rx Fa EH 226 H TSHHARHTE BH He tt HE er vu HUE Meiniete Di sisi DUPCH oi person [PA PCR _<- ei il oe PNA à md: 66 es ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. SECONDE SÉRIE TOME X. On IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, RUE GARANCIÈRE , Ô, ANNALES SCIENCES NATURELLES LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. Geconde Gérie, TOME DIXIÈME. — ZOOLOGIE. CROCHARD & C*, LIBRAIRES-ÉDITEURS, PLACE DE L'ÉCOLE=DE=MÉDRCINE ; Ne 19, 1535. ARE Lust a ne? Met: nat RE Aussi né èl pre vi . . j + ETEN x ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. PARTIE ZOOLOGIQUE. CL 111,1, 121, 1,14 LL TS IX LS 12 LA LE LCL EPS ES LA LL 1, 1, LA JS 3 LA IX LL LA LP LE LS IT 12 121] . L'OsservarTions sur les Eponges et en particulier sur la Spongille ou Eponge d’eau douce, Par F, Dusarpix. Après que l'étude des Rhizopodes et des Amibes m’eut mis sur la voie de l'observation des mouvemens très lents, et, en quelque sorte, micrométriques dans les organismes inférieurs, je m’efforçai de pénétrer, d’après cette donnée, le mystère de l’organisation des Eponges ; mais , bien que j'en eusse vu assez pour mon entière conviction , relativement à la nature animale de ces êtres, je sentais que ce n’était pas assez pour déterminer aussi la conviction des naturalistes qui ne seraient pas, comme moi , arrivés à la connaissance de ce fait par une foule d’inter- médiaires. Mes premières observations sur ce sujet sont du mois de septembre 1835. Je voyais alors, dans la Cliona celata , cette singulière spongiaire occupant, dans des pierres calcaires, des trous qu’elle n’a point creusés , mais qui sont dus à une sabelle trouvée souvent dans les mêmes pierres ; je voyais, dis-je, avec les spicules en forme d’épingles, des globules irréguliers 6 F. DUJARDIN, — Sur les éponges. d’une substance glutineuse contractile , qui , placés sous le mi- croscope , à l'abri de tout + ement et dessinés vingt fois de suite, à cinq minutes d'intervalle, montraient vingt aspects différahs La Spongia panicea et plusieurs espècés distinètes, formant des plaques rougéâtres à la base des Fucus, ou des masses irrégulières qui empätent des halymenia , et pourvues de spicules calcaires , me fournirent aussi, par le déchire- ment , des globules de substance glutineuse, qui changeaient de forme sous le microscope, ou , tout au moins, montraient des changemens intérieurs : il en était de même aussi pour les globules glutineux , que je trouvais , en déchirant la Spongilla lacustris; dont les spicules sont siliceuses: Mais des résultats bien plus surprenans, trop surprenans peut-être, m’étaient don- nés par une production charnue, blanchâtre, demi transpa- rente, un peu gélatineuse, résistant à la pression et formant des plaques à la base des Zaminaria palmata , sur les côtes du Calvados. J'avais pris d’abord cette production pour une des Ascidies composées ,si communes dans le même lieu; mais, en lexaminant avec soin, je n’y pus trouver aucune trace du tissu, ni de cristaux calcaires ou de spicules: je n’y vis absolument rien autre chose que des globules charnus, irrégulierg et granu- leux, de =; millimètre environ, qui, au bout de quelque temps, émettaient des prolongemens assez déliés, de + millimètre tout au plus, et finissaient par être entourés de filamens ex: tensibles , changeant lentement de forme (fig. 5). Cette obser- vation , faite d’abord en septembre, répétée en octobré, ne pouvait me laisser de doute sur la nature animale de cette pro- duction et sur son affinité avec les Eponges. J'avais sous les yeux de ces rubans charnus, formés par les œufs des Doris et des autres Mollusques nus : j'étudiais en même temps un grand nombre d’Ascidies composées : les termes de comparaison ne me manquaient donc pas pour bien distinguer la nouvelle spon- giaire , et mon opinion s’est trouvée confirmée à mesure que plus tard j'ai davantage examiné les Spongilles. Il est peut-être prématuré d'imposer une dénomination à une substance qui pré- sente si peu de caractères zoologiques; cependant, comme toutes les Spongiaires sont dans ce cas , et que leur élassification ré- F: DUJARDIN. — Sur les éponges. 7 clame une réforme complète , je proposerai , en attendant, de nommer notre nouveau type halisarque (halisarca). Dépuis cette époque , ayantlexaminé à plusieurs reprises les Spongilles, je vis chaque fois plus distinctement les mouvemens que j'avais aperçus. Mon microscope recevait incessamment des perfectionnemens qui me rendaient plus sûr de mes observa- tions. Déjà, an mois de mai 1837, je vis clairement les parcelles glutineuses, détachées des Spongilles de l'étang de Meudon, se mouvoir sur le porte-objet du microscope, en émettant des expansions arrondies et des prolongemens plus ou moins effilés, comme les Amibes ; je vis aussi quelques-unes de ces parcelles se mouvoir d'une autre manière, en agitant des filamens très longs d’une ténuité extrême. J’avouerai que cette dernière cir- constance m'empêcha seule de publier alors mon observation, parce que je me croyais si peu sûr de revoir à volonté ces filamens ;, que je n’osais annoticer l'existence d’un fait que je n'aurais pu démontrer. | Des Spongilles , recueillies dans la Seine, au mois d'octobre suivant, me montrèrent encore les mêmes phénomènes, et sur- tout, plus clairement encore les filamens flagelliformes ; mais, comme leau commençait à s'altérer par la putréfaction, je conçus des doutes sur l'existence réelle de ces filamens dans les Spongilles bien fraîches, je crus qu’il pouvait y avoir eu la pro- duction de monades à filamens ou tout au moins altération de l'Eponge. Je résolus donc d'attendre au printemps pour étudier de nouveau les Spongilles, que j'étais certain de trouver à l’état naissant sur les étuis des larves de Frigane dans l'étang de Meudon. I faut savoir avec quelle rapidité les Eponges corrompent l’eau des flacons, pour concevoir combien de difficultés j'ai rencon- trées, pour les conserver vivantes pendant cinq ou six jours: aussi ne puis-je m'empêcher d’être surpris , en voyant M. Ger- vais annoncer qu’il à fait revivre, en les replaçant dans l’eau, des Spongilles déja desséchées. Bien dés fois il m'est arrivé de voir toutes mes Sponpilles mortes avant vingt-quatre heures, et par conséquent de perdre ainsi l'occasion de les observer. Je tai bien réussi enfin à les conserver qu’en rapportant seulement deuxou trois étuis de friganes, chargés de Spongilles naissantes S F. DUJARDIN. — Sur les eponges. dans chaque flacon rempli d’eau ,avec beaucoup d’herbes aqua- tiques , et en les plaçant chez moi dans des vases peu profonds, car déjà , dans l'étang où elles vivent , elles ont choisi leur site d'habitation sur les étuis des larves qui les ramènent toujours près de la surface. Ces jeunes Sponsilles sont d’un beau vert, et leur surface est plucheuse. Ce n’est qu’à l’arrière-saison qu elles sont ramifiées. Un fragment, enlevé avec la pointe d’un scalpel et placé sous le micro- scopeavec de l’eau entre deux lames de verre, laisse voir, avec les spicules, des groupes plus ou moins irréguliers de matière gluti- neuse vivante;farcie de très petits grains verts dans les parties les plus épaisses, et diaphanes près des bords d’où l’on voit sortir, au bout d’un certain temps de repos des expansions très diaphanes contractiles, de forme variable, comme celles des Amibes. Un grand nombre de parcelles arrondies, de +5 à + millimètre en- viron (fig. 2 a, b,c), se voient en même temps dans le liquide, qu'ils traversent, en rampant sur la plaque de verre , au moyen de leurs expansions successivement développées, puis retirées et remplacées par d’autres. J'ai vu à une de ces parcelles jusqu’à six expansions arrondies sur son contour. Leur forme change assez promptement ; et, à une minute d'intervalle, les expansions ont déjà été remplacées par d’autres , surtout si la température est assez élevée, car le froid ralentit considérablement ces mou- vemens. Dans le liquide aussi se voient des masses irrégulières , for- mées par le groupement des mêmes parcelles vivantes. Ces masses , si elles sont trop volumineuses, ne changent pas de place ; mais, sur leur contour, on voit bien clairement se former et disparaître successivement les mêmes expansions arrondies, tellement diaphanes, qu'on ne les aperçoit qu'en faisant naître, par le mode d'éclairage, des ombres sur leur contour. Quel- quefois aussi, quand le mouvement est plus vif, les expansions s’allongent bien davantage et deviennent effilées, digitées fig. 4), comme celles de certaines Amibes , ce qui empêche de penser que ces expansions effilées résultent de l’étirement de la masse glutineuse , fixée en un point sur le verre , C’est que leur pro- longement successif se fait précisément dans le sens du mouve- F. DUJARDIN. — Sur les éponges. 9 ment indiqué sur la figure par une petite flèche (r). Dans ce cas, d’ailleurs, le mouvement étant plus considérable , on distingue le transport et le reflux des particules contenues dans la sub- stance glutineuse diaphane, comme on le voit dans les Rhizo- podes. Dans ces diverses parcelles vivantes, on voit des granules colorés en vert au printemps , grises ou jaunâtres à l’arrière- saison , et que je ne puis regarder comme des organes impor- tans, ou comme des ovules de l'Eponge;ils ont le même aspect, les mêmes dimensions que ceux qui colorent les infusoires , et je serais bien tenté de leur attribuer La même origine. Je suis d'autant plus fondé à penser ainsi, que j'ai vu les Amibes, ordi- nairement incolores, contenir des granules rougeâtres après que dans le flacon d’infusions il se fût développé sur les parois une substance rouge par l'effet de la putréfaction. C'est ce seul fait des expansions contractiles et des mou- vemens de reptation que j’annoncçais à l’Académie des Sciences, le 13 mai de cette année, comme démontrant suffisamment la nature animale des Eponges; j'étais, en effet, certain de pouvoir rendre témoins de ce même fait les naturalistes, qui voudraient bien le vérifier. J'avais bien encore revu les filamens flagelli- formes , mais j'avais besoin de voir ce fait constaté par d’autres observateurs, pour l’annoncer avec confiance : c’est ce que je fis, le 18 mai, à la Société Philomatique, après que MM. Turpin et Milne Edwards eurent vu, comme moi, les filamens agités sur le contour de certains fragmens (fig. 3), qui, dans ce cas, n'étant point en repos, ne peuvent également ramper sur la lame de verre, au moyen de leurs expansions. On pouvait objecter que ces filamens appartenaient à des infusoires étrangers à l'Eponge et logés accidentellement dans ses interstices ; cependant, comme j'avais vu constamment la méme chose sur des parcelles détachées de la surface , je ne pouvais conserver de doute. Ainsi donc , comme je n’ai pu les voir en place, puisque l’emploi d'un grossissement suffisant exclut la possibilité de voir de pareils détails dans la masse de l’éponge ,je me crois fondé à admettreque cette masse est formée de parcelles amorphes , analogues aux Anibes , s'appuyant sur 10 F. DUJARDIN. -— Sur les éponges. les spicules ou sur le squelette, quel qu'il soit, de l'éponge; et changeant de forme , en émettant des prolongemens dans diffé- rens sens, pour présenter leursldiverses parties au contact du liquide et s’accroître par suite de l'absorption ayant lieu à leur surface. De ces parcelles les plus extérieures sont, en oütré; munies de longs filamens flagelliformes, comme les Monades , les Gonium , les Volvox, etc. , pour déterminer à la surface le déplacement de l’eau et par suite les courans dans les oscules, d'où résulte un contact plus multiplié de la partie vivante avec le liquide , qui lui fournit des matériaux d’assimilation. Le squelette de l'éponge est toujours un produit de sécrétion, et jamais, comme on l’a cru d’après une observation superfi- cielle, un résultat de la cristallisation, comme ce qu’on voit chez les végétaux. Ce squelette présente trois modifications princi- pales: 1° il est formé par l’entrelacement de fibres cornées pleines et non tubuleuses , analogues aux arbuscules du Zolvox vegelans , dont je parlerai tout-à-l’heure ; »° ou bien il n'est formé que de spicules fusiformes ou diversement soudées , de nature calcaire ou siliceuse ; 3° ou enfin il est formé de spicules enveloppées dans des fibres cornés , résultant de la formation de couches successives , déposées autour de ces spicules, comme dans une espèce rameuse , que j'ai observée et que je crois être la Spongia ramosa. Y'ai représenté; dans la figure 1 de la planche 1; les principales formes de spicules que j'ai obser- vées dans la spongille , en réunissant dans un même fragment idéal les formes les plus communes avec celles qui sont vérita- blement accidentelles. Les spicules les plus communes (a) sont lisses et fusiformes, quelquefois un peu courbées en arc, longues de = millimètre et épaisses de == à ++ millimètre. On distingue dans leur épaisseur des couches successives, et dans plusieurs on aperçoit au centre l'apparencedu canal longitudinal; d’autres, qu’on voit assez souvent, sont noueuses (b), soit au milieu , soit à l'extrémité; d’autres (c) présentent des inflexions brus- ques ou des rameaux latéraux; j'ai vu quelquefois aussi des petites cavités à l'intérieur; enfin une dernière espèce de spi- cules six ou huit fois plus petites, est remarquable par les épines nombreuses dont elle est hérissée. On ne peut donc réellement F. DUJARDIN. =— Sur les éponges. 11 voir dans les spicules des cristaux même irréguliers, tandis que, pour le dire en passant, les petites concrétions étoilées qu'on trouve dans l'enveloppe commune des ascidies composées , sont des petits groupes de cristaux de carbonate de chaux, dans.les- quels on reconnaît au moins la forme d’un rhomboëdre aigu. Il me manque trop de choses encore pour que j'aie la préten- tion de donner ici un travail tant soit peu complet sur les éponges ; j'ai voulu seulement faire connaître des faits nouyeaux dont l'observation devra être suivie et répétée sur les espèces marines. Je crois donc pouvoir me dispenser de donner ici un historique complet des travaux publiés sur le même sujet, je me bornerai à rappeler sommairement que M. Raspail a prétendu démontrer que les spicules ont une forme cristalline bien déter- minée, que ce sont des prismes hexagones terminés par des pyramides très aiguës, d’où il a voulu former, pour ces prétendus cristaux , le nom de quartz hypéroxide. Plusieurs observateurs, tels que MM. Gray, Dutrochet, Linck et Gervais en ont voulu faire des végétaux, Ce dernier a même annoncé, en 1835 , que les Sponpgilles desséchées peuvent reprendre toute leur vitalité, si on les replace dans l’eau: il a considéré comme des graimes analogues à celles des végétaux inférieurs, comme des sporanges, les œufs qu'on trouve à l’arrière-saison dans la spongille, M. Dutrochet, en 1828, publia ses observations , qui dataient déjà de plusieurs années: il avait observé la Spongille à la simple loupe, et avait vu des courans se produire par les ouvertures de la surface ; mais il n’avait vu aucun signe d'irritabilité : il attribue ces courans à l'absorption qui se fait par toute la surface et qui gonfle la membrane extérieure : or, tout en admettant l'existence de cette membrane, il cite un fait d’agglutination de deux frag- mens , qui semble la contredire. M. Dutrochet rapporte qu'un fragment de Spongille ,rempli de corps oviformes jaunes, ayant été conservé durant tout l'hiver avec de l’eau renouvelée, parut se décomposer et ne laisser que les fibres (les spicules) et les corps oviformes; ensuite, au printemps, il vit cette production renaître, pour ainsi dire, reprendre sa couleur werte et s’ac- croître , et, durant cet accroissement, les corps oviformes se flétrir et finir par ne plus offrir qu'une coque aplatie, entière- 12 F. DUJARDIN. == Sur les éponges. ment vide. Comme l’eau du vase était très pure, M. Dutrochet en conclut que l'accroissement s’est opéré aux dépens de la substance organique contenue dans les corps oviformes , qui sont, dit-il, des espèces de tubercules, des réservoirs de matière nutritive , pour servir au développement du végétal et à sa reproduction au printemps. Il se fonde, en outre, pour regarder la Spongille comme un végétal, sur sa couleur verte, sur son mode d’accroissement à la maniere des ulves , et sur ce qu’elle ne contient point de polypes ni decavités alimentaires; enfin sur ce qu’elle se nourrit exactement comme les végétaux, au moyen de l'absorption de l’eau, chargée de substances nu- tritives. On voit que tous les argumens de M. Dutrochet reposent sur des définitions anciennes de l'animal , et que des observations faites avec des instrumens plus puissans ne pouvaient manquer de les contredire en partie. Du reste, M. Dutrochet, qui refuse d'admettre la contractilité dans les éponges , explique tous leurs changemens de forme par le mouvement des molécules , probablement vésiculaires , suivant lui, qui composent le tissu de la membrane extérieure. Ces changemens, dit-il, sont dus à un mouvement de trans- port des globules élémentaires d'un lieu dans le lieu voisin. Ces globules , ajoute-t-il, se meuvent les uns sur les autres, sans quitter leur adhérence par une sorte de glissement , et cela par l'effet d’une force inconnue, qui appartient au tissu vivant. Plus loin il dit encore : « Le glissement spontané des globules élémentaires les uns sur lesautres est donc ici un fait démontré, et ce fait est de la plus haute importance en physiologie. C'est une action vitale mouvelle qui joue certainement un des princi- paux rôles dans le phénomène de l'accroissement en longueur des végétaux ». Je n’ai aucunement la pensée de combattre de telles déductions , et, si je m'y arrête plus long-temps que n'aurait comporté le, cadre de mon travail, c'est parce que, informé que M. Dutrochet avait réclamé auprès des. commis- saires de l’Académie à ce sujet, j'ai voulu montrer combien mes observations sont différentes des siennes. Parmi les travaux des naturalistes qui ont cru à l’animalité de F. DUJARDIN. — Sur le Folvox végétant. 13 l'Eponge , je citerai seulement ceux plusrécens deM. Grant(1825) qui a bien vu les courans dans les Eponges, mais qui n’a pu reconnaître aucun signe de contractilité ni aucun organe des- tiné à produire les courans; enfin les recherches de MM. Au- douin et Milne Edwards, qui, en 1828, ont confirmé les obser- vations de M. Grant, et de plus ont vu distinctement, dans les Thétyes , genre si voisin des Eponges, les courans se ralentir et les oscules se contracter lentement jusqu’à se fermer quand on irrite l’animal ou quand on le retire de l’eau. IL. Sur le Volvox végétant de Müller (Anthophysa Bory). Par M. F. Durarpin. Les observations qui précèdent me déterminent à publier ici quelques détails sur le Z’olyox vegetans de Müller. Cette sin- gulière production est très commune dans la Seine, surtout à la fin de lété. Si l’on place dans un flacon des conferves ou d’autres petites plantes recueillies sous les pierres submergées dans les mois d'août , de septembre et d'octobre , on aperçoit, à l’aide d’une simple loupe, sur les parois du flacon, après quelques jours, de petits arbuscules microscopiques brunûtres, qui se sont développés en place;car ils sont un produit de sé- crétion pour les infusoires quiterminent en groupe chaque petit rameau. Ces arbuscules,enlevés avec une plume taillée en cuiller, ettransportés sur le porte-objet du microscope, paraissent formés d’une substancecornée, quise durcit etse colore peu-à-peu; car la base des tiges est plus brune et plus solide, tandis que les ra- meaux sont de plus en plus transparens jusqu'à l'extrémité, quiest incolore et presque diaphane et plus molle. C’est là que sont fixés les infusoires , groupés en rosace ou comme les çarpelles d’une 14 f. DUJARDIN. — Sur le V’olvox végétant. framboise ou d’une müre. Ces infusoires sont très petits, ovoïdes où pyriformes, presque diaphanes , et paraissent d’abord de simples corpuscules glutineux , sans organes extérieurs ; mais en regardant avec plus d'attention et en faisant naître convenablement des ombres sur le contour, on reconnaît que chaque corpuscule est muni d’un long filament flagelliforme , continuellement agité d’un mouvement ondulatoire commecelüi des monades. Les tiges et les rameaux des arbuscules sont presque partout d’un même diamètre, à moins que plusieurs ne‘se soient soudés parallèlement , ce qui les fait alors paraître fasciculés : ils sont rugueux ou irrégulièrement granuleux : on serait quelquefois tenté ‘de croire que ce sont des tubes creux ; mais il parait beaucoup plus probable que ce sont des tiges piéipeies sécré- tées successivement par le groupe dafseiec , auxquels ils servent de support , et bifurqués ou divisés irrégulièrement là où le groupe d’infusoires , trop nombreux , se partage en deux, mais jamais véritablement dichotomes, comme l’a supposé mal- à-propos M. Bory de Saint-Vincent. J’ai cru aussi voir quelque- fois des anastomoses ; j'ai même représenté dans la figure ci- joins (pl x, fig. 6 a) une de ces anastomoses apparentes ; mais je n'ai pas une entière certitude sur cet objet. En même temps que les arbuscules complets, on voit souvent aussi, dans le champ du microscope, des rameaux privés du groupe terminal d'infusoires, ou bien de ces mêmes groupes déta: chés, qui se meuvent en tournant dans le liquide et ressemblent alors à certains monadaires , tels que les Uvella (Monas wa et Volvox uva de Müller), qu'on trouve toujours ainsi réunis en groupes. C’estlau moyen des filamens flagelliformes dont sont munis chacun des infusoires partiels , que la masse se meut en tourbillonnant dans le liquide, et, en les observant pendant quelque temps , on peut voir aussi ces petites masses se désag- gréger. Chaque infusoire se meut isolément alors , en agitant son filament et en changeant de forme , tantôt plus court et presque 2lobuleux ; tantôt allongé, pyriforme, avec un ou deux renflemens , dont l’antérieur, toujours plus gros, est obliquet ment tronqué. F. DUYARDIN. — Sur le F’olvox végétant. 1 Müller, le premier (Ærimalcula infusoria, p.22), a décrit cette espèce d’infusoire. Il s'exprime ainsi: « Des flocons rameux opaques, invisibles à l'œil nu, dont les rameaux dia- phanes à l'extrémité sont terminées par des rosaces forméesd e corpuscules très petits, ovoides, transparens ». Mais, dans sa phrase caractéristique, il dit à tort que les rameaux sont simples et dichotomes. Il avait pensé d’abord que c'était une verticelle microscopique ; puis, dit-il, n'ayant point aperçu de mouve- mens dans les rosaces , il crut plus convenable de la ranger parmi les moisissures ; mais une étude persévérante lui fit dé- couvrir le mouvement des rosaces sur lès rameaux ; puis enfin leur séparation et leur mouvement de rotation dans le liquide lui causèrent une grande admiration (admirationem non lœvem injecerunt), le déterminèrent à la placer parmi les Volvoces, en lui donnant un nom spécifique ; exprimant leur ressemblance avec une petite plante. M. Bory de Saint-Vincent n’ajouta aucun fait à leur histoire; mais , préoccupé de la création de son nouveau règne psycho- diaire, il crut avoir trouvé dans le Folvox vegetans un des types de ce règne, etle nomma Ænthophysa dichotoma. « C'est,dit- il (Encyclopédie méthodique, Zoophrytes ; t. u), bien évidemment une petite plante confervoide jusqu’à l'instant où l’extrémitde ses rameaux vient à produire des glomerules de petits corps transparens , qui ne sont eux-mêmes que des Zoocarpes, c'est- à-dire les séminules vivantes d'êtres dont la condition fut pure- ment végétale jusqu’à l'émission de ces séminules. On voit par là que M, Bory a supposé que les rosaces ne paraissent qu'à une certaine époque, à l'extrémité des rameaux d’un arbuscule vivant par lui-même, tandis que c’est le contraïre qui a lieu. Les rosaces préexistent, plus ou moins considérables, et donnent naissance aux arbuscules, par une sorte de sécrétion analogue à celle des Polypes qui habitent des tubes cornés. Tous les ra- meaux qu’on voit dépourvus de rosaces le sont par suite de la sé- paration de ces dernières , soit qu’elles soient müres, soit qu’un accident les ait détachées M. Bory, d’ailleurs, reconnaissait la par- faite analogie des rosaces détachées de son Ærthophysa avec les Uvella, que pourtant il consent à laisser dans le règne animal, etil 16 F. DUJARDIN. — Sur des Monades à filament multiple. ajoute avec raison que les rosaces de l’'Anthophysa se dissolvent en zoocarpes isolés et agissans , en tout semblables à des mo- nades ; mais il faut remarquer que les monades pour M. Bory étaient encore dans ses derniers ouvrages sur ce sujet , ainsi que tous les gymnodes , des êtres très simples de forme par- faitement déterminée et invariable , où l’on ne reconnaît aucun organe, ni cirrhes vibratiles, ni même la moindre apparence de poils ou de cils quelconques. M. Ehrenberg (1832), qui pourtant le note comme une des espèces qu'il a observées lui-même , range le Volvox vegetans dans son genre Æpistylis, formé avec les vorticelles les plus parfaites , celles dont le pédicule est raide , non contractile, et qui se rapprochent davantage par là des polypes à polypier tubuleux corné. M. de Blainville se borne à dire , dans son Æc- tinologie , qu'il croit s'être assuré que le V’oox vegetans n'est formé que de Volvoces ordinaires agglomérés par accident à l’extrémité de plantules. Voilà donc bien des opinions contradictoires sur ce sujet ; mais heureusement que cette production très commune pourra être facilement soumise à l'observation désormais avec des instrumens qui ne permettront pas de conserver de doute sur sa vraie structure, non plus que sur celle des Gonium, des Monades, du Volvox globatorÿ etc. On demeurera convaincu alors que des animalcules monadaires , aussi simples que les parcelles vi- vantes des Eponges et pourvues d’un filament flagelliforme , peuvent s’aggréger en groupes nombreux et sécréter en com- mun un support corné, composé de fibres rameuses, analogues à la charpente des Eponges fibreuses. Eu : DUYARDIN. =— Sur des Monades à filament multiple. 17 IL. Sur des Monades à filament multiple. Par M. F. DUsARDIN. Il est malheureusement si vrai que le microscope, avec tous les perfectionnemens qu'ila reçus, ne peut amplifier avec avan- tage plus de cinq cents fois le diamètre, et nous avons tant de motifs d'espérer que prochainement cet instrument aura acquis une puissance nouvelle , que l'on est tenté d’ajourner toute pu- blication sur des objets à la veille peut-être d’être beaucoup mieux connus ;cependant il convient aussi de signaler aux observateurs les nouveaux détails d'organisation que nous montre le microscope à mesure qu'il reçoit quelque améliora- tion partielle, soit dans la confection des lentilles , soit dans le centrage et la disposition de ses diverses parties , soit enfin , ce qui n’est pas moins important, dans l'emploi de la lumière des- tinée à éclairer l’objet. C’est pour cela , et pour me rendre aux avis de quelques personnes , qui ont bien voulu voir avec moi d'abord, pour le voir seules ensuite, le filament flagelliforme, dont j'avais annoncé l'existence dans certaines espèces de Monades; c’est,dis-je, pour cela que je publie ces notes isolées, que j'ai recueillies avec beaucoup d’autres , devant servir à une histoire des infusoires. Depuis plusieurs années, j'ai entrepris, contradictoirement avec les travaux renommés d’un célèbre micrographe de Berlin, de prouver que l’organisation des infusoires est réellement fort simple et n’a rien de commun avec celle des animaux supé- rieurs. Cette tâche était d'autant plus difficile, que l'opinion de M. Ebrenberg est appuyée sur le mérite incontestable de cet observateur comme zoologiste, et que mes propres travaux, connus de fort peu de personnes, n'avaient pu encore mériter une entière confiance pour mes opinions. Cependant les faits que j'avais successivement annoncés prouvaient que mes moyens X, Zoo, — Juillet, 2 18 Fr. DUJARDIN. — Sur des Monades à filament multiple. d'observation étaient au moins égaux à ceux dont pouvait dis- poser M. Ebrenberg , et cet habile observateur lui-même ayant modifié successivement son opinion sur plusieurs points essen= tels, comme l'organisation des Monades’, celle des Englena, etc., on était naturellement conduit à conclure que le fait principal sur lequel repose toute sa classification des infusoires polygas- triques, avait été observé par lui à une époque où ses instru- mens étaient fort inférieurs à ceux que nous possédons au- jourd’hui. Or, je le répète, aujourd’hui même que je vois et que j'ai eu l'avantage de pouvoir montrer à plusieurs observa- teurs français ou étrangers des détails qui avaient échappé aux autres micrographes, je ne vois pas plus qu'aucun autre natu- raliste de Paris les prétendus estomacs multiples appendus en grappe à un intestin central. Je puis ajouter aussi que j'ai eu la satisfaction de me voir d'accord sur la signification des vacuoles intérieures (prétendus estomacs ) et sur les filamens flagelli- formes , avec les naturalistes de Paris, dont l'opinion a le plus de prix pour moi. En présence d’une classification unique et basée sur la disposition et le nombre des estomacs, et sur la position de la bouche dans les infusoires, il m'était bien dif- ficile , sans l’attaquer par sa base, de présenter des observations diamétralement opposées sur l’organisation des infusoires. Jai donc dù chercher à combattre par des faits la nouvelle théorie, préparant ainsi les matériaux d’une classification rationnelle, Pour quiconque aura examiné légèrement des Monades avec un microscope éd ou méme ordinaire, ces infusoires sont simplement des corpuscules arrondis ou oblongs, sans organes extérieurs. Pour les partisans de M. Ehrenberg les Monades sont des infusoires poiygastriques anentérés, c'est-à- dire pourvus de plusieurs estomacs, appendus comme des petits cœcums autour d’une cavité buccale, ayant une forme con- stante et non variable, une bouche ciliée ou nue, c'est ainsi, du moins , que ces infusoires sont caractérisés dans la classifica- tion publiée en 1832 ; car depuis il a reconnu que, au lieu de cils vibratiles, les monauaires ont une ou plusieurs trompes filiformes à la partie antérieure, et il leur a attribué un organe glanduleux, qu’il présume être un testicule. Mais, pour celui F, DUJARDIN. — Sur des Monades à filament multiple. 19 qui cherche avec persévérance à pénétrer les mystères du monde microscopique , les Monades sont des animalcules for- més, d’une masse glutineuse arrondie ou oblongue, irrégu- lièrement tuberculeuse, privée de légument et susceptibiles de changer de forme , en s’agglutinant au support et en s'éti- rant en fil. Souvent, à l'intérieur; on voit des vacuoles rem- plies d’eau et conséquemment réfractant moins fortement la lumière que la substance charnue environnante, et s'ouvrant en un point quelconque de la surface , sans avoir d'autre desti- nation probable que de multiplier les surfaces de contact du liquide et du corps de l’animal. Souvent aussi se voient à l'inté- rieur des corpuscules, les uns produits de sécrétion , les autres en apparence contenus comme des corps étrangers , et des par- ties plus opaques, qu'on ne peut rationnellement considérer comme des organes génitaux, ainsi que l’a fait M. Ehrenberg. Du corps de la Monade partent un ou plusieurs filamens d’une ténuité extrême, égalant au moins deux ou trois fois le diamètre du corps et vivement agités d’un mouvement ondulatoire; de ces filamens, les uns paraissent constans et sont dirigés en avant, les autres dirigés dans un sens quelconque, sont formés évidemment par l'étirement de la masse, qui s’est agglutinée par un point quelconque à un corps étranger ou au support. De là résultent des assemblages singuliers de Monades, quand ces animalcules, s'étant soudés par le contact, sont encoré retenus par la partie étirée en fil. 1 filamens accidentels, ordinairement un peu plus gros que les autres , se meuvent de la même manière, quoique moins vivement: les uns et les autres sont susceptibles de s’agglutiner sur le support, et je ne vois aucun motif plausible , pour en faire des trompes, comme le veut M. Ehrenberg. J'avais même dit, en décrivant le Dése/mis viridis , que je regardais leur multiplicité comme un argument sans réplique contre une telle signification ; cependant je vois par le dernier mémoire de ce savant observateur, qu'il est dis- posé à admettre autant de trompes que de filamens. J'avais cru avoir le premier observé les filamens flagelliformes locomoteurs (prétendues trompes) des infusoires; çar je ne con naissais de M. Ehrenberg, que ses premiers mémoires; dans à. 20 F. DUJARDIN. — Sur des Monades à filament multiple. lesquels il attribue aux Monades et aux Euglena un cercle de cils autour de la bouche ; mais je dois reconnaître que la date de son dernier mémoire sur ce sujet(1835-1836) est antérieure à celle de mes observations, quoique nous ayons vu d’une manière un peu différente et interprété tout autrement ce que nous voyions. Il est bien sûr que, quand on cherche la vérité, de quelque point qu'on parte, on doit arriver au même but plus tôt ou plus tard; et je vois avec plaisir que le célèbre micrographe de Berlin sent la nécessité’ de faire entrer dans la classification des monadaires la considération des filamens flagelliformes plus on moins nom- breux. Incontestablement ce sera beaucoup mieux que la dis- tinction précédemment établie par lui de ls bouche droite ou oblique , dirigée en avant ou dans divers sens. En attachant à ce caractere l'importance relative qu'il mérite, on ne pourra s'empêcher de convenir que les filamens flagelliformes ne sont point des trompes. L'infusoire, dont je donne la figure (pl. 1, fig. 7 a-b}, et que je propose de nommer Hexamita, pour indiquer la présence de ces six filamens, est un de ceux qui rendront plus difficile la signification que leur attribue M. £hrenberg. J'ai trouvé constam- ment cet infusoire dans l’eau où des Spongilles commencaient à se décomposer au bout de deux ou plusieurs jours, sans que pourtant l'eau fût entièrement gâtée; car d’autres animaux, des larves d'insectes, des entomostracés , etc. , y vivaient encore. Il est long de douze à seize millièmes de millimètre, ovale, oblong, deux fois moins épais que large, arrondi en avant , où il porte quatre filamens très ténus qui partent de différens points du bord, et terminé en arrière par deux prolongemens coniques , portant chacun un filament très long, également mince et agité aussi vivement que les quatre antérieurs. Entre ces deux prolonge- mens s'en trouve quelquefois un plus petit, qui ne porte pas de filament. Le corps de cet infusoire est très flexible et change fréquemment de forme , en s’allongeant ou s’élargissant un peu. La substance paraît homogène. Je n’y.ai point vu de granules étrangers; mais souvent elle est creusée de vacuoles en nombre variable , et sa surface est irrégulièrement bosselée. Comme j'ai retrouvé ce même infusoire, toujours le même , à trois reprises F. DUJARDIN. — Sur les zoospermes de la Salamandre. 21 différentes le 30 mars, le 12 avril et le 10 mai, dans les mêmes . circonstances , je crois pouvoir le regarder comme un type bien caractérisé : or, comme je le répète, il me paraît impossible de regarder ses filamens comme des trompes , et je n’y puis voir que des organes locomoteurs. Sur les zoospermes de la Salamandre aquatique. Par M. F. Durarpix. Pendant long-temps encore l’organisation des Zoospermes sera enveloppée d’un voile non moins impénétrable que celui qui nous dérobe la connaissance du rôle qu’ils sont appelés à remplir. Les travaux publiés en Allemagne et en France, de- puis quelques années, auront , je crois, réfuté pour toujours l'opinion, qui en voulait faire des, animaux distincts ou des êtres parasites , sorte d’entozoaires microscopiques. Dans les observations que j'ai déjà publiées, je me suis efforcé de prouver qu’ils ne sont autre chose qu'un produit vivant, une dérivation des organismes qui les ont fournis. Tout en montrant moi-même dans certains zoospermes des détails de structure qui avaient échappé aux autres micrographes , je suis resté convaincu que leur organisation intérieure est fort simple, et je crois bien d’ailleurs qu'il ne se trouverait personne aujourd’hui pour sup- poser dans ces corpuscules si petits, comme autrefois Leeuwen- hoeck,des muscles, des nerfs et des vaisseaux , enfin une orga- nisation non moins complexe que celle des animaux supé- rieurs; mais, comme je l'ai dit ailleurs, en parlant des infu- soires pour leur attribuer une organisation extrêmement simple, la questionsde la vitalité chez les zoospermes n’en est ni plus ni moins facile à résoudre; nous ne pouvons pas mieux expli- quer la contractilité et la faculté de locomotion dans un fila- ment supposé homogène ou dims une petite masse de sub- 22 F. DUJARDIN. — Sr les roospermes de la Salamandre. stance glutineuse, que si nous accordions à ce filament ét à cette masse des fibres musculaires , des nerfs, des vaisseaux invi- sibles; car, si petits que nous supposions ces organes, ils devront, en dernière analyse, se composer de fibres simples où de pe- tites parties homogènes contractiles par ellesmêmes. En soute- nant donc cette simplicité d'organisation des Zoospermes, j'ai voulu m'en tenir simplement aux faits que nos sens, aidés des moyens optiques, nous permettent d'apprécier, sans vouloir rien admettre en plus ou en moins pour le besoin de la dé- monstration. Tout en poursuivant, dans l'observation des Zoospermes, les recherches des faits destinés à jeter plus de lumière sur ce sujet intéressant, je n'ai pas été médiocrement surpris de recon- naître dans les Zoospermes de la Salamandre aquatique des détails de structure tout-à-fait inattendus et des indices d’une organisation beaucoup plus complexe. Il n’y avait pas à la vérité dans cette observation des motifs pour revenir à l’idée que ce peuvent être des animaux proprement dits ; mais on pouvait y voir une grave difficulté pour admettre que ce sont de simples dérivations des organismes qui leur donnent naissancé; ce- pendant ce que je savais de l'extrême ténuité du filament loco- moteur des Monades , des Euglena, etc.; les phénomènes que j'avais observés depuis long-temps sur les Zoospermes des Pois- sons , des Céphalopodes , de la Tettigonia et de plusieurs autres insectes, m'ont rendu em partie concevable la singulière struc- ture que j'avais sous les yeux, sans pourtant me l'expliquer entièrement. J'aurais bien desiré trouver des analogies plus ou moins rapprochées dans les Zouspermes des animaux, placés dans les classifications auprès des Salamandres ; mais je n’ai rien vu dans les Lézards, dans les Crapauds ni dans les Grenouillss, qui $e rapprochât tant soit peu de la forme nouvellement révé- lée par le microscope. Ce fait, que j'ai annoncé à l’Académie des Sciences, le 26 mars dernier, et sur lequel je donne ici plus de développemens, restera donc isolé quant à présent , et sera venu compliquer le problème déjà si difficile des Zoospermes, tout en fournissant une donnée nouvelle sur la manifestation de la vie. F. DUYARDIN.— Sur les zoospermes de la Salamandre. 23 En publiant mon observation la première fois, j'avais bien lieu de la considérer comme entièrement neuve; car le journal de M. Froriep, contenant la lettre de M. de Siébold , en date du 29 mai 1837, n’était point encore arrivé à la bibliothèque du Jardin-des-Plantes , la seule à Paris où les naturalistes puissent prendre connaissance des nouvelles publications scientifiques. D'un autre côté , l'ouvrage de M. Wagner (Fragmente zur Phy- siologie der Zeugung), comme encore aujourd'hui, n’était connu à Paris que par l'analyse qu’en donne M. Valentin dans son Repertorium. Or, ce dernier, citant également les observations antérieures de M. Mayer, de Bonn, parait adopter l'opinion de l'existence de cils vibratiles des deux côtés de la queue , et dit (page 206) avoir eu lui-même l’occasion de les observer chez les Salamandra maculata et atra. M. Valentin annonçant, quelques lignes plus loin, avoir vu aussi , sur les deux côtés du Diatoma tenuis , le mouvement vibratile et les cils qui, suivant lui, dé- terminent le mouvement chez toutes les diatomées,il me sem- blait fort important , à moi qui, non plus qu'aucun autre ob- servatéur français, ne puis voir de cils chez les Diatomées , de vérifier les deux faits l’un par l’autre et de comparer sur les Zoospermes de Salamandre mes moyens d'observation avec ceux du savant professeur dont je ne puis partager l'opinion sur ce point et sur plusieurs autres. Sans doute les observations de M. Siebold , dont je parlerai plus loin , ne me permettent plus de réclamer la priorité pour cette découverte. Néanmoins, comme , dés le principe, j'ai vu et interprété ce phénomène d’une autre manière que lui, et que d’ailleurs le fait me semble bien digne d'intérêt, j'ai cru devoir publier ce travail. Les Zoospermes de Salamandre avaient anciennement déjà été décrits par Spallanzani, comme pourvus d’une double rangée de cils servant d'organes locomoteurs. « Chaque corpuscule, dit ce célébre observateur (Opusc. Phys.t. 1, p. 82), est composé d’un buste et d’un appendice très long , couvert de chaque côté par une série de petites pointes qui se meuvent comme de très petites rames ». On a tant de preuves, d’un autre côté, de l’im- perfection des moyens d'observation de Spallazani , qu’on est tenté de croire qu'il a été dupe de quelque illusion ; cependant 24 F. DUJARDIN.— Sur les zoospermes de la Salamandre. il est bien surprenant de voir son observation confirmée en partie après plus d’un demi-siècle. Serait-ce que l'illustre phy- sicien italien , obligé de recourir à une main étrangère, pour figurer les objets de son étude, voyait mieux au microscope que ne semblaient l'indiquer les planches de son ouvrage? MM. Prévost et Dumas, dans leur beau travail, publié en 1824, donnèrent sur cet objet des détails aussi exacts que le permet- tait l'état du microscope à cette époque. Ces animalcules, disent-ils (Ænnales des Sciences naturelles , 1824, t. 1, p. 283), sont fort longs, fort grèles, et se terminent en avant par une tête obovale tellement plate, que lorsqu'elle se présente sur le côté , on dirait qu'ils n’en ont pas du tout. Ils se meuvent d’une manière aussi fatigante que singulière. Leur corps entier se courbe en un arc trés régulier, mais qui change de direction à tout instant. Quelquefois ils exécutent cette espèce de révolution pendant plus de dix minutes, sans bouger de place ». Plus loin ces auteurs ajoutent que, pour se procurer ces Zoospermes, il suffit de presser le ventre au mâle, pour en. faire sortir par l’ou- verture du cloaque une liqueur, qui en offre une quantité pro- digieuse. C’est, en effet, de cette manière que je m'en suis procuré , et j'ai trouvé parfaitement exact ce que disent ces messieurs sur leurs mouvemens; mais j'ai dû reconnaitre qu'ils avaient supposé par analogie l'existence d’une tête plate , que nécessairement ils ont toujours cru voir sur le côté. M. Bory, en 183r, dans le Dictionnaire d'histoire naturelle, et M. de Blainville, en 1834, dans son Actinologie, ne firent que suivre les indications de leurs prédécesseurs. M. Czermak, en 1832, avait lu à la réunion des naturalistes allemands , à Vienne , un mémoire imprimé, l’année suivante, sous le titre de Beytrage zu der Lehre von der Spermatozoen , dans lequel il discute avec beaucoup de clarté la question des Zoospermes en général; mais les figures très médiocres qu'il donne, d’après ses propres observations et notamment celles de trois espèces de Salamandre et de triton , prouvent qu'il se servait d’un microscrope fort imparfait ; en effet , les épaisseurs qu'il indique sont au moins cinq ou six fois trop fortes , et d’ail- F. DUJARDIN. — Sur les zoospermes de la Salamandre. 25 leurs ces figures ne font rien connaître de précis sur la forme des Zoospermes. Enfin M. R. Wagner, dans un travail récent ( Fragmente zur Physiclogie der Zeugung, 1836) , a donné une description plus exacte des Zoospermes de Salamandre (Salamandra maculata): il leur assigne une longueur totale de -- ligne (moins de + milli- mètre), et dit qu'ils sont filiformes et se composent d’une partie antérieure plus épaisse , et d’une queue évidemment distincte, contournée et assez épaisse: il parle aussi d’un petit renflement situé à l'extrémité de la partie antérieure, et insiste particulière. ment sur le mouvement vibratile aperçu le long du dos, mou- vement auquel il attribue la locomotion. Les Zoospermes des Salamandres aquatiques lui ont paru conformés de la même . manière ; quoique plus longs et plus minces, avec la partie an- térieure moins distincte de la queue. Il a remarqué que les Zoospermes pris dans le testicule sont beaucoup moins actifs que ceux du canal déférent : il les a vus, comme MM. Dumas et Prévost, tournés en cercle, autour d’un centre, presque sans changer de place. M. Mayer, de Bonn', avait, de son côté, signalé aussi le mou- vement vibratile de ces Zoospermes, et M. Valentin confirmait leur observation dans le deuxième cahier de son Repertorium pour 1837,lequel n’est arrivé à Paris qu'en mars 1838 ; cependant M. de Siébold, qui d’abord n’avait pu voir les organes vibratiles annoucés, avait réussi, dés ie mois de mai 1837, à voir la vraie cause du prétendu mouvement vibratile dans un filament très long et très délié, enroulé en spirale autour de la queue; mais, par erreur, il supposa que ce filament est l'extrémité même de la queue , laquelle se replierait et s’enroulerait sur elle-même. Certes, si j'ai dû regretter d’avoir pris pour entièrement neuf ce qui avait déjà été vu par un observateur plus heureux, J'ai vu avec satisfaction aussi que , sans connaitre la lettre de M. de Siébold , imprimée dans le n° 4o , p.281, du Neu Notizen, von Froriep, 1837,je m'étais si parfaitement rencontré avec lui, pour décrire, dans ma lettre à l’Académie, un phénomène qui a frappé d’étonnement tous ceux que j'en avais rendus témoins. Suivant M, de Siébold , la partie postérieure , représentée assez exacte- 26 F. DUrARDIN. — Sur les zoospermes de la Salamandre. ment par M. Wagner, comme terminées en nn filament à peine visible , est beaucoup plus longue qu'on ne l'avait supposé, et revient, en s’enroulant sur elle-même en spirale jusqu’au point où commente la partie antérieure plus épaisse. Chaque Zoo- sperme , dit-il, se meut, en serpentant ; mais, en outre, la par- tie postérieure et enroulée en spirale de la queue capillaire montre un monvement propre qui consiste en une ondulation rapide. Il a vu l'ondulation se propager ordinairement d’arrière en avant, mais quelquefois aussi avoic lieu en sens inverse, ou bien s’arrèter totalement ,ou seulement en partie pour reprendre ensuite son mouvement avec la même vitesse , et il 4 reconnu que le mouvement total du Zoosperme et celui du filament sont indépendans l’un de l'autre. Plus loin il ajoute que le filament enroulé en spirale se trouve un peu éloigné de la queue, qui lui sert d’axe ,ce qui produit des deux côtés l'apparence de cils vibratiles, agités régulièrement dans une même direction , et, ce qui détermine la production de cette apparence du côté con- vexe des courbures de la queue, puisque alors l’axe se trouve contigu au côté concave, Il fait remarquer que M. Wagner paraît avoir pris la réalité pour une illusion, puisque, dans son ouvrage, il s'exprime ainsi: « On voit souvent aussi, comme si un fila- ment très fin était enroulé en spirale autour de l'animal, servant d’axe ». Ainsi le phénomène aurait été apercu réellement , mais mal interprété par M. Wagner, mieux décrit par M. de Siébold, qui pourtant encore l'interpréta faussement ,sous l'influence de de l’idée , que le filament doit être la continuation de la queue. Voici maintenant comment j'ai vu les Zoospermes des Triton palmipes et punctatus, et comment je les ai décrits (Compte rendu de l’Académie des Sciences, 26 mars 1837, p. 383). En avant se trouve une partie nue , plus ou moins courbée en arc 5 longue de + millimètre (et non +, comme on l’a imprimé par erreur), épaisse de ;;- millimètre, et moitié plus mince à l'extré- mité, en arrière, Cette partie s'articule avec un filament principal quatre fois plus long, et s’amincissant à partir du point d’attache, où il a >; millimètre, jusqu’à la pointe où il a moins de +5 mil- limètre; mais ce qu’il y a de remarquable, c’est l'existence d’un filament accessoire, partant du point de jonction et formant F. DUJARDIN. — Sur les zoospermes de la Salamandre: 57 autour du filament principal une hélice lâche, dont le dia: mètre est de ;+ millimètre , de sorte que sa longueur, s’il était développé , serait presque d'un millimètre. Son épaisseur au grossissement de 325 diamètres m’'a'paru égale à celle d’un brin de laine de 3; millimètre, vu à l'œil nu, ce qui permet de l’éva- luer à = millimètre. Pendant que le filament principal ou la queue du Zoosperme se courbe lentement de diverses manières et se meut d’un mou- vement ondulatoire, le filament accessoire s’agite avec une grande vitesse par des ondulations qui se propagent de la base vers la pointe. À cela je puis ajouter que plusieurs fois j'ai vu à l’extrémité antérieure un léger renflement analogue à ce que M. Wagner indique chez les zoospermes de Salamandres, mais trop peu constant pour que je le crusse fort important. Je dois dire aussi que j'ai vu distinctement, plusieurs fois, le filament accessoire se séparer du filament principal dans une étendue de trois à quatre ondulations ( fig. 8 c), et que cela n’a paru, ainsi qu'aux personnes qui observaient avec moi, difficile à concilier avec hypothèse de l’enroulement en spirale ; cependant on peut, à la rigüeur, supposer qu'en raison de son mouvement ondula- toire, plus vivement agité sur un point, il se trouve momenta- nément un peu déroulé sur un autre point. Cette hypothèse de Penroulement en spirale qui la première se présente à l'esprit à l'aspect de ce phénomène, rend compte bien plus facilement de la subordination constante des deux filamens. Si l’on suppo- sait, en effet, que le filament accessoire n’est que juxtaposé en zig-zag d’un côté, il faudrait supposer mise en jeu quelque force inconnue pour le retenir constamment contre l’autre. M. de Siebold, qui tout d’abord a adopté l'hypothèse de l’en- roulement en spirale, dit bien qu’avec un fort grossissement on ne voit pas en même temps au foyer les deux côtés opposés de la spire, ce qui ne laisserait aucun doute sur sa vraie disposi- tion ; mais je dois dire que je n’ai pu bien saisir ce caractère. Il me reste à parler de la différence essentielle qui se trouve entre la description de M. de Siebold et la mienne, c’est-à-dire de l’origine du filament : M. de Siebold veut que ce soit l'extré- 28 Fr. DUIARDIN. — Sur les zoospermes de la Salamandre. mité de la queue qui se replie, et l’on doit convenir que son opinion se trouve sur ce point d'accord avec ce que l’on sait de l’enroulement qu’éprouvent les zoospermes d’invertébrés au contact de l’eau, enroulement analogue à celui que présente un fil fortement tordu dont on rapproche tout-à-coup les extré- mités, et que dans notre langue on pourrait exprimer par le mot de vrillement. Je suis convaincu, au contraire, que ce fila- ment part réellement du point de jonction des deux parties du zoosperme, car on ne le voit jamais dépasser ce point dans un sens ni dans l’autre, et n’y eüt-il que cette circonstance, je ne crois pas qu’on püt l’expliquer d’une manière plausible dans l’autre hypothèse ; mais de plus, ce filament, qui à son origine forme des ondulations plus courtes et plus serrées, et, en par- tant de là, des ondulations de plus en plus lâches, je l'ai tou- jours vu, à l'extrémité, se détacher du filament principal et s’a- giter librement à une certaine distance du filament principal, qui se termine aussi isolément. Voilà des faits que je puis affir- mer et que d’autres ont vu comme moi. Quant à ce qui est de la direction du mouvement ondulatoire, je ne sais comment m'expliquer que M. de Siebold ait vu ce mouvementse propager ordinairement d’arrière en avant, et quelquefois seulement d’a- vant en arrière; c’est cette dernière direction qui m'a paru la seule réelle, et même, quand les zoospermes se sont courbés et tordus sur eux-mêmes de diverses manières comme dans la figure 8 D, on suit encore cette même direction invariable à tra- vers tous les détours qu’elle est forcée de faire. Il est clair que le phénomène exposé comme l'a fait M. de Siebold, n’a rien qu’on ne puisse, à la rigueur, concilier avec ce qu’on savait d'avance; il ne s’agit, en effet, que d’une queue beaucoup plus longue, et, malgré sa ténuité, exécutant avec une régularité parfaite des mouvemens extraordinaires. Ce phé- nomène, comme je le vois au contraire, est entièrement nou- veau, et la disposition du filament accessoire nous rappelle celle du fil inducteur dans les expériences de l'électricité, de sorte qu’on est conduit à chercher une relation de vitalité entre les deux filamens. F. DUJARDIN. — Sur Les Trænias. 29 V. OsservarTions sur les Tænias ; et sur les mouvemens de leur embryon dans l'œuf, Par M. F, Durarpin. ! Dans le tome vus de ces Annales, j'ai fait connaître une ob- servation qui m'a paru fort importante sur la vitalité et sur les mouvemens de l'embryon d’un Distome dans l'œuf, Les re- cherches qui m’avaient conduit à cette observation étaient commencées depuis fort long-temps ; cependant c'était là le pre- mier fait concluant qui se présentait à moi. Depuis lors comme auparavant, je n’ai pas eu entre les mains un seul Entozoaire vivant sans examiner soigneusement ses œufs ; mais les circon- stances nécessaires à la production des phénomènes de vitalité se rencontrent rarement toutes à-la-fois, et, soit que les œufs ne fussent pas mürs , soit que je les observasse dans un liquide ou à une température peu convenables, je ne trouvai pas ce que je cherchais. Cependant j'avais remarqué depuis long-temps dans les œufs globuleux de certains Tœnias , notamment dans ceux du Tænia fringillarum et du Tænia filicollis de l'épinoche, que les œufs contiennent six crochets de nature cornée, dis- posés symétriquement par paires, savoir : une paire rapprochée au milieu parallèlement au diamètre , et une paire disposée obli- quement de chaque côté et pouvant s'élever ou s’abaisser de manière à former le même angle, soit aigu, soit droit ou même obtus à droite et à gauche de la paire du milieu. Ge fait m'avait d’abord paru s’accorder avec la présence des crochets dont est armée à l’intérieur la tête de la première espèce; mais dans la seconde espèce on ne pouvait supposer une telle relation, car le Tœænia de l'épinoche est du nombre des espèces inermes. Toutefois, je pensai que s’il devait se produire des mouvemens dans l'embryon, ces crochets seraient bien propres à les rendre manifestes, et je dirigeai toute mon attention sur cet objet; 30 F. DUSARDIN. — Sur les Tœmas. ce n’est pourtant que dans le courant du mois de juin que j'ai réussi à voir avec une entière évidence les mouvemens que je cherchais. J'ai dû à l’obligeance de M. Mandl de pouvoir re- cueillir des Entozoaires vivans dans un grand nombre de chiens soumis par lui à ses expériences physiologiques, et j'ai trouvé en particulier les Tænias serrata et cucumerina à tous les degrés de développement. C’est la dernière de ces espèces dont les œufs globuleux, larges de =; millimètre, sont revêtus d’une coque transparente, qui na présenté le phénomène de la ma- nière la plus remarquable : les six crochets dont est pourvu l'embryon se meuvent par paires et d’un mouvement alternatif pendant fort long-temps, de sorte qu’on voit les deux paires latérales élever leur pointe et se rapprocher de la paire moyenne jusqu'à devenir presque parallèles, puis s'éloigner de nouveau en abaissant leur pointe et relevant leur tige jusqu’à former un angle obtus. Cette disposition ternaire est vraiment fort singu- lière, et se trouve en contradiction avec les nombres qu'on observe le plus souvent dans les organes des Zoophyÿtes ; peut- être cette disposition est-elle l'effet d’une illusion, et les six crochets également espacés ne semblent-ils disposés par paires que par un effet de projection; cependant elle m'a paru, si constante que je la crois réelle. En même temps que Les crochets se meuvent ainsi, on voit la masse charnue diaphane de l'embryon se contracter dans un sens et dans l’autre, et s'approcher ou s'éloigner de la coque dont elle est séparée par un liquide transparent. Au-dessous des crochets, on distingue de chaque côté une masse glanduleuse, ovoide, moins diaphane que le reste, située obliquement et par- ticipant un peu aux mouvemens de la masse ; quelquefois aussi on remarque des vacuoles variables vers le milieu de embryon. Les œufs du Tæœnia serrata, également globuleux, larges de + millimètre, sont beaucoup plus opaques ; ils ne me laissaient voir d’abord rien de semblable dans l'embryon, qui est beau- coup plus petit en raison de l'épaisseur de la coque; mais enfin, en les prenant à l'instant où ils venaient d'être pondus, par un article spontanément séparé du Tænias, et en forçant la lu- mière, je suis parvenu à voir les crochets beaucoup plus petits ” F. DUJARDIN. — Sur des Tænias. 31 de l'embryon et les mouvemens dont ils fournissent si facile- ment la preuve. S On pourrait être surpris de ce que, dans les œufs du Tænia serrata ; l'une des espèces armées les mieux caractérisées , et possédant une couronne de 22 à 24 crochets, l'embryon n’a que des crochets faibles et comme rudimentaires, tandis que dans les œufs du Tænia cucumerina, espèce inerme, les cro- chets sont si visibles et si prononcés ; mais en y faisant plus d'attention, on reconnait qu'il n’y a pas de rapport entre les crochets de l'embryon et ceux qui forment la couronne autour de la tête des individus armés ; la forme est toute différente : ceux-ci sont courts, très recourbés, et pourvus de deux apo- physes presque égales pour l'insertion des faisceaux adducteurs et abducteurs, à la manière des mandibules de certains insectes. Les crochets des embryons sont effilés, falciformes, et terminés par une longue tige droite. Leur mouvement alternatif res- semble tout-à-fait à celui des mandibules des Brachions et des Rotateurs : on serait donc porté à croire qu'ils doivent devenir des pièces intérieures d’un œsophage bien plutôt que des pièces extérieures , car, d’une part, on les observe chez des espèces inermes; en second lieu , les six crochets du Tænia fringillarum sont réellement situés à l’intérieur de la trompe et conservent une position assez semblable à celle qu'ils ont dans l'embryon; enfin , à l'intérieur de la saillie protractile, que le Tænia cucu- merina avance entre les sucoirs ou ventouses à la manière d’une trompe , on distingue une garniture de petites pièces discoïdes d'apparence cornée, et rappelant par leur disposition les dents en pavé des sparus. Sans doute, cette interprétation suppose que le tubercule central protractile de la tête des Tænias est réellement traversé par un œsophage. Je n’ai pas de preuves suffisantes pour le mo- ment à apporter de ce fait; cependant, chez les deux dernières espèces, j'ai vu plusieurs fois, à l'intérieur, l'apparence d'un large tube terminé en cul-de-sac un peu en arrière des ven- touses, et rappelant assez, par sa forme ; la cavité buccale des Actinies et des Hydres. À la vérité, je n’ai point vu les deux Canaux lougitudinaux du cou aboutir à cette cavité centrale;, 32 F. DUJARDIN. = Sur les Tœnias. mais aussi je ne les ai point vus, non plus qu'aucun autre hel- minthologiste , aboutir aux ventouses latérales. Jusqu’à présent on ne peut que former des conjectures sur la destination de ces canaux. Si d’ailleurs on veut considérer comment se meuvent les diverses parties de la tête d’un de ces Tænias vivant, on re- connaîtra que les quatre sucoirs s’'avancent alternativement comme des organes de locomotion , pour prendre un point d'appui sur le support, tandis que le tubercule central, offrant à l'extrémité l'apparence d’une ouverture, s’allonge et se con- tracte alternativement comme une vraie trompe qui cherche la nourriture, et sans s'appuyer comme les ventouses. Les œufs pris dans un article de Tænia cucumerina un peu avant la maturité, sont groupés au nombre de 4 à 22 dans des masses ovoides d’une substance albumineuse assez résistante ; ils sortent ainsi réunis, si on comprime ou si l’on déchire l’ar- ticle qui les contient, et l’on croit voir flotter dans le liquide des œufs très volumineux ; mais les œufs proprement dits sont beaucoup plus petits, et ne s’aperçoivent bien qu'avec une loupe de 3 à 4 lignes de foyer. Pris dans cet état, les œufs montrent déjà les crochets ; mais l'embryon, plus petit, n’oc- cupe guère que la moitié de la coque de l'œuf et ne se meut pas encore. Si l'on considère que les articles de cette espèce de Tænia sont du nombre de ceux où les organes génitaux parais- sent le plus compliqués , et où l’on aurait plus de raison d’ad- mettre des organes mâles et femelles, on sera forcé de recourir à des suppositions fort hasardées pour expliquer la féconda- tion, puisque les œufs montrent des indices de développement long-temps avant d'arriver à l’orifice du prétendu organe mâle. Les œufs du Tænia serrata ne sont point groupés ainsi dans les articles; ils m'ont paru toujours isolés ; mais ils m'ont pré- senté une autre particularité digne de remarque : leur coque, beaucoup plus épaisse et d’un blanc presque opaque, paraît composée de petites pièces aréolées, déprimées au centre comme la coque des œufs d’Alcyonelles : cette coque réfracte si forte- ment la lumiere, qu’elle produit ’apparence d’un anneau brillant autour de l'embryon : on peut juger par là qu’elle doit être très » résistante, et qu’à l'abri sous une telle cuirasse, les œufs de F. DUJARDIN. — Sur les Ttenias. 33 Tænia, disséminés sur les corps extérieurs en quantité prodi- giense, peuvent, dans certains cas, échapper aux nombreuses causes de destruction et altendre pour se développer qu'ils soient arrivés à un gite convenable. Si donc il peut arriver que des êtres d’une organisation très simple doivent leur naissance à une génération spontanée, il n’est pas nécessaire de recourir à ce moyen pour expliquer l'apparition des Entozoaires, comme la fait Rudolphi, qui croyait à tort que les œufs des Tænias doivent avoir une structure encore plus délicate et une exis- tence plus frêle que ces Entozoaires eux-mêmes. Pour se faire une idée de la quantité d'œufs que doit fournir un Tænia serrata, il faut considérer qu'il fournit successivement 200 articles au moins qui, arrivés à leur maturité, contiennent chacun 5 millimètres cubes d'œufs ; ces articles disséminent leurs œufs en rampant sur différens corps comme de véritables animaux, après qu'ils se sont séparés à leur maturité : il en résulterait donc au moins mille millimètres cubes ou 25 millions d'œufs pour chaque Tænia; or, il n’est pas rare de trouver huit ou dix de ces Entozoaires dans un seul chien. On trouve dans l'intestin, de ces articles mürs isolés qui se meuvent avec une vitesse fort grande comparativement à celle du Tænia lui-même; j'en ai vu parcourir en une minute un espace de trois pouces et plus, en se contractant d’arrière en avant comme les cucur- bitains ou articles du Tænia solium, dont les mouvemens ont été bien décrits par Rudolphi. Si on les place dans un flacon ou sous une cloche humide, on les voit bientôt s'élever en, ram- pant le long des parois et en parcourir plusieurs fois la circon- férence; sur leur passage, ils laissent une trace blanchâtre comme laiteuse, dans laquelle on aperçoit à la loupe les œufs mis successivement dehors par l appendice latéral que Rudolphi nomme le lemnisque. Ils continuent ainsi à vivre pendant plu- sieurs jours, plus ou moins, jusqu'à ce qu'ils soient entière- ment vidés d'œufs et réduits agmoitié de leur volume primitif : leur destinée est alors accomplie, etil$restent sans mouvement. On ne peut donc pas douter qu'ils n’effectuent leur ponte de la même manière lorsqu'ils sont expulsés hors de l'intestin avec les excrémens, ou lorsqu'ils sortent spontanément par cette voie Fe ZX, Zoo!, — Juillet, 3 34 F. DUJARDIN. — Our les Tenias. comme il arrive quelquefois chez les chats, pour des articles isolés du Tænia crassicollis , qui est une espèce à tète armée fort analogue au Tæœnia serrata. EXPLICATION DE LA PLANCHE 1'° Fig. 1. Grossie 300 fois, Spongille ou éponge d’eau douce, portion écrasée entre deux plaques de verre et montrant rassemblées des spicules de diverses formes, savoir : les unes (a) , en plus grand nombre , lisses et fusiformes , d’autres (2) avec des nœuds ou (c) avec des inflexions; quelques-unes moñtrent aussi l'apparence d’un canal creux. Des spicules (4) beauconp plus petites sont plus ou moins courbes et hérissées de pointes, Au milieu on voit une portion de la matière animale vivante. Fig: 2. Parcelles vivantes détachéés de la spongille et se mouvant , à la manière des amibes , sur la plaqué de verre couverté d’eau a , 6 et é montrent les formes différentes sous lesquelles se présente une même parcelle à quelques minutes d'intervalle, Fig. 3. Groupe de parcelles vivantes dela spongille, montran! sur son contour des filamens flagelliformés très fins. Fig. 4. Plusieurs expansions glutineuses , diaphanes ; et parcelles montrant des expansions digitées plus longues , el se mouvant dans Je sens indiqué par la flèche. Fig. 5. Halisarca , nouveau genre de Ja famille des éponges, formant des plaques charnues, fougeâtres à la base du Fucus palmatus. Parcelles vivantes , détachées de la masse et montrant dés expañsions fiombreuses filiformes. Fig. 6. Volvax vegetans M. (Anthophysa Bory): — a, vaisseaux terminés par lés rosaces d’animalcules ( grossi 240 fois)};— 6. une seule rosace sur son support ( grossie 460 fois); — - ©. Un seul animalcule détaché. Fig. 7 42h, Hexamita (grossi rovo fois), nouveau genre d'infusoires de la famillé desÿMo- padaires ; présentant en avant quatre filamens flagelliformes très longs, et terminéé én arrièré par deux prolongemens , portant chacun un filament , avec quelquefois un woisième prolonge- ment intérmédiaire : il se trouve dans l’eau de marais recueillie depuis vingt-quatre ou qua- rante-hüit heures, et dans laquelle sont déjà morts des larves d'insectes ou d’autres animaux. Fig. 8, Zoospermes de Triton palmipes (grossi 320 fois:—a. zoosperme traversant le liquide et se mouvant d’un mouvement ondulatoire; — 6. zoosperme qui se roule sur lui-même, sans changer de place: les parties , rapprochées et comme pressées ensemble dans ce mouvement, müñtrént cépendant éñcore partout lés ondulations du filament accessoire, suivant la direction indiquée par la flèches—c. portion de zoosperme, pour montrer comment le filamént accessoire peut se séparèr du filament prineipal-dans une certaine étendue. Fig. 9. Zoosperme du Crapaud (Zufo cinereus), grossi 400 fois: il se compose d’une partie solide, longue de 23 à 30 millièmes de millimètre, amincie en avant, renflée en maniere de tété pat derrière, et terminée par un filament très délié, long de 43 millièmes de millimètre, servant senl à la locomotion. 4l est figuré ici pour faire voir la différence qui existe entre lés zoospermes de Salamandreet ceux des autres Batraciens. Czermak et ses prédécesseurs ,n'ayant pu voir le filament terminal , avaient cru que le renflement devait être la tête du zoosperme, et tue la partie ämincie antérieure est sa queue. l Fig. T0, 0Eufs de Twnia Cucumérina (groësi 600 fois; montrant à l’intérieur l'embryon, qui se meut , en se contractant dans un sens et dans l’autre, et en rapprochant ses crochets, qu’on voit alternativement dans les positions a, : en même temps on voit au dessous des crocliets, déux masses pleuduleuses symétriques; — e, uu crochet séparé. FLOURENS. == Sur le parallèle des extrémités ; etc. 35 NouveLzes OBsERvATIONS sur le parallèle des extrémités; dans l’Homme et les Quadrupèdes , 4 Par M. FLouURENSs. L’analogie des membres supérieurs et inférieurs a frappé, de bonne heure , tous les observateurs ; il a suffi, pour ainsi dire, d'y regarder pour retrouver toutes les parties d’un membre dans l’autre, l'épaule dans la hanche, le bras dans la cuisse, l’'avant-bras dans la jambe, la main dans le pied, les diverses parties de la main dans les diverses parties du pied , le carpe dans le tarse , le métacarpe dans le métatarse, les doigts dans les orteils. Il a été plus difficile de rapporter individuellement chaque os d’un membre à chaque os de l’autre. Chose étrange, on ne sait pas encore s’il faut comparer ensemble l’'humérus et le fémur du même côté, ou l'humérus d'un côté et le fémur de l'autre; on, ne sait pas quel est celui des deux os de l’avant-bras, le ra- dius:ou le cubitus, qu'il faut comparer à tel ou tel des deux os de la jambe, le tibia ou le péroné. Vicq-d’Azir, dans un mémoire célèbre (1), prétend « qu'une extrémité antérieure répond et ressemble principalement à la postérieure du côté opposé »; et M. Cuvier répète l’assertion de Vicq-d’Azyr : « C’est la droite d’une paire, dit-il, qu'il faut comparer à la gauche de l'autre. » Mais il est aisé de faire voir que cette opinion d’une analogie renversée, proposée par Vicq-d’Azyr, n’est nullement fondée; et que, tout au contraire de cette opinion, ce sont les deux extrémités du même côté quite reproduisent l’une l'autre, et qu'il faut comparer l’une à l'autre. En effet , si, détachant, par exemple , l'extrémité antérieure (1) Vicq-d’Azyr, Mémoire sur le parallèle des extrémités dans l'homme et les quadrupèdes. 3, 36 FLOURENS. — Sur le parallèle des extrémités droite d’un squelette, on la compare avec l'inférieure du même côté, la main étant dans la pronation, sans rotation du radius, on a un rapport exact de la main avec le pied ; à la main comme au pied, les pouces sont en dedans, les petits doigts en de- hors, etc. ; mais alors l’umérus et le fémur sont en opposition complète : le fémur a sa tête en dedans, son grand trochanter en dehors, etc., tandis que l’hwmérus a sa tête en dehors, sa grosse tubérosité en dedans, etc. Ainsi, dans ce premier cas, où l’on compare les deux extrémités du même côté, lequel cas est celui qu’a voulu corriger Vicq-d'Azyr, on à un rapport exact, direct, de la main avec L pied , mais un rapport inverse de éaraéront avec le fémur. Si lon compare, au contraire, à l'exemple de Vicq-d’Azyr, l'extrémité antérieure gauche avec l'extrémité postérieure droite, la mai étant toujours dans la pronation, et toujours sans la rotation du radius (c’est-à-dire par l’inversion du membre en- ter, et comme elle s'opère sur le squelette), on rétablit les rapports directs du fémur avec l'humérus, mais on renverse ceux de la rain avec le pied. Ainsi, toujours un renversement : dans le premier cas, à la partie supérieure, et dans le second, à la partie nfémËus des extrémités. Si enfin on compare les deux extrémités du même côté, la main. étant dans la pronation, mais par son mécanisme vrai, naturel, le seul possible sur le vivant, par la rotation du 7a- dius , on a partout des rapports directs; par l'effet seul de ce mécanisme, l’humérus, le fémur, la main, le pied du même côté, toutes ces parties se trouvent tournées dans le même sens ; et ce même sens de toutes les parties correspondantes est précisément ce qui constitue la solution réelle de la difficulté, et la preuve démonstrative de l’analogie cherchée. La longue indécision des anatomistes touchant les rapports réels des membres supérieurs et inférieurs, ne tenait donc qu’à l'oubli, dans des comparaisons faites sur le squelette , du méca- nisme vrai de la pronation de la main par la rotation du 7a- dius ; et la simple restitution de ce mécanisme suffit pour rendre, comme je viens de le dire, à toutes les parties corres- æ pondantes une position semblable, dans l'Homme et les Quadrupèdes. 37 Or, dans cette position semblable de toutes les parties des deux extrémités du même côté, donnée par le mécanisme vrai de la pronation de la main, le radius répond au tibia, et le cubitus au péroné. C'est justement le contraire de ce qu’a pensé Vicq-d’Azyr, qui assimile le cubitus au tibia et le radius au pé- roné. Mais, indépendamment de la raison décisive, tirée du vrai mécanisme de la pronation de la main, combien d’autres raï- sons encore ne se présente-t-il pas contre l'opinion que je ré- fute, les unes prises de l’anatomie même de l’homme, et les autres de l’anatomie comparée. Dans l'Homme, Vos essentiel de l'avant-bras, los qui conti- nue le bras , l'os qui porte la main,'est le radius ; le cubitus n’est là que pour, d’une part, élargir la surface des insertions musculaires, et, de l’autre, prêter un appui solide au membre pendant la rotation de l’os principal, du radius. De même , au membre inférieur, los essentiel de la jambe, los qui continue la cuisse, los qui porte le pied, est le 1ibia. Plus évidemment encore qu'au membre supérieur , le péroné n'est là que pour l'agrandissement des surfaces musculaires ; il ne prend aucune part à l'articulation avec le fémur; il n’en prend qu'une latérale avec le pied. Dans les animaux , le rôle subordonné du cubitus et du péroné, et par suite leurs rapports respectifs, deviennent plus incontes- tables encore, s'il est possible. Déjà, dans les Chauve-souris, dans les Galéopithèques, le cubitus n’est plus qu’un filet très grèle; ce même cubitus ne se montre plus qu’en vestige dans les Aw- minans , dans les Solipèdes ; le péroné , déjà très grèle dans les Chauve-souris, déja simple rudiment styloïde dans le Cheval , manque à-peu-près tout-à-fait dans plusieurs Rurinans (1), ou ny est représenté que par un petit os qui forme la malléole externe; ce même péroné est toujours imparfait dans les O- seaux , etc. Que l’on consulte donc ou Win mgou les animanx , on voit (x) Je dis plusieurs Ruminans ; car, dans le Renne, Elan , le Daim , le Cerf de Timor, ele., on trouve, outre l'os de la malléole externe , un rudiment styloide du péroné , attaché, comme dans les Solipèdes , au côté externe de la tète du tibia. 38 FLOURENS. — Sur le parallèle des extrémités que le radius répond au tibia , le cubitus au péroné ; et, ce qui ajoute le dernier trait à ce qui vient d'être dit, c’est que , dans la pronation naturelle, quoique temporaire, de l'Homme, les deux os de l’avant-bras sont un peu croisés, comme ils le sont dans la pronation constante des animaux. Mais on demandera sans doute ce que devient la rotule dans ma manière de voir. La rotule, ‘selon Vicq-d’Azyr , répond à l’olécrane. Ces deux os se répondraient ‘en effet, du moins par la position qu’ils prendraient alors, le membre antérieur droit étant comparé , comme le veut Vicq-d’Azyr , au membre posté- rieur gauche ; mais vous remarquerez que l’o/écrane forme une véritable apophyse , c’est-à-dire une véritable partie du cubitus, tandis que la rofule n’a nul rapport possible avec le péroné(r). La rotule est donc un os particulier , sans nulle analogie réelle avec l’olécrane , simple os sésamoide, placé dans le tendon du triceps crural pour faciliter le jeu de ce tendon sur le fémur, comme, précisément à l’opposite , c'est-à-dire à la partie posté- rieure des condyles , il sen développe si souvent dans le point de chaque tendon des jumeaux qui répond aux condyles. Il ne reste plus qu'à montrer les rapports des os de l'épaule avec ceux de la hanche. Vicq-d’Azyr avait déjà comparé d’une manière générale l'épaule à la hanche. Les progrès’ de POstéo- logie comparée ont permis, depuis, de retrouver chacun des trois os de l'épaule , lomoplate, le coracoïdien, Va clavicule, dans chacun des trois os de la hanche, Viléon, Vischion et le pubis. J'ajoute que l'exemple des oïseaux met lanalogie respec- tive de ces différens os dans tout son jour. L’omoplate, Vi- léon , y sont situés en haut et parallèlement à l’épine du dos; viennent ensuite à l'épaule , le coracoïdien , à la hanche , lis- chion; et puis la clavicule, vulgairement fourchette, et le pubis, filet détaché comme la clavicule, et à qui il ne manque que de s’unir par son bout libre au filetopposé, pour former, comme la clavicule, une fourchette ou petite fourche. {x) Pas même par le tendon du #2ceps crural , lequel s'insèref non au péroné; mais au - tibialet au tibia seul, " dans l'Homme et les Quadrupèdes. 39 Donc, dans la comparaison générale des extrémités supé- rieures et inférieures , ce sont les extrémités du méme côté qui doivent être comparées ensemble ; donc, dans la comparaison des deux os de l’avant-bras aux deux os de la jambe, c'est le tibia qu'il faut comparer au radius, et le cubitus au péroné ; done enfin, dans l'épaule comparée à la hanche, c’est lomno- plate qui répond à l'ion, le coracoïdien à Vischion, et le pubis à la clavicule. (1) Quant à la comparaison de la main avec le pied, Vicq-d’Azyr a donné le rapport exact des os du carpe et du tarse. Le pisi- forme et le pyramidal, réunis, répondent au calcanéum , le se- milunaire à 'astragale , et le scaphoïde au scaphoïde. Pour la se- conde rangée, il ne peut y avoir de difficulté. Le trapèze, le trapézoïde, le grand os, répondent évidemment aux trois os cunéiformes , et le cuboëde répond à l'os crochu. Le doute, s’il y a doute, ne peut donc porter que sur la première rangée ; et, dans cette première rangée même, que sur un seul point, savoir , le rapprochement des deux scaphoides. Or, supposez le sémilunaire grandi à la main,comme l’astragale l'est au pied , il repoussera nécessairement le scaphoide, il le portera en avant; et, ce qui-le prouve, c’est l'allongement du pouce du pied, comparé au pouce de la main, allongement qui n'a, en effet, d'autre cause que le déplacement du scaphoide ; son transport en avant, et sa position sur la méme ligne que les autres os du pouce; car chacun de ces autres os, pris sépa- rément,est peut-être, proportionnellement, plus court au pouce du pied qu’au pouce de la main. Je ne parle ni de la comparaison du métacarpe et du méta- tarse , ni de la comparaison des doigts et des orteils; Yanalogie de toutes ces parties les unes avec les autres, de chaque os du métacarpe avec chaque os du métatarse, de chaque doigt avec chaque orteil , est trop évidente. (x) Se n'ai pas parlé de l'opposition des angles que font les articulations des deux extrémités du même côté, comparées ensemble ; car ce n’est pas là une difficulté réelle, Le sens quel- conque des articulations ne change évidemment rien à l’essence des os, et par conséquent à leurs analogies. D'ailleurs , dans la manière même de voir de Vicq-d’Azyr, l'angle de l'ar= ticulation de Ja main en pronation est encore opposé à celui de l'articulation du pied, 4o FLOURENS. — Our le parallèle des extrémités, ete. . J’ajoute seulement que, dans les Singes , où le carpe a neuf os , deux os du carpe répondent à l'astragale (le semilunaire et le surnuméraire) , comme deux au calcanéum (le pyramidal et le pisiforme). Je ne me suis occupé, dans cet article, que du rapport des os dans les deux extrémités comparées; je m'occuperai, dans un autre, du rapport des muscles , des nerfs et des vaisseaux. EXPLICATION DE LA PLANCHE 3. Fig. I. Jambe ou extrémité inférieure droite. a. Le fémur. b. Le tibia. c. Le péroné d. Le gros orteil. . Le petit orteil. ® Fig. Il. Bras ou membre supérieur droit ; en pronation par la rotation, non du radius seul, mais du membre entier. a. L'humérus. b. Le radius. c. Le cubitus. d, Le pouce. c. Le petit doigt. Nota. Dans ce parallèle des deux extrémités du même côté, tel que le faisaient les anciens, le fémur et l'humérus sont en sens inverse : l’un a sa téte à droite ; l’autre l’a à gauche, etc. ; wais toutes les parties de l’ayant-bras et de la jambe proprement dite se correspondent : le pied a le gros orteil en dedans et le petit en dehors; la main a le pouce en-dedans , le petit doigt en- dehors, etc. ; le tibia répond au radius, le péroné au cubitus , etc. Fig. III. Bras ou membre supérieur gauche, en pronation par la rotation, non du radius seul , mais du membre entier, L2 a. L'humérus. b. Le radius. ec, Le cubitus. d. Le pouce. e. Le petit doigt. - Nota. Dans ce parallèle, proposé par Vicq-d’Azyr, de l'extrémité supérieure d'un côté avec l'extrémité inférieure de l’autre , la correspondance du mur et de l'humérus est rétablie ; mais tous les rapports de la jambe proprement dite et de l’avant-bras sont renversés : le pied a son pouce en-dedans et son petit doigt en-dehors; à la main, c'est tout le contraire , le pouce sst en-dehors, le petit doigt en-dedaus: le radius répond au péroné, le cubitus au tibia, ete, È PeuTIER. — MNouvelle espèce de Floscularia. A: Fig. IV. Bras droit en pronation par le mécanisme vrai, c’est-à-dire par la rotation seule du radius. a. L'humérus. b. Le radius. c. Le cubitus. d, Le pouce. e. Le petit doigt. Mota. Dans ce nouveau parallèle, que je propose, la correspondance règne partout : l’hume- rus et le fémur ont leurs têtes tournées du même côté; et, soit à l’avant-bras, soit à la jambe , tous les rapports reparaissent. Au pied, comme à la main, le gros doigt est en-dedans, et le petit en-dehors; le radius répond au tibia, le cubitus au péroné , etc. Fig. V. Colonne vertébrale, os de l'épaule et os de la hanche d’un jeune Paon. 1. r. 1: Colonne vertébrale. . Omoplate. 3. Coracoïdien: c. Clavicule. a. Iléon. 8. Ischion. c. Pubis. d. Prolongement terminal du pubis. ) Nota, À Vépaule et à la hanche, les os correspondans sont, à dessein , marqués des mêmes. lettres : est le prolongement du pubis d’un côté, qui, se portant vers celui du côté opposé, reproduit la disposition en fourche de la clavicule. OgsErvATIONS sur une nouvelle espèce de Floscularia , Par M. Pezrier. Dans la deuxième section de la classe des Rotateurs de sa classification des Infusoires, M. Ehrenberg a placé dans l’ordre des Cuirassés la famille des Floscularia ; il nomme cette section Schizatrocha , roue divisée, dont voici les caractères , tirés de la Floscularia proboscidea : « Floscularia major, urceolo gelati- noso , pellucido, cylindrico, lobis rotatoriis brevius ciliatis 6, proboscidem mediam ciliatam ambeuntibus. Dans son troisième mémoire, en 1834, il a dessiné l'espèce qu’il a nommée Floscularia ornata ; il lui donne six faisceaux 42 PELTIER. — Nouvelle espèce de Floscularia. et un tube gélatineux pour enveloppe; dans lequel se retire l’a- nimal dans sa contraction. Depuis quelques années, j'ai trouvé dans les eaux du bois de Meudon un animal ayant la plus grande ressemblance avec la Æoscularia ornata du savant allemand, mais qui en diffère par des caractères si tranchés, qu’il est im- possible de les confondre. L'animal que j'ai trouvé ne peut se classer parmi les Rotateurs, d'après le sens que l’on donne gé- néralement à ce mot; ses cils s'ouvrent lentement, et restent dans un repos complet pendant tout le temps de leur épanouis- sement ; Ja division est pentagone et non sexagone; il n’a pas d'enveloppes gélatineuses, ni de mandibules dentées. Ne pou- vant rapprocher le sujet de mon observation avec la Floscula- Tia ornata, je me bornerai à en donner la description, laissant à M. Ehrenberg le soin de lui assigner sa place dans sa classi- fication. Dans le mois d’août 1832, je trouvai dans l’ean d’un fossé du bois de Meudon une espèce de Polype dont je n’avais vu la des- cription nulle part, Sa forme était celle d'un vase membraneux très ouvert et d’une grande transparence; son bord festonné présentait cinq têtes armées de bras contractiles ; l'ouverture de ce vase était formée d’une membrane diaphane sous laquelle était un corps granuleux ovoide, ne remplissant que le sixième environ de l’espace intérieur, le reste ne paraissant contenir aucune substance organisée; il était porté par un pédoncule assez Court, qui paraissait formé de la prolongation de la mem- brane générale. Chaque tétine poussait des bras plus ou moins nombreux ; cinq au moins étaient toujours en élongation pour chacune d’elles, et différemment prolongés, les uns en rétrac- tion, les autres en extension. En les regardant par leur extré- mité, on voyait que ces bras étaient tubulés ; leurs mouvemens étaient lents et progressifs , il n’y avait nulle part de contraction brusque; quelquefois on apercevait un léger frémissement dans le corps oyoïde, puis il reprenait sa première immobilité. Pen- dant le cours de cette année, je vis un assez bon nombre de ces petits Polypes ,"tous à*peu-près au même degré d'organisation, Dés le mois d'avril 1833, je retournai puiser de l’eau au même endroit, dans l'espoir de recueillir de nouveau cet animalcule, pertier. — ]Wouvelle espèce de Floscularia. 43 Ce fut en vain qué je le cherchaïi et que je l'ai cherché depuis. Mais si je ne pus retrouver ce Polype tel que je l'avais rencontré l’année précédente, j'en trouvai une autre espèce qui avait avec lui une grande analogie , mais qui en différait par des points tellement importans, qu’il n’était pas possible de les confondre. Il avait, comme {le précédent, une bouche armée de cinq té- tines; mais au lieu de bras contractiles en nombre assez limité, elles étaient ornées chacune d’un pinceau de soies excessivement longues et déliées qui s’ouvraient en éventail concave, de ma- nière à former un immense entonnoir où venaient se prendre les petits animaux. Ces soies n'avaient plus de ces contractions, ni de ces élongations qui pussent les rapprocher des bras des Hydres; elles n'avaient aucun mouvement en propre, et n’agi- taient pas le liquide : leur immobilité permettait de les voir con- stamment jusqu’à leur dernière extrémité, À un grossissement de 250 fois en diamètre, leur grosseur paraissait être celle d’un fil de cocon dédoublé. Le déplacement de ces cils n’avait lieu que par la contraction ou l'extension de la bouche qui les ra- menait en faisceau ou les ouvrait en un large cône. Le disque intérieur ne remplissait pas encore toute la cavité membraneuse; cependantil était plus considérable que celui du Polype de l’an- née précédente : il remplissait la moitié du corps, et contenait beaucoup de matière verte. Le pédoncule, plus allongé, se con- tractait quelquefois sur lui-même et ôtait à cet animal l’immo- bilité du premier. | En 1834, je le retrouvai au même endroit, mais plus ayancé en organisation. Ses contractions sur son pédoncule étaient plus promptes, plus nombreuses ; la membrane formant la cavité buccale était très contractile : elle se contractait dans les deux sens; par les contractions latérales , amplitude de la cavité était diminuée, et, par celles qui étaient longitudinales, il se formait un pli rentrant au milieu qui fermait tout-à-fait la moitié infé- rieure de cette cavité. C’est par la pression de ce pli membra- neux sur la proie, que cet animal la fait pénétrer de force dans le corps granulé, Ce dernier remplissait alors tout l’espace inté- rieur , et les granules qui le composaient se massaient quelque - fois et changeaient de position. 44 PELTIER. — Nouvelle espèce de Floscularia. Je ne pus me procurer cet animal en 1835, mais je l’ai re- trouvé en 1856, à-peu-près tel que je l’ai laissé en 1834. Cepen- dant il est plus gros ; quelques individus ont jusqu’à deux mil- limètres dans leur estension complète du bout du pédoncule à l'extrémité des soies ; il est plus actif, plus vorace, plus riche en cils; une des tétines a un prolongement mobile que je n’a- Vais pas encore remarqué : en résultat, il a fait encore quelques progrès, mais plus faibles que ceux des années précédentes. Lorsque de petites Cyclides pénètrent dans l’espace limité par les soies immobiles , elles sont comme irrésistiblement entrai- nées vers l’orifice largement ouvert; souvent on les voit rétro- grader ; fuyant cette ouverture ; mais aussitôt , elles y sont re- poussées par une force qu’on ne peut apprécier, puisque l’ani- mal et ses tentacules restent complètement immobiles : bientôt la cyclide pénètre dans la cavité buccale, s’y promène en tous sens ; on voit parfois de petits mouvemens contractiles , selon qu’elle touche telle ou telle portion de la membrane. Enfin, lors- que, dans ses mouvemens divers, elle parvient à toucher cer- tain point au centre du corps ovoide, aussitôt l'animal contracte la membrane annulaire dont nous avons parlé, la rapproche du corps granulé, et par son moyen y fait entrer l’animalcule. Si ce dernier est petit, un faible mouvement de cette membrane suffit pour l’y faire pénétrer , tandis que si cet animalcule est quelque peu résistant par sa grosseur, la contraction est complète, les soies sont rapprochées en faisceau et le pédoncule contracté. À la suite de cette introduction de la proie, un mouvement tumultueux a lieu entre les globules intérieurs, et la Cyclide broyée disparaît aussitôt. Lorsque l'animal englouti est gros et résistant, on le voit se débattre pendant quelque temps au mi- lieu de cette masse, puis disparaître tout-à-coup : jen ai va un résister une minute et demie et parcourir en tous sens la cavité du corps. Tant que l’animal ne touche pas la partie au centre du corps oval, la contraction n’a pas lieu; on voit frémir la membrane, mais elle n’exécute pas le mouvement nécessaire à l'introduction de l’animalcule dans le corps. Lorsque le hasard n’amène pas le petit animal à toucher cette partie et à s’y placer, lorsque depuis long-temps il tourmente le Polype par son con- PELTIER. — Vouvelle espèce de Floscularia. 45 tact inutile, ce dernier se contracte sur son pédoncule; le ves- tibule à moitié ouvert, afin de se débarraser d’un hôte incom- mode. Si l’animalcule n’est pas du goût du Polype, ou s’il ne pouvait l’ingester à cause de sa grosseur, il se contracte de la même manière pour le chasser du vestibule. Son pédoncule pa- raît être une prolongation de la membrane générale , car j'ai vu quelques-uns des granules du corps y pénétrer pendant la con- traction et en ressortir pendant l'extension ; il est formé de plu- sieurs rangs superposés d'anneaux musculaires qui s’enchâssent les uns dans les autres pendant la contraction. Le 15 octobre de cette même année, au moment où je l’ob- servai, un de ces #/oscularia se contracta vivement et toucha, du milieu du corps, un des aiguillons d’une Arcelle scutelliforme (Arcella aculeata Ehr.). La membrane en fut déchirée, et il s’é- coula une partie de la substance intérieure, avec un certain nombre de granules colorés qui y sont mélés. Ce Polype resta un moment demi-épanoui, courbé légèrement, la partie con- vexe du côté blessé, puis peu-à-peu la déchirure se ferma, et l'animal reprit toutes ses allures habituelles. Cet accident heu- reux me fit assister à la sortie d’une portion de la substance in- térieure , telle que je l’apercevais à travers les parois, et que je suivais du dedans au dehors, conservant toujours sa même apparence. Près de ces Floscularia , on voit souvent des corps ovoïdes assez gros, que M. Ehrenberg désigne comme des paquets d'œufs. J'ai long-temps cherché à m’assurer de la nature de ces corps; je les ai vus se former peu-à-peu de la masse et dans la masse granulée du corps, et sortir par une ouverture latérale postérieure, qu'on ne peut voir qu'au moment de l'expulsion. Ces corps ne restent point attachés à l'animal ; ils sont immobiles dans le voisinage, et ne s’attachent aux autres corps qu’à cause de leur état glutineux. Il ne se fait aucun travail dans leur inté- rieur : ils restent complètement dans le même état pendant quelque temps, puis on cesse de les retrouver. Voulant m’assu- rer de la cause de cette disparition, j'en ai suivi quelques-uns tout le temps nécessaire pour les voir disparaitre. Après plu- sieurs jours d'existence, je les vis s'amincir, puis bientôt après 46 marcfanD. — Sur la présence de l’urée dans le sang. s’échancrer dans une de leurs parties ; arrivés à ce point d’alté- ration, la dissolution complète ne se fait plus long-temps at- tendre ; et on ne voit à leur place qu’un amas informe dont les parties n’ont plus de solidarité. N'ayant vu aucun mode de dé- jection, je suis porté à regarder ces corps comme des paquets d'excrémens ; cependant, comme il se pourrait que leur dé- composition sous le microscope provint de leur emprisonne- ment dans une seule goutte d’eau , je pense qu'il est nécessaire de recourir à de nouvelles observations pour décider de leur nature. EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE 4. La figuré 1°° représente l’espèce de Polype que je trouvai en 1832 , et que je ne retrouvai plus depuis. La figure 2 représente la Floscularia , que je trouvai dans ce même fossé, où j'avais trouvé le Polype précédent : elle est représentée dans son épanouissement, La figure 3 est la mème Foscularia dans l’état contracté. Recnercnes sur la présence de l’urée dans les différentes parties du corps des animaux autres que l’urine , Par M. R.F. Marcaann. (1) $ IL. Sur la présence de l’urée dans le sang à l’état normal, Une question importante à résoudre pour la physiologie ,. est celle de savoir si, dans l'organisme animal, les organes sécré- teurs forment les substances qu'ils sécrètent, ou bien s'ils les isolent seulement du sang où elles existeraient déjà toutes for- mées. Cette dernière opinion a été adoptée par la plupart des chimistes , en tête desquels il faut ranger M. Chevreul; et, de- (x) Trad, de l'allemand, et tirées du jaurnal de Erdemann Für Prækische Chemie, B, xt 5, 449 MARCHAND, == Sur la présence de l’urée dans le sang. 1. puis que MM. Prévost et Dumas ont démontré la présence de lurée dans le sang après l’extirpation des reins, elle s’est ap: puyée surtout sur l'histoire de la sécrétion urinaire. Cependant les physiologistes soutenaient l'opinion contraire, etcherchaient à combattre les chimistes avec leurs propres armes en leur de- mañdant de démontrer la présence de l’urée dans le sang sans extirpation préalable des reins. MM. Mitscherlich, Gmelin et Tiedemann se sont occupés de ce sujet en dernier lieu, ét,après s'être assurés qu'on peut reconnaître là présence de 4 d’urée dans le sang, ils ont recherché cette substance dans dix livres de sang de vache, mais sans pouvoir en constater la présence; du reste, ils ne spécifient pas si leur expérience a été faite sur du sang artériel ou sur du sang veineux. Les autorités que je viens de citer ne péuvént laisser aucun doute sur l’exactitude des résultats énoncés, et je n'aurais pas entrepris à mon tour des recherches à ce sujet, si je n'avais pensé que je pourrais modifier la marche suivie par mes devan- ciers. MM. Prévost et Dumas pensent que si l’on ne découvre pas lurée dans le sang à l'état normal, cela dépend de ce que le travail sécrétoire étant continuel , l’urée ne se trouve qu’en petite quantité dans le sang, et peut alors échapper facilement à l’observation du chimiste, Il ma donc paru nécessaire de faire l'expérience de manière à satisfaire aux deux conditions sui: vantes : 1° tirer à un animal, dans le temps le plus long pos: sible, la plus grande jun ntiré possible de sang ; 2° le tirée du vaisseau situé le plus près possible des reins. Du réste, quoique tout de sang ne traverse pas les reins, mais continue sa route dans l'aorte descendante sans avoir été dépouillé de'son urée; ib est évident que la quantité absolue d’urée contenuedans ce liquide doit être moins considérable au-dessous qu'au-dessus de l’origine des vaisseaux rénaux. L'expérience a été exécutée de la manière suivante : on a ou4 vert à un chien grand et bien portant l'abdomen du côté gauche; on à adapté dans l'aorte, à-peu-près un demi-pouce aü-dessus de l’origine des artères rénales, une canule en laiton assez étroite ; puis on à pratiqué une ligature autour de l'aorte, au-dessous de ces vaisseaux, de sorte que tout le sang de cette 48 marcHAND.