HHHRNETEE HRHADNMHENE pirese Hs T dois Hinoie PRNUMIIMES 15 Frs MEMAETE 4 GE He nl ns i Eat bts! pen Ronane RHIN Dies TH ; ANNALES SCIENCES NATURELLES. AR LE 2 À 773 À PARIS, IMPRIME PAR FEUGUERAY, RUE DU CLOÎTRE SAINT-BENOÏT , N° 4. SCIENCES NATURELLES, MM. AUDOUIN , an. BRONGNIART Er DUMAS, COMPRENANT LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE, L'ANATOMIE COMPARÉE DES DEUX RÉGNES , LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE , LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE. TOME HUITIÈME, ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES IN-/°. CROCHARD, LIBRAIRE - ÉDITEUR , CLOITRE SAINT-BENOIT, Ne 16, ET AUE DE SORBONNE, N° 3, = = 1826. i Eu F2 ON TRE doux ge. c :" . $ ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. Recnercnes anatomiques sur les Carabiques et sur plusieurs autres Insectes coléoptères ; Par M. Léon Durour. ( Suite.) CHAPITRE TROISIÈME. Organes des sécrétions excrémentitielles. La nature a accordé à divers quadrupèdes , tels que la Civette, le Putois , la Fouine, les Mouffettes , des glandes particulières placées dans le voisinage de l’anus et desti- nées à sécréter des humeurs spéciales d’une odeur fétide plus ou moins exaltée. Nous retrouvons ce mème plan d'organisation dans les insectes. Plusieurs d’entr’eux ont vers la partie postérieure de la cavité abdominale, des glandes dont les conduits excréteurs s'ouvrent de chaque côté de l’anus et émettent une liqueur plus ou moins irri- tante qui devient pour eux un moyen de défense ou d’éva- siou. Ainsi lÆptinus et le Brachinus lancent avec s L > te 0: CR (6) explosion une vapeur blanchâtre d’une odeur d'acide nitrique, le Carabe éjacule une liqueur âcre et péné- trante , le Dytisque une humeur d’une fétidité particu- lière où l’on démèle celle de la vulve et du gaz hydrogène sulfuré , les Héloës et les Mylabres distillent par les ar- ticulations des pattes un liquide onctueux jaune, le BZaps émet une sorte d'huile empyreumatique, le Staphylin fait jallir par deux vésicules anales une rosée d’une odeur singulière d’éther sulfurique, le Cimex exhale une huile des plus subules et irritante , le Frelon et \’_4- beille inoculent un véritable venin , etc. L'existence d’un appareil des sécrétions excrémenti- üelles , forme un des traits les plus caractéristiques les plus constans dans l’organisation des Coléoptères carnas- siers , notamment des, Carabiques. Je l’ai rencontré dans toutes les espèces de cette dernière tribu qui ont été l’ob- jet de mes recherches anatomiques. Il est commun aux deux sexes et binaire, c’est-à-dire qu'ilyenaun semblable de chaque côté du corps. On y distingue l'organe pré- parateur, la vessie ou réservoir , et le conduit excréteur. $ LI. Organe préparateur. Ii se compose dans les Carabiques 1°. d'utricules sécré- toires; 2°. de canaux éfférens. 1°. Utricules sécrétoires. Ce sont elles qui constituent essentiellement la glande ou l'organe destiné à la sécré- on de humeur excrémentitielle. Elles font ici loflice des reins des animaux des ordres supérieurs. Excepté dans l'Omophron et peut-être l’Elaphrus , ‘elles sont réunies en une ou plusieurs grappes qui s'enfoncent dans (7) Ja pulpe adipeuse de la partie postérieure de l'abdomen. Ces utricules dont la figure , le nombre et la disposition varient dans quelques genres, sont d’une petitesse le plus souvent microscopique, diaphanes ou à peine jaunâtres. Sphériques dans le plus grand nombre des carabi- ques , elles sont ovalaires ou oblongues dans l’Æptinus, les Chlænius vestitus.et tibialis , V Abax, les Nebria ; allongées et plus ou moins boursoufflées sur leurs bords dans le Brachinus, le Chlænius velutinus. Dans tous, à l'exception de l’Æptinus et du Brachinus, elles sont munies de pédicelles propres bien distincts. Il n'existe dans l’'Omophron qu'une seule utricule sécrétoire. C’est une espèce de rein oyalaire, assez grand comparativement aux autres, et son enveloppe est épaisse , charnue , opaque. Elle est pareillement unique et de mème structure dans l’Ælaphrus. On en compte douze à quinze seulement dans l’Ænchomenus, le Ca- lathus, V Argutor, V Æbax, le Pterostichus , le Zabrus. Elles sont infiniment plus nombreuses et plus petites dans les autres genres. Les Carabus les ont agglomérées en grappe oblongue comme un raisin. Dans l’Æptinus , elles paraissent ran- gées comme les corollules d’une fleur composée et for- ment trois tiges distinctes dont chacune porte quatre fleurs pédicellées. Celles du Brachinus sont allongées , les unes simples, les autres avec une ou deux courtes digitations , et disposées en un faisceau étoilé. Une forte lentille du microscope fait reconnaitre que ces utricules sont marquées de stries transversales et d’une raie médiane que je crois être un filet trachéen. Le Cymindis les à agglomérées en quatre grappes pédonculées. Celles du (8) Chlænius velutinus imitent un élégant arbuscule très rameux , chargé de chatons allongés. Elles sont ovalaires et pareïllement disposées en ramifications dans les deux autres espèces de Chlænius. Les figures qui expriment ces diverses dispositions rendent superflus d’autres détails sur ce point. 2°, Canaux efférens. Ts représentent les uretères des quadrupèdes. Il ÿ en a trois bien distincts de chaque côté dans l’Æptinus et un seul dans tous les autres carabiques. Ce conduit forme la tige tubuleuse des divers pédicelles, rameaux et branches des grappes glandulaires. Il est flexueux , fin comme un cheveu et d’une longueur plus ou moins considérable suivant les genres. Ainsi il est trois ou quatre fois plus long que le corps dans les Sphodrus. Il est moindre dans les autres genres. Celui de l’'Omophron est le plus court de ceux que j'ai dissé- qués. Son point d'insertion au réservoir a lieu vers la partie postérieure ou moyenne de celui-ci. J’exposerai ces différences dans le paragraphe suivant. La texture organique du canal efférent ne varie point. À travers ses paroïs diaphanes on recennait, au micro- scope , un tube inclus très-délié, d’une nuance plus obs- cure et finement strié en travers. La tunique extérieure ou la gaine de ce tube inclus, offre des rides transver- sales qui m’en imposèrent d'abord pour une structure analogue à celle des trachées , et cette illusion était d’au- tant plus facile que ce canal observé à la loupe simple paraît nacré comme les vaisseaux aériens. Je me suis as- suré depuis que ces rides ne sont en effet que des rugo- sités d’un tissu contractile. Je n’ai pas acquis la même certitude relativement aux fines stries du tube interne, | C9) lesquelles ne sont peut-être qu'une trachée sphéroïde qui entoure celui-ci. SIT. Z’essie ou réservoir. C'est une bourse tantôt ovoïde ou pyriforme , tantôt oblongue , quelquefois triangulaire , rarement obronde, blanchâtre, d’une consistance comme élastique, d’une texture musculo-membraneuse. Sa grosse extrémité , qui est antérieure , est libre et arrondie, excepté dans l’Æ47- gutor et le Pterostichus où ce réservoir légèrement dé- primé a une échancrure en devant. L’organe conserva- teur de l'humeur excrémentitielle se comporte en arrière de différentes manières suivant les genres. Ainsi dans les Carabus , les Chlænius, le Pterostichus, V Ærgutor , le Zabrus, YElaphrus, les Nebria, Y'Omophron, il dé- génère insensiblement en un col qui est le conduit excré- teur, et alors le canal efférent s’insère à l’origine de ce dernier. Cette extrémité postérieure est en forme de cul- de-sac assez court dans le Cymindis, le Platinus, V'An- chomenus , l'Agonum , les Sphodrus , le Calathus , les ÎTarpalus , YOphonus, le Stenolophus , et dans ce cas, le caual efférent et le conduit excréteur s’implantent à côté l’un de l’autre à la naissance de ce cul-de-sac. Le Brachinus et V’Aptinus, ou les carabiques bom- bardiers, présentent cette bourse sous deux aspects très- différens , suivant qu’on l’observe contractée ou dilatée. Dans le'premier cas, c’est un corps irrégulièrement ar- rondi , à parois molles, épaisses, plus ou moins ru- gueuses. Dans le second, il est tellement gonfié par de l'air qu’il ressemble à un ballon oblong , rénitent, oceu- F#9) pant presque toute l’étendue de la cavité abdominale. Dans une légère échancrure qui est vers son milieu , il reçoit les canaux eflérens. En ouvrant ou en déchirant le réservoir des carabi- ques on peut se convaincre qu'il est composé d’une tuni- que externe, épaisse, charnue, contractile , et d’une bourse interne, membraneuse, pellucide, semblable pour son organisation au tube inclus du canal efférent. Cette bourse interne se dessine souvent à travers les pa- rois extérieures, et l’on reconnaît ainsi que celle du Pte- rostichus et du Zabrus est échancrée comme son enve- loppe. $ III. Conduit excréteur. On peut le comparer à l’urètre des quadrupèdes. Dans tous les carabiques soumis à mes recherches, à l’excep- tion du Brachinus ei de l’Æptinus , c'est tout simple- ment un conduit filiforime qui sert de col ou de pédicule au réservoir. Dans les uns ilest, comme je l’ai déja dit, un prolongement tubuleux du réservoir; dans les autres , il s'implante vers le milieu de ce dernier. Il a la texture organique de celui-ci. Il s'engage au-dessous du rectum et va s'ouvrir aux côtés de l'anus sur la membrane sou- ple et rétractile où celui-ci est pratiqué. La forme et la structure du conduit excréteur sont bien différentes dans les carabiques bombardiers. Le ré- servoir ne dégénère pas postérieurement en un col. Après l'insertion des canaux efférens, il s’abouche im- médiatement dans une capsule sphérique brune ou rou- geàlre , d’une texture comme papyracée, d’une forme constante et invariable. Cette curieuse petite bombe est (re ) placée sous le dernier anneau dorsal de l'abdomen où elle est contiguë à celle du côté opposé. Elle offre en ar- rière un tube membraneux d’une extrème brièveté, qui s'ouvre tout près de l’anus par une valvule formée de quatre pièces conniventes. Celles-ci, malgré leur peti- tesse, deviennent évidentes à la loupe lorsqu'on exerce avec précaution sur ce globule une compression expul- sive. La liqueur excrémentitielle que les carabiques lancent par la partie postérieure de l’abdomen est ou transpa- rente, ou à peine jaunâtre. En général , elle a une odeur pénétrante et une àcreté particulière. Mais ces qualités éprouvent des modifications suivant les genres et même les espèces. Si, au moyen d’une pince, on saisit par le corselet un carabe vivant, et si on l’irrite, on verra , en observant attentivement contre le jour le bout de l’ab- domen , que l’insecte lance par celui-ci, souvent à Ja distance de plusieurs pouces et sans bruit appréciable, des jeis instantanés d’un liquide transparent d’une odeur essentiellement âcre et comme ammoniacale. Cette odeur est bien différente de celle de la liqueur brunâtre et fétide que ce coléoptère vomit en même temps. Dans le Spho- drus terricola Yhumeur excrétée sent l’éther sulfurique, tandis que dans le Sphodrus planus odeur est à peine marquée. et toute différente. Les Chlænius en répandent une sui generis fort tenace. Celle qui s’exhale du Æar- palus ruficornis est légèrement ammoniacale et très-fu- gace. Dans le Chlænius tibialis elle a une odeur forte de fromage gâté. L’humeur excrémentitielle des carabiques bombar- diers est bien différente de celle des autres genres, soit Cu2) par sa nature soit par son mode d’excrétion. Je vais ex- poser ce qui est relatif à lÆptinus displosor, la plus grande des espèces européennes. Surpris dans sa retraite, ce coléoptère, tout en cherchant à se dérober par la fuite, lance avec explosion par la région anale une fumée blanchâtre dont l'odeur forte et piquante a , comme je J'ai dit, la plus grande analogie avec celle qu’exhale l'acide nitrique. C’est une vapeur caustique qui produit sur la peau la sensation d’une brülure, et y détermine sur-le-champ des taches rouges qui passent promptement au brun et persistent plusieurs jours malgré qu’on se lave souvent. Il serait fort intéressant de soumettre à l’analyse chimique cette vapeur singulière qui rougit aussi le papier blanc. L’Aptinus pressé, inquiété, peut fournir à dix ou douze décharges bien conditionnées ; mais après qu’il a été fatigué, l’explosion avec bruit n’a plus lieu, et au lieu de fumée , il ne peut plus répandre qu’une liqueur jaune ou brunâtre qui se fige ou se concrète aussitôt sous la forme d’une légère croûte et qui observée immédiate- ment après son émission laisse échapper des bulles d'air comme si elle fermentait. L’insecte a la faculté de diriger sa fusée dans tous les sens, soit à raison de la mo- bilité particulière des derniers anneaux de l’abdomen qui ne sont point recouverts par les élytres, soit par le jeu des diverses pièces ou panneaux de la valvule exté- rieure. Ainsi l’irrite-t-on en dessous du corps? il courbe en bas l’extrémité de son ventre et lance entre les pattes sa fumée caustique. Sent-il que c’estsur le corselet qu’on l’inquiète ? il réfléchit l'anus en dessus et la surface de ses élytres est bientôt saupoudrée d’une poussière jaunà- tre déposée par le nubécule. (13) Le Prachine, quoiqu’ayant le même génre de vie et sans doute les mêmes ennemis à combattre ou à éviter que l’Apiinus , n’est cependant pas capable de produire des détonnations aussi fortes ni aussi nombreuses que ce dernier. Mais remarquons que cette arme offensive ou défensive avait besoin de bien plus d'énergie dans l’Æ#p- tinus qui , entièrement dépourvu d'ailes, est contraint de combattre toujours à pied et dans des conditions inva- riables, que dans le Brachine , auquel ses ailes dounent la faculté d’esquiver son ennemi en s’élançant dans les airs. Aussi la nature, dans sa prévoyante sagesse, a-t-elle dédommagé le bombardier aptère par un triple organe sécréteur qui püt fournir abondamment et sans relâche l'humeur excrémentitielle , tandis que ce mème organe est unique et simple dans l’insecte ailé. Lorsque je découvris les élégantes grappes qui cons- ütuent l’organe préparateur de l'appareil des sécrétions excrémentitielles , je me rappelai l’extase de Galien qui, en voyant pour la première fois la texture de, l'utérus de la femme , remercia les dieux d’avoir pu contempler une disposition aussi merveilleuse. C’est dans une.sem- blable dissection que le zootomiste a besoin de s’armeér d’une patience imperturbable , de toute l’acuité desa vue et de ce zèle qu’inspire un ardent amour de la science. Enlacées par d'innombrables ramifications trachéennes et nerveuses qui contribuent puissamment à l'exercice de leurs fonctions, et plongées au milieu d’une atmos- phère graisseuse qui n'y est pas étrangère, les grappes utriculaires absorbent , sucent , dans le fluide ambiant, les élémens de leur sécrétion. Ceux-ci successivement soumis à l’action vitale des utricules dont la texture or- (14) ganique semble, au microscope, celluleuse ou Spôni< gieuse , et à l’espèce d’oscillation que leur impriment les divers tubes dont la confluence forme les canaux efférens, ces élémens , dis-je, sont de plus en plus élaborés. Ces derniers canaux ne sont point passifs en transmettant au réservoir le fluide sécrété. Leurs parois dont les rides microscopiques annoncent la faculté contracule exer- cent sur celui-ci une action qui en hâtant sa progression dans ses replis flexueux perfectionne aussi ses qualités. La bourse destinée à tenir en réserve le produit immé- diat de la sécrétion offre une organisation qui me paraît propre à remplir deux fonctions principales. Sa tunique externe épaisse et musculeuse , très-expansible dans les bombardiers , doit, en se contractant, imprimer au liqui- de contenu, ce mouvement de projection que l'animal dirige à son gré hors du corps. La poche incluse dans le panicule extérieur a sans doute les caractères d’une mémbrane muqueuse. Elle ne se prête pas seulement au séjour dela liqueur sécrétée ; elle doit encore augmenter ses qualités irritantes par le mélange de quelque humeur fournie ou par des cryptes , ou par une simple exhala- tion. D’après la simplicité de la structure du conduit ex- créteur des carabiques , à l'exception des bombardiers, il est permis de croire que le liquide excrémentitiel ne subit aucune modification dans son trajet depuis le ré- servoir jusqu'aux pores qui le filtrent au dehors. Je pré- sume que, dans le Brachinus et V’Aptinus , c’est dans la petite bombe qui précède l’anus que se forme la va- peur expulsée. Avant de passer à l'examen de l’appareil des sécrétions excrémentitielles dans les coléoptères étrangers à la tri- (15) bu des carabiques , je ferai une remarque qui n'aura pas sans doute échappé au lecteur et que j'ai déjà fait pres- sentir. C’est que l’on ne saurait s’empècher de recon- naître une grande analogie entre cet appareil et l’organe nrinaire des quadrupèdes. Ne retrouve-t-on pas en effet dans les carabiques, ainsi que dans ces derniers , les mêmes parties essentielles pour concourir au but de cette sécrétion ? N’y voyons-nous pas des reins granuleux , des urétères , des vessies, des urètres ? Ces organes n'occupent-ils pas la même région du corps dans ces deux classes d'animaux ? Le liquide sécrété n’est-il pas doué de qualités âcres et ne s’évacue-t-il pas aussi par des ouvertures placées au voisinage de l'anus ? Les carabiques ne sont pas les seuls coléoptères dans lesquels existe un appareil des -sécrétions excrémenti- tielles. Je lai rencontré aussi dans un petit nombre d’au- tres, et je vais donner un aperçu rapide de mes recher- ches à ce sujet. Parmi les PENTAMERES nous relrouvons cet appareil dans la tribu des HyprocanrHares qui , comme on sait, fait partie avec les carabiques de la famille des carnas- siers. Il est également situé de chaque côté de la région postérieure de l'abdomen et fournit une humeur d’une fétidité remarquable. Dans les Dytisques , ilse compose, 1°. d’un vaisseau sécréteuf filiforme, blanchâtre, flot- tant, très-reployé et comme aggloméré , absolument dé- pourvu des grappes utriculaires qui s’observent dans les carabiques, long de près de deux pouces dans le Dyt. Roeselii, et s’insérant à l'origine du conduit excréteur ; 2°. d'une vessie ovoïde où oblongue, ayantdes parois char- nues assez épaisses ; 3°. d’un conduit excréteur qui n’est (16 ) que le prolongement tubuleux du réservoir et qui a la même texture que celui-ci. La liqueur que les Dytisques lancent par les côtés de l’anus est d’une puanteur vul- vaire insupportable, Elle est incolore et bien différente de cette humeur lactiforme également fétide que ces mêmes insectes répandent principalément entre la tête et le cor- selet, et dont je ne connais point les organes sécréteurs. L'organe qui produit l'humeur excrémentitielle à , dans le Gyrin, la même forme etla même structure que dans les Dytisques. Mais, comme on le pense bien , ces parties sont d’une extrême gracilité. Je les ai cependant bien mises en évidence. Le vaisseau sécréteur est simple, filiforme ; assez gros , aminci vers son insertion qui a lieu non pas à l’origine , mais près de l'extrémité du conduit excréteur. Celui-ci et la vessie ressemblent à ceux du Dytisque. La liqueur que les Gyrins excrètent est in- fecte et un peu ammoniacale. Je l’ai vue se concréter sur le dernier anneau dorsal de l’abdomen sous forme de poussière blanche. Les Brachélyires ont l'habitude, lorsqu'on les sur- prend dansleur retraite, de s’enfuiren relevant en arc leur abdomen , et quand on les saisit on voit saillir par le bout de celui-ci, deux vésicules dont il s'échappe une vapeur subtile qui, dans quelques espèces , sent forte- ment l’éther sulfurique. Je vais décrire plus spéciale- ment l'appareil qui produit cette humeur dans le Sta- phylinus erythropterus. On trouve , dans la région pos- térieure de la cavité abdominale, deux vessies , une-pour chaque côté, tandis qu’on ne rencontre pour ces deux ré- servoirs qu’un seul vaisseau sécréteur. Celui-ci est un tube capillaire fort long qui, en approchant de son haut | AU, À 72) flottant , se reploie en plusieurs flexuosités rapprochées et contiguës, ainsi que l’exprime la figure. Ce vaisseau, placé sous la lentille microscopique , offre un tube in- clus et une tunique externe de texture contractile. Les vessies sont en partie enclavées entre le dernier segment dorsal et une plaque sous-jacente qui recouvre le rec- tum. Elles semblent composées de deux tissus différens. L'un est une capsule oblongue membrano-coriacée , l’au- tre un pannicule incolore , expansible. Dans la nombreuse famille des Serniconnes , qui suc- cède à la précédente , je n’ai encore pu découvrir aucune trace de l'existence de cet appareil. Les Silpha sont les seuls parmi les Cravicornes où l’on observe cet'organe , et il y offre cela de particulier qu'il n’est point binaire et que le conduit excréteur se dégorge directement dans le rectum, comme l'urètre des oiseaux. Le vaisseau sécréteur est simple , flottant , flexueux , presqu’aussi long que le corps, et quelque- fois aussi gros que l'intestin dans le Silpha littoralis. I] s'insère à l’origine du conduit excréteur. La vessie est ovalaire ou oblongue , lisse ou ridée suivant son degré de plénitude, ordinairement roussätre. Le conduit ex- créteur est fort courtet s'ouvre sur le côté du rectum tout près de l’anus. Ces insectes répandent par celui-ci un li- quide roux d’une odeur infecte de charogne. L’immense famille des LAMELLICORNES qui termine les coléoptères pentamères m'a paru entièrement dépourvue de l'appareil des sécrétions excrémentitielles. Nous allons voir cet appareil dégénérer insensible- ment dans les Héréromères et enfin disparaître tout- ‘à-fait dans les Térramères et les TrimÈres. VUL. #: 2 (28) Parmi les MéLasomes je n'ai pu encore bien étudier cet organe que dans les Blaps. Il est double, mais d’une toute autre structure que dans les Pentamères. On trouve dans la région postérieure de l'abdomen deux vessies as- sez grandes, oblongues, situées tout-à-fait au-dessous des viscères de la digestion et de la génération , de manière: qu'il faut enlever tout le paquet de ces vicères pour les mettre en évidence. Ces vessies fort rapprochées l’une de l’autre, ont des parois diaphanes d’une grande ténuité, et sont entourées de replis vasculaires adhérens et plus ou moins boursoufflés que je présume appartenir au vais- seau sécréteur. Mais l’adhérence et l’extrème délicatesse de ces replis rendent impossible leur déroulement, dena- nière que j'ignore leur point d'insertion, J'en puis dire autant des conduits destinés à évacuer au dehors leliquide sécrété. Ils sont cachés par une sorte de diaphragme membraneux, roussâtre, scarieux, tendu, appliqué à Paide d’un pannicule charnu sur le dernier segment ven 4 tral de l'abdomen. Quand on saisit entre les doigts l’a-, uimal vivantet que, tout en l’irritant , on l’observe at- tentivement contre le jour pour découvrir paroù il éja- cule la liqueur excrémentitielle, on aperçoit les jets de celle-ci sortir par les côtés , et non par l'extrémité du dernier anneau du ventre. Cette liqueur est lancée jus- qu'à sept à huit pouces de distance. Elle a une odeur pénétrante sui generis, une àcreté fort irritante, une couleur brunâtre. Si on la recueille dans un verre de mon- tre , on reconnaît à la loupe qu’il ya des points plus fon- cés , plus compacts, ronds comme des gouttelettes d'huile. Tantôt cette liqueur rougit le papier bleu et tantôt elle n’y produit aucune altération. (i9) Les trois genres de la famille des Taxrconwes dont j'ai fait la dissection m'ont. offert aussi un organe propre à la sécrétion d’une humeur excrémentitielle. Ces insectes exhalent un odeur semblable à celle des Blaps. Dans l'Hypophlœus les deux vessies sont oblongues, lisses, remarquables par leur grandeur, vu la petitesse de ce coléoptère , et renferment un liquide d’un brun verdâtre. Je n’ai su reconnaître aucune trace du vaisseau sécréteur. Les réservoirs du Diaperis sont ovales-oblongs, lisses , mais striés en travers quand on les étudie au microscope. À l’aide de ce dernier instrument, on découvre à la base des vessies des filamens vasculaires courts dont je n'ai pa déterminer ni le nombre ni la disposition. Les ves- sies de l'Æledona sont oblongues et l'odeur de Blaps que répand cet insecte est bien plus prononcée que dans les deux autres TaxrcoRNes. Mes dissections ne n’ont absolument rien appris con- cernant l'organe qui secrète cette liqueur onctueuse et jaune que les Méloés et les Mylubres répandent en abondance par les articulations des pattes. On sent que la dissection de celles-ci doit être d’une difficulté insur- montable,. CHAPITRE QUATRIÈME, Organes de la respiration. La fonction respiratoire s'exécute chez les Carasiques, comme dans tous les autres insectes, au moyen de Srie- mares et de Tracaées. C’est dans le Carabus auratus principalement que je vais examiner ces organes. ( 20 } & I. Des Stigmates. Ces orifices extérieurs de l'appareil de Ia respiration sont au nombre de neuf paires disposées le long des côtés du corps. Il y a une seule de celles-ci au thorax et huit à l'abdomen. Nous allons les examiner séparément dans ces deux régions. 1°. Stigmates thoraciques. Ils sont situés en arrière de l'articulation de la première paire de pattes sur la peau fibreuse et tenace qui joint le corselet à cette partie de la poitrine désignée par M. Audouin sous le nom de méso- thorax. Vs ne peuvent être mis en évidence qu’en tirant en sens contraire ces deux dernières parties. Placés obliquement à l’axe du corps, ils ont une conformation extérieure différente de celle des stigmates abdominaux. Bien plus allongés, plus minces et moins saillans que ceux-ci , leurs valves sont légèrement échancrées sur les côtés. 2°, Stigmates abdominaux. Ils sont placés de chaque côté de la région dorsale de l’abdomen sur cette mem- brane assez épaisse, mais souple et plus ou moins ridée, qui unit les segmens du dos aux plaques du ventre. [ls correspondent aux huit premiérs anneaux. Ce sont de petits boutons ellipsoïdes , saillans, bruns, lisses, lui- sans , durs, cornés, formés de deux valves ou panneaux dont l’entr’ouverture est creuse ou béante. Ils sont blan- châtres, mais d’une configuration semblable, dans les Chlænius , plus ronds, plus ouverts dans les Sphodrus. Ces ostioles pneumatiques, soit du thorax soit de l’'ab- domen , offrent entre les deux valves qui les constituent une scissure des plus étroites, une fente presqu'imper- (21) ceptible pour l'inhalation de l'air. Lorsqu'on parvient à fixer convenablement cet organe sous une forte lentille du microscope on découvre que Je pourtour de Ja scis- sure est garni d’un duvet excessivement fin, bien plus marqué dans le stigmate thoracique que dans les autres. Toutes ces bouches respiratoires sont abritées des in- fluences extérieures par les élytres et par la contiguité du thorax avec la poitrine. Je vais signaler les différences que j'ai reconnues dans les stigmates de quelques autres familles de coléoptères. Dansle Dytiscus marginalis, le Melolontha vulgaris ; le Lucanus cervus , Ÿ Hamaticherus heros , et sans doute dans la plupart des genres qui appartiennent aux fa- milles dont ces insectes sont les types, les stigmates , au lieu de se présenter sous la forme de boutons bivalves et protubérans, offrent ordinairement un disque oval ou oblong entièrement découvert , quoiqu’entouré d’un mince rebord corné nommé péritrème par M. Audouin. Ce disque , observé attentivement avec une loupe ordi- naire , paraît marqué de petites lignes transversales , à- peu-près parallèles , d’une couleur plus foncée. Le mi- croscope fait reconnaître que ces lignes , disposées sur deux rangées opposées , prennent naissance des deux bords contraires du rebord corné, et que leurs extrémités libres se regardent en laissant entr'elles un intervalle linéaire qui parcourt le graud diamètre du stigmate. Cha- cune de ces lignes est un tronc simple ou bifurqué dont les côtés et les bouts émettent des fascicules, des houppes de ramifications comme les nœuds de certaines conferves. Ces petits pinceaux sont inégaux en longueur dans le Dytiscus et l'intervalle qui sépare les deux rangées ne ( 22) partage point le disque en deux parties égales. Dans le Lucanus et V Hamaticherus cet intervalle est parfaite- ment dans Ja ligne médiane. Les figures que je donne des stigmates de ces coléoptères mettent en évidence ces traits. Sprengel , dans un mémoire sur l’organe respiratoire des insectes, mémoire fort remarquable et accompagné d'excellentes figures , a observé une structure analogue à celles que je viens de décrire dans le stigmate de l’Æ/y- drophilus caraboïdes. La figure que ce même auteur donne de cet orifice trachéal dans le Dytiscus circum- flexus, espèce extrêmement voisine du D. marginalis, cadre fort bien avec celle que j'offre ici (x). SIL. Des Trachées. Les Carabiques n’ont que des trachées tubulaires ou élastiques , c’est-à-dire en forme de tubes divisés et sub- divisés à la manière des vaisseaux sanguins. Leurs rami- fications nacrées vont s’étaler en élégantes broderies sur tous les viscères , sur toutes les surfaces. Elles débutent à chaque stigmate par un tronc gros et court divisé dès son origine et s’abouchant à une trachée latérale d’où partent d'innombrables branches. à | Les vaisseaux aériens des coléoptères étrangers aux .Carabiques ne m'ont présenté des différences de configu- ration et de structure que dans un petit nombre de fa- milles de la section des Pentamères seulement. (1) Gunru Sprencez, Commentarius de partibus quibus Insecta spiritus ducunt, cum tab. Lipsiæ, 1815; tab. 11, fig. 22; tab. m1, fig. 29. (23) Dans la tribu des Carnassiers terrestres , composée des Cicindélètes et des Carabiques , ils sont tout-à-fait ana- logues à ceux de ces derniers , c’est-à-dire tubulaires. Mais dans les Carnassiers aquatiques , qui comprennent les Dytiscus, j observe une ou deux utricules pneuma- tiques dans la poitrine , tandis que les trachées de toutes les autres parties du corps ressemblent à celles du Ca- rabus. | Les trachées des BrachéLyTREs sont toutes tubulaires. Parmi les Senriconnes les Buprestides ont des utri- cules aériennes fort nombreuses , soit dans la poitrine, soit dans l'abdomen, tandis que les ÆZatérides, les Lam- pyrides, les Melyrides et les Ptiniores qui sont rangés dans cette même famille ne m'ont offert que des trachées tubulaires. Tous les Cravicornes que j’ai disséqués n’offrent non ‘plus que cette dernière espèce de vaisseaux respiratoires. Les Parpiconnes et la riche famille des Lamezzi- CORNES Ont une quantité prodigieuse de bourses tra- chéennes ellipsoïdales , d’un blanc mat, communiquant entr'elles par des branches tubulaires. Les trachées dans les espèces assez nombreuses d'Hé- TÉrOMÈREs, de TérrAmères et de Trimères soumises à mon scalpel sont toutes tubulaires ou élastiques. Dans les Priones , et probablement dans les autres genres de la famille des Loneiconxes , je découvre dans la poitrine un organe trachéen particulier ou du moins une disposition toute spéciale de ces vaisseaux aériens. L'intérieur de cette cavité est tapissé par une couche assez épaisse d’un tissu blanc, d’un aspect moelleux , mais d’une texture cohérente. On peut, en le saisissant (24) avec une pince et le tirant à soi avec précaution, l'en lever tout d’une pièce, car il ne paraît avoir de con- nexions essentielles qu'avec les deux stigmates qui for- ment son origine et sa terminaison. Examiné de plus près, cet organe pulmonaire se-trouve composé 1°. de deux troncs trachéens considérables connivant entr’eux, d’une part au stigmate thoracique, de l’autre au premier stigmate abdominal ou pectoro-abdominal ; 2°, d’un lacis inextricable de ramuscules aérifères nés des deux troncs précités et de lobules adipeux qui leur sont adhérens, en un mot d’une sorte de parenchyme. Ce rudiment d’or- gane pulmonaire pectoral que j'ai aussi découvert dans les Punaises d’eau dont j'ai publié la description et les dessins dans le septième volume des Ænnales générales des sciences physiques de Bruxelles, en février 1821, me paraît avoir échappé aux recherches des naturalistes qui s'occupent d'anatomie comparative. Sprengel a observé dans les Sphinx des agglomérations d'utricules aériennes qu'il compare à des poumons et qu'il désigné sous la dé- nomination de Organa vesiculoso-cellularia ; mais le siége de ceux-ci n’est pas restreint dans la poitrine, comme cela a lieu dans les Priones ainsi que dans les Punaises d’eau, et leur texture intime n’est pas spéciale. Avant de passer à l'examen de la fonction respiratoire, je dirai deux mots sur la structure organique des tra- chées. Celles qui sont tubulaires'ou élastiques se compo- sent de trois tuniques dont l'intermédiaire, d’un blanc argentin , est formée d'un fil élastique roulé en spirale. Sprengel n’en admet que deux, mais d’après sa descrip- tion même il est évident qu’il en signale trois. La tuni- que extérieure bien reconnue par cet auteur et appa- \ (25) rente seulement dans les gros troncs est une membrane d’une ténuité fugace. L’interne soupçonnée par Réaumur et admise par Swammerdam ainsi que pat M. Marcel de Serres, est si fine et si intimement adhérente à l’inter- médiaire, qu'il est impossible de l'en isoler. Il m'est très- souvent arrivé, ainsi qu'aux scrutateurs de l'anatomie en- tomologique , de dévider d’un bout à l’autre le fil élas- tique de la trachée, de manière que celle-ci se défait en- uüèrement, et alors ce fil entraîne avec lui des lambeaux des deux tuniques qui lui sont collées. Dans quelques circonstances rares , après l’évulsion du fil élastique , il restait une portion tubuleuse de la tunique interue, presque pellucide et sans brillant nacré. Jai exprimé ce fait dans la figure qui représente un tronc trachéen du Carabus auratus. Dans la lerve du Dytiscus marginalis j'ai pareillement mis en évidence cette membrane interne qui est d’un brun noirâtre. Quant aux trachées utriculaires ou vésiculaires , elles ofrent une organisation essentiellement différente de celle des conduits tubuleux dont il vient d'être question. Ces réservoirs pulmonaires sont d’un blanc laiteux mat, sans reflet argenté ni nacré , et on n'y découvre aucune trace du support élastique où. des espèces de côtes que M. Marcel de Serres a signalées dans fes bourses, pneu- matiques de plusieurs orthopières. Ainsi ils sont pure- ment membraneux. D’après l’auteur que je viens de citer ces trachées utriculaires se composent de deux membranes celluleuses très-extensibles. Dans son mémoire sur les usages du vaisseau dorsal, présenté à l’Institut en 1813, M. Marcel de Serres a donné, soit sur la struviure soit sur les fonctions de (26) l'appareil respiratoire des insectes, des observations nombreuses et du plus haut intérêt. Je suis surpris qu’au milieu des détails fort circonstanciés qu'il renferme et qui supposent des dissections scrupuleuses, ilne soit fait mention ni du parenchyme pulmonaire de la poitrine. des Zongicornes et des Nepes , ni de la texture spéciale des stigmates des Dytisques et des Lamellicornes. L'acte de la respiration ne s'exécute point dans lesin- sectes , comme dans les animaux à sang rouge, par une digestion de l'air dans un organe circonserit et isolé. Il consiste en une véritable circulation du fluide atmosphé- rique au moyen de conduits destinés par leurs prodi- gieuses ramifications à le disséminer dans tous les points du corps pour le mettre en contact avec les élémens nu- tritifs. Ainsi dans les animaux à poumons, c’est le fluide de la nutrition qui vient chercher l'air dans l'organe destiné à le soumettre à son influence locale , tandis que dans les animaux à trachées , c’est l’air qui va chercher les élémens nutritifs pour compléter leur élaboration. Au reste, dans les uns comme dans les autres, les résul- tats de cette importante fonction sont les mêmes, soit sous le rapport de l'influence organique sur la nutrition , soit sous celui du changement chimique qu'a éprouvé Pair dans ses principes constitutifs, comme l’ont démontré les expériences de Vauquelin , soit enfin quant à l'acte pure- ment mécanique de la respiration , qui consiste en une alternative d'inspiration et d'expiration de l'air par les mèmes orifices, les mêmes conduits. La première fois que j’observai les houppes élégantes qui garnissent les stigmates de quelques Coléoptères , c'était sur le Dyriscus; ex comme cet insecte vit principa- (27) lement dans l’eau , je crus trouver dans ces houppes une modification des branchies des Crustacés. Mais la décou- verte d'une organisation semblable dans les orifices pneu- matiques du Melolontha, du Lucanus ; des Cerambyæ, coléoptères dont le genre de vie, exclusivement aérien , est sous ce rapport opposé à celui du Pytiscus, vint dé- truire ma conjecture. Les fonctions de ce duvet, de ces houppes se bornent donc à filtrer l'air, à s'opposer ainsi à l'abord des atomes hétérogènes qui nagent dans l’atmo- sphère et dont la présence irriterait les parois trachéennes. Ces poils sont aux stigmates ce que les cils sont à l'or- gane de la vue. CHAPITRE CINQUIÈME. Du système nerveux. L'organe sensitif du Carabus auratus ; le seul que je décrirai, se présente, comme celui de tous des Coléo- ptères , sous la forme d’un double cordon nerveux ren- flé d'espace en espace en ganglions d’où partent des nerfs qui vont se distribuer dans toutes les parties. Placé dans la ligne médiane du corps au-dessous des viscères el im- médiatement sur la paroi ventrale, il débute dans la tête par un organe auquel on ne saurait refuser le nom de cerveau, et offre ensuite une série de huit ganglions dis- uncts. 1°. Le cerveau occupe le centre de la tète. Il a une forme arrondie et une organisation différente de celle des ganglions. Dépourvu d’enveloppe immédiate appré- ciable, il m'a paru logé au-dessous des muscles nom- breux qui servent aux mouvemens des diverses parties (28) de la tête. Sa pulpe cérébrale, pour ainsi dire à décou- vert, ne m'a offert aucun lobe, aucune division appa- rente. Les deux nerfs optiques en naissent immédiate- ment. Ils sont remarquables par leur grosseur , un peu comprimés, et se terminent par un bulbe ovalaire dont la rétine est colorée en pourpte et paraît villeuse au mi- croscope. 29. Le cordon nerveux, qui est l'axe de tout Pappa- reil, peut être comparé au prolongement rachidien des animaux à sang rouge. Îl prend son origine à la partie postérieure du cerveau et est formé de deux filets con- tigus enveloppés chacun d’un néyrilème qui a une cer- taine ténacité. 3°. Les ganglions, que l’on a comparés à de petits cerveaux, ont un névrilème qui n’est qu'une continua- tion de celui du cordon médian. Ils varient entr’eux par leur grosseur, leur distance respective , et les régions du corps qu'ils occupent. Il y en a un au corselet, un autre à la poitrine et six dans la cavité de l’abdomen. Le ganglion thoracique se trouve placé tout près du bord antérieur du corselet et pour ainsi dire entre celui- ci et la tête. Il émet de chaque côté quatre ou cinq nerfs qui paraissent principalement destinés aux muscles des pattes antérieures. i Le ganglion pectoral est étroitement et profondément engagé dans un tissu fibreux qui est au passage de la poi- trine au corselet et dont ilest extrèmement difficile de le débarrasser. I] ne fournit que deux nerfs de chaque ocôlé pour les quatre pattes correspondantes. Les ganglions abdominaux , dont le premier est fort distant du second et dont les trois derniers sont plus ar- (29 ) rondis, presque contigus, donnent chacun naissance à deux paires de nerfs. Le dernier , sensiblement plus grand que les précédens , se termine en arrière par deux troncs nerveux considérables qui se distribuent particu- lièrement aux organes de la génération. Il fournit outre cela trois nerfs de chaque côté. CHAPITRE SIXIÈME. Du tissu adipeux splanchnique. Dans quelques mémoires ayant pour objet des recher- ches anatomiques sur les insectes et quej’ai publiés, soit dans le Journal de physique de Paris, soit dans les 4n- nales générales des sciences physiques de Bruxelles , J'avais classé parmi les dépendances de l’appareil digestif et désigné sous le nom d’épiploon ce tissu adipeux qui est floitant dans les cavités splanchniques et qui forme une atmosphère plus ou moins dense autour de tous les viscères. J'ai cru plus prudent aujourd’hui de décrire isolément ce tissu sans lui assigner une place parmi les appareils organiques qui président aux principales fonc- uons. Examinons-le d’abord dans les Carabiques. 1] consiste dans les divers genres de cette tribu en lambeaux grais- seux déchiquetés, blanchàtres, comme vulpeux, dont l'abondance varie suivant les espèces et suivant quelques circonstances individuelles. Soutenus par une trame de .ramifications trachéennes d’une extrème ténuité, ces lambeaux flottent au milieu des viscères et sont d'autant plus muluipliés qu’ils s’approchent davantage de la partie postérieure de la cavité abdominale. Dans les véritables (30) Carabes, insectes apières dont la locomotion s'exécute avec moins d'activité que dans les genres ailés de la même tribu , le tissu adipeux splanchnique est bien plus abon- dant, plus pourvu de graisse que dans ces derniers , où il ne consiste souvent qu'en lambeaux membraniformes que leur translucidité rend difficiles à reconnaître. Il west pas rare qu'il s’accumule plus spécialement autour du gésier , et il est quelquefois suspendu à cet organe sous forme de guenilles flottantes. On en trouve bien moins dans l’Omophron que dans les autres Carabiques. Quoi qu’il en soit de l'abondance de ces lambeaux adipeux, l’observation microscopique nous les montre sous la forme de véritables sachets polymorphes essen- tiellement constitués par une membrane diaphane et plus ou moins remplis pat une graisse fine et homogène dont les élémens sont comme des points arrondis. Au milieu de la pulpe adipeuse splanchnique du Ca- rabus auratus , j'ai rencontré, dans l’un et l’autre sexe , des corps sphéroïdes blancs , bien isolés, semblables en apparence à des œufs de cette configuration , ou plutôt à ces petites dragées connues sous le nom d’anis de Verdun. Ces globules acquièrent jusqu'à une demi - ligne de dia- mètre ; ainsi ils sont loin d’être des corps microscopiques. Leur nombre est variable suivant quelques circonstances de la vie de l’insecte, et il est des individus dans lesquels on n’en découvre aucun. Au printemps j'en ai rarement trouvé plus de six ou sept de chaque côté de l'abdomen , et ils occupent assez constamment une ligne correspondante aux stigmates. Au commencement de l'automne dernière en ouvrant un mâle et une femelle de ce Carabe ; je ne fus pas peu surpris du nombre prodigieux de ces glo- | (31) bules. J'en comptai plus de cent. Ils obstruaient non- seulement la cavité abdominale, mais encore celle dw métathorax. Ils s'échappaient par l’incision pratiquée au dos de l’insecte et gagnaïent bien vite le fond de l’eau. Examinés de plus près, ces corps sont des bourses sphéroïdes , enduites en dehors d’une couche muqueuse, grisâtre , quelquefois nulle, et remplies d’une pulpe ho- mogène, très-blanche. Jai long-temps cru qu'ils n’a- vaient aucune connexion organique avec le tissu ambiant; mais à force de persévérance , je parvins, à l’aide du mi- croscope , à découvrir à plusieurs d’entr’eux un col tubu- leux plus ou moins prononcé , plus ou moins boursoufflé, dont l'extrémité efliiée se perd ou prend naissance dans le tissu graisseux où ils sont plongés. Mais il parait que ce col finit par s’oblitérer, s’effacer, et alors la bourse est, ou tout-à-fait sphérique ou terminée par une petite pointe conoïde. Les figures jointes à mon travail expri- ment ces divers états. Dans les Carabes ouverts en automne, j'ai remarqué que ces globules étaient généralement dépourvus de col, et libres. J'observai aussi que quelques-uns d’entr’eux étaient en partie transparens , comme si la matière qui les remplissait n'avait pas acquis l'élaboration convenable ou sa parfaite maturité. Je fis encore une autre remarque sur ces mêmes individus d'automne , c’est qu'ils étaient bien moins agiles qu'au printemps ou en été, qu'ils n'avaient presque pas de tissu adipeux splanchnique et que leurs viscères étaient sans énergie, comme flétris. Quelles peuvent être la nature et les fonctions de ces bourses sphéroïdes ? Faut-il les considérer comme le ré- sultat d’une altération pathologique analogue à celle (52) des loupes enkistées, ou doit-on les regarder comme des réservoirs de graisse pour les temps de disette? Les circonstances qui accompagnent leur plus grande abon- dance à l’époque marquée pâr la nature pour le terme ordinaire de la vie du Carabe porteraient assez à croire qu'elles sont l'effet d’une sécrétion morbide ou insolite. D'unautre côté, l'on sait que sur la fin de l’automne set insecte disparait de la surface du sol pour s’enfoncer dans des clapiers où la plupart des individus succombent, tandis que je présume que quelques autres , sans doute ceux qui n'ont pas salisfait à la reproduction de l'espèce, passent la saison des froids dans un état de torpear , hi- bernenten un mot. N'est-ce pas plutôt pour le maintien de cette existence en quelque sorte passive que la nature - a destiné les bourses adipeuses qui nous occupent? Ce qu'il y a de sür, c'est que la graisse q#’elles renferment a un caractère tout particulier de finesse et de parfaite élaboration , et qu’elle paraît avoir les conditions les plus fasovables à ètre absorbée pour la nutrition. Mais je reviens au tissu adipeux splanchnique. Il existe dans tous les Coléoptères dont j’ai seruté l’organi- sation intérieure, et dans les insectes en général. Comme J'en ai déjà fait la remarque, ii n’offre que des vestiges purement membraneux dans ceux qui mènent une vie très-active et qui parcourent habituellement les airs, tandis qu'il abonde dans la plupart des larves et dans les insectes qui ont moins d'énergie vitale. Il revèt dans les Dytiscus les caractères d’un véritable épiploon où d'un mésentère. I y est formé de feuillets membraneux plus ou moins plissés, peu chargés de pe- lottes graisseuses et dont quelques-uns très-déliés et er (33) quelque sorte roulés sur eux-mêmes en imposent pour des conduits tubuleux. Un de ces feuillets, bien plus con- sidérable que les autres , se fixe , dans le D. marginalis, : à l’origine du ventricule chylifique et s’étend sur lui en un tablier flottant qui m'a paru formé d’une double membrane. Dans la larve de ce même Dytiscus, le tissu adipeux splanchnique est constitué par des sachets brü- nâtres qui répandent , quand on les crève, une humeur de cette nuance. Il est également bien marqué dans le Gyrinus et ses lambeaux éguenillés sont, par fois, cy- lindroïdes. Ce tissu dans les BracaéivTRes est quelquefois si abondant qu'il enveloppe l'appareil digestif et rend sa dissection très-difficile. C’est ainsi du moins que je l’ai rencontré dans les grandes espèces de Siaphylinus. I est formé d’une pulpe grumeleuse blanche , où l’on re- connaît tantôt des lobules courts, tantôt une sorte de disposition réticulaire. Il consiste dans les Pœderus en quelques flocons rares. Parmi les Serricornes, il est presque nul dans les deux petits Buprestis que j'ai disséqués. Dans les £ later il offre quelques lambeaux membraniformes semi-dia- phanes, médiocrement abondans. La pulpe adipeuse du Lycus remplit principalement le corselet et semble con- sister en petites utricules qui laissent échapper un liquide blanc laiteux d’un odeur de pomme de terre crue. Dans le Lampyris femelle, elle est finement granuleuse, et celle qui est contenue dans le corselet et la poitrine a une couleur rose presque vermillon. Mais dans la larve de ce même Lampyris , la pulpe adipeuse a une struc- ture qui la rapproche davantage d’un véritable organe. VIII. 3 ( 34 ) Elle s'étend soit en dessus soit en dessous des viscéres en nappes d'une certaine roideur, toutes couvertes de pe- tits grains ronds , uniformes, contigus , assez semblables à des œufs de poisson, mais non entassés. Ces grains ont une consistance un peu solide. L'espèce de canevas sur lequel ils reposent est si mince, si diaphane qu’il échappe à l’œil armé de la loupe. J'ai trouvé la pulpe graisseuse d’un jaune safrané dans le Thelephorus fuscus, tandis qu’elle est blanchâtre dans le 7°. lividus, ainsi que dans le Malachius. Dans la famille des Craviconnes les Clerus ont un tissu adipeux de couleur rosée et peu abondant. Il est presque nul dans le Aister. Dans les Silpha, ce sont des grumeaux blancs, abondans , formant une sorte de matelas au-dessous du tube alimentaire. Le 7 hymalus l’a bien plus rare, mais il y existe. L’'AÆHydrophilus , le seul Parricorne que j'aie étudié, a la pulpe adipeuse floconneuse blanche, très-abon- dante. Parmi les Lamerzicornes lés Scarabéides ont cette pulpe presque nulle , tandis que dans la larve de F'Oryc- tes nasicornis il y a denombreuses et larges nappes de gra- nulations arrondies comme dans celle du Lampyris. Les Lucanus ont ce üssu bien plus prononcé que les Scara- béides. Quelquefois il se présente sous l'apparence de sachets très-blancs, ovales, oblongs, ou cylindroïdes, en- filés par des trachées et disposés en grappes élégantes qui convergent à la ligne médiane. Mais quand on cherche à vérifier leur texture, on voit que c’est une simple couche de graisse très -fine qui enveloppe les utricules tra- chéennes de ces coléoptères. C’est sous cet aspect que (35) j'ai rencontré la pulpe adipeuse dans plusieurs individus du ZLucanus parallelipipedus. Dans la section des Héréromères, les MéLasomes ont un tissu adipeux splanchnique, abondant , déchiqueté , blanchâtre. Les Taxrconwes , tels que l'Æypophlæus et le Diaperis , l'ont fort rare , tandis qu'il esthien marqué dans l’Eledona. Il est médiocrement abondant chez les Srénéiyrres et d’un jaune orangé dans l’Ofdemera cæ- rulea. est à peine apparent dans le Mycterus. Parmi les Tracaézipes les Mylabris ont ce tissu graisseux com- posé de granulétions arondies , surtout celui qui est au- dessous des viscères. Il est peu abondant et d’un rouge pâle. Cette pulpe est plus considérable dans le Sitaris que dans le Zonitis. Les Térramëres offrent des variations sous ce rapport. Aïnsi les Raincopnores n'ont que quelques lambeaux membraniformes ou grumeleux d’une graisse fine cu blanchâtre ou jaunâtre. Le Pachigaster, qui a les habi- tudes sédentaires et apathiques des Piméliaires, a aussi plus de tissu adipeux que les autres Curculionites. Les XyLoPnaces et les PLarysomes l'ont fin , blanc, rare. Il est bien plus prononcé dans les Loncicornes, surtout dans le Cerambyx moschatus où ilm’a paru être le ré- ceptacle de ce parfum à la rose qui caractérise ce co- léoptère, Je l’ai trouvé fort rare dans les Eupopes et pres- que diaphane. Il abondedans les Cycriques où ilest gru- meleux, tantôt blanc , tantôt coloré en jaune ou en safrané. C’est surtout dans la lente et paresseuse Z1- marcha qu'il se fait remarquer par son abondance. Les coléopteres Trimëres , malgré leur petitesse, sont aussi pourvus d'une pulpe adipeuse qui est jaunâtre dans les Coccinelles. (36 ) Résumé des caractères anatomiques propres aux Co- léoptères en général et aux Carabiques en particu- lier. J'ai déjà dit dans le préambule de mon travail, que mal- gré de nombreuses dissections de coléopières , je n’avais pas jugé à propos de m’élever à des considérations géné- rales sur l'anatomie comparative des diverses familles . quicomposent cet ordre d'insectes. Sans m'écarter de cette circonspection que j'ai adoptée pour règle dans l’exposi- üon de mes recherches , je crois avoir les données suff- santes pour offrir un tableau $uccinct des traits anatomi- ques qui caractérisent les coléoptères en général , et de ceux qui sont propres aux Carabiques. $ I‘. Caractères anatomiques des Coléoptères enr général. L'appareil nutriuif des Coléoptères se compose d’orga- nes manducatoires, quelquefois de glandes salivaires,du tube digestif et des vaisseaux biliaires. Ces insectes sont broyeurs , ils ont par conséquent des instrumens propres à saisir des alimens plus ou moins résistans, à les inciser, les triturer , les mâcher en un mot pour les réduire en une pâte avant d’en opérer la déglutition. Leur bouche est munie à cet effetd’une paire de mnandibules cornées, tantôt simplement tranchantes, tantôt dentelées, mobiles trans- versalement; de deux mächoires; d'une lèvre ; rarement d’une langue ; enfin de quatre ou de six palpes qui sont en quelque sorte des organes de dégustation. Les glandes salivaires qui dans plusieurs autres ordres d'insectes , tels (37) que les Orthoptères, les Hémiptères, etc., revêtent tous les caractères qui constituent un organe, ne semblent que rudimentaires dans le petit nombre de coléoptères qui en sont pourvus: Elles consistent en vaisseaux paires, fili- formes, plus ou moins repliés, flottans par un bout, insérés par l’autre dans l’arrière-bouche , et essentiel- lement formés d’un canal inclus enveloppé d’une tuni- que contractile. Ils renferment une salive incolore. Je ne les ai rencontrés jusqu’à ce jour que dans quelques genres des familles des Mélasomes , des Taxicornes , des Sténélytres, des Trachélides, des Rhincophores, des Aphidiphages. Le tube digestif a une étendue qui varie singulièrement suivant le genre de vie et conséquemment suivant les familles de ces insectes. Dans les uns il n’ex- cède presque pas la longueur du corps : c’est le plus petit nombre; dans les autres il la surpasse de plusieurs fois. On y distiugue un æsophage ordinairement court; un jabot plus ou moins prononcé; dans quelques familles un gésier garni intérieurement de pièces de trituration ; un ventricule chy lifique d'une grandeur variable, ou gla- bre ou hérissé de papilles;un intestin gréle plus ou moins long; un gros intestin consistant le plus souvent en un cæcum dilatable que suit un rectum qui dans certaines femelles s’allonge beaucoup. La texture du tube digestif est musculo -membraneuse et se compose de trois tuni- ques contiguës dont l'épaisseur varie. Les vaisseaux bi- liaires ouhépatiques s’insèrent constamment à l'extrémité postérieure du ventricule chylifique. Ils sont fort longs, très-déliés , singulièrement reployés , et d’une texture celluloso-membraneuse. Leur nombre et leur mode de connexion varient suivant les familles et les genres. Ils (58 ) sonttoujours paires. Ïl n’y en a jamais moins d’une paire et jamais plus de trois. T'antôt leur insertion se borne au ventricule chylifique, et dans ce cas, ou bien ilssont libres et flottans par un bout, ou bien ils forment un arc diver- sement replié dont les deux extrémités s’implantent au- tour d’un même cercle. Tantôt cette insertion est double ; elle à lieu d’une part au ventricule chylifique et de l’au- tre au cœcum , soit que ces vaisseaux s’implantent iso- lément, soit qu’ils confluent en un ou plusieurs troncs. La bile qu'ils contiennent varie pour sa couleur depuis le violet foncé et le brun jusqu’au jaune, au blanc ou au diaphane. Les Coléoptères ont, ainsi que les autres insectes , deux sexes séparés, et l’acte de la reproduction est un véritable accouplement , c’est-à-dire qu’il y a introduc- tion de la verge dans le vagin et émission d’une liqueur spermatique. L’organe générateur mâle se compose 1°. de deux testicules formés, soit par les replis agglomérés d’un seul vaisseau spermatique, soit par un ou plusieurs sachets , soit enfin par des utricules dont le nombre, la configuration et la grandeur varient suivant Îles familles ; de 2°. deux canaux déférens variables pour leur lon- gueur , quelquefois reployés en épididyme ; 3°. de vé- sicules séminales plus ou moins nombreuses, et de for- mes diverses suivant les genres de Coléoptères ; 4°. d’un conduit éjaculateur tantôt fort long , tantôt très-court ; 5°, d’une verge rétractile renfermée dans une armure copulatrice dout la conformation se modifie à l'infini. On distingue dans l’organe générateur femelle de tous les Coléoptères 6°. deux ovaires dont chacun se compose d’un calice plus ou moins marqué et d’un nombre , va- -( 39) riable suivant les genres , de gaines ovigères uniloculai- res ou multiloculaires , terminées le plus souvent par une pièce charnue où se fixe un ligament suspenseur; 7°. une glande sébacée d’une structure diversement compliquée , insérée à l’origine de l’oviducte et destinée à fournir une humeur propre à lubréfier ou à enduire les œufs à l’époque de la ponte; 8°. un oviducte plus ou moins long qui se continue en un vagin ; 9°. une vulve souvent accompagnée de pièces copulatrices ; 10°. des œufs globuleux ovales ou oblongs ; 6°. enfin dans quel- ques cas rares un appareil sécréteur particulier propre à former une enveloppe commune ou une coque aux œufs. Indépendamment des organes sécréteurs dont il vient d’être question, on rencontre encore dans un petit nombre de coléoptères un appareil des sécrétions excrémentitiel- les placé au voismage de l’anus. Il se compose ou de vais- seaux ou d’utricules sécrétoires et d’une vessie ou réser- voir. Il est binaire, commun aux deux sexes, et a pour fonction de former une humeur âcre liquide ou vaporeuse que l’insecte expulse à son gré lorsqu'il est menacé de quelque danger. L'organerespiratoire des Coléoptères consiste en stig- mates placés sur les parties latérales du corps, et dont l’organisation varie suivant les genres, et de trachées tantôt tubulaires tantôt utriculaires qui disséminent l'air dans toutes les parties du corps. Leur système nerveux se compose d’un cerveau, de ganglions placés dans la ligne médiane , variables pour leur nombre, communiquant entr’eux et avec le cerveau au moyen d’un cordon à deux tiges contiguës , enfin de nerfs proprement dits qui émanent des glanglions. (40) La capacité abdominale de ces insectes renferme cons- tamment un tissu adipeux splanchnique , dont l’abon- dance et la couleur varient suivant les genres et qui ne paraît pas étranger au but de la nutrition. S IT. Caractères anatomiques propres aux Carabiques. Les Carabiques sont chasseurs et carnassiers. La lon- gueur de leur tube digestif ne surpasse pas plus de deux fois celle de leur corps. L’æsophage est court; il est suivi d’un jabot musculo-membraneux bien développé, très-dilatable. Puis vientun gésier ovale ou arrondi, à parois calleuses et élastiques, armé intérieurement de pièces cornées mobiles propres à la trituration et muni d’une valvule à ses deux orifices. Le ventricule chylifi- que, qui lui succède , est d’une texture molle et expan- sible, constamment hérissé de papilles plus ou moins prononcées et rétréci en arrière. L’intestin gréle est assez court; le cœcum a la forme et la texture du jabot. Le rectum est court dans les deux sexes. Les vaisseaux hé- patiques ne sont qu’au nombre de deux , en arc diver- sement reployé, et s’implantent , par quatre insertions isolées, autour de la terminaison du ventricule chyli- fique. Leurs testicules sont formés chacun par les circon- volutions agglomérées d’un seul vaisseau spermatique, tantôt presqu'à nu, tantôt revêtues d’une couche adi- peuse , d’une sorte de tunique vaginale. Les canaux déférens sont souvent repliés en épididyme. Les vési- cules séminales , au nombre de deux seulement, sont filiformes. Le conduit éjaculateur est court, la verge WEAR) grêle, allongée, l’armure copulatrice plus ou moins compliquée. Les ovaires n’ont que sept à douze gaines ovigères chacun, multiloculaires, réunies en un faisceau conoïde; l’oviducte est court; la glande sébacée com- posée d’un vaisseau sécréteur, tantôt filiforme , tantôt renflé à son extrémité, et d’un réservoir ; la vulve s’ac- compagne de deux crochets rétractiles ; les œufs sont ovales-oblongs. . L'existence d’un appareil des sécrétions excrémenti- tielles est un des traits anatomiques les plus saïllans de tous les Carabiques. Il consiste en une ou plusieurs grappes d’utricules sécrétoires dont la forme varie sui- vant les genres; en un long canal efférent; en une vessie ou réservoir contractile ; en un conduit excréteur dont le mode d’insertion varie , et en un liquide excrété qui a des qualités ammoniacales. L'organe respiratoire a des stigmates en boutons bi- valves et des trachées toutes tubulaires. Le système nerveux ne diffère pas de celui des Coléop- ières en général. APPENDICE. Oss. 1°. L'étude anatomique du Tomicus typographus m'a fourni deux faits assez curieux que je ne saurais passer sous silence. Malgré sa petitesse et sa vie retirée, cet insecte a des animaux parasites soit en dehors soit en dedans du corps. Entre ses pattes et surtout dans l’ex- cavation bordée de pointes qui caractérise la partie posté- rieure de ses élytres , j'ai rencontré un grand nombre d'individus d’une Mitte qui se distingue fort bien sans le secours de Ja loupe. Son corps est brunâtre, ovale, (42) antérieurement rétréci en pointe, aplati ou à peine con- vexe en dessus , formé d’une peau coriace , lisse et sans aucune trace d’anneaux. Elle n'a que trois paires de pattes assez courtes, égales entr'elles, dépourvues de poils; mais on voit aux côtés de la pointe qui représente la tête, deux palpes ou antennules plus gros et un peu plus longs que les pattes , insérés ‘au-dessous du bord de cette espèce de petite carapace et composés de cinq arti- cles évidemment hérissés de poils. Durant la vie de l’a- nimal , je ne pus reconnaître sa bouche ; mais plusieurs mois après la mort des Zomicus, ayant recherché sur eux les Mittes, je m'aperçus que celles-ci , en quelque sorte collées sur le coléoptère, s’en détachaient sans peine, mais restaient suspendues par un lien impercepti- ble. Je les arrachai avec précaution , et les ayant soumises au microscope , je crus m’apercevoir que ce lien n’était autre chose que le sucoir de l’animal qui était resté en- gagé après sa mort dans les pores du Zomique. Ce suçoir a à peu près la longueur du corps de la Miute. Dans cet état de dessiccation , les pattes de cet aptère avaient dis- paru vraisemblablement par leur rétraction sous l’es- pèce de test qui constitue son corps, et ce test n'avait changé ni de forme ni de grandeur. Je n’ai pas la vaine prétention de donner comme un fait nouveau l'existence des Mittes sur le corps des insectes , puisque Geoffroi , Linnæus, Dégeer en ont signalé plusieurs, et que M. Latreille a décrit sous le nom de Gamasus coleop- tratorum (Gen. Cr. et Ins. 1, p. 147) celle qui se trouve plus spécialement sur les Coléoptères. Notre Mitte, non-seulement n’appartient pas à cette dernière espèce , mais elle m’a paru d’un genre incertain à cause de ses six pates seulement. (4) Oss. rr. En examinant à une assez faible lentille du microscope les entrailles de ce mème Zomicus, une heure après avoir été séparées du corps , et lorsque tout principe de vie devait y être éteint ; quelle fut ma sur- prise de voir les vaisseaux hépatiques agités d’un mou- vement particulier dont je ne pouvais deviner la cause, attendu que le liquide dans lequel immergeaient ces en- trailles , était dans un repos parfait, et que je prenais, en portant mon œil sur l’instrumeni , toutes les précautions nécessaires. Je pensai d’abord que ces vaisseaux hépa- tiques pouvaient bien être l'ultimum moriens de V'orga- nisme. Mais en me servant d’une lentille plus forte, je reconnus à l'évidence que des vers intestinaux d’une grande ténuñté, circulaient dans le tube alimentaire et lui imprimaient leurs mouvemens vermiculaires. Quel- ques-uns de ces vers étaient engagés dans les canaux bi- liaires et leur communiquaient cette agitation dont j’a- vais d’abord été frappé. Ces espèces d’Ascarides assez semblables aux Vibrions ou Anguilles du vinaigre étaient fort nombreuses. Elles sont pointues par un bout et obtuses à l’autre , qui est la tête. Deux jours après avoir observé ce fait, ces vers vivaient encore. Doit-on les rapporter aux Æscaris, aux Oxyuris, ou plutôt aux Filaria? Oss. n11. Dans le tube alimentaire de divers coléop- tères, notamment du Zucanus parallelipipedus, de plu- sieurs Melasomes et de la T'imarcha tenebricosa, j'ai trouvé abondamment une éspèce de vers intestinaux dont ‘je joins ici le dessin. Remarquons avant de passer à leur description , que ces coléoptères ont tous une démarche lente , des habitudes paresseuses , en un mot, une éner- (44) gie vitale peu prononcée, condition favorable au déve- loppement de leurs parasites internes. I y a déja plus de quinze ans que j’observai pour la première fois ces vers intestinaux en disséquant le Blaps gigas en Espagne. [ls habitent dans la pulpe alimen- taire ou excrémentitielle du canal digestif de ces coléop- ières, car.j en ai rencontré dans l’estomac et dans les intestins. Je les ai quelquefois trouvés adhérens aux pa- rois de ces organes. Ils varient pour leur grandeur, ce qui uient sans doute à leur àge. Ils acquièrent depuis un tiers de ligne jusqu’à une ligne. Ils gagnent de suite le fond de l’eau , et leurs mouvemens sont si obscurs qu’il faut l'observation microscopique la plus soutenue pour les reconnaître. Ils sont conoïdes, d’un blanc mat et d’une texture homogène; dans l’âge adulte, leur corps offre vers son quart antérieur ure articulation qui est à peine sensible dans les jeunes individus. Le segment antérieur est arrondi comme une grosse tête, et la bou- che , qui esten devant, consiste en un sucçoir rétractile dont l’orifice est évasé et festonné dans son contour. L’au- tre segment n'offre aucune trace ni d’anneaux ni de con- tractures. Il est lisse, conoïde , et son bout postérieur n’a présenté à mes recherches attentives aucune ouverture. Je n’ai point osé donner une dénomination générique à ce ver singulier. Son organisation homogène, l’absence d’un canal intestinal et d’un anus l’éloignent de l’ordre des intestinaux cavitaires de M. Cuvier ou Vematoidea de Rudolphi, et le rangent dans les intestinaux paren- chymateux de notre illustre naturaliste. Leur corps ter- minéenavant par un suçoir en forme de ventouse auto- rise à le placer dans la famille des 7rématodes de ce 16 dernier auteur. Mais la forme conoïde de ce ver qui pré- sente un segment antérieur arrondi et l'existence d’un seul suçoir festonné ne permettent pas de lui assigner une place parmi les genres décrits dans l'ouvrage de M. Cuvier et dans l'Encyclopédie. J’éprouve le même embarras dans la volumineuse monographie de Rudolphi. Le seul genre avec lequel il ait quelque analogie est le Caryophylleus, ver intestinal de quelques poissons ; mais celui de nos coléoptères n'offre aucune trace d’une bouche à deux lèvres, placée au-dessous du bord anté- rieur qui est évasé en corolle lobulée. Les senls vers intestinaux des insectes mentionnés par Rudolphi ap- partiennent tous au genre Filaria. West très vraisembla- ble que Ramdobhr a représenté sous le nom de petit sac de l’épiploon dans le Dermestes lardarius, un de nos vers. La figure 8 de la planche XI de cet auteur cadre assez bien avec les nôtres. Oss. 1v. Dans la cavité abdominale de la Cassida viri- dis vivante j'ai rencontré, à plusieurs reprises , dans le printemps, une grande larve qui occupait non-seule- ment l'abdomen, mais qui s’enfonçait même jusques dans le corselet. Ces larves avaient jusqu’à deux lignes et demi de longueur, de manière que quand elles étaient hors du corps des Cassides, on eût diflicilement cru qu’elles pouvaient s’y loger. Je n’ai jamais trouvé qu'une seule larve à la fois dans cet insecte. Elle adhérait sou- vent par sa bouche au tissu adipeux dont elle paraît faire sa nourriture. Les viscères n'étaient jamais attaqués , €t voilà sans doute pourquoi les Cassides vivent long-temps malgré la présence de ces hôtes voraces. Cette larve est apode, blanchâtre , composée de onze anneaux, Sa tête ( 46 ) est écailleuse, noire, et une petite pointe de cette dernière couleur s’observe à l'anus. Je présumais qu’elle appar- tenait à un diptère. Pour m'en assurer, je renfermai dans un bocal de verre un assez grand nombre de Cassides que je nourrissais avec des feuilles d’artichaud. Dans les premiers jours de mai j'eus la satisfaction de trouver sur ces feuilles deux chrysalides ovales, brunes, glabres , d'environ deux lignes de longueur. Bientôt j'en vis sortir un dipière qui se rapporte au genre Ocyptera. J'ai soi- sneusement consulté les ouvrages de Geoffroy, de Fabri- cius et de M. Latreille pour déterminer cette espèce ; mais je n'ai pu y parvenir et je la crois nouvelle. Je la caractérisai ainsi qu'il suit : Ocyptera Cassidæ, N., Ocyptère de la Casside. Aterrima, unicolor, nitida, hirta, facie vix argen- tea; halterum squamis duplicatis albidis ; tarsorum pulvillis oblongis albidis ; abdomine oblongo; alis fu- moso-diaphanis, costa ciliato-serrata. Habitat larva in cassidæ viridis abdomine , imago in floribus. Cette Ocyptère a environ deux lignes et demie de lon- gueur. Tout le corps est hérissé de poils noirs , roides. La tête est ronde, poilue, et les yeux d’un brun obscur. La face a un reflet argenté. Les antennes sont noires ; leur palette est ovale-oblongue et la soie est dorsale simple , distinctement uni-articulée à sa base, Le corselet et l'abdomen n’ont ni raies , ni mouchetures , ni reflets. Ils sont d’un noir luisant uniforme. L’abdomen est (75) oblong, cyliudroïde , composé de quatre anneaux. Les pattes sont noires , et les pelottes des tarses oblongues , d’un blanc roussâtre. Les ailes ont une couleur enfumée et la loupe reconnaît que leur côte externe est bordée“de cils spinuleux fort courts, et qui lui donnent Paspect dentelé. Les cueillerons sont assez grands, d’un blanc jaunâtre, doubles et bordés d’un duvet fin très-court. Os. v. Dans l’abdomen du Blaps mortisaga, du mâle seulement , on trouve, tout-à-fait au-dessous des viscères, à l’endroit correspondant au tubercule exté- rieur fauve et duveté qui s’observe entre le premier et le second anneau ventral , un groupe serré de fert petites vésicules ovales, blanches, sessiles. J’ignore les fonc- tions de cet organe glanduleux qui , je le répète, n'existe que dans le mâle. I] ne m'a offert aucune connexion ni avec l'appareil sécréteur du sperme ni avec celui des sé- crétions excrémentitielles. Je n’y ai découvert aucun vaisseau, aucun conduit, mais les vésicules sont bien apparentes, bien distinctes. Malgré des recherches diri- gées avec soin vers ce même but anatomique dans la dis- section du Blaps gigas, je n’ai jamais pu découvrir la moindre trace de l'existence d’un semblable organe dans cette dernière espèce qui a cependant un taille bien su- périeure à celle du Blaps mortisaga. Dans la cavité abdominale du Aylabris melanura, du mäle seulement, il y a au-dessous da tissu adipeux granuleux ventral sur lequel reposent les organes diges- tifs , deux arbuscules blanchätres qui s’enfoncent prin- cipalement dans la poitrine et qui aboutissent à deux troncs distincts , quoique contigus. ls renferment une humeur blanche et paraissent s’insérer à la base du ven- (48 ) tre. Je ne vois en dehors de celui-ci aucune saillie, aucune ouverture correspondant à cette insertion, Ils ne se rat- tachent point aux organes reproducteurs, quoiqu'ils soient exclusivement propres au sexe masculin. Ainsi que je l’ai déjà dit pour le Blaps, je ne saurais assigner les fonctions de cet organe. L’excrétion de l'humeur onctueuse jaune qui se fait par les genoux du Mylabre ayant lieu également dans les deux sexes , ne saurait pro- venir de ces arbuscules. O5s. vi. Les élytres du Dytiscus marginalis , et vrai- semblablement des grandes espèces de ce genre, offrent à leur insertion même à la poitrine une pièce remarqua- ble qui ne me paraît pas avoir été signalée par les ento- mologistes (1). Cette pièce, fidèlement représentée dans a figure qui accompagne mon texte , est un cueilleron ana- logue à celui qui s’observe à la base de l’aile de la plu- part des Diptères, mais dépourvu de balancier. Ce cueil- leron d’une forme orbiculaire est constitué par une mem- brane mince, blanchàtre , finement pointillée à la loupe et dont le contour légèrement intumescent est garni de cils. 11 est adhérent à la portion ligamenteuse qui unit l'élytre à la poitrine. Sa texture paraît être la même que celle de la partie membraneuse de l'aile. I sert sans doute à produire le bourdonnement que le Dytisque fait entendre en volant. Ces cueillerons existent dans les deux sexes. Ce sont les seuls coléoptères à ma connaissance doni les élytres présentent ce trait singulier. (1) Je lis dans le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle (tom.7, article Aizenox) que MM. Latreille et Audouin ont découvert de leur eôté Le fait que je signale. ( 49) Olivier et ML. Latreille ont parlé , dans la description del Aydrophilus piceus , de l’existence d’un cucilleron, à-peu-près semblable , non pas à l’origine des élytres, ainsi que dans les Dytisques, mais à celle des ailes, comme Je m'en suis aussi convaincu. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche x1x. Appareils des sécrétions excrementitielles considérablement grossis. ” Fig, 1. CARABUS AURATUS. a, grappe des utricules sécrétoires; b, canal eflérent ou uretère ; c, vessie ou réservoir ; d, canal excréteur ou urètre. Fig. 9. CARABUS CANCELLATUS. a , grappe des utrioules sécréloires ou rein; b, canal efférent ou ure- tère ; ©, réservoir ou vessie ; d, conduit excréteur ou urètre. Fig. 3. Bracuinus creP1TANS. a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; ©, réservoir ; d , conduit excréteur ou bombe. Fig. 4. Portion beaucoup plus grossie du canal efférent. Fig. 5. APrinus DISPLOSOR. aaa , grappes des uiricules sécrétoires ; bbb, canaux efférens ; ©, ré- servoir ; d, conduit excréteur ou Lombe. Fig. 6. CyminDis HUMErALIS. a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canai efférent ; ©, réservoir ; d , conduit excréteur. Planche xx. Appareils des sécrétions excrémentilielles considérablement grossis. Fig. 1. CazæNIUS VELUTINUS, aa, arbuscule des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; c, réservoir; d , conduit excréteur. VIT. | à 4 (50 ) Fig. 2. CuLæNIUS VESTITUS. a , arbuscule des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; c, réservoir; d, conduit excréteur. Fig. 3. SPHODRUS PLANUS. a, arbuscule des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; c , réservoir; d, conduit excréteure Fig. 4. CaALATHUS FULVIPES. a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; e , réservoir; d , conduit excréteur. Fig. 5. SrERoPUS MADIDUS. a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; ce, réservoir ; d , conduit excréteur. _ Fig. 6. Zarnus oBesus. a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; €, réservoir ; d, conduit excréteur. Fig. 5. NFBRIA BREVICOLLIS. a, grappe des utrioules sécrétoires; b, canal efférent; c, réservoir ; d , conduit excréteur. Fig. 8. OmoPHnoN LIMPATUM. a, utricule sécrétoire; b, canal efférent; c, réservoir ; d, conduit excréteur. Fig. 9. BLaps cicas. a, portion de l’abdomen ouvert en dessus ; b, les deux vessies propres à cette espèce : elles sont entourées de replis vasculaires inextri- cables; c , dernier segment de l’abdomen. Planche xx1. Fig. 1. Région dorsale du corselet et de l'abdomen du Carasts AURa- TUs grossi, pour mettre en évidence les stigmales. a, stigmate thoracique, qui est apparent par la soustraction de la moitié du cerselet ; bb, stigmates abdominaux. A , un stigmate thoracique considérablement grossi, où l’on voit le duvet qui borde l'ouverture. B , un stigmate abdominal considérablement grossi. Fig. 2. Un stigmate abdominal et une trachée correspondante grossis du même Carasus. On voit en à du tissu adipeux splanchnique , (51) ét en bles bourses adipeuses sphéroïdes munies ou dépourvues dé col. Fig. 3. Région dorsale du corselet et de l'abdomen du Dyriscus marct- saz1s grossi, pour mettre en évidence les stigmates. a , stigmate thoracique ; bb, stigmates abdominaux. Les deux der- nières paires, plus allongées , sont placées près du bord antérieur de l’annéau dorsal et non sur les côtés ; la dernière est, dans l’état ordinaire, tont-ä-fait cachée sous l’anneau précédent et abritée sons des poils dont le bord de celui-ci est garni; c, portion basi- laire d’une élytre rediessée et renversée , de manière à laisser à dé- couvert sa face inférieure , afin de mettre en évidence le cueilleron cilié qui s’y articule ; dd, le bord latéral de l’anneau qui porte la seconde paire des stigmates abdominaux est marqué, en dessous principalement, de fines stries perpendiculaires à l'axe du corps, parallèles, serrées entre elles, et formant un léger relief. Cette structure particulière, qui n’est point mentionnée dans les ouvrages d’entomologie , est analogue à celle qui existe dans plusieurs Or- thoptères : elle est, comme dans ces derniers, destinée à produire la stridulation , qui est propre au Dyriscus lorsqu'on le saisit et qu’on l’inquiète. À cet eflet, le bord correspondant de Pélytre est tran- chant , et il fait l'office d’archet , en râclaut les aspérités de l’espace strié. Fig. 4. Un des derniers stigmates abdominaux ,. considérablement grossi, du DyrTiscus MARGINALIS , afin de rendre évidente sa struc- ture intime. Fig. 5. Premier stigmate abdominal considérablement grossi du Luca- NUS CERYUS. Fig. 6. Portion considérablement grossie de la peau dorsale de l’abdo- men , qui supporte les deux premiers stigmates dans l’'Hamaricne- RUS HEROS. a, stigmate pectoro-abdominal. Ilest plus grand , plus ouvert et placé plus obliquement que les autres ; son péritrème est garni intérieu- rement d’un duvet velouté brun qui, observé plus scrupuleusement au microscope , parait formé de pinceaux, de barbules dont les soies sont simples ou rameuses. b , premier stigmate abdominal. Il est en bouton saillant, situé trans- versalement à l’axe du corps, et le bord de ses valves est garni d’un duvet de poils simples. (52) Fig. 7. Portion considérablement grossie de la peau dorsale de l'ablo- men qui supporte les deux premières paires de sligmates dans la CassrDA VIRIDIS. Les stigmates abdomiuaux de ce Coléoptère sont au nombre de cinq seulement de chaque côté ct établis sur une p'aque particulière noire , oblongue, hien circonscrite. Ils sont ronds et entourés d’un péritrème simple , nu. Planche xxt bis. Fig. 1. Organe pulmonaire considérablement grossi ; logé dans la poi- trine du Prronus FABER, a, stigmate placé entre le corselet et la poitrine. Il est allongé en forme de navette , et son péritrème est garni de duvet. b, autre stigmate logé profondément au devant dela hanche de la troisième paire de pattes. ece, sorte de parenchyme adipo-trachéen qui accompagne les troncs pulmonaires qui vont de l’un de ces stigmates à l’autre. Fig. 2. Système nerveux grossi du CaARABUS AURATUS. a, cerveau; bb, nerfs optiques ; c, ganglion thoracique ; d, ganglion pectoral; ee, ganglions abdominaux. Fig. 3. Tarse et tibia considérablement grossi d’une patte antérieure du Häarpazus RuFIGORNIS mâle. a, tibia vu par le côté interne, pour mettre en évidence l’échancrure qui le caractérise; à, sinus qui forme cette échancrure. Il est en partie fermé par une cloison cornée , et il se termine par une soie noire flexueuse; c , ergot assez fort et constant , que les entomolo- gistes ont cru , à tort, faire partie de l’échancrure tibiale. Il s’in- sère à la face inférieure du tibia et se dirige vers l’échancrure qu’il déborde. d, articles du tarse, vus en dessus. Ils sont articulés entre eux par une tête orbiculaire : indépendamment des poils dont ils sont hé- rissés , chacun d’eux , à l'exception de celui qui se termine par les ongles, ia à ses angles antérieurs un piquant bien plus grand, et à son inférieure ou palmaire deux pièces particulières que je décrirai bientôt. L’avant-dernier article est fortement échancré en cœur ; le dernier est allongé, en massue. Les crochets des ongles sont simples , c'est-à-dire dépourvus de dents ; et on observe entre eux une petite languette ou pelotte oblongue e. A , un des articles du tarse énormément grossi ; vu par sa pirtie im# (55) férieure et dégarni de tous ses poils, à l'exception des piquans qui terminent ses angles antérieurs , afin de mettre en évidence deux pièces particulières exclusivement propres aux tarses antérieurs du mâle de ce Harpalus, et qui paraissent destinés à s’appliquer et à se coller sur le corps de la femelle pour l'acte de la copulation. Chacune de ces pièces est allongée et eonsiste en un axe traversé par des lames tronquées, plus ou moins parallèles entre elles. Ces lames m'ont paru composées elles-mêmes de petites écailles étroi- tement imbriquées. “ig. 4. Tarse et tibia antérieurs fort grossis du Curænius vEzurINUS mâle. Le tibia est moins sensiblement échancré que dans d’autres Ca- rabiques. Les trois premiers articles du tarse sont presque carrés el serrés entre eux ; l’avant-dernier est conoïde , échancré en crois- sant , et les angles de cette échaucrure se terminent par quelques spinules divergentes. B , un des premiers articles de ce tarse énormément grossi et vu en dessous. Il est bordé de longues soies et garni d’un duvet épais, villoso-spongieux , formé de poils terminés par un petit bouton. Fig. 5. Tarse et tibia antérieurs fort grossis du SPHoDrus TERRICOLÀ mâle. Le bord antérieur et interne du tibia, ainsi que celui de la cloi- son cornée qui ferme en partie l’échancrure tibiale, sont garnis de petites soies roides, rapprochées, uniformes, disposées au mi- croscope comme les dents d’un peigne : l’ergot qui termine l'angle antérieur et interne du tibia est pointu et mobile, C, un des articles intermédiaires du tarse considérablement grossi ct vu en dessous. Il est garni et bordé de spinules assez courtes , dis- tinctes et mobiles. Fig. 6. Patte postérieure grossie du ZoniTIs PRÆUSTA. Les cuisses postérieures et intermédiaires de cet insecte ont à leur base une appendice ou trachanter très-marquée, quoique moins détachée que dans les Carabiques. Le tibia se termine, à son angle interne , par deux épines , dont l’une est plus grosse et tronquée. D , un des crochets de l’ougle considérablement grossi. Il est denté en scie dans toute son étendue , et les quatre ou cinq dents qui avoisi- nent la pointe sont brusquement plus courtes : une soie simple, et dé sa longueur, s’articule à sa base. Fig. 7. Vers intestinaux considérablement grossis , trouvés dans le tube (54) alimentaire de divers Coléoptères et appartenant peut - être à un ‘genre nouveau voisin du CarroPayzrus de Rudolphi. a, un de ces vers adulte , avec le sucoir saillant et ouvett ; b, le même, avec le sucoir contracté et fermé ; ce, le même, plus jeune, avec le segment antérieur moins marqué ; d, le même, plus allongé , et peut-être d’une espèce différente. Fig. 8. Ascaris ou Filaria fort grossi , trouvé dans le tube alimentaire du Tomicus TYPOGRAPHUS. f Fig. 9. Acarus fort grossi, trouvé sur le corps de ce Towicus, et peut-être d’un genrenouveau. lrinéraine géognostique de Fontainebleau à Chä- teau-Landon, et Composition du sol de la plaine de Chäteau-Landon; Par M. le vicomte HÉricaART FERRAND , Docteur en Médecine. IL est admis que le terrain d'eau douce superficiel de Château-Landon appartient géologiquement au bassin de Paris (Description géologique des Environs de Paris, p. 290), et que la partie superficielle du plateau qui s'étend des rives du Loing , à l’est, jusqu'à Épernon et Chartres, à l’ouest, appartient à la formation d’eau douce supérieure (méme ouvrage, p. 283). D'après ces deux ’assertions et la situation de Chäteau-Landon sur la rive gauche du Loing, ne semblerait - il pas évident que le terrain d'eau douce superficiel de Château-Landon appar- tient à la formation d’eau douce supérieure ? Cependant la plus grande incertitude subsiste encore à cet égard (même ouvrage, p. 289 ). D'où vient donc que la position réelle du terrain d’eau douce de Château-Landon esi encore incertaine ? C’est (95 ) 1®, parce que ce terrain a paru lié sans interruption quel- conque avec les calcaires d’eau douce, soit moyens, soit supérieurs , de la forèt de Fontainebleau , qui se prolon- gent vers le midi jusqu’à Château-Landon, etpeut-être un peu au-delà (ouvrage cité, p. 290); 2°. parce que ce ter- rain est à la surface du sol , et qu'aucun autre ne le re- couvre (mème ouvrage, p. 290); 3°. enfin parce qu’on ne sait pas sur quelles roches il repose (mème ouvrage et mème page ). Cette incertitude m'était d'autant plus pénible 1°. que, disciple de MM. Cuvier et Brongniart, j'avais , à la lec- ture de leur ouvrage , une propension irrésisuble à adopter une opinion différente de la leur, lorsqu'ils con- cluent (ouvrage cité , p. 293) qu’il est extrêmement pro- bable que le calcaire lacustre de Château-Landon appar- tient à la formation d’eau douce moyenne ou gypseuse ; et 2°, que, sans avoir encore été à Chäteau-Landon, plus je recueillais de détails et de renseignemens sur son ter- rain d’eau douce, plus j'étais amené à le regarder comme de formation supérieure. Convaincu que de nouvelles observations pouvaient seules détruire une telle incertitude , je me rendis à pied de Fontainebleau à Chäteau-Landon, ayant pour but de constater les liaisons du terrain d'eau douce superficiel de Château-Landon avec les terrains d’eau douce supé- rieurs et moyens de la forét de Fontainebleau; et, d’a- près ce que j'ai vu , je me permettrai de dire 1°. qu’au- tant ces liaisons me semblent évidentes avec le terrain d’eau douce supérieur , autant elles me semblent encore invisibles avec le terrain d'eau douce moyen ; et 2°. qu’au- tant il est vrai que ce terrain est superficiel et n’est re- (56) couvert par aucun autre , autant il est certain qu'on peut voir sur quelles roches il repose. Des faits vont servir de base à mes assertions. Je n’hé- site plus à les publier , et si MM, Cuvier et Brongniart ont le loisir de les discuter, de les combattre et de les dé- montrer erronées , il n’en sera pas moins glorieux pour leur élève d’avoir provoqué un moment leur attention. Après deux jours de marche à travers les plaines du Gatinais, j'arrivai à Château-Landon sans avoir perdu de vue un seul moment le terrain d’eau douce supérieur, une fois que je l’eus atteint au-dessus de la grande for- mation des sables et des grès dans la forêt de Fontaine- bleau, sur la route de Malesherbes aux rochers du mau- vais passage du côté d’'Ury. Chaque fois que je m'étais dirigé vers l’est, entre Fontainebleau et Nemours, pour reconnaitre les petites vallées qui vont s'ouvrir dans la vallée du Loing , j'avais retrouvé la formation des sables et des grès qui sortaient de dessous le terrain d’eau douce. Si la profondeur de ces diverses vallées met en évidence la grande épaisseur des sables et des grès , les puits des villages situés en plaine, tels que celui de Recloses , pro- fond de 4o mètres, celui d'Ury de 50, et celui de la Chapelle-la-Reine de 72, doivent faire mettre en ques- tion, s'ils ne percent pas au - dessous du terrain d’eau douce , la formation des sables et des grès , et si cette formation ne reparaîtrait pas lorsque les plaines à l’ouest de tous ces villages s'abaissent. Les observations de M. de Tristan témoignent en faveur de cette opinion , puisqu'il a constaté qu'aux environs de Boissy-aux- Cailles ; à l’origine de la vallée de l'Ecolle, les grès sont à jour dans cette vallée, et qu’on les suit pendant un mt nt Sn tetes (57) demi-myriamètre environ , dans la vallée de Essonne , au-dessus de Malesherbes , avant qu’ils ne disparaissent sous leterrain d’eau douce supérieur (1). Près de Nemours, à Larchant, et à Puiselet, lieu élevé où il a été établi un télégraphe, je vis reparaitre au-dessous du terrain d’eau douce la formation des sables et des grès toujours d’une puissance considérable. Deux vallées , celle d'Ormesson et celle du Fay, qni descendent , dans la direction du sud-ouest au nord-est, des plaines du Gatinais dans la vallée du Loing au-des- sus de Nemours, achevèrent de me convaincre que la formation des sables et des grès , dans laquelle ces deux vallées sont tranchées , ne disparait sous le terrain d’eau douce que lorsqu'on entre en plaine. Au haut de la montagne d'Ormesson , le terrain d’eau douce parait ne lanc marneux. consister que dans un bauc de calcaire b Plus vers le midi , dans la plaine au-delà de Chaienoy, il prend, à en juger par la profondeur des puits, une grande épaisseur. En effet, dans Le village d'Ychy (pl. 22), où on creusait un puits, la fouille était déjà à 20 mètres de pro- fondeur, toujours dans le terrain d’eau douce, et on s’at- tendait à arriver au sable. D’après les renseignemens que je recueillis, et l'examen que je fis des matières retirées, on avait iraversé : 1°. Terre végétale..-..............,.s.sss.sse 3 mèt, oo € 20, Calcaire blanc marneux, ou tuf,--..-........... 3 33 30, Calcaire blanchâtre , solide, écailleux.+.......+.. 0 33 4°, Calcaire blanc marneux, ou tuf.:---...°...... ERRE) 33 ms Toraz. 19 mèt: 99 © (x) Vote sur la Géologie du Gatinais ; par M. Jules de Tristan. — Voyez les Mémoires de la Société des Sviences physiques , médicales et d'Agriculture d'Orléarrs , année 1871, (58) On fondait la certitude qu’on touchait au sable sur ce qu'en creusant un puits , en 1824, dans le même village, on l'avait atteint à 20 mèt. de profondeur. Je me rendis aussitôt sur l’emplacement de ce puits, et je vis encore sur place le monceau de sable blanc et les grès qui en avaient été extraits. Suivant les détails qui me furent donnés, on avait traversé : 10. Terre: ee docs nenererarsaonesenass ester tele te omèt. 66 c. 20. Calcaire blanc marneux , ou tuf,s......,+...... 7 33 30, Calcaire blanchätre solide, «- ++ esre.seres..... 003 33 4°. Calcaire blanc marneux , ou tuf.s«..+.......... 14 00 5°. Grès. Le banc était rompu et disjoint.…-..-.. MONS 60. Sable blanc très-pur.. + +.:......+....... USA ESS 00 A cette profondeur, l’eau affluant avec abondance, on ne creusa pas davantage , et on ne sait sur quelle roche repose le sable, J'ai encore retrouvé les grès près du hameau de Mai— son-Rouge (pl. 22), entre Aufferville et Bougligny, dans un vallon à peine sensible qui est l’origine de la vallée du Fay, dont j'ai déjà fait mention. Ce ne sont pas des masses isolées, mais un banc en place sur un large espace, et dont on suit la continuation en remontant depuis le Fay ; il disparaît sous le sol d’eau douce de la plaine qui prend de la hauteur vers Bougligny. Près des hameaux de Foljuif et de Quenouville, la nappe de grès disparaît encore sous le terrain d'eau douce. A l’est de Bougligny, et au point le plus élevé de la (59 ) plaine , il a été établi un télégraphe qui répond, au nord, à celui de Puiselet, et au midi à celui de Château-Landon, dont je n'étais alors éloigné que d’un demi - myriamètre euviron. Malgré cette distance , j'en découvrais si bien l'église , le télégraphe et les maisons, que tout concourait à m'affermir dans l’idée que la plaine de Château-Landon était une plaine élevée. Tout le sol de la plaine de Bou- gligny est de terrain d’eau douce ; et persuadé que jus- _qu'à Château-Landon je ne devais plus retrouver appa- rente la formation des sables et des grès, je m'informai si les puits de Bougligny ne l’auraient pas fait connaître. Leur profondeur est de 5o mètres environ, et entre 17 et 18 mètres à partir de leur ouverture, ils atteignent les sables et les grès. De Bougligny à Chenouteau, tout le sol de la plaine est encore de terräin d’eau douce, et l’abaissement du terrain réel , quoique peu sensible. Le puits de ce ha- meau n’a que 32 mètres de profondeur, et, comme ceux de Bougligny, il perce les sables et les grès : il n’est point muraillé jusqu'au fond. Au-dessous du banc de grès il a une vaste excavation dans le sable. Son fond, . d’après les détails qui me furent donnés par un ouvrier qui y est descendu plusieurs fois , est creusé dans de la mauvaise pierre ou Cliquart. Tandis que mes observations ne me faisaient plus con- naître que du terrain d’eau douce, mes informations me démontraient toujours au-dessous la formation des sables et des grès, et le même ouvrier qui m'avait donné des détails sur le puits de Chenouteau m'aflirma qu'en me rendant à Château-Landon je trouverais en plaine des ex- ploitations de sable. Ce renseignement me faisait con- ( 60 ) clure que la formation des sables et des grès , que j'avais vue disparaître à Maison-Rouge , à Foljuif et à Quenou- ville, sous le terrain d’eau douce de la plaine , et que J'avais suivie sans la voir à travers les puits d’Ichy, de Bougligny et de Chenouteau, devait reparaitre du côté de Château-Landon. Rempli de l'espoir de convertir ce ren- seignement en fait irrévocable, je me dirigeai sur Bu- eau. Dans la partie de plaine que je traversai pour n°y rendre, en laissant Chenou à ma gauche, le sol en cul- ture était souvent semé d’éclats de calcaire d’eau douce, et en si grande abondance, qu'ils annonçaient que la couche de terre végétale était bien mince, Enfin j'arrivai au hameau de Buteau (pl. 23, coupe C D), où près de la première maison, et depuis un temps immémorial , on exploite Île sable. Le lieu où cette exploitation est ouverte m'offrit la coupe suivante, NO MTérre iveReLales ee le ele t ele Teens ele ue te de led OMR DOC 2°, Calcaire blanc sans consistance. . , . . . . . . ‘o 66 3°. Calcaire blanchâtre solide, en bancs irréguliers. o 33 4°. Calcaire blanchâtre solide écailleux , en bancs TALONS RE ROME EE RE DRE ANSE o 5o SDS MDIE DRE «mie dele le CL nee de se. e OMS 6. Sable et grès coquillier. . . . . . . , . . .. Fr 33 7°. Sable blanc pur . . .. .. FIAAR DEN PCF RER g 65 8°. Grès non coquillier. . . . . . . . . . . . . HPHNOTDA Toraz. 