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ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES, PAR MM. AUDOUIN , ao. BRONGNIART £r DUMAS, COMPRENANT | LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE , L'ANATOMIE COMPARÉE DES DEUX RÈGNES ; LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE ; LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE. TOME DOUZIÈME, ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES IN-/°. PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE - ÉDITEUR , CLOITRE SAINT-BENOIT, No 16, ET AUX DE SORBONNE, N° à. ss 1827. ; ANNALES DES » \ SCIENCES NATURELLES. VA vu Sur l’Existence d'un Cloaque observé chez un chien privé de queue ; Par J. G. Marin, Membre de la Société anatomique et de la Société liunéénne de Paris. M. Geoffroy Saint-Hilaire a décrit et figuré dans les annales des. sciences naturelles (1}, sous le nom d’aspa- lasome , un fœtus humain, chez lequel les voies uri- naires et génitales , aulieu de se confondre à leur extré- mité et de s’aboucher à un canal commun, s’ouvraient séparément à l'extérieur par deux orifices distincts. Une moustruosité que nous avons eu récemment Occasion d'observer dans l'espèce du chien, nous a fourni un exemple de la disposition inverse , en nous montrant les appareils digestif, génital et urinaire confondus à leur terminaison , et aboutissant tous trois à l’extérieur par un orifice unique. Le sujet de notre observation est une femelle adulte, appartenant à une variété du chien de berger, que M. le professeur Cruveilhier s'était procuré (x) Tom. av, p. 45. Atlas , pl: xxr. XI. — Septembre 1827. 1 (6) pour quelques recherches anatomiques, et dont il a bien voulu me permettre de disposer. Cet animal était prin- cipalement remarquable à l'extérieur par l'absence com- plète du prolongement caudal ; et ce fut cette circons- tance qui m'engagea d’abord à porter mon attention sur les autres parties du corps, et qui me fit apercevoir - l'existence d’une seule ouverture pour les voies intesti- nales et génito-urinaires. C’est après avoir reconnu cette disposition curieuse, ‘et après ‘avoir vu qu'il y avait une sorte de cloaque, que j “entrepris l'examen des or- ganes intérieurs, afin de voir jusqu'à quel point ils participaient de l’anomalie des parties extérieures. Depuis l’œsophage jusqu'au gros intestin tout était dans l’état régulier : à partir du cœcum , le gros intestin était très-distendu ; un pouce et demi avant sa terminai- son , il se rétrécissait un peu , puis s’élargissait de nou- veau , et se terminaïit dans le cloaque. La matrice placée entre le rectum et la vessie était très-petite ; le vagin qui allait aboutir à la dilatation que présentait le rectum , était au contraire très-développé. Les trompes et les ovaires existaient dans leur posi- tion ordinaire , et n'offraient rien de remarquable. La vessie assez volumineuse , Située comme de coutume entre la matrice et la face interne du pubis, se conti- nuait avec un canal assez large, et long de deux pouces et demi , qui se terminait en avant et très-près de l’ori- fice vaginal. Aïnsi, le rectum, le vagin et l’urètre se rapprochaient à leur extrémité, s’ouvraient dans une même cavité, et débouchaient à l'extérieur par une seule ouverture. | Les reins , les urcetères , le foie , la rate et le pancréas (7.9 avaient Jeur position et leurs formes ordinaires. Près du pubis, et immédiatement au-dessus du cloaque , se voyait un clitoris assez développé, et il existait de cha- que côté deux replis simulant les nymphes. Les vertèbres cervicales et dorsales ne présentaient rien de remarquable. Les lombaires n’offraient que de: légères anomalies: leurs apophyses transverses du côté gauche étaient plus longues que celles du côté droit ; elles étaient en outre disposées de manière à ne point se correspondre ; elles se trouvaient toutes. plus larges à leur base, plus courbées et plus longues à gauche qu'à droite ; elles y étaient aussi plus horizontales. Le sacrum, très-pelit , ne paraissait formé que de deux vertèbres. I] n’y avait point de vertèbres eaudales ; mais , ainsi que chez l’homme, après le sacrum , venait un COCCYX moy bile sur le sommet de cet os: ce coceyx. était formé de trois petites pièces bien distinctes , deux situées sur les côtés de la ligne médiane, et dont la gauche était plus volumineuse que la droite ; la troisième pièce, plus petite que Îles deux précédentes , et soudée à Ja plus grosse, occupa la ligne médiane. C’est dans échancrure formée par la réunion de ces deux dernières pièces que l'on voyait passer un petit filet nerveux qui se distribuait aux parties molles. Le rachis ouvert avec soin, j'ai pu voir que le canal vertébral était un peu évasé vers sa ter- minaison au sacrum , et qu'une grande quantité de tissu | graisseux remplissait intérieurement l’évasement rachi- dien , en entourant de toute part la moelle épinière. Ce tissu graisseux se rencontrait aussi plus haut vers la ré- gion dorsale, maïs en bien moins grande quantité ; il y était contenu dans une enveloppe fibreuse assez résis- C8) tante , et en tout analogue à la dure-mère : au-dessous de ce tissu graisseux. On voyail la moelle épinière en- veloppée dans la dure-mère, l’arachnoïde et la pie- mère. ra La moelle épinière, saine “Yaillenté. , était volumi- neuse ; son bulbe de terminaison , ou renflement infé- rieur , s’arrêtait au niveau du corps, de la troisième ver- tèbre lombaire , après quoi se remarquait une véritable queue-de-cheval, semblable à celle de l’homme: fait très - remarquable , et qui vient à l’appui des idées pro- f'essées par le célèbre. anatomiste M. Serres. Cette observation nous fournit deux considérations très-importantes , celle de l'existence d'un cloaque ou vestibule commun (1), et celle de l'absence de la queue. Le fait d’ un cloaque observé chez un chien , est digne de. remarque, en ce que cette disposition , anor- male pour la plupart des mammifères , se rencontre toujours » et forme Ja disposition normale des quadru- 4) M. Éverard Home dans son travail sur. lOrnithorhynque, et M. Geoffroy Saint-Hilaire dans une dissertation qu’il vient de publier sur le même animal (Mém. du Mus. , t: &v), ont substitué le nom de vestibule commun à celui de cloaque, employé par la plupart des z00- tomistes , et, particulièrement par MM. Cuvier et Meckel. « On a donné chez les oiseaux le nom de cloaque, dit le célèbre naturaliste M. Gecf- froy Saint-Hilaire, aux divérs compartimens qui servent d’embou chure à tous les canaux urinaires, intestinaux et sexuels, sur l’idée fausse que l’on s'était formée, que ce dernier canal était un lieu où les productions excrémentitielles s’accumulaient et étaient momentané- ment conservées : cependant ce n’est jamais un récipient , comme on l'avait cra. » M. Geoffroy ajoute qu’il n’y a point de partie chez les animaux qui soit tenue avec plus de propreté ; et qui «exige plus impé- rieysement de l'être ; que des nerfs presque à nu y abondent ; que la mem- brane dont elle est formée , n’est en activité , et véritablement en fonc- (9) pèdes que M. Geoffroy a, pour cette raison même , nommés monotrémes (2), et des oiseaux. En effet , chez ceux-ci, le rectum paraît s’élargir considérablement et brusquement un peu avant sa terminaison. C’est dans celte partie de l'intestin ainsi dilaté que viennent s’abou- cher les uretères sur les parties latérales et inférieures , et l’oviductus à quelques lignes plus haut que l’uretère gauche; le cloaque estainsi formé: ce n’est que par une seule issue extérieure que peuvent sortir les pro- duits des voies intestinales , urinaires et génitales. Cette poche qui suit le rectum, et où s’abouchent les uretè- res , paraît former chez les oiseaux l’analogue de la ves- sie; mais il n’en est pas itout-à-fait ainsi : le rectum se termine , l'évasement rectal succède, et cet évasement est l’analogue du vestibule rectal des mammifères. Ainsi trois conduits se réunissent chez les oiseaux femelles ; cette réunion a lieu à l’intérieur pour constituer le cloa- que et se: rendre à l'extérieur par un seul orifice : chez le chien que nous venons de décrire,-trois conduits dif- tion , que pendant l’accouplement, dont elle ressent vivement les spas- mes , mais que d’ailleurs elle n’est jamais affectée, que cela ne l'exige à se soustraire à tout autre service. Ces remarques me semblent parfai- tement applicables à la disposition que présentait la terminaison de l’u- rèthre ; du vagin et du rectum , chez le chien qui fait Le sujet de ce Mé- moire, En effèt , il est évident que chez celui-ci, les matières excrémen- titielles ne pouvaient séjoutnér dans l’évasement où vestibule commun, sans gêner ou obstruer les orifices étroits des voies urinaire , génitale et intestinale , rapprochées et comme ramassées en un seul point , au mo- meni où elles allaient déboucher au dehors. | (1) Famille composée des Ornithorhynques et des Echidnés. Le mot Moônotrémes se rapporte à l'existence chez ces animaux, comme chez hotte chien , d’un seul orifice pour les voies intestinales et genito-uri- naires, # 2° À ä f (ro) férens aussi ; le méat ürinaire , le vagin et le rectum se réunissaient à l’intérieuf pour se terminer en un seul canal externe. | Au reste , il est à remarquer que plusieurs mammi- fères présentent , comme l'ont remarqué Daubenton , M. de Blainville et plusieurs autres zootomistes , une dis- position analogue à celle que nous venons de décrire chez notre chien monstrueux. Tels sont le castor et plu- sieurs autres rongeurs , chez lesquels l’anus et la vulve sont presque confondus ; tels sont aussi quelques mar- supiaux , et particulièrement les phalangers , chez les- quels Daubenton dit positivement que la cloison qui sé- pare les orifices anal et vaginal , est échancrée de trois lignes dans l’intérieur de l'ouverture commune (Voyez Daubenton, tome xur de l’Æistoire naturelle de Buffon, page 99). M. de Blainville, dans sa savante dissertation sur les oruithorhynques et les échidnés , explique l'existence du cloaque chez ces animaux , et chez les monotrèmes eux- mêmes , en admettant qu’il n’y a de différence avec les mammifères normaux , qu’en ce que la cloison qui sé- pare le rectum du vagin , a été échancrée sur son bord postérieur plus profondément que de coutume. Cette explication est jusqu’à un certain point applicable au fait qui est l'objet principal de cet article. Ainsi les anomalies que nous venons de signaler , re- produisent les conditions normales de plusieurs espèces , de même que les anomalies observées par M. Geoffroy Saint-Hilaire, chez le monstre humain qu'il a nommé aspalasome , le mettaient en rapport avec quelques mammifères. On sait en effet que chez la taupe, les trois l tu) appareils urinaire , vaginal et rectal se rendent à l’ex- térieur par trois ouvertures bien séparées. Le second fait, celui de l'absence de la queue , s’ex- plique de la manière la plus heureuse , d’après le rap- port fort curieux qui a été constaté par M. Serres, entre l'ascension de la moelle épinière dans le canal vertébral , et le prolongement caudal des animaux ver- tébrés. Primitivéement l'embryon humain a une petite queue , et il en est de même des chauve-souris sans queue ; de plusieurs singes , tels que les orangs, de quelques rongeurs et des batraciens que M. le profes- seur Duméril a nominés anoures. La moelle épinière descend alors jusqu’à l'extrémité du coceyx , ‘comme chez les oiseaux , avec cette différence toutefois qu'elle n'y est pas fixée comme dans cette classe ; mais plus tard , à mesure que les membres antérieurs et postérieurs , et les renflemens de la moelle épinière qui leur correspondent, viennent à se développer , la moelle s'élève dans le canal vertébral ; en même temps la queue diminue peu à peu, et elle vient enfin à dis- paraître plus où moins complètement, quand la moelle épinière se fixe dans la position qu’elle doit définiti- vement occuper. Ces phénomènes, très - Éurieux , Ont été observés assez anciennement chez le tétard des ba- «raciens , par Spallanzani , Swammerdam et Roesel ; et chez l’embryon humain , par plusieurs anatomistes. M. Serres les a suivis dans ces derniers temps chez les rousseties et chez plusieurs autres mammifères sans queue , et il a été conduit à élever au rang d’une pro- position générale , l’influence de la moelle épinière sur le développement ou l’atrophie de la queue. Suivant lui, (12) plus cette partie de l’axe cérébro -spinal , s'élève dans son canal, plus le prolongement caudal devient petit, et plus il tend à devenir rudimentaire. On conçoit donc que d’après les idées de ce célèbre anatomiste, si la moelle vient par l'effet d’une circonstanee organique quelconque à remonter dans le canal rachidien , chez une espèce où elle est ordinairement descendue , et à descendre, chez une espèce où elle est ordinairement élevée, le prolongement caudal disparaît chez la pre- mière, et il persiste chez la seconde. Nous avons.eu occasion d'observer ce dernier cas chez un fœtus! hu- main né à terme , chez lequel la moelle occupait encore la position dans laquelle elle se trouve ordinaïrement à deux mois. Cet enfant (dont nous avons représenté la partie inférieure du corps, fig. 5) avait une queue longue d'environ un pouce et demi, assez grosse , contournée sur elle-même, et dont on ne saurait mieux donner l’idée qu’en la comparant à celle d’un jeune cochon. Le chien qui fait le sujet de notre observation , nous a pré- senté une anomalie précisément inverse; car le bulbe de terminaison de la moelle épinière s’arrêtait au niveau de la troisième vertèbre lombaire , et nous avons déjà dit qu'il n'existait point de queue , mais seulement un coccyx formé de trois pièces tres-petites (1). Cet animal se trouvait donc ramené, par anomalie , aux conditions organiques qui forment l’état normal des chauves-souris (1) M. L. Girou de Buzareingues vient de me communiquer un jeune chat qui présentait un cas à-peu-près semblable. Sa queue, beaucoup plus courte que” d’ordinaire , n’avait guères qu’un pouce de long, et je me suis assuré que sa moelle épinière S’arrélait au niveau de la qua- trième vertébre lombaire. (13) sans queue , des batraciens anoures , des orangs et de l'homme lui-même; et ce dernier rapport est d'autant plus remarquable qu’il semble former une exception au principe admis par de célèbres anatomistes , que les êtres monstrueux réalisent presque toujours par leurs anoma- liés, les conditions propres à des êtres d’un ordre ou d’une classe inférieure; principe qui est constamment vrai, lorsqu'il s'agit des monstruosités produites par arrêt de développement, mais qui ne peut être appli- qué au chien qui fait le sujet de notre observation , parce que l’anomalie de la moelle épinière d’où dé- pend l'absence du prolongement caudal , tient à ce qu’elle a subi une HHétuHOr Rose de plus qu’à l’ordi- naire. | EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIII. Fig. 1. Préparation de la vessie, de la matrice et du rectum , Vue du côté droit , et moitié de grandeur naturelle. — 7” est la vessie; ut, son canal excréteur passant immédiatement au-dessous du pubis pp. Au- dessous de la vessie se voit la matrice. Z est l’ovaire; B, le tube de Fallope ; CC , les adutérum ou les cornes de la matrice : D, l'utérus ou cavité de cet organe qui, chez la femme, se trouve au col et est le plus souvent rudimentaire ; Æ, le vagin ; bc est l’ostium, ou rétrécisse- ment qui existe entre le tube de Fallope et l’adutérum ; cd, celui de l’adutérum à l'utérus ; de, celui de l'utérus au vagin : il n’y avait point de ligament rond. £Z, sont deux lambeaux de peau renversés pour mieux voir le point où les conduits de la vessie et de la matrice vont se rendre ; Am est le rectum dilaté et lié vis-à-vis les reins À, À. ue est l’uretère; SS, Poreille du sacrum. La fig. 2 , de grandeur naturelle , représente les deux vertèbres qui com- posaient le sacrum ; ces deux vertèbres, $7, S 7, étaient soudées ensemble, et ne formaient qu’une seule pièce. p/ et pl, deux pièces latérales et séparées du coccyx ; pm, une troisième pièce médiane sou: ; dée avec la pièce latérale gauche , pl. La fig. 3, de grandeur naturelle, représente les trois orifices du méat ! B./ + (14) ni urinaire , du vagin et du rectum , s’ouvrant dans le cloaque ou vesti- : bule commun, mis à découvert par.une incision pratiquée sur la pa- roi postérieure du rectum. C'est le clitoris ; mu, le méat urinaire ; ov, orifice du vagin ; or, l’orifice du rectum. La fig. 4, de grandeur naturelle aussi , représente la moelle épinière de- puis la dernière vertèbre lombaire jusqu’au coccyx. £E, les enve- | loppes de la moelle, divisées et renversées ; p est un petit filet ner- veux, qui passe dans une échancrure formée par les deux os soudés du coccyx, pl’ et pm. Enfin, p{ est une pièce latérale droïte du | COccyx. La fig. 5 représente l'extrémité inférieure d’un fœtus monstrueux , né à terme, vu par la face postérieure, et réduit à 3 de grandeur natu- relle. CF est la coupe du ventre au niveau de ’ombilic ; ET , le moi- gnon de l'extrémité unique que présentait ce monstre ; Q est une petite queue qui avait persisté chez cet enfant ; me est la moelle épi- nière qui descendait jusqu’à l'extrémité caudale ; DD, la dure-mère incisée et renversée sur les côtés de la moelle. Le fœtus qui présentait cette singulière disposition, offrait aussi plu- __ sieurs autres faits importans que je ne décris point ici, M. Serres devant lui-même donner un article à ce sujet. Mémoire sur la Génération et le Développement del Embryon dans les végétaux phanérogames; Par M. Aporrae Bronenrarr, D.-M. s. (Lu à l’Académie des Ar brad le 26 décembre 1826 (1).} INTRODUCTION. L'histoire de la génération des plantes a exercé depuis long-temps les esprits les plus actifs et les plus ingé- + (1) L'Académie des Sciences , dais sa séance du r1 juin 1827, a dé- cerné à ce Mémoire le prix de physiologie expérimentale, fondé par feu M. de Montyon. Nous l’imprimerons textuellement , tel qu'il a été F Gb) | nieux et, malgré ces efforts puissans et répétés , cet important phénomène est resté peu connu, soit dans ses détails, soit dans son ensemble. Les études aux- quelles il faut se livrer pour approfondir un sujet aussi délicat, présentent d’un côté des difficultés analogues à celles qu’on trouve dans la génération des animaux , et de l’autre des difficultés d’un ordre différent , que je dois écarter avant de passer à une exposition plus circons- tanciée de mes recherches et de leurs résultats. Rien de plus clair dans la physiologie animale que l'existence de deux sexes distincts , et la nécessité de leur concours pour la production ou le développement de l'embryon ; toutes les théories si diverses , imaginées dans le but d'expliquer le résultat de l'union sexuelle A sont du moins d'accord sur ce point fondamental. Il n’en est pas de même en physiologie végétale ; l'existence de deux sexes distincts dans les plantes , la nécessité de leur concours pour la formation de l’embryon, avaient été présentées , il est vrai, par les anciens ; cette opinion, ayancée avec force par Camerarius , devint l’objet de nombreuses discussions parmi les physiologistes au commencement du siècle dernier ; les uns la reje- tèrent complètement , les-autres expliquèrent la géné- ration des végétaux par des théories variées , auxquel- les l’hypothèse alors en vogue sur la génération des animaux, servait à la fois de type et d'appui. Enfin, l'autorité de Linné, le poids des argumens qu'il ap- porta en faveur de son système sexuel , rangérent bien- présenté à l'Académie, etles additions que de nouvelles observations nous engageront à y joindre, seront insérées dans des notes dont les renvois seront indiqués par des Lettres capitales. (16 ) tôt tous les botanistes à son avis. L'existence des sexes dans les végétaux fut alors généralement admise, ‘et la discussion paraissait terminée ; cependant depuis cette époque mémorable , quelques physiologistes cher- à] chèrent de temps en temps à combattre la théorie lin- Ps néenne par des expériences plus ou moins bien faites. Parmi ceux dont les attaques furent de quelque poids, on ne peut se dispenser de citer Spallanzani : ce célèbre physicien n’avança toutefois son opinion qu'avec doute; fidèle aux principes de la logique sévère qui caractérise les amis sincères de la vérité , il présuma seulement que dans quelques végétaux l'influence de la fécondation pouvait peut-être se perpétuer pendant plusieurs géné- rations successives. Cependant, Spallanzani avait vu que des plantes femelles soustraites à l’influence de là pous- sière fécondante, pouvaient produire des graines par- faites, Un observateur moins timide aurait pu tirer de ce fait capital des conséquences plus tranchiantes ; et, comme on devait s’y atiendre, les expériences de Spallanzani trouvèrent des commentateurs moins sages et moins dis- et en partie de la substance mucilagineuse qui les entouraient , qui, en se séchant et en unissant les débris de ces membranes , a pris une forme filamenteuse. Il résulte des observations précédentes que le pollen se forme dans l’intérieur des cellules d’une masse cel- luleuse unique et libre, qui remplit chaque loge de l’anthère sans adhérer à ses paroïs et sans être par con- séquent la continuation du parenchyme de cet organe, dont elle difière d’ailleurs par la grandeur et la forme des cellules qui la composent ; que tantôt ces cellules, d'abord intimement unies, se séparent les unes des autres, et forment chacune un grain de pollen , et qme tantôt elles contiennent un plus ou moins grand nombre de grains de pollen qui, à l'époque de leur parfait dé- | veloppement ; fiñissent par rompre et détruire presque | complètement les membranes de ces cellules dont il reste cependant quelquefoïs des débris parmi les grains de pollen. ‘4 | Il reste encore un point important à éclaircir , sur lequel je n'ai pas de données suffisantes pour pouvoir avancer une opinion à cet égard , c’est de savoir si les (1) C’est l'opinion émise à ce sujet par M. Brown, dans son Mémoire sur les Protéacées , et adoptée par M, Guillemin, | (31) | granules qui remplissent les grains de pollen se forment directement dans ces grains, ou si, sécrétés par une par- tie de la surface interne des loges de l’anthère , ils sont d’abord libres au tour des grains de pollen encore im- parfaits , transparens et à moitié vides , et si successive- L À ment ils sont absorbés par des pores existans à la sur- face de ces grains. Cette dernière opinion me paraît la plus vraisemblable, j'apporterai à l’appui le mode de formation du pollen de l'OEnothera, dans lequel les trois angles paraissaient jouer le rôle de pores absorbans , et l'existence presque constanté de granules plus ou moins nombreux autour des grains de pollen, dont l’in- térieur presque vide finit par se remplir successivement. On pourra déterminer presqu'avec certitude le mode de formation des granules intérieurs en observant leur grosseur à diverses époques , et en s’assurant s'ils chan - gent ou s'ils ne changent pas de diamètre depuis leur pre- mière apparition jusqu'à l’état parfait; mais il faut pour parvenir à des mesures précises sur des objets d’une telle ténuité des instrumens plus parfaits que ceux dont j'ai pu disposer , et je crois même que cela serait diflicile avec la plus part des microscopes qu’on a construit jusqu’à présent. 6 II. Structure des grains de pollen à la maturite. . . Qu \ ou * Si nous examinons maintenant la structure des grains de pollen arrivés à leur maturité , nous observerons une grande diversité de forme , qui a attiré l'attention de plu- sieurs observateurs , et sur lesquelles Gleichen , M. de (3) Mirbel , et plus récemment M. Guillemin , ont publié des recherches intéressantes. Maïs sous le point de vue de la structure intime de ces parties , nous trouvons très- . peu de faits bien établis , les opinions des divers auteurs étant très-nombreuses et assez différentes à cet égard. Malpighi, auquel l'anatomie végétale doit des travaux si importans et si exacts, regardant comme la plupart des anciens botanistes le pollen comme une excrétion de substances inutiles , n’en a dit que quelques mots , et seulement sur sa forme là plus habituelle. Needham , qui paraît le premier avoir observé la rup- ture du pollen par l’action de l’eau , admet que lors dé la rupture de ces grains, les granules qui en sortent sont contenus dans une membrane très-tenue , qui les empèche de se mêler au liquide environnant. On voit d’après cela qu'il regarde les grains de pollen comme formés par deux membranes , l’une externe plus. forte, et l’autre interne très-mince. | . Koœælreuter (1), ainsi que Gœærtner (2) qui paraît avoir adopté en tout l'opinion de cet auteur , regardent égale- ment les grains de pollen comme composés de deux membranes; l’externe, solide et poreuse, l’interne, mince et envoyant des prolongemens celluleux dans l’in- térieur. Hedwig, au contraire, ne semble admettre aa seule membrane solide , qui se rompt pour laisser échap- per la substance fécondante. MM. Mirbel et Guillemin n’ont adopté d’uné manière précise ni l’une ni l’autre de ces opinions. (1) KœzneuTer , Vorlœufige. nachricht., p. 1 et seq. (2) De Semin. Plant. , introd, , p. 28. (33) Dans des objets d’une telle ténuité , la dissection nous est impossible ; ce n’est donc que par l'examen d’un grand nombre de variétés et par l’action de certains agens qui modifient leur aspect, que nous pouvons analyser leur structure. | L'observation microscopique d’un grand nombre de pollen, montre que la membrane qui forme extérieu- rement ces granules , est assez épaisse et souvent très- évidemment celluleuse, c’est-à-dire formée par un seul rang de cellules hexagonales ou rhomboïdales : c’est ce qu’on voit très-clairement sur le pollen du .Cobæa scan- _dens (pl. 34, fig. 2, K ), de l’?pomæa purpurea ( pl. 35, fig. 2, X), de l’Ipomæa hederacea ( pl. 35, fig. >, 4), du Datura Metel, du Nyctago Jalapa ( pl. 37, fig. à, 4. Souvent cette membrane est couverte de papilles plus ou moins longues, qui dans les Zpomæa, paraissent naître du milieu de chaque cellule. | e Mais à cet égard, presque tous les botanistes sont d'accord , et le point en discussion consiste à savoir s’il existe ou non une membrane interne qui enveloppe im- médiatéement les granules , ou si ces granules seraient contenus dans un tissu cellulaire, comme M. Mirbel paraîtrait le présumer (r). | La déhiscence du pollen sur l’eau a été en général 1 employée pour arriver à cette détermination. Les auteurs qui ont admis une membrane interne dans - les grains de pollen, ont expliqué par la présence de cette membrane la forme limitée que prend la masse de substance pollinique lorsqu'elle sort du grain de pollen ; (1) Elémens de Botanique et de Physiologie végétale , 1. 1, p. 249. 2, 3 ( 34) d'autres ont attribué cette forme à une matière mucilagi- neuse qui unirait les granules entre eux, Il était difficile de décider entre ces deux opinions, car la ténuité de cêtte membrane , qui existe comme nous le prouverons tout-à-l’heure, est telle, que l’observation faite ainsi que nous venons de l'indiquer, ne permet de rien affir- mer. M. Amici le premier remarqua que dans quelques cas les grains de pollen , déposés sur le stigmate, donnaient naissance à un long appendice membraneux et tubu- leux ; il a vu se mouvoir dans ce tube transparent les granules intérieurs du grain de pollen, dans le Portu- laca pilosa. Cette observation pouvait suflire pour établir l’exis- tence de la membrane interne ; car la nature de ce prolongement étaii trop différente de celle de la mem- brane celluleuse et épaisse qui forme extérieure- ment les grains de pollen, pour qu’on püût le regarder comme une extension de ce tissu. Cependant cette dé- couverte importante du professeur italien avait besoin d’être vérifiée dans un plus grand nombre de plantes, et M. Guillemin , daus son Mémoire sur la structure du pollen, disait n’avoir pas pu revoir le même phéno- mène ; j'ai donc dù diriger toutes mes recherches vers ce point important, et sans entrer dans des détails que je rapporterai en parlant de l’action du pollen sur le stig- mate , je dois dire que dans tous les polleus quej'ai exa- minés avec soin, après qu'ils avaient séjourné pendant un temps plus ou moins considérable sur le stigmate , j'ai trouvé un appendice tubuleux d’une longueur va- riable , formé par une membrane extrêmement mince et CN CU COR OT te ne. | | Ô ( 36 } transparente qui sortait évidémment de l'intérieur du grain de pollen par une ouverture accidentelle, ou par un trou particulier pratiqué dans la membrane externe. Cet appendice contenait un assez grand nombre de gra- nules polliniques , et était évidemment uue expansion de, la membrane interne du grain de pollen. J'ai repré- senté cet appendice tel que je l'ai observé dans jes Zpo- mæa purpurea (pl: 35, fig. 2, , 1), 1p. hederacea (pl. 35, fig. 2, L), Datura stramonium (pl. 36, fig. F, G, A), Antirrhinum majus (pl. 87, fig. 1, K), Hibiscus palustris (pl. 37, fig. 3, F), OEnothera biennis (pl. 35, fig. 4), Nuphar lutea (pl. 39, fig. B). A l'égard de ces deux dernières plantes , je remarque- rai que dans l'OEnothera il sort presque toujours deux appendices tubuleux d’un même grain de poilen , et‘que . ces appendices percent toujours la membrane externe à l'extrémité de deux des angles que présentent les grains de pollen triangulaire de cette plante ; je ne serais même pas étonné qu'il en sortit quelquefois un par chaque angle , c’est-à-dire trois d’un même grain. Dans le Nu- phar, j'ai vu l’appendice tubuleux faire saillie hors de la membrane externe, non-seulement sur des grains de pollen adhérens au stigmate, mais même sur des grains de pollen mis dans l’eau , et qui n'avaient pas éclaté com- plètement (4). | (4) J'ai observé la même chose, d’une manière encore plus frap- pante , sur le pollen du Cucumis acutangulus ; cette plante , quoique de la famille des Cucurbitacées , a le pollen lisse et très-fin. Si on en met dans une goutte d’eau et qu’on l’examine quelques momens après avec le microscope ; on voit que la membrane interne fait saillie par trois ou ( 36 ) Sans m'occuper pour le moment du rôle important que cet appendice joue dans la fécondation, je me con- tenterai de le regarder comme une preuve certaine que les grains de pollen sont formés de deux membranes, l'une externe celluleuse , et plus où moïns épaisse, lisse ou couverte de papilles ; l’autre interne, mince, mem- braneuse , transparente , n’adhérant probablement pas à l’externe , susceptible de se gonfler par l'humidité, de rompre la membrane externe qui, par sa propre élasti- cité, la fait saillir au dehors sous la forme d’un tube membranenx. Je remarquerai à cette occasion que plu- ” sieurs espèces de pollen , tel que ceux des Zpomæa, de l’Æibiscus palustris, des Datura, du Cucurbita leucan- tha, ete., après s'être gonflé assez fortement dans l’eau avant de se rompre , diminuent beaucoup de volume après que la membrane interne et les granules qu’elle renferme ont été projetés au dehors (r). Quant à la membrane interne , l'aspect du prolon- gement tübuleux qu’elle envoie au dehors, le passage des granules de l’intérieur du grain de pollen dans ce prolongement , et surtout leurs mouvemens dans cet ap- pendice observés par M. Amici , éloignent toute idée de quatre points de la surface des grains de pollen ; ces points sont placés régulièrement, comme les quatre angles d’un tétraèdre inscrit à la sphère du grain de pollen. La membrane ne fait pas une égale saillie par ces quatre points , mais elle sort par un ou deux de ces pores, de ma- nière à former un long appendice tubuleux , renflé à son extrémité, tan- dis qu’elle ne forme souvent dans les autres points qu’un mamelon peu saillant. (1) Dans les figures qui représentent le pollen /de ces plantes , le pol- len entier humecté , et celui qui est représenté au moment de l'émission des granules polliniques , sont Ggurés dans leur grandeur relative. ; (37) : cloison ou de prolongement fibreux dans son intérieur, ainsi que Koælreuter l'avait pensé ; nous devons la re- garder comme un utricule membraneux très - mincé, contenant dans son intérieur les granules polliniques , et nous revenons ainsi à la première opinion exposéæ sur la structure des grains de pollen, à celle de Needham. J'ai déjà dit qu'il me paraissait difficile d'admettre: l'opinion émise par M. Brown, sur Jes fonctions des papilles ou des angles des grains de pollen qu’il regarde comme des organes destinés à sécréter la substance hui- leuse qui recouvre certains pollens , et, ilest vrai, plus particulièrement , ceux qui offrent ces papilles. On doit d’abord observer qu’il existe sur les grains de pollen deux sortes de papilles très-différentes; 1° celles qui en petit nombre sur Ja surface d’un même grain de pollen , et le plus souvent au nombre de 3 à 4, sont des protubérances plus ou moins marquées ; telles que les angles très-saillans du pollen des OEnothera , les mamelons operculés du Pepo macrocarpus ; et les ma- melons transparents qui sortent toujours, au bout-de! quelque temps de séjour dans l’eau ou sur le stigmate , des pollen elliptiques marqués d’un sillon , telsque ceux . des Datura, des Antirhinum, des Molucella;des Rham- nées , etje puis ajouter du plus grand nombre de plantes. 2° Celles qui hérissent comme des petits poils roides ,: courts et, transparens, toute la surface du pollen du Pepo macrocarpus (1), des Malvacées ; des’ Convol- vulacées , etc. | Je remarquerai d'abord qu'il me parait diflicile ,de (1) Je cite toujours spécialement le pollen du Pepo macrocarpus , et non celui des Cucurbitacées, parce que cette famille fait exception à la ( 38 ) concévoir des organes sécrétoires à la surface d'un or= gane isolé qui, ne recevant pas de fluides directement de la plante mère, ne peut , à ce qu’il me semble, en séparer le résultat d’une sécrétion. Au contraire, un organe ainsi isolé, ne pouvant se nourrir, s’accroitre et recevoir les parties qu’il renferme que par l’absorbtion des substances qui l’environnent, cétte fonc tion est né- cessairement liée avec son existence. Mais cette absorp- tion peut s’opérer , ou par une transmission insensible à travers tout Le tissu des membranes qui l’environnent , ou par le passage des substances à absorber à travers certains pores particuliers. C’est ce dernier cas qui me semble avoir lieu pour le pollen. Outre les deux mem- brañes dont nous avons reconnu l'existence dans le grain du pollen , il entre dans sa composition une substance essentielle , qui est la substance fécondante ou les gra- nules polliniques, et une substance accessoire qui ne se trouve que dans un petit nombre de pollen; c’est la ma- tière huileuse destinée probablement à protéger ces pol- lens de l’action de certains agens extérieurs. De même il existe à la surface des grains de pollen deux sortes de papilles ou de pores, les uns, en petit nombre à la surface de chaque grain, me paraissent exister dans tous les pollens , ou du moins un examen attentif les y fera probablement découvrir; les autres n'existent que dans quelques espèces de pollens , cou- vrent toute leur surface , et leur présence paraît presque règle assez générale de luniformité du pollen dans une même famille naturelle, En eflet , le pollen des Momordica , des Cucumis , et même du Cucurbita leucantha , si rapproché des Pepo , est lisse , ovoide et silloné, pe se En, M Le ml sde il LORS ER PORN" RON 0 CR (39) toujours coïncider avec l'existence de la substance hui- leuse qui enduit certains pollens. Je suis donc porté par là à regarder les mamelons très-developpés dans la jeunesse du pollen, et par les- quels s'opère ensuite l'émission des granules pollini- ques , tels que les angles du pollen des OEnothera , les mamelons operculés de celui du Potiron , les fentes du pollen des Passiflores , les petits mamelons transparens de tous les pollens elliptiques ét sillonnés, comme des pores qui traversent la membrane externe , mettent la membrane interne à découvert , et par lesquels s'opère l'absorption des granules pink ues} à l’époque du dé- veloppement du pollen. C’est également par ces points que doit le plus souvent s’opérer l'émission des granules polliniques , puisque la membrane externe interrompue dans ce point doit présenter moins de résistance à leur sortie. Les papilles fines et nombreuses qui Ddeitut Ja surface des pollens visqueux , me paraissent remplir une fonction très-différente et beaucoup moins importante ; aussi n’existent-elles que sur le pollen d’un petit nom- bre dé plantes. Si on examine avec soin ces papilles sur les pollens réticulés des Zpomæwa et du Nyctago , où elles sont cependant très-courtes, on voit facilement que chaque papille occupe le centre d’une des cellules qui donnent à la membrane externe son aspect réticulé. Leur position régulière à la surface de la membrane externe dés autres pollens , dont on ne peut pas égale- ment bien distinguer la texture celluleuse, ne laisse guère de doute que chaque papille ne corresponde égale- ment à une cellule. (40) La substance oléagineuse , visqueuse et colorée qu’on remarque dans ces pollens, ne paraît pas, quoiqu'on l'ait dit , résider à leur surface, elle semble plutôt con- tenue dans les cellules mêmes de la membraneexterne ; et il me paraît très-probable que les papilles qui cou- vrent cette membrane servent à absorber cette subs- tance , à la faire pénétrer dans les cellules , et lors de la fécondation , à en laisser écouler une petite quantité, qui donne à ces pollens leur viscosité. J’apporterai à l'appui de cette opinion la manière dont Ja substance oléagineuse s'échappe en jet rayonnant de la surface du grain de pollen dans les Zpomæa, absolument comme si elle sortait avec force par une infinité de petits pores. S HIT. Des granules $permatiques. La partie la plus importante du pollen, celle qui est essentiellement destinée à féconder l’ovule , est sans con- tredit la substance contenue dans son intérieur, et qui s'échappe lorsqu'on l’humecte. Mais sous quelle forme cette substance se présente-elle à son état parfait, lors- qu’elle féconde le stigmate ? Needham (1), qui le pre- mier a eu occasion d'examiner cette substance, dit qu’il sort de chaque graïn dé pollen , lorsqu'on les mouille, une traînée de globules ; et il pense bien que ces glo- bules existent dans le pollen parfait, puisque plus loin il dit que ces globules pénétrant jusqu’à l’ovule , vont y former l'embryon. Geoffroy paraissait avoir eu une opi- nion analogue, sans qu'il eût pu cependant parler des (1) Vouv. Obs. microsc,, 1750, p. 87. pu ; L (#4) granules spermatiques , puisqu'on ne les connaissait pas de son temps. : Kolreuter , au contraire (1), pense que ces granules n'existent que dans le pollen imparfait avant sa matu- rité , et que ce n’est que dans ce cas qu’il éclate par l’ac- tion de l'humidité ; qu'au contraire lorsqu'il est parfai- tement mur et propre à ôpérer la fécondation, ces granules se sont réduits en ‘une substance liquide très- subtile, qui s'écoule par les pores des grains de pollen, sans les briser , et féconde aussi le stigmate. Goœrtner , qui, comme nous l’avons déjà dit ; adopte complètement les opinions de. Koælreuter, les expose d’une manière très-précise , et combat fortement l'opinion de Morland, de Hill, de Gleichen, qui ont comparé les granules que contient le pollen aux animalcules spermatiques (2). On est étonné de voir qu'un homme qui avait fait au- tant de recherches sur ce sujet que Kælreuter , ait con- sidéré comme ‘un état imparfait du pollen, celui sous lequel, il se présente: toujours dans les anthères au mo- ment de leur déhiscence , car il est évident, lorsqu'il dit - (1) Vorlauf: nachricht, 1764. | (2) Cereacea denique substantia, inorganica ac rude granulata massa, sed pollinis nobilissima pars est, cum.ex ea, per. maturitatem lique- facta, vérum sperma generetur ; nunquam deficit in juniore polline, quod inde plérumque opacum fit ; in adultiore autem sensim minuitur et colliquescit, quare et hoc semper fit magis transparens :.. Hicce ( eja- culatio pollinis ) ut plurimum solet esse eventus experimenti, quando. polline nundum penitus maturo in aqua instituitur.…. Nam. variarum plantarum pollen disploditur nunquam, et generatim omne pollen , quanto propius à maturitate sua abest , tanto quoque minus aut segnius in aquañcrepat. (Goenrw., De Fruct, et sem. Plant., 1788, introd. , p« 29. ) (42) que le pollen devient plus transparent à son état parfait, qu'il l'avait observé lorsqu'ayant déjà séjourné quelque temps sur le stigmate , il. s'était en partie vidé de ses granules. at vtr] ï Gleichen , qui à fait tant d'observations surile pollen , regarde comme la plupart des auteurs , autres que Koel- reuter et Gærtner , les granules qui sont contenus dans cet organe, comme la partie la plus essentielle du pol- len , et comme existant toujours lorsqu'il est parfait : Hedwig partage son cpinion. Enfin ;, toutes les recher- ches récentes , faites ayec soin , viennent confirmer cette opinion et combattre celle de Kælreuter , et ce que nous dirons sur mode d'action du pollen sur le stig- mate, la rendra évidente. | Ces granules étant la partie active du pollen , les analogues sans aucun doute des animalcules spermati- ques des animaux , leur examen mérite toute l'attention des observateurs, mais malheureusement leur extrème ténuité exige des instrumens plus parfaits que ceux que j'avais à ma disposition, car je doute qu’à moins d’ob- tenir avec netteté un grossissement de plus de 5 à 600 diamètres , on puisse parvenir à des résultats précis sur leur sujet. | Les trois points qui me paraissent les plus impor- tans à éclaircir sont : 1° si ces granules spermatiques sont doués de mouvemens spontanés ; on s'ils en sont privés ; 2° s’il varient de forme et de grosseur d’une espèce où d’un genre à l’autre; 3° si c’est leur quan- tité ou leur grosseur qui change durant le développe- ment de. l’anthère, Par conséquent, s'ils se dévelop- pent dans l’intérieur du grain de pollen, ou si, for- | ( 48 ) més hors de ce grain, ils viennent successivement s’y déposer. - Je vais rapporter le peu de faits que j'ai sur ces Wrois questions , en engageant les observateurs qui auraient des instrument plus parfaits , et surtout un microscope d’'Amici à leur disposition , à diriger leurs recherches sur ce sujet. L'existence ou l’absence du mouvément est sans au- cun doute la chose la plus importante à décider dans ce cas ; M4 Amici, dans l'observation qu'il rapporte sur le pollen du Portulaca pilosa , dit avoir observé un mou- vement de cireulation des globules spermatiques dans l'intérieur du tube membraneux émis par le grain de pollen. Aucun auteur depuis n’a pu observer le même phénomène ; malgré toute l’attention avec laquelle j'ai observé dans plusieurs plantes de semblables appen- dices membraneux des grains de pollen, je n’y ai ja- mais vu aucun mouvement ; je n'en conclurai pas cé- pendant que ce mouvement n'existe pas, car les autres observations faites par le même savant , sur des phé- nomènes analogues , sont trop exactes pour qu'on puisse _révoquer celle-ci en doute. Je pense plutôt que ce mou- vement dépend d’une réunion de circonstances qui n'exis- taient pas lorsque j'ai cherché à l’observer. Il est possible et même probable que ce mouvement n'ait lieu que dans les premiers momens où le tube mem- braneux s’est développé au dehors , et qu’au bout de quelques instans les globules s'étant accumulés à son extrémité libre, lé mouvement cesse ; c'est dans cet état que se trouvaient , à ce que je présume , les plantes que j'ai observées. (44) I] me paraît aussi très-probable que la température a une grande influence sur ces mouvemens , et qu’ils sont d'autant plus marqués qu’elle est plus élevée. Trévira- nus , qui a cherché à répéter les expériences de Corti , sur la circulation des globulés dans les cellules des végétaux, ayant bien vu ce phénomène dans les Chara , mais n'ayant pu l’observer dans les plantes phanéro- games , sur lesquelles Corti dit l'avoir vu , a déjà pré- sumé que la différence de température des pays où ils observaient pouvait être la eause de cette différence. N'ayant pas pu découvrir ce mouvement dans l'in- térieur des globules de pollen ou dans leur, appen- dice., j'ai cherché à l’observer sur les granules répan- dus dans l’eau après la rupture des grains de pollen. J’avoue que dans plusieurs cas j'ai cru voir de -lé-: gers mouvemens dans les granules du pollen du Poti- ron , des mauves , etc. ; mais ces mouvemens étaient: si lents, si peu suivis, qu'avec un grossissement de 2 à: 300 diamètres , le seul que pouvait alors me donner avec netteté le microscope de Selligue , je n'ai jamais pu avoir la certitude qu’ils fussent spontanés. Le mou- vement de ces petits corps n’était pas une sorte detour- noiement.et de translation rapide comme celui des Mona- des et autres animalcules infusoires ; mais-un simple rap- prochement ou un léger changement de position relative, fort lent, qui cessait bientôt pour reprendre quelques temps après. Une seule fois il m’a paru fort marqué , mais je n’oserais pas assurer que quelques animaux in- fusoires mêlés avec eux n'agitassent la goutte d'eau’, et ne donnassent lieu à ces mouvemens (B). (B) J'ai fait cette ea | de nouvelles observations sur cé sujet, at L (45) Je le répète, la température me paraît devoir beau- coup influer sur ces phénomènes de mouyemens, et je | mai donné une attention spéciale à ce sujet que vers le mois de septembre , époque où les nuits déjà plus lon- j gues et plus froides , les jours moins chauds, doivent diminuer beaucoup l'énergie de la vie des végétaux. moyen du microscope d’Amici , et ces observations me paraissent lever presque tous les doutes à l’égard du mouvement des granules spermati- ques. Au moyen d'uu grossissement de 630 , et le plus souvent même de 1050 en diamètre, on peut très-bien apprécier la forme et la grosseur de ces granules , ainsi que nous le dirons plus loin : ce même grossisse- ment permet dé’reconnaître dans les granules spermatiques de plusieurs plantes. des mouvemens. très-appréciables , et qu’il paraît impossible d'attribuer à aucune cause extérieure, Je les ai particulièrement obser- vés dans les granules du pollen de Potiron (Pepo macrocarpus) et dans celui de plusieurs espèces de Malvacées ; dans d’autres plantes , au cou- traire, je n’ai pu apercevoir aucun mouvement. Dans le Potiron , le mouvement des granules consiste dans une oscil- lation lente , qui les fait changer de position respective ou qui les rap- proche et les éloigne comme par l'effet d’une sorte d’attraction et de TE IE A TE D TC PR ST RL ee répulsion. L’agitation du liquide dans lequel ces granules nagent, ne paraît pas pouvoir influer en rien sur ce mouvement, puisque d’autres granules, les uns plus fins , les autres plas gros, qui sont mélés avec eux, restent immobiles , tandis que les granules spermatiques , reconnaissa- bles à leur grosseur uniforme , exécutent les mouvemens lents que je viens de décrire. Les mouvemens de ces granales deviennent bien plus distincts, et ne peuvent plus laisser de doute , lorsqu’on les observe sur ies Malyacées , telles que les Hibiseus palustris et syriacus, le Sida hastata, etc.; dansces plantes , les granules spermatiques , beaucoup plus gros, sont oblongs, et ce qui prouve que les mouvemens très-distincts qu’ils effectuent ne sont pas dus au mouvement du liquide environnant , c’est qu’on les voit. ‘souvent changer de forme, se courber soit en arc, soit même enS, _ comme les Vibrio. Ces mouvemens étaient quelquefois si marqués, C4 qu'il m'était impossible de suivre avec la pointe du crayon les contours _ de ces granules , que je voulais dessiner à la Camera lucida, et que je fus _ obligé pour y parvenir d’attendre que ‘eau fût presque complètement (46) Je dirai à l'appui de cette opinion , qu'ayant voulu répéter quelques-unes de ces observations à la fin d’oc- tobre , époque où M. Cauchoiïx m'avait remis quelques lentilles achromatiques plus fortes, non seulement je ne pus observer aucun indice de mouvement, mais à peine si sur une cinquantaine de globules de pollen de Potiron , de mauve ou d’Ipomæa , un ou deux crevè- rent et lancèrent incomplètement leurs granules sper- matiques (1). Ce fait me paraît d'autant plus “ppoints noter , qu’il peut avoir une grande importance fratique , et qu'il montre aux cultivateurs que lorsqu'une plante ne donne pas de fruits fertiles dans nos serres, cela peut souvent dépendre plutôt du peu d’élévation de la témpé- rature , lors de la floraison , que de l'absence d’une cha: leur suflisante pour produire la maturation des graines, évaporée , ou de saisir des momens où le mouvement cessait ; ce qui a souvent lieu pendant des intervalles assez longs. … Dans une espèce de Rose ( Rosa bracteata), ces mouvemens étaient d'autant plus distincts, que les granules, de forme elliptique et len- ticulaire , se présentaient successivement sous leurs diverses faces. J'ai aussi observé des mouvemens d’oscillation et de translation dans les granules du pollen du Wyctago jalapa, mais ils étaient très-lents, vagues, et moins distiucts que dans les plantes précédentes : ces gra- nules sont en outre beaucoup plus petits , ce qui les rend plus difficiles à observer, 4 Je n’ai aperçu aucun mouvemens dans les granules de Vayas, qui sont assez gros et ovales, ni dans ceux de l’/pomæa purpurea et du Da- tura Metel, qui sont très-petits et sphériques. . (1) Cependant j'ai employé dans ce cas et de l’eau froide et de l’eau tiède, afin de m’assurer si la température du moment seule était néces- saire, ou si l'absence d’émission de granules spermatiques dépendait d’une imperfection du pollen, déterminée par la température froide de la saison. | À : à à #. à j H Ÿ (#): et qu'on pourrait peut-être , dans plusieurs cas , déter- miner la fécondation en soumettant les plantes à une température plus élevée, perdant le temps où cet acte important s'opère, et pendant celui qui le précède , afin de donner au pollen toute la perfection dont il a besoin. Peut-être l'élévation de température qui a lieu au mo- ment de la fécondation, élévation qui est si marquée sur les Arum , et que M. Théodore de Saussure a ob- servée sur plusieurs autres plantes fort différentes , est- elle nécessaire à l’accomplissement de cette fonction , en augmentant pour ainsi dire la vitalité du pollen , et lui donnant les propriétés qui sont indispensables pour que la fécondation s'opère. La nécessité de cette élévation de la température, pour que le pollen acquière les qualités qui le rendent propre à opérer la fécondation , est d'autant plus pro- bable que les observations du savant que nous venons de citer ont prouvé que dans toutes les plantes, la fleur, et plus spécialement les étamines , absorbaient une grande quantité d’oxigène au moment de la féconda- tion ; il est difficile de ne pas admettre que cette absorp- tion d’oxigène donne lieu à une élévation de tempéra- ture que la disposition des organes ne permet pas toujours d'apprécier , même avec les thermomètres les plus sensibles, mais qui doit avoir une grande influence sur ces organes eux-mêmes (1). (1) On peut faire une autre question relative aux mouvemens des gra- nules spermatiques , et se demander si ces granules, privés de mouve- mens appréciables lors de leur émission , ne peuvent pas en acquérir au bout de quelque temps de séjour dans les fluides qui imprègnent le stig - mate, Gleichen avait déjà dit qu'ayant mis dans de Peau distillée, et ( 48 ) D'après l’analogie qui existé entre ces granules et les animalcules spermatiques des animaux , nous devons présumer qu'ils varient suivant les espèces, les genres et les familles, ainsi que ceux des animaux, et que c'est à cette différence qu'est due principalement l’im- séparément , des grains de pollen de topinambour, de pois et de chan- vre, au bout de vingt-quatre heures la plupart des granules étaient vi- vans , et tous au bout de quelques jours. « C’était, dit-il , une foule ou, » pour mieux dire ; une véritable fourmilière d'animaux grands et pe- » tits, dont les plus grands cependant n’excédaient pas les dimensions » d’un point , qui se remuaient avec beaucoup de vivacité. » Il assure en outre que quand on mêle des animalcules provenant de la poussière de deux plantes différentes, du chanvre et du blé, par exemple, leurs mouvemens cessent immediatement. ù J'avais fait le printemps dernier quelques recherches sur le pollen des pins , qui m’avaient également conduit au premier résultat. | On sait que le pollen des pins est formé de deux globules ovoïdes , réunis par une de leur face au moyen d’une membrane discoïde réticu- lée : ce pollen , mis dans l’eau , ne présente aucune émission sensible des granules spermatiques. Ainsi , ayant mis dans une petite quantité d’eau (la moitié d’un verre à liqueur ) une grande quantité de pollen du Pinus maritima , ces grains se gonflèrent, devinrent presque sphériques; la membrane qui les unit s’étendit et parut plus transparente vers le mi- lieu; mais on ne vit rien sortir des globules. Cependant en examinant une goutte de l’eau qui les contenait , au bout de vingt-quatre heures, je trouvai qu’elle renfermait une quantité considérable de granules pres- que tous sphériques , dont Le diamètre était d’environ 3 à + du grand diamètre de chaque globnle de pollen; ces granules étaient presque tous sans mouvement : quelques-uns cependant me parurent jouir de mouvemens très-lents , mais spontanés. | Au bout de trente-six à quarante heures, tous ces granules étaient augmenttés de près du double ; ils étaient égaux à environ ; du grand diamètre des globules polliniques , et leur diamètre, dans cet état, était égal à environ + ou-+ de millimètre: ils étaient parfaitement sphé- riques , et étaient doués de mouvemens spontanés très-distincts et assez rapides. , Le troisiême jour, ils étaient presque tous ovoïdes ; avec un point (49) possibilité des hybrides entre des plantes de famille dif. férentes. La petitesse de cés granules ne nous permet pas de juger de leur forme avec exactitude : nous ne pouvons même déterminer leur grosseur qu’aproxima- girl , mais cela suffit du moins pour nous Prétees noir au bout de la petite Ltrémité : Téürs mouvemens étaient toujours lents. et très-souvent de rotation sur eux-mêmes ; tente contractions étaient très-visibles. | Quelques jours après , leurs mouvemens avaient cessés, | On pourra regarder ces animalcules comme des animaux infusoires analogues à ceux qui se forment lorsqu’on fait macérer dans l’eau des substances organisées , quelles qu’elles soient. | Je ferai observer à cet égard qu'il est impossible de supposer à ces animaleules une autre origine que les granules du pollen , 1°, à cause du nombre immense de ces petits êtres qui s’est montré dans l’espace de vingt-quatre heures , ce qui suppose nécessairement qu ils. existaient déjà tout formés dans le grain de pollen, aucune infusion ne donnant en aussi-peu de temps une aussi grande quantité d’animalcules. 20. Parce que les tégamens des grains de pollen, imprégnés d’une substance résineuse , sont restés pendant très-long-temps après l'appa- vition et la destraction de ces animalcules sans donner aucune trace de la décomposition à a on aurait pu attribuer la Pre de cs animalcules. 30, Parce que ces mébcles mmigile étaient tous puvidioilee sembla- bles , ou variaient à peine par leur volume; ce qu’on peut attribuer à uw développement plus ou moïns rapide , puisqu'ils ont augmenté très-sen- siblement dans l’espace de vingt-quatre heures , tandis que dans pres- que toutes les infusions il se trouve des animalcules de forme et de grosseur très-diflérentes. 40. Enfin ces granules spermatiques jouissaient de mouvemens très- différens de ceux des monades, auxquelles ils ressemblaient par leurs formes ; leur mouvement étant RE 4 SR A4 lent et moins de trans- lation. Je ne puis done conserver aucun doute que ces sétèdohs animés ne fsseut les granules spermatiques eux-mêmes qui, par un séjour de vingt-quatre à trente-six heures dans de l’eau très pure , avaient ac- |. quis des mouvemens spontanés très-distincts. L’acéord qui existe entre XH. 4 (.50 ) que Jeur grosseur varie suivant les familles. En ne comprenant que les familles dans lesquelles le pollen ne s'éloigne pas trop de sa structure habituelle , c’est- à-dire dans lesquelles il.est formé de grains libres con- tenus dans les loges complètement closes de l’anthère ; nous trouverons que les granules spermatiques des Pins sont au nombre des plus gros (1); ceux des plantes qui fleurissent sous l'eau , telles que le Nayas, le Cerato- phyllum , sont encore d’une grosseur assez considérable par rapport à celui des autres plantes ; viennent ensuite ceux du pollen du Potiron , des Malvacées, des Convol- vulacées , des OEnothéra, qui se présentent sous l'aspect de points infiniment petits ; mais bien distincts et très- opaques ; enfin ceux des pollens elliptiques, qui en gé- néral m'ont paru plus petits et surtout plus FARsbSS rents , ce de: les rend misrdieaies à FaRg GE cette FRERE et os de Gleichen , faites sur je listes trèssdif. férentes , nous permet de présumer que la même chose a lieu pour les granules spermatiques de toutes les plantes : mais il reste à savoir si un phénomène du même genre se passe dans les tissus qui servent de moyen de transmission à ces granules du stigmate à l’ovule,: nous ne pouvons que le,présumer, d’après les faits que nous venons de rapporter, et d’a- près ce.qu’Amici a observé lors de la fécondation du Portulaca.. {1} Ceux du Pinus maritima m'ont, paru d’envrion :5;. de millimètre. :(C) J’aipu faire. cette année quelques recherches plus précises sur ce sujet , quoique la saison , déjà un peu avancée lorsque j’ai- eu: à ma.dis- position, le-:mieroscope. d'Amici , ne m’ait:pas permis de les multiplier ; j'ai pu néanmoins m'assurer que. la grosseur et la forme, des granules spermatiques variaient d’une manière très-sensible dans les divers végé- taux que j’ai soumis à mes recherches : dans une partie de ces plantes je les ai trouvé sphériques ,-et.en employant le grossissement le plus consi- dérable du microscope d'Amici , qui égale 1050 en diamètre ; j’ai trouvé les diamètres suivans aux images reportées sur le papier au moyen de Ja Camera lucida. 1 m’a été facile d'en conclure le diamètre réel de ces ro 0 (61). a Quand au mode de formation de ces granules , j'ai très-peu à ajouter à ce que j’en ai dit en parlant du dé- veloppement du pollen ; leur nombre m'a toujours paru aller en augmentant dans chaque grain de pollen, de- puis le moment où j'ai pu apercevoir les cellules trans- parentes dans lesquelles ils se déposent, jusqu’à l’époque où , perdant leur transparente , on ne peut plus étudier leur intérieur ; leur grosseur , au contraire , m'a paru Pr corpsavec une grande précision ; car j'avais déterminé le grossis- t à microscope au moyen d’un excellent micromètre de Richer, di en 300€: de millimètre, dont j’avais reporté les divisions avec la Caméra lucida , sur un papier placé exactement à la même distance, de sorte que les erreurs, étant les mêmes sur le grossissement des objets et sur celui des divisions du micromètre , n’influent aucunement sur le dia- {igtre réel de ces objets. Granules spermatiques, sphéri iques. | Fo É | | | DEAMÈTAE tk DIAMÈTRE RÉEL k | e Le | | apparent. | AE de millimètre. Pepo maërnéarpus + -h+.....:.... 2,3 | | 0,002! TE —— citrullus : 1 SALES 2,0 0,0019 re Ipomæa hederacea* : Ra ee . 2,0 | 0,0019 de Nyctago Jalapa-..:.-......... 1,6 0,0015 ch | PR D 1 16‘ ook Pr | Cedrug Libani-+= teens ses.) 2,5 0,0014 d 1 OTÈd.6 | * | + Das d’autres blanlLs) les granules spermatiques prennent une forme à elliptique ou oblongue, et ils acquièrent dans plusieurs de ces plantes une, plus grande taille quien rend l’observation beaucoup plus facile: tels sont le /Vayas major, les OEnothera, et toutes les Malvacées que j'ai observées ; dans cette. dernière famille il y a ce fait remarquable à n6- . tersquia besoin cependant d’être vérifié: dans un plus grand nombre _ d'espèces, c’est que la forme oblougue ou fusiforme est générale dans + (52) à peu près la même durant-toute cette période , ee qui me porte à penser que ces granules formés hors des vésicules , qui doivent devenir les grains de pollen, toutes les plantes de la famille, mais que la grosseur et l’allongement plus ou moins considérable varie beaucoup d’une espèce à autre ; c'est ce qu’indiquent les dimensions des grands et des petits diamètres , me- surés comme les précédens , et avec le même grossissement. Granules spermatiques ellipsoïdes ou cylindroïdes. GRAND DIAMÈTRE. PETIT DIAMÈTRE. apparent. réel, apparent. réel, mm. mm. mm. _ mm. / Hibiscus syriaous-. +... 9 0,0085 | -E || 3 0,0028 | 355 palustris ++... 5 0,0047 | 5 | 2,5 | 0,003 | Sida hastata:-.:....... 4 0,0038 | 75 | 2,5 | 0,0023 | M tr 2,5 0,0023 | 1,2 _ | o,oort | 453 — virgata- sers.seesel 2,3 | 0,0022 | 755 || 1,5 :| 0,0014 | 355 OEnothera longiflora: 2 EUR 0,0066 186 | 2 030019 733 io —. bieinisss. |" 00057 | +73 | 2 0,0019 FF IVayas majon-:.........] 5 0,0047 m6 || 2,5 | 0,0023 | 73 Cucumis acutangulus + ++] 2,5 0,0023 | 335 || 1,7 | 0,0016 | 57 Cobæa one: ss. 2,5 | 0,003 | | r,5 | o,oo14 | Granules elliptiques et lenticulaires. Grand diamètre longitudinal. | 3 0,008 | 5 Rosa bracteata.. À Grand diamètre transversal. . 2 0,0019 | 357 | { Petitdiamètre ouépaisseur (?). 1, |0,0010 | sont. de, ces granules spermatiques , de leur forme et: de leur grosseur, jéttera probablement un grand jour sur l’histoire des hybri- des. Ainsi parmi les Cucurbitacées on sait que l’hybridité peut avoir lieu entre certaines espèces ; ef ne peut pas avoir lieu entre d’autres. Les recherches. de M. Sageret ont montré qu’elle avait lieu entre les diverses espèces de, Melo, et qu’elle n'avait pas lieu entre ces 4 (53) sont absorbés par les pores de ces vesicules , et vien- nent se déposer successivement dans leur intérieur. (La suite au prochain numéro). + D Norice sur quelques Observations microscopiques sur le Sang et le Tissu des animaux ; Par le docteur Honexix et J. J, Lysven. Le précieux microscope achromatique composé, que possède M. J.-J. Lyster, étant, à ce que je pense, bien supérieur à tous les autres instrumens de cette espèce fabriqués dans ce pays , je crois que quelques-uns des résultats obtenus par son application à la structure ani- male, pourront intéresser le lecteur. Ce microscope est - le seul qui jusqu’à présent ait pu soutenir la comparai- son avec le célèbre instrument d’Amici. Après bien des essais comparatifs faits sur les objets les plus délicats , il a été impossible de décider lequel des deux l’empor- tait en supériorité de celui de J.-J. Lyster , ou de celui que le célèbre physicien de Modène avait avec lui durant plantes etles Cucumis, les Cucurbita ou les Pepo (voy.les Ann. des Sc. nat., tom. vrix ; pag. 312); or la famille des Cucurbitacées est une de celles où le pollenet les granules spermatiques varient le plus. Les grains des pollen sont gros et hérissés dans les Pepo; ils sont lisses dans le Cucurbita leucantha , dans les Cucumiis et les Momordica ; les granules spermatiques eux-mêmes sont assez gros dans le Pepo mu- erocarpus, ils sont au contraire très-petits et à peine distincts, avec le - même grossissement , dans le Cucumis sativus. Il eût été intéressant de comparer lés granules spermatiques des diverses espèces de me- lons entre eux et avec ceux dû concombre , mais les premiers n'étaient plus en fleurs lorsque j'ai pu faire ces observations. (54) son dernier séjour dans ce pays , quoique ce professeur ait bien voulu accorder toutes les facilités possibles pour établir la comparaison. La plupart des observations dont je vais parler , furent faites dans le’courant du printemps dernier , et mon ami, non-seulement me prêta son instrument , afin de m'assurer de l'exactitude de quelques observations mi- croscopiques que j'avais faites depuis peu, mais il prit aussi une part très-active dans ces recherches. Comme nous espérons sous peu publier une relation détaillée de nos recherches, je me bornerai ici à don- ner seulement une légère esquisse des faits principaux. Particules du sang. En examinant ces corpuscules , nous avons cherché vainement la forme globulaire que leur attribuent non-seulement les auteurs anciens , Leu- wenhæck, Fontana et Haller , mais aussi plus récem- ment sir Everard Home et Bauer. Nos observations diffèrent aussi de l’opinion émise il y a long-temps, par Hewson , que ces particules consistent en un globule central renfermé dans une vésicule composée de la partie colorée, opinion qui bien que réfutée par le docteur Young , a depuis été renouvellée et modifiée, à la vé- rité, par.sir Everard Home et Bauer, dans ce put et par Prévost et Dumas sur le continent. Nous n'avons jamais pu apercevoir la séparation de la matière colorée que nos compatriotes ont dit avoir vu , peu d’instants après que les particules se sont échappées du corps, et nous ne pouvons, avec Prévost et Dumas, considérer ces particules comme renflées au centre (+). (1) I n’est peut-être pas inutile de rappeler ici que l’opinion de (55) Les particules du sang doivent , sans aucun doute , ètre placées parmi les objets gs plus difficiles à obser- ver au microscope ; en partie à causé des variations de forme auxquelles leur structure molle les rend sujettes , mais encore plus à cause de leur transparence , et parce qu'elles sont composées d’une substance qui, comme le docteur Young l’a observé , n’est probablement pas ho- mogène dans son pouvoir réfringent. Nous avons essayé d’éviter ces causes d’erreur , en variant le mode d'observation. Nous avons examiné les particules sèches et humides comme des objets opaques et transparens , sous chaque variété de puissance et dé lumière , et nous ne parlons ‘pas des observations qui n'ont pas été confirmées en lés répétant plusieurs fois. Les particules de sang humain nous paraissent éon- sister ‘en des espèces de gâteaux circulaires; aplatis et transparens, qui, lorsqu'ils sont vus seuls, paraissent MM. Bauer et Home avait déjà été surabondamment réfutée par MM. Prévost et Dumas. D’après les observateurs anglais , les globules auraient été sphériques dans l’intérieur du corps , et n’auraient pris a forme d’un disque qu'après leur sortie , cette nouvelle forme étant due à l’affaissement de la matière colorante. MM. Prévost et Dumas ont vu la forme raplatie dans le corps même et pendant la vie, soit dans l’aile des chauve-souris , soit dans les pattes de grenouilles , le mésentère des poissons, etc.; mais ces derniers observateurs avaient cru que la partie centrale des globules était convexe : il est difficile de ne pas s’en former cette idée, surtout en examinant le sang de grenouille ou de sala- maudre. MM. Lister et Hodgkin avancent aujourd’hui que cette partie centrale est concave ; c’est ce que le microscope de M. Amici permet- tra d’éclaircir. Du reste , on trouve dans la deuxième édition de la Phy- siologie de M. Magendie, des observations sur la circulation du pou- mon dans les salamandres, qui montrent que la forme qu’on observe dans le sang hors du corps , peut subir de nombreuses modifications pendant la circulation. (R;) (36) être presque ou lotalement sans couleur ; leurs bords sont arrondis , et étant la portion la plus épaisse , oc- casionent une dépression dans le milieu , qui existe sur les deux surfaces. Cette, forme répond parfaitement aux observations du docteur Young, qui a remarqué que sur les disques des particules il existe une ombre annulaire, plus sombre du côté du centre correspon- dant, au bord le plus brillant, Bien que le docteur Young pense que cela prouve que les disques sont con- caves ; il ne considère pas ce fait conme parfaitement démontré; puisque cette apparence peut être produite par une différence dans la puissance réfractive des di- verses parties du corpuscule. Nous regardons cette objection comme Pompes détruite: ) 9 Parce qu'ils réfléchissent l'image droite de tout corps opaque placé entre eux et la lumière, précisément comme Je ferait une lentille concave. 2° Par l'apparence que présentent les sh lors- qu’elles sont vues sèches comme des corps opaques ; lorsqu'elles sont éclairées par tout le réflecteur , tout le bord est éclairé, et en outre il existe dans la plupart des particules un large anneau très-brillant , tandis que le centre et l’espace entre les deux anneaux est complè- tement sombre. Le réflecteur étant couvert à moitié, les anneaux sont réduits à des demi-cercles, le côté exté- rieur étant opposé au côté lumineux , et l'intérieur au côté sombre du miroir. 3° Lorsque le sang liquide ayant été placé entre deux plaques de verre , les particules se trouvent être à angles droits à la surface du verre , de manière à être vues de | RE > A mt a ci -caines ter in cr" ll (37) profil, les deux surfaces concaves sont visibles en même temps , ou alternativement , mais très - shoes si les particules vacillent légèrement, La concavité des disques est pourtant très-légère ; et dans des circonstances particulières dans quelques-unes des particules , la surface paraît tout-à-fait plate. Malgré la grande uniformité qui existe dans la gros- seur des particules du sang , aussi long-temps qu'elles conservent, sans altération , la forme qu’elles avaient en sortant du corps , leur grandeur réelle a été établie d'une manière si variée, que nous avons jugé devoir les mesurer de nouveau. Nous avons adopté à cet effet une méthode un peu différente de celle employée jusqu’à pré- sent; on adapte une Caméra lucida à l’oculaire du mi- croscope ; de manière que la distance dun papier étant assurée , où peut dessiner l’objet sur une échelle connue ; les traits de plusieurs des images étant faits ils furent comparés aux images des autres particules jusqu’à ce que leur exactitude fut établie, Le diamètre des partieules obtenu de cette rer peut être fixé assez exacte- menñt à 5 de pouce ou --— de millimètre. 110 Nous donnons ici les mesures des premiers pbserva- teurs , afin de pouvoir les comparer : Pouces anglais, .. Millimètres. SU RENE AP ETES ER LE NET: ...... Trio . CE! ‘ ï . L Jurin, deuxième mesure. ... US AU: TE Le LI Bauer... + 3700 ...... 62 Wollaston RER) RS ...... AT À Li 1 Young. ....... Let ....... 6oéo ......… sr Li L 7 MES eraucert ....... 000 ...... 147 + ’ : iDitto..:...........0.., 6000 ......