—— Sur la présence de l’urée dans le sang. P (4 artère a été forcé de s’écouler par la canule. Après une heure environ , l'animal est mort, et le sang ainsi obtenu pesait à-peu- près trois livres. Mais en faisant l'opération , une hémorrhagie avait eu lieu. On a débarrassé le sang de sa fibrine en l’agitant fortement avec des pierres ; la fibrine a été lavée avec de l'alcool, on.a ajouté cette dissolution alcoolique au reste du sang, et le tout a été évaporé au bain-marie; puis on a recherché la présence de l’urée dans ce liquide d’après le procédé de MM. Mitscher- lich, Gmelin et Tiedemann. Cependant je n’ai pu en décou- vrir aucune trace, quoique des expériences préalables m'eussent fait voir qu'on en pouvait démontrer dans le sang, même ++. Il me paraissait curieux de constater quelle est la substance qui nous empêche de découvrir la présence de l’urée dans le sang, renfermant moins de ++ de cette matière. Je pensai d’a- bord à l'albumine, qui, par sa coagulation, doit empêcher la séparation de l’urée, et, pour m’en assurer, j'ai fait un mélange de 200 grains de sérum et de 1 grain d’urée ; j'ai évaporé le li- quide au bain-marie, et j'ai ensuite séparé de l’urée par le pro- cédé ordinaire. Mais quoique j'aie opéré avec toutes les pré- cautions possibles, je n'ai pu obtenir que of,2 d’urée. Il est dif- ficile d'expliquer ce qu'est devenu le reste de l’urée; on ne peut pas admettre qu’elle se combine chimiquement avec l’albumine ou avec les sels qui se trouvent dans le sang, et dont la quan- tité est très peu considérable ; de sorte que si même une com- binaison pouvait avoir lieu, la perte qui en serait résulté n’au- rait pu être à beaucoup près aussi grande. Jai pris ensuite 12 grains de fibrine fraiche ; je l'ai traitée par l’éther pour sé- parer la matière grasse qui lui adhère, puis je l’ai fait macérer dans l'acide acétique et je l'ai dissoute dans de l’eau bouillante. J'ai ajouté au liquide ainsi obtenu o%,5 d’urée, et je n’ai pu en retirer ensuite que 0°",26. Cette perte est très considérable, et doit provenir en partie d’une réaction que l'acide acétique a exercé sur l’'urée. Enfin j'ai étudié la manière de se comporter de l’'urée envers la matière colorante, et, pour cela, j'ai mêlé 10 grains de matière colorante desséchée à 40° avec o ,5 d’u- rée, et j'ai dissous le tout dans l’eau, en chauffant la dissolu- tion jusqu'à 70° ou 86° : elle s’est alors coagulée. J'ai séparé de MARCHAND. — Sur la présence de l’urée dans le sang. 49 la dissolution filtrée 0%,28 d'urée, et des eaux de lavage da coagulum encore 0%,12, ce qui .nous démontre que la matière colorante est de tous les principes du sang celle qui retient le moins d'urée. Ces expériences nous démontrent que c'est sans contredit lalbumine qui embarrasse principalement dans la recherche de l’urée dans le sang, et une autre expérience que j'ai entrepris a confirmé cette opinion. Ainsi, dans les liquides hydropiques dans lesquels j'ai pu découvrir la présence de l’urée, la quantité d’albumine n'excédait pas 3 à 4 pour cent; mais quand, dans un autre cas, cette quantité s’est élevée à 14 pour cent, je n’aiï pu découvrir des traces d’urée; cependant ce liquide ne con- tient pas les autres principes constituans du sang qui dans ce liquide s’opposent à la constatation de l’urée : il contient, à la vérité, des sels; mais il est impossible d'attribuer à ceux-ci une si forte réaction. Malgré ces résultats négatifs, on est bien porté à admettre la préexistence de l’urée dans le sang, et cela d'autant plus qu’un calcul simple nous prouve combien les quantités d’urée dans ce liquide peuvent être minimes, de sorte qu'il paraîtrait, en effet, presque impossible de découvrir sa présence dans le sang à l’état normal. Pour faire ce calcul, prenons les données que nous fournit l’homme, et qui ont été les mieux constatées. L’urine delhomme contient généralement 3 pour cent d’urée ; si on ad- met qu'un homme sain émet 3 livres d'urine (quantité déjà bien considérable), il émet pendant vingt-quatre heures à- peu-près une once et demie d’urée. Il est nécessaire que toute l'urée qui se forme dans l’économie soit séparée, sans quoi elle s'accumulerait quelque part, et notamment dans le sang, comme cela s’observe dans certaines maladies. Ainsi pendant vingt-quatre heures il se forme une once et demie d’urée : rien ne nous prouve que la formation ne se fasse pas régulièrement et qu’elle soit plus forte dans un temps de la journée que dans (x) La promptitade avec laquelle le sang se débarrasse des substances qui lui sont étran- gères est démontrée par la présence de cyanose, de fer et de potassium jaune dans l'urine, quelques minutes après l'avoir pris; il n’y a rien d'étonnant si l'organisme éloigne l'urée qui lui est étrangère aussi vite que le sel cité. X. Zoor. — Juillet, & 50 MARCHAND. — Sur la présence de l’urée dans le sang. un autre. On pourrait croire qu'après avoir pris des alimens, la formation de ce corps devrait se faire plus activement; mais je prouverai plus bas qu’il n'existe aucun rapport entre les deux phénomènes de la digestion et de la formation de l’urée. Si, par conséquent, dans les vingt-quatre heures il se forme dans toute la masse du sang une once et demie d’urée, lesquels sont con- tnuellement séparés, au moins en grande partie , il ne peut se irouver dans toute la masse du sang pendant une heure que la 24° partie de cette once et demie. Si on admet que, terme moyen, l'homme a 20 livres de sang, ce qui est ordinairement le cas, on voit qu'une livre contiendra pendant vingt-quatre heures le 20° de l'once et demie d’urée; pendant une heure, im = 7 de cette même quantité, c'est-à-dire le == d’une once. Si on se procure du sang au moyen d’une saignée qui ne dure pas un quart d'heure et qui nous donne une livre de sang, on voit donc que cette livre contient seulement-d’once d'urée ou la 4x: partie du sang employé, et on voit par conséquent en même temps qu’elle doit échapper à la recherche des chimistes. Du reste, lors même que toutes ces données seraient entachées d'erreurs, et qu'on trouverait des moyens d'éviter les abstacles embarrassans , il est clair qu'il sera encore bien difficile de ra- mener la proportion de 345 à la proportion de 55, laquelle n'est pas encore sans difficulté pour l’expérimentateur. L’impossibilité de découvrir la présence de l’urée dans le sang se présentant elle-même à priori (r), il paraissait dunc tout-à- (x) Le caleul de M. Marchand aurait en effet pour résultat d’éloigner, pour bien long-temps au moins, la pensée de rechercher directement l’urée dans le sang à Pétat normal , puisqu'on ne pourrait espérer de le faire avec succès qu’à la condition de posséder des moyens de recherches cent cinquante à deux cents fois plus délicats que ceux que la science met aujourd'hui entre les mains des observateurs. Mais nous ne croyous pas qu'il en soit ainsi, et les raisonnemens qui précèdent n'ont con- duit M. Marchand à cette fâcheuse conclusion, que parce qu’ils renferment, ce nous semble du moins , une coufusion dans les termes. Il se forme pendant vingt-quatre heures une once et demie d’urée; et le rein étant supposé un organe dont l’action est constante, la quantité formée sera proportionnelle au temps, on en pourra conclure qu’il se forme pendant une heure 1724 d'once et demie d’urée ; mais i2 se trouve n’est point synonyme dei se forme ; et il se trouve pendant ; est une locution dont nous ayouonsne pas bien comprendre la signification ni les conséquences mathématiques. dans le. eas, actuel. Nous. voyons bien moins encore com ment M, Marchand part de là, pour s'appuyer comme il le fait sur ce principe, auquel sien de MARCHAND, — Sur la présence de l’urée dans le sang. 54 fait inutile de répéter l'expérience mentionnée plus haut, et qui exige une vivisection cruelle, si on n’avait pas vu bien souvent que l'expérience donne un résultat bien différent de celui au- quel on s'attendait. J'ai fait usage encore d’un autre moyen pour découvrir la présence de l’urée, c'est en traitant des grandes quantités de sang l’une après l’autre avec la même menstrue ; espérant par là augmenter progressivement la masse de l'urée. Mais le résultat n’a pas répondu à mon attente, ce qui dépend, nôn-seulement de la petite quantité de cette substance, mais aussi de ce que les substances étrangères dont elle est entourée empêchent l’action des réactifs. Il me reste à prouver que la séparation de lurée se fait d’une ce qui précède ne semble conduire, que la quantité d'urée contenue dans le sang tiré d'une ar tère, sera proportionnelle au temps qu'aura duré la saignée. Cette question toutefois ne nous semble pas être de celles qui doivent échapper néces- sairement aux raisonnemens mathématiques ; mais nous sommes loin de posséder les élémens précis qui devraient servir de point de départ à un semblable calcul, et le seul but que nous puissions nous proposer dans l’état de choses où nous sommes placés, ce serait de déterminer si, comme le croit M. Marchand, les données actuelles que possède la science nous permettent de conclure que l’urée est dans le sang en quantité assez petite, pour qu’un chimiste doive renoncer à l’y chercher , soit par les procédés que l’on possède dès aujourd’hui, soit à l’aide de perfectionnemens que la science ne dût pas désespérer d’atteindre. Le cœur bat une fois par seconde, ou 86,400 fois par jour. Or, d’après l'opinion de M. Poiseuille, on peut regarder la quantité de sang lancée à chaque ondée, premier élément dont noûs ayons besoin, comme ne dépassant pas de beaucoup 172 once. L’aorte peut done être considérée comme un tuyau de conduite, distribuant environ 43,000 onces de liquide par jour dans les diverses artères qui y prennent naissance. C’est dans la portion de ce liquide seulement qui traverse les artères rénales et les reins, qu'est puisée l’once et demie d’urée que rend un homme en un jour. Or, la répartition qui se fait entre les artères est en raison com- posée de leur surface de section, et de la vitesse qu’y possède le sang , deux'élémens qui nous manquent absolument, Admettons donc comme un terme assez probable, et auquel d'ailleurs rien ne répugne dans l'état actuel de la science, que la part des artères rénales, soit d’envion 1/8 ou x/10 de la quantité totale du sang, ce qui semblera probablement une estimation assez élevée, si l’on fait attention au nombre total des artères du même degré qu’elles et à J'impor- lance des sept ou huit principales. Ce seraient done environ 5,000 onces de sang qui traver= seraient les reins dans, un jour, Mais un élément nous manque encore, aucun fait ne nous permet de dire si le sang en traversant les reins est dépouillé complètement d’urée, ce qui west pas probable, ou s'il perd telle ou telle fraction seulement de la quantité qui y est contenue, Toutefois, soit r le rapport de la quantité enlevée à la quantité totale , en lui assi= gnant des valeurs arbitraires, en supposant que ce soit la moitié , le qüart, etc., nous arrive rons à nous faire une idée générale de ce que peut être le rapport de l’urée au sang dans Pétat normal, Le tableau suivant résume tout à-la-fois les hypothèses différentes que nous avons été 4. 52 MARCHAND. — Sur la présence de l’urée dans le sang. manière uniforme, et qu’elle est indépendante de l’influence de la digestion. J'ai examiné l'urine qui à été émise la nuit et peu de temps après que l'individu se fût levé du lit. J'y ai trouvé jus- obligés d'admettre, et les résultats auxquels cette manière de raisonner le problème en question nous conduit : Q la quantité de sang lancée à chaque ondée; r le nombre d’ondées dans un jour ; : o se x , : .,. A le rapport de la quantité de sang qui s’écoule par les artères rénales , à la quantité to- tale qui sort du cœur ; I 4 1 LU « — le rapport de la quantité d’urée sécrétée à la quantité totale contenue dans le sang de = a l'aorte ou des artères rénales ; g la quantité d’urée sécrétée dans un jour ; æ le rapport général de Purée au sang dans l’état normal ; On aurait : q Rr Qn L'— ? . ., 2 . Li La ou ; si l’on calcule d’abord la quantité de sang, 7 du ‘passe par l'artère rénale dans un jour , soit Q', cette quantité q r LU Nous avons admis ! == Boo oncts q == x once 1/2; Faisons successivement 10 TI 1e I TI I TI I I LE 2; —_—=— ;, ——=— À qui CRAN 3 0x 5 1 10 il viendra 1 1 1 1 1 D 0 file 2e = 2 LD LD . ls5oo Ÿ 660 F3 1100 660 350 Ainsi dans le cas où la sécrétion de l’urée serait complète, ce qui est le cas le plus défavora- ble , le rapport serait encore 1/3300 , mais il serait 1/660 si la sécrétion ne s’exerçait que sur le cinquième de la quantité totale pendant le temps si court que le sang emploie à traverser les capillaires rénaux. Ce sont des nombres qui encore une fois n’ont aucune valeur réelle en eux-mêmes, puis- que nous nous sommes fondés sur des hypothèses dont aucune n’est une donnée positive de la science; mais d’un autre côté nous ne connaissons non plus aucun fait qui prouve que l’une quelconque des valeurs hypothétiques que nous avons assignées aux divers élémens de notre travail soit trop favorable; et si l’on admet les principes sur lesquels nous nous sommes fondés , si les conséquences que nous en avons déduites paraissent rigoureuses, on conclura comme nous de ce qui précède, que rien de ce qui est actuellement dans la science ne permet de déclarer impossible de reconvaître la présence de l'urée dans le sang à l’état normal. L, D. MARCHAND. — Sur la présence de l’urée dans le sang. 53 qu’à 4 pour cent d’urée , proportion qui est plus forte que celle existant ordinairement dans ce liquide. L’urine émise deux heures après le repas, et sur laquelle la digestion pouvait par conséquent influer, ne contenait que 3,2 pour cent d’urée. La cause pour laquelle l'urine émise le matin est plus riche en urée dépend probablement de la transpiration plus active des parties aqueuses pendant la nuit. Un autre fait à l'appui de l’o- pinion émise plus haut nous est fourni d’une manière indirecte par une expérience de Lassaigne (1) : ce chimiste ayant examiné l'urine d’un fou qui n’avait rien mangé ni bu pendant dix-huit jours, l’a trouvée composée des mêmes principes que celle d’un homme sain. Je n’ai pas eu l’occasion de répéter cette expé- riencé, mais il serait à desirer qu’elle ne füt pas négligée par des médecins si un cas analogue venait à se présenter. Cette expérience nous démontre avec la plus grande certi- tude que l’urée ne se forme pas immédiatement des alimens, mais de la substance déjà formée du corps animal auquel est soustraite ainsi une quantité d'azote qui est ensuite remplacée par un aliment contenant de l’azote ; aussi voit-on, d’après les expériences de Magendie (2), Macaire et Marcet (3), Lassagne et Iwart (4), et Tiedemann et Gmelin (5), que le défaut d’ali- mens azotés détermine d'abord une maladie et ensuite la mort. Par conséquent, si nous ne pouvons pas admettre que lé- mission de l’urée soit activée par la digestion (6), il faut bien conclure que celle-ci se fait régulièrement. (7) (x) Journal de chimie médicale. (2) Annales de chimie. 1816, sept. p. 66. (3) Mém. de la Soc. de phys. et d’hist. nat. de Genève, 1. v. (4) Annales de chimie et physique, août 1833. (5) Digestion, t, 11, p. 183. (6) 11 y a quelque temps, M. Morin ( Ann. de chim. et de phys. t. 44), a émis l'opinion que l’urée ne préexiste pas dans l'urine, mais qu’elle se forme aux dépens d’une substance qu’il appelle urile et de l'acide azotique. Suivant M. Morin , cet urile se trouve dans l'urine combinée, au chlore. Si cela avait lieu en effet, lafprésence de l'urée dans l'urine ne pourrait pas être démontrée ; mais ni la chimie ni la physiologie ne doivent se laisser arrêter dans leur marche par des hypothèses aussi arbitraires, (7) L'auteur ne tient pas compte ici des belles expériences de M. Chossat sur la sécrétion urinaire , expériences qui démontrent les rapports intimes qui existent entre l'alimentation et celte sécrétion, (R.) 5h marcranD. — Sur la présence de l’urée dans le sang. S II. Recherche de l’urée dans le sang altéré par la maladie. La cause de la présence de l’urée dans le sang des malades ou mieux son accumulation en quantité assez considérable pour devenir appréciable à nos analyses, peut dépendre de deux cir- constances: 2° d’une formation excessivement active de cette substance ; 1° de la suppression de son émission ou séparation. On n’a pas de certitude sur l'existence de cas dus à la première de ces causes. Nous pouvons par conséquent les omettre et nous ne nous occuperons que de ceux dus à la seconde cause. Le cas le plus simple que nous allons prendre en considéra- tion, c’est l’extirpation de reins , expérience qui a été faite et décrite par Prévost et Dumas (1); Vauquelin et Ségalas (2), Metscheslich, Tiedeman et Gmelin (3). Les trois séries d’expé- riences , faites par ces savans, ayant donné les mêmes résultats, il aurait été inutile de les répéter, si je n'avais espéré pouvoir en rendre les résultats encore plus évidens, et, dans cette vue, Jai cherché principalement à empêcher la mort prompte de l'animal soumis à l'expérience, et j'ai été assez heureux pour arriver à ce but, en ne pratiquant pas l'extirpation des reins, mais en déterminant la gangrène des nerfs de ces organes par la ligature. Cette manière de procéder a plusieurs avantages. L'opération est plus facile à exécuter : elle entraine une perte de sang moins considérable. Elle est moins douloureuse, de sorte que l'animal est moins affaibli , et reste plus long-temps en vie. J'ai choisi pour l'expérience un mouton fort et bien portant, au- quel la ligature a été pratiquée à-la-fois aux deux reins , et, dès que je pus présumer admettre que la mortification était devenue complète , les ligatures furent retirées, afin de troubler le moins possible l'état normal. Les blessures furent réunies par des sutures, et bientôt elles {1) Annales de chimie et de physique, 2° série , t: xx nr. (2) Journal de physiologie de Magendie , tome u. (3) Poggendorffs Annalen xxxr. marCHAND, — Sur la présence de l’urée dans le sang. 55 commencèrent à se cicatriser. L'animal paraissait très mal à son aise ; mais cependant, le jour de l'opération même, il mangea du pain blanc et du lait. Il a vomi à plusieurs reprises (comme dans les autres cas) un liquide chargé de beaucoup de bile, Le second jour, il était bien faible , mangeait cependant: il rendait des excrémens aqueux et vomissait de temps en temps; néan- moins il continuait à manger. J'ai réussi à prolonger de cette sorte la vie de l'animal jusqu’au quinzième jour. IL était alors bien affaibli; les vomissemens devenaient plus fréquens. Il pa- raissait bien près de ia mort: le pouls, qui jusqu'alors était accéléré, devenait plus faible et lent. Comme il importait d’avoir la plus grande quantité de sang , on a ouvert alors les jugu- laires, et fait périr l’animal par hémorrhagie. Sa mort est arrivée après l'émission de près d’une livre de sang (1). Ce sang a été soumis à l’analyse : on en a pesé avec exactitude quatre cents grains, qu’on a fait évaporer au bain-marie jusqu’à siccité, et, pour en séparer l’urée, on a suivi en général le procédé indiqué par Mitscherlich , Gmelin et Tiedeman. J'ai obtenu ainsi un : peu plus de deux grains d’urée, Ensuite j'ai recherché l’urée dans le liquide vomi par l'animal , et principalement dans celui qui a été rendu pendant les derniers jours,supposant qu'il devait être plus riche en urée que ceux rendus les premiers jours. Soixante grains de ce liquide, traités par l'acide azotique, don- nérent des signes si certains de l’existeuce de l’urée, que je n’ai pu douter un seul instant de sa présence, J'ai trouvé à peine une trace de liquide dans la vessie de l'animal. Pendant les quinze jours qu'a duré l'expérience , il n’a même pas sécrété de l'urine, ce qui prouve que la mortification des reins a été come plète. L'idée de faire l’expérience à la manière décrite n’a été sug- gérée par MM. Müller et Peipers, qui ont déterminé la gan- grène des nerfs des reins par la ligature, et ont empêché de la (x) Je ne doute pas qu'on puisse prolonger la vie de l'animal bier plus long-temps ; mais, n'étant pas bien exercé dans les vivisections , l'opération n’a pu être faite avec toutes les pré- cautions desirables : la fièvre qui est résultée de l'opération a contribué pour beaucoup à di= miouer les forces de l’onimal. 56 nrarCHAND. — Sur la présence de l'urée dans le sang. sorte la sécrétion de l'urine; mais ces messieurs n’ont pas exa- miné le sang. (1) Dans la pathologie humaine ; nous rencontrons des cas pa- reils , quoique des changemens aussi grands que ceux qui ré- sultent d’une telle opération ne puissent pas avoir lieu. Les cas d’une ischurie complète ne sont pas très rares, et de temps en temps, quoique moins souvent , on a l'occasion d'observer la maladie de Bright ; enfin le choléra asiatique , au plus haut degré de son développement, est accompagné d’une suppression com- plète de la sécrétion de l'urine. Quand je m’occupais de ces recherches, cette maladie était très répandue ici à Berlin, j'ai profité de cette occasion pour répéter les expériences de Her- man de Moscou (2) et de Wittstock, de Berin (3), qui, comme on sait , ont donné un résultat négatif. Je dois des remercimens à mon ami, M. le docteur Naget , employé à l'hôpital des cho- lériques, pour l'appui qu’il a bien voulu me prêter ; car il a même pratiqué la partie la plus difficile de cette expérience. L'analyse a été faite par le procédé ordinaire. On a soumis à l'examen une livre de sang d’un malade affecté de chaleur, qui souffrait depuis plusieurs jours d’une ischurie; mais, malgré tous les soins qu’on a employés , on n’a pu apercevoir que des traces bien douteuses de la présence de l’azotate d’urée. On a répété l'expérience avec le sang d’un autre malade du choléra , qui souffrait aussi depuis plusieurs jours d’une ischurie, et on a obtenu des cristaux bien distincts d’azotate d’urée, qui ne laissait aucun doute dans l’esprit sur leur constitution. Je ne révoque pas en doute pas de la présence de l’urée dans le sang, dans affection de reins de Bright, comme cela a été annoncé par les chimistes et médecins anglais. Il a été dit plus haut que c’est principalement la coagulation de l'albumine , qui empèche de constater la présence de l’urée ; il fallait donc trouver un moyen pour précipiter l’albumine, et mettre ainsi l’urée dans des circonstances telles que sa présence puisse se manifester. Le chlore se présente d'abord à l'esprit. (x) Archives de physiologie de Muller. 1836. (2) Poggendorff , L. xx1r, p. 167. (3) Ann. de Pogsendorff, 1. xxxv , p. 509. MARCHAND. — Sur la présence de Purée dans le sang. 57 Si on fait passer un courant de chlore dans une dissolution qui contient de l’albumine, celui-ci est précipité en légers flocons. Mais malheureusement le chlore réagit aussi sur l’urée et la dé- compose en azote, en carbonate et chlorhydrate d’ammoniaque. $ III. Présence de l’urée dans d’autres liquides pathologiques du corps humain. Les premières recherches détaillées , qui ont été faites à ce sujet avec une exactitude scrupuleuse sont celles de Nysten, qui ont été présentées à l’Académie des Sciences. Son mémoire, présenté en 1811, est resté sans rapport et tout-à-fait oublié; enfin , retrouvé par les rédacteurs du Journal de chimie médi- cale , il a été imprimé en extrait daus ce recueil (r). Une année avant la publication de ce travail (1836), j'ai examiné le liquide hydropique d’une femme affectée d’ascite, chez laquelle la rétention d'urine n’était pas complète, et, malgré la quantité notable d’albumine que le liquide contenait (2), j'y ai trouvé 0,42 p. ° d'urée. Dans deux autres cas, j'ai trouvé de l’urée accompagnée toujours d’albumine ; mais, dans un quatrième cas, il m’était impossible de trouver l'urée, probablement à cause de la quantité considérable d’albumine que le liquide contenait. Nysten, qui a aussi examiné le liquide hydropique (3), y a trouvé, outre l’urée, de l’acide urique. J'ai recherché vainement ce der- nier ccrps; mais je dois dire que je n’ai fait cette observation qu’une seule fois. Nysten à découvert la présence de l’urée , non-seulement dans les liquides hydropiques, mais aussi dans les liquides qui ont été rendus par des individus frappés d’une ischurie com- plète (4). Les cas sont bien rares. Je n’ai pas eu occasion de répéter l'expérience de ce physiologiste: le résultat qu'il a ob- tenu me paraît cependar.t bien probable , et présente beaucoup d’analogie avec celui de l'expérience sur la mortification des nerfs des reins du mouton, que j'ai cités plus haut. (2) Journal de chimie médicale, juin 1857 , p.257. (2) Annales de Poggendorf, t, xxxvux, p. 357. (3) 1 a été aidé dans ses analyses par Barruel le père. (4) Recherches de chimie et de physiologie, 58 ararcrAnD.— Sur la présence de l’urée dans le sang. On peut présumer que l’on trouvera de l’urée dans les excré- mens et les liquides vomis par des personnes atteintes de choléra et chez lesquelles la sécrétion pathologique de lurine est arrè- tée; mais cette opinion n'est pas confirmée par les expériences faites avec beaucoup de soin de Wittstock et d’Hermann. Witts- tock dit cependant avoir trouvé des traces d'acide urique dans les excrémens; mais on ne sait jusqu’à quel point on peut comp- ter sur cette observation. L'opinion de M. Hermann, déduite de cette observation, que, pendant le choléra, il ne se forme pas durée , me paraît bien hasardeuse. Jene vois rien autre chose, seulement que la quantité du liquide sécrété est si considérable, et la quantité de l’urée si minime que la première masque la seconde, J'ai trop de confiance dans les recherches de M. Her- mann pour douter de leur exactitude : aussi, quoique le retour du choléra à Berlin m’ait présenté l’occasion de répéter cette expérience désagréable et dégoütante, je n’ai pas cru nécessaire d'y revenir; du reste, je n’ai pas voulu m’exposer à la conta- gion. Avant que l’uréene füt découverte et que l’on eût appris à constater sa présence quandellese tronve en petite quantité,on a observé que la sueur émise par les individus atteints d’ischurie et de maladies analogues, sentait fortement l’urine. Quoique la sueur possède en général odeur ammoniacale, et que, par con- séquent on ne puisse pas admettre de suite que c’est l’urée qui en est la cause, on conçoit bien la possibilité d’une pareille sé- crétion lorsque l’urée se trouve en excès dans le sang; car, dans l'ictère , la peau sépare aussi du sang des matières qui ne sont pas du domaine de sa sécrétion normale. Dans beaucoup de cas cependant, l'urine , amoncelée dans la vessie , est ramenée de nouveau dans le torrent de la circulation par l’exosmose ; mais ces cas ne peuvent pasêtre pris en considé- ration ici, parce qu’ils dépendent d'un phénomène accidentel, qui n'a rien de commun avec la formation de l’urée ,etil y a sans contredit des cas où de pareilles sueurs urineuses apparaissent pendant que la sécrétion de lurine est arrêtée. : Nos données sur la composition chimique de la sueur à l'état pathologique, et en général nos notions sur tout ce qui con- cerne la théorie de la transpiration de la peau sont bien incer- MARCHAND. — Sur la présence de l’urée dans le sang. 59 taines , quoique l’appréciation exacte de ces fonctions fût d’un haut intérêt tant pour la physiologie que pour la médecine pratique ; aussi, vu l’état de cette partie de la science, aurait- il été inutile de nous arrêter plus long-temps sur ce cas par- ticulier, S IV. Sur la présence du sucre de diabète dans le sang des malades affectés du Diabètes mellitus. D’après la plupart dés chimistes, l’urée disparaît de l'urine dans la maladie rare et presque incurable connue sous le nom de diabète mellitus, et se change en sucre de raisin; cepen- dant, d’après M. Baruel lainé, l’urée paraît ne pas disparaître complètement. Les expériences ultérieures décideront probable- ment si le fait annoncé par M. Baruel est exact, ou bien si le résultat qu'il a obtenu ne dépendait pas de ce que la maladie n’était pas encore complètement développée. Jusqu'à présent, nous devons admettre que toute l’urée se change en sucre de dia- bête, et, de même qu’on n’est pas d'accord sur la question de savoir si l’urée préexiste dans le sang normal, on ne s’accorde pas relativement à celle du sucre dans le sang des diabétiques. J'ai eu moi-méme l’occasion de recueillir des données sur ce point; mais comme ce sujet a des rapports intimes avec celui que jetraite, je crois devoir rassembler ici tous les faits connus. Dobson et Rollo (1) sont les premiers qui ont annoncé avoir trouvé du sucre dans le sang ; mais Nicolas et Guedeville (2) ont nié ce fait, Vauquelin et Ségalas ont également cherché en vain à séparer le sucre du sang tiré de la veine d’une femme dont l'urine contenait 15 pour cent de sucre. Wollaston, au contraire, dit avoir trouvé -; de sucre dans le sérum du sang. Les autres données sur ce sujet sont si vagues et si indécises qu'on peut passer outre , excepté toutefois deux observations qui méritent plus d'attention, et qui ont été faites dans ces derniers temps. Une de ces observations est due à Ambrosiani, pharmacien en (x) Gehler’s journal Band, x , p. 3432 (2) Journal de chimie médicale, tome x, page 1. 60 MARCHAND. — Sur la présence de l’urée dans le sang. chef de l'hôpital de Pavie (r), qui a examiné le sang et l’urine d’un diabétique guéri plus tard par le professeur Carreliani au moyen de la créosote : il a chauffé légèrement le sang ( donton avait séparé la fibrine) pour le coaguler ; il à filtré, ajouté de l'acétate de plomb, séparé l'excès de plomb par l’hÿdrogène sulfuré , il a fait bouillir la liqueur filtrée avec un blanc d'œuf pour la clarifier, l'a évaporée jusqu’à consistance de sirop , et il a retiré de ce sirop, après quelques semaines, des cristaux de sucre qui, mis en contact avec la levure de bière, ont fermenté. Une partie(theil) de sang veineux lui a donné 9 grains de sucre cristallisé. Maitland a annoncé un fait pareil, observé sur le sang d’un malade qui émettait une livre et demie de sucre par jour; cinq onces d’un sérum laiteux provenant de huit onces de sang lui ont fourni du sucre qui ressemblait tant au sucre de diabète, qu'on ne pouvait pas douter de l'identité du premier avec le dernier. Le malade a été saigné quand la quantité de sucre {di- minuait dans l'urine. Il est inutile d’insister sur la ressemblance frappante qui existe entre la présence de l’urée et du sucre dans le sang. Dans le diabète, le sucre remplace l'urée ; ainsi tout ce qu’on a dit au sujet de ce dernier peut s'appliquer aussi au sucre. Par les raisons citées plus haut, il faut aussi des circonstances toutes particulières pour que le sucre soit retenu par le sang et pour qu'on puisse constater sa présence par suite de son accumula- tion, comme cela a lieu aussi avec l’urée, et en outre, il faut un concours tout particulier de circonstances pour que, malgré la séparation considérable de cette matière par les reins (ce qui est un fait caractéristique de la maladie), il en sorte une quantité si grande encore. Dans le cas cité par Maitland, le sucre diminuait dans l'urine; c’est pourquoi sa quantité a peut- être augmenté dans le sang. Nos connaissances en chimie animale sont si peu étendues, que chaque fois que cette science nous fait faire un pas nou- veau dans les recherches physiologiques ou pathologiques, (x) Annal, univers, di Omodei , 1831 (août et mai), MARCHAND. = Sur la présence de l’urée dans le sang. 6x nous devons examiner avec soin si elle ne nous égare point, et si nous pouvôns adopter avec confiance les résultats qu’elle nous fournit sans risquer d'introduire dans le domaine des faits d’inutiles hypothèses. Je ne puis cependant quitter ce sujet sans émettre une opinion sur la ressemblance de deux espèces de diabète , le rnellitus et le insipidus. Le phénomène principal que nous observons dans les deux maladies, c’est l'émission énorme de l’uriue.Toutes les deux se caractérisent par l'absence de l’urée; la différence est que, dans un cas, nous trouvons du sucre dans l'urine , et que dans l’autre nous n’en trouvons pas. On n’a pas examiné, jusqu’à présent, le sang dans le diabète insipidus. I] serait bien possible que , dans ce dernier, la quan- tité de sucre qui est sécrété dans le diabète mellitus s'y trouve retenue, soit à l’état de sucre, ou bien encore à l’état d’u- rée, et que toute la différence des deux maladies existe dans l'émission de ces substances. Les expériences chimiques décide- ront la question; mais malheureusement, pour les exécuter, l’occasion est bien rare, et quand elle se présente elle est sou- vent négligée. $ V. Observations générales sur l’action des organes gländuleux, S'il était permis de tirer des faits mentionnés plus haut des conclusions relatives aux sécrétions des glandes en général, on arriverait aux résultats suivans : Nous connaissons dans l'organisme animal une grande quan- tité d'organes qui sécrètent, et parmi ces organes, les glandes jouent le rôle principal. La z00-chimie explique jusqu’à un cer- tain point les phénomènes qui se passent dans quelques cas, mais le plus souvent ils échappent à notre observation, parce que les sécrétans s’exercent sur des substances dont les carac- tères chimiques sont, ou si peu connus, ou des matières si in- différentes , que leur recherche présente les plus grandes diffi- cultés. Les organes qui présentent les conditions les plus favo- rables des recherches de cette nature sont les reins et le foie. Le principe essentiel de Furine peut être reconnu , même en petite quantité , là où elle se présente ; c’est pour cette raison que nous la trouvons dans le sang, lorsque la sécrétion est em- 62 MARCHAND. — Sur la présence de Purée dans le sang. pêchée par une cause quelconque; c’est aussi pour cela que nous la trouvons dans les sécrétions morbides sd Brsocraueué en partie dans le corps humain, ou sont expulsées par d’autres voies, lors des maladies rénales ou de celles de tout le système urinaire. Nous trouvons également dans le sang la substance qui remplace l’urée, le sucre, quand même il est sécrété , ce qui vient probablement de ce qu'il se forme en quantité extra- ordinaire , circonstance dont dépend probablement lamaigris- sement terrible des personnes atteintes de cette maladie. Nous observons les mêmes phénomènes dans les sécrétions du foie. Je ne parlerai ici que d’après les expériences de TFiéde- mann , Gmelin et quelques autres savans; mais elles ne laissent aucun doute. Nous voyons par ces expériences la présence des parties constituantes de la bile dans le sang, quand sa sécrétion est arrêtée, soil que le foie ne puisse fonctionner à cause de maladie (par exemple, dans l'endurcissement du foie), soit qu'on ait pratiqué une ligature aux canaux hépatiques : on dé- couvre ‘alors avec facilité, dans le sérum du sang, la matière colorante de la bile, qui se distingue par la manière toute par- ticulière dont elle se comporte avec l'acide azotique. On sait aussi que cette substance se rencontre dans l'urine et même dans les autres organes du corps, dans les cas d’ictère. Un autre principe constituant de la bile se rencontre dans le sang ,sans, le plus souvent, que l’état de l'organisme soit altéré profondément, Les recherches de M. Lecanu sur le sang y ont démontré la présence d'un corps gras ressemblant à la cholestérine , et le docteur Denis paraît avoir séparé en outre des autres corps gras. une graisse qui est particulière à la bile. On ne peut pas ad- mettre que l'urine et la bile se trouvent toutes faites dans le sang, ces deux liquides n’étant pas des combinaisons chimiques; mais il paraît certain que les parties constituantes de toutes les, deux existent déjà dans le sang, et ne sont que séparées par le foie et les reins. Si cela n’avait pas lieu, il faudrait que, dans le cas où les reins et le foie ne peuvent pas fonctionner , d’autres organes se chargeassent de leurs fonctions et qu’ils jouassent le role de ces glandes. Il serait bien difficile, surtout dans l’orga- nisme animal, d'indiquer un organe quelconque qui püût les POUCHET. — Sur l'embryon des Limnées: 63 remplacer , et encore serions-nous obligés d'admettre que cela ne pourrait étréqu'un organe glanduleux qui ait la faculté de sécrétion et de séparation ; mais il n’y aurait plus de raison, si cet organe pouvait sécréter l'urine et la bile, de ne pas admettre qu'il ne fonctionne pas simultanément avec les reins et le foie, même lorsque ceux-là fonctionnent. Les expériences citées plus haut démontrent que la faculté de. sécréter l'urine est due à l’action des nerfs des reins, parce que toute sécrétion à cessé après la mortification de ces nerfs. Nous serions obligés d'admettre qu’un autre nerf esten état d’exercer les fonctions du nerf détruit. Mais si nous adoptons une fois une telle manière de voir, nous donnons lieu à une hypothèse qui n'aurait aucune borne, et que nous ne pouvons justifier par aucun fait; car alors nous pourrions admettre aussi que les nerfs de sensibilité peuvent être remplacés , après leur destruc- tion ou leur paralysie, par les nerfs de la locomotion , fait dont une expérience journalière nous démontrera :a fausseté. Les faits cités à l’appui des opinions émises ne présentent pas cette force qu'on exige à présent dans la physiologie aussi bien que dans les autres sciences naturelles ; cela provient de ce que cette partie de la science est tout-à-fait neuve et qu’elle exige une grande série d'observations et de combinaisons pour expli- quer les phénomènes d’une manière rigoureuse et mathématique. Note sur le développement de l'embryon des Limnées, par M. PoucHer. (Présentée à l Académie des Sciences, le 2 juillet 1838.) ( Extrait.) « I. J'ai reconnu, ditl’auteur, que le vitellus, au moment de la ponte, est composé de six cellules accolées: c’est ce que je prouve par une expérience fondamentale, qui consiste à chaufler légèrement, à l’aide du microscope solaire, un vitellus normal, nouvellement pondu , contenu dans sa coque et sous Peau; on he wait immédiatement se gonfler, et chacune de ses six cellules se transfor- mer, sous les yeux de l'observateur, en six vésicules qui s’isolent parfaitement. « Chacune des six cellules qui forment le viteilus, offre de 4 à 5 centièmes de millimètre de diamètre. Si l'on suit ce qui se passe dans le développement de 64 POUCHET. -— Sur l'embryon des Limnées. l'embryon, on s'aperçoit que de nouvelles cellules se forment bientôt dans les interstices qui séparent les cellules primitives; après vingtéquatre heures, il y en a 15 à 20, et par la dilatation, le vitellus n'offre plus alors que l'aspect d’une framboise. En suivant l'accroissement de ces cellules jour par jour, on voit que bientôt elles acquièrent un diamètre de 8 à 10 centièmes de miilimètre, et que ces mêmes cellules, qui fermaient d’abord toute la masse vitelline, viennent évidemment constituer le foie, l'ovaire ou le testicule, bien avant que l'intestin apparaisse et qu’on ne puisse même assigner, en apparence, aucune lacune pour son développement. « IT. Quand on observe, au microscope ordinaire ou au microscope solaire, un vitellus nouvellement pondu, on voit que sous la membrane qui circenscrit ses cellules, il existe des myriades de granules ovoïdes qui s’agitent, se meuvent en présentant des mouvemens bien autrement apparens que les oscillations que M. Brown a observées dans les molécules inorganiques; on serait tenté de les considérer comme autant d’animalcules. . « Au bout de dix à douze heures, ces granules deviennent tout-à-fait immo- Liles, se déforment et s’agglomèrent, pour constituer une membrane interne qui doit faire partie de la peau. « L'action de l’opium rend immédiatement ces granules immobiles ; quand on les chauffe au microscope solaire, d’abord leurs mouvemens deviennent plus intenses, puis après un moment, quand la température de l'eau qui contient l'œuf s’est élevée un peu, tout mouvement cesse sans qu'aucun de ces corps se soit déforme. « III. Au moment de l'émission de l’œuf, on aperçoit constamment à la sur- face du vitellus, une vésiculé sphérique, translucide (rarement deux), qui s’en détache le second jour de l'émission; cette vésicule, de 2 centièmes demillimètre, contient uue vingtaine de granules très mobiles, qui occupent sa partie centrale et non sa circonférenceé ; la mobilité de ces granules cesse quand la vésicule s’est détachée eu vitellus, et erre dans l’albumine plus ou moins déchirée. « IV. Lorsque le fœtus a acquis une longueur de 60 certièmes de millimètre, on observe, derrière les yeux, deux cavités ovoides renfermant chacune six à huit granules d’une couleur violette claire; ils sont plus gros que ceux que lon remarque primitivement à la surface du vitellus, et encore plus extraordinaire- ment mobiles; ils culbutent les uns sur les autres, et leurs mouvemens durent encore un certain temps après que l’on a broyé l'animal, et que les mouvemens des le couvrent ont cesse. « V. On a signalé l'existence de cils à la superficie des Lymnées; j'ai re- connu, en outre, qu’il en existe dans la cavité pulmonaire quand elle est formée, et que leurs mouvemens y déterminent des courans du fluide albumineux, fa- ciles à observer à cause des débris de la vésicule dont j'ai parle, etqu’on y voit entrer et sortir en décrivant des circonférences d’un diamètre plus ou moins grand. » RE E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 65 Mémoire sur les Goniatites qui se trouvent dans les terrains de transition du Rhin. Par M. Ernest Beyricx. (1) Nous'devons à M. Léopold de Buch d’avoir établiune sépa- ration tranchée et précisé éntre les Ammonites et lés Nautila- cés (2).Il à fait voir que l’on doit supposer dans les premiers de ces Céphalopodes une organisation essentiellement différente ; en effet, le siphon ne perce pas les cloisons, comme dans les Nautiles et les espèces voisines, avec l'unique fonction de fixer fortement lanimal à la coquille; mais, comme un organe rès important, il se prolonge entre les cloisons et la coquille, et, sem- blable à un ligament solide, il entoure l'animal jusqu'à ses extré- mités les plus extérieures. On doit considérer les Goniatites comme une division des Ammonites; ils sont les représentans du genre dans les terrains fossilifères les plus anciens, dans le terrain de transition, et dans le terrain houiller. Les Goniatites se distinguent des Ammonites par dés cloisons plus simples, qui ne sont pas dentelées comme des feuilles de fleur, et dont les lobes ne suivent point une loi aussi simple ni aussi certaine que celle à laquelle sont soumises les Amnionites des formations plus ré- centes. Dans quelques espèces en effet, on ne voit pour ainsi dire pas de lobes, et on les prendrait pour des Nautiles, si l’on n'apercevait pas le lobe dorsal, suite nécessaire du siphon dor- sal. La plupart des Goniatites n’ont qu'un lobe latéral, qui est tantôt largement arrondi, tantôt anguleux et infundibuliforme, tantôt linguiforme. Quand il existe deux ou un plusgrand nombre de lobes latéraux, ou bien ils sont linguiformes, et s'étendent depuis le dos jusqu'à la snture, en augmentant ou diminuant (1) Brochure in-4°. Berlin, 1837. Traduit de l'allemand par H, Lrcoca, ingénieur des mines. (2) Voyez Annales des Sciences naturelles ; 172 sériès 1 xxix: IX. Z001,—— Août, 5 66 E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. d’une manière régulière; ou bien ils présentent une forme ir- régulière, sans suivre aucune loi. Le Les Goniatites sont très répandus dans les terrains de transi- tion: ils se trouvent en très grande quantité dans les calcaires de transition anciens du Fichtelgebirge; M. le comte de Münster en a a décrit un très grand nombre d'espèces de ce gisement(r);etils remontent à partir de là jusque dans les couches supérieures du terrain houiller proprement dit, où ils se trouvent, au milieu des débris d’une puissante végétation, presque les seuls et der- niers restes du règne animal. Dans le calcaire du Fichtelgebirge, ils se rencontrentavec des Trilobites, des Orthocératites et des Clyménies. Les Trilobites et les Orthocératites remontent jusque dans le terrain houiller ; les Clyménies au contraire, très diffé- rens des Goniatites par la position du siphon, et qui doivent être regardés comme de vrais Nautiles , n’ont été trouvées jusqu'ici ni dans le ca!caire carbonifère, ni dans le terrain de transition moderne auquel on doit rapporter le terrain schis- teux du Rhin. Le grand nombre des Goniatites découverts jusqu’à présent rend nécessaire leur division en groupes naturels. M. 'de Buch, quine connaissait que peu d'espèces relativement au nombre côn- nu aujourd'hui, distingue d’abord les Goniatites en Goniatites à lobes arrondis, et Goniatites à lobes anguleux; puis, dans chacune de ces sections, il sépare ceux à lobe dorsal simple, et ceux à lobe dorsal divisé. Je crois devoir m'écarter de ce mode de classification, attendu que le caractère sur lequel sont fon- dées les divisions secondaires, celui du lobe dorsal simple ou divisé, me paraît en rapport plus immédiat avec l'organisation intérieure des animaux, et par conséquent d’une importance incomparablement plus grande que la différence entre les lobes arrondis et les lobes anguleux, qui ne peut pas être établie d’une manière rigoureuse. On peut distinguer très naturellement, d’après la forme et le nombre des lobes latéraux, parmi les Go- niatites à lobe dorsal simple quatre sections, et parmi ceux à (1) Voyez dnnalzs des Sciences raturelles, 2° série, L. w1. | E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 67 lobe dorsal divisé, deux sections qui suivent encore une loi déterminée dans leur distribution géognostique. A ces six sec- tions à établir parmi les Goniatites proprement dits , on peut peut-être réunir comme septième section les Cératites du Muschelkalk; ils sont en effet sans aucun doute plus voisines des Goniatites que des Ammonites des formations plus récentes. On devra ensuite réunir au reste des Ammonites les Goniatites et les Cératites, en divisant aussi les premiers en différentes familles naturelles. Avant de passer à la description individuelle des diverses es- pèces , je crois qu'il est nécessaire de m'expliquer sur la déter- mination des rapports des dimensions de ces fossiles, caractères introduits pour la première fois dans la science par M. de Buch, et dont je me suis également servi dans la description des es- pèces. L'accroissement en hauteur, la hauteur d’enroulement, ou plus simplement la hauteur, exprime le rapport dans lequel la hauteur de l'ouverture buccale augmente dans l’espace d’un tour entier. On mesure la hauteur de l'ouverture buccale sur deux tours qui se recouvrent, et l’on pose la plus petite de ces dimensions comme une fraction décimale de la plus grande, prise pour unité. La hauteur de l'ouverture buccale peut être évaluée de deux manières: on peut prendre la perpendiculaire abaissée du milieu du dos, soit jusqu’à la suture, soit jusqu’au milieu du dos du tour précédent. Comme le degré d’enveloppe- ment dans les tours extérieurs est toujours le même que dans les tours intérieurs, on doit par ces deux évaluations obtenir le même résultat pour laccroissement en hauteur. L’accroisse- ment en largeur ou la largeur exprime le rapport dans lequel la largeur de l'ouverture buccale, c’est-à-dire la dimension per- pendiculaire à la hauteur, augmente dans l’espace d’un tour entier ; on mesure encore ici la largeur sur deux tours qui se recouvrent, et l’on pose la plus petite dimension comme une fraction décimale de la plus grande. L’accroissement en hau- teur et l'accroissement en largeur sont des rapports très con- stans pour les différentes espèces; réunis à l’enveloppément, ces caractères déterminent complètement la forme d’un Animo- nite. L’épaisseur, qui exprime le rapport entre la hauteur et la 5 68 E. BEYRICH. —- Sur les Goniatites. largeur de l'ouverture buccale, dépend des deux premiers rap- ports ; elle varie en chaque point toutes les fois quela hauteur, et cela arrive presque toujours, ne croit pas dans le même rap- port que la largeur. Par ce motif, j'ai complètement négligé sa détermination. Au reste, pour la distinction des espèces, il ne faut pas attacher à ces rapports numériques une plus grande impor- tance qu'ils n’en méritent réellement.Si,en général, ilne peut pas être question de déterminations mathématiques pour lès corps organiques; on pourra, à bien plus forte raison dans ce cas-ci, négliger de petites différences ; en effet,on opère ici sur &es fos- siles dont la conservation, la plupart du temps incomplète, ne permet pas un grand degré d'exactitude dans les mesures. Section I. NAUTILINI. Le lobe dorsal est simple, infundibuliforme où linguiforme ; il y a un seul lobe latéral, plat, arrondi, qui quelquefois dispa- raît tout-à-fait. 1. AmmonirEs subnautilinus. Chlotth. A. Næggerathi. Goldf. —L. de Buch. Goniat. pl r, fig: 6-17. ? A. evexus. L. de Buch. Goniat. pl. r, fig. 3-5. Le lobe dorsal est infundibuliforme , deux ou trois. fois aussi profond que large. Le lobe latéral est large, occupe toute l'éten- due du côté; il s'enfonce à-peu-près jusqu'a la profondeur du lobe dorsal , et remonte vers la suture avec une inclinaison un peu plus rapide jusqu’à la hauteur de la selle dorsale; laccrois- sement en hauteur est de 0,50 à 0,55; l'accroissement en.lar- geur, de 0,68 à 0,72. Ily à 14 loges sur un tour entier. Le nombre des tours est de 6 ou 7. Les tours intérieurs sont,tout-à- fait enveloppés; on n’en aperçoit tout au plus qu’un quart. M. de Buch a déjà fait voir que 4. Nœggerathi Goldf. ne diffère pas d’une manière essentielle de |. stbnautilinus Schl]. Dans ces deux Ammonites, les lobes ont une forme tout-à-fait semblable ; la hauteur et la largeur ne diffèrent presque pas, et E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. Gi) Fenveloppement un peu plus faible que présente l_Z. Nægge- rathi serait à peine un caractere suffisant pour en faire une va- riété. La forme plus discoïde de ce dernier peut encore moins être regardée comme un caractère propre à le distinguer. On doit être très circonspect dans l'appréciation de la forme exté- rieure çet dans emploi de ce caractère pour la distinction des espèces, lorsque comme ici la hauteur et la largeur croissent dans un rapport tout-à-fait différent. Une conséquence néces- saire de l'accroissement plus rapide en hauteur qu’en largeur, c'est que l'épaisseur diminue très rapidement dans les tours exté- rieurs en suivant une progression géométrique, etpar suile, PAmmonite en s’accroissant prend une forme de plus en plus discoïde. Dans |’. subnautilinus , la différence d’accroissemenit eritre la hauteur et la largeur est déja assez grande pour rendre: ce caractère très sensible. Le fragment que M. de Buch a dé. crit sous le nom d’/Z. evexus ; me parait aussi devoir être rap- porté à cette espèce; il ne présente aucun caractère qui per- mette d'établir entre lui et PAmmonite précédent un caractère spécifique. Dans l'_Z: subnautilinus , comme dans celui-ci; les cloisons sont élevées dans le milieu, et leur plus grande proton deur se trouve sur les bords, pres des lobes. LA. subnautilinus se rencontre dans le calçaire de l'Eifel , près de Gerolstein ,'et à Fétat de pyrite dans le schiste argileux (Thonschiefer) de Wissenbach. De ces deux localités je n’aï vu que des moules jusqu’à présent: Les fossiles pyritisés de Wissen- bach sont presque toujours à l'état de moules, et, quand on aperçoit encore quelques stries, on doit penser qu'elles ont appartenu au côté intérieur de la coquille, qui était peut-être tres mince. 2. AMMONITES ZateSeptatus sp. nd. dsc. PI.6, fig. 1, 2,3, 4. Le lobe dorsal est infundibuliforme : il n’est pas beaucou/, plus profond que large. Il n'existe pas de lobe latéral propre- mént dit. Ce lobe n’est indiqué dans le jeune âge que par unit 70 E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. faible courbure des cloisons. L’accroissement en hauteur est de 0,70, l'accroissement en largeur de 0,65. Il n'y a que dix ou onze loges dans un tour. Le nombre des tours est de sept. On ne voit que le tiers des tours intérieurs. Cet Ammonite se trouve, avec le précédent, à l’état de pyrite dans le schiste argileux(Thonschiefer) de Wissenbach :il est bien caractérisé par sa forme et par ses lobes. Comme la hauteur ne croit pas plus rapidement que la largeur, que même-elle augmente un peu plus lentement, l'épaisseur de l'Ammonite ne diminue pas dans les tours extérieurs , elle augmente plutôt un peu: Les fig. 1 et 2 de la planche 6 représentent le plus grand exemplaire que je possède. Il ya à-peu-près un tour.et demi sans loge. Pour pouvoir voir les lobes, il a fallu supprimer une partie du dernier tour, comme cela est représenté dans la fig. 2. Dans les tours extérieurs , la largeur de l'ouverture buccale est considérablement plus grande que la hauteur ; ‘par consé- quent , le côté est très étroit et peut à peinese distinguer du dos , qui est largeet arrondi. La forme de cet Ammonite serait complètement sphérique, si les tours intérieurs n’étaient en parie dégagés et ne formaient ainsi un ombilic large et pro- fond. Sur le dernier tour, dépourvu de loges, le côté tombe vers l'intérieur, sous un angle obtus, en présentant une arète assez marquée. Cette arête manque totalement dans les tours intérieurs. L’accroissement , plus rapide en largeur qu’en hauteur, fait que l’épaisseur, dans les tours intérieurs; est un peu plus faible que dans les tours extérieurs. Par conséquent aussi le dos est moins large, le côté est plus platet plus distinc- tement séparé du dos. Par ce motif encore, le lobe latéral , dans les tours intérieurs, est indiqué sur le côté par une faible cour- bure de la cloison, tandis que, dans les tours extérieurs, le lobe dorsal s’élargit et s'étend sur le dos, de sorte qu'il n'existe, à proprement parler, qu’une selle dorsale large et arrondie, qui ne commence à s'infléchir en arrière que là où le côté tombe dans l’intérieur. Sur la figure 3 de la planche 6, les lobes sont figurés tels qu'ils commencent à paraître pour la première fois dans l’exemplaire représenté fig. 1,2, avec un tour et demi dépourvu de loges ; dans la figure 4, ce sont les lobes d’un autre E. BEYRICH. — Sur les Goniutites: 7! exemplaire, dont les trois tours les plus intérieurs seulement sont conservés. La coquille de cet Ammonite étaitstriée, comme on. le voit encore distinctement sur les moules ; les stries s’in- fléchissent en arrière sur le dos, comme c’est la règle ordinaire pour les Goniatites, en formant une courbe très profonde. J'ai choisi le nom de lateseptatus ; à cause de la distance considé- rable , à laquelle les cloisons se trouvent les unes des autres ,de sorte qu'il n’y a sur un tour que dix ou onze loges, tandis que quatorze semble la limite inférieure du nombre sn loges pag les Goniatites. 3. Ammonires Dannenbergi sp. nd. dsc. PL 6, fig. à a, b. Le lobe dorsal est infundibuliforme , deux fois aussi profond que large ; le lobe latéral s'enfonce un peu plus profondément que le lobe dorsal : il occupe le côté tout entier et s'élève vers la suture , pas tout-à-fait à la hauteur de la selle dorsale. L’accrais: sement en hauteur est de 0,28 ; accroissement en largeur de 0,60. Sur un tour il y a dix-huit loges. Les tours intérieurs ne sont pas du tout enveloppés: ils sont tout-à-fait dégagés. Cet Ammonite se trouve à l’état de pyrite, dans le schiste argileux ( Thonschiefer } de Wissenbach. Il se distingue par l'accroissement extrêmement rapide de la hauteur, et parce que les tours intérieurs sont entièrement dégagés. Le seul exem- plaire que je connaisse se trouve dans la belle collection de M. Dannenberg à Dillenburg;le dessin est fait d’après un modèle en plâtre. Cest un fragment dans lequel il n’y à que deux tours conservés, Il manque les tours intérieurs et la partie extérieure, dépourvue de loges. La forme est tout-à-fait discoïde , à cause de l'accroissement plus-rapide en hauteur qu’en largeur. Cet Ammonite se distingue par là de V4. expansus ; dans lequel , au reste, les tours sont tout-à-fait enveloppés. Dans ce dernier, la hauteur croît encore plus rapidement; cependant elle n’est pas dans une disproportion aussi grande avec l'accroissement en largeur. Si l'on suppose que dans cet Ammonite, d'après la 73 E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. regle ordinaire ,il a existé un tour et demi sans loges , on trouve, d’après le rapport de l'accroissement en hauteur, que le diamètre de la coquille entière doit avoir atteint presque un pied. L’épais- seur doit ici diminuer très rapidement, puisque la largeur de l'ouverture buccale croit beaucoup plus lentement que la hau- teur. Cette dimension est, au commencement du premier des deux tours conservés , 0,7; au commencement du second tour, 1 ,et à la fin de celui-ci, 1,5. La plus grande épais- seur,se trouve au milieu du côté: elle ne décroit néanmoins que faiblement jusque vers la suture et jusque vers le dos. Sur celui des deux tours, qui est extérieur ,le dos est complètementarrondi et passe graduellement au côté; sur le tour intérieur, il s’aplatit, et, au commencement du second tour, il forme presque un angle droit avec les côtés. Probablement il existait là , sur la coquille, entre le dos et les deux côtés , deux arètes tranchantes, dont on voit encore les traces sur le moule, Ces arètes limitaient la courbe infléchie en arrière, que les stries de la coquille formaient avec le dos : elles disparaissent graduellement sur les tours exté- rieurs. Nous verrons dans la suite se repraduire,dans plusieurs espèces, cette différence dans la manière dont le dos'se réunit avec les côtés sur les tours extérieurs et sur les tours intérieurs. Les lobes de VZ. Dannenbergi ne. sont pas essentiellement différens de ceux de l_Z. subnautilinus. La selle dorsale ‘est toujours. un peu plus étroite et un péu plus haute ;le lobe latéral, au contraire, un peu plus profond. Ce dernier s'élève sensiblement pour former une selle latérale. Il ne monte pas, comme dans V4. subnautilinus, jusqu'a la suture, et n'est pas coupé là d’une manière brusque; mais il s'infléchit notable- ment sur le côté (voyez ; dans M. de Buch, les fig. 3 et 9, pl. 1). Cette différence vient de ce que, dans l4. subnautilinus , chaque selle qui réunit le lobe latéral avec le lobe ventral aplati , qui existe dans cet Ammonite, est comprimé au-dessus de la suture par suite du fort enveloppement des tours intérieurs. E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 75 EC C2 4. AMMONITES COMPressUs: », “PLG , fig. 6a,2. Spirula compressa Goldf. Dechen Geogn. p. 536. Gyrocéraliles 2 SACS La V. . PNY Act, nat. cur, 1831 XV. AUS Bronn Leth. geogn. “P- 102. pl r lg. 6. vi “Le Tobké dorsal est très spé, infandibuliformie deux: ou trois'fois aussi profond que large. Le lobé latéral'manque pres- que complètement, il est tout au plus indiqué par uné cour- bure extrémement faible de la eloison des loges. L'accroisse- ment en hauteur est de 0,33; l'accroissement en: ‘largeur de 0,5. Dans un tour il y a 15 loges nombre’dés tours est de 4 à 5. Cet ammonite n’est pas du tout enveloppé ; les tours in- térieurs sont tout-à-fait dégagés. , Cest un fossile qui: n’est pas rare dans le schiste argileux (Thouischiefer) dé Wissenbach, depend en général les’'exèm - plairés ne sont pas: bien conservés, il'manqué souvent des tours'intérieurs, et ce n'est que rarement qu ’ôn ‘voit la! ‘partie extérieure dépourvue: de-loges. C'est: ce qui doit avoir ’été cause que Goldfuss en à fait une Spirula, et'que’H.'de Meyér en a fait ungenre particulier sous le nom de Gyroceratites. Le lobe dorsal, petit à la vérité, mais qui cependant existe distinctement ; prouve que c’est bien réellement un Goniatite. Les tours ne sont nullement séparés les uns des autres comme dans la Spirule ; ils se touchent, seulement ils ne se touchent que suivant une ligne. La plus grande épaisseur se trouve dans le milieu du côté qui s'abaisse graduellement, tant vers le dos, que vers la suture ; de sorte que la coupe de l'ouverture buccale est une ellipse. Une: conséquence de ceci c’est que sur les moules, où la coquille manque, il doit y avoir effectivement un petit intervalle entre les tours; cet intervalle paraît encore plus grand, si les parties de schiste entre les tours n'ont pas été enlevées avec assez de soin, Le dessin que donne Bronn 74 E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. dans le Lethæœa geognostica n’a certainement pas été fait d’après pature ; mais il l’a été peut-être d'après la description de H. de Meyer. Le Gyrocératite de ce dernier ne peut être rapporté qu’à ce fossile. Bronn donne comme synonyme un Lituites gracilis Goldf. collect. ; sans doute ilexiste dans le musée de Bonn un fossile désigné comme Lituites; mais c'est un tout autre fos- sile ; il ne présente pas de loges, et je pense que c’est un moule d’Euomphalus , peut-être V’Æ. lœvis Goldf. Relativement à l'accroissement en hauteur et en largeur, V4. compressus est très voisin de V4. Dannenbersi ; il s’en dis- tingue principalement par la simplicité des lobes, et il atteint jamais la grandeur de ce dernier. Le lobe ventral n'existe ici pas plus que le lobe latéral. Cet ammonite a de commun avec l'A. lateseptatus cette simplicité des lobes. Dans l'exemplaire figuré, -PI.I, fig. 6, il y a une portion de la partie sans loges de conservée. On voit encore fort distinctement dessus les stries de la coquille qui était tres mince. Les espèces décrites ici, auxquelles se rattache intimement V4, expansus de Buch, forment parmi les Goniatites un groupe limité d’une manière très naturelle. Excepté le lobe dorsal qui se voit toujours distinctement, on ne peut rien dire de plus de particulier des lobes. Il existe seulement une inflexion très lé- gère de la cloison des loges ; qui dans tous les individus occupe le côté tout entier jusqu’à la suture. On ne peut ranger 1ci avec certitude aucun des Goniatites du calcaire de transition an- cien du Fichtelgebirge, qu’a décrits le comte de Münster; on peut seulement ajouter à cette section , comme espèces dou- teuses , 4, latus et V4. angustiseptatus. Section Il. SIMPLICES. Le lobe dorsal est simple, infundibuliforme , ou linguiforme. Il existe un lobe latéral plus ou moins anguleux, et une large selle latérale qui occupe la plus grande partie du côté. E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 75 5. AMMOOITES reftrorsus de Buch. PI. I, fig. 10, a, b, c.— L. de Buch Goniat. PI. 11, fig. 13. Le lobe dorsal est petit, infundibuliforme, à-peu-près. aussi large que profond. Le lobe latéral est arrondi en dessous, plus de deux fois aussi profond que le lobe dorsal, et un peu plus large qué profond. La selle latérale, large et arrondie, est aussi élevée que la selle dorsale , occupe la moitié du côté, et ne se creuse que faiblement en s’approchant de la suture. L’accrois- sement en hauteur.est de 0,45; l'accroissement en largeur de 0,65: cet ammonite est tout-à-fait enveloppé sans ombilic. Ilse trouve dans le calcaire à Goniatites d’Oberscheld, près de Dillenburg, et dans la mine de Martenberg dans le pays de Waldeck. Les exemplaires que je possède de la première loca- lité ont au moins un pouce de grandeur , et sont pour le reste tont-à-fait semblables à ceux du pays de Waldeck. Cet ammo- nite n’a rien de commun, que la forme enveloppée, avec l 4. Münsteri que M. de Buch croyait voisin de 4. retrorsus; au contraire il concorde si bien tant pour la forme que pour les lobes avec l’4. simplex de Buch, que peut-être ne doit-on pas séparer ces deux fossiles comme des espèces différentes. Pour l'accroissement en hauteur M. de Buch ne ‘donne fpour VA. retrorsus que 0,32, et pour l’4. simplex 0,40 : dans tous les cas, la hauteur croit dans tous les deux beaucoup plus rapidement ue la largeur , de sorte que l'épaisseur dans les tours extérieurs minue rapidement , et que , plus lAmmonite est grand, plus sa forme est discoïde. Dans 7. simplex tel que M. de Buch l’a décrit et figuré, le lobe dorsal est considérablement plus grand, le lobe latéral est plus étroit et de même profondeur quele lobe dorsal. Cela seul distingue cet ammonite de l'A. retrorsus. Les stries que l’on voit sur la coquille très délicate de l'A. retrorsus et qui lui ont fait donner son nom, suivent la règle générale pour les Goniatites. Sur la surface aplatie du côté, des plis fins forment une courbe très plate, infléchie en arrière; ilsse relèvent ensuite vers le dos, et forment dessus un sinus étroit et pro- 76 E. BEYRICH. — Sur les Goriatites. fond dont la concavitéest dirigée en avant. La largeur et la pro- fondeur du sinus dorsal paraissent correspondre à la largeur du dos pour les différentes espèces ; plus le dos est étroit, plus ce sinus aussi est. resserré et profond ; ce sinusest très large et très plat dans l°4. lateseptatus et dans l’4. Listeri. +22: retrorsus est la seule espèce de cette section qui jus- qu'ici ait été trouvée dans le terrain Ge transition du Rhin. 1/2. sèmplex qui en est très voisin, et que l’on dit se trouver au Rammelsberg près de Goslar, vient peut-être du calcaire de Gratid, dont les fossiles ont un grand rapport avec ceux du eal- caire de transition de l’Eifel. A ces deux ammonites se ‘rattä- che intimement l’4. ovatus Münster, dont la description ne laisse apercevoir aucune différence importante ni dans la forme, ni dans! les lobes. La partie principale de cette section se compose des espèces nombreuses à lobe latéral anguleux et infundibuliforme, du calcaire de transition du Fichtelgebirge, que le comte de Münster a fait connaître : Z. nodulosus, 4.sub- lœvis, A.globosus, À. sublinearis, 4. linearis, A. divisus ét A. hybridus: On doit ajouter encore comme formant une troi: sième subdivision |’. subsulcatus et VA. sulcatus Münster, qui se’distinguent par leur lobe: latéral linguiforme; ét se rappro- chent en quelque: sorte-de la section suivante; ils ont cepen: dant encore une selle dorsale leon «et none qui ER là plus grande partie du côté. “ Section III, ÆQUALES. 4 ‘Le lobe dorsal est simple, linguiforme, ou infundibuliforme. Il y a deux ou un plus grand nombre de iobes latéraux, qui devien- nent successivement plus grands ou plus petits en se rappro- PL de la suture. 6. AmmomTes Becheri Goldf. PL 6, fig. 7, 8.— TL. de Buch Goniat. PL rr, fig. 2 Le lobe dorsal est infundibuliforme ; sur le’ côté qui est fai- E.. BEYRICH. — Sur les Goniatites. : 797 blement bombé se trouvent quatre lobes latéraux linguiformes, qui deviennent de plus en plus petits, en se rapprochant de la suture. Le premier de ceux-ci est deux fois aussi profond que le lobe dorsal, le quatrième, atteint encore les deux tiers de la profondeur du premier, apres lui vient une selle ventrale consi- dérable qui est deux fois aussi large que la troisième selle laté- rale. L'accroissement en hauteur est de 0,40; l'accroissement en largeur de 0,65. On compte 7 tours; les deux. tiers à-peu-près des tours intérieurs se trouvent enveloppés. Cetammonite se rencontre dans le calcairerougeà Goniatites au Beilstéin, près d'Oberscheld ; il s'est trouvé aussi dans le fer oligiste de la mine de Rinzenberg. IL paraît très voisin de V4. Henslowi Sow., cependant celui-ci n’a que trois lobes laté- raux. linguiformes., Comme il augmente beaucoup plus rapide- ment en hauteur qu’en largeur, sa forme est discoïde ; Pépais- seur diminue rapidement. Son contour présente l'apparence el- liptique ; comme cela arrrive toujours lorsque la hauteur croit beaucoup plus rapidement. que la largeur. Rarement la coquille est bien conservée ;.elle est épaisse et plissée ; entre des plis fort régulièrement espacés se trouvent de nombreux plis plus fins. La plus grande épaisseur est près de Ja suture; le.côté légère- ment bombé tombe doucement vers le dos; ce dernier forme avec les côtés deux arètes tout-à-fait émoussées , entre lesquelles se trouve le sinus dorsal des plis. Outre lZ. Becheri et VA: Henslowi,'je place dans cette sec- tion | 4. Munsteri de Buch, V4. orbicularis Münster, et aussi A. planus, qui tous les trois se trouvent dans le calcaire de ransition du Fichtelgebirge , et se distinguent par ce :caractere que les lobes latéraux deviennent de plus en plus grands en se rapprochant de la suture. Cette distinction établit dans, la sec- tion deux subdivisions très naturelles. Section IV. IRREGULARES. Le lobe dorsal est simple, infundibuliforme. Il y a deux ou un plus grand nombre dedobes latéraux, anguleux, en géné- val infundibuliformes, qui augmentent irréguliérement. 78 E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 7. AMMONITES Aæninghausi de Buch. L. de Buch Goniat. PI, 7, fig. 2. Lé lobe dorsal est un peu plus large que profond, la selle dorsale est anguleuse ; il existe deux lobes latéraux, le premier est linguiforme et deux fois aussi profond que le lobe dorsal. La première selle latérale est étroite et s'élève beaucoup plus haut que la selle dorsale. Le deuxième lobe latéral n’est que moitié aussi profond que le premier, la seconde selle latérale atteint à péine la hauteur de la selle dorsale, et tombe assez fortement vers la suture. L’accroissement en hauteur est de 0,51; l'accroissement en largeur de 0,55. Les tours intérieurs sont enveloppés jusqu’à la moitié. Outre le fragment que possède le musée de Bonn, il se trouve un exemplaire plus complet et mieux conservé de cet ammonite dans la collection de M. le docteur Hassbach à Bensberg. D’après M. Hassbach il provient du calcaire de transition des environs de la Steinbreche, non loin de Bensberg, c’est-à-dire d’un cal- caire qui est identique avec le calcaire de l’Eifel. 8. AMMONITES 7nultiseptatus de Buch. L. de Buch Goniat. PI. 7, fig. 13. Le lobe dorsal est petit, à-peu-près aussi large que profond. Des quatre lobes latéraux le premier est trois fois aussi profond . que le lobe dorsal, le deuxième est le plus profond, le troisième etle quatrième sont plus petits; il existe encore le commence- ment d’un cinquième lobe latéral. Les selles latérales de même que la selle dorsale sont larges et arrondies, la deuxième de celles- ci est la plus élevée. L’accroissement en hauteur est de 0,53 ; l'accroissement en largeur de 0,48. Il y a sur un tour cinquante- six loges. On neconnaît jusqu'ici de cet ammonite très bien caractérisé par la forme des lobes et le nombre des loges, qu’un fragment E. BEYRICH. — Sur Les Goniatites. 79 qui se trouve dans le musée de Bonn. Il est changé en pyrite, et peut très bien appartenir au calcaire de transition de l’Eifel, dans lequel on rencontre bien des fossiles pyritisés. 9. AMMONITES rnultilobatus sp. nd. dsc. PI. 6, fig. 9. Sur le côté qui est tout-à-fait platet uni se trouvent six, peut- être même sept lobes latéraux anguleux. Les cinq premiers de- viennent de plus en plus profonds à partir du dos, le cinquième est le plus profond; vient ensuite un sixième plus petit ét vrai- semblablement encore un septième. Les selles latérales sont an- guleuses , la cinquième est la plus élevée. La forme est discoïde; le dos est très étroit et se réunit avec les côtés , qui sont tout- à-fait plats, suivant une surface arrondie. À cause de sa forme trés différente de celle de tous les autres ammonites et du nombre des lobes, j'ai cru devoir établir cette espèce dont je ne possède qu’un fragment peu considérable du calcaire rouge à Goniatites d'Oberscheld. On ne peut déter- miner, d'apres cé fragment, ni l’accroissement en hauteur ni en largeur. La largeur du côté, sur tout l’espace conservé dans ce fragment, s'élève presque à un pouce et demi, de sorte que l’Am- “mônite doit avoir été d’une grandeur remarquable. La quatrième selle dorsale se trouve à-peu-près au milieu du côté. * A la quatrième section appartiennent les Goniatites suivans, provenant du Fichtelgebirge: /Z. contiguus, A. speciosus, À. “subarmatus , et A. spurius Münster; probablement aussi V4. maximus dont les lobes ne sont pas encore connus. Section V. PRIMORDIALES. Le lobe dorsal est divisé. T1 n'y à qu'un lobe latéral qui est la plupart du temps arrondi et plus rarement anguleux. Son côté ventral s'élève jusqu’à la suture sans se courber pour former une selle latérale. 80 E. BEYRICH. — Sur les Gonmiatites. AMMONITES œquabilis sp. nd. dsc: PL 7, de T4» D. Le lobe dorsal est plus de deux fois plus largeque profond; par suite, ses deux côtés s'élèvent très doucement pour former les selles dorsales. La saillie médiane qui sépare les deux bras du lobe dorsal est arrondie en dessus et n’atteint pas la moitié de la hauteur totale du lobe ; elle se creuse un peu, immédiatement vers le siphon. La selle dorsale est large et arrondie , et s'étend en avant jusqu'au milieu du côté. Le De latéral est à-peu-près aussi large que la selle dorsale, et descend un peu plus bas quela moitié de la hauteur du lobe dorsal: son côté ventral monte ra- pidement vers la suture à la même hauteur que la selle dorsale. L’accroissement en hauteur est de.0,70, l'accroissement en lar- geur de 0,75. Le nombre des tours est de cinq à six; les tours intérieurs sont enveloppés jusqu’à la moitié. Le,hauteur croît dans cet ammonite plus lentement que cela n’a lieu ordinairement pour les Goniatites. La largeur croît en même temps très lentement de sorte que la, forme est très dis- coiïde. Les tours extérieurs ne s'élèvent que peu, au-dessus des tours intérieurs qui sont enveloppés jusqu’à la moitié; par con- séquent les tours sont tous presque dans le même plan. La plus grande épaisseur se trouve au milieu du côté qui s'abaisse très doucement vers le dos et vers la suture. Le dos est. arrondi. La coquille est épaisse et ne présente que de faibles traces de stries. Cet ammonite se rencontre dans le calcaire rouge à Goniatitesy au Sessacker, près d'Oberscheld, 11. “AMMONITES Carinalus SP: nd. dsc. PI. 6, fig. 51 a, b, c. Le lobe dorsal est bien trois fois aussi large que profond, par conséquent ses deux côtés s'élèvent très doucement pour former les selles dorsales. La saillie médiane du lobe dorsal est large- meni arrondie en dessus et atteint presque la moitié de la hau- ; E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 81 teur du lobe. La selle dorsale est très large et arrondie; elle se prolonge beaucoup au-delà de la moitié du côté. Le lobe laté- ral est arrondi en dessous, et monte vers la suture jusqu’à la moitié seulement de la hauteur de la selle dorsale. L’accrois- sement en hauteur est de 0,45 ; l'accroissement en largeur de 0,57. Il y a cinq à six tours. Les tours intérieurs sont presque tout-à-fait enveloppés , il ne reste qu'un ombilic étroit et pro- fond. QUE Les lobes de cet ammonite présentent une grande ressem- -blance avec ceux de l'espèce précédente avec laquelie il se trouve dans les mêmes gisemens. La seule différence qui existe entre ces deux ammonites, c’est que par suite de la largeur encore plus grande du lobe dorsal et de la selle dorsale, cette dernière:s'étend encore plus loin sur le côté, et que la paroi ventrale du lobe latéral s'élève moins haut vers la suture. Ce dernier caractère peut bien venir de ce que les tours inté- rieurs sont ici plus forternent enroulés, par suite une partie du lobe latéral doit être comprimé au-dessus de la suture. La cloison des loges se creuse pour formér un lobe ventral étroit et profond , à l’endroit où elle touche le dos du tour précédent. Ce lobe ventral est accompagné de deux lobes auxi- liaires plats et larges, qui occupent le côté du tour précédent ‘ dans tout l’espace où il est enveloppé. La plus grande épaisseur est près de la suture; à partir de là, le côté s'incline successive- ment jusqu'au dos. Sur le milieu du dos, si la coquille est con- servée, on voit se prolonger un bourrelet étroit et élevé qui est pas habituel dans les Goniatites, et peut bien n’être pro- Ait que par le siphon qui se trouve placé immédiatement au- dessous de la coquille. On ne voit rien de ce bourrelet, si la coquille manque; il se perd aussi tout-à-fait sur la partie de la coquille qui n’a pas de loges, le dos est alors tout-à-fait ar- rondi. Dans l’exemplaire représenté, cette partie sans loges manque totalement ; l'Ammonite complet a plusieurs pouces de diainètre, La coquille est épaisse et presque entièrement lisse. X, Zool, — Aoft, 6 aÿty 8 E, BEvRICI. — Sr des Gonïatites. 12. AmMoNITIS énlumescens sp. nd. dsc. Pl-7, fig: 2a,b, c. Le lobe dorsal est un peu plus large que profond; ses côtés montent rapidement pour former la selle dorsale. La saillie mé- diane atteint au moins la moitié de la hauteur du lobe. La selle dorsale est beaucoup plus haute que large, occupe le milieu du côté, et tombe rapidement pour former le lobe latéral; celui.ci est presque aussi profond que le lobe dorsal ; il est anguleux.et son côté ventral s'élève rapidement d’abord, puis, plus-douce- ment, vers la suture, presque jusqu’à la moitié de la hauteur du lobe dorsal. L’accroissement en hautenr est de 0,45; l’aecroisse- ment en largeur de 0,50. Des cinq à six tours qui existent , les tours intérieurs sont presque tout-à-fait enveloppés, de sorte qu'il ne reste qu’un ombilic étroit et profond. Cet ammonite se trouve avec les deux précédens au Sessacker près d'Oberscheld. Dans la forme il a quelque ressemblance avec V4. carinatus ; cependant il est plus épais, moins discoïde ; puisque avec un accroissement pareil en hauteur, la largeur croît plus rapidement. Les lobes se distinguent en outre d’une ma- nière assez tranchée. La plus grande épaisseur se trouve vers la suture ; les côtés tombent assez rapidement vers le dos. La partie dépourvue de loges manque dans l’exemplaire représenté; lAmmonite complet doit avoir eu au moins un diamètre de quatre pouces. . 13. AMMONITES orbiculus sp. nd. dsc. PI. 6, fig. 12 a, b. Le lobe dorsal est deux fois aussi large que profoñd et ses deux côtés s'élèvent très doucement pour former les selles dor- sales ; la saillie médiane atteint le milieu de la hauteur du lobe. La selle dorsale est large et arrondie, et occupe au moins les trois quarts du côté, elle est plus large que hante. Le lobe laté- ral est anguleux, et à-peu-près de la même profondeur que le E. BEYRICH, — Sur les Goniatites. 83 lobe dorsal ; son jambage ventral s'élève vers la suture, mais il ne monte pas jusqu’à la moitié de la hauteur de la selle dorsale. L’accroissement en hauteur est de 0,47; l’accroissement en lar- geur ést:.de 0,56. Les tours intérieurs sont presque tout-à-fait euveloppés, il reste un ombilic étroit et profond. Cet ammonite 2 été trouvé à l’état de pyrite dans les environs de Gerolstein. Le seul exemplaire que je connaisse, dont nous avons donné ici la description et la figure, se trouve dans la col- lection de M. Zehler à Crefeld. Il présente ua intérêt particu- lier, parce qu'il est jusqu'ici le seul exemple d’un Goniatite, à iobe dorsal divisé, du calcaire de l'Eifel. Il a de commun avec l’ammonite précédent, son lobe latéral anguleux; dans la forme il se rapproche davantage de 4. carinatus; il se distingue suf- fisamment de tous les deux. On doit encore se représenter: ici par la pensée la partie sans loges de l’ammonite; ce fragment est cloisonné dans tout l’espace qui est conservé. 14. AMMONITE calculiformis sp. nd. dsc. ER 08" Ta, €. Le lobe dorsal est à-peu-près aussi large que profond , ses jan.- bages s'élèvent rapidement pour former la selle dorsale, la sail- lie médiane n’atteint pas le quart de la hauteur du lobe. La selle dwrsale est largement arrondie et occupe la moitié du côté. Le lobe latéral est lärgement arrondi et n'atteint pas le tiers de la profondeur du lobe dorsal; son jambage ventral s'élève vers la suture jusqu’à la hauteur de la selle dorsale. T’accroissement en hauteur est de 0,50; l'accroissement en largeur est 0,57. On compte cinq à six tours; les tours intérieurs sont tout-à-fait dégagés. Cet ammonite se trouve dans le calcaire rouge à Goniatites au Sessacker près d’Oberscheld. D’après sa forme on le prendrait plutôt pour un Clyménie que pour un Goniatite. Dans les tours intérieurs le dos aplati forme avec le côté un angle droit ou plutôt un angle aigu; en même temps la plus grande épais- seur setrouve immédiatement vers le dos, et le côté descend en formant une surface inclinée, peu bombée, depuis le dos jusqu'à 6. 54 E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. la suture. Le dos est enfoncé d’une manière particulière, de sorte qu’un canal large et plat se prolonge dessus. Sur l’avant- dernier tour encore le dos est plus large que le côté. Les côtés de tous les tours sont tout-à-fait dégagés. Ni l’arète tranchante que le dos forme avec le côté, ni le canal dorsal ne se voient sur le dernier tour dépourvu de loges. Là le dos estentièrement arrondi et la plus grande épaisseur se trouve dansle milieu du côté, de sorte que la coupe de l'ouverture buccale est presque tout-à-fait ronde. La coquille est mince et très élégamment striée sur le dernier tour ; les stries forment sur le côté comme sur le dos une courbe plate dirigée en arrière. On doit encore remarquer que, dans cet ammonite, il existe un profond lobe ventral qui s'enfonce sur le dos du tour précédent, sans être accompagné à droite et à gauche de lobes auxiliaires. Parmi les espèces déjà décrites, il n’y a que V4: primordia- lis qui se rapporte à cette cinquième section. Il se trouve avec d’autres espèces , appartenant en partie à cette section, dans le calcaire de transition du Hartz, auprès de Grund, terrain qui a beaucoup de rapport avec le calcaire de l’'Eife, s’il n’est pas tont- à-fait identique avec lui. Comme le calcaire à Goniatites d’Obers- cheld est vraisemblablement encore plus récent que le calcaire de l’Eifel, il semble qu’on peut poser cette loi : que les Goniatites de cette section, n'appartiennent qu'aux calcaires de transition récens, voisins du calcaire carbonifère; à côté de la grande analogie qui existe entre les lobes de cette section et ceux de la section suivante, il est intéressant de voir que pour les lobes des Goniatites du terrain houiller, on peut encore établir un différence peu importante, il est vrai, mais cependant très constante. Section VI. CARBONARIL. Le lobe dorsal est divisé. Il y a un seul lobe latéral anguleux «t une selle latérale large et arrondie. FE. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 85 15. AMMONITES sphæricus Mart. À. carbonarius Goldf. — L. de Buch Goniat. PI. 11, fig. 9 à 9". Le lobe dorsal est à-peu-près aussi large que profond: sa sail- lie médiane n’atteint pas la moitié de la hauteur du lobe. La selle dorsale, de même que les deux selles de la saillie médiane, forment, en s’élevant, une pointe émoussée. Le lobe latéral est unique , petit: il n’est pas beaucoup plus profond que le lobe dorsal : il est à-peu-près aussi large que profond. La selle latérale s'incline très doucement vers la suture : elle est aussi haute que la selle dorsale et plus large que le lobe latéral. L’ac- croïssement en hauteur est de 0,65 à 0,72 ; l'accroissement en largeur, de 0,70. Il y a quatorze loges dans un tour. Les tours intérieurs sont presque tout-à-fait enveloppés. El reste un ombilic profond, plus ou moins large. Entre V4. sphæricus Mart. et V4. carbonarius Goldf., ik n'existe aucune différence spécifique, relativement à la forme et aux lobes. On peut observer tousles passages depuis les individus sphériques tout-à-faitenveloppés jusqu'à ceux à ombilic large et profond. S'il y a une différence entre ces deux Ammonites, on ne peut la trouver que dans la manière d’être de la coquille, que dans les plis nombreux et élevés, qui, dans V2. carbonarius lors même que la coquille manque, paraissent comme des côtes sur les moules. Cela a lieu notamment pour les individus que l’on a trouvés les premiers dans la mine d'Hoffnung, près de Vrerden, et auxquels M. Goldfuss à spécialement imposé le nom de car- bonarius. Les Ammonites pyriteux, qui se trouvent à l’état de galets dans la Rubr, ainsi que ceux du calcaire carbonifère proprement dit de Visé, sogt des moules, sur lesquels les lobes sont très bien conservés ; Be ndant on ne voit plus rien de la structure de la coquille. Les lobes de 4. sphæricus se distinr- guentde ceux des autres Goniatites du terrain houilleren ce que la selle dorsale, ainsi que les deux selles de la saillie médiane du lobe dorgal ne sont pas arrondies, mais, au contraire, an- guleuses. On ne rencontre pas V4. sphæricus ffarmi les Ammo- 86 E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. nites, qui se trouvent dans le schiste alumineux , pres de Choquier. 16. Ammonites Lasteri Mart. PO De 190, 0. Le lobe dorsal est à-peu-près aussi large que profond. La saillie médiane atteint la moitié de la hauteur du lobe: ses deux selles sont arrondies de même que la selle dorsale. Le lobe laté- ral est presque aussi profond que le lobe dorsal: il a , comme ce dernier, ses deux bras échancrés vers le bas, en forme de langue. Le dos large et arrondi forme avec le côté, qui descend rapidement vers l'intérieur, une arète tranchante, qui coupe par le milieu la selle latérale. Celle-ci est de la même hauteur que la selle dorsale. T’accroïssement en hauteur est de 0,72; l'accroissement en largeur, de 0,62. [1 y a de seize à dix-huit loges dans un tour. Les tours intérieurs sont exactement enve- loppés jusqu’à l’arète qui se trouve entre le côté et le dos, de sorte que les côtés forment un ombilic infundibuliforme, large et profond. On voit sur le dos des plis forts et élevés. L’A. Lister: , tel qu'il est figuré PI. 6, fig. 13, se rencontre à Choquier, dans le schiste alumineux placé au-dessus du cal- caire carbonifere : il se trouve dans des rognons arrondis, qui sont enveloppés par le schiste alumineux et qui sont presque tout entiers composés d’Ammonites. Il n’a pas été, que je sache, trouvé jusqu'ici dans le calcaire carbonifere du Rhin. Avec cet Ammonite se trouvent, à Choquier, l’4. diadema Goldf. et V4. atratus Goldf., pour lesquels la forme des lobes est tout-à- fait la même, Ce qui est surtout caractéristique pourl’4.Listeri, c’est l’arète tranchante , que l’on peut regarder comme la limite, entre le large dos et le côté, et qui,coupe par le milieu la selle latérale. Les plis de la coquille sônt forts et simplés dans les tours intérieurs. Dans les tours extérieurs ils deviennent de plus en plus fins et se bifurquent à la naissance du dos. On les aperçoit toujours comme des côtes, même sur les moules. Les plis s'élèvent sur l’arète dorsale en forme d'écailles, de sorte que celle-ci paraît crénelée, ce qui est bien exprimé par la series D Pr E. BEYRICH. — Sur les Goniatites. 85 marginalis tuberculorum que Martin donne dans sa caractéris- tique. Le nombre des plis sur le troisième ou quatrième tour est d'environ trente ou quarante: leur nombre augmente très rapidement dans les derniers tours. Un fait remarquable et tres intéressant , c’est que , sur les tours les plus extérieurs, la direc- tion des plis change en même temps. Sur les tours intérieurs ils forment , sur le dos, contrairement à la règle générale pour les Goniatites , une courbe dont la convexité est dirigée en avant. Cette courbe, s’aplatit de plus en plus; les plis se dirigent pen- dant quelque temps en ligne droite; et enfin ils reprennent la direction qui leur est ordinaire. Ce changement dans la direc- uon des plis est figuré sur la pl. 7 A, fig. 8. Cela prouve que lon ne doit attacher aucune importance à la direction des stries où des plis de la coquille, pour la séparation des Goniatites d'avec le reste des Ammonites. 179. AmMMONITES diadema Goldf. PP 758:8 057: Le. lobe dorsal est. à-pen- près aussi large que haut. La saillie médiane est arrondie comme la selle dorsale. Le lobe latéral est presque aussi profond que le lobe dorsal et échancere en forme de langue. La selle latérale est large et arrondie, et s'abaisse doucement vers la suture. L’accroissement en hauteur est.de 0,52"; Paccroissement en largeur, de 0,60 à 0,65. Les tours intérieurs sont presque complètement enveloppés : il reste un ombilic étroit et profond. La forme est plutôt discoide que glo buleuse.La coquille est finement plissée. Le choix du nom que Goldfuss à donné à cet Ammonite pet bien venir des sillons aplatis qui, au nombre de quatre à six sur le contour d’un tour, se prolongent sur le dos et sur le côté, à des distances assez égales. La direction de ces sillons suit tout-à-fait celle des plis dela coquille; cependant ils ne sont visibles que sur les moules : ils sont tout-à-fait comblés par la coquille. La co- quille est très délicatement plissée sur les tours extérieurs. Les plis sont très peu élevéset ne laissentsur les moules que des tracés indistinetes, Ils deviennent, à la vérité, plus forts-sur les tours 88 E. BEYRICA. — Sur les Goniatites. intérieurs ; cependant ils ne s'élèvent que très peu. La direction des plis change sur les tours intérieurs exactement comme nous l'avons décrit ci-dessus. Ce changement ne commence toutefois que plus tard, et on doit rétrograder au moins d’un tour tout entier pour l’apercevair. L’4. diadema, tel qu’il est décrit ici, paraît différer totalement de V4. Listeri par la forme et par la structure de la coquille; cependant on ne devrait pas regarder ces deux Ammonites comme deux espèces différentes , si l'on voulait suivre rigou- reusement ce principe de confondre ensemble tout ce qui est réuni par un passage continu. Dans le fait, on observe entre ces deux Ammonites tous les passages possibles. Ces passages sont déterminés par la variation qui a lieu dans laccroissement en hauteur et dans l'accroissement en largeur, caractères qui sont si constans pour les Goniatites et qui ici varient entre des limites assez éloignées. L’accroissement en hauteur est, pour l'A. Listeri, évalué à 0,72: c'est un accroissement très lent. Pour l’4. diadema , il est de 0,52: ce sont les deux limites. L’accroissement en largeur demeure assez constant. Le passage de la forme de V4. Listeri à VA. diadema a lieu ainsi: par suite de l'accroissement de plus en plus rapide de la hauteur, la largeur du dos diminue; par conséquent l’arète , que lon apercevait comme formant la limite entre le dos et le côté, paraît de moins en moins sensible. À mesure que le dos devient plus étroit, et que les côtés, qui commencent à paraître, deviennent plus larges , l’ombilie se rétrécit et les plis de la coquille deviennent en même temps plus nombreux. 18. AMMONITES atratus Goldf. Pl, fig:8 & 6. Le lobe dorsal est un peu plus large que profond; lasaillie mé- diane atteint le milieu de la hauteur du lobe et est arrondie, aussi bien que la selle dorsale. Le lobe latéral est aussi large que pro- fond. La selle latérale atteint la même hauteur que laselle dorsale etne s’abaisse que peu vers la suture. L’accroissementen hauteur E: BEYRICH. — Sur les Goniatites. , 89 est de 0,40; l’accroissement en largeur, de 0,55. Les tours inté- rieurs sont complètement enveloppés, sans ombilic. Cet Ammonite se trouve avec les deux précédens à Choquier. Ses tours intérieurs sont tout-à-fait enveloppés ; sa hauteur croit très rapidement : par suite sa forme devient très discoïde : c'est ce qui le distingue de l_Z. diadema, avec lequel on ne peut jamais le confondre. La coquille est extrêmement mince et très finement striée et plissée. Les plis , autant que j'ai pu ‘les observer , ne présentent aucun changement de direction. Les lobes con- cordent dans tous leurs caractères, comme on l’a'déjà remar- qué, avec ceux des deux espèces précédentes. Cet Ammonite demeure la plupart du temps très petit, et atteint à peine trois quarts de pouce de diamètre. Récapitulation des Goniatites. Section I. Naurrznt. . subnautilinus Sch]. lateseptatus. Dannenberpoi. . compressus Goldf. . expansus de Buch. latus Mst. . angustiseptatus Mst. N à À à à à À — ‘VS ANR ED Section IT, Simecicrs. a. Le lobe latéral est profond et arrondi. 8. A. simplex de Buch. g- À. retrorsus de Buch. 10} À. ovatus Mst. b. Le lobe latéral est anguleux et infundibuliforme. 11. À. nodulosus Mist. 12. À. sublævis Mist. 13, À. globosus Mst. 14, À. sublinearis Mst. 15. À. lincaris Mst. 16. À. divisus Mst. 17, À. hybridus Mst, 90 E. BEYRICH. — Sur les Gonialites. ce. Le lobe latéral est anguleux et linguiforme. 18. À. subsulcatus Mst. 19. À. sulçatus Mst. Section III. Æquazes. a. Les dohes latéraux deviennent de plus en plus grands en se rappro- chant de la suture. 20. A. Münsteri de Buch. 21. A. orbicularis Mst. 22. A. planus Mst. b. Les lobes latéraux deviennent de plus en plus petits en se rapprochant de la suture. 23. A. Henslowi Sow. À. Becheri Goldf. Section IV. IRREGULARES. . Hæninghausi de Buch. . multiseptatus de Buch. . multilobatus. . contiguus Mst. . speciosus Mist. . subarmatus Mst. 31. A. spurius Mst. 2352. À. maximus Mst. d ù À à à à à Section V. PriIMoRDIALES. 33. A. primordialis de Buch. 34. À. æquabilis. 35. A. carinatus. 36. 4. intumescens. 37. A. orbiculus. 38. A. calculiformis. Section VI. CarBonanir. 39. À. sphæricus Mart. 4o. A. Listeri Mart. 41. À. diadema Goldf. 42. A. atratus Goldf. G. BRESCHET. — Squelette des Vertébrés. 91 EXPLICATION DES. FIGURES. , PLANCHE 6. Fig, 1,2,3, 4. Ammonites lateseptatus. Fig. 5. Ammonites Dannenbersi. Fig. 6. Ammonites compressus, Fig. 7. 8. Ammonites Becheri. Fig. 9. Ammonites multilobatus: Fig. 10. Ammonites retrorsus, Fig. 11. Ammonites carinatus. Fig. 12. Ammonites orbiculus. Fig. 13. Ammonites Listeri. PLANCHE 7 À. Fig. 1. Ammonites æquabilis. Flg. 2. Ammonites intumescens. Fig. 3. Ammonites calculiformis. Fig. 4. Ammonites atratus. Fig, 5,6, 7. Ammonites diadema, Recnercnes sur différentes pièces du squelette des animaux vertébrés , encore peu connues, et sur plusieurs vices de conformation des 05, b Par G. BRESCHET, Professeur d'anatomie à la: Faculté de médecine de Paris , membre de l’Institut de France, etc. $ 1. Considérations sur les os sus-sternaux chez l’homme. Les travaux des anatomistes de notre époque, tels que ceux de Gœthe, Oken, Bojanus, Carus , J. F. Meckel, Spix , G.Cuvier, Rudolphi, Baer, de MM. Duméril, Geoffroy-Saint-Hilaire, de Blain- ville, Serres, Heusinger , Ulrich , Rosenthal, Fenner, Audouin, Arendt, Van der Hœven, Bakker, etc., ont porté une vive lu- mière sur le squelette des animaux et sur les lois de sa compo- sition. Cependant il existe encore plusieurs points sur lesquels ils ne sont pas d'accord, et qui demandent de nouvelles études, 92 G. BRESCHET. — Squelette des Vertébrés. Je me bornerai à signaler ici le sternum dont G.Cuvier, J. F. Meckel, Éverard Home , MM. Geoffroy-Saint-Hilaire, Serres, Carus, de Blainville, F.J. Lhermier (1), Dugès (2), ont parlé avec détails. En effet, il existe dans la manière de considérer les diverses parties qui composent cet os de nombreuses dissi- dences. Si nous examinons d’abord le s/ernum des poissons, les difficultés sont plus grandes que dans les autres classes des Vertébrés, non-seulement pour déterminer les élémens de cet os , mais encore pour savoir quelle est la pièce osseuse qu'il faut appeler sternum , car on a donné ce nom à quatre os différens. Duverney (3) désigne comme constituant le s/ernum, de petits os situés au-dessous des arcs des branchies, et non, comme le veut M. Geoffroy, les arcs branchiaux. Suivant Gouan (4), le sternum est l'os médian impair situé entre la tête et la clavicule. Vicq d’Azyr (5) appelle sternum ce que d'autres anatomistes nomment les omoplates et les clavicules. G. Guvier (6) recon- nait pour s{erzum une série d'os impairs allant de devant en ar- rière , qu'on trouve, chez quelques poissons, sur la ligne mé- diane de la face inférieure de l'abdomen, et auxquels les côtes viennent se fixer : on les trouve surtout dans les Clupées et les Vomers. Cette dernière opinion parait être la seule admissible aux yeux de J. Fr. Meckel. M. Geoffroy Saint-Hilaire (7), auquel nous devons un im- portant travail sur les ster*zum , pense avoir trouvé chez les poissons Chondroptérygiens l’analogue de cet os dans une pièce cartilagineuse fort large, située entre les branchies; et chez les poissons osseux , ce séernum est bien réellement la portion (x) Recherches sur l'appareil sternal des oiseaux. Paris, 1827, in-8°. (2) Recherches sur l’ostéologie et la myologie des Batraciens à leurs différens âges. Paris, 1334, in-4°. (3) Mémoires sur la circulation du sang des poissons.—Mémoires de l’Académie des Sciences, 1701, p. 296, Paris, 1743. (4) Historia Piscium , Argentorati, 1770 , p. 64, tab. 11, fig. + f. (5) Mémoires présentés à l’Académie des sciences , t, vit , p. 24. (6) Histoire naturelle des poissons , par MM. Cuvier et Valenciennes, liv. rt, chap. in. — Ostéologie des poissons, p. 369. (7) Annales du Muséum d'histoire naturelle , t. x, p. 87. — Philosophie anatomique, t. 1, p. 59. G. BRESCHET. — Squelette des V'ertébrés. 93 osseuse que Gouan appelle ainsi, en y joignant les deux bran- ches de l’'hyoïde. (1) Ce zoologiste célèbre assigne des noms particuliers à chacune des pièces du szernum : ilnomme épisternaux les plus antérieures ; entosternal la pièce moyenne ; kyosternaux les portions anté- rieures et latérales ; kyposternaux celles qui sont placées en ar- rière et sur les côtés , et xiphisternaux les pièces postérieures ét médiaues. Cette détermination doit s’appliquer au s/ernum con- sidéré dans les quatre classes de Vertébrés. Suivant J. Fr. Meckel, la plupart des poissons sont privés de sternum , et chez ceux qui le possèdent, cet os est représenté par un nombre indéterminé de pièces osseuses en forme de V, imbriquées, qui vont depuis la nageoire anale jusqu’à la jonc- tion des deux os de l'épaule. Rosenthal (2) croit que M. Geoffroy a pris, dans les poissons, les os latéraux du larÿnx pour en faire l’Ayosternal et l'hypo- sternal. M. J. Van der Hœven (3) ,au contraire, partage la ma- nière de voir du naturaliste français. (4) G. Bakker (5) admet six pièces osseuses, rangées par paires, et une pièce isolée, placée au-devant des autres pour constituer le sternum. Cette dernière partie doit-elle être pour nous l’ana- logue des rudimens osseux que nous étudions chez l’homme? Il est difficile de se prononcer affirmativement. (6) Chez les Reptiles, le s/ernum existe dans presque tous les ordres ; mais pour les Batraciens , J. Fr. Meckel croit que chez plusieurs d’entre eux le véritable sterzum n'a pas été apercu, ct qu'on a pris pour lui d’autres pièces osseuses ; opinion qui for- (x) Voyez J. Fr. Meckel. Traité général d'anatomie comparée, t, 11, p. 357. Trad. franc. (2) Reil , Archivés de physiologie , t. x, p. 351-352. (3) Dissertatio de sceleto piscium, ir ,p. 9x ,in-4 ; Lugd. Batav. r822. (4) Nobis verd præter omnes illa, quam tenet Geoffroy, placuit senténtia, ob ingeniosa , quibus eam probare studuit, argumenta ; eleganter in philosophià anatomicÀ ab eo enar- rata, etc. loc. cit. p, gr. (5) Sternum componunt sex ossium paria cum uno azygo ; quæ iterum ordine numerico distinguuntur, incipiendo a posteriore. — Gerbrands Bakker, Osteographiat piscium , etc, cap. ut, sect. 3, p. 70, Groningæ, 1822. (6) Os quartum sterni, seu crista azyga , numero propria septimum , lamina est simplex , oblongo-quäadrata , ete, , cap. ut , sect. arr, 6 70 : P. 72. 94 G. BRESCHET — Squelette des Vertébrésr tifie ce que nous avions avancé sur la difficulté de déterminer, dans beaucoup de cas, la pièce qui réellement est le sternum. J. Fr. Meckel n’admet pas de sternum chez le Proteus angui- nus, bien que ce reptile ait, comme tous les Tritons, deux lames cartilagineuses minces, unies aux os de l'épaule, et moins éten- dues que celles des Tritons (1). Mais pour démontrer que ce sternum n’a pas été 1perçu chez les Batraciens, ilregarde comme appartenant au sternum le cartilage ypsiloide sus-pubien des Salamandres terrestres et aquatiques, lequel est allongé, mince, partagé antérieurement en deux branches divergentes, longues d'environ quatre lignes, situé sur la ligne médiane au-devant de la symphyse du pubis,et fixé à son extrémité antérieure (2). A ce cartilage qui, quoique situé fort en arrière, est l’ana- logue du sternum , il faut joindre, chez les Salamandres, deux autres pièces plus petites qui se trouvent dans la région des membres antérieurs. Ce premier cartilage rappelle, suivant J. F. Meckel, non-seulement la disposition de plusieurs pois- sons, mais il est même l'indice du développement plus consi- dérable du sterrum que l’on remarque sur plusieurs Sauriens, et qui est surtout extraordinaire chez les Chéloniens. (3) Ainsi le sternum des Batraciens urodèles serait formé de trois pôrtions séparées les unes des antres, et dont celle du centre serait rejetée en arrière et sur le pubis, mais cependant sans perdre ses connexions avec le thorax, parce que le rachis , dans toute son étendue, présente des appendices costiformes. (4) On pent aussi trouver des dispositions analogues à celles des Salamandres dans les Batraciens anoures , suivant 1.F. Mec- (x) Vi troverebbe qualche picciola differenza, arregnachi le due cartilagini, che fanno le vece dello sterno , nelle Sa/amadra sono larghe assai e si stendono sul petto per modo ; che la sinistre è in parte coperta dalla cartilagine destra ; ne’ protei per lo contrario queste cartilagini sono, data la proporzione, si picciole , che neppure si toccano, 0 se si toécano, ci non è che ne’ lembi e soltanto in alcuni particolari movimenti delle gambe anteriore.