Len Xi Lee PARA SAR EE ne À à PAREN Fù à Smithsonian Institution Libraries Purchased from the Cullman Endowment | arch Institute + HALL Or 2 | D or. ' | ï ce % (Eu CALE M ï ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. TOME XXI. MNT FX PR, V7 IMPRIMERIE DE Ve THUA Rue du Cloître Saint: Benoît Û j À ÿ #” ù % ui = A “ à ? - ln AS PR d. à HE" ns | LU 1 4 : f Line 15 | è 7 € nt ANNALES DES SCIENCES NATURELLES, PAR MM. AUDOUIN , ar. BRONGNIART Er DUMAS, COMPRENANT LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE , L ANATOMIE COMPARÉE DES DEUX RÈGNES , LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, LA MINÉRALOGIE , ET LA GÉOLOGIE. ee TOME VINGT-UNIÈME, ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES. PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE - ÉDITEUR , CLOITRE SAINT-BENOIT, Ne 16, ET RUE DE SORBONNE, N° 3 1830. etV4, HE Se EE an \ Pr 2 sr pet 4 VE D A 1 ; ss ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. LA VEUVE VUE TUEUR UL VE VU UE UV LUU VE U UV LEVEL LULU ELU ANATOMIE TRANSCENDANTE. — Quatrième Mémoire. Loi de symétrie et de conjugaison du système sAnguUIn ; Par M. SERRES. $ XH. Du système sanguin primitif il faut arriver au système sanguin permanent des animaux. Pour concevoir com- ment l’un dérive de l’autre, nous devons suivre atten- tivement la nature dans ses transformations, et dégager notre esprit, s’il est possible, des formes organiques que nous sommes accoutumés à regarder comme les types apatomiques. Ainsi l'aorte nous rappelle, chez tous les vertébrés, le plus grand des vaisseaux sanguins, situé sur l’axe du tronc; elle est, au système sanguin, ce que la colonne vertébrale est au système osseux , et la moelle épinière au système nerveux de relation. Nous en voyons partir XXI, — Septembre 1530. I CS toutes les artères chez les animaux adultes, nous sui- vons la colonne sanguine se divisant à chacune de ses radiations, et parcourant sa marche Jusqu'au dernier ramuscule en suivant une impulsion manifeste du cen- ire à la circonférence. Partant de là, et appliquant au jeune embryon ces notions positives et incontestables : de Fanimal parfait, nous disons : Toutes les artères nais- sent de l'aorte , et le système sanguin se développe de dedans en dehors. ‘Mais, pour que la conclusion füt rigoureuse, il faudrait que les deux termes de comparaison fussent semblables. Or, un embryon est-il semblable à l'adulte de son espèce? L’embryvon humain est-il la répétition de Fhomme parfait? Qui de nous ignore qu'ils ne se ressemblent complètement par aucune de leurs parties ? Qui ne sait que tous les organes sont d’abord différens de ce qu'ils doivent devenir? Qui ne voit par consé- quent que les règles déduites de Panimal adulte ne sauraient être applicables à l'embryon ? Autres sont les organes, autres sont aussi les lois d'après lesquelles ils se gouvernent. il ne faut que parcourir la série de recherches entre- prises pour éclairer les formations organiques, pour se convaincre que l’état d’imperfection de cette partie de la science tient à l'application trop constante de ce prin- cipe vicieux, tandis que les résultats posiüfs’et les pro- grès récens de l’organogénie tiennent évidemment à l’ap- plication du principe opposé. L'animal parfait ne peut expliquer le développement de l'embryon; ce sont , au contraire, les transformations successives de l'embryon, qui peuvent et doivent nous rendre raison de l'animat parfait, DS C1) Un coup-d’œil rapide sur ce que sont et ce que doi- vent devenir l’aorte et le cœur, rendra évidente la vérité de cette proposition. Il n’y a pas d’abord d’aorte sur le milieu du tronc de l'embryon, comme il n’existe pas de cœur à la place qu’il viendra occuper plus tard. Au lieu d’un vaisseau unique qui, chez tous les vertébrés , con- stitue cette artère principale, on le voit remplacé par plusieurs troncs isolés les uns des autres, et placés à distance loin du centre où bientôt ils doivent se rendre. Pour l'aorte, la série des transformations sera donc de convertir en un gros tronc et en tronc unique des vais- seaux multiples et moins volumineux. La multiplicité sera ramenée à l'unité par ses diverses métamorphoses. Or ce sera l'inverse pour le cœur. Aussitôt que les lames disjointes qui en constituent ses premiers rudimensseront ramenées au point de contact, elles formeront un canal unique ; ce cœur unique devra devenir multiple ; Punité devra produire la multiplicité ; ce devra être et ce sera le résultat définitif des transformations de cet organe. Voilà donc des actions diverses, des résultats opposés , produits dans le même moment sur des organes qui, chez les animaux parfaits, constituent un seul et même appareil , et doivent exécuter une seule et mème fonc- tion, la circulation du sang. Cet antagonisme dans les premières transformations de l’aorte et du cœur, ne sera pas la seule dificulté qui se présentera pour ramener à des lois simples et unifor- mes leur formation respective. La position et l’évolu- tion de leurs divers élémens , viendront encore apporter leur part d’obscurité dans la solution du problème. Car, tandis que Îles aortes multiples seront placées hors du (8) tronc, où leur place est assignée, et où les conduirunt leurs métamorphoses , le cœur, quand il est unique, occupe la sienne, puis il la quitte en se développant et quand il devient multiple; puis il la reprend enfin quand sa formation est accomplie. Ces allées et ces venues du cœur sont sans doute très-singulières : aussi verrons- nous aller délaisser son développement centrifuge , et recourir à d'autres hypothèses pour en trouver l’expli- cation. $ XII. Formation de l'aorte ; formation des artères centrales uniques , telles que la basitaire et la spinale anté- rieure. Nos idées anciennes sur le développement des ani- maux nous portant à penser que l’aorte devait se trouver chez le jeune embryon à la place qu’elle occupe chez l'animal parfait, ce fut là que d’abord je m'’occupai à la rechercher. Ne la rencontrant jamais dans les premières formations, l’idée qu’elle pouvait ne point exister ne s’offrit pas à ma pensée; on avait dit si positivement que la transparence des organes nous dérobe les pre- miers développemens, que long-temps je m'en tins à cette espèce de fin de non-recevoir, qui a été si com- mode à nos prédécesseurs. Enfin je m’aperçus que cette manière d'éluder la question ne la résolvait pas, et comme dans l’anatomie transcendante ces questions doivent être résolues d’une manière ou d’une autre, je re décidai encore à tout voir et tout suivre par moi- même. Je fus encore porté à cet examen par uné raison qui, (9) ànotre insu , exerce sur l'esprit une puissante influence ; dans le développement centrifuge , l’aorte devrait tou- jours occuper sa place accoutumée , Haller le dit positi- vement ; il la place en dessous des artères ombilicales après qu'elles ont pénétré dans le champ transparent; c’est le lieu où je l'ai long-temps cherchée, et où jamais je ne lai vue; je la cherchais néanmoins avec d’autant plus de soin que j'étais préoccupé de l’idée qu'il en était du système sanguin comme du système nerveux. Or on sait que j’ai montré que la moelle épinière se forme dans le lieu même qu'elle occupe toujours. On sait aussi que, plus tard, les nerfs viennent successivement s'implanter sur cet axe nerveux du tronc. L’aorte étant au système artériel ce que la moelle épinière est au système ner- veux, j'étais conduit à croire que ces deux parties devaient être soumises au même mode de développement; que l'aorte devait se former en place pour recevoir les artères, comme la moelle épinière reçoit les nerfs. C’est cette préoccupation qui long-temps me tint dans l’er- reur, et me faisait méconnaître le mécanisme véritable de la formation de l'aorte. Nous en avons déjà dit un mot en parlant de la termi- naison de la figure veineuse. OBSERVATION XII. Cette formation est évidemment la suite du dévelop- pement de la figure veineuse; ce sont les artères ombili- cales qui vont donner naissance aux aortes, puis à l’artère unique de ce nom. Âu moment où paraissent les artères ombilicales (Observat. 1x), elles s’enfoncent sous la face ( 1 ) abdominale de l'embryon, et se placent au côté des vési-. cules qui représentent les vertèbres ; leur direction est toujours ascendante; l’une est à gauche, l’autreestà droite, elles sont distantes l’une de l’autre de toute la largeur de la colonne vertébrale. Un peu plus rapprochées sur le milieu de la région dorsale, elles s’écartent de nouveau au-dessus, et vont ainsi rejoindre séparément la partie du canal du cœur qui doit former le bulbe de l'aorte. (Observat. x.) C’est de la 4o"° à la Bo" heure de l'incu- bation que s'opère ce mouvement. Il existe alors deux artères dorsales bien manifestes, et on peut dire à la rigueur quil n'y a pas encore d’aorte abdominale. Celle-ci va se former à son tour, et, pour suivre son mécanisme , il faut encore porter son attention sur l’artère ombilicale au moment où elle pénètre dans le champ transparent. (Observat. 1x. ) Inférieurement vous voyez cette artère rejointe par deux branches qui s'élèvent de la partie in- férieure de la figure veineuse ; ces artères pénètrent dans le champ transparent avec Fombilicele ; elles forment d’abord un angle aigu avec elle, puis un angle droit ; et alors elles sont sur la même ligne que les branches supé- rieures qui ont formé les aortes dorsales. Alors , de même que ces dernières , elles marchent l’une vers l’autre, se placent sur la partie antérieure des rudimens des ver- tèbres , séparés dans toute leur longueur par la partie moyenne de ces rudimens. C’est le plus ordinairement de la 5o”° à la 6o"° heure que s’exécute ce mouvement centripète. Les aortes abdominales font suite aux aortes dorsales , et on ne peut, dans cet état , les méconnaître pour ce qu'elles sont. Mais, pour cela, il faut que la préparation ait été CH D faite avec le plus grand soin ; car, ces aortes étant libres et flottantes en quelque sorte , un rien Îles déplace et les défigure. Tantôt les aortes paraissent brisées et disjoin- tes les unes des autres (Malpighi, 1° Mémoire, figure 12, 1, IT); tantôt elles sont déjetées hors de l’axe du poulet (id. fig. 14, C, ©) ; d’autres fois elles sont dépla- cées et leur symétrie rompue ( id., 2° Mémoire, fig. 30, O, O; Pander, planche vr, fig. 1, €, À, A); d'autres fois elles paraissent comme des rayons d’un cercle dont le cœur formera le centre ( Pander, planche 1v, fig. 4). Ce sont, sans aucun doute, ces diverses apparences et une multitude d’autres (car elles varient à l'infini) qui les ont fait méconnaître , et qui rendent ce point de l’orga- nogénie si difficile à bien constater (1). Ilestun moyen cependant de se reconnaître au milieu de ces variations auxquelles la nature est étrangère, mais qu’il est difficile d'éviter à cause de la délicatesse des parties et de leur déplacement dans les préparations anatomiques. Ce moyen consisie à rétrograder dans l’in- cubation ; à observer d’abord le poulet à l’époque où les deux aortes sont en place ; puis à l’examiner à des heures moins avancées ; on les voit alors se décomposer et se réduire de proche en proche dans les élémens que nous venons de faire connaître. Ces deux procédés, que j'ai plusieurs fois mis en usage, ne m'ont laissé aucun doute sur la certitude du mécanisme que nous venons d’ex- poser. (1) Maître Jean a aussi vu les deux aortes ; mais, par ses procédés , elles se trouvaient si déplacées, qu’il a pris l’une pour l’aorte ascen- dante, l’autre pour l’aorte descendante. Format. du poulet, p. 100, fig. 17. (3 ) Par ce premier temps de formation , quatre aortes se sont disposées de manière à ne plus en former que deux , une pour chaque moitié du poulet. Avant de passer outre et d'exposer comment à leur tour ces deux artères se réu- nissent pour n’en former qu'une seule, il ne sera pas inutile de nous arrêter un instant sur cet état transitoire du système sanguin central. OBSERVATION XIII: La figure veineuse, les aortes et le cœur forment alors un tout continu ; de l’une des exirémités du canal du cœur s'élèvent les aortes , toujours au nombre de deux; elles se courbent au-dessous de la tête du poulet , et for- ment un arc très-prononcé dont la concavité esten avant et la convexité tournée du côté de la colonne vertébrale au- devant de laquelle elles se placent; en se courbant de cetie manière, les aortes se rapprochent l’une de l’autre, de telle sorte qu’elles se touchent au haut de la région dor- sale des vertèbres ; elles s’écartent ensuite en descendant, augmentent de volume jusqu’au point où elles commu- niquent avec l’artère ombilicale, puis elles diminuent graduellement de calibre, et descendent ainsi tout-à-fait isolées l’une de l’autre jusqu’à l'extrémité du coccyx , où elles communiquent encore avec quelques-uns des réseaux capillaires qu'elles offraient en si grande abon- dance dans le temps qu’elles faisaient partie de la figure veineuse. M. Pander a très-bien représenté cet état ; mais, écrivant sous l'influence des idées de Haller, et ne pou- vant méconnaître les deux artères, il se hâte d'ajouter que ce sont proprement Les arières iliaques de Vani- (35 ) mal (1). Pourquoi les artères iliaques et non les aortes ? Qui ne reconnait ici l'influence du développement cen- trifuge ? comment les artères iliaques se prolongeraient- elles d’une part jusqu’au haut de la région dorsale du poulet, et de l’autre jusqu’à l'extrémité du coccyx ? comment les iliaques seraïent-elles si prononcées ; si vo- lumineuses quand il n’y a nul vestige , nulle apparénce des membres inférieurs ? Maïs l'existence de deux aortes répugnait tellement à l’ancienne organogénie, que ces contradictions sont peu de chose auprès de lécroule- ment tout entier du système des développemens ; il ne fallait qu'une aorte d’après ce système ; on en trouve deux primitivement , et toujours deux ; ce mésaccord ne pouvant se concilier, on convertit les aortes en iliaques ; mais que nous font les noms, ce sont les choses qui nous intéressent ; et les choses sont ici si positives que personne ne peut les méconnaître. On ne peut méconnaître cette loi générale des forma- tions qui dirige les parties de la circonférence au centre, les fait converger les unes vers les autres, et les porte à se réunir et à se confondre par leurs tissus homogènes , quand elles sont arrivées au point de contact ( 1° Mé- moire, $ IT). Telle était la position des artères om- bilicales placées d’abord en dehors du champ du pou- let , l'un d’un côté , l’autre du côté opposé; elles entrent dans ce champ, se portent isolément vers le cœur, et constituent les aortes dorsales; peu après , des branches inférieures de l’ombilicale , plus écartées encore , mar- chent l’une vers l’autre , entrent dans le champ du pou- (1) M. Pander, article 13. Voyez, au reste, sa figure, admirable de vérité. (14) let et se placent sur la mème ligne que les aortes dor- sales dont elles ne sont alors que la continuation. Tels sont alors les faits, car la théorie n’en est que la tra- duction. Ce n’est pas tout, les choses ne peuvent rester à ce point ; l'animal ne peut avoir deux aortes que transitoi- rement ; il faut que ces deux aortes se transforment de nouveau, qu'elles se convertissent en une seule et unique artère ; car iln'y a jamais qu’une aorte chez les vertébrés et l’homme. Comment s'opère cette conversion? com- ment ces deux unités se confondenit-elles ? ñe voit-on pas que nécessairement ces deux aortes devront conti- nuer leur mouvement centripète? que nécessairement elles devront marcher l’une vers l’autre et de dehors en dedans? que, par ce mouvement, elles seront amenées au point de contact sur la ligne médiane , et que là, sur cette ligne , s'effectuera leur réunion , leur fusion en une seule artère? OBSERVATION XIV. C’est en effet ainsi que la transformation s’opère ; sur des œufs incubés 65 heures, j'ai trouvé les aortes réu- nies en un seul tronc au haut de la région dorsale; à 68, 69 et 70 heures, la réunion était effectuée dans toute cette région et dans la moitié de l'aorte abdomi- nale ; au troisième jour, et quelquefois à la 85" heure, l'aorte ne forme plus qu'un seul tronc; les deux artères sont réunies dans toute leur longueur: plusieurs fois j’ai remarqué un petit sillon sur l’endroit où s'était effectuée la jonction. D’autres fois encore il m’est arrivé de trou- ver la réunion opérée sur deux ou trois points à la fois ; (45.) %es parties intermédiaires étaient encore doubles. Cette disposition donnaït à l’aorte l’aspect des anneaux ner- veux ui se remarquent entre les ganglions chez les inver- tébrés. Cette fusion des deux aortes en une seule est la répé- tition de la formation du système nerveux des larves des insectes: chez ces larves, de mème que sur le jeune em- bryon du poulet, nous avons trouvé d’une part deux cordons nerveux, isolés et disjoints sur toute leur lon- gueur ; de l’autre, deux aortes parfaitement distinctes ; nous avons suivi ces deux cordons nerveux, et nous les avons vus se porter l’un vers l’autre, se toucher, se réu- nir et donner naissance à l’axe central qui se remarque chez l’insecte. De même, chez l'embryon, les deux aortes se dirigeant l’une vers l’autre, s’unissent , se con- fondent et n’en font plus qu'une seule. Ainsi ‘se forme l'artère centrale unique des animaux vertébrés. OBSERVATION XV. Nous trouverons un mécanisme de formation tout-à- fait semblable dans les os canons de certains pachyder- mes; l'ostéogénie nous reproduira l’angiogénie et la névrogénie ; car la nature se répète dans ses produc- tions , la diversité des organes ne change rien à ses règles, elle marche toujours à son but par les mêmes moyens. Son but est ici la formation d’une artère unique, ses moyens sont deux artères réunies en une ; la nécessité de ces deux artères dérive de la marche excentrique des formations organiques. À quoi bon deux artères pour en former une, dirait Bender? pourquoi cette ( 16 ) complication ? n’était-il pas plus simple de former l’aorue de prime abord? A quoi bon former deux coronaux, deux pariétaux, deux ou quatre occipitaux, puisque l’occipital , le pariétal et le coronal doivent devenir et rester des os uniques? N’eût-il pa été plus simple de former de prime abord un maxillaire, un pariétal , et un occipital ? Mais on voit que ce qui paraissait très - compliqué dans l’hypothèse des développemens centrifuges est en soi réellement très-simple. Deux parties homogènes se réunissent pour en former une seule de la même manière que les molécules d’un même sel s’agrégent pour don- ner naissance à leur cristallisation. La cause, nous l’ignorons ; dans l’état présent de la science, nous né saisissons que les effets et nous les généralisons quand nous en trouvons un grand nombre soumis aux mèmes règles. La règle de formation des artères centrales uniques, est de provenir de deux artères analogues. Toutes les artères médianes et uniques des animaux sont le résultat de ce mécanisme de formation. Aïnsi l'artère basilaire , qui, sur le milieu de la pro- tubérance annulaire , peut être comparée à l’aorte, pro- vient , comme cette dernière , de deux artères primitives. Il y a d’abord deux basilaires , une sur chacun des côtés de la moelle allongée ; ces deux artères, d’abord tout- à-fait isolées, marchent l’une vers l’autre et se réunissent dans toute leur longueur sur le plus grand nombre des vertèbres. Souvent, chez l’homme, la réunion ne s’ef- fectue qu'en avant et en arrière, la basilaire présente alors un large anneau sur le milieu de la protubérance annulaire : j'ai rencontré cinq ou six fois cette variété CB) chez l’homme, et je l’ai vue si fréquemment chez les poissons et chez les reptiles, que je serais porté à la regar- der comme l’état normal de ces derniers animaux. L'artère spinale antérieure est une basilaire étendue sur toute la longueur du sillon antérieur de la moelle épinière; sa longueur égale et dépasse même celle de l'aorte; comme elle, elle est unique chez l'animal par- fait, et, comme elle aussi, elle est double chez les jeunes embryons. Leur réunion, leur jonction , leur fusion en une artère, dépend du même mécanisme de formation , de la même loi d'organogénie. Quelquefois , comme sur la basilaire, on la trouve interrompue par des anneaux formés par les deux spinales non réunies sur ce point. Les artères spinales postérieures restent presque tou- jours isolées, disjointes ; elles marchent en serpentant légèrement le long de la face postérieure. et ce n’est qu'accidentellement qu'on les trouve réunies sur deux ou trois points; après cette Jonction elles se séparent de nouveau. Leur état normal est véritablement leur isolement, comme l’état normal de l’artère spinale anté- rieure , est leur fusion en un seul ironc. Dans l’encéphale, les artères calleuse et basilaire peu- vent être opposées aux deux artères spinales. La basilaire, qui occupe la face antérieure de la moelle allongée ou de la protubérance annulaire chez les mammiféres et l’homme, est toujours unique; elle n’est bifurqués qu'accidentellement, de même que l'artère spinale anté- rieure. Au contraire, l’artère calleuse, dont la situation est postérieure relativement au corps calleux , répète l’iso- lement de la spinale postérieure. Il y a presque toujours XXI. 2 (18) deux artères calleuses de même que deux spinales en arrière de la moelle épinière. La jonction des calleuses se remarque quelquefois, mais elle s’opère partielle- ment et de la même manière que cette dernière. Je ne fais ici qu'indiquer des rapports; on conçoit en effet qu'il serait inutile de rechercher pourquoi les spinales se réunissent en avant et non en arrière de la moelle épinière ? pourquoi les calleuses restent disjointes tandis que les deux basilaires sont presque toujours réunies ? L’isolement des artères , leur dualité étant un fait pri- mitif et constant chez les jeunes embryons , la question que j'avais à résoudre était de déterminer comment deux artères se convertissent en une seule; comment deux aortes se transforment en une seule; comment de deux basilaires que présente le