… 3: Prévost et Dumas. ......... Dé Na se 76 150 (58) L'épaisseur des particules, qui n’est peut-être pas aussi uniforme que le diamètre des disques , est en pro- portion avec cete dernière dimension comme # à 45. La forme et la taille des particules du sang des autres animaux ont souvent été comparées avec celles de l’homme. Hewson a fait plusieurs observations dans ce . but; mais il y a quelques-unes de ces observations qui paraissent assez.exactes , tandis que d’autres sont décidé- ment bien loin de la vérité. Celles qui ont été récemment faites par Prévost et Dumas , sont les plus étendues et les plus complètes qui ‘existent encore. Ayant'principale- ment dirigé nos observations sur le sang’ de l’homme: nous n'avons pas encore porté nos recherches sur celui des autres animaux, aussi loin que nous avons l’intention de le faire; nous avons pourtant examiné le sang dans voutes les classes d'animaux vertébrés, et sur plusieurs de leurs espèces. Nos observations s'accordent parfaitement avec celles de Prévost et Dumas , quand à ce que les particules ont une forme circulaire dans les mammi- fères, et une forme elliptique dans les trois autres classes. Il y a des variétés dans la taille et la proportion des particules dans les diverses espèces : ainsi par exemple dans le cochon et dans le lapin , les particules ont un moindre diamètre , maïs une plus grande épais- seur que chez l’homme. Nous avons trouvé jusqu'ici, . d’une manière invariable , les particules elliptiques plus larges que les particules circulaires , mais elles sont ! proportionnellement plus minces. Dans les oiseaux , les particules sont beaucoup plus nombreuses , mais plus petites que dans les reptiles ou dans les poissons (1). (1) La plupart de ces faits résultent des observations de MM. Pré- | (59) Des phénomènes nombreux et intéressans se présen- tent lorsque les particules perdent leur intégrité, et prennent de nouvelles formes. Des changemens de cette | espèce sont occasionés soit par la décomposition sponta- | née qu'éprouve le sang plus ou moins long-temps après = Ja sortie du corps , Soit par une force mécanique , soit enfin par l’addition de diverses substances qui paraissent exercer uné action chimique sur la matière dont les par- ticules sont composées. Nous avons été portés à donner vost et Dumas. Quand à l'exactitude des dimensions qu’ils ont éta- blies, il est juste d'observer qu’ils ont surtout cherché à donner des di- meusions comparables, et qu’ils ont eu soin d’en prévenir. Du reste, les différences qu’on observe entre tous les nombres cités, sont dues à des erreurs sur le grossissement des instrumens. Le moyen de mesure employé par les auteurs n’est donc plus exact que celui dont MM. Pré- vost et Dumas ont fait usage, qu’autant que le grossissement de leur appareil est parfaitement déterminé et son pouvoir amplifiant considé- rable. Nous engageons ces messieurs à répéter leurs mesures, car dés observations que nous venons de faire avec le microscope d’Amici, quoi- que approchées de leur résultat, en diffèrent sensiblement. Nous avons trouvé enseflet, par une moyenne de dix observations, que les globules de sang humain avaient le diamètre‘suivant : | Diam, apparent. \ Grossissement. Diam, réel en millim. Sum 5 | 1050 = 5 »0 , : 630 " 1 : 6 On'peut compter, terme moyen, sur :+; MM. Prévost et Dumas avaient admis : c’est donc une erreur de 4 sur le diamètre , et de » tous les résultats anciens , c’est le leur qui approche le plus de celui-ci. i Remarquons du reste que leur microscope grossissait trois cents fois dans » les circonstances où ils l’employoient à prendre des mesures, que le . diamètre apparent dés globules était de 2 millimètres ; ce qui suppose » une erreur de + de millimètre dans leur estimation : erreur qui, dans des grossissemens de cette espèce, se confond tout-à-fait avec celles que » peut causer la détermination, toujours un peu arbitraire , des limites de | l'image. (R) ( 60 ) d'autant plus'd’attention à ces phénomènes , qu’ils sem- blaient devoir jeter quelque jour sur la composition et sur la structure des particules. Nous désirions aussi ne pas nous hâter de nier l’existence de ces globules inté- rieurs décolorés, que sir Everard Home ; Bauer, Prévost et Dumas ont vus , et que non-seulement eux, mais en- core d'autres savans physiologistes ont regardés comme constituant par leurs combinaisons variées les différens tissus organiques. La séparation de ces globules est, disent-ils, facilitée par quelques-uns des moyens qui effectuent les changemens dont j'ai déjà parlé, mais, commeje l'ai déjà dit, nous avons cherché en vain à dé- couvrir ces globules, Après que le sang tiré du corps vivant a été conservé assez long-temps pour que l’altération dans la forme des particules soit commencée, et cela arrive suivant les circonstances , en très-peu d'heures on bien en un on plusieurs jours , la première altération que nous avons remarquée ést la dentelure ou la découpure du bord de quelques-unes des particules ; le nombre de celles qui sont ainsi modifiées continue à accroître; quelques-unes des particules perdent leur forme applatie , et paraissent prendre une forme plus compacte , mais leur bord exté- _ rieur paraît irrégulier et dentelé , et leur surface semble mamelonnée, Hewson et Falconar paraïssent avoir re- marqué ce changement , et ils ont comparé les particules dans cet état à des petites framboises. Lorsqu'il s’est écoulé plus de temps , la plupart des particules perdent cette irrégularité de la surface, prennent une forme glo- bulaire plus où moins parfaite, et réfléchissent l’image d’un corps opaque qui leur est présenté comme le ferait (61 } une lentille convexe. Quelques-unes des particules résis- tent à ces changemens beaucoup plus obstinément que d'autres. Si l’on place une petite quantité de sang entre deux morceaux de verre que l’on presse ensuite l’un contre l'autre avec un peu de force , plusieurs des particules seront matériellement altérées quelque récent que soit le sang; le bord uni qui les entoure disparaît; et de mème qué dans le premier cas , elles paraissent dente- lées; quelques-unes semblent être considérablement étendues par la pression. Lorsque la surface des parti- cules a été rompue de cette manière , la portion rompue acquiert une propriété adhésive qui les rend capables de $e coller à d’autres particules ou à la surface du verre ; mais les particules dans leur état naturel, quoique sou- vent attirées l’une vers l’autre ou appliquées à la sur- face du verre par leur force d’attraction , semblent être entièrement ou presqu’entièrement dénuée de propriétés ‘adhésives. Il n'y a presqu'aucun fluide, excepté le sérum, qui, mêlé avec le sang, n’altère plus ou moins les formes de ses particules , ce qui est probablement le résultat de quelque changement chimique. Dans ces résultats gé- néraux , nos observations se trouvent d'accord avec celles de Hewson et Falconar , dont les expériences de cette espèce ont été très-nombreuses. Nous diflérons sur quelques expériencés particulières ; mais je réserve les détaïls pour une autre occasion. Il n'y à aucun fluide qui , mêlé avec le sang, produisé une altération aussi remarquable et soudaine dans les particules que celle que _Jéau pure éccasione. Avec une rapidité que malgré (62 ) loutes les précautions l'œil essaye en vain de suivre, elles changent leur forme aplatie en une forme globu- laire qui, d’après la netteté et la clarté des images qu'elles réfléchissent comme une lentille convexe , doit ètre presque parfaite. Sir Everard Home observe que les pete FA lon état parfait et entier ne sont pas disposées à se réunir; mous ne les avons, au contraire ; trouvées capables de former des réunions régulières que dans ce seul cas. Afin d'observer cette tendance des particules , on doit placer une petite quantité de sang entre deux morceaux de verre. De cette manière l'attraction exercée par un des morceaux de verre contrarie celle de l’autre, et l’action mutuelle des particules les unes sur les: autres n’est point empèchée comme cela arrive nécessairement lors- LL on emploie seulement une plaque de verre... : Lorsqu’ on examine de cette manière le sang humain ou, de quelqu” animal ayant des particules circulaires. on observe d’abord une agitation considérable parmi les particules ; 5 mais lorsqu'elle cesse, elles s'attachent rles unes aux, autres par leur surface la plus large , et for- ment des piles, ou rouleaux qui sont quelquefois d’une longueur € considérable; ces rouleaux se combinent même quelquefois de nouveau , et le bout. de, l’un s’attachant aux côtés de l'autre, il se produit des ramifications très- curieuses. : is : pédie Lorsque le sang qui contient FA + rose ellipti. ques,est ‘examiné de;la même manière , il présente un mode d’ arrangement non moins remarquable mais très- différent malgré que les particules soient. attachées. Le unes aux autres par une partiesdu côté large; elles ne (:63 :) sont pas aussi complètement unies l’une à l'autre que cela arrive aux particules circulaires, et: au lieu de s'attacher à: angle droit à. la plaque de verre avec le bord tourné vérs la surface ; on les voit presque géné- ralement parallèles à la surface , une particulé, en: re- couvrant en partie une autre, et leur diamètre en lar- geur presque, sur la mème ligne. Les lignes ainsi formées sont soumises à une,espèce de combinaison secondaire : dans laquelle plusieurs de ces particules. prennent ;un centre commun d'où elles divergent en rayons, Il n’est pas rare.de voir, plusieurs de ces faisceaux à la fois dans le. champ,du microscope. Les: particules à,ce point pa- raissent, confuses et :mal, formées, Cette tendance à. se grouper ne, doit peut-être pas être entièrement .attri- buée à l'attraction ordinaite. qui existe entre. les, parti- cules de la matière, mais dépend' probablement. plus ou moins de la vie , puisque nous avons non-seulement ob- servé que l'énergie d’agrégation est différente dans le. sang d'animaux différens ; maïs que/dans. le sang des,mêmes individus elle devient d'autant plus faible qu'il ya plus de temps que le sang a été extrait du corps. Pourtant, nous sommes.très-loin de, croire :que,ce, mode d’agréga- tion ou tout autre que l’on,pourrait observer , doive être regardé.comme du. tout analogue au procédé qu me la nature dans la formation des. divers tissus... Al'ya.quelques années que j'établis: brièvement. cette opinion, queje formai alors & priori ; 8 QE puis main tenant la soutenir,par des. faits. 1, soie e + En continuant.à donner d° une! manière. peu appro- fonde le résultat de nos :recherches microscopiques sur, quelques-uns des tissus des animaux, je dois dire ( 64 ) que je suis tourmenté de l'idée que je diffère d'opinion avee mon excellent et savant ami le docteur Milne Ed- wards. La connaissance de ses talens, de son adresse, de la patience et du soin avec lesquels il fit les recher- ches qu’il a rapportées , me décida à examiner une question que j'avais jusque là regardée comme négative ; et malgré que J.-J, Lyster et moi, en répétant ces ob- servations du docteur Edwards, nous soyions arrivés À des résultats entièrement différens , je suis bien con- vaincu qu'il a décrit ce qu'il a vu, et qu'il n’a vu mal que par suite de l'imperfection de ses instru- mens. L'opinion de la structuré globulaire des divers tissus n'est pourtant pas particulière au docteur Fd- wards , niaux micrographes dont j'ai déjà souvent parlé, Le docteur Edwards, dans les Mémoires dont je fais mention , a employé beaucoup d’érudition pour mon- trer que les mêmes choses ont été vues , relativement du moins à quelques tissus par Hooke, Lewenhoeck, Swammerdam , Stuart , Della Torre, Prochäaka , Wen- zel , DIE et 7er Musso On peut aisément voir à l'œil nu ou avec le secours d’une lentille comparativement faible , que le tissu musculaire est composé de faisceaux de fibres , liés ensemble par une membrane cellulaire fine et lâche, et l’on voit ensuite que ces fibres eux-mêmes consistent en de plus petites fibres. Il est difficile de pousser la di- vision mécanique beaucoup plus loin ; car la substance musculaire est’si molle , qu'elle se de ou s'écrase his on'veut là séparer davantage. :1001 © Si l'on placé une des plus délicates de ces dernières FE (65) | fibres sur un morceau de verre dans le champ dumieros- cope, on peut apercevoir des lignes parallèles à lwdirec- tion de la fibre, qui prouvent qu’il existe encore une divi- sion dans ces fibres. Malgré qu’on ne puisse découvrir aucune trace de structure globulaire, des lignes ou stries parallèles innombrables très-petites, mais distinctes et fines , peuvent être aperçues d’une manière claire , mar- quant transversalement ces petites fibres. Dans quelques exemples , elles paraissent être contiunées presque ou “entièrement en angle droit, traversant complètement la fibre principale; mais souvent les stries d’une des fibres sont opposées aux espaces de l’autre , ce qui dorine l’ap- parence d’une espèce de réseau. Les stries ne sont pas également éloignées dans tous les échantillons, ce qui peut être dû à l'allongement ou à la contraction des fibres. Nous avons découvert cette apparence particulière dans Tes muscles de tous les animaux que nous avons examinés jusqu'ici , et comme nous ne l'avons remarqué dans aucun autre tissu , nous l'avons regardé comme un trait distinctif des muscles (1). Nerfs. Ils paraissent être essentiellement composés de fibres , mais leur structure est plus lâche que celle des muscles. Malgré que les fibres des nerfs ne forment pas des plexus aussi compliqués que ceux des autres tissus ; leur direction west pourtant pas absolument droite. Nous avons recherché les globules, et nous n’en avons pas trouvé, n0n plus qu'aucune trace de la matière mé- (1) Cette forme est déjà décrite et figurée dans le Mémoiré de MM. Prévost et Dumas sur la contraction musculaire , publié daus, le Journal de Physiologie de M, Magendie. (R) XII, 5 ( 66 ) dullaire, que l’on a quelquefois supposée être renfer- mée dans les nerfs. Artères. La tunique moyenne de ces vaisseaux étant en- core regardée par quelques personnes comme musculaire, nous désirions savoir si sa structure était plus favorable à cette opinion , que ne l’est sa composition chimique. Ses subdivisions peuvent être portées aussi loin que celles d'aucun tissu ; elle fournit des fibres longues , minces et très-délicates , qui n’offrent pas plus de ces stries trans- versales que nous avons regardé comme le caractère par- ticulier des, muscles, que de globules élémentaires. La tunique intérieure, lorsqu'elle est complètement détachée des autres, et qu’elle présente l'apparence d’une membrane mince et presque transparente paraît, à l’aide du microscope, composée de fibres , qui sont extrème- ment délicates et molles, mais très-tortueuses et ras- semblées en forme d’un faisceau serré. Membrane cellulaire. Ceuemembrane paraît être aussi presque, si ce n’est entièrement, composée de fibres. Nos observations sur ce tissu ne sont pas encore complètes. Cérveau. S'il est quelque substance animale orga- nisée qui paraisse surtout composée de particules glo- bulaires , c’est assurément celle du cerveau , cependant nous n’en avons observé que peu; maïs nous avons re- marqué que lorsqu'une portion de cette substance quoi- . que fraîche , est suffisamment amincie pour pouvoir être observée au microscope , on remarque, au lieu de glo- büles , une multitude de très-petites particules très-ir- réfulières tant en forme qu’en -grandeur, et dépen- Le FT À PUITS PTT on ( 67 ) dant très-probablement plutôt de la désintégration que -de l’organisation de la substance. La structure de quelques autres portions parenchima- teuses parait également indéterminée , car elle ne pré- sente ni globules , ni fibres. Pus. Autant que nous avons pu encore examiner cette sécrétion , ses particules nous ont paru être d’une . forme et d’une taille aussi irrégulière que celles obser- vées dans le cerveau , et n'avoir aucune ressemblance avec celles du sang (+). Lait. Dans ce fluide, les particules paraissent être parfaitement globulaires; mais loin d’être uniformes , « ches qu’on avait abandonné dep uis lon ng-temps ; une fois la discussion entamée , élle sé “Jugéra d élle-même par lé conflit des opimions. ere nee | Ossenvartions sur la famille des Tamariscinées, et sur la Manne du Tamarisque du mont Sinaï; . Par le docteur EnrEeNBerc. (Extrait.) Le travail très-étendu que ce savant voyageur vient de publier dans le Zinnæa (tom. 11, p. 247 ) confirme en grande partie les ebservations que M. Desvaux a fait connaître dans ce joùrnal (tom. 1v, pag. 344 }; . ’ ; ‘ , . . mais l’avantage que M. Ehrenberg a eu d'examiner dans la nature beaucoup des espèces de l'Orient, pen- dant son voyage sur les côtes de la mer Rouge, et d'é: tudiér ensuite les autres espèces dans l’herbier de Will- denow ; l’a mis à même de mieux fixer les caractères des genres et les limites des espèces. Nous croyons donc important de donner un tableau de cette petite famille tel qu’il résulte du Mémoire considérable de M. Ehren- berg. Le caractère qu’il donne de la famille des Tama- riscinées ne diffère en aucun point essentiel de celui établi par M. Desvaux ; mais , tout en adoptant les deux genres Z'amarix et Myricaria formés par le botaniste français , il introduit dans leur caractère un nouveau trait distinctif qui nous paraît important d’autant plus qu'il sert à grouper naturellement des espèces de Ta: marix ; c’est la présence et la forme du disque glandu- ; | ( 69 ) | eux placé à la base de l'ovaire dans ce genre, et qui manque dans le Myricaria, où il est probablement remplacé par le tube membraneux qui enveloppe les étamines. Pour mieux établir ces différences , nous allons, rapporter les. çaractères de ces deux genres et le tableau des espèces qui en font partie. TAMARIX. Calyx pentaphyllus. Styli 2-4, sœpius 3. Glandula scutellaris germen fulciens , stamina excipiens. Zubus membranaceus stamina connectens nullus. Stamina æqualia. Semen erostratum comosum, we Subgenus 1. OzicavenrA. Glandula germen Tu &-dentata ; filamenta 4. L, 71 LS Pass ds Flo um racemis aitalièsipalianihnes flocibus. _ Linea longioribus,; capsulis glauco-cinereis. biliuearibus. 2, T. laxa Wvo. (1) Florum racemis subpollicaribus , floribus,linea brevioribus ; capsulis flavo-rubellis linea parum lens Subgenus IL. DecapentA, Glandula germen fulciens 10-dentata ; filamenta 5 LR A. Capsulis turgidis aut duas lineas in énéédéitihié ie di iforæ). * Ramuli Jrorigeri e ramis annotinis oriundi ( sæpius simplices ). 3. T. africana Poinet. Bracteis ovatis pateaceis, floribus trigynis , cap- sulis trivalvibus, 4. T. tetragyna Ennexr. Bracteis linseotiti? IE doribus tetrac gynis , capsulis quadrivalvibus. RE Abhandl. der Acad. d. Wissenschaffen, in Berlin, 1812, Mémoire , ainsi que l’article de Smith dans Aees Crclopedia , pa- raissent avoir été inconnus à M. Desvaux, qui a reproduit quelques- unes des Apèges qui y sont décrites sous des noms difiérens, CA À An Tam, africana Dear? Hab. ed lacum Menzaleh in Egypto. * Ramuli florigeri ex ramis hornotinis oriundi {subpaniculati). 5. T. gracilis Wir. Florum pedicellis elongatis bracteas æquanti- bus , racemiis brevibus subsolitariis. 6, T. effjusa Eunexs. Florum pedicellis bracteis muülto brevioribus, ra- cemis laxis elongatis subpaniculatis. : Hab. ab lacum Menzaleh. B. Capsulis attenuatis duas liñeas lopgitudine non excedeutibus ( parvifloræ ). * Foliis vaginantibus. 7. T. orientalis Fonst. ** Folüs semiamplexicaulibus aut scssilibus. 8. T. hispida Wizzo. Foliis, ramulisque pubescentibus , stylis ‘abbre- viatis, ramis ascendentibus. T'. canescens Des. > T, tomentosa Surru in Rees Cr 9 T. gallica L. Foliis ramulisque ps sys congati, ratnis ya- riautibus. a. subtilis. Ramulis subtilibus effusis, foliis glabris ete virentibus ; parum patentibus. T, gallica Willd. | Hab. in Gallia occidentali. b. chinensis. Ramulis subtilibus laxis nutantibus , foliis glabris mini- mis parum patentibus ( siccatis nigris ). T. chinensis Lour: Hab. in China. c. narbonensis, Ramulis rigidalis patulis, foliis is glabris obscure viri- dibus, dense imbricatis , albo marginatis , florum spicis abbrevia- tis sublateralibus. Hab. in Gallia australi. d. indica. Ramulis rigidulis virgatis, folis glabris obscure viridibus, obsolete albo marginatis brevibus , florum spicis elongatis strictis. T. indica War. T'. epacroides Smitu in Rees Cyclopedia, Hab, in Endia, + | (71) e. canariensis, Rawmis divaricatis rigidulis , foliis glabris obscure-viri- , 1bo marginatis, apicibus elongatis subcirrosis, spicis divari- catis longissimis, T, canariensis WizLp. Hab. in insulis Canaris. J- nilotica. Ramulis effusis laxiuseulis , foliis glabris glaucescentibus abbreviatis patulis, spicis elongatis glandulæ PIRATES. aps 10 æqualiter distantibus. Fab, in Egypto, Lybia, du fnsuis Canaris. g. arborea Sresen. Ramulis effusis inerassatis rigidulis teretiusculis 6b folia glabra brevissima dense appressa, glandulæ bypogynæ dentibus sæpius biuis approximatis ( sub quinis ). Hab. Cahira. h. heterophylla. Ramis valde gracilibus , foliis læte viridibus glabris, apicalibus dense imbricatis brevibus acutis , mediis elongatis obtu- siusculis, basalibus ramulorum late ovatis -planis obtusis ; P spicis valde elongatis omnium tenuissimis, ns in insula Phile propé Byenami: 1 ANT männifera. Ramulis rigidulis , foliis albo sai: lieues : ps patentibus , glandulæ bypogynæ dentibus rent der tibus. | désir red 6 5 in diable tte LB. divaricata. . Hab, in monte Sinaï et prope Tor, In subyar,£ manna inve- nitur. * Subgenus WI. 1Portab tandis gérinen fht- ciens 20 dentata ; filamenta 10. ; vs NOTE EURE La # Folie vaginantibns. o.T. ericoïdes Rortuz. | sensé else | réal Fois à amplectautbus. 11, T. amplexicaulis Enrexs. Caulibus fruticosis.divaricato - Ales intricatis, foliis juvenilibus amplexicaulibus glaucis brevibus acutis , vetustioribus semi-amplexicaulibus; flore parvo , es bilinea + wibus., be L Hab. in Oasis Jovis Ammonis. Be dE rns :2", on de 25 né lé CES D D (72) *** Foliis semiamplexicaulibus. 12. T. passerinoides Deuize. Caulibus fruticosis erectis, Fan omni ætate semiamplexicaulibus brevibus ; capsulis 3-linearibus. a. divaricata, Ramis divaricato-ramulosis , foliis dense imbricatis obtusiusculis appressis, flore magno, capsulis subquadrilinea- ribus. Ê. Ammonis. Ramis strictis torosis, foliis incanis dense imbricatis ,obtusiusculis appressis flore parvo capsulis subtrilinearibus. y. macrocarpa. Ramis laxis erectiuseulis, foliis brevibus dilatatis longius acuminatis glaucis remotiusculis dein patentibus, flore | maximo, TES semipollicaribus. MYRICARIA é. k Calÿx 5-partitus. Stylus nullus, stigmata sessilia. Glandula scutellaris germen fulciens nulla. Zubus membranaceus germen involvens , stamina excipiens et connectens, Stamina alterna majors Semen rostratum comosum. | + Folüs elongato linearibus aut oblongis basin versus sensim latiori- bus sessilibus. * Caule fructicoso, fructibus aperte pedicellatis. 1. M. germanica Desv. Florum racemis subspicatis elongatis termina- libus (ad rami principalis aut certe ramosi apicem ) flosculis maturis distentis ascendentibus , foliis planis. à. M. davurica Wixxo. Florum racemis vubaplitié FE latera- libus (ad apicem rami secundarii simplicis } flosculis maturis coarcta- tis ascendentibus , foliis planis. : 3. M. squamosa DesY. Florum racemis lateralibus brevibiie basi squa- mosis , foliis oblongis carinatis. ** Caule herbaceo, fructibus obsolete pedicellatis. ï 4. M. herbacea Desy. ‘qh à pe +} Foliis planis lanceolato-linearibus prope basin constrictis sessili- … bus. . (7%) 5. M. longifolia Wivun, Pedicellis D x pp florem æquan- ü | | va M. lincarifolia Dusv, | ++f Foliis vaginantibus. 6. M. vaginata Drsv. Les Tamariscinées appartienvent uniquement, comme Willdenow l’a déjà remarqué, à l'hémisphère boréal , et-seulement à sa moitié occidentale, c’est-à-dire à l’an- cien continent, d'où elles s'étendent cependant jus- qu'aux îles du cap Verd, où Smith én a trouvé, sui- vant M. de Buch. Leur habitation la plus ordinaire est sur les bords de la mer ; elles se retrouvent cependant souventassez loin dans l'intérieur des terres, le-long des _rivièrestet des torrens. Le maximum, soit des‘espèces , soit des individus , se trouve sur les bords de la mer Mé- diterranée , et surtout vers l'extrémité orientale de cette mer. La limite méridionale de cette famille, sur les bords de la mer Rouge et-de lamer-des Indes:, le long dela côte de Coromandel ; est vers le 8° ou 9° de lat. bor. Sa limite vers le nord se trouve entre le 50° et 55° en Sibérie, en Allemagne et en Angleterre. Les T'amarix gallica et orientalis sont les seuls qui: de la zône prin- cipale de cette famille , s'étendent jusque-dans les ré- … gions tropicales ; le 7. ericoides est propre à cette der- . nière région; les espèces qui appartiennent aux limites . :septentrionales sont le 7. gallica, en Angleterre; le - Myricaria germania , en Allemagne ; et le T. gra- - oilis, en Sibérie. L'espècela plus généralement ré- ù -pandue est le 74 gallicu; depuis l'Angleterre jasqu’à » la côte de Coromandel | depuis la Chine jusqu'aux Cana- » ries on trouve des variétés nombreuses et très les reins se trouvent ainsi constamment appuyés sur des organes dont la structure est molle et la surface polie ; d’où leur aspect lisse et leur forme arrondie. Les ours , les cétacés, et quelques mammifères , m die de an am ne GP, me COST ou « : ‘ ( 126 ) manent nous reproduit l’embryogénie , l'embryon ne nous reproduit-il pas successivement l’état fixe du bœuf, de la loutre , de l'éléphant , et enfin du genre Lélis et des oiseaux: L’organogénie est donc souvent une ana- semblent cependant faire exception ; leurs reins sont composés de petits lobules séparés , lisses, plus ou moins ovoiïdes, et réunis en grappes, qui peuvent être considérés comme autant de reins particuliers , et qui tous présentent en eflet, lorsqu’on les voit isolés, la forme ordinaire aux reins des mammifères, La disposition que présentent les organes sécréteurs de l’urine chez les embryons , s’est ainsi conservée chez ces animaux , et constitue à leur égard un véritable défaut de développe- ment , et une multiplicité de reins. Structure. — Tout rein en général est formé d’une substance au moins, et de deux au plus , si l’on regarde comme telle, celle composée par les tubes urinifères. Dans tous les cas, il n’y a point de rein qui n’ait la substance corticale et une infinité de sets qui, de cette sub- stance , vont se rendre au bassinet , ou bien se terminer en un ou plu- sieurs conduits. Ainsi , deux conditions suffisent pour que la secrétion de l’urine s’effectue : c’est d’avoir la substance corticale et des conduits qui changent de forme et de nom pour constituer des canaux d’abord im- perceptibles (ce sont les tubes urinifères), ensuite plus gros (les ca= lices), enfin un ou plusieurs bassinets, ou bien de gros troncs , qui con- duisent jusque dans la vessie : c’est, en un mot , une voie de commu- nication rigoureuse établie pour que lurine, une fois sécrétée, puisse être portée dans le récipient. C'est cette communication , établie par des canaux qui sont plus ou moins élargis , plus ou moins longs, selon que les reins sont destinés à produire , dans un temps donné, je où mom d'urine. Le rein de l’homme , qui est de tous les reins celui qui offre la strue- ture la plus compliquée , a aussi le eanal excréteur qui présente le plus de variétés: au contraire, celui des oiseaux, qui est d’une structure si simple qu'on l'avait d’abord cru formé d’une seule substance, aun canal réduit au stricfnécessaire, qui va à la vessie de la manière la plus simple. : L'origine des tubes urinifères varie selon qu’on examine le rein d’an mammifère ou un rein d’oiseau ; dans le premier cas, les petits tubes La (127) tomie.comparative , fugitive , et l'anatomie comparative une organogénie permanente. Cela étant , on sent toute l'importance du parallèle entre ces deux branches de l'anatomie générale , et tout ‘paraissent venir de l’intérieur de la substance corticale ; dans le second, il y à une disposition que voici. Si l’on fait une injection dh mercure daus l’intérieur de l’urètre, on voit la surface corticale s’injecter, et cela d’une manière bieu singulière , et qui ne ressemble en aucune façon aux autres injections, Ce sont de petits filets excessivement tenus , qui s’em- bronchent de chaque côté d’un gros tronc, comme le font les filets ou barbes d’une plume sur leur tige ; les filets ne se touchent pas par leur extrémité, bien que cependant très-rapprochés l’un de l’autre par le moyen de fréquentes tiges toutes montées, comme il vient d’être dit. Si l'injection est poussée avec plus de force dans l’urètre , on voit bientôt sortir de petites gouttelettes par l’extrémité libre de chaque filet termi- nal provenant d’une tige commune. Ce fait prouve, ce me semble, qu'il y a une infoisé de conduits ex- trémement déliés qui pourraient être regardés comme des vaisseaux ab- sorbans qui vont à la surface libre de la substance corticale, sous, la membrane propre ; il reste à savoir ce qu’est cette membrane, et sielle ne peut sécréter, comme les séreuses : dans ce cas , les vaisseaux. dont j'aiparlé, qui ne sont autre chose que les tubes qui s’abouchent dans le bassinet , seraient les seuls peut-être qui orne le liquide sé- crété , l’urine. Des injections très-fines, faites dans La artères , ne m'ont jamais donné ces belles tiges dont j'ai parlé, et qui se remarquent seulement à la surface libre du rein : ainsi il n’y aurait point , comme on l’a dit, com- . munication des tubes urinifères avec les ramifications artérielles, Cepen- dant si l’on injecte de l’air dans l’artère aorte, préalablement liée au- dessous de la naïssance de la rénale, on fait arriver de l’air dans lestu-, bes , et chez les oïseaux le cloäque peut ainsi être dilaté. Ce fait tendrait à prouver qu’il y a une communication entre les artères et les tubes uri- nifères ; mais je crois m'être aperçu que l’air injecté lentement ne pénètre point dans l’uretère , mais qu'au contraire , lorsqu'il est poussé avec | … force, il y pénètre et dilate le cloaque ; ce qui tient, selon moi , à la rup- Le ture d’un ou de plusieurs filets artériels qui vont se perdre dans l'épais- \ (m8). 7. l'intérêt qui peut en résulter pare la connaissance de l’homme. | On a discuté pendant quelque temps pour savoir si ce que l’on nomme glande thyroïde est un corps sim- seur des parois de l’uretère : ce qui me confirme dans cette opinion, c’est que jamais l’air ne paraît venir des tubes vers le bassinet. Membrane propre du rein. — Chez l’homme, chez plusieurs mammi- fères et chez les oiseaux, la membrane qui recouvre la surface corticale à l'extérieur, se réfléchit dans la scissure du rein, passe entre les vais- seaux , le bassinet et la substance rénale. Lorsqu’elle a pénétré assez avant dans le rein, la membrane propre se porte jusqu’à la base de chaque faisceau de tubes, c’est-à-dire qu’elle va tapisser la surface in- terne de la substance corticale , excepté dans les endroïts où les tubes font saillie. La manière dont elle se comporte, une fois qu’elle a entouré la base de chaque faisceau tubulaire, ne m’a pas encore pe assez claire pour que j’en donne ici les résultats. - Structure particulière chez les oiseaux. — Il est dit dans l’Anatomie comparée de M. Cuvier : « Dans les reptiles, les reins se distinguent de » ceux des mammifères , et ressemblent aux reins des oiseaux et à ceux » des poissons , par l'impossibilité d’y reconnaître deux substances, et » par le défaut de calice ou de bassinet. » Voici ce que j'ai observé, et ce pe montrent mes pièces anatomiques et mes dessins. Tout rein d’oiseau est Ab 1°, D’une substance corticale timer de l’épaisseur d’une ligne environ ; 20, De faisceaux composés de tubes très-distendus, au nombre de quinze à trente où quarante , contenus dans une enveloppe très-mince; 30. D’un canal évasé en plusieurs endroits, rétréci eu d’autres , dans lequel s’abouchent, au moyen de petits conduits , tous les faisceaux for- més de tubes urinifères. Sp Si l’on compare actuellement la structure de ces reins à celle du rein de l’homme , on a 10. la substance corticale dans les deux cas ; 20. la tubuléuse, plus marquée chez les oiseaux. Car les faisceaux de tubes sont plus évidemment entourés d’une membrane, -et écartés les uns des autres chez les oiseaux par une plus grande quantité de substance (129 ) “ple ou double chez l’homme. Sylvius qui, comme noës l'avons déjà dit, s’en rapportait plutôt au sentiment des anciens qu’à ce qu'il voyait sur la nature, dit positi- : vement qu’il y en a deux, comme on le voit chez la plupart des mammifères , d’après lesquels la descrip- tion en avait été faite avant lui. Morgagni, Heister , Winslow donnèrent de cette glande une description bien différente parce qu'ils la prirent sur l'homme adulte. Elle fut dès-lors considérée comme un organe unique, et on n’a cessé de la considérer comme telle, quoique Haller l'ait vue manifestement double chez l'embryon humain. Si , comme l’observe Bordeu, on voulait s’arrêter à de corticale : de plus, les tubes urinifères eux-mêmes sont très-gros, et l’on peut facilement les injecter et lesftompter , ce qui rend cette sub- stance tubuleuse on ne peut plus marquée chez les oiseaux, tandis que les conduits urinifères chez l’homme sont d’une ténuité extrême et im- possibles à isoler ; d’où il résulte que la substance tubuleuse est plus dé- veloppée chez Les oiseaux que chez l’homme, avec cette différence tou- tefois , que dans les premiers il y a, toutes choses égales d’ailleurs, un bien moins grand nombre de tubes que dans les reins des mammifères. Les calices ne paraissent point exister chez les oiseaux ; cependant il ya, comme je l’ai dit plus haut, une membrane qui entoure les tubes urinifères ; cette membrane se continue avec le canal, plus ou moins | évasé, qui conduit au bassinet: de manière qu'il y a évidemment, comme chez l’homme, une enveloppe des tubes destinée à conduire l’u- rine plus loin , dans le bassinet. C’est à cette enveloppe re a donné le : nom de calice. | Enfin le bassinet , qui n’est qu’un réservoir commun à tous les calices, s’observe chez les oiseaux. Il y a en eflet chez ceux-ci, outre le canal > plus ou moins évasé qui longe le rein, un bassinet ou évasement plus " considérable du canal : vers la partie inférieure des reins il y a même | … deux et quelquefois trois petits réservoirs, Ainsi, d'après ce qui vient d’être dit , les reins des oiseaux ont non seulement deux substances, . une corticale et l’autre tubulruse ; mais en outre ,.des calices et un ou … plusieurs bassinets. XL. 9 :( 130 ) petites disputes , on pourrait soutenir contre la plupart des'modernes , que les thyroïdes sont , dans l’homme adulte comme dans les brutes, deux glandes et non point une seule ; maïs dans la question qui nous oc- cupe , il nous suflira de confirmer l'observation de Hal- ler, en remarqant qu’elle est constamment double chez les jeunes embryons, la droite étant parfaitement iso- lée de la gauche, dont la réunion s’etfeetue plus tard et d’une manière constante, comme cela arrive quel- quefois aux deux glandes sublinguales , aux deux amyg- dales sur la base de la langue, aux deux reins, au de- vant de l'aorte. Or, cette réunion accidentelle, a-t-elle jamais fait croire qu’il n’y avait qü’un seul rein , qu’une seule amygdale , qu’une seule glande sublinguale ? L'’isthme qui les réunit alors fait évidemment reconnaitre | que ces organes avaient primitivement été distincts et iso- lés ; l’'isthme qui réunit inférieurement les deux thyroï- des , prouve également leur séparation primitive , etdoit nous faire revenir à l'opinion des anciens. Quoi qu’il en soit, il est manifeste, dans ce cas ci , que les deux thy- roïdes permanentes des mammifères sont la répétiton des deux thyroïdes de l'embryon. L’organogénie reproduit donc fugitivement pour cette glande, son anatomie com- parative, et celle-ci reproduit manifestement son orga- nogénie. | Si les anatomistes ont êté partagés de sentiment sur la division ou non division du corps thyroïde, question minime en elle-même, leur commun accord sur la non division de la prostate est bien autrement remarquable. Ce corps glanduleux , entourant en arrière et sur les cô- tés le commencement de l’urètre, est si manifestement — (fF32) lobulaîre, que cette structure , chez l’homme adulte, à été promptement reconnue ; maïs , soit qu’on ait admis deux ou trois lobes pour sa composition , leur connexion ést'si intime , que personne, à ma connaissance , n’a encore eu l’idée qu’il y eût primitivement deux glandes prostates , une pour chaque moitié du canal de l’urètre. | Si les deux thyroïdes réunis par un isthme très-étroit , ont été considérés comme un corps unique, à plus forte raison cette unité devait-elle être admise pour la pros- tate , dont la masse presque entière, chez l'adulte, se groupe pour faire un seul corps. Il n’en est pas ainsi chez l'embryon. Les lobes prostatiques ; au nombre de quatre , sont disjoints et isolés. Primitivement , chez l’embryon humain, on ne ren- contre pas la prostrate ; on ne l’aperçoit que vers la fin du deuxième mois , formée à cette ‘époque de quatre lobes. Cette divison multilobaire de la prostate correspond à la division multilobaire des reins chez l'embryon. Plus tard , chez l'embryon, vers le quatrième et le ein- quieme mois , les deux lobes internes se réunissent en: un seul , et la prostate ne paraît alors composée que detrois lobes. Plus tard encore, c’est-à-dire, du sixième - au huitième mois, tous ces lobes s'unissent entre eux, et forment, comme le rein, un organe unique , qui em- brasse l’origine, ou une partie de l’origine de l’urètre. On peut néanmoins , par une dissection attentive, re- connaître , comme dans le rein, les traces de l’organi- ‘sation primitive de la prostate (1). (1) Cette formation de la prostate a été vérifiée par un de nos plus célèbres chirurgiens , M. le professeur Lisfranc , et publiée dans sa Dis- sertation pour le concours de l’aggrégation à la Faculté de Médecine. ( 732.) x Cet isolement des lobes prostatiges chez l'embryon est la répétion de ce que nous offre l’organisation nor- male de l'éléphant , du bélier et dubœuf , chez lesquels cet organe est bilobaire. L'état primitif reproduit spé- cialement l’organisation des solipèdes squies, chez les- quels elle est quadrilobée, - L'unité prostatique de l’homme rappelle l’unité uté- rine de la femme adulte. Cette unité qui se conserve plus ou moins parfaitement chez les singes, montre des traces de division manifeste chez les carnassiers, les herbivores et les rongeurs. Enfin , chez certains , Comme les cavia de Gmeln et surtout chez les lièvres , les deux matrices tout-à-fait disjointes débouchênt isolément dans l'intérieur du vagin. Pour que la formation de la ma- trice nous reproduisit ces divers états, il faudrait que son corps fût primitivement double : 6r ,/non-seulement elle l’est du deuxième au troisième mois de l'embryon humain, mais elle forme même deux intestins isolés. Elle est bicornue ; ainsi que l'ont dit Harvey, Home, Meckel et Tiedemann. L’utérus reproduit donc primi- tivement cet organe des lièvres; puis dans les métamor- phosés successives qui convertissent le double organe en un seul, nous voyons se répéter plus ou moins ra- pidement l’organisation qu'il conserve constamment chez les rongeurs , les ruminans et les carnassiers. J'y ajouterai qu’au troisième mois , la prostate n’embrasse pas le canal de lurètre ; elle forme une épiphyse saillante à la base de son origine : elle est alors divisée en deux par un sillon transversal, sillon qui. est l'indice de la séparation primitive des lobes antérieur et postérieur. Sur un embryon de cinquante jours , je trouve la prostate plus affaissée , ressemblant en quelque sorte aux tubercules quadrijumeaux ; le raphé médian est croisé à angle droit par le sillon transversal. (#33) Ainsi, la formation de l’utérus reproduit celle de la prostate et de la thyroïde , nouvel argument en faveur de l’analogie de ces trois parties. L'homogénéité primitive des deux sexes est une des decouvertes les plus curieuses de anatomie (r). 4! n’y a primitivement ni mâle ni femelle ; puis en ap- parence il n’y a que des femelles (je dis en apparence, on en verra plus tard la raison ); puis, les organes d’ap- parence femelle , se transforment en organes mäles. Toutes les femelles , à une certaine époque de leur for- mation , ont l'air d’être hermaphrodites, et à une cer- taine époque aussi, on prendrait tous les mäles pour des femelles sans un examen attentif. Ces dernières ap- parences se manifestent chez l’embryon humain, sur la fin du deuxième mois et au commencement du troi- : sième, et chez le veau, le mouton, le chien et le chat, vers le premier tiers de leur formation. Cette cir- constance dans le déguisement des sexes, provient de la constance du mécanisme de leur formation. D'abord projetés en avant, les organes génitaux ne sont point enveloppés par le bassin. Le clitoris et la verge font une saillie très-prononcée au bas de ce qui doit constituer l'abdomen. Le clitoris et le-vagin d’abord divisés dans toute leur longueur, se réunissent en avant et offrent à leur sommet un renflement, divisé aussi sur la face intérieure (2). Au-dessous de ce corps, on (1) Aristote , Galien } Home, Auterieth, Achermann , Oken, Mec- kel, Tiedemann , de Blainville, Geoffroy Saint-Hilaire, Isidore Geof- froy Saint-Hilaire. (a) Voyez M. Meckel, Auterieth, Ackermaun, et M. Tiédemann , dont il cite les Mémoires. (134) trouve la peau bifide et offrant deux petits replis. L'in- terne qui s’avance vers la racine du renflement qui ter- mine le corps d’où doivent provenir le tclitoris où la verge; l’externe qui enveloppe ce dernier. Le premier de ces replis doit constituer les nymphes (r) chez la fe- melle, et le prépuce chez le mâle. L'exieme,dotige naissance aux grandes lèvres etaux bourses ; dans l’écar- tement du premier repli, se voit une petite ouverture qui est l’orifice externe de l’urèthre, également écarté à cette époque de l'extrémité du clitoris et du gland. Je n'ai pas trouvé sur un embryon femelle de la quatrième semaine, l'ouverture du vagin. Quand le bassin est réuni en ayant, il forme un angle très-saillant. C’est sur les côtés de ces branches ; que naïssent les racines. _qui par leur jonction ont constitué le clitoris et la verge. Plus l'angle est saillant, plus les parties génitales font saillie en dehors, et c’est à cette époque surtout, 'c’est-, à-dire du quarantième au cinquantième jour de l’em- bryon, que tous les embryons seraient pris pour des mâles, si on ne considérait que l’aspect extérieur des organés génitaux; comme au commencement du deuxième mois, on les prendrait tous pour des femelles, quand les replis cutanés d’où doivent provenir, les, (1) C’est en suivant pas à pas la marche de ce repli chez les embryons et les jeunes filles, que l’on découvre le véritable but des nymphes , auxquelles on en a tant attribué d’imaginaires. Leur principal , et pres: que leur unique usage, est destiné à l’acte de la génération ; dans le moment de lérection du clitoris, cet organe eût été porté en:haut ,\et écarté du pénis si, par leur disposition , les nymphes ne l’eüssent di- rigé en bas , et ramené ainsi vers la face dorsale de l’organe générateur mâle. Cette circonstance doit être prise en considération dans la.re- cherche des causes de la stérilité chez la ferame. if us ENT bourses et les grandes lèvres , ne sont pas tout-à-fait réunis chez les mâles. \ ‘Or, c’est cette similitude embryonnaire que répètent plusieurs animaux adultes. Le volume du clitoris, dit M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire , égale celui du pénis dans plusieurs espèces, même parmi les singes , et la ressem- blance est telle, que les femelles sont prises la plupart du temps pour des mâles (1). Quelques espèces ont le gland du pénis bifurqué, celui du clitoris l’est égale- ment de même que chez les embryons. Le lapin est particulièrement remarquable sous ce rapport. Sa Verge répète celle de l'embryon de la quatrième et cinquième semaine, de même que ses cornes utérines reproduisent celles du petit embryon humain du quarantième au cin- quantième jour. L’anatomie comparative nous présente ainsi d’une manière permanente un ordre de faits que l’organogénie ne nous dessine que passagèrément , et (1) Quant à l’analogie de composition de l’utérus , je transcris ici un passage de l’intéressant ouvrage de M. Isidore Geoffioy Saint-Hilaire. « L’organe connu sous le nom de matrice , est en effet formé de deux parties qui doivent être distinguées et considérées comme des organes particuliers ; des artères différentes nourrissent séparément le corps de la matrice et ses cornes, ou suivant le nôm que leur a donné Geoffroy Saint-Hilaire , l’adutérum : tous deux ont des fonctions différentes , et leur développement est le plus souvent inverse. Chez la femme , l’a- dutérum est très -rudimentaire et vient presque à disparaître, tandis que le corps de la matrice, ou l’utérus proprement dit, est très-déve- loppé ; aussi l’anatomie humaine n’a-t-elle-même pas soupçonné l’exis- tenoe de l’adutérum comme organe distinct, quoiqu'il le soit réelle- ment dans le jeune âge, et qu’on l'ait plusieurs fois, par anomalie, trouvé tel chez l'adulte lui-même. Chez les singes et chez la plupart des édentés , l’adutérum est lui-même très-rudimentaire , et l’utérus très- volumineux ; chez les carnassiers , les rongeurs , les herbivores , le dé- ( 186 ) que l’anatomiste a beaucoup de peine à constater, à cause du peu de consistance et de l’exiguité des parties. S'il est important de voir l’anatomie comparée repro- duire l’embriogéuie, combien n'est-il pas plus impor- tant de voir celle-ci répéter l’organisation des animaux ? Quoi de plus remarquable et de moins remarqué, avant mes travaux , que cetle queue que nous présente l’em- bryon humain de la cinquième à la sixième et septième semaine ? Si un caractère saillant distingue l’homme des quadrumanes et des mammifères , c’est bien évidems menttl’absence du prolongement caudal. Or, voici que l'embryon nous reproduit ce prolongement, et nous dé- cèle , pour ainsi dire, extérieurement les ressemblances qui le lient par son organisation à la chaîne des êtres dont il constitue le dernier anneau. Ce caractère a cela de singulier , que c’est lors de sa manifestation et pen- dant sa durée que se produisent les répétitions organi- ques de l'anatomie comparative. Ainsi, c’est à cette épo- que que la verge, le clitoris, les prostates, la matrice de l'embryon, reproduisent la matrice, les prostates , la verge et le clitoris de certains animaux adultes. veloppement de ces deux organes s’est au contraire fait dans un rapport. inverse ; l’adutérum étant extrémement allongé ; et enfin chez quelques- uns , comme chez les cavia de Gmelin , et surtout chez les lièvres , Pu- * térus devient à son tour très-rudimentaire, ou plutôt presque nul ; de * sorte que les deux adutérums ont chacun leur orifice distinct Heu le vagin. Les deux moitiés de la matrire, suivant l’ancienne nomenclature, sont ainsi tout-à-fait indépendantes l’une de l’autre , et la superfétation devient alors un phénomène qui se produit aussi facilement qu’il s’expli- que. Il existe au contraire quelques genres où l'utérus et ladutérum se trouvent également développés , et tels sont particulièrement les makis parmi les quadrumanes. » ( Considérations générales sur les Mammi- fères, par M, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire , p. x61 et suiv.) ( 137 ) C’est à cette époque que tous les fractionnemens 0s- seux du crâne et de la face de l'embryon , reproduisent les fractionnemens permanens qui constituent l’état nor- mal des mammifères , des reptiles et des poissons. ,C’est dans le cours de cette époque que le foie, les reins; les intestins, et le cœur lui-même revêtent fugitive- ment les formes du cœur, des intestins ; des reins et du foie des animaux. C’est dans ce moment enfin que son gncéphale se déguise sous des formes dévolues aux poissons , aux reptiles et aux oiseaux. Or, ce qu'il ya de remarquable encore, c’est que le prolongement caudal n’a qu'une existence éphémère , comme toutes les res- semblances organiques de l’embryon..Il disparaît dans le cours du troisième mois, et c’est à partir de cet ins- tant que l’homme, laissantderrière lui tous les êtres or- ganisés , s’avance à grands pas vers les gi 2e gate qui le constituent. Ce double mouvement offre surtout un grand intérèt dans la série de métamorphoses qu’éprouve l’encéphale de l'embryon des mammifères supérieurs. Après avoir constaté l’analogie primitive de ses élémens dans toutes les classes , il devenait nécessaire , indispensable d'en expliquer les dissemblances chez les animaux adultes: Car ces élémens changeant de forme et de position , chacun subissant dans chaque classe des tranformations nouvelles , l’ensemble de l’encéphale en est modifié ; au . point de n’être plus reconnaissable d’une classe à l’autre ; ce qui fait que jusqu’à ce jour il n’a pas été reconnu, puisqu'on voit qu’il ne pouvait guère l’être , en le con- sidérant dans son état permanent et lorsque toutes ces métamorphoses sont terminées. ( 138 ) On prévoit d'avance ce que nous avons dû faire, pour ne point nous en laisser imposer par ces mutations con- tinuelles. Ou voit dès-lors qu’il fallait suivre pas à pas chacune de ces métamorphosss dans toutes les classes , apprécier l'influence que les évolutions d’un élément exerçaient sur toutes les autres, traverser ainsi les for- mes fugitives de l’encéphale pour arriver à l'explication de.ses formes permanentes. C’est là le but que je me suis proposé dans l’Encéphalogénie des embryons , com- parée à l’Encéphalotomie des animaux vertébrés. Un | court aperçu va nous en faire connaître les résultats les plus saillans. Soient les tubercules quadri-jumeaux et leurs ana- logues , les lobes optiques des trois classes inférieures. Chez tous les embryons ces organes sont lobulaires, doubles et creux ; ils occupent dans toutes les classes la face supérieure de l’encéphale, ayant en arrière le cervelet et en avant les hémisphères cérébraux. Si vous suivez dans toutes les classes leurs diverses évolutions , vous les voyez chez les reptiles et les poissons conserver la même forme , la même position et les mêmes rap- ports : il n’en est pas de même chez les oiseaux et les mammifères. Chez les oiseaux , ilsrestent , ainsi que chez les rep- tiles , sur la face supérieure del’encéphale , jusqu’au mi- lieu de l’incubation. A cette époque , vous les voyez abandonner cette position , se déjeter peu à peu sur le flanc des pédoncules , et occuper enfin la base et les eôtés de l’encéphale, où on les rencontre chez tous les oiseaux parfaits.-Ils ont néanmoins conservé , comme chez les reptiles et les poissons , leur cavité intérieure. (139 ) Chez les mammifères seuls, cette cavité s'oblitère, ces organes deviennent solides comme la moelle épi- nière. Cette solidification s'opère, comme dans cette der- nière partie , par la déposition de couches toujours excen- triques. Primitivement , ces corps:sont lobulaires , dou- bles et creux, comme dans les trois classes inférieures. Ils conservent cette forme jusqu'aux deux tiers environ de la gestation des animaux qui composent cette classe, À cette époque qui correspond au moment où leur cavité va s’oblitérer , on voit apparaître sur leur superficie un. sillon transversal qui divise en deux chaque tubercule.. Les deux lobes jumeaux sont convertis par ce. sillon en quatre tubercules. quadri-jumeaux ; dénomination par laquelle on désigne ces corps dans toute cette classe. Si, chez les oïseaux , les lobes optiques s'arrêtent dans leur marche, ils conservent la même place que nous leur observons chez les reptiles et les poissons., Si, chez les mammifères, le sillon transversal ne ,se. manifeste pas , ces tubercules restent ovalaires, jumeaux et creux, comme dans les. trois classes inférieures. Des dissemblances secondaires naïssent, chez les oi- seaux , de ce-déplacement de leurs lobes. optiques. Chez. les poissons , les reptiles et les mammifères , ces corps. restent à leur place primitive; la lame transversale qui les réunit par en haut , n'éprouve aucune modification... Il n’en est pas demême chez. les oiseaux, à mesure que. les lobes s’écartent l’un de-l’autre, leur superficie se déplisse , la lame médiane qui les réunit, s'étend ;7de, telle:sorte que chez les oiseaux adultes , on trouve: à la place qu'ils occupaient d’abord , et qu’ils conservent dans lés autres classes , une large commissure rayonnée , ( 140 ) composée de stries alternatives, de matièré blanche et de matière grise. | Voila les modifications extérieures qu'éprouvent ces corps dans les quatre classes. Quelque grandes qu’elles soient, quelque différence que présentent les quatre tubercules solides des Mammifères comparés aux deux lobes creux des reptiles et des poissons ; quelque trans- position qu’aient éprouvé ces parties chez les oiseaux, on voit qué c’est toujours le même organe, déguisé seulement par ces diverses métamorphoses : que l’on me permette cétte expression. | Considérons le cervelet. Aussitôt que les deux lames transversales qui le forment se sont engrenées et se sont réunies avec les lames qui constituent la valvule de Vieussens , cet organe est formé dans toutes les classes par une petite languette mince, formant ‘une petite voute au-dessus du quatrième ventricule. Si le cervelet s'arrête à cette époque de son développement , il con- serve chez les animaux cette formé simple et élémen- taire. C’est le cas de tous les reptiles, c’est le cas du plus grand nombre de poissons osseux; mais supposez qu'avant la réunion des lamés transversales , la moelle allongée s’élargisse outre mesure , et que ces lames ne s’accroissent pas dans la même proportion : qu'arri- vera-t-il? On voit de suite que l’engrenure de ces lames n'aura point lieu sur la ligne médiane, elles se roule- ront sur elles-mêmes sans se réunir ; la lame médullaire de Vieussens restera flottante sur le quatrième ventri- cule, qu’elle couvrira en partie. C’est le cas de certains poissons cartilagineux. Les poissons et les reptiles conservent donc les formes (141) embryonnaires, du cervelet. Ce sont sous ce rapport des embryons permanens des classes supérieures. Chez celles-ci, le cervelet acquiert des dimensions considérables ; sa superficie se sillone-de rainures trans- versales plus ou moins nombreuses , plus ou moins profondes ; en même temps, il fait sur les côtés et sur le haut de l’encéphale une saillie plus ou moins mar- quée. Ÿ | Mais ces dissemblances classiques ne changent en rien sa détermination. C’est toujours le même organe resté dans les deux classes inférieures au minimum de son développement; porté à son maximum dans les deux classes supérieures. Faisons aux hémisphères cérébraux l’application de cette méthode. Certainement si on voulait de: prime à bord ramener les hémisphères cérébraux des. poissons, on échouerait dans cette entreprise. On verrait d’une part, des organes très-simples , et de l’autre des organes très-compliqués, n'ayant aucun rapport extérieur , ni dans leur forme, ni dans leur configuration, ni dans leur structure. Tous ces caractères qui servent aux ana- tomistes pour reconnaître l'homogénéité des organes, manquant, On serait porté à croire que ces parties sont tout-à-fait dissemblables, et n’ont entre elles aucune analogie. Mais remontez très-haut dans la vie utérine des Mam- mifères ; vous apercevrez d’abord les hémisphères céré- braux roulés comme chez les poissons, en deux vési- cules isolées: l’une de l’autre; plus tard, -vous leur verrez .aflecter la configuration: des hémisphères céré- braux; plus tard encore, ils vous présenteront les ( 142 ) ; formes de ceux des oiseaux; enfin, ils n’acquerront qu’à l’époque de la naissance et quelquefois plus tard, les formes permanentes que présente l'adulte chez les Mammifères. Les hémisphères cérébraux ne parviennent donc à l’état où nous les observons chez les animaux supé- rieürs , que par une série successive de métamor- phoses qui les transforment. Si par la pensée nous ré- duisons à quatre périodes l’ensemble de toutes ces évo- lations , nous verrons de la première naître les lobes cé- rébraux des poissons, et leur homogénéité dans toutes les’ classes ; la seconde nous donnera les hémisphères des reptiles ; la troisième produira celle des oiseaux, et la quatrième enfin , donnera naïssance aux hémisphères si complexes des Mammifères. Si vous pouviez développer les diverses parties de l’encéphale des classés inférieures , vous feriez successi- vement d’un poisson un reptile, d'un reptile un oiseau, d’un oiseau un Mammifère. Si vous atrophiez au contraire cet organe chez les Mammifères , vous le réduirez successivement aux con- ditions du cerveau des trois classes inférieures. La nature nous présente dans quelques monstres cette anomalie. _ Jamais elle ne produit la première, circonstance très- intéressante pour la philosophie de la nature. Dans les déformations variées que peuvent éprouver les êtres organisés, jamais ils ne dépassent les limites de leur classe pour revêtir les formes de la classe supé- rieure : jamais un poisson ne s'élevera aux formes en- céphaliques d’un reptile. Celui-ci n’atteindra jamais les CMS) oiseaux ; un oiseau les Mammifères; un monstre pourra se répéter ; il pourra présenter deux têtes , deux queues, six ou huit extrémités, maïs toujours il restera étroite- ment circonscrit dans les limites de sa classe. Cet éton- nant phénomène est sans doute lié à l’harmonie géné- rale de la création. Quelle peut en être la cause ? Nous l’ignorons , et vraisemblablement nous l'ignorerons toujours; c’est un des mystères de la création, dont l’homme mesure la surface, maïs dont Dieu seul sonde et connait la profondeur. Toutes les différences classiques de l’encéphale sont donc produites par quelques métamorphoses de plus ou de moins : toutes les dissemblances s’établissent sur une base commune. L’organe fondamental reste toujours le même. En appliquant cette méthode à toutes les parties, vous établirez de cette manière la chaîne des ressem- blances des Mammifères aux poissons, et vous verrez se développer des poissons aux Mammifères , la chaîne des dissemblances. Vous pourrez prévoir d'avance ce qui surviendra, si ces évolutiont s'arrêtent chez un ani- mal pendant le cours de ses transformations; cet ani- mal vous offrira nécessairement les formes encéphali- ques de la classe à laquelle il se sera arrêté. (La suite dans un des prochains numéros. ) Nore sur le Reevesia, nouveau genre de Plantes de la famille des Buttneriacées ; Par M. Linpzxy. Quelques échantillons de cette plante se trouvent dans une collection de plantes de la Chine, envoyée à la so- (144) ciété horticulturale par M. Reeves ; la combinaison sin- gulière de caractères qu'elle présente, la rend impor- tante pour fixer quelques rapports naturels. Les carac- ières de ce nouveau genre sont les suivans. REEVESIA. Calyx campenulatus , 5-dentatus, æstivatione imbricata , pube stel- lata tomentosus , bracteolatus. Pesala 5, hypogyna unguiculata æstiva- tione conyoluta , callo inter unquem et laminam. Stamina in toro longo filiformi insidentia. Anheræ 15 , sessiles , in cyatho capituliformi, apice tantum pervio, obsolete 5-dentato connatæ, extrorsæ, biloculares, loculis divaricatis intricatis, longitudinaliter dehiscentibus. Pollen sphæ- ricum glabrum. Ovarium sessile, intra cyathumantheriferum , ova- tum , glabrum, 5-angulare , 5-loculare, loculis dispermis. Ovula mar- ini loculorum unum super alterum afhixa , superiore basi concavo in inferiorem incumbente. Stigma 5-lobum, simplicissimum, sessile. Capsula stipitata , lignosa, obovata, 5-angularis, 5-locularis , loculi- cido 5-yalvis , axi nullo. Semina cuique loculo duo, basi alata. — Arbor foliis alternis petiolatis obovalo-lanceolatis, acuminatis , glaberrimis ; exstipulatis racemis terminalibus compositis , floribus albis. 1. REEVESIA THYRSOLDEA. — ab. in China. La pubescence étoilée de cette plante, l'insertion des étamines à un long torus filiforme, leur direction ex- trorse, la réunion des filamens trois par trois en une ‘cupule qui entoure l'ovaire , sont tous des caractères qui rappellent le genre Sterculia, dont ce nouveau genre difière d’un autre côté par la présence des pétales , par la préfloraison imbriquée du calice, par son fruit formant une capsule ligneuse unique. Cette structure du fruit éta- blit une grande affinité entre ce genre et le Pterospermum, auquel il ressemble en outre par ses pétales et par la disposition de ses étamines, mais qui en diflère beaucoup par la préfloraison du calice, pes les filamens des éta- mines libres et distincts, et par la structure des anthères. Ce nouveau genre a donc une aflinité presque égale pour ces deux genres. Il ressemble au Pterospermum par ses pétales et par son fruit , au Sterculia pâr le mode de division de son calice et par ses étamines , et con- firme par conséquent la réunion que M. Kunth a faite des Sterculiacées de Ventenat avec les Buttneriacées de M. Brown, en détruisant toute limite réelle entre ces deux groupes. | ( Quarterly journal of Science, septembre 1827.) (145 ) Mémoire sur la Génération’ et le Développement del’ Embryon dans les végétaux phanérogames; Par M.'AnozruE BrôKentarr, D:-M. m1 : . 1 L à —#“— 1 ” | “ 4 da +‘. . de dr Vs à à ‘ e£uAPITÉE I. De l'action du pollen sur le stigmate, ou de la | fécondation. Dès qu’on eut reconnu dans le pollen une substance destinée à féconder la jeune graine, soit en donnant la vie à l'embryon, déjà préexistant ; soit en déterminant la formation de celui-ci , tous les naturalistes voulurent expliquer la manière d'agir de ces grains de pollen: Samuel Morland avança que les grains de pollen eux- mêmes pénétraient dans le canal central du style, ve- naient se loger dans l’ovule , et y donnaient naissance à l'embryon. Cette opinion fut bientôt renversée ; on vit que ce prétendu canal central n'existait que dans un très-petit nombre de plantes où l’ovaire est formé par la réunion de plusieurs pistils, et que le plus souvent on ne trou- vait aucun canal propre à transmettre un corps aussi gros que les grains de pollen. On revint alors à une opinion plus vraisemblable. Geoffroy, Hill , et plusieurs auteurs de la même époque, admirent que la partie la plus subtile du pollen seule parvenait jusqu'aux ovules , et y formait l'embryon. Les XI. — Octobre 1827. 10 ( 146) observations de Needham et de Jussieu , sur la structure des grains de pollen, sur leur déhiscence par l’eau, et sur l'existence , dans leur intérieur, de granules analogues aux animaleules spermatiques des animaux, dont la dé- couverte avait engagé une lutte si remarquable parmi les physiologistes, vinrent à l'appui de cette manière de voir, et,ces auteurÿ, dont Linné adopta l'opinion # pensèrent que les grains de pollen qegaient sur le stig- mate, et que les granules qu’ils contenaient , absorbés par le stigmate, allaient former l'embryon ou concou- rir à sa formation. Plus tard, Hedwig se rangea aussi de cette opinion :et l’appuya par ses belles observa- tions sur les organes sexuels des Cryptogames ; obser- vations dont tout. botaniste qui voudra les vérifier sera obligé d'admettre et l’exactitude et la plupart des con= séquences. Cette manière de voir, qui découle natureilement de la déhiscence du pollen par l'humidité , et de l’existence dans ce pollen de globules organisés ; fut combattue par Kœlreuter, qui regarda ces phénomènes comme le résul- tat de circonstances particulières , étrangères à la marche ordinaire de la nature, et qui pensa qu’à la maturité du pollen, lorsque ie grains tombent sur le stigmate et qu'ils sont propres à opérer la fécondation , les granules se sont transformés en une substance résineuse, qui passe peu à peu à travers les pores des grains de pollen, et pénètre dans le stigmate, ; Gærtner a adopté cette opinion, et Link, qui la par- tage , ajoute : « J'ai souvent trouvé, sur le stigmate, des grains de pollen qui avaient déjà remplis leur fonction et fécondé le stigmate, et jamais je n'ai pu observer à (147) leur surface la moindre trace d'ouverture ; ils étaient ce- pendant ridés, et montraient l'exactitude de l'opinion de Kœælreuter. C’est done bien la substance résineuse qui s'échappe au dehors, et qui féconde; mais elle ne peut parvenir jusqu'à la graine qu'en passant de cellule en cellule à traversle parenchyme qui occupe le milieu du style, et cette marche que les sucs doivent toujours suivre n'est pas aussi diflicile qu’on pourrait le penser (1). » Telles sont les deux principales opinions sur la manière dont s’opère la fécondation , c'est-à-dire par l'émission des gratules renfermés dans le pollen à la surface du stig- mate, ou par la transpiration lente d’un fluide résineux à travers les membranes du grain de pollen. A ces deux opinions nous devons ajouter celle qui paraîtrait résulter de l’observation d’Amici , qui conduiraît à admettre que les granules polliniques , passant dans les papilles du stigmate, pénètrent ainsi dans le style. Enfin nous devons seulement citer celle de quelques naturalistes de la nou- velle école de philososophie allemande, qui voulañt nier la fécondation et cependant faire jouer un rôle au pollen, le regardent comme une substance propre à dé- terminer la mortification du stigmate , et par là à pro- duire le développement de l'embryon (2). Cette opinion, ainsi que tous les autres raisonnemens apportés par ces auteurs contre l'existence des sexes dans les plantes, ont été combattus d’une manière trop complète par L. Ch. (x) Lx , Grundlehren der Anat. und Physiol. der Pflanzen ; Gœt- tingen , 1807, p. 224. (2) Voyez Scuezver , Kritik der Lehre von geschlechtern der P flan- zen ; Heidelberg, 1812. — Hrenscuer, , Uber die Sexualitate der Pfianzen. Breslau, 1820. ( 148 ) Treviranus , pour que nous noùs attachions à les réfu ter (1). Le désir de vérifier l'observation si curieuse d’Amici, m'eugagea à examiner un grand nombre de stigmates couverts de poller, afin de voir de quelle manière la sub- stance fécondante était absorbée par cet organe ; mais avant d'exposer les résultats auxquels ces observations m'ont conduit, il est nécessaire qte je fasse connaître d’une manière générale la structure du stigmate, Toute la partie de cet organe qui est déstinée à l’ab- sorption du fluide fécondant, c'est-à-dire le stigmate proprement dit , est formée d’une masse d’utricules ovoï- des ou plus ou moins allongés et cylindriques , tous diri- gés de la surface du stigmate vers le style; ces utricules, très - minces , transparens , renfermant un très - petit nombre de globules dans leur intérieur, sont presque toujours incolores , rarement jaunâtres ou rougeûtres : ils sont très-lâchement unis entre eux , et leurs inter- valles sont remplis, surtout près de la surface du stig- mate , par une matière mucilagineuse composée de glo- bules très-petits et très-nombreux. La surface elle - même offre deux modifications de structure qui ont une grande importance par rapport à la manière dont s’opère la fécondation. Tantôt il n’existe aucun épiderme à la surface du stigmate ; la dernière couche des utricules qui le composent n’est recouverte par aucune membrane , et ces utricules, indépendans les üns des autres ,, simplement unis par la pression et par une substance mucilagineuse, forment immédiatement (1) Vermischte schriften, tom. 1v, p. 95. — Die Lehre von Ges- chlechte der Pflanzen ; Bremen , 1822. + TL Se ( 149 ) _ la surface externe de cet organe : c’est le cas le plus fré- quent (1). D’autres fois cette couche externe d’utricules est couverte par une membrane simple, très-mince, dont la ténuité égale celle de la membrane interne des grains de pollen , et qui diffère ainsi totalement de Fépiderme des autres parties des végétaux ; épidèrme qui est formé par une ou plusieurs couches de cellules intimement unies entre elles. Dans les plantes dont le stigmate offre cette dernière structure , telles que le Nuphar lutea (pl. 39, fig. D, E), les Hibiscus (pl. 37, fig. 3, £), les Nyctago (pl. 37, fig. 2 ), il se dépose en général au moment de la fé- condation un liquide mucilagineux et granuleux , assez abondant , entre la dernière couche d’utricules et cet épiderme : ce dernier se trouve aïnsi soulevé, et sou existence devient très-évidente. El y a encore un moyen très-simple de le rendre fort apparent , c’est de faire ma- cérer- pendant quelques heures un de ces stigmates dans de l’acide nitrique concentré; l’action de cet äeide paraît donner naissance à des gaz qui soulèvent l’épidermeet le font paraître comme une vésicule transparente qui en- loppe le stigmate. ( Voyez pl. 37, fig. 2, C, un des lobes du stigmate du Vyctago jalapa, qui a ainsi ma- céré dans acide nitrique. } Ù Ce moyen est nécessaire pour s'assurer de la présence de l’épiderme , lorsque cette membrane adhère intime- ment aux cellules sous-jacentes , et qu’il ne s’épanche pas de substance mucilagineuse entre elle et ces ceb- (1) Voyez les figures qui représentent la coupe du stigmate de l’Zpo- mæa hederacea ( pl. 35 , fig. 2, £ , F), du Datura stramonium (pl. 36, fig. 4, B,C, D), del’ Antirrhinum majus (pl. 37, fig. 1, F, G). ( 150 }) Jules : c'est le cas de la plante que nous venons de citer. On voit qu'il n'existe à la surface du stigmate aucune ouverture proprement dite, et surtout aucun orifice de vaisseaux. Les prétendus vaisseaux de cet organe, ad- mis par la plupart des auteurs , ne sont done que des êtres de raisons , créés par l'imagination pour expliquer un phénomène qu’on n'avait pas bien examiné. | Needham a cependant figuré une papille de lys dans laquelle est engagé un grain de pollen , et qu'il suppose être l’orifice d’un vaisseau absorbant ; mais il est clair qu'il a été trompé par quelque illusion , et que la papille qu’il a représentée n'était qu'une agglomération de pa- pilles, entre lesquelles s'était introduit un grain de pollen. | Gœriner s'exprime aussi très-clairement à l’égard des ouvertures du stigmate par lesquelles le fluide fécondant est absorbé (1), et qu’il dit être couvertes d’une substance onctueuse qui facilite la transmission du fluide fécon- dant, mais qui s’opposerait à ce qu’une substance solide, quelque ténue qu’elle füt , pût s’introduire dans les pores du stigmate. On doit présumer d’après cela ; que cet auteur, qui n’a pas dongé une attention particulière à cette parte , un peu étrangère au sujet de son ouvrage, a pris ies interstices des papilles ou des utricules sail- lans pour des orifices de vaisseaux. Maintenant que nous avons fait connaître les points les plus essentiels de la structure du pollen et du stig- (1) Et ideo quoque est , ut non solum foraminibus constanter sit per- tusum , sed éliam ut sub pollinis maturitatem semper onctuoso quodam liqnore madeat. (De Fruct. et sem. Plant. , introd. ; p. 45.) ('F4.) mate, examinons ce qui se passe lorsque ces parties sont mises en rapport. Si on détache une portion d’un stigmate rameux, ou mieux encore si On coupe une tranche mince d’un stig- mate large et épais lorsque cet organe est couvert de grains de pollen, et qu'après l'avoir mis dans une goutte d’eau sous le microscope, on examine le rapport des grains de pollen et de la surface du stigmate, dans un grand nombre de cas on verra qu’il n'existe aucune adhé- rence entre ces deux parties , et les grains de pollen en+ core intacts se détacheront, nageront dans l’eau, &f- piront par y éclater, C’est probablement à cette époque que la plupart des physiologistes ont fait cette sorte de. recherche, Alors la fécondation n’est pas encore opérée ; elle n’a même pas commencé à s'effectuer; les deux or- ganes sont encore tels qu'ils étaient avant leur contact. Cette période d’inaction dure plus ou moins long-temps selon les plantes qu'on observe, et souvent ce n’est - qu'au moment de la défloraison , c’est-à-dire de la flé- trissure ou de la chute de la corolle, qu' on observe d’au- tres phénomènes. Prenons pour exemple l’pomæa hederacea. Le pol- len de cette plante est formé de grains blancs , sphéri- ques , fort gros. (pl. 35, fig..2, 4, B, C), dont la membrane externe est épaisse , composée de cellules rhomboïdales très- régulières (fig. 2, D), qui portent chacune vers leur centre une papille transparente assez longue ; le stigmate , d’un blanc éclatant, représente une petite tête composée de lobes nombreux oblongs (fig. 2, ÆE), entièrement formés d'utricules assez lâchement unis qui, libres et irrégulièrement coniques à. la sur- ("252 ) face, représentent autant de papilles qui donnent à ces lobes, vus à la loupe, un aspect velouté (fig. 2, F, G). A l’époque de l'épanouissement de la fleur, des grains de pollen en nombre assez considérable tombent sur le stigmate, mais ils n’y adhèrent nullement, le plus léger effort les en détache. Cet état persiste tant que la fleur reste fraîche; vers le soir du jour même où cette fleur s’est épanouie , elle se fane. Le lendemain , si on examine le stigmate , alors en partie enveloppé par la corolle flétrie , on verra que quelques-uns des lobes qui le composent et qui portent des grains de pollen, ont pris une couleur brunûtre , ainsi que les grains de pol- len qui y sont déposés. Si on détache un de ces lobes avec le grain de pollen qu’il supporte, et qu’on le dis- sèque avec soin , sous l’eau et sous un microscope simple, aussi fort que le permet l’obligation où on est de passer des instrumens dessous , on verra que le graïn de pollen adhère réellement à la surface du stigmate ; cependant une traction un peu forte rompt cette adhérence; ce qui exige une grande précaution dans cette dissection. Si alors on fend le lobe du stigmate, et qu'on découvre peu à peu la partie à laquelle le grain de pollen adhère, on voit qu'il sort de ce grain de pollen une vésicule al- longée, plus ou moins tubuleuse, formée par une mem- brane très-mince, et qui pénètre très - profondément dans le tissu du stigmate , entre les utricules qui le com- posent (pl. 35, fig. , 1). Cetappendice tubuleux, sorti de l’intérieur du grain de pollen et formé sans aucun doute par la membrane interne, est renflé à son extré- . mité ; on peut cependant avec un peu de soïn le retirer tout entier et encore adhérent au grain de pollen : on ( 153 ) voit alors évidemment qu'il fait partie de cet organe , et qu'il est rempli de granules spermatiques nombreux (fig. 2, 7). J'ai observé un phénomène semblable sur l]pomæa purpurea , avec de légères différences dans la forme du grain de pollen et du sac 1 oo (pl. 35, fig. 2, L; M). Les mêmes recherches , Éihèd: sur des plantes de fa- _ milles très-différentes , m'ont conduit toujours au même résultat lorsque le stigmate était dépourvu d’épiderme, avec des modifications cependant qui dépendent de la structure du pollen et de celle du stigmate. Ainsi, dans lÆntirrhinum majus le stigmate est formé extérieurement d’une couche d’utricules oblon- gues , toutes à-peu-près de même longueur, et sous les- “quelles , avant la fécondation , est étendue une couche de substance mucilagineuse ; la masse du stigmate, au contraire , est composée d’utricules très-allongées , li- | néaires , pointues aux deux bouts, renfermant dans leur intérieur un petit nombre de gros globules, et dans leurs interstices de petits globules formant une sorte de mucilage peu abondant. Le pollen , elliptique lorsqu'il est sec, devient sphérique par l'humidité, et présente alors trois (ou quatre? ) angles saillans que l'immersion dans l’acide nitrique fait paraître d’une manière évi- dente, et montre comme autant d'ouvertures par les- quelles la membrane interne fait saillie. Lors de la fé- condation , un long appendice tubuleux linéaire sort de l'intérieur de ces grains de pollen par un des angles que mous venous d'indiquer, et pénètre très - profondément entre les cellules également allongées du stigmate (pl. 37, (154) fig. 1, Æ). On peut assez facilement isoler le grain de pollen avec son sac spermatique (pl. 33; fig. 1, K). Les Labiées nous présentent un phénomène semblable, mais la petitesse de leur stigmate (qui n’occupe que l’ex- trémité des deux branches du style qu’on décrit habi- tuellement comme le stigmate) ne permet pas de l’ana- lyser aussi clairement. Cependant si on détache avec soin les grains de pollen, qui en grand nombre couvrent ces petits stigmates , On les trouve presque tous terminés par un long appendice tubuleux. Parmi les plantes au contraire où ce mode d’action du pollen sur le stigmate est Le plus facile à observer, nous pouvons citer les Datura'; mais il faut remarquer que dans ces plantes la fécondation , au lieu de s’opérer après la défloraison, s'effectue au moment même de l'épa- nouissement de la corolle , lorsque les étamines en s’al- longeant , viennent passer le long du stigmate, Pour étudier la structure du stigmate lui-même, ik faut l’examiner avant cette époque, c’est-à-dire dans le bouton assez jeune ; on voit qu’il est formé d’utricules oblongs, transparèns, très-minces et très-nombreux , qui vont, en divergeant , atteindre la surface du stigmate, où ils ne sont recouverts par aucun épiderme; leurs in- tervalles sont remplis par une substance granuleuse et mucilagineuse très-abondante, qui rend ce tissu mou et très-humide (pl. 36, fig. C). Au moment de la fécondation , ce tissu est baigné par un fluide muqueux encore plus abondant , qui permet difficilement d’en observer la structure réelle. Cependant si on fait une coupe longitudinale mince d’un stigmate couvert de pollen, au moment de la fécondation , c'est ( 155 ) à-diredors de l'épanouissement de la corolle, et qu'on l’examine avec une très-forte loupe (d’une + ligne de foyer), on verra que chacun des grains de pollen, qui couvrent en entier la surface du stigmate, envoie dans son intérieur un long appendice tubuleux qui pénètre entre les utricules et dans leur direction , jusqu'à une assez grande profondeur (pl. 36, fig. 4, B, D). Ces sacs spermatiques tubuleux, la plupart encore rem- plis de granules spermatiques (fig. F, G) , se distinguent assez facilement , par leur couleur brunâtre et leur opa- cité, du reste du tissu du stigmate , et je ne saurais mieux comparer un de ces stigmates , ainsi couvert de grains de pollen, qu'a une pelotte qui serait entièrement cou- verte d’épingles , enfoncées jusqu’à la tête dans son in- térieur. | * Ces sacs paraissent s’ouvrir au bout de quelque temps par leur sommet ; car on en trouve un certain nombre qui sont vides et transparens , et dont l’extrémité n’est plus renflée comme celle des sacs pleins de granules spermati- ques (fig. Æ ), et de plus on retrouve plus profondément dans le tissu du stigmate des masses allongées de granu- les placées dans les interstices des utricules (fig. 2, 3), et tellement semblables à celles qui remplissent l’extré- mité des sacs spermatiques , que javais d’abord cru que cés sacs pénétraient beaucoup plus profondément dans. le tissu du stigmate qu’ils ne le font réellement. Je ne saurais donc douter que par suite , ou de la ré- sorption des sucs abondans qui imprègnent le stigmate au moment de la fécondation, ou d’une action vitale propre, soit au tissu du stigmate, soit aux granules spermaliques , ces granules cheminent plus ou moins ( 156 ) rapidement dans les interstices inter-utriculaires du stig- mate jusqu'au style. Je ne citerai plus qu'un seul fait relatif à ce mode d’ac- tion du pollen sur les stigmates dépourvus d’épiderme. Tous les pollen dont nous venons de parler se rappor- tent aux formes les plus habituelles de cet organe , et je n'ai jamais vu qu'un seul sac spermatique sortir de leur intérieur et pénétrer dans le stigmate. Il n’en est pas ainsi dans l’OFnothera ; nous avons déjà fait connaître la forme singulière du polleu de cette plante et les trois points d'absorption qui terminent ses angles. En exami- nant ce pollen sur le stigmate lors de la fécondation, on voit presque toujours deux de ses angles donner issue chacun à un appendice tubuleux , analogue à celui des autres pollens , et qui, pénétrant entre les utricules du stigmate, porte les granules spermatiques jusque dans l’intérieur de son tissu (pl. 35, fig. 1, 7, K); je présume même que dans quelques cas le troisième angle donne- rait lieu au même phénomène , mais je n'en ai jamais été témoin , et je pense que cela doit dépendre de la manière dont le grain de pollen s'applique sur le stigmate, et de l’action plus ou moins immédiate de l'humidité de cet organe sur les angles absorbans du grain de pollen. Les observations que je viens de rapporter ont été faites sur des plantes appartenant à des familles assez dif- férentes, et surtout dans lesquelles les organes dont nous étudions l’action l’un sur l’autre sont assez variés pour qu’on puisse présumer que le pollen agira de même sur tous les stigmates qui sont dépourvus d’épiderme ; mais nous avons vu que dans plusieurs familles les utri- cules stigmatiques sont recouverts par une membrane (157) continue ;, qui doit opposer un obstacle à l'introduction du sac spermatique dans le tissu du stigmate. Cette mem- brane est tantôt lisse, comme dans le Nuphar lutea et le Nyctago Jalapa, tantôt hérissée de poils, qui n’en sont que des prolongemens, comme dans les Malvacées. Si on examine un de ces stigmates lorsque la fécon- dation s'effectue ou lorsqu'elle a eu lieu, on trouvera des grains de pollen qui adhèrent au stigmate assez for- tement pour que l'agitation dans l’eau ou une légère traction ne les sépare pas. | Cette traction , opérée avec soin sous le microscope, montre que le sac spermatique , sous la forme d’un tube plus ou moins long , est venu s'appliquer et se souder sur l’épiderme du stigmate. Dans l’Æibiscus palustris, la longueur des poils du stigmate empêchant le grain de pollen d'arriver jusqu'à sa surface, le tube membraneux qui en sort s'applique le long d’un des poils, et arrive ainsi jusqu’à l’épiderme proprement dit ; là il est difi- cile , au milieu des bases des poils , d'observer ce qui se passe. En examinant le tissu sous-jacent, on voit seule- ment que rien ne pénètre dans le stigmate (pl. 37, fig. 3, Æ); et mème en isolant ces parties, on voit qu'une communication directe paraît s'être établie entre l’intérieur du sac spermatique , qui est rempli de gra- nules spermatiques , et le mucus placé sous l’épiderme du stigmate (pl. 37, fig. 3, F). Cette communication est bien plus évidente sur le stig- mate du Nuphar lutea.: Il suffit de couper une tranche très-mince de ce stigmate, qui supporte des grains de pol- len , après la fécondation ; pour voir que ces grains de pollen , alors vides et flétris , adhèrent fortement à l'é- ( 158 ) piderme qu'on soulève: en les tirant, et n'envoient ce- pennant aucun appendice membraneux dans l’intérieur du stigmate (pl. 39, fig. Æ): la même chose s’ob- serve sur le Vyctago (pl. 37, fig. 3, C) dans le- quel , au moyen de l’acide nitrique, on peut facilement isoler l’épiderme avec le grain de pollen qui lui adhère , et dont aucune partie ne pénètre dans le tissu du stig- male. Il me paraît donc que dans ces cas le grain de pol- len fait sortir de son intérieur un sac membraneux qui n’est qu'un prolongement de la membrane interne ou du sac spermatique; que ce sac ou tube membraneux s’ap- pliquant sur l’épiderme également mince et membra- neux du stigmate , se soude à sa surface. Les deux mem- branes s'unissent, et je pense, sans que l'observation ait pu le prouver d’une manière évidente, qu'il s'établit dans ce point une communication directe entre la cavité du sac spermatique et l'espace placé sous l’épiderme du stigmate, de la même manière que cela a lieu entre les tubes des Conjugués au moment de leur accouplement, et qu'ainsi les granules spermatiques passent du grain de pollen dans le stigmate. On ne peut concevoir cette transmission que de cette manière. Il me paraît résulter de ces observations, 1°, que les granules spermatiques eux-mêmes pénètrent dans le stig- mate; que bien loin par conséquent de n’exister que dans le pollen imparfait , comme le pensait Koælreuter , ils constituent la partie réellement active de la substance fécondante. 