—M, Rusconi. Del Proteo anguino di Laurenti monografa, etc. , p. 48. Pavia, 1819. (2) Traité général d'anatomie comparée ,t, zr. (3) Traité général d'anatomie comparée , traduction francaise; t, n1, p. 55r. (4) Voyez les figures que nous donnons du squelette des Salamandres aquatiques. G. BRESOUET. — Sywelette des Vertébrés. 95 kel (r). En effet, C. G. Kloetzke (2) à vu sur le bord supé- rieur du s/ernum du Rana cornuta , deux pièces cartilagineuses triangulaires qu’on peut, sans forcer les rapprochemens , com- parer aux 6$ que nous avons indiqués sur plusieurs Mammi- fères, ét que nous avons décrits chez l’homme. Dans le Pipa, on a signalé une disposition analogue à la précédente, mais plus singulière encore et dans des propor- tions plus grandes. La dissertation de F. G. Breyer, soutenue sous la présidence de Ch. Asm. Rudolphi (3), contient la des- cription faite par ce prefesseur célèbre du sternum de ce rep- tile portant un appendice sus-sternal. Parmi les Chéloniens , les Trionix présentent surtout les pièces analogues à nos os sus-sternaux. On voit partir du bord antérieur du sternum , au-devant d’ün arc osseux comparable à l'os furculaire, deux lames osseuses se prolongeant en avant et parallèlement l’une à l’autre comme deux cornes. Rudolphi, qui les à décrites (4), les compare à des côtes (5), et une pièce cartilagineuse placée sur la partie antérieure et moyenne du pubis, précisément sur la symphyse, est considérée comme une dépendance du sternum (6). L'auteur la nomme cartilage xy- phaïde. (x) Loco citato, p. 553-554. (2) De Rana cornuta, Berolini, 1816. — Sternum : a more solito deflectit. Partés ‘anticæ cum fureulis et claviculis coalitæ inter se liberæ , quid ? quod pars dextra sinistræ incumbit ; posterior autem scutiformis marginibus anteriore recto, lateralibus convexis, posteriore emargi- nato instructa ,undique libera utrinque appendicem cartilagineam oblongam offert, quod figura tertia benë exprimitur. (3) Sternum maximum , ad testudinem scutum sternale ferè aécedens quinque constittitur parlibus , in mare osseis , in femina licet adulta et quam ille majore, prout in juniore, pluri- mam partem cartilagineis.. , .. Quinque illarum sterni partium nobis supra dictarum anticæ et exiguæ ante furculam positæ; mediæ triplici utrinque parte constant, nimirum allera inter fareulas et claviculas , media inter claviculas ét postica laterali inter claviculas et appendicem sterni sita ÿ ullima landem pars, sive appendix satis magna et rotundala. .…. Cuvieri sceletum câdem parte caruisse videtur, cujus licet maximè notabilis, nu!lam mentionem fecit,.— Obser- vationes circa fabricam Raræ pipæ , Berolini, 1811. (4) Dussertatio sistens descriptionem Trionichos Ægyptiaci osteologiam , etc, Car. Aug. Mobring , Berolini, 1824. (5) Page 22. (6) P. 33, x, fig. 2, pl. 2. Cartilago Xyphoïdea e symphisi ossium pubis prominens convenit sterno abdominali Crocodili. 96 G. BRESCHET. — Squeleite des Vertébrés. Dans les Sauriens, on voit, d’une part, s'élever de la partie moyenne du sfernum une éminence ensiforme comme celle qui, chez beaucoup de Vertébrés, occupe l'extrémité postérieure du même os. D'autre part, on distingue sur toutes les vertèbres cervicales des apophyses transverses dont la racine est double: l’une partant du corps de l'os , et l’autre des masses latérales, et dont le sommet, dirigé en dehors et en arrière, se prolouge plus ou moins, et constituent une succession de petits. arcs os- seux entuilés et représentant d’une manière incontestable des côtes rudimentaires. Ce qu'il. y a encore de remarquable, c’est que les pièces les plus voisines de la tête, ne sont pas, les plus courtes. Les deux premières apophyses transverses de l’atlas ont une longueur bien supérieure à celle des autres .apophyses cer- vicales. C’est au moins ce que je, vois sur plusieurs squelettes de Crocodiles du Gange que j'ai sous les yeux. La même incertitude ne se rencontre pas, chez les oiseaux, pour indiquer l'os qui est réellement le sfernum, parce que cet os a non-seulement des caractères généraux certains, mais en- core des caractères particuliers assez prononcés et assez con- stans pour servir de base à une classification ornythologique , ainsi que l’a démontré M. de Blainville. Cependant si nous vou- lions prendre ie sternum avant son évolution complète et lors- que les pièces dont il est formé sont encore épiphysaires, la détermination de ces pièces diverses ne serait pas sans quelque embarras et pourrait faire surgir plus d’une contestation. Ce que nous disons du sternum des Oiseaux est applicable à celui des Mammifères, où l'incertitude ne peut s'élever que pour la détermination des pièces constituant cet os. Par exemple, chez les Monotrèmes, la partie antérieure du sternum est au maximum de son développement, et présente la figure d'un T ; circonstances qui font regarder par J.F.Mec- kel (r) cette première pièce comme un os à part, tandis que Rudolpbhi (2), Éverard Home (3) et M. Geoffroy-Saint-Hilaire (4), (1) Traité général d'anatomie comparée, t. 11, p. 454. (2) Dissert. inaug. zootom. de Ornithorhyncho-paradoxoL. M. Jeffé, t, 2, fig. 3. Berolini:x 823. (3) Philos. transact. 1802. 4) Philos. anat, t. 1, p. 126. G. BRESCHET. — Squelette des Fertébrés. 97 croient qu’elie est l’analogue de la fourchette des oiseaux. Cette opinion est infirmée par J.F. Meckel, dont les objections nous paraissent victorieuses : 1° le véritable analogue de là four- chette est situé chez les Monotrèmes ; ét comme os propre, sur la branche transversale de l'os en T; 2° les Oiseaux, et plus encore les Reptiles, offrent une pièce sternale analogue à celle dont il est question. Il faut enfin ajouter à toutes ces raisons, qu’il existe, chez béancoup d'animaux, des vestiges de cette disposition, consistant en une apophyse chez les uns, en une épiphyse chez les autres, qui dépasse le niveau de la preu:ière côte , et qui, chez les Phoques , forme üne éminence qui n’est ni soudée, ni unie au reste du sfernum. (1) Enfin, une dérnière preuve de la difficulté de déterminer les diverses pièces du sternum, c’est que MM. Geoffroy-Saint-Hi- laire et Serres, qui ont long-temps médité sur ce sujet , ne sont point d'accord entre eux. M. Serres croit que M. Geoffroy s’est trompé en appelant du nom d'ento-sternal la seconde pièce dn sternum, et assure que l’ento-sternal est représenté dans l’homme par la grande pièce. (2) Nous avons pensé devoir entrer dans ces considérations his- toriques d'anatomie comparée avant d'en venir au fait qie nous avons observé, et dont nous’ donnons l'image et la description. Péndant l'exercice de nos fonctions de chef des travaux ana- tomiques de la Faculté de Médecine dé Paris, nous avons eu assez souvent l’occasion de rencontrer des sternum dont l’ex- trémité supérieure était surmontée de deux noyaux osseux ou Cartilagineux. Nous en avons remis plusieurs exemples à Béclard, qui s’occupait alors d’un travail sur l'ostéose, etil en a dit quel- ques mots dans un supplément de son mémoire (3). Mais ces pe- tites pièces osseuses n'ayant pas été où que fort incomplète- (x) Traité général d'anatomie comparée , traduetion française , t. rit, p. 454. (2) Analyse des travaux de l’Académie royale des sciences pendant l’année 1850, par le baron Cuvier, p. 28. — Lois de l'ostéogénie , mémoire couronné par l’Académie des sciences (voyez Traité d'anatomie comparée de J. Fr. Meckel, trad, franc, t. 111, p. 470-471. | (3) «Ilexisie quelquefois, et j'en possède des exemples, sûr des sternum d'environ trente-cinq ans, deux points osseux pisiformes , placés, l'un de chaque côté, sur l'échanerure trachélienne du steroum, Ces points , que l’on peut appeler pré-sternaux où sus sternaux, SOUL peut-être le | e d è | : | rudiment de la fourchette ou clavicule furculaire de certains animaux », p. 83. X,. Zoo, — Aoiit, 98 G. BRESCHET. — Squelette des F'ertébrés. + ment indiquées par les ostéographes, nous pensons devoir ap- peler l'attention des anatomistes sur ce point, afin d'arriver avec certitude aux analogues de ce développement d’une pièce os- seuse qui est trop régulière sous le rapport de sa situation, de son volume, de sa figure et. de sa composition organique, pour ne pas être considérée comme un état normal. Nous avons de nouveau observé plusieurs cas d'existence de ces pièces osseuses à la partie supérieure du sternum , et ne voyant pas dans les traités d'ostéologie d'indications suffi- santes de ces noyaux osseux , nous avons pensé qu’il ne serait pas sans intérêt de les décrire et de les faire représenter. Les pièces , d’après lesquelles cette description et les dessins ont été faits, sont ici sous vos yeux et seront déposées par nous dans le Muséum d'anatomie de la faculté de Médecine. Nous avons enfin rencontré plusieurs sternum de très jeunes sujets, où il existait deux rangées latérales de noyaux osseux ; ces pièces élaient agencées les unes dans les autres sur chaque côté du sterrum , ou alternes, ce que J.-Fr. Meckel (1), Béclard et M. Serres ont déjà très bien indiqué. Le nombre de ces pie- ces n’était pas le même sur les divers sternum que nous avons eus à notre disposition. Tantôt nous avons pu compter quatre pièces bien distinctes de chaque côté, tantôt cinq, et une seule fois six, rangées de la manière la plus régulière, ne formant pas seulement des noyaux osseux de volumes variés, mais des pièces anguleuses s’adaptant les unes aux autres dans les es- paces triangulaires qu'elles formaient sur la ligne médiane du sternum. Nous avons aussi rencontré deux rangées de noyaux osseux dans toute la longueur du sternum, mais plus souvent dans sa moitié inférieure que dans sa partie supé- rieure. Nous avons vu le sternum bifide dans toute ou dans une partie de son étendue. Cette division partielle existait, soit à la partie supérieure, jusqu’au-delà de la moitié de la lorgueur de Vos, soit à la partie inférieure, depuis l’appendice xiphoïde jus- qu'au milieu du sternum ; et enfin sur une fille adulte, infirmière à l'hôpital des vénériensde Paris, nons nous rappelons avoir con- (r) Bevtrage zur vergheichenden anatomie , ele. t.u, cah, 1, p. 146, pl. 1, fig. 8. G. BRESCH£ET. — Squelette des Fertébrés. 99 staté que le sternum offrait une large fissure dans presque toute sa longueur, et les deux pièces osseuses laissaiententreelles plus d’un pouce d’écartement. Dans cette large déhiscence on sentait un plan fibreux résistant, et aucun organe intérieur ne faisait hernie. Ed. Sandifort (1) parle aussi de ces ouvertures du ster- num, et dit avoir vu cet os être formé, chez l’adulte , de six ou sept pièces ; mais avant lui, Sénac , Martinez, Buttner, Sténon, Heister, etc. , avaient signalé cette ouverture du sternum sur sa ligne médiane; état qui est en rapport parfait avec le mode de développement du thorax que Hazvey et Wolf ont depuis long- temps fait connaître. Nous avons fait représenter sur la planche que nous joignons à ce Mémoire, plusieurs sternum choisis parmi ceux que nous possédons aujourd’hui. L'un (fig. 2) est celui d’un jeune sujet; il présente manifestement huit pièces. La première, ou la supé- rieure, ne porte plus de traces des noyanx primitifs de sa for- mation. Cependant, pour les observateurs, il existe surla partie médiane de la face postérieure une lamelle plus blanche, plus compacte, qui n’est perforée d’aucun trou vasculaire, et c'est précisément sur cette ligne qu’existait la soudure des deux noyaux primitifs. Nous pouvons en dire autant de la seconde pièce, où cette ligne médiane est indiquée d’une manière un peu plus prononcée. Quant à la troisième pièce, elle est formée de deux parties séparées l’une de l’autre par un sillon qui ne permet pas | d’errer sur les élémens constitutifs originels de cet os. Non-seu- | lement la quatrième pièce présente aussi un sillon médian, té- moignant que deux noyaux osseux séparés la constituent, mais encore on remarque à sa partie supérieure une large ou- verture dont le plus grand diamètre est longitudinal. Enfin, l'os ensiforme est constitué par une seule pièce ossifiée sur tous ses points. L'extrémité claviculaire de cet os offre tout- à-fait en dehors l'insertion du cartilage de la première côte | au slerrum , plus en dedans deux facettes articulaires, encroù- tées de cartilages, pour recevoir la clavicule, et vers la partie (1) In aliis adultorum tamen hominum, sex septemve distinctas partes notavi, Ed. Sandifort, Observ, anat, pathol, t,1, cap. x, lib, art, p. 134. 100 G. BRESCUET., — Syuelelte des Vertébres. la plus interne de ces surfaces, deux productions cartilagi- neuses dirigées en haut et inclinées un peu en arrière, sépa- rées l’une de lautre par l'intervalle qu'on nomme la four- chette, Ces corps rudimentaires non-seulement sont plus en dedans, mais encore ils sont inclinés plus en arrière que les surfaces qui reçoivent la clavicule. Ces productions se trouvent donc tout-à-fait en arrière et en dedans de Pinsertion sternale du muscle sterno-masicidien. Sur cet os desséché, ces corps n'étant que cartilaginenx , sont faiblement exprimés; mais dans l’état frais ils étaient très disincts. Sur un autre sternum (fig. 3) qui appartenait à un sujet aduite, cet os est composé bien manifestement de trois portions. La pre- mière pièce est encore mobile sur la seconde, et la troisième a été séparée et enlevée. ci l’on voit sur l'extrémité cervicale ou su- périeure de cet os, tout-à fait en deliors, deux larges surfaces articulaires, concaves de dedans en dehors, lisses, destinées à recevoir la clavicule. Ces surfaces sont séparées par une crête lirigée de devant en arrière, de deux autres facettes, beau- coup moins grandes, circulaires , regardant en haut, un peu en arrière et en dehors, lesquelles surfaces sont surmontées de deux noyaux osseux, arrondis sur tous les points de leur étendue, excepté sur le côté par lequel ils sont en rapport avec le sternum. Quoique placés sur lextrémité supérieure où claviculaire du sternum, cependant une ligne transversale qui séparerait cet os en deux moitiés égales, l'une antérieure et l’autre postérieure, laisserait en arrière les deux noyaux osseux, comparables, bien que plus volumineux , äux os pisiformes du carpe. Ces deux os sont unis entre eux, vers leur côté interne, par un ligament transversal. Une membrane synoviale recou- vre toute la surface par laquelle ils sont en contact avec le sternum , et ils glissent sur ce dernier os auxquels ils sont unis par de petites fibres ligamenteuses circulaires. C’est donc une véritable diarthrose temporaire. Sur deux autres s{ernum appartenant à des sujets adultes, car sur lun (voy. pl. 8 , fig. 1), les trois pièces principales de l'os sont non-seulement intimement unies les unes aux autres, mais encore continues, et sur l’autre sternum les cartilages costaux | | G. BRESCHET. — Squeletie des lertébrées. 101 sont en grande partie ossifiés. Sur ces deux os, les petites pièces osseuses dont nous faisons l’histoire, bien qu’unies solidement au s{errum, permettent de voir bien nettement la ligne de sépa- ration du sternum avec les os sus-sternaux.(Voy.pl. 8,fig. 1—1", fig2, fig. 3, 3’, fig. 4, 4!. Sur toutes les pièces que nous avons observées, comme sur toutes celles que nous avons fait représenter, on reconnaissait que les os sus-sternaux n'étaient pas régulierement arrondis, car ils sont un peu allongés transversalement et aplatis sur le point correspondant au séer'rur. Les petites pièces osseuses, que nous signalons ici, peuvent- elles être données comme une preuve du mode de développe- ment du sernum , par deux noyaux latéraux, et confirmer la loi de symétrie de l’ostéogénie , proposée par M. Serres ? Nous répondrons plus tard à cette question (1). Ces pièces, sur- montant le sternum, doivent avoir des analogues dans la chaine animale. Les comparerous-nous aux deux apophyses co- noïdes | qui sont placées à l'extrémité antérieure du sternum du Tatou noir (2) ou de l'Oryctérope (3), ou mieux encore, a la pièce en forme de T qui couronne le sternum de l'Échidné et de lOrnithorhynque (4)? Mais la base de cette derniere pièce est une tige unique, tandis que chez l’homme il y a deux pièces latérales bien distinctes. Une circonstance digne de re- marque, c'est que ces pièces sont unies par un cartilage à la partie supérieure du s{ernum ou séparées de cet os en formant une véritable articulation. Les surfaces contiguës ressemblent à des surfaces articulaires, sans substance cartilagineuse intermé- diaire; on voit simplement quelques faisceaux ligamenteux es dehors, sur divers points de la circonférence. Dans l’'Échidné et l’Ornithorhynque, les pièces sus-sternales (à) (1) Des lois de l’ostéogénie , extrait de l'analyse des travaux de l'Académie royale des sciences pendant l’année 1819 , p. 25 et 26, (2) Voyez G, Cuyier. Recherches sur les ossemens fossiles , 1. v, 1'° partie, pl. 10. (3) L. cit. pl. 12. (4) Voyez la monographie de Jeffé sur l'Ornithor bynque. (5) Voyez Recherches sur les ossemens fossiles, 1, , part, 1, pl. 13, fig. 5 Z f. n. pl 14, fig, 21 w-w, [, (. n, 102 G. BRÉSCHET. — Squelelte des l’ertébrés. très bien représentées et décrites par Rudolphi, J. F. Meckel, G. Cuvier, M. Geoffroy Saint-Hilaire, etc., s’articulent avec le scapulum, tandis que chez l’homme les deux os dont nous parlons sont complètement étrangers à l’omoplate. Nous en dirons presque autant pour la pièce osseuse dont est armée la partie antérieure du sternum des Phoques, et que G. Cuvier a représentée sur le squelette du Phoque à ventre blanc (1). D'après l'examen que nous avons fait de cette pièce, sur le squelette, nous avons reconnu qu’elle est grèle, unique, située à la partie médiane de l’extrémité du sternum , tandis que nos deux osselets sont placés sur les côtés de l’extrémité cervicale du même os. Les personnes qui comparent la ceinture thoracique à la ceinture pelvienne, pourraient peut-être trouver un rapport de plus entre ces deux parties, en faisant de nos os sus-ster- naux les analogues des os marsupiaux. On ne manquerait pas, pour corroborer cette comparaison, de faire remarquer que les animaux, où les os marsupiaux sont au maximum de leur déve- loppement, offrent aussi, au-devant de leur s/ernum, les pièces osseuses dans les proportions les plus grandes, et que chez l'homme l'os marsupial n'étant qu’à l’état de vestige, les pièces du sternum correspondant à celles qui présente la forme d’un T dans les monotrèmes, ne pouvait aussi s'offrir que comme vestige. Mais dans les reptiles, et principalement parmi les Batra- ciens, les Salamandres possèdent une pièce cartilagineuse ou osseuse au-dessus du pubis, laquelle a été d’abord indiquée par Townson (2), puis par Funk (3) dans la Salamandre terres- tre, et que depuis bien long-temps nous avons signalée dans les Tritons ou Salamandres aquatiques, et cependant le sternum de ces mêmes animaux ne porte rien de comparable au cartilage en Ÿ ou ypsiloide placé sur le pubis. (4) (1) Recherches sur les ossemens fossiles, t.v, part. 1 , pl. 17, fig. x. (2) Observationes physiologicæ de Amphibiis, Roberti Townson , Gættingæ, in-4 , 1795, tab. 1; 9, Cartilago ypsiloidea. (3) De Salamandræ terrestris vita, evolutione, formatione tractatus, Adolp, Fred. Funk. in-fol. Berolini , 1828},f$ 10, p.0, tab. 2, fig. 21. (4) Voyez la figure que nous donnons ici du squelette de la Salamandre aquatique. G. BRESCHET. — Syuelelle des l’ertebrés. 103 Ce processus, bien que moins marqué dans d’autres reptiles, n’en existe pas moins. Lorenz signale dans les Chéloniens (11 cette apophyse que Wiedemann, bien auparavant, avait fait connaître , et il a raison d’assurer qu’on la voit aussi sur le pu- bis du Tupinambis , du Monitor (2), de l'Iguane (3), etc. Après avoir passé en revue toutes les dispositions analogues à celles de deux osselets, et qu'on peut apercevoir sur Île séer- num des animaux vertébrés des diverses classes, ne devons-nous pas arriver à faire un rapprochement pour établir des analogies et donner une explication. Nous commencerons par dire qu'aucune des analogies qu'on voudrait reconnaître entre ces petits os et des épi-sternaux ou pièces osseuses faisant partie constituante du sfernum, ne nous paraît pas recevable, bien que nous admettions la formation du sternum par deux séries de noyaux osseux latéraux. Nous ne reconnaissons pas non plus de rapprochement possible entre nos deux petites pièces osseuses et l'os furculaire des oiseaux on l'os en T des monotrèmes. Pour nous, ées deux noyaux osseux sont des rudimens de côtes. Voici les raisons sur lesquelles nous appuyons nôtre sentiment : 1° Une loi bien réelle et depuis long-temps reconnue, c'est que , dans les formations organiques, la nature ne fait pas de (1) Observationes anatomisæ de pelvi reptilium , Lud. Ern. Fred. Lôrenz , Halæ Saxonum 1807, « In pelvi reptilium et præsertim testudinum reperitur os quoddam, spinæ ossium pubis in mammalibus et ossibus marsupialibus in Didelphibus marsupialibus:simile, quod eo tamen differt, quod ossa marsupialia articulatione quâdam propè ad symphysin conjuncta'sunt eum ossibus pubis atque in his moveri quæant, E margine anteriori amborum ossium pubis et quidem inter superiorem angulum prominentem et articulationis parlem exoritur in testudi- num pelvi processus quidam plus minusve longus et rotundus, enjus finis in latiorem superficiem exil, et quem Wiedemannus * anteriorem ossium pubis processum nominavit , p. 3. (2) E medio osse et quidem e superiore exteriore superficie sese extendit ex obliquo in parles inferiores processus quidam tenuis , qui similis est anteriori ossis pubis processui in testu- dinibus , $ 29, p. 29. {3) Lacertæ iguanæ L, pubis in osse invenitur etiam pubis ossis processus, 8 35, p, 34. * Wiedemann's Arch, für zoologie und zoutomie , part, 11, p. 206, 104 G. BRESCHET. — Squelette des Fertébrés. saut, mais procède par gradations, et les parties qui sont per- manentes dans certaines classes animales, ne s'offrent plus que comme des états transitoires dans d’autres classes, et leurs. ca- ractères ne paraissent alors que faiblement exprimés par quel- ques vestiges. Dans l’espèce humaine, la véritable première côte est, sui- vant nous, imparfaitement formée. On voit, surtout chez des sujets adultes, au-dessus du s/{ernum et plus en dedans que la clavicule, un noyau osseux de chaque côté, et vers l’'apophyse transverse de la septième vertebre cervicale une pièce osseuse allongée, dirigée en avant, en dehors et en bas; mais cette côte, bien que constituée par des vestiges, offre des caracières qui ne permettent pas de douter de son existence. Depuis un temps bien éloigné de nous, on a reconnu que la septième ver- tèbre cervicale, par son développement, par la proéminence de son apophyse épineuse, par la forme arrondie de son ouverture centrale, quelquefois par l’absence du trou destiné dans les autres vertèbres à l'artère cérébrale postérieure, ressemble beau- coup plus aux pièces de la tige rachidienne dorsale qu’à celle de la colonne cervicale. Les anatomistes savent que la racine antérieure de l’apophyse transverse de cette septième vertèbre, se développe par un noyau osseux, distinct et séparé, que ne pré- sentent point les autres vertèbres cervicales. Dés les premiers mois de la vie intra-utérine, se manifeste ce point d’ossification cos- tiforme, comme l'appelle quelques anatomistes. Vers 6 ou 7 ans il s’unit, par son extrémité interne qui était séparée avec la par- tie latérale du corps de la vertebre, sur un tubercule sortant de cet os et au-devant de l’apophyse transverse qu’elle dépasse bientôt de quelques lignes, d’un pouce, et souvent de beaucoup plus, pour former le rudiunent d’une côte. Nesbitt (1), Hu- nauld (2), Sue (3), etc., ont signalé ces vestiges osseux sans en indiquer la nature. J.F. Meckel (4), un des premiers a insisté (x) Ostéogénie, p. 66. (2) Mémoires de l'Académie des sciences , 1740, p. 537. (3) Mémoires présentés à l’Académie des sciences , t, 1, p. 572. (4) Deutsches Archiv, für die Physiologie, t. 1 ,18175.— Anat, path. t. n,— Manuel d'anatomie, traduction française, t. 1, p. 584. | * G: BRESCHET. — Sguelette des l’ertébrés. 105 pour faire reconnaître dans cette épiphyse une ayorton de côte, et, Béclard (1) partage son opinion. Cette disposition d’un rudiment de côte, en rapport avec lapophyse transverse de la septième vertèbre cervicale d’une part, et les noyaux osseux épisternaux d'autre part, démontrent cette succession d’analogies chez tous les Vertébrés, depuis l’homme, les mammifères, les oiseaux, jusqu'aux reptiles. On ne connaissait pas aussi bien, pour la première de.ces classes, les analogies de rudimens de côtes tirées des apophyses transverses, qu'on le savait pour les oiseaux et les reptiles. Dans l’homme, on rencontre souvent, sur les apophyses trans- verses lombaires, des rudimens de côtes comparables à la pièce osseuse de la septième vertèbre cervicale. Nous savons que, sur les grands Sauriens, ces mêmes pièces existent, et qu’un petit appareil fibro-cartilagineux représente des côtes abdominales et même un s{ernum. La colonne rachidienne cervicale offre, indépendamment des apophyses transverses, des apophyses la- térales et antérieures , qui sont bien aussi des rudimens d’arcs costaux. C'est du moins ce que j'apercois sur le squelette d’un Crocodile que je possède (Crocodilus biporcatus). (2) Si ces rudimens de côtes existent sur les parties latérales du rachis; si sur les grands Sauriens nous voyons dans l'épaisseur des parois de l’abdomen cette tendance à conserver la continua- tion des formes thoraciques, pourquoi dans la région du cou n’admettrions-nous pas la même tendance organique? Est-il pos- sible de la contester chez les oiseaux et les reptiles? On ne viendra pas nous objecter que pour admettre notre treizième côte rudi- mentaire, représentée par notre noyalt osseux, sus-sternal, (x) Nouveau journal de médecine , t, 1v, p. 68. — Mémoire sur l'Ostéose. (2) » Ce sont principalement les Crocodiles qui éclairent l'anatomiste sur l’analogie qui existe entre les côtes et les apophyses transverses des vertèbres. Ici chaqne vertèbre du cou offre en - dessous et sur Ja partie latérale de son corps, deux osselets aplatis, articulés et mobiles, dont la longueur augmente à mesure que les vertèbres cervicales se rapprochent de la poitrine. . Il en est à-peu-près de même dans les oiseaux ; car les stylets osseux dont nous avons précédemment parlé, et qu’on remarque en devant sur le corps des vertèbres cervicales , ne sont autres que les rudimens des côtes avortées, dont les premières , beaucoup plus longues, ne viennent pas mème encore se réunir au sternum», — C, Duméril. Mémoires de zoologie et d'anatomie comparée. — Considérations sur les rapports de structure qu'on peut observer entre les os et les muscles du tronc chez tous les animaux , p.83, Laris, 1807, 106 G. BRESCHET. — Squelelle des Vertébres. ” et par la pièce ajoutée à l’apophyse transverse de la septième vertèbre cervicale, il faudrait un contact, une véritable conti- nuité entre ces deux points osseux; car nous répondrions en citant l'exemple d’une disposition analogue sur un autre point du squelette. Le péroné des ruminans n’existe-t-il pas en deux portions , une à la partie supérieure et l’autre à la partie infé- rieure, et, malgré le manque de continuité entre ces deux pièces, quelque anatomiste a-t:il jamais refusé de les considérer comme représentant le péroné? à Ed. Sandifort donne la figure du thorax d’un homme adulte sur lequel on voit de chaque côté les rudimens vertébraux et ster- naux des cinq premières côtes ne pas arriver au contact (1). Cet état pathologique rappelle parfaitement la disposition de l'appendice épiphysaire de la septième vertèbre cervicale, d’une part, et les noyaux osseux sus-sternaux de l’autre. L’anatomie normale comme Fanatomie pathologique, nous fournissent donc ici des lumières pour arriver à la connaissance des lois de l'organisme. M. C. Duméril a, le premier, bien démontré l’analogie, disons plus, l'identité qui existe entre les apophyses transverses des vertébres et les côtes (2). Nous pouvons, d’après ce principe, ramener, dans beaucoup d'espèces, au nombre normal les côtes qui sont en moins chez quelques animaux, comme celles qui paraissent être en plus chez quelques autres. C’est d’après l'application de ces mêmes principes que M. Thomas Bell (3) a démontré que lanomalie présentée par l’Aï (Bradypus tri- dacty lus 1. ), auquel on accorde neuf vertébres cervicales, était plus apparente que réelle. Dans la dernière édition de l'ouvrage sur le Règne animal de George Cuvier (4), on lit que l'Aï est le seul Mammifère connu jusqu’à ce jour qui ait neuf vertèbres cervicales, comme on l'avait déjà énoncé dans les Annales du Muséum (5), et comme Wiedemann (6) et (x) Observationes anatomico-pathologicæ, p. 135 , lib. 1, cap. x, tab. 5, fig. 4. (2) Loc. cit. (3) Observations on the Neck of the three-toed Sloth, Bradypus tridactylus L. (4) Règne animal, deuxième édition 11 D 202: (5) Annales du Musœum, t. v, p. 207. {6) Arch. für Physiologie, 1°° cahier, 1800. c. BRESCHET. — Squelette des Vertébrés. 107 Piso (1) l'avaient découvert bien auparavant; mais on est étonné que J.F. Meckel (2), si fécond pour trouver des analogies et pour ramener, par des rapprochemens , tous les organismes à des lois constantes, ait, ainsi que Baer (3), répété cette erreur. Il déclare que sur dix sujets de l’4ÿ ordinaire, ayant trouvé cette disposition de neuf vertèbres cervicales, elle ne peut plus être révoquée en doute. Disons cependant que G. Cuvier et J. F. Meckel ont bien reconnu que la huitième et la neuvième vertèbres cervicales de l’Aï ressemblent beaucoup plus aux ver- tèbres du dos qu’à celles du cou. Mais M. Thomas Bell (4) est venu démontrer plus tard que V’Aï n’a réellement que sept vertèbres cervicales, car la huitième et la neuvième, considérées comme telles, portent des appen- dices costaux très prononcés, mobiles sur les apophyses trans- verses au moyen d’une véritable surface articulaire, et offrant tous les caractères de côtes rudimentaires. Cette disposition à été reconnue par M. Thomas Bell sur un squelette d’Aï dont les os.sont articulés artificiellement, et sur le squelette d’un jeune sujet conservé dans l’esprit-de-vin (5). Nous ferons aussi remar- quer que le sterzum de ce même animal présente sur son ex- trémité antérieure un appendice conique. Voilà donc l’anomalie ramenée aux lois ordinaires de l’organisme. Il en serait certaine- ment de même des vertèbres cervicales des Cétacés, si l'on étu- diait les points d’ossification que ces os présentent aux diverses phases de leur développement. D’après cette même loi de los- téogénie des apophyses transverses, on peut donc expliquer ces prétendues aberrations dans le nombre des côtes, qui étonnaient les anciens anatomistes. (6) (1) De Indiæ utriusque re naturali, etc. (2) Traité général d'anatomie comparée, traduction française par Riester et Sanson, (3) Archiv. für Physiologie , etc. (4) Observations on the Neck of the TAree-toed Sloth, Bradypus tridactylus L. Transact. zoolog, society. vol, rv, 1833. (5) The first of these rudiments is small and slender, about + L ths of an inch in length, having a distinet rounded head at the articular extremily, recoming the abruptly smaller and tapering 10 the apex. The second is considerably larger, and assumes more of the character of à short rib, etc. (6) Galien parle de treize côtes comme d’un fait rare, et de quatorze comme bien plus rare 108 G. BRESCHET. — Squelelte des Vertébrés. Hunauld dit qu'on conçoit facilement comment un homme peut n'avoir que vingt-deux ou vingt-trois côtes. Il cite l'exemple d’un squelette de sa cullection, sur lequel la première côte bien formée postérieurement, et, articulée avec la première vertébre dorsale, allait se joindre et se confondre avec la deuxième, qui, par cette union, devenait seulement plus large qu'elle ne l’est ordinairement (1). On ne conçoit pas aussi bien, suivant le même anatomiste, comment un petit nombre de sujets peut avoir une ou deux côtes de plus que n’en a le reste des hommes ; car on ne peut pas admettre que la nature donne à quelques embryons le germe d’une ou de deux côtes qu'elle refuse à tous les autres: ce serait faire penser que toutes les productions singulières ou monstrueuses sont telles dès la première origine, ce qu’on aura bien de la peine à se persuader. Il explique cette disposition par le mode d'ossification de l’apo physe transverse de la septième vertèbre cervicale. Dans l'arc antérieur de cette apuphyse transverse, chez la plu- part des sujets, on voit une pièce osseuse particulière, qui ne fait point corps avec le reste de lapophyse, et qui est unie par un cartilage avec le corps de la même vertèbre. Cette pièce osseuse n'est point disposée en arc : elle va tout droit horizontalement : tantôt elle s’unit à l’arc postérieur et forme avec lui l'apophyse transverse; tantôt cette pièce n’est pas bornée par l'arc pos- térieur, elle passe au-delà, s'étend, et prend la forme d’une côte : alors l'arc postérieur n’a que la figure d’une apophyse transverse, telle que celles des vertebres du dos. D’après cette idée de Hunauld (2), les côtes surnuméraires doivent toujours appartenir aux dernières vertèbres cervicales ; alors ces côtes surnuméraires sont les premières du thorax, circonstance en harmonie avec l'explication que nous donnons de nos pièces osseuses sus-sternales. encore, Colombo, sur un sujet, n’en a trouvé que vingt-deux, et d’autres fois ilen a ren- contré vingt-cinq ou vingt-six. Riolan parle de onze côtes de chaque côté , et d’autres fois il en, a vu treize. Des, observations semblables ont été faites par Bartholin, Fallopia, Picolhomini ;: Diemerbroeck , Ruysch , etc. (1) Mémoires de l’Académie des sciences , année 1740, p. 478. (2) Mémoires de l’Académie des sciences , année 1740. c. BRESCHET. — Squelette des Vertébrés: 109 Sue (1) va plus loin que ses prédécesseurs. On trouve suivant lui , sur certains sujets, une où deux côtes surnuméraires qui rendent le thorax plus étendu ; elles sont situées à la partie su- périeure de la poitrine. Pour peu qu'on fasse attention lorsqu’on dissèque des fœtus, on voit que le principe de ces côtes surnu- méraires s’y trouve toujours : c'est à tort que Hunauld n’a pas considéré ces os comme existant dans tous les sujets. (2) J. F. Meckel voit dans ces apophyses de l’analogie avec cer- taines dispositions chez les Cétacés et les Tatous. (3) Si l'existence de ces côtes surnuméraires n’est pas rare selon Hunñauld, et si les noyaux osseux dont elles sont le développe- ment se voient sur tous les sujets, suivant cet anatomiste comme d’après Sue, il doit paraître tout naturel que vers le point op- posé, c'est-à-dire à la partie supérieure du s/ernum, il existe certaines dispositions indiquant le lieu sur lequel les pièces os- seuses en connexion avec les apophyses transverses des der- nières vertèbres cervicales doivent porter et Sunir. C’est en effet ce que nous avons observé, et les noyaux osseux sus- sternaux des côtes surnuméraires sont placés sur la ligne des facettes articulaires du sternum avec les cartilages costaux, en arrière de l'insertion des muscles sterno-mastoïdiens, et ne peuvent pas être considérés comme une ossification des fibres tendineuses de ces muscles. Les facettes articulaires que nous avons décrites , la mobilité de ces pièces chez plusieurs sujets, et la présence de cartilages, dans tous les exemples connus, entre les noyaux osseux et le s/ernum , en font des os distincts, et autres que les pièces constitutives du sternum , ou des ossi- fications des tendons d'insertion du muscle sterno-mastoïdien. Nous pourrions citer un grand nombre d'auteurs qui ont parlé plus ou moins longuement; soit du nombre inégal des côtes de l’un et l’autre côté, soit surtout dû nômbré plus grand (1) Mémoires présentés à l’Académie royale des sciences par divers savans, 1765. (2) Mémoires cités; p. 584. (8) Analogiam indè eum Ceraceis ét Dasÿpo, quibus vertébræ cervicales confervent ét cum piscibus , quibus cost ad eaput usque sæpè acceduint , fieri, neminem fugére potest, — De du- plicitate monstrosa, p. 30. 110 G. BRESCHET. — Squelette des Vertébrés. de ces os résultant d’arcs osseux surnuméraires attachés aux apophyses transverses des dernières vertebres cervicales ou des premières lombaires, arcs osseux plus ou moins étendus ou complets ; ainsi Columbo (1), Riolan (2), Bartholin (3), Boch- mer (4), Monro (5), Bertin (6), Haller (7), Morgagni (8), Le- veling (9), Sandifort (10), Rosenmuller (11), J. Gemmil (12), J. F. Meckel(13), mais surtout G. Van Doeveren (14), ont parlé de ces anomalies des côtes sans donner de détails sur l’état cor- respondant du sternum et sur l'existence des pièces osseuses épi-sternales, c’est pourquoi nous avons voulu insister plus spé- cialement sur ces dernières; car, pour des côtes surnuméraires et surtout pour des épipbyses adhérentes aux apophyses trans- verses cervicales, nous trouvons cette disposition trop connue pour en parler. On doit concevoir que professant l'anatomie depuis plus de trente ans, et ayant été placé pendant près de vingt ans à la tête des travaux anatomiques de la Faculté de médecine, où l’on recevait plus de quinze cents cadavres chaque année, pour servir à l’enseignement de ce corps savant, nous avons eu de nombreuses occasions d'observer des ano- malies anatomiques. G. Van Dœveren (15), qui consacre un ar- ticle aux variétés des dispositions du sternum , se tait sur l’exis- (x) De re Anatomicà, lib, €, cap. xix. (2) Comm. in Galenum de oss. op. omn. p. 499. (3) Anat. reform. (4) Instit, osteol. p. 234. (5) The anat. of the human bones and nerves, etc. p. 225. (6). Traité d’ostéologie, t. ur, ch. xvr et xvu. (7) Elementa physiologiæ, t, xx, p. 5. (8) De caus. etsed, morb. per an. indag. m-8, 6. (9) Observation. anatomic. fase. p. 153. (10) Musæum anatomicum,t, 1, pe 181 et 197; t. 11, p. 48. (xx) De oss. variet. Lips. 1814, p. 55. (1x2) Medical Ess. and observ. etc. vol. 1,p. 1, & 23. (13) Manuel d'anatomie pathologique, de Duplicitate monstrosä, t. 11, 6 38. — Deutsches arch. für anat. physiol. t. 1, pl. 6, fig. 36. (14) —Specimen observ. academ. etc.cap. xin1, Ç 7, p. 198. (15) Lib. cit. $ 11, p. 206. Præter varia , quæ in his quoque diversa mihi occurrerunt , vidi ; x°-sterno, cui tantum septem veræ coslæ solent adnecti, utrimque octo fuisse sizus, totidem cos- tas recipientes, ità ut sinus, supernumerarius insculptus esset parti inferiori sterni, (Vide $S 7; p.21.) G. BRESCHET. — Squelette des l’ertébres. 111 tence des pièces dont nous parlons; Édouard Sandifort (1) et J. F. Meckel (2), qui ont étudié toutes les variétés et les abnor- mités du squelette de l’homme et des animaux, ne parlent point des petits os dont nous traitons 1ci. Les deux petits os, situés au-dessus du s/ernum, derrière les insertions des muscles sterno-mastoidiens, et en dedans de l'articulation des clavicules, n’appartiennent pas au sternum comme partie constitutive, mais sont des vestiges de côtes, formés par des noyaux cartilagineux, puis osseux, séparés et distincts du ste:rum , offrant une sorte d’articulation légère- ment mobile dans le principe, et finissant par se souder avec le sternum , comme on voit les cartilages des côtes, et surtout de la première, s'unir au sternum et passer à l’état osseux. Ces pièces sus-sternales sont donc au séernum ce: que sont aux apophyses ransverses des dernières vertèbres cervicales les ap- pendices osseux que beaucoup d’anatomistes ont indiqué chez l'homme , et qu’on sait exister constamment et à l’état normal sur les oiseaux , les grands Sauriens, et, parmi les mammifères, sur l'Aï ou Bradype tridactyle, etc., etc. M. Morren (3) a fait remarquer que G. Cuvier (4) a cru recon- naître un singulier antagonisme entre les développemens respec- tifs de l'appareil sternal et celui des côtes chez tous les Reptiles. Eu effet, suivant ce grand naturaliste, les Grenouilles ont un sternum et point de côtes ; les Serpens , des côtes et point de sternum ; les Tortues, des côtes soudées à la carapace et un séer- num confondu dans le plastron; le Crocodile et les Lézards , des côtes parfaites, mais un sternum en grande partie cartilagineux. Ces deux ordres de pièces osseuses, d’après cet énoncé, se- raient pour leur développement dans une raison inverse. Il ne faut regarder les côtes que comme des pièces secondaires, des (1) Observ, anat. pathol. Lugd. Batav, 1779. (2) Mauuel d'anatomie descriptive, — Anatomie pathologique; — De duplicitate monstrosa commentarius | Halæ et Berolini, 1815. (8) Observations ostéologiques sur l'appareil costal des Batraciens , Mémoires de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles, t. x. (4) Leçons d'anatomie comparée , 1, 1, p. 210, 112 G. BRESCHET. — Squelette des V'ertébrés. complémens épiphysaires à leur maximum de développement. Les parties principales sont représentées par les denx rachis, pour parler la langue de J. Fr. Meckel: le rachis proprement dit et le sternum. Les côtes sont dans leur apparition, leur nombre, leur direction subordonnées à ces deux parties, et le sternum , loin d’être développé suivant une loi d'opposition avec les côtes , l'est réellement d’après une loi de correspondance et d'harmonie. Ajoutons à ces observations que non-seulement le degré de développement des côtes et du sfernum ne sont point dans un état d’antagonisme , mais que tout cet appareil osseux est dans une intime dépendance de ‘certaines fonctions, la respiration , la digestion et surtout les mouvemens. Partout où il faudra des mouvemens bornés, une capacité de la cavité formée par les os, peu variable dans ses diamètres et surtout une grande solidité, les côtes et le sternum seront à leur maxi- mum de développement sous le rapport du nombre comme sous celui de l'étendue. Si une mobilité, une grande flexibilité en tous sens conviennent, et surtout s’il importe que les régions thoracique et ventrale puissent permettre aux organes respira- toires et digestifs de rrendre momentanément un grand volume; alors le sternum devient très court , mince , flexible, les côtes ont .de longs cartilages , ou même le sfernum disparait entière- ment ; alors les côtes sont courtes, mobiles, rejetées en dehors, et parfois ne sont plus que rudimentaires ou que des épiphyses des éminences transversaires vertébrales. Ces côtes rudimentaires seront espacées et dirigées en dehors, si les mouvemens latéraux du tronc doivent être étendus; c’est ce qu'on voit sur les Ophidiens, les Batraciens urodèles, etc. ; mais si les mouvemens latéraux et ceux dans quatre sens cardinaux doivent être nuls ou presque nuls, alors les rudimens de côtes, ajoutés aux apophyses transverses , sont inclinés les uns sur les autres et comme entuilés : c’est cette disposition de ces rudi- mens qui existe sur la colonne cervicale des Grocodiles. Quel que soit le degré de mobilité de la colonne vertébrale , quelle que soit la longueur du serum, on voit toujours dans la région cervicale, comme dans la région abdominale, surgir, d’une part, G. BRESCHET. — Squelette des lertébrés. 113 des rudimens de côtes du sommet des apophyses transverses , et s'élever du .stermum un appendice xiphoïde, unique ou dvuble, de son extrémité cervicale comme de son extrémité abdominale , et ces éminences sont des témoins irrécusables de l'existence de cette loi de correspondance du développement des côtes sur deux points opposés, les vertèbres et le s/ernum, c'est-à-dire les deux rachis, comme les appelle J. F. Meckel. L'apparition des pièces osseuses sus-sternales est donc un phé- nomène qui vient confirmer cette loi. L’épaule prend-elle un point d'appui fixe sur le thorax, le sternum est très développé vers son extrémité cervicale, et articulé solidement aux côtes , pour recevoir la clavicule; alors il ne se prolonge pas vers la tête ou ses prolongemens ne sont que des vestiges. L’abdomen doit:il avoir un grand dévelop- pement , le sternum est court, et toutes les côtes n'arrivent pas jusqu'à lui. Le vol est-il le mode particulier de progression des auimaux, cet os est large pour offrir une srande surface aux in- sertions des muscles pectoraux, surface qui devient moins étendue, si l'oiseau est nageur ; mais alors le sternum est taillé en carène. Les apophyses transverses et les côtes sont pour leur déve- loppement en raison inverse de l'étendue et de la facilité des mouvemens; cependant, chez quelques animaux, ces apophyses sont dans des conditions entièrement contraires à cette règle géné- rale, c’est qu’alors, loin de gêner les mouvemens delocomotion, elle les favorise. Le Dragon volant (Drago viridis) peut être cité comme un exemple de ces cas exceptionnels (1). Sa poitrine est formée de côtes et d’un sternum ; de la base du thorax jusqu’au basin, on voit neuf apophyses transverses très prolongées qui soutiennent de larges replis de la peau , pour former des espèces d'ailes. Ici le développement de ces apophyses est done en rapport direct avec la locomotion , et vient confirmer la loi que le développement des organes est toujours subordonné aux fonc- tions et à leur mode d'exercice. Ainsi les apophyses transverses (x) Er. Tiedemann, Anatomie und naturgeschichte des drachens , Gg. g, Nürnberg, 1819. X. Zoo, — Août. $ 114 G. DRESCHFT. — Squelette des Vertébrés. sont volumineuses, longues, s'unissent à un sternum solide, quand il faut plus de solidité que de mouvement: elles sont peu exprimées ou portées directement en dehors et sans avoir de point d'appui sternal, si les mouvemens doivent être variés , étendus, et les cavités splanchniques de capacité très variable; ou bien elles se dirigent les unes sur les autres , sont entuilées dans la région cervicale , tandis qu’elles n'existent pas ou sim- plement à un degré rudimentaire sur la région caudale.C’est ce qu'on observe sur les Sauriens, qu'on peut, sous ce rapport, comparer aux Cétacés , dont les vertèbres cervicales soudées ne permettent encore aucun mouvement latéral, d’abaissement ou d’élévation, latête devant vaincre la résistance du liquide ,tandis que la queue est flexible , parce qu’elle représente le gouvernail qui porte l'animal dans telle ou telle direction. Chez les reptiles urodèles, les Sa/amandres et les Tritons , l'épaule et le serum ont un peu plus de solidité que chez les Anoures ; et moins que chez les Lézards et les Crocodiles , parce que les premiers se servent moins de lerirs membres thoraciques que les derniers; mais , chez les Ænoures, particulièrement les Rainettes et les Grenouilles', la locomotion étant un saut, il fallait pour les membres pelviens un point d'appui solide sur le bassin. Sur tous ces animaux, le degré de solidité de l’épaule indique le mode de locomotion. Chez l'homme nous trouvons une grande mobilité de la tête sur le rachis, et une étendue de mouvement de la colonne rachidienne, qui va en diminuant de l'axis à la septième ver- tèbre ; c'est aussi dans une progression opposée que paraissent et se développent les apophyses transverses. Inférieurement la plus grande étendue du mouvement est entre la dernière ver- ièbre dorsale et la première lombaire. Nous trouvons que la douzième vertébre du dos diffère de toutes les autres pièces du rachis; car elle seule manque d’apophyse transverse. Nous devons donc en définitive considérer les apophyses transverses et les appendices osseux qui leur appartiennent d'après les lois de l’ostéogénie, ainsi que l’a démontré M. Ca: ? G. RRESCHET. — Squelette des l’ertébrés. 115 rus (1) comme en rapport de développement avec le sternum et avec les pièces qui surgissent de ses extrémités. Les côtes ne sont que des appendices vertébraux ou sternaux parvenus à leur complète évolution, et ces arcs osseux sont plus favorables à la solidité des parties qu’à leur mobilité; mais , en régle générale, leur développement est subordonné aux différens modes d'exercice de la locomotion. Nous desirons que les faits énoncés dans ce mémoire, joints aux analogies que nous avons rappelées, puissent donner à notre opinion, sur la véritable nature des deux noyaux osseux sus -Costaux que nous avons décrits et faits représenter , tous les caractères de la vérité et de l'évidence, et qu’on recon- naisse comme démontré que la poitrine possède, à son extré- mité céphalique, des élémens osseux , situés sur deux points différens : 1° sur l’apophyse transverse de la septième vertèbre cervicale ; 2° sur l'extrémité supérieure du sternum. Ces noyaux osseux sont les uns comme les autres des rudimens de côtes, et peuvent par leur développement servir à agrandissement du thorax vers sa partie supérieure, comme on voit d’autres rudi- mens de côtes vers la base ou extrémité abdominale du thorax. Dansune seconde communication, noustraiterons de plusieurs pièces osseuses du squelette des mammifères, encore peu con- nues, si nous devons en juger d’après les ouvrages que la science possède. (x Traité élémentaire d'anatomie comparée , suivi de recherches d'anatomie philosophique Ou trauscendante sur les parties primaires du système utrveux et du squelette intérieur et exté- rieur, t. 1x, Paris, 1835. 8. 116 Fig: 1. G. BRISCHET. — Squelette des J’ertébrés. EXPLICATION DES FIGURES. Sternum d'adulte , représenté d’après une réduction d’un tiers de grandeur naturelle. a, a. Os sus-sternaux ou épi-sternaux en position. b,b. Facettes articulaires destinées à recevoir les clayicules, , ©. Cartilage de la première côte. d. Première pièce du sterrum. e. Ligne éartilagineuse indiquant la jonction de la premiere pièce du s/ernum avec la seconde. f. Seconde pièce du sterrum. c g. Troisième pièce du sferrum. h. La plus grande ouverture dont est percée cette pièce. i. Ligne cartilagineuse indiquant l'union de la deuxème pièce du sterrum avec la troisième. Fig. 1”. a!. Os sus-ternaux de grandeur naturelle, ainsi que toute la portion supérieure de la Fig. 2. Fig. 3. première pièce du sterrum, qui est représentée par celte figure. b!, bd’, Facette articulaire pour recevoir la clavieule. c!, c’. Cartilages de la première côte. d!, Partie supérieure de la première pièce du s{ernum. Sterrum d'un jeune sujet, représenté ici dans la proportion de deux ticrs de sa grandeur naturelle. g a, a. Cartilages rudimentaires des os sus sternaux. b, b. Facettes articulaires destinées à recevoir la clavicule, c, c. Facettes articulaires du cartilage de la première côte. d. Première pièce du sternum. e. Union de la'première pièce du sternum à la Seconde. f, f. Seconde pièce du sternum; portant sur la ligne médiane les traces g. des deux noyaux composant primilivement cette nièce. k, h. Troisième pièce du s/errum , composée comme la précédente , mais plus dis- tinctement , de deux parties qui se réunissent sur la ligne médiane. i. Ligne cartilagineuse indiquant la soudure des deux pièces. 1, L La quatrième portion du même os, également composée de deux pièces , se réunissant sur la ligne médiane » , et laissant entre elles un vide ou ouverture #. n1 Ligne cartilagineuse , par laquelle les deux pièces de la quatrième portion s'unissent à la cinquième ou os xyphoïde, o. Cinquième portion ou os xyphoïde, Sterrum d’un sujet adulte, deux tiers de nature. a, a. Ossus-sternauxunis au sternum par quelques faisceaux ligamenteux circulaires qui laissaient à ces pièces assez de liberté pour glisser et exécuter des mouvemens sur les petites facettes articulaires. b, b. Facettes articulaires qui recevaient la clavicule, ec, c. Facettes articulaires du cartilage de la première côte. d. Première portion du sternum. e, Ligne indiquant l'union entre la première et la seconde portion du sternum. f. Secoude portion du sterrum. g. Ligne indiquant l'appendice xiphoïde qui avait été brisé et détaché du sternum. G. BNESCHET. — Sgueletie des l’ertébres. 117 ig. 3°. Partie supérieure du mème sterrum que celui que représente la figure 3 ; maisici les os sus-sternaux, a’, a, sont détachés et écartés des facettes du sternum c', c'. Ces facettes étaient encroûtées d'un cartilage diarthrodial et recouvertes d’une mem-— brane synoviale, Les os sus-sternaux étaient donc mobiles surle sternum, &!, d', Faceltes articulaires pour recevoir la clavicule. d'. Première por!ion du sternum. Fig. 4. Première portion d’un sterzum d’adulte et de grandeur naturelle , vue par sa face pos- térieure ou pleurale. a, a. Os sus-sternaux. B, b Facette articulaire pour recevoir la clavicule. c, c. Cartilage dela première côte. d. Portion postérieure du sternum. e. Ligne par laquelle la première portion du s{ernum s'unissait à la seconde. Fig. 4. Première portion supérieure du steraum, vue par sou extrémité supérieure ou cervi- cale fourchette). a!, a. Os sus-sternaux. d', d'. Ligne circulaire indiquant l'articulation des os sus-sternaux avee la partie su-- péricure du sternum. b!, b!, Facettes articulaires destinées à recevoir l’extrémité interne de la clavicule. c!,c!. Cartilages de la première côte. \"yZ Fig. 5. Squelette du Triton ou Salamandre aquatique cables ( Salamandra cristata Latr. ) ; Yù par sa face inférieure. a, a. Os pubis. b,b: Cartilage ypsiloïde. c, c, c,c, c. Apophyses transverses des vertèbres Roicsbbe des rudimens de- côles. Fig. 6. Squelette de la mème salamandre, vu par sa face supérieure. a, a. Os pubis. b, 8. Os ilion. c, c. Osischion. d, d, d,.d, d. Apophyses transverses des côtes, formant des côtes rudimentaires. Fig. 7. Squelette de la même Salamandre à crête, vu par une de ses faces latérales. a. Os pubis, b, Osilion. c, c. Cartilage ypsiloïde, d ,d , d'. Apophyses transverses ou rudimens de côtes. Fig. 8. Membre thoracique ou antérieur, grossi du double de la grandeur naturelle. Fig. , 9. Membrepostérieur ou pelvien, grossi dans la même proportion que le membre précé- dent. On voit neufos au tarse, bien que la plupart des anatomistes n’en aient accusé que huit. Fig, 10. Bassin, avec les dernières vertèbres lombaires et les premières caudales , grossies du double de la grandeur naturelle, et vus par la face inférieure, a, a, Os pubis, b, b, Osilion. c, c. Os ischion, dd Premiéres verlebres caudales, 116 BLAINVILLE. — Mammifères insectivores. d', Dernière vertèbre lombaire, e, e. Dernière apophyse transverse, représentant une côte rudimentaire. f, f. Partie supérieure du fémur. £ g- Cartilage ypsiloïde, k, h. Portion de ce même cartilage, couronnant le bord antérieur du pubis. Fig. 11. Les mêmes parties, mais vues par la face supérieure, —a, a. os pubis; b, 8. os ilion ; c, c. os ischion ; 4’, dernière vertèbre lombaire; 4, d. premières vertèbres cau- dales; e, e. dernières apophyses transverses ou rudimens de côtes; SF. partie su périeure du fémur. Fig. 12. Une vertèbre double de sa grosseur naturelle, vue par sa face latérale. — a, corps de la vertèbre; , apophyse transverse ou rudiment de côte; c, facettes articulaires pour l’unir à la vertèbre ; c’, facettes correspondantes appartenant à la vertèbre. RecaercxEs sur l'ancienneté des Mammifères insectivores à la surface de la terre ; précèdées de l’histoire de la science à ce sujet, des principes de leur classification et de leur disiribu- tion géographique actuelle, par M. De Braiwvire; lues à l’Académie des Sciences le 25 mat 1838. ( Extrait par l’auteur.) Les animaux qui constituent le groupe des Mammifères insectivores sont dans le cas des Chéiroptères où chauve-souris, c'est-à-dire qu'offrant un assez bon nombre de singularités d'organisation et de mœurs , ils n’ont pa échapper, et souvent malgré leur petitesse, aux observations de naturalistes, depuis les temps les plus recules jusqu’aux nôtres, et d’autant plus que les trois espèces types habitant toutes les parties de l'Europe, ont dû se présenter d’abord à l’examen des observateurs. On trouve, en effet, les taupes, les musaraignes et les hérissons déjà signalés dans quelques-unes de leurs particularités par Aristote, Pline et leurs abrévia- teurs où commentateurs. Et cette année même les inusaraignes seules viennent de donner lieu à un grand travail de la part de M. Nathusius. D'après celui auquel M. de Blainville vient de se livrer, et dont cet article est extrait, on peut, dans l’état actuel de nos connaissances au sujet des Mam- mifcres insectivores, donner les résultats suivans : À, comme résultats historiques : Les anciens naturalistes connaissant à peine les trois types europcens de cet TT BLAIN VILLE. — Manunifères insectivores. 119 ordre de Mammiféres , ne se sont nullement occupés de leurs rapports naturels, pas plus que de leur place dans la série. Gesner est le premier qui les ait passablement définis, au moins les deux geures Z'alpa et Surex. Ray est le premier qui, sentant leurs rapports naturels, les ait rapprochés tous les trois convenablement , dans un système mammalosique. Daubenton, qui a également admis ce rapprochement , a commencé à distin- guer les espèces, du moins dans le genre musaraigne ; mais seulement par la cousidération de la taille et de la couleur, comme l’ont fait tous les zoologistes qui se sont occupés de ce sujet avant Wagler. Storr et Pallas ont parfaitement senti les rapports naturels des Insectivores entre eux et avec les autres Mammifères, ce que le premier a montré dans son prodrome d’une methode naturelle des Mammifères. Link à forme le premier un ordre distinct avec ces trois genres d'animaux. Lacépède surtout, et à son imitation G. Cuvier et Illiger, prenant en considé- ration rigoureuse le système dentaire, les ont partagés en plusieurs sections génériques. Raffles, Sith et Brandt y ajoutent les nouvelles formes, beaucoup plus distinctes, fournies par l'Afrique , l'Inde et l'Amérique. Wagler, appliquant aux musaraignes proprement dites le même principe de divisions génériques qui avait été employé par Lactpède, pour les trois genres Linnéens, a introduit les bases de la distinction et de la distribution des espèces, ce qui à été adopté par MM. Duvernoy et Nathusius. B, comme résultats de classification : 1° Les Mammifères insectivores doivent constituer un ordre distinct ; 2° Sa place est intermédiaire à celui des Chéiroptères ou chauve-souris, et à celui des Édentés. 3° La disposition, la distribution des espèces doit être des plus anomales pour fouir et vivre dans la terre, qui doivent commencer, aux plus normales et aux moins souterraines, c’est-à-dire des Talpa, en passant aux Sorex et en finis- sant par les Erinaceus , dont le système dentaire devient normal, comme chez les Carnassiers. 4e La distinction des espèces repose essentiellement sur le système dentaire qui , pour chacune d’elles, présente une particularité tranchée dans le nombre, la forme ou les proportions. Le tableau suivant rendra facile à comprendre la classificatica des Mammi- fères insectivores , telle que nous nous proposons de l'établir. À. Chrysochloris. Talpa aurea, etc. B. Talpa...,... Talpa vulgaris, T, cœca , T. Moogura. Talpa virginiana ou Talpa-sorex pensylvanieus (Les- son) , etc. D. Condylurus,. ." Talpa cristata, C, Scalops. ...., | 120 BLAINVILLE. — Mammifères insectivores. G. SoRax (1)... | | A. Mygale..... POP EL: crise C. Macroscelis.. . D Glsorex..... E. Echino-Sorex. Sorex moschatus. Sorex pyrenaïcus (G. Galemys Wagl., Mygalina Isid. Geofi. ) Sorex paradoxus (G. Srlenodon Brandt). (a) Espèces qui ont © dents intermédiaires, 1. Sorex vulgaris (Linn., Nathusius) , Syn. $. tetraga- nurus Herm. E. Geoff. , $. constrictus et S. linea- tus E. Geoff., S. concinnus, rhinolophus , melano- don, Wagjler. 2. Sorex pygmæus. 3. Sorex Forsteri ; synon. : $. parvus Say, S. persona- tus Isid. Geoff, 4. Sorex brevicaudatus ou S$. talpoides Grapper. (ë) Espèces qui ont # dents intermédiaires. * Les dents colorées. 5. Sorex fodiens ( Pallas, Nathusius) , ou $. Daubento- ai Erxleben; $. carinatus et constrictus Hermann; S. remifer E. Geoff.; $. fluviatilis Bechstein ; #, amphibius, ratans, stagnalis, Brehm.; 5. muscu- lus et psilurus Wagler; S, nigripes Melchior ; S. Hermanni Duv. ou S. remifer , variété à dents rouges, Isid, Geoff. 6. Sorex palustris, Richards. Esp. douteuse, S ? surinamensis, Schreb. ** Les dents non colorées. 7, Sorex etruscus (Savi). 8. Sorex myosurus (Pallas), ou $. murinus Linn.; S. avellanorum, indicus et capensis, Et. Geoff. ; S, cœrulescens Raffles; S. giganteus , Sonnerati, sernentarius, Isid, Geoff. 9. Sorex gracilis (Bv.). Espèce nouvelle du Cap, grande comme le S. etruscus, mais à queue com- primée. (c) Espèces qui n’ont que ? dents intermédiaires. 10. Sorex varius (Smith), probablement le S. kerpestes Duvernoy. 11, Sorex araneus (Schreber), ou S$. Zeucodon Her- mann; $, pachyurus Kust.; S. inodorus Sawi ; S. fimbriatus, moschatus, major, rufus, poliogaster, Wagler. 12. Sorex flavescens (Isid. Geoff.), ou S. cinnamomeus Lichtenstein ; S. viarius , Sorex giganteus mo-— mifié ; S. religiosus ? Isid. Geoff. ; $. crassicaudus et Suncus sacer , Hemprich et Ehrenberg. 13 ? Sorex capensoïdes, Smith ; $. cyaneus Duvernoy. Macr. typus (Smith); 2 Macr. Rozeti ( Duvernoy ); 3. Macr, Jaculus ou Rhinomys Jaculus (Lichten— stein). 1. GI. ferrugineus, 2 Gl. Javanicus, ou Tupaïa pegua- na, Less. 1, Viverra Gymnura (Raffles). (1) On concoit que les Macroscélides et les Glisorex puissent être considérés, à cause des différences que présentent quelques-uns de leurs caracteres, et aussi leurs habitudes, comme formant chacun un genre distinct. (2) Je ne connais encore que de nom l'espèce de Madagascar, qui sert de type au genre Echinops de M. Martin. On concoit que le Gymrure ait pu être aussi rapporté par quelques pérsonnes aux Eriñna- ceus; il a en méme temps des rapports avec eux et les Sorex, mais nous ne l'avons pas eu en nalure, BLAIN VILLE. — ÂMammufères insectivores. 121 A. Erinaceus. . :. ÆE. Europœus , E. Auritus , etc. * Incis. ? Tendrac ou Ericulus : Erinaceus spinosus ou setosus , le Tendrac de Buff. ** Incis. 5 ou 5 , Tanrec : Erinaceus sémispinosus où variegatus, Erinac , ecaudatus, G. Erxmaceus (2). l Tanrecus .... C, comme résultats de répartition géographique : 1. Les trois genres principaux sont essentiellement de l’Ancien-Monde. 2. Tous les trois sont européens. 3. Un seul est de toutes les parties de la terre, la Sud-Amérique et la Nou- velle-Hollande exceptées : c’est ie genre Sorex. 4. Les Taupes proprement dites sont exclusivement de l’ancien continent ou tout au plus des parties septentrionales du nouveau, et c’est à peine si elles dépassent en Asie et en Afrique, le littoral de la Méditerranée. Cependant il en existe au Japon. 5. La Sud-Afrique seule offre les taupes dorées. 6. La Nord-Amcrique les taupes musaraignes. 7- Les musaraignes proprement dites sont de toutes les parties de l’ancien continent, et même du nord du nouveau. Les quatre sections de ce genre se trouvent réunies en Europe seulement. L’Asie seule possède les musaraignes-écureuils et les musaraignes-héris- sons. L'Afrique seule a offert les musaraignes gerboises ou macroscelides. 8. Les hérissons sont exclusivement de l’ancien continent. 9. Les tenrecs sont exclusivement au contraire de Madagascar. D, comme résullat de l'ancienneté à la surface du globe : 2. Les trois types européens sont de la plus haute antiquité historique. L'un d’eux est conservé à l’état de momie, et l’espèce que nous connaissons à cet état ne diffère pas d’une espèce actuellement vivante en Afrique et même en Égypte, aux environs de Suez. 2. Tous les trois genres se trouvent à l’état fossile : A , dans les brèches osseuses du littoral de la Méditerrance. B, Dans le sol des cavernes d'Allemagne, d'Angleterre, de Belgique et de France. C, Dans un terrain tertiaire moyen des montagnes sous-pyrénéennes. D, Dans un terrain d’eau douce d'Auvergne. Les cinq ou six espèces qui ont été reconnues jusqu'ici comme fossiles, une taupe, trois espèces de musaraignes et un hérisson, ne diffèrent pas spécifique ment de celles qui existent actuellement à l'état vivant. Elles se trouvent péle-mêle avec des restes d'animaux qui ne vivent plus dans nos contrées, et d'autres qui y vivent encore. D'où il faut conclure, comme nous l'avons fait à l'egard des singes et des chauves-souris, que, depuis deux ou trois mille ans, d’après les renseignemens 122 I. GFOFFROY SAINT-HILAIRE, — Rongeurs épineux. historiques, et depuis un temps inapprécie et probablement inappréciable, d'a- près les renseignemens gcologiques , c’est-à-dire depuis l’époque de la formation du diluvium et des terrains tertiaires moyens, les circonstances et milieux propres à entretenir la vie animale à la surface de notre globe, n’ont pas change. É Observation. Dans ce memoire sur les Mammifères iusectivores il n’a dù être question que de ceux qui appartiennent à la sous-classe des Monodelphes. Je ne parlerai donc du fossie de Stonesfield, que l’on a regardé assez généralement jusqu'ici comme un insectivore Didelphe, sans raisons bicn concluantes peut- être , que lorsque je serai arrivé à cette partie de mon travail; je me bornerai à copier la note que je remis peu de temps après son retour d'Angleterre à M. Brochant de Villers, qui m'avait consulté sur une mâchoire d’un animal de Stonesfield , rapportée par lui de cette localité : « demi-mâchoire inférieure gau- « che, vue à la face interne, provenant d’un petit animal de la famille des Sau- € riens. On pourrait aussi concevoir que cet os aurait appartenu à un poisson « de la famille des Labres, et que ce serait un os incisif; mais la première dé- « termination est infiniment plus probable. « Ce qui paraît certain, c'est que cette pièce ne peut provenir d’un Mammifère « didelphe, ou non, comme on aurait pu le croire un momert à la première inspection. » (1) Norice sur les Rongeurs épineux désignés par les auleurs sous les noms d'Échimys, Loncheres, Heteromys et Nelomys, par M. Isipore GEOFFROY SainT-HiLaire. (Présentée à l'Académie des Sciences le 25 juin 1838.) (Extrait.) Bien que les Echimys, si remarquables par la nature éminemment caracteris- tique de leurs tégumens, aient dû fixer dès long-temps l'attention des auteurs, (x) A la suite de cette communication, M. Élie de Beaumont fait observer qu'une petite mâchoire rapportée de Stonesfield par M, Brochant de Villiers, M. Dufrénoy et par lui-même, appartient en effet à un Saurien , mais que cela n'empêche pas que des ossemens de Mammi fères n'aient été trouvés à Slonesfield. Cuvier et M. Agassiz ont reconnu comme M. de Blain- ville que la mâchoire rapportée à Paris appartient à un Saurien; mais lorsque M. Élie de Beaumont la montra à Cuvier, cet illustre anatomiste, en lui faisant voir pourquoi elle ne pourait être rapportée à uu Mammifère , lui montra aussi en quoi elle différait des mächoires du petit Mammifère trouvé dans le mème gisement (Didelphis Bucklandi} , dont l'existence dans cetle partie de la série oolitique re conserve rien de douteux, | | { | | | | b | | | | À h 1. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. — Aiongeurs épineux. 123 et que le nombre très restreint des espèces connues dans ce groupe semble devoir rendre leur détermination exempte de graves difficultés, il est peu de genres dont la révision soit devenue plus nécessaire dans l’état présent de la science. M. Isidore Geoffroy a profité pour l’entreprendre de Pavantage de pouvoir com- parer aux types mêmes des espèces rapportées du Musée de Lisbonne par son père, un assez grand nombre de matériaux nouveaux; les uns acquis depuis quelques années par le Musée de Paris, d’autres récemment parvenus en France par les soins de M. Parageau ; d’autres, enfin, confiés à l'examen de M. Isidore Geoffroy , par la direction du Musée de Genève. C’est l'envoi de ces derniers et la prière obligeante qu'on lui a faite de se charger de leur détermination et de leur publication , qui a engagé l’auteur dans le long et aride travail dont il con- signe ici les principaux résultats. Dans une première partie de son Mémoire, M. Isidore Geoffroy donne un exposé historique des travaux faits sur les rongeurs épineux dont il s'occupe, depuis Allamand et Buffon jusqu’en 1838. C’est M. Geoffroy Saint-Hilaire père, comme le reconnaissent tous les auteurs, qui est le fondateur du genre Échimys. La formation de ce nom, la séparation en un groupe distinct d’un certain nombre de rongeurs épinceux d'Amérique, jusque alors ballottés entre les genres Rat, Loir et Porc-Epic, la distinction de Ja plupart des espèces, lui sont en effet dues; mais son travail est resté inedit. Ses determinations et ses noms ne sont entrés dans la science que par les publications de MM. George et Frédéric Cuvier , et de M. Desinarest. La plupart des auteurs ont ignoré cette circonstance, et de là le vague et souvent l'incertitude des indications synonymi- ques qu’ils ont données à l'égard soit du genre Échimys lui-même, soit de ses diverses espèces. L'auteur passe ensvite en revue toutes les espèces vraies ou nominales ajou- tées, principalement par M. Lichtenstein, aux sept d’abord admises par M. Geoffroy père, et qui toutes doivent être conservées. Le nombre total des espèces de ce groupe s’éleverait présentement à quinze, selon les auteurs, non comprises deux nouvelles espèces qui seront plus bas mentionnées. Mais sur ce nombre, il s’en trouve une qui est tout-à-fait à éliminer comme formant double emploi, deux autres qui restent douteuses, et deux qui sont bien réellement distinctes , mais n’ont été rapportées que par erreur au groupe des Échimys. Dans la troisième partie de son travail, qui est de beaucoup la plus étendue, l'auteur s'occupe de li classification des rongeurs préalablement déterminés par lui sous le point de vue spécifique. Parvenu à rassembler de divers côtés jus- qu’à treize crânes appartenant à dix espèces différentes, M. Isidore Geoffroy réfute d’abord l'assertion de M. Lichtenstein qui affirme que les Rats épineux ou Echimys des auteurs ( une seule espèce exceptée, le Zoncheres paleacea d'N- liger ) n’ont que douze molaires semblables à celles des rats: assertion qui le conduit à supprimer le genre Echimys, et à en réunir toutes les espèces aux rats proprement dits, M. Isidore Geoffroy montre que le savant zoologiste de 124 1. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. — Rongeurs epineux. Berlin a été induit en erreur par l'examen de la dentition du Mus cahirinus de M. Geoffroy père, qui, en effet, n’a que douze molaires, mais qui jamais n’a été rapporté par les auteurs français au groupe des Echimys; groupe dont toutes les espèces ont bien quatre molaires de chaque côté et à chaque mà- choire. Bien éloigné des vues de M. Lichtenstein, M. Jourdan, professeur à la Fa- culte des Sciences de Lyon, a, au contraire, proposé dans un Mémoire pre- senté à l’Académie en octobre 1837, uon-seulement de continuer à séparer ies Echimys des Rats, mais même d'établir , à côte des Echimys, un second genre qu'il a appelé Nélomys, et que caractériseraient les proportions très différentes de ses tarses, la forme assez distincte de ses oreilles, enfin, l’état de la queue, qui serait velue dans les Nélomys, nue et éceilleuse dans les vrais Echimys. Dans le rapport qu'il a fait récemment, en son nom et au nom de M. Dumeril, sur le mémoire de M. Jourdan, M. Frédéric Cuvier a montré que le genre Nélomys, bien que devant être vraisemblablementi confirmé par les observations ultérieu- res, ne pouvait être considéré dès-lors comme ctabli sur les bases suffisamment solides, l’auteur n'ayant pu comparer d'une manière générale le système den- taire des Nélomys à celui des vrais Echimys, ni faire entre les deux genres le partage de leurs espèces. Grâce à la position plus favorable dans laquelle il s’est trouvé placé, grâce aussi à l'obligeance qu’on a mise de toute part à lui com- muviquer de nouveaux matériaux, M. Isidore Geoffroy a pu résoudre enfin ces doutes , et reconnaître qu'il est en effet, parmi les rongeurs épineux ordi- nairement compris parmi les Echimys, deux systèmes dentaires, l’un plus com- pliqué (non quant au nombre qui est toujours de quatre, mais quant à la forme des molaires) appartenant aux Nélomys de M. Jourdan , l’autre plus simple aux vrais Echimys ; que les caractères que M. Jourdan à ürés des proportions des pieds, sont exacts, et assez prononcés même pour que l’on puisse dire que les Echimys sont, sous ce rapport, aux Nélomys ce que les gerbilles sont aux rats ; que la forme des oreilles, au contraire, et surtout l’état velu ou écailleux de la queue, ne peuvent fournir aucun caractère générique ; enfin, que le par- tage des espèces entre les deux genres, doit être fait ainsi qu’il suit : À. Espèces du genre ECHIMYS. 1° Echimys setosus, Geoffroy Saint-Hilaire. 2 Echimys cayennensis Geoff.S.-H. 3°. Echimys spinosus, Gcoff. S.-H. ( Echimys roux de M. George Cu- vier. 4° Echimys hispidus, Geof. S.-H. 5° A ces quatre espèces doit être jointe une cinquiène, eutiérement uou- velle, qui existe dans les Musces de Paris et de Genève, et qui vient de la 1. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. — Rongeurs épineux. 126 petite île Deos, sur la côte du Brésil, près de Bahia. M. Isidore Geoffroy la nomme et la caractérise ainsi: Echimys albispinus ( Echimys à épines blanches). — Queue écailleuse avec quelques poils courts, brurs à la face supérieure, blanchâtres à linférieure. — Dessus du corps d’un brun rougeâtre, un peu plus clair sur les flancs; dessous du corps et la plus grande partie des pattes, d’un blanc pur. — Des piquans aplatis, lancéolés, très forts, très nombreux, peu mélangés de poils, et répan- dus jusque sur la croupe et les cuisses; ceux des parties latérales à extrémités blanches. — Taille 0",185; longueur de la queue, 0", 150. 6° Enfin, l’auteur indique, mais avec beaucoup de doute , comme sixième espèce l’'Echimys myosuros ( Loncheres myosuros, mus leptosoma et mus cinnamomeus Lichtenstein; Loncheres longicaudatus, Rengger), à l'égard de laquelle aucun caractère, nettement distinctif, n’est exprimé par les des- criptions et les figures des deux zoologistes allemands qui l'ont fait connaître. B. Espèces du genre NELOMYS. 1° Nelomys cristatus ( Lérot à queue dorée, Buffon, Allamand; Æchimys cristatus , Geoffroy Saint-Hilaire. 2° Nelomys paleaceus ( Loncheres paleacea , Illiger, Lichtenstein ). 3° Nelomys Blainvillii, Jourdan. 4° Nelomys didelphoides ( Echimys didelphoïdes, Geof. S.-H. ) 5° Nelomys armatus ; espèce que M, Lichtenstein a fait connaître, et qu'il a appelée Mus hispidus , parce qu'il avait cru reconnaître en elle l'Echimys hispidus de M. Geoffroy père. » 6° A ces cinq espèces, dont la dernière n’est pas suffisamment authentique, M. Isidore Geoffroy en ajoute une nouvelle , ainsi nommée et caractérisée : Nelomys semivillosus Nélomys demi velu). — Queue écailleuse (sauf la base), mais avec des poils nombreux de couleur fauve. — Corps d’un brun roussâtre tiqueté de jaune, avec le dessous plus clair, — Des piquans médiocrement forts sur le corps; d’autres plus faibles, mais encore très raides et très aplatis sur la tête. — Taille, 0",195 ; longueur de la queue, 0",195. Trois individus de cette dernière espèce viennent d’être envoyés de Carthagène { Nouvelle-Grenade ), par M. Pavageau, ancien consul en cette ville. J’en dois la communication à MM. de Blainville et Roulin. Chacun des deux genres Echimys et Nélomys se trouve donc composé de quatre espèces anciennement connues el bien distinctes, d’une autre nouvelle, bien distincte aussi, et enfin d’une sixième déjà figurant depuis plusieurs années dans les catalogues, mais dont lauthencité laisse plus ou moins à desirer. 120 1: GEOFFROY SAINT-HILAIRE, — Rongeurs épineux. Quatre autres rongeurs ont été rapportés par divers auteurs au groupe des Echimys, savoir : A. Le Mus anomalus de Thomsom, érigée, mais avec doute, en genre sous le nom d’'AHeteromys, par [M. Desmarest. Ce rongeur offrirait en effet des caractères éminemment distinctifs, si lon pouvait accorder toute confiance à la description de Thomson. Cette description est malheureusement très vague dans presque toutes ses parties , et ne fixe pas même avec exactitude le nombre des molaires. B. Le Lemmus niloticus de M: Geoffroy père. M. Isidore Geoffroy s’est assuré que le système dentaire de cette espèce n’est ni celui des Campagnols, ni surtout celui des Echimys, mais bien celui des Rats. C. Le Mus cahirinus de M. Geoffroy père, que quelques auteurs appellent Echimys d'Egypte. Ce rongeur très remarquable est en effet assez voisin des Echimys par ses tégumens, mais en même temps aussi des Rats par ses dents, et il doit former , d’après M. Isidore Geoffroy, un genre à part que l’on pourra nommer ACOMYS. Enfin l'Echimys dactylinus, Geoff.-S.-H. Ce rongeur, quoiqu'il ne soit pas même épineux, a été placé jusqu’à présent parmi les Echimys : mais les nom- breux caractères distinctifs que présentent ses dents, ses pattes, sa queue ne permettent de le laisser ni parmi les Echimys ni parmi les Nélomys, dont il diffère assurément beaucoup plus que ces deux genres ne difièrent entre eux. M. Isidore Gevftroy propose, en conséquence, d'établir pour lui, sous le nom de DacryLomys, un genre nouveau dont les caractères, exposés avec détail dans le Mémoire peuvent être ainsi résumés : Corps couvert, non de piquans , mais de poils, et terminé par une longue queue : celle-ci nue et écailleuse, sauf sa base qui est velue. — Pattes courtes : les antérieures tétradactyles, avec les deux doigts intermédiaires extrêmement longs, et armés, aussi bien que les latéraux, d'ongles courts et convexes. Les postérieures pentadactyles ; les trois doigts intermédiaires à ongles médiocre- ment comprimés et allonges; les deux externes qui sont courts, à ongles courts et convexes. — À chaque mâchoire, quatre molaires, divisées transver- salement par un sillon en deux portions subdivisés par une échancrure: les deux rangées des molaires supérieures assez rapprochées en arrière, presque contiguës en avant. L’unique espèce connue dans ce genre est l’Echimys dactylinus, Geoff.-S.- H. Dactylomys typus de M. Isidore Geoffroy, qui resume ainsi ses caractères spécifiques. — Corps couvert de poils assez doux, variés de roux mordoré, de noir et de fauve; une petite huppe de poils un peu raide, d’un blanc rous- sâtre sur la tête. — Taille d'environ 0" 350 ; queue plus longue que le corps et la tête. Cette espèce, qui habite l'Amérique méridionale, probablement le Brésil, est jusqu’à présent restée d’une extrème rareté. L’individu que M. Geoffroy Saint- Hilaire père a rapporté en 1808 de son voyage en Portugal, et qui est conserve H. R. FICINUS.— De Fibræ muscularis formé et structur&. 127 depuis cette époque dans le Musée d'Histoire naturelle de Paris, paraît être encore aujourd’hui le seul connu. Il sera figure dans l’une des planches accom- pagnant le Memoire de M. Isidore Geoffroy. DE Fieræ muscularis forma et structura , auctor M. R. Ficinus. Dans cette dissertation inaugurale , soutenue à Lepsick, en 1836 ,M. Ficinus passe en revue les divers auteurs qui ont écrit sur la structure élémentaire des muscles, et expose ensuite les observations qui lui sont propres ; enfin il arrive aux conclusions suirantes. I. Musculis omnibus peculiares esse fibras subüilissimas (0,0001—1,0000668. poll. par. crassas) cylindricas, pro tenuitate satis firmas, elasticas, pellucidas, recenti statu apud mammalia et volucres levi ruhore imbutas, in maiores vel minores, laxiores vel fi miores fasciculas parallelas fibras continentes distributas, quæ fibræ primitivæ appellantur. IT. Pro fibram primitivarum constructione musculos in duas maxime classes dividi, quarum altera articulatos , altera non articulatos continet. In musculis ärticulatis fibras primitivas aliqnot vaginula firma, uti videtur celluloso tendinea, circumdatas fasciculum primitivum constituere; in musculis autem non articula- tis hanc vaginam desiderari et laxe cohærentium fibrarum primitivarum aggre- gatione fasciculum minus circumscriptum constitui. JL. Pro fasciculorum primitivorum constructione mnsculos dividi in parallelo- Jibrosos, et reticulato-fibrosos vel, ut Muysio placuit, in musculos carne proprie musculosa et reticulara instructos. In illis invenimus fasciculos primitives per totum eorum decursum separatos nec ulla fibra carnea cum vicinis cohærentes ; in his autem observamus fasciculos primitivos fibras secum communicantes, ita ut retis formam referant. IV. In vivo animali et emnis musculo nondum contracto fibras recta linea ex- tensas conspici. V. Contractione musculum rugis transversalibus notari, quæ in moribundo musculo remancant. VI. Contractionem oscellatione undulata progressiva musculum convellente effici. VIT. Musculum e corpore vivo demtum et sponte aut alieno stemulo contrac- tum numquam sponte sua relaxari, sed tanquam oscillationis vestigia retinere undatos flexus lacertorum maiores, fasciculorum minores et fibrarum minimos, Ilos oculo nudo in carne crispata conspicimus, hos armato tantummodo. VII. Flexibus Gbrarum primitivarum propriis et concinnis in musculis arti- 128 3. L. DRUMMONT.— Æntozoaires observés en [rlande. culatis rugas fasciculorum primitivorum transversales formari. Hasque rugas nou vivi sed mortui musculi signum esse, flexus autem undulatos fibrarum primiti- tivarum sæpe fefelisse observatores, ita ut has fibras globulorum constare indi- cassent. Noces of Irish Entozoa. — Notices sur les Entozoaires , observés en Irlande ; par M. J. L. Drummonn. (Extrait.) Dansla première partie de ce mémoire, l’auteur traite de l’'Echinorynchusacus, qu'il a trouvé en grand nombre dans la Morue et le Charbonnier ( Merlangus carbonarius). I] décrit avec soin la conformation extérieure de ce ver, ainsi que les changemens produits dans sa forme par son immersion dans l’eau ; il a observé également les œufs fusiformes, qui se rencontrent dans l’intérieur du corps des individus femelles , et il a constaté que c’est par le point central de l'extrémité caudale de l’animal que la ponte s’effectue , fait qui a de l'intérêt; car les natura- listes n'étaient pas d'accord sur le mode de terminaison des ovaires, et quelques auteurs pensaient que les œufs étaient expulsés par la trompe. Dans la seconde partie de son travail, M. Drummond rapporte ses observations sur le Tetrarhynchus grossus Rudol., dont l’Aabitat était inconnu , et qu’il a trouvé dans le rectum d’un saumon ; sur le Tetrarhynchus solidus , espèce nouvelle trouvée dans le mésentère d'un autre saumon, etsur le Bothriocepha- lus punctatus Rud. L'auteur se propose de publier la suite de ce travail dans les cahiers suivans du journal de M. Charlesworth, où se trouvent les deux articles dont nous venons de rendre compte. (Magazine of natural history, n° 22 et 23, 1338.) MILNE EDWARDS.—/iséribution geographique des Crustacés. 159 Mémoire sur la distribution géographique des Crustacés , Par M. H. Mriwe Epwanps. (Lu à l’Académie des Sciences le 3 septembre 1838. ) $ s. La distribution géographique des animaux et des plantes est un point d'histoire naturelle qui intéresse également le physiologiste et le géologue. En étudiant la manière dont les êtres vivans sont répartis à la surface du globe, on portera cer- tainement une grande lumière sur l'influence que les agens physiques exercent sur l’organisation ; on fournira, peut-être, | d'utiles matériaux pour la solution de la question, tant dé- | L | … battue, de linvariabilité ou de la transmutation des espèces, et | on obtiendra des termes de comparaison pour juger de l’état ancien de Ja terre d’après les fossiles qui s’y trouvent enfouis. Un sujet qui touche la science par tant de points à-la-fois, ne | pouvait manquer d'attraits pour les esprits philosophiques ,et a | dù nécessairement fixer l'attention d’un grand nombre de na- | turalistes; et en effet, Linné, Buffon, de Humboldt, de Candolle et une longue série d’autres savans, dont les noms se répètent | trop souvent ici pour que j'ai besoin de les citer, y ont tour-à- tour consacré leurs veilles ; et cette étude quoique d’une origine | toute récente, à fait déjà, en ce qui concerne le règne végétal d'immenses progrès. | | | | | X. Zoou, — Septembre 0 130 MILNE EDWARDS. — /histribution gécgraphique La géographie zoologique a été moins activement cultivée , et cependant elle est déjà riche d’aperçus pleins d'in térêt. Buf- fon, comme chacun le sait, fut le premier qui ouvrit aux z0o- logistes cette voie nouvelle. Ii a deviné, ou plutôt, là ou des observateurs moins fins et moins hardis, n'auraient vu que des élémens trop incomplets pour servir de base à des généralisa- tions quelconques , il a su saisir, avec un tact admirable, des règles que les progrès de la science ont presque toujours con- firmées dans tout ce qu'elles ont de grand et d’essentiel. Mais les travaux de Buffon et des naturalistes qui l'ont suivi, ne por- tent guère que sur les animaux terrestres ; on pourrait même dire sur les mammifères et les oiseaux seulement, tant les essais de Latreille et de quelques autres savans sur la distribution géographique des insectes sont restés incomplets ; un vaste champ de recherches est demeuré presque entièrement fermé, car, à peine a-t-on hasardé quelques vues isolées sur la manière dont se trouvent répartis au milieu des eaux , les myriades d’a- nimaux dont la mer fourmille(1). Dans une question de cette na- ture, on ne peut cependant négliger une branche sans que les progrès des autres s’en ressentent, et pour que l'étude de la distribution géographique des êtres vivans porte tout le fruit qu'on est en droit d'en attendre, il faut qu'elle les embrasse tous. Plusieurs circonstances ont contribué à retarder la marche de cette portion de la zoologie géographique. Pendant long- temps les animaux inférieurs n’excitaient que peu d'intérêt; nos collections en étaient pauvres, et ceux que l’on y possédait étaient souvent étudiés d’une maniere si superficielle, que les déterminations spécifiques étaient loin d'offrir la précision in- dispensable à des recherches de ce genre; si pour avoir un aperçu de la distribution géographique des Poissons, des Crus - tacés et des Zoophytes, le naturaliste parcourait nos musées ou (@) Parmi les écrits les plus intéressans sur ce sujet, je citerai un mémoire de M. Dorbigny relatif à la distribution géographique des Ptéropodes, et une note de M. Deshayes sur les mollusques des mers actuelles comparés aux fossiles des terrains tertiaires, Quant au travail de Péron sur la distribution géographique des animaux marins , il ne contient guère que des gé- néralités dont l'inexactitude me semble être souvent évidente. ‘des Crustacés. 131 jetait les yeux sur les catalogues zoologiques, il rencontrait à chaque instant les mêmes noms attachés à des animaux prove: nant des localités les plus éloignées et les plus dissemblables, et, s’il cherchait à appliquer à ces êtres quelques-unes des re- gles établies par les observations faites sur les animaux supé- rieurs , il était arrêté aussitôt par des exceptions non moins nombreuses que les cas en concordance avec ses prévisions fondées sur lanalogie. On en concluait que pour les classes inférieures du règne animal, la distribution géographique n’of- frait rien de constant ni de régulier, et cette opinion devait tendre à éloigner les observateurs d’une étude qui nécessitait de longues recherches, et qui semblait promettre si neu de résultats. Mais, depuis quelques années, les voyageurs ont cessé de se laisser attirer uniquement par les objets d’un gros volume, ou d’une brillante couleur, et les musées zoologiques ont été enrichis par de nombreuses collections, dans la formation des- quelles on a eu le bon esprit de ne négliger aucune des ciasses d'animaux. Ces matériaux précieux sont devenus aussi le sujet d’investigations plus sévères, et les distinctions spécifiques ont acquis plus de précision. Il en est résulté que l'étude de la dis- tribution de la plupart des animaux marins rencontrerait au- jourd'hui moins d'obstacles, et qu’en la poursuivant avec la patience nécessaire à ce genre de recherches ,; où la comparai- son attentive des objets doit être à chaqne instant renouvelée, soit pour confirmer, soit pour rectifier les déterminations re- ques, on pourrait espérer en déduire des conséquences dignes d'intérêt. - Occupé depuis plusieurs années d’un travail général sur les Crustacés, j'ai eu l’occasion d’en examiners un nombre trés considérable , et cet examen m'a naturellement con- duit à comparer ces animaux entre eux , non-seulement sous le rapport de leur structure anatomique et de leurs caractères zoologiques, mais aussi sous celui de leur distri- bution à la surface du globe, sujet sur lequel la science ne possède presque rien (1). Pour ces recherches j'ai mis à con- (1) Le mémoire sur la distribution géographique des Crustacés publié par MM, Quoy et 9. 132 MILNE FDWARDS. — Distribution gévgraphique tribution les écrits des autres naturalistes, et j'ai passé en revue plusieurs milliers de Crustacés, provenant de presque toutes les parties du monde, et conservés dans les principales collec- tions de la France, de l'Angleterre , de l'Italie ; néanmoins les ré- sultats généraux que j'ai pu en déduire sont certainement très incomplets, et seront peut-être modifiés par les observations ultérieures; je ne les présente donc qu'avec réserve, mais ils me paraissent trop nets pour ne pas indiquer les tendances réelles de la nature, et du reste, quelle que soit leur valeur, ils seront je l'espère, utiles à la science en appelant l'attention des zoologistes sur des questions trop négligées jusqu'ici. $ 2. En examinant avec attention la manière dont les Crustacés sont répartis à la surface du globe, on voit que, suivant toute probabilité, ces animaux n’ont pas pris leur origine dans un même point et ne sont pas émanés d’un foyer de création uni- que pour se répandre peu-à-peu dans les mers lointaines; on voit que l'aire occupé par chaque espèce à des limites plus ou moins étroites, et on ne tarde pas à se convaincre qu'il existe pour ces animaux marins, Comme pour les plantes et les animaux terrestres, un certain nombre de régions distinctes caractéri- sées par des populations particulières. La faune de chacune de ces régions se compose en partie d'espèces qui ne se rencon- trent pas ailleurs, en partie d'espèces qui leur sont communes avec d’autres parages, et, en général, ces dernières sont, toutes choses égales d’ailieurs, en proportion d’autant moindre que les communications entre la côte où on les observe, et les autres mers sont moins directes et moins faciles. Pour se rendre compte de la distribytion géographique des Crustacés, on est donc conduit à regarder ces régions comme autant de foyers de créa- tion , où , parmi les espèces pr@duites les unes sont restées can- tonnées dans leur patrie primitive, tandis que les autres se sont Gaimard dans les Annales des Sciences naturelles , 1°° série, t. xiv, ne renferme que des re— marques sur les localités visitées par ces voyageurs infatigables , et l'indication de quelques- unes des espèces qu’ils y ont rencontrées; on ne doit par conséquent pas y chercher la solu- tion de la question que nous nous sommes proposée ici; mais on y trouvera des observations très intéressantes sur les mœurs de plusieurs Crustacés, des Crustacés. 133 disséminées au loin et ont été se mêler aux habitans des régions voisines. , En effet, la présence dans un point restreint du globe, d’une espèce particulière qui ne se retrouve pas ailleurs, suppose nécessairement qu’elle est originaire de ce point , ou bien qu'a- près y étre arrivée d’une autre région par émigration , elle aura été complètement détruite dans le lieu qui avait été le berceau de sa race , c’est-à-dire précisément là, où suivant toute proba- bilité, devaient se trouver réunies les conditions les plus favo- rables à son existence. Cette dernière hypothèse, fondée sur des suppositions que rien n'autorise, ne peut, dans l’état actuel de la science, satisfaire lesprit, tandis que la première ne présente aacune difficulté sérieuse, et devient un guide utile dans les recherches du naturaliste. On peut donc l’adcpter et admettre que l'existence, dans une région quelconque, d'espèces qui n’ha- bitent pas ailleurs , indique la patrie originaire de ces mêmes espèces, On conçoit la possibilité d'échanges si multipliés entre des régions voisines, que toutes les espèces originaires de l’une ou de l’autre soient devenues communes aux deux, et alors rien ne décelera au zoologiste leur séparation primitive ; mais si, au milieu d’une faune commune, on trouve, limitées dans des aires distinctes , un certain nombre d’espèces, on sera conduit à pen- ser que ces dernières proviennent de centres de création dif- férens , et à les considérer comme caractéristiques d'autant de régions zoologiques particulières. Ainsi, en comparant entre eux les Crustacés des diverses mers d'Europe, on voit que certaines espèces s’y rencontrent partout, depuis les côtes de la Norwège jusqu’au fond de la Méditerranée. Celles-là ne nous fournissent aucune donnée sur les localités dont elles peuvent être originaires, et leur dissémina- tion s’expliquerait également soit que-toutes aient appartenu , dans le principe, à une seule et même région, soit que cha- cune ait été primitivement limitée à une partie différente de la surface du globe. Mais on voit aussi que plusieurs espèces ap- partiennent exclusivement au littoral Scandinave; que d’autres habitent les mers Celtiques, et.ne se rencontrent pas ailleurs; enfin que la Méditerranée possède aussi des espèces qui ne se 134 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique voient ni dans l'une, ni dans l’autre d£s deux régions dont nous venons de parler. On peut en conclure que les Crustacés de nos mers tirent leur origine d’au moins trois sources diffé- rentes, et caractérisent par conséquent l'existence de trois régions carcinologiques distinctes. Si on ne poussait pas cet examen plus loin, on pourrait croire, il est vrai, que ces différences dépendent de ce qu’un certain nombre des espèces de la région Celtique sont restées stationnaires dans ces pa- rages pendant que les autres ont émigré au nord ou vers le sud, et ont été se mêler sur les côtes de la Norwège ou dans le bassin de la Méditerranée, avec des espèces qui à leur tour, étrangères dans ces mers, y seraient arrivées de quelque autre point du globe; s’il en était ainsi la région Celtique devrait seule être considérée comme le siège de l’un des trois foyers de créa- tion indiquée par la distribution géographique de ces animaux, et les deux autres pourraient avoir leur centre dans quelque autre point, dans les mers d'Asie ou d'Amérique par exemple. Mais si l’on compare également la faune carcinologique des côtes de la Norwège et de la Méditerranée, avec celles des au- tres parties connues du globe, on verra que l’une et l’autre se distinguent de toutes ces dernières par des différences du même ordre que celles qui ne permettent de les confondre, ni entre elles , ni avec la faune de la région Celtique. Il en résulte, que suivant toute apparence, il existait primitivement dans les mers d'Europe trois centres de création distincts et qu’on peut les considérer comme formant un égal nombre de régions car- cinologiques. $ 3. Dans l’état actuel de la science, il est impossible de recon- naître tous les centres de création auxquels semblent devoir être rapportés les divers Crustacés répandus à la surface du globe ; mais on peut déjà en distinguer un assez grand nombre. Ainsi dans les mers d'Europe on compte, avons-nous dit, trois ré- gions bien caractérisées ; les côtes du Sénégal paraissent ap- partenir à une quatrième région dont il faudrait peut-être dis- tinguer les ‘iles Canaries; les eaux de Flle-de-France sont le centre d’une cinquième région; les mers de l'Inde et larchipel des Crustacés. 13) d’Asie en forment une sixième qu'il ne faut pas confondre ni avec la région du Japon, ni avec celle occupée par la Nouvelle- Hollande, la Nouvelle-Zélande et les terres voisines ; les parages des îles Gallapagos paraissent constituer, sous le rapport des Crustacés qui les habitent une autre région particuliere; il en est de même pour le Chili et les terres Magellaniques ; enfin, les Antilles, la portion septentrionale des États-Unis d’Améri- que et les mers du Groënland, forment à leur tour autant de régions distinctes. Le nombre de ces régions carcinologiques actuellement constatées serait donc de treize, mais il est pro- bable que par la suite on sera obligé de les multiplier davan- tage. $ 4. La région septentrionale de l'Europe, que nous appelle- rons la région Scandinave , embrasse les côtes de la Norwège et s'étend probablement vers le nord-est. Elle est caractérisée prin- cipalement par la Lithode arctique, par l’Hyas araignée, qui cependant se rencontre aussi dans la portion voisine de la ré- gion celtique, par le Nephrops et par quelques autres espèces moins remarquables, telles que l’Idotée entomon. A en juger par le nombre immense de Homards que l’on y pêche et que l’on expédie journellement pour le marché de Londres, il pa- raîtrait probable que cette région est aussi la patrie originaire _de ce Crustacé, qui cependant est répandu dans les autres mers d'Europe. Du reste, dans ces parages septentrionaux, les espèces sont trés peu variées , et parmi les Brachyures, les Oxyrhinques et les Cancériens, sont presque les seules familles dont on y trouve des représentans. (r) $ 5. La région Celtique, qui comprend les côtes de la Manche ainsi que le littoral occidental de la France et de l’Angleterre, et qui me paraît devoir s'étendre vers l'Islande au nord, et vers le détroit de Gibraltar au midi, est bien plus riche en espèces , et (1) Un petit Crustacé de la famille des Catomètopes, le Nautilograpsegninime, qui est répan- du dans presque toutes les mers, se rencontre quelquefois jusque sur les côtes de Ja Norwège ; Mais n'y arrive que très rarement, et ne paraît pas être un habitant ordinaire de cette région. 