parti de ,cet anneau avec les différens nerfs qui en partent, et nous, examinerons, aprés, les ganglions et les nerfs somato-gastriques. Le collier œsophagien, composé de,ses nombreux ganglions, se-réunit.autour, de. l’œsophage, sous la forme d’un double an- neau: On. peut ÿ reconnaître quatre paires de ganglions dispo- sés symétriquement et un ganglion impair. Ces deux anneaux sont placés l'un sur l’autre, Le supérieur, qui est le plus grand, dépasse l’autre de la moitié. On distingue dans le premier de ces anneaux, trois paires de ganglions, dont, la première, d'un blanc laiteux, représente le cerveau,et les deux autres, d'une couleur jaunâtre, sont situés au-dessous de l'æsophage. Les nerfs qui en partent sont disposés d'üne manière plus oumoins symétriques, excepté ceux qui se renderit à la verge et qui ne se répètent point du côté gauche. Aussi le ganglion droit, d’où partent ces derniers nerfs, est-il plus gros que celui du, côté .opposé..1IL semble, formé: par, la réunion de trois ganglions. : Cette première paire, outre les nerfs de la verge du côté droit, fournit les nerfs optiques et vap/iiss filets qui se-ren- dent, à la bouche. Du côté interne on voit naïitre la commissure transverse qui doit unirles deux ganglions supérieurs, et constituer la portion sub-œæsophagienne. Du bord postérieur partent les, commissu- rés longitudinales, qui vont constituer avec les ganglions qui suivent , les deux anneaux. Le bord antérieur reçoit aussi un filet nerveux du système stomato-gastrique qui établit ainsi les rapports entre les deux systèmes. VII Zooc. — Février, 8 JA VANBENEDEN. — Système nervernx du Limneus glutinosus. Les ganglions qui constituent la-seconde paire sont plus pe- tits que les précédens et n’envoïent que quelques filets qui se perdent dans les parties voisines. La troisième-paire de ganglions foùrnit dés nerfs assez longs qui vont se rendre dans l’extrémité postérieure de l'animal. Lé second anneau est placé immédiatement sous le prété- dent. 11 naît par déux commissures NAGIERMENES qui pro- viennent de la première paire de ganglions. Il n'est point aussi grand que le ‘précédent, et on de CAPE que” trois’ ne. dont un est médian. Ce dernier donne dés fiéts ên pétit nômbre, et les autres “en fournissent aux extrémités antériéüres dés’ organes ‘de la génération , mais les’ principaux d’entre” eux's'irradient'vers là circonférence , et se pettent eds . couche! “asewiqite du pied. ro ao SUP à 9e Il nous reste'à parler maintenant du grand sympathique « ou -des nerfs stomato-gastriques. M. Brandt, dans son dernier travail qu’il vient de publiér sur ‘cé système (1), dit: que les ‘nerfs stomato-gastriqués des ‘ani- maux invertébrés, présentent trois dispüsitions différentes +un système impair ou médian, un système pair ‘ou latéral, et un troisième, où les deux premiers 'se trouvent réunis. ! Ia pre- mière disposition se trouve, selon cét auteur, dans les 'mollus- ques céphalopodes, la ioéohde dans les SAONE et la. trôi- ‘sième dans les crustacés et les inséctes. Notis avotis trouvé, dans l'animal of ‘fait le: sujet de cette communication, les deux systèmes réunis, dispeytién que M. Brandt croyait exclusivement propre! aux ‘articulés. ! Nous ferons rémarquéer ici que nous sommes loin d’attacher une aussi grande importance que M. Brandt, à cétte distinction de système pair ét impair, surtout dans les mollusques. Nous avons vu les ganglions pairs disposés sous la cavité buc- calé ‘comme chez cés congénères; mais de plus ‘nousravons trouvé le système impair placé au milieu du précédent: n’est (r) Annales des Sciences naturelles, février 11836 /page 86: VANBENEDEN.—- Système nerveux du Limneus glutinosus. 115 constitué que par un seul ganglion qui forme avec les deux autres un triangle au dessous de la cavité buccale. Ce ganglion impair se lie aux deux autres par une commis. sure oblique: La planche montre cette disposition à la. face inférieure de la cavité buccale. Cette partie est retournée... ,, Il part du système pair un filet nerveux, mince, qui se rend à la partie antérieure de, la bouche. Du bord opposé naît de chaque ganglion un autre filet qui va se rendre à la première paire de ganglions, et établir avec le cerveau la communi- cation dont nous avons parlé plus haut. Les principaux filets de cette même paire de ganglions sont ceux qui longent l'œso- phage, et qu'on peut, PARFSHIFRE jusque dans. le raifinags de l'estomac: Enfin-on apercoit à leur bord interne un autre filet qui-éta-! blit la communication avec le ganglion moyen. Ce dernier ganglion ne nous'a point présenté de filets nér- veux distincts. EXPLICATION DE LA PLANCHE 3B. Cette figure représente le double système nerveux. L'æsophage est coupé à son origine, et la cavité buccale est renversée pour montrer les ganglions stomalo-gastriques. a. La première paire de ganglions, ou cerveau, | b La commissure transverse. ccce, Ganglions constituant l'anneau supérieur. ddd. Ganglions formant l’annéau inférieur. ee. Ganglions stomato-gastriques. f.. - Cavité buccale. , .&g +. Nerfs optique.» hh, Nerfs qui se rendent à l'extrémité postérieure. 116 LARTET, = Ossemens fossiles. Nos sur les ossemens fossiles des térrains tertiaires de Simorre, de Sansan, etc., dans le département du Gers, et sur la décou- verte récente d'üne mächoire de singe’ fossile; par M. Larrer. (Lu à Académie des Sciences, le 16 janvier 837). J'avais signalé, il y a deux ans , la découverte récente de quelques depôts d'ossemens fossiles dans le département du Gers, et fait pressentir que des re- cherches qui y seraient faites avec soin, pourraient acquérir de nouveaux faits à la science, en même temps qu’elles contribuëraient à enrichir la collection du Muséum d'histoire naturelle. Cette proposition fut accueillie avec faveur par MM. les administrateurs de cet établissement , et M. Guizot ministre de l’In- struction publique, voulut bien de son côté encourager des travaux dont les ré- ‘sultats n’ont: pas été au dessous de-nos espérances, puisqu'ils ont fait découvrir ‘plus de trente espèces de mammifères fossiles , nouvelles pour la plupart. Une prodigieuse quantité d’ossemens fossiles a été successivement aînenée au jour ; tous les morceaux qui pouvaient offrir quelque intérêt à l’étude sont dé- posés au Muséum depuis près d’un an, etils y seront sévèrement examinés par M. de Blainville, de manière à en démontrer toute l’importance scientifique. Après une interruption de quelques inois, j'ai repris pour mon compte ces tra- vaux de recherches, et je vicns inaintenant, monsieur le président, vous prier de remettre à l’Académie le résultat de mes nouvelles observations. Avant tout, je dirai un mot de la nature :et de l’âge des terrains qui recèlent ces débris de nos anciens mammifères. | Cette partie de nos terrains tertiaires qui remonte au midi d'Auch jusqu’au pied des Pyrénées, constitue un massif très puissant. C’est une formation toute continentale qui paraît résulter, en grande partie, d’une longue 'süiccession d’alluvions d’eau douce, dont l’ensemble présente des alternances irrégulières de dépôts arénacés et marneux le plus souvent consolidés par des ivfiltyations calcaires. On y remarque aussi des couches très étendues de marnes peu co- hérentes, qui preunent quelquefois une physionomie particulière que M. Cor- dier a très bien caractérisée en les. nommant marnes bigarrées de la période palæothérienne. Les derniers dépôts de cette grande formation se reconnaissent, sur les hau- teurs, dans des amas de sables ou de molasse que l'on voit s’echelonner dans une direction qui incline constamment vers les rivages de cette mer dont la retraite a mis à sec notre grand bassin tertiaire du sud-ouest. Ces sables nous présenteraient donc les alluvions des derniers courans continentaux de la pé- riode tertiaire. Ms renferment souvent des ossemens de grands mammifères ; ranrer. -— Ossemens fossiles. 117 et il est remarquable que les débris des mêmes espèces se retrouven? aussi dans les dépôts littoraux de l’ancienne mer , circonstance qui constaterait des relations géologiques que M. J. Desnoyers a d’ailleurs indiquées depuis long-temps. Les assises moyennes de nos collines sub-pyrenéennes présentent quelques accidens lacustres crdinairement peu étendus; car ce terrain de calcaire d’eau douce proprement dit, ne commence à prendre un grand développement que dans le Bas-Gers de l'Agenais où il constitue, suivant M. Dufrénoy, un mem- bre important de Fétage moyen de nos terrains tertiaires. C’est de l’un de ces dépôts de calcaire lacustre, situé à Sarisan , à deux lieues sud d’Auch, que proviennent la plupart des ossemens que j'ai déposés au Mu- seum, Cette petite formation est nettement caractérisée par la présence d’un grand nombre de tortues et de coquilles d'eau douce ; les ossemens y sont quel- quefois assez bien conservés, et: il s’y est trouvé jusqu'à des squelettes entiers dont les séries articulaires sont maintenues dans leurs situations naturelles par le calcaire inscrustant qui paraît les avoir saisies au moment-où la: décomposition du cadavre “venait de s'achever. Avant de m'occuper des nombreuses espèces reconnues dans ce dépôt, je dois faire connaître celles que m'ont fournies les sables etgrès d’eau douce tertiaires supérieurs de Sémorre, Tournan, Lombez et autres gisemens analogues. On distingue parmi ces derniers : Deux Dinotherium de dimensions un. peu. différentes, probablement les mêmes espèces déterminées par M. Kaup sous les dénominations de D. gigan- teum et de D: secundarium. Plusieurs espèces de Mastodontes, peut-être jusqu’à cinq, dont une très petite qui n’a encore été, que je sache, sigualée nulle autre part ; Trois espèces de Hhinocéros , qu'il n’a été possible d’établir que sur des mo- laires, et sur quelques ossemens très rares ; Un petit Pachyderme , voisin des sangliers, par la forme de ses molaires ; Un petit Cerf, dont les bois ne se sont retrouvés qu’en fragmens ; “Enfin, on grand ruminant, probablement du genre bœuf, qui, mesuré. dans les proportions de l’aurochs, aurait eu plus de G picds de hauteur au garrot. S . L'ensemble zoologique du dépôt lacustre de Sansan diffère notablement de. celui des sables tertiaires supérieurs de Simorre. Le dinotherium ne s’est point retrouve à Sansan ; les mastodontes y deviennent rares; les rhinoceros s’y mon- trent en grand nombre ; mais ilne paraît pas que ce soit les mêmes espèces qu’à Simorre. Les Rhinocéros de Sansan forment un groupe particulier, compreuant jus- qu’à présent trois espèces qui se distinguent entre elles par la taille, par la forme de leurs dents, principalement de leurs éncisives, et surtout par la lon- gueur proportionnelle de leurs maxillaires. Ces rhinocéros ont quatre doigts aux pieds de devant ; un de plus que dans les espèces vivantes; c’est le petit doigt. D'un autre côté, il est vraisemblable 118 LARTET..— Ossemens fossiles. qüe nos rhinocéros de Sansan, qui ‘réunissaient d’ailleurs /tous les ‘caractères ostéologiques du. genre, étaient cependant: privés de lattribut qui: forme l’é- tymologie de leur nom, c’est-à-dire qt'ils n'avaient point dé’cornes sur lé nez. Cette, idées’était présentée à M. de. Blainville, lors d’un premier examen des crânes déposés au Muséum, sur desquels on n’aperçoit réellementaucune trace de point d'attache des cornes. J’ajouterai à J'appui.de ‘cette opinion de M: de Blainville, que, dans ces espèces, les os du nez me se soudent point, et demeu- rent constamment distincts à tout âge; ce, que: j'aipuw vérifier tout récemment sur: deux portions.de. vieux crânes. On conçoit que cette circonstance ; jointe à l'extrême. amincissement de, ces. os dans nos aspèces de Sansan; net leur laissait pas-assez de solidité poux servir de,support: à un moyen: de défense aussi +v sant que le sont les cornes de, nos rhinocéros actuels, 41101 +0 ou Un seul Palæotheriwm s'est montré parmi nos anciens, pachÿdermes de ns. san. J].était un peu plus grand que le P. medium de Montmartre.; dont il dif- fère par la forme de ses molaires, qui le rapprocheraient, à quelques détails près, du P. Orléans. Mais ce qui y:a surtoutde distinctif dans:cette espèce ; c’est .la ressemblance frappante de ses extrémités avec.celles du cheval. 0 Avec ce Palæotherium vivait un grand. Anoplotheriurm , dont les dimensions n'étaient pas moindres que celles de nos rhinocéros de. taillesmoyenne: Il:s’y juignait un autre pachyderme que la forme de ses molaires rattacheraït aux Anthracotherium. ‘ Les ossemens de ruminans sont très ahondans.; à Sansan. J y ai reconnu plu- sieurs Cerfs qui se distinguent des espèces connues par un bois‘invariablement composé, autant du moins que j'ai pu en juger par.des observations multipliées , par un bois, dis-je, composé à tout âge de deuxpointes formant fourche d'avant en arrière, et s’élevant perpendiculairement sur un pédoncule plus où moins loug, suivant les NN Ce groupe de cerfs à bois fourchu et pédoncule, comprend jusqa’à «il trois espèces : le cerf grand, le cerf élégant..et Je cerfitrapu. Le Cerf grand n'avait pas moins de 5 pieds 6 pouces au garrot. Ses wolaires supériAUFeS entourées d’un collet à leur base interne, ne peuvent être com- parées qu’à celles du cerf de Timor, dans les vivans. Le Cerf élégant était un peu nas grand. que notre chevreuil, dont il rappel- Jerait l'aspect gracieux par la légèreté de ses bois et sr de ses propor- tions, Le Cerf trapu, au contraire, était.tres bas sur janbes; avec. une tête dont les dimensions annonceraient une taille à peu de chose près égale à celle du-pré- _ cédent; il n’avait en réalité pas plus de. 18, ou 20 pouces de haut. Dans cette espèce le pédoncule du bois est à proportion plus long; elle était. pourvue de canines; toutefois, des rapprochemens que j'ai, été à portée de faire ,me per- mettent de conclure que les canines et les bois existaient seulement chez les mâles. Les molaires, qui diffèrent presque génériquement de celles des. autres cerfs, trahissent, ainsi que l'avaitwemarqué M. de Blainville, une tendance LARTET, — Osserens Jossiles. 119: vers les. achydermes;. lendauce que coufitteit l'état du spaon composé dans le jeune âge de deux os, qui. se soudent plus, tard jusqu’à leur tiers inférieur seulement, et dont les canaux médullaires. demeurent toujours séparés daus le reste, de leur trajet par une double cloison. Dans € ce cerf, le, tarse a un os ‘de moins que < chez Jes autres rumipans ; c'est le grand cunéiforme qui est remplace par une saillie que | fait en haut l'os interne, ou si l’on veut, la moitié interne du, £anon, dont la tête s'articule ainsi immédiatement avec le scaphoïde. Il ré- sulte de cette anomalie que de-son côté los externe descend plus bas que son congégér re, ce qui a dù. obliger l'animal à jeter les pieds en dehors, et lui ôter par, là celle agilité et celte grâce qui caractérisent généralement les espèces de ce: genre. On remarque également, en arrière de la tête supérieure du canon, des'indications de deux autres doïgts rudimentaires. En un mot, tout, dans cette espèce, dégénérée, semble indiquer le passage prochain à, un type voisin; jusqu’au ginglyme des articulations, qui tend à s’effacer. Dans le nombre de nos ruminans se trouvait aussi une Æntilope que la forme ct la direction du noyau osseux de ses cornes _rapprocherait de nos chamois des Pyrénées. Je ne dirai rien de sou ostéologie , que je n'ai pas encore étudiée, Je dois également faire mention d'un aufre très pelit ruminaänt que j'ai long-temps pris pour un cerf, haut de 12 à 15 pouces, tant ses molaires, que j'avais observées sur une portion de mâchoire déposée par moi au Muséum, ont de ressemblance avec celles des cerfs de la même époque. J'ai pu m'assurer plus tard, par la découverte d’autres morceaux plus complets, que les dernières molaires de ce petit animal différent de celles des rumiuaus à bois. Je crois aussi pouvoir rapporter à cette petite. espèce un noyau osseux de corne , en- core adhérent à une portion de crâne. Cette cheville osseusé de 10 lignes de long sur 3 de diamètre moyen, est creuse comme celle des bœufs , elle a dû aussi se diriger latéralement. J'ai déjà dit que les os de ce petit ruminant, mesurés dans les proportions du. cerf, annonceraient une taille de 12 À 13 pouces. Ces paisibles | herbivores avaient pour contemporain un carnäassier gigantes- que, d'un genre inconnu daus la nature actuelle. Ses incisives unilobées, sa canine comprimée et s6s premières mächelières sans. talon distinct, rappellent _ celte partie de la, dentition du Raton; tandis que la carnassière et les deux tuberculeuses quila suivent sont la réprésentation exacte de celle du Chien. Ajou- tons que notre carnassier avait de plus que tous Jes autres.animaux de cet ordre, une troisième tuberculeuse en arrière des deux dont je viens de parler. Ce que j'ai connu de « sou ostéologie est en grande partie, déposé au Muséum, on y remarque en général une tendance plus prononcée vers le Raton que vers le Chien. Ge genre, qui comprenait plus d’une espèce, était accompagne de quelques aulres caruassiers, parmi lesquels j'ai distingué ua vrai Chien, un grand Chat, et un animal voisin de la Genette , de la taille de notre. renard commun. 120 LARTET, — Ossemens fossiles. Je ne parlerai pas de nos rongeurs assez nombreux, mais encore indétermi- nés, sauf un petit Lièvre de la taille d'un rat. L'ordre des Edentés était représenté dans notre faune tertiaire, par un très grand quadrupède dont je n’ai pu déposer au Muséum que deux ou trois pha- langes, et une dent en très mauvais état. Les fouilles que j'ai fait exécuter de- puis cette époque à Sansan, m'ont procuré un certain nombre de pièces, à l'aide desquelles j'ai pu acquérir des notions précises sur quelques parties de l'organisation de ce : singulier animal. ré | M. Cuvier avait eu connaissance d’une phalange unguéale de ce même edente, pat avait été trouvée sur les bords du Rhin; ce grand naturaliste avait dû, d’après sa forme, la rapporter à un Pangolin gigantesque , auquel il assignait, par aperçus de 2 gr 24 pieds de long. Ces unguéaux de notre édenté sont donc, comme ceux des pangolins, bifur- qués en avant et sans gaîne osseuse; mais ils se trouvent à proportion plus hauts, inoins allongés et plus minces. Avant de parler de la dissemblance du reste des extrémités, je rappellerai que notre animal avait au moins des dents mâchelières , ce qui le sépare tout-à-fait des pangolins. Les dents, d’une substance ivoriée peu compacte, étaient sans racines et eu- titrement dépourvues d’émail. Elles faisaient peu de saillie au dehors des al- véoles , et leur mode d'action réciproque produisait tout au plus l'effet d’écraser, mais non de broyer les alimens; d’où résultait une mastication trop imparfaite, pour laisser supposer que l'animal fût herbivore ; par la même raison, s’il mangeait de la chair, ce ne pouvait guère être que celle des cadavres; restaient donc les fruits et les insectes. La forme de l'articulation huméro-radiale indiquerait que notre édenté a pu, jusqu’à un certain point, exécuter le mouvement de su- pination. L’articulation des doigts de cet édenté présente une singulière anomalie : la première phalange de chaque doigt, posant à plat dans le sens de sa longueur, reçoit la tête du métacarpien qui lui correspond, non pas bout à bout, comme dans les autres quadrupèdes, mais dans une cavité creusée dans sa face supe- rieure , considérablement élargie en arrière. Cette cavité un peu profonde est arrondie et marquée au milieu de son bord postérieur, d’une échancrure par où glisse J'arête mitoyenne qui se montre seulement en arrière de la tête du mé- M ; ce mode d’articulation , faisant porter tout le poids du corps sur la large assiette fournie par les premières phalanges, facilitait singulièrement la marche de l'animal, en diminuant l'embarras que devaient lui Mers ses ongles énormes, qu’on peut croire avoir éte habituellement fléchis en dessous. On pour- rait se faire une idée approchante de l'effet ainsi produit, en se figurant un homme marchant sur ses talons, la plante des pieds un peu soulevée et les or- teils recourbes en bas. J'arrive enfin à une découverte toute récente, et d’une importance si ac- tuelle, ce me semble, que c’est à cette occasion que je me suis decide à com- muniquer ces détails à l'Académie. LARTET, — Ossemens fossiles. 1af Il s'agit d'une mâchoire inférieure avec sa deutition complète , se composant de 4 incisives, 2 cauines, 4 fausses molaires et 6 vraies molaires ; en tout 16 dents en série combine ; c'est la Porrsirte cine de l homme et de quelques singes: Les incisives diférent peu de celles de l lsssss elles sont nn peu plus in- clinées en avant , ce qui fait qu'elles étaient opposées couronne à couronne aux. supérieures, comme dans les singes, La canine est aiguë et saillante , moins cependant que dans la plupart des quadrumanes. La première fausse molaire n'a qu'un seul fort tubercule : il y en x deux chez l’homme. La deuxième fausse es présente deux tubercules, comme dans l'homme: Les trois vraies molaires sont également semblables à celles de l’homme, sauf la dernière ; qui a un peu plus d’étendue d'avaut on arrière. Ces molaires sont, comme celles de l’homme ;, divisées’ en” quatre tubercules, par deux sillons qui se coupent à angle droit, au milieu de la dent. A leur etat de détrition, on croirait voirles molaires d’un homme de quarante aus, réduites à-jieu-près à moitié de leur grandeur naturelle. Je doune les principales dimensions de cette mâchoire, qui a perdu ses bran- ches montantes : Espace occupé par les cinq mâchelières . . . : . . . . . . Oom,029 Distance entre les deux dernières molaires, mesurée à leur angle PNR 2 ul Le ne eng à ei ocre e 7 O7 088 Hauteur de Ja branche dentaire à son milieu . . + . . , . . O ,014 Saillie des canines au-dessus des premières mâchelières. . . . Oo ,004 C'est'encore à Sansan , dans un lit de marne recouvert par un. banc régulier de calcaire compacte, et pêle-mêle avec: des ossemens de cerfs, sr reg rium , de palæotherium, etc., que s’est trouvée! cette mâchoire , ainsi :qu'une phalange qui paraissait s’y rattacher. Voilà doncun mammifère de la famille des singes, haut de 30 et qdéliuué pouces; si l'on en juge par les dimensions de la mâchoire, contemporain de ces palæotherium; de ces anoplotherium, genres perdus, que l’on a long-temps re- gardés comme les plus anciens habitans de nos continens, dans la classe des mam- mifères. Ces types de certains genres ne sont donc pas si nouveaux qu’on le pense généralement. Que sait-on si des observations ultérieures ne viendront pas tôt ou tard nous apprendre que cette nature ancienne, encore si peu con- nue; n'était ni moins complète, ni moins avancée dans l’échelle organique que celle où nous vivons ?... ia . LARTLT. — Ossermens fossiles. sat : Lt «2 #5 324 NOUVELLES OBSERVATIONS Sur. les ossemens Mo trouvés dans le PU SARA du Gers cm + M: rss { Extrait d’une lettre, adressée à l'Académie des Sciences le 17 avril 1837:)! M. Lartet adresse à l’Académie un dessin de la mâchoire de singe fossile, dont il avait annoncé la découverte, en! janvier dernier, et y joint:quelques:ob- servations qui!tendraient à faîre considérer ce morceawcomme provenant d’une espèce voisine du gtbbon. « Je signale :en même temps la découverte récenté de quelques autres débris de quadrumanes, tels sont: une dent molaire supérieure, dont les quatre tubercules, disposés ; un peu autrement que däns les.singes or- dinäires ; semblent-rappeler ce, qui. existe dans certains singes du nouveau! con- tinent; une phalangine du petit doigt; deux moitiés supérieures de: fémur; deux os cuboïdes du tarse, et enfin un fraguient de mâchoire inférieure à trois paires d’incisives avec de fortes canines, qu’au premier aspect, et dépourvu comme je le suis de tout objet de comparaison, j'ai soupçonné pouvoir être rapproche des makis. | | Lorsque ; j'ai donné l'énumération des espèces fossiles reconnues . à Sansan , j'ai omis de parler d’ossemens d'oiseaux. Il s’y en trouve cependant, mais en pelit nombre. Quelques-uns se rapportent à des espèces plus petites qu'aucune de celles qui vivent send à pr dans ce même climat, J'ai un œuf très bien con- servé, dont l’intérieur est à l’état de calcaire spathique, et vai n’a qe tont-à- fait deux lignes dans sôn D grand diamètre, q! De nouvelles fouilles m’ont procure: quelques restes bien ouslttéetsis d’insec- tivores. Je citerai une demi-mâchoire inferieure;'que,je :n’hésite pas à rappor- ter à la famille des chauve-souris; bien que le nombre des fausses molaires y soit plus considérable-qu'il.ine l'est. communément dans les espèces actuelles Les incisives étaient à l’état rudimentaire, Une autre: portion de mâchoire semble appartenir à un insectivore re la taille de nos musaraignes,, et peut-êtie du même genre ou d’un genre voisin. Je suis aussi devenu possesseur d’une dent fort remarquable; qui nous revèle l'existence; dans l’ancien monde, d’un animal gigantesque ; appartenant proba- blement à un genre différent des genres déjà connus. Cest, si je ne trompe, une éincisive normale, c’est-à-dire une dent en forme de coin, pourvue d’une racine unique et distincte, et qui dénote , par l’ensemble de ses caractères, avoir été destinée à fonctionner de concert et en rapport avec d’autres dents de même nature, La racine manque inférieurement; sa cassure montre qu’elle était cylin- drique; la couronne, un peu tronquée au sommet, n’a pas moins de 11 pouces p'orBiGNY. — Nouvelle espèce de Crinoëde. 123 de long sur 3 et demi dans sa plus grande largeur transversale vers son bord su- périeur; l'ivoire en est très compacte, et disposé par couches superposées lon- gitudinalement. La coupe de cet ivoire est entièrement mate, et ne présente dans aucun sens les stries que l'on remarque sur la tranche des défenses d’élé- phant et de mastodonte. Une couche bien distincte du noyau osseux et d’une épaisseur moyenne d’un millimètre, revêt uniformément la couronne de cette dent. Cette couche n’a point la texture aciculaire de l’émail , et, sauf la direc- tion des fibres, elle a beaucoup’d’anälogié avec l'ivoire lui-même. Dans une prochaine communication , j'aurai lhonneur de soumettre à l’Aca- démie quelques détails sur ce qui m’est connu de l’ostéologie du grand é. lenté -fossile-que j'ai. Hope à Sansan. Description d une troisième espèce, vivante de la famille des .Crinoides servant de type au nouveau genre Holopus, par M. D'ORBIGNY. ( Lue à l’Académie des Sciences, le 27 février. ) PEUT ft Gt 6 IOH AIDÉ. L'espèce nouvelle que l'auteur fait convaître a êté découverte aux Antilles par M. Rang; elle se distingue de tous les autres genres de la famille, des” Grinoïdes par deux caractères tranchés : 1° celui qui lui.a valu son nom de Holopus, et qui consiste en ce qu’elle a le pied entier, non divisé caractère. qui n'existe dans aucun des genres connus ; 2° celui d'avoir ce même pied. court , creux et servant de réceptacle aux viscères, ce qu’on ne retrouve pas dans les autres Crinoïdes, qui ont au contraire un renflement spécial à cet usage, situé au som met du pied. M. d'Orbigny donne ainsi les caractères du nouveau geure qu’il établit ; « Animal fixé au sol par une racine prenant la forme des corps solides sur lesquels elle s ‘attache; dé cette racine ou base pet un pied ou corps entier, court, épais, creux, conténant les viscères et s’ouvrant en une bouche, remplissant en même temps les fonctions d’anus, placé dans le fond d’une ca- vité irrégulière formée par la réunion de bras dichotomes épais, poreux, convexe extéricurement , créusés!en gouttières en dedans, divisés en articu- latins nônibreuses, et munis alternativement sur Jeur longear, de petites ramulés SR rt fortement ar pra TARA 124 COCTEAU, — J'abulæ synopticæ scincoideorum. Tabulæ synopticæ Scincoideorum Par Mi CocTEau. Dans la séance du 2 janvier, M. Duméril a présenté à l'Académie des Sciences Vanalyse d’un travail de M. Cocteau sur la classification des Scincoïdiens. Ce naturaliste donne le nom de CyerixéPines aux Sauriens qui ont le sommet de la tête couverte de plaques polygones, le corps, revêtu partout d’écailles égales, uniformes, plus ou moins solides , arrondies et entaillées. Il divise ensuite ce groupe en trois familles, d’après la présenceou l'absence des pattes. Les deux premières, qu’il nomme PéÉponvss, ont des pattes : tantôt au nombre de quatre, ce sont les Scincoïnes ; tantôt au nombre de deux seulement, et parmi ceux-ci, on n’en a encore observé qu'avec des pattes postérieures ; il les nomme Hisré- RoPODESs. La troisième famille compreudrait les espèces qui seraient privées de pattes, si l’on en decouvrait, et elles seraient désignées sous le nom d’Ancut- NOÏDES. La première famille, celle des Scincoïoes, se partage en trois tribus : * Les Saurophthalmes, dont les yeux, comme ceux des lézards, sont munis de. paupières mobiles ; 2° Les Ophiophthalmes, qui n’ont pas de paupières, ou dout les paupières transparentes sont soudées, comme dans les serpens ; 3° Les Z'yphlophthalmes, ou dont les yeux seraient tout-à-fait cachés, comme dans les Sauriens nommés Typhlcps ; mais l’auteur n’a pu rapporter encore aucune espèce de Scincoïde à cette troisième tribu, qu’il n’établit que par prévision. La première tribu, celle des Saurophthalmes, comprend les genres qui ont. : * un tympan distinct, comme les lézards, M. Cocteau les nomme Saurotites ; 3 ceux qui n'auraient pas de tympan, comme les serpens, ce seraient des OpAio- tites ; mais l’auteur annonce qu’on n’en a pas encore observé. … Parmi les Saurotites,, il est des genres, qui out les pattes ou les doigts com- plets, ceux-ci sont dits T'éléndactyles, ils ne constituent même qu’un seul grand genre, relui des scinques proprement dits, lequel se trouve subdivisé en, treize séries ou sous-genres de la manière suivante. D'abord la surface de la langue, qui tantôt est converte de papilles, toutes lamellées ou écailleuses ; il les nomme Lépidoglosses, tandis qu’il appelle Déploglosses, ceux chez lesquels cette sur- face est en partie composée de papilles en champignon; et d’autres de forme la- cocrkAU. == Tabulæ synopticæ scincoideorum. 125 melleuse ; il n’y a à qu'un seul genre établi par Wiegmann sous ce même nom de Diploglossus. Les Lépidoglosses sont partagés d’après la forme de leur mu- seau, qui tantôt est en coin, et qui les a fait nommer Sphénopsides ; et il n’y rapporte que les deux sous-genres Scinéus de Fitzinger et Sphenops de Wa- gler, qui diffèrent entre eux par la forme et l'inégalité des doigts. Les Conopsi- des, ou ceux qui ont le museau coniqne, ont tantôt les écailles du dos lisses ou sans lignes säillantes, on les vommerait Ateutholépides, c'est la division la plus nombreuse ; car elle: compreudrait sept séries ot soûs genres, subdivisés en Omolépides, ou à écailles dorsales planes, et en Strigolepides qui les ont striéés. Pa miles Omolépides , il en est qui n’ont pas de dents au palais, il les nomme Anoplophores, et d'autres qui en ont, ce sont les Oplophores. Les uns et les autres se partagent suivant la disposition de la cornée de leurs yeux, qui tantôt est lisse, les Æyaloblépharides, tantôt réticulée, les Sz/éroblépharides; tels sont les sous-geures Ziligua de Gray, —Keneus, — Euprepis de Wagler, — Rachites, — Psammites , — Heremites et Arne ÿ établis par M. Cocteau. Les Gonopsides à écailles dorsales pointues, qu'il appelle Stbulolépides, les ont tantôt carénées, comme le genre T'ropidosaurus de Boië ; tantôt rugueuses, comme celui de 7'achysaurus de Gray. Les Saurotites à pattes imparfaites, soit eu totalité, soit par le nombre des doigts, qu’il nomme les Æééléodacty les , ont en effet, tantôt les quatre pattes, inais avec ün nombre de doigts différens devant et derrière (tels sont les deux sous-genres des Æ/étérodacty les nommés Heteropus et Campsodacty lus) ; tantôt au contraire, comme dans les ÆZomodactyles, le nombre des doigts est le même à chaque patte, de quatre dans le T'eéraductylus de Peron ou Peromelis de Wagler, de trois seulement dans les genres Tridactrlus et Zygnis d'Oken. La seconde tribu, celle des Ophiophthalmes, ou les Scincoïdes qui, n’ont pas les paupières mobiles, mais soudées, se divisent à-peu-près de la même manière que les Saurophthalmes : en Sauromres et en Ormiorires. Les premiers sont où Z'é/éo ou Atéléo-Dactyles. Il wy a qu'un seul genre compris dans la première subdivision, c’est celui des Æhlépharides ou des Cry- pioblépharides. Dans la deuxième. subdivision, il n’y.a également qu’un seul genre, c’est .celmi qne Merrem a indiqué sous le nom de Gpranophthalmus Le genre Lerista de Bell, est le seul que M. Cocteau ait rapporté à la seconde soûs-trivu, celle qu fl indique sous le noi d'Ophiotites. Telle est l'analyse bien abrégée des grandes divisions établies par l’auteur, c'est le resultat de plus de six années d’études ét de recherches spéciales. Dans:cette monographie très savante, on trouve indiquées toutes les espèces de Scincoïdes, avec leurs caractères essentiels, et la synonymie la plus exacte. Nous joignons iéi l'analyse synoptique dece grand travail de distiibution. 126 :VANBENEDEN. — Sur le genre Dreissena. SAUROPHTHALMES. Tétrapodes . .:{ OPHIOPBTHALMES. Podotes .…. | $ TYPHLOPHTHALMES. rt PRoPODES. bouc cd + HISTÉROPODES. CYPRILÉPIDES. | , | Apodes. t Téléodactyles... Scrxcoïves,., .…. Scincus. 1 » Lo. Heteropus. Saurotites, HÉTÉROPACTYLES, NE : 1 | Atéleodactyles. Cuin SOUL ITUS. SAUROPHTHALMES. 2 AA À Tetradactylus. | 8 "A Tridactylus. Ophiotites. dis mr: | Saurotites, | Téléodactÿles. + DÉLCCEREE EEE Ablepharis. Atéléodactyles! + HÉTÉRODACTYLES, Gymnophthalmus. OPHIOPHTHALMES. V1 Homonacryzes. ur DRE “HOMODACTYLES. | ag WW ob au Neue SASA =" VENT À méréaoshe tres Lerista,- | TYPHLOPHTALMES. à DEsCriPTION d’une nouvelle espèce du genre Dreissena, et obser- valions sur le système nerveux de ces mollusques. ! Par M. G.-J. VANBENEDEN, (1) Le genre Dreissena que j'avais établi surle Wytilus polymorphus, et que Rossmassler vient d'admettre aussi sous le nom de ‘Zrichogonia dans son icono- graphie (2) ne comprenait.encore que deuxespèces. Je. viens.de recevoir’ de la part de,M. d'Orbi ny, une nouvelle espèce .du même genre >, qui nous offre à-peu- près la même taille que celles déjà décrites, mais qui nous présente surtout de remarquable une coloration dan$ l'intérieur de la coquille, câractère qui la te proche: davantage des moules'marines. Nous Favons désignée sous le nom de Dreissena cyanea; Nob:—Car: coquille oblongue plus haute qu’épäisse , fine- ment striée à l’extérieur. Son intérieur d’un bleu, fonce. : \'oideg sd ] , Ce dernier caractère la fait aisement distinguer des autres espèces qui, sont blanchâtres à l’intérieur. Elle manque en outre de la carène longitudinale du Dreissena polymorpha' et de la double série de lamelles du Dreissena afri- Elle. est à l'extérieur d’un',brun -roussâtre.; son -bord'inférieur est legèrement Lt (x) Bulletin de l’Académie, des Sciences de Bruxelles, 4,février 1837. Voyez le premier mémoire de M. Vanbeneden sur ce genre, et inséré dans le 3° volume des Annales , p. 193. (2) Rossmassler , Zconographie der land und susswassermoliusken. Dresden und Leipzig, 1835. VANDENEDEN, — Sur le genre Preissena. 127 échancré aux deux valves pour le passage du byssus, Elle a les crochets décor- ticés et les valves ne sont point parfaitement égales, le crochet de l'une étant légèrement enfoncé dans l’autre. Les lames d’aceroissement sont très peu prononcées, ce qui rend la coquille finemeut striée à l'extérieur, | | Eu. dessous de la petite lame qu'on remarque sous le crochet dans ce genre, on. voit une saillie que M. Nysta prise pour caractère du, Mytilus cochleatus. Cette saillie se retrouve aussi dans le Dreissena africana. La coquille est aussi plus dure et plus épaisse que dans les autres espèces. Nous n'avons pas vu l'animal, mais, tout nous, porte à éroire qu'il doit être identique. Du reste, l'impression palléale nous indique la présence d’un siphon rudimentaire, caractère, qui, coïncide surtout avec la réunion du manteau. Les impressions musculaires présentent aussi la même disposition. Nous ne connaissons rien de certain sur la localite de cette espèce. M, d'Or- bigny, qui a eu l’obligeance de me la communiquer, l'a reçue d’un de ses amis, qui la croit du, Sénégal. Je. saisis avec.empressement cette occasion pour revenir sur, quelques points de l'anatomie du Dreissena polymorpha, que j'ai consignée, dans un mémoire inséré dans.les Annales des sciences naturelles (1.1, p. 193) ; un envoi d’in- dividus beaucoup. plus grands m'a permis d’étendre plus loin que je ne l'avais fait, mes recherches sur le système nerveux, et de donner certains détails avec plus d’exactitude. Je reviendrai peut-être sur les différens systèmes dans une monographie que. j'ai l'intention de faire de ce genre, les planches qui accom- pagnent mon premier travail laissant beaucoup à desirer. ; .Lersystème nerveux est composé de trois paires de ganglions dont deux se trouvent réunies en une masse. La première paire qui. est la seule séparée , est situéc, sur les, côtés de la bou- che vers l'angle antérieur, Elle se compose de deux ganglions de forme allongée, et représente le cerveau. Ils communiquent entre eux au moyen d’une com- missure transverse, qui représente la portion sus-æsophagienne du collier. Ces ganglions fournissent : 1° un filet en avant, qui s'enfonce dans les parois du manteau et qui se dirige immédiatement après, d'avant.en arrière, pour mar- cher parallèlement à celui du côté opposé; 2° un autre filet plus mince que le précédent, naissant. derrière lui,et suivant à-peu-près la même direction; ,3° à la partie postérieure et en dehors du même ganglion, un filet assez gros qui s'enfonce dans l'ovaire et qui.se dirige directement d’ayant en arrière: C’est lui qu ya établir la communication, avéc.les ganglions de la paire postérieure. Il onne,, sur son trajet. deux autres. filets très minces dont Jan m'a paru se rendre d’avant:en arrière et l’autre en sens contraire.Ces deux filets naissent non loin des ouvertures des oviductes. noël ts s'tmae s :.Ge uerf, dans ;un quart de son/trajet, est enfoncé dans. l'ovaire, et immédia- tement place.sous la peau dans le, reste de son, étendue: 5,2 4 ce we Une.de nos préparations montre encore uu filet partant des mêmes ganglions, mais, que je,n’ai point retrouvé dans jp lesyipdividus..., soitisogeih 209 : Enfin, en dedans du filet qui établit la communication avec la paire posté- rieure, on en voit un dernier de la même grosseur, qui se dirige obliquement d'avant en arrière pour s’unir à la seconde paire de ganglions. Il s'enfonce légè- rement dans des fibres musculaires qui partent du côte de la bouche pour s’unir à la languette. En considérant la seconde paire comme l’analogue du ganglion sous-œæsopha- gien du collier nerveux des gastéropodes, ce dernier filet forme les côtés du col- 128 VANBENFDEN. == Syr le genre Dreissena. her, et celui-ci nous présente alors les mêmes dispositions qu’en trouve dans le collier nerveux des autres classes de mollusqnes. La seconde paire de ganglions ou la portion sous-æsophagienné, est réunie en üne seule masse qui occupe la ligne médiane. Ou aperçoit des échancrures en avant et en arrière, qui sont les traces de la reunion. On découvre facilement cette paire, soit en suivant lé deraier filet dont ous venons de parier ; soit en enlevant la languette ‘avec précaution, Son volume est plus considérable que lès deux ganglions cervicaux réunis 1! part de son extrémité postérieure deux filets assez pronoricés qui s’enfon- cent dans l’ovaire; deux autres partent de chaque côté et pañaissent s’énfoncer dans les fibres musculaires de la latiguette. La dérnière paire de ganglions est placée sur le milieu du muscle adduéteur postérieur. Elle est unie coame la jirécédente sur la ligne médiane. Ou découvre facilement cette paire sans dissection, en faisant plongér l'ani- mal pendant quelques jours dans l'alcool. Sa forme est carrée. Des deux angles postérieurs partent deux gros filets, qui se dirigent en arrière. Ceux-ci se bifurquent en quittant le muscle et sé perdent autour des ouvertures postérieures du inanteau. En avant des précédentes, ilen naît un autre de même grosseur ; et qui se di- rigé directement en dehors. Arrivé aux branchies, ce filet se retourné brusque- ment et borde toute cetté partie pôstérieure des ‘branchies ‘en se dirigéant en arrière. 6x9 Nous avons parle déjà des deux filets qui se trouvent ‘en avant et qui éta- blissent la communication entre celte paire et le reste de cé système. | C'est par'erréur que j'avais dit dans mon premier memoiré, que M: Mangili avait représenté un ganglion sus-œæsophagien proprément dit: J'ai trouvé un oviducte dans 1ôus les individus /qué!j'ai examinés. On en aperçoit un de chaque côté en plaçant l'animal sur le dos et en écartant les bran- chiés du corps: s À Il présente une légère proéminencé, términée par deux lèvres, aû milieu des- quéllés on voit une ouverture allongée. A peu de distance de cet oviducte , il'éxiste en oütre une seconde ouverture, qui communique aveé une cavité assez grande, au milieu dé laquelle flotte le cœur et ses oreilleites. C’est, je crois, cette cavité que Bojanus à resardé dans les anodontes pour le sac pulmonaire, ét qui avait engagé cet anatomiste à de- posséder les branchies de leur fonction respiratoire. Nous croyons trouver de lanalogie entre ces cavités et celles que Cuvier a appelées, dans les céphalopodes ; cavités veineuses. Dans l’un et &ans l'autre cas, clles communiquent directement au dehors, êt l’élénrent ambiant entoure les principaux organes de la circulation. Cette disposition peut aussi être comparée à ce que nous présentent les Æp/y- sies parmi les gastéropodes , et nous ne sommes pas loin dé croire que des re- cherches ultéricures sur le système aquifère ne viennent jeter un grand jour sur ces dispositions curieuses, dont la physiologie attend vivement la solution. 2 t TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. 129 ANALYSE ou étude microscopique des différens corps organisés _et autres corps de nature diverse qui peuvent, accidentelle- ment, se trouver enveloppés dans lu püte translucide des silex. Lue à l'Académie des Sciences, séances des 27 février et 6 mars 1837, Par M. Turrix, de l’Institut. L'Académie se rappelle que dernièrement M. Arago lui a pré- senté trois petites lamelles polies, appartenant à deux espèces ou variétés de silex, envoyées de Berlin par M. le baron de Humboldt au nom de M. Ehrenberg. L’une de ces espèces était indiquée sous le nom de Semi-opale de Bilin (Halbopal von Bilin), l'autre sous celui de Pyromaque de Delitzsch. Sur l'en- veloppe de chacune d'elles, M. de Humboldt avait dessiné à la plume les principaux corps organisés et inorganisés cristalli- fères qui se trouvent comme ensevelis dans la pâte de ces silex. (1) Ces échantillons, amincis én lames de quelques lignes de grandeur et d’à-peu-près un .cinquième de millimètre d'épais- seur , vus à l'œil nu, sont translucides, vitreux et colorés d’un mélange nuageux de gris et de jaune-fauve plus ou moins in- tense. Vus à la loupe, celui du Serni-opale de Bilin, plus coloré que ceux du Pyromaque de Delitzsch, n'offre rien de plus, tan- dis que ces derniers, sur un fond grisâtre, montrent un infi- nité de points bruns et très fins. (a) Jusque-là rien d’intéressant ne se présente à la vue; jusque-là on peut croire que ces silex sont des masses purement inorga- niques, purément homogènes et non des agglomérats formés « (1) Comptes rendus, séance du 3 jauvier 1837, page 26, fa) PI. 6, fig. r, et pl. 7, 6g. 1. VII. Zooz. — Mars, 9 130 Tunrin. — Corps organisés dans la päte des silex. en grande partie d'une immense quantité de corps organisés d'espèces différentes, la plupart parfaitement conservés dans leur forme et leurs détails, et de débris plus ou moins divisés de corps semblables ou analogues. qui, avec les molécules siliceu- ses, leur font un sorte de gangue et forment en même: temps Ja pâte figée et durcie dusilex:, ;: Le microscope seul pouvait nous conduire à n découvtali de .ces sortes de catacombes, nous mettre à même de bien étudier les cadavres organisés qui s’y trouvent entassés, et de les rap- -procher, soit de leur propre espèce, soit de lenrs congénères » continuant toujours de vivre dans le sein des eaux. Le même -instrument, destiné à nous révéler tant de prétendus mystères -et à nous démontrer chaque jour que les individualités pour l'œil nu ne sont réellement que des, agglomérats d’individualités “plus simples, pouvait encore, dans, cette circonstance:, nous -amener à concevoir quelques idées nouvelles sur. la matière siliceuse et sur la for mation irrégulière et à-peu-pnres [polÿmort ‘ phe.des silex, soit en TOBRONS, soit-en nodules. J'ai donc pensé, qu'en étudiant gyec soin, sous le micros- -cope, la composition: entière de-ces silex, qu’en décrivant-et ‘surtout en figurant en couleur, soit les particules, vitreuses qui -en forment la base ou la.pâte, soit les nombreux corps organi- sés plus ou moinsentiers qui s’y rencontrent pêle-mèle et comme jetés au hasard, je ferais quelque chose d’utile pour la science, et qu'il serait peut-être agréable pour, l'Académie d’avoir sous les yeux la représentation fidèle de la composition physique.et microscopique des échantillons de silex envoyés de Berlin par M. Ehrenberg. Je passe maintenant à l'examen micr oscopique: du Semi-opale de Bilin. Cet échantillon, vu par transparence sous le microscope armé du grossissement de deux cent soixante fois le diamètre, offre un fond ou une pâte plus ou moins translucide, plus ou moins colorée en jaune-fauve nuageux, plus ou moins pure.(1) On voit clairement que c’est une agglomération composée dé (r) PL 6, fig a. TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. 131 la ‘réunion fortuite d’un grand nombre de particules siliceuses ponctiformes, de’ grosseurs variables, et de fragmens où de dé- bris organiques, pélliculiformes, dont la couleur varie depuis le blanc transparent en passant parle j si jusqu au brun le plus foncé et le plus opaque. L'aspect de la composition! déméttairé de cette pâte siliceuse faitisouvenir de l'epoes oùelle se trouvait à l’état liquide et gélatineux. F0) Dans son épaisseur + Has LE se trouvent comme enchâssés, et toujours sans ordre, plusieurs sortes de corps or- ganisés, intacts, ou presque intacts, et'de corps inorganisés, cri- stallifères, formés dans le: sein de l’organisation, et'en grande partie.soumis aux lois dé cette dernière. (1) Les! premiers de ces corps, ‘isolés: et éparpillés; ouréunis bout à bout plusieurs ensemble, paraissent, selon leur disposi- tion:dans la-pâte; discoïides, ou en palet; quand ils présèntent leur côté plat ; ovales, quand ils se montrent de trois:quarts, et sous la/forme d’un carré long, à angles arrondis, lorsqu'on les voit de: profilou dans le ‘sens de’leur: épaisseur. Ges corps, dont la formeest celle d’une sphérule aplatie; sont vésiculai- res et remplis de granules: Avant d'être épars, ïls formaient les articles courts'et déprimés des filamens moniliformes du Con- J'erva moniliformis ; dont M: Bory ‘de Saint-Vincent a fait le’ genre Gaillonella} et peut-être ont-ils appartenu au Gaëllo- nella warians; de M. 'Ehrenberg. Lorsque les articles vésiculai- res présentent leur côté plat, côté par lequel‘ils’adhéraient dans (1) Je veux parler des nombreux cristaux qui se forment dans l'épaisseur du tissu vivant dé certains végétaux et de certains’aniniaux ÿ de ces cristaux , tonjours incolores , de forme, de gratideur ét de’ nature chimique différentes, selon les espèces d'êtres daus le sein desquels on les trouve enfermés comme dans des géodes érgañisées et vivantes; de ces cristaux: enfin qui existent constamment chez certaines espèces , quelquefois seulement, en certains lieux; des tissus dé l espèce, et qui manquerit bien plus souvent, mais constamment, chez certaines autres. La présence où l'absénée de ces cristaux , dans les différens creux qu'offrent les tissus organiques , lä constance qui s’obsérvé à cet égard mérité que l’on s'occupe sérieusement de ces différens états, qui sont loin d’être le résultat d'un Hasard ou d'un éaprieé passager, La’ formation des cristaux chez certains tissus vivans est bien évidemment subordonnée à-uñe appétence par- ticu'ière propre à ces tissus; appétence qui les met dans le cas de trier et d'absorber la matière ambiante et eristallisable. . 9- 132 . TURPIN, — Corps organisés dans la päle des silex. la composition du filament, ils montrent presque toujours us#t double cercle qui indique, soit l'épaisseur d’une vésicule uni- que, soit l'existence de deux vésicules emboîtées; chose quel- quefois bien difficile à décider chez les organes vésiculaires ou tubuleux des végétaux (1). Leur diamètre, comme celui des filamens dont ils ont fait partie, varie de 1/15 à 1/20 de milli- mètre. Plusieurs de ces vésicules isolées sont plus ou moins déchirées et semblent avoir répandu une partie de leurs gra: nules, arrêtés dans le voisinage par la densité du liquide sili- ceux. (2) Les seconds, également épars, également orbiculaires ou discoïdes, plus petits de moîtié, plus opaques ou plus rem- plis de granules, ont été, ou des infusoires globuleux, vé- gétaux ou animaux, ou peut-être bien encore, des articles -dessoudés et éparpillés, comme de petites pièces de monnaie, “étayant appartenu à une autre espècé de Gai/lonella à fila- mens plus étroits. (3) Les troisièmes consistent dans quelques filamens tubuleux, confervoides, obscurément cloisonnés à d’assez grandes dis- tances. On distingue encore quelques autres portions de fi- lamens plus étroits, méconnaissables sous le rapport de leur espèce; mais qui, sans le moindre doute, sont des débris de quelques productions d’êtres organisés de la classe des infu- soires. (4) , Les quatrièmes et derniers: corps que l’on remarque dans la composition du Serni-opale de Bilin, et qui y abondent pres- que autant que les premiers, n’ont rien d’organisé; mais ils (1) L'existence de deux vésicules emboîtées est prouvée dans les seminules vésiculaires des Confervées, des Champignons et, seulement quelquefois, dans les utricules de certaias pollens, parce que dans cette duplicité d'organes, il n'y a que la vésicule interne qui soit encore douée de la vie et qui puisse, seule, germer en filament byssoïde, après avoir percé la vésicule ex- terne, qui a cessé de vivre, qui ne peut plus croître, et dont les seules fonctions sont d'abriter et de protéger la vésicule interne dans laquelle réside le principe vital de la plante future. Dans des élongations semblables, qu'offre un nombre assez restreint de pollens, on a vu des pénis végétaux avec des fonctions tout-à-fait comparables à celles du pénis des animaux. (2) PL6, fg.1aaaa. (3) Id. , fig. à. (4) Id. , fig. à. TUneIN. — Corps orgadisés dans la pâte des silex. 133 ont servi à échafauder ou à solidifier la texture gélatineuse et aqueuse de ces productions vivantes que l’on nomme des Spor- gilles. C'est tout ce qui est resté de reconnaissable d'une pro- duction dont toute l’organisation, tombée en déliquescence, a fourni à la pâte du silex, par séparation de la partie organique et de la partie calcaire, tout ce qu’elle contenait de molécules siliceuses. Ces quatrièmes corps qui, dans l’état vivant des Spongilles, s'entrecroisent de manière à former et à solidifier la paroi inté- rieure des cellules, se trouvent ici jetés pêle-mèéle et, par con- séquent, dans toutes sortes de directions. Ce sont des aigüilles cristallines, transparentes, siliceuses, obtusément pointues, droites ou légèrement arquées, à bords impurs et comme fine- ment froncées en travers ; les unes entières, les autres brisées et n’offrant plus que des tronçons plus ou moins longs. Quoique ces cristaux aciculaires varient dans leurs dimen- sions, le terme moyen de leur grandeur est de 1/3 de millime- tre de longueur sur 1/50° de largeur. (r) Après cette analyse microscopique üu Semi-opale de Biün, je vais m'occuper , toujours sous lé même grossissement, de celle du Silex pyromaque dé Delitzsch, bien plus riche en corps organisés. J'ai déjà dit que ce silex, observé à la vue simple, était plus clair, plus gris que lé précédent, et que sa surface était comme sablée d’une infinité de points fins et bruns. Ces points, . de grosseur et d'intensité: de couleurs différentes, annoncent. déjà , comme on va le voir tout-à-l’heure, l'existence d’une im-. mense quantité de corps organisés animaux, appartenant à di-. verses espèces. Comme je l'ai fait pour le Semi-opale de Bilin, Je vais com- mencer par parler du fond dû tableau, ou, en d’autres termes, par l'examen de la composition élémentaire de la pâte de ce silex. C’est un fond sale, semi-transparent, granuleux, que l'on peut assez bien comparer à celui d’üne eau de fumier, inégale- ment colorée, en jaune brurnâtre par la présence des débris or- (x) PL 6,fig.Accc”. î 134 TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. ganiques et des corps organisés qui s y trouvent en suspension, ou, pour me servir d’une autre comparaison, peut-être plus juste qu'on ne le croit d’abord, à celui de la barégine glaireuse, éga- lement composé de particules, de débris organiques tet, de, cada- vres organisés, plus ou moins colorés en pure ou quel- . quefois en verdâtre. ° Ce fond, toujours plus ou moins nébuleux par places, offre -jpartout,-et aussi profondément que l'œil armé du microscope peut le pénétrer, un amas considérable de molécules ou de par- ticules, qui, chose essentielle à remarquer, forment en certains endroits un grand nombre de petits boursouflemens, ou de pe- tits monticules , soulevés probablement par un gaz qui ten- dait à s'échapper à l'époque. où la pâte siliceuse était encore très liquide. On voit en outre quelques vacuoles, rondes ou ovoïdes, qui ont été, ou qui peut-être sont encore remplies d'air ou d’eau. # Sur ce fond général apparaissent un grand pi À de par- acules de formes irrégulières, de grandeur variable, le: plus gé- néralement d’un brun-ñoir (1 ). En même temps que ces parti- cules, véritables débris de corps organisés, on remarque des espèces de trainées composées d’une. pulviscule noire, les unes isolées, les autres réunies plusieurs ensemble et disposées. pa- rallèlement. A côté, ou dans les environs, on voit des -agglo- mérats informes de la même pulviscule, Si j insiste et si j'attache de l'importance à signaler et à faire connaitre ces deux sortes d agglomérats de paroules organiques, c’est d abord pour rap- peler à l'attention qu'ils n’ont pu se former que lorsque la pâte du futur silex était liquide, de maniere à permettre aux particu- les composantés, éparses et suspendues, de se rapprocher 6 et de se. FOUPETS CORNE cela arrive quelquefois à d’autres particules, dans le sein ou à la surface des eaux. C’ est.ensuite parce que les trainées de points noirs dont je viens de parler peuvent trou- ver leur explication dans d autres trainées fort analogues, si,ce n'ést pas la même chose, que jai étudiées dernièrement, et qui t (2) C’est ce que l’ou désigne ordinairement, à la vue simple, par le nom de poussière ou: d'ordure. TURPINS Corps orsanisés dans laïpüte des silex. 135 faisaient partie d’ane barégine blätiche et d'une barégine noire, recueillies dans les eaux minérales de Gréoulx par M.'de Frey- cinet; barégines qui ne sont, comie toutes celles que j'ai examinées! jusqu'à ce jour, que’ dés dmas gélatineux, cum- posés de ‘filamens : confervoides, de débris organiques et de corps-organisés de diversés sortes qui s'y trouvent comme empätés, (1) vo | © {r) Pour faire convenablement l'analyse chimique d’un semblable amas de toutes choses, pour qu'une telle analyse pût être profitable. à la science , il faudrait , avant tout , opérer sous le microscope le triage et la mise à part des nombreux objets de nature différente qui peuvent s’y trouver amoncelés, car autrement l'analyse se faisant sur cette sorte de chaos serait elle- même un autrè chaos. | Je me souviens. qu'un très habile et très savant chimiste demandait, en ma présence , à un très érudit agronome si la science agriculturale possédait une bonne analÿse du fumier ; du fu- mier, qui serait en grand ce que la barégine est en petit, s’il n'était.encore, la plupart du. temps, un composé plus considérable de ce que les trois règnes peuvent fournir en détritus! - Les barégines , si l'on pouvait s'en procurer d'assez grandes quantités, seraient d’excellens engrais : elles omenderaient les terres, stimuleräient les tissus (les barégines marines ou'salées particulièrement), et nourriraient abondamment les végétaux cultivés au milieu de ces élémens de prospérité, et de bons développemens. Les dépôts limoneux du Nil ne sont autres que de la barégine, 44 vid Les barégines blanches ou pures de cadavres d'animaux, c'est-à-dire celles qui ne se compo- sent encore que de Confervées tilamenteuses ou réduites en pâtepar la destruction des filamens, | peuvent être. employées à l’intérieur comme un excellent émollient. pour apaiser les sur-irrita- tions ou les excès de sensibilité orgauique. On peut aussi en faire le même usage à l’intérieur , comme on le:fait dé la pâte de lichen et autres mucilagineux n'ayant point encore fermenté. On pourrait, s’il en était besoin , s’en nourrir: pendant quelque temps. Toul en n’étau* pas riche en malière assimilable ; {cet aliment serait bien supérieur à la fariné de montagnes; qui n'est- composée , presque en entier , que de-carapaces purement siliceuses d’infusoires, et dont de - malheureux Lapons, et probablement d'aussi malheureux Chinois (*), pour s'empêcher de mou- rir d’inanition, se sont quelquefois lesté l’estomac. . 5! 29 Cette farine de montagnes, qui n'a rien de malfaisant , qui.est lasmême que celle du dépôt: siliceux de Franzensbad (Infusoires-Tripoli) dont on se sert pour neltoyer les métaux , serait . peut-être bien plus utilement employée à purger, ou, en d’autres termes , à décaper la surface. des voies digestives de l'excédant des mucosités qui s’y forment par une sécrétion, désordonnée..; (} MM. Piot père et fils : Comptes rendus hebdomadaires de l’Académie, séance du 27 fé- vrier 128374) 15:11: di Pda à r den à A Ps ÿ « Celle farine-de montagnes ou fariné minérale, vue sous le microscope, se compose d'un - nombre prodigieux de carapaces, transparentes , incolores, purement siliceusés ; entières où - « fragmentées, et ayant fait partie ou servi d’enveloppes protectrices à un grand nombre d'in-- « fusoires d'espèces variables, mais parmi lesquels domine de beaucoup le Navicula viridis où « Frustulia viridis, Toutes ces varapaces qui ont contenu des apimalcules vivans peuvent en- «_core.aujonrd'hui renfermér une petite quantité de matière organique, sèche, qui, etant hu- « mectée par les liquides de l'estomac, peut-être absorbée par cet orgarie el s'assimiler ensuite «aux HISSUS, » 139 Tunpin. — Corps organisés dans la pâte des silex. Voilà à-peu-près tout ce qui compose cette espèce de chaos que l’on appelle la pâte des silex ; voilà seulement ce que j'ai trouvé dans plusieurs lames minces que j'ai Fait faire avec des pierres à fusil du silex pyromaque (1 ). Je passe à la description des divers corps organisés animaux qui, au moment de la -con- crétion du liquide siliceux, se sont trouvés empâtés ou scellés dans ce chaos. Comme dans le Semi-opale de Bilin, on y compte quatre espèces de corps bien distincts. (2) Le premier de ces corps offre une forme très remarquable ; c'est une sorte de mitre à trois pointes , l’une supérieure, les deux autres inférieures et assez écartées. La forme générale est ovoide. C’est une coque bivalve dont le test, d’une grande min- ceur, est finement ponctué, cassant, transparent, de couleur bistre clair,et muni de plusieurs nervules diversement disposées dans le sens longitudinal. (3) _ Les deux valves sub-hémisphériques ou coniques, liées entre elles, mais à distance, au moven d’une membrane peu solide, paraissent destinées à s’isoler et à se rompre transversalement en cette nartie, de la même manière que s'ouvre une boîte à sa- vonnette, ou bien encore, tous les péricarpes végétaux désignés par l’épithète de Pyxides. La déhiscence naturelle et transversale de cette coque, en deux valves, annonce que ce corps est l’œuf de quelque petit animal de la famille des Polypes, comme je le pense de tous ceux qui vont suivre, et qui sont enfermés dans le même échan- tillon de silex. (4) (1) Dans de nouvelles lames du même silex , on trouve : 1° des corps, les uns sphériques , les autres ovoïdes, de couleur fauve, à mifiéé granuleuse, ou peut-être composés de points fins et bruns : ces corps, vésiculaires et de grandeur variable, me paraissent des coques d'œufs ; 2° un long cordon assez épais, composé de points ou de particules organiques, tortillé en vis comme ces bâtons qui doivent cette forme à une ligature artificielle ; 3° des filamens très longs, transparens , sortes de fibres qui semblent être isolées de quelques tissus animaux ; 4°-des trai- nées de points bruns; 5° enfin des corps ovalaires, un peu obliques , très bruns et très opaques. (2) Nombre entièrement dû au hasard , de même que celui, plus ou moins considérable, des individus qui se trouvent entassés dans telle ou telle partie de la pâte d’un même rognon siliceux, (3) PL 3, fig. à . (4) Tels sont, comme exemples, les péricarpes de l’Anagallis, ou Mouron rouge, du Plan- tain, de l'Utricularia vulgaris, du Jeffersonia diphylla, du Lecythis, du Couratari rréeempersess du Fevillea hederacea, etc. tURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. 137 On voit des individus de ce même corps qui sont plus petits, d’autres comme chiffonnés, d’autres un peu cassés, et dont la cassure indique que le test, quoique très mince, devait être si- liceux ou calcaire; d’autres n’offrent plus que l'une des deux valves; et enfin, on trouve répandus ça et là des fragmens très reconnaissables de cet œuf. Ce corps ou cet œuf, le plus grand de tous ceux que l'on observe dans cet échantillon de silex, a été provisoirement nommé, par M. Ehrenberg, Peridinium pyrophorum. Son dia- mètre est d'environ un douzième de millimètre. Le second se compose d’une vésicule ou d'une coque sphéri- que, plus ou moins transparente, jaunâtre ou brune, selon les individus (r), mamelonnée à sa surface et hérissée dans son pourtour d'environ seize rayons spinescens et Jaunâtres, de longueur et d'épaisseur variables , tubuleux, évasés en enton- noir à leur sommet, et terminés par trois, quatre ou cinq cro- chets recourbés en hameçon (2). Plusieurs de ces corps, qui rap- pellent la: structure d’une très petite Astérie, de la division des Euryales, et auxquels M. Ehrenberg a attaché la dénomination de Xanthidium furcatum, ont quelques-unes de leurs épines rayonnantes branchues, et d’autres divisées dichotomiquement jusque près de la coque. Quelques individus ont leur coque plus où moins mutilée : on en voit un qui présente une ouver- ture circulaire, par laquelle le petit animal est sans doute sorti au moment de l'éclosion, et un autre, situé ailleurs, dont la valve operculoïde est encore presque en place, c’est-à-dire au- dessus de l'ouverture dont je viens de parler, et dont toutes les épines rayonnantes sont recourbées et un peu en désordre. Leur diamètre, quoique variable, pétt être évalué, terme moyen, la coque 1/14, et l’ensemble, compris les rayons spinescens, 1/5 de millimètre. « Le troisième, plus abondant et un ‘peu moins grand que Île premier, a une forme généralement ovoïde; il est opaque et d’un brun très foncé : c’est encore une coque bivalve à déhis- (1} Je crois que, dans le nombre de ces individus , il y a plüs d’une espèce. (2) Pl, 5, fig. 24, a". 198 TURPiN. — Corps organisés dans la pâle des: silex. cence transversale, mais composée de deux enveloppes très dis- Hnetgs EL enveloppe extérieure est brune et formée d’une .es- pèce ‘de résean, qui rappelle un peu celui de la texture de.cer- taines éponges fibreuses, et dont chaque maille, qui semble composée d'un petit grillage (1), en s’élevant en mamelon , donne lieu, par prolongement, à un grand nombre de petites épines rayonnantes, qui se terminent par deux, trois ou quatre crochets dirigés en forme d’hamecon. Sur l’un. des côtés. de la valve inférieure, on voit sortir une sorte d’ergot, de forme. co- nique, pointu, légèrement courbé, jaunâtre et transparent. Cet ergot ne fait point partie de l'enveloppe extérieure ; ils est une extension latérale de l'enveloppe interne, qui est.mince, trans- parente, membraneuse et jaunâtre, comme le prouve un in- dividu dépouillé de sa partie extérieure. On voit de ces corps bivalves et: hérissés dans des états diffé: rens de conservation. Il ÿ en a peu d'entiers; quelques-uns ont en tout ou en partie leurs épines rayonnantes ‘usées ou: de- truites; beaucoup d’autres, ont leurs coques plus. où moins, brisées. Un grand nombre de fragmens ,'soit de l’envéloppe extérieure , soit de l'enveloppe intérieure , sont répandus çà. et là. (2) Comme on a pu le remarquer, par ce anal esbes ou bien: mieux par les nombreuses figures que j'ai butasiou de mettre sous. les yeux de l'Académie, ce troisième corps n'ofire,que peu ou point d’analogie de structure avec le premier ; aussi ai-je été: surpris de le voir compris. sous la même dénomination :généri-. que de Peridiniun: et seulement distingué par l'épithète spécifi-. que de Delitiense. Le quatrième présente beaucoup d’analogie avec le.. précé- dent : mais il en diffère par sa forme. plus ;sphérique, et surtout par l'absence de l’ergot latéral (3). Un individu mon- trant une ouverture large , circulaire et nettement cireon- . LT É , ‘ n , “r ; ., % r ". (x) L'intérieur de ces mailles, qui ne peut être bieu étudié qu’à la lumière concentrée Œ'une lampe , est plus probablement formé d’une membrane striée en rayons. LL 1» . (a) Pl y, figsatc, ec’, c”, € (3) PL 7, fig. 2 d,d',d”", TURPEN,:— Corps organisés dans la pâte des silex. 139 serite, indique que, dans cette espèce, lès valves sont iné- gales. et que da pupériquie Re s'est éga- rée. (1) : L'étude que j'ai eu occasion faire tout dernièrement des œufs vivans de la Cristatelle vagabonde (2) la forme discoide de ces œufs, leur couleur rembrunie; leur surface mamelonnée ou réticulée, leur pourtour hérissé d'épines terminées par des -erochets recourbés en hâméçon; et leur déhiscence transversale en deux valves pour faciliter l'éclosion duüpetit animal, qui en ré- sulte, prouve que-les quatre espècès de-corps organisés renfer- més dans:la pâte dé l'échantillon : du : silex pyromaque de De- litszeh-sont de véritables œufs réduits à la coque plus ou moins entière: Ces œufs ÿ particulièrement les trois espèces hérissées d’épines à-crochets, s’ubserverpnt probablement dans les eaux douces à l’état vivant, et on les reconnaîtra, en en süivant lé- -elosion,; pour appartenir à diverses espèzes de petits polypes microscopiques: C’est à cause: de: cette conviction que je mai point.cru nécessaire de surchager la science en donnant un nom; qui ne pouvait être que: temporaire, à la quatrième espèce de ces œufs; C'est encore par la même raison que je n’ai point cru nécessaire de séparer lé Peridiniumpyrophorum, du Peri- dinium Delitiense, avec leqüel:il n’a que peu ou. point de rap- port de structure, et dont les:noms de genre eb d'espèce pour- raient facilement être caractéristiques. d’après. la forme mitrale et l'existence tres prononcée: des trois pointes, si ceux donnés à un-œuf-n'étaient pas déjà une chose superflue, -Iest bien probable que, si M, Ehrenberg avait soupçonné que les corps qu’il observait n'étaient point des fouts, mais seu- lement des portions ou des parties d'êtres organisés, il se serait épargné la peine.de créer! des, noms de, genres, ,et, d'espèces ; noms dout le sort futur, et sans, doute très prochain, doit êlre le même) que!celui, pour me, ser vie d'un exemple bien connu, d’'Ascophora: ovalis. donné. aux. œufs .ovales et, pédicellés. de (1) À moins que l’on ne “2090 que l'ergot est tourné en-dessous de manière à ne pouvoir être aperçu. (2), Cristatella mucedo Guv:, ou C. wagans du mème auteur, (Voyez pl. 3 A, 340 turrix. — Corps organisés dans la pâte des silex. l'Hemerobius Perla, lorsque l'on croyait que ceux-ci formaient un fout organique, un végétal cryptogame et parasite, au lieu de n'être que la partie, que l’œuf d’un insecte. Tout le monde sent aisément combien il serait abus!f et sans profit pour la science si, dans les recherches sur les corps or- ganisés fossiles, chacun se permettait d’attacher des noms de genres et d'espèces aux divers fragmens que l’on rencontre, tels que des carapaces siliceuses de divers infusoires, des por- tions de coquilles ou de madrépores, des bâtons d’oursins, des mandibules cornées de étphalgpodes etc., etc. Il est remarquable qu’au moment où M. Ehrenberg observait à Berlin, les corps organisés du Silex pyromaque de Delitzsch, un heureux hasard me mettait à même d'étudier à Paris, la sin- gulière structure des œufs vivans et spinescens de la Cristatelle vagabonde, Sans cette connaissance, acquise depuis peu de temps, je n’au-. rais su que faire des corps organisés que j'avais sous les yeux et, alors, je me serais contenté de les observer provisoirement pour mon instruction particulière. Mais que l’on juge de ma. surprise en reconnaissant tou-à-coup, dans les trois espèces de corps hérissés , des œufs semblables, ou au moins très analo- gues, à ceux de la Cristatelle vagabonde : cette analogie entre la structure d'œufs vivans et d’œufs ensevelis depuis des siècles dans une masse de silex; cette analogie, que peut-être moi seul j'étais en position de faire connaître , m’& déterminé à étudier sérieusement les divers corps contenus dans les deux sortes de ‘silex, et à publier ce travail comme présentant un fait nouveau. et d’un grand intérêt pour l'avancement de la géologie et pour l’histoire naturelle des corps organisés. A présent que nous savons que les masses ou congloméra- tions indépendantes de silex peuvent quelquefois, renfermer dans toute l'étendue de leur épaisseur d'innombrables corps organisés de diverses espèces; mais seulement bien entendu , comme on trouve en certains points de la croûte du globe des fossiles amoncelés, comment pourrait-on admettre cette idée plus poétique que positive sur la formation des rognons poly- morphes iles silex corné et pyromaque; idée qui consiste, comme Tuapix. — Corps organisés dans la pale des silex. 