jeune embryon, il n’en reste qu'une chez l’animal parfait ; comment enfin les deux spinales antérieures se transforment en une artère unique. Je devais arriver là par les faits, afin de montrer que le système artériel est assujetti aux mêmes règles de for- mation que les autres systèmes organiques. Une aorte unique et primitivement unique, à moins de trouver les deux lames qui l’avaient formée , eût été une excep- tion si contraire à la loi de symétrie, qu’il était indis- pensable de vérifier avec exactitude le mécanisme de sa formation. J'ai trouvé deux aortes: Pander les a trou- vées et dessinées, mais il les a méconnues ; Malpighi, avant nous tous, les a parfaitement représentées sans se douter que ce fussent les aortes. Et, en effet, il était difiicile de les reconnaître, en voyant d’abord les bran- ches d’où elles proviennent projetées en dehors du champ (19) du poulet, entrer ensuite dans ce champ , se porter aïnsi l’une vers l’autre en marchant de dehors en dedans, de la circonférence au centre, puis ramenées au point du contact par ce mécanisme général, se toucher, s’unir et se confondre de manière à former un canal simple placé sur l’axe central du corps. La formation de l’aorte ainsi expliquée , il fallait montrer que toutes les artères uniques et occupant le centre ou la ligne médiane des organes, sont une reproduction des règles qui ont pré- sidé au développement de l'aorte. J’ai choisi pour exemple les artères uniques et centrales les plus remarquables, l'artère spinale antérieure et la basilaire. Cela posé, une autre proposition se trouve à exami- ner. En parlant du fractionnement des organes des em- bryons de l’homme et des mammifères supérieurs , nous avons dit que cet état était souvent représenté par la dis- position permanente des mêmes organes chez les animaux des classes inférieures. Cela est-il pour laorte ? existe- t-il des animaux chez lesquels on trouve deux aortes, l’une à droite, l’autre à gauche? L’anatomie comparée a déjà résolu cette question. Personne n'ignore, depuis les travaux de Rédi, de Duvernoy et de M. le baron Cuvier, que la plupart des reptiles sont dans ce cas. Les Chéloniens , les Sauriens, les Ophidiens et les Batraciens ont deux aortes comme les jeunes embryons ; on les dis- tingue selon la position qu’elles affectent en droite et gauche , en antérieure ou postérieure. Les reptiles sont donc sous ce rapport les représentans permanens des jeunes embryons (1), (5) Cette duplicité de l'aorte n’existe chez la plupart des Reptiles qu'à la partie supérieure; mais, chez les crapauds, elle est double en (20 ) Il en est de mème des cas d'anatomie pathologique dans lesquels on a trouvé , chez l’homme, l’aorte bifur- quée avant son insertion à la base du ventricule gauche. Ces aberrations acrtiques rentrent dans les dispositions permanentes que nous offrent les reptiles, ou dans les dispositions passagères de l'embryon. Je conserve au Musée anatomique des hôpitaux un exemple de cette bifurcation de l'aorte , qui, dans sa partie supérieure, reproduit celle que l’on obsenve chez les Sauriens, L'homme sur lequel je l’ai rencontrée est mort à un âge avancé, et rien n'indique que son organisation ait souffert de cette disposition insolite. Il en était de même, sauf quelques modifications, des exemples rap- portés par divers auteurs. On voit donc, d’une part, que l’anatomie de l’em- bryon explique l'anatomie comparée; on voit aussi , de l’autre, que les aberrations organiques de l’homme sont ramenées , par ces rapprochemens et ces comparai- sons, soit à l’état primitif et transitoire de l’organogénie, soit à l’état permanent et fixe de l’organisation de cer- tains animaux inférieurs. Ce double rapprochement, fusion de toutes les anatomies, est le caractère de ce que J'ai nommé anatomie itranscendante. En définitive, toute artère médiane et unique est pri- mitivement double : cette dualité artérielle tend à l’unité en marchant de dehors en dedans , et arrive à ce terme par une série de transformations que j'ai comprises sous les trois règles dites lot de formation de la circonférence au centre, loi de symétrie et loi de conjugaison. haut et en bas, et simple uniquement dans sa parlie moyenne , et dans l'étendue d’environ huit ou dix lignes. C2) S XIV. Transformation du système veineux. Le système veineux se transforme comme le système artériel; son état primitif chez l’homme et les vertébrés est tout-à-fait différent de ce qu'il doit être, et de la dis- position qu’il doit définitivement conserver durant le cours de la vie. Or, les règles de transformation des vei- nes sont-elles les mêmes que celles des artères ? à priori on pourrait répondre par l’afirmative, car les veines et les artères , appartenant à la même fonction, il serait difficile de concevoir un défaut d'harmonie dans une suite de canaux qui forment un tout continu. Maïs on a dû s'apercevoir, dans le cours de ces Mémoiïrés, que je rejette cette méthode, de déduire ce qui doit être de ce qui déjà est établi et prouvé. En anatomie , et surtout dans les parties si élevées et si difficiles de l'anatomie , on ne doit jamais raisonner qu'à posteriori, c'est-à-dire , d’après ce que le scalpel a mis en évidence ; c’est du moins la seule méthode que j'aie cru devoir admettre pour établir les lois expérimentales des formations or- gäniqués. Si les véines se forment comme les artères , nous devons trouver des troncs véineux doubles et isolés primitivément, convergeant insensiblement l’un vers Pautre, se touchant, puis se contendant en un seul tronc. Soit les deux veines descendantes de la figure veineuse, situées , comme nous l'avons dit, en avant de la tête du pétit embryon. Au moment où cés veines ont rejoint les deux angles inférieurs du triangle que forme le canal du ( 22) cœur (observation x1), elles sont isolées, distinctes et très-écartées l’une de l’autre. Chacune de ces veines pénètre par les ouvertures qui existent à cette partie du canal du cœur ( Pander) ; avant d’entrer dans ce canal elles s’abouchent avec les veines descendantes qui re- montent du bas de la figure veineuse, en longeant la par- tie interne de l’aorte. D'abord les angles du triangle que forme la base du canal du cœur, se rapprochent l’un de l’autre: l'effet de cette concen tration est dé ramener au point de contact les deux ouvertures situées à leur extré- mité; et comme c'est par ces ouvertures que les veines s'insèrent au cœur, leur rapprochement est une suite nécessaire de ce mouvement. Par là les deux veines des- cendantes, si écartées d’abord , sont ramenées au point de contact ; elles se touchent et se confondent, et ne forment plus qu’un seul ironc, auquel viendront se joindre les veines sous-clavières. Ce tronc est la veine cave supérieure. Le mécanisme est le même pour les deux veines ascendantes , qui remontent du bas de la figure veineuse ; ces deux veines, par leur adossement et leur fusion en un seul tronc , donnent naissance en bas à la veine cave intérieure. On voit donc qu'il y a d’abord deux veines caves supérieures et deux veines caves inférieures, de même que d’abord aussi il ya deux aortes, l’une droite, l’autre gauche ; ces doubles veines, comme ces doubles artères, marchent les unes vers les autres, et se réunissent de dehors en dedans, ou de la périphérie vers le centre, conformément à l’ordre général des formations organiques. Les deux aortes primitives des jeunes embryons ont leur représentation permanente et fixe dans l’organi- (23) sation normale des reptiles. En sera-t-il des veines comme des artères? trouverons-nous des animaux chez lesquels il y ait des veines caves doubles ? 4 priori la question pourrait encore être résolue; car, si, en se développant, les animaux supérieurs traversent l’orga- nisation de ceux qui leur sont inférieurs, on doit néces- sairement retrouver chez ces derniers, d’une manière fugitive et transitoire , l’état de l’embryogénie des pre- miers. Cela doit être, et cela est, pour les veines comme pour les artères. Ainsi déjà , mème chez certains mammifères, on re- marque deux veines caves supérieures ou antérieures ; l’une pour un côté du corps, l’autre pour le côté opposé. Le porc-épic et l'éléphant sont particulièrement dans ce cas. Cette disposition, assez rare dans cette classe, devient au contraire générale ou presque générale chez les oi- seaux, dont les veines caves supérieures sont doubles et entièrement isolées l’une de l’autre, même dans les points d'insertion. Il en est de même chez les reptiles , princi- palement chez les Sauriens et les Batraciens, et surtout chez les poissons dont les deux veines, parfaitement distinctes, ont chacune leur insertion isolée. Chez certains oiseaux, la veine cave inférieure est double à la sortie du foie, mais la réunion en un seul tronc s'opère avant son insertion au cœur. Chez les Sau- riens, parmi les Reptiles, non-seulement cette veine est double, mais chacune des deux veines caves infé- rieures traverse séparément le foie. Quoique, selon la remarque de M. Cuvier, les veines (24) soient soumises à moins de variations que les artères, on les trouve assujetties aux mêmes règles que ces der- nières quand elles s’écartent de leur disposition nor- male. Les veines, comme les artères, reproduisent alors la disposition qu’elles présentent chez les jeunes em- bryons , d’une part ; et, de l’autre, chez les animaux qui pendant leur vie conservent en permanence ces disposi- tions embryonnaires. L’anatomie pathologique est donc assujettie à des règles ; les désordres apparens qu’elle nous montre ne sont que relatifs à l’homme, et même à l’âge auquel on les observe. Ne nous lassons pas de rapporter des faits qui mettent hors de doute cette vérité. L’exactitude de ce rapport entre l'anatomie patholo- gique et l'anatomie comparative ressort évidemment des doubles veines caves supérieures observées chez l’homme par Bochmer , Murray, Niemeyer et Muller. Dans un cas semblable, observé récemment à l’amphithéätre des hôpitaux sur un homme de 63 ans, la veine insolite s’abouchait en arrière et en bas de l'oreillette droite. Ces anomalies sont d'autant plus remarquables, dit avec raison M. Meckel, qu'elles offrent ce qu’on observe chez quelques mammifères et plusieurs reptiles ; c’est- à-dire , pour exprimer ce rapport dans notre langage , que V’anatomie pathologique reproduit alors une dispo- silion constante et fixe de l'anatomie comparative. Pareïillement , les aberrations de la veine cave infé- rieure , bien plus fréquentes que celles de la supérieure, sont toutes relatives à sa duplicité plus ou moins com- plète. Taniôt, en effet, comme chez les oiseaux, cette duplicité tient à ce que les veines hépatiques se portent (25 ) dans la poitrine et se joignent à la veine cave au-dessus du diaphragme , au lieu de s’aboucher avec elle au- dessous de ce muscle. J'ai vu deux fois cette anomalie, déjà décrite par Huber et Morgagni. Celle observée par Rothe était plus complète encore; car les veines hépa- tiques s’inséraient directement dans l’oreillette à côté de la veine cave, de la même manière que chez les Sauriens et chez les Reptiles. Quant à la bifurcation inférieure de cette veine dont Zimmerman , Wilde , Petsche et quelques autres anato- mistes ont rapporté des exemples, elle se rapporte exac- tement à l’état primitif de cette partie du système san- guin ; car on a vu que les deux veines ascendantes qui, par leur réunion , doivent constituer la veine cave infé- rieure, sont situées l’une à droite , l’autre à gauche de l'aorte. Supposez que les choses restent dans cet état ; supposez que la jonction de ces veines ne s’effectue pas ainsi que nous l'avons précédemment exposé, il y aura alors une veine pour chacun des côtés du corps; ce qui est conforme à la loi de symétrie, ce qui même est nécessité par elle. Cette anomalie ne sera donc autre chose qu’une disposition embrÿonnaire persistant au- delà de son terme ordinaire. Ces' faits et une multitude d’autres déjà rapportés dans ces Mémoires, ou que je citerai par la suite, rentrent tous dans cette loi de l'anatomie pathologique que j'ai exprimée : « Que pour les aberrations de forme , ou le nombre « des parties organiques , l’anatomie pathologique n’est « autre qu'une répétition de l’embryogénie, ou la re- « production de l'anatomie comparative. » (26) $ XV. Formation des artères et des veines ombilicales (1). Ces explications paraîtront simples, trop simples peut- être; car on s’est fait de si étranges idées sur les aber- rations organiques, que nous cherchons du merveilleux là où la nature ne fait que suivre ses règles les plus ordinaires (2). Soit, en effet, qu’elle nous montre réu- nies des parties qui ordinairement sont séparées, ou sépa- rées des parties qui le plus généralement sont réunies, ces espèces d'anomalies sont assujetties à des règles , et, ce qu'il y a de remarquable, dérivent de l'application des mêmes règles. Ainsi, les divisions insolites et normales que nous venons de rapporter sont toutes sous la dépen- dance de la loi de symétrie, et les réunions normales et inusitées sont des applications de la loi de conjugaison. (1) Pour suivre ce que nous allons exposer dans ce paragraphe, :l faut se reporter à l’état primitif du cordon ombilical. (2) Fuere tempora, quæ antediluviana dicimus, ubi ita despecta et abjecta erat humana species, ut brutorum auimantium naturæ non æquivaleret tantum, sed et infra deprimeretur. Argumenta, ultra omne dubium elata, uobis exhibet anatomica corporis humani perscrutatio. Reperimus enim per totum corpus non rara vestigia degeneratæ in bru- torum naturam humanæ fabricæ. Ita (ut inter multas, rariores excitem species) os inter maxillares aperto indicio, aliquando in homine maxillas, uti in brutis, magis versus anteriora protusas fuisse, cranii recedentis ampiitudine diminuta. Musculus plantaris pedis.. Argumento , hominem aliquando extre- mis digitis incessisse, quod alio modo fieri non potluit, nisi etiam priore extremitate corpus suffultum fuerit. Prof. Æckermanus , oratio de humanæ naturæ dignitate, Heidelberg, 1813, p. 57. (27) La disposition et les aberrations des vaisseaux ombili- caux vont nous fournir de nouveaux exemples. Chacun sait que d'ordinaire il existe chez tous les embryons deux artères ombilicales. Pourquoi ces deux artères? Aquapendente (1) et Heiïster (2) diraient que c’est afin de répartir également le fluide nutritif qui dé- veloppe le jeune embryon ; car, ajoutent-ils , s’il n'eût existé qu'une seule artère ombilicale, et que son origine eût eu lieu sur une iliaque , le côté correspondant eût pris un accroissement trop rapide, tandis que le côté opposé eût été atrophié. Mais , d’après cette idée, la tête, si éloignée des artères iliaques, aurait dû éprouver un re- tard dans son développement ; or, elle devance les autres parties par la précocité et la rapidité de sa formation. D'une autre part, si la nature n’avait formé qu’une ar- tère ombilicale, y a-t-il pour elle une nécessité indis- pensable de la faire naître dans l’iliaque? On peut répondre négativement, puisque dans les cas où cette anomalie s’est montrée , tantôt le tronc unique se portait dans l'aorte, et tantôt il n’était que le prolongement d’une iliaque ; or, le plus souvent, les deux côtés étaient également développés. Er reproduisant le problème qui a tant occupé les anatomisies, nous devons donc en chercher la solution dans les faits et non dans les rai- sonnemens. Quare duæ arteriæ umbilicales , non verd unica, ut unica vena? Pourquoi deux artères ombili- cales , et non une seule, comme pour la veine ? La réponse est plus facile pour les artères que pour la veine ; les deux arières proviennent évidemment de la (1) De formato fœtu, part. 2, cap. 2. (2) Zr comp. anatom., edit. 4, 6 243. ( 26 } symétrie du placenta : chaque moitié de éet' organe envoie son artère dans le cordon; cés artères , isolées d’abord, se rapprochent l’une de l’autre at moment où elles arrivent dans l’intérieur du cordon ombilical. Maïs, parvenués là , elles sc trouvent séparées par la veine qui s’interpose entre elles, ét qui, les maintenant écartées l’une de l’autre, ernpèche qu’elles ne soient ramenées au point de contact. Cette disposition devient surtout ma- nifeste dans la formation primitive du placenta et du cordon (1). Dans la plus grande étendue du cordon, les deux artères restent donc isolées à cause de la présence de la veine; maïs; à l'instant où le cordon va pénétrer dans l'abdomen , la veine abandonne sa position ; les artères , livrées à elles-mêmes, devraient alors se porter l’une vers l’autre et se réunir pour n’en former qu’une seule, de même que le font les deux aortes , les deux basi- laires ; etc. Nul doute que cela ne füt ainsi, si, au mo- ment de ce changement de position de la veine , l’ouraque d’abord et puis la vessie dans le bassin ne s’interposaïent éntre les deux ombilicales, et ne les maintenaient ainsi à distance jusqu’au point de leur insertion sur les ilia- (1) La symétrie complète de cet organe serait. évidente: si la dualité: du cordon, citée par Haller, était exacte. Voici comment il s'exprime : « Cependant on l’a vu bifurqué (le cordon), et se rendre au placenta « en deux branches. J’ai lu quelque part qu’il y en avait deux, dans « lesquels la veine était séparée des artères. » J’ai-cherché en vain ces cas dans les. auteurs originaux ; je n’ai trouvé que celui rapporté par Littre (dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1709, p- 9 et suivantes ), qui ait quelque rapport avec ce qu’énonce Haller ; mais ses souvenirs l'avaient induit en erreur, comme on en jugera plus bas. & ( 29 ) ques. On voit ainsi le raison de la duplicité des artères ombilicales dans toute l'étendue de leur trajet. Que si la veine se déplace dans le cordon, et cesse de s’interposer entre les artères; que si l’ouraque et la vessie cessent de mettre obstacle à leur rapprochement dans l’abdomen, aussitôt vous voyez ces artères marcher à la rencontre l’une de l’autre, s’adosser et s’unir de manière à ne former qu’une seule artère ombilicale , ou un tronc unique avec deux lumières distinctes. Ce der- nier cas n’a, je crois, été vu que par Haller ; le premier, ou l’unité de l’artère ombilicale dans le cordon, a été décrit par Baubin (1), Hebenstreit (2), Weitbreth (3) et Littre (4). Ce dernier cas est surtout remarquable par l'isolement où étaient l’une de l’autre la veine et l’ar- ière. L’artère pénétrait dans l'abdomen par le milieu de la région hypogastrique , et la veine par le haut de la région inguinale gauche. Cette tendance à la réunion des deux artères est indiquée d’ailleurs par les communica- tions qu’elles s’envoient dans l’intérieur du cordon, com- munications que Vieussens (5) a le premier fait con- naître , et qui, quoique insolites , ne sont pas très-rares. Si tel est l'effet du déplacement de la veine ombilicale, par rapport aux artères dans l’intérieur du cordon, on conçoit qu'il devra se produire aussi dans l’abdomen , si (x) Theatrum anatom. , fib. 1, p. 13. (2) Fuñiculi umbilicali pathologia, p. 682. Diss. Halleri. (3) Comm. Acad. petropol., t. IV, p. 263. (4) Mémoires de l'Académie royale des Sciences , année 1709. (5) De structura et usu placent. malia, $ xxvir. Au moment où Vécris cet article , je trouve deux de ces communications dans le cor- don ombilical d’un fœtus de veau, du septième au huitième mois de formation. (30) l’ouraque et la vessie cessent de leur être intermédiaires. Les deux artères , tombant l’une sur l’autre, seront ra- menées au point de contact. C’est ce qui arrive quand la vessie manque. Sur le fœtus (dont j'ai parlé dans mon ouvrage sur le système nerveux) privé de membres inférieurs, la vessie et les organes génitaux manquaient ; l'artère om- bilicale était unique dans toute son étendue, elle s’insé- rait sur l’aorte abdominale, quelques lignes au-dessus de sa bifurcation. Sur celui décrit par Petit (1), les extrémités infé- rieures existaient, la vessie manquait complètement, l'artère ombilicale unique s’insérait à la terminaison de l'aorte au point même où elle produisait les iliaques. Le cordon se composait ainsi d’une artère et d’une veine. Sur un autre fœtus à terme, que je conserve dans notre cabinet, l'artère ombilicale est aussi unique dans le cordon et dans l’abdomen ; elle s’insère non sur l’aorte, mais bien sur la branche gauche de l’aorte abdominale ; car les deux aortes sont isolées. Il n’y a ni vessie ni ouraque. Ainsi l’unité de l'artère ombilicale dans le cordon re- connaît pour cause le déplacement de la veine, et dans l'abdomen cette unité artérielle provient de l’absence de la vessie et de l’ouraque : les deux artères primitives obéissant dans ces cas à la loi de conjugaison, s'unissent et se confondent en un seul tronc (2). (1) Académie des Sciences, année 1706, (2) Le cas de Wriberg est un peu différent, puisque l'artère ombi- licale unique semblait former l’iliaque, dont elle produisait les princi- pales branches. La vessie était atrophiée, rugueuse; les deux ordres (31) L'artère ombilicale est donc double dans son état normal; ce n’est qu’accidentellement que ses deux troncs se réunissent en un seul. Ce qui pour l'artère est une aberration très-insolite , devient au contraire l’état nor- mal de ia veine ombilicale dans le cordon du fœtus de l'homme. Cherchons dans les rapports organiques la raison de cette unité de la veine. Gallien la croyait double; en décrivant le cordon , il le dit composé de deux artères et de deux veines sépa- rées de l’ouraque (1). Si mille autres preuves ne nous apprenaient. que: ce ‘traité a ‘été composé d’après l’or- ganisation des animaux voisins de l’homme , cette asserlion, serait de nature à le mettre hors de doute; car cette description convient à tous les mammifères, mais principalement à l'embryon du mouton et du bœuf. Needham , Aquapendente, Coiter, Haller, etc., ont constaté l’exactitude de l’énoncé de Gallien. Or, en rapportant à la veine ombilicale ce que nous venons de dire des artères , on voit que, chez ces animaux, la vessie allantoïde fait à l'égard des veines ce que la vessie du bassin opère pour les