136 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique c'est surtout dans les groupes les plus élevés que cette proges- sion est rapide. Sur les côtes de la Bretagne, qu’on peut con sidérer comme le centre de cette région, on trouve en plus grand nombre que partout ailleurs le Tourte-.u et le Carcir. ménade , qui se rencontrent aussi dans les der x autres régions de l'Europe; la plupart des espèces du genre Portune, le Maïa squinado, le Pise tétraodon, plusieurs Inachus , le Xanthe flo- ride, le Pagure hermite, la Langouste commune, le Palemon squille et plusieurs autres Décapodes y sont également très communs; mais toutes les espèces que nous venons de citer, ainsi que plusieurs autres, se rencontrent également dans la Méditerranée, et au premier abord on pourrait croire que toutes les mers tempérées et chaudes de l'Europe , devraient être considérées comme appartenant à une seule et même ré- gion carcinologique, dont le foyer serait dans la Méditerranée où se trouvent effectivement un nombre considérable d'espèces qui ne s'étendent que peu ou point vers Is nord , mais il paraîten être autrement; car, les côtes dela Manche et de l'Océan, pos- sèdent plusieurs espèces qu’on ne voit pas dans la région de la Méditerranée, et par conséquent ces parages ne peuvent être regardés comme une simple dépendance de cette division géographique. Au nombre de ces espèces caractéristiques de la région Celtique, nous citerons la Polybie de Henslow, l'Hyas resséré, l'Eurynome rugueux, l’Athanase brillant et le Pandale annulicorne. L’abondance extrême de quelques espèces assez rares dans la Méditerranée, nous semblerait indiquer aussi que primitivement elles ont appartenu à cette région centrale, et que c'est par dissémination qu’elles se sont répandues sur les côtes septentrionales et méridionales de l’Europe ; le Tourteau, le Carcin et l’Etrille sont de ce nombre. Nous ajouterons aussi que la faune carcinologique de la région celtique se fait remar- quer par la prédominance des Oxyrhinques et des Portuniens, et par l'absence presque complète des Catométopes, des Ano- moures et des Squilliens. $ 6. La régidh méditerranéenne, qui paraît s'étendre un peu au-delà du détroit de Gibraltar, possède, comme nous venonsde le des Crustacés. 137 dire, la plupart des Décapodes qui habitent la région Celtique ; mais ce qui la caractérise essentiellement , c’est la présence de la Lupée hastée, du Lissa goutteux, du Mithrax dichotome, de l'Herbstie noueuse, de l’Amathie de Roux, de la Latreillie élégante , de l’Acanthonyx lunulé, de trois espèces particulières de Lambres, du Calappe granuleux, de la Dorippe laineuse, des deux Homoles, de plusieurs grands Pagures, du Scyllare large, de la Squille mante et de quelques autres espèces moins remarquables. Ici les Catométopes tendent à devenir plus nom- breux, et quelques genres qui appartiennent presque exclusi- vement aux régions équatoriales commencent à se montrer : les Ocypodes , les Gélasimes , et les Phyllosomes par exemple. $ 7. La faune carcinologique des iles Canaries différe consi- dérablement de celle des régions dont nous venons de parler, mais n'offre pas encore de caractères assez positifs pour indi- quer nettement l’existence d’un centre distinct de création. On rencontre dans ces parages un singulier mélange des Crustacés des mers d'Europe, d'Afrique et même d'Amérique (1); mais jusqu'ici on n’y a signalé l'existence que de deux espèces qui n'avaient pas été rencontrées ailleurs, et de ces deux espèces, une ne me parait pas suffisamment distincte pour être admise sans examen ultérieur. Il se pourrait donc que les eaux des iles Ca- naries ne constituassent pas une région carcinologique parti- culiére, mais fussent en quelque sorte un terrain neutre où les aires de plusieurs foyers de création viendraient se terminer , et pour ainsi dire chevaucher les unes sur les autres. $ 8. Les Crustacés des côtes du Sénégal et du Congo ne sont encore que très imparfaitement connus, mais les espèces qu'on y a trouvées sont si remarquables qu’elles me paraissent indi- quer clairement l'existence d’une région particulière, dont cette portion du littoral africain ferait partie. Telles sont certaines espèces du genre Sésarme , groupe naturel qui ne se rencontre (1) Ne pourrait-on pas attribuer à l'influence du Gulf-strean le transport de ces derniers à une distance si cousidérable de leur habitation ordinaire. 139 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique pas dans les mers d'Europe , mais qui est représenté par d’au- tres espèces dans l’Inde et aux Antilles. $ 9. La région Madécasse, qui paraît s'étendre depuis le Cap jusque vers la mer Rouge, a été mieux explorée dans la partie qui avoisine l'Ile-de-France. On y trouve plusieurs espèces qui se rencontrent également dans la mer Rouge, et jusque dans la mer des Indes, telles que la Mœnethie licorne, le Pise styx le Gelasime tétragone, l'Ocypode ceratophthalme, le Calappe tuberculeux, la Dorippe rusée, la Ranine dentée, etc., mais elle se distingue de toutes les autres parties connues du globe, par l'existence du Sténocinops cervicorne, du Crabe sculpté, des Xanthes livides, imprimé, très poilu, rayonné, etc., de la Mélie trélissée, du Cyclograpse de Latreille, du Calappe coq, de l’Ixa canaliculée, et de plusieurs autres espèces faciles à re- connaitre. $ 10. La région carcinologique de l'Inde paraît s'étendre depuis la Mer Rouge, où elle se confond avec celle dont il vient d'être question, jusqu’à la Nouvelle Guinée, ou même plus loin encore. Elle est de toutes les parties connues du monde la plus riche en espèces et celle surtout où les Cancériens et les Catométopes sont les plus abondans , tandis que les Macropo: diens y sont comparativement rares. Parmi les Décapodes les plus remarquables qui habitent ces mers tropicales et qui n’ont pas encore été signalés ailleurs , nous citerons les Egeries et les Doclées, le Péricère cornigère, le Lupée de Tranquebar, le Thalamite admète , le Pseudocarcin de Rumph, les Sésarmes indienne et quadrilatère, la Varune lettrée , le Macrophthalme émarginé, les Matutes, la Leucosie craniolaire , l’'Arcanie hé- risson , la Dorippe quadridentée, la Dorippe camarde, le Birgus, les Langoustes fasciée , sillonnée , dasyppe et pénicillée, les Palémons orné, longirostre , etc, etc. , les Pénées monoceros, monodon et brévicorne, ainsi que l’Acète et plusieurs espèces de Pagures. Le Podophthalme vigil, la Lupée sanguinolente, les Grapses messager et strié, la Plagusie écailleuse, le Crabe ocyroé, le Crabe bordé, le Crabe de Savigny, le Carpile maculé, le Carpile convexe , le Zozyme bronzé , un grand nombre de des Crustacés. 159 Xanthes, de Lambres, de Thalamites , de Calappes, etc. , ha- bitent aussi ces parages, et la plupart de ces Crustacés semblent même en être originaires, quoiqu'on les rencontré aussi dans une ou plusieurs des régions voisines. $r1.LesCrustacés des mers du Japon commencent à êtreconnus des naturalistes par les travaux du célèbre voyageur Siébold et de son habile collaborateur M. de Häan; maïs ces savans n’ont éncore publié que les espèces appartenant aux trois familles des Cyclométopes , des Catométopes et des Oxystomes : il serait, par conséquent, prématuré de chercher à caractériser des aujourd’hui cette région zoologique, et nous nous bornerons à dire que, tout en ayant , sous le rapport des formes prédominantes , une similitude très grande avec les mers de l’Inde, elle nous semble être sons l'influence d’un foyer de création particulier ; car, au milieu des espèces qui sont communes à ces parages et à la région de l'Inde, on connaît déjà plusieurs Décapodes qui n'existent pas ailleurs , les Gcidies , les Acanthodes , les Curto- notes , les Eriocheires et les Huénies, par exemple. Peut-être faudra-t-il aussi par la suite considérer les mers du Kamtchatka comme une autre région carcinologique : le peu que Krusenstern nous en à appris semble l'indiquer, et, chose remarquable, dans ces latitudes élevées du grand Océan , on retrouve des formes analogues à celles qui se voient dans la région Scandinave. (1) $ 12. Les côtes de la Nouvelle-Zélande et de la portion extra- tropicale de la Nouvelle-Hollande sont habitées par divers Crus- tacés qui paraissent être particuliers à ces parages, et, par consé- quent , cette région australasienne semble être du domaine d’un foyer de création distinct. Parmi les espèces qui le caractérisent, nous citerons la Naxie serpulifére , le Pseudocarcin géant , le Xanthe à crètes, le Portune front entier et la Tha amite à doigts rouges , et à ces Crustacés que l’on peut considérer comme (x) Les Lithodes des côtes de la Norwège différent à peine de celles du Kamtschatka. Le Crangon boréal, qui se trouve au Spitzherg et sur les côtes du Groënland , paraît être repré- senlé par une espèce peu où point différente au Kawtschatka et sur la côte opposée de l'Amé- rique. 140 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique aborigènes, se mélent d’autres espèces qui semblent être venues des régions de l'Inde et du Japon, ou du moins qui existent également dans ces mers éloignées. $ 13. Nous ne savons rien sur les Crustacés de la côte occidentale de l'Amérique du Nord, et nos connaissances sont encore tres limitées sur les animaux de cette classe qui habitent près des côtes de la Colombie et du Pérou; mais, d’après les collections faites aux fles Gallapagos par M. Cuming , et décrites en grande partie par M. T. Bell, il nous parait évident que cette partie du grand Océan doit constituer une région carcinologique parti- culiere. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter les yeux sur la longue liste d'espèces nouvelles et même de genres distincts, qui ont été découverts dans ces parages et qui n’ont pas été trouvés ail- leurs (x). L'aspect général de cette faune carcinologique est même très différente de celui qu'offre l’ensemble des espèces dont les mers d'Asie et de l’Australasie sont peuplées ; car ici ce sont les Oxyrhinques qui dominent. $ 14. Les côtes du Chili et de la Patagonie paraissent appartenir à une autre région qui, toutefois, se lie assez étroitement à la précédente. Outre plusieurs espèces qui se trouvent également dans les mers de la Colombie, on y rencontre l'Epialte denté, l'Eurypode de Latreille , deux espèces du genre Leucippe , une Atélécycle particulière , une Hépate nouvelle, plusieurs espèces très remarquales de Platycarcins, de Porcellanes, de Pagures et de Palémons, qu’on n'a pas encore vues ailleurs, ainsi qu’une Grapse et une Plagusie des mers de l'Australasie, et l’Eriphie gonagre, qui habite également les côtes du Brésil et des Antilles. Cette région paraitrait comprendre les mers qui baignent les deux versans de la portion froide et tempérée de l'Amérique méridionale ; mais elle ne doit pas être confondue avec une (x) Parmi les espèces les plus remarquables de cetterégion nous citerons le Tyche lamelli- forme, le Pericera villosa, le P. ovata, l’Acanthonyx emarginata, l’Othonia sexdentata, le Mi- thrax pygmeus, le M. nodosus, le M. ursus, le M. denticulatus, le Pisa spinipes, le P. aculeata, Le Rhodia pyriformis, le Thocea erosa, l’Herbstia Edwardsii, le Menorhynchus depressus, le M. gibbosns , le Libinia rostrata, et l'Eurypodius Cuvierii, des Crustacés. 141 autre division géographique , dont le centre est aux Antilles et dont les limites s'étendent jusqu’au Brésil, d’une part, et jusqu’à la Caroline, de l’autre. $ 15. Cette dernière région, qu’on pourrait appeler la région Caraïbe, est caractérisée par plusieurs espèces particulières des Lu genres Mithrax, Grapse et Lupée,par le Carpille corallin, le Pa- gure granulé, divers Langoustes , le Palémon de la Jamaïque, l’Atye scabre, etc. Enfin c’est aussi la patrie de la Leptopodie sagittaire et de plusieurs autres Crustacés remarquables, qui se rencontrent quelquefois dans des parages plus ou moins éloignés. $ 16. La portion septentrionale des côtes des États-Unis d’Amé- rique, ou région Pensylvanienne, constitue une division carci- nologique distincte de la précédente, mais dans laquelle on trouve plusieurs espèces originaires de la mer des Antilles, la Lupée dicanthe, le Sésarme cendré et le Gélasime appelant, par exemple. Du reste, on y rencontre un Homard gigantesque, un Platyonyque , un Platycarcin, des Panopées et quelques autres espèces qui ne paraissent pas exister entre les tropiques. $ 17. Enfin la faune carcinologique des mers qui s'étendent depuis Terre-Neuve jusqu’au Spitzberg, au Groenland et à la baie de Baffin , est encore en grande partie une création distincte de toutes celles dont nous nous sommes déjà occupés. Dans cette région polaire, les Décapodes brachyures cessent presque entièrement de se montrer et ne sont représentés que par quelques Macroures nouveaux , tels que le Crangon boréal, l’'Hippolyte marbré et les espèces les plus caractéristiques ap- partenant à l’ordre des Amiphipodes ; on y retrouve en même temps un petit nombre d’espèces communes aux parties moins boréales du littoral américain ou bien à la région Scandinave de l’ancien continent $ 18. Si l’on compare entre eux les Crustacés de ces différentes régions, on voit que les individus d’une même espèce sont presque toujours rassemblés dans des mers voisines, et, pour ainsi dire cantonnés dans des régions limitrophes. La plupart de ces animaux n’émigrent pas à des distances considérables des 142 MILNE EDWARDS. — Distribution geographique eaux où ils semblent avoir été primitivement placés, et en général une grande étendue de haute mer est un obstacle qui arrête leur dissémination. En effet, rien n’est plus rare que de trouver la même espèce sur des points de la surface du globe très distans entre eux, et séparés par une barrière semblable, et, à l'exception du Nautilograpse et d’un très petit nombre de Crustacés, essentiellement pélagiens , je ne connais aucune es- pèce qui soit commune aux mers d'Europe et aux côtes des Etats- Unis ou des Antilles, ou qui habite en même temps ces derniers parages et l'Océan indien. Les Crustacés non pélagiens des mers d'Asie sont également tous différens de ceux du littoral européen ; enfin les côtes occidentales de l'Amérique du Sud sont aussi séparées de celles de l'Inde et de PAustralasie par des limites qui semblent être presque infranchissables à ces animaux. D'un autre côté , les diverses régions carcinologiques ont entre elles des espèces communes , en proportion d'autant plus grande qu’elles sontplus rapprochées géographiquement et qu’elles sont séparées par des barrières naturelles moins tranchées. Ainsi les trois régions qui se partagent les côtes de l'Europe possèdent en commun la plupart des espèces qui les habitent , et il en est de même, soit pour les diverses régions de l’Asie et de l'Océanie, soit pour les eaux qui baignent les côtes du Nouveau-Monde. Pour se convaincre du fait, il suffira, ce me semble, de jeter les yeux sur le tableau qui est Joint à ce Mémoire, et qui donne la liste des diverses espèces de Décapodes dont l'existence a été constatée ans ces grandes divisions géographiques. (1) L’immense majorité des faits milite douc en faveur de l'opi- nion que, pour ces animaux marins comme pour les végétaux terrestres , chaque espèce a dû avoir son origine dans une région déterminée , et que c’est en s’irradiant de ces divers centrés de création, qu'ils se sont étendus plus ou moins loin sur la surface de la terre,et qu’ils se sont mêlés entre eux dans des localités in- termédiaires. En tenant compte de la configuration des côtes, il est presque toujours facile de s'expliquer comment ces émigra- (x) Voyez le tableau n° x. des Crustacés. 143 tions ont pu s'effectuer et on remarque que ce sont les espèces les mieux conformées pour la nage, qui se sont le plus dissémi- nées. Nous avons signalé, il y a un instant, quelques exceptions à la règle générale que la nature semble avoir tracée pour la délimitation des grandes divisions carcinologiques du globe; or, ces exceptions viennent précisément à lappui de la thèse que nous soutenons ici; car ces Crustacés cosmopolites sont au nombre des espèces auxquelles les longs voyages maritimes doivent être les plus faciles. Ainsi les Phyllosomes et les Erich- tiens , qu'on trouve dans les deux Océans, sont des animaux essentiellement pélagiens, qui ne se rencontrent guère qu'en haute mer et qui,nageant sans fatigue au sein des eaux, doivent pouvoir se répandre avec le temps dans tous les parages dont la température est compatible avec leur existence. Le Gonodactyle goutteux, qui se voit dans les mers de toutes les parties chaudes du globe, est également conformé pour nager avec une grande facilité , et , de même que les autres Squiiliens, ne se rapproche que peu des côtes. Le Nautilograpse minime, par la structure de ses organes locomoteurs, semblerait devoir être plus séden- taire et ne pas pouvoir s'éloigner beaucoup de terre; cependant on le rencontre dans presque toutes les parties du monde; car je n’ai pu découvrir aucune différence spécifique entre le petit Crustacé de l’Australasie, désigné par Lamarck sous le nom de Grapse uni, le Grapse cendré des Etats-Unis, le Twrtle-Crab, signalé par Brown sur les côtes de la Jamaïque ; le Grapsus testu- dinum ; décrit par Roux comme une espèce nouvelle, propre à la Méditerranée, le Grapse minime de nos mers et des indivi- dus du même genre, recueillis par les voyageurs du Museum, sur les côtes du Chili et dans les eaux de l'Ile-de-France. Mais une particularité de ses mœurs nous explique cette dissémina- tion ; en effet ce petit Crustacé a l’habitude de s’accrocher aux tortues marines qui le transportent au loin avec elles, et il n'est pas rare de le rencontrer au milieu de l'Océan flottant sur le sargasso ou sur quelque autre plante que les courans en- traînent. Suivant toute probabilité, c'est ce même Nautilograpse qui fut signalé par Colomb en pleine mer dix-huit jours avant la découverte du Nouveau-Monde, et qui fournit à ce grand 144 MILNE EDWARDS. — Distribution geographique navigateur un argument de plus à l'appui de ses prédictions (1). Les Gélasimes et quelques Portuniens ont des habitudes ana- logues, et par conséquent il est probable que Paire occupée par une même espèce est également très considérable pour plu- sieurs de ces Crustacés ; mais jusqu'ici on n’en connait pas qui soient réellement cosmopolites. Parmi les Crustacés qui, sans être sortis des grandes divisions géographiques indiquées plus haut, se sont cependant répandus à de grandes distances , dans des régions limitrophes,on remarque surtout les Lupées, qui sont aussi au nombre des Brachyures les mieux organisés pour la nage. La Lupée dicanthe , par exemple, se trouve aux Etats-Unis, aux Antilles, au Brésil et jusque sur la côte opposée de l'Amérique septentrionale. La Lupée pélagique se rencontre depuis la Mer-Rouge jusqu’au Japon, et la Lupée sanguinolente depuis la côte orientale de l'Afrique jusqu'aux îles de la Société, c’est-à-dire dans une étendue de plus de quatre mille lieues. Il est d’autres Crustacés dont la dissémination s’explique fa- cilement, bien qu’à l’âge adulte ils paraissent condamnés à vi- vre sédentaires près des côtes; ce sont les espèces qui dans le jeune âge ressemblent à des Macroures, et ont l'abdomen ter- miné par une large nageoire , mais subissent plus tard des mé- tamorphoses et perdent alors leurs organes natateurs. Les Dro- mies sont dans ce cas, et pendant qu’elles sont douées de cette conformation transitoire, elles doivent pouvoir émigrer à des distances considérables et transporter au loin leur race séden- taire. Tous les Crustacés Brachyures, ne paraissent pas subir de semblables métamorphoses postérieurement à leur sortie de l'œuf, et par conséquent ne doivent pas se disperser avec la même facilité ; mais il est probable que plusieurs sont dans ce cas, les Grapses par exemple, et lorsqu'on aura constaté le ca- ractère des modes de conformation propre à chaque espèce, dans le jeune âge aussi bien qu’à l’étatadulte, on trouvera, je n’en doute pas, l'explication de plusieurs circonstances qui embar- (1) Voyez Historia de el almirante D, Cristoyal Colon , par son fils, chap. vu, (Éollect. de Bareia, 1.1, p. 16, colonne 2.) des Crustacés. 145 rassent maintenant dans l’étude de la distribntion géographique de ces animaux marins. $ 19. Nous avons vu que les espèces communes à plusieurs ré- gions sont ordinairement en proportion d'autant plus forte dans la faune carcinologique de ces diverses localités, que les com- munications entre ces mêmes régions sont plus faciles (r). Il est aussi à noter que lorsqu'une espèce identique se rencontre à des distances très considérables, elle se trouve aussi presque tou- jours dans les mers intermédiaires, de façon que sa dispersion actuelle se comprend en supposant que des émigrations succes- sives ont étendu peu-à-peu l'aire qu’elle occupe sur la surface du globe. Presque toujours on peut s'expliquer d’après la con- figuration actuelle des terres, la manière dont cette propagation de proche en proche à pu s’effectuer. Il est cependant quelques exceptions à cette règle qui méritent d’être signalées. Ainsi le Néphrops qui habite les côtes de la Norwège, et qui ne se voit ni dans la Manche, ni sur les côtes de l'Océan, se retrouve au fond de l'Adriatique; il y est assez commun pour être véndu sur les marchés de comestibles à Venise, et l’exa- men le plus attentif ne m’a fait découvrir entre les of e de (x) Au 5ombre des circonstances physiques qui favorisent la dissémination d’une espèce, rious devons citer : 1° l'existence d’une longue ligne de côtes continues dans une zone comprise entre des latitudes dont les températures ne diffèrent pas excessivement; 2° l'existence d’iles situées dans les mêmes conditions, à des distances peu considérables; 36 l’existence de grands courans périodiques qui peuvent entrainer à la dérive des animaux, dont le pouvoir locomoteur est médiocre et les transporter à des distances d'autant plus grandes que ces êtres sont capables de rester plus long-temps éloignés de terre. Ê C'est peut-être à cette dernière circonstance qu’il faut attribuer la présence de quelques Crustacés d'Amérique sur les côtes des îles Canaries, On sait , en effet , que le grand courant, désigné sous le nom de Gulf-stream, après avoir longé la côte de la Floride et de la Caroline, et avoir passé sur lextrémité sud du grand banc de Terre Neuve, se dirige vers les Açores et se recourbe ensuite vers lesud, pour se confondre au-delà'des Canaries avec le courant équatorial, et c'est par son influence que des fruits et autres corps légers, provenant de l'Amérique, ont souvent étéjetés sur ces côtes, Le contre-courant ou remous, qui se fait sentir du sud vers le nord, le long de la côte orientale de l'Afrique , peut aussi avoir contribué à transporter les Crustacés de la région Madécasse jusque dans la Mer Rouge, tandis que le grand courant équatorial , qui se dirige de l’est vers le Cap , a dû faciliter l'émigration de ces animaux de l'Inde vers l’Ile-de- France, D'après ces considérations , on voit combien il serait intéressant de connaître la faune carcinologique des Açores, du canal Mozambique, etc. IX. Zooz. —= Septembre, 146 MILNE FDWARDS. — Distribution géographique ces parages si éloignés, aucun caractère Constant qui indique une différence spécifique. Il serait bien difficile de s'expliquer comment ce Crustacé aurait pu se transporter de Drontheim à Venise par les mers actuelles sans s'arrêter sur nos côtes, et l’on doit se demander si la nature qui a souvent produit dans des ré- gions éloignées des espèces très analogues, quoique distinctes, aurait été jusqu’à créer dans ces deux points si différens, deux souches identiques, ou bien, si l'existence de cet animal remon- terait à une époque à laquelle une communication maritime entre lés mers Scandinaves et la Méditerranée, aurait existé du côté de l’orient. La géologie nous donnera peut-être un jour, la solution de cette question. : Une autre difficulté résulte de la distribution géographique .du Grapse messager. Ce Crustacé, qui est commun dans la mer Rouge, et qui habite également diverses parties du littoral in- dien, se retrouve sur la côte nord de l'Afrique et même aux îles Canaries ; il ne parait pas avoir passé des mers d’Asie dans l'Atlantique et ses dépendances, en doublant le Cap-de-Bonne- Espérance, car on ne l’a encore rencontré ni dans cette der- niére localité, ni dans les eaux de l'Ile-de-France, et d’un autre côté les Grapses périssent trop promptement lorsqu'on les re- tire de l’eau, pour qu’on puisse supposer qu'il aurait passé de la mer Rouge dans la Méditerranée, en traversant l’ishtme de Suez, et ici encore on serait porté à soupconner que la disper- sion actuelle de l'espèce, s’est effectuée avant que cette partie de la terre n’ait eu sa configuration actuelle, et à une époque où la Méditérranée communiquait librement avec l'Océan-Indien (1). Dans l’état actuel de la science des spéculations de ce genren’of- frent pas assez d'intérêt pour fixer long-temps notre atténtion ; maïs elles méritent d’être indiquées et lorsque la distribution géographique des animaux marins; et la distribution géologique de leurs débris fossiles seront mieux connues, on pourra peut- être en tirer des déductions utiles. (:) Lé Thalamite adméte, qui est très répandu däns les mers d'Asie , se retrouve aussi aux iles Canaries , el ce que nous venons de dire du Grapse messager est également applicable à ce Crustace , qui cependant est bien mieux conformé pour la nage. | | | des Crustaces. 143 . $ 20. L'étendue de la puissance locomotive desCrustacés, et la configuration des mers, nesont pas les seules circonstances qui limitent et qui règlent le mode de dispersion de ces animaux sur les diverses parties de la surface du globe ; l'influence de la température sur ce phénomène nous paraît également évidente, et c'est peut-être cette influence seule qui a -empéché la plupart des Crustacés de se répandre de proche en proche, tout le long duilittoral des deux mondes, et qui a maintenu les faunes car- cinologiques des diverses régions plus ou moins distinctes. En effet , pour ces êtres, de même que pour les animaux supé- rieurs.et pour les végétaux, il est des extrêmes de température qui paraissent être incompatibles avec la vie, et ces extrêmes varient suivant les espèces, les genres et les familles naturelles. Des expériences directes donneraient probablement sur ce sujet des résultats importans, mais elles n’ont pas encore été tentées, et pour y porter quelque lumière on ne peut, dans l’état actuel de la science, qu’interroger la géographie zoologique. Le premier fait dont on est frappé lorsqu'on étudie sous ce point de vue ja faune des diverses mers, c'est la grande diffé- rence numérique des espèces à des latitudes différentes. Il ne paraît pas que les Crustacés soient individuellement moins nom- breux dans les régions froides du globe , que dans les mers équa- toriales. La pêche abondante du Homard sur les côtes de la Nor- wège, ainsi que les bancs de Mysis, et autres petits animaux de la même classe dont les Baleines et les divers poissons font leur pâture dans les mers glaciales, peuvent faire penser qu'il en est autrement ; mais, ce qui n’admet pas de doute, c'est que les formes et les modes d'organisation de ces animaux tendent à devenir de plus eh plus variés à mesure que l’on s'éloigne des mers polaires pour se rapprocher de l'équateur. Ainsi les côtes de la Norwège, que nous venons de citer comme étant si riches en individus, ne sont habitées que par un très petit nombre d'espèces. À peine y compte-t-on plus d’une quinzaine de Décapodes, et dans les autres ordres les formes spé- cifiques ne varient guère davantage. Dans les eaux de la Manche, les espèces diverses de ces mêmes Décapodes sont euviron cinq fois plus nombreuses. Sur le littoral de la Méditerranée, les 19. 148 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique différences spécifiques se multiplient davantage, et leur nombre comparé à celui des espèces de la région Scandinave, devient dans le rapport de sept à un. Si l’on passe ensuite de la Médi- terranée dans les mers de l’Inde, on voit cette progression se continuer encore, car dans l’état actuel de la science on compte déjà dans ces parages éloignés, plus de deux fois autant de Crustacés Décapodes que dans la région Celtique, dont l’explo- ration 4 cependant dû avoir été faite d’une manière bien plus complète. Enfin dans l’hémisphère sud, vers l'extrémité mé- ridionale de l'Afrique et sur les côtes de l’Australasie , le nombre des espèces décroît de nouveau de la manière la plus évidente. (1) Une tendance analogue se remarque dans le Nouveau-Monde. Dans les mers glacées du Groënland, les espèces sont très peu variées; elles le deviennent beaucoup plus sur les côtes des États-Unis d'Amérique , et sont plus nombreuses encore dans la région équatoriale des Antilles et du Brésil. (2) Une coïncidence aussi constante entre l'élévation de la lati- (1) Les nombres des Décapodes et des Stomapodes inscrits dans les tableaux joints à ce Mémoire sont, pour La région Scandinave ............ee..e+s. 15 espèces. La région Celtique.s.......semssesessssese 82 La région Méditerranéenne... .… ses + 114 La région Indienne . , . +... .s..ses.. 202 La region Australasienne. .................. 69 La région Madécasse, ....... dnades sieste 2456 Mais ileest à noter.que ces deux dernières régions n’ont été que très incomplètement explo— rées, de façon que le nombre des espèces y est probablement plus élevé qu’on ne le croirait d’après cette évaluation (D’après quelques renseignemens que je reçois au momeut de mettre cette feuille sous presse, il paraitrait aussi que le nombre des Décapodes de la région Scandi- nave est beaucoup plus considérable qu’on ne le pensait; mais ces observations nouvelles ne: détruisent en rien les conclusions générales auxquelles je suis arrivé relativement à l’augmen- tation du nombre des espèces avec la température ). Quant aux Edriophthalmes et aux petits Crustacés des ordres inférieurs, nous n’en tenons pas compte ici , parce qu'on ne connaît guêre que les espèces propres à nos mers. (2) Les nombres des espèces de Décapodes signalés dans ces divers parages sont, pour La région Groenlandaise ou polaire. .,.......... 12 La région des États-Unis.......... une ee ST La région Caraïbe. :........,..... nee s 71 La” région Cliente... 2... Minc 39 des Crustacés. 149 tude, et la diminution des espèces différentes ne peut être l'effet du hasard, et tout porte à croire que la température. plus ou moins élevée des diverses mers, est une des principales circon- stances régulatrices de la diversité plus ou moins grande des animaux, dont la distribution géographique nous occupe ici. Cette opinion acquiert une nouvelle force lorsqu'on compare sous le rapport du nombre des espèces, certaines régions de l'Ancien et du Nouveau-Monde, dont les latitudes sont sembla- bles. Les côtes du Groënland et de la Norwège sont situées à- peu-près sous les mêmes parallèles, mais, comme on le sait, elles ne jouissent pas de la même température moyenne. Le Groën- land est bien plus froid que la Norwège ; or, le Groënland est aussi bien plus pauvre en Crustacés. Ainsi, soit que l’on compare entre elles les diverses régions de l'Ancien ou du Nouveau-Monde, soit que l’on compare, sur les côtes des deux continens, les mers polaires, on remarque une même tendance. Dans l’un et l’autre cas l'élévation de la tempé- rature correspond à une augmentation dans le nombre des espèces, c’est-à-dire, à une diversité plus grande dans les formes et dans la structure de ces animaux marins, et il est digne de remarque qu'un résultat analogue ressort de l'étude de la dis- tribution, soit des animaux, soit des plantes qui vivent sur la terre. Je me garderai de hasarder une opinion sur les relations de causes et d’effets qui peuvent existér entre ces deux phénomé- nes, et de chercher par exemple, si cette diversité de structure, croissante avec la température, peut dépendre de l'influence même de la chaleur sur le développement de ces êtres, qui d'ordinaire se ressemblent d'autant plus entre eux que ce déve- loppement est moins avancé, moins complet; les faits manque- raient bientôt à une pareille investigation et par conséquent elle sortirait du domaine de la science. Mais je crois utile de faire remarquer que si l’on attribuait à la chaleur seulement cette diversité organique, on tomberait dans l'erreur; car le nombre des espèces n’est pas toujours proportionnel à la tem- pérature, et, en Amérique par exemple, les Crustacés sont moins variés que dans les régions isothermes de l’ancien continent. 150 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique Ainsi les côtes des États-Unis, comprises entre Charlestown et New-York , quoique aussi méridionales que les bords de la Mé- diterranée , et baignées par un immense courant d’eau chaude venant du golfe du Mexique, sont moins riches en animaux de cette classe, que la Manche, et la mer tropicale des Antilles est Join de fonrnir une liste d'espèces aussi longue que la mer des Indes; elle est même plus pauvre que la Médi- terranée, dont la température est cependant bien moins élevée (1). Du reste ces irrégularités ne détruisent en aucune façon la conclusion à laquelle nous étions arrivés , touchant la téndance de la nature à multiplier les différences spécifiques à mesure que la température s'élève; elles montrent seulement que la distribution géographique de ces animaux, ainsi qu’on devait bien s’y attendre, est une question complexe dont les divers élémens ne nous sont pas tous connus. 621. Dureste, les différences de formes et d'organisation nesont pas seulement plus nombreuses et plus caractérisées dans les régions chaudes que dans les régions froides du globe ; elles y sont aussi plus importantes. Le nombre des groupes naturels dans lesquels les espèces se répartissent augmente graduellement avec la température des eaux qu’elles habitent, et c’est parmi les Crustacés des mers équatoriales qu’on rencontre les modes de structure les plus dissemblables. En éffet, presque tous les principaux types d'organisation qui se voient dans les mers po- laires se retrouvent également dans les régions tropicales ; tandis que dans ces derniers parages il existe un grand nombre de types particuliers qui ne se rencontrent pas ailleurs, ou qui sont à peine représentés à des latitudes un peu élevées. Pour que la distribution méthodique des Crustacés -retrace fidèlement les différences introduites par la nature dans la conformation de ces êtres, et indique l'importance relative dé ces modifications (x) On voit, par conséquent , que l’on s’exposerait à de gravés erreurs , si l'on cherchait à évaluer d’une manière absolue la température d’une région d’après la considération de sa faune carcinologique seulement, et ce que nous disons des-régions actuelles doit s'appliquer aussi aux diverses époques géologiques. des Crustaces. 161 de structure, il faut diviser Ja classe entière en trois grou- pes : les Crustacés Maxillés , les Suceurs et les Xyphosures. Or, de ces trois groupes, deux seulement sont représentés dans les régions froides du globe, tandis que tous les trois se voient RE 4 danses mers équatoriales. Le groupe tout entier des Décapodes Brachyures, ainsi que la division des Ano- moures, paraissent être exclus des latitudes élevées du Spitz- berg et de la mer de Baffin; les navigateurs qui, dans ces dernières années, ont exploré les mers polaires, n’y ont trouvé que des Crustacés appartenant à la division des Edrioph- thalmes, à celle des Entomostracéens, ou à la section des Décapodes Macroures; il est bien possible que des Branchiopodes et des Crustacés Suceurs existent aussi dans ces parages loin- tains, et qu'ils aient échappé à l'observation à raison de leur petite taille, mais on ne peut supposer qu’il en aurait été de même pour des Décapodes Brachyures, qui, semblables à nos Crabes, doivent par leur volumezæt leur forme attirer bien da- yantage l’attention des collecteurs. Sur les côtes méridionales du Groënland, on commence à trouver de ces Brachyures, mais on n'en a sigualé dans cette région que deux espèces. La section des Décapodes Anomoures ne paraît commencer à être représentée que sur les côtes de l’Islande et de la Norwège. La famille prin- cipale de l'ordre des Stomapodes, celle des Squilliens ne dé- passe pas la Manche et ne se rencontre même que rarement au-delà du quarante-cinquième degré de latitude nord ; enfin le groupe des Phyllosomes et des Erichthiens est limité. à des pa- rallèles moins élevés, çar c'est à peine s’il se montre .dans les eaux de la Méditerranée. Or, je le répète, tous ces types exis- tent simultanément dans les mers intertropicales. $ 22. L'étude de la distribution géographique des Crustacés fait apercevoir aussi une coïncidence remarquable entre la tem- pérature de la mer et la perfection organique plus où moins grande des espèces qui l’habitent. Les types qui disparaissent à mesure qu'on s’avance vers les hautes latitudes sont ceux dont l'organisation est la plus compliquée , et non-seulement les Crus- tacés les plus élevés dans l'échelle manquent dans les régions 152 MILNE EDWAKDS. — Distribution géographique polaires, mais leur nombre relatif croît rapidement du nord vers l'équateur. Si effectivement on rangeait ces animaux en série, d’après le degré relatif de perfection et de complication qu'offre leur structure anatomique, les Décapodes Brachyures se trouveraient en tête et seraient suivis par les AORRERS tandis que les Macroures ne prendraient place qu’au troisième rang, et les Edriophthalmes se trouveraient relégués plus bas encore (1). Or, dans les parages les plus rapprochés du pôle, au Spitzberg et dans la mer de Baffin, on a rencontré des Edriophthalmes d'espèces assez variées et quelques Macroures , mais point de Brachyures (2); sur les côtes méridionales du Groënland et de la Norwège, il en existe ; mais leur nombre, comparé à celui des autres animaux de la même classe, est extrêmement faible : au Groënland, par exemple, les Décapodes n’entrent que pour un tiers dans le nombre total des Crustacés portés sur les cata- logues des zoologistes, et de ce tiers les trois quarts appar- tiennent à la division des Macroures. Sur les côtes de la Nor- wège, où le froid est moins rigoureux, les Décapodes pa- raissent devenir à-peu-près aussi nombreux que les Edrioph- thalmes, et on compte autant de Brachyures que de Macroures. Dans la Manche et dans la Méditerranée, ainsi que sur les côtes des États-Unis d'Amérique , les Décapodes l’emportent de beau- coup sur les Edriophthalmes ; on y rencontre près de deux fois autant de Brachyures que de Macroures, et le nombre relatif des Décapodes Anomoures s'élève aussi. Dans la région des Antilles, deux Macroures correspondent à-peu-près à un Anomoure (x) Les Entomostracés et les Crustacés suceurs, qui occupent les degrés inférieurs de la sé- rie carcinologique, sont trop imparfaitement connus pour que nous puissions en tenir compte dans cette revue générale de la répartition des espèces; mais les Décapodes et les Edrio- -phthalmes, dont nous connaissons bien mieux la distribution géographique, forment à eux seuls la presque totalité de la classe entière des Crustacés, et par conséquent, nous suffisent pour les recherches dont nous nous occupons ici. (2) Les Crustacés observés pâr MM, Parry, Sabine, Ross, ete., sont à-peu-près les mêmes dans la mer de Baffin et au Spitzberg ; ; ils sont de très petite taille, et appartiennent presque tous à la division des Edriophthalmes. On a trouvé dans ces parages éloignés sept espèces de Macroures (2 Crangons et 5 Hippolytes), une espèce de Mysis, et 14 espèces d'Edrio- phthalmes, Ts, des Crustacés. 158 et a cinq où six Brachyures. Enfin , dans les mers de l'Inde, ces mémés nombres de Macroures et d’Anomoures corres- pondent à environ dix Brachyures, tandis qu'en procédant plus loin vers le sud, sur les côtes de l’Australasie par exemple, le nombre des Brachyures connus n’est guère que quatre fois plus considérable que celui des Macroures. (1) Lorsqu'on connaîtra mieux la zoologie maritime de ces ré- gions éloignées, il est à présumer que ces proportions,changeront plus où moins; mais il nous paraît bien peu probable que la tendance générale indiquée par, des observations nombreuses déjà recueillies soit infirmée ; car nous ne voyons aucune raison pour supposer que les voyageurs , en visitant les mers du Nord, auraient négligé les Brachyures pour ne s'occuper que des Ma- croures, tandis qu’en explorant les régions tropicales ils auraient suivi sans exception une marche inverse. Ainsi, tout nous porte à croire que l'élévation de la tempé- rature des eaux est accompagnée non-seulement d’une multi- plicité plus grande des espèces et de différences plus considé- “rables dans le mode de structure des Crustacés , mais aussi d’une tendance plus marquée vers la complication et le perfectionne- ment organique de ces animaux : aucun climat ne paraît être incompatible avec l'existence de Crustacés peu élevés dans la série naturelle (2); mais ceux qui occupent le plus haut rang {1) Voici le chiffre du relevé des diverses espèces de Brachyures , d'Anomoures et de Ma- eroures dont j'ai pu jusqu'ici constater suffisamment la présence dans ces diverses régions. Brachyures. Anomoures, Macroures, Région scandinave. , , ..., ,. . 4 2 9- —.cellique, , . ...,... 1:44 6 37; — méditerrannéenne, , . . . 59 16 33, — ‘ indienne, , , . . , . . . 117 21 37. æ— australasienne, .:., . . . 48 9 12. æ—.. madécasse. 41. , : ... « < :: 40 7 9- RL. o 0 7e Côtes du Groenländ, ,°..,,.. 2 Fe 9. — des Etats-Unis, , . . , , ,. 20 6 1x. Région caraibe, , , . ., ., . .. 5o 7 13. Région chilienne, . . ,, ., «++ 24 D er 8. (2) Le capitaine Parry a trouvé des Amnhipodes dans les parages du Spitzberg par 82 de- grés de latitude nord, a54 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique dans cette série sont exclus des régions les plus froides du globe, et deviennent, relativement aux premiers, de plus en plus nombreux des pôles vers l'équateur. $ 23. Si, au lieu de nous en tenir aux grandes divisions de la classe des Crustacés, nous descendons à quelques exemples par- _ticuliers, nous verrons encore surgir la même tendance générale. Toutes choses égales d’ailleurs, les animaux aquatiques sont ordinairement moins élevés en organisation que ceux conformés pour habiter sur la terre; pour s’en convaincre , il suffit de con- sidérer le règne animal dans son ensemble, ou de passer rapi-- dement en revue chacune des grandes divisions dont il se com- pose. Or, les Crustacés sont presque tous des animaux aqua- tiques; mais, parmi les êtres les plus élevés de cette classe, on trouve des Crabes qui ont des habitudes différentes et qui vivent constamment à terre, Par analogie , on peut donc penser que ces Crabes de terre ou Gecarciniens doivent prendre place en tête de la série naturelle formée par tous ces êtres; et si une haute température est réellement une condition d'existence pour les espèces les plus élevées, on ne devra les rencontrer que dans les régions les plus chaudes du globe ; et effectivement, c’est ce qui a lieu : dans les contrées froides et tempérées , on n’en con- naît aucune espèce, mais ils se rencontrent dans Ja zone torride de l'Ancien et du Nouveau-Monde. Les tribus qui ont pour types les Ocypodes et les Grapses, et qui établissent le passage entre les Crabes de terre et les, Bra- chyures ordinaires, s'étendent plus loin de l'équateur , mais de- viennent extrémement rares dans les pays tempérés ;‘et ne se montrent plus à des latitudes très élevées. | Parmi les Crustacés aquatiques, on en connaît, maisenitrès petit nombre, qui vivent loin de la mer et qui habitent les ruisseaux. Or, dans les régions tropicales, ces Décapodes fluviatiles se rap- portent au type le plus élevé de cet ordre, à la division des Brachyures, tandis que dans les régions tempérées et froides des deux hémisphères, tous appartiennent au groupe inférieur des Macroures. Effectivement, vers l’éxtrémité méridionale de l'Europe, en Égypte , en Perse, dans l'Inde et dans les parties # des Crustaces. 155 les plus chaudes de l'Amérique, on rencontre partout des Crabes de rivière ou Thelphusiens, tandis que dans les autres parties de l’Europe, dans l'Amérique septentrionale, au Chili , an Cap de Bonne-Espérance et dans la partie sud de la Nouvelle-Hol- lande, ce sont des Écrevisses d’espèces particulières qui peuplent les eaux douces, et il n'existe aucune espèce: de Brachyures fluviatiles. $ 24. Lorsqu'on compareentre eux les Crustacés des différentes parties du monde, on remarque une autre tendance qui paraît avoir aussi un rapportaveclatempérature. Dans les régions chau- des, la taille de ces animaux semble étre, terme moyen, plus élevée que dans Les régions froides. Ainsi les plus grandes espèces des mers du nord sont plus petites que les plus grandes espèces des mers équatoriales ; les petites espèces sont proportivonnelle- ment plus nombreuses vers les pôles que vers la ligne, et la taille moyenne de tous ces êtres pris en masse, paraît y être moins élevée. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer la Lan- gouste commune, le Homard et le Tourteau, c’est-à-dire les plus gros Crustacés de nos côtes, avec les Langoustes, la Portune de Tranquebar, le Pseudocarcin géant , et quelques autres Crus- tacés des mers de l'Inde ; puis de noter le petit nombre de ces animaux qui dans nos mers atteignent une taille moyenne, et de se rappeler la longue série d’espèces remarquables par leur grosseur , qu'on rencontre dans les mers tropicales. Mais ici encore la progression est loin d’être constante, et pour que les différences deviennent bien sensibles, il ne faut pas compa- rer les régions froides avec les régions tempérées, mais bien avec les mers les plus chaudes du globe. $ 25. Il semblerait aussi que là où les espèces sont les plus va- riées, et où Le corps atteint ses plus grandes dimensions , c'est- à-dire /à où la température est la plus élevée, les particularités. de structure qui caractérisent les groupes naturels, sont aussi por- tées au plus haut degré. Ainsi le développement transversal de la portion céphalo-thoracique du corps, qui donne à tont le groupe des Brachyures un aspect si particulier, est plus grand chez 156 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique certains Crustacés des mers équatoriales, que chez aucun de ceux qui habitent nos côtes, où qui se rencontrent plus au nord, et la moyenne de ce développement prise dans toutes les espèces, est indubitablement plus grande dans les mers des régions chaudes. La longueur extrême des pattes et du rostre, qui caractérise la famille des Oxyrhinques et surtout la tribu des Macropodiens, n’est nulle part aussi excessive que chez certaines espèces propres aux mers de l'Inde et des Antilles. Les formes ovoïde des Cancériens , et hexagonale des Portuniens, sont bien plus marquées dans les espèces équatoriales que dans celles des lpays froids ou tempérés; et les anomalies que présente le squelette tégumentaire et l’appareil générateur du Catometopes, semblent s'effacer peu-à-peu dans les espèces propres aux mers des régions froides ou même tempérées. Enfin, c’est aussi dans les régions tropicales qu’on rencontre la plupart de ces formes anomales qui donnent à certains animaux de cette classe un aspect si bizarre, les Ranines, les Hippes, les Rémipèdes, les Albunées , les Leucifères et les Phyllosomes, par exemple. Ce résultat me paraît remarquable, et offrira peut-être un nouvel intérêt lorsqu'on se rappellera des observations sur le développement des jeunes Crustacés, que j'ai eu l'honneur de soumettre au jugement de l’Académie il y a quelques années. En effet, nous avons vu alors une tendance analogue détermi- née par une autre cause, car nous avons constaté qu'en géné- ral, la ressemblance entre les espèces et les genres voisins est d'autant plus grande que le développement du jeune animal est moins complet, et que les changemens amenés par les progres de l'évolution organique tendent essentiellement à éloigner ces êtres du type moyen propre au groupe dont ils font partie, ou, en d’autres mots, à les spécialiser de plus en plus. 26. Enfin, l'étude de la distribution géographique des Crus- tacés fait apercevoir aussi une coëncidence remarquable entre la température des diverses régions carcinologiques et l’existence ou la prédominance de certaines formes organiques. Ainsi, quoique les Crustacés des Antilles et des mers de l'Inde soient tous ou presque tous d'espèces différentes, ils ont entre eux une analo- . | | des Crustacés. 157 gie si grande , que les deux faunes offrent le même aspect géné- ral et se distinguent facilement de celles appartenant aux régions! froides de l’un et de l’autre continent. Ces deux régions tropi- cales sont habitées par le genre Ocypode, qui se rencontre aussi dans les eaux du Sénégal, mais qui ne se trouve ni sur les côtes de l'Europe, ni dans les parties un peu froides de l’Asie et de l'Amérique; par les Gelasimes, qui se voient également dans tous les. pays chauds, mais qui ne dépassent que peu ou point le 35° degré de latitude ; par les Grapses et les Sésarmes, qui s’é- tendent un peu plus loin vers le nord, mais qui ne sont nom- breux que dans la zone torride; par les Lupées, qui vers le nord se montrent pour la dernière fois dans la Méditerranée; par des Cyclograpses, des Plagusies, des Pericères, des Car- piles, des Zozymes, des Chlorodies, des Calappes, des Hippes, des Cénobites, des Scyllares, des Ibacus, des Penées, des Squilles , des Limules , et plusieurs autres Crustacés qui habitent exclusivement les régions les plus chaudes du globe, ou ne se montrent qu'en petit nombre et d’une manière pour ainsi dire accidentelle dans les régions froides et témpérées. Cette analogie entre les Crustacés des diverses mers tropicales se retrouve même parmi les espèces de certains genres dont les limites géo- graphiques sont moins restreintes. Ainsi les Langoustes, de la division des Longicornes, habitent les mers de l'Inde et des Antilles ; mais les espèces qui les représentent, tant dans les mers d'Europe que sur les côtes du Chili, appartiennent toutes à la division des Langoustes ordinaires; les Palémons les plus remar- quables de l'Inde, ressemblent bien plus à ceux des Antilles qu'aux espèces des rners des zones tempérées; enfin, dans ces deux régions tropicales , le nombre relatif des Macropodiens est également petit, Les régions tempérées ont aussi entre elles des points de res- semblance multipliés, Nous avons déjà vu que le genre Écrevisse leur appartient en propre et se trouve représenté par notre Écrevisse commune dans le nord de l’Ancien-Monde, par l'#s- tacus Bartonii dans le nord de l'Amérique, par l4stacus capen- sis au Cap de Bonne-Espérance, par une quatrième espèce dis- tincte des précédentes au Cbili, et par une cinquième à la Nou- 158 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique velle-Hollande, mais paraît ètre presque entièrement exclu de l'espace intermédiaire occupé par la zone torride. Deux espèces distirnétes de Homards habitent les deux versans de l'Océan-At- lantique boréal, mais n’y descendent pas au-delà de la ligne tro- picale. Le genre Ptalycarcin de Latreille, qui à pour type le Tourteau, si comnfun sur nos côtes , ne se voit pas dans les ré- gions de l'Inde et des Antilles, mais se retrouve dans les deux hémisphères là ou le climat se rapproche davantage du nôtre, savoir ; «ur les côtes des États-Unis et au Chili. En Europe , aux États-Unis et au Chili, on voit aussi des espèces diverses du genre si remarquable des Callianasses, type dont lexistence n’a encore été signalée dans aucun pays chaud. Les genres Atélécycle et Hyas n'ont encore été trouvés qu'en Europe et au Chili, et le genre Portune qui peuple nos côtes d’espèces si variées n’a point de représentant ailleurs, si ce n’est dans un point également extra-tropical, de l'hémisphère austral, à la Nouvelle-Hollande. C’est aussi dans les régions froides ou tem- pérées des deux hémisphères que se trouve presque entièrement confiné le genre si nombreux des Hippolytes, et c’est à des lati- tudes élevées seulement que les voyageurs ont signalé les légions de Mysis et de Ponties, dent la surface de la mer est quelquefois couverte dans une étendue de plusieurs lieues. Enfin, nous rap- pellerons encore la ressemblance extrême qui se remarque entre les Lithodes et les Crangons de la Norwège et du Kamtchatka. : L'un des tableanx ci joints, dans lequel nous avons indiqué le nombre des espèces de chaque groupe naturel de Décapodes ou de Stomapodes dont l'existence a été signalée tant dans les deux régions tropicales les mieux connues (celles de l'Inde et des Antilles ) que dans les principales régions tempérées, fera ressortir encore mieux la tendance que nous venons de signaler, car on verra combien il est fréquent de trouver le même genre représenté, dans toutes les mers à-peu-près isothermes, par des espèces variées , tandis que dans les régions dont le climat est très différent , il manque complètement ou n’est représenté que par un nombre d’espèces extrêmement restreint. (1) El (ty Voyez le tableau n° 2, des Crustaces. 159 $27. D'après les faits que nous venons de passer en revue, on voit que les lois qui semblent présider à la distribution géogra- phique des Crustacés , ont une analogie frappante avec les résul- tatsfournis déjà par l'étude du mode de répartition des végétaux sur la sürface du globe , et si l’on comparait maintenant sous le même point de vue les Crustacés et les plantes aux Zoophytes, aux Mollusques ; aux Poissons et aux animaux plus ‘élevés qui häbitent sur la terre, on apercevrait dans toute la nature vi- vante lès mêmes tendances. Partout on ne peut se rendre compte du mode dé distribution des êtres organisés, qu’en sup- posant l'existence primitive d’un certain nombre de foyers de création épars sur là surface du globe, et la formation dans chacun de ces points, d'un certain nombre d’éspèces particu- liérés dont la lignée s’est peu-à-peu étendue au loin. Partout on _ apercoit des indices de linfluence dé la chaleur, tant sur la première formation de ces êtres, que sur leur dispersion sub- séquente; on voit qu’une température élèvée est une des con- ditions les plus favorables pour la multiplicité des espèces, ainsi que pour ja perfection de leur organisation, et on reconnaît l'existence d'un certain rapport entre le climat des diverses ré- gions, et les formes des êtres qui en sont les habitans. Les règles qui découlent de cette étude n'ont pas, il est vrai, toute la netteté et la constance que l’on se plait à rencontrer dans les sciences exactes; mais il ne faut pas en conclure que les tendances qu’elles indiquent ne sont pas réelles. Des phé- nomènes de cet ordre sont sous l'empire d’une a de circonstances diverses (1), dont les influences se combinéft entre (1} Ainsi une autre circonstance , qui parait avoir une grande influence sur la dissémination des Crustacés dans certaines localités , est le degré de salure des eaux : c'est probablement la cause qui empêche la plupart de ces animaux de remonter les fleuves, et qui rend leur nombre si faible dans certair.es mers , telles que la Baltique et la Mer Noire, où la proportion des ma- tiéres salines ne parait s'élever guère au-delà du tiers de ce qu’elle est dans les eaux de l'Océan Atlantique. On ne possède pas encore assez de données sur le degré de salure de la mer à des parallèles et à des longitudes différens, pour qu'il soit possible de chercher en ce moment quelle influence cette circonstance peut avoir sur la distribution générale des Crustacés à la surface du globe, mais peut-être contribue-t-elle à déterminer quelques-unes des inégalités qu'on remarque , sous ce rapport, dans des mers à-peu-près isothermes : il serait, par exemple, intéressant de savoir si les eaux qui baignent les côtes de l'Inde et l’Archipel d'Asie, ainsi que celles de la Mer-Rouge, sont plus denses que celles des Antilles et des côtes du Brésil, par exemple, | 160 MILNS EDWARDS. — Distribution géographique elles, mais, pour me servir d’un langage algébrique, tantôt avec le même signe, tantôt avec des signes contraires et sans que leurs valeurs relatives nous soient jamais complètement, con- nues. L’observateur ne sait pas les dégager à son gré pour les étudier isolément; il ne voit que la résultante commune de toutes ces forces variables dans leur nombre, dans leur gran- deur , dans leurs modifications, et parmi lesquellés il en est même, sans nul doute, plusieurs dont il ignore jusqu’à l’exis- tence. Mais en général un rapport ne se manifeste entre un effet et l’une quelconque des causes qui se combinent pour le pro- duire,, qu’autant que cette force se trouve plus ou moins dé-. gagée de l’action des autres, ou qu’elle les domine, et puisque dans la question si compliquée de la distribution géographique des êtres vivans, on voit si fréquemment le résultat général se modifier avec la température, on ne peut se refuser à croire, ce me semble, que la température ne soit en effet une des prinei- pales forces régulatrices du phénomène. 16€ des Crustacés. N°1. Tarreau de la distribution géographique des Décapodes des mers d'Europe, d'Asie et de l’ Amérique orientale. $ IL MERS D'EUROPE. — Régions Scandinave, Celtique et Méditerranéenne. BRACHYURES,. Caromerorss. Gecarciniens. Thelphusiens. Thelphusa fluviatilis. . . . . . . . . Région Méditerranéenne. — Italie, Grèce, Egypte, etc. Ocypodiens. Gelasimus tangeri. . . . . . . . . . R. Méditerranéenne, — Détroit de Gibraltar. Rare, Grapsoidiens. “ Grapsüs varius. . . . + fois,» + R. Geltiqueet Méditerranéenne, — Iles Canaries. Nautilograpsus minus. . . . . . . . BR. Scandinave (rare), Celtique (rare) et- Méditerranéenne, Egalement dans les mers d'Asie et d'Amérique, Gonoplaciens. Gonoplax angulata . . . . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. = rhomboïdes , . . . . . . « « Pinnothériens. Pinnotheres pisum, . . . . . . . £ « « — Montagni . . . . .. + R. Celtique. — MÉICRUME 5, : 54 5 : . R. Méditerranéenne, CYxcLOMETOPES. Canceriens. Eriphia spinifrons. . . . . . . . . . R.. Celtique et Méditerranéenne. — Iles Canaries. Pirimela denticulata. . . . . » «++ « R, Celtique et Méditerranéenne. Pilumuus hirtellus . . . . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. — Iles Canaries. = MP. open Teil R. Méditerranéenne. Platycarcinus pagurus, . . . . . . . R.. Celtique et Méditerranéenne. Xantho floridus, : . . . . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne, — Iles Canaries. Ptrivulosus. - . : . ; . . . : « « » Lagostomaperlata. . . . . . . . . . R. Celtique. Rare. Portuniens. Pa : Carcinus mœnas, . .- . . . . . .. + R. Scandinave, Celtique et Méditerranéenne. Portunus puber . . . . . . . , - + R. Celtique et Méditerranéenne. co plicatus. étoiotete MS ‘e « « Et DRArMOReUS.. rec le à « « e— corrugatus ph phatsilo tu 0.8 « « — Mhondaletii . . . . .. . . « « tliolsatus , . . . . . . , . KR. Celtique. — Jlongipes . ...... : R. Méditerranéenne, Polybius Henslowii, . , . . . . . + R, Celtique. Platyonichus latipes, . . . . . . . . R, Celtique et Méditerranéenne. — MOULUS us > « « « OR EN ... » . . . R. Méliterranéenne. — Iles Canaries. OxYAHINQUES. Parthénopiens. Lambrus angulifrons. . Fe R. Méditerranéenne, =. Massena. . .-.. .., ‘ £ À x — Mediterraneus. . . . . .. « Eurynome aspera. . . . ...... R. Celtique. D — Audounii. . .... R,. Méditerranéenne. Maiïens. Atanthonyx lunulatus, . . . . ., D 700, — Septembre, 162 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique Maia squinado . . . . . . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. — Iles Cavaries. — verrucosa . « - . - . . . . « .« R. Méditerranéenne. Mithrax dicothomus . . . . . . « . R. Méditerranéenne. Rare. Hyas aranea. . . . . . - . . . . . R. Scandinave et Celtique. Rare. — coarctata, . . . . . .« . . « « R. Celtique. Lissa chiragra. . . . . . . . . . . . R. Méditerranéenne. Pisa tetraodon . . . . . . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. “Gibaihs etat re variée « « — corallina, SUR S eee Re UE Méditerranéenne. — armala . ee + + « « #Herbstit condyliata. . . . . . . . . « Inachus scorpio. . - . . . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. — dorynchus . . . . . . . . . KR. Celtique. — leptorynchus. . . .. . . . « — thoracicus. .« . . . . . . . R. Méditerranéenn . Amathia Rissoana. . . . . . . . . + « : Achæus Cranchi. . . . 0. . LE Stenorynchus phalangium. . . . . . R. Scandinave, Celtique et Méditerranéenne, _ longirostris. . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. D Egyptius. . . . . . . R. Méditerranéenne, Latreïllia elegans . . . . . : . . . . « OXYSTOMES. L Calappiens. Calappa granulata. . . . - . .. .- - R. Méditerranéenne, — Iles Canaries. Leucosiens. Ilia nucleus. . . : . . + . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. — rugulosus. . . . + + . . . . . . R. Méditerranéenne. Ebalia Bryerii. .« . . « . . . . . . R. Celtique. —— LÉ OTANCRN Te Ver ei “ —/"PENNANMT ie sr ie Le « Corystiens. k Atelecyclus cruentatus, . . . . . « MR. Celtique et Méditerranéenne. — heterodon. . . . . . . R. Celtique. Thia polita. . . . . . . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne. Corÿstes dentatus. . . . . . . » . . « « Dorippiens. Dorippe lanata, . . . . . . . : . . R. Méditerranéenne. Cymopolia Caronii. . . . . . . . . « Etusa mascarone. . . . , . . . . . « ANOMOURSS. APTERURES. Dromiens. t Dromia vulgaris. . . . . . . . . . . R. Celtique (rare) et Méditerranéenne. Homoliens. Homola spinifrons. . . . . . . . . . R. Méditerranéenne, — CGuvieri, . . . . : . - dd Pie Lithodes artica. , . . . . .. .- . R,. Scandinave. Raniniens. PTÉRIGURES. Hippiens. Paguriens. % Pagurus Bernhardus, . . . . . . . R. Scandinave, Celtique et Méditerranéenne.— Islande, — Pridauxi. . , . . . . . . R. Celtique et Méditerranéenne, — ocellalus. , ,,.... ." R. Celtique. — angulatus, , , . . . . . . R, Méditerranéenne, CISE LEE LAS REN ERA « = GAIN ER LUE « a CEE LS CN CN « —"\) ONU A RS LS « — misantrôphus. . & ., . + = Pagurus ornatus.Ÿ. . « « . + . . — maculatus. . . Porcellaniens. Porcellana platycheles . . . = lonmeonmnis . à . eut MACROURES. h MacnOURES CUIRASSES. Galathéides. Galatheastrigosa . . . . . . . . RO Eu - à oo » +0 = — squammifer…a , . . . . . Scyllariens. LScyllarus arctus . . . . . . . . . . _ LT TT PRE Langoustiens. Palinurus vulgaris. . . . . . . . THALASSIVIENS. Criptobranchides. Callianassa subterranea. . Axia stirynchus. . . . . . se RER . oo . N., M Se à se oo + ÉCRAN ne à ee Gastrobranchides. ASTACIENS,. Astacus fluviatilis . . . . . . . . OA. 0 - - - E Nephrops norwegicus . . . . . SALICOQUES. Crangoniens. Crangon vulgaris. . « . . . . . . EC RCIAINS . en - » — catapractus. . . . . . . , 0 DOICES …., à 1. nn ù — septemcarinatus .. . . . Alphéens. en TOTAL. . : D Ep - .". . . Pontonia tyrrhena, . . . . . . . Butomnea Olivi. . , . . . . .. Caridina longirostris, . . . . . ., . NS Athanas nitescens, . . . . . . . Palémoniens. Gnathophyllus elegans, . . . . . : Hippolyte varians, . . . . . . . . D COS, . EL... 1... nn. 1. OO, 2. : : + — crassicornis, . — Cranchii , ,. 10: Sowerbii 2, 21; Pandalus anoulicornis . — Narwal Palemon serratus — squilla — varians, . , des Crustacés. R. Méditerranéenne. « R. Celtique et Méditerranéenne. R. Celtique. « R. Méditerranéenne. R. Méditerranéenne. — Iles Canaries. R. Celtique et Méditerranéenne. R. Celtique. R. Méditerranéenne. Europe australe , etc. R. Scandinave, Ce:tique et Méditerranéenne, R. Scandinave et Méditerranéenne. R. Scandinave et Celtique. R. Méditerranéenne. « R. Scandinave. — Mers polaires. « «e R. Méditerranéenne. R. Celtique et Méditerranéenne, R. Celtique. R. Méditerranéenne, R. Celtique et Méditerranéenne. R. Méditerranéenne. R. Celtique. R. Celtique. — Mers polaires. R. Scandinave et Cellique. R, Méditerranéenne, R. Celtique et Méditerranéenne, « « R, Celtique. 11. 10 5 164 Palemon locusta. . . . . . . . . MN anteEnnarIUss ete 2 6 EX CMPreNlANns er. 1) à à + Peneens. Stenope spinosus , . . . « . « . Sicyonia sculpta. . . . . . Penæusesramote.". | . .". © . . — membranaceus. . . . =thohaceus . - |} .."." 4. Ephyra pelagica..". ". .". . : . — pedunculata. Pasiphæa sivado, = .”.". MILNE FDWARDS. — Distribution géographique R. Celtique. R, Méditerranéenne. « R,. Méditerranéenne. Rare. R. Méditerranéenne. R. Celtique (rare) et Méditerranéenne. R. Méditerranéenne, LL: « $ II. MERS D'ASIE, — Régions Indienne, Madécasse et Australasienne. BRACHYURES. CATOMETOPES. . Gécarciniens. Gecarcinus lagostoma . . . . . . Cardisoma carnifex . . . . . . . Thelphusiens. Thelphusaindieca. . . . . . . . — Lechnaudii, , . . . . Éteiperlatar. Cr mue Ocypodiens. Ocypode ceratophthalma. . . . . —SMNPHEUSS* LE A NLE UN. — cordimana, , . . . . — brevicornis.:. .. : 2 EONMEATON MMM LS LOS — macrocera,. . .« . + « « Gelasimus tetragonon . . . — Marionis. . . . . . — chlorophthalmus. . « . — annulipes, . . . . . = MMIOICEpSr.. 4. V0 — cordiformis, . . Grapsoidiens. Sesarma tetragona. , . . . HAN. 2 0 À — ‘quedrata . , Cyclographus punctatus. . . . — Audouini. . . — quadridentalus. . , — sexdentatus . , , — Gaimardii. . — octodentatus. — Latreillii . , Pseudograpsus penicilliger. — pallipes . . Grapsus strigosus , . . , — messor, A ee. ae, » “afeijs init é — ‘scaber..2.2, —, Photos TARN — Paris AR 2. Naulilograpsus minus . . . ... CE CREC TC ET NRC R. Australasienne. R. Indienne. « « R. Madecasse, R. Madécasse, Indienne et Australasienne.— Mer Rouge. R. Madécasse et Indienne. — Aussi au Sénégal, R. Madécasse. R. Indieune, R. Australasienne. R. Indienne et Péruvienne. R. Madécasse et Indienne. R. Madécasse , Indienne et Australasienne, R. Madécasse. R. Indienne. R. Australasienne. « R, Indienne. R. Australasienne. R. Madagasse, R. Indienne. R. Australasienne, R. Madécasse, Indienne et Australasienne. R, Indienne. — Mer Rouge ; aussi côte septentrionale de l’Afrique et iles Canaries. R,. Indienne. « R. Auslralasienne-— Chili. R. Madécasse, Indienne et Australasienne. — Aussi dans les mers d'Eurôpe et d'Amérique L2 ST des Crustacés. è , 16 Plagusia tomentosa . . . . . . . . R. Madécasse et Australasienñe. — Chili, — depressa. . . . . . . . . R. Indienne. — squamosa, ., . . . , . . . R.Indienne. Nouvelle-Guinée, Mer Rouge et Iles Canaries. — clavimana . . .., . . . . R. Australasienne et Indienue. Varuna litterata, . . . . . . + . . R,. Indienne, à Macrophthalmus parvimanus. . . : R, Madécasse, ses transversus , . . KR, Indienne. — carinimanus , , . « = depressus . . ., .=. « Cleistotoma Leachü. . . . . . . . R. Indienne. — Mer Rouge. Pinnothériens. Pinnotheres tridacnæ . . . . . . . JR, Indienne, Elemena Mathæi . . . . . . . . . R. Madécasse ct Indienne. Hymenosoma orbiculare . . . . . . R. Madécasse. Mictyris longicarpis. . . . . . . . R. Indienne. Dato sulcata , « . . . . . . . . . R, Indienne — Mer Rouge. CyxcCLOMETOPES. Cancériens. Melia tesselatus, . . . , . . . . . R. Madécasse. Eriphia lœvimana. . . . . . . . . R. Madécasse, Indienne et Australasienne. Trapezia ferruginea . . . .. . . . R. Madécasse et Indienue. — digitalis. . . . . . . . . R. Madécasse, — dentifrons, . . . . . . . KR. Australasienne., Ruppellia tenax, . . . . . . . . . R. Indienne. Pilumnus Vespertilio . . . . , . . « MARRON, 01e eee e — Forskalii, . . . . . . . R. Indienne. — Mer Rouge. — tomenlosus. . . . . . « KR, Australasienne. M IANOES AU de cie « 1 0HMbrIAINS. . :: à - . - - « Etisus dentatus, . , , . . . . . . R. Indienne, — inæqualis. ... . . . . . « “ — anaglyptus. . . . . . .. : R. Australasieune. Pseudocarcinus Rumphii. . , . . - R. Indienne. — Bellangerii. . . . + « — gigas. . . . . . . + Re Australasienne. _— oceilatus. . . . . - R. Madécasse. Ozius tuberculosus , , . . . , . - R, Indienne. irons... 0 . à: + “ — truncatus, , , , . . . . . + R. Australasienne. Er DER OU, à Le 0 6 «0 sa Chlorodius exaratus. , . . . . . + R, Indienne. —— TES CES APE ES. « #8 sanguineus. , . . . , + R. Madécasse. — ungulatus., , . . . . - KR. Australasienne. — LOT TC « _— eudorase.l; Jus, vb are « Xantho rufopunctatus , . . . . . « R. Madécasse et Indienne. — Lamarckii. , ,,. , , . + R. Madécasse, — Mer Rouge. — impressus. . ,,:.,,. + R. Madécasse. 1 1 UT CORSA « — punclulatus ,, . .,.. & mTadiatas sn 42 2e ve ” —\ aspera. . . , . , . +30, +1 R, Indienne. = "eraber. . ... .. D io ae « —"rReynaudii. , . . . .… LU « = TRUpeS . . .. .. : 41 + R. Indienne, — Mer Rouge. ott VETRPEE IT . + KR. Australasienne. RO: à sn Noire “ 166 MILNE EDWARDSs. — Distribution geographique Zozysmus pubeseens. + . . . . . . . R. Madécasse. AN EUEUS A RS ee et . R. Indienne. — tomentosus, . . . . . . . « PM EC RON . R. Australasienne. Carpilius convexus . . . . : . « . . R. Indienne. — Mer Rouge. DNA EMIATUS. LÉ - -!: . R. Indienne. Cancer roseus. . : . . + .« + + . + . R. Indienne. — Mer Rouge. — marginatus . . . . . . - . : « « — “sculplus. . . - + - - . .. : « : F A IMRALUS 10200 = ue . R.]Indienne. — MSavignll.s. - … -Hoel- x « — integerrimus . . : + . . . - R. Indienne. — Japos. —MOCYIDE. ue Ven « « —. ralculosns. :. 0. - ns . R. Australasienne. MANIA = ee 0 à : » OEthra sculpta . . . . .- - . . . . . R. Madécasse et Indienne. Portuniens. Portunus integrifrons. . + . . . . . R. Australasienne. Platyonichus bipustulatus. . . . . . KR. Madécasse et Australasienne. Lupa tranquebarica. . . . . . . . + R. Indienne, — Mer Rouge, Japon. — pelagicaussemk es der . R. Indienne. — Japon. — sanguinolenta. . . . . . . . . R. Indienne et Australasienne, — Mer Rouge, Japon. >—iobifrons. ... =. . . + - . R. Indienne, PA EU T0) ORPI . R. Indienne. —. granulala. st. . +. «. + + . R. Madécasse. Thalamita Admete. . . - . . .- . . ‘. CR, Indienne. — Se trouve aux iles Canaries, Me Cbapal. 67-25 R. Indienne. hsimalt nettes. -sieñcif-10 » — crenala. - : . = « -.- ne « — Hannulala. ee. R. Indienne. = inaaliranatsa louis. . R. Indienne, = CENT TD NOR ET ACNONS - «e =" HACRUCMETAE ENS Lee 24e R. Indienne. — Japon. — struncata. . . . . - . . . R. Indienne. — Japon. — erythrodactyla. . . . . . R. Australasienne. — pryma.. .-...... + R. Australasienne, — Japon. Podophthalmus vigil.. . . . . - . . R.. Madécasse æt Indienne, — Japon. OxXYRHIRQUES. Parthénopiens. Parthenope horrida. . . . . . . . . R. Indienne. Lambruslongimanus . . . . - . . . R. Indienne. =— M SÉTAAIUS. . - à se + ; « — | prensor ”. . . - . . +». + « —DHACANNAIUS sacs = = 7 + Le ; u —.0" echimatus..{e le + - + + : " « Cryptopodia formicata. . . . . . . . Maïens. Aconthouyx dentatus. . . . - . . . MR. Madécasse. — Cap de Bonne-Espérance. Halinus ariest.dgcesne. - cn + R. Indienne. — A 'auritus. 0". unie) À 4e « Menæthia monoceros, . . . . . . . R. Madécasse et Éndienne. — Mer Rouge. Stenocinops cervicornis. . . . . - R. Madécasse. Pericera cornigera . . - . . . . . R. Indienne. —. 1 gNERTUEOSARS + R. Australasienne. Micippe platipes. . . . . . . . . . R. Indieane. — Mer Rouge. = VONSDMANE 0 0 R. Indienne. — ‘#philyra eee R. Madagasse et Indienne. Paramithrax Peronii . . . . . . . . R. Australasienn:. — barbicornis . . , - . : « — GaAMArTA TR Me « des Crustacés. 16- Chorinus aries.. . . « . « . .« « . . KR. Indienne. — aculeatus,. - . , « . . . : R. Australasienne. PP Dame er ne so € « Naxia serpulifera . . . . . . . .- . « En E der anttmee ONE . R. Madécasse et Indienne. Macropodiens. DOCS AS ETS PER . KR. Indienne. — hybrida, . ...... “pe « nie MS CAE « Egeria indica. . . . . . .. SEL a ETAT ACMONESs ; « RAP DSUL e 2 LU 3 mnt é « OXYSTOMES, Callappiens. nt lophos................. KR. Indienne. — Japon. cristata. -............. R. Indienne. — Mer Rouge, Cochinchine, Japon. — fornicata............... KR, Indienne. — tuberculala.........,.,. R. Madécasse, Indienne et Australasienne — gallus................. R. Madécasse. Motuta victor.....,............ R. Indienne et Australasienne. IUTANIS 7 ete dpi e sis eteis e19) > » « Leucosiens. Leucosia urania ,............,... KR. Indienne. = ICT AMOÏAUS, 2. sec & Oreophorus horridus. ........... R. Indienne. — Mer Rouge. Phylira scabriuseula. ............ KR. Indienne. ATCania EFINACEUS, «se... Ixa canaliculata, ............... KR. Madagasse. Nursia Hardwecküi,........,.... KR. Indienne. — Mer Rouge. Iphis septemspinosa. ............ KR. Indienne. Corystiens. Polydectus cupulifera. . . . . R. Madécasse. Nautilocorystes ocellatus, ........ R. Madécasse. — Cap de Bonne-Espérance. Dorippe quadridentata........... MR. Indienne. . . . . AA Dino = coton et «e — ANA D der role « éophyra Roux... .....,.,.,,.. « ANOMOURES, APTÉRURES. = Dromiens. Dromia falax ..,........,,...... R. Madécasse. DIRE iSEMA NS + minis oo 0 » + eo! « — Rumphüñ............... KR. Indienne. — Caput-morluum,..,,.,...,. « — unidentata, .........,.., KR. Indienne. — Mer Rouge, Dynomena hispida . . . . . . . . . R. Madécasse, Homoliens. Lomis hirta.. . . .. . . . . . . . KR, Australasienne. lianinies. Ranina dentata. . . . . . . . . . . R, Madécasse et Indienne. PrenvGouness. Hippiens. Albunea symnisla , , . . . . , . . A. Iudienne. ee . vecutelliis 202 20. x « CHE RENE NT POP “ Kemipes testudinarius. . . , . , . . KR. Australasienne. Paguriens. MO Aro ae. . 40. R,4Jndiénne, Genobita clypeata. . , . , . .. , . « — rai #54 168 Cenobita spinosa. . . . . . perlata.. . . . Pagurus deformis.. . . . . aniculus.. . cristatus, . . . tibicen ; -. . . . frontatis. . . . . RPC Eeus à © js = nn pete Gamianus . . . - — puactulatus.. . . . - - - = CACHDANANUS,- = - ee — (EleraNS st is dr MES me » custos.…. . pilosus . . . . . + . ee Porcellana Lamarckii. . . . . — dentata.. —, . elongata. . . MACROURES. M. Cuimassés. Galathéides. maculaties 5. 6 - sculpta.wtelslies + Grimothea strigosa. . . . . . Duperrei. Scyllariens. Scyllarus rugosus. . . . .. Thenus orientalis. . . . . Ibacus antarcticus. . - . « Peronit.=. 0. * Langoustiens. Palinurus Lalandii. . dasypus. . . . . sulcatus. . . . . fasciatus, . . . . THALASINIENS. Cryptobranchides. Glaucothoe Peronii. . . . Thalassina scorpionoïdes. . Gastrobranchides. squammosus. . . - ornatus. . . - - . Callianidea typa. . .- .- - -. Callianisea elongata. ASTACIENS. Astacus australasiensis . . . CAPEHSu tte .- SALICOQUES. Crangoniens. Alphéens. Hymenocera typa . . . - Alpheus ventricosus.. . . . - — villosus. . . . . bidense chiragrus, . . . . penicillatus, . . - - - . — brevirostris. . . . . . . — frontalis . Élu Pontonia macrophthaima, . armala. . . ... . MILNE EDWARDS. — Distribution R. Indienne. R. Australasienne. kR. Madécasse. R. Australasienne. « F R. Indienne. KR. Australasienne, « « R. Australasienne. R. Indienne. R. Madécasse. R. Indienne. » R. Australasienne. R. Madécasse. géographique R. Madécasse et Indienne. R. Indienne. KR, Indienne. R. Australasienne. KR. Indienne. » R. Australasienne. R. Madécasse. R. Indienne. R. Madégasse. R. Australasienne. FR. Indienne. R. Australasienne, R, Indienne. « des Crustacés. 169 Portonia inflata . . . . . : . . . .« R. Indienne. Garidina typus. . . + .« - . . . - . KR. Madécasse, Palémoniens. Appel Quoyanus. . . . . . - . R. Indienne. VEnITICOSUS. +. . + . À « — spinifrons, . . . . . . . R. Australasienne, — spinicaudatus.. . . . . . « — gibberosus. . . . . . . . « : — marmoratus, . . . . . . « — serratus.. . . + . . .« . . « Rhynchocynetes typus.. . . . . . . R. Indienne, Palemon natator. . +. . . . . . . « — Jongirostris. . 4... . « —" CAFCINUS. re so orcie ie « AMONnAIUs., Ne Ne « MAMAN EU TE = à à, ee tot où e « — Quoyanus.. . . . . . . . . R. Australasienne, — hirtimanus, . . . . . . . . R. Madécasse. Pénéens. Stenope hispidus. . . . . . . . . . R. Indienne (aussi dans les mers d'Amérique). Penœus canaliculatus, . . . .- . . . R. Madécasse et Indienne. — monoceros, . , . « 4 . . . R. Indienne, minis MELUN nafiare he we « == Mmonodon. . . « . . - . . + « AN AIRIS TENUE Sn, de def orne « — brevicornis. . ... « . + .….. « — planicornis. . . . . . . . . « = CTASICONNIS. 1. #2 + La etLe « 2 HRRLyLNETUS. - .*.. 0, . « Oplophorus typus.. . . . . . . . . « Acetes indicus.. . . . . . . . . . . « $ III. MERS D'AMÉRIQUE.— Régions Polaire, Pensylvanienne et Caraïbe. BRACHYURES. CATOMÉTOPES, Gécarciniens. e Gecarcinus ruricola , . . . . . . « KR. Caraïbe, — HECFANE RME 2, 1,1, « Geécarcoïdea Lalandeï. . , . . . . . « Cardisoma Guanuhumi. , . Da goal" Te. J fuel — 2% FT 10e) ho EE Thelphusiens, . . . . .. AS Potamia dentata.. . . . . . . . . . « Tricodactylus quadrata. . . . . . . « Ocypodiens. Ocypoda arenaria. , « . : . . . . + R. Caraïbe et sud de la région Pensylvanienne, — * rhombeas orne zone 11 R- CAF DE) Gelasimus maracoani — platydactylus, : : : : : . « — vocans, . ...... , . R. Caraïbe et Pensylvanienne. « Sesarma cinerea.. . . . . . Éprar “ « —0Pisonii... «0 sovele R Caraïbe, Cyclograpsus integer..,.......,.. « Grapsus cruentatus. .,.,,..,.,,... « M. l'ARN, « PORN cree « , 170 MILNE EDWARDS. — Îistribution géographique Nautilograpsus minus ........... LR, Pensylvanienne et Garaïbe; se trouve aussi au Chi- L li, dans les mers d'Europe et d’Asie ; aux iles Cana- ries , etc, Plugusia depressa (Say)........... R, Caraïbe et Pensylvanieune. Gonapleciens. Pinnothériens. Pinnotherus ostreum............. KR, Pensylvanienne. Cxcromerorss, Canceriens. Eriphia gonagra................ R. Pensylvamenne et Caraïbe — aussi au Chili. Pilumnus Quoii................. R.Caraïbe. — aculeatus, ............. R. Pensylvanienne, Platycarcinus irroratus........... « Panopeus Herbstii...,............ « nn TU MA OU DCE « Chlorodius niger.. .......4...... KR. Caraïbe. Xantho parvulus, .............. « —PEUPEL neue A EE EE « —— M MEECENATIA, de 3 5 #0, EP Pensylvanienne. Carpillus corallinus. . . : . . : . . R. Caraïbe. Portuniens. Platyonichus ocellatus.. , , , .. . R. Pensylvanienne et Caraïbe. Lupa dicantha . . . . ...... . R. Pensylvanienne et Caraïbe — aussi au Chili, CDN ess Es SAS ÉRÉCIADE — spinimana. . . . . On 154 Ce « je RE POUR ë D MS RNA SE 2 Me, “ momo ON D « MAUR à eos an pt Pensylvanienne. OXYRHINQUES. Parthénopiens. Maiens. Atanthonyx Petiverii. . . . . . . . R, Caraïbe. Péricerecornutasssiess ie 8. soie € = ÉMIS RENE Le ee « \ == 4 ADICOMAI NE à 4 2 5 1. : e — AHÉpidtantha te = 2 4.000 « Mithrax spinosissimus,. . , . . . . « = MaCHleaius: 52.5 5 « VERS URL 2 SN fe tta « ts D 1) (NL AAR ESPRITS SPA « on SCUIEU ere Me 3 eu Ai « Chorinus heros. . . .., .. .. VAE RrANCE er 4: 42% pt dés (Groënland- NE UE — R. Celtique, ete. DISSA ASSIFOS ISIN: à : 2:03 0. R. Pensylvanienne. Libinia canaliculata., . . . . . , . « | — dubia. date ere see RO UATUINE SR A DILURA, EAUX SE Ne UE à Macropodens. Eurypodius Latreillii, , , . . . . . R. Caraïbe (Brésil).—Iles Malouines, — Chili, Leptopodia sagittaria, . . . . . . . R. Caraïbe aussi aux Canaries. — calcarata. . , . . .. . R, Pensylvanienne. Oxysromess. Calappiens. Calappa marmorata, . . . . . . . . R. Caraïbe, Hepates fasciatus. . . . ., . ,. . R. Caraïbe ct Pensylvanie, Leucosiens. Guaia punctata:, , | 4... , , . R. Caraïbe. Corystiens. Dorippiens, : ANOMOURES,. APTERURES. Dromiens. Dromia lator.. . . . PTERIGURES. Hippiens. Hippa emerita. . . . Paguriens. Pagurus granulatus. . — tuberculosus. . — sulcatus. , — jongicarpus — pollicaris. .…. — vittatus.. . . Porcellaniens. Porcellana galathina.. =" pilosa:. — sociala. ... . MACROURES. M. Cummassées. Galatheéides. Scyllariens. Scyllarus æquinoxialis Langoustiens. Palinurus longimanus. — gutlatus.... — Americanus. — Argus..... THALASSINIENS. Cryptobranchides. Callianassa uncinata. . Gebia affinis.. . . . Gastrobranchides. ASTACIENS. . Astacus Bartoni, . .. — affinis. . . . — americanus. . . SALICOQUES. Crangonien. Crangon boreas. . . . — septemcarinatus . Alphéens L Alpheus heterocheles, . . . =HUMIoUs.: …. : — armillatus. . Palémoniens. Hippolyte borealis.. . . . . — polaris. . . . — 1 aculeatus, :. — Sowerbii. . . FT MLAS Palemon tenuirostris. , . , — forceps. .., jamaicensis, , . . . . — vulgaris. Penæens. Stenope hispidus . . , spinimanus, . . . . . Penœus Brasiliensis. , . . — setiferus, des Crustaces. . R, Caraibe. . R. Caraïbe. . R. Pensylvanienne. LL « . R. Caraïbe et Pensylvanienne, . R. Pensylvanienne, « « R, Caraïbe. + R. Pensylvanienne. Fe « - R. Pensylvanienne. + R. Polaire. < « - R. Pensylvanienne. d « . R. Caraïbe, . R, Polaire. * « R. Polaire. — Aussi dans la région Scandinate, + R. Pensylvanienne et Polaire. . R, Caraïbe, « « . R, Pensylvanienne. + R, Caraïbe — aussi dans les mers d'Europe. R. Caraïbe, R, Pensylvanienne, 171 172 MILNE EDWARDS. — Distribution géographique Ne IL. TaBLEAu du mode de répartition des divers genres de Crus- tacés Décapodes dans les régions tropicales et tempérées. NOMBRE DES ESPÈCES QUI SE TROUVENT DANS LA TRIBUS mm OU GENRES. Région Région Région Région Région Indienne, | Caraïbe. | Celtique. |Pensylvan.| Chilienne, 2 2 4 3 3 2 I & 2 I o 3 I I L. I I I Oo 3 [e] 2 2 2 Le) 2 6 2 2. 7 I Oo Le] Le) 0 5 9 Li d Gecarciniens . Thelphusiens . Ocypode. . . A Gelasime. . . Sésarme . . . Cylograpse. Pseudograpse . n'Grapse. . . . Plagusie . . Varune.1. | Gonoplace Aus à Macrophthalme. 4 Cleistotome. . Pinnothère . . A Elamène . | Mictyre . A Trapèzie . . . é EMPBRIE 4 Pirimele . . . à Pilumne . . . { Ptalycarcin. . R'Etise”/£ ver. } Pseudocarcin . -JLO CREER HANODE- à Chlorodie. . . i Xanthe. . . . 1 Zozyme . . CarpiHe . . . { Crabe p. d.. . |OEthre. ans RL 'Carcin :%. , . 4 Portune A Utetlee H Polybie. . . . me oo O0 no bn 6.C#0 © mo: © 06 © © On O0 = ES Ah bp ooeo000wcc000WwW00m000m6000"CS0000c06 soda rpm Ducs Oo © HUIRIMLOGEV IE PEO.0, À GC, 0S'RSCS ES Sim-0 6.0 00 D DMC O1 O,nEB: OO» © € C0 "NC EE RSR \ Platyonique. Q A Lupée . L } Thalamite. 0 0 | File, 0 ( 0 ( des Crustacés. 173 NOMBRE DES ESPÈCES QUI SE TROUVENT DANS LA TRIBUS mm OU GENRES. Région Région Région Région Région Indienne. | Caraïbe. | Celtique. | Pensylvan. | Chilienne. Parthkenope . . Lambre. .|. . Eurynome. . Cryptopodie. . Leucippe. . . Épialte. -1. . Acanthonyx. . Halimes . . . Menœthe. . . Perciere . !. . Paramiceppe . Micippe . . . Ma el. Mithpaxe. Peu Chorine . . . LETE CM EM PES eh: Libinie. . . . Doclée. . . . Egerie.- -!: . Inachus . . . Cephalius. Eurypode. . . Sterorhynque . Leptopodie. . Calappe . . . Platymère . . Matute: :1,::° Hepate .l.. Leucosie . . . M AOL. 1. A... ER di: . Ebalie. . . . Pouivae, ue Arcanie . . . Nurge, -.°," 7 EP ORT Atélécyc.. . . Thie. . Corystiens. . Doripiens. . Dromiens,. DOOOHHMO MO RON CH O 2000 WWO HO 4 O © N H'm m N © OO HO Um 292860900000 90m0CmMmO000000M000Mm0 00 0000000" HOMMBOC O0 WOO0mMOO0000P00N0O00RNOO0CMHOSO0000000M00 2589006000 00000Mm00000M0000b 00000000200000000 S0mO MO OC OO O0 O0 © m © m © © © © n © © © © © H © O © © © © © © = p D © © © © ————" mm 174 MILNE EDWARDS. — istribution géographique NOMBRE DES ESPÈCES QUI SE TROUVENT DANS LA TRIBUS TT OU GENRES. Région Indienne. Homoles . Hanine. . Hippiens. Birgus . Pagure. Cénobite . Porcellane . . Ægléé . Galathées Scyllariens . Langouste Glaucothoe . Calianasse |Axie. . |Gebie à |Callianide. . Astaciens. Crangon. . . Alphee. . AY) : . Hymenocere . Pontome Nika. Athanase . . Hippolyte. . Rhynchocinète. Pandalus , . Palemon . Penée. . . . Stenope . . . Oplophore . Acête . . Mysis . Cynthie . Leucifère. . Phyllosome . Amphion. . Erichthiens. . Squilliens. 1 PNHOEOOMMMUO UMO HD IC WMONOOMOO0OMUMWO Or WOM WA O Région Caraïbe, MODO OO EC noob oTLooe LE EMERL ER wo b 0 b Région Celtique. HO0000mWO00OMmEMO OM M OO OO 1 b © D « hH O mn oO wo ho wo b © Région Pensylvan. HOD0OO0HO0O0OOHP O0 000000 HWOMOCOM O0 000w0we000 Région Chilienne. LACS SET. © Oo SOS TE O À Ch © Soin É TO MMHUrS SO 0 do F. DUJARDIN. — Nouveau Ver parasite. 179 MÉmoIRE sur un ver parasite constituant un nouveau genre voisin des Rotifères, sur le Tardigrade et sur les Systolides ou Rotateurs en général , Par M. F. Durarpin. Pendant que je m'occupais à recueillir des observations sur divers Rotateurs, j'ai été assez heureux pour rencontrer un nouveau type de cette classe de vers, lequel n’est pas moins re- marquable par son habitation à l’intérieur du corps des Lom- brics et des Limaves, que par son organisation. C’est un Hel- minthe offrant en partie les caractères généraux des Furculaires et des Rotiféres, ou plutôt, c’est un nouveau type servant de lien commun entre les déux classes de vers qu'on peut nommer les Helminthides et les Systolides. L’Albertia vermiculus (c'est ainsi que je propose de le nom- mer) a la forme d'un petit ver contractile, tout uni à l’exté- rieur, arrondi en avant, atténué et terminé en pointe mousse à l'extrémité postérieure, mais d’ailleurs presque de même gros- seur dans toute sa longueur, qui égale au moins sept fois son diamètre quand il est étendu; quand au contraire il se contracte, il montre quelques plis irréguliers, et la partie postéricure pré- sente méme un peu l'apparence d’une queue articulée. Sa lon- gueur totale n’est guère au-dessous d’un tiers de millimètre, et quelquefois elle en dépasse la moitié (0",55). Il est vivipare, et les plus grands fœtus qu'on voit à l’intérieur, repliés deux fois sur eux-mêmes, out déjà les deux tiers de la longueur des adultes, et n’en different que parce qu'ils sont bien plus minces, et que leur ovaire, peu développé, laisse voir distinctement l'intestin dans tout son trajet. La partie antérieure change fréquemment de forme : tantôt elle ne montre qu'un contour également arrondi ou légèrement 176 F. DUJARDIN. —- Noureau Ver parasite. sinueux sur les côtés seulement ( PI. 2, fig. 1); on ne distingue dans ce qui parait former la tête que deux globules moins transparens près du bord, lesquels on pourrait prendre pour des yeux si l’on ne s’assurait, par les mouvemens ultérieurs de l'animal, que ce sont deux faisceaux musculaires vus perpendi- culairement ; un peu plus en arrière, on voit aussi l’apparence de cils repliés, Immobiles. Tantôt un prolongement circulaire, trois fois moins large que la tête, se montre en avaut comme un chaperon frontal, et les deux globules ronds qu’on avait vus précédemment près du bord se changent en deux cordons d’a- bord infléchis et sinueux , puis droits et étendus longitudinale- ment quand le chaperon est éntièrement étendu. Les cils ne paraissent pas encore, mais ils ne tardent pas à se montrer quand le chaperon est développé. On voit d’abord une expan- sion circulaire bordée de cils couvrir seulement le chaperon , puis le bord latéral venant à se renverser sur toute sa largeur, la tête entière paraît bordée de cils vibratiles, mais ce n’est point un organe simple où multiple analogue à ceux des Méli- certes, des Brachions et des Rotifères, c’est une expansion ci- hée , aussi simple qu’on le rencontre chez certains Furculaires; quand ensuite l'animal commence à retirer ses expansions ci- liées, quand il contracte ses mandibules, la partie centrale se retire tout à-la-fois plus que les deux côtés, qui forment, comme on le voit dans la fig. 2, pl. 2 , une saillie circulaire de chaque côté de la partie centrale ciliée que ne dépasse plus le chaperon. En arrière du bord frontal , à une distance variable entre un diamètre du corps et le tiers de cette largeur , se trouve l’appa- reil mandibulaire qui, avec ses accessoires et sa masse muscu- laire, a tout au plus le dixième de la longueur du corps et la moitié de sa largeur; cet appareil se meut d’arrière en avant, en même temps que le bord frontal se déploie comme il a été dit. Dans la position que représentent les figures 1 et-3, il est en repos et aussi reculé que possible; quand le chaperon se déploie et que l'ouverture buccale se trouve conséquemment libre, les mandibules s’avancent en s’écartant à la manière d’une tenaille, ainsi qu'on le voit aussi dans les Eumolpes et les autres Annelides à fortes mandibules ; quand la nourriture a été saisie, voisin des Rotifères. 177 par les mandibules, leurs pointes se rapprochent en se por- tant en arrière comme dans la figure 2; alors aussi le centre de l'expansion ciliée se retire un peu, ainsi que tout le pharynx. Les mandibules (fig. 3 }, comme chez beaucoup de Rotateurs, sont formées chacune de deux pièces articulées : l'une anté- rieure plus courte, plus ferme, un peu crochue, est la pointe (acies), et sert à saisir la proie; l’autre, postérieure, plus longue, donne attache à deux muscles particuliers, lun en dehors, ab. ducteur, l’autre en dedans, adducteur, au moyen desquels les mandibules sont écartées ou rapprochées; cette dernière pièce peut être nommée le füt (scapus); aux mandibules est annexé, pour produire en outre le mouvement de flexion de la pointe sur l'articulation du füt, un appareil également corné qui peut être nommé support (fulcrum ), et se compose d’une tige cen- trale et de deux branches: la tige est courte et peu visible ici, où elle s’insère avec.les deux füts au même point de la masse char- nue, mais elle est longue et très visible dans la ’orticella aurita Müller ( Notommata Ehr.), dans le Diglena grandis et surtout dans le Mastigocerca carinata Ehr. Les branches qui s'arti- culent, d'une part à l’extrémité de la tige, et d'autre part au tiers antérieur de la pointe des mandibules, sont deux lames arquées, falciformes ou en croissant. Le support, en s’avançant ou se reculant , indépendamment du mouvement des mandi- bules , fait jouer la pointe de celles-ci comme des leviers du troi- sième genre , dont le point d'appui est leur articulation avec le füt. Tout cet appareil est assis sur une masse charnue arrondie postérieurement (fig. 1,27), et qui, par sa contractilité, paraît toute musculeuse, quoiqu'on n’y distingue ni fibres, ni fais- ceaux; seulement il s’y produit spontanément, comme dans toutes les masses charnues des animaux inférieurs , des cavités sphériques ou vacuoles remplies d’eau, qui disparaissent plus ou moins promptement sans laisser de traces, pour être plus tard remplacées par d’autres. De cette masse charnue part l’in- testin, qui d’abord aussi large, va en dnninuant jusqu’à l'anus (fig. 29) situé au-dessus de la queue, et distant de extrémité d'une longueur un peu moindre que le diamètre du corps. De chaqne X, Zoov. — Septembre, 12 178 F. DUJARDIN. — Vouveau Ver parasite côté, près de son origine, l'intestin porte deux corps pédicellés en forme de sac ( fig. r et 2 d, c), lun antérieur (4) beaucoup plus volumineux et presque aussi long que l'appareil mandibu- laire ; l’autre (c) plus court , réniforme, montrant bien son em- bouchure dans l'intestin par un tube court et épais. Ces sacs doivent être analogues aux appendices reconnus par M. Ehren- berg chez beaucoup de Rotateurs à l'origine de l'intestin, et re- gardés par lui comme des corps g nil ou des pancréas. Cependant les organes en question sont ici susceptibles de se contracter considérablement en faisant refluer dans l'intestin leur contenu , qui les remplit de nouveau quand ils se dilatent bientôt après comme chez les “Hirudinés et les Aphrodites : Ce pourraient donc être dés cœcums ou des estomacs accessoires , et, dans ce cas, nous aurions ici de vrais polygastriques, tandis que les Infusoires auxquels on a voulu donner ce nom le méri- teraient beaucoup moins. Jai vu d’ailleurs aussi des vacuoles dans ces organes. L'ovaire a la forme d’un sac oblong simple, remontant le long de l'intestin jusqu’au-dessus de l'insertion des sacs stomacaux postérieurs. Chez les individus jeunes, on n’y voit qu’une sub- stance demi transparente, irrégulièrement granulée, avec Six ou sept vésicules diaphanes. Plus tard, les œufs se montrent distinctement avec leur enveloppe; il est rare alors qu'on en voie plus de quatre, et encore ceux qui sont plus près de l’ori- fice externe sont déjà occupés par des fœtus reconnaissables : enfin, dans les individus les plus gros, on voit toujours , outre les œufs, des fœtus plus ou moins complètement développés , comme chez le Rotifère ; on y distingue surtout les mandibules, le mouvement des cils. | J’ai vu distinctement, dans lÆ/bertia , la vessie contractile reconnue par M. Ehrenberg chez tous les Rotateurs, mais je ne puis la prendre, comme lui, pour une vésicule séminale ou pour un organe d'éjaculation. Quelle probabilité trouverait-on, en effet, à ce que chez un animal n’ayant à pondre que huit ou dix œufs à peine dans tout le cours de sa vie, il y eüt éjaculation aussi copieuse des milliers de fois? Rien n’est impossible à Ja nature assurément ; mais si elle ne se montre pas avare pour la voisin des Rotifères. 179 variété des formes, elle l’est beaucoup au contraire pour les moyens qu’elle emploie. S'il fallait absolument donner une signification à tous les or- ganes des animaux qui offrent si peu d’analogie réelle avec ce : que nous connaissons, j'aimerais mieux regarder celui-ci comme un organe respiratoire. Cependant l’Æ/bertia 5résente en outre dans l’intérieur de sa cavité abdominale des organes particuliers ( fig. x aa) qui semblent propres à cette même fonction : y aurait-il connexion entre la vessie contractile et les organes vibratiles de l'intérieur, pour le renouvellement du liquide propre à la respiration ? C’est ce qu'on ne peut que conjecturer. Les organes intérieurs dont je veux parler (a, a) sont quatre paires de filamens ondulatoires situées de chaque côté à des dis- tances égales, savoir , la première paire un peu en arrière des sacs stomacaux postérieurs, la dernière en avant de la vessie contractile, et les deux moyennes également espacées entre celles-là. Ces filamens, épais de 35 mill. et longs de +5 mill. envi- ron, sont agités d’un mouvement ondulatoire continuel , assez vif, et dirigé toujours dans le même sens (indiqué par les flèches sur la fig. 1); le plus souvent les deux paires postérieures ont leur mouvement dirigé d’arrière en avant, et les deux autres ont un mouvement inverse; mais cette disposition n’est pas constante ; chaque filament ondulatoire paraît retenu par un cordon droit de même longueur, qui est fixé parallèlement au tégument, J'ai trouvé pour la premiere fois l'Ælbertia le 31 mars 1833, dans le liquide obtenu par des incisions latérales faites à de petits Lombrics de mon jardin ; j'avais soin, en faisant ces in- cisions, de ne pas entamer l'intestin, de sorte que j'étais cer- tain d'avoir pris le parasite dans la cavité abdominale du Lom- bric. Je lai retrouvé ultérieurement de la même manière en nombre assez considérable, et enfin vers la fin d'avril, je l'ai trouvé aussi très abondamment dans l'intestin même de la Z,ë- max agrestis, qui vit dans le même lieu. Si l’on compare les caractères que je viens d'exposer à ceux des Rotateurs déjà connus et particulièrement décrits par M. Ebrenberg, on reconnaîtra que l'A/bertia constitue un type 12. 180 F. DUJARDIN. — /Vouveau Ver parasite parfaitement distinct, 1° à cause de sa forme allongée qui ne se voit que chez les Rotifères, lesquels ont une queue appendicu- lée rétractile, et sont plus amincis aux deux extrémités quand f ils s’allongent, et surtout bien plus contractiles ; 2° par sa queue simple, en pointe conoïde, mousse, ce qui ne s’observe tout au plus que chez le Glenophora Ehr., si différent d’ailleurs par sa forme courte et conique , tandis que tous les autres ont à la partie postérieure, ou une ventouse pour se fixer , ou des ap- pendices plus ou moins prononcés ; 3° par son appareil man- dibulaire, analogue seulement à ceux des diglena, dont le corps, plus court, est entouré d’un tégument lâche,.plissé, et dont la queue est bifurquée ; 4° enfin par ses organes respiratoires in- térieurs , qui diffèrent totalement de ceux que M. FEhrenberg à décrits chez les zo{ommaia , megalotrocha , etc. On pourrait, Je crois, poser ainsi les caractères génériques de lZ/bertia : | Animal vermiforme , contractile , nudum , mandibulatum , anticè sub-truncatum ; cucullo frontali mox prominulo , ore- que ciliato mox expanso munitum , postice attenuatum, caudé& brevi, conica terminatum. Les caractères spécifiques seraient fournis par les appendices de l'estomac, par les mandibules et par la viviparité; tandis que les caractères généraux tirés de l’organisation lui seraient commun avec ceux d’une même famille. Voilà ce que mes premières observations m'ont fait connaître sur ce type curieux : on pourra bien me reprocher d’avoir laissé ma description incomplète en ne mentionnant pas même les testicules , les nerfs, les vaisseaux et tous les autres organes mi- nutieusement décrits par le savant micrographe de Berlin; je crois bien qu'on peut voir plus que je n’ai vu; j'espère même que mes recherches ultérieures me feront mieux distinguer ce que je n’ai fait qu'apercevoir; cependant je ne crois pas pouvoir parvenir à y découvrir les organes décrits par M. Ehrenberg, et que j'ai vainement cherchés, non-seulement dans cette es- pèce, mais même dans cette fameuse Hydatina qu'il a prise pour type. voisin des Roliféres. 18€ IL. Pour faire connaître la cause de mes doutes, je vais présen- ter une exposition rapide de nos connaissances réelles sur la classe des Rotateurs, après que j'aurai préalablement dit quel- ques mots du Tardigrade de Spallanzani. Cet animal microscopique, long de 1/4 à 1/2 millim., paraît avoir été vu d’abord en 1767 par Eichhorn (1), qui lui donna le nom significatifgle ’asserbär (Ours d’eau). Dans ses mou- vemenrs, en effet, et surtout quand il se montre de profil, il rappelle assez bien l’idée d’un ours qui se dresse sur ses pattes de derrière ou qui cherche à grimper. Eichhorn, qui lavait trouvé dans une eau gardée long-temps avec des herbes, en donna une figure très imparfaite en représentant l'animal avec dix pieds au lieu de huit, et n’indiquant ni les intestins, ni les mandibules , etc. Corti, en 1774, qui le nomma Brucolino, le trouva dans le sable des toits, et l’étudia particulièrement sous le rapport de sa résurrection après qu’il a été desséché avec le sable (2); c’est sous ce rapport aussi que Spallanzani (3) l'observa avec soin en 1776, en même temps que ses Rotifères , qu'il trouvait comme lui, mais bien plus communément, dans le sable des toits et des gouttières : il lui donna le nom de T'ardigrade ; à cause de sa démarche lourde et de ses mouvemens assez gauches. Mal- heureusement, il le représenta, on ne peut plus mal, dans ses planches, et n’indiqua aucunement son organisation. Schrank, dans sa Fauna Boica, 1804, décrivit le même ani- mal, qu'il avait bien vu, et le nomma Arctiscon ( du mot grec Arctos, ours); mais ce nom fut entièrement oublié, jusqu’à ce que M. Nitzsch en 1835, dans les Archives de Wiegman(4), le appela en décrivant comme deux espèces le même animal qui en 1833 et 1834 venait de recevoir deux noms différens, savoir, (1) Beytrage zur naturgeschichte der kleinsten Wasserthiere , 1981, pl. var. (2) Opere microscopiche, (3) Opuscules de physique , traduits par Sennebier; tome IE, p. (4) Wiegmann’s Archiv für Naturgeschichte, 1835, p. 374. 