141 chacun le sait, à penser que ces rognons ont été anciennement de grands vers ou de grands alcyons marins, dont les analo- gues sont perdus, ou nous sont inconnus, et dont les tissus possédaient la propriété de trier, d'aspirer, d’absorber, de se remplir complètement de la matière siliceuse ambiante, et enfin de passer à l’état de dureté où nous les rencontrons depuis long-temps, disposés isolément et par couches distantes dans la craie. (1) A cette singulière hypothèse, il faudrait ajouter pour être conséquent, que ces gros prétendus vers marins et polymor- phes renfermaient quelquefois dans leurs entrailles, non-seule- ment d’autres plus petits vers intestinaux microscopiques; mais encore des végétaux confervoides, des fragmens de mousse: on de plantes marines, des madrépores, des coquilles, des oursins, des aiguilles cristallines, comme celles du Semr-opale de Bilin, des grains de sable, corps qui, bien évidemment, ont existé d’abord, en dehors des rognons de silex, et dans lesquels tous ont pu se trouver accidentellement enveloppés, té- moins ceux découverts par M. Ehrenberg, et que je viens de signaler’ dans cet écrit et dans les dessins qui laccom- pagnent. Si, comme je le pense, les rognons de silex doivent leur for- mation à la décomposition successive des innombrables végé- taux et animaux qui vivent, soit dans l’eau salée, soît dans l'eau douce (2); si, sur ces fonds marins ou lacustres, les débris ou (1) Je ne parle de cette hypothèse, devenue tout-à-fait inadmissible par le fait des nom- breux corps étrangers enveloppés dans la masse siliceuse des rognons, comme ceux qui se trou- vent accidentellement empâtés dans les succins et les copales, que parce qu’elle est toujours reproduile dans des ouvrages classiques et récens. (2) Il est certain que les fonds de mer.et les fonds d'eau douce sont également propres aux formations calcaires et aux formations siliceuses, les mêmes causes, les mêmes moyens, les mêmes matériaux existant dans ces deux lieux, dont la présence ou l'absence du sel est à-peu- près le seul caractère distinetif, Tout prouve que le carbonate de chaux et le silex sont contem- porains des curps organisés , soit microscopiques , soit de grandes dimensions, qui se trouvent enveloppés en entier ou par fragmens dans l’épaisseur de la pâte, d'abord liquide, de l'une et de l’autre de ces formations concétées, el qu’enfin ces formations, toujours alimentées de la même manière , doivent être permanentes , en exhaussant continuellement les fonds el en s'as- seyant perpétuellement les unes sur les autres. 142 ruünpiw. — Corps organisés dans la pâte des silex: même les corps entiers de ces êtres pleuvent, se précipitent et : s'entassent les uns sur les autres, de manière à y former de grandes conches plus ou moins épaisses, composé jusque alors, de toute espèce de choses, comme une sorte de chaos; si, l’on se rappelle bien que tous ces corps: organisés, particulièrement les animaux:; se composent :en grande, parties 1°.de la ma- tière organique, vivante, organisée, muqueuse,:tissulaire, ma- tière dans laquelle réside temporairement, le principe vital qui détermine l'étendue et là forme des individus:; 5° de la matière calcaire ; et 3°.de la matière siliceuse, toutes deux;ayant été ab- sorbées .et. déposées moléculairement et confusément, dans:les interstices tissulaires de la première ; si, dans cette couche pà-: teuse,, gélatineuse-et trèsiliquide,; que dans certains cas ; on a nommée de la Barégine, couche où tout: est'encore melangé, où tout est encore disposé au hasard, on admetcomme:céla paraît prouvé la séparation (1), plus oumoins complète, dès molécules (1) M. C. Prévost, dans Particle Si/ex du Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, t; xv, p- 425, cite le fait suivant, qui démontresassez bien la séparation des molécules siliceuses d’a- vec Les molécules ralcaires :'« Lorsque dans les fabriques de faïence on fait une pâte composée d'argile et d’une certainé quantité de silex pnlvérisé, il faut avoir la précaution de s’en servir le plus promptement possible, car, autrement, on voit bientôt les particules siliceuses s'éloigner des particules argileuses, s'attirer mutuellement, s’agglomérer et composer , , dans l'épaisseur de la pâte argileuse, un caillot analogue à à ceux qui se forment, dans la nature, au milieu de la pâte calcaire. » La queue du silex, sorte dé stalactite ; :sortie para bouche/dé quelques oursins renfermés dans la craie, et observée par M. Gillet-Laumont, prouve.qu'après la mort de l'animal, tombé en déliquescence, la silice contenue et déposée confusément dans le tissu s’est séparée de la chaux et de la matière organique , et qu’elle s’est filée par cette ouverture. Dans celte sépara- tion, la silice , au lieu de sortir et de se mouler en queue, se porte, d’autres fois, aux parois intérieures du test ou de l’enveloppe crétacée de l’animal, et y. forme une doublure siliceuse qui plus tard persiste seule, par destruction de l'enveloppe caïcaire qui d'abord lui a servi de moule, et dont elle représenté fidèlement jusqu'aux détails les plus délicats. , Les molécules siliceuses, en se déplaçant une à une dans l'épaisseur de cette espèce de lait de chaux dans lequel elles sont én suspension, et cela pour aller s’agglomérer presqne sur le mème point qu’elles occupent dans le mélange, on conçoit que; dans'un tél déplacement ; Le volume total ne peut chängér , que les conglomérations’siliceuses ; qui forment toujours le lit inférieur de chaque banc, comme plus pesantes que‘ l4 éalcaire/qui ‘les enveloppe, doivent: toujours être scellées de toute part dans ce lait de ‘chaux , qui plus’tard se concrète en craie: "” Aucuns vides, par conséquent, né peuvent existér entre les’rognons de silex et la’ craie, à moins qu'il ne ‘s'en soit formé par lé retrait dés deux parties cobjointes , par la réduction de quelques portions notables de matière organique qui, pour lors , laisse des excavations Ps ou moïns cons'dérables dans la partie calcaire. Tunis. — Corps organisés dans lu pâte des silex. 143 siliceuses, d’avec les molécules calcaires (x) et la congloméra- tion des premières au milieu des secondes, comme pour me servir d’une comparaison sans doute incomplète, les globules du sang et ceux du lait s’isolént et se séparent du sérum pour former ces.autres conglomérations que l’on nomme des caillots; ‘ sienfin, on reconnaît que dans cèêtte séparation, les molécules siliceuses attirées les unes vers les autrés, se portént encore vers un corps de nature-quelconque, comme point déterminant (2) dunoyau commençant la conglomération dun caillot siliceux, on comprendra facilement comment, dans le champ du travail du caillot, les molécules siliceuses peuvent, en s’agglomérant, envelopper successivement de la mätièré organique pulvérisée, desicorps organisés plus ou moins entiers, Comme tout autre corps se trouvant foftuitement placé sur le point et dans l’é- tendue de la conglomération. Il me semble qu’alors, si je ne me trompe, tous les faits, observés isolément et sans le secours du (1) La séparation des molécules siliceuses d'avec les molécules calcaires s'opère avec plus ou moins d'activité, elleest plus ou moins complète ; selon lé degré de force attractive dont jouis- sent les molécules siliceuses , et selon. les-obstacles étrangers qu’elles rencontrent dans leur che- minement xers le point de la conglomération: C'est à es deux grandes causes que sont ;dues les modifications suivantes : 19 les rognons de/silex , toujours plus. purement siliceux et plus durs vers le centre ou le:commencement de la conglomération. que vers l'extérieur , qui devient peu- à-peu un mélange daus lequel la matière. calcaire finit par l'emporter sur la matière siliceuse ; 2° ces conglomérations mixtes, imparfaites, composées de parties ä-peu-près égales de:silice et de carbonate de chaux, et qu'à cause de cela on nomme .des cailloux calcaires siliceuxs 3° la craie, dans laquelle on‘trouve toujours des traces de; silice. : Si, par la pensée, on dépouille les molécules siliceuses de la propriété qu’elles possèdent de s’atlirer les unes les autres ,,on n’a. plus que des corps inérites qui obéissent aux seules lois de la pesanteur, qui. s’entassent confusément. les uns sur les autres, par voie de sédiment ; on n’a plus qu'une grande couche formée de silice, mais point de conglomérations ou cailiots siliceux, for- malions particulières qui nécessitent toujours un centre d'attraction vers lequel: cheminent ou convergent les molécules composantes , douées elles-mêmes de la même propriété. (2) C'estainsi que les molécules qui s’agglémèrent symétriquement , et d’après des lois con- stantes ;.pour former tel ou tel cristal , cherchent un point d'appui, comme la paroi intérieure des géodés minérales, le fil tendu transversalement des confiseurs , le globule vert et | composé de l'intérieur desvésieules du tissu cellutaire des Cactées sur lequel les cristaux se fixent et du- quel ils rayorinent}comme, enfiv, la paroi intérieure de l’enveloppe externe des œufs des véri- tables Helir, enveloppe ni sert de gévde aux nombreux et maguifiques cristaux rhomboëdres de.carbonate de’ehauxque j'ai découverts ét qui mé paraît un phénomène de cristallisation d'autant plus remarquabléque j'ai tout lieu de croire qu'il se borne sculement aux œufs de toutes les espèces du genre Hélix. 144 TurPis. — Corps organisés dans la pâte des silex. microscope, concordent, se subordonnent et qu’il n’en reste que peu ou point en dehors de ce qui vient d’être posé. Ainsi s'expliqueront : ° Comment les caillots siliceux, n'étant que de simples ag- Mod de molécules siliceuses, sont irréguliers, polymor- phes, de grandeurs très variabies, isolés et indépendans les uns des autres (1), disposés par couches interrompues dans la craie, avec laquelle, et la matière organique et les corps organisés, ils formaient, dans l’origine, un tout liquide et mélangé, un vérita- ble magma. (2) 2° Comment ces caillots siliceux contiennent toujours plus ou moins de matière organique , particulièrement animale, et quelquefois des végétaux et des animaux entiers; circonstance à laquelle est due, seulement, .la couleur sombre, plus :ou raoins foncées en grisâtre, blond, jaunâtre, brun noirâtré (3), (1) Le nombre, la grosseur , la forme plus ou moins arrondie et l'indépendance absolue qui existe entre les conglomérations des caillots siliceux, au milieu de la pâte du carbonate de chaux, sont choses aussi variables et aussi analogues ( quant à l’agglomération ) que le nombre, la grosseur, la forme et l'indépendance qui existent entre les pierres de la vessie, ou calculs urinaires, formées au milieu de l'urine, Dans les deux cas, moins les agglomérats sont volumi- neux, plus, ordinairement , ils sont nombreux. Il y a encore cet autre rapport, que, souvent, un corps étranger à la matière composante devient l'appui ou le point déterminant du dépôt des premières molécules appelées à former la première assise de la conglomération. (2) M. Alex. Brongniart a observé que les caillots du silex pyromaque, vus dans le sens horizontal de la couche, offraient, dans leur-gisement au milieu de la craie, la disposi- tion obscure et irrégulière d’un immense réseau à mailles de toutes sortes de grandeurs. Comme le commencement ou le centre d’origine de la conglomération indépendante de chaque caillot, est’ tonjours déterminé par hasard, on conçoit difficilement cette disposition en réseau, quoi- que cependant on puisse voir, tant bien que mal, la charpente du réseau dans l’arrangement fortuit des cailluis irréguliers , plus ou moins lobés ou branchus, et les mailles dans les espaces remplis de craie qui existent entre eux, Ce réseau m'en rappelle d’autres qui, quoique n'ayant aucune analogie avec celui que for- ment les caillots du silex pyromaque, peuvent trouver ici, en passant, une pelite place : je veux parler de ces autres grands réseaux bien caractérisés, qui se forment, par retrait, à la surface des terres argileuses et très humides par les temps secs et chauds ; de ces réseaux dont la charpente en creux ou en fissures forme des sortes d'ilots de matière contractée, et dont de semblables creux ont servi de moule à ces réseaux en relief que l’on remarque à la surface in- férieure des dalles de grès bigarrés de Hessberg près de Hilburghausen ( Duché de Saxe), dans lesquels se trouvent, également en relief, des empreintes de pieds, d’inégales grandeurs, du Cheirotherium et d'autres animaux ;-et dont un grand et magnifique exemplaire de ces curieuses dalles fait partie des riches collections du Museum d'histoire naturelle, (3) Presque toutes les matières organiques animales tendent , après la vie, au roussâtre et ax TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. 145 verdâtre, etc., et en même temps, conséquemment, cette odeur animale qui s’exhale par le frottement de deux morceaux de silex, lun contre l'autre, odeur si comparable à celles qui émanent d’un morceau de corne. chauffé légèrement , ou du frottement de deux mains sèches, et qu'ordinairement on désigne, assez justement, par odeur de mort. On ne s'étonnera point de ce que les silex renferment quelquefois un peu. de soufre et qu’ils sont dans le cas de projeter une lumière phos- phorescente, 3° Comment par la calcination, qui n'a d'action que.sur la matière organique colorée, la seule qui soit combustible dans le silex, on fait disparaitre complètement et la couleur et l'odeur dont il vient d'être question. En cet état, de calcination et de décoloration, les silex corné et pyromaque deviennent d’un blanc argenté et comme amiantacé et n’offrent plus d’étincelles par le choc de l'acier ; ils ne se composent plus que de la silice dégagée par le feu, de toute la matière organique colorante et des, corps organisés qu'elle renfermait dans l’état naturel des silex. La preuve de ce changement du silex, par la combustion de la matière organique, se trouve dans les expériences curieuses de M. de Brébisson (3), sur la calcination de plusieurs espèces d’infasoires à enveloppes siliceuses, telles que le Vavicula viri- dis ; les Melosira, les Diatoma, les Gomphonema et le Fragil- laria pectinalis, dont les couleurs très intenses, vertes et brun- marron, selon les espèces, du sarcode ou corps vivant, ainsi que l'odeur animale, disparaissent par la combustion de la ma- tière organique de ces petits êtres microscopiques, dont il ne reste plus que les carapaces siliceuses, incolores, translucides, brun noirâtre, couleurs des momies; cela explique la couleur fauve et nuageuse plus ou moins rembrunie des silex corné et pyromaque, par la présence d’une certaine quantité de celte ma- tière , inégalement amoncelée par place. Si dans la triple matière dont se composent en pois partie les bancs, la matière organiqu est si minime, comparativement aux matières calcaires et siliceuses, c'est que la première est absorbée et sert de nourriture aux nombreuses générations existantes, et que, d’un autre côté, ce qui reste de cette matière est excessivement réductible. (2) Comptes rendus , séance du 14 novembre 1836, page 577. VII Zoor. — Mars, 10 146 ‘rurPiN. — Corps organisés dans la pâte des silex. d’ane minceur extrême et inaltérées dans les élégantes stries transversales qui le plus souvent les caractérisent. (r) Ces blanchimens par le feu où par la combustion de la ma- tière organique colorée, soit des enveloppes siliceuses des in- fasoires, soit de la silice agglomérée en masse de silex, rappelle celui tout semblable, à l’aide duquel les anciens blanchissaïent leurs tissus d'amiante où d’asbeste. Ces tissus fabriqués avec des fils, en grande partie siliceux et incombustibles, n’aban- donnaient à l’action du feu que la matière étrangère, presque toujours organique, dont ces sortes de linges étaient salis. À ces preuves, j'ajoutérai celle très analogue, fournie par les “observations de M. Ehrenberg (2), sur ces agglomératsentière- ment composés de carapaces et autres enveloppes siliceuses, vides de leur sarcode où de leur matière animale colorée, par la combustion lente du temps (3), ayant appartenu à diverses espèces d’infusoires; qui continuent toujours de vivre dans l’es- pace aqueux ; agglomérats siliceux qui, avant les intéressantes recherches microscopiques de ce savant et laborieux observa- teur, on classait comme minéral (4), parmi ou, au moins, tout _près des Tripolis (Polierschiefer.) (x) C’est aiasi que, par la calcination, l’on blanchirait et que l’on rendrait vitreuses el ‘transparentes les masses tissulaires des végétaux, si richement colorées:par la présence et la cou- “leur propre de la globuline ou fécule, siles vésicules du'tissu cellulaire, toujours incolores et prop 5 ; } = qui seules contiennent ces organes, étaient de nature siliceuse, incombustible, et si la globu- -Jine, de toutes couleurs, était seule susceptible de-brüler, de disparaitre et de ne plus offrir p , pa P -qu'une très petite quantité de cendre blanche. (2) Lettre de M. Alex. Brongniart. (Annales des sciences naturelles, tome vi, page 56. — Extrait d’une lettre de M. le baron de Humboldt à M. Arago, sur le même sujet. ( Comptes * rendus , séance du 22 août 1836 , page 200.) (3) C’est à cette espèce de combustion lente du temps de la matière ‘organique colorée, qu’il faut attribuer les altérations plus ou moins profondes qui blanchissent et rendent plus opaque, plus friable, la partie extérieure des silex pyromaques, plus où moins exposés à l’action des- tructive des agens extérieurs. Il ne faut pas, toutefois, confondre ces altérations albines, par la disparition de la matière organique colorée en cette partie, avec cette espèce de croûte cal- caire qui provient d’un restant de la même matière dans laquelle le rognon de silex était en- tièrement enveloppé, (4) Dans ces sortes d’agglomérats, moins uné très petite quantité de matière organique, tout est minéral, tout est inorganiqué, puisqu'il ne s’y trouve plus que de la silice très pure. Mais, ce qu’il faut bien observer, ce n'est point de la silice moléculaire simplement et con- fusément conglomérée dans l’espace, comme dans la formation des silex, ce sont des molécules _ TURPIN: =— Corps organisés dans la pâte des silex. 143 Ces trais résultats de combustion de la matière organique contenue, celui naturel et très lent des irfusoires-tripolis de M. Ehrenberg, celui tout semblable, mais obtenu instantané- ment par l'action prompte du feu, des infusoires vivans et co- lorés de M. de Brébisson, et celui des silex corné et pyromaque, également calcinés, étant comparés, comme je viens de le faire, offrent une ressemblance frappante dans leur aspect, Ces corps en perdant leur couleur, sont devenus d'un blanc légèrement grisâätre, brillant et vitreux. A vant de terminer cette analyse microscopique, je desire fairé connaître combien j'ai été frappé de l'extrême ressemblance que j'ai trouvée entre les composans microscopiques, concrétés et durcis des silex , et ceux, également microscopiques, dont se composent ces matières gélatineuses ou glaireuses, si géné- ralement répandues dans toutes les eaux ; et que l'on a nom- mées, malheureusement une fois, de la Barégine (1). Sous le microscope, le silex aminci paraît absolument une couche éta- lée de barégine concrétée, durcie et celle-ci semble un silex dissout ou ramené à son état originel. Les composans de ces deux matières paraissent être les mé- mes, au point que l’on serait tenté de croire que l’une n’est que le prélude de l’autre. Dans toutes les deux, c’est toujours un fond ou une pâte formée de particules incolores, transluci- siliceuses d'abord absorbées par l'organisation d’un être vivant , puis sécrétées et arrangées sy- métriquement sous des formes extrêmement variées , soumises à des lois constantes , dépen- dantés de celles de l’organisation, et destinées, en cet état, à servir d’enveloppes protectrices aux ge mollés d'un grand nombre de petits êtres organisés, C'est ainsi que, dans d’autres , les molécules calcaires , également par voie d'absorption et de sécrétion, s’arrangent , se sua, se moulent ou se déposent de manière à solidifier la coquille protectrice des mol- lusques pourvus de cette enveloppe. « Un monceau de coquilles calcaires et fossiles, vu dé loin, représente rigoureusement , sauf la nature différente des matières, ces autres monceaux composés de carapaces siliceuses, et qu'à la vue simplé on avait pris pour des tripolis. (1) On nie pouvaît faire avec plus d'esprit et plus de philosophie la critique de la détiomina- tion, trop étroite, de Barégine, attachée à un magma organique qui se forme partout où il y a détrition d'êtres organisés, qu’en faisant sentir que chaque lieu , aussi bien que Barèges, était en droit de donner soû nom au même produit ; droit dont M. le baron Séguier a usé, en faveur de la ville de Luchon, en le baptisant du nom de Luchonine. ( Comptes rendus ; séance du 31 novembre 1836, page 606.) 10, 148 Turpix. — Corps organisés dans la pâle des silex. des, pâte plus ou moins salie ou colorée inégalement par le mé- lange : 1° de matière organique, pulvérulente, roussâtre ou noi- râtre; 2° de débris de corps organisés des deux règnes; 3° de corps organisés de diverses espèces, entiers ou presque entiers; 4° de corps inorganisés. À ces grands caractères de ressemblance, pouvant être décrits et figurés, si j'ajoute ceux d’aspects, qui résultent de l’ensemble de tous les détails insaisissables en particulier, dont l'esprit seul peut s'emparer , mais que ni la langue ni le crayon ne peu- vent exprimer, je ne balance plus un instant à regarder la ba- régime, cet amas gélatineux et glaireux, ce fumier composé de débris de corps et de corps entiers , des trois règnes, comme étant la source générale et permanente, comme étant une sorte de grande trituration ou de première préparation des- tinée à perpétuer par séparation, les couches ou forma- tions de chaux carbonatée, les assises composées de rognons siliceux, toujours nichés, toujours empâtés, toujours occupant la partie inférieure de chaque couche calcaire (1), et les nom- breux corps organisés qui peuvent, en plus ou en moins grande quantité, se trouver également enveloppés ou incrustés dans l'épaisseur de ces deux matières, plus ou moins complètement séparées l’une de l’autre. Déjà en m’occupant des barégines blanches, grises et noires, leur-aspect à l'œil nu, et leur composition microscopique atta- chait ma pensée sur l'aspect et la composition des diverses va- riétés de marbre Sainte-Anne qui, comme on le sait, offrent toutes les nuances depuis le blanc, par les gris, jusqu’au noir le plus foncé, mais dans lesquels on voit cependant qu’elles ne différent entre elles que par des proportions différentes de ma- tière de ces trois couleurs. Dès cette époque, comme malgré moi, les différentes combinaisons ou amalgames' de barégine que j'avais sous les yeux me présentaient un marbre Sainte- (1) La disposition des rognons siliceux empâtés dans la partie inférieure de chaque époque géognostique ou de chaque banc de chaux carbonatée, a toujours présenté à ma mémoire celle des cuisses d’oie plongées et descendues en lits au fond de la graisse, liquide d’abord, puis en- suite figée autour d'elles, et dans laquelle on desire les conserver. TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. v49; Anne; liquide ou rendu à son état primitif. Dans les deux cas, celui de la barégine liquide, et celui du marbre, concrété, je voyais un mélange ou un brouillé imparfait (r), composé de flocons blancs, de flocons gris et de flocons noirs parmi les- quels, de part et d'autre, se trouvaient intercalés des corps or- ganisés variables.en espèce et en quantité, plus ou-moins amon- celés par place. A l’époque où je m'occupais du travail que je publie aujour- d'hui, mon intention était tout simplement de constater l’exis- tence des corps organisés incrustés dans les deux échantillons du silex envoyés de Berlin. J'ignorais alors que les études que je venais de faire des œufs de la Cristatelle vagabonde se lie- raient et expliqueraient naturellement celles de Ja plupart des corps inclus dans les silex. J'étais loin de penser que le micros- cope me révélerait la grande analogie qui existe entre les com- posans physiques des matières baréginiques et ceux dessilex. J'ai donc été entraîné, comme cela arrive souvent, à écrire plus que je n’en avais l'intention. En sortant du cercle habituel de mes recherches pour me porter dans celui de la Géologie, de la Minéralogie et de la Zoo-. logie, j'aurais éprouvé une sorte de peine si je n’avais été per- suadé que dans ces diverses sciences, si avancées et:si savam-. ment cultivées, j’apportais quelques observations purement mi- croscopiques et quelques idées nées de ce genre d'investigation qui ne fait, pour ainsi dire, que d'arriver dans l'étude plus ap- profondie des corps. La présence de la matière organique pulvérulente, colorée, et les corps organisés plus ou moins entiers, plus ou moins nom- breux en individus ou en espèces, qui se trouvent, parfois, en- sevelis et amoncelés dans la pâte durcie et incolore des silex (x) Brouillé imparfait, comparable, sous certains rapports, à celui des diverses couleurs, en quelque sorte ennemies , que l’on pose sur l'eau , et à l’aide desquelles , après les avoir plus ou moins tourmentées, on obtient , par application, ces papiers marbrés si variés dont les re- lieurs se servent pour couvrir la face intérieure dé la couverture des livres. Pour arriver à ce genre d'imitation, om ne pouvait guère trouver un moyen qui fût plus près -de celui qui a lieu dans la nature, et qui détermine tous les mélanges imparfaits de couleurs , le jeu et la disposi- tion presque accidentelle des veines des différens marres. 150 TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. serait une preuve nouvelle et sans réplique : de la liquidité gélatineuse, gluante et coulante de la matière siliceuse au moment de son départ ou de sa séparation des matières baréginiques si, déjà M. Alex. Brongniart ne l’avait pas claire- ment démontrée par un assez grand nombre de faits bien ob- servés, soit par lui, soit par divers auteurs, faits au nombre desquels je citerai le suivant comme étant le plus remarquable et le plus concluant de tous ceux qui étaient connus. J'ai rapporté aileurs (1), dit M. Alex. Brongniart, un fait qui woñtre la silice sous une forme absolument semblable, à une couche de gélatine étendue sur une pierre et desséchée : c'est une masse de calcaire siliceux, couverte de concrétions:siliceu- ses et mamelonnées. On voit comme une membrane gélatineuse tendue sur les sommités de ces mamelons, ayant tout-à-fait l’as- pect d'une matière glaireuse, qui, en se desséchant, se: serait retirée d'autant plus facilement qu'aucune adhérence ne s’y opposait , en sorte que cette membrane est constamment beau- coup plus étroite dans les espaces où elle est libre qu’à ses points d’adhérence. Or, cette membrane, qu’on prendrait réelle- ment pour de la colle séchée, est de nature siliceuse et calcé- donieuse; elle a donc conservé, aussi bien qu'une pierre aussi dure que la calcédoine puisse le faire, les caractères de Fétat gélatineux dans lequel je présume que devait être la silice. (2) Je termine enfin par dire que : 1° sans le moindre doute, les rognons ou nodules de silex, tels qu’on les trouve empâtés dans le calcaire, sont de véritables caillots, de véritables conglomé- rations, qui doivent tout simplement leur existence au rappro- chement successif et à froid de molécules siliceuses attirées vers un centre commun, centre, ou point d'appui des premières molécules, qui peut être déterminé par la présence d’un corps étranger non siliceux, que le hasard a placé là. 2° Que la coloration nuageuse des silex est due à la présence. . {1} Dictionnaire des Sciences naturelles, tome, xz1x, page 182, (2) Ce précieux échantillon, que j'ai eu : pendant quelque temps entre les mains, etque, par conséquent, j'ai pu étudier avec tout l'intérêt qu'offre ce fait décisif, a été très bien figuré en couleur, par M. Prêtre sous la direction de M.Alex. Brongniart , dans le tome 1 de l'Atlas du Dictionnaire des Sciences naturelles, pl. 11, fig. 2 (Minéralogie). TURPIN..— Corps organisés dans la pâte des silex. 151 plus ou moins grande de la matière organique pulvérulente et roussâtre, en même temps qu’à des débris de corps organisés méconnaissables quant à l'espèce; mais on serait dans l'erreur si lon croyait qu'il suffit de prendre le premier silex venu pour y trouver des corps organisés aussi nombreux et aussi entiers que ceux entassés dans les échantillons envoyés de Berlin. Il en est des masses siliceuses des rognons comme des autres parties de la croûte du globe. On peut bien dire à coup sûr: là où je plante ma canne est le milieu de la terre, mais on ne peut pas dire avec la même assurance : là. où je touche sont des fossiles. Analyse microscopique du Silex de Courseulles (Calvados,). Depuis larédaction de ce travail, M. Georges. Oberhaeuser (1), qui a eu l’obligeance de me faire plusieurs lames. de silex pyro- maque de France, m’écrivait vendredi dernier : « J'ai l'honneur de vous avertir que je viens de découvrir dans le silex que vous. m'avez donné il y a quelque temps, plusieurs individus dont un parfaitement conservé , est tout-à-fait semblable à l’un. de ceux que j'ai vus dans votre dessin. » Dans l’épaisseur de la pâte siliceuse de ces lames se trouvent en effet plusieurs individus de la plus belle conservation, de la plus grande netteté dans leurs contours, et qui sont presque: tous étrangers à ceux que je viens d'étudier dans le Silex pyro- maque de Delitzsch. Le premier (2), qui offre quelque analogie avec l'espèce figu- rée en a, dans le pyromaque de Delitzsch, présente une coque arrondie manquant de son opercule, jaunâtre et armée, dans son: pourtour, de seize rayons plus long, de presque moitié, que le diamètre de la coque, de même couleur , tubuleux, évasés en entonnoir, dont le bord se termine ordinairement par cinq cro- chets recourbés en hamecçon. (x) C’est à l'aide de l’excellent et très commode microscope réduit de MM. Trécourt et: Georges Oberhaeuser que, depuis huit années , je fais mes observations microscopiques les plus fortes et les plus délicates. Ce microscope vient de recevoir, dans sa partie mécanique, de très notables changemens qui ont été présentés dernièrement à l’Académie. (2) PI. 6, fig. 4.0. 152 TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. Le second (1) offre une coque sphérique ou discoïde, à-peu- près du même diamètre que la précédente ; elle est jaunâtre, semi-transparente , obscurément réticulée ou nervulée, et pa- raît aussi, comme la première, dépourvue de son NC TER ce qui suppose que ces œufs étaient éclos et réduits à la coque au moment où ils se sont trouvés pris et scellés dans la pâte liquide du silex pendant le travail de la conglomération. Au pourtour de cette coque rayonnent à-peu-près vingt-six épines de la lon- gueur d’un demi-diamètre de la coque, les unes simples, les au- tres plus épaisses, comme fasciculées ou formées, par soudure, de trois ou quatre des premières. Toutes se subdivisent fine- ment au sommet en plusieurs soies divergentes, non recourbées en hamecçon. La grandeur de cet œuf, dont l'aspect rappelle un peu celui de l’enveloppe hérissée de la châtaigne, est, le dia- mètre de la coque, d’un vingt-cinquième de millimètre, et le: diamètre total, compris les rayons spinescens, d’un quatorzièm de millimètre. Le troisième (2) n'offre environ que la moitié d’un œuf dont le test assez rembruni est garni dans son pourtour de huit épi- nes fortes , courtes, terminées par deux crochets recourbés et au centre desquels la tige semble se prolonger en un petit ma- melon. Le quatrième (3) est une coquille roulée en volute spiruloïde, d’un brun opaque, composée de dix à onze tours de spire, ou d'articles globuleux diminuant de diamètre de la base au som- met de la coquille et paraissant se disjoindre facilement après la vie de l'animal qui remplissait ou qui contenait cette singu- lière coquille microscopique. A côté de l'individu ‘enroulé ,on en voit un autre (4) dont toutes les spires ou articles sont dé- collées les unes des autres et dont la plus grosse est cassée en deux endroits. Au-dessus se trouve un autre individu duquel'il ne reste que trois articles et dont le plus petit est cassé. Au haut (x) PL 6, fig, 4 6. (2) PL 6, fig & c. (3) PL 6, fig. 4 d: (4) PI. 6, fig, 4 d’. TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. 153 de la lame on en aperçoit un autre (1) qui est enroulé, mais dont les articles paraissent réduits à des amas de pulviscule. Enfin un assez grand nombre de corps sphériques de grosseurs différentes , répandus sans ordre semblent des spires isolées de la même coquille. Le cinquième (2) est un corps qui m'est inconnu, dont la forme est celle d'un disque composé de trois cercles distans les uns des autres et dont les distances sont remplies par un grand nombre de rayons fins et nombreux. Le cercle extérieur est sinueux et frangé. Est-ce la coquille intérieure de quelques très petits mollusques? J'ai déjà remarqué et figuré ur corps tout semblable qui se rencontre parmi les carapaces siliceuses dont se forment par agglomération la farine de montagnes, farine de pierre ou le tripoli de Franzensbad et qui me paraît être évi- demment une coquille interne, en ce qu’elle n'offre à l'extérieur aucune espèce d'ouverture. Le siriéme (3) présente un corps ovalaire légèrement granu- leux et du pourtour duquel rayonnent un nombre considérable de cils longs et fins. Ce corps pourrait bien être un individu de l'espèce nommée Tricode soleil (7richoda sol.) Les deux corps que je viens de décrire sont d’une si grande transparence qu'on ne peut les apercevoir que sous certains jours du microscope. Le septième (4) est un amas de pulviscule organique disposée de manière à laisser soupçonner que c’est en quelque sorte la momie d’une vibrion anguilliforme. ‘On:voit en outre un fragment symétrique de cristal, d’autres fragmens irréguliers de quartz. On y trouve toujours, comme dans ceux déjà décrits, une grande quantité de matière organi- que pulvérulente, colorée en brun ou en jaunâtre, diversement amoncelée ; souvent sous cette forme de traînées ou de voies lactées dont j'ai parlé en m'occupant des autres silex, et servant, (x) PI. 6, fig. 4 d”, (2) PI. 6, figde, (3) PL 6, fig. 4# (4) PI 6, fig. 4 g 154 TURPIN. — Corps organisés dans la pâte des silex. conjointement avec les corps organisés , à salir ou à colorer la: pâte siliceusé, blanche et pure des silex. Dans une autre lamelle du même silex, que je n’ai point vue- parce qu’elle a été donnée à une personne. qui l'a ermportée à Rouen, se trouvait, entre autres choses, une Vorticelle dont le. pédicule était replié sur lui-même. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE VI. Semi-opale de Bilin. Fig. x. Lamelle de grandeur naturelle. Fig. 2. La même, vue par transparence sous le microscope armé du grossissement de 260. fois le diamètre, Fig. aaaa. Articles dessoudés, éparpillés, vus en différens sens, du Gaïllonella varians. On voit plusieurs articles vésiculaires et remplis de granules qui sont déchirés. Leurs. doubles cercles indiquent l'épaisseur de Ja vésicule. &. Corps sphériques, déprimés, plus petits que les précédens, plus opaques, par la plus grande quantité de granules contenus, ayant peut-être fait anciendement partie d’une autre espèce de Gaillonella. ccc. Aiguilles siliceuses, de grandeurs variables, les unes entières, les autres par tronçons, ayant servi à solidifier la texture molle, Er de la Spongille des étangs. c’. L'une de ces aiguilles brisée en travers, et dont les dr à morceaux , situés à dis- tance, laisse voir entre eux une traînée de pulviscule noire, ! d. Un bout de filament de Conferve avec cloisons transversales et distantes. e. Fragment d’un végétal inconnu. Quelques autres débris de corps tout-à-fait méconnaissables, et de la matière orga- nique plus ou moins pulvérisée, colorée en jaunâtre, fauve ou brun-foncé , salissent la matière siliceuse, toujours translucide et incolore par elle-même. Silez pyromaque blond de France. 3. Lamelle de grandeur naturelle, provenant, par amincissement, d’une pierre à fusil. Fig. 4. La même vue par transparence sous le même grossissement indiqué plus haut. a. Un œuf de Polype inconnu. 11 se compose d’une coque qui paraît avoir perdu son opercule, ce qui indique que cet œuf était éclos quand il fut pris dans le travail de la conglomération siliceuse, et de seize rayons tubuleux évasés en entonnoir, et dont le bord se termine par quatre ou einq crochets recourbés en hameçon. : b. Une autre espèce, sans opercule, dont les rayons, plus courts que dans l'espèce précédente, sont aussi plus déliés, les uns plus ténus, les autres plus épais et comme TURPIN.. — Corps organisés dans la pâte des silex. 155 produits, par la réunion soudée de plusieurs des premiers, tous terminés par deux, trois ou quatre soies divergentes. e. Une autre dont il ne zeste qu’une portion. Les huit rayons présens sont courts, épais, munis au sommet de deux crochets recourbés, au ceatre desquels on voit un petit appendicule terminal du rayon. d. Coquille microscopique spiruloide, enroulée et composée d’une dizaine de tours de spires globuleux, décroissant de la base au sommet de la coquilie ,et se disjoignant facilement les uns des autres, comme la figure suivante le prouve, d. La même coquille déroulée, manquant de quelques-unes de ses spires , dont celles qui restent. sont décollées les unes des autres. La plus grosse est en partie brisée. Au-dessus de cette coquille, on remarque trois spires à distance ; avec la plus petite fracturée, d', Un: autre individu enroulé, à spires isolées et qui ne paraissent plus que des amas de pulviscules. Quelques autres corps sphériques, vésiculaires et granuleux , ré- pandus çà et là, semblent être des spires éparses de la même coquille. e. Corps inconnu, formé de trois cercles placés à distance, dont les espaces sont remplis de rayons fins et nombreux, et dont le cercle le plus extérieur est comme si= nueux et frangé. f. Tricode soleil? ( Trichoda sol). Ce Tricode, comme toutes les espèces du genre, est susceptible, par contraction et dilatation, de passer de sa forme normale, la sphé- rique, à plusieurs autres formes. Les figures e et f sont d’une transparence telle que l’on a beaucoup de peine à les apercevoir sous le microscope. Sur la dernière passe une traînée de pulviscule orga- nique, et à côté se trouve un fragment de corps inconnu. £g. Amas tordü ou serpentant de pulviscule organique ; qui indique très probable- ment les restes d’un vibrion anguilliforme. hk. Fragment d’un cristal. i. Masse pulvérulente annonçant la destruction d’un corps organisé animal sur ce point. L. Corps organisé devenu méconpaissable. PLANCHE VIE Silez pyromaque de Delitzsch, en Saxe. Fig. 1, Lamelle amincie, de grandeur naturelle, Fig. a. La même vue par transparence sousile grossissement déjà indiqué. a. Un œuf de Polype, désigné par M. Ehrenberg sous la dénomination de Xanthi- dium furcatuni, espèce qui me paraît la même que celle indiquée dans la première planche par Ja lettre a, dans le Silex pyromaque de France. 1l.en diffère simplement par des dimensions un peu plus grandes, par læ coque plus transparente et par le défaut dé granules contenus. a”. Cet œuf, dépourvu de son opercule, parait bien distinct du précédent. A côté , il s’en trouve un autre plus petit et incomplet. Au haut de la stoée on envoit un autre plus grand dont Ja coque est cassée. b. Autre espèce d'œuf nommée Peridinium pyrophorum par M. Ehrenberg. Au- dessus se trouve-un individu un peu cassé sur l'un des côtés de Ja valve inférieure, D’au- tres fragmens de cet:œuf se voient çà et là. 156 FLoURENS. — Sur la peau des Indiens Charruas. e. Cet œuf bivalve ou au moins pourvu d’un grand opercule, a sa partie inférieure- munie latéralement d’un ergot légèrement recourbé de bas en haut. Il a été indiqué, par le même auteur , sous le nom de Peridinium Delitiense. c". Ergot. c”. Un individu brisé. c””. Ergot. ce”. Un autre de la même espèce , également mutilé. c””. Une enveloppe intérieure isolée ou dépouillée de l'enveloppe extérieure, dé- chirée en partie et prouvant que l’ergot lui appartient, d. Autre espèce d'œuf plus sphérique que le précédent, dépourvu d’ergot. d’. Individu de la même espèce, manquant de sa valve operculairé en d”. d””. Un autre dont la coque est très déchirée. Vers le milieu de la lame, on voit un individu rabougri dont l'opercule détaché est resté près de la partie inférieure de l'œuf. ee. Amas de pulviscule organique. f. Trainées en sorte de voies lactées ,| composées de particules organiques ou de dé- tritus d'animaux. Le fond de la pâte des Silex pyromaques offre beaucoup de ces amas linéaires de pulviscule plus ou moins colorée en brun. Oss. En voyant tous les œufs hérissés de ce Silex pyromaque de Delitzsch et ceux éga- lement hérissés du Silex pyromaque de France, figurés dans la première planche, on sentira facilement leur grande analogie avec les œufs de la Cristatelle vagabonde. (For. pl. 3 A.) Fig. 3. Deux rayons détachés et très grandis de l'œuf marqué en e. Fig. 4. Quatre mailles très grandies du réseau de l'œuf d, et dont le centre de l’une d'elles. s’elève en un rayon terminé en grappin par quatre crochets recourbés. Fig. 5. Quelques-uns des mamelons ou boursouflures que l’on remarque en cértains endroits. du Silex. Te RecHERCHES anafomiques sur le corps muqueux, ou appareil pigmental de la peau, dans. l’Indien Charrua, le ER et le mulâätre. Par M. FLouRENSs. Quatre Indiens, ou indigènes de l'Amérique , de‘la tribu des Charruas , tribu voisine de la ESUENAUE de l’Uruguay, furent amenés à Paris en 1832. De ces quatre Indiens, deux hommes déjà d’un certain âge, un jeune homme et une jeune femme, les deux premiers mou- rurent quelques mois après leur arrivée dans la capitale; leurs cadavres furent apportés au Muséum d'Histoire naturelle, où FLOURENS, — Swr la peau des Indiens Charruas. 157 j'eus occasion de les disséquer; et, comme c'était la première fois que, du moins en France, des individus de la race rouge, cuivrée,. indienne où américaine, car on lui donne tous ces noms, étaient soumis au scalpel, je tâchai de porter mon attention sur tout ce que leur organisation intime pouvait m'offrir de neuf ou de curieux. J'aurai l'honneur de communiquer successivement à l’Acadé- mie les résultats de mes observations sur chaque organe princi- pal de cette race humaine , si remarquable par ses caractères physiques. Je commence aujourd’hui par l'exposé de mes re- cherches sur le corps muqueux ou coloré de la peau. Malpighi est, je crois, le premier qui ait placé le siège de la coloration du règre dans un corps particulier, interposé entre le derme et l'épiderme, et qu'il nomma corps mu- queux ou réticulaire. Malpighi vit que dans le nègre ni le derme ni l’épiderme ne sont colorés , que le corps muqueux seul l’est ; et cette observation, aussi juste que neuve, est le premier pas que l’on ait fait dans l'anatomie fine et délicate de la peau. Mais Malpighi se trompa en supposant que ce nouveau corps muqueux , siège de la coloration du nègre, était dis- posé en réseau comme cet autre corps muqueux et réelle- ment réticulaire, qu’il avait découvert sous l’épiderme de la langue du bœuf. Cette erreur fut corrigée par Albinus. Albinus vit que le corps muqueux du nègre formait une membrane continue, et non une couche toute percée de trous, un réseau; et, dans de beaux dessins de Ladmiral, peintre célèbre d'anatomie, il montra net- tement les trois parties principales de la peau du nègre, et cha- cune avec sa couleur propre, le derme avec sa couleur blanche, l'épiderme avec sa couleur cendrée, et le corps muqgueux avec sa couleur noire. Jean-Frédéric Meckel, dans son Anatomie, d’ailleurs si remar- quablement exacte, de la peau du nègre, ne distingua pas assez la membrane muqueuse même d’avec le pigmentum, ou matière colorante qui la recouvre ; mais une circonstance curieuse et qu'il constata, c'est que cette matière colorante restait tour-à- 158 FLOURENS. — Sur la peau des Indiens Charruas. tour appliquée du côté du derme ou du côté de l’épiderme, selon le degré demmacération. Mitchell, guidé par l’action des vésicatoires sur la peau re nègres, reconnut que leur épiderme se composait de deux lames, et que ce n'était que sous ces deux lames que se trouvait le corps muqueux où coloré. Cruikshank , profitant du développement vasculaire pro- duit par les pustules de la petite-vérole sur ‘la peau d’un nègre mort de cette maladie, parvint jusqu’à compter entre le derme et l’épiderme, et indépendamment du corps papillaire, quatre couches, deux placées au-dessous de Ja couche colorée, cette couche, et une placée au-dessus. (r) Enfin Gaultier, s'appuyant tout à-la-fois et sur lspeet que présente nne coupe mince et longitudinale de la peau de la plante du pied du nègre, vue soit à l'œil nu, soit au microscope, et sur laction des vésicatoires, crut pou- voir compter aussi, mais en y comprenant le corps papil- daire, quatre couches centre le derme et l’épiderme, savoir, sa couche de bourgeons vasculaires sanguins , ou le corps pa- pillaire même, sa membrane albuwginée profonde , sa substance brune, ou couche de gemmules ; et sa membrane albuginée su- perficielle. (2) On voit quelle a été la marche des progrès, relativement au point d'anatomie qui nous occupe. Les anciens n’avaient connu que deux lames de la peau, le derme et Vépiderme. Malpighi découvre, dans le nègre, une troisième lame, intermédiaire entre les deux autres, ou le corps muqueux. Albinus, Meckel, s’atta- chent à caractériser ce corps muqueux. Mitchell aperçoit les deux lames de l’épiderme; enfin Cruikshank, Gaultier, pénètrent plus avant, et commencent à distinguer les lames mêmes du corps muqueux. j Toutefois, et malgré de si habiles recherches, on peut dire que la structure du corps muqueux était loin d’être débrouillée en- core; aussi les plus célèbres anatomistes n’ont:ils cessé, depuis (1) 11 compte le pigmentum pour une couche à parl. (2) 11 ne sépare pas le pigmentum de la membrane qui le porte, FLOURENS. —— Sur la peau des Indiens Charruas. * 159 ‘Gaultier, de reprendre, si je puis m’exprimer ainsi, tonte cette structure si compliquée , et d'en faire avancer l'anatomie ; en France, MM. de Blainville, Dutrochet, feu M. Béclard ; plus tard, MM. Breschet et Roussel de Vauzème; en Allemagne, et tout récemment, M. Weber, etc. | Quant à moi, l’objer spécial que j'ai eu en vue, dans les dis- ‘sections qui servent de base à ce mémoire, a été de soumettre enfin aux procédés réguliers de l’anatomie positive, la structure foliée du corps muqueux, et d'établir, avec précision, le nombre et le caractère des lames qui le composent. Or je dis que, d’après ces dissections, dont je donnerai bientôt la méthode, il existe entre le derme et l’épiderme, et sans comp- ter le corps papillaire, dont, pour plus de clarté, je renvoie l’é- tude à un second mémoire, quatre couches distinctes : une pre- mière placée sur le derme; une seconde qui porte le pigmen- tum ; le pigmentum; et une quatrième couche , ou troisième membrane (car le pigmentum, comme l’a déjà remarqué M. de Blainville, est une couche et non une membrane) placée entre l'épiderme et le pigmentum. La première. de ces membranes, celle placée sur le derme, est de nature celluleuse, et disposée par mailles ou en réseau. La seconde, de la nature ou du moins de l'aspect des membra- nes muqueuses ordinaires, est continue. Sa surface externe porte le pigmentum; sa face interne est tout hérissée de prolonge- mens, lesquels traversent les trous de la membrane celluleuse, et vont se fixer au derme. Ces prolongemens sont très remarquables ; ils forment la gaîne des poils, se portent jusque sous leur racine, paraissent constituer la lame interne de leur bulbe, et n’existent que là où il y a des poils. Je ne dois pas oublier de noter que, à un certain degré dé macération , le pigmentum se détache de la membrane dont je viens de parler, et reste attaché à la suivante, à celle que je vais décrire. Quant à la membrane pigmentale même; elle est d’une con- sistance partout à-peu-près égale, et assez épaisse pour pour- voir être divisée en deux feuillets, l’un desquels pourrait 160 - FLOURENS. — Sur la peau des Indiens Charruas. bien être une des lames de Cruikshank; car Cruikshank, et c'est là surtout ce qui rend. son beau travail incomplet, n’a pas caractérisé ses lames. Renversée sur sa face externe, et cette face étant chargée du pigmentum, cette membrane ms à sa face interne , une cou- leur bleuàtre ; dépouillée du pigmentum, elle est d’une couleur jaunâtre. La membrane celluleuse où aréolaire est aussi d’une couleur jaunâtre, mais moins foncée; l’épiderme. est, cendré ; le derme seul est blanc. | J'ai déjà dit que le pigmentum n’est qu'une simple couthe un enduit, un dépôt, et non une membrane. La membrane qui le recouvre est une véritable membrane continue ; c’est la lame interne de l'épiderme. J'ajoute que de la face interne de cette dernière lame par- tent des prolongemens pareils à ceux de la membrane du pig- mentum, et qui fixent l’épiderme à cette membrane. Il en part de même de la face de l’épiderme extérieur, qui le fixent à l'épi- derme interne. Tous ces détails sont nettement exprimés dans les préparations que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie. La première de ces préparations montre la peau de l’Zrdien Charrua, avec sa couleur d’un brun cuivré, et telle qu’on la voit sous ses deux épidermes. Dans un point dOURE le rs épiderme seul a.été détaché. La seconde préparation montre les deux épidermes déta- chés, l'interne plus mince et plus blanc; et le pigmentum mis à nu. La troisième préparation montre le pigmentum, détaché de la membrane qui le porte, et renversé sur le second épiderme, ou épiderme interne. On voit, par ces deux préparations, que la couleur propre du pigmentum est beaucoup plus foncée qu’elle ne le paraît à travers les deux épidermes. La quatrième préparation est la plus importante ; elle montre : 1° la lame qui porte le pigmentum renversée sur sa face externe, et tout hérissée, à sa face interne, des prolongemens qui la FLOURENS. — Sur la peau des Indiens Charruas. 161 fixent au derme ; 2° la lame celluleuse ou aréolaire, placéé entre celle-ci et le derme. Ainsi donc, et sans compter, comme je l’ai déjà dit, le corps Papillaire, il existe, entré le derme et l’épiderme, trois membra- nes ou quatre couches : une membrane celluleuse et réticulaire; une membrane muqueuse, siège du pigmentum ; le pigmentum, et la lame interne de l’épiderme. La peau de l’Indien Charrua a donc, entre le derme et l'épi- derme, un appareil déterminé ; et cet appareil se compose de plu- sieurs élémens, divers par leur structure comme par leur rôle : le pigmentum, la lame qui porte le pigmentum, et la lame qui, placée entre celle-ci et le derme, les unit, les rattache, et, par sa nature celluleuse ou soyeuse, facilite leurs rapports et leurs mouvemens. Quant à la lame qui recouvre le pigmentum, elle appartient à l’épiderme dont elle constitue la seconde lame ou lame interne. Après avoir démélé ainsi la structure du corps muqueux, ou coloré, de l'Indien Charrua, il était curieux de comparer cette structure à celle du corps muqueux du nègre. La cinquième préparation que je mets sous les yeux de l’Aca. démie représente sur la peau du nègre : d’abord la couleur noire de cette peau telle qu’elle se voit à travers les deux épidermes ; puis la membrane du pigmentum renversée sur sa face ex- terne, et tout hérissée de prolongémens à sa face interne; ensuite la continuation si remarquable de la membrane du pig- mentum avec la lame interne du bulhe des poils; puis la mem- brane celluleuse ou aréolaire ; et enfin le derme avec sa couleur blanche. . Un point plus curieux encore était de retrouver tout ce même appareil dans la peau du mulâtre, c'est-à-dire de l'individu né du croisement de la race blanche avec la race noire. Or, la sixième préparation qui est sous les yeux de l'Académie reproduit, sur la peau du mulâtre, toutes les parties de cet ap- pareil, avec une netteté complète. Cette préparation présente les deux épidermes détachés ; tous deux très fins, surtout l’interne ; lequel est aussi un peu plus blanc que l’autre; le pigmentum mis à nu; la membrane du pig- VII. Zooz.— Mars. 15 162 FLOURENS. — Sur la peau des Indiens Charruas. mentum et ses prolongemens; la membrané celluleuse ou aréo: laire, et le derme. L'appareil lamelleux, ou pigmental, de l'/ndien Charrua se retrouve donc, avec toutes ses parties, a: la | eu du nègre et dans celle du r#wlâtre. Et toutes ces parties, c’est-à-dire toutes les James qui consti- tuent le corps muqgueux de ces trois races colorées; sont don- nées ici par le procédé régulier de la macération, qui, bien con- duite, disjoint peu-à-peu ces lames superposées , ét permet ainsi de les détacher les unes des autres, on de les isoler. Et cette ma- cération., patiemment prolongée, a comme:divers temps, ou divers degrés, à chacun desquels. elle donne successivement cha- que lame: déterminée : dans un premier temps, la séparation dupigmentum d’avec sa membrane ; dans ‘un second, la mem- brane même-du pigmentum ; dans un troisième, la membrane celluleuse ou aréolaire; m2) un quatrième, la lame interne de l'épiderme; etc. | “On conçoit maintenant les divers effets connus des vésica- toires et des blessures sur la peau des nègres, ou, plus généra- lement, des races colorées. On conçoit que, le vésicatoire n’en- levant que les deux épidermes, le pigmentum subsiste; on con- _çoit même que le pigmentum puisse être enlevé et se reproduire, tant que la membrane qui en est le siège n’est point altérée; on conçoit enfin que, cette membrane: étant enlevée et le derme atteint, le pigmentum ne puisse plus se‘reproduire, et que la cicatrice qui succède alors à la blessure soit blanche. Mais le point le plus important, et sans contredit le plus dif- Scile, des recherches dont j’expose les résultats, était de s'assurer si tout cet appareil, si riche et si compliqué, des races colorées, existait dans la race blanche. à Malpighi dtavoir vu, sous l'épidéine de la peau de la main et des doigts, détaché par l’action du feu, ce même corps muqueux et réticulaire qu'il avait vu sous l'épiderme de la lan- gue du bœuf. à Cette assertion ne me paraît pas exacte. Car si l'on repète l'ex- périence de Malpighi, et qu’on opère d’ailleurs, svit par l'action du feu, soit par la macération, ce qu’on voit sous l’épiderme de FLOURENS. — Sur la peau des Indiens Charruas. 163 la peau des mains, des doigts, des pieds, des orteils, etc., ce sont de simples filamens blancs, très nombreux, très ténus, très peu consistans, d'apparence muqueuse, qui vont de l’épiderme au derme, et qui se rompent à mesure que l’on détache l’une de l’autre ces deux membranes: Mais, ce n’est là ni un véritable réseau, ni, encore moins, une véritable membrane : aussi la plupart dés anatomistes ont-ils formellement refusé à Ja race blanche le corps muqueux de la race noire. i Gaultier lui-même, qui néanmoins l'y suppose, s'exprime ainsi: « Nous pensons, dit-il, que les parties (du corps muqgueux) que « nous avons observées chez le nègre. . . . existent également « chez les individus de la variété blanche, mais dans un état plus « mystérieux. » Ne voulant pas sortir des limites de l'anatomie exacte, je me tiens rigoureusement aux faits, et je dis que ce même pro- cédé de la macération lentement conduite, qui .m’a donné lune après l’autre, et d’une manière si nette, chaque lame particulière de l’appareil muqueux des races colorées, m'a également donné dans la race blanche, et d’une manière non moins sûre, deux James parfaitement distinctes de l’é- piderme. Les préparations que j'ai mises sous les yeux de l’Académie montrent, sur deux morceaux de peau blanche, l’un de peau brunie par le hâle, l’autre de peau ordinaire, ces deux lames dis- tinctes de l’épiderme, fait que je crois aussi nouveau qu’il est important pour l'anatomie. | _ Quand on a détaché le premier de ces deux épidermes, le second paraît sur le derme comme une couche sale ou d’un jaune-gris. Ce second épiderme est plus mince que l’externe, plus fin, et, chose assez singulière, d’un jaune-gris un peu plus foncé , soit dans la peau brunie par le hâle, soit dans la peau prdinaité L'épiderme du blanc se compose donc de deux lames, de deux véritables membranes, comme celui des races colorées. Ce double épiderme a d'ailleurs les mêmes prolongemens in- 164 FLOURENS. — Sur la peau des Indiens Charruas. ternes que celui des races colorées (1), et que leur mem- brane muqueuse ou pigmentale ; prolongemens qui le fixent de même au derme., et qui, de même, forment la gaïîne ou l’étui des poils. | Mais ces deux épidermes sont jusqu'ici tout ce que j'ai pu voir. Soit que l'appareil muqueux, proprement dit des races co- lorées manque à la race blanche, soit que, dans la race blanche, la macération doive être différemment conduite, soit même que ce procédé n’y suffise plus, et qu il doive y étre se- condé par quelque autre plus approprié à cette nouvelle struc- ture, je n’ai pu parvenir encore à découvrir, entre le derme et l’épiderme extérieur du blanc, d'autre lame ou membrane que %a lame ou membrane de l’épiderme interne dont je viens de ‘parler. (2) Quant au derme même, la macération permet de le diviser, ‘comme chacun sait, en plusieurs lames. La plus extérieure de ces lames est remarquable par une contexture très différente de celle des autres, lesquelles , en effet, se ressemblent toutes entre elles, à cela seul près que la première est plus dense que la seconde, la seconde que la troisième, et ainsi de suite jusqu’à la dernière , dont les mailles ou ouvertures logent enfin les vé- sicules du système adipeux. La lame extérieure, par le poli de sa surface, par la continuité, la densité de son tissu, tissu qui, “dans toutes les autres, forme un véritable réseau à mailles plus ou moins larges, par la facilité avec laquelle, à l’aide de la ma- -cération, elle se détache de celles-là, semble constituer une lame ou membrane particulière , distincte, mais sur la nature de la- quelle je n’oserais prononcer encore, -Je n’ai considéré la peau des races colorées, dans ce mé- moire, que sous le rapport de l'appareil muqueux ou pigmen- tal ; il me reste à la considérer sous le rapport de ses autres élémens primitifs ou constitutifs ; ce sera l’objet d’un second mémoire. (r) Meckel les a particulièrement bien décrits sur l'épiderme du nègre, (a) Etentre les deux épidermes et le derme , d'autre corps que Îles filamens blancs et fins ci dessus indiqués. MILNE EDWARDS, — Mouveau genre de Crustacé. 165 Norte sur le Rhynchocinète, nouveau genre de Crustucé décapode,. Par M. H. Mine Evwanps. - Le Crustacé nouveau dont je donne ici la figure n’offre dans sa forme générale rien qui l'éloigne des Salicoques ordinaires; mais il présente néanmoins une particularité d'organisation qui nous semble mériter de fixer l'attention, car non-seulement elle est jusqu'ici unique parmi les Décapodes, mais aussi elle fournit l'explication d’une anomalie apparente dans la structure de quelques animaux d’un ordre voisin. Chez la plupart des Décapodes macroures, de même que chez certains Anomoures et un assez grand nombre de Brachyures, la carapace se prolonge antérieurement de manière à chevau- cher au-dessus des anneaux céphaliques portant les yeux et les petites antennes, et à constituer une longue corne frontale à laquelle les entomologistes donnent le nom de rostre. Chez les Squilles on ne voit rien de semblable ; mais au devant du front se trouve une lame triangulaire qui est complètement distincte de la carapace, tandis que le rostre des Décapodes fait toujours corps avec ce bouclier et paraît en être une simple dépendance. On pouvait donc se demander si la plaque frontale des Squilles devait être considérée comme une pièce appartenant spéciale- ment à ces animaux, ou bien comme lanalogue du rostre ;. question qui restait sans solution , et qui, toute spéciale qu’elle peut paraître, n'était pas sans intérêt pour les théories anato- miques touchant la structure des Crustacés en général. Or , le Crustacé nouveau que nous allons faire connaître offre dans la conformation du squelette tégumentaire un état qui est évidémment intermédiaire entre ces deux modes de conforma- tion, et qui nous pérmet (le ramener à la règle générale l'ano- malie apparente dont nous venons de parler. En effet, chez cet animal , il existe un rostre qui par sa forme rappelle à s'y mé- prendre le rostre des Palémons, des Hippolytes et d’un grand nombre d’autres Crustacés, mais qui, au lieu d’être continu avec la carapace , est simplement articulé sur le bord frontal de 166 mine EpwARDs. — Nouveau genre de Crustace: ce bouclier dorsal, et reste mobile comme la plaque frontale des Squilles. Si cette lame était horizontale au lieu d’être placée de champ, elle serait dans les mêmes conditions que cette der- nière plaque ; et si, au lieu de conserver sa mobilité, elle s'était soudée par sa base avec la carapace, elle ne différerait en rien du rostre ordinaire des Décapodes. Il!nous semble, par consé- quent, évident qu’elle est l’analogue de l’une et de l’autre, et que la plaque frontale des Squilles doit être considérée comme le représentant du rostre des Décapodes. La carapace, comme nous l'avons démontré ailleurs, n’est ‘que l’anneau dorsal d’un ou de deux arceaux céphaliques dé- veloppés d’une manière excessive et ayant chevauché sur les an- neaux voisins. Par voie d'exclusion, nous sommes arrivé à faire voir qu'elle ne pouvait appartenir qu’à l'anneau antennaire ou à l'anneau mandibulaire, ou bien à ces deux anneaux réunis {1). La composition de ce bouclier chez les Canceriens et chez les jeunes Écrevisses, où on y distingue une pièce tergale et de chaque côté une pièce épimérienne, bien nettement séparées , paraissait indiquer qu’il était formé par l’arceau dorsal d’un seul anneau, et sa position .chez les Leucifères et quelques autres Crustacés nous portait à croire qu’il appartenait exclusivement à l'anneau mandibulaire. Mais le fait que nous venons de signa- ler montre que la composition anatomique de la carapace est plus compliquée et qu’elle doit nécessairement représenter dans la plupart des cas, sinon toujours, l’arceau dorsal du troisième et du quatrième anneaux céphaliques réunis; car, outre les trois pièces qu’on y reconnaît d'ordinaire, nous voyons ici une quatrieme pièce qui est médiane comme l’une des précédentes, et qui nous paraît devoir être considérée aussi comme une pièce tergale, laqueile au lieu de rester adhérente au corps dans toute sa longueur, serait devenue en partie libre et aurait formé une espèce de faux appendice, comme on en voit des exemples chez les Pandarus, les Anthosmes, etc. Notre Crustacé nouveau (pl. 3C, fig.) appartient, comme nous l'avons déjà dit, à la famille des Salicoques, et doit prendre place (1) Voyez notre Histoire naturelle des crustacés, tome 1, page 26, etc. MILNE EDWARDS. — Nouveau genre de Crustacé. 167 à côté des Hippolytes dans la tribu des Palémoniens.Il a le corps médiocrement comprimé et la carapace armée en dessus d’une épine vers le milieu de la région stomacale;le front présente trois épines dont une. médiane située au-dessus de la base du rostre, et deux latérales au-dessus de l'insertion des yeux ; au-dessons de ces organes, on voit aussi de chaque côté sur le bord anté- rieur de la carapace, une petite épine. Le rostre est très grand, en forme de lame de sabre placée de champet articulée par gynglyme avec le front, de manière à pouvoir s’abaisser entre les antennes et s’incliner en bas, ou se relever au point de de- venir presque verticale; sa longueur excède un peu celle de la carapace, et il est dentelé sur ses deux bords; en dessus, on voit deux épines éloignées entre elles, qui-occupent le-tiers postérieur de son bord supérieur, et sept ou huit dentelures fines et trés serrées rassemblées sur le tiers antérieur de ce même bord ; son bord inférieur présente une vingtaine de dents qui augmentent de longueur vers la base de cet organe, et qui présentent vers sa partie postérieure des dimensions considé- rables. Les yeux sont saillans, et lorsqu'ils se reploient en avant, ils se logent dans une excavation du pédoncule des antennes su- périeures, dont l’article basilaire est grand et armé en dehors d’une lame spiniforme. Les filets termivaux de ces appendices sont au nombre de deux, et.offrent la même conformation que chez les Hippolytes. L’appendice lamelleux des antennes ex- ternes est grand et triangulaire. Les pattes-mâchoires externes sont pédiformes et allongées; leur dernier article est grèle, cy- lindrique et épineux au bout. Les pattes sont semblables à celles des Hippolytes, si ce n’est qu’on trouve au côté externe de la base de chacune d'elles un petit appendice palpiforme rudimentaire, et que le tarse de celles de la seconde paire n’est pas multi-articulé; celles de la première paire sontplus grosses que les antres, et dé- Passant un peu le pédoncule des antennes externes; leurs pinces sont courtes et creusées en cuiller, et leur doigt mobile den- telé. Les pattes de la denxième paire sont de la longueur de celles dé la première paire, mais très grèles et beaucoup. plus courtes que celles de la troisième paire.Le tarse de celles-ci et des paties suivantes est court.et dentelé comme chez les Hippolytes, … 168 F. CUVIER. — Genre Eligmodonte. L’abdomen ne présente rien de remarquable; sa conforma- tion est la même que chez les Hippolytes ; il est seulement à no- ter qu’on voit trois paires de petites épines sur la face supérieure de la lame médiane de la nageoiïre caudale. Enfin les branchies sont au nombre de neuf de chaque côté du thorax. Ce Crustacé a, comme on le voit, beaucoup d’analogie avec les Hippolytes ; mais il nous paraît devoir former un genre par- ticulier auquel nous donnerons le nom de RHYNGHOGINÈTE. EXPLICATION DE LA PLANCHE 4 C. Fic. 1. La Raynouocixère ryre, Rhynchocinetes typus (Nobis), vu de profil, ete. Fis. à. Base de l’une des antennes de la première paire. Fie. 3. Base de l’une des antennes de la seconde paire. Fra. 4. Mandibule. Fie. 5. Mâchoire de la première paire, Fie. 6. Mâchoire de la seconde paire. Fie. 7. Patte mâchoire antérieure. Fie. 8. Patte mâchoire de la seconde paire. Du genre Eucmononre et de l’Eligmodonte de Buenos- Ayres. | Eligmodontia typus, Par M. FRrép. Cuvirer. \ Une des difficultés qui s’opposent le plus à la formation des familles, dans l’ordre des Rongeurs, paraît consister dans le petit nombre d'animaux de cet ordre qui sont connus, en com- paraison de ceux qui probablement existent. En effet rien n’est plus commun que de trouver, dans les espèces qu’on découvre, des modifications organiques nouvelles qui viennent s’interposer dans les vides nombreux que laissent encore entre elles les mo- difications des espèces déjà connues et classées ; et ce n’est point sortir des bornes d’une légitime induction que de supposer que les espèces qui restent à découvrir acheveraient de combler ces larges vides dont il faut sans doute moins accuser la nature F. GUVIER. — Genre Eligmodonte. 