29, Que ces granules ne pénètrent dans le stigmate ni par transudation insensible à travers les membranes du 4 ÿ x L N ( 159 ) grain de pollen , ni par la rupture subite de ce pollen et par l'émission des granules à la surface du stigmate, mais par le moyen d’un appendice tubuleux et membraneux qui, sortant de l’intérieur du grain de pollen et s’intro- duisant plus ou moins profondément dans le tissu du stigmate , ou se soudant avec son épiderme , fait péné- trer les granules spérmatiques dans l’intérieur de cet organe. | 3°, Que les granules spermatiques ainsi déposés dans le stigmate, ne se trouvent ni à l’orifice de vaisseaux ab- sorbans , ni dans l’intérieur des cellules , mais dans l’in- terstice des utricules qui composent le tissu du stigmate, où ils se mêlent avec les granules muqueux qui rem- plissaient ces interstices avant la fécondation. > » CHAPITRE III, * Du ‘mode de transmission des granules spermatiques du stigmate à l’ovule. La manière dont la substance fécondante est trans- mise du stigmate jusqu'à l’ovule, a été objet d'opinions aussi variées et aussi peu fondées que les divers points que nous avons étudiés. | | Il n'est presque aucun auteur qui, en parlant de la fécondation, n’insiste sur les vaisseaux fécondans , ou vaisseaux conducteurs qui transmettent à l’ovule le fluide fécondant où l'aura serninalis, absorbée par le stig- mate ; les uns croient qu’il'existe des vaisseaux particu- liers pour cette fonction qui , naissant des pores du stig- mate, se rendent directement aux ovules; d’autres pen- sent que les trachées qui se distribuent au stigmate ( 160 }) peuvent jouer alternativement le rôle de vaisseaux nour- riciers de cet organe , et celui de vaisseaux conducteurs du fluide fécondant. Gærtner (1), qui paraît pencher pour cette opinion, remarque cependant que ces tra- chées ne vont jamais se terminer directement aux ovules, mais qu’elles se perdent dans le tissu cellulaire du pla- centa; et c’est ainsi qu’il explique la communication du fluide fécondant , absorbé par un stigmate , avec les ovu- les des loges qui ne correspondent pas à ce stigmate , comme cela résulte des expériences de Kælreuter (2). M. Mirbel (3) distingue dans l'ovaire trois ordres de vaisseaux, 1°. les péricarpiens; 2°. les placentaires ou vaisseaux nourriciers des ovules ; 3°. les conducteurs , qui du style portent à l’ovule le fluide fécondant. Il a re- présenté ces trois ordres de vaisseaux, qui sont tous trois des trachées , dans les grandes coupes qu’il a don- nées de l'ovaire du Cobæa scandens, du Saxifraga crassifolia , et de l’Æletris capensis; mais il est évident que les trachées qu’il regarde comme des vaisseaux con- ducteurs du fluide fécondant , sont les vaisseaux nourri- ciers propres du stigmate qui, naissant du même faisceau que les vaisseaux du placenta , s'élèvent jusqu'au stig- mate, mais qui ne peuvent remplir la fonction que ce savant physiologiste leur attribue, puisque, ainsi que je m'en suis souvent assuré , ces vaisseaux s'élèvent du pé- doncule, passent dans le placenta, sans avoir aucune communication ayec les ovules, et se rendent au stig- mate, non dans la partie par laquelle la substance fé- (1) De Fruct. et sem. Plant. , mtrod. ; p. 43. (2). Vorlœufige nachricht , p. 12. (3) Ann. du Mus., 1807, tom. 1x, p. 457. | R ( 161 ) condante est absorbée , mais dans le tissu fibreux ou cel- lulaire solide qui environne la partie papillaire du stig- mate , et qui n'est qu’une gaine continue avec le tissu superficiel du style et du péricarpe. Il me paraît donc difficile d'admettre que des vaisseaux qui ne communi- quent pas d’une part avec la portion du stigmate qui est soumise à l’action du pollen, qui, de l’autre, n’abou- tissent pas aux ovules , puissent établir une communi- cation entre ces deux parties. Dans ce cas, Gærtner et M. Mirbel attribuent à de vrais vaisseaux une fonction qu'ils ne paraissent pas pou- voir remplir, et qu'ils ne remplissent pas en effet, comme nous le verrons plus tard. D’autres auteurs ont fait une erreur d’un autre genre, en regardant le tissu qui réellement transmet le fluide fécondant comme des vaisseaux, et les désignant sous le nom de vaisseaux ou filets conducteurs , tandis que ce tissu n'a aucun des caractères qu’on donne aux vais- seaux. Je citerai à cet égard M. Auguste Saint-Hilaire qui, dans ses recherches , si exactes du reste, sur les plantes auxquelles on attribue un placenta libre, a bien reconnu les parties par lesquelles se fait la transmission du fluide fécondant , mais qui ne les soumettant pas à un examen microscopique suflisant , les a regardées comme des fais- ceaux de vaisseaux (1). (x) Dans son prenté Mémoire sur les plantes auxquelles on attribue un placenta libre, en parlant des Primulacées, M. Auguste Saint-Hi- laire ne voyant pas de vaisseaux dans le filet qui unit le sommet du pla- centa à la base du style, présume que la transmission du fluide fécon- dant a lieu par des vaisseaux placés dans l'épaisseur des parois du péri- carpe ( Mém. du Mus., tom. u, p. 43-44). Dans les Caryophyllées , ( 162 }) : Hedwig , et Link qui partage l’opinion de cet habile observateur, me paraissent seuls avoir reconnu la véri- table structure du tissu qui sért à la transmission du fluide fécondant. Hedwig a reconnu dans les Cucurbitacées (1) l’exis- tence d’un tissu cellulaire particulier, formant des lames ou des faisceaux distincts ét bien limités qui, s'étendant du stigmate aux ovules , doivent servir de moyen de com- munication entre ces organes ; il s’est assuré que ce tissu ne renfermait aucun vaisseau, soit trachée, soit autre espèce de vaisseau, et que c'était par conséquent par l'intermédiaire d’un tissu purement cellulaire, que le fluide fécondant devait être transmis du stigmate aux ovules. Dans un autre Mémoire, il remarque également que le style du Colchicum autumnale ne renferme aucun vaisseau , et est uniquement formé d’un parenchyme cellulaire (2). au contraire, il admet que c’est par les filets libres ou réunis qui des cendent du sommet de l'ovaire ou de la base des styles au placenta, que la fécondation s'opère ; dans tous les passages de son Mémoire qui ‘ont rapport au mode de transmission du fluide fécondant , il paraît re- garder ces filets comme des vaisseaux , quoique le plus souvent il les dé- signe simplement sous le nom de filets conducteurs ou filets blancs ; mais dans sa définition du cordon pistillaire (ibid, p. 113), il indique clairement l’organisation de cette partie comme résultant de union des vaisseaux conducteurs et des vaisseaux nourriciers. Il admet la même structure dans les Portulacées (page 199) et dans les Tamarix (page 206 ). (1) Sammlung seiner Abhandlungen und Frs ; Leipzig, 17093, tOm. 11, p. 101. (2) S'amml, seiner Abhandl. und Beobacht. , 1 , p. 66. "à ( 163 ) Liuk reconnait l'exactitude de ces observations (1)4 mais il ajoute : « Le fluide fécondant ne peut pas parve- nir autrement jusqu’à la graine, qu’en passant de cel- lule en cellule par le parenchyme central du style, et cette voie , que Lous les sucs doivent suivre , n’offre pas autant de diflicultés qu’on pourrait le croire (2). Quant à cette manière dont Link suppose que s’opère la transmission du fluide fécondant, nous verrons qu’elle n’est pas exacte: mais l’absence des vaisseaux et l’exis- tence uniquement d’un parenchyme comme moyen de communication entre le stigmate et l’ovule, sont des faits trop importans pour que nous n’en apportions pas _quelques preuves à l'appui de celles citées par Hedwig. L'absence de vaisseaux propres à faire communiquer le stigmate et l’ovule, est extrêmement évidente dans les ovaires monospermes dont l’ovule offre supérieurement l’ouverture par laquelle doit se faire l’imprégnation ; tels sont les Daphne, les Statice, les Polygonum. Dans êes plantes , le tissu que nous avons décrit comme com- posant l’intérieur du stigmate perce directement les pa- rois de l’ovaire, et se trouve ainsi correspondre à l’ou- verture des tégumens de l’ovule, et par conséquent en contact avec le mamelon de l’'amande. Il est facile, par une double coupe qui réduit ce tissu à une lame mince et transparente , de voir qu’il n’est composé que d’utri- cules arrondis ou plus ou moins allongés , à parois très-minces et très-transparentes , et qui ne contiennent presqu'aucnn globule dans leur intérieur , qui par con- séquent sont presque toujours transparens et incolo- (tr) Philosoph. botanio. , p. 304. (2) Grundlehre der Anat. und Physiol. der Pflanzen, p. 225. * (164) res; ce qui les distingue parfaitement du tissu général de l'ovaire. La même chose s’observe très-facilement sur le Ricin, dans lequel ce tissu est coloré en jaune orangé et se ter- mine dans l’intérieur de l'ovaire par une sorte de caron- cule ou ‘le houppe papillaire d’un beau rouge, sem- blable à celui du stigmate, et qui recouvre immédiate- ment l'ouverture des tégumens de l’ovule. … Dans les ovaires dont l’ovule offre l'ouverture de ses tégumens vers la base de l'ovaire, le tissu conducteur ayant un chemin plus long à parcourir ; il est souvent plus difficile de le bien distinguèr; cependant comme le _ faisceau qu’il forme suit en général le côté de l'ovaire opposé à celui qu'occupent les vaisseaux nourriciers de cet organe , on ne peut prendre ces vaisseaux pour des vaisseaux fécondans. Ainsi , dans le Nyctago , on dis- tingue parfaitement: à la face interne de l'ovaire, à la base de laquelle correspond l’ouverture de l’ovule , une ligne blanche qui fait suite au tissu central du style. La même chose s’observe sur le Mays qui, du côté où l’em- bryon est appliqué contre le périsperme , présente deux faisceaux d’un tissu cellulaire blanchâtre, tout-à-fait disnct de celui du péricarpe et qui, descendant de la partie inférieure du style, se courbent des deux côtés de l’eribryon pour venir à sa base se terminer en face de la radicule. Ces deux faisceaux, que M. Mirbel avait déjà observés , sont évidemment destinés à transmettre le fluide fécondant à l’ovule (1). (1) M. Mirbel a figuré ces deux faisceaux qui descendent du stigmate daus l'orge (Journ. de Physique, ang, tom. 53, pl. m1, fig. 1); mais ilme paraît s’étre trompé en admettant que ces faisceaux, dans la graine PR SA ee (165 ) Cette même continuité du tissu du stigmate jusqu’au point des parois de l’ovaire qui correspond à l'ouverture de l’ovule, sans aucun mélange de vaisseau , est très-évi- dente dans le Phytolacca decandra ; dans cette plante, chaque logé de l’ovaire renferme un ovule fixé à l'axe, et dont l'ouverture des tégumens est inférieure au point d'attache: le tissu conducteur ne descend pas du style vers ce point par la face de l'ovaire opposée au point d'attache de l’ovule, comme dans les plantes que nous venons de citer, mais le long de l’axe, et par conséquent du même côté que le point d'attache, de-sorte que pour aller gagner la partie inférieure de l’ovule, ce faisceau cellulaire croise directement les vaisseaux nourriciers qui , de l’axe de la fleur, se rendent au cordon 6mbilical, On voit par là que le faisceau de tissu conducteur est tout-à-fait indé- pendant de celui des vaisseaux nourriciers , et nous trou- vons dans cet ovaire à loges monospermes , et dont par cette raison la structure :est.plus facile à observer, l’or- ganisation qui s'offre le‘plus fréquemment dans les ovai- res à placenta polyspermeaxile, tel que celui des Malva- cées, Renonculacées, ete. , où chaque ovule a par rap- port. à l'axe une position analogue à: celle que nous venons de décrire,dans le Phytolacca, etoù les faisceaux de tissu conducteur et de vaisseaux nourriciers suivent une marche semblable , si ce n’est que le nombre des ovules produit une complication qui rend difficile de distinguer ce.qui dépend des uns ou des autres. mûre , Occupeut le sillon de la graine : jai toujours vu ces faisceaux à la face convexe, c'est-à-dire opposée au sillon de la graine, et qui per conséquent correspond à la radicule-de embryon. Nous reviendrons avec plus de détail sur ce sujet, en traitant du développement de Lerà- bryon dans les Graminées. ( 166 ) Il est cependant quelques plantes à ovaires polys- perme où, malgré cette complication apparente , on peut observer parfaitement la disposition du tissu conduc- teur, et déterminer par conséquent la marche que suit la substance fécondante depuis le stigmate jusqu’à l’o- vule, Les Cucurbitacées sont danis ce cas , et ce tissu y . est si distinct , que c'est dans ces plantes qu'Hedwig l’a signalé pour la première fois. Depuis, M. Aug. Saïnt- Hilaire a décrit , avec l'exactitude et la sagacité qu’on re- trouve dans tous ses travaux ; la disposition de ce tissü et les modifications qu’il éprouve pendant le dévéloppe- ment du fruit dans ces plantes, mais sans parler de sa structure intime , et sans établir d’une manière précise les fonctions qu'il remplit ; il paraît seulement le regar- der comme formant , avec les vaisseaux qui viennént du péricarpe, le placenta, et il ajoute, en terminant ses observations à cet égard : « Peut-être aimera-t-on mieux supposer que dans cette plante (le Cücurbita pepo) la nourriture toute entiére est portée par les faisceaux in- ter-lamellaires , a l'aura seminalis pär les limes (1).» Si nous prenons un ovaire de Potiron au moment de la fécondation, ou très-peu de temps après , et qué nous le coupions transversalement, nous verrons (pl. 38, fig. B) que du centre de ce fruit il part trois , quatre ou cinq lignes qui, par leur couleur d’ün jauné orangé foncé, se distinguent nettement du reste du parénchÿme qui compose l'ovaire (fig. B, 4); ces lignes , vers la (1) Mém. du Mus:, tom. v, p. 435. — On: va voir que les lames dont parle M. Aug. Saint-Hilaire sont formées par le tissu conducteur, et que sa supposition s'accorde parfaitement avec toutes les recherches que j'ai faites. ( 167 ) circonférence , se divisent en deux branches (fig. B, 4°) qui se recourbent et correspondent par leur face externe aux points d'insertion des ovales ; et par conséquent à l'ouverture de leurs tégumens (1). Si nous faisons une coupe longitudinale du même ovaire de manière à ce res passe par une de ces lignes orangées (pl. 38 , fig. a, À), nous verrons que cette ligne était la coupe d’une lame de tissu conducteur qui, de chacun des cinq lobes du stigmate (2) , descend jusqu’à plus de moitié de l'ovaire et envoie quatre sortes de prolonge- mens , deux latéraux , un externe et un inférieur (fig. 4, 6), qui correspondent aux quatre masses, principales d’ovules qui dépendent de chacune de ces lames conduc- trices. Si nous examinons au microscopegce tissu con- ducteur, nous le trouverons composé d’utricules sphéri+ ques beaucoup plus petits que ceux du reste du paren- chyme de l'ovaire, très-làächement unis entre eux, sans globules soit dans leur intérieur, soit dans leurs inters- tices (pl. 38, fig. D, 1); car je présume que le peu de globules que j'ai aperçu avait. été apporté du tissu pa- renchymateux voisin par l'instrument tranchant. (1) M. Aug. Saint Hilaire a dit que ces lames portaient les ovules. Cette expression ne me paraît pas juste, cer leur tissu ne fore-pas le cordon 6mbilical , très-court il est vrai, qui les fixe dans leur loge; il vient se terminer auprès de l’ovule sans leur adhérer, et par conséquent sans leur donner attache. ; (2) Je ferai remarquer ici que le nombre des lames de tissu conduc- teur, ainsi que celui des stigmates, est très-sujet à varier dans les Cu- curbita, et qu'après Pavoir figuré sur des fruits où ces parties étaient au motñbre de cinq, je les ai retrouvées plus souvent au nombre de trois ou de quatre. Le prémier nombre me paraît le plus fréquent ; c'est ce- ui qu'a également observé M. Aug. Saint-Hilaire; mais je donne la figure telle que je l'avais faite d’après mes premières observations. ( 168 ) Les lames formées par ce tissu sont parfaitement limi= wes, ne se -confondant nullement avec le parenchyme du reste de l'ovaire , dont les utricules sont plus grands, plus adhérens entre eux, plus transparens, d’un jaune verdâtre très-pâle , ovales ou plus souvent polyédriques, et renferment des granules assez nombreux (fig. D, 1). On ne peut pas non plus confondre le tissu conducteur avec les vaisseaux nourriciers des ovules, qui sont des trachées très-grosses (fig. D, 3), ni avec le tissu fibreux qui accompagne ces vaisseaux, qui est composé d’utri- cules ovales ou oblongs, parallèles aux vaisseaux, et parfaitement blancs (fig.-D , 2). | Si nous examinons comment ce tissu parvient jus- qu'aux ovulé&, nous observerons que chaque ovule est renfermé dans une petite loge creusée dans le paren- chyme de l'ovaire, et tapissée par un épiderme lisse (pl. 38, fig. C); la lame du tissu conducteur se re- plie de manière à s'étendre jusqu’à chacune de ces lo- ges, ou à envoyer un prolongement qui pénètre jusqu’à la surface interne de ces loges (fig. C, 5). C'est auprès du point où ce tissu se trouve à découvert dans la loge, que l’ovule est fixé par son cordon ombilical vasculaire (fig. C, 4), de telle sorte que l'ouverture de ses tégu- mens correspond toujours au point où aboutit la lame de tissu conducteur (fig. C, 3) (r). Il résulte évidemment de ces diverses observations - (1) Ces lames ne donnent donc pas réellement attache aux ovules auxquels elles aboutissent , ainsi que M. Aug. Saint-Hilaire paraît le penser. Ce sont les vaisseaux nourriciers, ou les faisceaux inter-lamel- laires très bien décrits par ce savant botaniste, qui, pénétrant dans l’ovule, Le fixent dans la loge. | ( 169 ) qu'il n'existe pas d'autre mode de communication entre le stigmate et l'ovule qu'un tissu utriculaire particulier, qui forme des lames ou des faisceaux continus qui s'é- tendent de l’un à l’autre ; mais doit-on pour cela penser avec Link que le fluide fécondant passe d’une cellule à l’autre, et suit ainsi un chemin qui l’ebligerait à tra- verser les paroïs de milliers de cellules. En admettant même que cela fût possible pour un fluide très-subtil , comme Link suppose le fluide fécondant, il est presque évident que cela sérait impossible pour dés granules tels que ceux que renferment les grains de pollen. Ce que nous avons dit sur la manière dont les granu- les pénètrent entre les utricules du tissu stigmatique, et dont on les retrouve même assez profondément dans cet organe , de même placés dans les interstices des utri- cules , devait déjà faire présumer qu'ils suivaient la même marche jusqu’au placenta , c’est-à-dire qu'ils s'a- vancaient peu à peu entre les utricules qui composent le tissu conducteur. L'observation suivante me paraît changer cette pré- somption en certitude. J’ai décrit tout-à-l'heure la struc- ture du tissu conducteur qui compose les lames du Po- tiron , telles qu'elles se présentent dans l'ovaire de cette plante avant la fécondation , et l’on se rappelle qu’à cette époque il n’existé aucun granule entre les utricules qui composent ce tissu , que ces utricules, quoique là- chement unis entre eux, ne laissent voir , lorsqu'on les sépare , aucune trace appréciable de ces granules. Si au contraire on examine ce tissu sur un fruit plus avancé, plusieurs jours après la fécondation , long-temps avant cependant que l'embryon commence à paraître dans l’o- (270 ) vule, à l’époque par conséquent où les granules sper- matiques doivert se rendre du stigmate à l’ovule , on verra que toute la partie moyenne de cette lame est remplie par une quantité considérable de granules bru- nâtres de la grosseur et de Paspect de ceux que renfer- ment les grains de pollen de cette plante, et queces granules placés entfe les utricules dû tissu conducteur, en les disjoignant , dédoublent pour ainsi dire la lame formée par ce tissu ; de manière que la moindre traction la sépare en deux par son milieu (pl. 38, fig. £, F). En approchant de la partie externe de cette lame con- ductrice , cette sorte de trainée de globules se partage en deux, dont une suit chaque feuillet de la lame de tissu conducteur, et va se placer vers sa surface externe , c'est- à-dire du côté de cette lame qui correspond aux ovules (fig. £ , G). Je ne saurais donc douter que les granules qui remplissent les intervalles des utricules du tissu conducteur à cette époque, ne soient les granules sper- matiques eux-mêmes qui du stigmate descendent jus- qu'aux ovules. | | Il me paraît par conséquent résulter de cette observa- tion et de celles qui précèdent, que ce n’est pas par des. vaisseaux que le fluide fécon dant est porté aux ovules, que ce n’est pas non plus en passant de cellules en cel- lules, comme Link le pense ; mais que ce fluide ou plu- tôt les granules qui le composent parviennent jusqu'aux ovules ; en passant par les espaces inter-utriculaires. Le fluide qui dans toutes les plantes couvre la surface du stigmate et baigne son tissu au moment de la fécon- dation , paraît jouer un grand rôle dans cette transmis- sion. On remarque en eflet qu’à cette époque le stigmate (171) seul én est'imprégné , que le style au contraire et le tissu conducteur du placenta n’en renferment pas d’une ma- nièré notable. Ce fait peut s’observer sur beaucoup de plantes, mais on le remarque d’une manière très-évi- dente sur les Cucurbitacées , les Datura, les Ipomæa. Onsait que lorsqu'une substance capable d’absorber l’hu- midité en est inégalement imprégnée dans ses diverses parties , l’équilibre tehd à s'établir, et que par consé- quent le liquide surabondant de certaines parties se communique aux parties voisines , qui en sont privées. C’est par ce moyen qu'uné masse de mucus désséché, plongée dans l’eau , finit par s’imprégner également de ce liquide dans toutes ses parties. On conçoit donc que si les intervalles qui séparent les utricules du tissu con- ducteur, forment une sorte de réseau continu rempli par une substance mucilagineuse ; si cette substance est pres: que sèche dans toute la partie interne qui correspond au placenta et au style, tandis qu’elle est baignée de liquide dans le stigmate ; pour que l'équilibre s'établisse, le li= quide tendra à se répandre du stigmate vers le style, et ensuite du style dans le placenta. Les granules sperma- tiques ayant été déposés , par l'acte de la fécondation , dans le liquide mucilagineux qui remplissait le stigmate, pénètreront peu à peu avec lui dans le style et jusqu’au placenta. 2 LE | : Cette wanière de concevoir le transport des granules spermatiques du stigmate jusqu’au placenta , nous paraît la plus d'accord avec tous les faits connus ; et: si nous n'avons pas de preuves certaines que ce transport soit produit par la cause que nous venons d'indiquer ; du moins nous ne connaissons aucun fait qui soit contraire (172) à cette hypothèse, ou qui indique que ce phénomène soit dû à une autre cause. (La suite au prochain riuméro). Recuerones sur l'OEuf humain ; Par M. A. Vezrrau. (Extrait) L'histoire naturelle s’est tellement perfectionnée de nos jours ; elle a fait des progrès tellement rapides de- puis qu'on a introduit dans son étude l’esprit philoso- phique qui caractérise l’époque actuelle, qu’on a lieu d’être étonné de voir une de ses branches les plus cu- rieuses et les plus intéressantes , encore si peu ou si mal connues. Rien en effet n’est plus digne d’occu- per l’homme savant que sa propre origine , que son mode de formation , et cependant il n’y a rien de plus ob- scure et de plus vague dans la science. Sans parler des recherches anciennes de Needham , d’Everard , de La- courvée ; de Harvey , de Swammerdam , de Malpighi, de Haller , etc. , sur la génération ou le développement de quelques mammifères et du poulet , nous possédons, à la vérité, les travaux plus précieux de Oken, .Pander, Meckel, Emmert, Hoœrchsteller , etc. , en Allemagne ; de MM. Dutrochet, Cuvier, Prevost et Dumas, en France; mais aucun de ces naturalistes n’a pris l’homme pour sujet spécial de ses expériences , et l’évolution de l'œuf humain , on peut le dire, est encore à dérouler tout entière. (178 ) Depuis l'aunée 1821, M. Velpeau s’est occupé sans interruption de cet objet. Il a déjà fait connaître quel- ques-uns des résultats auxquels il était parvenu en 1824 (1). Aujourd’hui, ce médecin annonce un Traité complet d’embryogénie, dans lequel il passera succes- | sivement en revue les membranes caduques , chorion et amnios ; les vésicules ombilicale et allantoïde; le cordon , le placenta , les intestins , la forme extérieure de l'embryon, tous les viscères, les sens , les systèmes osseux, nerveux , etc.; pour ces différens poiuts, M. Velpeau a recueilli l’observation de quatre cents produits, soit à terme, soit aux diverses époques de la grossesse , et sur ce nombre il en cite une centaine qui avaient moins de trois mois de développement. Des _ dessins exacts et très-bien exécutés accompagnent ce travail, dont M. Velpeau à présenté une partie à l’Ins- titut. C’est seulement des cinq Mémoires qu’il a com- muniqués à l’Académie des Sciences sur la membrane caduque, le chorion , d’amnios’, la vésicule ombilicale et l’allantoïde que nous nous proposons de parler ici. $ I. De la caduque. Sélon M. Velpeau , la membrane caduque a été ob- servée de tous temps, mais confondue avec les autres tuniques de l'œuf, jusqu'à Hunter ; admise et rejetée tour-à-tour par les anatomistes et les accoucheurs , de- (1) Les dissections sur lesquels il appuya son premier Mémoire, fu- rent en partie faites en présence de M. le docteur Breschet ; mais depuis lors ces deux anatomistes ont continué léurs recherches à l'insu l’un de l’autre, ( 174 ) puis ces derniers auteurs , les naturalistes s’en sont formés des idées très-diverses. Les uns ont pensé , avec Hunter, qu’elle se formait dans la matrice avant la descente de l’ovule; qu’elle était percée de trois ou- verlures ; que bientôt elle formait deux feuillets qui finissaient par se confondre vers Le quatrième mois de la gestation ; mais bien que , d’après eux; elle se réflé- chit sur l’ovule à la manière des membranes séreuses , ils croyaient cependant qu’elle se trouvait aussi entre la matrice et le placenta. D'autres ont soutenu , avec M. Chaussier ; que ce n’était d’abord qu’une plaque homogène , dans laquelle le petit œuf venait comme se perdre , et dont il était obligé de traverser une couche plus ou moins épaisse pour s'attacher à l'utérus. M. de Blainville a cru qu’elle ne constituait qu’une couche ad- ventive , formée de deux lames, à la vérité, mais qui appartenaient, l’une à la matrice et l’autre à l’ovule, qui en serait déjà couvert dans la trompe utérine, Enfin M. Dutrochet a prétendu qu’elle dépendait du fœtus , qu'ellé représentait l’allantoïde des quadrupèdes ou la poche qu’il nomme ovo-urinaire , où plutôt que la membrane caduque n'existait pas. M. Velpeau l’a décrit ainsi : « L’imprégnation dé- termine dans la matrice une excitation spécifique qui est bientôt suivie d’une exhalation de matière coagu- lable; depuis le moment de la fécondation jusqu’à l’ar- rivée de l’ovule , cette subsiance se concrète, et setrans- forme en une espèce d’ampoule , dont la surface externe se trouve en contact avec tonte l'étendue de la cavité utérine, tandis que son intérieur est rempli par un li- quide clair ou légèrement rosé. Quelquefois cette sorte Le ( 195 ) de vessie envoie dans le col utérin et dans l'origine des trompes un prolongement plein et de longueur variable ; mais elle n’est jamais percée vis-à-vis de ces points , à moins que ce ne soit accidentellement. Lorsque le germe descend de la trompe il décolle la membrane caduque, et se’glisse entre elle et la matrice à laquelle il ne tarde pas à se greffer. Dès-lors la tunique de connexion présente deux feuillets d’inégale étendue; la couche utérine con- serve une assez grande épaisseur , surtout aux environs du placenta jusqu’à l'époque de l'accouchement ; l’épi- chorion , au contraire, s’amincit de plus en plus, et à tel point qu’à la fin de la gestation il est parfois d’une ténuité éXtrême. L'une de ces lames, en s’enfonçant dans l’autre, finit par la toucher , mais elles ne se con- fondent en général à aucune époque de la grossésse ; de sorte que sur un délivre à terme on peut encore les isoler. Le liquide qui remplit sa cavité en tenant ses deux portions écartées , y existe constamment jusqu'à la fin du second mois. Souvent ce liquide est tout-à-fait lim- pide; d’autres fois il est filant, semblable à du blanc d’œnf et paraît être composé d’eau , d’albumine, de gé- latine , etc. En outre des argumens assez nombreux qu’il oppose à ceux qui ne veulent pas que la membrane caduque se comporte absolument comme les membranes séreuses , M. Velpeau montre des dessins et cite quelques faits qu'il regarde comme des plus concluans. Par exemple, il dit que sur une femme morte cinq semaines après avoir été fécondée , il a trouvé la matrice distendue par une ampoule du volume d’un œuf ordinaire ; que cette ves- (176 ) sie , remplie d’un fluide légèrement coloré en rose, était déprimée par un ovule, dont l’autre moitié était en- core renfermée dans la trompe ; que sur une autre femme , morte étant enceinte de six à sept semaines, Ja caduque se trouvait disposée de la même manière , avec cette seule différence que la dépression opérée par l’o- vule ne correspondait plus à l’orifice du tube de Fal- lope, mais au milieu du fond de la matrice , où la vési- cule fécondée avait déjà contracté de faibles adhérences ; à et que vingt fois il a rencontré un arrangement presque en tout analogue sur des produits de trois semaines , un mois, six Semaines , etc. , rendus par avortement. M. Velpeau soutient que la membrane caduque n’est point organisée. En l’examinant dans les deux premiers mois de son existence , on la trouve molle, souple, spon- gieuse , jouissant d'une certaine élasticité, mais ne ren- fermant aucune lamelle de tissu cellulaire, aucun fila- ment vasculaire, enfin aucun vestige d’élémens orga- niques ; elle n’est que contigue à l'utérus, et ne tient au chorion qu’au moyen du velouté qui recouvre l’ovule, velouté dont on peut très-bien la séparer, et qui , loin de lui fournir des vaisseaux , s’atrophie au contraire aus- sitôt qu'il est en contact avec elle. A la ‘fin de la gros- sesse , elle conserve la même mollesse, la même élasti- cité; elle est toujours poreuse, d’un gris rougeàtre , et facile à réduire en lambeaux : en un mot , depuis Je mo- ment de sa formation jusqu’à sa sortie des orgañes qui l'ont produite, la caduque n’a jamais paru à M. Velpeau pouvoir être considérée autrement que comme une simple concrétion, soit que ses recherchessaieñt porté sur le feuillet utérin , sur la couche réfléchie ou sur l’ensemble D ee Ca7239 de cette membrane ; d'où il conclut que le nom de mem- brane anhiste, tiré de weroc, tela, et de l’a privatif, nom qui équivaut à celui de membrane inorganique , lui convient beaucoup mieux qu'aucun de ceux quéelle porte. si Ses usages sont incontestablement de maintenir l’o- vule fécondé sur un point déterminé de la surface uté- rine , et de circonscrire le placenta ; si plusieurs auteurs luitont attribué d’autres fonctions , c’est qu’ils ont géné- ralement raisonné comme si le germe arrivait dans la matrice à l’instañt même de la fécondation. Dans cette dernière hypothèse , en effet, la vésicule vivifiée se trou- vant dans une cavité proportionnée à son volume, n’au- rait réellement pas besoin d’être soutenue par une mem- brane particulière ; mais les observations de MM. Prévost et Dumas , et ce que l’on sait d’ailleurs sur les premiers phénomènes de la génération, prouvent que cet ovule met environ huit jours à venir de l'ovaire dans l'utérus. Or pendant cette période, la matrice se gonfle, et sa cavité s’aggrandit de telle sorte que, si elle ne se trou- vait point remplie par la membrane caduque , l’ovule en s’y précipitant serait nécessairement entraîné , par les lois de la pesanteur, vers le point le plus déclive de l'organe , et en même temps exposé, par suite des mou- vemens de la femme, à changer de position à chaque instant : c’est en remédiant à ce double inconvénient , que la caduque devient une membrane importante. M. Velpeau pense que l’œuf humain seul présente une caduque à double feuillet, comme l’a entendu Hunter, mais que dans les autres animaux elle est rem-, placée par une couche également inorganique ; que XIE. 12 ( 178.) dans les reptiles ophidiens, son analogue est l’enduit muqueux qui enveloppe leurs œufs et tend à les coller les uns aux autres; que chez les batraciens elle est re- présentée par une couche semblable , maïs plus épaisse qui se forme autour de l’ovule pendant qu’il parcourt l’oviductus; que dans les oïseaux c’est la couche cal- caire qui en tient lieu; enfin , que dans toutes les es- pèces de Mammifères , elle est constituée par une la- melle , tantôt très-molle et presque diffluente, tañtôt fort solide au contraire et d’une épaisseur considérable, En résumé, les observations de M. Velpeau sur cette membrane , l'ont amené aux conclusions suivantes : 1°. Qu'elle existe dans l’utérus de la femme sous la forme d’une ampoule sans ouverture, avant l’arrivée de l we | °. Qu elle est alors as a un liquide limpidé $ rosé, filant et comme gélatineux. jé 3°. Qu'elle se comporte relativement à l'œuf humain, à la manière des membranes séreuses. 4°. Que le feuillet épichorion, distendu pat suite du développement de l’ovule, finit par toucher le feuillet uté- rin, mais sans que jamais ces deux lames se confondent. 5°. Qu'elle n’est point organisée et que, par consé- quent , le mot d’anhiste peut être substitué avec avan- tage à tous ceux que l’on D ME pour la désigner. | | 6°. Qu'elle a pour usage de circonscrire les dimen- sions du placenta, et de maintenir l’ovule contre un point donné de J’utérus. 7°. Enfin qu’elle se retrouve , mais avec ds ca- _ractères très-différens , dans une foule d’autres animaux. (179) S IL. Du.chorion. En traitant du chorion, M. Velpeau rappelle diffé- rens passages des écrits de Galien, de Lacourvée, de Bonaciolus , de Diemerbroëck, de Hoboken, de Ver- heyen , de Liüttre, de Rouhault, de Levret, de Haller, de Icart , de Stein, de M. Chaussier, de M. Maygrier, de M. Chevreul , etc., pour prouver que rien n’est plus confus que ce qui a été dit de cette membrane ; que la plupart des auteurs l'ont confondue avec la membrane anhiste, et que tout récemment encore M. Dutrochet s’est complètement mépris à son égard. Le moyen de ne plus se tromper en ce sens à l’ave- nir, dit M. Velpeau, est bien simple; il suffit de se souvenir que dans l’œnf à terme, le chorion est tou- jours la première membrane diaphane que l’on ren- contre en allant de dehors en dedans , ou la seconde en se portant du fœtus à" l'extérieur. À huit ou dix jours, elle offre les apparences d’une hydatide ou d’une petite vésicule transparente, ce qui n’empèche pas sa surface externe d’être comme fongueuse ou chagrinée. Les au- teurs ont eu tort de dire qu elle était ou lisse ou opaque à ses deux surfaces dans le comméncement de la gros- sesse. À quinze jours, à trois semaines, à un mois comme à deux, M. Velpeau a toujours trouvé sa face externe seule couverte de duvet, sa face interne lisse et régulière, sa transparence ni plus ni moins prononcée qu’à toute autre époque. Tous les anatomistes ont répété que. le velouté de la surface externe du chorion était formé de filamens vas- ( 180 }) culaires. M. Velpeau croit que cette proposition n'est pas exacte , et il se fonde sur ce que la vésicule fécondée est à peine visible, qu’on la trouve déjà couverte de flocons , lors même que l'embryon n’est pas encore re- connaissable ; sur ee qu’on observe ce duvet bien aupa- râvant Lis les vaisseaux du cordon paraissent; sur ce que jusqu’à la sixième semaine chaque flocon est au moins ‘aussi volumineux qu'un des vaisseaux ombili- caux; sûr ce que ces villosités sont régulièrement éparses sur touté la périphérre dé l’ovule, tandis que le cordon n’a de rapport qu'avec un point de cette vési- cule ; enfin , sut ce que malgré les efforts d’une infinité d’observateurs habiles, personne n’a réellement dé- montré qu’ils fussent creux , plutôt que solides et pléïns, dés canaux vasculaires plutôt que ‘des filamens cellu- leux. D'abord, les filamens de ce velouté sont courts, non ramifiés , presque tous terminés par une extrémité ren- flée en forme de petit ganglion; de telle sorte, qu’au premier coup-d’œil, le chorion sembleraït être couvert dé chagrin ou de granulation très-fine; un peu plus tard ils s’allongent ét leurs renflemens se multiplient, après quoi cés sortes de bulbe disparaissent par suite de la croissance des filets qui les supportent. Mais quel- quefois ils persistent et augmentent même de volume. Ce développement anormal des granulations qui recou- vrent le chorion ,. n’est pas très-rare et a conduit M. Vel- peau à penser que les hydatides en grappes de la ma- trice ne reconnaissaient pas d'autre cause; que, par conséquent , elles ne sont point constituées par des vers acéphalocystés, mais bien par le résidu d’un pro- ( 184 ), duit avorté. Il possède différentes pièces qui viennent à Jappui de cette opinion et cite, en.sa faveur, quelques passages d’Albinus, de Reuss , de Sandifort, de Wris- -berg, de M. Désormeaux , et les nouxellen roshenehés de madame Boivin. | Jusqu'à trois, quatre ou cinq semaines , k fsco it in- terne du chorion est: en çontactirec une membrarie très- fine, qui lui adhère par des filamens plus: fins encore, et qui fait, partie d’un corps que M..Velpeau a:découvert et qu’ilenomme provisoirement, corps réticulé. Ensuite jusqu’à six semaines ou deux mois, elle n'est. plus sé- parée de l’amnios que par une substance trarisparenté et vitriforme qui, vers l’époque de trois mois ; est rempla- cée par une couche gélatineuse, dont on trouve encore quelque : vestige même au moment de l’accouchemént. Une foule d’auteurs anciens. ont prétendu que le cho- rion était formé de plusieurs feuillets ; Hewson a donné beaucoup de poids à cette opinion, qui a été défendue de nos ÿours par MM. Maygrier, Chevreul , .Dutro- chet, etc, M. Velpeau pense que cette membrane n'est jamais constituée que par un seul feuillet, et que si tant de naturalistes ont avancé le contraire, Sas ont confondu la caduque avec elle. où | Dans son premier travail, publié dans les pers gén. de Médecine (octobre. et décembre 1824), M. Velpeau avait annoncé que le.chorion se continuait , sans inter- ruption, avec le derme de l'embryon, mais il a re- connu depuis que la tunique en question fait déjà Ja partie principale de l’ovule encore renfermé dans l’o- -vaire, que les parois abdominales ne se forment qu'assez long-temps. après le rachis, qu'avant l'apparition de la ( 182 ) peau, le chorion présente la même forme et les mêmes caractères qu'il offrira par la suite; qu’en conséquence le chorion et la peau sont deux lamelles indépendantes l’une de l’autres C'est, dit-il, dans la première quin- zaine ou jusqu’à la troisième semaine qu’il faut étudier le chorion pour se faire une idée exacte de ses rapports avec les autres parties de l’ovule. Jusque là l’embryon est réduit au rudiment de la tige rachidienne courbée en cercle sur sa face antérieure ; il n’y a ni cœur ; ni vais- seaux, ni thorax, ni abdomen:; le cordon 6mbilical n’est encore qu'une tige pleine, celluleuse, qui $e ter- mine au chorion d’une part, et dans le cercle rachidien de l’autre. En sorte, que si on voulait faire dépendre le chorion d’une autre partie ‘de lovule , on pourrait tout au plus le considérer comme un épanouissement de la gaîne celluleuse des vaisseaux ombilicaux ; mais cés der- niers Organes né se manifestant qu'après le premier, il est évident que c’est lui qui leur sert de canevas et non pas eux qui le produisent. Plus tard néanmoïns , il se confond d’une manière tellement intime avec l’amnios et surtout avec l’anneau de l’ombilic, qu’il est impos- sible d'affirmer qu'il ne se continue ire avec les be mens du fœtus. RARE de 06 M. Velpeau nie qu’il ait des vaisseaux lymphatiques inhalans et exhalans , non plus que des nerfs dans le cho- rion ; il soutient même que cetté membrane né renferme pas de vaisseaux sanguins, et ilse fonde , à ce sujet , Sur ce que personne jusqu'à présent ne les a jamais positi- vement décrits ni vus; sur les téntatives inutiles de M. Lobstein, sur ses propres observations ; enfin, sûr ce qu'il croit avoir trouyé la raison qui, sous ce rap- ( 183 ) port, en à imposé à nombre de physiologistes. .Gela tient-en. effet, selon lui, à ce que , en cherchant à sépa- rer la couche réfléchie de la caduque de la face externe du chorion, on remarque bientôt une assez grande quantité de filets qui vont de l’une à l’autre de ces lames et sont d'autant plus nombreux, qu'on se. rap- proche davantage du placenta qu de l’origine de la'gros- sesse. Or, ce sont ces filamens qui ont été pris pour des vaisseaux, quoiqu'il ne soient autre chose que des rèstes du velouté de l’ovule primitif, et par conséquent que des cordonnets solides. did de touté ft de circulation sanguine. ORNE Le chorion se retrouve dans tous lon animaux , Ver- tébrés , mais avec des modifications telles , que:les divers auteurs sont loin de s'entendre sur sa dénomination. D'a- près M. Velpeau ,, celui de, l'œuf humain ne)peut être comparé, avec quelque apparence de raison, qu’à: li membrane de la coque ‘des oiseaux ou des animaux dont les œufs sont pourvus de coquilles ainsi.-que célasse re marque dans les Reptiles, etc. , et à la membrane qui supporte les cotylédons ou les placentas dans les Qua- drupèdes. Enfin, M. Velpeau termine ce: mémoire par les conclusions que voici. : LE ,0lugcp dou 1°. Que le chorion , dans l’homme, n 'est d’ Ja qu’une simple vésicule arrondie. - 2 #40, 2300 # 22: Que les villosités de sa surface neugont polis, des vaisseaux ; mais bien seulement des filamens granulés où se développera plus tard le système vasculaïrerdir placenta. 3°, Que c’est à ces granulations qu’il convientide rap- porter l’origine des hydatides en grappes de l'utérus. : (184) 4°. Que dans l’ordre normal , la moitié au moins de ces grains s'implantent dans l’épichorion et dès-lors _cessent:pour ainsi dire de vivre, tandis que les autres, ,encontact avec la matrice, constituent les rudimens du placenta. | 59. Que la membrane veloutée n'est point uné expan- sion: du derme , mais qu’elle a des rapports intimes avec la trame celluleuse du cordon ombilical. 6°. Qu'elle n’est multifoliée à aucune époque de la grossésse. | 7°. Qu'elle rie reçôit point de vaisseaux qui lui ap- partiennent en propre. 8°, Qu'elle est de nature celluleuse, et ‘se forme par le même mécanisme que les membranes séreuses. 9°. Que dans tous les animaux qui ont une membrane caduque ou quelque couche analogue, le chorion forme la seconde tunique de l’œuf, en procédant de la péri- phérie au centre , ou la première , quand il n'y a point - de lamelle anhiste. | S HIT, De l’amnios. Après avoir extrait et discuté le texte des auteurs qui - en ont parlé, M. Velpeau passe à la description de l’am- nios!;. ét s'exprime ainsi : « 1°. Sur un produit de huit à douze jours que je dois à l’obligeance de madame La- chapelle, et qui, débarrassé de la membrane anhiste , n'avait que quatre dignes de diamètre, j'ai vu à l’inté- rieur du chorion un petit sac transparent, en haut du- quel le microscope a permis d’apercevoir un point opa- que.et blanchâtre. 2°. Sur un ovule de douze à dix-huit jeurs qui me fut donné par M. Bermond de Bordeaux , & ( 185 ) et qui, séparé de la caduque , avait près d’un pouce de dimension , j'ai trouvé fixé sur un point de la cavité du chorion une petite vessie d'environ trois lignes , renfer- mant de la sérosité limpide et un embryon très-recon- naissable. 3°. Sur un produit d’une vingtaine de jours, que me donna madame Charonnet en avril 1823 , l'am- nios , excessivement fin et blanchâtre ; n’était encore ‘séparé de l'embryon que par un espace d’une ligne et demie environ , et après s’être réfléchie sur le cordon, semblait se continuer avec lépiderme du germe. Ce sont des faits de ce genre qui m’avaient porté, en 1854, à soutenir que les membranes propres de l'ovule n'étaient qu’une expansion de la peau du fœtus ; mais lorsque le Mémoire du docteur Pockels parut dans l’Isis (décem- bre 1825 ) comme pour mettre hors de doute cette ma- nière de voir, de nouvelles observations m'avaient déjà forcé de la modifier. En effet , sur un ovule âgé de trois semaines ou ‘un mois, l’amnios formait un petit sac sé- paré de l'embryon par une couche peu épaisse de liquide, et laissait la plus grande partie du cordon ombilical à découvert dans le chorion ; les paroïs du ventre n'étaient pas formées , et l’amnios paraïssait'être simplement per- foré par la tige omphalo-placentaire. Sur un autre ovule très-jeune, que M. Hénoque eut la complaisance de m’ap- porter ; l’amnios; séparé du chorion par une vésicule ombilicale très - volumineuse et par le corps réticulé, n'était attaché au: cordon ombilical que par un anneau circulaire : comme dans le sujet précédent ; les parois abdominales de: l'embryon n'existaient pas encore. Le 8 février 1827, je reçus un produit entier de six semai- nes , rendu à l'hôpital de l'École-de-Médecine par avor- ( 186 ) tement; sur cet œuf, l'amnios pouvait facilement être suivi de la racine du cordon jusqu’à l’ombilic, mais ici une rainure évidente le séparait encore des parois abdo- minales , en sorte que, dans tous les cas , il n’était pas possible d'admettre sa continuité avec l’épiderme ; ce- pendant , à une époque plus avancée cette continuité est bien difficile à contester. Dans un œuf de trois mois, l’é- piderme était si complètement séparé du tronc, de la tête et des membres du fœtus par une couche épaisse de sérosité très-légèrement trouble, qu’on aurait pu l’en dépouiller en totalité avec la plus grande facilité, à l’ex- ception de quelques parties des membres : il en était de même sur le cordon, avec cette différence que l’adhé- rence de la pellicule , qui, là , devait nécessairement ap- partenir à l’amnios , s'était maintenue sur quatre points différens de cette tige, en donnant lieu à quatre vésicu- les séparées par autant de collets. Enfin, malgré ces adhérences partielles, tout était disposé de telle sorte , que la continuité de ces diverses lamelles était on ne peut plus sensible. | Il résulte de l’ensemble des recherches que j'ai pa faire à cet égard , 1° que pendant les quinze premiers jours de la gestation , l’amnios n’a de rapport qu'avec l'extrémité embryonnaire du cordon ombilical , sur le- quel cette membrane commence à se replier un peu plus tard pour lui former une gaîne et se mettre en. contact avec la surface interne du chorion ; 2° que cette disposition se maintient , sauf quelques exceptions , jus- qu'à ce que les parois abdominales soient complètement développées ; 3° que jusque là il n'a aucune continuité entre l’épiderme et l’amnios ; mais qu’ensuite cette con- (187 ) tinuité ne peut plus être que diflicilement contestée ; 4° il en résulte en outre que’ l'amnios est loin de tou- cher la face interne du chorion à toutes les époques de la grossesse , ainsi qu’on le croit généralement, et que . ces deux tuniques sont, au contraire ; séparées l’une de l’autre par un espace assez sens Rp pendant un temps variable. » Quant à ce dernier point , M. Velpeau croit devoir avertir que l’écartement qui existe dans l’état naturel entre le chorion et l’amnios , ne disparaît pas toujours avec Ja même rapidité; que, très-considérable dans quelques produits de deux à trois mois, il a quelque- fois presque entièrement disparu sur d’autres qui n’ont pas dépassé’ la septième ou huitième semaine de leur développement ; qu'il ya, sous ce rapport , une mul- titude de variétés que le naturaliste doit s'attendre à ren- contrer ; qu'il est facile de comprendre, mais dont il est impossible d'indiquer les lois. La règle générale veut que les deux membranes propres du fœtus, d’abordtrès- écartées , se rapprochent graduellement ensuite pour se toucher vers le quatrième mois , ou du moiïns pour n'être plus séparées l’une de l’autre alors que par une couche assez mince de matière gélatineuse ; mais il faut savoir que. le rapprochement pos se faire dès le pre- mier mois , comme il peut né s’opérer qu’au cinquième et même plus tard. En somme, M. Velpeau regarde comme démontré , 1°. Que la membrane amuios est la tunique la plus interne ou la plus profonde de l'œuf humain ; 0. Qu' elle est d'abord et dans tous les cas séparée du chorion par un espace très-considérable, mais qui ( 188 ) diminue insensiblement depuis la première quinzaine jusqu’au troisième ou quatrième mois de la grossesse ; 3°. Que sa face externe , quoique moins lisse que : l'interne, ne supporte néanmoins ni filamens. celluleux, ni vaisseaux qui puissent s’unir au chorion ; ) ET À 4°, Que sa face interne est primitivement très-rap- prochée de l'embryon ; qu’elle en est ensuite d'autant plus éloignée que l'œuf est plus développé ; 59, Qu'il n’est pas exact en tous points de soutenir qu'elle se continue dans le principe avec l'épiderme, dont elle ne,serait qu’une, bras À ou qui serait pro- duite par elle ;. 4, :.. 6°. Que j jusqu'à un mois elle n’a lies vidres intimes qu'avec le cordon ombilical , qui semble la prier ‘ère se porter au devant du rachis; °, Que plus tard, lorsque les parois de l’ rTEES 2 te , elle paraît effectivement se con en: avec l’épiderme ; | | 8°. Enfin , qu'elle ne. A pas de vaisseaux et qu'elle n’est jamais formée que d’un seul feuillet. N IV. De la Véficile nnbiinte. Après s'être attaché à prouver que Needham , Diemer- broeck, Ruysch, Sandifort elc., n'ont point observé la. vésicule ombilicale proprement dite ; qu’Albinus , Sœmmering et M. Meckel sont les seul$\, j jusqu'à pré- sent, qui.en aient donné chacun une figure tant soit peu satisfaisante après avoir beaucoup insisté sur les | circonstances qui ont dù tromper les observateurs à ce sujet, M. Velpeau annonce qu'il a rencontré vingt- (189 ) “deux fois cette vésicule sur un total d'environ cent pro- duits qui avaient moins de trois mois , il donne la des- cription détaillée de ces différentes vésiculés et arrive à unë description générale que voici. « La vésicule ombi- __ Jicale est un petit corps pyriforme , sphéroïde ou ar- rondi , qui , vers le quinzième ou le vingtième jour de la fécondation , offre le volume d’un pois ordinaire , ét acquiert ses plus grandes dimensions dans le courant de la quatrièmé semaine; quand elle est réduite au vo- lume d’un grain de chenevis, ce qui arrive en général de la cinquième à la sixième du septième semaine , elle cesse ordinairément de diminuer ; alors elle s’aplatit, _ Mais ne disparaît ensuite qu’insensiblement : quelque- fois on ne la trouve plus dès le second mois , tandis que, dans d’autres circonstances, on la rencontre encore sur les œufs de quatre , cinq et six mois. Elle est incontestablement située entre le chorion et l'ämnios, et se trouve liabituellement enveloppée jus- qu'à trente ou quarante jours , dans le corps réticulé. A une époque plus avancée , elle reste quelquefois libre, et ne contracte d’adhérence avec aucune autre partie ; souvent néanmoins elle s ‘applique et sé colle à la sur: face externe de Vammnios , où bien sur la face i interne du chorion. » Le pédicule qui l’anit à l'embryon , offre des dimen- sions nécessairement variables aux diverses époques de la grossesse; toutefois jusqu’à la fin du premier mois M. Velpeau né l’a point vu présenter moins de deux ni plus de six lignes de longueur ; alors ce pédicule a quel- quefois jusqu’à un quart de ligne d'épaisseur. En se con- fondant avec la vésicule , il subit un évasement infan- (190 ) dibuliforme du côté de l'abdomen; il ne se rétrécit pas, mais il ne s’élargit pas non plus d’une manière sensible, et sa continuité avec le tube intestinal ne peut pas être révoqué en doute actuellement chez l’homme. Avant la formation complète des parois abdominales , il estcomme divisé en deux portions par l’amnios, qu’il semble avoir traversé ; l’une de ses portions se voit entre le rachis et le lieu qu'occupera plus tard l’ombilic; l’autre se trouve entre ce dernier point et la vésicule. Avant le premier mois , le pédicule de la vésicule ombilicale s’allonge et devient de plus en plus grêle ; sa portion ombilicale se perd dans le cordon , et cesse de pouvoir être suivi jus- que dans le ventre : il est certain que , jusqu’à vingt ou trente jours il forme une tige creuse , puisque sur deux sujets , M. Velpeau a pu faire passer le liquide de la vé- sicule dans l'intestin sans rien rompre; ce qu'aucun anatomisté n’était encore parvenu à .démontrer., Cette tige s’oblitère ensuite à une époque qui ne paraît pas être constamment la même ; cependant M. Velpeau pense que c’est vers cinq semaines en général, et que cette oblitération se fait de l’ombilic vers la vésicule à mesure que. le cordon se complète, en sorte que l’arneau ombi- lical est probablement le lieu où elle s'opère primitive- ment. Des vaisseaux artériels et veineux se distribuent au pédicule et dans les parois de la vésicule ombilicale ; ils forment un très-beau réseau et de nombreuses ramifica- tions dans celle-ci : ils se réduisent à deux troncs dans celui-là. Ces vaisseaux, que Boehmer et Madei sem- blent avoir entrevus, qui sont grossièrement figurés dans l'ouvrage de Hunter, que Wrisberg et Blumenbach ont » Eee ET j (191) mieux décrits, que MM. Chaussier et Ribes ont fait connaître en France, et que beaucoup de naturalistes ont.regardé.et regardent encore comme le seul moyen de communication qui existé entre l’abdomen de l'embryon. et la vésicule ombilicale, sont connus dans la science sous J2 nom de vaisseaux omphalo-mésentériques, et mé- riteraient mieux le titre de vitello-mésentériques, ou simplement celui de vitellins. D’après M. Velpeau , ils ne vont point se terminer dans les troncs , maïs bien dans les branches de second ou de troisième ordre des vais- seaux mésentériques supérieurs ; il les a souvent suivis de la cavité abdominale à travers l’ombilie, jusqu’à un et deux pouces dans le cordon , sur des embryons de six semaines , de deux et de trois mois : seulement à ces di- verses époques ils finissent par disparaître avant d’arri- ver à la vésicule, dans le tissu de la tige ombilicale. Plusieurs fois il est parvenu à les injecter, ét alors ils avaient le volume d’un gros cheveu; leur finesse est as- sez grande néanmoins pour qu'ils soient très-aisés à rompre quand. on les cherche sans y apporter les précau- tions les plus minutieuses. Puisque M. Velpeau les à observés sur un ovule en même temps que le canal vi- tello-intestinal , dont ils étaient tout-à-fait distincts, on devra les considérer dorénavant comme destinés à porter et à reprendre ; dans les paroïs de la vésicule et de son conduié, les matériaux propres aux usages et à la nutri- tion de ce curieux appareil, et non à transporter dans la circulation générale la substance vitelline. Cette substance contenue dans la vésicule ombilicale, est en général d’un jaune pâle, opaque, de la .consis- tance d’une émulsion un peu épaisse , et différente sous ( 192) tous les rapports de la sérosité où des autres fluides de l'organisme; dans certains cas elle est plus liquide et plus claire, dans d’autres elle est plus opaque et plus épaisse. M. Velpeau l’a quelquefois trouvée composée de plusieurs grumeaux concrets, ressemblant d’une ma- nière remarquable à du jaune d'œuf cuit et nageant dans un liquide très-peu coloré, en sorte que c’est très-pro- bablement une substance nutritive, une sorte d'huile, en grande partie semblable à-celle qui constitue le fluide vitellin du poulet. L'appareil vitello-intestinal est évidemment relatif à la nutrition. des premiers linéamens de l'œuf; son fluide fournit au développement de l'embryon , jusqu’à ce que le cordon et les vaisseaux ombilicaux soient formés. A partir de là , de nombreux matériaux passent de là ma- trice au placenta, et la vésicule ombilicale ne tarde pas à devenir inutile, Depuis le moment de la fécondation jusqu'à l’époque où l’ovule se colle à à la surface interne de l’utérus , le produit dé la conception humaine est presque en tout semblable à celui des oïseaux. Libre et indépendant comme celui-ci de toutes les parties de la mère , il fallait qu’il renfermât en lui-même une matière quelconque, aux dépens de laquelle pût s'effectuer le développement de l'embryon ; de la même manière qu’il . faut au poulet renfermé dans sa coque un corps nutritif qui puisse suflire à son évolution : seulement, dans l’un cette disposition n’est que passagère, parce que l'incu- bation se fait à l’intérieur d’un organe vivant, d’un or- gane qui peut distribuer en abondance des fluides nu- tritifs au jeune être qu’il renferme , tandis que dans l’autre elle persiste jusqu’à l’éclosion, parce que tout ( 193) se passe dans l'atmosphère hors de l'animal adulte: D’a- près ces détails, M. Velpeau conclut que la vésicule ombilicale de l'homme.est l’analogue du sac vitellin des oiseaux. \ | | :$ V. De l'Allantoïde.' I] existe dans les animaux bisulces , entre le chorion et l’amnios, une troisième membrane qui a reçu:le nom d’allantoïde ou d’intestinale , parce qu'elle ressemble ; a-t-on. dit ; au gros intestin. Cette tunique commu- nique. avec: la vessie, par le moyen d’un canal connu sous-le nom d’ouraque. On l’a observée dans loœuf du chien ,, de la brebis, dela vache, du cheval , des reptiles sauriens et ophidiens,; des oiseaux, etc. Dé- voloppée de très - bonne. heure. elle acquiert rapide- ment une très - grande capacité proportionnelle , et se trouve remplie d’une matière qui: n'est pas la même à toutes, les époques dé la-gestation, ni chez tous les animaux. ; Chez les. ruüminans:, ! c’est en. général un fluide semblable à, de la sérosité citrine. Dans les soli- pèdes surtout, il.se,mêle.souvent à; ce; fluide des flo- cons blancs, roussätres.ou-noirâtres qui, rassemblés en masse concrète , donnent. naissance à ce que. l'on ap- pelle kippomanès. Dans les oiseaux, une matière du mème genre et fort abondante ; existe. au milieu du fluide allantoïdien pendant la plus grande partie de l’in- cubatiou. L'allantoïde de la couleuvre àcollier, est rem- plie d’un cotps demi liquide; d'un blanc légèrement jaunâtre et neïgeux, etc. Cependant, malgré, d'aussi nombreuses différences d’aspeët, la plupart des natu- ralisites ont soutenu que cette substance était de la XI. . ; 13 L” ( 194) même nature que l'urine ; et que son enveloppe n'était qu'un prolongement de la vessie. é: M. Velpeau convient qu'un grand PRE d'éfihto> mistes ont parlé de cette membrane dans l'œuf humain, mais il croit avoir prouvé que les.uns ne l’ont admise que par analogie , et que les autres ont pris le chorion transparent pour l’allantoïde. Dü moins, paraît:il cer- ain que personne m'a parlé du corps réticulé qui se trouve’entré le chorion et l’amnios, et que M. Velpeau décrit ainsi sur un œuf de:trois à quatre $émaïnes : « dans cet œuf je remarquai ; immédiatement au-dessous du’ chorion, une toile d’un blanie mat, extrêmement fine, presqu’anssi facile à*rompre que la rétine; en sorte que, malgré ‘toutes les: précautions que je pus prendre pour la conserver intacte, elle $e déchira. Cette toile était remplie d’une'matière crêmeuse jet qui ten- dait à s'échapper en grumeaux homogènes et commie pul- peux d’un blanc de neige#mélé d'une téinté jaune lé- gère. Sa face interne donnait n&issance à des filets ét des lamelles ,::à des prolongemerrs sans nombre, qui s’en- trecroisaient dans toutes sortes de directions; à l'instar de ce qui à lieudans ‘14 metibrane hyaloïde de l'œil. Ces filamenis allaient gagner, en traversant la sub- stance blanche, detii-liqnide ; une seconde lame qui touchait la périphérie de l'amnios sans intérmédiairé ; au sotnmet , ce nouvel: odfgñhe constitüait ici une partie sdb Qnifllée, thon sur/la cuite duTchdrie Ps boîtañt la vésicule ét’ Famnios, formadnt daris son inté- rieur un résean à mailles larges et inégalés où se trou- vait ce fluide émulsif; sés deux feuillets écartés de plus de deux lignés dans un point , se rapprochaient de plus ( 195 ) en plus en se portant vers la racine du cordon ombi- lical; du côté de l'embryon , ils semblaient se con- fondre l’un avec l’autre et leur ténacité était telle, qu’on eüt dit une toile d’araignée. Ce corps réticulé est-il bien l'analogue de l’allantoïde? IL est vrai que je ne suis point parvenu à démontrer sa continuité avec la vessie ; mais cette communication n’a pas été mieux dé- montrée dans les Reptiles et même dans plusieurs Mam- mifères. Au surplus, la poche urinaire elle-même était encore si développée sur ce sujet, qu’il devenait vrai- ment difficile de le distinguer; ensuite, puisque d’une part, le sommet de la vessie arrive. nécessairement jus- qu'au cercle de l’ombilic et que, de l’autre, j'ai pu suivre le sac réticulé jusqu’à ce mère anneau ; il était impossible d’approchér plus près du but sans l'at- teindre ; de rendre plus probable cette continuation sans la démontrer. Enfin , sur des embryons plus avancés , j'ai maintes fois suivi l’ouraque dans l'étendue d’un et de deux pouces , au milieu du cordon ombilical , où je l'ai vu se transformer en tissu poreux et se perdre, soit dans l’un des renflemens , soit dans le tissu gélati- neux de la tige omphalo-placentaire, Sur un œuf de cinq # six semaines, l'ouraque venait s'épanouir dans la couche vitriforme qui remplaçaïit déjà le corps poreux réticulé. C’est d’ailleurs une’ observation que j'ai faite en présence de beaucoup de personnes et notamment de MM. Amiraux, Bergeron, Nivért; Brouart , Bomiet, etc. J'avouerai cépendant qu'ayant insufilé de l'air dans la vessie, je n'ai pu réussir à faire pénétrer ce gaz dans l'ouraque , qui a toujours conservé les caractères d’un filament solide. | (196 ) Que le corps réticulé soit une véritable allantoïde où qu'il forme un organe différent, soit qu’il communique avec la vessie où qu'il en soit indépendant , il me paraît impossible de songer à établir le moindre rapproche- ment entre la substance qu’on y rencontre et le liquide urinaire , 1°. parce que dans l’ovule le plus complet où jé l'ai étudié , ce sac était extrêmement ample, eu égard aux autres partiés , et qu'il existait déjà par cela même depuis long-temps, tandis que l'embryon ne présentait encore aucun rudiment visible des rêins; 2°. parce que jusqu’à la quatrième semaine de la grossesse , seule pé- riode pendant laquelle il est possible que sa cavité com- munique avec celle de la vessie , il est exactement rempli par une substance qui ne ressemble pas plus à de l’u- rine , que le lait ne ressemble à de la bile ; 3°: parce que la couche vitriforme qui le remplace un peu plus tard, offre tous les caractères extérieurs dé la gélatine ou du mucus ; 4°. parce que dès l'époque d° un mois l’ouraque étant certainement oblitéré ; l’espace qui sépare la tu- nique de l'œuf de la poche ürinaïre reste nécessairement sans communication. » | des M. Velpeau présume que les fonctions de cet ofgañe se rattachent, comme celles de la vésicule ombilicalé, à la nutrition des premiers linéamens du germe ; du moins il fait remarquer que la matière‘qw'on y rencontre con- serve son aspect résineux Ou floconneux ; les apparences d'une huile émulsive ; jusqu’äce que l’ovule sit bien fixé-dans la matrice , et qu'en suite cette substance dispa- rail très-rapidement , en faisant place à la couche vitri- forme qui persiste jusque vers'la fin de la grossese. ( 197 ) Sur un Terrain renfermant de nombreux débris .de Mollusques et de Reptiles à Brignon, près d'Anduze. | (Extrait d’une Notice de M. J uzes TEISSIER » Médecin à Anduze ,. _ département du Gard.) . L'auteur, après avoir rendu hommage aux travaux des naturalistes qui ont fondé les progrès rapides et durables de la géognosie sur des observations nombreuses. et précises et sur l'étude des corps organisés fossiles , cherche à contribuer à l'avancement de cette science, par la description d’un gîte de ces débris organiques, qu'il a observé près d’Anduze , et qui lui a paru, ne d'attention. Il décrit ce gîte de la manière suivante. : Le Gardon prend sa source sur le versant oriental de- la chaîne des Cévennes et presque au pied du massif cen- tral. Dans son trajet jusqu’à Anduze, il coupe les chaînons subordonnés et parallèles au massif principal. Ces chaînons sont composés du nord au midi, de granites, de geiss, de schistes micacés ; puis d’un calcaire sili- ceux; grenu , alternant jusqu'à une certaine hauteur avec des'éouches régulières de: grauwake ( C) (1); puis de nouveau, du granite contre lequel sont adossées des couches de grès rouge ancien , suivies to"jours dans la (1) Cette roche (graûwake), par ses caractères minéralogiques et son gisement, me parait se rapporter -exactement aux Arkoses de M. Brongniart, surtout à celle. de Mercuer près d’Aubenas. (Voyez Ann. des Sc. nat., tom. vint , pag. 113 et sui.) ( 198 ) direction précitée de collines de calcaire schisteux for- tement coloré en noir par le carbone. Un peu avant d'être à Anduze, paraissent les monta- gnes de calcaire du Jura remarquables par les inclinai- sons nombreuses , les ondulations, les relèvemens et les abaisseméns-subits et souvent à angles très-aigus de leurs couches. Ce calcaire, qui semble faire le dernier étage de la chaine des Cévennes , est une formation fort étendue ayant produit des montagnes élevées, dont un des versans est ordinairement très - abrupte. Il occupe autour de nous , en un vaste demi-cercle, tout le nord des départemens des Bouches-du-Rhône , du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales , et s’é- tend en s’abaissant vers le midi, jusqu’au bord de la mer ; Où s'établit au-dessus de lui la formation plus ré- cente du caicaire coquillier grossier (pierre à bâtir de Paris). La formation du Jura peut se diviser aux environs d’Anduze en deux variétés. D'abord la plus compacte, Ja plus dure, dont la cassure est d’un gris foncé, qui forme les sommets les plus élevés et sous laquelle se trouve le gypse dont nous avons parlé. Ensuite, une autre variété qui peut paraître plus récente , mais qui se lie en mille endroits d’une manière continue à la première, et qui forme le fond, des vallées ou des col- lines peu élevées et arrondies. Celle-ci contient beau- coup d’argile ferrugineuse, ce qui fait qu’exposé à Fair, la pierre jaunit, se délite, et se réduit bientôt en une terre argileuse de mauvaise qualité. La destruction facile de cette roche fait qu ‘elle n ‘est jamais à nud comme l’autre et que les sommets de ses (‘199 ) collines sont toujours cultivables et arrondis. Au reste , elle se lie en mille endroits d’une manière immédiaté À ka première, et les montagnes sont formées , partie de . Vune, partie de l’autre. Dans la destruction plus rapide de la dernière, je trouve l'explication probable d’un phénomène qui m’a souvent frappé , je veux dire de ces escarpemens et de ces coupures qu'on observe dans le calcaire du Jura, lesquels suivant cette idée, pourraient bien ne pas avoir existé primitivement , car alors le dé- pôt simultané des deux variétés aurait élevé à la même hauteur toutes ces roches maintenant si inégales. Quoiqu'il en soit , j'ai trouvé dans la première va- riété de grosses bélemnites noires de quatre pouces de. Jongueur , des Ammonites, des Pterocères, des Ostra- cites ; des Echinites et des fragmens d’une coquille bi- valve profondément striée, et seulement en travers comme la Crassatelle sillonnée (4). La seconde variété paraît plus abondante en fossiles, _ mais peut-être cela tient-il seulement à ce qu’elle se dé- lite avec plus de facilité. On y rencontre une énorme quantité de bélemmites plus petites et plus blondes que celles de la première variété, des Ammonites , depuis la grandeur d’une lentille jusqu’à dix-huit pouces de dia- mètre , des Simpligades, des Nautilites , des Turbinies, des Buccinites , des Nérites ou Natices , des Pectinites, des Vénus, des Oursins (B). Un peu au midi de la ville d’Anduze, reparaît une espèce ‘de ealcaire siliceux , grenu , exactement sem- blable à à celui que nous ayons vu au nord alterner avec des couches de Grauwake, ici il est seul , la stratifica- tion en est douteuse , ilse trouve comme placé au mi- ( 200 ) s lieu de la formation du Jura, sans que j’aie pu bien net tement découvrir encore s’il lui est inférieur ou super- posé. Ilest remarquable par la quantité de silice qu’il contient, qui lui donne une cassure, grenue ;: à facettes brillantes et lui permet de rayer le verre. Il-se lie au reste à la formation Jurassique de tant de manières, qu'il me paraît bien difhcile de l'en. séparer par une coupure tranchée. J'ai trouvé