artères, c’est-à-dire qu'elle les maintient écartées et divisées; il y a deux veines dans le cordon ombilical de ces animaux, parce que la vessie allantoïde et l’ouraque se trouvent interposés entre elles ; et ces deux veines sont d'autant plus isolées, d'autant plus distinctes, que cette vessie est plus prononcée. Jai d’artères qui environnent ces organes s’étaient réunis en un seul tronc, Le placenta était déformé , anormal ; mais Wriberg ne dit pas si l’ar- tère ombilicale était unique dans le cordon. Voyez aussi les cas rap- portés par M. Blandin et madame Boivin, (1) De Usu partium, Gb. xv, c. 5. (32) sous les yeux deux embryons de veau, l’un voisindu terme de la naissance , l’autre de la sixième semaine de gesta- tion , chez lesqueis on voit d'autant mieux ce rapport, que les vaisseaux ont été injectés, et l’allantoïde et l’am- nios dilatés par l’insuflation. Maintenant supprimez par la pensée cette vessie allan- toïde et son prolongement dans le cordon , et voyez ce qui devra arriver. Nécessairement les deux veines rame- nées au point de contact devront se joindre et se con- fondre en un seul tronc , d’après la loi qui fait que dans l’état primitif des embryons, lorsque deux organes homogènes sont amenés au point de contact, ces deux organes se réunissent pour en former un seul. C’est ce qui arrive aux deux reins, aux deux yeux, aux deux foies , aux deux os canons , à tout l'embryon lui-même ; car, comme nous le développerons plus tard, cette Lot de conjugaison est une des plus générales et des plus constantes de l’organisation des animaux. Ce que nous venons de supposer est exactement ce que nous montre le cordon ombilical de l’homme ; car, d'une part, l’ouraque disparaît complètement dans l'étendue de cette tige, et de l’autre, l’allantoïde est si réduite, que son existence est encore mise en doute. D’après cette disposition , rien ne s’opposant plus au rapprochement des deux veines primitives, ces deux vaisseaux se por- tent l’un vers l’autre, et n’en font plus qu’un seul. I] n’y a qu'une veine ombilicale dans le cordon du fœtus de l’homme , parce que son intérieur est dépourvu d’un canal qui maïntient écartées chez les animaux les deux veines primitives. L’unité de la veine ombilicale de l’homme provient donc de l’absence de l’ouraque, comme (33) a présence de ce conduit est la cause et l'unique cause de la double veine du cordon ombilical des mammifères. Et ce qui le prouve, c’est ce qui arrive à ces deux veines ombilicales au moment où elles pénètrent dans l'abdomen. À peine ont-elles quitté le cordon , qu’on les voit se réunir et se confondre en un seul tronc. Or, pourquoi cette réunion ? Pourquoi ces deux veines ne restent-elles pas isolées jusqu’à leur insertion dans le sinus hépatique? Qu’y a-t-il de changé pour elles ? Rien autre chose que les rapports de l’allantoïde et de l’ou- raque. Ces derniers organes cessant tout-à-coup d’être interposés entre les deux veines, celles-ci se réunissent et ne constituent plus qu'un seul et unique tronc. La nature se répète partout dans ses formations organiques. Si donc la veine ombilicale , au lieu de se diriger vers le foie , prenait une marche inverse, et se portait dans le bassin comme les artères , il résulte de ce qui vient "être exposé que la veine devrait se diviser, non-seu- lement chez les animaux où déjà elle est double dans le cordon , mais encore chez l'embryon humain où elle est simple dans tout ce trajet. Soumise alors aux mêmes rapports que les artères , ces veines seraient maintenues à distance par l’ouraque et la vessie ; il y en aurait deux au lieu d’une. Ainsi l'indique la théorie ; et, hâtons-nous de le dire, ainsi l’a pratiqué la nature dans les cas insolites où cette aberration a été observée. Suivez la description de cette veine dans le cas d’acé- phalie rapporté par Tiedemann; vous voyez l’arière om- bilicale prendre la direction accoutumée de chaque côté de l’ouraque et de la vessie, et à côté d’elle vous trouvez XXL. 3 (34) la veine parcourant le même trajet, côtoyant les mêmes organes et allant s’insérer dans les veines iliaques. Il y avait deux veines , et point de foie. Pareïllement , dans l'observation d’anencéphalie de Cartius , la veine, entrant dans l'abdomen , se contourne autour de l’ouraque, se dédouble pendant ce trajet, puis devient simple en l’abandonnant pour aller se perdre au-dessus du bassin. Le foïe n'existait pas. Il en était de même dans l'observation rapportée par Arantius, où l’on voyait les deux veines côtoyer le prolongement de l’ouraque. Sur un fœtus réduit au tronçon pelvien avec les membres inférieurs, la vessie et l’ouraque existaient, les artères ombilicales, moins développées qu’à l’ordi- maires, suivaient leur trajet accoutumé. La veine ombi- licale, très-grèle, se divisait, avant son entrée dans le bassin, en deux branches; l’une plus courte, l’autre plus longue ; elles se dirigeaient , sans se réunir et sans communiquer l’une avec l’autre , dans les veines ilia- ques. Évidemment, dans ces divers cas , la dualité de la veine résulte de ses rapports avec la vessie et l’ouraque. Car , si au milieu des aberrations organiques que pré- sentent ordinairement ces êtres, la veine s'éloigne de ces organes , elle reste simple comme de coutume. C’est ce qui avait lieu dans les fœtus décrits par Gæller, Mery et Winslow. On voit ainsi pourquoi et comment la veine ombili- cale se dédouble quelquefois dans l’intérieur de l’abdo- men ; mais il est d’autres exemples de veines ombilicales doubles sans rapport avec l’ouraque et la vessie; il en est même où il existait trois troncs, et que l’on a décrites sous (35) le nom de veine ombilicale triple. Ces faits, qui infir- meraient ce que nous venons d’éxposer, méritent uné attention spéciale , afin de montrer en premier lieu que, dans ces aberrations, la veine ombilicale était simple et unique , et de déterminer en second lieu les autres vais- seaux qui l’accompagnaient. Il n’est pas d’anatomiste qui ne sache que, chez le jeune embryon, la vésicule ombilicale communique avec l'abdomen par deux vaisseaux nommés omphalo-mésen- tériques (1); ces vaisseaux sont une veine et une artèré. La veine , logée entre les deux lames primitives du mé- sentère , se porte de la vésicule à la veine mésentérique supérieure. L’artèré , placée en dehors de ces replis, est toujours supérieure à la veine et se rend à l'artère mésaraï- que. Enfin la veine ombilicale, située sur un plan un peu plus antérieur , s’abouche , comme de coutume, avec le sinus hépatique. Tout embryon , observé à cette époque, {x) Cette vésicule a été d’abord observée par Æ/binus, Annot. æa- dem ,\b. 1, tab. 1, fig. x11, litt. C: Il a bien vu et décrit son pédicule, comme l’avait déjà indiqué Voortwik ; mais ce n’est que depuis Wri- berg que cet organe, qu’il nomme vesicula secundinarum, est bien connu. Ce célèbre anatomiste l’a fait représenter dans sa position dans un embryon de la septième semaine : trois figures parfaitement exactes la représentent , ainsi que la description l'indique, située entre le cho- rion et l’amnios. Un auteur moderne a dit le contraire ; mais il a bien vite reconnu et redressé lui-même son erreur. Wriberg représente aussi la veine et l’artère omphalo-mésentériques , qu’il conduit jusqu’à l'entrée du cordon dans l’ombilic. C'est à M. Oken que nous devons des notions précises sur cet intéressant appareil, dont l'existence ést si fugace chez l’homme et les Mammifères. Jusqu’à présent, on n’était pas parvenu à faire passer le liquide de la vésicule dans les premiers rudimens du canal intestinal; M. Velpeau est parvenu dernièrement à suivre cette communication. ( 36) offre donc trois branches vasculaires dans la direction de la veine ombilicale : 1° celle-ci, qui rejoint le foie; 2° l'artère omphalo-mésentérique , qui rejoint l'estomac; 3° et la veine du même nom, qui rejoint les intestins grêles. Dans le cours ordinaire des formations organiques, les vaisseaux omphalo -mésentériques s’atrophient et disparaissent avant la fin du premier tiers de la gestation ; la veine ombilicale survit seule à cet ordre de vaisseaux. C’est l’état régulier et normal du fœtus. Mais supposez que Îles vaisseaux omphalo-mésentériques persistent au- delà de leur terme accoutumé, le fœtus alors se présente avec trois vaisseaux au lieu d’un ; il y aura avec la veine ombilicale, la veine et l’artère omphalo-mésentérique. Ce sera la veine ombilicale triple des auteurs. Supposez encore que l’un des vaisseaux omphalo-mésentériques persiste tandis que l’autre disparaît , vous aurez dans ce cas, toujours la veine ombilicale , et de plus un vaisseau insolite qui sera ou l'artère ou la veine omphalo-mésen- térique. C’est ce qui a souvent été décrit sous le nom de veine ombilicale double. Et remarquez que la description ième des auteurs ne laisse aucun doute à ce sujet ; car, dans les premiers cas , ils notent avec soin que la veine ombilicale se rendait , comme dans l’état normal, dans le sinus hépatique , et que des deux troncs surnuméraires, l’un se portait à l’estomac et l’autre aux intestins grèles. Observez aussi que, dans les ombilicales doubles, le vaisseau insolite se dirigeait vers l’un ou l’autre de ces organes, selon que c'était la veine ou l'artère omphalo- mésentérique qui avait persisté. Ainsi, dans les cas de veines ombilicales triples , (372 décrits par Voortwik et Besler, vous voyez le tronc supérieur se porter à l'estomac , l’inférieur se rendant à l'intestin grèle, et l’antérieur, qui est la veine ombili- cale , suivre sa direction vers le foie. L'observation de Fabrice d’Aquapendente est surtout précieuse sous ce rapport: car il a fait représenter très-exactement les parties , et quiconque a vu une seule fois les vaisseaux omphalo-mésentériques, ne peut les méconnaître dans les deux vaisseaux insolites qui coïncident avec la veine ombilicale. Réduisez ce fœtus au trentième de sa gran- deur , et vous aurez la représentation fidèle des vaisseaux omphalo-mésentériques et de la veine ombilicale dans leur état normal (1). Il en était de même du cas rap- porté par Zrew. Dans les cas de veine ombilicale double, tantôt, comme dans l'observation de Kerkring et d'Arantius, l’om- bilicale insolite va rejoindre la veine mésentérique supérieure, ce qui correspond exactement à la veine omphalo- mésentérique ; tantôt, comme dans le cas rapporté par Needham , le vaisseau anormal rejoint l’es- tomac , et correspond parfaitement à l'artère du même nom. En lisant ces descriptions dans les auteurs , vous les voyez frappés d’admiration à l'aspect de ces aberrations de leur prétendue veine ombilicale ; les expressions leur manquent pour rendre le merveilleux qu'ils croient en- trevoir dans ces jeux de la nature. Aujourd’hui que nous avons fait un pas de plus dans l’étude de l’organisation , tout ce merveilleux se dissipe , nous ne voyons que ce (1) Une des meilleures figures que nous ayons de la vésicule ombili- cale et de ses vaisseaux, est celle de Wriberg , fig. 3, D , £. ( 38 ) qui est, une persistance des vaisseaux omphalo-mésen- tériques au-delà de leur terme accoutumé. Nous ne sau- rions trop le répéter pour les progrès de l’anatomie pathologique. Le merveilleux n'est que dans notre esprit ; l’ordre, la constance, l'assujettissement aux A ®, A ji °1: mêmes lois, aux mêmes règles , voilà la nature. S XVI. De l'Allantoïde rudimentaire, de l'embryon de l'homme. Ces considérations nous conduisent à l'examen de l’allantoïde chez l’homme. Quoique cette membrane ait été vue, décrite et représentée, sa présence dans les enveloppes de l'embryon humain est encore mise en doute. Cette persistance des anatomistes à nier son exis- tence est fondée, d’une part sur son état d’imperfection , de l’autre sur les rapports si long-temps méconnus des enveloppes fœtales des mammifères et des oiseaux. Pour apprécier ces raisons ; et déterminer ce point d'anatomie, il est nécessaire de reprendre l’histoire des opinions émises à ce sujet. Cet exposé montrera qu'en cette occasion, comme en beaucoup d’autres, l’anatomie de l’homme est souvent éclairée par les données de lana- tomie comparée. Sessertus est le premier qui, renecnirant une sub- stance gélatiniforme située entre le chorion et l’amnios et vers l’origine des vaisseaux ombilicaux , ait considéré cette substance comme l'analogue de l’allantoïde des mammifères ; bien qu'il dise que cette substance , en se ( 39 ) coagulant , donne naissance à la membrane allantoïde , il ne paraît pas toutefois qu’il l'ait observée dans cet état chez l'embryon humain. Il n’est pas de même de Ruysch; éclairé par les no- tions précédentes , cet habile anatomiste reconnut aussi dans cetie lame gélatineuse lallantoïde, qu’il nomma pseudo-allantoides , à raison de cet état d’imperfection ; il la vit aussi sous forme membraneuse, l'insuffla et la fit représenter (Eh. anat. V, fig °°, C). Sa position entre le chorion et l’amnios, et sur les confins des vaisseaux ombilicaux, fut mieux déterminée qu'elle ne l'avait été par Sessertus. Avant Ruysch, Graaf avait d'autant mieux précisé ses rapports chez l'embryon humain, qu'il avait pris pour point de départ l’allantoïde des mammifères et plus spécialement celle du lapin. Il l’insuffla en perforant le chorion , et la montra en place sur un embryon de trois mois (PI. XXII, f. 1, H H). Il constata de plus son adhérence intime avec le chorion, tandis que l’amnios ne lui parut que superposée; sa planche représente même une portion d'allantoïde dénudée de l’amnios (PI. XXII, G). Ainsi se trouva vérifiée l’assertion de Needham , qui avait dit que, chez l’homme , l’allantoïde adhèreintimement au chorion (De format. fœtu , cap. 3). Il est à remarquer que tous ces auteurs sans exception n'avaient entrevu aucune communication avec cette allantoïde et la vessie urinaire, de là même le nom de pseudo-allantoides qui , dans le langage des anatomistes, peut se traduire par allantoïde rudimentaire. Hebenstreit chercha néanmoins les rapports que cette allantoïde pouvait avoir avec le cordon ombilical ; il n’en Pa 1 ( 40 ) remarqua aucun de sensible ; et toutefois , en l’insufflant par les cellulosités interposées entre l’origine des vais- seaux ombilicaux , il développa, par ce procédé, une bourse plissée, renfermant dans son intérieur un fluide gélatineux ; cette bourse lui parut l’allantoïde rudimen- taire de Ruysch. ( Funiculi umbilicalis humani , eic., PI. I, fig. 8, B. B. B. B.) J'ai passé sous silence l’opinion de Diemerbrock et de Hoboken , par la raison que ces anatomistes ont parlé de ce qu'ils n’ont pas vu. Il n’en est pas de même de Littre; la description qu'il en donne, d’après un fœtus mons- trueux de huit mois, se rapporte exactement à ce que ces anatomistes ont représenté. « Dans l’arrière - faix de « ce fœtus, outre le chorion et l’amnios , il y avait une « troisième membrane faite comme les deux autres, et « non pas en boudin, de même que celle qu’on trouve « en certains animaux, et qu on appelle allantoïde. Je « séparaï entièrement avec le doigt ou par le souffle cette « membrane de celle de lamnios, et je la séparai du CS « chorion jusqu’à l'endroit où celui-ci est adhérent au « placenta, et mème d’une partie de cet endroit, mais « avec un peu plus de peine. Cette troisième membrane « était un peu plus mince que l’amnios et aussi épaisse « que le chorion ; elle n’avait aucun vaisseau sensible, «_ je n’observai aucune liqueur entre elle et le chorion ; « maïs entre l’amnios et cette membrane particulière , « il y avait une demi-once de liqueur mucilagineuse et « jaunâtre..... Depuis ce temps - là j'ai trouvé la même « membrane dans plusieurs fœtus humains parfaitement « formés. » On aura sans douie remarqué que dans cette préparation, Litire à rompu la lame amnique de l’allan- (41) toïde , ce qui fait qu’il place le liquide dans les plica- tures de l’amnios , où il fait rendre aussi et l’urine de l'embryon et l’ouraque qu’il suppose devoir exister dans toute la longueur du cordon. Enfin, je terminerai ces premiers aperçus de l’allan- toïde de l’homme par les observations de Rœderer, que nous verrons bientôt se prononcer fortement: contre l'existence de cette membrane. D'abord , sur un fœtus à terme, hydropique, et mort quelques jours avant l'accouchement, il trouva entre ie chorion et l’amnios une couche gélatineuse d'épaisseur inégale et très-semblable à l'humeur vitrée de l’œil ; cette couche , coagulée par la chaleur et l'alcool, resta en place après la séparation du chorion et de l’amnios ; elle put même être séparée huit jours plus tard, ayant été conservée avec les autres membranes. Mais cette gélatine était-elle enveloppée par une membrane? On ne le voit pas dans cette observation , tandis que dans la seconde l’allantoïde formait une véritable vessie. « Le placenta était sain ; sur le côté du cordon ombi- « lical qui regarde le fœtus , il y avait une vessie ovale « à demi pleine de liquide, dont le plus grand diamètre « avait environ trois pouces et le plus petit un pouce et « demi. Le liquide , pressé vers le cordon, faisait saillie « dans cet endroit; il en était de même quand on lin- « sufflait. On aurait ainsi pu la prendre pour une véri- « table allantoïde; il n’y avait cependant aucun conduit « qui se rendit vers la vessie urinaire. La liqueur qu'elle « contenait était flavescente , assez semblable à du pus, « sans aucun caractère de l’urine; placée entre le chorion (#2) « et l’amnios , son fond adhérait à la substance même « du placenta. » Quiconque a vu l’allantoïde des mammifères, mais surtout celle de l'embryon du cheval , du veau et de ja brebis, ne peut méconnaître son analogue dans ces di- verses descriptions , à l'exception toutefois et de la forme qui est différente, et de l’ouraque qui n’existe pas dans l’allantoïde de l'embryon humain. Pour concevoir maintenant comment son existence a été niée jusqu'à ce jour, il est nécessaire de rappeler que les bases des déterminations anatomiques reposaient sur la forme et la fonction présumées. On avait dit que l’al- lantoïde des mammifères servait de réservoir à l'urine sécrétée pendant la vie utérine; d’après cette fonction , une allantoïde sans communication avec la vessie de- venait sans but. À quoi eût servi un tel organe? Pour décider, d’après cette donnée , si l’allantoïde existe où n'existe pas chez l’embryon humain, il suflisait donc de rechercher s’il y a ou s’il n’y a pas d’ouraque dans l’inté- rieur de son cordon ombilical. Ainsi posée , la question devait promptement être résolue par la négative ; ce fut ainsi que procéda Haller ; ne irouvant point d'ouraque, il conclut à l’absence de l’allantoïde. « Qu'il me soit permis d'ajouter à ceci les observa- « tions que J'ai faites sur huit femmes mortes pendant « la grossesse, dont j'ai fait l'ouverture : il n'est pas « étonnant qu’on trouve deux sortes d'eaux , ni qu après « avoir ouvert l’amnios et l'avoir évacué, on trouve « une seconde vessie qui, après que l’amnios est vidé, « reste tout entière et pleine. La membrane mitoyenne, « les feuillets de l’amnios, les vaisseaux , tout cela ne = (4) « m'a point échappé; mais comme je n'ai jamais wu « d’ouraque sortir du cordon, je n'ai pas vu non plus « de vessie dans laquelle il püût aboutir. » Il est curieux , et non sans intérêt pour la philosophie de l'anatomie , de voir Haller nier chez l’homme l’exis- tence de l’allantoïde, parce qu’elle manque d’ouraque, et trouver, chez les oiseaux, cet ouraque en communi- cation avec la vessie, sans reconnaître , pour l’allantoïde, la membrane vasculaire qui en est douée. La fonction présumée le trompe chez l’homme ; la forme, l'étendue et la structure l'égarent chez les oïseaux ; car, pour re- connaître dans l’allantoïde, si grande et si vasculeuse des oiseaux, la membrane si ténue et si invasculaire des mammifères , il fallait faire abstraction de la forme et de la fonction , et s’atiacher principalement aux connexions des membranes entre elles, comme l’ont fait MM. Du- trochet et Cuvier dans leur admirable travail (x). Quoi qu’il en soit, cette opinion de Halier fut adoptée par Rœderer, et introduite par lui dans la science à cause de l’ardeur qu’il mit à poursuivre et à combattre tous ceux qui avaient vu ou cru voir l’allantoïde. Peu s’en (1) C’est en restant invariablement attachés à ce principe, que les anatomisles sont parvenus à fixer ce point si difhcile de l'anatomie de l’homme. M. Velpeau est le seul, à ma connaissance, qui s’en soit écarté. Considérant l’amnios comme une dépendance de l’épiderme , et le chorion comme appartenant au derme , cet anatomiste a dù être conduit à placer la vésicule ombilicale , l’allantoïde et leurs prolonge- mens, entre le placenta et le chorion { Archives générales de E#éde- cine, t. VI, p. 595-596); mais il a promptement abandonné cette hypothèse, et, dans son ouvrage remarquable sur les accouchemeus , ilest revenu à l’opinion commune, Ce qu'il a dit de l’allantoïde est con- forme à la description de Rœderer et de Wriberg. ( #4) faut que son zèle ne l'emporte jusqu’à contester à Albi- nus l’une de ses plus belles découvertes, celle de la vési- cule ombilicale. Il s'arrête toutefois devant la descrip- tion précise de cet anatomiste, et ses remarques sur le pédicule de la vésicule qu’il prend pour l’ouraque, ont cela de curieux qu’elles font ressortir un fait nouveau, dont ne se doutent ni Albinus ni Rœderer. Ce fait est celui de la première description de la vésicule ombili- cale et de ses vaisseaux. Lorsque, plus tard, cette vésicule fut connue, et qu’on fut convaincu qu’elle en avait imposé à Albinus pour l’al- lantoïde, on ne manqua pas de dire que tous ceux qui avaient parlé de cette membrane avaient pris pour elle la vésicule ombilicale ; objection que l’on trouve encore dans les livres les plus modernes, et que le plus léger examen suffit pour dissiper. En effet , la vésicule ombilicale n’a qu’une existence passagère dans les enveloppes de l'embryon humain ; on ne la trouve guère passé le 4° ou 5° mois de la gesta- tion. Or, la plupart des embryons sur lesquels les auteurs disent avoir observé l’allantoïde avaient dépassé ce