169 que la lenteur de nos progrès dans la connaissance de ces ani- maux. Tout nous invite donc à nous occuper de Ja recherche des Rongeurs. De nombreux genres, et des genres fort naturels composent cet ordre; mais lorsqu'on veut les rapprocher en groupes plus généraux , les faits manquent, et si l’on persiste dans ces rapprochemens que réclame la science, on arrive d’un autre côté à des classifications artificielles qu’elle repousse. La famille des Rats, qu’on a désignée par le nom de Murins, est une de celles où s’est introduit le plus de confusion ; il semble qu'on ait voulu reproduire celle que Linneus et Pallas avaient faite en composant d'une manière si hétérogène leur genre Mus ; mais ce qui alors pouvait paraître un perfectionnement ne saurait aujourd’hui se comprendre. Nous regardons donc comme heureuse la circonstance qui nous a procuré une nouvelle espèce de Rongeur, où nous trouvons, avec des caractères génériques nouveaux , tous ceux qui la rapprochent véritablement des Rats et la font entrer dans la famille dont ceux-ci présentent le type. L’Eligmodonte (pl. 5, fig. 1)a deux pouces et demi de longueur du bout du museau à l'origine de la queue ; celle-ci est longue de trois pouces quatre lignes. Les pieds de derrière sont propor- tionnellement beaucoup plus longs que ceux de devant; les premiers ont neuf lignes, tandis que les seconds n’en ont que trois, ce qui diffère sensiblement des proportions de ces parties chez les Rats, où les pieds de devant ne font pas le tiers, mais la moitié de ceux de derrière; et, relativement à la longueur du corps, le tarse chez l’'Eligmodonte en égale le tiers et chez les Rats le quart seulement. Les doigts, minces en général, sont plus longs aux pieds de derrière qu’à ceux de de- vant et au nombre de cinq aux uns comme aux autres, garnis d'ongles falciformes. Le pouce des membres postérieurs est sen- siblement plus court que les autres doigts; les trois moyens sont à-peu-près pe et plus longs que l’externe. Aux mem- bres antérieurs il n’y a que quatre doigts entiers; le pouce est rudimentaire et ne se montre au dehors que par l'ongle plat et obtus qui le revêt. Sous le tarse, au lieu de six ou sept tubercules nus, comme chez les rats, il n’y en a qu'un en Q 6o 1 170 F.CUVIER. — Genre Eligmodonte. forme de trèfle, entièrement recouvert de poils rudes ; et ilen est de même pour les tubercules du carpe. La queue fort longue est entièrement revêtue de poils courts, sous lesquels se mon- trent les verticilles d’écailles caractéristiques de la queue des Rats. Les yeux sont d'une grandeur moyenne; les oreilles, min- ces, ovales et larges, ont les trois quarts de la longueur de la tête et égalent ceiles d’un rat long de plus de quatre pouces. Le nez consiste en deux très petites narines environnées d’un mufle fort étroit, et la langue est épaisse et douce. De très fortes mous- taches garnissent les côtés du museau et quelques-unes se mon- trent au dessus des yeux. Les poils du corps , tous soyeux, sont doux, lisses, et de médiocre longueur. Geux de la queue sont aplatis. La couleur du pélage est d’un brun grisâtre en dessQus, qui passe au fauve sur les flancs et les cuisses. Toutes les parties inférieures du corps et le dessus des extrémités sont blanches. La queue est uniformément blonde. La tête osseuse a dans son ensemble et dans ses parties, à peu de chose près la proportion et les formes de celle du mulot. Sa portion crânienne est peut-être un peu plus ramassée par plus. de brièveté dans la région basilaire et moins d’étendue dans la caisse. Or ces différences sont de celles qu'on retrouverait-entre les espèces d’un même genre; et qui existent en effet entre celles du genre rat. Ce qui constitue la différence essentielle entre les Rats et l'Eligmodonte, c’est la forme des dents molaires, qui chez le second est tout-à-fait nouvelle et diffère essentiellement de celle des Rats. Ces dents molaires sont au nombre de trois de chaque côté des deux mâchoires, et elles sont pourvues de racines distinctes de la couronne. Toutes trois présentent de chaque côté. des échancrures alternatives, de manière à former des zigzag ; cir- constance qui nous a déterminé à donner à ce genre le nom d’'Eligmodonte. La première de ces dents, qui est la plus grande, a deux échancrures de chaque côté; la seconde en a deux du côté externe et une du côté interne, et la troisième, très petit tubercule arrondi, en a une de chaque côté. Les dents des deux mâchoires sont semblables; seulement elles sont renversées dans l’une par rapport à l’autre, c'est-a= F; CUVIER. — Genre Eligmodonte. 171 dire que le côté interne des molaires supérieures fait le côté externe desinférieures et réciproquement. Les incisives sont unies et jaunes aux deux mâchoires. Le canal intestinal, comparé à celui des rats, présente cette différence que le cœcum a une capacité plus grande que l’esto- mac ; que la portion droite de celui-ci, beaucoup plus grande que la gauche, a un étranglement qui la partage en deux portions à-peu-près égales ; et que le cardia est très rapproché du pylore. Du reste les gros et les petits intestins ne diffèrent point de diamètre, et les premiers, de quinze lignes de longueur, sont d’un peu plus de moitié moins longs que les seconds qui en ont trente-deux. Le cœcum de forme allongée, en a treize et il est déprimé par des brides ligamenteuses disposées en spirales. « Ce petit Rongeur est originaire des environs de Buenos-Ayres, et je l'ai désigné spécifiquement par le nom de ce pays pour rappeler que cest dans cette contrée qu'a été faite la décou- verte de la première espèce du genre. Je n’ai obtenu aucun renseignement sur ses mœurs, sa ma- nière de vivre. La longueur de ses tarses, les poils qui revêtênt le tubercule du métatarse, la nudité des tubercules terminaux des doigts, donnent lieu de penser que, n’appuyant que l’extré- mité des doigts en marchant il pourrait bien n’avancer, lors- qu’il veut le faire promptement, qu’en sautant à la manière des Gerbilles. La grande étendue de ses oreilles annonce un ani- mal timide , vivant dans une grande retraite et peut-être dans des terriers que ses ongles, semblables à ceux des mulots lui permettraient de fouir dans les terrains meubles.Il se nour- rit sans doute de fruits et de racines. EXPLICATION DE LA PLANCHE D. Fig. 1. Eligmodonte du Chili, de grandeur naturelle. Fig. 2. Tête osseuse de cette espèce. a, de profil ; #, en dessus; c, en dessous, Fig. 3. Dents molaires. a, de la mâchoire supérieure; &, de la mâchoire inférieure. Fig. 4. Canal intestinal. a, estomac ; à , cœcum. 0 Ja 1792 DE BLAINVILLE. — Sur le poulpe de l’Ærgonaute. Rapport sur une Note de M. RAnG concernant le poulpe de l’argonaute ; fait à l'Académie des Sciences, par M. pr BLaïN VILLE. Depuis que l’un de nous a publie les raisons sur lesquelles on peut appuyer l'opinion que les poulpes trouvés dans les coquilles d’argonaute y sont parasites comme les pagures le sont dans la coquille qu’ils habitent, raisons auxquelles, il faut le dire franchement, on n’a encore oppose que des objections de peu d'importance, et faciles à réfuter, plusieurs personnes s’étant trouvées dans des circonstances favorables, ont cherché à éclaircir la question. Parmi les observa- tions qui sont venues à notre connaissance à ce sujet, nous citerons celles de- madame Power, publiées par M. le professeur Maravigno, dans un journal de Messine ; celles de M. Gray, l’un des conservateurs du Muséum britannique, et enfin celles de M. le capitaine Rang, qu’il a envoyées à l'Académie, et sur les- quelles M. Duméril et moi avons été chargés de lui faire un rapport. Avant d'analyser le travail de M. Rang, que l’Académie veuille bien nous per- mettre de donner l'extrait de la brochure de M, Maravigno, sur les expériences de madame Power, puisque ce sont ces expériences qui ont conduit M. Rang. aux observations qu’il a détaillées dans sa note. Madame Power, dit M. Maravigno, connaissant les observations de Poli, pu- bliées après la mort de ce savant malacologiste, dans le dernier tome de ses Testacés des Deux-Siciles, et se trouvant dans les lieux où les poulpes de l’argo- naute abondent, il lui vint dans l’idée de chercher quelques nouvelles preuves du non-parasitisme de cet animal dans sa coquille. Sachant que les mollusques conchylifères jouissent de la faculté de reproduire ou de remplacer les morceaux de leur coquille qui lui ont été enlevés accidentellement, elle brisa en quelques endroits, une coquille d’argonaute contenant un poulpe, et elle eut la satisfaction de voir que les morceaux qui avaient été. brisés et enlevés avec le plus grand soin sur la peau de l'animal, furent reproduits. Madame Power a écrit au sujet de ces observations et de ces expériences, un memoire étendu qu’elle a adressé à M. le professeur Maravigno, pour le présen- ter à la Société Gioénienne, dont ilest secrétaire, ce qu’il a fait dans la séance de septembre 1835. Malheureusement M. Maravigno ne donne aucun détail sur la manière dont madame Power a institué ses expériences et les a exécutées. Il se borne à ajouter qu'à l’appui de ses observations, dont nous venons de donner l'extrait, en employant les expressions mêmes de M. Maravigno, cette dame a envoyé deux coquilles d’argonautes avec les morceaux reproduits, et même lun des poulpes qui en avait été le réparateur, outre une autre coquille et son poulpe conservé dans l'esprit-de-vin, et sur laquelle, ajoute M. Maravigno, on voit clairement le nouveau travail de l’animal pour réparer le morceau enlevé. DE BLAINVILLE. — Sur le poulpe de l’Argonaute. 173 Mais madame Power ne s’est pas bornée à ce fait ; elle a voulu reprendre le travail de Poli sur les œufs du poulpe de l’argonaute. Ayant en sa possession un grand nombre de ces animaux remplis d'œufs, elle s’est assurée que jamais le mollusque , à aucune période de son existence dans l'œuf, n’est pourvu de coquille, et qu’il naît ou vient à la lumière entièrement nu; mais qu'il se fabri- que une coquille après sa sertie ; observation neuve et contraire à tout ce qu’a écrit à ce sujet le grand naturaliste napolitain, ajoute le secrétaire de la Société Gioéniene.Aussi M. Maravigno, étonné de ce résultat, crut-il devoir écrire à ma- dame Power pour lui exposer ses doutes sur la certitude de ces faits, sur la dif- culté des observations au microscope, sur les illusions et les erreurs qui peuvent provenir de l'emploi de cet instrument, Madame Power, conduite ainsi à répéter ses observations, arriva aux mêmes résultats que la première fois, et elle ajouta à son premier mémoire, non-seule- ment un supplément dans lequel elle consigna les faits qu’elle avait nouvellement observés; mais elle envoya en même temps à la Société Gioénienne ainsi qu’à son secrétaire, les œufs du poulpe de l’argonaute et les petits poulpes récem- ment sortis de l'œuf, avec des individus qui avaient déjà plusieurs jours de naissance, et d’autres pourvus de coquilles de différens âges, tous élevés par elle et qu’elle avait vus croître et se Gévelopper sous ses yeux. M. Maravigno affirme avoir spécialement observé parmi les petits poulpes qui lui ont été envoyés, l’un deux sortant de l'œuf auquel il était encore attaché, et qui était entièrement dépourvu de coquille. Ainsi, ajoute-t-il, les faits observés par madame Power conduisent à conclure que non-seulement le poulpe de l’argonaute est le véritable constructeur de sa coquille, et qu’il ne la construit pas dans l'œuf, mais après sa naissance; mais encore que le petit poulpe, au sortir de l'œuf, ne ressemble pas entièrement à ce qu'il sera par la suite ; c’est alors une sorte de petit ver (vermicello) pourvu de deux rangées de ventouses dans la longueur, avec un appendice filiforme à une extrémité et un petit renflement vers l’autre, où il paraît que sont les or- ganes de la digestion ; en sorte que, suivant M. Maravigno, on pourrait supposer que ce ne serait d’abord qu'un appendice brachial extrêmement petit, duquel se développeraient ensuite autant de parties qu'il est nécessaire pour le constituer tel qu’il doit devenir par la suite. M. Maravigno termine son extrait du mémoire de madame Power en expri- mant le desir que cette dame s'occupe de recherches à ce sujet, c’est-à-dire du développement progressif de l'animal de l’argonaute , pensant que peut-être , comme Spallanzani et Trembley l'ont montré, celui-ci pour l’hydre verte, celui- là pour la tête coupée de limaces terrestres, le développement des organes du poulpe de l’argonante se fait par voie de gemme animal ou de bourgeon, un pen comme daws les plantes ; l’organisation de ces animaux, ayant, suivant lui, beau- coup d’analogie. Ainsi comme résultat des nouvelles brise » telles, que les rapporte M. Maravigno dans l'extrait du mémoire de madame Power, extrait que nous 174 DE BLAINVILLE. — Sur le poulpe de l’Argonaute. avons presque traduit mot à mot, et même sans oublier les réflexions de M, Ma- ravigno, au sujet du premier degré de développement du jeune poulpe, qui serait au moins bien singulier ; on trouve, comme fait infirmé : 1° La coquille du poulpe de l’argonaute n’existe pas dans l'œuf et même après quelques jours de Ja naissance, fait confirme par M. Maravigno, et qui dé- truit l'argument le plus fort apporté contre l'opinion du parasitisme du poulpe dans la coquille, et qu’on avait tire plus spécialement de l'observation de Poli ; : Et comme faits nouveaux contre cette même opinion : 2° Les morceaux de la coquille préalablement enlevés sont reproduits, fait affirmé aussi par Maravigno , mais sans détails sur la place où le morceau a été enlevé, sur le temps de la reproduction et sur la structure comparée de la partie reproduite ; 3° La coquille se forme, se produit hors de l'œuf et par conséquent après la naissance ; également sans détails à l’appui d’une assertion en contradiction avec tout ce que l’on sait jusqu'ici sur le développement des animaux mollus- ‘ques conchylifères , ct qui par cela même avait plus besoin d’être appuyée de détails circonstanciés. Dans le même temps et dans les mêmes mers où madame Power faisait ses observations, M. Smith en faisait qui le conduisaient à une conclusion contraire. Eu effet, dans une note lue dans la séance du 8 septembre 1835, de la Société zoologique de Londres, sur la question du parasitisme du poulpe de Pargonaute, M. Smith conclut que ce parasitisme lui paraît évident, parce que, dans le marché de Naples où cet animal est très abondant, la coquille se trouve rarement, tan- dis que le poulpe qui sert à la nourriture du peuple y est très commun et à très bon marché. Mais M. Smith n’a-t-il pas confondu d’autres espèces de poulpes avec le véritable Ocythoë où poulpe à bras palmés; c’est ce qui ne nous semble pas hors de doute, malgré que M. Rafinesque ait depuis long-temps décrit dans les mers de Sicile ces poulpes remarquables, sans parler de coquille. Quoique M. E. Gray n'ait pas été aussi bien place que son compatriote pour avancer la résolution de la question, il a cependant préseuté un nouvel argu- ment également en faveur du parasitisme. Voici en quoi il consiste. Tous les conchyliologistes savent que la coquille du jeune animal, lorsqu'il est encore contenu dans l’œuf, diffère souvent beaucoup de celle qui la continue et dont elle forme le sommet ou le nucleus à l’état adulte. Or, M. Gray a re- marqué que, dans la coquille de l’argonaute , le nucleus, très différent dans sa forme de la coquille proprement dite, a près de quatre lignes de diamètre, et est par conséquent plusieurs fois plus grand-que les plus gros œufs qui ont été trou- vés dans les coquilles d’argonaute; d’où il conclut, évidemment avec raison, que l'animal véritable de l’argonaute est, quand il éclôt, beaucoup plus gros et par conséquent différent du jeune poulpe, et que celui-ci n’a pu être le véritable constructeur de la coquille qu'il habite, son nucleus, en supposant avec Poli qu'il en soit pourvu à l'etat d'œuf, ne pouvant pas être plusieurs fois plus gros DE BLAINNILLE. — Sur le pouipe de l'Argonaute. 175 que son œuf, En outre, M. Gray confirme, par des observations réitérées, que dans tous les amimaux mollusques conchylifères, la coquille est bien dhroppte dans l'œuf et même avant le développement des autres organes; et il oppose à l'argument tiré de l'absence apparente d'impression musculaire sur la coquille de l’argonante, l'exemple de celle de la carinaire qui n'en montre pas davantage et qui cependant tient évidemment à l'animal pendant sa vie. C’est dans cet état de choses, dont il avait même été averti par madame Po- wer, que M. Rang, officier de la marine royale, qui depuis long-temps se livre à l'étude de la malacologie, et parfaitement au courant de l’état de la question, a fait les observations qu'il a adressées à l'Académie. Placé comme capitaine de port à Alger, il a pu voir un assez grand nombre de poulpes de l’argonaute soit nageant en pleine mer, soit marchant au fond de l’eau ; il a pu même en mettre quelques-ups bien vivans dans une cuve remplie d’eau de mer, et ainsi les obser- ver plus à son aise. Connaissant la première expérience de madame Power, qui lui en avait adressé les détails, il s’est empressé de chercher à la répéter. Il a donc enlevé des mor- ceaux de la coquille sur un individu vivant (malheureusement il ne dit pas où), et il a reconnu qu’au bout de six jours la brèche faite à la coquille était complt- tement bouchée et ainsi réparée ; « mais, ajoute-t-il, avec bonne foi, malgre & notre penchant à considérer le poulpe à bras palmés comme le véritable con- « structeur de la coquille qu’il habite, nous ne pouvons pas, à l'exemple de ma- a dame Power, considérer cette découverte comme concluante ; en effet la par- « tie renouvelée n’est qu'une lame mince, transparente, qu’un véritable dia- « phragme qui n’a ni la contexture, ni la solidité, ni la blancheur du reste de la « coquille, qui prend une forme irrégulière, comme si elle n’avait pas cté pro- « duite par les mêmes moyens et les mêmes organes que la coquille. En un mot, « suivant M. Rang, cela rappelle tout-à-fait ce qui se passe chez les limaçons, « lorsque leur enveloppe testacée est cassée, et l’on sait que dans ce cas le col- & lier de l'animal qui seul produit la D nE n’est plus pour rien dans ce tra- « vail de réparation. » Ainsi, en supposant que la réparation de la brèche faite à la coquille de l’ar- gonaute pendant qu’il l'habite, soit réellement comparable à ce qui a lieu sur un colimaçon, et soit produite au moyen d’une substance solide, calcaire, ce que nous sommes loin de penser , et soit autre chose qu’une espèce de lame mu- queuse, résultat de la sueur de la peau de l'animal coagulée, on ne peut evidem- ment rien en induire pour soutenir la thèse que le poulpe habitant de la co- quille de largovaute en est le véritable constructeur, puisque, comme en con- vient M. Raog; la lame qui bouche la brèche faite n’a ni la contexture, ni la so- . lidité, ni la blancheur de la coquille même. » Quant à la nouvelle assertion de madame Power, que le petit poulpe encore eontenu dans l'œuf n'offre aucune trace de coquille, laquelle se développe plus tardiet après sa sortie, M. Rang n’a malheureusement pas eu l’occasion de la vérifier, les individus vivans qu’il a eus en sa possession étant peu nombreux et 176 DE BLAINVILLE. — Sur le poulpe de l’Argonaute. dans des circonstances peu vaturelles, une grande cuve, ou tonneau, remplie d’eau de mer, dans laquelle ils mourraient au bout de quelques jours. Mais un fait plus nouveau et beaucoup moins contestable, que M. Rang a eu l'occasion d'observer, c’est l'usage des bras palmés dont toutes les espèces d'Ocy- thoës sont pourvues, pour tenir leur coquille, et la manière dont ces animaux se . meuvent soit à la surface de la mer, soit entièrement immergés, soit enfin sur un sol résistant. D'abord M. Rang fait une première observation , que c’est à tort que les na- turalistes ont représenté le poulpe dans la coquille de l’argonaute, tantôt le dos, c'est-à-dire le côté où sont les bras palmés, du côté du dos de la coquille, et tantôt du côté du ventre de celle-ci. Il assure en effet que c’est toujours dans le même sens et de manière que les bras palmés soieut en arrière ; le ventre ou le côté du tube vers le dos de la coquille, et le dos vers le ventre de celle-ci, c’est-à-dire, en un mot, que l'animal est renversé dans la coquille. C’est ainsi, en effet, que l’un de nous l'a vu et fait dessiner d’après un individu soigneu- sement recueilli par M. Bertrand Geslin. Cependant, il est assez difficile de concevoir comment M. de Férussac a pu en faire représenter dans les deux po- sitions contraires , s’il ne les avait pas trouvés ainsi, lui qui savait très bien que l'on avait tiré de cette différence de position, un puissant argument en faveur du parasitisme du poulpe. M. Rang ajoute que les deux grands bras palmés , dont on ignorait réellement l'usage, car celui de servir de voiles ou de rames, comme on l’a supposé , est tout-à-fait controuvé, et qui, dans la position renversée de l'animal dans sa co- . . . re , Le , quille, deviennent inférieurs, se portent d’abord en arrière s'appuyant sur les auricules de celle-ci, puis se recourbent d’arrière en avant, c’est-à-dire du som- met à la base de la coquille, en s’étalant sur ses flancs, de manière à l’embrasser de chaque côte, et à n’en laisser apercevoir absolument aucune partie, un peu q ’ P EPA suivant M. Rang, comme les lobes latéraux du pied des porcelaines enveloppent la coquille de ces animaux quand ils rampent. Voici maintenant comment le poulpe portant sa coquille marche sur le sol ré- sistant.au fond de la mer ; la coquille étant dans la position normale , le dos en haut et l'ouverture en bas , elle est saisie par les deux bras palmés retroussés ou retournés vers son dos , les trois autres paires de bras s'agitent latéralement , le disque infundibuliforme au fond duquel est la bouche s'applique sur le sol, et le tube excrétoire est en baut correspondant au dos de la coquille, en sorte que M. Rang voit dans ce poulpe ainsi placé une sorte de gastéropode siphonobran- che dont ce que tous les zoologistes et les anatomistes ont regardé comme le dos serait le ventre, e£ vice versä. Cette opinion , que le jeune Meiranx, trop tôt enlevé aux sciences naturelles, qu'il cultivait avait beaucoup d’ardeur et de sagacité, a soutenue anatomiquement il y a quelques années, M. Rang la déve- loppe en faisant del’infundibulum une sorte de pied ; de la paire de bras inférieurs devenus supérieurs, les tentacules proprement dits; des deux autres paires in- DE BLAINVILLE. — Sur le poulpe de l’Argonaute. 177 termédiaires les analogues des appendices tentaculiformes des flancs des mono- don*es, et sans doute des bras palmés des espèces de lobes du manteau. Pour infirmer au moins cette manière de voir de M. Rang, déduite du fait cer- tain et incontestable de la position du poulpe à longs bras palmés dans la coquille de l’argonaute et de la manière dont il marche sur un sol résistant, il suffira peut-être de faire observer qu’il n’est pas moins certain, d’après les observations de l’un de nous, que le poulpe à une seule rangée de ventouses, si commun dans la Me- diterranée (et probablement toutes les autres espèces de poulpes ordinaires ), ne marche pas ainsi; mais le dos en haut, et le ventre ou le tube en bas. C'est ce que nous avous pu observer sur un grand nombre d'individus amenés dans les filets d’une tartane du port de Buch à l'entrée de l'étang de Berre dans la Méditerranée. Jetés, avec beaucoup d’autres animaux vivans, sur 12 pont, ils s’enfuyaient fort vite, dans tous les sens, un peu à la maaière des crabes, en faisant pour aivsi dire gros dos, pour que le tube ne touchât pas le sol, c’est- à-dire relevant le point de jonction de la tête et du tronc, rampant en arrière sur la face inférieure du manteau ou du sac, et en avant à l’aide des quatre bras de chaque côté, les supérieurs en avant et les inférieurs en arrière, un peu comme les ophiures. C’est ce que notre dessinateur, M. Prestre, qui nous ac- compagnait, a eu l’occasion de voir comme nous et de reproduire par le dessin. Or, comme de cette double observation il est légitime, ce me semble, d’ad- mettre que le mode de reptation observé sur le poulpe de l’argonaute doit être considéré comme l'anomalie et celui du poulpe libre comme l’état normal , on voit que le fait curieux rapporté par M. Rang, des bras palmés embrassant la coquille habitée par le poulpe de l’argonaute fournit une nouvelle preuve qu’elle ne lui appartient pas et qu’il y est parasite. En effet, les autres mollusques con- chylifères n’ont nullement besoin de tenir ainsi leur coquille, quand ils ram- pent ou quand ils nagent, puisqu’elle leur est unie orgauiquement : ils rampent ou nagent sans s’en occuper. [lne pourrait en être ainsi des ocythoés ou poulpes à bras palmés. Comme l'animal ne tient en aucune manière organiquement à sa . coquille, ce que personne ne peut contester, et que son corps même n’en a nullement la forme, l'ouverture de la coquille étant beaucoup plus large que le fond, en sorte qu’il y serait dificilement retenu mécaniquement, il fallait bien un moyeu volontaire de la fixer autour de lui, et, l'animal emploie à cet effet ses longs bras étalés, comme le Bernard-l'hermite offre une disposition particu- lière dans une paire de pattes converties en crochets pour s’accrocher à la co- lumelle de la coquille qui lui sert de demeure. M. Rang a également observe que le poulpe à bras palmés pourvu de co- quille ne nage pas, comme l'imagination des poètes, plus que l'observation des naturalistes , se plaît à nous le raconter depuis la plus haute antiquité , et comme on le répète encore trop souvent de nos jours ; c’est-à-dire à l’aide des bras palmés soulevés hors de l’eau et servant de voiles, ou descendant dans l’eau et servant de rzmes. Comme tous les malacozoaires nageurs conchylifères , le poulpe se place la coquille en bas; mais ses bras la quittent encore moins que VII. Zoo. — Mars, 12 478 DE BLAINVILLE. — Sur le poulpe de l’Ærgonaute. - dans la reptation, parce qu’étant renversée elle s'en séparerait encore avec ‘bien plus de facilité , et la locomotion a lieu, comme dans les autres animaux de cette classe, par la dilatation et la contraction alternatives du sac où manteau attirant et rejetant l’eau dans laquelle l'animal est immergé. 11 nage alors à re- _culons comme les seithes et les calmars. De ces faits observés, et dont on ne peut nier l'authenticité, M. Rang voit, dans l'emploi de ces bras palmes pour envelopper le têt, ou, pour employer ses expressions, ® Dans le rapport si bien établi entre l'animal et sa coquille, 2° Dans la forme de ces lobes, qui se trouvent dans tous les poulpes des ar- gonautes ; et seulement chez eux, 3° Dans l’usage de ces lobes , comme manteau entourant le têt, à la manière de tant d’autres mollusques , lobes quiseraient inutiles si l'animal n’avait une coquille dès sa naissance. Un nouvel argament | en faveur de l'opinion: qui-admet le poulpe est le con- structeur de sa coquille; mais ne serait-ce pas plutôt en faveur de Yopinion con- traire ? En effet, de ce qu’un animal a dans son organisation une disposition particulière pour se mettre à l'abri sous ou dans un corps étranger, plus ou moins déterminé, conclure, comme M. Rang le fait, que ce corps appartient réellement à cet animal, et par conséquent en fait partie, ce serait un Arpument qui s'appliquerait fenment aussi bien aux pagures et aux dromics, qu'aux ocythoëés, et qui seul n’a réellement aucune valeur. Les longs bras palmés des ocythoés, ét peut-être seulement chez les femel- les(1}, sont dans le cas de la dernière paire d’appendices des pagures et des dro- mies, qui sont des organes propres à saisir , à retenir une coquille plus ou moins spirale pour les premiers, une valve de coquille bivalve; ou un alcyon, ou une éponge pour les seconds; c’est-à-dire une simple relation de cause et d'effet, par harmonie préctablie. La grande expansion membraniforme des bras de l’ocythoe était une disposition nécessaire pour produire la préhension , la retenue d’une coquille patulée ou largement ouverte , qui saas cela serait tombée au moindre mouvement, etccla par un animal mou, et nullement une disposition comparable à ce qui existe dans les porcelaines, par exemple. Dans celles-ci, en effet, ce ne sont pas les lobes latéraux du corps qui produisent la coquille, mais seulement ils la modifient en lépaississant d’une manière graduelle, plus ou moins irrégu- (1) Nous émettons ce doute, parce que, depuis que l'un de nous l’a proposé , il y a quinze ans, M. Gray ayant examiné dix ou douze individus cooservés dans le Muséum britannique, les a, si je ne me trompe, car je cite de mémoire, trouvés tous femelles, du moins ceux qui étaient encore accompagués de Ja coquille. pe BLAINVILLE. — Sur le poulpe de l'Ærgonaute. 179 lièrement, et en laissant dans la ligne médio-dorsale un indice du: rapprochement plus ou moins immédiat des deux lobes. On ne voit absolument rien de sembla- ble.dans la coquille de l'argonaute qui est toujours excessivement mince, partout d’égale épaisseur , à stries d'accroissement extrêmement fines, sans matière de dépôt, si ce n’est sur les auricules des extrémités de la columelle, et dont la forme générale et partielle ne trouve dans celle du poulpe qui l'habite , ni dans aucune de ses parties, aucune étiologie , aucune explication qui ait quelque ap- parence de vraisemblance. Quant à l'argument tiré par M. Rang, de la coloration plus grande de la base des bras palmés du poulpe, se montrant aussi sur la partie correspondante de la coquille , on pourrait très bien n’ÿ voir qu’une coloration d’imbibition , sans blesser l’analogie, puisque toutes les coquilles d'argonaute n'offrent pas cette co- loration. Mais cette concordance est bien trop légère; la couleur n’étant pas même semblable, pour qu’on puisse d’ailleurs y trouver un argument de quelque va- leur dans une question aussi importante, scientifiquement parlant. Malgré notre manière de voir si différente de celle de M. Rang dans l'emploi, pour la résolution du problème du parasitisme des poulpes à longs bras palmés, des observations qu’il a communiquées à l’Académie, nous n’en concluons pas moins à ce qu'il lui soit adresse des remercimens pour sa communication fort intéressante, en même temps que l'invitation de coutinuer à employer aux pro- grès des sciences naturelles les loisirs que les devoirs de son service pourraient lüi laisser. Nous prendrons même la liberté de lui demander de faire les obser- vations suivantes, si jamais il se trouvait de nouveau dans une pôsition favo- rable pour éclaircir le point d'histoire naturelle dont il est question dans ce rap- port. 1° Sortir l'animal de la coquille comme l'a fait Cranch, et noter ce qui en ré- suliera ; 2° Faire cette expérience non-seulement à sec, mais encore dans une masse d'eau circonscrite, et surtout sur le bord de la mer à une faible profondeur ; 3° S'assurer du sexe de tous les individus observés pourvus de coquilles et si celles-ci contiennent ou non des œufs dans le fond deleur cavité; - 4° Examiner de nouveau et avec soin la position de tous les individus dans la coquille, et surtout suivant ew’ils auront été pris au fond de la mer ou à sa sur- face ; car il se pourrait qu’elle ne fût pastoujours la même ; 5° Répétant la première expérience de madame Power, s'assurer si la pré- tendue réparation du morceau enlevé a aussi bien lieu au bord de la coquille, que dans une autre partie de son étendue, et soigneusement noter la durée de l'expérience ; 6° Examiner à la loupe et au moyen de réactifs chimiques la structure et la nature du morceau reproduit ct comparativement avec un morceau de la co- quille ; | 12. 180 CAGNIARD-LATOUR. = Pression de l'air dans la trachée. 7° Enfin répéter, s’il se peut, la seconde expérience de madame Power et vérifier, si, contre toute espèce d’analogie, la coquille n’existant pas dans l'œuf, elle ne paraît sur l'animal que quelques jours après sa naissance, en notant toutes les circonstances de son apparition et de son dévoloppement. Expériences sur la pression à laquelle l'air contenu dans la tra- chée-artère se trouve soumis pendant l'acte de la phonation, ; Par M. Cacniarp-LATOUR. { Extraits d’une lettre adressée à l’Académie des Sciences, le 6 février 1837.) Depuis quelque temps je m'occupe de rechercher à quelle pression, en sus de celle de HaumpapRes l'air contenu dans les poumons se trouve soumis lors- qu'il est employé à faire résonner certains instrumens à anches. J'ai reconnu déjà qu’à l'égard de la clarinette, cette pression fait équilibre moyennement à une colonne d’eau de 30 centimètres. Pour étendre ces expériences au larynx humain, il fallait trouver un individu qui, d’une part, eût une ouverture à la trachée-artère, et de l'autre pût à sa volonté produire des sons vocaux, faculté que n’ont pas toujours ceux auxquels on a été obligé de pratiquer la trachéotomie. Cette occasion vient de m’être of- ferte chez le nommé Charles-Théodore Legris , âgé de 32 ans, qui se trouve avoir à la trachée-artère un trou de 8 à g millimètres de diamètre, par suite d’une opération urgente que lui a faite, le 26 novembre dernier, avec un succès complet, M. Charles Baron , interne des hospices civils de Paris. Cette ouverture dont les parois sont soutenues à l’aide d’un tuyau d'argent à demeure, n’étant plus douloureuse, j'ai pu, le 23 janvier dernier , en pré- sence de M. Baron, qui a bien voulu m'aider, faire l’exploration manométri- que projetée; j'ai reconnu ainsi que, dans le moment où la phonation avait lieu chez Théodore Legris, la pression supportée alors par l’air contenu dans la tra- chée-artère faisait équilibre moyennement à une colonne d’eau de 16 centimètres, c’est-à-dire que cette pression était moitié à-peu-près de celle qui a lieu chez un joueur de clarinette. À raison du rétrécissement particulier dont la glotte de Legris est encore af- fectée, sa respiration devenait de plus en plus génée lorsque l'ouverture de la trachée-artère restait fermée pendant un certain temps par le bouchon du tube LHERMINIER. — Séernum des Oiseaux. 181 manométrique; aussi avions-nous soin, pour que l'expérience fût concluante, de ne la faire durer que très peu- d’instans ; du reste , sur les questions que j'ai faites à Théodore Legris. pour savoir si la phonation momentanée lui coûtait plus d'efforts maintenant que dans le temps où ses organes vocaux avaient leur état normal, il m'a répondu très aflirmativement qu'il ne s’apercevait d'aucune différence. Pendant la simple respiration de Théodore Legris , le manomètre avait divers. mouvemens qui probablement provenaient principalement de la gène causée par le rétrécissement laryngien dont nous venons de parler ; ainsi nous avons re- marqué que pendant l'expiration le manomètre indiquait une pression d'environ 4 centimètres, et pendant l'inspiration une pression négative de moins 5 à moins 6 centimètres. On voit, dit Pauteur en finissant , que les efforts d’où naît l’insufflation mo- trice des vibrations laryngiennes ne sont pas aussi légers. que l’on aurait pu Je supposer d’après la facilité remarquable avec laquelle la voix semble pour l’ordi- naire se produire. Rapport sur ün mémoire intitulé: de la marche de lossification du sternum. des oiseaux , pour faire suite aux travaux de MM. Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire; par M. le docteur L'Herminier , médecin à la Gua- deloupe. (1) (Fait à l'Académie des Sciences par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.) . L'Académie se rappelle sans doute que-la discussion élevée dans son sein en- 830 sur la théorie de l’unité de composition organique, et qui a eu, par son intérêt propre et par l'intervention du plus grand écrivain de l'Allemagne, tant de retentissement dans le monde scientifique, porta successivement sur plusieurs. questions partielles, parmi lesquelles.la composition du sternum fut l’une des principales. Deux mémoires furent publiés en 1832; l’un par M. Cuvier , pour combattre les idées émises-par M. Geoffroy Saint-Hilaire sur la composition du ._ sternum (2); l’autre par celui-ci, pour réfuter les diverses objections que lui oppo- sait sonillustre adversaire(3). H n'entre pas ici dans le devoir de votre rapporteur, (1) Voyez l'analyse de ce Mémoire dans le tome vr des Annales, page. (2) Mémoire sur le progrès de l’ossification dans le sternum des oiseaux, par M. Cuvier. Annales des Sciences naturelles, première série, tome xxv, page 260. (3) Mémoire sur les observations communiquées par M. Cuvier à l’Académie des Sciences, au sujet du sternum des oiseaux, et sur leur immédiate application à la théorie des analogues, par M. Geoffroy Saint-Hilaire. Ann. des Sciences nat. , première série, t, xxvir, p. 183, 18a LHERMINIER. — Sternum des Oiseaux. et sa position personnelle lui rendrait cette appréciation plus difficile encore qu’à tout autre, de dire ce que chacune des deux opinions en présence a pu ga- gner ou perdre dans ce débat contradictoire; mais il est incontestable qu’en somme, la question fut éclairée d’une vive pt ; que des faits nouveaux et entièrement imprévus furent tout-à-coup acquis à à la science ; que des idées in- génicuses s’en déduisirent aussitôt, et que si une solution définitive et complète ne put être donnée dès-lors, du moins la voie qui doit y corduire un jour fut largement ouverte aux efforts des observateurs futurs. Nous avons dû rappeler ici ces débats, où, sous la question de la composition du sternum si simple en apparence et d’un intérêt purementzootomique, s’agitait en réa- lité l’une des plus grandes et des plus obscures questions de la philosophie natu- relle. Les recherches de M. L’Herminier ne tendent en effet à un autre but, comme lui-même le dit expressément, qu'a compléter à quelques égards celles de MM. Guvier et Geoffroy Saint-Hilaire, par observation du mode d’ossification du sternum dans un grand nombre d’espèces non encore étudiées sous ce rapport: Il appartenait à M. L’Herminier plus peut-être qu'à aucun autre zootomiste, d'intervenir dans l'examen de la question qu’il vient de traiter. Dès 1826 , met- tant à exécution des idées qu'il avait puisées, quatre années auparavant, dans les leçons de M. de Blainville, M. L’Herminier avait publié un travail très éten- du sur les formes diverses du sternum chez les oiseaux, et sur l'importance des caractères qui peuvent en être déduits pour la classification ornithologique. L'é- tude des sternums des oiseaux dans le jeune âge formait le complément si natu- rel de ces recherches de M. L’Herminier, que lui-même, dès 1896, en avait tenté l'exécution ; mais les circonstances lui furent alors peu favorables, et quel- ques remarques succinctes sur de jeunes oiseaux d’eau sont restées les seuls ré- sultats de ces premiers efforts. Depuis lors, au contraire, fixé à la Guadeloupe, ile dans laquelle nichent un très grand nombre d’espèces soit sédentaires soit de passage ; secondé par de nombreuses relations dans les autres Antilles et dans les deux Amériques, et en même temps que par celles qu’il a conservées en France, M. L’Herminier est parvenu à se former une riche collection de jeunes oiseaux de diverses familles et de diverses contrées, soumettant successivement au scalpel tous les individus qu’il obtenait, et réunissant ainsi une multitude de ‘faits sur le développement des diverses tk du squelette, sur celui du ster- num en particulier. : Le mémoire que M. L’Herminier a récemment adressé à Académie ; et dont nous avons aujourd’hui à lui rendre compte, expose les résultats de ces recher- ches. Il se divise très naturellement en trois parties, une historique, l’autre d'observation , la troisième. théorique. Tel est du moins l’ordre suivant lequel nous croyons devoir examiner les considérations et les faits contenus dans le mémoire de M. L’Herminier, afin d’en rendre l’exposition plus lucide en même temps que plus succincte. De la partie historique du mémoire, il nous suffira de dire quelques mots. Cette partie est nécessairement courte et ne contient rien qui ne soit connu de LHERMINIER. — Sternum des Oiseaux. 183 tous les zootomistes : car elle se résume presque tout entière dans l'indication des travaux de M. Geoffroy Saint-Hilaire en 1807, 1818 et 1832, de M. L'Herminier lui-même en 1826, et de M. Cuvier en 1832, et ces travaux. ont été analysés daus un trop grand nombre d'ouvrages pour qu’il puisse être utile de nous arrêter ici sur eux. Pour l'intelligence complète de ce qui va suivre, nous devons toutefois rappeler les différences considérables que presente l’ossi- fication du sternum, chez le poulet, où elle commence, comme Va montre M. Geoffroy Saint-Hilaire, de très bonne heure, et par cinq pièces principales, et chez le canard, où elle se fait, comme il résulte des recherches de M. Cuvier, par deux pièces principales seulement, et cela si tardivement que le sternum n’est encore au quarantième jour qu’un vaste cartilage sans un seul noyau os- seux. Ainsi,. et c'est assurément “un des faits les plus remarquables de l’anato- mie comparée, voici deux oiseaux dont les sternums, bien que devant, en défi- nitive, offrir les caractères communs de presque tous les êtres de cette classe, commencent par présenter des diversités en apparence aussi grandes que pos- sible, et telles qu’on pourrait s'attendre À en voir résulter, à l’état adulte, des conditions absolument irréductibles à un type commun. La connaissance de ce contraste presque entièrement imprévu avant le tra. vail de M. Cuvier, devait immédiatement conduire les zootomistes à poser les. deux problèmes suivans qui ,en effet, sont devenus aussitôt le sujet des re- cherches , l’un de M. Geoffroy Saint-Hilaire, l’autre de M. Cuvier : Déterminer si, chez les oiseaux qui n’ont que deux pièces sternales princi- pales, d’autres pièces peuvent être retrouvées par l'analyse anatomique sous. une forme plus ou moins rudimentaire ? Déterminer, pour chaque famille d'oiseaux, si la marche de l’ossification se fait suivant le même type que chez le canard, ou suivant le même que chez le- poulet, ou encore suivant un type jusqu’à présent inconnu ? Le premier de ces deux problèmes peut être résolu presque entièrement avec les seuls moyens d'étude que nous. avons en France à notre disposition , tandis. que la solution du second ne peut reposer sur la seule considération d'espèces. dont nous pouvons ici nous. procurer. facilement les jeunes. Nous ne saurions. donc blâmer M. L'Herminier d’avoir souvent négligé le premier de ces deux. problèmes en faveur du second pour lequel il pouvait bien mettre-à profit les avantages de sa position. À l'égard du premier, nous avons toutefois remarqué le résumé des recher- ches de M. L'Herminier sur l’ossification du sternum chez le canard. L'auteur nous apprend que chez des individus âgés de trois mois euviron il a trouvé en avant, à la racine de la quille (et ce sont ses propres expressions que nous ci- tons ici), wn prolongement osseux, aphophysaire , envoyé en avant par la crête, ou bien encore un noyau distinct de la crête et du bouclier sternal vu adhérent à l’une et à l’autre. Nous aurions desiré quelques détails de plus sur ce noyau osseux que M. Cuvier n'avait pas signalé, et dont la considération à pour l'anatomie philosophique plus d'importance que M. L'Herminier ne pa- 184 LHERMINIER. — Slernum des Oiseaux. raît l'avoir pensé. Si ce noyau existe généralement ou s’il ne se trouve que dans un certain nombre de sujets; s’il est central, comme l’indique l’auteur , ou s’il se compose de deux noyaux latéraux juxtaposés; ces points difficiles peut-être, mais importans, et quelques autres encore restent entièrement à traiter , et devront devenir les sujets de recherches nouvelles que rien d’ailleurs n’em- pêchera d’exécuter en France. Ces omissions, graves par elles-mêmes, sont sur- tout regrettables dans un travail dont la destination expresse est de faire suite aux recherches de MM. Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, c’est-à-dire d’éclai- rer , par de nouvelles observations, les grandes questions que ces deux savants ont agitées dans leur mémorable discussion de 1830 et de 1832, savoir : l’unité de composition organique et les lois de l’ostéopénie. Le mémoire de M. L'Herminier offre, relativement au second problème, un beaucoup plus haut degré d’intérêt. Les espèces dont l’auteur a pu se procurer . de jeunes individus, et qu’il a soumises comparativement à ses investigations, sont au nombre de plus de quarante. Il faut remarquer, il est vrai, que pour plu- sieurs d’entre elles, l’auteur n'a pu examiner qu’un ou deux individus seule- ment, ou bien des individus plus nombreux, mais tous trop avancés en dévelop- pement pour que la détermination du mode d’ossification ait pu être faite avec certitude. Pour plusieurs autres espèces , au contraire, M. L’Herminier est par- venu à se procurer de jeunes individus en assez grand nombre et d’âges assez divers pour qu’il lui ait été possible de former une série presque continue de- puis l’état entièrement cartilagineux du sternum jusqu’à son ossification par- faite. Il en est ainsi, par exemple, de l’Emerillon de la Caroline, parmi les oiseaux de proie; d’un perroquet qui malheureusement est resté indéterminé, et du Pic de la Guadeloupe, parmi les Zygodactyles; d’un Troupial, prrmi les passereaux ; du Pigeon domestique parmi les Colombes; du poulet, parmi les gal- finacés ordinaires; du Héron gris-de-fer parmi les échassiers ; enfin du Canard domestique, du Noddi et d’un Puffin, parmi les palmipèdes. On voit que, même sans tenir compte des oiseaux sur lesquels M. L’Herminier r’a pu faire des ob- servations aussi complètes, il n’est aucune des grandes divisions ornithologi- ques qui n'ait au moins un représentant dans la série des espèces étudiées par lui. Les personnes qui s'intéressent plus spécialement à ce genre de recherches, trouveront dans les comptes rendus de l’Académie (1) un résumé fidèle et lucide des faits de détail que M. L’Herminier a consignés dans son mémoire, et notam- ment l'indication exacte, pour chaque espèce, du nombre de pièces sternales que Pauteur a signalé. C’est aux résultats qui se déduisent de ses observations, que nous devons ici nous attacher. En laissant de côté le cas exceptionel des oiseaux sans bréchet, et notamment del’Autruche, M.Cuvier n'avait connu que les deux modes d’ossification que nous (1) Second semestre de l’année 1836, pages 12 et suivantes, et Annales des Sciences na- turelles, deuxième série, tome vi, page LHERMINIER. — Sternum des Oiseaux. 185 avons rappelés plus haut; et il était même porté à penser, d’après des obser- vations malheureusement trop peu nombreuses, que ces deux modes pourraient bien être les seuls existans dans la série ornithologique, l’un paraissant être pro- pre aux vrais gallinacés, et l’autre appartenant peut-être en commun à tous les autres oiseaux. Or, de ces deux suppositions, que M. Cuvier re présentait, au resté, qu'avec beaucoup de doute, et sur lesquelles il appelait lui-même de nou- vellés recherches, M. L’Herminier montre que l’une n’est pas complètement vraie , et que l’autre doit être tout-à-fait abandonnée. Ainsi, s’il est vrai qu’au- cun autre oiseau ne présente, exactement avec la même disposition, les cinq pièces sternales des gallinacés proprement dits, il faut du moins reconnaître que beaucoup d’autres oiseaux ont ce même nombre de pièces. Tels sont, sui- vant M. L’Herminier , les oiseaux de proie, la Bécasse et quelques genres voi- sins , les Mouettes, les Pétrels, les Pingouins, les Grèbes et les Poules d’eau; dernier genre dans lequei les cinq pièces sternales offrent même dans leur dis- position une analogie très marquée avec celle des gallinacés. D’un autre côté, il s’en faut de beaucoup que les oiseaux qui s’écartent du poulet et des vrais gallinacés par la marche de l'ossification de leur sternum, se rapprochent tous du canard et des autres palmipèdes lamellirostres: M. L’Herminier a trouvé dans certaines espèces, trois pièces principales, et dans d’autres, quatre: ce dernier nombre est, par exemple, celui des Colibris, et le précédent, celui du Stéatorne. Evfin, l’auteur fait connaître jusqu’à six pièces chez les pigeons, et il rectifie ainsi une erreur qu’il avait autrefois admise, et qui avait même un instant passé dans la science, savoir, que l’ossification du sternum se fait dans ce groupe par un seul noyau, étendu peu-à-peu d’avant en arrière, Ainsi ce n’est pas suivant deux modes seulement que se fait l’ossification du sternum, mais suivant plusieurs, et l’on doit même dire suivant un très grand nombre, en tenant compte des différences de disposition aussi bien que des dif- férences numériques. La diversité remarquable des procédés par lesquels sont obtenus, dans la série ornithologique, des résultats finalement très semblables, ressort donc ici avec une évidence nouvelle, et M. L’Herminier qui, ainsi qu'on Va vu, n’est pas d'accord sur quelques points avec M. Cuvier, se trouve en dernière analyse avoir, non-seulement confirmé, mais considérablement étendu la conséquence la plus curieuse et la plus fondamentale des recherches de cet illustre zootomiste. D’autres résultats des observations de M. L’Herminier qui ne sont point, il est vrai, présentés explicitement dans son mémoire, mais qui ne sont autre chose qu’un premier degré de généralisation des faits qu’il expose, sont relatifs à la direction suivant laquelle l’ossification se fait et se propage peu-à-peu dans le sternum. Dans le plus grand nombre des oiseaux, quel que soit d’ailleurs le nombre des autres pièces principales qui pourront apparaître ultérieurement , ossification commence de chaque côté par un point osseux situé à l'angle anté- rieur et externe du sternum, et qui de là, s’étend graduellement d'avant en arrière et de dehors en dedans. Dans presque tous les cas un autre centre d’os- 186 LHERMINIER. — Slerrum des Oiseaux. sification ; qui est représenté avec évidence dans la plupart des préparations de- M. L’Herminier, par deux points très rapprochés l’un de Fautre ou même con- tigus, se manifeste entre les deux noyaux externes, au point correspondant à la. partie antérieure du bréchet. L'apparition des pièces internes est le plus souvent tardive, comparativement aux deux autres; quelquefois, au contraire, elle.est presque simultanée avec l'apparition de celles-ci; quelquefois eufin , mais cette dernière disposition est extrêmement rare, elle la précède. Dans le premier cas, l'ossification se propage avec beaucoup plus de rapidité d’avant en arrière que de dedans en dehors, d’où résulte, à une certaine époque, un sternum dont le corps est presque entièrement ossifié et le bréchet encore cartilagineux. Dans le second cas, le contraire a lieu, et la moitié anterieure du sternum tout entier, corps et bréchet, est déjà ossifiée, quand la moitiée inférieure reste en- core entièrement molle. Enfin une troisième disposition, qui est précisément l'inverse de la première, et qui est trop remarquable pour être passé sous silence, a lieu dans le troisième cas : le bréchet est déjà complètement ossifié, quand le corps du sternum ne l’est qu’à ses deux angles antérieurs, et seulement sur une très petite étendue. Parmi tous les oiseaux examinés par M. L’Herminier, le Puf- fin a seul nettement présente cette combinaison directement inverse de celle qui est la plus ordinaire, et éminemment remarquable, soit qu’on la considère phy- siologiquement, soit qu'on veuille l’apprécier sous le point de vue de l'anatomie philosophique. Le même oiseau, en considérant, non plus l'époque relative de l’ossification des diverses parties de son sternum ; mais l’époque absolue à laquelle commencent à. se faire dans cet os les premiers dépôts calcaires, a présenté une autre excep- tion non moins remarquable, Il résulte des observations de M. L'Hermiier que le commencement de l’ossification de l'appareil sternal coïncide ordinaire- ment avec le developpement des pennes de l'aile. C’est ainsi que chez les ca- nards , dont le sternum reste si long-temps cartilagineux , les rémiges ne pous- sent que tres tardivement. Chez le Puflin, au contraire, le sternum commence à s'ossifier quand le corps n’est encore couvert que de duvet. C’est aussi ce que M. L’Herminier a yu chez les Colibris, et cette analogie est d'autant plus inté- ressante que ces oiseaux , si différens à tant d’autres. égards des Puflins, se rap- prochent de ceux-ci dans leur premier âge, par la précocité de lossification du bréchet, et à l’état adulte , par la très grande proéminence de cette même crête en même temps que par le développement considérable des premières pennes. alaires. M. L’Herminier ayant répété à la Guadeloupe, sur le poulet et le canard, la même série d'observations que M. Cuvier avait faites en France , nous nous at- tendions à trouver dans son mémoire une comparaison dont les résultats nous semblaient devoir n’être pas sans intérêt. Le développement des. jeunes indivi- dus du même genre ou de la même espèce, et notamment, pour nous renfermer dans le sujet spécial de notre rapport, les progrès de l'ossification de leurs ster- nums, ne présenteut-ils aucune différence dans ces deux contrées si différentes LHERMINIER, — S£ernum des Oiseaux. 187 l'une de l'autre ? Au défaut d’une solution de cette question , M. L'Herminier , grâce au soim qu’il a eu de joindre à son mémoire un grand nombre de pièces, nous a transmis du moins les moyens de l'obtenir ici. Or, voici ce que nous avons trouvé pour le canard : l’ossification du sternum, en- France et à la Gua- deloupe, se fait exactement dans le même ordre et suivant la même üirection, mais non avec la même rapidité : le canard de la Guadeloupe est considérable- ment eu retard sur le canard de France. Ainsi le premier à 60 jours n’est en- core que comme le second à 42; à 95 jours, comme le second à 60. Etilne s'agit pas ici de différences minutieuses, et sur lesquelles l’observation puisse être en défaut : à 60 jours, le canard de France a son sternum entièrement os- sifié; de simples sutures indiquent tout au plus sa division primitive: à 60 jours le canard de la Guadeloupe a son sternum entièrement cartilagineux, moins deux noyaux osseux existant aux angles externes et antérieurs, ct dont chacun envoie inférieurement, le long du bord sternal de son côté, un petit prolonge- ment linéaire. Il nous reste maintenant à donner à l'Académie une idée de la partie théo- rique du mémoire de M. L’Herminier. Nous le ferons en peu de mots, car cette partie ne nous a pas paru avoir à beaucoup près, pour l'anatomie com- parée, la même importance que les observations qu’elle est destinée à géné- raliser. Suivant M. L’Herminier, le type général du sternum de l'oiseau peut être représenté par neuf os disposés en trois rangées transversales, chacune de celles-ci étant formée d’une pièce impaire, médiane, et de deux pièces laté- rales, se correspondant symétriquement June à l’autre. L'auteur a cru devoir donner à chacune des trois rangées et à chacun de leurs élémens constituans des noms particuliers qu’il a empruntés aux entomologistes. Ainsi la rangée anté- rieure est nommée prosternale , intermédiaire, mésosternale , la postérieure, métasternale. La pièce médiane de la‘ première rangée est nommée prosternum, les pièces latérales, prosternaux. De même les deux autres rangées se composent, l’une, d’un métasternum et de deux métasternaux , V'autre, d’un mésosternuim et de deux mésosternaux. Cette nouvelle nomenclature, et les idées qu’elle exprime, sont assurément en elles-mêmes rationnelles et admissibles: mais sont-elles conciliables avec l’en- . semble des faits? Nous ne le pensons pas. M. L’Herminier, n’admettant pour nombre maximum que six pièces ster- nales chez les oiseaux, le type auquel il rapporte les diverses modifications du sternum est évidemment, et lui-même insiste sur ce point, un idéal qu'aucune espèce, en particulier, ne présente réalisé. Or, par cela même qu'il en est ainsi, il devient nécessaire, pour que cet idéal puisse être admis, de dovuer, par une analyse comparaine de l’ensemble des faits dans toutes les espèces ;, celte démonstration qu'aucune espèce ne présente directement et visuellement. M, L’Herminier a en effet entrepris cette analyse; nous nous empressons de 188 - LHERMINIER. — Sternum des Oiseaux. reconnaître qu'il y a même donné des preuves d’une remarquable sagacité ana- tomique ; mais nous devons ajouter que l'individualité de chacune des neuf pièces qu’il admet ne nous a pas paru suffisamment établie. La détermination de plu- sieurs ne repose que sur de légères différences de disposition, souvent même de configuration, et sur.d’autres caractères d’aussi mince valeur; et, en même temps qu’une importance exagérée est accordée à ceux-ci, d’autres modifications d’un ordre bien supérieur sont quelquefois négligees. Pour ne citer ici qu’un exemple, comment admettre Vexistence distincte du métasternum, pièce de la rangée postérieure qui ne diffère essentiellement, par ses connexions et ses fonctions , ni du mésosternum ni même de la pièce centrale de la première rangée, et pour la distinction duquel on est obligé de descendre à la considération de sa forme, qui est obronde ou réniforme, tandis que celle du mésosternum est arrondie ou trapézoïde et celle du prosternum triangulaire ? Ces remarques ne prouveraient pas, à la rigueur, que le nombre et la dis- position typiques des pièces admises par M. [’Herminier dussent être rejetés de la science ; elles sufiraient seulement à établir que de nouvelles observations sont nécessaires pour les y faire admettre définitivement. Mais une autre objec- tion peut encore être opposée aux idées de M. L’Herminier, et celle-ci est, dès à présent, péremptoire. Dans plusieurs des espèces où il décrit le prosternum, le mésosternum, le métasternum, lui-même reconnaît, avec une louable fran- chise, que ces pièces prétendues impaires et médianes, sont réellement doubles : deux petits osselets très rapprochés, mais d’abord distincts, les constituent. C’est ce que nous avons vu aussi, soit dans ces mêmes espèces, soit dans quelques autres, et ce qu’on trouvera sans nul doute dans un grand nombre encore, lors- qu'on pourra se procurer des individus dont l’âge soit favorable à ces obser- vations. Or, en n'ayant pas eu égard à cette duplicité, M. L’Herminier, qui partout ailleurs considère chaque noyau osseux comme une pièce distincte, comme un élément sternal, s’écarte du principe admis par lui-même, et sans lequel les déterminations de l'anatomie philosophique seraient livrées à un arbitraire sans limites. Une fois admise, l’unité d’une pièce qui, daus la réalité est double ; empêcherait de prendre aussi pour unique une pièce originellement triple, quadruple, multiple? Par ces seules considératiots, auxquelles plusieurs autres pourraient être ajoutées, on voit donc d’une part, que plusieurs des neuf pièces distinguées par l’auteur paraissent n’avoir qu’une existence nominale, et, de l'autre, que. quelques distinctions nouvelles sont indispensables pour exprimer fidèlement le- mode d’ossification du sternum. Il est presque inutile d’ajouter que la nécessité de modifier le type idéal admis par M. L’Herminier, entraîne comme consé- quence la nécessité de modifier aussi sa nomenclature. Nous pensons même qué les zootomistes croiront devoir rejeter entièrement des termes nouveaux dont l'emploi, nous devons le dire, nous a paru introduire trop souvent de nouvelies difficultés dans un sujet déjà par lui-même si complexe. Dans les conclusions que nous avons à soumettre à Académie, nous devons. Publications nouvelles. 189 “donc distinguer avec soin la partie theorique du mémoire de M. L'Herminier, ds ses observations ct des résultats qu’il en a déduits immédiatement. Le but philosophique que l'auteur s’est proposé dans la première, et, bien qu’on ne puisse les adopter dans leur ensemble, les icées qu'il y a émises, sufli- raient sans doute pour que les efforts de l’auteur dans une voie si difficile nous parussent dignes d'encouragement. Mais nous attachons un bien plus haut prix aux observations nombreuses et pour la plupart nouvelles dont l’auteur a con- signé les résultats dans son mémoire, et qui sont le fruit de recherches conti- nuées pendant plusieurs années avec un zèle toujours soutenu. Cette dernière partie du travail de M. L’Herminier, et nous croyons ne pouvoir mieux la louer qu’en nous exprimant ainsi, mérite d’être placée à côté de l'excellent mémoire du même auteur sur le sternum des oiseaux adultes. Nous proposons à l’Académie d’ordonner l'insertion du mémoire de M. L’Her- minier dans le recueil des Savans étrangers , et d'inviter l'auteur à continuer avec le même zèle et à compléter autant qu’il sera possible, des recherches aussi profitables à la science. PUBLICATIONS NOUVELLES. M£mornxs pour servir à l’histoire anatomique et physiologique des végétaux et des animaux, par M. H. Durrocuer, membre de l'Institut de France ; avec cet épigraphe : « Je considère comme non avenu tout ce ge j'ai publié précédemment sur ces matières, et qui ne se trouve point reproduit dans cette collection, » * En revenant sur ses travaux antérieurs, M. Dutrochet ne s'est pas contenté de rassembler et de coordonner les mémoires qu’il avait publiés à diverses épo- ques; c’est revus, corrigés et appuyés de nouvelles observations qu'il en publie l'ensemble, et cette collection contient non-seulement les mémoires déjà insérés dans nos Annales et dans divers autres recueils; mais encore plusieurs qui sont publiés ici pour la première fois. Nous ne pouvons faire mieux apprécier l'importance de l’ouvrage de M. Du- trochet, qu’en rapportant le titre des divers memoires qui composent cette col- lection. . ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE. Recherches sur les enveloppes du fœtus: 1° des Oiseaux , 2° des Reptiles, 3° des Batraciens , 4o des Mammifères. (x) Paris, chez J. B. Baillière , 5837, 2 vol. in:8, ensemble 1184 pages, accompagnés d'un atlas de 30 planches gravées. Prix, 24 fr. 190 Publications nouvelles. . Observations sur l’ostéogénie et sur le développement des parties végétantes des animaux. Recherches sur la métamorphose du canal alimentaire chez les insectes. Observations sur la structure et la régénération des plumes, avec des consi- dérations générales sur la composition de la peau des animaux vertébrés. Recherches sur les Rotifères. Du mécanisme de la respiration des insectes. Observations sur la Spongile rameuse. Observations sur les organes de la génération chez les pucerons. De l'usage physiologique de l’oxigène dans ses rapports avec l’action des excitans. De la structure intime des organes des animaux et du mécanisme de leurs actions vitales. Essai d’une nouvelle théorie de la voix. Comment agit la diastase pour déterminer la rupture des tégumens des graines de fécule. f Expériences sur la circulation des liquides dans les tubes de verre verti- caux. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. De l'Endosmose. Des élémens organiques des végétaux. Recherches sur l'accroissement des végétaux. De la déviation descendante, ascendante et latérale de Vaccroissement des arbres en diamètre. Observations sur les variations accidentelles du mode suivant lequel les feuilles sont disposées sur les végétaux. Observations sur la forme et la structure primitive des embryons végétaux. Recherches sur les organes pneumatiques et sur la respiration des végétaux. Recherches sur les conduits de la sève, et sur les causes de sa progression. Coup-d’œil général sur les mouvemens des végétaux. Du réveil et du sommeil des plantes, des fleurs et des feuilles. De l’excitabilite végétale et des mouvemens dont elle est la source. De la déviation opposée des tiges et des racines. De la tendance des végétaux à se diriger vers la lumière, et de leur tendance à la fuir, De la génération sexuelle des plantes et de l’embryologie végétale. Observations sur les trausformations végétales. Observations sur les champignons. Observations sur l’origine des moisissures. Publications nouvelles. n Le) Hherorne NATURELLE des animaux sans verlébres, présentant les caractères généraux et particuliers de ces animaux, leur distribution, leurs classes leurs familles, leurs genres et la citation des principales espèces qui s’y rapportent, précédé d'une introducticn etc., par J.-B. P. À, ne Lamancex, merabre de l’Institut, professeur au Muséum d'Histoire Naturelle, deuxième édition , revue et augmentée de notes présentant les faits nouveaux dont la science s’est enrichie jusqu’à nos jours ; par MM. G. P. Desnayes et H. Mixxe ÆEnwanps. Nous avons déjà annoncé la publication de la première livraison de cette nou- “elle édition de l'important ouvrage de Lamarck, sur les animaux sans vertèbres, et nous avons indiqué la marche que MM. Deshayes et Milne Edwards se propo- saient de suivre dans les annotations qu’ils se sont chargés d'y ajouter. La première édition formait sept. volumes in-8 : celle-ci se composera de 9 volumes dont cinq ont déjà paru et dont deux autres actuellement sous presse seront publiés dans quelques semaines. Dans le premier volume M. Deshayes a ajoute un grand nombre de notes aux observations de Lamarck, sur la philosophie de la science ; et M. Edwards a ex- posé les résultats principaux dont l’histoire des Volvoces, des Protées, des Kol- podes et des autres Infusoires, s’est enrichie par les travaux de MM. Ebrenberg, Bory Saint-Vincent, etc., etc. Le second volume est consacré tout entier aux Polypes ; M. Edwards y a consigné plusieurs faits nouveaux concernant l’organi- sation de ces animaux, et a ajouté aux genres décrits par Lamarck, un grand nombre de divisions génériques établies plus récemment par Lamouroux , M. de Bhinville, M. Goldfuss, M. Ehrenberg , etc., etc. ; il a aussi augmenté très con- sidérablement la liste des espèces tant vivantes que fossiles mentionnées dans le texte. Pour donner une idée de l'étendue de ces additions, nous citerons l’ar- ticle consacré aux Encrines; dans la première édition il n’occupe que deux pages et ne renferme la description que de deux espèces ; dans la seconde édition l’his - toire de ces animaux occupe vingt-huit pages et fait connaître près de soixante espèces réparties en dix-sept genres. Les Astrées , les Éponges, les Alcyons etc., ont aussi reçu des additions presque aussi nombreuses. Le quatrième volume , contenait la classification des Insectes, est également publié ; mais n’a subi aucun changement ; les Éditeurs ont pensé que l'étendue des connaissances acquises en entomologie ne permettait pas de les présenter sous forme d’additions et qu’il valait mieux réimprimer textuellement cette partie de l'ouvrage pour ne pas détruire le cadre de Lamarck. Les tomes sixième et septième , formant les tomes un et deux de la classe des Mollusques, sont sans contredit la plus importante partie de l'ouvrage de Lamarck, c’est celle qui lui assure un rang si élevé dans la science: mais pour la mettre au niveau de l’état actuel de nos connaissances, M. Deshayes a dû faire de nombreuses recherches ; il n’est pas un genre dont il n’ait complété la synonymie des espèces, et sur lequel il n’ait présenté de nouvelles observations. Parmi les genres nouveaux décrits par M. Leshayes, nous signalerons les groupes snivans : Solecurte, Pholadomye, Péryplome, Thracie , Ostéodesme, Mésodesme, Ga- leomma , Cardilie, Opis, Gervillie, Catille, Inocérame, T'hécidée, Pro- ducte, Lingule, Patelloïde, Syphonaire, etc. Parmi les genres qui ont reçu des augmentations considérables en espèces, nous citerons les 1. Crassatelle, Erycine, Pandore, Telline, Lucine, Donace, Crassine, Gyrène, Bucarde, 192 Publications nouvelles. Cardite , Isocarde, Arche , Trigonie , Mulette, Modiole, Avicule, Lime, Peigne, Spondyle, Griphée, Huîtres, Térebratule, Hyale, Doris, Oscabrion, Patelle, Emarginule, Fissurelle, Cabochon, Calyptrée, Crépidulle, Bulle, Aplysie, Do- labelle, Limace; etc. Le nombre des espèces décrites a été doublé dans une grande partie des genres cités ci-dessus; et nous pensons que lorsque M. Des- hayes aura terminé les deux volumes, dans ce moment sous presse, il aura rendu un grand service aux Conchyologistes. Le tome cinquième, qui sera consacré à l’histoire des Ærachnides, des Crus- tacés et des Ænnélides, et qui sera annoté par M. Edwards, est actuellement sous presse et paraîtra vers le mois d’octobre prochain. HisrorrEe NATURELLE DES CRUSTACÉS; comprenant l'anatomie, la physiologie et la classification de ces animaux , par M. Milne Edwards. (1) Le second volume de cet ouvrage vient de paraître, et contient la description de toutes les espèces connues de Crustacés appartenant aux deux dernières fa- milles de la section des Décapodes Brachyures, aux sections des Décapodes Anomoures, et des Décapodes Macroures, enfin à l’ordre des Stomapodes. Dans un troisième volume, l’auteur se propose de traiter des autres ordres et de don- ner un supplément contenant la description des espèces découvertes depuis Fim- pression des dernières parties de cet ouvrage. Macazinr etc., Magasin de Zoologie et de Botanique, publié par sir W. Jardine, P. J. Selby ct le D’ Johnston, in-8° avec planches. Ce nouveau recueil périodique publié à Londres, paraît tous les deux mois , et contient des mémoires originaux aussi bien que des analyses détaillées d’ou- vrages de zoologie et de botanique. Les principaux articles zoologiques contenus dans les trois premiers cahiers (juin, août et octobre } sont: 1°‘un mémoire de M. Baird sur les Entomostracés de l'Angleterre; 2° des observations sur les poissons du Forth par M. Parnell ; 3° un essai sur l’histoire des zoophytes de la Grande-Bretagne, par M. G. Johnston; 4° des recherches de M. Maigillevray sur les organes digestifs des oiseaux ; 5° la description de deux espèces nouvelles de reptiles d'Afrique, par M. Smith; 6° un mémoire sur les diptères indigènes de la Grande-Bretagne, par M. Duncan; 7° un mémoire de M. Swairson sur les coucous ; 8° des descriptions de coléoptères nouveaux par M. Westwood. (a) 3 vol. in-8 avec planches. Paris, chez Roret, libraire, rue Hautefeuille, n. ro bis. DOYÈRE. — Instrumens perforans chez les insectes. 