8 mèt. 53 c. Une formation d’eau douce à la surface du terrain, et en place, est ici hors de toute contestation ; elle se lie sans aucune interruplion quelconque à celle que j'ai re- connue au-dessus des sables et des grès aux rochers du (Gi) mauvais passagé , dans la forèt de Fontainebleau, sur 1x route de Malesherbes, Au-dessous on retrouve la for- mation des sables et des grès dont le puits de Che- nouteau , à trois kilomètres seulement de distance, a constaté la présence. La partie supérieure du sable offre ici une particularité: elle est coquillière ou con- tient des grès coquilliers. Les coquilles que j'y ai obser- vées autorisent à établir que les sables et les grès marins supérieurs existent en cet endroit. Je w’ai pu voir ce qu'il ya sous le sable , mais d’après les renstignemens que j'ai obtenus des ouvriers , on trouve au-dessous une roche dure qui n’a pas été percée. À s00 mètres environ, plus vers lé midi, une se- conde excavation présente une coupe à-peu-près pareille, seulement la formation d’eau douce de la surface est plus épaisse. De Maison-Rouge , de Foljuif, et de Quenouville à Buteau , la distance est-elle trop grande pour croire que les sables et les grès qui se trouvent dans cette dernière localité n’appartiennent pas-à la même formation que les sables et les grès des trois premières , lorsqu'on voit la continuation des uns et des autres dans la partie intermé- diaire, par la perforation des puits de Bougligny et de Chenouteau. De Buteau au Ménil, le sol de la plaine ne varie point ; le calcaire d’eau douce est en éclats dans la terre. A peu de distance du Ménil, etau sud-est, en tête du vallon qui descend par Brusel à Château-Landôn , en cernant cette ville par le nord , je trouvai, comme à Buteau, le sable sous la formation d’eau douce : il est mis à jour et extrait dans plusieurs places peu éloignées lés unes des (62) autres, mais je n’y ai pointtrouvé, comme à Buteau, Îe grès coquillier. Je n'étais alors qu’à trois kilomètres au plus de Chäteau-Landon, et j'avais acquis la conviction de: l'existence des sables et des grès sous une grande étendue de plaine d’un terrain d’eau douce non interrompu de- puis la fort de Fontainebleau. Du Ménil à Chateau-Landon, le sol de la plaine , au nord du vallon de Brusel , et de celle qui est au midi , où est le télégraphe qui correspond à celui de Bougligny, est toujours de la mème formation d’eau douce. L’épaisseur que cette formation acquiert est bien visible dans le val- lon de Brusel à Château-Landon (pl. 23, coupe C D) sur la pente gauche, dans les champs en culture. Ce sont d’abord des roches qui percent cà et là la terre, etensuite des bancs réguliers dont on a tenté l'exploitation à di- verses époques. Je ne m'arrête point aux caractères mi- néralogiques de ces roches, parce qu'ils sont ceux des roches calcaires de Châtezu-Landon. Encore quelques pas.de plus, et j'atteignis une vaste ex- ploitation en grande activité. La nature des bancs calcai- res et des blocs qu’on entirait ne pouvait plus me laisser de doute , et j'étais fondé à croire que j'étais dans la car- rière de Château-Landon, qui, depuis plus de vingt ans, a fourni tant de pierres pour Paris; je n'étais cependant encore que dans une exploitation toute récente , celle de Brusel ou du télégraphe, mais en quelque sorte sous les murs de Château-Landon. Deux banes y sont présente- ment exploités : le plus bas contient quelquefois dans sa partie inférieure des silex roulés : c’est celui par lequel on a commencé l'exploitation; le supérieur s’est montré peu à peu en décombrant davantage vers la plaine ; et on (65 ) 4 l'espoir de voir s'établir un troisième banc supérieur aux deux précédens. Des mouvemens considérables de terre et de déblaïs. que j'aperçus à un kilomètre environ au nord-est de Chi- teau-Landon, sur la gauche du vallon que je venais de suivre , mais plus bas relativement à son cours, fixèrent alors toute mon attention, et marchant constamment sur le sol d’eau douce, j’entrai enfin dans les carrières de Chateau-Landon , celles d’où on tire toute la pierre qui vient à Paris sous celte désignation , ou celles qui ont éié ouvertes pour le compte du gouvernement , sous le mi- nistère de M. Cretet. _ C’étaient moins les carrières dé Château-Landon et la formation d’eau douce supérieure qui devaient alors m'arrêter et attirer mes recherches, que toute la plaine où ces carrières ont été ouvertes, et la base de cette plaine ; c'est-à-dire que je devais alors avoir pour but de décou- vrir les formations inférieures à la formation d’eau douce. Mes observations ont été très-multipliées , et m’ont con- vaïicu que l'emplacement où ces carrières ont été ou- vertes n’est qu'un point de la grande et haute plaine de Chàteau-Landon , qui n’est qu'une fin des vastes plaines du Gatinais et de la Beauce. Sous cette dénomination de grande et hante plaine de Chäteau-Landon , je comprends (pl. 22) l’espace qui est borné au midi par la vallée du Susain , à l’est par la vallée du Loing , et qui se rattache au nord, malgré la dépres- sion de quelques légers vallons à Ja plaine de Besigny et de la Madelaine , et à l’est à celle de Chenou. En présentant la plaine de Château - Landon comme une plaine haute et élevée, je dois prévenir que je man- C 64 ) que des données suflisantes pour fixer sa véritable hauteur au-dessus du zéro du pont de la Tournelle, à Paris ; aussi ne l’ai-je indiquée que d’une manière approxima- tive et sujette à rectification. J'y suis parvenu d’après ia pente connue de la Seine , qui est de 14m. 620 du zéro du pont de la Tournelle , à Paris , jusqu’à Saint-Mamert, à l'embouchure du canal du Loing (pl. 23 ), et de celle du canal du Loing , qui est de 42%:, 830 du lieu de son embouchure , que je viens d'indiquer ; jusqu’à son ori- gine à la fin du canal d'Orléans, au - dessous de Mon- targis. D’après le nombre des écluses et leur chute de Saint-Mamert à Soupes et au port Cretet, au-dessus de Grand - Moulin , il n’était pas diflicile d’avoir, relative- ment à Saint-Mamert, la hauteur de ces deux endroits, situés sur le canal à une distance moyenne , entre son origine.et son embouchure. Je l'ai fixée, pour le pre- mier, à 24 mètres, et pour le second, à 26 mèt.; par conséquent , la véritable hauteur de Soupes, au-dessus du zéro du pont de la Tournelle, sera de 38m.,62 (pl. 23, coupe 4 B), et celle du port Cretet sera de 40,62 (pl. 23, coupe C D). l Quant à la hauteur de ja plaine de Château-Landon , au-dessus de Soupes et du port Cretet, je n’ai connais- sance d'aucune donnée quelconque pour l’établir; je lai évaluée à 50 mètres au-dessus du canal du Loing à Sou- pes ; conséquemment , sa hauteur au - dessus du zéro du pont de la Tournelle sera de S8m-,62 (pl. 23, coupe #P, et coupe CD). Il suit de là que cette hauteur pourra être contestée ; mais en attendant qu’elle soit assignée par des uivellemens et des observations barométriques , je me crois fondé à la maintenir. Un fait qui afler mit (65) core dans l’idée que la plaine de Château-Landon, d'un niveau presqu'uniforme , est d’une grande hauteur, c’est qu’elle a été choisie pour y placer un télégraphe, et que la bâtisse qui le porte a fort peu d’élévation (pl. 22 et23, coupe CD). Les carrières de Château-Landon sont au bord de la plaine (pl. 23, coupe ÆB) et exploitées à ciel découvert, Les bancs calcaires se montrent à jour par place, à gauche, au haut du vallon de Saint-Severin, qui vient de Brusel , et sur le bord gauche de la vallée du Susain. Ils ne sont d’abord recouverts que par une terre brune argileuse ; mais à mesure que l'exploitation avance vers la plaine, des bancs de calcaire blanc marneux , sans consistance, et de calcaire blanc solide, qui n’est d'aucun emploi, s'interposent entre la terre argileuse brune et les bancs calcaires exploités. I} en résulte que les déblais deviennent de plus en plus considérables en avançant vers la plaine. La carrière ouverte pour le compte du gouvernement est la plus vaste, celle qui a le plus attaqué la formation d’eau douce, et celle qui fait bien connaître sur quelles roches celte formation repose. J’y ai remarqué, de haut en bas, les couches sui- vantes : 1°. Terre végétale et terre argileuse brune, d’une épaisseur variable , mais qu’on peut évaluer à- omèt. 5oe, 29. Calcaire blanc marneux. . . . . , s ) 3 s CRT AT MP 5a 3°. Calcaire solide écailleux fendillé. 4°. Premier banc exploité, . : . 4... 2.4. 1 00 5o. Deuxième banc exploité. . . . . .. + . : . .. VER 00 G°. Troisième banc exploité ; il est coloré. . . . . . É 5o 7° Banc d’argile jaunâtre qui manque souvent. . . 0 16 : . 34 SMAPoudngne CRAN seuil ii) EUX 4 es) ee g ToTAL. gmètr 00 © VILL, 5 (66 ) Toutes les diverses couches de la formation d’eau doute vont en s’amincissant et se perdant de la plaine vers le bord de la vallée. En entrant en exploitation, les bancs galcaires sont fort minces et très-souvent réduits à un seul. Après 10, 20 à 30 mètres environ d'exploitation vers la plaine , ils se régularisent. Jusque-là leur surface est très - inégale , et ils sont constamment rompus ; les bords des masses disjointes sont arrondis, usés, et les intervalles qui les séparent sont remplis de la terre ar- gileuse brune inférieure à la terre végétale. Dans le banc calcaire marneux n° 2, et dans le banc calcaire solide écailleux fendillé , n° 3, je n’ai remarqué aucun silex et aucun corps organisé fossile. . La nature des trois bancs exploités, n° 4, 5et 6, est tellement connue ( Descript. géolog. des environs de Paris, p. 290) que je ne m’y arrêterai point : il en sera de mème pour les coquilles qu’ils contiennent (mème ou- vragé, p. 291). Ces bancs présentent des fissures et des ruptures qui déterminent , lors de l'exploitation , le volume des blocs; il n’est pas rare d’en voir de 8 à 9 mèt. cubes. Le plus volumineux qui ait été extrait était de 52 mèt. ; il a été débité sur place, faute de moyens de transport. Les fissures dans les bancs sont si multipliées que des espaces assez étendus ne donnent point de blocs. I] suit de là que tout ce qui est mis au rebut l’emporte de beau- coup pour la masse sur celle qui représente les blocs qui seront employés. Ce fait n’est pas à dédaigrer , ïl se lie à celui dont j’ai fait mention précédemment , la rupture et la disjonction des banes calcaires à leur apparition sur le bord de la vallée, (67 ) Âu-dessous du troisième banc, le banc inférieur ou le banc coloré, on trouve par place une couche d'argile jaunâtre de o", 16 c. qui repose sur un poudingue de 1”, 34c. d'épaisseur (pl. 23, coupe 4 B), ouune couche de silex roulés liés par une pâte sableuse et siliceuse. La description du poudingue siliceux du Fay, pag. 292 de la description minéralogique des environs de Paris, est applicable à cette couche de silex qui fait le fond de Ja carrière , et qui est constante. Elle paraît à jour sur le flanc de la vallée du Susaiïn , et du vallonde Saint-Severin qui est la prolongation de celui de Brusel , ou par l’im- mensité de cailloux roulés qu’on observe à une certaine hauteur, ou par des masses qui sont restées aggrégées, où par d’autres masses sans consistance qu’on découvre pour peu qu'on fouille la terre. * Plus bas enfin paraît la craie. Elle règne sur une assez grandelongueur dans le vallon de Saint-Severin quicerne la ville par le nord ( pl. 22). Elle contient un grand nombre de silex. Le passage immédiat de la couche de cailloux ou du poudingue à la craie y est difficile à juger. Il est plus facile à saisir à la coupe de terrain faite ré- cemment sur la grande route en sortant de la ville, et montant dans la plaine pour aller à Soupes. Le cap aigu et élevé qui porte Château-Landon (pl. 22), et qui résulte de Îa réunion du vallon de Saint-Severin avec la vallée du Susain , offre de ses deux côtés la craie avec silex. Supérieurement elle est un peu jaunâtre. Les ouvriers lui donnent le nom de castine. Inférieurément elle est blanche, etils l’appellent bZanc. Je ne saurais trop fixer l'attention des géologues qui ont fait une étude spéciale du bassin de Paris , sur cette (68 ) craie jaunâtre désignée à Château-Landon sous le nom de castine. N'est-elle que de la craie, ou est -elle un passage de la craie à une des formations qui lui sont su- périeures , et notamment au calcaire grossier marin ; ou au calcaire siliceux ? c’est une considération que je ne dois pas omettre : maistoujoursest-ilcertain qu’ilne sem- ble plus devoir rester de doutes sur les roches sur les- quelles repose la formation d’eau-douce de Château-Lan- don. S'il enétait ainsi, les faitsnouveaux que je vais ex- poser les dissiperaient complètement. Toutle pourtour de la plaine, dont l'emplacement des carrières de Château-Landon n’est qu’un point, présente des carrières pareilles à celles de Château-Landon. De celles-ci à ces diverses exploitations, soit anciennes soit nouvelles , la continuation de la même formation d’eau douce est sans aucune interruption. Ce sont celles du haut de la côte du port Cretet au nord-est de Mocque- pois (pl. 22, et pl. 23, coupe CD), dela plaine de la My- voye entre Château-Landon et Soupes , et du cap qui est circonscrit par le vallon de Chausepois et celui de la My-voye (pl. 22,etpl. 23, coupe 4B). Dans ce dernier endroit la plaine baisse vers la vallée du Loing , les bancs calcaires éprouvent le même mouvement , et ils finissent n’étantplus recouverts que d’une terre argileuse brune semblable à celle qui recouvre le commencement des bancs calcaires dansles carrières de Château-Lardon. Outre cela, leur surface est très-irrégulière, et ils présen- tent des perforations de diverses grandeurs dont quel- ques-unes sont susceptibles de recevoir le bras. Ils of- frent en un mot tous les effets d’une grande action des- tructive. Les fossiles sont les mêmes qu’à Chäteau-Landon (69 ) La couche de poudingue ou de cailloux roulés, in- férieure à la formation d’eau-douce dans les vastes car- rières de Château-Landon, paraît s'étendre sur toute cette plaine de formation d’eau-douce jusqu’à la vallée du Loing. Je l’aireconnue, 1°. Sur tout le coteau gauche de la vallée du Susain, depuis Chäteau-Landon jusqu’à son embouchure dans la grande vallée du Loing, en passant par le hameau de Pont-freau (pl. 22 ). 2°. Sur la pointe de la plaine du hameau de Mocque- pois (pl. 22, et pl. 23, coupe CD) où les cailloux roulés semblent former uniquement le sol de cette plaine. Après bien des recherches, un d'eux m'a présenté une empreinte d’oursin. 3°. Sur divers points le long de la côte du port Cretet etde Grand-Moulin (pl. 22 et pl. 23, coupe C D). 4°. Dans le vallon qui descend de la plaine de la My- voye à la vallée du Loing (pl. 22). 5°, Enfin à la coupe récemment faite sur la droite de la grande route , en descendant de la plaine de Chaäteau- Landon au pont de Soupes, et dans le vallon de Chause- pois{pl. 22, et pl. 23, coupe 4 B). Avoir constaté, que la formation d’eau - douce de la haute et vaste plaine de Château - Landon, liée sans interruption quelconque avec les terrains d'eau douce supérieurs de la forêt de Fontainebleau , repose sur une couche de poudingue ou de cailloux roulés dans une pâte siliceuse , est-ce simplifier ou compliquer la ques- tion de savoir à quelle formation d’eau douce il faut rapporter le calcaire de Château-Landon ; et à quoi peut (76.7 répondre ce poudingue dans les diverses formations du bassin de Paris ? La difliculté pourrait devenir excessive si de nou- veaux faits ne venaient se grouper encore aux précé- dens. En effet, après avoir constaté 1°, que ce n’est qu’à trois kilomètres environ à l’ouest , et au nord-ouest de Château-Landon, que la formation des sables et des grès cesse d’être visible, et 2°. que la formation d’eau douce de Château - Landon repose sur une couche de poudingue ; en multipliant encore mes observations, j'ai reconnu que le poudingue est superposé aux sables ou aux grès. Je dis d’abord qu’il repose sur les sables : c’est de toute évidence 1°. à la coupe récente que j'ai déjà indiquée en descendant par la grande route de Château - Landon au pont de Soupes , et 2°. dans un lieu opposé dans le vallon qui descend de la plaine de Mocquepois à Pont- freau ; dans la vallée du Susain (pl. 22). Je dis ensuite qu’il repose aussi sur les grès ; c’est ce qui n'est pas moins évident dans le vallon qui descend de la ferme de la My-voye dans la vallée du Loing (pl. 22, et pl. 23, coupe ÆB). Des masses de grès, encore en place, y sont surmontées par des masses de poudingue d'une grande ténacité. Ce fait, qui s’offrit à moi pour la première foïs dans ce vallon, me le fit rechercher ailleurs, etje le retrouvai à peu de distance dans le vallon qui re- monte de Soupes à Chausepois (pl. 22). Dans le bas je vis d’abord des masses de grès, de poudingue, et de cal- caire d’eau douceisolées et confondues; mais à une certaine . hauteur le grès en place sort du flanc du vallon , etil est couronné par le poudingue. Plus haut je vis des ra- Cas ) «hes de calcaire d’eau douce formant un banc continu; et j'entrai dans la plaine de Chausepois qui se Be im- médiatement à celle de Châtear Landon. Les grès d’une part , qui sont encore en place et cou- ronnés par les poudingues , et de l’autre ces sables qui sont aussi surmontés de ces mêmes poudingues sont-ils contemporains, et de la mème formation ? c’esi probable: et n’appartiennent-ils pas à la formation des sables et des grès qui disparait à Maison-Rouge, à Foljuif, à Que- nouville (pl. 22), mais reparaît par les puits d’Ichy, de Bougligny , de Chenouteau (pl. 22), et les fouilles de Buteau et du Ménil (pl. 22,etpl. 23 , coupe CD)? c’est encore probable. A la vérité je n'ai pas vu les grès et les sablessous le poudingue des carrières de Château-Landon; mais peut-on refuser d'admettre qu’ils se prolongent 1° du Ménil à Pontfreau et à la montagne qui descend au pont de Soupes, deux localités où se voient les sables ; et 2°, du Ménil aux deux vallons, de la My-voye et de Chau- sepois, deux autres localités ou se voient les grès ? J'ai encore observé quelques grès sur la droite de la vallée du Susain dansun léger vallon près des Gautiers, enface de Château-Landon. Jedoute qu’ils soient en place, mais je dois les indiquer pour les naturalistes qui pour- raient étendre leurs observations plus loin que les mien- nes. Toute la plaine au-dessus de ce léger vallon est de terrain d’eau douce , que je ne puis ‘hésiter un seul instant de rapporter à la même formation que celui de €Chäteau-Landon. L’immensité de cailloux roulés que je vis encore en m'élevant de la vallée dans la plaine cons- tate que la couche de poudingue s'étend de ce côté. Au bas du coteau la craie est à jour etexploitée. Je n'ai pas (72) étendu mes observations au-delà de ce canton qui fait la limite de ma coupe 4 B. \ La craie règne encore constamment , 1°. Sur la gauche de la vallée du Susain, depuis Chà- teau-Landon jusqu’à son embouchure dans la vallée du Loing (pl. 22 ); S 2°, En descendant sur toute la gauche de la vallée du Loing ({ pl. 22). À Grand-Moulin près du port Cretet, elle est très-relevée. Dans le bas elle y est exploitée pour convertir en blanc d'Espagne. Dans le haut elle est jaunâtre, d’une cassure très-écailleuse, et semblable à celle qui est désignée à Château-Landon par les ouvriers sous le nom de castine. Ici, comme à Château-Landon, faut-il voir dans cette couche de castine un passage de la craie à une des formations qui lui sont supérieures ? c’est un point à discuter. 3°. Dans le bas de la montagne qui descend de la plaine de Château-Landon, et de la ferme de la My-voye au pont de Soupes (pl. 2, et pl. 23, coupe 4 PB). La coupe toute récente de la montagne de Soupes pour adoucir la pente de la grande route qui va à Château- Landon, et qui s'élève sur le côté droit du vallon qui vient de Chausepois, ne semble au premier abord présenter que de la confusion et du désordre ; mais après m'y être arrêté plusieurs fois, et avoir rapproché , comparé tout ce qu'elle présente avec ce que j'avais observé sur les autres points du pourtour de la plaine de Chäteau-Landon, j'ai vu que l’ordre le plus parfait y règne, et que la stratification , en allant de bas en haut, de la craie, du sable, du poudingue et du terrain d’eau douce, y est bien régulière, malgré la très-grande ondulation de ces di- (t78:) verses formations qui sont coupées autant de fois que leurs ondulations sont apparentes. De toutes mes observations et de tous les faits pré- cédens je me crois autorisé à conclure que la stratifi- cation de la hauteet vaste plaine de Château-Landon ne peut plus être contestée, et premièrement qu’elle se compose de bas en haut des formations suivantes (pl. 23, coupes 4B, et CD). 1°. De la craie. 2°. Du sable et du grès. 3°. Du poudingue. 4°. Du terrain d’eau douce supérieur. Secondement , quesle terrain d’eau douce superficiel doit incontestablement être admis pour appartenir à la formation d’eau douce supérieure, pour la raison qu’il se lie sans aucune interruption quelconque avec les ter- rains d’eau douce de formation supérieure de Fontaine- bleau, de Malesherbes et d'Etampes , par les terrains d’eau douce des plaines intermédiaires , aussi de forma- tion d’eau douce supérieure, et sur lesquels on ne peut élever le plus léger doute , puisqu'on voitla grandeforma- tion des sables et des grès supérieurs se transmettre sous toutes ces plaines jusqu’auprès de Château-Landon, et qu'on la retrouve au-delà, aux Gautiers , à Pontfreau, et dans le vallon de la My-voye et de Chausepois. Troisièmement , que le poudingue ou la couche de cailloux roulés dans une pâte sableuse et siliceuse , sur lequel repose la formation d’eau douce de Château-Lan- don , n’est que le couronnement on la parie la plus élevée de la grande formation des sables et des grès supérieurs, (74) et que les cailloux roulés de ce poudingne diminuent de volume à mesure qu’on approche de Fontainebleau. Quatrièmement, enfin, que malgré toutes mes recher- ches je n’ai pu découvrir sur la gauche de la vallée du Susain jusqu’à son embouchure dans la vallée du Loing , sur la gauche aussi de celle-ci jusqu’au pont de Soupes, et à la coupe de la droite du vallon de Chause- pois, pour adoucir la grande route qui monte de Soupes à Château-Landon , aucun indice de terrain d’eau douce moyen , à moins qu’on ne veuille admettre qu'il! soit représenté par celte portion élevée de la craie à Château- Landon et à Grand - Moulin que les ouvriers appellent castine , et que j'ai proposée un moment de regarder comme un passage de la craie à une des formations qui lui sont supérieures. Si cette idée pouvait un jour pré- valoir , cette zone de craie ou de castine ne pourrait en aucune manière établir la liaison du terrain d’eau douce de Château-Landon avec les terrains moyens de Fontaine- bleau et de ses environs , par la raison qu’elle est infé- rieure aux sables et aux grès, et au poudingue qui en- trent dans la stratification de la plaine de Chäteau- Landon. Le calcaire d’eau douce’ moyen des deux vallées du Fay et des Châtaigniers (Descript. géolog. des env. de Paris, pag. 292), au sud de Nemours, peut-il autoriser à rapporter celui de Château-Landon à la mème formation? De nouvelles observations me semblent indispensables pour prononcer aflirmativement , tant le désordre de ces deux vallées me paraît grand et la liaison de leur terrain d’eau douce moyen avec celui de Château-Lardon encore peu établie. PP EI I ER (7 ) L'analyse chimique enfin sera-t-elle plus puissante? Démontrera-t-elleassezdesilice dans le calcaired’eau douce de Château-Landon pour le maintenir dans le calcaire si- liceux ? Non : par la raison que M. Berthier , ingénieur au corps royal des mines, n’y a pas trouvé un centième de silice. Mille parties de ce calcaire d’eau douce con- tiennent, d’après son analyse, 970 de carbonate de chaux, 20 de carb. de magnésie, et 10 de silice, aiumine et oxide de fer (1). Si je ne suis point assez heureux pour faire tomber l'incertitude qui subsistait sur le terrain d’eau douce de Château-Landon , etsi je me suis de plus en plus enfoncé dans l'erreur, en voulant faire prévaloir sur l'opinion de ses maîtres celle de leur élève, que le terrain d’eau douce de Chäteau-Landon appartient auxterrains d'eau douce de formation supérieure, au moins sera-t-il recon- nu et me sera-t-il accordé que dans la question qui serait encore indécise, j'y aurais apporté de nouveaux faits qui viendraient la compliquer, et par conséquent ré- clamer pour la résoudre tous les eflorts des géologues qui font une étude spéciale du bassin de Paris. nr (1) Annales des Mines, iom. vir, pag. 494. (76) Réponse à la Note sur les Graminées de M. J. T. C. de La Harpe, insérée dans le numéro de septembre 1825 ; Par M. Rasparz. Lorsqu'on cherche dans la science à découvrir des vérités etnon à usurper une réputation, on ne peut que s’applaudir des objections qu’on rencontre dans sa mar- che, et c’est avec un vif sentiment de reconnaissance, qu'on s'applique à en résoudre les difficultés. C’est dans cet esprit que nous allons répondre aux faits que M. de La Harpe oppose à notre système , tant en son nom qu’au nom d'autrui; et si nous n'avons pas répondu plus tôt, c’est que nous avions des travaux à pu- blier dont nous ne pouvions pas interrompre le cours. « M. de La Harpe a trouvé sur le Phalaris canarien- » sis et sur toutes les Graminées à tige rameuse des » feuilles parinerviées éloignées souveut d’un pouce de la » base du chaume, qui d’après nous appartient à la même » articulation qu’elles, et ne formait , dans le principe » de sa végétation , qu’un même système avec elles. » La manière dont M. de La Harpe a généralisé le fait nous portait à croire que l’auteur avait pris une toute autre feuille pour la feuille parinerviée (nob.). Car ee fait est bien loin de'se présenter sur toutes les grami- nées à tige rameuse, ainsi que l’a avancé l’auteur , soit qu'on entende par tiges rameuses les tiges aériennes dont les bourgeons se développent en rameaux, soit qu’on en- icnde les tiges gazonnantes. D'un autre côté, nous avions expliqué un fait analogue , quatre mois avant la C7) publication de la note de M. de La Harpe, dans une note lue à la Société d'Histoire naturelle, et nous avions distribué des individus ofirant ce phénomène. M. de La Harpe était présent ; et pourtant il ne nous à pas opposé cet exemple qui aurait fixé l’état de la ques- tion , dans le cas où il aurait entendu parler d’un phé- nomène analogue. Comme nous croyons cependant que c’est de ce fait que M. de La Harpe a voulu parler, et que le doute qu'il a fait naître dans notre esprit ne vient que de la généralité de l’application ; nous nous ferons un plaisir de consigner dans cette réponse l'explication que nous avions donnée à la Société d'Histoire naturelle; nous y joindrons en outre la figure, pl. 24, fig. 1. Lorsqu'on fait germer dans l’eau des graines de Zea mays , expérience que nous avons été obligés de répéter bien des fois depuis que nous nous occupons de la fa- mille des Graminées , on voit dans le principe les deux nervures de la feuille parinerviée s’insérer exactement sur le point où s’insère la nervure médiane du cotylédon. (Ces deux nervures donnent souvent naissance à leur base à deux radicelles qui se glissent de bas en haut entre cette feuille et notre cotylédon. ) Maïs quelque temps après ces deux nervures herba- cées commencent à séparer leur base de celle du coty- lédon , et cette séparation s’accroissant de jour en jour forme une espèce d’entre-nœud (fig. 1, su) entre la feuille parinerviée et la base de cotylédon. Cet entre-nœud donne même naissance à une foule de radicelles (000, fig. r) qui partent de chacune des nervures intérieures qu’il recèle. Ce fait-là , au premier coup d’œil, semble contrarier le (78) principe que nous avons appuyé, au jugement de M. de La Harpe, sur des faits nombreux, clairs et irrécusables, Cependant ce n’est ici qu’une apparence bien capable, il est vrai, d'en imposer, si l’on s'arrête là , mais bien facile à expliquer si l’on applique aux recherches végétales la méthode sans laquelle la zoologie n'aurait pas fait un pas ; je veux dire les dissections anatomiques qui pour- suivent un vaisseau jusqu’au point le plus caché de son origine, On admettra avec moi 1°. qu'une feuille de Grami- nées, quelle qu’elle soit, s’insère toujours sur une articu- fation. 2° Que le tissu cellulaire de deux organes concen- triques peut s’agglutiner en un seul tissu , et que pour la distinction des organes, on ne doit tenir compte que de Ja distinction des vaisseaux. Or, en coupant par ron- delles successives et de haut en bas l’entre-nœud dont nous parlons (fig. 1, s,t, 4), et en commencant au point où les deux nervures herbacées disparaissent aux yeux (s) on pourra s'assurer que ces deux nervures, bien loin de s’insérer sur l'articulation qui semble les supporter, descendent au-dessous de l'articulation elle-même (4). On peut les suivre distinctement jusqu’à une distance plus ou moins voisine du cotykédon. ILest vrai qu'elles dimi- nuent en diamètre; mais qui ne sait pas que plus un vaisseau, une nervure, un chaume mème, s'éloigne du contact immédiat de l’atmosphère pour s’enfoncer dans les tissus ou dans les enveloppes , plus son diamètre décroft? L'important en ceci est qu’on puisse distinguer les ner- vures des autres vaisseaux de la tige bien au-dessous de l'articulation qui paraît immédiatement au-dessus du co- tylédon , pour qu’on soit en droit de conclure qu’elles mana - (39) s’insèrent sur l'articulation du cotylédon lui-même, et dès-lors l’objection est réfutée. Il faut se rappeler que les nervures ne se distinguent bien à l'œil nu que par les deux lignes vertes qui les bor- dent ; quand ces deux lignes ne se forment pas, ce n’est ‘qu'au microscope qu'on peut reconnaître une nervure (vaisseau) ; c'est pourquoi les deux nervures de la feuille parinerviée, dans le fait que nous décrivons , se distin- guent bien au-dessus de l'articulation où la matière verte s’est formée (p°), et cessent d’être apparentes sur la partie inférieure qui ést restéé presque étiolée (tu ). Nous désignons le Zea mays, parce qu’il est plus propre, à cause de son volume , à ces sortes d’investiga- tions. Ces faits se présentent aussi assez souvent sur les plantes qui germent dans la terre. On n’en rencontre presque jamais d'exemple sur Les tiges rameuses, c’est-à- dire , sur les tiges aériennes dont les bourgeons se sont développés en rameaux; maïs au contraire et presque exclusivement sur les tiges souterraines , ou bien encore, quoique plus rarement, sur les tiges gazonnantes, c’est- à-dire , sur celles qui produisent des rameaux par leurs bourgeons basilaires. Nous croyons que c'est de ces der- nières que M. de La Harpe a voulu parler. Quoi qu’il en soit, voilà l'explication que des dissections rigoureuses nous permettent d'en donner. L'auteur nous objecte ensuite que notre principe sur les rapports de la feuille parinerviée avec le chaume ne sauraient s'appliquer aux dicotylédones. IL est éton- nant qu’on fasse à notre système un reproche qu’on n’a jamais osé faire à aucun système antérieur; et qu'on veuille nous réfuter par les dicotylédones, touten avouant (80) que la distance entre celles-ci et les monocotylédonss est immense. Cependant, afin de ne rien laisser à désirer à nos adversaires, nous essaierons d’appiiquer ici en deux mots nos principes aux dicotylédones , en nous ré servant de fournir de plus amples renseignemens dans ‘un mémoire spécial. On observe à la base du pétiole du Aelianthus minor deux stipules séparées. Nous soutenons que ces deux sti- pules correspondent aux deux nervures de la feuille pa- rinerviée des Graminées, et ne sont, comme elles, qu’une attenance de la feuille à la base-de laquelle ces stipuies s’insèrent. Veut-on une preuve convaincante de ceite analogie? elle nous sera fournie par le Melianthus ma- jor (fig. 3 et 4, p'). Ce ne sont plus ici deux stipules séparées, c’est une feuille rigoureusement parinerviée, semblable en tout à une feuille parinerviée des Grami- nées ; ici ce n’est pas de sa base que s’élève la tige ou le pétiole de la feuille (1); mais ce pétiole ne se détache d'elle que vers la moitié de sa longueur, et c’est de ce point qu'elle devient parinerviée. Quant à l’ordre d’al- ternation, et à la disposition des organes caulinaires , le Melianthus major (qu’on me passe l'expression) est une véritable Graminée, avec la seule différence qu’en général dans les Graminées les nervures médianes ne se détachent que dans le sein d’une feuille qui garde elle-même son intégrité, et que dans le Helianthus au contraire les nervures médianes de toutes les feuilles se détachent les unes, pour devenir les pétioles de feuilles ailées avec impaires ({), et les autres pour devenir une tige (u). Nous ajouterons que dans toutes les espèces dicoty- (8r) lédones à une seule stipule (Polygonum, Ombelli- fères, etc.), cette stipule est toujours marquée d’une large lacune à la partie qui fait face au pétiole. Quand cette lacune membraneuse s’oblitère , la base du pétiole paraît munie de deux stipules. Ce n’est pas ici le lieu de donner plus de développe- meuni à ces idées, qui sont aujourd’hui pour nous de la plus grande évidence, mais qu'il serait nécessaire de faire précéder par une démonstration d’un ordre diffé- rent. Nous avons lieu d’être étonnés seulement que l’on trouve singulier qu’une nervure médiane, qui n’est pas un organe simple, mais un organe aussi composé, quoique moins riche , que la tige la plus grosse, puisse devenir florifère. Cette prétendue singularité se rencontre dans tout le système des végétaux. La nervure de la bractée du tilleul ne donne-t-elle pas naissance à un corymbe? Chaque nervure des feuilles des Xylophylla ne produit- elle pas un bouquet de fleurs ? M. de La Harpe fait entendre qu’il lui serait possible de prouver que la pression d’un organe voisin suffit pour détruire un vaisseau ; jusqu’à ce que M. de La Harpe tienne sa promesse, la foule de nos raisons subsiste, et nous nous contenterons de leur ajouter ici la citation de la fig. 13. dela planche 14 de notre premier mémoire. On y voit que le cotylédon a supporté une forte pression de la part de la plumule, puisqu'il porte une empreinte profonde; et pourtant sa nervure médiane est intègre ; la feuille parinerviée qui a exercé cette pression , perd la sienne , et ses deux nervures latérales qui exercent la même pression subsistent dans toute leur intégrité. Ce VII. 6 (82) n’est donc pas à la compression qu'on peut attribucr l'absence d’un organe. # Enfin l’analogie que nous avons établie entre la panienle et le stigmate paraît non moins singulière ; il nous serait impossible de répondre à des impressions que la lecture de notre Mémoire aurait pu faire naître : nous ajoute- rons seulement que la nature semble se charger chaque jour du soin de répondre pour nous. Qu'on lise la mé- tamorphose si bien décrite par M. Dupetit-Thouars d’une foule de trophospermes et de styles changés en tiges feuil- lées (Bull. de la Soc. phil. p. 127, 1819 ). Nous sommes arrivés à la partie que M. de La Harpe reconnaît appartenir à M. Gay ; et dans tout ce que nous avons encore à dire, on sent que ce n'est plus à M. de La Harpe que nous alions répondre. L'auteur établit d’abord que les écailles et les étamines forment deux systèmes séparés , l’un supérieur et l’autre inférieur. Comme il n’apporte aucun fait en faveur de son opinion, les faits nombreux sur lesquels nous avons appuyé l'opinion contraire ne peuvent manquer de sub- sister. Il compare le système des écailles au périgone interne des joncs; nous admettons cetie comparaison et mème nous l’étendrons bientôt à des organes d’un ordre supé- rieur ; mais le périgone interne des joncs alterne avec le périgone externe d’un côté et de l’autre avec les trois étamines ; qu'on nous démontre cet ordre d’alternation (que nous regardons comme invariable ) à l'égard des écailles , et dès lors nous conviendrons que les écailles forment dans les Graminées un système séparé de l’appa- reil des étamines. La forme des écailles du Bambusa ( 85 ) parait à l'auteur le type normal de toutes les écailles des Graminées; il nous semble qu'il aurait fallu prouver premièrement cette idée avant de l'employer comme preu- ve. Car en réunissant au genre Bambusa notre genre Stipa qui comprend le Piptatherum et V Olyra, eten y ré- unissant même l’Ærundo festucoïdes de Desf. , ce qui for- merait environ une vingtaine de bonnes espèces, nous de- manderons comment, sans auire preuve, on peut regarder Je type particulier à vingt espèces comme le type normal d'une famille qui renferme des milliers d'espèces à iype différent ? Nous demanderons secondement comment il se fait que l’écaille médiane des trois que possèdent .ces vingt espèces, et qui, d’après l’auteur, représenterait la nervure médiane des autres bractées , comment il se fait, dis-je, qu’elle soit toujours plus courte que les autres et qu'elle soit toujours la première à s’oblitérer ? Enfin nous admettrons que les écailles ternées sont le type normal des écailles des Graminées ; mais que fait cette supposition à notre théorie? Il aurait fallu prouver d'avance qu’en l’admettant comme prouvée, notre opi- nion devenait inexplicable : or, c’est ce qui n’est pas, ainsi que nous l’avons déjà démontré dans notre Mémoire d’une manière, je pense, satisfaisante, quoique abrégée. -Nous ne croyons pas abuser de l'attention de nos lec- teurs en profitant de cette circonstance pour donner plus d’étendue à la démonstration. Les écailles ne formant entre elles qu'un seul et même système ; que nous avons comparé à une corolle, opi- nion que nos adversaires adoptent , il est évident que pour rétonnaitre le point médian qui alterne avec le sys- ème inférieur, ce n’est plus aux divisions de cette co- (84) rolle qu’on doit avoir recours. Car le Cobæa scandens divise sa corolle en cHhiq au sommet ; mais on peut tous les jours rencontrer une foule de ses corolles qui se divi- sent en quatre etmême en trois jusqu’à la base. Or serait- on en droit de regarder ces scissures du ussu cellulaire comme des types normaux? La paillette inférieure. du Deschampsia divise son sommet en quatre dents ; serait- on en droit d'admettre que le nombre pair est essentiel à ce genre? La nervure médiane qui devient une arète basi- laire réfuterait , je pense, cette supposition. Enfin c’est le tissu cellulaire qui, en sedéchirant, fournit ces divisions, etce'n’est point sur le tissu cellulaire que se fonde l'ordre d’alternation. Or, pour mettre la démonstration dans tout son jour, je me serviraï de la paillette unique du MWibora , qui est une véritable corolle monopétale composée de tissu cel- lulaire et traversée de nervures parallèles, ainsi que la corolle du Cobæa scandens. Je suppose maintenant que trois de ces nervures se détachent, soit comme arêtes, soit pour devenir filamens des étamines ; l'espace qu'elles occupaient longitudinalément ne sera plus qu'une la- cune que la teusion des autres nervures et le développe- ment des organes de la fructification fendra du haut en bas. Dans cette circonstance on aura trois vaisseaux 1s0- lés et trois divisions pétaloïdes alternant avec eux , c’est- à-dire , on aura les écailles et les étamines des Stipa, Olyra, Piptatherum. Si les filamens se forment aux dé- pens des deux vaisseaux extrèmes de cette espèce de corolle, ces deux vaisseaux n'étant presque pas sépa- rés entre eux, au lieu de trois divisions pétalôïdes , on n'en aura plus que deux et trois vaisseaux isolés, et ce daté nn * PS REA RIT EP ER C0) sera là le type des Zriticum, Bromus , Avena, ete. On voit que toutes ces diflicultés prétendues s'expliquent le plus facilement en admettant nos principes, et que, sans eux , elles ne présenteraient que des anomalies inexpli- cables. En résumé, ce sont les vaisseaux et non les divisions du tissu cellulaire qui doivent établir l’ordre d’alter- nation, et l’auteur ne nous a opposé ici que ces der- nières formes ; tous les exemples cités ensuite se trou- vaient déjà expliqués dans notre premier et noire second Mémoire : il serait inutile de nous y arrêter de nouveau. Mais M. Gay, d’après M. de La Harpe, oppose à la masse des faits que nous avons apportés sur le point d’in- sertion des étamines , un fait qu'il a observé sur le Zea mays ; il a pu suivre les étamines plongées dans la sub- stance du réceptacle, au-dessous du point d’insertion des lodicules (écailles). Cette observation ne s’est faite, je pense, que sur les fleurs mâles, en général les fertiles étant femelles et sans aucune trace d’étamines. Nous avions d’abord cru qu’il y avait ici une faute d’im- pression, et qu'au lieu de au-dessous, il fallait lire au-des- sus; en effet, puisque l’auteur admet que les écailles for- ment un système inférieur aux étamines , comment peut- on supposer que les étamines s’insèrent au - dessous des écailles ? Dans les corolles monvpétales des autres familles est-il possible que les étamines s’insèrent au-dessous de la corolle ? Cependant quand on fait attention à la dis- position des fleurs males de Zea, on voit d’un autre côté qu'il est impossible que les étamines s’insèrent au- dessus , puisqu'elles terminent la plante. Ainsi c'est réellement au-dessous qu'il faut lire, et ce (8) n’est pas upe petite contradiction dans l'opinion qu'on nous oppose. Il est vrai que l’auteur pourra ajouter que par l'expression au-dessous , il entend la partie interne, c’est-à-dire le réceptacle ; maïs la difficulté ne sera que reculée et non détruite ; car il faut d’abord établir, afin qu'on puisse refaire l'expérience, quel est le point qu'on doit appeler réceptacle dans une fleur mâle de Zea, où personne n’en a encore décrit, que je sache. On nous dira que c’est le point sur lequel s’insèrent les étamines ; mais nous prétendons, nous, que ce point est la base des écailles : on sent que ce serait ici un cercle vicieux, puis- que on nous prouverait d’un côté que les étamines ne s’in- sèrent pas sur les écailles, parce qu’elles s’insèrent sur le réceptacle ; et d’un autre côté on nous prouverait que le réceptacle diffère des écailles , parce qu'il est le point d'insertion des étamines. Quoi qu'il en soit, nous opposons à l'observation uni- que de M. Gay, dans le cas où M. de La Harpe aura bien saisi sa pensée, le même fait observé par nous contra- dictoirement sur le Zea ; et nous osons assurer que les étamines, là comme ailleurs, s’insèrent sur la base des écailles. Nous opposons encore la masse des obser- vations relatives à ce point, dont nous avons consigné les résultats dans nos deux premiers Mémoires. Nous opposons enfin la foule, j'ose dire innombrable, d'observations que nos expériences sur le Développe- ment de la Fécule nous ont forcé de faire cet été ; et nous établissons en principe que les étamines s’insèrent telle- ment sur la base des écailles, qu'il est impossible, sur le frais , d'enlever une écaille sans enlever l’écaille voi- (87 ) sine et le système entier des étamines avec elle. ( oy. pl. xvr, fig. 13, Ænnales des Sc. nat. , déc. 1825.) Comme nous ne pourrions rien ajouLer aux faits con- signés dans cette Réponse , et que la polémique ne pro- fite à la science qu’autant qu’elle fait naître des faits nou- veaux, nous déclarons que nous ne répondrons plus sur les points que nous venons de tâcher d’éclaircir. Expzicarion des Fig. 1,2, 3 et 4 de la PLancne 24. IV. B. Les autres figures de cette planche étant destinées à l’intelli- gence d’un travail que nous allons publier , nous en renverrons l’expli- cation à cette époque. Les fig. 2 sont grossies à une faible loupe. Fig. 1. Germination dans l’eau du Zea mays. Quand la germination commence, la feuille parinerviée (p°) n’est aucunement séparée du co- tylédon , dont la nervure à cette époque s’insère entre les deux ner- vures de cette feuille, que nous avons signalées dans notre premier Mémoire ; cèt état dure même assez long-temps. Mais il arrive enfin que cette feuille parinerviée (p') semble se séparer de ce cotylédon par une espèce d’entre-nœud (uu,, 00 , t,s), et qu’au lieu de s’insé- rer comme auparavant sur la base du cotylédon , elle semble ne partir que de l'articulation (s). Cette insertion n’est qu’apparente et ñe pro- vient que de la soudure de son tissu cellulaire avec la tige qu’elle en- gaîne. Car si l’on coupe en (s) une tranche horizontale (fig. 2, xs), on verra non-seulement dans le centre les rudimens de nœuds vitaux qui doivent s’éloigner les uns des autres par le progrès de la végéta- tion ; mais on apercevra encore sur les bords les deux traces des deux nervures de la feuille parinerviée , séparées par une lacune occasionée par le détachement, d’après nos principes , de la nervure médiane du cotylédon. Si l’on fait inférieurement à cette première tranche horizontale une tranche au point (1), par exemple , on aura la tranche (fig.2,1p), sur laquelle on retrouvera encore les traces des deux nervures (p'), séparées par une lacune. Dans le centre il n'existe pas la moindre image de nœud vital. On peut, en faisant d’autres tranches infé- sieures à (1), suivre ces deux nervures jusqu’en (u, fig: 1); donc la ( 8 ) feuille parinerviée ne s’insère pas sur l'articulation ( s), sur laquelle on croirait au premier abord qu’elle s’insère. Il est vrai que plus bas or perd de vue la marche de ces deux nervures , et qu’on ne rencontre plus que des tranches telles que nous en avons figuré une (fig.2, uu); mais la raison en est facile à expliquer : plus les nervures approchent de leur point d'insertion et plus elles diminuent de diamètre , de même que les tiges ne sont nulle part plus grêles que dans le fond des feuilles qui les engaînent. D’un autre côté, c’est principalement par la sub- . stance verte qui bordé de chaque côté les nervures, que nous pou- vons constater leur existence; or cette substance verte disparaît, soit par Pobscurité des milieux , soit , et très-souvent, dans les parties du végétal qui vivent dans l’eau. Cette substance verte disparaît ici de- puis (s) jusqu’en (0), et quand on fait des coupes horizontales on con- fond les points par où passaient les nervures avec les mailles du tissu cellulaire. Mais enfin il nous suflit d’avoir prouvé 1°. que dans le principe les deux nervures de la feuille parinerviée Nob. ; s’inséraient à la base du cotylédon ; 2°. que jamais on ne la voit partir de l’arti- culation (s), pour être en droit de ne point voir dans ce phénomène une objection qu’on puisse opposer raisonnablement à la masse des faits sur lesquels nous avons assis notre opinion. On voit sur les Lolium , et autres Graminées germant dans des terres très-meubles , le phénomène illusoire que nous venons de décrire sur le Mays ; on le voit très-rarement sur les tiges aériennes qui partent d’un bourgeon caulinaire. (00, 000) sont des tubercules radiculaires qui partent de l’entre-nœud, et qui finissent tôt ou tard par se multiplier sur ce point d’une manière indéfinie. On rencontre ordinairement deux de ces tubercules partant de chaque point d'insertion des nervures de la feuille parinerviée, se dirigeant en haut, entre le cotylédon et cette feuille , jusqu’à ce qu’ils soient sortis de la graine (/), et qui reprennent là la direction terrestre ordinaire aux racines. Ces tubercules deviennent souvent des chaumes tracans par le mécanisme que nous avons expliqué dans une Note lue à la Société d'Histoire naturelle en août 1825 , et insérée dans le Bull. des Sc. nat., tom. vi, p. 362, 1825. Fig. 3, 4. Fragmens de tige du Melianthus major, destinés à montrer l’analogie qui existe entre les stipules des dicotylédones et les feuilles parinerviées des monocotylédones , et surtout celles des Graminées. On voit le nédoncule (2) de la feuille partir du milieu des deux ner- vures qui se dessinent en rchief sur la stipule (p°). On ne pourrait + CO) trouver une plante qui offre une plus grande analogie avec la feuille parinerviée des Graminées , et qui serve mieux à expliquer sur les di- cotylédones l’organisation que nous avons établie à l'égard des Gra- minées. La seule différence qui s’ÿ remarque , c’est que sur le He- Lianthus major toutes les feuilles se détachent de leur nervure médiane, laquelle devient alternstivement pédoncule (t) d’une feuille ailée ou tige (u) ; tandis que dans les Graminées les feuilles ne se détachent de leur nervure médiane que dans le sein d’une feuille qui reste intègre. Si les deux nervures de la feuille parinerviée ( stipule) (p') se séparent en déchirant longitudinalement leur tissu cellulaire, cette feuille , au lieu d’être une seule stipule parinerviée, formera deux stipules qui sembleront naître de chaque côté de la feuille ( Melianthus minor , Salix, Carpinus betula, Tillæa europæa, etc. etc.). Le mot détacher, dont nous nous servons assez souvent , a pu donner à notre opinion un air de singularité ; mais si l’on fait attention que notre idse se réduit à celle-c1 : {es deux nervures de la stipule appar- tiennent au méme appareil que la nervure médiane qui se change en tige ou en pédoncule , cet air de singularité disparaîtra , je le pense. Ensuite si l’on veut, par la méditation, envisager la question sous son véritable point de vue, on ne cherchera pas à voir ce détache- ment à l’époque où tous les organes ont pris définitivement leur forme, et où ils s’oflrent à nos yeux avec des caractères invariables ; mais on le verra à cet instant où ils ont recu la vie et où ils ont commencé à prendre leur direction. On conviendra, par ce moyen, qu’à cette époque la tige la plus épaisse était équivalente en diamètre aux deux nervures qui n’ont pas grossi comme elle, (2) est le bourgeon enveloppé par la feuille parinerviée et qui s’épanouit rarement dens nos climats ; (x°} est le bourgcon enveloppé encore par la feuille parinerviée (p°) et qui doit s’épanoutr. Ce bourgeon (x'), dans les Graminées , est enveloppé par une feuille intègre , c’est-à- dire , dont la nervure médiane ne s’est pas organisée séparément en pétiole, Cependant dans les locustes vivipares on trouve une foule d’or- gauisations semblables à celle du Melianthus. ( 90 ) k Remarques sur quelques Oiseaux pélagiens, et particulièrement sur les Albatros ; Par M. MarroN ve Procé, Correspondant de la Société d'Histoire naturelle de Paris. Après tout ce qui avait été écrit sur les Oiseaux péla- giens , les naturalistes des deux dernières expéditions de découvertes entreprises par le gouvernement francais , aidés des travaux de leurs devanciers , ne pouvaient plus, à ce qu'il semble , s'occuper de ces oiseaux sans fixer d’une manière précise la nomenclature de leurs espèces, les habitudes qui les distinguent, et la patrie propre à chacune d'elles. Il n’en a point été ainsi. Les Mémoires qu'ils viennent de publier sur ce sujet offrent des dissidences assez mar- quées pour qu'après leurs travaux il reste encore bien des doutes à éclaircir sur les divers points queje viens de signaler. C’est dans l'espoir d'éclaircir quelques -uns de ces doutes , et particulièrement ceux qui ont trait à l’histoire des Albatros , que je me propose de jeter un coup d’œil sur les faits consignés par MM. Quoy et Gaimard dans le N° d'août dernier des Ænnales des Sciences natu- relles, et par M. Lesson, dans le N° suivant du même recueil. C’est avec raison , à mon avis , que les premiers de ces naturalistes n’ont compris dans les oiseaux pélagiens , proprement dits, que les Albatros et les Pétrels. C’est à tort , par conséquent , que M. Lesson y a joint les Paille- (91) en-queue. Comment , en effet, peut-il les ranger parmi . les oiseaux de haute-mer? Les a-t-1l jamais vus séjour- ner sur les flots, s’y reposer, y dormir, comme le font les premiers? Il dit les avoir rencontrés au milieu des es- paces les plus dégarnis de terre ; mais il n'indique pas pré- cisément dans quels parages et à quelles distances des côtes , ce qu'il était important de noter. La plupart des navigateurs s'accordent à dire que les Paille-en-queue ne s’éloignent pas à plus d’une centaine de lieues des terres. Quand il serait vrai que M. Lesson en eût apercu à des distances plus éloignées , ce qu'il ne dit pas, ce fait isolé ne prouverait rien contre une foule de faits attestés par des témoins recommandables ; ce ne serait qu'une exception d’autant moins concluante qu’il ne suflit pas qu'un oiseau se montre à cent et deux cents lieues deterre pour qu’il doive être rangé parmi les oiseaux pélagiens ; il faut encore que les habitudes de cet oiseau prouvent qu'il peut rester dans cette situation pendant des jours , des mois et même des années ; sans cela, rien n’empèche- rait que certains oiseaux de terre , les hirondelles , par exemple, ne pussent être classés parmi les oiseaux péla- giens. La séparation que MM. Quoy et Gaimard font des Pé- trels et des Albatros d’avec les autres oiseaux marins, sous le titre d'oiseaux pélagiens proprement dits , semble annoncer que ces naturalistes ont bien compris la ma- nière de vivre de ces palmipèdes. On pourrait cepeñdant concevoir des doutes à cet égard , lorsqu'on lit en propres termes , dans leur Mémoire , que la présence des Alba- tros et des Pétrels n’est point un indice assuré de l’ap- proche des terres , ce qui laisserait à penser que c’est du (92) moins un indice de quelque valeur. Une parcille asser- tion est évidemment une erreur : rien, en eflet, n’est mieux constaté aujourd’hui que la présence des Albatros et des Pétrels à toute distance de terre , dans la vaste por- tion de l'hémisphère austral qui s’étend au-delà du 30° de latitude. Sans dire que j'en ai continuellement ren- contré dans la vaste mer qui s’étend entre le 33° et 39° parallèle sud, depuis 0° de longitude jusqu’à r02° de longitude orientale, je pourrais citer les voyages de Cook, de Vancouver, de Lapeyrouse, de Labillardière , de Pé- ron, etc., et appeler en témoignage une foule de marins, pour prouver que les Pétrels etles Albatros se rencontrent partout dans la vaste ceinture de mer de l'hémisphère austral, qui s'étend depuis le 30° jusqu’au 66° paral- lèle. On eût pu désirer que, dans un Mémoire qui avait pour principal objet de fixer la patrié des oïseaux marins, MM. Quoy et Gaimard ne se fussent pas contentés de dire que, bien que les Albatros appartinssent plus spé- cialement à l'hémisphère antarctique, on prétendait qu'il y en avait beaucoup au Kamtschatka, Le fait, pour ledire en passant, est assez patent aujourd'hui pour ne plus devoir être cité comme une simple opinion. J'ajoute qu’il eût été intéressant de s'assurer si l’Albatros du Kamts- chatka est réellement , comme le dit Pennant, le Dio- medea exulans , et, dans ce cas , d'expliquer comment, en opposition à une loi qui ne soufre guère d'exception, un oiseau des hautes latitudes australes a pu se transpor- ter dans les hautes latitudes de l'hémisphère du Nord. Quant à la nomenclature des espèces du genre Alba- tros , les auteurs des deux Mémoires que j’examine ne PC TE. ST ST SES SES CET PE CE net arr cire ES PP TT TS em (95 ) sont nullement d'accord. MM. Quoy et Gaimard réu- nissent le PDiomedea exulans et le Diomedea spadicea, pour n’en faire qu'une espèce, et admettent ensuite, ‘comme espèces distinctes , le Diomedea chlororhyncus, Gm., le Diomedea fuliginosa , Gm. , etle Diomedea sinensis ; L. , tandis que M. Lesson admet comme espè- ces distinctes le Diomedea exulans et le Diomedea spa- dicea (qu’il appelle à tort Albatros fuligineux , au lieu d’Albatros couleur de chocolat), et ne reconnaît, en outre, que le Diomedea chlororhyncus et une espèce qu'il a découverte , et à laquelle il donne le nom d’Al- batros à épauleites ( Diomedea epomophora). : J'avoue que je suis tout-à-fait de l'opinion de MM. Quoy et Gaimard sur ce point , et que je m'étonne que M. Les- son ait pu se décider si facilement à mettre en doute l’existence du Diomedea fuliginosa et du Diomedea sinensis ; il lui eût suffi de jeter un coup d’œil sur la col- lection du Muséum du Jardin du Roi pour maintenir ces espèces et pour se bien persuader qu’en mer il n’au- rait pas pu coufondre le Piomedea fuliginosa avec le Diomedea spadicea. J'ai eu occasion de voir beaucoup d’Albatros fuligineux , particulièrement par 39° de lati- tude sud et 60° de longitude orientale, et je puis affirmer qu'en raison de leurs couleurs, de leurs formes «et de leur port en général ; il est impossible, à l'œil le moins exercé, de les confondre avec n'importe quelle autre espèce d’Albatros. Quant à celle que M. Lesson décrit sous le nom de Diomedea epomophora , je crois qu’on doit attendre de nouvelles observations avant de décider qu’elle n’est pas tout simplement une de ces variétés innombrables qui ( 04) s'observent dans l’espèce que l’on a désignée sous les noms de Diomedea exulans et de Diomedea spadice«. J'ai dit que j'adoptais volontiers la nomenclature de MM. Quoy et Gaimard et que je pensais que le Diome- dea spadicea et le Diomedea exulans ne formaient qu'une seule espèce. C’est une opinion que j'avais déjà émise dans un Mémoire que j'eus l'honneur de commu- niquer à la Société philomatique, dans l’une de ses séances de l’année 1822. Je pense qu’il ne sera pas dé- placé de reproduire ici ce que je disais alors sur les ha- bitudes et les variétés de plumage de ces grands volatiles. « Par les 34° de latitude sud et 91° de longitude orien- tale nous rencontràèmes un grand nombre d’Albatros, attirés par l’appât que leur offrait le cadavre d’un énorme cétacé. Arrivés tout-auprès de cette masse infecte, nous nous trouvämes entourés de ces oiseaux ; les uns volaient majestueusement autour de notre navire ; d’autres, re- posés sur l'eau , le regardaïent passer avec indiflérence ; quelques-uns s’enfuirent , mais la plupart restèrent au- tour du cadavre qu'ils étaient occupés à dépecer, sans paraître s’apercevoir de notre passage. Le canot mis à la mer, nous fûmes bientôt au milieu des Albatros : là nous pûmes choisir nos victimes. On les eût pris à la main si on n'avait pas craint leurs morsures ; mais pour éviter ce danger, sans risquer de gâter le beau plumage de ces oiseaux que nous nous plaisions à contempler, nous les étourdissions à coup d’aviron , et nous les hissions en- suite dans notre canot : de cette manière nous en primes huit en moins d’un quart d'heure. » L'ignorance où ces oiseaux pouvaient être de la puis- sance de l'homme n’était pas la seule cause qui les em- (785) péchät de fuir; ils ont tant de peine à prendre leur vol, quand ils sont une fois reposés sur l’eau , que pour en- treprendre de le faire , il fant qu'ils y soient contraints par un motif très-puissant. On les voit alors courir sur l’eau l’espace de plus de quarante à soixante toises avant de réussir à s'élever : il est vrai qu’en nageant ils fuient avec une grande vitesse, et que, plusieurs fois, nous avons vainement essayé d'atteindre à force de rames ceux que nous avions blessés. » Lorsque nous avions frappé l’un de ces gros oiseaux, on le voyait promener précipitamment sa tête de côté et d'autre , et chercher autour de lui la cause de la dou- leur qu’il éprouvait. On a comparé le cri de cet animal au braiement de l'âne : je trouve qu'il tient à la fois du grognement du cochon et du hennissement du cheval. » Ces huit Albatros , et tous ceux qui arrètèrent notre attention, parmi les deux à trois cents individus dont se composait leur troupe , me parurent de la même taille, et j'oserais dire de la mème espèce , quoiqu'il n’y en eût pas deux qui présentassent exactement les mêmes cou- leurs. C’est cette diversité extrème qui me porte à croire qu'on ne doit pas chercher dans leur plumage un carac- tère pour la distinction des espèces. En effet, il y en avait d’entièrement roux, d’autres roux sur le dos, avec la tête et le ventre blancs; plusieurs étaient bruns , avec la partie antérieure de la tête et le dessous des ailes du plus beau blanc; d’autres avaient seulement le dos gris; quelques-uns enfin étaient tout blancs. Que lon ne croie pas, au surplus , que ces différences provinssent de celles de l’âge ou du sexe ; tous , je le répète , étaient de la plus grande taille, de dix à onze pieds d'envergure, ( 96 ) et deux individus males que je disséquai me présentèrent des plumages très -diflérens l’un de l’autre. » Je suis donc tenté de croire que le Diomedea exu- lans et le Diomedea spadicea ne constituent qu’une seule espèce, fort distincte d’ailleurs de l’Albatros chlo- rorynque et de lAlbatros fuligineux , dont il n’y avait aucun individu dans la troupe dont je viens de parler.» Je termine ici mes remarques sur les intéressans tra- vaux de MM. Quoy et Gaimard et de M. Lesson. Jai cru faire une chose utile en combattant , dans les Mé- moires de ces Messieurs , quelques assertions qui m'ont paru susceptibles de controverse. J'espère que ces esti- mables et laborieux naturalistes n’attribueront point à un vain esprit de critique des observations qui m'ont été suggérées par l’amour d’une science à laqueïle ils ont rendu et rendent chaque jour de véritables services. Erar de la Vegétation au sommet du pic du midi de Bagnères ; Par M. le baron Ramon. (Extrait d’un Mémoire lu à l'Académie des Sciences Le 16 janvier 1826.) Désvurs long-temps on a regardé la végétation des som- mets des hautes chaînes de montagne comme représen- tant dans les pays tempérés la Flore des régions polaires ; l’analogie entre les végétaux qui habitent ces deux cli- mats est trop frappante pour qu'elle n’ait pas été re- marquée par les premiers naturalistes : cependant les TS ÉLUS mie dm dot nets té dE ame smins (979 différences assez nombreuses , dans les circonstances mé- téorologiques qui caractérisent ces deux climats, pou- vaient faire présumer que des différences du mème genre existeraient lorsqu'on comparerait plus attentivement l’ensemble de la végétation de ces deux localités. En effet, si d'une part l’étendue de l'hiver et celle de l’été sont à-peu-près les mêmes dans ces deux circonstances , si une épaisse couche de neige soumet également les vé- gétaux pendant la première de ces saisons à l'influence d’une température à-peu-près constante et semblable, si le maximum de chaleur de l'été est analogue dans ces deux climats ; d’un autre côté, la longue durée des jours dans les régions polaires , la diminution de la pression sur les sommités des Alpes, et l'influence que cette raréfaction de l’air a sur l’intensité de la lumière pouvaient déter- miner des différences nombreuses dans la végétation de ces deux régions. Aucune de nos Flores européennes ne pouvaient ser- vir à établir une semblable comparaison ; les végétaux des montagnes y sont confondus avec ceux des vallées, ceux des hautes somimités avec ceux des montagnes in férieures ; aussi M. Ramond sentit tout l’intérèt qu’au- rait la Flore circonscerite d’un des principaux sommets des montagnes d'Europe , et il profita de son long séjour dans les Pyrénées pour étudier avec Le plus grand soin la Flore du sommet du pic du midi. Cette montagne, dont la sommité élevée de 1,500 toises au-dessus du niveau de la mer, est isolée, éloignée de tous les autres points culminans , et surpasse tous ceux qui l’environ- nent à plusieurs lieues de distance, était plus propre qu'aucune autre à donner une juste idée de la végétation Vill. ÿ {98 ) qui existe à celte hauteur, puisqu'elle se trouve à l'abri de la plupart des circonstances étrangères qui peuvent modifier son climat. L'espace dont M. Ramond a étudié la Flore s'étend depuis le sommet jusqu'à 50 pieds au- dessous , et comprend une conple d’ares d’étendue. Trente-cinq ascensions sur le pic , pendant quinze an- nées différentes, ont permis à ce savant de compléter cette Flore autant que possible , et d'étudier avec le soin qui caractérise Lous ses travaux la constitution du climat sous l'influence duquel ces végétaux se développent. La hauteur moyenne du baromètre, au sommet du pic, est de 543m.,68 ; le maximum observé par M. Ra- mond a été de 549%:,95 ; le minimum , durant une vio- violente bourasque de l’équinoxe d'automne, fut de 536.,28 : l'étendue des variations observées est donc de 13m.,67. Le maximum de température paraît avoir lieu à la fin d’août et être compris entre 16° et 17° cen- tigrades. Dans ces mêmes mois on observe des variations considérables dans la température, et le thermomètre parait s’abaisser souvent pendant la nuit à 0°, et pent- être même à — 1° ou — 2°. Quant au minimum de tem- pérature pendant l'hiver, il a été impossible de le déter- miner. Toutes ces circonstances assimilent assez exacie- ment ce climat à celui des pays compris entre 65° et 70° de latitude nord. La sommité du pic se découvre de neige vers le milieu ou la fin de juin , et c’est vers cette époque , et suriout au commencement de juillet, que les premières fleurs se développent : ce sont principalement les Véroniques et les Primulacées. En août, la floraison devient gé- nérale ; c'est l'époque des plantes d’été : en septembre ( 99 ) elle se soutient encore ; c’est le moment de la floraison des plantes automnales : elle cesse à la fin de ce mois. Ainsi les huit à neuf mois pendant lesquels dure la vé- gétation dans les plaiues qui occupent le pied de ces montagnes sout réduits à trois à cette élévation. 133 plantes composent toute la Flore des sommets du pic, savoir : 62 Cryptogames et 71 Phanérogames ; encore M. Ramond pense-t-1l que plusieurs des premières , quelques lichens imperceptibles , des mousses dépour- vues de fructification, ont échappées à ses recherches. Les lichens composent la majeure partie des Cryptoga- mes ; bi espèces y ont été observées , tandis que les hé- patiques , les mousses et les fougères ne présentent que 11 espèces. Les 71.espèces de Phanérogames appartiennent à 50 genreset à 23 familles ; de ces familles les principales sont: Les Synanthérées , qui forment + du total des Pha- nérogames ; Les Cypéracées et les Graminées réunies , =; Les GCrucifèresgs.il. Dhs por Dé gataritrsse Les Caryophyllées ,:::.............:.. 2 Les Prmulacéesfins ide .ciouminfis in ess Les:-Saxifragéengi io duree Au cdih ss) #5 Les Rosadéesibsiass dé doussige arr es Li 18° Leslécuminreubes:,:. :..454.cmmus 40e À Les autres familles sont réduites à 1 ou 2 espèces , et le seul végétal ligneux de cette petite Flore est le Sulix retusa. Sur ces 71 espèces phanérogames, cinq seulement sont annuelles , une paraît bisannuelle , et les 65 autres sont vivaces. ( 100 ) Après avoir ainsi formé Je tableau de la végétation du pic, M. Ramond la compare à celle des régions arcti- ques , et il prend pour terme de comparaison l'ile Mel- ville, située sous le 74° de latitude, dans le foud du golfe de Baflin, et dont les derniers voyageurs anglais nous ont fait connaître la triste végétation. L'aspect géneral des végétaux de cette île et de ceux du pic du midi , les familles auxquelles ils'se rapportent, les genres même dout ils font partie sont presque en tout semblables ; plusieurs espèces sunt mème identi- ques ou difièrent à peine , et sont pour ainsi dire les re- présentans les unes des autres ; cependant les propor- tions des diverses familles sont en général fort difléren- tes. Ainsi les Caryophyllées et les Rosacées sont les seules familles dont le nombre proportionnel soit à-peu- près le même; les Cypéracées, les Graminées, les Saxifragées , les Crucifères, sont beaucoup plus nom- breuses à l’ile Melville; les Composées , les Primulacées, les Lésumineuses, au contraire, sont plus fréquentes sur le sommet du pic du midi. Il en est de même des Cryptogames ; ce sont les Lichens qui prédominent sur le sommet des Pyrénées; à l'ile Melville ce sont les Mousses. Ces différences semblent annoncer que si l’a- nalogie des deux climats a déterminé le développement de végétaux appartenant aux mêmes familles , des diflé- rences sensibles dans plusieurs des circonstances atmo- sphériques ont produit le plus ou moins grand dévelop- pément de certaines familles. ( ox ) Norice sur le terrain d'Alençon et de ses environs ; Par M. HerAuLrT, Ingénieur en chef au corps royal des Mines. Daxs plusieurs quartiers d'Alençon , et particulière- ment dans celui du Cours , il existe , près de la surface du sol , une couche d'argile jaunâtre dont l’épaisseur est d'environ quatre mètres. Comme elle n’est recouverte que par la terre végétale ou le pavé, il n’est pas possible d’assigner d’une manière bien certaine à quelle forma- tion elle appartient : on pourrait présumer cependant qu'elle fait partie du terrain oolithique qu’elle recouvre. Elle contient quelquefois des groupes de cristaux de ba- ryte sulfatée. On trouve assez souvent de ces masses cristallines en creusant les caves des maisons à Alençon ; leur diamètre moyen varie/de 3 à 25 centimètres - elles sont d’un jaune sale à l'extérieur , et légèrement bleuà- tres dans leur intérieur. La couche d'argile qui les ren- ferme se rencontre également dans quelques portions du territoire de Damigny, et notamment dans la terre de M. de Villers. Elle contient aussi, mais beaucoup plus rarement , des fragmens plus ou moins volumineux de spath calcaire. Elle repose, partout où l’on a eu occasion de l'observer, sur les couches d’un calcaire oolithique, ordinairement très-blanc, et quelquefois grisätre ou bru- nâtre, qui correspond , je crois , à ia partie inférieure de celui auquel on a donné dans le Calvados le nom de Cal- caire à polypiers. ( 102 ) Cette oolithe offre fréquemment des géodes tapissées de cristaux de chaux carbonatée métastatique, qui sont presque toujours accompagnées de baryte sulfatée crêtée. On voit au -dessus , dans les carrières voisines de l’an- cienne route d’Argentan , trois petites couches de marne; dans celles du pont du Fresne, elle renferme beaucoup d’encrinites et repose immédiatement sur le granite. Je dois à l’obligeanee de M. Meurgar , notaire à Alençon, un échantillon de éette dernière roche , sur laquelle on voit des oolithes. Sur le chemin de la Pooté, un peu avant d’arriver aux exploitations de granite du Hertré, on trouve une carrière qui est ouverte dans un calcaire presque entiè- rement formé de lamelles spathiques , et parfaitement semblable à celui que présente souvent, dans les arron- dissemens de Caen et de Bayeux , la partie moyenne du calcaire à polypiers. Les carrières qui sont proches de l’ancienne route d’'Argentan offrent aussi plusieurs bancs qui contiennent également beaucoup de lamelles de la même nature. Des bancs calcaires , analogues à ceux que je viens de décrire , se présentent aussi très - fréquemment dans le calcaire à oolithes supérieur (oolithe d'Oxford ); mais comme , d’après les observations de M. Jules Desnoyers, Voolithe des environs de Lisieux, qui fait partie de ce ter- rain, est la même que celle de Mortagne, et que cette der- nière est de beaucoup supérieure à l’oolithe de Mamers, laquelle se lie avec le calcaire d'Alençon, il s'ensuit naturellement que celui-ci ne peut pas appartenir au calcaire à oolithes supérieur. Dans le quartier du Cours , à Alencon, les oolithes ‘ | | (103 ) blanches pures sont superposées à un grès quarzeux à grains fins, parsemé de gros grains ét même de pétits galets de quarz laiteux et de quarz gris ordinaire. Ce grès à un ciment qui est en partie calcaire ; il contient des géodes qui sont tapissées , comme celles des couches qui le recouvrent , de baryte sulfatée crétée et de cris- taux de chaux carbonatée métastatiques : seulement ces dérniérs sont, en général, un peu plus petits qué ceux qüe renferment les géodes du calcaire oolithique. On y voit encore des ammonites , des térébratules lisses et plissées , une très-grande coquille bivalve , ainsi que des fragmens madréporiques gris ou d’un bleu grisâtre , que l’on confond au premier aspect avec les gros grains quar- zeux. La mème roche rénferme deux bancs d’un autre grès quarzéux à grains fins, gris-noirâtré , à ciment quarzeux, et qui ne contient que quelques petits grains calcaires. Au - dessous on trouvé une troisième variété dé grès quarzeux qui est cellulaire , friable ; roussätre ou bru- näiré, et dont les parties calcaires paraissent avoir été enlevées, presque en totalité, par un dissolvant. Il est infiniment probable que, si on creusait davantage, on ne tarderait pas à rencontrer le granite. À l'entrée (du côté de la ville) du faubourg de Mon- sort, sur la rive gauche de la Sarthe , le grès quarzeux à grains fins, parsemé de gros grains, n’est recouvert que par une couche d'argile mélangée de fragmens de calcaire oolithique ; il présente plusieurs bancs fort durs, que l’on exploite auprès de l’ancienne Sénatorerie pour faire des pavés. On en extrait aussi, pour le même usage, de diverses carrières situées les unes dans le voi- ( 104 ) sinage de la route de Bretagne , et les autres dans le dé- partement de la Sarthe. A la sortie du faubourg précité, du côté de Mamers , toutes les carrières que l’on ren- contre sont ouvertes dans un calcaire oolithique peu con- sistant. | Dans une Histoire d'Alençon , imprimée en 1805, on donne au grès quarzeux de cette ville les noms de pou- dingue et de granitin, et on indique qu'il contient des gryphites , des huîtres , des pétoncles , des buccins , des oursins , etc. D'après ce qui précède, il paraît que le sol sur le- quel est bâtie la ville d'Alençon appartient au calcaire à polypiers , ou partie supérieure du système inférieur d’oolithes. ( Foyez mon Memoire sur les Terrains du Calvados , édition de 1826.) Ce terrain s’étend à une assez grande distance au nord, à l’est et au midi de la même ville; mais à l’ouest, son étendue est très - bor- née , et l’on trouve, à moins de 2 ou 3 kilomètres, le granite passant souvent au pegmatite , qui renferme le kaolin , le cristal de roche, dit diamant d’Alencon, et l’émeraude , qui ont été cités dans plusieurs ouvrages : Carrières du pont du Fresne, commune de Damigny. n°. Terre végétale, .., à "nie ce Le niopmoin +, Ométe 330 2°. Plaques minces et non continues de calcaire à oolithes blanches ou grisâtres , mélangées de sable oalithique contenant beaucoup d’articles de l’encrinite pentacrinite , avec quelques pe- tites couches d'argile. . . . . . . . . . . .. Ua » 3°. Ooolithes blanches ou grisâätres , en bancs peu épais , avec quelques petites couches d'argile. 3 16 AS, Granité. le tie ete PEN RE Cr » » ( 105 ) Puits creusé dans La rue du Cours, à Alençon. 1°. Argile jaunâtre, barytifère, . , . . . . . .... gui pe 2°. Onze bancs d’oolithes blanches pures, très-fines. 3 65 3°. Grès quarzeux, parsemé de gros grains de quarz laiteux ou ordinaire. ... . . 2... 4. 0, . 5 oo 64 4°. Grès quarzeux à grains fins , noirâtre. . .: .. o 5o 5°. Grès quarzeux , parsemé de gros grains de quarz laiteux!ou ordinaire, . 5 :... . « . . ee «à 30 60. Grès quarzeux à grains fins , noirâtre. . . . . . oo 5o 7°. Grès quarzeux cellulaire, friable et brunâtre, con- tenant beaucoup de gros grains de quarz. . . 1 » Carrière du faubourg de Monsort, près de l'ancienne | Sénatorerie. 10. Argile mélangée de fragmens oolithiques. . . . . pmèt. »e. 2°. Plusieurs bancs très-durs de grès quarzeux , par- semé de gros grains de quarz. . . .. . .. . » » Nore sur La Naturalisation de la Cochenille en Espagne ; (Extrait d’une lettre adressée à l’Académie des Sciences. ) Par M. le colonel Bory DE SArNT-ViINCENT. Je reçois de Madrid , par la voie du respectable bota- niste, M. Pavon, la note ci-jointe qui , je crois, mérite tout l'intérêt de l’Académie. « D’après l’édit que le consulat royal de Malaga publia le 29 mars de la présente année , on a vu dans les envi- rons de cette ville , avec intérêt et admiration , la natu- salisation complète de l’insecte de la Cochenille: Elle est maintenant assurée à jamais. ( 106 ) « M. le docteur Joseph Présas , déjà connu en Europe pour avoir été le secrétaire particulier de la reine actuelle de Portugal lorsque sa majésté était aù Brésil, écrivit une instruction fort détaillée pour faire connaître le mode de culture du Nopal , ainsi que la manière d’élever la Coclienille. Cette instruction , recueïllie par de zélés espagnols , fut publiée à Malaga vers le comméncéméent de 1825. Dès-lors on songea à s’y approprier l’une des principales richesses du Nouveau - Monde : on fit des plantations de caëtes , on se procura la Cochenille , et les personnes qui songèrent à s’adonner à ce genre de cul- ture ayant suivi scrupuleusement les procédés de l’in- struction , ont été payées cette année de leurs soins d’une manière incroyable. Elles ont procuré à l'Espagne une source de richesses que nulle autre partie de l'Europe ne possède et ne pourra peut-être posséder. » M. le docteur Présas a non - seulement prouvé de grandes connaissances en histoire naturelle par la pu- blication de son Mémoire , mais encore son patriotisme par le zèle et l’activité qu'il a mis à diriger lui - même d'entreprise dont on à retiré déjà de grands fruts. » Ayant été plusieurs fois à Malaga en diverses saisons, je puis ajouter à la note que je dois à M. Pavon quelques renseignemens qui prouveront à l'Académie combien ce doyen des botanistes espagnols a raison , quand il re- garde comme à jamais assurée dans sa patrie l’acélima- tation d’un insecte si précieux. La température de Malaga est l’une des plus égales de l'Espagne : il n’y gela jamais ; le thermomètre n’y descendit au-dessous de 8° de Réau- mur dans aucune circonstance , et le sucre s’y cultive en pleine terre, ainsi que le coton, dont on tire depuis PNRRNNONC EE CET ee ( oz ) çuinze ans de grands revenus. J'y ai vu le Schinus molle portant des fruits, le bananier et l’anone, mürissant partout en pleine terre. Il est peu de plantes de la Flore allantique de notre savant confrère M. Desfontaines , que je n’y aie retrouvées , et les cactes y couvrent natu- rellement tous les rochers maritimes. La quantité de ceux-ci y est si considérable , que l’on n'avait même ja- mais pris la peine d’en cultiver, encore que dans la sai- son les fruits de ces plantes, appelées vulgairenient igues de Thunas , fussent la nourriture d’une grande partie de la pauvre population. Ce sont des enfans et des femmes qui vont recueillir ces fruits le long des rivages ou sur les côtes rocailleuses, pour en alimenter les mar- chés publics. Comme au Nouveau-Monde , il est tel es- pace pierreux où ces cacles sont si pressés qu'on n'y pourrait pénétrer sans s’exposer à de terribles piqûres. En considérant qu'il ne pleut presque jamaïs à Malaga , et en aucune circonstance vers l’époque où la Cochenille pourrait redouter l'humidité, on sent: que nul lieu ne pouvait être mieux choisi pour rivaliser avec le Mexique. Au reste, pour donner une idée exacte du elimat fortuné de cette ville , je me bornerai à dire à l’Académie quan temps où mon ami-feu Zéa en était préfet, nous plantimes ensemble dans son jardin deux pieds de café, que nous avions fait porter des serres de Madrid, et que nous avions semé une planche d’Indigofera anil qui, ayant merveilleusement prospéré et passé deux hivers sans accidens , étaient en pleïne floraison et frnctification quand nous évacuèmes Je pays. ( 108 ) Ann:Tions 44 Mémoire de M. Girou de Buzarein- gues, sur l’Influence que le père et la mere exercent dans la production des sexes. Nous avons fait connaître précédemment ( 4nn. des Sc. nat., tom. v, p.21) les recherches curieuses de M. Girou. Depuis cette époque, les résultats auxquels il est parvenu nous out fourni de fréquentes occasions d’en discuter les conséquences avec des personnes très- versées dans l'étude de Ja statistique, et nous les avons toujours trouvées dans les dispositions les plus favo- rables pour le système que cet habile observateur cherche à établir. Nous pensons , en conséquence , que nos lec- teurs nous sauront gré de les. tenir au courant des re- cherches de M. Girou sur cette importante question. Voici les principaux faits que nous trouvons dans un Mémoire qu'il vient de nous adresser. Ona fait, dit-il, aux observations que j'ai publiées sur la reproduction des animaux domestiques le juste reproche de n’être pas assez nombreuses : on eût pu ajouter que les faits qui en étaient l’objet n'étaient pas authentiques. Afin de prévenir ce second reproche, j’ai conçu le des- sein de faire une série d'expériences que seraient appe- Jlés à constater des commissaires désignés, soit par l’au- torité , soit par les Sociétés d'agriculture. Animé de ce dessein, j'ai donné connaissance aux Comices agricoles de Sévérac , dans leur séance du 13 juin 1825, des observations qui ont paru depuis dans quelques journaux , et , après leur avoir annoncé qu'une partie de mon troupeau, qui était déjà marquée, me ( 109 ) | donnerait au prochain agnelage un plus grand nombre relatif de femelles que l’autre partie, j'ai prié l’associa- tion de charger deux de ses membres de constater le ré- sultat de cette expérience. Ce soin a été confié à MM. AI- bert Molinier et Cournuéjouls. Lorsque l’agnelage à commencé , j'en ai donné avis à ces deux commissaires, qui ont pris la peine de vérifier les résultats de expérience ; et, comme ils ont bien voulu me laisser des notes signées de leurs recensemens, je puis, dès ce moment, en présenter le relevé comme authentique ; mais je dois rapporter l'expérience avant d'en dire les résultats. Au commencement de juin 1825 , et immédiatement après Ja tonte, j'ai marqué avec du noir de fumée dé- layé dans de l'huile de noix une centaine de brebis qui n'avaient pas porté l’année précédente , et qu’à cause de l'embonpoint qui est une suite de cette circonstance , on appelle turgos dans l’idiome du pays, mot dérivé, sans doute, du latin turgeo ; je leur ai donné de suite quatre béliers antenais. C’est de cette partie du trou- peau que j'attendais le plus de femelles ; le restant , en nombre à - peu - près double, se composait des portées de 184. Je me proposais de confondre ces deux divisions, après que la monte de la première serait censée termi- née, et de substituer alors aux béliers antenais des bé- liers de quatre ans, très - vigoureux; mais, obligé de m’abseuter pendant les derniers jours dé juin, et les mois de juillet et d'août, je n’ai pu suivre la monte, et l'agnelage m'a appris que mes brebis turgues n'ont pas été fécondées par leurs béliers antenais, soit qu'ils ne ( 110 ) fussent pas assez forts , soit parce que , d'ordinaire, cès sortes de brebis ne sont fécondées qu'après avoir été saillies à différentes reprises ; enfin elles n’ont retenu qu'après que tout le troupeau a été confondu et soumis à la monte des béliers de quatre ans. L'influence des bé- liers est donc nulle sur les rapports qui ont été l’objet de cette expérience. Mon troupeau se compose de mérinos de pure race et de métis. Ainsi, au moment de l’agnelage, mes brebis ont été divisées en deux parties : 1°. turgues de 1824 ; 2°, non turgues , et chacune de ces parties en deux sec- tions : 1°. mérinos ; 2°. mélis. La première partie a donné : 1" section. ............ O mâles, 24 femelles. 2°" section. ......+e....-.+27 mâles, 29 femelles. Total............... 36 mâles, 53 femelles. … La seconde partie a donné : y section ................ 28 mâles, 32 femelles. 2 section { -.............. 02 mâles, 54 femelles. Total............... 90 mâles, 86 femelles. Or, 36: 53 :: 90: 132,5. [faudrait donc ajouter qua- rante-six femelles à la deuxième partie pour qu'il y eût égalité de rapports. On observera que le nombre relatif de femelles a été plus grand dans chacune des sections de la première par- tie que dans les sections correspondantes de la seconde. J'ai fait remarquer dans les observations que j'ai déjà publiées que les mérinos me donneraient plus de fe- dix Ma 2 "SR, (ana melles que les métisses, et j’ai dit pourquoi. Ici les mé- rinos ont donné cinquante-six femelles et irente - sept mâles., tandis que les métisses ont donné quatre-vingi- trois femelles et quatre-vingt-neuf mâles. Note sur la prétendue Mine d'étain de Segur ( Corrèze); par M. Braro. Depuis environ huit ans, on ne cesse de parler dans le Département de la Corrèze d’une mine d’Etain déçcou- verte dans la cave d’un auberge de la petite ville de Segur. On cite à l'appui de cette découverte l'existence de deux chandeliers fabriqués avec l’étain provenant du minerai trouvé dans ce singulier gite. Voici la version générale : « En creusant la fondation de l'escalier de la » cave de l'auberge de l’Aigle d’or, les ouvriers remar- » quèrentplusieurs masses pierreuses, pesantes, extrême- » ment irrégulières et que l’on compare à du mâchefer ; » leur pesanteur extraordinaire réveilla l’idée d’une » substance métallique; on en porta des fragmens sur la » forge d’un maréchal et l’on obtint presqu'’aussitôt un » métal blanc que l’on reconnut aussitôt pour de l’étain. » Quelques jours après on en fit deux chandeliers qui » ont été vuspar M. l'ingénieur Gardien et qui n’exis- » tent plus aujourd'hui. » Plusieurs ingénieurs, plusieurs capitalistes ont visité le gite de cette prétendue mine , et n’ont pas peu contri- bué à accréditer cette découverte supposée. J'avoue que le récit mème que j'ai rapporté ci-dessus m'avait prouvé d'avance que cette prétendue mine uen était point (4h20 ) une, que l’étain que l’on avait réellement trouvé dans cette cave était le produit d’une fonte de cloche , d’un incendie ou de tout autre accident ; l'examen des lieux m'a confirmé dans cette opinion. La roche est un Gneiss brun, traversé de loin en loin par des filets de quarz et par des fentes droites plus ou moins larges ; l’une de ces fentes passe en travers de la cave en question. Je n’ai rien trouvé dans ces fissures ; et de l’aveu mème des personnes qui ont trouvé les masses métalliques dont il est ici question , elles n’étaient point contenues dans les fentes , en sorte qu'il faut écar- ter toute idée de filons. J'avais eu soin de me munir de quelques échantillons d’étain d'Angleterre , de Saxe, et je les montrai à ceux là-même qui avaient vu le préten- du minerai de Segur, et ils n’y ont pas trouvé la plus légère analogie. Enfin, pour dernier trait , je dirai que le maître de l'auberge m'a dit que l’on avait trouvé un Pic d'acier parmi les masses d’étain. Voilà donc, suivant moi, quelles sontlesraisons qui doivent prouver que cette prétendue mine d’étain n’est autre chose que du métal fondu par Part. 1°. La facilité avec laquelle le métal s’est réduit sur la forge d’un simple maréchal. 2%, Lanon-ressemblance avec les vrais minerais d’étain. 39. L’absenceactuelle et totale des indices de minerarï. 4°. Enfin la trouvaille du pic à la place mème où l’on a trouvé ces masses stanifères. J'ai cru devoir, dans l’intérêt de la science, publier ces détails minutieux, afin de mettre un terme aux bruits qui sont accrédités dans le pays et qui n'auraient pas tardé à passer dans les ouvrages de minéralogie. Be. simit Er. - . _ oder 2 à (18) - De L’Arkose. — Caractères minéralogiques et [Histoire géognostique de cette roche ; Par Azexanpre BRrONGNIART , De l’Académie royale des Sciences ; Professeur de minéralogie au , Jardin du Roi , etc. Les géognostes de l’école de Freyberg , de cette école qui, sous le professorat de Werner, a établi les vrais fondemens de la géognosie , n’ont d’abord distingué les roches les unes des autres que par leurs positions respec- tives dans la croûte du globe. L'époque de formation d’une roche , et tout ce qui tenait à cette considération géognostique , suflisait pour caractériser ce qu’ils appe- laient un gebirge, ce que nous avons rendu par le mot de roche, c’est-à-dire un terrain en grandes masses , et ce que nous aurions dû rendre par le mot terrain, ainsi que nous le fesons maintenant. Il en résultait que ces ter- rains ( gebirge), composés de roches différentes ( ge- birgsart ou gebirgstein) , ne pouvaient avoir des carac- ières minéralogiques. Les granites, pour ces géognostes, ne soht pas uniquement des roches composées de quarz, de felspath et de mica, mais bien des terrains composés de différentes roches , dans lesquelles celle que nous dé- finissons ainsi est dominante. J'ai cru qu’il ne fallait pas confondre des considéra- tions aussi différentes que celles de la position géolo- gique et de la composition minéralogique , et qu’on sai- sirait plus clairement, plus complètement de quelles masses minérales simples ou composées était formé un VII, — Juin 1826. ô Ci14) terrain , si ces masses étaient préalablement bien définies \ ou caractérisées , et décrites sous tous les rapports. L’es- sai de classification minéralogique des roches composées, que j'ai proposé en 1813 (1), avait pour objet d'établir cette distinction, d'en exposer les règles et d'en pré- senter l'application. Ce travail était imparfait; le titre d'essai devait le faire pressentir, J'ai cherché à le perfec- tionner, en rendant les définitions plus précises , et en établissant de nouvelles sortes, lorsque les conditions que je nr'éiais imposées me permettaient de le faire (2). Ces conditions exigent que le mélange par cristallisa- tion confuse ou par aggrégation mécanique, qui constitue les roches composées , soit à-peu-près le même, tant en nature qu'en proportion des parties, sur une grande étendue de terrain, et dans plusieurs lieux assez éloignés ou séparés les uns des autres , pour qu'on ne puisse pas- regarder les roches de ces lieux comme faisant partie d'une mème masse. On va voir que la spécification de l’Arkose répond aux deux classes de conditions exigées, les unes par les géo- gnostes qui ne veulent pas faire d'espèce de roches si elles ne constituent en mêrne temps un terrain ou une forma- tion particulière : les autres par les oryctognostes qui ne demandent que des caractèrés de composition conslans (1) Journal des Mines , 1813 , tom. 34, n° 199, p. 5. (2) Plusiéurs de ées modificatious , que j'ai dù considérer comme des eméliorations , ont été publiées dans le Dictionnaire des Sciences nalu- relles aux articles de cesroches, dans leur ordre alphabétique. On peut en voir des exemples aux mots eurite , hyalomicte , lave, macigno , me- laphyre, mimophyre, norite, ophiolite, ophite, peperine, phyllade , psam- nlite , psephilé , etc. CD.) dans un grand nombre de circonstances. Pour établir cetie proposition , je vais décrire les arkoses sous le point de vue oryctognostique et sous le point de vue géognos- tique (x). Arr. 1°, Description minéralogique des Arkoses. L’AnkosE est une roche à texture grenue, formée principalement par voie d’aggrégalion mécanique. Elle est essentiellement composée de gros grains de quarz hyalin et de grains de felspath, ou laminaire, ou compacte , ou argiloïde : ces deux corps y sont souvent mêlés en quantité à-peu-près égale, mais plus souvent le quarz est dominant. Elle renferme, comme partie constituante accessoire , du mica , de l'argile lithomarge et du kaolin : ces parties y sont toujours en quantité in- férieure au quarz hyalin et au felspath. Les parties accidentelles qu'on trouve disséminées ou engagées dans l’Arkose sont : La collyrite. La stéatite. Le fluore (chaux fluatée } en cristaux implantés dans ses cavités, où disséminés dans quelques parties de sa masse. Le calcaire spathique de la même manière. 9 ne nirr,, lnpsctl ie AXES (1) Le besoin de cette spécification avait déjà été senti par plusieurs naturalistes qui, remarquant que cette roche n’était ni un grès, ni ce que les Allemands appellent une grauwacke, ni un granite, ne savaient comment la désigner. M. Leschevin exprime très-bien cet embarras dans son Mémoire sur le chrome oxidé du département de Saône-et-Loire. (Journ. des Mines , tom. 27, p.355 , uote.) ( 116) L'arragonite, de la même manière ( à VE Le calcaire jaunissant. La barytine ( baryte sulfatée), en cristaux implantés ou en veinules. La pyrite , en petits cristaux ou petits amas disséminés. Le fer oligiste sanguine. Le fer hydroxidé. Le fer carbonaté. Le cuivre pyriteux. = Le cuivre rouge. Le cuivre azuré, en nodules cristallins et en vei- nules. û Lecuivre malachite, de la même manière. La blende. La galène , en grains disséminés. Le plomb blanc. Le plomb phosphaté. Le mercure natif. Le cinnabre. Le chrome oxidé (les Écouchets , près Chàlons-sur- Saône). L’anthracite. Le phtanite ? Cette roche n'offre aucune structure disuncte en petit, rarement mème en grand , et c’est alors une structure stratifiée en bancs puissans. Sa texture est essentiellement grenue, à grains an- guleux , au moins milliaires, au plus pisaires. La masse de la roche a été éviderament formée par voie d’agre- cation mécanique; la forme irrégulière et Ra des 8 grains , et surtout leur limitation parfaite, telles qu'ils Cxa7 ) me se pénètrent jamais , en est la preuve : néanmoins l’ac- tion chimique a eu souvent une grande influence sur la formation de cette roche. Ea forte adhérence de ses grains entre eux , les reflets lamellaires qu’on aperçoit quelque- fois dans les petits espaces qui les séparent , les minéraux cristallisés répandus dans la masse et qui enveloppent les grains , les fissures ou druses tapissées de eristaux, les veines de matière métallique ou pierreuse qui la iraver- sent, sont des preuves aussi nombreuses qu’évidentes de parties formées par voie chimique ou de cristallisation ; mais on voit aussi que ces actions n’ont pas été simultanées et que les parties cristallines sont de formation posté- rieure aux parties aggrégées. La cohésion est souvent très-puissante dans les arkoses et leur donne les qualités convenables pour être em- ployées comme pierre de construction et surtout comme pierres à meules de moulin. Ces roches ont souvent assez de ténacité; leur cassure est droite, quelquefois grenue, quelquefois raboteuse , et quelquefois même unie. Les Arkoses présentent dans certains cas /a dureté du grès ; mais comme le felspath est abondant et altère cette dureté, elle est très-inégale ; elles ne sont jamais sus- ceptbles de prendre le poli. La couleur dominante des Arkoses est le gris pale: quelquefois ces roches sont d'un blanc assez pur ou lé- gérement bleuàtre, quelquefois élles passent au brun, même au jaunâtre ou au rougeâtre, mais cés couleurs sont rares , pâles et sales. Lorsque les Arkoses présentent quéfques couleurs tranchées , elles le doivent aux oxides métalliques qui y sont comme parties accidentelles. ( 118 ) Elles sont généralement infusibles au moins dans leur masse , et quelquefois même dans toutes leurs parties, lorsque le felspath altéré est complètement à l'état de kaolin ; aussi les emploie-t-on comme quelques psammi- tes dans la construction des chemises des fourneaux de fusion. Elles ne font jamais effervescence avec les'acides dans toute leur masse. Lorsque ce phénomène a lieu , il est dû au calcaire spathique interposé comme partie acciden- telle. Les Arkoses se deésagrègent quelquefois lorsque leur felspath est à l’état de kaolin , ou qu'il est susceptible d'y passer. Les pyrites y font naître des taches ferrugmeuses, mais elles ne sont pas ordinairement assez abondantes pour les désagréger ( Arkose de Hoer en Scanie). Les Arkoses, quelquefois si nettement caractérisées qu’on ne peut les confondre avec aucune autre roche, présentent dans quelques cas des caractères vagues, in- certains ou incomplets. Lorsqu’elles sont très-riches en quarz hyalin et pau- vres en felspath, elles passent au quarzite où quarz en roche, ou si le quarz est en petits grains, on ne peut plus le distinguer des grès proprement dits. Lorsque le quarz est en grains petits , presqu’arrondis, que le mica devient plus abondant , que le felspath ne se montre plus que comme des petites taches ou des points blancs terreux , elles passent au psammite commun, et c'est leur passage le plus fréquent dans les terrains de sédiment inférieur. Elles ont quelquefois, par l’agréga- tion puissante de leurs parties , par la couleur de leur felspath , et par la présence du mica, tant de ressem- ( 119 ) blance avec le granite, qu’elles semblent y passer (Aval- lon , les Écouchets). Les Arkoses sont, par la conünuité de leur masse, leur solidité , la facilité qu’on a de les tailler, employées comme pierres de constructions et comme pierres à meules. Nous citerons comme exemples les carrières d’Arkoses de Montpeyroux , en Auvergne. Celle de Blavosy, près du Puy-en-Velay. Celle de Hoer, en Scanie , qui ont avec la précédente l'analogie la plus complète. Celles de Waldshut , sur les bords du Rhin , etc. VARIÉTÉS. & Les variétés que présentent ces roches sont peu nom breuses et peuvent se réduire aux suivantes. 