182 F. DUJARDIN. — Tardigrade. le nom de Macrobiotus Hufelandii par M. Schultze de Griefs- wald (1),et celui de Trionychium tardigradum par M. Ehrenberg. Les observations de M. Schultze, communiquées à la réunion des naturalistes allemands à Breslau, furent particulièrement importantes, parce qu'elles mirent hors de doute la véracité des expériences de Spallanzani sur la résurrection des Roti- fères et des Tardigrades desséchés dans le sable : vérifiées par beaucoup d’autres naturalistes à cette époque, elles permirent de croire sans réserve que ces animaux peuvent éprouver du- rant plusieurs années une suspension de l& vie, qui prolonge par le fait la durée de leur existence bien au-delà dé ses limites naturelles. La description et la figure du Tardigrade ou Wacro- biotus, données dans lIsès par M. Schultze, furent les plus exactes qu'on eùt encore eues ; mais l'anteur se trompa sur la sigüification de plusieurs parties, et voulut peut-être trop considérer & priori son animal comme appartenant à la classé des Crustacés ; conséquemment, il le crut voir bien plus réelle- ment articulé qu'il n’est en effet : il prit pour une circulation du sang le refoulement des granules contenus librement dans l'intérieur du corps, et mus irrégulièrement par suite des con- tractions. Il parait s’être mépris sur ce qu'il nomme des œufs, ou du moins il n’a pas vu les œufs mürs; et enfin, voulant in- terpréter lappareil mandibulaire, il appelle œsophage la réu- nion antérieure des quatre tiges des mandibules et du support, et veut trouver trois paires de dents dans les articles de la base du support, au milieu de la masse charnue globuleuse du pha- Tynx. La caractéristique du genre Macrobiotus, donnée par M. Schultze, est la suivante : « Corpus elongatum, depresso cylin- « dricum, in decem sezmenta distinctum. Pédes octo, alternis « segimentis à quarto ad decimum affixi. Caput antennis destitu- « tum, oculi duo». Ainsi, pour en faire des Crustacés, on est forcé de reconnaître que ces animaux n’ont pas d’appendices articulés. M. Ehrenberg, qui de son côté crut reconnaitre une tres (x) Isis. 1834 , p. 708. F. DUJARDIN. — Tüurdigrade. 183 grande affinité entre eux et les Lernées, se méprit aussi sur plusieurs détails de leur organisation , notamment sur leurs ongles, qu'il dit être au nombre de trois à chaque pied, et d’où il a même tiré leur nom générique trionychium ; mais il avait, en général, mieux vu que M. Schultze : il signala l’analogie de leur canal intestinal avec celui des Rotateurs , sauf, dit-1l, Pab- sence des deux glandes stomacales , et surtout il fitune obser- vation fort curieuse sur la ponte de leurs œufs, car 1l vit les Tardigrades se dépouiller eux-mêmes de leur propre peau, qui reste comme une enveloppe ou un sac renfermant des œufs gros de 1/36” (1/16 millim. ). Il m'est bien arrivé à moi-mème de voir des peaux de Tardigrade ne contenant rien autre chose que des gros œufs, mais je n'ai pas vu ces animaux effectuer à-la-fois leur rnue et leur ponte. C’est leur volume si considé- rable qui n'a fait dire précédemment que M. Schultze n'a pas représenté les véritables œufs dans la plauche de P ses. Le Tardigrade, par le volume de ses œufs, par la période si peu considérable de son développement, de 1/10 à 1/2 mill., et surtout par la simplicité de son appareil digestif, en même temps que par son appareil mandibulaire, wa paru se rapprocher bien plus des Rotateurs que des Crustacés. D'un autre côté, ses ongles cornés, bi-mucronés ( pl. 2, fig. 7) rappellent tout- à-fait les crochets de certaines Annelides. De sorte que, adop- tant l’idée de M. Milne Edwards, qui veut placer les Rotateurs dans une division générale des Vers avec les Annelides et jes Helminthes, on verrait dans le Tardigrade le passage des Rota- teurs aux Annelides à mandibules œsophagiennes et à celles à soies en crochet; tandis que l’4/bertia ; que j'ai décrit plus haut, établirait le passage de cette même classe aux Helminthes par les Nematoïdes dont il a presque la forme extérieure, et par les Pentastomes , dont les crochets, comme je le montrerai plus tard , Ont tant de rapport avec les mandibules de certains Rotateurs. l C’est bien à tort que M. Schultze a représenté le Tardigrade comme articulé, car son enveloppe extérieure, irrégulièrement gonflée, présente seulement des rides plus où moins nom- breuses dans la flexion et la contraction du corps. Les pieds 184 F. DUJARDIN. — Tardigrade. eux-mêmes ne sont pas articulés : ce sont des tubercules saillans, formés par le prolongement de la peau , analogues tout au plus aux tubercules servant à la progression des larves de Syrphe, et qui, comme on sait, ne sont nulle- ment des pieds. L'appareil mandibulaire, quoique différant beaucoup, au premier aspect, de celui des Rotateurs, n’est pas sans quelque analogie avec celui de certains Diglena et Notommata, chez lesquels les pointes tendent à fôrmer saillie au milieu de l’ouverture buccale. Les deux pièces latérales, avec leurs deux apophyses basilaires, auxquelles s'attache un cordon musculaire qui les rapproche, sont les mandibules proprement dites. Les pièces centrales constituent le support (fw/crum), qui, s’avançant et se reculant, détermine l’écartement et le rap- prochement des mandibules. La base de ce support, logée au milieu d'une masse musculaire globuleuse et radiée, présente deux séries de deux pièces articulées, correspondant à chacune des deux tiges. J'avoue que je n’ai pu me rendre raison de cette articulation, dont la mobilité est peu sensible; mais, à coup sr, par cette dernière raison, ce ne sont pas des dents, comme le pense M.Schultze; non plus que la réunion des tiges, du support et des mandibules n’est un œsophage. Le mouvement relatif de chaque pièce est peu considérable; les mandibules s’écartent un peu en avançant leurs pointes quand leurs bases se rappro- chent, en tournant autour de l'axe commun du système , mais non comme les branches d’une paire de ciseaux. Le mouvement général de l'appareil est, au contraire, assez étendu; quand il s'avance tout entier, les mandibules se prolongent un peu et vieunent aboutir à l'extrémité d’une sorte de trompe courte, percée d’un orifice rond très étroit ( pl. 2, fig. 5). Quand il se retire , les tégumens se retournent à l’intérieur comme un doigt de gant, et, au lieu d’une trompe, on a une large ouverture en entonnoir (pl. 2, fig. 4); mais, alors, lamanducation ne s’effec- tue pas. C'est donc encore l’analogue du mouvement de la trompe et de l’armure œsophagienne de certains Annelides et Helminthes. Les deux poirits noirs qu’on apercoit de chaque côté des man- dibules sont intérieurs et paraissent sans organisation, et même F. DUJARDIN. — Tüardigrade. 185 sans forme distincte. Ce sont de simples taches, comme celles de la tête des Planaires, mais on a tout autant de motifs pour les regarder comme des yeux que les taches rouges des rotateurs. Plusieurs fois, j'ai vu une troisième tache médiane très peu mar- quée, près du bord antérieur. La substance charnue intérieure ne forme pas de fibres ou de faisceaux distincts, comme dans les articulés; bien loin de là, elle parait molle, visqueuse ou de- mi liquide et reflue d’une extrémité à l’autre, quand l'animal se meut. Les granules contenus à l’intérieur se trouvant alors en- traînés dans un sens ou dans l’autre, ont présenté à M. Schultze l'apparence d’une circulation du sang. Une particularité que Je n'ai pu m'expliquer, est offerte par certains individus de cette singulière espèce: tandis que les autres sont presque diaphanes et ne montrent à l'intérieur , entre l'intestin et la peau , qu’une substance transparente, ceux-ci sont remplis et comme farcis de globules granuleux (pl. 2, fig. 4) en nombre considérable, tous égaux ou à-peu-près, et de = millimètre environ: ils changent de place dans l'intérieur, quand l'animal se contracte, et parais- sent n'avoir aucune connexion ni entre eux, ni avec les autres organes. Spallanzani les avait remarqués, sans les comprendre plus que moi. Ce ne peuvent être les œufs, que l’on connait si volumineux et surtout si peu nombreux chez ces animaux. J'ai trouvé le Tardigrade , comme Eichhorn, dans des flacons où je conservais, depuis plus d’un an, des conferves et des len- tilles d’eau; je l'ai trouvé aussi très abondamment dans l’eau des petites mares de la forêt de Fontainebleau ,avec les Brachions, les Floscularia, etc., entre les rameaux d’une mousse très déli- cate (Hypnum fluitans). IL. Si, maintenant, nous voulons jeter un oup-d'œil sur la classe qui contient ces animaux, et qu’à tort on a voulu nommer classe des rotateurs, nous devrons distinguer soigneusement les carac- tères exprimant des particularités plus ou moins douteuses de 186 F. DUJARDIN. — Systolides ou Rotateurs. leur organisation, et les caractères reconnus de tousles obser- vateurs comme parfaitement avérés. e Ceux-ci sont : 1° de pouvoir se contracter brusquement et plusieurs reprises , de manière à faire entièrement rentrer sous l'enveloppe de la partie moyenne du corps les extrémités, ou au moins l'extrémité antérieure (1); 2° d’avoir toujours une en- veloppe résistante, souvent même cornée, et de ne point se dé- composer par diffluence, comme les infusoires; 3° d’avoir un ca- nal intestinal simple, droit ou presque droit, ce qu’on ne voit pas non plus chez les infusoires; 4 d'avoir un appareil mandi- bulaire mu par des muscles spéciaux et composé de pièces arti- culées cornées, analogues à celles de l’'armure œsophagienne des annelides et aux crochets de certains Helminthes, et nulle- ment comparable aux baguettes cornées, rangées en manière de nasse autour de la bouche de certains infusoires;,5° enfin, de se multiplier exclusivement par des œufs peu nombreux, et, proportionnellement, très volumineux, et jamais par division spontanée ou par gemmes, comme les infusoires et les polypes. On voit que ces caractères suffisent, et au-delà, pour distin- guer ces animaux des infusoires, auxquels on a supposé, sans preuve, il est vrai, des œufs qui auraient moins du centième de la longueur de l'animal adulte, Ces caractères se rencontrent dans l’Albertia et dans le Tardigrade; ils se rencontrent aussi dans tous les animaux rapportés par M. Ehrenberg à la classe des ro- _tateurs, excepté dans son Chætonotus (Trichoda larus, Müller ) qui n’a pas de tégument ni de mandibule, et peut-être dans son Ichthydium, que je n'ai pas vu, mais que je suppose devoir être également étranger à la classe en question. Ces caractères doi- vent suffire aussi pour fixer la place de ces animaux dans la sé- rie animale; et je me range volontiers, sur ce point, à l'opinion de M. Milne Edwards, qui croit devoir les placer, comme je l'ai dit plus haut, avec les Helminthes et les Annelides, dans une di- vision des articulés, qui reprendrait le nom de Vers. (x) C'est la contractilité si prononcée de ces animaux qui détermina O. F. Müller, à les re unir en partie avec les Vorticelles qni possèdent aussi ce caractère, mais qui n’ont poiut du tout les mêmes organes Aigestifs ni les mêmes moyens de reproduction. F. DUJARDIN. — Syséclides ou Rotateurs. 187 Dans l’énumération de ces caractères, ne figure pas précisé- ment celui qui leur a valu le nom de rotateurs. C’est qu’en effet, il n’est pas, à notre avis, un Caractère essentiel; il se montre avec plus ou moins d'importance dans des ordres et dans des famil- les, il est vrai, mais il disparaît entièrement dans d’autres, ou se modifie tellement qu’on ne peut plus l’y reconnaître. Ainsi, l’organe rotateur de V Æ/bertia, auquel, assurément, on ne con- testera pas ses affinités avec les vrais rotateurs, cet organe est comme rudimentaire; il ne peut plus servir d’organe de locomo- tion ou de respiration comme chez d’autres; à peine peut-il ser- vir à l’adduction des alimers, puisque l'animal vit au milieu de sa nourriture et qu’il n’a pas besoin de la chercher dans uné vas- te étendue de liquide, au moyen des tourbillons qu'il y produi- rait, à la manière des Mesalotrocha, qui ne nagent pas. Cet or- gane rotateur, nous le voyons chez certains genres où il est très développé, ne jouer que le rôle d'un organe appendiculaire ou accessoire, et se déplier seulement dans certaines circon- stances assez rarés : les rotiferes , par exemple, ne voultfrent le montrer à Spallanzani qu'après vingt-et-un jours d'observa- tion continuelle (1), et cependant cet habile observateur desirait ardemment voir cet organe précédemment décrit par Leeuwen- hoek et par Baker. Les Floscularia , qui ont bien réellememt des mandibules, ont au lieu d'organe rotateur, de longs cils qu'ils n’agitent jamais, et qui seraient plutôt un organe de tact que l'analogue des cils vibratiles des rotateurs, et le Chetonotus , s’il devait rester dans cette même classe, serait lui-même également privé de cet or- gane, Car on ne pourrait nommer ainsi les cils vibratiles de sa face ventrale, qui ont bien plutôt le caractère des cils des Trichodes et des Leucophres. Ce n’est donc point de là que la classe aurait dù prendre sa dénomination ; ce devrait être plutôt de la faculté qu'ont ces animaux de se contracter brusquement en retirant leur extré- mité antérieure sous l'enveloppe résistante de la partie moyenne, (r)Spallausani, Opuse, phys, Trad, ©, JL p. 225. 188 F. DUJARDIN. — Systolides ou Rotateurs. ou du grand volume de leurs œufs et de la courte période de leur développement, ou encore de leur appareil mandibulaire, si cet appareil ne se voyait pas également chez des Annelides, et plus ou moins modifié chez des Helminthes; pour cette rai- son , je préférerais encore à la dénomination de rotateurs ou rotatoires (rotatoria) introduite par M. Ehrenberg, celle de Gnaihostomes proposée précédemment comme exprimant le caractère plus essentiel de armure pharyngienne de ces ani- maux , si cette dénomination n’avait été appliquée récemment par M. Owen à un genre d’Helminthes Nematoïdes. Cependant, comme il importe qu’une classe aussi tranchée soit désignée par un nom qui ne renferme ni une contradiction, ni un contre- sens , je me réunis à M, Milne Edwards et M. Rhin pour pro- poser celui de Systolides. Cette dénomination, dérivée du mot grec cusrokn, contraction, rappelle bien les paire brusques de l’animal tout entier et de ses parties externes où internes, et en même temps elle est assez conforme aux dénominations d'Amnelides et d’Helminthides des autres classes de la division des Vers. Les caractères fondés sur des traits d'organisation douteux ou hypothétiques sont ceux qu’on a voulu prendre des organes des sens et du système nerveux, des systèmes circulatoire et respiratoire, et des organes génitaux mâles. Rien de plus douteux, en effet , que la signification attribuée aux points rouges de ces animaux: quoiqu'ils ne présentent au- cune trace d'organisation distincte, on les prend pour des yeux, par cette seule raison que les yeux des animaux plus élevés dans la série sont accompagnés d’un pigment coloré, et, ce principe admis, on veut trouver des yeux jusque chez les ani- maux les plus simples, partout ‘où l'on voit un point rouge. Mais ces points colorés sont si variables par leur nombre et par leur position, ils ont si peu d'importance physiologique, que, bien loin de pouvoir servir à limiter des-genres, ils ont conduit au contraire M. Ehrenberg à séparer des espèces très voisines , sinon identiques, par ce seul motif que les points rouges étaient ou n'étaient pas visibles : ainsi ses noteus, par exeniple, sont des brachions aussitôt qu'un point rouge se manifeste, comme F. DUJARDIN. — Systolides ou Rotateurs. 189 il est déjà arrivé au noteus Bakeri ; et toutes ses Philodinées , à part ses Monolabis, qui sont un genre bien distinct, et peut- ètre son Callidina et ses deux genres africains Hydrias et Ty- phlina , que de son propre aveu il r’a pu étudier suffisamment, toutes , dis-je, m'ont paru appartenir au même genre Rotifère, et la position des points rouges ou le développement plus ou moins complet de la queue, m'ont paru des différences pure- ment spécifiques , sinon accidentelles. Les muscles des animaux inférieurs ne m'ont point présenté de stries transverses au-delà des Pentastomes, qui sont des En- tozoaires ; je n’en ai jamais vu chez les Rotateurs, et M. Ehren- berg lui-même dit ne les avoir vus que chez une seule Diglena. On conçoit, d’après cela, combien il doit être facile de prendre pour des nerfs de simples cordons musculaires qui ne montrent aucune organisation intérieure ; C’est, Je crois, ce qui est arrivé pour les prétendus nerfs des Rotateurs. Quant au bulbe appelé un cerveau où un ganglion optique, je ne sais ce que c’est; mais il me paraît impossible de donner cette signification au gros bulbe dorsal sur lequel est fixé le point rouge de la orti- oh tremula de Müller ( Synchæta Ehr.) Les organes génitaux males ont été interprétés par M. pb berg d’une manière que je ne peux entièrement admettre ; nous avons vu plus haut ( page 178) ce qu'on doit penser de la prétendue vessie contractile servant d’organe d’éjaculation, dont l’analogie est invoquée pour prouver ‘le signification des vésicules contractiles des Infusoires proprement dits, tandis que, réciproquement, ceux-ci viennent à leur tour, suivant la logique de l’auteur, confirmer la vraie signification de l'organe des Rotateurs. Quant aux cordons charnus ou glanduleux que M. Ehrenberg nomme les testicules , il ne serait pas impossible qu'ils dussent réellement avoir cette dénomination. Cependant l’auteur allemand convient lui-même qu'ils manquent chez plu- sieurs Rotateurs pourvus au contraire de la vessie contractile ; et d’un autre côté, leur connexion avec les organes vibratiles pris pour des branchies intérieures, semble contredire cette si- gnification. | Les organes respiratoires intérieurs découverts par M. Ehren- 190 F. DUJARDIN. — Systolides ou Rotateurs. berg, quoique différens par leur forme(r) de ceux que j'ai décrits chez l'4/bertia , me paraissent bien en effet propres à la fonc- tion qu'on leur attribue ; mais je ne puis croire que l’eau pé- nètre de l'extérieur à l'intérieur, pour la respiration, par le pro- longement nommé l’éperon chez les Rotifères, attendu qu’on ne peut jamais observer à son extrémité aucun mouyement d'entrée ou de sortie du liquide. M. Ehrenberg, embarrassé de la signification de cet organe, l'avait d’abord , dans son second Mémoire ( page 40. 1832) considéré comme un organe de gé- nération ayant, disait-il, « par sa position et sa forme, une grande analogie avec l'organe mâle des Mollusques »; et plus loin, il se résumait en disant : « Comme ces animaux se fécon- dent eux-mêmes, on pourrait aussi, en le considérant comme un organe générateur d'animaux hermaphrodites, l'appeler in- différemment clitoris ou pénis». Aujourd’hui, ayant besoin d'expliquer l'arrivée de l’eau extérieure jusqu'aux branchies in- térieures, le même micrographe, comme je l'ai dit plus haut, veut donner à l’éperon cette destination; mais pour moi, il me paraît bien plus probable que c’est la vessie contractile qui rem- plit cet objet, et je me borne à dire que j'ignore entièrement à quoi peut servir l’éperon. Il me reste à faire un aveu du même genre relativement au système circulatoire des Systolides où Rotateurs. J'ai bien vu les plis qui ont paru des vaisseaux longitudinaux transver- saux à M. Ehrenberg; je n’ai pas vu les prétendus réseaux vas- culaires qu’il décrit tout autour de l'organe rotateur, le mouve- ment des cils m'en à empêché comme il en empêchera bien d’autres sans doute : et, à moins d’avoir vu le mouvement du li- quide dans ces vaisseaux, je ne comprends pas un système vas- culaire formé de canaux se coupant à angle droit , à de grandes distances , sur tout le corps, et venant.s’anastomoser indéfini- ment autour de l’organe rotâteur seulement. J'aurais bien encore à émettre d’autres doutes sur différens (x) Ces organes, tels que je les ai vus dans divers systolides tels que l’Æydatina, V'Enteroplea, etc., m'ont toujours paru consister essentiellement, en uu filament agité d’un mouvement ondu- latoire continuel. .F. DUJARDIN. — Systolides ou Rotateurs. 191 points de l’organisation annoncée chez lesanimaux de cette classe; je dirais notamment que l'interprétation du mouvement des cils, qui décrivent des surfaces coniques ayant leur sommet à la base du cil, me paraît entièrement grronée , et qu’eile est con- tredite par la flexibilité de ces cils, par leur prompte décompo- sition près la mort ,-et par leur flexion évidente dans les inter- valles A repos, etc.; mais devânt traiter ce sujet d’une ma- nière complète dans un ouvrage spécial, j'ai voulu montrer seulement ici pourquoi je n'avais pas indiqué chez l'{lbertia des organes qu'on dit avoir vus chez des animaux voisins. EXPLICATION DE LA PLANCIE 2. Fig. 1. Albertia vermiculus jeune, ayant l'ovaire peu développé et ses organes ciliés retrac- tés; aa. branchies intérieures, 2. une branchie supposée, isolée et plus grossie; c. sacs gas— triques postérieurs; d, sacs gastriques antérieurs; r. appareil mandibulaire; q. anus. Fig. 2. Albertia vermiculus adulte avec des œufs o, 0’, 0”. o””, à différens degrés de déve- loppement, Cette figure et la précédente sont grossies 300 fois. ) Fig. 3. Mandibules de l’Albertia et leur support grossi 600 fois. Fig. 4. Tardigrade de Spallanzani vu presque de face avec la bouche rétractée , et contenant des globules granuleux de nature inconnue (grossi 300 fois). Fig. 5. Le méme vu de profil, avec la bouche prolongée en trompe courte et sans granules intérieurs (grossi 300 fois). Fig. 6. Partie antérieure d'un tardigrade, ayant la bouche avancée (grossi Goo fois). Fig. 7. Partie postérieure du tardigrade, grossie 600 fois. Ô CompTE-RxNDU des actes de la Société des Sciences naturelles de Bâle, août 1830 à juillet 1838. (1) La partie zoologique et zootomique de ce compte rendu, contient les notices suivantes : L. M. Imnorr, sur une monstruosité du Cephalote vulgaris. Bon, Cara- bus cephalotes. L. — Cet insecte monstrueux avait sept pattes; le membre an- térieur du côté droit était double. IL. M. Mrescner présente quelques exemplaires de vers intestinaux, découverts (x) Extrait du Bericht über die Verhandlungen der natursforschenden Gesell schaft ir Basel vom August 1836 bis. Jul. 1838, TI, Basel. 1838. Communiqué par M. Mandl. 192 Actes de la Société des Sciences naturelles de Büle. dans le cœcum et le rectum du cheval. Ces Entozoaires se trouvent dans la sub- stance de la membrane muqueuse; logés dans des espèces de petits nids, qui appa- raissent à l'œil nu sous la forme de petites élévations, au milieu desquelles se voit un point noir; on ne peut guère les distinguer de autres glandes intestinales, mais considérés avec la loupe, on y découvre les petits Entozoaires. On ne peut pas enlever ces vers en lavant l’intestin, même après un certain temps de macération; il faut les extraire à l’aide d’une aiguille. Ils appartiennent à l’ordre desNéma- toïdes ; leur corps est rond, distinctement annelé, finissant en une queue beaucoup moins large que la partie antérieure. La bouche est ronde et tronquée, etil en part un intestin noir ou rouge-noirâtre, qui s’etend le long du corps transparent, et qui finit à Janus, un peu avant l'extrémité de la queue. La longueur de ces vers est de une à deux lignes et demie. Il n’y a pas de trace de l'appareil sexuel. D'après la description que nous venons de rapporter, M. Miescher conclut que ces vers sont les Embryons du Srongylus armatus , qui se trouvent toujours en même temps dans les intestins. Il ne leur manquerien de la formation propre à ce dernier , que la structure toute particulière des organes mâles; mais ceux-c; manquent tout-à- fait chez ces embryons. L'auteur puise encore un argument dans les circonstances suivantes : Il est connu qu’on trouve dans le cœcum du cheval deux variétés de Sron- gylus armatus , une qui est plus petite, et une autre plus grande, Rudolphi n’a pas décidé s’il faut en faire deux espèces différentes où deux variétés. Les uns ont une longueur de 4 à 6 lignes, et sont d'une couleur jaune-blanche; les autres sont rouges, et longs d’un à deux pouces. Les petits sont les plus nom- breux ; mais leur appareil sexuel est parfaitement achevé ,et on trouve dans leurs ovaires des œufs parfaits. M. Miescher rejette donc l’idée que la grande variété de Srongle ne serait que des individus plus âgés qne la petite variété; au con- traire, il a trouvé parmi ces embryons aussi deux espèces correspondantes. L’es- pèce de petits vers ou embryons, que nous avons décrit, correspond à la petite variété qui est aussi la plus nombreuse. Mais l’auteur ditavoir trouvé une fois , dans la membrane muqueuse d’un cheval, une espèce de vésicule, contenant un ver enroulé, d'un rouge fonce, et d’une longueur de 4 lignes et demie, qui ne présentait non plus aucune trace des organes sexuels et il croit que c’est un embryon de la grande variété du Srongylus armatus. I| ÿ aurait donc de cette manière une véritable éclosion des œufs des Entozoaires dans les intestins. III. M. Hacengacu fait une communication sur la structure particulière du cerveau d’un singe du genre Cercopithecus. Il a trouve le cercle de Willis double. L’organe de l’ouïe se rapproche beaucoup de celui de l’homme ; mais il y a quelque différence dans le trajet des nerfs. MILNE EDWARDSs. — Circulation dans les Annelides. 1 DO es RECHERCHES pOur servir à l'histoire de la circulation du sang e chez les annelides. Par M. H. Mine Epwarps. (Lues à l'Académie des Sciences le 3o octobre 1837.) $ 1. Les grandes fonctions de l’organisme n'offrent en général que des modifications légères lorsqu'on les étudie dans une famille naturelle, et que cette famille occupe un rang élevé dans la série zoologique. Alors, il suffit ordinairement d’un seul exemple pour donner une idée exacte du mode de struc- ture et du jeu d’un appareil dans toute une classe d'animaux; mais lorsqu'on poursuit des recherches analogues dans les de- grés inférieurs de l’échelle animale, on est loin de rencontrer une fixité pareille, Là , on voit ces mécanismes compliqués dis- paraître peu-à-peu, et, en perdant de leur importance, ils pré- sentent souvent des variations considérables sans que ces changemens entraînent d’autres différences dans le plan géné- ral de l’organisation, ou coïncident avec les limites des grandes divisions naturelles du règne animal. Il en résulte que dans les classes intérieures, l'anatomiste a besoin de multiplier davan- tage ses investigations , et ne peut établir des règles générales que sur une masse de faits bien plus considérable. La respiration, par exemple, chez les animaux vertébrés, est une des fonctions dominatrices de l’organisation , et se pré- sente avec les mêmes caractères essentiels dans toutes les es- pèces dont chacune des grandes divisions de cet embranche- ment se compose; mais chez les Mollusques, les Arachnides, . les Crustacés et les autres animaux inférieurs, elle offre sou- vent, dans un même groupe naturel, des variations extrêmes, et on l'y voit devenir tour-àtour l'apanage d'organes qui, X, Zool, — Octobre, 13 194 MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. avec des modes de structure bien différens, se suppléent entre eux sans que leur changement paraisse coincider nécessaire- ment avec d’autres modifications dans l’économie intérieure de ces êtres. La série naturelle, formée par les vers (1), est une de celles dans lesquelles on doit s'attendre à rencontrer le pluside di- versité dans le mode de conformation et dans le mécanisme de plusieurs des grands appareils physiologiques. On y voit deux fonctions de premier ordre, la respiration et la circulation, présenter une dégradation rapide, et cesser enfin d'être dis- tinctes, bien que leur rôle ait été d’abord d’une haute impor- tance. L'étude de ces fonctions, soit chez les Annélides, soit chez les Helminthes, promettait donc au zoologiste des faits variés et intéressans ; aussi, quoiqu'elle ait déjà fixé l'attention de plusieurs observateurs, ai-je désiré m'en occuper à mon tour et dans la vue de faire de nouvelles recherches sur l’ana- tomie et la physiologie des Annelides, j'ai visité cette année divers points de nos côtes où ces animaux abondent. C’est principalement à Roscoff que j'ai eu l’occasion d’exami- ner un grand nombre de vers marins, et si je signale cette circonstance, c’est afin de pouvoir, sans plus de retard, expri- mer publiquement toute ma reconnaissance envers un. des membres de cette académie, M. Beautemps Beaupré, qui, oc- cupé du relevé hydrographique du voisinage de ce port, a puissamment contribué aux succès de mes recherches, en me fournissant des moyens d'exploration sans lesquels je n'aurais pu que difficilement me procurer tous les animaux dont je voulais examiner la structure intérieure. $2. Cuvier, comme chacun le sait, fut le premier à former des Annelides une F. RER distincte. Frappé de la couleur si remar- (x) C’est à dessein que je me sers de ce mot, qui est abandonné par la plupart des zovlo- gistes classificateurs, En effet, je pense que c’est avec raison que M. de Blainville rapporte les Helminthes à la série des animaux articulés , et je crois qu’il faudrait diviser cet embranchement en deux groupes principaux, comprenant l’un les Arliculés à pieds articulés , et l’autre les An- nelides, les Helminthes, les Rotateurs , etc, , série à laquelle on pourrait conserver le nom vulgaire de vers, MILNE EDWARDSs. — Circulation dans les Annelides. 199 quable du liquide nourricier, chez ces animaux , il les désigna d’abord sous le nom de vers à sang rouge, et Lamarck, tout en substituant à cette dénomination le nom d'AÆrnelides, géné- ralement adopté aujourd'hui, sembla aussi attribuer à l'existence de ce sang rouge une grande importance (1). Ce caractère éloigue en effet les Annelides des Mollusques, des Insectes, des Crustacés, des Vers Intestinaux et de tous les autres animaux inférieurs, pour les rapprocher des animaux vertébrés, et ce fut probablement pour cette raison seulement que ces deux naturalistes placèrent ces êtres, dont toutes les facultés sont si bornées , plus haut dans la série zoologique que les Crustacés et même que les Arachnides dont la structure présente une perfec- tion bien plus grande et les facultés un développement corres- pondant. M. de Blainville ne partage pas cette manière de voir, et, dans un article du dictionnaire des Sciences naturelles, il cita comme une exception à la règle générale, relative à la couleur du sang chez les Annelides, une des espèces les plus grosses de nos mers, l’Aphrodite hérissée (2). Pallas, à qui l’on doit tant d'excellentes observations sur les animaux inférieurs, avait, en effet, déja noté que les vaisseaux de cette Aphrodite étaient remplis d’un liquide qu’il désigne sous le nom de lymphe (3), tandis qu'en décrivant plusieurs autres espèces, il avait mentionné l'existence de sang rouge. Néanmoins, l’anomalie, (x) D’après le passage suivant , on doit croire que Lamarck considérait l'existence de sang rouge comme le caractère essentiel de la classe des Annelides et aurait à priori exclu, de ce groupe les animaux vermiformes chez lesquels on pourrait par la suite constater son absence, « Ce qui a effectivement paru très singulier, ce fut de trouver que les Annélides, quoique « moins pexfectionnés en organisation que les Mollusques avaient cependant le sang véritäble- » ment rouge , tandis que celui des Mollusques , des Crustacés, ete., n’a pas encore cette cou « leur qui dépend de son état et de sa composition , et qui est celle du sang de tous les animaux « vertébrés. On sent bien que, parmi les animaux que nous rapportons à notre classe des « Annelides ceux qui se trouveraient n'avoir pas dans leur organisation le caractere classique, « n'infirment point ce caractère et ne sont placés ici qu'en attendant que leur organisation soit « inieux connue. » (Animaux sans vertèbres , t, v, p. 276.) (2) Artiche Pers du Dictionnaire des Sciénces naturelles, t, zvt1, p. 409. (3) « Sectis in dorso lougitudiraliter tegumentis, oceurrit vasculum lÿmpha sæpè turbidula « plenum , etc, » (Miscellanea zoologica , P. 89.) 1. 196 MILNE FDWARDS. — Circulation dans les Annelides. signalée par M. de Blainville, ne fut accueillie qu'avec doute par d’autres savans qui faisaient également autorité dans la science , et notamment par M. Cuvier qui croyait se rappeler avoir observé le contraire dans une espèce voisine (1). Depuis lors on a constaté l'existence d’un liquide nourricier incolore chez quelques Sangsues, mais on n'a pas fait, à ma connaissance, de nouvelles recherches sur ce sujet chez les Annelides Ché- topodes, et nne des premières questions que je m'étais pro- posé de résoudre, en étudiant la circulation du sang dans ces animaux, était celle de la constance ou des variations dans la couleur de ce liquide. $ 3. Chez les Eunices (2), les Euphrosines, les Néréides , les Nephtys, les Glycères , les OEnones, les Arénicoles, les Her- melles, les Térébelles , les Serpules, etc., j'ai toujours trouvé le sang de couleur rouge comme chez les Lombrics et les Säng- sues. Mais, du reste ,'examiné au microscope, ce liquide ne nva pas semblé différer du sang des autres animaux sans vertèbres. Les globules qu’on y voit nager n’ont pas du tout l'aspect de ceux propres au sang des animaux vertébrés : ce sont des cor- puscules circulaires dont la surface a une apparence framboi- sée, et dont les dimensions varient extrêmement chez un même animal. Je n’ai pas eu l’occasion d'observer à l’état frais le sang de l’'Aphrodite hérissée; mais il m'a été facile de constater que dans un démembrement du genre dont cet Annelide fait par- tie, dans les Polynoés, le sang n’est pas rouge comme le pen- sait Cuvier, mais seulement un peu jaunâtre. Dans le genre Si- (x) Voici comment M. Cuvier s'exprime à ce sujet dans la dernière édition de son Règne animal , publiée en 1830: « Les Annelides sont Îles seuls animaux sans vertèbres qui aient le « sang rouge »; (note) « On a dit que les Aphrodites n’ont pas le sang rouge: je crois avoir observé le contra:re dans l’Aphrodita squamata. » (Op. cit. t. 11 ,p. 186.) (a) Cette couleur rouge du sang des Eunices est sensiblement la même dans tout le système vasculaire , et je ne puis m'expliquer comment M. Delle Chiaje a été conduit à penser que, chez un Annelide de la même famille appartenant au genre Diopatra, ce liquide est rouge dans une portion du cercle circulatoire , et vert dans l'autre. (Voyez Memorie sulla storia 8 notomia degli animali senza vertebre del regno di Napoli, vol. 1, p. 3990. | | | MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. 147 galion, qui appartient à la même tribu naturelle, le sang n'offre également aucune teinte de rouge, et est presque incolore. Cette coïncidence entre la couleur anormale du sang et la similitude d'organisation qui détermine le rapprochement de ces divers animaux en une même tribu naturelle, n'avait rien qui dût nous étonner, et, d’après ces faits, on pouvait être porté à penser que, dans tout le groupe des Aphrodisiens , le sang devait être blanc au lieu d’être rouge comme chez les An- nelides ordinaires. Mais en poursuivant mes observations, je ne tardai pas à voir que dans cette classe d'animaux la couleur du liquide nourricier peut varier, non-seulement d’une famille à une autre, mais aussi d’un genre à un genre voisin de la même famille. Ainsi, tandis que le sang'est d’un ronge intense chez les Néréides, les Glycères et les Nephtys, il est incolore ou seu- lement jaunâtre chez les Phyllodocés. Mais une anomalie encore plus remarquable, est celle qui m'a été offerte par une grande et belle espèce de Sabelle assez commune à Cancale ; car, chez cet Annelide, j'ai constaté que le sang est d'une couleur verte tirant sur l’olive, bien que dans les genres voisins des Serpules, des Térébelles et des Hermelles, ce liquide soit rouge. (1) D'après ces variations nombreuses, on voit que dans cette classe d'animaux, la couleur du sang est loin d’être un carac- tère d’une importance physiologique aussi grande que beaucoup de naturalistes l'avaient pensé; et ce résultat reçoit une nou- velle confirmation de cet autre fait que j'ai eu l'occasion de con- stater pendant mon voyage sur les côtes d'Alger. Les Annelides ne sont pas les seuls animaux sans vertèbres dont le sang peut ètre rouge ; car chez un ver dont l’organisation a la plus grande analogie avec celle des Planaires , la Lancette ( Lanceola Blainv.), le Éutide nourricier est rouge comme chez la plupart des Anne- lides, tandis qu'il est incolore chez les Planaires, les Nermertes et tous les autres animaux avec lesquels cet Hélini tue s le plus d’affinité, (1) Depuis la lecture de ce travail, M. Dujardin a fait connaître un second exemple d'Au- uelides à sang vert : il à desigué cet ni sous le nom de Chloronema Edwardsii. 198 MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annélides. $ 4. Le système circulatoire des Annelides présente aussi des modifications très considérables lorsqu'on l'étudie comparative- ment dans les divers genres de cette classe. Le mode de distri- bution des canaux vasculaires diffère beaucoup d’un genre à un autre, et les fonctions d’un même vaisseau varient au point qu'il devient difficile d'appliquer avec justesse à ces organes les noms d’artères et de veines par lesquels on Îles désigne chez les animaux supérieurs. On doit à plusieurs anatomistes des observations sur la dispo- sition du système sanguin dans cette classe d'animaux. Willis fut un des premiers à s’en occuper (1). Ses dissections furent faites sur le Lombric terrestre, dont la circulation a été depuis étudiée avec plus de soin par Home (2), M. de Blainville (3), M. Morren (4) et M. Dugès (5). L'appareil vasculaire des Sangsues a été examiné par Thomas(6), Cuvier (7), M. Moquin-Fandon (8), M. Dugès (9), M. Phillipi (ro) et quelques autres naturalistes. L’anatomie des mêmes organes chez l’Arénicole a occupé Cu- vier (11) et Home (12). Hunter nous à laissé une description des vaisseaux de l’Amphinome, publiée récemment par les soins de M. Owen (13). Enfin, on trouve aussi dans divers écrits de M. de Blainville (14) et de M. Delle Chiaje (15) des chservations sur cette partie de l’anatomie des Serpules, des Amphitrites, (x) De animà brutorum. (>) Philosophical transactions. (3) Dictionnaire des Sciences naturelles , t. Lv1r, p. 407. (4) De lumbrici terrestris historia naturali necnon anatomia tractatus, Bruxellis, 1829. (5) Recherches sur la circulation , la respiration et la reproduction des Anneïides abranches (Annales des sciences naturelles , 1"e série, t. xv.) (6) Mémoire pour servir à l’histoire naturelle des sangsues, in-8°, Paris, 1806. (7) Lecons d’anatomie,comparée , t. 1v, p. 413. (8) Monographie de la famille des Hirudinées in-4°, Montpellier, 1827. (9) Loc. cit, (10) Memoria sugli Annelidi della famiglia delle sanguisughe , in-4°, Milan, 1837. (x1) Op. cit. (x2) Philos, trans. (13) Descriptive and illustrated catalogue of the physiological series, etc., contained in the Museum of the Royal College of Surgeons, vol. n1, p. 134. (14) Article vers du dictionnaire des Sciences naturelles , 1. vit , p. 405 et 406, (15) Memorie sulla storia e nolomia degli aminali senza vertebre del regno de Napoli, î. net 1. MIÈNE EDWARDS.— Circulation dans less Annelides. 199 des Néréides , etc. Mais presque toutes ces descriptions laissent quelque chose à desirer : à un petit nombre d'exceptions près , elles sont d'une brièveté extrême et ne sont pas accompagnées de figures, si nécessaires en pareille matière; en général, elles sont peu comparatives ,:et même, sous le rapport de l’exacti- tude, elles ne sont pas toujours à l’abri de reproches; enfin elles ne nous apprennent que peu de chose sur le mécanisme de la circulation chez la plupart des Annelides. Les observations que je vais avoir l'honneur de soumettre à l'Académie ont été entreprises dans la vue de remplir une par- tie de ces lacunes. Elles ont été toutes faites sur le vivant; et c'est en général par l'examen de jeunes individus dont le corps est presque translucide, et en les comprimant iégèrement entre deux lames de verre sur le porte-objet du microscope, que j'ai étudié le jeu des diverses parties de l’appareil circulatoire, et que j'ai déterminé la direction du courant sanguin dans l'inté- rieur du système vasculaire; mais c’est toujours par la dissec- tion que j'ai constaté le mode de distribution des vaisseaux. $ 5. Un des premiers Annelides que jai soumise à cette double investigation, est la érébelle nébuleuse , grande et belle espèce qui est assez commune sur nos côtes, mais qui n’a encore été mentionnée que d'une manière très succincte par un natu- raliste anglais, Montagu (1). Dans une des excursions zoologiques que j'ai faites conjointement avec M. Audouin, il y a une dizaine d'années, nous l’avons rencontrée en assez grand nombre sous des pierres près de la limite des plus basses eaux , et elle a fixé notre attention à cause de son mode particulier de locomotion. Ses tentacules labiaux, dont le nombre et la longueur sont tres considérables, et dont la contractilité est extrême, ont la fa- culté d’adhérer avec force aux corps sur lesquels ils s'appliquent, et c'est en prenant ainsi des points d'appui autour de lui que l'animal se déplace à-peu-près comme le font les Poulpes et les Seiches. Toutes les espèces du même genre ne possèdent pas (1) Terebella nebulosa Mont. Trans, of the Linn, Soc, tx 200 MILNE EDWARDSs. — Circulation dans les Ænnelides: cette faculté locomotrice, et nous n'avons vu rien de pareil dans les autres groupes naturels formés par les Annelides. Chez cette Térébelle, on trouve sur la ligne médiane du dos, immédiatement sous les tégumens communs et à la partie an- térieure du corps, un gros vaisseau (1) qui repose sur le tube digestif, et qui est le siège de contractions irrégulières à l’aide desquelles le sang contenu dans son intérieur est poussé d’ar- rière en avant. Ce vaisseau dorsal remplit par conséquent les fonctions d’un cœur, et si l'on voulait le comparer à ce qui existe chez les animaux supérieurs, il faudrait le considérer comme le représentant physiologique du cœur pulmonaire, car son extrémité antérieure donne naissance aux vaisseaux qui portent le sang aux branchies, et ce sont ses battemens qui en- voient ce liquide dans ces organes , siège du phénomène de la respiration. C’est par son extrémité postérieure que ce gros vaisseau dor- sal reçoit le sang qu’il est chargé d'envoyer aux branchies.Dans ce point, on y voit aboutir plusieurs veines qui pour la plupart adhérent aux parois de l'intestin. L’un de ces canaux veineux est récurrent et longe l’œsophage au-dessous du vaisseau dor- sal. Un autre vaisseau également médian marche d’arrière en avant sur la face supérieure de l'intestin (2), et reçoit à droite et à gauche une multitude de branches provenant d’un lacis vasculaire très abondant, dont les parois de ce dernier organe sont garnies. Mais les principales veines qui se rendent à cet es- pèce de cœur tubiforme, sont deux gros troncs transversaux (3) qui forment un anneau autour du canal digestif et se réunissent en dessous pour se continuer avec un gros vaisseau médian , lequel est accolé à la face inférieure de l'intestin et reçoit, comme le vaisseau dorso-intestinal, un grand nombre de branches latérales provenant du lacis vasculaire déjà mentionné. Enfin on distingue aussi à la face interne des tégumens du dos (4), (1) Voyez planche 10, fig. 17. (2) PI, 10, fig. x g. (3) PL, 10, fig. 1 L. (4) PI. 10, Gg. 1 L. MILNE EDWARDS. — Circulation dans les" Annelides. 205% un petit vaisseau médian qui reçoit dans chaque anneau plu- sieurs branches latérales, et qui communique aussi avec le vaisseau dorso-intestinal par des rameaux anastomotiques nom- breux. Les divers vaisseaux, dont nous venons d'indiquer la position, doivent être considérés comme formant par leur réunion le système veineux général, et le sang conduit par leur intermé- diaire, dans le tronc contractile que nous avons compäré à un cœur pulmonaire, est ensuite poussé en majeure partie dans les canaux afférens des branchies, qui, au nombre de trois paires, naissent de l'extrémité antérieure de ce vaisseau, et pénètrent presque aussitôt dans les arbuscules respiratoires correspondans. Mais tout le sang, ainsi poussé d’arrière en avant, ne se rend pas aux branchies, car une certaine quantité pénètre dans un petit vaisseau médian qui se rend au bord jabial et aux tenta- cules. Le sang, après avoir respiré dans les branchies, pénètre dans des vaisseaux qui vont déboucher dans un canal médian (1) situé au-dessous du tube digestif et au-desssus du cordon ganglio- naire. Ce tronc ventral règne dans toute la longueur du corps, et fournit, pour chaque anneau , une paire de vaisseaux trans- verses , qui, après avoir donné naissance à des branches desti- nées aux tégumens de la face inférieure du corps, et aux pieds, se recourbent en dessus et vont aboutir à la face supérieure de l'intestin, où leurs ramifications contribuent à la formation du lacis vasculaire dont il a déjà été question. Le vaisseau ventral et ses branches remplissent donc les fonctions d’un système artériel, et ce sont les branchies elles- mêmes qui déterminent le cours du sang dans l’intérieur de ce système. En effet, ces organes se contractent de temps en temps avec force, et lancent ainsi le sang qui a respiré dans les vaisseaux destinés, à le distribuer aux diverses parties du corps. Il existe, comme on le voit, dans l'appareil circulatoire de cet Annelide , deux agens moteurs affectés à des usages diffé- reus; l’un servant à lancer le sang dans le système vasculaire (2) PL, 10, fig, x bis. 202 MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. branchial, l’autre à faire cheminer ce liquide dans le système vasculaire général. L’un de ses agens d’impulsion remplit par conséquent les fonctions du cœur pulmonaire des animanx su- périeurs, et l’autre remplit celle du cœur aortique en même temps qu'il est l'instrument spécial de la respiration; seule- ment ce cœur pulmonaire est ici un simple vaisseau à parois contractiles, et le représentant physiologique du cœur aor- tique n'est autre chose que l’appareil branchial lui-même. $ 6. Ce mode singulier de circulation que je venais d’observer dans la Térébelle nébuleuse, s’accordait si peu avec ce que M. Delle Chiaje a dit de l'appareil vasculaire d’un autre Annelide du même genre, propre à la Méditerranée (1), que j'ai cru né- cessaire de multiplier davantage mes recherches, afin de voir si en effet il existe des différences considérables dans la struc- ture de cet appareil chez les diverses espèces du même genre. Je n’ai pas eu l'occasion de disséquer la Térébelle napolitaine dont parle M. Delle Chiaje, mais j'ai examiné la Térébelle co- quillière (2) , et il suffira de jeter les yeux sur le dessin que j'en donne (3) pour se convaincre que, sous tous les rapports essen- (x) Voici comment il s'exprime à ce sujet: « Il sangue della Terebella (4mphit. neapolitana « delle vene e dalle arterie bracchiali replicate volte bifurcate sbocca nell’ anello vasculoso , da cui « nascono a drilta.e sinistra le arterie laterali ; e dal centro incomineiail cuore, che é representato « da corto vaso semiciscolore rigonfialo pulsante e nericcio , a traverso il quale passa l’esofago. « Quindi da esso posteriormente songe l’aorta, la quale prolungasi per tutta la superiore faccia « dell intestino , facendo a dritta e sinistra una rete arcuata anastomizzata colle arterie laterali ed « analoga alla meseraica : oltre di che con parallela e transversale direzione caccia/numérosi « ramoscelli sopra le budelle. In oppositione dell aorta:trovasi la vena enterica, di qui ho pure « seguito il corso. » (Zrxtituzione di anatomia e fistologia comparativa , t.1, p. 318.) La courte description que M. de Blainville a donnée des vaisseaux sanguins des Térébelles s’accorde bien mieux avec ce que j'ai vu. « L'appareil circulatoire, dit ce savant, consiste en un « vaisseau dorsal adhérent à l'intestin, aux deux estomacs, et qui, après s'être séparé, s'atténue « en avant , et parvenu aux anneaux branchiféres, envoie à chaque branchieun rameau considé- « rable , qui se ramifie avec elle. Ainsi fortement affaibli , le tronc se continue sur l’æsophage « jusqu’à la bouche , où il se perd par ses ramifications. En arrière , il se comporte de même « et communique peut-être avec la veine abdominale. Celle-ci provenant saus doute des rami- « fications qui reviennent des branchies , suit , comme à l'ordinaire , la partie inférieure et mé- « diane de l'abdomen. » (Dictionnaire des Sciences naturelles, art. Térébelles , t. win, p. 115.) (2) Terebella conchilega Savigny. CELL xT, 2 MILNE EDWARDs. — Circulation dans les Ænnelides. 203 tiels, la circulation s’y fait de la même manière que chez la Térébelle nébuleuse. J'ai étudié aussi le cours du sang dans une troisième espèce du même genre qui me paraît être la Zé- rébelle cirrheuse de Montagu (1), et j'y ai encore constaté une identité presque parfaite avec ce que j'avais déjà vu chez la Té- rébelle nébuleuse; aussi me semble-t-il probable que le même plan d'organisation doit se retrouver dans tout ce genre si na- turel , et que le désaccord, dont je viens de parler, tient à quel- que inexactitude d'observation plutôt qu’à des différences réelles. Il est cependant à noter que la disposition des vaisseaux sanguins n’est pas identiquement la même dans toutes les es- pèces de Térébelles que j'ai disséqués. Aïnsi, dans la Térébelle coquillière ; les branches latérales du vaisseau ventral ne for- ment pas des anses pour gagner la face supérieure de l'intestin, mais se rendent presque exclusivement à un lacis vasculaire, situé de chaque côté de la cavité viscérale, auprès de la base des pattes, et il naît de ce même tronc médian d’autres bran- ches impaires qui se rendent directement au réseau vaculaire des parois intestinales. (2) $ 7. Les Térébelles ne sont pas les seuls Annelides chez les- quels les branchies remplissent en même temps les fonctions d’un cœur et d'un instrument de respiration. D’après la struc- ture de ces organes, chez les Amphinomes et les Euphrosines, je suis porté à croire que, dans ces deux genres , ils possèdent aussi la faculté de se contracter et d'imprimer ainsi au sang une impulsion circulatoire ; enfin, le même phénomène curieux se remarque chez les Arénicoles. Cuvier en a dit quelques mots en parlant de ce dernier animal, mais sans paraître y attacher l'importance qu'il nous semble avoir réellement dans le méca- nisme de la circulation. (3) (1) Terebella cirrata Montag. Trans. of the Linn. soc. vol, xu, (2) Planche à. (3) Après avoir décrit les branchies de l'Arénicole , il ajoute: « Tout cet appareil ne peut « bien se voir que, peudant un instant très court, pendant lequel il est étendu en tous sens e? 204 MILNE EpWARDs. — Ctreulation dans les Annelides. D'un autre côté il est aussi des Annelides qui, tout en étant pourvus d’appendices branchiaux, bien développés, ne pré- sentent rien de semblable dans le jeu de ces organes, et il est à remarquer que la similitude dans la cause motrice du sang arteriel chez les uns, et sa diversité chez les autres, n’entraine ni pour les premiers ni pour les derniers quelque mode d’or- ganisation particulier et constant du système circulatoire. Ainsi, un des Annelides, qui, par le mode général de dis- tribution des vaisseaux sanguins , se rapproche le plus des Té- rébelles, est précisément un de ceux chez lesquels les bran- chies ne se contractent pas, et ne remplissent par conséquent aucun rôle actif dans le mécanisme de la circulation. On pourra juger de cette ressemblance par les détails suivans : $ 7. Dans l’Eunice sanguine(1),une des espècesles plusgrandes et les plus communes de nos côtes, on trouve, comme chez les Térébelles, un vaisseau dorsal (2), gros et court, qui repose sur la portion pharyngienne du tube digestif, sans y adhérer, et qui, par son extrémité postérieure, communique également avec un anneau vasculaire dont la portion stomacale de ce même tube est entourée à son origine. Cet anneau est moins gros que chez les Térébelles, et ne se continue inférieurement qu'avec des branches veineuses, pen considérables, mais en dessus il communique avec deux vaisseaux sanguins, qui, accolés l'un à l’autre, longent la face supérieure du canal di- gestif et correspondent évidemment au vaisseau unique que nous avons vu occuper la même place chez les Térébelles. « d’une belle couleur rouge ; l'instant d’après, il s’affaisse sur lui-même , toutes ses branches se « ploient : il pälit et devient tout-à-fait gris. Ces deux états alternent aussi l’un avec l’autre, tant « que l'animal est en bonne santé, et sont causés par le sang qui se porte dans les branchies, « pour y respirer, c'est-à-dire pour y subir l’action de l'élément ambiant et qui retourne en- « suite dans l'intérieur du corps. » (Art. 4rénicole du Dictionnaire des Sciences naturelles, L 11, p. 474.) (1) Nereis sanguinea Mentagn. Trans. of the Linn, Soc. t. xt, p. 26; Leodice opalina Savi- gny, Système des Annelides, p. 51, Eunice sanguinea Audouin et Edwards, littoral de la France, e Lo 11, p. 147. {2) Planche 11, fig. 2 /' MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. 305 Dans son trajet, vers la tête, le vaisseau dorsal unique qui fait suite à ces deux veines dorso-intestinales, et qui repose, comme nous l’avons déjà dit, sur le pharynx, recoit plusieurs branches venant les unes des paroiïs du tube digestif, situé au- dessous, les autres des muscles et des tégumens de la portion voisine du dos. Ces dernières branches communiquent avec un vaisseau cutané médio-dorsal, très grèle, qui règne dans toute la longueur du corps, et fournit dans chaque anneau plusieurs ramuscules sous-cutanés (1). Enfin, par son extrémité antérieure, le vaisseau dorsal envoie divers branches à Ja tête, et d’autres rameaux qui se portent en dehors comme chez les Térébelles, mais qui, au lieu de se rendre aux branchies, remontent en arrière et vont se distribuer au pharynx où leurs divisions s’a- nastomosent avec celle du vaisseau ventral. Ce dernier tronc (2)suit le même trajet que chez les Térébelles, et donne également naissance, dans chaque anneau du corps, à une paire de branches latérales. Mais la conformation de ces branches est différente ainsi que leurs usages. Aussitôt après sa naissance, chacune d'elles se renfle beaucoup et se re- courbe brusquement sur elle-même, de facon à ressembler , lorsqu'on l’examine superficiellement , à une vésicule ovalaire; disposition qui a probablement induit en erreur M. Delle Chiaje,quand il a annoncé l'existence d’ampoules ou poches ar- rondies, situées sur le trajet des branches latérales du vaisseau dorsal de l'Eunice gigantesque (3).Ces vaisseaux transversaux (x) Pl m1, fig, 2 x. (2) PLrr, fig. 2g. (3; La description que M. Delle Chiaje a donné de l'appareil circulatoire des Eunices ne s’ac- corde pas mieux avec ce que j'ai observé sur la nature, que ce qu'il dit des vaisseaux des Téré— belles , et le défaut de figures claires et bien significatives à l’appui de son texte, rend même la comparaison difficile entre ses observations et les miennes. Je me garderai bien de taxer cette description d’inexactitude; car il se pourrait qu'il existât des variations dans la conformation de l'appareil circulatoire d’une espèce à une autre espèce du même genre; mais cela me paraît peu probable, Pour faire mieux ressortir ce désaccord, je rapporterai ici textuellement le pas- sage dans lequel le savant anatomiste de Naples expose les résultats de ses recherches à cesujet. En faisant l'histoire de l'espèce de Diopatre, qu'il désigne sous le nom de Wereis cuprea, il dit: « Dell anello vasculoso , che circonda il bulbo esofageo, escono della parte superiore e laterale - due arterie, altrettante della quale inferiormente situate abbiacciano il succeunato bulbo mus- 206 MILNÉ EDWARDS. — Circulation dans les .Annelides. se portentensuite en dehors, fournissentune branche ascendante au tube digestif, gagnent la base des pieds, y donne naissance à plusieurs petites branches anastomotiques dont la réunion constitue un lacis vasculaire, et a des ramuscules destinés aux muscles et aux tégumens voisins; enfin pénètrent dans les fila- mens branchiaux correspondans et s’y terminent. Le sang qui « euloso. Attesochè in giù ha origine eziandio l’aorta, la quale, mentre percorre tutta la media « e superiore porzione del corpo, giungendo fino all ano , ha sulle prime circolare ed equale dia- « metro, offrendo per ogni articolazione a dritla esinistra un canaletto fornito di una vesica « rotonda. Indi s'impicolerche, presentando in correspondenza di cadena articolazione non « solo un’ ampliazione quasi fusiforme ma benanche a dritta et sinistra un canelino , cui ter- -« mina una consimile vesica piccola e presso a poco reiforme. Dallo stesso anello vasculoso « esofagéo nasce per ogni la to inferiore del corpo, l’arteria polmonare o meglio branchiale , lo « quale in ciascheduna divisione articolata esternamente distribuisce due vasi abbastanza grandi, « che in unione della vena branchiale formano una triplice spira vasculosa, della quale e for « mata ogni branchia: le cui pinne derivano della secondaria e costante diramazione delle « menziouate arterie, d'onde nel princ'pio del loro corso altri ramoscelli esilissimi derivano « pe’muscoli abdominali e pel canale degli alimenti ; costituendo infinite anastomosi colle laterali “e sottilissime ramifcazione dell aorto. Le sopradet/a arterie branchiali , nel lato interno o a sia nella faccia con cui sono in relazione colla vena cava o branchiale, offrono una corta e « regulare ramificazione di arteriucce a guisa di pettire, Ben inteso pero ch’ esse tanto nel collo « di suffatta Nereide, che nel termine della filiera de’ pennacchi, si vanno a destribuire in cias— « cun pacchetto seteloso: ed in detta correspondenza si oscerva pure la restrizione del diametro æe la interrotta ampliazione dell” aorta, la piccolezza e deversa forma delle vescichette, che « adempiono all officio di cuore. In modo ad un di presso analogo facevasi la distribuzione delle « arterie nell Eunice gigantea , essendone soltante le vesciche più grandi ed ovali-allungata, non « che l’arteria branchiale è unica e da un solo lato pinnato. « Lungo la parte superiore e mediana del corpo é situata la vena cava, la quale dalla testa « fino all’ ano caccia a’ lati le vene per le branchie ed ha le arterie branchiali e la filiera de’gan. « gli, che in sotto partono del cervello. Essa nelle pertinenze della testa si anastomnizza colle vene « ventrali , il cui sangue è verde chiaao , ed in correspondenza di ogni articolazione à dritta «e sinistra esternamente caccia la vene branchiale, che pria di arrivare ad ogni pennac- « cio , inferiormente manda una vena al corrispondente cirro; ed indi in unione della due » arterie branchiali, come sopra si è detto, descrive la spira, da cui fa uscire de’ ramoscelli « venosi, rendendonsi ragione del colorito rosso e verde delle branchie. Per sopra il canali de’cibi « si osservano non solo mollissime ramificazioni venose piene di sangue rosso-fosco , ma benan— « che due canali primari , da’ quali esse prendono origine. » ( Memorie sulla storia e notomia degli animali senza vertebre del regno di Napoli, 1. x, p. 396.) Les observations de M. de Blainville, faites sur la Véréide géante , s'accordent, à plusieurs égards , bien mieux avec ce que j'ai vu dans la Néréide sanguine, « On peut considérer comme « appartenant au système veineux , dit cet auteur, un seul gros vaisseau, un peu flexueux , sans « renflemens ou dilatations, et quioccupe la ligne médio-ventrale au dessus du système nerveux. « Il est le résultat sans doute des rameaux qui lui viennent transversalement de chaque côté de « chaque anneau , dans toute la longueur du corps, si ce n’est en avant, où il reçoit trois grosses « branches, une médiane qui se place au-dessous de Ja masse buccale et qui est réellement la MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. 207 a subi l’influence de l’oxigène, à travers la surface de ces appen- dices dermoïdes, est reçu dans d’autres canaux transversaux qui se dirigent vers le tube digestif en suivant les cloisons interan- nulaires , et débouchent dans le vaisseau situé de chaque côté de la ligne médiane sur la face dorsale de cet organe. Les vaisseaux sanguins, considérés d’une manière absolue, se distribuent donc à-peu-près de la même manière chez les Eu- nices et les Térébelles, mais, si on les considère dans leurs fonc- tions et dans leurs rapports avec l'appareil respiratoire, on y voit, dans ces deux genres, des différences très grandes. Dans les Eunices, le cours du sang n’est pas déterminé par les con- tractions des branchies, ni même du vaisseau dorsal, dont l’ac- tion perd presque toute son importance; mais par les battemens de bulbes contractiles formés par la dilatation de la base de cha- cuné des branches transversales du vaisseau ventral. Ces bulbes, au nombre de deux dans chacun des anneaux du corps, excepté les six ou sept premiers, envoient le sang aux branchies en même temps qu'à l'intestin, aux muscles, à la peau, etc., et, par conséquent, sous le rapport physiologique, ils représentent autant de cœurs. On en compte quelquefois plusieurs centaines, et cette multiplicité des organes moteurs du sang, indépendans les uns des autres, est probablement une des circonstances qui donnent aux tronçons du corps de ces annelides la faculté de vivre pendant fort long-temps après avoir été séparés du reste de l’animal. ILest également à noter que la portion du cercle circulatoire qui, chez les Térébelles, contient du sang artériel renferme, chez les Eunices, du sang veineux, et vice-versa. Enfin, on a pu remarquer que le vaisseau intestinal supérieur des Térébelles est représenté chez les Eunices par deux vaisseaux longitudinaux, « continualion du tronc, et deux latérales, une de chaque côté, beaucoup plus fortes et qui * « ramènent le sang par des branches irrégulières de la masse buccale elle-même, de ses muscles « et de la peau des premiers anneaux : c’est ce que nous avons vu très bien dans la Néréide « géante, » (Art, Vers du Dictionnaire des Sciences naturelles, t. vit, p. 405.) La description que M. Delle Chiaje donne des vaisseaux sanguins de sa Vereis pqrthenopæa , espèce appartenant au genre Lysidicé, ne diffère pas notablement de ce qu'il avait déjà dit de la N, cuprea ( Memorie ,t, 1, p. 165.) 208 MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. situés de chaque côté de la ligne médiane du dos et accolés l'un à l’autre. $ 8. Dans les #ermelles, la centralisation des grands canaux vasculaires est encore plus incomplète que chez les Eunices; car, chez cet annelide, 1l existe non-seulement deux vaisseaux in- testinaux supérieurs comme chez ces derniers, et ces vaisseaux sont tres écartés l’un de l’autre; mais encore on rencontre une disjonction analogue dans le vaisseau ventral, qui est impair et médian dans le quart-antérienr du corps et dans sa moitié pos- térieure, mais se compose dans sa partie moyenne de deux troncs parallèles très écartés l’un de l'autre. (1) Ces annelides portent de chaque côté de la bouche un paquet de barbillons filiformes que l’on s'accorde généralement à consi- dérer comme étant les branchies (2), mais, en examinant avec soin un grand nombre d'individus à l’état vivant, je me suis as- suré que cés appendices ne peuvent être le siège de la respira- tion, car la quantité de sang qu'ils reçoivent est extrêmement petite. Les véritables branchies des Hermelles sont des lanières dermoïdes fixées à la base des pieds, tout lé long du dos , et dé- signées par les auteurs sous le nom de cirrhes. Pendant la vie de l’animal, ces organes sont tellement gorgés de sang que leur couleur est d’un ronge intense, et ils communiquent avec les vaisseaux longitudinaux de la face dorsale et de la face ventrale du tube digestif par des canaux transverses assez gros et flexueux, qui ont une disposition très analogue à ce que nous avons vu chez les Eunices, et remplissent les mêmes fonctions, mais ne présentent pas de renflement en forme de bulbe comme chez ces derniers; aussi , sont-ce les vaisseaux longitudinaux qui, par leurs contractions , impriment au sang son mouvement cir- culatoire. ù Sous le rapport des organes de la respiration , les Hermelles ressemblent donc beaucoup plus aux Eunices qu’aux Térébelles, (x) PLar,fige 3. (2) Savigny, Système des Annelides ,p,82,—Tamarck , Hietoire des animaux sans vertèbres, t. v, p. 350.—Blainville, Dictionnaire des Sciences naturelles , 1. xzv:, p. 485. MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. 209 et, si l’on persistait à classer les Annelides d'a près la considéra- tion de leur appareil branchial seulement, il faudrait rangér les premières parmi les Dorsibranches plutôt que parmi les Cépha- lobranches; marche qui nous paraîtrait tout-à-fait en désaccord avec les affinités naturelles de ces êtres. L'erreur dans laquelle on est resté jusqu'icirelativement au siège de la respiration chez les Hermelles est une nouvelle preuve de la nécessité de l'étude des fonctions de l’économie sur le vivant, et des méprises aux- quelles on s'expose lorsqu'on se contente de examen anatomi- que d'individus conservés dans nos musées à l’aide de lalcool, Certes on ne pourra citer de naturaliste plus sévère dans ses investigations que ne le fut M. Savigny ; à mesure que j'ai occa- sion de revoir sur la nature ce qu il a décrit et si bien représenté dans ses planches, j admire de plus en plus son exactitudeet son habileté; cependant l'erreur queje viens de signaler n’est pas la seule qu'il ait conmise dans la détermination des organes res- piratoires des Annelides, et toujours ces méprises s’expliquent facilement par les altérations que les animaux soumis à son examen, loin des bords de la mer, ont dû éprouver par l’action même des agens employés pour en assurer la conservation. $ 9. Les Néréides (1) présentent une modification de appareil circulatoire tout opposée à celle que nous avons fait remarquer chez les Hermelles. La duplicité du système vasculaire n’est com- (x) On doit à M. de Blainville les notions suivantes sur la circulation de ces animaux: « La « circulation des Néréides paraît être extrêmement simple. De toutes les parties du corps sans « doute , mais surtout des parties de l'enveloppe modifiées pour la respiration, naissent les vei- « nules qui se terminent simplement dans un gros vaisseau médian et inférieur, situé sous le « canal intestinal au-dessus du système nerveux. Cette veine se porte longitudinalement depuis « l'extrémité postérieure du corps jusqu'à quelque distance de la tête où elle reçoit les ramifica- « tions qui en proviennent, et elle remonte ensuite par plusieurs Hfnches , qui, des côtés du . «corps, vont aboutir à un seul tronc artériel flexueux, faisant l'office de cœur et d’aorte, et P ; « placé dans toute la longueur de la ligne dorsale, creusé même dans les parois de l'intestin. Ce « vaisseau fournit à droite et à gauche, à mesure qu'il se porte de la tête à la queue des branches « pour chaque anneau et pour chaque appendice, Ce que je viens de dire du système cireula— « toire des Néréides est tiré de ce que j'ai vu dans la Néréide pélagique, mais ce n'est que par « analogie que je place la veine en dessous et l'artère en dessus ; car les parois de celle-là sont « evidemment plus épaisses que les parois de celle-ci, » ( Art. ‘Méréide du Dictionnaire des Sciences naturelles . t, xxx1v, p. 421.) X, Zooz, — Ootobre. 14 210 MILNE EDWARDS. — Cérculation dans les Annelides. plète dans aucune partie du corps, mais la centralisation en est portée moins loin que chez les Térébelles, car uon-seulement le vaisseau dorsal est partout unique, il présente aussi la même conformation et les mêmes propriétés sur toute la longueur du corps. Ce tronc vasculaire (1) occupe la ligne médiane du dos et ad- hière à la couche musculaire sous-cutanée, plus intimement qu’au tube digestif situé au-dessous. Il est de grosseur médiocre et se contracte irrégulièrement, d’arrière en avant de manière à pousser le sang par ondées de la partie postérieure du corps vers la tête, mais il ne présente nulle part de renflement bien sen- sible. Dans chacun des segmens du corps qui suivent le neu- vième anneau, ce vaisseau dorsal communique avec une paire dé canaux vasculaires transverses, qui se ramifient dans la base des pieds correspondans, et avec deux branches impaires qui descendent verticalement sur la ligne médiane de lintestin, et contribuent à former le réseau sanguin dont les parois de ce tube sont couvertes. Parvenu près de la tête, il donnenaissance à deux paires de vaisseaux transverses qui, après un trajet flexueux, vont déboucher directement dans le tronc ventral; puis on en voit partir deux autres branches latérales quise ren- dent dans un plexus vasculaire extrêmement serré , appartenant à deux grandes poches membraneuses (2) placées sur les côtés du pharynx. Le vaisseau dorsal pénètre ensuite dans la tête, et s’y divise en plusieurs branches, dont les unes vont aux antennes ou aux parties voisines et les autres s’anastomosent avec. deux vaisseaux longitudinaux accolés aux côtés du pharyÿnx. Ces der niers vaisseaux se dirigent en arrière et se terminent bientôt dans une paire d'organes membraneux semblables à ceux dont nous venons de parler, et y forment un réseau anastomotique tellement riche @u’au premier abord je les ai pris pour des poches transparentes imparfaitement remplies desang.Ces deux derniers sacs membraneux (3) sont unis entre eux par une petite ’ (1) Pha2, fig. vd. (2) PL 12, fig. x 0. (3) PI. 12, fig. tp. MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Ænnelides. oi bande transversale également pourvue d’une multitude de ea- Pillaires ,et par leur extrémité postérieure, ils donnent naissance ainsi que les poches vasculaires de la première paire, à des vais- seaux récurrens, qui, après un court trajet, vont déboucher dans le vaisseau ventral. La disposition de ce dernier vaisseau est essentiellement la même que chez la Térébelle nébuleuse. Au niveau de chaque anneau du corps, il donne naissance à droite et àgauche à une branche transversale qui se recourbe sur elle-même et se divise bientôt en deux rameaux dont l’un gagne le tube digestif et y forme avec les divisions des branches du vaisseau dorsal un lacis vasculaire très serré, et dont l’autre pénètre dans le pied cor- respondant , après avoir donné naissance à plusieurs ramuscules apastomotiques réunis en touffe sur les parois latérales de la ca: vité abdominale. Cette branche inférieure des vaisseaux ven- traux transverses remplit les fonctions d’ute artère pulmonaire mais n’envoie presque pasde sang aux mamelons terminaux des rames sétifères, désignées par M. Savigny sous le nom de bran- chies et se distribue presque entièrement à la portion de la‘ peau qui entoure la base du pied (1) et qui présente un réseau capil- laire superficiel, dans lequel la respiration doit certainement avoir son siège principal. C’est aussi de ce réseau vasculaire que naissent les vaisseaux que nous avons déjà vus se rendre des pieds au tronc médian du dos. $ 10. Dans les Nepurys , la disposition générale de l'appareil circulatoire est essentiellement la même que chez les Néréides, si ce n’estqu'à la base du pharynx le vaisseau dorsal présente un petit bulbe et devient ensuite très grèle (2); qu'il n’existe rien d’analogue aux poches vasculaires situées, chez ces dernières, de chaque côté du pharynx, et qu’on distingue de chaque côté du cordon ganglionaire un petit vaisseau longitudinal (3) qui, dans les Annelides dont nous avons déjà parlé, paraît exister » (x) PI, 12, fig. tu. (a) PI, va, fig. 3 /'. (3) PI. 12, fig. 3. 14. 212 MILNE EDWARDS. — Crrculation dans les Ænnelides. aussi, mais réduit à des dimensions qui le rendent tout-à-fait insignifiant. Les dessins que nous donnons du système circula- toire des Nephtys nous permettront de ne pas en donner ici une description plus détaillée ; nous ajouterons seulement que q les appendices, auxquels M. Savigny a réservé le nom de bran- chies, ne sont pas les senles parties des pieds qui, à raison de leur structure, doivent servir à mettre le sang veineux en con- tact avec l’oxigène dissous dans l’eau ambiante. Le grand lobe membraneux qui garnit le bord de la rame ventrale de chacun des pieds est également vasculaire et propre à des fonctions de cette nature. $ r 1. Chez les SaBeLes, le système circulatoire présente dans toute sa longueur encore plus d'uniformité que chez les Nephtys et les Néréides. On y trouve un vaisseau dorsal très grèle, accolé au tube digestif, et recevant au niveau de chaque cloison inter- annulaire une paire de branches transversales qui viennent des parties latérales du corps (1). Au-dessous du tube digestif est un autre vaisseau médian qui est légèrement renflé d'anneau en anneau , et qui fournit à droite et à gauche des branches trans- versales recourbées en manière danse près de leur origine. La face interne des tégumens est garnie d'une multitude de fila- mens vasculaires qui paraissent être des organes de sécrétion , et autour de la base des pieds on remarque un petit réseau ca- pillaire superficiel qui concourt probablement au phénomène de la respiration; mais les panaches dont l'extrémité céphalique est ornée recoivent aussi une quantité considérable de sang, et c’est par conséquent avec raison qu'on les regarde généralement comme étant les branchies. $ 12. Les modifications nombreuses que nous avons déjà signa- lées dans le système vasculaire des Annelides ne sont pas les seules que nous y ayons rencontrées. Ainsi l’Arénicole, qui ressemble aux Térébelles par le rôle que jouent les branchies dans le mé- canisme de la circulation, s’en éloigne encore plus que toutes (1) PL 11, fig. 2. MILNE EDWARDS. — Cireulation dans les Annelides. 213 les espèces précédentes, sous le rapport anatomique. Les prin- cipaux traits de l’organisation de l'appareil circulatoire de cet animal ont été depuis long-temps indiqués par Cuvier ; et à une époque plusrécente, Éverard Home s’est occupé du même sujet, quoique avec moins de bonheur que son illustre prédécessenr ; mais les observations de ces deux anatomistes m'ont semblé laisser encore quelque chose à desirer, et ne s'accordent pas assez exactement avec ce que j'ai vu pour que je puisse me dis- penser d'entrer ici dans quelques détails. Vers le quart antérieur du corps de l’Arénicole, on voit de chaque côté de la portion œsophagienne du tube digestif, un ventricule contractile, de forme ovoïde, qui est rempli de sang, et qui fait les fonctions d’un cœur (r). Inférieurement, chacun de ces ventricules donne naissance à un gros tronc vasculaire qui se dirige obliquement en bas et en arrière et gagne la ligne médio-ventrale, où , après s'être réuni à son congénère, il dé- bouche dans un vaisseau ventral analogue à celui que nous avons vu chez tous les Annelides dont nous avons déjà par: lé (2). Ce vaisseau médian est situé au-dessus du cordon ner- veux et s'étend d’un bout du corps à l’autre. Au niveau de chaque anneau, il fournit à droite et à ganche une grosse branche qui se rend au tubercule pédiforme correspondant, et qui, à commencer du septième segment, pénètre dans la branchie située au-dessus. Ce sont les battemens des deux ventricules mentionnés ci-dessus qui poussent le sang dans le vaisseau ventral, et l’y font cheminer d'avant en arrière jusque dans les branchies, mais là ce liquide reçoit une nouvelle impulsion qui lui est donnée par les contractions de lor- gane respiratoire, et, après avoir subi l'influence de Pair, il est ainsi lancé dans les canaux efférens des branchies. Presque aussitôt après leur entrée dans le corps, ces derniers vaisseaux donnent naissance à une branche cutanée qui se porte en ar- rière et se divise en deux rameaux dont les ramuscules se distri- (1) Planche 13, fig. 1 et 10», (2) C'est évidemment ce vaisseau ventral, dont Cuvier a parlé comme réguant lout le long. du dos, entre les branchies, (Art, Arénicole du Dictionnaire des Sciences naturelles, t, r11,p. 1.) 214 MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. buent dans chacune des cinq subdivisions de l'anneau corres- pondant, et s’anastomosent fréquemment entre eux; vers la partie antérieure du corps, les anastomoses des branches supé- rieures de ces artères se font même d’une manière si directe, qù il en résulte de chaque côté un vaisseau latéral continu. Les canaux afférens des branchies poursuivent ensuite leur trajet vers la ligne médiane, et, comme l'avait déjà constaté Cuvier, varient dans leur mode de terminaison; ceux des sept dernières paires de branchies débonchent dans le vaisseau dorsal ; les autres, au lieu de remonter vers le dos, côtoient les vaisseaux afférens et vont se terminer dans un tronc vasculaire longitu- dinal accolé à la face inférieure du tube digestif. Le vaisseau dorsal (1), de même que celui des Néréides, règne d'une extrémité du corps à l’autre, et est simple dans toute sa longueur. Dans sa. portion moyenne, il nait de nombreuses branches transversales qui entourent le tube digestif, s'unissent fréquemment entre elles par des rameaux longitudinaux, et s’anastomosent aussi avec le vaisseau intestinal intérieur. Le lacis vasculaire formé par la réunion de toutes ces branches est extrêmement développé, et donne naissance antérieurement à deux veines latérales qui marchent dans un sillon creusé de chaque côté de l'estomac, et se réunissent au vaisseau dorsal immédiatement en arrière des ventricules. Le sang contenu dans le vaisseau intestinal inférieur arrive en grande partie dans ces veines latérales, dont l'extrémité antérieure est très dilatée ; le reste est versé directement dans une espèce de sinus formé par leur jonction avec le vaisseau dorsal. Ce sinus communique de chaque côté avec les ventricules et se continue antérieure- ment sous la forme d’un vaisseau médian assez grele, qui, après avoir donné naissance à deux vaisseaux pharyngiens latéraux et à quatre paires de branches cutanées, abandonne le tube digestif pour s’accoler aux tégumens du dos, et se termine en formant autour de la bouche et de la base de la trompe deux anneaux vasculaires d’où naît inférieurement l'extrémité anté- (1) o Hg: x et au, pl, 15. MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. 915 rieure du vaisseau ventral. Enfin, outre ces vaisseaux nombreux, on trouve aussi de chaque côté du cordon nerveux nne petite veine(r)dont les branches s'anastomosent avec celles dés artères cutanées latérales et avec des ramuscules extrêmement déliés du vaisseau ventral. Le sang qui a respiré dans les branchies est, comme on le voit, poussé parles contractions de ces organes , et envoyé'en partie dans le réseau vasculaire cutané, en partie dans le vais- seau dorsal et en partie dans le vaisseau sous-intestinal; une grande portion du liquide reçu par ces deux derniers vaisseaux circule dans les'innombrables rameaux qui, par leurs anasto- moses fréquentes, couvrent le tube digestif d'un lacis serré; puis le sang qui a servi de ia sorte à la nutrition de ce tube, et qui a fourni les matériaux des sécrétions dont il est le siège, se mêle plus ou moins intimement avec une portion de celui recu directement par le vaisseau ventral, et ce mélange se distribue en partie à l'extrémité antérieure du corps, tandis que le reste passe dans les deux cœurs pulmonaires d’où il'est lancé dans le vaisseau ventral. Ce dernier canal recoit aussi le sang qui revient de l'extrémité antérieure du corps et du reseau cutané. Enfin le liquide nourricier, ainsi rassemblé de toutes parts, re- tourne aux branchies d’où nous lavions vu partir. Ue mode de circulation a beaucoup d'analogie avec celui ob- servé par M. Dugès dans les Lombrics. Chez ces Annelides, le sang marche d’arrière en avant dans un vaisseau dorsal, et des- cend en grande partie vers le systèmé vasculaire ventral, à travers des conduits moniliformes qui occupent la même posi- ton et remplissent des fonctions analogues aux deux ventri- cules de PArénicole, seulement leur nombre est plus considé- rable et leur faculté contractile moins circonscrite. Un vais- seau imédio-ventral conduit le sang en arrière, et communique avec des branches verticales par l'intermédiaire desquelles ce liquide remonte dans le vaisseau dorsal. (2) (4), Pl, 13, fig. 18, c. (2) Voyez Annales des Sciences naturelles ,t. x, p. 302, Une faute d'impression à la Higne 16 pourrait jeter quelque confusion dans la description que l’auteur donne du cours du sang chez . 216 MLNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. Les observations que nous avons présentées ci-dessus relati- vement à l’Arénicole, pourront servir aussi à jeter quelque lu- inière sur les rapports d’analogie qui existent entre les diverses parties de l'appareil circulatoire des Sangsues et des Annelides supérieurs. En effet , il existe, comme on le sait, chez les Hiru- dinés, deux vaisseaux longitudinaux et latéraux, aussi bien qu'un vaisseau médio-dorsal et un vaisseau médio-ventral (r}; il pe peut y avoir aucune incertitude concernant les analogies de ces deux vaisseaux médians chez les Annelides supérieurs, mais il n’en aurait pas été de même pour les vaisseaux latéraux si l’Arénicole ne nous en eüt présenté des vestiges bien évidens, dans le canal vasculaire latéral qui règne dans la partie antérieure du corps à la base des pieds, et qui est formé par les anastomoses de l’une des branches des artères cutanées, vaisseau qui est par- faitement continu dans le quart antérieur du corps, mais qui cesse de l'être postérieurement, où il est représenté seulement par une série de vaisseaux distincts qui se suivent sur la même ligne sans communiquer librement les uns avec autres. Un fait digne de remarque et qui se voit chez les Arénicoles, mieux peut-être que chez aucun autre Annelide, est la fré- quence des communications que les gros vaisseaux de tous ces animaux ont entre eux, et la continuité du système capillaire. Chez les animaux supérieurs, le sang qui arrive dans une partie du corps revient aussitôt sur ses pas, et chaque organe a ses ar- tères etses veines bien distinctes; tandis que chezles Annélides, on ne trouve pas d'ordinaire dans un même organe , si ce n’est dans les branchies, deux sortes de canaux circulatoires parallèles traversés par des courans en sens contraire; le sang qui arrive dans un point quelconque du corps continue sa ronte vers le point opposé, et du moment où un vaisseau se ramifie dans un organe , on ne peut plus distinguer dans ses branches ni artères ni veines, car dans toutes le liquide nourricier suit la même di- cet Annelide , si les expériences qu’il rapporte un peu plus bas ne levaient toutes les difficul-- tés. En effet; il faut évidemment lire « d'avant en arrière», au lieu « d’arrière en « avant», dans la phrase oùilest question de la direction du sang dans les vaisseaux ventral et sous-nerveux, (2) Moquin-Tandon, Monographie. — Duyès, op. cit. pe 309, etc. MILNE EDWARDS. — Circulation dans les Annelides. 21" rection, et doit nécessairement agir de la même manière sur les tissus voisins, Il en résulte un phénomène diamétralement op- posé à ce qui a lieu chez les oiseaux, où l'air pénétrant partout, le sang commence à redevenir artériel, au moment et dans le lieu même où il s’était changé en sang veineux; car chez les Annelides, le sang devenu veineux dans un point déterminé de l'économie, ne revient pas immédiatement vers l'organe respi- ratoire, mais continue à circuler dans le système capillaire et se méle au liquide nourricier destiné aux parties voisines, de telle sorte que les tissus ne sont, pour la plupart, en contact qu'avec un mélange de sang artériel et veineux, c’est-à-dire un sang imparfaitement revivifié par l’influence de la respiration. Si nous cherchons maintenant à résumer les traits de ressem- blance et de dissemblance quenousa offerts l'appareil circulatoire dans les divers Annelides dont l'étude vient de nous occuper, nous verronsd’'abord qu’il existe chez tous ces animaux deux sys- témes de canaux sanguins, l’un dorsal et l’autre ventral, et que les principales modifications anatomiques de l’un et de l’autrede ces systèmes dépendent de ce qu’ils sont formés chez les uns de deux moitiés latéraies distinctes, dont la réunion sur la ligne médiane, devient chezd'autres espèces, de plus en plus intime,tandis qu’ail- leurs cette dualité des vaisseaux longitudinaux disparaît complète- ment, de facon que les deux canaux symétriques des premiers ne sont plus représentés que par un seul vaisseau impair et médian. Ainsi chez les Hermelles {1), le système vasculaire dorsal se compose essentiellement de deux vaisseaux longitudinaux occu- pant les parlies latérales du corps et réunis en un tronc médian à leur extrémité seulement, Chez les Eunices {2), ces deux vais- seaux sont intimement accolés l’un à l’autre dans toutes leur longueur et sont représentés antérieurement par un gros tronc impair. Enfin chez les Néréides (3), les Nephtys (4), les Aréni- (EL 57, fig. 3. (a) PI. 12, fig. 2. PEL 292 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. deviendrait un infusoire complet: c’est ce que démontrent les fragmens ‘qui, restant après la diffluence presque totale d’un infusoire , recommencent à nager dans le liquide , si on ajoute une goutte d'eau, et mieux encore l'exemple d’une Xerone pus- tulata (pl. 14, fig. 1), qui s'était accidentellement trouvée par- tagée presque complètement en trois fragmens vivant en com- mun et nageant en tournoyant autour de la partie moyenne. On doit remarquer que les parties, ainsi mises à découvert par une déchirure , et qui évidemment n’ont pas de tégument, ne paraissent pas différer, quunt à leur aspect extérieur du reste de la surface : elles sont plus diaphanes; mais elles ne montrent ni moins de fibres , ni plus de traces de l'intestin et des organes intérieurs. l —(B— a). Un des phénomènes les plus surprenans que l'on rencontre dans l'étude des Infusoires, c’est leur décomposition par diffluence. C’est en même temps l’un de ceux qui tendent le plus à prouver la simplicité d'organisation des Infusoires. Müller l'avait bien vu dans une foulede circonstances :il l’exprime par les mots effusio molecularum, effundi ou dirumpi ou solvi in moleculas , diffluere , efflari , etc. Il avait été extrêmement sur- pris de cette singulière décomposition d’un animal vivant. T'an- tôt il a vu des Infusoires au seul contact de l'air se rompre et se répandreen molécules, ou bien arriver au bord de la goutte d’eau entrainant une matière muqueuse qui semblait être le principe de leur diffluence; d’autres, traversant avec vitesse la goutte d’eau , se rompaient et diffluaient tout-à-coup au milieu de leur course ( {nimalcula infusoria, præf. p. xv). 11 décrit ainsi la dif- fluence de l’'Enchelis index, p. 38. L'animacale, s'étant échoué sur ia rive et ayant pris une furme ovale ventrue , se décomposa depuis lextrémité antérieure jusqu’au tiers de sa longueur en molécules , qui, au lieu de se répandre des deux côtés, comme chez les autres [nfusoires, s’échappaient en colonne droite, comme la fumée d’une cheminée. Le reste du corps, au lieu de diffluer de même, s’échappa au milieu du liquide , et, recom- mençant une nouvelle vie, compléta bientôt une forme sphé- rique. IT dit aussi (p. 106) avoir vu le Ko/poda meleagris se F. DUJARDIN. — Sur les Infusorres. 2535 résoudre en molécules jusqu'à la sixième partie, et le reste se remettre à nager , comme s'il ne lui fût rien arrivé. Dans vingt autres endroits(p. 100, 109,215, 270, 200, etc. , etc.), il décrit avec admiration la diffluence des infusoires, commençant à une extrémité et se continuant sans interruption jusqu'à la dernière particule qui, l'instant d'avant sa décomposition , agitait encore ses cils vibratiles, pour chasser au loin les molécules qui se sont détachées d'elle: Si j'ai cité Müller, ce n’est pas faute de pouvoir citer des ob- servations qui me soient propres; mais celles de l’auteur danois sont tellement exemptes d’esprit de système, et ont un tel cachet de sincérité, qu'on ne peut, je crois, leur refuser une croyance entière. J'ai vu moi-même nombre de fois la diffluence des infu- soires , qui sont susceptibles de la montrer, c’est-à-dire qui sont dépourvus de tégumens plus ou moins résistans, tels que les Trichodes et les Kérones, tandis que les Paramécies, les Vorti- celles et les autres Infusoires , dont la surface est réticulée, offrent un autre genre de décomposition , qui sera décrit plus loin. On la détermine très facilement, en approchant du porte-objet une barbe de plume trempée dans l’ammoniaque, et l'on peut alors suivre commodément sa marche, L’animalcule s'arrête ; mais il continue à mouvoir rapidement ses cils; puis tout-à-coup, sur un point quelconque deson contour, ilse faitune échancrure, et toutes les parcelles provenant de cette décompo- sition partielle sont chassées au loin par le mouvement vibratile. L’échancrure s’augmente sans cesse jusqu’à ce qu'il ne reste plus que l’une des extrémités, qui disparaît à son tour, à moins qu'on n’ajoute une goutte d’eau fraîche, qui arrête tout-à-coup la TT MENTETRIES et rend la vie au reste de l’animalcule. La même chose s'observe par suite de l'évaporation progressive, quand on laisse la goutte d’infusion à découvert sur le porte- -objet, comme le faisait Müller, au lieu de la recouvrir d’une lame mince, de verre poli. Dans ce dernier cas, on voit mème mieux l'effet d’une affusion d’eau fraiche. Cette diffluence, cette dispersion des molécules sans que l'a- nimalcule meare tout entier, M. Ehrenberg, qui l'a fort bien 254 F. DUJARDIN. — Sur les oiInfusres. vue (1), la regarde comme un phénomène de reproduction : c’est la ponte, et les granules sont les œufs. Nous discuterons plus loin cette opinion; pour le moment, je dois dire seulement que les granules en questibn , qui sont de plusieurs sortes, pa- raissent être pour la plupart étrangers aux phénomènes de vita- lité des Infusoires. Les uns sont évidemment desparticules inertes ou organiques avalées par l’animalcule pendant sa vie; les autres sont des concrétions proûuites dans la substance glutineuse vi- vante. Le résidu , laissé sur le porte-objet, peut aussi montrer un bien plus grand nombre de granules, si on le regarde avec un microscope médiocre, qui donne cet aspect à toutes les par- celles irrégulières. Au milieu de ce résidu se voient aussi un ou plusieurs globules plus ou moins volumineux , que Müller avait déjà observés et qu'il prenait pour des œufs ou des ovaires, et que M. Ehrenberg , en certains cas, a nommés testicules { Sa- mendrüse ). Je dis que le phénomène de la diffluence offre une des preuves les plus frappantes de la simplicité d'organisation des Infusoires; car il est certain que si des fibres musculaires, si un tégument résistant, si un intestin et des estomacs existaient à l’intérieur, on en verrait quelque indice pendant cette décomposition pro- gressive. On ne pourrait, en effet, supposer que tous ces élé- mens de l’organisme se décomposent à-la-lois et qu’il n'y en a pas un seul qui subsiste un instant de plus que les autres, quand on voit daus les Planaires, dans les Distomes, dans les Méduses même qui occupent dans la série du règne animal un rang en- core moins élevé que celui qu'on voudrait assigner anx Infu- soires; quand on voit, dis-je, ces animaux, en se décomposant, montrer distinctement les divers élémens de leur structure, et notamment des fibres bien visibles. Le (x) Cet auteur, dans son mémoire de 1836 (Zuzatze zur Erkenniniss , etc.!), dit à la page 5: « On peut faire pondre artifiriellement les Stentor , si on les observe avec peu d'eau sur une lame de verre, Ils s'élargissent d'abord et laissent sortir d’un endroit quelconque de leur corps desgrains verts par la déchirure de l’enveloppe. Si on ajoute alors un peu d’eau nouvelle, ils s’arrondissent de nouveau, la déchirure de la peau se ferme, et ils recommencent à nager , tan- dis que, dans d'autres cas, ils continuent à se décomposer ( zerfliessen ) entièrement. | F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 255 —(B—6) Un autre phénomène de décomposition des infu- soires, c’est l’exsudation de la substance glutineuse de l’intérieur à travers les mailles du tégument lâche qu’on aperçoit comme un réseau à la surface; il s’observe en général chez les Infusoires, qui nese décomposent pas par diffluence, chezles Paramécies, les Leu- cophres , les Vorticelles, etc., et chez d’autres espèces dont le tégument, quoique non réticulé , est cependant bien réel, telles que les Enchelis pyrum, les Euglenes ou Raphanelles et les Di- seliis , etc.(1) On voit cependant quelquefois aussi des globules de cette substance glutineuse que j'ai proposé de nommer Sar- code, se montrer sur le contour des Infusoires décomposables par diffluence, et chez ceux qui se décomposent déjà, dans les parties qui sont moins exposées au mouvement vibratile des cils. Dans ce dernier cas, ces globules, pouvant rester adhérens par un étranglement ou une sorte de pédicule à la partie déchi- rée del’animalculeressembleront quelquefois aux prétendus es- tomacs de M. Ehrenberg; je crois même que cet auteur a repré- senté des globules sarcodiques, ainsi pédicellés, dans plusieurs figures de son ouvrage. Souvent aussi, de tels globules , se dé- tachant tout-à-fait, flottent dans le liquide et suiventles courans occasionés par les cils. On pourrait alors, comme M. Ehren- berg, les regarder comme des estomacs tout-à-fait isolés et main- tenus fermés par la contraction spontanée de leur pédicule rom- pu, si l’on pouvait concilier cette supposition avec la largeur de ce même pédicule avant la séparation. On ne pourra, d’ail- leurs, conserver le moindre doute à ce sujet, si l’on examine attentivement, pendant un temps suffisant, les exsudations glo- buleuses ou discoïdes des Infusoires, et surtout celles plus volu- mineuses de la Leucophra nodulata qui vit dans l’intérieur des lombrics et qui a fait l'objet d'un des chapitres de mes recher- (1) Quand on brise ou déchire les Navicules, les Bacillaires, les £uastrum, les Clostéries, ete., que M, Ehrenberg classe parmi les Infusoires , la substance vivante qui en sort a beaucoup plus de rapport avec celle des Characées et des Conjugées qu'avec celle des Infusoires, Elle montre, daus ses différens lobes , une disposition à se mettre en globules, qui semble bien annoncer ur. certain degré de contractilité ; quelques lobules même, dans les Bacillaires et les Navicules sont diaphanes comme le sarcode des Infusoires, mais je n’y ai jamais pu distinguer ni motilité, nm formalion de vacuoles, 256 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. ches sur les organismes inférieurs { Ann. Sc. nat., décembre 1835). On ne manquera pas, en effet, de voir quelques-unes de ces exsudations glutineusesse creuser des cavités sphériques ou des vacusles, qui iront en s’agrandissant jusqu’à l'entière des- traction des masses glutineuses ou sarcodiques. Ce qu’on voit plus difficilement dans les Infusoires, on peut l'observer avec la plus grande facilité, au contraire, sur les vers intestinaux et particulièrement sur la Douve du foie (Distoma hepaticum), qui laisse exsuder des globules sarcodiques de + millimètre environ dans lesquels la production des vacuoles se voit admirable- ment. (1) Dans ces différens cas, cette substance se montre parfaite- ment homogène, élastique et contractile, diaphane, et réfrac- tant la lumière un peu plus que l’eau, mais beaucoup moins que l'huile, de même que la substance gélatineuse ou albumi- neuse sécrétée par les vésicules séminales de plusieurs mammi- fères et que celle qui accompagne les globules huileux dans le vitellus des œufs d'oiseaux, de poissons, de mollusques et d’ar- ticulés. On n’y distingue absolument aucune trace d'organisation, ni fibres, ni membranes, ni apparence de cellulosité, non plus que tlans la substance charnue de plusieurs zoophytes ou vers et dans celle qui, chez les jeunes larves d'insectes, est destinée a former plus tard les ovaires et les autres organes intérieurs. C'est là ce qui m'avait déterminé à donner à cette substance le nom de sarcode, indiquant ainsi qu’elle forme le passage à la chair proprement dite ou qu'elle est destinée à le devenir elle-même. L'idée exprimée par cette dénomination univoque a d’ailleurs (x) Je ne puisqu'engager les naturalistes à répéter cette observation sur les Entozoaires , et particulièrement sur les Tænias et les Distomes, pour acquérir une notion claire de la nature du sarcode et de la propriété qu’il a &e se creuser spontanément des vacuoles, Tousles ento— zoaires trématodes et cestoïdes m'ont fait voir de nombreux globules de sarcode , lorsque je les conservais vivans avec un peu d'eau entre des lames de verre; mais le Distome hépatique, si commun dans les canaux biliaires du foie des moutons, où sa présence est dénotée par un gonfle- ment bien visible, est celui qui m'a donné cette substance en globules plus gros. Quaud on a appris à l’observer, on le trouve aisément malgré sa transparence sur le contour des plus petits Tæpias, des Scolex habitant l'intestin des poissous ; des Distomes du poumon ou de la vessie des grenouilles, et de tous les autres Entozoaires qu’on laisse mourir entre les plaques de verre, ainsi que sur le bord des plaies de diverses Anuelides et des jeunes larves vermiformes d'insectes. | | | | | F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 257 commencé à s'introduire dans la physiologie; on a du reconnai- tre, en effet, que dans les embryons et dans les animaux infc- rieurs , le tissu cellulaire ne peut avoir encore les mêmes carac- tères que dans les vertébrés adultes, et qu’il a dû être primitive- ment une sorte de gelée vivante. Qu'on l'appelle de ce dernier nom ou qu'on l'appelle tissu hypoblasteux, comme le propose M. Laurent, ce sera toujours la même substance dont on aura voulu parler : une substance qui, dans les animaux supérieurs, est susceptible de recevoir avec l’âge un degré d'organisation plus complexe, mais qui, dans les animaux du bas de l'échelle, reste toujours une simple gelée vivante, contractile, extensi- ble , et susceptible de se creuser spontanément de cavités sphéri- ques ou de vacuoles occupées par le liquide environnant qui vient toujours soit directement, soit par imbibition occuper ces vacuoles. Telle parait, d'ailleurs , être la canse qui, dans les animaux plus élevés, détermine la transformation de cette sub- stance homogène en une substance plus organisée. Comme on la vu plus haut (page 245), il est toujours facile de distinguer les globules sarcodiques, qui agissent sur la lumiére comme des lentilles convexes faibles, comparativementaux globules hui- leux, et les vacuoles qui agissent au contraire comme des len- tilles concaves, puisque ce sont des cavités sphériques remplies d'eau, au milieu d’une substance plus dense où plus réfrin- gente. Cette substance, Lamarck la nommait dans les Infusoires tissu cellulaire, d’après l'usage qui vculaitque ce füt la le tissu le plus élémentaire; cependant, il en parlait comme d'une masse gluti- neuse homogène, et, s’il y supposait des cellulosités, c’étaient des cellulosités absolument invisibles. Müller, qui avait vu les exsudations de sarcode autour des Infusoires ou dans leurs déchirures, les décrit comme des vési- cules ou des bulles diaphanes; il a même vu des vacuoles dans quelques-unes de ces exsudations et les regarde comme des vé- sicules incluses ( Voy. Ko/poda nucleus, anim. inf, p. 99 illes regarde en général comme des ovaires ou des ovules. En parlant "du Kerona histrio, il les désigne simplement sous le nom de molécules muqueuses (moleculæ mucidæ). Gleichen et bean- IX, Zoor., — Novembre, 17 258 F. DUJARDIN. — Swr les Infusoires. coup d'autres observateurs les ont vues également, mais se sont mépris sur leur signification ; il est présumable que le préten- du gaz intestinal observé par M. Ebrenberg sur son Ophryo- glena flavicans (Infusionsthierchen, p. 360 et pl. xz, f. 1x 4). n'était autre chose qu’une exsudation de la substance glutineuse. Lorsque je décrivis pour la première fois cette substance sous le nom de sarcode, en 1835, ses propriétés d’être insoluble, mais décomposable par lean; d'être coagulée par l'acide nitrique, par lalcool et par la chaleur; de se dissoudre bien moins que l’albumine dans la potasse, qui paraît seulement häter sa décom- position par l’eau, sa faible réfringence et son caractère de visco- sité et d’élasticité m’avaient paru suffire pour la distinguer des autres produits de l'organisme, tels que lalbumine, le mucus et la gélatine. La singulière faculté de se creuser de cavités sphériques ou vacuoles remplies d’eau n'avait paru tenir à un reste de vitalité qui l'aurait encore plus essentiellement distin- guée des substances que J'ai citées. Mais nous connaissons si peu ce qu'on a confondu sous le nom commun d’albumine qu'il n’est peut-être pas impossible que diverses substances es- sentiellement différentes aient les caractères que j'ai assignés au sarcode, et qu'il faille encore trouver un caractère spécial pour distinguer la substance charnue des animaux inférieurs. Malgré de légères variations dans leur manière de se compor- ter avec l’eau , il me semble qu’elle est bien analogue à celle des embryons de mollusques, quand la vie commence à sy mani- fester; à celle de très jeunes articulés, et même à la substance que dans les poissons on trouve entre la peau et la chair, et que, chez plusieurs vertébrés, on fait sortir par expression de l'épaisseur des membranes muqueuses. Levitellus des œufs d’articulés et de poissons est en partiefor- mé d’une sorte d’albumine peu soluble dans l’eau et susceptible de se creuser des vacuoles comme la substance des Infusoires, mais bien moins consistante et moins élastique; d’où résulte qu'au lieu de former des globules dans l’eau, elle forme des disques ou des gouttes aplaties sur la plaque de verre. La por- tion la plus consistante de la liqueur spermatique, celle qui est sécrétée par les vésicules séminales; chez le cochon d'Indepar F. DUJARDIN. — Sur les {nfusoires. 