terme. Nul d’entre eux ne parle de pédicule, quelques-uns supposant l’ouraque, mais sans avoir observé de prolon- gement à la vessie qu’ils regardent comme l’allantoïde. Si du reste on pouvait conserver des doutes à ce sujet, les observations de Wriberg sont de nature à ne plus les permettre ; car c’est de cet auteur que date la véritable connaissance , chez l’homme , de la vésicule ombilicale, et la détermination précise de l’allantoïde (1), ce qu'il a (1) On peut faire la même observation sur Graaff, car le passage suivaut prouve que la vésicule ombilicale ne lui était pas tout-à-fait (4) écrit sur la première est connu de tous les anatomistes, il me reste à exposer ce qu'il a dit de l’allantoïde. En premier lieu, sur un embryon de trois mois , Wri- berg distingue, entre le chorion et l’amnios, une cou- che gélatineuse tremblante, de quelques lignes d’épais- seur, qu'il regarde, de même que Hebenstreit , comme l’allantoïde de Ruysch. Il ne peut toutefois lui recon- naître de membrane propre, ce qu’il attribue à un com- mencement de putréfaction de l'embryon. Guidé par cette première recherche , il en donne, sur un embryon du cinquième mois, la description la plus exacte que nous en ayons encore aujourd'hui. « Entre le « double voile membraneux de l’amnios et du chorion «était contenu un sac très-tendre, rempli de gélatine « tremblante. Ce réceptacle de gélatine, gisant entre «ces deux membranes , se trouvait situé aux dernières « limites du placenta. La membrane amnios étant déta- « chée, ce sac conserva sa figure, ce qui prouve que «ceite gélatine était douée de sa membrane propre. Elle «ne put cependant être séparée du chorion; mais, dé- « tachée de force, cette membrane, qui est l’allantoïde, « continuée avec la lame du chorion , s’enleva , et, ainsi « isolée, elle avait beaucoup de ressemblance avec la « vessie produite par l’action des cantharides. » Il est à regretter que Wriberg n’en ait pas donné inconnue. Après avoir décrit les vaisseaux ombilicaux , il ajoute : « Præter hæc vasa , in quibusdam animalibus reperiuntur alia a mesen- « terio orta, quæ postquam umbilicum pertransierunt , non ad pla- a centam, sed ad chorion , ac peculiarem membranam expantiantur. » Cette vésicule avait aussi été entrevue par Needham { Exp. 3, De Format. fœtu ), comme l’ont dit MM. Meckel et Béclard. (46 ) la figure ; car, ainsi isolée, cette allantoïde est la répéti- tion de celle trouvée par Hales sur un embryon du même àge , et représenté dans son Mémoire (x). Sur deux embryons, l’un de la fin du troisième mois, le second au commencement du quatrième, j'ai trouvé l’allantoïde au même degré de développement que Wri- berg, et j'ai remarqué de plus la disposition celluleuse et aréolaire que lui avait reconnu Rœderer sur un fœtus du quatrième mois (2). Cette vésicule gélatineuse, inter- posée entre l’amnios et le chorion, comme chez tous les mammifères, était isolée entre ces deux membranes ; elle n’avait aucun prolongement qui püt faire soupcon- ner l’existence d’un ouraque. L’allantoïde rudimentaire de l’homme est donc privée de communication avec la vessie urinaire, et de cette absence de l’ouraque dans le cordon provient l’unité de la veine ombilicale. Si telle est la cause de cette unité veineuse , on conçoit que la présence de l’ouraque dans le cordon de l'embryon humain devrait être suivie de l'existence de deux veines ombilicales. L’homme se trouvant alors dans les mêmes conditions que les mammifères qui l’avoisinent, la du- plicité de la veine devrait en être le résultat. Or, c’est sous ce point de vue que l’observation de (1) Transact. philos., vol. V, fig. 163, AR, G, D. (2) J'ai suivi dans cette recherche le procédé indiqué par Rœderer, procédé qui consiste à soulever l’amnios à 6 ou 8 lignes du cordon, en choisissant de préférence le côté gauche, à cause de la moindre adhé- rence en cet endroit. L’amnios soulevé , on introduit un tube de verre très-délié , et on insuflle. Je crois devoir observer cependant que Eur quelques embryons où je l’ai cherchée avec M. le docteur Manet , nous n6 l’avons point rencontrée. » 1088.) Hales est remarquable. L’allantoïde est très-développée, l’ouraque se prolonge dans le cordon, et sur chacune de ses côtes se trouve une veine ombilicale. C’est la re- production du cordon ombilical des mammifères. Mais cette observation est-elle exacte? On sait que Vésale, qui jamais n'avait eu occasion de disséquer l'œuf humain , le représenta néanmoins en plaçant un petit embryon dans les enveloppes du chien. Cette er- reur , que répétèrent Etienne et Spigel , est-elle com- mune à Hales? son observation doit-elle être placée à côté de celles de ces anatomistes ? C’est l'opinion de Roœ- derer, et nous n’avons pas de raison pour en adopter une différente. CONCLUSION DE CE MÉMOIRE. Dans le Mémoire précédent, nous avons vu le système sanguin primitif, procédant manifestement de la cir- conférence au centre conformément à la loi générale des formations organiques ; nous venons d'établir dans celui- ei, qu’en parcourant la série de ses transformations, pour arriver à son état permanent, il suit des règles non moins constantes ; d’abord celle de symétrie, et puis enfin celle de conjugaison. Conformément à la loi de symétrie, 1 y a d’abord deux aortes, deux spinales antérieures, deux basilaires , comme il a constamment aussi deux veines primitives pour former des troncs uniques. Ces deux artères et ces deux véines primitives mar- chant de dehors en dedans , finissent par être amenées au point de contact, et se réunissent en vertu de la loi ( 48 ) de conjugaison. Ces règles sont invariables chez l’homme et les deux classes supérieures des vertèbres. Elles sont invariables également dans les classes infé- rieures ; maïs, chez les êtres formant ces dernières, la force rec, quelle qu "elle soit, ayaut une impul- sion moins énergique que chez les animaux supérieurs , les organes ne parcourent qu’une partie des transforma- tions qu'éprouvent ceux des êtres supérieurs ; et de là vient qu’ils nous offrent d’une manière permanente des dispositions organiques qui ne sont que passagères chez l'embryon de l’homme et des vertébrés supérieurs. De là ces doubles aortes , ces doubles veines caves que lon observe d’une manière plus ou moins constante chez les reptiles. De là vient aussi que si la force formatrice de l’homme ou des vertébrés supérieurs est arrêtée dans son impul- sion , elle nous reproduit les dispositions organiques des animaux inférieurs. Il y a alors arrêt de formation, symétrie permanente , et répétition d’une organisation inférieure. Nous en avons rapporté plusieurs exemples. Ces cas d'anatomie pathologique ne sont donc que la reproduction de l’embryogénie, ou de l’organisation des êtres intérieurs ; ils s’expliquent les uns par les autres en même temps qu'ils confirment l'exactitude des règles générales de l’organogénie. Ce sont ces rapports des diverses anatomies que je développe sous le nom d’ana- tomie transcendante. La formation et les aberrations des vaisseaux ombili- caux nous ont donné des preuves d’un autre genre. Nous avons expliqué pourquoi le plus constamment il y a dans le cordon ombilical deux artères ; comment la per- ( 45 ) sistance de ces deux artères a lieu jusqu’au moment de leur insertion. La cause qui produit cette duplicité venant à manquer , l’anité de l'artère en est aussitôt la consé- quence. Cette cause, c'est l’allantoïde , l’ouraque et la vessie ; chez les animaux où ces trois parties sont portées au maximum de leur développement, il y a également deux veines ombilicales dans le cordon; mais si l’ou- raque disparaît dans le cordon, il n’y a qu'une veine ombilicale ; c’est le cas de l’embryon de l’homme. Les deux veines congénères, marchant l’une vers l’autre, se réunissent et se confondent en une seule. C’est aussi par la même raison que les deux veines ombilicales des mammifères se réunissent et se confon- dent en un seul tronc dans l’abdomen. L’explication de ces faits demandait que nous pussions déterminer, comme nous l'avons fait, l’état d’imperfection de l’allantoïde chez l’homme. Enfin nous avons expliqué les cas de veines ombili- cales doubles ou iriples, rapportés par divers auteurs, en montrant que ces aberrations ne sont autre chose que les vaisseaux omphalo-mésentériques persistant au-delà de leur terme ordinaire ; ou, en d’autres termes, que ces cas d'anatomie pathologique ne sont qu'une embryo- génie prolongée. | XXI, À De l’Influence de la Domesticité sur les animaux depuis le commencement des temps historiques jusqu'à nos jours ; Par M. Dureau DE La Marre, Membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). CE sujet, qui appartient tout ensemble à l’histoire naturelle , à lérudition et à la psychologie, doit, je le sens, effrayer, par son titre seul, une partie de mon audi- toire (1). Mais si on peut lui reprocher d’être aride et sévère, il a du moins le mérite d’être neuf; etlorsqu’un filon , vierge encore, se découvre dans des mines qui semblaient depuis long-temps épuisées, c’est une chance de bonne fortune qu'il ne faut pas négliger. Les faits que l’on peut recueillir dans l'antiquité sur la marche et les progrès de la domestication (2) des ani- maux le plus anciennement et le plus immédiatement soumis à l'empire de l’homme, sont malheureusement trop peu nombreux. Ils n’en sont pas moins d’une grande importance. On peut même aflirmer que rien ne peut les suppléer pour l’histoire , s’il est permis de s’ex- primer ainsi, de la civilisation de nos basses-cours et de nos étables. Les observations des Anciens, si elles datent de l'ère de Rome ou des Olympiades, et si d’ailleurs on peut se fier à leur exactitude , sont aussi précieuses pour (1) Ce Mémoire a été lu à la séance publique des quatre Académies. (2) J’ai hasardé ce mot, qui exprime l’action de la domesticité , parce qu’il m’a paru manquer à la langue des sciences. L’italien domes- ticazione, et les mots équitation, personnification , admis dans le dis- cours , sont un exemple ou une excuse. CH) la connaissance de l'éducation physique et morale de nos animaux domestiques, que les observations astronomi- ques des Grecs et des Orientaux l'ont été pour fixer la chronoicgie, pour constater l’état du ciel à une époque reculée , et le comparer avec son état actuel. Les grandes révolutions du globe, la réunion des hommes en société, l'établissement des différentes reli- gions , l'élévation et la chute des empires, tout ce q. tient enfin ou touche immédiatement à l'espèce humaine, a été soigneusement enregistré dans les traditions et les monumens historiques de tous les peuples. L'histoire de ces êtres inférieurs à l’homme, mais qu'on voit s’unir à sa destinée dès les premiers âges du monde, à été un peu négligée par leur maître orgueilleux. Elle n’a point offert à ses regards de brusques changemens, de grandes péripéties : elle a suivi, comme le temps et la nature, une marche lente, insensible. Enfin, après un certain nombre de siècles , on s’est avisé de jeter les yeux en arrière , et de mesurer l’espace parcouru ; on a vu, non sans étonnement , combien ces brutes tant dédaignés avaient contribué au développement de l’agriculture , du commerce, des richesses et du bien-être de la société. Ne serait-il pas temps de rechercher aujourd'hui quelle a été l'influence des causes extérieures sur leur organi- sation, et quels effets a produits l’action directe et pro- longée des facultés supérieures de l’homme sur le déve- loppement des mœurs et de l'intelligence de ces ani- maux, compagnons assidus de ses travaux et de ses plaisirs. L'opinion généralement répandue, et qui a prévalu chez les naturalistes modernes, est qu’on chercherait en (52) vain à fixer l’origine et la patrie de nos animaux domes- tiques. Cependant tous les animaux privés existaient à l’état sauvage en Europe et en Asie du temps d’Aristote. Ce grand observaieur l’attesie formellement, et cite, comme exemple, les chevaux, les ânes, les bœufs, les cochons, les mouions, les chèvres et les chiens. Varron et Pline reproduisent la même assertion. Le rapprochement de ces témoignages est curieux en ce qu'il montre que , dans les 450 ans écoulés depuis Aris- iote jusqu'à Pline, la domestication des animaux ne s'était pas beaucoup étendue sur le globe, et n’avait pas fait de progrès rapides. On conçoit très-bien que, dans cetie époque où le globe était moins peuplé que de nos jours, et où les espèces privées se trouvaient encore sur beaucoup de points à l’état sauvage, le grand œuvre de la domestica- tion ait été lent à s’accomplir. Les animaux soumis à cette sorte d’esclavage nécessaire à leur éducation physi- que et intellectuelle, devaient être sans cesse détournés de l’accomplissement de leurs devoirs sociaux par le spectacle et l'exemple de leurs frères errant en liberté au milieu des déserts et des forêts. [ls étaient comme ces Indiens sauvages des Etats-Unis qui, dès leur bas âge, enlevés à leur tribu, élevés au sein des villes dans la religion et la civilisation européennes, si, au bout de 20 ou 30 ans, ils rencontrent une troupe de chasseurs de leur nation , abandonnent tout, vie paisible et assurée, jouissances morales et intellectuelles, et se rejettent, sans balancer, dans la vie sauvage et aventureuse de leurs pères. Cependant, comme il est universellement reconnu (55) que, chez les animaux soumis à la puissante influence de l’homme, les modifications de forme, de couleur, les qualités physiques et même les qualités morales et intellectuelles , sont transmissibles par la génération , il s'ensuit que la race est éminemment perfecuble, Elle doit même l'être plus que l'espèce humaine, quoïque con- tenue dans une sphère de facultés plus bornée, puisque le génie supérieur de l’homme impose à ces êtres les lois, les circonstances nécessaires au développement progres- sif de leurs formes et de leur intelligence. On n’a pu jusqu'ici, et il sera peut-être toujours impossible d'opérer sur l’espèce humaine un perfection- nement semblable en unissant, pendant une longue série de générations , les individus des deux sexes Îles plus remarquables par la beauté de leurs formes , Ja bonté de leur tempérament, et l’étendue de Îeurs facul- tés intellectuelles ; ce qui rend nécessairement, je le répète, l’homme moins perfectible, comme race, que les animaux domestiques sur lesquels il peut exercer, diriger , modifier enfin de mille manières sa souveraine influence. Il est à regretter que des monarques absolus, dans le cours d’une longue dynastie, n'aient pas tenté cette curieuse expérience, et n'aient pas cherché, parexemple, à augmenter le bonheur des peuples, en améliorant Îa race de leurs ministres. | Le fait une fois bien établi de la transmission des facultés par la génération , on sentira mieux , je l'espère, l'importance et l'intérêt des observations qui datent de 20 à 25 siècles, et combier il doit être uule et fructueux de suivre attentivement les progrès successifs de l’enten- (54) dement animal des espèces privées pendant une période aussi étendue. Maïntenant toutes les sciences se rapprochent , se lient entre elles et se prètent de mutuels secours. L’utile influence de leur action réciproque s’est accrue chaque jour depuis l’heureuse combinaison qui a réuni dans cette enceinte, en un seul faisceau , toutes les branches des connaissances humaines. Si, en étudiant les animaux, la physiologie et l’ana- tomie comparée ont, dans ces derniers temps, jeté de si vives lumières sur la nature et les fonetions de l’espèce humaine, n'est-il pas permis d'espérer que l'étude appro- fondie de l’entendement animal pourra servir à éclaircir un peu les ténèbres de la métaphysique, à soulever sur quelques points le voile obscur qui nous cache les opé- rations de l’entendement humain; et, pour prendre un exemple spécial, depuis tant de siècles qu’on argumente, qu'on dispute pour ou contre la perfectibilité de l'espèce humaine, n'eüt-il pas été raisonnable d’en constater l'existence, d'en suivre la marche chez les animaux domestiques où ce phénomène se manifeste avec des clartés si vives. Du moins le procédé eût été logique ; la méthode de déduction rigoureuse; et, en arrivant du simple au composé, on eût dégagé le problème d’une masse de quantités arbitraires qui, dans l'étude de la perfectibilité de notre espèce, ont troublé les cerveaux les mieux organisés. Dans une suite de Mémoires sur les origines de nos ani- maux domestiques , et dans un ouvrage spécial inédit sur le perfectionnement de leur intelligence, où j'ai consigné le résultat de trente ans d'observations et d'expériences (55) dirigées constamment vers ce but, j'ai réuni les preuves, les autorités, les 1émoignages qui doivent, si je nem'a- buse , entraîner la conviction. Pressé par le temps qui m'est accorcé , je dois me borner à en extraire quelques faits, en parcourant rapidement les différentes familles. Il existait, du temps de César et deVarron, des poules et des paons sauvages {1) dans quelques îles de la Grèce et de l'Italie. On n’en trouve aujourd’hui que dans l’in- térieur de l'Inde. Les Romains élevaient, comme nous , des oies et des canards. La chair délicate des uns, les foies gras et le duvet moelleux des autres avaient excité vivement la sensualité de ces maîtres du monde. Deux consulaires, contemporains de Varron, se disputaient l'invention de la méthode barbare qui prive ces oïes d’eau, de mouve- ment et de lumière pour obtenir ces foies succulens dont la gourmandise fait encore ses délices. IE n’y a que la plume des ailes, dont nous avons fait l'instrument de nos pensées, qu'ils aient négligée comme inutile. C’est du V°au VI° siècle de notre ère qu’on s’en est servi pour écrire. Mais, pour propager et conserver ces volatiles , il fal- lait aux Romains une enceinte murée, traversée par un canal d’eau vive et couverte entièrement d’un filet à lar- ges mailles, pour que les oïes et les canards ne pussent s’envoler vers leur pays natal, 7e ex ed anas aut anser evolare possit. (1) Cependant M. le colonel Beaumont m’a assuré qu’il existe des paons sauvages dans quelques parcs d'Angleterre, et qu’il en a tué lui- mème plusieurs eu chassant dans les bois. L'homme fait et défait à son gré l’état domestique. (56 ) Varron et Columelle nous ont transmis ce fait qu'ils avaient sous les yeux. On peut juger de l'influence que la domesticité a , dans le cours de dix-huit siècles, exer- cée sur ces oiseaux. Chez nous, ils vivent libres, et ne pensent point à s'envoler : et ce n’est pas faute de pou- voir se servir de leurs ailes; car j'ai mis plus d'une fois de jeunes canards sauvages dans une couvée de canards domestiques, et quand ceux-là sont devenus adultes, ils ont voulu jouir de leur liberté , sont partis, et ont em- mené avec eux toute la bande de leurs compagnons d’esclavage. Suivons les progrès de la domestication dans la famille des solipèdes. Pallas et Gerbillon ont observé , ont décrit les chevaux sauvages vivant dans les steppes de la Sibérie et les déserts de la Tartarie occidentale; Azara, les chevaux rendus à l’état de nature dans les plaines immenses et inhabitées du Paraguay. Le cheval sauvage décrit par Pallas avait la queue et la crinière très-longues et très-fournies ; il portait les oreilles couchées en arrière comme un cheval qui a envie de mordre. L’étalon que Xénophon et Varron nous présentent comme le type ou modèledu cheval de guerre, porte ces caractères distinctifs : juba, cauda , crebra, subcrispa, auribus applicatis. Voilà pour les formes extérieures, et une trace évidente de l’état sauvage qui reste encore empreinte sur le cheval domestique dans le dernier siècle de la république romaine. Examinons maintenant les habitudes et les mœurs du cheval sauvage actuel et du cheval domestique des Grecs et des Romains. (re /2 « Les chevaux sauvages, dit le P. Gerbillon, obser- vateur exact et témoin oculaire, sont très-nombreux dans la Tartarie occidentale , près du grand désert de Cha-mo. Ils vivent en grande troupe, et ils ont pour habitude instinctive de débaucher les chevaux domestiques. Sitôt qu’ils en aperçoivent, même à de grandes distances, ils accourent au galop, les enveloppent, passent à côté d’eux, les caressent en hennissant doucement, les placent au milieu de ieur troupe, et, les serrant de tous côtés, les emmènent avec eux dans leurs déserts, sans que les autres y montrent la moindre répugnance. » Âzara nous offre, presque dans les mêmes termes, la description des mœurs du cheval redevenu sauvage dans le Paraguay. Un passage de Xénophon (1) indique, en rappelant cette habitude instinctive , caractéristique du cheval sau- vage , que 450 ans avant J.