1. AnrkOSE coMMunE (Psammite quarzeux, Classif. nun. des Roches, etc.). Composée de grains de quarz hyalin et de grains de felspath , avec très-peu de mica : le quarz dominant. Couleur grisätre ou blanchätre. Exemples. — Remilly entre Vitteaux et Dijon. Le quarz y est dominant et le felspath rosâtre : il y a un peu de caleaire. Elle renferme , disséminés, du fluore, de la barytine , de la galène et des pyrites : il n’y a point de mica (1). Martes de Vayre, près Clermont en Auvergne. — Elle renferme de l’arragonite et du bitume. Blavosy, près le Puy-en-Velay. — Les grains de (x) Lescazvix, Journal des Mines, tom. 35 , p. 20. ( 120 }) à felspath et de quarz y sont bien distincts ; il y a un ci- ment très-peu abondant et ocracé. Waldshut sur les bords du Rhin, au-dessous de Schaff- house. — Elle renferme du calcaire spathique, du fluore, du fer oligiste sanguine. Carlsbad en Bohème. — Elle est presque entièrement quarzeuse, mais la séparation nette des grains de quarz hyalin , et la présence du kaolin tout près de cette roche, peuvent décider à la placer parmi les Arkoses. Weinheim, près Bade. — Le quarz y est rosâtre , et le felspath en petits grains blanchätres kaoliniques. Hoer en Scanie , en Suède. — Le quarz y est domi- nant ; il y a des grains de felspath rares, mais surtout des grains et des nodules d’argillite et des pyrites dissé- minées. 2. ÂRKOSE GRANITOÏDE (Psammite granitoïde, Class. min. des roch. mel.). Grains de quarz, de felspath lamellaire et de mica , à-peu-près disposés comme dans le granite ; le felspath dominant. Cette roche ne diffère du granite que parce qu'elle est évidemment formée par voie d'agrégation. Exemples. — Les Écouchets , près Châlons-sur- Saône. — Pénétrée dans sa masse ou enduite sur ses fissu- res , d’oxide vert et siliceux de chrome. Avalon. — Pénétrée de barytine lamellaire. Chateix , près Royat , et Montpeyroux , en Auvergne. — La première renferme des cristaux de barytine , qui tapissent ses fissures êt cavités ; la seconde est rou- geûtre. (rat) 3. ARKOSF MILIAIRE. Grains de quarz et de felspath, tout au plus gros comme la graine de millet ; argile colorée , disséminée ; le quarz dominant ; à peine du mica. Cette Arkose passe par des nuances insensibles au psammite commun , et ne s’en distingue bien que lors- qu'elle réunit nettement l’ensemble des caractères que l’on vient de présenter; alors c’est réellement une Arkose, qui ne diffère de la commune et de la granitoïde que par la petitesse de ses grains , mais qui est d’ailleurs trop différente du psammite commun bien caractérisé pour y être réunie. Exemples. — Chessy, près Lyon. Mercuer, près d’Aubenas. Moschellandsberg , dans le Palaiinat. Arr. 2. Caractères géognostiques des Arkoses , et description de quelques terrains d Arkose. J'ai dit que cette roche n’était pas moins distincte des autres roches d’agrégation par ses particularités géo- gnostiques ou de gisement que par ses caractères minéra- logiques. Les exemples et les circonstances de gisement que je vais décrire, et les généralités que j'en déduirai ap- porteront les preuves de cette proposition. Les Arkoses, telles que je les ai définies minéralogi- quement, paraissent se présenter dans deux, et peut- ètre même dans trois sortes de terrain , d’époques géo- gnostiques différentes , à en juger par les circonstances qui les accompagnent. | Les premières , qui sont les plus nombreuses et l’objet ( 122) principal de cette notice, sont placées sur le granite, immédiatement ou presque sans intermédiaire , et indi- quent par différentes particularités une époque de forma- tion assez ancienne. Les secondes sont plus éloignées de ces roches, et font souvent partie du terrain houiller; les troisièmes ont une position plus incertaine; elles ne paraissent pas séparées du granite, du moins par aucun terrain caractérisé, mais elles semblent, par des circonstances de gisement, ap- partenir à une époque gécgnostique beaucoup plus ré- cente que les deux autres. Je réunirai, aussi exactement qu'il me sera Res les terrains d’Arkose , que je vais décrire, en groupes correspondant à ces trois divisions. Les caractères géo- gnostiques que chacun de ces exemples va présenter me fourniront les moyens de déterminer avec, plus de sûreté à quelle époque géognostique on peut rapporter chacun des terrains où l’Arkose est la roche dominante. Je choisirai ces exemples principalement dans les lieux que j'ai visités, et ensuite dans ceux dont la description peut être rendue plus claire et plus certaine, au moins pour moi, au moyen des séries d'échantillons que j'ai sous les yeux. Je citerai peu d'exemples de lieux qui ne me présenteraient pas l’une ou l’autre de ces garanties. $ 1°. Ærkoses de la première division. Les Arkoses suivent ordinairement et presqu'immédia- tement les granites, les syénites , les gneiss, peut-être même les porphyres anciens , et dans ce cas elles passent ‘au mimophyre. Elles semblent être le résidu de la cris- (128 ) tallisation de ces roches; elles en présentent en effet les débris ou les parties, d’abord séparées par une sorte de trituration et de désagrégation mécanique, et ensuite réunies , non pas par simple juxta-position , mais plutôt à l’aide , soit de la dissolution elle-même, soit d’une autre dissolution qui en a cimenté les parties'et qui a intro- duit dans leur masse les minéraux cristallisés dont on à donné plus haut l’énumération. Ce fait est un des plus généraux , et par conséquent des plus caractéristiques et des plus intéressans de l’his- toire géognostique des Arkoses de cette première divi- sion. Il faut se représenter ces roches comme formées par agrégation de deux des élémens du granite, le felspath et le quarz qui n’ont pu , comme Île mica, ètre facilement ou détruits ou entraînés. C’est bien une sorte de granite reformé , moins le mica, mais reformé par agrégation et non pas par cristallisation ; par conséquent ce n'est pas , comme on l’a dit, ni un granite régénéré, ni un granite secondaire, puisque le granite est essentielle- ment une roche de cristallisation. Néanmoins , la force qui en a réuni les parties n’était pas uniquement mécanique; la force chimique ou de dissolution agissait encore , car ces roches sont presque toujours accompagnées de minéraux cristallisés, de la classe des pierres ou des sels dans l’ancienne acception ‘de ces mots, tels que la baryte sulfatée , la chaux flua- tée , la chaux carbonatée, et de minéraux cristallisés de Ja classe des métaux , tels que le fer oxidé, la galène, le zinc, le cinnabre , le cuivre azuré et pyriteux, le fer pyriteux, le chrome , etc. Ci24) Ces Arkoses ne montrent ordinairement qu'une stra- üfication imparfaite en bancs très - puissans ; quelque- fois elles n’en présentent aucune. Elles renferment, mais fort rarement, quelques débris du règne végétal , et même quelques-uns du règne animal. Je présume que les exemples suivans peuvent être tous rapportés à celte première division géognostique. Arkose D’Augenas. — C’est au N.-O. de cette ville, près le village de Mercuer, que se montre le terrain dont l’Arkose fait partie essentielle. Ce terrain est d'autant plus instructif pour déterminer la position géognostique de cette roche, qu’il offre une réunion de circonstances rares en géognosie , car on voit dans le mème point la roche reposer immédiatement sur le terrain qu'elle a recou- vert , et recouverte immédiatement de celui qui l’a suivie, Le terrain inférieur , ou recouvert, est un granite; l’Arkose est bien caractérisée et présente les variétés principales de cette roche. Le terrain supérieur, ou recouvrant, est un calcaire qui renferme des métaux et quelques pétrifications. Le profil et la coupe joints à cette note, et l’'énumé- ” ration des roches qui composent ces terrains, vont dé- velopper ces faits généraux et en donner la preuve. Le terrain et les positions sont des plus favorables à Vobservation. Un vallon (fig. 3, a, C), dont les deux pentes sont composées des deux roches superposées dans le lieu où est le pont de Mercuer (a), fait voir claire- ment, et sur deux points, celte superposition. Une grande route (b), celle de Mercuer à Aubenas, a produit sur la croupe de la colline (fig. 2) une coupe étendue qui per- met d'observer sans interruption , et clairement, la su- Le tnt). ns à Da ) pérposition des couches. Quelques carrières à pierres à chaux , et à pierres à bâtir, creusées dans cette coupe , ont mis encore plus de surfaces à découvert et plus d’é- chantillons à étudier. On voit d’abord en D, fig. 3, au pied du coteau qui est au S.-E. de Mercuer, des couches d’un calcaire compacte fin, gris de fumée , traversées de veines de calcaire spa- thique et renfermant quelques parties de galène. Ce cal- caire paraît, par son inclinaison au S.-S.-E, qui est la même que celle des lits qu’on voit au sommet du coteau, recouvrir ces lits, qui appartiennent probablement an terrain d’arkose; mais ce n’est qu'une présomption à-peu- près indiflérente, puisque nous allons voir bientôt ces rapports de position d’une manière beaucoup plus évi- dente. Il n’a d'importance que parce qu’il présente quel- ques pétrifications ; ce sont des ammonites indétermina- bles , tant elles sont liées avec Ja roche et un pecten. Lorsqu'on a traversé le petit vallon dans lequel est situé Mercuer, on se trouve sur un terrain tout-à-fait diflérent. Le noyau des deux collines qui enferment ce vallon, et qui se manifeste très-clairement à leur pied , comme le fait voir le profil (fig. 3), est un granite rose (4), à gros cristaux de felspath, très-fragmentaire. Sur cette roche (4) , eten stratification transgressive, se voient (en B) de nombreux et puissans bancs d’Ar- kose commune et d’Arkose granitoïde, alternant avec des psammites et quelques autres roches d’agrégation , comme l'indique la coupe de détail (fig. 2) sur laquelle est représentée une de ces alternances ; ainsi on trouve immédiatement sur le granite , près le pont de Mercuer, une Arkose miliaire à petits grains, plus quarzeuse que (1269 felspathique, friable, grisätre , mouchetée de brun, et ensuite on voit se succéder un lit de marnes (a) argileu- ses , verdètres ou rosàtres , puis un Jit d’arkose commune (Bb), très-solide, à pâte quarzeuse , rempli de grains de felspath rosâtre ; ensuite (c) plusieurs lits d’un véritable psammite très-sablonneux , très-micacé, blanc, rosâtre ou verdètre , et très-fissile. Viennent encore des Arkoses granitoïdes à grains moyens de quarz gris, de felspath rose , de felspath blanc altéré , d’argillotite verdâtre et de, très-peu de mica, dont la présence constitue la variété granitoïde; puis une autre Arkose granitoïde à plus pe- üts grains (d); puis enfin reparaît le psammite blan- châtre fissile (e). Ce terrain , dans lequel je n’ai vu au- cun indice métallique, se présente ainsi jusque vers la moitié du chemin de Mercuer à Aubenas en bancs assez puissans , également inclinés, mais de composition , de couleur, de dureté inégales , de mamière à offrir une suite de zones ou bandes d'aspect et de couleurs très - va- riées. En le suivant on arrive presque sans interruption au terrain calcaire qui le recouvre en siratification con- cordante et en couches d’une épaisseur peu considérable. Les premières couches ou les plus inférieures (B, fig. à et 3) ont une couleur jaunâtre , un aspect terreux , et ce- pendant une structure laminaire qui donne à ce calcaire. un éclat chatoyant sous certaines inélinaisons, Examiné à la loupe, il semble composé d’une multitude de petits grains terreux jaunâtres, liés par un ciment calcaire cristallisé. Il se dissout dans l'acide nitrique avec une vive effervescence , en laissant un: résidu ocracé 1rès- abondant. Il renferme des débris organisés: j’y ai vu et RÉ nn cn + à (127) ramassé une pelte coquille bivalve, qui a beaucoup de ressemblance avec une corbule striée. Ce calcaire jau- nâtre , chatoyant, est suivi d’un lit assez puissant d’un calcaire sablonneux , et même d’une sorte de brecciole calcaire à petits grains de quarz (C), qui semble être à J’Arkose ce que celle-ci est au granite. Viennent ensuite des lits ou couches d’un calcaire gris de fumée, à tex- ture grenue et cristaliine : il est dur, solide, rude au toucher, comme corrodé à sa surface qui est d’un gris jaunätre sale, et ii renferme encorc des grains de quarz et beaucoup de silice, car il ne se dissout qu’en partie dans l'acide nitrique ; on voit au-dessus, des couches d’un cel- caire compacte , gris de fumée, à cassure esquilleuse et parfaitement semblable au calcaire décrit en premier. Ce dernier renferme quelques indices de pétrifications, mais elles y sont rares et si engagées , que n'ayant pu en re- cueillir aucune, j'y rapporte celles que j’ai trouvées dans un calcaire qui me parait absolument semblable à ce- lui-ci et qui se présente fréquemment entre Aubenas et la Villedieu. Ces coquilles, autant qu'il est possible de les reconnaître dans l’état d’altération où les a mis Jeur liaison intime avec le calcaire, sont : l’ammonites vulgaris ? de Schlotheim , qui se trouve dans le calcaire jurassique d'Amberg, et un ammonite lisse que je ne puis nommer. Les lits de ce calcaire, beaucoup moins incli- nés près d'Aubenas, sont traversés par des filons de ba- salte remarquables par leur régularité et le peu de dé- rangement qu'ils ont causé dans la stratification des calcaires. ÂARKOSES DES ENVIRONS pu Puvy-En-Verav. — Ce sont les Arkoses d’Auteyrac, de Blavosy et de Brive , placés AELAS ) à-peu-près sur une mème ligne, à l’est du Puy, sur les pentes du vallon de la Sumène. Elles offrent, dans leur position immédiate sur le granite, dans leur structure massive, c'est-à-dire sans apparence de stratification , dans leur composition, tant essentielle qu'accidentelle, et même dans leurs usages, tous les caractères particu- liers aux Arkoses, Celles d’Auteyrac et de Blavosy appar- tiennent principalement à l’Arkose commune; la pre- mière est composée de grains de quarz et de felspath en proportions sensiblement égales , liés par un ciment de kaolin : elle est friable (1). La seconde est composée à- peu-près de même; elle renferme des fragmens de gra- nite , des noyaux de quarz, mais elle est beaucoup plus solide et employée comme pierre de construction , et surtout comme pierre à meule. Elle contient, comme celle d’Auteyrac, du fer hydraté en géodes et des pyrites, et, comme l’Arkose plus quarzeuse de Brive, des débris de végétaux monocotylédons qui pourront aïder à déter- miner la position de cette Arkose, d’ailleurs si sem- blable par ces débris organiques et par tous ses carac- tères extérieurs à l’Arkose de Hoer. Anxose D'AvaLon et de quelques autres parties de la Bourgogne. — Ce sont celles qui ont été décrites ou mentionnées par M. de Bonnard dans son Mémoire géo- gnostique sur quelques parties de la Bourgogne (2). On (1) Les descriptions des Arkoses d’Auteyrac et de Brive sont prises entièrement dans la Géognosie du Puy-en- Velay, par M. Bertrand- Roux (1 vol. iu-8°, avec cartes et planches, 1823, p. 35). J’ai tiré celle de l'Arkose de Blavosy en partie du même ouvrage, et en partie des ob- servations que j'ai faites sur les lieux en 1820. (2) Annales des Mines , 1825, tom. x, p. 199 ct p. 427. ( 129 ) va les voir toujours composées des mêmes élémens prin- cipes , le quarz et Île felspath , toujours accompagnées de minéraux acidifères qui sont ici le calcaire et la bary- üne, très-souvent de métaux (la galène dans l’Arkose de Chitry en Nivernais, et dans celle au N.-E. d’Avalon), et toujours placées immédiatement sur le granite dans tous les lieux où on a pu voir le rapportde ces deux roches : ainsi l#rkose du Morvan est immédiatement superposée au granite (1) ou à l'arène, c’est-à-dire au granite dé£ sagrégé qui suit le granite solide. Au sud d’Avalon , tout près de cette ville , sur la rive méridionale du Cousin, l Arkose commune montre d'une manière claire , non-seulement' sa superposition au gra- nite, mais sa liaison avec cette roche, au moyen de la barytine qui y est mêlée, qui la traverse en filons, et qui pénètre dans le granite. *: M: de Bonnard a décrit d’une manière aussi précise que générale cette disposition remarquable que j'avais eu occasion de: voir en 1817, mais seulement près d'A: valon. H a recherché en outre la position de cette roche par rapport à celles qui lui sont postérieures , et il a re- connu, soit directement, soit par des inductions géo- gnostiques qui ont presque la valeur de l'observation directe, que l’Arkose, dans toutes les parties de la Bour- gogne où il l’a retrouvée, était au moins inférieure au lias ou calcaire à gryphées arquées. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans ces rapa ports, c'est la liaison de l’Arkose, roche presque aussi ancienne que le granite, avec les coquilles du calcaire à Lt US (1) Loc. cit, , p. 206, VI, 9 ( 130 ) gryphées qui, dans d’autres pays, en est séparé par plu- sieurs sortes de roches de sédiment, mème par des for- mations nombreuses, puissantes et très -différentes les unes des autres. Dans les parties de la Bourgogne étu- diées par M. de Bonnard, non-seulement l’Arkose est pénéirée du calcaire qui la recouvre (après Pént-Au- bert}), mais elle renferme des empreintes ‘distinctes; et cependant presque indéterminables, des coquilles qui appartiennent en partie au calcaire à gryphées arquées , en partie aux terrains coquilliers qui lui sontinférieurs, par conséquent, soit au calcaire conchylien ( Muschel- kalk), soit au grès bigarré, soit mêmeiau calcaire pé: néen ? «1 Arkose pe Remizy, à 6 lieues à l’ouest de Dijon, dé- crite par M. Leschevin (1).—Elle est uniquement compo- sée de grains de quarz hyalin et de grains de felspath avec un peu d'argile : le quarz est ou sans couleur ou ronge pâle ; son éclat est gras. Cette roche est mêlée de grains cristallisés épars, mais contemporains à l'agrégation, de fluore , de barytine, de galène et de pyrites. Les cavités qu’elle présente sont tapissées de cristaux de quarz et de cristaux de barytine crêtée. Elle est souvent assez solide (1) Journal des Mines, 1813, n° 193. Il décrit cette roche sous le nom de psammite que je lui donnais alors , et sous ceux de grès ancien, grès granilique, avec les caractères de composition essentielle et acci- dentelle que j'attribue aux Arkoses, M. Gillet de Laumont à mis à la fin du Mémoire de M. Leschevin une note sur cette roche, que je n’a- vais encore fait qu indiquer dans ma Minéralogie ; il fait très - judicieu- semeut observer qu’elle n'est composée que de quarz et de felspath sans mica, et qu’elle peut être regardée comme due à lxtrituration du granite dont le mica aura été enlevé par les eaux à cause de sa légèreté: CEST ) pour qu'on en fasse des meules de moulin , assez infu- sible pour qu’on en revètisse les creusets des hauts four- neaux. Cet exemple fait connaître encore d’une manière évi- dente la position relative de l'Arkose avec les autres roches, au moyen des puits qu’on a creusés au pied de la colline de Remilly , et qui, après avoir traversé la couche d’arkose-, ont pénétré dans le granite; par con- séquent elle est placée immédiatement sur le granite, ce qui a engagé M. Leschevin à la rapporter au terrain de transition. Elle est recouverte par le calcaire à gry- phées arquées, ce qui établit les limites supérieures de sa formation : on voit qu’elle est antérieure au terrain de sédiment moyen, et qu’elle fait partie du terrain de sédiment inférieur. Il est probable que si le calcaire pé- tiéen existait dans ce canton, et qu’on l’y reconnût, on le verrait recouvrir presque immédiatement cette ar- kose (1). ET e., (1) M. Pareto, qui s’est occupé avec distinction de recherches géc= logiques , et qui, en retournant à Gènes sa patrie a bien voulu visiter sur mon invitation le gîte d’Arkoses de Remilly, vient de m'adresser une description et une coupe détaillée (fig. 1) de ce gîte, qui le rendent aussi clair et aussi classique que celui d’Aubenas. Cette Arkose est uni- quement composée de quarz et de felspath : ce dernier minéral est ro- sâtre. On la voit reposer immédiatement sur le granite à felspath égale- ment rosàtre et formant une masse stratifiée d’environ 20 mètres d’é- paisseur. On remarque quelques lits minces d’argile bleuätre entre ses assises supérieures ; au-dessus est une masse de 15 à 20 mètres d’argile et de masses argileuses de différentes couleurs , qui est immédiatement suivie du calcaire compacte, renfermant une prodigieuse quantité de gryphea arcuata, recouvert par d’autres argiles et marnes , entre autres par des bancs durs qui renferment des bélemnites , etc. ; enfin un calcaire compacte blanc surmonte le tout, et parait avoir les caractères el la (132 ) Ankose DE Moxrseu , au sud d'Autun. — C’est une de celles qui passent au mimophyre. Le quarz est en grains grisâtres ; le felspath est en cristaux altérés, rou- gcâtres ou jaunâtres ; des grains d’argilolite arrondis sont mêlés avec eux. Sans la barytine qui tapisse en cristaux crêtes les fissures de cette roche, ou qui y est mêlée en petits grains cristallins contemporains; sans le quarz qui passe aussi au silex corné , ou qui tapisse les fissu- res de ses cristaux, cette roche semblerait avoir été en- tièrement formée par voie d'agrégation, Elle est immé- diatement superposée au granite qui forme la masse de la montagne de Montjeu, et se présente soit en blocs dans le sable granitique , soit en lits horizontaux de 5 à G décimètres d'épaisseur dans ce sable. Cette Arkose est tantôt jaunâtre , tantôt rougeûtre ; elle adhère quel- quefois au granite même, et s'étend sur cette roche en lits peu puissans et interrompus. ARKOSE DE LA MONTAGNE DEs Écoucners (x), près Couches, département de Saône-et-Loire. — Elle res- semble, comme l’a dit M. Leschevin, à un granite, et ap- partient par là à la variété granitoïde (2). Elle est com- posée des mêmes élémens ; maïs le mica y est très-rare et noir ; le felspath altéré et le quarz y sont très-abondans. position du calcaire jurassique. Les couches marneuses inférieures dy calcaire à gryphée qui fait partie, comme on sait, de la formation du lias, renferment tout près de Remilly (à Mémont ) des lits de gypse fibreux , minéral qui se trouve presque partout dans le terrain de lias. (1) Nommé Æscenchet sur la earte de Cassini, et placé à tort sur la gauche de la route de Couches au Creusot. (2) Lescuevin, Journal des Mines , vol. 25, n° 161, p.345. — Il dit qa'il a beaucoup étonné les nataralistes en désiguant cette roche par le nom de grès. U(408.) Celui-ci passe même au silex corné, grisätre, rougeà- tre, verdâtre, et même à la calcédoine ; il traverse l’Ar- kose en zones dans tous les sens , et ses cavités sont ta- pissées de cristaux de quarz. Ces mêmes cavités et les fissures de la roche sont recouvertes, dans un grand nombre de points , d'oxide de chrome siliceux qui pé- nètre jusque dans le silex et le colore en verdâtre , cir- constances qui prouvent l’action chimique. Des fragmens et des nodules arrondis de chrome oxidé siliceux , d’un beau vert, prouvent l’action mécanique. Cette roche est placée immédiatement sur le granite de ce canton. Quoique la superposition ne soit pas aussi évidente que celle des Arkoses des autres exemples, M. Leschevin l’a regardée comme certaine ; et lorsque j'ai eu occasion de visiter ces mêmes lieux , je n’ai pas hésité à considérer ce prétendu grès comme une Arkose granitoïde (que j'appelais alors psammite granitoïde) pénétrée d’oxide de chrôme, et placée sur le granite, dont les élémens avaient servi à la composer. Cette Arkose n’est point recouverte. Agkose ne Cuessy, près Lyon. — Les mines de cuivre de Chessy montrent avec une grande clarté les rapports géognostiques des terrains d’Arkose avec les terrains an- ciens. L'ancienne mine , consistant en lits de cuivre py- riteux , etc. , est placée dans un de ces terrains qu’on est convenu d'appeler primitifs; celui-ci consiste, non pas en granite, mais en roches dont les élémens minéra- logiques sont les mêmes : ce sont des stéachistes, des micachistes et des gneiss; par conséquent des roches composées de quarz, de felspath et de mica comme le granite, qui d'aitleurs n’est pas éloigné de ce gîte. Sur ce (134) terrain primitif cest appliqué un terrain composé de roches d'agrégation renfermant des ‘parties nombreuses et quelquefois assez volumineuses de minéraux métalli- ques cristallisés. Ces roches ne sont pas uniquement des Arkoses , mais celles-ci s’y trouvent , sinon en propor- tions dominantes, au moins très -abondamment. Elles sont à grains pisaires et miliaires de quarz hyalin et de felspath altéré renfermant çà et là un peu de mica. Elle passe quelquefois au psammite commun lorsque les parties ne sont plus distinctes et que le mica y de- vient plus abondant; mais ce passage est plus rare qu’on ne pourrait le présumer. Ce terrain d’Arkose présente une masse d'environ 80 mètres d'épaisseur, dont la con- sistance est faible et souvent même très-friable, et dont la stratification , quoique confuse, permet cependant d’} reconnaître une alternance de bancs métallifères et de bancs stériles. Il renferme tout ce qui accompagne or- dinairement les Arkoses, de l'argile lithomarge, et de la collyrite diversement colorée ; des sphéroïdes de cuivre azuré cristallisé, si remarquable par l'éclat, le volume et la belle couleur de ses cristaux ; du cuivreymala- chite, du cuivre rouge, du fer oligiste-sanguine, tous minéraux qui ont rendu ce gite si célèbre chez les ama- teurs des belles productions du règne minéral. Aucune de ces substances, soit terreuse, soit métallique , ne s’y présente ni en couche, ni en lit, ni en filon , ni même en amas couchés; ce sont des nodules dont le volume varie depuis celui d’un pois jusqu'à celui d’un melon , isolés ou agrégés , des veines entrelacées, courtes et par conséquent sans aucun continuité. Le terrain primitif sur lequel cette masse d’Arkose est hote tt (Ca56 ”) placée immédiatement en contient, comme on vient de Je faire remarquer, tous les élémens et mème les élémens métalliques qu’on peut reconnaître dans le lit puissant de cuivre pyriteux qu’on exploite depuis long-temps dans ce gite. Au-dessus du terrain d’Arkose se trouve placé , mais d’une manière beaucoup moins évidente qu'à Aubenas, le calcaire pénéen , et au-dessus encore le calcaire à gryphée arquée. Mais je n'arrête ici, mon objet n’étant ni de décrire ce gîte , ni de décrire les terrains et les formations qui l’ac- compagnent : il l’a été ailleurs et d’une manière tout-à- fait complète (1); j'ai eu seulement pour but de faire remarquer que le gîte de cuivre azuré de Chessy appar- tenait aux roches d’Arkose des terrains de sédiment infé- rieurs , si difliciles à distinguer des terrains de transition, et qu'il en présentait d’une manière aussi tranchée que complète tous les caractères minéralogiques et géognos- tiques. Arkose pE Horr, en Scanie. — Eile n’est recouverte par aucun terrain en position , et ne laisse pas voir direc- (x) Par M. L. Cordier, Ænnales des Mines , 1819 , tom. 1v, pag. 16, à la suite de la description des eristaux de cuivre carbonaté bleu qu’on trouve dans cette mine. M. Cordier appelle lArkose un terrain de grès ancien. Il dit qu'il re- pose immédiatement sur le sol primitif, qu’il désigne sous le nom de schiste argileux. La présence d’un grand nombre de masses cristallisées au milieu d’un terrain d’agrégationu l'a justement étonné, et ses ré- flexions font voir qu’en n’hésitaut pas à reconnaître la manifestation de l’action chimique au milicu de ces agrégats mécaniques , il trouve ecpendaut quelques difficultés pour concilier ces deux actions dans uue: même roche, (486 }: ; tement sur quel terrain elle repose ; sa situation géognos- tique re peut donc être établie que par quelques rapports de niveau avec les terrains environnans, par des circon- stances négatives , caractères d’une faible valeur en géo- gnosie, par ses caractères minéralogiques , et enfin par des inductions d’une bien plus grande importance, tirées de la présence de quelques débris organiques du règne végétal. Examinons d'abord ses caractères minéralogiques à tant en petit qu'en grand (1). C’est généralement une Arkose commune très-quarzeuse, d’un blanc grisâtre ti- rant légèrement sur le bleuâtre , en bancs puissans sen- siblement horizontaux. Elle est dense, solide; le quarz y est plus abondant que le felspath : celui-ci est en petits grains, les uns inco- lores , les autres rosâtres , quelquefois altérés. Elle est en outre souvent remplie d’un grand nombre de taches jaunâtres , ocracées , dues à la décomposition des pyrites blanches qu'elle renferme disséminées. Elle est quel- quefois veinée de parties plus quarzeuses , indiquant l'action de la dissolution et de la cristallisation qui exis- tait encore dans le moment du dépôt et de l'agrégation des parties de cette roche de structure clastique. Elle renferme , dans les parties voisines des fissures de stratification , des nodules d'argile endurcie , souvent très-nombreux et accompagnés de pyrites. (1) Ce terrain a été simplement indiqué par M. Hisinger dans son Essai sur la Géographie minéralogique de la Suède (traduction alle- mande par Blode ; 1 vol. in-12. Freyherg, 1819, p. 318). Il le désigne comme un conglomérat quarzeux renfermant quelques cavités drusiques, tapissées de cristaux de quarz et exploitées pour meules de moulin. (157 ) C'est dans la masse mème de cette roche que nous avons trouvé celte empreinte d’une grande dimension d’un végétal que M. Adolphe Brongniart a décrit sous le nom de filicites meniscioides (1). C’est la seule que nous ayons vue venant de cette carrière où l’Arkose est par- faitement caractérisée (2). Outre ces nodules argileux, l’Arkose de Hoer renferme aussi des noyaux de quarz arrondis, très -volumineux ; des parties également arrondies , à texture grossière , et comme formées de sable agrégé et enfin des cailloux de poudingues. Ce sont bien ici les caractères de l'agréga- tion mécanique et grossière, comme les veines quar- zeuses citées plus haut étaient ceux de la dissolution chimique. , Tels sont les caractères de l’Arkose de la première car- rière , de celle qui est la plus voisine du village de Hoer ; elle n’est recouverte que par ces terrains de transport, si communs en Suède, et surtout si remarquables en Scanie et qui sont composés d’une multitude de cailloux et d'énormes blocs granitiques enveloppés dans un sable de même nature. À environ un quart de lieue plus loin, après avoir tout-à-fait perdu la ace de l’Arkose de cette première carrière en traversant-une plaine composée de granite oo (2) Ann. des Sc. nat. , 1825, tom. 1V, p. 200, pl. x. (2) Nous étions accompagnés de M. Berzelius ct de M. le profes- seur Nilson de Lund : ce dernier nous apprit qu'il voyait celte empreinte pour la première fois; mais M. Hisinger cite des vestiges ct des feuilles de plantes marines (seegewachse) inconnues, trouvées dans cette car- rière et conservées dans la collection minéralogique de M. le professeur Retzius, à Lund. ( 138 ) en place, on trouve une autre carrière où la roche res- semble bien plus à un grès qu'à une Arkose; elle est presque entièrement quarzeuse , plus rougeàtre , et fer- rugineuse, Elle renferme un grand nombre de débris vé- gétaux , les uns de Cryptogames , les autres de Phané- rogames (1), et beaucoup de parties charbonneuses en- gagées dans la roche. Si ces deux carrières si voisines, mais dont Ja liaison ne- peut être suivie , appartiennent exactement au même ter- rain, il est assez remarquable qu’à si peu de distance les débris organiques soient si différens , qu’ils soient si rares dans la première, où ils se bornent à une espèce, et si abondans dans la seconde :en espèces et en indi- vidus , parmi lesquels le filicites meniscioides ne se retrouve plus. On pourrait admettre que la seconde car- ricre offre les couches ou parties supérieures du terrain d’Arkose dont la première montrait la partie la plus in- térieure. Mais rien ne prouve cette continuité, et il est possible que le terrain de la seconde soit différent de celui de la première et plus moderne que lui: L'opinion présentée par M. Ad. Brongniart, que le terrain de grès de Hoer appartient au grès à carreaux ( quadersandstein) pa- raîl'a pouvoir conserver toute sa force pour la seconde carrière , mais n'être pas applicable avec le mème degré de probabilité à la première, qui présente d’une manière si complète tous les caractères minéralogiques des Ar- Kkoses communes, riches en felspath , appliquées immé- e = A ? diatement sur le granite, et semblant être (qu'on me (1) Décrits dans le Mémoire cité , et figurés pl. xir. (139 ) passe cette expression ) l'écume de cette roche , comme paraît l'indiquer la liaison si intime qu’elle conserve avec elle dans tant d’autres lieux. Cette liaison ne donnerait pas néanmoins une très-grande ancienneté à l’Arkose, c’est-à-dire une ancienneté égale , par exemple, à celle des terrains de transition à trilobites, car il est présuma- ble au contraire que beaucoup de granites sont d’une époque de formation postérieure à ces terrains ; mais elle lui attribuerait comme aux autres Arkoses une position de beaucoup inférieure à celle du grès à carreau, peut-être inférieure au grès bigarré et même au calcaire pénéen. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet : nous dirons seulement que la circonstance du voisinage et la super- position presque immédiate, peut-être mème immédiate, de ces deux carrières ne doit pas empêcher d'attribuer deux époques différentes de formation aux Arkoses et aux grès qu'on y observe. Le sol de la Suède présente de nombreux exemples dela réduction à un très-petit nombre de terrains de cette longue série de roches et de formation qu’on observe dans le centre de l'Europe. On voit res- serrés, et comme accumulés l’un sur l’autre dans la mème province (la Scanie), le granite, les ampelites alumineux et le calcaire de transition (à Andrarum ), le grès bigarré et ses charbons fossiles (à Hoganaes) , peut-être le grès à carreau (à Hoer }), la craie (à Ignaberga), et le basalte (près de Hoer), tandis que tous les terrains intermédiai- res , la houille filicifère et ses psammités rougeûtres, le calcaire pénéen, les gypses et les sels marins des grès bigarrés , le calcaire conchylien, le lias et son calcaire à gryphées , le calcaire jurassique et ses oolithes, etc., manquent entièrement. (140) Ankose DE Wazpsaur sur les bords du Rhin, au- dessous de Schaffouse.—La ressemblance de cette Arkose avec celles de Blavosy, de Hoer en Scanie, de Montpey- roux en Auvergne , est si frappante et souvent si complète qu’on pourrait croire que les échantillons pris dans ces divers lieux appartiennent à la même carrière. Cepen- dant , dans l’Arkose de Waldshut , le felspath est un peu plus décomposé et passe à l’état de kaolin, la roche n'en est pas moins dure et solide au point qu’elle est exploitée pour faire des meules de moulin. Cette Arkose est située immédiatement au-dessus du granite-gneiss qui forme le fond du Rhin , et recouverte par un calcaire pénéen qui se montre à peu de distance: Je n’ai pas vu cette superposition d’une manière directe, mais elle est établie par l’inspection des lieux environ- nans , par le récit des ouvriers qui exploitent la carrière de Waldshut et par l'opinion des géognostes qui ont décrit ou simplement visité ce pays; quant à l’époque géognostique du calcaire , je ne puis la déterminer avec certitude, mais elle paraît rapporter ce calcaire à celui que nous désignons , avec M. Omalius d'Halloy , sous le nom de pénéen ( Zechstein ). L’Arkose est donc encore ici dans sa position ordinaire et paraît appartenir à la même époque géognostique que celle d’Aubenas. Elle est stratifiée en bancs horizontaux puissans séparés par des lits d'argile sableuse dans lesquels on voit des géodes ou mème des cavités allongées, drusiques , tapissées de quarz coloré en rouge ; ces mêmes cavités se présentent dans la roche elle-même et y sont tapissées des mêmes cristaux , et en outre de quarz laiteux, de calcaire spa- thique , de fluore on chaux fluatée en cristaux euboïdes L (Cri) rose très-pale ; dont les arêtes et les angles sont mo- difiées par un grand nombre de facettes. Elle contient enfin du fer oligistemétalloïde , du fer oligiste terreux, tantôt comme fondu dans la roche , tantôt réuni en ro- gnons disséminés dans sa masse (1). / Ainsi cette Arkose, placée immédiatement sur un gneiss mêlé de granite, c’est-à-êire , sur le granite-gneiss de quelques géognostes, renferme , comme ses congénères, des minéraux acidifères (carbonate et fluate) et deux sub- stances métalliques , le fer oligiste et le cuivre mala- chite , circonstances presque caractéristiques des Ar- koses. SIT. Arkoses de la deuxième division. La texture grenue, grossière , entièrement due à l’a- grégation mécanique, est plus sensible et plus constante dans ces Arkoses que dans les premières. Elles sont, par conséquent, plus friables et souvent aussi à grains plus fins. Elles renferment plus rarement des minéraux métalliques ou pierreux cristallisés, étrangers à leur (1) MM. Oeynhausen , de Dechen et de la Roche ont parlé de cette roche sous le nom de grès, en le rapportant au grès rouge et au grès bigarré des Vosges et de la Forêt - Noire, parce qu'ils considèrent ces roches comme appartenant à la même formation ; maïs ils font spéciale- ment remarquer que le granite qui Ini est inférieur passe au grès rouge d’ane manière insensible par le gravier de granite (c’est bien l’Arkose) ; ils ajoutent que celte Arkose renferme ; outre les minéraux que j’ainom- més, des petits amas de malachite , et qu’elle est recouverte par le caf- caire gris de fumée qui renferme quelquefois au-dessus de la carrière à meules un lit de gypse ( Geogn. Umrisse der Rheinlanden, ete, Es- sen, 1825, zweites theil , pag. 26.) ‘ { 143) composition essentielle de quarz et de felspath, mais elles présentent plus souvent et plus abondamment des paillettes de mica. Elles contiennent des débris orga- niques végétaux , à -peu-près et même absolument semblables à ceux qu’on connait dans les terrains houil- lers ; enfin elles font généralement partie de ces ter- rains et ne diffèrent des psamimites de ces mêmes terrains que par leurs caractères minéralogiques. Leur position est donc bien déterminée, bien connue , et nous ne les mentionnons iei que pour ne passer sous silence aucune roche qui puisse se rapporter minéralogiquement aux Arkoses. Nous nous contenterons de citer quelques exemples de ces Arkoses sans les décrire. Laroched'agrégation quiestinterposéeà Saint-Etienne, département de la Loire, entre la grande masse de houille de 4 mètres , à la carrière dite de Joyaut, et les lits de houille supérieurs, et qui forme un banc de plus de 20 mètres d'épaisseur, est une Arkose. Celle qui recouvre les derniers lits de houille et de fer carbonaté li- thoïde , et qui est traversée à la mine du Treuil par un grand nombre de tigesvégétales, dans une position ver- ticale , est encore une Arkose très-bien caractérisée. Cette même roche, mais plus quarzeuse, avec un peu de ciment argiloïde interposé , un peu de mica, du felspath kaolinique blanc et de la barytine rosâtre , se présente dans le terrain houiller de Chabrignac, de- partement de la Corrèze ; enveloppant de nombreux no- dules et grains de galènce. La mine de houille de Montrelais en Bretagne , est ac- compagnée d'un banc d'Arkose très-dense , très-dure , d’un gris très-foncé , dont les fissures sont couvertes de (14) quarz hyalin cristallisé ; de pyrite et de calcaire jaunis- sant en petits cristaux rhomboïdaux. On voit une Arkose absolument semblable à celle de la mine du Treuil, dans les mines de bouille de Percy, près de Newcastle sur Tyne , en Angleterre. Je crois pouvoir y rapporter aussi les Arkoses mi- JHiaires qui font partie de la formation charbonneuse, bi- tumineuse et de mercure de la Glane, vers Meïsenheim , dans le Palaunat, «u pied occidental du Mont-Tonnerre. La qualité du combustible charbonneux , nommée houille sèche , la présence des poissons fossiles absolu- ment semblabies à ceux du pays de Mansfeid, celle du mercure sulfuré et du plomb sulfuré, plutôt en veinules et en amas irréguliers qu’en filons , peuvent faire re- garder ce terrain comme tout-à- fait analogue au terrain de schiste bitumineus et cuivreux de la Hesse, et par conséquent comme montrant la limite irférieure des for- mations dans lesquelles J je âcherai de faire voir que les Arkoses se présentent. Le calcaire pénéen qui le sar- monte et les sources salées qu'on connaît dans les envi- rons de Coussel, semblent indiquer le terrain de sé4 diment moyen, ou le terrain le plus supérieur de cette formation (1). ty | (1) J'avais vuce terrain ; mais seulement en passant, en 1819. Les poissons et le mercure m'avaient fait soupconner : dés- lors qu’il pour- rait être de la même époque géognostique: que les schistes cuivreux de la Hesse , supérieurs la houille et inférieurs au calcaire pénéen. La des- cription très-caractérisée-que M. de Bonnard a donnée de’ ce: terrain (Ann. des Mines, t,:v1, p.505), et dans laquelle j'ai puisé la plupart des faits que je viens de rappoïter, et l'opinion émise par M, de Bon- nard (p.510), me semblent ne laisser aucun doute sur l'exactitude de (144) On voit, par ces exemples , que l’action chimique à encore eu de l’influence dans la formation de ces Ar- koses , quoique le caractère d’agrégation mécanique soit ici tout-à-fait dominant , et que , malgré leur séparation des granites par des terrains de sédimens, elles présen- tent encore la plupart des caractères minéralogiques et géognostiques des Arkoses de la première division. $ IT. Ærkoses de la troisième division. La place géognostique et par conséquent l’époque de formation de ces Arkoses est, comme on le verra, très-dif- ficile à assigner. Elle est peut-être la même que celle des Arkoses de la première division, peut-être aussi en est-elle considérablement éloignée. Le quarz y est dominant en grains hyalins plus ou moins gros, tantôt liés les uns avec les autres par une force puissante et qu'on ne peut attribuer à la seule juxta-po- siion ; tantôt au contraire si peu liés que ces Arkoses sont désagrégées et friables. Elles présentent moins qu'aucune autre des minéraux cristallisés ; le calcaire rhomboïdal , l’arragonite et la barytine sont presque Îles seuls qui s’y rencontrent. Le calcaire est probablement le moyen de Ïa solide réunion des papiegé de Éauelqnes unes de ces Arkoses. ce rapprochement. Il serait important d'examiner si les schistes impres= ichthyolite et à mer- cure, et dans ce cas si les impressions végétales sont des fougères ou x sionnés, cités p. 509, font partie des terrains à d’autres plantes lacustres, ou si elles appartiennent à- des fucoïdes ou à des plantes marines , comme dans les schistes. ce la Hesse. C'est encore un secours eflicace que la géologie réclame e Ja botanique fos- sile, C 145 ) Des kaolins impurs, du bitume, des corps organisés végétaux à l’état de lignite , des coquilles qui appartien- ñent à des espèces lacustres ou fluviatiles sont les ma- üères minérales et les débris organiques qu’on trouvé dans cette Arkose. Je ne puis citer que deux exemples d’Arkoses de cette division ; il est probable qu’il y en à un bien plus grand nombre qu'on réconnaitrà quand on aura porté son at- tention sur ces roches dont l’étude a été négligée parce qu'on les appelait grès , ét qu’on croyait en avoir assez dit quand on les avait désignés par ce nom. Le premier exemple de ces Arkoses se trouve en Auvergne ; les lieux où je les ai observées sont situés sur la rivé gauche de l'Allier, entre Issoire et Clermont. Les collines qui bordent cette rivière à l’ouest ont leur base on plutôt leur noyau en granite coloré en rouge et peu solide ; elles sont surmontées d’une roche d'agrégation qui est tantôt un véritable psammite à cause de la quantité de mica qu'il renferme; ce psammite est friable, et ses masses sont composées de zonés alterna- tivement rouges, vertes ét blanchâtres. Le sommet de ces collines ,composé d’une roche aussi friable, a été sillonné et divisé par les eaux en une multitude de cônes dont les bases se confondent. Cette disposition se voit d’Issoire à Saint-Yvoine en remontant l'Allier ; mais après Coude se présente la colline de Montpeyroux , qui est presque entièrement formée d’une véritable Arkose , rougeître , jäunâtre, grisätre ét même brune, composée uniquement de quarz hyalin grisätre, et de felspath blanchätre et cobstituant une roclie trés - dure, très-solide dont on fait des meules de moulin fort recherchées. VHL, 10 (146) Xe La position relative de cette roche depuis Issoire jus- qu'à Clermont, et dans les environs de cette ville, est généralement la mème ; elle est souvent immédiatement placée sur le granite, et composée non - seulement des mèmes élémens que le granite inférieur, mais ses cou- leurs le rappellent également, car on a dit tout-à-l’heure que ce granite était plutôt rouge que gris. L’Arkose est dans quelques endroits recouverte par une roche calcaire bien différente de celle qui recouvre ‘les Arkoses de la première division : ici c’est un calcaire d’eau douce très-bien caractérisé, pétri d’ane mulutude de coquilles fluviatiles ou lacustres, et de même qu'aux environs d’Avalon les gryphées s'associent aux parties supérieures des Arkoses, de même ici les lymnées, bu- limes , planorbes, etc., se voient dans l’intérieur même de cette roche. La position de ces Arkoses, par rapport au granite qui forme la base des terrains volcaniques et des terrains de sédiment de l'Auvergne , se voit d’une manière très- claire au Puy-de-Chatel, au nord de Royat, près de Clermont. L’Arkose à grains assez gros de quarz et de felspath se présente en bancs inclinés, appuyés immé- diatement contre le granite qui forme la masse princi- pale du petit montieule qu’on nomme le Puy-de-Chatel. Le granite est divisé par un grand nombre de fissures remplies d’une brèche de fragmens de granite, cimentés par du fer limioneux : les fentes et cavités de cette brèche granitique qui représente une Ârkose à gros grains , sont elles-mêmes remplies et tapissées des cristaux de ba- ryte sulfatée , remarquables par leur volume et leur net- teté, La partie supérieure de la masse d’Arkose est péné- (147) irée de bitume. Ainsi la barytiné, minéral qui accom- pagne si souvent les Arkoses » Se représente encore ici avec cette roche qui semble se lier, par cette circon- stance et par sa position immédiate sur le granite , avec les Arkoses de la première division, La barytine , ie bitume et l’arragouite accompagnent également l’Arkose dans un lieu plus éloigné de Cler- mont, au Puy-de-Corent, On voit au pied de cette col- line , sur le bord de l'Allier, en allant de la surface à la profondeur, ou de haut en bas , d’abord le calcaire d’eau douce rempli de lymnées et de planorbes; ensuite l’Ar- kose , qui est ici très- dense, très- dure, imprégnée de calcaire dans ses parties supérieures, et pénétrée de bitume dans ses parties inférieures : elle est stratifiée, et ren- ferme entre ses couches de l’arragonite fibreuse. Cette Arkose n’est pas placée ici immédiatement sur le granite, elle repose sur un calcaire compacte, bitumineux, fissuré dans toutes sortes de directions , et dont les fissures sont remplies de bitume , d’arragonite et de barytine. Je me borne à ces exemples de position de l’Arkose en Auvergne ; ils suflisent pour faire voir les caractères ou particularités, tirés de sa position sur le granite et de la présence de minéraux cristallisés. L’arragonite et la barytine se montrent dans cette Arkose comme dans celle de la première division ; mais je ne sache pas qu’on ÿ ait vu de substance métallique autre que du fer oxidé limoneux. Le second exemple est pris dans un pays bien éloigné de celui qu’on vient de citer; c’est en Bohème, près de Carlsbad , que je croïs avoir reconnu une Arkose sem- blable à celle d'Auvergne. Il y a déjà entre les environs (148 ÿ de Carlsbad et l'Auvergne une grande analogie de con= stitution géognostique : c’est de part et d'autre un pla- teau granitique surmonté de roches trapéennes , ba- saltiques, mème laviques , avec des sources minérales chaudes tenant en dissolution une grande quantité de cal- caire. On y voit aussi des kaolins impurs ; comme ceux de Souxillange, près d’Issoire. L'’Arkose, ici très- quarzeuse, pourrait être nommée grès à gros grains , si elle ne renférmait quelques parties de felspath, et si la position géognostique ne décidait à regarder cette roche comme une Arkose. Elle recouvre, en effet, des collines basses de granite porphyroïde; elle est grise, très-dure , à gros grains de quarz hyalin, mêlé de grains de felspath altéré. Elle est en bancs puissans, pénétrant dans les anfractuosités des vallons granitiques. Ceux de ces banes qui sont sur la pente des coteaux ont été brisés; une partie de leurs débris volumineux sont restés épars sur la crète des collines , comme on peut le remarquer en Got de Carlsbad à Elbagen par la grande route. Une autre partie est tombée jusque dans le fond des vallées et a pénétré dans les dépôts de kaolin qui se montrent quelquefois au pied de ces collines. Cette Arkose est la moins bien caractérisée de toutes celles qui ont été mentionnées dans cetie Notice; sans son aualogie avec celle de l’Auvérgne, on serait tenté de la regarder comme un vrai grès du terrain de sédiment supérieur ; et avec d'autant plus de raison qu'eile est accompagnée dans quelques endroits (au débouché de la vallée de Carlsbad, dans l'Eger , et sur la rive opposée de cette rivière) de fragmens de lignite et de très-bonne argile plastique, que nous avons déjà mentionnés ailleurs. (149 ) Anr. 3. Détermination de la position géognostique des Arkoses. Les Arkoses, par leur position sans intermédiaire sur le granite, démontrée d'une manière évidente par les exemples que je viens de rapporter, ét par leur liaison avec cette roché, semblent avoir été formées immédiatement après elle et par conséquent être d’une même époque géognostique que les terrains de trau- mate de la formation de transition , qu'on considère eomme la plus ancienne après les terrains primitifs ; et comme formant le passage de ceux-ci aux terrains de sé- diment, Mais en comparant les particularités et carac- ières géologiques des deux terrains , considérés isolément et sans égard à leur place dans la série des formations , on remarquera des différences nombreuses et fondamet- tales qui pourront nous conûuire à des eonséquentes assez singulières et peut-être inattendues. Le terrain de traumate (ubergange-grauwake) est composé de phyltades paillettés, de poudingues anagé- niques , de psammite commun et schistoïde, de schiste argileux , de phianites (kieselschiefer), ete. I offre, par conséquent, un dépôt puissant de roches argiloïdes ou sableuses qui n’ont aucun rapport de nature ni de struc- ture avec le terrain de granite, de gneiss ou de mica- schiste sur lequel on suppose qu’il est placé et d’où semblent être sorties les substances minérales, pierreu- ses et métalliques qui se rencontrent, cristallisées , dans ec terrain sédimenteux. Ô Le terrain de traumate est done composé de matériaux tout-à-fait diflérens de ceux du terrain granitique sur ( 150 ) lequel on présume qu'il repose : il tire nécessairement son origine d’une autre source et doit avoir été formé de tout autres matériaux qui peuvent mème venir de très- loin. Le terrain de traumatc est stratifié d’une manière ‘assez distincte, Sa stratification est coupée et traversée par des filons ou des veines qui renferment des minéraux très-variés. On dirait qu'après avoir été déposé il a été brisé et comme fendu par la force ou par la cause qui a introduit ces minéraux dans ses fentes et dans ses cavi- tés. Ausst est-ce le terrain des filons réguliers, des amas couchés et des veinules minérales. Les terrains de houille ancienne ou filicifère qui vien- nent ordinairement au-dessus des terrains de transition calcaire ou de traumate, ont des caractères si connus et si évidemment diflérens de ceux des Arkoses, que je n’en ferais aucune mention si on n'avait pas trouvé dans ces derniers terrains des débris végétaux qui semblent au premier aspect avoir de la ressemblance avec les fou- gères des terrains houillers; mais un examen scrupuleux, une comparaison attentive de ces empreintes végétales et de celles de houille, a fait voir qu’elles étaient différentes, et a montré en même temps de quelle valeur sont les services que la considération des corps organisés fossiles rend à la géologie. Ainsi les Arkoses de la première division, malgré les débris de végétaux monocotylédons qu’elles renferment quelquefois, malgréles petits amas charbonneux qu’elles présentent , n’appartiennent pas à l’époque de la forma- üon des anciennes houilles ; elles ne sont pas plus an- ciennes qu'elles, mais elles ne paraissent pas non plus “ui ti FR) être beaucoup plus nouvelles : elles semblent dans quel- ques cas les avoir suivies presque immédiatement, La disposition , la nature et l’origine des Arkoses de la première division présentent donc des circonstances tout- à-fait différentes de celles que nous venons de rappeler comme propres aux terrains de traumate ct aux terrains houillers. Il n’en est pas de même des Arkoses de la seconde di- vision; car on ne peut se refuser à regarder le gravier blanc , qui recouvre à Saint - Étienne le terrain houiller dans quelques points, et notamment dans le lieu où i] s’est présenté traversé par une forèt de tige verticale, et celui qui alterne avec les couches de ce terrain, comme appartenant , au moins minéralogiquement , aux Arkoses , puisqu'il a la même composition que cette sorte de roche. La stratification des Arkoses est grossière , et quelque- fois on ne peut la reconnaître nettement. Nous avons déjà dit, et les caractères minéralogiques l’établissent d’une manière positive, qu’elles sont composés des mêmes élémens que le granite. L'élément le plus durable , qui est le quarz , est aussi le plus abondant ; l'élément le plus séparable, le plus susceptible d’être emporté au loin, le mica, ne s’y trouve plus ou y est très-rare ; l’élément le plus décomposabl®, le felspath, y est souvent à l’état d’altération , soit en Kkaolin , soit même en argilolite. C’est aussi un gite des minéraux acidifères et des mi : néraux métalliques, qui se présentent ordinairement en filons dans toute autre roche ; mais ici la matière de ces. minéraux était répandue dans Ja masse même de l’Arkose, et à mesure que celle-ci se solidifiait par dépôt et par ( 152 ) agrégation , les minerais dissous se réunissaient en petits amas cristallins ou tapissaient de leurs cristaux les ca- vités de l’Arkose. Il n’y a ici que des nodules, des amas, et quelques druses; on ne voit plus ou presque plus de filons , ni mème de veines ou amas-couchés, de quelque étendue. Le chrôme des Écouchets, la pyrite de Hoer, le fer oligiste et les fluores de Waldshut , la galène du Bley- berg , dans le Palatinat , le cuivre en différens états de Chessy, etc. , sont des exemples frappans de cette dispo- sition ; et lors mème qu’on ne les rapportcrait pas tous à la même époque de formation , ils appartiennent tous au terrain d’Arkose, tel que nous venons de le carac- tériser. Ces minéraux et ces minerais semblent être sortis des terrains que recouvre l’Arkose et dont elle paraît être ‘elle-même la continuation, car on les suit jusque dans ces roches , et soit qu'ils en sortent , soit qu’ils y entrent, ils prouvent toujours ce que nous voulons établir comme un fait assez général, c’est la continuité de nature et de phénomène qui a eu lieu entre la formation des Arkoses de la première et de la troisième division et celle des granites. Cette continuité est visible et évidente dans quelques lieux (Avalon, Montjeux près d'Autun, les Écouchets , Chessy ), quelle que soitg’hypothèse qu’on adopte. T'elles sont les circonstances caractéristiques de gise- ment des Arkoses, circonstances remarquables par leur généralité, et qui suffiraïent seules pour donner de l’in- térêt à l’histoire géognostique de cetie roche, lors même qu’en ne pourrait la rapporter avec certitude à aucune C5) époque géognostique déterminée , ou lors même qu’on ne la considérerait que comme un membre subordonné d’une grande formation , ou enfin que ne voulant pas la regarder comme un terrain propre, on ne la considé-, rerait que comme une roche particulière , entrant dans la composition de ce que l’on appelle un terrain. Les faits qu’on vient d’exposer montrent que les Ar- koses de la première et de la troisième division sont en liaison intime avec le granite, et qu'elles doivent avoir suivi immédiatement cette roche. Cependant elles n’ap- partiennent pas aux terrains de transilion qui sont regar- dés comme les roches les plus anciennes après les gra- nites ; elles ne possèdent aucun des caractères de ces terrains ; elles paraissent même plus nouvelles que les terrains houillers, par la nature des végétaux fossiles qu’elles renferment et qui n’ont, comme nous l'avons dit, presque rien de commun avec ceux des terrains houillers. ty C'est déjà une disposition géognostique fort singu- lière, une sorte d’anomalic géologique que de voir une roche , d’une époque de formation évidemment différente de celle des terrains de transition et des terrains houillers, et très -probablement postérieure à ces terrains, être en liaison intime avec une autre roche, le granite, qui fait partie d’un terrain généralementregardé comme beaucoup plus ancien, en sorte que ces deux Arkoses offriraient cette singulière contradiction d’être, par leur liaison avec le granite, de la même époque que cette roche , et par con- séquent plus anciennes que les terrains de transition et que les terrains houillers , et cependant plus nouvelles que ceux-ci par les circonstances de leur superposition (154) et de la nature des corps organisés fossiles qu’elles ren- ferment. Mais pour rendre cette singulière conséquence plus évidente, avant de chercher à se l'expliquer , il faut examiner à quelle époque géognostique ou à quelle for- malion ces circonstances et ces débris organiques doivent faire rapporter les Arkoses. Trois ordres de faits ou d'observations peuvent nous y conduire. | 1°. La nature bien déterminée des terrains qui re- couvrent les Arkoses. 2°, Les espèces de débris organiques qu'elles ren- ferment. » 3°. La nature des roches , des minéraux et des mé- taux qu'on rencontre dans les terrains d’Arkose. Des Arkoses que j'ai décrites comme exemples de la premiére division , quatre seulement se sont montrées re- couvertes d’une manière évidente, celles d’Aubenas, d’Avalon, de Chessy et de Remilly. Dans celle d’Aubenas , c'est un calcaire qui ressemble au calcaire pénéen par sa texture, ses parties métalli- | ques et ses ammonites; dans celle d’Avalon , c’est le cal- caire à gryphées arquées ou lias , et peut-être entre lui et l'Arkose, un calcaire coquillier nommé lumachelle par M. de Bonnard , et qui pourrait bien se rapporter au cal- caire conchilien (Muschelkalk). A Chessy, je n’ai pas vu directement la superposition , mais j'ai vu et recueilli les calcaires et les pétrifications qui entourent le terrain d’arkoses , et j'ai su que les ingénieurs qui ont étudié ce gîte de minerai considéraient ces calcaires comme lui PT TO ET C5 :) étant supérieur. C’est encore le lias avec ses gryphées ar- quées , ses bélemnites, ses ammonites , etc. Enfin, à Remilly on n’admettait la superposition que par induction de la disposition des roches environnantes ; mais M. Pareto vient de reconnaitre distinctement que l’Arkose de ce lieu était directement recouverte par le calcaire à gryphées. Or, quels terrains trouvons-nous au-dessous du lias et du calcaire conchilien? C’est le grès bigarré , le calcaire pénéen et le schiste bitumineux. Au-dessous viennent les psephites et les houilles filicifères : mais nous devons nous arrêter ici, puisque tout porte à croire que le ter rain d’Arkose est supérieur à la houille. Voilà donc la place des Arkoses indiquée par cette pre- miére série d'observations. Ge La seconde série, celle qui est relative aux débris organiques, n'offre que deux observations , et encore l'une d'elles est incomplète; mais celle qui reste en- üère possède à elle seule une très - grande valeur. C’est l'observation qui est relative aux empreintes si bien conservées dans l’Arkose de Hoër, qui, déterminées et discutées par M. Adolphe Brongniart, mon fils, se rapportent toutes aux débris végétaux trouvés dans le- grès bigarré et dans des terrains qui semblent en être une dépendance. Les tiges et empreintes trouvées dans l’Arkose de Blavosy n’ont pu être déterminées ; ce qu’on en connaît n'offre rien qui soit en opposition avec ce que nous ont appris les Filicites meniscioides, les nil- sonia , etc. , des Arkoses de Hoer. Ainsi les débris organiques végétaux concourent à ( 156 ) placer les Arkoses dans la formation des grès bigarrés , ou peu avant cette formation. La troisième série de faits qui est relative à la nature des minéraux renfermés dans les Arkoses, n’a pas la même valeur que les précédentes ; mais elle compense , par le nombre et la bénéralité de ses caractères, ce qui lui manque en valeur. On y trouve généralement des mine- rais métalliques et des minéraux acidifères , disséminés et en petits amas , mais non en filons. Ces minéraux sont les mêmes que ceux qu’on rencontre dans le grès bigarré et dans les schistes bitumineux , roches qui terminent, l’une vers le haut et l’autre vers le bas , la suite de celles qui peuvent renfermer les Arkoses. Si, comme je le pré- sume, les terrains hydrargyrifères du Mont-Tonnerre se rapportent à la formation des Arkoses , les poissons qui s'y trouvent , en les éloignant des psammites houil- lers , les rapprochent des schistes cuivreux à ichthyo- lites du pays de Mansfeld , et les placent, soit dans ce terrain, soit entre lui et le grès bigarré. La barytine qu’on trouve dans ce grès en Alsace , en Lorraine, en Souabe , ete, ; le plomb carbonaté qu'on connaît dans celui du pays de Bade , du duché de Wartzbourg , etc. ; les empreintes de calamite et de fougères , accompagnées ‘de quelques lits charbonneux qu’on cite dans ce terrain, dans les Vosges, près de Bale , de Tubingen , etc., éta- blissent de nombreuses ressemblances géognostiques entre les Arkoses et les roches qui s'étendent du_ grès bigarré au schiste bitumineux. Cette troisième série de faits concourt donc avec les deux autres à assigner la place des Arkoses dans les ter- ‘rains de sédiment inférieur, depuis le grès bigarré jus- qu'au schiste bitumineux. (197) . Mais les observations relatives aux rapports des ter- rains d’Arkose avec les terrains inférieurs, montrent sa liaison intime avec le granite. Nous l'avons vue à la montagne de Montjeu’ près d'Autun , à Avalon, où M. de Bonnard l’a fait remarquer d’une manière expli- cite (1). M. Voltz, qui appelle cette roche grès vos- gien , la compare à du granite broyé (2). Si donc sa formation avait suivi sans interruption celle du granite, (1) Mém. cité, p. 447 et 495. (2) Car nous regardous le grès vosgien de cet ingénieur des mines comme appartenant aux Arkoses ; il en a la position, puisqu'il est sur Le granite , les caractères minéralogiques, puisqu'il est composé de quarz et de felspath , et le caractère géognostique, puisqu'il renferme la bary- tive, substance minérale qui accompague presque toujours les Arko- ses. Il Le place, il est vrai, beaucoup au-dessous du grès bigarré, dont il le sépare et le distingue ; mais le caractère des Aikoses semble être précisément d’appartenir à différentes époques de formation par ses di- versés parties , au granite qu’elle recouvre par la partie inférieure de ses masses , el au terrain qui la recouvre immédiatement par la partie supérieure , de remplir pour ainsi dire en partie ou eu totalité l’espace compris entre le granite et le grès bigarré, et de remplacer, suivant lés lieux’; soit toutes les roches, soit une partie seulément de celles qui se moutreut dans cet espace. | M. Voltz, dans ure lettre à M. de Bonnard du 3 mai 1826, confirme ces rapprochemens d’une manière très-précise. « Le passage insensible » du granite aux roches arénacées, dit-il, est un phénomène qui m'a » frappé et qui fait voir que la formation des Arkoses a eu lieu dans » des circonstances analogaes , sous bien des rapports , à celle du grès » vosgien. » Il dit plus loin : « À Hargarten , le grès bigarré passe insensiblement au grès vosgien, » et le terrain salifère manque... Quant au grès vosgien , il se pourrait » qu'il fût l'équivalent du calcaire pénéen (zechstein) ou le système in- » férieur du grès bigarré , système qui diffère sous tous les rapports du # système supérieur du grès bigarré, » ( 158 ) comme une écuine surnage une matière fondue, où comme une eau-mère trouble , mêle ses dépôts et ses cristaux impurs avec la surface de la masse erystalline qu’elle a produite , ne pourrait-on pas , ne devrait-on pas même en tirer la conséquence que la formation du granite , ou au moins de ces granites , n'est pas très- éloignée de l’époque de la formation des grès bigarrés ; et l’autre. conséquence encore plus singulière que la formation de’ ces granites est postérieure aux tetrains de transition, et peut-être même au terrain houiller. Voyons si d’autres observations ne conduisent pas au mème résuliat par une autre route. En examinant quels sont les terrains qui se sont montrés sur le granite, dans les cas peu nombreux il est vrai, où on a vu celte roche immédiatement et clai- rement recouverte , on remarque que c’est presque tou- jours des terrains de sédiment inférieurs, mème des terrains encore plus nouveaux, et qu’il est rare au con- traire qu'on puisse prouver que le granite ait été claire- ment reconnu immédiatement sous les terrains de tran- sition , et même sous les terrains houillers (1). Ainsi , dans les exemples que j'ai décrits dans ce Mé- moire, et qui ont montré le granite recouvert d’une manière distincte, ce ne sont pas des terrains de transi- tion qu’on trouve appliqués sur cette roche , mais des terrains beaucoup plus nouveaux. ‘Près d'Alençon où le granite se voit réellement et (5) On ne cite d'exemples de superposition immédiate de la houille sur le granite ou sur les roches de cette même formation , que dans Le centre de la France, principalement dans la partie méridionale du bas- sin houiller de Saint-Etienne, (159) immédiatement placé sous un terrain de sédiment , c’est le calcaire jurassique , ou au moins un calcaire oolitique qui le recouvre, et par conséquent un terrain encore plus nouveau que céux que j'ai cités plus haut (1). En parcourant la description des diflérens pays qui présentent soit des granites, soit des terrains de transition, on ne voit presque jamais les premiers recouverts par les seconds , ni ceux-ci placés clairement sur le granite. Les coupes de l'Angleterre où ces deux sortes de terraias se montrent fréquemment , les présentent toujours séparés l'un de l’autre par des schistes et d’autres roches, et alors la trace des superpositions certaines est perdue, surtout quand il s’agit de terrains non stratifiés ou de stratification très-inclinée et très-dérangée. On pourrait donc présumer que certains granites sont postérieurs ; non-$culement aux terrains de transition , mais encore en partie à quelques terrains houillers et d’une époque de formation de très-peu antérieure à celle des calcaires pénéen, du grès bigarré et du lias. Si on n'a observé que rarement et peut-être jamais claire- ment , c’est-à-dire d’une manière immédiate , cette super- position , cela tient aux causes même de la formation qui ont dü apporier dans le point de contact des pertur- batione, des amas de débris qui le cachent, et qu'aucun intérêt n'a porté à percer. Au reste la première opinion est admise pour la Norwège, la Saxe, etc., par les géo- gnostes les plus distingués ; et M. Marzari l’a rendue cé- lèbre par les observations qu'il a faites dans la vallée de (1) M: Herault a reconnu et décrit cette curieuse disposition , que j'a eu occasion de voir aussi sur les lieux. { 160 ) FAvisio, en Tyrol, sur ce qu’il appelle le granite ters liaire. ? Les progrès de la science géologique doivent avoir pour résultat de multiplier les distinctions et les divi- sions en faisant reconnaître des différences entre des phénomènes qui étaient confondus. IL faut maintenant admetire que le mot d'époque géognostique doit avoir une acception bien différente , suivant le mode de formation du terrain auquel on l’applique ; ainsi, lors- qu'il s'agit d’un terrain précipité par voie chimique ou par voie mécanique du liquide qui le tenait en dis- solution ou en suspeusion , - l’époque de l'apparition de ce terrain à la surface du globe est la même que son époque de formation ; et ce terrain est entièrement su+ périeur et complètement postérieur à ceux qu'il recouvre. Mais s’il s’agit d’un terrain qui soit sorti à l’état liquide ou pâteux de l’intérieur de la terre pour s’épan- cher à sa surface, son époque de formation dans la source d’où il vient, ou plutôt celle de cette source, est très-diflérente de son époque d'apparition par expan< sion à la surface de la terre. Cette dernière époque est déterminée par les espèces de corps minéraux qui com- posaient la surface du globe au mioment de son épau- chement et par l'existence des corps organisés qui l'habitaient. Ces corps spécifient les époques de forma- tion ou d'apparition de ces roches, comme les différens monumens historiques, enfouis sous les laves du Vésuve, spécifient l’origine ou l’âge de ces laves , quoiqu'elies partent peut-être toutes d’une même source inié rieure. OT ALES présumable que la plupart des roches dures , cristallisées, non stratifiées , sont sorties de Fin- (br) térieur de la terre pour s’épancher à sa surface à dif- férentes époques , et qu’elles ont recouvert ou des roches de mème nature , ou des roches généralement moins du- res, non cristallisées , déposées par sédiment et renfer- mant des débris de corps organisés , vivant soit dans les milieux qui tenaient en suspension les matériaux de ces roches , soit sur les terres qui formaient les parties sèches du globe vers la mème époque. C’est donc par l'examen des roches de sédiment , pla- cées sous Je granite et des débris organiques qu'elles contiennent, qu'on pourra déterminer , non pas l'époque de formation du granite, mais son époque d'apparition par expausion. Or , comme le granite , en sortant ainsi pour se répandre sur divers terrains, a dû briser et ‘ soulever ces terrains, et a pu également se solidifier au-dessous d’eux, il est tout simple qu’on le trouve sous ces terrains aussi bien que sur eux ; et comme il est possible , quoique beaucoup moins présumable , qu'il soit sorti de l’intérieur de la terre, à différentes épo- ques, pour s’épancher à sa surface, il est également possible qu'on le trouve, suivant les lieux et es temps, tantôt inférieur et tantôt supérieur à la même roche; mais la roche qui lui sera constamment supérieure, fait négatif difficile à établir, ou qui sera intimement liée à sa surface ou à l’une de ses dépendances, observation plus positive et plus facile à faire, sera celle qui in- diquera l’époque la plus récente des phénomènes de l'expansion de ces granites à la surface de la terre. Pour en revenir aux Arkoses. objet principal de cetie Notice, il me semble que ces roches peuvent nous servir de chronomètre géologique pour déterminer une des VIH. Il ( 162 ) apparitions du granite à la surface de la terre , si toute- fois il y en a eu plusieurs. Elles sont si intimement liées avec cette roche, qu’on ne peut supposer un long intervalle ni une grande dif- férence de phénomènes entre la cristallisation complète du granite et la demi-cristallisation des Arkoses compo- sées des mêmes élémens que lui. D'une autre part, les Arkoses sont liées avec le grès bigarré ; elles en renferment les débris organiques ; elles renferment également les débris organiques du lias : elles se sont donc formées à la surface du globe à l’é- poque où ces roches et ces êtres couvraient plusieurs parties de cette surface. Or , si les faits exposés dans cette Notice sont aussi exacts et aussi généraux que nous le supposons , si les premières conséquences que nous en avons tirées sont vraies , les Arkoses nous apprendront qu’une apparition du granite , et peut-être la dernière , a eu lieu à la sur- face de la terre à l’époque du grès bigarré; et pour conclusion assez remarquable, que certains granites sont, pour parler la langue des géognostes , de la for- mation des grès bigarrés. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXV. Fig. 1. Coupe du terrain d'Arkose de Remilly, entre Dijon et Vitteaux, par M. Pareto. F, vallon du ruisseau de la Belle-Fontaine ; 4, granite ; B, Arkose; m, marnes argileuses, et c, lits de calcaire compacte ; C, cal- caire à gryphées arquées ; M, marnes ; D, calcaire blanc juras- sique ; À, village de Remilly ; 7, télégraphe. Fig. 2. Rapports des Arkoses, du psammite et du calcaire, route de Mercuer à Aubenas. ( 163 ) À , terrain d'Arkose ; a , lits argileux verdâtreset rosâtres ; b, Arkose commune et granitoïde ; c, psammite sableux micacé, fissile ; d, Ar- kose granitoïde ; e, Arkose miliaire; B, calcaire sublamellaire jaunâtre ; €, brèche calcaréo-quarzeuse ; D , calcaires compactes divers. Kig. 3. Colline au S.-O. du village de Mercuer. D, calcaire compacte gris de fumée métallifère ; a , pont sur le vallon de séparation des deux collines ; €, fond du vallon dont les deux rives sont formées de granite vers le bas, et d’Arkose vers le haut ; A, granite; B, terrain d’Arkoses et de psammites ; b, route de Mercuer à Aubenas. ConsipérarTions générales sur le genre Veronica , et sur quelques genres des familles ou sections voisines ; Par M. Auc. Duvau. La huitième classe du Genera plantarum, bien liée par plusieurs caractères généraux, se compose de fa- milles qui sont également plus ou moins liées entre elles. Aussi M. Brown , M. Decandolle (dans son ordre in- verse ) et M. Kunth ont fait peu de changemens dans la série de M. de Jussieu. Malgré les travaux de ces illustres auteurs, il reste encore beaucoup à faire dans cette classe ; c'est comme une vaste carrière à l’exploitation de la- quelle peuvent être admis même les ouvriers d’un ordre inférieur. J’ai donc cru pouvoir y prendre part. Les ma- nœuvres de la science recueillent des faits : les maitres établissent les principes. Le genre Veronica , dont j'ai depuis quelque temps fait une étude plus spéciale , est déjà assez nombreux en espèces et assez varié dans ses formes pour occuper pen- (164) dant des années un modestie amateur. J'avais done cru pouvoir me renfermer dans ce petit domaine ; mais les études comparatives ont , depuis un quart de siècle, fait de tels progrès, qu'elles dominent toutes les sciences naturelles : on y tient compte des aflinités les plus élei- gnées ; aucun objet n’est isolé. Je n'ai donc pu rester en solitude avec mes Véroni- ques , etje me suis vu forcé de m'occuper aussi de leurs voisines. à Mon but ici n’est point de donner une description &é- taillée même du genre Veronica. Ce sera l’objet d’un travail spécial que je me propose de publier plus tard, et pour lequel j'ai déjà rassemblé de nombreux maté- riaux. Pour le moment, j’exposerai seulement ses géné- ralités , en passant en revue ses principaux organes ; puis je communiquerai quelques observations sur plusieurs genres qui ont plus ou moins de rapports avec lui. Je ne vois pas de raison pour changer la division lin- néenne du F’eronica en trois sections : Spicæ terminales. Spicæ laterales. Flores solitarii. Elle se trouve mème confirmée en partie par un ca- ractère dont je parlerai un peu en détail. Maïs chacune de ces sections offre des groupes, dont quelques-uns sont très - marqués , par exemple celui dont le W. fatifolia (dans la deuxième section ) peut être considéré comme le type. Dans toutes les espèces, une Bractée simple, à une nervure, recouvre la base du pédoncule, qui porte une i seule fleur, ( 165 ) Le Sryle simple est, dans la première section, en gé- néral plus long que la corolle , coudé et incliné en avant vers la base après la fécondation. Il est , dans les deux autres , plus court que la corolle , ou de même longueur qu'elle, et reste droit. ; Le Stigmate , également simple , est quelquefois un peu renflé , et celui du #. anagallis est muni de nom- breuses papilles. Le Placenta se compose de deux lames soudées ensem- ble èt avec les bords des valves. Au milieu, ou au-dessus du milieu , ces deux lames soutiennent un nombre indéfini de Podospermes (nuls dans les Ÿ. Lederæfolia et cymbalariæfolia ) auxquels sont aitachées les graines de formes diverses, selon les sections , et même selon les groupes , dans les deuxième et troisième sections. | La Capsule, également de formes très-diverses , est composée de deux Loges bivalves: j’en ai souvent observé trois dans les première et troisième sections. La Déhiscence est loculicide dans les trois sections ; mais elle est aussi un peu septicide dans les espèces d'Europe et d'Asie, et souvent elle est complètement telle dans les espèces australasiennes des première et deuxième sections. C’est ce qu’on observé dans le F. sa- licifolia de la première; dans les #. labiata et formo- sa , que je dois à l’obligeance de M. Brown ; dans le . Îiemeniana ; nouvelle et fort belle espèce de la terre de Diemen , rapportée par M. de La Billardière , qui a bien voulu me permettre de la publier ; dans le 7. per- foliata , espèce remarquable sous plusieurs rapports, dont M. d'Urville a eu la générosité de partager avec moi ( 166 ) un échantillon unique. Dans une des capsules dont il est muni, les quatre valves présentent cette double déhis- cence jusqu’à leur base. (PI. xxvr, fig. 4.) Voilà donc un placenta libre , caractère tout nouveau dans ce genre. M. de Jussieu l’avait regardé comme sufli- sant pour placer le Æebe magellanica ( F. decupata ) parmi les Jasminées. Mais , lors de la publication du Genera , les espèces australasiennes qui présentent ce caractère , n'étaient pas connues ou avaient été imparfai- tement décrites. Faudra-1-il donc exclure du genre Veronica les es- pèces dans lesquelles on trouve un placenta libre ? Cette question devrait sans doute être résolue affirma- tivement , si dans ces espèces le placenta était toujours et essentiellement libre; mais il ne l’est pas , à beaucoup près, constamment , et même alors il ne l’est qu'acci- dentellement et par un effet de déhiscence. On peut s’en convaincre en faisant, avant la parfaite maturité, des sections transversales sur des capsules de ces mêmes es- pèces , qui, comme dans les autres , offrent alors un pla- centa soudé avec les bords des valves. Cet état de la capsule peut être attribué en partie à la plus grande intensité de la chaleur des pays, d’où les plantes sont originaires. Toutes les espèces sous-ligneu- ses qu'on y trouve sont aussi d’une contexture plus sèche que les espèces européennes voisines ; elles noir- cissent également davantage à la dessiccation, et prennent la teinte de nos Mélamoyres et Pédiculaires. J'ai examiné avec quelque soin une des espèces les plus communes du genre, dont les graines présentent des caractères très-remarquables, et étrangers en partie ( 167 ) aux graines de ses congénères : je veux parler du Ÿ. Le- deræfolia , qui , sous ce rapport, paraîtrait ne point ap- partenir au genre dont nous parlons. À Ja maturité , le placenta devient , comme dans plu- sieurs autres espèces , libre par l'effet de la déhiscence ; mais chaque loge contient deux graines dépourvues, ainsi que nous l’avons vu , de podospermes , et attachées au haut du placenta, contre lequel leur face inférieure est appliquée. Ces graines sont rondes et creusées en forme d’ombilic ; chacune d’elles est munie, au fond, d’une membrane circulaire, qui en occupe le milieu , et s'élève jusqu’au niveau de ses bords. D’un autre côté, le hile se prolonge parallèlement à la graine sous la forme d’un corps cylindrique, terminé à son extrémité par deux ou trois globules à moitié renfermées dans la membrane, et qui fixent la graine au placenta. (PI. xxvr, fig. 5.) Ces caractères se retrouvent dans le W. cymbala- riæfolia , qui ne diffère guère que par le calice, du F7. hederæfolia. Mais toutes deux diffèrent par leurs graines beaucoup plus du /’eronica que les Sibthorpia et Disandra , et même les Ærinacées ; aussi avais-je pensé à en faire un genre distinct. De graves autorités m'en ont détourné. L'établissement de genres sur un seul caractère , lorsque tous les autres et le facies général étaient homogènes , n’a contribué que trop à l’encombrement de la Botani- que. Au reste, un examen attentif fait découvrir dans les graines de quelques espèces voisines , telles que les #7. agrestis, Buxbaumi, calycina, R. Brown, etc., des ren- foncemens et des membranes, qui leur donnent des rap- (168 ) ports suffisamment marqués avec les graines , dont il est ici question. Les Véroniques offrent un caractère , qui a été signalé, mais dont l'importance ne me parait pas avoir été sufh- samment appréciée. C’est un organe charnu et d’un vert pâle , placé en dedans de la corolle. Dans le premier âge de la fleur, il entoure la base de l'ovaire , que quelque- fois il enveloppe en grande partie, et avec lequel il pa- raît intimement soudé , du moins dans un grand nombre d'espèces. Mais , à la maturité, il passe de l’état charnu à l’état membraneux , et reste adhérent au calice, quand on détache celni-ei de la capsule. On voit par cette description combien je dois tre em- barrassé pour lui assigner un nom, aucun de ceux qui ont été appliqués aux organes, en apparence du même genre , ne lui convenant parfaitement. Un nouveau nom, qui serait significatif ou pittoresque, serait aussi plus ou moins long , et probablement un peu barbare. J'aime mieux me contenter d’un nom convu, et je me décide pour celui de Disque. La corolle des Véroniques se détachant en général du réceptacle avec une extrème facilité , il est souvent fort difiicile de reconnaître sa véritable position ou iusertion , surtout dans les espèces où elle est excessivement petite, comme les Ÿ”. hederæfolia, crista-galli, mollis, ro- mana, etc., où j'ai eu moi-même beancoup de peine à la surprendre en place. Je dirai peu de chose sur les Etamines. Leur longueur et la conformation des filets offrent, pour les sections, des caractères de second ordre. Elles sont au nombre de eux : mais ce nombre tend à varier dans quelques espè- deux ; bre tent| lans quelq ( 169 ) ces. Ainsi, dans une corolle du Ÿ. virginica , j'ai ob- servé le rudiment d’une troisième étamine , et dans une autre, les rudimens d’une troisième et d’une quatrième. J'ai vu dans le 7. sibirica une troisième étamine avor- tée. Enfin, un échantillon du Ÿ. pinnata m'a offert une corolle à quatre, et. beaucoup d’autres à trois éta- mines parfaitement semblables entre elles. La Corolle me donnera lieu à trois observations. La première est relative à la Préfloraison. Ce caractère de seconde ligne, qui joue un assez grand rôle dans d’au- tres genres, a ici peu de valeur. Il subit, selon les groupes, des modifications dans la manière dont les limbes des divisions sont appliqués les uns sur les au- tres. Mais la disposition dominante est celle-ci : la di- vision supérieure enveloppe les étamines, le pistil et l'ovaire; elle est recouverte par la division inférieure, qui l’est à son tour par les deux divisions latérales , pla- cées indistinctement l’une sur l’autre, et se recouvrant par le haut ou par un des côtés. Cette préfloraison, comme on voit, est compliquée et ne pourrait par con- séquent être désignée par un nom simple. La deuxième observation concerne les anomalies dans le nombre des divisions. Je dois en parler, quoique j'aie peu de faits à citer. C’est en général sur la division su- périeure que porte l'augmentation ; je ne vois point quelle induction l’on pourrait en tirer, à moins qu’on n’y vit une ressemblance de plus avec le Sibthorpia et les Éri- nacées, qui ont quatre étamines et une corolle à cinq divisions. Ma troisième observation aura , Je crois, plus d’im- poriance, ( 170) Un simple examen permet de distinguer sur le limbe des raies à -peu -près parallèles très-marquées , et qui sont , en général , au nombre de neuf ou sept dans la di- vision supérieure , de sept ou cinq dans les divisions Jla- térales, de cinq ou trois dans la division inférieure. M. Brown, qui si souvent devine ce qu’il n’a pas décou- vert, m'ayant demandé, il y a un an, si j'avais observé quelque chose de particulier dans le système des nervures de la corolle, je répondis négativement; mais je crus devoir les examiner avec plus d'attention, et je suis arrivé au résultat suivant, Les raies dont je viens de parler, ne sont que les rami- fications des nervures qui prennent leur origine à la base du tube, —caril y a toujours un tube, quelque court qu'il soit , — sur l’axe ou à côté de l’axe des divisions respecti- ves , mais jamais sous les filets ou à côté d’eux. Simples à leur naissance, ces nervures ne se ramifient qu’à plus ou moins de distance au-dessus. Leur nombre m’a fourni un caractère distinctif pour chacune des deux premières sections. Dans les trois sections , les divisions latérales et la division inférieure sont munies d’une seule nervure plus ou moins ramifiée ; maïs dans la première section, la division supérieure n’en porte qu’une , tandis que, dans la deuxième section , elle en porte deux. J’offre un exemple de la première section sur une corolle d’un échantillon du #. salicifolia de la Nouvelle - Zélande, que M. d'Urville a bien voulu me donner. (PI. xxvr, fig. 6.) Je l’offre de préférence, parce qu'elle présente en outre une espèce de didynamie assez remarquable dans ses échancrures. On trouvera un exemple de la deuxième section dans la corolle du #7. latifolia. CPL Ye ne) (171) Sur 81 espèces , dans lesquelles j'ai examiné ces ner- vures , 37 appartiennent à la première section. J'y ai ren- contré sept exceptions : le #°. virginica (dont MM. Ra- finesque et Nuttall ont cru devoir faire un genre dis- tinct , le premier sous le nom de Callystachys , et pos- térieurement d’Eustachya ; le second sous celui de Lep- tandra ); le F. sibirica, qui en est très-voisin , et les V. saxatilis, fruticulosa , serpillifolia , Ponæ et al- pina , qui font partie d’une sous-division de cette section, dont , au reste, dépendent également les #7. rummula- ria , Wormskioldi et Baumgartent, maïs qui rentrent dans la règle. Sur 34 corolles de la deuxième section , 3 seulement ne m'ont offert qu'une nervure , les Ÿ”. anagallis, un- dulata et Michauxii. Mais , dans plusieurs corolles du T.. Stelleri , dont je suis redevable à M. de Chamisso, j'ai trouvé une perturbation telle qu’il me serait très- difhcile d’en rendre compte. La troisième section , qui est de beaucoup la moins nombreuse , offre des nervures des deux espèces. Je joins ici une corolle du Ÿ”. cymbalariæfolia, dont la division supérieure n’a qu’une nervure, et une corolle du Y. Buxbaumi , où elle en a deux. (PI. xxvr , fig. 8 et 9.) Plusieurs échantillons de cette dernière plante m'ont été envoyés avec quelques autres espèces, de Téflis , par M. Bélanger, directeur du Jardin botanique du roi à Pondichéry , jeune homme recommandable par d’excel- (x) IL est très-probable qu’elles se réunissent dans le pédoncule, comme cela a lieu dans les Renonculacées et Caryophyllées que j’ai examinées, et probablement dans toutes les plantes dont les pétales ou divisions de la corolle ont plusieurs nervures à leur base, (172) lentes qualités, et dont l’ardeur et les lumières nous font espérer de très-amples moissons en histoire uaturelle. Je dois faire observer que , dans les corolles des Vé- roniques , les ramifications des nervures ne s'étendent que sur les divisions respectivés , à la base desquelles elles prennent naissance (pl. xxvi, fig. 6, 5,8 e 9), et jamais sur les divisions voisines, comme dans les Sy- nanthérées et les Goodenoviées, dans les Rhinanthées et la plupart des Scrophularinées , ete. Jusqu'à présent , ce caractère n’avait été, à ma con- naissance, observé d’une maniere suivie que dans les Synranthérées et les Goodenoviées. Nous devons done désirer que MM. Brown et Cassini , Qui rapportent aussi leurs observations sur des genres isolés , publient éga- lement leurs résultats obtenus sur l’ensemble des fa- milles qu’ils ont examinées. On ne me reprochera pas, j'espère, de m'attacher à des détails trop minutieux. Aucun caractère n’est à dé- daigner, quand il est constant , ou du moins commun à un grand nombre d’espèces. J’ai pour moi d’ailleurs des autorités qui me rassurent. On sait quelle importance les deux botanistes que je viens de citer, ont attachée à la dis- position des nervures dans les corolles des Synanthérées, et M. Kunth y a également eu égard dans ses dessins. Au reste , il est probable que dorénavant les nervures des coroiles seront plus généralement étudiées par les botanistes. Il est même possible que , dans des genres nombreux , elles soient, comme dans le Veronica , dis- posées de manière à pouvoir se combiner utilement avec d’autres caractères pour former des sections. Et pour- quoi n'espérerions-nons pas les voir contribuer à dis- (13) tinguer par exemple quelques genres de ZLabices, comme les Stachys, Betonica, Sideritis, Satureia, Thymus, Melissa, etc.? M. Brown lui-mème regarde la disposition des vaisseaux primaires et secondaires dans les Composées , «comme très-utile pour déterminer » les limites de cette famille, sans offrir toutefois un » caractère essentiel pratiqué pour la classe entière. » (Obs. sur les Composées, Trans. of the Linn. Soc., vol. x11, première partie, pag. 79.) Nous voyons aussi quel parti il en a tiré pour établir, du moins comme une opinion probable , que la corolle des Composées est hy- pogyne , ainsi qu'elle l’est dans les Goodenoviées. (ib., pag. 84-5.) M. Cassini va plus loin encore, et l’autorité de ce sa= vant botaniste est ici du plus grand poids. Dans son troi- sième Mémoire sur les Synanthérées (Journ. de Phys., tom. LXXXII, pag. 119), il pose en principe que « le » caractère le plus essentiel de la corolle réside dans la » disposition des nervures. » Aussi dans son quatrième Mémoire , 1l propose, outre le nom d’Ændrotomes, pour désigner cette famille , celui de Névramphipetales, que toutefois dans son cinquième 1l abandonne pour adopter définitivement celui de Synanthéreës. Je n’examinerai point si l’on peut tirer avantage de la présence d’une ou de deux nervures pour admettre la soudure de deux ou trois parties. Dans les Syran- thérées , que la corolle soit monopétale ou gamopétale, la régularité est la même. Dans la corolle des Véro- niques elle serait détruite. Je crois pouvoir me dispen- ser de le prouver en détail. J'ajouterai néanmoins que souvent les nervures ne se prolongent pas jusqu’au bord (174) du limbe, circonstance qui exclut toute idée de soudure, Le calice des Véroniques est de forme très-variable. Il se compose de quatre, et quelquefois cinq sépales réunis à leur base , souvent inégaux , lancéolés ou ar- rondis , glabres , velus ou ciliés, marqués, selon les sections , de nervures simples ou ramifiées. Dans les deuxième et troisième sections , les deux inférieurs s’é- cartent quelquefois à angles obtus des deux supérieurs. Le F. crista-galli n’a que deux sépales , bilobés peu profondément , à lobes sinueux et dentés irrégulière- ment. Cette anomalie a engagé M. Lehmann à en faire le genre Diplophyllum, qui ne me paraît pas suflisam- ment motivé. Jusqu'à présent , cet organe , assez homogène dans la première section , ne m'a offert que des caractères d’es- pèces, ou tout au plus de groupes, comme celui des V. latifolia , austriaca , prostrata , etc., et celui des F.. Buxbaumi, agrestis , arvensis, verna , biloba, etc. Je n’entreraidonc maintenant dans aucun détail à ce sujet. Peu de genres réunissent plus de formes différentes que le Veronica, et présentent une plus grande dis- tance que celle qui existe entre les graines , les feuilles et le facie# général par exemple des W. hederæfolia et maritima L. Peu de genres également sont aussi répandus. On en trouve une ou plusieurs espèces des différentes sections dans les latitudes les plus opposées : dans toute l’Eu- rope , en Sibérie, dans le Caucase, en Perse, dans l'Asie mineure, dans les Terres Australes , au cap de Bonne-Espérance , en Egypte, aux Canaries, aux îles Malouines , dans les royaumes de Quito et du Chili, (ns: ) aux États-Unis , dans l'ile de Faroe , à Terre-Neuve , à Unalasohka , au Groënland. I] me paraît donc difficile d'établir des principes sur sa distribution gévgraphique. Caractère générique. Calice à 4 sépales, rarement 5 (2 bilobés dans le 7”. crista-galli), soudés à leur base, presque toujours iségaux , linéaires, lancéolés ou arrondis , glabres ou velus , quelquefois ciliés, munis de nervures. Corolle ixrégulière, en entonnoir ou en roue. Tube plus ou moins long , presque toujours muni de poils dans l’inté- rieur, au-dessus de sa base. Divisions. — Quatre, inégales, ovales, ovales-lancéolées ou arrondies, DNervures prenant naissance à la base du tube, sur l’axe (ou, selon leur nombre , à côté de l’axe } de chaque division , ramifiées un peu au- dessus , et prolongées quelquefois jusqu’au bord des divisions respec- tives. Préfloraison imbriquée , quelquefois valvaire-imbriquée. Etamines.