193 OBseRVATIONS sur les instrumens perforans chez les insectes ; Par M. Dovère. Lues à la Société Philomatique, le 4 mars 1837. Réaumur, dans le cours de ses admirables méfnoires sur l’or- ganisation | et les mœurs des Insectes, s’est à à plusieurs reprises OCCUPÉ du mécanisme de ces sortes “d'organes. Il a choisi un certain nombre de cas, parmi ceux qui lui semblaient le plus dignes d'attention ; il les a étudiés isolément et s’est plu à faire voir tout ce que l’organisation et le jeu de leurs diverses parties offrent de fini et de merveilleuse délicatesse; et les explications qu'il en a données ont paru à tous ceux qui sont venus depuis tellement complètes et tellement satisfaisantes, que nous ne connaissons pas un seul travail postérieur où l’on ne se soit contenté de renvoyer purement et simplement à ces solutions placées désormais dans l'opinion en dehors de toute contro- verse. Aussi ne me füt-il jamais venu à l'esprit de reprendre ce sujet de recherches après un tel maitre, si une circonstance ne m'avait conduit à étudier intimement lune des questions qu'avait traitées Réaumur , et à en discuter une à une et sur la nature les diverses circonstances. Ca été pour moi le sujet d’un travail beaucoup plus étendu que je n’eusse pu le prévoir d’abord et dont je me propose de donner les résultats dans quelques notes de la nature de celle-ci. Je ne m'étais proposé d’abord que d'éclaircir certains points qui me paraissaient douteux. J'ai été ramené par suite à réunir dans une solution plus générale divers cas que l’on regardait dans la science comme tout-à-fait isolés. Je vais prendre aujourd’hui un fait seulement, l’étudier à fond, essayer de fare voir que la question ne peut pas être considérée comme complètement résolue; puis je proposerai une solution autre que celle universellement admise. Ensuite j'essaierai de faire voir que cette théorie que je vais proposer est beaucoup plus générale, et qu'il existe entre tous les instrumens VII. Zoo. — Avril, 33 194 DOyÈRE. — Înstrumens perforans chez les insectes. térébrans et perforans, tels que les tarières de certaines femelles les aiguillons de quelques Hyménoptères, et le bec des Hémip- tères, des rapports, quant au mécanisme, jusqu'ici demeurés inaperçus. “PREMIER FAIT. — Zarière des Cigales. “Réaumur a vu que cet instrument se compose de trois pièces, l’une médiane (A, fig. 1, 3,6, 8,9) et dont la figure est à-peu- près celle d'un prisme à quatre faces, se termine à son extrémité par une portion élargie en fer de lance et d’une substance beaucoup plus dure et plus polie, Cette tige médiane est dési- gnée par lui sous le nom de pièce Perles parce qu'elle sert à assembler les deux autres au moyen de certaines arêtes saillantes qui entrent dans des rainures CorrespoRdantes de celle-ci, par une disposition analogue à ce qu’on a désigné dans les arts mécaniques sous le nom de queue d’aronde. Un des résultats de cet arrangement, c’est que les deux pièces laté- rales (B) peuvent glisser le long de la tige médiane, dans le sens de sa longueur, mais s’en pouvoir s’en écarter jamais. Ces deux tiges latérales se terminent comme la médiane en une tête ai- gué; mais de plus striée et dentelée sur ses bords. C’est cette dernière particularité, et l’usage que plus tard Réaumur leur assigne , qui les fait désigner sous le nom de limes. Elles sont fixées chacune par sa base à une sorte de levier mis en mou- vement par certains muscles. Réaumur a observé de plus que si l'on coupe la tarière, et qu'on la saisisse avec des pinces, ainsi séparée de ses pièces basilaires, les limes jouent avec. la plus grande facilité , exécutent sans résistance des mouvemens longitudinaux de va et vient qui les font saillir ensemble ou iso- Tément au-delà de la pièce d’assemblage, et j’ajouterai que si, comme je me trouve conduit à le dire , Réaumur a été induit.en erreur, c’est peut-être à cette simple expérience qu'il faut s’en prongre Là s'arrête l'observation; voici la théorie que Réaumur a proposée, et que l’on trouve reproduite dans tous les ouvrages où il est question du sujet qui nous occupe. Chacune des piè- DOYÈRE: — Instrumens perforans chez les insectés. 195 ces latérales où 7imes mises en! mouvémént par l’intérmédiaire du levier basilaire agirait comme une sorte de lime à bois, ét ce ne serait que par une suite de coups réitérés de cëtte lime qué la Cigale arriverait à creuser, én mordant et usant le bois, la cavité où elle veut déposer ses'œufs, La pièce médiane ou d'assemblage n'aurait donc d'autre ’usage que d'assurer les mou: vemens abs deux autrés enles empêchant dé subir aucun écar- tement dans le jeu qu'elles exécutent. Cette’ explication offre 1irie-apparence’ de simplicité ‘et de vérité bien propre ‘à séduire l'esprit de GHrCOQUE est pas conduit: à vouloir en étudier séparément jusqu'aux moindres circonstances; mais dans ce dernier cas, il est difficile de ne pas concevoir quelques doutes. Les /imes ne sont dentelées que sur un de leurs bords, et ces dentelures elles‘méines ne sont que des tubercules émoussés, de sorte-que leur ensemble ne consti- tue pas en réalité une lime, ni une rape ni même une scie. Mäis j'ai été frappé bien davantage par une considération mé- capiqué qui me mit de suite sur la voie de reprendre la question, non:seulement dans l’insecte dont il s’agit, mais dans tous ceux qui présentent des particularités d'organisation analogués : c’est que, dans la théorie que propose Réaumür, l'mstrument manque de point d'appui, ét que le maximum d’action que puissent pro- duiré les leviers et les muscles intérieurs destinés à les mettre en mouveirient, à pour limité supérieure le poids'total‘du corps de Vinsecte, Ce point d'appui, en effet, n’est pas dans Ia pièce médiatte ; elle ne peut être qu'un instrument de direction, ét Réaumur né lat assigne pas d'autre usage. Si donc la Cigale plñée”sa tarière dans une position verticale, Te poids de son corps sera partagé éntre cet instrumeftit ét les membres; et la part du premier sera la plus grande possible lorsque la Cigale $e supportéra sur lés pattes de devant seulement; mais alors même l’action né dépassera jamais guère la moitié du poids to- tal; enicoré là Cigale’ est-elle vninsecte assez lourd; et l'on pourrait en déduire. -uné sorte de confirmation pour: la théorie. proposée: Mais qué sera le demi-poids dune Tenthrèrle, d'une Fôummi, d'une Pümaise bu d'ime Puce, quänd il s'agira dexpli- quer la perforation instantanée, par des instrumens Si fins qu'on 13. 346 DoxÈRE. — Instrumens perforans chez les insectes. veuille bien les supposer, d'épidermes animaux et végétaux d’une épaisseur souvent considérable? Ce fut cette considération qui me conduisit à reprèndre la question en la soumettant à des recherches directes, et Lu n'ai point.eu à les regretter ; Car un des premiers faits dont j'aie été frappé, et je ne puis, je l'avoue , m'expliquer encore comment il a échappé à un observateur aussi profondément habile quele fut notre illustre compatriote, c’est que les tiges latérales, ou dimes , lorsqu'elles sont.en place, se trouvent dans l’'impossibi- lité absolue d'exécuter aucun de ces mouvemens de va et vient, si faciles lorsqu'on les a détachées ‘de leurs pièces basilaires: -car, tandis que d’une part elles sont -assujéties par la tige mé- diane à se mouvoir suivant une droite, elles sont en même ‘temps intimement soudées par un de leurs bords au pénultième anneau de l'abdomen ( fig. 2,4), et, par conséquent, elles se trouvent réduites à quelques mouvemens de rotation résultant de la flexion qui peut être produite dans le bord soudé, par l’ac- tion de certains muscles-dont il va être question dans un instant. . L’antépénultième anneau (fig. 7, X )-est tout-à-fait oblitéré à sa partie inférieure ; il n’a d'autre emploi dans l’appareil téré- brant que de fournir un point d'attache à deux des muscles qui en font partie (L). Le pénultième est au contraire fort déve- loppé, et renferme tout ce qui constitue essentiellement lappa- reil. À sa partie antéro-inférieure sont soudées, de chaque côté, deux lames minces (fig. 2 B) qui se replient en arrière en même temps qu’elles se creusent en gouttière et constituent les deux tiges latérales ou les Zimes de Réaumur. Chacune de ces lames, que pour le moment je me propose de désigner sous le nom de grapins (B), par son bord opposé au berdfixe( enf), donne at- tache, au moyen d’un ligament fibreux, à une pièce de forme à-peu-près triangulaire (K, fig. 7),s’appuyant d’ailleurs au point bsur l'anneau de la tarière, et tirée-en c par le muscle L (fig. 7) qui va prendre son point d'appui dans l’anneau X. C’est là un levier coudé, tel que celui que l’on applique aux sonnettes; son point d’appui est en b, la puissance en c, la résistance en f. Nul doute que ce ne soit là le levier que Réaumur charge du soin de faire aller et venir les limes; mais nous avons déjà fait DOxÈRE. — Instrumens perforans chez les insectes. 197: voir qu'il n'en peut être ainsi ; et d’ailleurs le peu d'importance du muscle L eût suffi à nous l'abprèndies nous le croyons donc destiné seulement à faire tourner la lime autour de son point fixe (a, fig. 2), de manière à ce que la tarière sorte du four- reau où elle est enfermée, et que nous décrirons plus bas. Je- crois devoir dès ici prévenir une objection qui m’eût certaine- ment arrêté si mes recherches ne m’eussent mis à même de la résoudre de suite. C’est là, pourrait-on dire, un appareil bien: compliqué pour un aussi mince emploi; mais le levier triangu- laire K sert en outre à protéger une portion importante des ap-. pareils générateurs, qui peuvent cheminer librement au-dessous et se rendre à leur orifice naturel comme je le fais voir dans un autre mémoire. Le muscle L qui produit ce mouvement de rota- tion a son antagoniste, consistant dans une couche musculaire située en dedans du levier traingulaire, et prenant son point d'appui sur le pénultième anneau. 11 me reste à décrire la portion la plusimportante de l'appareil. CC’, fig. r,est un fort levier porté au point E sur une lame apo- physaire (E, fig. 2) qui n’est autre chose qu’un repli interne du pénultième anneau. Cette lame, très épaisse par elle-même, est en outre fortement soutenue par deux arcs-boutans ou pattes qu ’elle envoie contre les parois internes de l'anneau. Son arête supérieure est droite et tranchante, et le levier cc’ s’y articule par une rainure linéaire. Un de-ses bras C’, que je désigne dès maintenant comme bras de la puissance , est double de l'autre C en longueur, et donne attache à une énorme masse musculaire H fixée par son autre extrémité à la paroi interne de l'anneau; l’autre bras, celui de la résistance, C donne immé- diatement naissance à cette même pièce médiane A, que Réau- mur appelle pièce d'assemblage , et que désormais je n’appelle- rai plus que le poënçon. Il n’y est point fixé par une articula- tion; il y a continuité, ou au moins suture intime, et cette pièce est au levier ce que la lame latérale ou la me de Réau- mur est au pénultième anneau Y lui-même. Comme il y a un levier de chaque côté de la ligne médiane, il y a aussi deux tiges, mais elles se soudent promptement , et forment cette pièce mé- diane unique ou poinçon avec laquelle s’assemblent les deux 198 DoyÈRE. — Înstrumens perforans chez les insectes. tiges latérales, comme l’a vu Réaumur. Ces: trois pièces, dans leur ajustement, constituent un :canal médian (fig.-6, a)-que je ferai voir ailleurs être la terminaison.de l'oviducte. En outré, chacune des tiges est, elle-même percée, ,dans toute sa lon- gueur ; d'un canal dans lequel, j'ai suivi d’abondantes trachées; et dans la pièce médiane ce dernier çcaual.est double. En outre, ce. même bras de.levier, de la résistance G donne attache en d (fig. r)au muscle.G,lantagoniste de H, Du reste, tout ce système est. doué.de la, plus grande mobilité. Il ue me reste plus qu'une,pièceà décrire, c'est la pièce ter- minale du levier, D. Réaumur; l'avait, vue , ainsi-que le: lemier lui-même; mais il ne les regarde l’une ét l’autre également que comme des accessoires, très secondaires, tandis.que.ces deux pièces doivent être tout-à-fait séparées, sous le-rapport de leur importance. Cetie pièce terminale, D,.est évidée en cuiller; et sert à renfermer l'extrémité de la tarière dans le repos; elle lui forme un fourreau complètement fermé en s'appliquant contre la pièce semblable du côte opposé. Un petit muscle:I, fixé à son bord inférieur externe, paraît avoir pour but de lui faire exécuter sur elle-même un mouvement de rotation qui amène la déhiscence facile du fourreau. Maintenant il ne me faudra que quelques mots pour exposer comment je comprends le mécanisme de ces pièces: Je croisque le rôle assigné aux diverses tiges par Réaumur est précisément Pinverse de ce qui existe dans.la nature; que l'instrument téré- brant est réellement la tige médiane ou. poënçon A ; que les points d'appui lui sont fournis par les tiges latérales: qui agis- sent comme des grapins, et que tout se passe de la. manière sui- vante : la tarière une fois hors du fourreau par l'effet du muscle 1, la Cigale introduit la pointe aiguéet dentelée des tiges la- térales dans une ouverture, si-petite qu'elle soit ; il suffit même d'un simple coup donné à reculons par l'abdomen pour:que cette. introduction ait lieu dans l’épiderme de la branche que l'animal veut perforer.. Cette première-introduction faite, le muscle abducteur du poinçon chasse la tige médiane comme un coin entre les deux latérales : son premier effet est d’écarter ces dernières, ce qui n’exige.encore qu'un effort presque nul; DOxèRE. — {nstrumens pérforans chez les insectes. 199 et à mesure que leurs dentelures se fixent à droite et à gauche dans les fibres du bois en agrandissant l'ouverture, l'instrument trouve dans ces grapins précisément le point d'appui qui lui man- quait dans la théorie proposée par Réaumur. Cette première introduction terminée , l'animal , par l’action du muscle G, re- tire le poinçon ; les deux têtes des grapins, écartées par l’action du poinçon, se rapprochent, et peuvent être introduites plus profondément dans le trou déjà fait ; un second coup de poinçon y succède, et ainsi de suite. Les premiers coups doivent être faibles et ne servir que comme d’essai; mais à mesure que la tarière pénètre davantage , plus de dentelures s'engagent, et les muscles peuvent bientôt déployer toutes leurs forces en faisant pénétrer profondément le poinçon médian qui constitue le seul instrument essentiellement perforant. Ce procédé est beaucoup plus expéditif que celui qu’avait in- diqué Réaumur. ]l ne faut pas se dissimuler qu’il exige une éner- gie dans l'appareil beaucoup plus grande; car, dans cette hy- pothèse , la pièce médiane agit à la manière d'un coin. S'il s’a- gissait de rendre compte de la perforation d’un bois offrant quelque résistance, je serais le premier à déclarer ce mode d'ac- tion tout-à-fait inadmissible; maïs Réaumur a pris soin de nous apprendre que les Cigales ne s’attaquent jamais qu’à de petites branches de bois mort remplies de moelle, ce qui me semble. lever toute difficulté que n’auraient pas fait disparaître l’aspect de la puissance musculaire dont l'animal dispose dans ce but, la facilité extrême avec laquelle les pièces jouent les unes sur lès autres, et ce fait d’un bras de levier double pour la puissance ; fait si rare dans les mécanismes animaux. Ce premier fait expliqué, je remets à une autre note de la na- ture de celle-ci, le soin de donner à cette théorie toute l’exten- sion que je rois lui appartenir. (Woyez l'explication des figures . page 206. ) 200 boxÈèRE. — Génération chez la Cigale femelle. Ossenvarions anatomiques sur les organes de la génération chez la Cigale femelle. Par M. Dovère. ( Présentées à la Société Philomatique , le 25 mars 1837.) Les auteurs qui se sont occupés spécialement de l'anatomie des insectes sont partagés relativement à la manière dont s’o- père la fécondation chez ces Articulés. Swammerdam pense qu’elle a lieu immédiatement et directement dans les ovai- res, et M. Léon Dufour, qui appuie cette opinion de toute l’au- torité que lui donnent les travaux anatomiques si nombreux et si profonds dont la science lui est redevable, oppose à l'opinion contraire certains faits dont ses dissections lui ont révélé l'existence, et qui paraissent constituer sinon des impos- sibilités du moins des difficultés graves. Ce fut Malpighi qui, le premier, émit l’idée d’une écbelatin s’opérant autrement que par l'introduction directe du principe fécondant dans les ovaires. Chez le Ver à soie, étudié par l'illus- tre auteur, on voit à côté de l’oviductus une poche qui va s’ou- vrir au dehors par un orifice particulier, et communique par un canal étroit avec l'oviductus lui-même. Malpighi avança que l'organe mäle ne pénétrait point dans ce dernier conduit, mais seulement dans la poche supplémentaire qu'il désigna sous le nom de réservoir de la semence ; que ce dernier sac con- serve le principe fécondant tout le temps que dure la ponte, et que la fécondation ne s'opère qu’au moment où les œufs pas- sent devant le canal qui établit la communication entre le ré- servoir et l’oviducte. Spallanzani fit voir que les œufs pris dans les ovaires avant que ce passage se fût effectué étaient stériles. Mais c’est M. Audouin qui a eu le premier la pensée que ce cas, regardé comme une exception, constituait au contraire la règle générale, et donnait l'explication de plusieurs des plus DOYÈRE. — Génération chez la Cigale femelle. 201 rémarquables singularités que présente cette fonction chez les insectes. En admettant en effet, comme il l’a avancé, qu'il y a dans chaque femelle un réservoir où est déposé le principe fé- condant qu’élaborent les organes mâles, et où ce principe peut se maintenir dans un état parfait de conservation, comme cela a lieu dans les vésicules séminales du mâle lui-même, on ex- plique comment un seul accouplement suffit, ainsi qu'on la observé chez une foule de femelles d'insectes, soit que, comme chez les Papillons, l'ovaire ne consiste qu’en de longs canaux au nombre de deux ou de quatre, et où se voient à la file plu- sieurs centaines d'œufs à-peu-près également formés , et prêts à être pondus dans un intervalle de temps très:court; soit que, comme cela a lieu dans l'abeille, on observe plusieurs pontes par- tielles successives , séparées par de longs intervalles ,et dont les œufs, bien que ne se développant qu’au fur et à mesure qu'une place leur est faite dans les ovaires, sont néanmoins féconds en- core une année après que tous les mâles ontété compris dans une extermination générale Or, si dans le premier de ces deux cas il n’est que difficile de concevoir que la liqueur puisse pénétrer dans toute la longueur des ovaires en passant successivement entre chacun des œufs au nombre de plusieurs centaines, et les parois du tube qui les enveloppe et les serre fortement, il est tout-à-fait impossible d'admettre, comme on y serait con- duit dans le second cas, que des milliers d'œufs Arr être fécondés alors qu'ils n'existent pas encore , ou qu’ils n’existent qu'à l’état de globules imperceptibles et qu'aucun perfection- nement du microscope ne peut nous faire apercevoir. M. Audouin ne s’en est pas tenu à ces considérations en de- hors de l'anatomie; il a pris la nature sur le fait; à l’aide des observations les plus délicates, il a établi que l'organe mâle pé- nètre dans le réservoir de la semence dont il a changé le nom en celui de poche copulatrice ; et il ÿ a trouvé les animalcules spermatiques qu'il avait observés dans les vésicules du mâle, et cela dans des espèces où rien dans la conformation des orga- nes n’eût indiqué une dérogation aux règles les plus ordinaires. Aussi M. Strauss, dans son anatomie du Hanneton, at-il depuis admis cette opinion; cet auteur pense de plus, qu'outre ses 202 DOYÈRE. — Génération chez la Cigale femelle. fonctions comme réservoir, la poche copulatrice sécrète un li- quide destiné à étendre le principe fécondant et à le rendre plus fluide. Cependant M. Léon Dufour ne paraît pas être revenu sur ses: opinions; et ce qui donne peut-être quelque importance à l’ob- servation qui fait le sujet de cette note, c’est quele genre Cigale estun de ceux dontil a décrit les organesgénitaux. J’ajouterai que les observations de l'illustre anatomiste, et les figures qu'il en a données, sont de celles qui pourraient faire naître du doute surle sujet qui nous occupe, Aussi ne me proposé-je pas seulement ici de faire concorder les faits aperçus par M. Dufour avec les. opinions de M. Audouin, mais de faire connaître des faits nou- veaux sans lesquels cette mise en accord serait impossible, Description des organes. M. Léon Dufour (Recherches anatomiques sur les Hémip- tères) décrit les deux ovaires de la Cigale, composés chacun de soixante à quatre-vingts tubes ovifères qui débouchent d’a- bord dans l’oviducte particulier de chaque ovaire ; puis ces deux oviductes se réunissant bientôt en un seul oviducte com- mun, Au point d'union de ces deux canaux, deux tubes, pro- bablement sécréteurs d’un mucus, viennent s’aboucher dans l’oviducte commun; leur produit est destiné sans doute à lu- bréfier le conduit et à ÿ rendre possible et facile le passage des œufs. | M. Léon Dufour a en outre signalé sur ce trajet de l’ovi- ducte une poche, et, un peu plus loin, un troisième tube dont il n'indique pas le point d'insertion d’une manière précise; mais il s’est assuré que cette insertion a lieu, L'ensemble de ce réservoir et des trois tubes constitue ce qu’il appelle g/ande sébifique de l’oviducte. Là se termine le travail de M. Léon Du- four ; il n'indique point où se rend l'oviducte, ni par où se font ms et la sortie des œufs; sa figure est également muette à cet égard; on y voit seulement que loviducte, le troi- sième tube et l'intestin se rendent dans le dernier anneau abdominal. DOYÈRE, — Génération chéz la Cigale femelle. 203 Voici maintenant ce que je puis ajouter à ces observations : L'oviduéte commun, ainsi que-chacun des deux oviductes particuliers auxquels il fait suite, est formé de trois couches superposées; il est très ferme et il constitue un canal cylin- drique où les œufs ne. peuvent, passer qu'en se comprimant et s'allongeant beaucoup (1)5: mais leur forme en navette, et la molesse de leurs tégumens suffisent à expliquer cette particula- rité, Cet oviducte est assez court; dans son milieu, il offre un nœud renflé; et j'ai observé que ce renflement appartient presque uniquement à la tunique moyenne. Je suis assez tenté de croire, d’après l'inspection de cette tunique, qu'elle est en grande partie composée de cryptes muqueux destinés à faciliter par quélque sécrétion le passage des produits de la génération à travers les tubes qu'ils doivent traverser. Ce premier oviducte va sé terminer éntiérement en un ma- melon pointu dans la paroi d’une cavité qui a entièrement échappé aux recherches de M. Dufour ét que je désignerai sous le nom de vestibule copulateur(2). Cette cavité n’a pas moins de quatre ouvertures; l'une dans sa paroi antérieure, au som- met même du mamelon términal (6) que je viens de citer; la seconde G} dans sa paroï opposée , a la forme d’un entonnoir, dans lequel le mamelon s'applique exactement; la troisième (@) en haut, tournée vers la face dorsale de Vabdomen, donne dans le réservoir de la semence, ou poche copulatrice ; la quatrième (1) en bas donne an dehors par une large ouverture comprise entre l’antépénultième arceau ventral et la base des diverses pièces qui constituént la tarière.. Les parois du vestibule copulateur sont d’une substance car- tilagineuse élastique et susceptible d'une extension forcée; on y aperçoit des rides qui empêchent ses deux surfaces antérieure et postérieure d’être jamais dans un contact parfait; le mamelon qui termine le premier oviducte est remarquablement pointu, et hermétiquement fermé ; il suffit. d’ailleurs de la plus simple inspection pour. être convaincu que les œufs enduits de muco- - (5) Voyez pl. 8, fig. 3 et 4. Ces figures sont renversées.- (2) PI, 8, fig. 3, x. 204 LOYÈRE. — Génération chez la Cigale femelle: sités peuvent sortir du premier oviductus dans le vestibule, mais que rien ne doit pénétrer de celui-ci dans l’oviductus. La poche copulatrice est à parois très minces ; les granula- tions que l'on aperçoit dans sa substance sont, je suis disposé à le croire, des cryptes ou follicules sécréteurs, ce qui concor- derait tout-à-fait avec l'opinion de M. Strauss. Dans l’état ordi- naire, cette poche est entourée d’une épaisse couche d’une: substance que je crois être du tissu graisseux, et l’on voit s’y rendre d’abondantes trachées. L'ouverture postérieure a, je l'ai déjà dit, la forme d’un en- tonnoir ; elle se continue sans intermédiaire par un canal ou deuxième oviducte très court, et qui se rend immédiatement dans la tarière. Cependant sur ce trajet si court, on aperçoit encore trois organes sécréteurs; les deux premiers sont deux tubes (x) de la grosseur du cheveu le plus fin, mais d’une longueur que je n’estime guère à moins de cinq à dix fois celle du corps. Chacun de ces filamens s’embouche sur le côté d’un sac (°) qui renferme une substance grasse de couleur jaune. Ces deux sacs s'ouvrent isolément dans le second oviductus par deux orifices rapprochés. M. Léon Dufour n’a nullement indiqué leur exis- tence, non plus que celle des tubes capillaires qui sécrètent la matière qui y est contenue. Tout auprès, en arrière, se voit l’orifice d’un grand tube, pro- bablement le troisième de ceux que M. Léon Dufour a signalés ; seulement au lieu de n’avoir, comme dans la Cicada orni, qu'une demi-fois la longueur du corps, il a, dans l'espèce que j'ai étu- diée(la C. Wannifera),une foiset demie la longueur du corps. Son: extrémité est entourée par une couche fibreuse dont je n'ai pu reconnaître la nature d’une manière certaine; peut-être est-elle musculaire, et constitue-t-elle une sorte desphincter qui permet- trait à l'animal de modérer à son gré la sortie du liquide sécrété. Je n’ai aperçu aucun réservoir en rapport avec cet orpanes et je crois pouvoir affirmer que, malgré le voisinage où son extré- mité se trouve des réservoirs des deux précédens tubes capil- laires, il n’a avec eux aucune communication. Je suis con- vaincu qu'il se rend directement dans le second oviductus; ce- poxèrEe. — Génération chez la Cigale femelle. 205 pendant je n'ai pu y apercevoir son orifice d’une manière certaine. Quant à ce dernier organe, je l'ai déjà indiqué dans la note précédente sur les instrumens perforans. J'y ai signalé l'intervalle que laissent entre elles les trois tiges assemblées qui constituent la tarière ou oviseapte; c’est cet intervalle qui constitue l’extré- mité du second oviducte, et non la tige médiane comme je crois Yavoir lu quelque part; cette tige médiane ne constitue pas un canal vide; elle est partagée en deux par une cloison, et de plus entièrement fermée et solide à son extrémité. L’oviducte ne se rend pas non plus dans l'intestin comme on pourrait être tenté de le croire à l'inspection des dessins de M. Léon Dufour. CONCLUSION. Les faits anatomiques que je viens d'exposer me paraissaient concorder pleinement avec l'opinion de M. Audouin, autant qu'ils sont incompatibles avec la théorie soutenue par M. Eh Dufour. En effet: 1° il est impossible que l'organe Hate introduise di- rectement par l'extrémité de la tarière; il est d’ailleurs d’une grosseur énorme en comparaison de ce dernier conduit. 2° Il est également impossible d'admettre que cet organe, une fois qu'il aura pénétré dans le vestibule par son orifice externe, puisse pénétrer dans le deuxième oviductus ; il devrait pour cela se recourber plus qu’à angle droit, et j'ai déjà fait observer que tout effort sur ce dernier dans le sens où le pénis devrait agir aurait pour résultat de fermer le mamelon alors même qu'il se- rait ouvert. 3° Si l’on a bien compris la manière dont les deux oviductus donnent l'un dans l'autre, on a senti que la poche copulatrice se trouve tout-à-fait en dehors du trajet oviducteur, et qu'elle perd par conséquent le rôle de réservoir sébacé que lui assigne M. Dufour; l'ouverture antérieure du vestibule resterait égale- ment sans emploi. 4° Mais toutes ces difficultés disparaissent si l'on suppose que l'organe mâle pénètre par cette quatrième ouverture ou orifice 206 DOYÈRE. — Génération chez. la Cigale femelle. externe du vestibule ; que ses pièces solides se logeant dans le vestibule, en écartent les paroïs, et par conséquent les orifices des deux. oviductes ; qu'alors le pénis proprement dit,ou sa partie érectile se trouvant en face de la, poche copulatrice, y pénètre pour y déposer le sperme, Une fois les organes mâles dégagés, les deux. parois se, réappliquent lune sur l’autre; le mamelon qui termine l’un .des oviductus retombe dans l’entonnoir qui sert d'origine à l’autre; mais, leur adhérence n’est pas telle que le liquide, fécondant ne. puisse pénétrer dans cet entonnoir. Je pense donc que c'est au momentoù, les œufs passent, d’un.ovi- ductus dans l’autre, en,.traversant une couche spermatique mince, que s'opère leur fécondation. SLA TAUUE EXPLICATION DE LA PLANCHE 8. ANATOMIE DE LA CIGALE PORTE-MANNE. Cicada mannifera. Fabr. INSTRUMENS PERFORANS. :. Fig. r. Levier moteur. (a, «') et ses muscles. Gaîne de:la tarière. ù Fig. 2. Une des pièces latérales, pour faire voir ses relations avec le pénultième anneau. E Fig. 6. Assemblage des trois pièces qui constituent la tarière. u Fig. 8. L'extrémité de la larière vue en dessus du côté du corps. — A, la pièce médiane ou poinçcor.— B , une des pièces latérales avec ses dentelures; l’autre est enlevée. Fig. 9. Le même organe vu en dessous: +— //'est une lame qui terminé la piècé latérale B} et qui se soulève pour laisser sortir les œufs. ORGANES. DE. LA! ÉÉNÉRATION. N..B. Les lettres qui s'y rapportent spécialement ont toutes été prises dans l'alphabet grec. Les figures ont été dessinées dans une position renversée: ere à "Fig. 3. à. [Le vestibule copulateur. —f. Le mamelon qui termine le premier oviducte dans la paroi. antérieure". L'ouverture’ copulatrice-externe,indiquée par un: fil. = 6. Ouverture du sac copulateur S dans le vestibule. —2. Entonnoir servant d’orifice antérieur au second ovi- ducte indiqué par le fil xx. 48 2 ER | A Premier oviducte commun, y_son renflement, — 90 .. Les deux.oviductes particuliers.ren: flés chacun par le passage d’un œuf. — +. Les deux premiers canaux sécréteurs. Le point où se réunissent ces quatre conduits est encore représenté figure 4 ; d est l’un des oviduictes/ dans le: quel on voit un œuf engagé; une çoupe à été pratiquée pour faire voir.les trois. couches dont ce canal se compose. _ y. Canaux sécréteurs filiformes, on les voit en, place dans la figure.7.—0. Réservoir de l'humeur graisseuse qui en est le produit, ces réservoirs s'ouvrent dans le deuxième oviducte xx, — L'un d’eux a été figuré isolé, dans la figure 5, pour montrer comment le’ canal w s'ÿ abouche sur le côté. RS CR RE RS Lil PE pr A www. Grand canal sécréteur vu par M. Léon Dufour. — Ë. Sorte de manchon fibreux qui en entoure l'exirémité. Hitoars h snrroirèt us + wuol .: GA Fig. 6.. Coupe destinée à faire voir le mode d’assemblage des trois pièces de l’oviscapte pour constituer le canal oviducteur x. A, pièce médiane résultant de l’union intime de deux tiges latérales mueschacune par unlevier mobile (cc fig. 1.)B;B,: tiges latérales; m,.m3m, assem- blages en queue d’'aronde. —*. Canal médian par où a lieu la sortie des œufs. TURBIN: == Sécréfion des membranes muqueuses. 207 "OBSERVATIONS sur l'organisation tissulaire des sécrélions pro- duites aux surfaces des membranes muqueuses animales , comparées aux sécrétions muqueuses productrices et répara- trices des végétaux, faites à l’occasion de l'examen (1) d'un ouvrage de M. ie Docteur Donné, ayant pour titre : « Re- cherches microscopiques sur la nature des mucus et la ma- tière des divers écoulemens des organes génito-urinaires ; Par M. Turrin, de l’Institut. L'ouvrage de M. le Docteur Donxé comprend deux ordres de faits bien distincts: les premiers appartenant à l’histoire naturelle proprement dite et à la physiologie des fluides, les seconds à la pathologie et à la thérapeutique. M. Donné, ayant entrepris de donner suite à un exa- men général de tous les liquides sécrétés où excrétés par les tissus organiques , soit à l’état sain ou normal; soit à l'état mor- bide, ,a dû nécessairement. y comprendre ét passer en revue les différentes matières produites aux surfaces des organes gé- nitaux de l’homme et de la femme ; il fallait peut-être quelque dévoûment pour recueillir et soumettre aux diverses analyses des, matières que l'on ne peut se procurer sais éprouver une certaine répugnance même dans l'état sain, et qui, dans ceér- taines maladies, se transforment ou se changent en un virus in- fect, contagieux et pouvant offrir les: plus grands dangers. L'auteur n’a pas reculé devant la tâche qu'il s'était iniposée, et ses recherches suivies avec constance dans une partie de la science , où presque tout restait à faire, l'ont mené à des résul- taits nouveaux. À l’aide du microscope, ce puissant moyen danalyse des corps qui échappent à la simple vue, M; Donné a examiné suc: cessivement là matière de la blenorrhagie urétrale ,; chez (x) Examen lu à l'Académie des Sciences le 22 mai 1837. 208 TurPIN. — Sécrétion des membranes muqueuses. l’homme et chez la femme, le pus des chancres et des bubons syphilitiques , les écoulemens du vagin et de l'utérus dans les cas de vaginite, de catharre vaginal et untérin. Le pus qui s’écoule de l’urètre en cas de blennorrhagie, ne lui a rien offert de particulier ; il l’a trouvé entièrement com- posé de globules semblables à ceux du pus des abcès ordinaires et doué de la réaction alcaline; aucune trace d’animalcules ne se montre parmi ces globules. Le pus des chancres, au contraire, a présenté à l’auteur ce caractère particulier de contenir des vibrions linéoles chaque fois qu’il provient d’ulcérations syphilitiques situées sur le gland ou à la surface de la vulve; ces animalcules, suivant l’auteur, déposés sous l’épiderme par inoculation se reproduisent et se multiplient dans la pustule résultant de la piqûre; la matière des bubons ou de toute autre lésion syphilitique située sur un autre point du corps que ceux désignés plus haut, ne lui ont rien offert de sembiable. Les animalcules signalés par l’auteur comme vivant et habi- tant dans le pus des chancres jouent-ils un rôle quelconque dans la maladie ou dans son mode de transmission contagieuse ? C'était là une question importante à considérer, question plus d’une fois débattue et toujours sans solution satisfaisante, en parlant des infusoires en général, des acarus de la gale, des animalcules du sperme et de tant d’autres productions orga- nisées qui vivent dans les espaces qui séparent les organes composant les masses tissulaires de tout le règne organique. Aussi M. Douné convient-il qu'il se bornera, pour l'instant, à la discuter et à montrer que si les animalcules qu’il a obser- vés, ne sont pour rien dans la production ou dans la propa- gation de la maladie, qu'ils ont du moins une singulière ten- dance à se produire dans cette circonstance où dans ce milieu particulier, puisque cette espèce de pus est le seul dans lequel il ait rencontré de ces animalcules; en ne les considérant donc que comme un produit et.non comme un agent, ils n'étaient pas moins curieux à étudier sous le rapport de l'histoire natu- relle des animaux et sous celui du diagnostic de la maladie. La matière de l'écoulement du vagin a fourni à l’auteur plu- 2. € mal TuRPiN. — Sécrélion des membranes’ muqueuses. 209 sieurs observations nonvelles ; il la trouvé composée, dans l’état normal, d'espèces de pellicules, déjà indiquées par Leuwen- hoëck ; cette matière, chose remarquable, est toujours acide, tandis que celle qui s'écoule de l'utérus est constamment alca- line ; cette différence de réaction offre, comme on le voit, un moyen certain et bien simple de distinguer la matière des écoulemens du vagin de celle qui provient de la matrice ; l’aci- dité du mucus vaginal pourrait faire croire, dit l'auteur, que la membrane muqueuse du vagin participe aux propriétés de la peau dont elle ne serait qu'un repli et une continuation jusqu’à l'orifice du col utérin ; et il ajoute ensuite qu'il est vrai de dire que ce n’est pas le seul exemple de membrane mu- queuse acide que présente l'économie animale, que l'estomac et plusieurs portions des intestins ont , comme on le sait, le même caractère d’acidité. Avant d'aller plus loin, nous devons dire que ce que l’auteur considère comme de simples pellicules ou de petites écailles déta- chées de la membrane muqueuse et qu’il soupçonne n’être-que des débris provenant de la désorganisation normale et quoti- dienne de l'épithélium (1), nous a semblé, au contraire, de vé- ritables poches ou vésicules organisées, flasques, baignées dans une eau comme troublée par un nombre considérable de gra- nules fins et muqueux (2). Ces vésicules vivantes, générale- ment allongées, fusiformes, pointues par l'une de leurs extré- mités, quelquefois par deux, comme l’utricule de la pulpe de l'orange, d'autres fois obtuses et tout-à-fait irrégulières, sont de grandeurs variables, transparentes et incolores; dans leur in- térieur, qui est rempli d'eau et de granules analogues à ceux environnans dont nous venons de parler , mais : provenant d'une génération plus nouvelle, on remarque qu'un ou deux de ces granules se sont développés en vésicules sphériques; vé- sicules que, par une illusion d'optique, l'auteur à considérées (x) Nom donné par Ruysch à la couche mince d'épiderme qui recouvre les parties dépour- vues de derme proprement dit, les lèvres par exemple. (2) Ces granules, de grosseurs variables, sont autant de rudimens de vésicules qui, affa- mées par d’autres plus privilégiées, se sont arrêtées ou éteinies sous la forme primitive du granale ou du globule. VIL, Zoor.— Avril. 14 210 TURPIN. — Sécretion des membranes muqueuses. et décrites comme étant des trous (r) correspondant à l’orifice des follicules. Ces vésicules incluses, dont le diamètre est d’un centième de millimètre environ, se distinguent par un double cercle qui indique en même temps et l'épaisseur de la vésieule et sa capacité Intérieure qui s’est remplie d’une nouvelle géné- ration de granules très fins. On voit, d’après ce qui vient d'être dit, qu'au lieu de débris organiques il ya , au contraire, une véritable organisation , et une organisation tout-à-fait inaperçue jusqu'à ce jour et dont l'étude suivie avec soin jettera, nous n’en doutons point, beau- coup de lumière sur la formation des fausses membranes, sur toutes les sécrétions muqueuses et par suite sur l'organi- sation en général. On ne peut s'empêcher, après avoir bien étudié les vési- cules dont est formée la couche de mucus produite par la membrane muqueuse vaginale, d’y voir un tissu cellulaire bien organisé (2) et composé, comme tous les tissus cellulai- res végétaux , d’un agglomérat, par simple contiguité, de vé- sicules distinctes et vivant individuellement chacune pour leur propre compte aux dépens de l’eau muqueuse qui les baigne de toutes parts. Ce tissu cellulaire animal, produit à la paroi de la mem- brane muqueuse vaginale, et dont il n’est qu’une simple ex- tension organique, peut être rigoureusement comparé à cel de plusieurs tissus cellulaires, végétaux, qui, également pa- riétaux, résultent par extension de la face interne de certaines feuilles terminales destinées à protéger et à vêtir l'embryon jusqu’à l’époque de sa germination, où, confié au sol, il peut se passer de ses enveloppes. Pour citer quelques exemples, nous rappellerons particu- (1) Cette illusion, assez facile dans l'observation microscopique des tissus cellulaires mous et affaissés des animaux, en rappellera une autre tout-à-fait semblable et relative aux vésicules des tissus cellulaires ordinairement rigides des végétaux. (2) Le mucus nasal, observé sous le microscope, est un tissu globulaire, amorphe, com- posé de globules vésiculaires, remplis de granulesou de globulins, et auxquels il ue manque qu'un plus grand développement et celui d'un ou de deux granules:en vésieulés incluses pour constituer un tissu cellulaire semblable à celui de la membrane muqueuse vaginale st dit Lait TURPIN. — Sécrélion des membranes muqueuses. 211 lièrement celui du tissu cellulaire qui remplit les loges du fruit de l’oranger, et dont les utricules suceulens n'apparaissent que tardivement et successivement aux parois intérieures du cercle secteur qui forme le côté extérieur dés dix loges for- mées par les dix feuilles composant le verticille ovarien. Celui épais, pulpeux et sucré qui semble enduire la face in- térieure du péricarpe de certaines espèces du genre Jnga, et enfin, celui si commun chez les végétaux appendiculés, qui compose la masse périspermique des graines, considéré aussi pendant long-temps comme un simple liquide muqueux, con- crété, et dont. le mode de développement organique, dû aux intéressantes recherches de M. Dutrochet. consiste en des sé- ries de vésicules, lesquelles, en partant de la face interne de la feuille ovulaire, se multiplient en s'étendant vers le centre de la cavité produite par cette feuille enroulée et soudée par. ses bords (1) et dans le sein de laquelle croit ce bourgeon ter- minal que l’on appelle l'embryon. Mais ce qui nous paraît avoir encore plus d’analogie avec le tissu cellulaire animal produit sous l’aspect de _— mu- cosités, soit aux surfaces des membranes muqueuses à l’état sain ou à l'état surexcité et malade, soit aux surfaces des plaies en bonne suppuration, et par conséquent, en bonne voie de guérison ou de réparation; ce sont ces autres suppurations vé- gétiles , excrétions muqueuses qui semblent suinter , sous forme de gouttelettes, de la surface des tissus vifs, soit à leur état sain et normal, comme aux surfaces de l’aubier et du li- (1) Un semblable développement pariétal, rayonnant et s'étendant vers le centre d’une cavité unique , aurait pu en imposer autrefois en faveur d’un accroissement centripète chez les végétaux ; mais, aujourd'hui, que l’on ne peut plus méconnaître que le sac de l’ovule est le produit d’une ou de quelques petites feuilles terminales et ovulaires, qui s’emboîtent et sont soudées par leurs bords; aujourd'hui que nous savons que la face interne de la feuille ovulaire la plus rapprochée du bourgeon-embryon produit par extension les utricules du tissu cellulaire périspermique, nous agissons par la pensée en ramenant ces dernières feuilles du scion-fleur dans l’état des autres feuilles de la tige. Nous les dessoudous, nous les éténdons et nous les abaissons jusqu’à la direction horizontale. Alors nous voyons que l'extension vraie des utrieules périspermique, est ascendante et centrifuge comme l’est l'embryon lui-même au centre de ses pe- tites feuilles protectrices. Une semblable opération de l'esprit peut également s’appliquer aux dix feuilles ovariennes roulées et soudées qui forment les dix carpelles de l'orange par Fapèrt aux utricules succulens qui émanent de leur face interne, 73 212 TURPIN. — Sécrélion des membranes muquerses. ber, soit qu'ils aient été blessés, mis à découvert, et par conséquent surexcités. Toutes ces suppurations véSenites, con- nues sous la dénomination vague de Cambium , tendent et sont destinées les unes à étendre naturellement les masses tissulaires , les autres à réparer les lésions faites aux tissus; d'autres, comme celles qui surgissent sur la coupe horizontale des boutures faites avec des tronçons de racines, comme celles du Maclura aurantiaca, ou des tiges comme celles, par exemple, du Passiflora holosericea et autres éspèces, se transforment peu-à-peu en des embryons gemmaires qui reproduisent Vin- dividu dont les tronçons ont été séparés. Lorsqu'on examine sous le microscope ces excrétions où ces suppuürations végé- tales qui, à la vue simple et au toucher, semble n'être qu'un liquide muqueux, on voit très clairement que ce sont des tis- suscellulaires de nouvelle formation, composés d’un grand nombre de vésicules distinctes , pétiéralbraente sphériques ; incolores translucides et contenant une globuline verdâtre, fine et abondante ; tissus cellulaires qui, sans la présence des globulins contenus dans les vésicules , ressembleraient assez bien à de l’écume d’eau. | En étendant la comparaison entre deux choses si compa- rables, on trouve que la forme variable-des vésicules du tissu cellulaire du mucus de la membrane vaginale, leur allonge- ment en pointe, leur flaccidité, toujours entretenue par l'hu- midité constante qui baigne les tissus animaux, et le dévelop- pement dans leur intérieur, soit des granules , soit des vési- cules sphériques, sont toutes choses qui s’observent également dans la composition de tous les. tissus cellulaires végétaux mous et aqueuxet que l’on désigne par le nom de pulpe ou de parenchyme.dans certaines tiges ou feuilles grasses et dans certains fruits mürs ou blettes. Nous avons souvent remarqué que dans l’intérieur de ces vésicules mollasses un ou plusieurs des grains de globuline, plus favorisés que les autres y vége- tent, s’y développent en vésicules, ‘et que dans ces vésicules naît et apparaît une nouvelle génération de globuline, comme on le peut voir dans les tissus at 24 et aqueux de Ja chair du melon, du potiron, de quelques pommes, des feuilles d’aloés, TURPIN. — Sécrélion des membranes muqueuses. 213 des tiges de plusieurs cactées et d’un grand nombre d'autres qu'il serait superflu de citer ici. Après cette courte digression, qui intérésse an plus haut point l’origine et la composition de tous les tissus cellulaires organiques, nous allons rentrer plus spécialement dans l’objet de notre rapport. Dans le cas d’inflammation du vagin, survenant naturelle- ment ou par suite d’un commerce impur, cet organe sécrète fréquemment, comme toutes les autres muqueuses, et alors le microscope nous a fait voir un mélange composé tout à-la-fois, de globules, de pus et des mêmes vésicules dont il a été parlé et dont l’auteur a joint la figure collective à son mémoire. Par cette figure on voit combien il est facile de distinguer la ma- tièére d'un simple écoulement muqueux de celle d'un écoule- went purulent, les vésicules ordinaires du mucus ne pouvant jamais être confondues avec.les globules du pus dont elles n'ont ni la forme ni la composition, En même temps qu'il existe des globules de pus dans la ma- uere d’un écoulement vasinal, on trouve, dans certains cas, un nombre prodigieux d’animalcules de la classe des infusoires dont la présence n'avait pas été jusqu’à présentsoupconnée dans ces matières. M, Donné, après avoir étudié avec soin ces ani- malcules, après nous les avoir communiqués, les a rapprochés autant que possible des Monades ( Monas), et des Tricodes, (Trichoda), de ces derniers à cause des cils latéraux et vibrans, et de l'appendice tentaculaire flagelliforme , simple ow divisé quelquefois en deux branches mobiles, que Panimalcule porte à la partie antérieure de son corps, qui est ovoïde, irrégulier, blanchâtre comme les globules du pus parmi lesquels il vit. Dif- férant des uns des autres par une. sorte de réunion des deux organes qui distinguent les Monades d’une part et les Tricodes «de l’autre, M. Donné a cru devoir, afin de bien exprimer la forme et la structure de ce nouvel infusoire, lui donner le nom générique de Tricho-monas , a cause de sa double ressemblance avec les Monades et les Tricodes , et le nom spécifique de 7a- ginale à cause du lieu qu'il habite. En observant de notre côté ce nouvel infusoire , nous avons pensé que la présence d’un 21/4 TURPIN. — Secrétion des membranes muqueuses. tentacule mobile, indiquait celle d’une bouche et que cette bouche, en raison des mouvémens de vibration des cils laté- raux et de l’oscillation du tentacule, devait être située au-déssus des preriers et à la base du second comme pour $’aidér de l'analogie; le tentacule unique , mobile et chasseur du Nocti- luque miliaire et phosphorescent borde l'un ‘des côtés de la bouche de ce très petit mollusque sphérique. (1): Quand on songe combien il est difficile, dans bien des cas, de rapporter avec certitude les animalcules microscopiques que l'on-observe, vu le peu de moÿens de comparaison que la science actuelle possède, aux animalcules presque tous mal figurés on trop légèrement décrits, on aurait tort d'être par trop rigoureux sur la question de savoir si lanimalcule nou- vellement observé par M. Donné, était ou n’était pas encore connu. Dans cette incertitude, il nous semble bien plus profi- table pour la science de le considérer comme nouveau, surtout en raison du milieu particulier dans lequel onfle trouve, de le décrire et de le figurer avec soin en appelant à son secours l'anatomie comparée et en se servant de nos moyens d’op- tique actuels qui valent bien mieux que ceux d'autrefois. Maintenant, on peut se demander, si la présence de ce sin- gulier animalcule se lie constamment à une maladie particu- bière de l'organe dans lequel il se trouve? Si son développement en ce lieu ést la cause déterminante de la maladie, ou si, ce qui est plus probable, la maladie provenant d’une autre cause offre seulement à cette espèce d’animalcule té milieu purulent, le: seul qui puisse convenir à son éphémère existence ? où si enfin, une fois développé sur l'organe malade il n’entretient pas, il n’augmente pas la sur-irritation par les titillations con- tinuelles produites par ses cils et son long appendice terminal sur les nerfs qui aboutissent à la surface dé l'organe affecté ? Ce dernier cas paraissant incontestable, on Sent qu’il dévient utile , dans le traitement de la maladie, d'attaquer tout à-la-fois et la cause première, plus profonde, et la cause sécondaire qui consiste dans la préserice des animalcules, hôtes fort in- {1} Woctiluca miliaris, Surivay. TURPIN. — Sécrélion des membranes muqueuses. 215 commodes qui, seuls, suffiraient pendant long-temps pour pro- longer-lasur-irritation, l’inflarmmation et la suppuration de lor- gane malade. Il résulte des. nombreuses recherches de l'auteur que c’est particulièrement et seulement dans la matière de la blennor- rhagie vaginale que se rencontre lé Tricho-monas vaginale. ne la jamais aperçu ni dans la:matière du simple catarrhe vaginal, ni dans celle-du catarrhe utérin. M, Donné s’est as- suré de ce fait, très remarquable, un grand nombre de fois, soit chez les femmes enceintes, qui sont affectées d’un écoule- ment. vaginal abondant, soit dans les cas si communs de ca- tarrhe dé Putérus ou de leucorrhée proprement dite. Au contraire, chez toutes les femmes affectées de vaginite blennorrhagique évidente, l'auteur a toujours rencontré un nombre prodigieux de Tricho-monas. M. Donné ne se dissimule pas que la difficulté qui existe dans.ses observations, tient précisément à l'obscurité qui règne encore, même pour les praticiens les plus exercés , dans le diagnostic différentiel des diverses sortes de matières provenant d'écoulement vaginal; aussi l’auteur ne se prononce-t-il à cet égard qu'avec une extrême réserve et se contente-t-il d'établir la probabilité de l’existence des animalcules en question toutes les fois que l'écoulement est de nature syphilitique ; Payant observé dans tous les cas ou la blennorrhagie était évidente, et jamais dans le simple catarrhe, Il est porté à croire, que l'é- lément vénérien est nécessaire à l'existence de cet infusoire , comme on voit que d’autres espèces ne se produisent que dans des milieux formés d’eau et d’infusion de certaine nature, On doit donc distinguer; suivant M. le docteur Donné: 1° écoulement vaginal simple ou catharré vaginal composé des vésicules plus où moins désagglomérées qu'il a décrites sans globules et rougissant toujours le papier bleu de tournesol; 2° l'écoulement purulent non vénérien offrant un mélange de vésicules et de globules de pus, mais toujours dépourvu de Tricho-monas; 3° lécoulement purulent vénérien ou blennor- rhagique vaginal se distinguant du précédent par la présence des Tricho-monas qui s'y trouvent comme sur-ajoutés ; nous ne 216 MILNE EDWARDS. — Sur une brèche osseuse. parlons en ce moment ni de la blennorrhagie urétrale, ni de la suppuration des chancres, dont ila été question plus haut; 4° enfin le catarrhe utérin ou la leucorrhée, dont la matièreesttou- jours alcaline et dans laquelle le microscope ne nous a jamais montré ni vésicules, ni animalcules, mais seulement des glo- bules muqueux et immobiles. Nous pouvons assurer , par l'observation microscopique que nous avons faite de la plupart des matières organiques.dont il est question dans le mémoire de M. Donné, que toutes ont été décrites avec soin et clarté, et que les figures, dessinées par auteur , portent toutes le caractère de la plus sévère exac- titude, soit dans leurs formes variables, soit dans leurs di- mensions réelles, minutieusement mesurées à l’aide du micro- metre, | Nor& sur une brèche osseuse située entre Oran et Mers-el-Kebir. Par M. H. Mricue Epwanps. ‘On a déjà signalé à l'attention des naturalistes un nombre considérable de brèches ‘osseuses, qui pour la plupart , se trouvent sur les bords septentrionaux dans la Méditerranée où dans les grandes Iles de cette mer, et qui toutes offrent entre elles une ressemblance bien remarquable. Jusqu'ici on n’a pas, du moins que je le sache, rencontré de ces brèches sur les côtes d'Afrique; mais il en existe, et lorsqu'on aura mieux ex- ploré ces contrées , on verra probablement que les circon- stances dont paraissent dépendre ces:accidens géologiques ont exercé leur influence en mème temps sur toute la ceinture qui entoure la Méditerranée. | ; Pendant un voyage que j'ai fait en 1835, sur les côtes de Algérie , J'ai appris de M. Desessart , capitaine du génie à Oran, que les ouvriers necupés à tailler: dans le roc la belle MILNE EDWARDS. — Sur une brèche osseuse. 217 route ouverte par les soins du commandant Savart entre cette derniere ville et Mers-el-Kebir, venaient de rencontrer un amas considérable d'os empâtés dans une gangue pierreuse. Cet offi- cier élairé eût l’obligeance de me donner quelques échantillons de ces débris et de me conduire sur les lieux d’où on les avait extraits. Du côté de l’ouest, Oran est dominé par le mont Rammra, dont le pied s’avance dans la mer en formant une pointe escarpée appelée Moune ; des rochers à pic dont l'élévation est considérable et dont la base est battue par les vagues , se con- tinuent de cette pointe vers Mers-el-Kébir dans l'étendue d’en- viron une demi-lieue. Cette falaise est formée principalement de phyllades, de quartzite et d’un calcaire magnésien bleuâtre très dense , et c’est dans le flanc de l’escarpement, à une hau- teur moyenne d'environ 6o mètres au-dessus du niveau de la mer, que la route nouvelle a été creusée. En la suivant, nous renconträmes” à environ 500 toises de la Moune une brèche for- mée d’un tuf calcaire de couleur rouge, dont une grande partie avait été mise à nu par les travaux de nos troupes. Elle se trouve à environ 5o mètres au-dessus du nivean de la mer, et présente dans sa plus grande longueur environ 11 mètres. Nous avons pu la suivre dans une hauteur de 10 à 12 pieds, mais nous n’avons pu en voir la terminaison, à cause des terres et des déblais dont elle est recouverte. De chaque côté de cette masse tufacée se voit une roche bréchoïde composée de fragmens du calcaire bleu compacte dont nous avons déjà parlé, liés par du ciment rougeàtre , et le tout est logé dans une grande fente ver- ticale de ce même calcaire magnésien qui paraît appartenir aux terrains secondaires inférieurs. Le tuf ferrugineux de cette brèche est tres dur, et renferme des fragmens des roches sous-jacentes ; on y aperçoit un grand nombre de petites cavités dont plusieurs paraissent avoir été formées par la présence de fragmens de végétaux englobés dans la pâte pierreuse encore liquide , mais qui sont actuellement vides ou seulement tapissées de petits cristaux de carbonate de chaux. Enfin, ce que notre brèche offre de plus remarquable, c'est une multitude d'os brisés dont les fragmens sont pour la 218 MILNE EDWARDS. — Sur une brèche osseuse. plupart trop petits et trop fortement engagés dans le ciment fer. rugineux pour être facilement déterminés, mais dont quelques- uns, d’un plus grand volume et d'une meilleure conservation, sont bien reconnaissables, et proviennent d'animaux sembla- bles à ceux dont les restes nous ott été conservés dans les ca- vernes à ossemens. En effet, j'y ai rencontré des dents molairesde bœnf, une dent de cheval,divers fragmens d'os de ruminans dont la détermination spécifique laisse de l'incertitude, et un fragment de crâne d'ours. Ce dernier fossile se compose de la partie supérieure de loc- cipital, des deux pariétaux et d’une portion des frontaux. Il ap- partient évidemment à un jeune individu, car toutes les sutures sont parfaitement distinctes, et les os sont même séparés entre eux par une ligne de ciment rouge; néanmoins, ses dimensions sont trés considérables, car les pariétaux ont environ 80 milli- mètres de long sur plus de 70 millimètres de large, ce qui sup- pose un individu de grande taille. On ne peut donc le rappro- cher de l'Ursus priscus de Cuvier, et on serait porté à le consi- dérer comme appartenant à l’une des grandes espèces nommées par ce naturalisté Ursus spelæus et Ursus arctoideus ; mais en comparant notre fossile avec les crânes de ces deux espèces, j'ai été frappé d’une différence remarquable : les pariétaux, au heu d’être très déclives latéralement, se portent d’abord en de- hors presque horizontalement, et forment une large voûte sur- baissée. Cette disposition, qui donne au cräne une grande lar- geur et suppose des fosses temporales moins vastes que chez les ‘autres Ours fossiles, se rapproche, il est vrai, de celle que tous ces animaux présentent dans le jeune âge, mais est portée à un plus haut degré que chez aucun individu, même beau- coup plus petit, que j'ai eu l'occasion d’observer, et elle donne à notre crâne d'Oran beaucoup plus de ressemblance avec celui de l’Ours à longues lèvres actuellement vivant qu'avec aucune autré espèce. Je suis donc porté à croire qu'elle a dû appartenir à une nouvelle espèce fossile; mais nous manquons encore des élémens nécessaires pour décider la question, et si je signale ces particularités, c’est plutôt pour appeler l'attention des natu- ralistés sur la brèche osseuse d'Oran, et pour les engager à y FLOURENS. — Sur le corps muqueux de la langue. ‘219 chercher de nouveaux fossiles, qué pour charger la science de documens aussi incomplets que ceux actuellement en ma pos- session. Il est probable, du reste, qu’on rencontrera dans d’autres points du même littoral des amas d’ossemens sémblables à celui dontnous venons de parler, car M. Rozet avait déjà observé dans un point voisin de la côte d'Oran une brèche à ciment ferrugi- neux qui ne paraît différer de la nôtre que par l'absence d’osse- mens , et dans la série de roches déposée par ce géologué dans les collections du Muséum, on voit des échantillons du même tuf rougeâtre qui proviennent du cap Falcon. ReCHERCHES anatomiques sur le corps muqueux de la langue, dans l'Homme et les Mammifères ; Par M. FLourens. Malpighi est le premier qui ait signalé, sous l’épiderme de [a langue du bœuf, un corps particulier, distinct du derme et de l’épiderme ; corps singulier qu'il ne vit qu’à l’état de réseau , et qui porte encore aujourd'hui le nom de corps réticulaire de Malpighi. (1) Mais, d'abord, ce corps singulier, si remarquable dans la langue du bœuf, forme-t-il réellement un réseau, comme l’a cru Malpighi; et en second lieu, existe-t-il dans la langue des autres Mammifères , et nommément dans celle de l’homme ? Ce sont là deux questions importantes, et qui, malgré de longs débats, sont loin d’être résolues. En effet, à peine Malpighi venait-il de découvrir le corps (1) Malpighi, Exercit, Epist. de lingua. 220 FLOURENS. — Our de corps muqueux de la langue. réticulaire du bœuf, que Ruysch niait que ce corps se trouvât -dans l’homme. (1) Winslow, si exact jusque dans les mobiles détails de-ses des- criptions, nie, comme Ruysch ,le corps mugueux de l'homme : « Outre les deux membranes de la langue-:(le derme ‘et l'épi- derme), on a coutume, dit-il, de parler d’une troisième qu’on appelle membrane réticulaire , et qu'on montre communément sur des langues cuites, de bœuf et de mouton. On a prétendu même l'avoir démontrée dans Fhomme, J'avoue que'je n’y ai pu réussir » (2). il dit ailleurs : « Pour démontrer le corps réti- culaire, on se sert communément des langues cuites de bœuf et de mouton ; mais cette démonstration est fausse, séduisante, et ne fait que donner des idées erronées. » (3) Haller pense comme Ruysch et comme Winslow: « On ne remarque dans l’homme, dit-il, qu’une seule enveloppe mu- queuse et à demi transparente, placée sur les papilles aux- quelles elle est très adhérente , et tenant lieu d'épiderme , tan- dis qu'un réseau, percé de plusieurs trous , reçoit ces papilles dans les animaux. » (4) Enfin, Bichat n’est pas moins explicite : « Au-dessous de l'épi- derme on trouve, selon les auteurs (c’est Bichat qui parle}, un corps muqueux ou réticulaire assez prononcé; mais quelque soin que l'on prenne, ajoute-t1l, on ne découvre réellement autre chose qu’un entre-croisement vasculaire (5) ramifié-dans les intervalles des papilles, et donnant à la langue sa couleur rouge.» (6). Ruyÿsch, Winslow, Haller, Bichat, nient donc l'existence du corps muqueux ou réticulaire dans la langue de l'homme. Du- verney l'y admet; mais, d’une part, il ne se fait aucune idée {t) Corpvs reticulare ibi (in lingua human) detegere hau& potui ; in lingué autem bovind Jacilè, separando, visui occurrit. Ruysch: Thes anat. (2) Winslow. Exp. anat. de la struct. du corps humain. (3) Id. ibid. (4) Hailer, Élém. dé pl sol) (5) Je reviendrai, dans un autre mémoire, sur cet entre-croisement vasculaire de Bichat ,. lequel n’a nul rapport avec le corps muqueux ou réticulaire. (6) Bichat. Anaf, descrip., 1. à p: 624. FLOURENS, — Sur le corps muqueux de la langue. 223 des caractères de ce corps ; et, de l’autre, il semble, en Padmet- tant dans cette langue , le confondre avec le corps papillaire qu'il y nie. (1) La question de l'existence du corps muqueux où réticulaire dans la lmgue de l’homme était donc un premier pomt à ré- soudre; le second était celui de la détermination de la véritable nature de ce corps, soit dans l'Homme, soit dans les Mam- mifères. La simple ébullition donne, dans la langue de l'Homme, l’épiderme , le corps muqueux et le derme. Le derme porte, ou, plus exactement, produit les papilles ; tonte la surface exté- rieure de ce derme , prise en général, est revêtue d’une double membrane continue, le corps muqueux et l'épiderme ; chaque papille, prise en particulier, est également revètue de cette double membrane; ces deux membranes, toutes deux essentiel- lement continues, s'appliquent ainsi sur toute l'étendue du derme , et se plient à toutes les inégalités de sa surface. Telle est cette structure foliée, cette superposition de l'épi- derme sur le corps muqueux, du corps muqueux sur le derme, dans la langue de l'homme. L’épiderme. est une membrane transparente, mince, très fine; le corps Mmuqueux est une mem- brane épaisse, blanche, et, ce qu'il importe surtout de remar- quer ici, elle est continue. L’ébullition donne aussi, et même elle donne seule, et par un mécanisme que je décrirai bientôt, le corps muqueux dis- posé en réseau; mais cette disposition réticulaire du corps mu- queux est qu'une disposition artificielle, factice et tenant uni- quement au mode de préparation et de dissection. Le corps muqueux existe donc dans la langue de l’homme, et il y constitue une membrane continue ; et ces deux faits, l'un de l'existence , Vautre de la continuité de ce corps, ne se bor- nent pas à l'homme, ils s'étendent à tous les autres mammifères, du moins à tous ceux que j'ai pu disséquer. Partout, dans cette classe, le corps muqueux existe, partout il forme une mem- brane continue, nulle part il n’est én réseau , et ce. réseau de. (1) Duverney. OŒEuvres anatomiques : 322 FLOURENS. — Our le corps muqueux de la langue. Malpighi, devénu si fameux parmi les anatomistes, n’est par- tout qu'un effet de l’art, et non une disposition organique réelle et constitutive. C'est dans-le bœuf que Malpighi a découvért son réseau mu- queux ; êt par conséquent c'était dans le bœuf qu'il importait de débrouiller et de snel sé à fond la véritable structure de cet organe. Si l’on soumet une langue de bœuf à l’action de l’eau bouil- lante, et qu'on en détache l’épiderme (qu'alors on n’enlève pas seul, comme on va le voir, mais avec une partie du corps mu- queux), on découvre l'un des plus beaux réseaux que présente l'anatomie. Ce réseau enveloppe toute la face supérieure de la langue, se porte sur les côtés, règne partout où règnent les pa- pilles ; et là où les papilles manquent, c’est-à-dire sur le bas des côtés et au-dessous de la langue, le corps qui le forme se pro- longe en une membrane continue. Ce corps singulier est d’un beau blanc; chaque trou de son réseau est traversé par une papille; ces trous varient de forme et de grandeur comme les papillés mêmes, plus grands vers la base de la langue, plus pe- tits, plus ronds vers sa pointe. Si l’on soumet, au contraire, une langue de bœuf à l’action de la macération, tout cet aspect change. Dans ce cas-ci, l'épi- derme s'enlève seul, et laisse le corps mugueux entier. Dès- lors , le corps mugueux offre une membrane d’une continuité parfaite, étendue sur toute la surface du derme, et en recou- vrant; en révêtant partout les papilles. Enfin cette membrane continue se détache ; s'enlève eile-même, et le derme et les pa: pilles restent à nu. De son côté, l’épiderme est aussi d’une continuité parfaite. Détaché du corps mugueux , il forme une membrane mince , transparente ; sa surface extérieure est tout hérissée de pro- longemens , d’éminences; ces éminences, ces prolongemens, sont les étuis extérieurs des papilles ; ainsi chaque papille ‘est revêtue de deux étuis, le premier mugueux, et le second épi- dermique ; ainsi encore ; le derme est la racine des papilles, le corps muqueux et l'épiderme n’en sont que les enveloppes. La surface interne de l’épiderme à tout autant d’enfoncemens FLOURENS. — Sur le corps muqueux de la langue. 223 ou..de cavités que la surface externe a de prolongemens , d’é- minences. C’est dans ces cavités on enfoncemens que péne- trent et se logent les papilles du derme, revêtues de leur enve- loppe muqueuse. L'épiderme constitue donc une lame d’une continuité parfaite, s'élevant avec les papilles, s’aplanissant dans leurs intervalles, ici se durcissant en corne pour former l'étui, la gaine extérieure des papilles cornées , là s'amincissant en membrane d’une finesse extrême pour recouvrir les papilles forgiformes, partout conservant, à sa face interne, les em- preintes des papilles qu'il recouvre, et auxquelles il fournit, comme je viens de le dire, un étui, une gaine externe. Il est aisé de se faire à présent une idée nette de la maniere, et; si je puis mexprimer ainsi, du mécanisme selon lequel se forme le réseau de Malpighi, } jorsque, après l’ébullition, on dé- tache l’épiderme du corps muqueux. Par l'effet de l’ébullition , ce corps perd beaucoup de sa consistance : il suit de là qu’en détachant alors l'épiderme du corps muqueux, on rompt l'étui muqueux de chaque papille; cet étui reste adhérent à l’épiderme, et retenu dans la cavité même de l’épiderme où il est logé; la place qu'il occupait sur le corps muqueux , il se trouve donc un trou; et, chaque étui rompu donnant un trou, on finit par avoir le beau réseau qui recouvre ou enveloppe toute la face supérieure de la langue du bœuf. Et ce n'est pas seulement l’éfuz muqueux qui, par l'effet de l'ébullition, se détache et se sépare de sa membrane; le réseau , c'est-à-dire la membrane ellemême se laisse diviser aussi en plusieurs lames, en plusieurs couches, en plusieurs réseaux superposés. Tous ces réseaux tiennent les uns aux autres par des prolongemens intermédiaires ; mais le tissu de ces prolon- gemens , affaibli par laction de l’eau bouillante , cède et se rompt au moindre effort. Le réseau de Malpighi, le réseau muqueux de la langue du bœuf, n’est donc, en tant que réseau, qu’un organe artificiel, produit par le déchirement des étuis muqueux des papilles , eluis qui pénètrent dans l'épiderme , s'enlèvent avec lui, et lais- sent , sur le corps muqueux , des trous à leur place. Ce réseau n'est donc que l'effet de l'ébullition. Ea macération, 224 FLOURENS. — Sur le corps muqueux de la langue. procédé d’un détail et d’une rigueur que l'art patient de l’ana- tomiste peut porter, pour ainsi dire, aussi loin qu'il veut, res- pecte l'intégrité du corps mugueux, Visole de l'épiderme , du derme , révèle sa disposition continue, et, jusque dans chaque papille , sépare les trois élémens distincts, fournis par le derme, par le corps muqueux et par l'épiderme. , J'ajoute que , à un degré imparfait de macération , tantôt les étuis muqueux restent adhérens à l'épiderme , et tantôt, au con- traire , les étuis épidermiques au corps muqueux. Dans le pre- mier Cas, C'est le corps muqueux qui offre un réseau, des trous: dans le second, c'est l’épiderme qui offre une lame percée et réticulaire. bib J'ajoute encore un mot, et toujours sur la langue du bœuf, On sait que cette langue'est souvent parsemée de points colo- rés en noir; or, le siège de cette coloration est le corps mu- : queux ; le derme y est entièrement étranger. Et ici je prie que lon me permette d’énoncer, par anticipa- tion, le résultat d’un Mémoire qui suivra bientôt. C’est que le derme (1) n’est jamais coloré. Sa coloration dans les animaux (bœuf, cheval, chien , etc.) n’est qu'apparente ; elle tient uni- quement aux poils qui le traversent. Ces poils, après une ma- cération suffisante , étant enlevés un à un, le derme se montre partout blanc : cette couleur blanche est l’un de ses caractères. Mais je reviens à la langue et à son corps muqueux. La même action de l’eau bouillante qui donne le beau réseau de la langue du bœuf, en donne un à-peu-près pareil (sauf, dans chaque langue, la forme variée des mailles du réseau , forme déterminée par celle des papilles du derme) dans la langue du mouton , dans celle du cochon, dans celle du chien, dans celie du chat, etc. , même dans celle de l’homme, comme on l'a déjà vu. Tous ces réseaux sont artificiels , factices ; ce qui importait donc, c'était de faire connaître le mécanisme qui les produit ; ce qui importait plus encore , c'était de substituer aux résultats (x) J'entends ici le derme-de la peau. FLOURENS. — Our le corps muqueux de la langue. 