-C. la domestication de cette espèce était encore assez récente et n'avait pas tout-à-fait dompté l’instinet primitif. Voici le trait qui s’applique au cheval dressé par l’écuyer. «Il faut prendre beau- «coup de soin pour qu'étant monté, il s'éloigne volon- « tiers des autres chevaux; ou que, passant à peu de dis- « tance, il ne s'emporie pas pour les aller joindre. » Üne autre phrase de Xénophon : « on ne peut, avec « la même parole, rien apprendre à un cheval, » montre que la domestication était encore imparfaite, Nous avons trop d'exemples et de preuves du contraire pour qu'il soit nécessaire de les rappeler ici. Les progrès de l'éducation du cheval et de l'influence (x) Itepi væmimis, III, 4. (58 ) de la domesticité depuis 1800 ans sont surtout manifes- tes dans l’augmentation du nombre et de la permanence de ses allures. Les allures naturelles sont le pas, le trot et le galop; celles qu’on lui a données par l'éducation , pour obtenir à la fois de la vitesse dans la marche et des mouvemens doux pour le cavalier, sont l’amble et le pas relevé. Maïntenant ces qualités acquises se transmet- tent par la génération, tout comme Ja faculté d’arrêter chez le braque et l’épagneul. Le pas relevé est une allure dans laquelle le cheval relève, non pas à la fois, comme dans l’amble , mais suc- cessivement les deux pieds du mème côté ; c’est un trot serré, qui marque, comme le pas ordinaire, quatre temps distincts. Les Grecs et les Romains n'avaient pas créé cette variété de chevaux. | Dans le dernier siècle de la république, ils avaient donné à certains chevaux l'allure de l’amble qu'ils nom- ment tolutarem ambulaturem. Varron, Pline, Nonius et Végèce la décrivent de manière à ne laisser aucun doute ; mais on voit en même temps, dans ces descrip- tions curieuses , que cette aflure était le fruit de l’art, traditur arte. La race n’avait pas été modifiée par une suite de générations assez longue pour que la qualité acquise devint transmissible ei se changeàt en qualité naturelle. C’est donc dans le laps de temps écoulé depuis Varron jusqu’à nous, que l’amble et le pas relevé ou trot à quatre temps, allures totalement artificielles, sont deve- nus pour les chevaux une allure naturelle qui se trans- met des pères à leurs enfans. Je puis même assurer, pour l'avoir observé cent fois dans les herbages de Normandie, que les poulains sortis de père et mère doués de l'allure Le (59 ) du pas relevé, et même d’une mère trotteuse et d'un che- val d’allure, prennent ce mouvement artificiel dans la prairie avant de quitter la mamelle de leur mère, etqu’on n’a pas besoin de les y dresser. L'âne, moins beau, moins utile que le cheval, a reçu de l’homme des soins moins assidus, et, par une consé- quence nécessaire, un moins grand développement de ses facultés physiques et intellectuelles. Mais cette imper- fection mème, judicieusement observée, peut nous éclai- rer sur les causes et les variations de l’influence de la domesticité. L'éducation incomplète, l’imbécillité, l’entètement de l’âne qui a passé en proverbe, tiennent certainement à ceque, pendant plusieurs siècles, on a uni l’espèce domestique à l'espèce sauvage. C’est aussi la grande cause de la lenteur des progrès de la domestication chez les animaux des peuples anciens. En effet, dans le vaste système des parcours, adopté pour leurs troupeaux qui , jouissant d’une liberté pres- que absolue, passaient le printemps dans les vallées, l’été sur les montagnes, et l'hiver dans les maremmes, il est impossible que Les espèces sauvages du même genre, qui existaient alors sur beaucoup de points du globe, ne se soient pas unies fortuitement à quelques individus domestiques. C'est, je crois, l'explication naturelle de cette concep- tion merveilleuse des cavales de la Bétique , qu’on disait fécondées par le Zéphire. Les chevaux sauvages étaient fort nombreux en Espagne. Le pasteur crédule, voyant naître des produits dont il ignorait l’origine, résolvait aisément le problème en l’attribuant à un miracle. ( 60 ) Ce genre d’adultère était cependant si commun, que les Anciens avaient imposé des noms propres à ces métis de chienne et de loup , de truie et de sanglier , de bre- bis et de mouflon , de bélier et de chèvres sauvages. Les Romains, pour obtenir une belle race de mulets, unissaient la jument à l’onagre. Columelle remarque «que le mulet, fils de l’onagre, reste sauvage, difficile à dompter et maigre comme son père; que l’étalon de cette espèce est plus utile dans sa seconde génération que dans la première. Car, dit-il, quand on accouple à une jument le fils d’une ânesse et d’un onagre, le naturel sauvage s'adoucit par degrés, et le produit de cette union réunit la beauté des formes et la douceur du père au courage et à la vitesse de son aïeul.» On retrouve encore, dans cette observation précieuse de Columeile , un exemple de l'influence de la domesti- cation et de la transmission de certaines qualités physi- ques et morales , dans une suite de générations. Des faits de ce genre sont d'autant plus importans à recueillir chez les anciens , qu'il nous est impossible de les reproduire, et qu’on chercherait en vain, dans l’Europe actuelle, un âne sauvage pour l’unir à nos ànesses et à nos ju- mens. Les précautions minutieuses, nécessaires alors pour l’accomplissement de ces mariages illicites, nous ont été transmises par Varron, Pline et Columelle, dans les chapitres qui traitent de la production des mulets. Il faut, disent-ils, que l’ânon, destiné pour être étalon, soit sousirait à sa mère, sitôt qu'elle a mis bas, et soit placé sous une jument sans qu'elle s’en apercçoive. On la trompe trés-bien en la tenant dans l’obscurité; car son fruit pro- (61) pre lui ayant été dérobé aussi à la faveur des ténèbres, l’ânon substitué est nourri et chéri par elle comme si elle lui avait donné la naissance. De cette manière , l’âne choisi pour étalon apprend à aimer les jumens. Souvent même, quoiqu'il tette encore sa mère, il faut l’intro- duire dans la société des cavales, pour qu'il se familiarise avec elles, et que , dès l’âge le plus tendre , il apprenne à désirer leur approche. Mais ce n’est qu'entre trois et dix ans qu'il convient de l’employer comme producteur. Les auteurs cités décrivent ensuite l’accouplement qui doit se faire dans un lieu étroit, fermé, obscur, avec une jument liée, qui a déjà porté, et dont les désirs ont été d'avance irrités par un âne commun qui les éveille sans les satisfaire. On sait que les mélanges d'espèces n’ont lieu qu'entre des animaux domestiques du mème genre ou entre des animaux dont un sexe. au moins est dans l’état de domes- ticité. On voit donc que , chez les anciens, la domesti- cation et l'espèce de dépravation qui en est la conséquence n'avaient pas fait dans les mœurs de l’âne et du cheval autant de progrès qu’à l’époque actuelle, puisqu'on était alors forcé de tromper la nature pour en obtenir des accouplemens hétérogènes, qui ont lieu maintenant chez nous entre les différens sexes des ânes et des che- Vaux, sans qu on ait besoin d'avoir recours au moindre artifice. Les ruminans sont, comme on le sait, ceux de tous les mammifères sur lesquels la domesticité exerce le moins d'influence. Cependant, chez les Romains, on avait soin de choisir, pour conduire les bœufs, les hommes les plus grands, les plus robustes, à la voix forte et menaçante. (62) À vant d’atieler, pour la première fois , le bœuf à la char- rue, il fallait le lier fortement à sa crèche , lui mettre ün joug sur la tête, l’affaiblir pendant quatre jours par Îa faim et les veilles, et l’amadouer avec des friandises, telles que des gâteaux , du sel et du vin. De semblables soins sont aujourd'hui superflus , et, dans nos fermes, une jeune fille de quinze ans se fait obéir du taureau le plus fort, même lorsqu'il a vécu plusieurs années en liberté dans les herbages. Je prendrai encore chez les Anciens un fait relatif à la nourriture des. bœufs, qu’on jugeait apocryphe, et qui sera désormais bien constaté. Élien et Athénée rapportent que les Péoniens, peuples de la Thrace, nourrissaient leurs bœufs avec des pois- sons : « Les bœufs, disent-ils, les mangent avec autant de plaisir que les autres bœufs mangent du foin, pourvu qu'on les leur présente vivans et palpitans; morts, ils en ont dégoût, et ne veulent pas y toucher. » La singu- larité de l’assertion devait la faire révoquer en doute; mais on peut l'aflirmer au moins des solipèdes; car des chevaux, que M. de Calonne a fait venir d'Islande en 1788, n’ont eu pour aliment que du poisson de mer cru, pendant la traversée, et tout le temps de leur séjour au portde Dunkerque. Notre confrère, M. du Petit-Thouars, qui s’y trouvait en garnison, l’a vu de ses propres yeux, et m'a fourni ce témoignage qui appuie la véracité des rapports d'Élien et de Zénothémis. C'est encore un des fruits de la domesticité que la production permanente du lait chez les vaches, les bre- bis et les chèvres. Les espèces sauvages ne le conser- vent que le temps nécessaire pour que leurs petits puis- ( 63 ) sent s’habituer à d’autres alimens. Les espèces domesti- ques, transportées dans le nouveau monde, ont perdu, en acquérant l'indépendance, cette propriété de leurs ancêtres, et n’ont du lait que lorsqu'on garde les veaux et les chevreaux pour téter leurs mères. Un passage curieux d’Aristote nous montre que cette sécrétion si utile qu'on entretient par une irritation mé- canique , a été produite primitivement par une inflam- mation des mamelles , au moyen de plantes urticantes. Il ajoute même pour les chèvres : « quand elles n'ont pas été fécondées , on frotie leurs mamelles avec des orties assez fortement pour exciter de la douleur. On trait d'abord un lait mêlé de sang, ensuite du pus, et enfin un lait aussi pur, aussi sain , aussi abondant que celui qu’on tire des chèvres pleines. » Mais c’est surtout dans le chien, le compagnon, le gardien, le serviteur et, pour ainsi dire, l’ami intime de l’homme, le chien, objet constant de ses affections, de ses soins etde sa prévoyance, que le développement et les progrès de l'éducation domestique, que la puissante influence d’un génie supérieur sur les mœurs et l’intelli- gence de l’animal , se manifestent d’une manière pres- que miraculeuse. Ici les faits se pressent en foule : on reste accablé sous jeur nombre. Il faut se borner à quel- ques traits. Les Anciens (on peut s'en convaincre par les descrip- tions des auteurs et les monumens figurés) ne connais- saient qu'un petit nombre de races de chiens. Ils avaient le chien de garde , le chien courant, le chien de berger, mais différent du nôtre , et le petit chien de Malte , qu’on croit être notre bichon. Les qualités morales et inteilec- (64) tuelles de ces espèces étaient encore peu développées. Les chiens d'arrêt, tels que les braques et les épagneuls, où l'éducation a fait des prodiges, leur étaient inconnus, de même que le barbet, si remarquable par la constance de son attachement, la sûreté de son jugement et la viva- cité de son intelligence. J'ai avancé que les qualités intellectuelles acquises par les animaux domestiques étaient transmissibles par la génération ; mais comme on doit toujours se défier d’une sorte de prévention en faveur de ses idées, dans l'étude de cette psychologie animale, si variée dans ses nuances, si fugitive dans ses impressions, si difficile enfin à saisir et à soumettre à l'exactitude de la méthode des autres sciences naturelles, je citerai un fait constaté par un observateur très-exact, notre confrère M. Magen- die. Il prouve indubitablement que; chez le braque , la faculié d’arrêter et de rapporter le gibier, contraire à ses passions instinctives , et imposée d’abord à lamimai par la contrainte et les châtimens , se transmet, sans alté- ration , des pères à leurs enfans. M. Magendie apprit qu’en Angleterreon possédaitune racedechiens qui arrè- tait et rapportait naturellement : il s’est procuré un cou- ple de ces braques adulies ; une chienne en est provenue, qui, étant restée constamment sous ses yeux , et n'ayant reçu aucune instruction, a arrêté et rapporté-le gibier, dès le premier jour qu'on la menée à la chasse, avec au- tant de fermeté et d'assurance que les chiens auxquels on avait appris cette manœuvre à l’école du fouet et du collier de force. Tout Paris admire aujourd'hui les prodiges d’intelli- sence et de sagacité des fameux barbets Fido et Bianco, (65 ) que la postérité admettrait sans doute an rang des chiens illustres , si les chiens avaient leur Plutarque. Ce qu'il y aurait de vraiment curieux , et ce que l'intérêt du maï- tre lui fait cacher avec le plus de soin, serait la con- naissance des procédés employés pour leur instruction(r). Le fait suivant, dont j'ai ététémoin, prouvera que le chien est. doué d’une réflexion, d’un jugement, d’une faculté d'imitation et de réminiscence qu’on se croirait en droit de lui refuser. J'avais un épagneul fort intelligent; je l’emmenai de ma campagne à Paris, dans ma voiture , à l’âge de huit (x) Bianco et Fido, qui ont fait dernièrement leurs exercices dans la capitale, ne méritent certainement pas d'être rangés parmi les chiens célèbres, si l’on pré- tend qualifier ainsi les individus qui se distingueraient de leurs semblables par un plus grand développement de leurs facultés intellectuelles. En effet, nous nous sommes assurés que ces facultés étaient très-bornées chez ces deux chiens, et que leur savoir se réduisait,, ainsi que nous allons le dire, à très-peu de chose. Ayant assisté à une première séance , nous sortîmes pleinement convaincus que le rai- sonnement n’entrait pour rien dans tout ce qu'ils exécutaient, et qui consistait surtout à composer avec leur orthographe, et en différentes langues, les mots qu’ils entendaient prononcer, ou bien à indiquer le nom du souverain qui régnait dans telle année que l’on désignait, ou même à deviner, par un tour d’escamotage, l’objet ou la carte que l’on avait pensé, etc., etc. Nous soupconnâmes qu’il y avait de la part du maître quelque signe qui était compris par le chien, mais nous ne pûmes en saisir la manifestation. Désirant cependant éclaircir nos doutés, nous reyînmes à une autre séance , accompagnés de divers naturalistes , et nous ne tardâmes pas à découvrir le mécanisme très-simple de ce jeu merveilleux, Les personnes qui ont assisté à ce spectacle savent que toutes les lettres de l’alphabet ou toutes les cartes d’un jeu élant rangées en cercle, et à des distances assez grandes les unes des autres, le chien parcourt sans cesse le cercle que forme toutes ces pièces. Doit-il composer ‘une réponse? il apporte successivement à son maître les lettres qui vout former le mot ou la phrase: il fait de même quand il s’agit d’une carte que l’on a pensée. La manœuvre se réduit donc, pour le chien, à apporter isolé- ment des objets. Que l’on suppose maintenant que cet animal, touchant ainsi suc- cessivement, et dans une marche très-lente, chaque pièce avec. SoR museau, soit instantanément averti par un signe, et que pour lui ce signe veuille dire apporte, il prendra la pièce qu'il semblait flairer, et l’apportera à son maître, lequel la pla- cera à ses pieds; on concoit alors comment des mots et des phrases entières seront formés ,. sans que, le chien soit pour rien dans leur intelligence. C’est en effet ce qui a lieu; et ce signe apporte consiste, pour le chien, dans un petit claquement de l’ongle que fait entendre son maître. 11 a frappé nos oreilles chaque fois que le chien passait devant la lettre nécessaire à la construction du mot; aussitôt l’animal s’arrètait et l’apportait à son maître : celui-ci, pour cacher ce mouvement, tient ordinairement une de ses mains couverte par l’autre, ou bien il les met derrière son dos-ou dans ses. poches. M. Feuillet, bibliothécaire de l’Institut, et quelques membres de l’Académie des Sciences, auxquels nous avons fait part de cette observation avant qu'ils aient assisté à,ce spectacle, ont été convaincus, après l'avoir vu, de l’exactitude de la remarque, et ont entendu comme nous le petit claquement qui se fait entendre chaque fois que le chien doit apporter un objet. (Note des Rédacteurs. ) XXE, i 5 66 } ans. Le même jour , il sort de ma maison dans la rue, s'yennule, veut réntrer, gémit.et aboïe: pour se faire ouvrir: on me l'entend pas. Sunvientun étranger qui frappe en levant le marteau , et se faitiouvrirla porte: Mon chien l’observe:et rentre avee lui..Ce mêmerjour, je lai vu se faire ouvrir six-fois en levant le marteau avec sa pate. Notez qu'il n'ya pas-de portes, à anarteau dans le château où il fut élevé, ét dont il n’était jamais sorti. C'est donc à l'esprit d'observation de l’animiah, guidé par une seule expérience, qu’il faut attribuer la répétition d’un acte nouveau pour lui, et qui semble au-dessus de l’intelligence ordinaire de son espèce. L'observation que je vais rapporter montre que le chien peut comprendre l’idée et le langage de son maître, tandis qu’Aristote et Xénophon afirment qu on ne peut” rien apprendre aux animaux avec la parole: Un de mes voisins de campagne | M. de: Fontenay, faisait des entreprises d’ agriculture ‘en commun avec M. des Feugereis, dont la terre était située à deux licues de la sienne : M. de Fontenay possédait un braque su- perbe, d’une intelligence rare, . qu'il avait élevé lui- même ; ét qui semblait deviner ses pensées. Un j jour qu'il avait une lettre pressée. à envoyer à son voisin , ‘et: qu'il ne trouvait ‘personne dont il pür disposer, ili imagina de se! servir de son chien pour commissionnaire : il attache une lettre à à son collier , et lui dit, pour l’éprouver, et sans croire être obéi : « Porte cela aux Feugerets. » Le chien y alla, ne ‘voulut se laisser prendre la lettre ‘que par M: dés Feugerets lui-même. Et, à dater de ce jour , Jäivu, pendant cinq ans, ce che servir de commis- sionnaire entre les deux châteaux, avec une prompti- ( U7.) tude et une fidélité remarquables. Quand le chien avait remis sa lettre , il allait manger àtla cuisine. Siôt qu'il avait pris son repas , il allait s'asseoir devant la fenêtre du cabinet de M. des Feugerets, et aboyait à diverses reprises, pour avertir qu'il était prêt à reporter la ré- ponse. La lettre une fois attachée à son collier , il prenait sa course, et venait la rendre à son maître, M. de Fon- tenay. Les nombreux exemples que j'ai rapportés établissent donc que l’éducation des animaux domestiques a tou- Jours suivi une marche progressive plus cu moins rapide, et donnent lieu d'espérer qu'avec des soins, de la con- stance et de l’habileté, on peut augmenter encore le développement de leur intelligence. Je terminerai cet extrait, déjà trop long, peut-être, par l'énoncé d’un résultat assez remarquable , auquel m'ont conduit mes recherches sur l’histoire ancienne: des animaux. Je crois pouvoir assurer que la plus grande portion de nos espèces domestiques est originaire de l'Asie. Ainsi l’histoire naturelle, quoique procédant par d’autres moyens que la philologie, confirme un fait que l’analogie des idiomes indo-persans avec les langues an- ciennes et modernes de l’Europe avait déjà fait entre- voir. C’est qu'antérieurement aux temps historiques il est venu dans notre Occident une grande émigration des peuples orientaux qui nous ont apporté les élémens de leur langage, leur civilisation , et les animaux qui en marquent l'origine et les progrès. (ss Sur la Brèche de wake et de calcaire appelée Mischio de Serravezza ; Par M. Paul Savr, Professeur d'histoire naturelle à Pise. M. Paul Savi vient d'adresser à M. Brongniart un Mémoire sur une roche des carrières de Serravezza , dans les Alpes apuanes , qui porte le nom technique de Mischio ou Brecciato di Serravezza. C’est une brèche très-belle, à pâte brune et fragmens blancs , irès-recherchée dans les arts, et déjà employée dès 1560. Elle se présente dans les masses de dolomie granu- leuse ou saccharoïde de Carrare, de l’Alissimo, etc. , et plus particulièrement dans les carrières de Stazzema. Cette brèche est composée de débris anguleux de cal- caire, les uns saccharoïdes, les autres compactes, réunis par un ciment violâtre assez foncé , et d’une tout autre nature. à Le ciment violâtre est une roche homogène , à tex- ture compacte , peu dure, mais tenace , répandant , par l'humidité de l’haleine, une odeur argileuse. M. Ranieri Passerini de Pise l’a trouvée composée de Silice. 7 Lee An PA AE 47 Alumine lei eu eenr s2 400 190 Her SPC SR LA 16 Chaux et magnésie............ 