— Deux , égales à la corolle, plus longues ou plus courtes qu’elle, insérées un peu au-dessus de sa base, entre la division supé- rieure el les deux latérales. Anthères biloculaires. Loges allongées , ovales ou arrondies , s’ouvrant de‘haut en bas. Pollen composé de grains blanchâtres ou d’un jaune pâle, ovales, arrondis ou allongés. Style égal à la corolle , plus long ou plus court qu’elle, linéaire, quel- quefois un peu élargi au sommet. Stigmate simple. Disque charnu , entourant la base de l'ovaire, et toujours (?) soudé avec les cloisons , mais à la maturité de la capsule adhérent au calice. Ovaire rond , ovale ou un peu tronqué au sommet, comprimé au mi- lieu dans sa longueur. Ovules allongés ou arrondis , attachés horizontalement au placenta. Capsule ovale , ronde , à quatre angles arrondis ou en cœur renversé, glabre ou velue en haut, souvent ciliée. Cloisons opposées aux valves. Loges à deux valves. Déhiscence loculicide et souvent septicide , quelquefois jusqu’à la base, \ ( 176 ) Placenta central , soudé avec l'ovaire, souvent libre à la maturité. «Podospermes attachés de chaque côté, et à moitié ou aux deux tiers du placenta. Graines ovales ou arrondies, souvent plus ou moins concaves, lisses en dessus ou marquées de rugosités , munies en dessous, plus ou moius près du sommet, d’une protubérance de forme variable, quelquefois d’une membrane plus ou moins développée. Hile placé à la base de la graine ou au tiers de sa longueur, quelquefois très-allongé. Embryon droit , placé plus ou moins près de la base dé la graine. Radicuie ronde, linéaire, sortant au-dessus du hile. Cotylédons. — Deux, linéaires, plus souvent ovales ou arrondis. Herbes ( rarement arbrisseaux) annuelles ou vivaces , droites ou rampantes , à feuilles et à rameaux épars où opposés , quelquefois verticillés. Je vais passer maintenant à l'examen rapide de quel- ques genres des familles voisines , qui ont plus ou moins de rapports avec les Véroniques. Les genres Sibthorpia ex Disandra se présentent en première ligne. La différence du nombre des lobes de la corolle et des étamines suffit pour les maintenir comme genres séparés. Quelques auteurs croient devoir fondre le Disandra dans le Sibthorpia. Mais la nature de son style, du moins dans le 1. prostrata , la ma- nière dont les graines sont attachées , la disposition des nervures secondaires de la corolle me paraissent l’en distinguer suffisamment. Du reste , leur organisation est la inème que celle des Véroniques dans les points essen- üels , tels que la présence du disque , la structure de la capsule, la position et Ja conformation des graines, enfin le système général des nervures de la corolle , ex- cepté pourtant que, dans Île Disandra, un des vais- (177) seaux latéraux se divise au-dessous de l’échancrure eh deux parties , dont l’une passe sur la division voisine. En conséquence , je propose d'établir un groupe com- posé de ces trois genres sous le nom de Wéronicées. Les Manulea , Buchnera, Erinus , et probablement quelques autres genres des anciennes Pédiculaires de M. de Jussieu, se rapprochent des #éronicées par la forme de leurs graines et de leur capsule, la nature du disque , la forme générale de la corolle, etc.; elles en diffèrent par la disposition des graines sur toute la-lon- gueur du placenta , le nombre, la didynamie et l’inser- tion des étamines , et par la nature des anthères. Ces genres pourraient former le groupe dés Erinacées, auxquelles succéderaient les Scrophularinées. Cette intéressante famille se compose de genres en apparence fort différens ; mais les différences sont peut- ètre suffisamment compensées par les analogies. Le genre très-naturel et bien tranché du Scrophularia, par exemple, si éloigné du Linaria par sa corolle, et, de même que l’Æntirrhinum , par sa déhiscence , est très- voisin de lui par sa fructification. J'ai insisté dans les F’éronicées sur la présence et la position du disque. Nous retrouvons ici cet organe avec quelques modifications dans la forme. Comme dans les Véroniques , il est d’abord soudé avec l’ovaire ; puis il s’oblitère et se détache avec le calice dans quelques genres. Mais ici, je l'avoue , mes observations sont in- complètes. La forme générale de la capsule, la position des graines , la nature du disque , la forme du stigmate, etc., placent le Mimulus et la Gratiola dans le voisinage VIIL, 12 \ # (478 ) des Scrophulaires. As s’en distinguent par la forme de leur corolle , assez semblable , ainsi que la capsule du Mimulus , à celle des Bignonices, par leur calice un peu voisin de celui des Pédiculaires ; le Mimulus en particulier par une espèce de pédicelle, qui sépare la capsule du disque, par sa déhiscence, qui a lieu le long des valves , mais non à leur sommet; et le Gra- tiola , par ses étamines , dont deux sont souvent stériles. Les nervures de la corolle dans les Scrophularinées ont les mêmes formes générales que celles des Véro- niques ; seulement elles sont souvent plus régulières. Mais , dans le Linaria, ce caractère est modifié par la présence de l’éperon , d’où il résulte une anomalie, que mon dessin d’une corolle du Linaria repens fera com- prendre beaucoup mieux que mes explications ne pour- raient le faire. (PI. xxvit, fig. 2.) La déhiscence dans cette famille, quoique septicide seulement , du moïns en général , a beaucoup de rap- ports avec celle des deux premières sections des Vé- roniques : dans toutes les espèces que j'ai examinées, le placenta devient libre à Ja maturité. Je n’ai pas encore parlé de l’Æntirrhinum et du Li- naria. Ces deux genres long-temps confondus ont été séparés avec raison, car ils diffèrent peut-être autant entr'eux qu'ils diffèrent des autres Scrophularinées. L’Antirrhinum a les sépales du calice comme les Scro- phulaires , une capsule oblique comme les Digitales , composée de deux loges inégales, des graines creusées en dessous longitudinalement , portant(4.orontium) des lignes relevées , qui forment, sur les côtés et au som- met , trois triangles inégaux, ou (4. majus ) marquées (179 ) de trous placés en séries assez régulières comme celles des Digitales, un embryon placé au milieu, des éta- mines soudées à leur base et légèrement tordues dans leur longueur, etc. Le Linaria a une capsule droite , à loges égales, des graines ovales arrondies, marquées sur leur largeur de côtes saillantes également arrondies, un embryon placé près de l'extrémité inférieure, des étamines inclinées , très-élargies à leur base, une corolle munie d’un éperon , etc. La fructification dans ce genre mérite d’être étudiée d’une manière spéciale. La déhiscence et la germination sont les mêmes dans les deux genres. Le premier de ces caractères est un de ceux quyr'les distinguent le mieux du reste de la famille. Je rappellerai aussi la différence du système des ner- vures dans le Zinaria. Celles de Ÿ AÆntirrhinum rentrent dans le système général, mais avec des modifications dont Je parlerai ailleurs , et dont l’une, la ramification dans le bec , rapproche cette corolle de celles des Rhinanthées. L’'Usteria tient incontestablement au Linaria, et sur- tout à l’AÆntirrhinum , par l'aspect général de la plante, par la forme de la capsule , du disque et de la corolle, et par les nervurés de ce dernier organe. Mais il s’en éloigne par la manière dont les graines sont attachées , par la forme bizarre de ces graines , semblables à une agglomération de grains de sable oblongs , par ses éta- mines , elc., et, dans JU. antirrhiniflora du moins , par la prodigieuse inégalité des loges dé la capsule. C'est ici peut-être qu’il convient de placer un genre charmant , le Nemesia , dont je ne connais qu'une és- ( 180 }) pèce décrite par Ventenat, le N. fœtens , qui forme un très-joli tapis. Il est lié par sa corolle au Linaria, et par la forme de son ovaire et de son disque , au reste de la famille, Mais les différences sont plus grandes encore. La cap- ; sule est tronquée au sommet, qui est un peu renfoncé au milieu ; les bords des valves non rentrans , les graines ovales-embriquées , marquées de petits points ronds , et bordées des deux côtés d'ailes membraneuses aussi larges qu’elles, et traversées par un grand nombre de ner- vures extrèmement petites , réunies en faisceaux à leur base , et marquées de petites raies transversales, à la manière des algues articulées. J'ai essayé d’en donner une idée dans un dessin. (PI. xxvir, fig. 6.) Le petit groupe très-tranché et presque isolé des Pédiculaires , composé surtout des Rhinanthus, Eu- phrasia, Pedicularis et Melampyrum se rattache, mais d’une manière lâche , aux Scrophularinées, d’un côté , par le Nemesia , et de l’autre , par le Chelone et les Digitales. ‘ile propose de placer dans son voisinage le Bartsia , que la forme et les nervures de sa corolle , les anthères, le disque et le facies général ( surtout comparé au Rhi- nanthus) ne permettent pas d’en éloigner , mais qui, par sa capsule et ses graines, a des rapports très-mar- qués avec quelques Scrophularinées , et plus encore avec le Manulea. (PI. xxvir, fig. 5.) Les graines du Rhinanthus sont semi-orbiculaires , placées horizontalement , et bordées d’ailes subéreuses , larges et épaisses. L’embryon est uu peu incliné. (PL xxvaur, fig. 4.) (‘185 } Dans l'Euphrasia, les graines sont oblongues , irré- gulières , embriquées très -symétriquement , et descen- dantes. L’embryon est droit, comme dans tous les genres dont nous avons parlé, excepté le Rhinanthus. Deux espèces (je n’ai pas examiné les autres sous ce rapport), les Æ£. odontites et linifolia m'ont offert un fait isolé dans les. familles que j’ai parcourues , c’est que la corolle se partage dans sa longueur d’une manière nette, un peu au-dessus de la base , où elle laisse une es- pèce de collerette qui persiste (x). Les Melampyrum et Pedicularis ont dans chaque loge un petit nombre de graines ( communément deux } oblongues , ascendantes et munies d’un podosperme assez long , attaché à la base ou près de la base du placenta. Dans ces quatre genres , les nervures de la corolle pa- raissent avoir la même disposition , mais le disque subit une modification importante ; nul ou presque nul der- rière et développé devant , sous forme de bosses ou de glandes dans les Euphrasia, Pedicularis et Bartsia ; de bec recourbé en dessus dans le Rhinanthus (pl. xxvix, fig. 4); en dessous dans le Melampyrum, il est tou- Jours intimement soudé avec le péricarpe. Enfin je pense qu’on pourrait accoler à ce groupe les espèces de Chelone conservées sous ce nom, et distin- guées du Pentstemon par les poils qui garnissent le haut de l’étamine stérile , par le disque , très-semblable à ce- lui des Euphrasia et Pedicularis , mais surtout par les (1) Je Pai depuis observé dans le Bartsia viscosa, les Rhinanthus glabra et hirsuta et quelques Mélampyres et Pédiculaires que jai pu examiner, C’est probablement un caractère du groupe des Rhinanthées : je l'ai trouvé aussi dans quelques Orobanches, (187) graines rondes, concaves , embriquées et ascendantes. D'ailleurs placé ici, ce genre lié aux Rhinanthées d'un , côté , et de l’autre aux Digitales , voisines des Scrophu- laires , formerait un passage aux Bignonices dont il fai- sait partie. J'ai un peu étudié le /Zalleria (sur le Æ. lucida), mais j'éprouve quelque embarras pour lui trouver une place parmi les genres que j’ai examinés. Sa capsule ronde , et dans laquelle les valves sont à peine indiquées, un disque très-peu marqué , un placenta très-épais rem- plissant la plus grande partie des loges , des graines apla- es, occupant toute la surface de ce placenta , enfin um calice monosépale , à trois lobes inégaux , couvrant irré- gulièrement la base de la capsule. — Tous ces caractères rendent sa place très-difficile à assigner parmi les genres nommés ci-dessus. Sa corolle seule le rapproche un peu du Chelone, et la disposition de ses graines de l’Uste- ria. Je ne connais pas sa déhiscence. Dans tous les genres que je viens de passer en revue, excepté le J’eronica et le Sibthorpia , les nervures de la corolle sont plus ou moins anastomosées sous les échancrures , et, en général , terminées sur le limbe par des ramifications très-compliquées. Il est impossible de ne pas reconnaître leur parfaite analogie dans les groupes naturels , par exemple dans les Rhinanthées , en y com- prenant le Bartsia. Elles occupent l’axe de la division. Toutefois je n’ose présenter cette disposition comme une règle absolue. J'ai observé dans le Dodartia orientalis al’ Æntirrhinum an- gustifolium une modification , qui est peut-être une ano- malie , et ce dernier genre peut , ainsi que plusieurs au nn ERA à RS ( 183 ) tres , en présenter de très-marquées dans les espèces, que je n'ai pas assez examinées. Le rapprochement ingénieux , établi par Linné entre le règne végétal et une carte géographique, a donné lieu à plusieurs développemens de la part des naturalistes fran- cais etétrangers. On sent que l’exécution dans son ensem- ble est impossible. La valeur absolue des différens organes est loin d’être établie d’une manière précise, et presque tous ont plus ou moins d'importance selon les familles. L'idée de M. Adrien de Jussieu de comparer les rap- ports des êtres organisés aux corps répandus partout dans l’espace, est beaucoup plus juste; mais elle n’est pas plus exécutable , et lui-même a cru devoir tracer, pour les Rutacées , une carte d’aflinités. Pour faciliter l'intelligence et augmenter l'utilité des tableaux de ce genre, j’ai pensé qu’on pourrait indiquer les différens rapports par des chiffres correspondant aux divers organes , et placés sur les lignes qui réuniraient les genres. Ainsi , pour les familles que j'ai parcourues , je désignerais les principaux caractères ainsi qu'il suit : 1 calice, 2 corolle, 3 étamines , 4 disque, 5 pisül, 6 capsule, 7 déhiscence , 8 placenta , 9 graines, 10 fa- cies général. Je ferai l'application de ce procédé à deux genres seulement. Sur la ligne tirée entre le Pentste- mon et le Digitalis , j'écris les chifires 2, 4, 6, 7, 8, 9, 10, et sur celle qui lie le Pentsiemon au Chelone >,3,4, 5,6, 7, 10. Le Bartsia tent aux Pedicularis et Rhinanthus par les numéros 1, 2, 3,4,5,10, et au Manulea par les numéros 6, 8, 9. Chaque auteur de monographies de genres ou de familles établirait la série de caractères selon leur importance relative. (184) J'ai passé sous silence un grand nombre de genres ; que je n’ai pas encore eu occasion d'analyser, et qui rentrent dans les différens groupes que j'ai proposés. J'espère pouvoir me livrer plus tard à cet examen, étu- dier aussi un plus grand nombre d’espèces de ceux dont j'ai parlé, et donner un travail moins imparfait. Je n’offre celui-ci , et surtout la seconde partie , que comme une esquisse ou comme une suite d'études , et personne ne sentira mieux que moi ses imperfections. Cet aveu me fera peut-être trouver grâce aux yeux de la critique: il est toujours louable, et souvent utile de convenir de ses torts ou de son insuffisance. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche ‘xx 1. Fig. 1. Veronica elatior, H. P. Ovaire , ovules et disque. Fig. 2. PV. formosa, R. Br. Graine avec embryon. Fig. 3. 77. sibirica. a, graine vue par dessous; b, la même vue de côté; c, radicule sor- tant au-dessus du hile ; d, graine avec l'embryon ; e, embryon isolé. Fig. 4. PV. perfoliata, R. Ba. a, capsule avec calice et bractée ; b , capsule offrant la double déhis- cence et le placenta libre. ( Les graines sont tombées : il ne reste plus que les podospermes) ; c, graine vue par dessus (de forme va- riable , quelquefois échancrée au sommet , portant souvent au mi- lieu plusieurs membranes moins saïllantes) ; d, la même, vus par dessous ( hile quelquefois moins Long ). Fig. 5. Ÿ. hederæfolia. a, test; b, périsperme ; c, membrane partant du fond de la graine ; d, hile; e, ponts globuleux qui terminent le hile. Fig. 6. . salicifolia, R. Br. Corolle de la première section. ( 185 ) Fig. 7. Y, lauifolia, L. Corolle de la deuxième section. Fig. 8. Ÿ. cymbalariæfolia. Corolle de la troisième section , première division. Fig. 9. 7”. Buxbaumi. Corolle de la troisième section , deuxièrne division. Fig. 10. 7. biloba. a, rameau un peu grossi, portant la bractée, le calice et la capsule (bifurcation assez fréquente dans les sépales du calice ); b, capsule nue, ayant une loge ouverte ; c, une graine fertile et une ayortée ; d, graine vue par dessus ; e, la même, vue par dessous ; f, la même, vue de côté; g, embryon isolé ; k, graine plus avancée, vue par dessus ; :, la même, vue par dessous; X, position de l’embryon dans la graine. Planche xxvix. Fig. 1. Scrophularia vernalis. a, étamine ; b, anthère; c, capsule vue par devant ; d, disque ; e, base du calice ; f, capsule vue de côté, et coupe verticale ; g, disque obli- téré; k, coupe horizontale ; i, placenta garni des podospermes seulement. Fig. 2. Linaria repens. Corolle ; aa, point d'insertion des étamines. (J’ai fendu en travers la poche qui se trouve au haut du lobe du milieu de la lèvre infé- rieure , pour pouvoir suivre jusqu'aux bords du limbe les ramifica- tions des nervures.) Fig. 3. Antirrhinum majus. a, capsule avec le calice étalé, de grandeur naturelle ; b, capsule grossie avec disque; c, reste du pistil incliné comme la base; d, coupe verticale ; e; disque oblitéré ; f, reste du calice ; g, pla- centa vu de côté, muni seulement des podospermes ; À, coupe ho- rizontale. Fig. 4. Rhinanthus glabra. a, capsule très-jeune, avec disque terminé en pointe recourbée ; b, pis- til; c, capsule plus avancée ; d, coupe verticale ; e, placenta portant des graines alternativement fertiles et stériles ; f, bourrelet subé- reux ; 888$, membrane transparente ; », graine; à, hile (de forme variable); A, graine dépouillée du bourrelet et de la membrane ; !, embryon incliné; m, embryon isolé. ( 186 ) Fig. 5. Barisia viscosa. a , capsule vue de face ; b, disque ; c, base du calice; d, capsule vue de côté ; e, reste du pistil ; f, stigmate vu de face ; g , capsule avec coupe verticale d’une loge; 2, coupe horizontale ; 1, graine vue par dessous ; À, la même, vue de côté ; Z, anthères vues par devant. Fig. 6. Vemesia fœtens. a , capsule jeune ; b, disque ; c, capsule plus avancée ; d, disque obli- téré ; f, capsule avec deux des sépales : déhiscence septicide ; g, pla- centa garni des podospermes seulement ; 2, graine bordée d’une membrane très-transparente ; &, embryon; k, même graine consi- dérablement grossie. Quezques Observations sur les Trilobites et leurs gisemens ; Par le comte G. ne Rasoumowsky, Membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes. J'avais lu avec le vif intérêt que doit inspirer tout ce qui sort de la plume de ce savant célèbre , le travail sur les Trilobites de M. Brongniart, et cherchant à ranger le peu qui s’en trouve dans ma collection , d’après son système de classification de ces pétrifications , j’éprouvai une grande surprise en m'apercevant qu'il ne les avait pas tous connus, et que les notions qu'il avait pu se procurer sur leurs gisemens n'étaient pas toujours de la plus parfaite exactitude , comme il paraît le soupconner lui-même dans plusieurs endroits , où il ne parle dans ses descriptions qu'avec la réserve qui caractérise tou- jours la bonne foi et la modestie ; c’est ce qui m'a en- gagé à composer cet écrit, et à décrire quelques - uns des Trilobites les plus remarquables qui se trouvent en ma possession. (187) Trizosire ne Fzarsko-SÉLo aux environs de Péters- bourg, qui semble devoir se rapporter au genre Caly- mène (1), si un des caractères invariables de celui-ci est la bifurcation des arcs-costaux , des lobes latéraux ; mais il semble constituer une espèce très-différente des autres Calymènes décrits , et comme il est fort bien conservé, il est facile d’en reconnaître tous les caractères en jetant les yeux sur le dessin , aussi bien fait qu'il peut l'être par un dessinateur étranger à l’histoire naturelle ,queje joins à cette note (pl. 28 , fig. 1); il offre l’animal dans toute sa longueur et avec toutes ses dimensions, étendu sur la pierre. On voit d’abord que la partie antérieure du bou clier ou chaperon est nettement tranchée, et ne fait point voir de rebord ou de lèvre comme dans les autres Trilobites. Ce bouclier est d’ailleurs tout d’une pièce, et ne paraît pas sensiblement trilobé ; il y a une espèce de ride en arc de cercle , dont l’intérieur de la courbure regarde en haui entre les deux tubercules oculaires cylin- driques un peu inclinés comme des oreilles , une autre ride plus longue et plus profonde sous la précédente et sous les deux tubercules, et un tout petit tubercule où bouion au milieu de la partie inférieure du bouclier. Les trois lobes du corps de l’animal sont assez prononcés , mais moins que dans les autres Trilobites , et ne com- mencent seulement à être sensibles qu’au second anneau du corps , le premier étant entier; le lobe du milieu est le plus étroit , et les deux latéraux ont environ deux (1) La forme du post-ahbdomen paraît cependant ranger cette espèce, ainsi que celle que M. Rasoumowsky décrit sous le nom de 7rilobite & rebord , dans le genre Æsaphe et non dans le genre Ca/ymène, R. . (188) fois sa largeur. Mais ce qui distingue surtout cette es- pèce, c’est la forme de son post-abdomen , dont le lobe moyen prend tout-à-coup une épaisseur du double moin- dre que le dos, et va toujours en s’amincissant jusqu’à son extrémité , où il finit tout-à-fait en pointe, et dont les anneaux ou articles au nombre de huit à dix (les derniers sont effacés ), se terminent à leurs bords en formes d’épines , ce qui lui donne parfaitement l’ap- parence d’une queue écailleuse. Quant aux lobes laté- raux du post-abdomen , dont l’un est encore recouvert d’une croûte pierreuse , et dont un seul se présente à nu , on peut les considérer comme unis et non articulés ou doués d’arcs-costaux, car à peine en offrent-ils des vestiges en les examinant de près , et ils font voir un cer- tain luisant comme tout l’animal , et une couleur fauve ürant sur le brun , tandis que sa matrice est grise. C'est évidemment le mème Trilobite replié sur lui- même , que font voir les fig. 2 et3 : la forme du bouclier avec ses rides , le renflement du lobe moyen du corps, la plus grande largeur des lobes latéraux, la forme du lobe moyen du post-abdomen dont les anneaux sont épointés sur les bords, et la nudité des lobes latéraux de cette partie qui font à peine apercevoir quelques traces d’articulations , ne laissent aucun doute à cet égard ; la seule différence est, que les tubercules oculaires sont coniques , se terminent en pointe , et sont composés eux- mêmes de deux anneaux très-distincts. La figure 2 le re- présente du côté de la tête ou du bouclier, et la fig. 3, du côté du post-abdomen avec le dernier anneau de l’ab- domen , et cette figure offre deux particularités re- marquables , et bien propres, ce me semble, à Jeter ( 189 ) quelque doute sur l'opinion qui veut que cette singulière pétrification soit celle d'espèces inconnues de crustacés ; on voit en a que la tête et l'extrémité du corps rappro- chées mais non jointes, laissent entre elles une ouverture ou un baïllement rempli de la matière pierreuse , de la matière de ce Trilobite , baillement qui donne l’occasion de reconnaître clairement que le test de cet animal était extrêmement mince , et ne formait par conséquent point, à l’époque de sa contraction, un corps crustacé cylin- drique ou renflé , renfermant les viscères et les parties intérieures de l’animal, comme cela a lieu pour les crustacés incontestables. On reconnaît la même chose en à, où un morceau d'un des lobes latéraux du post- abdomen a été enlevé accidentellement , et ce qui est re- marquable , c’est que sous cette portion enlevée, la pierre qui remplit l’intérieur de cette pétrification fait voir des empreintes de stries concentriques semblables à celles de certaines coquilles. Cet individu qui, s'il était étendu , serait à-peu-près de moitié plus petit que le précédent , est des environs de Pétersbourg , qui tous jusqu'aux lacs Ladoga et Onega, appartiennent aux mèmes formations dont nous parlerons bientôt plus am- plement. Il est à remarquer au reste que cette espèce , je crois même ce genre, dont le post-abdomen ou la queue ne présente jamais des articulations bien sensibles sur- tout sur les.arcs-costaux , ou le plus souvent n’en pré- sente point du tout , est le plus commun dans le nord de la Russie : la plupart des Trilobites de Tzarsko-Sélo , Pavlovsk , Himalasara, Nikolik, ete., lui appartiennent. Il y en a de diverses grandeurs , depuis celle que j'ai figurée , jusqu’à celle d’une petite noix. ; ( 190 ) Un individu très-intéressant par sa conservation , se rapporte assez évidemment au Calymène de Blumenbach, pl. r, fig. 1, C. de l’hist. nat. des Trilobites : c’est une variété de celle représentée sur cette planche , qui en diflère, parce que les tubercules oculaires sont peu saillans , et que l’on ne voit point sur son corps les petits tubereules arrondis dont parle M. Brongniart; le cha- peron où bouclier seul en fait voir, mais si fins, qu’il paraît comme chagriné , que je ne les aperçus pas d’a- bord, et qu'on les distingue à peine avec le secours d’une loupe. Je donne aussi , à cause de ces différences , le dessin fig. 4 de cet animal. Cet individu est de la mon- tagne de Podol près de Prague, que j'ai visitée moi-même, et d’où j'ai rapporté plusieurs morceaux dignes d’atten- tion. Un Trilobite de Tzarsko-Sélo près de Pétersbourg , est assez petit, comme on le voit par la fig. 5 qui le donne de grandeur naturelle, mais tellement ‘endom- magé , qu'il est diflicile d’en déterminer l'espèce , seu- lement la bifurcation des ares costaux doit faire pré- sumer qu'il se rapporte au genre Calymène. Ce qui doit attirer l'attention sur cet individu , c’est qu'il est replié en dedans, mais seulement en partie, et cela dans sa partie supérieure , comme forcément par le poids de, couches qui l'enveloppaient, ce qui semblerait prouver qu’il n’était plus en vie lorsqu'il a été saisi par elles , car s’il avait été vivant, il aurait sans doute usé de la faculté que M. Brongniart accorde, ce me semble avec raison, aux Calymènes, de pouvoir entièrement se replier sur eux-mêmes à-peu-près en boule. Mais un accident que ‘j'ai fait représenter fig. G est encore bien plus re- (Ca91) .marquable , parce qu’il semble venir à l'appui de l’ob- servation que j'ai faite en décrivant le Trilobite fig, » des environs de Pétersbourg comme celui-ci. Celui dont je parle ici ayant été détaché de sa matrice par un accident aussi rare qu'heureux , on distingue en a, en dedans du bouclier ou chaperon , un corps plus épais que le test , faiblement échancré à sa partie antérieure, et fortement à sa partie postérieure, dont la fonction sem ble avoir été celle d’une charnière qui fermait peut- être la coquille, si c’en était une, lorsque l'animal se re- pliait tout-à-fait, et que la tête et la queue, si dès- lors il est permis de se servir de ces expressions, se joi- gnaient entièrement. Ce morceau esi de Tzarsko-Sélo près de Pétersbourg. Parmi le grand nombre de pierres à bâtir que l’on apporte à Pétersbourg de Poutilova près du lac Ladoga , j'ai découvert une pétrification singulière que j'ai cru devoir ranger parmi les Trilobites , parce qu’elle pré- sente comme ceux-ci une division en trois lobes par deux sillons longitudinaux , mais peu profonds, de manière qu'en général les trois lobes sont peu saillans et peu prononcés ; les articulations et les arcs costaux sont peu ou point sensibles, et lorsque la pétrification est bien conservée, elle est toujours douée d’un rebord plat, qui rèsne certainement tout autour du test , et lui donne l’air d’une assiette ou plutôt d’an plat à barbe : c'est ce que fait très-bien voir la fig. 7 de grandeur na- turelle absolument dénuée d’articulations , ainsi que le morceau fig. 8, faisant voir plusieurs fragmens doués de ce rebord ; mais un autre exemplaire fig. 9, que je dois à M. Hauenschild, actuellement consul général (192 ) d'Autriche à Corfou , qui l’a trouvé à Nikolsk en Russie , a perdu son rebord plat, et offre des vestiges encore assez marqués d'articulations sur une partie de la lon- gueur du lobe du milieu; les latéraux en montrent à peine. Cette conformation singulière et si constante dans ce genre, dont malheureusemeni je n’ai jamais rencontré que des fragmens offrant le post-abdomen , m'a engagé à lui imposer le nom de Zrilobites à rebord, Trilo- bites marginatus. L'on voit par la différence des dimen- sions des individus dont je donne les dessins , qu’il en est de diverses grandeurs, ce qui provient peut-être de ce que les uns étaient adultes ou vieux à l’époque où ils ont été enfouis , et que les espèces en ont été détruites , et les autres encore jeunes. Je ne sais si ce n’est pas cette même pétrification décrite par M. Brongniart sous le nom d’Agnoste (1) , et figurée fig. 5 de sa 4° planche, avec laquelle elle a d’ailleurs peu de ressemblance , et que je n’ai jamais vue aussi petite, celle de ma fig. 7 étant la plus petite de cette espèce qui soit parvenue à ma connaissance. M. Brongniart dit que son Paradoxide de Tessin ac- quiert de très-grandes dimensions , et qu’on ne l’a trouvé qu'en Westrogothie, dans un schiste appartenant aux formations de transitions. Jai le bonheur d’en posséder moi-même un semblable, mais je possède aussi un in- dividu et malheureusement seulement le bouclier fig. 10, qui par le défaut d’yeux , et la forme de ce bouclier, (x) Le genre Ægnoste de M. Brongniart est un animal complet, très- différent de celui que décrit ici M. le comte Rasoumowsky, qui ne semble pas différer du post-abdomen des Asaphes, . R. (193) semble devoir appartenir aussi à ce :même genre ; mais J'ai lieu de le croire à une nouvelle espèce beaucoup plus petite que celle de Tessin. Il vient des environs de Moscou , des bords de la Yaousa, et m'a été donné par M. Hauenschild , qui a résidé pendant quatorze ans en Russie: la figure en donnera une meilleure idée qu'une description , d'autant plus que ce morceau paraît avoir été un peu endommagé. Enfin j'ai en ma possession un autre morceau singu- lier et très-digne d'attention , c’est un schiste argileux noir et grossier, semblable à celui dans lequel , dans ma collection , on voit un beau Paradoxide de Tessin, et sans doute du même pays, qui renferme une pétrifica- tion très-extraordinaire , fig. 11, à laquelle il n’est pas aisé d’assigner sa véritable place. Cependant, vu Ja division assez prononcée de son corps en trois parties longitudinales ou lobes , il semble qu’on doit la ran- ger parmi les Trilobites. Ce n’est malheureusement qu’un fragment , et encore une porlion de la partie in- férieure de l'animal, ou son post-abdomen, mais qui néanmoins offre des caractères si particuliers , que l’on ne peut s'empêcher de le rapporter à une espèce dis- tüncte , ou même à un nouveau genre. I] paraît que l'a- nimal entier était fort grand. Le peu qu’il en reste pré- sente , comme on le voit , le lobe du milieu fort étroit , allongé, renflé sur la plus grande partie de sa longueur qui fait voir cinq articulations, mais pas tout-à-fait sur le milieu de cette longueur ; ce lobe s’aplatit un peu tout à l’entour de Ja partie renflée, et davantage et avec plus de largeur autour de ce premier aplatissement, et se termine par une espèce de tubercule : les lobes laté- VII. 15 ( 194 ) raux se composent d'arcs-costaux (si on peut encore leur conserver ce nom) qui s'étendent à-peu-près en forme de S , et sont presque trois fois plus grands que la portion du lobe moyen que l’on voit ici; quoiqu'ils soient endommagés , et pas entiers d’un côté , et que de l’autre une partie de leur longueur manque tout-à-fait, on peut facilement reconnaître les circonstances que nous avons décrites ; et ce qui est très-singulier et parti- culier à ce Trilobite, c’est que de l'extrémité du lobe moyen il part un très-long filet aussi parallèle anx arcs-costaux (si, comme je l’ai déjà dit, il est permis de les nommer ainsi en parlant de la singulière pétri- fication que je décris en ce moment) qui en sont le plus près. Je ne répéterai point ici les nombreuses conjectures et hypothèses auxquelles les Trilobites ont donné lieu ; celle de M. Brongniart, et autres savans avant lui qui les raugent parmi les Crustacés proprement dits , serait celle qui me plairait le mieux, si je pouvais l’accorder avec quelques circonstances rapportées ci-dessus, et la considération très-majeure sans doute , qu’ils ne se ren- contrent, à ce que je sache , jamais en compagnie avec d’autres Crustacés , mais presque toujours avec des pé- trifications qui appartiennent aux Testacés marins, comme Orthocératites, Lythuites , Bélemnites , Cornes- d'Ammon , au lieu que les Crustacés , comme on le voit à Pappenheim , à Solenhofen et ailleurs, se trouvent toujours avec des restes de Crustacés et de poissons qui ont vécu jadis ensemble à la même époque et dans les mêmes eaux. D'un autre côté, je ne puis cependant me dissimuler que plusieurs Trilobites à longs prolonge- C 195 ) mens qui ressemblent platôt à des pieds ou à des na geoirés qu'a des arés-costaux , comme la plupart des Paradoxides de M. Brongniart , semblent se refuser à l'idée de la ressemblance avec un Testacé. Les divers gisemens des Trilobites ne me semblent pas non plus pouvoir être déterminés avec quelque précision. M. Brongniart paraît admettre que les Trilobites aveu- gles ne se trouvent que dans de très -anciennes forma- tions , dans des schistes et des calcaires de transition; mais nous avons donné la description et la figure (fig. 10) d'un Trilobite des bords de la Yaousa près de Moscou , qui n'appartient certainement pas aux formations de transition , ce qui me donne lieu de croire que de nou : velles recherches et de nouvelles observations prouveront qu'il n’est pas strictement vrai qu’en France , en Angle- terre, en Russie, il n'existe point de Trilobites entiè- rement privés d’yeux , comme le dit le savant auteur que je viens de citer. Il dit aussi que le Calymène de Blu- menbach ne s’est pointencore trouvé dans les formations de transition , telles que les schistes et les calcaires , et il ne cite dans celles du mont Calvarius que l’Asaphe cor- nigère. Je ne connais point ce mont Calvarius, mais wès-bien le mont Podol , à une petite lieue de Prague, qui est bien plus renommé dans le pays pour ses Trilo- bites , que j'ai visité moi-même avec soin , et qui est re- marquable à nombre d’égards , et entre autres par les énormes boules de schiste qu’il renferme. Personne ne contestera jamais , je pense , que le mont Podol tout en- tier n’appartienue aux formations de transition : ce n’est point ici le lieu de donner une description détaillée de ceite intéressante montagne et des terrains du territoire ( 196) de Prague avec lesquels il est en connexion intime, et que j'ai étudié durant un an de séjour dans cette ville ; je dirai seulement en peu de mots qu’elle est composée de couches ou de bancs de pierre calcaire compacte et de schiste noir; que cette pierre calcaire renferme assez fré- quemment des fragmens de Trilobites sur lesquels il n’est pas toujours aisé de prononcer, et plus rarement des Trilobites entiers. Comme je n’ai sous les yeux (à cause des diverses contrariétés qui m’ont empêché long-temps de jouir de mes collections et de les tirer des caisses qui les renfermaient) que le Trilobite que j'ai décrit plus haul et figuré fig. 4 , qui certainement est un Calymène on une variété du Calymène de Blumenbach , je ne puis pas dire s’il en existe d’autres espèces. Ces Trilobites du mont Podol, quand on en rencontre , sont très-sou- vent accompagnés de superbes Orthocératites , dont les dimensions sont très-considérables. On en voit d’éuor- mes dans les pierres qui ont servi à Ja construction du grand pont de Prague. Les Trilobites ou les fragmens très-intéressans , que Jon a découverts jusqu'à présent, à Revel, à Pouti- lova (et non Pontyélova comme l'écrit M. Brougniart } _ près du lac Ladoga , à Tzarsko-Sélo, à Pavlovok (et non Paulovka), à Himalasara (et non Hymalaya-sara), à Nikolsk, etc., ete., et dont j'ai fait connaître quel- ques-uns dans cet écrit , n’appartiennent point aux for- mations de transition , et il n’en existe même point de pareils dans le nord de la Russie. La plus âgée après les formations les plus anciennes, d’après ce que j'ai pu conclure des renseignemens que m'a donnés M. Foulon,. homme de mérite et digue de foi , qui dirige des forges (197) à Pétrazavodsk, est une brèche très-curieuse et très singulière, siliceuse, composée de grains de quartz, de calcédoine, de cornaline, réunis par un ciment de jaspe vert, qui le long du lac Onéga, recouvre les for- mations primitives (de granite, gneiss, micaschiste, trapp et calcaire grenu ); elle est recouverte immédia- tement par un grès rouge (sans doute le Roothe-todi- liegende des Allemands }) (1), et vert serin clair, qui est recouvert enfin à son tour par les jeunes formations coquillières de ce pays. Une petite carte géologique du lac Onéga que je joins ici, pl. 29, fig. 14, servira à mieux faire comprendre ce que je dis. Cette intéressante formation se présente en couches. horizontales , quelquefois inclinées , quelquefois sin- gulièrement arquées (voyez pl. 29, fig. 9, 10, 11, 12, 13 ) , quelquefois offrant une configuration en forme de globules comme celles (mais plus grosses } que Guettard a déjà fait connaître dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris. Ces couches s’é- teudent dans tous les environs de Pétershbourg, dans la Livonie, la Courlande, et à en juger par le mor- ceau que j'ai décrit plus haut des environs de Mos- cou , et par d’autres que j'ai vus, peut-être dans toute la Russie Septentrionale basse, et même plus loin, et sont composées de calcaire coquillier , que l’on pourrait peut-être, avec plus de raison, nommer formation (r) Ce beau grès, qui prend un très-beau poli et se laisse fort bien tra- vailler, forme un des ornemens de l'église de Casan à Pétersbourg , où lon en a construit les marches du sanctuaire ou saint des saints des églises grecques. . ( 198 ) coquillière; car quoique, dans la règle , le ealcaire al- terne avec un grès où une pierre sablonneuse plus ou moins grossière , ou plus ou moins argileuse et cal- eaire, ainsi qu'avec un schiste argileux, bitumineux, brun-clair tirant au gris par une sorte de décomposition, et des argiles rouges et verles , il arrive très-fréquem- ment et souveht dans les mêmes échantillons , qu’elle passe du calcaire souvent compacte, quelquefois dur comme le marbre et de diverses couleurs , au grès souvent d’un aspect terreux et d’un grain fin, ordinairement gris, ou mélangé aussi de différentes couleurs, verdätre ou tout-à-fait vert à Poutilova et à Nikolsk (mais non pas près de Pétersbourg), où ses couches, tant extérieurement surtout qu'intérieurement , sont recouvertes el remplies d’une terre verte qui semble avoir beaucoup de rap- ports avec la chlorite, et qui souvent se présente d’un vert très-foncé , et sous des formes qui semblent orga- niques, comme des pattes et des parties d'insectes. Ce sont-ces divers aspects quelquefois trompeurs; qui ont fait regarder le calcaire de cette formation remar- quable, comme se rattachant à celles de transition ; mais ce qui la caractérise distinctement, c'est la pro- digieuse quanuté de Testacés fossiles ou pétrifiés qu’elle renfermé ; il faudrait une étude longue et très- auentive pour les connaître et les décrire tous; mais ceux surtout qui se font remarquer par leur nombre prédominant , par celui de leurs espèces et de leurs va- riétés, sont des Anomies et des Térébratules, dont il en est qui sont très-dignes d'attention , comme celle que j'ai fait dessiner pl. 29, fig. 2, quej’ai nommée , à cause de sa forme bombée et presque semblable à celle d’une ( 199 ) 1 sphère , anomie sphéroïdale, et qui a été trouvée à Pau- lovsk.. _ Ce sont enfin ces mêmes couches, dont on peut maintenant mieux apprécier la nature, qui renferment ({mais pas très -fréquemment) les Trilobites décrits par MM. Blumenbach et Brongniart, et par moi dans cet écrit. J'ajouterai , pour mieux faire connaître cette formation, que l’on y rencontre aussi des Orthocératites , compagnes presque inséparables des Trilobites, mais qui semblent différer à bien des égards de celles connues. Elles sont en général assez petites , et offrent plutôt des noyaux que les coquilles mêmes. ( Voyez pl. 29, fig. 1 , un noyau d’alvéoles de ces Orthocératites.) Enfin , on rencontre encore dans les mêmes forma- tions coquillières des Testacés inconnus ou d’autres corps qui semblent se rattacher à des animaux marins de tout autres genres , et que ce petit Mémoire me donne lieu de faire connaitre. Telle est une espèce de Hystérolite inconnue ailleurs, que l’on trouve très-fréquemment dans les environs de Pétersbourg , et dont je doune le dessin fig. 3; c’est évidemment le noyau d’une singulière espèce d'Anomie, sur lequel ou reconnaît parfaitement les joints des val- ves et la forme du sommet de la coquille fort aminci, et qui s'élève beaucoup au-dessus d’elle. Le dessin fait voir un individu de Slavenka , dans le gouvernement de Pé-- tersbourg , de la nature d’un grès argileux : les Hysté- rolites des environs de Pétersbourg même sont un peu différentes de celle-là, dont elles ne sont qu'une va- riété, ct sont (du moins toutes celles que j'ai vues ou que je possède ) spathiques, ( 200 }) Tel est encore un testacé singulier et inédit, repré- senté fig. 21, que j'ai cru devoir nommer Urne de Nep- luné, parce qu'il ressemble assez parfaitement à une urne antique portant, son couvercle , mais sans base ou pied, que je regardais comme une coquille univalvé douée de son operculé, quoique l’on ne rencontre presque jamais les coquilles fossiles operculées avec cette partie , mais que le célèbre Buckland , qui la vit chez moi à Vienne , regardait comme une bivalve. Comme je n’ÿ vois rien qui ressemble à une charnière propre à joindre les deux battans ensemble, il me paraît difficile d’ad- mettre cette opinion. Je dois cette jolie pétrification , que l’on voit sous deux points de vue différens , fig. 4 et 5 , et dont la surface est recouverte par une jolie espèce d'Escarre , à l'obli- * geance de M. le général Sabir, qui l’a trouvée aux bords de la Msta, contrée où ses fonctions l’appellent toutes les années : je lui dois aussi plusieurs autres morceaux intéressans. Dans le courant du mois de juillet 1817, M. Hauens- child , déjà cité plus haut, qui demeurait alors dans les environs de Pétersbourg , envoya à la société minéralo- gique de cetté ville une pétrification fort jolie , que j'é- tudiai avec soin et dont je lus la description à cette so- ciété. Elle vient d’un mont situé près de cette capitale , que l’on nomme dans ce pays Montagne de Douderova- Gara; elle est calcaire comme la pierre qui la renfer- mit , blanche , de là grandeur environ d’un de ces gros dés à jouer dont les anciens se servaient dans leurs camps, polygone, et d’une forme approchant de celle d'un gre- pal qui n'est pas très-bien prononcé, offrant environ ( 201 ) vingt - deux plans ou facettes composées d'espèces de rayons croisés à angles droits par un grand nombre d'au- tres excessivement minces, courts et parallèles, laissant entre eux des vides en forme de cellules, châque face de ce polygone offrant toujours des plans carrés dont chaque angle présente un petit tubercule ou nœud. Les rayons les plus longs, courent au nombre de cinq, figu- rant ensemble les rayons d’une étoile, dont cinq autres pareils sont également circonscrits dans les limites d’un plan carré d’une autre face du polygone voisin, ce qui donne vingt rayons inégaux pour l'étoile entière et au- tant de faces inclinées renfermant cette singulière étoile, dont le contour lui-mème est un grand carré formant en quelque sorte la base d’une espèce de pyramide à quatre côtés , et faisant en mème temps partie de plusieurs au- trés étoiles configurées de même. Sans doute à la pre- mière vue on serait tenté de prendre cette pétrification , en apparence étoilée , pour un Madrépore ou une As- troïte , mais en y regardant de près , on s'aperçoit bien- tôt qu’elle ne peut se rapporter à ces genres de Polypiers et n’a avec eux que des ressemblances faibles ét trom- peuses : on reconnaît qu’elle est douée d’un pédicule où d'un fragment de tige articulée, fig. 22 , dont les articles sont courts et serrés, comme les Encrinites; que les fausses étoiles dont j'ai parlé ne sont que des espèces de bras ou des tentacules articulés et recourbés ou cou- dés au moyeu des nœuds que présentent divers angles, comme il a été dit, et qui sans doute étaient des articu- lations en forme de genou. Toutes ces particularités propres à celte pétrification, me portent à la regarder comme une espèce d'Encrinite d'une espèce inconnue €# ( 202 ) extrèmement rare, puisqu'on ne l'a encore rencontrée qu’une seule fois à ma connaissance , et qui offre encore une autre particularité qu'aucun animal de ce genre ne fait voir, c’est qu’à la partie opposée à la portion de tige dont je viens de: faire mention plus haut, il y a une ca- vité dans laquelle il paraît assez clairement que s'insé- rait un autre bout de tige pareil et de grandeur et gros- seur égales , de manière que le tout ensemble présen- tait peut-être deux ou plusieurs de ces petits Encrinites polygones dont les bras ou tentacules s’épanouissaient ou se fermaient à volonté autour de cette tige , ainsi que le fait voir une représentation idéale que j'ai essayé d’en donner, fig. 7, où ces corps se présentent épanouis au- tant , je suppose , que cela était possible. C’est cette pé- tification singulière à laquelle j’imposai le nom d’£n- crinite paradoxe noduleux dans un Mémoire que jelus à la Société minéralogique de Pétersbourg. (é _ Enfin, dans ces couches pierreuses des formatons des environs de Pétersbourg , on rencontre assez fré- quemment aussi des corps calcaires sphériques avec de légers pointemens à deux bouts opposés , connus dans le pays sous le nom de boules de pierre, faisant voir à leur surface un tas de compartimens anguleux et de pores fins comme des piqüres de mouches, qui semblent être une espèce d'Alcyonite globuleux (fig. 8, de grandeur naturelle) , et l’on a retrouvé de semblables boules au bord de la Vytégra, rivière du gouvernement d’Olo- netz , qui sort du lac Onéga. Il existe encore sans doute beaucoup d’autres pétrifi- cations qui appartiennent à ces vastes formations coquil- lières de la Russie, qui ne sont point parvenues à ma ( 203 ) connaissance. Celles des formations dites d’alluvion sont aussi extrêmement curieuses et du plus grand intérêt par leur nature, puisque la plupart sont agatisées ou changées en pyrites et présentent souvent des espèces d’une grandeur considérable ; mais je n’en entretiendrai pas mon lecteur, puisqu'elles n’entrent point dans le plan de cet écrit. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche xxvim. Fig. 1. Trilobite de Tzarsko- Sélo près Pétersbourg, complètement étendu. Fig. 2. Le même replié, vu antérieurement. Fig. 3.. Le même, vu postérieurement. Fig. 4. Variété du Calymène de Blumenbach de Podol , près Praguc. Fig. 5. Autre Trilobite de Tzarsko-Sélo, Fig. 6. Portion du chaperon d’un Trilobite détachée , et montrant sa surface inférieure. Fig. 5, 8, 9. Post-abdomen du Trilobite à rebord. Fig, 10. Bouclier d’une nouvelle espèce de Paradoxide. Fig. 11. Nouveau geure de Trilobite. Planche xxix. Fig. 1. Orthocératite. Fig. 2. Anomie sphéroïdale. Fig. 3. Hystérolite. Fig. 4,5. Urne de IVeptune vue sur ses deux faces. Fig. 6 , 7. Corps organisé fossile se rapprochant des Encrinites. Fig. 8. Espèce d’Alcyon fossile ? connu sous le nom de boules de pierres. Fig. 9. Carrière de pierres de Tzarsko-Sélo , dont les couches horizon- tales sont couvertes d’éboulemens dans une partie de leur profon- deur. a, couches de calcaire plus ou moins marneux , et souvent sabloneux et coloré ; b, couches d’argile schisteuse colorée. Fig. 10. Coupe d’un escarpement des bords de la Koscheleva. a, couches de schistes argileux bitumineux brun horizontal ; b, cou- ( 204 ) ches de sable jaune plus où moins sulfureux, qui iuterrompent les précédentes ; c, lignes ponctuées figurant les couches 4 masquées par la terre et la végétation, supposées reparaître , comme cela a lieu de l’autre côté des couches , failles ou crin b, dans une posi- tion un peu différente. Fig. 11. Coupe comparative des formations secondaires de la Livonie, d’après Fischer. Fig. 12. Coupe des couches arquées de l’un des escarpemens de la Kos- cheleva, près Paulovok. Cet escarpement est composé d’un cal- caire gris blanchâtre, séparé par des couches argileuses , et inter- rompu par des fentes nombreuses. Fig. 13. Escarpement au-dessus de la Koscheleva , près Paulovok , en partie recouvert d’éboulemens , et dont les couches , en général assez tendres, sont brisées et morcelées. a, calcaire marneux et sabloneux , d’un gris clair; b, couches beau- coup plus minces d’argile Schisteuse rouge ; c, pierre sabloneuse coquillière dure et pyriteuse , semblable à celle de Tzarsko-Sélo ; d, sable durci, jaanâtre ou verdâtre; €, pierre sabloneuse jaune , quelquefois sulfureuse; f, sable fort dur, jaune comme le précé- dent ; g, Schiste argileux bitumineux ; À, le même, très - ferrugi- aeux ; &, sable vert; k, terre végétale. Fig, 14. Carte des bords du lac Ladoga. Toute cette partie aa de la côte occidentale du lac Onéga doit êlre de grès rouge ou vert très-ancien reposant sur la brêche sili- ceuse. bb, promontoire d’environ 20 verstes ( plus de quatre lieues et demi de France) de longueur , à 7 verstes ( deux lieues) de Pétrozavo- dok , entièrement composé de bréche siliceuse comme l’archipel e de Kiege, où se trouve l’île de Wolkootrof , dont cependant la grande ile d montre un marbre salin. Sans doute la brèche siliceuse du promontoire bb que l’on voit former le foud du lac, près de Pétrozavodok , constitue aussi la masse des promontoires e et f, et peut-être une partie de la rive orientale du lac. 5) Mémoire sur de. nouvelles variétés de Chaux carbonatée et d'Argent sulfuré du Mexique. Par S. M. DE BusTAMENTE. Les variétés nouvelles de chaux carbonatée et d'argent sulfuré , dont j’offre dans ce mémoire les descriptions et les figures , ont été recueillies à Guanajuato, lieu aussi riche en minerais d’or et d’argent, que fécond en modi- fications de formes cristallines. J’ose dire qu’en variétés de chaux carbonatée, Guanajuato seul surpasse toutes les mines du Hartz et de la Hongrie. Je les appelle nouvelles , ne les rencontrant pas dans le Traité de minéralogie d'Haüy, imprimé à Paris, en l’an 1801, et qui est le seul que nous possédions ici. Cette disette de livres dans laquelle nous nous trouvons, m'excuse assez, si toutefois on les a publiées dans des ouvrages postérieurs (1). J'ai suivi la méthode descriptive de ce célèbre minéra- logiste , en représentant par des signes les lois de décrois- sement qui concourent à la production de chaque variété de forme ; et j'ai donné seulement la valeur des inclinai- sons des faces, qui résultaient d’une loi nouvelle, ou qui se montraient dans un nouveau rapport de position avec des faces déjà connues. Je n’ai pu qu’indiquer les (1) Quelques-unes de ces variétés ont été décrites par M. Haüy dans la seconde édition de son Traité. Nous nous bornerons à les citer , en supprimant tous les détails qui les concernent, et lorsqu'il y aura double emploi de noms ou de signes représentalifs , nous adopterons ceux du cristallographe français. R, ( 206 ) mines d’où provenaient ces variétés et les collections où elles se trouvent , parce que j'ignore les noms des per- sonnes qui nous ont rendu l'important service de les recueillir. | I. CHAUX CARBONATÉE. VARIÉTÉS DE FORMES DÉTERMINABLÉS. Combinaisons deux à deux. i 1. Chaux carbonatée équiwoque. D A (Fig. 1.) Prisme Le u o hexaëdre régulier , que l’on pourait confondre avec ce- lui de la variété prismatique de M. Haüy , mais qui en diffère essentiellement par sa structure. De la mine de Mellado ; collection de M. Cervantes. + 2..Chaux carbonatéeralternée. DE'"E (Fig. 2.) La variété émoussée , moins les faces c du prisme, ou la métastatique dont les arètes aiguës sont remplacées par des faces généralement raboteuses. Des mines de Va- lenciana , Rayas , etc. , collections de MM. Cervantes et Del Rio. 2 3. Chaux carbonatée mivelce. D E''E A. En cris- r F à C2 taux tubulaires. De Valenciana (1). 2 3 4. Chaux carbonatée didodécaèdre. D B (Fig. 3.) r t Cette variété a fréquemment ses sommets remplacés par (1) Voyez le Traité de Hauy, tom. 1, p. 326, 2e édit. fig. 68. ( 207 ) des faces creuses et inégales. De la mine de Rayas ; col- lection de M. Lardizabal. 5. Chaux carbonatée biquaternaire. D B(Fig. 4.) er Dodécaèdre à triangles scalènes , plus obtus que celui de la variété précédente. Incidence de w sur o , 130° 8 58”, et dew sur w’, 163° 5o’ 52”. Les faces des sommets sont si fortement striées que la direction de-ces stries montre clairement la marche des décroissemens sur les bords supérieurs du noyau. De Pachuca ; collection de M. Cer- vantes. Combinaisons trois à trois. 6. Chaux carbonatée épointée. É'EP A (1). Trou- vée à Guanajuato. Collection de M. Del Rio et Cer- _vantes. Souvent les faces o s’agrandissent et les faces pri- mitives disparaissent entièrement ; les cristaux ressem- blent alors à des octaëdres. | ” 2 7. Chaux carbonatée duodéci-octonale. D P A (Fig. r P : 5.) La variété binaire dont les sommets sont interceptés par une facette triangulaire , raboteuse. De la mine de Mellado; collection de MM. Del Rio et Moran. : 2 8. Chaux carbonatée sexoctodécimale. DE''EP Cr M à P (Fig. 6.) La variété alternée avec les faces du rhomboïde primitif vers les sommets. Des mines de Valenciana et Rayas ; collection de M. Guerza. (3) Ibidem, p. 333 , fig. 54. ( 208 ) 9. Chaux carbonatée évasée. DE'*EB (Big. 7.) La A PEL = variété alternée avec les faces de l’équiaxe vers les som- mets. Incidence de f sur g, 143° 7 48”. De la mine de Rayas. Je dois un superbe cristal de cette variété à la bienveillance de mon frère, M. Benigne Bustamente. 10. Chaux carbonatée descendante. 2 DB (Fig. 8.) LL 8 te : 4 LA .. L] g La variété doublante de Haüy, moins les faces f. De Valenciana, Cata, Tepeya et autres mines ; collection de MM. Cervantes et Del Rio. 2 11. Chaux carbonatée décioctoduodécimale. D B B r 43 ” & (Fig. 9.) Incidence de g sur ©, 155° 4’ 29”: de w sur © , 163° 50 52”. De Guanajuato; collection de M. Mo- ran. 2 a 12. Chaux carbonatée icositétraèdre. DPe (Fig. 10.) re La variété métastatique terminée par un pointement à six faces qui répondent aux arètes des pyramides. De Mel- lado ; collection de M. Moran. Combinaisons quatre à quatre. 2 13. Chaux carbonatée demi-encadrée. DE''EP B TAROT PRE ü 553) re | 5 (Fig: 11.) La variété octodécimale , dont les arêtes du sommet sont remplacées par des facettes. De Ia mine de Rayas ; collection de M. Lardizabal. ( 209 ) 14. Chaux carbonatée bisünibinaire. e DE'"E B (1) cr f x A : : 8 De la mine de Valenciana ; collection de M. Del Rio. Combinaisons cinq à SiRGES 15. Chaux carbonatée agone. € e DE" EP ( Fig. 12.) Incidence de m sur c, 16605158”. De 1 mine de Rayas ; collection de M. Moran. Combinaisons sept à sept. 16. Chaux carbonatée suspensive. eDE'E(E""EB:D:)e BB (Fig. 13.) Incidence de SON JE x m4 ù & x sur x , 13° 1358" ; de x sur r, 155°3721”. Cette fôrme est une des plus composées de la chaux carbona- tée. Le cristal, s’il était complet, aurait 60 faces: le développement de ses propriétés géométriques me paraît digne d'un Mémoire particulier. En attendant , je ferai remarquer que les décroissemens qui produisent les fa- ces ff, et ceux qui donnent les faces xx, en agissant mutuellement contre elles , s'arrêtent et reprennent al- ternativement leur action à des époques déterminées , et c’est cette espèce de suspension qui m'a suggéré le nom que j'ai donné à cette variété. De la mine de Valenciana ; collection de M. Moran. Dans la superbe collection de minéraux du Mexique, que possède le professeur de botanique M. Cervantes, il (1) Zbidem, p. 343, fig. 120. VI. 14 ( 210 ) { existe un groupe de cristaux dodécaëèdres , remarquables autant par leur grandeur que par la singulière propriété . qu’ils ont de renfermer dans leur intérieur un dodécaèdre inscrit comme on le voit fig. 14, et qui se détache par son opacité de l'enveloppe transparente qui le recouvre. Cette disposition symétrique se montre dans les prismes ‘d'un décimètre de longueur, comme dans ceux de trois à quatre millimètres , et elle s'accorde parfaitement avec les lois de la structure , de manière que les joints natu- rels se prolongent également dans le cristal entier. II. ARGENT SULFURÉ. VARIÉTÉS DE FORMES DÉTERMINABLES. 1. Argent sulfuré triépointé (fig. 15). Cube épointé sur ses angles solides par trois faces qui sont tournées vers les faces primitives. Incidence de s sur r, 149°, et des surs, 140°. J'ai vérifié ces mesures sur un petit cristal , dont le côté peut avoir un centimètre de longueur. Il vient de la mine de Rayas, où l’on trouve aussi des cristaux trapezoïdaux de la même substance , qui ont 14 à 16 millimètres de diamètre. \ anal) Sur La Structure de l'Ovule antérieurement à l’im- prégnation dans les plantes phanérogames , et sur La Fleur femelle des Cycadées et des Coni- Jères; Par M. Roserr Brown (1). La description que j'ai donnée de l’ovule du Kin- &iA (2), quoiqu'elle difière essentiellement de celles qu'on avait jusqu’à présent publiées de cet organe con- sidéré antérieurement à la fécondation , ne laisse pas de (1) Extrait de l’Appendice botanique du Voyage à la Nouvelle-Hol - lande, exécuté pendant les années 1818 à 1822 par le capitaine King. (2) Nous joignons ici la description de ce genre, telle qu’elle est don- née par M. Brown dans l’article qui précède son Mémoire sur la struc- ture de l’ovule. KINGIA. On. var. Junceæ prope Dasypogon, Calectasiam et Xerotem- Car. Gen. Perianthium sexpartitum , regulare , glumaceum , persis- tens. Stamina sex , fere hypogyna : Antheris basi afixis, Ovarium triloculare , loculis monospermis ; ovulis adscendentibus. Stylus 1. Stigma tridentatum. Pericarpium exsuccum , indehiscens , mono- spermum , perianthio scarioso cinctum, Planta facie Xanthorrhææ elatioris. Caudex arborescens cicatricibus basibusve foliorum exasperatus ? Folia caudicem terminantia con- Jertissima longissima , figura et dispositione Xanthorrhææ. Pedun- culi nümerosi foliis breviores , bracteis vaginantibus imbricatis tecti, floriferi terminales erecti, mox , caudice parum elongato fo- lüsque novellis productis , laterales, et divaricati vel deflexi, ter- minati capitulo denso globoso floribus tribracteatis. KincrA Australis. Desc. Caudex arborescens erectus simplicissimus cylindraceus , 6-18 pedes altus , crassitie femoris. Folia caudicem terminantia numerosissi- (axe ) s'accorder réellement avec sa structure ordinaire dans les plantes phanérogames. Je tâcherai d'établir ces deux points, savoir : que cette description est d'accord avec la structure ordinaire de l’ovule, et qu’elle diffère essentiellement de celle ma patula , apicibus arcualo - recurvis, lorea, solida , ancipitia apice teretiusculo , novella undique tecta pilis adpressis strictis acutis lævibus, angulis lateralibus et ventrali retrorsum scabris. Pedunculi numerosi te- retes 8-12 pollicares crassitie digiti, vaginis integris brevibus imbricatis hinc in foliolum subulatum productis tecti. Capitulum globosum , flori- dum magnitudine pruni minoris , fructiferum pomum parvum æquans. Flores undique densè imbricati , tribracteati, sessiles. Bractea exterior lanceolata breyè acuminata planiuscula erecta , extus villosa intus gla- bra, post lapsum fructus persistens : duæ laterales angusto-naviculares, acutissimæ, carina lateribusque villosis, longitudine fere exterioris, simul cum perianthio fructifero, separatim tamen , dilabentibus. Pe- rianthium sexpartitum regulare subæquale glumaceum : foliola lanceo- lata acutissima disco nervoso nervis immersis simplicissimis , antica et postica plana , lateralia complicata lateribus inæqualibus, omnia basi subangustata , extus longitudinaliter sed extra medium præcipue villosa, intus glaberrima , æstivatione imbricata. Stamina sex subæqualia , æs- tivatione stricta filamentis sensim elongantibus : Filamenta fere hypogy- na ipsis basibus foliolorum perianthii quibus opposita leviter adhæren-’ tia, filiformia glabra teretia : Æntheræ stantes, ante dehiscentiam li- neares obtusæ filamento paulo latiores , defloratæ subulatæ vix crassitie filamenti , loculis parallelo-contiguis connectivo dorsali angusto adna- . tis, axi ventrali longitudinaliter dehiscentibus , lobulis baseos brevibus acutis subadnatis : Pollen simplex brevè ovale læve. Pistillum : Ova- rium sessile disco nullo squamulisve cinctum , lanceolatum trigono-an- ceps villosum, triloculare, loculis monospermis. Ovula erecta fundo an- guk interioris loculi paulo supra basin suam inserta , obovata lenticulari- compressa, aptera : T'esta in ipsa basi acutiusculà foramine miuuto perforata : Membrana interna respectu testæ inversa , hujusce nempe apici lata basi inserta , ovata apice angustato aperto foramen testæ ob- turante : Mucleus cavitatæ membranæ conformis, ejusdem basi insertus, cæterum liber, pulposus solidus , apice acutiusculo lævi aperturam mem- CVS :) des autres observateurs. Je Le ferai pour le moment aussi brièvement que possible, me proposant de traiter une autrefois ce sujet avec plus de développemens et aussi sous un autre point de vue. J'ai antérieurement appelé plus d’une fois l’atten- tion (1} sur la structure de l’ovule , surtout pour les indications qu’il fournit, même avant la fécondation, relativement à la place et à la direction que présentera le futur embryon. Cependant ces remarques, très-brèves il est vrai, semblent avoir tout-à-fait échappé à l’atten- tion des botanistes qui depuis ont écrit sur le mêmesujet. Dans l’appendice botanique au voyage du capitaine Flinders, publié en 1814 , je donne la description sui- vante de l’ovule du Ccphalotus follicularis : « Ovulum erectum , intrà testam membranaceam continens saccu- lum pendulum magnitudine cavitatis testæ »; et par rapport à cette description, j'ai remarqué au mème en- droit que d’après la structure de l’ovule , même avant Re branæ internæ attingente. Stylus trigonus strictus , infra villosus, di- midio superiore glabro , altitudine staminum , üisdem paulo præcocior, exsertus nempe dum illa adhuc inclusa. Stigmtata tria brevissima acuta denticuliformia. Pericarpium exsuccum , indehiscens , villosum, basi styli aristatum , perianthio scarioso et flamentis emarcidis cinctum, abortione monospermum. Semen turgidum obovatum retusum integu- mento ( testà ) simplici membranaceo aqueo-pallido , hinc (intus) fere a basi acutiuscula, raphe fusca verticem retusum attingente ibique in chalazam parvam concolorem ampliata. Ælbumen semini conforme densè carnosum album. Embryo monocotyledoneus, aqueo - pallidus subglobosus , extremitate inferiore (radiculari ) acuta , in ipsa basi se. minis situs , semi-immereus, nec albumine omnino inclusus. (1) Fuxpens’s, Voy., 11, pag. 6ox, et Linn, Societ. Transact., 12, p. 136. x Ca14) l’imprégnation , je ne fais aucun doute que la radicule de l'embryon ne se dirige vers l’ombilic (1). Mon attention se trouva pour la première fois portée sur ce sujet en 1809 , en conséquence de l’opinion que j'avais alors émise sur la fonction de la chalaze dans les graines (2). Quelque temps avant la publication de l’ob- servation que je cite , j'avais constaté que dans les plantes phanérogames l’ovule non imprégné se composait très- généralement de deux membranes ou tuniques concen- tiques , contenant une amande d’une téxture pulpeuse cellulaire. J'avais observé aussi que de ces tuniques , l’interne n'avait de connexion soit ayec l’externe, soit avec l’amande, qu'à son origine; et que relativement à la tunique externe , elle avait généralement une direc- tion inverse, tandis qu’elle avait toujours la même di- rection que l’amande : et enfin que c'était toujours au sommet de cellé-ci qu'on devait trouver la radicule de l'embryon futur. C’est sur ces observations qu'était basée mon opinion relative à l'embryon du Cephalotus. En décrivant l’o- vule de ce genre, j'employai il est vrai le terme assez peu propre de Sacculus : terme qui néanmoins expri- mait suffisamment la forme apparente du corps central des ovules soumis à l'examen , et servait à indiquer l’in- certitude où je me trouvais dans ce cas relativement à la présence de la membrane interne. À ‘cette époque, je connaissais aussi dans quelques plantes sur les tuniques de l’ovule , l'existence d’une ou- (x) Frinpers’s , Voy., loo. cit. (2) Linn. Societ. Trans,, 10, p. 35. fars: ) verture toujours distincte de l’ombilic externe, dans quel- ques cas diamétralement opposés à lui ; etque jamais dans aucun cas jen’avais trouvéeadhérentesoit directement aux parois de l'ovaire, soit à quelque prolongement né de ces parois. Mais comme alors je n'avais pu découvrir cette ouverture dans beaucoup de plantes que j'avais exami- nées, jen’yattachai pas une importance suflisante : et pour juger la direction de l'embryon, je me fondais entière- ment sur la détermination du sommet de l’amande. Or je le déterminais soit directement au moyen de la dis- section , soit indirectement par l'inspection du cordon vasculaire qui parcourt la tunique externe : car la ter- minaison de ce cordon indique d’une manière, certaine l’origine de la membrane interne ; et conséquemment la base de l’amande , qui une fois connue donne la posi- tion du sommet. C’est à ce point qu'étaient arrivées mes connaissances sur ce sujet, quand il fut entrepris par mon ami feu M. Thomas Smith , qui, éminemment propre à une re- cherche à laquelle étaient nécessaires une minutieuse exactitude et une grande habitude de l'observation mi- croscopique , réussit à constater l'existence très-générale de l'ouverture dans l'enveloppe de l’ovule. Or , comme les ouvertures des deux tuniques correspondent l’une avec l’autre , et toutes deux avec le sommet de l’iämande, on se trouva posséder en conséquence une indication de la direction de l'embryon futur presqu’aussi universelle et plus facilement perceptible que celle dont je m'étais précédemment servi. Pour déterminer à quel degré cette description de l'ovule végétal diffère de celles qu’on en avait données (216) jusque-là et faire jusqu’à un certain point juger de son exactitude, Je vais commenter les diverses observations dont il a été l’objet et les opinions différentes établies sur ce sujet, aussi brièvement qu’il me sera possible, en suivant l’ordre chronologique. En 1672 , Grew (1) décrit dans la tunique extérieure des graines de plusieurs plantes légumineuses une petite ouverture placée vis-à-vis la radicule de l'embryon, ouverture qui, ajoute-t-il , n’est pas un trou accidentel ou résultant de la rupture du furicule, mais qui se trouve pratiquée à deux fins , savoir (à ce qu'il établit ensuite) , afin d’aérer l'embryon , et afin de faciliter le passage de sa radicule dans la gernination. Il paraît qu’il ne considéra pas cette ouverture dans le test comme existant constamment, les fonctions qu'il lui attribue étant remplies dans le cas où elle ne se trouve pas , ou, suivant lui , par le hile lui-même, ou dans les fruits à enveloppe dure par une ouverture du noyau ou de la coquille, Dans une autre partie de son ouvrage (2), il décrit et figure dans l’ovule à son jeune âge deux tuniques: l’une, l’extérieure, est le test ; l’autre, sa «membranemoyenne,» est évidemment ce que j’ai appelé amande, dont il a distinctement représenté et décrit l'origine dans l’ovule de l’abricot. Malpighi en 1675 (3) rend le mème compte du pre- mier état de l’ovule. Ce qu’il nomme secundinæ exter- (x) Anat. des Végét., p.3 ; Anat. des Plant. , p. 2. (2) Anat. des Plant., p. 210, t.80. (3) Anatome plantarum ; p. 75 et 80. (217) næ est le test; ce qu’il nomme chorion est l’amande, L'ouverture de Grew , qu’il paraît avoir vue, n’est ce- pendant pas distinguée par lui des fenestra et fenes- trella : et ces parties auxquelles il assigne les mêmes fonctions, sont les termes qu’il emploie proprement pour le hile. En 1694 Camerarius, dans son admirable essai sur le sexe des plantes (1), propose, comme de simples questions, différentes manières dont on peut supposer que les grains entiers de pollen ou bien leurs particules après qu'ils seront crevés , proviennent et agissent sur les ovules non imprégnés, qu’il paraît avoir lui-même soigneusement observés. Il reconnait cependant avec sa candeur ordinaire les obligations qu’il a sur ce sujet à Malpighi, à la description plus détaillée duquel il renvoie. | M. Samuel Morland en 1703 (1) , étendant aux plantes l'hypothèse de la génération de Leewenhock, admet dans l’ovule l'existence d’une ouverture, par laquelle se fait son imprégnation. Il semble néanmoins qu’il n’a- vait pas réellement observé cette ouverture avant la fé- condation , mais qu’il coneluait son existence généra- lement et à cette période de ce qu’il avait, dit-il , « dé- couvert dans les graines des fèves , pois et haricots, pré- cisément sous l’une des extrémités de ce que nous appelons l’æi, une perforation manifeste qui conduit directement à la plante séminale »; et c’est par là qu'il suppose que l’embryon est entré. Cette perforation est (x) De sexu Plantar. , epist, ,p. 8, 46etseq. (2) Philos. Trans, , vol, 23, n° 287, p. 1474. ( 218 ) évidemment l'ouverture découverte par Grew dans les graines des plantes légumineuses : mais Morland ne fait pas mention de ses observations à ce sujet, quoiqu'il le cite dans un autre passage. En 1704 Etienne François Geoffroy (1),eten 1911 son frère Claude Joseph Geoffroy (2), pour soutenir la même hypothèse, établissent l'existence générale d’une ouverture dans l’ovule végétal non imprégné. IL n’est cependant pas probable que ces auteurs eussent réellement vu dans aucun cas celte ouverture de l’ovule à son jeune âge; mais plutôt qu'ils avaient été conduits à affirmer son existence dans tous les cas, sans preuves, seulement d’après l'observation de Grew, et la conjecture fondée sur cette observation. par Morland, dont ils adoptent l'hypothèse, sans le citer. Il est en effet à remarquer qu'ils ne font pas mention de ce qu’on avait antérieure- ment observé ou avancé sur les parties les plus impor- tautes de leur sujet, tandis que plusieurs passages sont - évidemment copiés et que toute la description de l’état primitif et du développement de l’ovule est littérale- ment traduit de l’essai de Camerarius. Geoffroy le jeune ne cite pas mème la publication antérieure de son frère, dont il est manifeste que son propre Mémoire est tiré en grande partie. En 1718, Vaillant (3), qui rejette l'hypothèse vermi- culaire de Geoffroy sur la génération , suppose que (1) Quæst. medic. an hominis primordia vermis ? — Tract. de Mat. med. , tom. x, p. 123. (2) Mem. Acad. Sc. Paris, 1711, p. 210; (3) Disc, sur la structure des Fleurs, p: 20: (219) l'influence du pollen réside dans une aura , transmise par les vaisseaux du style aux ovules , où elle pénètre, si je le comprends bien, par le cordon ombilical. En même temps il paraît admettre l'existence d’une ouver- ture dans son enveloppe. En 1745 Needham (1), et Gleichen (2) en 1770, adoptent l’hypothèse de Morland , quelque peu modifiée cependant , en ce qu'ils considèrent les particules des grains de pollen, et non ces grains eux-mêmes , comme étant ces embryons, et qu'ils les font pénétrer dans les ovules par le cordon ombilical. Adanson (3), en 17963, établit que l'embryon existe avant la fécondation , et qu’il reçoit sa première excita- tion d’une vapeur ou aura, qui, venant du pollen, lui est transmise par les vaisseaux du style et entre dans l'ovule par le cordon ombilical. Spallanzani (4), qui paraît avoir examiné avec soin l’ovule non imprégné dans une variété considérable de plantes , a trouvé que c’est en général un corps homo- gène, spongieux ou gélatineux ; mais que dans deux cucurbitacées il se compose d’une amande enveloppée de trois tuniques. Il suppose avec raison que la plus extérieure de ces tuniques n’est autre chose que l’épi- derme de la membrane moyenne ou test. Quant à la di- rection de ce test relativement à la tunique interne il n'y prend pas garde, et ne mentionne en aucun cas au- cune ouverture dans l’ovule. (x) Vew microscopical discoveries , p. Go. (2) Observ. microsc. , p. 45 et 61, Ç cxvuur. (3) Fam. des Plant., vol. x, p. 127, (4) Fisica anim, e veget., tom. 11, p. 309-332, ( 220 ) Goœrtner ,qui , dans la préface de son célèbre ouvrage, déploie une grande érudition sur chaque branche de son sujet, peut cependant à peine être considéré comme au- teur d'observations originales sur celui de l’ovule. Il le décrit comme étant avant l’imprégnation un globule pulpeux homogène , dont l’épiderme, qu’on distingue alors à peine, se sépare à une époque plus avancée et devient le test de la graine : la membrane interne de celle-ci serait entièrement le produit de la féconda- tion (x). Il assure encore que l'embryon commence cons- tamment à paraître à ce point de l’ovule où les dernières ramifications des vaisseaux ombilicaux percent la mem- brane interne , et prend ainsi faussement le sommet de l’amande pour ‘sa base. En 1806 M. Turpin (2) publia un Mémoire sur l’or- gane par lequel le fluide fécondant est introduit dans l’ovule végétal. La substance de ce Mémoire est : que dans toutes les plantes phanérogames , la fécondation a lieu au moyen d’un cordon ou faisceau vasculaire qui perce la membrane externe de l’ovule à un point dis- tinct de l’ombilic, mais extrêmement rapproché de lui à l’époque de la fécondation ; et il donne à la cicatrice de ce cordon , qui ne tarde pas lui-même à s’oblitérer , le nom de micropyle : que l’ovule a deux tuniques ayant chacune son ombilic , ou, pour me servir de ses expres- sions, son omphalode particulier ; que ces tuniques ont en général la même direction ; que plus rarement celle de la membrane interne est en sens vpposé de celle de (1) Gœnrver, De Fruct., 1, p. 57, 5g et 61. (2) Ann, du Mus. d'Hist. nat. ; vx ; p. 199. (a2x ) l’externe ; et que c’est vers l’origine de la première de ces membranes, que se dirige constamment la radicule de l'embryon. Il est singulier de voir sur un tel sujet un botaniste aussi ingénieux et expérimenté que M. Turpin , au lieu d’avoir recours à l’examen de l’ovule non imprégné, se contenter de celui dela graine müre. C’est là cependant ce qui lui a fait concevoir une opinion erronée sur la nature et l’origine, et dans quelques plantes sur la si- tuation du micropyle même: c’est là aussi pourquoi il a dans tous les cas pris à tort le sommet pour la base de l’amande. Il ne paraît pas qu'un examen minutieux de l’état primitif de l’ovule füt entré dans le plan du célèbre Richard , lorsqu'en 1808 il publia son estimable et ori- ginale analyse du fruit. L’ovule, selon lui , n’a qu’une enveloppe unique , que dans la graine mûre il nomme épisperme. \1 considère le centre du hile comme la base de la graine , et la chalaze, lorsqu'elle existe, comme son sommet naturel. " M. Mirbel (en 1815), quoiqu'il admette l'existence de l’ouverture ou micropyle du test (1), décrit l’ovule comme recevant par le hile à la fois ses vaisseaux nour- riciers et fécondans (2), et comme composé d’un pa- renchyme homogène dans lequel l'embryon se montre d’abord sous l'apparence d’un petit point, puis peu à peu convertit plus ou moins complètement en sa propre (x) Elém. de Phys. végét. et de Bot. , 1, p. 49. (2) Idem , x, p. 314. (ia3a 0) substance le tissu environnant; la portion qui reste, forme les tuniques et l’albumen de la graine (x). Dans la même année M. Auguste de St.-Hilaire (>) montre que le micropyle n’est pas toujours rapproché de l’ombilic ; que dans quelques plantes il est situé à l'extrémité opposée de l’ovule, et que dans tous les cas il répond à la radicule de l'embryon. En même temps cet excellent botaniste adopte l'opinion de M. Turpin que le micropyle est la cicatrice d’un cordon vasculaire, et même il donne des exemples de sa connexion avec les parois de l’ovaire. Il prend , à ce que je crois, pour une adhérence originaire ou pour une connexion organique que je n'ai pu rencontrer en aucun cas , un simple con- tact qui a incontestablement lieu dans quelques plantes, et notamment d’une manière fort remarquable , mais seulement à une certaine époque, dans une famille, celle des Plumbaginées. En 1815 aussi, parut la savante dissertation du pro- fesseur L.-C. Tréviranus , sur le développement de l’em- bryon végétal (3). Il y décrit l’ovule avant la fécondation comme revêtu de deux tuniques. Mais de celles-ci, sa tunique interne est évidemment la membrane moyenne de Grew , le chorion de Malpighi , ou ce que j'ai appelé amande. En 1822, M. Dutrochet, qui ne connaissait pas à ce qu'il paraît la dissertation du professeur Tréviranus , publia ses observations sur le même sujet (4). En ce (1) Id., loc. cit. (2) Mém. du Mus. d'Hist. nat. , 11, p. 270 et suiv. (3) Exrwick, Des Embryo im Pflanzen-Ey. (4) Mém. du Mus. d’'Hist. nat., vin , p. 241 et suiv. (205: ) qui regarde la structure de l’ovale, il est essentiellement d'accord avec cet auteur, et de même que lui n’a pas aperçu la membrane interne. Il est remarquable qu’aucur de ces deux observateurs n'ait signalé l’ouverture du test : et comme ils ne font pas même mention des essais bien connus de MM. Tur- pin et Auguste de Saint-Hilaire sur le micropyle , on peut présumer qu'ils n’adoptent pas ce que ces auteurs avaient établi à cet égard. * Le professeur Link dans sa Philosophia botanica pu- bliée en 1824, adopte la description donnée par Tré- viranus des tuniques de l’ovule avant l’imprégnation (r); et celle de M. Turpin quant à la situation du micropyle et sa formation résultant de la cicatrice d’un cordon vas- culaire. Il ne semble pourtant pas admettre la fonction qu'il lui attribuait, et assure qu’il manque dans beau- coup de cas (2). La description que j'ai donnée de la structure de l'o- vule végétal diffère essentiellement de toutes celles que je viens de citer; et je n'ai connaissance d’aucune autre observation importante qui y ait rapport. Des auteurs mentionnés , on peut remarquer que ceux qui ont porté leur principale attention sur l'extérieur de l’ovule, ne l’ont pas toujours examiné à une époque assez reculée ; et se sont arrêtés à sa surface : que ceux qui ont le plus minutieusement étudié sa structure inté- rieure, se sont trop fiés aux sections seules et ont né- gligé sa manière d’être extérieurement , et que ceux qui a (x) Ælem. phil. bot. , p.338. (a) Idem , p.340. ( 224 ) ne l’ont pas examiné dutout à son premier état ont donné la description la plus correcte de sa surface. Cette des- cription était fondée sur une observation fort bornée de graines mûres, généralisée et étendue à l’ovule non- imprégné, en rapport avec une hypothèse reçue alors très - communément. Maïs cette hypothèse ayant été bientôt après abandonnée , on rejeta avec elle ce qu'ils avaient établi relativement à l’ovule. Dans l’ovule du Kingia la membrane interne est en sens inverse de l’ombilic externe; et c’est là , comme je l'ai déjà observé , quoique M. Turpin avance précisé- ment le contraire , la structure ordinaire de l'organe. Il y a cependant quelques familles dans chacune des deux grandes divisions des plantes phanérogames , où la mem- brane interne et conséquemment l’amande a la même di- rection que le test. Dans ces cas l’ombilic externe in- dique seul la situation de l'embryon futur. C'est une conséquence manifeste de ce qui a déjà été établi, que la radicule de l'embryon ne peut jamais re- garder directement l’ombilic externe ou hile, quoique les plus célèbres carpologistes aient dit que c’est le cas le plus général. On peut faire une autre observation qui se déduit moins évidemment de cette structure telle que je l'ai exposée, mais qui est de mème en contradiction avec beaucoup de descriptions et figures de graines publiées , savoir : que jamais la radicule n’est renfermée absolu- ment dans l’albumen; mais, à l’état récent , ou bien qu’elle est immédiatement en contact avec la membrane interne de la graine , ou bien que ce contact est établi au moyen d’un prolongement ordinairement lrès-court , (8235 :) mais quelquefois d’une grande longueur, et qui d’ail- leurs dans tous les cas peut être regardé comme un al- longement de sa propre substance. J'ai rencontré une déviation apparente de cette règle, maïs dans un cas du reste tellement particulier, qu’on peut à peine la con- sidérer comme y faisant exception. Il est nécessaire d'observer que je connais des excep- tions à la structure de l’ovule telle que je l’ai décrite. Dans les Composées ses tuniques semblent être im per- forées et à peine séparables soit l’une de l’autre , soit de l’amande. On ne peut donc dans cette famille juger de la direction de l'embryon que d’après les vaisseaux du test (1). Dans le ZLemna j'ai trouvé une inversion apparente de l'embryon relativement au sommet de l’a- mande ; cependant il existe dans ce genre des particu- larités de structure et d'économie telles, que je considère l'exception dont il s’agit, quelque paradoxale que cette assertion puisse paraître, que je la considère, dis-je, comme propre à fortifier plutôt qu'à affaiblir l’impor- tance du caractère. Peut-être est-il superflu de faire observer que le raphé ou cordon vasculaire de l’enveloppe extérieure appar- tient presque toujours au côté de l’ovule qui regarde le placenta. Mais c’est une chose au moins digne de re- marque que le petit nombre d’exceptions apparentes à cette règle , tendent évidemment dans le fait à la con- firmer. De ces exceptions les plus notables se rencon- trent dans ces espèces d'Evonymus, qui, contre la structure habituelle du genre et de la famille à laquelle (x) Linn. Societ. Transact., xt, p. 136. VIII. 19 (226) elles appartiennent, ont des ovules suspendus ;et, comme je l'ai depuis long-temps signalé, dans les ovules fertiles de l’Æbelia (1). Dans ces plantes et dans les autres cas où le raphé est en dehors , c’est-à-dire sur le côté de la graine le plus distant du placenta , les ovules sont réel- lement résupinés : disposition apparemment essentielle à leur développement, Les origines distinctes et les directions différentes des vaisseaux nourriciers et du canal par lequel la féconda- tion se fait dans l’ovule, peuvent encore être vues à la maturité dans plusieurs de ces graines qui sont ailées et présentent au placenta soit leur bord , comme dans des Protéacées , soit le plan de leur aile à angle droit, comme dans quelques Liliacées. Ces organes sont visibles aussi dans quelques-unes de ces graines qui ont leur test pro- longé aux deux extrémités au-delà de la membrane in- terne, dans celles du Vepenthes par exemple : structure qui prouve que c’est réellement un test que l'enveloppe extérieure de ces graines dites scobiformes , et non un arille , comme on l'avait souvent appelée. Par ce qui a été dit, on voit déjà assez clairement combien il importe d'établir une distinction entre les membranes de l’ovule non imprégné, et les membranes de la graine müre. Mais cette distinction a été nécessai- rement négligée par deux classes d’observateurs : la pre- mière composée de ceux qui ont regardé les tuniques de la graine comme des produits de la fécondation , et de ce nombre sont quelques-uns des plus éminens carpolo- gistes : la seconde , comprend ces auteurs qui, se propo- (1) Asezs, China, p. 379. (227 ) sant de faire connaître l’ovule mème , ont néanmoins fait leurs observations principalement ou uniquement sur la graine müre , dont ils doivent en conséquence avoir sup- posé que Îles tuniques étaient formées antérieurement à l’imprégnation. On pourrait peut-être laisser ici entièrement de côté la considération de l’arille, qui se présente rarement , m'est jamais complet et dont le développement a lieu principalement après la fécondation. C’est néanmoins un fait digne de remarque, que, dans le preunier âge de l’ovule , cette enveloppe est à peine visible , même quand elle doit atteindre dans la graine müre (de l’Æibbertia volubilis par exemple ) sa plus grande taille : et, dans aucun cas que je sache, elle ne couvre l'ouverturé dn test, si ce n’est après Ja fécondation. Le test ou enveloppe extérieure de la graine est en général formée par la membrane extérieure de l’ovule, et dans beaucoup de cas où l’amande est renversée, ce qui est la disposition la plus ordinaire, son origine peut être déterminéé d’une manière satisfaisante > Soit par le “hile qui est plus où moins latéral , tandis que l’ouver- ture est terminale ; soit, avec plus de facilité et de cer- titude , par le raphé , toutes les fois qu'il est visible, puisque ce faisceau vasculaire appartient généralement à la tunique externe de lPovule. La chalaze (dans l’ac- ception propre de ce mot), quoiqu’elle soit simplement la terminaison du raphé, fournit pourtant un caractère moins certain ;-car dans beaucoup de plantes elle est à peine visible sur la surface extérieure du test, mais est intimement unie avec l’aréole d'insertion de la mem- brane interne ou bien de l’amande, et alors elle semble (298 ) appartenir entièrement à l’une ou l’autre de ces deux parties. Quant aux cas où le test a la mème direction que l’'amande , je ne connais aucun caractère qui le fasse distinguer d’une manière absolue de la membrane in- terne dans la graine müre. Mais comme on connaît déjà un petit nombre de plantes dans lesquelles la membrane externe est originairement incomplète , son absence to- tale, même avant la fécondation , peut se concevoir ; et quelques cas possibles d’une telle structure seront mentionnés plus tard. : Ona plusieurs exemples, parmi lesquels j’en ai fourni plusieurs dans une publication antérieure (1), de l’oblité- ration complète du test dans la graine müre. D’un autre côté il paraît constituer la plus grande portion de la sub- stance des graines bulbiformes de plusieurs Liliacées, où sans doute il remplit aussi la fonction de l’albumen, dont cependant on le distingue aisément par son tissu vascu- laire (2). Mais la déviation la plus remarquable que je sache de la structure et de l’économie habituelle de la membrane externe de l’ovule , tant dans le premier âge que dans le fruit mûr, se rencontre dans le Banksia et dans le Dryandra. Dans ces deux genres j’ai constaté que la membrane interne de l’ovule avant la fécondation est entièrement à nu , la membrane externe étant alors ou- verte dans toute sa longueur, et que les membranes ex- ternes des deux ovules collatéraux qui sont originaire- ment distinctes, s'unissent à une époque plus avancée par leurs surfaces correspondantes , et constituent en- (1) Linn. Soc. Trans., xt, P. 149. (2) Ibid. ( 229 ) semble la cloison anomale de la capsule. La membrane interne de l’ovule forme alors en conséquence l’enve- loppe extérieure de la graine. Cependant la membrane interne de l’ovule parait en général avoir plus d'importance en tant que liée à l’acte de la fécondation , qu’en tant que destinée à protéger l’amande à une période plus avancée. Car dans beau- coup de cas , avant l’imprégnation , son sommet perforé se prolonge au-delà de l’ouverture du test , et dans-quel- ques plantes il revêt l'apparence d'un stigmate-obtus ow même dilaté, tandis que souvent dans la graine mûre, ou bien cette membrane est entièrement oblitérée, ou bien elle existe seulement sous la forme d’une pelli- cule mince qu’on pourrait prendre à tort pour l’épiderme d'une troisième membrane qui alors s’observe fréquem- ment. Cette troisième tunique est formée par la membrane propre ou pellicule de l’amande , de la substance de la- quelle on n'aurait jamais pu , je crois , la séparer dans l’ovule non imprégné, et il est même très-rare qu’elle soit visible dans celui-ci. Dans Îa graine müre on la distingue de la membrane interne seulement par son sommet qui est toujours dépourvu de toute ouverture , généralement aigu , plus foncé en couleur ou mème sphacelé. La membrane de l’amande constitue ordinairement la tunique la plus intérieure de la graine. Mais dans un petit nombre de plantes il existe de plus une tunique ad- ditionnelle qui paraît urer son origine de la membrane interne de Grew ; c’est la vesicula colliquamenti, ou amnios de Malpighi. En général l'amnios , après la fécondation, s'étend ( 230 ) graduellement jusqu’à ce qu’enfin il déplace ou absorbe toute la substance de l’amande , renfermant dans la graine müre à la fois l’embryon et l’albumen, quand ce der- nier continue à exister. Dans ces cas cependant , sa mem- brane propre est communément oblitérée et remplacée soit par celle de l’amande ou par la tunique interne de l’ovule, soit , lorsque toutes deux disparaissent, par le test lui-même. Dans d’autres cas l’albumen est formé par un dépôt de matière granuleuse dans les cellules de l’amande. Dans quelques-uns de ces cas , la membrane de l’amnios semble être persistante, formant mème dans la graine mûre une tunique propre pour l’embryon, dont la ra- dicule peut aussi conserver son adhérence primitive avec le sommet de cette tunique. Voilà du moins quelle me paraît être l'explication la plus probable de la struc- ture des vraies Nymphéacées , savoir : des genres Vu- phar, Nymplhea , Euryale, Hydropeltis et Cabomba , malgré leur mode très-remarquable de germination tel qu'il a été observé et figuré dans le Nymphea et le Nuphar par Titimang(r). A l'appui de cette explication , qui diffère de toutes celles qu’on a données jusqu'ici , je peux citer ici une ob- servation publiée depuis un assez grand nombre d’an- nées , quoiqu'’elle semble avoir échappé à tous les auteurs qui ont écrit depuis sur le mème sujet : c’est, qu'avant la maturité de la graine dans les Nymphéacées , le sac qui enveloppe l'embryon contient avec lui une substance pulpeuse ou demi-fluide , que j’appelai vitellus, nom EEE (1) Keimung der Pflanzen , p. 19 et 27, tab. 3 et 4. CSS) que j'appliquais alors à tout corps interposé entre l'al- bumen et l'embryon (1). Cette opinion se trouve encore confirmée par l'existence d'un filament extrêmement fin (qu’on n'avait pas encore aperçu } , lequel , né du centre de la face inférieure du sac et traversant l’axe creux de l’'albumen , réunit probablement à une époque peu avancée cette enveloppe de l'embryon avec la base de lamande. On expliquerait de la même manière la structure des graines des Pipéracées et du Saururus ; et Von rencontre d’autres exemples de la persistance, soit de la mem- brane , soit de la substance de l’amnios dans la graine mûre. On peut conclure de tous les détails que j'ai donnés sur la structure de l’ovule, que les changemens les plus importans consécutifs à la fécondation réelle où même fausse , doivent avoir lieu dans l’amande ; et que l’albu- men (dans l’acception propre du mot) peut se former par un dépôt ou une sécrétion de matière granuleuse dans les utricules, soit de l’amnios, soit de l’amande même , ou encore que deux substances ayant ces origines distinctes et des textures très-différentes peuvent exister simultanément dans la graine müre, comme c’est pro- bablement le cas dans les Scitaiminées. Au sujet de l’ovule , considéré comme contenu dans un ovaire , je ne ferai pour l'instant qu'une seule autre re- marque qui forme une introduction nécessaire aux ob- servations suivantes , sur la structure de la fleur fe- melle dans les Cycadées et les Conifères, savoir: que (1) Prodr. Flor. Nov.