dans cette variété des Lingulées , le Strigocéphale de Burtin ; le bi tri- gonalis et la Térébratule dorsale. A une lieu au sud-ouest d'Anduze, près du ins de Durfort, se trouvent dans cette roche des mines exploi- tées, de plomb sulfuré en filons accompagné de zinc sul- furé (calamine), de baryte sulfatée , de chaux fluatée, cristallisée,, verte, jaune et violette, et tout près de là se trouve Ja grotte des morts dont M. Marcel de Serres a donné une description dans les Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle (x). Des collines d’agrégats ou de pouddingues se trouvent au pied des montagnes Jurassiques d'Anduze, à l'aspect du midi , et dans la direction de la chaîne , elles parais- sent reposer sur la variété de calcaire argileux que nous avons dit former le sol des plaines. Ces pouddingues sont composés de galets calcaires roulés, et liés par un ciment de même nature très-tenace : ils attestent les ré- h (1) Sixième année, sixième cahier. — Dans cette description, Hans laquelle M. Marcel de Serres a bien voulu me citer, il regarde le cal- caire qui nous Occupe comme inférieur à celui du Jura , et son opinion ‘me semble assez probable ; mais il se trompe certainement quand il dit qu’on ne trouve jamais aucun corps organisé dans la masse de ce cal- caire ( page 407). ( 207 ) volutions que les roches anciennes ont éprouvé depuis leur formation (D). | En suivant vers le midi le cours du Gardon sur un espace d'environ trois lieues, on rencontre un village nommé Brignon (1); c’est là que la formation de cal- caire coquillier grossier commence à paraître , et que le _ A : calcaire Jurassique plonge sous elle dans la vallée. Ce- pendant cette vallée-est toujours*entourée de sommets de cetté dérnière formation , l’autre ne s’élevant qu’à une hauteur médiocre. En eflet , ‘le calcaire coquillier ne forme que de petites collines ou des plateaux peu élevés adossés aux montagnes du Jura, et dans ces col- lines les bancs peu puissans de chaux carbonatée alter- nent à plusieurs reprises avec des couches plus ou moins épaisses d’argile plastique bleue ou blanche (Æ).' C’est sur un de ces plateaux formé dercouches hori- zontales d'argile et de calcaire coquillier grossier , et adossé à une montagne bien plus élevée de calcaire du Jura ;. c’est à une hauteur :d'environ ‘cent mètres au- dessus du lit de la rivière que j'ai découvert le banc d’ossemens fossiles qui fait l’objet de: ce Mémoire. Ce banc consiste en une couche peu épaisse, mais qui pa- raît étendue, d’une roche calcaire, d’un gris terreux, se laissant entamer diflicilement par le couteau ;, d’une ‘texture grenue dans la plupart des ‘échantillons , et dans ce cas contenant beaucoup de silice, et rayant fa- -cilement le verre. Ce calcaire qui, dans certains mor- ceaux est compacte, fait une vive effervescence avec (1) Le village de Brignon fut autrefois une ville romaine du nom de Brug itia, On y a trouvé tout récemment une lampe antique en bronze , et un gros anneau d’or de chevalier. ( 202 ) l'acide nitrique ; sa dureté est médiocre, sa ‘cassure matte et terreuse , ou bien grenue et montrant dés fa- cettes cristallines et brillantes, Il se délite, et se réduit en terre lorsqu'il est exposé long-temps au contact de l'air. REUTES Il paraît en quelques endroits entièrement pétri de coquilles bivalves que je n’ai pu rapporter d’après l’a- nalogie des formes qu'aux genres des Tellines , des Donaces , des Vénus , peut-être même des Mactres (Æ), ce qu'il y a d'étonnant , quoique M. Humboldt ait fort bien dit que la même chose se remarque dans plusieurs autres localités , c’est qu’à côté de ces espèces qui sem- blent toutes marines , les univalves à l’exception peut- être de quelques Buccinites , sont toutes stagnales ou d’eau douce. Telles sont les Lymnées qui s’y trouvent par milliers , et parmi lesquelles j'ai cru reconnaître le Lymneus ventricosus, et surtout le L. palustris antiquus. * Les: ossemens se trouvent empätés dans cette roche-et au milieu-des Lymnées qui les entourent dans tous les sens : on ne peut guère les extraire que par fragmens ; cependant j'ai cru y reconnaître des restes de grandes tortues , surtout sur un-bloc qui fut pris pour le ster- num- et les côtes d’un homme, et qui fut brisé par les ouvriers qui le trouvèrent. J’y ai pris , et conservé une mâchoire imférieure de pachyderme très-belle et’ avec plusieurs dents qui la rendent parfaitement détermi- nable , des portions de fémur et de tibia de quadru- pèdes au moins de la taille du on ; avec leurs extré- mités articulaires; et j’y,ai enfin observé , de petits os- semens en très-grand nombre et presque entiers d’oi- seaux ou de rongeurs. ( 203 ) Voilà l'exposition des faits qui se sont présehtés à mon observatiôn , qu’on me permette de terminer par quel- ques réflexions qu’ils font naître dans mon esprit. M. Marcel de Serre, en décrivant les ossemens fos- siles qu’il a découverts , et les brèches osseuses qu’il a 6bservées , les regarde comme le résultat ou le dépôt d'un grand courant d’eaü ayant une direction déter- minéé , ét qui aurait aggloméré ces ossémens dans les cavernes et les fentes de rochers où il lés a trouvés. Cette explication ; qui peut d’ailleurs convenir aux faits observés par ce savant, me paraîtrait un cadre trop étroit, s’il fallait l'appliquer à la généralité des faits qui se sont présentés à l'observation des géologues. D'abord , pourrait-on expliquer ainsi, l'existence dans presque tous les pays de dépôt d’ossemens fossiles découverts dans des circonstances semblables. Il faut qu’une cause générilé ait embrassé tous les lieux où les mêmes phé- nomènes existent, on que des causes sémblables , des circonstances identiques dans leur manière d’agir, quoi- que particulière dans leur étendue , se soient préséntées sur la plus grande partie de la surface de notre globe. Dans la localité que nous décrivons ces circonstances peuvent être appréciées jusqu’à ‘un certain point, sans entrer dans le vaste champ des hypothèses, et l’obser- vation seule peut nous fournir des données qu'il ne faut pas mépriser. Ainsi l’observation prouve qu’à quel- ‘que hauteur! que se trouvent actuellement les dépôts semblables à celui que nous avons décrit, il devait se trouver primitivement des eaux abondantes réunies. Les coquilles nombreuses que la roche à conservées, tant marines que fluviatiles, ne peuvent avoir d’autre ori- ( 264 ) gine. De plus, ces eaux ont dû séjourner long-temps dans le même lieu ; ce que la quantité des coquillages et l'épaisseur des dépôts établissent d’une manière cer- taine. Nous devons encore faire attention à la conservation et à l'intégrité parfaite de nos coquillages ; à la pureté de leurs empreintes, quelques fragiles qu'ils dussent ètre, et quoiqu'on les y compte par myriades ; ce qui établit d’une manière non douteuse à nos yeux que les eaux où ces dépôts se sont formés et conseryés étaient . des eaux retenues, stagnantes et tranquilles, et non des eaux courantes (G). D'un autre. côté , des débris d'animaux terrestres se trouvent mêlés et confondus à ces débris d’êtres aqua- tiques , la même pâte pierreuse les a ensevelis et con- servés. Ici, nulle succession de couches.n’établit une succession d’âges. En même temps que ces lieux éle- vés étaiént couverts par les eaux , il y en avait done de plus élevés encore où vivaient, où s’alimentaient de nombreuses générations d'animaux terrestres. A leur mort naturelle ou causée par quelque catastrophe ex- traordinaire , leurs ossemens entraînés par les eaux courrantes sont venus, dans les réservoirs inférieurs, se mêler aux débris des espèces aquatiques. Au reste, leur conservation , la pureté de leurs saillies et de leurs ar- rêtes doivent encore exclure l’idée d’une force violente qui les aurait long-temps agités et les aurait abandon- nés enfin dans les lieux où on les trouve réunis. Des dépôts pareils à celui qne nous avons décrit ont dû naturellement se former dans tous les lieux où se présentaient des circonstances favorables ; c’est-à-dire, \ ( 205 ) dans toutes les vallées fermées que les eaux remplis- saient en forme delac, et qui étaient entourées de som- mités qui les dominaient. Quand les digues ont été rompues et les eaux écoulées dans des lieux plus bas, ces dépôts ont dû long-temps tapisser comme un seg- ment de sphère: renversé ; les parois et le fond de ces anciens lacs. | Mais la même cause qui avait PARA ces dépôts n’a pas du tarder dans la plupart des lieux à les altérer et à les détruire : je veux signaler l’action des eaux. Par elle les flancs des montagnes ont été sillonnés , les cimes ébou- lées , les bas-fonds encombrés, et ce qui, primitive- ment , était général et régulier , n’a plus été consérvé qu’accidentelléement et n’a présenté que image du dé- sordre. Doit-on s'étonner après cela que ces formations récentes qui sémbleraient à un examen superficiel de- voir-s’offrir partout, ne se retrouvent plus que par ha- sard ét à de longs intervalles. Est-il surprenant que leurs restes les mieux conservés se découvrent dans des ca-- vernes et d'anciennes fentes de rochers, ou naturelle- ment ils se sont-trouvés à l’abri de l’action destructive des eaux et des agens extérieurs. Si l'on nous demandait comment on peut concevoir queles eaux de la mer aient jamais été à des hauteurs si supérieures à celles qu’elles occupent aujourd'hui, et ce que peut’ être devenue la masse effroyable des-eaux qu'ilaurait fallu-de plus pour cela ; nous répondrions : que nulle observation directe , nulle analogie ; ne peut nous éclairer sur-ce point, et que, quand ces guides manquent à l'esprit humain , il doit s'arrêter sous peine des plus grands erremens. ( 206 ) Mais il nous est permis pour les eaux douces, d'a- voir quelques lumières de plus, ét l'observation di- recte, du moins dans la localité qui nous oceupe , semble nous autoriser à supposer que primitivement nos val- lées étaient beaucoup moins profondes qu’elles ne le sont aujourd'hui; et que c'est suivant lopinion de Fabre (Théorie des courans et des rivières, in-4° ), la corrosion des eaux, aïdée des influences météori- ques , qui les a creüsées même dans les roches les plus dures. Delà, la possibilité des dépôts fluviatiles et la- custres à dès hauteurs considérables , et l'explication plausible des bancs de fossiles qu'on ÿ retrouve. L’abaissement graduel des montagnes est un fait re- connu et d'observation journalière : maïs on aurait dû remarquer avec d'autant plus d'attention les coupures étroites et en général perpendiculaires à leur direction , qui les divisent et qni servent de passage aux rivières et aux torrens. Ces coupures , déterminées sans doute par la dureté inégale des roches, ont du causer dans les. com- mencemens et à mesure qu'elles $’aprofondissaient ; un abaïssement du sol des valléés: plus exposé à la corro- sion, bien plus prompt et plus rapide que celui des sommets. Par conséquent, lés eaux tranquilles ou courantes ont dû de plus en ts s’abaisser et s'éloi- gner des sommités. | 29116 > 10 QE Ce 13 prouve ces faits d’une manière icontestable , c’est qu’on observe sur lescôtés de la plupart des val- lées des dépôts et des grèves exactement pareils à ceux que produisent encore léssrivières qui les traversent , mais à des hauteurs anxquelles elles sont loin de pou- voir arriver aujourd’hui; et pour términer par des ob- j 7 (207 ) servations propres aux lieux qui nous avoisinent et ne pas sortir du cercle que nous nous sommes tracés, nous devons noter qu’au-dessus et au-dessous d’Anduze, le cailloutagé bien caractérisé du Gardon se retrouve sur le penchant des montagnes qui entourent la vallée à plus de cinquante mètres au-dessus du lit actuel. Dans d’autres endroits, ce cailloutage s’est conservé dans des cavérnes de rocher à une hauteur qui paraît aujourd'hni fort étonnante, et non loin de Brignon on observe des collines de galets roulés du Gardon, d'environ cent mè- tres d’élévation au-dessus de son lit actuel (1). ( — Nores sur le Mémoire précédent ; L'auteur ayant bien voulu envoyer aux rédacteurs des Annales une collection des roches et pétrifications in- diquées dans sa Notice, a mis M. Alex. Brongniart, par cette communication instructive , dans l’heureuse et ho- norable position d’ajouter quelques développemens aux observations renfermées dans cette Notice. (4) Les échantillons envoyés comme appartenant à la première variété , présentaient én pétrification : üne Gryphée très-semblable aû Gryphea Aquila, ün Spà- tangue et des Ammonites, qui PRO ER PES ce terrain de la craie inférieure. | (B) Les n6 Ron de la seconde variété pourraient ‘) Tout près de Latour , campagne appartenant à M. le baron de Chabaud , membre dela Chambre des députés. ( 208 ) indiquer quelques rapports entre ce calcaire et le Jias; mais ces rapports,sont fondés sur.un nombre trop petit de coquilles , et sur des espèces trop faiblement caracté- risées, pour qu'on puièsel leur donner beaucoup d’im- portance. Fo ESRI COUT ED RE gs (C) Le rapprochement que l’auteur fait de cette roche avec celle que j'ai décrite sous le nom d’Arkose, est exact : les échantillons que j’ai sous les yeux le confir- ment. (D) On retrouve ici la succession | comme dans la grande vallée de la Basse-Suisse , 1°. du gompholite (ra- gelflue) recouvrant souvent le maciguo mollasse. 2°. Du maciguo contenant, comme à Paudex, près Lausanne , et dans beaucoup d’autres lieux , tous les dé- bris organiques qui caractérisent les terrains lacustres ou d’eau douce. Les échantillons envoyés par M. Teïssier montrent dans cette roche des ossemens d’ animaux ver- tébrés , tant mammifères que reptiles lacustres , notam - ment des tortues, des tiges végétales, des Lymnées. des Melanopsides , Fa Mélanies , etc. (F). Ces bivalves, qui ne Ga déterminées ayec certitude, ressemblent beaucoup plus à des Cycla- des et à des Cyrènes qu'à des Tellines et à des Vénus; par conséquent ces coquilles ne forcent pas d’ admettre , comme M. Teissier semble le présumer, qu'il y ait eu mélange de coquilles marines et de coquilles d’eau douce; elles peuvent tout aussi bien et même mieux appartenir aux mollusques qui vivent ordinairement dans les eaux douces qu’à ceux qui habitent la mer. (209 ) (E) La matière terreuse désignée ici par l’auteur sous le nom d’argile plastique est une marne argileuse ; elle fait effervescence avec les acides, caractère des marnes en opposition avec celui des argiles plastiques. Au reste. cette distinction a ici très-peu d'importance , puisque ce terrain lacustre à ossemens de reptiles et à coquilles d’eau douce , paraît être placé dans le passage des ter- rains de sédiment supérieur aux terrains de sédiment moyen. Ce terrain, ces marnes et leurs coquilles, ont beau- coup de ressemblance avec celui de Saint-Hypolite du Gard, dont les échantillons nombreux m'ont été en- voyés il y a long-temps par M. d'Hombre Firmas , d’ 5 lait. (G) Cette observation de M, Teissier sur l’état de par: faite conservation des myriades de coquilles qui se trou- vent dans ce terrain , et la conséquence qu’il en tire, qu’elles doivent y avoir vécu , est d’une assez grande im- portanee pour la théorie géognostique. f S Rapport sur un Mémoire de M. Turpin, ayant pour"objet l’organisation et la reproduction de la Truffe comestible ; : Par MM. Mansez et Giant (Fait à l’Académie royale des Sciences , séance du 20 août 1827.) = L'Académie nous a chargés, M. de Mirbel et moi, de lui rendre compte d’un Mémoire de M. Turpin , XII. 14 ( 210 ) contenant des observations sur l’organisation , lé mode d’accroissement et le mode de reproduction-de la Truffe comestible , et des considérations générales concernant la théorie de l’organisation des végétaux. Quoique l'auteur n'ait pas distingué ces deux parties dans son Mémoire , il nous semble convenable de les analyser séparément dans ce rapport. * La Trufle, dit M; Turpin , est un végétal entière- ment dépourvu d’appendices foliacés et de racines ; ce n’est qu'unemasse arrondie souterraine , absorbant sa nourriture par tous les points de sa surface , et dont la reproduction ne peut s’opérer que par des corps nés dans. l’intérieur de sa substance. Cette masse est composée de deux sortes d'organes élémentaires : 1°. des vésicules globuleuses , destinées à la reproduction , et que M. Turpin compare au tissu cellulaire des autres végétaux ; 2°. des filamens courts et stériles , que l’auteur nomme tigellules, en les com- parant aux tiges des plantes parfaites, et aux vaisseaux tubuleux qui contiennent ces tiges. Le tout forme une chair blanche d’abord, et qui, en avançant en âge , devient brune, à l'exception de certaines parties imitant les veines blanchâtres du mar- bre Sainte-Anne. Le changement de couleurs est dû , selon M. Turpin , à la présence des corps reproducteurs, qu'il nomme trufinelles, et dont il explique la forma- tion et le développement de la manière suivante. Chaque vésicule globuleuse est un conceptaele des- tiné a donner naissance, de ces paroïs intérieurs , à une multitude de corps reproducteurs ; maïs il n’y en a qu'un petit nombre qui remplisse réellement cette (rw) destination ; ces vésicules privilégiées se dilatent no- tablement et produisent intérieurement d’autres vési- cules plus petites, dont une, deux , trois ou quatre grossissent , brunissent , se hérissent extérieurement de petites pointes , et se remplissent intérieurement de vésicules bientôt entregreflées ; ces petites masses , ainsi formées , sont les Truflinelles , qui deviendront des Trufles après la mort de leur mère. Ainsi les parties brunes de la Truffe sont cles qui contiennent les Truffinelles , et les veines blañchâtres interposées sont celles qui n’en contiennent point. La Truffe mère ayant atteint le bouble but de son existence, c’est-à-dire, ayant accompli son accroisse- ment individuel et la formation des corps reproduc- teurs , se dissout peu à peu en fournissant à ceux-ci l'aliment approprié à leur jeune âge. La cavité qu’elle remplissait dans le sein de la terre se retrouve donc oc- cupée, du moins en partie , par une multitude de jeunes individus , dont les plus robustes affament ou étouffent les autres , s’agglomèrent souvent ensemble , et repro- duisent dans le même ordre la série de phénomènesdont nous venons d'esquisser le tableau , d’après M. Turpin. Les observations de ce botaniste que nous avons vé- rifiées avec lui, et dont nous avons reconnu l’exactitude, sont d’ailleurs justifiées par des figures peintes avec le talent qui le distingue. Il reconnaît lui-même que Micheli et Bulliard avaient observé et décrit avant lui le vrai mode de reproduction de la Truffe; en ce qu'il y a d’essentiel. Mais quant aux détails , l’analyse de Micheli est erronée sur quel- ques points, et celle de Bulliard est viciée par lhypo- ( ae ) thèse gratuite de la présence d’uu fluide fécondateur ou mâle dans la vésicule contenant les corps reproducteurs, L'analyse de M. Turpin est infiniment supérieure,, comme plus exacte, plus complète, et accompagnée de, bien meilleures figures. | Il est donc aujourd'hui bien établi que la Truffe se reproduit par des corpuscules nés dans l’intérieur de sa substance ; mais si c’est là le seul mode de propagation de cette espèce, on ne comprend pas facilement sa pro- digieuse multiplication dans certains départemens de la France, où on en recueille chaque année d’innombra- bles individus sans épuiser ni diminuer la race. On. con- çoit en eflet que les corpuscules reproducteurs dont il s’agit puissent remplacer leur mère dans la cavité sou- terraine qu'elle occupait ; maïs ne jouissant d'aucun mouvement progressif, comment pourraient-ils quitter cetle cavité natale, s’insinuer ailleurs en perçant la terre qui l’environne ; et se propager à une distance notable? L'espèce de Ja Truffe serait. donc éternellement confinée dans les lieux où elle a été placée dans l’origine des choses! La dissémination des corps reproducteurs est- elle opérée ‘par quelques moyens naturels inobseryés jusqu’à présent,et étrangers à la végétation , ou bien la surface de la Truffe émet-elle des filamens imperceptibles qui s'insinuent dans la terre comme des racines , et pro- duisent de petites Truffes à leur extrémité? Si nous nous permettons dénoncer ici ces idées purement hypothèti- ques , c'est uniquement pour signaler un problème dont M, Turpin ne s'est point occupé, et qui ne pourrait être résolu que par un observateur habitant les lieux où la Trufle croit abondamment. pe ’ éd nt ed ( 253 ) + L'auteur du Mémoire ayant fait infuser des morceaux de Truffe dans l’eau , et ayant observé sous le microscope Jarmatière qui s'était formée à la surface du liquide, y a réconnu quelques animalcules analogues aux Monades , aux Cyclides , aux Vibrions. Enfin, M. Turpiti proposé pour former des truflières artificielles une méthode dont nous ne pouvons rien dire ; puisque l’auteur n’a point essayé dé la mettre en pratique. Oceupons-nous maintenant des idées générales sur la vhéorie de l’organisation végétale , que l’auteur a inter- calées parmi ses observations particulières sur la Truffe. Un: globule müqüeus et hyalin, d’abord plein, puis dilaté en une vésiéule membraneuse dont les paroïs in- térieures produisent de nouveaux globules destinés à remplacer et multiplier leur mère; voilà , selon M. Tur- pin , le type originaire de toute espèce d'organisation. L'assemblage de ces vésicules constitue ce qu’on nomme le tissu cellulaire des végétaux, lequel existe seulet sans mélange dans certaines plantes ; mais la plu- part sont composées de l’association de deux élémens tout-à-fait distincts, dont l’un est le tissu cellulaire que nous venons de signaler , et dont l’autre, nommé par l'auteur tissu tigellulaire, ne peut jamais exister seul | Ce tissu tigéllulaire de M. Turpin est ce que la plu- part des botanistes omment tissu vasculaire ou tubu- laire; mais M. Turpin ne reconnaissant point de yais- seaux dans les plantes, prétend que les corps cylindriques ét menus qu'on a pris pour des vaisseaux , sont réelle- ment des tigellules ou petites tiges qui végètent dans Ca14) | l'intérieur de la plante, comme les branches d’un arbre. végètent dans l'air. ù Pour établir cette analogie, l’auteur se fonde princi- palement sur ce que les tigellules internes et les tiges proprement dites sont également pourvues à leur surface de pores ou de fentes, qu'on a nommés pores annulés , sur les prétendus vaisseaux, et pores corticaux ou sto- mates sur les jeunes tiges , ces ouvertures étant toujours bordées par deux vésicules remplies de globuline. Il fait aussi remarquer que les tigellules , quelquefois rameuses et ordinairement fistuleuses, sont formées d’une suite de mérithalles , comme les véritables tiges. M. Turpin déclare ne pouvoir assigner l’origine des tigellules internes, mais il affirme qu’elle n’est pas due à l'allongement des vésicules du tissu cellulaire; quant à leur organisation intime , il suppose par analogie que chaque tigellule est formée, à l'instar de la tige, de tissu cellulaire et de tigellules plus petites. Revenons au tissu cellulaire : c’est, dit M. Turpin, une agglomération de vésicules toujours incolores et diaphanes, toujours privées de pores, libres ou soudées entre elles , et dont chacune est un centre vital de repro- duction. En effet, chaque vésicule est de nature à pro- duire de ses paroïs internes de petits globules vésiculai- res diversement colorés, que l’auteur a déjà nommés globuline dans un précédent Mémoire; et selon lui, ces globules , qu'il compare à des ovules , reproduisent, renouvellent, augmentent les masses cellulaires ; elles occasionent par leur présence presque toutes les couleurs des végétaux ; elles sont l’origine des embryons, des bourgeons , des corps reproducteurs existant quelquefois 14 (228.5) dans le pollen ; enfin des prétendus végétaux parasites qu’on croit nés sous l’épiderme. | M. Turpin pense que toute masse organisée s’accroit en général par rayonnement progressif en tout sens , du centre vers la circonférence ; mais il admet en outre que, . dans les arbres dicotylédonés, le diamètre de la tige re- çoit quelque accroissement par des fibres qui descendent de la base des bourgeons , entre le bois et l'écorce, à mesure que ces bourgeons se développent dans l'air. Tel est à-peu-près le sommaire des principales idées théoriques que nous avons trouvées éparses dans le Mé- moire de M. Turpin ; elles sont d’une si grande impor- tance , que nous n'avons pas cru pouvoir nous dispenser de les recueillir, pour en présenter dans notre Rapport un tableau succinct: mais d’une autré part, nous ne pensons pas que l’Académie en nous chargeant de l’exa- men de ce Mémoire , nous ait'imposé le devoir d’énoncer témérairement notre opinion sur des systèmes plus ou moins ingénieux , plus ou moins vraisemblables, qui pourront devenir un jour d'importantes vérités, mais qui attendent encore la sanction de l'observation et de l'expérience. Distinguant donc soigneusement les faits et les hypo- thèses contenus dans le Mémoire de M, Turpin , nous Jugeons que l’Académie doit des éloges aux observations positives de ce botaniste , qu’elle doit aussi l’exhorter à poursuivre avec constance ses investigations dans la car- rière épineuse de l'analyse des organes élémentaires , afin de fonder entièrement sa théorie sur les faits , et que son Mémoire est très-digne d’être imprimé parmi ceux des savans étrangers. { ( 216 ) OsservaTions sur la Structure des Poivres ; Par C. L. Brume (1). ; La Flore des Indes, ainsi que Rumphius l’observait il y a long-témps, est particulièrement riche en plantes grimpantes ; ces plantes, qui rendent l’accès des bois si difficile dans les régions chaudes, appartiennent surtout aux familles des Légumineuses , des Convolvulacées, des Asclépiadées , des Cucurbitacées, des Ampelidées , des Menispermées , des Rhamnées , des Piperacées et de quelques autres. L'obstacle que ces lianes opposent aux voyageurs n’a guère lieu que dans les parties basses ou médiocrement élevées de l’île de Java : on en rencontre à peine dans les bois situés à une élévation absolue de plus de 4,000 pieds. Comme les parties où elles se trouvent en abondance sont aussi les plus fertiles, les plus habitées, les plus voisines des éfablissemens européens , on a lieu de s’é- tonner que les plantes dont il s’agit aient échappé si long-temps à l’investigation attentive des botanistes ; il est surprenant surtout qu'ils se soient aussi peu occupés des Piperacées. C’est un reproche que M. Decandolle (x) Extrait de la Monographie des Piperacées de l’île de Java et de quelques autres îles voisines , que ce savant voyageur a publiée dansles Mémoires de la Société des sciences de Batavia , vol. x1, 1826. Ces observations sont surtout précieuses par les faits qu’elles renfer- ment sur la structure des tiges, l’organisation de la graine et la germi- uation de ces plantes ; faits qui sont lrès-imtéressans , même lorsqu'on ne eroirait pas devoir admettre les conséquences que l’auteur en tire, (R.) y (217) leur faisait il y a plusieurs années dans son Mémoire sur les propriétés médicales des plantes : M. Blume a donc lieu de s’applaudir d’avoir pris cette famille pour un des objets spéciaux de ses recherches. Les Piperacées ; si l’on en excepte quelques espèces américaines , sont des végétaux grimpans , les uns her- bacés, les autres frutescens, et quelques-uns, mais en petit nombre , arborescens. Si l’on coupe traisversalement la tige d’une de ces plantes un peu au-dessus du collet de là racine , on la ouvera çylhindrique ; mais si la section a lieu plus haut et sur les branches, elle fera apercevoir qu'un côté est plat et l’autre convexe , et même quelquefois , mais plus rarement , anguleux. En opérant ainsi, même sur les Dipeéen ligneu- ses , on reconnaît évidemment , °. Qu'elles n’ont ‘point d’écorce proprement dite ; p Que leur substance n’est pas formée de cercles concentriques et parfaitement continus; . 3°, Que toutefois les trachées y sont placées à-peu- près circulairement en s’élevant dans le tissu cellulaire , . lequel est traversé par les vaisseaux séveux ; 4°. Enfin on voit que les trachées les plus anciennes et de la consistance ligneuse occupent la circonférence de la section , tandis que les moins anciennes sont pla- placées au centre, et que ce centre est ordinairement rempli par dé la moelle ou tissu cellulaire mou, mais quelquefois vide, au moins dans quelques espèces her- bacées. : Par ces diférèus traits de leur organisation ; ainsi que par Ja forme plus ou moins noneuse de leur tige, les ( 218 ) Piperacées se rapprochent des Graminées , et surtout des arbrisseaux appartenant à cette dernière famille. Les unes comme les autres ont la faculté de pouvoir ètre multipliées de boutures , au moyen des vaisseaux qui pénètrent le tissu cellulaire compacte des nœuds de la plante, et qui donnent même naïssance spontanément à des racines lorsqu'elles se trouvent dans des circons- tances favorables. L EFtE Cependant la disposition des vaisseaux est plus régu- lière dans les Piperacées que dans les Graminées , et sous ce rapport , aussi bien que sous celui de l’expansion pa- giniforme de leurs feuilles que parcourent des nervures ramifiées et non parallèles, elles se rapprochent plutôt de la famille des Aristoloches. | On peut dire que dans le plus grand nombre des Pi- peracées , les feuilles sont opposées , en sorte toutefois qu’une seule des deux feuilles reçoit le développement entier, et que celle qui devrait lui correspondre est rem- placée par une stipule; celle -ci est caduque, et en se détachant elle laisse à sa place une impression aunulaire sur le nœud de la branche où elle s’insérait. La disposi- tion des feuilles n’est pas exactement la même dans la division de cette famille qui a reçu le nom de Pepero- mia; car bien que dans la partie supérieure de Ja tige les feuilles soient opposées , celles du bas sont verticil- lées. La forme des feuilles des Piperacées est variée; ce- pendant elles ont cela de commun, qu’elles ne sont ja- mais découpées ni mème dentées : plusieurs espèces les ont bordées d’un petit aurlet. Le spadix des fleurs est supporté en général par un pédoncule isolé et simple; il est placé le plus souvent (219) vis-à vis d'une feuille développée , et occupe la place de la feuille opposée , étant d’abord recouvert par la stipule qui , ainsi que nous l'avons dit plus haut ; tient lieu de cette autre feuille. Cependant la portion du spa- dix s’écarte , dans quelques espèces , de cette règle; il yen a qui vont à l'extrémité des branches , d’autres aux aisselles des feuilles ou à leur base même , comme dans le Peperomia florifera de la Flore du Pérou. Au surplus: quoique le spadix avant d’être dévelôppé soit entouré , soit par la stipule, soit par des folioles particulières , il ne faut pas comparer ces enveloppes avec le spathe des Aroïdes ; elles en diffèrent, non-seu- lement en ce qu’elles sont incolores et semblables à tous égards aux stipules ordinaires , mais encore en-ce qu’au lieu d’être placées immédiatement sous le spadix , elles le sont à la base du pédoncule ou mème plus bas, et qu’elles se détachent avant même que les fleurs soient ouvertes. Ce spadix est d’une forme plus ou moins cylindrique, allongée, quelquefois conique ou même sphérique; il porte toujours un grand nombre de fleurs accompagnées Chacune d’une écaille , dont la réunion imbriquée sert à protéger le spadix avant son développement. La forme de ces écailles n’est pas la même dans les différentes es- pèces ; dans la plupart elle est peltée , presque sessile et pubescente ; dans d’autres , par exemple , dans le Pins arborescens , le Piper acre et le Piper nigrum , elle a la forme d’une sorte de cupule ou de godet ; enfin cette forme est quelquefois celle d’un casque s’ouvrant obli- quement , comme dans le Piper baccatum et dans le P. recurvum : dans ce dernier cas, les fleurs ne sont ja- ( 220 ) mais aussi es LE dans les deux cas prévé- dens, UT | RO 2 Sous les écaillés se trouvent , ordinairement implan- tées immédiatement sur le spadix et entourées de petits poils mous; les parties de la fructification. Quelques espèces sont hermaphrodites , d’autres :soht :dioïques. Observons encore au sujet du :spadix que dans quel- ques espèces il devient charnu en grandissant ; particu- hèrément dans celles qui portent leurs graines très-rap- prochées les unes des autres , tandis que dans d’autres il ne subit aucun changement. Dans une vingtaine d'espèces de Piperacées , soit de la division des Piper , soit de celle des Peperomia dont M. Blume a observé les anthères , il les a trouvées cons- tamment à deux logés, bien que quelquefois ces deux loges semblent n’en former qu'une seule. Ces anthères sont de forme ‘ovoïde , obtuse , allongée; elles s'ouvrent latéralement , plus en dehors dans les Peperomia que dans les Piper; elles sont ou sessiles sur le spadix , ou posées sur un filament court, épais et comme charnu:. Dans les fleurs hermaphrodites ; ces organes mâles sont | placés à côté de l'ovaire ; auquel ils sont même quelque: fois adhérens par leur base; ainsi qu'on le remarque dans le Piper muricatum. | Il résulte de ces observations que c’est à tort qu'on à rché à distinguer les Peperomia des Piper d’après R 5 Mifférences fort peu importantes dans leurs anthères. * Les ovaires sont toujours isolés, c’est-à-dire qu'il n'y en a jamais plusieurs de réunis sous une même écaille: Ils sont sessiles dans les commencemens, même lorsque le fruit doit cesser de l'être plus tard. Le stig- | | ( 227 ) raté est. simple et plat, quelquefois stelliforme, -et porté sur un style court; dans tous les cas , l'ovaire ne contient qu'un seul ovule dressé. ROC : Dans les fruits murs de ces ee , on observe les AR suivantes. °. Un péricarpe plus ou moins charnu , qui renferme une rie dre 5 . Uu double 1égument autour de la AE , l'un extérieur et l’autre intérieur plus mince ; PE 3°. Un albumen plus où moins granuleux , daba le- quel il se dépose assez souvent une substance huileuse. Il estcreusé:vers son extrémité supérieure d’une. pe- tite cavité , -et-on voit dans son milieu la tracé d'un pétit-vaisseau qui porte la nourriture à l'embryon. Cé L petit vaisseau, très-délicat et très-tendre, ne se voit | qu'avec un très-fort grossissement , bien qu’il existe in- dubitablement dans toutes les piperacées ; p: 4°: L’embryon lui - même qui occupe le creux de l’albumen dont nous avons parlé, ou la partie su- D périeure de la graine ; est charnu et en forme de cône renversé , et s’unit à la partie centrale et supérieure de _ l’albumen par le vaisseau dont nous avons parlé. La plumule renfermée dans cet embryon ou plutôt dans ee TT © ce cotylédon fermé ( Bacillus de Link), a une forme cy- ) lindrique; son extrémité radicale mousse est dirigée vers | la partie supérieure du. cotylédon , et son extrémité infé-" “ rieure bilobée vers le creux de l’albumen , et cela dé” * | telle manière que cette plumule a l'apparence d’ être suspendue en haut dans le cotylédon ; sa partie radicale " touchant contre la partie supérieure de ce cotylédon , et | au contraire la partie inférieure fendue ne touchant pas (: 20 ) complètement à la base du cotylédon ; mais cette attache de la plumule n’est qu'apparente , car lorsqu'elle se développe, on voit clairement que sa partie radicale n'est qu'appliquée par son extrémité saus être réunie par des vaisseauxau cotylédon, et que la partie supérieure seulement de la gemmule qui, d’après sa direction , est la plus basse , est adhérente au cotylédon. Pour mieux dé- terminer la structure de cet embryon ; M. Blume en a suivi le développement , et le décrit ainsi : Dans la germination du Piper densum , on observa que le septième jour les tégumens de l’extrémité supé- rieure étaient fendus. Le neuvième jour, la partie radicale dela plumule avait percé la partie supérieure du cotylé- don , etse montrait au dehors à travers la fissure des té- gumens. Le onzième jour, cette partie radicale était déjà recourbée vers la terre. Le treizième jour , on remar- quait au dehors de l’extrémité de la racine, qui s'était allongée de plus en plus, un renflement qui était garni de petits poils ou vaisseaux absorbans. On pouvait aussi alors apercevoir un changement sensible dans les deux petites feuilles séminales qui étaient encore restées attachées dans le cotylédon , qui lui-même ne s'était pas séparé de la graine; ces feuilles étaient plus développées , tellement que leur extrémité inférieure qui ce mmençait à verdir , se rapprochait de la pointe de la graine, tandis qu’elles étaient adhé- rentes à la partie intérieure du cotylédon par leur par- tie opposée et plus charnue. Le quinzième jour. la partie inférieure des feuilles commençait à se montrer hors de la fente des tégumens. Les jours suivans , ces deux folioles se développèrent | on ar nt ce HR RES ( 223 ) de plus en plus ; elles devinrent plus vertes, cc qui n'arrivait pas à leur extrémité supérieure , qui était _encore renfermée dans le cotylédon , et qui était réunie avec lui par un bord charnu. Enfin, plus tard, ces folioles se séparèrent l’une de l'autre ainsi que du cotylédon. M. Blume conclut de ces observations que les Pipera- cées doivent être rangées parmi les monocotylédones (1), et il fait remarquer que tel était aussi le sentiment de Linné, puisqu'il les réunissait dans un même groupe avec les Aroïdes. On ne peut nier en effet , ajoute notre auteur, qu'il n’y ait quelque affinité entre ces deux fa- milles. Mais outre le port et le facies, elles diffèrent essentiellement entre elles par la situation de l'embryon, (x) La structure de la graine et de l'embryon, et son mode de germi- nation , tels que M. Blume vient de les décrire , ne conduisent pas né- cessairement à la conclusion adoptée par le savant botaniste hollandais, c’est-à-dire à ranger ces plantes parmi les monocotylédones ; au con- traire, tous les faits rapportés par lui confirment l’analogie de leur embryon et de celui des Vymphea ; analogie déjà indiquée en deux mots par M. Brown (Ænn. des Sc. nat., tom. viir, p. 231 ), et dans ce cas il est impossible de considérer le sac charnu , décrit sous le nom de co- tylédon, comme faisant partie de l'embryon ; il suffit pour s’en con- vaincre d'examiner la planche 39 de notre Mémoire sur la Génération des Végétaux, planche relative au développement de l’embryon du Nymphea ; on verra qu’il existe dans cette graine, comme dans celle des Poivres , un périsperme ou albumen granuleux que traverse un vais- seau très-délié qui va se terminer au sommet d’un sac fermé de toutes pers ; ce sac , qui a été considéré par porn à de botanistes , et par- iculièrement par Richard , comme un cotylédou unique , tant dans le IVymphea que dans les Piperacées , préexiste à la formation de l’em- bryon , il est uni aux autres tégumens de la graine, et w’est autre chose que le sac de Pammios de Malpighi : on ne peut donc le considérer comme faisant partie de l'embryon. La partie décrite dans les Poivres par M. Blume comme la plum e, est au contraire l'embryon tout en- tier, la gemmule bilobée n’est autre chose que les deux cotylédons , et la artie radiculaire est la véritable radicule. Alors la structure si singu- fève en apparence de ces plantes devient très-simple, et leur germiua- tion beaucoup plus naturelle ; le prétendu cotylédon qui se séparait de l'embryon pour rester dans la graine, doit nécessairement y être ren- fermé , puisque c’est une sorte d’endosperme. Ce que M. Blume appelle les deux feuilles séminales , sont au contraire les deux cotylédons, qui (224) par l’organisation du fruit, et par le mode de germina- tion. Plusieurs botanistes célèbres ont au contraire ran- gés les Pipéracées parmi les plantes dicotylédones ; c'est ainsi notamment que M. de Jussieu les avait rap- portées à la famille des Urticées. Les Piperacées ont en effet de l'aflinité avec quelques végétaux dicotylédons, particulièrement avec les genres Chloranthus et Asce- rina; car ce que dans ces genres on a pris pour des pétales portant des anthères, paraît à M. Blume être plutôt des filamens charnus qui soutiennent les anthères à leur face inférieure ; mais leurgraine contient un albumen charnu, et leur embryon diffère entièrement, par sa situation et sonwrganisation , de celui que ce botaniste a vu dans les Piperacées. | Après ces généralités, M. Blume. entre dans le détail des espèces de Piperacées qu'il a observées , et donne sur chacune d'elles une phrase latine suivie d’une ample description en langue hollandaise , etaccompagnée d’une figure qui fait connaître la grandeur et la forme de ses feuilles. Ces descriptions et ces figures sont au nombre de quarante-une, dont dix se rapportent à la division des Peperomia. C4 se développent de la même manière que ceux des autres plantes dicoty- lédones. Le seul fait smgulier, c’est l’adhérence de l’extrémité de ces cot ylédons, soit entre eux, soit surtout au sac endospermique; adhé- rence qu’on n’a jamais observée dans aucune plante , et qui n’est pro- bablement dans ce cas qu’un contact très-intime, sans continuité de tissu. | Si les observations du même botaniste sur la structure des tiges de ces plantes sont exactes , elles présenteraient une exception remarquable aux relations qui existent ordinairement entre l’organisation des tiges et celle de Pembryon ; mais il est malheureux qu’il n’ait pas figuré des coupes de ces tiges, pour mettre tout le monde à même de juger de Pa= nalogie plus ou moins grande qui existe entre elles et celles des plantes monocotylédones. .) D ( 225 ) Mémoire sur La Génération ét Le Développement "de l'Embryon dans les végétaux phanérogames; Par M. Avozrne Broncnranr, D.-M. L .: : CHAPITRE LV. De la structure de l’ôvule avant l'imprégnation. La structure de l'œuf végétal avant le moment on l'embryon commence à y paraître, ou dans les pre- miers temps de son existence, a long- -temps été enve- loppé de l'obscurité la plus profonde , ou plutôt on a négligé et presqu'oublié pendant un siècle et demi les belles recherches de Malpighi sur ce sujet (1), re- cherches qui, par la délicatesse des-observations et la justesse de plusieurs des résultats auxquelles elles ont conduit ce savant phy siologiste, > de rats peut-être tous ses autres travaux. Plus d’ un siècle s'est écoulé sans qu'aucun observateur fit une étude spéciale d'un sujet aussi important ; ce n’est que depuis quelques années que MM. Mixbel @); Turpin (3), Treviranus. (à: (1) Marpicur, Ænatome Plantarum; Londini, 1:86, pag. 57. (2) Elém. de Physiologie végétale et de Dsañique: tom. 1, pag. 49 et 313. (3) Ann. du Mus., vu, p.199. (4) Plon der Entwicklung des Embryo und seiner umhitngen im … Pflanzen-Ey ; Perlin, 1815. ques A XI. — Novembre 1827. 19 A: ( 226. ) Dutrochet (1), et tout récemment M, R. Brown (2), ont examiné avec beaucoup de soin la structure de cet organe. C'est plus particulièrement à ce dernier que nous devons une connaissance exacte de l’ovule avant l'imprégnation ; MM. Treviranus et Dutrochet s’étant plutôt occupé du développement de l’embryon et de la formation des tissus qui l’environnent , que de l’organi- sation de l’ovule au moment ou l’imprégnation s'opère. Je n’entrerai dans aucun détail pour le moment sur les opinions de ces savans , ces opinions ayant été suffisam- ment développées dans leur ensemble , dans le mémoire déjà cité de M. Brown. L’exactitude des observations de ce dernier , quant aux faits les plus importans de la struc- ture de l’ovule, me laisseront peu de choses à ajouter, particulièrement sur ce qui a rapport à l’ensemble de son organisation et à la disposition de ses tégumens. Cependant la structure de cet organe est liée d’une ma- nière trop intime à la manière dont se fait l'imprégna- tion , pour queje n'entre pas dans quelques détails à son égard. Il résulte des observations du savant botaniste que je viens de citer, que l’ovule le plus complet est formé d’un noyau ou d'une amande centrale parenchymateuse , recouverte par deux membranes qui ne lui adhèrent en général que par un seul point qui devient la cha- laze ; ces deux membranes pour lesquelles nous adopte- rons les noms de testa pour l’externe, et de tegmen (1) Recherches sur l Accroissement et la Reproduction des Végétaux { Mém. du Mus., tom. vin). (2) Sur la Structure de l'Ovule antérieurement à l'imprégnation Ann. des Sc. nat., tom. vitt, p. 211) \ LE ( 227 ) pour l'interne (1), sont percées toutes deux dans un point, le plus souvent opposé à la chalaze, d’une ouver- ture plus ou moins grande. Les deux ouvertures du testa et du tegmen se correspondent, et le sommet de l’a- ‘iiande (en regardant la chalaze comme sa base), se termine ordinairement par un mamelon qui s'engage plus ou moins dans le canal formé par ces deux ouver- tures. Les principales différences dans le reste de la struc- ture de l’ovule, dépendent de la position du point d’at- tache-extérieur de l’ovule au péricarpe, par rapport à la chalaze. Lorsque le point d’attache de l’ovule répond à la chalaze, les vaisseaux nourriciers traversent directe- ment les deux membranes de l’ovule pour aller s’épa- nouir et former le disque vasculaire auquel on a donné (1) M. Brown désigne cette dernière simplement par le mot de menr- brana interna , et il suit en cela, comme pour la membrane externé , la terminologie de Gærtner ; mais cette expression double allonge et cause ” souvent de l’ambiguité , parce qu’il existe dans la graine une membrane interne ( qui est ici désignée par Gærtner sous cenom ), qui le plus sou- vent ne provient pas de la membrane interne de l’ovule, mais de l'a- mincissement du parenchyme de l’amande. Pour éviter cette ambiguité , conservant le mot de testa pour la mem- brane la plus externe, que parcourent les vaisseaux nourriciers, j’adopte le mot de tegmen employé par M. Mirbel pour la membrane interne de la graine , quoique cet auteur paraisse plus souvent avoir appliqué ce nom à ce que Gærtner nomme la membrane interne qui provient de l’amincissement du parenchyme de l’amande ou chorion de Malpighi ; qu’à la membrane interne proprement dite de l’ovule. Quant à la mem- brane interne résultant du chorion de Malpighi, ou membrana interna de Gærtner, on pourrait lui conserver le nom de chorion, ou si l'on veut éviter des noms analogues à ceux employés pour les organes des animaux lorsque les choses ne le sont pas évidemment , on pourrait lui donner le nom de membrane périspermique. … ( 228 }) le nom de chalaze ;: et alors il n'existe pas de raphé. Dans ce cas, ou l’ouverture du testa et du tegmen (si ce dernier existe) est directement opposé au point d'at- tache de l’ovule et à Ja chalaze , c’est la structure la plus simple de l'ovule; nous en ,citerons pour exemple les Polygonées (pl 4r, fig. 3), le Noyer, les vraies Ürti- cées, les Pipéritées, le Saururus , le Ceratophÿllum (pl. 44, fig. 1, B), ou bien ces membranes se repliant sur ‘elles-mêmes , leur ouverture quoique réellément terminale, c’est-à-dire opposée organiquement à la cha- laze, se rapproche du point d'insertion de la graine; c'est le cas des Alismacées (pl. 42, fig 2) et de la plu- part des Crucifères (pl. 42 , fig. 3, C), ou enfin:sans qu'il existe une courbure et un repliement réel dans les membranes de l’ovule et dans l’amande, Tl'ouver- ture des premières et le mamelon de cette dernière se trouvent rapprochés de la chalaze et du point d'attache de l’ovule, c’est ce qui a lieu dans les Chenopodées, dans les Amaranthacées , dans les Phytolaccées (pl. 4%, fig. 4, C), dans les Nyctaginées, dans plusieurs Cru- cifères (pl42 , fig. 3, 7), enfin dans toutes les Grami- nées (pl. 43, fig. 1, 2). | Les Commelinées présentent aussi une structure ana- logue, si ce n’est que l'ouverture des membranes de l’o- vule n’est ni directement. opposé à la chalaze, ni placée immédiatement à à côté, mais à angle droit par pre à cet organe. 2 Dans les diverses modifications de structure de l ovule que nous venons d'examiner, les vaisseaux nourriciers traversant directement les tégumens ide l’ovule , allaient former la chalaze à leur surface interne et dans le poïnt ( 229 ) directement opposé: la base de l'amande correspondait pañeonséquent au hile ou au poiut d'attache de l’ovule : cecas est bien loin d’être le plus fréquent ; dans la plu- parides végétaux au contraire, les vaisseaux nourriciers rampent le long du testa, soit à. sa face externe c’est-à- dire en dehors du tissu fibreux qui le compose le plus souvent, soit à la face interne de ce tissu, ce qui est Je cas le plus fréquent ,.et ce n’est que lorsque ces vaisseaux sont arrivés à l'extrémité opposée de l'ovule, qu'ils for- ment la chalaze à sa surface interne. L'amande se fixant toujours à la chalaze , par laquelle elle.doit recevoir ses sucs nourriciers, son point d'attache setrouye opposé à @elu; de l’ovule, sa direction est inverse de celle.de cet.organe, et son sommet se Lrouye par conséquent rap- proché du hile, c'est dans ce point également que les membranes de l'ovule sont PRFeÉÈE et c’esl, par cette raison que le micropyle , qu'on a regardé à tort comme une cicatrice vasculaire, mais qui n’est réellement que celte ouverture: oblitérée (2), a presque at. été in- diqué auprès du hile, (D) Dépuis la rédaction de ce Mémoire , M. Raspail a émis une autre opinion à cet égard; il prétend que le micropyle, considéré comme une ouverture par Grew,et par M. Browu, et comme une cicatrice vasculaire par MM. Turpin et Auguste Saint-Hilaire , n’est pas autre chose que indice de l'insertion de la radicule.de l'embryon , et que les tégumens de Ja graine ne présentent aucuné perforation. L'ouverture de ces:tégumens : it. cependant si évidente sur_certaines plantes, qu’on ue conçoit pas comment on peut la révoquer en doute. Je citerai parti- _ culièrement , parmi celles sur lesquelles cette structure peut s’observer le plus facilement, le Noyer, dont les tégumens de l’ovule offrent vers leur sommet une ouverture très-grande, par laquelle l'amande fait saillie au dehors d'une quantité presque si à celle qui est contenue dans les tégumens ; les Staticées, dont le testa se prolonge supéricure- { 230 ) Cette structure est de beaacoup la plus fréquente, et vouloir citer les plantes dans lesquelles on peut lob- server, deviendrait une chose inutileet fastidieuse ; s Je me contenterai donc de nommer quelques-unes des fa- milles où on peut l'observer de la manière la plus claire : telles sont les Thymelées, les Plumbaginées , les Euphorbiacées (pl. 41, fig. 1, 4, B), les Rham- nées , les Malvacées, les Renonculacées, les Cucurbi- taeées (pl. 40, fig. r, 4, C}, les Rosacées, les Nym- phéacées (pl. 39, fig. H), les Liliacées , les Cypé- racées , elc. Dans les Légumineuses à embryon courbe, telles que les" Phaseolus, Pisum, Vicia , etc., nous trouvons üne strücturé à-peu-près intermédiaire entre celle que nous venons d'indiquer et celle des plantes que nous avons décrites en premier , c’est-à-dire que la chalaze ne cor- réspond pas au hile et n’est cependant pas directement opposée; elle se trouvé à angle droit par rapport au hile, tandis que l'ouverture des tégumens de l’ovule est placé auprès du hile, mais du côté opposé à la chalaze (pl. 41, fig. 2, Æ); nous verrons par la suite que de la. posi- ment en un tube assez long, dont Pouverture très-distincte em- brasse par son extrémité libre un petit mamelon qui s’observe à la partie supérieure de la cavité de l'ovaire, et qui n’est autre chose que l'extrémité inférieure du tissu conducteur du style ; Les ovules des Pi- voines, des Daphnées, des Tulipes, des Fritillaires, qui présentent très-distinctemeut un caual étroit qui traverse leur testa spongieux et épais. + NE On voit que ces plantes, que j’ai choisies parmi celles dont je n’ai pas figuré les ovules dans ce Mémoire , afin d'augmenter le nombre des exemples , appartiennent à des familles très-diverses , et que leur exa- mien prouve Pexactilude des observations dé M. Brown sur ce sujet. > EE be ‘tt nt ( 234 ) tion respective de ces deux parties ; la chalaze et l'ou- verture des tégumens de l'ovule, dépend la forme qué prend l'embryon et qu bu: mérite Lots PERS d’ 1 observée avec som: 1: Dans la description que je viens 4 dis de} die position des mernbrânes. de l'ovule, j'ai toujours sup- posé que l'amändé était’ recouverte par ses deux tégü- mens le tegmien et: le testh ; et'que ces membranes u ad: héraient , soitentre elles ; soit avec l’amande, que par la chalaze.: Ce” cas, quoique le plus fréquent, n'est pas constañit; la réduction des deux membranes à uné'sèule est'assez fréquente, et dahs ce cas € "est presque toujours le tegmen qui me ‘paraît miätiquer"; car dans tous Îes ovules à chaläze opposée au'hilé , les Vaisseaux qui vont former Ja: chalage: Pireburant” toujours Je tésta!, l'est évident que Jorsqu? onné tréuve ‘qu'ne séule mé brane , e’est le réstà qi pérsistes tel est Te cas dès Pré baginées, des Asclepiadéés ; des Véroniques, du Lemnne où malgré l'attention la plus grande) je n'ai pu aéca vrir aucuné tracé du tegmen avant la fécondätion. Däns les plantes où la chalaze correspond au hile, lorsqu’ il n'existe qu'anlégument ; "on ‘peut douter ‘si c’est le testaou le tegmen qui manque ;icépendant les ‘léxeniplès que je viens de citér me font'présuiier que c'ést le plus souventle testa qui persiste et le iegmen qui manque. Un examen microscopique attentif du tégumeut simple de la graine lorsqu'elle a déjà acquis quelque développe ment, pourra léver en partie ces doutes, car si cette membrane est vasculaire, c'est évidémment le testa, le tegmen ne présentant jamais de väisseaux ; si elle ‘ést dépourvue de vaisseaux’, il reste ‘encore quelques 4 ( 282 ) doutes, car souvent le testarne renferme :pas d’autres vaisseaux, que ceux qui. voñt'former:la ;chalaze. Les plantes dans l’ovule desquelles je m’ai /pû découvrir qu’un seul tégument et qui peuvent donner naissance à ces doutes, sur la riature de, ce tégument ; sont les Che- nopodées , les Amaranthacées,, les:Nyctaginées, les Phy= tolacées (ple 42. fig. 4, C),, lé: Geratophy llum ( pl. 44, fig. 1, B) les Æelianthemum, le Saururus.; les Peperomia, céfin les Graminéés (ph48, fig. r 2)! a Dans d'autres cas ,il:est difficile et mêmele plus sou vent impossible, de déterminer, s’ilin’existe qu'un; seul tégument ou deux. tégumens autour de; F'amande-de lo- vule par suité de l’adhérence de ces membranes, tant entre: elles, qu’ avec. l’amande; c’ 'est. -ce-qui, a lieu. dans toutes les eS am poËÉES GORE M. Brown: l'avait déjà re- marqué; c'est ce que j'ai observé, dans. la plupart! des Crucifères et des Légumineuses à dé époque de la fécon: dation ; enfin, cette , adhérence existe;de la manière Ja plus intime dans l’ovule du 7: ropæolum (pli 44, fig: 2), dont la structure est par cela mème. très-difficile à-bien étudier, s SUAE UHR | Let EU Part L'existence. d’une; ouverture dois les tégumens de lornle qui met à déconvert un point de l’amande etjus- tement celui,ou commence à.se développer Fembryon;; était une des découvertes. les plus importantes pour l’histoire de l'imprégnation. Cette ouverture fut entré vue par Grew,..et depuis par Gléicher, elle fut né- gligée par Malpighi et par MM. Tréviranus et Dutro- chet. MM. Turpin, Mirbel et Auguste Saint-Hilaire , qui ne paraissent pas l'avoir -examinée-au.moment de la fécondation , la regardèrent comme la gicatrice des vais: (233 ) seaux fécondaus ; mais c'està M, Browx qu'on doit d'a- voir mis, hors de doute son existence et d’avoir indiqué les yraïes fonctions qu'elle remplit. Sur toutes les plantes dont j'ai examiné les ovules, j'ai retrouvé cette ouverture des | tégumens d'une, manière plus ou moins évidente. Mème sur, celles ou l’amande est soudée aux tégumens, on, voit le mamelonçqui la términe faire saillie par une ouverture du tissu,de ces tégumens ; c'est ce qu'on ob- serye sun,les Composées. La capucine (Tropæolum ).est la seule plante dans laquelle le mamelon de l’amande pa- rait fermer si, éXactement, V guyerture des des tégumens.aux- quels, il adhère, qu? on.ne, yoit réellement auçune later ruplion dans ces tégumens, mais seulement, un, point d’une Structure, spongieuse, par ticulière qui indique l'ex: trémité de ce, pags ioR (pk4ffg.2,. 4632810 , D). . Une, des familles dont l'étude de Fovule devait présen: ter le plus d'intérêt était celle des : Graminées. ] La sUuCy ture del ele de la graine et. de l'embryon de ces plantes, AWaient. été . l’objet d'un si grand. nombre d’ "opinions diverses, ur chercher si cette struc- ture $ ‘éloignait, réellement beaucoup des celle des antres plant es. Un examen attentif m'y a fait retrouver toutes les. parties essentielles de l’ovule des autres végétaux." Les Graminées du groupe ‘des Panicées , et celles dont ‘Ja graine est la plus grosse, telles que.le Mays et le Sor- gho, sont les plantes de cette famille sur lesquelles Ja structure de l'ovaire. est larplus facile à observer. On peut énsuite aisément ; lorsqu'on est dirigé pat l'ana- logié , retrouVér'une orgatisation peu difrér enté dans 16$ 12h 5)190-8b # sin'iot «à autres Graminées. «1 4 40 f M0 On reconnait Rétlement à en examinant avec soin (234) un ovaire de Mayÿs lors de la fécondation, deux lignes ou sortes de nervures qui , descendant en divergeant de la base du style, et se réunissant ensuite vers la base de l'ovaire , circonécrivent un espace lancéolé. Ces deux nervures sont les faisceaux de tissu conducteur, et leur point dé réunion indique l'endroit où doit se dévelop- per l’embryon ; si on fait ne double coupe de l’ovairé, de manière à détacher une tranche très-mince qui com- prentie ‘la base du style ‘et Île point où doit arri- vér le fluide fécondant , on verra ; en ‘éxamitiant cétté tranche avec une forié loüpe et ‘en la disséquant én même temps , qu'il existe à cette époque dans l'ovaire du Mays trois parties bien distinctes et libres entre elles dans la plus grande partie de leur étendue (pl. 43, fig. 1.4); extériéuremént( A»)le péricarpé d'une épaisseur égale partout ; immédiatement , dans : son intérieur , l’o- vule globaleux du platôt hémisph ue ‘inséré ar la base à tout le fond de l'ovaire , mais libre dans tout le réste de son pourtour (y Cet sé ést me Er À com- posé de deux parties , la Plus” extérné de fig." A3), : épaisse, parénchÿmateusé , malgré da &rande épaisseur et la nature de son tissu n’est qu'une des énveloppes de l'ovule , ainsi que le développement successif des ‘par- ties le prouve , on peut la regarder soit éommele tèsta, sôit comme le tegmen; l'absence dé tout vaisseau et (1) M. Raspail a indiqué une adhérenée entrela base du style et l’o- vale, mais il est certain que s’il existe une légère adhérence celluleuse , ce n’est pas entre ces deux PART à mais entre le tégument de l’ovule et l’'amande. La forme acuminée de cette dernière me le fait présumer, d’autant plus que j'ai she cette adhérence dans le Sarghum saccha- ratum. | ( 235 }) son tissu lâche et uniforme me ferait pencher vers cette dernière opinion. Dans l’intérieur de ce tegument de l’ovule , on trouve un petit corps également parenchymateux (fig. 4 4), de forme conique , fixé par sa base, à la base même de l’ovule, maïs non pas dans son centre ; ce corps, qui est l’'amande ou le chorion, est beaucoup plus rap- proché du côté du péricarpe par lequel descendent les faisceaux du tissu conducteur. Sa basé reçoit les vais- seaux nourriciérs qui s’épanouissent sous Jui “sp for- mer la chalaze (fig. 4 6); son sommet m'a paru libre, mais je ne sérais pas étonné cépendant qu'il ÿ eût une légère adhérence celluleuse entre lui et le teg- men. Si on examine avec beaucoup d’attention l’amande ôh voit que vers sa base et du côté qui regarde les vaisseaux fécondans , elle se prolongé en un petit ma- melon conique, qui paraît s'engager dans” une ouver- ture du tegmen (fig. 4 5). Il suffit; pour “éhaBgèr cette présomption en certitude, d enlever avec précau- tion tout le péricarpe qui couvre la face de l'ovule à laquelle cette “ouverture correspond ; ‘on distingue _alors facilement à la base de l’ovale une petite fossetie et un trou au foyid duquel on apércoit- lé sommet du mamèelon de l’amande (pl. 43 , fig. 1, B 3). | Je me fondais tout-à-l'heure sur la texture du seul té- gument de l’ovule du Mays pour le regarder comme le. tégument interne ou tegmen , plutôt que comme le esta; maintenant que la structure de cet ovule est mieux con- nuë, je trouverai dans la position de la chalazé unié nou- velle preuve de cette opinion : toujours les vaisseaux nourriciers percent le testa , et ce n’est qu'après avoir ( 236 ) traversé celte membrane qu'ils s’épanouissent pour for- mer Ja chalaze. La membrane interne au contraire m'a paru souvent ‘insérée au pourtour de la chalaze sans envelopper la partie de l’amande qui correspond à cette chalaze. C’est ce qui a lieu pour le Mays et les autres Graminées de ce groupe; on voit parfaitement que le tissu du tégument, n’enveloppe: pas: l’amande de toute part, mais s’insère au pourtour de la chalaze et sur le même plan qu’elle. :Le tissu beaucoup plus solide (fig: 4 7) qui forme la base de ces deux organes peut au contraire être regardé ou comme un cordon ombili- cal court et épais, où comme les restes d’un testa in- complet qui , au lieu d’ ‘envelopper l’ovule , ne fait que soutenir sa base. Je n’entrerai pas dans plus de détail pour le moment sur la structure de l’ovule des Graminées ; il me suffira de dire. que < celui du Sorgho ne difière nullement de celui du Mays, et que celui des Poacées, de l’Avoine (pl. 44, fig. 2), du Blé, de l Orge, etc. , n’en diffère réellement que par HE ae légères modifications dépen- dpt du mode di insertion de l’ovule. Je ferai connaître ces différences en décrivant le développement de l'em- bryon dans cette famille : : le seul point que je voulais établir : pour le moment, c ’était la distinction de la mem- brane de l’ovule et de l amande et la perforation de la première. Le sujet le plus RER , sous le Re gique , nous reste à examiner; € ‘est la; structure de l’a- mande. C’ est dans l'intérieur de. cet organe que se déve- Joppe l'embryon ; c’est elle qui constitue l'œuf propre- ment dit, dont les autres parties ne sont que des enve- ( 237 ) | Joppes pépesaoires : elle mérité donc toute notre attén- tion. Malpighi avait bien senti l'importance de cette partie del’ovule , et tous ses travaux sur le développement de lembryou ont eu pour objet unique cette portion de la graine ; je pourrais presque en dire autant des recher- ches de MM. Treviranus et Dutrochet , et c’est peut- être à l'étude trop exclusive de cette partie de Povuüle et à l'examen trop superficiel qu'ils ont fait de ses tégu- mens , quest due l'absence de l'observation des ouver- tures des tégumens, et par suite les erreurs dans les- quelles cela les.a entraînés par rapport à la marche du fluide fécondant. : Cependant les travaux de ces trois célèbres physiolo- gistes ont éclairci une infinité de points de la structure de cet organe; et dirigés par une connaissance plus exacte de l’organisation générale de l’ovule, nous n’au- rons que peu de chose à ajouter à leurs observations pour complèter la connaissance de cet organe. Nous avons vu que l’amande se présente sous la forme d’une masse parenchymateuse fixée par une de ses ex- trémités à lacchalaze , libre ordinairement dans le reste de sa surface , et se terminant par un mamelon plus ou moins prolongé, qui correspond à la perforation des tégamens de l’ovule , qui souvent s'engage dans ce trou el qui même peut faire saillie au dehors. Son intérieur presente avant la fecondation, au mi- lieu d’un tissu ütriculaire assez lâche, une petite vési- cule formée par une membrane très-fine et très-trans- parente. Cette vésicule , arrondie ou allongée, quelque- fois presque cylindrique , varie beaucoup pour son ( 238 ) volume ; elle est en général plus rapprochée de l’extré- mité mamillaire de l’amande que de sa base : quelque- fois cependant elle paraît s'étendre jusqu’à la chalaze (dans les Ceratophyllum et dans les Alismacées par exemple). C'est à cette vésicule que Malpighi a donné le nom de sac de l’amnios; il] a nommé le tissu utricu- laire qui l’environne chorion. Pour ne pas employer des expressions qui établissent entre ces parties et celles des animaux des comparaisons dont l’exactitude est loin d’être prouvée, nous désigne- rons le sac de l’amnios par le nom de sac embryon- naire, et le chorion par celui de parenchyme de l’a- mande. Nous verrons plus tard ce que ces parties devien- nent dans la graine ,.et les expressions les plus propres pour les désigner dans l’état qu’elles revêtent alors. Le sac embryonnaire étant la partie de l’ovule dans laquelle se développe le jeune embryon , c’est sans con- tredit la plus importante de toutes les parties de l’ovule : le parenckyme qui l’enveloppe n’est encore qu’une sorte de tégument destiné à le protéger ou à permettre son ac- ’ croissement postérieur. Ure preuve de cela, c’est que dans plusieurs plantes ce parenchyme est réduit à une. membrane mince, transparente, sous laquelle se trouve immédiatement le sac embryonnaire. T'elles sont les Alis- macées (pl. 42, fig. 2, C), les Potamogeton, le Cera- tophyllum (pl. 44, fig. 1, D, Æ); dans d’autres au contraire, le parenchyme de l’amande occupe la plus grande partie de cet organe, et le sac embryonnaire est réduit à une petite vésicule qui occupe son sommet près du mamelon d’imprégnation : c’est ce qu’on observe dans les Cucurbitacées (pl. 40, fig. 1, C 0; fig. 2, ( 259 ) A 4), dans les Graminées (pl. 43, fig. 1, D), et dans beaucoup d’autrés plantes. Quelque soit l'étendue de ce sac embryonnairé, lorsqu'on est parvenu à l’iso- ler complètement du réste du tissu de l’'amande, on voit qu'il est formé où paf une seule vésicule sphérique, ovale, pyriforme où cylindrique, ou par une suite de vésicules superpôsées, formant une sorte de cha- pelot. M. Dutrochet a nommé Ja membrane du sac embryon - paire tegmén où périsperme immédiat, présumant que cette membrane devenait ou le périsperme ou la mem- brane interne de la graine que M. Mirbel a nommé teg- men. | a désigné sous le nom d'Aypostates les vésicules accessoires qui se superposent au sac embryonnaire ; elles ne me paraissent avoir qu’une importance très-se- condaîre , et n'être qu’une dépendance ou une modifica- tion du sac embryonnaire. Nous nommerons l'extrémité du sac embryonnaire qui regarde la chalaze, son som- met, parce que c’est celle qui est le plus souvent libre ; l'extrémité qui répond au mamelon d’imprégnation adhérant au contraire assez fortement au parenchyme de l’amande , forme sa base. Du sommet de ce sac , il naît souvent un prolonge- ment tubuleux qui s'étend jusqu’à la chalaze; M. Dutro- . chet l’a indiqué dans l’ovule de lAmandier, et M. Brown dans celui du Nÿmphea (pl. 39 , fig. 4 4, N 8); Malpighi, qui l'avait déjà observé, lui avait donné lenom de was umbilicale. Gœærtner le regarde comme une suite des vaisseaux du cordon ombilical , qu'il fait arriver par la chalaze jusqu’au sac embryonnaire. Mais il est ‘encore douteux si ce prolongement existe en entier avant ( 240 } la fécondation , ou s’il ne s'étend jusqu’à la chalaze que lorsque l'embryon a déjà commencé à se former ét'à exiger une nutrition qu'il tire de la chalaze. Il est du moins certain qu'il n'existe pas dans un grand nombre de plantes, ce qui sufirait pour détruire opinion de Goœærtner sur sa continuité avec les vaisseaux du cordon ombilical. M 16 Un des points les plus essentiels à examiner était le mode d'union du sac embryonnaire et du mamelon d’im- pregnation , puisque c’est par ce mamelon que doit se transmettre le fluide fecondant. Aucün auteur n’a dirigé ses recherches sur ce sujet ; et en effet , avant les con- naissances que M. Brown a donné sur la structure de l’ovule , presque ancun auteur ne paraissait soupconner cette marche du fluide fécondant ; la plupart , au con- traire, présumait que les vaisseaux fécondans réunis aux vaisseaux nourriciers , se rendaient à la chalaze ou ombilic interne. | | dé M. Auguste Saint-Hilaire qui seul avait bien détér miné le point de l’ovule par lequel pénétrait le fluide fécondant , n'ayant pas soumis ces parties à un examen microscopique, et admettant entre ‘elles et les parois de l'ovaire une continuité de tissus , ne pouvait pas bien connaître leur véritable organisation. Dans un grand nombre de plantes , le mamelon qui termine l’amande est trop opäque pour qu’on puisse observer sa structure interne, Cependant, où par une dissection délicate, ou en examinant avec un bon mi- croscope ce mamelon sur quelques plantes où il est moins épais , on aperçoit un tube unique, membraneux*, transparent , qui s'étend dépuis le sac ‘embryonnaire, ex 2 (241) contre lequel il s l'apalidue ; et auquel même il paraît adhérer légèrement. jusqu’à l'extrémité externe du ma- melon d’imprégnation ; dans qnélqués cas même, ce tube membraneux fait saillie au dehors (probablement au moment de l’imprégnation} , de manière qu’on peut facilement observer son organisation ;on le voit sur- tout très-distinctement sur les Cucurbitacées ( pl. 40, fig. 1, D 4;figus, À 5, C 4; fig: 3, B 4), chez lesquels il se prolonge au dehors sous la forme d’un long filament : je l'ai également observé sur loôvule du Polygonum orientale (pl. 41, fig. 3, D 2), du Ricin (pl. 41, fig. r, D), où il fait aussi saillie au dehors, et du Haricot commun (pl. 4r, fig. 2, B 4), de l’Ipomæa purpurea ( pl. 41, fig. 4, C 4), dans lesquels leur extrémité ne dépasse pas celle du-ma- melon; et je ne saurais douter que, par des observa- tions nombreuses et faïtes avec soin, on ne le découvre sur toutes les plantes , surtout si on saisit le moment de l imprégnation , où il parait en général acquérir plus de développement , et fire sonvent saillie au dehors. En résumant les principaux traitside l’organisation de J'ovule, on voit qu'il est essentiellement composé d’une amande ‘parenchymateuse , renfermée dans une ou deux euveloppes membraneuses , auxquelles elle n’adhère en général que par un seul point, la chalaze, par lequel elle reçoit les sucs nutritifs nécessaires à son développement et à celui de l'embryon; que ces enve- loppes présentent une ouveriure à laquelle correspond un mamelon plus ou moins prolongé, qui forme le sommet de l’amande; le centre de eé mamelon' est oc- cupé par un tube membraucux , qui fait communiquer XI. 16 Cakx) son extrémité exlerne avec le point du sac embryonnaire dans lequel l'embryôn duit se gd 4 CHAPITRE V. De l’imprégnation ou du mode d'introduction de la substance fécondante dans l’ovule, et de la formation de l'embryon. Ce que j'ai à dire sur le premier de ces sujets découle d'unemanière si naturelle de ce qué j'ai fait connaître dans les deux chapitres précédens , sur le mode de transmis- sion du fluide fécondant du stigmate au placenta , et sur Ja structure de l’ovule , que je n'aurai que peu de faits nouveaux à rapporter, pour prouver que le fluide fé- coudant, ou plutôt les granules spermatiques, transportés dans les interstices du tissu conducteur jusqu'en face de l’ouvérture des tégumens de ? ovule 3 sont absorbés par Île mamelon de l’'amande et portés j jusqu au sac em bryonnaire. r Jai déjà dit que la plupart des auteurs avaient peiisé que le fluide fécondant pénétrait dans l'ovule par le cordon ombilical , soit par les mêmes vaisseaux que les sucs nutritifs, soit par des vaisseaux distincts > qu sil arrivait ainsi à la chalaze, et que de là, suivant plu” sieurs de ces physiologistes ,» Ïl était porté jusqu'au point où devait se former l'embryon par le 45 um- bilicale de Malpighi; c’est l'opinion adoptée par Gœrt- ner ét par MM. Treviranus et Dutrochet. M. Turpin admet, il est vrai, que ce fluide, eonténu dans des vaisseaux particuliers , traverse les membrañes (243:) de l’ovule par une ouverture distincte , le micropyle.; mais il pense que ces vaisseaux ; unis aux vaisseaux nour- riciers , vont gagner la radicule de l'embryon , tandis que les vaisseaux nourriciers , ainsi que M. Brown l’a déjà reconnu, vont former, Ja chalaze, qui, presque toujours , est opposée à la radicule, M. Turpin admet enfin que le micropyle. fait toujours partie du hile au moment de la fécondation, et que ce n’est que par suite du développement de la graine qu'il s’en éloigne quelquefois. M. Auguste Saint-Hilaire a bien reconnu , ilest vrai, que dans l’ovule même, le point qui-devait devenir le micropyle était souvent éloigné du hile; qu'il était même opposé au hile dans certaines familles ; mais, re- gañdant avec raison ce point comme celui par lequel le fluide fécondant devait pénétrer dans l’ovule , et sup- posant que cette introduction ne pouvait avoir lieu que par la continuité des vaisseaux conducteurs jusqu’à lem- bryon ; il a admis dans ces plantes un double point d’at- tache ; l’un formé par les vaisseaux nourriciers ; l'autre par les vaisseaux fécondans. M. Brown seul, parmi les auteurs modernes , a re- connu que l'ouverture décrite dans la graine sous le nom de micropyle-pir M. Turpin, n'était pas une cicatrice des vaisseaux fécondans , mais qu’elle existait déjà dans l'ovule, etil x été conduit par là à admettre qu’elle don- nait passige. äu fluide fécondant , et que le mamelon de l'amande était destiné à l'absorption de ce fluide. Ce que. j'ai dit sur la structure de ce mamelon confirme com- plètement son opinion. Il est évident er effet que le fluide fécondant ne peut ( 244) ë pas pénétrer avec les vaisseaux nourriciers par Îe cor- don ombilical et Ja chalaze qui en est toujours la termi- naison, Jamais le tissu qui sert à sa transmission depuis le stigmate jusqu’au placenta ne se continue dans le cor- don ombilical, et jamais surtout il n’agcompagne les vaisséaux uourriciers jusqu'a la chalaze ; dans toute les plantes où il est facile de le distinguer par sa tex- ture ou par sa couleur, on le voit venir se terminer en face de l’ouverture des tégumens de l’ovule; souvent dans ce point, il forme un mamelon ou une papille très-marquée ; qui pénètre dans cette ouverture, ou qui là couvre en entier (x). Je citerai parti les plantes où cette organisation est très-visible le Ricin (pl. 41, fig. 1, 4), le Phytolacca decandra (pl. 42, fig. 4, B), le Basella rubra , le Daphne laureola , les Staticées , |’ Æibiscus syriacus , enfin les Cucurbiacées dans lesquels la couleur tranchée du tissu condueteur (1) Jamais ce tissu ne s’unit aux tégumens de l'ovule où ne pénètre dans leur intérieur. Toutes les observations que j'ai faites à diverses époques, depuis le moment de la fécondation jusqu’à l'apparition de l'embryon , me prouvent que jamais cette continuité n’existe, soit dans les plantes où l'ouverture des tégumens de l’ovüle tst rapprochée du point d'insertion de l’ovule ; soit dans celle où cetté ouverture en est éloignée. Ce que M. Auguste Saint-Hilaire a désigné comme un second poiut d’at- tache/ par lequel , suivant lui, les vaisseaux fécondans pénétraient dans l’ovule, ne me paraît donc, ainsi que M. Brown l’a supposé, que le ré- sultat d’un contact intime, quelquefois même d’une sorte d’emboîte- ment du ‘tissu conducteur dans l'ouverture des tégumens de Povule. Il est probable que, M. Auguste Saint-Hilaire aura été induit en erreur par Le contact parfait qui existe presque toujours an moment de la fé- condation , par la forme allongée et quelquefois presque tubuleuse de cette partie de l’ovule ; enfin par Pemboîtement qui a lieu assez fréquem- ment d’un petit mamelon du placenta dans l'ouverture de l’ovule. Mais r (245 ) _permet de le suivre jusqu’à l'ouverture de l’ovule sans que jamais on le voie envoyer aucun prolongement qui .pènètre avec les vaisseaux nourriciers dans l’ovale (pl. 38 , fig. C ; pl. 40, fig. 1, 4). On conçoit donc que . les granules spermatiques sont amenés dans les intér- stices des utricules de ce tissu jusqu’à se trouver presque en contact ou même en contact immédiat avec le ma- melon de l’amande de l’ovule. | Ce mamelon renferme dans son intérieur, comme nous l'avons vu , un tube ou vaisseau simple ,. continu, qui tantôt ne dépasse pas son extrémité, qui, dans d’autres plantes , s'étend au dehors sous la forme d’un filament confervoïde ; il est possible même que dans la . plupart des plantes , si ce n’est dans toutes , il prenne cette extension au moment de l’imprégnation, et qu'il ne faille que, saisir ce moment, pour le bien observer ; _car dans les, Curcubitacées » où. il acquiert le plus grand développement à cette époque , on n’en observe aucune trace, soil sur les ovules très-jeunes au moment de; la fécondation du stigmate , soit sur ceux où l'embryon à | déjà commencé à paraître : j'en dirai autant des autres : plantes, telles qe le Ricin et le Polygonum orientale , sur aus j'ai vu ce tube se prolonger au dehoñs. Ce n'est que sur Et Li ovules , ‘saisis ptobpblément une double! coupe de l'ovule et du péricarpe, faite de manière à enlever une tranche mince qui comprenne ce point de contact, montre d’ane manière évidente qu'il n’y a pas de continuité de tissu dans ce point , entre le périéarpe et l’ovule , et qu'il n’y a pas eu cependant de déchi- rement; c’est du moins ce que j'ai observé sur plusieurs des plantes citées par M. Aug. Saint-Hilaire, comme ayant uu double point dat- tache , telles que les Polygonées , les Scleranthées, les Chenopodées les Amaranthacées. Ca46) daus lemoment de limprégnation :.que j'ai pu l’ébser- ‘ver. Quoi qu'ilren soit, je ne saurais douter que.ce ‘vaisseu tubuleux ne’ soit destiné ‘à l’absorption des s'gramules spermatiques. Dans les Cucurbitacées., sur Tésquellesil'est très-facile de l’observer , j'y ai presque moujours ‘vu'dés granules très-fins semblables aux gra- nules spermatiques, ét en ôutre J'ai remarqué à la sur- face de ces filamens remplis de granules des‘sortes ‘de oprotmbévinices ou de mamélons , qui paraïssaient les c1- “catrices-ou les indices d'une ouverture qui se sérait pra- tiquéé’ à Jeur surface (pl: 40 ; fig. 1 , DE fig. » C4) Peut-être, dans ce cas , le -filament ne’ fait-il ‘que s'appliquer sur une membrane mince qui reécotwri- | rait l'éxtrémité placéntaire du tissu conducteur; comme * wbe semblable membrane recouvre souvent son extré- :‘mité-stigmatique, etiun phénomèné analogue à celui b'qui a'lieu éntre la membrané interne’ des grains de ‘pollen et l’épidérme de ‘ces stigmates atsil lieu ici(r). Ce poiut trèsidifficile à RE A long- () Le w 'ymphea Log présente sous ce point de vue de la disposi- tion de son tissu conducteur plusieurs faits remarquables , , et l’exis- “tence dé cét'épidèrme np va Lane NE paru bien dis- tincte sur cette plante. | 14 : On sait que les ovules des Vymphea sont PUR à toute la Fr interne des loges nombreuses qui composent l'ovaire de ces plantes ; les vaisseaux nourriciers de ces oyules montent Le long de l’augle interne du péricarpe jusqu’auprès du stigmate , etensuite ils. radeteteilent al se ramifiant le long, des parois ; pour se distribuer aux .ovules, (pl. 39, fig. C 3). Le tissu conducteur, au contraire, après avoir formé chacun des rayons qui. composent le stigmate de cette plante, descend, en con- vergent jusqu’au sommet de la loge (fig. C5}, et là se répand sur toute la surface interne de la loge , qu’il tapisse d’üné coûche-mince , distincte du reste du tissu des cloisons, A l’époque de l’impréguation,, c’est-à-dire De... 7e ( 247 ) temps dans le doute ; mais quelque soit la manière dont les granules spermatiques passent du tissu conducteur dans le tube conducteur du mamelon de l amande, on ne peut je crois, conserver aucun doute que ce nesoit par cette voie qu'ils pénètrent dans l’intérieur de l’a- _. mande jusqu’au sac embryonnaire, contre lequel le tube central du mamelon d’imprégnation vient s’appli- ‘quer. d | Le. | : ae On conçoit > d’après ce que nous avons dit de la marche du fluide fécondant, qu'il doit mettre un temps assez considérable pour parvenir du stigmate jusqu à l'ovule : : ce temps varie beaucoup suivant les plantes ; « mais presque toujours il faut plusieurs j jours pour que cette transmission ait lieu, et souvent un espace de temps. “bien plus considérable est nécessaire. Ainsi dans les Cu- curbitacées , où l’on peut juger assez exactement du mo- ment de limprégnation par l'état du mamelon de l’a- mande et par la présence du filament tubuleux qui en sort, il faut certainement plus de, huit j jours pour que es granules spermatiques parviennent jusqu'à L ovule : : car ce n'est que lorsque l'ovaire d'un. Potiron, , qui au moment de la floraison était gros « comme une noix , a atteint la taille d’ une grosse pomme, que l'imprégna- ‘tion des me a lieu. Cet intervalle est certainement beaucoup plus consi- | quelques jours après la 8 floraison , si on examine le tissu conducteur qui recouvre ainsi Les parois internes des loges” (lg. G a) , on ‘voit qui l'est recouvert par une membrané mincé qui est séparée des cellules du tissu conducteur lui-même par des granvles assez nombreux (fig,,G 3), absolument comme. les cellules du .stigmate sont it séparées de: Tépiderme he ‘mince a les recouvre. LOMR. Tr Les (248 ) détable dans le Noïsetier, sur lequel il est impossible d’apercevoir les ovules eux-mêmes äw momeut de la fécondation , et dans lesquels on ne peat distinguer un commencement d’embryon que plusieurs mois après cette époque. Dans ce cas, il est même impossible d'admettre que tout ce temps est employé à transmettre le fluide fécondant du stigmate à la vésieule embryonnaire, et l’on est obligé de penser que ce fluide reste stationnaire dans une partie de la plante, ou ce qui est plus probable, que l'embryon , après s'ètre formé à l’état rudimentaire, demeure pendant long-temps dans une sorte d’étal de torpeur avant de se développer. L'examen des ovules dans lesquels l'embryon est déjà bien visible, nous montre que dans presque tous les végétaux il est contenu dans le sac embryonvaire, et qu'il est placé à l'extrémité de ce sac qui est la plus rap- prochée du mamelon d’imprégnation, vers lequel la ra- dicule est toujours dirigée. C’est donc dans ce sac et dans le point qui correspond au tube conducteur du ma- melon de l’'amande, que nous devons chercher à décou- vrir les premières traces de l'embryon, ainsi que i’état de ces parties avant son apparition. Ilrest extrêmement difficile d'examiner la partie du sac embryonnaire où doit se former l’embryon à une époque évidemment antérieure à l'imprégnation ; ce sac est en général si peñl, si difficile à à isoler du parenchyme environnant, qu’on peut rarement y parvenir. Î Les. f- gures que je donne de cette partie du sac embryonnaire dans le Cucurbita cerifera (pl. 40 , fig. 3, Æ), dans le Nuphar lutea (pl: 39, Gg. 1), et daus l'Ipomæa pur- purea (pl. 41, fig. B), me paraissent cependant avoir f ( 249 ) été faites sur des ovules avant l'imprégnation , ou au mo- ment mème de cet acte. Pure On voit qu'il naît de la base du sac embryonnaire une “petite vésicule pyriforme qui, dans l’Ipomæa , est envi- ‘ronnéé de cellules réellement indépendantes d’elles , “Païnsi ‘que’nous le verrons plus tard. À cette époque, cette vésicule est wide , transparente , et ne renferme que quelques granules très-fins et disposés sans ordre; son . col: paraît ouvert; et je pense qu’elle ne résulte que d’uné sorte de dépression de la membrane du sac em- bryonnaire. On’ eonçoit facilement dans ce cas qu’elle péutine se former qu'au moment de l’imprégnation ,ou “très-pén deltemps avant, et il n'est pas étonnant alors que dans'd'autres ovules observés même peu de temps avant cette époque, on ne puisse l’apercevoir. Je l'ai en eflet cherchée‘inutilement sur des ses embryonnaires du Momordica elaterium et du Polygonum orientale ; qui | cependant d’après l'état du mamclon d’imprégnation . paraissaient être! au moment de recevoir l’influencé du fluide fécondaitz 2 is io Él 0e AU Sur des ovules un peu phusa avancés des CM ea plantes, ‘von observe un changement irès-marqué dans l’intérieur de cette vésicule; uiié masse granuleuse opaque, gri- sâtre où verte (dans le:Oucurbita cerifera, pl. 4x, fig. 3, D) üceupe son centre : cette massé continue à augmen- ter ; bientôt elle remplit toute la vésicule qui se présente sous la forme d'une petite masse granuleuse ou paren- ‘ “ehyrnateuse: A cet état de vésicule embryonnaire im- | prégnéé ,‘il'est-plus facile de: Pobsérver; ainsi j'ai pu J'exaininér, noti-séulement dans les plantes que je viens ide literinais sûr ‘le Phaseuülus °oulgaris (pl: 41, (250 ) fig. 2,.C,3), sur le Phytolacca decandra (pl. 42 \ fig. 4, Æ), sur le Zriglochin maritimum (pl. 42, fig. 1, C),V Alisma plantago (pl. 42, fig. 2, D). Dans le Haricot, j'ai vu très-disiinctement une chose que j'ai cru aussi apercevoir sur le Cucurbitacerifera et sur le Nuphar lutea , c'est que;le centre de la masse granu- “Jeuse. est occupé par un granule plus gros et plus mar- “qué.que les autres , dont un certain nombre cependant étaient placés assez régulièrement autour de lui. Ce granule central serait-il le granule spermatique qui aurait, pénétré, jusque dans, la vésicule embryon- naire analogue à la cicatricule des œufs des animaux ? -1 C'est ce que je n’oserais affirmer , d’après le petit nombre ;d’ebsérvations qu'il m'a été possible. de faire sur un sujet aussi difficile ; mais cela paraîtrait assez probable, :hsi toutefois un seul de ces granulés, concourt à la for- mation de l'embryon. Li ie, ti | iL’embryon ainsi formé dans une réelle épiant du sac embryonnaire par un ou plusieurs granules pro- venant du pollen , et par plusieurs granules fournis par lovule,.se confond avec cette vésicule qui forme son épiderme , et continue à croître. pendant quelque temps en restant adhérent au sac embryonnaire. Sa partie su- _périeure se gonfle , s’arrondit; sa base au contraire se rétrécit : tantôt il s’isole à cette époque par l’étrangle- ment complet-de ce pédieule, et il sé présente sous la forme d’un globule libre ; tantôt au contraire il conti- nue à adhérer au sac embryonmaire ,/et.dans un, petit nombre de plantes cétte adhérence persiste pendant long- tempset mêmejusqu'à la maturité parfaite de la graine : .aç'est, ce. qu’on. observe dans Je Zropæolum (pl. 44, pus ) fig. 2), dans les Conifères «et dans les Cycadées. L'’em- bryon ; libre ou fixé par sa radicule, continue à s “accroître ; bientôt , dans les plantes dicotylédones , on voit son sommet se diviser en deux lobes qui formeront plus tard les cotylédons : la base pointue par laquelle il était fixé | devient au contraire la radicule. A la mème époque, ou 1sonvent. plus, tard , jikse montre entre les deux lobes co- : sylédommaires, un. Mb: él qui deviendra la,gem- mule. . ral : | _Quelquefois, au. PAPE le per he: ne se montre pas d’une manière bien distincte, et la gemmule reste; invisible j iusqu' à, l’époque de la, germination ; ou ÿ du moins ; nes présente. que, sous,la forme, d'un petit tubercule à à, peine visible, placéentre les,cotylédons. "DU, Jes divers. végétaux, que, nous, AYONS, examinés jusqu'à présent, l'embryon se, forme dans l’intérieur du sac embryonmaire,.et c'est; en eflet,ce;qui a lieuydans . presque toutes les plantes ;. quelques espèces cependant forment une exception remarquable. Dans, celles-ci , l'embryon .se développe en dehors de ce, sac, L'une de .£es;exceptions.se présente,dans l’ovule du Geratophyl- um, et l'axalogie me porte, à penser, qu'elle existe éga- : Jement dans le Nelumbo:, epeutsêtre, dans, le Ruppia , de Zosteræ, et dans plusieurs des plantes dont Richard savait désigné J'embryon,sous,le nom d'embryon,macro- _épode. ET di HE Pt) "x Si,on examine PUR À Chan turs lun | au moment.de la floraison , on trouve qu'ilest suspendu .au,sommet de lajcavité de l'ovaire ,.et qu'il est Fpmppsé d'un. seul tégument. ouvert à, l'extrémité opposée à son point d'insertion (pl..44, fig. B)) ; l'amaude , également ( 252 ) suspendue , est formée d’une membrane celluleuse À mince, transparente, et se termine par un mamelon court , formé par une sorte de petite couronne de cellules (fig. r, C). Dans l’intérieur de cette amande on trouve le sac embryonnaire qui la remplit en entier ; il est fixé supériéurement à la chalaze et s’étend jusqu’au mame- lon d’imprégnation à l'extrémité interne duquel"il ad- hère ; ce sac est eomposé de troïs grandes cellules su- perposées , dont la supérieure est la plus vaste. Peu de temps après la fécondation, l'ovaire ayant acquis un volume à-peu-près double de celui qu’il avait alors , en examinant par transparence l’amande avec une forte loupe , on voit que le sac embryonnaire n’est plus en contact immédiat avec le mamelon d’imprégna- tion , et que son sommet, qui s’est isolé, est terminé par un petit globule vert (fig. r, D). Par une dissection délicate , on peut extraire le sac “embryonnaire tout entier avec le globale vert qui le ter- mine (fig. 1, Æ), et qui n'est autre chose que l’em- bryon ; on voit alors qu’il est comme enchassé à l’ex- trémité de ce sac par une sorte d’anneau formé de plu- ‘sieurs petites cellules , et qu’il est réellement en de- ‘hors du sac ; en effet , le plus léger mouvement le fait sortir de la petite cavité dans laquelle il était à moîïtié contenu , et il flotte librement dans l’eau. Il continue à s’accroître pendant quelque temps en adhérant légè- rement à l'extrémité du sac embryonnaire (fig. 7, £ ); mais bientôt il s’en dégage et se développe dans ja ca- vité comprise entre la membrane de J’amande ét ce sac : “il se divise en trois lobes , les deux latéraux se prolon- ‘gent sous forme de cornes entre le sac embryonnaire et N ] | k + L! ( 258 ) les parois de l'amande ; le lobe moyen repousse. le sac émbryonnaire , s’introduit dans sa cavité, et finit par ètre ainsi enveloppé par ce sac; il devient la gemmule com- posée de deux folioles inférieures opposées et de plu- sieurs verticilles d’autres feuilles plus petites (fig. 1, X). Jlest inutile d’insister ici sur l’analogie qui existe entre cet embryon et celui du Nelumbo. Il est évident que les deux lobes externes sont ‘analogues aux deux grands lobes arrondis de l'embryon du Nelumbo , que le sac qui enveloppe la gemmule est le même qui con- tient celle de cette plante, et que Richard avait consi- déré comme le cotylédon; enfin que la gemmule, très- développée de ces deux plantes , contient également une première paire de feuilles opposées , et en outre d’autres petites feuilles analogues pour leur disposition aux au- tres feuilles de la plante. Cela ne tranche pas la ques- tion de savoir si, dans ces deux plantes , les lobes ex- ternes très-charnus sont les cotylédons, ou si ce sont des dépendances de la radicule, la première paire de feuilles représentant alors les vrais cotylédons ; mais il me paraît du moins parfaitement prouvé par l’analogie qui. existe entre l'embryon du Nelumbo et celui du Ce- ratophyllum , que dans la première de ces plantes , le sacmembraneux , considéré par Richard comme le coty- lédon , et par M. Decandole comme üne stipule , est réel- lement une des membranes de la graine , et qu’il est par conséquent tout-à-fait indépendant de l'embryon. Il me paraît donc impossible d'adopter l'opinion de Richard à ‘Végard de cette plante, et de la ranger parmi les mono- eg P ger P cotÿlédones ; elle suit le sort des vraies Nymphéacées , que les observations de M. R. Brown , sur l'origine de (254) leur prétendu cotylédon , placent nr erent parmi à les dicotylédonés: ” On me pardonner , j'espère , cette’ PP en fa veur d’une planté qui a été l’objet de tant de discussions depuis une vingtaine d’anniéés, et qui ; avec celle que je viens de décrire tout-à-l’heure , présente à ma! connais- sance Îles seuls’ exemples d’un semblable développe- ment de l’embryon. Je soupconne , d’après-la structure de l'embryon ét d’après les figures que Treviranus a données du développement de l'embryon dans Je Ruppia, que dans cette plante et dans le Zostera Vembryon, quoi- quemonocotylédoné , pourrait également se développer hors du sac at mais je n'ai pas pu vérifier ce soupçon. Soûs le point de vue oi sarS ont » Ce mode de dé- veloppement de l’embryon à un grand intérêt, car ‘il nous prouve que la vésicule dans laquelle l'embryon se développe ordinairement ne concourt que d’une manière très - accessoire à sa formation, ou du moins que Îa membrane qui la forme n’est pas essentielle à Ja produc- tion dé l'embryon. En effet, dans le Ceratophyllum, il paraît certain qu'aucune partie des mémbranes du sac embryonnaire n’entre dans la composition de embryon.’ Il se formé simplement dans une petite fosseite où dé- pression placée au déhors de son extrémité, et environ- née de petites cellules qui probablement servent d’abord à unir cette extrémité du sac au tissu de l’amande au tour de l'extrémité interne du mamelon d’imprégation , et à circonscrire ainsi un espace dans lequel le mystère de la première formation de l'embryon doit s'accomplir. Dans cet espace comme dans la cavité de la vésicule sé À LEA 1 Ÿ : ( 255:) embryonnaire des autres plantes , un ou quelques-uns des granules spermatiques s'unissent probablement à d’autres granules fournis par l’ovule pour dorinér naïs- sance au petit globule, premier rudiment informe de : l'embryon ; dans le Ceratophyllum , ee globule | placé en dehors d’un sac émbryonnairelibre par son sommét, se développe indépendamment de ce sac. Dans la plûpart dés autres végétaux, au contraire, ou il existe {Rp sn une vesicule dans laquelle la formation de l'embryon s'opère , ou bien’ ce sac étant assez fortement uni au parenchymé’de l’amiande , l’em- bryon ; quoique se développant à sa surface éxtérne ; ré- pousse sa membrane dans l’intérieur de sa propre cavité, et finit ainsi par se trouver logé dans cette cavité, quoiqre étant réellement placé au dehors dé la membrane , de la même manière que les viscères, revêtus d’une mem- brane séreuse , sont'placés hors de cette membrane , quoique contenus dans la cavité qu’elle tapisse ; maïs dans cé cas il est cértaîn cependant qi là membrane de la vésicule s’unit à l'embryon , et finit par en faire partie. L'embryon du Ceratophyllum mé paraît donc formé dans l'origine, par la réunion des granules spérmatiques et des granules fournis par l’ovulé, et correspondre au globule de substance granulèuse qu’on remarque d’abord dans la vésiculé embryonnaire des attres plantes, et qui, dans les premiers temps, ëst évidemment indépendant de la membrane de cette vésicule , ainsi que cela se voit parfaitement sur les ovules très-nouvellement impré- gnés du Cucurbüta vit (pl. 14, fig. v1, D). Un fait assez singulier , c’est la couleur présque tou- jours verte de l'embryon dans les premiers mormens de ( 256.) sa formation, couleur qui persiste quelquefois , mais qui, le plus souvent , disparaît à mesure qu’il se dé-, veloppe; on sait qu'en général la couleur verte ne se produit dans les végétaux que par l’action de la lumière, par l'influence de laquelle les végétaux ‘décomposent La- cide carbonique de l'atmosphère , dont ils absorbent le carbone. On peut donc attribuer cette couleur verte à la prédonrinance du carbone. Comment se fait-il que l'embryon végétal , plongé au milieu detissus qui le soustraient complètement à l’action de la lumière, et qui sont eux-mêmes presque toujours parfaitement blanes , prenne aussitôl après sa formation cette couleur d'un beau vert qu’on remarque sur presque tous les embryons très-jeunes , et dont je citerai pour exemple celui de l’Ipomea purpurea , celui de la Capucine ; du Cerato- phyllum , du Cucurbita cerifera ? Y aurait-ilau moment de la formation de l’embryon quelqu'action chimique qui produirait sur l'embryon une influence analogue à celle que la lumière opère sur lesfeuilles? Récapitulons maintenant en peu de mots les priuci- paux phénomènes par lesquels s’accomplit la génération dans les végétaux phanérogames. Les granules sperma- tiques contenus dans l'intérieur des grains de polleu sont introduits par un acte particulier, dépendant. de l'organi- sation de ces grains , dans l’intérieur du stigmale et dans les interstices qui séparent les utricules dont se compose le tissu de cet organe ; ils sont transportés dans les sortes de canaux formés par ces espaces interutriculaires depuis le sigmate jusqu'au point du placenta qui correspond à l’oyule qu’ils doivent féconder ; là , absorbés par le _ ( 257 ) tube conducteur du mamelon d'imprégnation de ’a- mande , ils sont portés jusqu’à la surface du sac em- bryonnaire , et pénétrant dans la vésicule que ce sac pré- sente en ce. point, ils forment, par leur réunion avec d' autres granules fournis par l’organe femelle, les” pre- _miers rudimens de l'embryon. Sa 2 TAG 4 Ce phénomène me paraît tout-à-fait semblable à celui qui a lieu dans l’accouplement et dans la formation de l'embryon ou globule reproducteur des conjugués ; si ce n’est qu'il-y a , dans les plantes Phanérogames ; üne in- finité d’intermédiaires qui séparent les granules mâles des granules femelles , que ces granules ont par consé: quent de nombreux détours à parcourir avant de’ parve: nir au lieu oi ils doivent donner naissance à l'embryon, tandis que dans les Conjuguées , par un seul acte ; lés gra- nules mâles passent de la loge qui les renferme däns”célle qui contient les granules femelles ; et: forment: aiñsi immédiatement l'embryon , qui, äù lieu de se dévelop: peret de devenir le rudiment d’une plante parfaite , reste toujours sous la même formé où il'se présente an moment de sa production | forme qui ‘est tout-à-fait sem- blable à celle sous laquelle s’offre l'embryon des végé- taux Phanérogames ; lors de sa première apparition: dans | la vésicule embryonnaire: RTE Supposons un moment que ; supprimant la rééemhr externe des grains de pollen, le stigmate, le style; l'ovaire,” les membranes accessoires de l’ovule, nous mettions di- rectement en rapport la membrane interne du grain de pollen avec le sac embryonnaire , nous aürons le mème mode de génération que nous voyons dans les conjugués. Nous pouvons donc dire que la génération dans les vé- XII, 7 ( 258 ) gétaux consisteessentiellement dans l’union, ou pour ainsi dire, dans la combinaison d’un ou de plusieurs granu- les fournis par un organe spécial avec un ou plusieurs granules fournis par un autre organe, dans une cavité particulière de ce dernier organe. Ce phénomène , ainsi réduit à sa plus simple expression, permettra de conce- voir bien plus facilement les aberrations apparentes que présentent les végétaux cryptogames , et jettera le plus grand jour sur leur mode de reproduction. On verra que les grandes différences qu’on observe dans les or- ganes reproducteurs de ces êtres singuliers dépendent le plus souvent de Pabsence d’un plus ou moins grand nombre des parties accessoires , et pour ainsi dire su- perflues, qui existent dans les plantes phangrogames. Le point qui nous paraît le plus essentiel à éclaircir, et sur lequel les observations faites jusqu’à ce jour ne nous permettent de rien avancer avec quelque proba- bilité , consiste à déterminer si un seul granule sper- matique concourt à la formation de l'embryon , ou si plusieurs de ces granules entrent dans sa composition. Si nous nous fondions sur ce qui'a lieu dans les ami- maux, où un seul animalcule spermatiqné paraît né- cessaire.à la fécondation de chaque ovule, nous devrions présumer , par analogie , qu’un, seukglobule spermati- que dans les végétaux concourt également à la formation de l'embryon: Si , au contraire , nous considérons l'ac- couplement des conjugués comme une véritable fécon- dation, et comme le type de la fécondation des végétaux- réduite à sa forme la plus simple, nous serons portés à ad- mettre que plusieurs granules spermatiques entrent dan: _ la composition du nouvel individu. De nouvelles obser ( 259 ) valions sônt nécessaires pour détérminér cé point impor- tant qui, tenant au mystère le plus intime de la généra- râtioh , séra bel in à et wi toujours impossible à réclaireir. | CHAPI TR Ë VI. Du dévelitpemett de l'embryon, et de la Sormation des divers tissus mi la graine. La génération étant aébentlie une fois que l'embryon est formé , nous pourrions nous considérer comme étant arrivé au but que nous nous étions proposé d’atteindré, puisque nous avons passé en revue tous les phénomènes qui ont rapport à cette fonction ; et que ces: phénomènes, telsique nous les avons observés; sedient les uns aux autres d’une manière si naturelle ;: qu'il ne peut nous rester aucun doute sur tous les points essentiels et sur‘ la marche générale que suit la’ nature pour acéomplir cet acte important. Cependant si le-physiologiste pouvait être satisfait et s'arrêter äsce terme y le botaniste ; ‘pour lequel l'étude de la graine «est d’une si grande importaner, doit désirer lier sa ‘structurelà celle de Fovule ; et voir par conséquent les ‘changemens qui s opérent dans céi organe depuis l'apparition de l'embiyon jusqu’au mo- ment où , parvenu à-sôon plus grand mg il constitue Ja graine parfaite. : OS Il nous reste à cet égard deux points esseñtiels à con-. sidérer : 1°. qu’ellé est l’origine des divers tissus qué nous observons dans la graine parfäite.et qui enviroinént l'embryon; 2°. quels sont lesrappérts qui existent entre la structure de lovule et celle dela grainé, : 1: 4, ( 260 ) Le premier point a été l’objet des recherches de deux physiologistes, MM. Treviranus et Dutrochet qui , dans les dissertations que nous avons déjà citées sur le déve- loppement de l'embryon végétal, se sont particulière- ment occupés de la formation des tissus qui l’environ- nent. On retrouve aussi plusieurs faits importans sur ce sujet. dans le beau travail de Malpighi, et M. Brown a également donné quelques idées nouvelles à cet égard dans son dernier Mémoire. La graine est décrite très-différemment par les divers auteurs qui en ont fait une étude spéciale. Ainsi Gært- ner, MM. Mirbel, Decandolie, etc. , admettent qu’elle est enveloppée par deux tégumens distincts; Richard , dont les observations’ ont jeté tant de jour sur plusieurs des points les plus obseurs de la Carpologie, admet au contraire qu'il n'existe qu’un seul tégument simple: Quelques auteurs ont pensé qu'il n’y avait qu'un: seul tégament lorsqu'il existait:un périsperme, qu'il y en avait deux au contraire lorsque le périsperme:manquait, et que dans ce cas le tégument interne n’était que le pé- risperme réduit à une-extrème ténuité. dl - L'étude de la graine parfaite laisse toujours beaucoup de doute sur ce genre d'analyse; parce que tantôt ces mernbranes se soudent-plus ou moins intimement ; tan tôt au contraire Ja même membrane étant formée de deux couches de texture diflérente , peut être regardée comme double. L'étude des changemens qui s’opèrent dans d’ovule-depuis le moment de l’imprégnation: jus- qu’à Pépoque où , arrivé à son état parfait, il prend le nom de graine , peut donc seule nous éclaircir sur la dis- tinction des divers tégumens de Ja graïne. Dans l’ovule, t " ( 261 ) nous avons vu qu’il existait autour de l'embryon quatre enveloppes qui étaient , en allant de dehors en dedans le testa , le tegmen , le parenchyme de l’amande et le sac émbryonnaire. Ces quatre enveloppes existent à la fois dans un grand nombre de plantes ; les figures que nous avons données de l’ovule du Nuphar lutea (pl. 39, fig. 7), du Pepo macrocarpus (pl. 40, fig. 4, C, FE); du Ricinus communis (pl. 41, fig. 4, B), en sont des exemples. Dans beaucoup d’autres , au contraire, le tegmen manque , soit qu'il se soude avec le testa ou avec l’amande , soit qu'il n'existe réellement pas : l’'amande n’est alors enveloppée que par un seul tegument. Quel- quefois au contraire , il est possible que ce soit le testa qui manque et le tegmen qui persiste. Les Graminées me paraissent dans ce cas ; j’ai dit plus haut les raisons qui me portaient à présumer que leur tégument unique représentait plutôt le tegmen que le testa. Enfin dans des cas qui paraissent fort rares, l'amande est nue et dépourvue de toute espèce d’enveloppe ; le Thesium et probablement toutes les Santalacées présentent cette anomalie remarquable. L'examen le plus attentif, à di- verses époques du développement de l’ovule, ne m'a jamais periwis de distinguer aucune membrane libre on adhérente qui enveloppe l’amande ; celle-ci m’a toujours parue formée d’un tissu parenchymateux, homogène depuis le centre jusqu’à la surface, et sans aucun indice d'ouverture vers le point d’imprégnation, et je crois qu'on doit la considérer comme une amande nue (pl'43, fig 3,£,F); mais cé cas est trop rare pour ne pas le mettre de côté dans ce que nous avons à dire de Ja formation des tégumens de la graine. (‘2009 La seule variation fréquente que nous observions dans le nombre des parties qui composent l’ovule, se reduit donc à l’existance d’une ou de deux membranes autour de l’amande ; mais ces diverses parties, c’est-à-dire le testa, le tegmen, le parenchyme de l’amande et le sac em- bryonnaire, persis tent-elles d’une manière distinete dans la graine, ou au contraire s’oblitèrent-elles ou se sou- dent-elles toujours de manière à ce qu’on ne puisse pas les reconnaître. Le testa paraît persister toujours d’une.manière très- distincte c’est même lui, en général, qui forme la mem- brane la plus épaisse, la plus solide et la plus distincte de la graine. Dans quelques plantes cependant, il se réduit à une membrane très-mince; c’est le cas du Ricin, dans lequel , ainsi qu’on peut s’en assurer en suivant le dé- veloppement de la graine, le testa n’est formé que par la pellicule blanche et très-mince qui couvre extérieure- ment la graine. Le tégument épais, fibreux, solide, qui est, placé dessous. provient au contraire du tegmen : mais ce cas est rare; le plus souvent le tegmen s'amincit peu à peu, et finit oupar disparaître, ou par se souder au testa : c'est ce qu’on observe très-bien sur les Rhamnées , sur les Cucurbitacées, où il reste cepen- dant distinct pendant assez long-temps. Dans le Nuphar lutea , on peut le reconnaître jusque sur la graine mûre; cependant cette circonstance est assez rare pour qu'on | puisse penser que ce n’est pas cette membrane que plu- sieurs Carpologistes ont reconnu. dans la graine, que Gærtner désignait sous le nom de membrane interne set que M. Mirbel a nommé tegmen. C'est donc au dépend de l’amande que doit se badcr ( 263 ce tégument interne de Ja graine , reconnu par plusieurs physiologistes, et qui existe d’une manière bien dis- : tincte dans beaucoup de graines, quoique Richard lait toujours considéré comme une simple dépendance du tégument unique auquel il donnait le nom d’épi- sperme. | | L'armande , au moment de la formation de l'embryon, est composée d’un tissu cellulaire lâche , mais régulier, qui laisse souvent dans son centre une cavité plus ou moins étendue , comme on l’observe dans les Cucurbi- tacées, dans les Crucifères , etc. Tantôt toute cette ca- vité est remplie par le sac embryonmiaire , comme dans les Crucifères, tantôt au contraire ce sac, fort petit à cetté époque , n’occupe que la partie de cette cavité la plus voisine du mamelon d’imprégnation : c’est ce qu'on voit dans les Cucurbitacées ; enfin dans certaines plantes, presque toute l’amande est formée par un parenchyme homogène , et le sac embryonnaire ne s'offre que comme une petite cavité auprès du mamelon d’imprégnation : c'est ce qu’on observe sur les Graminées, le T'hesium linophyÿllum , les Helianthèmes , etc. , "Quelle que soit la grandeur relative du sac éembryon- naire et de l’amande au moment de l’imprégnation, bien- tôt on voit de grands changemens s'opérer ; le plus sou- vent Le sac embryonnaire augmente rapidement; il sè dilate dans tous les sens, repousse le tissu de lamande, et bientôt il à réduit ce tissu à une couche mince : c'est _ce qui forme le tégument interne &e la graïne de Ia plu- part des auteurs ; ce que Gürtner a nommé membrana interna, M. Mirbel teÿmen, M. Dutrochet encïleme. Le sié embryonnaire ainsi développé, finit souvent par étre ( 264 ) entièrement occupé par l’embryon., Dans ce cas, la membrane du sac ou disparaît complètement , ou se con- fond avec le parenchyme.de lamande pour former la membrane interne : c'est le cas des Cucurbitacées , des Crucifères , des Rosacées , des Légumineuses et detoutes les plantes dépourvues d'endosperme. Dans celles qui en sont pourvues, au contraire, 1] se dépose sur les paroïs du sac embryonnaire de nombreux globules qui, par leur agglomération ou par leur développement, forment cet endosperme , au centre duquel se trouve ordinairement placé l’embryon. Telrest le mode le plus ordinaire de formation de l’endosperme : nous avons représenté le commencement de son dépôt sur les parois de la cavité du sac embryonnaire dans le Ricinus communis (pl41, fig. 1, D 16) et dans le Polygonum fagopyrum(pl. 41, fig. 3, C, 4). On voit qu'il existe nécessairement dans ce cas une membrane interne en dedans du testa, due à l’amincissement du parenchyme de l’'amande , soit que: l'embryon soit entouré par un endosperme ou qu’il en soit. dépourvu ; comme ce parenchyme existe toujours dans l’ovule, cette membrane interne doit toujours exis- ter dans la graine, et si nous ne la distinguons pas. dans toutes les plantes, c’est qu'elle est devenue excessi- vement mince, ou qu'elle s’est soudée au testa : elle est très-distinete sur les Cucurbitacées, les Rhamnées , les Rosacées. | | Mais cette destruction presque complète du paren- chyme de l’amande et ce développement excessif du sac embryonnaire n’ont pas toujours lieu. Dans quelques plantes au contraire, le sac embryonnaire ne se déve- .sppe qu'autant que l'exige le volume.de l'embryon ; ses ( 265 ) pärois-sont tou) appliquées contre lui, et le paren- chyme de l’amande , qui persiste dans la graine mûre, se remplit de globules amylacés, et devient un endo- sperme ou un périsperme d’une autre nature que le pré- cédent , et auquel nous conserverons ; pour le distin- guer , le nom de périsperme, en donnant à celui dont nous avons décrit le mode de formation en premier , le nom d’endosperme. C’est ainsi que se forme le péri- sperme du Nyctago Jalapa, du Thesium linophyl- lum , et de toutes les Graminées. Le développement de cette substance dans ces derniers végétaux est assez intéressant pour que nous le décri- vions avec plus de détail. Nous avons déjà fait connaître la structure de l’ovule du Mays avant l'imprégnation (pl. 43, fig. 1, 4). Si on examine cet organe un peu plus tard,(pl. 43, fig. 1, C), on voit que le tégument de l’ovule a déjà beaucoup diminué d'épaisseur ; l’'amande au contraire a pris plus de développement, et auprès du mamelon d’imprégnation on aperçoit une petite cavité.et le pre- _mier rudiment de l'embryon. En l’observant avec un plus fort grossissement, on peut s'assurer que l’embryon est fixé au côté de cette cavité qui correspond au mame- lon d’imprégnation. Si on suit le développement de cet embryon , on remarque que la cavité qui le contient ne s'accroit qu'autant que l'exige le volume de l'embryon ; l’amande au contraire augmente beaucoup au dépend du tégument , qui plus tard se trouve réduit à une mem- brane mince, et bientôt on. voit des granules amylacés qui commencent à se déposer dans les utricules qui. for- ment Je tissu mème de l’amande. En examinant ainsi ces ( 266 ) graines jusqu'à l'époque de la mg on acquiert la certitude que le périsperme ne se forme ni dans les cel- lules du péricarpe, ni dans celles du tégument de l’o- vule, comme quelques botanistes l’avaient pensé, ni dans la cavité du sac embryonnaire , comme cela a lieu dans la plupart des plantes , maïs bien dans les cellules de l’amande. . M. Brown avait déjà indiqué cette diversité d’origne du périsperme, mais sans citer les plantes dans les- quelles on rencontre cette dernière espèce de périsperme, qui est beaucoup moins fréquente que la première. Ce même savant a également remarqué que c’est à l'existence simultanée de ces deux sortes de périspermes, ou du périsperme et de l’endosperme dans les Nymphéa- cées , qu'était due la singulière organisation de la graine de ces plantes. Guidé par cette idée, nous avons exa- - miné avec la plus grande attention la structure de l’ovule et le développement de la graine dans le Nuphar lutea, et nous ne pouvons conserver aucun doute sur la justesse de l’opimion de cet habile botaniste. Il résulte évidem- ment de ces observations que la partie qu’on a regardé comme une dépendance de l'embryon ; que Richard a considérée comme le cotylédon ,; et M. Decandolle comme une enveloppe propre à l’embryon ; n’est que le sac embryonnaire épaissi et dont les cellules se sont rem- plies de globules amylacés. Le mode de formation de embryon , la préexistence de ce sac avant l’impregna- tion , et son adhérence d’une part au mamelon d’impré- tion , et de l'autre à la chalaze , ne peuvent laisser au- eun doute à cet: égard (pl: 39, fig. 44; 1; K, M, N, O 7). Wrésulte aussi de là que le périsperme dans ( 267 ) cette plante se forme dans les cellules mêmes de l’a- mande , comme dans les Graminées, et non dans la ca- vité du sac embryonnaire. Ainsi le Nuphar lutea est la plante dont la graine parfaite nous présente le mieux, et de la manière la plus distincte , toutes les parties qui entrent dans la composition de l’ovule. Le testa (fig. O 1, 2,3 ), le tegmen (O 4), le parenchyme de l’amande changé en périsperme (O 5), et le sac embryonnaire changé en une enveloppe épaisse et charnue, analogue à l’endosperme (O 3). Pour exprimer avec clarté et précision la nature et l'origine des diverses parties de la graine , nous pensons qu'on pourrait employer les expressions suivantes, qui, sans introduire de nouveaux mots dans la science, rece- vraient ainsi une définition plus précise. Conserver à l'enveloppe externe que parcourent les vaisseaux nourriciers le nom de testa ; donner à l’enve- loppe interne , lorsqu'elle est ouverte près du micropyle et qu’elle provient par conséquent du tegmen, ce même nom de tegmen; désigner par le mot de périsperme le parenchyme de l’amande rempli de granules amylacés ; lorsqu’au contraire ce parenchyme s’est réduit à une membrane mince qu’on distingue du tegmen , ainsi que M. Brown l’a observé, en ce qu'elle se termine par un mamelon noirâtre qni n’est percé d'aucun trou , l’indi- quer par le nom de membrane périspermique; enfin donner le nom d’endosperme, employé par Richard pour toutes les substances comprises entre les iégumens de la grame et lembrvon , à la matière déposée autour de l'embryon dans le sac embryonnaire lui-même ; c’est-à- dire à ce que la plupart des hotanistes ont désigné suc- ( 268 }) cessivement par les mots d’ albumen , de ae et d’endosperme. Ainsi dans la graine dès Nip fés , l'embryon sera entouré par un testa fibreux, par un tegmen mem- braneux , par une périsperme farineux , et par un endo- sperme charnu. | La graine du Ricin nous offrira un testa membraneux, un tegmen fibreux et crustacé , une membrane périsper- mique mince, et un endosperme charnu autour de l'embryon. Celle des Rhamnées sera composée d’un testa fibreux avec lequel se confond le tegmen, d’une mem- brane périspermique assez épaisse , et d’un endosperme charnu qui entoure l'embryon. Celle des: Rosacées nous présentera un testa assez mince , point de tegmen distinct, et une membrane pé- rispermique très-mince (avec laquelle s’est confondu le sac embryonnaire ) qui enveloppe immédiatement l’em- bryon. | ÉREAN" Le fruit du Nyctago Jalapa sera formé d’un péri- carpe mince , avec lequel le testa se confond à la niatu- rité, et d’un périsperme central , autour duquel est con- tourné l'embryon. Celui des Graminées qui , parmi les monocotylédones, nous offre presque la mème structure et le mème mode de développement, sera composé d'un péricarpe fibreux, peu épais, d’un’testa, ou plutôt d’un tegmen réduit à une pellicule très-mince , et d’un périsperme farineux , au côté duquel est appliqué l'embryon. Ces ‘exemples me paraissent suflire pour montrer l’a- vantage qu’il peut y avoir à distinguer dans la botanique proprement dite les diverses parties de la graine d’après NID e — ( 269 ) l'origine qu’elles ont dans l'ovule. On voit que cela donne plus de précision aux descriptions , sans les rendre plus longues ou plus pénibles ; je sais qu'il est des cas où, travaillant sur des plantes sèches, on,ne pourra pas déterminer avec. certitude l’origine FR verses parties : c’est alors que les .mots de tégument ex- terne, de tégument interne; pourront être employés avec avantage pour décrire ce qui se présente , sans vou- loir en conclure lorigine; mais toutes les fois qu’on pourra employer des termes plus précis, on fera mieux connaître la structure réelle de la graine , et on fera res- sortir des caractères importans pour fixer les analogies des divers végétaux entre eux. La structure de la graine lorsqu'elle est müre doit dépendre du rapport de position des diverses parties de l’ovule, et du plus ou moins grand développement qu'acquièrent ces diverses parties pendant la maturité de la graine. Nous venons de voir que le nombre et la na- ture des divers tégumens de l’embryon , soit sous forme de. membrane , soit sous celle de tissu amylacé, dépen- daient de ce plus ou moins grand développement ; il nous reste à examiner comment les diverses modifica- tions de structure de l’ovule, surtout quant au rapport de position: des parties qui le constituent , influent sur l’organisation de la graine parfaite. M. Brown a déjà observé que la position du, mame- lon d’imprégnation , et par suite celle de l'ouverture des tégumens. de. l’ovule , auquel, ce mamelon correspond toujours ; indiquait dans l’ovule le point où devait abou - tir la radicule de l'embryon dans la graine. Ce premier point , l’un des plus importans , étant déterminé , il s’a- ( 290 ) girait de savoir si on peut, d’après la structure de l’o- vule , présumer la forme générale de l'embryon , et sa position par rapport au périsperme ou à l’endosperme, lorsque l’un des deux existe. 1 Un fait auquel je ne connais aucune exception évi- dente, c'est que dans tous lés cas où la chalaze est placée à l'extrémité de Flamande opposée organique - ment au mamelon d’imprégnation, les cotylédons cor- respondent toujours à cé point ; si l’amande est droite, ce qui est le cas de beaucoup le plus fréquent, l'em- bryon est droit, si l’amande est recourbée en fer à cheval, de sorte qne le mamélon d’imprégnation corresponde à un de ses bouts, et qu'elle soit insérée par l’autre à la chalaze; l'embryon suivra la courbure de l'amande et sera replié sur lui-même , c’est ce qu’on voit dans les Alismacées (pl. 42, fig. 2), et dans les Cruciféres (pl. 42, fig. 3); c'est ce qui a lieu aussi mais d’une manièré moins marquée , dans les Légumineuses à em- bryon courbe, telles que le Haricot (pl: 41 , 4). - Dans ces deux cas, que l’amande et l’embryon soient droits ou que tous deux soient recourbés, la tutrition arrivant à l'embryon par son sommet c’est-à-dire par l'extrémité opposée à la radicule , elle se distribuera éga- lement à toutes les parties situées autour de l'axe de cette petite plante, toutes ces parties seront également développées et l'embryon sera symétrique. S'il se dépose une substance amylacée dans le sac en bryonnaîire où dans le tissu de l’amande, cette substance se déposera régulièrement tout autour de lui et l'em- bryon séra placé dans le centré dé V’endosperme où du périsperme. Léÿ À: à (271 ) Mais au contraire, si la chalaze au lieu de corres- pondre au point de l’amande qui est opposé au mamelon d’imprégnation est placé auprès de ce mamelon sur le côté de l’'amande, le sac embryonnaire recevra la sub- stance nutritive que lui transmet la chalaze par un de ses côtés, et l'embryon se trouvera repoussé du côté op- posé ; si l’amande elle-même s’infiltre de granules amy- lacés , elle repoussera le sac embryonnaire du côté op- posé et l'embryon se trouvera ainsi rejeté sur le côté de la graine ou vers la partie de sa circonférence qui est opposée à la chalaze, tandis que le périsperme ou l’en- dosperme oecuperont le côté qui correspond à cet or- gane. C’est ainsi que se développent en eflet les em- bryons placés vers la surface de l’amande dans les Che- nopodées, les Amaranthacées, les Phytolaccées, les Nyctaginées et les Graminées ; et probablement dans toutes les plantes dont l'embryon est placé autour du périsperme ou de l’endosperme. Toujours , ainsi qu'on peut le voir. dans la figure du Phytolacca decandra (pl. 42, fig. 4, C; F°),:et dans celles du mays, (pl. 43, fig. 1, #4; C, E ; H), du sorgho et de l’avoine (pl. 43, fig. 2, 4, B, D),la chalaze au lieu d’être placée à l’extrémité de l’amande opposée au mamelon d’imprégnation , est placée sur le côté par rapport à ce mamelon. Nous pouvons donc déterminer: d'après la structure . de l’ovule, 1°. la position de la radicule de l'embryon dans la graine d’après celle du mamelon d'imprégna- tion ; 2°. la forme droite ou courbée de l'embryon d’a- . près celle de l’amande; 3°. la position de l'embryon » par rapport au périsperme d’après la position de la cha-., \ ( 272 ) | laze comparée à celle du mamelon d’imprégnation. Les trois points des plus importans en ce qui concerne la forme et la position de lembryon, peuvent donc être déterminés presqu’avec certitude , même avant l’exis- tence de cet embryon , d’après la structure de l’ovule. Le peu d’exceptions aux règles que je viens d'énoncer , se présentent dans quelques plantes ou l'embryon prend très-peu de développement, et ou restant pour aïnsi dire confiné dans la partie de l’amande la plus voisine du mamelon d’imprégnation , les modifications que pré- sente la forme ou le mode de nutrition de cet organe; influent très-peu sur Le petit embryon. Aïnsi, dans les Commelinées , la chalaze est latérale par rapport au ma- melon d’imprégnation , et cependant l’embryon est droit et non pas rejeté vers le côté; mais il est si petit par rapport à la masse de l’amande, que la nourriture que lui fournit la chalaze lui arrive également de tous les côtés. | Quand à l’existence ou à l’absence de l’endosperme ou du :périsperme dans la graine ; je ne connais aucun moyen de la présumer d’après la structure de lovule, non-seulement au moment de l’imprégnation, mais même à une époque beaucoup plus avancée, et je crois que plus on étudiera la formation de ces sortes de sub- stances , et plus on sera porté à ne leur donner 4 une importance secondaire. | ( 273 ) CONCLUSIONS, Nous avons dit au cominencement de ce Mémoire que notre but était de prouver autrement qu’on n’avait cher- ché à le faire jusqu'à présent , l'existence de la généra- tion au moyen de deux sexes dans les végétaux, et de déterminer de quelle manière cette fonction s’effectyait. Les expériences directes par lesquelles on avait cher- ché à prouver la nécessité de la fécondation pour la for- mation de l'embryon , soit en isolant les sexes , soit par des fécondations hybrides , ne laissaient presqu'aucun doute à cet égard : cependant le grand nombre de pré- cautions qu'exige ce genre d'expérience pour éviter toutes les causes d'erreur, avait conduit souvent à des résultats qui , par l'absence de quelques-unes de ces précautions , avaient paru prouver que la fécondation n’était pas indispensable à la formation de l'embryon ; quelques physiologistes conservaient donc des doutes sur Je genre d'influence du pollen dans la fécondation. Notre but , au contraire, était de prouver, l'existence de la génération , non par le résultat d'expériences qui laissent toujours quelques doutes au lecteur ; parce que ces ré- sultats sont presque toujours ou négatifs ou vagues , et qu’il ne peut pas apprécier jusqu’à quel point toutes les précautions nécessaires pour éviter les erreurs ont été prises , mais par des faits positifs que l'œil suit et peut retracer sur le papier, c'est-à-dire , en étudiant la struc- ture des divers organes qui concourent à la génération , et en examinant successivernent tous les phénomènes qui accompagnent et suivent la fécondation. L'anatomie nous prouve que tout est disposé pour XI. 18 (34) l’accomplissement de la génération , et j'entends toujours par génération celle qui a lieu au moyen de deux sexes différens ; l'étude physiologique des phénomènes qui ont heu pendant et après la fécondation , nous montrent que l'influence du pollen est transmise jusqu’à l’ovule et qu'elle est nécessaire à la formation de l'embryon. | En effet, nous voyons les grains de pollen remplis de granules différens par leur volume, leur opacité, et peut- être par leur forme.et leurs mouvemens, de ceux qui existent dans les autres parties du végétal ; nous voyons ces granules , par suite de l’un de ces phénomènes les plus singuliers que présente la physiologie végétale , pé- nétrer dans le tissu du stigmate, entre les utricules qui le composent ; de là ces granules , mêlés à un liquide abon- dant, sécrété seulement dans le moment de la féconda- tion , sont portés à travers les interstices qui séparent ces ütricules jusqu’au point du placenta, qui corres- pond aux ovules. Tout dans l'ovule est disposé pour faciliter leur intro- duction ; les tégumens de la jeune graine sont interrom- pus pour leur donner passage , et un tube membraneux et délié vient les puiser dans le tissu qui les a conduit du stigmate au placenta, pour les faire pénétrer jusqu’au point où l’embryon doit se former ; une petite vésicule existe presque toujours dans ce point , et c'est dans son intérieur que doit s’opérer le mystère impénétrable de la génération : bientôt on y voit apparaître un globule formé par l’aggrégation de granules nombreux. C’est le rudi- ment de l'embryon ; ce globule augmente ; il remplit la vésicule , s’unit À elle, et ainsi soudés ils forment le véri- table embryon ; qui , d’abord fixé par le col de la vési- tr - si mil LA": Cou ne arc, RS ( 275 ) cule , finit presque toujours par s’isoler au bout de peu de temps. Bientôt tous les organes qui constituent l'em- bryon végétal se développent , et nous reconnaissons en Jui. un être complet et indépendant , propre à perpétuer celui qui l’a produit. Je demanderai maintenant s’il existe des preuves plus concluantes en faveur de la génération des animaux, et l’analogie qui existe entre les phénomènes les plus im- portans de cette fonction dans les deux règnes , n’est pas un des faits les moins curieux. Tous les phénomènes qui se passent dans les végé- taux depuis l’âction du pollen sur le stigmate jusqu’au moment où les granules spermatiques sont arrivés en contact avec l’ovule ne sorit qu'accessoiré ; ils dépen- dent nécessairement de là structuré propre aux végé- taux ; ils sont analogues à ceux qui , dans les änimaux où la fécondation s'opère dans le corps mème dé là femelle, préludent également à la génération en dé- terminant l'introduction de la liqueur spermatique jus- qu'au point où elle rencontre l’ovule. Dans les végé- taux, la liqueur spermatique , mise en contact avec lovule, a encore à parcourir le’ tube fécondant ‘pour arriver au point où la génération s'effectue ; dans Ta plupart des animaux , les ‘animalcules spérmatiques | arrivés à l’ovule , se trouvent immédiatement en: con- aact avec la cicatricule de l’ovule. Cependant , dans les Batraciens , ils doivent traversér l'enveloppé mucilagi- neuse de l'ovule avant d'arriver à la cicatficulé, et cette enveloppe correspond ainsi au parenchyme de l'ämande que le fluide fécondant doit traverser pour river à Ja vésicule embryonnaire. Seulement dans les végétaux, « . > “ ( 2796 ) la liqueur spermatique w’étant en contact qu'avec un seul point de l’amande , il y a un passage particulier destiné au transport du fluide fécondant , tandis que dans les œufs des Batraciens leur enveloppe mucilagi- neuse plongée dans l’eau spermatisée , l’absorbe par tous les points de sa surface. La vésicule embryonnaire des végétaux , répond à la cicatricule des ovules des ani- maux ; dans les deux règnes c’est sur ce point de l'o- vule que s'opère l’action du fluide fécondant; c’est là que la génération proprement dite s'effectue, et qu’on voit bientôt apparaître les premiers rudimens de l’em- bryon. Dans les animaux, on est arrivé à déterminer presqu'avec certitude qu'un seul animalcule se fixe à là cicatricule ; devons -nous également présumer que dans les végétaux un seul granule spermatique pénètre dans la vésicule embryonnaire , et concourt à la forma- tion de l'embryon ? Dans les animaux, l’opinion la plus vraisemblable est que l’animalcule forme dans l'embryon un organe spécial , qu’il est l’origine de la moelle épinière et par suite de tout le système nerveux. Dans les végétaux , l’uniformité de texture de toutes, les parties de l’em- bryon permet difficilement d'admettre qu’une partie spé- ciale doive son origine à l'influence du fluide sperma- tique ; et. même en supposant que de nouvelles obser- vations conduisissent à ce résultat, rien ne s’opposerait, à ce que plusieurs granules spermatiques entrassent dans la composition de cette partie ; car on doit remar- quer que les végétaux ne sont pas comme les animaux, soumis à un plan rigoureux de structure et à un déve- loppement limité : dans les animaux , l'embryon arrivé KW | ( 277 ) un certain point de sa formation , renferme tous les organes qu’il doit avoir durant toute sa vie ; ces organes se développeront , augmenteront , mais il ne s’en repro- duira pas de nouveaux ; l'être tout entier est soumis à un plaif de structure dont il ne peut pas s’écarter, et le système nerveux paraît être le principal régulateur de cette organisation : c’est lui qui existe le premier dans l'embryon, et s’il doit en eflet son origine au fluide spermatique , on conçoit qu'un seul animalcule devait entrer dans la composition de l'embryon pour le pro- duire. Dans les végétaux , il n’en est pas de même ; un être provenant d’un seul embryon (en ne donnant ce nom ? ceux qui résultent de la reproduction sexuelle }) it continuellement de nouveaux organes , et si la fo nombre et leur disposition générale dépendent d’une in- e de chacunde ces organes est bien déterminée, leur finité de circonstances; en un mot l'être tout entier, dans le règne végétal , n’est pas soumis à une forme déterminée comme dans le règne animal. On conçoit donc que si , dans le règne animal, un animalcule uni- que devait entrer dans la composition , pour ainsi dire, |. déterminée du nouvel être, dans les végétaux , au con- | traire , plusieurs granules spermatiques , peut-être même un nômbre indéterminé ; peuvent concourir à la forma- tion d’un nouvel être dont l’organisation est bien moins déterminée dans son ensemble. Ces réflexions ont pour but non de prouver que plu- sieurs granules spermatiques entrent dans la composi- tion de l'embryon végétal ; car je suis loin d’avoir une . idée arrêtée à cet égard, mais de montrer que dans ce L ! \ À (2782 : \ cas ; ce qui a lieu dans le règne animal ne doit rien nous \ faire préjuger sur ce qui doit se passer dans le règne vé- gétal. # D'après les faits que nous avons exposés et que nous venons de résumer , il est facile de conclure quelle est l'opinion qu’on doit admettre sur le mode de formation de l'embryon végétal ; il est évident qu'il ne préexiste pas à la fécondation , et que le fluide spermatique ne se borne pas à le vivifier; la théorie de l’emboîtement des germes est donc aussi peu fondée pour le règne vé- gétal que pour le règne animal. Il me paraît également certain qu'un des granules spermatiques à lui seul ne forme pas l’embryon, et que par conséquent cet em- bryon n'existe pas tout formé dans le fluide fécon La genération ne consiste donc pas uniquemet transporter dans l’ovule pour qu'il s’y développe. Le concours de parties fournies par l’organe mâle (les granules spermatiques) et de parties fournies par l’or- gane femelle ( la vésieule embryonnaire et les granules muqueux ) pour la formation de Fembryon me paraît, au contraire, bien prouvé , et la théorie de l’Epigénésie se trouve ainsi s'accorder , mieux que tout autre, avec les divers faits connus non seulément dans le règne ani- mal, mais aussi dans le règne végétal. EXPLICATION DES PLANCHES. Pi, 34, fig. 1 Formation et structure du pollen dans le Cucurbita maxima Dvucu. Pépo maerocarpus Rica. A, coupe transversale d’un des follicules de l’anthère montrant ses deux loges dans un boutoÿ de 5 à 6 millimètres de longueur — 5. Vaisseaux (trachées) de l'anthère. — 2, Masse pollinique, È D. + UN OCR PR RE à - 4x * (279 }, B , masse pollinique plus grossie , et coupée transversalement. C, la même grossie davantage, et vue dans le sens longitudinal : chaque utricule renferme une masse globuleuse de granules agglomérés. €”, une de ces masses isolée. Ç D, utricules polliniques plus avancés, légèrement unis entre eux, mais assez faciles à disjoindre. ‘D’, un de ces utricules séparé. Æ , un grain de pollen. encore jeune, mais qui a déjà acquis la forme qu’il doit conserver, et qui est parfaitement libre. F, coupe de Panthère au moment de sa déhiscence. On voit que le pa- renchyme des valves de l’anthère est interrompu dans le fond de chaque loge, et que dans ce point , ce parenchyme qui entoure les vaisseaux nourriciers, fait saillie dans la loge : c’est probablement par cette partie que se secrètent les granules spermatiques. G, grain de pollen parfait, hérissé de papilles très-nombreuses et de mamelons operculés en petit uombre. H, grain de pollen au moment de sa déhisceuce sur l’eau. On voit que les granules sortent par un des mamelons operculés sous la forme . d’une masse cylindrique, vermiforme , limitée. Cette masse est enve- loppée par la membrane interne du grain de pollen , et ce n’est qu’à l'extrémité qu’elle se rompt et permet aux granules de se disperser. I, granules spermatiques grossis 1050 fois en diamètre , et dessinés à la Camera lucida. Fig. 2. Développement et structure du pollen du Cobæa scandens. L A , coupe transversale d’une anthère très-jeune. B , une des loges de l’anthère ouverte, avec la masse pollinique conte - nue dans sa membrane propre , à laquelle elle n’adhère Ni Al pas. C , portion de la masse pollinique vue longitudinalement. D , portion de la masse pollinique plus avancée et plus grossie. E , utricules de cette masse pollinique isolés ; les granules spermatiques y sont encore épars. F, les mêmes utricules plus avancés, renfermant chacun quatre glo- bules de pollen remplis de granules spermatiques. G , un de ces utricules à une époque plus avancée. H , un des grains de pollen à cette époque , vu isolément. T, grains de pollen parfaits contenus dans les cellules déchirées de la masse pollinique. | K, un de ces grains de pollen plus grossi ; on voit que sa membrane \ (280 ) interne est très-régulièrement réliculée et formée de cellules sr gones. | é | Ai À L , granules polliniques grossis 1050 fois en diamètre. PI. 35, fig. r. Formation et structure du pollen, et manière dont s’o- père la fécondation dans l'OEnothera biennis. Æ , masse pollinique contenue dans une des loges de l’anthère. B , une des cellules de la masse pollinique qui renferme plusieurs utri- cules polliniques. , €, ces mêmes utricules isolés , dans lesquels les granules sont réunis en trois masses. D , portion de la masse pollinique à une époque plus avancée ; les grains de pollen , déjà très-bien formés et contenus dans des cellules irrégu- lières et peu distinctes , nagent dans un liquide rempli de granules. Æ, un de ces grains isolé : on remarque les granules qui adhèrent au sommet de ses trois mamelons , et ceux qui occupent son centre. F, ces mêmes grains de pollen , tels qu’ils se présentent dans des an- thères plus développées ; leur cellule centrale est moins transparente ; les trois mamelons sont fortement déprimés dans leur centre. G:, grain de pollen parfait , sec. H, le miême dans l’eau au moment de sa déhiscence , qui a toujours lieu par un des angles. I, grain de pollen fixé ‘sur le stigmate au moment de la fécondation. On voit qu’il sort deux tubes membraneux de deux de ses angles, et que ces tubes pénètrent entre les utricules qui forment le tissu du stigmate. X , un autre grain de pollen dans la même circonstance, mais dont on a isolé un des tubes membraneux. L , granules polliniques de l'?pomæa hederacea grossis 1050 fois , qui, par erreur, ont été portés sur cette figure : ceux de l'OEnothera bien- nis sont en À, fig. 2 , de la même planche. Fig. 2. Structure du pollen , et manière dont s’opère la fécondation dans les Zpomæa hederacea et purpurea. Fig. À à I. Ipomæa hederacea Horr. Par. A, grain de pollen sec à l’état parfait. B , le même mis dans l’eau et laissant échapper , sous forme de lignes rayonnantes , la substance huileuse qui le recouvre. M | ( 281 ) C, le même au moment de la déhiscence et de l'émission des granules spermatiques. En comparant sa taille à celle du précédent , on voit qu’il a éprouvé une contraction subite au moment de sa déhiscence. D , une portion de la membrane externe très-grossie et vue de profil , montrant la disposition des papilles qui s’élèvent du centre de chaque cellule rhomboïdale. E , stigmate entier coupé longitudinalement : trois de ses lobes portent des grains de pollen au moment de l’acte de la fécondation, On re- marque la différence de couleur qui les distingue des lobes qui n’ont pas éprouvé l’action du pollen. F, coupe d’un des lobes du stigmate avant la fécondation, très-grossi, montrant la structure utriculaire de son tissu. G un des utricules de la surface du stigmate. A, coupe-d’un des lobes du stigmate portant un grain de pollen au mo- ment de la fécondation. Ce grain de pollen a pris une couleur bru- nâtre qui paraît due à la suppression de la couche huileuse qui le re- couvrait. On distingue le long appendice membraneux et tubuleux qui, sortant de ce grain, pénètre dans le tissu du stigmate jusqu’à la base d’un des lobes. 1 , ce grain de pollen , avec son tube membraneux , isolé. K , granules spermatiques , grossis 1050 fois , de l'OEnothera biennis. Voyez ceux de l’Ipomæa hederacea , fig. 1 Z de la même planche. Fig. Là M. Ipomæa purpurea Law. L, grain de pollen dont la membrane externe est formée de cellules hexagonales qui portent chacune une papille dans leur ceutre. M , un de ces grains de pollen au moment où il féconde le stigmate. On y voit comme dans l’espèce précédente le tube membraneux qui sort du grain de pollen , et pénètre entre les utricules qui composent le tissu du stigmate; mais ce tube est plus court et plus renflé que dans l’Ipcmæa hederacea. PI. 36. Manière dont s'effectue la fécondation dans le Datura strämo- nium. A , coupe longitudinale d’un stigmate couvert de pollen au moment de l'épanouissement de la corolle. — 1. Tissu fibro-parenchymateux qui compose la surface du style, et qui enveloppe le tissu conducteur. — 2. Tissu conducteur ou stigmatique qui occupe le centre du style , et forme tout le stigmate. — 3, Grains de pollen fixés sur le stigmate , À * ( 284) \ et dont le tube fécondant pénètre dans les interstices des utricules du \ stigmate. - B , coupe Lransversale du même stigmate. — 1. Tissu Arerparenclifses teux du style. — 2. Tissu conducteur. C', portion très-grossie du tissu stigmatique avant la fécondation. On voit qu’il est formé d’utricules allongés , faiblement unisentre eux , et qui par cette raison n’ont pas perdu leurs formes arrondies : leurs interstices sont remplis de granules mucilagineux, D , portion très-grossie du stigmate au moment de la fécondation : la surface du stigmate est couverte de grains de pollen. — 1. Grain de pollen. — 2. Le tube fécondant qui en sort, et dont lextrémitéest remplie de granules spermatiques. — 3. Granules spermatiques sortis de ces tubes et encore réunis en masses allongées ; ils ont déjà péné- tré beaucoup plus profondement dans le tissu du stigmate, Æ, grain de pollen , pris sur le stigmate avant que le tube fécondant n’en sorte. F, grain de pollen dont le tube fécondant s’est déjà fait jour au dehors, mais n’a pas encore acquis tout son développement, — 1. Grain de pollen. — 2. Tube membraneux qui en sort. — 3. Granules sperma- tiques qui sent accumulés à son extrémité. G, G, grains de pollen dont le tube fécondant a pris tout son dévelop- pement. H, grain de pollen dont le tube fécondant s’est ouvert pour donner issue aux granules spermatiques ; il est complètement vide. T , granules spermatiques grossis 1050 fois en diamètre. PL. 37, fig. 1. Structure du pollen , et manière dont s opère la féconda- tion dans A majus. À , grains de pollen secs. B , grain de pollen humide. €, le même parfaitement mouillé. D , ün de ces grains plongé dans de l’iode. On voit qu’il sort toujours trois mamelons transparens par trois points de sa surface : le reste du grain est opaque et n’a pas changé de forme. E , un de ces grains plongé dans l’acide nitrique : il est devenu compli - temenf transparent, et les trois mamelons sont encore plus pro- noncés. | F, coupe du AE avant la fécondation, — 1. Fissu atriculaire cou - : à à | . ( 283 ) ducteur, recouvert par une couche d’atricules plus grands. — 2. Tissu parenchymateux du style qui enveloppe le tissu conducteur. — 3, Epiderme. G, portion du stigmate au moment de la fécondation. Par suite de l’al- longement du style; les utricules qui forment son tissu sont devenus très-longs et presque linéaires ; les graïos de pollen , qui sont fixés en grand nombre à la surface du stigmate , donnent naissance à de longs tubes membraneux qui pénètrent profondément dans ce tissu entre les utricules, | | A , un des utricules du tissu conducteur du stigmate isolé. On remarque dans son intérieur quelques globules assez gros, qui paraissent for- més par des agglomérations de granules, et en outre des granules épars , simples et fort petits. X , un grain de pollen avec son appendice tubuleux , retiré de l’inté- rieur du tissu du stigmate. Fig. 2. Manière dont s’opère la fécondation dans le Nyctago Jalapa.… A , grain de pollen fixé sur ur des lobes du stigmate : on remarque le tube membraneux très-court qui les unit. B, le même, dont le tube de communication s’est allongé par l’eflet d’une légère traction qui l'a rendu très-évident. C', un grain de pollen fixé comme le précédent sur un lobe du stigmate ; on les a fait macérer pendant quelque temps dans l’acide nitrique, qui les a décoloré, et qui, en soulevaut lPépiderme du stigmate, à rendu son existence très-distincte, et a fait voir que le tübe membra- neux du grain de pollen n’adhérait qu’à cet pions et ne pénétrait pas dans le tissu du stigmate. FE D, granules spermatiques grossis 1050 fois eu diamètre. Fig. 5. Structure du pollen, et manière dont s 'effectue la fiction dans lHibiscus palustris. A, grains de pollen enveloppés par les débris des cellules qui les ren- fermaient avant leur maturité. B , un de ces grains de pollen isolé et plus grossi. C, le même au moment de l’émission des granules spermatiquers il est légèrement contracté. D , granules spermatiques grossis 1050 fois en diamètre. E , portion du stigmate à laquelle sont fixés trois grains de pollen. Ce stigmate est formé d’une masse d’utricules assez régulièrement dispo- ( 284 ) | sés, recouverts par un épiderme qui se prolouge en poils longs et nombreux , et qui est séparé des utricules sous-jacens par une couche assez épaisse d’une substance granuleuse et mucilagineuse ; le tube membraneux qui sort de chaque grain de pollen s’unit àcet épiderme, et il paraît qu’il se forme une ouverture à leur point de contact, qui met en communication l’intérieur du tube et la substance placée sous l’épiderme. F, un des grains de pollen séparé. — 1. Poil contre lequel est appliqué le grain de pollen, — 2. Grain de pollen. — 3. Tube qui en naît et qui descend le long du poil jusqu’à l’épiderme. PI. 38. Manière dont s’opère la transmission des granules spermatiques du stigmate à l’ovule , dans le Pepo macrocarpus. a, coupe longitudinale d’un ovaire au moment de la défloraison, de grandeur naturelle. 4, le même ovaire grossi. — 1. Base du style. — 2. Base du calice qui est tombé naturellement.— 3. Vaisseaux du calice. — 4.Vaisseaux propres du péricarpe , ils sont disposés presque horizontalement. — 5, Vaisseaux nourriciers des ovules ; ils montent le long des parois du péricarpe , traversent ensuite horizontalement entre les masses d’o- vules pour aller gagner l'axe de l'ovaire , le long duquel ils remontent un peu, puis se réfléchissent le long des lames conductrices pour se rendre aux ovules. Eu 5”, on voit la disposition des vaisseaux qui se rendent aux masses d’ovules inférieures et extérieures. — 6. Lame de tissu fécondant , coupée suivant sa direction, et qui s'étend depuis la base du stigmate jusqu'aux ovules. — 7. Masse externe d’o- vules. — 8. Masse inférieure d’ovules. ( Les masses latérales qui sont les plus considérables ne peuvent pas se voir sur cette coupe. } B , coupe transversale du même ovaire. — 1. Vaisseaux du calice. — 2. Vaisseaux du péricarpe. — 3. Vaisseaux nourriciers des ovules qui forment les sortes de cloisons qui séparent les masses d’ovules.— 4. Coupes des lames du tissu conducteur. — 4”. Parties bifarquées de ces lames. — 5. Masse externe d’ovules. — 6. Masses latérales d’o- vules, C', un ovule dans la loge qu’il occupe au milieu da parenchyme général de l'ovaire, très-grossi, — 1. Parenchyme de l'ovaire. — 2. Ovule. — 3, Ouverture de ses tégumens. — 4. Vaisseaux mourriciers qui vont former son cordon ombilical, le raphé et la chalaze. — 5. Ex- " :tté ( 285 ) trémité d’une lame de tissu fécondant qui vient aboutir à la surface ‘interne de la loge, en face de l'ouverture du testa. D , coupe d’une petite portion de l’ovaire avant la fécondation, très- grossie. — 1. Utricules qui composent le parenchyme de l'ovaire, — 2. Utricules allongés , qui forment le tissu fibreux qui accompagne les vaisseaux nourriciers. — 3. Trachée ou vaisseau nourricier, — 4. Tissu conducteur. £', coupe d’une lame de tissu conducteur au moment de l'imprégnation des ovules , ou peu de temps avant, — 1. Parenchyme de l’ovaire.— 2. Vaisseaux nourriciers qui se rendent aux ovules, — 3. Coupe transversale des vaisseaux nourriciers qui montent le long des parois externes de l'ovaire. — 4. Lame conductrice : on remarque dans son milieu la trace grisâtre formée par les granules spermatiques. F, portion de cette lame conductrice, prise vers le centre et très- grossie. On voit que les granules sont placés entre les utricules du tissu conducteur, qu’elles séparent. G, portion de la même lame , prise près de la circonférence; il y a deux lignes principales occupées par les granules spermatiques. PL. 39. Structure du pollen , de l’ovule , et manière dont s’opère la fé- condation , la transmission des grauules spermatiques , et le déve- loppement de l'embryon dans le Vuphar lutea. A, grain de pollen. B , le même qui, par son immersion dans l’eau , a fait sortir un tube membraneux , transparent , rempli de granules spermatiques. C’, coupe longitudinale d’une des loges de l'ovaire, le long d’une des parois de cette loge , dont on a enlevé les ovules qui y étaient suspen- dus. — 1, Péricarpe , ou plutôt sarcocarpe vert, qui forme les parois externes de l'ovaire. — 2. Endocarpe blanc, parenchymateux , qui _ tapisse le sarcocarpe , et forme les cloisons. — 3. Vaisseaux nourri- ciers ; ils montent le long de l’angle interne des loges, et arrivés au sommet , ils se réfléchissent le long des parois latérales de cette loge, se ramifient et se distribuent aux ovules., — 4. Vaisseaux nourriciers du péricarpe et du stigmate. — 5. Tissu du stigmate ou tissu con- ducteur (jaune) qui, de toute la surface très-étendue du stigmate , converge vers le sommet de la loge, et.se répand ensuite en une couche mince sur toute la paroi interne de la loge, | D, coupe transversale d’un des rayons du stigmate avant la féconda- \ Lt : ( 286 ). \ tion. — 1. Tissu conducteur. — 2. Parenchyme des cloisons ou de l’'endocarpe. | E , portion du stigmate avant la fécondation, très-grossie, — 1. Epi- derme très-mince qui le recouvre, — 2. Substance mucilagineuse qui le sépare du tissu utriculaire, — 3, Couche d’un tissu ütriculaire plus dense et à utricules plus petits, qui forme la surface du stigmate. — 1 Tissu conducteur. | F, portion du stigmate au moment de la fécondation. Les mêmes lettres représentent les mêmes parties que dans la figure précédente. — 5, 5. Deux grains de pollen fixés, au moyen d’un tube membra- veux , court, à l’épiderme ; ils sont déjà en partie vides. G , coupe d’une portion des parois de l'ovaire au point d'insertion d’un ovule..