225 factices donnés par l'action de l'eau bouillante, les résultats réels donnés par la macération. Je viens de parler du bœuf ; je passe aux autres Mammifères. Toute cette structure foliée des tégumens de la langue, déjà si remarquable dans le bœuf, offre quelque chose de plus net et de plus évident encore, s’il est possible ; dans le mouton: Quand, après uné macération $uffisante , on détache lépi- dermé de la langue du moiton ; on voit cet épiderme glisser au- dessus du corps muqueux ; comme un rideau léger glisse ; à la plus faible impulsion , au-dessus du corps qu’il couvre; ou plu- tôt qu’il voile. Get épiderme, détaché, conserve à sa face interne les empreintes des papilles qu'il revêtait. A ce degré de macération, le corps muqueux: se détache aussi , avec la plus grande facilité, du derme. Sa face interne conserve de même les empreintes des papilles sous-jacentes , et ces deux membranes; le corps muqueux et Vépiderme; sont l'une et l’autre d’une continuité parfaite. L'épiderme est d’une grande finesse ; le corps muqueux est beaucoup plus épais, le dermé porte, comme toujours; les papilles: Dans le cheval , l'épiderme est beaucoup plus fin encore que dans le mouton; le corps muqueux est ; au contraire; beaucoup plus épais: L'épiderme et le corps muqueux du cochon se rapprochent du corps mugueux et de l’épiderme du cheval. (1) Dans le chien, l’épiderme est presque aussi fin que dans l'homme; et le corps muqueux n’y est guère plus épais. Dans tous ces animaux, dans l’homme même ; l’épiderme conserve, à sa face interne, les empreintes des papilles qu’il recouvre. Dans tous; soit par sa finesse ou son épaisseur, soit par la forme de ses éminences extérieures ou de ses empreintes (r} Dans tous ces animaux , l’action de l’eau bouillante peut séparer, plus ou moins, les trois lames de la langue. Dans le cochon en particulier, celte action de l’eau bouillante forme, sous l'épiderme , de petites vésicules superficielles, lransparentes, pleines d’une eau limpide et claire, et ces vésicules séparent l'épiderme du corps muqueuz ; et elle en forme d’autres , sous le corps muqueuz, lesquelles sont opaques, pleines d’un liquide visqueux ou gélatineux, et celles-ci séparent le corps muqueuz du derme. Ce liquide gélatinéux reste , en effet, à l'état liquide, malgré l’ébullition. « © VIL Zoo. == Avril, 15 226 FLOURENS. — Sur le corps mugueux de la langue. internes ; il a quelque chose de particulier et de: spécifique, comme le corps muqueux par sa disposition, comme le derme par ses papilles ; et, dans tous ; toutes ces membranes ont quel- que chose de générique; car, en effet, ét à ne considérer que les caractères mêmes de ces membranes, la ljngue du mouton se rapproche de celle du bœuf , celle du cochon de celle du cheval, et, parmi toutes celles-là , celle du chien se. rapproche plus qu'aucune autre de celle de l'Aormme: Par tous ces résultats, l'anatomie des. tégumens de: lx lan- gue prend, comme on voit, une nouvelle face. Trois membranes constituent partout ces tégumens, le derme, le corps muqueux et l'épiderme; partout lépiderme; et‘le corps muqueux existent; partout ils forment une lamie d’une con- tinuité parfaite. Le corps réticulaire de Malpighi n’est qu'un corps factice, un produit de l’ébullition ; la macération donnela membrane continue ow le corps réel. 19 : Enfin , et quant à la nature du tissu qui férnserce corps réel. la consistance propre de ce tissu , une texture non moins propre que sa consistance, sa couleur blanche; le velouté de sa face interne, l’altération particulière qu'il éprouve de la part de l’eau bouillante, tout montre que c'est là un tissü nouveau, déterminé, sui generis; J'essaierai, dans un autre Mémoire, d'en marquer les analogies. | En attendant, tout le monde voit que le tissu aout il s’agit ici n’a nul rapport avec le tissu dé appareil pigmental de la peau, décrit dans un précédent Mémoire. Ge sont là deux tissus, deux appareils essentiellement distincts ; et le nom de Corps muqueux SOUS PET on les a réunis jusqu'ici, est éga- lement erroné, soit qu'on lapplique à lun on à l'autre. V. AUDOUIN. — Nid d'une Araignée. 227 d ‘ , Nore sur la demeure d’une Araignée maçonne originaire de l'Amérique du Sud, Par M. Victor Aupouix. Présentée à l'Académie des Sciences dans sa séance du 29 mai 1837 ). : Lorsqu’en 1758 (1) l'abbé de Sauvages fit connaître à l’Aca- démie des Sciences une araignée des environs de Montpellier, dont la demeure creusée dans le sol et construite en terre était close par un couvercle qui s’ouvrait et se fermait à volonté au moyen d'une charnière soyeusé et élastique, cette observation excita à un très haut point l’intérêt des naturalistes, et cet in- térêt fut bientôt augmenté par la découverte qu’on fit en Corse d’une seconde espèce construisant un nid semblable, mais plus parfait et plus compliqué encore dans ses détails : c’est ce que je crois avoir montré dans un mémoire spécial, et l'accueil qu’il a reçu de la part de l’Académie m'a prouvé qu’elle ne ces- sait pas de juger digne de son attention tout ce qui a trait aux mœurs des animaux, tout ce qui peut jeter quelque jour sur leur merveilleux instinct. Je ne crois donc pas abuser de ses momens en lui communiquant aujourd’hui un fait du même genre. L’araignée de Montpellier et celle de Corse, dont les habi- tudes ont été décrites par l'abbé de Sauvages (2) et par Rossi, offrent beaucoup d'analogie de structure avec ces grosses arai- gnées remarquables par leur corps velu, et dont tous les voya- seurs ont parlé sous le nom d’Araignées crabes. Elles sont va- gabondes et agiles, et ne montrent pas, à beaucoup près, au- tant d'art dans la construction des réduits où elles se tiennent (x) Annales de la Société Entomologique de France , t. nu, p. 69, pl. 1v (1833). (2) La découverte de Sauvages est antérieure de plusieurs années à la communication qu'il en fit 1758 à l’Académie des Sciences en ; déjà il en avait entretenu en1754 son ami Réaumur, 15. 228 V. AUDOUIN. -- Mid d'une Æraignce. en embuscade pour guetter leur proie : ce sont des tubes oùr des espèces de galeri ies dont les parois soyeuses sont renfor- cées par une réunion de feuilles, de petites branches ou de di- vers corps étrangers. On pouvait donc croire que cétte habileté pour bâtir était dévolue d'une manière en quelque sorte exclusive aux espèces de petite taille qui habitent nos contrées méridionales. Il est vrai de dire que Patrick Brown, dans son Histoire de la Ja- maique publiée en 1,56, avait parlé d'une Mygale maçonne qui, non moins timide que celle découverte par l'abbé de Sau- vages, creusait la terre et y bâtissait un nid qu'elle fermait à l’aide d’un opercule à charnière; mais la description et la figure qu'il en donne montrent combien est imparfaite cette retraite, comparée à la demeure de là Mygale de Montpellier, Celle-ci et la Mygale de Corse restaient donc en possession d’une indus- trie aussi merveilleuse, et jusqu'ici aucune œuvre ne pouvait , sous le rapport de la perfection du travail, être comparée à la leur, Toutefois, l'examen que je vais faire d’un nid d'araignée qui a été récemment envoyé de la Nouvelle-Grenade à mon ami M. le Dr Roulin, et qu’il a bien voulu me remettre, prouvera à l'Académie que cette prééminence de nos Mygales ne saurait être maintenue, et qu'il existe dans Amérique du Sud des ar- chitectes tout aussi habiles que les nôtres. Ce nid a été construit avee une terre végétale qu'on pourrait dire grasse ou-un peu argileuse : c'est une condition sans doute indispensable, et que recherche l’araigriée de la Nouvelle- Grenade comme celle de Corse et de Montpellier. Ainsi ces es- pèces se ressemblent par le choix qu'elles font d’une même na- ture de sol pour s’y établir; mais ce qui a lieu de nous sur- prendre davantage lorsqu'il s’agit d'animaux placés sur des points aussi éloignés du globe, c’est qu'ils bâtissent des de- meures si parfaitement semblables, qu'on les croirait exécutées sur un même modèle et -en quelque sorte coulées dans un même moule, avec cette seule différence que l’une présenterait en grand ce que l’autre montrerait en miniature. L'Académie pourra facilement s’en convaincre en comparant les obiets en nature que je mets sous ses yeux, et elle jugera v. AÜDOUIN. — Mid d'une Æraignée. 229 sans doute que les détails dans lesquels j'aurais pu entrer sur la structure de ce singulier nid exotique se trouveront de beau- coup abrégés par ceux qu’a donnés l'abbé de Sauvages à l'occa- sion du nid indigène ; la description de l’un peut en effet être calquée sur la description de l’autre. Le nid de la Nouvelle-Grenade (1) n'a pas été retiré du sol en entier ; je suppose qu'il y pénétrait à la profondeur de six à huit pouces au moins. Son orifice, qui est parfaitement intact et circulaire, n’a pas moins de deux centimètres et demi de diamètre (environ un pouce ); il surpasse un peu, sous ce rap- port, le nid de Pile de Corse, et de beaucoup celui de Mont- pellier, qui, mesuré dans le même sens, n’atteint guère que «louze à quinze millimètres. (2) Ce qui existe de l'habitation montre clairement qu'après avoir pratiqué un trou de sonde vertical, l’araignée a construit avec les déblais qu’elle en a retirés et qu’elle a convenablement malaxés, une sorte de muraille circuhaire qui revêt sa galerie jusqu’à une certaine profondeur et lui donne une solidité que n'aurait pasun simple puits foré. Elle en a en suite poli lasurface intérieure et l’a tapissée d’une étoffe soyeuse. Les parois du tube étant faites à la manière ordinaire, voyons par quels moyens l’ouverture en est close. Or, c’est ici que la Myÿgale exotique semble avoir servilement copié notre arai- gnée maçonne, et avoir employé le même procédé ; le travail de l'une est aussi parfait que le travail de l'autre, et le résultat qu'elles obtiennent est exactement le même. En effet, on re- marquera que Porifice de la galerie que nous décrivons est un peu évasée , de manière à figurer une sorte de gorge circulaire, destinée à recevoir lopercule ou la porte. Celle-ci est taillée en “ne rondelle dont le pourtour est coupé obliquement dans l'é- paisseur de son bord; et comme de son côté la feyure ou la gorge présente une coupe également oblique, mais en sens in- verse, il résulte du rapprochement des deux parties une ferme: (x) Voyez planche 3C ;: fig: 3-et 4. (2) Planche 3 C, fig. r et 2, 290 V: AUDOUIN. — Aid d’une Æraignée. ture tres exacte et du genre de celle que nous avons imaginée pour clore nos flacons à l’émeril. Il n’est pas rare, dans la nombreuse classe des insectes ; de voir diverses demeures fermées ainsi par: unopercule ; c’est le cas de plusieurs œufs et celui de quelques habitations où sont contenues des chrysalides et: des larves. L'insecte parfait, ' en sortant de son état de nymphe, soulève ou découpe lui-même cet opercnle, tout aussi régulièrement que nous le ferions à l'aide d’un compas. Mais, comme ces demeures sont tempo- raires, qu'une, fois la porte ouverte elle n'aura plus à se fermer, elle tombe dès que l'insectese décide à la pousser. Il ne pouvait en être de même pour les habitations de nos araignées mineuses; leur galerie souterraine. est un lieu de:sé- jour où elles se tiennent pendant toute leur vie ; elles n’en sor- tent que rarement et à de courts intervalles ; elles y rentrent au moindre danger, elles y entraînent leur proie pour la sucer à loisir, enfin elles y pondent leurs œufs et.y vivent quelque temps avec leurs petits. Il était donc nécessaire que l’opercule qui en garantit l'ouverture y fût maintenue d’une manière quel- conque. À cet effet, l'araignée de Montpellier et celle de Corse savent adapter à leur couvercle une charnière flexible, , au moyen de laquelle il s'ouvre et se ferme aussi promptement que le font nos portes les mieux perfectionnées, c'est-à-dire qu'à cause de l’élasticité de la charnière et du poids de la porte, elle peut, lorsqu'elle a été ouverte , retomber d’elle-même et clore l’entrée de la demeure, sans que l'animal s’en inquiète. Un mé- canisme exactement semblable a été employé par l’araignée ma- çonne d'Amérique : son opercule est également fixé au tube par un lien soyeux qui er rend le, jeu très facile. Cette porte elle-même, étudiée dans sa composition , offre la plus grande analogie avec celle de l’araignée maçonne décrite par l'abbé de Sauvages. Elle est pesante, parce qu'elle est for= mée en grande partie de terre. Sa face supérieure, celle qui correspond au dehors, est raboteuse., un peu excavée, comme déprimée ; et son aspect grossier , qui doit se confondre avec Le sol environnant , a certainement pour but essentiel d’en dissi- wuler la présence. Au contraire, la surface interne du cou- v. AUDOUIN.. — Nid d’une Araignee. 231 verele est lisse et tapissée comme les parois du tube d’une toile soyeuse et satinée. Je noterai comme un fait très curieux qu'il n'existe ici au- cune trace de .ces nombreux trous rangés en demi-cercle qui garnissent intérieurement le nid de la mygale de Corse, et qui permettent à l'animal de la tenir plus exactement close en y fixant ses crochets. Sans doute que la toile plus lâche dont elle a revêtu son couvercle suffit à l’araignée de la Nouvelle-Gre- nade pour y trouver prise et s’y cramponner : c'est au reste le cas de l’opercule que construit la Mygale de Montpellier,et qui manque également de ces petits trous ; mais tandis qu’on pou- vait en attribuer la cause à son peu de volume, qui n'exigeait pas un moyen de fermeture si efficace, on voit par l'exemple du nid de l'Amérique du sud, plus grand que celui de Corse, que ce n’est pas là qu’il faut en chercher la raison ; ne serait-ce pas plutôt, parce que la couche qui revêt la porte du nid de cette dernière, étant lisse et parcheminée , elle n’aurait offert aucune ‘prise à ses griffes, qui dans le cas de légitime défense, né manquent pas dle s’y accrocher ? J'aurai rempli mon but si la publication de cette Note peut, en excitant le zèle des voyageurs, amener bientôt la décou- verte de l’araignée qui construit le nid dont j'ai donné la des- cription. Au reste, 'on ne peut douter que cette espèce ne soit fort analogue aux Mygales de Corse et de Montpellier ; qu’elle nait comme elles un corps garni de poils fins, des pattes robustes et surtout des mandibules armées de rateaux, seuls instrumens que leur ait donné la nature pour exécuter des travaux Si. parfaits. | EXPEICATION DE LÆ PLANCHE 3 C: l'ig. 1. Nid de l'Année maçonxe Ds Monrrszuten , de grandeur naturelle. Fig. à. Le même, ouvert. , Fig. 3. Nid de l'ARAIGNÉE MAÇONNE DE L'AMÉRIQUE vu Suv , de grandeur naturelle. Fig. 4. Le mème. ouvert. ; 232 DE BLAINVILLE. — Singes fossiles. Rapport sur da découverte. de plusieurs ossemens fossiles de quadrumanes , dans le dépôt tertiaire de Sansan, près d’ Auch, . par M. LARTET, : Fait à l’Académie des Sciences par M. pe Brain vitre. Dans la séance du 16 janvier dernier, M. Lartet à envoyé à l’Académie une lettre annonçant la découverte, daus le dépôt tertiaire de Sansan , près d’Auch, d’une mâchoire inférieure de singe. (1) Dans la séance du 7 avril, il a adressé une seconde lettre sur le même sujet accompagnée d’une description plus complète et d’une figure, en annonçant qu’il avait aussi recueilli gites autres ossemens qu il pensait pouvoir avoir appartenu à un Sapajou et à un Maki. C'est sur ces différens faits que l'Académie a nommé une commission com- posée de MM. Duméril, Flourens et moi, pour lui faire un rapport, et c’est ce rapport que nous avons l'honneur de lui soumettre. . Dans le groupe d'animaux qui font le sujet des lettres de M. Lartet, la nature des traces qu’ils ont pu laisser dans le sein de la terre, est nécessairement bien moins variée que pere l'espèce humaine, et même que pour d’autres genres de la série zoologique, dont certains produits ont pu se conserver depuis un temps que l'on regarde généralement comme incommensurable. Toutefois, les traces qui ont été attribuées à l’ordre des quadrumanes sont encore de deux sortes: ou le résultat direct de la conservation de leurs parties dures, ou bien les empreintes de leurs pieds à la surface d’un sol mou qui se serait solidifié par la snite, et dans lesquelles un relief se serait formé et ensuite durci et conservé. A une époque de la science où , si les moyens de comparaison manquaien { aux hommes les plus investigateurs, ce qui les conduisait presque nécessaire- meut à des erreurs plus ou moins graves, on était du moins à l'abri de celles provenant d'opinions plus ou moins préconçues, qui nous portent à admettre avec plus ou moins de facilité, les faits qui nous semblent dans le sens de celle que nous avons adoptée, et à repousser , au contraire, ceux qui lui sont opposés, on trouve un assez pétit nombre d'exemples où l’on à considérér comme pro- venant de singes, des ossemens qu ‘il a été facile par la suite de montrer ne pas leur avoir appartenu; et cela, sans qu'il fût besoin d’une discussion bien appro- fondie , tant la chose était évidente et facile à constater. Les singes, en effet, en comprenant sous cette dénomination les espèces nor- males qui constituent le premier degré d'organisation des Mammifères, car (1) Voyez ei-dessus p. 116, DE BLAINVILLE. — Singes fossiles. 233 lhorsme ne peut y être rangé, présentent dans l’ensemble de l’organisation os- téologique, ainsi que dans chaque partie qui la constitue, des caractères qui ne permettent que fort rarement des doutes un peu prolongés. Il suffit, en effet, de savoir que ces os rappellent assez bien dans leur nombre, dans leur disposi- tion articulaire, ainsi que dans leur forme, ce qui existe dans l’homme , cepen- dant avec une différence plus ou moins considérable, mais presque toujours très marquée, dans la grandeur, pour avoir presque de suite les moyeus de ne pas les confondre avec ceux des autres Mammifères. Ce qui vient d’être dit du véritable squelette est encore plus applicable peut- ètre à ces parties dures développées dans la peau qui recouvre le bord des mâ- choires et qui, par suite de leur développement, sont, pour ainsi dire, saisies par celles-ci, au point qu’elles semblent y être comme implantées, mais dont elles sont chassées au bout d’un temps plus ou moins long, ce qui, pour le dire en passant, montre la grande différence qu’il y a entre les dents et les os. Lesdents des Singes sont, en eflet, presque entièrement semblables pour le nombre, la disposition, la proportion et même la forme, dans un grand nombre de points, avec ce qui existe dans l'espèce humaine. : Cependant, il ne faudrait pas croire que tous les animaux compris sous le nom de quadrumanes, offrent le mème degré de ressemblance avec l’homme dans le système ostéologique, et surtout dans le système dentaire. Le plus grand degré de ressemblance se trouve évidemment avec les Singes proprement dits, ou Singes de l’ancien continent, qui parviennent quelquefois à une taille pres- que égale à celle de l’homme, pouvant assez souvent se tenir dans une position verticale, dont un certain nombre d'espèces manquent entièrement de queue, et dont la poitrine, également dans les premières espèces, est formée par un sternum large et aplati, dont la tête osseuse, du moins dans le jeune âge, a aussi quelquefois upe certaine ressemblance avec celle de l’espèce humaine et qui ont constamment le même nombre de dents, de même sorte, dans un ordre et dans une disposition semblables, toutefois, avec quelques différeaces dans le nombre et la disposition des tubercules qui arment la couronne des molaires. Mais cette ressemblance diminue déjà d’une manière manifeste dans cette famille de quadrumanes confinée dans le nouveau continent et que l'on connait généralement sous la dénomination commune de Sapajous. La dégradation se montre même presque dans toutes les parties que nous venons d’énumérer, et cela déjà dans les premières espèces. En effet, sans parler de la grandeur, qui n’approche jamais de celle de l’homme; ou trouve dans la colonne vertébrale, dans l'existence de la queue qui est constamment fort développée et assez sou- vent prenante, dans la forme du sternum, dans celle du pouce des membres antérieurs, qui n’est jamais véritablement opposable, des phalauges onguéales, qui se compriment de plus en plus, ce qui iadique des ongles de plus en plus eu forme de griffes , des preuves d’une dégradation évidente. Cette dégradation ne se montre peut-être pas moins dans le système dentaire, non pas encore dans les incisives, qui cependant chez les dernières espèces indiquent un peu 234 DE BLAINVILLE. — Winges fossiles. par leur déclivite ce qui-a lieu dans les Makis, non pas même dans les canines, qui ressemblent assez bien encore à ce qui existe dans les Singes de l'ancien ! continent, mais dans les dents molaires, dont le nombre est toujours augmenté d’une fausse molaire de chaque côté et à chaque mâchoire, ce qui porte dans le plus grand nombre des cas, le nombre total à trente-six ; mais en outre parce que Ia molaire postérieure devient de plus en plus petite , au point de disparaître complètement dans les dernières espèces voisines des Makis ; ét enfin parce que les tubercules dont la couronne est hérissée deviennent de plus en plus aigus, surtout ceux du bord externe, ce qui indique des animaux dont la nourriture prend une portion plus grande dans le règne animal. Mais la dégradation devient encore bien autrement évidente et bien »plus forte dans la petite famille des Makis, puisqu'il ‘est aisé de voir qu’elle porte sur l'ensemble du squelette et sur chacun de ses os en particulier , aussi bien que sur les trois parties du système dentaire. La forme de la tête dans le grand développement des mâchoires, et dans la petitesse et l'avancement de, l’orifice nazal, indique évidemment un rapprochement remarquable des mammifères car. nassiers ; il en est de même du reste de la colonne vertébrale quoique quelque- fois dépourvue de queue, de la forme comprimée du thorax et du sternum, de la structure des membres antérieurs dont la clavicule est notablement moins forte que dans les Singes; de l'étroitesse de l'os des îles, et de la grande.obli- quité du détroit supérieur du bassin. Quant au système dentaire, on peut dire que. Ja dégradation carnassière se manifeste dans toutes ses parties, incisives, canines, fausses molaires et: mo- laires vraies. Au nombre des variations les plus singulières que présente le sys- tème dentaire de ces animaux; on doit surtout remarquer:les dents insisives qui depuis les espèces que l’on peut considérer comme. normales jusqu’à celles qui sont tellement anormales qu’on a balancé longtemps etque quelques zoologistes balancent encore à les regarder comme de cette famille ; offrent pour ainsi dire, toutes les combinaisons de nombre, de forme ét même de direction , quoique dans le plus grand nombre des cas, elles soient verticales en haut-et très dé- clives en bas. Les canines présentent aussi des diffé né nus tolsdent importantes ; que quel- quefois les zoologistes ne sout pas entièrement d'accord sur leur existence dans certains genres et qu’elles manquent iadubitablement dans d’autres. Quant aux molaires , également variables de nombre et-de forme, on peut se borner à dire que le caractère carnassier se: prononce de plus en plus dans la. manière dont le bord externe se relève et-devient tranchant. 0 Aiusi, comme on le voit, il n’eût pas. été difficile de trouver, dans la con- naissance un peu approfondie des parties dures de l’organisation des quadru- manes,.des élémens suffisans pour résoudre Ja; question de l'existence ou non de restes fossiles ayant.appartenu à cet ordre des mammifères: Un autre élément. qui. pouvait également: servir à faciliter la résolution de cette question pouvait se tirer de la distribution géographique des. quadrumanes DE BLAINVILLE. — Singes fossiles. 235 actuellement vivans à la surface de la terre, Quoique, de ce que nous ne con- näissons pas actuellement des animaux d’une famille ou d’un genre vivant dans une contrée, en conclure qu’il n’a jamais pu y en exister, serait évidemment trop hardi; cependant l’on conçoit comment cette considération peut servir à nous éclairer et à nous mettre en garde dans l'adoption ou &ans le rejet d’une assertion qui appuierait ou contraricrait une opinion plus ou moins généralement admise. La distribution géographique des espèces actuellement vivantes est donc un préliminaire assez important dans ces sortes de questions. Dans l'état actuel de nos connaissances au sujet de la répartition des espèces de quadrumanes à la surface de la-terre, nous sommes encore au point où Buf- fon a laissé la science il y a bientôt cent ans; c’est-à-dire que jamais encore on n’a rencontré de véritables Singes, de quadrumanes à ouvertures nazales obliques: et ‘très .rapprochées, à système dentaire anthropomorphe, dans le Nouveau-Monde ou dans Amérique ; et que parcontre, on ne connaît aucune espèce de Sapajous ou de {Singes à ouvertures des narines latérales et très distantes, à trois fausses molaires à chaque côté des deux mâchoires, dans aucune partie de l'Ancien-Monde. Ce sont deux familles d’un même ordre qui se représentent dans les contrées chaudes des deux continens. Il en est à-peu-près de même des mammifères de la famille des Makis, on n’en connaît encore que dans les contrées chaudes de l’ancien continent, et ce qu’il y a de plus remarquable, de plus digne d'attention, c’est que la plus grande partie des espèces connues appartient exclusivement à la grande île de Mada- gascar, et que jamais une espèce de cette île n’a été retrouvée sur le conti- nent et wice versa, Quoique Fexistence des trois familles qui constituent le groupe des qua- drumanes soit limitée dans une grande zone de la terre, qui, au nord, ne de- passe pas le 35° degré dans l’ancien continent et le 25° dans le nouveau ; et, au sud, le 37° pour l’ancien monde et le 27° pour le nouveau, ce qui montre que les Sapajous sont beaucoup moins répandus que les Singes, il ne faut pas croire que ce soit le degré de température qui les force de vivre seulement aux lieux où nous les connaissons aujourd'hui ; en effet, si ces animaux habitent en géné- ral de préférence les lieux boisés , sur les bords des rivières où la végétation est plus active ; plus continue et où les fruits sont plus abondans, à un niveau as- sez peu au-dessus de celui de la mer, on sait aussi qu’il en existe dans des par- ties assez élevées des Cordillières de la Nouvelle-Grenade ; des Hymalaïas , de la montagne de la Table, au cap de Bonne-Espérance, et sur les frontières de la Chine et par conséquent dans des lieux dont la température est assez basse. On doit aussi remarquer que, sauf les grandes îles de l'ardhipel indien, Java, Sumatra, Bornéo, Ceylan, Célèbes et Madagascar, aucune espèce de quadru- mane n’a encore été rencontrée dans les îles de l'ancien , pas plus que dans celles du nouveau continent. Si les trois grands groupes qui constituent l’ordre des quadrumanes normaux sont presque limités à trois parties du monde , il en est à-peu-près de même pour 236 DE BLAINVILLE. — Singes fossiles. les petits groupes naturels qui les constituent, cela n’est pas cependant pour les Sapajous, dont l'espace geographique est, il est vrai , beaucoup moins étendu. En effet, op sait queles Alouattes, les Atèles, les Sapajous proprement dits, les Sakis, et même les Sagouinrs et les Ouistitis, se,trouvent répandus sur toute la sur- face de l'Amérique méridionale, dans les limites du Mexique au Paraguay, et plus particulièrement sur le versant oriental de la chaîne des Cordillières. Il n’en est pas de même des Singes de l’ancien continent. Les Orangs-outargs et les gibbons appartiennent presque exclusivement à l’Asie insulaire. C’est tout au plus si l’on connaît une ou deux espèces de Gibbons du continent de YInde; aucune n’a été jusqu'ici observée en Afrique, | Les Semnopithèques ou Singes à longue queue, à membres grèles, avec un — TA. fusus (M. fus. Mull.)— 7'A. impatiens {B. imp. Forsk.)— 74. maculata (Ho. mac, Le S.). — Th. briareus (Hol. br. Le S.).— T'h. lapidifera (H. lapid. Le S.).— Th. peruviana (H. peruv.. Le S.). 4: TrepanG Jæg: — Corps subcylindrique ; bouche anté- rieure ; entourée de 10 à 20 tentacules en massue peltée ; pieds réunis sous leventre. Ce genre est douteux, 'et ‘paraît devoir être réuni aux Holothuries proprement dites! T. edulis (Hol. edulis Less.) 7' ananas Jæg. 5. HororaurrA Lin.; De BI., sect. B. ( Fistularia Lam. ). — Corps! subcylindriqué ; ‘änus arrondi ; bouche ‘subinfère. Des tubes rétractilés, développés surtout sous le ventre. | H. tubulosa Lin. — . columnæ Cuy. — H. mation Forsk. — H. elegans Mull. > #4. ForskaliiDelle Ch.— Pol Delle Ch:=— A. Sanctorii Délle Ch. —H;Cavolinii Dee Ch. 4: Pétagnii Delle Ch.—A. Stellati Delle Ch.— 7. Dismarii Cuv.—H. appendiculata De Bl.- 1 radackersis Chàm.— A. bru- nea Cham.—H. agglutinata. Le S.—-H; umbrina Rupp. et Leuk.=4. quadran- gularis Less.— }H. fusco-cinerea Jæg.—H. atra Jeg.—H. fusco-punctalaJeg. —Hlilla Less. — H, scabra Jeg. H! monataria Less. 6. MuLLERIA Jæg.— Dos convexe; ventre plat ; peau. co- “riace; 20 tentacules peltées et disposées sur, deux rangées | au- tour de la bouche ; 5 dents autour de l'anus, auxquelles s’atta- “chent les muscles longitudinaux. D'ailleurs en tout semblable aux Holothuries. M. echinites Jeg.—M. Lecanora Jæg. 7. Bomapscuia Jæg.— Diffère du genre Mulleria par la forme étoilée de l'anus. Ce geure, d’ailleurs , se rapproche beaucoup mes Holothuries proprement dites. #1 marmorata Jæg.— B. ocellata Jæg.—B. Argus Jæg.-—B. lineolala Jæg. —B. albigutiaia Jæg. 8. Cuvierra Peron.- Face inférieure plate et molle, garnie VII. Zoo, — Mai, 18 274 Li. AGASSIZ = Sur les. Echinodermes. d’une ,infinité de pieds; face supérieure hbombée, soutenue même par des écailles osseuses, percée sur l'avant d’un orifice étoilé qui est la bouche, et d’où sortent les tentacules, et sur l'arrière d’un trou rond qui est l anus. 54 Synarmate (Hal. Squanfmat Mull.). — _C. CES Jæg. 9. Psorus Oken. — Dos convexe; ventre plane; pieds situés tous. dans le milieu du dessous du corps ; tentacules ramifiés , simples, non, peltés. Lorsque l’animal rampe, il relève les deux extrémités, où sont la tête et l'anus, et que se rétrécissent plus que le milieu, l'anus surtout. cf Ps. Phantopus (Hol. Ph. Lin.).—Ps. appendiculatus (Hol.’append. De B1.). —Ps. Timama (Hol.Tim. Less.). 10: PENTACTA Goldf,( Cucumaria Cuv. et Jæg.)— Corps. cy- lindrique ou ovale-oblong ; pédicules disposés sur cinq rangées; tentacules pennés ou rameux. | P.crocea (Hol croc, Less).—P. Pentactes (Hoi. Pet. Mull.).-—?. Gæré- neri (Hol, Gært. De BL).—P./frondosa (H. frond: Gun.).--P. Dololium(H. Dol. Pall.).—.P: tentaculata Hol. tent. Forst.).— P:\lœvis (Hol. Aævis Fabr.). P. minuta (Hol.min. Fabr.)—P. pellucida (Hol. pellucida Mull.). 11. Minyas Cuv.— Corps sphéroiïde , ouvert aux deux extré- mités, silonné comme un melon par des côtes qui s'étendent de la bouche à l'anus, et qui sont formées de papilles cornées et solides ; bouche entourée de trois rangs de tentacules courts, vérmiculairés et arrondis. Ce genre et le précédent lient les Holothuries aux Oursins. ; M. cyanea Cuv. (M. cærulea Less.) IT. L'ordre des Echinides est caractérisé par un test solide, sphé- roïide, composé de plaquesadhérentes, et couvert de piquans mobiles ; ils ont tous une bouche et un anus distinct; je les divise en trois familles naturelles qui sont : celle des Spatan- gues, celle des C/ypeastres et celle des Cidarites. L.'AGASSIZ. — Sur es Echinodermes. 275 Les Spatangués ont le corps plus ou moïns allongéet gibbéux; Teur bouche est: pourvue dé mächotres, et placée vers l’extré- mité antérieure, et l'anus vers l'extrémité postérieure , tantôt dla face supérieure dur disque, tantôt à sa face’inférieure. Leur testestmincee, couvert de petits tubercules très nombreux, par- milesquels on en distingue de plus gros qui sont épars 'et quél- . quefois perforés-comme ceux des Cidarites. Les piquans sont nn.) s sétacés, souvent comprimés, et d’inégale grandeur. L’ambulacre antérieur est ordinairement moins développé que les autres; ils forment tout autour de la bouche des sillons où les trous sont plus gros, et d’ou sortent des tentacules ramifiés , comme * ceux des Holothuries. Il'n'y à que'quatre des plaques ovidu- cales. qui soient bien distinctes. 1 Disasrer Ag: (Spatangus, Ananchytes et Nucléolites auct.) — ['ambulacre, impair et ceux de la paire antérieure :eunver- gent en un point plus ou moins éloigné du point de réunion des deux ambulacres postérieurs. Toutes les espèces de ce genre sont fossiles, de laicraie on du Jura, D. bicordatus Ag. (Spatangus bic. Goldf.). — D. Ltotisis Ag. (Anan- abbres ellipt. Lam. ). D} lexcentricus Ag. (Nucleolités excentr. Munst.). — D:canaliculatus Ag: (Nucleolites canal: Munst.).— D. granulosus Ag. (Nu- cleolites granul. Munst. ). — D. capistratus Ag. (Spatangus capistr; Goldf. ).— D. carinatus Ag. (Spatangus carinatus Goldf.). — D. ovalis Ag. (Spatangus « oval. Park. ). Er" anaälis Ag: — D: rare Ag. (ces deux dernières du Jura 1 suisse. *. * 2. HoLASTER n'Ag { Gpiahigs auct. ). — Disque condiforme ; ämbulacres convergeant uniformément vers un point du som- mét; anus supérieur. Tous fossiles, surtout de la craie. + — H'granulosus Ag. (Spatangus granul. Goldf.). — 4. hemisphæricus Ag. (Spatangus hemisph. Phil.). — A. Zævis Ag. (Spatangus læv. Deluc. ). — #. nodulosus Ag. (Spatangus nodel. Dolf.). — Æ. planus Ag. (Spatangus plan. Mant:)= Hi} complanalus ‘Ag. (Spatangus complan. de BL.) — A. in- térmedius Ag. (Spatangus interm. Munst.).— Æ. suglobosus Ag. (Spataigus subgl. Leske.). Æ. suborbicularis Ag. pari suborb. Defr.). — Æ. trun- catus Ag. (Spatangus trunc. Goldf. } run 276 L. AGASSIZ. — Sur les Echinodermes. 3, Anancnyres Lam. et de BI. (ÆEchinocorys Breyn et Gray ; Galea et Galeola Klein). — Disque ovale , sans sillon le long de l’ambulacre antérieur ; anus obiong , placé longitudinalement ; ambulacres convergeant uniformémenit, vers le sommet, où les doubles pores sont très rapprochés, tandis qu'ils sont distans au pourtour. Toutes les espèces sont fossiles, de da craie: Onles a trop multipliées d’après de simples différences .d’âges. A, ovata Lam. — A. Gibba Lam.— 4. hemisphærica A1. Br.— pustulosa Lam. (n’est qu’un moule intérieur de l'A ovata). 4. quadri radiata Leske (n’est qu'uue monstruosité. ) 4. Hemipneusres Ag. (Spatangus auct.). — Disque cordi- forme ; ambulacre antérieur formé de petits pores égaux ;. am- bulacres pairs formés chacun de deux rangées de doubles pores, différentes entre elles, la rangée postérieure étant beaucoup plus marquée que l’antérieure. Une seule espèce , de la craie. FH. radiatüs Ag. (Spatangus rad. Lam.) | 5. Micraster (Spatangus Auct., Brissoides Klein, Amyg- dala et Ovum N. Ph.). —Partie dorsale des ambulacres très développée et subétoilée; disque cordiforme. La plupart. des espèces sont fossiles de la craie; ily en a’quelques tertiaires, et deux vivantes. M. Amygdala Ag. (Spatangus Amygd. Goldf.). — M. Bucklandii Ag. (Spatangus Buckl. Goldf.).—M. Bucardium Ag. (Spatangus Bucard. Goldf.). — M. Bufo. Ag. (Spantangus Bufo Al. Br.). — M. Cor. anguinum Ag. (Spa- tangus Cor. Angu. Lam;). — M. Gor. testudinarium Ag. (Spatangus. Cor. test. Goldf. —M. Gibbus Ag. (Spatangus gibb. Lam. ).— M. Goldfusii Ag. (Spa- tangus lacun. Goldf. non Gmel.) — M. Prunella Ag. (Spatangus Prun. Lam. ). — M. acuminatus Ag. (Spatangus Acum Goldf.). — M. suborbicularis Ag. (Spatugus suborb. Munst. ). — M. canaliferus Ag. (Spatangus canal. Lam.).— M. lacunosus Ag. ( Spatangus lacun. Gmel. non Goldf.) . 6. Sparancus Klein et Gray. (Æchinospatangus Breyn.). — Disque cordiforme; un large sillon bucco-dorsal assez profond; l'ambulacre pair qui s'y trouve est formé de très petits pores égaux; les quatre ambulacres paires sont formés sur la face dorsale de rangées de doubles pores, qui, se rapprochant L. AGAS8IZ. — Sur les Echinodermes. 277 vers le sommet du disque et à son pourtour, présentent la forme d’une Etoile. Outre les petits piquans , qui sont ras sur le dos, il y en a quelques grands, mais très greles, Il y a des es- pèces fossiles, de la craie et des terrains tertiaires, et plusieurs vivantes. Sp ornatus A. Br. — Sp, Desmareslü Munst. — Sp. Hoffmanni Goldf. — Sp. purpureus Leske. — Sp. meridionalis Risso. — Sp. ovatus Leske.— Sp, Crux Andreæ Lam. — Sp. planulatus Lam. 7. Ampmiperus Ag. ( Echinocardiun V. Ph. et Gr.— Spatan- “ gus de Blainv. Section A.). — Disque cordiforme ; sillon bucco- - dorsal assez profond, dans lequel git l'ambulacre impair qui est formé de très petits pores et se prolonge entre les ambu- lacrés antérieurs. Les séries de doubles pores qui forment les . quatre ambulacres pairs, sont éloignées l’une de l'autre vers le sommet du disque, et vont en se rapprochant. en forme d'E- toile vers la périphérie. Ies piquans sont fort remarquables : les plus grands’ sont arqués et spatuliformes à léur extrémité, lés autres sont petits et ras. Je ne connais qu'uné espèce fos- sile de la craie, et deux vivantes. A. Goldfusii Ag. (Spatangus arcuarius Goldf. non Lam.). — 4. Sebæ Ag. (Echinocardium Sebæ Gr.). = 4. pusillus Ag. (Spatangus pusillus Leske. ) 8. Brissus KI. et Gr. (Echinobrissus Breyn.--Nuces V.Ph.— » Spatangus de Blainv: Section D.). Pas de sillon bucco-dorsal ; ambulacre impair à peine perceptible; les quatre ambulacres pairs déprimés, formant au sommet du disque une espèce de … croix circonscrite par une ligne sinueuse ; sans tubercules ni piquans. Je ne connais aucune espèce fossile. + B. pectoralis Ag. (Spatargus Pect. Lam.).— B. carinatus Leske. — B. « columbaris Lam.—B. Scillæ Ag. (Echinus, Spatangus Scilla)— B. unico- - Jor Leske. — B. ventricosus Leske. — B. compressus Ag. (Spatangus compr. Lam. ). — B. stérnalis Ag. (Spatangus stern. Lam, ) 9. ScxizasTER Ag. (Echinocardium V. Ph. et Gr.— Spatan- gus de Blainv. Section B.).— Disque cordiforme , très élevé en arrière ; sillon bucco-dorsal long et très profond ; quatre autres 278 L.. AGASSIZ. — Sur les: Echinotlermes. sillons,au sommet dorsal, .profonds..et étroits, où sont ca- chés les ambulacres. Une-espèce fossile et'une vivante. Sch. Atropos Ag. (Spatangus Atr. Lam. |. — Sch- Studeri Ag. (du tertiaire d'Italie. } ir. Les CryPéAsrREs tiennent le milieu entre les Spatangues et les Cidarites ; leur forme est plus généralement circulaire. La bouche est centrale où subcentrale; mais l’anus est plus où moins rapproché de la périphérie, et se trouve tantôt à la face supérieure, tantôt à la face inférieure du disque. 1. Caroryçus Ag. ( Nucleolites Auct.).— Disque ovale; aiu- bulacres convergeant uniformément vers le sommet ; anus à la face postérieure. Toutes les espèces sont fossiles, du Jura, de la craie et des terrains tertiaires. C. Semi-globosus Ag. (Nucleolites Semigl. Munst.}— C. carinatus Ag. { Nù- cleolites carin. : Goldf:). — €C. castanea Ag. (Nucleolites cast. AL. Br). GC. pirifornis Ag, (Nucleolites pyrif. Gold£f. ). C. ovulum Ag. (Nucleolites ov. Lam.) —.C. depressus Ag. (Nucleolites depr. AL Br.) — C. subcarinatus Ag. (Nu- cleolites subcar. Goldfuss.) — C. obovatus Ag. 2. Pycasrer Ag. (/Vucleolites et Clypeus auct.) Disque circulaire; ambulacres convergeant uniformément vers le sommet; orifice de l’anus grand à la face supérieure du disque. Espècestoutés fossiles, da Jura et de la craie. P. semi-sulcatus Ag, (Clypeus semisule. Phil. ). — 2. EURE Ag. (Nu- cleolites depr. Munst. ). 3. GaLÉRITES., Lam. ( Conulus Klein. — Æchinochonus de Blainv.). — Disque circulaire; ambulacres étroits , percés, de pores assez distans , convergeant uniformément vers le sommet; la bouche centrale, anus marginal et inférieur. Es- pêces toutes fossilés de la craie. Ce genre se rapproche bien davantage des Nucléolites et des Echinonées, que des vrais Oursins. G. vulgaris Lam.— G. abbreviala Lam. — G:. subrotunda Mant.— ( Les G. quadrifasciata Burg. et sexfaciata Defr. sont des monstruosités. } L. AGASSIZ: —— Sur {les Echinodermes. 279 4. Discornea KI. et Gr. (Conulus Yeske. — Echinodiscites V. Ph. Galérites Lam.).—Difféère des Galérites par de larges ambulacres pércés de petits pores très rapprochés. Toutes les espèces sont fossiles, du Jura ét de la crai@ D. depressa Ag. (Galerites depr, Lam.) — D. speciosa Ag. (Galerites spec. Munst.). — D. albo-galera Ag. (Conulus albo-gal. Leske,). D. canaliculata Ag. (Galerites canal. Goldf. )— D. rotula Ag. (Galerites Rot. Al. Br.). — D. rotularis KI. Galerites rotul. Lam.). — 29. macropyga Ag. 5. Crypuus KI. (Zchinoclypeus de Blainv.— Echinosimus Y. Ph. — Galerites Lain.— Nucleolites de Fr. ).— Disque circulaisæ plus où moins déprimé ; ämbulacres convergeant vers le som- mét et vers la périphérie du disque; anus supérieur et margi- nal. Toutes Les espèces sont fossiles, du Jura, de la craie et dés terrains tertiaires. | C1. sinuatus Park. —Cl. emarginatus Phil. — CL. patella Ag. (Galerites Pat. Lan.). — Cl.orbicularis Phil. — CL. Sowerbii Ag. (Nucleolites Sow. Defr.}— C1. conoideus Ag. (Echinoclypeus conoïd. Leske,). — C/. hemisphæricus Ag. (Echinoclypeus hemisph. Leske. ). — C2. testudinarins Ag. ( Nucleotides tes- tad. Munst.) — CZ. scutella Ag. ( Nucleolites seut, Goldf. ) 6. Nucreozires Lam. ( Echinobrissus Breyn, Clypeus Phil.). — Disque ovale ou cordiforme ; ambuülacres plus marqués au sommet qu'à la périphérie, ne formant cependant pas une Etvile pétalloïde comme dans le genre Clypeus. Toutes les es- pèces :sont fossiles, du Jura, de la craie ou des terrains ter- tiaires. N. scutata Lam. — N.clunicwlaris Ag. (Clypeus clunic. Smith.). MN. démi diata Ag.(Clypeus dimid. Phil.) — N:planata Rœm.—N. cordata Goldf.- N. lacunosa. Goldf. — N. serobiculata Goldf.—.N. Olférsii Ag. = N.gri- gnonensis Defr. 7: Cassipuzus Lam. (Nucleolites Auct.)— Disque ovale ; am- bulacres pétalloides ; anus entre! le.sommet et le bord posté- rieur. Espèces toutes fossiles, de la craie et des terrains ter- tiaires. C. Lapis canéri Lam. — C. patellaris Ag: ( Nucleolites patell, Gold£. ). a C, complanatus Lam, 280 L. AGASsIZ. — Sur les Echinodermes. 8. Fisuzaria Lam. ( Æchinocyarmus Leske et Gr. — Echino- neus Goldf,). — Test sphéroïde;, pourtour ovale ou subcireu- laire ; ambulacres pétaloïdes; anus entre le bord postérieur et la bouche. Espèces fossiles de la craie et des terrains tertiaires , et vivantes. PF. placenta Ag. (Echinoneus plac. Goïdf.).— F. subglubosa Ag. ( Echi- noneus, subgl. Goldf.). — Æ. ovata, Ag. (Echinoneus Ovatus Munst.) — 7. scutata Ag. (Echinoneus seut. Munst.) — F. suffolciencis Leath.— Æ° cra- niolaris Linn. Gmel, — PF. ovulum Lam. 9: Ecainoxeus V. Phels. et Lam.( Echinanaus Kœn: — Echi: noconus Breyn.) — Disque ovale, plus ou moins déprimé ; am: bulacres convergeant uniformément vers Le sommet ;. anus entre la bouche et le bord postérieur. Toutes les espèces sont vivantes. E. cyclostomus, Lam. —- E. semiluraris Lam. — E. gibbosus Lam. 10. EcæiNocampas Gr. (ÆEchinanthus Leske.— Clypeaster et Galerites Lan. ) — Disque ovale ou circulaire; bord antérieur plus ou moins échancré ; ambulacres très larges au sommet, où ils forment une étoile dont les rayons se touchent, mais qui deviennent de plus en plus étroits vers la périphérie; anus marginal inférieur. Il y a des espèces fossiles du Jura, de la craie et des terrains tertiaires ; une seule vivante. E. pentagonalis Ag: (Clypeaster pentag. Phil.) Æ. fornicatus Ag. !(Cly- peaster fornic. Goldf.) —Æ. globosus Ag. (Galerites glob. Defr.) — E. Kænigii Gr. — Æ. Leskei Ag. (Clypeaster Lesk. Goldf.) — Æ. montmollini Ag. — E: productus Ag: — Æ. minor Ag. — E. affinis Ag. (Clypeaster AR. Goldf.). E. Bouei Ag. (Clyÿpeaster Bouei Munst.). — Æ. Brongniarti Ag./(Clypeaster Brongn. Munst.). — Æ. conoideus Ag. Clypeaster conoid. Goldf.). — E. cu- vieri Ag. (Clypeaster Cuv. Mun:t.). — Æ. ellipticus Ag. (Clypeaster”ellipt. Munst.). — Æ. hemisphæricus Ag. (Clypeaster hemisph. Lam.).— E. Kleinii Ag. (Clypeastér Kleïn. Goldf.). — Æ. Linkii Ag. (Clypeaster Livk: Goldf. ). — E. politus Ag. (Clypeaster pol. Lam.).— Æ. stelliferus Ag. (Clypeaster Stellif. Lam.). — Æ. subcylindricus Ag. ( Clypeasier Subey. Munst.). — E. trilobus Ag. (Clypeaster tril. Defr.). — Æ. orientalis Gr. 11. Crypraster Lam. ( Echinanthus Breyn: et Gr. — Echino- dorum et ÆEchinodiscus V. Phils. — Lagana Gr. et De Bl:) — L. AGASS1Z. — Sur des Echinodermes: 281 Disque ovale où subquinquangulaire; ambulacres formant au sommet une large étoile dont les rayons sont arrondis à leur ex- trémité ; anus inférieur et marginal. La cavité intérieure du corps est divisée en compartimens par des piliers verticaux. Le test est tres épais. Il y a des espèces fossiles dans les terrains ter- tiaires , et plusieurs vivantes. C1. marginatus Lam.— Cl, altus Lam. — CL. Gaymardi Al. Br, — Ci. Ri- chardi Desm.— CL. rosaceus Lam. — CL. subdepressus Ag. (Echinanthus sub dépr. Gr.) — C!. ambigenus de Blainv. — CZ. soutiformis Lam. 12. Ecminaracawius Leske et Gr. (Æ4rachnoides KI. — Echi- nodiscus et Lagana De BI. — Scutella Lam.) — Disque circu- laire ou subanguleux; ambulacres comme ceux des Clypéastres, dont ce genre diffère surtout par la forme très aplatie du test et par ses bords amincis ; anus marginal. Il y a une espèce fos- sile des terrains tertiaires , et plusieurs vivantes. £. lenticularis Gr. —(Æ. Placenta Gr. (Scutella Plac. Lam. ). +E. Parma Gr: (Scutella Parma Lam.)— Æ. placunarius Ag. (Scutella ylacum. Lam. ). E; latissimus Ag. Seutellà latissima Lam.).—E. ph: Ag. (Echinodiscus Rumph. de BI. 13. Scurezza Lam. et De BI. (Echinodiscus Leske et Gr. — Mellita et Rotula K\. — Lagana De Bl.— Test aplati, circu- laire, à bords minces; ambulacres semblables à ceux des Cly- péastres, maïs proportionnellement encore plus larges ;, anus inférieur. Les espèces sont nombreuses, tant fossiles des ter- rains tertiaires que vivantes. Sc. altavillensis Defr. — Sc. gibberula M. de S. — Sc. hispanica Defr. — Sc. nummularia Defr. — Sc. occianta Defr. — Sc. striatula M. de S. — Sc subrotunda Lam. — Sc. porpita Bory.— Sc. orbicularis Lam.—Sc. ovalis Ag. (lagana oval. Brug.). — Sc. integra Brug. — Sc. inaurita de B|.— Sc. aurita de BI, — Sc. dentata Lam.— Sc. radiata Seba. — Sc. digitata Lam. — Sc. octodactyla De BI. — Sc. hexapora de BI. — pentapora de BI. — Sc. bifora Law. — Sc. tetrapora de BI. — Sc. emarginata Lam. ur. Les Cinarires constituent une famille dont le caractère le plus marqué est la forme sphéroide du test, qui porte deux espèces de piquans : les uns plus grands, portés sur de gros ma- 282 L.. AGASSIZ.:— Sur «dés Echinodermes. melons; les autres plus petits, entourant la base des’ premiers ou recouvrant les ambulacres. La bouché est centrale, à la face inférieure du disque; Janus, qui lui est diamétralement oppo- sé, est.situé at sommet ‘du disque; :ets'ouvre entre les petites plaques qui Péatourent;: vis-asvis et ‘quelquefois asséz près de l'aire ambulacraire postérieure. 1. Ciparis Lam. ét Auct. — Ambulacres étroits, couverts de petits piquans comprimés; aires interambulacraires larges, chacune de leurs plaques n'étant surmontée que d'un gros tubércule pérforé portant un grand piquant jet autour duquel ibyen-a plusieurs petits. On connaît beaucoup d’espèces fos - siles, du Jura, de la craie et des terrains tertiairés, ainst'que plusieurs vivantes. C. Blumenbachi Munst, — C. Buchii Munst. — C. corenata Goldf. —C. crenularis Lam. — C.'elegans Munst. — C. florigemma Phil. (C. elongata Rœm.)—C.giandifera Goldf.—C. marginala Go\d£.— C. maxima Munst. — C. moniliféra Goldf. — C. muricata Rœm..— C. nobilis Munst: — €. pro- pinqua Munst. — C. Schmidelii Munst: —.C.spinulosa Rœm. — C: regalis Goldf. — €: clavigera Kœn. — C. corollaris Mant. — C. cretosa Mant. — €. clunifera Ag. (v. p. 142). — C. vesiculosa Goldf. — C. limaria Bronn. — C. discus Bronn. — C. rosaria Bronn. C. serraria Bronn.:— C. nystrix Lam. — C. baculosa Lam. — C. tribuloides Lam. — C. verticillata Lam.— €. tubaria Lam. — C. bispinosa Lam. — C; annulifera Lam. — C. metularia Lam. —"C: stellulifera Boryÿ. — C. imperialis Lam.—C. granioides Lam. — C; pistillaris Lam. 2. Dianema Gr. {Cidarites Lam.) Test plus où moins -dé- primé ; ambulacres larges, convergeant uniformément vers le _sommet. Les piquans sont souvent tubuleux. Les tubercules des plaques ambulacraires, quoique également perforés; sont plus petits et plus nombreux que dans les Cidaris. Il y a des espèces fossiles du Jura et de la craie, et ‘plüsieurs vivantes. D. Hochet Ag. (Cidaris Beech. Broder. ) — D. subangulare Ag. (Cidarites subbang. Goldf.).— D. vagans Ag. ({Cidaris vag. Phil.). — D. mammillanum Ag. (Cidarites mam. Rœm.). — D. hemisphæricum Ag. (Jura). — D. tran- sversum Ag. (Jura). — D. variolare Ag.(Cidarites variol. AL. Br.).— D. gra- nulosum Ag. (Cidarites granul, Goldf.). — 2. ornatum Ag. (Cidarites orn. Goldf.). D. rotulare Ag. (v: p.139) — D. setosum Gr. = D. calamarium 1. AGASSIZ: => Sur ‘les Echinodermes. 283 Gr. — D, spinosissimum Ag. (Cidarites spinos. Lam.) — D. subulare Ag. (Cidarites subul. Lam.). — D, pulvinatum Ag. (Cidarites pulvin. Lam. ) à. AstroPyGa Gr. ( Cidarites Lam.) — Test déprimé ; ambu- lacres larges et convergeant uniformément vers le sommet ; plaques oviducales très longues, lancéolées; plusieurs rangées verticales de piquans sur les aires interambulacraires. Une seule espèce vivante. A radiata Gr. ; 3. Sazenra: Gr. ( Cidarites Auct.). — Ce genre ressemble _augenre! Cidaris par da: disposition des plaques ‘interambula- eraires, mais qui ne/portent qu'un gros mainelon dont le som- met n’est pas perforé. Autour de l'anus, au lieu de petites plaques: mobiles, il y a: de grands écussons articulés par leurs bords. Les plaques oviducales sont également très grandes. Toutes les espèces sont fossiles, du Jura ou de la craie. ‘5. Hoffmanni Ag.(Cidarites, Hoff. Rœm.). 8. kémisphærica Ag. (Cidarites hemisph. Rœm:). 18. scutigera Gr. —$. pellata Ag. (v. p. 140.) 5. Ecainomerra Breyn, V: Phels. et Gr. (Æchinus Auct.) — Test ovale transversalement et obliquement à l’axe longitudi- nal, plus ou moins déprimé; gros tubercules sur les aires in- terambulacraires, portant des piquans de forme très variée. M Gray a cru voir dans l’obliquité des ambulacres une objec- tion à .la disposition bilatérale que j'ai reconnue aux Echino- dermes; mais c'est simplement un exemple de plus du défaut de symétrie malgré la parité des parties , comme cela se voit dans la plupart des, Mollusques. M. Wiégman, en revanche, a très bien remarqué que leur diamètre longitudinal est plus court que le transversal. Toutes les espèces de ce genre sont vivantes. * E. atrata Gr. — E. acufera de BL — Æ. carinata de BL — E. Lesche- näultii de BI. — E. Lobata de BI. — E. Lucunter Gr: — E. mathæi de BL — E. mammilata Gr. — E. maugei de BI, — Æ. oblonga de BI. — £E.pe- diféra de B1. — E. Quoyi de BI. — E. trigonaria de BI. 6. Arsacra Gr, (Æchinus Auct.). — Vrais Oursins semblables aux Diadèmes , mais dont les tuberceules ne sont pas perforés. 284 L. AGASsIZ. — Sur les Echinodermes. Aires ambulacrairés étroites; ambulacres droits et simples, ou formés chacun de deux rangées de doubles pores. Les espèces fossiles sont du Jura, de la craie et des terrains tertiaires. Il y en a aussi de vivantes. A. hieroglyphica Ag.(Ecbinus: hierogl, Goldf. ):—:4.sulcata Ag. (Echi- nus sulc. Gold£.). — 4. nodulosa, Ag. (Echinus nodul. Munst. ) — 4. granu- losa Ag. (Echinus granul. Munst.). — 4. alutacea Ag. (Echinus alut. Goldf. — A radiata Ag. (Echinus rad. Hœn.). — 4. pusilla Ag. (Echinus pusillus Munst.): — 4 puncitulata Gr. — A. pustulosa Gr. 7: Ecainus Linn. et Auct.). — Ambulacres composés de seg- mens d’arcs formés par plusieurs paires de pores, et conver- geant uniformément vers le sommet ; disque circulaire ou sub- angulaire, très régulier: Il y a des espèces fossiles du Jura, de la craie et des terrains tertiaires, ainsi qu’un très graud' nombre de vivantes. E. germinans Phil. — E. Perlatus Desm.— ÆE. lineatus Goldf. — E, Me- nardi Desm. — E. Milleri Desm. — Æ; regalis Hœn. — E: ventricosus Lam. —E. scardicus Lam. — Æ. pentagonus Lam.— ÆE. Peleolus Lam.—EÆ. varie- gatus Lam.— Æ. esculentus Tinn. — E. vulgaris de Bl.— E. lividus Lam. — E. variolaris Lam. — Æ, melo Lam. — ÆE. miliaris Lam. etc. AL. Les STELLÉRIDES constituent le dernier ordre de la classe des Echinodermes. Leur forme étoilée , la mobilité de leurs rayons qui souvent se divisent à plusieurs reprises , la position de la bouche au centre de la face inférieure, sont les caractères extérieurs les plus saillans de cette division, dans laquelle où doit admettre trois familles : celle des Astéries, celle des Ophiures et celle des Crinoïdes. Quant à leur organisation, M. Ehrenberg a fait récemment l'intéressante découverte que l’Asterias violacea a des yeux qui se montrent comme de beaux points rouges à la face inférieure de l'extrémité des cinq rayons. 1. Les AsrÉRiEs correspondent aux limites que Lamarck avait assignées au genre de ce nom établi par Linné dans un sens L. AGASSIZ. — Sur les Echinodermes. 285 beaucoup plus étendu. Ce qui les distingue, c'est d’avoir un seul orifice du canal intestinal, entouré de suçoirs , mais dé- pourvu de dents. À la face dorsale, on remarque entre les deux rayons postérieurs un tubercule lamelleux, ou plutôt fibreux , que l’on à appelémadréporiforme:! De la: bouche à l'extrémité des rayons, iky a des sillons profonds, occupés par plusieurs rangées de pédicules, 1. Asrérras Lin. et Ag. ( Æstropecten Link. — one Lloid. — Pentastérie De B., en partie. — Sfe/laria Nardo, nom déjà employé pour un genre de plantes). — Corps étoilé; face su- périeure tesselée ; rayons déprimés , bordés de deux rangées de larges plaques portant de petites épines. A. aurantiaca Lin. — À. bispinosa Ouo. — 4. calcitrapa Lam. et plu- sieurs espèces nouvelles. 2. COELASTER Ag. — Diffère du genre précédent en ce que la cavité intérieure est. circonscrite. par. des plaques disposées comme celles des Oursins; et. au sommet desquelles on aper- çoit une étoile d’ambulacres. Ce genresetrapproche donc, par son: organisation, de ‘la famille des Crinoïdes, tandis que sa forme ‘est celle des vraies Astéries. Te n’en connais qu’une és- pèce fossile, qui est de la craie. C. Coulon Ag. 3. GonrastER Ag. (Scutastérie et. Platostérie De BI.). — Corps pentagonal, bordé d'une double série de larges plaques qui portent des épines ; face supérieure noueuse. G. reticulatus Ag. ( Asterias reticul. Linn.) — G. equestris Ag. ( Asterias equ. Linn.). —:G. nodosus Ag. ( Asterias nod. Linn.). — G. tésselatus Ag. (Asterias tessel Lam.). — C’est encore ici, je pense, qu'il faut placer plusieurs “espèces fossiles imparfaitement connues, savoir: G. porosus Ag. (v. p: 143.).— G. couloni Ag. (v. p. 144.).— Asterias quinqueloba Goldf.— 4. jurensis Munst.— Les plaques décrites sous les noms d’Æstérias scutata , stellifera et tabulata , ne sont peut-être, que des plaques de calices de crinoïdes inconnus, si elles n’ippartiennent pas à ce genre-ci. 280 1. AGASSIZ. — Sur les Echinodermes. 4: OPuinihsrer Ag. -— Corps étoilé, finement tésselé sur toute: sa:surface;-silonsiinférieurs très Pneus o 1 0. ophidianus Ag: ( ('Agteria ophid. Tam. À 5. Lawkra Nardo (Cribella Ag. Msc. ei étoilé ; rayotis tuberculeux et allongés ; peau poreuse dans les: intervalles: L. variolaia N. ( Asterias variol. Lam. } — Z. typus LE à francis- cus N. Les espèces décrites-par Goldf. sous les noms d Asterias arenicola et obtusa, semblent devoir former un genre à part que l’on pourrait nommer Peuraster. Je ne les connais cependant pas assez pour en décider. 6. Srecronra Nardo. (Uraster Ag. M$sc. = Pentastérie De BI. en partie, et ses Solastéries ), r—. Corps étoilé, entièrement cou- vert d épines plus ou moins saillantes. St. Rubens Nardo. (Asterias rub. Linn.).—S4. sepitosa N. (Asterias sepit. Linn.) — St. glacialis N. (Asterias glac. Linn. ) — Se. spinosa N. (Asterias Spin. Link. ). — S£.' nu aps Ag: ( Astérias angül. Mull.). — Se. endeca Ag. ( Asterias end, Lin). $4. pappôsa Ag. ( Astérias pap. Lin). Sr. Heélian- thus Ag::(Asterias Hel., Lam.) = Sa Echinitis Ag. (Ast-Echin., Lam 2 Les espèces dont le nombre, des rayons varie de 5 à 7, ‘font la transitionsaux vraies Solastéries, Les 4sterias lanceolata et lumbricales Goldf, doivent proba- blement aussi être rapportées à ce genre. 7. AsTERINA Nardo. ( Clenaster Ag. Msc. — Astérias,. sect: C De BI. — Pentaceros Link). — Corps pentagonal recouvert d’é- cailles pectinées ; face supérieure bombée ; sillons de la face‘ in- férieure profonds. A. minuta N. (Asterias min. Lann.) 8. Pazmipes Link (Faimastérie De BI. — Anceropoda Nardo). — Corps pentagonal , très LA bar mince, mais membraneux sur ses bords. P, rer Sat Link. 9- Cuicrra Ag. (Oreiller De BI. ). Corps pentagonal, fendu aux angles; tégumens granuleux, C. discoidea Ag. (Asterias discoid, Lam. } L. AGASS1Z: — Sur les. Echinodéermes. 589 u. Les OPmrurés diffèrent des Astéries, erfée que la'partie centrale-du corps forme:uridisque distinét'etaplati auquel sont annexés des rayons plus ou moins allongés‘ét même ramifiés dépourvus de sillons à leur face inférieure. Pa 1, Opmiura Lam. et Ag. (sect. A. De BL. ). — Disque très dé- primé; rayons simples, squameux, portant des, épines très courtes, accolées aux rayons. O. texturata Lam. — O. lacertosa Law. etc. 2. Opmiocoma Ag. (Ophiura De Bl.,.sect..B.). -— Ce genre diffère du précédent par de longues. épines.tres pebies aux rayons. O: squémata Ag. COphiüel sisi Lam. ) — 0. Echinata Ag (Ophiura echin. Lam.) etc. Fe à OPURELLA Ag. — Disque : à peine distinct, Toutes les. es- pèces sont fossiles. O.carinata Ag, (Ophivra carin. Munst.).— ©. speciosa Ag. Cophitira spec. Munst.).— O. Milleri Ag. (Ophiura Mill. Phil.). —0. Egertoni Ag. (Ophiura Egert. Brod.) 4. AcroURA Ag, — Se rapproche beaucoup des Ophiures pro- prement dites, mais en diffère en,ce que de, petites écailles pla- cées sur les côtés des,rayons remplacent les épines. Les rayons eux-mêmes sont très grèles. Une espèce fossile: A°priscæ Ag. (Ophiura priséa Münst: ) tAalcri * : 5. AspiDurA Ag. — Une étoile de dix plaques recouvre la face supérieure du disque , tandis que les rayons, proportionnelle- ment gros, sont entourés d'écailles imbriquées. Une espèce . fossile. A. loricata (Ophiura loric. Goldf.) 6. Tricasrer Ag. (Euryale Auct. ). — Rayons fourchus à leur extrémité. T. palmifer Ag. (Euryale palmif. Lam. ) 288 L.. AGASSIZ. —-+ Sur les Echinodermes. 7: EURYALE Lam. (Astrophyton Link. — Gorgono-cephalus Shaw).— Disque pentagonal ; rayons ramifiés à plusieurs re- prises, dès leur. base. E. verrucosus Lam. —EÆ. costatum Lam. —E. asperumiLam. — E. muri- catum Lam.— Æ. mediterraneæ Risso. (cette dernière espèce se trouve bien certainement dans la Méditerranée; j’en ai vu plusieurs exemplaires recueillis dans la baie de Naples par M. Buckland. J'en fais la remarque, parce que tout récemment encore, on a révoqué: en doute l’existence de cette espèce, quoique Rondelet en fasse déjà mention. 111. Les CRINOÏDES, Mali leur forme étoilée ét leur grande ressemblance extérieure avec les Astériés, constituent cepen-- dant une famille distincte, caractérisée par la présence dé deux orifices séparés, quoique dé rapprochés, au canal intestinal ; orifices qu'il n’est pas toujours facile de reconnaître au milieu des bras de rayons qui les entourent, surtout dans les espèces fossiles. La plupart des espèces sont pédiculées, c’est-à-dire, portées sur une tige adhérente au centre de la région que, dans les Etoiles de mer, nous avons envisagée comme le milieu de la face dorsale. 1. ComaTuca Lam. ( strocoma De BI. — Decameros Link. — Antedon Frem.— Alecto Leach. ).— Disque pentagonal, voüté à sa facé supérieure, qui porte plusieurs rangées de rayons simples et articulés ; rayons du disque bifurqués, commençant cependant par deux pièces simples. Les bords dés rayons sont pinnés ; bouche centrale, enfoncée; anus entre la bouche.et le bord du disque, saillant ébhanénent, Animal complètement libre. C. mediterranea Lam. etc. 2. Comasrer Ag. ( Comatula Auct.) — Ce genre a la même organisation que le précédent; mais'les espèces ont les bras ra- mifiés, au lieu de les avoir simplement fourchus. C. multiradiatus Ag. (Comatula mult. Lam. } 3. Prenocoma Ag. — Rayons pinnés, tellement développés, L. AGASSIZ. — Sur les Echinodermes. 289 et bifurqués si profondément , da le disque paraît nul; corps libre, Espèce fossile. Pt. pinnata Ag. (Comatula pinn. Goldf. ) 4. SaccocomA Ag.— Le disque présente la forme d’une poche _ arrondie, au bord de- laquelle sont articulés cinq rayons grèles, * héfqués sitplerienr jusque vers leur He et pinnés. Corps libre. 8. tenella Ag. (Gomatula ten. Golf. ). — $. pectinata Ag. (Gomatula pect. Goldf.).—8. féliformis Ag. (Comatula älif. Goldf.) 5. Gzenorremires Goldf. — Je ne puis voir dans ce genre que le disque d’un Crinoïde voisin des Comatules, mais en au- cune façon un genre allié aux Oursins(Comparez encore le 14° genre, Socacrinus Goldf.). Ce qui le distingue, c’est d'avoir à sa surface des dépressions perforées que l’on a envisagées comme des points d'insertion de piquans , mais que je croirais plutôt être les faces articulaires de rayons dorsaux, tandis que les cinq sillons qui entourent la bouche seraient les points d'insertion des rayons. Cinq ouvertures infundibuliformes autour de la bouche. Une espèce fossile de la craie. GL. paradoxus Goldf. LD 6. Ganxmepa Gr. — Il en est de ce genre comme du précé- . dent, dont il diffère par l'absence des cinq ouvertures infundi- | buliformes autour de la bouche, ainsi que des sillons qui alter- nent avec elles. L'espace déprimé du sommet est quadrangu- laire. Une espèce vivante, dont j'ai vu l’exemplaire original au Müsée britannique. + G. pulchella Gr. 7. Marsuprres Mant, (Marsupium Kœna. — Marsupio-cri- nites De Bl:);— Disque composé de grandes plaques, poly- _ gônes ; dont l'uné occupe le ‘centre du sommet dorsal, sans pré- senter aucune trâce de tige ; trois rangs de ces plaques forment les côtés du disque, qui a la forme d’une bourse, des bords de VII Zoo, — Mai, ’ 19 te 290 . L AGASSIZ. — Sur les Echinodermes. laquelle partent cinq rayons; bouche entourée de nombreuses petites plaques. Une espèce fossile, de la craie. M. ornatus Mant, Ce sera peut-être dans le voisinage de ce genre qu'il faudra ranger les plaques qui ont été décrites sous les noms d’Æsterias scutata, A. stellifera et À. tubulata, si elles proviennent de quelque Crinoïde inconnu. 8. Payrocrinus De Bl.(Hibernula Fl.— Pentacrinus Thomps.) — Tige ronde et articulée, sans digitation ; disque circulaire, formé d’une pièce centrale qui porte un rang de rayons dor- saux simples, et plus au.bord un rang de rayons bifurqués et pinnés, à partir du quatrièmé article; les premiers articles se touchent par leur base. Une espèce, vivante. Ph. europæus de BL: (Pentacrinus europæus Thomps.) 9. Penraceinos Mill. (Pentagonites Raffin). —! Tige plus ou moins pentagonale, portant de distance en distance des rayons simples, verticillés; rayons du disque fixés à la tige, chacun par une pièce cunéiforme suivie de deux pièces simples après lesquelles les rayons se bifurquent pour se partager éncore en deux plus loin, et se ramifier en de nombreux appendices pin- nés à leurs bords. L’intervalle entre la base des rayons, occupé par la cavité viscérale, est formé par de nombreuses petites plaques. Une seule espèce vivante, et beaucoup d'espèces fos- siles, du Muschelkalk , des terrains jurassiques crétacés et ter- tiaires. On pourrait désigner sous le nom de CaLapocrinus des es- pèces dont les rayons accessoires forment des verticilles plus ou moins distans. P. dubius Goldf.— P. basaltiformis Mill. — P. briareus Mill. — P. cin- gulatus Munst.— P. muliferus Munst. (non Mill) — P. annulatus Rœm. — P. pentagonalis Goldf. —P. lœvis Mill. — P. scalaris Goldf. — P. sub- angularis Mill. — P. scriptus Rœm. — P. subsulcatus Munst. — P. subteres Munst. — P. tuberculatus Mill. — P. moniliformis Mill. (non Munst.) — P. subbasaltiformis Mill. — P. caput Medusæ Mill. cas co L. AGASSIZ. — Sur les Echinodermes. 291 10. Isocrmus N. de Meyer. — Très voisin des Pentacrines, dont il a la tige avec ses rayons simples. Les premiers articles des rayons du disque ne font pas saillie comme dans le genre Pentacrinus; en revanche, la partie supérieure de la tige est plus développée. Une espèce fossile, du Jura. I pendulus N. de M. (encore inédit.) 11. Encrivus Guett.— Tige arrondie et lisse; rayons du disque formés à leur base de trois articles D AECHEES simples, sur le dernier desquels s’articulent deux séries de pièces plus petites, portant plus loin du centre. chacune deux rangées d'articles pinnés et mobiles sur leurs gonds. Espèces toutes fossiles, du Muschelkalk. E. liliformis Auct. — E. Schlotcheimii Quenst. 12. ApioCRINUS Mill. ( Æstropoda Defr. — Ceriocrinus Kœn. — Pomatocrinus et Symphytocrinus Kœn.) — Tige arrondie et lisse, se dilatant insensiblement vers la base des rayons, qui se composent, d’abord, de trois articles simples, consécutifs, alternant avec cinq, pièces, distinctes du sommet de la tige; plus loin, chaque rayon se bifurque et se subdivise encore en pinnules latérales. Ces animaux sont fixés au sol par une dila- tation plus ou moins considérable de la base de la tige. Toutes les espèces sont fossiles, du, Jura et de la craie. A. elongatus Mill. — 4. flexuosiüs Goldf. — A.incrassatus Rœm: — À. mespiliformis Schlot.;— 4. Milleri Schlot.— 4. obconicus Goldf. — 4. Pratil Gr. —.4. rosaceus Schlot, 4; rotundus Mill. — 4. ellipticus Mill. 13. EuceniacrINUS Mill. (Symphytocrinus Kœn). — Tige ar- rondie et lisse, formée d'un petit nômbre de longs articles. La base de chaque rayon se compose d’une pièce renflée et pro- portionnellement grosse ; toutes ces pièces (il y en a ordinai- rement Cinq, mais quelquefois seulément quatre} sont: sou- déés entre elles. On ignore comment les rayons se ramifient. Toutes les espèces sont fossiles du Jura. (L’E. mespili iformis Goïldf. dé la Grauwacke paraît avoir des cire génériques particuliers. ) 19. 202 L. AGaAsSrz, -— Sur les Ethinodermes. EE: caryoplyllatus Goldf, -— Æ : éompressus GoMf. — E. Nausmanni Ron. — E., Noferi Munst. — E£, rnoniliformis, Munst. — E. nutans Güldf. — E, piriformis Munst, —.Æ. quinquangularis Mill. , 4/Soracrinus Goldf. — Aù premier abord, ce genre né pa- raît différer des Eugeniacrines ; à côté desquelles Goldfüs l’a placé, que par la présence de petits articles distincts entre les bases des rayons. Cependant je crois que c'est des Comatules, et Surtout du genre Glenotremites, qu'il se rapproche le plus. La tige est très courte, arrondie à son extrémité; ce qui me fait PER que ces ariimaux étaient libres, et qué Îles impréssions que l'on rémarque sur la tige étaient les points d'insertion de rayons semblables à ceux que les Comatules portent a leur face dorsale. Mais n'ayant pas eu occasion d’en examiner moi-même, je les laisse provisoirement. à lasplace qui leur a-été assignée par l’auteur du genre. Espèces toutes fossiles du Jura. S. costatus Goldf. — S. scrobiculatus Munst. —$. Jægeri Goldf... 5. Raopocrinus Mill. — Tige plus où moins arrondie, tra- vérsée par un Canal pentagonal; basé des rayons the de ciñq petits articles surmontés chacun dé deux autres pièces un peü plus grandes ; puis viennent d'autres plaques semblables, niais moins régulières et plus pétites, qui forment en dessous la éavité viscérale, du bord de laquelle il naît cinq rayons qui se ramifient comme ceux dés Pentatrinés. Espèces fossiles, de la Grauwacke et. du calcaire, carbonifère. (Le RAA. chisome Schlot. à tige épineuse, du Jurx, paraît devoir former un genre à pârt, dont je ne puis encore indiquer les caractères, né con- naissant pas la structure de ses rayons.), Rh. canaliculatus Gold£. — Rh, gyratus Goldf. — Rh. quinquepartitus Goldf.