-Holl,, 1, p. 306, (rase) le sommet de l’amande est le point de l’ovule où Fim- prégnation a lieu, c'est ce qui est au moins extrème- ment probable , et d’après l'apparition constante de l’em- bryon à se point, et d'après la direction très -généra- lement inverse de l’amande : car cette inversion amène son sommet à-peu-près ou absolument en contact avee cette parte des parois de l'ovaire, par laquelle on peut supposer qu’est transmise l'influence du pollen. Cepen- dant dans quelques-unes de ces familles de plantes où l’amande n’a pas une direction inverse et où les placentas sont polyspermes ( comme les Cistinées (r)), il est difficile de comprendre de quelle manière cette influence peut atteindre son sommet extérieurement ; et on ne peut l'expliquer que par la supposition , qu’on ne doit pas admettre à la hâte , d’une aura ou émanation imprégnante qui remplirait toute la cavité de l'ovaire , ou par des tubes fécondans entièrement séparés des placentas , mais que dans ces cas je n’ai jamais pu découvrir. Sur La Structure de la leur femelle dans les Cycadées et les Conifères. On ferait entièrement disparaître les doutes qui peuvent exister relativement au point d’imprégnation , si l'on trouvait quelques cas dans lesquels l'ovaire manquät tout- à-fait, ou bien fût formé si imparfaitement que l’ovule devint lui-même directement exposé à l’action du pollen oudeses particules (2);son sommet aussi bien que l’orifice oo {1} R. Browx, /n Hooc. Flor. scotic., p. 284. {2) M. Brown leur donne, d’après Martyn , le nom de Fovilla. (233) de son enveloppe immédiate étant alors modifiés et dé- veloppés de manière à s'adapter à cette économie. Telle est, à ce que je crois, l'explication véritable de la structure des Cycadées , des Conifères, de l’'Æ- phedra et même du Gnetum dont le 7hoa d'Aublet est une espèce. On fera disparaître l’objection la plus formidable à cette manière de voir, si l’on admet , conformément aux observations précédentes , que le sommet de l’amande ou le point supposé d’imprégnation n’a pas de connexion organique avec les parois de l'ovaire. On pourrait aussi l'appuyer , en ce qui regarde l’action directe du pollen sur l’ovule, d'exemples nombreux d’une disposition analogue dans le règne animal. La ressemblance de la fleur femelle dans les Cycadées et les Conifères avec l’ovule des autres plantes phanéro- games, tel que je l’ai décrit, est réellement assez ma- nifeste pour que l’opinion avancée ici ne semble pas tout-à-fait improbable. Mais la preuve de sa justesse doit principalement reposer sur la ressemblance , dans tous les points essentiels , établie entre le corps central de la prétendue fleur femelle de ces familles, et l’amande des ovules qui présentent la structure habituelle , et cela non-seulement dans le premier âge, mais aussi dans toute la série de changemens consécutifs à la féconda- tion. Or, je trouve un accord presque complet dans tous ces points , d’après les observations que j'ai pu faire jusqu’à présent : quoique pourtant ces observations sur un sujet naturellement difficile, et qui n’ont été dirigées par mon point de vue actuel qu’à une époque assez ré- cente , ne me satisfassent pas encore complètement. ( 234 ) Les faits qui se présenteront le plus vraisemblable- ment comme des argumens contre cette manière d’envi- sager les Conifères , sont : la surface du sommet de la prétendue amande qui dans la plupart des cas est inégale et le siége apparent d’une sécrétion , son prolongement occasionel par - delà l’orifice de l’enveloppe externe, son adhérence à cette enveloppe par une portion consi- dérable de sa surface , et la division assez fréquente de l'orifice. Peut-être cependant la plupart de ces particu- larités de structure pourraient-elles venir au contraire à l'appui de l'opinion avancée plus haut , puisqu'elles sem- blent autant de modifications au moyen desquelles ces parties s'adaptent à l’économie supposée. Il est un fait qu'on ne songera guères à objecter à cette opinion et qui pourtant me paraît présenter une difficulté ; c'est, dans les Cycadées et dans la plupart des Conifères , la structure de l’ovule composé seule- ment d’une amande et d’une tunique, structure com- parativement plus simple qu’elle ne se présente ha- bituellement lorsqu'il est renfermé dans un ovaire. Le défaut d’uniformité à cet égard pourrait mème être mis en avant comme une autre difficulté : dans quel- ques genres de Conifères en effet, l’ovule paraît être complet. Il est vrai que dans l’Æphedra , où l’'amande est pour- vue de deux enveloppes , il est possible de supposer l’ex- térieure analogue au calice ou involucre de la fleur mâle, plutôt qu’appartenant à l’ovule. Mais dans le Gnetum, où il existe trois enveloppes , deux d’entre elles doivent très-probablement être regardées comme des tuniques de l’'amande : tandis que dans le Podocarpus et le Da- (295 ) crydium , ce que j'ai appelé autrefois (1) cupule exté- rieure , peut aussi être considéré comme le test de l’o- vule. À cette dernière opinion , quant à ce qui regarde le Dacrydium , on peut objecter la fente longitudinale de l'enveloppe extérieure dans le jeune âge, et son état dans le fruit mür qu’elle ne recouvre que partielle- ment (2). Mais ces objections se trouvent puissamment écartées par la structure analogue déjà décrite dans le Banksia et le Dryandra. La pluralité d’embryons qu’on rencontre quelquefois dans les Conifères, et qui dans les Cycadées semble mème être la structure naturelle, paraîtra peut-être fournir une objection contre l'opinion que je présente, quoique pour moi ce soit plutôt un argument en sa faveur. Tout examiné , les objections auxquelles est encore exposé le poiu. de vue sous lequel je considère ici la structure de ces deux familles , me paraissent , autant que je les connais , beaucoup moins importantes que celles qu’on peut opposer aux autres opinions qui ont été avancées , et qui divisent encore les botanistes sur ce mème sujet. Suivant la plus ancienne de ces opinions , la fleur fe- melle des Cycadées et des Couifères est un pistil monos- perme, dépourvu d’enveloppe florale qui lui soit propre. Cependant le Pin lui-même fui long-temps considéré par plusieurs botanistes, comme formant une exception à cette structure. (1) Fuinoens’s, Woy. ,11, p. 573. (2) Id. , loc. cit. ( 236 ) Linné s’est exprimé si obscurément dans le caractère naturel qu’il a donné de ce genre , que je trouve difficile de déterminer quelle était réellement son opinion sur sa structure. Je suis cependant porté à croire qu'elle se rapprochait de la vérité beaucoup plus qu’on ne le suppose généralement , et c'est ce que je juge d’après une compa- raison de son caractère artificiel du genre, aiusi que d’après une observation mentionnée dans ses Prælec- tiones , publiées par Giseke (1). +» Mais la première description claire de la structure du Pin que j'aie rencontrée , quant à ce qui regarde la di- rection, c’est-à-dire la base et le sommet des fleurs fe- melles , est donnée (en 1767) par Trew, qui les ca- ractérise de la manière suivante : « Singula semina vel potiùs germina stigmate tanquàm organo fœminino gaudent (2), et sa figure de la fleur femelle du Melèze , dans laquelle les stigmates se prolongent au-delà de la base de l’écaille, ne permet de conserver aucun doute sur sa pensée. En 1789, M. de Jussieu, dans le caractère de son genre Abies (3), donne de sa structure une description analo- gue, quoiqu'exprimée d’uné manière un peu moins claire et moins positive. Dans les observations qui suivent, il suggère , comme n'étant pas dépourvu de toute proba- bilité, un point de vue entièrement différent , fondé sur une analogie supposée avec l’Æraucaria , dont la struc- , . . . . > ture n’était alors pas bien comprise : savoir que l’é- (x) Præl. in Ord. nat. , p. 580. (2) Nov. Act. nat. curios., ut, p. 453, tab. 13, fig. 25. {3) Gen. plant. , p. 414. ( 237 ) elle interne du chaton femelle est un ovaire biloculaire, dont l’écaille externe est le style. Mais c'était là aussi , selon sir James Smith (1), l'opinion de Linné : c'est celle qui a été adoptée dans la splendide Monographie de ce genre , publiée en 1803 par M. Lambert. La même année où parut l’ouvrage de M. Lambert, Schkuhr (2) décrit et figure très-distinctement la fleur fe- melle du Pin, exactement telle que l’avait conçue Trew, dont il ignorait probablement l'opinion. En 1807, M. Salisbury (3) publia sur ce sujet un Mé- moire, où il donne de la structure en question une description qui ne diffère en aucun point important de celles de Trew et de Schkubr, dont il ne paraît pas avoir connu les observations. M. Mirbel , en 1809 (4), professa la même opinion, tant à l'égard du Pin, que sur la famille entière. Maïs en 1812 , conjointement avec M. Schoubert (5) , il pro- posa une explication très-différente de la structure des Cycadées et des Conifères, établissant que dans leurs fleurs femelles on trouve non-seulement un petit pé- rianthe adhérant, mais de plus une enveloppe extérieure accessoire , à laquelle il a donné le nom de cupule. En 1814 j'adoptai cette manière de voir, du moins en ce qui regarde le mode d’imprégnation, et j’avançai quelques faits en sa faveur (6). Mais en considérant de (Gi) Reess, Cyclop., art. Pinus. (2) Botan. Handb. , 111 , p. 276, tab. 308. (3) Linn. Societ. Trans., vu, p. 308. (4) Ann. Mus. Hist. nat. , xv, p. 473: (5) Nouv. Bull, des Se., 11, p.73, 85 et rar. (6) Fzinoens’s, V’oy., 11, p.572. ( 238 ) nouveau ce sujet , relativement à ce que j'avais établi au sujet de l’ovule végétal , je ne tardai pas à abandonner tout-à-fait cette opinion , sans me hasarder cependant à mettre explicitement en avant celle qui est tie ici et que j'avais alors conçue (r). On sait bien que feu M. Richard avait préparé un Mé- moire de grand prix sur ces deux familles ; et , d’après quelques observations récemment publiées par son fils M. Achille Richard (2), il paraît s'être formé sur leur structure une opinion un peu différente de celle de M. Mirbel, dont la cupule est , selon lui , le périanthe plus ou moins adhérant au pistil qu’il renferme. I] fut probablement conduit à cette manière de voir par un fait, dont je m'étais déjà assuré , savoir : que le caractère communément reçu de lEphedra est incorrect (3), qu’en efler son préteudu style est réellement le sommet pro- longé en tube d’une enveloppe membraneuse, et le corps qu’elle contient évidemment analogue à celui que pré- sentent les autres-genres de Conifères. Parmi les opinions les plus récentes de. celles que j'ai citées ici, celle qui considère la fleur femelle des Co- nifères et des Cycadées comme un pistil nu , est sus- ceptible de deux objections principales. L'une de’ces objections consiste dans la perforation de ce pistil et dans l’exposition de ce point de l’ovule où l'embryon est formé à l’action directe du pollen; l’autre dans la trop grande simplicité de structure de l’ovule prétendu , (1) Tucxev’s, Congo , p. 454 , et Linn. Soc. Trans.,xur, p. 213. (2) Dict. class. d’Hist: nat., 1v, p. 395, et v, p. 216. (3) Dict. class. d’Hist, nat, , V1, p. 208. ( 239 ) qui, d’après ce que j'ai montré , présente bien plus de ressemblance avec: l’amande telle qu’elle existe habi- tuellement. | De ces objections , la première ne peut s'appliquer aux opinions de MM. Richard et Mirbel ; mais la se- conde acquiert un nouveau poids , suflisant, à ce qu'il me semble , pour rendre ces opinions beaucoup moins probables que celle que j'ai täché de soutenir. En supposant cette opinion admise comme étant Ja vérité , il resterait encore une question liée avec elle et de quelque importance , savoir : si dans les Cycadées et les Conifères les ovules sont produits sur un ovaire ré- duit dans ses fonctions et altéré dans sa forme, ou bien s’ils le sont sur un rachis ou réceptacle , ou en d’autres mots, pour employer le Jangage d’une. hypothèse, qu'avec quelques modifications j'ai autre part (1) tàché d'expliquer et de défendre relativement à la formation des organes sexuels dans les plantes phanérogames , si les ovules de ces deux familles naïssent sur une feuille mo- difiée ou viennent directement de la tige. Si j'adoptais la première supposition , celle qui s’ac- corde le mieux avec l’hypothèse émise dans ce Mémoire, je l’appliquerais certainement d'abord au Cycas dans lequel le spadice femelle offre une ressemblance si frap- pante avec une fronde ou feuille partiellement altérée , dont les bords portent des ovules jusqu'à une certaine hauteur , et dont le reste se partage en segmens presque semblables en quelques cas à ceux d’une fronde or- dinaire. (x) Linn. Soc. Trans, , xt, p, 211. ( 240 ) Or, l'analogie du spadice femelle du Cycas avec celui du Zamia est assez manifeste; et de ce dernier à l’écaille fructifère des vraies Conifères (comme celle des genres Agathis où Dammara, Cunninghamia, Pinus et même /raucaria ), la transition n’est pas difficile. Cette manière de voir est applicable aussi, quoique moins clairement, aux Cupressinées , et pourrait même être étendue au Podocarpus et au Dacrydium. Mais la struc- ture de ces deux genres admet également une autre ex- plication que j'ai déjà fait remarquer. Cependant, si dans les Cycadées et les Conifères les ovules étaient en effet produits sur la surface d’un ovaire, on devrait peut-être , ce qui n’est pourtant pas une conséquence nécessaire, s'attendre à trouver leurs fleurs mâles différentes de celles de toutes les autres plantes phanérogames , et dans cette différence montrant quelqu’analogie avec la structure de la fleur femelle. Mais dans les Cycadées au moins , spécialement dans le Zamia , la ressemblance entre les spadices mâle et fe- melle est si considérable , que si le spadice femelle est analogue à un ovaire, le chaton partiel mâle doit être considéré comme une seule anthère produisant sur sa surface soit des grains nus de pollen , soit du pollen subdivisé en plusieurs masses munies chacune de sa membrane propre. De ces deux points de vue, l’un et l’autre peut à présent paraître également paradoxal : et pourtant Linné s'était placé dans le premier; car il s'exprime sur ce sujet dans les termes suivans : « Pulvis floridus in Cy- cade minimè pro Antheris agnoscendus, sed pro nudo polline, quod unusquisque qui unquäm pollen anthe- ( 541 ) rarum in plantis exuminavit fatebitur. » Si cette opi- nion avancée avéc tant de confiance par Linné ne fat jamais adoptée par aucun autre botaniste , cela paraît venir en partie de ce qu'il l'avait étendue aux fougères dorsifères. Bornée aux Cycadées, cependant elle ne paraît pas si improbable qu’elle mérite d’être rejétée sans examen. Deux faits du moins concourent à appuyer : c'est dans quelques cas, notamment dans les Za#'a! d'Amérique , la séparation des grains en deux masses distinctes et quelquefois presque marginales , réprésen- tant, comme on peut le supposer, les lobes d’une an- thère : c’est aussi leur rapprochemerit en nombre dé- fini, celui de quatre en général , analogue à l'union quaternaire des grains de pollen qu'on observe assez fréquemment dans les anthères de quelques autres fa- milles. La taille considérable de ces grains de pollen supposés ; ainsi. que l’épaisseur et la rupture régulière de leur membrane , peuvent être considérées comme des circonstances liées naturellement à leur production et à leur persistance à la surface d’une anthère distante de la fleur femelle; et avec cette structure, on pourrait aussi attendre un développement en grandeur correspondant dans les particules polliniques. En examinant celles-ci cependant, non-seulement je les trouve égales envolume: aux grains de pollen de plusieurs anthères ; mais'ellip- tiques et marquées sur un: de leurs côtés d’un sillon lon- gitudinal , elles ont cette forme quiest une des plus com: muties dans le pollen simple des plantes phanérogames. C’est pourquoi admettre sans autres fondemens que ceux qu’on a déjà indiqués , l’analogie de ces particules avec celles renfermées danses grains de pollen, et celle des or- VIT. 16 Ca42) ganes qui les contiennent avec ce grain lui-même'tel qu'il existe dans les anthères de la structure la plus ordinaire, ce serait faire une supposition tout-à-fait gratuite. Il est en même temps digne de remarque que cette opinion, établie sur des bases plus solides, montrerait l'existence d’un développement correspondant dans les parties es- sentielles des organes mâle et femelle: Le développement plus considérable de l’ovule consistærait moins encore dans la forme inusitée et dans l'épaisseur de son enve- loppe, partie d’une importance secondaire et sur la nature de laquelle on n’est pas d'accord, que dans l’état de l’a-: mande de la graine , relativement à laquelle les opinions ne sont pas partagées, ét-où la pluralité d’embryons , où au moins; l'existence et l’arrangement régulier des cel- lules dans lesquelles ils se forment, est la structure uni- forme de la famille. Le second point de vue indiqué , dans lequel on con- sidère l’anthère des Cycadées comme produisant sur sa surface un nombre indéfini de masses polliniques ren- fermées chacune dans une membrane propre, ne trouve- tait d'appui que dans quelques analogies éloignées : par exemple, dans la structure de ces anthères dont les loges sont subdivisées en un nombre défini ou plus ra- rement indéfini de cellules , et notamment de celles des étamines du gui. Je puis remarquer que l'opinion de M. Richard (1), qui regarde ces grains on masses comme des anthères uniloculaires , dont chacune constitue une fleur mâle, me paraît offrir des difficultés presqu’égales. L’analogie entre les organes mâle et femelle dans les ue ne mm (s) Dict, class. d'Hist, nat. , v, p. 116. ( 243 ) Conifères , en admettant l'opinion qui reconnaît l’exis- tence d’un ovaire sans parois ,est à la première vue plus apparente que dans les Cycadées. Dans les Conifères ce- pendant, le pollen n’est certäinementpasmu ; mais ren fermé dans une membrane semblable au lobe d’une an- thère ordinaire. Et dans ces genres oùchaque écaille du chaton produit seulement deux lobes marginaux ( conime les Pinus, Podocarpus, Dacrydium ; Sulisburta.;et Phyllocladus), il rappelle. presque la forme plus, gé- nérale des anthères dans les autres plantes phanéro- games. Mais la difficulté se présente dans ces: autres genres où sur chaque écaille on trouve un plus grand nombre de lobes, comme l'Agathis et l’Araucaria où leur nombre est considérable et en apparence indéfini , et plus particulièrement encore le Cunninghamia, ou Belis dans lequel les lobes , au nombre de trois seu= lement , ont avec les ovules non-seulement: ce rapport de nombre , mais aussi celui de l'insertion et de la di- rection. La supposition que, dans ces cas les lobes de chaque écaille sont les cellules d’une seule et même an- thère , n’est que peu justifiée soit par l'origine et la dis- position des lobes eux-mêmes , soit par la structure des autres plantes phanérogames. Les seules analogies appa- rentes , quoique douteuses , que je puisse à présent me rappeler , se rencontraient dans lÆphyteia et peut-être dans quelques Cucurbitacées. Cetie partie de mon sujet qui regarde l’analogie entre les fleurs mäle et femelle dans les Cycadées et les Co-, piféres , me paraît donc la moins, satisfaisante , eu égard, tant à la question immédiate de l'existence d'un ovaire anomale dans ces familles , qu'à l'hypothèse à laquelle (244) j'ai plusieursfois renvoyé sur l'origine des organes sexuels dans toutes les plantes phanérogames. OssEenvarions sur la Larve du Ripiphorus bimaculatus; par M. Farines. (Extrait d'une lettre à M. le comte Dejean., ) …. Lalarve du Ripiphorus bimaculatus (que j'ai né- gligé de décrire ou de dessiner ) vit dans la racine de FEryngium campestre, qu’elle perfore au centre, et présque toujours dans le sens vertical. Elle se transforme vers la fin de juin, fabrique une coque dela grosseur d’une petite noisette , représentant une sphère un peu aplatie à sa partie supérieure qui est attachée par une espèce de pédoncuüle au tronc ou à la base des premières ramifica- tions de l’Eryngium campestre. Cette coque est constam- ment grisâtre et composée de beaucoup d'argile avec très- peu desable ; aussi ai-je remarqué qu'on trouvait assez communément cet insecte sur les Eryngium qui croissent sur des terrains argileux, tandis qu'il est fort rare dans d’autres lieux. Du 1°" au 30 juillet il est transformé ; il sort de sa coque par une ouverture ronde qu'il s’est prati- quée à la partie supérieure, et vient sucer les fleurs de la même plante quia nourri sa larve. On ne trouve cet insecte que pendant le mois de juillet, très-peu plus tôt, et pres- que point plus tard, toujours sur T Eryngium Re Lis Pendant trois étés que je l’ai cherché avec soin, je n’en ai trouvé que deux individus sur d’autres fleurs, l’un sur céllés du Daucuüs carota , et l’autre sur celles de l’Apium petroselinum. La femelle dépose les œufs au collet de la racine. Ils éclosent aussitôt que la plante est en. sève, ce qui a lieu au mois de mars. (245 ) Essais anatomiques et physiologiques sur la Physionomie (1); Par Cnances BELL. Dans l'impossibilité où nous nous trouvions de tra- duire en entier cet ouvrage remarquable , nous avons pensé qu'il serait pourtant utile d’en faire connaître les principaux points d’une manière détaillée. Il est hors de doute que les vues de l’auteur feront époque dans cette partie de Îa science , et il est superflu de faire remarquer que ses observations sont d’un grand intérêt dans les arts d'imitation. C'est à ce double titre que nous ayons cru que nos lecteurs nous sauraient gré d’une analyse qui pour le plus grand nombre pourra servir à suppléer complètement l’ouvrage. En effet toutes les idées générales s’y trouvent reproduites , les exem- ples les plus remarquables sont textuellement traduits, et dans tous les cas où nous étions forcés de faire des suppressions, nous avons cherché à les rendre moins sensibles en exprimant la pensée de l’auteur sous une forme plus concise. Ce.que nous-avons fait pour le texte, il nous a été plus facile encore de le faire pour les planches. Nous avons reproduit toutes celles qui nous ont paru dignes d'attention , soit par leur fini , soit par leur originalité. (x) Æssays on the anatomy and philosophy of Expression , by Charles Bell. London : John Murray , Albemarle-street , 1824, second edition. 1 vol. in-4o, price, 2 liv. 12 sch. 6 d. Vi, — Juillet 1826. 17 ( 246 ) Quant à celles qui sont copiées et qui n’offrent qu'un exemple propre seulement à montrer que les idées de l’auteur s’appliquent à tous les cas, nous avons cru pou- voir les supprimer sans inconvénient notable. Nous avons supprimé de même toutes les divisions en cha- pitres ou essais , afin de donner à la discussion une forme plus liée et un ensemble plus facile à saisir. Laissons maintenant parler l’auteur lui-même. Les variations de la physionomie humaine qui accom- pagnent les mouvemens de l’âme offrent à l'étude un sujet intéressant et facile. Néanmoins, bien que nous soyons continuellement à même d'observer ces signes extérieurs d'émotion , nous les remarquons à peine , jus- qu’à ce que recherchant les causes qui les font naître, nous essayons de recouvrer nos premières impressions et de les raisonner. Comment concevoir qu'un phé- nomène plus familier encore pour nous que notre langue mère elle-même, et sans l'existence duquel la vie de la plupart des gens serait indifférente , n'ait pas été mis en rapport avec la philosophie? On doit l’attri- buer probablement à la négligence que l’on met à exa- miner la liaison étroite qui existe entre les opérations de l'esprit et celles du corps, et à l’idée très -inexacte , que tout ce qui peut être de quelqu’intérêt en anato- mie humaine est déjà découvert. Des hommes du mérite le plus éminent se sont occupés depuis un si long es- pace de temps de la structure des animaux, qu'on a cru pouvoir eu conclure qu’il ne restait plus rien à faire dans ce genre de recherches. Ceux qui avancent cette opinion ne peuvent ignorer que chaque découverte dans les sciences ouvre un nouveau champ aux investiga- CT TT TS SE RS EN PEER RE (247) ons , règle qui est spécialement applicable à l’anato- mie. En effet, aucune branche de nos connaissances ne se trouve aussi étroitement liée aux autres sciences, ni aussi généralement dépendante de leurs découvertes que l'anatomie, si nous comprenons par ce terme la con- naissance des fonctions aussi bien que celle de la struc- ture des corps animés. Je vois avec peine l’influence que cette opinion exerce sur nos jeunes étudians; car elle leur enlève ce zèle et ces jouissances qui appartiennent à leur âge et à leurs études. Je ne crains pas de le dire, si celles-ci étaient suivies avec l'attention convenable , elles nous offriraient l'espoir d'une moisson de découvertes non-seulement riche, mais sans cesse renaissante. L'étude de la structure des animaux doit avoir pour but non-seulement ce qui paraît utile; mais elle doit aussi s’é- tendre d’une manière indépendante à toutes les ramifica- tions qui peuvent faire espérer quelque perfectionne- ment dans nos connaissances générales. Nous ne savons jamais à quelle conclusion utile les recherches peuvent conduire , tandis que nous sommes assurés qu’elles nous causeront dans tous les cas une satisfaction intérieure , et que si elles ont du succès elles exciteront l'admiration et une sorte de louange involontaire. Je pensais autre- fois qu’il était nécessaire de préluder par quelques ex- cuses à mes recherches sur l'expression , convaincu que j'aurais pu m'occuper plus utilement qu'en me livrant à un sujet de pur délassement ; et à présent , si j’acquiers quelque réputation pour les rapports nouveaux que j'ai eu l’occasion de découvrir , j'en serai principalement redevable aux idées que m'a suggéré ce sujet regardé (248) comme peu important. J'ai appris en l'étudiant de près, à regarder la conformation du corps humain, comme une combinaison matérielle essentiellement différente des choses d'invention humaine. Tandis que ces dernières offrent un assemblage de parties inventées pour parvenir à produire un effet donné , la première est disposée avec une perfection telle que chaque partie se prête à plu- sieurs fonctions. Le visage m'offrit des actions en si grand nombre et si bien définies, que je commençaï à chercher par quelle structure particulière chacune d’elles pouvait s’obtenir. Ayant examiné de la même manière les autres organes , je commençai ainsi mes observations sur le système nerveux. Une erreur très-remarquable et long-temps propagée paraît la cause essentielle du retard dans lequel se trou- vent nos connaissances sur le mécanisme de l'expression, elle a borné les données réelles aux seules sensations que notre nature nous faisait éprouver. Ces sensations , soit qu’elles aient été examinées d’après les méthodes scientifiques ou selon les règles du goût, ne nous ont con- duit à rien de précis, ou tout au plus à quelques théo- ries dépourvues de base positive. L'erreur dont je viens de parler est considérable, puisqu'on s'était trompé sur les organes dont dépend l'expression. Il existe un système de nerfs qui se répand sur presque toutes les parties du corps , c’est celui du nerf sympathique , et comme on croyait généralement qu’en lui se trouvait la source de la sensibilité de nos organes, tout phénomène obscur dans la physiologie, la patholo- gie ou la physionomie semblait faire nécessairement partie du domaine de ce système de nerfs. Les nerfs appe- ( 249 ) lés sympathiques étant répandus sur tout le corps, il n°y avait pas une action ou une sensation , depuis la rou-+ geur causée par la colère jusqu’à l’éternuement , qui ne fût aussitôt attribuée à l’influence de quelque branche ou réseau de ce système de nerfs. Quoique cette opinion fût universellement reçue dans tous les pays, elle n'avait aucun fondement véritable. Il est très-probable que le système sympathique, ou, comme on l'appelle quelquefois , le système nerveux gan- glionnaire, dirige certaines opérations de l’économie animale ; mais il n’a aucune influence sur la constitution musculaire, soit dans l’accomplissement des mouvemens volontaires, soit dans cette influence du moral sur le physique que nous appelons passion. Dans le volume des Transactions philosophiques pour l’année 1821 , j'ai inséré une petite note qui prouve qu'indépendamment des nerfs communs qui sont les conducteurs de la sensibilité et des branches du nerf sympathique , il existe un nerf qui , partant d’un point, s'étend sur le visage entier et qui possède des pouvoirs totalement différens. Il est aussi prouvé par des obser- vations faites sur les suites des accidens et des maladies de ces nerfs, ainsi que par des expériences tentées sur des animaux , que les mouvemens de la respiration sont sous l’influence de ce nerf. Il en est de même de ceux qui sont occasionnés lorsqu'on parle , en tant qu'ils ont rapport à la figure, ainsi que de toute indication d'émotion dans la contenance de l’homme ou de passion dans les animaux. Ces expériences ont aussi montré que le cours singulier que suit ce nerf ; et qui diflère de celui des autres nerfs communs du visage ( circonstance qui a toujours été ( 250 ) connue, mais qui n'avait pas jusqu'ici été expliquée); est ainsi dirigé pour qu'il puisse s'associer à une série de nerfs de la même elasse et ayant les mêmes fonctions que lui. Malgré que ce nerf soït la source de toutes ces di- verses émoticns qui indiquent la situation de l'esprit, je l’ai appelé le nerf respiratoire du visage, par des raisons dont je prie le lecteur d’attendre lexplication ; et j’y suis d'autant plus fondé que nous verrons l'appareil entier de la respiration servir d’instrument à l’expression , comme ilest celui de la voix et du discours. Il est facile d'observer dans le visage l'utilité des nerfs pour les diverses modifications des traits. La tête accomplit en effet différentes fonctions. Nous y trouvons combinés les organes de la mastication , de la respira- tion, de la voix et dé l'expression ; quelques mouvemens sont faits par l’influence directe de la volonté , tandis que d’autres sont des signes d'émotion , sur lesquels nous n'avons qu'une influence très-limitée ou très-im- parfaite. Le visage sert aux plus basses jouissances ani- males , et exprime les émotions les plus élevées et les plus délicates. Heureusement pour les recherches que nous faisons actuellement , les nerfs qui dans d’autres parties sont liés ensemble pour l’utilité de la distribu- tion dans des parties éloignées, sont ici distincts et sé- parés les uns des autres jusqu’à ce qu'ils se rencontrent à leurs extrémités. En voyant la planche qui montre les nerfs du visage, et en consultant l'explication, on verra qu’il y a deux séries de nerfs qui le parcourent; un de ces nerfs sort devant l'oreille, et se répand sur toutes les parties ; un (251) autre nerf n'est pas vu durant sa course à travers la tête, mais on en voit les quatre branches sortant sur le visage : la première, au-dessus des yeux , allant vers le front ; la. seconde, au-dessous de l'œil, se répand vers le nez et la joue; la troisième branche sort du menton, et la qua- trième devant l'oreille. Le grand nerf qui sort devant l'oreille et se répand sur le visage , n'existe dans aucune des familles infé- rieures des vertébrés ; à moins que l'individu ne respire par les narines. Lorsqu'il existe , j’ai eu la preuve qu’il n'accorde pas de sensibilité, comme le font les autres nerfs , et que lorsqu'il est coupé en travers , la sensi- bilité de la peau n’est point diminuée; mais si ce nerf est coupé en travers , les mouvemens des narines qui accompagnent la respiration cessent immédiatement. Au contraire , si on coupe Îles autres nerfs qui sortent sur le visage , et qui viennent de la cinquième paire , la sen- sibilité est détruite , et si l’on divise le tronc dece même nerf , le mouvement de la mâchoire n'existe plus ; mais les mouvemens du visage qui suivent ceux de la poitrine dans la respiration, soit qu’on soit éveillé ou endormi, continuent à avoir lieu. Lorsqu'un cheval a couru et que sa respiration est de- venue diflicile, les narines se dilatent et se contractent al- ternativement, tandis que la poitrine s'élève ou s’abaisse : de même dans l’homme , excité par l’exercice ou la co- lère, les épaules s'élèvent à chaque respiration, les muscles du cou et du gosier sont violemment contractés, et les lèvres et les narines suivent par tous leurs mouve- mens la mème disposition. Ainsi, des parties éloignées par leur position se trouvent combinées par leurs fonç+ (abs ) tions , et lorsqu'elles sont aussi unies dans l’action de la respiration, c’est par le moyen de nerfs distincts et appropriés à cet effet. Les nerfs qui agissent dans cette occasion, sortent de l’endroit où la moëlle épinière re- joint le cerveau , et de là ils divergent vers des parties éloignées, vers le visage, la trachée, le cou et les épaules , la partie extérieure de la poitrine et le dia- phragme. La séparation d’un de ces nerfs empèche la partie dans laquelle il est distribué de coopérer à l’ac- tion de la respiration, sans pourtant la priver de sensi- bilité ou sans empêcher l’activité de ses muscles , lors- qu’elle est excitée par d’autres nerfs ou par l’accom- plissement de quelqu’autre fonction. J'ai désigné ces nerfs d’après leur principale fonction sous le nom de nerfs respiratoires , puisque c’est seu- lement par leur secours que les muscles sont excités à l’action de la respiration; mais nous demanderons quelsautres offices accomplissent les organes dela respira- tion et particulièrement les nerfs respiratoires ? Ils se combinent dans l’action du discours sans aucun doute, et je prouverai également qu'ils sont aussi les organes de l'expression. L'anatomie comparée prouve qu’ils sont en plus grand nombre et paraissent anastomosés d'autant plus fréquemment , que le pouvoir d'expression est plus fort chez l'animal. Tout le monde a pu observer non-seu- lement la ressemblance qui éxiste entre le visage du singe et celui de l’homme, mais aussi la vivacité de sa physionomie qui est en harmonie avec cette similitude de traits. Les nerfs de la face et du cou du singe sont en grand nombre et fréquemment réunis ; mais en cou- (: 253) pant le nerf respiratoire du visage du singe, les traits deviennent morts et incapables d'exprimer les passions qui agitent l'animal. Pourtant après cette expérience, la peau reste sensible et les muscles des mâchoires et de la langue conservent la faculté de broyer et d’avaler ; seulement ou ne peut apercevoir aucune grimace ni aucune expression. Si le nerf respiratoire est coupé d’un côté, l’expression est totalement éteinte de ce côté, tandis que le mouvement des sourcils, des lèvres et de la joue se conservent de l’autre , comme auparavant. Qui ne sait combien il y a d'expression dans la phy- sionomie du chien; qui ne se rappelle le regard spiri- tuel et tendre avec lequel il contemple le visage de son maître, ou le coup-d’œil plein defierté qu’il lance à son antagoniste? Tout le feu de l’expression disparaît au moment où le nerf de la respiration est divisé ; l'animal combattra avec autant de courage, mais iln’y aura aucune contraction sur ses lèvres , ses yeux ne brilleront pas, et ses oreilles ne se redresseront pas en arrière. Le vi- sage est inanimé , quoique les muscles de la face et des mâchoires continuent leurs offices lorsqu'ils sont sous l'influence d’autres nerfs. En coupant le même nerf à un chat, il peut être privé de toute expression. Si l’on coupe le nerf d’un des côtés de la tête, au point où il sort devant l'oreille , l’œil ne brillera plus, les paupières ne conserveront aucun mou- vement non plus que les moustaches; elles ne re- mueront plus au moment de la colère ; bien que l’autre côté ne soit privé d'aucun de ces mouvemens. Quoique les oiseaux manquent d'expression, parce que chez eux le bec remplace la bouche et les narines , il (254) existe pourtant un signe pour exprimer la colére dans le mouvement des plumes; dans les combats de coqs , les plumes de l'animal se hérissent autour de, sa tête au moment du combat, ce qui, joint à la position de la tête, exprime son ardeur. Mais lorsque l’on divise le nerf respiratoire , les plumes ne se relèvent plus, mal- gré que la disposition à combattre soit toujours la même. Un accident ou une maladie qui affecterait le nerf res- piratoire du visage de l'homme, donnerait lieu aux mêmes résultats que les expériences sur les animaux. Si le nerf respiratoire se trouve affecté d’un côté du vi- sage , l'individu ne peut plus ni rire ni pleurer de ce côté ; alors le plus léger sourire donne à toute la phy- sionomie une expression désagréable , qui est la suite de l’action inégale des muscles ; le sourire a lieu du côté où le nerf est intact , tandis que les muscles de l’autre côté restent immobiles , et ne peuvent que grimacer. Dans la première édition de cet ouvrage , j'ai parlé du nombre et de la multiplicité des muscles qui ser- vent à donner l'expression ; ces nouvelles découvertes de propriétés distinctes dans les nerfs, nous mettent à même d'apprécier pourquoi il existe une complication de branches nerveuses qui est proportionnée , non-seu- lement au nombre de muscles qui sont mis en mouve- ment dans l'expression , mais aussi à la diversité d’u- sages auxquels ils sont appelés et aux différentes com- binaisons qu'ils forment, lorsqu'ils se trouvent liés avec différens organes. Il paraît à présent qu'avec le secours de nerfs appropriés à cet usage, les muscles du visage, du cou et de la poitrine , coopèrent à l’action de la res- piration. Il est aussi prouvé par ces observations que 05368 ) c’est au moyen des nerfs de la respiration que les muscles deviennent les agens de l'expression ; car malgré qu'ils puissent encore agir et sentir après que les nerfs respi- ratoires sont coupés, ils ne conservent alors aucune expression, mais restent immobiles , même lorsque l’a- nimal est soumis aux plus grandes souffrances ou qu’il entre dans l’accès de la plus vive colère. Par conséquent, lorsque nous aurons prouvé que les organes de la respi- ration sont aussi les organes de l’expression et du dis- cours , l'incertitude qui environne ce sujet disparaîtra , et tous les mouvemens de la physionomie et la pose même du corps deviendront aussi intelligibles que l’ex- pression naturelle de la voix. L'auteur , admettant des changemens dans l’expres- sion physiognomonique dont on n’a pu jusqu’à présent saisir la relation ävec l’état de l'intelligence qui les ac- compagne , se propose d’énoncer sa pensée à ce sujet avant d'entrer dans quelques détails sur les mouvemens de la physionomie humaine. Il établit d'abord qu'il existe une sorte de dépendance de notre intelligeuce à l'égard du corps qui place celle-ci dans le cas de varier ses conceptions par des causes purement physiques, bien entendu toutefois que l'intelligence de l’homme lui révèle souvent de hautes pensées libres de toutes subjec- tions matérielles et qui se rapportent à une cause toute puissante et infinie comme les précédentes se rapportent anx phénomènes physiques de ce monde. Notre âme se trouve ainsi le centre de deux ordres d'idées. Celles qui ont trait aux objets matériels ne peuvent lui être com- muniquées que par l'intermédiaire des sens. Celles qui s'élèvent à Ja source de toutes choses lui sont révélées ( 256 ) immédiatement , ou du moins par un sens intérieur lout- à-fait indépendant de ce qui nous environne. Quant aux mouvemens intellectuels qui se manifestent par l’inter- médiaire des corps , l’auteur distingue ceux qui provien- nent directement des sens et ceux qui animent le tableau intérieur produit par leur office , et lui donnent en quel- que sorte la vie ; ces derniers sont des mouvemens intellec- tuels passionnés placés sous une influence organique gé- nérale dont l’auteur assigne le siége dans l'appareil respi- ratoire. On aura peut-être quelque peine à lui accorder que le chagrin , la joie ou l’étonnement aient leur source dans la constitution physique ; mais il compare ces phé- nomènes à ceux que l’on observe dans les organes des sens. La lumière, le goût, le son, ne sont point des matières transportées par l’organe au sensorium , mais des modifications de cet organe qui lui sont transmises , tellement qu’une cause uniforme peut modifier en sen- sations variées ce même sensorium suivant le lieu ou l’or- gane auquel on l’applique. Une aiguille qui pique la ré- tine ne cause ni douleur ni peine , mais produit l’image d’une vive étincelle ; et la même aiguille, en blessant les papilles de la langue ou celles qui appartiennent à d’autres organes, développera des sensations tout-à-fait diverses. En admettant ce mode de communication entre les objets extérieurs et le cerveau, l’influence des or- ganes sur les perceptions devient manifeste et facile à comprendre, Relativement aux mouvemens passionnés, l’auteur cite à l'appui de ses idées les circonstances qui ont obligé les anatomistes à établir une distinction importante entire la sensibilité intérieure et la sensibilité extérieure , et Dhs id (257 ) compare sous ce point de vue la peau qui recouvre la surface du corps et qui est si bien disposée à recevoir toutes les impressions extérieures, et le cœur qu’on sait depuis si long-temps être presque dépourvu d’irrita- bilité. Tout le monde connaît l’histoire de ce gentil- homme qui avait le cœur mis à découvert par un abcès , et que le célèbre Harvey eut l’occasion d’examiner. C'est done au cœur et au poumon, et en général à l'important appareil de la respiration, quelque étrange que cela puisse paraître, que nous devons rapporter cette classe de phénomènes qui accompagne les passions. Il existe un appareil de muscles très - étendu , qui se trouve lié avec le cœur et qui agit d’après son excessive sensibilité. Ces muscles constituent sans aucun doute les organes de la respiration et du discours , et de plusils sont encore les organes de l'expression et paraissent né- cessaires au développement des émotions dont ils de- viennent, par leur mouveraent , les signes extérieurs. Nous savons que certaines positions d'esprit influent sur les sensations du cœur; par cette influence corpo- relle , une nombreuse série d’agens venant directement du cœur , et indirectement de l'esprit, se trouvent mis en mouvement. Nous sommes déjà soumis à cette in- fluence dans un âge si tendre que nous sommes obligés de reconnaître que l’action des organes de l'expression précède les affections mentales avec lesquelles elles se joignent ensuite ; qu’elle les accompagne dès le premier moment , leur donne plus de force, et les dirige. En con- séquence , ne pourrait-on pas dire aussi que les organes du corps, qui se meuvent en sympathie avec l'esprit, pro- duisent la même uniformité de sentimens intérieurs, d’é- (258 motions et de passions parmi les hommes , qu’il en existe à l'extérieur par les opérations semblables des organes des sens ? Donnons ici quelques exemples , et voyons si les idées recues sur les diverses passions nous expliqueront ce phénomène , ou s’il nous faudra avoir recours à l’anato- mie. Plusieurs choses coopèrent à donner l'expression des passions. Examinons l'expression de la terreur, nous comprendrons facilement pourquoi l'individu qui est sous son influence tient les yeux fixés sur l’objet de ses craintes; ses sourcils sont élevés autant que possible, et ses yeux sont excessivement ouverts, ou bien sa démarche est tremblante et peu assurée , et ses yeux errent de côté et d'autre d’une manière rapide et sauvage : nous aper- cevons seulement dans ceci l'application de son esprit sur l’objet de ses appréhensions , et son influence directe sur l'organe extérieur. Mais continuons nos observa- tions , nous verrous sa poitrine oppressée , il ne peut res- pirer librement , sa poitrine est soulevée , les muscles de son cou et de ses épaules sont en mouvement, sa respi- ration est courte et rapide, un mouvement convulsif fait trembler ses lèvres et sa joue creuse , son gosier se gonfle et se serre. Pourquoi son cœur bat-il , tandis que la circulation de son sang a si peu de force , car ses lè- vres et ses joues sont extrêmement pâles ? Les organes intérieurs de la sensibilité agissent , même durant le sommeil, et démontrent la source de l’expression musculaire. Au spectacle, qui porte une foule de gens de divers âges, d’habitudes ei d'éducation différentes, à croire que tous les mouvemens sont vrais ? EE 4 (259). Le silence que garde chacun, lorsque les acteurs sont si- ‘lencieux , prouve que tous les hommes se tiennent par un sentiment universel , et ce sentiment excité par l’expres- sion est tellement dans notre nature , qu’il a de l’in- fluence sans être raisonné. Le cœur et les poumons peuvent être regardés assu- rément comme deux parties ayant les mêmes fonctions. L'action du cœur et le mouvement des poumons sont également nécessaires à la circulation du sang, qui est destiné à l’approvisionnement du corps; l'interruption de leur mouvement met la vie en danger. Ces deux or- ganes sont unis par des nerfs , el par conséquent agissent ensemble ; on les voit correspondre dans toutes les oc- casions où ils sont en mouvement , et l'accélération de l’un est directement suivie par le même symptôme dans l’autre organe. Le mouvement des poumons vient d’une force tout- à-fait extérieure à ces organes : les poumons par eux- mêmes sont passifs. [ls sont mus par un très-grand nom- bre de muscles placés sur la poitrine , le dos et le cou; ces muscles donnent le mouvement aux os de la poi- trine, el les poumons suivent les mêmes mouvemens. Bien que le cœur et les poumons soient insensibles aux impressions ordinaires, ils sont très-vivement af- fectés par l’action qui leur est propre, et souffrent du plus léger changement tant physique que moral. L’im- pression qu'éprouvent les organes intérieurs n’est point visible sur eux, mais sur les muscles extérieurs qui coopèérent à leur action. Cette loi est commune à tout le genre humain; nous en voyons les conséquences chez les personnes susceptibles et nerveuses, qu'un simple , (260) changement de position , l’effort de se lever, ou la plus légère émotion d’esprit trouble et agite. Mais c’est sur- tout lorsque les gens les plus forts sont abattus par cette union mystérieuse de l’äme et du corps , lorsque les pas- sions déchirent le cœur , que l’on a la peinture la plus afiligeante de la fragilité humaine , et la preuve la plus sûre que les passions influent avec tant de force sur les organes respiratoires. Je réclame l'attention de mes lecteurs pour les détails suivans, qui comprennent l'étendue des actions de la respiration et la distance des parties qui se trouvent agitées en sympathie avec le cœur. L'action de la respi- ration w’est point seulement appropriée au tronc. L’ac- tion de certains muscles sur le larynx, le gosier, les lèvres, les narines, doit nécessairement élargir ces tubes et ces ouvertures , de manière à ce que l'air puisse y être admis par la respiration avec une facilité qui cor- responde au mouvement de la poitrine; sans cela , les côtés de ces tubes plians se réuniraient, et nous serions suffoqués par le mouvement ou la colère. Examinons combien de museles se trouvent combinés dans la simple action de la respiration, combien il y en a d’ajoutés dans l’action de tousser, et èomment ces derniers sont chan- gés et modifiés dans l’éternuement. Réfléchissons sur les combinaisons variées des muscles du gosier , du larynx , de la langue , des lèvres, lorsque l’on parle ou que l’on chante, et nous pourrons alors apprécier avec exactitude les modifications des muscles qui se trouvent associés dans la simple action de dilater ou de comprimer la poitrine ; mais combien les changemens apportés à ces muscles sont encore plus nombreux, si la nature les emploie { 261 ) non-seulement dans le langage des sons, mais aussi dans le langage de l'expression , dans la contenance entière , et certainement l’un est autant leur oflice que l’autre. Examinons comment la machine travaille. Observons un homme menacé de suffocation. Nous voyons une ex- pression odaine d'énergie sauvage se répandre sur tous ses traits. Nous voyons les contractions de son gosier, les mouvemens pesans de sa poitrine et de ses épaules, et les grinaces spasmodiques de son visage. Il étend la main , et semblable à un homme qui se noïe , il cherche à saisir quelque chose. Ce sont des efforts faits sous l’op- pression , sensation insupportable à son être ; et ce sont les moyens que la nature emploie pour conserver la ma- chine animale , en donnant à l’organe vital une sensi- bilité qui porte d’une manière irrésistible au plus grand exercice. Cette pénible sensation marque l’instant qui nous in- troduit dans le monde aérien ; c’est elle qui conserve les fonctions vitales durant touie notre existence. La dou- leur est l'agent qui tient éveillé avec Je plus de succès les facultés endormies à la fois de l'esprit et du corps. Lors- que l'enfant est encore dans le sein de sa mère, il ne, vil pas encore par la respiration; il possède un organe qui exerce l’oflice des poumons, Lors de la naissance il y à un court intervalle entre la perte d’un organe et le moment où l’antre lui est substitué ; la respiration n'aurait point lieu , et les poumons n'accompliraient pas leurs fonctions , sans ce pénible et. irrésistible Visus qui met tous les muscles correspondans en mouvement. On voit des spasmes et des contractions se répandre sur Ja poitrine de l'enfant. Les traits sont en mouvement, vu, 18 C6) etles muscles du visage sont agités , probablement pour la première fois ; enfin , l'air est admis dans les poumons, on entend un faible cri; l'air, par de successives inspi- rations , dilate entièrement la poitrine, et l'enfant crie fortement. Alors l'inspiration régulière est établie, et la machine animale mise en repos. De nouveaux besoins succèdent aux changemens que la constitution a éprou- vés. Le sein de la mère fournit la nourriture. Durant tout ceci, personne ne sympathise avec le petit être qui souffre , et les contractions avec lesquelles il entre dans le monde excitent seulement le sourire: « La colère, dit lord Bacon , est certainement une passion basse , ce qui paraît bien prouvé par la faiblesse des sujets sur lesquels elle règne : les enfans, les femmes , les vieillards , les malades » ; mais je puis dire que dans aueun mouvement de la vie , la colère ne ré- pand une expression aussi forte sur les traits humains qu’au premier instant où nous voyons la lumière. Dans ce moment il se forme une association dans les muscles qui sont ensuite mis en mouvement. Elle donne un caractère d'expression qui continue durant toute la .vie; elle manifeste durant la première enfance les be- soins du corps, et dans un âgé plus avancé les souf- frances de l'esprit. La constitution du corps , com- biuée pour le soutien des fonctions vitales , devient l’ins- trnment de l'expression ; une série étendue de passions, en influant sur le cœur, et en affectant cette sensibi- lité qui gouverne les muscles de la respiration , les met en co-opération , de sorte qu'ils deviennent un signe certain de diverses positions de l'esprit : ce sont les or- ganés de expression. Sinous revenons maintenant à Pob. ( 265 servation de quelques-unes des passions les plus fortes, nous comprenons ce qui avant était obs@ur pour nous, Nous voyons comment un chagrin qui frappe le cœur doit afecter la régularité de la respiration, pourquoi le spasme doit agir sur les muscles du gosier, pourquoi un tremble- ment léger paraît de temps en temps sur le visage , sur les lèvres , sur les joues et les narines. C’est parce que ces organes sont ceux de la respiration, que leurs muscles sont en rapport avec la sensibilité du cœur, et qu'ils agissent d'après son influence. Nous comprenons main- tenant comment la passion de la rage et de la terreur serre Ja poitrine , pourquoi les traits sout agités d’une manière si singulière par l'influence directe aussi bien ‘ qu’indirecte des passions ; comment les mots sont entre- coupés, comment la voix s’étoufle daus le gosier, com- ment les lèvres paralysées refusent d’obéir , de manière qu’elles sont tenues dans un état mitoyen de violence et - de faiblesse, qui plus qu'aucune expression fixe, carac- térise la passion. La partie charnue ou musculaire de ia constitution animale est une substance fibreuse particulière ; et parmi tous les tissus , c'est le seul qui possède le pouvoir de la contraction , et le seul par conséquent qui puisse donner le mouvement. Dans les jambes et le tronc, les muscles sont distincts et puissans ; ils ont leurs tendons attachés aux os , et exécuient divers mouvemens volon-. taires. Dans le visage, ils sont plus délicats, ils ont besoin de moins de furce, puisqu'ils sont seulement employés à donner le mouvement à la peau , aux lèvres et aux paupières ; ils ne sont pas toujours, comme les muscles du corps et des jambes , directement. sous l’in- (264) fluence de la volonté , mais ils sont soumis d’une ma- nière absolue ax affections et aux dispositions de l'âme ; et c’est ce qui donne un intérèt si vif à ce sujet. D’après la forme de la tête, nous voyons combien la nature à accordé de perfection à cet organe dont dépend lesprit et l'intelligence particuliers à l’homme ; les muscles du visage sont pourvus d’une dose supérieure d'expression , de manière que l'esprit par lequel le corps est animé, et l'expression des diverses émotions qui agitent l'âme, paraissent sur la physionomie. Quelques personnes pré- tendent que celte supériorité d'expression dans le visage est un résuliat accidentel ; elles disent que les muscles formés pour la mastication et pour le discours , donnent une telle supériorité à l'appareil musculaire du visage humain, que c'est par eux que l’on peut expliquer la supériorité de l'expression. Mais j'ai détruit cette asser- tion par des observations et des expériences sur les nerfs (1). On peut accorder que les muscles employés pour parler sont aussi ceux de l’expression ; mais il y a aussi des muscles de l'expression qui n’ont rien de com- mun avec la voix, et qui indiquent seulement par l’ex- pression les mouvemens de l'âme. De plus , nous dirons ‘que l'homme n'est pas seulement supérieur par les fa- cultés particulières qu’il possède, mais aussi, parce qu’il devient un intermédiaire entre les deux grandes classes , en réunissant en lui-mème le système muscu- laire de ces deux classes. Il est seulement nécessaire au lecteur de comprendre que les muscles sont formés de paquets distincts de ————————————————————————— (x) Trans. pluil. ( 265 ) fibres ou fascicules , et que l’on donne à leurs extrémités les noms d’origine et d'insertion. L’extrémité fixe, attachée à quelque point de l'os, s'appelle origine ; celle qui se fixe sur des portions libres se nomme in- sertion. Malgré que j'aie déjà fait quelques observations sur les mouvemens des sourcils et des paupières, le sujet de- mande une plus grande attention , car le mouvement du globe de l'œil, en rapport avec les paupières , est un sujet d'observation qui a été jusqu’à présenttout-à-fait négligé. Le globede l’œil possèdeune série de muscles qui, agissant sous influence de la volonté , sert à le remuer, et à di- riger son axe vers les objets. [l à aussi une classe de museles, dont les opérations sont involontaires; ils donnent à l’œil un mouvement insensible , à dessein de préserver cel organe , comme je l’ai déjà dit ailleurs (r). Les muscles qui donnent au globe de l’œil le mouvement de rouler involontairement , ont des rapports par le quatrième nerf avec le système des nerfs respiratoires , ou, ce qui est équivalent, avec les nerfs de l'expression. Dans toutes les positions où les organes de la respira- tion se trouvent excités, l'œil, par l'influence de ce nerf, setourne en l’air, et c’est la cause d’une coïncidence frappante dans les traits de l’expression , c’est-à-dire la direction du globe de l’œil vers-le ciel dans toutes les fortes émotions de l'esprit , durant lesquelles les organes respiratoires sont troublés ; dans cette agitation , qui est indiquée par des soupirs ou une profonde inspiration , par un certain changement dans les lèvres, et l'expansion (1) Trans. phil. ( 266 ) des narines : soit que cela vienne de douleurs corporelles ou de souffrances mentales, les pupilles des yeux sont élevées et à moitié cachées par les paupières. Ê On se trouve par là quelquefois obligé de tenir la iète dans une position particulière ; car, d’après le-sys- tème musculaire de l'œil, on ne pourrait diriger l'œil en bas au moment où la douleur que l’on éprouve tend à le faire baisser. Dans les peines corporelles, ainsi que dans certains momens de souflrances morales , l’œil est dirigé en haut , et par conséquent la PRE natu- relle de la tête est en avant. | Les muscles qui placent le globe de l’œil sous la pau- pière supérieure durant le sommeil , étant des muscles involontaires , ils agissent lorsque les muscles volontaires sont affaiblis ou épuisés. C’est par cette raison que, lors- qu’une passion qui abat, influe sur quelqu'un, comme par exemple le chagrin , et que le corps et les membres sont affaiblis , la pupille est élevée tandis que les pau- pières sont baissées. Nous voyons cela dans quelques belles têtes de Magdelaine, étude souvent choisie par les anciens peintres. Les paupières sont pales et gonflées à force de pleurer, et les yeux, encore baïgnés de lar- mes, sont à moitié levés et cachés. Si dans ce moment on veut voir quelque chose, le visage se penche en avant, et la paupière pesante se relève pour s’accommoder à la position de la pupillé ;:qui est élevée par l'influence de l'affection que l’on éprouve. Commençons nos observations sur la mobilité des traits, en examinani le caractère du gros rire (pl. 23, fig. 1 et 2); car si nous ne pouvons comprendre ou expliquer ce qui arrive dans celte expression extrème, nôus essaierions ( 267 ) vainement l'explication d'émotions plus donces et plus calmes qu’exprime la physionomie. Lorsque nous rions , il nous serait impossible de tàcher de tenir les lèvres fer- mées ; ua relâchement complet du musele orbiculaire de la bouche donne un pouvoir irrésistible aux muscles op- posans , à ceux qui convergent vers l’angle de la bouche et de la lèvre supérieure : de là vient la contraction laté- rale des lèvres, l’élévauon de la lèvre supérieure qui sépare les dents , l'élévation très-remarquable des narines sans qu'elles soient étendues ( car nous ne respirons que par la bouche en riant) ; de là aussi les fossettes dans les joues , où les muscles agissant se rassemblent ; et de là la grosseur de la joue qui s'élève de manière à cacher les yeux , et fait froncer les paupières inférieures et les tempes, tandis que la peau du menton est tendue par la contraction de la joue et l'ouverture des mâchoires. Ainsi il est évident que tous les muscles mobiles tendent à se relever. Les muscles orbiculaires des paupières ne par- tagent pas le relâchement de la bouche ; ils sont excités de manière à contracter les paupières et à entourer les yeux , tandis que l'effort volontaire que l’on fait pour ouvrir les paupières et élever les sourcils donne du bril- lant aux yeux et une obliquité parüculière au sourcil dont la partie extérieure est plus élevée. Jai établi que c’est le nerf que j'appelle respiratoire qui produit cette grande influence sur les traits, et que la perte de ces fonctions entraine l'extinction totale de ceuc expression. Nous en avons une preuve de plus en voyaut l'influence qu’exerce cetté passion sur tous les nerfs et les muscles respiratoires : la personne qui l’é- prouve sc tient les côtés pour affaiblir les contractions des ( 268 ) muscles des côtes. Le diaphragme est violemment secoué. La même influence se répand sur le gosier, et le son du rire est aussi distinct et aussi remarquable que l’expres- sion du visage. Pour définir le rire selon l'anatomie, on dira que c'est une certaine influence du nerf respiratoire de la face qui produit le relàächement du musele orbiculaire des lèvres, tandis qu'il met en action les muscles gri- maçans (the class of ringentes ) et les muscles orbicu- laires des paupières. En quoi donc cela diflère-t-il de l'expression opposée , de la peine et des cris ? Dans lés pleurs violens accompagnés de sanglots et de cris , le visage est rouge , ou je pourrais plutôt dire cou- vert de sang en stagnation , et les veines du front gon- flées. Nous voyons que le commencement de l'émotion affecte les muscles de la respiration ; et modère le mou- vement des poumons , et que le retour du sang venant de la tête est en quelque sorte retardé. Les muscles des joues sont en mouvement , comme dans le premier exem- ple, mais leur influence est alors plus générale. Ceux qui compriment les lèvres et l’angle de la bouche par- tagent l’excitation des muscles grimaciers (ringentes), s'ils ne la surpassent point , tandis que le muscle orbi- culaire de la bouche n’est pas relâché , mais plutôt tenu ouvert par l’action pins forte de ses antagonistes. II existe un mouvement convulsif dans les muscles , autour des veux ; le sourcil est baissé , les yeux comprimés par les paupières , la joue élevée, les narines ouvertes , et la bouche étendue latéralement. Dans la douleur aussi, à moins que l’action convul- sive des muscles ne soit très-forte , l’expression générale ( 269 \ / du chagrin affecte la partie du sourcil qui est près du nez ; elle se dirige vers le sommet du front avec une ex- pression chagrine qui correspond avec labaissement des coins de la bouche. Dans la première édition de cet ouvrage , j’ai dit que si jamais nous possédions une connaissance parfaite des nerfs , elle nous rendrait capable de comprendre la cause de ce picotement dans le nez, qui précède le flot des larmes , et qui est si bien décrit par Homère, comme ayant été éprouvé par Ulysse, lorsqu'il voit son père verser la poussière sur sa tête respectable. Les traducteurs ne pa- raissent pas avoir compris la vérité de cette peinture. (Odyss., B, 24.) À présent nous savons qu’une branche du système respiratoire des nerfs peut être conduite dans le nez ; c’est ce nerf qui, lorsqu'il est irrité , cause l’é- ternuement , qui est lui-même une convulsion des mus- cles respiratoires , dirigés dans leur action de manière à débarrasser la membrane du corps qui la gêne, en fai- sant sortir le volume d’air par les narines, au lieu de la bouche. C’est le mème nerf qui, éprouvant l’im- pression de la peine (impression provenant d’une dis- position de Fesprit), contracte les muscles du visage et leur donne l’expression de la douleur, et qui , si son pouvoir est considérable , donnera des convulsions à tout l'appareil respiratoire de la poitrine, du cou et du vi- sage. L'on doit observer que dans le rire et les pleurs, af- fections si différentes , tout l'appareil de la respiration se trouve affecté en premier lieu et d’une manière remar- quable , ce qui est une preuve de plus, s’il en était be- soin , de ce que nous avons dit précédemment. (270 ) En second lieu , il est évident qu'aucune théorie de tension ou de relächement des muscles n’expliqnera les effets produits sur le visage par aucune de ces deux émo- tions opposées. Îl y a action de certains muscles à la fois dans le rire et les pleurs, et nous ne pouvons pas expli- quer des mouvemens si particuliers et si distinctement marqués , en supposant qu'ils résultent de certains mou- vemens volontaires que ces passions suggèrent. Le coin de la bouche baissé donne un air d’abatte- ment et de langueur à la physionomie , lorsque cela est accompagné par un relàchement général des traits, ou pour mieux dire des museles, Lorsque le corrugateur, qui lie les sourcils , agit aussi, l'expression prend une teinte de chagrin et de tristesse ; si le muscle frontal s’y joint, la partie intérieure du sourcil s'élève avec une expression douloureuse , très-différente de l’expression donnée par l’action générale du muscle frontal , et qui est sans aucun doute le caractère d’une peine vive ou du mécontentement ; suivant l'expression répandue sur le reste de la personne. En observant plus exactement , nous verrons pour- tant que lorsque l’abattement et la langueur sont indi- qués par la dépression de l’angle de la bouche , cette dé- pression est légère et peu marquée, car l’abaisseur de l'angle de la bouche ne peut agir fortement sans le secours d’un muscle, savoir, du superbe , qui produit aussitôt un changement dans l'expression , et donne à la lèvre iufé- rieure un air de dédain, L'expression du chagrin est un air d’abattement géné- ral répandu sur toute la coutenance ; les forces ont gra- duellement été épuisées par {a violence du chagrin, le (a5r ) manque de repos, les sanglots, enfin tout le trouble qui accompagne ordinairement les vives agitations: La tristesse , l'abattement des esprits et les souvenirs dou- loureux leur ont succédé , et, ce qui les caractérise le mieux , est l'attitude du corps entier, ainsi que l’affaisse- meut des Lraits et la pesanteur des yeux. Les lèvres et la mâchoire inférieure sont tombantes ; les paupières supé- rieures sont baissées et couvrent à moitié la pupille de l'œil. Les yeux se remplissent souvent de larmes , ei les sourcils preunent une inclinaison semblable à celle que le dépresseur des angles des lèvres donne à la bouche. Malgré que ce que l’on appelle le chagrin! soit ordi- nairement distingué des autres douleurs par la violence, par les sanglots et l'agitation , et que la marque du re- gret soit le silence et l'abattement , il existe quelquefois une stupeur qui caractérise aussi le chagrin, et qui est la léthargie des maux. Nous voyons donc par là que les diverses expressions des passions forment entre les hommes un langage de signes , un moyen de communication, el une source de _sympathie entre eux. : Dans la fureur (pl. 32, fig. 3), les traits sont très-agités, les globes des yeux, très -dilatés, roulent , et sont en- flammés. Le front est alternativement froncé en long et en large par le mouvement des soureils; les narines sont très gonflées ; les lèvres sont enflées , et lorsqu'elles sont tirées elles ouvrent les coins de la bouche. L'action des muscles est fortement marquée ; le visage est quelquefois pâle, quelquefois gonflé , sombre et pres- que livide; les mots sont exprimés avec force , à travers les dents serrées. Les cheveux sont raides comme chez (272) les gens fous , et chaque membre ressent l'expression de la fureur. Mais l'expression de cette passion peut beaucoup va- rier. Quelquefois les yeux sont fixés vers la terre , le vi- sage est pâle, troublé et menaçant ; les lèvres tremblent, la respiration est difficile , et de profonds et longs soupirs s‘exhalent comme dans l'expression d'un chagrin inté- rieur. Dans la gravure suivante (fig. 5 , pl. 32), j'ai cher- ché à exprimer les sentimens qui succèdent à la dernière et horrible action de la vengeance. L’orage est passé, mais les idées sombres ne sont pas encore éloignées. On voit sur les lèvres quelque expression de regrets naturels, mais les yeux conservent encore leur sévérité par la po- sition et l’autention fixe. J'ai voulu indiquer, par la po- sition de lindividu et son attention fixe , que la vue du corps , à présent sans vie, ramène vérs les circonstances passées les mêmes pensées accompagnées d’un jugement moins sévère. Si l’on me demandait comment on doit représenter un fou , et ce qui constitue le caractère distinctif de sa phy- sionomie , je dirais que son corps doit être robuste, ses muscles droits et distincts, la peau tendue, les traits fins , les yeux enfoncés , son teint jaune et d’un brun un peu pâle , sans aucune couleur qui donne un air de vie; les cheveux d’un noir de suie, durs et épais. On pour- rait aussi le représenter comme un malade pâle et jaune, avec des cheveux raides el rouges. Je n’ai point l'intention de retracer ici les progrès de celte maladie mentale, mais je veux seulement donner quelque idée du caractère d’un maniaque furieux. Î Re 7. ans LS 2 in ue de mt no de AN (273 ) © Vous le voyez couché dans-sa cellule, ne faisant at- tention à rien: une expression sombre, semblable à celle de la mort, est répandue sur toute sa contenance. En disant. que cette expression ressemble à celle de la mort, je veux dire qu'il existe une pesanteur dans les traits , et que les sourcils et les muscles sont sans mou- vement. Si vous l’examinez durant son accès , vous verrez le sang monter à sa tête ; sa figure devient d’un rouge foncé : alors il se remue et se lève de dessus son lit, marche dans sa chambre et secoue ses chaînes; son œil en- flammé est fixé sur vous, et ses traits sont animés d’une expression singulière de férocité et d'égarement (pl. 32, fig. 4). L'erreur dans laquelle un peintre tomberait naturelle- ment serait de représenter cette expression par le gon- flement des traits et le froncement du sourcil, comme dans la colère ; mais cela donnerait l’idée de la colère et non de la folie. Ou bien , il prendrait la mélancolie pour la folie. La manière dont nous devons essayer de saisir celte expression de férocité au milieu de la destruction totale de l'intelligence , est , il me semble , d'éviter l’ex- pression de l'énergie mentale, et par conséquent tout mouvement de ces muscles qui indiquent le sentiment. Je crois que cela se rapprocherait plus de la nature, car j'ai observé ( contre mon attente ) qu’il n’y avait pas dans le visage des fous cette énergie , ce froncement de sour- cil , cette expression pensive et sombre , que l’on regarde généralement comme propre à les caractériser et que nous leur donnons presque toujours dans la peinture. Leur rire est sans expression, et leur férocité est sans intention. / ( 274 ) Pour comprendre le caractère de la physionomie hu- maine douée d’expression et réduite à l’état de brute , il nous faut avoir recours aux animaux les plus inférieurs, et, comme je l’ai déjà dit , étudier leur expression , leur timidité , leur vigilance , leur état d’activité et leur féro- cité. Si nous transportons leur expression à la physio- nomie humaine , nous aurons , à ce que je crois, l’idée de la folie, de la nullité d’esprit et des passions pure- ment animales. rh4 Mais ces discussions sont seulement utiles pour les études des peintres , si l'on peut accorder que ces sujets afigeans conviennent à la toile, Il y a pourtant des sujets qui s’en rapprochent et qui appartiennent à la peinture classique et sacrée. « Lorsque l'esprit impur l’eut tourmenté et eutcrié à haute voix , il sortit de lui ; et lorsque le diable se fut jeté au milieu de lui, il sortit de lui. » Comment le peintre doit-il repré- senter cette frénésie démoniaque ? Est-ce seulement par la violence et le trouble des convulsions , ou sera-ce pu- rement la création d’une imagination instruite et inven- tive? Toutes les professions libérales se trouvent liées les unes aux autres. Le peintre sera donc quelquefois obligé d’avoir recours au médecin. S'il doit représenter une prêtresse ou une sibylle , il aura besoin de quelque chose de plus que de son imagination ; il concevra prom- ptement que la figure doit ètre pleine d'énergie , l’ima- gination du moment très -exaltée, et que l'expression doit être hardie et poétique , de manière à montrer que les choses passées depuis long-temps sont aussi vives à ses yeux que si elles étaient devant elle ; mais il aura une idée plus nette et plus précise de ce qu'il doit peindre, Ne be > | (1275 ) en lisant l’histoire de cette mélancolie qui , sans aucun doute, à dans les premiers siècles donné l’idée d’une personne possédée du démon. Une jeune femme est pâle et languissante , et aucune preuve de tendresse, ni aucune supplication de sa famille n’ont pu la tirer de cet état inanimé et la décider à se mêler aux conversations de ses proches. Mais combien la situation change lorsque le sang monte à ses joues ; ses yeux alors sont secs et bril- lans , sa figure entière est pleine de vie , sa voix possède une nouvelle force , et le son de cette voix est tellement changé que sa mère elle-même déclare qu’elle ne recon- naît pas son enfant. Combien, dans ce cas, il a dû pa- raitre naturel de songer qu’un esprit était entré dans ce corps , auparavant sans énergie, et que cette sorte de lan- gage et d'imagination n’appartiennent point à l'individu lui-même. La transition est aisée. Les prètres s'emparent de la jeune femme , prennent soin d’elle , surveillent ses accès et leur donnent une signification , jusqu’à ce qu'é- puisée , elle retombe de nouveau dans une indifférence et une stupeur qui ressemble à la mort. Des attaques successives de cette espèce donnent à toute la contenance une expression ineffaçcable : le pein- tre doit donc représenter des traits imposans , mais qui s'accordent avec la maturité et la perfection de la beauté féminine. Il prouvera son génie, en donnant à la physio- nomie celte teinte profonde d'intérêt qui appartient à des traits sans mouvement, mais non dénués de tout sentiment, La 11 donnera à cette pâleur mortelle et uniforme du vi- sage l'empreinte de longues et profondes souffrances qui n'ont point été partagées ; qu'il drappe ensuite l’infor- ( 276 ) tunée du manteau qui lui convient , qu’il représente ses beaux cheveux tombant sur ses épaules, et il n'aura point besoin de ces lettres d’or que nous voyons dans les anciens tableaux de sibylles, pour expliquer ce qu’il a voulu représenter. J'ai placé ici une planche (pl. 33, fig. 3 représen- tant un Hydrophobe, pi nilemelé pour montrer les organes respiratoires dans la plus grande étendue de leur expression. Les dernières heures d’un patient sont ac- compagnées de délire , mais ce n’est pas de celui qui indi- que le terme de l’hydrophobie ; celui-ci est une affection des nerfs de la respiration et de l'expression : la maladie influe sur ces nerfs presque exclusivement, et lorsque l'accès revient , c’est avec une sensation de suffocation , accompagnée d’une secousse soudaine et convulsive de la poitrine, qui saisit les muscles de la respiration et porte les malheureux à un degré inexprimable d’agonie , d'horreur et de tremblemeni. J'ai donné, quelques inductions sur un sujet d’obser- vation des plus tristes et des plus affligeanse Mais c’est seulement lorsque l'enthousiasme d’un artiste est assez fort pour contrebalancer sa répugnance pour des scènes désagréables en elles-mêmes , lorsqu'il cherche soigneu- sement toutes les occasions de nourrir son esprit des images des passions et des souffrances humaines, lorsqu'il étudie philosophiquement l'esprit et ses allections , aussi bien que le corps et les traits de l’homme, c’est uniqne- ment alors, dis-je, qu'il peut véritablement mériter le om de peintre. Les os et lestparties qui les couvrent , ou qui sont con- tenues dedans, croissent comme par une seule impul- (277 ) sion , de manière qu'ils correspondent toujours ensem= ble. Les lèvres charnues du nègre correspondent à ses dents grandes et protubérantés, L’individu qui , parmi nous, a l'os de la mâchoire grand et carré, a les joues et les lèvres lourdes et épaisses. Dans les femmes et les jeunes gens des deux sexes, qui ont les dents incisives grandes et régulières , les lèvres sont rondes et jolies ; mais si, au contraire , les dents canines sont extrême- ment grandes et protubérantes, non-seulement les lèvres sont lourdes et grosses, mais la physionomie entière prend un air irascible. Ce qui forme le caractère distinct de la face d’un en- fant provient de ce que les parties charnues et les tésu- mens sont destinés à supporter des os plus grands que ceux qu'ils ont dans les premières années. Les traits sont disposés pour l’accroissement et le développement des'os du visage , et de là vient la rondeur et la grosseur de la tête des enfans. Il existe quelques autres particularités dans l'enfance par exemple. 1. La tête ovale allongée. 2. La platitude du front. 3. La petitesse des os du nez. 4. La petitesse et le peu de longueur des os de la m- choire. 5. Le peu de profondeur de la mâchoire. 6. La petitesse du cou, comparé avec la grosseur de la tête, ce qui est dû à la position extraordinaire de la partie postérieure de la tête (ou occiput). Comparez l’esquisse de la tète d’un enfant avec celle d'une personne jeune, et vous verrez bien facilement que VIE, 19 (278) l'extension des os démontre l’âge. Le visage estallongé, et a moins de rondeur ; lesourcil ne s’est pas pourtant accru en proportion avec la partie inférieure du visage , malgré que sa forme soit pourtant tellement changée qu'il existe alors une proéminence vers le sommet des sourcils. La cause s'aperçoit en examinant la section du crâne, où l’on observe aisément une cavité dans le front; cette ca- vité porte le nom de sinus frontal : son accroissement occasione cette protubérance ou projection sur les yeux, que l’on remarque chez les hommes. Nous ferons remarquer de nouveau que dans le pas- sage de l'enfance à la jeunesse , los de la mächoire supé- rieure (l'os maxillaire supérieur) prend un grand ac- croissement ; il s’y urouve alors une grande cavité appelée le sinus maxillaire. Par cet accroissement de l’os de la mâchoire supérieure, qui est le centre des os de la face, la physionomie entière prend un nouveau caractère , les os du nez sont relevés, et le nez est allongé; l'os de la joue est aussi avancé. Mais ensuite , lorsque les dents viennent, les os des mà- choires supérieure et inférieure se renfoncent , et l'effet nécessaire de cela est que l’angle de l’os de la mâchoire sous l'oreille recule vers le derrière de la tête. Afin de faire place pour toutes les dents, les mâchoires sont aussi allongées ; c’est par suite de la croissance des dents et de l'augmentation de l’os de la mâchoire qui est né- cessaire pour les soutenir et les fixer , que le visage se creuse et s’allonge , et par l’allongement de la mâchoire et surtout l'éloignement de l’angle de la mâchoire infé- rieure , le menton prend une carrure male au lieu de la rondeur de l'enfance. (279) Pour faire suite aux formes des os de la mâchoire in- férieure , nous pouvons observer diverses particularités qui distinguent le visage à diflérens âges. La cause de la petitesse et de la rondeur de la face des enfans paraît dépendre de la petite projection dela pointe de la mâchoire au menton et de l'angle abtus formé derrière. Dans les adultes, nous observons une plus grande profondeur dans le corps de los de la mâchoire, et les dents étant ajoutées , la base des mâchoires doit nécessairement être plus séparée , et par cette raison le visage est allongé. Nous voyons ensuite qu’à mesure que les dents poussent dans le fond de la mâchoire, la mâ- choire s’allonge pour les recevoir, par conséquent le menton s’avance , tandis que l’angle de la mâchoire re- cule. Enfin, lorsque dans la vieillesse les dents tom- bent , les alvéoles qui croïissaient avec les dents et les soutenaient sont détruites, et il ne reste rien que la base étroite de la mâchoire : la longueur de l'os depuis la charnière de la mâchoire jusqu’à l'angle n’est pas dimi- nuée. Les deux portions des mâchoires peuvent alors par devant se rapprocher plus facilement; par cela même l'angle devient plus avancé et ressemble à celui d’un en- fant , si ce n’est la projection du menton. Les dents et les portions accessoires des mâchoires étant parties, le menton et le nez s’approchent , et la bouche se trouve trop petite pour contenir la langue; les lèvres retom- bent en dedans , et la prononciation devient inarticulée. La forme distinctive de la tête des enfans expliquera les autres observations , qui seront naturellement sug- gérées relativement à l'expression de tête appropriée à la jeunesse ou à la vieillesse. ( 280 ) Nous observons que la plus grande longueur du crâne dans l'enfance est depuis le front jusqu’au derrière de la tête. Cette longueur, grande en comparaison de la pro- fondeur, diminue sahs aucun doute à mesure que l’en- fant avance en âge; mais on doit aussi faire attention à la largeur de la tête, à l'avancement du derrière de la tête, et à la platitude du front, comme dans l’esquisse, (pl. 33, fig. 1,2). Par l'étude de la forme de la tête des enfans, nous sommes naturellement conduit à observer la différence qu'il ya entre les têtes naturelles et les sculptures de Fiammingo , qui a eu une juste réputation pour ses des- sins de jeunes garçons. Dans les ouvrages de Fiammingo il existe une intention bien claire de nous donner une forme idéale, au lieu de copier strictement la nature. Dans les ouvrages de cet artiste , les yeux sont trop en- foncés pour un jeune garçon, et la protubérance, pla- cée sur la partie inférieure du front, est tout-à-fait par- ticulière à un âge plus avancé. Le seul caractère de tête d'enfant qu'il ait copié fidèlement, d’après nature, est la largeur de la tête comparée avec la face, la rondeur des joues et le reculement de la bouche et du menton. En exagérant les particularités naturelles, l’artiste a strictement imité l'antique. On peut se demander si le même principe qui se trouve si bien adapté à l'effet d'augmenter la beauté dans la jeunesse, est nécessaire, ou même peut s'approprier aux formes de l'enfance. (Paëke ) EXPLICATION DES PLANCHES. Pzancne xxx1, Fic. 1. Des Nerfs de La tête. Les deux classes distinctes de nerfs qui parcourent le visage sont représentées sur cette planche ; l’un sert à donner la sensibilité , et l’autre aux mouvemens du discours et de l’expression, c’est-à-dire aux mouvemens liés avec les organes respiratoires. On voit aussi sur cette planche les nerfs qui sont sur le côté du cou. J'ai découvert que ceux-ci étaient des doubles nerfs, exercant deux fonctions; ils dirigent la force musculaire et donnent la sensibilité à la peau. Outre ces nerfs de la moelle épinière réguliers, qui sont pour les jouissances ordinaires, on a placé sur cette planche les nerfs du gosier : ces nerfs sont les moyens de sympathie, qui lient les mou- vemens du cou et du gosier avec les mouvemens des narines et des lèvres, non - seulement dans la respiration forcée , mais aussi dans Pexpression de la colère. À, nerf respirateur de la face, ou plutôt portion dure de la septièm paire. a, branches montant à la tempe et aux côtés de la tête. b, branches qui fournissent aux paupières. ce, id. qui vont aux muscles qui meuvent les narines. d, id. qui descendent sur les côtés du cou et dans sa partie anté- rieure, e , plexus cervical superficiel. - ff, anastomoses formées avec le nerf cervical. g, nerfs du muscle du revers de l'oreille. B , huitième paire , ou paire vague, ou grand nerf respiratoire. C, nerf respiratoire supérieur, ou nerf accessoire de la moelle épinière. D, neuvième paire, ou paire linguale. E , nerf diaphragmatique. F, nerf sympathique. G, nerf laryngc. H, nerf laryngé récurrent. X, nerf glosso-pharyngien. 3. Nerf frontal, branche de la cinquième paire. (la83") 2. Verf maxillaire supérieur, branche de la cinquième paire. 3. Verfmaxillaire inférieur, branche de la cinquième paire. 4. Branches temporales , seconde division de la cinquième paire. 5. Verf suboccipital, premier nerf de la moelle épinière. 6. Second nerf de la moelle. 7, 8. Verfs de la moelle. Pzancne xxxr, Fic. 2. Des Muscles du visage. Cette planche représente les muscles du visage , tels qu’ils paraïs- sent dans une tête vue de face. Le sourcil est un des traits qui est le plus destiné à l'expression. II existe de certains muscles qui y sont attachés et qui produisent ses di- vers mouvemens et ses inflexions variées. AA , le muscle frontal. C’est un muscle mince, qui couvre le front et est attaché dans la peau sous le sourcil. Nous ne voyons pas ici tout le muscle , maïs seulement une partie de ce qui est proprement appelé occipito-frontal. Le muscle occipito-frontal prend naissance sur la partie postérieure du crâne, sur les os temporaux et occipitaux, et s'élève sous forme de tissu charnu et fibreux ; en devenant tendineux il couvre toutes les parties supérieures du crâne d’une membrane ou d’une feuille de ten- don, et il se termine dans le muscle extérieur, qui est représenté sur cette planche. BB; le muscle sourcilier. C’est le second muscle attaché ou inséré dans le tégument sous le sourcil. Il s’élève de la partie inférieure de l’os fron- tal, près du nez, et s’insère comme je l’ai dit : il est couché presque transversalement , et son office est de lier et de tirer les sourcils en- semble, CC, muscle orbiculaire des paupières. \ y a un petit tendon dans l’angle intérieur de l'œil, qui sert de point d’attache pour ce muscle, son usage étant à la fois de le fixer à l’os maxillaire et de lui servir en quelque sorte d’orisine et d'insertion. Entre les deux muscles orbiculaires et le muscle sourcilier, on aper- çoit des fibres musculaires qui se prolongent de loccipito-frontal sur le nez, et constituent le muscle pyramidal. Ce fascicule de fibres à pne fonction distincte, et sert à abaisser l'extrémité intérieure du sourcil. ‘ 21: FOYSRS |) Ces quatre muscles servent à faire mouvoir le sourcil et à-lui don - ner ses diverses expressions, Si c’est l’orbiculaire des paupières etle pyramidal qui agissent , Pexpression est la tristesse et l’abattement ;. s’ils cèdent à l'influence du muscle frontal , le sourcil est arqué et l’ex- pression est gaie et vive; si le sourcilier agit, alors il y a plus ou moins. de cette expresson qui indique l’état pénible de la pensée. Quand le front est ridé, que l'extrémité interne du sourcil s’élève et que le fron- tal le contracte en même temps, l’expr:ssion indiquée est celle de la querelle et d’une faible inquiétude, Le front arqué et uni, terminé par la ligne distincte des sourcils , nous montre en caractères périssables, mais distincts tant qu’ils du- rent, la série entière des pensées, et souvent l’activité purement animale qui se trouve déployée dans les mouvemens de la partie infé- rieure de la face acquiert, par cette expression , plus de force et de si- gaification. ; Indépendamment de l’action des muscles , la masse de leurs fibres charnus donne un caractère à cette partie de la face. Le sourcil d'Her- eule manque d’élévation et de la forme qui marque l'intelligence; mais on peut observer une saillie musculaire sur le front et aatour des yeux qui donne l’idée d’une force brutale , avec une expression sombre qui s’accorde avec la description que l’on trouve dans l’Iliade. Muscles des yeux. Je divise l’orbiculaire des paupières en deux muscles. La bande ex- térieure, charnue et circulaire qui entoure le bord de l'orbite , et la bande plus petite de fibres pâles, qui est sur les paupières : ces der- nières servent à fermer les paupières. Mais le premier n’agit que com- biné avec les autres muscles de la face pour l'expression des passions où dans quelque cas d’excitation convulsive de cette partie. Dans le rire, et lorsqu'on crie , le muscle extérieur, qui est le nlus puissant, est en action: c’est lui qui fronce la peau sur les yeux et enfonce le globe de l'œil. Dans l'ivresse , qui produit une sorte de paralysie momentanée , les paupières sont disposées à se fermer, et l'élévation forcée du sour- eil oblige pourtant d'élever la paupière supérieure : très - souvent tes sourcils sont élevés inégalement , ce qui caractérise davantage cette expression. Ainsi, dans l'état d’épuisement causé par de longues souffrances, (254 ) les paupières pesantes et couvrant à moitié la pupille , et le sourcil éleyé , indiquent une grande faiblesse et beaucoup d’abattement. 2 Le Muscles moteurs des narines. D, muscle qui naît de la mâchoire supérieure et descend pour s’attacher à la lèvre supérieure et à la narine ; d’après cela on le nomme élé- vateur commun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez, comme son nom l'indique : il sert à élever la lèvre supérieure et les narines. E, série de fibres qui comprime les narines : c’est le triangulaire du nez. | L’abaisseur de l’aile du nez se trouvant placé sous l’orbiculaire des lèvres , il prend naissance près de l’alvéole de la dent incisive, et se trouve inséré au cartilage mobile qui forme les narines, Ces trois muscles servent à étendre et à contracter l’ouverture des narines ; ils se meuvent de concert avec les muscles de la respiration, et par conséquent le gonflement des narines indique une excitation générale de l’activité animale. L'expression des narines dilatées donne un air spirituel à l’ensemble de la physionomie : cela indique une pré- paration à l’activité dans toute la personne. Muscles des lèvres. F, élévateur propre de la lèvre supérieure. X] naît de l'os de la mâchoire supérieure, près de l'orbite. Il est exclusivement destiné à la lèvre supérieure , et sert à l’élever. G , musele canin. Placé sous le précédent, ce muscle est par cela même plus cout; il sert à élever l'angle de la bouche. H, muscle zygomatique. 1 est ainsi nommé parce qu'il provient de l’arcade zygomatique : il s’insère dans l’angle de la bouche. Il existe quelquefois un muscle additionnel de ce nom, qui en est distingué : c’est le petit zygomatique. Ces derniers muscles forment une série ; ils élèvent la lèvre supérieure et l’angle de la bouche, de manière à faire voir la dent canine , même chez les hommes. Nous les trouvons très-forts dans les animaux carnivores, tandis qu'il n'existe pas de mouvement semblable dans les herbivores. Si ces muscles agissent en sens contraire des fibres circulaires des lèvres, l'expression est triste et amère, mais s’ils sont influencés par l’orbiculaire des lèvres et l’or- biculaire des paupières , et si le premier de ces muscles est relâché e4 ( 285 ) Vautre contracté, la partie supérieure de la face prend une expression : i ouverte, gaie et souriante. K , muscle orbiculaire des lèvres. C’est un muscle circulaire qui forme la substance charnue des lèvres ; il ferme la bouche , et lorsqu'il peut agir entièrement, il fait froncer les lèvres : c’est l’antagoniste des au- tres muscles qui viennent se fixer en grande partie dans les lèvres, M, le naso-labial. Ce muscle tire en bas le septum du nez , et appartient à la précédente série de muscles, N, muscle triangulaire des lèvres. C’est un fort muscle qui s’élève de la base de la mâchoire inférieure et est inséré dans l’angle de la bouche. ©, muscle quarré du menton , ou abaisseur de la lèvre inférieure. P, muscles releveurs du menton.Ce sont des muscles petits , mais forts, qui naissent de la mâchoire inférieure , près des alyéoles des dents in- cisives, descendent et sont fixés dans le tégument du menton, de facon que par leur mouvement ils relèvent le menton et avancent la lèvre inférieure. ©, le Puccinateur est un muscle qui forme la partie charnue de la joue. I sert principalement à mouvoir les alimens pendant la mastication , et est particulièrement développé dans les animaux herbivores et ru- minans. Dans le gros rire il retient les lèvres. Il existe toujours des muscles propres à la maslication , mais c’est lorsqu'ils servent encore à l'expression et à la parole qu’ils offrent leur plus haut degré de perfection. Le muscle orbiculaire est particuliè- rement affecté dans les diverses émotions de l’âme : il tremble et se relâche dans le chagrin; il est également relâché dans le sourire. En- fin , dans les pleurs il est comme tiraillé par la contraction de son an- tagoniste. La réunion de tant de muscles dans l’angle de la bouche produit la proéminence charnue que l’on remarque particulièrement chez les persoures qui ont le visage maigre et en même temps musculeux. Lorsque les joues sont grasses et pottelées, ce sont ces muscles qui produisent la petite fossette de la joue. L’angle de la bouche n’offre autant d’expression que parce que l’or- biculaire et la série supérieure et inférieure des muscles qui y sont attachés prédominent dans les mouvemens de la face. L’action simultanée des muscles triangulaire des lèvres.et releveur du menton donne lieu à une expression particulière à l’homme. L’an- gle de la bouche abaissé , et la lèvre arquée et élevée, donnent l’ex- pression la plus méprisante et la plus orgueilleuse. (286) Le temporal est un muscle fort , fermant la mâchoire inférieure : ti est assisté par le muscle masseter (R.), qui, placé sur le côté ex- terne de la mâchoire inférieure, naît de l’arcade zygomatique, et s’insère à l’angle de la mâchoire. Pz. xxx1I ET XX XII. Diverses modifications de la physionomie décrites dans le Mémoire. Sur quelques Fossiles du grès bigarré. Par M. Gaïizrarpor, D.