— 1. Parenchyme de l’endocarpe qui forme les cloisons de l'ovaire. — 2, Couche de tissu conducteur qui tapisse intérieurement les parois de l'ovaire. — 3. Epiderme qui recouvre ce tissu , et qui en est séparé par une couche de substance mucilagmeuse remplie de gra- nules. — 4. Ovule, — 5. Son Lre.e ombilical. — 6. Ouverture du testa. A, ovule avant l’imprégnation. — 1. Testa. — 2. Tegmen. — dPe- renchyme de l’amande. — 4. Sac embryonnaire avec son prolonge- ment tubuleux. — 5. Ouverture du testa et du tegmen, et mamelon de l’amande. — 6. Cordon ombilical. — 7. Vaisseaux nourriciers qui forment le raphé. — 8. Chalaze. J I, sac embryonnaire avant l’imprégnation. — 1. Tube qui le fait com- muniquer avec la chalaze. — 2. Le sac lui-même formé de plusieurs cellules. — 3, La vésicule embryonnaire encore vide, ou ne conte- nant que quelques granules épars. K, sac embryonnaire très-peu de temps après limprégnation. Les rides lettres indiquent les mêmes parties que dans la figure précédente. L, la vésicule embryonnaire de la figure précédente, vue avec un plus fort grossissement ; on remarque à sa base un indice d'ouverture , et dans son centre une masse globuleuse et limitée de granules opaques : ce sont les premières traces de l'embryon. M, le sac embryonnaire à une époque plus avancée. — 1. Tube qui le fait communiquer avec la chalaze, — 2. Le sac.lui-même, dont la texture celluleuse est très-remarquable. — 3. La vésicule embryon- naire entièrement remplie de granules opaques et formant l'embryon. &#, coupe d’un ovule à une époque plus avancée. — 1. Epiderme du testa. — 2. Tissu fibreux du testa. — 3. Parenchyme lâche qui forme ( 287 ) la couche interne du testa. — 4, Tegmen. — 5. Parenchyme de l’a- wmande. — 6. Mamelon d’impréguation. — 7. Sac embryonnaire, — 8. Tube membraneux qui Le termine supérieuremeut et qui l’unit à la chalaze. — 9. Embryon. — 10. Cordon ombilical. — 11. Vaisseaux nourriciers qui forment le raphé. — 12. Chalaze vasculaire. — 13. Chalaze celluleuse, O , coupe de la partie de l’ovule qui entoure l'embryon , beaucoup plus grossie et à une époque plus nr Les mêmes chiffres indiquent ure {. , les mêmes parties que dans la PI. 40, fig. 1. Structure de l’ovule dans le Pepo macrocarpus. A ; coupe d’un ovule avant l’imprégnation. — 1. Testa, — 2. Tegmen. — 3, Amande. — 4. Mamelon d’impregnation. — 5, Cordon ombi- lical,— 6. Vaisseaux nourriciers qui forment le raphé. — 7, Chalaze. — 8. Parenchyme de l'ovaire. — 9. Tissu conducteur. | B , coupe de l’amande à la même époque. — 1. Chalaze: — 2. Paren- chyme de l’amande. — 3. Cavité centrale de Pamande. — 4. Sac em- bryonnaire entouré d’utricules qui le cachent, — 5. rte yE d’im- prégnation. : C, coupe d’un ovule au moment de l’imprégnation. — 1. “ASE ex- terne fibreuse du testa. — 2. Couche interne parenchymateuse du testa, — 3. Tegmen. — 4. Parenchyme de lamande. — 5. Cavité centrale de l’amande. — 6. Sac embryonnaire. — 7. Mamelon d’im- prégnation, — 8. Tissu conducteur en contact avec ce mamelon. — 9. Vaisseaux nourriciers. — 10. Chalaze. D, extrémité de l’amande de cet ovule beaucoup plus grossi. — 1. Teg- men. — 2. Parenchyme de l’amande. — 3, Sac embryonnaire. — 4. Tube conducteur qui occupe le centre du mamelou d’imprégnation et qui, par une extrémité , s’applique contre la base du sac embryon- naire, et par l’autre se prolonge librement au dehors.— 5. Apparence d'ouverture qu’on voit vers l’extrémité de ce tube, et par lesquelles les granules spermatiques paraîtraient s’être introduits. E , coupe d’une graine plus avancée. Les mêmes chiflres désignent les mêmes parties que dans la fig. C. F, sac embryonnaire isolé d’un ovule à-peu-près aussi avaicé que le * précédent. — 1. Le sac lui-même, formé d’un tissu cellulaire très - distinct, — 2. L’embryon , difficile à distinguer à travers les parois épaisses du sac. — 3, Prolangement tubuleux qui surmonte le sac, et ( 288 ) par lequel il paraît absorber les grannles qui nagent dans le liquide environnant. Fig. 2. Développement de l'embryon dans le Momordica elaterium. À , coupe de l’amande au moment de l’imprégnation. — 1. Surface par laquelle elle adhérait à la chalaze. — 2. Parenchyme de l’'amande. — 3. Cavité centrale de l’'amande, — 4. Sac embryonnaire. — 5, Tube conducteur du mamelon d’imprégnation. B, sac embryonnaire isolé. — 1, Sag, — 2, Extrémité supérieure du tube conducteur. C, sac embryonnaire et extrémité du mamelon d'isitécdies très- grossis. — 1. Parenchyme de l’amande, qui forme le mamelon d’im- prégnation, — 2. Sac embryonnaire. — 3. Tube conducteur du ma- melon d’imprégnation, — 4. Indice d’ouverture à sa surface. D , lamande beaucoup plus avancée. — Son point d'insertion à la chalaze. — 2. Parenchyme de l’amande.— 3. Sac embryonnaire, — 4. Embryon. — 5. Mamelon d’imprégnation. E , embryon de l’amande précédente ; vu de profil. F, le même vu en dessus. Fig. 3. Développement de l’embryon dans le Cucurbita cerifera, Æ, sac embryonnaire avant l’imprégnation. — 1. Vésicule embryon- naire vide ou ne contenant que quelques granules épars. B ; extrémité inférieure de l’amande après l’imprégnation. — 1. Parén- chyme de l’amande, — 2. Sac embryonnaire, — 3. Vésicule embryon- naire. — 4. Tube conducteur du mamelon d’imprégnation. C,le sac embryonnaire de cette même plante isolé. — 1. Extrémité libre de ce sac, par laquelle paraît s’opérer l’absorption de la sab- ” stance nutritive. — 2. Vésicule embryonnaire. D, cette vésicule séparée et grossie davantage ; on voit dans son inté- rieur un globule vert (1), libre, beaucoup plus xd que la vésicule : et qui est le rudiment de l'embryon. PL 41, fig. 1. Stucturé de l’ovule, et développement de ds dans le Ricinus communis. A , coupe d’une des loges de l'ovaire avant la fécondation. —1. Papilles stigmatiques. — 2. Tissu fibreux qui accompagne le tissu conducteur du stigmate. — 3. Tissu conducteur, — 4. Papille qni termine ce tissu dans la cavité de l'ovaire , vis-à-vis l'ouverture des tégumens de ( 289 ) l'ovule, — 5 Sar cocarpe. — 6. Endocarpe. — 7: Vaisseaux nourri- ciers de Vovule. — 8. Raphé. — 9. Chalaze. — 10, Testa. — 11. . Tegmen.— 12. Amande.— 13. Sac perbeyonmaires niche ie er du testa. B, coupe d’un ovale au moment de | VMS FR mêmes chiffres indiquent les mêmes parties que dans la figure précédente. C, coupe d’un ovule après l'imprégnation. Les mêmes parties sont in- diquées par les mêmes chiffres que dans les figures Æet 2. — 15. Embryon, — 16, Commencement du périsperme , qui est déposé sur les parois du sac embryonnaire. D , extrémité libre de l’amande au moment de l'imprégpation. — 1. Tissh de l'amande. — 2. Tube merobraneux qui sort da mamelon d’ imprégosiipn, Fig. 2. Développement de embryon davs le Phaseolus vulgaris. | A ; coupe d’un ovule peu de temps après l’imprégnation. — r. Testa recouvert d’un épiderme épais — 2. Parenchyme de l’amande soudé … avec le testa ; excepté près du mamelon d’imprégnation, — 3. Sac embryonnaire qui s'étend jusqu’à la chalaze. — 4. Chalaze. — 5. Ou- verture du testa ; et mamelon d’imprégnation. — 6. Embryon. B, extrémité de l’amande peu de temps après l’imprégnation. — 1. Pa- renchyme de lamande qui forme le mamelon d'imprégnation, — 2. : Sac embryonnaire, — 3. Vésieule embryonnaire dont les parois pa- _ raissent déjà icelluleuses , et qui contient quelques globules opaques, dont un central plus gros. — 4. Tube conducteur qui occupe le centre du mamelon d'imprégnation. Fig. 3. Structure de l'ovule et développement de Pembryon } E le .: Poly gonum fagopyrum. ‘A "coupe de l'ovaire au moment de la RE 1, Stigmates. — à. Styles. — 3. Tissu fibreux des styles. — 4. Tissu conducteur. — 5. Péricarpi,,— 6. Vaisseaux nourriciers de l’ovule. — 7. Chalaze. — 8. Testä: — 9. Amande à laquelle est soudé le tegmen. — 10. Ma- melon d’impréguation. B, coupe de l'ovaire après l’imprégnation. — 1. Styles. — 2. Tissu conducteur, — 3. Péricarpe. — 4. Vaisseaux nourriciers. — 5, Cha- lâze, — 6. Testa ét amande soudés. — 7. Sac embryonnaire. — 8. Ewbryon. | C , coùpe d’un ovule plus avancé. — 1. Chalaze. — 2. Tesia et paren- XL. 19 ( 290 ) chyme de l’amande soudés. — 3. Cavité du sac embryonnaire, - —4. Commencelnent de l'endosperme. — 5, Ouverture du testa, 6. Mamelôn d’imprégnation, — 7. Embryon. , A, { D , extrémité de l’amande du Poly gonum orientale au moment dé lin- prégnation. — 1. Parenchyme de l’amande. — à. Tebe conducteur, — 3. Sac embryonnaire. | 4 | Fig. 4. tbispgent de LRO daus lZ pomiea purpurea. A, coupe d’un ovule peu de temps après i ‘imprégnation. — 1. Testa en grande partie soudé avec l’amande, — à. Amande, — 3, Cavité de l’a- imande tapissée par la membrane du sac embryonnaire: — 4. Ouver- “ture du testa, —5. Mamelou d’imprégnation'de Pamande. — 6. Em - bryon. UNSS B , vésicule embryonnaire avant l'impré gnation : elle est entourée par la base du säc émbryonnäire. € , là même au mosñent dé l’imprégnation. — 1, Sac embryonnaire. — 2, Vésicule émbryonnaire. — 3. Portion du parenchyme de l’amande. — 4. Tube condücteur. — 5. guy «° G du itamelon Rott °40m de amande. D , l'embryôn dans son premier âge. — r. Base du sac Mniiséou à devenu très-celluleux. — 2: Pédicule de la vésicule embryonnaire qui soutient maintenant l'embryon. — 3. Embryon provenant du déve- loppement dé la vésicule embryonnaire’; on-y distingue déjà les dèux cotylédons êt la radicule par pro dsé il est REY saail + il est d'un bean vert. y à eula lsstuso. au ta Mise D otsenx en is PL. 42, fig. r. Structure de l'avle: et formation de mere? pl dans le T' riglochin maritimum. + ER A, coupe d’un ovule au moment de l’imprégnation. — 1. Testa— 2 Tegmen. — 3. Amande. — 4. Chalaze. — 5, Cordoñ ombilical. _ 6. Ouverture des tégumens. B , coupe de l’amande peu de temps après l'imprégnation. — — 1. Surface par laquelle l’amande adhérait à la chalaze. — 2. Parenchyme de Va- agé — 3, Sac embryonnaire. — 4. Vésicule ‘embryonnaire. — 5. Mamelon d’imprégnation, , C, vésicule embryonnaire et grossie davantage. . Fig: à. Structure de l’ovule et développement de Lim ri dans l'A4- disma piantago. ( 291 ) A coupe d’un des ovaires, — 1. Péricar Style, — : ombilical. — 4 Ovule. — 5, Ha 9 | B, coupe d’un ovule. — 1. Cordon ombilical et vaisseaux mourrici 2. Chalize. — 3. Testa.* de ‘Amande. — 5, Derorure ht ap 6, Mamelon d'impréguation de l'amaude, €, coupe de l’amande. — 14 Son insertion à la chalage; — 2. Pas chyme de l'amande réduit à une membrane très-mince.—3. Säc ém- © bryonnaire fixé par les déüx extrémités :’il est formé par une mem- cbrane extrémement mince et bn — 4. Mamelon ain “gnation. #6, Embryon. :. ue tavèls de D, extrémité de l'amande plus grossie. — 1, Parctichyme de “oi 4 — 2. Sac ah n — 3. NE CRE PS rh mé Eu- bryon. $ E, baie da sac, ERA vu avec un à très-fort grossissement , et pro ouverture (analogue à cieatricule de l’ovuledes animaux x?) qui correspond à Ja base de ty is RETOURS et de Vembryon., “ embryon e éncore fort jeune. G, embryon plus avancé. à p Ji à VoEeTt “111 [tr A tri ALT . dy HE « ‘à ‘ vd: 18 J & - Fig. 5. Structure de Vovile et dérlpennt de lenbryon dans.les Crucifères. + Rs) WA Li 1] nt sf LOIS 24 _AàùF dansle api.» cé cer uhgrattevsotl A , coupe d’un ovaire at moment de RDA ER On voit Pre ovules qui-sont.suspéndus dans da loge qui estouvérte. à > 20 401 8, ovule au-moment de LV. RP r, De rl + ed — 2. ‘ou re du testas à Ph < #0 - C, coùpe d’un ovule Fi avancé. — 1. Pure PPT — "| es “daze.=— 3. Testa. —4. Parenchyme de d'amande, — 5. Cavité cen- trale de l’amande, tapissée par la membtaue du sac embryonnuaite ? — 6 Embryon — 7. Mamelon Né Par R de Veruasde. =. 8. Ouverture du testa. ‘ + D , embryontrès-jenne. Hi ai os Lo E E; embryon plus avancé. ) vu 18) au Soi) aine mûre. La membrane interne formée per le tissu É lamaude ‘ réduite à une telle ténuité, qu’on wa pas pu a met "fl Chalaze. — 2. Ouverture du testa. Gà M dans l’£rysimum cheirantoides. . G ,oyule peu de temps après l'imprégnation. — 1. Cordon ombilieal — 2. Ouverture du testa. ( 292 } H, coupe d’un ovale peu de temps après l'impréguation. — r. Cordon owbilical. — 2. Chalazs=— 3. Testa.— 4. Parenchyme de l'amande. — 5. Cavitécentrale de Pamande. — 6. Cao UE Mamelon -d'imprégnation. — 8. Ouverture du iesta. I, coupe de la graine mûre ; maïs encore fraîclie. = 1. Cordon ombi- lical. — 2, Chalaze. — 3, Testa, — 4. Parenchyme de l'amande. — 5. Mamelon d’imprégnation. — 6: Ouverture du testa. | K, embryon très-jeune. : : L Wu £ , embryon un peu plus développé. e M + + ; M; embryon beaucoup plus développé , et cottehgant à se courbér. Fe 4. Mode + trausmission du fluide fécondant , structure dé l'ovule , et développement de l'embryon dans le Phytolacca decandra. 4; portion dustigmate très-grossie. — 1. Tissu sligmatique. — 2. Tissu fbro-parenchymateux qui sert de soutien au précédent Le qui est la continuation dé celui du péricarpe, B , coupe d’une des loges de l'ovaire au moment de RCA LOUE — 1. Parenchyme du péricarpe. — 2. Tissu stigmatique et conducteur. — 3. Parenchyme qui occupe le cenire du pédoncule. — 4. Vaisseaux = nourriciers: =— 5. Tissu fibreux qui les accompagne. — 6. Papille qui termine le tissu conducteur, dans la-cavité de l'ovaire ; en face de l'ouverture du testa. — 7. Cordon ne ‘Ovule. — 9. Da- ‘: “oneifre du testa,.. ji 7, coupe de l’ovule peude, eut us li WÉ. ERAE — 1e Chalare. .— 2. Testa. — 3. Parenchyme externe de Pamande, 4: Paren- chyme central de lamande. —5. see PTE hé Ouverture . du testa. 7. Embryon. 7e | nu'h D, base, du sac embryonnaire. — 1. ak | — 2. Vésicule embryon. : She 2570 | maire. “ | g:} Æ, vésicule isolée à l’é bogue: même, de Pimprégnation cu as : 4204 LR Elle est très-transparente. | F, graine à moitié mûre. Les mêmes chiffres éndiquenË les. énsdiai par- ties æ dans la figure C. Ç nor 1} ‘are atleg PL. 43, fie, 1. Siriltute de l’ovule et développement de Fenbryon dans le Zea Mays. À, coupe de l'ovaire avant la fécondation , faite suivant le plan qui passe entre les deux faisceaux de tissu conductéur et par la base du ( 293 ) . … style; — 1. Base.du style. —;2. Péricarpe. —3. Tégurient unique de l'ovule , tegmen ? — 4, Amande. — 5, Ouverture du tégument de l’o- _vule, et mamelon d’imprégnation de l’amande, —'6.: Chalaze, — 7. .… Cordon ombilical court et épais qui soutient l’ovule. — 8, 8. Bales de la fleur fertile. — 9, 9. Bales de la fleur nié. — 10, 10. Ghss de lépillet biflore. B,V ovule mis à découvert sur sa 48 embryonnaire, — 1. Lilian. — 2. Ovule, — 3. Ouverture du tégument de lors au fond de la- quelle on aperçoit le mamelon de l’amande. : C , coupe d’un ovaire peu de temps après. ce — 1. Péri- carpe. — 2. Tégument de l’ovule, — 3. Asie — 4. Rudiment de l'embryon. : D , l'embryon de cet ovule plus grossi ; il est fixé à la base de la cavité embryonnaire creusée dans le parenchyme de l’amande. : k E , coupe d’un ovaire plus développé. Les diverses parties ra indi- quées par les mêmes chiffres que dans la figure C: L 27 F, embryon contenu dans l’ovaire représenté dans la figure précédente, isolé et vu par sa face externe : on y reconnait déjà la radicule , te côtylédon et la plumule. Li] G le même embryon coupé longitudinalement et vu de profil. H; ‘coupe du fruit mûr du Mays. Les diverses orpes y sont indiquées par les mêmes chiffres que dans les figures © et E. di" &, sharse observée sur la graine mûre. ; : # #: Fig. à, Structure de qe Ka es Là de l'embryon re l'Avena sativa. A , coupe d’un 'ovaire avant limprégnation. — 1. Dase du stylè. = — 2. + Péricarpe. — 3. Ovule. — 4: Chalaze, B, coupe d’un ovaire {peu de temps après l’imprégnation.— 1. Base du style. — 2. Sarcocarpe ou tissu parenchymateux exlérieux du péri- carpe. — 3. Endocarpe ou tissu fibreux et intérieur du péticarpe. — 4. Tégument de l’ovule, ouvert en face du mamelon d’imprégnatiou. — 5. Amande. — 6. Mamelon d’impréguation et rudiment de l’em- bryon. — 7 Chalaze linéaire formée par uu faïscèau de vaisseaux vourriciers qui occupent le fond du sillon de l'ovaire. C, coupe transversale de lovaire précédent, — 1. Péricarpe.— a. Té- gument de l’oyule, — 3. Amande. + 4. Chalaze. D, coupe longitudinale d’un ovaire plus développé, Les mêmes gatticn sont désignées par les mêmes chiffres que dans la figure B, ... (2972 | Fig. 3. Structure de l’ovaire et de l’ovule du Thesium linophyllum , et développement de l'embryon de cette plante. A , coupe longitudinale de la fleur et de l'ovaire. — 1. Péricarpe. — à. Colonne qui soutient les ovules , mais qu ne se continue pas avec la base du style. A B, colonne centrale isolée : elle ne porte que do ovüles suspendus près de son sommet, qui ést tout-à-fait libre , et adhère nullement aux paroïsde l'ovaire. C, autre colonne soutenant ; éomtme c’est le plus ordinaire, trois ovules: Il est impossible dans ces ovules de détacher aucun tégument distinct; ils ne paraissent entièrement formés qué d’un parenchyme uniforme , comme l’amande des autres ovules. Le mamélon qui ter- mine la colontie paraît être commun aux trois ovules. ' D coùpe d’un ovaire plus développé quelque temps aprés a qu tion. — 1. Calice adhérent. — 3. Péricarpe dur et fibreux, — 3.Tissu spongieux qui le remplit. —#4. Colonne centrale qui soutient les ovules- Ps Ovule fécondé. — 6. Ovule avorté. Æ , coupe ‘de l’ovule à la même époque. — 4. Péricarpe. — 2. Paren- détnex spongieux. — 3. Colonne centrale qui soutient les ovules: — 4. Tissu uniforme qui constitue tout l’ovule fécondé, et qain'e est vez couvert par aucun tégument distinot. — 5. Embryon à “prie déve- loppé. — 6. Ovale avorté, ; F, coupe d'un fruit. mûr. — r. Calice adhérent. = ». Péricarpe. = = 3. Colonne centrale rejetée de côté, par.le moyen de laquelle la graine est fixée au fond de la cavité du péricarpe. — 4. PEER 5. Em- bryon. PL 44, fig. 2. Structure de Poule, et frmtiqn de l' 20 Led le Ceratophyllum submersum. ME. A , pistil entouré de ses bractées. B , coupe de l'ovaire et de l’ovale avant un — 1. Péricarpe. — 9. Testu, = 3; Amande. C , amande séparée. — 1. Son point d'attache à la chalaze)— ». Ma- melon d’imp'égnation. On apercoit dans son intérieur, à travers la membrane de l’amande, te sar embryonnaire qui s'étend alors jus- qu’au mamelon d’imprégnation. D , amande peu de temps après l’imprégnation, — 1. Son point d’at- tache à à la chalaze. — 2. Mamelon d’imprégnation. — -3.Sacembryon- naire composé de trois grandes cellules superposées, — 4. Embrÿon. ( 299 ) £, le sac embryonnaire isolé, montraut ces trois cellules qui parais- sept communiquer entr’elles vers le centre, et l’embryon sous la forme d’un globule vert , libre, simplement enchässé dans de petites cellules qui entourent l'extrémité libre du ‘sac, et dont on , fait sor - ir par le moindre mouvement. F, amande à une époque plus avancée. Les + parties sont désignées par les mêmes chiffres que dans la figure Zs LS G, sac embryonnaire d’un ovule à-peuprès aussi ayançé, vu de ment. H. l'extrémité inférieure du re PA sac, vu en donsbtii On observe au milieu de l'espèce de couronne de cellules qui couvre cette extrémité une cavité centrale dans laquelle s’est formé l'embryon, T, coupe de la graine mère présentant l'embryon dont la eupaule est enveloppée par le sac embryonnaire. K , embryon séparé. — 1. Radicule. — 2. Avohdièes de la radicule ou cotylédons. — 3. Premières feuilles opposées ou cotylédons. — 4. Gemmule formée par les feuilles verticillées. Fig. 2. Structure de l’ovule et développement de Lerheaen : dans le Tropæolum majus. - d ” A 3 soupe d’un ovule ay moment de M dns es parties à: soudéesentre elles, mais on peut encore les distinguer par la diffé- rente de leur tissu. — 1. Vaisseaux nourriciers. — 2. Chalaze — 3. Tissu du testa. — 4. Tissu de l’amande. — 5. Sac embryonnaire. — 6. Mamelon d’imprégnation qui se termine dans le sac embryou- naire par un prolongement celluleux qui doit porter | la vésicule em- rt commé dans l’Zpomæa purpurea ( voy. pl. 41). B , coupe d’un ovule'ét d’une partie de l'ovaire peu de temps après Piw- préguation. — 1. Style. — 0. Tissu conducteur. — 3. Péricarpe. — 4. Vaisseaux nourriciers, — 5. Raphé. — 6. Chalaze. — 7. Tissu “du testa. — 8. Tissu de lamande. — 9. Cavité du sac embryownaire. — 10. Mamelon d’imprégnation. — 11. Filet celluleux qui , naissant de la base de ce mamelou, se prolonge au dehors , le long de la face externe de l’ovule. — 12. Prolongement celluleux du mamelon d’im- préguation , à l'estrénité duquel.se forme l'embryon. — 13, Em- bryon. €, embryon et extrémité du prolongement celluleux qui Punit au ma- * melon d'impréguation obsérvé à la même époque que lovüle Précé- dents) ( 296 ) D , mamelon d’imprégnation du mème ovule, isolé et grossi davan- tage : il paraît recouvert ou soudé intimement avec l’épiderme de l'o- vule. On voit les deux filets celluleux qui en naissent , lan (1) qui soutient l'embryon, l’autre (2) qui se prolonge au dehors. E, les mêmes parties qu'en C , examinées à une époque plus avancée. On distingue déjà dans l'embryon les deux lobes latéraux qui devien- dront les cotylédons, et un lobe moyeu qui formera la gemmale. F, coupe d’un ovule beaucoup plus développé. — 1. Vaisseaux nour- riciers. — 2. Mamelon d’imprégnation. — 3. Filet externe qui eu naît. — 4. Prolongement auquel est fixé embryon. — 5. Cavité du sacembryonnaire, — 6, Embryon dans lequel les cotylédons , la gem- mule ct le radicule sont très-distincts. G , coupe d’une graine mûre, sur laquelle on voit que l'embryon est encore fixé par sa radicule, à Pextrémité du prolongement du mame- lon d’imprégnation. fs pa ca ss Exxrair du Rapport fait à l'Académie des Sciences par la commission chargée de juger les Mémoires envoyés au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. Le Mémoire de M. Adolphe Bronguiart a fixé parti- culièrement l'attention de la commission : il s'agissait de la génération ; phénomène le plus important de la vie des êtres organisés , et celui peut-être où les rap- ports entre les animaux et les végétaux sont les plus évi- dens. Ainsi, quoique M. :Brongniart n'eut dirigé ses recherches que sur les végétaux , On à jugé que son Mémoire devait être admis au concours. Déjà beaucoup de naturalistes d’un mérite éminent avaient étudié la fécondation des pistils et le développement progressif de la graine depuis le moment où elle commence à pa- | ( 297 ) ! raie. jusqu'a celui où elle arrive à sa parfaite mawi- rité. Dans ces derniers temps, M; Robert Brown a ré- pandu une vive lumière sur cette suite de phénomènes. Il convient aussi de rappeler l'observation de M. Amici : ce’savant a vu soir d’un grain de pollen du Portulaca oleracea, et s'allonger sur le stigmate, une sorte de boyau membraneux, lequel renfermait les granules fé- condans. Le sujet n’était done pas neuf, mais il n’était pas épuisé. M. Adolphe Brongniart ; par ses délicates anatomies d’un grand nombre d’ovules , a confirmé les belles observations de M. Robert Brown, et a été con- duit naturellement à adopter une théorie qui, à beau- çoup d’égards , diffère peu de celle du célèbre botaniste anglois (1). Il payait aujourd'hui hors de doute que la fécondation ne s'opère point par-la partie vasculaire du style et Je cordon: ombilical, mais bien par le tissu cel- lulaire et le micropyle , fait important annoncé par Mor- land et que M. Robert Brown et après lui M. Brongniart ont amené au plus haut degré de probabilité. Parmi les (1) Je crois deus le courant de ce Mémoire avoir renduune entière jus- tice au beau travail de M, Robert Brown, dont mesrecherches m'avaient mis à même d'apprécier l'exactitude et l'importance ; mais ce travail n'avait pour objet que la structure de l'ovule : tout ce qui arapport à l’organisation du pollen , à son action sur le stigmate , À la structure de cet organe et du style, n’a pas même été mentionné par ce savant bo- taniste. Plusieurs des points les plus délicats de la structure de l’ovule, tels que la disposition de la vésicule embryonnaire avant et après l'im- prégnation , el la présence d’un tube conducteur particulier pour l'in . troduüction de la substance fécondante, paraissent avoir échappé à . M.R. Brown, dont La théorie par cela même n’embrassait pas tous les Rime de la génération des végétaux , mais seulement ceux qui ont rapport au mode d’introdnction du flaide fécondant dans Povule, ebau développement de l'embryon. , {Ans Ba.} ( 298 ) observations qui viennent à l'appui de cette théorie , il en est une très-curieuse , qui appartient tonte entière à M. Brongniart. Ce boyau , qui sort du grain de pollen et dont la découverte est due à M. Amici, n'existe pas seulement dans le Portulaca oleracea , maïs dans beau- coup d’autres espèces phanérogames, et peut-être dans la plupart , il pénètre dans les interstices du tissu eellu- laire de certains stigmates spongieux , et selon toute apparence y laisse écouler la matière granuleuse qu'il co atient. L'importance du sujet que M. Adolphe Brongniart à traité, les difficultés qu’il a eu à surmonter dans des dissections pour lesquelles l'usage du microscope est in- dispensable , le talent et le bon esprit dont il a fait preuve dans la rédaction de son travail, auquel il a joint d'excellentes figures , ont déterminé la commission à décerner le prix à ce jeune naturaliste. LA Sur la Constance des faits géognostiques qui ac- compagnent le terrain d’Arkose dans l'Est de la France ; Par M. ne Bonwaron. (Extrait, lu par l'auteur à l’Académie royale des Sciences , séance du 4 juin 1827.) * L'indulgente approbation dont l'Académie a honoré le mémoire que j'ai eu l'honneur de lui soumettre sur P ( 299 ) la gévlogie de la Bourgogne (1). m'a imposé l'obligation de chercher à compléter, ou’rectilier , où perfectionner travail. Les renseignemiens que j'ai recucillis à cet het ; et les observations nouvelles que j'ai faites moi- même, me perméttent aujourd'hui d'annoncer comme confirmés , la plupart fes faits que je n'avais exposés qu'avec doute. ve Des explorations gévlogiques . qu'on à rarement oc- casion de faire d’une manière aussi certaine et sur une aüssi grande échelle, les percées souterraines des ca- naux de Bourgogne et de Nivernais, ont mis à décou- vert, sur les deux flancs de la chaîne granitique du Morvan, des’successions de terrains semblables à celles que j'avais conclues dé mes premières recherches. Les observations de plusieurs de MM. les ingénieurs des mines , leur ont faït reconnaître la même série de cou- ches , dans des localités assez éloignées de celles que j’a- vais pu étudier. J'ai vérifié plusieurs de ces nouveaux documens , dans un voyage entrepris avec ce but l’au- tomne dernier ; 5 J'ai suivi les formations que j'avais ob- servées dans de Rord de Ja Bourgogne, jusqu'aux en- vivons de Lyou, et je les ai retrouvées dans le Nivernais: I me parait résulter de cet ensemble de nou- velles données, .qu'ainsi que je l'avais indiqué à la fin de mon premier mémoire , le terrain que j'ai décrit sous le nom de terrain d'Arkose, qu'on pourrait regarder comme une sorte d'anomalie, ou d'exception aux lois générales de la géognosie, en raison des singularités (1) Woyez le Rapport fait à l’Académie sur ce Mémoire, dans les Annales des Sciences naturelles , tom. vt, p.456, et le Mémoire lui- même , dans les Annales des Mines , tom. x, p. 193 et 427. (.300 }) que présentent soit les circonstances de sa superposi- tion au granite avec apparence de passage inseusible, soit celles de son gisement én général, comme seul entre le Granite et les terrains secondaires supérieurs , et tenant ainsi la place de toutes les formations dites de transition et secondaires anciennes, que le terrain d’Arkose, dis-je, se présente lui-même avec une sorte de généralité, au moins à l’Est de la France, dans les localités où le Granite est en contact avec les Terrains Jurassiques. Il en résulte aussi la preuve d’une con- stance remarquable, dans la série des terrains dont l’Arkose est le premier terme, et dans l’ensemble des circonstances géognosliques que présente cette série. Je vais avoir l'honneur d'exposer à l’Académie le ré- sumé succint des faits dont l’observation me semble pou- voir conduire à ces deux conclusions. Je soumets à son jugement un exposé plus circonstancié (1) ; je lui deman- derai la permission de développer ensuite quelques-uns de ces faits dans des notices particulières, à Dans toute la contrée que j'ai parcourue, depuis la pointe du Morvan jusqü’à Lyon et Saint-Étienne, je n'ai vu ni terrains de transition , ni anciens Calcaires se- condaires. Le Granite , le Gneïss et le Porphyre, qui con- stituent les terrains cristallins primordiaux , ne sont recouverts que par des bassins de Terrain houiller, ou par les formations d’Arkose , de Marnes, de Calcaire à Gryphées , et de Marnes et Calcaires jurassiques. Dans le nord de la Bourgogne, cette dernière série de forma- (1) Le Mémoire entier doit paraître dans les Annèles des Mines de 1828. ( 301) tions se présente seule sur le granite, et il paraît en être ainsi jusqu'auprès de Langres. En approchant d’Antun, on trouve au contraire sur le Granite beaucoup de Grès houillers , et les terrains d’Arkose et de Calcaire à Gry- phées ne se montrent plus qu’en petits ilots épars. Plus au midi, le long du éanal du centre etdans le Cha- rollais, on passe fréquemment du terrain primordial à la formation houillère, ou à la formation d’Arkose et de Cal- | soit en forme de tunique. Leurs matériaux suflisent alors pour entretenir la nutrition , et les deux épiploons disposés en languettes surchargées de graisse que renférmait aussi l'abdomen , fournissent aussi un supplément notable à ce jeûne momentané. ; . Dès que la bouche est largement fendue et la langue bien développée c’est-à-dire quelques semaines après la chute de la queue , le Batracien change de manière de vivre ; ses intestins auparavant , minces , faibles, moux, transparent, comme papyracés , larges et uniformes, sont devenus charnus , très-contractiles, denses , étroits, courts et peu flexueux. Le tube digestif, dont le foie en- veloppait les premières circonvolutions , commençait à parür de l’œsophage , c'est-à-dire immédiatement der- rière les branchies ; il en est maintenant isolé et l’œso- phage est suivi d’un estomac musculeux comme le reste , et capable de contenir, d’écraser, ou du moins de sufloquer les Larves, les Insectes, les Cloportes, les Lombrics, dont l’anñnal est appelé à se nourrir désor- mais. ( 345 ) Il est facile de s'assurer que tel est le genre de nour- riture des Anoures parfaits, soit par l'observation di: recte de leurs habitudes , soit par l'examen des matières renfermées dans l'estomac de ceux qu’on dissèque, soit enfin par l’inspection des débris que contiennent leurs excrémens. Délayés dans l’eau, ces excrémens ordinai- rement rendus en masses brunàtres, alongées , solides ou pulpeuses (1), se résolvent en fragmens d’élytres, de. (x) Les crapauds et les grenouilles les rendent quelquefois à état li- quide; le plus souvent l’urine est éjaculée isolément ensuite : Le fluide que je désigne sous ce nom n’est point tel pour tous les naturalistes, A la vérité, les uretères ne s'ouvrent point dans la vessie , que cette hu- meur disteud souvent énormément ; mais ces uretères s'ouvrent, ainsi que la vessie, dans un réservoir commun (cloaqué) par le moyen du- quel ils communiquent d'autant plus librement , que l’orifice vésical est très- large et situé vis-à-vis ceux des uretères. Le cloaque étant fermé de haut et de bas par deux sphincters, rien ne s'oppose à la communication du fluide encore pur; ce n’est que pendant la dé-. fécation que les matières fécales peuvent parfois s’introduire dans la vessie et troubler la transparence de l’urine au moment 6ù «elle va être rendue. Of sait que dans toute autre circonstance , soit que l'animal la laisse sur la main qui le saisit, soit qu’il la rejette involontairement. dans des sauts énergiques , a la- plus grande ressemblance avec l’eau pure. Elle s’est pas plus vénéneuse chez les crapauds que chez Les grenouilles et les rainettes ; vingt fois elle s’est séchée sur mes mains sas y Causer le moindre prurit. J’en dis autant de la salive ou bave des érapauds ; ) qui d’ailleurs ne la répandent jamais , et ne cherchent point à mordre; quoiqu’on l'ait cru et publié. Quant à la matière jaune , | laiteuse coa- gulable, que sécrètent et font jaillir par la pression les glandes qui for- ment les pustules et les parotides de ces reptiles, an sait qu’elle est Âcre, amère et acide ( Pelletier ). Un lézard ocellé qui en eut la boûche remplie en mordant les parotides d’un crapaud épineux , mourüt ef moins de trois quarts d'heure; mais Laurenti nous avait déjà prévenu de l’extrème sensibilité des sauriens aux plus légers poisons. Un bruant, uue petite couieuvre , n’éprouvèrent de la même expérience qu'unie gêne d’un moment ; sur la peau nue, elle ne m’a rien fait sentir; sur üne ( 344) pattes, de tètes et autres parties très-dures d’insectes Coléoptères , Diptères, etc. On y trouve aussi parfois des substances végétales , de la paille , des graines, des feuilles même, ce qui ne prouve pas du tout que les Crapauds se nourrissent de plantes fétides et vénéneuses (Lacépède). Au contraire , les’ matières non digérées prouvent par cela même que leur nature n’est point appropriée aux forces dissolvantes de l'appareil digestif. Elles ont été prises et avalées en même temps que les insectes qu’elles avoisinaient. On trouve encore dans ces excrémens des débris d’épiderme, celui des pieds et des mains surtout ; souvent encore entier et en forme dé gant; ce sont les restes de la dernière dépouille de l'animal, qui ne manque pas de l'avaler aussitôt qu'il en est débarrassé ; habitude qui paraît ètre com- muné à tous les Batratiens anoures, mais non aux sa- lamandres, . Le genre Crapaud (Bufo) est celui des trois qui nous occupera d'abord ; et dans lequel on trouve porté au plus hänt point le développement et l’agilité de la langue. Nous tirerons principalement les descriptions anatomiques qui-vont suivre, du Crapaud des joncs (B:"calamita ). Le Crapaud brun (B. fuscus) et le Crapau d épineux ( B. sans Bose }, assez Com- écorchure , elle vu causé qu’une cuisson passagère; dans l'œil d’un oiseau ; à peine a-t-elle causé un peu de gêne : elle n’a nullement com- pliqué.les suites fort simples d’une plaie profonde faite au dos d’un le- zard ocellé. J'avais déjà remarqué que les chiens qui mordent un cra- paud à plusieurs reprises en sont quittes pour un écoulementmomentané de salive glaireuse , et quelquefois des eflorts passagers de vomissemens: une substance très-amère produit sur eux les mêmes effets. ( 345 ) muns aux environs de Montpellier ,. ont aussi servi à mes recherches , et m'ont offert à-peu-près la même disposition ; je noterai seulement, en temps et lieu, quel- ques légères différences , et j'y joindrai les observations que j'ai faites concurrement sur la grenouille verte ( Rana esculenta) et la rainette commune (//yla vi- ridis ou Rana arborea). | Les Crapauds poursuivent à la course (surtout la nuit) les petits animaux peu agiles ; les Cloportes, par exemple. Dressés sur leurs quatre pieds, ils obser- vent et suivent de près dans tous ses mouvemens cette proie facile qu’ils saisissent quand ils sont bien con- vaincus qu’elle est vivante et à leur convenance. Ils ne se nourrissent point de cadavres, pas même de ceux des insectes, quelques récens qu'ils soient ; circonstance bien éloignée de justifier les préjugés de l'antiquité sur leur compte. S'agit-il d’une capture diflicile, d’un in- secte ailé , d’un diptère, le Crapaud s’en approcbe dou- cement ou même se contente de l’observer ; immobile, il tourne seulement la tête et les yeux vers lui , et dès qu'il le croit à sa portée , il lui lance avec la rapidité de l'éclair une langue gluante, qui, avec une ra- pidité semblable, emporte le butin au voisinage du pharvnx. Cette langue a généralement, chez les Crapauds et les Grenouilles, une longueur (dans la plus grande extension) à peu près égale aux deux tiers , aux trois quarts mêmede celle du corps; un Crapaud de trois pouces et demi, par exemple , s’emparait aisément d’un in- secte placé à deux pouces de lui. Chez les Crapauds, cet organe est arrondi à son extrémité, il est bifide ( 346 ) chez les Grenouilles , et légèrement bifurqué chez les Rainettes ; généralement assez épais mais très-mou , platet beaucoup plus long que large dans le plus grand nombre. L’extrémité libre de la langue est, comme on sait, tournée vers le gosier dans l’état de repos chez tous les Batraciens anoures, à l'exception des Pipas. L'hyoïde occupant une partie de la région sous-maxil- laire , la racine de la langue se trouve reportée à la par- tie antérieure- du plancher dela bouche , mais non, comme on le répète souvent , à l'extrémité de la mà- choire (voy. pl. 45, fig. 6). Les mouvemens rapides de cet organe ont été attri- bués exclusivement à deux paires de muscles qui ne pourraient presque rien ‘sans de nombreux auxillaires ; mais la démonstration de: cette vérité doit être précédée de quelques détails anatomiques , que nous n'avons trouvés ni dans l'ouvrage excellent mais très-abrégé de M. Cuvier ( Anat. comparée), ni dans les Opuscules plus récemment publiées en France, et qui ne nous ont souvent paru que la copie du premier. : La mâchoire inférieure (_À , fig: 1 à 9) forme un arc osseux composé de plusieurs pièces assez mobiles les unes sur les autres, suriout celles qui forment la symphyse du menton. L’aire que circonscrit cet arc est occupée , ai-je dit , par la base de la langue et une par- tie de l’hyoïde ( fig. 9). Cet hyoïde (fig. 8, 9 et 10) est composé d’une large plaque cartilagineuse(d), concave en dessus pour soutenir la langue dans l’état de repos , convexe en dessous , en forme de parallélogrammie irrégulier , souvent échancré et garni d'apophyses à ses bords latéraux. Son bord an- > (347 ) térieurforme une échancrure dont la profondeur est accrue par la naissance de deux cornes cartilagineuses dites antérieures (B), plates , minces , d'abord diri- gées en avant , bientôt recourbées en arrière et en de- hors , marchant alors parallèlement aux branches maxil- laires , se recourbant de nouveau en dehors en haut, et un peu en. avant vers l’angle de la mâchoire, pour se fixer à un autre cartilage cylindroïde et dur , fixé lui- même au rocher ; ce dernier est le styloïde ( f); un ligament l’attache en dehors au tympanique. Un liga- ment étroit , long , et oblique attache aussi la corne antérieure à la mâchoire : je le nomme Æerato-maxil- laire (D). Ces cornes, généralement en forme d'S , sont uniformes chez la plupart des crapauds (fig. 8 et 9; voy. aussi la fig. 26, pl. 24, t. 7 des Fossiles de M. Cuvier) ; elles sont armées d’une petite aile au bord antérieur chez les Grenouilles (Cuvier , loc. cit. , fig. 21 et 27). Au bord postérieur , chez les Raineutes (voy. notre fig. 10) (1), deux cornes plus considé- rables , osseuses , cylindroïdes , courbées le plus sou- vent en dedans , élargies à lents extrémités, dont la postérieure reste ordinairement :cartilagineuse , plus écartées en arrière qu'en avant , sont attachées dans le (1) Dans le premier âge: chez le tétard, les cornes antérieures de l’hyoïde sont beaucoup plus grosses et plus courtes ; elles sont alors re- présentées par une branche cartilagineuse , transverse , qui unit la plaque hyoïdienne à l’os ou cartilage tympanique : ce cartilage lui-même ést alors au-devant de l'œil. À mesure que la mâchoire inférieure prend de l’accroissement , elle le repousse en arrière, et la corne antérieure de Phyoïde s’alionge dans la même proportion , ou plutôt elle reste à sa place ; mais le ligament qui l’attache au tympanique s’allonge et prend graduellement la consistance cartilagineuse. La partie postérieure de ce 7 À 1 ( 348 ) dernier point au bord postérieur du corps hyoïdien (C). Entre elle est soutenue le larynx , organe qui semble _ manquer de cartilage thyroïde : il m'a semblé que la plaque hyoïdienne lui en tenait lieu, en donnant in- sertion aux ligamens et aux muscles intrinsèques du la- rynx. Cette opinion devient surtout vraisemblable chez la Rainette, dont le larynx est très-volumineux , très- adhérent à l’hyoïde , tandis que celui-ci n’a guère que les dimensions qu’aurait proportionnellement aux ary- thénoïdes , le larynx d'un Mammifère. Les muscles qui meuvent l’hyoïde et la langue , oc- cupent tous la région sous-maxillaire et le thorax. Il en est deux dans la première de ces règions qui, sans s'attacher à l’hyoïde, peuvent néanmoïns jouer un rôle important dans la déglutition, et dont il convient de dire d’abord un mot. de 1°. Le sous-maxillaire (E , fig. 5) est un muscle sous-cutané, large, mince surtout chez les Grenouilles et les Raiïnettes , composé de fibres transversales , à- peu-près réunies par un raphé aponévrotique sur la ligne médiane ; attachées en dehors au bord inférieur de la mâchoire ; chez le Crapaud épineux et la Gre- nouille verte, les fibres postérieures forment un fais- ceau épais qui remonte entre la petite corne , le liga- ment kérato-maxillaire et la mâchoire pour se fixer à ligament n’est autre chose que le cartilage styloïde, qui suit le tympa- nique (et sans doute le rocher ) dans ses déplacemens , quoiqu'il en reste ensuite bien distinct. C’est ce qui n’a pas lieu chez la plupart des rep- tiles ou des oiseaux , dont la caisse , confondue avec le styloïde , consti- tue , selon La remarque de M. Geoffroy Saint-Hilaire, l'os carré ou tym- panique. ( 349 ) l'os pterygoïdien. Il paraît qu’il en est de mème dans la Grenouillle ocellée ( Cuvier ). Le bord postérieur de ce muscle est uni à la fois à la peau et à la partie an- térieure du thorax, par une toile aponévrotico-cellu- leuse , en général assez molle, mais fort courte et fort solide chez le Crapaud brun. Il embrasse aussi toute Ja gorge , et c’est à lui que sont dus en partie les mou- vémens inspiratoires ou ceux qui exécutent la dégluti- tion de l’air chez les Batraciens, comme chez les Ché- loniens, et même les Sauriens du genre Lacerta. Chez les Grenouilles et les Raïnettes, ce muscle embrasse aussi l’appendice antérieur du sternum , et de plus, chez le mâle de ces dernières , il forme la tunique princi- pale du sac guttural qui sert à renforcer leur voix, sac qui communique avec la bouche par deux boutonnières situées entre les. cornes antérieures de l’hyoïde et les branches de la mâchoire. Chez le Tétard , ce muscle est représenté par une bandelette transversale, étroite et sans relation directe avec la mâchoire inférieure ; c’est en le considérant seulement chez l'adulte que M. Cu- vier l’a regardé comme l’analogue du rmylo - hyoï- dien. 2°, M. Cuvier a nommé transverse un petit muscle que nous nommerons préférablement sous-mentonnier (F, fig. set 2). Chez la Grenouille verte et la Raï- nette commune, il est caché sous le précédent; il se montre un peu à découvert chez les Crapauds, chez eux il est aussi plus renflé, plus gros; il est transversale- |_ ment placé derrière et sous la symphyse mentonnièré. Chez le Tétard il est moins ramassé, plus large et at- taché de part et d'autre (à ce qu’il m'a semblé), au ( 350 ) cartilage tympanique alors très-avancé ; il enveloppe ainsi toute la mâchoire inférieure à laquelle il sert d'é- lévateur principal , et qui est réduite à un croissant peu considérable. 3°. En enlevant les parties ci-dessus décrites, on voit à découvert les muscles génio-hyoïdiens (G', fig. >), étroits, longitudinaux, rapprochés mais non contigus , attachés en avant vers le bas de la mâchoire près des extrémités du soys-mentonnier. En arrière, ils se bi- furquent , une partie s'enfonce vers la ligne médiane pour envelopper la face antérieure de l’hyo-glosse, l’autre s’enfonce latéralement pour s'attacher au corps de l’hyoïde sur lequel elle est immédiatement appliquée. 4°. Les omo-hyoïdiens (IH, fig. 2), sont aussi en partie visibles après cette première préparation ; très- grêles surtout chez les Crapauds ; ils s'étendent oblique- ment du bord antérieur de la première portion du sca- pulum au corps de l’hyoïde, et se fixent à la face infé- rieure au-devant des précédens dont ils croisent , en ce lieu , la direction en passant entre eux et les pubio- hyoïdiens. ; . 5°, Pour mettre à nu les deux paires de musclestqui viennent ensuite , il faut reséquer la majeure partie du sternum (P) et des clavicules. Près de la ligne médiane se voient alors les sterno-hyoïdiens (I, fig. 3) , attachés à la région la plus reculée de la face interne du sternum , ils s’avancent en divergeant un peu et se fixent par une extrémité étroile et même tendineuse sur la naissance des cornes antérieures. | 6°. Les pubio-hyoïdiens ( J), situés plus en dehors , sont plus larges, plus minces ; ils représentent à la fois (-351.) lés sterno-thyroïdiéns et la portion costo-pubiennie des muscles droits de l'abdomen de l’homme. Les côtes manquant chez les Batraciens anoures, la moitié ex- terne du muscle droit s'enfonce dans le thorax sous les déux muscles pectoraux, les clavicules et les os acro- miens, pour s'attacher à la face antérieure du cartilage hyoïde. Cette insertion commence ‘derrière celle du muscle précédent avec lequel celui-ci se confond en partie; elle se continue ensuite vers la ligne médiane et tont le long de cette ligne, de sorte que les deux pubio-hyoïdiens sont fort rapprochés en cet endroit ; là ils sont couverts par les sterno-hyoïdiens , et recouvrent les génio et omo-hyoïdiens. 7°. Le reste du sternum et de ses muscles, le cœur même enlevé , on découvre d’abord de chaque côté deux muscles que leur päleur et leur minceur paraissent avoir soustrait aux recherches des anatomistes ; te sont les stylo-hyoïdiens (M, fig. 4 et 5 ). ls commencent en arrière et en dehors par un petit faisceau charnu attaché en partie au cartilage styloïde , en partie au-dessus, au rocher mème ; bientôt élargi , aminci, épanoui en éven- tail entre la petite corne et le corps hyoïdien , il s'attache aux bords de l’une et de l’autre. Chez le Crapaud épi- neux , au lieu de s’attacher au cartilage siyloïde , il se perd dans les paroïs du pharynx. 8, Derrière celui-ci, se trouvent deux ou trois faisceaux - charnus que M. Cuvier regarde comme les analogues du stylo-hyoïdien , et qui me paraissent être plutôt ceux du digastrique : leur attache commune se fait à la branche mastoïdienne de l'os tympanique, immédiate- ment au-dessus de la caisse ; de là ils descendent en di- (352) vergeant en arrière et se fixent à la corne postérieure de l'hyoïde. L'antérieur qui est mince, souvent double chez la Grenouille verte et la Raïnette commune, est robuste et toujours simple chez les Crapauds, c’est au bord externe de la corne hyoïdienne qu’il s’insère. Le postérieur plus long , presque longitudinal , s'attache à l'extrémité libre du même os. Je nomme ces muscles masto-hyoïdien (N°, O ; fig: 4,5). Dr : 9°. La langue possède deux muscles qui lui sont ex- clusivement destinés , les Ayoglosse (L, fig. 4, 6,7), et les genioglosse ( K ; ibid). Les premiers em- brassent les cornes postérieures de l’hyoïde , se rappro- chent bientôt, s'unissent sous le corps de ce cartilage, en un faisceau cylindroïde auquel le génio-nyoïdien sert de gaîne. Au devant du corps hyoïdien, ce faisceau se glisse entre les cornes antérieures et y est maintenu par une mêmbrane aponévrotique; enfin il s’adosse avec ceux dont nous allons parler. | | 10°. Les génioglosses (Æ) sont attachés à la mâchoire près de la ligne médiane et du bord supérieur chez le Crapaud épineux , plus en dehors chez le Brun et le Calamite. Bientôt réunis , ils forment un faisceau eylin- droïde, presque aussitôt adossé à celui des hyoglosses. Cet adossement constitue la base de la langue. Cet or- gane outre son épaisse membrane muqueuse ; «est ainsi composé jusqu? au bout de deux couches musculaires dues à l’épanouissement des muscles précédens qui se divisent en faisceaux entrelacés et divergens vers ses bords, et d'autant plus courts, qu'ils sont plus-externe. La couche supérieure, dans l’état de repos , est formée par les génioglosse et l’inférieure par les hyoglosses (353) (fig 6), c'est le contraire quand la langue est projetée hors de la bouche (fig. 5 et 7). ‘Ces quatre muscles ne pourraient assurément que raccourcir la langue si ceux de l'hyoïde ne venaient à leur secours. Pour que la langue couchée en arrière vers le gosier puisse être tirée én avant par les génio- glosses , il faut que l’hyoïde en élève la base au-dessus de l’are de la mâchoire inférieure fortement abaissée ; le muscle agissant alors de bas en haut, relève l’organe et le projette en avant. IL est donc aidé dans cette action par le sous-maxillaire, les génio-hyoïdiens , et surtout les stylo ét masto-hyoïdiens , qui sont à la fois éléva- teurs et protracteurs. Les génio-glosses peuvent être aidés ‘encore par le sous-mentonnier qui, rapprochant . les branches de la mâchoire, non-seulement les affer- mit; mais en rétrécit l’are et, du moins chez plusieurs Crapauds, peut lui donner la forme d’un demi-bec re- courbé en bas, ce qui favorise d'autant le mécanisme ci-dessus indiqué, Dans les rétractions de la langue, au contraire, les hyoglosses raccourcissent d’adord l’or- gane , mais ils ne le renvérsent aisément qu’attant que l’hyoïde fortement abaissé leur donne moyen d'agir aussi de bas en haut. L’échancrure antérieure de ce car- tilage-sert alors aux museles de poulie de renvoi, Ils ont donc pour auxiliaires les :omo, sterno et pubio- hyoïdiens ; mais il est probable encore que leurs fais- ceaux les plus courts agissent d’abord , et que le renver- sement de la langue est successivement opéré de la base à la pointe. Le mécanisme que nous venons de décrire, peut seul rendre raison de celte rapidité, surtout de l’exsertion , ra- XII, 23 ( 354) ù pidité qui ajoute beaucoup'à la force et à l'étendue des! mouvemens. La langue est vraiment laneée et entraînée ainsi, parila force d'impulsion | beaucoup plus loin que ne!la conduirait jamais ! (vu :sa: miss à une: contrac-: ion lente des mêmes mustles. 1: 7 . 4. -L'insecte:collésous la langue ainsi projetée ; invisqué par le mucus: tenace’ qu’elle secrète, setrouve en dessus quand-le renversement est opéré;; il ‘entre ‘alors dans le pharynx. Ce sac infundibuliforme le presse detoutes parts, le couvre de mucosités et le conduit dans l’œso- phage: On a’nié sans raison l'existence de muscles pro pes! au pharynx ; en premier lieu, les hyoïdiens et le soùs-maxillaire lui sont pour aiñsi dire subordonnés’;le stylo-glossemème, lui estexclusivementdestiné chez le Crapaud! épineux#-secondement ; ‘il: est constämiment muni de: deux vertébro-pharyngiens qui ; de l'apéphyse ‘transvérse: de «là troisième:vertèbre, se! portent en sé Jargissant ‘en! avant eb se perdentdans ses*paroïs ; troï- sièmement enfin, j'ai vu änssi des fibres charnues naître dela corne antérienre nonloin-du : cartilage styloïde , et se pefre dans les parois du pharynx; e’est'une sorte de: stylo-pharyngien: Tout la corps d’ailléurs , le:tho- rax'; le “eow'et les épaules: sisemblént participer à üne déglutition difcile;les yeux s’enfoncentwers la bouche, la tête rentré: dans les épaules ;: les muscles ‘abdomi- naux agissent violemimentiléte: /jusqu’àce que l’ani- mal avalé soit arrivé dans l'estomac: où, privéed'air de toutéswparts , il netardepus à périr et à céder à l'action | dissolvante des sucs digestifs. Le res NEO La bifurcauon de la langue des: Cnil jne suite rien à ce mécanisme; les fibres charnues s'étendent jus- # IE (355 ) qu'à l'extrémité des deuxspointes , et peuvent, pagune demi-contraction , leur, donner la même raideur qu'ati Copé de l organe, Chez la Rainette, la langue n’a guère qu’un demi-pouce fe longueur ; elle paraît, aussi moins agile dans ses mouvemens: elle n'est pas-moins yiss queuse et parait même plus charnue et-plus vasculaire; elle est plus rouge, dû moins pendant la vie, cartelle pâlit ainsi que chez les autres genres après la mort. L'as nimal sapplée aux désavantages que nous venons! d’in- diquer, ‘par: la vivacité et la précision :avéc laquellesàl s'élance à la: distance de plusieurs pieds; sur l'inseeté le plus, agile. ,Uné.mouche marche-t-elle dans le voisi- nage , on, voitsles ;Rainettes tourner. la tête de ce eôté, ajustersleurs menibres, prendre. l& diréction::corive- nable;, partir, coiime un trait, et.engluer J'insecte ie ses. ailes peuvent rarement alors soustraire an danger: La. manière dont agit la langue de ces Reptiles m'étair ici d’une ‘observation facile, car les Raïnettes;) natu- réellement peu. farouches , s'accoutuniaient rain aisé ment à prendre, entre:mes doigts les! insebtés) que je-leur ass targets botte est ÿ( | SÉTOT if: 1H HolSonr | Le ‘Lesdaineueset ras Grenpuilless: sont pas nouiplus {: comme;les Crapauds ; dans: la nécessité de jeter; pont ‘aïhsi, dire: tout d’un,coup leur capturé dansle phartynx 3 les dents, aïgués ettdirigées en arrière, dont est arméethal mâchoire supérieure ainsi que leursvomers etquiman quent à la plupart (1): leur, donnent plus ;de -faci., lité pour la; retenir et pour, Lavebène. Peuriétreiènts Pr À (1) Tout récemment j’ j'ai trouvé s air : dents dite et ae au crapaud brun; quoique les individus que jai observés fusseñt ‘encore : fort jeunes, Tout lg #hapes MT ( 356 ) disposition est-elle cause d’une voracité plus grande. En effet, j'ai vu un Crapaud épineux rejeter à l’ins- tant même une très-petite Raïnette qu'il avait engluée et portée dans sa bouche, tandis que les Grenouilles n’é- pargnent pas les espèces voisines de la leur. MM. Tied- mann et Gmelin ont extrait du ventwicule d’une Gre- nouille deux tétards de Crapaud. Spallanzani a trouvé une souris entière dans celui d’une autre; et l’on dit que la grande Grenouille mugissante d'Amérique est fort friande des jeunes Canards , et même des Oisons. Ces réflexions sur l'usage des dents nous rendront raison de la différence totale qu’on observe entre les Anoures et les Urodèles pour la manière de prendre les'alimens. Les Salamandres aquatiques qué jai spé- cialement observées ont les deux mâchoires garnies dé petites dents fines et aiguës; elles en ontaussi au palais, et peuvent ainsi se passer ds secours de Jeur langue imparfaite. HI Tel RSA RES Ta - C’est à la manière des Shirts “ ’elles saisissent leur proie ; soit à l'état de larve; soit à x l'état parfait. Sous l’une ou l’autre forme j je les ai vues souvent sous l'eau où à la surface, s'approcher des petits Mollusques, des vers, des insectes et surtout des larves aquatiques dont elles font Jeur: pâture ; elles regardent avec attention ‘et de fort près l’ohjet de leur poursuite ; le touchent même du boutdu museau ‘s’il est immobile (car elles ont aussi peu de goût que les Anoures pour les animaux sans vie) , et enfin elles se précipitent vivement sur lui pour le sai- entre leurs mâchoires: L'animal est-il petit, elles le: broient , le déchireut.on du moins le tuent par des niorsures répétées. Est-il plus fort, plus gros , elles lui L7 - - PL Le (C7 impriment de violentes secousses pour- l’étourdir et le mettre à mort : elles l’avalent ensuite en s'aidant de inouvemens fort vifs du cou et du corps en totalité. La larve , ai-je dit (du moins à un certain degré de déve- loppement ) , agit comme l’animal parfait ; comme lui ; elle a la gueule largement fendue , et son ventre mé- diocre ne contient point ces volumineux intestins qui, chez les Tétards anoures indiquent des habitudes en harmonie avec une nourriture végéiale. ARTICLE III. “lié à SAURIENS. Nous. sommes arrivés, par nuances successives, à cette troisième classe qui, par nuances également gra- duées , nous conduirait à celle des Ophidiens. Je pré- fère supprimer les détails rebattus qu'entrainerait cette filiation qui me forcerait d’ailleurs à parler de choses dont je n’ai pu m’assurer par moi-même. Je ne parlerai done tque des Lacertiens proprement dits , abandonnant surtout à d’autres ce qui est relatif à la langue exten- sible et visqueuse du Caméléon, etc. Je serai même dispensé de quelques détails par ceux que j'ai donnés à l’occaion des Salamandres. La vélocité de la course, la vivacité des bonds et de tous les mouvemens , d’une part; de l’autre, les dents solides , nombreuses , à pointe inégale ou en biseau, implantées ou soudées à la face interne des mâchoires et sur les os ptérygoïdiens , enfin la force musculaire des Lézards , et celle surtout de ces énormes muscles (358 } ptérygoïdiens qui rétrécissent l’isthme du gosier, et font de chaque côté une saillie intérieure très-considé- räble derrière les commissures de la bouche (1): voilà des raisons ‘suflisantes ‘pour nous expliquer I grande quantité d'insectes dont ‘on trouve leur tube: digestif rempli dans la belle saison. Leurs excrémens ‘bruns , solides ou pâteux, en masses allongées (2) , ne’ sont alors formés présqu’entièrement que de'partiés dures de Coleoptères ou de têtes de Diptères non digérées à raison de leur structure cornée: IT n’est pas facile de les observer dans leur chasse ; en captivité, ils refusent d'ordinaire tout aliment ; et la prétendue voracité que Daudin attribue au grand Lé- zard ocellé n’est qu'apparente. Il sejette, il est vrai , sur 6 |“ (x) Cette ne des muscles élévateurs de la mâchoire inférieure est assez considérable chez les grandes espèces ( Lacerta viridis et ocel- lata) , pour que leurs. dents s’impriment. fortement sur l’étain : leurs dents;en sont quelquefois ébranlées ; aussi leurs morsures peuvent-elles causer des accidens ét surtout de la douleur, sans qu’on doive en accuser la présence d’un venin imaginaire. J'ai éprouvé plusieurs fois sur moi : même que la blessure guérissait sans difficulté lorsque la contusion et la déchirure ne sont pas trop-considérables : Laurenti lavait déjà prouvé par des expériences nombreuses. (2) Les excrémens sont souvent accompagnés d’un fluide urinaire bien différent de celui des batraciens. Il est graveleux, et quelquefois de consistance de mortier , ou même il a perdu sa liquidité : il est alors expulsé sous forme arrondie ouolivaire ; c’est: un véritable calcul uri- vaire jaunâtre où d’un blanc mat , nelnefois dur, quelquefois friable ; calcul facilement expulsé , vu la (TN de Porifice du cloaque. Cette urine est souvent rejetée isolément à l’état liquide , entre les mains de celui qui se rend maître d’un-lézard ; soit que la frayeur de l'animal où les efforts qu’il fait pour s’échapper en soient cause , soit qu'à l'instar d'un certain nombre d’autres reptiles ( Coluber natrix, etc.), il se serve le cette déjection commé d’un moyen de défense. DAT PR ET (359 ) tout cequ'on lui présente ; insevies, viande , pain, ete., mais il mord de même avec violence-un bâton, umani- mal même de son espèce ; 1h serre fortement-et d'au tant plus qu’on cherche davantage:à lui: soustraire l’ob- jet qu'il tient entre ses dents; ilse laisse aussi enlever et suspendre ; mais si on le laisse en repos ; il repousse bientôt : avec: la langue les objetsiqu'il avait saisi avec tant d'empressément , fussent-ils de la nature de :ceux dont il fait sa pâture la plus ordinaire. | | ‘J'ai pu cependant, parmi les plus jeunes ,: en: ren contrer de moins opiniàtres et qui ; bientôt familia- riséstavec leur prison ,.y ont: repris leurs habitudes premières. Je les ai vus alors observer, suivre des yeux , palper du bout de la langue un ver ; ur insecte immobile , et dont la vie leur semblait douteuse ; saisir d’un: bond ceux qui marchaïent devant eux, les mà- cher ,:les morceler pour mieux dire ; les secouer vi- -vement pour les tuer ou les étourdir s'ils étaient volu- mineux et vivans , comme un Hbombric, une Guèêpe, etc. J'ai pu.me convainere qu'ils mangent beaucoup et sou- vent (1), ce qui suppose une digestion :assez active, quoiqu'ils puissent supporter facilement un jeûne de plusieurs:semaines dans l'été , et de quatre à cinq mois dans l’hiver- | | -Quantà ceux qui , moins. doeïles en raison de l’âge, :(r) Un lézard, de la taille du Z. :agilis peut manger cinquante à. soixante mouches chaque jour, ou bien quatre à cinq lombries de trois pouces de longüeur. On peut juger par là de l’utilité réelle de ces ani maux dans nos jardins*et nos champs. J’ai vu un lézard ocellé, d’assez grande taille , gratter la terre avec ses grifles , et la creuser à plusieurs . pouces de profondeur pour en tirer un fort groslombric. ( 360 }) | ne cherchaient point ainsi à soutenir Jeur existence, j'ai pu souvent la prolonger de beaucoup malgré eux, en leur injectant du lait dans le gosier , soit par la gueule, soit par les narines ; plusieurs ont supporté parfaite- ment ce régime depuis la fin de l'hiver (mars) jus- qu’au moment où j'écris (août ); d’autres ont maigri rapidement , et ont péri épuisés en cinq ou six semai- nes : ils rendaient ce liquide , à peine altéré ; par la di- digestion , quelquefois même ils le vomissaient. Une personne qui désirait en conserver vivans un certain nombre a vainement essayé de leur faire avaler de force du jaune d'œuf, du pain, ete. ; ils ont péri dès les Pe mières chaleurs du printémps: Avant de terminer cet article , j'ajoute que les Lacer- tiens sont loin d'être aussi ennemis de l’eau qu’on le lit dans certains livres d'histoire naturelle. Non-seulement il est un certain nombre d'individus de la plupart des espèces du genre Lacerta qui habitent de préférence le bord des fossés , des ruisseaux ou des rivières , mais ils peuvent même les traverser à la nage à la manière du serpent. Leurs pattes sont alors repliées le long des flancs, le corps et la queue serpentent à la surface de l’eau comme pourraient le faire une couleuvre ou, si l'on veut, une anguille. Il ya plus , l’eau est nécessaire aux Lézards comme à tant d’autres animaux. Ceux qui vivent dans les sables et les terrains incultes et découverts , s’abreuvent sans doute de la rosée du matin ; maïs on doit peu s'étonner de les voir se jeter, comme ils le font dit-on , quelque- fois sur la salive qu’on vient de cracher. Le Lézard gris surtout paraît craindre la sécheresse et la chaleur HA ( 361 ) bien plus que le vert, l'ocellé, le véloce, etc. , il se cache et disparaît, pour ainsi dire, pendant les fortes chaleurs de notre été; aussi n'est-il pas exclusivement méridional comme ceux que je citais tout-à-l’heure. Les Lézards boivent donc et quelquefois abondamment l'eau , la salive ; le lait même qu’on leur présente , ou ils lèchent les corps humides qu’ils rencontrent, et semblent lapper avec lenteur le liquide. Lorsque la soif est vive et qu'ils boivent beaucoup , ou bien lorsqu'on verse abondamment un liquide dans leur large gosier, on les voit élever fortement la tête , le museau dirigé en haut , et se dresser quelquefois contre un appui quel- conque avec une sorte d'anxiété causée sans doute par le passage de quelques gouttes dans les poumons ; l’ab- sence de l'épiglotte doit rendre ce passage assez facile. J'ai déjà signalé la langue du lézard comme organe du toucher; elle est aussi l'organe du goût , et c’est bien à tort qu’on la décrit partout comme sèche , presque cor- née et dépourvue de papilles. Le contraire est facile à observer dans les grandes espèces et même, sur les iné- divcres. À la vérité cetie langue , longue et très-mobile, est terminée par une double pointe grisàtre et mince, mais cette extrémité même n’est pas un double filet, comme chez les serpens/; chaque pointe est flexible, aplatie , élargie et peu longue, garnie en dessous d’une petite plaque cartilagineuse en forme de fer de pique, muqueuse, humide, et lisse en dessus. Le reste de l'organe est large , épais , un peu creusé en gouttière en dessus, convexe en dessous, musculeux et charvu , mou et recouvert d’une membrane muqueuse épaisse , douce au toucher, garnie de nombreuses papilles rou- ( 362) geàtres , arrondies’, et grosses surtout au milieu , rangées en lignes obliques en:dehors et en, arrière, et séparées par-des sillons profonds. Ces séries de: papilles emboi- tent même les bords latéraux de la langue en: se por- tant vers sa face inférieure, dont elles ne recouvrent pas. la partie médiane; cette partie reste lisse comme la pointe. oo: | | Cette courte description prouve assez que la langue ne peut servir qu'à toucher et à goûter ; la manière dont les lézards saisissent leur proie est d’ailleurs bien établie, et l’on ne peut plus admettre avec: Needham ( Mouv. Obs. microscop.) que la langue serve à prendre ou à re- tenir les insectes. Selon lui, cet organe est dentelé comme une scie et muni d'arêtes ces en arrière; mais comme il n’a examiné cette langue qu'après l’avoir apla- tie entre deux verres et desséchée complètement , il est bien clair que ces dentelures, qu’il n'avait pu: voir à état frais chez une très-petite espèce, ne sont autre chose que les papilles molles et vésiculaires que nous avons tant de fois examinés chez des espèces plus grandes. La direction des séries de papilles en arrière et en de- hors donne en effet aux bords de la langue-cet aspect crénelé, qui a induit en erreur le naturaliste que nous venons de citer. ARTICLE IV. ; OPHIDIENS. Si la langue épaisse , forte et crénelée.des Lacertiens , ne leur sert en rien à la préhension des alimens , à plus forte raison en sera-t-1l de même de celle des Ophidiens. ra (363) Cette langue est en effet aussi faible que mobile ; elle est lisse d’ailleurs, fort étroite } éylindroïde et terminée par deux pointes peu confistantes ; filiformes, lon- _igues (1) et menues ; on n’y observe ni aiguillon qui lui : mérite le nom de dard que lni donne-le vulgaire, ni aspérités , ni viscosité qui puisse Ini donner la faculté de saisir ou de rétenir un corps quelconque. Daudin croyait cependant qu 1] en était aimsi pour la vipère , et M. Du- méril a énoncé la chose d’une manière plus générale encore ; mais en présentant la main à cette langüe en vi- bration , on ne sent qu’un chatouillement à peine per- ceptible, et si la main est bien sèche, l’on ne s’aper- coit d'aucune adhésion. Ces animaux ne se nourrissent point d’ailleurs (du moins les hétérodermes , dont nous nous occuperons exclusivement) d’animaleules qu’une glu légère et encore moinstune simple humidité puisse A et entrainer ; si dans un âge peu avancé elles chassent aux insectes, c'est déjà sur des animaux assez volumineux. (notonectes, gyrins, etc.). Parvenues à üne taille plus considérable, elles ne s'adressent que rarement aux insectes, et quand elles le font, c’est tou- _ jours. aux plus gros : SpaHanaaul a trouvé dans leur es- tomac des débris d’escarbots , et j'ai vu dans leurs intes- tins où leurs éxcrémens ceux des plus grosses espèces de sauterelles. Mais c'est surtout parmi les Mammifères (souris, mulots, etc. ),. parmi les Oiseaux , parmi les Reptiles batraciens ou sauriens , et même les ophidiens - (1) En longueur elles font, chez la vipérine , Le quart de la langue proprement dite, c’est-à-dire de la portion exsertile de cet or gane, (364 ) plus petits qu'eux, et aussi parmi les poissons (1) , que les couleuvres et les vipères cherchent leur nourriture. Il est évident que leur lângue ne peut en pareille cir- constance leur être d'aucune utilité , ni même aïder à la déglutition ; comme elle le fait chez les lézards, les Mammifères , ete. La langue ne peut servir à l’alimen- tation que pour les substances liquides , l’eau , le lait, qu’elle pent lécher ou happer, même par des mouve- mens lents et réguliers , quoïiqu’on assure que les Ophi- diens néboivent point : la langue n’est mème pas indis- pensable à la déglutition du liquide. Si la profondeur du vase le permet, la couleuvre y plonge horizontale- (1) Daudin soutient à tort que les couleuvres naÿent mal-et peuvent se noyer aisément. Le Coluber natrix et le V'iperinus , non-seulement nagent avec autant de facilité que les anguiïlles, mais même plongent, s’enfoncent , et séjournent fort long-temps dans la vâse : leur énorme poche pulmonaire leur permet à volonté de surnager sans peine et de se passer long-temps de nouvelles inspirations d’air atmosphérique. Aucun poisson n’a un réservoir de gaz aussi étendu ; les diodons seuls pour- raient leur être comparés sous ce rapport. Les valvules dont sont garnies les narines et dont nous parlerons plus loin , et mieux encore la con- tractilité de la glotte , permettent aux couleuvres d'empêcher, et l’intro- duction de l’eau dans leur poumon et la sortie de l’air hors de ce réser- voir, dans les mouvemens de flexion latérale, peut-être de dilatation et de resserrement, que leur corps exécute, Il n’est donc pas étonnant qu’on trouve quelquefois des poissons dans leur estomac : on en a même trouvé dans celui de couleuvres qui fréquentent peu les eaux ( €. Escu- lapii). Cependant pour l'ordinaire, les serpens qui vivent dans les lieux secs préfèrent les oiseaux, les lézards , aux grenouilles et autres rep tiles aquatiques , et c’est le contraire pour les serpens qui fréquentent les rivages. Quoique les premiers épargnent lés individus faibles de leur propre espèce , il n’en est pas de même de ceux des espèces voi- sines, qui leur sont inférieurs en force et en volume. Je les ai vu s’é- lancer sur eux , et dévorer même les restes des couleuvres que je venais de disséquer. ( 365 ) ment la moitié inférieure de da tête ; la mâchoire infé- rieure est ainsi toute entière au-dessous du niveau du liquide, et des mouvemens peu étendus d’élévation et d’abaissement le font entrer dans Ja bouche et le pous- sent dans le pharynx. J'ai fréquemment observé cette manœuvre sur les couleuvres que je conservais , dans les chaleurs de l'été ; de deux jours l’un elles s’abreuvaient de cette manière , et je dirai, puisque l’occasion s’en présente, qu’elles n’ont jamais cherché alors de leur propre mouvement le lait dont on les dit si friandes . quoique parfois elles aient paru lécher avec plaisir quel- ques gouttes que je leur en déposais sur le bout du mu- seu. RE Qyire ses usages relatifs à l’ingestion des liquides , la langue en a évidemment d’autres comme organe du goût et da toucher ; jamais elle n’est vibrée avec plus de ra- pidité et de fréquence que quand l'animal examine de toutes parts une victime qu'il a mise à mort. Elle est aussi fréquemment vibrée pendant la progression , et lorsque la -couleuvre cherche ane issue hors de la prison qui l’enferme; elle glisse alors hors.de la bouche par la gouiière creusée sous le museau , et s'étend quelquefois jusqu’à près de deux pouces de distance : dans ce cas elle fait l'office des antennes chez les insectes. C’est d’ail- leurs, comme l’a très - bien fait sentir M. Desmoulins (Journ. phys., tom. 1v, p. 264 et suiv.) , à-peu-près la seule partie du corps qui puisse donner des sensa- tions tactiles exactes ; le reste du corps, couvert d’é- caïlles dures, n’a nécéSsairement qu'une sensibilité mé- diocre, et ce corps même, tout flexible qu'il est, ne peut embrasser que des objets volumineux. La sensibi- ( 366 ) lité de la peau est plus grande pourtant qu'on ne le croi: rait au premier abord ;'si l’épiderme ancien est récem- ment détaché; si l’animal a depuis peu fait peau neuve, le contact d’unemouche est assez vivement senti pour déterminer des mouvemens qui le chassent : c’est bien là un tact assez délicat, mais non pas un toucher comme comme celui dont la langue paraît être véritablement le siége (tr). : FAT Quoique cet organe ne préside guère à !la fonetion qui fait l’objet de ce Mémoire, puisqu'il en a été ici assez longuement question , je me crois autorisé à don- ner sur sa structure et ses mouvemens quelques déve- loppemens qui manquent dans tous les traités que j'ai consultés à cette occasion. Ces détails d’ailleurs cfir- ment €e que j'ai énoncé de ses usages, et feront voir combien la langue sensitive des Ophidiens diffère ts la langue prenante des Patmiélena ip). GE TOR TS RE SPEPIN La première doit néanmoins y comme la seconde ; une bonne partie de ses mouvemens au cartilage hyoïde (Z,; fig. 11,14, 16), quien est le support; cétartilageest composé de deux filets longs et parallèles , étendus d’ar> rière en avant à la partie inférieure du cou, entre les premières wat jusque sous la mâchoire ps G) D'accord avec M. Desmoulins sur ce point , je ne puis l'être sur un autre, qui a trait, non aux phénomènes , mais aux organes de la sensibilité. Il n’a trouvé aux nerfs vertébraux des serpens qu’une séule racine , et je puis aflirmer qu’ils en ont deux , une antérieure assez mince, une postérieure plus grosse , comme la plupart des vertébrés :, je affirme du moins pour cinq à six espètes du genre Coluber. Leur système nerveux présente encore quelques autres particularités non in- diquées jusqu'ici, maïs étrangères au qu el PRE eur ce no- ment, REBIUTES à NES VPN - ae | n ( 35% ) dont ils ne dépassent pas la partie moyenné dans l'état de repos:’ Isolés en arrière , ces filets se ge 0 en avant l'un vers l’autre, et s'unissent à angle aign par une portioni amincie; pointue, et non soudée , mais liée par un ligament à la congénère ; du'moïins chez le C. vipe- rinus. Ce cartilage est tiré en avant ; par une paire de muscles laryngo-hyoïdiens. (n° 22, fig. 16) ; longs , étroits , parallèles , attachés en avant à la partie supé: rieure. et postérieure du larynx, en arrière aux filets hyoïdiens , à quelque distance de leur angle de réunion, et recouverte ; dans une partie de leur face supérieure, par la membrane müqueuse. de la bouche. .Cés: muscles: sont: secondés dans léur action par les génio-trachéaux (ibid, n° 21) qui, de mème forme que les précédensi, s’attachent d’une part à la partieän- férieure de la trachée-artère, du huitième au dixième anneau à-peu-près set d'autre part vers l'extrémité an- térieure dés os dentaires de la mâchoire d'en bas. :::6 Deux:muscles plus forts , et surtout plus larges, rem- plissent des fonctions analogues ; ce sont Les mylo-hyoi- diens (fig. 11 et 14, n° 1), attachés à la mâchoire. par la partie antérieure: d’une aponévrose commune à d’au- tres; muscles ;: dont nous parlerons plus bas, et dirigé ensuite (en arrièré et en dedans vers les filets hyoïdiens, dont la partie-la plus antérieure lui donne insertion. Les museles antagonistes ou rétracteurs sont au nombre de deux de chaque côté; 1°. um'costo-hyoïdien (fig. ar et 14, n° 2)analogue du sterno-hyoïdien des Mammifères, attaché à l'extrémité des trois ou quatre premières côtes, allongé en avant jusque fort près du mylo-hyoïdien, à Vinsertion duquel la sienne fait suite; 2%. un œértébro- ( 368 } hyoïdien (fig. 14, n° 15) comparable au sterno-thyroï- dien des quadrupèdes vivipares , attaché à l’hyoïde der- rière le précédent , et faisant suite d’autre part aux muscles vertébro-costaux qui règnent dans toute la lon- gueur du corps et servent à l'expiration. | La gaine membraneuse dans laquelle est renfermée la moitié antérieure de la langue dans l’état de rétrac- tion, est aussi pourvue de muscles qui contribuent aux mouvemens de cet organe. Cette gaîne (fig. 15, NW), placée au-dessous du larynx , est ouverte au devant de la glotie par un orifice garni de deux cartilages ou fibro- cartilages latéraux (fig. 14 et 15, A7) qu'on n’a point indiqués , quoiqu'ils aient une certaine importance; peut- être ne sont-ils que des démembremens de l’hyoïde , dont les filets ne représentent que les cornes styloï- diennes ; peut-être aussi sont-ils des portions du thy-- roïde, dont le larynx des coulenvres paraît dépourvu , comme celui des Batraciens : du moins je n’ai vu à l’un et à l’autre que deux cartilages latéraux, analogues aux aryténoïdes , et un anneau plus large que ceux de la tra- chée , et comparable au cricoïde. | Les fibro-cartilages dont nous parlons sont semi-lu- naires , et leur bord supérieur, couvert par la membrane de la bouche, forme une sorte de lèvre saillante de chaque côté de l'ouverture en question ; leurs angles an- térieurs sont rapprochés et réunis par un fort ligament ; les postérieurs écartés. Ils donnent attache à trois paires de muscles ; savoïr : 1°. les genio-vaginiens (fig. 14 et 15, n° 18) correspondant peut-être aux genio-hyoïdiens des autres vertébrés ; ils sont forts, épais , en partie apo- névrotiques ; leurs fibres se croisent et s’entrelacent en 2 ef ( 369 ) adhérant aux cartilages vaginiens : leur autre extrémité est fixée au bout du dentaire inférieur , au devant du genio-laryngien. Ces muscles deviennent transverses lorsque les deux branches de la mâchoire sont fort écar- tées , et tous deux ensemble remplissent alors les fonc- tions d'adducteurs de ces branches. 