2 M. Savi fait remarquer que ce ciment se rapproche (69 ) beaucoup de la wake par ses caractères et par cette com- position. Les fragmens de calcaire ont en général leurs angles émoussés et même arrondis comme s’ils avaient été pla- cés dans un liquide dissolvant. Quoiqu’ils n’affectent pas d'ordre précis dans la pâte qui les enveloppe, M. Savi a cependant remarqué qu'ils formaient comme des lignes ondulées , à peu près parallèles entre elles , et que le grand axe des fragmens allongés était assez ordinaire- ment dans le sens de ces lignes. M. Savi üre les conclusions suivantes des observations renfermées-et détaillées dans son Mémoire : 1°. Le Mischio de Serravezza et de Stazzema est formé par des débris anguleux de calcaire, réunis en- semble par une pâte essentiellement composée d’alu- mine et de silicate de fer; 29, D’après la coloration que les débris ont éprouvée, les autres altérations qu'on y observe, et la nature des minéraux qu'on trouve dans le ciment , il est probable que ce ciment a été originairement dans l’état de fluidité ignée ; 3°. Cette pâte a pénétré dans les masses calcaires lorsque celles-ci avaient déjà perdu l’état de fluidité dans lequel elles avaient dû être ; 4°. Par conséquent la formation du Mischio est pos- térieure à l’éruption des masses dolomitiques dans les- quelles on le trouve : 5°. Puisqu’il est connu que l’éruption dolomnitique est postérieure à la formation du stéaschiste (talk schie-- fer) , dont est constituée la plus grande partie des mon- tagnes du Pietro-Santino , il en résulte que la formation (go?) du Wischio est postérieure à celle de ces mêmes mor- tagnes de stéaschiste, NOTE. M. Alexandre Brongniart, ayant eu l'avantage d'exa- miner les nombreux échanullons de cette roche curieuse envoyés par M. Savi, y a reconnu, comme ce natura- liste l’a très-bien déterminé, une vraie brèche à frag- mens calcaires et à pâte de wakite. Cette pâte de wakite renferme souvent des cristaux nombreux , allongés et petits d’amphibole. Mais les fragmens offrent un phénomène remarqua- ble , qui a été aperçu par M. Savi, et indiqué dans son Mémoire par le passage suivant : « On trouve dans le « Mischio, dit-il, deux autres espèces de minéraux, le « talc lamellaire et la chlorite granulaire ; l’un et l’autre « ‘se voient déposés sur la surface des morceaux de cal- « 'caire, le talc presque constamment , la ehlorite beau- « coup plus rarement, etc. » En effet, la surface de tous les fragmens de calcaire semi-compactes et saccharoïdes, dont les angleset les arêtes sont arrondis comme par l'effet d’un liquide dissolvant, ést recouverte d’un enduit talqueux, dont l'épaisseur ne passe pas un millimètre. Cet enduit, par la manière dont il est lié au calcaire , dont il pénètre dans les fissu- res, dont il modifie à un ou deux millimètres de profon- deur la couleur et la texture des fragmens calcaires, paraît résulter évidemment de linfluence du ciment sur le calcaire, ou du calcaire sur le ciment; car il n’est pas possible de concevoir comment le tale renférmé dans ce ciment, si tant ést qu'il en contienne, se serait ainsi VE ) rassemblé sur les fragmens calcaires, si un ne voulait pas admettre l'influence de ces fragmens sur lé ciment. Or, on doit faire remarquer que , d’après analyse de M: Ranieri, lé ciment ne renferme pas 0,02 de rha- gnésie. | Cette disposition semble donc présenter en petit uu phénomène analogue au passage du calcaire saccharoïde à la dolomie ; passage ou altération qui résulte’, suivant M. de Buch, de l’action des roches pÿroxéniqués (et la wakite en est une) sur le calcaire saccharoïde ; altérätion qui produit la dolomie qu’on voit si fréquemment dans le contact de ces deux roches. La dolomie cristallisée, ou peut-être le tale ( car cet enduit, quoique nacré et indis- soluble comme le talc, n’en à pas l’onctuosité ), semble une altération de la surface des fragmens de calcaire sac- charoïde, dans leur contact avec la pâte de wakite. els sont les faits et les apparences : on ne‘peut aller au-delà ; c'est une question trop délicate, qui demande des obser- vations locales et des recherches chimiques trop nom- breuses , trop difficiles et trop longues pour être suivies et résolues par l’auteur de cette note. M, Savi a fait remarquer que beaucoup de fragmens de calcaire offraient à leur surface des traces évidentes. de l’action d’un liquide dissolvant. M. Brongniart a re- connu ces apparences sur plusieurs des : échantillons envoyés par ce naturaliste ; mais , en examinant les sur- faces attaquées, on y voit des parties saïllantes qui sem- blent avoir offert plus de résistance queile reste de la ! masse à l’action dissolvante , et on reconnaît bientôt que ces parties appartiennent presque, toutes à des débris organiques ; on y. voit mème. assez distinçtement ,des (72) coupes transversales d'Entroques; et, en observant avec le même soin les fragmens de calcaire saccharoïde , on croit ÿ avoir aperçu des fragmens de ces corps. Or on sait que cette association , si curieuse et si rare qu'on l'avait cru absclument incompatible avec l’origine et la texture cristalline de ces calcaires, s’est présentée de la manière la plus évidente dans des circonstances géologiques à peu près semblables dans un calcaire sac- charoïde , et même lamellaire , de Swangstrand , entre Drammen et Christiania en Norwége, en Bretagne, etc. Aperçu de quelques Observations nouvelles sur les Planaires et plusieurs genres voisins ; Par M. Axr. Ducës. (Lu à V’Académie royale des Sciences, le 5 juillet 1830.) Encouragé par les suffrages récens qu'ont obtenus mes premières recherches sur les Planariées (1), j'ai con- tinué cette étude, d’ailleurs par elle-même très-at- trayante , et j'ai rassemblé de nouveaux matériaux pour une monographie, que peut-être je pourrai compléter par la suite. En attendant ce momeni , il m’a paru avan- tageux de livrer à la discussion des zoologistes quelques observations assez intéressantes, et dont plusieurs même pourraient appeler le doute, si je n'eusse mis dans mes (1) Annales des Sciences naturelles, octobre 1826, t. XV, p. 130. (73) investigations toute l'attention, toute la patience dont J'étais capable. ARTICLE Ier. PROSTOMES. Le genre Prostoma, que j’ai cru devoir établir pour des êtres en partie nouvellement connus , en partie con- fondus avec les Planaires, a été conservé par MM. Cuvier et de Blainville ; mais ce dernier l’écarte de la famille des Planariées , pour le réunir avec les Némertes ou Borlasies , les Cérébratules , etc., dans une famille plus voisine des Annélides , celle des Zérétulariées. Je ne puis qu'applaudir à cette séparation ; la pré- sence d’un canal intestinal à deux ouvertures, la forme du corps, la disposition des organes génitaux , etc., etc., éloignent les Prostomes des Planaires , et ils ne leur ressemblent que par leur mollesse ( quoique bien moins grande dans certaines espèces ) , leur mode de progres- sion , l’absence d’anneaux distincts et d’un système ner- veux isolé , enfin par la présence d’un système circula- toire à sang blanc et à parois plus ou moins contrac- tiles. Je n'en connaissais d’abord qu'une espèce ; j'en ai maintenant observé quatre, deux marines, deux d’eau douce , et l’une des quatre est, comme je l’ai pressenti, une espèce déjà décrite sous le nom de Planaria ; les trois autres sont nouvelles. En voici l'énoncé succinct. 1°. Prostome clepsinoïde , Prostoma clepsinoideum (Nobis). -— Corps en massue , mou, jaune d’ocre ; six yeux noirs sur deux rangs longitudinaux. Habite sous les pierres dans les rivières. Longueur extrème, 5 lig. ; (74) 2°. P. lombricoïde , P. Zombricoideum (Nobis). — Corps vermiculaire , très-allongé, mou , jaune , marbré de rouge vif; les yeux noirs, disposés en carré. Habite dans les ruisseaux. Longueur extrème , 15 lign. 3°. P. blanc, P. candidum (Planaria candida , Muller ). — Corps fusiforme , assez résistant, jaunâtre, marbré de blanc; quatre yeux noirs , disposés en carré ; une ligne brune allant des antérieurs aux postérieurs. Trouvé sous les pierres, près d'un rivage rocailleux dans la Méditerranée. Longueur extrème, 10 lig. 4°. P. armé, P. armatum (Nobis). — Beaucoup plus grand que le précédent; corps vermiculaire , très- long, coriace, blanc ; tête semée en dessus de nombreux points noirâtres, laissant libre seulement une bande médiane , offrant en avant et en dessous trois points ocu- liformes près de chaque bord latéral. Trouvé au même lieu que le précédent. Longueur extrême, 18 lig. C’est surtout ce dernier qui, en raison de sa taille, de la facilité avec laquelle son corps se prêtait à la com- pression , sans s’écraser, de la transparence de la peau, et du temps considérable pendant lequel je lai conservé vivant dans de l’eau de mer ; c'est celui-ci, dis-je, qui m'a permis d'observer les détails anatomo-physiologiques que je n'avais vu qu'inparfaitement, mais que javais déjà en partie constatés néanmoins, dans les autres espè- ces, depuis la publication de mon premier travail. 1°. Je me suis assuré sur les trois premières espèces que le tube digestif, très-susceptible d’élargissement, d’élongation , de mouvemens vermiculaires , et très- mobile dans le centre du corps, se termine en arrière par un véritable anus, et peut se renverser, par son ou- (07 ) verture antérieure ou la bouche , jusqu’à une longueur considérable , en formant une sorte de trompe; maïs, chez le Prostome armé seulement, j'ai trouvé à cette portion exsertile une structure assez compliquée, et dont la description m'entraînerait trop loin (voyez PI. », fig. 5): Je mentionnerai seulement six pointes dures et transparentes , disposées en deux groupes, et une pièce oblongue , cornée , de couleur brune , placée au centre, et terminée par un dard' aigu et transparent. Cette pièce sert à percer sans doute la peau des Annélides dont le Prostome veut faire sa proie, et que retiennent les groupes de pointes dont j’ai parlé d’abord. Cet appareil singulier ne peut être rapproché que des crochets dont sont armés quelques vers intestinaux ou parasites , comme les Polystomes , les Echinostomes , etc. , etc. 2°. Dans tous les Prostomes que j’ai examinés, on peut voir, à la partie antérieure , les systoles et les diastoles d’une arcade vasculaire transparente , et l’on voit aussi, dans tous, deux poches pellucides plus ou moins rap- prochées, et de forme variable, communiquer avec cette arcade. J'ai pu , dans le Prostome armé , observer un système circulatoire complet dans toute l'étendue du corps, sys- tème composé de plusieurs ordres de vaisseaux, les uns plus , les autres moins contractiles , comme cela se voit dans les Annélides à branches ; il y aurait pourtant cette différence que, chez le Prostome, les renflemens vési- culaires et les vaisseaux qui en partent, quoique bien évidemment contractiles, le seraient moins que les autres parties du système vasculaire, tandis que c’est le con- traire danis les Lombries et les Naïs. (76) La figure 6 donnera une idée de cette disposition ana- tomique , et de la marche que j'ai dû supposer aux fluides circulans d’après la progression des contractions et dila- tations visibles des vaisseaux. 3°. Pour ce qui regarde l’appareil reproductif , les Prostomes m'ont offert des particularités non moins re- marquables que les précédentes. Tout le long des côtés du corps est une série de poches à col étroit, ouvertes à l'extérieur, et même susceptibles de se renverser par la compression. Chez le Prostome lombricoïde , ces poches renfermaient trois à quatre vésicules contenant une sub- stance pulpeuse , et un point ou globule transparent ; il m'a paru qu'on ne pouvait voir dans ces vésicules que des œufs pourvus de leur germe, et dans les poches que des ovaires ou matrices singulièrement multipliées. Ceci rappellerait les ovaires des Ténias, qui en ont un ouvert à extérieur pour chaque segment du corps. ARTICLE LI. DÉROSTOMES. Le genre Derostoma , bien caractérisé par un sac ali- mentaire uniloculaire, visible à travers la peau, à une seule ouverture toujours infère, doit, selon mes nou- velles remarques , être divisé en deux sections d’après la situation de la bouche. Les uns en effet , et ce sont les plus nombreux , ceux à qui convient surtout le nom de Dérosiomes , ont cet orifice situé au voisinage de l’extré- mité antérieure ; les autres, qu'on pourrait nommer Meé- sostomes , Vont, comme les Planaires, placé au milieu du corps, bien qu'ils diffèrent de ces animaux par l’absence (77) d'une trompe exsertile , par la simplicité de leur cavité digestive , parleur forme plus ou moins cylindroïde. À la première section appartiennent les D. notopse, leucopse , squale, lancéolé, plature et polygastre (No- bis), tous six déjà décrits dans mes premières recher- ches. Il faut y joindre les espèces suivantes , dont j’ac- compagnerai l’énumération d’une brève caractéristique. 1°. Dérostome changeant, D. mutabile (Nobis). — Corps irès-contractile , susceptible de devenir alternati- vement linéaire et presque ovale ; tête et queue élargies ; bouche allongée, fort éloignée de l’extrémité antérieure; couleur blanchâtre; sac alimentaire verdätre. Longueur extrème , 2 lig. 2°. D. large tête, D. laticeps (Nobis ). — Fort étroit, souvent comme chiffonné, toujours linéaire ; tête élargie en disque ; bouche ronde , immédiatement derrière cet élargissement ; couleur blanchâtre, Longueur, 1 lig. =. 30. D. à tête étroite, D. angusticeps (Nobis). — C’est celui que j’ai nommé ailleurs lineare , maïs qui ne peut guère plus que les deux précédens , ni le leucopse, le notopse, etc. , être rapporté au Planaria linearis de Muller, ni d’Abildgaard. Il est plus régulier, moins étroit que le précédent ; sa tête est lancéolée : ni l’un ni l’autre n’a de points oculiformes , non plus que le mu- tabile. ; 4°. D. sélénopse, D. selenops (Nobis). — Epais, fusiforme, pointu en arrière, mais sans prolongement caudal; pourvu de deux très-grands points oculiformes écartés, noirs, et en demi-lune; bouche située immé- diatement derrière les yeux , et à peu près au-dessous ; couleur blanchâtre. Longueur, = de lig. ((78v) 5°. D. tronqué, À. truncatum ( Planaria truncata ? Muller). — Aplati, pointu en arrière, tronqué et-un peu échancré en ayant; œsophage volumineux ; , deux points oculiformes très-écartés ; presque divisés chacun en deux.(de.là sans doute les quatre que donne. Muller à sa Planaire onquée );-.couleur brune; bords transpa- rens. Longueur, : lig. 10H Jul ETS TER 6°, D. grisätre,, D.:griseum. ( Planaria grisea Muller ). — Fusiforme, pointu en :arnière, :obtus: en avant ; bouche presque terminale ; couleur jaune grisà- tre. Longueur, ; de lig. 7°. D. mégalopse ,, 2). Ee CNohis — C’ est le plus grand des Dérosiomes à moi conmus. Aplai, élargi en arrière/, atténué. en avant , pourvu d’une masse œsophagienne placée derrière les yeux ; ceux-ci écartés, intérieurs comme ,chez la plupart des Dérostomes ; sont irrégulièrement arrondis, très-grands, et d’un roux clair. Le sac alimentaire, rempli sans doute d’infusoires, m’a- vait paru d'abord un arbre gastrique à ramifications con- fuses. | Couleur blanc sale. Longueur, 2 lig. Largeur, dela dre LE DITOUGBE D'AO + 2010 à | Je l'ai trouvé, une fois lon dans l’eau platiahe d’ Me bourbeux. Les précédens oût été pris parmi les Conferves, dans des eaux,assez pures , mais stagnantes. La deuxième section ( Mésostomes ) comprend jus- qu'ici quatre espèces seulement; savoir: les D. gros, verdâtre,, rostré et fusiforme: : NT &. Le Derostoma grossum ( Planaria. Fun Mul- ler) a été décrit ailleurs , , mais la bouche indiquée à tort comme beaucoup plus rapprochée de l'extrémité anté- rieure que de la postérieure. J'en ai vu une variété ver- ( 79 ) dâtre. Le plus grand nombre est roussätre , et l’abon- dance des individus a pu quelquefois faire paraître l’eau de-quelques ruisseaux comme remplie de gouttelettes de sang. Longueur extrême, 3,lig. =. 0° Le D. viridatum (P. viridata , Muller ) avait été dubitativemient rangé, dans les Planaires. Il n’a point d'arbre gastrique, mais un sac ;, il est aussi épais , quoi- que un peuyaplati : peut-être est-il pourvu d’une sorte de trompe fort large. Mes observations sur ce point au- raient besoin de nouvelles lumières. 10°. Le D. rostratum (P. rostrata?.: Muller ). est large, épais, terminé en pointe et même en queue étroite en arrière ; en ayant, il offre une tète séparée du corps par: un léger étranglement, et prolongée en un angle plus ou moins saillant, Deux yeux presque contigus , d’un; rouge vif, et de forme peu régulière. Corps demi- transparent et rosé. Longueur, plis... 11°. Enfin le D. fusiforme (Nobis), rougeätre comine le précédent, en diffère par sa forme,allongée , ses deux yeux écartés, noirs, sa tête non séparée du, corps, etc. Il diffère du grossum par ,sa forme allongée, l’écarte- ment de ses yeux, sa tête plus aiguë, ses œufs ovales, etc. Longueur,;: ANCIENNE W Dans un bon nombre des espèces. que je,viens de passer en revue, j ai pu reconnaître des organes génitaux ana- logues à ceux des Planaires ; savoir : un, pénis volumi- neux et une matrice avec deux longs oviductes contenant des ovules et des œufs déjà tout formés : ces oyiductes garnissent les côtés du corps , et remontent souvent jus- que vers la tête. Les œufs varient en nombre, en forme, en volume et en couleur. Je n’en ai généralement trouvé ( 80) qu'un de parfait, de forme oblongue, de couleur rou- geâtre , et situé vers la queue dans le D. lancéolé ; un seul aussi, ovale et grisätre, situé de même en arrière chez le D. tronqué; un seul encore, maïs rond, rou- geâtre , et situé derrière l’œsophage du D. mégalopse. Chez le D. fusiforme, un œuf brun clair et ovale était logé vers la queue; quatre à cinq œufs oblongs et rou- geâtres occupaient le milieu du corps du D. grisàtre ; ceux du D. rostré, à peu près en même nombre, un peu plus arrondis, et d’un brun rouge, étaient placés de mème ou plus en arrière; beaucoup plus nombreux (jusqu’à quarante-cinq), ils étaient également dissémi- nés vers le milieu du corps chez le D. verdâtre. Leur forme était ovale ; leur couleur tantôt rouge, tantôt d’un vert foncé. Enfin, presque aussi nombreux en germe, mais rarement au nombre de plus de sept à huit à l’état parfait , ils sont plus régulièrement disposés sur les côtés du sac alimentaire , exactement arrondis , et d’un rouge assez vif chez le D. gros. C’est ce dernier qui m'a per- mis les observations les plus suivies et sur la ponte de ces œufs, qu’un peu de mucosité colle aux végétaux submergés, et sur l’accouplement que j'ai vu maintes fois s’opérer ici comme chez les Planaires. Le point de communication des deux individus dans Île coït, c’est-à- dire, le pore génital, était placé immédiatement derrière la bouche, située, chez ce Dérostome , au milieu du corps (fig. 15). Je n'ai point vu d'œufs chez les D. très- allongés et qui, comme la Planaire subtentaculée, se partagent spontanément par le milieu de leur longueur (D. ‘angusticeps , leucops, etc. ). Peut-être, comme cette Planaire , sont-ils privés d'organes génitaux. (81) ARTICLE II. PLANAIRES. Relativement aux caractères spécifiques , je n'aurais à donner, pour les espèces déjà décrites dans mon pre- mier Mémoire , que quelques détails qui vont se repré- senter à l’occasion de celles que j’ai nouvellement obser- vées; je dirai seulement qu'il est maintenant bien démontré pour nous que le Planaria fusca est absolu- ment le même que le P. Torva. Observé presque en même temps par deux naturalistes différens (Muller et Pallas) , cet animal a reçu deux noms que Gmelin n’a conservés séparément qu'avec doute. Cette identité ex- plique l’uniformité des remarques faites par M. Baër sur le P. Torva, et de celles que le ?. fusca m'avait fournies. À ce sujet j’ajouterai encore que j'ai senti la nécessité d'adopter une donnée constante dans la déter- mination de la forme du corps de ces animaux éminem- ment mous et contractiles ; c’est de les examiner dans la marche. C’est dans la progression seule que cette forme est bien régulière, bien constante , et tout ce que nous en dirons par la suite doit être supposé toujours avec cette condition. J'avais étudié dès long-temps trois espèces de Muller, qui sont également communes dans Îe nord et dans le midi , et que jai trouvées tout récemment encore dans les ruisseaux de la Glacière près de Paris; savoir: P. fusca ou torva, P. lactea, P. nigra et brunnea (var.); j'y avais joint la description d'une quatrième , qui paraît XXI. 6 "| 82 ) propre à nos départemens méridionaux , P. subtentacu- lata (Drap.), et enfin une cinquième espèce marine, probablement le P. tremellaris de Muller. Depuis, j'ai observé le P. terrestris du même auteur, et cinq espèces nouvelles. 1°. J'ai trouvé le P. terrestris en Languedoc , dans les lieux humides et sous les pierres, après un été plu- vieux. [Il est noir ou noirâtre en dessus , blanchätre en dessous, cylindroïde , atténué en avant, maïs obtus, et porte deux petits yeux noirs sur son extrémité antérieure. Tout cela a été vu par Muller. J’ai vu de plus un pore blanc au milieu de la face inférieure , et, dans sa struc- ture , j'ai retrouvé le pulpe des Planaires , leur trompe, leur pénis, leurs vaisseaux spermatiques, et enfin un arbre gastrique consistant en un tronc longitudinal, à branches courtes et tantôt simples , tantôt trifides. Lon- gueur extrême, 8 lig. Largeur, = lig. 2°, P. bandelette, ?. witta (Nobis). — Je commence par cette espèce l’exposé de celles que je n’ai pu rappor- ter à aucune des espèces qu'on a jusqu'ici décrites ; elle a sans doute été souvent confondue avec la lactée, quoi- que toujours bien plus petite et plus étroite. Elle est excessivement commune au printemps, dans les ruis- seaux d'eau vive des environs de Montpellier. Corps étroit , allongé, fort plat et mince, arrondi et légère- ment anguleux en avant, obitus en arrière; de couleur blanche. Elle diffère de la lactée par ses deux points ocu- liformes fort reculés et fort rapprochés l’un de l’autre, par l’absence des angles ou sub-auricules de la tête, par la forme de l'arbre gastrique , la longueur du sucoir, la disposition anatomique des organes génitaux, presque ( 85 ) toute semblable à celle de la P. brune , par celle du sys- tème vasculaire , etc. Longueur, 5 à 6 lig. Largeur, : à = de big. c 3°. P. aveugle, P. cæca ( Nobis). — Je n’en ai eu qu'un individu trouvé dans un ruisseau presque à sec ; mais je l'ai gardé long-temps et bien observé. Elle est allongée, tronquée , échancrée même en avant, obtuse en arrière , plate, mais moins mince que la précédente, et de couleur blanche comme elle. Elle diffère de la bandelette (witta ) et de la lactée par l’absence complète de points oculiformes et la dispo- sition de l'arbre gastrique, du système circulatoire, etc. Longueur, 3 lig. =. Largeur, : de lig. 4°. P. longue tête, P. longiceps ( Nobis). — Trouvée en abondance dans les étangs saumâtres , sur l'Ulva in- testinalis. Celle-ci est bien plus petite que les précé- dentes ( longueur extrême, 2 lig.) ; elle est aussi blan- châtre , maïs tirant sur le jaune. Le corps est plat et fort éirait, linéaire , la queue élargie, la tête étroite et oblongue ; deux points oculiformes contigus , placés fort loin de l'extrémité antérieure ; une trompe placée un peu en arrière du milieu du corps; voilà les principaux caractères de cette petite espèce. 5°. P. gonocéphale, ?,. gonocephala (Nobis). — Cette grande espèce est assez commune dans quelques ruisseaux d'eau très-pure; elle a assez exactement la forme de la subtentaculée , quoique bien plus grande et surtout plus large; couleur grise. Longueur extrême, 11 lig. Largeur, : lig. Son étroitesse, sa tête triangu- laire, la distinguent de la brune : celle-ci a d’ailleurs l'iris, ou tache blanche qui environne les points oculi- ( 84) formes , allongé en pointe en avant ; il est arrondi chez la gonocéphale. Quant à la subtentaculée, outre son étroitesse plus grande et sa taille moindre , elle a des ramifications gas- triques infiniment plus fines et plus nombreuses, et manque du pore génital qui se voit chez les gonocépha- les, même de la plus petite taille. 