-M., Membre de plusieurs Sociétés savantes. Une grande partie de la pierre de taille, employée. pour la construction des maisons et des grands édifices à Lunéville, offrant des empreintes et des débris de vé- gétaux , j'ai été curieux de visiter les carrières d’où on la tirait. On en exploite en deux endroits, à Mervillers près de Baccarat, et à Domptail, département des Vosges , sur la limite du département , à une lieue de Magnières, et cinq de Lunéville. J'ai été visiter celles de Domptail, et cette excursion m'a été d'autant plus agréable , que j'ai eu l'avantage de la faire avec les doc- teurs Lamoureux de Nancy, Mougeot de Bruyères , et avéc M. Périn de Lunéville, qui se livrent tous trois à l'étude de la Géognosie. Il est peu de localités , peut-être , qui soient plus con- venables pour étudier et pour se faire une idée de la formation du grès bigarré. C’est près de Domptail, à un quart de lieue de ce village, que se trouvent ces car- rières. Là , le grès bigarré s’avance dans le calcaire co- L ( 287 ) quillier dont il est entouré ,_ excepté à l'Est , où il se lie à la grande formation du grès rouge ancien. La col- line sur laquelle est bäti Domptail est calcaire. Ce grès paraissait s’avancer et reposer sur le calcaire. À Rem- bervillers , et en plusieurs endroits, M. le docteur Mou- geot a cru voir le grès bigarré reposer sur le calcaire co- - quillier ; mais observons que c'est tout-à-fait sur la li- mite des deux terrains (x). Aux carrières de Domptail , le grès bigarré est disposé en grands bancs horizontaux , dont les supérieurs sont les moins puissans. De grandes fissures coupent vertica- lement ces bancs à diverses distances. Les couches en sont très-variées. Quelques bancs offrent une disposition schisteuse déterminée par l’abondance du mica blanc ar- gentin, qui donne à certains morceaux l'aspect d’un gneïss. Ces grès sont de diverses couleurs, du blanc, du gris , du verdâtre, du rouge ; cette dernière couleur est cependant celle qui domine. Les bancs ou assises de ces grès sont séparés par des couches plus ou moins épaisses de grès à grains très-fins , et d’argiles schisteuses diversement colorées , rouges , jaunes , vertes. Ces argiles se présentent même dans lin- térieur du grès en masses de différentes grosseurs , ou en petits amas désignés paf les minéralogistes allemands sous le nom de 7hon-gallen. Dans le centre même des plus gros bancs , on trouve (1) M. Elie de Beaumont, qui a parcouru récemment cette même contrée , et qui a examiné la carrière de Domptail et les fossiles qu’elle renferme , s’est assuré que ce grès appartient bien à la formation de grès bigarré , et qu’il est évidemment recouvert dans un grand nombre de points par le calcaire coquilliér ( Muschelkalk ). R, ( 288 ) des tiges , des feuilles de grandes espèces de roseaux ; aplaties, dont on ne peut reconnaître les caractères. Dans les bancs inférieurs, les ouvriers trouvent des em- preintes qu'ils prennent pour des arêtes de poissons , mais qui, d'après un petit échantillon qu'a vu M. Île docteur Mougeot, ne sont que des empreintes de fou- gères semblables à celles qu’il a observées aux carrières de Métendal et de Grandviller. Dans les couches de grès plus tendre qui séparent les grands bancs , on voit souvent de ces végétaux en grande quantité. Le végétal est converti en une espèce de terre d'ombre et de fer hydraté. Quelques-uns présentent des cellules tout-à-fait remplies d’une substance noire , lui- sante , ayant tous les caractères de la houille. Mais ce qui a le plus vivement fixé notre attention, ce sont des couches, ou plutôt des amas de coquilles marines , entièrement formées d’un grès très-friable , se réduisant facilement entre les doigts en une terre légère, de couleur bistre plus ou moins foncée et contenant beaucoup de fer hydraté. On ne voit plus rien du test. Il paraît seulement remplacé par un grès plus fin, ocreux, de couleur moins foncée que celui qui a rempli et formé le moule interne de la coquille. Rien ne fait effervescence avec les acides dans ces amas de coquilles. Il n’y existe plus rien de calcaire. Les formes de ces coquilles s’y présentent dans toute leur intégrité, et généralement elles ne paraissent point avoir été brisées. Ces amas ou agglomérations de coquilles s’observent plutôt entre les bancs du grès bigarré; cependant ils n'accompagnent pas dans toute leur étendue les couches fissiles de grès plus fin ou d’argiles feuilletées qui sé- ( 289 ) parent les bancs. Ils s’y trouvent aux dépens des massifs de grès. On en voit même dans le corps de ces bancs, for- mant des espèces de nids de peu d’étendue. La fig. 12, pl. 34, représente un de ces amas de couleur brune , au milieu d’un grès micacé blanc assez dur, renfermant des débris de végétaux. Ce bloc offre l’image d’une carie , et l’on pourrait croire que c’en est une , une sorte de décom- position de la pierre , si cette terre brune n'offrait une agglomération de coquilles bien conservées d’univalves et de bivalves. Quand ces amas de coquilles accompagnent les cou- ches d’argile feuilletée, ils vont se terminer brusque- ment au milieu d’un banc de grès, et l’argile continue de faire la séparation des grands bancs sans changer de direction. On en voit à différentes élévauons. Ils ren- ferment aussi des débris de végétaux dont quelques-uns, par leur apparence ligneuse et par leur volume , peuvent bien avoir appartenu à des arbres de la classe des Di- cotylédones. J'y ai remarqué des cavités contenant encore des par- ticules osseuses dures , approchant même de l’émail, et qui pourraient bien avoir appartenu à des dents. Ces dents ou ossemens auraient eu la longueur et la gros- seur d’un tuyau de plume ordinaire , un peu arqué. Les particules osseuses qui y étaient encore contenues font une effervescence lente dans l’acide nitrique , et s’y dis- solvent presqu’entièrement. Les coquilles qne l’on voit dans le grès bigarré de Domptail ne sont point celles du calcaire coquillier qui se trouve dans les environs. Il y a des univalves et des bivalves. Ces fossiles peuvent déjà donner un aperçu de ( 290 ) l’âge relatif, ou de l’époque de la formation du grès bi- garré. C’est à l’époque même de sa formation que les coquilles qui s’y trouvent ont pu y être enfermées. Celles que l’on y voit en plus grande abondance sont des Natices , des coquilles turbinées de différentes gran- deurs ; une bivalve voisine des Cardiies ou des Cythérées, et une autre voisine des Donaces ou des Solens. L'absence de la coquille même dont on ne voit plus que le moule interne, se réduisant en poussière à la moindre pression , ne permet pas d'en étudier les carac- tères. On trouve cependant quelques-uns de ces fossiles faisant partie de la roche qui enveloppe ces amas, qui en ont la dureté et le grain, ce qui prouve que le tout est de formation simultanée. Les Natices ont les tours de spire un peu aplatis , et le dernier tour très - grand. Woy. pl. 34, fig. 10, 11. La fig. 11, €, est celle où l’on peut le mieux observer la bouche. Elles ressemblent assez aux Nérites figurées dans Bourguet, pl. xxxr. Les coquilles avec lesquelles elles auraient le plus de rapport, seraient les Ampul- laires ; mais les Ampullaires sont des coquilles fluviatiles ou d’eau douce , et toutes celles qui accompagnent les Natices du grès bigarré de Domptail sont marines. Les univalves sont rares dans les terrains anciens et dans le Muschelkalk que l’on voit dans les environs de nos grès bigarrés. Je n'ai trouvé que rarement dans celui des environs de Lunéviile le moule interne d’une coquille turriculée longue de 12 à 15 lignes, de cinq à six tours de spire. Les Natices fossiles appartiennent aux formations postérieures , à la craie, au calcaire grossier. Ce grès fax.) bigarré serait-il d’une formation moins ancienne que celle du Muschelkalk? J'ai dit plus haut que nous avions cru voir le grès bigarré recouvrir le Muschelkalk. Kars- ten « désignait sous le nom de /urakalkstein une an- » cienne formation de calcaire secondaire , qu’il regar- » dait comme placée dans la série générale au-dessus » du gypse secondaire ancien , mais au-dessous du grès » bigarré (1). » La plus grande espèce de coquille turriculée que nous avons vue dans le grès de Domptail, est d'environ quatre pouces. PI. 34, fig. 8. Elle offre six tours de spire , etil en manque probablement un à la pointe. La fig. 7 représente deux tours de spire que je crois de la même espèce. On y voit le premier tour qui peut donner une idée de la bouche qui est allongée, et que je ne crois pas avoir élé terminée par un canal. Elle ressemblerait assez à celle des Phasianelies. Les tours de cette coquille sont aplaties , et il paraît qu’ils étaient imbriqués. Une autre espèce également turriculée a ses tours de spire plus arrondis , plus écartés ; sa longueur est de 12 à 15 lignes. PI. 34, fig. 9. La coquille la plus commune est une bivalve de gros- seur variable, mais à-peu-près de celle de la Cytheræa convexa. Rarement on trouve les deux valves réunies ; les deux côtes qui partent du sommet sont divergentes , mais sont encore assez rapprochées pour figurer une es- pèce de canal dans leur intervalle. Ces valves sont striées transversalement. M. Voliz croit que c’est une trigo- nelle (Schlouheim ) semblable à celle que l’on trouve (1) Annales des Mines, 32e livraison , 1825 , p. 265. ( 292 ) dans le Muschelkalk. C'était aussi le sentiment du doc teur Lamoureux. PI. 34, fig. 1,2, 3, 4. On y trouve encore une autre bivalve voisine dés Donaces ou des Solens, mais difficile à déterminer. PI. 34, fig. 5. Le grès de Nebra , ou grès bigarré (de Thuringe), dit M. de Humbold, est assez pauvre en pétrifications. Il y indique les suivantes : Strombites speciosus, Pec- tinites fragilis, Mytulites recens, Gryphites spira- tus (Schlottheim ). M. d’Aubuisson dit que l’on trouve, d’après M. Schlot- theim , dans le grès bigarré , des Pectinites , des Pin- nites , des Pholades , des Turbinites et de grandes Huitres. Ne serait-ce point du grès bigarré dont parle M. de Charpentier dans sa Description géognostique des Pyré- nées, à l’article du grès rouge, en indiquant une espèce de Chamite engagée dans un calcaire compacte qui forme une couche puissante dans le grès schisteux du vallon de Galza-Gorrico-Arreca ? M. Thirria , ingénieur au corps royal des Mines , qui a donné un article sur les richesses minérales du dépar- tement de la Haute-Saône dans l'Annuaire de 1825, dit que l’on trouve , mais rarement, des pétrifications de petites coquilles dans ce grès bigarré. En Bourgogne , on aurait trouvé un psammite immé- diatement superposé au granite , renfermant des Ammc- nites , des Bélemnites , des empreintes de feuilles et des parties de végétaux carbonisés. M. de Bonnard y a vu des empreintes de trigonies et de peignes. Cette trigonie (a03 .) paraît ressembler au Crassatclla plicata de Sowerby. ( Annales des Mines , 3°. Liv. , 1825.) (1). . Je crois donc pouvoir conclure de ces observations Qu'il ne reste aucun doute sur l'existence, dans le grès bigarré , des corps organisés fossiles végétaux et ani- maux, des mollusques principalement. On ne peut point confondre le grès bigarré de Domptail avec le Quader- sandsteïn , avec lequel M. de Bonnard serait porté à croire que le grès bigarré aurait été souvent confondu. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIV. Coquilles du grès bigarré de Domptail. Fig. 1,2, 3, 4. Coquille voisine des Trigonelles de Schlotheim, Fig. 5, 6. Coquille voisine des Donaces ou des Solens. Fig. 7, 8. Grande coquille turriculée ressemblant aux Phasianelles. Fig. 9. Autre espèce voisine de la précédente. Fig. 10, 11. Natices ? appartenant peut-être à deux espèces diflérentes, Fig. 12. Coupe du terrain de grès bigarré qui renferme les coquilles pré- cédentes à Domptail, département des Vosges. (1) Le Psaminite indiqué par M de Bonnard , et que M. Gaillardot gompare ici au grès bigarré des Vosges, est une des Arkoses décrites par M. Brongniart dans le naméro précédent de ces Annales, et que d’autres considérations l'ont porté à considérer aussi comme de la même époque que le grès bigarré. . B. VAT. 20 ( 294 ) Coxsinéramons sur la Production des Hybrides , dés Variantes et des Variétés en général, et sur celles de la famille des Cucurbitacées en particulier. Par M. SAGERET, * Membre de la Société royale et centrale d'Agriculture de Paris. M'occupanT depuis plus de quinze ans d’expériences sur les fécondations naturelles et artificielles des végé- taux , j'ai ramassé un assez grand nombre de matériaux. J'ignore si j'aurai la possibilité de les mettre en ordre et de publier un traité complet sur ce sujet : c’est ce qui me détermine aujourd’hui à en extraire particulièrement ce qui peui avoir rapport à l’ohbjeitque je traite ici. Plusieurs agronomes anglais paraissent s'être occupés des hybrides, entre autres M. Knight, président de la Socicté d'Horticulture de Londres, et M. 7. iebert. Mais je ne connais d'eux que des notes insérées dans les Annales de l'Agriculture francaise. M: Duchesne, en France, s’en est aussi occupé. J’avais consulté, quelques années auparavant, plusieurs notices de Kulreuther , insérées et éparses dans les Mémoires de l'Académie royale de Pétersbourg. La plupart de mes expériences ont été faites avant la lecture des ouvrages de Kælreuther ; mais le hasard nous avait fait nous rencontrer quelquefois sur le même objet, et j'ai été charmé de voir que nous nous accordions. De nombreuses expériences ont été faites par lui avec des résultats heureux sur les digitales, les tabacs, les mal- vacées , les lins, les lychnis, les cucubalus, les œillets | | | 295 ) et les lycium, etc.; mais il paraît que les nombreux hy- brides obtenus par lui se sont perdus , qu’il n’en est resté que les descriptions ; cependant à défaut de résultats ma- tériels, ces observations subsistent, et peuvent nous donner la mesure de ce qui est possible et de ce qui ne l'est pas. Ayant, par suite, répété plusieurs de ses ex- périences, j'ai eu lieu de me convaincre de plus en plus de son exactitude et de sa véracité ; je crois donc qu'il mérité toute confiance : au surplus dans ce qui va suivre je n'ai rien emprunté à personne , et j'ai vu par moi- même tout ee que j'annoncerai , sauf les décompositions et recomposituions de tabacs hybrides, qu'il a poussées au dernier degré , et qu’il m'a paru inutile de suivre de nou- veau avec lui, pour ne pas perdre de temps, puisqu'il - avait fait à cet égard tout ce qu'il était possible de faire, et que sa véracité m'est pas douteuse pour moi. Suivant lui, les plantes hybrides, à Pinstar des mu- lets, sont communément plus vigoureuses que leurs as- cendans ; maïs si quelques-unes sont stériles comme les mulets, plusieurs autres aussi grènent et fructifient abon- damment, et cette stérilité et cette fécondité jeuvent éga- lement se remarquer dans des individus pareils, c’est-à- dire provenant des mêmes ascendans. C’est aussi ce que J'ai vu, et suivant moi, la proportion des hybrides fé- conds est infiniment plus grande. Je ne me rappelle point s’il a remarqué, comme moi, que la faculté de grener pouvait tenir au plus ou au moïns d’analogie des plantes hybrides , quoiqu'il y ait à cet égard, comme en tout autre point, des exceptions; ni s’il avait éprouvé l'ex- trème facilité avec laquelle elles se multiplient de mar- cottes, de dragcons, de boutures, cic., prises'indistüinc- - ( 296 ) tement sur toutes leurs parties , ainsi que l’extième pro- pension que plusieurs d’entre elles ont à devenir vivaces, d’annuelles que nous les voyons ordinairement, et à pous- ser en terre, contre leur habitude, des espèces de fila- mens pour se multiplier. Jai eu un très-beau tabac hybride, Nicotiana tabaco-undulata , dont on ne pou- vait cultiver une potée nulle part qu'il n’y en repoussàt l'année suivante, dont la moindre portion de plante, quelque part qu’elle füt tombée , prenait infailliblement racine; je l'ai conservé pendant plusieurs années en pleine terre à l'abri d’un mur, et jene l’ai perdu quedans l'hiver de 1819 à 1820 , dans lequel le thermomètre a descendu chez moi à douze degrés au-dessous de zéro , froid au- quel n’ont point résisté mes choux-navets et mes ruta- bagas. J'ai perdu beaucoup d’hybrides que j'avais faits ; mais je possède encore actuellement une très-grande quantité d'arbres et arbustes hybrides, tels que rosiers, pommiers, amandiers et amandiers -pêchers, parmi lesquels ceux qui sont en âge fructifient pour la plupart et grènent assez aisément. Ils ont d’ailleurs le secours de la greffe, comme moyen assuré de conservation et de multiplica- tion ; car il faut convenir que la plupart des graines hy- brides sont un peu plus lentes à lever que les autres. J'ai conservé en outre des graines de diverses espèces de choux-navets, et de colzas artificiels. Ces derniers , cul- tivés les uns près des autres, m'ont donné un exemple frappant de la facilité avec laquelle les hybrides , une fois introduits dans une famille, peuvent s’y allier dans toutes sortes de proportions , dégénérer ainsi eux-mêmes, et faire dégénérer leurs voisins d'espèce franche ou non, ( 297 ) de la même famille bien entendu ; ce dont il résulte par suite une confusion inextricable. J'ai remarqué cette même tendance à se mêler sur nos melons hybrides : tous d’ailleurs présentent une végétation vigoureuse, fruc- tifient plus aisément que nos melons ordinaires , et pro- duisent des graines nombreuses et fécondes. Mais ce que j'ai vu de plus singulier dans mes hy- brides s’est offert à moi sur le chou-raifort, Brassico- raphanus , produit du radis noir, fécondé par le chou. On sait jusqu’à quel point difièrent les siliques de ces deux plantes; on les distingue au premier. coup-d’œil : ce chou-raifort qui fleurissait abondamment , mais gre- nait difficilement, avait quelques capsules simples, mais peu apparentes , qui contepaient tout au plus une seule graine ; tantôt mal, tantôt bien formée, et quel- ques autres capsules beaucoup plus belles. Ces dernières, au lieu d’être, comme je m’y attendais, d’une forme moyenne entre celles du chou et du radis, offraient sur le même fruit deux siliques au-dessus l’une de l’autre, et très-distinctes par la forme : l’une ressemblant à celle du chou, et l’autre à celle du radis, ayant chacune d’eiles une seule graine assez analogue à l'apparence de leur silique réciproque. (Ce fait aura plus bas son appli- cation. ) Il eût été curieux de suivre le produit de’ces deux graines; mais les individus qui en provenaiennt étant faibles , je les ai négligés. Avant d'aller plus loin , je dois exprimer iei la sigui- fication précise de quelques mots anciens , et de quel- ques mots nouveaux que je ne puis me dispenser d'em- ploycr. ( 298 ) Je laisserai aux mots variété, sous- variété et race à- peu-près la même signification que M. Bosc leur a 4s- signée dans le Dictionnaire d'Agriculture, sauf ce que je vais en extraire pour caractériser le mot variante. F'ariante exprimera les différences légères ou peu constantes observées sur des plantes de la même espèce, cultivées ou non, et vènues de semis , en tant qu’on au- raii lieu d'attribuer ces différences plutôt à la nature du sol ou du climat ; qu'aux eflets de la culture elle-même; d'autre part cependant , je l’'appliquerai à quelques plane tes à fleur double aussi venues du semis, tel qu'au pied des giroflées rouges et blanches doubles, qui n'offrent d’ailleurs aucune autre différence avec les individus sim= ples de la mème variétéy alors la giroftée blanche double sera une variante de la variété de giroflée dite blanche simple; mais le mot variante sera principalement ap- plicable aux individus non venus de semis , qui devront leur origine aux greffes, marcottes, boutures, drageons, tubercules , ete., et qui, suivant les circonstances, of-. friront, soit des productions plus hâtives, comme les petites pommes de terre vitelottes hätives, Îles petites truffes d’aout hàtives, qui ne sont que des variantes des vitelottes et irufles d'août ordinaires, devenues seule- ment hâtives par leur culture dans un sol plus léger; variante sera encore applicable aux branches panachées et nou panachées sur la mème plante , comme le gera- nium zonale, etc., et aux fleurs rouges et panachées de rouge, provenant du mème pied, comme sur plusieurs œillets. | Atavisme, mot tiré du latin atavus, aïenl , 1raginé par M. luchesne pour exprimer soil la ressemblance D ERP RE EPS a -. ( 299 ) - que les plantes et les animaux peuvent avoir avec leurs ascendans, soit encore plus une tendance marquée qw’ils paraissent avoir à rappeler et à offrir de nouveau cette res- semblance ,. même à des époques assez éloignées, après une espèce d’oubli, avec leurs ascendans, quelquefois mème en ligne indirecte, comme avee les oncles, tantes, etc. Accoutumé dès long-temps à voir se former sousmes yeux des hybrides ou variétés, soit que ces mutations fussent dues à mes efforts, soit qu’elles fussent’,:si l’on veut, l'effet du hasard, hasard cependant amené par la réunion de plusieurs espèces et variétés d’une même fa- mille ; j'ai pris l'habitude de les analyser pour les recan- naître, et j'ai appris, pour ainsi dire , à les deviner. Si je n’ai pu remonter à la cause première dé ces mutations, j'ai pu du moins en rechercher les causes secondaires , et examiner de quelle manière elles avaient lieu : aussi prendrai-je la liberté de hasarder sur ce sujet quelques idées. 4 J'ai constaté par plusieurs expériences faites ad hoc, que les graines du mème fruit pouvaient chacune-en par- ticulier , recevoir une fécondation différente ; il me serait trop long de les détailler ici; mais elles étaient assez nombreuses et assez concluanies pour ne laisser aucun doute. Mais une autre question se présente : les graines du même fruit, une fois bien formées et mûres, sont- elles nécessairement et dès lors destinées à produire une plante caractérisée d'avance, ou bieñ l’époque de leur semis et la différence de sol et de culture influent-elles sur leur caractère futur ? Il paraît bien que la plus ou moins parfaite maturité des graines est déjà une cause de É960: }K ÿ variante ; mais dans le cas présent , nous supposons cette maturité parfaite. M. Wilmorin que j'ai consulté à ce sujet, fondé sur plusieurs observations qui lui sont pro- pres et sur celles de plusieurs jardiniers dont il a con- naissance, m'a certifié qu'il y avait de grandes influences exercées sur la production des fleurs doubles et de la précocité des plantes par l'époque du semis et les dif- férens procédés de culture. On peut, je le pense, supposer dans les végétaux an- ciennenfent cultivés, et qui pour la plupart ont donné . des variétés d'autant plus nombreuses et d'autant plus marquées que la culture en est plus ancienne et plus variée; on peut, dis-je, supposer l’existence de deux forces agissant en sens contraire et avec divers degrés d'intensité , suivant les circonstances : la première ten- dant à les ramener à l’état sauvage ou primitif, et devant avoir le dessus lorsque la culture cesse ou dégénère , ou que les végétaux se retrouvent dans leur sol ou climat naturel ; et alors on doit s'attendre à voir reparaître des individus plus ou moins ressemblans à ceux qu’on avait vus auirefois ( première cause d’atavisme ) (1); ka seconde force au contraire , animée par la succession non inter- rompue , ou augmentée des eflorts de la culture , et ten- dante à multiplier les variétés : lorsque ces deux forces se balancent mutuellement , les choses peuvent rester ir SE (1) M. Thouin a rapporté à M. Bosc que M. de Malesherbes avait fait jeter de la graine de superbes asters de la Chine ( grande margue- rite ) sur un terrain impropre à la culture, voisin de sa maison de A/a- lesherbes, et que la seconde année , les pieds qui s'étaient reproduits spoutenément de graines étaient presque tous rouges et gmples. 807) statu quo : les variétés alors se fixent , et peuvent prendre le nom de race. | Dans les plantes dont les fleurs sont hermaphrodites , les choses peuvent se passer ainsi : il n’y a point ordi- nairement à rechercher une double origine, à moins qu’elle n’ait été provoquée ; mais dans les plantes mo- noïques et dioïques dont les organes sexuels sont dis- tincts , ainsi que dans les animaux , il faut nécessaire- ment avoir égard à l'influence du mâle et à celle de la femelle : la recherche est alors plus compliquée. Je ne parlerai point ici de l'influence du màle en tant que com- parée à celle de la femelle , d'autant plus que, dans Îles plantes , on peut croire que cela n’est pas d’une impor- tance majeure : je n’ai d’ailleurs aucune observation mar- quante qui y soit relative; je me bornerai à suivre cès influences sans avoir égard au sexe. La première idée qni s'offre à l'esprit lorsqu'une plante hybride se présente à vos yeux, soit que cette plante soit véritablement hybride , c’est-à-dire provenant de deux espèces différentes , soit hybride de deux variétés , si tant est qu’on doive alors lui donner ce nom ; la pre- mière idée , dis-je , est de chercher dans cet hybride mis sous vos veux une ressemblance qui donne un terme moyen entre ses deux ascendans connus ou présumés , soit immédiats , soit même à des degrés plus éloignés, si ’on veut admettre l’atavisme, et l’on est naturellement jorté à croire que cette ressemblance doit être une fusion non intégrale , au moins partielle , soit apparente , soit ntime , des caractères appartenant aux deux ascendans. (ette fusion de caracières peut avoir lieu dans certains as ; mais il m'a paru qu'en général les choses ne se pas- LA ( 502 ) saient pas ainsi; peut-être y a-t-il une distinction à faire ; peut-être, à raison du plus ou moins d’analogie entre les espèces , y a-t-il plus ou moins d’éloignement pour un mélange parfait. Ainsi donc, en définitive, il m'a paru qu’en général la réssemblance de l'hybride à ses deux ascendans consistait, non dans une fusion intime des di- vers caractères propres à chacun d’eux en particulier, mais bien plutôt dans une distribution , soit égale, soit inégale , de ces mêmes caractères ; je dis égale on iné- gale, parce qu'elle est bien loin ñ être la même dans tous les individus hybrides provenant d’une même ori- gine ; et il y al entre eux une très-grande diversité. (Ces faits sont constatés par une multitude de mes expérien- ces.) Les idées que je présente ici m'ont paru remarquables ; elles me semblent être d’une bien grande importance. Pour bien les faire saisir, j'en donnerai quelques exem- ples pris sur mes melons hybrides : je vais dpne én con- séquence faire une supposition. Je suppose qu'il s’agit ici d'examiner plusieurs hy- brides, produits de la fécondation d’un Melon chaté par un Melon cantaloup brodé , l’un et l’autre d’espèce assez franche pour faire espérer que chacun d’eux contribuera pour sa part à rendre son espèce autant que possible. Je suppose aussi, pour plus de simplicité et de clarté, que cinq caractères seulement, remarquables ou digne d'attention , se trouvent dans le chaté et dans le meloi dont les produits hybrides nous occupent ici. LE ( 303 ) * Le melon ascendant avait : Le chaté ascendant avait : Caractères. Caractères. 1er, Chair jaune. 1er, Chair blanche. 2°. Graines jaunes. 2e. Graines blanches. 3°. Broderie. 3e. Peau lisse. o J & , ; RES ; 4e. Côtes fortement prononcées. 4°. Côtes légèrement prononcées. 5e. Saveur douce, 5e. Saveur sucrée et tres-acide en A è méme temps. Le produit présumé des hybrides créés aurait dû être PER EURE VAE PE VER en terme moyen : 1°. chair jaune très-pâle; 2°. graines jaunes très - pâles ; 3°. broderie légère et clair-semée ; T A0 Le] A 4 s L 4°. côtes légèrement prononcées ; 5°. saveur douce et acide en même temps ; mais tout au contraire. Produits réels de deux hybrides des chatés et melons sus-désignés. PREMIER HYBRIDE. DEUXIÈME HYBRIDE. 0. Chair jaune. 10. Chair jaunätre. 29. Graines blanches. 20. Graines blanches. -30. Broderie. 3°, Peau lisse. F 4°. Côtes assez prononcées. 4°. Sans côtes. 5°. Saveur acide. 5°, Saveur douce. Ces deux hybrides, dont j'ai maintes fois obtenu les analogues ou l’équivalent, sufliront , je pense, pour l'in- telligence de ce que j’ai dit plus haut. On y voit, en effet, tantôt une fusion des caractères appartenant au melon et au chaté, mais cette fusion est de bien peu d'importance ; tantôt on y voit une distribution bien plus marquée de leurs divers caractères sas aucun mélange entre eux : l’un a la saveur douce et agréable du melon sans mé- lange, et l’autre la saveur acide du chaté , etc. (304 ) On ne peut trop admirer avec quelle simplicité de moyens la nature s’est donné la faculté de varier à l’in- fini ses productions et d'éviter la monotonie. Deux de _ces moyens , fusion et distribution de caractères combi- nés de diverses manières, peuvent porter ces variétés à un nombre imdéfini. Toutes ces idées, et principalement celie de Ja dis- tribution aux hybrides des caractères de leurs ascendans sans fusion de ces caractères , et que je regarde comme la base principale de la ressemblance de ces hybrides avec leurs ascendans , sont fondées notamment sur l’ob- servation de la singulière fructification du chou-raifort, décrite plus haut et subsidiairement appuyée sur le grand nombre et l'extrême variabilité des melons que j'ai cul- tivés , de leurs hybrides avec le chaté et le melon - ser- pent , et par la variabilité, peut-être encore plus éten- due et plus étonnante du pepon, que je nomme pepo citrullas , connue généralement sous les divers noms de citrouille , giromont , coloquinelle (fausse coloquinte), courge à la moelle et autres, pastisson , bonnet d’élec- teur, etc. Ce pepon , d’après mes observations, a fourni toutes les variétés de forme , de grosseur et de couleur qu'on a quelquefois attribuées à des espèces particuliè- res. La graine du mème fruit m'a offert tout ce qu’il est possible d'imaginer , m'a fourni tous les accidens pos- sibles , et m'a souvent reproduit des variétés qui avaient disparu depuis long-temps. M. Duchesne en a consigné plusieurs exemples dans ses ouvrages et dans une fort belle collection de planches, lesquelles sont déposées au Muséum d'Histoire naturelle. À quoi tient donc cette faculté que la nature a de re- { 305 ) produire sur les descendans tel ou tel caractère qui avait appartenu à leurs ascendans ? Nous ne le savons pas; nous pouvons bien soupçonner qu’elle dépend d’un type, d’un moule primitif qui contient le germe de tous les organes , germe qui dort et se réveille , qui se développe ou non suivant les circonstances ; et PES ce que nous appelons espèce nouvelle n’est qu’une espèce an- cienne dans laquelle se développent des organes anciens, mais oubliés , ou des organes nouveaux dont le germe existait, mais dont le développement n’avait jamais été favorisé. Au gplbes tous les faits que j’ai rapportés et les idées qu’ils m'ont suggérées n’ont rien de si extraordi- uaire. Qu'on se reporte , en effet, à ce qui se passe dans le règne animal : ne voyons-nous pas, dans les abeilles ou- vrières , le sexe féminin ne pas se développer par le seul fait du manque d’une nourriture plus abondante ou plus appropriée, ainsi que par leur défaut de développement complet dans une alvéole trop petite? Et pour en revenir à mes idées sur le mode de ressemblance des hybrides avec leurs ascendans , ne voyons-nous pas que les enfans d’un père qui a les yeux et les cheveux noirs, et d’une mère blonde et aux yeux bleus, n’ont pas nécessaire- meut pour cela les yeuxet les cheveux gris ou châtains ? L'un peut avoir les yeux de la mère et les cheveux du père, et vice versd; mais il est assez ordinaire qu'ils re- tiernent quelque chose de l’un et de l’autre. La même remarque peut s'appliquer au nez, aux oreilles, euc. , et en outre à certaines affections où maladies héréditaires qui peuvent affecter les uns et non les autres , qui peu- ( 306 ) vent ne pas se faire apercevoir dans la première généra+ tion et reparaître dans la seconde et les suivantes. Le fonds reste, les accessoires varient, le type ou moule primordial existe, le germe y existe aussi ; mais il dort ou se réveille suivant les circonstances. Ce n’est donc pas sans raison que les Arabes conser- vent avec tant de soin la généalogie de leurs chevaux: il leur a donc paru important de pouvoir établir qu'aucun mélange , aucun défaut n'avaient souillé la pureté de leur race, et qu'un atavisme malheureux est impos- sible. On peut encore tirer de ceci un avis important pour ceux qui s'occupent du croisement et de l'amélioration des races : ce qui a été dit sur les chevaux peut s’appli- quer aux moutons mérinos et aux autres races, Comme à toute autre espèce d'animal ; il est bou qu'ils prévoient ce qu'ils ont à craindre d'un atavisme inconvenant ; qu'ils sachent que l’époque de son retour est peut-être indéterminée ; qu’ils sachent que , dans les ascendans , des défauts ne sont pas toujours compensés par des qua- lités contraites ; enfin qu'ils apprennent à connaître par l'expérience, si faire se peut, quels sont les caractères qui se mêlent, quels sont ceux qui se perpétuent sans mélange , et quelles peuvent ètre les modifications dont les croisemens sont susceptibles. Je désire que mes ob- servations contribuent à les mettre sur la voie. Mais il est temps de revenir à mon sujet. $ J'ai présenté jusqu'ici les hybrides obtenus par moi comme n'étant le produit et la représentation que de deux ascendans immédiats ; je n'ai point parlé des cas où ces ascendans eux-mêmes aurout déjà des signes d'hy- ( 307 ) bridisme , si ce n’est en passant, et lorsqu'il a été quess tion des tabacs hybrides de Kalreuther et de mes choux- navets artificiels , dans lesquels ontété signalés des hybri- des, composés soitdoubles ou triples hybrides, soit sury- brides. Cesujet est important, mais il est dificile à traiter ; etmes observations à cet égard , quoique déjà très-nom- breuses , ne sont point encore assez positives pour que j'ose m'y engager ; cependant je ne puis passer sous si- lence quelques singularités, qui donneront lieu de soupconner la possibilité d’une double paternité immé- diate : je m'explique. Une seule et mème graine, un seul fœtus a-t-il pu re- cevoir en même temps et indivisément deux fécondations différentes, où, pour me servir d’une expression tri- viale, mais fort claire, un enfant peut-il avoir deux , pères ? De ce que ce fait n'aurait point lieu dans les ani- maux , On a’en pourrait rien conclure contre son exis- tence dans les végétaux : au surplus voici ce qui m'a donné lieu d’agiter cette questiou. Dès le premier croisement opéré par moi entre le melon commun , le melon-serpent et le chaté, plusieurs de ces plantes étant assez voisines les unes des autres , ct, malgré mes précautions, la possibilité d’une fécon- dation étrangère spontanée et imprévue étant admissible, j'avais cvu m'apercevoir que plusieurs hybrides provenus du premier degré d’hybridation paraissaient tenir en même temps du melon, du melon-serpent et du chaté ; c’est-à-dire que, dans les uns, la saveur acide du chaté se rencontrait avec les formes du melon et du melon-ser- pent ; que dans les autres , la forme du melon dominait, mais que les saveurs peu agréables du melon-serpent et ( 308 ) du chaté se faisaient seules ressentir ; qu'il pouvait même arriver que, dans ce cas, ces saveurs fussent portées à un tel degré de force , et tellement repoussantes., qu’il était impossible de les comparer à celle des espèces franches elles-mêmes. Ce fait m'intriguait beaucoup , et , sans la supposition d'une double paternité , me paraissait inex- plicable; j'avoue même encore aujourd'hui qu'avec le secours des nouvelles lumières que depuis j'ai pu ac- quérir, je suis peu satisfait de toute autre explication, Quelques personnes ont pensé que l'influence d'une fécondation étrangère pouvait se faire sentir immédiate- ment sur la saveur d’un fruit, et ont cru qu’un melon pouvait devenir amer, parce qu'il se trouvait auprès d’une coloquinte : je ferai voir ailleurs que ce fait doit être regardé comme une absurdité , je ne puis donc l’ad- mettre ici comme une explication : j'aimerais mieux dire que toutes les plantes, et peut-être plus encore les plantes hybrides , ayant, ainsi que nous l'avons vu, la fecuhé de rappeler , pour ainsi dire, à volonté, sans mesure et indifféremment, et indépendamment les unes des autres, les qualités de leurs ascendans , il est possible que quelques-unes d’entre elles, mal partagées , aient laissé tout ce qu'il y avait de bon , et pris tout ce qu'il y avait de mauvais, ainsi qu'on yoit des enfans avoir les défauts de leurs parens sans avoir leurs bonnes qua- lités. Laissant , au surplus , une meilleure explication de ce dernier fait à des observations postérieures , Je vais , en réunissant tout ce que j'ai dit jusqu'ici, chercher à en profiter pour jeter quelque jour sur certains phéno- mènes qui s'observent dans quelques plantes ; savoir : ( 385 ) . L'existence et la réunion sur ure plan te, soit Due , soit hybride, de plusieurs caractères qui, ne se retrouvant point dans ses ascendans immédiats , s’expli- quent par l’atavisme ( Voyez plus haut}, c'est-à-dire Ja tendance à rappeler d'anciens caractères perdus et qui se renouvellent ; 2°, L'existence , sur la mème plante , de fleurs de con- leur différente , comme sur quelques rosiers, Za rose F'ilmorin , etsur quelques œiliets : il n’est pas rare de voir sur Je mème Fo des fleurs rouges et des fleurs pa- nachées ; 3°. L'existence sur la même grappe de raisin, de grains blancs et de grains noirs, et de grains moitié blanes et moitié noirs; sur le même plant de melon, de deux fruits absolument différens (ce dernier fait m'a éié cer- tifié par M. F'ilmorin et par plusieurs autres personnes dignes de foi); 4°. L'existence sur le même pied et sur les boutures qui en proviennent, de feuilles et de branches pana- chées , et d’autres qui ne le sont pas, comme dans Je Geranium zonale et autres. Ces deuxième, troisième et quatrième faits s’expli- quent par les modifications que peuvent subir pendant le cours de leur végétation, soit une plante, soit une partie de plante : ainsi que nous l'avons vu plus haut en parlant des produits différens que peut donner la même graine semée à des époques différentes , et par une cul- ture différente, il. est possible que l’atavisme qui ne s'était point manifesté sur la plante principale, se mani- feste sur quelqu'ure de ses parties. VIT. 21 ( 310 ) ; Des Cucurbitacées en. gencral, et des Courges pro- prement dites. — Projet de nomenclature pour cette famille. Spallanzani a fait et réitéré , avec le plus grand soin et les précautions les plus minutieuses , des expériences qui prouvent que quelques courges (pepons) peuvent produire sans fécondation des fruits dont les graines sont fécondes ; j'ai répété quelques -unes de ses expé- riences , et mes résultats ont été conformes aux siens (1). Je crois mème me rappeler que Spallanzani a été encore plus loin, et que les graines de ses fruits nou fécondées , ayant été semées de nouveau, lui ont pro- duit des fruits qui, sans fécondation , ont donné dere- chef des graines fécondes. J'ai d’ailleurs fait sur les courges proprement dites une multitude d’expériences dont je ne consignerai ici que le point le plus important : j'ai observé leur végétation avec le plus grand soin ; j'ai pris la j sine de les goûter toutes, et je me suis convaincu , entre autres choses, qu'il n'existait aucune espèce d’amertume dans les petites — “ro (x) Un cantaloup boule-de-siam , privé de ses fleurs mäles, couvert d’une cloche pendant l'épanouissement de sa flenr femelle non fécondée , a donné un fruit dont les graines ont été fécondes. Vingt-huit graines de ce fruit semées l’année suivante ont donné des fruits absolument sem- blables à la boule-de-siam : deux graines ont donné des fruits oblonss et à côtes peu saïllantes, et à peau lisse. Ce fait prouve en premier lieu la dégénération spontanée du melon , et, en second lieu , donne à croire qu’il n’a pas besoin de fécondation pour fructifier, à moins qu’on ne sup- pose que dans ce cas sa fleur femelle était pourvue d’étamiues ; ee qui arrive , au reste , assez souvent. ( Sii ) vourges appelées mal-à-propos coloquintes , ainsi qu'on le croit assez communément. Je crois avoir déterminé d'une manière positive ( et je me suis pour cela servi de tous mes sens ) le nombre des véritables espèces, qui, quoique pour la plupart très-portées à donner de nom- breuses et d’étonnantes variétés, lesquelles variétés peuvent bien se mêler entre elles , mais chacune dans son espèce, m'ont cependant paru bien fixes et nulle- ment disposées à se mêler avec les autres ‘espèces par au- cune fécondation , ni spontanée , ni artificielle , quoique j'aie employé beaucoup de temps et de moyens pour les y forcer. D'après cela, j'ai cru pouvoir les classer ainsi qu'il suit, et proposer pour elles cette nomenclature, Courges proprement dites, six espèces ; savoir, 1°. La calebasse , dite aussi gourde, courge pélerine et ses variétés, Cucurbita leucantha; 2°, Le potiron et ses variétés , dont une très-remar- quable , mais très-peu constante, le turban ou bonnet turc : l’épithète de compressus lui convenait fort bien ; mais le potiromon et quelques variétés de giromon soni également comprimés : je ke nomme Pepo potiron. 3°. Le giromon , avec ses variétés extrèmement nom- breuses et extrêmement singulières, connues sous les divers noms de citrouilles , courges à la moelle , pas- tisson , bounet d’électeur, coloquinelle ou fausse colo- quinte , coloquinte - orange, coloquinte poire, etc. ( Pepo citrullus.) 4°. La citrouille musquée , courge ou potiron mus- (121) | qué melonné , etc. , que j'appellerai potiromon, comme étant une espèce intermédiaire entre le potiron et le gi- romon , quoiqu'elle n’en soit point hybride. (Pepo moschatus vel eximius.) À 5°, La courge rayée et mouchetée, fort belle, très- improprement nommée melon de Malabar, et qui difière assez sensiblement des autres pepons. ( Pepo malaba- ricus. ) 6°. Et enfin le pastèque ou melon d’eau, qui n’est pas du tout un melon. ( Citrullus pasteca. ) Ces six espèces , ainsi que je l'ai dit, ne se mélent point ensemble et n’exercent aucune influence fécon- dante sur aucune autre plante que je connaisse. (J’a- vouerai cependant que mes expériences sur le potiromon et le pastèque ont été beaucoup moins nombreuses , et que je me propose de les répéter. ) Nomenclature proposée pour les Cucumis . 1°. Cucumis sativus, concombre ; 2°, Melo sativus , melon ; 3°, Melo persicus, melon de Perse, d'hiver (fruit jaune , oblong, rayé et moucheté de vert) ; 4°. Melo flexuosus , melon-serpent , et sa variéié le melon-trompe ; 55, Melo-chate , le chaté ( abdelaoni) ; 6°. Melo dudaïm, le dudaïm. Cette nomenclature est fondée sur ce que le concom- bre reste franc et isolé de tous les autres , et sur l’ana- logie et la tendance qu'ont à sc mêler le melon commun, le melon de Perse, le serpent , le trompe, le chaté , et (1953 )) très-probablement aussi le dudaïm , les produits croisés de tous ces melons étantées hybrides bien réels. Je crois donc pouvoir conclure que tout ce qu’on a débité jusqu à présent sur le mélange et la dégénération du vrai melon et du concombre par la fécondation du concombre et des courges , tels que potiron , giromon , citrouille, coloquinte , etc., est absolument dénué de fondement. Il faut considérer que les melons , ainsi que la plu- part des fruits des cucurbitacées , contenant , à ce qu’il m'a paru , une quantité notable de potasse et de matière animale , sont sujets à prendre une ainertume , un goût et une odeur détestables , pour peu que la saison con- traire , une mauvaise consütution , une maturité mal ac- quise ou passée , l'humidité surtout, y déterminent un commencement de putréfaction : il n’est donc pas né- cessaire pour cela du voisinage d’une citrouille ou d’une coloquinte. ( Notez bien que la coloquinte des jardins n’est nullement amère ; cette amertume n’est propre qu’à la coloquinte oflicinale , cucumis colocynthis.) Ces qua- lités désagréables ne pourraient exister que dans les pro- duits hybrides , par graines , de ees melons daÿs l’année suivante, si une fécondation étrangère spontanée avait eu lieu. J'ai fécondé un maïs blanc avec le pellen d’un maïs jaune , et l'épi produit à été à grains blancs : ce n'est qu'en semant , l'année suivante , ces grains blancs, que j'ai obtenu des épis à grains moitié jaunes et moitié blancs. Ces fécondations spontanées étrangères ne sont donc pas si communes ni si aisées qu'on veut bien le supposer, ét bien que nous ne sachions pas si la fécon- dation n’a pas quelque autre moyen de s'effectuer que (314) celui qui apparaît à nos yeux , point sur lequel il serait trop long de développer ici mes idées; nous pouvons cependant croire qu’elles sont soumises à des lois déter- minées , que la nature a établies pour la conservation des espèces , et nous ne devons pas croire à la puissance du hasard pour les violer : il y a très-probablement un système d'attraction et de répulsion entre le pisül et le pollen des fleurs , en raison de leur différence ov de leur parité , et ces aflinités ne peuvent être yaincues que par une force artificielle. Je me'refuse done à croire que le hasard ait pu faire ailleurs ce qu'il n’a pu faire chez moi, quoique favorisé par moi , et ce que j’ai vainement tenté de faire moi-même. Tel est du moins l’état actuel des choses ; mais comme je me propose de donner suite à mes observations , s’il se présentait à moi quelques faits contraires , je ne crain- drais point de me rétracter. Au surplus , cet état actuel de choses peut changer sans que les principes changent; il peut changer par l’effet de la double paternité , par la production d'hybrides quelconques dans une famille nouvelle, production qui peut tout déranger, les lois d’aflinité n'étant plus les mêmes pour les espèces hybrides que pour les espèces franches , et il est possible que des plantes quine s’allient point immédiatement entre elles contractent cette alliance par le moyen d’un intermé- diaire : c’est ce que la suite éclaircira. Mais autant, entre espèces différentes bien caracté- risées , les fécondations spontanées sont rares, autant sont-elles à craindre entre les variétés et les hybrides. 129) Mémoire sur l’Absorption ; Par Davin Barry, M.-D., Chevelier de l’ordre de la Tour et de l'Épée , Membre du Collége royal des Médecins de Londres, Correspondant de la Société d'Histoire naturelle de Paris, etc. (Lu à l’Académie royale des Sciences, le 20 mars 1826.) L’AcADÉMIE ayant daigné , dans sa séance du 29 août dernier, m’inviter à poursuivre mes recherches sur les causes de l’absorption , j'ai l'honneur de lui présenter aujourd'hui les résultats que j'ai obtenus. L’absorption exercée par les animaux vivans, dans son acception physique et relativement à une matière ex- térieure , est le transport de cette matière de l’extérieur à l'intérieur, ou à leur centre circulatoire. D'après cette définition, quand un liquide, tel que l’eau colorée, placé dans un vaisseau ouvert, monte contre sa propre gravité par un tube de verre, dont une extrémité est plongée dans ce liquide, et l’autre dans la cavité d’une des grandes veines thorachiques , l'ascension de l’eau colorée est une véritable absorption, rendue visible par le moyen du tube de verre. Cette ascension ou absorption du liquide , étant ex- clusivement placée sous l'influence de la pression at- mosphérique , comme je l’ai prouvé par les expériences déjà consignées dans le Mémoire « sur les causes du mouvement du sang dans Les veines » , il est évident que si Je liquide était placé sous un vide, au lieu d’être ex- posé à l'air, il ne monterait pas dans le tube, mais au UD ) contraire il descendrait, si la pression , qui a lieu autour de l’extrémité en contaet avec le liquide, était rendue moindre, ou même égale à celle qui a lieu autour de l'extrémité en communication avec les cavités thora- chiques. Ici les circonstances ou causes immédiates, dont la réunion est indispensable à cette absorption , sont ré- duites à deux , savoir : 1°. La communication entre le liquide et les cavités thorachiques ; 29, La diminution de da pression atmosphérique par l'expansion de ces cavités autour de l'extrémité inté- rieure de cette communication , comparée à la pression exercée à l'extrémité extérieure. D’après ces données, et en supposant que les veines sanguines et lymphatiques soient les vrais organes ab- sorbans , comme leur communication avec le thorax est absolument la même que celle du tube de verre dans exe périence déjà citée, il était naturel de présumer que l'absorption ou le transport d’une matière , d’un poison par exemple , déposé dans une plaie pratiquée sur un animal vivant, ne pourrait avoir lieu si les points de contact de la surface absorbante et de la matière qui doit être absorbée étaient placés sous l'influence d’un vide, La preuve complète de cette induction n’était pas diflicile à obtenir; la voici. Je pris plusieurs espèces de poison dont Pactivité fatale est déjà connue, comme l'acide prussique au quart, la strychnine pure , l'upas-tieuté. Je me suis as- suré par des essais répétés , que six gouttes de cet acide introduites dans le üssu sous-cutané de la cuisse d’un (317) Japin adulie, le font périr en deux minutes ; qu’un grain de strychnine , déposé sur une plaie récente faite sur le même animal , cause la mort en cinq à sept mi- nutes , et que la mème quantité d’upas le tue en dix à à douze minutes. J'ai fait des expériences avec ces trois poisons sur des lapins , ayant presque toujours deux animaux à la fois placés exactement sous les mêmes circonstances , ex- " cepté que le vide avait été fait sur la plaie empoisonnée chez l’un , tandis que l’autre avait été abandonné à sou sort. L'animal abandonné périssait toujours à-peu-près dans les temps indiqués ; l’animal sur la plaie duquel le vide était appliqué , ne présentait jamais le plus léger sym- piôme d’empoisonnement, quoique Îe poison restàt en contact avec la surface blessée pendant une demi-heure , une heure, deux heures, et mème jusqu’à cinq heures consécutives. Quand je poison était déposé par le moyen d’un tube sous les tégumens , loin de la plaie par laquelle il avait été introduit , si la ventouse était appliquée sur la peau intacte correspondante à l’endroit où était déposé le poison (la plaie étant hors du vide), non - seulement rien n’indiquait que l'animal eût absorbé quelque por- tion de poison perdant tout le temps de l'application de la ventouse ; mais après qu’on l'avait enlevé il continuait encore pendant une heure, on mème deux heures, à porter impunément sous les tégumens une dose de poison qui l’aurait tué infailliblement en quelques minutes , si la ventouse n’avait pas été préalablement appliquée. Dans ces cas , lorsque j'attendais l'apparition des con- (516 ) vulsions tétaniques , il suflisait pour faire cesser les sym- ptômes de réappliquer la ventouse , d'ouvrir la peau et d'ôter le poison pour sauver l'animal. Si aù contraire j'appliquais la ventouse sur la plaie faite à la peau pour introduire le poison , et si celui- ci était placé hors de la ventouse sous les tégumens cncore intacts, pendant trois quarts d’heure que la ventouse restait appliquée, il n’y avait pas d’absér- püon ; mais aussitôt que je l’enlevais , l'absorption com- mençait, Si pendant que la ventouse est appliquée on fait une incision dans les tégumens entre son bord et l'endroit où le poison est déposé , l’absorption aura lieu comme s’il n'y avait pas de ventouse. Huit grains d’oxide blanc d’arsénic furent introduits profondément dans le tissu cellulaire sous-cutané de la cuisse d’un chien de moyenne taille. Je réunis les bords de la plaie sur-le-champ par une suture. Je pratiquai la même opération sur deux autres chiens de la même taille, et avec les mêmes précautions. Trois quarts d’heure après , j'appliquai une ventouse sur la plaie du premier chien , pendant que les autres furent abandonnés à leur sort. J’observai chez le premier chien un écoulement abondant de salive pendant la première demi-heure de l'application de la ventouse , que je laïssai sur la plaie cinq heures consécutives. Je V'enlevai alors , je rouvris Ja plaie où je trouvai l’arsénic ; je coupai la peau déta- chée; je lavai la plaie, animal n’offrait pas un seul symptôme d’empoisonnement. Les deux autres chiens, avant la fin de la troisième heure, vomirent abondam- anct , furent purgés avec téncsme , ct ressentirent plus (319) tard des convulsions , etc. ; enfin, l’un mourüt à la onzième heure , et l'autre à la dix-huitième. Quant à l'effet de la ventouse appliquée sur la plaie empoisonnée , d'arrêter les symptômes, je citerai tex- tuellement les notes prises par M. le professeur Ade- lon , qui me fit l'honneur d'assister à quelques expé- riences que je fis pour cet objet. » » « Chez le premier lapin on introduisit dans la plaie six gouttes d'acide hydro-cyanique au quart ; deux mi- nutes après Je lapin était mort. Chez le deuxième la- pin on introduisit dans une plaie exactement pareille six gouites dn mème acide, et on appliqua la ven- touse de suite; au bout de onze minutes, l’animal n'ayant rien soufert, on enleva un moment la veu- touse pour voir ce qui arriverait. Une minute après , l'animal fut saisi de convulsions tellement fortes , que le mot mort fut noté. M. Barry réappliqua la ven- touse à piston. À mesure que son effet d'aspiration se prononcait, la respiration éteinte reparaissait, les convulsions tétaniques s’éloignaient et diminuaient , et au bout de quatre minutes, l'animal parut tout-à- fait hors de l'influence du poison. Seize minutes après, on enleva de nouveau la ventouse. Au bout de deux minutes, l'opisthoténos reparut avec intensité ; la ven- touse fut réappliquée et les accidens cessèrent aussitôt. Douze minutes après, la ventouse se détacha sponta- nément sans que les convulsions reparussent. Au bout de dix minnies , lanimal fut bien portant et mangea.» Afin de voir si la ventouse agissait en retirant quei- que portion da poison déjà absorbé, ou introduit par imbibition dans le tissu ecllulaire, j'injectai un gros (1020 ) d’une solution saturée de sulfate de soude dans le tissw sous-cutané de la partie interne de la cuisse d’un chien ; Jessuyai la place et j'appliquai la ventouse de suite. Après quelques minutes d'application , M. Petroz trouva, par Je moyen d’un réactif, le sel injecté dans le fluide qui avait été exprimé de la plaie dans la ventouse par la pres- sion atmosphérique. Ces expériences et plusieurs autres analognes, ayant été répétées et variées à différentes époques en présence de MM. Laennec, Orfila, Adelon, Pariset, Andral fils, Ségalas, Miriadec - Laennec, Pétroz, et de plu- sieurs autres médecins français et étrangers , u’oflirent jamais la moindre anomalie. | Pour donner une application plus utile à ce moyen d'empècher l’empoisonnement par l’absorpuon exté- ricure, je fis mordre par des vipères plusieurs chiens et lapins; sur les uns j’appliquai la ventouse, sur les autres je ne l’appliquai pas ; et , quoique ces derniers ne mou- russent pas, j'obtins, quant aux symptômes, des ré- sultats analogues à ceux que m'avaient présentées les expériences précédentes, c'est-à-dire : les animaux mordus par une , deux , et quelquefois trois vipères , et sur lesquels j'avais appliqué la ventouse pendant une demi-heure , ne souffraient aucun signe d’empoisonne- ment général , tandis que ceux que j'avais abandonnés à la nature présentèrent des symptômes graves , tels que le vomissement , les convulsions , etc, L'action locale du venin paraît être concentrée dans l'enceinte de la ventouse sèche, et cela arrive plus con- stamment chez les chiens que chez les lapins , à cause de la différente densité de leur peau. La ventouse wallire (32x ) ptésqu'aucune humidité à travers la peau des chiens, tandis qu’elle lattire en abondance chez les lapins. à t Expéuences sur l'absorption des plaies. Le 12 août 1825 , à 9 heures du matin, en présence de M. Longley, un des censeurs de l’université d'Oxford, de M. le docteur Wilson, M.-D., de la même université, et de M. Miriadec - Laennec, D. -M. de Paris, je pris deux lapins adultes de la même taille et également sains. Nous fimes une petite plaie dans la cuisse gauche de chacun d'eux ; ces plaies étaient parfaitement égales ; nous les remplimes chacune de la même quantité de sirychnine impure en poudre, et cela dans le même temps , à la différence d’une seule minute. Après quarante - cinq minutes d'application de Ja strychnine , les lapins n'ayant offert d’autres sympiômes que quelques mouvemens convulsifs des muscles des mâchoires , nous fimes les plaies plus profondes et plus étendues , et nous y appliquâmes une nouvelle portion de strychnine. Quisze minutes après cette seconde application, les deux lapins furent saisis en même temps de convulsions très-prononcées qui agitaient fortement tout leur corps. Ces mouvemens convulsifs durèrent quelques secondes, et dans celui sur lequel le poison avait été appliqué une minute avant l'autre , ils se renouvelaient presque im- médiatement , tandis que le second restait tranquille. Nous appliquames la ventouse à piston (1) sur Îa (1) Je m'étais procuré cet instrument chez M. Deleuil, fort habile fabricaut d'instrumens de ph;sique , rue Dauphine, n° 24. f 225 } plaie de celui qui avait souflert les deux convulsions , etnous abandonnämes l’antre à son sort, Celui-ci, après plusieurs convulsions tétaniques qui augmentaient tou- jours en fréquence et en intensité, mourut cinquante- cinq minutes après la deuxième application de la strychnine. L'autre, sur lequel la ventouse était appliquée, et qui pour cela était retenu sur le côté, faisait de temps en temps quelques légers mouvemens : mais la position forcée ne permit pas de décider s’ils étaient volontaires ou convulsifs. La ventouse resta appliquée trois quarts d'heure. Lorsqu'on l’eut enlevée et qu’on eut lavé et pansé la plaie , et que l’on eut mis le lapin en pleine liberté , il eut sur-le-champ une véritable attaque d’opisthoténos qui dura une minute et demie à-peu-près ; on le crut mort ou mourant, mais il revint à lui, se releva, et wois quarts d'heure après il put courir et manger. Au- jourd'hui 15, il est bien portant, sans avoir souferi aucune auire convulsion que nous sachions. Exrériences avec l’upas-tieuté. Un grain d’upas-tieuté a été introduit dans un tuyau de plume, que l’on a bouché à une extrémité avec un petit morceau d’éponge bien pressé ; le poison est placé à l’autre bout. M. Barry, ayant fait une incision sur la cuisse d’un lapin, a passé le tuyau de plume entre la peau et les muscles, et avec un petit refouloir a poussé au fond de la plaie le poison et l'éponge qui s’est trouvé 38 ) alors interposé entre lui et le trajet du tuyau, lequel a été retiré. Le vide a été fait aussitôt, non sur la plaie, mais sur le point correspondant à l'éponge. Aucun accident ne s'était manifesté pendant une demi-heure; on enleva la ventouse , on Java la plaie extérieure , et l'animal parut bien portant. Deux heures après , il fut pris de convul- sions ; on réappliqua la ventouse pendant deux minutes. Les convulsions cessèrent sur-le-champ : on enleva la ventouse, on incisa sur l’éponge qu’on ôte, on lava, on réappliqua la ventouse , et l'animal a survécu. La mème expérience fut répétée avec cette différence que la ventouse fut appliquée sur la plaie, l'éponge et le poison étant hors du vide , il n’y eut aucun accident pendant troïs quarts d'heure que la ventouse resta ap- pliquée ; mais dès qu’elle fut enlevée , l'animal fut pris de convulsions que l’on fit cesser comme dans l’expé- rience précédente. Un troisième lapin, auquel l’upas-tieuté à été appli- qué de la mème manière , et sans faire le vide , est mort en dix minutes. ExPÉRIENCES avec La strychnine pure. Le 17 août 1825 , en présence de MM. Laennec, Or- fila, Adelon, Pelletier Biliery, professeur de Greno- ble, Petroz , pharmacien en chef à la Charité , Miria- dec - Laennec , et plusieurs médecins et élèves francais et étrangers , aidé par M. Petroz , qui a bien voulu m'as sister dans ces expériences avec un talent et un zèle dont je conserve une vive recounaissance , je pris trois lapins (324) adultes ,,et dans une plaie faite sur la cuisse à chacun ; nous introduisimes un grain de strychnine pure , appor- tée à la séance par M. Pelletier lui-même. Le premier la- pin mourut entre la quatrième et la cinquième minute. Sur le second, la ventouse fut appliquée de suite après l'introduction du poison , et sur le ‘troisième lapin à la quatrième minute , c'est-à-dire, après qu'il avait déjà souffert deux convulsions tétaniques. Après une démi- heure d’application de la ventouse sur les deux derniers , elle fut enlevée définitivement , et les animaux ne pa- raissaient rien souflrir. Au bout de deux heures , le troi- sième lapin fut attaqué par des convulsions; mais il fut promptement rétabli par la réapplication de la ven- touse. Pour les expérieaces avec l’oxide d’arsénic et l'acide hydro-cyanique , faites devant ces messieurs , voyez le commencement de ce Mémoire. Copie des Notes prises par M. Andral fils, sur les expériences faites à la pharmacie de M. Petroz, en présence de MM. Pariset, Adelon, Ségalas, Mi riadec - Laennec, Petroz, etc. N°. 1. « Un grain d'upas-tieuté est introduit profon- » dément dans le tissu cellulaire sous-cutané de la cuisse » d’un lapin ; les lèvres de la plaie faite à la peau sont » rapprochées par un point de suture. À la dixième mi-- », nute, attaque de tétanos; à la deuxième minute, ». mortl. N°. 2. » Un grain d’upas-tieuté est introduit de Ja » mème manière , et avec les mèmes précautions ; dans » » (1825 ) le tissu cellulaire sous-cutané d’un lapin. La ventouse est appliquée sur la plaie une minute après l’intro- ‘duction du poison , et le vide est produit. Vingt-quatre minutes après l’application de la ventouse , on l’en- lève ; aucun accident n’est produit. Au bout de deux heures , symptômes de tétanos , réapplication de la ventouse, cessation des symptômes. La plaie est alors lavée avec soin ; l'animal n’éprouve plus rien. N°. 3. » Introduction d’un grain d’upas-tieuté dans la cuisse d’un lapin , comme dans les expériences pré- cédentes ; dix minutes seulement après cette introduc- tion , c’est-à-dire à l’époque où chez l'animal n°, r, les symptômes d’empoisonnement s'étaient manifestés ; on applique la ventouse. Vingt-quatre minutes après l'introducticn du poison , la ventouse est enlevée. Aucun effet ne s’est manifesté. N°. 4.» Introduction d’un grain d’upas-tieuté, etc. Au bout de trois minutes, application de la ventouse. On l’enlève au bout de vingt-quatre minutes. Nul signe d’empoisonnement. N°. 5. » Introduction d’un grain d’upas-tieuté , etc. Au bout de six minutes, application de la ven- touse. Elle est enlevée au hout de vingt-quatre mi- nutes , sans qu'aucun signe d’empoisonnement soit ma- nifesté. N°. 6. » Injection de six gouttes d'acide prussique dans le tissu cellulaire sous-cutané de la cuisse d’un lapin. Au bout d’une minute , convulsions ; au bout de deux minutes , mort. N°. 7. » Mème injection sur un autre lapin. Appa- riion des convulsions au bout d’un peu moins d’une VIE. 22 » » ( 326 ) minute ; application de la ventouse , cessation des convulsions, retour à la santé. N°.8. » Introduction de quatre grains d’upas-tieuté dans le tissu cellulaire de la cuisse d’un chien de petite taille. Une ventouse est appliquée en mème temps sur une plaie faite à l’autre cuisse. Au bout de huit mi- nuies , les symptômes d’empoisonnement se mani- festent. Ils acquièrent bientôt un tel degré d’inten- sité, que l'animal paraît être sur le point d’expirer dans cet état d’agonie ; une ventouse est appliquée sur: la plaie où a été déposé le poison ; les symptômes de- viennent instantanément moins graves; l’animal est véritablement rappelé à la vie : mais de temps en temps il éprouve encore de légères attaques de tétanos. Au bout d’un quart d'heure la ventouse est enlevée, la plaie lavée , et l'animal parut être rendu à la santé. » Dans ce cas, la ventouse semble avoir modéré les symptômes en s’opposant à la continuation de l’ab- sorption du poison; mais celui qui était déjà dans la circulation ne semble pas avoir été rappelé à la surface de la plaie, puisque les symptômes ont continué, quoique moins graves à Moins qu’on n'aime mieux supposer que la continuation de ces symptômes était due à l'impression reçue déjà par le système ner- veux. D'un autre côté , l'expérience suivante prouve quel’économieanimale nese débarrasse pas toujours des substances délétères aussi promptement qu’on l’a dit. » Introduction d’un quart de grain de strychnine dans la trachée-artère d’un chien depetite taille. Pendant les sixheures suivantes, cetanimal manifesta par la raideur habituelle des membres et par des secousses convulsives intermittentes qu'il était sous l'influence du poison. » (537 ) Expériences faites avec des Vipères sur des Lapins, des Chiens et des Pigeons. Le 29 septembre 1825 , dans le laboratoire de M. le baron Cuvier , M. le docteur Rousseau appliqua la bou- che d’une forte vipère à la cuisse d’un jeune et faible lapin, qu'elle mordii deux fois. Le sang paraissait à chaque piqüre faite par la dent. Une minute et demie après , la ventouse à piston fut appliquée, et M. Rous- seau , qui regardait de près le globe de verre , annonçait que de chaque piqure il voyaitsortir une gouttelette d’un liquide séreux transparent. Celiquide augmentait rapide- ment, et se volaiilisait dans le vide, de manière qu’au bout de quinze minutes le verre de la ventouse était tout plein d’écume. La ventouse fut alors enlevée , et la-partie mordue légèrement scarifiée. La ventouse fut réappliquée pendant vingt minutes , après lesquelles elle fut enlevée définitivement. Les plaies ne présentaient rien d’extra- ordinaire , et le lapin ne souffrait pas. Une heure après que ce lapin fut mordu, la vipère fut appliquée à la cuisse d’an autre, qu’elle mordit deux fois aussi , tirant du sang à chaque morsure. Ce second lapin était plus fort et plus vivace que le premier. Une tache d’un blanc jaunâtre parut presque immédiatement autour de chaque piqüre faite par les dents de la vipère. Quand le lapin fut mis en liberté, la jambe mordue parut affectée d’une légère paralysie. Dix minutes après la morsure, toute la peau mordue commença à être li- vide. Une demi-heure après , Ja lividité était bien mar- quée et s'étendait sur la circonférence d’une pièce de quarante sous. | ( 328 ) Le lendemain une plaie gangreneuse ouverte occupait toute la partie mordue, d’où coulait un sanie fétide et abondante; la jambe était euflée. Quarante - huit heures après la morsure. la jambe encore enflée , la plaie gangreneuse et ouverte, mais moins fétide. Soixante-douze heures après , la plaie plus saine , la jambe moins enflée. Pendant tout ce temps, le premier lapin ne présen- tait aucuns symptômes d’empoisonnement local ni gé- néral. Le 13 octobre , M. le docteur Rousseau appliqua deux grosses vipères rousses à la cuisse déjà rasée d’un jeune chien de moyenne taille; chaque vipère mordit deux fois avec force. Deux minutes après la première morsure, une ventouse qui couvrait toutes les mor- sures fut appliquée; de petites gouttelettes d’un liquide rougeâtre furent observées sur la peau couverte par la ventouse, par M. le docteur Edwards , qui me fai- sait l'honneur d'assister aux expériences ; elles suin- taient de seize à dix - huit petites piqüres. La ventouse resta appliquée trente minutes : je fis alors quelques lé- gères scarifications qui ne traversaient pas. la peau. Le sang qui coulait dans la ventouse ne montait pas à plus de deux gros. Au bout de quarante minutes , la ventouse fut enlevée définitivement , et on apercevait distinctement des taches livides autour des piqüres faites par les crochets. Le chien ne présentait pas la moindre altération dans sa santé ; il mangea et but comme sil n’avait rien souflert. Vingt-quatre heures après les morsures , point de sym- ptômes , point d’inflammation dans la partie mordue. ( 39 ) Le surlendemain, une escare se forma ; elle occu- pait toute Ja partie ventousée , avec gonflement de la jambe ; mais le chien était bien portant ; il ne boitait pas, ou très-légèrement. Enfin il se rétablit parfaitement sans aucun autre symptôme, l’escare laissant les muscles découverts dans le milieu de la plaie. Pour prouver que les vipères étaient venimeuses , M. Rousseau fit mordre un pigeon une fois , sur la poi- trine, par une de celles qui avaient déjà mordu le chien, etquoique cette morsure füt la troisième que le reptile eût faite dans une heure, le pigeon commença à souffrir à Ja troisième minute , tomba à la cinquième, et mourut à la vingtième minute. Un autre chien de mème taille à-peu-près, mordu par deux grosses vipères de la même manière que le pre- mier, commença à souffrir, avant la huitième minute, devint très-inquiet et poussa des cris. À la quinzième mi- nute , il fit des efforts répétés pour vomir, vomissait à la vingtième , se coucha sur le côté, très -abattu pendant toute la journée , sans vouloir rien manger, dans une es- pèce d’assoupissement. Le lendemain il était encore très- malade, la jambe et la cuisse enflées, marchant avec difficulté ; mais après cinq jours de souffrance , il se ré- tablissait, ayant toujours une ulcération gangreneuse et étendue sur la jambe mordue. Le 24 octobre 1825 , deux lapins adultes furent mor- dus à la cuisse , chacun par trois vipères , et par chaque vipère trois fois. J’appliquai la ventouse au premier la- pin ; je la laissai trente minutes. Pendant l'application de la ventouse, j’observai, comme dans l'expérience précédente que j'avais faite sur uu lapin , qu’une quan ( 330 ) tité considérable de liquide séreux suintait à travers la peau et remplissait par sa volatlisation le globe de la ventouse, La peau et une partie des muscles compris sous la ventouse furent enlevés avec le scalpel ; la ventouse fut réappliquée pendant dix minutes, et le lapin mis en hberté : j’abandonnai le second lapin à la nature. Le 25, à quatre heures du soir, le lapin sur lequel avait été appliquée là ventouse, paraissait jouir d’une bonne santé; la plaie qui avait été unie par une suture était saine , et la jambe n'était pas enflée. Le second lapin n'était pas si bien portant: la partie de la cuisse mordue était dans un état de gangrène com- mençant; la jambe et la cuisse enflées : il s'était formé sur la partie gangrenée une ampoule livide remplie de sé- rosité. Le 27, le premier lapin en santé parfaite. La plaie paraissait disposée à se réunir, comme s’il n'avait pas été mordu, Chez le deuxième lapin, lulcère gangreneux était ouvert, et il en découlait abondamment une sarie fétide. ExPÉRIENCE. - Le 5 novembre 1825 , un jeune pigeon parvenu à-peu- près à la moitié de son développement, fut mordu une fois très-profondément et avec beaucoup de force à la ré- gion thoracique par une très - grosse vipère qu’on avait fortement irritée , en plaçant dans sa cage un petit oiseau. Les deux blessures faites par les'dents de l’animal étaient marquées par une petite tache de sang : on appliqua aus- sitôt une ventouse sur ce point ; il sortit des deux petites plaies deux gouttes d'un liquide d'un jaune d'ambre, _+ cts (331 ) dont le volume s’augmenta ; il en sortit ensuite du sang très-noir, mais en petite quantité. La ventouse fut main- tenue pendant quinze minutes. La partie livide qui entourait la petite blessure fut en- levée à l’aide de l'instrument tranchant : il s'était déjà formé une phlyctène gangreneuse qui renfermait un li- quide ichoreux et clair. Tout ce qui paraissait encore livide fut enlevé, et on réappliqua la ventouse, qui resta encore en place pendant dix minutes ; on l'ôta après ce temps, et on enleva encore un peu de chair muscu- laire qui paraissait livide ; on lava alors la blessure, on en réunit les bords par un point de suture, et on mit le pigeon en liberté. Il ne se manifesta pas le moindre symptôme d’empoi- sonnement : le pigeon marchait sans difficulté et ne pa- raissait nullement souffrir. Le 6 novembre , l'animal paraît en très-bon état. Le 9, ilesten parfaite santé. Ce fait a été constaté par M. Rousseau fils. Fontana a établi par de nombreuses expériences que rien ne pouvait sauver de la mort un pigeon mordu une seule fois dans la cuisse par une vipère, si ce n'est l’ablation du membre mordu , faite au moment même ; il ajoute que si cette opération était différée au- delà de vingt secondes après la morsure, elle hâtait la mort au lieu de sauver l’animal, ( Voyez Fontana, chap. 21) D'après toutes ces expériences et leurs résultats con- stans , nous pouvons considérer comme prouvés les faits sulyYans. (K308:) 1°, Que sous le videil n'y a pas d'absorption. 2°, Que l'application du vide par le moyen d'une ven- touse à piston , placée sur les points de contact de la sur- face absorbante, et du poison qui s’absorbe en ce mo- ment, arrête ou diminue les symptômes produits par l'absorption déjà faite. 3°. Que l’application d’une ventouse pendant une de- mi-heure prive les vaisseaux absorbans de la partie sur laquelle elle à été appliquée de leur faculté d'exercer l'absorption pendant une heure et demie, ou deux heures après que la ventouse est enlevée. 4°. Que la pression atmosphérique exprime dans le vide, mème à travers la peau , une portion de la matière introduite dans le tissu cellulaire ; ou par imbibition, ou par injection , c'est-à-dire si la peau qui recouvre ce tissu n'est pas trop dense pour laisser passer l'humidité, comme chez les chiens. De ces faits je crois pouvoir déduire les conclusions et les applications thérapeutiques suivantes. 1°. Que la première opération de l'absorption , opé- ration par laquelle les substances étrangères pénètrent dans les vaisseaux, soit par l’ouverture qu’on y prati- que , soit par leurs propres pores , est placée exclusive- ment sous l'influence de la pression atmosphérique , et que le transport de ces substances au cœur est placé sous la même influence et sous celle des autres puissances mi- neures qui aident à la circulation veineuse. Ainsi l’ab- (1) Dans une lettre adressée à M. Adelon , M. Orfila , tout en ad- mettant l'exactitude de mes expériences sur l'acide hydro-cyauique et la strychnine , élève quelque doute à Pégard de Pefet des ventouses sur la partie déjà absorbée du poison. DS -< mu it DS ii er 5c LP rt ee ee nn (333) sorplion est soumise toute entière aux lois qui président à la progression centripète des fluides chez les animaux qui respirent par la dilatation active des cavités thoraci- ques. 2°, Que dans tous les cas d’empoisonnement par des plaies , soit par le simple dépôt du poison, soit par l'injection du venin , comme dans les morsures des vi- pères et d'autres serpens venimeux , l'application de la ventouse pourra sauver l'individu , pourvu qu’elle soit faite avec les précautions nécessaires etavant qu’une dose suflisante pour produire la mort soit absorbée. 3°. Que comme l’action locale du poison et l’imbibi- tion des tissus ont lieu sous le vide , on doit exciser les parties imbibées après que le venin y est concentré par l'effet de la ventouse, qu’on doit réappliquer de suite pendant quelques minutes pour vider les vaisseaux divi- sés , après quoi on peut les brüler si on veut, mais ja- mais avant l'application de la ventouse , parce qu’alors celle-ci serait inutile, les bouches des vaisseaux étant hermétiquement fermées. 4°. Que dans le cas de morsure d’un chien enragé, attendu que cette espèce d’empoisonnement est des plus simples, n’étant compliquée ni avec injection , ni avec action locale de la part du venin , comme dans les mor- sures des vipères , nous pouvons présumer que l’appli- cation de la ventouse en premier lieu , et ensuite l’exci- sion et la cautérisation actuelle de la plaie, empècheraient tout accident. 5°. Les expériences faites avec les poisons végétaux et minéraux ayant prouvé que la répétition des convulsions tétaniques est produite par la continuation de l'absor- (334 ) ptüon du poison déposé dans la plaie , et tout nous por- tant à croire qu'une nouvelle absorption commence dans les plaies , même cicatrisées , faites par les animaux ra- bides , au moment où se déclarent les symptômes de la rage, on doit donc appliquer la ventouse à piston ou mème la ventouse ordinaire, rouvrir la plaie en exci- sant la cicatrice , la brûler de nouveau , et la tenir le plus possible à l'abri du contact de l’air. 6°. Que dans les cas de piqüres reçues dans la dissec- tion ordinaire , on doit toujours sucer les petites plaies jusqu’à ce qu’on ne puisse plus en faire sortir d’hu- midité , et ensuite les couvrir jusqu’à parfaite cicatri- sation. 7°. Que si, en disséquant un animal mort d’un char- bon , on a le malheur de se piquer, on doit avoir recours à une ventouse , avec un rebord correspondant à la sur- face du doigt piqué, et observer toutes les précautions ultérieures déjà indiquées. Noces sur l'Hétérosite, l’Hureaulite (fer et \ » manganèse phosphatés), et sur quelques autres minéraux du département de la Haute-Vienne ; Par M. Arzvaup aîné, Correspondant des Sociétés philomatique et d'Histoire naturelle de Paris. Les carrières de quartz exploitées pour l'entretien de cette partie de la grande route de Paris à Toulouse, ( 335 ) { comprise entre Chanteloube et Népoulas, dans la chaîne de granite à gros grains qui traverse la région septeu- trionale de la Haute-Vienne, ont offert , depuis environ deux ans, plusieurs substances minérales fort intéres- santes. Les plus riches de ces carrières par la varieté de leurs productions , sont celles de Chanteloube et du Hureaux; les premières sont depuis long-temps connues des miné- ralogistes, les autres sont situées dans la commune de Saint-Sylvestre ,àune lieue, Est, de Népoulas, sur l’un des plus hauts sommets de ces montagnes. Tous ces amas de quartz appartiennent à la formation de ces terrains anciens et font partie d’un granit dont les principes constituans, au lieu de se montrer unis sous la figure de gros grains irréguliers entrelacés confusément, se présentent parmasses colossalesagglomérées sans aucun ordre, et presque sans nulle trausition avec le granit ordinaire. Si par la pensée on morcelle ces masses, leur volume parait être en rapport avec les quantités propor- tionnelles de quartz, de feld-spath et de mica qui com- posent la roche environnante. Ces substances s’y retrou- vent sous les mèmes variétés , en mêmes proportions , ’état d’agrégation seul a changé : je le désignerai sous la dénomination de granit à grandes parties. Quelle différence cependant entre les gisemens de celte sorte et ceux des granits à petits grains! Les sub- stances rares que ces derniers peuvent contenir y ont été disséminées sous un si petit volume, par l'effet d’une cristallisation tumultueuse , qu’on est moius surpris de ce qu'elles échappent à l'œil le plus exercé que de les y rencontrer accidentellement, Dans l'agrégation par masse, (536 ) au contraire, ces mêmes substances s’étant aussi ag glomérées en cet état , elles occupent des places dis- tinctes dans ces amas , et rien n’est perdu pour l’obser- valeur. Les gisemens les plus remarquables de tous les pays par la beauté des échantillons et des cristaux, par le nombre et les variétés des espèces qu'ils fournissent , se trouvent en effet , à l'exception des filons , dans de sem- blables circonstances , et parmi ceux que nous pour- rions citer , les carrières de Chanteloube et du Hureaux en offrent un bel exemple. Celles de Chanteloube ont successivement fait con- naître trois phosphates : ceux d’urane, de manganèse et de chaux; le cuivre sulfuré, le fer arsénical , de beaux prises d’émeraude , du grenat, de belles variétés de quartz hyalin, de superbes masses de feld-spath lami- uaire, quelques cristaux de cette substance, remar- quables par leur volume ; le mica globuleux et le mica lépidolite que j'avais d’abord découvert dans les terrains d’alluvion du ruisseau de Barot et que M. Manès et moi nous avons récemment observé en place, au-dessous de la carrière de la Vilaie, sur la rive gauche du même ruis- seau. À cette intéressante série de minéraux , il faut main- tenant ajouter les espèces curieuses sur lesquelles je vais appeler l'attention des minéralogistes : l’albite mangané- sifére; une nouvelle espèce de schéelin ; le fer hydro- sous-phosphaté et trois nouveaux phosphates de fer et de manganèse , à deux desquels j'avais donné , pour en faci- liter la description, les noms provisoires d’hétérosite et d'hureaulite, avant de connaître le résultat des ana= ( 337) îyses que notre célèbre chimiste M. Vauquelin a bien voulu faire de ces substances. 1°, Albite manganesifère noire. 8 Cette nouvelle variété se trouve dans l’albite sub- ‘ laminaire d’un blanc rougeûtre. Elle est due à de larges taches de manganèse oxidé hydraté noir ou d’un brun noir foncé, interposé profondément entre les lames de cette substance dont cet oxide eltère peu l'éclat. Les masses d’albite inégalement tachées à de petits intervalles prennent ainsi un aspect tigré fort singulier. Au chalumeau, l’albite noire reprend la blancheur qui lui est naturelle. Cette substance forme des amas assez volumineux dans le granit à grandes parties, non loin de la lépido- lite et de quelques aflleuremens de manganèse phosphaté ferrifère, au dessous de la carrière de la Vilate, située sur le versant septentrional du plateau de Chanteloube. $ IT. Schéelin ferro-manganésé. La différence qui existe entre la composition de cette substance et celle du schéelin ferruginé ordinaire , quoi- que fort considérable , ne cause d'autre changement aux propriétés physiques de ce dernier, qu’une diminution de sa pesanteur spécifique : celle du schéelin ferruginé est de 7,33 , et celle du schéelin ferro - manganésé de 5,947. L'éclat métallique de ce dernier est moins vif que dans le schéelin ferrugiué , et la couleur de sa poussière (338) d'un brun rougeâtre ou violet moins prononcé; tous les autres caractères minéralogiques des deux espèces sont identiques. La mesure des angles de quelques petits cristaux la- miniformes s'est trouvée d'accord avec celle que M. Haüy a donnée dans son grand ouvrage , peur l'incidence des faces homologues à celles que j'ai vérifiées ; ces cristaux se présentent sous deux nouvelles variétés de forme qui sont produites par des modifications du schéelin pro- gressif et unibinaire décrits par le mème savant. L'expression de l’une scrait A7'G'T BP: ; dans celle de IA PNA l'autre , Test effacé, la facequ'il représente: étant en- vahie par r , de même que dans le schéelin progressif. (Foy. V'Adas d'Haüy.) Le schéelin ferro-manganésé agit sensiblement sur l'aiguille aimantée ; maisayant soumis au même essai des échantillons de schéelin ferruginé (olfram) laminaire de différentes contrées, j'ai reconnu qu'ils étaient tous atirables par la méthode du double magnétisme. Je note ici cetteobservation , parce que M. Haüy a dit en parlant des caractères distinctifs du schéelin ferruginé, qu'il n’a aucuné action sur le barreau aimanté; ee qui pourrait faire croire, ainsi que Klaproth l’a d'ailleurs avancé dans son Dictionnaire de Chimie (art. Seneeziuu), qu'il ne possède aucune propriété magnétique. L'analogie du gisement de ce nouveau schéelin avec ceux de Bodenmais , de Kimito et d'Yiterby , m'avait fait présumer qu'il contenait peut-être du tantale ; l'analyse que M. Vauquelin a bien voulu en faire , a écarté cetie idée et a donné dans trois essais diflérens ce résultat inat- PRET. PRET IIS SE LT ee PONT ME EVER EE" Te ( 339 ) tendu qui, du moins, ne me laisse pas le regret de Jui avoir inutilement ravi des instans précieux pour la science. Peroxide de fer. 16,» 15,6 10015 Tritoxide de manganèse. 14,8 16,0 13,» ; Acide tungstique. 69,2 68,4 73,» ; dont les termes moyens sont : Peroxide de fer. 15,2 Peroxide de manganèse. 14,6 & 100 p. Acide. 70,2 Déjà MM. d'Eluyart avaient trouvé une variété de schéelin ferruginé ( W'olfram ) où l'oxide de manganèse existe dans la propertion de #2 ; mais MM. Vauquelin 100 ? et Hecht ayant reconnu plus tard que le schéelin ferrn- giné du Puy-les-Mines , près de Saint-Léonard, Haute- Vienne , ne le contenait que dans la proportion de 6,25 sur 100, les minéralogistes présumèrent que cet oxide s'y trouvait accidentellement : aussi ne firent-ils, jusqu'à M. Berzelius , aucune mention de la présence du manganèse dans les diverses dénominations de tung- stène et de schéelin ferruginé qu'ils substituërent à celle du Wolfram. Les nouveaux essais de M. Vauquelin prouvent incontestablement que cette substance ren- ferme le manganèse à l’état de combinaison , et offrent par conséquent un nouvel exemple de deux bases iso- morphes dont l'union avec un même acide , en propor- tions très-variables , ne détermine aucun changement dans la forme et les dimensions des molécules cristal- lines. ( 540 ) Le schéelin ferro-manganésé se trouve dans le granit à grandes parties de Chanteloube; il ÿ est engagé dans un feld-spath grenu altéré qui contient de la chaux phos+ phatée compacte, d’un gris verdàtre. Il y est disséminé en petits cristaux laminiformes et plus ordinairement par masses amorphes dont la structure est plus générale- ment grenue que lamelleuse. Je l'ai rencontré aussi avec le quartz hyalin , enfumé, géodique, contenant quelques lames d’urane phosphaté vert et de la chaux phosphatée. Dans un échantillon que j'ai ramassé sur la route, le schéelin est engagé dans du grenat brun rougeûtre cris- tallisé confusément: C’est ,je crois, la première fois qu’on le trouve uni à cette substance. La montagne d’Otontche- lon en Sibérie , l’a déjà offert dans la pegmatite , accom- pagnée du béril, que l’on retrouve aussi dans tous les granits de Chanteloube. J’ajouterai enfin, qu'il existe probablement en Chine dans un gisement analogue, car on lit à l’art. Scneezium du Dictionnaire de Kla- proth, qu'il a été reconnu dans des échantillons de kaolin qui provenaient de cette partie du monde. Le schéelin ferruginé se trouve aussi en filon non loin de Népoulas , sur le versant méridional de la chaîne de granit à gros grains de Chanteloube ; il y est accom- pagné du quarz , du fer sulfuré et du fer oxidé hydraté terreux et résinite , parfois mélangé de fer oligiste. $ HI. Fer hydro-sous-phosphaté, fer phôsphaté ordinaire des minéralogistes. Cette substance est d’une Sonléste plus azurée et moins foncée que celle du fer phosphaté de Bavière et de Nexv- (341) Jersey ; elle prend aussi les teintes nouvelles du violet pâle et du gris bleuâtre. Un seul échantillon m'en a of- fert quelques groupes de petits cristaux d’un beau bleu, que leur peu de volume rend indéterminables. Quoique ce phosphate ait le plus souvent un aspect pulvérulent, on réconnaît en l’examinant à la loupe qu’il n’a rien de terreux comme celui des terrains secondaires jet qu'il forme de petits mamelons concrétionnés et cris- tallins. D’après une analyse en petit de MM. Dufresnoy et Ma- nès , ingénieur au corps royal des Mines, les principes élémentaires de cette substance y sont unis en même pro- portion que dans le sous - phosphate de fer hydraté bleu , terreux. * Le gisement du urines d’où provient ce phosphate, est évidemment primitif ; cependant , comme il se trouve assez ordinairement dans les petites cavités géodiques et sur les joints naturels des masses du sous-phosphate de fer et de manganèse , on peut aussi admettre qu'il a été produit par les altérations que ce dernier paraît avoir éprouvées , et qu'il a été ainsi formé après coup et par succession de temps, suivant l'expression d'Haüy, de même que l'ont été Les fers phusphatés de Nantes et de Bodenmais , supposé toutefois que ces derniers n'appar- tiennent qu’accidentellement à des sels primordiaux. Cette substance se trouve disséminée dans la masse même des divers phosphates que je vais décrire, et un échantillon fort curieux me l’a offert dans le manganèse phosphaté ferrifère, mélangé de manganèse oxidé hy- draté. L'article suivant fera connaître les autres relations L'ATTE 23 (342) géologiques qui lui sont communes avec le sous-phos- phate de fer manganésifère. $S IV. Sous-phosphate de fer manganésifère. Ce nouveau phosphate a la contexture fibreuse,, et forme, de même qu’un grand nombre de concrétions, des masses radiées irrégulières, et groupées confusé- ment, dont les aiguilles ont rarement plus d’un centi- mètre de longueur, et assez ordinairement géodiques, à surfaces mamelonnées. Cette substance est opaque, ses couleurs varient du vert obscur plus ou moins foncé au vert jaunâtre et au brun châtain ; la couleur des poussières est similaire. L'éclat des fibres, naturellement wif dans la variété verie , est souvent terni par une altération qui parait provenir d'un principe ferrugineux. Avec des fragmens peu volumineux, ce phosphate n’a aucune action sur l'aiguille aimantée soumise à l’in- fluence du double magnétisme ; avec des morceaux d’un certain volume, cette action est très-faible , mais sen- sible. Fondu au chalumeau sur un support de charbon, il devient fortement aturable, mais il n’acquiert pas cette propriété lorsqu'il a été chauffé sans le contact du charbon. M. Manës et moi , en répétant ces expériences, dans la vue de constater d’où provenaient ces différences d'action , nous avons reconnu qu'il n'agit sur l'aiguille qu'autant qu'une partie du globule s’est changée en phosphure. Ce sous-phosphate est très-fusible ; il suffit d’en plon- ger uh petit faisocau d’aiguilles dans Ja flamme d'une à 4 | A (343 ) bougie pour en faire entrer les extrémités en fusion. Au chalumeau , il fond en bouillonnant , donne un globule noir d’un éclat vitreux ou sub-métalloïde plus on moins prononcé, quelquefois irrégulier, scoriforme et strié suivant la variété de couleur et d'éclat d’où provient le ragment soumis à l'essai. 11 diffère du fer hydro-sous-phosphaté bleu, par une plus grande tenacité, surtout dans les masses altérées ; par une plus grande dureté qui lui fait rayer non-senle- ment la chaux sulfatée , mais encore la chaux carbo- natée; par sa pesanteur spécifique plus considérable, celle-ci étant de 3,927 au lieu de 2,6 ; par l'énergie, enfin , avec laquelle il manifeste l'électricité résinense que lui communique le frottement, lorsqu'il est isolé. Ces différences étaient assez remarquables pour faire soupçonner que les proportions dans lesquelles les prin- cipes élémentaires de ces deux espèces sont unis, ne devaient pas être les mêmes. Ayant tenu en fusion le phosphate vert, je remarquai qu'il dégageait une odeur acide très-prononcée. Cependant , la perte totale ne s’é- leva que de 17 à 18 pour cent; et, comme l’eau qu'il contient s'était nécessairement évaporée , il devenait vraisemblable que ce phosphaie en était privé, ou que l’eau y était combinée en proportion beaucoup plus faible que dans le phosphate de Bodenmais et de New-Jerser. Ces inductions méritaient d'autant plus d’être suivies, que le fer phosphaté du Hureaux est le seul qui appar- tienne incontestablement à un terrain primitif. M. Vau- quelin ayant bien voulu se charger d’en faire l'analyse, avec son obligeance accoutumée , il a obtenu pour ré- sultat: (344) Formule. Peroxide de fer. 56,20—17,23 oxig. . Tritoxide de manganèse. 6,15— 1,82 id. Fe ,{,:.: y Acide phosphorique. 