2°. Les mylo-vagi- niens (fig. 14, n° 19) ont une direction toute opposée à celle de la paire précédente ; attachés au bord inférieur de la partie la plus avancée de l'os articulaire , couverts par la muqueuse de la bouche, ils s’avancent jusqu’à l’angle libre des cartilages vaginiens. 3°. Enfin j'ai en- core trouvé chez la couleuvre lisse (1) une paire de muscles vaginiens propres (fig. 15, n° 20). Il n’en existe qu'un seul , impair par conséquent , chez la cou- leuvre vipérine; celui-ci se prolonge presque jusqu’au bout de la gaîne, dont il garnit la paroï inférieure. Chez la couleuvre lisse , la forme des deux muscles est celle d’un grain d'orge; durs et grisâtres , ils couvrent le fibro-car- tilage, et se prolongent sur la partie membraneuse ue la gaine en s’amincissant excessivement. On conçoit déjà comment tous ces muscles peuvent être de puissans auxiliaires aux protracteurs et aux ré- tracteurs de la langue, mais avant d'apprécier briève- ment leurs eflets , disons un mot des deux paires propres à cet organe. 1°. Les génio-glosses (fig. 14, n° 17), ont été confondus avec les génio-vaginiens qui les ca- chent mais qui en sont bien distincts. Leur attache à (1) L’individu dont il s’agit avait deux pieds huit pouces de longueur : c'était une variété du Col. austriacus. Il m’a servi à confirmer toutes Les recherches que j'avais faites auparavant sur des couleuvres plus pe- tites encore ( C. viperinusÿ, pour l'appareil maxillaire. XII. 24 f & ( 370 ) la mâchoire se fait plus en arrière; elle est immédiate- ment sous-jacente à celle des laryngiens , ou seulement un peu plus antérieure. Delà dirigés en arrière le long de la gaîne , puis contigus l’un à l’autre , ils:se glissent sous l’hyoïde et, après avoir ainsi fourni un trajet assez long, ils s’adossent aux muscles suivans et pénètrent avec eux dans la partie libre de la langue. 2°. Les zyoglosses (fig. 14, n° 16), embrassent l'extrémité libre des filets byoïdiens , en couvrent d’abord le côté interne, puis lui sont simplement contigus; marchent parallèlement entre ces filets jusqu’à la rencontre des précédens, avec lesquels ils 5e confondent, et constituent ainsi le tissu contractile de la langue. L'entrelacement de ces fibres m'a paru former seul la portion charnue à laquelle.est.due le brandissement ou le mouvement osciilatoire de la langue en exsertion. Ce mouvement, assez lent dans les grands individus , a lieu toujours de bas en haut , et pour l'o+ pérer il n’était pas nécessaire qu'il existàt un musele particulier ou propre, comme M, Cuvier l’a :mormmé. La langue proprement dite , commence effectivement à l’adossement des muscles génio et hyoglosse. A partir de cet endroit elle est ferme, cylindroïde,. brunâtre ; la gaine ne l’enveloppe réellement que jusques vers son milieu; mais dans une forte protraction, cette gaîne se retourne et tapisse ainsi la moitié postérieure de la langue qui en est dépourvue dans l’état de repos. En résumé, un simple coup-d'œil jeté sur les mus- cles qui viennent d’être décrits, nous fera voir aisément , 1°* que l’exsertion où protraction ae la langue n’est pas seulement l'effet des contractions du génioglosse , mais qu'elle est en grande partie produité aussi par le mylo- ( 37: ) hyoïdien, le. laryngo-hyoïdien , le génio-trachéal,,, qui tirent.en avant l’hyoïde, dont les filets soutiennent la base de la langue et peut-être s'engagent avec elle dans la gaine retournée par une forte exsertion. À ces musçles s'adjoignent encore le génio-vaginien et le vaginien propre qui tirent en avant et la gaine et la langue qu'elle renferme. 2°. Nous voyons aussi, au contraire, que la rétraction est due tant à l'hyoglosse, qu'aux costo et vertébro-hyoïdiens, auxquels il faut ajonter, comme auxiliaires, les mylo-vaginiens. G Pason$ maintenant à des objets mieux en rapport avec le titre de ce Mémoire, examinons }’appareil maxil- laire des Hétérodermes sans crochets venimeux. Celui des serpens venimeux a.été déerit et figuré avec détail par un bon nombre d’observateurs ; il n’en estpas de mème de celui qui va nous occuper; nous éviterons néanmoins autant qu'il nous sera possible , toute Pi lixité inutile. Les Boas, Pythons , etc., ne diffèrent des couleuvres sous ce rapport, que par la force et la largeur de leurs maxillaires. Les trois premières figures de la planche 7 du Règne animal par M: Cuvier, comparées à celles que nous donnons ici (fig: 9,9 bis et ro), donneront au lecteur une idée exacte de ces différences. 1: L'appareil osseux des Couleuvres considéré dans son ensemble, est composé de vingt et une pièces pour la plu- part mobiles les unes sur les autres. Une seule: estrim- paire , séparée-du reste et. comme étrangère à la mastioas | tion chez les Couleuvres , mais pourvue de dents chez les serpens des genres voisins ; je veux parler de l’inter- matillaire ou incisif (A): c'est l'os du museau celui qui (372) est creusé en dessous pour le passage de la langue ; il fait aussi partie du contour des narines et s'appuie en arrière sur le vomer et les os naseaux. Abstraction faite de cet os, mous pouvons distinguer deux appareils maxillaires, un droit , l’autre gauche ; nous verrons bientôt en effet qu’ils sont indépendans jusqu’à un certain point l’un de l'autre. Chacun est composé de pièces communes aux deux mâchoires , et de pièces particulières à se supé- rieure et à l’inférieure. 1°. Pièces communes ; ce sont des démembremens du temporal, comme l'ont démontré MM. Geoffroy Saint- Hilaire et Cuvier. L’une encore appliquée sur le crâne au-dessus du rocher, est l'os mastoïdien (G); aplati, allongé, dirigé horizontalement, mais susceptible de mouvemens variés; il soutient en arrière , par sa face externe, un os bien plus mobile encore, le tympani- que (F). Celui-ci est évidemment l’analogue du carré ou os de la caisse des oiseaux et des Sauriens; cylin- droïde au milieu , fort élargi en haut, un peu renflé en bas:, il soutient dans ce dernier point la mâchoire infé- rieure et les dépendances de la supérieure ; celle-ci n’y est attaché que par des muscles et des ligamens ; celle-là, au-contraire , lui est unie par un véritable ginglyme. 2°, Mächoire supérieure. On y compte quatre os formant avec ceux du côté opposé une double arcade dentaire. | -:Le premier de ces quatre os en partant de ceux que nous venons d'indiquer, est le ptérygoïdien interne (E), os allongé , un peu coudé en dedans , aplati de haut en bas , large et concave sur ses deux faces, dans son tiers moyen ; rétréci vers ses extrémités, dont la postérieure ( 373 ) ést en: rapport avec la mâchoire inférieure, au moyen d’un ligament fort , cylindroïde et fixé en dedans et der- rière la facette articulaire de la mâchoire inférieure; l’antérieure est unie par symphyse avec l'os palatin; le bord externe supporte le ptérygoïdien externe (D). L'os que nous venons de nommer bien moindre que le pré- cédent , dirigé en avant et en dehors, étroit en arrière, fort élafgi et plat en avant, est appuyé dans cet en- droit sur l’os maxillaire. Ces deux os ptérygoïdiens ont été nommés ainsi, d’après leur analogie avec les ailes ptérygoïdiennes des Mammifères. Ici, indépendantes du sphénoïde , elles ont cependant la plus grande res- semblance avec celles des Lacertiens et des oiseaux (os omoïdes), chez la plupart desquels le sphénoïde leur sert encore de point d'appui. Nous avons déjà nommé les deux pièces les plus antérieures de la mâchoire que nous décrivons: le palatin (C), os allongé, droit ou concave en dehors : le sus-maxillaire (B), concave en dedans , plus long que le palatin , mais aplati comme lui d’un côté à l’autre , et muni comme lui vers le mi- * lieu de son bord supérieur, d’une apophyse plate , re- courbée en dedans. Celle du sus-maxillaire, qui est plus petite , s’unit par une articulation très-mobile à l'os lacrymal , os ainsi nommé par M: Jules Cloquet ( Mé- moires du Muséum , tome 7 ; appareil lacrymal des Serpens), parce qu’il offre le trou qui paraît destiné à l'écoulement des larmes. Cet os fait le bord antété- rieur de l'orbite; c’est le frontal antérieur de M. Cu- vier (Règne animal). L’apophyse du palatin est là- chement attachée au vomer. Le bord inférieur des os palatin et sus-maxillaire, et le bord interne du ptéry- | ( 374) goïdien principal Je long de sa moitié et quelquefois (€ natrix) de ses deux tiers antérieurs; sont garnis de dents coniques fort aiguës , recourbées en arrière, d’au- tant plus grandes qu’on approche d'avantage du gosier. Les unes sont soudées à l'os, les autres fixées par une gencivé molle. Les premières reçoivent leurs vaisseaux par ün petit trou percé dans l'os ; du côté externe. Ces dents solides sont d'ordinaire régulièreinent intercalées | de deux en deux entre les autres ; il en est de même à la mâchoire inférieure ; maïs les trous nourriciers de éelle ei sont percés en dedans. 3°. Mächoire inférieure. Je n’ai point trouvé chez les Couleuvres les six pièces qui composent chaque branche maxillaire des Sauriens ; mais quatre d’entre elles sont bien distinctes. La plus considérable , la plus postérieure, est l’articulaire (H); cetie pièce est ter- minée en arrière par une apophyse semblable à celle qu'on voit chez beaucoup d'oiseaux, vient ensuite une facette articulaire , convexe d’un côté à l’autre et éon- cave d’arrière en avant, destinée à recevoir l'extrémité du tympanique. L’os articulaire, devenu plus large , est creusé en dessus d’une fosse profonde, dont la lèvre in- terne s’élève plus que l’externe et dans le fond de la- quelle commence le conduit dentaire. Cette fosse s’a- vance jusqu'au milieu de l’os articulaire qui comprend Jui-même en longueur près: des trois-quarts de la mà- choire. La piècé qui complète surtout en avant Pappa- reil maxillaire inférieur , est la dentaire (1) , qui reçoit la précédente dans une échancrure de sa partie posté- rieure. Cet os est courbé en dedans et son bord supé- rieure est armé de dents comme son nom l'indique ; une ( 375 ) syssarcose fort lâche le joint à celui du côté opposé. Enfin, deux pièces pour ainsi dire accessoires , affer- missent en dedans Ja jonetion dés deux 05 que nous avons décrit tout-à-l’heure : leurs situations, leurs rap- ports , les font reconnaitre, l’antérieure pour l’opercu- laire (Q) , la postérieure pour l’angulaire (P). Ces deux pièces sont petites, minces , rudiméntaires ; on trouve de plus chez les Sauriens un sus-angulaire et un com- plémentaire, à l'un desquels appartient constamment l’apophyse coronoïde, Leur absence ici, du moins chez lés sujetsadultes , nous explique cette singularité d’un canal déntaire dont l'orifice postérieur se trouve en de- hors. L’apophyse coromoïde et la partie qui la soutient étant réduites à l’état rudimentaire où n’existant pas du toùt, l’articulairé qui forme le trou interne et infé- rieure de l’orifice en question ; se trouve en consé- quence la partié saïillante, celle qu'on à quelquefois prise peut-être pour une apophyse coronoïde. Otez à une mâchoire de Lézard son complémentaire et son sus- angulaire , evelle ressémblera fort à celle d'une Cou- leavre. | * Les quatre pièces dont il vient d’être question sont fixées solidement l'une sur l’autre ; examinons rapide- ment de quels mouvemens sont susceptibles les autres pièces , toutes mobiles ; de chaque appateil maxillaire. 1°. L'appareil droit peut s’écarter du gauche ; c'est l'articulation tympano-ptéry-maxillaire qui l'écarte du crâne ; l'os tympanique tendant à devenir transverse et horizontal. La mâchoire inférieure seule £st susceptible d'une grande déduction dans l'extrémité äntérieure de ses branches. ( 376 ) 2°. Les deux mâchoires peuvent simultanément ou separément se porter en avant. On a nié à tort cette pos- sibilité chez les couleuvres pour la mâchoire supérieure; le sus-maxillaire et le palatin , poussés par les ptery- goïdiens , tendent alors à basculer sur les apophyses , à se redresser par conséquent , et à faire saillir les dents dont ils sont armés ; le mouvement est moins évident que chez les serpens venimeux, parce que les dents sont moins longues, et que les os qui les portent le sont davantage , d’où il suit que la bascule complète exige- rait une prépulsion très-considérable , tandis que le sus-maxillaire des vipères exécute à peu de frais le quart de cercle nécessaire au redressement des crochets. 3°. La mâchoire inférieure peut non-seulement ou- vrir la bouche en abaïssant son extrémité libre ; elle peut encore en agrandir la cavité lorsque son articu- lation se porte en bas par l’abaissement des os tympa- niques et mastoïdiens. Quand ce dernier abaissement est considérable , la mâchoire supérieure n’y participe qu’en partie; l’os ptérygoïdien interne abandonne , au- tant que lui permet la longueur de son ligament, l’ar- ticulation tympano -maxillaire à laquelle il ne tient que fort lâchement ; ses muscles l’en rapprochent ensuite. 4°. Enfin, selon la remarque de M. Desmoulins, l’inter-maxillaire , le vomer , les naseaux et les lacry- maux jouissent aussi d’une certaine mobilité qui peut contribuer à l’agrandissement de la bouche. Je n’ai pas besoin d'ajouter que ces mouvemens ont aussi leurs opposés , savoir , la réduction , la rétraction , l'élévation , etc.; il est bon seulement de noter que quel- ques-uns de ces mouvemens, la déduction, l'abaissement ( 377 ) portés à l’extrème dépendent moins d’uneaction muscu- laire directe que de l’action mécanique d'un corps étran- ger volumineux. Mais pour bien apprécier ce qui dé- pend de l’une ou de l’autre cause, il faut connaître les muscles dont il s’agit , et les descriptions qu’on en a données jusqu'ici sont ou très-peu détaillées ou tirées seulement de serpens à venin. Je crois aussi qu’on s’en est , dans quelques-unes de ces descriptions ; laissé imposer par l'apparence , en dis- sequant des serpens conservés dans l’alcool. On a dé- erit des muscles faisant le tour de la bouche (Cuvier, Anat. comp. , tom. 11); et l’on a nié l’existence des glandes salivaires (Desmoulins , Journal de Phys., juillet, 1824) où l’on n’a parlé que de l'inférieure (Cuvier). N’a-t-on pastpris le change sur leur compte? Ces glandes sont en eflet rougeûtres , et la supérieure est placée en arrière sur un ligament qui semble au premier abord en être le tendon. Ce ligament, que j’ap- pelle zygomatique ( fig. 11, K ) me paraît représenter l’arcade zygomatique des oïseaux ; il est cylindroïde , étroit et attaché au sus-maxillaire, d’une part, à l'os tympanique, de l’autre. Quant aux glandes salivaires immédiatement placées sous la peau, elles font le tour de la bouche , et une multitude de pores bien visibles laissent suinter l'humeur visqueuse qu’elles sécrètét ; elles ont été bien figurées ainsi que le ligament zygomatique dans l’Opuscule cité de M. Jules Cloquet (fig. 8 ). La glande supérieure paraît avoir été plus d’une fois décrite comme organe sécréteur du venin (1). Elle existe cependant chez les (1) Par Mead par exemple. D’autres ont décrit comme tel la glande (378) : couleuvres les plus innocentes ; chez celles dont les morsures n’ont , comme je l'ai plus d'une fois appris par le fait, d’autre inconvénient que celui d’une légére piqüre. taches TT Les muscles que nous avons à décrire sont:au nombre de treize, de chaque côté ; nous suivrons dans leur ex- position à-peu-près l’ordre dans lequel ils sé présentent lors de la dissection; l’ordre physiologique nous forcerait à des répétitions que mous remplacerons par un court résumé. of 1°, Sous Ja peau on trouve à la région sous-maxil- laire ces muscles minces et larges dont nous avons déjà décrit la portion hyoïdienne, et'que M. Cuvier com- prend sous le nom collectif de costo-matillaire. Celui qui mérite seul ce nom (fig. 11 et 14, n° 2” ) côtoye en, dedans. le costo-hyoïdien ,: puis le mylo-byoïdien , derrière lequel il s’attache à l'aponévrose commune dont lacrymale( À, fig. 11), que Mead croyait être une glande salivaire. 11 paraît qu’il n°ÿ a point d’autres glandes que la salivaire et les lacry- males chez les serpens venimeux , et elles existent chez ceux qui ne le sont pas. Faudra-t-il en revenir à lopinion de Charras , savoir, que la gaine des crochets est à la fois le réservoir et l'organe sécréteur du venin , ou bien peut-on croire , avec M. Desmoulins, que les larmes sont le véritable poison ? Les couleuvres ne manqueraïent donc que des moyens de transport et d’inoculation ? Mais les larmes de la vipère sont incolores, limpides, et le venin est jaune ou vert et visqueux. Les larmes de la vipère , inoculées , ont tué de petits animaux ; en serait-il ainsi de celle d’ane couleuvre? Je l'ai tenté plusieurs fois sans résultat sembla- ble. Enfin quant aux voies d’excrétion de ce fluide, M. Jules Cloquet les admet chez les couleuvres où elles arrivent dans la bouche , fort près des dents antérieures. J’ai vu, pour mon compte, très-bien lorifice oculaire du canal lacrymatique, tandis que M. de Blainville ne l’a pas trouvé chez les serpens venimeux + c’est tout l'opposé des conditions requises pour la vraisemblance de l'opinion susdite. f ( 379.) s il a déjà été question. En dehors , il touche en partie le muscle que nous allons indiquer. Une partie de ses fibres se rendent aux écailles de la gorge, 29. Le cervico-maæillaire (ibid., n° 3) situé en de- hors du précédent, fixé aussi à l’aponévrose commune , remonte derriere l’angle maxillaire sur les côtés du cou jusqu’au-dessus des 6°, 7° et 8° vertèbres à-peu-près : là , il prend son point d'attache aux aponévroses des mus- : cles de l’épine. Il pent dans sa contraction glisser en dehors sur la joue, et entraîner avec lui le costo-maxil- laire. Quelques-unes de ses fibres s’attachent à la peau de la lèvre inférieure. Quant à l’aponévrose commune , elle. $'attache à la partie Ja plus saillante, à une sorte d'angle mousse de la face externe de l’os articulaire dans sa moilié antérieure à-peu-près. 3°. Au dessus de ce musele, sur le côté de cou, s'en trouve un autre mince el large comme lui surtout en avant , Où il est attaché à toute l'étendue du bord anté- rieur de l'os tympanique ; de là , il remonte en arrière et en dedans au-dessus des 3°, 4° et 5° vertèbres environ, pour S’attacher aussi aux aponévroses qui enveloppent les muscles des gouttières vertébales. On peut y voir l'analogie du splenius , et comparer les précédens au peaucier de l’homme. J'appelle celui-ci cervico-ty mpa- nique (fig. 11, n°. 4 ). : 4°. Un peu plus en avant, après avoir enlevé les glandes salivaires «et le ligament zygomatique , on voit en entier le muscle post - orbito - maxillaire (ibid , n°. 5). Ilest plat, allongé, étendu obliquemeut. de Vapophyse post-orbitaire (frontal-postérieur ; Guvier) et de la crête qui lui fait suite sur le pariétal , à la par- ( 380 }) tie anguleuse de la face externe de l'articulaire où il se fixe par une aponévrose , depuis l’insertion du cervico- maxillaire jusqu’au voisinage de l’articulation de la mà- choire avec l'os tympanique. Je pense que, malgré sa forme , il doit être rapporté au masseter , et c’est aussi la détermination qu’en donne M. Cuvier , bien qu'il paraisse ne l'avoir pas séparé de la glande salivaire in- férieure. 5°. Celui qui lui est immédiatement soüs-jacent mé- rite, pour ses connexions, d'être considéré comme re- présentant le temporo-maxillaire (fig. 11 et 12, n°6), aussi lui en conserverai-je le nom. Ce muscle épais et robuste est composé de plusieurs faisceaux dont un, plus antérieur , croise à angle aigu la direction des autres. Ce faisceau s'attache d’abord à la fin de la crête du pa- riétal, puis au bord supérieur de l’os mastoïdien ; il descend alors un peu en arrière en recouvrant cet os, . et s'enfonce entre les autres faisceaux pour se fixer vers la lèvre externe de la fosse que nous avons indiquée sur l'os articulaire , lèvre que. nous avons comparée à l’a- pophyse coronoïde; c’est cette portion seule que M. Cu- vier compare au masseter ; le reste du muscle descend au contraire d’arrière en avant ; il prend son insertion supérieure à toute la face interne de l'os tympanique et à son bord antérieur : inférieurement , il implante ses fibres sur la fosse dont il vient d’être question, et en embrasse à la fois les deux lèvres de manière à recou- vrir même une partie des faces interne et externe de l'os articulaire. Le nerf dentaire traverse les fibres de ce muscle pour entrer dans le canal qui lui est destiné. Lorsque l'animal ouvre la gueule, on aperçoit très- FERA PRET TS ( 381 ) bien au devant de chaque commissure Jabiale, le bord antérieur du temporo-maxillaire , recouvert seulement par la membrane muqueuse de la bouche. 6°. Derrière l'os tympanique se trouve aussi un mus- cle épais, jusqu’à un certain point analogue au digas- trique ( Cuvier). Du bord postérieur et de la face ex- terne du tympanique il descend, comme dans les oi- seaux, sur l’apophyse post-articulaire de la mâchoire inférieure , très-près par conséquent de l'articulation ; pour cette raison , je le nommerai tympano-post-arti- culaire (fig. 11 et 12, n°7). 7°. Pour.bien voir les muscles qui nous restent à étudier , c’est par le dessous de la tête qu'il faut la pré- parer (fig. 13). En procédant de dehors en dedans pour chaque moitié latérale , on trouve d’abord le marillo- ptérygoïdien (fig. 12 et 13 , n°. 8), fort, pyriforme, ressemblant beaucoup au volumineux ptérygoïdien du Lézard (voy. art. 111). Le bord inférieur de l'os arti- culaire lui donne attache en arrière; en avant, un ten- don robuste le fixe à l'os ptérygoïdien externe, près de son articulation avec le sus-maxillaire. ; | 8°. Caché par ce muscle et moins considérable que lui, l'articulo-ptérygoïdien (fig: 13, n°. 11) est ac- colé sur l'os ptérygoïdien interne en dehors et en bas jusqu’à son. articulation avec l’externe ; ses fibres, en partie aponévrotiques , environnent le ligament qui at- tache l'os en question à l’articulaire , et le fixent à ce dernier au-dessus de celui dont la description précède, et tout contre la facette articulaire de la mâchoire in- férieure. Cette dernière connexion semble indiquer qu'il est l’analogue du ptérygoïdien externe de l’homme, ( 382 ) tandis que le précédent en réprésenterait le ptérygoïdien interne. Les usages de celui-ci, chez les reptiles voi- sins où il a les mêmes attaches ; confirment puissamment l’analogie indiquée ci-dessus ;'et doivent , ce me semble, faire conserver à l'os qui lui fournit son point d'attache antérieur le nom de ptérygoïdien externe , que M: Cu- vier lui avait d'abord donné, et auquel il proposé au- jourd’hui de substituer celui de transverse (r ) { nd fossiles , tom. var, p. 80). | 9°. Un autre muscle affermit aussi l'articulation ptéry- maxillaire par quelques fibres d’origine ; la majeure partie cependant est insérée à la partie interne et pos- térieure de l’os ptérygoïdien principal ; c’est là le point d'insertion mobile, le point fixe est au eentre du crâne, sur le milieu du sphénoïde. Aussi ce muscle cylindroïde et assez fort mérite-t-1l le nom de sphéno-ptéry goïdien que je lui donnerai ( n°. 12). On lui trouvera , si l'on veut , quelque ressemblance avec le péristaphyiii in- terne de l’homme. 109. En nous rapprochant d'avantage de la ligne mé- diane, nous trouvons un muscle triangulaïre dont les fibres réunies , d’une part en faisceau s’attachent au bord interne de Papophyse post-articulaire , et d'autre part; se portent en divergent jusque sous l'os occipital mférieur , auquel les plus antérieures s’attachent. Les postérieures se confondent avec celles du muscle op- rar et il en résulte ainsi un pis hbre , flottant $ ) 13-1440 (x) L’illustre anatfreiote que nous citons ioi , donne pour raison de ce changement que la partie du sphénoïde que cet os représente > Den est séparé à aucun âge chez les Mammifères; mais n’en est-il pas dé même dle ses frontaux antérieur et postérieur ? (Voyez ibid, p. 72.) | ( 383 ) transversal, presqu'immédiatement au dessous du trou occipital. Je donne à ce musele le nom de sous-occi- pitosarticulaire (fig: 13, n° 13). : Plus en avant se trouvent encore trois paires de mus- cles, dont une seule paraît avoir été connue des ana- tomistes auxquels le précédent avait aussi échappé. 119. Le premier des trois (fig. 1% et 13 ; n° 0) est attaché derrière l'orbite et sous le muscle post-orbito- maxillaire, puis dirigé obliquement en bas et en arrière sur l’os ptérygoïdien interne , qui lui sert de point d’ai- tache jusque vers son extrémité. Un autre, le sphéno- palatin (fig. r2 et 13, n° 10), peut être comparable au peristaphylin externe de l’homme , prend également son point fixe au crâne, mais plus près du centre; il marche en sens inverse du précédent , c’est-à-dire en bas et en avant pour se fixer sur le miliew de Vos palatin, Enfin , le troisième est un très:petit muscle fusiformé, longitudinal , placé avec son congénère entre les deux orbites , attaché en arrière au sphénoïde ; entre le pré: cédent et le sphéno-ptérygoïdien; et fixé en ‘avant-par un petit téndon au vomer en delans et au-desèus des na- _rines postérieures ; je lui donne en conséquence le noi de sphéno-vomérien (fig. 13, n° 14.) LADIE CITE Pour compléter la myologie de la tête ; il ne resterait plus à parler que des muscles de l’œil qui jouit ; ainsi que l’ont remarqué Lacépède et M. de Blainville, d’une mobilité qu'on lui avait niée à tort | ou-qu’on: avait àaort aussivoulu n'accorder qu'à son-globe ét non à la paupière transparente. Peut-être faudrait-il ÿ joindre un plan musculaire , à fibres longitudinales, que je cmois avoir observé sur la valvule qui ouvre et ferme à vo ( 384 ) lonté les narines des couleuvres (1); mais pour ne pas tomber dans de trop longues digressions, exposons succinctement les fonctions des muscles que nous ve- nons de décrire, La boucheest ouverte par l’action simultanée des costo- maxillaires et des tympano-post-articulaires ; une fois commencée, cette ouverture peut-être portée à l'extrême par l’action des cervico-maxillaires. La mâchoire infé- rieure est relevée au contraire par les post-orbito et les temporo-maxillaires. Le museau, relevé par une force extérieure ou par la prépulsion des mâchoires d’en haut, sera abaïssé par les sphéno-vomériens. Les appareils maxillaires de chaque côté seront portés en avant par le sphéno et le post-orbito-ptérygoïdien qui agissent sur la machoire supérieure; mais celle-ci, à l’aide du muscle maxillo et de l’articulo-ptérygoïdien , entraînera aussi en avant l’inférieure. Au contraire, ces derniers muscles tireront en arrière la mâchoire supérieure lors- que l’inférieure sera rétractée par le costo , le cervico- maxillaire et le cervico-tympanique. La mâchoire supé- rieure pourrait cependant être rétractée isolément par le sphéno-palatin et le vomérien , comme la mâchoire inférieure pourrait être isolément portée en avant par le post-orbito-maxillaire ; mais ces mouvemens äsolés sont rares. (15 Ces valvules n’ont pas été indiquées par les naturalistes ; elles sont cependant très-visibles et fort souvent mises en jeu. J’ai observé ré- cemment sur un crapaud épineux que la peau fournit aussi , au-dessous de chaque narine , une valvule capable de loblitérer entièrement; celles des couleuvres sont formées d’une écaille ovalaire attachée par son bord postérieur, comme par une charnière au contour de la narine ; lors- qu’elle s'ouvre , c’est en ! s’enfonçant' dans Ja fosse nasale. ( 385 ) Enfin, la déduction active des appareils latéraux peut être opérée par les mêmes post-orbit6-maxillaires en éle- vant et avançant l'extrémité inférieure de l’os tympani- que ; l’adduction sera bien plus puissamment opérée par les muscles cervico-tympaniques , les sous-occi- pito-articulaires, et, pour les os dentaires inférieurs seu- lement, par les génio-vaginiens et même les génio-la- | ryngiens. Ces mouvemens , diversement combinés, s’observent dans trois circonstances , la colère, l’action de mordre et la déglutition des alimens. Q Quoique plusieurs animaux du genre Coluber soient réellement très-timides , quoique la plupart même des grandes espèces cherchent à fuir l’homme et rarement à l’attaquer , presque tous cependant sont très-irascibles, et sinon des effets, du moins des menaces suivent de près des provocations répétées ; il suflit souvent de leur présenter le doigt pour exciter en eux ou la peur ou la colère : dans l’un et l’autre cas , un sifflement ou souf- flement subit , analogue à celui des chats , et que les grandes espèces de Lézards font aussi entendre , est bien- tôt suivi d’autres sifllemens moins vifs et répétés avec plus de lenteur. Ces sifflemens ont lieu dans l’inspiration comme dans l’expiration ; tout le corps de l’animal se gonfle et s’affaisse alternativement comme un long soufilet dont le poumon forme la cavité intérieure ; en même temps la tête paraît élargie , aplatie, au point de chan- _ger tout-à-fait la physionomie de l'animal ; les articu- lations tympano - maxillaires , redressées horizontale- ment et portées aussi en avant, forment un angle saillant qui donne à la tête la forme d’un fer de flèche ; surtout XIL. 25 ( 386 } chez le Natrix et le Viperinus. L'animal, en menaçant ainsi son ennemi, reploie son corps en nombreux zig- zag qui, se débandant tout-à-coup en ligne droite, donnent à la couleuvre une impulsion qui la lance en avant , mais fort peu au-delà du lieu où elle aurait pu atteindre par une élongation moins subite. | Quelquefois le Serpent , ne s *élançant ainsi, frappe seulement du museau l'objet qui l’irrite ; c’est ce que font surtout les espèces faibles ou les individus de pe- tite taille; d’autres fois ce sont les dents du Reptile qui servent à la défense. Le C. austriacus est plus particu- lièrement dans ce cas, comme l'avait remarqué Lau- renti. Les dents n’agissent pas toujours de la même ma- nière ; l’animal peut mordre des deux mâchoires et en- Fan à la fois toutes les dents ; quelquefois alors, selon l'observation du même Laurenti, ces dents recourbées en arrière sont tellement engagées, que l’animal les dé- tache avec peine, ou qu’il déchire, en se retirant, la peau qu’elles avaient traversée. Cette déchirure est bien plus ordinaire encore si l'animal n’emploie que la mà- choire supérieure à frapper son ennemi. L’os sus-maxil- laire est alors poussé en avant et en dehors , et redressé au point de saillir hors de la gueule , et ses dents agis- sent comme les griffes du chat. Dans l’un et l’autre cas, au reste, les blessures sont peu profondes, une petite effusion de, sang, un peu de cuisson , en sont la seule suite, comme je l'ai éprouvé par moi-même. Quand une Couleuvre saisit sa proie, ces menaces préliminaires n’ont pas lieu; elle s’élance la gueule ou- verte dans toute sa largeur et-la retient entre ses mà- ( 387 ) choires. J'ai souvent été témoin de cette opération subite après laquelle , si la capture était volumineuse , l’un et l'autre animal restait souvent immobile et comme étonné pendant quelques minutes. Quant à cette stupéfaction que les Serpens impriment aux Oiseaux , aux Reptiles, plus agiles qu'eux , il m'a paru que l’immobité (1) qui la caractérise n'avait lieu que quand l'animal sentait l'impossibilité d'échapper , lorsqu'il avait déjà fait in- fructueusement une ou plusieurs tentatives pour y par- venir ; la frayeur et l'incertitude les jetaient sans doute alors dans une sorte de paralysie d’insensibilité telle qu'ils se laissaient dévorer presque sans se débattre. C'est du moins ce que j'ai observé en lieu clos, dans une grande cage par exemple, sur des Lézards de di- verse taille , des Oiseaux , des Raïnettes. J'ai remarqué qu'un insecte sans ailes ou une mouche à laquelle on les à arrachées , restent quelques instans dans la même immobilité, si un Batracien, un Lézard , a fait pour s'en emparer un effort mal dirigé ; un insecte ailé même, qui sera, par suite de cet effort, renversé sur le dos, restera dans la même immobilité. Mais cette stupeur n'est pas constante; j'ai vu des Oiseaux faibles (Linotte) repousser à coups de bec une Couleuvre enfermé avec eux lorsqu'elle s’en appro- chaït avec lenteur, et à la vérité sans intention hostile ; j'ai vu des Lézards fort petits (L. agilis) mordre avec (1) La rapidité avec laquelle le serpent s’élance sur une proie immo- bile dont il s’est approché peu à peu , ou qui est descendue à sa portée a pu faire croire que cette proie était venue d’elle-même jusque dans sa gueule ; ce qui est fort peu probable. ( 388 ) acharnement le museau ou les lèvres de la Couleuvre qui les dévorait. Si c'est un Oiseau ou un Mammifère dont la Cou- leuvre s’est emparé, elle le met à mort avant d'en com- mencer la déglutition. Est-il faible et peu volumineux, elle l’étouffe en lui pressant le thorax entre ses mà- choires ; est-il plus gros, plus robuste, elle l'entoure de troïs à quatre replis de son corps tourné en spirale, sans que les mächoires l’abandonnent ; exécute-t-il des mouvemens violens , elle serre davantage, et quelques minutes voient la fin de cette lutte. IL n’en serait pas ainsi des Batraciens et des Sauriens ; aussi sont-ils ava- lés tout vivans; mais pour les premiers, on peut les donner morts à une Couleuvre déjà un peu familière et surtout affamée , elle ne refusera point ces cadavres ; un, excès de faim la déterminera même quelquefois à avaler un morceau de viande de boucherie; c’est ce que j'ai vu faire une fois au Col. Esculapii. e Voyons maintenant comment ces Serpens à mâchoires mobiles procèdent à la déglutition d'un corps beaucoup plus volumineux que leur tête etsurtout que leur cou (1). Est-ce par des aspirations puissantes que le Serpent hume lentement une masse si peu proportionnée à la largeur des passages ? On lit encore cette explication dans des livres recommandables et récemment publiés, mais dont les auteurs n'ont pas réfléchi à la faiblesse du moyen qu'ils supposaient devoir opérer de si grands effets chez les Boas, par exemple. Ils ont oublié d’ailleurs que Le larynx (1) J’ai vu une couleuvre vipérme avaler une rainette ordivaire , dont la tête, partie dure et non susceptible de réduction , avait au moins quatre fois le volume de la sienne. ( 389 ) s'ouvre très-près de la symphyse mentonnière ; que c’est même ainsi qu'on explique comment la respiration n'est pas interceptée malgré la réplétion de la bouche ; or, comment humer sans le secours de l’appareil respira- toire ? J'ai fréquemment observé le mécanisme de cette dé- glutition, et la figure que je donne ici (comparez fig. 17 et 18) a été, comme les autres. tracée d’a- près nature. Les Reptiles saisis par la Couleuvre sont souvent avalés, la partie postérieure la première, ou bien par le côté et comme ployés en double; mais c’est toujours par la tête qu’elle commence pour un Oiseau , une Sou- ris , et toujours le ventre tourné vers la terre. Pour ar- river à ce premier point , tantôt la Couleuvre abandonne un moment sa prise pour en chercher le point le plus convénable ; elle: décroche alors ses dents recourbées, en portant en avant les appareils maxillaires en même temps qu’elle écarte les mächoires. D’autres fois, sans lcher son butin, faisant agir l’un après l’autre ses appareils maxillaires latéraux, elle fait pour ainsi dire marcher de côté sa gueule sur la surface de sa capture, vers le point désiré. Une salive visqueuse humecte alors tous les points que la gueule abandonne , et facilite ainsi l’in- troduction de la masse alimentaire. Le corps même du Serpent, projeté en anse sur les côtés ou au devant de sa tête, lui sert de point d'appui, soit pour redresser, diriger la proie, soit pour l’enfoncer vers le gosier. Mais c'est surtout à l’action alternative des deux appa- reils. maxillaires qu'est due la progression du corps avalé, dans l’espace graduellement élargi qu'il tra- ( 390 ) verse. L'appareil droit , par exemple, serre et maïntient le bol alimentaire, pendant que le gauche (màchoire supérieure et inférieure à-la-fois) s'avance pour le saisir le plus loin possible, et l’entraine ensuite vers le pharynx par une rétraction puissante , aidée d’une in- flexion latérale du cou; cela fait, c'està l’appareil droit de s’avancer à son tour. Les deux appareils agissent ici comme feraient deux mains, attirant alternativement entre elles la pointe la plus éloignée d’un objet d’une certaine longueur; les lèvres, soulevées par les mà- choires qu’elles suivent dans leurs mouvemens , rendent très-facile et très-sûre l'étude de cé mécanisme sur un Serpent devenu assez familier pour ne point s’effaroucher de la présence d’un observateur. Peut-être, dans quel- ques cas, la mâchoire inférieure marche-t-elle indépen- damment de la supérieure ; tout mouvement quelconque ne peut que favoriser la déglutition ; les dents , dirigées en arrière, s'opposent à toute rétrogradation ,-et secon- dent au contraire toute impulsion favorable, comme les barbes d’un épi de seigle, glissé dans la manche d’un habit, tournent au profit de la progression les moindres mouvemens qui lui sont imprimés. Il ne suffit pas que les alimens soient arrivés au pha- rynx pour que toute difliculté cesse, l’étroitesse du cou leur oppose un nouvel obstacle. On voit alors la bouche se fermer autant que possible, et la tête, se portant en arrière comme pour rentrer dans le cou, pousser directement dans l’œsophage la masse que des ondulations latérales font encore avancer. Ces ondula- tions suflisent dès que la substance avalée à dépassé de quelques pouces le niveau de listhme du gosier; la _ PRE ( 391.) | grosseur graduéllement croissante du corps de la Cou- leuvre, permet à cette substance de s’avancer lénte- tement, mais sans effort , jusqu’à l'estomac. La distension des parties qui l’entourent est alors peu copsidérable; elle écarte bien assez les côtes pour faire uné saillie qui indique le lieu qu’elle occupe jusqu’à ce que la digestion en soit commencée , mais cette disten- sion n’est pas comparable à celle de la tête et du col ; la péau de ces parties est tellement dilatée dans le moment du passage , que les écailles sont toutes isolées, à distance les unés des autres (fig. 18), et comme semées sur la péau. Immédiatement après , les mâchoires sont comme disloquées , et le Reptile, par des mouvemens assez fré- quens d’élévation, d’abaissement, eic., semble chercher à les replacer dans leurs rapports normaux. Aussi, le passage d’une masse volumineuse est-il quelquefois d'assez longue durée ; un quart d'heure peut suflire si l'animal est bien dirigé ; dans le cas contraire , la déglu- tition dure trois à quatre fois davantage. Je terminerai ce Mémoire par quelques courtes re- Marques sur la digestion des Couleuvres. Je n'ai jamais vu les alimens séjourner dans l’œæso- phage et s’y conserver sans altération, sans digestion , selon l'assertion de Spallanzani. Je n’ai pas yu rion plus qu'un repas copieux rendit lés Couleuvres plus pe- santes et plus engourdies , et j'ai souvént vu tout Pop- posé. | - Si quelquefois elles m'ont paru endormies, c’est-à- dire immobiles et momentanément insensibles aux mou- vemens des objets environnans , c’est sans aucun rapport de coïncidence avec la digestion. ( 392 ) Cette digestion ma paru assez prompte en été, fort lente au printemps et surtout en hiver , saison , du reste, dans laquelle ces Reptiles refusent ordinairement toute nourriture. Spallanzani a trouvé la viande ingérée dans l'estomac digéréee en un seul jour au mois de juillet: j'ai vu les poils, les plumes , les écailles des animaux dévorés , être rendus avec les excrémens (1), tantôt deux ou trois , tantôt huit jours seulement après l’ingestion ; et lé serpent ne recommencçait guères à manger que un, deux, ou trois jours après cette déjection. Quatre à cinq jours suflisaient aussi à la digestion, chez les Boas qu'on exposait dernièrement à la curiosité du public. Dans l'estomac d’une Couleuvre lisse, jai trouvé quel- ques os d’une Souris avalée trois jours auparavant ; c'é- tait en été. Ces’os étaient reconnaissables , maïs aussi flexibles que s’ils eussent été macérés dans l'acide mu- riatique affaibli. Il n'existait plus rien des parties molles ; la peau même était dissoute , et le poil, en pa- quets mêlés de mucosités, etc., était disséminé dans l'intestin jusqu’au voisinage du rectum. Ce n'est donc pas à la durée des digestious qu'il fatt attribuer la facilité avec laquelle ces Reptiles suppor- tent un jeüne prolongé; nous aurions déjà pu faire la même remarque relativement aux Sauriens qui, à la (1) Ces excrémens sont noirs, fétides , pulpeux , et accompagnés d’une urine parfois fort aboudante. Cette urine , bien plus liquide que celle des lézards , est pourtant toujours aussi mêlée de graviers jaunä_ tres , qui forment par le dessèchement une masse semblable à du mor- tier. L’urine liquide rougit fortement les couleurs bleues végétales ; elle est quelquefois rendue isolément chez certaines espèces, qui s’en servent c omme, de moyen de défense ; le C. natrix, par exemple : elle est, chez ce reptile, blanche, laiteuse et très-féLide. \ \ d ( ( 393 ) vérité, supportent bien moins long temps une absti- nence complète. Chez les Couleuvres même, ce n’est : pas sans les Spatner que la privation d’alimens se pro- longe plusieurs MOÏS ; ; J'ai même observé une suite remar- quable de cette inanition, c’est l’inflammation et l’ulcé- ration de presque toute la membrane interne des intes- tins. Dans la majeure partie de leur étendue, ces or- ganes étaient remplis de couennes albumineuses libres ou adhérentes. Ces altérations étaient faibles du côté de l'estomac , de plus en plus intenses du côté opposé. La Couleuvre qui m'offrit ce sujet de remarques ( C. na- trixæ ), était restée chez moi tout l'hiver, exposée à des alternatives de chaleur et de froid , et partant d’activité et d’engourdissement. Elle mourut au mois de mars, c'est-à-dire au retour du printemps; sa bouche était habitée par un grand nombre de petits vers du genre Distoma (Rudolphi}), semblables à ceux que M. Bosc a trouvés aussi dans la bouche d’une Couleuvre d'Amé- rique (Fasciola colubri); ses écailles cachaient une assez grande quantité de petits insectes parasites du genre Smaridium, et assez semblables , quoique non identiques , à la Smaridie des moineaux. EXPLICATION DE LA PLANCHE XLVI. Fig. 1-8. BATRACIENS. Fig. r. Espace sous-maxillaire du Crapaud des joncs ( Bufo calamita) ; : couche superficielle des muscles. Fig. 2. Deuxième couche ; sternum en place. Fig. 3. Troisième couche ; sternum réséqué partiellement. Fig. 4. Quatrième couche ; sternum enlevé, Fig. 5. Mêmes objets ; langue étendue. € 394 ) Fig. 6. Coupe de la langue en repos. Fig, 7. Coupe de la langue étendue. PR Fig. 8. Cartilagé hyoïde d’un jeune Crapaud brun ( Bafs Juscus). Fig, 8 bis. Hyoïde et mâchoire d’un, Crapaud épineux adulte (B. spi- nosus ). Les parties ‘cartilagineuses sont Ketrt ombrées , les os sont au trait seulement. Fig. 8 ter. Hyoïde de la Rainette commune adulte ( Hyla viridis). Désignations communes. A, mâchoire inférieure. H, muscles omo-hyoïdiens. B , cornes antérieures de lhyoïde. Z, sterno-hyoïdiens. C, cornes postérieures. J,.——— pubio-hyoïdiens. D , ligamens kérato-maxillaires. Æ, genio-glosses. d, corps de l’hyoïde. * L, ——— hyo-glosses. e, larynx. | M,——— stylo-hyoïdiens. J, cartilagés styloidiens. N,O,—— masto-hyoïdiens, E , muscle sous-maxillaire. P, sternum. F, muscles sous-mentonniers. : Q, épaules. G, — genio-hyoïdiens. . Fig. 9-18: oPHIDIENS. Fig. 9. Profil de la tête osseuse du Coluber natrix où à Couleuvre à collier. *: Fig: 9 bis. Esquisse des deux mâchoires séparées du reste de la tête. Fig. 10. Même tête vue en dessous, les mâchoires très-écartées ; les dents représentées par leurs alvéoles. Fig. 11. Tête du C. viperinus, de profil; couche super fiéiélle des RER Fig. 12. Couche profonde. Fig. 13. Même tête avec ses muscles ; vue en dessous; mâchoire très- écartée. ; Fig. 14 , 15 et 16. Muscles de l’hyoïde , de la langue et de sa gaîne, d’a- près le €. austriacus ou Couleuvre lisse. Fig. 19. Tête et cou du C. Esculapii vu de côté et un peu ei dessus, dans l’état de repos. Fig. 18. La même dans l’acte de la déglutition. Hi Désignations communes . A, 08 incisif. B , sus-maxillaire. C, palatin. D ; ptérygoïdien interne. £ . ptérygoïdien externe, # F, tympanique. ce lmtmatiné ob" til st G , mastoïdien. H, articulaire de la mâchoire in- férieure. T, dentaire. J, ligament post-orbitaire. K , ligament zygomatique. L , hyoïde, M, cartilage vaginien. NW: gaîne de la langue. O , larynx. . P ; os angulaire. Q,—operculaire. R, glande lacrymale. $, pointes de la langue. T, fin de la gaîne. U , origine de la langue. 1, muscle mylo-hyoidien. 2, muscle costo-hyoïdien. 2°, costo-maxillaire. 3, ——\cervico-maxillaire. 4, —— cervico-tympanique. 5, —— post-orbilo-maxillaire. 6, —— temporo-maxillaire. 7, -—— tympano-post-articulaire. 8, —— maxillo-ptérygoidien. 9, —— post-orbito-ptérygoïdien. 10 ,—— sphéno-palatin. 11,—— articulo-ptérygoïdien. 19 ,—— sphéno-ptérygoïdien. 13,—— sous-occipito-articulaire. 14 ;—— sphéno-vomérien. 15,—— vertébro-hyoïdien. - 16,—— hyo-glosse. 17 ,—— génio-glosses. 18 ,—— génio-vaginien, 19,—— mylo-vaginien, 20 ,;—— vaginien, 21 ,;—— génio-trachéal. 22 ,—— laryngo-hyoïdien. _ Mota, Toutes ces figures sont de grandeur naturelle et dessinées d’a- près mature : les fig. 14, 15 et 16 sont les seules que nous ayons tracées de mémoire, quelques jours après la dissection , et en partie sur des cro- quis pris au, moment même. Nous en avons néanmoins ultérieurement vérifié l’exactitude par la disséction d’une couleuvre plus petite, ( 396 ) Hisroie NATURELLE des Poissons É27: Par M. le baron Cuvrer et M. VALENCIENNES (2). Au moment d'offrir au public un ouvrage considé- rable dont je me suis occupé avec plus ou moïns de suite depuis près de quarante ans, je crois devoir lui présenter quelques réflexions sur l’état où j'ai pris l’ichtyologie, sur les vues d’après lesquelles je l'ai traitée , et sur les moyens qui se sont trouvés à ma dise position pour l’enrichir d’un nombre d'espèces nou- velles triple de celles que l’on connaissait avant moi. Les trois célèbres ichtyologistes du 16° siècle, Ron- delet , Belon et Salviani, ont été les créateurs de la science. Rondelet surtout, par une industrie admirable pour son siècle , parvint à rassembler les figures recon- naissables , quoiqu’assez grossières , de près de deux cent cinquante espèces , parmi lesquelles il en est plu- sieurs de fort rares , et qui n’ont été revues que dans ces derniers temps. Gesner et Aldrovande ajoutèrent à ce nombre quelques poissons d'Europe , et Margrave en fit connaître une centaine de ceux de l'Amérique, joi- gnant à leurs figures des descriptions plus régulières et plus complètes que n’avaient été celles de ses prédé- cesseurs ; mais aucun de ces naturalistes ne put distri- (1) Ouvrage contenant plus de éinq mille espèces de ces animaux , décrites d’après nature et distribuées conformément à leurs rapports d'organisation, avec des observations sur leur anatomie, et des recher- ches critiques sur leur nomenclature ancienne et moderne. (2) Ces considérations préliminaires sont extraites du Prospectus de ouvrage par M. le baron Cuvier, (R.) ( 397 ) R buer entièrement les poissons dans un ordressystéma- tique , ni même en former des genres définis avec quel- que. précision. Rondelet, encore en ce point supérieur à ses deux émules , offrit bien quelques heureux rap- prochemens , mais qui n’embrassaient pas, à beaucoup près, la classe entière. C’est à Willughby et à Ray qu'était réservé l’honneur de faire faire ce pas à la science : l'ouvrage qui porte le nom de Willughby, mais qui est le résultat des tra- vaux communs de ces deux naturalistes , et se fonde en grande partie sur leurs observations, présente des des- criptions correctes de plus de quatre cents poissons , et les range d’après la nature du squelette, celle des rayons de la dorsale , la présence ou l’absence des ven- trales et d’autres considérations également importantes. Les espèces y sont surtout en beaucoup d’endroits rap- prochées si naturellement , qu'il suflisait de leur don- ner des noms communs pour former de ces réunions plusieurs des genres qui ont été reçus depuis. Artedi a fait un second et plus grand pas, en nom- mant les genres , en les établissant sur des caractères fixes , en Îles composant d’espèces bien déterminées , en rassemblant sous chacune d’elles les noms que leur avaient donnés les différens auteurs , et en créant pour leur description une terminologie régulière ; mais il est aisé de voir que dans ce beau travail il a eu sans cesse l'ouvrage de Willughby sous les yeux. C’est là qu'il prend la plupart de ses espèces; ses grandes divisions ont à peu près les mêmes bases ; plusieurs de ses genres sont composés sur jes mêmes élémens. Une critique éclairée lui a fait rejeter les espèces peu certaines , et, ( 398 ) en réduisant leur PRE total à moins de trois cents , il a fourni à ses successeurs un point de départ plus solide que s'il eût conservé ces richesses trompeuses. Il est douteux que Linnæus ait rendu service à Ja science des poissons par sa nouvelle classification ; mais il l’a rendue populaire par sa nomenclature; il y a porté ce mème esprit délicat, cette mème finesse d’aperçus , que dans les autres branches de l’histoire naturelle. Les voyages de ses élèves, les travaux des Gronovius , des Kolreuter , les grands ouvrages des Seba, des Ca- _tesby, lui ont fourni de nombreux moyens de l’enri- chir. Cependant il n’a porté le nombre des espèces qu’à quatre cent soixante-dix-sept. Maïs ce n’est point par cette augmentation numérique qu'un homme tel que Linnæus doit être apprécié : l'enthousiasme général qu'il a inspiré pour toutes les productions de la nature ; la faveur que dès-lors les hommes puissans ont accor- dée à leur, etude ; les collections qui se sont formées ; les expéditions lointaines qui ont été entreprises ; le grand nombre de ceux qui se sout dévoués au perfec- tionnément de l'édifice dont il avait posé les bases, marquent mieux que né le feraient toutes les analyses de ses travaux , tous les calculs sur les êtres qu'il a décrits, quelle a dû être l'élévation d'un génie capable d'imprimer à son siècle un pareil mouvement, Heureux si un autre Linnæus avait coordonné les ré- sultats de toutes ces richesses particulières ; si, pour l’ichtyologie , par exemple, les nouvelles espèces re- cueillies par les Forskal, les Pallas, les. Banks, les Forster, les Fabricius , les Thunberg, eussent été com- parées et caractérisées avec jugement; si les décou- ( 399 ) vertes anatomiques des Camper, des Monro , des Viq- d’'Azir , eussent été employées au perfectionnement de la méthode distributive ; si l’on eût dirigé , d’après un plan arrêté , les recherches des voyageurs vers les côtes et les rivières dont il importait le plus de recueillir les habitans. Mais loin de là : il n'a paru depuis Lin- uæus que deux tableaux ichtyologiques généraux qui méritent d’être cités , celui de Gmelin et le Système postume de Bloch ; publié par Schneider. Le premier, fait par un homme qui n’avait peut-être pas vu un seul des objets qu’il y rassemble , n’est qu'une compilation sans choix et sans critique, où les espèces sont placées comme au hasard, souvent reproduites à deux ou trois reprises et sous des genres différens. Le second est dis- tribué d’après la méthode la plus bizarre, la plus éloi- gnée des rapports naturels qu’il ait été possible d’ima- giner. Ni l’un ni l’autre ne peuvent avoir d'usage que d'indiquer les sources où il faut remonter, et de faire pas- ser en revue les diflérens articles dont ils donnent les citations. Sous ce rapport, du moins, on ne pet leur refuser une véritable utilité. Le nombre apparent des espèces est dans Gmelin de plus de huitcent$, et dans le Bloch de Schneiïder de plus de quinze cents, et quand on devrait retrancher un cinquième de celles-ci comme incertaines ou faisant double emploi , il serait toujours vrai qu'au moins douze cents espèces de poissons y sont annoncées et caractérisées avec plus ou moins de jus- tesse. * Cependant , un tableau méthodique , un catalogue raisonné , füt-il aussi parfait qu'on pourrait le désirer , ne serait pas encore une histoire, quoique toute his- f (400 ) toire, pour être bien faite , doive prendre pour pre- mière base un pareil tableau. Quiconque, en effet, s’est pénétré des admirables écrits des Réaumur , des Buffon et des Pallas , doit sentir l’énorme différence de ces maigres tables de matières à ces expositions appro- fondies de l’organisation , des habitudes , des mœurs des animaux ; et bien que l’histoire des poissons, sous le rapport des mœurs , soit infiniment plus diflicile à étudier que celle des quadrupèdes ou des insectes , puis- qu’ils passent leur vie dans des abîmes où l’œil hu- main ne peut les suivre , elle ne laïsse pas que d'offrir aussi des faits intéressans , et d’ailleurs la variété infi- nie de leurs formes , les singularités de leur anatomie, les beautés ravissantes de leur vêtement , les utilités in- nombrables qu’ils procurent aux hommes , méritaient bien d’être développées dans un ouvrage proportionné, par son étendue, à l’importance du sujet. Bloch avait entrepris cette tâche , et il l’a remplie jusqu’à un certain point par rapport aux poissons d’eau douce de l'Allemagne , qu’il avait la facilité d’étudier en détail dans le pays qu’il habitait , où les étangs for- ment un article considérable de revenu ; mais lorsque ; multipliant ses volumes et ses planches , il a donné à son ouvrage le titre d’Aistoire naturelle générale et particulière des Poissons, il a évidemment promis plus qu'il n’a pu tenir. Ce n'est pas à un recueil de moins de quatre cent cinquante Poissons, dont la plupart ne sont décrits et représentés que d’après des échantillons altérés, et un assez grand nombre d’après d'anciens des- sins , qui n’offraient point les caractères minutieux dont la science a besoin aujourd’hui (1); ce n’est pas , dis-je, (1) M. Lichtenstein a reconnu, et nous nous sommes assurés nous- (41) à un tel ouvrage qu'un titre aussi général pouvait ap- partenir. M. le comte de Lacépède avait conçu d’une ma- nière plus grande le plan de son Histoire naturelle des Poissons ; et s’il avait possédé en original un assez grand nombre de ces animaux, s’il avait pu les étudier da- vantage sous le rapport de l’organisation intérieur et de la méthode naturelle , il n'y a point de doute que son talent d'écrire et ses vues philosophiques n’eussent élevé un monument plus durable : déjà sous sa forme actuelle ‘son ouvrage offre beaucoup d'espèces nou- velles ; il en présente avec éloquence les traits distinc- üifs ; il intéresse , il a l’art de. faire trouver du charme à l’histoire d'êtres que nous ne pouvons rapprocher de nous ni par leurs passions, ni par leur industrie, qui semblent n'éveiller par autun côté notre imagination. Mais M. de Lacépède a composé la plus grande partie de son livre pendant les années orageuses de la révo- lution , lorsque , retiré à la campagne, il ne pouvait pas même revoir.commodément le peu d'espèces que possédait alors le Cabinet du Roi , ni consulter les bi- bliothèques publiques autrement que de loin en loin ; il netravaiHait done que sur des notes prises à diverses épo- ques et dont il ne pouvait toujoursapprécier les rapports. De plus y la France , en ce temps-là, et long-temps après, était séparée des peuples voisins par une guerre cruelle ; leurs: livres même ne nous arrivaient point ; mêmes HE finspection des originaux , que Bloch a fait des additions et des charigeméns arbitraires aux'dessins de Plumier et du prince Mau- rice, qu’il a publiés ,\et même qu’il n’a pas toujours fidèlemeut rendu les poissons desséchés qui étaient en sa possession. XII. 29 ( 402 ) la mer nous était fermée; nos colonies nous étaïent devenues étrangères et ne nous envoyaient plus au- cunes de leurs productions. Que l’on ajouté que le ca- ractère poli et confiant de cet excellent homme ne lui permettait pas d'élever de doute sur les assertions de ses contemporains, et l'on ne s’étonnera plus qu’il ait adopté sans contradiction les genres et les espèces de Gmelin et de Bloch, et n'ait soumis aucune de leurs indications à un nouvel examen; qu’il ait été conduit ainsi à ajouter à leurs ‘listes des espèces qui rentraïent dans les leurs ; que les matériaux même qu’il avait eus sous les yeux , soit au Cabinet , soit dans les papiers de Commerson et de Plumier , se soient quelquéfois mul- upliés sous sa plume , au point que tel poisson repa- raît quatre ou cinq fois dans son livre comme autant d’espèces , en sorte que sur les quatorze ou quinze cents qu’il énumère, il faut en retrancher certainement plus : de deux cents. # | Je ne parlerai point ici de a partie de sa méthode qui lui est propre, et qui, se fondant sur la présence ou sur l'absence des opercules et des rayons des branchies, est entièrement contraire aux rapports naturels et même à la réalité des organisations ; ses genres eux-mêmes sont très-souvent établis sur des détails peu importans , parce que , n'étant point anatomiste , il n'avait pu saisir complètement les lois de la subordination des caractères. D'ailleurs , depuis vingt-cixq ans et plus que lPhis- toire des poissons de M. de Lacépède a été imprimée à l'ichtyologie s’est vue enrichie de plusieurs ouvrages par- ticuliers du plus grand intérêt. M. Rafinesque ; pour les poissons de la Sicile ; M. Risso , pour ceux de Nice; (405 ) M. Mitchill pour ceux dés Etats-Unis ; M. Russell, pour ceux de la côte de Coromandel; M. Buchanan , pour ceux du Gange , sans parler de beaucoup d'observateurs dont les écrits sont moins étendus , ont ajouté de nombreuses espèces à celles qui, avaient été portées dans nos méthodes, et il devenait pressant de comparer ces différens écrits entre eux et avec les ouvrages plus anciens , et de dresser un catalogue plus complet que ceux qne l’on possède , et surtout moins défectueux sous le rapport de l'ordre et de ‘la teritique des espèces , en mème témps que tout invi- tait à fonder sur ce catalogue une histoire qui répondit à son exactitude , et qui , par des considérations plus va- riées® des faits plus nombreux , offrit plus de matière à la méditation. C’est ce travail , dont je sentais depuis long-temps la nécessité , que je me suis enfim-détérminé à entrepren- dre , confiant dans l’immensité des matériaux que mon heureuse position m'a offerts , et dans la coopération d’un élève et d’un ami, M. Valenciennes , qui n’a pas cessé depuis douze ans de me seconder dans tous mes travaux préparatoires. | | Moi-mème ; depuis bien des années, je recueille une partie de ces matériaux. Dès 1788 et 1789, sur les côtes de Normandie , j'ai décrit, disséqué et dessiné de ma maïn presque tous les Poissons de la Manche , et une partie des observa- tions que j'ai faites à cette époque m'a servi pour mon Tableau élémentaire de zoologie et pour mes Lecons d'anatomie comparée. En 1803, dans un séjour de plusieurs mois à Mar- selle , je continuai ce genre de recherches sur les Pois- sons de la Méditerranée. (404) Je le repris, en 1809, et 1810, à Gênes, et, en 1813, dans divers liéux de l'Italie , et j ’ai donné quelques échantillons des observations que je fis à À cette époque ) dans les premiers volumes des Mémoires du Muüséum. Ce fut surtout alors que.ÿe commençai à m’aperce- voir combien toutes les ichtyologies! Existantes étaient encore imparfai es , et dans leur rapprochemens , et dans la critique des synonymes , et même dans les caractères qu'elles assignaient aux espèces. Je cherchai doné une occasion de faire une étude gé- nérale et comparative de toute la classe des Poissons, et je la trouvai , lorsqu'il s’agit de disposer la grande col- lection que feu Péron avait rapportée de la mer des Indes. MM..de Lacépède et Duméril ayant bien voulu permeltre que je me chargeasse de ce travail , je com- ‘pris dans mon arrangement les anciéns Poissons du Ca- binet du Roi, ceux du cabinet du Stadhouder , ceux de Commerson , que M. Duméril avait heureusement recouvrés et mis en ordré, ceux que feu M. de Laro- che avait rapportés d'Ivica , et ceux que feu M. Dela- lande était allé chercher à Toulon. ER | C’est sur cette première revue que j'ai radite . pen daut lés années si troublées de 1814 et de 1815 , la par- tie des Poissons de mon Règne animal , imprimé en 1917: Îl à dû être évident pour tous mes lecteurs que, dans ce livre, la méthode, les caractères des genres * leuf division en sous-genres Au critique des espèces , sont les résultats d’ une étude faite sur la nalure même Û et l'on a pu déjà y apercevoir de combien de corrections les ouvrages EU, étaient susceptibles. Depuis Tors , er n° ai pas cessé d'employer , de concert avec mes coflégues les pr rofesseurs “d'ichtyologie , ous su CET les mÔyens : 4 Hotre disposition pour accroître. cceute partie du Cabinet du Roi, et les Ministres de la marine , “les. officiers à leurs ordres , les chefs des colonies , , aa constamment dé mes efforts et ceux de l Adminis- mr tration du Muséum , la collection a été portée , en peu d années , à un nombre surprenant | À puisqu il est plus que quadruple de ceux ‘que présentent les ouvrages les plus nouveaux (+). | (1) M. Cuvier indique ic ici avec détail les diversv voyageu rs ‘sauxquels l collection du Muséum est redevable de cet accroissemen rapide. Ce sont MM. Péron et Lésueur qui ont formé la base de cette partie des collections du Must Dépuis elle a reçu de nombreuses additions de MM. Delalande ae Hire de S. A, le prince Masi- milien de Nedà vied , de sou les À 5 des mers du Brésil ; dé MM. Richard, Leblo © , Lesc uit et Doumerc , pou: ceux de la PR dé MM. Pley, Lefort, Rivard, Pééy, qui ont ré cueillis ceüx des, mers des Antilles et du golfe RPPRTES de M. de Humboldt pour ceux de l'Amérique » méridic " MM. Bosc, Milbert , ; Lesueur , Dekai ù Mi il, de l Ps, out adréssé éeux de ram iqus septentrionale. Ceux dé PAfriqhies sont dus \MM! ere Mas ceux de l'Inde et des mersvoisines ont été envoyés rai Muséum par MM. Les- chenault., “Mathieu ; Dird et, Duvaucel , À Reinwardt et Dussamier.. M. Éhrenberg a comuniqué ses doubles et ses dessins des poissous de la mer Rouge. etidu Nil; M. 'Tilesius ceux da Japon et du Kamis- chatka; M. Lichtenstein ceux récueillis par Pallas ‘et phie, ve dorf , et: conservés dans le cabinet de Berlin, : + ne Pour les poissons d'Europe , MM. Delalande , Laroche, Risso ; Sul nelli, Savigny, Biberon , le docteur Leach , Pamiral de Rigoy, M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire et M. Polydore Roux de Marseille , out rendu très-richella suite des poissons de la Méditerranée. . Ceux dés côtes de l'Océan éntété réunis par MM. d'Orbigny ; Gar- not;: Baillon , et ceux des mers polaires ont été envoyés par MM. Noel de la Morinière et par M. Reinhardt, professeur à Copenhague. ‘Les poissons d'éau douce sont particulièrément dus aux collectious formées par MM. Hammer de Strasbonrg, Decandolle et Mayor, Bose, ( 406 ) La réunion de ces nombreux euvois a eu bientôt porté celte partie du Cabinet du Roi à près de cinq mille es- pèces , et à plus de quinze mille individus , et c’est sur un fonds si riche que nous avons travaillé. Autorisés à à le disposer de Ja manière Ja plus avanta- geuse à la sciénce , toutes les: fois que le nombre des individus de chaque espèce l’a permis , nous en avons retiré les viscbes , et nous en avons fait préparer les squelettes. Le nombre de ces squelettes, nécessaires non-seulentent pour la connaissance des Poissons exis- tans , mais encore pour. la déteMpination des Poissons fossiles ; va maintenant à près de mille, Souvent on en a démonté toutes les parties, dé manière à les analy- ser dans le plus grand détail : ainsi nous‘avons près de deux cents têtes, divisées chacune dans tous les os et osselets qui la composent, où coupées de diverses manières. Les appareils ioïdes et” branchiaux de plus de cent espèces sont détachés et préparés de, façon que toutes leurs parties.sont renduessensibles. On a exé- cuté aussi un nombre d’iujections suffisant pour faire connaître la marche des vaisseaux ,et l’ona mis à nu Savigny ; Canali , Brédin, Schreibers, Lichtenstein ; Thienemann , Nitsch, Valenciennes ; ét ceux des fleuves de la Russie aux soins de S. A. 1. la se PABRENE Héèee et de M. Gamba , consul de France en Géorgie. Enfin, durant les 1e, ? voyages de MM. Freycinet et Duperrey, MM. Quoy et,Gaïmard , Garnot et Lesson , ont réuni des collections considérables de poissons des mers qu’ils ont parcourues. Outre ces envois faits à la collection du Muséum , M. Cuvier à reçu de M. Temminck la communication des échantillons et des dessins de MM. Kubl et Van Hasselt , et madamé Bowdich lui a adressé des co- pies des dessius de Forster et de Farine conservés dans la biblio- thèque de Banks. ( 407 ) beaucoup : de cerveaux ; on a suivi les nerfs dans plu- sieurs espèces ; les yeux d’un très-grand sure ont été préparés à part. On a préparé aussi plusieurs oreilles, et l’on a recueilli , autant que l’on à pu, les pierres de l'oreille des squelettes que l’on a faits. Les vessies natatoires ont été exposées à part ; lorsqu'elles avaient * quelque chose de remarquable. Il en a été de même .des organes de la génération , et toutés ces pré- parations sont placées dans le cabinet d'anatomie eom- parée du Muséum , avec des étiquettes qui. se rappor- tent à notre ouvrage; en sorte que les natüralistes-pour- ront toujours vérifier et rectifier ; s’il est nécessaire * ce que nous en aurons dit, sans craindre ; comme ik arrive trop souvent, de ne. A avoir observé les mêmes. espèces ne nous. | .. Ge n’est pas à nous qu’il sidbiiqil de juger le parti ‘dûe nous avons tiré de tant de richesses :: nous nous. en reméttons à cet égard, à la décision des naturalistes. Ce que nous osons,dire, c’est -qu’il n'aura pas tenu à nous que ces. nombreux Poissons ne soient décrits d’une ma- nière toujours reconnäissable, que leurs rapports ne soient établis sur l’ensemble de leur organisation , et que leur histoire ne soit détaillée et fondée sur les té- moignages les plus dignes de-foi. . La marche que nous avons suivie est celle. de mes. _ autres ouvrages , qui paraît aveir-reçu d'approbation des naturalistes : examiner l’organisation de chaque espèce à, l’extérieur et à l’intérieur ; rapprocher les espèces qui nediflèrent.que par la grandeur , les couleurs, les proportions ; en former de petits groupes que l’on rap- proche eux-mèmes entre eux d'après l’ensemble de leur ( 408 ) conformation , et remonter ainsi à des groupes de plus en plus généraux , que l’on distribue toujours d’après les mêmes règles. À cet égard nous ne nous sommes pas bornés à nos propres aperçus, et les vues et les recherches d’ana- tomie philosophique que l’histoire naturelle a duesdans ces dernières années à MM. Autenrieth , Spix , Oken , Bojanus, Rathke, Geoffroy Saint-Hilaire et à tous ceux qui ont marché sur leurs traces , n’ont pas été prises en moindre considération que les travaux d’ichtyologie proprement.dits. Nous les discutons, mous les compa- rons à nos propres idées , et lorsque nous n’adoptons point entièrement celles de ces savans respectables, nous présentons nos motifs avec les égards qui leur sont dus. Quant à nos descriptions , elles portent également sur l’intérieur et l'extérieur , sans excédér pour celafüne étendue raisonnable. -:: 17 HET OR . Les nombreuses subdivisions que nous avons intro duites, ne ‘laissant dans nos derniers «groupes que ‘des espèces extrêmement semblables , nous en clioïsissons une ; la plus connue, la plus intéressante où la plus facile à se procurer , et nous la décrivons dans le plus grand détail , en commençant par sa forme générale, pas- sant ensuite à chacune de ses parties jusqu'aux écailles, et finissant par ses couleurs et par sa grandeur , dé manière que ce qu’elle a de plus constant soit en tête de sa des- cription , laquelle se termine par ce qu'il ya de plus va- riable. Nous faisons connaître ensuite les viscères et de squelette. Après cette première description 1} mous est facile de réduire celle des’ autres espèces du même groupe à des termes comparatifs. PT OR TS ( 409 ) Des ‘dessins faits sous nos yeux par MM. Werner et Laurillard , dont les talens sont déjà bien connus” ‘du public , suppléent à ce que la parole ne peut exprimer. Îl yen aura au moins un pour chaque groupe , c'est= à-dire pour chacune des dernières subdivisions ; et on les multipliera lorsque les. formes singulières le dl - deront , ou lorsque les caractères des espèces reposeront _ sur desscourbures légères ou d’autres différences de for- mes que le dessin seulpeut rendre.» L'histoire de chaque espèce aura pour premièré base une synonymie rigoureuse. C’est la partie de notre tra- vail qui nôus a donné le plus dé peine; parceque rien n’a été plus’ négligé par nos prédécesseurs et ne se trouve aujourd’hui dans une plus grande confusion , que ces rapprochemens des témoignages de divers au- ténrs que l’on rapporte à une même espèce. Ilrest ar- rivé én cent endroits , que l’on a considéré comme iden- tiques . des Poissons de parages fort éloignés , différens entre eux, même pour les génres ; ce qui a donné les idées les plus faussés sur leurs habitations , sur l’exten- sion de chaque éépèce; ce qui à fait attribuer à l’un les mœurs de l’autre ; et a produit beaucoup d’autres erreurs. © Le 42.7 HMS. À | Les anciens , les*Grecs surtout ; dont le paÿs est entrecoupé de tant de golfes et de bras de mer, ont connu beaucoup de Poissons , et fait à leur sujet des observations curieuses , dont on a vérifié quelques-unes dans ces derniers témps; mais comme ils n'ont presque songé à prendre aucune précaution pour faire recon- naître les espèces dont ils parlent , il est souvent difli- cile d'appliquer leurs observations avec justesse. Nous ( 410 ) avons fait tous nos eflorts pour retrouver leur nomen- clature, et nous croyons y être parvenus en plusieurs cas avec plus de succès que nos prédécesseurs. Ce sera aussi là une partie de notre ouvrage qui ne pourra man- quer d’intéresser les amis d’une élégante érudition. Une fois la synonymie assurée, ila été facile deren- dre à chaque espèce ce qui lui appartient , et d'établir ainsi son histoire avec plus de certitude, Cependant nous ne nous sommes pas bornés sur ce point à rassem- bler les faits;allégnés par les auteurs. Toutes lés fois que nous: l'avons pu nous avons recueilli Les dires des pècheurs.; l'un de nous.les a souvent aécompagnés dans leurs pêches; nous avons cherché à observer par nous- mêmes les Poissons à notre portée , à suivre leurs mou- vemens., Nos correspondans nous ont fourni aussi des faits précieux sur les habitudes de quelques Poissons des pays lointains, et au total cette branche de l'ich- iyologie, la plus pauvre de toutes jusqu'à ce jour , wrou- vera aussi à s'enrichir par notre ouvrage : elle y.sera surtout débarrassée de beaucoup de fables , ce qui est le plus SFSMAGOTE des enrichissemens, On conçoit qu'un ouvrage tel que celui que nous an- nonçons , et qui sera original et fait sur nature dans toutes ses parties , a exigé bien du temps et de grands efforts : occupé comme je de suis, et par des fonctions publiques et par tant d'autres travaux , j'ai senti dès le premier moment que je ne pourrais l’exécuter sans aide ; mais j'ai été assez heureux pour en trouver un, qui au besoïn l'aurait lui-même composé tout entier. Pendant trois ans, M. Valenciennes et moi, nous n'avons cessé d'examiner un à un tous nos Poissons , de les rappro- ( 411 ) cher suivant leurs ressemblances , de marquer toutes les distinctions que nous apercevions entre leurs groupes, de rechercher s’il en existait des figures et des descrip- tions dans les auteurs , et d’en prendre nous-mêmes des descriptions abrégées. Cette opération s’est .continuée depuis lors sans interruption , et encore aujourd'hui , à mesure que l’on reçoit de nouveaux envois, aucun Poisson ne s’y trouve qui ne soit aussitôt mis.