— Rh. crenatus Goldf. — Rhverus Mill. — A4, quinquangularis Mill. 16. Acrivocrinüs Mill. (Rhodocrinus Koœn. dre Ce genre dif- fère du précédent par une tige percée d’un canal rond; les plaques du disque qui entourent les côtés de la cavité Real sont plus nombreuses et disposées moins régulièrement. Espèces fossiles, de la Grauwacke et du calcaire carbonifère. jen Le DE St STE L.,AGASSIZ..-— Sur, les Echinodermes. 2093 À, cola Goldf:— 4. granulatus Goldf: 4, moniliformis Mill, — # muricalus Goldf. — 4, nodulosus Goldf. Tr 4: gothlandicus Goldf. — À. lœvis Mill. — À. poly dacty lus Mill. — 4. tesseratus Goldf. — À: triñ- contadacty/las Mi — "14. tétsérooontadact} lus D 27 Mecocrwus Gold. — Ce genre ne diffère des ldosshée et.des :4ctinocrines ;\qu'en:ce que la-base-des cinq rayons al- térne avec cinq pièces distinctes du sommiet-de la tige; etique les plaques qui ferment en dessus la cavité, viscérale sont plus grandes que celles comprises entre, les rayons au point où ils se détachent du disque. La structure: des Rhodocrines; dés, Ac- tinocrines et des Mélocrines, est d’ailleurs très semblable. Es- pêces fossiles , dé IA Graiuwacke ét du calcaire carbonifère. M. gibbosus Goldf. À "M. læyis Goldf. "M. hidroglyphicus Gold. 18: EvcaczyProcrwus Goldf..— Cavité viscérale spacieuse, en- tourée à sa base de cinq plaques qui alternent avec trois ran- gées de dix plaques, au bord desquelles sont insérés les rayons. Une espèce fossile, de la Grauwacke. ù bu rosaceus Goldf. dos Dnmesqul Mill. — Tige egrimilie y percée d'un canal rond ; cavité viscérale entourée sur ses côtés de trois rangées dns de cinq grandes plaques hexagones dont les’supé- rieures portent cinq rayons bifurqués, composés d'articles al- longés. Espèces fossiles, du calcaire casbhiieres dl P. roses Mn: nr ténuis. bu 20: Dinan Mill. — La base des rayons'se compose de cinq grandes plaques adhérentes-entre elles et alternant avec des pièces distinctes du somméèt de la tige; les cinq rayons sont insérés sur leurs bords; entre leurs bases, on distingue cinq peutes plaques ; il:y en à en:dessus detrès petites qui ferment la cavité viscérale. Espèces- fossiles! dé la Grauwacke et du cal- Caire carbonifère. PI. ventricosus Goldf. — PL. granulatus Mill. — PL. pentangularis Mill. 7 Pl.rugosus, Mill, — PL. striatus Mill. — PL} lævis Mill. — P2. mr Mill. — PL. depressus Goldf. 294 L. AGASSIZ. — Sur les Échinodermes. 21. Cyarmocrinus Mill. — Ce genre ne diffère du précédent que par la disposition des grandes plaques qui entourent la ca vité viscérale et qui sont sur deux rangées, tandis qu'il n’y en a qu'une dans les Platycrines. On remarque entre les bases des rayons une petite plaque hexagone. La tige est ou arrondie ou pentagone, et porte de petits rayons simples. Espèces fossiles, de la Grauwacke et du calcaire carbonifère. ; C. geometricus Goldf, — C. pinnatus Goldf. — C. rugosus Mill. — ©. tu- berculatus Mili. — C. planus Mill. — C. É r sen ir Mill. — C. abbre- viatus Mill. — C. pentagonus Goldf. 22. SPHÆRONITES His. (Echinosphærites Wahl.).— Ne pos. sédant que des exemplaires très imparfaits de ce genre, je ne puis en donner les caractèrés.Ce qu'il y a cependant de certain, c'est qu'il est très voisin des Cyathocrines, Espèces fossiles, de la Grauwacke. | _ S. pomum His. — S. aurantium Wah]. — $. granatumÿWah. — S. Wah- lenbergii Esmark. 23. CarroCRINUS Say. — Cavité viscérale entourée ‘de plaques polygones, formant deux rangées ‘de six plaques:et une de huit dont quatre portent des rayons bifides. Espèces Fois de la Grauwacke., C. ornatus Say. — C. loricatus Say. A4. Cupnaahcnuete Goldf. — Tige arrondie, percée d’un ca- nal en forme de croix; cinq pièces renflées au sommet de la tige,-entre lesquelles sont articulées les deux premières pièces de. la base des rayons, qui sont les plus petites, et sur lesquelles sont ‘placées de larges plaques disposées en pyramides, dont les bords portent de petits appendices mobiles. Espèces fossiles, de la Grauwacke. (Le C. gracilis Goldf. me paraît plutôt devoir être rapporté au genre Cyathocrinus.). 1 C. crassus Goldf. 29, PENTREMITES Say. — Corps subpentagone, porté sur une très courte tige surmontée de cinq pièces distinctes, au-dessus A L. AGASS1Z. — Sur les Echinodermes. 299 desquelles s'élèvent cinq rayons de forme pyramidale, compa- rablés aux aires interambulacraires dan Oursin. Entre les plaques de ces rayons se trouvent cinq aires ambulacraires très larges à la face supérieure du corps, au sommet duquel on remarque Cinq gros trous alternant avec ces aires. Ce genre présente ainsi des caractères analogues à ceux de toutes les familles de la classe des Echinodermes; c’est aussi l’un de ceux dont les espèces se trouvent dans les couches les plus an- ciennes. à P. fiorealis Say. — P. ovalis Goldf.— P: derbiensis Sow. —P. piriformis Say. — P. ellipticus Sow. — P. globosus Say. Dans ce cadre synoptique des Radiaires, je me suis abstenu d’énumérer toutes les espèces douteuses , espérant pouvoir les faire mieux connaître lorsque je publierai la monographie dé- _ taillée de cette classe, dont je n’ai donné ici qu'un aperçu très abrégé. Dans l'indication des caractères génériques, je me suis efforcé de les exprimer de la manière la plus simple, et j'ai évité tous les termes impropres de la nomenclature que Miller a éta- blie pour décrire les plaques qui entourent la partie inférieure de la cavité viscérale des Crinoïdes, et qui servent d'insertion à leurs rayons. Il n’y a rien, en effet, dans ces animaux, qui puisse être comparé à un. bassin , à des pièces costales ou inter- costales , à une omoplate, à des bras, à une main, à des doigts, à des tentacules; à une clavicule, à des plaques: ipeciorales ou capitales, et qui justifie l'emploi de ces dénominations pour dé- signer de simples plaques calcaires, semblables à celles des Oursins et des Etoiles de mer, disposées même, en général, comme dans ces deux familles , et ne présentant d’autres diffé- rences que celles-ci : c'est qu’à la face dorsale il se développe un certain nombre de plaques les unes sur les autres, qui forment une tige plus ou moins longue et mobile ; que la cavité princi- pale de l'animal est entourée sur ses côtés de plaques très va- riables en nombre et en forme dans les différens genres, et disposées très diversement autour de la bouche; qu'enfin, les rayons qui se détachent du disque central se ramifient de dif- férentes manières. 296 GARUS. — ŒŒEufs dans l'ovaire des fœtus femelles. Pour simplifier les noms généralement si longs que lon a donnés aux genres de la famille des Crinoïides, j'ai changé partout leur terminaison crinites en crinus, comme l’a déjà fait M. de Blainville pour quelques-uns d’entre eux. LerrRe sur la présence d'œufs déjà formés dans lovaire des fœtus femelles, adressée à l'Académie des Sciences, ‘par M. Carus. J'ai l'honneur de faire part à l’Académie des Sciences d’une découverte physiologique qui, selon moi, ne manque pas d’im- portance; et je demande en conséquence la permission d’'ex- poser à l’Académie ce qu'il y a de plus. essentiel, dans ce qui suit: Ilest notoire que Régner de. Graaf a été bien près de recon- naître l'existence de véritables œufs dans les follicules de l’o- vaire des mammifères et de l'homme; on sait encore que: Pré- vost et Dumas, auxquels nous, devons, les belles: observations sur Ja génération et sur d'autres questions. physiologiques, furent en effet assez heureux : pour. apercevoir, les premiers, ces.petits œufs, visibles'seulement au moyen du microscope : toutefois de Baer est, sans contredit, le premier qui ait fait des observations entièrement satisfaisantes sur leur. situation par- ticulière et leurs rapports dans l’ovaire. Néanmoïns les expli- cations qu’il donna sur la construction de ces œufs étaient loin d'être concluantes: ce ne fut que le professeur Valentin qui fournit des renseignemens plus certains sur des objets si em- brouillés, sans toutefois les épuiser entièrement, puisqu'il nia dans ces. œufs l'existence du chorion et de l’albumen sur les- quels M. Wagner publia alors d’autres renseignemens plus gu- dicieux , en augmentant cette doctrine d’une première deserip- tion exacte de la soi-disant tache germinale à la surface inté- rieure de la vésicule germinale. Il lui est pourtant arrivé caRuS. — OEufs dans l'ovaire des fœtus femelles. 297 aussi de confondre quelques objets : c’est ainsi qu'il plaça dans le vitellum ce que de Baer décrivit comme discus proligerus qui entoure tout l'œuf dans la liqueur des follicules Graafii. Par ce qui précède, on est à même de reconnaitre mainte- nant que, relativement au véritable œuf primitif, qui ne peut être, reconnu que par le microscope, chez les mammifères et chez l’homme, et relativement à son importance, il nous reste encore beaucoup de recherches à faire et qu'il n’y aura peut- être. jamais une conclusion définitive, comme. dans tout ce que l’esprit de l’homme s’efforce de dévoiler, A travers tant d'investigations faites dans le domaine de la physiologie moderne et de l'histoire du développement de l’em- bryon, un fait reste constant, un fait. dont les siècles passés n'avaient absolument aucune idée comme de maint autre sem- blable, c’est à savoir : « L'homme, de méme que les mammifères ; naît d’un œuf «.qui existe dans le follicule de l'ovaire déjà avant l’acte de « fécondation et qui a une très grande ressemblance avec les « genmes d'œuf dans l'ovaire des ovipares: » Mes propres travaux physiologiques et la révision de la troi- sième édition de ma Gynécologie , durent précisément, quant à. cet article, m'amener à me poser la question suivante: « 4 dater de quelleépoque.ces œufs se rencontrent-ils dans l’o- « vaire des mammifères et de l'homme. » Je me vis donc porté à faire plusieurs : nouvelles recherches dont je desire publier promptement le résultat préliminaire, vu qu'il suffit déjà pour en tirer des conséquences très importan- tes pour la physiologie enigénéral et pour la doctrine des pé- riodes de la vie humaine en particulier. Je ne crois pas devoir en retarder la publication, tout aperçu de ce genre étant, une étincelle qui, de près ou de loin, peut.faire éclater une grande et vive. lumière au moment où nous nous y attendons le moins. Déjà vers la fin de l'automne passé je me suis.occupé pen- dant le peu d'heures de loisir que des travaux accumulés me laissent encore ; à examiner l’état des ovaires d'animaux nou- veau-nés, Je passe sur le détail de ces études, en remarquant 298 carus. — OEufs dans l'ovaire des fœtus femelles. seulement 1° que le compressorium de Purkinje et Valentin m’x été de la plus grande utilité pour reconnaître distinctement les. œufs cachés dans la substance des ovaires encore tendres; 2° que c'était surtout des ovaires de veaux nouveau-nés, que je réussis bientôt à extraire facilement et complètement non-$eu- lement tout le follicule Graafii, mais qu'il arriva toujours, lors- que ce follicule (nommé autrefois à tort Ovulum Graafi), avait été déchiré avec précaution moyennant deux aiguilles sous le microscope , que dans la liqueur granuleuse qui en sortit, se présenta aussitôt le petit œuf nageant dans son discus proligerus (pour me servir du nom que Baer lui a donné). Je 'ne le découvris d’abord qu’à l'aide de la loupe ; plus tard l'habitude me le fit reconnaître à l'œil nu. 7 Le petit œuf lui-même fit déjà voir distinctement le chorion, le vitellum et la vésicule primitive avec sa tache germinative, de manière qu'il n’y eût rien qui l'aurait pu faire distinguer sénsiblement des petits œufs que j'avais souvent extraits anté- rieurement des folliculis ovariorum des Vaches. L'occasion de faire les mêmes recherches sur des cadavres frais de petites filles nouveau-nées ou très jeunes encore, était difficile à obtenir; elle se présenta cependant au printemps de l’année 1837, et quoique toujours peu-à-peu , par des observa- tions réitérées, maint détail doive être mieux fixé, voici déjà les résultats remarquables obtenus jusqu'ici. Il ne fut pas possible de découvrir le follicule Graafii, rem- pli déjà de liqueur autour de l’œuf, dans l'ovaire d’une jeune fille décédée quatre jours après sa naissance, qui s’offrit en- core fort étroît et aplati: en revanche, et par la pression légère des minces segmens de l'ovaire, il se présenta déjà très distinc- tement, des œufs plus où moins grands, parfaitement indiqués par le vitellum ét la vésicule primitive , Vesquels se trouvaient pourtant encore étroitement enveloppés de la SpsUIBEe du follicule et de l'ovaire, | Il en était bien autrement de l'ovaire d’une jeune fille de dix-huit mois. Déjà plusieurs follicules, développés à un quart de ligne, quelques-uns même jusqu’à une demi-ligne, s'y mon- trérent, et quoique l'enfant eût souffert du rachitis, que les Ce. un _« à Et @ cARUS. — OBufs dans l'ovaire des fœtus femelles. 299 stagnations du sang se fussent étendues jusqu’à la matrice et lovaire, ét'eussent occasioné qu'un peu de sang même se füt répandu par-ci par-là dans la liqueur des follicules et en eût dis- sous le petit œuf dans quelques-uns, il se trouva cependant encore dans l’un des plus grands, l’œuf le plus distinctement formé ; tandis que d’autres n’offraient plus que le cercle blan- châtre de l’albumen, entre la membrane du vitellum ét le cho- rion, ainsi que la substance du vitellum distinguée vers le dis- cus proligerus par’ses fins globules, quoique la ligne de dé- marcation n’en füt pas partout régulièrement tracée. C'est'enfin dans un plus grand développement que se pré- sentèrent les mêmes objets dans les ovaires d’une jeune fille de quatre ans et demi, morte de pneumonie. — Ici, chaque ovaire contenait à lui seul un follicule complètement développé d'un diamètre de 6/8"° de ligne : après que l’un et l’autre eu- rent été extraits et déchirés sous le microscope moyennant deux aiguilles, 47 sortit de chacun, l’œuf du diamètre d’un douzième de ligne de Vienne, avec le vitellum, la ‘vésicule pri- mitive munie de sa tache germinative, le tout parfaitement prononcé, nageant dans la liqueur menu-granuleuse , et qui contenait encore quelques globules de substance d’œuf, d’une plus grande dimension. En outre, il y avait dans la substance dés ovaires une foule de petits œufs plus où moins grands, du diamètre de 1/60" , 1/20" et même de 1/14" de ligne de . Vienne, tous encore étroitement enveloppés de leurs folli- cules. ., Maintenant après avoir reconnu ces importantes différences physiologiques non encore relevées jusqu’à présent, on sera à même de comprendre ce, qu'il y a de remarquable dans la ré- à. pétition de ces trois périodes primitives de la vie de. l'homme développé, c’est-à-dire: 1° l’âge du nourrison, 2° l'enfance pro- . prement dite, et 3° l’âge de l’homme mür (ce dernier se divi- sant de nouveau en a, adolescence, , âge viriletc, vieillesse) : cest ainsi qu'on se verra conduit à beaucoup d’autres obser- vations intéressantes dont, pour le moment, je ne décrirai que les plus importantes. 1° Il ÿ a une grande inégalité dans les époques du dévelop- L 300 CARUS, = ŒEufs dans l'ovaire des fœtus femelles. pement vital parmi les différentes classes d'organismes quand on envisage les périodes où la vie latente peut avoir beu.: C’est ainsi que nous voyons chez les plantes :qui. nous offrent dans sa plus grande extension le phénomène remarquable de! la: vie latente (1), que ce n’est que l'œuf fécondé.,;connu sous le.nom de sémence müre, qui soit capable d’une vie latente dont:il nous faut dire, qu’elle, peut .se prolonger des milliers d'années depuis qu'il est à notre connaissance qu’on est parvenu à faire germer de nouveau des grains de blé tirés des. tombeaux.de mo- mies égyptiennes. 2° Quant : aux animaux d’un ordre inférieur et nommément les animaux articulés, un long état de vie latente ne convient pas chez eux à l'œuf avant la fécondation aussi peu qu’au pre- mier œuf des plantes ayant son. état de, semence : en revanche ce même œuf après sa fécondation (toutefois avant qu'il ne se soit montré encore.quelque.trace de lembryon qui cependant est déjà: connu. dans. les, semences des plantes); est capable d’une; vie latente considérablement.prolongée, non-seulement sans aucun, changement pendant un, hiver entier (comme: la plupart des œufs d'Insectes); maïs quelquefois même, sous: cer- taiues circonstances dont le détail ne peut: trouver place-ici, il demeure de plus longs ;espaces de temps dans un état de vie latente, (Sans doute il en est ainsi.dés È de physieuen: In- sectes aquatiques et de petits, Crustacés). i sb 3 Le résultat certain-de ces observations est er ! 1° Les œufs, ces germes de l'existence future des hommes se forment déjà avant la naissance de l'individu femelle; de sorte que vers la fin de la grossesse avec un enfant du sexé fe- minin il existe incontéstablement trois générations d'hommes dans un seul'individu.( A-peu-près de larmême manière qu'où avait déjà'eu lieu de le remarquer chezile Volvoce, l’ancien pal- ladium de la théorie d'évolution où de préformation. ) °° De bonne heure, après la naissance de l'individu femelle et (1) Notion dont l’importance ne fut point assez appréciée autrefois dans la physiologie, et | qu’on trouve développée dans un article de moi, qui parut dans les Archives de physiologie, rédigées par J:' Muller, année 1835. CARUS. — OŒufs dans l'ovaire des Jœtus femelles. 301 du moins dès Ta ‘première année de la vie se développent autour de plusieurs œufs les follicules de l'ovaire, de. manière que déjà les. alentours d'un tel ovule se trouvent essentiellement dans le mérne état qu'au temps de la puberté. (C'est pourquoi le dé- velopperient ultérieur de cés œufs pour se constituer fœtus humain , ne souffrirait aucune éntrave si. les. conditions ex- térieures étaient accordées de si bonne heure. Pour ‘savoir quelle période de la vié dé l'individu femelle, dans nos climats, peut être considérée comme étant le premier où la conception et la grossesse peuvent avoir lieu, il faudrait encore aller aux renseignemens, ) 3° Quand par l'élargissement du follicule et l’épanchement dela liqueur, l'œuf mür de l’homme'est isolé" davantage de la substance des organes maternels, il reste dans l’état d’une vie latente pendant un nombre d'années qui n’est pas fixé défi. nitivement jusqu'à ce que, par l'attraifide la fécondation il est tiré de cet état dépendant, et appelé à un L épelop pement ulté- rieur. Il s’en suit encore que : 4°. Lorsque. nous, voudrons. faire l'énumération dé toutes les. périodes: de la vie. humaine, ‘il: nous faudra : procéder ä-peu-près de méme (que nous le faisons Pour les périodes vi- tales de l’Insecté, où l'on distingue 14 Vie ovulaire, celle de la larve et chrysalide ét celle de l'insecte développé; car de même on envisager et on distinguera nécessairement chez nous, à, la vie, latente de l'œuf, d’un.nombre de 10 à 20, peut- être à 30, à 4o ans; b., læ vie fétalé de dix mois, ‘et c., là vie dé l'homme développé, d’un nombre de peut-être r00 ans. * EXPLICATION DE LA PLANCHE 10 A; Fig. 1. Ovaire gauche d'une jeune fille de quatre , ans, avec sa rad plus grand que na- ture, Fig. 2. Le même diséqué pour faire voir le follicule de Graaf, Fig, 3. Ouverture abdominale de la trompe ; très grossie. Fig. 4. Figure théorique du follicule de, Graaf, avec l’ovule. a. > nr 408 externe du foili- cule; 3, contenu séro-albumineux ; c. discus proligerus; d, ovule ; e. son chorion; . vitel- lum; g. la vésicule germinale , avec la tache germinale. 302 °F. CANTRAINE. — Genre Mytilina. Fig. 5. Portion du contenu séro-albumineux du follicule de Graaf, chez une petite fille de quatre ans. c. diseus proligerus ; d. ovule; e. le chorion; €. l’albumen; f le vitellum ; g. vésicule germinale, avec la tache germinale; L. un des corpuscules albumineux nageant dans le contenu séro-albumineux du follicule. Diamètre de l’ovule, 1/12 de ligne de Vienne.— (Dessinée au microscope. ) Fig. 6. Portion de l'ovaire d’une petite fille d’un an et demi, vue sous le compressorium de Purkinje, et dessinée au microscope, On y voit deux ovules de diamètres différens , étroi— tement enfermés dans la substance de l'ovaire, et enveloppés dans les membranes de leurs folli- cules. a. membrane du follieule ; e. chorion ; f. vitellum; g. vésicule germinale, et tache ger- minale ; +. substance de l'ovaire ; z. sa surface abdominale. , HiSTOIRE NATURELLE ef analomie du système nerveux du genre Mytilina, Par F. CANTRAINE, Docteur ès-sciences, membre de l’Académie des Sciences de Bruxelles, professeur d'histoire naturelle à Faniversité de Gand. L'expérience nous apprend chaque jour combien une détermination rigou- reuse des espèces est indispensable en zoologie: il importe d'autant plus qu’ane telle déterminaton soit philosophique et repose enfin sur des données: physio- logiques et anatomiques exactes, que cette branche des sciences physiques. est appelée par ses sœurs comme auxiliaire, Dans les systèmes, on ne s'aperçoit pas de l'importance de ce point ; le nombre des espèces augmente, quelques genres ou sous-genres se trouvent créés et le mal se borne là : dans l’applica- tion il n’en est pas de même, et l’on a vu qu’une espèce mal déterminée et dont les habitudes n’ont point été bien étudiées, peut arrêter!la marche dela science et porter ceux qui la cultivent à douter des vues grandes et justes qui les guidaient. Dans ce cas se trouve une espèce de Mollusque qui vit dans les eaux douces d’une grande partie de l’Europe ; et qui fut décrite un peu con- fusément par Pallas, sous lenom de Mytilus polymorphus. Pallas , lorsqu'il commença ses voyages, pouvait posséder les notions que l’on doit s'attendre à trouver dans un homme-chargé d’une-mission aussi importante, sans avoir pourtant des connaissances profondes sur toutes les parties dont il s’occupait : il pouvait même avoir une excellente théorie ‘et nous donner pour- tant, dans les commencemens de l'application de cette théorie, dés résultats plus ou moins équivoques. Bien des naturalistes célèbres ne feraient pas mieux, sion les éloignait de leur bibliothèque et si on les obligeait à s’occuper prati- De RL a æ- F. CANTRAINE. — Genre Mytilina. 303 quement des trois règnes de la nature. Le génie de l’homme n’est pas assez par- fait pour embrasser une telle immensité, à moins qu’il ne veuille tout effleurer. En outre, il est bon d'observer que Pallas visita en 1769 la mer Caspienne et le Volga où il découvrit ce mollusque: c'était donc la première année de son ap- prentissage et âgé d'a pee 28 ans, âge bien tendre pour qu'on puisse en at- tendre un tact et une philosophie parfaits, surtout si l’on considère l’état des sciences à cette époque. Malgré toutes ces considérations que l’on aurait pu faire, c’est pourtant de cette époque que date le préjugé de l'existence d’une’ moule qui vivrait indistinctement dans l’eau salée des mers et dans les eaux douces des fleuves. Un tel mollusque , vivant dans des milieux si différens, ex- cita avec raison l'attention des naturalistes, et fit douter chez les géologues de l'importance du caractère fourni par les coquilles fossiles pour la détermination des terrains. Cependant dans la préface de l’appendice des voyages de Pallas(s), rédigée par Lamarck, ce savant, dont l’œil pénétrant ne se laissait pas facilement éblouir, émit des doutes sur les déterminations et les observations du voyageur russe, surtout à l’é égard des mollusques: quand on a peu d'usage de voir et de déterminer des espèces, dit le naturaliste français (2), on croit souvent ne voir que peu d'objets différens dans les lieux mêmes qui en sont abondam- ment remplis. Et à la note au bas de la même page : Ze professeur Pallas a vu dans la Daourie et dans d'autres provinces de la Russie fort éloignées d'Eu- rope, des coquilles de plusieurs rivières de ces contrées. Il les a négligées, les prenant pour ce qw’'il appelle des moules. ..... 1l voyait peut-être sans s’en douter de nouvelles espèces fort intéréssantes et fort remarquables par leurs caractères. Jusqu'ici Lamarck ne fait que’compatir au'peu d'expérience de Pallas et avertir que ses relations doivent être consultées avec circonspection. Plus loin, pag. 211, il ajoute : Pallas rapporte ici à la méme espèce une moule marine et une moule d’eau douce que je présume fort devvir étre distinguées au moins comme espèces, si toutefois elles sont véritablement du même genre. Ces passages devaient porter. les savans à résoudre cette difficulté dont la solution était si importante pour la géologie ; car c’était sur l’existence d’une moule observée dans les collines de Weissenau que reposait un des plus forts ‘argumens qui furent opposés à l'opinion du baron de Férussac sur l'origine la- . custre de ces collines (2). Malgré ces avertissemens et ces réflexions de Lamarck, la chose en demeura là jusqu’à cette époque ou M. Vanbeneden fit connaître plus amplement le Wytilus polymorphus qu’il érigea en genre, mais sur lequel _. ne fit que répéter ce que dit Pallas, qu’il n’a pas compris, ajoutant que c’est (r) Traduction française, 8 vol. in-8 et atlas. Paris, an 11 de la république. Vol. vur, p. 4. (2) Loc. cit. vol. va, p. 4. | | (3) Baron de Férussac, Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris , vol. 1, p. 144i 304 F. CANTRAINE. — Genre Mytilina. peut-être un exemple unique dans lhistoire des Mollusques d'habiter des con- trées et des milieux si différens (1). Cependant il suffit de lire la diagnose que donne Pallas pour se convaincre qu’elle se compose de deux parties, et qu'il y est question de deux espèces distinctes. La voici : «à Myricus rorymorraus. WMarinus ad summum mole « nuclei pruni, marino eduli oblongior ; valvulæ præsertim versus nates magis « carinatæ, latere incumbente planiusculæ atque excolores, superiore vero parte « circulis griseo fuscis, undulisve variæ. Nates acutissimæ, subdeflexe, Fu- « viatilis, sæpe quadruplo major , subfuscus, latior ; valvulis exacte semiova- « tis, argute carinatis, latere incumbente plano-excavatis : natibus acutis « deorsum inflexis. Cavum commune testæ versus nates vbsoleté quinquelocu- « lare , dissepimentis brevissimis. » (2) à Pallas y établit d’abord cette distinction, marinus et fluviatilis, et Jon voit que les caractères qu’il assigne aux individus fluviatiles ne conviennent. nulle- ment aux individus marins : premièrement, ily a la taille de l'espèce fluviatile sæpe) quadruplo major ; puis la conformation de la partie apicale de la cavité cayum commune testæ versus nûtes .obsolete quinqueloculare, caractère im- portant qui seul suffit pour établir la séparation: Si les deux cloisons dans. cha- que valve. qui ont valu le caractère quinqueloculare n'existent que dans les adultes,.on en rencontre pourtant toujours. une très, prononcée dans Je jeune âge. D'après cette analyse, on voit que Pallas à réuni, sous.Je nom a de My tilus polymorphus ;, deux espèces qu’il a très. bien circonscrites dans la, diagnose, dont. la première partie regarde une espèce, marine, très voisine de la. petite moule nommée par Poli Mytilus minimus.; dont elle a la taille et la forme; la seconde partie appartient à une coquille uniquement d’eau douce, qui. vit dans plusieurs fleuves. rivières, canaux et lacs de l’Europe, analogue à à la moule observée par Férussac dans les collines de Weissenau, et qui constitue un genre très différent des vraies moules par la conformation de l'animal. C’est donc à tort que l’ori à avancé à plusieurs reprises que ce mollusque habite in- distinctément les éaux douces et salées. Je puis assurer d’après mes observa- tions qu'il ne souffre pas l'eau salée, car quoique éxcessivement commune dans : le lac'de Harlem, dont elle couvre les pierres, les pieux etles écluses, et dans _ les canaux aboutissant au Rhin près de Leyde, eette coquille ne se montre (x) Vanbeneden. Mémeire sur le Dreissena, présénté à l'Académie: de Bruxelles dans la séance du 17 janvier x835, et imprimé dans les Annales des Sciences naturelles, avril 1835. Nous ne croyons pas devoir répondre aux observations que M. Vanbeneden fait à ce sujet dans le Bulletin de l’académie de Bruxelles, vol.1v, p. 142 ; pour qu'il puisse les apprécier à leur juste valeur ; nous y rénvoyons le lecteur. (2) Pallas. Voyages , trad. franc. édit. à in-4. Paris 1788, vol. 1, p.740, n. 91. Id, im-8, vol. vx, p.210 , n, 523. | dati 0 Le EF. CANTRAINE. — Genre Mytilina. 305 plus, > dans le Rhin >-dans les endroits où l’eau de la mer arrive lors des hautes marées. h On pourrait faire une objection pour soutenir l'identité de la moule du Volga . et du Jaïk âvec celle de la Mer Caspienne. Guthrie(r) dit que l’eau de cette nn. D ste te. ie de ds Ge TS mer est douce sur les bords, et n’est salée qu’an centre ; donc rien ne s'oppose à ce que cette moule vive sur les bords de cette mer comme dans les fleuves qui y portent leurs eaux. Cet argument serait bon si la donnée de Guthrie était exacte; mais On{a tout lieu de la révoquer en doute, car Pallas dit, pag. 678, vol: 1 de l'édition in-4° : Peau de ce golfe (le dernier de Strelezkoï) est déjà trés salée ; et pag: 687, toutes les pierres de l’île (Kamenoï) sont yarnies d’une moule (Mytilus polymorphus) dont j'ai parlé en divers endroits. Ce qui prouve que la salure de la Mer Caspienne est très grande dans une loca- lité encore dépendante du Jaïk, par conséquent plus rapprochée de la source de ce fleuve que l'île de Kamenoï , qui est dans la Caspienne. Un simple coup d'œil jeté sur la carte de cette mer suffit pour s'assurer de l'exactitude de ces citations. Nous observerons encore ici que ce mollusque, pour vivre dans quel- ques lacs très voisins de la Baltique tels que le Frisch-Haff et le Curisch-Haff et qui se trouvent nommés dans quelques ouvrages Lacs marins, ne doit point être regardé pour cela comme vivant dans l’eau salée. Ces deux lacs cités par Baer(2)comme localités habitées par le Mytilus Hagenii, sont d’eau douce. Voyez Maltebrun (4). Le nouveau genre comprenant le Mytilus polymorphus et les au- tres coquilles dont l’animal a les bords du manteau réunis, et qui ont le port des moules, fut établi par nous, en 1834, dans une lettre à M. Quetelet. Nous lui avons donné le nom de Mytilina (4), afin d'indiquer les rapports que la co- quille présente. Nous n’en connaissions que deux espèces, la première des fleu- ves d’une grande partie de l'Europe, et identique avec le Mytilus Polymor- phus fluviatilis de Pallas : Ja seconde nous l'avons trouvée en 1828 dans les terrains tertiaires du Siennoïs ; et depuis, notre estimable coliègue, M. Kickx nous en a remis des individus vivans. \ (1) Guthrie.,Æbrégé de la nouvelle. Géographie universelle, Paris 1833 ,p. 776. On lit dans le journal l'Institut, année 1836, p,.102, une notice de M. H. Rose sur la composition de l'eau du lac Elton, notice qui vient à l'appui de l'assertion de Pallas, (2) “sis, année 1826 , page 525. (3) Précis de Géographie universelle ant. Frische-Half. et Curisch-Haff. (4) M. Bory de Saint-Vincent.a employé.la:même dénomination dans son Essai sur les Mi— r aroscopiques (Paris 1826, page 87) ; mais comme. cé savant l’a appliquée à des êtres qui doivént rentrer dans les Entomostracés, Lophyopes et être probablement placés dans le genre Daphnia ou Lyneeus, nous croyons qu'elle peut être conservée pour désigner ces mollusques. VII. Zoou. — Wai, 20 \ 306 PF. CANTRANr, — Genre Mytilina: Myzrina N. Testé œquivalvi, bush; ; bysso affisé, loculari ; dissepimentis duo- bus aut quatuor ; cardine subedentulo. * Animal Mytilinas inhabitans HxrocxA Poli.— Corps rhomboidal allongé, terminé en arrière par deux tubes rudimentaires ou foraminiformes ; une fente médiocre à la partie antérieure et inférieure du manteau pour donner passage au pied et au byssus.— C'est une conformation très analogue à celle de l'animal du Donax rhomboïdes Poli (1), (Byrssomia Cuv. ) Les Mytilomyes ne sont pas les seules coquilles bivalyes dont la cavité api- cale soit divisée par des cloisons; on trouve dans le genre Mytilus des espèces qui présentent la même conformation plus ou moins développée. . Le Mytilus biloculuris Limn., par exemple, dont le port total est si ressem- blant avec celui de l'espèce type des Mytilomyes ne peut être rigoureusement déterminé sous le rapport générique qu’à l’aide des impressions musculairespos- térieures et de la partie antérieure, du bord. ventral de la valve gauche (nous parlons ici de la coquille sans faire attention aux caractères fournis parle mol- lusque ). Dans cette moule, l'impression du muscle rétracteur est enclavée dans celle du muscle transverse, et bordée en’arriere et supérieurement par elle, : dans les Mytilomyes ces impressions sont distinctes et ont toutes deux une forme oblongue. Quant au bord ventral de la valve'gauche, chez les Myslomyes, il fait en avant, vis-à-vis de la cloison apicale, une saillie assez prononcée qu on prendrait pour une dent, tandis que,cette saillie manque dans les Moules. L'animal des Mytilomyes se trouve conformé comme celui. des Myes et des Byssomies ; il ne présente de différence remarquable avec celui des premières qu’en ce qu'il est muni d’un byssus et qu’il a les tubes moins longs. L'exposi- tion que nous allons donner de son système nerveux montrera la concordance qui existe entre ce système et celui que nous avons observé dans les Myes (2). Nous observerons à ce sujet qu’une erreur fut commise par Poli (3) : il croyait d’après Baster que l'animal de la Mye des sables (Wya arenaria Linn.), rentrait dans son genre Callista, par conséquent dans les Acéphales tubifères dont les bords du manteau sont désunis : maïs ce mollusque ainsi que celui de la Mye tronquée est de son genre Æypogæa. M. Van Beneden dans le mémoire précité fait consister le système nerveux du Mytilus polymorphus en cinq ganglions; il n’y en a que #; ils sont rendus (x) Testacea utriusque Siciliæ. Parmæ. 3 vol. in-fol. vol. 2; p. 8r, tab. xtv, fig. 16. (2) Bulletin de l’Académie de Bruxelles, vol. 11, page 242. (3) Poli. loc. cit, Bivalvia, pag. 2. “ar stats Less < avec la plus grande précision dans la figure ci-jointe ; l'erreur de M. Van Be- neden provient de ce qu’il a voulu décrire le ganglion moyen ou pédieux sans l'avoir connu : on peut s’en convaincre en lisant la description et en jetant un coup-d'œil sur la figure qu'il en donne. Ces quatre ganglions sont répartis en trois paires dont deux soudées. Les deux ganglions antérieurs ou la paire céphalique (a) sont supérieurs à lœ- sophage quoique placés à la commissure des lèvres : un filet nerveux assez épais et caché dans la lèvre supérieure, joint ces deux ganglions entre eux. En outre, : de chacun d’eux sortent six nerfs: 1° un nerf qui va en avant, donne une petite branche au muscle transverse (adducteur) antérieur, se reporte ensuite en ar- rière et en bas pour longer le bord musculeux du manteau; 2° un nerf beaucoup plus fia qui, d'abord parallèle au précédent, se perd bientôt dans le manteau. 3° et 4° deux petits nerfs qui vont aux tentacules labiaux. ; 5° un nerf asser fort qui entre en tortillant dans la masse du foie , en allant en haut et en ar- rière ; il en sort tout près du côté intérieur de l'orifice des ovaires : depuis à, appliqué contre la paroi inférieure du manteau, il converge avec son congénère pour se joindre au ganglion postérieur ; 6°.un nerf un peu moins fort qui perce la base du muscle rétracteur antérieur du pied , glisse entre ce muscle et le foie vers la base du pied, où il se met en contact avec le ganglion pédieux.. Le ganglion pédieux ou moyen (d) semble formé de deux ganglions soudés . ensemble; il est placé à la base antérieure du pied, ét. les trois paires de nerfs qui en sortent , embrassent cette base à différentes haniques pour se disperser dans les muscles du pied. En 1836 nous avons publié dans les bulletins de l’Académie de Bruxelles page 245 que dans les Acéphalés lamellibranches l’anneau nerveux cervical ou collier était incomplet : depuis on a voulu prouver que nous £tions dans l'erreur (1} et qu’il y existe un collier nerveux dont le ganglion moyen est le complément. Nous ferions peut-être bien de ne RO relever de pareilles as- sertions et de laisser le soin d’en faire justice à ceux à qui le scalpel est un peu | familier. Cependant nous dirons que si l’on regarde le ganglion moyen comme . complément du prétendu collier nerveux dans ces Mollusques, les mêmes rai- * sous existent pour que le ganglion postérieur ou simple ou double soit aussi éon- L sidéré comme tel, parce qu’ilest, comme le premier, én rapport avéc les gan- glions céphaliques et embrasse par là le tube intestinal, de sorte que ces Mol - Musques auraient ainsi deux colliers nerveux. Il n’existera selon nous de collier “ nerveux chez eux, que lorsque les ganglions a auront deux filets de ‘commissures , l’un supérieur , l'äutre inférieur à l’œsophage qu'ils embrasseront ainsi en FR d’anneau. La conformation que l’on connaît maintenant du sys- tème nerveux de ces animaux permet seulement de dire que les ganglions sont en rapport entre eux. Fi (r) Bulletin de l’Académie de Bruxelles, vol. 1v, page 143. 308 F. GANTRAINF. — Genre Mytilina. Le ganglion postérieur {g) est situé sur la face inférieure du muscle trans- verse (adducteur) postérieur. Il est plus grand que les autres et plus large ; il est bien inférieur au tube intestinal, quoique placé plus haut dans le corps que les ganglions céphaliques. Il émet quatre paires de nerfs. 1° La première paire est contenue dans l'espace qui reste entre les deux nerfs qui vont en avant se joindre aux ganglions céphaliques. Je n’ai pu les suivre que jusqu'où le ‘canal intestinal entre dans le dos du manteau. «2°-La paire de nerfs qui vont joindre les ganglions céphaliques. 3° Plus en dehors, il y a une paire de nerfs assez forts qui vont aux bran- chies: le nerf va d’abord en avant, se recourbe ensuite en arrière pour monter le long du bord-postérieur des branchies. | 4° Une paire de nerfs qui vont en divergeant en arrière jusqu’au bord pos- térieur du muscle transverse postérieu ; à côté de Panus cheque nerf se divise en trois branches dont la plus épaisse se continue en arrière, et après avoir donne un filet au muscle transversal du trou anal du manteau, va se perdre dans les fibres ‘circulaires qui ‘entourent le siphon destiné À la respiration. La seconde branche court en dehors de la précédente parallèlement à elle, va plus loin, et peut-être va-t-elle à la rencontre du premier nerf du ganglion céphalique. La troisième branche se courbe tout court autour du bord posté- rieur du muscle transverse postérieur, rampe dessus à côté du rectum en avant ; elle se perd bientôt. Ce genre doit être placé dans la cinquième famille des Acéphales de Cuvier, dans le voisinage des Byssomies. Les espèces appartenant au genre Mytilina sont : 1° Mywrcina porxmonena Nob. . M. Testé loculari, lævi, postice compressé ; valvis carinatis , latere incum- -bente de: chats natibus acutis deorsum inflexis. «) Adulte. Test4 quinqueloculari , olivaceo-fuscä. Pallas. Voyages Trad. franç. édit. in-4. vol. 1. pag. 740, n. g1. — — — — — in-8. vol. var. pag. 210. Lion. Gmel. Systema naturæ édit. 13. pag. 3363. n. Ay. b) Jeune et moyen âge. Testé triloculari superne olivaceo aut zonaté aut variegaté. MyniLus roLxmorruus Schrôter. Hsmonelti. P: 197. vs "7 Einleit. xx. p. 471 n. 57. ue NE Georgi. Geogr. des rossis. Reich. V, pag. 2207. — + Eichwald. Zoolog. 1 p. 286. … — Sowerby. Gener of Shells, Genr. My- tilus , fig. 4. us — Sowerby Zoolog. Journal. 1. p.584. “6 Menke. Synops Moll. pag 105. 3 # F: CANTRAINE. — Genre Mytilina. 309 Myrizus maGeni1 Baer Progr. de Mytilo année 1825. ut no — — Isis, année 1826. pag. 525. — — Kleeberg. Mol. Borussica, pag. 36 n. 2. : Mvyrius rLuvio vorea Chemn. Conchyl. Cab. x1, pag. 256. tab. 205. fig. 2028. Myrnius vorcensis Gray. An of philos. — —. Wood, Zndex testac. Supplem, p- 8, a. 6. pl. ur. fig. 6 (Opt). _ — Faujas. Ænn. du Mus. vol, vu, pl. 58, fig. 13-14 ? Mrmus Lingarus Waardenburg. (non Lam.) Mol. belgica, pag. 38. [st M. hrbgue fn - Myruus Arca Kickx. Description d'un nouv. Mytile. in- 8. Bruxelles 1834. Danissra rouymorpHus Van Beneden. Magasin de Zoologie de Guérin. Bull. 2° livr. pag. 44; ann. 1835. _ POLYMORPHA. — Bulletins de l’ Acadénie de Brux. année 1835. pag. 25 et 44. — Annales des scienc. nat. avr.1835. TicnoconrA CGHEmnrrzur Rossmässler. Zconographie 1. Cahier 1835. pag. 113. pl ur. fig: 69. Nous n’osons admettre comme synonymie de cette espèce le Mytilus Brardi de Deshayes (Lam. Anim. sans Vertèbres vin, pag. 53, n. 5.): la diagnose et la description qu’il en donne ne conviennent à aucun, des nombreux individus que nous possédons. Cette coquille n’est pas aussi inconstante dans ses formes que le qualificatif qui lui fut donné pourrait le faire croire. Toujours elle adopte la forme semi- ovale-trigone, toujours aussi le plan ventral est presque droit dans le sens de l'épaisseur , arqué ou sinueux dans le sens de la longueur et limité de cha- que côté par une carêne, bien prononcée dans tous les âges, qui va du sommet au bord postérieur: vers le milieu de ce plan, les bords des valves laissent entre eux une ouverture pour le passage. du byssus, Toute la surface de la co- * quille est marquée de stries d’accroissement. Les crochets sont aigus et la valve q 8 gauche présente à son limbe apical inférieur une espèce de dent lamelleuse qui est reçue dans une cavité de l’autre valve. Intérieurement on observe aussi à la région apicale deux lames septiformes verticales, dont la plus grande donne attache au muscle transverse antérieur : les jeunes et les moyens individus n’en ont qu'une. L’impression palléale est entière ; à la région dorsale postérieure, 310 F. CANTRAINE. — Genre Mytilina. on voit les impressions musculaires qui sont fort grandes. Tout l'intérieur est d’un blanc bleuâtre ; cependant dans les individus observés par Baer, Loc. “cit. , äl était violet. Extérieurement les adultes sont d’un brun olivâtre irrégu- ièrement nuancé; les jeunes et ceux d'un âge moyen sont d’un gris jaunâtre marqués de zones concentriques irrégulières, olivâtres, et souvent à la région dorsale, on voit des zigzags de la même couleur; dans ces individus, on re- marque “enlitaiogient un raÿon plus ou moins interrompu, d’un gris jaunâtre qui va du sommet au bord postérieur. Le plan ventral ou inférieur est d’un gris jaunâtre plus ou moins coloré de brun. Les plus grands individus que j'ai re- cueïllis ont les dimensions suivantes : Long. 16 lignes, hauteur 8, épaisseur 9 172. Il est étonnant que tant de pce de dupe aient écrit sur le Mytilus be morphus de Pallas et qu'aucun d’eux jusqu’à ce jour n’ait fait attention au ca- ractère quinqueloculare, que le voyageur russe assigne à son espèce et qui est propre aux adultes : ce caractère n’est point un état anormal ni l'effet de la mai- greur du Mollusque comme on voudrait le faire croire. * Cette espèce vit dans les lacs et rivières d’une grande partie de l’Europe: elle préfère les eaux limpides et peu agitées. Elle a aussi été trouvée dans la Gêete, près de Jodoigne. On la rencontre à l’état fossile , à Düren entre Aix-la-Chapelle et Coligné ;: à Klein Spauwen près de Tongres, dans les collines de Weissenau et dans d’au- tres localités. Le Gammarus pulex est son epnemi; il en fait une grande destruction ; .voy. Georgi, loc. cit., pag. 2207. 20 MYrILINA cocHLEATA N. M. T'estu oblongo -angusta, leviter arcuata aut modioliformi ; lutea, fusco nebulata ; valyis tumidiusculis ; septo apicali postice unidentato. Myrizus cocazgarus, Kickx. Nyst. Bulletins de l’Académie de Bruxelles ; vol. 11. pag. 235 avec une , figure exacte. — BRARDI Brongn. Mémoires sur les terrains du Vi- centin pl. 6. fig. 14. — — Sow. Miner. Conchol. pl. 532. fig. 2 (exacte). — — Var. Bastérot Mém. géol. sur les terrains de Bordeaux. p.78. n. 2. = sAsrerort Leshayes Lamark. Anim. sans Vertèbres vit, pag. b4.n. 6. —- ..,..... Faujas Ann. du Muséum vol. vaux, pl. 58. fig. 11 19? ES Gin DEEE date à 9e ed mit nd CRE Eu tue né F. CANTRAINE. — Genre Myulina. SITE DaxissexA arricANA Vanbencden Annales des Sc. naturelles vol. 117. p. 21». pl. 8. fig. 12. 13. Cetie. espèce a une forme ovale-oblong, quelquefois légèrement arquée; sa surface est marquée de stries concentriques ou d’accroissement, que l’épiderme fait paraître lamelleuses. Une ouverture à ja région ventrale antérieure pour le passage du byssus. Les valves sont bombees , sans carêne, la gauche porte à son - bord inférieur, comme celle de l’espèce précédente, une dént Jamielleuse api- cale qui se loge dans une cavité de la valve opposée, La cloison apicale est unique; elle est munie d’un appendicé en forme de cuilleron où de dent trian- gulaire lamelleuse, placé du côté du bord supérieur, L’impression pallcale-pré- sente en arrière un sinus bien marqué, Le fond de la couleur est gris ou gris jaunâtre ; les adultes sont fortement teints de brun distribué par larges bandes irrégulières ; dans les j jeunes individus ces bandes sont noirâtres et à la région dorsale on voit des zigzags de la même couleur : un rayon blanchâtre , souvent interrompu, va du sommet au bord dorsal postérieur, La région ventrale est ordinairement d’un gris jaunâtre. L'intérieur est d’un blanc de nacre. — Long. 8 lignes , haut 4, épaiss. 3174, (1) | Cette espèce a été trouvée dans le deuxième bassin du port d'Anvers, où elle abonde surles pieux , les radeaux, la carène des bâtimens,:se fixant par un bys- sus, peu soyeux : il paraît qu'elle y fut apportée vers la fin du règne de Napo- léon. Elle s'y est acclimatée et vit dans l’eau légèrement saumâtre de ce bassin (nous:en ignorons le degré de salure); d’où fut-elle apportée ? Tout porte à croire que jadis elle était bien répandue, vu qu'à l’état fossile elle ‘existe dans beaucoup de localités. Je la trouvai à Sienne hors la porte Osile dans de l'ar- gile bleue: M. Brongniart l’a rencontrée dans le Vicentin, M. Bastérot dans les environs de Bordeaux, et mon savant collègue M. Kickx, m'en a montré des individus recueillis à Düren et à Klein Spauwen. A Sienne et dans les dernières localités, elle se trouve dans un terrain d’eau douce en société avec des Palu- dines. | * Nous avertissons les géologues que le Balanus miser Lam. peut s’habituer à l’eau saumâtre puisqu’on le trouve dans le deuxième bassin d'Anvers avec la Mytilomye à cuilleron ; c’est la seule coquille marine vivante que j'y aie trouvée. M. Van Beneden étant revenu différentes fois sur son travail précédemment cité (1) sans pourtant faire disparaître toutes les inexactitudes qui s’y trouvent, nous croyons être utile aux sciences en publiant ce mémoire, qui assigne au Mytilus Polymorphus de Pallas, la place qu’il doit occuper dans les systèmes, et le fait connaître tel qu'il est sous les rapports historique, zoologique et anato- mique. Nos données sur les habitades de ce Mollusque sont le fruit de l'obser- _{r) M. Nyst., loc. cit., dit cette coquille inéquivalve. Nous ne pouvons partager sa manière de voir. (2) Bulletin de l'académie royale de Bruxelles, vol, 1v, page 4. Ad, p. 146. 312 F. CANTRAINE. — Genre Mytilina. vation ; elles sont en harmouie avec les principes physiologiques, et le gisement de la coquille dans les terrains de formation d’eau douce vient les corrober. Nous me doutons point que des observations consciencieuses sur la nature du mollusque qui vit dans l’eau salée de la Caspienne ne viennent un jour assurer de la ma- nière la plus convaincante que le Mytilus polymorphus marinus de Pallas est une espèce distincte de celle qu’ilia désignée sous le nom de Mytilus poly- morphus furidilie. La fin du mémoire de M. Yan Beneden contient la asile d’une espèce de ce genre qu'il dit être du Sénégal et à laquelle il donne le nom de Dreissena africana : la diagnose et la figure qu’il en donne sont loin de faire soupçonner l'identité de eette espèce avec notre Mytilomye à cuilleron. Une autre espèce de ce genre est décrite par lui sous le nom de Driessena cyanea dans le quatrième volume des Bulletins de l’Académie royale de Bruxelles page 41; la diagnose en'est ainsi conçue : Coquille oblongue, plus haute qu’épaisse, finement striée à l’ex- térieur. Son intérieur d’un bleu foncé. Cette espèce, qui peut être nouvelle, ne sera bien reconnaissable que lorsqu'elle sera mieux caractérisée, le caractère tiré de la couleur de l’intérieur étant de peu de valeur. ‘Nous finirons en avertissant que les diagnoses des deux genres Tickogonia et Dreissena manquent au principe philosophique sans lequel une définition ne vaut rien : Definitio omni et soli definito conveniat. La diagnose du premier genre ne convient qu'au Mytilus Polymorphus Pall. et aux espèces dont les valves sont carénées : celle du second genre ne convient qu’au jeune âge du Mytilus Polÿmorphus , et aux espèces qui n’ont qu'une cloison apicale; ellé correspond au 2° groupe établi par Rang dans le genre Mytilus. EX PLICATION DE LA PLANCHE 10 8. Ganglion céphaliqué gauche ; le droit est rendu plus distinctement. Tentacules labiaux. Muscle rétracteur antérieur coupé. Gauglion moyen ou pédieux. Pied. " Branchies. b’ Ganglion postérieur, FR TS ERS CS Muscle transverse postérieur. SPP AN ns * 4 MULLER €t SOHWANN. — Sur la digestion artificielle. 313 EXPÉRIENCES SUR LA DIGESTION ARTIFICIELLE ; par le professeur Muzzer et Le docteur ScHwANx. * (Extrait.) On trouve dans les 4rchiv fur Anatomie und Physiologie pour 1856, deux longs et intéressans mémoires sur la digestion artificielle, Le premier, fait en commun, par le professeur Muller, et par son aide, le docteur Schwann, traite uniquement de la digestion artificielle de Palbumine coagulée, et de la fibre musculaire bouillie; le second, dû àu docteur Schwann seul, a trait d’une manière plus spéciale à la nature même des fonctions digestives. Ce qui conduisit le professeur Muller à s’occuper de la digestion artificielle , ce fut la publication (en 1834) de l'ouvrage d’Eberle surla Physiologie de la Di- gestion , dans lequel il est établi que, bien que ni les acides étendus ni le mucus ne possèdent séparément la propriété de dissoudre les substances organiques, tette propriété appartient au mucus acidifié, lequel non-seulement dissout l’al- bunine et la fibre musculaire; mais en change même complètement la nature chimique, en les convertissant en osmazome et en salivine. Durant l'hiver de 1834 à 1835, le professeur Muller eut la satisfaction de pouvoir se convaincre de Vexactitude des faits établis par Eberle, et pendant l’hiver suivant, il fit avec le docteur Schwann la série d’expériences dont nous allons rendre compte. x Ces deux savèns commencèrent par déterminer l’action des acides étendus sur les substances animales, Dans ce but de petits cubes de fibre musculaire bouillie et d’albumine coagulée furent taillés de façon à offrir des arêtes vives et des angles aigus, et soumis dans des tubes d'essai, avec des acides étendus , à une tempéra- ture de 30 degrés Réaumur. Douze heures de digestion dans l'acide hydrochlo- rique Ctéhdu ne produisirent aucun changement dans l'apparence extérieure de l’une ni de l’autre de ces deux substances ; et, après que l'expérience eut été prolongée pendant vingt-quatre heures, elles étaient seulement devenues un peu plus friables. Dans l'acide acétique, après douze heures, les petits cubes s'é- taient un peu gonflés ; et après vingt-quatre heures , ils avaient encore conservé leurs arêtes vives et leurs angles sans altération ; une digestion plus prolongée * amenait une séparation graduelle des fibres musculaires, mais jamais leur ré- duction en une masse pulpeuse. Les mêmes résultats étaient produits avec les acides oxalique , tartarique et lactique. MM. Muller‘ et Schwann essayèrent ensuite l’action du mucus acidifie. Pour cela, ils séparérent avec soin la membrane muqueuse du quatrième estomac d'un veau; et après l'avoir desséchée , ils la coupèrent en petits morceaux qu'ils 314 muLrer et scHWANN. — Sur la digestion artificielle. introduisirent dans des tubes d’essai d’un demi-pouce de diamètre, en y versant de l’eau distillée en quantité suffisante pour qu’elle s’élevât d’environ trois quarts de pouce au-dessus de la membrane ‘muqueuse ) ne ri celle-ci aurait été complètement imbibée. Deux de ces tubes reçurent six à huit gouttes d’acidé hydrochlorique, et deux . autres douze à quatorze gouttes d'acide acétique ; on laissa dans un autre les morceaux de membrane muqueuse avec de l’eau seulement, et dans un autre encore, la même quantité d'eau que dans les précédens , avec huit gouttes d’a- cide muriatique, mais sans membrane muqueuse ; puis on introduisit dans tous ces tubes des cubes de fibre musculaire et d’albumine coagulée. Après une digestion de douze heures, sous une température de 30 degrés Réaumur: \ 1° On ne vit aucun changement dans les deux derniers tubes que nous ve- nons de mentionner en dernier lieu... : 2° Dans les tubes où de l'acide avait été ajouté à la membrane muqueuse, les fragmens de muscle devinrent grisâtres, gonflés à leur surfacé ; leurs angles et leurs arêtes s’'émoussèrent , et l’on cessa d'y reconnaître des fibres distinctes. L’albumine se gonfla et devint translucide à la surface, molle et d'apparence caséeuse au centre ; et expérience ayant été continuée- es long-temps, cette substance fut complètement ramollie et dissoute. Il paraît être tout-à-fait indifférent que l’on emploie du mucus pur, ou seule- ment des fragmens de la membrane muqueuse pour la production du fluide di- gestif; car, suivant Muller, l'efficacité de ce fluide né dépend aucunement de la membrane même, mais seulement du mucus que contiennent ses nombreux folli- cules, La quantité nécessaire pour donnér un bon fluide digestif est extrêmement petite ; il suffit de Z environ de la masse totale d’eau et de membrane muqueuse. Il fallait maintenant déterminer si la dissolution de lalbumine coagulée n’e- tait que le résultat d’un simple changement dans le mode d’agrégation, ou s'il y avait eu altération chimique. Pour arriver à cette détermination d’une manière aussi simple que possible, on mit digérer soixante grains de membrane mu- queuse desséchée ; dans de l’eau acidulée, pendant quatorze heures, à une tem- pérature de 18 degrés R. Dix-huit grains d'albumine coagulée et taillée en cu- bes, furent alors introduits dans le fluide, et.on les y laissa digérer pendant vingt-quatre heures à une température de 20 degrés R. Cette opération fit pas- ser l’albumine du blanc au jaune; les arètés et les angles des cubes furent dis- sous, et ces derniers devinrent d’une consistance tellement faible qu'ils s’affais- saient sous les doigts à la manière d’une pulpe. En délayant dans l’eau cette al- bumine ramollie on en fit une émulsion qui fut jetée sur un filtre; et cette opération, répétée deux fois, avec quelques modifications, conduisit chaque fois au même résultat, Les différens. essais auxquels fut soumise Ja’ liqueur limpide tombée du filtre conduisirent les expérimentateurs à cette conclusion que l'albumine avait subi un changement chimique ; et avait été convertie en osmazome, en salivine, et en MULLER et SCHWANN.— Sur la digestion artificielle. 315 un troisième principe propre dont la nature ne pouvait être reconnue qu’à l’aide d’expériencés subséquentes. Ainsi il était certain que l’albumine éprouvait par l'action du mucus acidulé une altération chimique. Il devenait donc nécessaire de reconnaître la nature même de l'opération. Il semblait y ayoir quelque analogie entre la fermentation et la digestion artificielle; et la question qui se présentait immédiatement, c’était de savoir si pendant cette dernière opération il y avait développement d’acide car- bonique et absorption d’oxygène, et par conséquent, oxygénation de l’albumine: une expérience prouya que la digestion artificielle n’apportait aucun change- ment dans les proportions d'oxygène et d’azote qui entrent dans la composition de l'air atmosphérique. L'opération d’ailleurs n’était accompagnée d’aucua dé- veloppement d’acide carbonique, ni d'aucun autre gaz; et elle se faisait égale- ment bien dans des tubes ouverts ou hermétiquement fermés. Il se dégageait pourtant durant l'opération, une très petite quantité d’acide carbonique ; mais qui n’excédait pas ce qu’il s’en fût dégagé de quelque fluide animal. Il ÿ avait. aussi absorption d’une faible quantité d'oxygène, due probablement à la ten- dance qu'a l’osmazome à s’acidifier lorsqu'elle est en contact avec l'air atmo- sphérique. Ainsi, ce fait que la digestion s'opère également bien hors du contact de l'air , et la petite quantité de l’acide carbonique produit et de l'oxygène ab- sorbé, prouvèrent à nos expérimentateurs que les changemens éprouvés par lalbumine n'étaient pas dus à l’oxygénation. Toutefois, disposés encore à regar- der l'opération qu’ils étudiaient comme analogue jusqu’à un certain point avec la fermentation, ils considérèrent le principe digestif propre qui existe dans le mucus, comme tenant lieu de ferment. La nature de l'opération, et les pro- priétés du principe digestif sont étudiées d’une manière beaucoup plus complète dans le second mémoire , dont nous allons maintenant donner un extrait. Il est prouvé que le mucus est insoluble dans les acides ; et néanmoins le docteur Schwann a reconnu que la filtration n’enlevait pas au fluide digestif ses propriétés particulières, ce qui contrarie grandement l'opinion que ces proprié- tés appartiennent au mucus lui-même. Voulant éclaircir ce sujet, cet observa- teur prit environ deux livres de la membrane muqueuse du troisième et du qua- trième estomac. d’un bœuf, coupée en petits morceaux, et la mit digérer pendant 24 heures, à une température de 32 degrés R. , dans de l’eau à laquelle il avait ajouté environ deux onces d'acide hydrochlorique. La plus grande partie de la membrane fut dissoute, il en résulta un liquide trouble et opaque mélangé d’un mu - cus non dissous et de débris de membrane, et qui produisit, après la filtration, envi- rontrois quarts de litre d’une liqueur d'un j jaune terue et qui, même après qu’on l'eût laissée reposer pendant plusieurs mois, ne donna aucun dépôt, et contenait 2, 75 pour 100 de matières solides. Nous désignerons cette liqueur par A. Le résidu non dissous fut de nouveau traité par l’eau et l'acide ,'et l’on en ob- ünt après filtration environ un demi-litre d’un liquide que nous désignerons par B. Nous désignerons par C., le produit d'une troisième digestion. sembla- ble aux deux precédente®. Ces trois solutions contenaient à-peu-près la même 316 MULLER et SCHWANN. — Sur la digestion artificielle. quantité d'acide, deux drachmes de chacun exigeant à-peu-près pour être sa- turés, 2, 5 grains de carbonate de potasse. On plaça des cubes d’albumine coa- gulée dans des tubes avec chacune de ces trois solutions. Douze heures suffirent dans la liqueur C., pour que la digestion y fût terminée; l'opération marcha plus lentement dans la liqueur À. ; mais le pouvoir digestif de cette dernière s’ac- crut par une addition d’eau acidulée , tandis que l'addition d’une faible quan- tité de la même eau le diminua dans la liqueur C., ce qui prouve que le prin- cipe digestif était plus abondant dans la première que dans la seconde. Une question qui se présente aussitôt à résoudre ; c’est de savoir si l'acide est nécessaire pour l’accomplissement de la digestion, ou s’il sert uniquement à développer quelque autré principe qui, une fois formé , suffirait à produire cet effet sans l’assistance d'aucun autre principe. Pour s’en assurer, M. Schwann neutralisa la liqueur digestive par du carbonate de potasse ; le pouvoir digestif disparut aussitôt; mais il fut ensuite rétabli par une addition d’acide. D’ail- leurs on a déjà fait voir que l'acide seul ne possédait aucun ee digestif. De quelle nature est donc l'action de l’acide ? ° Doit-on le considérer comme une menstrue du principe digestif ? 2° Donne-t-il naïssance avec ce principe, à un composé chimique particu- lier, analogue aux sels acides, et possédant sous cette forme la faculté d’effec- tuer la digestion. 3° L’acide serait-il\ nécessaire pour dissoudre le produit de la digestion ? 4° Serait-il décomposé pendant l'opération, pour entrer en combinaison avec le produit. 5° Enfin prédisposerait-il les corps digestibles à la décomposition par le seul effet de son contact avec eux, et quoique ne pouvant produire cette décompo- sition par lui-même ? Pour résoudre la première question, l’expérimentateur neutralisa un peu plus de la moitié de l'acide d’une portion de la liqueur C., mais en y laissant encore une réaction acide manifeste, et sans produire aucune opacité dans le liquide. Le pouvoir digestif en fut complètement détruit, et la question résolue par la négative. Pour que la seconde hypothèse renfermât la vérité , il faudrait que la quan- tité d’acide fût toujours en proportion avec la quantité de pripeipe digestif con- tenu "dans un dissolvant; or le contraire est prouvé par expérience suivante : dans deux drachmes d’eau distillée on mit 4, 8 grains de la liqueur A., dont on mélangea la même quantité à deux drachmes d’eau acidulée dans laquelle Pa- cide entrait suivant la même proportion que dans la liqueur digestive normale. Le degré de dilution du principe digestif était le même dans les deux cas; la quantité seule de l'acide était différente. Après une digestion de vingt-quatre heures, l'albumine n’avait subi aucune modification dans le premier mélange, tandis qu’elle s’était complètement dissoute dans le second. Cette expérience dé- truit également la troisième hypothèse ; et la quatrième tomlre devant ce fait fe " 4 Lu € # ) r « € MULLER €t SCHWANN.. — - Sur la digestion artificielle. 317 qu'il faut la même quantité de carbonate de potasse pou saturer la liqueur après qu'avant la digestion. ? Nous sommes donc conduits forcément à penser que l'acide n’a d'autre effet que de prédisposer à la décomposition, exactement de Ja même manière qu’a- gissent les acides étendus d’eau et portés à l'ébullition dans k conversion de l’amidon en sucre. Il nous reste encore à rechercher de quelle manière agit le principe digestif lui-même dans la digestion artificielle. Or, il n’y a ici que deux hypothèses pos- sibles : ou l’action dont il s’agit est du nombre des actions chimiques par les- quelles s'effectue la dissolution des corps; ou.ce n’est qu'une action par con- tact analogue à celle qu’exerce la levure dans la fermentation. C’est pour résou- dre cette question que M. Schwann a fait les expériences qui suivent. Il fallait d’abord reconnaître la quantité de principe digestif nécessaire pour la digestion d’une quantité donnée d’albumine; pour y arriver, il plaça deux drachmes de la liqueur digestive À pure dans un tube a, et dans un autre tube b, de l’eau acidulée contenant +; de la mème Heu] ; un troisième tube c contenait 4; un quatrième, d, + ; un cinquième, e, ,5:3 un sixième, f, ,:. et enfin un septième ne reçut que de l’eau acidulée. Dans chacun on introduisit des fragmens d’albumine coagulée. Après une digestion de douze heures, l’al-- bumine des tubes b et c était entièrement dissoute; dans a et d cette substance était très molle et translucide ; mais on y reconnaissait encore la forme des frag- mens; dans e et même jusque dans / elle avait subi un changement manifeste; mais dans g elle était restée sans altération. Pour déterminer suivant quelles proportions varie le pouvoir digestif de la liqueur étendue et non étendue, M. Schwann fit l’expérience suivante :Un ‘drachme d’albumine coagulée humide fut malaxé avec 4, 8 grains de la liqueur À et l’on y ajouta ensuite deux drachmes d’eau acidulée. On mit la même quan- tité d'albuminé dans deux drachmes de la liqueur non étendue, et les deax mé- langes farent mis digérer pendant vingt-quatre heures. L’albumine dans ces deux cas futpresque complètement dissoute. Ainsi 4, 8 grains de liqueur di- gestive , contenant 0, 11 grains de matières solides ont suffi pour produire la dissolution de soixante graine d’albumine humide; ou d'environ dix grains de matière solide; de sorte qu'un grain suffit pour Ditdkiee la décomposition de 100 grains, proportion quelon sait être la même que dans la fermentation Une sé- rie d'expériences entreprises pour faire voir que le principe digestif est lui-même décomposé dans la digestion artificielle, a prouvé qu’en effet le pouvoir di- gestif de la liqueur était détruit, ou du moins considérablement diminué, mais dans l'état actuel de nos connaissances, il est impossible de déterminer la na: ture intime de ces changemens. Lreste encore à déterminer la nature du principe digestif. Eberle le regarde comme identique avec le mucus ; s’il en est ainsi, une solution saturée de mu- eus posséderait le pouvoir digestif à un haut degré. Pour s’en assurer; le doc- teur Schwann méla du mucus pur , obtenu de la salive, avec beauçoup d’eau \ { * 318 muLrer et SCHWANN. — Swr la digestion artificielle. ‘acidulée ; la plus grande partie demeura sans se dissoudre. L’albumine intro- duite dans cette dissolution yÿ resta plusieurs jours sans qu’il s’y manifestât aucun changement. Il vit d’un autre côté que du mucus obtenu de la même ma- nière et mêlé à une petite quantité seulement d’eau acidulée, fournissait une liqueur possédant des propriétés digestives. De 1à il tira la conclusion que le principe digestif n’est pas identique avec le mucus ; mais que c’est ou bien un principe nouveau formé par l’action de l'acide sur le mucus, ou bien quel- que autre principe propre que le mucus renferme en quantités très petites. Il fallait déterminer la nature de ce principe propre; et, dans ce but, notre observateur étudie, comme nous allons le voir, la manière dont il se comporte avec différens réactifs. Il met dans une certaine quantité de la liqueur B, un réactif capable d’y produire un précipité ; et il y plaça ensuite un fragment d’al- bumine coagulée. Si le pouvoir digestif est détruit, ilsoumet le mélange à un au- tre réactif capable de neutraliser le premier. Si alors le pouvoir est rétabli, il devient nécessaire de déterminer si ce rétablissement est dû à la portion qui a été précipitée, ou à celle qui ‘est restée en solution. Pour cela, on recueille lé précipité sur un filtre, et.on essaie séparément la dissolution filtrée, conformé- ment aux règles générales de la chimie. Or, on arrive par ces diverses expe- riences à reconnaître au principe digestif les propriétés suivantes. — Il est soluble dans l’eau, danses acides hydrochlorique et acétiquelétendus d’eau. Il est décom- posé par l'alcool et par la température de l’eau bouillante ; l'acétate de plomb le précipite complètement de ses dissolutions acides et neutres; et il est précipité de ces dernières parle deuto-chlorure de mercure. I] n’est point précipité par le fer- rocyanate de potasse; enfin l'infusion de noix de galles en détruit le pouvoir diges- tif, en formant probablement un précipité insoluble. Ces diverses propriétes nous conduisent à voir dans le principe digestif une substance propre, distincte de l’osmazome, du mucus, de l’albumine, de la salivine et de la caséine. Les tentatives qu'a faites le docteur Schwann pour l'isoler ont été jusqu'ici sans succès; mais le procédé suivant d'analyse est celui qu’il croit le plus propre à produire ce résultat: — Précipitez avec le ferrocyanate de potasse et filtrez. La liqueur qui passera contiendra de losmazome, de la salivine , et le principe digestif, — Neutralisez avec le carbonate de potasse, et précipitez avec le deu- tochlorure de mercure. — L’osmazome et le principe digestif seront précipités; la salivine demeurera en dissolution. Lavez le précipité avec grand soin; ajoutez de l'eau aiguisée d’acide hydrochlorique dans la même proportion où il se trouve dans la liqueur digestive; puis décomposez par l'hydrogène sulfure. Le principe digestif, et peut-être l'osmazome seront de nouveau dissous ; etla grande difiiculté, c’est de les séparer l’un de l’autre. Un des signes les plus sûrs aux= quels on pourra reconnaître le prmipe digestif, c’est la propriété qu'il a de coaguler le lait; cependant jusqu’à ce que l’on soit parvenu à l’isoler il y aura toujours doute sur la question de savoir si c’est bien en réalité ce principe qui doit être regardé comme l'agent de la coagulation. Deux grains de la liqueur A: , suffisent pour produire en une minute et demie. la coagulation de deux E MULLER ét SCHWANN: — Sur la digestion artificielle. 319 dracbmes de lait de vache chauffé au bain marie. Un seul grain exige deux minutes et demie, et un demi-grain, quatre minutes, pour produire le même ef- . fet. Comme il suffit d’une température de 80 degrés R. pour y détraire com- ln. _….