28,35—15,87 id. ( P+5 44. Eau. 9,20= 8,18 id. Mn? La composition de ce sous-phosphate diffère donc es- sentiellement de celle du fer hydro-sous-phosphaté or- - dinaire , et concourt avec le défaut d'accord que pré- sentent les caractères minéralogiques des deux espèces , à tracer une ligne de démarcation entre elles. La proportion du manganèse et de l’eau y est assez forte pour” qu'on dût les considérer minéralogiquement , comme des principes essentiels, mais des motifs tout au moins spécieux , viennent combattre cette hypothèse et jeter des doutes sur la valeur réelle de la formule. Nous verrons bientôt que cette substance sert elle- même d’enveloppe au manganèse oxidé hydraté; j'y en ai trouvé quelques masses de la grosseur du poing. Beaucoup d'échantillons m’en ont offert des tubercules mamelonnés de la grosseur d’un pois, et par la même: raison qu'ils en contiennent de petits grains que la loupe permet encore de distinguer , il est présumable que les parties les plus pures de ce sous-phosphate en con- tiennent aussi des grains indiscernables. Ce fer phosphaté sert encore d'enveloppe au fer hy- dro-sous-phosphaté ; la variété bleue s’y décèle aisément par le contrastede sa couleur avec celle du sous-phosphate vert ; mais celle d’un blanc grisätre qu'on y découvre avec la loupe, lorsqu'elle s’y trouve sous un volume ap- préciable , doit en grande partie échapper à l'observation. Sur les 9/100 d’eau que M. Vauquelin à reconnu dans ( 345 ) ge sous-phosphate , près de la moitié de cette quantité serait donc probablement due au fer et au manganèse hydraté qui l’accompagnent , et l’eau de combinaison se trouverait réduite à une proportion telle , qu’il serait raisonnablement permis de penser qu’elle s’y trouve ac- cidentellement. La contexture fibreuse et les couleurs du fer sous- phosphaté-manganésifère , lui donnent quelque ressem- blance avec certaines variétés de cuivre arséniaté et d'amplhibole fibreuse. Celui d’un brun châtain a sur- tout beaucoup d’analogie avec le fer oxidé hématite fi- breux ; l'illusion momentanée qui peut faire confondre ces minéraux , ne peut toutefois résister à un examen attentif de leurs propriétés physiques et chimiques. Ce sous-phosphate est disséminé par petites masses irrégulières dans le granit à grandes parties. Il est adhé- rent au quarz gris et à un beau feldspath laminaire rose. Il les pénètre , les colore et les enveloppe à son tour ; il s’unit aussi au mica , au fer hydro-sous-phosphaté bleu hydraté, au manganèse oxidé , au manganèse phosphaté ferrifére , à l’hétérozite et à l’hureaulite. Le premier fragment de fer kydre-sous-phosphaté bleu a été observé , il y a environ deux ans , par M. Bas- terot , dans les tas de pierre amoncelés sur la route pour son entretien. Peu après, il fut remarqué par des ou- vriers qui men donnèrent quelques échantillons ; privé alors par l’état de ma santé d'aller Fobserver en place, M. Manès se chargea de ce soin avec empressement , et rapporta des carrières du Hureaux le fer sous - phos- phaté-manganésifère. Quelques essais chimiques qu'il n'avait pas enirepris pour en faire une analyse régu- ( 346 ) hière , lui révélèrent bientôt que cetté substance d’un aspect si nouveau était un phosphate de fer. $ V. Æétérozite (d’Hétéroz), phosphate de fer et de manganèse. Cette substance ne s’est point encore offerte sous des formes régulières ; sa structure est lamelleuse , et comme la surface des lames est peu éclatante , il est assez dif- ficile d’en déterminer le clivage. A la flamme d’une bou- gie, il est très-sensible dans deux directions à angles droits ou qui doivent peu s’en éloigner. Ayant observé qu’il se présentait encore sous d’autres angles, j'ai es- sayé de les mesurer par la réflexion de la lumière , au moyen de lames de mica ajustées avec de la cire dans le sens du parallélisme des faces miroïtantes de deux plans adjacens, et sur lesquelles j'appliquais ensuite les branches du goniomètre. J'ai ainsi mesuré sur plusieurs fragmens des angles de 100 à ro1° ; de 79° et de 140° ; la forme primitive de cette substance est donc semblable, ou doit se rapprocher beaucoup de celle du fer hydro- sous-phosphaté qui est le prisme oblique rectangulaire , dont la molécule est le prisme oblique triangulaire ; ‘les différences qu'on remarquerait dans leurs dimensions, étant d’ailleurs assez légères pour être attribuées à l’im- perfection du seul procédé que j'eusse à ma disposition pour mesurer ces angles , et que M. Beudant a employé le premier. | Ce phosphate se brise aisément ; la cassure transver- sale au clivage est terne, inégale et raboteuse. Il ne fait point feu au briquet; se laisse rayer par un poingon d'acier, et raie la chaux fluatée. ( 347 ) ‘Ses couleurs varient du violet foncé au brun violet ét au brun verdâtre , et du gris bleuâtre au blanc grisâtre. Cette dernière variété est translucide sur Les bords ; les autres sont opaques ; la couleur des poussières est simi- lüre. Celle qui provient de la variété violette est d’une nuance plus claire, assez semblable à celle de la lie de vin. | à Les propriétés maguétiques de çette substance sont si faibles que quelques fragmens de la variété violette m’avaient paru en être entièrement privés. Elles se mani- festent avec une action plus marquée sur les variétés d’un brun violet et d’un blanc grisâire. Lorsqu'il est isolé , ce phosphate acquiert à un haut degré l'électricité résinceuse par le frottement. Sa pesan- teur spécifique est de 3,27. Il fond au chalumeau avec un bouillonnement très- sensible ; la variété d’un violet clair se change en glo- bule scoriforme irrégulier, d’un éclat sub -métalloïde, et dont quelques parties sont comme enduites d’un émail uoir. Frouté sur le biscuit de porcelaine, ce globule y laisse des traces d’un gris verdàtre; les variétés gris bleuâtre et blanc grisätre sont encore plus fusibles, donnent un globule plus arrondi brun noirâtre, qui laisse des traces d'un, brun marron sur le biscuit de porce- laine. Ce globule est faiblement attirable par la mé- thode du double magnétisme , tandis que l’autre n’a au- eune action sensible sur l'aiguille. Suivant l'analyse de M. Vauquelin , l'Hétérosite violet es composé de € 348 ) Formule. Peroxide de fer. 16,5= 4,89 oxig. ue Tritoxide de manganèse, 32,0— 9,81 id. +. "+ "pé Acide phosphorique, 5o,0—=28,00 id. ) Mn’ D’après ce résultat, et alors même que de nouvelles observations confirmeraient l’identité de la forme pri- mitive de ce phosphate anhydre avec celle du fer hydro- sous-phosphaté , il est évident que les deux espèces ne doivent pas être confondues dans les méthodes miné- ralogiques. L’Hétérozite laminaire Fo a quelque ressemblance avec l’Épidote manganésifère ; mais celle-ci a le prisme droit pour forme primitive, et fait feu au briquet. La variété d’un brun foncé a encore plus d’analogie avec le manganèse phosphaté ferrifère. La pesanteur spécifique de ce dernier , plus considérable , est de 3,9 au lieu de 3,2. Le clivage en est moins prononcé ; tous ses fragmens , d’un brun enfumé , sont translucides. Le manganèse phosphaté ferrifère a enfin une action très- sensible sur l’aiguille aimantée ; propriété fort remar- quable dans cette substance, et qui a pourtant échappé à l’observation des savans qui en ont décrit les ca- ractères. La variété de pyroxène Sahlite est de toutes les sub- stances minérales celle qu’il est le plus facile de confondre avec l'Hétérozite. La pesanteur spécifique de l’une et de l’autre est la même. Les dimensions de leur forme pri- mitive, toujours difhiciles à déterminer sur des substances dont le clivage n’est pas mieux caractérisé , ne diflèrent que d'environ un degré. La moindre dureté de l'Hété- rozite , et sa plus grande fusibilité au chalumeau , sufi- | (349 ) ront toutefois pour la distinguer de cette variété du pyroxène. L'Hétérozite appartient au gisement du fer sous-phos- phaté-manganésifère. Il en est quelquefois tellement pénétré , que les nuances de leur couleur se confondent, et que la structure lamelleuse de l’un est modifiée par la contexture fibreuse de l’autre; tantôt il s’y trouve disséminé par petites masses irrégulières , laminaires , sub-laminaires et sub - compactes , et tantôt il adhère au quarz gris et au mica blanc. M. le chevalier Guernon de Randville et moi , nous l'avons découvert parmi les déblais de la carrière du Hureaux , où nous n'avons pu en recueillir qu’un très- petit nombre d'échantillons. S VI. Æureaulite , phosphate de fer et de man- ; ganèse hydraté. | L’Hureaulite se trouve par petites masses amorphes, géodiques et recouvertes de petits cristaux de la mème substance et d’une variété concrétionnée squamiforme , et quelquefois fibro-lamellaire et radiée. . Les parties amorphes sont ou terreuses ou compactes dans le premier état, elles se laissent écraser sous les doigts ; dans le deuxième , elles présentent une cassure inégale à grains fins. La couleur de ces masses est le brun rougeûtre , celle de la poussière est similaire et d’une nuance moins foncée ; la variété squamiforme et fibro-lameHaire est d’un brun rouge foncé analogue à celui du mica manga- nésifére et se distingue par un éclat vif et nacré, { 350 ) Les cristaux d’hureaulite sont très-petits et tellement groupés qu'il ne m'a pas été possible d’y appliquer la goniomètre ; ils présentent des prismes quadrangulaires et octogones surmontés par des sommets dièdres , tes pans des prismes sont striés parallèlement à l'axe. Ces formes se rapportent évidemment à celle du fer phos- phaté quadrioctonal d'Haüy , d’ailleurs si facile à recon- uaitre par sou analogie avec celle du pyroxène triuni- taire. L’hureaulite cristallisé est transparent, d’un brun rougeûtre plus prononcé que celui des masses amorphes, mais moins vif et moins foncé que celui de la variété squamiforme. Il réfléchit vivement la lumrière ; la ças- sure est grasse et vitreuse ; il raie la chaux carbonatée et se laisse rayer par la chaux fluatée. Sa pesanteur spécifique prise sur deux fragmens de la variété compacte et recouverte de petits cristaux , s’est trouvée de 1,93 mais ces fragmens contenaient quelques molécules de fer hydro - sous -phosphaté bleu et de fer sous-phosphaté-manganésifère, etil est probable qu’elle serait plus faible sur des morceaux d’une plus grande pureté. L’hureaulite isolé acquiert à un faible degré l'électri- cité résineuse par un frottement vif et prolongé. Plongé brusquement dans la flamme d’une bougie, l’hureaulite cristallisé décrépite. Chauffé lentement il se gonfle et entre en fusion au moment où il semblerait qu’il va se déliter ; au chalumeau il se boursoufile , fond et présente à la surface du globule des aspérités mame- lonnées ; plus fortement chauffé, il répand pendant l'in- candescenee une seinctillation phosphoreseente qui se | | A, ai ne Chat Det RE LS. Se LR ur (35:) manifeste par des lignes elliptiques qui se croisent du centre à la circonférence du globule. Celui qui provient de cet essai a un éclat vitreux , il est noir et retouvert de quelques stries sub-métalloïdes auxquelles j’attribue la scintillation remarquable que je viens de décrire. Ce globule prend enfin une forme sensiblement polyé- drique, quoique moins prononcée que celle qui carac- térise le plomb phosphaté. M. Vauquelin a trouvé l'hureaulite composé de ‘ Formule. Peroxide de fer. 11,0 3,68 oxig. Triloxide de manganèse. 35,2—10,43 id. Les Fe Acide phosphorique. 32,8—18,34 id. £ +20 4q: Eau. 20,0==17,78 id. Mns L’hureaulite est également disséminé dans le fer sous- phosphaté-manganésifère ; la variété squami - forme en revêt quelquefois d’une couche très - mince la surface mamelonnée de ses géodes et tapisse de la même manière celle de sa propre substance: À l'exception de l’hétéro- zite , il s'associe à ces divers phosphates et est souvent pénétré de leurs différentes variétés. Le premier échantillon d’hureaulite s’est trouvé dans une masse de fer sous-phosphaté manganésifère vert, que M. Manès avait bien voulu partager avec moi; il m'a donné une nouvelle preuve de son obligeance en ré- pétant les expériences au moyen desquelles nous avons déterminé les caractères de cette substance. Malgré ses recherches et les miennes, depuis lors, nous n’en avons retrouvé que quelques fragmens bien moins ca- ractérisés. (352 ) Onse rappelleque, suivant l’analyse de M. d’Areet, le fer s’est trouvé en quantité si faible dans quelques-uns de ces phosphates, que les minéralogistes l’ont consi- déré avec lui comme un principe accidentel à la composi- üon de cette substance. Cette espèce n'est probablement pas la seule de ces phosphates dans laquelle le fer et le manganèse se sub- stituent l’un à l’autre dans leur composition. Nous avons vu que les boutons d'essais au chalumeau du phosphate de fer et de manganèse anhydre, diflèrent entre là variété vio- lette et celle d’un blanc grisâtre, d’une manière assez notable pour indiquer un changement de proportion dans les bases. Cependant ces mêmes variétés passent de l’une à l’autre sur le même échantillon par une transi- tion insensible de nuances, qui d’ailleurs ne causent aucune interruption dans le clivage de la mème lame. L’essai au chalumeau des variétés d’hureaulite squami- forme et cristallisé présente aussi quelques différences assez remarquables pour présumer un changement de proportion dans leur composition. Les différentes va- riétés de couleur et d'éclat du fer sous - phosphaté - manganésifére, radié, soumises au même essai, ne donnent pas des résultats parfaitement identiques, en sorte qu’il est fort probable que le manganèse y entre parfois à l’état de combinaison. J'ajouterai que ces phosphates existent enfin sous deux aspects que je n'ai point décrits, parce que n'en ayant pas encore trouvé de masses assez pures pour en faire l'a- nalyse , il est difhcile de prononcer à leur inspection, quel est celui auquel ils se rapportent, si mêmeïls ne constituent pas de nouvelles espèces. (353) L'un de ces phosphates affecte la forme primitive qui leur est commune , le prisme droit rectangulaire. Il a la transparence et la cassure de l’hureaulite; mais ces cris- taux sont lilas pâle , tandis que l’hureaulite cristallisé est d’un brun rouge ; et comme nous avons vu que les concrétions mamelonnées du fer hydro-sous-phosphaté bleu passaient par la même teinte au violet foncé, il est assez difficile de lui assigner une place entre ces deux extrêmes. Je ne balance pas toutefois à le considérer comme hydraté en raison de la difficulté avec laquelle il acquiert l'électricité résineuse , propriété qui contraste singulièrement avec la facilité et l'énergie avec lesquels ces phosphates anhydres s’électrisent. La dernière espèce ou variété de ces phosphates qu’il me reste à décrire est d’un beau jaune serin. Tantôt elle est disséminée dans l’hureaulite compacte dont elle em- prunte le facies et la nuance, et tantôt dans le fer sous-phosphaté-manganésifère vert, dont elle prend la contexture fibreuse. Ce phosphate jaune s’unit si in- timement avec ces deux espèces, et passe de l’une à J’autre par des transitions telles que je n’ose émettre aucune opinion sur sa nature avant d’avoir recueilli de . nouvelles observations. | Je laisse enfin décider le rang que ces phosphates doi- vent prendre dans les classifications méthodiques; leur place est naturellement indiquée dans celle de M. Beu- dant; mais dans les méthodes le plus généralement recues où les bases servent de genre, séparera -t-on ces phos- phates entre ceux du fer et du manganèse , lorsque leurs bases sont isomorphes, lorsque, chose bien remarquable 6 ils paraissent conserver la même forme primitive, qu'ils (354) | soient à l’état de phosphates ou de sous-phosphaies, de phosphates simples ou doubles, hydratés ou anhydres, et lorsqu’enfin leur passage de l’un à l’autre tend à les unir, comme ils le sont déjà dans la nature par leurs re- lations géologiques. J'ai ditqu'ils paraissent conserver la même forme pri- mitive, caril ne peut y avoir de doute que pour le fer phosphaté-manganésifère-anhydre dont la contexture fi- breuse rende clivage indéterminable. À l'égard du man- ganèse phosphaté-ferrifère , il est constant qu'il prend la formedu prisme rectangulaire; laposition des basesestres- técindécise. M. Haïüy a présumé, surdesindices fortlégers, qu’elles étaient droites; mais l’analogie nousautorise à pen- ser , avec plus de raison, qu’elles doivent être obliques. Je tirerai encore des propriétés physiques de ces tungstates et phosphates de fer et de manganèse un ca- racière générique d'autant plus remarquablé qu'il est tout opposé à celui qui devrait résulter de leur compo- sition : il consiste ence que ceux de ces tungstates et phos- phates quicontiennent Je plus de manganèse et le moins de fer , sont aussi ceux dont Îes propriétés magnétiques sont Je plus prononcées : ainsi le schéelin ferro-manga- nésé et le manganèse phosphaté-ferrifère d'Haüy agissent directement sur l’aignille aimantée , tandis que le fer hydro-phosphaté et le phosphate anhydre , de mème que le schéelin-ferruginé n’ont une action même assez faible sur cette aiguille qu'autant que celle-ci est suspendue | dans une direction moyenne aux forces de deux pôles opposés. Ne serait-on pas tenté de croire que quelques atomes de fer oxidé, sont répandus dans ces substances à l’état de mélange ? (355) Exrnarr du Programme des Prix proposés par l'Académie royale des Sciences pour les an- nées 1827 et 1828. Pnrx de Physique, proposé en 1825 pour l’année 1827. L'AcanémiE rappelle qu'elle à proposé le sujet sui- vant'pour Je prix de Physique de l’année 182. Présenter l’Æistoire générale et comparée de Ta cir- culation du Sang dans les quatre classes d'animaux vertébrés , avant et après la naissance, et à différens äges. Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de trois mille francs. M sera décerné dans la séance pu- blique du premier lundi du mois de juin 1827. Les Mé- moires devront être remis au secrétariat de l’Institut avant le 1°° janvier 1827. Ce terme ‘est de rigueur. Prix de Physiologie expérimentale fondé par M. de Montyon. Feu M. le baron de Montyon ayant conçu le noble dessein de contribuer aux progrès des Sciences , en fon- dant plusieurs prix dans les diverses branches de nos connaissances, a offert une somme à l’Académie des Sciences , avec l’intention que le revenu füt affecté à un prix de physiologie expérimentale à décerner chaque C56 ) année , et le Roi ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 1818, L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d’or de la valeur de huit cent quatre-vingt-quinze francs à l'ouvrage imprimé, ou manuscrit, qui lui aura été adressé d’ici au 1° janvier 1827, et qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expéri- mentale. Les auteurs qui désireraient concourir pour ce prix sont invités à adresser leurs ouvrages. franc de port , au secrétariat de l’Académie avant le 1°° janvier 1827. Ce terme est de rigueur. Le prix sera décerné dans la séance publique du pre- mier lundi de juin 18237. Les Mémoires et machines devront être adressés , francs de port, au secrétariat de l’Institut avant le terme prescrit, et porter chacun une épigraphe ou devise, qui : sera répétée , avec le nom de l’auteur , dans un billet ca- cheté joint au Mémoire. | Les concurrens sont prévenus que l’Académie ne ren- » dra aucun des ouvrages qui auront été envoyés au con- cours ; mais les auteurs auront la liberté d’en faire prendre des copies. (357 ) Mémoire sur la famille des Bruniacéess; Par M. Anozpne BRON&GNTART. Cnaque jour de nouveaux végétaux viennent prendre place dans nos catalogues , et souvent leur aspect exté- rieur et une certaine analogie générale qui frappe un œil exercé dirige plus le botaniste qui les place dans un genre, qu'une étude approfondie de leurs caractères ; ii en résulte que dans beaucoup de genres un grand nom- bre d’espèces ne répondent plus au caractère générique établi primitivement, et présentent à l'observateur qui les étudie avec soin des modifications de structure plus ou moins importantes , qui l’engagent ou à modifier les caractères de ces genres , ou à y établir de nouvelles coupes génériques. C’est ainsi que quelques-uns des grands genres de Linné sont devenus par les travaux des naturalistes modernes le type de familles naturelles fort remarquables ; cette observation s’applique surtout à la végétation de certaines contrées qui, ayant ce qu’on pourrait nommer une physionomie particulière , a porté es premiers botanistes à réunirsous lemème nom des êtres souvent très-différens par plusieurs points de leur or- ganisation. Tels étaient les Protéacées , les Orchidées, les Restiacées , etc., qui ne renfermaient d’abord que quelques grands genres , mais qui , mieux étudiées, ont offert des modifications de structure nombreuses et im- portantes. La petite famille des Bruniacées est dans le même cas ; Linné créa le genre Brunia dans le premier de ses ouvrages , daus le Genera plantarum de 1737. VIII, — Août 1916. 2/ ( 358 ) Il le fonda sur le Brunia nodiflora , dont il cite la fi- gure dans Breynius , et son caractère générique, quoi- qu'imparfait , se rapporte entièrement à cette espèce qui doit rester le type du genre. Presqu'à la même époque, dans l’AÆorius cliffortianus , il ajouta deux nouvelles es- pèces à ce genre, le Prunia lanuginosa et le Brunia abrotanoides , qui différent essentiellement de la pre- mière ainsi que nous le verrons plus tard; les échantil- lons sur lesquels Linné a établi ces espèces , existent encore dans l’Herbier de Burmann , qui fait partie des belles collections de M. Benjamin Delessert , et ne nous laissent aucun doute sur les plantes décrites par Linné. Depuis cette époque , plusieurs auteurs, et particu- lièrement Thunberg, accumulérent les espèces dans ce genre , mais sans les étudier avec soin ; et ils ne s’a- percurent pas des différences remarquables dans la struc- iure de la fleur et du fruit qui les distinguent. Ce der- nier, cependant , en sépara le genre Staavia , mais plu- tôt d’après les caractères qu'il présente dans son port que par suite d’un examen attentif de son organisation. D'un autre côté, les mêmes auteurs n’hésitèrent pas à placer dans des genres très-différens plusieurs plantes , ou qui appartiennent au genre Brunia lui-mème, ou qui s’en rapprochent beaucoup ; tels sont les Phylica racemosa et pinifolia de Linné, dont Burmann , avec plus de sagacité , avait formé un genre particulier sous le nom de Beckea, mais qui diffèrent cependant trop peu des vrais Brunia pour pouvoir en être distingués génériquement. Tel est encore le Diosma capitata de Thunberg , qui forme un genre parfaitement caractérisé dans la famille des Bruniacées , bien loin par conséquent t (359) de celle des Rutacées ; et il est à remarquer que ces er- reurs se sont perpétuées dans les ouvrages les plus mo- dernes et les plus estimés. Les mêmes causes qui ont déterminé la dispersion de plusieurs des plantes de cette famille dans des genres très-différens , ont influé également sur la détermination de ses rapports naturels : M. de Jussieu , frappé de l’a-. nalogie extérieure qui existe entre les Phylica et les Brunia, wompé par les caractères inexacts, donnés par Linné à ces derniers , enfin déterminé peut-être un peu par l'identité d'habitation de'ces genres , plaça les deux genres Brunia et Staavia à la suite des Phylica dans la famille des Rhamnées. Ce ne fut qu’en 18:18 que M. Rob. Brown, en éta- blissant la famille des Hamamelidées (1 1) , indiqua celle des Bruniacées , à laquelle il rapporta, outre les deux genres précédens , le Linconia de Swartz , et deux genres inédits de Solander, l’£rasma et le Thamnea ; mais il ne fit pas connaître les caractères de cette nouvelle fa- mille, et se contenta seulement d’indiquer ses rapports avec les Hamamelidées et avec les Cornouillers. M. Decandolle, en décrivant cette nouvelle famille dans le second volume de son Prodrome , la plaça néan- moins immédiatement après les Rhamnées ; il fut pro- bablement porté à la ranger ainsi, parce qu'il attribue à ces plantes , ainsi que la plupart des botanistes qui l’ont précédé, des étamines opposées aux pétales ; erreur fatile à commettre, puisqu'elles adhèrent latéralement aux onglets de ces pétales. (1) Æppendice botanique du Voyage d'Abel à la Chine, p. +. | # à ( 360 ) Du reste , il ne décrivit dans cette famille que les trois genres anciennement connus; les deux genres de So- lander étant encore restés inédits. Tels étaient nos connaissances sur cette familke, lorsque des recherches dont je m'occupe sur les diverses plantes qui font partie de la famille des Rhamnées , telle que M. de Jussieu l’avait établie , m’engagèrent à l’étudier avec plus de soin, et les grandes différences qui existent entre les Bruniacées et les autres familles que comprennent les Rhamnées , m'ont déterminé à isoler cette partie de mon travail. Cette famille, quoique peu nombreuse , présente des modifications fort remarquables de son type primitif ; et cependant, tous les genres qui la composent sont liés entr'eux de manière à ne laisser aucun doute sur leur affinité. Quatre genres peuvent être regardés comme présentant le type le plus général de cette famille; Les traits principaux de leur organisation sont, un calice dont le tube adhère en partie à l'ovaire , et dont le limbe est divisé en cinq parties ; des pétales oblongs cu on- guiculés à limbe étalé, alternant avec le calice ; des éta- mines en nombre égal à celui des pétales qui aliernent avec eux, et dont les filets adhèrent presque toujours par un côté à leurs ouglets, mais qui ne sont pas placés devant comme la plupart des auteurs l'ont avancé ; enfin, un ovaire à deux loges renfermant chacune un ovule ou deux ovules collatéranx suspendus vers le haut de la cloison. Cet ovaire est surmonté de deux styles ordi- nairement libres , quelquefois réunis ; tantôt il devient un fruit à deux coques divergentes qui s'ouvrent inté- rieurement; tantôt par l'avortement d’une des loges et US ] d'une partie-des graines , il se change en une nucule monosperme, indéhiscente, entourée par le calice auquel celle adhère dans sa moitié inférieure. Les graines ovoïdes, lisses, renferment un très-petit embryon dicotylédon placé à la partie supérieure d'un grand périsperme charnu. Telle est l’organisation qu’on rencontre dans les genres Brunia, Staavia, Berardia et Linconia ; les cinq autres genres nous offrent des déviations plus on moins remarquables de cette structure : ainsi, le genre ÆAu- douinia diffère des précédens par son ovaire triloculaire à loges renfermant chacune deux graines collatérales , et par son style parfaitement simple ; le Thamnea , dont je dois la communication à l’amitié de M. R. Brown, présente une modification plus singulière et qui n’a, je crois, encore été indiquée dans aucun autre végétal : c’est une colonne centrale, grèle et pour ainsi dire filiforme, qui traverse le centre d’un ovaire uniloculaire et qui s’élargit au sommet en un placenta en forme de disque autour duquel sont suspendus des ovules nombreux dis- posés en un seul rang : organisation bien différente de celle des placentas centraux de la plupart des familles où ce genre de structure a été reconnu , et dans lesquelles le sommet du placenta est étroit et se détruit lorsque la fécondation a eu lieu, tandis que la partie inférieure, spongieuse et charnue , est couverte de graines plus ou moins nombreuses. La seule famille qui, au premier as- pect, offre un mode de structure analogue à celui-ci , est celle des Santalacées, dans laquelle on indique un axe central au sommet duquel sont suspendus un petit nom- bre d’ovules : mais nous montrerons plus tard que dans ; ( 362 ) la plupart de ces plantes cet axe est réellement libre au sommet , et ne fait que soutenir les ovules et les rappro- cher du sommet de la cavité de la loge sans les mettre en communication directe avec la base du style. R Dans le genre Thamnea , on peut se représenter l’o- vaire comme étant devenu uniloculaire , par suite de la destruction des cloisons des loges, dont l'axe central nous représente encore l'angle interne ; la symétrie parfaite de toutes les parties est un caractère essentiel de cette structure : le nombre des ovules qui nous a paru de dix semblerait indiquer un ovaire à cinq loges , renfermant chacune deux graines , dont les cloisons se sont détruites. Le genre 7'ittmannia nous fournit pour ainsi dire un passage de ces ovaires multiloculaires aux ovaires unilo- culaires à axe central libre, car sa fleur , diflérant à peine sous d’autres rapports de celle du Z'harnea, nous pré- sente un ovaire à deux loges, reufermant chacune deux ovules suspendus, comme dans la plupart des Bruniacées, mais dont la cloison, quoique divisant complètement l'ovaire en deux loges , n’adhère pas par ses bords aux parois de l'ovaire et représente par conséquent l'axe central libre du Z'hamnea , transformé par son apla- tissement en une cloison. . À Dans le genre Berzelia, nous observons, comme dans le 7hamnea,un ovaireuniloculaire, mais il estle résultat d’une modification toute différente dans la structure or- : dinaire des plantes de cette famille; la cavité simple de l’o- vaire n’est pas due à la suppression des cloisons qui sé- paraient les loges de ce fruit , mais à la réduction de ces loges à une seule : c’est l'ovaire d’un Brunia ou d'un Staavia dont une seule loge subsiste. En effet, dans cet (29063: ovaire on ne trouve plus des ovules nombreux suspendus autour d’un axe central libre comme dans'le T'hamnea , mais un ovule unique fixé au sommet d’un placenta ou plutôt d’une nervure qui occupe une des parois de l’o- vaire et qui correspond à la cloison de l'ovaire bilo- culaire des Prunia; cet ovaire, non-symétrique, en- traîne un défaut général de symétrie dans la fleur ; ainsi, le tube du calice est plan du côté du placenta , il est ar- rondi et gibbeux du côté opposé ; ses divisions et les pé- tales sont également déjetés et un peu inégaux , ce qui donne à toute la fleur un aspect difflorme qui devient encore plus marqué dans le fruit. Dans tous les genres que nous venons d'examiner , l'ovaire était adhérent , au moins en partie, au tube du calice. Le genre Raspalia nous offre un calice parfaite- ment libre , semblable du reste en tous points à celui des autres plantes de eette famille, et surtout à celui des Staavia ; cette modification dans l’organisation n'aurait rien de singulier, si, comme dans tant d’autres familles dans lesquelles l’ovaire est tantôt libre et tantôt adhé- rent , les étamines et les pétales étaient insérés au som- met du tube du calice ou du moins à quelque partie deses parois ; mais dans cette plante c'est vers la partie supé- rieure de l’ovaire queles pétales et les étamines sont fixés. Je crois qu'il n’y a aucun exemple , connu jusqu’à pré- sent, d'insertion épigyne de ce genre; en effet, dans tous les cas d’épigynie observés , l'ovaire esttoujours adhérent au calice , ‘et le plus souvent les étamines et les pétales peuvent être regardés comme naissant de cet organe aussi bien que de l'ovaire ; aussi quelques auteurs avaient été portés à n’admettre comme insertion réellement épi- ( 364) gyne que celle où les étamines sont fixées au style Jui- même, comme dans les Aristoloches, les Orchi- dées , etc. Re Dans la plante qui nous occupe, les étamines et les pétales n’ont aucune connexion avec le calice; ces or- ganes naissent évidemment de la partie supérieure de l’o- vaire : On pourra, il est vrai, attribuer ce mode d’in- sertion à la présence d’un disque très-mince, adhérent à la partie inférieure de l'ovaire : cependant cette sup- position ne peut être regardée que comme l'expression d’une hypothèse plus où moins vraisemblable, car on ne voit aucune couche distincte des paroïs de l'ovaire : au contraire , ces paroïs sont beaucoup plus minces au- dessous de l'insertion des pétales et des étamines qu’au- dessus. Je serais pourtant assez porté à admettre cette manière de voir, au moins en théorie , à cause de Cas irès-diflérent que présente la surfaceexternede l'ovaire au- dessus etau-dessous du point d'insertion des pétales et des étamines ; au-dessous , cet organe est très-mince , mem- braneux , mais parfaitement lisse ; au-dessus il est plus épais, assez dur , mais tout hérissé de poils biancs. IF est done assez naturel de supposer que la partie infé- rieure est enveloppée par une sorte de tube staminifère très-mince qui adhère aux parois également très-minces de l'ovaire, parois qui dans la partie libre acquièrent au contraire plus d'épaisseur et de solidité. Ce mode d’insertion n’en sera pas moins une inser- tion épigyne dans toute la rigueur de l'expression ad- mise jusqu'à présent , car cette manière de l'expliquer est commune, à l'insertion périgyne dans laquelle on peut presque toujours admettre une couche eharnue \ (365 ) mince , de nature analogue à celle des filets des étamir 25 et des pétales, qui s'étend depuis le fond du calice jusqu’à l’origine de ces organes. Aïnsi, si l’on admet l'insertion périgyne qui ne parait être dans la plupart des cas que le résultat de l’adhérence au calice d’un disque plus ou moins distinct , on doit regarder comme insertion épigyne une semblable adhérence avec une grande partie de l'ovaire. Cette structure du genre Raspalia me porte à regar- der l'insertion dans toutes les Bruniacées comme épigyne . plutôt que comme périgyne , ce que confirme encore la P q £ ; facilité avec laquelle on peut dans presque toutes les plantes de cette famille arracher des portions du tube du calice sans entraîner en même temps les pétales et les étamines qui restent fixés au pourtour de l'ovaire; on peut encore remarquer à l'appui de cette opinion , que dans plusieurs des plantes qui appartiennent à cette fa- mille, le tube du calice reste indivis dans une étendue assez considérable au-dessus du point où il cesse d’ad- hérer à l'ovaire ; sans que jamais on observe la moindre connexion entre cet organe et les étamines ou les pé- tales qui sont fixés au point même où l'ovaire et le calice se réunissent. Ces remarques que l’on peut appliquer à quelques autres familles, nous paraissent prouver qu'on ne doit pas confondre l'insertion épigyne avec l'insertion péri- gyne, comme quelques botanistes l'ont fait, mais les distinguer , ainsi que M. de Jussieu l’avaitétabli dans ses Crenera plantarum : car non-seulement cette distinction paraît exister dans la nature , mais encore elle semble propre à nous diriger dans la recherche des rapports na- ( 366 ) turels , comme ce célèbre naturaliste l'avait parfaitement senti. Après avoir fait connaître les-points les plus remar- quables de l’organisation des Bruniacées, il nous reste à examiner ses aflinités avec les autres végétaux : la structure mieux connue de ces plantes les éloigne évidemment non-seulement des Rhamnées, mais aussi des Célastrinées et des Ilicinées, familles avec lesquelleselles ont si peu de rapport qu’il nous paraît inutile de nous arrêter à les comparer; c'est avec les familles à ovaire coustamment infère.et dans lesquelles on peut regarder l'insertion plutôt comme épigyne que comme périgyne , que les Bruniacées me paraissent avoir le plus d’analo- gie : telles sont particulièrement les Cornouillers, les Haloragées , les Hamamelidées et même les Ombellifères et les Araliacées. | Dans toutes ces familles l'ovaire est infère ou semi- infère , et le plus souvent à deux loges renfermant une seule graine où deux graines suspendues à la cloison ; les étamines sont presque toujours en nombre égal aux pétales et alternent avec eux : tous ces caractères se re- trouvent dans les Bruniacées. Les Ombellifères et les Araliacées s’en distinguent par la structure de la graine , par les loges du fruit cons- tamment monospermes et indéhiscentes , enfin par leur port; les Hamamelidées dont le calice et les pétales pré- sentent la préfloraison valvaire et dont les anthères s'ouvrent par des valvules libres ne peuvent se confondre avec elles. Malgré leurs nombreuses variations les Halo- ragées s’en éloignent par la structure de leurs graines , dépourvues de périsperme , ct par leurs feuilles le plus ( 367 ) - souvent opposées ; le genre cornouiller est un de ceux qui a le plus de rapports réels avec les Bruniacées , il en diffère peut-être plus par son port que par des carac- tères bien tranchés. Enfin nous devons indiquer les rapports , quoiqu’éloi- gnés, que cette famille parait avoir avec celle des Myrtes par l'intermédiaire du genre {mbricaria de Smith ou Mollia de Willdenow : dans ce genre, qui s'éloigne beau- coup par sa structure des vraies Myrtinées , on observe en eflet presque la même organisation , quant au calice et aux pétales, que dans les Bruniacées ; lovaire est uniloculaire et renferme quatre ovules suspendus au sommet d’un placenta latéral, structure qui rappelle en même temps celle des genres Percelia et T'hamnea. Mais cette plante s'éloigne des Bruniacées par, ses éta- mines opposées aux pétales, position fréquente dans les Myrtinées , par ses anthères glanduleuses au sommet, enfin par ses feuilles ponctuées , caractères qui tous lui donnent plus d’analogie avec les Myrtes qu'avec les plantes qui nous oceupent. La famille des Bruniacées forme donc un petit groupe que ses caractères et un port très-particulier distinguent également bien des familles auprès desquelles elle doit venir se ranger; car son aspect. la fait ressembler ax premier coup-d’œil aux Bruyères , aux Diosma , aux Phylica età quelques autres genres qui n’ont cependant de commun avec elles que le port et l’habitation. Les Bruniacées sont en eflet une de ces familles qui ne sortent pas des limites d’une certaine région ; elles n'ont jusqu’à présent été trouvées qu'au cap de Bonnc- Espérance, dans cette région remarquable par la quantité ( 368 ) d'arbrisseaux, analogues par leur port à nos Bruyéres , qui l’habitent. Une seule espèce a été observée hors du continent africain , c’est le Berzelia lanuginosa que Commerson à recueilli à Madagascar : cette exception n’a rien de remarquable, car on sait que cette île possède plusieurs des végétaux du continent voisin. En décrivant une partie des espèces de cette famille , je n'ai pas eu l’intention de donner une monographie spécifique des plantes qu’elle renferme , car il m'a été impossible d'observer plusieurs d’entr’elles dans les her- biers de Paris ; mon but n’a été que de fixer avec cer- titude les espèces sur lesquelles j'ai fait mes observations et de faire ressortir quelques différences de structure propres à éclaircir les caractères génériques. BRUNIACEÆ , R. Brows , in Abel. iter. Chinensis ; Drecannozze, Prod., 11, p. 43. Canacr. nirr. Calyx adhærens, rarjüs liber, in pre- floratione imbricatus. Petala ovario inserta , imbricata. Stamina petalis alterna, epigyna ; antheris introrsis, bi- locularibus , rimä longitudinali dehiscentibus. Ovarium semi-inferum , 1-3-loculare, loculis 1-2-spermis , ovulis collateralibus suspensis. Fructus bicoccus vel indehis- cens , inferus vel semi-inferus. Semina embryone parvo in apice endospermii carnosi. Caracr. narur. Calyx monophyllus, tubo ovario adnato rariüs libero (in Raspaliä), limbo 5-fido, laciniis | sæpe apice callosis, in prefloratione erectis vel im- bricatis. Corolla polypetala. Petala laciniis calycis alterna, parü superiori ovarii inserta, unguiculata ; ungue lato ( 369 ) inferius substaulià çarnosà incrustato vel cristis duobus . carngsis parallelis ornato ; prefloratio imbricata. Stamina petalis alterna ; filamenta unguibus peta- lorum plus minusve adhærentia ; antheræ introrsæ bi- loculares , loculis superius connexis, inferiüs liberis , sæpe divergentibus , rimà longitudinali antice dehis- centibus ; cum petalis et in eadem serie ovario vel disco tenui ovarium tegenti inserta. Discus nullus distinctus vel (in 7hamnea ) orbicu- Jaris, partem superiorem ovarii obtegens et exteriüs peta- lis et staminibus insertionem præbens. Ovarium semi-inferum (inferum in Z'hamned , libe- rum in Raspalia ), biloculare, rarius uniloculare vel triloculare ; ovulo unico vel ovulis duobus collaterali- bus in quolibet loculo suspensis (in Thamneä ovuli nu- merosi ex apice columnæ centralis dependentes). Stylus simplex vel bifidus; Stigma unicum vel Stigmata 2-3 minima papilliformia. Fructus semi-inferus , calyce et sæpius petalis atque staminibus persistentibus coronatus ; vel bicoccus, coccis coriaceis divergentibus, externe calyce involutis, interne rimà longitudinali dehiscentibus, mono-vel rarissime dis- permis , seminibus oblongo-cylindricis (in Staavia , Berardia , et Linconia ); vel indehiscens, subligno- sus, rariùs membranaceus, unilocularis (sæpe abortu ), monospermus , semine ovato-compresso (in Brunia et Berzelia ) (1). (t) In his generibus fructus sæpius omninà abortuæ patitur et peri- carpium , fertili externe simile, placent spongiosà , semina membra- nacea par ya sustinente , repletur. ( 370 ) Semen suspensum , oblongo-cylindricum vel ovato- compressum , sessile vel podospermio cupulæformi af- fixum (in Staavia et Linconia ) ; Testa lævis vel sub- reticulata; Endospermium carnosum, albidum ; £Embryo parvus ovatus ad apicem seminis , radiculà conicà superà, cotyledonibus brevibus carnosts, Frutices ex Africä australi, ramosissimi , ericæ- formes ; folïis parvis, glabris vel vix pilosis, ad api- cem sæpiüs calloso-ustulatis, rigidis , iNLESETTEMUS , quinquefariam insertis ; floribus parvis, capitatis, vel rariùs paniculatis, spicatis , vel terminalibus' solita- riis ; capitulis nudis vel foliis majoribus involucratis ; flores ad basim tribracteati, bractea inferiori majort, lateralibus oppositis minoribus vel nullis ; in Linconià, Thamneà , Audouinià, Tittmannià bracteis quatuor vel pluribus involucratt. I. BERZELIA. — Bruniæ spec. auct. Canacr. mirr. Calyx ovario adhærens ; laciniis inæ- qualibus gibbosis. Ovarium inferum’, uniloculare, mo- nospermum. Stylus simplex. Fructus indehiscens. Caracr. war. Calÿx, tubo ovario adnato, latere superiore plano, placentæ respondente, altero con- vexo ; laciniis 5 rariüs { acutis , .apice sæpiüs cal- losis, inæqualibus, duobus superioribus paulo bre- vioribus, tribus inferioribus longioribus. — Petala oblonga vel spathulata, ungue vix carnoso non bica-. rinato. — Stañnina petalis longiora, loculis antherarum parallelis , superiüs connexis , infëriüs liberis. — Ova- rium semi-inferum, uniloculare, obliquum , monos- permum; ovulo versus apicem loculi ad parietem su- C3) periorem suspenso. Stylus simplex sulcatus. Stigma parvum subconicum. Fructus ferè omnes abortivi, coriacei, indehiscentes, calycis laciniis auctis gibbosis , petalis et staminibus per- . sistentibus coronati, obliqui , gibbosi ; placentà unilate- rali, spongiosà , semen membranaceum parvum susti- neute , repleti; fertiles, nuculæ coriaceæ, obliquæ , mo- nospermæ ; semine ovato-compresso , lævi; tesà crus- taceà. Endospermium carnosum, album. Embryo parvus, ad apicem semimis . bilobus , radiculà superà. Frotices ; foliis parvis, brevibus, subtrigonis, glabris vel vix pilosis, ad apicem sæpiüs ustulatis, imbricatis vel patulis; floribus capitatis, capitulis nudis ad apices ramulorum sæpe congestis ; bracteæ tres ad basim cujus- que floris, inferior versus apicem clavata callosa. Dixi in honorem Cel. BerzeLrt cujus ingenium, quan- quam chemiæ præcipue deditum, scientias omnes illus- travit et promovit. 2 1 W{ 1. BERZELIA ABROTANOIDES, Foliis ovaus, pie ustulatis, breve petiolatis, glabris, patentibus ; capitulis, avellanæ subæqualibus, terminali- bus, congestis subcorymbosis ; receptaculo piloso , bracteis clavatis , viridibus-, glabris, apice ustulatis; pe- talis patentibus spathulatis. Var. «. Floribus 4-fidis, tetrandris , petalis majori- bus patentibus , staminibus longissimis. Var. 6. Floribus 5 - fidis, pentandris, pen et sta- minibus brevioribus. Brunia abrotanoides Burm. Afr. p. 266, t. 100, fig. 1; Linx., Spec. Plant. ed. 11, p. 2388; Waizup. Spec. 1, p. 1143; Dy- eAnD. Prod, 11,p. 44. (372 ) Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (2. in herb. Burmanni, Musei Parisiensis, etc.) / 2. BERZELIA LANUGINOSA. { f (7 Ramis erectis, fastigiatis , junioribus villosis ; foliis iiquetris, patentibus, apice callosis, pilosiusculis; capi- tulis pisi magnitudine, ad apices ramulorum lateralium in paniculà fastigiatà dispositis ; bracteis spathulatis glabris , apice callosis; petalis suberectis , oblongo-lan- ceolatis, obtusis. Brunia lanuginosa, Lanx. fort. cliff. p. 71; Spec. Plant. 1, 288; Wazzo. Spec. 1, 11423 Decann. Prod. 11, p. 44. Tamariscus Monomottapensis, PLuckex. t. 318, fig. 4. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei (Burmann, Thunberg, etc.), adlittora orientalia Africæ australis Monomottapa dicta( Pluckenet) etin Madagascaria ( Commerson), (=. in herb. Burmanni, Mus. Parisiensis , de Jussieu , etc.) IT. BRUNIA.— Bruniæ spec. auct. Caracr. pirr. Calyx adhærens. Ovarium semi-infe- rum , biloculare; loculis 1-2-spermis; Styli duo. Fruc- tus indehiscens, abortu monospermus. Caracr. nat. Calyx, tubo inferius ovario adnato, superius libero , laciniis subspathulatis apice , non cal- losis, æqualibus. — Petala ovata vel spathulata, limbo pétente , -ungue glanduloso , in pluribus bicristato. — Stamina inclusa vel exserta , antheris ovatis , loculis parallelis. — Ovarium semi-inferum , biloculare, lo- culis mono-vel dispermis, alterove rariüs vacuo ; Style duo , superiüs divergentes. Fructus fertilis coriaceus vel membranaceus, indehiscens, abortu unilocularis, monos- permus, vel sæpius omnino abortivus bilocuiaris, placentà spongiosà sgmina parva versus apicem sustinente subre- (33) plétus. — Semen ovato-compressum , læve. Endosper: mium magnum, carnosum , album. Embryo parvus ad apicem endospermii, radiculà superà, cotyledonibus brevibus. Suffructices , habitu et caracteribus floris maxime diversi, plus minusve ramosi, ramis subverticillatis erectlis vel patulis, vel foliis parvis arcte imbricatis et floribus capitatis ( in Brunià virgatà , alopecuroide et nodiflorà ) vel foliis majoribus abietinis vel myrtoideis patulis ‘et floribus paniculatis ! (in Brunià racemosà et pinifolià ) ; flores tribracteati vel defectu bractearum lateralium unibracteati. Sect. 1. Calyx pilosus , laciniis spathulatis ; petala subspathulata ; stamina exserta inæqualia ; ovarium biloculare, loculis dispermis; fructus calyÿce petalis staininibusque persistentibus coronatus. f / / 1. BRUNIA NODIFLORA. Foliis lanceolato-subulatis, trigonis , acutis, glabris, incurvis, arcte imbricatis, apice non ustulatis; capitulis globosis, magnitudine cerasi, in ramis terminalibus. Brunia, Lans. , Gen. plant. , ed. 1, 1937. Brunia nodiflora, Lanx., Hort. clif., 70. Omn. que auct. recentio- rum. Cupresso-pinulus capitis Bonæ-Spei, Breyw, cent, 22, t. 10, Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. ( y. in herb. Burmanni, Musei Parisiensis , etc.) S'uffrutex ramosissimus, ramis subverticillatis, patentibus et in- curvo erectis ; folia parva, lanceolato-subulata , sessilia, trigona, quin- quefariam imbricata, glabra. Capitula sphærica, cerasi magnitudine, ad apices ramulorum solitaria , non involucrata, villosa. Bracteæ tres ad basim cujusque floris, subæquales, spathulatæ, tomentosæ, florem VII, 25 ( 374) quantes. Calyx externe villosissimus, tubo ovario adhærente, laciniis 5, spathulatis, externe villosis, tubo longioribus. Petala oblongo-subspa- thulata, erecta, limbo patente, calyce paulo longiora, inferiùs angusta- ta, bicristata. Stamina inæqualia, exserla ; filamenta compressa, ungui- bus petalorum subadhærentia ; antheræ introrsæ, biloculares, loculis oblongis superiùs et inferiùs discrelis. Ovarium semi-inferum, villo- sum , biloculare, loculis dispermis, ovulis collateralibus ex apice sepiti dependentibus. $tyl duo divergentes. Stigmata duo minima. Fructus fertilis abortu unilocularis, monospermus ; sterilis bilocula- ris, placentà septo affixà magnà spongiosà repletus. Sect. ». Calyx, laciniis glabris scariosis ; petala ovata; stamina inclusa ; ovarium biloculare , loculis mono-vel dispermis (alterove vacuo); fructus calyce coronatus ; petalis et staminibus caducis. 2. BRUNIA RACEMOSA. Foliis patentibus, sessilibus , ovato-acuminatis, sub- cordalis , trinerviis, pilosiuseulis , floribus paniculatis, pariculà e racemis densis distantibus subfoliosis com- posità. Beckea cordata , Burm. Prod. 12. Phylica racemosa, Lanx. Want. 209; Tauxs. Prod. Fl, Cap. 45; Wizzp. Spec. 1, 11123 Decann. Prod. 11, 37. Hab. ad promontorium Boñæ-Spei. (+. s. in herb. Burmanni.) Suffrutex, ramis erectis, fastigiatis, subverticillatis, janioribus villo- sis ; foliis approximatis, patentibus vel subreflexis, sessilibus, ovato-acu- minatis , subcordatis, trinervüs, pilosiusculis ; floribus paniculatis, pa- niculis e racémis densis distäntibus subfoliosis compositis ; /Zos quisque tribracteatus ; bracted inferiori ovatä majori, foliüis subsimili; laterali- bus oppositis minoribus, Calyx tubo obconico , inferiùs ovario adna- to, superiàs libero, 5-fidus, lacinüis ovatis, obtusis, subtruncatis, sca- riosis, glabris. Petalà 5, ovato-oblonga, interiùs ab basim crassiora subcarnosa, Stamina petalis breviora, antheris ovatis, bilocularibus, lo- culis parallelis, Ovarium inferum , obconicum , superiüs planum vel vis ( 375 ) convexum , biloculare , loculis monospermis, ovulo angulo interiori et superiori cujusque loculi suspenso, oblongo. Styli duo approximati, paralleli, superne divergentes. Stigmata duo parva papillosa , ad api- cem cujusque styli. d/ 3. BruNIA PINIFOLIA. un Foliis subpatentibus, sessilibus , linearibus , obtusis, uninerväs, glaberrimis, coriaceis, plauis ; paniculà densà e racemis subsimplicibus composità , floribus scariosis approximatis. Beckea africana, Burm. Prod, 12. Phylica pinifolia, Tuvxs. Prod. 44; Lin. Suppl. 153; Var, Symb. 3,p. 41; Wixvn. Spec, 1, 1110; Decaxo. Prod. w, 73. Hab. ad promontorium Bonæ - Spei. (v. sin herb. Burmanni, Musei Parisiensis , de Jussieu , etc.) Suffrutex, ramis erectis, fastigiatis et fasciculatis, glaberrimis ; folüs spiraliter insertis, subpatentibus, sessilibus, linearibus , obtusis uniner- viis, coriaceis, glaberrimis, planis; /oribus paniculatis ; paniculà e ra- cemis subsimplicibus formatà, pyramidali, densà ; floribus scariosis ap- proximatis, basi tribracteatis, inferiori lineari flere longiori vel sub- æquali, lateralibus oppositis flores brevioribus. Flores a precedente nullo modo diflerunt nisi ovario superiùs convexo, semi-infero, loculis dis- permis nec monospermis, à Fructus semi-inferus, calyce persistente coronatus (petalis stamini- busque caducis), abortu unilocularis, monospermus , loculo altero mi- nori placentà spongiosà, ovulum membranaceum parvum sustinente, repleto. Semen ovato-lanceolatum , compressum, test lævi coriaceà , endospermio carnoso albo. Embryo parvus cordiformis ad apicem en- dospermii. 4. BRUNIA ALOPECUROIDES. Foliüs subulaüs, trigonis, acutis, glabris, imbricatis, incurvis, apice ustulatis; capitulis terminalibus, ovato- (376 ) globosis, densis, piso duplù minoribus, nudis ; bracteæ floribus breviores. Brunia alopecuroides ? Tauns. F1. Cap.n, p. 9?; Decanr. Prod. 11, pe 44. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Burmanni.) Suffrutex, ramis gracilibus erectis glabris; foliis subulatis , trigonis, acutis, glaberrimis , imbricatis , incurvis, apice ustulatis ; capitulis ter- minalibus, ovato-globosis, densis, piso duplù minoribus , nudis. Bractea unica ad basim cujusque floris, obtusa, subclayata, glabra, apice us- tulata , florem subæquante. Calyx vix pilosus , tubo ovario adnato , laciniis scariosis ovatis acu- minatis. — Petala ovato-oblonga sessilia , apice patentia , ungue car- noso, lato, bicarinato. — Stamina petalis breviora vel subæqualia, filamentis erectis iræqualibus ; antheræ ovatæ, biloculares, loculis basi disjunctis. — Ovarium superiüs pilosum , semi-adhærens, biloculare , lo- culis mono-vel dispermis; ovulo ovato-oblongo, ex apice septi depen- dente; rariùs in uno loculorum vel in ambobus ovuli duo collatera- les. — Siyli duo e basi divergentes. Stigmata duo minima, subtruucata. D. BRUNIA VIRGATA. - Ramis gracilibus subverticillaus ; foliis arcte adpres- sis, sessilibus, lanceolato-subulatis, acutis, apice ustu- latis, canaliculatis, glaberrimis ; capitulis terminalibus, minimis, paucifloris (ciceris magnitudine ). An Brunia verticillata ? Tauns. F1. Cap. 2, p. 92. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Delessert.) Suffrutex , ramis tenuissimis , virgatis, subverticillatis, fastigiatis ; foliis lanceolato-subulatis, acutissimis, apice ustulatis, externe con- vexis , interiùs concavis, glaberrimis , sessilibus, ramulis arcte adpres- sis ; capitulis terminalibus , vix ciceris magnitudine, foliis quibusdam brevioribus patulis involucratis, paucifloris; floiibus unibracteatis. — Calyx , tubo brevi, ovario adnato , glabro , limbo 5-partito, laeiniis oblongis, obtusis, scariosis, glaberrimis, tubo dupld longioribus. — Petala &, laciniüs calyeis æqualia, ovato-oblonga, ohbtusa, ad basim- ( 377 ) ærassiora, cellulosa. — $Stamina petalis breviora , autheris ovatis, bi- locularibus , loculis parallelis adnatis. / Ovarium semi-iuferum vel subinferum , superficie superiori convexà pilosä, biloculare, loculis inæqualibus ; majori, tribus lacinüis calycis respondente, monospermo, ovulo ad partem superiorem septi suspenso ; minori duobus alteris lacintis calycis opposilo, vacuo (sine vestigio ullo ovuli vel podospermii). #tyl duo ad basim conjuncti, superiùs arcuati divergentes. Stigmata duo minima, III. RASPALIA. CaRACT. DIFF. Calyx Liber ! Petala et stamina ovario libero inserta. Ovarium biloculare, loculis monospermis. Styli duo. Caracr. ar. Calyx liber, monophyllas, 5 - fidus, laciniis acutis, apice callosis. — Petala et stamina 5 alternantia nec basi adhærentia , parti superiori ovarti in eadem serie inserta. — Petala obovato-oblonga, obtusa, basi vix carnosa, erecta. — Stamina petalis breviora, in- clusa , antheris ovatis , loculis parallelis. — Ovarium a calyce omnino liberum, biloculare, loculis monospeérmis; parte inferiori obconicà, membranaccà, pentagonà, angu- lis vasculis staminum percursis, supernè petala et stami- na sustinenle; parte superiori hemisphæricà coriaceà pi- Josà.—Sry li duo basi approximati, superiüs divergentes. Fructus... Suffrutex, ramis virgatis, fastigiatis, ramulis al- ternis, oppositis vel subverticillatis , brevibus ; foliis parvis, rhomboideis, carinatis, ramulis arcte ad- pressis, spiraliter insertis, glaberrimis. Floribus capi- tatis, capitulis solitariis, geminatis vel ternis ad apicem ramulorum, non involucratis, tomentosis (pilis calycium et bractearum). Flores parvi, albi, limbe semi-patente , antheris inclusis. ( 378 ) \ Hoc genus dicavi clar. Rasparz qui de structurà gra- minum atque de feculæ formatione tam subtiliter dis- serult. 4 1, RASPALIA MICROPHYLLA. \/ Brunia microphylla ? Tauws. Fl. Cap. 2, p. 94; Decano. Prod. 11, P- 44. ; Hab. ab promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Delessert.) . IV. STAAVIA Tours. Caracr. pirr. Calyx adhærens, Petala Hbera. Ova- rium semi-inferum, biloculare , loculis monospermis. Siylus simplex. Fructus bicoccus. Canacr, nav. Calyx, tubo inferiüs ovario -adnato , superiüs hbero, laciniis setaceis, apice callosis.— Petala lanceolata, basi carnosa, incrassata, nec bicristata.—Sta- mina petalis breviora, antheris ovatis, loculis parallelis. — Ovarium semi-inferum, biloculare, loculis monos- permis; ovulis podospermio cupulæformi semi-involutis. , — Styli connexi in columnà simpliei bisulcatà. Stigma bilobum. Fructus semi-inferus, superiüs conicus, bicornis, bi- coccus; cocca superius bivalvia, interiüs rimà longitu- | dinali nsque ad ‘basim fissa, monosperma. — Semina oblonso-cylindrica, supernè cupulà parvà (podospermio indurato ) involuta. Endospermium carnosum , album. . Embryo parvus, cordiformis, ad apicem seminis. Suffrutices, folüs linearibus, patentibus , apice cal- losis ; floribus aggregatis ; capitulis terminalibus, dis- coideis, bracteis foliis longioribus , nitentibus , albidis vel brevibus foliis conformibus , involucratis. 1, STAAVIA RADIATA. * Ramis junioribus foliisque pilosis ; foliis linearibus, acutis, vix carinatis, patentibus vel deflexis, mucronatis; capitulis corymbosis ; bracteis involucri membranaceis mucronatis , floribus paul longioribus , arcuatis , de- flexis, albidis. Staavia radiata, 'Tnuns. Dissert.; Fl. Cap. 2, p. 96; Wan. Spec. 1 ,p. 1144 ; Decann. Prod.ir, p. 45. Phylica radiata, Linx., Spec., édit. 11, p. 283. Brunia radiata, Linn., Mant., 209. Hub. ad promontorium Bonæ-Speï, ( v. s.) 2. STAAYIA GLUTINOSA. Ramis foliüsque glaberrimis ; foliis linearibus, tri- gonis, crassioribus , obtusis , callosis, ustulatis, approxi- maus, cerecüs; capitulis subsolitariis, terminalibus ; bracteis involueri erectis vel rigidè patentibus , non ar- cuatis, floribus mulid longioribus, albidis ; floribus suc- co resinoso agglutinalis. Staavia glutinosa , Tauxs. FL Cap.2, 95; Wiczp. Spec. 1,p. 1144; Decaxp. Prod. 11, p. 45. Brunia glutinosa, Laxx., Mant., 210. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (v. 5.) 3. STAAvIA NUDA. Ramis fastigiatis foliisque glabris; foliis oblongo- linearibus brevibus , trigonis, erectis, imbricatis; capi- tulis solitaris, terminalibus ; involucro floribus breviori vel subæquali, foliis concolori. * Hab. ad'promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Richard. } ( 35 ) 4. SrAAvIA ciLrATa. Ramis fastigiatis villosis ; folns sessilibus, erectis, im- bricatis, oblongo-lanceolatis , acutis, dorso carinatis , glabris , ad marginem piloso-ciliatis ; apice calloso; çca- pitulis discoideis, lanuginosis (bracteis calycisque la- cinus villosissimis); involucro floribus breviori, imbri- ._eato , piioso, foliis concolori. An Brunia ciliata ? Lan. Spec. 288. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei ( v. in herb. Desfontaines.) V. BERARDIA. Car. pirr. Calyx ovario adhærens. Petala basi in tu- bo coherentia, Ovarium semi-inferum, biloculare, lo- culis monospermis. Styli duo. Fructus bicoccus. Caracr. NAT. Calyx tubo ovario adnato , superiuüs li- bero, 5-fido, laciniis angustis, apice callosis. — Petala oblonga vel oblongo-linearia, inferiüs in tubo cohæren- tia.—Siamina petalis plus minusve basi adhærentia, ex- serta , antheris bilocularibus , loculis superiüs connexis, inferiüs liberis, parallelis. — Ovarium semi-inferum , biloculare, loculis monospermis. Styli duo divergentes. Fructus bicoccus, coccis omnino disjunctüs , interne planis rimà angustà dehiscentibus. — Semina ovato- cylindrica. Suflrutices, ramis erectis, fastigiatis, gracilibus; fo- his subulatis, acutis, adpressis, undique ‘caulem tegen:- tibus ; floribus capitatis, bracteis subulatis foliis longio- ribus involucratis ; flos quisque bracteis tribus suffultus, inferior flore duplà longior', laterales flori subæquales. Cr ( 581 ) Genus in honorem dixi elar. Berarp , Monspelii che- miæ professoris necnon Academiæ Scientiarum Pari- siensis socii, cujus chemicæ et physicæ investigationes physiologiam plantarum maxime promoverunt. | / J'1. BERARDIA PALEACEA. Foliis subulatis, acutis, brevibus, arcte adpressis, gla- berrimis, apice ustulatis; capitulis corymbosis; bracteis inferioribus floribus duplo longioribus, subulatis, ustu- latis, basi pilosis ; calycis lacinia petalis breviora, villosa ; antheræ ovatæ. Brunia paleacea, Tuuns. Prod. p. 41; Law. Want, 559; Decano. Prod. 11, p. 44. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei (v. s.). 74 2. BERARDIA AFFINIS. Foliüis subulatis, acutis , arcte adpressis, glabris vel subciliatis; bracteis inferioribus floribus longioribus , subulatis, glabris ; calycis lacinia petalis longiora , gla- bra ; antheræ lineari-oblongæ. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (y. in herb. Banks nomine Linconia capitata inscripta.) . T Species afinfs ( an genus distinctum ?). 3. BERARDIA PHYLICOIDES. Foliis ovatis, obtusis, convolutis, quinquefariam im- bricatis, externe tomentosis ; capitulis corymbosis, brac- teis floribus æqualibus, tomentosis; calyce et petalis ex- terne lanuginosis. Brunia phylicoides , Tauns. F1. Cap. 2, p. 94; Decaxo. Prod, n1, p.44. Hab. ad promontoriam Bonæ-Spei. (v. in herb. Delessert. ) (5882 ) Suffrutex , ramis verticillatis, erectis; fodis ovatis, obtusis, concavis et margine convolutis, quinquefariam imbricatis , externe tomentogis, interne glabris; cupitulis corymbosis non involucratis (nisi folia supe- riora , ahis æqualia sed planiuscula, apice callosa, pro involucro su- mas); hracteis inferioribus ex axillis proliferis (undè rami verticillatim nascuntur }; //ores tribracteati; bracteis longitudine inter se et flori subæqualibus , lanuginosis, inferior lanceolata , laterales filiformes, Ca- yx, tube ovario semi-adnato, parté superiori Liberà , limbo 5-fido, la- ciniis acutis, apice callosis, externe pilis longissimis obtectis, Petala laciniis calycis longiora, oblongo-lanceolata, cbtusa , convoluta , basi subcarnosa, externe et versus apicem pilosa. ${amina petalis breviora ; filamentis rigidis erectis ; antheris ovato-oblongis, loculis parallelis. Ova- rium semi-adhærens, parte superiori liberà hemisphericà pilis lanuyi- nosis obtectà , biloculare, loculis monospermis , ovulo ex parte supe- riori septi dependente. $Lyli duo e basi divergentes, versus apicem con- vergentes, forcipatiformes , interne sulcati, fistulosi. Stigmata duo mi- nima apicilaria. Fructus bicoceus, coccis divergentibus, interne rimà dehiscentibus, uno sæpius abortiente ; semine ovato-cylindrico , fulvo , lævi. Oss. Hæc species a precedentibus differt petalis concavis usque ad basim liberis; staminibus inclusis et formà calycis; a Linconiis ovari loculis monospermis, calycis et antherarum fabricà et habitu multüm di- verso, a Staaviis stylo duplici et defectu involucri. VI. LINCONIA. Canracr. prrr. Calyx adhærens. Petala oblonga, con- voluta. Stamina inclusa , antherarum loculis inferiüs di- vergentibus. Ovarium semi-inferum, biloculare, loculis dispermis. Fructus bicoccus. Canacr. nar. Calyæ, tubo ovario adnato, limbo 5- fido, laciniis brevibus, membranaceis, glabris. —Petala lanceolata, non unguiculata, coriacea, convoluta, libera. — Stamina petalis breviora ; antkeræ connectivo superius carnoso, conico, loculis basi divergentibus. — Ovarium seini-inferum, superiüs conicum, biloculare, loculis dis- PA ( 383 ) permis: ovulis podospermio cupulæformi suspensis, Sty-- li duo divergentes. Stigmata parva. Fructus bicoceus, coccis interiüs rimà dehiscentibus, dispermis vel abortu sæpiüs monospermis, seminibus oblongo-ovoideis ; podospermio spongioso cupulæformi superiüs teclis. Sufrutices ericoider ramosissimi, ramis erectis, fasti- giatis ; foliis undique’spiraliter insertis, patentibus vel laxe imbricatis, brevissime petiolatis, coriaceis, gla- berrimis vel margine subciliatis, nervo simplici promi- nente notatis , apice ustulatis : floribus solitarüs in axillis foliorum superiorum, in spic4 congestis, basi bracteis 4-5, calyci subæqualibus , involucratis. Os. Linconia peruviana, Lamk. Dict. enc. 3, p- 527. Species maximè dubia ex descriptione et loco natal ; in Peruvià a CI. Josepho de Jussieu collecta fuit nec in ejus herbario reperiri potuit. La LINcONIA ALOPECUROIDEA. Folis subpatentibus, linearibus, acutis, subsessilibus ; nervo rigido prominente ; floribus foliis pauld longio- ribus ; bracteis membranaceis , margine pilosis, calyce longioribus. Linconia alopecuroidea , Lanx. Mant. 216; Swantz. in Berl. mag. 1810, p. 86 ,t. 4. Hab. ad promontoriura Bonæ-Spei. (v. s.) | , ) /?2. LinconrA CUSPIDATA. Foliis subpatentibus, oblongis, obtusis, apiceustula- L's COSST tis, subcarinatis ; floribus folis æqualibus; bracteis ca- lycem æquantibus, margine ciliato-pilosis. Linconia cuspidata, Swarrz. L. ©. p. 284, 1. 7, fig. 1. Hab. ad promontorium Bonæ-Speï. v. in herb, Banks.) VII. AUDOUINIA. Caracr. pirFr. Calyx adhærens ; laciniis maximis, im- bricatis. Petala unguiculata. Ovarium semi-inferum , 3- loculare ; loculis dispérmis. Stylus simplex. Caracr. nar. Calyx, tubo brevi obconico, ovario ad- nato, laciniis maximis, ovato-oblongis nervosis, scario- sis, concavis , ad marginem pilosis , imbricatis. — Pe- tala longè unguiculata, limbo subrotundo patente, un- gue bicarinato. — Siamina inclusa, antheris lineari- oblongis, loculis parallelis adnatis. — Discus epigynus nullus vel tenuissimus. — Ovarium semi-inferum , ob- conicum, superficie superiori convexà, subtrilobà, glabrà et subcarnosà , triloculare, loculis dispermis; ovulis collateralibus , suspensis. — Stylus simplex, trigenus : Stigmata tria minima papilliformia. Fructus.…. Sufrutex ramis erectis ; foliüis spiraliter insertis, im- bricatis, subcarinatis ; floribus in capitulum oblongum, spicæforme, terminale, congestis , purpureis. Amici conjunctissimi V. AUDOUIN , qui anatomiam insectorum observationibus acutissimis ilustravit, nomen huic generi imponere volui. 1. AUDOUINIA CAPITATÀ. Diosma capitata, Tauws. Prod. Fl, Cap. 43; Lin. Mant., 219; Wien. Spec. 1, 1136; Pers. $yn. 1, 247; Decann, Prod, r, 717. ( 385 ) Fab. ad promontorium Bonæ-Spei ( v.in herb. Delessert et Mus. Parisiensis.) VIII. TITTMANNIA. Can. piFr. Calyx, tubo adnato, sphærico, laciniis crectis, scariosis. Petala unguiculata, Ovarium inferum, sphæricum , biloculare ; septo membranaceo , ad margi- nem libero,loculis dispermis. Ovula septoaflixa, pendula. Can. war. Calyx, tubo sphærico , ventricoso , flore latiori, superiüs coarctato, externè rugoso , glanduloso, ovario adnato ; laciniis 5, oblongis lanceolatis, glabris, subscariosis, erectis, ad apicem subeallosis, — Petala 5, coriacea , unguiculata ; ungue internè bicarinato , laci- nüs calycinis breviori ; laminis patentibus ovato-subro- tundis. — Stamina petalis alterna nec adhærentia , m- clusa ; filamentis subulatis, brevibus. Anthéræ ovatæ , introrsæ , biloculares, basi connectivi ad apicem fila- menti afhixæ , loculis oblongis, parallelis, adnatis, rimà longitudinali dehiscentibus. — Discus nullus nisi basim styli expansam, conico-depressam, pro eo sumas. — Ovarium sphæricum, maximum, calyci omnino adna- tum , biloculare ; loculis dispermis. Septum inferiüs et superiüs ovario continuum , ad marginem membrana- ceum, liberum nec parietibus ovarii adhærens. Ovula collateralia versus apicem septi suspensa , parva , mem- branacea. Sty lus simplex , conicus ; stigma bidentatum. Fructus ?:.. Suffrutex ramosus ; ramulis fasligiatis, subumbella - ts; foliis linearibus, subcylindricis, rugoso-asperis, in- curvis, erectis , imbricatis , ad apicem callosis. Flores axillares, versus apicem ramulorum approximati, ex LA (386 ) eodem latere inflexi, ad basim squamis brevibus scariosis caliculati. Dixi in honorem CL.-J.-AÀ. Tirrrmann qui de struc- turà embryonis ejusque evolutione optime disseruit. 1. TETTMANNIA LATERIFLORA. Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (+. in herb. Cel. Desfontaines. ) À u A : s / 1 P. r 4 PP CS OP PES er IX. THAMNEA Sozanper, Mss, “ Can. pirr. Calyx adhærens , laciniis lanceolatis. Ova- rium inferum, disco carnoso tectum, uniloculare, poly- spermum; ovulis ex apice colummæ centralis dependen- übus. Stylus simplex. Car. nar. Calyx, tubo brevi, inferiüs ovario adnato, superius libero, laciniis lanceolatis, glabris, scariosis, im- bricatis, tubo duplo longioribus.— Petala unguiculata, limbo ovato paiente, ungue lato bicarinato. — Stamina inclusa , antheris oblongo-linearibus, loculis parallelis, adnatis , rimà longitudinali dehiscentibus.— Discus pla- nus, Carnosus, margine elevato, ovarium tegens. — Ova- rium inferum , superne planum , uniloculare , columna centrali filiformi percursum, sub decaspermum ; ovulis circiter decem ex apice dilatato columnæ depeudéntibus, simplici serie aunulatim insertis. — Stylus simplex cy- lindricus. StgmMma integrum. Fructus… Suffrutex, ramis filiformibus,erectis,fastigiatis ; foliis MLNINLLS , subrhomboidalibus, brevibus, obtusis, cari- natis, adpressis, spiraliter insertis, superioribus pauld longioribus florem involucrantibus ; flores solitarur, terminales, albi. ( 587 ) PA TuaAmMNeA unirLora Solard. Miss. Hab. ad promontoriun Bonæ-Spei.. Hasson. ( P. iuherb, Banks, abi per amicitiam Cel. R. Brown hanc stirpem observare mihi licuit.) EXPLICATION DES PLANCHES. Planche xxx. Fig. 1. Berzelia lanuginosa Nos. a , rameau de grandeur naturelle; 4, uné des écailles du réceptacle ; A", la même vue de profil; B , fleur entière ; D, pétale ; Æ , coupe longitudinale d’une fleur, F, étamine ; #°, anthère vue par der- rière ; G, pollen; Æ, coupe longitudinale d’un fruit avorté; 1, coupe longitudinale d’un ovaire fertile; À, coupe transversale du même, indiquant les rapports de position des diverses parties de la fleur; £, fruit entier ; #7, coupe longitudinale d’un fruit fertile et de la graine qu’il renferme. Fig. 2. Brunia pinifolia Nos. a, rameau de grandeur naturelle; B, fleur entière; D, pétale; Æ, coupe longitudinale de la fleur ; #, étamine ; G, fruit coupé lou- geitudinalement ; Æ, graine ; Z, la même coupée lougitudinalement ; K , coupe transversale de la fleur montrant Les rapports de position des divers organes. Planche xxx vr. Fig. 1. Brunia nodiflora a, capitule de fleurs de grandeur naturelle ; Z, fleur entière ; © , di- vision du calice ; D, pétale ; £, coupe longitudinale d’une fleur ; F, étamine; F°, anthère vue de face; Æ#°°, la même vue par derrière ; G, fruit entier ; A, coupe longitudinale d’un fruit dont les graines sont avortées ; Z, le même coupé transversalement ; K, coupe transversale de l’ovaire ; Z, coupe lousitudinale du même ; A7, graine avortée ; LV, fruit fertile coupé longitudinale- ment; O , coupe de la graine ; e, embryon, Fig. 2. Staavia radiata Tuuws. a , rameau de grandeur naturelle ; À , une des écailles du réceptacle ; ( 558 ) B , une fleur entière; ©, division du @alice ; D , pétale; £, coupe longitudinale de la fleur; Æ', étamine vue par devant; Æ’, la même vue par derrière ; G, style et stigmate ; I, fruit entier ; I , une des coques ouvertes ; À, les deux coques coupées longitu- dinalement avec les graines; L, coupe transversale de Povaire ; MW, ovule; W, graine; O, la même coupée longitudinalement ; P , embryon. Planche xxxvIx. Fig. 1. Raspalia microphylla Nos. a, rameau de grandeur naturelle ; B , fléur entière; C, calice en- tier et développé ; D, pétale; Æ , étamine; #, coupe longitudi- male de la fleur ; G , fleur dont on a enlevé le calice ; Æ, la même dont on a détaché trois des pétales pour montrer leur insertion et celle des étamines. Fig. 2. Berardia paleacea Nos. a, rameau de grandeur naturelle; B, fleur entière avec les trois bractées qui l’accompagnent ; € , une des divisions du calyce ; D, pétales unis vers la base ; £ , étamine adhérente aux pétales ; F, pistil coupé longitudinalement. Fig. 3. Linconia alopecuroidea SWARTZz. À , fleur entourée de ses bractées ; B, la même dont on a enlevé les ? F 2 ? bractées ; C', pétale ; D , étamine vue de face ; D’, la même vue par derrière; Æ, coupe longitudinale de la fleur ; Æ', coupe lon- gitudinale de l'ovaire , parallèlement à la cloison; G , coupe lon- gitudinale perpendiculaire à la cloison ; À, fruit imparfaitement mr ; Z, ovule. Planche xxxvn1. Fiy.1. Audouinia capitata Nos. À , fleur entière ; B , coupe longitudinale de la fleur ; €, pétale ; D, étamine vue de face ; D’, la même vue par derrière ; Æ, coupe transversale de l'ovaire ; FÆ', coupe longitudinale de l'ovaire; G, ovule. Fig. 2. Titimannia lateriflora Nos. À, fleur entière; B, coupe longitudinale de la fleur; ©, pétale ; D, éfamine. : (389 ) Fig. 3. T'hamnea uniflora Sora». a , rameau de grandeur naturelle ; 3 , fleur entière ; ©, coupe longi- tudinale de la fleur ; D , pétale ; £, étamine vue de face; £', la même vue par derrière ; £’', la même vue de profil ; #, coupe lou- gitudinale de l'ovaire; G , coupe de la colonne centrale avec les ovules qui y sont attachés ; //, coupe transversale de l'ovaire. Descriprion du squelette du Daim fossile d'Ir- lande ( Cervus megaceros ), du Muséum de la Société royale de Dublin ; Par John Parr : Membre du Collége des Chirurgiens d'Irlande. Il y a peu de sciences qui aient pris dans un laps de temps aussi court un accroissement aussi rapide que l’A- naiomie comparée ;etsi on considère en effet qu’elle offre, à ceux qui se dévouent à l’art de guérir, les moyens d’ac- quérir une connaïssance plus exacte des lois de la nature en étendant leurs idées sur l’économie animale, on recon- nailra qu'il y en a peu qui puissent par cette raison exercer une- influence plus directe sur le bien-être de la so- ciété. On était Join de s'attendre pourtant qu’une étude ap- profondie de cette science conduirait à des découvertesd’un aussi grand intérêt , eu égard aux changemens que la sur- face de notre globe doit avoir éprouvés. Ces observations dépendent cependant du degré de certitude avec lequel en peut assurer que des débris fossiles d’un genre VLIL. 26 6 ( 590 ) particulier se trouvent exclusivement dans des couches distinctes de la terre. La première idée de tirer des conclusions géologiques de faits anatomiques est due à M. Cuvier, qui se trouvait en position de cultiver l’Anatomie comparée avec plus d’étendue que personne. On peut prendre une idée des recherches de ce savant célèbre d’après l'assurance qu'il nous donne que par l'examen d’un simple fragment d'os, il peut déterminer le genre de l’animal auquel il appar- tenait; il s'est même quelquefois aventuré à esquisser ce que des circonstances analogues lui fesaient regarder comme ayant dû être la forme extérieure d’un animal dont l'existence, même dans les tempsles plus reculés, nenous a été prouvée que par les restes les moins périssables conservés à l’état de fossile. En combinant les faits anatomiques et géologiques, nous voyons qu’on doit séparer en deux classes les dif- férens débris organiques trouvés dans les couches des terrains d’alluvions , l’une renfermant les animaux dont l'espèce existe encore , l’autre comprenant tous ceux dont les espèces sont éteintes depuis long-temps. Dans celte dernière division , rien ne mérite plus notre at- tention, ni ne doit exciter davantage notre admiration et notre surprise , que des os et des bois d’une grandeur énorme, trouvés journellement dans les fondrières et dans lés marnières de l'Irlande , et qui semblent appartenir à un animal de la famille des daims. Ces débris se u'ouvent si fréquemment dans plusieurs parties de cette île, qu’on rencontre peu de paysans qui n'aient appris à les connaître , ou par leurs observa- tions personnelles , ou par les rapports qui leur en ont été ibn din sin (591) faits ; ils les désignent sous le nom vulgaire de cornes du vieux daim. On les trouve même si souvent dans quelques parties du pays , que loin d’être regardés comme des objets intéressans, ils sont mis de côté comme des choses inutiles , ou.employés aux usages écono- miques les moins relevés. J'ai cherché avec soin , mais inutilement, l’époque où ces ossemens furent remarqués pour la première fois. Commeon les trouve principalement dans la marne , iles probable qu'ils ne commencèrent à attirer l'attention que lorsque l'avancement de l’agriculture fit rechercher cette substance comme propre à amender Îles terres. On peut aisément s’imaginer l’étonnement que des bois d’une aussi grande dimension , et d’une forme aussi étrange, produisirent sur l'esprit de ceux qui les découvrirent en premier, aussi obtinrent-ils promptement une place dans les salles des châteaux voisins, où la différence qu'on y remarquait aveë les bois des daims connus dans ce temps, les firent regarder comme des ornemens très- curieux. On peut par là rendre compte de la conserva- tion du grand nombre de ces bois possédés par les sei- gueurs dans différentes parties de cette contrée. Lesautresos de l’animal, quoique d’une grande propor- tion, paraissaient cependant aux observatéurs ordinaires d'une grandeur si inférieure à celle des bois, qu’on n’ÿ fit presqu'aucune attention. Cette circonstance pourrait paraître extraordinaire si on ne réfléchissait qu’à cette époque on ne trouvait presque personne qui se fût adonné à l’étude de l’Anatomie comparée autrement que d’une manière générale et-très-superficielle. Il n’y avait done personne en état de se former une idée correcte de là Ge D Ce grandeur de l'animal auquel ces os avaient appartenu, et encore. moins de la ressemblance ou de la différence. qu'il devait y avoir entre son organisation et celle des : autres ANIMAUX. La curiosité qu'excitait cet animal remarquable s’est accrue à proportion de l’intérèt plus fort qu'a inspiré la science à laquelle il se rattache, et un squelette entier de cet animal remarquable a été désiré par tout le monde savant comme une chose de la plus haute importance. Le premier échantillon un peu complet fut trouvé dans l’île de Man et présenté il y a quelques années au muséum de l’université d'Edimbourg par le duc d’Athol. Dans le même temps un grand nombre d'os furent trouvés dans le comté de Down et envoyés au muséum du collége de la Trinité par l’évèque de Dromore. A la requête du docteur Stokes, savant professeur d'histoire naturelle à l’université, je rassemblai ces os en 1823 , en les pla- cant autant que posible dans leurs rapports les uns avec les autres , considérant toutefois que la plupart des ver- tèbres et plusieurs os assez importans manquant, le but que je me proposais était plutôt de montrer ce qu'on pouvait faire et d'encourager ceux qui visitaient le Mu- séum à y contribuer de leur coté s'ils avaient des osse- mens fossiles à leur disposition , que de réclamer l’hon- neur d'avoir donné avec des matériaux aussi impar- faits, une représentation correcte de la forme du sque- leute. On avait déjà cherché à compléter cet objet iutéres- sant, lorsque M. William Wray Maunsell en adressa à la Société royale de Dublin un superbe squelette complet el d’une parfaite conservation ; je fis monter ce squeletie (395 ) avec le plus grand soin, et il fait maintenant un des principaux ornemens du Muséum de la Société, Une leuxe de M. Maunsell à M. George Knox, vice- président de la Société, renferme les faits Les plus im- portans relatifs au gisement de ces ossemiens. « Beaucoup de considérations intéressantes résultent de la découverte de ces restes fossiles , et la première re- cherche serait de s'assurer de quelle manière ces animaux furent détruits et comment leurs os furent si singulière- ment conservés. J’ai dit dans l’esquisse rapide que je vous ai donnée de ma théorie, que je croyais qu’ils avaient été détruits par un déluge complet qui les avait probable- ment atteints sur les collines où ils avaient cherché un refuge pendant que les eaux s’élevaient, et d'ou ils avaient été entrainés lorsque les eaux se calmèrent dans les val- lées où on les trouve maintenant ; l'agitation de l’eau peut avoir oceasioné la dispersion des os après que leurs ligamens eurent été rompus, ce qui rendrait compte de l’épaxpillement dans lequel on les trouve, et le dépôt de marne coquillière par lequel je suppose que l’eau était troublée , peut les avoir assez complètement proié- gés contre l'influence atsmosphérique pour empècher leur décomposition par la suite. Mais pour vous donner quelque idée de la probabilité de mes raisonnemens , je dois essayer de vous expliquer la situation de la vallée et des collines voisines. La vallée dans laquelle les débris fossiles furent trouvés contient environ vingt acres de plantations , et le sol consiste en une couche de tourbe d’un pied'environ d'épaisseur. Immédiatement au-dessous est une autre couche de marnecoquillière variant d’un pied el demi à deux pieds et demi d'épaisseur ; on y trouve des ( 394 ) coquilles non marines, qui ont gardé leur couleur et leur formeprimitive.Sous la marnese trouve un lit d'argile d’un bleu clair; un de mes ouvriers enfoncça dans ce lit, à plu- sieurs endroits, une tige de fer de douze pieds sans ren- conirer d'opposition. La plupart destètes etdesos, aunom- bre de huit, furent trouvés dans la marne; quelques-uns cependant semblaient reposer sur l’argile et ètre seule- ment couverts par la marne. Les ossemens étaient dis- persés de manière qu'il était impossible de s'assurer exac- tement des parties composant chaque squelette : dans quelques lieux on trouvait des débris à plusieurs toises les uns des autres, et on ne trouva jamais deux os l’un près de l'autre. Leur rapprochement aussi était singulier ; à un endroit on trouva deux têtes avec les bois entrelacés les uns dans jes autres, etimmédiatement au-dessous d’eux un grand os plat. Dans un autre on découvrit une énorme têle, mais malgré d’actives re- ‘cherches il fut impossible de trouver aucun autre débris de son squelette ; dans un autre lieu , à environ cent ioises, des mâchoires furent découvertes, mais sans la tête. La conclusion queje pense qu’on peut tirer de la position des diverses portions de l’animal est qu’il y eut sans dou- te un agent puissant qui les dispersa après leur mort ; et comme je regarde comme une chose impossible que leur propre poids aitété suflisant pour les enfoncer dans les diverses couches, je crois que celles-ci n’ont été for- mées que depuis la dispersion des ossemens. Je pense aussi que s'ils avaient été ‘exposés seulement quelque temps à l'influence atmosphérique , ils n'auraient jamais pu se conserver avec l'extrême perfection dans laquelle on les trouve encore à présent. (395 ) « Les collines qui environnent cette vallée sont for mées de pierre à chaux couverte d’un bon terreau dont l'épaisseur varie. L'une d'elles, dont la base est d'environ 30 acres, s'élève directement du fond de la vallée. Les bords très-roides et même d’un côté complètement perpendiculaires , sont entièrement: com- posés/de pierre à chaux. Dans toutes les parties de cette colline, la superficie est formée autant par la pierre à chaux que par le terreau; du côté à-peu-près opposé, la colline est également élevée, mais les flancs sont moins rapides et Ja couche de terreau plus épaisse. Des autres côtés le terrain ne s'élève que légèrement (à peu- près de vingt ou trente pieds) et consiste en une couche mince de terreau, et immédiatement au-dessous est un gravier de pierre à chaux très-dure : c’est le caractère _général du sol de tous les envirous, en exceptant celui formé par la pierre à chaux, et celui des Corkasses qui est évidemment un terrain d'alluvion. Je crois que, si,, comme on l’a pensé, la destruction de ces animaux était 7 due à une inondation, ils se seraient naturellement re- ürés sur les collines, qu’ils auraient probablement fini par y périr, et que, par conséquent, leurs débris au- raient été trouvés sur le sommet des montagnes, d’au- tant plus que l’une d'elles est parfaitement plate à son sommet, dont l'étendue est d'environ 6 à 7 acres. Je sais qu'on a trouvé quelques-uns de ces ossemens sur les sommets des collines ; mais comme ils ne sont couverts à présent que par une légère couche de terreau qui pourrait àypeine enterrer un petit chien , il résulte de là qu'ils étaient autrefois complètement à Fair; or, s'ils avaient été exposés de la sorte à Fatmosphère, ils au- . ( 3où ) raient été promptement décomposés et se séraient mèlés avec le terreau qu'on trouve à présent sur les monta- gues. Cette remarque peu aussi s'appliquer au sol com- posé de gravier de pierre à chaux, qui n’est pas plus capable que celui des coilines de conserver les os. « Il est nécessaire de faire observer que sur huit têtes que je trouvai, les bois ne manquaient à aucune. La variété des caractères m'a fait penser que probable- ment les femelles n'étaient pas privées de ces appen- dices ; malheureusement nous ne pümes en avoir que trois entières, car elles étaient tellement imprégnées d'eau, qu'il était très-dificile de les enlever, Après avoir parlé de ces débris antédiluviens, on se demande comment il se fait que le même sort ayant probablement atieint toutes les créa- tures vivantes, on ne trouve les os d'aucun autre animal? Les Daims pouvaient-ils être les seuls êtres existans de ce temps? L’Irlande faisait-elle partie d’un grand con- ünent lors de cette catastrophe? Ces malheureux ani- maux furent-ils les premiers qui émigrèrent de ce grand centre dans notre île, et périrent-ils avant que d’autres moins entreprenans , ou doués de moins de force phy- sique, eussent pu suivre leur exemple? Je n’avoue in- capable de résoudre ces problèmes, et je ne veux pas parler de toutes les conjectures auxquelles la découverte de quelques os a donné naissance. » Le magnifique squelette de cet animal remarquable , qui est déposé maintenant au Muséum de la Société royale de Dublin , est parfait pour tous les os qui con- tribuent à déterminer sa forme extérieure ; l’épine du dos, la poitrine , le bassin et les extrémités sont com- plètes; et lorsqu'il est surmonté par la tête élargie par (397 ) ses bois immenses qui s'étendent environ à six pieds de chaque côté, on peut se former une idée magnifique d’un des plus grands êtres du règne animal et ramener son ima- gination au temps où des troupeaux entiers de ce superbe Daim erraient en liberté sur toute cette contrée. Voulant donner la description détaillée de toutes les _ différentes portions de cet animal , je commencera par celle des bois qui lui donnent son principal trait carac- téristique. Des bois. — Afin que cette description soit plus elaire , je commencerai par expliquer les termes par les- quels je veux désigner leurs diverses parties. Chaque bois comprend la racine , les meules ou cercles environ- nans , le rayon ou la tige, la paume et les andouillers. La racine est la portion du bois qui sort'de los frontal et qui ne tombe jamais. Cette partie est lisse, d’une cou- leur brune, d’un pouce et demi de longueur et de deux pouces trois quarts de circonférence. Durant la vie de l'animal, cette partie était couverte de peau. Le cercle qui l'entoure est formé par un cordon de petites proé- minences dures et blanchâtres ressemblant à une rangée de perles et qui séparent le tour de la racine de la partie du bois qui tombe annuellement chez tous les Daims. Le rayon ou la tige s'étend extérieurement en formant une courbe dont la partie concave est abaissée et tournée en arrière : cette portion est, ainsi que la racine, à-peu- près cylindrique et sa longueur est environ le quart de celle du bois entier. Le bout extérieur est étendu et aplati à sa surface supérieure et est terminé par la paume qui s'étend sous la forme d’un éventail dont la partie su- périeure, et la plus large, comprend eu travers deux pieds ( 398 ) dix pouces. À l'endroit où la tige joint la paume, le bois forme une espèce denœud qui dirige les bords de la paume en dessus et en dessous et les surfaces en bas et en haut. La surface antérieure est convexe et est dirigée en de- hors ; la postérieure est concave et dirigée vers celle de l’autre bois : telle est la position des bois lorsque la tête est placée de manière à ce que l’arcade zygomatique soit parallèle à l'horizon, direction dans laquelle lle se trouve lorsque l'animal marche ou lorsqu'il est dans une position ordinaire. Les andouillers sont les longues pointes qui font saillie à Ja surface des bois et dont deux sortent antérieurement de la tige. Le premier sort immédiatement de la racine et se dirige en bas en passant au-dessus de l'orbite : on l'appelle le maître andouiller. Dans l'échantillon que nous possédons, cette partie est divisée à son extrémité en deux. L'autre andouiller qui sort de la tige pourrait être nommé Île sur-andouiller ; il consiste dans cet échan- tillon en une large surface plate, coucave à la surface supérieure, horizontale dans sa direction et bifurquée an- térieurement , particularité que je n’ai observée dans au- cun autre des quarante échantillons que j’ai vus , ni dans aucun des os qui ont été figurés. -Il y a aussi un autre andouiller qui se sépare avant la jonetion de la tige avec la paume. Il se dirige complète- ment en arrière parallèlement à celui du bois opposé. Le bout inférieur de la paume s’étend ensuite en arrière et en dehors, il est obtus et épais; sa longueur est de deux pieds six pouces; des côtés extérieurs ct intérieurs . . LR de chaque paume sortent six andouillers longs et ( 399 ) pointus. Aucun ne peut ètre désigné sous un nom par- ticulier : le nombre complet des andouillers est de vingt- deux. La surface des bois est d’une couleur claire, ressem- blant à celle de la marne dans laquelle ils ont été trouvés. [ls sont rudes et marqués de plusieurs rai- nures arborescentes aux endroits où étaient placées les ramifications des artères qui servaient à leur nutrition. Les bois avec la tête pesaient quatre-vingts livres. La distance comprise en ligne droite entre les deux bouts opposés est de neuf pieds deux pouces (environ 8 pieds 5 pouces français ). De la téte. — Le front est marqué par une rainure élevée placée entre les racines des bois. Jusqu'à cet en- droit, entre l'orbite et la racine du nez, le crâne est plat, il a un enfoncement de chaque côté devant les ra- cines des bois et au-dessus de l'orbite, de grandeur à y placer la dernière phalange du pouce et au fond duquel est le trou.sourcilier assez grand pour donner passage à une artère proportionnée à la grandeur des boïs : au-des- sous de l’orbite est la fosse lacrymale; l'ouverture laissée par la place de l’os qui manque à tous les daïms, est re- marquable, étant beaucoup plus petite que dans aucune autre espèce. ÂAu-dessous des orbites la tête se rétrécit tout d’un coup, et les parties supérieures des os nasaux se con- tractent, et sont marqués d’un enfoncement de chaque côté à la partie la plus basse du trou sous-orbitaire. L’ou- verture des narines est ovale, de cinq pouces de Iong sur trois de large, sa largeur la plus grande étant au centre de la racine. Des bois à l’épine occipitale, la me- Ç 400 ) sure cst de trois pouces et demie; l’occiput forme un angle droit avec elle et a trois pouces d’étendue jusqu'au trou occipital. La plus grande largeur del’occiput est de huit pouces : les fosses temporales sont à deux pouces l’une de l’autre derrière les bois. Des dents. — Flles ne diffèrent pas de celles des autres animaux de la classe des ruminans; les incisives étaient tombées ; on ne trouva aucun indice de dents canines ; les molaires ne sont pas très-usées ; elles sont au nombre de vingt-quatre. La taille du squelette depuis le bout du nez jusqu’au bout de la queue est de dix pieds dix pouces. L'épine du dos consiste en vingt-six vertèbres, c’est-à-dire sept cervicales , treize dorsales et six lombaires ; la longueur des vertèbres cervicales surpasse de beaucoup celles des autres, et les épines des dorsales ont un pied de long. On comprendra facilement combien il élait nécessaire que ces os fussent aussi développés , si on cousidère combien il fallait des ligamens cervicaux forts et des muscles vi- goureux pour soutenir et faire remuer une tête qui , d’a- près un calcul modéré, devait renfermer les trois quarts de matière osseuse solide. Les extrémités sont en proportion avec les différentes portions du tronc, et présentent une conformation favo- rable à l'union de la force et de l’agilité. Une des circonstances les plus remarquables quant à ce qui regarde ces os, c’est leur conservation parfaite qui permet d’apercevoir toutes les lignes et impressions des parties qui y ont été attachées dans leur état pri- mitif; si nous les comparons avec les os d’uu animal dont toutes les parties molles ont été séparées par la macéra- T's ne LT Te DES 56 later s die te ana ere 2 mm” 1 PA C4) tion , les seules différences visibles que nous apercevons dans leurs propriétés physiques, sont un peu plus de pesanteur, un degré de plus de dureté, une surface brune, et si ce n’est sur les bois, une apparence polie qui vient de la conservation du périoste qui les couvre en- core , ainsi que l’a montrée l'analyse chimique qui en a été faite. L'existence de graisse ou d’adipocire dans la tige d’un des os mentionnés par M. Maunsell, et dont je vis la preuve en sa possession, est très-diflicile à expliquer, puisqu'on ne l’a observée qu’une seule fois et que l'os ne paraissait pas s'être trouvé dans des circonstances difiérentes des autres; ceux que j’ai examinés après les avoir ouverts, étaient creux et ne conténaient, la plupart, qu'une petite quantité de substance noire animale. Je priai mon ami, M. W. Stokes, de faire une ana- lyse d’un petit fragment provenant d’une côte; il trouva les matières suivantes : Matières animales, 42,87 Phosphates et quelques fluates. 43,45 Chaux carbonatée. 9,14 Oxides. 1,02 Silice. 1,14 Eau et perte. 