à sa place après un examen scrupuleux. Ce n’est que sur la collection ainsi disposée que nous avons commencé à rédiger nos. deseriptions définitives , à faire nos dissections , à compléter notre réels et à écrire enfin nos histoires. M. Valenciennes s’est chargé en général de mettre par écrit nos observations sur les yiscères ; il a rédigé aussi plusieurs articles sur des genres considérables ; tout ce qui est de sa maïn sera signé de lui. Je signerai égale- ment tous mes articles qui, pour la rédaction , forme- ront le grand nombre, mais qui n’en auront pas moins pour"base , comme les siens , nos études préliminaires faites en commun. Tout l'ouvrage sera précédé d’une histoire de l’ich- tyologie , où je m'eflorce de suivre ses progrès dans tous les âges , depuis les Egyptiens j jusqu'à nous , assignant à chaque écrivain Ja part qu’il a prise à ces progrès , et faisant connaître chaque ouvrage, soit général ; soit particulier , avec une indication de ce qu'il contient , des. circonstances où il a été rédigé , et des moyens plus où moins complets qui étaient à la portée de son auteur. Les ichtyologistes y seront jugés avec toute l’impartialité dont je suis capable. ] ( 412) Viendra ensuite un traité général sur la pature des Poissons , où je donne Îles idées nécessaires de leurs or- ganes extérieurs et intérieurs, et où jé compare leur anatomie et leur RETREOES à Cu des autres classes d'animaux. | a, Ce traité sera appuyé de figures qui représenteront dans lewplus grand détail les os , les viscères ,: le Sys- tème vasculaire et le système nerveux d’un Poisson , et formeront ainsi une monographie-modèle, de laquelle nous partirons comme base pour n6s autres anatomies. Nous donnerons {de temps en ee des monographies semblables pour les espèces ile s “écarteront le plus. de ce premier type. “Nous avons choisi la Perche pour objet ah ces plan- ches ; parce que c'est un Poisson facile à se procurer dans presque toutés les contrées de Y hémisphère sep- tentrional , et sur lequel ilsera aisé à nos lecteurs de suivre nos descriptions , et plus encore parce qu ’elle peut être considérée comimé le représentant des Pois- sons à nageoires épineuses , dits açanthoptéry giens À lesquels comprennent les deux tiers de toute la classe ét’conservent éntre eux une ressemblance bien plus grande qne ceux de toutes les autres divisions ; en sorte qué qui connait bien la Perche et toutes ses’ parties, péüt ; ‘en süpposant quelques différences dans les pro= portions , se faire aisément une idée de l’organisation du plus grañid nombre des autres Poissons. ; Aucune autre éspèce commune n'aurait cet avantage; ét c’est ce qui à détérminé notre point de départ. C'est aussi ce qui nous à engagés à placer l’histoire natu- relle de la Perche en tête de toutes les autres. et stere : Le rl TR Nr sn EL D | + plus. (415 ) Après ayoir traité de la Perche commune et des es- pèces étrangères qui s'y rapportent , il nous est facile de décrire les autres Perches de nos climats, telles, que Bars , Sandres , Aprons,, Gremilles, Serrans ; etc. et de faire de chacune de leurs formes le chef de file d’ une série plus ou moins considérable d’ espèces, ou dé ce que nous appelons un sous-genre. | Nous suivrons la même méthode par rapport aux Per- coïdes à joues cuirassées , tels que Trigles, Scorpènes et Cottes ; aux Sciènes , aux Spares , aux Chétodons ,,aux Scombres , nan mot, à toutes les familles. des Acan- thoptéry giens: après quoinous passerons aux aütressub- divisions. Chaque genre, chaque sous-genre commen cera par l'espèce ou les espèces indigènes,, lorsqu'il y en aura , et l'on placera à sa suite les espèces Po. dans l ‘ordre de leur ressemblanée. Les genres ou sous- genres entièrement étrangers. viendront près desigenves et des sous-genxes indigènes dont ils se rapprochent le 11 résulte de cet arrangement que nos preliers | vo- lumes auront pour objet les genres à la fois les plus riches en espèces. et les. plus incomplètement décrits jus- quà ce jour , ‘et que nous aurons ainsi à éclaircir d'abord la partie jusqu'à présent regardée eomme la plus difi- cile de V ichyologie , celle des Perches , des Sciènes , des Spares , sur Jaquelle tôus les naturalistes convien- nent de leur embarras. Dès ce moment elle nous sem- ble ramené à des divisions et à des caractères si simples “ el. nos espèces sont rangées d'une, manière si. analogue à leur structure la plus apparenté,eh: mème temps, qu ’à ef. Bréimiation la LE FPE ; w ilmer mots’ pa - #5 "4 ( 414 ) raît plus pouvoir s'y rencontrer aucune difficulté sé- rieuse. | Nous terminerons par l'histoire des Chondroptéry- giens qui semblent former une classe distincte, tant leur organisation offre de particularités , ét qui semblent même , par la Lamproïe et l’Ammocète, conduire aux animaux des classes inférieures. Nous donnerons aussi des monographies de leurs principales combinaisons or- ganiques (1). Le présent Prospectus n’a pas seulement pour objet dé procurer une basé aux opérations du-libraire, en lui donnant les moyens de connaître le débit sur lequel il peut compter ; nous espérons aussi que les naturalistes le considèreront comme une invitation de nous secon- der dati une entreprise qui intéresse la sciénce , en nous communiquant les documens et les faïts qui sont à leur disposition et qui pourraient compléter ou perfectionner notre travail. Nous nous ferons un devoir et un hon- neur de leur témoigner notre reconnaissance, chaque foïs que nous profiterons de leurs recherches. (1) Cette Histoire des Poissons formera de 15 à 20 volumes in-8o, ou de 8 à 10 volumes in-4o. Elle est assez avancée pour que les livraisons se succèdent sans interruption. | La publication se fera par livraison d’un volume de texte, avec un cahier de 15 à 20 planches, excepté lafpremière livraison , qui sera de deux volumes; elle paraîtra au commencement de 1828 ; et les sui- vantes de trois mois en trois mois. | ) Le prix de chaque livraison d’un volume avec un cahier de 15 à 20 planches , Sür papier carré superfin satiné , sera de 13 fr, 5è c. ; sur papier cavalier vélin. de 18 fr. — (Il ne sera tiré sur ce papier qu’un tit nombre d'exemplaires , texte et planches , destinés à accompagner édition des OEuvres de Buffon , imprimée sur ce format. ) | La livraison in-40 d’un demi-volume , représentant le volume in-8o avec le inême nombre de planches tirées in-4°, sur carré superfin sa- tiné, 18 fr. — ( Ce format, tiré à petit nombre, est destiné à accom- pa sh Buflon , édition de l’imprimerie royale.) outes les planches seront imprimées sur papier vélin ; ilen sera fait des exemplaires coloriés , pour lesquels le prix sera de 10 francs de plus par livraison. Chez Levrault , Libraire -Éditeur, rue de Laharpe, no 81, à Paris, : C5) Misomx sur le | démon: du Poulet dans d y Par Mn. Prévosr et Dumas (1). Nous avons entrepris sous deux points de vue tout-à- fait différens cette partie de notre ouvrage. Première- ment dans le but de reconnaîlne, les altérations que la fécondation apporte dans l'œuf, et en second lieu pour (x) Je publie ce Mémoire , le dernier de ceux qui composent notre travail surla Génération, tel qu’il fut écrit lors du dépôt fait à V’Aca- démie , à Voccasion du concours. Les précédens l’ont été également sans modification. Quant à celui-ci, nous avions mis en tête une note que je transcris , afin de disposer le lecteur à quelque indulgence. « La » rédaction de cette partie de notre ouvrage doit être refondué, ayant » été faite avec un peu de précipitation : les dessins péuvént d’ailleurs » suppléer aisément au texte. » Il est nécessaire d’expliquer comment il se fait , qu’au bout de quelques années , nous soyons dans le cas d’a- dresser la même observation au public. En voici la raison. Peu de temps après le dépôt de notre Mémoire à l’Académie, M. Prévost partit pour Genève sa pätrie ; et je me fixai à Paris. À partir de cette époque, nos recherches ne pouvaient plus être communes , les miennes ayant été consacrées plus specialement à la chimie , tandis que M, Prévost a continué avec zèle ses travaux physiologiques ; or, il s’est beaucoup ns du sujet dont il est question dans ce Mémoire , il a mis à profit le précieuxmicroscope d'Amici pour éclaircir des points laissés dans le doute, ou pour rectifier des mexactitudes qui nous avaient échappé. Ii m'importe donc singulièrement d’établir et de faire connaître ce que nous avions fait ensemble , sans y rien ajouter, afin que M; Prévost puisse faire jouir Le public du fruit de ses observations personnelles , en conservant tout entier l’honneur qu’il doit en espérer. J’ose me flatter que ces motifs de délicatesse seront assez bien compris et appréciés, pour qu’on veuille excuser les erreurs que cet écrit peut renfermer, et que M. Prévost redressera sans doute, puisqu’il ne nous a pas été per- mis de revoir ensemble notre ouvrage. (3. Dumas.) ‘ ( 416 ) examiner le mode de développenent de chacun des systèmes d'organes en particulier. Cette dernière recher- che comprend toute l’organogénésie, et doit être distin- guée de la précédente qui se borne à l’examen des con- ditions appréciables de la fécondation. Nous ne donne- rons ici que les documens nécessaires à l'intelligence de notre théorie de la génération, tout le reste étant réservé pour un ouvrage spécial, que nous ne pouvons plus continuer. + | Il existe beaucoup d’écrits sur l’évolution du poulet dans l'œuf. Malpighy nons a donné, sans contredit, le ta- bleau le plus élégant et le plus complet de l'incbatiôn. Ses successeurs ont retouché son ouvrage dans certaines parties, ont corrigé des erreurs , ou complété des obser- vations négligées , mais le cadre qu’il a tracé restera comme un monument glorieux de son génie observa- teur. La partie de ses recherches relative aux premières heures nous semble avoir été faite sans toucher en au- cune manière au jaune , quoiqu'’en ait dit Haller, et c’est à celte circonstance que paraissent dues les figures. bi- zarres qu'il nous a transmises. En effet, la cicatricule est superposée à une masse d’un blanc opaque , qui n’en fait partie que dans les premiers instans de L'existence du fœtus et peut - être même jamais. La transparence de la cicatricule‘permet de voir ce noyau blanc tant qu’il existe, C'est-à-dire pendant cinquante ou soixante heu- res; mais comme son image perd beaucoup de sa netteté Lab elle est ainsi vue au travers de plusieurs membra- nes , il simule tantôt une espèce d’évoilé"ou de soleil ra- dié , tantôt une vésicüle flottante, quelquefois enfin 3l Ç L C vw: 1 Lu ( 417) corncill tellement avec la partie inférieure de l'embryon qu’on croirait que celle-ci se termine par une espèce de sphère. Mais cette illusion est bientôt détruite, si l’on essaye de séparer la cicatricule du jaune. Elle s’en déta- che aisément sans altération quelÿonque et laisse le nu- cléus blanc très-entier , adhérent à la substance même du jaune, Toutes les personnes qui prendront la peine d'examiner le sujet avec quelque soin, seront bientôt convairicues que les figures 4, 6, 7, 11, du premier Mémoire de Malpighi sont altérées par ceite circon- stance. Il en est de même des figures 13, 14, 18, 22, 24, 30, de son second Mémoire. Ces remarques parai- tront très simples , si l’on admet que cet. auteur n’a fait aucune de ces observations par transparence. Les corps opaques sont d’un examen trop difficile au mi- croscope ordinaire, pour qu’il soit possible d’éviter des erreurs de cette nature. Pander, parmi les modernes nous a paru fournir les meilleurs renseignemens depuis la neuvième ou la dou- zième heure de l’incubation , jusqu’au cinquième jour. Mais pour les premières heures il.a commis, à ce que nous pensons, quelques inexactitudes. | Nous avons fait usage de divers procédés d’incubation. Les poules , les poules d’Inde nous ont servi pendant long-temps , mais nous avons enfin donné la préférence à une couveuse artificielle qui nous a permis de tenter quelques expériences chimiques et physiques, sur les œufs pendant l’évolution des poulets. Nous nous pro- posions de poursuivre ces recherches , et de donner la description des. monstres que l’on produit à à volonté par des variations de température, des altérations de l’atmo- xu. 27 (418) sphère quientoure les œufs, et des influënces galvaniques, mais il ne nous reste sur ces points ni des dessins et des notes incomplètes. Nous entrerôns dans quelques détails sur les procédés d'incubation. Tous 16 œufs pour se développer ont be- soin du contact de l’air ou plutôt de l’oxigène de Pair. Mais en outre les fœtus des animaux à sang chaud, ne peuvent se passer de l'influence d’une température élevée, comprise dans les limites de 25 ou 26° centigr. au moins, et de 44 où 45° centigr. au plus. Il en résulte, quant aux œufs des ôiseaux, que si on les abandonnait à eux mêmes , ils n’éprouvéraïient aucun changement organi-- que. Dans les circonstances ordinaires la mère les couve, c’est-à-dire en élève la température, en s’accroupissant sur la masse d'œufs qu’elle a pondus et rassemblés dans son nid. Elle nè quitte cette position fatigante qu’une fois ou deux par jour, pour prendre sa nourriture et pour retourner les œufs , afin qu'ils soient tour à tour amenés aù contact de son corps. On conçoit que dans de sem- blables circonstances les œufs ont , à la fois, la chaleur et l'air qui leur sont nécessaires. Les œufs de poule étant le plus souvent choïsis par les observateurs , a case de leur abondance et de leur bas prix , dans les recherchés relatives à l’incubation ; il semble, au premier abord, que les poules elles- mêmes doivent être les animaux les plus commodes pour diriger cette opération, sans astreindre l'observateur à des soins trop assidus. Les poulés ordinaires eouvent assez Wien, en effét, pendant vingt ou vingt - cinq jours , maïs lorsqu'au bout de ce temps les œufs ne sont pas éclos, leur patience se lasse vite, ellés cessent de Ch) couver, et le plus souvent.crêvent à coup de bec lesmou- veaux œufs.qu’on leur confie. Il n’en n’est point de même des poules d'Inde. À cet égard leur instinct est tout-à-fait différent et leur 1enacité sans bornes. Elles couvent pendant cinq mois, six mois, en un mot jusqu’à ce qu’elles succombent à l’état de marasme auquel, ce genre de vie les réduit. Nous en avons eu plusieurs dans le cours:de nos expériences, Toutes ont montré,la même résignation, sans examiner, si on renouvelait les œufs, si on en .ôlait, si on en goutait, tandis que, les poules ordinaires cessent souvent de couver. si elles me retrouvent pas toujours leurs-œufs en même nombre ;æt quelquefois même si on a trop altéré leur position rela - tive. Lorsqu’elles avaient couvé pendant, plusieurs. mois, les poules d'Inde se trouvaient réduites à un état ex- traordinaire de maigreur, et J'autopsie, faisait toujours reconnaître des altérations profondes et identiques dans tous -les viscères. Les intestins présenitaient des adlré- rences morbides, très-multipliées soit entre,eux, soit avec les membranes abdominales; le foie, le cœur et les poumons , étaient couverts de petites taches blanches et avaient également contracté des adhérences avec les or- * games voisins. À l'extérieur tous les ravages d’une maladie longue se faisaient également apercevoir. Le plumags était en grande partie tombé et ce qui restait était flétri comme au temps de la mue. Sucecombant à cet état chro- nique, ces animaux mourraient quelquefois sans aban- donner leurs œufs. Pendant toute la durée de leur incuba- tion elles ne les quittaient jamais , il fallait les enlever du nid pour leur faire prendre leur nourriture.et lorsqu'on les avait remises en place , elles ne se dérangeaient plus. (420 ) La poule d'Inde est donc l'instrument d’incubation le plus commode pour un observateur. Mais on peut en toute saison et en toute circonstance s'en procurer un qui donne des ‘résultats plus réguliers. C’est une cou- veuse artificielle dont nous nous sommes servis très-sou- vent. Qu'on se représente deux vases cylindriques en ferblanc , l’un de dix pouces de diamètre sur un pied de hauteur et l’autre plus petit dans un tel rapport qu’en le plaçant dans le plus grand il reste entre eux un vide d’un pouce dans tous les sens. Ce vide doit contenir l’eau ‘chaude destinée à élever la température des œufs qu’on ‘place dans le petit vase. Six tuyaux d’une ligne de dia- mètre placés à la partie inférieure de l'appareil et s’ou- vrant en dehors , amènent de l’air dans le vase intérieur. On place au fond de ce dernier un lit de coton, puis les ‘œufs au nombre devingt ou vingt-cinq, enfin un lit de coton pour les préserver du refroidissement. On ferme l'appareil äu moyen d’un couvercle percé de trous comme une écumoire. Voici maintenant le principe sur lequel repose cet instrument. Il doit être calculé dema- nière qu'il perde pas'le rayonnement ou l'action de l’air extérieur, précisément autant de chaleur qu’il en ac- quiert par l'influence d’une petite lampe placée au-des- sous dellui. C’est à quoi on arrive par une étude de quél- ques jours, en observant sa marche au moyen d’un ther- momètre placé dans l’eau et d’un autre qu'on met au tnilieu des œufs, on remplit l'intervalle des deux vases d'eau à 45° €. et on allume la lampe, qui à la rigueur peut-être une veilleuse ordinaire. Si la température s’é- lève on éloigne la flamme, si elle s’abaisse on la rap- proche et l’oh ‘arrive bientôt à déterminer la distance | ( 421 qui convient à l’appareil et à la flamme. La veilleuse ordinaire à l'huile a plusieurs inconvéniens. Elle exige unwrenouvellement fréquent , les mèches donnent beau- coup de chaleur au commencement et peu à la fin, à cause du champignon qui s’est formé. Ces inconvéniens n'existent plus si on la remplace par une lampe à alcool à niveau constant et à mèche d’amianthe. On obtient ainsi une flamme égale et à peu de frais , car on ne brûle pas deux onces d'alcool en vingt-quatre heures. OEuf dans l'ovaire. Son histoire ne laisse pas grand chose à désirer depuis les travaux de sir Éverard Home , et ceux de M. Geof- froy de Saint-Hilaire. Nous avons supprimé la planche qui lui étoit consacrée, à cause de sa ressemblance avec celle que M. Geoffroy a publiée dans les Annales du Muséum et à laquelle nous renverrons , n’ayant rien vu qui ne s’y trouve compris. Les j jaunes de l'ovaire ont une cicatricule très appa- rente , elle consiste en une lame membraneuse blanche placée sous la membrane du jaune et posée sur le vitel- lus. Elle est marquée de deux cercles concentriques é® d’un point plus transparent qui en occupe le centre. Ce dernier semble produit par une ouverture de la mem- brane du jaune. Sous tous les rapports cette cicatricule ressemble à celle que nous avons déjà décrite dans les œufs de gre= nouilles avant la fécondation. ; (438950 OEuf de poule infécond. (PT. 48 , fig. et A.) Il semble que la cicatricule de cet œuf devrait se rapporter à la forme que nous venons de signaler dans l'œuf pris à l'ovaire; il n’en est pourtant pas ainsi : elle se distingue, soit de cette dernière , soit de la cicatri- cule de l’œuf fécondé par des différences très-marquées, et un seul coup d'œil -suflit lorsqu'on est exercé à ce genre de recherches ; mais lès personnes qui font cet exa- men pour la première fois doivent y employer une loupe faible et très-nette. A l'œil nu, on ne voit qu’une petite masse blanche , granuleuse , de forme irrégulière , entourée de quelques cercles d’un jaune pâle, peu distincts, et qu’il est quel- quefois tout-à-fait impossible d’apercevoir. Lorsqu'on examine cette partie à la loupe, on reconnaît que sa forme n’est point sans régulaxité. En effet, cette sub- stance blanche n’est qu'un véritable réseau qui laisse voir le jaune au travers de ses mailles, et dont le centre est occupé par une portion compacte plus épaisse et plus blanche : la zone grillée extérieure part de ce point cen- tral sous forme d’irradiations. Quand on a enlevé la membrane du jaune, on distingue beaucoup mieux cet aspect réticulé ; la cicatricule , qui demeure adhérente à celui-ci, se brise en petits grains si l’on essaie de l’en détacher, | Malpighi avait déjà reconnu cette apparence , que nous avons toujours vue , pourvu que les œufs fussent sufli- samment frais. L'incubation la fait varier quelquefois , et nous allons en citer un exemple. En examinant un “ | (423) œuf couvé pendant six heures , la membrane du jaune ayant été enlevée entraîna la cicatricule , qui s'en déta- cha pourtant avec facilité : celle-ci avait 4 à 5 milli- mètres de diamètre , et était percée de trous qui lui don- naient l'apparence d’une dentelle. A la loupe, elle offrit tous les caractères de la cicatricule inféconde, à cela près que la masse centrale était beaucoup moins consi- sidérable. Nous n'avons eu que trois fois l’occasion de vérifier cette observation, bien que nous ayons ouvert | plus de cinq cents œufs inféconds , qui avaient été couvés pendant un temps plus ou moins long : dans tous les autres cas, la cicatricule n'avait pa subi la moindre altération. Ces trois exemples peuvent-ils suffire pour faire ad- mettre , dans la cicatricule inféconde, une faculté. de végétation aussi remarquable ,; ou bien faut-il penser que la cicatricule avait déjà cette forme et ces dimensions extraordinaires ayant l’incubation? Quoi qu’il en soit de l'opinion qu'on pourra se former sur ce point, nous avons cru convenable de mentionner ce fait en passant. ‘Teiles sont les seules circonstances que nous ayons pu remarquer dans les œufs privés de l'influence fécon- dante. Il arrive pourtant quelquefois qu'on trouve sur leur membrane des vaisseaux remplis d’un sang rouge parfaitement distincts ; mais leur position, qui n’a rien de régulier, et la forme des globules du sang qu'ils ren- ferment, ne laissent aucun doute sur leur origine, Ils proviennent de la membrane de l'ovaire qui s'est sou- \dée accidentellement dans ces parties avec le jaune lui- même. D'ailleurs , de tels vaisseaux se rencontrent fré- quemment sur des œufs fécondés, et l'on peut s'assurer « (424) Là alors qu'ils n’ont RARE aucune connexion avec le systeme circulatoire de l’ anmal. OEuf fécondé non couvé. (P1. 48, fig. 2 et B.) Les observations que nous avons faites sur l'œuf fé- condé avant l’incubation ont été répétées un très-grand nombre de fois ; elle nous ont toujours fourni le même résultat : cependant, pour plus d’exactitude, nous avons cru devoir donner la préférence à la description et aux dessins qui ont été exécutés sur des œufs extraits de l’ = viducte, quelques heures avant la ponte. Sur ces der niers , la cicatricule a 6 millimètres de diamètre ; son centre est occupé par une portion membraneuse uni- forme , qui a 1,5 à 2 millimètres de diamètre , et qui offre une apparence Jenticulaire ; celle-ci est entourée par une zone plus compacte et plus blanche, limitée par deux cercles concentriques , d’un blanc mat. Dans la portion transparente de la membrane , on remarque ur corps blanc, ün peu allongé, disposé comme le rayon d’un cercle; en effet, sa partie céphalique, celle que nous re- connäîtrons du moins pour telle par la suite , arrive Jus- qu’au milieu de la membrane ; sa portion inférieure, au contraire , atteint sa circonférence. On peut apercevoir dans ce corps une ligne moyenne, blanche et arrondie au sommet : elle est entourée d’un bourrelet, également blanc, qui l’environne de tous côtés, et avec lequel sa partie inférieure se confond. Lorsqu'on a enlevé la mem- brane du jaune, on retrouve le inême aspect , mais plus distinct , surtout dans les premiers moméns , avant que l’eau ait agi sur le jaune suffisamment pour le blanchir. 4 L'( EI Si l’on essaie d’enlever la cicatricule, on y parvient aisément ; mais elle entraîne avec elle une petite masse blanche, granuleuse , située au-dessous d'elle, et adhé- rente à la zone extérieure. Pour les séparer, il suffit de renverser la cicatricule , et d’émietter la petite maëse dont nous parlons. On voit alors que l'aire transparente consiste en une membrane, d’un tissu lache et coton- neux , très-granuleuse au microscope. Le fœtus consiste. en une trace linéaire renflée au sommet , entourée d’une espèce de nuage obscur, qui constitue le bourrelet pré- cédemment cité. Avant de passer à la description des développemens que nous offriront les heures subséquentes , il ne sera pas inutile de donner ici quelques détails sur notre ma- nière d'observer. L'examen de la cicatricule, avant de l'avoir séparée du jaune, doit se faire dans un lieu peu éclairé. On met le jaune sous l'eau, et l’on fait tomber sur Île point qu'on veut regarder un rayon de soleil concentré par une lentille. Il est impossible , avec ces précautions, de ne pas retrouver les formes que nous venons d'indiquer, et il est très-probable que c’est la méthode qu'employait Malpighi, quoique cet auteur ne nous ait laissé au- cun éclaircissement à cet égard. Éclairé de la sorte , le fœtus se laisse apercevoir à l'œil nu; mais on le distin- gue mieux avec des loupes qui grossissent de dix à vingt fois : l’on ne saurait dépasser cette limite avec avantage, les granulations de la membrane du jaune, en se pro- nonçant, cacheraient les objets qui sont situés au-dessous d'elle. Pour enlever cette membrane , nous Wish le jaune ( 426 ) sous l’eau, et nous pratiquons , avec des ciseaux bien acérés, quatre ouvertures, que nous réunissons , au moyen d'une incision circulaire, à quelque distance de la cicatricule. Dans les premiers instans de l’incuba- tion , la membrane externe se sépare de celle-ci, et la laisse adhérente au pourtour extérieur du nucléus; plus tard , elle l’entraîne , la zone extérieure dont nous avons parlé ayant contracté des adhérences avec elle , et s’é- tant entièrement isolée du nucléus ; avec une aiguille très-fine, on rompt ces adhérences , la membrane étant toujours plongée dans l’eau ; après quoi l’on peut voir la : cicatricule, soit par réflexion, en la plaçant dans un vase plein d’eau, dont le fond est garui de cire noire, soit par transparence, en la plaçant sur une lame de verre , et l’éclairant inférieurement au moyen d’un mi- roir, à la manière ordinaire. Ces deux genres d’obser- vation doivent même être concurremment mis en usage ; l’un indique des formes que l’autre n’exprime pas, et en se critiquant mutuellement, ils donnent sur la réalité des apparences , des garanties que l’on n’obtiendraient pas en s’en tenant à un seul. OEuf après trois heures d’incubation. (PI. 48 , fig. 3, 4 et C.) La cicatricule a 8” de diamètre ; sa partie interne et transparente en a 3; le fœtus a 1"°”,1 de longueur. L'aire transparente se distingue de la petite glèbe sub- jacente , et il s’est déposé entre elles une couche de sé- rosité fort claire, qui, par la pression qu’elle exerce, donne à la membrane un peu de convexité, et lui fait dm it banni), à CA RSS, ice “ee Pr | (427) | assez bien simuler une vésicule remplie de liquide , dans la portion supérieure de laquelle flotterait le fœtus. Aussi Malpighi, qui s'est contenté de l'examiner sans en disséquer les diverses parties, la-t-il considérée comme un sac amniotique. Cette erreur est d'autant plus importante à rectifier, qu'elle a donné lieu à beau- coup de commentaires , et qu’elle a été reproduite par des observateurs récens. Le pourtour de la cicatricule, danssla partie où l'aire transparente se colle au jaune, prend plus de consistance , s’épaissit et acquiert un as- pect d’un blanc mat. Quelquefois cette partie offre des cercles concentriques, sur lesquels se dessinent des lignes rayonnantes; mais cet aspect n’est pas très-con- stant, et varie beaucoup dans ses dispositions particu- lières. Après avoir enlevé la membrane du jaune , on voit toute la cicatricule bien entière, adhérente à la sub- stance de celui-ci : elle offre le même aspect qu'aupara- * vant; mais la membrane transparente s’est affaissée de manière que l'apparence de vésicule est détruite. En la coupant avec des ciseaux très-fins ou une lame de lan- cette bien acérée, sur la ligne qui la réunit au jaune, on peut aisément enleyer la membrane; mais il faut la placer rapidement sur une lame de verre, et la sortir de l'eau ; sans cette précaution , elle se roulerait sur elle- ruème , et l’on ne pourrait plus l’étendre sans la lacérer. Le trait qui forme la partie rudimentaire du fœtus s environne d'un nuage plus étendu , au centre duquel il se dessine en blanc mat, lorsqu'on l’examine par ré- flexion. Son extrémité supérieure paraît légèrement py- riforme. Lorsqu'on a détaché l'aire transparente pour la voir par transmission , il faut l’enlever rapidement au | (428) moyen de la plaque de verre sur laquelle on veut la placer, car si elle se plisse , il est diflicile de la déployer de nouveau sans la gâter. Le fœtus, vu par'transpa- rence , présente une ligne noire, terminée, comme nous l'avons dit, par un petit renflement situé à sa partie antérieure. OEuf après six heures d’incubation. (PI. 48, fig 5.) Le petit renflement de l'aire pellucide est devenu plus saillant, la cicatricule entière a acquis un diamètre de 8"*,5 de diamètre, sa portion transparente en a 3 , 5 et le fœtus 1, 8 de longueur. Celui-ci lorsqu'on l’examine soit à l'œil nu, soit à l’aide d’une faible loupe, offre un aspect entièrement semblable aux descriptions pré- cédentes. Mais sa forme est devenue tellément dis- üncte qu'on ne peut expliquer comment l'aspect en a échappé si complètement à M. Pander, surtout lors- qu’il a cherché à retrouver les descriptions de Malpighi. La cicatricule adhère au jaune par toute la zone épaisse qui entoure l’aire pellucide, mais elle s’en détache plus aisément avant celte opération. On pourrait craindre d’avoir été induit en erreur par les fausses apparences que le nucléus est susceptible de produire, mais il suffit d'enlever la cicatricule après l'avoir mise à découvert en coupant la membrane du jaune. On voit très-bien alors le corps allongé composé comme nous l’avons déjà dit du renflement nébuleux et de la ligne qui en .occupe l'axe; en général celle-ci se voit moins, bien au premier abord, puis elle se dessine mieux peu à près ; probable- ment à cause de l’action de l'eau qui la blanchit ; enfin elle disparaît en raison des froncemens que la cicatricule (429) éprouve. L’aire pellucide présente une membrane gre- nue, grossière et parsemée de points plus denses. Nous entrerons ici dans quelques détails sur sa composition élémentaire; elle est sensiblement la même pendant les heures qui précèdent et suivent celle-ci jusqu’à une époque plus avancée où nous aurons soin de le remar- quer. Cette membrane vue par transmission à l’aide d'un grossissement de 300 diamètres, présente une forme tout-à-fait analogue à celle des membranes celluleuses en général ;'et telle que nous l’a donnée d’une manière fort exacte M. Milne Edwards, dans sa Thèse. Elle est com- posée de séries de petits globules réunis en chapelets qui se portent en différentes directions, en formant une so : trame irrégulière ou de tissu spongieux ; dans certains endroits les globules s’entassent , la lame cellu- laire s’épaissit et il en résulte de petites lames cotonneu- ses qui donnent quelquefois à la cicatricule , un aspect moucheté tout-à-fait particulier. Nous possédons déjà tous les renseignemens néces- saires pour discuter T'opinion de M. Pander. Dès les premiers instans de l'incubation, aperçoit -on deux lignes ou plis qui, venarft à se réunir ensuite , forment un canal dans l’intérieur duquel se développe la moelle épinière et le cerveau, ou bien ces deux plis se mon- trent-ils postérieurement à une époque pendant laquelle le fœtus serait déjà visible sous une forme quelcon- que? Tel est le point dans lequel il convient de se pla- cer pour juger avec certitude l'hypothèse de M. Pan- der. Cet habilé observateur a si bien décrit les phases avancées du développement du poulet , que nous avons dù mettre un soin tout particulier dans les expériences (430 ) que nous ayons entreprises relativement aux premières heures. à Nous avions déjà vu tous les faits que nous avons rap- portés à cet égard , lorsque nous avons pris connaissance de l'ouvrage de M. Pander. Depuis cette époque nous avons repris la même recherche à plusieurs fois, et nous en avons obtenu toujours des résultats indenti- ques. En récapitulant les observations dans lesquelles nous avons pu nettement apercevoir le fœtus dans les six premières heures d’incubation, nous pourrions en trouver près de cent. Nous possédons au moins trente dessins relatifs à ces époques, pris dans des circons- tances éloignées et très-différentes et tous parfaitement analogues entre eux, en ce qui concerne le point prin- cipal de la discussion. Les observations dont on vient dé lire le détailiet la comparaison de nos dessins avec ceux de M. Pander, montrent donc avec la dernière évidence que l'hypothèse de cet habile observateur n’est point fondée, En effet, il considère les deux lignés qui marquent les bords du nuage dont le trait fétal est entouré comme étant les premières indices du fœtus lwi-mêème. Il n'a vu ces deux lignes qu'à la neuvième heure de l'incubation, tandis qu’on peut les entrevoir dans l'œuf fécond même avant qu'il ait été couvé. Il considère ces lignes comme étant les premiers linéamens du nouvel être, tandis que letrait moyen est déjà très-net dans l'guf non couvé et que ces mêmes lignes ne se prononcent d’une manière précise , qu'à la neuvième heure de l’ineubation ‘environ, Nous ne saurions donc adopter la théoriè que M. Pan- der a proposé, et nous pensons qu'en admettant la cer- (431) titude de nos résultats, qu’il est facile de constater , il faut aussi admettre que sa manière d'envisager la forma- tion du fœtus doit être rejetée. OEuf après neuf heures d'incubation. (PI. 48 , fig. 6.) La cicatricule a 9°" de diamètre, l’aire transparente en a {"" sa forme ovale continue à se prononcer de plus en plus. Le nuage qui entoure le trait rudimentaire a pris quelque chose de moins confus, les bords qui le ter - minent sont mieux arrêtés, el ce trait lui-même a main- tenant atteint 2"",7 de longueur. Les changeniens que nous avons décrit, jusques à cette époque, se sont bornés, comme il est aisé de s'en conyaincre, a une simple ex- tension des parties qui se rencontraient déjà dans la ci- catricule fécondée avant l’incubation. La ligne primitive était devenue plus longue; le bourrelet qui l'avoisine s'était élargi, la cicatricule avait acquis un plus grand diamètre et son aîre pellucide était elle même plus al- longée et avait pris la figure que les botanistes désignent sous le nom de subcordiforrne : ; maïs de ces diverses al- térations aucune n'avait encore atteint plus spécialement des parties déterminées de la cicatricule, bien au con- taire toutes celles-ci semblaïent avoir éprouvé le même effet général. Maintenant nous allons observer un gerire d'action très-singulier, en ce qu’il s'opère à une certaine distance de la ligne primitive qui paraît cependant en être la cause efficiente. L’aire pellucide va devenir le théâtre de métamorphoses diverses qu’il est très-impor- tant de suivre pas à pas, puisque leur résultat définitif doït être l'édification complète du corps de l'animal ; | (432 ) nous ne verrons pas la nature arriver tout à coup à ces formes finies qui doivent persister ensuite pendant toute la vie de l’être qu’elle s'occupe à créer; mais elle nous fera sentir par le choïx même des voies détournées qu’elle employe , qu’elle ne peut rien amener d’une manière brusque, et qu’il lui est indispensable de par- courir certaines formes intermédiaires. Le premier in- dice de ce nouveau genre d'action consiste en un plisse- ment de la membrane transparente, à quelque distance de ses bords et parallèlement à ceux-ci. C’est dans la par- tie la plus large que le phénomène se manifeste d’abord. OEuf après douze heures d'incubation. (PL. 49, fig. 1.) Les changemens dont nous avons remarqué la pre- mière origine vers la neuvième heure de l’incubation, ont pris une extension remarquable. Nous avons vu alors qu’une petite portion du bord supérieur de l’aire transparente était soulevée et en dessinait le contour sous la forme d’un bourrelet. Pendant les trois heures, qui séparent cette époque de la précédente, celui-ci s'est avancé vers la. base, de l'aire pellucide, en parcourant progressivement toute sa surface comme le ferait une onde légère. Toutes les portions comprises dans son tra- jet, se sont relevées en bosse et rien né pourrait main- tenant indiquer la cause à laquelle, cet écusson doit sa naissance. Le pourtour immédiatement en contact avec la zone épaisse; n’a point participé à ce genre d’action et il est resté parfaitement plane, de telle sorte que la partie interne de l’aire transparente se dessine en re- lief au-dessus de'lui. Par une macération d’une heure cette membrane se sépare en deux feuillets qui dans (433) l’état ordinaire sont exactement superposés l’an à l’autre et entre lesquels nous verrons plus tard courir des vais= seaux sanguins. La cicatricule à maintenant 11"" de longueur, sur un peu moins de largeur; elle adhère par son pourtour à la membrane du jaune mais faiblement. Cette disposition donne beaucoup de facilité pour l’en- lever et la placer sur une plaque de verre. L’aire trans- parante a pris une longueur de 5 millimètres , sur une largeur de trois, et le trait primitif qui s’est légèrement prolongé se fait remarquer par sa forme plus arrêtée. Sa position est d’ailleurs toujours la même, il occupe la partie moyenne du disque, et le nuage blanc dont il est enveloppé s’accroît en diamètre dans la même pro- portion. | Le nucleus qui est fixé par sa circonférence au bord interne de la zone épaisse, ainsi que nous l’avons déjà dit, a été entraîné par celle-ci à mesure qu’elle a augmenté de dimensions, ce corps a en conséquence éprouvé des altérations successives ; son centre a commencé par se creuser un peu; puis il s’est aminci, et mème perforé, de manière à laisser le vitellus à découvert; il s’en est _ détaché des portions circulaires qui se sont séparées de la zone épaisse, lorsque la circonférence de celle-ci a augmenté. Enfin nous le verrons se subdiviser peu à peu et même disparaître entièrement en se confondant, soit avec la zone épaisse, soit avec la substance du jaune subjacent. Ces diverses altérations du nucleus qui nous semblent purement mécaniques et sans importance quel- conque , ont été décrites et mesûrées minutieusement par Haller, et beaucoup d’autres auteurs qui les ont d'ail- leurs confondues avec les bords de la cicatricule. Ils XIT, 28 { CC 434) : ont désigné sous le nom de halons les cercles blancs qu'ils appercevaient autour du fœtus , et Haller, en par- ticulier les a pris pour des organes essentiels et a soumis la rapidité de leur accroissement , à des calculs qui n’ont aucun fondement. OEuf après quinze heures d’incubation. (PI. 49, fig. 2.) Cette époque n’est marquée par aucun progrès sail-- lant; la cicatricule s’est accrue, elle a 13" de longuenr, et l’aire transparente en a 6. Le trait fétal a 4" de lon- gueur ; il occupe toujours la partie moyenne du disque et se termine en bas par un petit renflement analogue à celui qu’on observe à l’extrémité céphalique , maïs beau- coup moins marqué : le nuage blanc qui l'entoure s’é- largit légèrement depuis le tiérs supérieur en bas. Cette circonstance du développement paraît caractériser l'heure à laquelle nous observons. OEuf après dix-huit heures d'incubation. (P1. 49, fig. 3 et 4.) Le disque qui porte la ligne primitive a pris une ap- parence très différente. Supérieurement, il s’est rétréci en s’arrondissant, et le pli que la membrane a formé en exécutant ce changement, s’est rabattu comme un voile en avant de l’extrémité céphalique. Latéralement, ses bords sont devenus très concaves à la partie moyenne ; plus bas, ils reprennent leur convexité et finissent par se rencontrer sous un angle aigu, ce qui donne au disque l'aspect d’un fer de lance. La ligne primitive occupe la ( 435 ) partie médiane. La bordure opaque qui l'entoure forme de chaque côté, dans ses deux tiers inférieurs , deux pe- tits bourrelets entre lesquels elle est reçue comme dans une petite gouttière. C’est là l’origine du canal verté- bral que nous verrons bientôt s'achever. Si l’on tourne la cicatriculé sur son autre face, cette apparence devient encore plus manifeste , car on voit la concavité des plis entre lesquels est placée la gouttière. On conçoit que sous de telles conditions la région dorsale du fœtus, nous présente une forme arrondie; l'aire transparente dont nous n’apercevions qu’un bord étroit dans les heures précédentes est devenue plus large , le disque s'étant beaucoup resserré et n'occupant plus qu'une moindre surface. Quant aux mesures précises de cette époque, nous trouvons 16% pour le diamètre de la cicatricule, 6 pour la plüs grande longueur de l’aire transparente et 5um, 5 pour le fœtus. OEuf après vingt-une heures d'incubation. (PI. 50, | fig. 1.): Le fœtus a 6"",3 de longueur; le disque a perdu l'apparence d'une lyre ; ses côtés descendent à:peu-près en droite ligne, et se terminent inférieurement, en se joignant à angle aigu , et en fer de lance comme nous l’avous vu précédemment. Les deux bourrelets qui doi- vent former le canal vertébral , se rapprochent et com- méncent à cacher la ligne primitive. Vers le milieu du disque, on remarque deux plis qui se dirigent en bas et en dehors ; ce sont les premiers linéamens qui désignent (436 ) le pelvis. Entre les deux feuillets de l'aire transparente et intérieurement au cercle qui la circonserit maintenant, il s’est développé une lame de tissu spongieux qui plus épaisse extérieurement , finit par se perdre en s’avançant vers la partie ou s’est formé le fœtus ; c’est dans cette membrane que l’on voit paraître les premiers globules sanguins. C’est là , que commencent à se développer les vaisseaux où ils se rassembleront. Cette partie a la plus grande importance relativement à la sanguification; elle s’étendra de l’intérieur à l'extérieur , et finira par recou- vrir tout le jaune, en demeurant pendant quelques jours le principal siége de la sanguification. La densité de la substance du jaune paraît uniforme et cette assertion sera sans doute regardée comme peu d'accord avec tout ce qu’on a dit sur la faculté qu'il pos- sède de se placer de manière que le fœtus occupe la partie supérieure ; mais on n'a pas suflisamment distin- gué les circonstances de ce phénomène. Dans les premiers temps, c’est-à-dire, à l'instant de la ponte et pendant les six premières heurés de l’incubation , le jaune n’af- fecte aucune situation déterminée , mais à mesure que la cavité placée entre la cicatricule et le jaune vient à s’'agrandir, l’on aperçoit dans celui-ci une tendance très marquée à flotter dans la situation désignée par les auteurs. Le fœtus en occupe toujours la partie supérieure, et dès le second jour, il est arrivé de tels changemens dans la densité relative du jaune et du blanc, qu'on voit ce dernier se placer constamment dans la portion infé- rieure de l’œuf , tandis que la cicatricule se porte dans la supérieure, où on la voit paraître aussitôt qu’on a en- ( 437 ) levé la coquille. Cette disposition est due à la sérosité qui s’accumule au-dessous de la cicatricule , et dont le poids spécifique, étant moindre que celui de la substance du jaune , rompt l'équilibre et oblige la place qu’elle oc- eupe a se tenir dans l'endroit le plus élevé. Ainsi se trouve rempli par un mécanisme fort simple, un but très-important qui est de mettre la cicatricule en rapport aussi immédiat que possible avec l’oxigène. OEufs après vingt-quatre heures d’incubation. ( PI]. 50, fig. 2.) Les trois heures qui séparent l’époque dont nous allons nous occuper, de la précédente, offrent ce phéno- mène singulier, qu’il n’est survenu aucun changement dans les dimensions du fœtus, et que les altérations qu’on y observe se sont circonscrites , pour ainsi dire, dans les limites qui arrêtaient sa forme précédemment. Elles n’en sont pour cela ni moins importantes ni moins eu- rieuses , car il est déjà facile de reconnaître sur les deux renflemens longitudinaux qui courent parallèlement à la ligne primitive, trois points arrondis plus consistans, dont nous verrons bientôt le nombre s’accroître avec rapidité : ce sont les rudimens des vertèbres. Les lignes qui terminent en dedans chacun des renflemens sont devenues sinueuses , de droites qu’elles étaient aüpara- vant; elles se rapprochent au-dessus du trait primitif, dans les points correspondans aux petites traces verté- brales. La ligne primitive elle-même s’est considérable- ment gonflée à sa terminaison inférieure, qui présente (438 ) très-nettément l’origine du sinus rhomboïdal, dont la forme peut déjà même se distinguer. Au-dessous du point où elle s'arrête, les renflemens latéraux viennent se réu- nir, après avoir décrit une courbe gracieuse et parallèle à celle du sinus rhomboïdal lui-même. La portion cé- phalique n’a pas éprouvé des changemens aussi considé- rables , seulement la partie de la membrane qui se rabat en avant descend toujours vers la région moyenne du fœtus , dont le sommet se trouve ainsi considérablement dégagé de toute adhérence latérale. Mais ce qu’il y a de remarquable , c’est que l’état du fœtus et celui de l’aire transparente ayant peu changé relativement aux dimen- sions , la cicatricule n’en a pas moins continué à s’é- tendre, et se trouve à présent avoir un diamètre de 21 millimètres. | b 16 a” a © OEuf après din bdd heures d'incubation. ( PI. de. fig. 1.) Et À la simple inspection de la figure , on remarque de suite les principaux changemens que le fœtus a éprouvé. Le nombre des points vertébraux s’est accru , toutes les membranes ont leurs plis plus arrêtés et plus distincts. Autour du sommet de la ligne primitive s’aperçoit une espèce de poche membraneuse , premier indice des vésicules cérébrales , et à la base du capuchon on ob- serve des traits confus lqui semblent les premiers indices de la formation du cœur, ; ( 439 ) Œuf après trente heures d’incubation. ( PI. 51 » fige 2.) Les vésicules cérébrales commencent à se dessiner, le cœur a pris une forme distincte, toutes les parties du fœtus ont gagné en netteté , et le vaisseau terminal , déjà bien distinct dans la figure précédente, a pris ici la forme qu’on luiconnaît lorsqu'il est rempli de sang rouge. : OEuf après trente-trois heures d'incubation. (PI. 52, fig. 1.) C’est à cette époque qué le trait primitif disparaît, soit qu'il se trouve caché par les enveloppes , soit qu’il se détruise réellement. Du reste, on voit que le cœur a commencé à fonctionner, que les vésiculés cérébrales se sont bien dessinées, que le nombre des points verté- braux s’est considérablement accru , et que des taches sanguines éparses sur la cicatricule indiquent les com- mencemens d’une époque nouvelle dans la vie du fœtus. - OEuf après trente-six heures d'incubation. (PI. 52, fig. 2.) Dans notre but, nous aurions pu nous arrêter à l’é- poque qui précède celle-ci ; maïs nous avons voulu mon- trer que malgré les changemens de forme et de position survenus dans le fœtus, il n’est pas possible de retrou- ver le trait primitif. R Cette dernière figure est grossie douze fois seulement ; toutes les autres le sont vingt fois. Nous joignons ici un tableau de l’accroissement de la cicatricule et de ses principales parties : il repose sur des recherches assez nombreuses pour qu’on puisse l’employer à vérifier les époques d’incubation des poulets , en admettant tonte- ( 440 ) fois que leur incubation n’ait été troublée par aucune ‘ circonstance. | TABLEAU DES ACCROISSEMENS DU FOETUS ET DE LA CICATRICULE PENDANT LES PREMIÈRES HEURES DE L’INCUBATION. DATE. CICATRICULE. | QU CRE FŒTUS, oheures. Gaun ,0 22m 0 on, 9 3 : 8. ,0 3 ,0 L'un 6 8 439 ; ,b 1 ,8 ,0 ,0 Ver R - »2 D 50 4 a 15 F9. 0 6 ,0 4 ,0 | 18 16 ,0 6,0 6,2 21 19 ,0 8 ,0 6 ,3 24 a 0 8 ,0 6 ,3 27 22 ,0 9 ,0 6:58 30 25 ,0 à: 30 7 0 33 27 ,0 9 9 2:50 36 3 ,0 10 ,0 se 39 34. ,o ‘1 0 2:60 42 38 ,0 12 00 ê Ka. 45 39 ,0 19-59 9 jo 48 48 ,0 16 ,0 9 ,0 54 60 ,0 16 ,0 60 70 ,0 19 ,0 tk 0 Dans les planches 53 et 54 nous avons figuré quel- ques époques du développement du canard. On trouve d’abord (pl. 53) une série de cicatricules de grandeur (441) naturelle; la fig. 10 de la même-planche montre la ci- | catricule féconde non couvée, dans laqueile le nuage qui entoure le trait primitif s’est toujours trouvé telle- ment opaque, qu’il nous a été impossible de rien dis- tinguer dans son intérieur. Il en est de même de la fig. 11, qui représente la cicatricule d’un œuf couvé pen- dant quatre heures. Il en est tout autrement de la fig. 12, relative à un œuf qui avait huit heures d’incubation ; le nuage qui enveloppait le trait primitif s'étant considé- rablement éclairci , celui-ci se montre avec une netteté qu'il est rare de rencontrer dans les poulets du même âge. Nous n'avons placé ici la planche 54 que pour faire voir que tous les détails relatifs au poulet peuvent être regardés comme des phénomènes probablement assez généraux. Il suflit de comparer les figures du canard avec celles des poulets correspondans , pour s'assurer que les caractères essentiels de chaque époque organique sont lés mêmes. Nous terminerons , en faisant observer que les canards se développent moins vite que les poulets ; ce qui devait être , la durée de l’incubation étant plus courte pour ces derniers. CONCLUSIONS. 1° La cicatricule inféconde diffère totalement de la cicatricule fécondée. j 29 En comparant la marche de l’évolution pendant les 24 premières heures , avec nos dessins pour les heu- res subséquentes , on voit évidemment que le rudiment du système nerveux se montre au centre de la cicatricule dès l'instant où les œufs sont fécondés. 3° Les Planches relatives au canard amènent au même résultat. ( 442 ) EXPLICATION DES PLANCHES. POULET. PI. 47. Cicatricules isolées de grandeur naturelle, Les chiffres qui ac- ; compagnent chaque figureindiquent les heures de l’incubation, Dans les deux dernières figures, la courbure de la cicatricule nous a obligés à l’entailler avant de la développer dans le vase plat où elle devait être mesurée. PI, 48. Cicatricules grossies. — Fig. 1. Cicatricule inféconde. À, id. en place, de grandeur naturelle. — Fig. 2. Cicatricule fécondée de l'œuf non couvé, B , id. en place, de grandeur naturelle. — Fig. 3. cicatricule d’un œuf couvé pendant trois heures : vue en place. €, la même de grandeur naturelle. — Fig. 4. Cicatricule d’un œuf couvé pendant trois heures, vue après avoir été détachée du jaune, — Fig. 5. Cicatricule d’un œuf couvé pendant six heures , isolée du jaune, — Fig. 6. Cicatricule d’un œuf couvé pendant neuf heures, isolée du jaune. PI. /9. Cicatricules grossies. — On n’a représenté que le fœtus et les. parties voisines ; le restant de la membrane est supposé coupé. — Fig, 1. Cicatricule d’un œuf couvé pendant douze heures. — Fig. 2. Cicatricule d’un œuf couvé pendant quinze heures. — Fig. 3. Cicatri- cules d’un œuf couvé pendant dix-huit heures, vue en dessous. — Fig. 4. Cicatricule d’un œuf couvé. pendant dix-huit heures , vue en dessus. N PI. 51. Cicatricules grossies. — Fig. 1. Cicatricule d’un œufcouvé pen- dant vingt-une heures. — Fig. 2. Zd. d’un œuf couvé pendant vingt- quatre heures. PI. 51. Cicatricules grossies: — Fig.1. Cicatricule d’un œuf couvé pen- dant vingt-sept heures. — Fig- 2. Id. d’un œuf couvé pure trente heures. PI. 52. Cicatricules grossies. — Fig. 1. Cicatricule d’on œufcouvé pen- dant trente-trois heures: — Fig. 2. Zd. d’un œuf couvé Lens trente-six heures. CANARD. PI. 53, fig. 1, 2, 3, 4,5, 6, 1,8, 9. Cicatricules de canard, de grandeur id prises aux époques d’incubation suivantes : o heures, 4 , ,16, 24, 32, 36, 48 et 60 heures. 443) Fig. 10, Cicatricule non couvée, grossie. — Fig. 11. Cicatricule de 4 heures, grossie. — Fig. 12. Cicatricule de 8 heures , grossie. PI. 54, fig. 1. Cicatricule de 24 heures , grossie. — Fig. 2. Cicatricule de 32 heures, grossie. — Fig. 3. Cicatricule de de 36 heurrs, grossie, — Fig. 4. Cicatricule de 48 heures , grossie, | | è Note de M. Dumas sur la théorie de la génération. Nous avons déjà publié dans ce Recueil divers Mé- moires qui sont destinés à éclaircir successivement les points les plus importans de la fécondation des animaux. Celui que nous livrons au public aujourd’hui faisait également partie de la grande série de recherches à la- quelle nous nous étions livrés en commuün pour éclaircir l’histoire de cette importante fonction. Lorsque cet écrit fut soumis au jugement de J’Académie des Sciences, il for- mait avec les précédens un tout dans lequel la Kiaïson des détails avec les idées générales sur lesquelles nous étions d'accord, se laïssait clairement apercevoir. Nous avons été séparés par des circonstances inévitables ; et pendant l'intervalle assez long qui s’est écoulé depuis, nous avons müri ou modifié nos idées, de manière que cha- cun de nous considère sous un point de vue un peu dif- férent la partie fondamentale du phénomène. Il importe peut-être à nos lecteurs de former leur opinion à cet égard; il nous importe certainement à nous-même d'établir de la façon la plus claire rios idées respectives. "Nous allons rappeler en premier lieu les faits que nous regardons commme incontestables, et qui résul- tent des recherches rapportées dans les Mémoires pré- cédens. (444) Après avoir lu les écrits que nous avons publiés sur les animalcules spermatiques et sur les fécondations ar- tificielles, il faut admettre, ce nous semble, que les êtres mouvans que renferme la liqueur fécondante jouent un rôle nécessaire dans la génération. Il est impossible de conserver le moindre doute à ce sujet quand on exa- mine l’ensemble des preuves, en’se laissant diriger par le mode de raisonnement qüi est adopté en physique, en chimie , et en général dans les sciences exactes , aux- quelles nous avons toujours cherché à ramener la phy- siologie , elle-même. Outre l'existence des animalcules, qui n’est qu’un fait dont chacun peut aisément se convaincre, et leur néces- sité dans l’acte de la fécondation, qui est une consé- quence inévitable de nos expériences , il est un autre point que Spallanzani avait déjà établi, mais que nous croyons avoir développé de manière à ne laisser aucun moyen de doute : c’est le besoin d’un contact immédiat entre l’ovule et la liqueur renfermant les animalcules, pour que la fécondation s'effectue. Ceci demande quel- ques détails. Nous entendons par contact immédiat celui qui peut s'effectuer entre Ja liqueur prolifique et l’ovule dépouillé de toutes ses enveloppes accessoires , et réduit par conséquent à l’état dans lequel il se trouve dans l’o- vaire lui-mème. Mais , tant que les œufs sont entourés de la membrane qui les renferme lorsqu'ils sont dans l'ovaire , ce contact ne peut pas avoir lieu , et la fécon- dation est impossible : on sait du moins que l’on ne peut point féconder les œufs de Batraciens contenus encore dans l’ovaire; on sait aussi que la liqueur fécondante des Mammifères s'arrête dans la matrice ou les cornes, (445 ) et ne parvient jamais jusqu'à l'ovaire lui-même, du moins dans les circonstances ordinaires. C’est donc hors de l'ovaire que la fécondation s’ef- fectue ; mais , en admettant ce principe , on peut le mo- difier diversement, suivant les circonstances. En effet, dans les Batraciens , l’œuf n’est expulsé hors de la fe- melle qu'après avoir acquis dans l’oviducte une enve- ._loppe albumineuse assez épaisse. Dans ce cas, nous avons démontré que l’enveloppe mise en contact avec de l'eau pure , absorbaïit ce liquide et se gonflait beaucoup. Nous avons également prouvé que lorsque l’eau conte- nait des animalcules en suspension, ceux-ci se trou- vaient entraînés pendant l'absorption et pénétraient au travers de la masse albumineuse jusqu’à la surface de l’ovule lui-même. La propriété hygroscopique de cette enveloppe muqueuse ou albumineuse a donc été mise à profit dans ce cas pour effectuer le transport des animalcules. Dans les Mammifères, les choses se passent autre- ment. L’ovule détaché de l'ovaire ne se revêt pas d’une couche muqueuse, et se trouve par conséquent, soit dans les cornes, soit dans la matrice, en contact immé- diat avec les animalcules qui sont disséminés sur les parois de ces organes. Enfin , dans les oiseaux , l’on peut admettre le pre- mier Cas, en supposant que la fécondation s’effectue après que le jaune s’est recouvert du blanc et avant que la coquille soit venue envelopper le tout; ou bien le second , en supposant qu'elle s’opère au moment où le Jaune traverse les parties supérieures de l’oviducte, et par conséquent avant qu'il ait pu se revêtir des couches * - ( 446) accessoires qui se déposent plus tard sur lui. Une étude attentive de la cicatricule à diverses époques du trajet de l’oviducte, pourra résoudre ce point de détail ; mais l’on peut tirer de l’absence des animalcules dans la par- tie supérieure de l’oviducte , la conclusion qu’il nous importe d'établir en ce moment, c’est que la féconda- tion , dans les oiseaux , s’opère hors de l'ovaire ; puisque les animalcules ne parviennent jamais jusqu’à cet or- gane. NA 4 | Nous admetirons , en conséquence, que la féconda- tion a toujours lieu hors de l'ovaire, qu’elle s’effectue toujours par le contact immédiat des animalcules et de l’ovuie, soit que ce contact s’opère entre l’ovule nu et la liqueur fécondante, soit qu’il s’effectue par l’intermé- diaire d’une couche muqueuse hygroscopique. Il nous reste à considérer l’époque à laquelle s'effectue la fécondation. Nous voyons , en résumant les résultats des diverses expériences , que cette époque est détermi- née par la durée de la vie des animialcules d’une part, et de l’autre, par le temps nécessaire aux œufs pour se détacher des ovaires et arriver dans. l’oviduete. Ici les circonstances varient en sens inverse. Dans les Batraciens et les Poissons; les ovules se détachent, se recouvrent de mucus, et parviennent au dehors; ils tombent dans un liquide aqueux , auquel le mâle fournit, au moment même , une quantité considérable d’animalcules. Chez les Mammifères, on voit, au contraire, que le mâle fournit sa liqueur fécondante, et l'introduit dans les or- ganes de la femelle avant que les ovules se soïent déta- chés de l'ovaire. Une fois que les animalcules sont par- venus dans ces organes ; ils y attendent les œufs et les ( 447 ) fécondent à mesure. Or, les expériences faites sur les chiens et les lapins montrent que:la chute des ovules ne s'effectue qu'au bout d’un temps assez long, c’est-à-dire dix ou douze jours après la copulation ; elles montrent, _enoutre, que pendant ce même espace de temps les ani- malcules conservent leur mouvement, ce qu'il aurait été facile de prévoir. Les oiseaux sont dans le même cas; mais , d'après les expériences de M. Dutrochet , le pou- voir fécondant dés animalcules peut durer environ vingt jours après la copulation. Ce fait n’a rien de surprenant, car ici la limite est un maximum , tandis que dans les Mammifères, la disposition des appareils ne permet pas de latieindre. En eflet, dans ces derniers , la féconda- tion ne péut commencer avant le huitième jour, puisque les ovules ne se détachent pas plutôt; elle ne peut dépas- ser le douzième , puisqu’à cette époque les organes édu- cateurs ont reçu tous les ovules qu’ils peuvent contenir. Chez les oiseaux , les œufs étant évacués à mesure , leur à fécondation est possible tant qu’il reste des animalcules |_ en vie, ou bien tant que ceux-ci ne sont pas entraînés complètement. __ Ilest facile de prévoir que l’espace de temps écoulé entre la copulation et l'instant de la fécondation, peut atteindre des limites bien plus étendues. En effet, dans | les organes du mâle, la durée de la vie des animaleules doit être fort longue, puisque tous ceux qu’on y observe sont doués de mouvement. Si, en passant dans les orga- nes de la femelle, ces êtres retrouvent des circonstances analogues à celles dans lesquelles ils vivaient auparavant, le déplacement qu’ils ont éprouvé doit influer pour peu _ de chose sur la durée de leur existence. C’est ainsi que ( 448 ) l'on peut expliquer la plupart des faits si étranges que la génération des insectes présente. En étudiant des questions aussi délicates, en présen- tant des théories dont la vérification exige une grande habitude des expériences et une patience rare, nous avons dû nous attendre à voir nos travaux rester pen- dant quelque temps encore dans le rang de ces recherches sur lesquelles un esprit sage suspend son jugement jus- qu'au moment où il a pu lui-même les vérifier ; soit dans les faits , soit dans les conséquences, Que beaucoup de physiologistes , laissant de côté nos propres idées, discutent les questions de ce genre avec les vues qui ré- sultaient des faits anciennement connus, c’est une chose dont nous sommes loin d’être surpris; toutefois ,' si nos idées doivent être rejetées ou admises, de nouveaux faits doivent les renverser ou les confirmer ; c’est la seule épreuve à laquelle on puisse soumettre une hypothèse , quand d’ailleurs elle rend raison des faits déjà connus, et c’est sur ce point que nous désirons attirer Pattention des savans. Il n’est aucun mode de génération dans les animaux pourvus de sexes , il n’estaucun accident connu de cette fonction dans ces mêmes animaux qui, dans notre point de vue, ne puisse être prévu ou expliqué. Nous avons étudié cette fonction dans des classes assez variées, nous avons discuté avec soin les phénomènes connus de monstruosités, et nous n'avons rien trouvé qui ne füt d'accord avec les principes qui sont établis ci-dessus. Ce sont donc des point sur lesquels il ne nous reste aucun doute. / C’est ici que nos opinions commencent à se séparer. Tout en admettant le mode de communication entre les 7 (449 ) animalcules et les ovules, ainsi que la nécessité dés ani- malcules, on peut se demander en quoi consiste le rôle de.ces êtres dans la fécondation, et les faits manquent pour éclaircir ce points - Voici l'opinion de M. Prévost : « J'ai désiré jusqu’à présent m’abstenir de toute dis- » cussion sur la théorie proprement dite de la génération, » attendu que nous n’avons pas les données au moyen » desquelles on peut éclaireir ce- sujet d’une manière » complète. Comme il me parait cependant qu’on ne se » fait pas une juste idée de ma manière d'envisager ce » phénomène, j'esquisserai brièvement ici l'hypothèse » qui me-parait la plus probable, en rappélant toutefois » au lectenï que je n’y attache qu’une très-légère im- » portance. » Les animaux destinés à remplacer ceux que-la mort _» détruit, se développent par la répétition des, mêmes » actes qui ont amené leurs devanciers. Pour les étudier » d'une manière utile au but que nous nous proposons , ». nous sommes obligés de remonter. aux conditions du |» premier de ces actes, et noüs trouyons que c'est le » contact entre la liqueur prolifique du mâle et les œufs » émis par l'ovaire de la femelle, Un examen plus atten- » tif encore nous fait reconnaître que ce sont les añimal- » .cules spermatiques qui forment l'élément essentiel à » la génération dans la semence du mâle, et qu’il est-in- :» finiment probable que le nombre des animalcules em- » ployés correspond à celui des fœtus développés; l’ac- » tion de ces animalcules, que nous regardons comme ». les agens masculins de la génération, est done indivi- » duelle, et non pas collective. Passant ensuite à l'étude XII. | 29 » » » » » 2 » » » D — » » » ( 450 ) | des œufs, nous voyons sur ceux-ci un appareil qu'on a nommé la cicatricule, et dans l’aire transparente du: quel se dessinent les premiers rudimens du fœtus : c’est là que nous rechercherons les ageris générateurs de la femelle. En conséquence, nous soumettrons à un très:bon microscope l'aire transparente des cicatri- cules que portent les jaunes encore retenus dans l’o- vaire, chez une poule dont le coq n’a jamais approché, et nous y remarquerons un petit nuage allongé qui se dirige de la circonférence au centre; puis répétant la même observation sur un œuf fécondé , en ayant soin de le retirer de l’oviducte , afin d’être sûr qu’il n’a été soumis à l’incubation pour aucun espace quelconque de temps, nous y rencontrerons, dans la partie moyenne du nuage un trait central qui rappelle l’animalculesper- matique; à l’entour de cette ligne, se prononceront sy- métriquement les formes du poulet dès les premières heures dé l’incubation. Aussitôt que l'embryon peut être disséqué, nous rechercherons cette partie, qui semble l'axe du système qui s'établit; mais elle a dis- paru : son existence n’est que temporaire ; elle ne doit point demeurer portion intégrante du fœtus. La nubé- cule qui entoure le trait central n’est pas non plus en miniature l’image du futur animal : on ne saurait ÿ reconnaître ses formes arrêtées , qui ne feraient que grandir si élles avaient préexisté : ici, au contraire , l'observateur assiste à une véritable construction; il voit se canevasser dans la cicatricule des parties qui , d’abord plus grandes, sé dépriment, sé façonnent , pour arriver à la figure qu’elles conserveront , et avec laquelle elles n’ont pas la plus légère ressemblance: » Les faits que nous retraçons sont peu favorables à la - ( 451) » doctrine de l’emboîtement des germes, et nous y re- . » trouvons avec plaisir des argumens contre une opinion » qui cadre mal avec les propriétés connues de la ma- » tière, et rebute l'imagination par la stérilité des consé- » quences qu'on peut en tirer : ils tendraient plutôt à » nous montrer le fœtus comme le résultat de l’action » que l’animalcule spermatique exercerait sur le corps » opaque de l’aire transparente; ni l’un ni l’autre de ces » agens ne formeraient une partie de l'être qui se crée ; » ils ne feraient que donner naissance au premier des » actes successifs en vertu desquels cet être serait pro- » duit. Cette manière d'envisager le phénomène nous » fournit une meilleure explication de la ressemblance » des hybrides au père et à la mère ; elle nous indique » qu'une bonne analyse du dévéloppement et de la nu- » trition d’un organe nous découvrira les lois qui prési- » dent. à l’organogénésie en général , et j'espère montrer » l'application de ce principe dans un travail que je ter- » mine en ce moment sur la régénération des membres de » de la Salamandre aquatique. » Voici maintenant la conclusion à laquelle je me suis arrêté dans l’article Génération ; du Dictionnaire classi- que d'histoire naturelle. « L'appareil mâle produit l’animalcule spermatique ; « l'appareil femelle produit un ovule sur un point parti- « culier duquel se trouve une lame membraneuse que « Rolando désigne sous le nom de lame cellulo vascul- «laire. Dans l'acte de l’accouplement, si les ovules « sont sortis de l’ovaire, comme dans les batraciens et les « poissons , l'animalcule spermatique pénêtre dans l’o- « vule et se greffe sur la membrane cellulo-vasculaire ; « si les œufs ne se détachent pas de l'ovaire avant ou «e « « « « « « « « ( 452) pendant l'accouplement ; maïs après, les animalcules sont reçus dans les cornes (mammifères }, dans l’ovi- ductus (oiseaux) dans une poche particulière (in- sectes), et ils se greffent sur l’ovule à mesure que ce- lui-ci détaché de l'ovaire, vient traverser l'organe qui les renferme. Le développement du fœtns , observé avec som, nous montre que lanimalcule n’est autre chose que le rudiment du système nerveux, et que la lame membraneuse sur laquelle il s “implante fournit, par Îles diverses modifications qu'elle éprouve, tous les autres organes dn fœtus. Ainsi se trouve expliquée l'influence particulière au mâle et à la femelle dans la procréation de l'être auquel ils donnent naïssance, ainsi se trouvent expliquées toutes ces ressemblances héréditaires qui ont tant occupé les philosophes du siècle dernier. Tout physiologiste qui aura soigneuse- ment étudié l’ouvrage si riche en apperçus heureux de Geoffroy Saint-Hilaire, sur les monstruosités ; ceux des anatomistes allemands, de Rolando, et les belles obser- vations de Serres , sur l'organogénésie , sera obligé de convenir que l'hypothèse de l'emboîtenent est insou- tenable aujourd’hui, et trouvera peut-être que celle que nous propusons satisfaitaux conditions connues du problème. » L'opinion de M. Prévost, tend, comme ôn voïit , à re- présenter le phénomène de la génération ,; comme un simple accident d’une propriété plus générale des corps organisés. Elle réduit lanimalcule a n’être que le prin- cipe d'action du développement du fœtus, qui, parvenu à un certain point , se suffit à lui-même. On ne peut se dissi- muler qu’ily a dans cette manière d'envisager là question, moins de précision que dans celle qui m'est propre , maïs, ( 4538 ) en revanche on y trouve une vue plus profonde et un caractère de généralité qui mérite l'attention des physio- logistes. Je ne tiens guère plus que M. Prévost, à mon hypothèse , et j'y tiens même si peu , que je n’hésite point à faïre observer que sous le point de vue le plus impor- tant la sienne est préférable. Car, le phénomène de la génération est, selon moi, un phénomène fini et isolé , tandis que, d’après lui, c’est un phénomène qui viendra sé rattacher à beaucoup d’autres d’une haute importance, qui servira à les éclaireir et qui en sera lui-même éclairci. Or, il ne peut être douteux , pour l’intelligence géné- rale des phénomènes de l’organogénésie, qu'il ne con- vienne mieux de les lier entre eux au lieu de les isoler comme des faits indépendans. Il ne peut l’être non plus, que si l'opinion de M. Prévost, vient à être confirmée par de nouvelles recherches, la physiologie aura éprouvé, par cela même, une révolution très-avantageuse. Si quelques personnes étaient surprises de la dissidence qui s'établit entre nous , elles pourraient pent-être trou- ver dans les sciences les plus avancées, des exemples propres à justifier celui de nous qui est dans l'erreur, ou même à nous justifier tous les deux si nous nous sommes trompés l’un et l’autre. Ces exemples seraient même faciles à multiplier, mais nous n’en citerons qu'un seul. La plupart des phénomènes produits par l’électri- cité ordinaire sont aujourd’hui bien connus , leur expli- cation est aisée , on peut les prévoir et les varier à vo- lonté , suivant des lois qui se prêtent à toutes les modi- fications introduites dans les données de l'expérience set cependant parmi les physiciens , les uns admettent qu'il n'existe qu’un seul fluide électrique, les autres suppo- (454) sent qu’il en existe deux. Comment choisir ‘entre des hypothèses également applicables aux faits connus. Tel est à peu près le cas de nos idées sur le mode d’ac- tion des animalcules. Tous les faits que nous avons vu, tous ceux dont nous avons connaissance, s’expliquent en supposant que l’un de ses êtres se greffe sur l’o vule et détermine le développement du fœtus. Mais ce fœtus se forme-t-il, comme le pense M. Prévost, par suite d'une action momentanée de l’animaleule après la- quelle celui-ci se détruit, ou bien ce fœtus est-il produit comme je le suppose, par la réaction de l’animacule servant de rudiment au système nerveux , sur les parties voisines de l’ovule, c’est ce qui paraît diflicile à décider. Tout le doute se concentre donc en un seul point, comme dans l exemple puisé dans les sciences mathématiques. Y a t-il un seul fluide ou deux fluides électriques, l’ani- malcule se détruit-il ou ne se détruit-il pas ? Certainement quand on voit des recherches aussi lon- gues et aussi pénibles que les nôtres, laisser en défini- tive la question la plus importante dans un doute com- plet, on peut avec quelque droit regarder l’étude des sciences comme également propre à rabaiïsser l’homme et à l'agrandir tour à tour à ses propres yeux. Le point fondamental de chaque chose nous échappe; nous avons étudié toutes les difficultés accessoires , et nous les avons résolues, nous avons pu passer d’un fil à l’autre sans difficulté, jusqu’à ce qu’arrivant au nœud principal de la question , la vérité se dérobe , tout d’un coup, à nos ef- forts , et ceux-ci ne servent plus qu’à attester notre im- puissance. FIN DU DOUZIÈME VOLUME. x & “% | AURRE RTE … TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX. MEMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME, RME reed dt RTE PI. 33. Disposition anomale des organes génito-urinaires, PI. 34, 35, 36, 37, 38, 39, do, 41, 42, 43, 44. Génération et déve- loppement de l'embryon dans les végétaux phanérogames. PI. 45 , fig. 4. Hamoris Paiuserri. — PI, B. Cuvienra cocLumneza et Eunip1A BEMISPHÆRICA. PI. 46. Appareils de déglutition chez les reptiles. PL. 47,48, 49, 50, 51. 52,53, 54. Développement de l'embryon des oiseaux. | FIN DE LA TABLE DES PLANCHES. TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME, min di cuit. à. hd ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE, ZOOLOGIE. Sur Pexistencs' d'un cloaque observé chez un chien privé de re queue ; par J. G. Martin. 5 Notice sur quelques Observations microscopiques sur le sang et le tissu des animaux ; par le docteur Hodgkin et J. Lister. 57 Théorie des formations organiques, ou Recherches d’Anatomie transcendante sur les lois de l’organogénie , appliquées à l’ana- tomie pathologique ; par M, Serres. ( Suite.) 82 Recherches sur l'œuf humain ; par M, Felpeau. 172 | ( 456 ) | CA: P Note sur une nouvelle espèce d'Æaliotis à L'état fossile ; par M. Marcel de Serres. Description de deux genres nouveaux ( Cuvieria et Euribia) ap- partenant à la classe des Ptéropodes ; par M, Rang. & Sur l'Occipital supérieur et sur Les Rochers dansle Crocodile : Me \ M. Geoffroy Saint-Hilaire. 338 Recherches anatomiques et physiologiques sur la Déglutition "he % les Reptiles ; par M. Ant. Dugès. 337 Histoire naturelle des Poissons ; par M. le baron Cuvier et M. Va- lenciennes. ; 306 Mémoire sur développement du poulet dans Pœnf; ; par MM. Prét vost et Dumas. 415 | Ci ., ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE , BOTANIQUE. Mémoire sur la Génération et le Développement de Pembryon dans les végétaux phanérogames ; par M, Adolphe Bron. | gnairt , D.-M. 14, 145, 225 Extrait du Rapport fait à l’Académie des Sciences par la comimis- : sion, chargée de juger les Mémoires envoyés au concours pour le prix de physiologie expérimentale. 206 Observations sur la famille des Tamariscinées , et sur la manne de Tamarix ; par le docteur Ehrenberg. 68 Note sur le Reevesiu, nouveau genre de plantes de la famille des Buttneriacées. Rapport sur un Mémoire de M. Turpin , ayant pour objet l’orga- nisation et la reproduction de la Truffe comestible; par MM. Cassini et Mirbel. 209 Observations sur la Structure des Poivres ; par C. L. Blume. ‘216 MINÉRALOGIS ET GÉOLOGIE. Note sur deux Cavernes à ossemens découvertes à Bize , dans les environs de Narbonne ; par M. Tournal.® 58 Sur un Terrain renfermant de nombreux débris de Mollusques et de Reptiles à Brignon , près d’Anduze ; par M. T'eissier. 197 Note sur le Mémoire précédent , par M. Alex, Brongniart. 207 Sur la Constance des faits géognostiques qui accompagnent le terrain d’arkose dans l’est de la France; par M. de Bonnard. … 268 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES, … … PCT IPEUES f CE 27 _ — + $ RL CLTILE LI CID Fhrterriqhers he y de ie DNS Ad nee pee pe ere 4e + TUE TE 3 Le Tell D LE RTISESEST Mrs iris me DÉS On à Dm Dee Pen me à Li CRTOMENCECRCETE - rome. re se er es mens 2 rate armé en: 26 CIS. nds 2 9 CCE « rie À ses cues ALL 22211 CR LL ELLE 2 res Dit ETS té pherépés Ph recette lie te Let LA LA ee mg ee RTE ven dns ee enr ny mire np et © 4 29206 CL poreet-ps Hi nt de der tu sa mm ete ee PS sm emere STAR ONCE 122 pie = Lee ne 9 24e +4 LE LLILL CCR] Dites sst ee Poor eme es ea ti4 + + ++ Lei path gens Lips Le ue 2 LIL Le” DECO ÉlS it sesrenerenerséashte. <27 4 LH Litige AE pese: Z HE 2 …….. LIL on . 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