-“Hacpbies dins A plètement le pouvoir coagulant , il est évident que ce pouvoir ne peut être rapporté à la petite quantité d'acide contenue dans la liqueur digestive. En terminant, le docteur Schwann observe que ces expériences ne peuvent être considérées comme applicables. à la digestion d’une substance quelconque, mais seulement de celles qui sont digérées de la même manière que l’albumine coagulée. Parmi ces substances , il faut placer, d’après les experiences qu’il a faites À cet égard, la fibrine du sang, la fibrine musculaire du bœuf crue ou bouillie, le bœuf et le veau rôtis ; mais la liqueur digestive dont nous avons in- diqué la préparation ne produit pas d’autres changemens sur la gélatine, la ca- séine , la fécule et le gluten, que ceux que produirait de l’eau simplement acidu- lée. Toutefois il est digne de remarque que, la fécule exceptée, les produits de la digestion de ces substances dans l’eau simplement acidulée ressemblent par leurs caractères les plus essentiels à ceux que fournit suivant Tiedemann et Gme- lin la digestion naturelle de ces mêmes substances dans l'estomac; et d’après cela, le docteur Schwann incline à penser que le caséum, la glatine et le geluten sont peut-être dissous et digéres par l’action de l'acide contenu dans le suc gas- trique. Cette explication toutefois ne suffit pas pour expliquer la digestion de la fécule, laquelle suivant Tiedemann et Gmelin, est convertie par la digestion na- turelle en gomme et en sucre; une simple digestion dans’ de J’eau acidulée ne produit aucun changement pareil. Mais si, après l'avoir fait bouillir, on met di- gérer la fécule pendant vingt-quatre heures dans de la salive acidulée, la dis- solution filtrée cessera de manifester aucun changement de couleur par la teiu- ture d’iode , et on trouvera qu’elle contient du sucre et de la gomme. Ce chan- gement esttout-à- fait en rapport avec celui que produit la digestion naturelle sui- vant Tiedemann etGmelin, et par conséquent si des changemens semblablesn’étaient pas produits par l’action du suc gastrique on pourraittrouver peut-être une ex- _ plication du phénomèneen prenant en considération la quantité de salive salée. Archives de Muller , année 1836. 1°* Cahieret British and Foreign Med. Rewiew , july 1837. Nore sur quelques ossemens fossiles de l'Amérique méridionale. M. C. Darwin a déposé au Musée du Collège royal des Chirargiens à Londres, une série fort intéressante d’ossemens fossiles de Mammifères qu’il a trouvés dans l'Amérique du sud. Je tiens de M. Owen que cette série reuferme deux et 320 DARWIN. — Sur des .ossemens fossiles. peut-être même trois espèces distinctes d'Edentés, tenant par leur taille une place intermédiaire entre le Mégatherium, et la plus grande espèce actuelle de Tatous, le Tatou Géant (Dasypus gigas, Cuvier): Toutes ces espèces sont éga- lement protégées par une armure de pièces osseuses; et établissent une liaison plus directe entre le Mégathérium et les Tatous, qu'entre le-premier de ces animaux et les Paresseux. Un fossile plus intéressant encore; c’est le crâne d’un quadrupède qui aurait pu rivaliser avec l’Hippopotame par ses dimensions, et dont la den- tition est celle d’un animal de l’ordre des Rongeurs; et il.est à remarquer que la plus grande espèce vivante de cet ordre, le Capybara, appartient à l’Amé- rique du sud. M. Darwin a recueilli aussi les fragmens d’un petit rongeur très voisin de l’Agouti, et les restes d’un quadrupède ongulé, de la taille d’un Cha- _meau, qui forme une sorte d’anneau entre le groupe anormal de Ruminans dont le Chameau et le Lama font partie, et l’ordre des Pachydermes. (Extraite de la seconde édition de l'ouvrage de M. BvOKLAND, Geology aud mineralogy, etc., Londres 1837.) Loupows MAGAZINE, etc. Magasin d'Histoire naturelle de Louron. Nouvelle série. Cette nouvelle serie du Magasin de Loudon paraît être conduite d’après un plan un peu différent de celui de la série précédente, et s'adresser au monde savant autant qu’au public en général. Son nouveau rédacteur M. Charles- woorth, est un jeune géologue distingué, dont les travaux sur le Crag du Suffolk ont excité beaucoup d'intérêt, et mous ne doutons pas de son succès. Dans les premiers cahiers qui nous sont déjà parvenus, nous sigualerons spécialement un Mémoire de M. Richardson , sur la détermination chronologique des dépots fossilifères d’après les débris organiques y contenus ; la description de quelques Orthoptères singuliers, par M. G. R. Gray; plusieurs notes sur des coquilles fossiles du Crag, par M. Charlesworth;! une traduction du traité de Meyer sur la structure des Sauriens fossiles ; celle du Mémoire de M. Deshayes sur la température de là période tertiaire, publié dans nos Annales, et plusieurs ar- ticles sur les mœurs des animaux. IL paraît un cahier de ce recueil chaque mois, et lorsque le sujet comporte, des gravures sur bois sont intercalées dans le texte, | à. 4, MARSHALG-HALL. —— Sur la force excito-motrice. 321 L'ADNR El tugerre VON 6 Lt ÿ1 129 Hot d nou 9l 2 F1 | Miirom swr la moelle épinière proprement die, ‘et sur un | - système de nerfs éxtilo*moteurs (r),” | Par M: MARSHALL - HAtE, 8 | Membre de la Société Hot be r Dontieès:, Lob sfbtidrrsr Go : dh + | ç | Loc |Skcriox L. 184 91 “Lois générales de ü propriété excito-mOtrice." 1. L'objet de ce Mémoire est le, développement, d’un, grand principe physiologique, celui de la fonction spéciale dé la moelle épinière proprement dite et d'un système de nerfs excito- moteurs. | Anh à ri (*) Ce Mémoire dans lequel M. Marshall-Hall présente l'ensemble des résultats obtenûs par une longue'série de recherches, déjà publiées en partie dans les Transactions philosophiques , a été lu à la Société Royale les 16 et 23 février et le 2 mars 1837, et traduit sous les yeux de » l'autéur par M. Gariel. Le premièr mémoire de M. Hall, lu à la société zoologique de Londres en novembre 1832, contient une série d'expériences destinées à prouver l’existence d’une cause d’ac- tion musculaire distincté de celle généralement admise ( savoir la volonté), cause qui réside dans l’'irritation des nerfs moteurs , soit à leur origine, soit dans un point quelconque de leur trajet'ou bien des muscles eux-mêmes. Le caractère particulier de ce phénomène , dit l’auteur, consiste en ce qué la contraction est déterminée par lirritation de la terminaison des nerfs sénsitifs, d'où l'impression ainsi produite , est transmise à travérs la” partie correspondante du cérveau oude la moelle épinière, à l'extrémité des nerfs moteurs. Les animaux soumis à ces expériences furent des salamandres , des grenouilles et des tortues. Chez les premiers, ld'queue , complètement séparée du corps , continuait à se mouvoir comme chez l'animal in- taët! lorsqu'on l’excitait en passant légèrement la pointe d'une aiguille sur sa sur face ; mais és mouvemens cessèrent après la destruction de là portion de la moelle é épinière logée dans les’ vertèbres caudales. Dans une autre expérience , la tête d’une grenouille fut séparée du rone entre la troisième et la quatrième vertèbre et en touchant l’œil on détermina sa rétraction “et la contraction de la paupière ; mais ici encore ces phénomènes cessèrent de se manifester après là déétruction du cerveau. En pinçant la peau ou les doigts des extrémités antérieure ou | postérieure du tronc, ainsi décapité, on détermina égälemént des mouvemens de l'ensembie . du membre; puis ayant détruit la moelle épinière, on né peut plus exciter des mouvemens … sétiblablés! La ‘tête d'une tortue continua à se mouvoir long-témps après avoir été déta= _ chée dn corps; lorsqu'on pinça la paupière, on vit la bouche s'ouvrir et la peau, de la gorge se dilater comme dans la réspiration ordinaire, Enfin, lorsqu'on sépare le train de der- rière et la queue du reste du tronc, les mémbres (qui ne conservent plus de connexions avec la VII. Zoou. — Juin, 21 L 329 MARSHAËL-HALE, -— Sur da force excitozmotrice: 2. C’est la faculté excito-motrice qui, agissant dans toutes les actions FRE sous Le nom de de LL aS Depp. les "RE ES Da: SANT SIMS Y? moelle épinière) démourent immobiles ; mais ja queue sexemue; si l'on frappe légèrement sur des tégumens communs , et ces mouvemens cessent dès qe l'on pee l'extraction de la por- tion terminale de la moelle épinière. !, : da Trois résultats , dit l’auteur, se déduisent de ces observations. Elles prouvent : 1° que les nerfs de la sensibilité sont excitables dans des portions de l’animal séparées du reste du corps; dans latête , dans la partie supérieure du tronc ét daus sa partie inférieure; 2° que des mouve- mens analogues aux mouvemens volontaires se produisent à la suite de cette excitation des nerfs sensitifs ;.3°.que Ja, moelle épinière est essentielle à, la production, de ce phénomène et qu’elle agit comme un centre ou moyen de Communication entre les nerfs de la sensibilité et ‘ceux du mouvement. Sr d autres meer le doctéur MANS dans l'estomac d'uné drenouilie ns cer- cétinos et 1 de Yhydrophobie; le tronc. et les natiiés postées dis un- état d'e extension et | dè rigidité ; mais en même temps les nerfs cutanés devinrent très sénsibles et les nerfs moteurs faciles à exciter ; la moindre commotion , le plus léger attouchement suffisait pour déter “miner ces mouvemens spasmodiques de tout le corps. Une autre grenouille, plongée dans un état tétanique par le même agent , fut décapitée au-dessous dela troisième xertèbre; les yeux mes- tèrent rétractés et il. ne se manifesla aucun mouvement loxsqu' on, irrita, les paupières et la peau de la tête ; au contraire , le. tronc. ainsi que. les membres, coutinuerent à offrir les symp-, tômes du tétanos et furent agités de mouyemens : convulsifs à, la moindre. excitation ;, mais lorsqu’ on détruisit seulement le cerveau et, les diverses portions de. la moelle épinière, tout, changea : les yeux, tout en restant po CFAAENE d'être rétranés, les mpérlen des, Re PURES es’ expériences. aadubirent l'auteur à à, «penser qu “, -exi: ite. une ar ”t 4 ou frtià du s stème nerveux , distincte de la, s#enpi lité et fles3 ouvemens soi volontaires, cu involon- js P* dans PR les | parties de l'ani, pal dont les. ot. et la por ee corr Mnracires 24 de la pets bi nière ou du cerveau restent intacts. Dans un second mémoire , impr imé dans Les, j'me pu philospphiqnes: des 1833, M, 1, Hall, expose de nouvelles recherches sure même sujet et combat l'opinion adoptée par, M. Mulier, d'après des expériences publiées dans le 23° volume des Annales des Sciences, naturelles. Il éta-, “blit que la force excito- motrice w’agit pas toujours dans la, direction des branches des. nerfs, | comme le pense ce dernier physiologiste mais peut suixre une, route. inverse, et remonter, » jusqu'à la moelle pour être ensuite réfléchie vers, les muscles. . uaq . Cette action nerv euse qui. est indépendante de la volonté etde la sens bilité est tou jours. dé- términée par une excitation et, suit. toujours ‘dass sa course, une direction rétrograde; :lors-. qu elle se manifeste, une impression produite sur l'extrémité; de certains nerfs: est Uransmise à la moelle € épinière ou à la moelle allongée, el.ensuite reavoyée par l'intermédiaire d'autres nerfs. à des parties soit voisines , soit plus on moins élo gnées.de celles où l'excitation. a.éle applis, quée. C'est à raison de ce mode de transmission que l’auteur désigne, la, propriété dont .elle dépend sous le nom de reflex fonction of thespinal marrow. 18915 9 yi Mer :” MARSHALL-HALL, — Sur la force excito-motrice. 323 3. Cette propriété du système nérveux à été confondue avec la sensibilité, avec le mouvement volontaire. et avec celui que tous les physiologistes , un seul excepté (1), ont nommé instinc- tif, On l’a tour-à-tour regardé comme une fonction de l'âme rationnelle (2) ou irrationnelle (3), comme dépendant du cer- veau (4),où du cerveau et delà moelle épinière (5) ; comme appartenant particulièrement à des segmens de la moelle épi- nière (6), comme la fonction des. nerfs grand-sympathique (7) et. pneumo-gastrique: (8); enfin comme opérant par identité d’origine des nerfs (9) ou de leurs anastomoses (10).D'après cette diversité d'opinions , ‘il est impossible de ne “a reconnaitre combien ce sujet-est obseur. de 4:.Je pensé que, par mes recherches, j'ai non-seulement confirmé l'opinion: émise: dans un premier mémoire (tr), que les phénomènes dont-ilks'agit ne dépendent pas dela sensibi- lité, mais que j'ai démontré aussi qu'ils dépendent d’une pro- priété particulière du système nerveux, en partie connue depuis long-temps des physiologistes , mais restée tout-à-fait sans appli- cation pour l’explication des phénomènes dé là vie : propriété nommée vis nervosa par Haller, vis motoria par Müller, et excitabilité par, M. Flourens. ..b.. Il à été démontré que; la vis nervosa existe dans les tu- bercules quadrijumeaux(12),la moelle épinière(13) et les nerfs moteurs, à l'exclusion du cerveau et des nerfs des sens (14), Fol- (x) Gilbert Blanc. V, les Tr. phil. de x788 et ses Diss. choisies p. 262. (2) Stahl. (3) Whytt. V. 8 48. (4) Haller, éte. (5: Whyt, Sæœmmering, ioë, Müller ete, (6) Le Gallois, Flourens, Mayo etc. (7) Tiedemann , Lobstein. (8) Ch. Bell, Shaw. (9) Mayo. (10) Willis, Shaw. (xx) V.les Tr. phil. Paris, 1833, mon premier Mém. (12) Flourens. (13) Lorry, Flougens etc. (14) Magendie. » 21. 324 MARSHALL-HALI. — Sur la force excito-motrice. facuf , l'optique, l’acoustique, et dans les racines antérieures (1) des nerfs spinaux, à l'exclusion des racines postérieures. : 6. Tous les physiologistes ont supposé que cette vis rervosa agit seulement dans la direction des branches ou des fibres nerveuses, depuis leur origine dans les centres nérveux jusqu’à leur distribution dans le système musculaire. ‘Haller écrit : « Irritato nervo ; convulsio in musculo oritur, qui ab eo nervo ramos habet.Irritato vero nervo, multis musculis'communi, toti- ve artui,omnes ii musculi convelluntur, qui ab eo nervo nérvos habent sub sede irritationis ortos. Denique medullà spinali ir: ridata, omnes artus convelluntur, quiinfrà eam sedem nervos accipiunt : neque contra artus qui supra sedem irritationis ponuntur ». Voici sa conclusion : « Conditio illa'in nervo, quæ motum in musculis ciet, desuper advenit, sive a cerebro et medullà spinali, deorsum, versus extremos nervorum fines pro- pagatur »; et plus loin : «ut adpareat causam motüs a trunco pervi in ramos , non à ramis in truncum venire. » (2) Le professeur Müller traite ce sujet d’une manière encore plus étèndue ,.et établit, relativement au mode d'action du pou voir moteur , les règles suivantes : 7. « Le pouvoir moteur n’agit que dans la direction des fibres nerveuses primitives qui se rendent aux muscles où dans la-di- rection des branches des nerfs, et jamais dans une direction ré- trograde: ace 8. « L'irritation mécanique ou galvanique d’une partie d'un tronc nerveux n’excite pas la puissance motrice de tout le nerf, mais seulement de la partie isolée de ce nerf. (4, 9. « Un nerf spinal qui traverse un plexus et concourt,avec d’autres nerfs spinaux, à la formation d’un gros tronc nerveux, ne communique pas sa puissance motrice à tout Ce tronc, mais seulement aux fibres qu'il fournit dans son trajet de ce tronc aux branches. (+) G’était la conclusion tirée par Müller de ses expériences sur la Grenouiile, J'ai trouv é que cela n’est pas vrai pour la Tortue et la Raie : l'application du galvanisme aux racines an- térieures et postérieures produisait également l'action musculaire. « (2) Elemeuta physiologiæ, t. 14, p. 325. dm KARSHAUL-HALL = Sur la force excito-motrice. 325 ro. « Toutesles fibres nérveuses agissent d'une manière isolée du tronc d'un nerf à ses dernières branches.» (1) ve. Ainsi, Si un nerf musculaire, ou une fibre nerveuse, sont stimulés soit mécaniquement à l’aide d’une pince, soit au moyen de l'influence galvanique, le muscle ou les muscles auxquels ce nerf se distribue entrent en contraction. . 12. On observe le même phénomène si, au lieu de stimuler un nerf musculaire, on soumet la moelle épinière elle-même à l'action d'un stimulus mécanique ou galvanique.Tous les mem- bres dont les muscles reçoivent des nerfs naissant au-dessous de la partie de la moelle épinière soumise à l'influence du sti- mulus , entrent en action. 13. Ces deux faits sont des plus anciens dans la science phy- siologique. Ils servent à expliquer les fonctions naturelles, en ce qui a rapport à la {onicité du système musculaire. Ils ren- dent aussi raison de quelques symptômes des maladies de-la moelle épinière et des nerfs moteurs. 14. M. Flourens a démontré (2) que cette faculté d’exciter la contraction musculaire est bornée aux. tubércules quadriju- meaux , à la moelle allongée, à la moelle:de Pépine et aux nerfs musculaires; et le professeur Müller suppose (3) que, dans la grenouille, elle: n'existe que dans les nérfs antérieurs ou mo- teurs, à l'exclusion des nerfs postérieurs et.sensitifs. 15. Tel était l’état de la science sur ce principe de l'action musculaire résidant dans la moelle épinière et les nerfs moteurs, lorsque j'ai entrepris une série d’expériences sur le lapin:, la. tortue, la grenouille, et le homard (4stacus marinus), qui m'ont fait connaitre un, ensemble de phénomènes aussi nouveaux qu’importans, phénomènes eutièrement. contraires aux conclu- sions de Haller et à la première des lois proposées par Müller. 16. J'ai découvert, en premier lieu, que la puissance motrice de la moelle épinière peut agir d'une manière rétrograde. (1) Handbuch der physiologie. 1.656. (2) Du Syst. Nerv. p. 21. , (3) Ouv. cité 625. 326 MARSHALL-HALL. — Sur la force .excito:motrice. 17. J'ai démontré ensuite que cette puissance agit d’une fa- çon rétrograde, non-seulement dans la moelle. épinière , mais dans les nerfs liés à cette moelle. Son action est alors ircidente le long des nerfs qui se rendent à la moelle épinière, directe et rétrograde à-la-fois le long de la moelle elle-même, et réfléchie le long des nerfs qui en naissent. 15. J'ai remarqué-que, dans ces deux cas, le, mode d’ac- tion de la faculté motrice différait beaucoup de ce qu'on ob- serve quand on stimule un nerf ou la moelle épinière, et que l'effet direct seul a lieu. Les mouvemens étaient plus gradués,, plus uniformes, moins partiels et moins brusques; ils étaient évidemment le résultat d'une action d'un caractère plus com- pliqué. 19. J'ai montré clairement , par une expérience dans laquelle j'ai produit les deux effets par l'application d’un seul ét même stimulant, que ces actions sont identiquès dans leur nature avec celle produite dans lés expériences sur la force nerveuse faites par les plus anciens physiologistes expérimentateurs. En irritant la pàrtie moyenne de la moelle épinière avec une pince, où par le galvanisme, j'ai fait naître des mouvemens simultanés des ex- trémités antérieures et postérieures. 20. Il me restait à faire voir que’ les mouvemens rétrogrades et réfléchis que: j'ai décrits comme résultant d’un stimulus ap- pliqué à un nérf incident , sont les mêmes que ceux produits par un stimulus appliqué à une surface cutanée où muqueuse. J'ai irrité la peau des diverses partiés d’une tortue , le tronc, les membres ; :ete:, “j'ai produit des mouvemens dés extrémités entièrement semblables à ceux que j'ai décrits comme le résul- tat de lirritation d'un nerf incident. Il me suffit de rappeler ici l'occlusion des paupières des deux yeux, produit en touchant le bord d’une paupière, et celle plus forte encore du sphinctér dé- terminée par l'irritation de la marge de l'anus; expériences que J'ai faites sur une tortue, il: ya déjà quelques années. (1) 21. Cette expérience nous conduit à en rappeler une autre semblable sous tous les rapports, si ce n’est que l'irritation à (r) Voyez mon premier mémoire (note de la page 321.) MARSHABD-HALLS = Surida force excilo-motrice. 327 été portée surune membrane rüqueuse au lieu d'être appliquée sur la peau. Entouchant le: bord dela : eus dans les-animaux chez lesquels-elesest naturéllement-ouverte:} le largrix $e ferme; et si lon passeilé doigt.sur lé pharynx, celui-er se contracte, 41 arrivé-en éffet souvent que la terminaison d'un merf:est excito- motrice, quoique le: tronc-ne:paraisse pds l'être: 1° 199 :11%423:On parvient aussi à-réveiller les‘actes de la:respiration dans l'homme ;enjetantide l'eau:froïde sursa figure, sur la sur- face.du: Corps$ dénsla tortue; en:irritant:les RARE les range du palais;la-partiecinterne du larynx ete. | 123. 1lrétait.enstiite, nécessaire de faire: voir que! ces actions étaient, éxcitées et finalement s'accomplissaient au moyen dés nerfs -incidens et’ réfléchis, et de la sunpie “spin qui: sèrt adesubiisonsll5qqs 1594 50° up. | 1] : 24 Aussi.mes éxpériences ca tvolles dns ‘qu'ilést essen- tiel que les «connexions:nervéuses: restent intactés dans toût le æoursdes,nerfs incident, central! et réfléchrs car, s’il y ‘äii- terruption quelque part, le phénomène cesse ä]l'instant même. Ainsi, soit qu'on, détruise seulement lé centre ‘spinäl , le: nerf incident.ou le aierf réfléchi, dans cés trois cas, le dus vid cesse entièrement et d'üne imanièresubite. ob esusq ésuplsup | 26,.Ges faits: prouvent que: certains nerfs incidens ; de niême -que:la moelle épinière et:les nerfsimoteurs, sontiexcito-motéurs, -etiétablissent! une, classe particulière.de netfsquéles physioie- gisteshn'ont, pas: rnb ou qu'ilssonit aie avec les nerfs. sensitifs, »+ 1 6: 1obiden duo eonisusoiloues kon ee, bisou 6126. La mariche pérheredet de: M hnh ‘éxcito-mbotrice! le -long:de la moelle épinière, telle qi’on Fobserye dans les expé- xiences physiologiques et: dans lesseffets dès maladies; détruit l'idée que les phénomènes ER Cents soient: Jimités’ ui luu2 pr dela moelle épinière. (n° is y198d9;290 0 à 27 Ces: his fauenoens dé mes expérienes portent à + said L'xiteuce ri }a4 5, 9e : 28. x° D'une moëlle dpinièee snintnent dite, obf Rolngique et distincte ducordon des nerfs intraspinaux ; (i): Maÿo. Ouflinés of physiology | 4"édit. p. 213 et suiv. 328 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. 29.29 D'un système ” nerfs-excito-moteurs, RE mu ment distinct. des nerfs sensitifs et volontaires. « 30, 3° D'une! influence nerveuse! la: Puissance “excito-motrice , agissant dans des directions incidentes', en haut ; en bas:, ‘et d'une manière réfléchie ; par-rapport à la vraie moelle pes, centre de l’ensemble de; ce système :excito-moteur: 11 ci 31. La moelle épinière dans-les animaux ivertébrés;'est donc composée de deux portions unies si étroitement ensemble ‘à la vérité, qu'il n’est. pas: facile à l’anatomiste dé les/séparer', ‘et qu'on ne peut distinguér: peut-être que par des’ expériences physiologiques. et par des observations pathologiques: La pre- mière portion. est le cordon intra-vertébral des nerfs sensitifs et volontaires qui viennent du cerveau ét s’y rendent comme à leur centre; la seconde, qu'on peut appeler la rnoelle épinière proprement. dite; se-distingue par sa propriété excito-motrice , et est l'axe d’un système particulier de nerfs excitateurs et mo- teurs, ou. excito-moteurs!, liés en n général, mais speutôtre" 7 toujours, à da première. : J11ploup Hofqu 32. L’étroite union de ces deux portions du système nerveux, dans les vertébrés, est la conséquence dela nécessité) pour quelques paires de nerfs composés , d’être inter-vertébraux à leur sortie du canal spinal: Cette nécessité n'existe pas dans les animaux articulés, et'les deux systèmes peuvent, ‘en ‘consé- -quence, y être distincts anatomiquement aussi bienque phy- siologiquement. Je \crois'en-effet avoir prouvé que, dans le Hormard , les nerfs ganglionnaires sont incidens et excitäteurs, èt-que les .cordons ont'une influence à-la-fois directe et rétro- grade; tandis -que-les nerfs: non ganglionnaires sont unique- ment motéurs:et directs dans leur mode d'action, ainsi LÉ le professeur Grant la;le premier, conjecturé.: - 7°") 33. Ces pbeveviriits menent natükelédient aux questions suivantes :, Existe-t-il, dans ‘quelque classe d'animaux; un système anatomique distinct propre à la puissance éxcito- motrice?. les: nerfs excitateurs ‘sont-ils “distincts des ‘nerfs du sentiment ? y at-il des nerfs moteurs:distincts des nerfs de la volonté ? | 34. Je puis faire observer d’abord que les nerfs olfactifs , | ' MARSHALL=HALL. — Sur l@ force exvito-motrice. 329 cptiquesset acoustiques ; sont sensitifs seulement, sont dépour- vus de la puissance excito-motrice. Il en est de même du cer- veau et: durcervelet, le premier desquels’est probablement le centre du système sensitif-et volontaire. 1Y at-il un nerf uniquement volontaire; un nerf qui trans- mette lesiactes de la volonté ‘sans posséder la’ puissance motrice ‘ousexcito-motrice ? Je-pense-qu'il n'existe qu'un-seul nerf pure- ment volontaire; car tous les muscles -déléconomie, à lexcep- tion d’un seul, semblent avoir besoïn' de la tonicité, qui est le résultat de la puissance-excitommotrice transmise ‘par des nerfs moteurs, enveloppés probablement , en général , dans le même névrilème que les nerfs volontaires. Cette puissance agit pen- dant le sommeil et se fait sentir sur tous les muscles, excepté le ‘releveur: de la paupière, et x is ls ques muscles droits : dé l'œil. R | 35: Mais comme: il'y a des nerfs purement sensitifs, ‘on peut se demander s’il y à des nerfs purement excitateurs. IL est probable que de tels nerfs n'existent pas dans l’état de santé: Une expérience que j'ai faite en 1835, en commun avec MM. Brough- toniet Field, porte à conclure que le nerf pneumo-gastrique, ne jouit pas de la propriété sensitive. Ce nerf est certainement, dans la classe des vertébrés , celui qui à le moins d'action sensitive et qui est le plus purement excitateur. Cependant on observe, dans quelques cas de maladies, que la puissance sensitive est annihi- lée, tandis que la force excito-motrice sé montre encore : c'est ce qui -a lieu daris les maladies du cerveau, qui détruisent la sensibihté de la face; cette dernière force peut alors continuer à exister et les eils:et les narines ne perdre én rien leur excita- bilité sous l'influence-des stimulus. Dans les expériences dans “lesquelles on enlève le cerveau, centre des systèmes sensitif et volontaire, et dans lesquelles la moelle épinière est désorganisée ou divisée, les phénomènes’ qui continuent d’avoir lieu sont entiérement de la classe des phénomènes excito-moteurs. Les nerfs sensitufs et volontaires sont unis aux nerfs excitateurs et moteurs, mais leur influence est suspendue lorsqu'on a enlevé le.centre-dece:système:!Le: centre; des nerfs excitateurs et mo- teurs étanv certainés portions de la moelle:épinière ellé:même , 330 MARSHALL-HALI — Sur da force:excito-motriee. les fonctions, de, ces. nerfs; se conservent lorsque ces pop restent intactes. 2 119 39111001 ANRT ST: RC)E7 : 36, Ainsi ces deux Hiidséét de nerfs sont. en PNA anatomi- quement unies. Il est probable. que:s'ils sont distincts dans:quel- ques classes d'animaux; c'est dans les invertébrés ; ét- particu- lièrement dans ceux: qui sont placés le! plus bas-dans l'échelle animäle, êtres, dans lesquels le sentiment et lj:volonté sont -presqüe éteints, et, dans “ap rm il m'est LES pa es- pèce de vie excito-motrice. ré gra léerr-se Le aalbirro 37. Mais s'il est douteux: que: le, sctients énbitetinbiatln soit anatomiquement distinct, rien..de! plus évident que: l'existence de. ce système. considéré sous le rapport de. la ph ssh ke re la pathologie et dela thérapentiques nt se 14 Monte TI :38.. Je pense -que jai: le droit de résadet comme profité ment prouvé, que le principe désigné autrefois sous lé: nomde force: nerveuse. .et,eelui:qui opère en produisant:cêtte ‘série d'actions désignées sous,les noms d’instinctives;/d'automatiques, de sympathiques, etc:, et, que .je propose d'appeler excito-:mo- teurs: ne füht.qu'un. Sa: marchéncidente} rétrograde et: réflé- «chie;iét les formes.combinées sous lesquelles cette force agit, me -s'accordent point avec les dois déduites des faits alors:connus ‘par le-professeur Müller, et fournissent le tÿpe-des-séries:éten- -dués -de- phénomènes shysielagiquees pologiqiesé ét ed -péutiques dont-j'ai parlésziuc 21 sir esibalker sbesseswplow > 39: Cette revue rapide. du. système. rm me: nat: | consister dans, une suite, d'expériences. et d’obsérvations ; plutôt :que dans une, suite de.déductions: Elle est donc à peine suscep- -tible d'erreurs; sa nouveauté -est:incontestable ; et son por tañce’se découvrira à mesure; que nous avancerons. » | lan92 29m19)e7 sb 'oritros Qussv499 67 0v91i019 "HO 29H91 DE hr api JL. 6 ù 7 ES à “Opinions r physiologie {, La j e vais maintenant pars pa tu succinctement les opi- nions des physiologistes surle sujet traité dans ce Mémoire. MARSHALL-HALL, — Sur la force excito-motrice. 331 41. J'ai à peine besoin de m’arrêter aux observations de Hal- ler et de Monro. Le premier considère le cerveau comme l’or- gane des actions sympathiques (i).1l:dit : « Collecta hæc omnia « evincunt, graviorem in nervis irritationem cerebrum primum « in ,consensum .ciere, deindè in, universis muscülis convulsio- «,nem. excitare ». Voici les conclusions de Monro (2) : « Il:suffit de connaître les-stimulus quiexcitent les mouvemens spontanés, la:manière dont ces mouvemens:s’accomplissent ; pour être convaincu que nous né pouvons en donner Fonplieriieh par la structure connue du corps. » | 42 C'est à Whytt,: parmi tous-les-auteurs anciens, que nous sommes redevables des recherches les plus détaillées sur ce'sujet ; mais quelles sont ses conclusions? «Si lés mouvemens des muscles dans les membres d’un coq décapité sont, sans au- cun;doute, dus à son éme(l) ; ne pouvons-nous pas rapporter aussi, au, même principe les mouvemens semblables, mais inoins remarquables dans l’homme et les quadrupèdes après qu'on leur-a coupé la tête, et par conséquent aussi les mouvemens convulsifs et les. palpitations de leur cœur! après la mort -ou après sa séparation du corps? (3) — L'âme n’est: pas influen- cée par les motifs rationnelsi elle né l'est que par: les causes stimulantes qui affectent les divers ‘organes, :c’est-à-dire qu’elle agit comme un: principe sensitif et. non rationnel (4). — Lés différens. mouvemens sympathiques des animaux ; produits par lirritation, sont dus à dessensations particulières excitées dans certains organes, etide là RE au cerveau et à la moelle épinière. »(5). | ) 43. De tous ceux éyabs ont écrit sur ce guet à une époqueu un peu éloignée, Gilbert Blane. (6); s’est le plus rapproché de la vérité dans un paragraphe que je vais transcrire : + Il y a des 15 @) Hé, Physol. t. 4. p. 337. (2) On the Nervous System ; 1983. LL 104. (3) Essai sur les mouv. vitaux, paf Wbytt. Edimb. 1951, p. 389. (4) Ib. 320. (5) OEuvres de Wytt, p. Sid. (6): Select. Dissertations, p; 262. 332 MarsHArt-HALL. == Sur da force excito-motrice. faits quirmontrent que les actions instinctives, miêmeé dans les animaux pourvus d'un cerveau ét de nerfs, ne dépendent pas dn sentiment. J'ai divisé, sur un chat né quelques j Jours auparavant, la moelle épinière, en la coupant près du cou Ayant alors irrité les pattes de derrièreen les piquantét enles touchant avecrun fil de métal chaud; les muscles des extrémités postérieures se eun:- tractèrent de manière à produire des mouvemens de rétrac- tion. J'ai observé les mêmes effets sur un autre chat} après que la tête eut été entièrement séparée du tronc, et j'ai trouvé, en répétant cette expérience , que lorsque la moelle ‘épinière était coupée’entre les vertèbres et le:sacrum, les extrémités posté- rieures perdaient ieur irritabilité, mais que la queue; située au- dessous de là section, la conservait. On pourrait donc dire que la moelle épinière au-dessous de la division remplissait l’of- fice de sensorium. Mais on peut répondre que lorsque la ‘tête est coupée, son irritabilité subsiste, comme cela se voit par le mouvement des oreilles si on les pince, ou sion les touche avee un fer chaud; et comme les extrémités aussi sont irritables'; on ne dirapas que la connaissance intime et le sentiment existent dans deux parties séparées du même corps. Et l’on ne peut pas ‘admettre non plus que la sensibilité et la connaissance intime puissent exister encore dans la tête après qu’elle’ a été séparée du corps; car; si la simple compression des carotides abolit le sentiment et la pensée en interrompant la circulation dans le cerveau, comment, à plus forte raison, l’action‘violente de la décapitation ne! produirait-elle pas cet effet: ? On a observé les mêmes phénomènes dans un acéphale : il'remuait les genoux lorsqu'on lui piquait la plante des pieds; it opérait l'acte de la succion, évacuait l'urine et les matières fécales. et avalait'des alimens. On rapporte que les mêmes phénomènes eurent lieu dans un cas où il n’y avait ni moelle épinière ni cerveau (!). Enfin la même chose se voit dans les insectes, car, après que la tête d'une abeille a été séparée du corps, .la partie postérieure pi- quera , si lon emploie un stimulus.qui aurait excité une action semblable dans l'animal en parfaite santé. Ces faits démontrent clairement que des mouvemens instinctifs ; ou plutôt.automa- tiques, peuvent avoir liéu sans lintervention du sensorium bis um à bé MARSHALL HALL. = Sir la force éxcito-motrice: 333 commune, etrconséquemment sans sentiment où connaissance intime.» R | P | : 44 Ab y'a dans louvrage de Legallois dés expériences inté- ressantes qui se rapportent au sujet de ce mémoire; mais elles y sont isolées, sans application ; et sont rapportées à la sensi- bilité. Cet auteur dit (r}:« La vie da tronc dépend de la moelle épinière et celle de chaque partie dépend spécialement ‘de la portion de cette moelle dont elle reçoit ses nerfs. De plus, il est facilé de démontrer que cette prérogative de la moelle épinière être la source du sentiment et de tous les mouvemens volon- tairesduitronc; luiappartient exclusivéementàtout autre organe.» : 45. Les commissaires de l'Institut adoptent les conclusions erronées de Legallois (2). «M. Legallois a démontré, disent- ls, que la section de la moelle épinière sur les ‘premières ou sur les dernières vertèbres cervicales, n'arrête que les mou- vemens inspiratoires, et qu'elle laisse subsister dans tout le corps de sentiment et les mouvémens volontaires. Cette dis- tinction est capitale ; personne pe l'avait faite avant lui.» 46. Je trouve dans la dernière édition de l'ouvrage de M. Mayo:sur la physiologie (3), une note sur mes recherches cori- cernant le système nerveux, laquelle demande une courte ré- ponse,; M. Mayo dit, page 534 : « Sous le nom de fonction ré- fléchie du cordon spinal, le D. M: Hall'a fait des rechèrchés sur un principe renfermé explicitement dans mes commentaires anatomiques publiés en 1823 (p.2: p. 138), dans les térmes suivans : Une influence peut se propager des nerfs sensitifs: d’une partie à leurs nerfs correspondans du mouvement, par l'intervention de cette partie. séule du centre nerveux dont ils dépendent mutuellement: Ainsi, dans les: animaux vertébrés , les seuls dont il puisse être question ici, quand la moelle épinière a-été divisée en: deux ‘endroits; une blessuré -de: ‘là péau dans l’'une-et l'autre partie , est suivie’ d’une: action: musculaire dis- tincte de cette même partie. D'un autre côté, sion erilève ra: (1) OEuvres de Legallois Paris, 1824 ,t 1. p. 251. (2) Op. cit. 251. (3) 4° Ed, p. 834. 334 MARSHALL-HAEL. -— Sur la force excilo-motrice. pidement le cerveau d’un pigeon, en en laissant seulement les cuisses avec les tubercules et les deuxième et troisième paires de nerfs, l'iris se contracte lorsqu'on pique: le deuxième nerf. » « La même maniere de voir, ajoute cet auteur, et les mêmes faits, distingués avec. soin de la faculté de sentir et de vouloir, ont été indiqués dans les prémières éditions (comme ils le sont dans la nouvelle édition) de mes Élémens de physiologie.» 47. Il faut que M. Mayo ait été trahi-par sa mémoire: Non- seulement il n'a pas distingué avec soin cette faculté de cellé de sentir et. de vouloir, maisil:les a confondues explicitement-dans plusieurs . paragraphes; car nous trouvons. dans la-troïisième édition (p.230) et dans la dernière (p; 212):desa Physiologie, le passage suivant : «Chaque portion du double cordond’où sort. une paire de-nerfs > a en elle-même. ün mécanisme:de sen- timent et. d'action, instinctive, comparable :aux:parties paral- lèles, dans les animaux articulés. La preuve enest dans les ex- périences remarquables qui suivent; et quiontiété faites peu de secondes après la: mort.Si l’6n divise alors. la moelle épinière au milieu du cou, et.qu'on fasse une seconde section au milieu du dos, on produit une contraction musculaire en, irritant un er gane sensitif lié avec l’un ou l'autre seginent isolé; si lon pique la plante du pied , le pied.se retire brusquement de la même manière que cela eût.eu lieu:pendant la vie; c'ést-à-dire qu'un organe. sensitif est excité, et-qu'une irritation, se propage au moyen du nerf.sensitif jusqu’au segment:isolé de: la moelle épi- nière , où lle donne lieu. à-un changement: suivi d’une impul- sion propagée le long des nerfs de la volonté jusqu'aux muscles de la partie correspondante ». M. Mayo parle là de sensibilité, d'un organe sensitif, d’un nerf sensitif, d’un nerf volontaire, expressions! qui n’ont pas de sens si elles ne signifient pas sers sibilité et volition. ILest donc bien certain que la:faculté excito- motrice n’est pas distinguée avec soin-de, l'action du sentiment et.de la volonté. | | 48. M. Flourens a été beaucoup plus loin dans ses recher- ches (1). Il attribue d’abord la sensibilité à un organe unique et (1) Du Syst. Nerv. p. 35; 15. MARSHALL-HALL. — Sur la force excito:mmotrices 335 propre ; le cerveau ; et il désigne, en second lieu, la moelle épi- nière , à l'exclusion du eerveau et du cervelet comme étant l'organe (spécial de l'excitabilité et des sympathies } et la moelle allongée eomme présidant à l'acte de la respiration: Je regarde l'ouvrage de M. Flourens comine un des pres remärquables en physiologie: ':b taj0e 9#6hriqù 91156 Q | :49-1Le docteur Alison a traité: au! til "à principe des sym- pathiés dans un très béau mémoire publié en 1826 (1), et #l conclut en disant: (2) :’&Je pense que nous avons des preuves suffisantes pour nous:'engager à-adopter cette proposition, gue les actions sympathiques dépendent-prèsque toujours de l’excita- tionétdudéveloppementde sensations particulières. Il faut pour que ces-sensatiôns! puissent être éprouvées, que des nerfs dont les’impressibns leur donnent naissance soient dans leur intégrité depuis: lénünoit-où Paction arlieu jusqu’aù cerveau (3); mais lorsqu'elles :sant fortement ressenties ; leur 'influence ‘s’éténd souvént,.on seréfléchit entbas vers les parties du'système ner- veuxréoignées dé celles doùelles sont parties Chaque impres- siôn ‘agit comme stimulus-ow excité une impulsion instinctivé volontairecqui agit comme:stimulus-seulement sur des: muscles: particuliers ; ét nous né-pouvonis dire pourquoi cela a lieu. C’é: taibla doctrine deW hytt,;deMonro et deHaller. Des ph ysiologistes modernes l'ont rendué un peuwplus'précise ; mais senlement'en fixant les parties de l’encéphale qui, paräisserit être essentielles à l'existence: de. lacsensibilité; et les'actions :des nerfs qui en sont la suite »:Ilajoute: «Je ne puis aller plus loin dans Pexpli- cation dés ‘actions sympathiques». Cela peut être très vrai:1l paraît pourtantiquerl'auteuriva plus loinq'earilajoute:«Je;ne crains pas d'affirmer que quiconqne.va:au-delà se-lance dans les hypothèses, et sé trouvera en contradiction. avec les faits.» (0) Trans. de la Soc. Méd. Chir. d'Édimb, 186. V. 2. P. 165. (2) 1. p. 222. : (3) Cette idéefdiffère un peu de ceile que l’auteur a exprimée depuis dans son principe de Phÿsiol. 1832 , p. t3x_et puis récemment encore dans une critique offensante insérée dans ud Journal de méd. V; la Revue Médicale anglaise et: étrangère, et comparez. (Vi, 3: p. 34 el 579,580, n°. 336 warsnabt-HarL. — Sur la force excito-motrice. 50. Fai vu lavec un grand plaisir, depuis la publication de: mon premier mémoire, que le professeur Müller, célèbre. phy-: siologiste de Berlin, en se livrant à des recherches semblables , a été conduit, sans connaître mes idées, à des résultats presque identiques, et qu’il a même:adopté la même dénomination pour la fonction spéciale de la moelle épinière, sujet de mon travail: 51, Le professeur Müller'fait remarquer qué la première partie dé son Manuél,conteriant les principes de la fonction réfléchie, a: été, publiée dans le printemps de; 1833, année dans-liquelle mon Mémoire a, paru dansles Transactions: philosophiques. Cependant j'avais lu à la Société zoologique ; sur le même prin: cipe d'action de la moelle-épinière, une: courte notice publiée: dans les procès-verbaux des:séances du comité: deicette société ; de sorte que la question de la priorité de la publication: est! évidemment en ma faveur. En outre; le professeur Müller rap- porte-encore maintenant le phénomène en question à lasen- sibilité, et comprend le cerveau parmi les organes centrals de la fonction réfléchie: Nous différons donc d'opinion sur’ces deux: points. Néanmoins, la coïncidence. presque parfaite :de nos observations et de nos expériences, et même denos conclu- sions , est très remarquable et très satisfaisante. La répütation du docteur Müller donnera certainement de l'importance à ces recherches ,:et je:ne puis que:me rappeller avec: plaisir la re- marque de Humphry-Davy, que «ous pouvors;en général, découvrir la manière dont nos travaux seront appréciés dans la suite,-par, Popinion des contemporains étrangers, qui, n'é- tant dirigés par aucun sentiment personnel, réduisent chaque objet à ses justes proportions et à sa valeur réelle. » Fa, Je vais maintenant faire connaître succinctément la série de més recherches. Le premier fait que j'observaï relativement. à la puissance excito-motrice de la moelle épinière, fut le mou- vement de la queue des Salamandres, séparée du corps , qui se manifeste lorsqu'on l’irrite avec une aiguille, Une seconde ob- servation fut celle d’une affection tétanique de cette même partie, également coupée, et sous l'influence de la strychnine. Il est difficile de regarder. le-premier:de ces phénomènes et impossible de regarder le second comme dépendant dé Ta sen- MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. 3;7 sibilité, Le premier, en effet , appartient à la puissance excito- motrice dans son état naturel, le dernier à la même puissance dans un état d’exaltation. 53. Je me mis alors à rechercher l'influence de la puissance excito-motrice sur l’occlusion des paupières, les fonctions du larynx, du pharynx et des expulseurs, et l’action constante des sphincters. Depuis la publication de mon premier mémoire, j'ai dirigé particulièrement mon attention sur les actions de la respiration, comme partie importante des fonctions du sys- tème excito-moteur, mal comprises jusqu'ici. 54. J'ai été particulièrement conduit à considérer l'anatomie, la physiologie, la pathologie et la thérapeutique du système excito-moteur, comme des sujets susceptibles de recherches étendues , et je crois avoir fait dans cette route deux pas impor- tans , le premier d’avoir séparé de la sensibilité les phénomènes dont je traite; le second, de les avoir rapportés à la force ner- veuse où motrice , et de les avoir placés dans la même classe que ceux qu'on observe en irritant la moelle épinière ou un nerf moteur. On a vu que ces derniers mouvemens sont simples et directs, et on n’a jamais pensé que le même principe d’action opérât fréquemment d’une manière rétrograde réfléchie et com- pliquée. Il résulte pourtant évidemment des expériences et des faits rapportés dans ce mémoire , que la moelle allongée et la moelle épinière sont le centre et le principe d'action de ces mouvemens composés qui sont aussi produits par le moyen des nerfs incidens et excitateurs , et des nerfs réfléchis et moteurs. Secrion III. Influënce de la sensibilité sur la production des mouvemens. 55. Il n’y a pas de connexion immédiate entre la sensibilité et le mouvement. Mais la sensibilité peut produire le mouve- ment de deux manières, la première au moyen de la volition, * la seconde par l'intermédiaire des émotions de l'âme. 56. Si l’on éprouve de la douleur où du plaisir, la sensation VIE, Zoor. — Juin. 22 + 338 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. est fréquemment suivie d un acte'de la volition qui produit un mouvement volontaire. Ainsi nous fermons les yeux pour éviter une lumière trop vive, nous retirons la main de tout ce qui peut occasioner de la douleur. Le fait est trop connu pour qu’ “1 soit nécessaire de s’y arrêter. 57. Mais. je crois que l'influence a la eneibite dans la production des émotions de l'âme, d'où résulte la produc- tion du mouvement, est moins connue. La vue d'un objet dés- agréable produit le dégoût et du malaise. Il est Pr ouvé que c'est Veffet de l'émotion de l'âme, d’abord parce qu’on observe les mêmes résultats au ressouvenir d’un objet désagréable, et, en second lieu, par la fréquente apparition d’un autre évènement du même genre, je veux parler de lasyncope. 58. Revenons maintenant à ma proposition, qu'il n dy a point de connexion immédiate entre la sensibilité et le mouvement, Je vais chercher à démontrer, que tous les phénomènes, qui paraissent annoncer, cette connexion, sont réellement de nature tout-à-fait différente, Je ne. ferai mes observations qu'après avoir détaillé l'expérience suivaute, Première expérience.—On frappa une jument avec une hache sur les lobes antérieurs du cerveau. Elle tomba aussitôt commé si elle eût été atteinte du tonnerre. Des convulsions eurent lieu, et elle resta sans mouvement. Néanmoins, elle commença bien- tôt à respirer, et continua de le faire librement par le dia- phragme. En déchirant ou piquant des parties de la face ou du corps avec des instrumens durs et pointus comme une ai- guille ou un clou, aucun mouvement n'eut lieu, lanimal ne donna aucun signe de sensibilité ou de volition. D'un autre côté, si l’on touchait les cils avec une paille, la paupière: se fermait avec force par l’action du muscle orbiculaire. La cor- née étant touchée , la pupille se tournait en dehors par l’action de l’'abducteur. En agissant de même sur la marge de l'anus, le sphincter se resserrait fortement , la queue s'élevait, et Ja F1 se rapprochait de l'anus. Ayant alors détruit la partie supérieure de la moelle allongée avec un instrument pénétrant dans l'ou- verture faite’ par Li hache, il y eut de violéntes convulsions , la ue. hs . MARSHADE-HALL. — Sur laforce excito-motrice: 339 _ respiration cessa ; et la paupière et la pupille restèrent sans se mouvoir/malgré l'application des stimulus. 59: Dans cette-expérience, je cherchaï , après le coup de la hache, àldécouvrir de la sensibilité, et ne pus y réussir: La la- cération dé'la peau ne donna pointlieu à la manifestation de la douleur: 'én conclus que la;sensibilité ‘était détrüite. Ayant alors touché les:cils. et lé tour du rectum ‘avec'une paille ; la paupière et le vers de; anus se contractèrent immédiate- ment. Ju 2 119 Go. Séconde croi — à: coupai la téte"à à deux anpaitke et les plaçaïsur une table: mouillée d'avance; l'une d'elles ayant le corps percé par quelques grosses aiguilles. Toutés'les deux restèrent également sans mouvement lorsqu'on ne les touchait pas, mais furent également excitables par l'application de: quel: que ‘causé: irritante. Or s’il füt resté chez ces animaux le plus faible degré de sensibilité, languille percée par. les PARU n'aurait cessé de'se mouvoir-en tout sens. | 6x4 Troisième expérience. — Ayant coupé la tête à une gre- nouille ‘je la suspendis au moyen d’une ligature serrée forte- ment autour des doigts du'pied. Elle ne fit aucun mouvement, Je pinçai alors -là peau en divers endroits; il yreut chaque fois uue 'forte contraction musculaire, et ensuite lanimal reprit aussitôt '$a première position allongée. L'effet fut en tout-sem- blable à celuiobservé dans une autre grenouille décapitée, lorsque j'irritai la moelle épinière ou! un nerf musculaire. S'il y'avait eu .sensation ou sensibilité, il y aurait eu des mouve: mens répétés ; ouplutôt des mouvemeris continuels-et spoñta: _ més, tandis qu’il m'y eut que des’ mouvemens simples :ou:des mouvemens dati une fois ; et sositcent:l ab de l'application ie stimulus. ! IRVOIL 98,290 RE, 891: arott 1 62: Quatrième vbs tenceis bi même expérience produisit les mêmes résultats sur une couleuvre. Chaque!fois que le stimulus étaitappliqué, l'animal se tournait en zigzag, il repremait ensuite graduellement une direction droite, et cessait de se mouvoir jusqu’à ! l'application -d’un'stimulus:' f loiv "68::Nous sommes ainsi conduits à! conclure: que, chez: um animal dont la moelle épimère ‘est divisée ; la sensibilité ‘est 22, 340 MaRsttaLr-HaLL. — Sur la force excilo-motrice. éteinte dans toutes les parties situées au-dessous du point de Ja section , les phénomènes excito-moteurs seuls existant: -en- core. Mais nous avons des preuves plus positives des'mêmes faits.dans des cas de blessure de la moelle épinière chez l’homme. 64. Premier cas. — Un élève de la plus haute intelligence, M.. W. EF. Barlow; m'a communiqué le fait suivant. Jean Bright, âgé de dix-neuf ans ; tomba: d’une très, grande häuteur. On le trouva pen:après froid et sans pouls, les ‘extrémités infé- rieures engourdies et sans mouvement. Il y eut une consti- pation:-opiniätre quine céda qu'à de: forts purgatifs, et la rétention d'urine rendit nécessaire l’introduction-du cathéter. Voici l'état du malade, trois mois après son accident. La partie inférieure du corps et:les extrémités inférieures étaient entiè- rement privées de sensibilité, et elles n'étaient nullement sou- mises à l'influence dela volonté. Quelquefois le malade avait dés frissons, et tandis que les: muscles: animés par dés nerfs provenant de la partie située au-dessus:.du point lésé :trem- blaient;, ceux dont les nerfs naissaient au-dessous dela partie blessé ; restaient tout-àfait sans mouvemens.-Cependant, 'mal- gré, l’insensibilité du malade et l'impossibilité où 1l-était d’ef- fectuer un simple mouvement: volontaire, les extrémités se retiraient avec une grande force lorsqu'on : pinçait les \tégu- mens des jambes, et surtout quand on chatouillait la plante du pied. Un. peu d'eau froide projetée sur, la surface du corps produisait le même effet , quoiqu'il n’ÿ eût aucune sensation de froid. Une :des. jambes était toujours fléchie , et :repre- nait à l'instant cette position si on l'avait étendue, L’ introduc- tion, du cathéter produisait l'érection dépendante, du contact de l'instrument sur la membrane de l’urètre;- dans le même mo- ment, les jambes se relevaient, et on voyait évidémmentain tirailément. de leurs muscles. La nécropsie fit voir sn la moelle épinière avait été presque divisée au cou: +1: 1: DÉS cr 65. Le docteur Rudd m'a fait connaîtresun cas de paraplésie dans lequel les mouvemens les plus extraordinaires etiles plus violens des membres avaient lieu toutes les: fois qü'il y avait une évacuation alvine. Dans sûn cas communiqué récemment par M. Brodie à la Société royale de médecine et de chirurgie, MARSHALL-HALL. —— Sur da force excito-motrice. 341 dés effets semblables à ceux décrits par M: Barlow avaient lien lors de l'introduction du cathéter ; le malade était tout-à-fait in- sensible aucontact de instrument et au résultat qu'il produi- sait. Dernièrement, M. Brochet à parlé d’une personne qui, étant complètement paraplégique, devint père, le coit étant « sans sensation, sans SeCOuSSe ». 66. Je puis rappeler ici les expériences bien connues, déjà mentionnées $ 11 et,12./Si un nerf musculaire est stimulé, soit méçaniquement,soit par le galvanisme, le muscle ou les muscles auxquels il se distribue entrent en contraction ;.et:si l’on sti- aule de la même manière la, moelle épinière , les muscles des parties ou les membres auxquels cette moelle envoie des nerfs, se contractent. A-t-on jamais imaginé que la sensibilité jouâtun rôle dans aucun de ces phénomènes ? Et alors, pourquoi avoir l'idée.de son existence, parce qu'ayant fait quelques pas de plus mous produisons des actions rétrogrades et réfléchies en -stimu- lant la moelle épinière ou-un nerf incident? Enfin | personne n'a supposé que les conditions pathologiques de Ja fonction ré- fléchie. et excito-motrice de la moelle épinière dépendit de la sensibilité. Jamais on n’a rapporté à lasensibilité, comme cause, le tétanos, soit traumatique, soit produit par la strychnine; on peut faire FA même remarque relativement à toutes les maladies de la moelle épinière. P : SECTION IV. … Expériences sur la propriété éxcito-motrice: 67. Les expériences’ et les'cas ‘pathologiques dont'il a été parlé me paraissent prouver; de la manière la plus positive, qu'il-existe une. série de phénomènes moteurs, dans des -cir- coustances. où la sensibilité ; la volition ; les émotions morales et.toutes les fonctions du.cerveau ont cessé. Cette question. était la première, à résoudre; et j'en regarde la solution comme dou- blement opposée aux opinions, des .physiologistes, qui, m'ont précédé , en tant, qu'il est prouvé qu'elle n’est pas-la sensibilité, muisila vis 2ervosa. Voici la seconde question : Quelles sont les LL 542 mArsHALL-HALL, — Sur la force: excito-motrice. Jois d'après lesquelles ce pouvoir opère? Cette questionne peut être résolue que par une suite d'expériences. Je vais donner les détails de celles dont on connaît nn les “HS: EEE ($ 11-28). [6 1500644 .NOu 68. Expériences. La première a!été faite sûr une tortue, La tête, le sternum et la queue farent enlevés dé via manière or- dinaire: qasr ee 69: Ayant! placé convenablément la: tête sur’une table , ‘je -commeriçai par stimuler successivement, par le: gülvanisine ou avec uhé pince ; la partie inférieure de la mbelle épinière ét du nerf pnéumo-pastrique: J'irritai ensuite successivement la na- rine; les franges” palatines et l& partie intérie du larÿ nx. Dans tous ces cas, un acte d'inspiration fut excité, il ÿ eut abaïsse- ment des tégumens sôûs-maxillairés. La partie infériéüre de la moelle épinière , les nerfs intercostaux et diverses parties de la surface ‘extérieure, ayant alors été successivement stimulés , il y''eut, dans toutes ces expériences, mouvément des mem- bres antérieures. | 70. Tous Ces phénomènes cessèrént lorsque j'enlévai a moelle allongée et la moelle épinière. . 71. Exp. 6. Dans une autre expérience J'enlevai d’ abord la téte d’une jeune tortue. 72. — 1. En pinçant et en galvanisant l'extrémité iniériéure de la moelle allongée, un;acte d° inspiration fut excité, ce qui eut lieu également en stimulant la narine, les franges intra- maxillaitesi ou palatines et.la.partie interne di larynx. 73.— 2. Je mis alors à nu la partie moyenne de la moelle ‘épinière;;et en pinçant.ou galvanisant cette portion du système nerveux, les membres antérieurs et. postérieurs-s’agitérent. 7h: = 3, Enfin j'enlevai le sternum ét mis’à découvert les nerfs intercostaux , et les ayant stimulés ‘avec la pince ow par le galvanisme ;il y eut, comme auparavant, mouvement des'mern- bres antérieurs ét postérieurs , ce qui eut lieu aussi en Ronnr lant'une partie de la surface cutanée: sh 095 = 4: Si Ton agit sur nm nerf intercostal placé près des inembres ‘antéricurs où postérieurs, les mouvemens de ces L . ñ | MARSHALL-HALL, —, Sur, la, force excito- -inotrice. 345 parties sont plus prononcés que dans celles qui sont plus éloi- gnées.. 76. Exp. 7. Je pris ensuite une grenouille dont j'enlevai la tête et divisai la moelle épiniere à la partie inférieure du dos ; je, stimulai alors, avec la pince, l'extrémité inférieure de la partie supérieure de, la moelle épinière : les extrémités anté- rieùres s’agitèrent d’une manière très remarquable : ils se sou- levèrent doucement, sans être agités par. des soubresauts , comme on en observa dans les extrémités inférieures lorsque la partie supérieure de la moitié inférieure de la moelle épinière divisée fut stimulée. 56 17e Exp. 8.,, Je, tentai une sx périence presque semblable sur le Homard. : Je mis à découvert les dons nerveux. 4. Je,stimulai d’abord un des nerfs inter-ganglionnaires. Les muscles auxquels ce nerf se distribue, mais ces muscles seuls se contractèrent. :2: Je stimulai alors un nerf ganglionnaire. Des muscles anté- rieurs et postérieurs à la: portion stimulée se contractérent d'une manière combinée. 3. Le même résultat eut lieu: lorsque ; je stimulai une partie du cordon. nerveux lui-même. 78: IL me tardait, d'essayer ces expériences sur un animal à sang chaud. Je choisis, à cet effet un lapin âgé de six jours. 79: Exp, 9.:J'enlevai d’abord la tête, et je stimulai l'extré- mité anférieure, ;de la moelle divisée. Il y eut à l'instant un mouvement de bäillement. Je divisai alors la moelle dans le dos et stimulai l'extrémité inférieure de cette partie moyenne de ce cordon nerveux. Les extrémités antérieures se murert aussitôt. 80.L' expérience suivante que je vais donner en détail, quoique très intéressante, [n'est pas: aussi satisfaisante : elle fut faite sur un, âne. La tête, n'ayant pas été enlevée, la sensibilité a pu se mêler aux phénomènes de la faculté excilo-motrice. 81. ÆEæp.:10, M. Field mit à découvert, sur le cou d’un âne (1) Cette expérience a été répétée à l’hospice de la Pitié en présence de M, Serres, mem— bre de l'Institut , et de plusieurs personnes. 344 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. âgé d’un an, les nerfs pneumo-gastrique et grand-sympathique. Le nerf pneumo-gastrique fut saisi avec la pince sans produire aucun effet. On le pinça ensuite continuellement pendant quelque temps ; il y eut alors un acte d'inspiration, suivi d’un acte de déglutition et peu après d’une secousse générale. On fit de semblables expériences sur le nerf grand-sympathique, sans produire aucun effet. 82. Il résulte évidemment de ces expériences que Paction nerveuse, dans ces phénomènes, est identiquement la même que celle qui agit directement dans les expériences de Haller, de M. Flourens, etc. ; que cette action, contrairement à la manière de voir de Haller, Müller , etc., outre la direction des branches, des fibres ou des nerfs, suit encore des directions incidentes, rétrogrades et réfléchies par rapport à la moelle épinière. Enfin il est clair aussi , par la marche de cette action nerveuse, qu'il existe certains nerfs qui, de même que cette force nerveuse e (vis nervosa), sont incidens .et réfléchis. 83. Je veux, avant de terminer cette section, faire quelques remarques sur des expériences de M. Müller , publiées dans les Annales des Sciences naturelles pour 1837, v. 21, et dans son Manuel de physiologie, p. 625. La première de ces expériences est celle dans laquelle on appliqua un stimulus sur les racines postérieures des nerfs spinaux d’une grenouille. On n’observa pas de mouvemens dans les parties antérieures de l'animal, telles que la tête. Ce résultat est opposé à celui que j'ai con- tamment obtenu dans mes expériences’ sur la tortue. Dans la deuxième expérience , la partie inférieure de la moelle épinière était mise à nu etirritée; des mouvemens eurent alors lieu dans les parties antérieures, comme la tête (1). Dans ce cas , la tête n'ayant pas été enlevée, nous ne pouvons pas distinguer ees mouvemens de ceux SHOditts par la sensibilité. | 84. Le professeur Müller en conclut que la moelle épinière est quelque chose de plus qu'un nerf ou ün cordon de nerfs; et c’est aussi mon opinion, quoiqu’on ne puisse tirer légitime- ment cette conclusion des expériences de ce professeur, ainsi (x) Voy. les Annales des Sc. nat. t, 21, p. 166. Mauuel de physiol, etc., 632. MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. 345 que je l’ai démontré. D’un autre côté, ce physiologiste pense qu’il y a quelque différence entre les nerfs et la moelle épinière, puisque dans ses expériences , les racines postérieures n'avaient pas paru être excito-motrices. Mais on ne doit pas généraliser cette conclusion, puisque les racines postérieures, chez la tortue, possèdent, ainsi que la moelle épinière; le pouvoir excito-moteur. SECTION V. Distribution du système nerveux. 85..Le système nerveux entier est ordinairement divisé en cérébro:spinal et en ganglionnaire, Cette manière de l’envisager confond deux parties du système que j'ai expressément pour objet de distinguer. Le système cérébro-spinal est composé, en effet, du cérébral, comprenant les nerfs sensitifs, le cerveau et les nerfs de la volonté, et de celui de la moelle épinière pro- Prement dite qui, comme je vais le faire voir, est composé d’une série de nerfs excitateurs, de la moelle épinière et d’une série de nerfs moteurs. 86. Le système nerveux tout entier peut donc se diviser en : 1. Cérébral ou sensitif et volontaire ; 2. Spinal proprement dit, ou excitateur et moteur; et 3. Ganglionnaire, ou nutritif, sécréteur, etc. 87. La différence'entre ces deux premiers systèmes est très frappante et très remarquable. Il est aisé, d’après leur distribu- tion et leur connexion relative, de prévoir les effets des mala- dies ou des blessures. Ainsi, si Pon sépare le cerveau de la moelle épinière, la sensibilité, la volonté et les mouvemens spontanés doivent cesser ; il ne reste que les phénomènes éxcito-moteurs. … Les maladies du cerveau, en affectant la racine cérébrale du nert trifacial, tandis que sa racine spinale reste intacte(S 13), peuvent produire la paralysie de la sensibilité et du mouvement volon- taire, dans la face par exemple, tandis que les paupières et les na- rines demeurent aussi excitables qu'auparavant. Mais si l'on dé- truit le nerf trifacial qui renferme dans un même névrilème, non- 346 marsharz-HALL. = Sur d& force excilo-motrice. seulement un nerf sensitif, mais encore un nerfexcitateur, la sensibilité et l’excitabihté sont détruites. 1 1 88.: Les fonctions du:système cérébral sont : la pue À la perception; le jugement, la volition et le mouvement volon- taire. Les sensations sont transmises.au cerveau par les nerfs sensitifs, lolfactif l'optique, l'acoustique, le: glosso-pharyn- gien (?), le trifacial et le spinal postérieur. Le cerveau lui-même peut être considéré comme l'organe de l'intelligence, cet organe dans lequel siège l’âme et les nerfs volontaires transmettent les commandemens de la volition aux muscles qui doivent entrer en action. Toutes ces fonctions sont, strictement parlant, Per chiques, Elles impliquent la perception ou connaissance in- time. La sensibilité sans ‘Cette connaissance intime paraît une contradiction dans les mots ‘qui lés éxpriment , et l'idéé aussi bien « que l'expression doït être bannié de la physiologie. ù 89. Le système cérébral sommeille etc. alors la sensibilité mn : émoussée, la volition cesse d'agir: Les” pi etc. , sont le délire du sommeil. 1 90. Quelle différence n’y ail pas entre les fonctions" que je viens d’énumérer et celles de la moëlle épinière proprement dite ? Dans ces dernières , il n’y a ni sensation, ni volition, ni connaissance intime, rien dé psychique. Une impression a lieu à l'extrémité d’un nerf,:cètte impression est:transise , non pas au cerveau ; mais à quelque partie -de-la moelle allongée ou de la moelle-épinièré; d'où.elle se réfléchit: sur certains muscles destinés à être excitésen action simultanée. “greiLe:système spinal proprement dit est indépendant, du cerveau, et subsiste après qu’on a enlevé les.lobes, cérébraux. Il gardé les: orifices et. les issues du FERTPS: en régularisant les ingesta-et les egestas; 1: :; AIT 192 Le système cérébral est. Li siège ro na la mocllé : “épinière proprement. dite est spécialement l'organe des émotions et des passions. C'est de cette partie du système, ner- veux que dépendent: la, conservation de l'individu et. la: pro- pagation de l’espèce.! ; 1. | | 93 Lesystème cérébral nous met en rapport: avec “re fnonde extérieur! pour toutes les. choses .qui. se rattachent à la ;sensa- FETE M 1 A mt | Sécrion ve MARSHALI-HALL. -— Sur-la force excitohmotrice. 347 tion et àä-la-volition ; le vrai système, spinal remplit le.même :office pour toût ce qui se rapporte à la préparation des: maté- riaux organiques ou à-leur expulsions pour tout ce qui , à:cet égard, regarde la nutrition et la reproduction. 94. L’assimilation. des ingesta et. la préparation des egesta sont soumis au contrôle d’une troisième subdivision du système nerveux , Je, système,ganglionnaire , dans lequel je pense qu’on doit, à a droit,, comprendre avec le nerf grand-ganglion- naire ou sympathique, le nerf ganglionnaire de la face, ou le tri- facial, le nerf pneumo-gastrique- et les nerfs spimaux postérieurs. 95. Cette opinion se fonde sur ce qu’il existe un nerf desti- né à présider àla formation, la nutrition, la sécrétion des organes internes ; ét Ce nerf est ganglionnaire; sur cé que les organes et lés tabs externes , les extrémités supérieure et inférieure par exemple, qui ont besoin de nutrition , sont aussi pour- vus de nerfs ganglionnaires externes. IL me semble qu’on doit nécessairement en éonclure que ces derniers constituent le système nutritif externe où système ganglionnaire. Ils ont des plexus aussi bien que, des ganglions, parce qu'ils sont com- posés , et contiennent, avec les nerfs ganglionnaires, des nerfs sensitifs et excitateurs. Le système ganglionnaire interne est simple et purement ganglionnaire sans addition d’autres nerfs. 96. Chaque partie du systèmenerveux est le siège spécial d’une classe particulière de maladies; l’exaltation de la sensibi- lité etde la volition; ainsi que la paralysie de la sensibilité et de la volition, sont les états pathologiques du système cérébral ;. toutes les affections spasmodiques dépendent du système exci- to-motèur: ou dela moelle: épinière proprement dite; enfin cér- taines affections: de la nutrition et DE: sécrétions dus hgnraties au. ee pr REPRmars. ue:b ou | | * D système cérébral} ‘où Séhsp ét volôntare. foi?! £i ob, 0: biÿg.Jé n'ai pas Midrehuonrdé m'occuper jethdié système désbrit, le ne veux que présenter la classification suivante de ce système 348 MARSHALL-HALL. — Sur da force excito-motrice. en faisant observer que chaque nerf, composé, sensitif et exci- tateur , ou volontaire et moteur , doit être regardé comme ayant deux origines, une cérébrale et l’autre spinale. Tableau du système cérébral, ou sensitif et volontaire. I. Nerfs sensitifs. 8 © TI: Nerfs volontaires. 1. L’'olfactif. qui se distri- ; ‘ bue à 4. La gorge. _& Ù Vue S 1. L’orbiculaire. À sex ga. " 2, L'elévateur du nez. 2. Le pneumogastrique, qui © © 5. Le pneumo-gastrique ou prend naissance däns Si son accessoire. 1." Le pharynx. ÿ 1. Le pharyngien. 2. Le larynx. $ 2. Les laryngés. 3. Les bronches. ÿ 3. Lesbronchiques, etc. 4,.Le cardia; les reins, È 6. L'hypoglosse… + le foie. S 7. Les spinaux, quise.dis-., 3., Les nerfs spinaux posté- à: tibuent, au & i. Diaphragme et aux rieurs, qui prennent à | ARRETE PAT ta 2. Intércostaux et | E | & 3. Abdominaux: 4j 1. La surface générale È rer ÿ 8... Les nerfs sacrés, qui se ni br 7. R distribuent à mg Et à 2: Le gland En at D & 1. Aux sphincters. da chtoris. & 2, Aux expulséurs , aux L'anus. , à éjaculateurs, aüx Le col de là vessie. : Re Le col de l'utérus. trompes de Fallope, à iT utér us etc. 118. On a, je crois, élevé une chiestidés contre ce nom de nerf excitateur donné.à un nerf reconnu, sensitif.. Mais ul ne s'agit pas icide mots, mais de faits. Le.merf tri-facial est-il sen- sitif? S'il en est ainsi, qu'on le désigne sous ce nom: Est-il aussi MARSHALL-HALL. — Sur la force excilo-motrice. 355 nerf excitateur? Dans ce cas, là même raison éxiste pour lui donner cette dernière dénomination. Enfin il est non-seule- ment sensitif et excitateur, mais il est probable qu’il sert aussi à la nutrition. Ainsi toute vue de ce sujet, ainsi limitée, s’é- loigne de la vérité. On peut, dé même, considérer le pneumo- gastrique, non comme un nerf simplement sensitif ou sécré- toire, mais comme, par excellence, /e nerf interne excito- moteur. 2. Physiologie du système excito-moteur. 119. Jai déjà donné ($ 109-122) un abrégé de la physiologie de ce système : entrons maintenant dans les détails. 120. 1° Occlusion des paupières. J'ai fait mention ($ 20 ) du phénomène de l'occlusion de la paupière en touchant les cils, et j'ai démontré que MM, Magendie et Mayo en ont donné une explication erronée, puisque tous deux remarquent avec soin l'influence des cinquième et septième paires de nerfs. Une série d'expériences intéressantes démontre que les actions de ces, deux nerfs, de même que celles de tous les nerfs excita- téurs et moteurs dans la fonction réfléchie, sont combinées dans la moelle allongée. 121. Je puis rappeler l'expérience sur la jument ($ 58) chez laquelle, après que la sensibilité eut été détruite, les cils étant faiblement touchés par une paille, la paupière se ferma avec force, les deux expériences détaillées dans mon premier mé- moire dans lesquelles, en touchant le bord d'une paupière, on donna lieu à locclusion forte et instantanée des deux pau- pières. 122, Mais la circonstance la plus remarquable liée avec l’oc- _ clusion de la paupière, est sa relation avec l’état de sommeil. Vai déjà fait voir ($ 89-10Ë) que cette modification remar- . quable est produite par le système cérébral seul, et qu'il n'y a point de sommeil pour le système spinal proprement dit. Il doit y avoir quelque réciprocité remarquable entre le releveur de la paupière et l'orbiculaire dans la production de ce phéno- mène. Dans l’état de veille, le releveur de la paupière l'em- a3. 