259 exemple, a la propriété de former dans l’eau des gouttes aplaties ou des disques lenticulaires et de se creuser aussi des vacuoles ; mais ce phénomène dure très peu et la dissolution est bientôt compiète. La partie extérieure et demi fluide dn cristallin, celle qui, immédiatement au-dessous de la capsule, se confond avec l'humeur de Morgagni, m'a présenté aussi des particularités trés analogues; ainsi elle forme des globules qui réfractent fort peu la lumière, paraissent assez élastiques et se creusent ordinairement des vacuoles ; mais ici cette propriété est absolu- ment étrangère aux phénomènes vitaux , car on l’observe encore au bout de plusieurs jours, lorsque les humeurs de l'œil ont dé- jà subi un commencement de putréfaction. Le fait de ia formation spontanée (1) des vacuoles pourrait être un phénomène physique et non organique, ces derniers exemples tendent à le faire croire; quoi qu’il en soit, cepen- dant, on devra reconnaître que ce fait doit avoir une grande influence sur le passage de la substance glutineuse homogène à un degré d'organisation plus élevé. La substance glutineuse qui constitue la presque totalité ou la plus grande partie du corps des Infusoires étant dès-lors con- sidérée comme simple et homogène , il devient sans doute fort difficile de s'expliquer son extensibilité et sa contractilité; mais, véritablement, on ne serait pas plus avancé en la considérant comme du tissu cellulaire à mailles invisibles, puisque le tissu cellulaire tel que nous le connaissons dans les vertébrés, est tout-à-fait privé de ces propriétés. Au lieu de dire dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, que nous ne savons pas comment se produisent et le mouve- ment , et les phénomènes de la vie, il peut paraître plus simple de supposer, comme M. Ehrenberg l’a fait pour les expansions des Amibes et des Arcelles, qu'il y a dans cette substance si dia- phane et en apparence si homogène, des membranes, des mus- (x) Quand on a préparé une émulsion avec de l'huile et de l’eau gommée ou sucrée ou albu- mineuse et qu'on la soumet au microscope, on voit, dans les plus grosses gouttes d'huile, des goutteleltes d'eau emprisounées ou simplement enchässées à la surface, et qui sont de véritables vacuoles occupées par un liquide moins dense que le milieu environnaut; mais ce ne sont pas des vacuoles formées spontanément, 260 F. DUJARDIN. — Sur lec infusoires. cles, des fibres et des nerfs imperceptibles; mais, à part les re- flexions que l’on peut faire sur cet abus étrange de l'argument ana- logique, ne doit-on pas reconnaître que c’est seulement reculer la difficulté que de supposer des organes invisibles là ou l’on ne peut rien apercevoir. En effet , soit que les fibres musculaires se composent d’autres fibres de plus en plus petites, soit que les fibres élémentaires se composent d’une série de globules réunis, comme par un ciment, par une substance susceptible de se contracter, 1l faudra bien en venir à concevoir un dernier terme, où une substance ho- mogène est contractile par elle-même. Alors, pourquoi ne pas admettre que ce dernier terme est dans ce que nous montre de plus petit le microscope , dans des corps de + à 5 millim., puisque nous voyons qu’à ce degré de petitesse ou un peu plus loin, les actions moléculaires contrebalancent les autres lois physiques : les liquides et les gaz ne peuvent s’écouler par des ouvertures trop petites ; les corps solides, en particules de += millimètreh#} cessent en quelque sorte d’être soumis aux lois de la pesanteur et de l’inertie, pour se mouvoir indéfiniment de la manière reconnue d’abord par M. R. Brown. (1) CHAPITRE IV. Organes locomoteurs el organes extérieurs Ou appendiculaires des Infusoires. Les principaux organes extérieurs des Infusoires sont les divers prolongemens de leur substance charnue vivante, qui ,sous la forme d’expansions , ou de filamens, ou de cils, ou desoies, servent à-la-fois à lalocomotion et à la nutrition ou à la respira- tion, en multipliant les points de contact de lasubstance vivante avec le liquide environnant et avec l'air. contenu. D'autres pro- longemens filiformes, comme ceux des Actinophrys ne peuvent (1) Le mouvement Brownien des molécules étant singulièrement activé par la chaleur , tan- dis que les autres agens physiques sont sans influence sur lui, je proposai en 1835 , de le consi- dérer comme produit par les andulations irrégulières de l’éther dons le liquide échauffe. F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 26% servir qu'à ce dernier usage, puisqu'ils sont presque immobiles. Les soies plus dures et cornées qui servent à l’armure de la bouche de certains genres, et les diverses sortes de cuirasse ou de test, peuvent aussi être considérées comme organes exté- rieurs. Les expansions des Amibes et des Difflugies, tantôt plus courtes, tantôt pius effilées, et enfin tout-à-fait filiformes, simples comme dans le Trirema ( Difflugia enchelis Ehr.) , ou ramifiées dans les Gromies et les Rhizopodes , offrent tous les passages jusqu’au long filament flagelliforme qui sert d’organe locomoteur aux Monades. Ces derniers Infusoires eux-mêmes sont susceptibles, comme je l'ai déjà dit, de s’agglutiner aux corps solides pour une partie quelconque de leur surface, et s’é- ürent ensuite de manière à présenter un ou plusieurs filamens latéraux ou postérieurs également contractiles et mobiles. Ces tilamens , qu’on reconnaît bien r’avoir rien de fibreux, de mem- braneux ou d’épidermique, se contractent et se meuvent par eux-mêmes, et ne sont point du tout mus par des muscles in- sérés à leur base , qui leur feraient décrire une surface conique ayant son sommet au point d'attache, comme M. Ehrenberg la supposé et même figuré ( Monas guttula, pl. r, fig. 11). Pour s'en convaincre, il faut observer les Monades vivant dans les vieilles infusions ; on en verra dont le filament , trois ou quatre fois aussi long que le corps , se meut simplement à l'extrémité comme un fouet vivement agité, et demeure raide ou légère- ment courbé vers sa base. M. Ehrenberg, qui nomme ce fila- ment une trompe, et qui, particulièrement chez les Monades, dit l'avoir observé en laissant évaporer sur le porte-objet du microscope la goutte d’eau contenant ces animalcules, ne pa- raît pas avoir connu sa vraie longueur : il l'avait pris d’abord pour une vraie trompe, et avait même représenté l’afflux des particules nutritives à l'extrémité chez ses Trachelomonas et Chætoglena (1° ménm 1833. pl. vis. , wr-1v ). Maintenant , à la vérité, il prend cette trompe pour un prolongement de la lèvre supérieure ; et même , en parlant de son genre Phacelomonas , qui est pourvu de huit à dix semblables filamens, il dit que les trompes et les cils ne sont point des organes trop différens 262 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. entre eux ( Znfus. p.28 ). La bouche, suivant lui, est à la base des filamens : mais rien ne prouve que cette supposition soit fondée, car, chez un grand nombre d’'Infusoires pourvus de cet organe , tels que les Euglena, on ne voit point d’intromis- sion réelle de matière nutritive ou colorante; et chez les Mo- nades, qui souvent présentent des pctits amas de matières étrangères à l'intérieur, lintremission n’a point eu lieu à la base de la trompe, non plus que par l'extrémité. Si personne aujourd'hui ne veut persister à voir dans ces filamens des vraies trompes contenant un œsophage (1), je ne reviendrai pas sur les argumens que dans mes précédens mé- moires je tirais de la ténuité de ces filamens , qui deviennent de plus en plus minces à l'extrémité, et de leur facile rupture, et enfin de leur multiplicité. Je dirai pourtant que cette dernière circonstance s'oppose même à ce qu'on suppose la bouche à leur base, puisque, chez l'Infusoire que j'ai nommé Hexa- mita (2),rien n'indique la présence d’une bouche à la base d'aucun des six filamens qui partent de différens points, de sorte qu'il y aurait autant de raison à y supposer six bouches invisibles qu'à en supposer une seule. Les divers ‘prolongemens filiformes des Infusoires, quoique de même nature, se montrent plus ou moins consistans, plus ou moins contractiles : ainsi, tandis que ceux des Gromiu, pou- vant à chaque instant s'étendre, puis se fondre dans la masse, ne b (1)M. Ehrenberg décrit sous le nom de Trackhelius trichophorus (Infusionsthierclien , p.329, pl. 33, f. x) un infusoire qui paraît bien étre le mème que j'ai nommé Pyronema en 1836; il représente comme uns trompe assez épaisse el terminée par un bouton, ce que j'ai decrit comme un filament flagelliforme qui s'amincit considérablement à l’extrémité. A la vérité, il dit dans le texte que cette trompe est extraordinairement mince et difficile à voir, et que dans les individus observés en Russie, il n’a pas vu de bouton à l'extrémité de la trompe, D'ailleurs, en assimilant ce filament au prolongemeut antérieur garni de cils vibratiles des autres Trache- lius, il ne le considère de même que comme un organe de tahet de mouvement, et il place la bouche à sa base, (2) Il se pourrait que l’Hexamita fût la même espèce qui est représentée dans l’ouvrage de M. Ebrenberg (pl. xxt1, Ê. vs) comme un petit corps oblong terminé par deux soies, et décrit sous le nom de Chætomonas conetricta ; mais les figures sont trop imparfaites et trop incom— plètes pour qu’on puisse prononcer avec certitude. F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 263 montrent que rarement un degré de tension qui leur permette d'abandonner le plan de reptation; ceux du Trinema, qu'on aurait tort de confondre avec les Difflugies(r), se dressent dans toute leur longueur, et s’inclinent d’un côté à l’autre, cher- chant un point d'appui où ils se fixent et s’agglutinent pour faire avancer l’animalcule en se contractant; ceux du Diselrmnis viridis ont encore la faculté de s’agglutiner au verre; cependant ils ne sont pas susceptibles de se contracter entièrement, et même, après s'être rompus ou détachés, ils restent quelque temps visibles dans l’eau; comme des filamens flottans, sans mouvement ; dans d’autres espèces, des filamens agglutinés par l'extrémité se contractent brusqueinent de manière à lancer l’animalcale à une certaiue distance. Le cils vibratiles paraissent être de la même nature que ces divers filamens : on les voit dans un grand nombre d'Infusoires se crisper et se décomposer après la mort comme une substancé glutineuse, à moins qu'ils n'aient été fixés à la plaque de verre par l’évaporation du liquide : quelques-uns persistent pendant quelque temps, mais ils ne sont jamais d’une substance cornée comme ceux des Entomostracés et des articulés en général, puisque aucun ne persiste si on y ajoute un peu d’alcali. On ne peut donc, dans aucun cas, les assimiler à des poils cornés , sécrétés par un bulbe et mus par des muscles ; l'analo- gie, prise des animaux supérieurs, a donc évidemment entrainé trop loin ceux qui admettent une telle similitude et supposent des muscles insérés à la base des cils. M. Ehrenberg dit cepen- dant avoir vu, dans les grandes espèces des genres 517 lonichia et Kerona, la base de chaque cil en forme de bulbe, et ce ci! dé- crivant une surface conique dont le sommet est au bulbe même : il croit pouvoir expliquer ce mouvement par l’action de deux muscles qui agissent sur leur base, et de plus il regarde la dis- tribution constante des cils en rangées comme due à l'existence de muscles longitudinaux qui les mettent en mouvement par : (1) La Difflugia enchelys de M. Ehreuberg est évidemment le même infusoire que j'ai nomme Trinema en 1836; mais on reconnaitra à l’inspectog des figures qu'il en donne(/af. pl. 1x, fig, 1) que l’auteur allemand n’a pas bien vu ni compris les filamens de cet animalcule, 204 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. série ; mais il a soin d’ajouter que ce fait n’est pas facile à ob- server directement : je le crois bien ; je dirai même que la diffi- culté de les apercevoir est si grande, que jamais je n’ai rien pu voir de semblable. Cest de ce résultat négatif que j'ai tiré la con- séquence toute contraire, qu'il n’y a point de muscles moteurs pour les cils; je crois même que les cils vibratiles, au lieu d’être portés sur les granules de la surface réticulée de certains Infu- soires, sont. situés dans les intervalles; quant aux appendices plus volumineux des Kerones (Sty/onychia , Kerona, Oxytri- cha), ceux qu'on a nommés crochets et styles, ils montrent en effet un épaississement à leur base; mais rien ne prouve qu'il y ait un vrai bulbe; bien au contraire, la décomposition totale par diffluence de ces Infusoires montre que c’est partout une même substance. Müller avait déjà distingué , parmi les appendices ciliformes des Infusoires , ceux qui sont plus fins et vibratiles ( Ciliata mi- cantia) et ceux qui, plus gros ou plus raides, sont immobiles (Setæ), ou simplement capables de se plier et de s’infléchir en divers sens pour servir à la progression ou au toucher ; il nom- mait ces derniers cérri ou cornicula. M. Ehrenberg, en outre des cils et des soies, distingue aussi des styles et des crochets (uncini). Il peut paraître surprenant que des organes aussi divers soient regardés comme des expansions plus ou moins consis- tantes de la même substance qui constitue en majeure »artie le corps des Infusoires; peut-être devra-t-on admettre quelque autre différence dans leur nature, puisque véritablement une substance organisée peut étre modifiée de plusieurs manières; mais cette différence, si grande qu'on la veuille supposer, ne pourra jamais aller jusqu’à en faire des vrais poils , sécré- tés par des bulbes comme ceux des Vertébrés, ou même des poils cornés tubuleux, comme ceux des animaux articulés. Müller, quoiqu'il parle à plusieurs reprises de la base globu- leuse de ces appendices, comme s’il leur supposait des bulbes sécréteurs, rend aussi témoignage de leur nature molle et glutinense, et de leur décomposition dans l’eau, notamment à l'occasion de la diffluence du Zrichoda charon et de l Himan- F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 265 4 topus sannio (1). On peut d’ailleurs se convaincre facilement de ce fait en approchant d’un flacon d’ammoniaque le porte-objet chargé d’Infusoires, tels que les Kerones, les Euplæa, etc. Ces animalcules cessent bientôt de se mouvoir, et subissent des dé- formations curieuses , leurs cils se crispent et se contractent, et finissent par disparaitre, comme on le voit dans les figures que j'ai données, représentant les changemens successifs de la Ke- rona pustulata et de la Plæsconia charon. Ce dernier exemple montre aussi que la cuirasse des Euplæa ou Plæsconia n’est pas plus de nature cornée que les cils, car elle se déforme et se décompose en même temps, bien diffé- rente en cela de la cuirasse des Brachions, qui se conserve dans l’eau et résiste même à la putréfaction. Le test des Arcelles, des Difflugies , des Trachelomonas et de plusieurs autres Cryp- tomonadines , se conserve aussi sans altération , ainsi que l’étui des Dynobryum et des Tintinnus , Cothurnia et Vaginicola : il en peut assurément résulter de fort bons caractères pour la distinction des groupes, mais on ne peut donner à ces parties la dénomination commune de cuirasse. Les petites baguettes solides qui entourent comme une natte la bouche des CAilodon, Prorodon et Nassula, résistent beaucoup plus à la décomposition que les autres appendices. Je les ai même vus persister après l'action d'une dissolution de potasse, qui avait dissout tout le corps d’un gros Chilodon ( Kolpoda cu- cullulus , Müller ? ) (2), mais celles des Nassula se dissolvent au contraire très bien dans la potasse. On peut sans doute admettre que ce sont des productions cornées analogues aux soies des Naïs et plus encore aux crochets des Tænias, des Cysticerques, et des Echinocoques. Nous ne savons comment se forment cel- (x) Muller s'exprime ainsi (4nimalcula Infusoria, p.229): Cilia in mortus evanescuut, et p- 250 : aqua deficiente... cilia rigida absque motu paucis momentis persistentia evanuere de nique prorsus. (2) Cet Infusoire, observé dans l'eau de l'Orne en 1835, était beaucoup plus gros que les Chilodon cucullulus que j'ai revus ailleurs, car il était long de 1[5 millimètre ; il avait en outre un point oculiforme rougeâtre, qui persista avec le cercle aréolaire qui l’entourait, ainsi que l’ar- mure de la bouche après l’action de la potasse; si ce point n’était pas un corps étranger avalé par l'Infusoire , cet animalcule constituerait un genre particulier. 266 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. les-ci, mais nous savons que leur présence n’est pas l'indice d'une organisation très Fe 2 et celle des Infusoires étant encore plus simple, nous n’avons pas de motifs Es les regar- der comme indiquant tout un système d'organes qu’on ne sau- rait apercevoir. Les pédicules contractiles des Vorticelles peuvent aussi être comptés parmi les organes extérieurs des Infusoires. Leur struc- ture et le mécanisme de leurs mouvemens présentent un des problèmes les plus difficiles de cette étude. On voit, à la vérité, dans leur cavité centrale, une substance charnue moins trans- parente, mais ce n'est point, comme on a paru le croire, une vraie fibre musculaire : au contraire, la partie diaphane enve- loppant ce cordon charnu et formant une bande plus mince vers ün de ses bords, se contracte seule ; et comme elle le fait davantage au bord le plus épais, il en résulte une courbe en hélice dont le bord externe est occupé par le tranchant du pé- dicule. Leur substance paraît plus résistante que celle des cils, car on en voit quelquefois qui restent assez long-temps isolés dans le liquide. Les pédicules simples ou rameux des Epistylis sont encore plus résistans : ils restent fixés aux plantes aquatiques bien long-temps après que les animaux ont disparu, et présen- tent alors le plus grand rapport avec les polypiers cornés des Sertulariées, ainsi que les étuis des Dynobrium. Pour compléter l'examen des organes locomoteurs des Infu- soires , il faut encore parler de l’enveloppe réticulée si évidente des Paramécies, des Vorticelles, etc., laquelle se contracte dans un sens ou dans l’autre avec plus ou moins de rapidité. Cette enveloppe est susceptible de laisser exsuder la substance inté- rieure, et parait constituer un réseau contractile dont les nœuds en séries transverses ou obliques, donnent à la surface l’appa- rence d’une granulation régulière ; mais la substance contractile elle-même est homogène et non granulée ou formée de granules. Il y a donc véritablement ici une certaine analogie avec la fibre élémentaire qui, dans les insectes, se montre essentiellement homogène et simplement noduleuse par l'effet de la contraction. On pourrait dès-lors vouloir poursuivre l’'analogie jusque chez 4 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 267 les expansions si diaphanes des Arcelles ét des'Amibes, mais en- core faudrait-il alors reconnaître que la contractilité est dans la masse tout entière et non dans des fibres incluses ou dansun tégument. CHAPITRE V. Bouche et anus des Infusoires. Sans remonter jusqu'aux plus anciens micrographes, qui ont cherché à deviner, plus qu’ils n’ont observé réellement , lorga- nisation des Infusoires, nous trouvons l’existence d’une bouche chez les Infusoires , mentionnée positivement par Gleichen chez les Kolpodes, et indiquées sept ou huit fois directement ou indi- rectement par Muller, quand il parle de l'intestin. Ainsi, à la page 240 de son ouvrage, il dit que le Kerona mitylus avale continuellement beaucoup d’eau ; à la page 197; il dit que le Trichoda linter présente une incision par laquelle il paraît ava- ler l'eau. Son Trichoda lyncœus aurait aussi, suivant lui, un canal intérieur, allant de la bouche aux viscères du milieu du corps; cependant il déclare bien positivement aillenrs n’avoir Jamais vu un Infusoire avaler sa nourriture: Lamarck donna précisément à ses vrais Infusoires le caractère d'être astomes ou sans bouche ; mais il accorda cet organe à ceux qu'il place parmi les Polypes ciliés. M. Bory refusa égale- ment une ouverture buccale à ses deux ordres d'Infusoires , les Gymnodés et les Trichodes , et n’en reconnut l'existence que chez ses Stomoblephares , comprenant les Vorticelles sans pé- dicule. Ehrenberg, en annonçant ses idées sur l’organisation des In- fusoires en 1830 , leur accorda à tous une bouche entourée de cils : il attacha tant d'importance à la position de cet organe, qu'il caractérisa par là ses divers genres de Monadines , les uns devant avoir une bouche tronquée terminale dirigée en avant, les autres cette même bouche tronquée , dirigée en divers sens dans le mouvement ; quelques autres enfin une bouche oblique sans bords et bilobée. Les Cryptomonadines étaient aussi dis- 268 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. tingués par une ‘bouche ciliée ou nue ; celle des Euglènes était positivement ciliée : les Vibrions eux-mêmes devaient avoir une bouche terminale. Les Enchelides et les Leucophres étaient pourvus d’une bouche terminale droite ou oblique, presque aussi large que leur corps. De tels résultats , quoiqu’ils eussent été Morifiés ; en 1832 et 1833, par la Loin d'une trompe chez rie Cryptomonadines et chez l'Englena viridis était trop inadmissibles pour que je ne fusse pas tenté de les contre- dire. Ma contradiction , en 1835, a été trop loin, et, convaincu, comme je le suis encore, de l'inexactitude des faits que je viens de citer, j'ai conclu que les autres vrais Infusoires ne pouvaient non plus avoir de bouche. Je ne tardai pas à revenir sur cette assertion hasardée , et, au commencement de 1836 ({nnales des Sciences naturelles, avril 1836), je dis avoir vu non-seulement l'introduction des substances colorées par une ouverture par- ticulière dans les Kolpodes , mais encore la déglutition de plu- sieurs brins d’oscillaires par une Nassula , ayant la bouche en- tourée d’un faisceau de soies cornées raides. Dans son mémoire de 1836 , M. Ehrenberg confirma son ob- servation du filament flagelliforme de certiins Infusoires, qu’il a continué depuis à nommer une trompe , quoiqu'il en ait trouvé plusieurs à-la-fois dans divers genres et qu'il les regarde comme analogues aux cils. La bouche, suivant lui, n’est donc point située à l’extrémité , mais à la base de ces trompes. I n'a pu toutefois établir autrement que sur des conjectures l'existence de cette bouche dans les Infusoires à filamens. Quant aux Infu- soires qu'il avait représentés primitivement avec une si large bouche, il a quelque peu varié à leur égard; et sans renoncer positivement à ses anciennes figures de la Leucophra putula, où il avait représenté leur intestin, il en donne de nouvelles, qui ne montrent ni l'intestin, ni grande bouche. "On ne peut toutefois douter de la présence d’une bouche que chez les Monadines, les Vibrions, les Amibes , les Euglènes et les autres espèces d'Infusoires non pourvus de ciles vibratiles , sans parler des Navicules et des Clostéries. Chez les Infusoires ciliés, il existe réellement nne ouverture servant à l'introduction des alimens, et, chez quelques-uns même, cette ouverture est s F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 269 munie d’appendices particullers , d’un faisceau de petites ba- guettes cornées qui l'entourent en manière de"nasses chez les Chilodon , Nassula, Prorodon et Chlamidodon, où d’une lame vibratile, sorte de valve charnue chez les Glaucoma. Il est bien certain aussi que cette ouverture est susceptible de dilatation à la volonté de l’animalcule, et que les baguettes cornées qui l'en- tourent peuvent s’avancer plus ou moins , s’écarter et se rap- procher pour faciliter la déglutition d’une proie plus où moins volumineuses. Il n’en faut pas davantage sans doute pour qu'on puisse regarder cette ouverture comme une bouche. Si cependant on devait conclure de l'existence d’une bouche à celle d’une cavité digestive permanente, il faudrait ne lui donner ce nom qu'avec une certaine réserve. En effet il y a une ouver- ture pour l'introduction des alimens, et la cavité destinée à luger ces alimens n’existe point d’abord, elle est formée succes- sivement par ces alimens eux-mêrnes et par l’eau que le mou- vement des cils y pousse incessamment, La substance charnue intérieure arrive jusque contre la bouche et se trouver pro- gressivement creusée d’un tube en cul-de-sac , dont l'extrémité est interceptée de temps en temps par le rapprochement des parois. L'existence d’une ouverture anale chez les Infusoires est bien moins certaine, et si quelquefois on remarque une véritable excrétion dans une partie quelconque du corps, on ne peut dire absolument qu'elle s’est faite par un anus. Il ne suffit pas d'ail leurs de voir un amas de substances analogues aux alimens d'un Infusoire , retenues à sa partie postérieure, pour conclure que ce sont là des excrémens ; car les courans produits par les cils sur les deux côtés du corps doivent nécessairement porter en arrière des particules plus où moins liées entre elles par des mucosités, et qui restent légèrement adhérentes à l’animalcule là où les, courans ne se font plus sentir (1). On conçoit que, si les deux courans produits par les cils, au lieu de se rencontrer tont-à-fait en arrière, viennent se joindre sur un des côtés , en (x) Gleicheu ayant vu des Kolpodes trainer après eux un amas de parlicules étrangères a cru y voir le frai de ces animalcules, LL 270 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. avant ou en arrière , ce séra encore au point de jonction que sera placé l’amfas de particules en question , et, pour peu que l'on s’abandonne à l’esprit de système, on verra l'anus, ainsi placé dans telle ou telle position, en rapport avec la disposition des cils. C’est ce simple fait qui a pu faire croire aussi aux an- ciens micrographes que les Infusoires sont pourvus d’un orifice excréteur ; cependant il arrive quelquefois que l’on voit réelle- ment sortir du corps des Infusoires, sur quelque point de leur contour, des substances contenues dans l’intérieur; et probable- ment le résidu de leur digestion. Müller dit positivement avoir. vu sortir les excrémens du Kerona mytilus (sordes excernere vidi, Anim. inf. p. 240). On ne peut douter que M. Ehrenberg ne l'ait vu aussi; car il l'a représenté pour beaucoup de ses Infusoires; moi-même je l'ai vu plusieurs fois et notamment de la manière la plus distincte dans Lamphilepius anser Ehr. (Z/ibrio anser Müller). Mais ce que j'ai vu ne n'a point convaincu de l'analogie de cettefouver- ture accidentelle avec une ouverture anale qui devrait être la terminaison d’un intestin. J'avais recueilli, le 6 décembre, dans des ornières au nord de Paris, un enduit brun au fond de l’eau , sur une terre blan- châtre. Croyant avoir pris ainsi des navicules, je ne fus pas médiocrement surpris de voir l'eau de mes flacons fourmiller de ces Amphileptus, que j'avais auparavant rencontrés toujours isolé.s Avec eux se trouvaient quelques Hydatines et des Mona- dines vertes qui leur servaient de nourriture. Il me fut donc bien facile d'étudier mon Amphileptus ; car chaque goutte ,mise sur le porte-objet, en contenait plusieurs. À l'intérieur se voyaient toujours cinq ou six vacuoles distendues par de l’eau, et par des Monades ou d’autres substances avalées. Ces vacuoles changeaient de place, en s’avançant peu-à-peu vers l'extrémité postérieure, où se trouvait une vacuole ou vésicule plus grande, souvent irrégulière ,lobée et évidemment formée par la réunion de plusieurs vacuoles plus petites, amenées successivement en contact, pour se fondre en une seule, comme des bulles de gaz. Cette grande vésicule postérieure s’emplit ainsi de plus en plus ; ses parois s’amincissent et elle finit par s'ouvrir latérale- F. DUJARDIN. — Sur Les Infusoires. 271 ment pour verser son contenu au-dehors; puis elle se referme avec des dimensions beaucoup moindres. Ce mode d’excrétion est parfaitement en rapport avec la nature molle et glutineuse de cet Infusoire, que la pression entre deux lames de verre, et mieux encore que la vapeur d’ammoniaque décompose en gout- telettes diaphanes de cette substance glutineuse dont j'ai parlé plus haut. i Cet orifice excréteur temporaire est bien à la place indiquée par M. Ehrenberg, pour son gendre Amphileptus. Sera-t-il tou- Jours au méme endroit? Je ne sais, mais il me parait probable que, dans la paroi formée parle rapprochement et la soudure de substance glutineuse homogène , une nouvelle ouverture ne pourra pas se produire exactement au lieu même qu'occupait la précédente. Si ce mode d’excrétion est général, comme je.le présume (1), l'orifice excréteur devra être placé à l'endroit où les vésicules intérieures, les prétendus estomacs s'arrêtent après avoir parcouru un certain espace dans la substance glutineuse de l’intérieur, et sa position, bien qu'il ne soit pas à l'extrémité d'un intéstin, pourra fournir de bons caractères de classifi- cation. Dans les Vorticelles, il paraît se produire à côté de l'ouverture buccale, c’est-à-dire que les vésicules remplies d’eau et d’alimens parcourent à l’intérieur un circuit qui les ramène contre l'entrée du cul-de-sac au fond duquel se creusent et se séparent ces vésicules ou prétendus estomacs. La décomposition par diffluence des Infusoires peut présen- ter aussi l'apparence d'un large orifice -excréteur sur le contour d'un, de ces animacules et particulièrement dans la partie pos- térieure; en effet , si, par:suite de l’évaporation de l’eau , il ne se trouve plus dans les conditions normales, il commence à se décomposer, en rejetant à une certaine distance, par leffet du mouvement des cils , les corps étrangers dont il s’est nourri et (x) L'excreétion des substances avalées par les Infusoires se voit d'une manière analogue chez les Kerona pustulata, Oxytricha pellionella et chez d’autres espèces sans tégument , qui tenues caplives entre des lames de verre, ‘ouvrent latéralement pour laisser sortir lentemen t une masse plus où moius volumineuse et se referment ensuite, 272 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. sa propre substance. Si alors on lui rend du liquide convenable, il reprend la vie, sa blessure se ferme et la partie désagrégée reste comme une ecrétieri C’est dans des circonstances à-peu-près semblables qu'on voit se former sur lenr contour des exsudations globuleuses et dia- phanes de la substance glutineuse interne , et c’est présumable- ment une telle exsudation, que M. Ehrenberg considère avec doute, il est vrai, comme un gaz intestinal de l'Ophryoglena flavicans (Infusionsthierchen ; p. 360 , p\. xz, fig. 9). CHAPITRE VI. Organes digestifs des Infusoires. ’ . A. Globules intérieurs ou vésicules stomacales. — Dans l'in- térieur de certains Infusoires se voient des globules ou des vési- cules variables, quant à leur nombre, quant à leur forme et à leur position , qui ont été vus par tous les micrographes, mais interprétés diversement par chacun d’eux. Ces vésicules , remar- quables par leur extensibilité indéfinie et par leurs contractions subites, renferment quelquefois des corps étrangers, et même d’autres Infusoires plus petits, morts ou vivans, qu’on doit sup- poser avoir été avalés. Plus souvent elles ne contiennent que de l’eau ou du moins un liquide aqueux moins réfrin- gent que la substance charnue environnante , comme on s’en assure, en faisant varier la distance du microscope à l’objet. En effet , ces vésicules deviennent plus sombres à mesure qu'on les éloigne , et paraissent au contraire comme des globules plus brillans au centre, sion lesrapproche. Le contraire a lieu pour le corps diaphane de l’Infusoire , de telle sorte que , dans certains cas, on croit voir dans l’animalcule un véritable trou, librement traversé par la lumière, En général , les micrographes , faute d'avoir établi des comparaisons convenables avec des globules de diverses substances plus ou moins réfringentes , ont pris les vésicules intérieures des Infusoires pour toute autre chose que pour ce qu’elles sont réellement , et ont attribué une même si- F. DUJARDIN. — Sur les, Infusoires. 273 ynification à toutes les apparences globuleuses, observées dans ces animalcules. Müller avait bien vu ces objets, et quoique , dans la:même acception, il comprenne des choses véritablement différentes , ses expressions sont bien précises et bien propres à en donner une idée. Dans plus de quarante endroits de son histoire des Infusoires, il en parle sous le nom de vésicules hyalines, de globules, de bulles et de nodules, qui lui paraissent caractériser, parmi les Infusoires , un groupe, qu’il veut nommer Bullaria, par opposition avec d’autres Infusoires (1) d’une organisation plus simple, dans lesquels on ne voit pas de ces bulles ou vési- cules. Il regarde avec doute les plus grands globules comme des ovaires , et donne le nom d’ovules à ceux des plus petits qui se trouvent disposés en rangées dans le Stentor polymorphus, dans les Xerona mitylus et lepus , etc. Il distingue chez quelques individus de Ko/poda meleagris trois globules plus grands au milieu (Sphærulæ) , qu'il suppose pouvoir remplir les fonctions d'estomac ou d’intestin , parce que , dans l'état de vacuité , elles sont moins visibles, tandis que les G/obules pellucides, formant une rangée près du bord, persistent après la diffluence: de l'animalcule , ce qui , suivant lui, ne permet pas de douter que ce soient des œufs ({nim. inf. p.100). Dansile Ko/poda cucul- lus, il a compté huit à vingt-quatre vésicules pellucides, qu'il regarde encore comme des œufs ( soboles )et qu'il a vus expulsés au-dehors à la mort de l'animal. | Ailleurs Müller mentionne l'apparition et la disparition alter- native de ces vésicules pendant la vie. de l'animal (2) ou leur dis- parition après la mort (3), et enfin, en parlant du Zrichoda aurantia (1. c., p. 185), il signale « une vésicule qui, se mon- trant quelquefois à la partie postérieure, offre l’apparencetrom- (r) Ceux-ci, tels que les Monades et certains Vibrions , animalcules gélatineux, homogènes et sans organes apparens, lui paraissent séuls susceptibles dese produire spontanément dans les infusions, tandis que les Zullaria sont membraneux, présentent des parties hétérogènes in= ternes et externes, et se propagent par des petits vivans (4nimalcula infusoria, Préf., p. vx). (2) nu postica extremitate pustula byalina interdüm apparet (Anim. inf.—Leucophra pustu- data, p. 150). (3) 1n morte... globuli omnes evanescunt (Anim. inf.—Trichoda linter, p. 197). X. Z001,— Novembre. 18 274 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. peuse d’un trou, mais dont la vraie nature, ajoute-t:l, est indi- quée par la comparaison de vésicules semblables dans d’autres parties du corps. » Il parle d’ailleurs toujours de ces vésicules comme étant en nombre variable. Quoique l'Italien Corti et, plus anciennement encore , Joblot eussent dit avoir vu des Infusoires avaler leur nourriture, cé fait paraissait si peu certain qu’il né pût influer sur l'opinion de Müller, relativement à la signification des vésicules ou glo- bules intérieurs. Une expérience concluante restait à faire : il s'agissait de vérifier si des Infusoirés auraient avalé les parcelles de matière colorante en suspénsion dans Île liquide: Cette expé- rience, Gleichen la fitavec succès, en 1777, sur des Paramécies, des Kolpodes et des Vorticelles; ‘et, chose surprenante, après avoir.vu des globules colorés par le carmin à l’intérieur des In- fusoires, il en tira une conclusion absurde. 11 avait voulu , disait- il, constater une déglutition effective de la nourriture ,'et, après avoir reconnu que le carmin avait passé dans l'intérieur, il re- garda les globules colorés comme des œufs, attendu que, quand ils sont séparés par des interstices, on les voit entourés d’un anneau clair, comme les œufs de grenouille (r). Cepen- dant, il n’était pas satisfait lui-même de cette supposition; et, après avoir dit qu’il a vainement tâché de voir éclore ces pré- tendus œufs, sortis spontanément du corps des Infusoires, il ajoute un peu plus loin , en appréciant les doutes qu’on peut élever à ce sujet, que si les globules excrétés ne sônt pas les excrémens de ces animalcules, ce qui, dit-il, souffre bien des difficultés, il ne sait plus qu’en dire. Il avait bien remarqué, d’ailleurs ; que tous les animalcules qui ne contiennent pas de globules, ne prennent jamais de couleur, ‘et c'est ce qui rend son erreur encore moins concevable. D'un autre côté, il disait aussi (2), que « les bulles vues à l’intérieur ne sont souvent que l'effet du gonflement de la fine peau musculeuse de l’animalcule, et qu'elles disparaissent instantanément». (x) Dissertation sur Ja génération , les animalcules ; etc,, par Gleichen ; trad, franc., p. x77- 198. (2) Même ouvrage, pages 126-127. ————— = —————_—_— 1 — F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 275 L'expérience de Gleichen demeura comme oubliée jusqu’à l'instant où M. Ebrenberg à su en tirer un si grand parti; et, dans l'intervalle, on continua à regarder les globules intérieurs comme des corps reproducteurs, où même, avec Schweigger, conime.des Infusoires plus petits, comme des monades logées dans les plus gros animalcules. M. Bory, dans sa dernière publication sur ce sujet ( Dict. cl. d'Hist. nat.,t. 17, p. 52), jugeant, d'après ce qu'on sait de certains Gymnodés , qui, comme je le pense aussi, ne peuvent avoir d’estomacs, à nié la signification réelle de ces vésicules dans les autres Infusoires : il a même cru pouvoir, d’après ses expériences , assurer que ce ne sont pas les globules internes ou prétendus estomacs qui se pénètrent de la teinture ; mais il eut entièrement raison de contester leur communication directe avec l'extérieur et surtout leur liaison avec un intestin central ; car, dit-il, « ces globules sont tellement mobiles qu'ils se dé- placent en tout sens, passent de devant en arrière selon les moindres mouvemens que se donne l'être dans lequel on les distingue. S'ils étaient mis en rapport avec la surface par quel- ques tubes, tous ces intestins se méleraient d’une manière inextricable ». M. Bory, d’ailleurs, quoiqu'il refusàt même une bouche véritable à ses Gymnodés, disait avoir vu plusieurs grosses espèces en avaler d’autres. — B. — Intestin des Infusoires. Les expériences de coloration artificielle avaient conduit M. Ehrenberg à reconnaître en 1830 la réalité d’une déglutition chez beaucoup d'Infusoires ; considé- rant àlors commedes estomacstoutes les vésicules où s'était logée la matière colorante , cet observateur chercha à deviner le mode de connexion de ces estomacs avec une bouche et un anus. Trompé sans doute par quelque illusion, il crut voir un tube central droit ou diversement courbé, auquel les vésicules sto- macales sont suspendues par des tubes plus étroits, comme les grains d’une grappe de raisin. Il décrivit et représenta l’£Enche- lys pupa avec un intestin droit, la Leucophra patula avec l'in- testin courbé trois fois et la J’orticella citrina avec cet intestin formant un cercle presque complet et revenant s’ouvrir pour Pexcrétion à côté de l’orifice buccal. Dans des Monades, aû con: 18. 276 F. DRIARDIN. — Sur les Infusoires. traire , il représentait tous les estomacs longuement pédicellés autour de la bouche et non suspendus à un intestin. Quoique, dans le texte de son mémoire, il eût soin de dire que les vési- . cules remplies d’une nourriture solide sont sphériques et pa- raissent isolées parce que l’intestin qui les réunit se rétrécit et devient transparent , cependant ses dessins, censés faits d’après nature, représentaient cet intestin partout également gonflé et même rempli de matière colorante, chez la Vorticelle, de sorte qu’on était naturellement conduit à penser que ces représenta- tions étaient idéales. Il reconnaissait bien qu’une vésicule pou- vait se dilater considérablement, de manière à loger une proie très volumineuse , et, conséquemment , il admettait que lintes- tin avait dü se dilater également pour livrer passage à cette proie. Il n'avait point encore aperçu de différence entre les vé- sicules ou les globules de l’intérieur , mais il attachait alors tant d'importance à la découverte qu’il croyait avoir faite de l’intes- tin des Infusoires qu'il en fit la base de sa classification : nom- mant polygastriques les Infusoires proprement dits, par oppo- sition avec les rotateurs, qui sont monogastriques, et qui, ré- unis par lui sous la même dénomination, lui fournissent de fausses analogies. Il distinguait les arentérés (anentera), qui, dépourvus d’intestin, comme les Monades, ont leurs estomacs pédicellés suspendus simplement autour de la bouche, et les entérodélés , qui ont un intestin. Ceux-ci étaient divisés en cy- clocæla, orthocæla, et campylocæla , suivant que l'intestin formait un cercle , comme dans les Vorticelles, qu'il était droit comme dans les Enchelys, où contourné comme dansles Leu- cophres; mais l’auteur, pourse conformer, disait-il, aux règles admises en zoologie, substituait immédiatement à ces dernières divisions , d’autres coupes établies sur des caractères extérieurs dépendant de la position de l'intestin, c’est-à-dire sur la position de l’anus et de la bouche. Il nommait donc anopisthia les cy- clocæla qui ont les deux ouvertures réunies en avant ; erantio- treta ceux qui ont ces dèux ouvertures opposées, et situées aux extrémités du corps, et qui peuvent se subdiviser en Ortho- celes et en Campylocèles; allotreta, ceux qui ont une des ouver- tures terminale ét l'autre latérale; ét enfin Katotreta ceux chez F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 297 lesquels les deux ouvertures sont latérales ou non terminales, Dans son deuxième mémoire (1832), M. Ehrenberg, sans ap- porter de nouveaux faits à l’appui de son opinion, développa davantage ses premières idées. Dans son troisième mémoire (1833), il représenta dans deux nouveaux types, le Chilodon cu- cullulus et le Stylonychia mitylus , l'intestin aussi large, sinon: plus large que dans les trois précédentes espèces , ce qui semble être en contradiction avec la contractilité extrême qui aurait dérobé cet organe aux investigations persévérantes des autres observateurs. En même temps, il commenca à établir une dis- tüinction entre les vésicules que peut remplir la matière colo- rante, et celles qui, toujours remplies d’un liquide diaphane, et ordinairement plus volumineuses et plus susceptibles de con- tractions subites, sont prises par lui pour des organes génitaux mâles. Déjà, en 1776, Spallanzani avait signalé chez les Para- mécies ces dernières vésicules, qui dans cette espèce sont en forme d'étoile, mais il leur avait assigné des fonctions respira-. toires. M. Ehrenberg, au contraire , en poursuivant ses idées sur la signification qu'il leur attribue, s’est donné un moyen de lever en apparence les difficultés que présente l'explication du jeu de toutes ces vésicules intérieures. Dans son grand ouvrage publié tout récemment, en 1838, il a reproduit sans changement les figures des cinq espèces pré- cédemment représentées avec un intestin largement dilaté,. et de plus il a ajouté, comme représentant aussi ce même or- gane, la figure du Trachelius ovum, déjà décrit en 1833 (11° mé- moire) avec une large bande foncée au milieu, et d’où partent des rameaux très minces, anastomosés, ce qui n’a vraiment aucun rapport avec l'intestin primitivement supposé, si contrac- tile’et si difficile à apercevoir. 11 a bien représenté aussi un in- testin plus ou moins complet chez plusieurs Vorticellines, et cetintestin, uniformément dilaté dans quelques-unes, se montre dans la figure de l’une d'elles (Æpistylis plicatilis) renflé d’es- pace en espace, comme si les estomacs , au lieu d’être appendus en grappe, étaient enfilés à la suite les uns des autres. Quant à la figure qu'il donne de la Paramecie aurelie avec un intestin replié , il avertit lui-même que c’est une figure idéale. Tou 278 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. en déclarant que ce n’est que dans sept espèces, dont quatre Vorticelles, qu’il a pu voir l'intestin assez clairement (1) pour le dessiner , il compte parmi les quatre espèces où il n’a pu la- percevoir que par le passage successif des alimens , précisément les deux Infusoires donnés en 1830 comme lui ayant montré les premiers cet intestin ; et encore a-t-1l mis à côté de ses anciennes figures de la Leucophre (2), des figures nouvelles qui semblent les contredire. On doit remarquer aussi l’insistance avec laquelle cet auteur recommande les Vorticellines pour la vérification de ce fait si important, et la tendance qu'il a toujours montrée à négliger, pour y représenter l'intestin, les espèces qu'il avait citées dans son premier mémoire comme y ayant remarqué d’abord cet organe : ainsi l'exemple de la Leucophre perd une grande partie de sa valeur par la comparaison des nouvelles figures, les Paramecies n’ont fourni qu’une figure idéale, et les Kolpodes n’ont jamais été représentés par lui avec un intestin quelconque. Voudra-t-on, comme on l’a déjà fait, invoquer l’analogie des Rotateurs ou Systolides , etc., pour prouver l'existence de l'in- testin chez des Infusoires, là où on n’en a pas même pu si- gnaler un indice? Mais, comme je l'ai dit plus haut, la diffé- rence des deux types est si grande, que cette analogie est des plus imparfaites, et, tout en persistant à nier l'intestin des Infusoires proprement dits, j'admets chez les Systolydes, non- seulement un intestin , mais encore des vraies mâchoires, des organes respiratoires , des glandes et un ovaire. Dira-t-on qu'il suffit d'avoir démontré que les juheténtéhé ali- mentaires ont pénétré du dehors dans ces vésicules, pour con- clure d’abord que ce sont des estomacs , et ensuite que ces esta- macs doivent communiquer avec un inteslin, Car on ne con- ceyrait pas des estomacs sans communication avec l’extérieur ? Mais voilà précisément ce qu'on pourra contester ; car. cette conséquence s'appuie sur une fausse analogie avec: des ani- maux. supérieurs chez lesquels l'estomac est toujours la conti- {r) Die Infusionsthierchen , von Ehrenberg , 1838 , p. 362. (2) Die Infusionsthierchen,; von Ehrenberg, 1838, pl. xxxu, fig. 12, 3,4, 6 F. DUJARDIN. — Sur les. Infusoires. 279 nuation de l'intestin. Mais avant d’en venir aux preuves directes, nous devons examiner une objection qui, présentée d’abord par M. Bory de Saint-Vincent en 1832, a été reproduite de nouyeau par le docteur Focke de Bremen, en 1835 (1), et vient encore d'être présentée à M. Ehrenberg par le professeur Rymer-Jones, devant l'Association britannique à New-Castle. Cette objection, que je crois parfaitement fondée, repose sur le mouvement in- térieur des globules ou vésicules stomacales, qu’on ne peut au- cunement, concilier avec l'hypothèse d’un intestin reliant en- semble tous ces globules, et qui prouve au contraire leur indé- pendance absolue. Comme le disait M. Bory, les intestins , les tubes de communication, s'ils existaient, seraient bientôt mélés d’une manière inextricable, et, à moins de les supposer indéfi- niment extensibles, ils ne permettraient pas aux globules de se promener comme ils le font à l’intérieur. | _ Aux objections fondées sur.le déplacement des prétendus es- tomacs à l’intérieur des Infusoires, M. Ebhrenberg répond, dans son grand ouvrage, que ce mouvement n’est qu’un déplacement apparent, analogue à celui qu'éprouvent les petites figures en bois peint que font manœuvreles enfans sur le bras extensible formé, de tiges assemblées en losanges , qui leur sert de jouet. Ce déplacement intérieur, que j'avais cru, en 1835, pouvoir expliquer par le changement de position des Infusoires, par leur rotation autour de l'axe de leur corps, je le regarde depuis deux ans comme bien réel, et il a été surtout bien vu et bien décrit par le professeur Rymer-Jones (2). Ce savant observateur, en déclarant publiquement à New-Castle n'avoir jamais pu aperce- voir la moindre trace du canal central décrit par M. Ehrenberg, ui des branches qui en dérivent pour communiquer avec les (1) Voyez dans le journal allemand l’Zsis pour 1836, p. 785, l'analyse de la communica- tion faite par le Dr. Focke à la réunion des naturalistes allemands à Bonn, en 1835. M. Focke .dit n'avoir pu aucunement distinguer l'intestin supposé dans le Stentor Mülleri, dans le Lozodes bursaria et dans une espèce de Vaginicola, et déclare que le mouvement évi- dent des amas de nourriture ou de couleur à l'intérieur du corps de ces animalcules est incom- patible avec la supposition de l'existence d’un intestin ( Hier muss also eine audere organisa- sion des Dormcanals, als die von Ehrenberg angegebene statt finden). (2) Voyez le compte-reudu de l'Association britannique dans le jourual anglais The Athe- næum,n.567, p, 635. 280 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. petits sacs (sacculi), ajouta que, par de nombreuses observa- tions, il s'est convaincu que dans la Paramecie aurelie ét dans les espèces voisines, les petits sacs gastriques ( les vésicutes) se meuvent suivant une direction déterminée, tout autour du corps de l’animalcule , fait qui en lui-même , dit l'observateur anglais, paraît incompatible avec l'arrangement indiqué par le profes- seur de Berlin. A cela, M. Ebrenberg!, sans recourir de nou- véau à la comparaison des jouets d'enfant , a répondu qu'il est extrêmement difficile de voir le tube central (l'intestin), et que c’est seulement en suivant la marche des grosses masses de nourriture qu'il a été à même de le tracer. Ce n'est pas là ce qui avait été dit d’abord, et moins encore ce qui avait été représenté sur les figures de 1830, reproduites en 1838. Mais, on le voit à présent, de l’aveu même de l’inven- teur , toute la théorie de la structure intérieure des Infusoires repose sur des figures idéales et sur des observations impos- sibles à vérifier sur les Infusoires mêmes qui en avaient été objet. Et, qu’on y fasse bien attention, ces observations, cette découverte de l’intestin, ont été faites avant 1830 avec des in- strumens évidemment moins bons que ceux dont l’auteur s’est servi depuis, et qui lui ont fait découvrir l’armure de la bouche des Nassula et des Chilodon, et reconnaître les organes géni- taux de tous les Infusoires, et le filament locomoteur des Mo- nadines et des Euglenes, etc. Or, un fait aussi important que celui qui servait de base à la physiologie et à la classification des Polygastriques, ne méritait-il pas, non pas dix, mais cent confwmations ? ne devait-il pas être constaté cent fois avec les moyens d'observation que l’auteur nous dit être devenus entre ses mains de plus en plus puissans? ne devait-il pas sur- tout être exprimé clairement dans la plupart des figures, de manière à pouvoir être vérifié? Bien loin de là, ce fait}, amoin- dri, et disparaissant presque dans la vaste étendue du grand traité des Infusoires, est limité aux mêmes exemples cités pré- cédemment et devenus en quelque sorte surannés par le fait même de l’auteur, Et M. Ehrenberg, dédaignant de répondre aux objections qui lui ont été faites depuis plusieurs années, traverse le continent pour aller à New-Castle entendre, en pré- a F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 281 sence de l'Association britannique, des objections non moins instantes, J'ai essayé, en 1835 (Ann. Sc. nat. déc.) , de prouver la non- existence de l'intéstin des Infusoires, par ce seul fait que, pour être aussiextensibleet aussi contractile qu’on le suppose, il devrait contenir dans ses parois au moins quelques fibres qui persiste- raïent et déviendraient visibles quand l'Infusoire se décompose avec diffluence? Or, disais-je, dans cette sorte de dissolution, on ne peut saisir absolument aucune trace d’intestin, et, de toute manière, ce phénomène de diffluence tend à prouver da- vantage la simplicité d'organisation des Infusoires. Aÿant vu, en 1836, des Nasszla avaler de longs brins d’oscillaires qui se ‘courbaient à l’intérieur , et les dsteniddieise en mamière de sac: je citai ce fait dans un mémoire suivant, comme prouvant, à la vérité, la déglutition que j'avais eu le tort de nier précédem- ment, mais aussi comme tout-à-fait inconciliable avecl'hypothèse d’un intéstin et d’un vrai estomac. En effet, d’autres vésicules contenant des débris d’oscillaires se voyaient en même temps, entièrement indépendantes les unes des autres , et la grande vé- sicule , creusée par l’élasticité de l’oscillaire, communiquait avec la bouche par toute sa largeur, et non par un tube on un ra- meéau de l'intestin central. L’objection que je faisais alors contre Véxistence d’un intestin dont les fibres auraient dü persister, je la fais encore aujourd’hui, d'autant plus que M. Ehrenberg insiste davantage (1) sur la grande contractilité de cet intestin 4 pour expliquer pourquoi on nele voit jamais dans un grand nombre d'espèces : « c'est parce que, dit-il, ce canal, comme Vœsophage des gros animaux , sert seulement pour livrer pas- sage aux alimens, et non pour les contenir ou les digérer, ce qui a lieu seulement dans les vésicules stomacales ; il s’élargit à volonté pour le passage de la nourriture, comme la petite bouche et le gosier d'un serpent qui avale un lapin, et se contracte aussitôt après et devient complètement invisible s’il n’est pas en action ». Mais, dira-t-on, si on admet la contractilité indéfinie des vésicules stomacales et leur action digérante, à plus forte (2) Die Infusionsthicrchen..., 1838, p. 562, 282 F. DUJARDIN. — Sur les, Infusoires. raison devra-t-on leur supposer une: membrane assez complexe et contenant autant , sinon plus de fibres que l'intestin; or, ces vésicules, dans, la décomposition par diffluence, ne montrent jamais de fibres : il faut donc.en conclure, ou bien que la con- traction s'opère, sans, fibres, où bien que ces fibres sont réelle- ment invisibles dans les vésicules comme dans l'intestin. Je vais prouver tout-à-l’heure que l’on doit considérer les vésicules comme des vacuoles creusées à volonté dans la substance gluti- neuse de l’intérieur, et que, par conséquent, elles sont sans membrane propre et se contractent par le rapprochement de Ja masse ; je dirai que,.les prétendues vésicules diaphanes ob- servées hors du corps des Infusoires ne sont que des globules de sarcode, sortis par expression ou par déchirement, ou par diffluence du corps de l’animalcule, comme le prouve leur, ré- fringence et leur faculté de se décomposer en se creusant des vacuoles; mais il est un fait, un seul fait rapporté par M. Ebren- berg dans son troisième mémoire, en, 1833, et que.je n’a pu comprendre en 1836 (Ann. sc. nat, avril 1836), non plus qu'aujourd'hui. Ils'agit d’une vésicule stomacale qui sortait d'une Bursaria vernalis ,se décomposant par diffluence, et qui conte- nait encore deux fragmens d’oscillaire. C’est ainsi, du moins, qu'il l'a représentée alors (IL. mém., pl. IT, fig. 4 x), et il.a reproduit làmême figure, par conséquent le même fait, dans son grand ouvrage, en 1838. M. Ehrenbere (1) regarde la séparation et l'isolement des vésicules stomacales comme ne devant surprendre que ceux qui n’ont point observé des vers de terre coupés en morceaux. Ces morceaux, dit-il , si petits qu'ils soient, se contractent à chaque extrémité, tellement qu'il en sort très peu des sucs contenus, et un pareil effet se produit par la contraction sur les estomacs isolés des Infusoires. Un fait, sans doute, est plus puissant que tous les argumens; et je regrette seulement que celui d’uné vé- sicule contéuant des fragmens d'Oscillaires ne se soit pas pré- senté plusieurs fois à l'observateur ; car pour ce qui est.des pré- (1) Die Infusionsthierchen.…. 1838, p. 36r. à F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 283 tendus estomacs sans alimens contenus, quand même ils pa- raissent légèrement colorés, la ‘similitude si fausse des mor- ceaux de ver de terre ne suffirait pas pour me prouver que ce ne sont pas des globules de la substance glutineuse de l’Infu- soire, puisque j'ai vu souvent ces globules un peu colorés, soit qu'ils eussent une teinte propre, soit que cet effet fût le résultat d’une illusion d'optique ou d’un phénomène de couleurs acci- dentelles. GC. Expériences de coloration artificielle des Tnfusoires. Lors de mon premier mémoire sur les estomacs des Infusoires en 1835, j'avais observé la coloration quelque temps: après qu'elle s'était produite et non point dans linstant même où ces animalcules avalent la substance colorante. J'avais cru, mal-à- propos, pouvoir conclure de ce qui, comme je le crois, est bien certain pour les Monades et les Amibes, à ce qui doit avoir lieu dans les Infusoires ciliés ; et j’eus le tort de dire que la couleur a pénétré dans les vacuoles des Paramécies et des Kolpodes à tra- vers les mailles du tégument. Je m'empressai, quelques mois après, de revenir sur cette assertion; cependant, il est bon, je crois , de m’arrèter un instant, sur les deux motifs qui m’avaient conduit à adopter d’abord cette opinion. Les Infusoires non ciliés, mais munis d’un ou de plusieurs filamens flagelliformes locomoteurs, sont dépourvus de bouche et ne peuvent se nourrir que par leur surface extérieure ; ainsi les Euglènes, les Cryptomonadines, les Vibrions et les Volvo- ciens ayant un tégument perméable seulement aux substances dissoutes dans l’eau, ne peuvent jamais étre colorés artificielle- ment par du carmin ou de l'indigo, dont les particules, relati- vement trop grossès, sont arrêtées par ce tégument. Et ceci doit paraître plus plausible que de dire, avec M. Ehrenberg , que ces animalcules n'aiment peut-être pas la couleur (1), car, comme je l'ai déjà dit dans mes précédens mémoires (1835), on ne peut (1) Ehrenberg's Abhaud]. I, 1830, p.183. « Wielleicht licbt es diese Farben nicht. » 284 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. supposer à des Infusoires quelconques un appétit particulier( r) pour une substance telle que l'indigo, qui ne peut être digérée. Les Monades, au contraire, et les autres Infusoires non ciliés qui n'ont pas de tégumens, présentent près de leur surface des va- cuoles variables, plus ou moins profondes, qui, donnant accès au liquide extérieur, multiplient la surface d'absorption et con- séquemment aussi de nutrition. Des corps étrangers et des ma- üières colorantes peuvent donc être entraînés avec le liquide dans ces vacuoles et rester engagés dans l’intérieur du corps, sans cependant être entrés par une bouche. On pourrait être surpris de voir des vacuoles ou prétendus estomacs plus chargés de cou- leur que le liquide environnant, si l’on ne considérait d'une part que ces animalcules se tiennent souvent contre les plaques de verre où la couleur est en plus grande quantité, et, d'autre part, qu'une vacuole, après s’être remplie par une large ou- verture, peut s'être vidée lentement de manière à retenir les particules colorantes Ce mode d’explication, également applicable aux Amibes, je l'avais cru d’abord convenable pour tous les Infusoires ciliés, d'après une analogie trompeuse, et surtout parce que certaines vacuoles se forment spéntanément près de la surface, soit dans les Infusoires à l’état normal, soit dans les Infusoires mourans, et se remplissent d’eau seulement, à travers les mailles du tégu- ment lâche des Vorticelles, des Kolpodes, des Paramecies, etc. Ces vacuoles, susceptibles de se contracter entièrement pour ne point revenir les mêmes, paraissent ne point différer , par leur structure, de celles que produit au fond de la bouche le (x) Cette supposition d’un appétit particulier n’embarrasse pas le professeur de Berlin, qui va plus loin encore, en admettant qu'une Paramécie, dans un liquide coloré à-la-fois par de l'indigo et du carmin, choisit parmi les corpuseules tenus en suspension , tantôt les uns , lan- tôt les autres , pour en remplir exclusivement et à volonté tels ou tels de ses estomacs. Ce fait qu’il dit avoir observé quelquefois ( zwweilen ) lui paraît démontrer chez ces animaleules| le sens du goût (Geschmacksinn). (Die Infusionsthierchen , 1838, p. 354); mais ponr quiconque vou- dra considérer le mode d'intromission des alimens et des substances colorantes dans les Infu- soires, il paraïtra bien ‘plus rationnel d'admettre que cette différence de coloration provient seulement de ce que lanimalcule s’est trouvé successivement dans divers endroits où , par suite d’une différence de densité ou d'un mélange imparfait , l’une ou l’autre des deux couleurs était en excès. F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 285 courant excité par les cils; ce ne sont également que des ca- . vités non limitées par une membrane propre, mais creusées à volonté dans la substance charnue et contractile de l'intérieur. _ Souvent même les vacuoles formées au fond de la bouche parais- sent remplir exactement les mêmes fonctions que celles de la la surface, c’est-à-dire qu’elles ne contiennent que de l’eau; de même aussi, dans ce cas , elles sont susceptibles de disparaître entièrement , en se contractant, Ces vacuoles de la surface sont ordinairement rondes, très volumineuses et peu nombreuses ; ce sont elles surtout qui peu- vent présenter l'apparence de trous, mais, dans certaines espèces elles présentent un degré de complication bien remarquable ; ce sont elles que Spallanzani avait soupçonné être des organes de respiration chez les Paramécies où elles ont la forme d’une étoile dont le centre et les branches se contractent alternativement ; ce sont elles aussi que M. Ehrenberg a pris pour des vésicules séminales; mais il suffit de faire remarquer pour le moment qu’elles se multiplient singulièrement chez les Infusoires mou- rans et chez ceux qui sont un peu comprimés entre des lames de verre, comme si elles avaient en effet pour objet de multiplier les points de contact de la substance intérieure avec le liquide. Ce qui d'ailleurs prouve bien leur nature, c’est que très souvent ces vésicules se soudent et se confondent comme deux bulles de gaz ou mieux encore comme deux gouttes d'huile à la surface d’un liquide. J'ai représenté plusieurs exemples de ces réunions de vacuoles dans la planche 15. Dans mon mémoire de 1836 (Ann. sc. nat., avril 1836), je revins sur la coloration artificielle des Kolpodes, dans lesquels j'avais vu Le carmin occuper d’abord une bande irrégulière obli- que à partir de la bouche, puis se circonscrire en globules sur plusieurs points et se trouver successivement transporté aux extrémités du corps (Pl. 15). Je n'avais pu apercevoir la moindre trace d’intestin ou de tubes quelconques de communi- cation; et, pour expliquer ces phénomènes, j'admettais une succession irrégulière de vacuoles, dans lesquelles le liquide extérieur avait pénétré avec les matières colorantes. Ce qui me manquait alors, c'était d'avoir vu comment les va- 286 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoïres. cuoles se produisent successivement au fond de la bouche, et comment ensuite elles parcourent un certain trajet dans l’inté- rieur du corps. Depuis cette époque, des observations nombreu- ses m'ont mis dans le cas de rendre compte entièrement du phé- nomène. Voici donc ce qui a lieu : quand une Paramécie, un Kolpode, un Glaucoma, une Vorticelle ou quelque autre Infu- soire cilié commence à produire le mouvement vibratile destiné à amener la nourriture à la bouche (mouvement différent de celui qui détermine le changement de lieu), le courant produit dans lé liquide vient heurter incessamment le fond de la bou- che ,; qui est occupé seulement par la substance glutineuse vi- vante de l'intérieur ; il le creuse en forme de sac ou de tube fer- mé par en bas et de plus en plus profond, dans lequel on dis- tingue par le tourbillon des molécules colorantes, le remous que forme au fond le liquide. Les particules s'accumulent ainsi visiblement au foud de ce tube, sans qu’on puisse voir en cela autre chose quele résultat physique de l’action même duremous. En mêmé temps que le tube se creuse de plus'en plus, ses pa- rois formées non par une membrane, mais par la substance glutineuse senle, tendent sans cesse à se rapprocher en raison de la viscosité de cette substance, et de la pression des parties voisines. Enfin elles finissent par se rapprocher tout-à-fait et se soudent vers le milieu de la longueur du tube en interceptant toute Ja cavité du fond, sous la forme d’une vésicule remplie d’eau et de particules colorantes. C'est nne véritable vacuole, une cavité creusées dans une substance homogène; mais puis- qu’elle renferme les alimens entrés par la bouche et que ses parois, formées d'une substance vivante, ont la faculté dé digérer le contenu, on peut, si l’on veut, la nommer estomac. Ce ne sont point, d'ailleurs, les matières colorantes seules, que l’on voit se loger ainsi dans une vacuole au fond de la cavité buc- cale : divers corps étrangers, animaux ou végétaux, ou même d’autres petits Infusoires vivans amenés avec le liquide par le tourbillon, peuvent également se trouver emprisonnés ainsi, et je crois même avoir observé que la séparation de la vésicule du fond a lieu plus promptement quand l’infusoire ressent le con- tact d’une proie plus volumineuse. Cependant on voit bién sou- F. DUYARDIN. — Sr les Infusoires, 287 vent aussi, se former des vésicules ne conténant que de l’eau, et d'un autre côté, divers observateurs disent avoir vu des Infu- soires avalés par de plus gros, être rendus à la vie et à la liberté; celdernier fait, jejn’ai pas eu l’occasion de le vérifier , mais j'ai vu:des Infusoirés demeurer loug-temps vivans dans le corps de ceux qui les avaient avalés. Aussitôt après que le rapprochement des parois a intercepté une vésicule à l’extrérnité du tube partant de la bouche, le tube _restant , devenu beaucoup plus court ; recommence à se creuser par l'afflux continuei du liquide , et la vésicule se trouve repous- sée successivement par la substance qui la sépare du fond dusac, desorte qu'une nouvelle vésicule venant à se former", doit se trouver presque à égale distance du tube restant et de l’ancienne vésicule. Celle-ci étant donc toujours repoussée par les vési- cules formées successivement après elle, doit suivre à travers la substance molle et glütineuse de l'intérieur une direction dé- peñdant à-la-fois de l'impulsion primitive , de la forme du corps et’de la présence de quelques autres corps ou organes à linté- rieur. C'est ainsi que, dans les Infusoires allongés, tels que les Trachelius et Amphileptus , les vésicules se mouvront en ligne droite, et arrivées à l'extrémité dans une partie plus étroite, elles se réuniront, se fondront plusieurs ensemble, et finiront par évacuer au-dehors, tout où partie de-leur contenu, par une ou- verture qui se forme à l'instant même et disparait ensuite com- plètement. Dans les Infusoires dont le corps est globuleux, tels que les Vorticelles , les vésicules devront décrire un cercle et re- venir se vider près du point de départ; dans les Infusoires ovales-oblongs comme les Paramécies, après être arrivées à l’ex- trémité postérieure, en suivant un côté , elles reviendront jus- qu'à l’autre extrémité, ‘en suivant le côté opposé, puis revien- dront-encore et pourront décrire un circuit très complexe; dans les Kolpodes enfin , qui présentent en avant une saillie volu- mineuse prolongée comme un capuchon au-dessus de la bouche, les vésicules pourront venir s’accumuler en nombre considé- rable: dans cette saillie: Jai représenté dans la pl. 15 ces dispo- sitions dés vésicules remplies de carmin dans plusieurs types d’Infusoires, et j'insiste particulièrement sur l’analogie parfaite 288 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. que présentent, sous ce rapport, les Vorticelles proprement dites, parce que leur organisation à été envisagée de diverses manières par de bons observateurs; et parce que M. Ehrenberg indiquant plus particulièrement les Vorticellines comme les In- fusoires polygastriques qui montrent mieux l'intestin, on aurait pu être tenté de leur accorder cet organe, tout en le refusant aux autres Infusoires ciliés. IL faut remarquer que la trajet parcouru par les vésicules. à l'intérieur correspond assez bien à l'intestin qu'on y a supposé, et, véritablement , si M. Ehrenberg veut se borner aujourd'hui à dire que le passage successif de la nourriture lui a donné l’idée d’un intestin et ne plus dire qu'il a vu cet intestin, il aura seule- ment donné une fausse interprétation d’un fait incontestable et bien réel. Quand à ce que dit cet auteur du passage des ali- mens d’une vésicule dans une autre, en même temps qu'il nie la réalité du déplacement de ces vésicules, il est encore là dans l'erreur, car les vésicules se déplacent réellement en suivant le trajet indiqué ci-dessus, et si parfois elles communiquent entre elles, c’est seulement par la fusion complète de deux ou plu- sieurs vésicules en une seule, et non par le passage successif du contenu de l’une dans l’autre, ces vésicules demeurant dis- tinctes. Cette fusion de plusieurs vésicules qui s’observe bien dans l'Amphileptus anser, prouve suffisamment, d’ailleurs, que les vésicules n'ont pas de membrane propre. Les vésicules stomacales ou vacuoles, à l’instant où elles se forment, sont sphériques et gonflées de liquide ; elles conservent ce caractère pendant un certain temps et quelquefois durant tout leur trajet, mais souvent aussi elles se contractent peu-à- peu en cédant le liquide contenu à la substance environnante, ou en la chassant à travers les parois du corps, et, après avoir rapprochés avec un peu de liquide, elles finissent par disparaître comme vésicules, laissant les matières colorantes simplementin- terposées en petits amas irréguliers dans la substance charnue glutineuse, C'est ce qu’on voit surtout à la partie antérieure des | présenté les particules colorantes ou les corps étrangers plus | Kolpodes, dix ou douze heures après qu’on leur a fait avaler du! | carmin. ————— F. DUSARDIN. — Sur les Infusoires. 289 Tel est le mécanisme du transport de la matière colorante et sans doute aussi du transport des alimens dans l’intérieur du corps des Infusoires. Si on voulait considérer comme de vrais estomacs, ces vésicules sans membrane interne, sans commu- uication directe avec l’intérieur et susceptibles de se contracter jusqu’à disparaître, alors , saus doute, on serait fondé à nom- mer polygastriques les Infusoires qui les possèdent; mais encore faudrait-il reconnaître que cette dénomination ne pourrait s’ap- pliquer à tous les Infusoires, à ceux, par exemple, qui sont dépourvus de bouche , et à ceux, en général, chez lesquels on n’observe aucune intromission de matière colorante. CHAPITRE VII De lu génération chez les Infusotres. (A). Division spontanée des Infusoires. — Des différens modes de propagation qu'on peut admettre chez les Infusoires, un seul est bien constaté, c'est la fissiparité ou multiplication par divi- sion spontanée, et encore 1l n’a pas été observé dans tous les types de cétte classe d'animaux. Les deux autres sont encore plus ox; moins hypothétiques: c’est l’'oviparité et la génération spontanée, On a bien signaié un fait de viviparité (1), mais ce fait est unique et tellement en désaccord avec ce qu'on connaît des autres Infusoires qu'on doit hésiter beaucoup à l’adméttre. Le phénomène de la division spontanée des Infusoires avait été vu d’abord par Beccaria et pris pour un accouplement; cé fut Saussure, en 1765, qui reconnut la vraie signification de ce fait. Dans les années suivantes, il se trouva bien encore quel- ques observateurs qui ne virent là qu’un accouplement; mais, depuis plus de soixante ans, ce mode de propagation, si extra- ordinaire qu'il pût paraître, a été généralement admis dans la science. Rien, en effet, n’est plus éloigné du mode de reépro- duction des animaux supérieurs et ne contrarie davantage les (1) Le Monas wivipara de M. Ehrenberg dans son mémoire de 1836(Zusätze zur Erkenntniss, cle, p. 22; et dans son Traité des Infusôires, 1838 , p. ro. X. Zoo,— Novembre. 19 200 F. DUJARDIN. — Sur les Enfusoires. lois de l’analogie, si l'on part de l’autre extrémité de la série du règne animal, Les gemmes, les bourgeons qu'on voit se déta- cher du corps des zoophytes peuvent encore être comparés Jus- qu'à un certain point avec les germes détachés de l'ovaire des animaux plus parfaits : le corps de l'animal mère, par le fait de cette production, même chez les Polypes. ne perd aucun de ses organes , auçune partie essentielle de l'individu. Dans les Infu- soires, au contraire, la division spontanée fait deux individus complets des deux moitiés d'un seul individu, et ces deux moi- tiés nous les voyons, suivant les espèces , se séparer tantôt en long , tantôt en travers, ou bien indifféremment de l’une de ces manières dans une même espèce. Certaines petites espèces de Naïs ont montré un phénomène analogue, quoique avec plus d’uniformité; mais, pour ne nous occuper ici que des Infu- soires, nous devons dire que leur multiplication par division spontanée prouve, ou bien que le corps susceptible de se par- tager ainsi en deux moitiés, ne contenait pas d'organes essen- tiels, ou bien que s'il en contenait quelqu'un dans une de ces moitiés, cet organe a dû se produire spontanément dans l’autre moitié; car on ne peut croire que les organes de la partie “antérieure, par exemple , se soient dédoublés pour envoyer une -de leurs moitiés à la partie postérieure , à travers tous les or- ‘ganes intermédiaires, tandis que les organes dédoublés de la «dernière partie auraient fait à la première un envoi correspon- dant. Or, l’une et l’autre supposition, inconciliables avec l'idée de développement d'un germe, arrivent également à l'appui des idées qu’on peut se former de la simplicité d'organisation des Infusoires, dont toutes les parties réunissent en elles les conditions nécessaires pour continuer à vivre et à s'accroître après la séparation. Et en effet, ce ne sont pas seulement les deux moitiés prises en long ou en travers qui peuvent continuer à vivre séparément, mais encore tous les fragmens dans les- quels un Infusoire est divisé accidentellement , comme le mon- trent, avec une très grande probabilité, les exemples rapportés plus haut. Voyons toutefois, pour nous en tenir simplement aux faits , ce qui a lieu dans la division spontanée, Un Infusoire oblong, F. DUJARDIN. — Sur les, Infusoires. 201 tel qu'une Paramécie, un Trichode, une Kérone, etc., présente d’abord au milieu un étranglement qui devient de plus en plus prononcé, puis la partie postérieure commence à montrér des cils vibratiles à l'endroit où sera là nouvelle: bouche; puis cette bouche devient. de plus en plus distincte, et la séparation $a2 cheve en laissant voir la substance glutineuse intérieure, étirée jusqu'à ce qu'elle rompe. Les deux moitiés, primitivement courtes ,arrondies où comme tronquées, s’allongent peu à-peu en s’accroissant et finissent par ressembler à l'animalcule pri- mitif. Le phénomène, dans le cas de division longitudinale, se produit d’une manière analogue, sinon que les deux parties an- térieures se séparent en dernier lieu: M. Ebrenberg, pour le besoin de ses théories, ayant supposé que les vésicules contrac- tiles dela surface sont des organes génitaux mâles, ainsi que certains corps plus consistans, ovoides ou de toute autre formé situés à l'intérieur, a trouvé là un exemple de la division préa- lable des organes dans le cas de division spontanée : c'est que, en eflet, les vésicules contractiles et les prétendus testicules sont susceptibles de se multiplier à tel point qu’on en voit tou- jours dans les diverses parties du corps de tout prêts pour les divisions futures. On conçoit que, par ce mode de propagation, un Infusoire est la moitié d'un Infusoire précédent, le quart du père de celui- ci, le huitième de son aïeul et ainsi de suite, si lon peut nom- mer, pére où mère d'un animal celui qui revit dans ses deux moitiés ; aieul celui qui, par une nouvelle division, continue à vivre dans ses quatre quarts; etc., de sorte ‘qu’un Infusoire est une. fraction encore vivante d’un Infusoire qui vivait bien lông- temps: auparavant, et dont il continue la vie en quelque sorte. Il résulte de lt iqu'un corps étranger, logé dans la partie anté- rieure, par exemple, d’un Infusoire; pourraït être transmis in- définiment à toutes les moitiés antérieures résultant des divi- sions spontanées successives, S'il n’était éliminé par excrétion ; il en résulte aussi qu’ unie difformité, un accident quelconque, pourrait sé transmettre de même, et qu en un mot, là parte antéri iéure d'un Infusoire, dernier terme d’ une série de divisions 19. 292 F. DUJARDIN. — Sur les Enfusoires. spontanées , est encore la même partie encore vivante de l’Infu- soire primitif. Une telle considération condait à demander si ce mode de propagation est vraiment illimité, ou si la vitalité proyenant d’un premier germe ou d’une génération spontanée, se continue dans un-Infusoire et dans ses subdivisions binaires jusqu’à un certain terme seulement, passé lequel tout s'éteint, de même que nous voyons les pucerons fécondés en une seule fois pour plusieurs générations successives mais non pour un nombre de générations indéfini? Une solution précise de cette question aurait une grande importance, par rapport à la question de la préexistence des germes ou de génération spontanée; peut-être est-elle impossible à obtenir; cependant on a vu déjà ce mode de propagation continué sans diminution apparente jusqu’à la huitième division au moins. La division spontanée ne se présente pas aussi clairement -chez tous les types d'Infusoires. Les Vorticelles ont, en même temps que ce mode de propagation, la faculté de produire des gemmes ou bourgeons, ce qui les rapproche véritablement des Polypes. Les Vibrions se divisent non en deux, mais en un nombre indéfiai de parties qui restent contigués à la suite les unes des autres, au moins pendant un certain temps. Beaucoup de Monadines n’ont pas encore paru se diviser spontanément ; d’autres, très probablement, doivent:le faire comme les Amibes, par l’abandon d’une partie de leur substance, qui continue à vivreisolée. C’est également ainsi que se multiplient les Arcelles, et ce dernier exemple, constaté par M. Peltier, permet de pen- ser que les Cryptomadines à test siliceux tels que les Trachelo- monas peuvent se multiplier de même; on peut croire au con- traire que les Euglene et les Peridinium sont tout-à fait dépour- vus de ce moyen de reproduction. (—B—). Des œufs, des ovaires ei des organes génitaux mâles. — La science ne tire pas toujours un profit direct des efforts tentés prématurément pour arriver à la solution de certaines questions. C’est ainsi que toutes les discussions pour ou contre la génération spontanée des Infusoires ont laissé la question sta- | F. PUJARDIN. — Sur les Infusoires. 293 tionnaire, si méme elles ne l'ont fait rétrograder. Cependant les faits s'ajoutent les uns aux autres; et, s’ils. sont exacts, quand même, faute d'avoir été coordonnés par une logique rigou- reuse, ils n'auraient fourni qu’un édifice informe : ce sont des matériaux qui, loin de perdre leur valeur,en acquièrent une nou- velle par des confirmations ultérieures, et qu’un architecte plus habile peut un jour mettre en œuvre avec succès. Spallanzani, lié d'amitié et de pensée avec Bonnet, adopta et étendit les idées du naturaliste genevois sur la préexistence et l’emboitement des germes, et il réduisit au néant les argumens de Needham sur la force végétative et sur la génération spon- tanée. Cependant les faits qui lui fournirent ses principaux ar- gumens , tels que l’étude du poulet dans l'œuf, lewolvox, etc., avaient été mal interprétés. et son argumentation porte à faux sur bien des points aujourd’hui. D'après ses expériences sur des Infusions soumises à l’ébullition (1) et tenues dans des vases her- métiquement fermés , il se crut fondé à admettre que les Infu- soires les plus simples proviennent de corpuscules préorganisés ou germes susceptibles de résister à une ébullition de trois quarts d'heure , tandis que, les germes des Infusoires plus complexes, tels que les Paramecies et les Kolpodes, sont détruits beaucoup plus ;promptement. Les uns et les autres étant également sus- ceptibles d’être transportés par l'air dans les infusions non scel: lées, qu’elles aient ou n'aient pas été préalablement bouillics. A la vérité, il parle. aussi d’Infusoires qui auraient pondu des œufs (2), et qu’on pourrait croire; d’après sa description, être des Kolpoda cucullus ; mais ä est extrêmement probable que ce fait a rapport à quelquerotateur. L’observateuritalien, dans un autre endroit (3), revenant encore sur l’apparition des Infusoires qui. se montrent indifféremment dans diverses sortes d’infusions, se détermine à penser qu’ils proviennent d’abord de quelques germes ou principes préorganisés apportés par l’atmosphere ; mais, en même temps, il déclare formellement n'avoir aucune (1) Spallanzani, Opuse. phys., trad, franc., p. 48 et suiv. (2) Même ouvrage , p. 217. (3) Même ouvrage, p. 229. 294 F. DUJARDIN. — Surles Infusoires. certitude sur la nature de ces principes préorganisés , pour savoir si ce sont des œufs, des germes ou d’autres semblables corpus- cules. Gleichen, comme Ellis, avait bien: vu la division spontanée des Infusoires , et la regardait également cornme un cas rare où accidentel; il croyait que les Infusoires les:plus simples se for- ment spontanément par l’organisation d’unematièrepremière(1), répandue dans toutes les eaux même les plus pures, mais qui pe se développent que dans les liquides, tels que Les Infusions contenant des substances nutritives. Ces Infusoirés simples, il croyait les avoir vnsse réunir en amas, jouissant d’uñe vie commune et susceptibles de s’entourer d’une enveloppe géné- rale pour devenir des animaux d’un ordre un peu plus élevé, tels que ce qu’il nomme des Pendeloques (Ko/poda cucullus). Ces derniers, qu’il avait colorés artificiellement en leur faisant avaler du carmin, étaient suivant lui, désormais capables de se reproduire par des œufs, et c’étaient précisément les glo- bules intérieurs, colorés par le carmin, qu’il prenait pour des œufs et qu'il avait espéré en vain voir éclore; mais on doit croire que ce qu'il avait pris pour la ponte des animalcules était sim= plement un effet de décomposition par diffluence, puisqu'il ob- servait ses gouttes d’infusion sans les recouvrir d’une lame mince: de verre comme on le fait ordinairement aujourd’har. L'opinion de.Müller, qui dans ses longues recherches se montra généralement exempt d'esprit de système, aurait sans doute plus de poids dans cette question que celle de Glei- chen; malheureusement, parmi les contradictions que son édi- teur Fabricius a dû laisser subsister dans son ouvrage inachevé, (x) Gleichen, Dissertation sur la génération , les animalcules , etc., trad. franç., p. 108 et suiv. ($ 83 — Ç 90). Suivant cet duteur (6 83), c’est le mouvement qui est l'agent ou Île principé , et ce sont les particules organiques contenues dans l’eau ou | parties: intimes et con- stitutives de l’eau (6 88 ) qui sont. les élémens de l’organisation, Celles-ci proviennent elles- mêmes de la décomposition d’autres êtres organisés, Le mouvement qu’il nomme intérieur ré= sulte de la séparation des esprits et de la matière dans la fermentation des fluides , et met les particules organiques dans un mouvement de coction que Gle*chen nomme mouvement radical. Les particules , ainsi mises en mouvement, se réunissent de nouveau en vertu de l'attraction ou de quelque autre moyen de jonction, pour s'élever à Ja vie animale par l’action de la sub- stance spiritueuse qui s’en est dégagée (& 90 ). F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 295 nous ne pouvons reconnaitre au juste les idées qu’il aurait défi- nitivement adoptées. Ainsi, tout en admettant bien positivement la multiplication des Infusoires par division spontanée, il parle encore, à l’article de plusieurs Infusoires , de leur accouplement, et cependant sa préface, qu'on pourrait croire écrite en dernier lieu , contient cétte déclaration, qu’il n’a pu voir d'accouplement réel. D'un autre côté, tout en paraissant, par occasion , admettre comme Leeuwenhoek , une organisation complexe dans les plus petits vibrions ; il rapporte des faits qui tendent à prouver la génération spontanée de ces vibrions, et dans sa préface il ex- pose toute une théorie de la génération spontanée. Les animaux et les végétaux, dit-il, se décomposent en particules organiques, douées d’un certain degré de vitalité et constituant des animal- cules très simples, lesquels sont susceptibles de se développer comme des germes par l'adjonction d’autres particules, ou de- concourir eux-mêmes au développement de quelque autre ani- mal, pour redevenir libres après la mort et recommencer éternel- lement un pareil cycle de transmutations. Ces particules consti- tutives qu'ildit passer alternativement de l’état de matière brute à l’état de matière organique, il croyait bien les: avoir vues dans la décompositon des animaux et des végétaux; mais probable- ment il n'avait vu que le mouvement brownien des. particules désagrégées. Cette hypothese, Müller la proposait seulement pour les In- fusoires les plus simples, et tout an plus pour expliquer la pre- mière apparition des autres (les Zul/aria) dans une infusion ; et cela ne l’empéchait pas d'admettre pour ceux-ci des œufs bien distincts; mais, comme nous l'avons vu plus haut, ce qu'il a pris pour des œufs ou des ovaires , ce sont les vacuole$ ou vésicules stomacales de l’intérieur, ou bien les exsudations de sarcode qu'on voit quelquefois en globules à l'extérieur. Après ces trois naturalistes, ceux qui, comme Treviranus et Oken, ont traité la quéstion de la reproduction des Infusoires ; ont plus argumenté qu'ils n’ont observé eux-mêmes. Lamarck;, par exemple , avait cherché à démontrer par le raisonnement, non-seulement que les animaux les plus simples peuvent se pro- duire spontanément, mais encore que des étres une fois produits 296 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. de cette manière peuvent acquérir un nouveau degré d’organi- sation qu'ils transmettent à des parties d'eux-mêmes, lesquelles sont susceptibles, en se développant à leur tour comme des germes, d'acquérir progressivement d’autres organes encore. Cuvier, dans l’éloge historique de cet illustre naturaliste, fit res- sortir habilement toutes les inconséquences d'un tel système appuyé seulement sur l'observation des formes extérieures et développé par l'imagination. M. Bory de St-Vincent avait assurément observé plus que Lamarck, cependant, dans sa théorie de l’organisation dela ma- tière, il n’a pas su se tenir assez en garde contre son imagination, et, par conséquent, on ne peut accorder une autorité suffisante à ce qu'il dit d’après sa théorie sur la production spontanée des Infusoires. Au nombre des partisans de la génération spontanée des In- fusoires , on doit aussi compter dans ces derniers temps M. Fray qui, dans son essai sur lorigine des corps organisés (18r7), poussa beaucoup trop loin les conséquences qu’il eût pu'tirer de ses expériences, et M. Dumas qui, dans le Dictionnaire clas- sique d'histoire naturelle, parut croire comme Gleichen que des Inlusoires peuvent se former par la réunion des globules élé- mentaires , provenant de la décomposition de la chair muscu- laire mise en infusion. Il admettait bien, toutefois, qu’on ne faisait revivre ainsi que des substances qui ont déjà vécu, mais il prenait alors pour un signe de vie le mouvement brownien des molécules. M. de Blainville d’un autre côté en indiquant des réformes essentielles dans la classe des Infusoires, se prononça, mais avec réserve contre les idées de génération spontanée. M. Ebrenberg plus hardi , et se fondant sur les analogies les plus contestables, entreprit de prouver que les Infusvuires ne peuvent provenir que d'œufs véritables; et, pour justifier l’an- cien principe o77ne vivum ex 0vo, il voulut démontrer chez ces animalcules l’existence de tous les organes génitaux qu’on re- trouve chez les animaux les plus complexes. Reconnaissant avec raison que, chez eux, il n’y a pas accou- plement ; ou concours de deux individus pour la fécondation , F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 297 il crut avoir le droit d’en conclure qu’ils devaient être herma- phrodites; puis, apres s'être contenté d'abord de donner le nom d'œufs aux particules dans lesquelles un Infusoire se décompose par diffluence, il voulut nommer organes génitaux mâles, d’une part, des nodules on certains corps plus consistans, qui , se dé- composant moins facilement quand l’animalcule vient à diffluer, durent être les organes sécréteurs ou les testicules; et d’autre part, les vacuoles contractiles et toujours remplies: d’eau près de la surface , les mêmes que Spallanzani avait soupçonnées être des organes respiratoires , et qui furent des vésicules séminales. : Son principal argument pour démontrer la signification de ces derniers organes, c’est l’analogie des Rotateurs ou Systo- lides ; analogie que je crois de tout point imparfaite , et qui est contredite même par le fait de l'existence des œufs qui chez ces derniers sont très volumineux proportionnellement , comme en général chez tous les animaux inférieurs où leur existence est démontrée , tels que les Helminthes, les Polypes ; etc. ; au lieu que les granules pris pour des œufs par M. Ehrenberg dans les vrais Infusoires, ces granules qui restent après la diffluence, sont chez quelques espèces parmi les plus grandes, gros de ++ à rs de lignes, ce qui ne fait que + à 4 et même -#+ de la lon- gueur:de Fanimalcule (1). D'un autre côté, la signification don- née à la vessie contractile des Systolides est très contestable elle- même, comme celle de tous les organes qu’on a cru deviner à priori. M. Ebrenberg qui déclare (2) n’avoir pu voir de communica- tion vasculaire entre les prétendus organes génitaux des Infu- soires, toujours à cause de leur délicatesse , et qui cependant, d’après des analogies quelconques , veut faire croire au passage d’une liqueur spermatique des testicules dans la vessie contrac- tile , et de là par des canaux invisibles sur les œufs disséminés (1) Chez le Moras guttula , fixe cette grosseur à 1|30 du diamètre de l'animalcule, ce qui fait 1/560 de ligne. (2) Ebrenberg. Zusätze zur Erkenntniss, etc. 1836, p. 17 « Da die Zartheit der hier abzu- handelnden Objecte bisher nicht erlaubte ; den Gefäss-Zusammenbang dieser Organe mit den übrigen Kôrpertheilen direct zu erkennen, » 298 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. dans toutes les parties du corps ; qui n’a point vu d’animalcules spermatiques dans ces prétendus organes génitaux mâles, tandis que les distomes dont il invoque l’analogie , en ont montré à M. Siebold (1), qui n’a point vu éclore les prétendus œufs (2) et qui tout en reconnaissant que pour être fixé définitivement sur leur nature il faudrait avoir vu au moins des coques vides après l’éclosion, trouve dans leur couleur blanche, jaune, verte, bleue, brune ou rouge , un argumeut suffisant pour se pronon- cer ; M. Ehrenberg, dis-je, a été conduit à interpréter ainsi les parties réelles ou supposées des Infusoires, par le seul besoin de compléter l’organisation de ces êtres , ou tout au plus par de fausses analogies , telle que celles des Rotateurs, des Planaires , et des Distomes. Il fait servir les œufs à prouver la signification des organes mâles , puis, prenant celle-ci pour démontrée , il s'en sert pour démontrer la signification réelle des œufs: et, c’est après avoir ainsi tourné plus d’une fois dans un cercle vi- cieux qu'il dit avec assurance : « En démontrant depuis 1832 « la présence des glandes sexuelles mâles et des œufs dans «tous les individus d’une espèce quelconque d’Infusoires , et « la manière dont ces organes se composent dans la division «spontanée, je crois avoir acquis une base scientifique, so- « lide pour ces recherches ; la réalité d’une fécondation que «Schweigger , encore en 1820, regardait comme un argument « contre l'existence de véritables œufs , trouvera dans ces rap- « ports, confirmés par la remarquable vessie contractile, un appui « d’une solidité mcontestable jusqu’à ce qu’il ait été compiète- « ment démontré que les granules pris par moi pour des œufs , « laissent effectivement éclore des jeunes Infusoires en forme de « Monades,ou bien jusqu'à ce qu’il ait été positivement démontré (x) Müller’s Archiv. fur Anatomie, 1836, p.5r. (2) Il s'exprime ainsi dans son mémoire de 1836 (Zusütze zur, etc. p. 6): « L'éclosion d'un jeune animal polygastrique sortant d'un de ces œufs, laquelle en fixerait une fois pour toutes la nature, ou mème des coques laissées vides après l’éciosion, n’ont poin! encore été obser- servées , parce que leur extrême petitesse y oppose une grande difficulté ; mais tous les phéno— mènes observables, tous les rapports -et jusqu’à la couleur ordinairement vive et souvent verte , jaune, bleue, brune ; rouge ou laiteuse du vitellus pérmettent de croire , avec une extrème- ment grande vraisemblance, que telle est leur signification. » Ld ñ ] MM F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 209 «que leur nature est différente. Des opinions sans observations « exactes, n’ont en vérité absolument aucune valeur ([nfusions- « thierchen.