6°. P. viganienne , P. viganensis ( Nobis). — Pour celle-ci , ses caractères sont si tranchés qu’elle a à peine besoin d’être mise en parallèle avec aucune autre. J'ai trouvé cette belle espèce dans des fontaines d’eau très- pure , et, pour la première fois, c’est au Vigan, petite ville située au pied des Cévennes. Son contour rappelle celui des urnes cinéraires des anciens : elle est en effet à peu près fusiforme, et pourvue d’une tête élargie et auriculée. Cette tête et le quart antérieur du corps sont bordés de points noirs oculiformes , comme chez le P. nigra. Le suçoir est fort long ; le pore digestif est suivi d’un appareil génital analogue à celui des autres espèces; mais de plus il y a encore en dessous deux pores médians situés plus en arrière, et qui communiquent dans un en- semble de trois à six poches , dont la pellucidité dessine une sorte de fleur ou d'étoile : j'en ignore l'usage. Cette Planaire est le plus souvent d’un brun chocolat du côté du dos, grise en dessous. Longueur, 8 lig. Largeur, 1 lig. ©. Il serait peu intéressant d'entrer dans le détail des particularités que le système digestif m'a offertes dans les espèces diverses qui viennent d’être énumérées; la circulation , la génération m'ont présenté quelques faits plus singuliers, et auxquels je vais m'’arrèêter un instant. (8 ) J'avais décrit et figuré un système vasculaire formé d’un réseau général et de deux vaisseaux latéraux com- muniquant par de nombreuses anastomoses. Ce système offre vers la partie antérieure un ou plusieurs renfle- mens , que j'ai vus surtout dans les P. noire, aveugle et viganienne. Je ne l’avais vu d’abord que dans le trémel- laire , et je lai de nouveau examiné avec le plus grand soin dans cette espèce à cause de son apparence , qui lui donne tout-à-fait l’aspect d’un ganglion nerveux, tel qu’on les observe chez Îles invertébrés. En effet, les deux vaisseaux latéraux, en se rappro- chant en avant, se terminent dans un renflement central et bilobé, qui paraît se retrouver à peu près tel chez une espèce de Planaïire aussi marine , que MM. Quoy et Gaimard ont observée et nommée ?. pélagique. Ces messieurs ont cru voir là un système nerveux bien ca- ractérisé. Voici, outre les argumens que J'ai déjà énoncés dans mon premier Mémoire , les raisons nouvelles qui m'engagent à regarder cet organe comme une cavité vas- culaire semblable aux vésicules du Naïs, aux vaisseaux moniliformes des Lombrics : 1°. L’analogie non-seulement tirée des Annélides , mais mieux encore des Prostomes, dont j'ai parlé plus haut, parle en faveur de cette opinion. Chez eux il ÿ a des. vaisseaux bien contractiles , bien reconnaissables, et les contractions des poches et des vaisseaux qui en par- tent sont, quoique lentes et irrégulières, assez marquées pour n'être pas douteuses. Sans cette analogie, elles le seraient peut-être chez la PI. trémellaire, qui offre pour- tant des changemens incontestables de forme et de vo- lume dans ce renflement. ( 86) 2°, Loin d'être pulpeux ou opaque comme une masse nerveuse, ce renflement est bien plus transparent que le reste du corps ; 39. Crevé par compression , ce qui est fort diflicile, il ne laisse échapper qu’un peu de fluide transparent, et il conserve alors sa forme en diminuant seulement de volume ; 4°. Aplati et exposé entre deux verres à la lumiere, il offre, dans ses ombres ei ses clairs , toutes les condi- tions d’une cavité bien circonscrite et bien lisse; 5°. Enfin, il n’est jamais possible de l’isoler de la puipe environnante, parce que ce n’est qu'une cavité creusée dans cette pulpe, mais cavité à parois assez ré- sistantes. Ce renflement d’ailleurs manque évidemment à plusieurs espèces chez lesquelles la vie n’est pas moins active que chez les trémellaires. En serait-il ainsi pour un vrai ganglion ? Un système nerveux complet peut-il exister sans ganglions ? Jusqu'ici ce système vasculaire ne nous offrirait rien qui ne se rencontre à peu près de même chez d’autres animaux ; mais ne serait-ce pas annoncer une disposi- tion pour ainsi dire inouie, que de présenter le système circulatoire comme en communication libre et directe avec le générateur ? Voici ce que J'ai vu et revu si souvent et si clairement que je ne puis conserver le moindre doute. J'avais vu partir des organes génitaux de la P. lactée un canal ‘bientôt subdivisé en deux branches ramifées elles- mêmes , et ces deux branches naître d’une sorte de vagin chez la P. brune: ces branches étaient hypothétiquement pour moi celles d’un oviducte dont la marche ultérieure ( 87 ) ne m'était point connue. J'ai constaté sur les P. brune, noire , bandelette , gonocéphale et viganienne , que ces canaux sont des branches détachées des vaisseaux laté- raux dont il était question tout à l'heure. Chez la lactée, c’est la fin même du tronc de ces vaisseaux qui vient ainsi se rendre aux organes de la génération. Il y a donc communication large et facile entre le système circula- toire et l'appareil génital ; les vaisseaux latéraux peuvent donc servir à la fois à conduire un sang incolore à toutes les parties du corps et aux organes génitaux des germes, des ovules. Ces germes sont-ils formés dans des organes particuliers, ou bien prennent-ils naissance dans le sang même ? Une disposition anatomique dont il me reste à parler, me porte à adopter la première de ces deux opi- mions. Chez la P. noire, chez la viganienne, et moins distinctement chez plusieurs autres, on voit les vais- seaux latéraux entourés , dans une bonne partie de leur longueur, de vésicules blanchâires formant conime une longue grappe ; avec beaucoup d’attention , et aprés bien des recherches infructueuses , j'ai reconnu maintes fois que ces vésicules sont munies d’un goulot ouvert dans le vaisseau latéral, Ne sont-ce pas là de véritables ovai- res analogues à ceux des Prostomes, et auxquels les vaisseaux sanguins servent d’oviductes ? Cette idée pour- rait en faire naître une autre. On pourrait croire que mon système vasculaire n’est qu’un oviducte rameux ; mais On repoussera cette pensée, en réfléchissant à ce que nous avons dit des Prostomes , chez lesquels les vé- sicules et le système circulatoire existent à la fois, mais sont isolés ; en considérant encore que les vaisseaux la- térau% existent chez la P. subtentaculée, qui n’a point ( 88 ) d'organes génitaux visibles, que ces vaisseaux existent chez la Douve du foie (Fasciola hepatica), dont les oviductes sont très-longs, très-distincts, comme j'espère le faire connaître par la suite, en publiant quelques remarques sur l'anatomie des vers intestinaux. Quant à ce qui concerne les actes ultérieurs de la génération , et leur appareil ou leurs produits, j'ai peu de choses à ajouter à ce que j'en ai dit ailleurs. J’ai trouvé peu de différences entre ce que je savais déjà et ce que m'ont appris , sur l’anatomie des organes génitaux , des dissections nouvelles et multipliées , soit sur les espèces déjà étudiées , soit sur celles que j’ai découvertes, comme la viganienne , etc. (fig. 24). J'ai disséqué des indivi- dus accouplés de l'espèce brune, et j'ai constaté ainsi la double intromission simultanée et le grand allongement dont est susceptible le pénis; j’ai vu l’accouplement s’exécuter de même chez la lactée, et j'ai suivi la ponte de celle-ei et de la noire. Leurs œufs rougeätres, arron- dis, ne sont point portés sur un pédicule, comme ceux de la brune; collés immédiatement sur les paroïs du vase où je les conservais , ils m'ont permis d'y découvrir (du moins pour la lactée ) ordinairement cinq à six foœe- tus, d’abord représentés par une vessie allongée et con- tenant une matière pulpeuse, À leur naissance (x ligne et : de longueur), on peut leur voir une trompe, un arbre gastrique à branches grosses, courtes et assez peu nombreuses ; on peut apercevoir les vaisseaux latéraux, mais nulle trace d'organes génitaux : quelquefois deux fœtus contractent adhérence , et forment des monstres synadelphes, comme je l’avais déjà remarqué pour les Lombrics. Une dernière observation, qui peut encore ( 89 ) offrir quelque intérêt , c’est que l’œuf prèt à être pondu (cette ponte dure à peu près une heure) fait faire à la surface du corps de l'animal une saillie considérable dans Je point auquel il correspond. Or, cette saillie ne se montre que peu d'heures avant l’expulsion de l'œuf: donc cet œuf acquiert assez brusquement un très-grand volume ; ce qui ne peut se faire que par l'assemblage de plusieurs ovules sous une mème enveloppe, par le mé- canisme que j'avais présumé, lors de mes premiers tra- vaux sur ce sujet. Je pourrais aussi, sur le mécanisme de la ponte, don- ner ici quelques détails fort curieux que MM. Quoy et Gaimard ont eu l’obligeance de me communiquer rela- tivement à la P. pélagique ; mais ce serait anticiper in- discrètement peut-être sur la publication qu’en doivent faire ces zélés naturalistes, dans la relation de leurs importans voyages. Je m’en tiendrai donc à ce court résumé des recher- ches auxquelles je me suis livré depuis l’époque où j'a- vais eu l’honneur d'offrir à l’Académie mon premier essai. Ces nouveaux résuliats ont de plus en plus piqué ma curiosité, et m'ont décidé à poursuivre un projet auparavant bien éventuel. J'espère en m'’attachant désormais à l'étude des espè- ces marines , comme J'ai fait Jusqu'ici pour ceiles d’eau douce, pouvoir bientôt achever l’histoire de ces ani- maux remarquables sous tous les rapports. EXPLICATION DE LA PLANCHE II. Fig. 1. Prostome clepsinoïde. Fig.2. — lombricoïde. Fig. 3. Prostome blanc. Fig. 4. — armé. Fig. 5. Tronçon du Prostome armé, offrant au milieu Pappareil du sucoir, et, sur les côtés , les poches génitales. Fig. 6. Tête du même, aplatie et vue à la lumière réfractée, On y voit les poches et les vaisseaux qui constituent le système circulatoire. Fig. 7. Dérostome changeant. Fig. 8. Le même contracté. Fig. 9. D. large tête. Fig. 10. — à téteétroite. : É Fig. 11. — sélénopse. Fig. 12. — tronqué. Fig. 13. — grisatre. Fig. 14. — mégalopse. Fig. 15. — gros. Fig. 16. — rostré. Fig. 179. — fusiforme. Fig. 18. Planaire terrestre. Fig. 19, — bandelette. Fig. 20. — aveugle. Fig. 21. — longue tête. Fig. 22. — gonocéphale. Fig. 23. — viganienne. Fig. 24. Partie postérieure de la P. viganienne aplatie. On y voit la fin des vaisseaux latéraux, leur communication directe avec le cloaque, et leurs rapports avec les vésicules en grappe. On y voit de plus le pénis avec ses testicules allongés, la matrice lobée en forme de feuille, et deux groupes de poches en forme de fleur, avec leur pore central. Fig. 25. Partie antérieure de la même Planaire , avec le commencement des vaisseaux latéraux, leurs renflemens, leurs branches et-leurs anastomoses. à Fig. 26. Renflement ou cavité du système circulatoire chez la Planaire trémellaire , écrasée entre deux verres , et vue par réfraction. ( 91 ) Lerrre de M. Ducës, relative au Memoire précédent. Montpellier, 6 août 1830. Mes chers confrères , Je pense que l'impression de mon Mémoire sur les Planaires n’est point finie, et qu'il sera temps encore d’y Joindre le post-scriptum suivant. Je vous serai bien obligé de l’y annexer. M. Charles Desmoulins vient de me communiquer une Notice sur la ponte de la Planaire lactée. Ce travail, publié dans les Æcies de la Société linnéenne de Bor- deaux, juin 1830, renferme des observations toutes semblables à celles que j’ai pu faire sur l’espèce dont il s’agit, depuis la mise au jour de mes premières recher- ches. L'auteur y donne des détails fort intéressans , et doni j'ai aisément reconnu la parfaite exactitude, quoi- que la concision que je m'étais imposée dans le Mémoire qu'on vient de lire ne m’ait pas permis de les donner avec la même étendue. Jai trouvé aussi, dans le petit ouvrage de M. Desmoulins , une très-bonne description d’une des espèces nouvelles dont je donne ici les carac- ières et la figure : je veux parler de la Planaire viga- nienne. Notre estimable confrère a bien reconnu qu'’au- cune des descriptions jusqu'ici publiées ne convenait à cetie espèce si nettement caractérisée, et cependant sa modestie l’a empêché de lui donner un nom nouveau ; nous lui laisserons donc celui que nous lui avons im- osé, puisque Àl. Desmoulins n’a pas fait usage de la ; P 5 (92) priorité qui lui appartenait de droit. La petite quantité des individus de cette espèce , observée par M. Desmou- lins , rendra aisément raison du peu de détails qu'il a pu fournir sur son anatomie ; il n’a point vu les deux pores surnuméraires avec leurs poches agglomérées, et ceci me confirme dans l’idée que ces poches sont tempo- raires ; que non-seulement elles peuvent varier en nom- bre, mais même ne pas exister, comme on le voit dans les très-jeunes individus, peut-être même disparaître, après avoir existé à leur summum de développement ; dernière circonstance dont pourtant je n’ai acquis que la présomption , mais non la complète certitude. OsservarTions sur l’Accroissement des Végétaux ; Par M. Amici. Lues à l’Académie des Sciences de Modène, le 7 mai 1829. ( Cummuniquées en manuscrit par M. MIRBEL. ) Parmi les recherches de physiologie végétale, celles qui ont pour objet d'expliquer la manière de croître des arbres ont occupé plusieurs des naturalistes les plus illustres , et donné lieu à des opinions différentes. Le comte Ré écrivait, en 1808 , que le phénomène de l’ac- croissement des plantes était entièrement couvert d’un voile , que les travaux de tant de physiologistes n'avaient pas encore pu soulever. Quelques-uns ont cru que, dans les arbres dicotylé- dons , l'organe créateur des couches successives de bois - (95 ) était le liber, c’est-à-dire, la partie la plus interne de l’écorce , qui, en donnant naissance à un nouveau tissu, et en s’endurcissant, se convertissait en aubier. Telle était l'opinion de Malpighi, adoptée ensuite par différens botanistes distingués , et en particulier par M. Mirbel, qui, après avoir long-temps soutenu l’hypothèse de la transformation du liber en bois, tant combattue par Dupeut-Thouars , Treviranus et autres, renonça à son opinion avec cette franchise qui est propre aux hommes de mérite et qui cherchent la vérité. C’est ce que montre un Mémoire fort intéressant sur l’origine , le développe- ment et l’organisation du liber et du bois, qu'il a publié dans le courant de cette année dans les Mémoires du Muséum, et qui est accompagné de planches magnifiques. Selon ce savant célèbre , le liber et le bois ont une mème origine, et proviennent du développement du cam- bium ; chaque couche de bois augmente le volume du corps ligneux, et chaque couche de liber accroît le vo- lume de l’écoree. Ce principe explique facilement les résultats de différentes expériences, et donne des raisons plausibles de chaque phénomène, pourvu qu’on admette avec M. Mirbel que les couches du liber conservent cha- cune, pendant une série d’années plus ou moins consi- dérable, la propriété de végéter et de croître. Cet accrois- sement consistant en un allongement et une multipli- cation des mailles du réseau , ainsi que dans une aug- mentation de la masse du tissu cellulaire. En considérant cette théorie fondée en grande partie sur l'observation et l'expérience, on ne peut s’empècher de lui accorder la préférence sur tant d’autres qu’on a imaginées. * (99 ) Mais qu'est-ce que ce cambium ou celte humeur, que d’autres auteurs ont dit se déposer entre l'écorce et le bois, et qui se présente d’abord sous une forme fluide , s’endurcit ensuite , s'organise, el constitue de nouvelles couches de fibres ? Porte-t-1l en lui les germes de nou- velles productions , ou sert-il de nourriture et de moyens de développement à des germes préexistans dans les cou- ches anciennes ? D’un autre côté il est certain que l’é- corce, à une époque particulière de l’année, se sépare du bois pour faire place à cette substance organisée ou organisatrice. Pour rendre plus parfaite l'explication de l’accroisse- ment des arbres, ei ôter ce qui s’y trouve encore d'hy- pothétique , il est évident qu'il suflirait d’avoir des idées claires sur l’origine et la nature de ce cambium. Dans le Mémoire déjà cité, M. Mirbel se référant à une note qu’il inséra, à la fin de 1816, dans le Bulletin de la Société philomatique, s’exprime ainsi: « Il se forme entre le liber et le bois une couche qui est la continua- tion du bois et du liber : cette couche régénératrice a reçu le nom de cambium. Le cambium n'est donc point une liqueur qui vienne d’un endroit ou d'un autre; c’est un tissu très-jeune, qui continue le tissu plus ancien : il est nourri et développé par une sève très-élaborée. Le cambium se développe à deux époques de l’année entre le bois et l'écorce, au printemps et en automne. Son organisation paraît identique dans tous ses points; cepen- dant la partie qui touche à l’aubier se change insensi- blement en bois , et celle qui touche au liber se change insensiblement en liber. Ceite transformation est per- ceptible à l'œil de l'observateur. » (I: 0) Ïl parait, par cette définition, que le savant botaniste de Paris considère le cambium sous un point de vue bien différent de celui qu’adoptaient les anciens physio- logistes. Je suis parfaitement d'accord avec M. Mirbel, ei je conviens qu'entre l'écorce et le bois il s'organise successivement des couches dont une partie s’adosse à l'aubier et acquiert sa nature, et dont les autres se su- perposent au liber, en augmentant sa masse. Il reste en outre à savoir quelle est l’origine de ce jeune üssu qu'il lui a plu de distinguer sous le nom de cambium. Dans mon Mémoire sur l'anatomie de quelques plan- tes, publié dans le tome XIX des Actes de la Société italienne des Sciences , j'ai attribué à la membrane des vaisseaux la faculté de donner naissance à des organes semblables à eux-mêmes, et je supposais que les nou- velles cellules ou tubes n'étaient pas autre chose que le développement des gemmes ou boutons adjacens à la membrane primitive. Il me semblait que je pouvais apporter à l'appui de cette opinion l’observition que j’a- vais faite du développement successif d’un petit rameau de Chara, qui, d’abord composé d’un certain nombre d’entre-nœuds consistant en tubes membraneux simples, offrait plus tard des petits bourgeons ou gemmes pro- ductrices d’entre-nœuds semblables, qui, outre leur accroissement propre par la dilatation de leur mem- brane , donnaient naissance de la même manière à des productions analogues. Or, en observant que les végé- taux d’un ordre plus élevé ne consistent qu’en un tissu qu'on peut considérer comme l'agrégation d’autant de tubes placés les uns au bout des autres, et latéralement dans un contact complet ou partiel, je m'étais formé une ( 96 ) idée qui me paraissait assez claire sur le mode d’accrois- sement des plantes. Mon objet, dans cette occasion, n’est pas cependant d'occuper l’Académie de mes idées à ce sujet; je me propose seulement de lui communiquer aujourd’hui un fait qu'il m'est arrivé d’observer il y a peu de jours. Il consiste à voir un suc très-limpide , extrait d’une plante, s'organiser dans un vase de verre; phénomène que Je juge singulier, et qui, en admettant qu’il füt une pro- priété du suc lui-même, répandrait beaucoup de lumière sur la question dont j'ai parlé, l'accroissement des ar- bres, et sur d’autres points de physiologie. Tous les agriculteurs savent qu’en faisant une légère incision au bois de la vigne, il en sort au printemps une liqueur qui n’est pas autre chose que la lymphe ascen- dante , qui se porte pour nourrir les bourgeons encore naissans ; lorsque ceux-ci sont développés et couverts de feuilles, cet écoulement de liquide cesse. Si, vers le milieu d'avril, nous parcourons Îles campagnes de ces environs , nous voyons souvent la vigne couverte d’une substance mucilagineuse, de couleur rousse , qui résulte de la condensation du liquide qui en sort. Quoique ce phénomène se soit passé plusieurs fois sous mes yeux, Jai eu cette année pour la première fois la curiosité de recueillir une partie de ce mucilage roux, et de lexaminer au microscope grossi. Il se présente sous l'aspect de longs filamens entre-croisés , la plupart simples , d’autres subdivisés en deux ou trois bifurca- tions. En augmentant le grossissement , je ne tardai pas à m'apercevoir que ces filamens étaient composés de divers entre-nœuds , séparés par des diaphragmes ; dans ( 97.) quelques-uns d’entre eux , on distinguait dans les tubes des loges ou compartimens qui paraissaient vides où pleines d'air, et dans d’autres on voyait de petits grains mobiles le long de ces mêmes tubes. Cette dernière cir- constance excluait l’idée que ces filamens pussent être une substance inorganique produite par l’aflinité des parties du suc condensé, ou par une sorte de cristalli- sation. IL est évident que c'était un végétal, et même un végétal vivant. Cette singulière plante serait-elle une Conferve d’une nouvelle espèce, développée dans ce suc sorti de la vigne, ou plutôt une organisation du suc lui-même ? Telle fut la demande que je me fis. Pour y répondre, il fallait faire diverses recherches et expériences. Le 19 avril, ayant fait exprès une incision àfun tronc de vigne, jeune et robuste, je recueïllis dans un verre une quantité suflisante de suc, qui, examiné au micro- scope, paraissait limpide comme de l’eau, sans qu’on püt y découvrir aucun corpuscule. Ayant mis ce suc au soleil douze heures après l’avoir recueilli, et l’y ayant laissé pendant six heures, je vis à l’œil nu la conden- sation commencée déjà dans quelques points. Ayant donc examiné une petite portion de ce mucilage, je trouvai qu'il consistait en filamens semblables à ceux que j'avais déjà observés dans la substance mucilaginense analogue qui existait sur le bois de la vigne. Ayant porté mon attention sur un filament , car il y en avait de sembla- bles , il me sembla qu'en peu de minutes le bourgeon s'était allongé ; je mesurai alors sa longueur, qui était de o,o1 millimètre. Ayant laissé sur le porte-objet ce même rameau , au bout d’une heure il avait atteint une XXL, 7 ( 98 ) longueur de 0,05 millimètre, sans avoir éprouvé de chan- gement sensible dans sa grosseur ; après deux heures, Je le trouvai long de 0,127 millimètre, et, à la fin de la troisième heure, il égalait déjà 0,235 de millimètre ; il était par conséquent vingt-quatre fois plus étendu qu’il ne paraissait d'abord, ayant en outre donné naïssance à deux nouveaux bourgeons, comme le monire la fig. 3 (PI): Désirant connaître la marche de cette végétation et de cet accroissement visible à l’œil, je laissai encore pen- dant onze heures le même objet dans le champ du mi- croscope ; au bout de ce temps il s’était accru de manière à couvrir une surface de 2,25 millimètres de longueur, se ramifiant et se subdivisant à la manière d'un arbre, et préseñtant des entre-nœuds formés de distance en dis- tance par des diaphragmes : quelques-uns de ces entre- nœuds contenaient de très-petits granules, qui circu- laient cemplètement dans la cavité des cellules et des tubes. Ayant recueilli de la lymphe limpide sur d’autres vignes situées dans des campagnes éloignées de plusieurs milles, et ayant répété plusieurs fois l’expérience, le résultat a toujours été semblable , présentant constam- ment au bout de quelque temps la substance organisée et douée de la faculté de croître. Si on considère l'apparence de cette production, on trouvera qu’elle présente le caractère d’une Conferve (1); (1) M. Raddi a trouvé dans les environs de Mandioca , au Brésil , une Conferve qu'il a appelée Conferva lichenoides , et qui existe sur l’é- corce des arbrisseaux , ainsi que sur leurs feuilles. — Voyez Memoria deila Societa italiana delle Scienze, t. XIX, p. 48 , et t. XX, p. 45. "E À (99 ) cependant son existence dans toutes les vignes qui pleu- rent rend peu probable que ce soit un végétal de ce genre. J'ai fait des incisions sur diverses vignes, et J'ai recueilli aussitôt la lymphe dans des tubes de verre que J'ai fermés exactement à leur extrémité pour les abriter du contact de l’air ; néanmoins cette organisation n’a pas manqué de se manifester de la même manière. Il faudrait donc supposer que les germes de cette singulière Conferve, si toutefois elle en était une, auraient été portés dans la circulation par les vaisseaux de la vigne elle-même. Il est vrai, d’un autre côté, que le tissu du bois de la vigne n'offre pas une ressemblance parfaite avec les fila- mens développés dans le suc qui en est extrait ; mais on peut admettre facilement qu’il doit exister quelque diffé- rence entre eux, le milieu dans lequel ils se dévelop- pent étant si divers. Il me semble qu'on ne peut tirer aucun argument ni de ce fait, ni de ce que je n’ai pu observer aucun phénomène semblable dans le suc de l’orme ou du peuplier soumis à la même expérience , pour renoncer à l’idée que la substance que j'ai décrite soit une organisation propre de la lymphe de la vigne. De quelque manière qu’on veuille considérer la chose, il m'a semblé intéressant de faire connaître ces obser- vations à l’Académie, à laquelle je me réserve de com- muniquer des recherches ultérieures sur ce sujet, et au moins les résultats de l'analyse chimique dont notre savant collègne , le professeur Barani, s'occupe actuel- lement. 