356 MarSmALL-HALL. —- Sur da, force excilo-motrice. porte sur l’orbiculaire ; pendant le sommeil, c’est l’orbiculaire qui a le plus de force: Je crois que le releveur de la paupière, et peut-être les muscles droits de l’œil, sont de tous les muscles de l'économie les seuls uniquement cérébraux ou volontaires, et dénués de. fibres du système excito-moteur. Quand on est éveillé , la volition soulève la paupière; quand on dort; le pou- voir excito-moteur produit la contraction permanente.de lor- biculaire, comme il le fait pour les autres sphincters. L'œil.est ainsi à l'abri, pendant la nuit , de ce qui pourrait lui nuire, pré- servé de cet élat inflammatoire dont il est attaqué lorsque, par une blessure du nerf facial ou par faiblesse du poûvoir excito- moteur, l'influence tonique de la moelle a disparu ou est .di- minuée, et que l’action. de l'orbiculaire manque (V..$:32 }. De semblables observations s'appliquent à l’action des: muscles droits, comparée à celle du grand oblique et.de l'abducteur. 2. De la déglutition. ‘123. La seconde partie:dé la physiologie de la moelle ‘épi- nière péapre ment dite et du système excito-moteur dés nerfs se rapporte à l’acte de la déglutition. 124. — 1. Action du Dhabi — Si l’on presse la langue avec le manche d’une cuillér et qu’on porte linstrument vers là ‘ra- cine de la langue.et vers les amygdales, il s'ensuit tin ‘acté de déglutition (:). En faisant uneïncision sur le côté du cou chéz un animal: vivant , et en introduisant le doigt dans le pharynx, ce doigt est serré avec force (2); le même phénomène a liéu sur uu jeune animal auquel on'a enlevé la tête (3). Maïs, dans ce dernier cas , l'effet cesse, soit par la division des nerfs qui unissent le pharynx-et la moelle épinière, soit par la destiuc- tion de cette moelle elle-même: 125, C’est en vain que j'ai cherché dans les ouvrages st esti- més de MM. Bostock, Magendie et Mayo quelque notion’sur la !. (x Mayo, ouvr: cité, p. r12. (2) Magendie. De l’usage de l'épiglotté dans-la déglutition p. 5. (3) Müller, ouvr. cité, p. 696. D. MARSHALL-HALL. — Sur la force éxcilo-motrice. 357 nature réelle de l'acte de la déglutition et sur sa relation avec la moelle épinière. Le premier de ces auteurs garde sur ce sujet _ un silence absolu; on lit dans le second : « Ainsi s'accomplit . le deuxième temps de la déglutition, par leffet duquel le bol alimentaire parcourt le pharynx et s'engage dans la partie su- ._ périeure de l’œsophage. Tous les phénomènes qui y cooperent sé passent simultanément et avec une grande promptitude :‘ils * ne/sont pas soumis à la volonté : ils différent donc, sous plu- | sieurs rapports, dés phénomènes qui appartiennent au premier temps (1}». M: Mayo parle de la sensibilité particulière de Ta partie postérieuré de la gorge comme éfant un phénomène ex- cité, et de l'acte de la déglutition comme étant énstinctif et irrésistible (2). Il'ajoute :« Si l'on opère l’acte de la déglutition plusieurs fois de suite volontairement, et qu'on n’avale que de | la salive, les parties se trouvent fatiguées, et l'opération ne peut être répétée immédiatement (3) ». Voici la vraie explication de ce” fait intéressant : un acte excité a besoin d’un stimulus ou d'unexcitateur; la salive est cet excitateur dans le premier et dans le second mouvement de déglutition ; maïs dans un troi. sième mouvement essayé td A F8 apr ès le second, le sti- mulus manque, et l'acte n’a pas lieu par défaut d’excitateur. 11 est évident que l’idée de « fatigue » est erronée. 127. Aucun de ces auteurs ne fait la plus légère allusion. à » l'influënce importante et essentielle de la moelle allongée dans l'acte de là déglutition. 128. 2. Action du cardia. — Le cardia s'ouvre pour rece- | voir la nourriture transmise par l’œsophage, et se ferme pour à la retenir dans l'estomac. On le paralyse en divisant les nerfs pneumo-gastriques. Si lon fait cette expérience sur un lapin, . on trouve l'œsophage rempli de nourriture, quoique l'animal “n'ait pas mangé après l'opération. Je crois que ce fait a été d’a- bord observé par MM. Leurét et Lassaigne. Le nerf preurno- gastrique est essentiellement le nerf excito-moteur interne. (1) Ouvr. cité, 11-68. (2) Ouvr. cité, 13° (3) Ouvr. cité, p. «14. \ 358 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. ” 3. Contraction du larynx. 4 129. Le larynx se ferme exactement dans chaque acte de déglutition, lorsqu'on cherche à inspirer de lacide, carbo- nique (4), au contact d’une goutte d’eau ou d’une mie de pain, dans le vomissement, etc. Quelle est la nature de ce phénomène? 130. Si, sur un animal durant son état normal, ou sur un animal auquel on a enlevé les lobes cérébraux, l’on-touche l'ouverture de la glotte avec une plume ou une sonde, la glotte se ferme aussitôt avec force. Ce phénomène cesse à l'instant chez le dernier animal, si l’on sépare le larynx de ses con- nexions avec la moelle allongée, soit en dedans, soit en dehors du canal spinal, ou si l’on détruit la moelle allongée elle-même. Ce phénomène est donc tout-à-fait dépendant de la moelleépi- niére et des nerfs excitateurs qui se rendent à cette partie du système nerveux ou des nerfs moteurs qui en naissent :: C’est an acte. réfléchi, excito-moteur des nerfs laryngés supérieurs et de la moelle allongée. 131. M. Magendie a écrit ex professo sur les actes du larynx, et, quoiqu'il conclue, d'après ses expériences et ses dissections, que l’occlusion du larynx dépend des nerfs laryngés supé- rieurs, et son ouverture des nerfs laryngés inférieurs (2), et qu'il faut que tous ces nerfs soient divisés pour que le larynx reste ouvert et. dans impossibilité de se mouvoir, il ne dit ab- solument rien de l’action essentielle de la moelle allongée dans tous les actes d’excitation du larynx. M. Mayo attribue l’occlu- sion du larynx déterminée par le contact de l'acide carboni-. que, de l’eau ou du mercure , à « la sympathie étroite qui existe entre la surface muqueuse sensible du larynx et ses muscles.» 132. J'ai démontré ainsi l'union étroite qui existe entre la paupière, le pharynx et le larynx, lorsqu'ils se ferment, et les nerfs qui se rendent à la moelle allongée où qui en naissent, ainsi qu'avec la moelle allongée elle-même. Parlons maintenant (r) Pilâtre de Rosier. J. de phys. t. 28, p. 422. Humphry-Davy, p, 472 de ses Recherches. (2 De l’épiglotte. Ouvr, cité, p. 9, etc. MABSHALLHALL.. — Sur la, force excéto-mobrice. 39 d'un autre acte du même système, qui pour l'entretien de, la vie est le plus essentiel de tous, je veux dire : 4. Mouÿemens respiratoires. 433. Que la respiration soit.une fonction mixte et dépendant en.partie de l’action, cérébrale ou de la volition, c’est ce quiest prouvé par les effeis-d’une occupation profonde de l'esprit; du sommeil , du coma, etc. L’attention ou le sommeil rendent la pad: cu irrégulière. et bruyante; dans le coma, elle est bruyante ,et.stertoreuse, et. à l'approche de la mort, irrégulière et.intermittente. Dans tous ces cas, on modifie subitement les mouvemens respiratoires. en.éveillant la sensibilité de l'individu ou-en excitant des actes de, sa volition. La division des nerfs preumo-gastriques! .prouve.évidemment. que la respiration dé- pend.en partie du, pouvoir.excito-moteur ; car, à instant, les mouvemens, de. la) respiration deviennent plus fréquens,:et, comme le dit M. Magendie , l'animal paraît y donner une atten- tion-particulière. (1) 134. Ilsuffira , de toutes les opinions énoncées sur les actes de la respiration , d'en rapporter trois : 135.— 4, Wilson Philip.(2) et M. Mayo (3) considèrent les - mouvemens de la respiration comme des actes de la volition. 1436, — 2: D'après Bostoch (4), W. Philip (3),et Brachet (6), ces-actes dépendent des nerfs pneumo-gastriques faisant l'office de nerfs sensitifs, 11374 — 3: Selon Legallois, Ch. Bell, Flourens, Müller, etc., la moelle allongée. tient,.ces actes sous. s1 dépendance, comme étant leur prémimi. mobile. j :138,. Pour réfutér, l'opinion, que la respiration est un acte de la volonté, il:me, parait suffisant de dire que ces mouvemens (1) Précis de physiol. t. 2, p. 355. (2) On vital fonctions, p. 190. (3) Ouvr, cité, p. 83. (4) Ouvr, cité, 11, p. 46. (5) Ouvr. cité, p. 268. (6) Ouvr. cité. p. r32, Lé 360 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. ont lieu après que les lobes cérébraux , siège de la volition et de la perception, ont été enlevés et que tous les actes sponta- nés ont évidemment cessé. 139. L'idée que la respiration a lieu par suite d’une sensa- ton désagréable, transmise au sensorium par les nerfs pneumo- gastriques, est détruite , à mon avis, par le fait que cette fonc- tion continue d'exister après que ces nerfs ont été divisés. MM. Bostoch (1) et Mayo (2) parlent de ces mouvemens'et de l'action des nerfs pneumo:gastriques comme n'étant que! très imparfaitement compris. M. Brachet dit, en parlant de lexpé- rience dans laquelle on divise le nerf pneumo-gastrique ‘ «Dans ce cas, il ne faut point attribuer la continuation de la respira- tion au besoin senti de respirer, mais à l'habitude que le système cérébro-spinal a contractée de faire mouvoir les muscles respi- rateurs (5) ». ILest inutile de s'arrêter à combattre cetteopinion. 140. Je vais maintenant faire aussi quelques courtes observa- tions sur l'opinion d’après laquelle la moëlle allongée serait le premier mobile de la respiration. Ila été prouvé, par des faits, qu’on peut enlever le cerveau de hauten bas et la moelle épinière de bas en haut, sans suspendre l’acte de la respiration, si on conserve intacte la moelle alléngée au point de l'origine du‘nerf pneumo-gastrique. Bien plus, ainsi ss l’observe M. Flou- reñs (4); « là preuve évidente que ce n'est ni uniquement ni précisément parce qu'elle ést lorigine de la huitième paire, due: la moelle allongée est le premier! :mobile de la respiration , c’est que les deux nerfs de la huitième paire peuvent être coupés, et la respiration , quoique dès-lors gênée et laborieuse, n’en sub- sistéra pas moins fort long-temps encore». Nous sommes porté à conclure de ces expériences que ni lencéphale, ni des nerfs pneumo-gastriques, ne sont nécessaires à l’acte de la respira- tion, puisque cet acte s'opère, même quand ces parties ont'été enlevées. Il est vrai pourtaut que, quoique la respiration con- (1) Ouvr. cité, 11. 46. (2) Ouvr. cité, p. 83. (3) Ouvr. cité, p. 132. (4) Ouvr. cité, p. 18r, dote. MARSHALL HALL. — Sur la force excito-motrive. 361 tinue en l'absence soit du cerveau,soit de ces rierfs, elle cesse s’il n’y a plus aucun de ces organes. On péut enlever séparément ou l'encéphale ou ces nerfs, mais si on les enlève à-la-fois , la respiration s'arrête comme dans l'expérience où l'on divise la moelle allongée à l'origine dés nerfs pnéümo-gastriques, laquelle est restée jusqu'ici sans éxplication. En effet, a respiration peut être un acte volontaire opéré par l’action di cerveau après la division des nerfs pneumo-gastriques , ou elle peut être un acte excité par l'entremise des nerfs pneumo-gastriqnes après que l’encéphale à été enlevé. Sr, dans ce dernier cas, l’on divise les nerfs preumo-gastriqués, la respiration cesse. Nous avons done, dans ce dernier fait, la preuve que la moelle allongée n’est pas le premier mobile de la respiration , maïs que ce rôle appartient au pheumo-gastrique comme excitateur ‘essentiel et nécessaire de cette fonction , lorsque l’action de la volition a disparu avec organe qui lui donne! naissance : conclusion importante, qui donne à-la-fois la solution de plusieurs difficultés.et d’une ques- tion pleine d'intérêt: 14t. L'acte de la respiration ést donc un acte du système ex- cito-moteur ou spinal proprement dit. Cette fonction, dans l’état ordinaire , s’opère par le moyen du pneump-gastrique , mais est régularisée et'gouvernée par la-volition. Péndant le sommeil-et le coma, l'influence de la volition est diminuée ou détruite, et la respiration , perceptible à l’ouie, peut même devenir sterto- reüse. La respiration est donc, ainsi qu'on la! avancé depuis long-temps, une fonction mixte, et plusieurs des actes dusys- téme ex cito-moteur, déterminés par des nérfs particuliers, mais réglés ou modifiés par la volition, sont aussi de cette nature., 1142. Gette-remarque: me conduit à faire observer, que le pneumo-gastrique n’est pas le seul excitateur: de la respiration : cette fonction s'opère également au moyen de la cinquième paire et des nerfs spinaux ; fait qui est prouvé par le phéno- mène, connu qu'on produit en jetant de l’eau froide à la face, et par l'impression qu’on éprouve en entrant dans. un bain froid. Le premier acte d'inspiration d’un nouveau-né est pro- bablement excité au moyen du nerf de la cinquième paire et des nerfs spinaux conjointement, par le contact de l’atmo- 362 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motriee. sphère sur les parties auxquelles ces nerfs se distribuent, comme les premiers actes pour l'expulsion des matières alvines et de l'urine sont excités au même contact de l'atmosphère par les extrémités des nerfs spinaux. 11443. Mon ami le docteur Heming a été témoin d’un. fait intéressant qui vient à l'appui de cette opinion. Un nouveau-né, enveloppé de couvertures, ne respirait pas. Après avoir attendu quelques secondes, ce médecin , voulant employer quelque moyen pour mettre fin à cette asphyxie, enleva les couvertures. Le contact de l'air froid excita aussitôt un acte d'inspiration. Quelques faits pathologiques que je citerai brièvement et plu- sieurs expériences confirmeront aussi cette manière de voir. 144: —. 1. Si l’on met à découvert le pneumo-gastrique sur le cou d'un âne et qu’on irrite ce nerf avec une pince, on excite aussitôt un acte d'inspiration suivi d’un acte de déglutition, 1445: 32 Nous devons maintenant chercher quel est le sti- . mulas ou la cause excitante de l'inspiration. Je rappellerai ici la célèbre expérience de Hook, contenue dans un des premiers volumes des Transactions philosophiques ( 1). I poussa sur un chien: vivant un courant d'air: atmosphérique à travers la tra- chée, les poumonsæt des incisions faites à la plèvre. L'animal ne fit aucun éffort:‘pour respirer tant que Hook continua de souffler dé la sorte; mais lorsqu'il interrompit cette action , les efforts respiratoires furent .violens et convualsifs ; en d’autres mots, lorsque l'air respiré n’était pas chargé de l'acide carbo- nique exkalé- des poumons, aucun acte d'inspiration n’était excité; mais dès qu’il fut chargé de ce gaz, il ÿ eut à l'instant des efforts respiratoires. L’acide carbonique dans les cellules aériennes des poumons, et en contact avec les fibrilles des nerfs pneumo-gastriques ; serait-il donc la cause: excitante de la respiration : ? fEO! 3 146. D'autres faits confirment cette idée. Le docteur Fara- day mentionne, ën particulier, ce fait que ; ‘après des inspira- tions profondes, répétées, qui renouvellent complètement l'air {1), Trans. phil. de 1667, p. 539. # MARSHALL-HALL. = Sur la force excilo-motrice. 363 des poumons, la respiration peut être suspendue plus long- temps que dans les circonstances ordinaires. (2). 1l est des in- dividus qui respirent moins fréquemment à mesure qu'ils se trouvent an milieu d’une atmosphère plus pesante.et par consé- quent plus condensée , la proportion ou le volume d’acide car- bonique dégagé arrivant alors moins promptement à son com- plément. Enfin, le nombre des mouvemens respiratoires est augmenté, avec grand effort, dans la proportion de laugmen- tation de l'acide carbonique dans une quantité donnée de gaz au milieu duquel un animal est renfermé, Il serait intéressant de répéter cétte expérience en veillant avec précaution à ce que la proportion du gaz oxygène füt la même. En en mot, l'acide carbonique étendu est dans les poumons ce qu’il est dans son état de pureté , en contact avec l'ouverture de la glotte, une cause excitante agissant au moyen du système excito-moteur ou spinal proprement dit. 147. Ce principe prend une nouvelle force d’une circonstance dont il donne, seul, l'explication. On a observé qu’il y a toujours un certain rapport entre le nombre des pulsations du cœur et des mouvemens respiratoires. Cette proportion varie depuis le plus haut degré d’activité qui s’observe dans les animaux jusqu’à la cessation complète de la fonction chez les hybernans. Le dégagement d'acide carbonique est plus grand en proportion de la rapidité de la circulation. Cet acide carbonique est lui- même la cause de la respiration. Cet acte doit donc se répéter plus ou moins fréquemment, selon que la respiration qui dé- gage l'acide carbonique est plus ou moins rapide, et je crois que cette loi de proportion entre la circulation et la respiration n’a pas encore été expliquée. 148. Mais l'expérience décisive consiste à enlever d Fer avec soin les lobes cérébraux ainsi que le cervelet, et à diviser ensuite les nerfs pneumo-gastriques, soit dans le crâne, soit dans le canal spinal, où dans leur trajet sur le cou. La respiration subsiste alors comme acte purement excito-moleur, déterminé (2) Mag. phil. de Lond, et d'Edimb, v. 3. 1833. 364 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. par l’action des nerfs pneumo-gastriques lorsque le cerveau a été enlevé, et cesse à l'instant où ces nerfs sont divisés. 149: 11 paraît, d’après ces divers faits ; que les actes de la res- piration sont des actes excités, et que cette excitation s'opère . par l'entremise de plusieurs nerfs excitateurs. On peut les ran- ger dans cet ordre : 1. Le’trifacial, 2. Le pneumo-gastrique , 0. Les spinaux. Mais si ces nerfs composent les nerfs excitateurs de la respi- ration, la moelle allongée doit être regardée comme l'organe qui combine les différens muscles en un seul appareil, et les nerfs divers compris dans le système respiratoire de Ch..Bell, sont les vrais nerfs moteurs de. la respiration. Je dois répéter ici que, quelque beau que soit le système des nerfsrespiratoires de Ch. Bell, il pèche sous deux rapports : 1° il ne comprend que les nerfs moteurs du système respiratoire ; 2° il. se borne à la respi- ration quand il devrait s'étendre à toute la partie de ce système que je nomme excito-moteur, et qui se rapporte non-seulement à la respiration, mais à tous je actes d’ingestion et d’égestion. 150.,0n détermine. un acte de respiration’ dans une tête sé- parée du corps d’une tortue, en HEURE la marine, le larynx ou. la partie. de la moelle épinière à l'endroit de,sa division: dans tous ces cas , l’action est également un phénomène excité. 5. Du resserrement du sphincter de: l'anus. 151. Le sphincter de l'anus et le col dela vessié présentent absolument des phénomènes semblables à ceux du larynx et du pharynx. Sur un cheval rendu insensible par un coup de massue , le sphincter se resserrait avec fonce et la queue s’éle- vait lorsqu'on stimulait la: marge de l’anus 3. maïs ces phéno- mènes céssaient , lorsqu’on eut, séparé le sphincter de ses Jiai- sons avec la moelle épinière, ou bien que l’on eüt détruit la moelle épinière elle-même : l’action excitatrice et réfléchie de la moelle et son influence surle sphineter sont donc évidentes. MARSMALL-HALZ. — Sur la force excilo-motrice. 365 Le docteur Alison, dans un de ses ouvrages, décrit l’action des sphineters comme dépendant de ce qu'il appelle tonicité ou propriété de la fibre musculaire ; dans un autre, il la place dans la classe des actions sympathiques. Il résulte de cette di- versité d'opinions du même auteur, que l'on ne possédait au- cune convaissance positive sur ce sujet avant que j'eusse. donné la preuve que l’action des sphincters et des orifices dépend de la propriété excito-motrice agissant au moyen des nerfs inci- dens , excitateurs, de la moelle épinière et : dés nerfs réfléchis et moteurs. 6. Action des expulseurs. 152. Si, après avoir enlevé :la queue: et les: extrémités infé- rieures d’une tortue, avec le rectum et ordinairement aussi une portion de la moelle épinière, on lance avec force de l’eau dans l'intestin, au moyen d’une seringue, le claque,et la vessie sont fortement distendus avant qu'aucune partie du fluide s'échappe à travers le sphincter , et mème alors cela n’a lieu que par secousses en employant une très grande force. Mais si, lorsque le cloaque est distendu, on stimule les tégumens qui le recou- vrent,. l'eau est lancée à une grande distance. Cependant il en arrive tout autrement si l’on -enlève la moelle épinière ; le sphincter étant alors dans le relâchement, l’eau s'écoule en jet continu , par l'emploi d’une force peu considérable et sans distendre le cloaque. 7. Actes de la génération. 133. L'érection du pénis peut être un acte excito-moteur. Chez des iridividus atteints d’une maladie ou d'une blessure de la moelle épinière, dans des cas que nous avons rapportés, cet acte était produit toutes les fois qu’on introduisait le cathéter dans l’urètre, les malades n’ayant eux-mêmes aucune conscience soit du contact de l'instrument, soit des effets produits. 154. Il est également évident que l'émission de la semence dépend de la même fonction excito-motrice de la moelle épi- 366 marsmarzz HALL. — Sur la force excito-motrice: nière. Cet acte est ordinairement excité par l'influence du nerf dorsal du pénis; mais il a eu lieu, dans des expériences faites par M. Ségalas, en agissant immédiatement sur la moelle épi- nière. «Si, sur un cochon d'Inde mâle dont on a mis le cerveau à nu, dit ce hysiologiste, on plonge un stylet dans le cervelet, de manière à arriver à la partie supérieure: de la moelle de l’é- pine; on produit l'érection ; si l'on pousse ensuite le stylet dans la colonne vertébrale jusque dans la région lombaire, l’éjacu/a- tion a lieu, tandis que la vessie, füt-elle pleine ; n’en conserve pas moins son dépôt. Les mêmes phénomènes s’observent dans les cochons d'Inde décapités , quand on agit de même avec un stylet, de haut en bas, sur la moelle de l’épine (1). Ce fait est confirmé par la remarque de M. Earle que le priapisme ne s’observe , dans les maladies de la moelle épinière, que lorsque cette affection a lieu dans la ré ion du cou. | 155. Je puis revenir encore sur l'acte de la déglutition , qui ne peut s'opérer avec rapidité plusieurs fois de suite , par l'ab- sence du stimulus de:la salive. L'acte de l’éjaculation a égale- mént besoin du stimulus local de la semence. 156. Il est extrêmement probable que c’est le même principe qui détermine la contraction des trompes de Fallope , et l'ex- pulsion du fœtus, après que la mère a cessée de respirer, pa- raît prouver que Vaction de l'utérus appartient au même sys- tème excito-moteur. Le professeur Müller .cite un fait de ce genre (2), et récemment M. Ingleby dé Birmingham en a an- noncé un autre. (2) .157. Ainsi l’on observe que les sphincters et les muscles ex- pulseurs sont, ainsi que tous les orifices et Les actes d’ingestion sous l'influence de la fonction réfléchie excito-motrice de la moelle épinière. (1) Auat. du cerveau, par M. Serres, t. 2, p. 608. (2) Manuel de physiol. t. 1, p. 696. (à), Médec, des accouch. p. 44 , 45. MARSHALI-HALL. — Sur la force excitosmotrice. 367 . m7 ' ! | * 8. De la tonicité du système musculaire. 158. 1l est un autre phénomène appartenant à ce système qui réclame notre attention, la tonicité de a fibre musculaire dans toute l’économie. On expérimenta de la manière suivante sur deux ‘lapins : à l'un on enleva la tête; à l'autre, en enlevant cétte partie, on détruisit avec soin la moelle épinièré à l’aide d'un instrument tranchant : les membres du prénmier conserve. rent un certain degré de résistance et d’'élasticité; chez le se- cond, il y eut relâchement complet : li différence ‘était très frappante. Le lendemain, chez tous deux , les membres étaient également raides, par suite de la contraction de la fibre mus- culaire dépendant de l'irritabilité. 159. L'influence de la moelle épinière sur la tonicité des muscles est très remarquable dans la tortue. * 160. Les membres et la queue d'une tortue décapitée conser- vaiént un certain degré de résistance ou de tonicité en les chan: geant de position , et l'action d’un stimulus les faisait mouvoir avec énergie. Tous ‘ces phénomènes cessaient lorsqu'on avait enlevé doucement la moelle épinière. Les membres devenaient alors insensibles aux stimulus, tout-à-fait flasques ; et per- daient toute action. Le sphincter , perdant :sa forme circu- laire et ne se contractant plus, était relâché et flasque. La queue, flasque aussi, ne ressentait point l'application des sti- mulus. E 16r. Cette expérience démontre clairement que la tonicité du système musculaire et les mouvemens des membres lors de l'application des stimulus à la peau, sont des modifications de la même fonction; tous ces phénomènes co-existent avec la moelle épinière, ou cessent d’avoir lieu lorsque celle-ci est détruite. 9. Du siège des passions. - 162. On est bien fondé à affirmer, ainsi que nous l'avons déjà dit, que le cerveau est le siège de Tâme et des facultés in- 368 MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-moirice. tellectuelles; on doit croire, avec autant de raison, que la moelle allongée est le siège ou l'organe nerveux de la manifes- tation des desirs et des passions. 163. Dans l’idiot , chez lequel il ya atrophie et développe- ment imparfait des per cérébraux de manière à faire dispa- raître tout vestige d'intelligence , les desirs.et les passions, loin d’être affaiblies, se prononcent d'une manière extraordinaire : on remarque chez lui, à un degré remarquable, le desir des alimens, l'excitation, des parties FIM la crainte, et la terreur. 164. Le bras sly sé dans l'hémiplégieus n’est plus sous la dépendance dela volition ni du mouvement volontaire, mais s’a- gite fortement par la.surprise.ou d’autres émotions. Le siège. de ces émotions est donc placé plus bas dans lesystème nerveux que le: siège, de la volition et de la maladie,: cette maladie inter- cepte l'influence dela volition, tandis quel’influence des passions se manifeste d’une manière, très marquée.Ill n'en.est pas, de même dans la paraplégie ; dans ce.cas ; l'influence des, passions ou les émotions sont, ainsi que, celles de la volition , entièrement dé- truites par la ro ro cette affection:est donc située au-dessous des. sièges de la volition et des passions. 1” p: 165. Ne.voyons-nous pas, évidemment, d'age ces . différens cas, le siège des. passions? u’est-il pas clairement placé au;des- sous du siège,de la maladie.dans l'hémiplégie, et au-dessus dans la nan rien et s'il en est ainsi, .ce-siège n'est-il pas. la moelle allongée, centre régulateur des actes de la déglutition et de la respiration actes si: importans dans. leurs relations, avec. ce phénomëne.du besoin de, la nourriture, de Pair? Ja dernière de.ces fonctions.étant, affectée d’une manière, si extraordinaire lorsqu'elle reste, seule en exercice, et l'étant:même dans toutes les émotions et. dans toutes les passions. | 166. Je ne parle ainsi brièvement de ce sujet que pour: m'y livrer à de nouvelles recherches dans le cours de ces travaux, et pour rendre un peu moins incomplet cette ébauche sur le sys- tème nerveux. Je vois aussi bien que qui que ce soit tout ce qui reste à faire pour la rendre complète. 1674 1l est intéressant d'observer que les passions affectent MARSHALL-HALL. — Sur la force excito-motrice. 369 précisément les organes d’ingestion et d'égestion qu’on sait être particulièrement sous l'influence du système spinal : le chagrin fait éprouver un sentiment pénible d’étouffement, la peur re- lâche les sphincters. Toutes ies passions affectent la respiration : un objet dégoütant donne des nausées. CONCLUSIONS. Dans ce mémoire j'ai cherché à établir : 1° La distinction qui doit être faite entre la propriété excito- motrice et la sensibilité, la volonté et toutes les fonctions cé- rébrales. | 2° La distension entre cette propriété et le vis insita ou irri- tabilité de la fibre musculaire. 3° Que cette propriété est l'apanage: ° D'une moelle épinière proprement dite, et 2° d’un système de nerfs excitateurs et moteurs à l'exclusion du cerveau. 4° Que cette propriété excito-motrice est identique avec la puissance motrice que la moelle épinière, et.les nerfs des mus- cles, lorsqu'on les excite, exercent sur les muscles auxquels ils se distribuent dans le sens de leur trajet: savoir le vis nervosa de Haller. 5° Que la propriété excito-motrice agit en suivant un trajet incident, rétrograde et réfléchi le long des nerfs incidens lors. que ceux-ci sont stimulés, soit mécaniquement ou par le gal- vanisme, dans les expériences du physiologiste, soit naturelle- ment chez l’animal vivant. 6° Qu'il existe un système correspondant d'organes nerveux formé 1° par certaines parties de la moelle épinière ; 2° par les nerfs exciteurs incidens, et 3° par les nerfs moteurs réfléchis ; système qui, même chez les mammifères, est quelquefois dis- tinct des nerfs de la sensibilité et de la volonté comme cela se voit pour le pueumo-gastrique ou nerf excito-moteur interne, et qui l’est probablement toujours chez les animaux invertébrés. 7° Les relations qui existent entre cette propriété et le mode d'action des sphincters et des phénomènes dont dépendent l’in- troduction de substances étrangères dans le corps, et l'expulsion VIL, Zoor. — Juin. 24 370 BAKER et DURAND. — Mdchoire de singe fossile. de matières évacuées; l'influence de l'excitation produite par le contact de l’acide carbonique avec les dérnières divisions des nerfs pnéumo-gastriques sur le renouvellement dés mouve- mens de la respiration; enfin le rôle physiologique de la moelle épinière comme coordonnant les mouvemens complexes d’ingestion, d'expulsion, etc., comme étant la source de la to- nicité du système musculaire ét comme étant le siège des pas- ‘sions, etc. Nore sur la mâchoire fossile d’un quadrumane qui se rapproche des genres Semnopithèque et Cynocephale , Par MM. Baker et DüurAnD. (Extrait:): (1) | « L’échantillon en question a été trouvé dans les collinés , pres de Sutly ét, d’après là gangue à laquelle il est attaché , pa- raît provenir d’une couche qui ressemble beaucoup par sa composition à celle décrite comme appartenant au dépôt du Maginund. Ce fragment consiste dans la moitié de droite d’une “mâchoire supérieure. Les molaires sont complètes quant au nombre , mais la première a perdu un peu de son émail exté- rieur, et la Cinquième a aussi uné partie de son émail enlevée sur sa partie postérieure. La deuxième et la troisième molaires sont beaucoup usées , et l'état de la quatrième et de la cinquième montre que l'animal était complètement adulte. La canine ést | petite, mais tres mutilée ; on ne peut distinguer que son inser- tion dans la mâchoire et sa section transversale. « L'inspection des dents molaires suffit pour montrer claire- ment l'ordre auquel l'animal appartenait ; mais en outre il reste encore assez de lorbite pour en offrir des preuves Do (1) Jourual of the Asiatic Society of Bengal, vol. 5, p. 739, et London and Edinburgh philotophical magazine. BAKER €t DURAND. — Mächoire de singe fossile. 371 les, la partie inférieure de l'orbite et l'origine de l’arcade zygo= matique qui sont très distincts, pourraient à eux seuls détruire toute espèce de doute; car les orbites des quadrumanes offrent une disposition particulière et ne peuvent se confondre avec celles d'aucun autre animal. « D’après les descriptions et les figures de la dentition de cet ordre d’animaux donnée par M. F. Cuvier, ce fossile se rappro- cherait du genre Semnopithèque. Les divisions de la canine et la grosseur et la forme des fausses molaires sont tout-à-fait semblables à l'exemple choisi par M. F. Cuvier et appartenant au Semnopithèque maure, espèce qui se trouve à Java; si le des- sin de ce naturaliste avait été fait d'apres le S. entellus, espèce qui habite l’Inde , la comparaison aurait été encore plus con- cluante. Le maurus ayant été choisi comme type et l’auteur ne mentionnant pas d'autre différence que la longueur. dés ca- nines, on doit supposer que les diverses espèces nes’éloignent pas considérablement de ce type quant à la forme des molairés La troisième molaire de notre fossile est trop cassée pour qu’on puissé là comparer au dessin d’une dent en bon état. La qua- trième est semblable à celle du maurus; mais la cinquième ne ressemble à la molaire analogue d'aucune des espèces exis- tantes telles que les représente M. F. Cuvier , car la dent fos- sile présente sur sa partie interne un petit point d'émail , qu’on ne retrouve dans aucune des espèces vivantes dont on a publié des figures. Les incisives manquent, mais on distingue facile- ment les intermaxillaires. «Si ce n’était la taille des canines et de la cinquième molaire;cet échantillon présenterait quelqueressemblance avec les dents du Macaque donné commetype des genres Macaque et Cynocéphale, mais par la petitesse des canines et la grandeur des molaires, il se rapproche bien davantage du genre Semnopifhèque ; la différence est cependant grande , car le S. entellus atteint, dit- on , la longueur de trois pieds et demi, tandis que la grandeur de l'animal: fossile, à en-juger par l’espace occupé par les molaires et de leur grosseur devrait être égale à celle du Pithe- cus satyrus. — L'espace occupé par les molaires est de 2-15 pouces. Cette circonstance et les différences dont on à déjà 24. 372 OWEN. — Membranes fœtales du Kanguroo. parlé séparent distinctement ce fossile des espèces appartenant au genre Cynocéphale où Semnopithèque. L'échantillon est imparfait, mais il indique l'existence d'une espèce gigan- tesque d'animal quadrumane contemporain des Pachydermes du Sub- se Dm le DEscriPrion des membranes fæœtales du Kanguroo, Par M. Owen. (1) ‘ ‘Dans un Mémoire lu à la Société Royale de Londres, en 1834 ; j'ai décrit le fœtus et les membranes fœtales d’un Kaoguroo (le Macropus major) dont la gestation utérine paraissait être arrivée au milieu de sa durée ordinaire, laquelle est chez cet animal de 38 jours. Ces membranes consistaient en un am- nios , un sac vitellien devenu très vastulaire par les ramifications des vaisseaux omphalomésentériques, et un chorion mince et non vasculaire. Il n’existait ni placenta, ni «aucune adhesion entre la membrane fœtale extérieure et la surface interne de l'utérus de la mère, à l’aide de l’entrelacementet-de l'enchevêtrement de vaisseaux ou de villosités comme dans les Mammiferes chez lesquels le pla- centaest remplacé par un chorion uniformément villeux et vasculaire. Enfin, la condition du fœtus était la même que celle Lire se rencontre chez la Vipère et les autres Reptiles ovo-vivipares, si ce n’est qu’à la période de la gestation à laquelle le fœtus en question était arrivé , il n’existait aucune trace d’un allantoïde. Dans la vue de détermmer si un allantoïde se developpait à une période plus avancée de la gestation, j'ai disséqué de très jeunes fœtus mammaires de, divers Marsu- piaux tels que le Kanguroo, le Phalanger et le Phalanger volant, et leur ayant trouvé les restes d’un ouraque et de vaisseaux ombilicaux, je n’ai pas he- sité à conclure qu’en effet ce développement avait lieu. J'ai fait remarquer qu'à mesure que la croissance du fœtus avance, les fluides en circulation doivent nécessairement devenir de plus en plus chargés de ma- tières provenant de la décomposition des substances organiques, et que; malgré l'existence d’une surface très étendue présentée par le sac.vitellien, et.pouvant servir en. même temps à la nutrition et à la respiration du fœtus dans les premières périodes de la gestation , il était à présumer qu’à une époque plus avancée du développement embryonnaire, lorsque le fœtus acquiert un volume plus considérable et des parties nouvelles, un appareil accessoire destiné aux mêmes usages deviendrait nécessaire. Ainsi, chez tous les Reptiles dont le fœtus ne respire pas à l’aide de prolorgemens vasculaires situés sur les côtés du cou, :(r) Extrait dé Loudon's magazine of natural lüstorÿ ,fnew series ; Wolo1} p. dos avec fig. Ld OWEN. — Membranes fœtales du Kanguroo. 373 un allantoïde où des appendices cœcaux formés par les vaisseaux ombilicaux ou hypogastriques , naissent de la portion terminale du tube intestinal. L'épo- que à laquelle cet organe accessoire de respiration se développe chez les oiseaux est immédiatement subséquenté à l'apparition des premiers vestiges dés mem- bres locomoteurs. Dans les Mammifères à placenta chez lesquels le vitellus et la membrane vitelline sont proportionnellemtent petits, l'allantoïdé se montre beaucoup plus tôt, mais il se développe à des degrés différens dans les divers ordres; chez tous cès animaux il.est destiné à une même fouction importante, savoir : le- transport des artères hypogastriques ou ombilicales vers l’enveloppe membraneuse extérieure ou chorion, et chez tous aussi les vaisseaux ombili- caux en connexion avec le cœcum allantoïdien, contractent des rapports plus intimes avec la surface vasculaire de l'utérus et constituent le chorion en dôn- nant naissance à des végétations vasculaires qui tantôt recouvrent toute la sur- face de l'œuf comme chez la jument, tantôt sont rassemblées en toufles circon- scrites comme chez les Ruminans, et d’autres fois sont rassemblés en un seul point de façon à former un placenta unique comme dans er humaine et dans tous les Mammifères unguiculés. (1) Chez les Oiseaux et les. Keptiles les vaisseaux ombilicaux ne-se rendent qu’à l’allontoïde et ne s'étendent pas au-delà de cette membrane sur le chorion. Chez ces animaux , l’allantoïde remplit par conséquent un rôle principal dans la respiration du fœtus. Chez les Mammifères à placenta, ses fonctions comme un organe transitoire de respiration sont au contraire secondaires ; mais 1} est essentiel comme moyen de transport des vaisseaux ombilicaux du fœtus au chorion : aussi préexiste-t-il au placenta et sans son concours cette dernière partie ne pourrait pas se former. En effet, si l’on prend en considération que l'embryon se forme dans l’intérieur du sac du chorion ét qu il'est, dans le prin- cipe; libre de toute adhérence avec cette enveloppe, on voit qu’il doit nécessai- rement y avoir quelque moyen de support pour les vaisseaux ombilicaux pen- daat qu’ils se rendent vers le chorion, et nous w’en connaissons d’autres que Vallantoïde ou la vessie urinaire et Fouraque formées par ses débris. Dans ma manière de voir, l'existence d’un placenta suppose nécessairement la préexis- tence d’uu allantoïde ; mais l'inverse n'est pas également vrai. Chez les Oiseaux. et les Reptiles squameux nous voyons que l’allantoïde remplit les fonctions d'un placenta où chorion vasculaire, ét par conséquent la question qui se pré- sentait touchant les Kauguroos et les.autres Marsupiaux était de savoir si, chez ces animaux, l'allantoïde étant développé, servait d’intermédiaire pour l’organi- sation du chorion, ou bien restait sous la forme d’un sac ou cœcum vasculaire “indépendant des autres enveloppes fœtales, comme cela a lieu chez les, Verté- brés ovipares: L'examen d'un: fœtus utérim de Kanguroo, mis à ma disposition par le ‘docteur Shearman, a ! contribué à à résoudre cette question, Ce fœtus était plus (x) Voyez les Transact. Philosoph. 1334. p. 342. 374 DUSARDIN. — Phenomènes présentés par des œufs de limace. avancé en développement que ne l'était celui dont j'avais. précédemment fait l'anatomie; les doigts des membres postérieurs étaient déjà distinctement formés. Le cordon ombilical s’etendait dans une longueur de près de trois lignes au-de- là de la surface de l'abdomen; lamnios se réfléchissait dans ce point pour former l'enveloppe interne ordinaire du fœtus et au-delà le cordon se divisait en deux sacs; lun supérieur, très grand vasculaire, formé par les vaisseaux ‘ompha- lo-mésentériques et analogue au sac vitellin décrit dans mon premier Mémoire, l'autre situé au-dessous du col du précédent, d’un sixième de son volume, py- riforme , offrant de nombreuses ramifications des vaisseaux ombilicaux et consti- tuant un véritable allantoïde. Ce dernier sac était suspendu, à l'extrémité du'cor- don ombilical et n'avait contracté aucune adhérence avec les parois de l'utérus dans lequel le fœtus s'était développé. LertTRe sur les phénomènes présentés par des œufs de LEimace pondus depuis peu de temps, adressée à l’Académie des Sciences par M. DuyaRDIN. J'ai observé sur des œufs de Limace pondus depuis. vingt-quatre heures, un fait qui, par sa nouveauté et par les conséquences qu’on en peut déduire, m'a paru digne d’intéresser l’Académie : c’est un mode_de manifestation de-la vie, dans. le vitellus ou l'embryon, tout-à-fait semblable, à celui des Infusoires nom- més Amibes ou Protces, r On savait déjà que l'embryon , au bout de slsisiosi jours . se meut désis l'œuf en tourvant sur lui-même; ce inouvement de, rotation est, produit par:les cils nibratiles de ce qui doit..devenir l'appareil respiratoires. mais on n'avait avant ce terme, observé rien autre.chose qu’un changement progressif de volume et d'aspect ; or,.voici,ce que j'ai vu lundi dernier, Des vitellus tirés d'œufs de Limace grise pondus la veille, furent.placés entre des lames des verre, suffisamment écartées, avec. leur albumine et un peu-d'eau. Ils étaient globuleux, larges de + de millimètre; mais par l'effet d’une légère compression , ils devenaient larges de + à ; de millimètre. Je, vis alors un de ces vitellus émettre par deux portions opposées de son contour, six à buit prolongemens diaphanes, arrondis, longs de ;, de, millimètre environ, s’éten- dantetse retirant alternativement et changeant de! forme à chaque instant comme ceux des Amibes, et de même entraînant avec eux aussi des granules. Ce phénomène dura plus de deux heures; puis le vitellus, comme un infu- soire tenu dans les mêmes circonstances, se désagrégea . peu-a-peu en globules glutineux creusés de vacuoles et analogues par leur aspect à ce que j'ai proposé . de nommer sarcode dans les animaux inférieurs. Gependant la vie continuait 3. E. GRAY.— Sur. des œufs. de Mollusques marins. 37) dans là partie non /encore, désagrégée, et chaque fois qu'un prolongement s’éten- dait, il, déterminait nue nouvelle émission de globules glutineux. On peut donc conclure de cela, que le vitellus w’était point pourvu d'une tprelapes spéciale. . Les autres. vitellus ne m'ont point montré ce DOUTER, soit qu'ils fussent placés dans ün sens différent, soit qu'ils eussent été asphyxiés pendant la pré- paration ; ils se composaieut d’une masse glutineuse renflée en tubercules à sa surface, parsemée de granules et de vacuoles et susceptibles de se désir par la pression. . Le lendemain il était trop tard pour revoir r le phénomène dans les autres œufs de la même ponte; le développement avait continué rapidement ; mais, quand bientôt le mouvement de rotation eut lieu, je pus reconnaître les cils de la partie antérieure de l'embryon et constater leur action sur le liquide coloré par du carmin. L’embryon alors et même au bout de six jours est encore sus- ceptible de se désagréger en globules glutineux creusés de vacuoles qu'avec on. mauvais microscope on doit prendre pour des globules inclus, Ces mêmes va- cuoles qui se voient à la surface de embryon vivant déterminent évidemment. la transformation de la substance glutineuse en tissu aréolaire. Tels sont les faits que j'ai observés : ils montrent d’une part, qu’à une cer- taine époque de son développement, et par suite de sa composition organique, l'embryon des Mollusques manifeste sa vie de la même manière que les Infu- soires les: plus ‘sitnples ; et d’autre part que cet embryon n’a point alors d’enve- loppe particulière. Note sur l'augmentation de volume que les œufs de quelques mollusques marins éprouvent pendant la période de, l'incu- bation; par M. JE. Gray: (Extrait) Un des argumenus employés par l’auteur que étayer l'opinion dn parasytisme du Poulpe de l'Argonaute, a été que Ja coquille lors de sa première formation a dû être (à en juger par le volume du mucleus visible sur le. sommet des j jeunes échantillons) beaucoup, plus grande qu’on me pouvait s'attendre à en voir pro- duites dans des œufs, de la grosseur de celles qu’on trouve dans la partie AURÉT rieure dela cavité de la coquille renfermant ] Ocythoe. En effet, il était à pré- sumer que chez. tous les Mollusques, de même que chez les Limagons et les au- tres pulmouaires , les œufs n'augmentent pas de volume postérieurement à la ponte; mais d'après quelques observations nouvelles faites sur le Buccin onde, ce naturaliste s'est convaincu que celte règle n’est pas générale. Les œufs du Buccin onde, comme ceux de tous les Gastéropodes Zoophages Pectinibranches connus, sont renfermés dans des étuis coriaces, qui, chez ce 376 BAER. — Sur l’Aurochs du Caucase. Mollusque et dans le Fusus despectus ; sont oblongs et accolés de façon à con- stituer une masse oblongue ou arrondie qu’on trouve souvent rejetée sur la plage. Ces étuis, qui ne changent ni de forme ni de volume après la ponte, ent . été considérés par Esper et par d’autres écrivains comme des Zoophytes ; dans le principe ils sont mous et remplis d’un liquide visqueux et laiteux; mais ils ne tardent pas à se durcir et on distingue alors dans leur intérieur une multitude de petits œufs arrondis et jaunâtres, le nombre de ceux-ci est de cent ou même davantage pour un même étui corne, et leur diamètre de 177 à 179 de ligne; leurs parois sont formées d’une membrane transparente, et sous le mi-- croscope elles paraissent composées de particules de grosseur inégale dont le diamètre varie de 17100 et 17300 de ligne. Par les progrès de l'incubation un certain nombre de ces œufs grossissent et paraissent empêcher le développe- ment des autres, de telle sorte que, terme moyen, il n’en arrive à maturité que quatre où cinq seulement par étui. Au moment de l'éclosion, les petits Buccins sont garnis d’une coquille un peu irrégulière, d'environ une ligne en diamètre, tantôt à sommet aigu, tantôt à sommet obtus. Il en résulte donc que, pendant leur séjour dans les étuis ovifères, les œufs doivent être devenus de 7 à 9 fois plus gros qu’ils ne létaient d’abord, en supposant même que leur augmentation de volume ait été seulement suffisante pour leur permettre de contenir les co- quilles qui en sortent. (Loudon’s magazine of natural History , mai 1837.) Norte sur l’Aurochs du Caucase , par M. Barr. (Extrait.) L'animal que l’on appelle Æurochs en France et en Allemagne; et Zoubre en Russie, et que Cuvier a démontré être le même que celui que les anciens nom- maient Bison ( Wisent en Allemagne }, a été dans les temps reculés répandu dans presque toute l'Europe. Beaucoup de noms de lieux (comme Wisantensteg et autres) ont conservé sa mémoire en Souabe. On chante sa chasse dans le Nibelungenlied. Mais au temps de la renaissance des lettres , il n’y en avait déjà plus en Allemagrie. Il se maintint plus long-temps en Prusse et en différentes parties de la Pologne, où iFa été observé et dessiné par Herberstein. Le der- nier qu’on ait tué en Prusse remonte à 1755. Du temps de Forster fils, il ne s’en trouvait plus en Pologne que dans la grande forêt de Bialowieza, où il n’existe encore aujourd’hui que grâce aux soins avec lesquels le gouvernement russe veille à sa conservation. Cette localité était la seule où lon croyait que de nos jours s'était maintenu lÆwrochs. C’est donc une nouvelle intéressante pour la zoologie , que l'annonce de la présence de cet animal dans le Caucase où l’on seit qu'il existe aussi des Tigres royaux et des Panthères. BAER. — Sur l’Aurochs du Caucase. 397 M. Baer a comparé les dépouilles du Zoubre adressé du Caucase par le général Rosen, avec celles d’un Zoubre provenant de la forêt de Bialowieza-que possède l'Académie de Moscou. Il a trouvé que, dans le premier, les cornes sont sensible- . ment plus grèles et plus courtes, et que la distance qui les sépare ou la largeur du front est moindre. Mais il pense que ces différences né dépendent que du sexe, l’in- dividu du Caucase étant une femelle. La couleur du pelage est aussi moins foncée etmêlée de gris; il est plus court dans la partie antérieure et n’est crépu que sur le front et une partie de la nuque; mais M. Baer explique encore ces différences comme dépendant de la saison et de l’âge. Les sabots et les ergots sont beaucoup plus courts que dans} individu de la Pologne, ce qui dépend sans doute de V’habi- tation sur les montagnes. Il v’ ya d’autres différences entre les deux Aurochs , autant du moins qu’on en peut juger par une simple peau, qu’une courbure un peu différente des cornes et la présence d’un trait foncé qui règne sur le dos de l’une et manque sur celui de l’autre. Ces différences sont, comme on le voit, bien insuffisantes, pour fairé reconnaître si le Bœuf sise du Caucase doit être regardé comme une espèce distincte du Zoubre de la Lithuanie. Ce n’est que par l'examen des squelettes que cette question pourrait être éclaircie. On a annoncé il y a quelques années l'existence d’un Bœuf sauvage nommé Gaour, dans l’intérieur de l'Inde, entre la côte de Coromandel et la baie de Calcutta. L'existence d’un Zoubre du Caucase purte M. Baer à croire que ce Bœuf est aussi un Zoubre; la description insuffisante qui en a été donnce, se rapportant d’ailleurs assez bien avec celle du Zoubre caucasien. M. Baer re- garde encore comme probable que le même animal se trouve aussi au-delà du Gange. Il fonde cette présomption sur un récit du capitaine Low dans le Jour- nal de la Société asiatique de Londres. Enfin il ne doute point non plus de son habitat actuel au milieu même de l’Asie centrale et vers la côte Orientale. Il tient en effet de M. Schmidt que des écrits mongols font mention d’un Bœuf sauvage vivant aux environs du lac Kokkonoor et dans la proyince chinoise de Khansi ; qu’on a bien distingué cet animal du Yak ( Bos grunniens), et que les dictionnaires mongols le décrivent ainsi : « il ressemble au Bœuf ordinaire ; la Partie antérieure de son corps est haute, la partie postérieure inclinée et étroite. Le pélage est ardoisé fonce , brun PURE: ou noirâtre. » Le Zoubre ou l’Aurochs, dit-il en terminant, est donc encore aujourd’hui dis- persé en quelques tribus Sel éloignées les unes des autres. Dans la forêt de Bialowieza il a pour voisin le Glouton du nord; et sur la côte de Tenasserim VEléphant et le Rhinocéros. Si maintenant nous rappelons l’idée de Pallas qui, frappé de la ressemblance du Bison d'Amérique et de l’Æuwrochs d'Europe, et persuadé qu’il n’y avait pas de Zoubres en Asie, prétendait que l'animal euro- péen pouvait être arrivé de l’ouest, nous serons loin de croire fondée cette ex- plication. (Institut, n° 318.) * 375 PUBLICATIONS NOUVELLES. Leçons d’ anatomie comparée de. GrorGE Cuvier; seconde édi- tion, corrigée et augmentée. (1 ): Dans un de nos précédens cahiers nous avons annoncé là publication des trois premières livraisons de cette nouvelle édition des Leçons d'anatomie comparée de M. Cuvier (2), etnous avons fait connaître la part active que MM. Laurillard, Duyernoy et Fréd. Cuvier jeune, prennent dans la rédaction des EAN additions dont le texte: primitif est enrichi. Depuis lors, il a paru encore deux volumes de cet ouvrage dont la première édition a servi pendant trente ans de manuel. à tous les anatomistes. L'un de ces volumes est le tome 1x, et a été revu par MM. Laurillard et F. Cu- vier jeune. Il contient la description. des orkanes des mouvemens des animaux sans vertèbres et l’ostéologie de la tête; « c’est la portion de l'ouvrage, disent ces savans, où l’on trouvera les changemens les plus considérables et où il nous à été le moins possible de conserver le texte de la première édition. Il y en a deux raisons principales : lune c’est que les travaux multipliés sur cette partie de l'anatomie comparée ont rendu tout-à-fait insuffisant l'espace qui lui était consacré dans la première édition ; Fautre c’est que M. Cuvier avait lui-même refait presque en entier celte partie de ses jeçons.il est vrai que son travail était destiné à un ouvrage bien plus considérable : à ce grand Traité d'anatomie com- parée qu'il préparait depuis si i longtemps ; mais nous avons pensé qu'on ne nous saurait pas mauvais gré d'avoir exagéré en quelque sorte l'étendue de la 8° le- çon pour y faire entrer autant que possible le travail dont nous parlons. M. Cu- vier avait détach£ comme il Je dit lui-même, diverses parties qu’il a insérées dans ses recherches sur les ossemens NE , et qui sont par conséquent déjà connues du public; mais d’autres parties n’ont jamais été publiées, telles que: la description de la tête de plusieurs ordres de Mammifères ; ; l'ostéologie de la tête des Oiseaux ; celle de la tête des Serpens, etc. Nous avons dû faire néan- moins de grandes additions, en raison des matériaux, uombreux qui s'étaient ajoutés aux collections du Muséum depuis l’époque déjà éloignée où ce manu- scrit avait été rédige. Nous n’avons pas cru devoir non plus reproduire textuel lement les Monographies des têtes de Reptiles et de Poissons déjà publiées par M. Cuvier. Celles que nous donnons ont toutes été faites sur les pièces anato- miqués., en conservant seulement les déterminations des os données par M. Cu- vier et dont ce nouveau travail, fait sur des pièces plus nombreuses nous, a en- (x) Paris, chez Crochard. Prix, 7 fr. le volume. lies tomes 1 , 2, 4 (première et deuxième partie), et 5, sont en vente, (2) Annales des Sciences naturelles, deuxième série, tome 5, P- 374. Leçons d'anatomie comparée. 3',9 core confirmé la justesse. Nous avons, d’ailleurs , toujours eu soin de distinguer nos additions du texte ancien ou nouveau de M. Cuvier, en les comprenant entre deux crochets. Nous avons aussi fait entrer dans notre plan divers frag- mens anatoniques inédits et dont la place la plus naturelle nôus’a semblé être dans une seconde édition des leçons d'anatomie comparée ; tels que l'examen de ces questions : si Galien a décrit la tête d’après l’homme ou d’après le Singe ? — Si le crâne est une vertèbre ? -— Le résumé sur la mobilité de la face. — Celui sur l'interpariétal. » Le tome cinquième, qui vient également de paraître; est dû à M. Duvernoy et contient la description des organes d'alimentation dans les Mollusques, les ani- maux articulés et les Zoophytes; dans la première édition l’histoire de ces or- ganes n’occupait qu’une centaine de pages, et ici M. Duvernoy y a consacré cinq fois ce nombre et y a consigne les résultats d’une foule de recherches qui lui sont propres. , 1 Te ORNITHOLOGIST’S TFXT-BO0K Neville-Wood. x vol. in-8°. , Ce petit volume est consacré principalement à à la bibliographie ornitholo- gique, et contient une courte analyse des principaux uyrages qui traitent de cette branche de la zoologic. On y trouve aussi un synopsis des divers systèmes ornithologiques, un article sur la nomenclature anglaise des oiseaux et quelques autres écrits, Le même auteur, à qui l’on doit aussi un ouvrage suf’les loiséaux chanteurs de l'Angleterre (x), a ‘entrepris la publication d’un journal mensuel intitulé fe Näturalist, dans lequel on trouve plusieurs articles intéressans pour la zoologie, (2) (1) British song birds ; er 26 descriptions ànd anecdotes of the choristers of the groves ; in-18.. Londres. 1836, : (2) Ce Jourhäl, dont le re est de 2 schil. par ser paraît à Londres chez Groombrigde, Paternoster-row. L 4 À 4 TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. | PHYSIOLOGIE, Recherches expérimentales physico-physiologiques sur la température des tissus et des liquides animaux, par MM. Bscquerez et Brescaer Expériences sur le mécanisme du mouvement ou battement des artères, par M. FLourens. . . . . . . . 2 . e . Ê . . on Recherches anatomiques sur le-corps muqueux ou appareil pigmental de la peau dans FIndien Charrua ; le nègre et le mulâtre, par DE FLDOMEMR 4 5 D ete 0€ Li \ HAT NT DER UE à3$ JOE'AEE Jean Recherches anatomiques sur le corps muqueux de la langue dans l’homme et les mammif res, par M. FLourens. . . . . . . . Observations sur l’organisation tissulaire des sécrétions produites aux surfaces des membranes muqueuses animales, comparées aux sécré- tions muqueuses productrices et réparatrices des végétaux, par Me TEEN soon té dci 3168 à Expériences sur la pression à laquelle l'air contenu dans la trachée-ar- tère se trouve souris pendant l'acte de la phonation , par M.,Ca- OMLARD-LATONR Ceflral}i se ee 0 #0 Vie) QU e : e. . ... ee 0] 2 . Lettre sur la présence d'œufs déjà formés dans l'ovaire des fœtus fe-" melles, par BL Cants, . 4/4 4 ee M Rs Expériences sur la digestion artificielle par MM. Muzcer et Scuwann. (extrait) . . » . . s . . D ns a e é . . . - . CS e L . Li Mémoire sur la moelle épinière proprement dite et sur le système des nerfs excito-moteurs, par M. MarsHALL-HALL . . . . + . + Description des membranes fœtales du Kanguroo, par M. Owen . . ANIMAUX VERTÉBRÉS. Du genre Eligmodonte et de l’Eligmodonte de Buenos-Ayres , Ælig- modontia typus, par M. Fréd. Cuvier . + . . . . . + + - . Notice sur les dents incisives et le nombre des côtes du Rhinocéros africain , par le professeur G. VRroLiK. . . . + . . . . . + . Etudes anatomiques de têtes ayant appartenu à des individus de races humaines diverses , par M. Dusreuix. (Extrait) . . . . © . . Note sur l'Aurochs du Caucase, par M, Barr. (Extrait.) . . . . . 156 219 207 180 297 313 321 372 166 À 20 254 376 M 7 Et Table des matières. 381 Rapport sur un mémoire de M. Lherminier, intitulé : De la marche de lossification du sternum des oiseaux, pour faire suite aux travaux de M. Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire; par M. Isibore Grorrroy SAINT-HILAIRE. « « + + + + + ee + + + « fe be 6 0 181 Tabulæ synopticæ scincoideorum ; par M. Cocrgau (extrait). . +194 MOLLUSQUES, ; Description d’une nouvelle espèce du genre Dreisseina, par M. J. Ç Vas- BENEDEN-,. «+ «+ +. 1, 2, 0. ..6 ei ef à à, +,» n 016 DS 126 Description du double système nerveux dans le Limneus glutinosus, par M. A. J.VANBENEDEN . . + . . , A obrsv.e. 31e 2 BED Histoire naturelle et anatomie du système n d'érvéux du genr? NT É ” par M. CANTRAINE. . Fa 3ca Rapport sur une note de M. Rang concernant le poulpe del" à rgonaute, fait à l’Académie des Sciences ; par M. de BLaïnviixe 4. 7 179 Lettre sur les phénomènes présentés par des œufs de Limace tree depuis peu de temps, -par M. Durarmin + 4. 4 . .87% Note sur l'augmentation de volume que les œufs de quelques Mol lusques, marins éprouvent pendant la période. d'incuba‘ion,, par M. Gray PA SM ANT + AS eos del: RLoees2s 375 ‘ANIMAUX ARTICULÉS. Etudes pour servir à l’histoire naturelle des Myriapodes, par M. P. Ger- : VAIS liste motte d ide 2elre0. 2e 1 e1Meg0e tte! te 0 arr à 01 piller ei Le ‘ 35 Observations sur les instrunfens a chez les insectes par M. DoxÈns, ,. je +, +. eueiso ler evo +498 Observations anatomiques sur les organes | de Ja génération chez la cigale femelle, par M. DOYÈRE + + + + ++ ++ + + « eee 200 Note sur les organes respiratoires des Capriéornes, par M. Pieter . . | 63 Note sur le Rhynchocinète , nouveau genre de Crustacés décapodes, . par M. H.Miixe Enwanns. . . . . . . . . . . . . .. 165 Note sur la demeure d’une Araïgnée maçonne, au RER de D du Sud, par M. Victor Aunouim 414 . . . 227 Recherches sur elques Eutozoaires et larves parasites des inbectes Det par M, Léon DurouR.… 5.15 vs 0111015 , ANIMAUX AE TES Etude D Fa À de la Cristatella mucedo , Cuv., espèce de po- lype d’eau douce, par M. Turrin . . . . . . . Sue SLA 65 Recherches sur les polypes d’eau douce des genres Plumatella, Cris- tatella et Paludicella ; par M. P. GERVAIS. 4. + . « + + « 74 Description d’une troisième espèce vivante de la famille des Crinoïdes, servant de type au nouveau genre pELU De , par M. D'Ormieny. CR ne ie SU ee ee 0 eo vo se 193 Extrait d’une lettre relative à quelques points d’helmintologie adressée aux rédacteurs des Annales "4 Eunes Deconcrames . . . . 249 Lettre de M. Leblond, en répouse aux observations de M. at Mhanens MMM Te dec. + e..à gfusale 0 Tonioiis To Prodrome d’une monographie des Radiaires ou Echinodermes . “par M. Acassiz . DCR ne 0 67 "à de of Mu OT Mer Ver AU SE PET 257 382 Table des matières. PALÉONTOLOGIE. Synopsis des genres et des espèces d'animaux fossiles découverts dans les couches supérieures des dépôts tertiaires des montagnes Sivalek de l'Himalaya , par MM. Cavrerey et FaLcoxEr . . . « . . . Note sur le Chameau fossile du Sub-Himalaya, par M, Baker . . . Note sur les ossemens fossiles des terrains tertiaires de Simorre , de Sansan , etc. | dans le département du Gers, et sur la découverte ré- cente d’une mâchoire de singe fossile, par M. LaRTET . . .,. Nouvelles observations sur les ossemens fossiles trouvés dans le dépar- tement du Gers , par M. Larrer . + . © © + « ex) Rapport de M. ne Brainvirre sur la découverte de plusieurs ossemens fossiles de quadrumanes dans le dépôt tertiaire de Sansan, près d’Auch, par M. LARTET ee + “ee + + + ee 0e ee + + ee 7 Note sur. une -brèche .osseuse.située entre Oran et Mers-el-Keébir;, par M. H:-Mrine Enpwanps. #40 401,009 Sn, GOSSES, Note sur la mâchoire fossile d’un quadrumane qui se rapproche des genres Semnopithèque et Cynocéphale, pa: MM. Baker et Duran. Mémoire sur le Pækilopleuron Bucklandii, grand Saurien fcssile inter- médiaire entre les Crocodiles et les Fézards par M. Euves Decon- , CHAMPS. (Extrait.) . . +. = 1e CR . . + + +» . + Note sur la découverte de quelques ossemens fossiles dans l Amérique du Sud , par M Dana - Lilo, ZM TUEUR 20 IE QUO) Observations nouvelles sur existence d’Infusoires fossiles et sur leur profusion dans la nature, par M. Enrengerc . . . . . . . . Analyse ou étude microscopique des différens corps organisés et autres corps de nature diverse, qui peuvent , accidentellement, se trouver enveloppés dans la pâte translucide des silex , par M. Turrin .,, MÉLANGES. Lettre sur quelques espèces d'animaux invertébrés de la ‘côte de Nor- wège ; adressée à l’Académie des Sciences, par M. Saars, de Bergen. Annonces d'ouvrages nouveaux . : + 60 Ga 116 129 2392 216 370 255 319 27 1 29 246 4 4. + 62.189. 256. 320 . 378 REA à £ TABLE. DÉS MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. AGassiz. — Prodrome d'une mono— graphie des Radiaires où Echino- dermes ,... Auvourx, — Note sur la, demeure d’une Araignée maçonne originaire de l'Amérique du Sud..,.,...., Baxr. — Sur l'Aurochs [du Caucase. Baker et Duraxp.— Note sur la mâ- choire fossile d’un quadrumane qui _ se rapproche des genres Semnopi- thèque et Cynocéphale. . ,...... ones. PBecquerEz et BRESCHET, — Recher- ches expérimentales physico-phyÿ- siologiques sur la température des tissus et des liquides animaux. . .. Brainvizze. — Rapport sur une note de M. Rang, concernant le Poulpe de l’Argonaute...,......,.... — Rapport sur la découverte de plu- sieurs ossemens fossiles de quadru- manes dans le dépôt tertiaire de Sansan, par M. Lartet.......... CAGNIARD-LATOUR, — Expériences ‘sur la pression à Jaquelle l’air con- tenu dans la tfachée-artère se trouve soumis pendant l'acte de la phona- tion. (Extrait.)............... ANTRAINE, — Histoire naturelle et anatomie du système nerveux du genre Mhytilina.........s.... Canus.—Lettre sur la présence d'œufs déjà formés dans l'ovaire des fœtus femelles. ....,,.,.,......... Cocreau. — Tabulæ synopticæ scin- coideorum. (Extrait.) .......... Cuvier (G.)=— Recherches sur les osse- mens fossiles (Annonce.)....,..,. — Leçons d'anatomie comparée (An.) Cuvrer (Fréd.) — Du genre Eligmo- donte et de l’Eligmodonte de Bue- NOS-AYTES ..erssosserersee: Darwin. — Ossemens fossiles décou- verts récemment en Amérique... Deroncuamrs, — Lettre relative à quelques points d’helmintologie. . — Mémoire sur le Pækilopleuron Bucklandii, (Extrait.).......... D'OnsiGnx. — Description d’une troisième espèce vivante de la fa- mille des Crinoïdes servant-de type au nouveau genre Holopus. ( Ex- 0 PRET 257 227 376 370 94 173 232 180 123 Dovène.—Obse”vations sur les instru. mens perforans chez les insectes. — Observations anatomiques sur les organes de la génération chez la Ci- D. OR on Durour. — Recherches sur quelques Entozoaires et larves parasites des insèctes Orthüptères et Hyméno . : teéres, .... tt... AO PE RUN LT. Dusanpix. — Sur les phénomènes présentés par les œufs de Limaces. Durrocner.— Mémoires pour servir à l’histoire anatomique et physiolo- gique des végétaux et des animaux. (ANHONC sos too sets ep e Epwanps (Mine). — Elémens de z00- logie.” (Annünce.). ...,,...,.... — Note sur le Rhynchocinète nou- veau genre de Crustacé décapode. — Histoire naturelle des Crustacés, * (Annonce.), ....:.. ….e — Note surunebrèche osseuse située entre Oran et Mers-el-Kebir ..., EuRENBERG, — Observations prélimi- naires sur l'existence d’infusoires fossiles et leur profusion dans la na- MU ss as sen ailes sed ibosre sa Fixrprt. — Monographie des sang- sués. (Annonce). ........,.00e Frourens, — Expériences sur le mé- canisme du mouvement ou batte- ment des artères. ............. — Recherches anatomiques sur le corps muqueux ou appareil pigmen- tal de la peau dans l’Indien char- rua , le nègre et le mulâtre. ..... — Recherches anatomiques sur le Corps muqueux de là Jangue dans l'Homme et les Mammifères. . ... GxrorFrnox SarnT-HILAtEE (Isidore.) Rapport sur un mémoire intitulé : de la marche de: l'ossification du sternum des oiseeux par M. Lher- MT oc se ve à 01e 010 e 0 + 0 » Gervais, — Etudes pour servir à l’his- toire naturelle des Myriapodes. . . — Recherches sur les polypes d’eau douce des genres Plumatella, Cris- tatella et Paludicella....,..... Gray: — Note sur l'augmentation de volume des œufs de quelques Mol- Miques. dose so 0e 00 00 ce 193 200 256 101 156 375 384 Lamarcor. — Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. (Annonce.) JARDINE, SELBY et JOBNSTON, — Ma- gasin de zoologie. (Annonce)... . Larrer. —— Note sur les ossemens fossiles des terrains tertiaires de Si- morre, de Sansan, etc., et sur la dé- couyerts récente d’une mâchoire. . de Singe fossile. ...........« — Nouvelles observations sur les ossemens fossiles trouvés dans le département duGers.........%4 Lxsconp.—Béponse aux observations de M. Delonchamps, relatives à quelques points d’helmintologie. . Lagrainier. — Sur la marche de l'ossification du sternum des oiseaux. ManscaAzr-HALL. — Mémoire sur la moelle épinière proprement dite et sur le système des nerfs excito-mo- tEUrS..o sos oo ss eue css e,eee Mourzer et Scawann. — Expérience sur la digestion artificielle. Ow:xn. — Description des membranes fœtales du Kanguro0., ...+.9. Picrer. — Note sur les organes res- piratoires des Capricornes. .. « . .. 19£ 192 116 122 251 181 32t 313 372 63 Table par nôms d'auteurs. RaxG, — Observations sur le Poulpe de l’Argonaute .,.......feures Saars. — Lettre sur quelques espèces . 172 d'animaux invertébrés de la côte de ê Norwège. eh 046.00 » 0.010180 010 Turrin. — Etudes microscopiques de la Cristatella mucedo......,.,., — Analyse ou étude microscopique des différens corps organisés et autres corps de nature diverse qui peuvent accidentellement se trouver enveloppés dans la pâte translucide del DR tr code a NS — Observations sur l’organisation tissulaire des sécrétions produites aux surfaces des membranes. mu- queuses animales. ...,,......... VansenNEDEN, — Description du double système nerveux dans le Limneus glutinosus. ,,......... — Description d’une npuvelle espèce du genre Dreissena, et observations sur le système nerveux de ces mol- lusques, . «soso ness Vrorix. — Notice sur les dents in- cisives et le nombre des côtes du Rhinocéros africain. . .. ss... 246 65 129 207 112 126 20 TABLE DES PLANCHES. À M Planches 1, A. Entozoaires. B. Dénts du Rhinocéros. 2. Cristatella mucedo.. 5. À, Cristatella mucedo. B. Nerfs du Lymneus glutinosns.—C, Nids d'araignées. ! 4 À, OEufs de Cristatelle. — B. Myriapoer. — C. Gébré Rhyn- cocinète. 5,:Élygmodonte de Buénos-Ayres. 6, Sémiopale de Bilin et Silex pyromaque bond de France. 7 Silex pyromaque de Delitsch. 8: Anatomie de la Cigale, g. Mâchoires de singes vivans et fossiles... 10. À. Développement des œufs. — B. Système nerveux du Mytilina polymorpha. FIN DU SEPTIÈME VOLUME. La al EE AS AR \\ AA \ A. Entoxoatres . B Vents du Rhinoceros afruain - ‘2 F0 e\ E.\ ke La: 4 > NN & rs , 4 © 7 4? È ne TDMWE Le AN ? ; / 7 M ae? 4 TE Le RAT AT à 6. 90 me. e ” O0) © . eo . SN E. 6 n 1 #7 00, \ cO 4 Er, e 6 - LÉ // { \ Q .f PO & < , ce 227 Peu /] B Vr# Fe 177272 C Ma d'Aragnées . nn À Crrtatella mucedeo D seu nié x 20 « - gd : à ar sb M1 à Has, PV TT ; L 5 "LT NA jécae, "LA Yi NT Été nadié: Ph + Ann. der Je. nat ji Zool Tomy PL. Er RE ; NTART — SOUMT PP ; Z equopoublrry SI L'UOL pooy à 2 e / LA 221 3 … mdr nr nee un A EEE Le. De ET he. nuit di ét. rChbaad de tn dus CL se. à it ni à té Ann, des Je. Nat. 2 Serre F1. : . F Le pe Fyzz Semi -opale de Biln Fig 84. S'ilex PYromague blond. de france. Zurpun del Bancourt Se net. 2 serre Je Zool T7 PL 7 / À $ Bascourt Zurpm del Aade ler pyromaque de Delitssch, en J Jz sé FS CR y “1, Pers D: A CAL D nf Le LolT NE. ETS QE Pre Bin ETES Anatoene de’ la Cigale NE LES he dinar, séhiniie arr ME T HASETAN tra En Mahore de Singer fossde at vivant. . Tom. 7. l’L. 10 . Z LL Le PL SL) B. Système nerveux du Mytina l’olymorpha . ARTE À. Developpement des Vvutes . cp ame cmpte) im ar De La DR MUNES 12e RS RE UT Eve nt, rs eh Ù et sex org Te 25) ve € ee PONS NEE EE res art RE CE ni. or e|cule = Em a nt dom mm im rm m r CNE F4 site. MT UT US En k TNCATRN ! 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