… 1838 p. 382 ). » Si une pareille argumentation pouvait être acceptée par les juges compétens, et s’il était admis qu’un auteur eût le droit de donner l'autorité de la vérité à des opinions plus ou moins pro: bables sinon hypothétiques , en récusanit d’avance toute objec- tion de quiconque n'aurait pas préalablement démontré la vraie vature des objets en litige , il faut convenir que le cas serait bien choisi : en effet, il n’est pas présumable que de long-temps on parvienne à démontrer (et il faudrait cela) des communications vasculaires , autres que celles supposées par l’auteur allemand dans les prétendus organes génitaux des Infusoires , ni que l'on démontre la vraie structure de ce qu’il prend pour des œuts, car il est physiquement impossible dans l'état actuel de nos con- naissances optiques de déterminer seulement la forme exacte d’un corps globuleux ou polyédrique de 12000 de ligne ( 1/900 millimètre environ. (1) Mais suivons cet auteur lui-même dans le développement de ses opinions sur la génération des Infusoires ; c’est le meilleur moyen d'apprécier au juste ses assertions Dans son premier Mémoire (1828-1830), sur la distribution géographique des In- fusoires ; il s'efforce de prouver que les germes de ces animal- cules ne peuvent être apportés par l'atmosphère (2) dans les in- fusions, ce qui, tout en contrariant l’opinion de Spallanzani, ne (1) On peut déterminer approximativemeut avec assez d'exactitude, épaisseur d’un fila- ment beaucoup plus mince, maïs on ne pent prendre idée de sa structure ; les corpuscules san- guins ont au moins r|r50 mil; les petits grains de pollen dont on apprécie bien la structure ont 1/50 mill. et plus ; d’un autre côté, des séminules de moisissures de 1/260 mil. ne mon- trent rien de, distinct à l’intérieur, à plus forte raison il doit enêtre de même des prétendus œufs de polygastriques. (2) Die geographische Verbreitung der Infusionsthierchen, etc., 1828-30, p. 13. Il dit n'a- voir/pu trouver un seul Infusoire dans l’eau de la rosée nouvellement recueillie: mais, pour que l'expérience püût réellement étre comparée avec celle de Spallanzani , il eût fallu mettre infuser avec celle rosée pure, des matières organiques soumises à un certain degré de chaleur; de cette maniere , les germes , s'ils étaient dans la rosée, auraient pu se développer. Il est présuümable d'ailleurs que de la roséerecueillie près d’une grande ville où dans la ville niètné ete conservée seule pendant quelque temps eût pu douner un résultat différent. 300 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. permettrait pas de voir dans les expériences faites avec tant de soin par le célèbre professeur de Pavie, autre chose qu’une gé- nération spontanée ; mais dans ce cas , encore , je crois que M. Ehrenberg s'est trop hâté de tirer une conclusion générale de quelques expériences faites en voyage avec des instrumens im- parfaits. Dans ce même Mémoire, où il veut établir des lois gé- nérales sur la distribution géographique des Infusoires, il nous apprend que toutes les infusions qu’il a préparées lui-même près de la Mer-Rouge et du mont Sinaï, lui ont donné précisément les mêmes espèces d’Infusoires qu'en Europe; ce qui semblerait plutôt favoriser les idées &es partisans de la génération spon- tanée qu’indiquer une différence réelle dans la distribution géographique des Infusoires. Dans le Mémoire publié avec le précédent (1830), sur la connaissance de l’organisation des Infu- soires, il avait pris la diffluence du Xo/poda cucullus pour la ponte de cet animalcule, et il avait représenté (pl. 3, fig. r4), le prétendu ovaire comme un réseau formé de fibres de + de ligne. Il s’appuyait de lobservation @es Rotateurs, seulement pour prétendre que tous les Infusoires naissent d'un œuf, et croyait avoir suffisamment prouvé l’absurdité de la génération spontanée ou équivoque, en accordant à tous les Infusoires, même aux 720nas termo une organisation très complexe. Il dé- terminant par le calcul les dimensions des estomacs des plus petits Infusoires, et supposait des particules alimentaires de +55 de ligne, destinées à remplir des estomacs de :... de ligne; il fixait enfin la grosseur de leurs œufs, qui devait être de 3555 de ligne; le tout sans s'inquiéter des limites probables de la divisi- bilité des subtances organiques et de l'influence que peuvent exercer de si petites dimensions sur les phénomènes physiques. Dans son second Mémoire (1832), sur le développement et la durée de la vie des Infusoires, il se propose plus spécialement de combattre la génération spontanée, bien qu’il crüt déjà l'avoir complètement anéantie par sa précédente argumentation. Il.dé- clare avoir constaté que la génération de ces êtres est normale, et qu’elle a lieu au moyen d'œufs ; mais chose singulière! il ne parle encore que des œufs si gros, si incontestables des Rotateurs et en particulier de l'Aydatina senta ; quant aux Infusoires F. DUJARDIN. — Sur les dnfusoires. Jor proprement dits, il n’a point vu éclore leurs œufs; bien loin de là il prouve par des expériences prolongées durant neuf ou dix jours qu’il n’y a pas eu d'autre propagation que celle par division spontanée. Car on devra convenir que c’est un fait embarrassant pour les partisans de l’oviparité que de voir constamment dans une même infusion , tous les individus d’une même espèce à-peu- près de la même grosseur, ou bien montrant s'ils sont plus petits, les traces d’une division récente, comme si tous avaient dù éclore au même instant et comme si l’éclosion des œufs était désormais ajournée jusqu’à ce qu'une nouvelle infusion soit préparée. Eh bien ! c’est là tout ce qu’a vu M. Ehrenberg dans ses expériences, peu nombreuses à la vérité, sur deux espèces d’Infusoires pro- prement dits. Il a vu dans deux tubes de verre un seul individu de Paramecium aurelia se diviser spontanément trois fois dans vingt-quatre heures , d'où résultaient huit individus, lesquels continuèrent à se diviser ainsi pendant piusieurs jours de ma- nière à remplir le tube d'individus tous semblables à l’animal- cule primitif, tous produits de la même manière et sans aucun mélange d'individus plus petits qui seraient provenus d'œufs ; il dit même très positivement à la page 117 : « Je n’ai pas ob- servé qu'il soit né des individus provenant d'œufs. » Le Stylonychia mitylus (Kerona mitylus Müller) lui a pré- senté une seule fois les mêmes résultats d’une manière incom- plète. Aussi, a-til soin de dire , qu’il ne peut rien en conclure touchant la durée de sa vie ; cependant il passe un peu plus loin (page r2) à des conclusions générales et tout-à-fait affir- matives. Suivant lui, la force reproductive des animaux Infu- soires est plus développée que dans aucune autre classe d'êtres, et pour expliquer leur multiplication rapide en très peu de temps, i/ n'est plus besoin de la génération spontanée qui, d'après ces nouvelles observations parait une hypothèse superflue et que n'appuie aucune observation certaine. Voilà un des nombreux exemples de la logique de M. Ehrenberg, et de sa tendance à généraliser. Il a la franchise de nous dire qu’il n’a vu aucun indice de la multiplication par les œufs dans deux espèces de polygastriques, et il conclut que tous les Infusoires polygastri- ques doivent provenir d'œufs; mais admettons son observation ° 302 F, DUJARDIN. — Sur les Infusoires. comme exacte, et cela d'autant plus volontiers qu’elle a été faite de la même manière par Saussure en 1769 : ne serait-il pas plus simple d'admettre que ces Infusoires se sont produits une première fois spontanément dans une infusion à un certain degré de fermentation , ou qu'ils proviennent du développement successif de quelque autre forme produite elle-même sponta- nément dans cette infusion, et que, arrivés à un certain degré de développement, ils ont pu seulement se multiplier par di- vision spontanée (1); mais je me hâte de le dire, je n’adopte pas cette idée non plus que celle des œufs, j'ai voulu seulement mettre une opinion probable à côté d'une opinion probable, et j'attends des faits pour me prononcer sur un sujet'aussi im- portant. Je conviens volontiers qu'aucun, observateur. digne de foi n’a vu se former un Infusoire sous ses yeux ; je crois même qu'il serait absurde de supposer qu’un animalcule si simple füt-il, se formät ainsi par une aggrégation de molécules par une sorte de cristallisation; mais je ne crois point du tout à la vraie nature des œufs en question , et si problématiques. Il ne serait pas impossible assurément que les particules 'or- ganiques provenarit de la décomposition des Infusoires, celles-là même que, dans quelques espèces, M. Ehrenberg prend pour des œufs, pussent servir à la reproduction des Infusoires ; mais ce ne seraient pas des œufs pourvus, comme on l'entend, d’une double enveloppe, d’un albumen, d’un vitellus et d’une vésicule germinative; ce seraient les plus simples des germes, ce que, peut-être, Spallanzani entendait nommer des Corpuscules pre: organisées ; Ce seraient ce que d’autres ont appelé des globules (x) De’ce que dans les'observatiens citées on n'a vu dans le liquide que des animalcules de même, grosseur , on doit conclure aussi qu'il ne.s’est poiut opéré , pendant la durée de l'ex- périence ( 9 à ro jours ), de génération spontanée, non plus que d’éclosion d'œufs; mais , pour peu qu'on ait l’habitude d'observer des infusions, on doit savoir qu'un certain degré de fer- menlation ou de putréfaction est nécessaire pour l’apparition de certains animalcules qu'on ne voyait pas:auparavant et qu'on cesse quelquefois même aussi de voir plus tard; soit qu'ils aient été remplacés par d’autres, soit qu'ils aient subi une certaine modification relative. Pour que les mêmes raisonnemens fussent applicables aux œufs des Paramécies, il faudrait admettre ique ces animalcules, au sortir de l’œuf, ne sont pas encore des Paramécies, mais des animalcules plus simples vivant dans l’infusion à un autre degré de fermentation ; alors on arriverait de conséquence en corséquence à l'opinion citée plus haut. F. DUSARDIN. — Sur les Infusoires. 303 élémentaires ; des molécules qui ayant joui de la vie, sont sus- ceptibles de recommencer, suivant l'expression de Müller, un cercle déjà parcouru. Je ne crois pas impossible non plus, d’après ce que j'ai vu des changemens qu’éprouvent les Infusoires suivant la nature des infusions, je ne crois point impossible que ces petits germes parcourent une série de développemens plus ou moins consi- dérables avant d'arriver au degré le plus élevé, et qu'ils ne puissent aussi, suivant l’état de l’infusion rester stationnaires dans un degré inférieur. Cette manière de voir, à laquelle je suis conduit par mes observations, sans y être définitivement arrivé, a plus d'un point de ressemblance avec celle de M. Eh: renberg qui a signalé le premier les formes diverses sous les- quelles se montre le Ko/poda cucullus avant d’avoir atteint le terme de son développement ; si cet auteur ne tenait pas beau- coup à la signification de ces œufs d'Infusoires | on pourrait même finir par ne voir dans cette discussion qu’une querelle de mots. Mais je reviens à l'examen des opinions successivement développées par M. Ehrenberg sur les organes génitaux des Infusoires. Dans son troisième Mémoire (1833), il représente plusieurs fois. la diffluence des Infusoires comme la ponte ou l'émission des œufs , et parle plus positivement des granules qu’il prend pour les œufs, lors:même qu'ils ne se montrent que comme une matière colorante uniformément répandue; tandis que, dans son premier Mémoire, le résultat de la diffluence ou de la ponte du Kolpode était représenté seulement comme un ré- seau de fibres. Puis, parmi les vésicules intérieures prises d’a- bord indifféremment par des estomacs (1), il choisit les plus grandes, les plus subitement contractiles, celles qui ne con- tiennent jamais que de l’eau, et en fait des organes sexuels mäles. Quand il eut aperçu plus tard les prétendus testicules, les vésicules contractiles ne furent plus pour lui qu’un organe (x) Elles se distinguent des estomaes également contractiles, parce qu'elles ne se remplissent jamais comme ceux-ci de nourriture colorée, et restent tout-à-fait transparentes ( Ehrenberg, 1836, Zusätzeezur , ele, p. 9). 30; F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. d'éjaculation , et leurs contractions brusques durent avoir pour objet de lancer sur les ovaires répandus partout le corps, leur contenu si abondant, arrivé on ne sait d’où. Si ce singulier mode de fécondation intérieure par des éjaculations si copieuses et si fréquentes était cru véritable, on devrait convenir au moins que la nature nous a accoutumés à la trouver plus avare et plus simple dans ses moyens. Ces vésicules contractiles qu’on voit simplement globuleuses dans la plupart des Infusoires, se montrent avec une forme plus complexe ou une disposition particulière dans quelques espèces : Dans les Paramécies aurélies, elles constituent, comme je l'ai déjà dit, les organes en étoile que Spallanzani croyait destinés à la respiration, et dont il décrit ainsi le mouvement régulier et alterne : « à tous les trois ou quatre secondes, les deux petits globes centraux se gonflent comme des utricules et deviennent plus gros du triple ou du quadruple, et l’on aperçoit le même changement dans les rayons des étoiles, avec cette différence, que lorsque les petits globes s’enflent , les rayons se désen- flent (1). » M. Ehrenberg les a vues de la même manière dans les Paramécies, où je les ai également étudiées avec soin; mais, de plus, il a signalé aussi la présence de vésicules centractiles en étoile dans trois autres espèces ( Bursaria: leucas' Ophrÿo- glena atra et Glaucoma scintillans), et'il a indiqué une vé- sicule à bord perlé ou moniliforme dans la Vassula ornata. Les vésicules en étoile dont il discute la signification dans son Mémoire de 1836, p. 9 (2), lui ont particulièrement paru dé- (2) Spallanzani. Opusc. phys. trad, franc. , t. I, p. 248. (2) 11 s'exprime ainsi à la page it du mémoire cité (Zuzätze zur Erkezntniss , elec.) « il est difficile de se représenter clairement la connexion de ces organes avec le système auquel ils appartienuent. Mon opinion individuelle est la suivante : les vésicules cortractiles sont les ex trémités élargies du canal déférent (non encore apercu), qui vient du testicule. Dans les-cças les plus ordinaires, ces extrémités élargies et contractiles s’abouchent immédiatement dans l'o- viducte, comme chez les Rotateurs, conséquemment leur forme est égalèment simple, Maïs, dans d'autres cas, l’ovaire peut bien communiquer avec plusieurs oviductes qui se réunissent de nouveau à lorifice sexuel. D’après cela, la vésicule contractile pourrait bien être liée avec les canaux en étoile , qui, de celte vésicule, conduisent aux différens oviductes . . Si l’on considérait aussi les vésicules contractiles simples comme pourvues de plusieurs orifices corres- pondant aux oviducles et s’y abouchant, alors disparaitrait la différence { le restant; Schroff F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 305 montrer la réalité d'une éjaculation qui serait dirigée par les branches sur les divers oviductes , tandis que la vésicule cen- trale serait l'extrémité élargie du conduit déférent. Conséquem- ment, il suppose aussi que les vésicules simples doivent éjaculer leur contenu par des ouvertures percées dans leurs parois, ou- vertures invisibles qu’il ne craint pas d'admettre, tandis qu'il nie, la possibilité du passage de l’eau à travers.les. mailles du tégument, dans le cas où on les voudrait considérer. avec Spal- lanzani comme des organes respiratoires. Mais que lon censi- dère leur multiplication dans les Infusoires mourans, ou |dans ces animaux simplement comprimés entre deux lames de verre et privés des moyens de renouveler le liquide autour d'eux; que l'on se, rappelle leurs rapides contractions et même leur com- plète disparition qui ont frappé tous.les observateurs; que l’on songe enfin à la manière dont elles se soudent et se confondent plusieurs ensemble, et l'on ne pourra.s’empêcher d'y recon- naître des vésicules sans tégument ou des vacuoles creusées spontanément près de la surface, pour recevoir, à travers les pores du tégument , le liquide servant à la respiration. La pluralité des vésicules contractiles a été interprétée par M. Ebrenberg comme un indice de prochaine division sponta- née; mais le fait de la soudure des vésicules apparaissant chez les Infusoires mourans n’a pas même été mentionné par lui. Dans son mémoire de 1833, M. Ebrenberg ne figura point encore ce qu'il nomme la glande séminale, le testicule; mais il la mentionna dans le texte seulement à l’article du Chi/odon cucullulus, du Paramecium aurelia, et. des trois Nassula, commeune découverte toute récente.C'était, disait-il, un corps glanduleux, diaphane, ovale oblong, situé près de la bouche, et ne présentant aucune connexion avec les autres organes ; dans son mémoire de 1836, il poursuivit chez tous les Infusoires la recherche de cet organe qui devait compléter leur système sexuel mâle, et il a prétendu l'avoir trouvé presque partout, heit ) entre les diverses formes; alors quelques animaux auraient seulement l'embouchure de la vésicule séminale dans l'oviducte plus éloignée de celte vésicule, etles rayons seraient les cavaux de communication, » IX. Zooz. — Novembre, $ 20 306 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. mème chez les Euglènes qui n'ont pas de vésicule contraétilé où séminale. Aussi ne s'est-il pas montré difficile pour la déter- mination de cét organe; non-seulément il ÿ rapporta les gros globules én chapelet des Stentor polymorphus et cæruleus et de son Amphileptus monüliger ; les bandes sombres plus où moins -contournées dans l'intérieur du corps du Stentor Muller, de plu- -sieursVorticelles etBursaires, et les corps ovoïdes ou globuleux pa- raissant plus dénses où plus consistans, dans la plupart desautres ‘nfusoires ; mais encore il désigna ainsi Les corpuscules en pe- tites baguettes de l_mblyophis et de quelques Euglena , ceux très nombreux et en petits anneaux de l'Esglena spirogyra , le disque observé dans l'£uglena pleuronectes'et une foule d’autres corpuscules non moins problématiques observés dans l’intérieur du corps des Infusoires, et qui n’ont d’autres titres à cette dis- tinction que le besoin qu’en a l’auteur pour compléter sa série. Plusieurs de ces corpuscules persistant après la diffluence des animalcules, furent pris par Müller pour des œufs; la plupart sont jusqu'alors restés sans signification et pourront bien être “encore long-temps considérés comme tels, par les naturalistes qui voudront considérer la solidité des argumens du professeur de Perlin pour assigner une même fonction à des corpuscules si -divers et sans:connexion aucune. avec les autres organes. Quant à moi, j'ai bien vu dans un grand nombre d’Infusoires, motamiment dans les Stentor, les Trichodines , les Vorticelles, les Fuglènes, les Oxytricha, les Stylonÿchia, ete., les corpusculés en question; j'ai bien vu que , dans les Infusoires diffluens, ils ré- sistent plus à la décomposition spontanée que ne devrait le faire un: corps glanduleux comparativément aux autres parties que leur contractilité devrait rapprocher de la chair musculaire des Mollusques; mais je n'ai pu me faire une idée de leurs fonctions dans Porganisme, non plus que celles des diverses sortes de gra- nules qui restent après la diffluence d’un Infusoire. Je suis Het disposé: à croire qu'il doit y avoir là des corpuscules reproduc- teurs, mais je ne saurais les distinguer parmi les granules sim- ples, qui sont probablement un produit de sécrétion, parmi ceux qui ont pénétré comme alimens où comme corps étranger dans l’animalcule vivant, et enfin parmi les concrétions ou les T7 * F, DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 307 cristallisations produites à la surface de l’Infusoire par les ma- tières terreuses dissoutes dans l’eau (1). A la vérité, M. Ehren- berg, en outre de leur coloration, attribue à ses prétendus œufs une grosseur uniforme dans chaque espèce, et prétend qu’ils se développent et: disparaissent périodiquement; mais je n'ai pu constater ces derniers faits. En définitive, je pense donc qu’à parle fait incontestable de la division spontanée des Infusoires , nous ne savons rien de précis sur la génération de ces animaux , ni sur les organes qui peuvent servir à cette fonction, ni sur les œufs qui doivent les reproduire. Sérait-ce à dire qu’il faut croire à leur production spontanée ? non sans doute, si on l'entend à la manière de La: marck, ou si l’on veut que lesélémens chimiques se soient ren- contrés pour former une combinaison douée de la vie, ce qui serait universellement , je crois, regardé comme une absurdité; mais peut-être pourrait-on se rapprocher de la manière de voir dé Spallanzani, qui tout en combattant les idées absurdes, de quelques-uns de ses contemporains, se trouvait conduit par ses expériences, si consciencieusement faites, à admettre que les Infusoires naissent de corpuscules préorganisés, apportés par l'air dans les Infusions, et susceptibles de résister à certaines actions physiques qui détruiraient des œufs proprement dits; corpuscules que lui-même n'ose pas nommer des germes ni des œufs ; tandis que d’un autre côté il suppose que « pour des ani- maux inférieurs (2), le changement de demeure, de climat, de nourriture ;, doit. produire peu-à-peu dans les individus, et en- suite dans. l'espèce, des modifications très considérables, qui déguisent à nos yeux les formes primitives. » (x) M. Ehrenberg a vu des cristaux sur certains Infusoires; j'ai vu, de mon côté, fort sou- vent des petits cristaux de sulfate de chaux sur les animalcules habitant des eaux très chargées de ce sel , comme sont les eaux de Paris concentrées par l'évaporation spontanée, (2) Spallanzani. Opuscules de physique. Trad. franç., t. 11, p. 124. 308 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. CHAPITRE VII. : De la circulation et de la respiration chez les Infusoires, de leurs sens, de leurs nerfs et de leur instinct. "Corti, en 1774, trofhpé par le mouvement ondulatoire des “cils qu'il ne pouvait distinguer eux-mêmes à la surface des Infu- soires , admit une circulation réelle chez ces animaux; d’autres observateurs, plus récemment, ont commis la même erreur, ou bien ont été'dupes de quelque autre cause d’illusion. M. Ebren- berg, lui-même, qui dans son troisième mémoire avait cru recon- naître sur le Paramecium aurelia un réseau vasculaire, renonce dans son traité des Infusoires ( p. 351 ) à cette supposition , et pense que ce pourrait être le réseau de l'ovaire; et si dans da description de presque tous ses genres, il mentionne le système vasculaire, c’est pour répéter chaque fois qu’on n’a pu jusqu'ici Je reconnaitre directement, ce qui n'empêche pas toutefois d'en admettre l’éexistence-et de s'écrier avec admiration en parlant de Microglena (1) : « Mais quelle ténuité doivent avoir les vais- seaux de ces petits animaux! » Quant à la respiration, elle paraït plus réelle chez les Infusoires soit qu'on admette d’après Spallanzani que les vésicules contrat- tiles sont destinées à cette fonction ; soit qu’on admette d’après J'analogie de beaucoup d'animaux inférieurs que le mouvement vibratile des cils peut n’y être pas étranger en même temps qu'il sert à la locomotion et à la production du tourbillon qui amène les alimens. On ne peut douter que ces animalcules aient besoin de trouver de l'air respirable dans l’eau; les expériences faites par M. Peltier (2) sur l’asphyxie de ces animalcules, tendent à le prouver, ainsi que ce que j'airapporté plus haut sur la maniere dont se comportent des Infusoires légérement comprimés entre des lames de verre. Nous avons vu à la page ce qu’on peut penser du sens (rx) Die Infusionsthierchen..… 1838, p. 26. (2) L'Institut , 1836 , n. 158, p. 158. F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. 309 du goût découvert par M. Ehrenberg chez les Infusoires. Le sens de la vue, découvert par le même naturaliste , aurait plus de réalité s’il suffisait de la coloration d'une tache sans .organi- sation appréciable, sans forme constante, sans délimitation pré- cise, pour prouver que ce doit être un œil. Mais dans les Euglé- nes, par exemple, qui sont particulièrement, cités comme carac- térisées par cet organe, la tache rouge qu'on prend pour un œil est excessivement variable, elle est quelquefois multiple, quel- quefois formée de grains irrégulièrement agrégés. L’analogie se trouve encore ici en défaut sur ce point; car, si. l'on descend dans la série des animaux, on se trouve forcé , pour la détermination de cet organe, de sauter brusquement des. Daphnies, qui ont encore un œil mobile rappelant par sa com- position celui des Iusectes et des Crustacés; ou bien des Mollus- ques, dont l'œil, pourvu d’un cristallin, est comme dérivé du. type de l'œil des vertébrés; on se trouve , dis-je, forcé de passer à des animaux ne présentant plus que des taches diffuses. Ces taches, soit par leur nombre, soit par leur position, ont si peu d'importance physiologique dans les Planariées et dans certaines Annelides , que souvent on ne pourrait même en faire un carac-. tère spécifique absolu. Chez les Systolides ou Rotateurs, dont l'analogie est plus particulièrement invoquée, on les vaitdispa- - raitre avec l’âge pour quelques espèces, et, pour d’autres, se - montrer plus distinctes, suivant le volume ou le développement des individus , de sorte que le savant micrographe de Berlin ayant voulu baser ses caractères génériques pour. ces animaux sur la présence et le nombre des yeux, a été conduit à mettre- dans des genres différens , certaines espèces très voisines sinon identiques. Que la couleur rouge ou, noire soit en général, un attribut du pigment des yeux , ce ne doit pas être une raison pour supposer un œil partout où l’on voit du rouge, sinon il en fau- drait accorder même à des vers intestinanx, tels que le Scolex polymorphus, qui a deux taches rouges au cou, aux Actinies ; qui souvent en sont toutes parsemées, aux Mollusques bivalves, : tels que les Peignes , etc. Si l'on invoquait la faculté qu'ont les Infusoires de se diri- ger dans, le liquide et de poursuivre leur proie, au moins 310 F. DUJARDIN. — Sur les Infusoires. faudrait-il vérifier d'abord la réalité de cette faculté, que je crois aussi ‘fabuleuse que tout ce qu on rapporte de l'instinct dé ces animalcules. Et encore cela né suffirait pas pour prouver que les points rouges sont des ÿeux, car le plus grand nombre des Infusoires auxquels on a supposé cette faculté en sont dépour- vus , ét ceux qui en présentent, au contraire, n'ont point mon - tré cette faculté plus développée. M. Ehrenberg, suivant sa méthode d’argumentation , après avoir supposé la signification des points rouges, S'en est sérvi pour démontrer la vraie signification de certaines taches blan- ches plus où moins distinctes qu’il prend in un cerveau ou tout au moins pour un ganglion nerveux; c’est là tout ce qu’on dit avoir vu du système nerveux chez ré Infusoires , tout le reste est fourni par l’analogie. Nous ne devons pas, je pense, nous arrêter à combattre plus long-temps toutes les suppositions qui ont été faites sur l’in- tinct de ces animaux; la plupart des faits anciennement cités sur cet objet sont controuvés : le fait, par exemple, rapporté par Spallanzani, de certains Infusoires venant aider à la séparation des deux moitiés d’un de leurs semblables en voie de se diviser spontanément , ne supporterait pas aujourd’hui un sérieux exa- men. Le fait du groupement des Infusoires du genre Uvella S’ex- plique tout naturellement par la division spontanée, et celui de la réunion d’Infusoires d’abord libres, s’il n’est pas le résultat de l'évaporation du liquide ou de quelque circonstance for- tuite, pourrait s'expliquer tout aussi facilement. Quant à l'acte de chercher et de choisir des alimens, il est, comme je l'ai dit plus haut, le résultat de l’action mécanique des cils , produisant dans le liquide un courant dirigé vers la bouche. RÉSUMÉ. A la fin de cet exposé des faits réels ou supposés que nous à dévoilés le microscope sur l’organisation des Infusoires , il con- vient d'exposer en peu de mots ce que nous savons de positif sur ces animaux, en les séparant, comme nous l'avons fait, des EF. DUJARDIN. — $ur les Jnfusoires. 3rr Systolides ou Rotateurs qui sont bien plus élevés dans la'série animale ; et, des Bacillariées, qui présumablement, ainsi que.les Clostériées,, sont beaucoup, plus rapprochées du règne végétal, etiqui, dans tous les cas , doivent constituer une classe à part. Les Infusoires qu'il faudra, je crois, continuer à nommer ainsi, se. produisent, pour la plupart, de germes inconnus, dans les infusions soit artificielles, soit naturelles, telles que l'eau, stagnante et celle qui, dans les rivières, séjourne entre les débris de végétaux. On. ne leur connait aucun autre mode de propagation bien avéré que la division spontanée. La substance- charnue de leur corps est dilatäble et contractile comme la chair musculaire des animaux supérieurs, mais elle ne laisse voir ab- solument aucune trace de fibres ou. de membranes, et se montre au.contraire entierement diaphane et homogène, sauf le cas où la surface parait réticulée par l'effet de la contraction. . La substance charnue des Infusoires, isolée par le .déchire- went ou la mort de l’animalcule, se montre dans le liquide en disques, lenticulaires ou;en globules réfractant peu la lumière, et susceptibles de se creuser spontanément des cavités sphé- riques analogues par leur aspect aux vésicules de l’intérieur. Les vésicules formées à l'intérieur des Infusoires sont dépour- vues de membrane propre et peuvent se contracter jusqu’à dis- paraître, ou bien peuvent se souder et se foñdre plusieurs en- semble. Les unes se produisent au fond d’une sorte de bouche et sont destinées à contenir l’eau engloutie avec les alimens; elles. parcourent ensuite un certaintrajet à l'intérieur et se coatractent en ne. laissant au milieu de. la substance charnue que les parti- ‘cules non digérées, ou bien elles évacuent leur contenu à l’ex- térieur par une ouverture fortuite qui peut se reproduire plu-- sieurs fois, quoique non identique, vers le-même point, ce qui. pourrait faire croire à la présence d’un anus. Les vésicules contenant les alimens sont indépendantes et ne Bivalves. 31. Sur un. organe énigmatique propre à. quelques Bivalves, Par M. Ch. Th. pr SrÉBOLD à PARE (x) ï existe au bont antérieur du pied de quelques Bivalves un ganglion notable, décrit par Mangili sous le nom de ganglion central ; et on aperçoit dans le voisinage de ce EN = un organe singulier, double, qui paraît avoir échappé: jusqu’à ce moment aux recherches dé anatomistes. M. Siebold l'a trouvé la première fois chez le Cyclas cornea. En comprimant le pied de'ce mollusque entre deux lames de verre ; on voit aux deux côtés du ganglion central un: petit réservoir rond ; composé d’une masse élastique, opaque, et tenace, contenant au miliew un :nucleus parfaitement transparent ;: d’une. forme. ronde,, aplatie. Ce nucleus flotte tout-à-fait librement au, milieu: de:ce réservoir ; ou plutôt il s’y balance continuellement par un mouvement -oscillatoire: sans toucher la paroi interne.de cette cavité, L’autéur croit que ces noyaux sont encore entourés d'un fluide. jufo La blessure du réservoir en détermine la contraction, !et empêche de cette manière les mouvemens du nucleus. La trans- parence de ce noyau n’est pas troublée par: l'alcool : l'acide nitrique affsibli le dissout sans développement des bulles d'air. Pressé entre deux lames, il.se forme des déchirures qui se dirigent du centre vers la périphérie, et on entend une dé- crépitation. Il'se sépare enfin en pyramides plus ou-moins obtuses, dont la pointe se trouve au centre du nucleus. Notre auteur conclut de ces observations que ce noyau:est composé d'un sei ( peut-être calcaire), dont la cristallisation se mani- festerait aussi de la manière suivante. On observe: au centré du: noyau un petit trait, traversé par: un second sous une di- réction verticale ; si le nucleus se trouve posé, sur le champ, on, | aperçoit un troisième trait au centre. Cet organe se trouve même dans les embryons.de la longueur. d'une ligne à 176 de ligne. Le diamètre du réservoir est: de (1) Extrait des Archives d'Anatomie , Physiologie ,ete., par Müller, Berlin, 1838, cahier x, Comwuniqué par M. Mandl 320 T. H. DE SIEBOLD. — Pivalves. 0,04 de ligne anglaise (1,08 de millimetre), et celui du nucleus de 0,02 de ligne’ anglaise (0,54 de millimètre), chez les individus de 5 lignes rhénales de longueur. Le diamètre des réservoirs des individus d’une ligne rhénale de longueur n’est que de de 0,02 de ligne anglaise, et celui des noyaux de 0,007 à 0,009 de ligne anglaise. M. Siebold a trouvé le même organe chez le Cyclas rhéenie et C. Zacustris. Il est plus difficile à trouver chez l'{rodonta anatina, V'Unio pictorum et VU. tumida. En observant les réser- voirs de ces derniers Bivalves avec le microscope, on y: voit le noyau qui offre l'apparence d’une boule de verre, qui tour, nerait sur /son: axe. Séparés de leurs: réservoirs, les noyaux restent immobiles dans l’eau. Les caractères chimiques de ces corps sont les mêmes; ils sont de plus transparens au; mi- lieu, et on y voit quelquefois deux ou trois anneaux concen- triques: Enfin pressés entre deux lames, ils se séparent en cou- ches concentriques. Le diamètre du réservoir est: chez une _Anadonta anatina de 2 1/2 pouce rhén. de longueur, de 0,1 et celui du noyau de 0,04 de ligne anglaise. Le Mya arenaria, le Cardium edule et le Tellina. fragilis , sont pourvus des mêmes organes, et chez le Mya et le Cardium on croit apercevoir une corde nerveuse ; qui établit la commu- nication entre le ganglion et cet organe. Ni le Mytilus Wolgae, ni le M. edulis, ni l'embryon de lZ- nadonta anatina ne possèdent cet organe. L'auteur n’a pu trouver de cils vibratoires ni à la surface du nucieus, ni à la paroi interne du réservoir. Il discute ensuite en quelques mots la signification de cet organe, et se demande s’il pourrait remplacer les yeux? Si cette opinion trouve quelque appui dans la manière dont se meuvent les Cyclades, chez qui le bout des pieds se trouve toujours hors de la coquille, d’un autre côté on ne pourrait concevoir l'usage de pareils organes chez les Unio et les Anodontes, dont les pieds se trouvent tou- jours dans la fange. Il ne parait pas non plus que cet organe soit en rapport avec les fonctions génitales, parce qu'on le trouve même chez les embryons. M. Siebold se propose de continuer ses recherches à ce sujet. © —" RE EE MILNE-ROWARDS: —= Sur lanature des Polypiers. 39h OBSERVATIONS sur da nature et A mode de croissance ‘des D'eUUEEE à Par M. H. Mrs EDWanpDs. #1 gui ‘cr. Parmi les faits curieux que nous offré, en-si aragdlaibil bre; l'histoire des Polypes, il‘en est un surtout qui doit exciter au-plus haut degré notré'intérêt, car il se rattache àtune ‘dés propriétés les plus singulières de ces animaux si bizarres;tet se lie d'une maniére’intime à de grands phénomènes géologiques qu'on est étonné de voir résulter de forces! si minimes! Je veux parler de:la formation de ces corps solides où Polÿpiers; dont là dureté ét le volume contrastent quelquefois si vivément avec la délicatesse extrême et la petitesse| presqué microscopi- que des êtres qui les produisent. On connaît le rôle impor- tant que ces Zoophytes ont joué dans la formation d’un nombre considéräble d'immenses roches, dont les puissantes: assises, composés en grande partie de débris de Polypiers recouvrent des contrées entières, et dont la date remonte:aux époques les plus reculés de: lhistoire physique du ‘globe ;'on sait aussi ‘que de/nos! jours, dermême qu’autrefois; les dépouitles solides des Polypes, ammoncelées au fond des eaux, comme dans'un vaste chärnier, suffisent à produire des rescifs ét desliles. Mais si l’on cherche à s'expliquer comment ces fréles architectes exécutent de pareils travaux, on se trouve bientôt arrêté, car on né sait présque rién sur là nature intime des RH 1 et sur leur mode de formation. # Suivant Lamarck, ces Po/ypiers sont des corps qui n'offrent aucune trace d'organisation, qui ne vivent pas et qui ne,font. X, Zooz,— Décembre, dr Ba MILNE EDWARDS. — Sur la nature des Polypiers. nullement partie des animaux qu'ils contiennent (1); pour ‘rendre sa pensée d’une manière encore plus claire, il ajoute que ces Polypiers sont toujours extérieurs aux êtres qui les ‘habitent, et il les compare au guëépier qui sert de demeure aux guëpes (2); enfin il explique la formation de ces habitations par une transsudation de matieres gélatineuses et terreuses qui se ferait à la surface du corps des Polypes, et qui se moulerait sur cette surface, comme la coquille d’un mollusque se moule sur le manteau de cet animal, ou plutôt comme le tube cal- caire d’une serpule se forme autour de l’Annelide qui le se- crète. Cuvier, dans ses premiers écrits, avait professé sur ce sujet une opinion différente : « La partie dure ou la croûte qui revêt les Polypes, disait-il, paraît faire, partie de leur corps et: rroitre avec eux par intus-susception-(3);,» mais par la suite il se range évidemment de l'avis de son savant collègue, car, dans'les deux éditions de son règne animal, il dit expressément que lés:Po- lypiers sont toujours formés par wish et par. .couches , cornme livoire des dents. (4) 01à 29 10'1} Lamouroux, dont les travaux sur Jofielngiot: sont Gé à chaque instant par tous ceux qui s'occupent de cette.branche de la science, dit aussi que les Polyÿpiers se forment par dépôt à la surface extérieure de l'animal, et il va même. plus loin, que Lamarck, car il assure que, dans le jeune âge du Polype;ilexiste vne membrane tégumentaire destinée à la sécrétion de lai:ma- tière: dont.cette croûte.se compose, ét qu'aussitôt la)croissance de l'animal terminée, cette membrane se flétrit et disparait, en sorte que le corps de l'animal ne reste plus en connexion avéc sa loge inorganique, que par lé pourtour de-lorifice de cette cellule. 5b Enfin, M. de Blainville, tout en adoptant les mer de Lamarck lo dt { 1 (x) Hist. des anim. sans vert., première éd, tom, 11, p. 69, et depyième édite LIL p- 82. (2) Op. cit. p. 73. (3) Tableau élémentaire, page 663. ” « rl 1141 (4) Règne animal, pr emière édition , tome 1v page : 70, et Fe édition , iome 110, pige 298. x x 6 MILNE EDWARDS. — . Sur da nature des Polypiers. 325. sur la nature intime et L mode de formation de la plupart des Polyp piers. (1), paraît tre arrivé dans certains cas à des résultats différens,, car, en parlant des Zoanthaires, il dit que c’est sou- vent dans lé épaisseur de l'enveloppe ou même dans les mailles du corps de l'animal, que se dépose la substance dont le Poly- if, est formé, (2), mais il n'entre dans aucun détail à ce sujet, et n'expose pas les raisons qui l’ont déterminé dans le choix de son opinion. D'après le cou: t exposé historique que je viens de présenter on voitque les zoologis tes s'accordent presque tous à considé- rer les _Polypiers, tant cornés que calcaires, comme étant, des espèces de croûtes extérieures, privés de tout mouvement vi. tal ; le résultat d’une simple excrétion cutanée, et l'i 'imagé exacte. de ces tubes solidésque certaines Annelides se construisent dans le sol ou à la surface des corps sous-marins. Il me paraît cependant évident que cette opinion est erronée, et, par l'examen attentif du mode de croissance d’un grand nombre de Polypiers, ainsi que par l'étude anatomique de leur structure intérieure, je. me yois conduit à penser que ces enve- loppes solides, considérées dans leur ensemble, sont toujours des parties vivantes qui appartiennent au corps du Polype, tout autant que ses tentacules ou sa cavité, digestive, qui se. nour- rissent comme le reste de l'animal, quelle ge soit leur dureté pierreuse, et, qui, ne peuvent étre mieux. ‘comparées qu'à un “agi extérieur. | "M : $ 2. Le premier. fait qui : m'a porté à Soupgonner la vitalité dans ces Polypiers, réputés inorganiques, m'a été fourni, par une belle espèce de Sertulaire que j'ai trouvée sur les côtes de la Provence, et,que Je crois être nouvelle, (3). Les Sertulaires, comme on le sait, sont pouryues d’une gaine solide dont la con- sistance.est assez, analogue : à celle de la corne, et dont l'aspect et (1) Voyez l'article P, gro pie du Dictionnaire des Sciences dtirélles > Céai pe 27% »ET'ACr':- (2) 1 Manuel d'actinologie, page 310. 2 : (3, La Sertulaire bordée z Nob. L 21, 324 MILNE EUwaRDS. — Sur la nature des Polypiers. rappelle tout-à-fait celui d’une plante grèle et rameuse ; cette gaîne constitue le Po/ypier , et dans son intérieur se trouve une substance molle et parenchymateuse qui forme aussi un tube . et qui, dans toute sa longueur, est creusée d’une sorte dé cavité stomacale tubulaire, commune à tous les individus d’une même agrégation. Dans la Sertulaire dont il est ici question, l'espèce de: tige, formée par la gaîne tégumentaire de la série principale de ces Polypes agrégés, varie Dedsentil en grosseur, êt cés varia- tions coïncident avec des différences d'âge; dans les jeunes pieds, et dans toute la partie nouvellement FAHAeE des tiges dont le développement est même très avancé, le diamètre du Polypier est très petit, tandis que vers la partie inférieure de ces mêmes tiges, déjà vieillies, sa grosseur est beaucoup plus considérable et dépasse souvent du NET ce qu'elle était dans le principe. Au premier abord on pourrait penser que cet actroissément en diamètre dépendrait de l'addition dé couches nouvéllés à la surface externe du tube tégumentaire primitif; mais Si l’on fait une section transversale de la tige là où elle présente lés dimen- sions les plus différentes , et qu'on en examine la coupe au HiCrOs— cope, on verra que les parois du Polypier ont conservé, en grandissant, la même épaisseur, et que, par les progrès de’ l'âge,” la cavité intérieure, remplie par le parenchyme mou des Polÿ- pes, s'est élargie au point de pouvoir loger à l'aise un Corps dti’ «liamètre du jeune tube tégumentaire tout entier. Or, au chari- gement pareil ne peut dépendre que d’une véritable croissance, et ne peut s'expliquer que par l'effet d’un mouvement nutritif moléculaire, mouvement qui suppose dans les nn qui én sont Je siège, l’organisation et la vie. Les D 190 SU $ 35. Dans d'autres Polypes de 14 même famille, on remarque aussi des phénomènes qui indiquent clairement 1a vitahté dé’ l'enveloppe tégumentaire, lors même que cétté gaîné”sohde à" déjà acquis toute l'épaisseur et toute la consistance qu’elle doit avoir. Ainsi, dans les Antennulaires, dans plusieurs especes de Plumulaires, et dans quelques Sertulaires, le tube semi-corné de la tige de ces touffes d'aspect: phytoïdé , ‘cesse bientot de ce dilater; mais à une certaine époque sa surface externe MILNE EDWARDS. — Swr la nature des Polypiers. 325 produit des excroissances filiformes qui s'avancent en ram- pant tantôt vers la cime. du Polypier, tantôt vers sa base. Ces filamens cornés et tubuleux comme la gaine dont ils provien- nent, s’y soudent dans tous leurs points de contact, et souvent donuent : à leur tour naissance à des branches semblables à eux- mêmes, de surte.que par les progrès de l’âge. la tige qui d’a- bord était simple et grèle, grossit PRET A TE et se trouve composée d'une multitude de tubes réunis en faisceau. Enfin la croissance de ces parties dures ne s'arrête pas encore, ét dans les portions de la touffe qui sont. parvenues à ce que l’on peut considérer comme la vieillesse de ces êtres singuliers; il naît de la surface externe du Polypier une LR AE d’autres. filamens semi-cornés qui se ramifient tout à l’entour, comme le chevelu. des racines chez les plantes, et qui servent à fixer celui- ci plus. solidement aux corps voisins. Cette espèce de végéta- tion me paraitrait impossible si le Polypier qui en est le siège. était réellement un corps inorganique , et ele. fournit, ce me- semble, une preuve évidente de l'existence de la vie dans l’en- veloppe tégumentaire de ces animaux agrégés. 64. Si l’on conservait encore quelque doute à cet égard, il: suffirait, pour la dissiper, d'observer la manière dont une Ser- tulaire se multiplie par bourgeons. Il arrive souvent de trou-. ver ces Polypes solitaires dans le jeune âge , et alors leur tube extérieur ou Po/ypier ne présente ni orifice latéral , ni rami- fications ; mais à une certaine période de son existence, l'animal produit dans l’intérieur de sa tige des bourgeons reproducteurs, et, la manière dont ces nouveaux jets se développent répand beaucoup de lumière sur la nature intime du Polypier. En elfet, si la gaine solide dela Sertulaire était, comme le vent Lamarck, une sorte de croûte inerte et sans connexions organiques avec la. partie intérieure et vivante de l'animal, le bourgeon qui prend naissance dans son intérieur ne pourrait se dév elopper avant que d’avoir détruit, par résorption ou autrement, la paroï du Polypier contre laquelle il viendrait se heurter, et après s'être frayé ainsi un chemin au. dehors, il. devrait s’avancer plus où moins loin avant que de se revêtir de la ‘gaine solide, résultat 326 MILN LEDwARDS, "Sur la nature (les Pol) piers. de la concrétion des matières exsudées à sa surface; le nouveau tube tégumentaire, ainsi formé, devrait être toujours précédé dans son apparition par le tissu parenchymateux intérieur, ‘chargé de le sécréter, et son extrémité serait ouverte dès le principe ; enfin les diverses parties de la} Jeune branche du Poly- Pier, une fois produites, ne devraient plus changer de forme si ce n’est par suite de l'allongement de leurs bords ou du dé- pôt de nouvelles couches à leur intérieur, Mais {es Choes’ ne se passent pas ainsi. Lorsqu'une nouvelle branche commence à pousser, on voit d’ abord le Polypier lui-même éprouver des mo- difications qu ’on ne peut expliquer qu ’en S POPÉSEEN son tissu animé d'un mouvement nutr itif analogue : à celui qui existe dans un (OE dont Ja forme vient à changer par suite du développement d'i un exostose à sa surface. Le tube sémi- corné, ou plutôt carti- lagineux du Polype adulte, présente dans’ un point déterminé une sorte d’excroissance latérale dont là cavité communique avec l’intérieur du tube générateur, et loge un prolongement de la substance parenchy mateuse” enfermée dans cé dernier. Ce tubercule grandit rapidement et constitue bientôt ün long tube de consistance cornée, semblable en tout à la tige qui le porte, mais terrniné en cul- de-sac à à son extrémité libre :! cette extrémité se renfle ensuite en une sorte d'ampoulé dans l'inté- rieur de laquelle on voit se développer peu-à-peu la portion terminale et mobile du jeune Polype; ses dimensions augmen- tent beaucoup sans que l'épaisseur de ses parois changent no- tablement: enfin son sommet qui adhére aux parties molles intérieures s'infléchit en dedans, s ’amincit, étfinit par disparaître de façon à ouvrir la cavité férmée Jusqu'alôrs, et à permettre à, l'animal de déployer au dehors son appareil tentaculairé (r). On ‘voit, par conséquent, que le Polypier des Sertulaires croît réellement, et pour se développer de la sorte il faut nécessaire- ment adfnettre qu il est organisé et doué de la vie; ce ne peut donc étre une simple croûte moulée sur la surface du. corps : (1) J'ai eu l'occasion de constater des faits de ce genre chez un grand ombre de Sértula- riens, et un observateur très : habile, M. Lister, en’ a légalement été témoin ; mais sans en tiver , relativement à la nature du Polypier; les conséquences qüi.en découlent., ( Voyez Some observations on the structure and funcæens of Polypi. Philos. trans, 1834.) MILNE EDWARDS. — Sur la nature des Polypiers. 327 del’animal, et il faut le considérer comme une tunique tégumen- taire dont la substance se rapproche par sa densité du tissu qui, chez les animaux supérieurs, forine les cartilages permanens ou les os dans le premier degré de leur développement. $:5. Du reste, la partie tégnmentaire dés Polypes ne présente päs toujours cétte rigidité singulière, et, dans certaines familles, elle est tour-à-tour complètement membraneuse , de consistance cartilagineuse ou d’une dureté osseuse, sans que sa conformation soit d’ailleurs modifiée et sans qu’il soit possible de méconnaître dans Ja gaine rigide dés uns l’analoguede la tunique membraneuse des-autres. Ainsi,chez les Polypes des genres Y’esicularia et Deda- lœà, le corps.de l'animalse compose d’un sacovoïdede consistance membraneuse.dont l'extrémité antérieure, garnie d’un cercle de tentacules entourant la bouche, peut rentrer en-elle-même comme un doigt de gant, et dont la cavité loge an tube digestif, recourbé: en formed’anse ét terminé par deux orifices distincts;enfin ce sac est fixé avec. ses congénères. sur une sorte de tige rampanté de même; texture que ses parois. Personne ne songerait à révoquer emdoute la nature organique de cette membrane tégumentaire; ét les partisans.de l'opinion, de Lamarck se borneraient à dire: que ces animaux n'ont pas de.po/ypier. Or,-dans les Sérialaires. toutesles parties de l’organisation sont copformés:essentiellements demème que chez ces Vésiculaires, seulement; la tige commune et les deux tiers inférieurs du sac tégumentaire de chacun des Polypes ont acquis plus de consistance et présentent la même: texture que la gaine semi-cartilagineuse des Sertulariens. L'espèce de cellule, ainsi formée , se. continue avec la portion membra- »euse des tégumens de l'animal, et ne présente ni à l’une ni à, l’autre de ses faces une tunique molle, que l’on pourrait consi- dérer comme étant le représentant de la membrane tégumentaire: des Vésiculaires et comme servant à sécréter le polypier. On est: donc naturellement, conduit à admettre que cette cellule est une portion. de la tunique tégumentaire elle-même, et à penser: qu’elle doit être organisée, tout aussi bien que celle des Polypes, mous dont nous venons. de parler. 328 mixe epwanps. — Sur la nature-des Polypiers. 66: Tés Eschariens nous offrentides modifications analogues, et montrent quelquefois d’une manière encore ‘plus évidente que c’est la membrane tégumentaire du Polype:elle:mème qui s’épaissit et $e durcit pour constituer le polypier: Ainsi, tantôt la tunique extérieure , ou, pour me servir de l'expression généra- lément employée, la cellule est entièrement membraneuüse(dans le genre Holodactyle, par exempie),tandis que d’autres; fois elle conserveen partie seulement sa mollesse, etrevêt dans le reste de soniétendue ; un aspect corné,, sans que l’on puisse attribuer cet endurcissement-àla formation de quelque croûte déposée à sasurfacé,etsansqu'il y'ait entre la partie dure ét la partie molle discontinuité organique: Ainsi, dans la Flustre toile de mer; la gaine tégumentaire n’est cornée que sur le: bord'du:repli labial quireprésente l’opercule, dans les lignes de soudure des diverses cellules entreelles:et à l’angle de celles-ci ; là où s'élève un petit tubercule arrondi; dans le reste de son étendue , cette enveloppe est mermbraneuse, et, lorsqu'on l'examine à l’état frais;ül'est facile de se convaincre qu’elle est formée par un tissu ‘organisé: Dans les Cellulaires,les Eucratées, etc., lendurcissémentde’cette tunique extérieure s'étend davantage, et il ne reste plus à l'état membraneix qu'une sorte de disque ovalaire ;'au milieu duquel se trouve l’ouverture operculifère ; destinée à livrer passage à la portion protractile du Polype. Enfin, chez certaines |Flustres, tels que la Flustre bombycine, toute la cellule tégumentaire offre la consistance semi-cornée, qui, dans les polypiers précé- dens ; ne se:montrait que partiellemertt. s $7:Jusqu’icinous n'avons parlé quede polypiers plus où moins cartilagineux ; qui conservent une certaine flexibilité’, et ; tout en reconnaissant que ce re sont pas de simples croûtes inôrga- niques , comme on Je croyait généralement , on pourrait encore penser que la vitalité dont ils sont doués n’existe pas dans les massés plus ou moins lapidescentes dont se composent lés poly- piers pierreux ,etsupposer que ces derniers ne sont effectivement que des produits inorganiques , analogues aux tubés des Sér- pules; mais, en les étudiant comme nous venons d'étudier les polypiers flexibles, on est conduit à adopter l'opinion contraire, MILNECEDWARDS: = Sur la nature des Polypiers. 329 et à les considérer comme étant formés par untissu vivant dans là substance duquel se fait un dépôt moléculaire de matière cal- caire , assez analogue à celui qui, chez les animaux supérieurs, transforme les cartilages en os. 4) 58 MIDI ON RU x URETR IRL ES of MFIOR HA -:1$18] Gette sonte d'ossification commence même-:chez certaines Flustrés ; dont le polypier présente éncoreune apparence semi- comnéé; car; si lon plonge dans dé l'acide hydrochlorique-alfai- bli unedes expansions froudéscentes dont se compose la Flustre foliacéel; on voit se manifester une légère effervescence, phéno- mène: qui décele l’existence-de particules de carbonateicaleaire dans l'épaisseur des parois du polypier ; mais enveloppe tégu- mentaire des Echariens n’acquiert réellemeñt une dureté pier- reuse que:chez les Eschares ;les Rétépores , les Salicornaires, etc., etic'est par conséquent chez ces Polypes que nous devons cher: cher si elle: offre encore quelque indice RS de men d et de vitalité, °° du Les PR que j'ai déjà'eu l’occasion de fire sur Des struc- ture des cellulestégumentaires des Echares et sur les changemens de:forme que ces:loges: crétacées subissent parles progrès de l’äge(r), me paraissent trancher la question; car lesmodifications que j'ai signalées, la conformation du Polypier de l’Eschare cer - vicorne et de plusieurs autres espèces du même genre; prouvént que: postérieurement à la complète ossification de la gaine tégu- mentaire , cellé-ei continue à être le siège d’un travail nutritif et s'accroit encore lorsque les parties molles du Ro mpen ont: ae céssé-de remplir leurs fonctions ordinaires. 1° Maïs, si lon voulait de nouvelles preuveside à sburmtinntihriles cdelamialité decor Polypiers pierreux, lesSalicornaires nousen fourniraient. Par les progrès de l’âge; les cellules tégumentaires de ces petits Zoophytes subissent des changemens analogues ià ceux que présentént les Eschares, et, de plus, à une époque avancée dela vie, lorsque leurs parois ont déjà acquis toute leur épaisseur et toute la dureté lapidescente qu’elles doivent avoir, elles sont encore le siége d'une sorte dé: végétation; car elles (1) Voyez Annales des.Sciences naturelles , deuxième série, tome vs, page 26. 330 muxe Fuwaups. — Sur la nature des Polypiers. donnent naissance à des prolongemens radiciformes, dont le tissu est une continuation du tissu dont ellesse composent et dont la croissance-est rapide. | $ 9. La conformation intérieure des Alcyons proprement dits ou Lobulaires me paraît donner aussi la clef du mode de forma- tion du polypier pierreux des Astrées et des autres Zoanthaires. Le tissu tégumentaire de ces Polypes est de consistance charnue et recèle dans son intérieur un système compliqué de canaux ra: mifiés; il parait être aussi le siège primitif de l'espèce de bour- geonnement par lequel ces animaux augmentent le nombre.des individus agrégés entre-eux.: aussi ne peut-il exister aucunein- certitude sur sa nature organique et sur sa vitalité; mais on yrre- connaît néanmoins un premier degré d’ossification ; car:il, se dé- pose dans là profondeur de sa substance une multitude de par- ticules de carbonate de chaux qui, examinés au microscopé; simulent en général des cristallisations confuses (1). Or, que l’on suppose pourun instant. ce dépôt:intérieur de carbonate calcaire un peu plus abondant; et l’on aura à la place du Polypier-charnu un Polypier lapisdescent ;/comme: celui d’un si cp nombre: dauonsalbiense 69 | | 8 1: Du FA l'observation directe de-la structure:de ceux- ci fait voir .qu’effectivenient:ce n’est pas à la surface du Polype, ainsi qué le disait Lamarck, mais bien, comme l'a pensé M. de Blainville ; dans l'épaisseur des tissus organisés.de l'animal, que se déposent les molécules. de: carbonate calcaire : destinés à-la solidification: du: Polypier. Il ;est également : facile de :s’assurer que; lorsque le:Polypier a acquis: dela sorte sa dureté pierreuse, il continue aan va ei ee à gempein et par oc à Éivrezoisis -Silon examine-à l'état frais un de ces gros holssinià dondécidon qui: sé:rencontrent dans le voisinage des bancs de corail dela côte d’Alger,let qui atteignent souvent,une hauteur de plusieurs pieds; Polypiers que Peyssonnel désignait sous le nom de Fenouil (2) Voyez nos’ob$ervatisns surles Alevons, Aun, des Se. nat. 2° série, tome 1v. MILNE EDWARDS. — Suy la nature des Polÿpiers. ‘331 de mer, et que les zoologistes actuels appellent la Caryophillie ra- meuse (Lam.) ou la Dendrophillié (BL ), on voit que les Polypes sont loin d’être simplement implantés dans les loges stélliformes . par lesquelles chaque branche se termine. Le tissu mou et coriace dont se compose la’ paroi externe de la portion protractile du corps de cés änimaux actiniformes, se continue sans interruption ‘vec un tissn de même nature qui constitue en quelque sorte la gangue vivante, dans la profondeur de laquelle se déposent les particules piérreuses du Polypier. La présence de ce tissu de couleur jaunätre est facile à constater même vers la partie infé- rieure de celui-ci, et il est également aisé dé s'assurer que c’est dans son épaisseur ou dans les mailles jde sa substauce que se trouve V ‘espèce de charpente lpideséente Got € tes Des ani- la” portion la Bt n SEVEN HAE formée des IR vds d’un âge ‘plus Avancé , le tissu charnu ést assez ‘épais’'et cache cbHiplere- “ment la partie calcaire du Polypier ; celle-ci est très mince et “semble résulter dé la soudure de particules piérreusés déposées dans la substance de la portion charnüe;, autour de filamens qui sont probablement des canaux analogues à ceux dont les tégu- mens coriacés des Alcÿons sont pourvus: en si grände àbon- dince. Au premier ‘abord, on ‘pourrait croire que a lame sôlide ainsi formée est d’une structure compacte et homogène ; ; mais si on ‘la fait bouillir dans une lessive alcaline de façon à détruire la matière animale qui entre dans sa composition, on la réduit à uné masse lapidéscente dont la surface est criblée d'une mul- titude de trous irréguliers, et dont Ja substance, ‘examinée au ge représente le RTE grossit en même tif” q qu il devient pl à solidé, jusqu’à cé qu'’enfin, né récévant plus de sucs nôur- iérs en quantité suffisanté, 1 cesse peu-à- -peu de vivre, sans Cesser pour céla dé conservér ses connexions avec les” parties impins avancées en âgé qui sont encore animées d’un mouvement Mutfitif plus où MON rapide. Ce'n’est pas tout, les’"cloisüns 332 MILNE EpwARDS. — Sur la nature des Polypiers. membraneuses qui garnissent en dedans les parois de la cavité abdominale, du Pol; pe s'ossifient comme les tégumens , et, après avoir perdu leur mollesse primitive, continuent à paris et se couvrent de végétations irrégulières, d'oùrésulte une masse d'as- Pect spongieux qui remplit peu-à-peu. tout l'intérieur du Poly- Pier, et qui cesse bientôt de ressembler, par sa forme, aux ! Jamelles membraneuses dans leur état primitif. Enfin , les bour- geons reproducteurs qui, sont destinés à former de nouvelles branches , ou plutôt de nouveaux individus, et qui se dévelop- pent. dans la partie tégumentaire du Polype, ne s'y montrent que lorsque, la solidification de celle-ci est déjà assez ‘complète pour que Ja dépouille de l'animal offre dans ce point tous les .caractères d un Polypier pierreux, et pour, que la cavité abdo- _minale du jeune individu soit séparée de celle de sa mère par cette, barrière solide, Ainsi, non-seulement cette partie réputée inorganique est douée d’un mouvement mutritif et croît par les progrès, de l’âge, mais elle est le, siège d’un des phénomènes physiologiques les plus importans de la vie de ces singuliers Répophrkens de leur multiplication par bourgeons. 5% 1 re Astrées, 7 RL jai pu observer, un grand nombre à ‘état vivant sur les. roches qui avoisinent Alger, m'ont présenté un, mode. de structure analogue. Le poly pier de ces Zoophytes | n'est pas formé de couches inorganiques concrétées autour du corps de l'animal, mais d’un tissu organique , entre les mailles duquel se déposent des. particules de carbonate calcaire, sans que:ce dépôt arrête aussitôt le mouvement nutritif dans les par- | ties molles qui en;sont le siège; et c'est à cause de cette persis- 0 tance, de la vie dans le Polypier solide, que sa conformation.se | modifie avec l’âge, et que les parties voisines se soudent entre IC elles. fé qe ’elles An à se toucher. j153:v9b no8 dal La plupart des. autres Zoanthaires à. Polypiers pierreux) | an ‘habitent pas nos mers, et Par conséquent je n'ai pu en étudier! da structure à l'état frais ,et m'assurer si leur charpente solide sel compose, comme celle des espèces dont il vient d’être question! d'un tissu organique et vivant solidifié à l’intérieur par du carbo:]! MILNE EDWARDS. — Sur la nature des Polipiers! 333 nate de Chaux déposé dans sa profondeur; mais l'examen attentif de la dépouille desséchée de ces animaux, telle qu’on-li‘éünservé dans nos Musées, m'a convaincu que, chez tous, le Polypier | doit avoir ce re de conformation ét doit continuer pendant un certain temps à croître après que son tissu a acquis une du: reté presque pierreuse. En etfet, les différences c que lon observe lorsqu'on compare les portions encore jeunes du polypiér dés Ouclines, des Pocillopores, des Sarcinules, des Disticop pores, des Errhines et de plusieurs autres Zoanthaires ex6tiq ués, MbQE des portions du même polypier plus avancées en âge, té pa” raissent incompatibles avec les idées professées par Lamärc k, et me semblent indiquer clairement c que, chez ( ces Animaux , ‘de même que chez tous ceux dontr nous venons de pañlér, te PéIy: pier. doit, se. composer di un tissu vivant solidifié par run dép por intérieur de carbonate calcaire , et doit continuer ea que ce dépôts’ est déjà effectué. Je mé bornerai p our | em à signaler ces divers faits, mais je les” exposerai avec: deuil lorsque je. traiterai spécialement de- ces Zoanthaires ,: Si Ta occasion. … » 2504 185,8 ,SustnsoX ny b vo taire! D 91/9MN93D SES FPE iije 1 norganique qu'entoureraient des rte as réunis en té ais qu'il se compose d’une masse rameuse de consistance harnue, commune aux divers Polypes, masse dont le tissu est rci d’une multitude de cristaux-confus de carbonate calcaire, xactement comme chez les Alcyons, et dont le centre est creusé e canaux longitudinaux entre lesquels se développe un axe lide composé aussi de carbonate de chaux, mélé à une ma- ière animale, ou bien d’une substance semi- -cornée , tres analo- ue à celle qui donne à l'enveloppe tégumentaire dés Sertula- iens sa consistance cartilagineuse. C'est cette portion inté- ieure qui, isolée par la dessiccation et le frottement, est regardée r les auteurs comme constituant à elle seule le Polypier , 334 MILNE EDWARNS.. — Sur la nature des Polypiers. mais dans la réalité elle, n'en, forme qu'une partie plus solide que le reste. | a rage 6 14. Les divers faits que nous venons de passer en revue me semblent prouver que l'opinion généralement adoptée relative- ment à la nature et au, mode de formation des Poiypiers, est in exacte, et que ; ces Corps; loin d’étre toujours des croûtes exté- rieures ét. sans connexions or ganiques : avec, Jes animaux qui les produisent, sont des parties intégrantes de ces êtres , êt consis; tent en un tissu organisé dont Ia substance se charge plus ou moins, de matières cornées ou calcaires, déposées ED sa profon- deur, et dont la nutrition s opère pas intus- susception. Chez tous ces animaux, il existe une tendance à l endurcissemen! de ap or- tion. tégumentaire et reproductrice du c corps, mais le degré au- quel. cette SO idification arrive, varie beaucoup et détermine seule les différences qui “existent entre les espèces distinguées par les z00logistes sous les noms de Polypes nus , de Polypes à Pelypier flexible, de Polypes charnus, et de Polypes à Poby- pier lithoïde, 1 Le Polypier cartilagineux ou lithoïde d'un Sertu- larien ou d’un Zoanthaire, n’est pas, comme onle dit d'ordi- naire, une demeure que ces animaux se construisent, C’est ên quelque sorte leur, peau, qui. € constitue la charpente, solide de leur. corps; et qui: de même que] lé squelette des animaux vérté- brés, 2 affecte tantôt la forme membraneuse ,! tantôt une “texture” cartilagineuse , € et d’ autres fois un état en quelque sorte « osseux. re ot EC 242 | : L : : " 119 j4) 1 1Q1 3 Lt HO UIOIUS WD DE LAÏZER et DE PARIEU. — Pachyderme: fossile. 335 il 2ypa 11) Norice sur un nouveau genre de pachyderme fossile : nommé ‘Opl lotherium , Par MM. DE LAIZER et DE lg Quelque multipliés qu’aient pu: se trouver dans les premières époques de la création animale, ces Pachydermes qui semblent avoir été remplacés en partie sur notre globe par.des:herbivo- rés-généralement plus utiles à l'homme; ;il ne: reste peut-être guère d'espoir aux Paléontologistes de nos contrées d'ajouter beaucoup de nouveaux genres :à ‘ceux: si nombreux :tirés. de leurs tombeaux naturels par la savante nécromancie de Cuvier. Toutefois il se trouve des:restes nombreux d’un Pachyderme à peu-près inconnu: dans les sédimens tertiaires du bassin, de l'Allier. Ce fut un contemporain de cesnimaux fossiles de toute classe, dont l’un de nous signala en 1824 les! premiers:ossemens et quiontrendupeu-à-peu; par des exhumations successives, les vallées de l'Auvergne aussi intéressantes pour le paléontologiste que l’est sm les Apt le: np classique des volcans éteints. : 1 trhouye (tr Ce: pachyderme qui fait: de jet, de la néblitins setuello nous paraît être le même que celui dont M. Geoffroy ,$S.-Hilaire a signalé l'existence dans la Revue encyclopédique (1833 );et dont 1l a proposé de faire un sous-genre avec lenom d’AÆ70plo- terium laticurvatum ; en regardant aussi comme possible d’en constituer un genre à part sous le nom de Cyclognathus. Ce savant ne connaissait alors que: quelques ,fragmens de mâchoires inférieures, et cette donnée trop incomplète ne lui avait pas periniegl arriver aux Caractères les plus génériques dans l'animal dont il s’agit. De nombreux fragmens de la tête de ce this he tirés des gites de Perrier, Cournon, Chaptuzat, Ganuat, ont été recueillis successivement depuis plusieurs années dans. la collection de lun dénous. Les fragmens que nouë publions proviennent; tous, 536 Dé LAIZER et) DE PARIEU. —: Pachyderme fossile. à l'exception de celui qui est représenté dans la fig. 8, pl.9, du grès friable de Chaptuzat. Dans ces fragmens, l’élévation du condyle : au dessus des dents inférieures, les tubercules de la couronne des molaires , la pré- sence des canines et incisives supérieures signalent au premier regard un animal placé à côté des petits Palæotheriums, Ano- plothériums, Lophiodons, c'est-à- diré'un de ces Bochrdmies pygmées qui ne semblent plus représentés aujourd’hui dans le règne animal que par les Damans de l'Arabie et du Cap: longueur de la série dentaire ne ‘dépasse guère en effet 0 ont dansita plupart detnos fragmens: ® :: 1 I 7 "Les figures qui se rapportent à lamächoire supérieure:(1,233) font connaître assez exactement la série dés dents qui!la gar: nissaient. Cette mâchoire ‘était armée de chaque côté de: trois incisives;une canine et sept molaires, le tout en sérié continué comme dans ce genpe anoplothérium qui paraît avoir été si ré - pie sur le sol qu'occupe aujourd’hui là France. 4 © ‘Mais! malgré ce: rapprochement ‘important ; un autre-catétél tère générique de l’Anoplothérium ; celui qué Cuvier, en, le-dé- couvrant ,>a vouln sceller dans'son nom même, c’est-à-dire la fiiblesse des canines réduites au niveau des molaires; ee caräc- tèré négatif ne se retrouve point chez notre Pachydenme quon ne saurait appeler, sous ce rapport, un animal sans .armes; Chez lui en effet, les caninès dépassent la ligne formée parles pointes des molaires/ Elles sont armées d’une petite taptes ‘un peu recourbée à leur sommet. D'üuniautré côté l’incisive la plus rapprochée di la: ie mé= diane déborde encore plus sur la canine elle-même; que\celle-ei sur les molaires: Ellé s'abaisse verticalement en présentant en avant un peu dé convexité, et ressémble à une incisive:de ron- gélr: Quant aux deux autres incisives ; elles étaient probäble- met: intérmédiaires par leur dimension comme > par leur pogition à l'égard des précédentes. 36‘ Ji trob soins" Ce développement des-dents antérieures et Lutétiénitié dns notre debit 4 ‘éstuh trait fort remarquable.et caractéris- tiqué À à nos yeux, surtout quandon l'oppose aux autres traits-qui semblent lier cemérieanimalà l'anoplothèere dont le boutdii mu- DE LAIZER et DE PARIEU. —! Pachyderme fossile. 33% seau’ est organisé d’une manière ‘si différente. Les sept molaires süpérieuresse divisent en trois groupes, dont deux avant-molaires comprimées latéralement, un peu trilobées et assez: tran- chartes, comme paräissent l'être celles de l’'Ædapis d’après l'ou- vrage de M. Cuvier. Cés avant-molaires sont pourvues de deux racines. Elles sont suivies de deux dents intermédiaires par leur forme comme par leur situation entre le type précédent et celui sur lequel sont forméesles arrière-molaires. L'une d'elles, l’antérieure a de plus que les avant-molaires , un tubercule interne qui prête à sa couronne une forme nn peu triangulaire. Dans la suivante ce contour triangulaire semble avoir été comprimé d'avant en arrière, de façon à présenter l'aspect d’un prisme couché trans- versalement et taillé sur son arrête saillante en deux tubercuüles pyramidés; plus un troisième externe fort accessoire. Cette quatrième molaire est en quelque sorte la moitié d’une des trois suivantes , à la forme desquelles sa propre forme fait passer par une progression simple. Ces dernières vraies molaires, sont or- ganisées sur un type commun. Leur couronne est à-peu-près carrée. Elle présente à la surface deux prismes couchés en tra- vers, et qui convergent néanmoins un peu vers l’intérieur de la mâchoire. De ce côté leurs extrémités sont même réunies dans un bord légèrement contourné, et reposent sur une racine commune fort large, tandis qu'a l'extrémité opposée, c'est-à- dire externe, les prismes s'appuient chacun sur une racine propre. Au fond, la composition des couronnes deces arrière-molaires ést tirée d’élémens à-peu-près pareils à ceux qui sont disposés à la surface des dents correspondantes chez plusieurs autres Pachydermes, tels que Panoplotherium, le chœropotume, lan- thracotherium: Mais l’ordre dans lequel sont rangés ces élémens est différent ou pour mieux dire inverse. Ainsi, dans les Pachy- dermes que nous venons de rappeler, le prisme antérieur est divisé en trois petites pyramides, tandis que le prisme postérieur n'offre que deux pointes bien marquées, la troisième étant ru: dimentaire. Ici c’est le contraire, et le prisme postérieur répond au prisme antérieur dans les molaires des autres Pachydérmes . VX. Z2ooc, — Décembre, 22 538 DE LAIZER et DE PARIEU, — Pachyderme fossile. en comparaison et réciproquement. Ainsi une dent du nouveau fossile est en quelque sorte une des autres dents plantée à re- bours. On voit dans l’an de nos fragmens (fig. 2 et 4), une portion assez considérable du front pour pouvoir apprécier sa forme bombée d’une façon assez élégante. _Les os du nez ne sont point disposés pour avoir pu servir de point d'attache à une trompe. Ils offrent dans leur milieu une dépression longitudinale qui a son origine entre les frontaux, et qui partage d’une ma- uière gracieuse le museau d'ailleurs un peu cambré dans son profil. La mâchoire inférieure nous offre encore une sorte de pro- blème relatif à la composition de la série dentaire. Dans les fragmens que nous publions, on ne voit en place que les six dernières molaires et les deux incisives les plus rappro- chés de lasymphyse. Entre celles-ci et celles-là sont deux alvéo- les que nous supposons avoir été remplies par une canine et une incisive, ce qui rendrait la formule dentaire inégale dans ses deux termes. On voit par la fig. 7, que toutes ces dents sont en série conti- nue. Bien plus (et c'est pour cela que deux alvéoles se voient seulement dans notre figure), les trois incisives, si notre conjec- ture précédente est juste, auraient en quelque sorte chevauché entre elles, celle qui manque ayant son alvéole à côté.et.en de- hors des deux existantes qui sont presque superposées l’une.à l’autre. Les incisives sont du reste couchées à-peu-près comme dans le daman et le cochon, ce qui leur permettait de coïncider avec le recourbenent des incisives supérieures, sous un angle d'en: viron 135. Cette disposition des incisives d’en bas rend los qui les porte plus court que la mâchoire supérieure. Les molaires inférieures en place sont latéralement beaucoup plus étroites que celles d’en haut, différence qui s'observe aussi chez d’autres Pachydermes, à divers degrés. Les premières ressemblent aux correspondantes d'en haut, On. voit leur forme s’élargir dans celles qui leur succedent , jus- DE LAIZER @t DE PARIEU. — Pachyderme fossile. 339 qu'aux trois dernières, dont la coupe vue en dessus (fig. 6), offre deux triangles à côté l’un de l’autre, ayant leurs bases à- peu-près sur une même ligne vers le dedans de la mâchoire, mais laissant entre eux un petit angle ouvert en dehors. A chaque coin des triangles correspond une aspérité sur la couronne. L'arrière-molaire a un lobe supplémentaire comme dans les Palæothères, Anoplothéres, Anthracothères. Il importe d'observer que les Rspérifés de ces molaires sont beaucoup plus élevées en dedans qu’en dehors ainsi que le montre la fig. 7.11 en est de même de la base des dents qui est posée obliquemént dans le même sens, ce qui donne plus de largeur à la branche imaxillaire du côté intérieur que du côté extérieur. Cette obliquité de la surface de trituration dans les mâcheliè- res inférieures par rapport au plan de l'os qui les supporte, la forme générale de ces mêmes dents, celle du devant du crâne sauf le sillon médian ci-dessus mentionné, rappellent un peu le Chevrotin, transition entre les pachydermes et les Rumi- nans dont nons montrerons des signes plus particuliers dans le nouveau genre fossile. Le condyle est tres élevé; quoique un peu endommagé, nous avons pu reconnaître daus le fragment représenté fig. 5 sa forme transversale, Il est placé obliquement , un peu comme dans les ruminans, mais il est plus fort et plus arrondi que chez les animaux de cet ordre. L’Apophyse coronoïde est, aussi renversée en arrière, par ur nouveau rapport avec les ruminans. L’angle de la mâchoire offre un contour arrondi tout parti- culier et dont M. Geoffroy St.-Hilaire a tiré les noms que nous avons rappelés plus haut. Quoique n'ayant pas la forme épaisse qui se voit chez le Daman, cette partie de la mâchoire nous a paru dans le fragment , fig. 8, plus renflée que chez l’ensemble des Pachydermes. L’arc extérieur qu’elle dessine constitue sur le bord parotidien de la branche montante une sorte de talon relevé à angle aigu et par conséquent plus prononcé que la saillie correspondante chez l{noplotherium commune, le Tapir, le Rhinocéros unicorne. Sur le bord inférieur de la branche maxillaire, le contour se termine par uue autre saillie ordonnée 22, 340 DE LAIZER et DE PARIEU. — Pachkyderme fossile. ‘pour ainsi dire symétriquement par rapport à la première, mais d'une forme plus obtuse que celle-ci. Ce talus sur le bord inférieur de la mâchoire:est plus fort que le correspondant dans le cheval ou le Rhinocéros unicorne, mais n’est pas compa- rable à l’apophyse considérable qui se voit à la même place dans le squelette de l’'Hippopotame. Nous venons d'envisager l’angle de la mâchoire de notre pa- chyderine dans ses rapports avec l’ostéolegie des animaux du même ordre. Cet angle se trouve chez certains Rongeurs. Mais il peut être aussi l’objet d'une comparaison intéressante pour ce qui concerne son rebord sur le côté parotidien. Il est en effet des ruminans qui ont cette apophyse bien plus marquée que notre pachyderme : ce sunt les espèces de la fa- mille Camélienne. Et ces mêmes animaux ont aussi, par une singulière coinci- dence, des canines qui les détachent du groupe des Rumi- nans! Ils ont un condyle intermédiaire par sa convexité entre celui des ruminans et celui des pachydermes ! M. Cuvier a signalé une transition analogue de l’Anoplothe- rium au chameau, en faisant observer que « le chameau lui- « même s’écarte assez des ruminans par ses incisives, ses nom- « breuses canines, un os de plus au tarse , une autre nature de « sabots et même par quelques différences dans la forme de l'estomac. » Par ces rapports communs de l’anoplothère et de notre pa- chyderme avec un ordre différent du leur, se trouve confirmé de nouveau ce que nous avons énoncé plus haut sur laffinité respective des deux genres, affinité qui les a long-temps fait confondre ! Cependant comme placé ainsi en regard de l'anoplotherium, notre pachyderme s'en sépare à cause d’un caractère opposé à celui dont l’anoplotherium a tiré son nom, et qu'il a au con- traire, du moins dans sa mâchoire supérieure des canines et des incisives relativement très développées , nous avons cru que le nom d'Oplotherium pourrait exprimer naturellement et par DF LAIZER €t DE PARIEU. — Pachyderme fossile. 34x une antithèse fort simple sa juxtà-position à l'anoplotherium et sa dissemblance d’avec lui.(1) Du reste , après avoir étudié et cherché à bien apprécier le type commun dont nous avons cru reconnaître l'empreinte dans nos fragmens fossiles, nous serions, loin de pouvoir affir- mer l'identité des espèces dont ils proviennent. Au contraire, sans vouloir attacher dès. à présent une grande importance à la distinction des espèces d’un genre nouveau, nous devons dire néanmoins quelques mots des différences qui se remarquent entre les fragmens que nous publions et qu'il. eût été impossible au dessin de rendre parfaitement. Les fragmens représentés dans les fig. 1 et 7 sont de moin- dre dimension que ceux représentés dans les fig. 2 et 5. Le fragment 7 vu du. côté correspondant à celui montré dans la fig. 5 a une voussure beaucoup moins marquée que celle qui se- voit dans cette dernière figure, Il serait possible que la différence de l’âge et du sexe rendit compte à-la-fois de la diversité des proportions et des formes entre ces deux fragmens. Dans tous les cas les mêmes circonstances ne serviraient pas . à ce que nous croyons, à expliquer la différence notablé de. largeur entre la branche maxillaire de la fig. 8 et le côté caché de la fig. 5, malgré l'égalité de longueur de la série des molaires. dans les mêmes fragmens. Cette différence que le dessin de nos fragmens ne laisse pas soupçonner est résultée pour nous d’un examen du fragment fig. >, détaché de la position naturelle dans laquelle on l'a re-. présenté. La comparaison de cette face externe avec la correspondante dans la fig. 8, donne une différence si marquée à l'œil et au compas (2), que nous n’hésitons point à la signaler comme se rapportant à l'existence de deux espèces d'Oplotherium, à l’une (x) Suivant un large système de zovclassie, on pourrait considérer l’'Anoplothère et l'Oplo- thère comme deux sections d'un grand genre pour lequel nous proposerions le nom de Ple- regnathus. (2) Gette différence est de 0,001 à 0,002, 342 DE LAIZER et DE PARIEU. — Pachyderme fossile. desquelles , sous le nom de /aticurvatum, nous rattacherons le fragment de la fig. 8 , tandis que nous laisserons réunies au moins provisoirement dans l’autre, sous le nom d’Oploftherium leptognathum, les autres fragmens qui, il est bon de le rappeler, sont tous renfermés dans une gangue de même nature minérale. Il est bon de terminer cette notice par la formule abrégée du nouveau genre et de ses deux espèces jusqu'ici connues. ORDRE DES PACHYDERMES. Genre Oplotherium ( Nob.) Caractères. — Dents en série continue. Canines et incisives moyennes suréminentes par rapport aux molaires dans la mâchoire supérieure. Disposition des croissans sur les couronnes des arrière-molaires supérieures exactement inverse de celle des Pachydermes qui ont des couronnes composées d’élémens analogues. Angle de la mâchoire inférieure constitué par un contour circulaire en saillie sur les deux branches. Sillon sur la ligne moyenne du front et du nez. Formule dentaire (en partie présumée pour la mâchoire in- férieure) : Mol. + Canines : Inc. +. Deux espèces connues : Oplotherium laticurvatum. Oplotherium leptognathum. EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE ©. Figures 1 et2. Fragmens de mâchoire supérieure en dehors. 3. Fragment de la figure 2 , vu en-dessous. 4. Id. perpendiculairement en dessus. à- Mâchoire inferieure en dedans. 6. Même fragment en dessus. 7e Autre fragment de mâchoire inférieure en dehors. 8. Autre fragment de mâchoire inférieure en dehors, P. S. M. Bravard à annoncé l’existence d’un petit pachyderme, qu'il a nommé Cainothère, avant la publication ci-dessus énoncée de M. Geoffroy... Il a promis de le décrire , il y a de cela plus de dix ans. FLOURENS. — Sur l’épiderme. 243 REcHERCHES anatomiques sur la manière dont l’épiderme se com- porte avec les poils et avec les ongles, Par M. FLOURENS. ( Lues à l'Académie des Sciences, le 19 novembre 1838. ) On n’est pas encored’accord,en anatomie, sur la manière dont l'épiderme se comporte, soit avec les poils, soit avec les ongles. Et d’abord , pour ce qui est des poils , Meckel a déerit depuis long-temps, et avec une grande exactitude, les gaines par-- ticulières que l’épiderme, en se réfléchissant vers le derme, four-. nit à la base de chaque poil ; de sorte que, comme il le dit lui-. mêmé : « l’épidérme à, du côté qui est tourné vers la peau, une « infinité de petites racines blanches, transparentes, qui man- « quent entièrement dans l’épiderme qui couvre la paume de la. « main et la plante des pieds ». (1) Muis ces gaines particulières, ces racines, pour me servir de expression dé Méckel , s’arrêtent-elles à l'entrée du bulbe du. poil, comme le veulent quelques anatomistes? ou bien , péne- trent-elles dans ce bulbe, et en tapissent-elles tout l’intérieur, commé le veulent quelques autres? telle est la première diffi- culté que je me suis proposé de résoudre. Si l’on examine un morceau d’épiderme, pris sur un individu adulte, et détaché du derme par la macération, on voit toute la face interne de cet épiderme , toute la face qui correspond au derme, hérissée de prolongemens, lesquels sont les gaines mêmes que l’épiderme fournissait aux poils. Dé plus, et je suppose chaque poil extrait de sa gaîne , la surface externe de cet épi- derme présente autant de petits trous qu'il y avait de poils. Si lon examine, au contraire, un morceau d’épiderme, pris sur un fœtus très jeune, et également détaché du derme par (1) Merkel , sur la nature de l'épiderme , vw, 844 FLOURENS. —. Sur l'épiderme. la macération, on ne voit plus ni de prolongemens épidermiques à la face interne, ni de trous à la face externe. Les deux faces sont parfaitement continues et lisses. id EnGn, si l'on examine un morceau d’épiderme, pris sur un fœtus un peu plus àgé, et toujours détaché du derme par là macération, on voit, à la face interne, de petits prolongemens, et , à la face externe , de pétités éminences dont aucune n’est percée. Ces prolongemens internes, ces éminences externes et non percées, sont les gaines que lépiderme fournit aux poils. Toutes ces gaines, ainsi que les poils qu’elles recouvrent, ont une direction très oblique ; et, à cet âge , elles sont toutes, comme Je viens de le dire, parfaitement continues. Ce sont, en un mot, des gaînes complètes, comme les gaines d’épiderme et de COrpE muqueux qui recouvrent les fibres de la langue, et que j'ai décrites dans un autre mémoire. (1) Ces trois états de l’épiderme se voient sur les pièces qne je mets sous les yeux de l’Académie. La pièce n° 5 montre l’épi- derme pris sur un individu adulte , avec ses prolongemens in- ternes et,ses trous à la face externe. Les pièces 1 et 3 montrent l’épiderme du fœtus, avec ses deux faces également continues et lisses ; et la quatrième montre l'épiderme pris sur un fœtus un peu plus âgé, et ayant ses gaines complètes. Il y a donc trois états successifs par lesquels passe l’épiderme, considéré dans ses rapports avec les poils. Dans un premier état, il est parfaitement lisse, continu, sans gaines particulières ; dans un second, il a des gaines complètes; et dans un troisième, ces gaines sont percées à leur bout externe (2). En d'autres termes, il y a un premier état où le poil n’a pas encore agi sur l’'épiderme;un secord où lépiderme recouvre encore le poil, bien que le poil, revêtu de sa gaine, dépasse déjà la surface de l’épiderme ; et un troisième où le poil traverse l’épiderme et le perce. Et ces trois états montrent, par leur succession même, que l’épiderme est toujours placé sur le pcil; puisque, d’abord, (1) Voyez Compte rendu ; t. 1V, p. 445. (2) Je n’ai pas besoin d'ajouter qu’elles le sont toujours à leur bout interne, puisque, comme je e montre ici , l'épiderme ne passe jamais par-dessous le poil. FLOURENS. —. Sur l'épiderme. 345 le poil n'arrive pas jusqu’à l'épiderme; puisque, ensuite, l’épi- derme recouvre le poil et lui fournit une gaine complète; et que ce n’est, enfin, que dans le troisième et dernier état que le poil traverse l’épiderme et le perce. L'épiderme, en seréfléchissant sur le derme pour fournir des gaines à la base des poils, s’arrète donc à l'entrée du bulbe et à la base du poil (1), et ne passe pas par-dessous la racine du poil pour tapisser l’intérieur du bulbe. Les prolongemens de la face interne de l’épiderme n’étant, comme je viens de le dire, que les gaines des poils, ces prolon- gemens devaient manquer à la paume des mains et à la plante des pieds, et ils y manquent effectivement , come chacun sait. Mais la face interne de l’épiderme, considéré dans ces parties, n’appelle pas moins, quoique sous un autre rapport, l'attention de l’anatomiste. Les pièces 10, 6 et 2 , sur lesquelles j’appuie mes descrip- tions, représentent cette face interne : la première, sur l'épi- derme de la paume de la main d'un individu adulte; la se- conde , sur l’épiderme de la face palmaire du doigt index d’un fœtus; et la troisième, sur l'épiderme de la plante du pied du même fœtus. On peut se faire une idée, sur ces trois pièces, de l’'admirable régularité qui caractérise la structure de cette face interne. Le fond commun de cette structure est un ensemble de lignes, les unes continues, les autres ponctuées, la plupart simples, quelques-unes bifurquées.En général , une ligne ponc- tuée alterne régulièrement avec une ligne continue , et c’est ce qui se voit surtout à l’épiderme de la paume de la main de l'in- dividu adulte , et à l’épiderme du doigt du fœtus. A l’épiderme du talon du fœtus, les lignes ponctuées ne sont pas toujours aussi nettement séparées des lignes continues; les points y empiètent quelquefois sur les lignes; mais partout, soit au doigt, soit au talon, soit à la paume des mains, ces lignes et ces (r) Mais, pour arriver jusqu'à l'entrée du bulbe et jusqu’à la base du poil, il faut qu’il pénètre dans l'enfoncement du derme, qui conduit au bulbe; et, par-là même, il forme tous ces prolongemens qui hérissent la face interne de l'épiderme , et qui constituent les gaines des poils. 3:6 FLOURENS. — Sur l’épiderme. points sont l'empreinte exacte des éminences et des sillons de la face externe du derme, de la face du derme qui correspond à la face interne de l’épiderme. Enfin, la pièce n° 9 qui est sous les yeux de l’Académie, peut être regardée comme formant une sorte d’appendice à l’un de mes précédens Mémoires sur les deux épidermes de la peau humaine (1). Cette pièce présente ces deux épi- dermes , détachés l’un de l’autre par une longue macération, sur la face dorsale du petit doigt de la main ; et là, l’épiderme intérne à un aspect blanchâtre très prononcé ; aspect qui, en général, est un des caractères du corps muqueux , et qui, sans doute, a été la cause pour laquelle plusieurs anatomistes ont attribué un véritable corps muqueux à la peau des doigts. Je passe à la manière dont l’épiderme se comporte par rap- port aux ongles; et ici les opinions sont tout aussi partagées que pour ce qui concerne les poils. L'opinion La plus commune est que l’épiderme passe par- dessus l’ongle, et se confond avec sa face externe (2); d’autres veulent que l'ongle ne soit, à proprement parler, qu'une con- tinuation de l’épiderme; quelques-uns pensent enfin que lépi- derme passe par-dessous l’ongle et en tapisse toute la face con- cave. Cette dernière opinion paraît avoir été celle de Bichat , et, plus récemment , elle a été celle de M. Lauth. « L'épiderme, dit M. Lauth,*accompagne le derme exacte- «ment.....,en sorte qu'il tapisse aussi la face concave de « Hintélas (3) Bichat avait déjà dit que « l épidiébitie; en se confondant avec « l'ongle, semble former sa lame interne. (4) La difficulté était done, pour l'ongle, à-peu:près la même que pour les poils ; et, pour la résoudre ;'il fallait, de même re- courir à l'examen de ce qui se voit, non dans l'adulte, où la (1) Voyez Compte rendu ,t. in, p. 699. (2) Béclard dit : « L'éviderme se réfléchit sur la racine de l'ongle et se prolonge sur sa face « externe , qu’il recouvre ainsi d’une lame superficielle trèsiniuce , qui se confond avec elle. » (Elémens d'anatomie générale.) (3) Nouveau manuel de l'anatomiste. (4) Anatomie générale, FLOURENS. — Sur l'épiderme. 347 ] plupart des rapports primitifs sont plus ou moins changés, mais dans le fœtus, où les rapports naturels, les rapports com- plets, subsistent encore. Or , a considérer les rapports de structure qui nous occupent, dans les fœtus, et particulièrement dans les fœtus des Pachy- dermes, des Ruminans, des Rongeurs, il est aisé de voir , et de voir avec évidence, que l’épiderme passé par-dessus l’ongle. Les pièces 13, 14, 15 et 16 , que je présente à l’Académie, montrent, sur des fœtus de cochon, l’épiderme passant par- dessus la face antérieure, par-dessus la face postérieure, et par-dessus la face latérale de ongle. La pièce 17 montre cet enveloppement complet de l’ongle par l'épiderme, sur un fœtus de lapin. Dans les fœtus des quadrupèdes , et rdéitilemicanl des quadrupèdes: herbivores , l’épiderme passe donc par-dessus l'oitgle ; et, en l’enveloppant de toutes parts, Al lui forme une gaine complète. | L'analogie porte à croire qu'il en est de même dans le fœtus humain; mais, faute de fœtus, tout à-la-fois assez jeunes et assez bien conservés, je n'ai pu réussir encore à y suivre, d’une ma- nière sûre , l'épiderme sur toute la face externe de l’ongle. Tout le monde connaît ces feuillets longitudinaux du derme, qui, placés sous longle, constituent la véritable matrice de l’ongle ; et qui, très développés dans le cheval, dans le bœuf, dans le cochon, etc. y ont reçu, de la part des anatomistes vété- rinaires, le nom de chair cannelée. Tout le monde sait aussi que cette car, ou plutôt cette partie du derme qui sécrète l’ongle, n’est pas partout cannelée. À la sole, à la fourchette, au bour- relet (1),de zissu feuilleté est remplicé par le tissu villeux. Les filamens très déliés, très fins qui composent ce tissu villeux, sont surtout très développés et très remarquables au bourrelet ou bord supérieur de l’ongle ; et, soit qu'on les considère au bourrelet, à la sole, ou à la fourchette, ils donnent à la partie de l’ongle qui leur correspond une disposition particulière et toute différente de celle qui est propre aux parties de l’ongle (1) Voyez M, Girard : Traité du pied dans les animaux domestiques. 348 FLOURENS. — Sur l'épiderme. qui correspondent au tissu cannelé. Ainsi, les parties de l’ongle qui répondent aux feuillets du tissu cannelé représentent ces feuillets renversés; et les parties qui répondent aux filamens du tissu villeux représentent un ensemble de petits tuyaux, sortes de gaines ou d’étuis, sécrétés par ces /£/amens mêmes. Tous ces détails de structure sont à-peu-près les mêmes, du moins pour le fond (1), dans le cheval, dans le bœuf, dans le cochon, etc.;et, dans tous ces animaux, ils sont également con- nus. Mais, ce qui me paraît ne pas l'être encore, c’est que jusque dans l'ongle humain , on retrouve, indépendamment des feul- lets du #issu cannelé, que tous les anatomistes y ont décrit, un certain nombre de f/amens qui répondent évidemment au tissu villeux. Dans l'homme, ces flamens sont placés et comme cachés sous le repli du derme quirecouvre la racine de l’ongle, sous cette racine même, et à l'origine des feuillets longitudi- naux. On les voit reproduits dans la pièce 8 qui est sous les yeux de l’Académie. Les conclusions de ce mémoire sont : que l’épiderme passe, à tout âge, par-dessus le poil : qu’il passe, de même, par-dessus l’ongle; et que, jusque dans l’ongle humain, se retrouvent des vestiges du tissu villeux ou filamenteux des quadrupèdes herbi- vores. (1) Il y a en effet, quelques différences de détail. Dans le cheval , les filamens du bourrelet touchent aux feuillets longitudinaux ; dans le œuf, les filamens, plus fins encore, du bourrelet sont séparés des feuillets longitudinaux par un espace à brins plus courts et presque ras. Dans le mouton , l'espace intermédiaire entre les filamens du bourrelet et les feuillets longitudinaux , est proportionnellement moins grand que dans le œuf; dans l'un et l'autre (le £æuf'et le mou- ton) , la sole est toute garnie de filamens , lesquels sont surtout remarquables dans le mouton ; enfin les filamens du cochon ont quelque chose de moins délié, de plus massif, de plus grenu, que les filamens des ruminans et des solipèdes. 5 AE REINA ET GALVAGNI. — Sur un fœtus humain à trois tétes. 349 Sur un fœtus humain à trois têtes , Par les Docteurs Reina et Garvacwt, de Catane. (1) (Extrait communiqué par M. Iso. Grorrrox Sawr-Hirare.) Le monstre qui fait le sujet de cet article est le fruit de la première grossesse d'une jeune femme de tempérament lympha- tique, dont la mère avait eu, dans le cours de trente-six ans, dix-huit fils, et qui n'avait éprouvé ni terreur, ni aucune im- pression morale. Le soir du 5 novembre 1832, cette jeune femme, alors parvenue aux derniers jours du huitième mois, de sa grossesse, fut assaillie des premières douleurs de l’enfan- tement. Bientôt, le col de l'utérus se dilata, les membranes se déchirèrent et les eaux coulèrent; mais quatre jours se pas- sérent au milieu de violentes douleurs sans que l’accouchement püt se terminer. Ce fut alors que le docteur Reina fut appelé. Un premier examen lui fit croire à la présence soit de deux ju- meaux, soit d’un monstre dicéphale; mais, plus tard, furent re- connues à-la-fois et l’existence d’une troisième tête, et l'impos- sibilité absolue d’un accouchement naturel. Sans suivre ici les auteurs dans la relation de tous les essais que M. Reina fit successivement, il nous suffira de dire que l’une des têtes étant déjà privée de vie, M. Reina se décida à lamputer, et obtint bientôt aprés l’être monstrueux , mais non sans avoir été obligé à une nouvelle mutilation du fœtus, dont nous allons donner la description. (1) M. Isidore Geoffroy, dans le troisième volume de son Histoire générale des Anomalies , a déjà donné en France un extrait des deux mémoires publiés sur l'enfant tricéphale, par MM. Reina el Galvagni , et qui fait partie des Atti dell’ Accademia Gioenia (tom. vin), Nous joignons à l'extrait beaucoup plus étendu et plus complet que nous donnons à notre tour, la figure , jusqu'à présent inédite , de l'enfaut tricéphale, WTA # » 2 350 REINA ET GALVAGNY. — Sur un fœtus humain à trois têtes. $ I. Examen extérieur. Le monstre se composait d’un tronc assez gros, avec deux cous, trois têtes, trois membres supérieurs, deux inférieurs, et des organes génito-urinaires uniques; le sexe était mâle. Entre le tronc et les quatre membres (en laissant de côté le cinquième inséré au dos) il y avait une disproportion marquée, ceux-ci ayant le volume normal, et le premier, au contraire, étant deux fois plus gros qu’à l'ordinaire (1). Il était en effet aussi gros que long, en sorte que les deux plans latéraux du tronc étaient égaux à la distance. du pubis au cou. Les têtes, assez bien proportionnées et complètes, étaient ainsi disposées: la gauche était purtée sur un cou qui lui était propre; l'intermé- diaire et la troisième n'avaient au contraire pour elles deux qu'un cou unique et épais. Dans le thorax, on remarquait un défaut notable de symétrie; la moitié droite était plus large que la gauche. A droite exis- taient deux mamelons, tandis qu'il n’y en avait qu’un seul à gauche. Le volume du bas-ventre était considérable , ou pour mieux dire , double de lordinaire. L’ombilic était unique. Dans le dos on observait deux lignes médianes et un mem- bre.1l y avait ainsi trois membres thoraciques; denx occupaient la position ordinaire, le troisième inséré sur le dos et très près des deux cous. Sa conformation différait beaucoup de l’état nor- mal. Il était plus gros, plus court, dirigé obliquement et termi- né par une main incomplètement double. Celle-ci avait en effet deux paumes et trois doigts pour chacune : en tout deux pouces deux index et deux médius. Les membres abdominaux étaient dans les conditions ordinaires. D'après ce qui vient d’être exposé, ce monstre peut être con- sidéré comme divisé en trois segmens. Dans le premier, qui est supérieur, toutes les parties sont triples; dans le moyen, (x) Nous rectifions ici une erreur grave, que nous ne pouvons attribuer qu’à une faute typo- graphique. La phrase italienne , telle qu’elle est construite, semble dire précisément le con- traire. REINA ET GALVAGNY. — Sur un fœtus humain à trois têtes: 351 doubles; dans le troisième ou l’inférieur, uniques. Les trois têtes et les trois cons représentent le premier; le tronc et les membres thoraciques constituent le second; enfin l'appareil génito-urinaire externe et les membres abdominaux forment le troisième. Ainsi l’'anomalie extérieure s’efface à mesure que l’on s'éloigne du segment supérieur ; elle est au maximum dans les têtes et les cous; moindre dans les membres; un peu moindre dans le thorax; très faible dans la région supérieure de Fabdo- men, et finalement nulle dans la région inférieure de l'abdomen et Le les membres abdominaux. $ IL. Examen intérieur. Les auteurs examinent. successivement les modifications du thorax , de la cavité abdominale, du système vasculaire, du:sys- téeme nerveux, du système musculaire et du système osseux. Thorax. Par son amplitude non moins que par un prolonge- ment membraneux qui le divisait en deux cavités , le thorax peut être considéré comme double; mais les deiix thorax n'avaient point les mêmes dimensions : le droit était plus large que le gauche. Le prolongement membraneux résultait évidem- ment de l’adossement des plèvres; il était placé verticalement dans la ligne médiane, et était en rapport extérieurement avec le sternum, postérieurement avec un bord cartilagineux formé par les côtes et qui sera plus bas décrit ; supérieurement avec les deux clavicules du bras dorsal, inférieurement avec le dia- phragme. Dans chaque cavité se trouvait un médiastin bien con- formé, un lobe de thymus qui avait en outre un troisième lobe situé daus le prolongement plus haut décrit, un appareil respi- ratoire et un cœur. js L'appareil respiratoire droit, c'est-à-dire celui qui était situé du côté des deux têtes à cou commun, se composait de deux larynx, d'une trachéc-artère unique, les premiers anneaux ex- ceptés, ct de poumons, anomaux seulement dans leur volume et le nombre de leurs lobes , le gauche en ayant trois, et le droit quatre. L'appareil respiratoire gauche était régulier. Le cœur gauche était ;, comme l'appareil respiratoire de son côté, 352 REINA ET GALVAGNI. — Swr un fœtus humain à trois têtes. extrémement normal, mais l'oreillette et le ventricule droits du cœur droit étaient mal conformés; leur forme était celle d’un sac long de sept lignes sur un diamètre de quatre environ. Abdomen. L’estomac était unique: sa position était régulière, mais sa capacité évidemment plus grande qu’à l'ordinaire. Quant aux œsophages, dont c'est ici le lieu d'indiquer la dispo- sition, ils offrent des modifications analogues à celles des con- duits aériens; il en existe trois supérieurement parmi lesquels le droit et le moyen ne tardent pas à se conjoindre en un seul, qui, à son tour , un peu au-dessus du cardia, se réunit avec l'œsophage gauche. Les intestins offraient une disposition extrêmement remar- quable : après un duodénum unique et de dimension régulière, le canal intestinal se bifurquait en deux jéjunums et deux iléums distincts. Ces deux iléums se réunissaient un peu au-dessus de la valvule iléo-cœcale, pour se continuer avec un cœcum, un colon et un rectum uniques. 