1 2,38 100,00 Voulant m’assurer de l’état des matières animales , je remis un fragment d'os à mon ami le docteur Apjohn pour qu’il en fit l’analyse : il me donna le résultat de _ses recherches dans la note suivante. « Je regrette que le temps ne m'ait pas permis de (402) faire un examen plus détaillé de l'os de daim que vous m'avez remis. Sachant que vous possédiez déjà une assez bonne analyse -de ses parties terreuses, j'ai dirigé par- ticulièrement mon attention sur les matières animales qui y ont été trouvées, ainsi que le montrent les expé- riences suivantes, dans un état parfait de conservation. » L’os fut soumis durant deus jours à l’action de l'a- cide muriatique étendu d’eau. Lorsqu'on lexamina au bout de ce temps, il était devenu aussi flexible qu'un 08 récent soumis à l’action du mème dissolvant : le pé- rioste était dans quelques parties gonflé par le gaz acide carbonique qui se dégageait de l’eau et paraissait être dans un état de parfaite conservation. » On ajouta à une portion de la solution de l'os dans l'acide muriatique, une infusion de noix de galle, ce qui causa un fort précipité d’une couleur sombre, C’é- tait du tannate de gélatine mêlé avec une petite portion de tannate et de gallate de fer. » Le cartilageet la gélatine, bien loin par conséquent d’avoir été détruits, n’ont mème pas été gâtés d’une ma- nière perceptible par le temps, » Je m'attendais à un tel résultat, et j'ai osé déjà le prédire dans un rapport que j'ai déjà cité. Jusqu'à ce que M. Cuvier publiàt son traité sur ces restes fossiles (1). on croyait probablement qu'ils avaient appartenu à l’espèce des Daims ou Elans de l'Amérique septentrionale , opinion qui paraît avoir été avancée en premier par le docteur Thomas Molyneux, a —————————————" ————————— "— ———— ————————— (1) Voyez Annales du Muséum d'Histoire naturelle, tom. xt, et Ossemens fossiles, tom. 1v. ( 405 ) en 10697 (1), etqui vint principalement de la description exagérée de cet animal, donnée par Josselyn dans le récit de ses voyages à la Nouvelle-Angleterre, publiés en 1674, dans lesquels il raconte que ce Daim est quelquefois haut de douze pieds, avec des bois de deux brasses de large. Cela fut cru d'autant plus facilement par le savant doc- teur, que cela tendait à le confirmer dans sa théorie favorite, que l'Irlande avait autrefois été unie au nouveau continent. Mais les assertions de Josselyn sur ce qui regardait le Daim d'Amérique , n'ont pas été confirmées par le té- moignage des voyageurs plus récens, et on a à présent la certitude que les espèces les plus grandes de Daims qui habitent les parties septentrionales de l Amérique, sont le Wapiui ou Cerf du Canada (Cervus canadensis ); le Renne (C. Tarandus), et \’Elan ou Moose (C. Alces). Les divisions particulières des andouillers du Renne, et les bois arrondis du Wapiti, sont des caractères qui doivent toujours empêcher de les confondre avec les fos- siles. La forme palmée des bois de l’'Elan rendrait plus probable l'opinion de son identité spécifique avec l’ani- mal fossile. En faisant cependant un peu d'attention à quelques circonstances , On verra qu'il y a encore entre eux une différence assez marquée. | Premièrement , la différence de grandeur est très-re- marquable, car il n’est pas rare de trouver des bois fossiles (1) Transactions philosophiques, vol. xix. ( 404 ) comprenant dix pieds entre leurs bouts opposés (1), tan- dis que les plus grands bois d'Elan ne dépassent jamais quatre pieds. La grandeur de ceux du Muséum de la so- ciété royale de Dublin , est de trois pieds sept pouces; la plus grande paire vue par Pennant dans la maison de la compagnie de la baie d'Hudson , était de trente-quaire pouces (2). Le bois de l'Elan a deux paumes, de une petite qui sort devant la tige d’où naît la principale panme. Elle est appelée maître andouiller par Cuvier , mais corres- pond plutôt par sa situation au sur-andouiller, l'élan n'ayant pas, à proprement parler , de maître andouiller attaché à la racine de la üge. L’'Elan n'a pas d’andouiller postérieur semblable à celui de l’animal fossile ; sa tige ne prend pas non plus la même direction arquée, mais sort plus droit. Cuvier observe que la paume du bois du Éd s'é- largit à mesure qu'elle s'étend, au lieu que celle de l’'Elan est äu contraire plus large près de la tige. La paume du bois de l’Elan est dirigée plus en arrière et celle du fossile s'étend plus dans la direction latérale. Les andouillers de l’Elan sont plus courts et plus nom- breux que ceux du fossile. Si les bois de l’animal fossile excèdent en grandeur ceux de l’Elan , au contraire le crâne de celui-ci est plus fort que celui du premier. Les têtes les plus grosses de l'espèce fossile ne dépassent jamais un pied neuf pouces, (1) Le docteur Percy , évêque de Dromore, en a décrit une paire qui avait 14 pieds. (2) Zoologie de Pennant, vol. 1. (405 ) au lieu que celles de l'Elan sont souvent de deux pieds, La tête du fossile est en proportion plus large, sa lon- gueur étant à sa largeur dans la proportion de un à déux, et dans les Elans, dans celle de un à trois. Suivant Par- kinson (restes organiques, vol. 111), la largeur du crâne n’est quede quatre pouces entre les racines des boïs chez les animaux fossiles ; dans celle de l’Elan du Muséuim de la Société, elle est de six pouces-et demi. Cuvier croit que les femelles de l'espèce fossile avaient des boïs : je suis très-porté à me ranger de cette opi- non, ayant observé parmi eux des différences de gran- deur et de force qui ne semblent point dépendre unique- ment des âges; par exemple les dents de Péchantillon du collége de la Trinité sont beaucoup plus usées, et les sutures du crâne plus effacées que dans l’éthan- tillon que je viens de décrire. Cependant és bois du dernier sont beaucoup plus concaves et plus étendus que ceux du premier, et én comparant énsemhie un seul -boïis de chacun de ces échantillons, celui qui apparent à Ja Société surpasse l’autre en longueur d'environ un sixième et dé près d’un tiers éñ largeur ; il est done pro- bable que l’animal auquel ces bois plus grands et plus courbés appartenaient, était un mâle. On a observé la mème chose dans le Renne dont les deux sexes ont des” bois, avec la différence que ceux de la femelle sont plus petits et moins branchus. Nous voyons donc par là que cet animal offre des traits caractéristiques qui le séparent autant de l'espèce du Daim ou de l’Elan, que cette es- pèce l’est du Renne ou de tout autre. Il ne faudrait donc pas lui’ laisser plus long-temps le nom d’Elan ou de Daim, et plutôt le désigner par celui de Cervus mega- VIII. 27 ( 406 ) ceros , nom qui exprime simplement la grandeur de ses bois. Les bois détachés qu’on trouve souvent et dont la sur- face convexe est unie au-dessous des meules, ainsi qu’on l’observe dans les boïs tombés des autres Daims , prou- vent que cet animal les perdait périodiquement. C’est une opinion populaire parmi les Indiens, que l'Elan est sujet à l’épilepsie, et qu’il en est fréquem- ment atteint lorsqu'on le poursuit , ce qui le rend une proie facile pour le chasseur. Plusieurs naturalistes re- jettent cetie opinion sans en donner aucune raison sufh- sante. Mais si on considère que durant la croissance des bois, le sang doit se porter avec une grande abondance vers ces parties qui sont alimentées par l'artère frontale, l’une des branches de la carotide interne , on verra qu’il est tout-à-fait d'accord avec les principes reçus de la pa- thologie, d'admettre que lorsque les bois sont parfaits et ont cessé de recevoir le sang , ce fluide doit se porter aux branches intérieures dela carotide qui alimentent le cerveau , et établir par conséquent une disposition aux dérangemens de circulation qui produisent l’épilepsie ou même l’apoplexie. Si un tel effet doit avoir lieu par suite de la grandeur des bois de l’Elan , on doit croire qu’il devait être encore plus fréquent chez l'animal fossile dont les bois étaient beaucoup plus grands. Quel pouvait être l'usage de ces bois immenses ? On voit clairement qu'ils empèchaient l'animal de traverser les pays boisés et fourrés, et que leurs andouillers , longs, pointus et pyramidaux, ne pouvaient servir à couper les branches d’arbres, usage que font de leurs bois les autres Elans, et auxquels ils semblent destinés ! ( 407 ) par leurs andouillers forts et courts, et rangés le long de la paume dans l’ordre des dents d’une scie, Il parai- trait qu'ils furent plutôt donnés à cét animal comme arme de protection, but qu'ils devaient complètement remplir , car leur extension latérale est telle, que lors- que l’animal voulait les employer à se défendre, les bouts opposés devaient couvrir tout son corps. Si nous consi- dérons la force des muscles qui font mouvoir la téle et dont les attaches occupent les surfaces étendues des ver- tèbres cervicales, ainsi que la longueur du levier que les bois forment par eux-mêmes, nous concevrons aisé- ment que la force et la promptitude avec laquelle il de- vait les faire mouvoir, devait vaincre toute espèce d’en- nemis qui avaient la hardiesse de se présenter. - Le manque de traditions sur ce qui regarde cet ani- mal, nous mène naturellement à demander si durant son existence les hommes habitaient ce pays? Mais je crois que les circonstances suivantes doivent nous le faire croire. Une tête de cet animal décrite par le pro- fesseur Goldfuss de Bonn, fut trouvée en : Allemagne dans la même fouille avec des ‘urnes et des haches de pierres. On trouve dans le septième volume de l’#rchéo- logie britannique , une lettre de la comtesse de Moira, dans laquelle elle parle d’un squelette humain qui fut trouvé dans le gravier, sous une couche de tourbe de onze pieds. Il était bien conservé et complètement ha- billé d'un vêtement antique fait en poil, qui paraît avoir appartenu à l’animal qu’on trouve fossile ; mais ce qui donne encore plus de probabilité à cette opiuion, c’est la côte présentée par l’archidiacre Maunsell à la Sociéié royale de Dublin. J'y découvris près de sa partie ( 408 ) inférieure , une ouverture ovale dont le diamètre le plus long est parallèle à la longueur de la côte; ses bords sont abaissés à l'extérieur et élevés sur la surface intérieure autour de laquelle est une effusion irrégulière de calus. Cette ouverture fut certainement produite par un instru- ment aigu et pointu qui ne pénétra pas assez profondé- ment pour causer la mort de l'animal, mais qui resta fixé dans la blessure pendant long-temps, effet semblable à celui qu’aurait produit le dard d’une flèche qui serait resté dans une blessure après que la tige aurait été rom- pue. Je sais bien qu'on trouve quelquefois des trous dans les côtes et j'en ai moi-même vu quelques exemples dans des sujets humains, mais ils différaient tout-à- fait par leurs caractères de Pouverture décrite ici, car ils occupaient le centre de la côte plutôt à son exiré- mité éxterne, et leurs bords étaient abaiïssés des deux CÔLÉS. , Il est par conséquent probable que la chasse de cet animal gigantesque servait à la nourriture et à l'habille- ment des habitans de ce pays. Le nombre limité de faits rassemblés sur ce hat) m'empèche de me former une opinion arrêtée sur la cause qui a pu amener l'extinction complète de ces animaux, soit qu’elle ait été produite soudainement par le déluge ou par quelqu'autre grande catastrophe natu- relle, soit que les poursuites continues et heureuses des chasseurs aient enfin amené l’extincuüon complète de cette race, ainsi que nous pensons que cela est arrivé aussi pour le Daim rouge. Le tableau suivant donne les proportions des diverses parties du squelette du Cervus megaceros de la Société (409 ) royale de Dublin et de celui de l'Université d'Edim- bourg, comparées avec quelques parties de l Élan (1). SQUELETTE du Muséum duMuséum de V'Élan, de d'Édim- Dublin. bourg. pieds. pouc. Longueur de la tête.+-+..s..ses.. 1 8x 1 85 Largeur du crâne entreles orbites. 0 10% ü 9 Largeur du crâne à l’occiput:+++ o 8 Diamètre de Porbites+......... © 3% 0 2; Distance entre les trous sous-or- bitaires à travers le crâne--.:+ oo 7 Longueur des apophyses alvéo- laires dela mâchoire supérieure. 0 6 o 6 Longueur de la mâchoire supé- TIEULE- = + s'el. seiaje s.of0 so la vie « se DR 52 1 32 Diamètre du trou occipital--:--. 0 2 Bois. Distance comprisé entre les deux extémités en passant par le point d’attache des bois. - - .: “rss IT 10 Id. priseen ligne droïteen travers. 9 2 6 8 3 9 Longueur de chaque bois: :..:+. : 5 9 5 x Largeur la plus grande de la paume.---- ss... ss... 2 10 Longueur du rayon ...:---.: D PETO o 6; Id. du maître andouiller:-+::4. 0 8 | Id. du sur-andouiller--.-..... 1 4 Circonférences du rayon à la ra- cine du maître andouiller.:+ 1 o? CEE / (1) Toutes ces dimensions sont en pieds et en pouces anglais ; le pied anglais est égal envir on à 11 pouces de France. ( 410 ) SQUELETTE PESTE NUL 3 Rene HU du Muséum du Muséum: de d'Édim- Dublin. bourg. Re Corps. Longueur de l’épine du dos-s.+ 10 10 9 8 Id. du sternum - DE «is ehihcier 2 4 Hauteur prise au point le plus haut des épines dorsales.. .. 6 6. Td. prise au: point le plus haut de la pointe du bois-«...... 10 4 Extrémites. Longueur la: plus grande du sca- RL DR D OO he PAR Largeur la plus grande à la base oo 10Ë Profondeur la plus grande de ses ÉpInes.s + os Dante RTE 2} Longueur de l’humérus-...... 1 4 1, 3 Id. du cubitus et du radius--. 1 8 1 G Id. du Carpe se.sosss eos 0 22 o 2 Circonférence du même,...-.. o 9x Longueur du métacarpe....-.. 1 ok 1 07 Longueur des phalanges....... 0 7 o 6% De la partie antérieure de L’é- pine supérieure d’un iléum. à 1 celle de Pautre:--...: su... x 4x rx 67 De la partie antérieure de l’é- pine supérieure à la tubéro- sité de l’ischion-.......... 1 8 1 97 Grand diamètre du trou ovale. oo 4 o 3 Petit diamètre du même.-:... oo 24 0 27 Longueur du fémur.++-...... y 6% r BE Idem du tibia, see #44 does 1 6 x G- (411) SQUELETTE GE, ‘du Muséum du Muséum de d'Édim-" Dublin. bourg. Longueur du tarse comprenant le calcanéum.-............... o 8 Idem. du métatarse.+......... 1: 14 KE: EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIX. Fig. 1. Squelette entier conservé au Muséum de la Société royale de Dublin, dessiné wn peu de côté afin qu'on puisse mieux voir la forme des bois. Il est réduit au r4me de sa grandeur natu- relle. Fig. 2. La tête isolée ‘et moins réduite dans laquelle les différens ca- ractères sont fidèlement tracés et qui montre la largeur des bois vus de face. On voit aussi dans celui-ci la forme singulièrement - bifurquée du surandouiller. Fig 3. Côte présentant un trou dù à un accident. Sur la Busramire , Bisilicate de manganèse et de chaux du Mexique. Par M. Azexanpre BroNeNrART, De l’Académie royale des Sciences ; professeur de minéralogie au Jardin du Roi, etc. Nous craignons qu'on ne se hâte trop d’ériger en es- pèces ou de placer comme telles dans le système mi- néralogique, des minéraux qui semblent en effet dif- férer des espèces connues , mais dont les différences ne sont ni assez précises, ni d'une assez grande valeur . (412 ) pour leur mériter ce rang. La scicnce devient riche en espèces nominales , c'est-à-dire en noms divers, mais c'est une richesse qui ne produit que de l’encombre- ment. La détermination du minéral que nous allons décrire, a été faite par M. Bustamente de Mexico. Si ce minéral füt tombé directement entre nos mains , nous n’eussions pas osé en faire une espèce, peut-être même nous serions-nous refusé à en publier ïa description malgré l'autorité du minéralogiste qui nons l’a envoyé, tant ses caractères diflérentiels sont peu nombreux et de faible valeur. Maïs une analyse de ce minéral en indiquant une composition définie différente de celle des autres: minerais de manganèse lui donne une spécification précise et un des deux titres que nous regardons comme indispensable pour établir en minéralogie une espèce véritable, fondée non pas sur l’empirisme , mais sur des caractères réellement scientifiques. Ces deux titres : ou caractères essentiels sont on une forme cristalline propre et clairement prononcée, dont le type soit différem de tous ceux des autres minéraux , Où, une composi- tion définie obtenue par l'analyse d'échantillons senisi- blement purs. Quand un minéral présente la réunion de ces deux classes de caractères différentiels, il est déterminé avec touie la certitude désirable , la spé-: cification est fixée. C’est alors qu'on peut lui don- ner un nom univoque et définitif. Quand le caractère de la forme existe seul, on peut bien présumer que le mi- néral qui le présente est différent des autres ; mais on ne sait pas ce qu'il est; quand Île caractère de com- position est le seul qu’on possède , on peut procéder avee (413) plus de sûreté et aussi d’une manière plus satisfaisante pour l'esprit, car on sait alors de quel corps il est ques- tion et on peut rapprocher ce corps du genre auquel il appartient , ou avec lequel il a'le plus d’analogie, quel que soit d’ailléurs le principe de classification qu’on adopte; on le connaît donc beaucoup mieux que dans le premier cas ; en effet il nous semble que ce n’est pas connaître un minéral que de savoir seulement qu’il différe de tous les autres , or la forme ne donne jamais que cette notion; l'analyse au contraire, en donnant la composition , permet des rapprochemens fondés sur des ressemblances plus ou moins importantes. Ces ré- flexions doivent s'appliquer à plusieurs espèces qui ont été établies dans ce dernier temps , en Allemagne et surtout en Angleierre » peut-être avec un peu trop de précipitation. Nous ne doutons pas de l’exactitude des observations ; mais comme les minéralogistes très- habiles qui les ont faites donnent eux-mêmes leurs ré- sultats , tant cristallographique que chimique , comme approximatifs , nous pouvons demander s’il n’eût pas mieux valu attendre qu'ils fussent certains. Ces considé- rations s'appliquent également au minéral qui nous a été envoyé par M. Bustamente. Cesavanta reconnu, au moyen de ce tact émpirique dont l’école de Freyberg semble avoir doué tous ses élèves, que ce minéral était différent de tous ceux qu'il avait vus. Îl n’a pu s’aider, ni de la forme qu’il aurait très-bien su employer et même à la manière d'Haüy , comme il l’a prouvé dans d’au- tres occasions , puisque les échantillons qu'il avait étu- diés n'étaient pas cristallisés , ni de la composition, parce que la science de l'analyse des minéraux est, comme on ! (414) sait, une science chimique toute particulière, difhcile, profonde ét d’une application fort longue; mais il a appuyé sa spécification de tous les moyens que la mi- néralogie lui fournissait. C’est donc M. Bustamente qui a fait présumer que ce minéral était différent des autres , mais c'est M. Dumas qui l’a réellement fait con- naître en l’analysant et en établissant, à l’aide de Ja chi- mie, sa véritable différence et ses rapports naturels. Le minéral en question est, comme on va le voir , ur bisilicate de chaux et de manganèse. Il se présente sous forme de sphéroïdes à structures radiées , les rayons sont aplatis et presque laminaires, leur couleur est le gris pâle légèrement verdàtre et légèrement rosàtre. M. Dumas a fait précéder son analyse de l'exposé des essais qui doivent faire ressortir les caractères chi- miques de ce minéral : plusieurs de ces essais avaient été faits par M. Pustamente , et lui avaient donné les mêmes résultats. « La BusramiTE exposée au feu d’oxi- » dation du chalumeau se fond aisément en un verre » opaque de couleur brune très-foncée. Ce verre devient » transparent au feu de réduction. Il se dissout avec » ure Jégère effervescence dans le sel de phosphore » et laisse un squelette siliceux opaque et très-blanc. » Le borax l'attaque aisément, et il-suflit d'un demi- » centième du minéral pour Jui communiquer une » couleur améthyste très-prononcée , et pour le rendre » presqu'opaque au feu d’oxidation ; mais au feu de ré- » duction celte teinte s'évanouit , et le verre devient » incolore. Avec le nitre sur la feuille de platine et » avec la soude , dans les mêmes circonstances ; il donne » une riche couleur verte. » » (45 ) » Réduit en poudre et mis en contact avec l'acide hydrochlorique pur il se dissout en partie avec effer- vescence. Une poudre blanche se dépose au fond du vase , la dissolution renferme quelques traces: d’oxide de manganèse et de fer , et beaucoup de chaux. Les parties du minéral les plus pures perdent encore 14 ou 15 p. oo par l’action de l’acide hydrochlorique. Cette perte est due évidemment à une portion de calcaire interposé. » M. Dumas considère le résidu insoluble dans l’acide hydro-chlorique froid comme le minéral pur. » La bustamite est composée De silice. 48,90 contenant oxigène 24,59 De protoxide de manganèse. 36,06 7,9L De chaux. 14,57 4,09 De protoxide de fer, 0,81 100,34 » En considérant le protoxide de fer comme acci- dentel, la composition de la bustamite serait repré- sentée par : Ca Si 2 Mn Si ou CS +2 MnS*. La bustamite, malgré une structure évidemment cris- LA : talline, ne présente aucun clivage déterminable : ce minéral a été décrit à-peu-près comme il suit, par . M. Bustamente : sa structure est, comme on l’a dit, rayon- née, presque bacillaire et laminaire dans le sens des rayons ; sa texture est compacte dans le sens transver- sal ; sa cassure, dans ce sens , est presque conchoïde : à courbure à-peu-près concentrique au centre des mor- (46) ccaux sphéroïdaux : il est d’une couleur gris-verdâtre , jaunâtre et cendré tirant sur la couleur rosée , et quel- quefois sur la couleur brunûtre. Son éclat est un peu soyeux , mais faible; ce mi- néral est presqu'opaque , et seulement translucide dans ses parties minces. Il est assez dur pour rayer le felspath et assez tenace, Sa pesanteur spécifique est de 3,12 à 3,23. M. Bustamente compare cette pierre à l’alabandine rouge et compacte , il dit même qu’elle y passe. Mais comme on ne sait pas précisément ce que c’est que l’ala- bandine ou almandin de Plive, et que parmi les mi- néralogistes” modernes, les uns donnent ce nom à un spinelle rougeûtre , et les autres à un grenat , il est assez difficile d'établir un caractère comparatif sur ce rappro- chement; cependant si l'almandin était, ainsi que le pense Karsten , etc., le grenat noble ou syrien , comme cette pierre renfermé souvent du fer et du manganèse combiné à de l’alumine et à de la silice, on pourrait concevoir cette transition. Mais ce rapprochement un peu forcé n’est point né- cessaire à la spécification de la bustamite, et ne pourrait pas contribuer à l’établir lors même qu'il serait naturel. Le caractère qui suffit seul dans le cas actuel pour éta- blir l'espèce d’après des principes scientifiques , c’est l'état d’oxidation du manganèse dans ce bisilicate de manganèse et de chaux , et la proportion de ces trois corps, On connaît déjà quelques combinaisons de manga- nèse, de chaux et de silice ; mais dans toutes, la chaux est en quantité de béaucoup inférieure à celle qui paraït être en combinaison réelle et définie dans la bustamite. Dans : CAEN ) cesmèmes minerais ; le manganèse est souvent tritoxidé , tandis qu'il est jei à l'état de protoxide. Les minerais de manganèse qui se rapprochent le plus de celui que.nous décrivons sont : 1°. Le manganèse bisilicaté rouge de Langbanshyttan, dans lequel , suivant M. Berzelius , le manganèse est à ‘état de protoxide , et qui ne renferme que 3 p. oo de chaux, et encore accidentellement. Il est vrai que dans une autre circonstance il a trouvé dans un minerai de manganèse du même lieu : Silice. 30,6 Manganèse oxidé. 52,6 Chaux. 15 Ce qui se rapproche assez de l’analyse précédente, sauf l’état d'oxidation du manganèse. 2°. Dans le manganèse bisilicaté nommé Aorrman- gan par Îles minéralogistes allemands, le manganèse est aussi, suivant M. Duménil, à l’état d’oxidule , mais il n'y a que 2 p. oo de chaux qui ne se trouve même pas dans Îles autres variétés de cette espèce, qu’on a examinées. 3°. Enfin dans le pyroxène manganésifère, on trouve encore-une combinaison d’un atome de bisilicatede man- ganèse, avec un atome de bisilicate de chaux , tandis que dans la bustamite il y a , d’après l'analyse de M. Dumas, deux atomes de bisilicate de manganèse. Il est donc présumable que le minerai décrit et en- voyé par M. Bustamente et que nous avons placé dans la collection de minéralogie du Jardin du Roi, est une espèce caractérisée chimiquement par l'expression CS°+MnS? qui n'appartient qu'à lui, et par la cou- ( 418 ) leur presque blanche qui indique l’état de première oxi- dation du manganèse. Nous la désignons par le nom de Busramxre, qui rappelle le minéralogiste de Mexico qui nous l’a fait connaître. Ce minerai est accompagné de quartz Dale qui re- couvre ses nodules en petits cristaux , et de manganèse métalloïde qui: est en petits grains au centre de ces nodules. M. Bustamente l'avait d’abord remarqué dans la col- lection de l'Ecole des mines de Mexico. I] l’a recu ensuite des mains de M. Moral , élève des mines, qui en avait extrait de beaux morceaux de Réal de Minas de Fetela, de Jonotla dans l’intendance de Puebla au Mexique. *EcHERCHES sur les Plantes trouvées dans les . tombeaux égyptiens par M. Passalacqua ; Par. M. Kunrx. Les fruits et les fragmens de plantes trouvés dans lés tombeaux de l’ancienne Égypte appartiennent presque tous à des végétaux que l’on rencontre encore aujour-. d’hui dans ces contrées. La comparaison la plus scru- puleuse des plantes analogues ne m'a laissé entrevoir au- cune différence. Il me paraît par conséquent prouvé que . la végétation de ces deux époques est parfaitement iden- tique, et que depuis tant de siècles les plantes n'ont éprouvé aucun changement sensible dans leur forme et dans leur structure. Si je n'ai pu rapporter à leurs es- ( 419 ) pèces deux ou trois de ces objets, il faut en accuser la connaissance incomplète que nous avons jusqu'ici des familles auxquelles appartiennent ces végétaux. MONOCOTYLÉDONS. ÉAQere) Triticum vulgare Willd. — Blé. Des fruits d’un aspect brunätre. CYPÉRACÉES, 2. Cyperus esculentus Linn. Les bulbes (tubera ovata , zonis imbricatis ), séparées ou réunies deux à deux ou trois à trois par des fibrés ra- _dicales. 3. Cyperus Papyrus Linn. — Papyrus et Byblos des anciens. Des tiges de six pieds de longueur avec des ombelles de fleurs d’une parfaite conservation. PALMIERS. ke Phœnix dactylifera Linn. — Delile, Resvriqpn d'Ég gypte , L 62.— Dattier. Des fruits entiers. 5. Cucifera Thebaica Delile. Descr. , t. 1. — Doum des Arabes. ù Des fruits entiers. ( 420 ) 6. Areca? Passalacque. Les graines marbrées , creuses au centre, et le petit moule de l'embryon à l’une des extrémités ne me per- mettent pas de douter que ee fruit n’appartienne à un Palmier , et probablement à une espèce d’'Areca encore inconnue aux botanistes. Nous ne connaissons jusqu’à présent que très-imparfaitement cette famille, surtout pour les fruits. DICOTYLÉDONS. JASMINÉES. 7. Olea Europæ Linn. — Olivier. Z Une branche avec des feuilles. . SOLANÉES: 8. Physalis somnifera Linn. Des graines détachées. (Elles proviennent de la col- lection de M. Caillaud , et m'ont été communiquées par M. Jomard. ) ÉBÉNACÉES. 9. Diospyros..... — Espèce de Placqueminier. Des fruits et des graines séparées. J'ai distingué parfaitement bien l'embryon. Je suis sûr du genre ; mais comme il est très-nombreux en espèces dont nous ne connaissons pas toujours les fruits, je laisse encore le nom spécifique en blanc. Est-ce l£m- bryopteris glutinosa de Roxburgh (tab. 70) , ou le Diospyros Lotus ? ? (an) 10. Mimusops Élengi Linn. Des fruits entiers. M. Jomard m'avait déjà communiqué des fruits de cette plante , qui étaient si bien conservés, que j'ai pu voir l’organisation de la graine. 1 OMBELLIFÈRES. “rt. Caucalidi Anthrisco affinis ? La petite branche que M. Passalacqua m'avait com- muniquée, n'a pas supporté le transport chez moi; elle est tombée en poussière. La détermination est faite seu- lement de mémoire. ORANGERS. 19. Citrus Aurantium Linn. V'arietas fructu amaro. — Orange amère. Un fruit unique; comme il ne m'était pas permis de le couper, il me reste encore quelque doute sur l’exac- titude de cette détermination. I] serait pourtant à désirer que l’on puisse lever les doutes sur cet objet. D'après les recherches de Gallesio, les Romains ne connaissaient pas l’oranger ; il a été introduit en Italie au commence- ent du quinzième siècle par les Génois , sans doute de _Bassora et de la Syrie. On a cru mème jusqu'ici que c’étaient les Arabes qui avaient introduit l’oranger et d’autres Agrumi en Egypte et en Éthiopie, 13. Balanites ægyptiaca Delile. Æg., t. 28. ( Xime- nia ægyptiaca Linn. Myrobolanus Chebulus Ves- ling. ) | Des noyaux et des fruits entiers. Les premiers , d’une VHL, _ 28 (422) dureté extrême , sont tous percés d’un trou au-dessous de leur moitié. La coupe transversale du noyau présente également sur les cinq angles les petits points que l’on remarque dans le fruit récent. La graine est réduite à une espèce de membrane qui tapisse les parois de la loge. AMPELIDÉES. 14. Vis vinifera Linn.: Varietas monopyrena. — Chasselat. Baies trés-bien conservées. MYRTACÉES. 15: Punica Granatum Linn. — Grenadier. Des fruits enuers. LÉGUMINEUSES. 16. Mimosa farnesiana Linn. Des têtes de fleurs réunies en chapelet (communi- quées par M. Jomard ). EUPHORBIACÉES. 17. Ricinus communis Linn. — Ricin. Des graines. Nous en avions recu précédemment par M. Jomard , qui étaient si bien conservées, que nous avons tenté des expériences de germination avec du chlore, mais infructueusement. ( 423) 150 URTICÉES. 18. Ficus Sycomorus Linn.—Sycomore.—Ficus Phak raonis de Cammerarius. J'en ai vu une feuille très-bien, conservée ; mais qui pendant le trajet chez moi est tombée en poussière. C’est le bois de cet arbre dont on faisait dans l’ancienne Égypte les cercueils des momies et d’autres meubles. CUCURBITACÉES. 19: Cucurbitu...…. Des graines d’une cucurbitacée. Elles n’appartiennent - ni à la courge , ni au concombre , ni au melon ; je me _propose de continuer mes recherches pour déterminer l'espèce. CONIFÈRES. 20. Juniperus Phæœnicea Linn. — Génévrier de Phoœæ- nicie. Des fruits parfaitement bien conservés à cinq (?) petits noyaux. Je suis sûr de cette détermination, car j'ai pu voir l’organisation des graines. Exrrair du Rapport de M. Vixrerué sur le mou- vement de la population dans la ville de Paris. La connaissance des causes qui influent le plus puis- samment sur la durée moyenne de la vie de l’homme, (424 ) et sur la propagation de son espèce , est du-plus grand intérêt , non-seulement en économie politiquect en mé- decine ; mais aussi en physiologie; et rien ne parait devoir jeter plus de jour sur ce sujet que les recherches de siatistique. Nous croyons done ne pas nous éloigner du but de ce journal, en mettant sous les yeux de nos lecteurs les résultats principaux que fournissent à cet égard les tableaux relatifs au-mouvement de la popu- lation de Paris, présentés à l’Académie royale de Mé- decine par M. Villot, déjà si avantageusement connu par ses propres recherches et par l’obligeance extrème avec laquelle il met à la disposition de tous ceux qui s'occupent de statistique les matériaux précieux ras- semblés dans le bureau dont il est le chef. Pour mon- trer tout le parti que l’on peut tirer de ceute série de M tableaux autheatiques , considérés sous le point de vue # qui nous occupe ici, notre tâche sera bien facile ; car il nous suflira de donner l'analyse du rapport fait par ! M. Villermé au nom d’une commission composée de MM. Jacquemin, Desmarest, Fourier , Esquirol , Yvan , Degenettes et lui , et chargée par l'Académie de ! Médecine de l’examen des documens en question. La première partie de ce travail a rappoit à la mortalité. Pour étudier avec fruit les circonstances qui 4 paraissent agir sur la durée de la vie de l’homme, et pour arriver à une connaissance approximative du degré d'influence que chacune d’elles exerce , il ne fallait pas comparer les proportions de décès dans les lieux tels! que .les grandes villes et les campagnes où les diffé- rences dans les localités , les mœurs, etc.,sont si grandes# et si nombreuses, que lou ne pourrait que diflicilement ( 425 ) déméler les causes qui, déterminent plus spécialement les variations que l’on observerait dans la mortalité. Il fallait au contraire comparer entre elles des populations placées à-peu-près dans les mêmes conditions générales, mais qui présentent cependant quelques différences im- portantes et bien tranchées. C’est effectivement ce que MM. Villoi et Villermé ont fait en examinant com- parativement la proportion des décès dans les douze ar- rondissemens de la ville de Paris. Rapportée à la population telle que celle-ci a été trou- vée par le dernier recensement , en 1817, la proportion moyenne annuelle des décès à domicile a été pour les cinq années que comprend le travail de M. Villot, savoir : Arrondissemens. . Quartiers. Proportion. | 1 sur Dans le 2°. Chaussée-d’Antin, Palais-Royal, Feydeau et faub. Montmartre. 62 habitans. 3°. Montmartre, faub.Poissonnière, Saint-Eustache et du Mail... 6o 1°*, Roule, Champs-Elysées , place Vendôme et Tuileries...,... 58 4°.Saint-Honoré, du Louvre, des - Marchés et de la Banque..... 58 6°. Porte St.-Denis, St.-Martin-des- Champs, des Lombards et du 'Éemplese seed"? 54 5°. Faubourg St.-Denis, Porte St.- Martin , Bonne-Nouvelle et Monorenelhs sets 53 (426 ) Arrondissemens: Quartiers: "11 Proportions. x sur 7°: Sainte-Avoie ; Mont-de-Piété , Marché St.-Jean et des Arcis. 52 11°. Luxembourg, Ecole de Méde- cine, Sorbonne et Palais de Justice... HAE sm À SA DT quin, Invalides et faub. St.- Germain 4, ? 4.8). 324.0 5o 9°. IleSt. Louis, Hôtel-de- Ville, Cité et Arsenal...... ESRI 44 8°. St.-Antoine, Quinze-Vingts, Marais et Popincourt........ 43 12°, Jardin du Roi , St.-Marcel , St.- Jacques et Observatoire. . ... 43 Et dans tout Paris... ..« 5x (x) Pour s'assurer que des différences si grandes entre la mortalité des divers arrondissemens ne dépendaient pas de quelque cause accidentelle , M. Villermé a examiné séparément les résultats de chaque année ; et a reconnu qu’elles se reproduisent tous les ans , comme le prouve le tableau suivant. (1) Ces proportions ont été calculées par M; Villot lui-même. (1427 ) Décès à domicile rapportés à la population de 1817, dans chacun des douze arrondissemens. En 1817, | En 1818. | En 1819, | En 1820, | En 1821, 1, ARROND.I 1 sur … 1 Sur... 1 SUT.e, 1 SUP, 1 sur... habitans | habitans. | habitans. | habitans. | habitans. 1%. | 66. 05 | G3. 45 | 55. 58 | 58. 00 |50.83(1) : EN 64. 21 | 63. 03 | 62. 36 | 62. 91 | 59. 51 « Ainsi l’action de causes constantes qui agissent toujours dans le même: sens, et l’emportent sur les causes d’irrégularité , dit le rapporteur , est trop évidente ici pour qu’on puisse se refuser à l’admettre. Quelles sont donc les causes qui sembleut assigner à chaque quar- er de Paris un degré particulier de salubrité, qui font que dans tel arrondissement il ne meurt à domicile, terme”moyen annuel , qu’un 62° des habitans, tandis que dans tel autre arrondissement il en meurt jusqu’à unf3seis « L’éloignement ou le voisinage de la Seine doit-i} ètre compté au nombre de ces causes ? (x) La moyenne proportionnelle des cinq années donne ici plutôt 59; que 58. ( 428 ) « D'une part ,-les arrondissemens les plus: éloïgnés du fleuve, les 2°, 3°, 5° tout entiers , et le 8° pour la presque totalité de sa population, nous offrent, les »° et 3°, le minimum des décès ; le 5°, une mortalité à- peu-près moyenne; et le 8° , la plus forte mortalité. D'une autre part, les 4° et 9° arrondissemens , et le 10°, dont la plus grande partie occupe les bords de la rivière, nous présentent : le 4°, très-peu de décès; le 9°, un nombre très-considérable, et le 10°, ‘une mor- talité à très-peu-près moyenne. Les autres arrondisse- mens n’ont point, par rapport à la Seine , de situation bien déterminée. « Ainsi, l'éloignement ou le rapprochement du fleuve n'a pas, sur la mortalité dans Paris , une influence qui soit sensible, du moins lorsqu'on compare entre eux les arrondissemens entiers. « La nature du sol, son abaïssement à l’est et à l’ouest, ou vers l’entrée.et la sortie de la Seime, les hauteurs qui limitent Paris au nord et au midi , l’ex- position particulière à certains quartiers, les eaux di- verses dont on fait usage, en un mot, toutes les cir- constantes qui peuvent modifier en quelque chose le climat général de la ville dans une de ses parties ; y apportent-elles, ainsi qu'on l’a tant de fois affirmé , des différences dans la mortalité ? « À l'exception des Champs-Elysées, des parties éloi- gnces des faubourgs et des jardins, le sol de Paris est partout où presque partout formé , à sa surface , d’une croûte plus ou moins épaisse de débris de démolition , de terres rapportées , qu’un pavé recouvre encore entre les maisons. Conséquemment on ne peut attribuer à la ( 429 ) pature différente -du sol de tel ou tel ärrondisséméent , une influence particulière (r). « Si l'abaissement du sol vers Peutrée et la sortie de la Seine; ou le long du cours et à uné certaïne distance de ce fleuve; a une influence réelle sur Ta mortalité , elle n’est pas appréciable. Les résultats des 1°%, 4°, 9°, 9°, .et 10° arrondissemens , dont le sol est le plus bas, en offrent la preuve. « Il.en est de même des quartiers les plus élevés , car le minimum des décès a lieu dans le 2° arrondissement, et leur. maximum dans le 12°, « L’étroitesse dela plupart des rues, leurs sinuosités et la hauteur des maisons font qu'il n’y a point véri- tablement d'aspect bien dominant pour les habitations. Toutefois , les jardins multipliés du 8° arrondissement, la largeur , la direction de ses rues principales, font que les vents d'Est y arrivent avec violence , et que les logemens y recoivent plus que dans les autres quartiers les rayons du soleil levant. Or une parcille exposition passe assez généralement pour être la plus salubre, et pourtant c’est le 8° arrondissement qui, avec le 12° , nous offre le maximum des décès. D'une autre part , l'exposition au couchant est regardée comme la moins :(1) On le peut d’autant moins que ce sol exploré dans une foule d’en- droits n’a montré jusqu'ici des restes ou dépôts de voieries que daus les lieux actuellement pavés où il existe une croûte de terres rapportées et de débris de démolition, épaisse au moins de cinq pieds : telles sont , sur la rive gauche de la Seine, la butte Saint-Hyacinthe, et sur la rive droite les buttes des Moulins, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, et de la rue Meslée. ( Renseignemens communiqu espar M. GirarD , ingé- nieur en chef des ponts-et-chaussées du département dé La Seine.) 2 (450 ) favorable, et les 1° et 10° arrondissemens qui la pré- sentent plus que tous les autres’, ont, l’un: une 1rès- faible mortalité, et l’autre une mortalité à-peu-près moyenne, +: « Ce que nous venons de dire prouve que si les vents d'Est ou d'Ouest, qui seprécipitent sans. presque rencontrer d'obstacles dans les rues principales des 1°", 8° et 10° arrondissemens, ont l'influence qu’on leur attribue sur la santé, d’autres causes agissent en sens inverse et ne permettent pas dela reconnaître. Ilen est de mème, pour le reste de Paris , de l'influence de tous les rhumbs de vents, dont les courans sont d’ailleurs réfléchis ou brisés par les maisons ::ce n'est guères que sur les quais qui bordent la Seine, qu’on les sent bien, c'est-à-dire , dans les quartiers où nous avons reconnu et une très-forte et une très-faible mortalité. | « Beaucoup de rues principales de Paris étant à-peu- près parallèles à la Seine, ou bien ; au contraire , per- pendiculaires au cours de: ce fleuve, on pourrait pen- ser que ces deux directions croisées des courans atmos- phériques , ont une heureuse influence sur la santé d’un grand nombre d'habitans; mais aucune observation ne l'a encore montré, que nous sachions du moins , et il n'est pas mieux prouvé, malgré maïnte assertion , que les montagnes de Belleville et de Montmartre soient salutaires aux habitans des quartiers qu’elles préservent de l’impétuosité des vents du Nord. Nous ajoutons mème que l'influence des vents infects qui passaient sur la voierie de Montfaucon , avant qu’on ne l’éloignàt, ne paraît pas avoir été fâcheuse pour les quartiers de Paris les plus voisins de cette voierie, et où ils soufflaient le C4) plus souvent ; €ar Ces quartiers sont ceux des 3°, 5° et 6° arrondissemens (1). | « Nous ne découvrons donc pas, dans la disposition des lieux et dans les circonstances météorologiques, les causes des différences que présente la mortalité dans les divers arrondissemens de Paris. Voyons s’il n'en existe point dans les eaux à l’usage des habitans. « Ces eaux sont fournies par la Seine , par l’aqueduc d’Arcueil, par le canal de lOureq, et par les sources de Belleville, de Ménilmontant et des Prés-Saint-Ger- vais. Les dernières , qui sont les plus chargées de sels et passent pour être lés moins bonnes, alimentent ane partie des 3°, 5*et 6° arrondissemens. Viennent ensuite, par la quantité des sels , les eaux du canal de l'Ourcq, jusqu’à présent composées seulement de celles de la Beu- vronne , réunies aux ruisseaux d'Arneuse , de Sevran , et à plusieurs sources , qui se distribuent aux 3°, 5°, 6°, 8° et 9°. arrondissemens ; puis les eaux d’Arcueil, qui sont très-estimées , qui l’étaient davantage autrefois , et que des conduits portent dans les trois arrondissemens (1) Les rapports singuliers et si en opposition avec tout ce qui est publié, que nous avons signalés ici relativement à la mortalité, sont d’accord avec des observations faites en grand dans ces dernières an- nées. Ces observations sont celles de M. Parent-Duchâtelet, sur les égoûliers , et surtout celles, encore inédites, commuriquées au rap- porteur, que MM. Huzard, Darcet et le mème M. Parent-Duchâtelet viennent de faire en société sur la voierie de Montfaucon , et desquelles il résulte non-seulement que les ouvriers qui y sont employés dans les clos d’écarrissage n’ont rien à envier aux autres artisans pour la santé, mais encore que les habitans des maisons les plus voisines de leurs ateliers, qui en sont le plus iñcommodés par l'odeur, jouissent également d’une très-bonne santé, "V. (452 ) - de la rive gauche dela Seine, maïs surtout aux 12° et \ rit. Enfin, l’eau de la Séine, la plus légère , la plus pure et la meilleure, alimente tout le voisinage de cette rivière, et l’on peut dire les trois-quarts de Paris » AUX extrémités les plus’ éloignées duquel elle est distribuée au moyen de tuyaux , ou transportée dans des tonneaux. « On ne trouve donc pas dans les eaux la cause des différences qui nous oceupent. « L'opinion générale est que plus une population est deñse, plus sa mortalité est forte ; et cette opinion est fondée sur l’observation que les décès sont proportionnel- lement plus “ombreux dans les grandes villes que dans les peutes, et dans les petites villes que dans les cam-. pagnés. On en a conclu que l'agglomération des maisons, l'étroitesse dés rués , sontdes causes d’insalubrité , et que les hommes corrompent mutuellement l'air qu’ils res- pirent. » D’après les documens communiqués à M. Villermé dans les bureaux de la préfecture du département de la Seine, et qui sont le résumé des opérations du cadastre dans chacun des douze arrondissemens de Paris , on voit que la surface occupée par les batimens, rapportée à celle qu'occupent les rues, les places, les jardins et autrés terrcins , est dans les proportions suivantes : Pour le 5°. arrondissement. ... les 0,46 du territoire. Ee:8:. 22 0,469 Leg }126/60! TC TA-7 00 Pa TE O TU 0 LOS. audi ee DE MODE Le rx. qhhe Be 2%.#0, EN Len. Jobs 2 dberstt.0;82 ed. :: 009 | (433) En rapprochant de la mortalité des arrondissemens correspondans ces proportions qui représentent lé degré d'agglomération des maisons , on voit.que dans l’état actuel de Paris, au moins , la largeur des rues, les places, les jardins et les plantations n’exercent point dans NIENTS quartiers une influence. salutaire aussi marquée qu’on le croit généralement. En eflet , des ar- rondissemens qui ont le plus de décès. figurent parmi ceux dont Les rues, les jardins et les places sont les plus étendus et wice versa. M. Villermé er conclut que, sans regarder comme dénuée de tout fondement l'opinion née des découvertes de Priestley , d’Ingenhousz etde Senne- bier , que la végétation épure l’asmosphère par Pexhala- tion du gaz oxigène , on doit regarder comme ayant été singulièrement exagérée l'influence du voisimage des arbres et des autres plantes. Sur ce point, nous ne par- tageons pas entièrement les idées de M. Villermé; car il est bien possible que dans les localités en question les causes puissantes de mortalité dont nous parlerons bien- tôt masquent les effets de l’action bienfaisante des plan- tations , ec, , sans que pour cela cette influence salu- taire soit aussi faible que M. Villermé parait le croire. Le tableau suivant montre les rapports de la popu- . lation avec la seule superficie du sol qui est occupée par les batimens et cours, en faisant abstraction des rues, places ; jardins , etc. (x) : (1) La population et la surface d’après lesquelles on a établi ces rap- ports , sont également celles de 1817. Nous avons compris dans la po- pulation , Les militaires , les.gens logés dans les hôtels garnis et chez les logeurs , les malheureux détenus dans les prisons, et Re pauvres des hospices , mais non dés hôpitaux. (434 Superficie moyenue du soi Arrondissemens. qu'occupe chaqueindividu, exprimée en mètres carrés, Dans le 1°*......64 56h... 2rur8 88 8. 4. 246 gb. 16 12 ol 36 ÉLAAPARES LE 10 sé 2 2030 EE 6°.... 1412-24 2. 20 iphone To SZ set. valet SFA sus. 6 Six mètres et demi ou environ, terme moyen ; pour la place de chaque individu d’une population de plus de 46,000 habitans, quel encombrement cela ne suppose- t-il pas, dit M. Villermé, dans les logemens des pauvres qui habitent le 4° arrondissement, surtout lorsqu'on sait que sur 100 locations il y en a 72 de gens riches ou plus ou moins aisés qui occupent tous ou presque tous un plus grand espace ? « Si nous faisions entrer dans nos calculs la A Eu ration des étages , nous trouverions que chaque habitant répond dans tous les arrondissemens à une bien plus grande surface que celle que nous avons reconnue ; mais alors il faudrait compter jusqu'à 3, 4, et mème à et G individus logés l’un dessus l’autre lorsqu'on s’avance vers le centre de Paris. « En rapprochant la rites à domicile de l’espace accordé à chaque individu , nous voyons que la propor- tion moyenne annuelle des décès est de 1 sur 51 : dans les arrondissemens où l’espace dont il s’agit est le plus grand , et sur 53 ! dans les autres arrondissemens. Enfin nous voyons aux deux extrémités du tableau de Ja su- (435) perficie du sol qui répond an logement d’un habitant , deux arrondissemens où la mortalité à domicile est la mème , et, parmi les trois arrondissemens qui offrent cefte superficie la plus considérable , les 8* et 15°, qui sont ceux où l’on observe le maximum des décès. « Certes , on n'aurait point prévu de pareils résultats. On doit en conclure que si l'agglomération de la popu- lation augmente sensiblement la mortalité, c’est , comme le prouve d’ailleurs l'exemple des équipages des navires , seulement dans certaines conditions. « La propreté ou la malpropreté, les vêtemens , les alimens, les boissons , etc. , sont d’autres conditions dont il nous importerait beaucoup de connaître l’in- fluence, et qui, suivant qu'elles sont bonnes où mau- vaises , doivent contribuer certainement à entretenir la vie ou bien à l’abréger. Rien ne semble plus difficile. que d’avoir sur toutes ces circonstances des données compa- ratives , sinon exactes , du moins approchées de l’exac- titude, dans tous les arrondissemens. Néanmoins on pos- sède des documens positifs qui indiquent le degré soumis au calcul de toutes les conditions dont il s’agit. Ces do- cuméns , publiés par l'administration , ramènent à 100 toutes les locations de chaque arrondissement , et font voir combien , sur ce nombre, il y en a qui ne paient aucun impôt , combien sont imposées à la seule contri- bution personnelle , et combien à la patente (r). Les lo- cations non imposées représentent les pauvres , et les autres les gens plus ou moins aisés. Le rapport des pre- mières aux secondes a pour corollaire la richesse relative (x) Voyez Recherches statistiques sur Paris , tome 2 ; Tabl. n°. 102. ( 436 ÿ.. } des habitans des: douze arrondissemens pris chacun en masse ; et comme en défiuitive la nourriture ;| le vête- ment , la propreté, sont en raison de la fortune , celle- ci les représente assez fidèlement. Or, si nous rappro- chons de la proportion des locations non imposées où des locations tenues par les familles pauvres , les résül- tats qui se sont offerts à M. Villot par la recherche des décès à domicile , nous trouvons : Arrondissemens. Locat. non imposées. Décès 3 domicile. à . a Dans le.2°.... 0,07...... 1 sur 62 habitans. dl Dali den of DEA MOT Les cie ques se 10 DE Sa DD Aa ue ce. DO D age pa OO nas. : LDE ON ie PIED 23 ete D 2 DR Eh MQ Ar otre ralée ÈS VO D NORD Le à à e D « Lo DE D ane PLUS A ayare de de a Et DO Debian dre ur dou io) PUR Dur + OS Dite uen de ACT D te ONE ave Mie tite malt el « Un résultat bien remarquable de cet ordre des ar- rondissemens d’après l'accroissement du nombre de leurs locations non imposées, c’est-à-dire de leurs pauvres, c’est qu'ils se rangent très-sensiblement aussi à la suité l’un de l’autre, à une seule exception près fournie par le 11° arrondissement, dans l’ordre suivant lequel la mortalité s'accroît (1). (x). Je ne saurais assigner avec certitude toutes les causes de l’excèp- (457) « Donc la richesse, l’aisance , la misère sont , pour les habitans des divers arrondissemens de Paris , par les conditions dans lesquelles elles les placent , les princi- pales causes (nous ne disons pas les causes uniques) auxquelles il faut attribuer les grandes différences que l’on remarque dans la mortalité. » M. Villermé établit ensuite une distinction très-juste entre la richesse industrielle et celle qui est improduc- tive , et cherche à savoir si elles ont une influence éga- Jement heureuse sur la duréé de la vie. En comparant la proportion des décès à domicile , avec celle des locations imposées à la seule contribution personnelle, et celle des locations imposées à une patente de plus de 30 fr., il a trouvé que dans les six arrondissemens où l’on tion dont il s’agit, mais je sais que beaucoup de personnes, qui sont dans le décliu de la vie, abandonnent les autres quartiers pour se re- tirer dans ceux de l'Ecole de Médecine, de la Sorbonne, mais plus encore dans celui du Luxembourg, où elles forment plusieurs commu- naulés ; et je trouve, en jetant les yeux sur le tableau No. 5, du pre- mier volume des Recherches statistiques sur Paris , que le onzième ar- roudissement est , des douze en lesquels se divise la ville , celui qui offre très-sensiblement la plus forte proportion d’habitans igés de plus de cinquante ans , el surtout d’habitans âgés de plus de soixante ans. Le contraire se remarque justement dans les trois premiers arrondissemens, ce qui éxpliquerait aussi en partie pourquoi la mortalité y est compara- tivement si faible. Ajoutons que dans le onzième arrondissement, le petit nombre des naissances (voyez-er le tableau plus loin ) appuie ce que je viens de dire, Ajoutons encore que le petit nombre des enfans au- dessous de cinq ans qu’on garde dans cette capitale , et la grande quan- tité des étrangers qui ÿ arrivent dans la vigueur de la vie, pour retour- ner chez eux après un certain nombre d’années , font que la salubrité générale de Paris est réellement moins grande que ne l'indique la pro- portion des décès. \'É VIII. 29 ( 458 ) compte le plus d'habitans qui vivent de leurs seuls reve- x 29 nus , la mortalité annuelle à domicile est de 1 sur 52 tandis que dans les six arrondissemens où il y a le plus de commerce et de négoce , elle est de 1 sur 57 <. Il pa- raîtrait donc qu’à Paris la haute industrie ei le haut com- merce servent mieux la santé publique que la richesse improductive. M. Villot a déterminé aussi les décès des deux sexes , en les rapportant au nombre des individus de chacun lors du recensement. Les résultats de cette partie de son tra- vail sont : R 1°. Que, pour tout Paris, sur 100 habitans on en comptait 46 100 55 100 du sexe masculin , 53 du sexe fémi- nin , et que sur 100 décès à domicile , il y en a eu 47 aux dépens du premier sexe , et 53 aux dépens du second. 29. Que dans les 1°, 4°, 5°, 9° et 12° arrondisse- mens , les rapports des sexes ont été les mêmes pour les décès que pour la population. 3°. Que dans les 2°, 3°, 8°, 10°, et 11° arrondisse- mens , il est mort proportionnellement plus d'hommes que de femmes , surtout dans le 2°. 4°. Et que dans les 6° et 7° arrondissemens , il est mortproportionnellement plus de femmes que d'hommes. M. Villot examine ensuite les décès dans les hospices et hôpitaux civils , et établit leurs proportions entre les douze arrondissemens d’après le nombre des indigens qui , à l’époque du recensement, étaient dans ces asyles, et d’après le nombre des décès qui y ont eu lieu pendant les années 1817 , 1818 , 1819, 1820 et 1821. Faute de documens plus complets à cet égard , il est obligé de faire deux suppositions : la première , que la proportion ( 439 ) pour laquelle chaque arrondissement concourait à la po- pulation-des hôpitaux et hospices à l'époque indiquée , n'a point varié où n'a subi que des variations qui se compensent ; et la deuxième , que les décès qui ont eu lieu dans ces asyles ont été en définitive pour chaque ar- rondissement , en raison du nombre des malades qu'il leur a fournis. En admettant ces deux suppositions , et en réunissant les décès des hospices et hôpitaux civils aux décès à domicile , il'a trouvé pour mortalité totale annuelle : élus Dans le 1°* arrondissement... de 1 sur 45 habitans, D'LA CES cie NOR RARRE TENUE | SEE 2 ORNE ET CCR à PRE MERE. DAT SE Pour les douze arrondissemens réunis... 32 4: Ainsi donc , de quelque manière que l’on s’y prenne, un résultat surgit toujours : c’est que la mortalité dans les divers arrondissemens de Paris , est , en général , en raison inverse de l’aisance de leurs habitans. La se- sonde partie du travail de M. Villot a rapport aux nais- (440 ) sances. Pour la période de 1817 à 1822, les naissances à domicile moyennes annuelles ont été : Dans le 1° arrondissement... de 1 sur 38 habitans. ? PAPE EU PP RENE EN GER EEE RS er 0 ACCUS CRD GET eu AIRE EPS RAM D AU ACTA RE PE 5 A TE AR D LD eessssssssssssssessse. 29 Dans tous les arrondissemens réunis... 34 Nous voyons donc que les naissances sont proportion- nellement les plus nombreuses dans ceux où il y a peu dé gens qui paient la seule contribution personnelle, et dans ceux où la mortalité est très-forte. Et si l’on ajoute les naissances qui ont eu lieu à la mai- son d’accouchemens , la proportion a été pour Ja capitale entière, en supposant que ces naissances appartenaient toutes à la population de Paris, de 1 sur 28 habitans. Mais nous devons faire remarquer que la population s’est toujours accrue depuis le dernier recensement , de telle sorte que le rapport indiqué est un peu trop fort. La même observation s'applique aux décès. Le rapport moyen général des naissances à la population a été pour ( 441) la France entière pendant les cinq mêmes années comme 1 est à 31, près de 32. Les naissances des garcons comparées à celles des filles ont été comme 16 est à 15 =, et cette proportion se montre à très-peu près la même pour les naissances à do- micile des douze arroudissemens : du moins dans aucun on ne compte plus de 15 2% naissances féminines et 100 moins de 14 -* contre 16 de garcons. Ce rapport est égal à celui qui a été trouvé pour toute la France. La proportion des enfans morts-nés , tant à domicile qu'à la maison d'accouchement , a été de 56 sur mille naissances , et le nombre des garcons morts-nés est plus fortque celui des filles ( dans le rapport de 6 à 50 ) ; cette différence, que l’on a observée partout, a été attribuée en partie à ce que les garcons sont plus gros que les filles. Les mariages ontété pour chaque année, terme moyen : er h s N 2e L: . Dans le 1 arrondissement... de 1 sur 102 habitans DE er ee ee ee ee le TON BE SNS LES DIE 05 - LEE TR NORME RO LPE DÉC Or. Ne PS TE DRAM es. Lin dé CVS POMETEN PNR CIRE € RTE DORE Eee fees SU MON 97 DE RE PE ON OR RS OISE M PL HAE Rite URLS NN Re OUT Puor les douze arrondissemens...... 108 (442) Pour la France entière, et pendant les cinq mêmes an- nées , le rapport moyen annuel des mariages à la popula- tion a été comme 1 est à 141 , ou à-peu-près. La fécondité des mariages , ou, ce qui est la même chose , le nombre des enfuns légitimes qui répond à une union, à été Arrondissemens. Enfans. ch meet Dana at denis aroc-nnec 248 à Bios DRE a ed uet tetprit e MOCILESS) Ne RUE AR ES se dun UE Lcbmiborcaat-srénioin 08102 D nhasbeaen ro sel lit 20f D Os à: abormer tes do Pons Dossssresssesessessees 2 2 Fe RS RE ERA RP PA RC Jesse sesseseesese 2e 5. OL se sl One A SENS A UE ee ARS Rd Go tn fete Eee Pour toute la ville, sans distinction des £ ; . 2. arrondissemens, de... ....:.1..:.. Ce tableau fait voir que c’est dans les quartiers pauvres et où l’on compte peu d’habitans imposés à la seule con: tribution personnelle , que la fécondité des mariages est la plus grande (r). (1) Une fécondité aussi faiblé que celle des mariages dans Paris, prouve évidemment que les naissances, quoiqu’elles soient plus nom- breuses que Les décès , ne sauraient entretenir la population à son ni- _ (483) Pour la France entière, le rapport des mariages aux enfans légitimes est de 1 à 4 -. Quant à la partie du travail de MM. Villot et Villermé, sur la proportion relative des enfans naturels aux enfans légitimes , et à la reconnaissance de ces derniers , nous nous bornerons à dire qu'il n’y a aucun rapport bien évident entre le nombre de ces enfans et les causes qui diminuent et augmentent sensiblement la mortalité et les décès , et enfin que c’est dans les quartiers pauvres que l’on voit le plus grand nombre d’enfans illégitimes reconnus par leurs parens. veau , encore moins l’accreitre : car en supposant , contre l’expérience , que tous les individus d’un certain âge servent à là reproduction, tou- jours est-il certain que de 240 enfans qui raissent , il n’y en a pas 200 , à beaucoup près , qui atteignent l’âge dont il s’agit. C’est même, peut- être , faire une trop grande concession que d’admettre , comme terme moyen, qu'ils fourniront un jour soixante-dix unions ou mariages, Conséquemment , ce sont les immigrations qui empêchent chaque année la population de diminuer, La stérilité des mariages dans Paris, aucune influence sensible de l'ordre physique n’en donnant la raison , prouve encore que cette sté- rilité 8 sa cause, au moins principale , dans la volonté des habitans, et il faut reconnaître que c’est principalement dans les quartiers riches où pareille cause restreint la fécondité. V. mi de joie (444) TABLEAU extrait de l'Examen du mouvement de la population de la ville de Paris, pendant 1817, 1818, 1819, 1820 et 1821. 0 + ISSANCES. : : - IPOPULATION Mas potl BA SSANG MARIAGES, | DÉCÈS. TOTALE tion augmentée de celle des hô- Nombre moyen|Nombre moyen Nombr. moyen Nombr meyen apauel des annuel AKRONDISSEMENS. me y pitaux civils au POMPES PTE TE Fuel Nombre moyen jé ee Aésterfane eufins naturels au jour Jour du recense- ET ar Eices des naissances | des naissances annuel es décts … reconnus ’enfan ’enfa : ne morts-né |: : à É g 5 PR PCT e ae e one 52,421 50,065 1,312 859 79 6: a UE 65,523 65,352 1,607 1,049 104 131 Dos rérs- en8-e 44,932 42,769 1,106 713 66 94 Grosso. 46,624 46,964 1,411 806 60 154 ÉEtre 56,871 55,546 1,760 1,046 Y11 105 Gimme 72,682 72,327 2,190 1,346 138 221 CODES 56,245 55,421 1,624 1,074 100 152 LES LE 62,558 61,099 2,021 1,42b 123 237 gerse.e 42:932 41,513 1,284 953 93 153 TU der 81,133 70,486 1,938 1,41 119 172 nee ce 51,766 50,651 1,222 082 5] 119 rte 80,079 69,971 2,443 1,642 124 340 Totaux :- | 713,966 682,059 Hôpitaux et Hospices civils.,,..........[...... .. Prisons, Hépitanx militaires et Morgue..|...... .. Toraux::::. 1) Et diminuée de celles des Hospices, Prisons civiles et Établissemens militaires; c’est à elle que sont rapportés les mariages, et les naissance: et décès à domicile, { P sl PP ges, (2) Les môruw-nés ne figurent dans le rapport, ni parmi les naissances ni parmi les déces. ( 445 ) o6c‘e 1089& oc‘gil cg‘gi6r 6lg'e | gectoz ÿqu'L 187€ a8‘bo ce “Gr 09‘€8 Lg6c Pr RS 809°T LlGtre Yct'e Lçic 91‘oh LG'G co‘ch obéir fosossil 916‘c 14VtLe AU coce ch‘ig Yz‘oc « ‘obr ro‘ 6c Pie oh eeOT 6gL'c cibth cig'e e991 01‘G cL‘où « Li 1L<0L EEE Og1'€ zhitcc zGc'L Gccz oc ‘6ce ir 0b‘66 86c6c AT Log‘x Gco‘rz Yo: 4 c6bz « « ogf1 Go‘r1t 99‘6c css... 10LG Lec'ez 000‘6 orc& 0ç‘ot ER ch Gx 19c6 se delete Q bi6'c A TATA < Lic‘6 cLGr 6c‘6g & « LotLe 91‘go1 DEEE EETE pig‘c Eehac 896 L tcoù « 86‘ go‘gr Lg‘og AIT | 9ÿ6'e | roc'ec £69°6 gepr g6‘1} CRE) Cyhr 0g‘6) DE Ggo‘e coc‘Le 990°6 Vhcc gc‘oz Fret: gL‘os 90921 re € t11'€ 111fCa 566:9 Fe6r MAR: oc‘Lz g1'‘ort Gi‘ecc ssl *#2187994 *S9401994 *s217193q a 5218129 *s98eu9 "FUOSIEIN ‘UOSIBUL *212 "XNB9SSTUU *s200I4 a, sed one “sarpier 1 1 ‘suaunEg sed sumiqey soSeu?y sap RELIURECT 5219181 sony 1v101 21quou “SNINAISSIANONAY sop uaow 91qmoN | ©," *L181 AANNV 41914Y34nS *SLIP4 ap 9f[LA La SUEP SOSPU9TA 19 SUOSLEIN] sap 2IQUOU 9] 19 ‘[0s np oromrodns eg 04e sioddez sos SUP 19pisU09 uonemdog ef v Jap AVATIAYL (446 ) Mémomme sur les Glandes de la tête des Serpens; Par J.-F. Mecrez. Les glandes de la tête des serpens sont intéressantes particulièrement à cause du venin que -quelques-unes d’entr'elles sécrètent comme l’on sait, Elles ont été en outre, depuis ces dernières années , l’objet des récherches de plusieurs anatomistes , notamment de MM. Tiede- mann (1), Cloquet (2), Rudolphi (3) ; et Desmou- lins (4), qui les ont décrites en partie plus exactement , et en partie ont cherché diversement à les réduire les unes aux autres. Quelques-unes d’entr’elles avaient déjà été décrites plus ou moins complètement par des obser- vhteurs antérieurs , tels que Charas (5), Redi (6), Ranby (7), Fontana (8), Russel (9), et M: Cuvier (10); mais comme il règne peu d’accord entre les rapports (1) Über die Speicheldrusen der Schlangen Munchner Denkschrif- tèn 1813, p. 25. : (2) Sur les voies lacrymales des Serpens. Mém. du Muséum d'hist. nat., 10m. V1, p. 62. G) Seifert : Spicilegia adenologica. Berol. 1823. (4) Sur le système nerveux de l'appareil lacrymal des Serpens. Ma- gendie , Journal de Physiol., t.1v ,p. 274 et suiv. (5) Anat. de la Vipère. Mém. de l'Acad. , 1666-99, t. mr, part.2, pag. 209. Nouvelles expériences sur la Vipère, Paris ; 1670. * (6) Osservazioni intorno alle Vipere. Opp. Napoli , 1778, t. ur. (7) On the poisonous apparatus of the Rattle-Snake, Phil. Trans., ? no. 401 , P. 377. (8) Sur le venin de la Vipère , t. 1. (9) An account of Indian Serpents, 15096. (10) Anatomie comparée, t. 111, p. 224. ( 447 ) °7 anciens et plus récens, jai soumis cet objet à un nou- vel examen , dont j'offre ici le résultat , en ayant égard aux travaux antérieurs. 19. Il y a à la tête des serpens ciq paires de glandes qui à la vérité ne se rencontrent pas dans toutes les espèces, mais cependant dans plusieurs à la fois. Parmi ces glandes, la plus constante est une glande petite , allongée et arrondie, fort dure, lisse, dé- pourvue de lobes distincts, située à peu de distance de la peau , très- près de l'extrémité antérieure de la sur- face inférieure de la bouche , peu éloignée de la ligne médiane , et s’ouvrant tout-à-fait antérieurement à côté de l'ouverture de la gaine de la langue. C’est avec juste raison qu'on peut comparer celle-ci avec la glande sub- linguale des autres animaux. Le seul auteur qui en fasse mention, M. Cuvier l’a vue daus les amphisbènes, où elle est la plus volumineuse, en proportion ; mais ni lui, ni aucun autre auteur n’en font mention dans les autres serpens , quoiju’elle se retrouve dans tous les genres et dans toutes les espèces que j'ai examinés, à l'exception seulement du Typhlops, dans lequel elle pourrait bien m'avoir échappé à cause de la petitesse des parties. Mais c’est à tort que M. Cuvier regarde ces glandes dans les amphisbènes, comme étant celles de la mâchoire inférieure qui auraient seulement changé leur situation ordinaire ; car ces dernières existent si- multanément avec les autres ; elles sont bien dévelop- pées dans les amphisbènes , comme dans plusieurs autres serpens ; au reste, elles seront décrites plus bas. Une autre glande presqu'aussi constante est située en dedans ou en arrière (souvent en dedans et en ( 448 ) arriére , en même temps } de l’œil ; elle est plus corr- sidérable que la précédente , blanchätre , molle , divi- sée en lobes. Si; je ne me trompe , c’est celle-là que Charas a déjà décrite et figurée dans la vipère et qu'il connaissait aussi dans la couleuvre. Il est vrai que M. Tiedemann pense qu'il a connu les glandes ve- nimeuses de la vipère, mais ses descriptions et ses fi- gures ne s'accordent nullement avec celles- -ci; c'est avec les glandes oculaires qu'elles s'accordent. Cette glande a été décrite et figurée ensuite par MM. Tiedemann, Cloquet et Rudolph ; c’est la glande lacrymale de M. Cloquet. M. Ziedemann ne Va point trouvée ni dans l’Am- phisbæna , ni dans l'Anguis ; mais en réalité elles y sont d'un volume considérable en proportion ; dans V’Amphisbæna surtout elles sont plus grandes que l'œil, au côté interne duquel elles sont situées. C’estainsi que je lai trouvée dans l’_Æmphisbæna alba ci fuliginosa. Elles sont également considérablesdans l£ryx jaculus, le Tor- trix scytale, VElaps.—Ordmairement toute la glande, ou du moins sa plus grande partie, se trouve hors de l'orbite, etderrière lui ; surtoutdans les genres Coluber , Tortrix et Eryx : moins dans les genres Boa, Python et dans les serpens venimeux. Elles proéminent cepen- dant encore distinctement dans le Trigonocéphale, et jene puis concevoir, par cette raison , comment M. Ru- dolphi a pu ne pas l’apercevoir du tout dans le Tr. mutus. Comme elles ne sont pas fixées à la peau, ik est très-facile de les découvrir lorsqu'elles occupent cet endroit , et il est hors de doute qu’elles n'aient déjà été vues par Charas. M. Desmoulins, fidèle à son ancien { tome me crétin sin mhttnsintit ( 449 ) compatriote , n’admet très-naïvement que ces seules glandes en disant expressément que dans un grand nombre d'Ophidiens , notamment dans cinq espèces de Coluber , une de Scytale , une d’Elaps, il n’a rien trou- vé ni à la tête, ni entr'elle et l’esiomae qui put être comparé à quelque glande servant à la digestion , telle que la parotide , la sous-maxillaire, la sublinguale et l’amygdale , en sorte que la digestion ne s'opère qu'à l’aide du foie et du pancréas (1). Assertion qui n'aurait pas été permise à un auteur français , même autrefois , puisque des compatriotes , tels que MM. Cuvier et Clo- quet, ont déjà décrit et figuré d’autres glandes ; mais qui paraît tout-à-fait inconcevable, aujourd'hui que les savans français sont habitués à se servir de la litté- rature de leurs voisins et notamment des Allemands. Une troisième glande un peu moins constante que les précédentes, de forme oblongue , se trouve située au côté externe des branches de la mâchoire inférieure ; les orifices de ses nombreux conduits excréteurs sont rangés en une ligne simple , le long du côté externe des dents de la mâchoire inférieure. C’est cette glande que M. Cuvier (2) a déjà décrite dans les genres Coluber et Boa , mais sans faire mention d'aucune autre. Plus tard MM. Tiedemann et Cloquet l'ont figurée dans le Co- luber natrix, et M. Rudolphi dans le Vipera berus. Le premier l’a trouvée non - seulement dans le Co- luber , mais aussi dans le Naja, le Vipera berus , l'Amphisbæna , l’Anguis , où je l’ai de même rencontrée Dee em en me qe me (x) Magendie, Journal de Physiol., t.1v, p. 275-76. {2} Lecons d’Anat. comp. , t. z1r. : (450 ) constamment , développée surtout dans l’Anguis , l'Ame phisbæna et le Coluber. Elle est en outre fort consi- dérable dans l'Eryx, les Tortrix, et parmi les serpens venimeux , dans l'Elaps , tandis qu’elle est petite dans le Crotalus. Dans les autres serpens venimeux qui en sont pourvus elle est toujours plus petite que dans les serpens non venimeux , à l'exception de l'Elaps, où elle est énorme. Sa dimension en hauteur est toujours plus grande en arrière qu’en devant. Elle se compose toujours de plusieurs lobes allongés ou arrondis, perpendicu- laires , droits ou un peu courbes , et d’une dureté no- table. Dans le Coluber elle s’unit sur la ligne médiane avec sa congénère du côté opposé :- elle répond incon- testablement par sa structure , sa forme et sa position , aux glandes buccales et labiales des mammifères. Vis-à-vis de cette glande, sur le côté externe des branches de la mâchoire supérieure s’en trouve une qua- trième qui lui ressemble parfaitement , et que j'ai déjà indiquée il y a long-temps dans la couleuvre (1); plus tard elle a aussi été décritepar M. T'iedemann, et figurée par lui et par M. Cloquet. M. Tiedemann la prend pour la glande parotide ; mais sa situation, sa conformation externe et interne et son analogie avec la glande infé- rieure me porte plutôt à la regarder comme correspon- dant aux glandes labiales et buccales supérieures. M. Cuvier ne fait mention de cette glande ni dans les serpens, ni dans les sauriens , dans lesquels il ne décrit qu'une glande renfermée dans la substance de la À Ne 2 D AÉNRTA 2 RSR Pa AE RE 2 CR (:) Note ajoutée à latraduction allemande des lecons de M, Cuvier par M. Meckel. (451) langue , et la troisième, c’est-à-dire, la glande maxillaire inférieure ; cependant je les ai vu coexister très-disline- tement toutes les deux avec la glande Iinguale, dans l'Iguane. Elle se retrouve avec la précédente non-seule- ment dans le Cojuber, mais aussi dans le Python, le Naja, le Vipera berus , le Crotalus, F'Elaps, l’Amphisbæna, le Tortrix et l’Eryx. Mais aucune de ces deux glandes ne se rencontre aussi constamment qu’on pourrait le croire d’après les faits rapportés jusqu'ici. Dans le Vipera dubia je ne trouve qu’une petite glande lenticulaire à angle de la bouche; probablement comme un indice des deux précédentes. Cette glande elle-même manque absolument dans les Trigonocéphales, autant que j’ai pu observer moi-même, et d’après l’assertion expresse de M. Rudolphi. D'après M. Tiedemann elle se retrouve dans l’Anguis ; mais j'avoue, que dans trois grands échantillons , malgré l'examen le plus scrupuleux , je n’ai pu en remarquer aucune trace , en sorte que si elle y existe réellement, elle doit être très-petite. Cette glande est considérable dans le Coluber , l’Amphisbæna , le Tortrix et l'Eryx ; médiocre dans le Python , le Crotalus , le Vipera berus, le Naja. Dans l'Elaps elle est extrêmement petite, forte- ment unie au conduit excréteur sous-jacent de la glande venimeuse; elle n’y correspond qu’au tiérs antérieur de l'ouverture de la bouche, tandis que dans les autres serpens elle en occupe toute la longueur. Le rapport du volume de ces deux glandes n’est pas partout le même. Elles sont à-peu-près égales dans l’Amphisbæua, le Tortrix, le Vipera berus. — Dans l’Eryx, le Python et V'Elaps c'est l’inférieure, dans le Coluber et le Naja (452) c’est Ja supérieure qui est beaucoup plus grande , sur- tout dans le premier de ces genres , en sorte que je m'étonne qu'elle ait pu échapper à M. Cuvier, qui n’a remarqué que l'inférieure, laquelle est cependant plus petite que l’autre. Les plus remarquables , quoique les moins com- munes de toutes ces glandes, ce sont incontestable- ment les glandes venimeuses. Si on ne connaît pas leur disposition , il est diflicile de concevoir comment'elles ont pu échapper à de bons anatomistes plus anciens; il paraît moins étrange que des anatomistes plus modernes mais peu exercés ne les aient point trouvées, bien qu’elles eussent été décrites et figurées depuis long- temps. Ces glandes sont toujours situées derrièreet au-dessous des yeux , au - dessus de la mâchoire supérieure, en- tourées et enveloppées complètement par un muscle très-fort qu’il faut couper pour lés apercevoir. Elles sont allongées, leur tissu est lamelleux; leur intérieur est creusé d’une cavité assez marquée; elles se distinguent en outre de toutes les autres glandes par un conduit excréteur d’une longueur considérable. Celui-ci se di- rige en devant le long de la surface externe de la mà- choire supérieure pour s'ouvrir au-devant et au - dessus de la dent venimeuse, dans la gaîne membraneuse qui l'enveloppe, de manière que le venin s'écoule dans l'ouverture supérieure de la dent. C’est probablement parce que les glandes venimeuses sont recouvertes de la manière indiquée , par une épaisse couche musculeuse, qu’elles sont restées cachées aux observateurs plus anciens. ( 453 ) D'après Zyson (1), elles auraient été vues parfaite- ment par Charas et Redi, puisqu'il renvoie à ces au- teurs , en disant qu’il ne s’est point occupé des glandes en recherchant les dents venimeuses; mais, quoique, suivant MM. Tiedemann et Rudolphi, la nature des glandes venimeuses füt suflisamment connue , depuis longues années , par les recherches de ces deux au- teurs , je crois cependant que ces deux excellens savans rendent ici plus que de lajustice à leurs prédécesseurs. Il est vrai que Redi parle de deux glandes qu’il aurait vues dans toutes les vipères sous le fond des gaînes qui renferment les dents venimeuses ( Opp. Napol., 1578, ur, 22, 62); mais il ne dit rien de certain sur leur connexion avec ces dernières. Il soupçonne que les con- duits salivaires , qui venaient d’être découverts, pour- raient être le chemin que prendrait le venin , qui s’en- gendre probablement dans toute La téte, et que ces ca- naux conduisent peut-être dans la gaine. (Ibid., p.27.) Mais il proteste absolument qu’il ne veut point soutenir comme certaine une chose qu’il n’a pas vue de lui-même. (P. 22.) D’après sa description , je croirais plutôt qu'il connaissait les glandes labiales supérieures. Il est cer- tain qu'il n’a pas vu le conduit excréteur. Charas ne me parait avoir connu que les glandes ocu- laires et lacrymales ; ce n’est qu’à celles-ci que convient sa description : il dit qu’elles sont situées dans la partie postérieure des orbites, à la même hauteur que les yeux, derrière et au-dessous de ces derniers; qu’elles sont composées de plusieurs lobes, couvertes en partie par le (1) Philos. Transact., n°. 144, p. 46. VIN. “ 30 (458) muscle temporal, et qu'elles ont le volume de l'œil voisin. ( P. 30. } Il paraît en outre avoir connu le véri- table conduit exeréteur des glandes venimeuses, mais en le mettant à tort en communication avec les glandes qu’il venait de décrire ; car il dit que de leurs différens lobes naïissait un conduit situé au-dessous d'elles, et s’ouvrant dans les vésicules des gencives (la gaine des dents venimeuses ). ({bid., p. 31.) L'on sait que de sem- blables réunions artificielles ne réussissent que trop facilement entre des parties coupées et déchirées. Si la description et les figures ne me trompent pas, c’est Ranby (Philos. Transact., n°, {or , p. 398) qui a le premier aperçu la glande venimeuse elle-même, car il décrit et il figure dans le serpent à sonnette une glande de la grosseur d'un petit pois , située à l'endroit que la glande venimeuse occupe réellement, et ne paraissant que lorsqu'on a ôté le musele dilatateur de la bouche. Mais par contre , il n’a point vu son conduit excréteur , parce que , comme il dit, les conduits de glandes aussi petites peuvent rarement être vus avec certitude; maïs il soupçonne qu'il s'ouvre entre la lèvre supérieure et la mâchoire supérieure, De même que Charas , il se dé- clare contre l’idée que ces glandes sécrètent le venin ; ce- pendant les expériences de Redi ont depuis long -temps démoniré le contraire. Fontana me parait avoir été le premier qui ait décrit complètement et exactement tout l'appareil de la sécré- tion vénéneuse. Ce fut ensuite Russel, si je ne me trompe , qui donua également des descriptions et des figures exactes que j'ai vues il y a long-temps à Paris ( 454 ) et à Gouingue, mais que malheureusement je n’ai pas sous les yeux en ce moment. M. Cuvier a bien exposé cet objet, M. Tiedemann a aussi vu avec précision dans le Vaja et le Fipera be- rus , toutes les parties dans leur connexion. Les des- criptions et les figures de M. Rudolphi sont exactes , mais il y manque la représentation de l’orifice du conduit excréteur, et son rapport avec la dent vénéneuse, Au reste , si j'attribue à Fontana la découverte com- plète de l'appareil de la sécrétion vénéneuse , je dois ce- pendant m'écarter de l'opinion de M. Rudolphi, qui pense qu'il a aussi le premier montré le chemin du ve- nin de l’ouverture supérieure de la dent à son ouverture inférieure. Cette découverte appartient à l'excellent Tyson , et a déjà été constatée par Ranby. Le premier de ces deux auteurs dit expressément : qu'il a trouvé dans toutes ces dents , très-près de la ra- eine , une grande ouverture , et vers la pointe une fente considérable bien distinctement visible ; que la dent est creuse entre ces deux ouvertures , ce qu’il a d’abord re- marqué plusieurs fois , en pressant légèrement les gen- eives avec le doigt ; par cette pression on a vu distincte- ment /e venin s'écouler par la cavité de la dent ct par la fente. Ranby décrit les deux ouvertures et la cavité comme Zyson, et il ajoute que les supérieures rece- vaient probablement le venin ( sécrété suivant lui dans la gaîne de la dent), tandis que les inférieures le trans- mettaient dans la plaie. Ces expressions sont sans doute moins précises que ‘elles de 7 yson ; mais les paroles de ce dernier in- (456 ) diquent clairement qu’il a le premier découvert la voie du venin à travers la dent. Nous abordons maintenant la question de la signifi- | cation de la glande vénéneuse. Elle peut être un organe d’une espèce particulière ou seulement une modification d’une autre glande. M. Cuvier professe la première opinion , car il dit expressément qu'elle se trouve hors des glandes sali- vaires , quoiqu'il ne parle point de celles dont elle pour- rait être une modification. M. Desmoulins , qui prétend qu’à l'exception de la glande lacrymale il ne se trouve aucune autre glande à la tête des serpens, dithardiment : que la mmêmeglandesécrète le venin , les larmes et la salive, et la regarde absolu- ment comme un organe identique avec la glande la- crymale. Les expressions de M. Tiedemann, qui regarde les deux organes comme ne formant qu’un seul , pour- raient conduire à la même opinion ; c’est ce qui est prouvé par les paroles suivantes : « Les glandes de l'orbite étaient (dans le V'ipera naja ) fort grosses et épaisses , de couleur foncée et d’un jaune sale. Les conduits excréteurs s’ouvraient dans Îes dents molaires ou vénéneuses. (L. c. p. 28.) » Les glandes situées derrière l'œil, ou les glandes vénéneuses ( dans le J’ipera berus ) étaient fort grosses, épaisses et allongées ; bien plus grandes que dans la cou- leuvre, proportionnellement au volume du corps. Les conduits excréteurs s’ouvraient dans les dents molaires. (LE. c. p. 29.) » Mais malheureusement , un examen tant soit peu soi- gné prouve que la glande vénéneuse est entièrement ( 457) distincte de la glande oculaire , et que ces deux or- ganes existent l’un à côté de l'autre. Elles ne commu- niquent nullement ensemble, ni par des conduits , ni par de la substance glanduleuse ; ce sont par conséquent des organes tout-à-fait indépendans l’un de l’autre, dont la séparation ne suppose pas même un anatomiste exercé: Déjà M. Rudolphi les a trouvées co-existantes toutes les deux dans le Wipera berus, et il à signalé l’in- exactitude de l’assertion de M. Tiedemann; mais il se trompe lorsqu'il n'admet pour le trigonocéphale (comme M. Desmoulins fait pour tous Îles serpens) que cette seule glande , remplaçant toutes les autres par son vo- lume, puisque, d’après mes observations, on y trouve encore la glande lacrymale et la glande linguale. La circonstance que la glande labiale manque tota- lement ou à-peu-près dans plusieurs serpens venimeux , pourrait faire-naitre l'idée que les glandes venimeuses seraient des modifications de cette glande ; mais la pré- sence simultanée de celle-ci et des glandes venimeuses dans le V’ipera berus etdans le Naja, réfute suffisamment cette opinion. Tout ce que l’on peut dire, par conséquent , c’est que la glande venimeuse se développe aux dépens des autres , et surtout des glandes lacrymales , parce que la fonction de.ces dernières est richement suppléée par elle. Elle est en effet une glande particulière, manquant aux autres ophidiens non venimeux. Mais de là il ne s'ensuit pas qu'elle ne puisse ètre comparée aux glandes des animaux supérieurs , surtout des mammifères. Sa position , sa figure , la longueur et Ja marche de son conduit excréteur, le point où celui-ci ( 458 ) s'ouvre dans la bouche, me font plutôt admettre l'opinion que c’est elle qu'il faut regarder comme la glande paro- tide, puisque , d’après ce qui a été dit précédemment , jé ne saurais prendre pour cette dernière les glandes la- biales supérieures. Une circonstance qui parle encore , sous quelque rapport , en faveur de cette manière de voir, c'est que dans la rage canine ce sont précisément les glandes salivaires qui sécrètent le virus, quoique d'un autre côté les glandes linguales existent aussi dans les serpens , el sans être venimeuses ; et quoique les simples glandes de la bouche puissent prendre part à l’activité sécrétoire anormale. Je me réjouis d’autant plus d’avoir cette manière de voir, qu'elle a été exposée aussi, comme je trouve, par M. Rudolphi. Quant au nombre et au volume proportionnel des glandes , voici ce qui résulte des recherches précédentes : 1°. Plusieurs serpens venimeux, notamment le Cro- tale, le Naja , le Vipera berus , l'Elaps lemniscatus , en possèdent le plus grand nombre, puisqu’outre la glande venimeuse on y trouve aussi toules les glandes salivaires; ils en ont par conséquent cinq paires. 2°, On en trouve quatre paires. 1°. Dans le Vipera dubia qui ne possède, outre la glande venimeuse, que les glandes lacrymales , les glandes linguales , et un petit rudiment des glandes labiales à l’angle de la bouche. 2°. Dans le Coluber, le Python, PAmphisbæna qui possèdent les quatre glandes salivaires innocentes. 3°. Viennent ensuite l'Anguis fragilis et le Trigono- céphale : dans le premier il manque la glande labiale supérieure ; dans le second il n’existe ni la supérieure (‘459 ) ni l’inférieure de ces glandes. [ls n’ont donc que trois paires. 4°. Enfin däns le Typhlops crovotatus elles paraissent manquer totalement ou en partie : en tout cas elles y sont très-imparfaitement développées. 5°, Le volume de ces glandes varie aussi là où elles se rencontrent. C'est ce qui résulte déjà de la descrip- tion de chacune en particulier ; on peut établir comme résultat le plus général que les serpens non venimeux possèdent des glandes salivaires beaucoup plus volum:- néuses que les serpens venimeux ; mais les uns et les autres offrent des transitions. Parmi les premiers , les glandes labiales qui manquent complètement dans le Trigonocéphale sont indiquées dans le Vipera berüs , lé Naja , le Crotale , l’'Elaps , er ce qt'il y a d’intéres- sant ici, c'est que dans l’Elaps les inférieures sont énormes , et les supérieures manquent totalement, tan+ dis que leur volume est à-peu-près égal dans les deux autres espèces. Dans le Python toutes les glandes sali- vaires sont moins développées que dans les serpens veniméux qui en sont pourvus ; la glande Jabiale su- périeure manque dans l’Anguis, en sorte que ces deux espèces de sérpens se rapprochent le plus l’un de l’autre encore sous ce rapport. (Archio. fur Anat. und Physiol., 1826, 1er cahier.) (460 ) Descriprion de deux espèces nouvelles d'oiseaux , appartenant aux genres Mouette et Cormoran ; Par M. PayrAuDeau. (Lue à la Société d'Histoire naturelle , séance du 12 mai 1826. ) Bien que la Corse, par sa position au centre de la Méditerranée, ne soit qu'à vingt-cinq lieues des côtes d'Italie, et à quarante au plus de celles de France ; au milieu , pour ainsi dire , du foyer de la civilisation, elle n’en est pas moins restée jusqu’à présent dans un état complet d'isolement relativement aux autres nations. Cette île, aujourd’hui partie intégrante de la France, nous est aussi peu connue sous les rapports historiques , géographiques et statistiques , que sous le point de vue de son histoire naturelle. L'on conçoit difficilement qu’aussi rapprochée de nous, elle n’ait pas plus tôt piqué la curiosité des savans , surtout lorsque des pays beaucoup plus éloignés ont été visités par plusieurs naturalistes , que leurs productions diverses et leur constitution géolo- gique ont été étudiées avec soin , et que nous possédons sur ces mêmes pays des connaissances aussi cerlaines que sur ceux qui sont les plus civilisés de l'Europe. Ce n’est que depuis peu d'années seulement que la Corse a paru mériter toute l'attention du gouvernement et des hommes qui cultivent les sciences naturelles. Nous sommes redevables d’une excellente carte géographique de cette île à MM. d'Hell et Jacotin. M. Gueymard l’a explorée en 1820 , et comme géologue ét comme miné- ralogiste. Avant et depuis lors, plusieurs botanistes en j (461) ont fait le théâtre de leurs excursions. La Zoologie seule n'avait point été comprise dans les investigations des naturalistes ; ce fut pour remplir cette lacune que j’en- trepris vers la fin de 1824 le voyage que je viens de ter- miner. Un séjour de plus d’un an m’a mis à même de parcourir ce pays dans tous les sens ; de voir jusqu’au moindre village ; d'observer les mœurs, les usages , les coutumes de ses habitans ; l’état de l’agriculture, les progrès dont elle serait susceptible ; les avantages que cette île peut offrir par sa position soit à notre marine marchande ou militaire , en temps de paix et en temps de guerre, par la multitude de ses golfes , de ses rades , la facilité et la sûreté de leurs mouillages , ou par le nombre et la beauté remarquable de ses forêts , capables d'alimenter les flottes les plus considérables pendant plu- sieurs siècles ; l’on peut même dire qu’elles sont inépui- sables, puisque les arbres y croissent avec une extrème rapidité et s’y reproduisent , au fur et à mesure qu’on les y coupe , ou bien encore par les températures diffé- rentes que l’on y trouve , et qui permettraient d’y accli- mater plusieurs espèces d'animaux , d'arbres et de plantes exotiques. Je suis étonné , par exemple , que l’on n'ait point songé jusqu'ici à y conduire un troupeau de chèvres du Thibet. La garance , l’olivier, le mürier, pourraient y être cultivés avec le plus grand succès ; la garance et Volivier y sont indigènes ; cet arbre n’a jamais à craindre dans cette île les rigueurs de l’hiver ; cependant les habi- tans , à l'exception de ceux de deux cantons, de la Balagne et de Bonifacio, ne retirent aucun parti d’un aussi grand avantage ; ils ne prennent pas mème la peine de le grefler. Le muürier y prospère promptement ; il ne (463) s’en trouvé que dans les jardins. Des essais faits par quelques Français de la terre ferme , employés du gou- vérnement ; sur l'éducation des vers-à-soie , et dont les résultats n’ont point trompé les espérances, n’ont;pu servir d'exemple aux Corses et les faire sortir de leur léthargie. J'ai embrassé dans ce voyage toutes les branches de la zoologie. J'ai rapporté environ trois cents espèces de mollusques ou d’annelides, dont plusieurs sont nou- velles ; à-peu-près le même nombre d'insectes, parmi lesquels il s’en trouve aussi plusieurs nouveaux. J'ai re- cueilli plus de cent cinquante espèces de poissons , cin- quänte de crustacés , beaucoup de reptiles , de mammi- fères , de pétrifications , et deux cent quarante-six es- pèces d'oiseaux. J'étais loin, en faisant ce voyage, de songer à trouver des choses nouvelles dans cette partie, vu la facilité qu'ont la plupart des oiseaux de parcourir d'immenses distances, dans un court espace de temps. Je compte publier incessamment la relation de mon voyage, et dès à présent je crois utile de faire connaître detix espèces nouvelles assez remarquables. L'une ap- partient au gerre Mouette, et la seconde au genre Cormoran. La Mouerre d’Aunouix, Larus Audouini. Capite, collo, pectore , lateribus, ventre, abdomine, uropygio caudà- que candidis ; dorso, scapulariis , alarum tectricibus et parvis remi- gibus ex griseo cærulescentibus ; maximis remigibus nigris apice albis , prima exceptà intüs albâ ex maculä ; rostro rubro duabus fasciis trans- versis nigris lineato ; palpebris aureis ; pedibas nigris. La tête, le cou, la poitrine, le ventre, les flancs, , , P , , l’abdemén , Le croupion-et la queue sont d’un blanc pur; (463) les grandes rémiges sont noires et terminées par la mème couleur avec une tache semblable sur les barbes intérieures de la première ; le dos , les scapulaires , les couvertures des ailes et les rémiges secondaires sont d’un cendré bleuâtre; les ailes pliées dépassent ; de trois pouces , le bout de la queue ; le bec est d’un rouge foncé portant deux lignes noires en travers ; le bord des pau- pières est d’une nuance orangée ; les pieds sont noirs; les tarses mesurent deux pouces ; la longueur totale, depuis la pointe du bec jusqu’à l'extrémité de la queue, est de dix-huit pouces. Tels sont le mâle et la femelle au plumage d’été. La livrée d'hiver ne m'est point con- nue; je pense, si elle présente quelques différences , qu’elles doivent être fort légères. Cette espèce est assez abondante sur les côtes de la Sardaigne et de la Corse ; particulièrement dans ce der- nier pays vers la partie méridionale , sur les golfes de Valinco , de Figari, de Ventilegñe ; de Santa-Manza , de Porto-Vecchio et aux îles de Cibricagli , de Cavallo, de la Vezi et de la Magdelaine , situées en face de Porto- Vecchio , et à l'entrée des bouches de Bonifacio. L’ap- pareil du vol était très-développé chez cette Mouette comme chez ses congénères ; il est permis de supposer et de croire qu’elle n’habite pas seulement les lieux que - je viens de citer, qu’elle visite aussi toutés les côtes de la Méditerranée , et peut-être celles de l'Afrique oc- cidentale. Elle se nourrit de poissons , de mollusques et de crustacés. La femelle dépose ses œufs sur les rochers des bords de la mer, sur quelques plumes et brins d'herbes sèches ; (464) ils sont au nombre de trois ou quatre, et varient pour la couleur : tantôt ils sont d’un blanc jaunâtre ou ver- dâtre, et parsemés de brun; tantôt d’un blanc pur À bleuâtre ou verdâtre, sans taches. Les jeunes de cette Mouette , peu de jours après être éelos , ont le duvet blanchâtre semé de brun sur les par- ties supérieures ; le dessus , les côtés de la tête et le des- sous de la gorge présentent plusieurs taches noires; le bec est de cette couleur, à l’exception de l'extrémité qui est rougeûtre ; les pieds sont noirs. Je dédie cette espèce à mon excellent ami, M. Au- douin. Le Conmorax de Desmaresr , Carbo Desmarestii. Toto corpore nigro-virescente ; capite non cristato ; membranà gut- turale luteà ; pedibus flavis; rostro tenui, fusco, a commissurä duo pollices ; ab acumine rostri ad extremum caudæ duopedes et sexdecem lineas ; rectricibus quatuordecim. ( Mas.) Femina , supernè fusco-viridi albidoque variegatà ; infernè albà. Le plumage entier du mâle est d’un noir verdàtre sans aucun indice de huppe ; les pieds sont jaunes ; la poche gutturale est de cette couleur ; le bec a deux pouces de- puis la commissure des deux mandibules jusqu'à la pointe ; la longueur totale du bout du bec à l'extrémité de la queue est de deux pieds seize lignes ; les rectrices sont au nombre de quatorze. La femelle a les parties supérieures variées de brun verdâtre et de blanchâtre ; toutes les parties inférieures sont d’un blanc pur. Ce Cormoran habite les côtes de la Sardaigne , des îles d'Elbe , de Monte-Christo , de Capraïca et de la Corse ; (465 ) mais plus abondant aux environs des îlots de Cibricagli, de Cavallo , de la Vezi, de la Magdelaine que partout ailleurs. On le voit le plus souvent par troupes de quinze à vingt posés sur les rochers qui s'élèvent de quelques pieds au-dessus de la surface de la mer. Il est sédentaire. Sa nourriture consiste principalement en poissons ; il recherche aussi les petits crustacés et les mollusques. La propagation m'est inconnue. Je dédie cette espèce à M. Desmarest , dont les nom- breux travaux contribuent si puissamment, chaque jour, aux progrès des sciences naturelles. FIN DU HUITIÈME VOLUME. TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. SR US PL. 19 et 20. Organes sécréteurs des insectes. PL. 21. Divers organes d'insectes. PI, 22, 23. Carte et coupes géologiques des environs de Château - Lan- don. PI. 24. Anatomie comparée des Graminées. PI. 25. Rapports de position du calcaire , du granit et de pue près d’Aubenas. PI. 26. Analyse de la fleur de diverses Véroniques. PL. 27. Analyse de la fleur de divers genres de Personées et de FA tacées. PL. 28. Trilobites. PL. 29. Corps organisés fossiles qui accompagnent les Trilobites, et coupe des terrains qui les renferment. PL. 30. Formes nouvelles de chaux carbonatée et d’argent sulfuré. PI. 31. Anatomie du système nerveux de la tête et du cou et des muscles de la face cbez l’homme. PI. 32, 33. Aliérations diverses de la physionomie humaine. PI. 34. Coquilles fossiles du grès bigarré. PL 35, fig. r. Berzerra Lanucrnosa. Fig. 2. BruNIA prNiForrat PI. 36, fig. 1. Brunia NoniFrora. Fig. 2. STAAVIA RADIATA. PI. 37, fig. r. Raspazra micropaycra. Fig. 2. BERARDIA PALEAGEA. Fig. 3. LINGONTA ALOPECUROIDEA. PI. 38, fig. 1. AuDouINIA GAPiTATA. Fig. 2. TiTTMANNIA LATERIFLORA. Fig. 3. THamne4 UN!FLORA. PI. 39. Daim fossile d'Irlande. FIN DE LA TABLE DES PLANCHES. TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLWME. TE ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE , ZOOLOGIE. Essais anatomiques et physiologiques sur la Physionomie ; par Charles Bell. Mémoire sur l’Absorption ; par David Barry. Additions au Mémoire de M. Girou de Buzareingues, sur l’In- fluence que Le père et la mère exercent dans la reproduction des sexes. Mémoire sur les Glandes de la tête des Serpens ; par J.-F, Mec- kel. Recherches anatomiques sur les Carabiques et sur plusieurs autres Insectes coléoptères ; par M. Léon Dufour, ( Suite et fin. ) Observations sur la Larve du ÆAipiphorus bEimaculœus ; par M. Farines Remarques sur quelques Oiseaux pélagiens, et particulièrement sur les Albatros ; par M. Marion de Procé. Description de deux espèces nouvelles d'Oiseaux appartenant aux genres Mouette et Cormoran ; per M. Payraudeau. Note sur la Naturalisation de la Cochenille en Espagne; par M. le colonel Bory de Saint-Vincent. Description du Squelette du Daim fossile d'Irlande ( Cervus me- gaceros), du Muséum de la Société royale de Dublin; par John Part. Extrait du Rapport de M. Villermé sur le Mouvement de la popu- lation daus la ville de Paris. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE > BOTANIQUE. Considérations sur la Production des Hyÿbrides, des Variantes et des Variétés en général , et sur celles de la famille des Cucurbi- tacées en particulier ; par M, Sageret. Pages. 245 315 \ ( 468 ) Sur la Structure de l’Ovule antérieurement à limprégnation dans les plantes phanérogames , et sur la Fleur femelle des Cycadées et des Conifères ; par M. Robert Brown. Réponse à la Note sur les Graminées de M, J. J. C. de La Harpe, insérée dans le numéro de septembre 1825; par M. Raspail. Considérations générales sur le genre Veronica et sur quelques genres des familles ou sections voisines ; par M. Aug. Duvau. Mémoire sur la famille des Bruniacées ; par M. Adolphe Bron- gniart. Recherches sur les Plantes trouvées dans les tombeaux égyptiens par M. Passalacqua ; par M. Kunth. Etat de la Végétation au sommet du pic dumidi de Bagnères ; par A. le baron Ramond. ( Extrait.) GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. Itinéraire géognostique de Fontainebleau à Chäteau-Landon ; et Composition du sol de la plaine de Château-Landon ; par AZ. le vicomte Héricart Ferrand , Docteur en médecine. “ Notice sur le terrain d’Alencon et de ses environs; par M. He- rault, Ingénieur en chef au corps royal des mines, Note sur la prétendue Mine d’étain de Ségur ; par M. Brard. De l’Arkose. Caractères minéralogiques et géologiques de cette roche ; par M. Alexandre Brongniart. Quelques Observations sur les Trilobites et leurs Gisemens ; par M. le comte de Rasoumowsky. Mémoire sur de nouvelles variétés de Chaux carbonatée et d’Ar- gent sulfuré du Mexique ; par M. $. de Bustamente. Sur quelques Fossiles du grès bigarré ; par M. Gaillardot , D.-M. Notice sur l'Hétérosite, l'Hureaulite (fer et manganèse phospha- tés), et sur quelques Minéraux du département de la Haute- Vienne ; par M. Aliuaud. Sur la Bustamite , bisilicate de manganèse et de chaux du Mexi- que; par M. Alexandre Brongniart. VARIÉTÉS. Extrait du Programme des Prix proposés par l'Académie des Sciences pour les années 1827 et 1828. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES, 334 gui 355 Hi ÿ Hesse LH FE