1’anus était imperforé. La rate, le pancréas, le foie avec sa vésicule biliaire, étaient uniques. Les deux poumons étaient normalement conformés; mais, dans le foie , le lobe de Spiegel se trouvait si grand qu'il égalait les autres lobes. L'appareil urinaire se composait d’un seul rein, de trois ure- téres, dont deux se réunissant bientôt, et d’une veine urinaire unique. Le rein avait la forme d’un fer-à-cheval, et était situé au niveau de la troisième vertébre des lombes. Il était presque de moitié plus gros que dans l’état normal. L'appareil génital , de même que la vessie, ne présentait rien qui ne füt normal. Système vasculaire. — Il existait deux aortes; l’une et l’autre présentaient une distribution anomale. Ainsi, de la courbure de l'aorte droite s’élevaient cinq troncs destinés trois pour la tête droite et la moyenne, une pour le membre thoracique droit, et le cinquième pour le membre dor- sal, Parmi ces troncs, la carotide droite de la tête droite avait son origine presque commune avec la sous-clavière droite , tan- dis que la carotide gauche naissait de la partie moyenne de la evurbure, près de la sous-clavière gauche. Il n’y avait point de REINA ET GALVAGNI. — Sur un fœlus humain à trois tétes. 353 tronc innominé. Parmi ces troncs artériels qui toutes offrent un mode remarquable de distribution, la sous-clavière gauche se portait au membre dorsal et se réunissait avec la sous-cla- vière droite dans le voisinage de la tête de lhumérus et de leur réunion résultaitun tronc, d'un diamètre évidemment supérieur à celui des arteres brachiales des membres antérieurs. La portion thoracique de laorte droite était dans l’état ordi- naire, mais l’abdominale manquait des troncs suivans: l'artère splénique, les capsulaires, les rénales, les artères des uretères. Le tronc cœlaque se divisait seulement en deux branches, l'hépatique et la coronaire stomachique. Finalement la portion abdominale de l'aorte droite se réunissait avec la portion corres- pondante de l'aorte gauche. Leur réunion avait lieu au niveau de la troisième vertèbre lombaire. Les anomalies les plus considérables de l'aorte gauche con- sistaient dans l'absence des artères hépatiques, coronaires, sto- machiques et capsulaires. Le cœur droit recevait deux veines caves supérieures , et une veine cave inférieure réunie à la veine cave inférieure de l’autre cœur vers le bas de la colonne vertébrale. Le système veineux gauche offrait plusieurs anomalies moins remarquables. Les artères et veines pulmonaires paraissent avoir présenté une disposition analogue à celle de l’état normal, avec cette différence, toutefois, que le nombre des branches principales des artères et des veines était en rapport avec le nombre ano- mal des lobes pulmonaires. Les vaisseaux ombilicaux étaient dans l’état ordinaire. Systéme nerveux. Sur les côtés des colonnes vertébrales exis- taient quatre cordons nerveux, savoir : les nerfs pneumo-gas- triques et les trisplanchniques. Ceux de la colonne gauche, qui se portaient à la tête séparée, étaient dans l’état ordinaire; leurs plexus et ganglions soit dans le thorax, soit dans le col, présen- taient l’état ordinaire, ceux dela colonne droite se portant aux deux autres têtes. En outré, il existait de ce même côté deux cordons nerveux remarquables, de méme calibre Lu les quatre IX. Zoo. w> Décembre. 23 354 RRINA FT GALVAGNI. — Sur un fœlus humain à trois tétes. troncs précédemment indiqués, placés le long de la trachée- artère et de l’œsophage droits et que l'on peut considéer, di- sent les auteurs, comme les pneumo-gastriques internes des têtes conjointes. . Les nerfs spinaux étaient doubles comme les colonnes verté- brales. Système musculaire.—Dans les deux cous conjoints, chac un présentait les mêmes muscles que dans l’état ordinaire; mais ceux des côtés internes étaient imparfaitement développés, et se confondaient avec leurs analogues de l'autre cou. Il en était ainsi des muscles latéraux aussi bien antérieurs que postérieurs. Le diaphragme était d’une largeur considérable, et manifeste- ment double. { Système osseux. Les colonnes vertébrales présentaient les anomalies suivantes : elles étaient courbées latéralement de telle manière que la concavité de l’une regardait celle de l'autre, et que leur ensemble représentàt, pour ainsi dire, les‘branches d'une hyperbole. La colonne droite, dans sa portion cervicale, était comme composée de deux colonnes cervicales, destinées à soutenir les deux têtes de ce côté. Dans le reste de la colonne, les vertèbres étaient en nombre et de forme ordinaire. La co- lonne vertébrale gauche était normale dans son ensemble. Le bassin se composait de deux sacrums , quatre iléons , dont.deux imparfaits, et seulement deux ischions et deux pubis. Chaque colonne vertébrale portait vingt-deux côtes, onze de chaque côté. Les côtes internes étaient incomplètes et se réu- nissaient à leurs congénères; leur ensemble formait ainsi un bord épineux entre les deux thorax. | Le sternum était d’une largeur remarquable; on y distinguait sept nœuds osseux, parmi lesquels trois des plus grands occu- paient la ligne médiane. L'appendice xiphoïde était normal. Sur le 2anubrium ; plus large qu’à l'ordinaire, s’articulaient quatre clavicules, savoir deux sur les bords latéraux, et deux sur le bord supérieur; les premières appartenant aux membres nor- maux, les autres au membre postérieur. REINA ET GALVAGNI. — Sur un fœtus humain & trois téles. 35h Voici quelle était la composition de celui-ci. Les omoplates, aussi bien que les clavicules étaient doubles. Les premiers avaient conservé leur position ordinaire; les secondes, au con- traire, avaient été transportées dans une direction longitudi- nale d'avant en arrière, formant ainsi un angle aigu avec les clavicules des membres thoraclques. Les formes de ces clavicules n'étaient pas non plus normales; elles étaient très peu courbées; et leur corps n'était pas rond, mais aplati. Les os de l'épaule étaient double, ilen était de même des muscies de cette région. L'humérus , Gui était unique, était suivi de trois os et de l’avant- bras , dont deux paraissent avoir la conformation ordinaire; le troisième était au contraire grêle. Les muscles de cette région étaient petits et assez confus; on distinguait cependant parmi eux deux ronds pronateurs, deux cubitaux externes et deux car- rés pronateurs. Les os de la main étaient, comme on l’a vu plus haut, incomplètement doubles ; il est à peine utile de dire qu'il en était ainsi des muscles de cette partie du membre. RÉSUMÉ. Des observations qui précèdent, on peut déduire que la triple division , tracée d’après l'extérieur du corps, peut aussi être admise pour les organes intérieurs. Il existe en effet une analogie évidente entre le nombre des parties extérieures et celui des organes des cavités splanchniques. En fait, les trois têtes et les trois cous coïncident avec trois larynx, trois œso- phages, de triples vaisseaux, nerfs, muscles et os vertébraux. Les parties étaient donc généralement triples dans le premier segment. Les deux cœurs, les deux aortes et veines caves supérieures, les deux appareils respiratoires, les deux médiastins, les intes- tins grèles doubles, le mésentère plus étendu qu’à l'ordinaire et pourvu de doubles vaisseaux sanguins; l’excessif développe- ment du diaphragme et des plexus nerveux abdominaux sont autant de faits analogues à la duplication de la ligne médiane du dos, du thorax et des membres supérieurs. 23. 356 REINA ET GALVAGNI. — Sur un fœtus humain à trois tétes. En outre, en considérant avec attention les formes des appa- reils décrits, on reconnait que l’état de triplicité des organes du premier segment et l’état de duplicité des organes du se- cond diminuent graduellement; des organes céphaliques et cer- vicaux thoraciques. Ainsi il n’y a pas plus de trace de triplicité pour les viscères du thorax que dans le grand développement de l’une des oreillettes et dans le nombre excessif des lobes pul- monaires droits. Les viscères abdominaux sont en partie uniques et en partie doubles, jusqu’à ce qu'enfin les membres inférieurs et l'appareil génito-urinaire soient entièrement simples. Classification. Si lon vient chercher la place que doit tenir dans la classification cet être si remarquablement monstrueux, on trouve que sa place est marquée dans la classe des monstres par excès, de Blumerach; dans l’ordre diandrie de Malacera; dans les Monstruosités quantitatives selon Treviranus; dans le groupe des monstres géminés de Mayer, enfin selon M. Bres- chet, et en employant sa terminologie, dans l’ordre des diplo- génèses, au premier genre : diplogénèse extérieure, à l'espèce di- plothoracie. En tenant compte de l'existence de la troisième tête , le monstre est, si l’on peut s'exprimer ainsi, un tricéphale diplothoracique avec pénétration des deux embrygermes dans la région thoracique et avec duplication de quelques organes abdominaux. En ayant davantage égard aux organes par les- quels se faisait l’adhérence ou la fusion du premier avec le se- cond et le troisième fœtus, et en suivant les travaux de M. Isi- dore Geoffroy Saint-Hilaire, on pourrait appeler ce monstre ëléo-costo-tricéphale. (1) EXPLICATION DE LA PLANCHE 7 B. Fig. x. Le monstre i/éo-costo tricéphale vu du dos et représenté sans les têtes, séparées du tronc par l'opérateur. Fig. 2. Le même vu de face et ayant les têtes replacées dans leur position primitive. (1) Cette application de la nomenclature proposée, en 1830, dans les Annales des sciences naturelles , par M. Isidore Geoffroy, développée depuis par Ini dans son Histoire générale des Anomalies | et maintenant adoptée et encore en usage par Ja plupart des tératologues, n’est FLOURENS. — Sur l’histoire naturelle de | Homme. 357 CoNsiDÉRATIONS sur l’enseignement de l'histoire naturelle . de l'Homme , Par M. FLourEns. Æ Je commence ces Considérations sur un enseignemert qui, jusqu'ici , manque aux sciences paturelles, par l’histoire de la chaire que j’occupe au Museum. On verra cette chaire consacrée, successivement, à l'anatomie humaine, entre les mains de Dionis; à l'anatomie comparée, d'abord entre les mains de Duver- ney , et, plus tard, entre celles de Vicq-d’Azyr; et lon comprendra mieux les raisons qui ont dù me porter à la transformer, de nos jours, en une chaire d’a- natomie appliquée à l’histoire naturelle de l’homme. Le Jardin-des-P lantes fut fondé en 1635. Harvey venait de découvrir la circulation du sang en 1619 ; Aselliles vaisseaux lactés, en 1625 ; on touchait à la découverte des vaisseaux lymphatiques par Rudbeck et par Bartholin. C'était l'époque marquée pour les grandes découvertes de l'anatomie. D'ailleurs , ces grandes découvertes étaient combattues. Riolan , le plus célèbre. anatomiste de Paris, semblait convenir alors ( expressions de Dionis ) de la cir- culatien du sang, mais il miait formellement, quelques annees plus tard, les. point parfaitement rigoureuse. Le principe de cette nomenclature créée: pour les monstres doublesi, s'applique de même aux monstres triples et plus complexes encore; mais les noms que l'on obtint pour ceux-ci sont toujours nécessairement plus compliqués, puisqu'ils doivent contenir l'expression au moins d’un fait de plus, la triplicité, la quadruplicité, ete. , au lieu de- la duplicité, qui est toujours sous-entendue dans la nomenclature des monstres doubles. Ainsi, les analogues des genres Aiptopage , Dérodyme , Ailodyme ; Iniodyme , Opodyme, indiqués par quelques auteurs parmi les monstres triples , sont nécessairement nommés #ri-exi- phopage , tri-dérodyme, tri-aldyme , tri-iniodyme , tri-opodyme. Daus tous les cas de mon- struosité triple , où les unions sont similaires , c'est-à-dire où l'individu intermédiaire s'unit de la méme manière à l'individu droit et à l'individu gauche , cette nomenclature suffit, et chacun de ces noms renferme en lui la définition implicite du genre auquel iks’applique, et auquel seul il peut s'appliquer, Mais, dans d'autres cas,'et le monstre triple de MM. Reina et Galvagni en offre un très remarquable, Ja nomenclature devint nécessairement un peu plus compliquée , en raison du mode dissimilaire de l'union ; en d’autres termes, puisque l'individu médian s'unit d'une manière avec l'individu droit , et d’une autre avec le gauche, dès-lors, il y a deux _ modes d'uniou à exprimer, et non plus un seul. Le monstre de MM. Reina et Galvagni , par exemple , correspond , par un seul côté seulement , au genre de monstres doubles, connu sous le nom de Dérodyme , et par l'autre au genre Atlodyme, 1 n'est donc ni un tri-dérodyme , ni Wibwriatlodyme , mais il devrait être appelé tri-déro-atlodyme , Si pouvait ètre utile d'ériger. dés à présent en genre un cas qui n'a encore aucune analogie avec l'histoire de la science, 353 FLOURENS. — Sur d'histoire naturelle de l'Homme: vaisseaux ]ymphatiques ; et presque tous les vieux anatomistes du temps écrivaient ou pensaient comme Riolan. On conçoit donc tout l'intérêt qui devait s’atta- cher, en 1635, à la création d’une nouvelle chaire d'anatomie. Cependant cette institution ne produisit pas immédiatement les fruits qu’elle devait donner. Le premier titulaire de la nouvelle chaire, Cureau de la Chambre, auteur de plusieurs ouvrages sur l’omme, sur les passions, sur les affections des animaux , etc., ouvrages qui n'avaient guère d'autre mérite que « d’être écrits, comme le dit Condorcet, ‘d’un style moins inintelligible que celui des écoles », n’était pas même anatomiste. Son successeur le fut. C'était Dionis. Célèbre à-la-fois comme chirurgien et comme anatomiste , Dionis n’était pas inventeur, mais il a été le plus heureux propagateur des grandes et brillantes découvertes de l'anatomie. Le titre même de ses Leçons, qu'il publia pour la première fois en 1690 et qui eurent bientôt plusieurs éditions, montre qu’il avait compris , avec une singulière sagacité , le bat particulier de l'enseignement qui lui était confié, Ce titre est : Anatomie de l’homme suivant la circulation du sang et les nouvelles découvertes ; et ces nouvelles découvertes sont , comme je viens de le dire, celle de la circulation du sang faite en 1619, celle des vaisseaux lactés faite en 1625, et celle des vaisseaux lymphatiques faite de 1650 à 1652. Diovis nous apprend d’ailleurs, en termes formels, que tel avait été le but ex- près de la création de la nouvelle chaire : la propagation des découvertes ré- centes de l'anatomie. « En crdonnant, dit-il, le rétablissement des Démonstra- tions publiques du Jardin royal (le rétablissement, car ces démonstrations, interrompues pendant plusieurs aunées , n’avaient été reprises et confiées à Dio- nis qu'en 1673), le roi (Louis XIV ) a voulu que /’anatomie de l'homme y füt démontrée telle que nous la connaissons aujourd’hui. » Et il ajoute que « c'est dans cet établissement (le Jardin royal) que la circulation du sang et les nou- velles découvertes ont heureusement désabusé la médecine et la chirurgie de ces erreurs dont elles n’osaient presque sortir, et où l'autorité des anciens les avait si long-temps retenues. » La création d’une chaire d'anatomie au Jardin-des-Plantes eët donc pour premier résultat, de répandre les grandes découvertes de l'anatomie. De plus, en faisant sortir l’anatomie du cercle de la Faculté, elle devait nécessairement en avoir un autre; c'était d’appeler cette science à devenir, au Jardin-des- Plantes, la base de l’histoire naturelle des animaux, comme elle devait devenir, à la Faculté, la base de la médecine et de la chirurgie ; et ce second résultat parut dès l'époque même du successeur immédiat de Dionis, c'est-à-dire dès l'é- poque de Duverney. Duverney a été, comme chacun sait, l’un des plus grands anatomistes dés teinps modernes. Avec lui, anatomie prit un caractère nouveau, et beaucoup plus approprié à un Muséam d'histoire naturelle. Il la rendit comparée. Son cpoque fut, d’ailleurs, une des plus belles du Muscum; car, en même temps qu'il y faisait revivre l'anatomie comparée, dont Aristote avait jeté les premières FLOURENS. — Sur l’histoire naturellè de l Homme. 359 bases chez les anciens, Tournefort y enseignait la botanique et donnait le pre- mier exemple d’une méthode régulière et générale, en histoire naturelle. L'époque de Duverney fut aussi une des plus belles pour l'anatomie, prise en général : tandis qu'il fondait l'anatomie comparée sur de nouvelles bases, Ruysch et Malpighi fondaient l'anatomie /ne ou de structure. L'anatomie , alors si profondément cultivée, se partageait : une branche devenait l'anatomie com- parée, que devaient successivement agrandir parmi nous Duverney, Vicq- d’Azyr, ct finalement Cuvier, auquel l'anatomie a dû son plus grand progrès en ce genre; l’autre branche devenait l'anatomie de structure ou des tissus, dont Bichat devait former , avec tant d’éclat, un corps particulier et distinct, sous le titre d'anatomie générale. Fontenelle dit que Duverney avait mis l'anatomie à la mode. I1 dit aussi qu’il excellait dans l'anatomie comparée ; qui est, ajoute Fontenelle, l’ana- tomie prise le plus en grand qu’il soit possible. Et ce n’est pas seulement par ses leçons que Duverney concourait ainsi à la renaissance de l'anatomie compa- rée, il y concourait surtout par ces beaux mémoires sur l'anatomie comparée des animaux , dont il a enrichi, de concert avec le célèbre Claude Perrault, les pre- miers volumes des Mémoires de l’Académie des Sciences. Quant à ses leçons mêmes, on voit par les fragmens qui nous sont parvenus, que l'anatomie de l’homme en faisait le fond, mais qu'il y répandait, presque partout, de curieux et nombreux développemens sur l'anatomie des animaux. Duverney occupa la chaire d'anatomie du Jardin royal, pendant près de cinquante ans. Il avait trouvée chaire d'anatomie humaine sous Dionis, et il la laissait chaire d'anatomie comparée. Et Dionis et lui avaient également bien compris les besoins successifs et divers des deux époques où ils avaient professé. À l’époque de Dionis, il fallait répandre des vérités nouvelles et combattues; à l’époque de Duverney ces vérités étaient reçues; elles étaient enseignées ailleurs et partout; les besoins avaient donc changé, et le moment était venu de faire, de la chaire d'anatomie du Jardin royal, une chaire particulière et appropriée au lieu où elle se trouvait placée, c’est-à-dire une chaire comparative de l’anato- mie de l’homme et de celle desanimaux , ou, en.un seul mot, une chaire d’ana- tomie comparée. Je m’arrêterai peu sur les anatomistes qui succédèrent d’abord à Duverney, parce qu'aucun d'eux ne paraît ayoir marque son enseignement d’un caractère propre. Ces successeurs furent : Hunaud, célèbre par un beau mémoire sur le mécanisme des os de la tête ; Winslow , l’anatomiste spécial le plus exact et le plus sûr qui eût paru depuis Vésale ; Ferrein , qui a laisse des recherches origi- nales sur la formation de la voix, et des recherches profondes sur la structure des reins et sur celle du foie; et, enfin, Antoine Petit, auteur d’une édition del Anatomie chirurgicale de Palfin , et d’une dissertation sur les naissances tardives , question alors fort agitée, et qui , aujourd’hui même, est loin d’être entièrement résolue, J'arrive tout de suite à Vicq-d'Azyr. Anatomiste profond, physiologiste ingé- 360 FLOURENS. — Sur l’histoire naturelle de l Homme. nieux, écrivain supérieur, Vicq-d’Azyr reprit et perfectionna l’enseignement de Duveraey. Il fit plus: on n’avait jusqu’à lui que des observations isolées touchant l'anatomie des animaux; il conçut et traça le premicr le plan comparatif qui devait rassembler ces observations isolées en un corps de science. Et de Vicq- d'Azyr, nous sommes conduits, en ne faisant attention qu’à l’ordre des progrès scientifiques, à M. Cuvier, de qui date l'enseignement spécial et distinct de l'ana- tomie comparée. Ainsi, et en ne considérant encore, pour un moment, que l'ordre de ces pro- grès, on voit l'anatomie, née dans le siècle précédent, des travaux des Vésale, des Fallope, des Eustachi, marquer sa seconde époque, vers le temps qui répond à la fondation du Jardin royal, par les grandes découvertes de la cireulation du sang, des vaisseaux lactés ou chylifères et des vaisseaux Iymphatiques. La troisième époque de cette science est celle de Duverney, qui commence l’ana- tomie comparée, et de Ruysch et de Malpighi qui commencent l'anatomie de structure ; et la quatrièmeest celle où Vicq-d’Azyr et M. Cuvier fondent défi- nitivement, d’une part, l'anatomie comparée, et où Bichat fonde définitivement, de l'autre, l'anatomie générale. Mais je reviens à l'histoire particulière de la chaire d'anatomie humaine du Jardin roval. Nous venons de la voir ure seconde fois chaire d'anatomie com- parée sous Vicq-d’Azyr, comme elle l'avait cté, une première, sous Duverney; et nous touchons à un événement qui devait la modifier encore. Je veux parler de l'organisation nouvelle qui, en 1793, agrandit si fort toutes les bases du Jardin- des-Plantes , et substitua même à ce titre de Jardin-des- Plantes le titre plus général de Muséum d'histoire naturelle. À cette époque, deux chaires d'anatomie furént établies an Museum, l’une d'anatomie humaine, e\ Vautre d'anatomie comparée. La première fut con- servée à M. Portal , qui, dans l'ancienne organisation , l'occupait déjà. La seconde fat confiée à Mertrud, de qui elle passa presque aussitôt à M. Cuvier , d’abord comme suppléant, et puis comme titulaire. On sait quel fut l'éclat des leçons de M. Cuvier. C’est dans ces leçons que chaque organe, pris à part, fut enfin rigoureusement suivi dans toute la série des animaux, et que, pour la première fois, on vit : « rangés sur une même ligne tous ces cerveaux qui, pour me servir des expressions animées de Vicq- d’Azyr, semblent décroître comme l'industrie; tous ces cœurs dont la structure devient d’autant plus simple qu'il y a moins d'organes à vivifier et à mouvoir »; et, ce qui ajoutait encore à l’éclat de ces leçons où l'anatomie comparée etait, pour la première fois, exposée dans son ensemble , c’étaient les applications bril- lantes que ie professeur y faisait des lois de cette science à la détermination des ossemens fossiles , et à la reconstruction de toutes ces espèces perdues que les couches du globe recèlent dans leur sein, et qu’un art nouveau semblait, pour ainsi dire , faire renaître et rendre à notre äge. On cençoit que, à côté d’une chaire d'anatomie comparée, spéciale et distincte, et surtout à côté d’un pareille chaire, remplie par us professeur tel que M. Çu- FLOURENS. — Sur l’histoire naturelle de l'Homme. 361 vier, la chaire d'anatomie humaine ne pouvait plus se charger aussi d'enseigner l'anatomie comparée , comme elle avait pu, ou plutôt comme elle avait dù le faire sous Duverney et sous Vicq-d’Azyr, quand la chaire d'anatomie compa- rée proprement dite n’existait pas. Aussi rédevint-elle , dès ce moment, chaire d'anatomie humaine purement descriptive; et c'est dans cet état que je la trou- vai, lorsque j’eus l'honneur de succéder, en 1832, à M. Portal. + Or, l'inconvénient n’était pas moins grand de la laisser plus long-temps chaire d'anatomie humaine purement descriptive que de la transformer une troisième fois encore, et de toutes pièces , en chaire d'anatomie comparée. Ce n’était plus en effet, dans les deux cas, une chaire propre , mais un véritable double emploi, une répétition inutile : dans le premier cas, de la chaire d'anatomie humaine de la Faculté de Médecine, et, dans le second, de la chaire d'anatomie com- parée du Muséum d'histoire naturelle. Il fallait évidemment donner à cette chaire une direction nouvelle; et, quant à ce que devait être cette direction nouvelle, tout lindiquait. Le lieu où la chaire était placée, le Muséuni d'histoire naturelle, où tous les êtres de la nature ont leur enseignement marqué, et où l’homme seul n’avait pas encore d'enseignement distinct; la nature &e la chaire, qui, de chaire d’anato- mie hümaine devenait, par une simple modification, chaire d'anatomie appliquée à l’histoire naturelle de l’homme ; et, enfin, l'époque même où nous nous trouvons, époque dont un des besoins les plus profondément sentis est, en effet, de voir combler la lacune qu'offre l’histoire particulière de l’homme, au mi- lieu ‘des progrès rapides de toutes les autres branches de l’histoire naturelle générale. à D'ailleurs, l'étude de l’homme, considéré sous le point de vue de l'histoire naturelle, a une importance propre, et qu'aucune autre branche de cette science né saurait avoir. Les caractères physiques qui distinguent les races humaines les unes des autres sont peut-être le fuit d'histoire naturelle qui, à toutes les époques, a le plus frappé Fimagination des hommes. On sait quel fut l’étonne- ment des premiers Portugais, qui, pénétrant au quinzième siècle dans l’intérieur de l'Afrique, y trouvèrent des hommes aksolument noirs, avec des cheveux cré- pus , un nez écrasé, des lèvres épaisses. Cet étonnement se renouvela à l'epoque de la découverte du Nouveau-Monde. Les historiens racontent que , lors du pre- mier retour de Colomb , les Européens « ne pouvaient détacher leurs yeux des plantes, des animaux inconnus que Colomb avait rapportés, et surtout, disent- ils, des Indiens, si différens de toutes les races d’hommes qu’on eût jamais vues, » Cependant, malgré cet intérêt si vif qu'inspire et qu’a inspiré de tout temps l'étude physique de l'homme, cette étude est très peu avancée. Et, d’abord, pour ce qui est des anciens, c’est à peine si l'on peut recueillir autre chose sur l'histoire naturelle de l'homme proprement dite, dans Hérodote, dans Stra- bon, dans Galien même, etc., que quelques opinions erronées touchant la na- ture et les causes de la couleur des nègres. Le véritable fondateur de cette 362 FLOURENS. — Sur l’histoire naturelle de l’ Homme. science nouvelle est Buffon. Son traite sur les Yariétés dans l'espèce humaine est le premier pas important qui ait été fait en ce genre. Mais, faute de carac- ières anatomiques suffisamment sûrs, Buffon ne parvint pas à la détermination précise de ces variétés ; il admit des passages du nègre au blanc ; il erut que la chaleur du climat était la seule cause de la couleur noire; et il arriva à cette conclusion , que toutes les différences physiques qui distinguent, acéweltement, les variétés de l’espèce humaine n'avaient été, originairement, que l'effet de causes extérieures et accidentelles. Camper est le premier qui ait cherché des caractères anatomiques précis. Ses observations sur le profil du nègre comparé à celui du blanc, fureut un véritable progrès; et M. Blumenbach ,'le vénérable doyen des naturalistes actuels, fit un pas de plus, en étendant à la conformation entière du crâne et de la face cette étude des caractères précis, que Camper n'avait appliquée encore qu'à la Zyne faciale. | D'un autre côte, Malpighi, Albinus, Meckel , Cruikshank, Gautier , etc., en cherchant à déterminer le siège de la couleur des nègres, ouvraient une voie qui a été beaucoup plus féconde encore, quoique les résultats qu’elle devait donner n'aient été obtenus que tout-à-fait de nos jours , comme on va le voir. Malpighi soupçonna que cette couche de la peau qu'il appelait le corps ou le réseau muqueux, était le siège de la couleur des noirs. Albinus et Meckel crurent le démontrer. Mais il résulte des nouvelles recherches d'anatomie auxquelles j'ai soumis, dans ces derniers temps, toute la structure de la peau, que Malpighi qu’Albinus, que Meckel, etc., n'avaient que des idées fort confuses sur la na- ture de ce corps muqueux. D'abord, ils le suppôsaient disposé en réseau, et il forme pourtant une {ame continue ; en second lieu , ils le supposaient surtout dans la peau, etil n’existe réellement que dans les membranes muqueuses ; enfin, ils supposaient que ce corps muqueux, blanc dans l’homme de race blanche , noir dans l’homme de race noire, déterminait , par sa couleur seule; la couleur des hommes de ces deux races ; et il n’en est rien. Il y a, dans la peau de l’homme B/anc, trois lames on membranes distinctes, le derme et deux épidermes ; et dans la peau de l’homme noir, il y a, outre le derme et les deux épidermes; de l'homme blanc, un appareil particulier, appareil qui manque absolument dans l’homme de race blanche , appareil compose de deux lames , et dont la lame la plus externe est le siège du pigmentum où ma- tiére colorante des xègres. Il y a donc, dans la peau de l'homme de race noire, un appareil qui manque dans la peau de l’homme de race blanche; les deux races, blanche et noire, forment donc deux races essentiellement et spécifiquement distinctes. Et ces deux races sont distinctes non-seulement par un caractère de forme, comme sont les caractères tirés de la conformation du crâne et de la face, elles le sont par un caractère de structure, par un appareil spécial et très compliqué, par un appareil qui existe dans une des deux races et qui manque dans l'autre, FLOURENS. — Sur L'histoire naturelle de l'Homme. 363 Buffon suppose que là couleur noire n’est que l'effet du climat; il suppose qu'originairement Yhomme nègre a pu être blanc. Toutes ces suppositions tom- bent devant l'anatomie de la peau, mieux connue. L'effet du climat ne va pas jusqu’à donner ou retrancher un appareil. A la vérité, l'homme de race blanche peut prendre ce teint basané , noirâtre, qui ést le produit du Adle; mais l'anatomie fait voir que c’est le second épi- derme, et non un appareil particulier , distinct, qui est le siège du teint hälé. D'un autre coté, le mulätre résulte du croisement des deux races noire et blanche ; et Vappareil pigmental , l'appareil colorant du nègre, se retrouve jusque dans le riulätre. La race blanche et la race noire sont donc, je le repète, deux races essen- ticllement distinctes. IL en est de même de la race rouge ou américaine. L’a- natomie découvre sous le second épiderme de l’homme de race rouge, cuivrée, in- dienne , où américaine (car on désigne indifféremment cette race par tous ces noms), un appareil pirmental qui est le siège de la couleur rouge ou cuivrée de cette race, comme l'appareil pigmental du nègre est le siège de sa couleur noire. M. Cuvier dit, de la race américaine : « que, bien qu’elle n’ait pu encore être clairement ramenée ni à l’une ni à l’autre de nos races de l’ancien continent, elle n’a pas néanmoins de caractère à-la-fois précis et constant qui puisse en faire une race particulière ». Et il ajoute que son teint rouge de cuivre n'en est pas un suffisant. 1] eût assurément pensé tout le contraire, s’il eùt su que ce teint rouge decuivre tenait à un appareil spécial, déterminé, à un appareil que l’ana- tomie détachait et isolait de toutes les autres parties de la peau. À considérer , je ne dis pas des caractères de forme, je dis des caractères , des différences de structure, i y a donc trois races spécifiquement et primor- dialement distinctes : la race blanche ou caucasique, la race nègre on éthio- pique , et la race rouge ou américaine, Tels sont les résultats que j'ai exposés dans mes leçons du Muséum, pendant ces dernières années, Il est vrai que, faute d’occasions favorables, je n’ai pu étendre encore ces recherches de structure sur les autres races et particulière- ment sur celle qui, entre toutes les autres, paraît la plus importante, c’est-i- dire sur la race jaune où mongole. Dès-lors, j'ai été réduit à des caractères de second ordre, à des caractères de forme, savoir, aux caractères tirés de la con- formation du crâne et de la face. ° Je dis que ces derniers caractères sont de second ordre ; et par là même s'expliquent les divergences qui règnent parmi les naturalistes touchant la déter- Mination des races humaines , détermination qui, en effet, n’est fondee encore que sur ces caractères. M. Blumenbach fixe le nombre de ces races à cinq : la caucasienne , la mongole, la nègre, Yaméricaine et la malaie. M. Cuvier réduit ces cinq races de Blumenbach à trois : la blanche ou caucasique, la jaune où mongolique et la nègre où éthiopique.i Et cependant, il avoue que « ni les Malais ni les Américains ne se laissent clairement ramener ni à l’une ni à 364 rLOURENSs. — Sur l’histoire naturelle de l’ Homme. l'autre de ces trois races ». Enfin , un auteur plus récent, le savant M. Prichard, porte, et toujours en se réglant d’après la forme des crânes, le nombre des races humaines à sept. Les quatre premières sont : la caucasique , la mongolique, la nègre, et l'américaine ( moins les Esquimaux qui forment une tribu à part); la cinquième est celle des Hottentots et des Boschismans; la sixième, celle des Papous ou peuples à cheveux crépus de la Polynésie ; et la septième, celle des {/fourous et des Australiens. Pour nous, en nous en tenant aux seuls crânes authentiques que possède notre Musee , nous croyons pouvoir établir jusqu’à dix formes ou types distincts de têtes humaines : le type caucasique, le mongolique, le nègre, Vaméricair , le malais ou javanais, le hottentot, le boschisman , le papou, l'alfourou, et le zélandais. Je rappelle en peu de mots les principaux caractères de ces types. Le type caucasique se distingue par l’ovale de la tête, la hauteur du crâne, la saillie du front, celle du nez , etc.; le type mongolique , par la saillie latérale des pommettes, la forme carrée du crâne, etc.; le type nègre, par un front com- primé, un nez écrasé, des dents incisives obliques, etc.; le type américain, par le volume de la partie postérieure du crâne, la saillie du nez, la largeur des orbites , etc., etc. M. Prichard a supprimé, comme nous venons de voir, le type malais ; ce type manquait en effet, même dans M. Blumenbach qui l’a établi, de caractères précis. J’ai cru trouver ces caractères sur deux têtes de notre Musée, l’une de Javanais , l’autre de Madurais ; deux têtes dont le type est tout-à-fait sem- blable, et qui, toutes deux, se distinguent par la proéminence que font en arrière les bosses pariétales très larges, et surtout par la manière dont l'occipital s’aplatit brusquement an-dessous de ces bosses. Le crâne des Æottentots forme* évidemment un type particulier, à côté du type généraldes nègres ; ce crâne est long et étroit; mais il est aussi proportion- nellement très élevé; et par 1à même il se distingue , d’une manière tranchée, du crâne des Boschismans, lequel est, au contraire, singulièrement aplati et comme écrasé de haut en bas. Les Papous , décrits avec soin par MM. Quoy et Gaimard , et les Æ4/fou- rons, décrits avec non moins de soin par M. Lesson, sont deux types dis- tincts. Les Papous sont remarquables par l'aplatissement, par la dépression du front et de la face ; les 4/fourous ont le crâne long et étroit. J'ajoute que, si l'enfoncement que présentent les pariétaux (de chaque côté de la suture sagittale), sur deux têtes de notre Musce venues de la terre de Van-Diemen, se trouvait constant, il suffirait pour indiquer une variété dans le type des Papous. Enfin , le dernier des types que je propose, le type sélandais , est marqué par la hauteur et l’étroitesse du crâne, surtout en avant, par l'étendue de la fosse temporale, par la saillie antérieure de l'apophlyse du menton, etc. Tous ces types ne sont fondes que sur des caractères secondaires; et par con- sequent ils n’ont pas l'importance des trois races primitives , fondees, comme FLOURENS. — Sur l’histoire naturelle de l'Homme. 365 nousavons vu, sur des caractères de structure. Il suit même, de ce que les carac- tères qui les constituent ne sont que secondaires, que plusieurs de ces types doi- vent rentrer comme sows-races, soit dans l’une des trois races primitives dejà établies, soit dans quelque autre de ces races qu’il peut rester à établir encore. Quoi qu'il en soit, je me suis servi dans mes leçons , de ces types, provisoire ment admis, pour rapporter à des groupes fixes et déterminés, les observations qui ont été recueillies snr les différens peuples par les naturalistes voyagenrs, tels que les Forster, les Bougainville , les Péron, etc. , et, plus récemment , les Lesson, les Quoy, les Gaimard, les Garnot, etc. D'ailleurs, à ces caractères tirés du crâne et de la face, viennent se joindre tous ces autres caractères dont l’ensemble fait la force : la couleur des cheveux, la saillie des lèvres, l'ouverture des yeux, etc. , jusqu'à ces habitudes des peu- ples sauvages, qu'on peut regarder comme primitives, et, par conséquent, comme un effet plus immédiat de l’organisation même de ces peuples. Je ne parle pas ici des caractères tirés des langues, caractères d’un ordre très élevé, mais dont il faut demander le développement à une autre science et à d’autres chaires. IL s’agit ici de fonder les caractères anatomiques. Je me suis done proposé dans mes leçons trois principaux objets : le premier, de chercher les caractères anatomiques qui distinguent les races humaines les unes des autres ; le second, de suivre les modifications eprneent ces caractères dans les filiations de ces races, depuis la race primitive jusqu’à la sous-race , et de la sous-race jusque dans les tribus ou familles qui en dérivent; et le troisième, de remonter jus- qu’aux lois particulières qui président à la distribution des divers rameaux de l’es- pèce humaine sur les différens points de la surface du globe. L'étude de ces trois parties de l’histoire physique de l’homme a fait le sujet de mes leçons pendant ces dernières années. Mais, je ne puis finir cet article sans examiner une question qui est encore aujourd'hui fort controversée. Celte ques- tion est celle de savoir si les diverses races humaines forment une seule espèce, ou si, formant diverses espèces, elles constithent ce qu’on appelle en histoire na- turelle un genre. Un simple coup-d’œil jeté sur la définition du mot espèce suf- fira pour faire évanouir, sur ce point, toute dificulté. Buffon définit l'espèce : « une succession d’individus semblables et qui se re- « produisent. » M. Cuvier définit également l'espèce: « la réunion des individus « descendus l’un de l'autre ou de parens communs, et de ceux qui leur ressem- « blent autant qu'ils se ressemblent entre eux. » Or, il est aise de voir que cette définition, donnée par Buffon et M, Cuvier, est complexe, etqu’elle réunit deux faits très distincts, savoir, le fait de la reproduction ou de la succession, et le fait de la ressemblance. Ici le fait de la ressemblance est complètemert subordonne à celui de la succes- sion ; et BuffonLet Cuvier en conviennent eux-mêmes, un peu plus tard. « La @ comparaison de la ressemblance des individus n’est, dit Buffon, qu'une idée « accessoire , ct souvent indépendante de la première ( l'idée de la succession &« constante par la génération ). » « Les différences apparentes des races de nos 366 MANDL. — ÆAnalomie microscopique. « espèces domestiques, dit M. Cuvier, sont plus fortes que celles d’aucune espèce « sauvage d’un même genre. » ’ D'ailleurs l'appréciation de la ressemblance est toujours plus ou moins mêlée d’arbitraire. Un naturaliste trouve souvent importante une ressemblance qu’un autre naturaliste trouve légère. Le fondement de toute l’histoire naturelle (car le foudement de toute l’histoire naturelle des êtres organisés est la détermination positive des espèces) ne reposerait donc que sur une appréciation arbitraire. L'idée de la ressemblance n’est donc qu'une idée accessoire, comme le dit Buffon. C’est, en d’autres termes , un moyen subsidiaire que les naturalistes emploient à défaut du seul moyen décisif, le fait de la succession ; mais dès que le moyen décisif, le fait de la succession, est sounu, le moyen subsidiaire doit être exclu. Le fait de Ja succession , et de la succession constante, constitue donc seul l'unité de l'espèce. Ainsi, unité, unité absolue, de l'espèce humaine, et va- riété de ses races: telle est, en dernier résultat, la conclusion générale et certaine de tous les faits acquis sur l’histoire naturelle de l’homme. PUBLICATIONS NOUVELLES. ANATOMIE MICROSCOPIQUE , par le D° L. Mawpr. (1) La première livraison de cet ouvrage traite de la structure intime des muscles et est divise en deux parties bien distinctes. La première est historique; la se- conde contient les recherches propres à l’auteur. M. Mandl passe en revue, dans la première partie, la plupart de travaux de ses prédécesseurs, en commençant par Borelli qui a vu le premier les gtries transversales à la surface de faisceaux musculaires, et passant ensuite sur les travaux de Leeuwenhoek, de Heyde , Muys, etc. ; il analyse de la sorte les travaux de trente-deux auteurs, dont il reproduit dans quarante-huit figures les dessins originaux : on peut de cette manière saisir d’un coup-d’œil le développement de l'étude microscopique des muscles depuis cent soixante ans. D'après les recherches de M. Mandi, il y aurait dans le co-ps animal deux graudes classes de muscles. « La première, dit-il, est celle qui offre à sa surface des stries transversales, parallèles, innombrables; cette classe se trouve conti- nuellement en contact avec les fluides alcalins de l'organisme. La seconde classe n'offre que des fibres longitudinales, placées les unes à côté des autres; elle est exposée à l'influence des liquides acides du corps. (1) Ouvrage publié en 26 livraisons , accompagn® de 52 planches, in-folio. Paris, 18382 Chez J. B. Baillière, rue de l’École-de-Médecine; pour l'Allemagne , chez Heidelof ( Extrait communiqué par l'auteur.) MANDL. — _{nalomie microscopique. 367 « En effet, si on prend une parceile d’un des muscles, qui sont exposés à l'influence continuelle du sang, par exemple un muscle des extrémités, et si on l’examine au microscope avec un grossissement de 300 fois environ, on la verra composée des parties cylindriques qui sont transversées par des lignes noires. L'espace qui se trouve entre deux lignes est uniforme et blanc; on peut donc , si lon veut, l’appeler ligne blanche. La largear de cette ligue noire et celle de la blanche, varient sur les différens muscles et les divers animaux , mais en général, la dernière se trouve deux fois plus grande que la première. Si on comprime la partie observée fortement à l’aide du compresseur, on verra appa- raître le long de cette partie cylindrique des lignes noires parallèlement placées. On verra encore pendant quelque temps les lignes transversales, qui, par la pression continue, finissent par disparaître , de sorte qu'il ne reste que les lignes longitudinales. Si on poursuit, pendant la compression, ces lignes longitudina- les noires jusqu’à un bout de la partie observée, alors on se convaincra facile- ment qu’elles ne sont que les bords des fibres très minces, contenues dans la partie cylindrique. « Ges fibres très minces, sont les fibres élémentaires, qui , réunies, forment la partie cylindrique, laquelle s'appelle faisceau élémentaire. « Tous les muscles , au contraire , qui pendant la vie sont exposés à l’action continue des liquides acides, n’offrent rien de semblable aux stries transver- sales; on ne les voit composés que de fibres élémentaires. Tels sont les muscles de la vessie, de l’estomac, des intestins jusqu’au cœcum. » M. Mandl a trouvé que la sécrétion de l'utérus même est acide, ce qui est d’autant plus remarquable que M. Donné a établi que la sécrétion du col de l’u- térus est alcaline. Conformément à cette observation, l'utérus est composé de muscles qui sont tout-à-fait privés des lignes transversales. « Ces observations , ajoute l’auteur, offraient assez d'intérêt pour qu’une imagination vive les eût expliquées par des effets d’électricité de nature diffe- rente. Toutefois, nous avons cru devoir resoudre cette question d’une manière un peu plus positive. En effet, si d’un côte le sang, comme partie alcaline, par- court des muscles striés, et d'un autre côté, si l'influence alcaline du sang est effäcée par les liquides acides plus abondans, ne serait-il pas possible de dé- montrer cette influence chimique par une expérience directe? Les stries trans- versales se conserveront-elles mieux dans les alcalis que dans les acides? Nous avons exposé une partie d'un muscle des extrémités à Pinfluence de l’alcoo!, des alcalis (potasse, soude, etc.) et des acides (hydrochlorique, acétique , etc.) affai- bis. Après un intervalle de quelques heures, plus où moins long selon le degré de concentration des réactifs acides, les stries transversales disparaissent à la surface des faisceaux musculaires (résultat qui s'accorde avec ceux obtenus ré- cemment par Ficinus. Ces lignes transversales s’effacent par une forte compres- sion; donc si on opère sur une très petite portion d’un musele qui lui-même est très mou , on conçoit que, par la seule manœuvre de l'observateur , les lignes transversales peuvent être détruites. Ajoutons à cela que l'état de fraîcheur et la 368 MANDL. — Ænatormie mniCroscopique. consistance plus où moins forte du muscle ont une grande influence sur la per- sistance dé ces stries; alors nous comprendrons dès à présent que cette cause a pu être une source d'erreurs nombreuses pour les observateurs, et de dissenti- ment sur la structure des muscles plus ou moins moux de différens animaux, de différentes parties du corps, etc. « Peut-être ces circonstances aideront-elles dans l'explication de la nature des lignes transversales. Tous les anatomistes nous racontent .que les muscles sont enveloppés d'une gaîne formée par le tissu cellulaire, qui se continue dans l'in- térieur des fibres charnues. L'apparition plus ou moins forte deces stries, selon l’état de leur consistance, et leur destruction par la compression, les acides, etc., devaient nous encourager à chercher la cause de ces lignes dans le tissu cel- lulaire. Cette idée a déjà été émise par quelques auteurs; mais ils cherchaient la cause des lignes noires dans les plis de cette gaine produits par la contraction; cependant la régularité de ces plis, leur absence sur les muscles des intestins , leur disparition par les acides, et plusieurs autres circonstances semblent contre- dire cette hypothèse, et notre observation nous porte à adopter üne opinion différente. Si on regarde attentivement toutes les différentes, parties du muscle sujettes à l'observation, on trouvera bientôt un faisceau qui est encore muni en partie de stries transversales, mais dont l’autre moitie s’est dissoute en fibres élémentaires. On découvre souvent à côté de ces fibres élémentaires un filament très long, différemment plié et tortillé. De quelle manière ce filament, qui est étranger aux fibres élémentaires, pourrait-il contribuer à la présence des lignes noires? Nous pensons que ce filament est tordu en spirale autour du faisceau élémentaire. Là où les hords de ce filament se touchent, naissent. les lignes noires; les intervalles entre les lignes noires ou les lignes blanches sont le fi- lament même. Ce filament est en outre du tissu cellulaire. « La largeur des lignes blanches est toujours exactement celle des filamens du tissu cellulaire , qui se trouve à côté des muscles. Elle varie avec celle du tissu cellulaire, dans les différentes parties du corps et les différentes classes d’a- nimaux. La dessiccation qui fait entièrement disparaître les fibres élémentaires du tissu cellulaire, efface pareillement les lignes transversales des faisceaux mus- culaires. Les réactifs chimiques produisent le même effet. Si le tissu cellulaire est plus fort, le muscle offre plus de consistance, les stries persistent davan- tage..:.. «On comprendra maintenant que les stries transversales disparaissent plus vite chez les jeunes individus, par la macération, et dans les muscles des hydropiques. On conçoit aussi la possibilité d’un tel état des muscles sur le cadavre, que toutes les lignes transversales se soient effacées avant que les lignes longitudi- uales aient encore disparu ; les faisceaux présentent alors l'aspect de cylindres longs et jaunes. Dans d’autres cas, au contraire, les deux espèces de lignes sont présentes. « Les muscles des insectes offrent la trame du tissu cellulaire entourant le fais- ceau dans un spirale très lâche, de sorte qu’on peut voir dans les mteryalles | MANDL. — _Ænatomie microscopique. 369 les fibres élémentaires du faisceau ; les tours du filet apparaissent sous forme de bandes entourant le faisceau, et, éloignés les uns des autres. On voit cette disposition très bien sur les muscles des pieds de la mouche. « Les parties élémentaires des muscles apparaissent rougeûtres sous Je micros- cope, ce qui doit être attribué à la présence de la matière colorante dissoute dans ces organes; car on est bien convaincu, par le grossissement employé, de l'absence des globules de sang. Les jeunes individus sont pourvus de fais- ceaux élémentaires plus minces que les adultes, mais on trouve aussi chez ces derniers quelques-uns moins épais. Les formes variées des stries trans- versales sont produites par le changement de la forme cylindrique du fais- ceau. » La seconde livraison de l’ouvrage de M. Mandl contient la partie historique du mémoire sur la structure intime des nerfs et du cerveau. On trouve quarante- neuf auteurs cites dans cette partie, et soixante-dix-sept figures, gravées sur deux planches par l’auteur lui-même, servent à l'explication du texte. «On ne s’étonnera pas, dit-il, de voir les opinions divisées à l’égard des parties élémentaires du système du cerveau ; il ne s’agit cependant en général que d'une structure globuleuse ou tubuleuse. Les auteurs varient sur la forme, la grandeur, les rapports de ces globules. Une substance si délicate que le cerveau devait offrir des formes bien différentes, selon la compression ou division mécanique plus ou moins forte, la macération plus ou moius prolongée, selon qu’elle se trouve à l’état frais ou desséche, etc. L'auteur passe en revue les travaux scientifiques depuis Malpishi, Borelli, Leeuwenhoeh, Du Verney , etc., jusqu’à nos jours. Nous nous arrêterons da- vantage sur les travaux des derniers auteurs, en citant d’abord un passage con- cernant l’aspect extérieur des nerfs. « Monro , dit l'auteur, a trouvé que les nerfs sont composés de fibres en- tortillés , et non pas de fibres droites; elles ont environ -—=— de pouce de dia- mètre, et ne sont pas creuses mais solides. Il dit: « they appear to consist of-a « semipellucid substance, in which a more white and opake fibrous looking matter « seems 10 be disposed in transverse and serpentine lines ». Monro dit qu’il n'existe pas d’auteur qui ait décrit cette structure, soit dans les nerfs, soit dans les tendons où elle se trouve; et que seulement le docteur Smith de Birmingham lui en a parlé. Mais Monro se trompe sur çe point. Non-seulement Molinelli parle déjà de cette disposition, qu’on voit soit à l'œil nu, soit avec un faible grossissement ; mais j'ai trouvé encore qu'un auteur bien plus ancien en parle de manière à n’y laisser aucun doute. En effet, Nebel (Miscell. Acad. Nat. Cur. Dec. 3. A. 5 et6. 1697 et 1698, p. 218) dit, que les nerfs sont composés « ex fibris cincinnatis et serpentino ductu ita intortis, ut omnes illarum gyri ut «subtilissimi , per tenuia ac membranacea , nervorum tendinumque involucra «transpareant, » « Tous les observateurs, jusqu'à Ehrenberg, se divisent en deux classes bien différentes par leurs opinions. Les uns, et c’est le plus grand nombre, affirment X, Zoo, — Décembre, 24 370 MANDL. — Æ{nalomie microscopique. une structure globuleuse; les autres ont signalé des tubes plus ‘ou moins régu- “liers. Cette opinion aujourd'hui est généralement admise. « Il n’était pas, en effet, difficile à démontrer que l’état globuleux n'existe. pas primitivement dans le cerveau ou dans les nerfs, et que l’opirion de Leeuwen- “hoek se rapproche beaucoup de la vérité. Le mémoire d'Ehrenberg excita vive- ment , dans ces dernières années, l'attention et le zèle des micrographes par les observations que nous allons citer. La matière blanche du cerveau, de la moelle, les nerfs de l’ouïe, de la vue et de l'odorat, ainsi que les nerfs sympathiques en partie , sont composés, d’après lui, de tubes transparens qui présentent à des in- tervalles limités des dilatations sphréroïdes ou globuleuses (varicosités),ce qui les fait ressembler aux grains d’un collier qui ne se touchent pas, et qui commumi- quent entre eux par un canal; c'est ce qu'il appelle les tubes yariqueux ou arti- culés. Naturellement, leurs directions sont parallèles; mais ils sont souvent .dé- placés par la manœuvre de l’observateur. ILexiste, en outre, dansices tubes une cavité interne qui contient une matière particulière, parfaitement. transparénte!, sans aucune trace de globules, à la laquelle Ehrenberg donne, le nom de fluide nerveux (nervosus liquor). Leur diamètre varie entre à +; d'une ligne ; Si on les déchire , leur extrémité hbre se retire, et on: n’en voit sortir aueun fluide: On les trouve plus forts près de la base du cerveau et aux environs des ventri- cales, et au milieu d'eux quelques-uns isolés et plus gros. IL est sougent possible de reconnaître distinctement dans ces derniers, à côté des bords. extérieurs de leurs parois, deux lignes intérieures marquées plus faiblement qui limitent l'éten- due du diamètre de, la cavité. Si ces tubes articulés sont.déclinés,. alorsals for - ment des petites vessies, globules, ete. à doubles lignes; et. ce: sont .ces.parbes qui, d’après Ehreuberg, étaient déclarces par Leeuwenhoek être;des globules de graisse. Plus on se rapproche de la périphérie du cerveau, plus les tubes dimi- nuent de diamètre; de sorte que, dans la matière grisätre, ils ne forment qu'une masse granuleuse, composée de grains extrêmement fiusiqui sont uuis:au moyen de fils très minces. Parmi ces fibres, ainsi qu'à la surface, de la rétineyse trouvent des grains plus gros; ils paraissent formés de petites granulauons, el ;sérvent peut-être à la nourriture. des nerfs qui, par leurs bouts béants, pourraient les ab- sorber. Nous renyeYons le lecteur, pour l'explication de ces, globules, ,à nos mémoires sur le sang, où nous démontr ous, qu'ils, sont, des, globules de la fibrine coaguléc, et qui se nn partout où il ya du sang épanche, Les tubes, articulés! transparens que nous venons de signaler dans la substance blanche. du, cerveau: ct dans quelques nerfs, paraissent former Ja partie, la plus arènes du SySr: tème nerveux, et serublent destinés à la sensation. {y dr omdis « Les nerfs du mouvement sont bien différens. Ils. sent composés He tubes! droits et uniformes, sans dilatation, plus gros.eu général que les tubes articulés, mais dont ils sont la continuation : Ehrenherg les appelle tubes.cylindriquesi Hs contiennent dans leur intérieure une matière peu transparente, blanche, vis queuse, qu'on peut faire sortir des tubes sous forme de grumeaux,, et qui est appelée la matière médullaire. Leur cavité est eu général plus, grande,que-celle MANDL. — Znatomie microscopique. 371 dé'tubes ärticulés, et se Toit bien à cause de là ligne interne re aux bords ; on voit même l'ouverture du tube. nn. es varié entre Æ et —!— d’une ligne; il est chez les vertébrés de = à 5. De pareils ie ere se trouvent dans tous les troncs des nerfs et dans le sympathique. Dans les gan- glions des oïseaux et quelques antres animaux , se trouvent, en outre, des corps très grands, globuleux , irréguliers, dont le diamètre est presque © d’une ligne. Il y à continuité entre les tubes articulés du cerveau ‘et les tubes cylindriquess des nerfs ; en $ortant du cerveau , les tubes commencent à être remplis de la matière médullare, et quittent peu-à-peu la forme articulée. « ‘Krause prétend que le cerveau est formé de fibres solides, qui sont compo ées d’une masse soluble dans l’eau, et de globules blancs, sphériques, du dia- mètre de —— ligne de Paris. D'après Berres, la plupart des tubes nerveux du cerveau Ont la forme dentritique, et on voit de petites vésicules sur leurs rami- fications. Il croit, en outre, pouvoir établir des formes nerveuses avec vésicules superpôsées ; les tubes cylindriques avec les parois distinctes se trouvent dans lés muscles; les nerfs de l'extension sont munis de vésicules. eq « Treviranus nia le premier la réalité ou persistance de L forme articulée dans les tubes du cerveau, qui ne serait d” après lui qu ‘accidentelle et produite après | Ja mort. L'air et l’eau produisent aussi des changemens dans la forme des tubes. Il voyait des tubes articules daus les nerfs, et admettait, en outre, dans la substance corticale, des tubes plus forts que ceux désignés par Ehrenberg. PA A grande facilité qu'ont les tubes à changer de forme, l'impossibilité. de tracer des limites bien distinctes entre les tubes cylindriques, et variqueux, le nombre plus grand de, ces derniers dans les jeunes animaux; tout cela..a; paru! confirmer l’idée de Treviranus. Æeber,se range maintenant aussi à cette Opinion ; mais, il croit les varicosités produites par leau et par la pression ;. il propose d'observer les nerfs en les mouillant avec de l’albumine. « Valentin,, davs Jes recherches qu’il avait (aites en partie avée Purkinje, s’est béaucoup-occupé de la distribution.des globes,ou corps.en. forme: de: mas- sues dans le système nerveux. Voici.les, principaux résultats de son: mémoire. ! Toute système nerveux est, composé de deux, masses primitives : des fibres pri-| mitivesisolées,-.et de globes isolés qui forment la couche ( Belegungsmasse:). Ces-deux formes, se trouvent egalement dans le système nerveux central et pé-? riphérique; iwÿra pas de transition! entre elles. La masse: rouge-grisâtre du cerveau et de,la: moelle ,-ést composée seulement de globes; cette formation est appelée la couche continue (reine continuirliche Belegungsformationt).? Aa couche-quiest forinee de globes mélés aux fibres primitives, constitue la couche interstitielle. Si des fibres primitives se trouvent toutes parallèlement les unes’ ävcôté des autres; ‘elles constituent, la formation des nerfs (nervenformation). Silawcontraire ce parallélisme estdétruit, cette forme est appelée par Valentin formation de plexus ( plexusformation ). ‘ "«@ Lestubes ainsi que les globes sont entourés des gaînes, dont l'épaisseur varie 372 MANDL. — Anatomie microscopique. &ans les différentes parties du système nerveux; mais elles sont toujours com- posées du tissu cellulaire. « La forme des globes varie beaucoup ; elle est plus ou moins ronde ou allon- gée, arrondie d’un côté ou terminée en queue de J’autre. Mais ils sont toujours formés d’un parenchyme granuleux, qui se trouve traversé d’une masse semi- fluide, tenace, transparente, de la nature du tissu cellulaire. Il se trouve au milieu un nucleus roud ou allongé, qui est tout-à-fait transparent. On observe au milieu de la surface de ce nucleus ue corpuscule isolé, plus ou moins rond. « La substance de fibres primitives est partout une substance transparente, oléiforme, un peu ténace, qui fait voir, à cause de la réfraction de la lumière dans l’état isolé, une ligne très fine parallèle aux bords. Le contenu et la gaîne sont encore unis. Si cette substance se trouvé isolée, elle devient globuleuse, ou au moins son diamètre transversal s’elargit. « II n’est guère nécessaire d'ajouter qu’on trouve encore dans le cerveau, outre les parties énumérées, des vaisseaux, du tissu cellulaire, de la matière colorante, de la graisse et quelques parties anorganiques. « La partie périphérique du système nerveux est, comme celle da centre , com- posée des mêmes masses primitives. Les globes ne sont que des formations in- terstitielles , et Valentin propose donc {d'appeler à l'avenir le système ganglio- aaire la couche périphérique interstitielle. Les globes se trouvent plus ou moins isolés, et les fibres primitives traversent directement les ganglions, ou elles entourent les globes. Il s’ensuit, d’après notre auteur, qu'il n’existe ni un sys- tème nerveux organique proprement dit, ni des nerfs organiques; mais que la formation interstitielle peut trouver place parmi les fibres primitives des nerfs périphériques. Le nerf sympathique même n’est autre chose qu’un nerf com- posé presque dans tout sou trajet de globes (la formation interstitielle ). La partie centrale, le cerveau et la moelle épinière, ne sont composés que de ‘ces deux masses primitives que nous connaissons déjà ; il n’y a jamais lieu à aucune tran- sition parmi ces élémens ; mais ils sont rangés les uns à côté des autres. Toutes les variations possibles ne tirent leur origine que des rapports, des différentes positions relatives qu’affectent les parties élémentaires; au point où les substan- ces blanche et grise se touchent, les globes de la substance grise se trouvent entre les fibres. Le nombre de ces globes détermine la couleur du cerveau. Toutes les fibres qui entrent dans la moelle se dirigent d'abord vers le centre ; elles entourent ensuite les globes, et coutinuent après leur direction vers le cerveau. « Les gaines des nerfs et des globes sont beaucoup plus épaisses dans les par- ties périphériques que dans le centre. Elles deviennent extrêmement minces, sitôt que les nerfs entrent dans le cerveau; et c’est là qu’elles peuvent être détruites de la manière la plus facile ; elles deviennent alors variqueuses par la pression. » M. Mandl donne ensuite l'extrait du travail de Burdach, que les lecteurs : MANDL. — Ænatomie microscopique. 675 des Annales des Sciences naturelles connaissent déjà, et parle enfin du mémoire de Remak (observationes de systemalis nervosi structura. Berolini, 1838 ). qui contient les resultats suivans. « Les tuyaux primitifs des nerfs renferment davs leur intérieur, d’après cet auteur, non pas une masse liquide ou huileuse, mais un véritable fil, une espèce de ruban { fibra ), très transparent et assez solide pour résister à la pression plus long-temps que le tuyau lui-même, et qui, strié à sa surface, paraît composé en outre de plusieurs fils étémentaires, parallè- les, qui ont des nœuds latéraux. Ce tuyau, c’est-à-dire l’enveloppe externe du fil, perd bientôt son aspect naturel par les agens physiques; il devient plus où moins âpre à sa surface ; ce qui produit la forme d'une masse intérieure coagulce. D'au - tres fois ce tuyau se contracte de manièreà produire des varicosités plus ou moins régulières; la cause de ce phénomène n’est pas.encore connue. Retzius, Müller, Varrentrap, Giltay avaient déjà démontre la présence de fibres grisâtres au milieu des nerfs du système cerebro-spinal; Valentin avait attribué la cause de cette couleur, ainsi que celle de la couleur jaune dansle cerveau, au nombre des. globes. Remak au contraire a découvert des fibres d’une nature-toute différente, qui n’ont pas d’enveloppe, qui sont très. transparentes, presque gélatineuses, et. offrent presque toujours à leur surface des lignes longitudinales. Elles se sépa- reut facilement en fibres encore beaucoup plus minces, qui présentent en diffe- rens endroits de leur trajet de petits nœuds latéraux. ovales et plus où moins. couverts de corpuscules ronds, rarement irréguliers, de la grandeur des nucleus- des globes que nous connaissons déjà; ils ont quelquefois des noyaux. Ces fibres, appelées organiques, se: trouvent dans tous les nerfs, et principalement dans le. sympathique. Miller propose, dans sa physiologie, d'examiner la partie caroti- que du nerf sympathique du veau; pour se convaincre facilement de cette struc-. ture. Cette partie. est presque entièrement composée de fibres organiques. Ces fibres. organiques prennent leur origine sur les globes, qui se trouvent dans le- sÿstème ganglionaire, et dans la substance grise du cerveau et de-la moelle, que. nous connaissons par les travaux d'Ehrenberg et de Valentin. Rolando-a décrit: dans la moelle épinière une substance particulière qu’il appelle substance gélati- veuse. Notre auteur a trouve dans cette substance des. corpuscules. semblables aux nucleus des globes; ils contiennent un noyaux centrel à leur surface, et sont transparens. La partie inférieure de la moelle est presque entièrement composée de substance gélatineuse; elle renferme beaucoup de ces corpuscules, qui ont quelquefois deux ou trois noyaux, et quelquefois pas du tout. La substance blanche du cerveau et de la moelle est composé, ainsi que-les nerfs, de tuyaux, qui contiennent le ruban, interne, et qui sont beaucoup plus délicats dans le cerveau que dans la moclle, Il en existe dans. la couche grisâtre, de sorte que la couche: purement globuleuse de Valentin n’est pas admise. » M. Mand} à appris dernièrement par M. Müller que Purkinje est arrivé à faire sortir le fil interne, qui se trouve dans les tuyaux des fibres primitives des nerfs, en faisant subir à ces derniers une certaine préparation. « Qu'on jette maintenant (ajoute M. Mandl) un coup-d'æœil sur les travaux 474 À. pucès.— Physiologie de d'homme et des animaux. » dont nous ayons, pris connaissance dans ce chapitre ,,et on verra que la forme globuleuse, décrite d’abord comme forme elémentaire du système nerveux fut bieutôt abandonnée par les auteurs, et qu'on suivit long-temps l'opinion, de ceux qui admettaient une. struclure tubuleuse. Celle-ci , repoussée daus notre siècle par, les auteurs qui croyaient voir dans les globules les parties élémentaires des nerfs et du cerveau, .est rétablie par les travaux des dernières années. Mais la forme de ces tubes et leur contenu solide ou fluide est. encore, un point de dissentiment. entre les observateurs, et je me propose d'examiner dans, la, seconde partie de ce mémoire à quoi peuvent tenir les causes de ces differences,» | Et 1j { ) QUrMe Dr : , ” tot 2: Trarré de physiologie comparée de l’homme et des: animäux, par Anr. Ducès, correspondant de l’Académie des Sciences ; professeur x la Faculté de médecine de Montpellier. Les, lecteurs des Annales ont eu souvent l’occasion d'apprécier le talent d'ob- servation qui distinguait à un ssihaut degre l’anteur de ce livre, ét tous les:amis de la scienec doivent vivement regretter sa mort récente , car on) pouvait espérer que pendant Jlong-temps encore ; il cpntmuerat à «poursuivre les travaux! de recherches qui déjà l'avaient conduitä:des découvertes si intéressantes: Son der- nier ouvrage; dédié au doyen des zoologistes français , M::Geoffroy Saint-Hi- laire , est le ; Traité. de physiologie comparée, dont le premier volume a: été inprimé sous les yeux de l'auteur , et dont le: reste du manuscrit; entièrement. terminé ; est déjà en grande partie publiée par!les soins d’un de ses:amiss Ii & déjà paru deux volumes de cet ouvrage intéressant; le premier est consacré aux considérations générales sûr-lavieet à l'etude des sensationsque l’auteur divise»en: externes , internes et centrales; le second comprend les fonrtions de mauifesta-i tions (electricité auimale, p’hosphorescence, chaléur animale, mouvemens) et les fonctions de. nutrition, -éonsiderées dans toute la série zoologique: Il n’est-guère de ces articles où ; à coté de l'analyse rapide des travaux de:ses prédécesseurs} l'auteur re présente quelques vues nouvelles et souvent il y a consigné des faits eutièremeut neufs tiré de ses propres recherches. Pour donner une idée de la manière dout Dagës a traité son sujét, nous tapporterons ce qu'il dit de la :cir- culation chez les Myriapodes, les Insectes.et les Arachnides. «Myriapôdes: ci le sang est imrolore comme dans les insectes, et; comme chez eux Jes.oïganes respiratoires se répandant partout, simphfient k circulation säns d'annihiler toutéfois; malgré laxiome de Guvicr, que là:où l’air va chercher le sang , le sang n’a pas besoin d'aller chercher l'air. Tout récémmentTyrrel dit avoir observé la circulation chez les. lithobies et les gcophiles: 11 y a long- temps que nous. en avions décrit les organes d'après la Scolopendre motdante ; ils consistent en un vaisseau dorsal étranglé à chaque articulation ; et fournis- sant là, de chaque:côté,; ‘une branche transversale, entouréé de: graisse-comme lui. Ce vaisseau dorsal se bifurque à peu de distance de la tête ; de: mamière À: DUGÈS.— Physiologie de l'homnie et des animaux. 375 à embrasser l'œsophage et à former au-dessous, par une nouvelle anasto= mose, une aorte rétrograde qui se colle sur le cordon nerveux central, et en suit le trajet dans toute la longueur du corps, fournissant en plusieurs endroits bien mauifestement des rameaux lätéraux ; c’est toujours vis-à-vis d’un ganglion, et les branches vasculaires accompagnent les nerfs qui partent de ces centres nerveux. Du milieu dela bifurcation du vaisseau dorsal part aussi une artère céphalique, et dés crosses latérales partent d’autres branches antéricures assez volumineuses. L’analogie doit nous:porter à croire que les branches transverses du vaisseau dorsal sont des veines afférentes et que celles du vaisseau ventral sont des rameaux artificiels , ce que nous avons vu chez les Annclides lindique assez, et ce que nous Allons voir chéz les insectes le prouvera encore, puisque ces derniers ne differcront des Myriapodes que par l’absence des veines; ce qui n empêche pas la circulation d’être toute aussi complète. « /nsectes. Malpigbi , Swammerdam , Lyonnet, connaissaient à mer eillé le Yaïsseau dorsal ou'cœur des insectes, et $es battemens semblables À ceux du notre ne leur ‘avaient poimt échappe; ils sont effectivement visibles même À travers la peau de certaines larves, des cheñillés rases et des vers blanc(larves de colcop- tères', et de diptères); on les voit au microscope dans le corps de PRHERrS. insectes parfaits , demi transparens, là puce en particulier. N'ayant pu , même à l'äide d'injéctions, ÿ découvrir dés FRUHAC HORS vasculaires, d’autres anatomistes mont plus voulu y voir, tout au plus, qu’un inutile rudiment de cœur où un or- BRAPEEF EP | (Cuvier, Marcel de Serres, Léon Dufour ). Cette opinion si con- tradictoire à l'analogic d’après ce qu’on voit chezles Arachnides, les Crustacés , les Annelides , totibe aujoutd’hui devant des faits positifs. Une anatonne she minuticusc ; une inspection plus attentive, ont appris que cette espèce de boyau, qui règue longitudinalement du côté opposé au système nerveux est nôn-seule- mént partage en loges, dont le nombre est ä-peu-près égal à celui des anneaux abdominaux , comme autant de petits cœurs particuliers (Malpighi), et que ces loges commumiquant entre elles, pousseut successivement de lüne à l’autre le fluide circulatoire, dans un sens antéro-postérieur; mais encore qu'à chaque jonction le renflement postérieur semble s’enfoncer un peu daus l'antérieur, mais qu'il resté deux boutonniéres latcrales , dont les bords saillaris en avant et en dedañs font valvule , et permettent au liquide épanché dans la cavité générale du corps de pénétrer dans le vaisseau dorsal d’arrière en avant, et non d'en sor- tir ainsi (Strauss |, Wagner, Carus). Nous avons reconnu cette disposition , sans dissection, de la manière la plus manifeste, dans les larves aquatiques dont il sera question tout-i-Vheure, du moins pour les deux derniers renflemens. En dant, le vaissean dorsal ou cœur $’amincit, devient uniformement cylindrique, étroit dans le thorax; s'avance vers la tête, et se perd sur l’œsophage d’une mia- pière assez brusque pour avoir fait croire à Strauss qu'il s'ouvrait dans sa cavité. Dés recherches attentives nous ont appuis, et ont appris à Wagner, à Audouin, à Müller, que chez des phalènes, des orthoptères, des hymenoptères, le vaisseau terminal donne , daus le thorax , des branches imféricures et rétrogrades qu'on 376 a. nucis.— Physiologie de l’homme et des animaux. @:" suivre jusqu'aux ovaires. Peut-être en émane-t-il bien d’autres que l'on ne peut voir à cause de leur t£nuité, de leur transparence, qui les cache au mi- lieu des fibrilles musculaires dont le cœnr est environné; mais leur existence fût-elle réjetee, il n’en reste pas moins aux insectes un cœur et une aorte à branches peu distinctes. « Il y a donc là un moteur central qui suppose un mouvement circulaire des liquides , et nous allons voir que ce mouvement est réel : disons seulement que la contractilité de ce cœur est très grande , qu’il se resserre fortement, sans doute en raisou d’une texture fibrillaire qui devient plus évidente chez les My- riapodes, et qu'il y a conséquemment en lui quelque chose de plus qu’une dila- tation produite par un faisceau musculaire transverse qui s’y attachent latéra- lement, et que Lyonnet a nommé ses ailes : de là des systoles et diastoles suc- cessives,mais à la vérité peu régulières. « C’est à Carus qu’on doit la démonstration positive d’un circulation complète chez les insectes. Les larves de libellules, d’agrion, d’éphémère surtout, très jeunes et très transparentes, permettent d'étudier saus équivoque , et avec un micros- cope même médiocre, les phénomènes suivans : « Le sang incolore, mais reconnaissable à ses globules petits, irrégulièrement ovales, marche en courant assez rapide et par secousses isochrones aux contrac- tions du cœur. Dans cet organe, il marche d’arrière en avant, et on y voit entrer par les fentes ou boutonnières dont il a été question; on ne distingue pas aussi bien comment il en sort; mais il est facile de reconnaître, du côté inférieur du corps, un large courant subdivisé par les replis des diverses parties du tube digestif, et dirigé d'avant en arrière, c’est-à-dire en sens inverse du précédent. De ce courant général en émanent d’autres plus étroits ; on voit les globules passer à la file dans la hanche et la cuisse de chaque patte, changer de direc- tion à l'insertion de la jambe, pour revenir dans le courant général, de même on voit des séries de globules marchant en sens opposé dans les filets caudaüx , dans les rudimens d’ailes, etc. « En est-il de même dans les autres insectes ? L'observation semblerait dé- montrer le contraire, mais tout porte à croire que cela tient, ou à la transparence trop complète du globule, ou à la lenteur excessive des courans. J'ai vu, en effet, dans une larve de dystique sortant de l'œuf, les courans abdominaux se mani- fester très nettement mais avec une lenteur extrême , quoique le cœur se contrac- tât avec vivacité. Cette différence n’étonnera pas quand on saura que, de même, dans les jambes et les tarses des larves d’éphémères, on peut voir circuler des globules, mais rares et lents dans leur marche qui est au contraire si rapide dans les cuisses. Au reste, nous avons vérifié aussi, d’après Carus, qu’il y a une cireulation ben visible quoique lente, dans les nervures et le réseau intermédiaire des élytres du Lampyris splendiduta. Il y avait parfois d’assez longs repos, et peut - être est-ce pour une raison semblable que nous n'avons rien aperçu dans les ailes des hémérobes et des mouches, où Tyrrel dit les avoir observés aussi bien que chez d’autres névroptères. A. DUGÈs. — Physiologie de l'homme et des animaux. 377 « Nous avons été plus heureux dans la vérification des observations de Bèu 9 comme lui nous avons remarqué dans les jambes du notonecte et de la népe, des pulsations régulières , et que nous ne saurions confondre avec des cris- pations irrégulières de muscles , ainsi que l’a pensé notre savant ami L. Du- four. De même aussi , en choisissant une larve de nèpe très petite et très trans- parente ; nous avons aperçu parallèlement au vaisseau dorsal, les deux courans latéraux dirigés d’avant en arrière et déjà signalés par Wagner, et dans les pattes une double série de globules très allongés et marchant à la file jusqu’au bout du tarse. Il nous a donc paru qu'il y avait, dans chaque jambe , une sorte de val- vule motrice, servant à compléter la circulation dans les membres où elle s’o- père si difficilement, comme nous lavons dit ci-dessus. Ces organes pourraient être comparés aux cœurs lymphatiques que nous trouvons chez les vertébrés. D'ailleurs, la rapidité avec laquelleles blessures faites parles crochets d’une arai- gnée tuent même d'assez gros insectes, ne prouve-t-elle pas la réalité d’une circula- tion qui répand rapidement le venin avec le fluide nutritif? Trouverait-on sur- prenant que le sang marchât ainsi en courans dans des interstices et sans parois vasculaires? Qu’on se rappelle ce que nous avons dit du Chara et des végétaux en général: nous verrons ailleurs de exemplaires bien plus saillans de cette marche indépendante et comme spontanée des globules sous l'influence de la vie ; nous les verrons cheminer même à travers des substances pulpeuses , s'ÿ tracer une route et organiser les vaisseaux destinés par la suite à les conduire ; souvent, il est vrai, il y aura du moins pour eux un centre d’impulsion. I} existe . également ici, et les pulsations du vaisseau dorsal doivent être considérées, sinon comme la force qui pousse , du moins comme le balancier qui régularise et met en jeu les mouvemens de tout le système. « D. Arachnides. On a publié si peu de chose sur ce sujet, qu'on nous par- donnera d’y insister avec quelques détails anatomiques. Nous ne dirons rien des Arachnides trachéennes , chez qui tout doit se passer à-peu-près comme chez les insectes. Quant aux pulmonés, voici d’abord ce que j'ai vu sur le Scor- pion d'Europe. Dans l'abdomen , le cœur est très allongé et divisé au moins par quatre étranglemens, chacun desquels donne latéralement et en dessous deux paires de branches principales , qui s’enfoncent dans les viscères , et dont une paire semble destinée aux poumons du segment, auquel elles répondent. En avant , le cœur donne d’autres branches latérales, s’abaisse vers l'œsophage, s’y accolle, et, derrière le cerveau , se divise en grosses branches, qui se distribuent vraisemblablement dans les pattes, et certainement en partie dans les organes de la mastication, Très probablement, c'est parmi les vaisseaux abdominaux que Müller, dont je n’ai pas le travail en ce moment sous les yeux, en a vu se jeter sur le canal alimentaire , pour en recevoir la substance nutritive. Ce que nous dirons plus bas des Aranéides pourra servir à rendre raison des dispositions que nous venons d'indiquer. « Du reste, ce cœur contient un sang incolore , à globules gros , assez rares, peu réguliers et granuleux (Wagner). Celui des Araignées m'a offert des globules 378 À. puGis. — Physiologie de l'homme et des animaux. Mauss peu nombreux; assez réguliers, aplatis et ovales, granulés et assez grands pour offrir en, diamètre la dixième partie de l'épaisseur d'une patte chez:une Araiguée récemment éclose. « Lecœur des Aranéides est fusiforme et plagé au dos de. Lbdnyiéos où il se montre souvent à travers la peau, de manière à laissenwoir: ses cohtrac-= tons, qui m'ont paru fort lentes et fort irrégulières chez certaiues espèces ;: fré- quentes et régulières, chez les, Phalens, dont la peau est très diaphane!, On voit aussi aisément, chez toutes les Araignées. à peau lisse; les Epéires, par exemple, des vaisseaux superficiels qui en partent. L'épéire cornue de! Walkenäer m'a merveilleusement;servi sous ce rapport, Son épiderme., demi transparente, laisse voir, non-seulement les gros vaisseaux qui terminent le cœur.en arfière,. mais encore une innombrable multitude d’autres qui eu partent latéralement, jusqu'au- près du pédicule de l'abdomen, et ceignent de tous côtés cette partie} en lui faisant une sorte d’enveloppe vasculaire située dans l'épaisseur de la peau..Ces vaisseaux, parallèles , transyerses ou obliques , se recourbent tous en avant, à la partie inférieure du ventre. Leurs ramifications semblent là s’élargir et-se jeter vers les poumons. Je soupçonne qu'ils se résolvent en ane graude lacune paral- lèle aux muscles inférieurs de l'abdomen , et projettent ainsi Je superflu du'sang dans les plis:membraneux, de la poche:respiratoire : ce sont, donc. des artères en grande partie pulmouaires , mais, dont quelques raméaux sans doute pénètrent profondément dans les viscères ahdominaux. L’excessive ténuité de leurs parois, leur facile aplatissement les annibilent, pour ainsi dire, après la mort }.et ns cheront. toujours de les découvrir par la dissection : aussi ne les ai-je pas même pu reconnaître sur la Mygale aviculaire. up 9910 sf st « La dissection du cœur dans les grandes espèces apprend qu il est très mus- culeux.et.que:sa cavité-intérieureloffre plusieurs étranglemens ; formés par des plis transverses ,:en’forme de valvules incomplètes: Dans le cœur dé la Mygale aviculairé , j'ai pu m'assurer :que les plis sont bilabiés, formés par un double faisceau musculaire , et que ;entre leurs lèvres, S’ouvrent des troncs vasculaires qui viennent des poumons; à travers de profondes scissures du foie, et d’autres qui s'élèvent de la'profondéur même de ee dernier viscère ,.etsemblent venir de l'appareil digestif. Ge sont donc desveines mésentériques et pulmonaires/Celles- ci sont même au nombre; de deax pour chaque poumon , dans la Mygäle avicu- lawe ; une plus superficielle, une plus profonde :‘elles m'ont paru s’élargir en entonvox plutôt que se diviser à l'approche du‘poumon ; la superficielle tiendrait= elle heu duigrand lacis de l'Epcire cornue? Quoi qu’il en soit, tous'ces gros trones sont certainement des vaisseaux afférens ; car, dans’ les contractions’ du‘cœur, leurs lèvres :musculeuses doivent fermer l'orifice, comme cela arrive taux troncs branchiaux des Crustacés. De-là vientique, en ‘injectant daris le cœur uñe sub- stance colorée. je nlaique très rarement réussi à la faire parvenir aux poumons, ce qui m'est arrivé cependant : ils ont alors pris une rougeur diffase ; bee wiudi- quait point la présence dé capillaires ramifics. s «Lors de la systole du cœur, le sang! doit done passer ‘en totalité vu dans les :DARWIN. — Zoologie du voyage du Beagle: ; 370 artères superficielles déjà mentionnées, ou. dans une aorte dont il nousfeste à % parler. Le cœur se continue en avaut, sous forme d’uue grosse artère, qui traverse le pédicule et entre dans le. eorselet; je l'ai suivie jusqu’au milieu de cette partie, où je l'ai vue s'élargir, sans doute pour se diviser. En effet, je suis certain qu'il ya des artères daus les pattes. J'ai vu, sur de très jeunes Araignées de diverses espèces ou sur desespèces adultes età membres transparens (phoeus);les globules du sang marcher à la filesur aushigne étroite,constamment limitée par des parois membraneuses, depuis l’origine jusqu’à l'extrémité deces membranes. Leur marche était saccadée comme les battemens du cœur, et bien plus rapide, qu'au retour. Ce retour d’ailleurs s’opérait sur un trajet large, irrégulier, et li marche de plusieurs globules était entrayée par les muscles, etc; Donc il n’y a point de veires ; donc le sapg revient dans les interstices des organes et saus doute vase jétén aussi vers les poumons, après avoir traversé, le long des muscles.et, du cordon nerveux ,le pédicule du corps. » Nous ajouterons encore que chaque volume est accompagné de quelques planches , représentant au trait les principales formes des organes décrits dans le texte; et que l'éditeur annonce la prochaine publication du troisième et deruier volume de ce traité. À "à Ü THE Z00L0GY, etc. — Voyage du CE exécuté de 852; a 1836, sous Fa commandement du capitaine Fiütaroy. — Par Lie zoolog gique par M. Darwin, 2 La debbrutio de ce voyage intéressant 'se posait avec activité. Nous avons déjä fait connaître à nos lecteurs le mémoire de: M: Oivensur le’ Toxodon (1); inséré dans la première livraison , et, depuis lors, il a paru trois cahiers consä- crés à la description des Mammifèr es actuels, et un cahier contenant la Aprabe tion des Oiseaux. , \ , SON Dans une courte introduction à Hhistoire des tte dis mcteilis pendant son voyage, M. Darwin présente quelques considérations géographiques et mé= tcorologiques sur les contrées-dont il a exploré la‘faune; mais la description des espèce est due à M. Waterhouse:et est accompagnée dé très belles planches. Les troïs livraisons que nous avoiis sous les'yeux contiennent la ‘description de cinq espèces nouvelles de Chauve-souris (Desmocuis Dorbignyt, Phÿllostoma Greyi, Phyllostoma perspicillatum, V'espertili chilæensis, Dÿsopes nasutus) ; des obsérvationsimouvelles sur ‘le Canis antarticus de'Shaw, le Canis magellani- eus, de Gray le Canis fulvipes de Martin; lé Canis Azaræ du prince Maxi- milien ;\le Felis yagouaroundi de Desmarest ; le’: Félis pajeros Desm. ; le Polis domestica | Ve Güllictis vittata et lé Lutra chilensts de Bennet ; la des- cription d’une nôuvélle espèce dé Loütre (°Z. platensis) et un Dauphin (le Delphinus F'itzroyt) , des’ détails ‘sur le Géanaco et le Cervus campestris F. Cuv.5;"mais c’est surtout l’ordre des Rongeuts qui à fourni à M. Darwin une (r) V. Ann. des Sc, nat.t, 1x. 380 AUDINET-SERVILLE. — Histoire des insectes Orthoptères. W ;bondante récolte; et M. Waterhouse a déjà publié la description du Mus decu- manus rapporte de Valparaisv , des îles Falkland, etc.; du Mus maurus de la Plata; du Mus Jacobiæ des îles Gallopayos; du Mus insularis de Vile de l’As- cension {peut-être une simple variéte du M. rattus ) de Mus musculus ven- contré aux îles du Cap Vert, aux îles Falkland et à Maldonado ; du Mus longi- caudatus du Chili; du Mus elegans de Bahia (auquel paraît devoir être rap- porte /’Eligmodonta typus de Fred. Cuvier); du Mus bimaculatus de Maldo- nado; du Mus gracilipes de Bahia, du M. flavescens de Maldonado et du H: magellanicus du port Famine. Les oiseaux sont décrits par M. Gould. La livraison dejà parue contient des. articles sur le Sarcoramphus gryphus, le Cathartes atratus, le Cuthartes aura , le Polyborus brasiliensis, ke Milvago pegoparos, le Milvago chiman- go etle Milvago leucurus ; maïs est accompagnée de planches représentant plu- sieurs autres espèces dont la descrtption paraîtra dans les prochaines livraisons: Histoire naturelle des insectes Orthoptères, par M. AUDINET- Service. 1 vol. in-8° avec planches. Cet ouvrage fait partie de la collection des traités d'histoire naturelle publiés par Roret, sous le nom de nouvelles suites à Buffon , et contient la description détaillée d’un grand nombre d’espècesnouvelles: il ne pourra manquer d’intéresser vivement les entomologistes ; mais nous regrettons de ne pas y trouver plus de renseignemens sur l'anatomie et la physiologie des insectes à l’étude desquels il est consacré. AppiTion & la note sur la nature des Polypiers , par M. Mine Eowarps (insérée ci-dessus , p.321). En exposant les diverses opinions des zoologistes sur la nature-et le mode de croissance des Polypiers, j'ai omis de citer M. Meyen, dont je n'avais pas le travail sous les yeux au moment où je rédigeais ma note ; mais je crois devoir me hâter de réparer cet onbli; car, en étudiant avec plus d’attenticn que je ne l’avais en core fait les écrits de ce savant voyageur, je viens de m'apercevoir que sur quelques points il m'a devancé. Effectivement ses observations sur les Sertulaires, publices dans les mémoires de Y Académie des Curieux de la nature de Bonn, en 1834 (Supplément du tome xv1) , l'ont conduit à penser que la gaîne solide ou polypier de ces Zoophytes n’est pas une matière inorganique , mais doit être comparée à l'epiderme des plantes. J'aurais par conséquent pu m’appuyer sur cette conclusion particulière dans la discussion générale à laquelle je me suis livré; mais c’est surtout pour rendre à M. Meyen ce qui lui est dû , que je m'empresse de revenir sur ce sujel. —— ee 0-0 ———— TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Nouvelles observations sur le parallèle des extrémités dans l’homme et les quadrupèdes, par M. Frourens, . . . . . . . . .”. , . , . . Recherches sur la présence de l’urée dans les différentes parties du corps des animaux autres que l'urine , par M. R. P. Marcuann. . . . . . Recherches sur différentes pièces du squelette des animaux vertébrés, encore peu connues, et sur plusieurs vices de conformation desos, par G. BRescueT. De Fibræ muscularis formé et structuré , aucior H. R. Ficrnus. (Extrait). Apercu descriptif de l'organe auditif du WMarsouin, par G. Brescuer. . Recherches anatomiques sur la manière dont l’épiderme se comporte avec les poils et les ongles, par M. FLouREns . . . . . . . . . . . . . Observations sur l'étude de l'histoire naturelle de l’homme , par le méme. Observations sur un fœtus humain à trois têtes, par MM. Reta et GALVAGNY. Anatomie microscopique , par M. Maxpz. (Extrait). . . . . . . . . . ZOOLOGIE. — ANIMAUX VERTÉERÉS. Recherches sur l’ancienneté des Mammifères insectivores à la surface de la terre; précédées de l’histoire de la science à ce sujet, des principes de leur classification et de leur distribution géographique actuelle, par M. »e Dates (Bntrait) 2426 0 10 » Degsnare ‘eee virer dre er . Notice sur les Rongeurs épineux , désignés par les auteurs sous. les noms d'Echimys, Lonchères, Heteromys et Nelomys, par M. Isinore Geor- riches A1 oué le hôte télegmos suoblonvysqot Notice sur un nouveau genre de Pachyderme fossile, nommé Oplotherium , Mr Decazen.et pe Panteu. : 6 + à eusuuifinhà (aymoé)te Le MOLLUSQUES. Mémoire sur les Goniatites, qui se trouvent dans les terrains de transition por DE Bernie. + 00e does © + à + + + + + Sur un organe énigmatique propre à quelques Bivalves, par M. Siesoun . Note sur le développement de l'embryon des Zyrmnées, par M. Poucurr. TR ne Sn à à 21 Qu - 197 221 343 349 118 122 335 65 319 382 * Table des matières. __ ANIMAUX ARTICULÉS. 1q l ; 2 Mémoire sur la distribution géographique des Crustacés , par da Micxe ÉDWARDS. 1. ee dore eau ra encio. <" sue AU A0 Lettre sur les Crustacés colorés en rouge , qu’on rencontre dans les marais MANS par D. PATEN, na ee de non ns sie. à ON TS Recherches pour servir à l’histoire de la circulation du sangchezles 4nne- lides, par M. Moine Énpwanps. . . . . . . . . . . . . . . . 193 Mémoire sur un Ver parasite, constituant un nouveau genre voisin des Rotifères , sur lé T'ardigrade et sur es RE ou Rotateurs en gé- nér4b } par MMDoradWeEn 2911070179 290 QUE OÙ TUE LOGE ZM Observations sur les Tænias et sur les mouvémens de leur Te ere P l'œuf}par M.FJ DüraRpns 00 201,21000, ST 90 pe 8l 71 2 ay Notices of Irish Entozoa: = Notices sur les! Entozoaires ; observés'en L- | lande, par M. JL. Drummonp. (Extrait). Legs tb 107 egdars dé 7Z0O0PHYTES: } Observations sur les Eponges et en Santibuide sur la Some pres ou My eau douce., par E. Duran. . Autor .M eu. ,solno jo 2liog5 Sur le Folvox vegetans de, Muller Gélsinhgél Pot), par M. F. D. SARDEND AY IA 19.414 UM M cc 22157 ao 6 aies anne 1020 ériuus Sur les Monades à filament muluple! par MF. DurarDin: . 0.807 Sur les soospermes de la Salamandre aquatique , par M. F. DurarniN. . 21 Observations sur une nouvelle espèce de Æloscularia, par M. PELTIER. . 41 Mémoire sur l’organisation des Znfusoires, par M. F. Durarpix. . 400 Observatiôns sur la nature et le mode de croissance des Polypiers, par M. Muxe Epwanns. Te DRCNOS OS DM (IE see 321, et 380 © MÉLANGES. Compte’rendu de actes de la Société des Sciences naturelles de Bade. :: . 190 Traité de physiologie comparée, par M: Ducës. (Annonté.}!: .'./! ‘9344 Partie. zoologique du voyage du ré par Î M Pat, WATER— ‘House et Gouzp. (Annonce.) . + . + + #49 np M 3% Histoire naturelle des Griioiétes » par M. Serviree. (Annonce.). . . 380 “D © a — — ÆXEM M FAN % USE @ FD LA 2» y ( rx 74 TABLE DES, MATIÈRES PAR, NOMS D'AUTEURS. Braimvize. — Recherches sur l’ancien- nelé des Mammifères insectivores à la surface de la terre; précédées de l’his- toire de la science à ce sujet , des prin- cipes de jeur classification et de leur distribution géographique actuelle : . Basscuer, — Recherches sur différentes pièces du squelette des animaux verté- brés , etc... ss... — Aperçu descriptif de l'organe auditif PAROI. - asset Beyrice.—Mémoires sur les Goniatites, qui se trouvent dans les terrains de transition du Rhin..........444.1% Danwis.—Zoologie du voyage du Beagle. (Annonce.)................... Descazer el DE Parteu, —Nolice sur un nouveau genre de Pachyderme fossile, nommé Oploterium............... Dusarpin,—Observalions sur,les Epon+ ges et , en particulier, sur la Spongille ou Eponge d'eau douce............ — Sur le Foivox vegetans de Müller (Antophyza Bory). ........... — Sur des Mornades à filament multiple. —— Sur les Zoospermes de la Salamandre aquatique. . .- — Mémoire sur l’organisation des Znfu- 117. MNSPPATE — Mémoire sur un Ver parasite , consti- tuant un genre nouveau, voisin des Rotifères, sur le Tardigrade et les sm CCC Systolides ou Rotateurs en à général EN — Observations sur les Tœnias'et sur les mouvemens de leur embryon dans lon, . .. Daummoxb.—Notice sur Jeé Riche observés en Irlande. (Extrait}...... Ducis,— Traité de partetue compa- rée. (Aunonce.). Evwanps (Milne), — Mémoire sur la dis- sd 'ejuts. sHle:s) ns ss 118 oT 221 65 tribution géographique des Crustacés. — Recherches pour servir à l’histoire de la circulation du sang chez les Arne- TASSE Ce as De Une — Observations sur la pature et Je mode de croissance des Polypiers. ....... Ficrnws. — De Fibræ muscularis formâ et stourturà. (Extrait.), ..4 ........ Frourens. — Nouvelles observations sur le parallèle des extrémités dans l'homme et lesquadrupèdesi: ./.:,.......4 — Recherches anatomiques sur la ma- aière dont l épiderme se comporte avec Ne Iés poils-ét les Ongles. :5........ — Obseryations -sur Vétule. de l'histoire naturelle del’homme..…............ Garvaeny et Reixa.—Sur un fœtus hu- main à trois têtes. .{.. 941....... GzorrRoY SaintT-HiLaire (Isidore), — Notice surles Rongeurs épineux , dé— signés sous les noms d'Echimys, Lon- chéres, Heteromys et Nelomys.(Extrait) GourD.— Oiseaux du voyage du Beagle. (AnnoncedH#62mlgl 4:.........: Maxpz. — Añalomie ‘microscopique. (Extout} PS0. La Us Marcaaxp.—Recherches sur la présence de l’urée dans le sang, ete. . . . . . Payex. — Lettre sur les Crustacés colo rés en rouge , qu’on rencontre dans les marais salans PaRIEU , voyez DELAIZER. Popezrerrr Notice sur le développement de l'embryon des Zymnées. (Extrait). . Reina , voyez GALVAGNY. Servizze. — Histoire des Orthoptères, (Annonce) Ts ENT Sresozo, — Sur un organe énigmatique propre à quelques Bivalves. (Extrait). Warenuouse.— Mammifères du voyage du Beagle. (Annonce.) . 129 321 343 3:15 63 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planche 1. Eponges , Infusoires , Zoospermes , etc. 2. Albertia et Tardigrade, 3. Parallèle des extrémités. 4. Flosculaire. 5. Oreille du Marsouin. 6. Goniatites. 7. À. Goniatites. B. Monstre tricéphale. 8. Os sus-sternaux. 9. Oplothérium. 10 11. 24. 13. 14. 15. Appareil circulatoire dés Annelides. Infusoires. FIN DU DIXIÈME VOLUME. a POTTER AIT SR D 7 INRA NUS DONNER ja HT TELE Un Les go té d ‘ MANS MER (7 Fe ” CPAM LA T'en À Zool.Tom.10.PL. 2. ‘ € Tardigrade , a e AMberti Ann des Seienc nat.2* Serie . Zool Tom .10. PL. 3. l'arallele des extremiter. + Ann.des Seienc.nat. 2° Série. < DSP PRBUMG à [772 ON OS DIU np d))20.4/) Ann.des Science -nat. 2° Série Zool. Tom.io. PL .6. Aug Dumanit re Contatites. Ann.des Seienc nat. 2° Serie. a Zoo Tom .10.?1 7 ë 2 A ,Gorntalites. B. Monstre tricéphate. Ante.de 23 Grand RS ÈS ir ES 3, TA T Cirner dt Creer dès Laplant mt laprdon 0 * dur des Se nat. 2° serie fig: 1e 4 1 KL} Tele { fes 1 “f dl Ÿ= 25 Grand'ual je 25 Granlinat 23Grandnat. 2) Ar a ) | Jæ#\ A3 5 RESTES ee = à a ei TRE OS SUS-STERNAUX Lopleate ad Éagoéen à Les « xcr: 2 > Li dot NY à Été | < din té nn : RARES, din à sn D LATE D cûs Ann.des Seienc.nat.2% Sert . Zool.Tom.10.1l.4 | Oplotheriumn 2 + .æ STATS F As HÉSN N'a ré g Pen ED + n + Ci | re " Ann. des Seienc.nat. 2° Série. Zoot.Tom..10. Pl.10. D LA Visto se Appareil circulatoire des Annélites — Zool.Tom .10.PL.n. me rs À cf. Of | 2 a — nr e CL AN S+ lunes S'a De © LS 7 90 2.) TITI È Thann re 2 Apparul creulatoire des Annelides 6 b Érees Anr.:des Sciënc.nat.2° Serie. Zool.Tom.10. PL .12. + . In d... 4 Jerte . ne nu Ann.des Sitenc.rnat \ au Ab dt bu 4 s È — SN NN <= DURS SR CERRTESISSS S , NN, Eee BULLVDNEE EVA Even où ds: \ — se ee | MAT PUR M N 7 q Es‘ / LL ol / tppareil creulatotre des Annélides \ " } } il f) Ÿ/ v' 4: SUR | NL 4 ALES F 27) SL CL À ENT pare drnet W | À i k À Zool .Tom..10.P1 . 13. Ann.des Seiene.rnat.2® Serie “re Re ER He EE fe _ASRMIEESFÉRERR eRRE PLU TNRNE a? en À Lale si Ss < S (A Ex. #4 /e 2 4 Vinto so Appareil creulatoire des Annéelides Zoot.Tom.10. PL. 14. Az Zool. Tom. 10 PL. 15. € Serie Ann. des Se.nat. 2 en da tee © TP DE at RER RENE A SET RPRM" SOUeS fit /n se" { CA! ca e LE L EMINIUE € x L … Te | i « É 0 D Ù ( : { n \ A A, ET enr 1 frs e ou &s + in # (HE 44 Hu th 4 G i HE À fi 2 #, # H » ë th st 4 ra gi te ts Ë H ti n ONETE HT ( : ststet : HHHIHE RER HAE HE HA fi 1,8 n HHITH L HE 4 ARE Hits AHHHHHENT Zelpisisissst TAC HR 22 rot # in H Mens Must renier Titete me + HE HE Hu tal [HAE 341 ini HHAHHNAE RHIN [HT HA HHEH Lit | RÉ HENE CHHHHHHEEENENS RE HE E H e HH RTE Hi + + SORA Het ke Hu HE