4 à ( 100 ) EXPLICATION DE LA PLANCHE I. Fig. r. Elle représente decourtes portions des filamens du mucilage qui sort des blessures de la vigne, avec un grossissement linéaire de 500. Ces filamens sont de simples tubes articulés, de longueur variable, avec des nœuds et des diaphragmes le plus souvent éloignés : quel- ques-uns présentent des bifurcations et des rameaux écartés. En masse ils présentent à l’œil nu une couleur rousse ; mais, sous le microscope, ils se montrent blancs et transparens. Fig. 2. Grossie 1 500 fois. Elle montre trois variétés des filamens qui se trouvent dans le mucilage; quelques-uns sont des tubes, dans les entre-nœuds desquels existent de très-petits granules G, qui circulent entre les diaphragmes 4 et B, de la même manière que le suc des Chara: ceux-ci peuvent se comparer aux tubes fibreux de la vigne. Il y a d’autres tubes qui contiennent , entre les diaphragmes C et D, divers compartimens ou vides Z. Ceux-ci seraient-ils par hasard les rudimens des fausses trachées. La troisième variété £F contient également des vides plus rétrécis P : on peut présumer que les tubes poreux en proviennent. Fig. 3. Grossie 5oo fois. Elle fait voir RD qu'a subi, dans. l’espace de trois heures, un filament placé sous le microscope. 4B est une partie d’entre-nœud, organisée dans du suc limpide contenu dans un verre, et portant un petit rameau en C, qui, au bout d’une heure, est parvenu en £ , après deux heures en F, et qui , à la fin de la troisième heure, était parvenu en G, ayant déjà formé deux nou- veaux rameaux en 7. IL est très-curieux de voir, avec un grossissement plus considéra- ble, Le progrès de l’accroissement du tube. Il paraït comme une sub- stance visqueuse contenant dans son intérieur un fluide élastique, qui la pousse en avant et en dilate la cavité dans le sens longitudinal. Peu à peu des molécules ou de petits grains apparaissent dans le vide qui se forme , et circulent d’une extrémité à l’autre du canal. La fig. 4, grossie 5oo fois, montre le développement de cette sub- stance , obligée de croître entre deux lames de verre. Dans ce cas les entre-nœuds sont plus fréquens que ceux qui se rencontrent dans les filamens représentés dans la fig. 1, et les subdivisions ont lieu beaucoup plus souvent. Il est digne de remarque que les ramifications n’ont pas lieu dans les articulations, mais dans un point quelconque (Tran) des articles , comme en B. Si on considère l’aspect seal, cette pro- duction est analogue à la Conferva saxicola de Wallroth , si ce n’est que les tubes tirés du suc de la vigne sont environ 130 fois plus petits en diamètre que ceux de la Conferve. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES faites pendant un voyage sur les côtes d'Afrique et du Brésil ; Par M. De FRemMiINvILLE, Capitaine de frégate. ( Extraites d’une Lettre adressée aux Rédacteurs. ) Parti de Brest, ds 1829, par un bon vent, Je n'ai pas tardé à me trouver à la hauteur des côtes de Portugal : j'étais , au bout de cinq jours, par le travers de Lisbonne. Là jai vu et pris une espèce de Biphore jusqu’à présent point ou mal décrite, quoique pourtant elle ne soit pas fort rare, car, dans mes précédens voya- ges , je l’avais plusieurs fois rencontrée ; maïs cette fois j'ai fait sur cet animal vivant quelques observations peut-être importantes. J'ai bien constaté, par exemple, que l’organe que M. Cuvier soupçonne être le cœur dans ces animaux est sensiblement doué du mouvement diastolique et sistolique, et que de plus ce cœur est adhé- rent à un long canal vasculeux, partagé transversale- ment en cloisons nombreuses par une multitude de pe- tites membranes effectuant un mouvement alternatif et perpétuel. Cet organe, dont j'ai remarqué l’analogue dans quelques Médusaires et autres Radiaires, ne serait- il pas celui de la respiration ? J’ai fait de ce Biphore un dessin le plus exact que j'ai pu. (202) Une des choses qui m'a le plus frappé, et à laquelle J'avais jusqu'ici refusé de croire, malgré plusieurs asser- tions, c'est l'instinct extraordinaire et réciproque des Requins et des Pilotes (Gasterosteus ductor, L.) qui les accompagnent presque constamment. Il est bien certain, et je m'en suis assuré par des épreuves réitérées , que ce petit poisson guide le Squale vers sa proie, et le conduit presque dessus. J’avais continuellement à la traîne un croc et une chaîne de fer amorcée d’un morceau de lard : les requins , dans des temps fort calmes, s’en appro- chaient, mais sans rien voir, et voguaient à droite et à gauche ; alors j'ai maintes fois vu les pilotes, qui se te- paient près de leurs nagevires pectorales , se détacher pour aller en avant, et venir reconnaître la proie, puis retourner sous le museau du Squale , et de là revenir sur la proie : le Squale alors les suivait à la piste, et, arri- vant en même temps, se saisissait de la fatale amorce, et était pris. Mais, malgré tout ce que j’ai pu faire, je n'ai jamais pu réussir à m'emparer d'aucun pilote. Ce joli poisson zébré est si agile et si vif, qu'on ne peutle prendre au filer, et il n’a jamais mordu aux petites lignes que je lui ai tendues. Au reste, il m'a semblé mieux placé parmi les Scombres , comme l’ont fait quel- ques-uns , que partout ailleurs. J'ai pu avoir vivans plusieurs Exocets, douze à quinze de ces poissons étant tombés un soir sur le gaïllard d’a- vant de mon navire. Jamais je ne les avais vus s'élever aussi haut dans leur vol ; car, pour retomber ainsi sur le tillac de ma frégaie , il leur avait fallu s’élever de près de dix-huit pieds au-dessus de l’eau. J’aï été à même de me convaincre qu'ils volent bien réellement, et impri- (ro5 1) ment aux nageoires qui leur servent d’ailes un mouve- ment rapide , une espèce de frémissement qui les fait se soutenir et avancer dans l’air. Ceci contredit l'opinion de ceux qui prétendent que leur ascension n’est que l’ef- fet d’un saut, que leurs ailes étendues , maïs immobi- les , ne leur servent que de parachute pour les soutenir un instant, et qu'elles perdent toute leur force lors- qu’elles ne sont plus mouillées. J’ai vu des Exocets vo- ler et s’'avancer, en parcourant une distance de plus de cinquante toises, dans une direction horizontale ; et de plus, ceux que j’ai tenus vivans dans mes mains dé- ployaient leurs nageoires et les agitaient comme pour s'envoler encore. À la hauteur de Sierra-Leone j'ai pris un Cétacé du genre Delphinus, mais qui m’a paru être d’une espèce toute nouvelle, d’après la forme de sa tête surtout. Cette tête, très-comprimée sur les côtés, se terminait en un museau en pointe obtuse; la mâchoire inférieure était beaucoup plus courte que la supérieure. La longueur totale de ce Cétacé était de 15 pieds, et sa couleur entiè- rement noirâtre. J’en ai fait un dessin joint à mon journal. J'ai donné une attention spéciale et la plus grande activité à la récolte des poissons , désirant pouvoir pro- curer à M. le baron Cuvier quelques espèces nouvelles, et dignes de son attention. Il n’est aucune plage, aucune partie de la baïe où je n'aie fait jeter la seine, et j'ai fait des pèches assez abondantes. Cependant, je dois le dire , j'ai trouvé cette partie des côtes de l'Amérique australe moins riche en ichthyologie que je ne m’y atten- dais ; elles le sont infiniment moirs que le golfe du (104 ) Mexique et les Antilles : les poissons y sont aussi moins brillans en couleurs. Les principaux de ceux que j'ai recueillis, figurés ou rapportés dans la liqueur, sont diverses espèces de Spares et de Scares, un poisson qui doit constituer un genre voisin des Silures, des Raïes (espèces nouvelles), de tès-gros Tétrodons , le Diodon histrix, une jeune et jolie espèce d’Athérine , un Trigle volant, très-différent du Z7rigla volitans de Linné, et qui, Je crois, est inédit, des Zeus, des Caranx, des Pleuronectes, et surtout en grande quantité le beau poisson appelé Ceinture d'argent (c’est un Trichiurus) : un seul coup de seine nous en a procuré plus de cent. J'ai fait tout mon possible pour me procurer entier le poisson nommé Ostéoglosse, dont la langue osseuse et rugueuse sert de râpe aux Indiens; mais, d’après des renseignemens certains , il ne se trouve point à Rio, ni aux environs. C’est dans des latitudes moins élevées, dans des mers plus chaudes, qu’on le rencontre, c’est- à-dire, du côté de Fernambouc et du Para, vers les bouches de l’Amazone et les confins de la Guyane. Tout ce que j'ai pu faire a été d'en avoir deux langues: ( 105 ) Farporr fait à l'Académie royale des Sciences, séance du 6 septembre 1830, sur un Mémoire de M. Breschet, sur les organes de l'audition des poissons ; Par MM. Cuvrer et Dumériz. M. Breschet a présenté à l’Académie deux Mémoires extraits d’un grand ouvrage sur les organes de l’audi- tion : le premier concernant certaines particularités de ces organes , observées dans la Lamproie, l’Esturgeon, l’Alose , le Maquereau et le Congre; le second, sur le plexus nerveux de la cavité du tympan dans l’homme et les animaux ; et nous avons-été chargés, M. Duméril et moi, de les examiner. C’est du premier de ces deux Mémoires que nous allons rendre compte aujourd’hui. Il est accompagné de très-belles figures, qui repré- sentent non-seulement les objets dont il y est question, mais encore plusieurs parties importantes du système nerveux et des viscères des poissons que nous venons de nommer et de quelques autres, tels que la Carpe, le Thon , la Morue, l’Ange, le Milandre et la Raie, en sorte qu’il peut être considéré comme embrassant Jus- qu’à un certain point dans son ensemble l’histoire de l'oreille des poissons. Les recherches faites en anatomie comparée depuis une cinquantaine d'années , ont fait connaître les prin- cipales variations que l'organe de Faudition subit dans les diverses classes d'animaux. On sait, par exemple, que ses parties extérieures se simplifient et disparaissent par degrés ; que déjà, dans les Cétacés, il n’y a plus de pavillon ; que , dans les oiseaux, les osselets du tympan se réduisent à deux, où même à une seule tige brisée ; que, dans les serpens, le tympan n'existe déjà plus ; que, dans les Batraciens urodèles , tout l'appareil tym- panique ne consiste plus que dans une petite plaque osseuse ou cartilagineuse, cachée sous les muscles , et appliquée sur la fenêtre ovale, la seule qui subsiste, On ( 106 ) sait aussi qu'il y a beaucoup plus de constance dans les parties intérieures de cet appareil , celles qui composent le labyrinthe membraneux. Généralement dans les ver- tébrés des quatre classes il y a trois canaux semi-cireu- laires , une cavité où ils aboutissent , ét que l’on nomme vestbule, et un appendice de cette cavité, qui , dans les Mammifères , se roule doublement sur lui-même en forme de limacon , qui conserve quelque chose de cette courbure dans les oiseaux, se réduit dans les reptiles à un simple sac, grandit dans les poissons, et contient dans les osseux des concrétions pierreuses que les Chon- droptérygiens et beaucoup de reptiles possèdent aussi , mais seulement de consistance amylacée. Dans les animaux où il existe une caisse, ce laby- rinthe intérieur est en rapport avec l'élément ambiant par le tympan et par la trompe d'Eustache; mais, dans ceux où la caisse n'existe point , il est assez générale- ment enfermé dans l’intérieur du crâne, soit enveloppé dans l'épaisseur des parois de la cavité cérébrale, comme cela se voit dans les Chondroptérygiens , qui cependant ont encore souvent un petit vestige de caisse, soit sus- pendu seulement par des poulies, ou par des brides plus ou.moins considérables , à la face intérieure de ces pa- rois, comme dans la plupart des poissons osseux. Cepen- dant on a découvert depuis quelques années, dans cer- tains poissons, un nouveau genre de rapports du laby- rinthe avec les autres parties du corps, et même quelquefois indirectement avec l'extérieur , et cela par le moyen de la vessie natatoire. M. Ernest-Henri Weber, professeur à Leïpsick, est à notre connaissance le premier qui ait porté son atten- tion sur ces communications de la vessie natatoire de certains poissons avec l'oreille interne , dans son Traité De aure et auditu hominis et animalium, publié à Leïpsick en 1820. Il y a fait voir, 1°. que, dans la Saupe, la vessie natatoire a en avant deux appendices aveugles, qui adhèrent chacun à une ouverture de la base du crâne, fermée d’une membrane sur laquelle repose le sac ves- tibulaire ; 29, Que dans le Hareng , la vessie natatoire donne (a67). en avant deux tuyaux très-gréles, qui pénètrent dans la base da crâne, s’y dilatent, s’y bifurquent, et se ter- minent chacun en deux ampoules, enveloppées par des renflemens correspondans des os, dont une intérieure plus grosse, et une latérale plus petite ; et que dans l’intérieur de ces renflemens pénètre aussi une petite production du sac vestibulaire, qui se trouve ainsi en contact avec l’ampoule antérieure de la vessie ; 3°. Il a surtout fait connaître en détail les liaisons singulières qui ont lieu dans les Cyprins , les Silures et les Loches, entre la vessie et le labyrinthe membraneux, au moyen d’osselets de formes et de connexions très- remarquables , que M. Weber a considérés comme les analogues de ceux du tympan, mais que nous croyons devoir plutôt regarder, avec M. Geoffroy Saint-Hilaire, comme les apophyses transverses des premières verté- bres , détachées et un peu modifiées dans leurs formes et leurs usages. Depuis lors , quelques autres recherches ont été faites sur le même sujet. M. Otto a découvert dans le crâne du Macroure ou Lepidoleprus , et M: Heusinger dans celui du Mormyre , des solutions de continuité formées seule- ment de membranes, et qui peuvent admettre une im- pression plus immédiate des vibrations extérieures sur le labyrinthe intérieur. L’un de nous a observé à la base du crâne du poisson nommé Myripristis, de chaque côté, une ouverture fermée seulement par une mem- brane élastique , à laquelle adhère un leche correspon- dant de la partie antérieure de sa vessie natatoire , et, dans une espèce de Sciénoïdes des Indes , un irès-long canal venant de chaque côté de la partie postérieure de la vessie natatoire , se portant jusque sous le crâne , s’y divisant en plusieurs rameaux, dont un plus long que les autres se dirige en avant, et paraît s’insinuer dans la partie antérieure de la cavité osseuse qui renferme le sac aux pierres. Plusieurs crânes de poissons ont montré sous le sac aux pierres des endroits clos seulement par une mem- brane ou par un cartilage, sans que pour cela il y eût une connexion établie avec la vessie nataioire : tel est NCrro8 lHolocentrum longipenne , si voisin des Myripristis , et où tout portait à croire que l’analogie irait plus loin. Une infinité d’autres ont à la vessie natatoire des appen- dices qui se portent jusque sous le crâne, ou à sa proxi- mité, sans pour cela se rattacher aucunement à l’oreille ; beaucoup de Sciénoïdes , de Sparoïdes , sont dans ce cas; le Glossodonte , si voisin des Harengs , y est également. Des variations si étonnantes dans deux organes im- portans , et dans leurs connexions, ne pouvaient man- quer d’attirer l'attention des anatomistes, et M. Breschet, occupé d’un travail général $ur l'audition, a dû naturel- lement être excité à s'occuper de cet ordre de faits. Il s’est arrêté particulièrement sur la Lamproie, sur l’Esturgeon et sur l’Alose. Relativement à la Lamproie , il désirait fixer l’opi- nion sur l’existence de ses canaux semi-circulaires , que quelques anatomistes admettaient, tandis que d’autres les niaïient. C’est à l’avis de ces derniers qu’il se range, ainsi que MM. Weber et de Blainville. Il n’y a point de canaux semi-circulaires, dit-il, ni même de plis qui les représentent. Ce que l’on a pu prendre pour tels sont des trainées de graviers très-fins , déposés sur la face interne du vestibule membraneux , et que l’on distingue aisément au microscope. Ce vesti- bule se laisse aisément extraire de la boîte cariilagineuse qui le renferme, et présente en petit la forme d’une châtaigne avec un pédicule qui est le nerf acoustique : au-dessus du trou par où ce nerf pénètre dans la boîte cartilagineuse du vestibule en est un autre petit, auquel M. Breschet donne le nom d’aqueduc. Dans l’Esturgeon , le labyrinthe a, comme on sait, de grandes dimensions , et ses canaux semi-circulaires , très-développés, sont presque entièrement enfermés dans la masse cartilagineuse des côtés du crâne ; mais le ves- tibule et le sac, aplatis verticalement, ne sont séparés de la cavité du crâne que par une sorte de membrane ou d'expansion ligamenteuse. Le sac contient deux pierres dont M. Breschet décrit avec soin la structure. Mais ce qu'il a découvert de plus remarquable dans ce poisson, c’est un petit osselet singulièrement semblable à l’étrier ( 109 ) de certains animaux supérieurs, qui adhère par sa tige à la paroi interne de la cavité du crâne, et est appliqué par sa tête contre le sac des pierres. Si sa tige , dit-il, perçait le crâne et se montrait au dehors, elle aboutirait derrière et au-dessous de l'endroit où l'appareil opercu- laire est articulé, c’est-à-dire , à l’endroit où devrait se trouver le tympan, s’il y en avait un, en sorte que M. Breschet regarde cet osselet comme un rudiment d’étrier, comme un étrier qui serait entré dans le crâne. Il fait remarquer à ce sujet la réduction successive des osselets de l'oreille dans les vertébrés, jusqu’à ce qu'il n’y ait plus que la seule plaque de l’étrier ; c’est pour ainsi dire un reste de cette plaque qui se remontre ainsi comme hors de la série, et cette exception à la loi de continuité est d'autant plus extraordinaire , que l’es- pèce si voisine du Hausen (_Æcipenser Huso) ne la montre point comme celle de l’_Æcipenser sturio. M. Breschet passe ensuite à l'appareil de l’Alose. Il y a retrouvé les mêmes dispositions que M. Weber a ob- servées dans le Hareng, et surtout les deux vessies en- veloppées dans des cavités globuleuses du crâne, où aboutissent les tubes venus de la vessie natatoire. Notre auteur considère ces deux cavités comme ana- logues aux deux compartimens dans lesquels la caisse des Mammifères est souvent divisée, et les tubes qui se portent de ces cavilés à la vessie natatoire comme des trompes d'Eustache , car la vessie natatoire elle-même, au moyen de la communication qu'elle a dans beaucoup de poissons avec l'estomac , ou même avec l’œsophage, doit être regardée, selon M. Breschet, comme un appen- dice du canal alimentaire, et l’appareïl de la trompe et de la caisse, dans les animaux supérieurs, n'est autre chose qu’une production de ce mème canal, qui se porte vers le labyrinthe. Il aurait pu mème citer, comme une analogie de plus, les dilatations si remarquables qui communiquent avec la trompe d'Eustache des chevaux. Le globe osseux antérieur a une petite ouveriure à laquelle touche le vestibule membraneux, et que M. Breschet regarde en conséquence comme une sorte de fenêtre ovale. Il compare au limacon un appendice ( 110 ) parüculier, une espèce de bulbe qui se détache un peu du vestibule membraneux, et qui s'enfonce dans une fosse. du crâne, laquelle a aussi un orifice garni seulement d’une membrane que notre auteur appelle fenêtre pos- térieure , et qui répond au dehors du crâne , de manière à pouvoir être frappée par les vibrations de l’eau. L’Alose lui a encore offert, ainsi que le Hareng, une particularité remarquable dans les deux commissures ou ligamens transverses , une supérieure et une inférieure, qui Joignent ensemble les deux labyrinthes, et dont l’une embrasse le cervelet , et l’autre la base du cerveau, établissant ainsi, à ce que soupçonne M. Breschet, un rapport direct entre l’encéphale et l'oreille, d’une na- ture diflérente de celui qui a lieu , comme à l'ordinaire, par le moyen du nerf acoustique. Ces détails sont plus étendus, et il s’y trouve quel- ques circonstances intéressantes de plus que dans la des- cription des organes du Hareng, donnée par M. Weber, et néanmoins le travail de M. Breschet confirme celui de l’anatomiste alleinand dans tout ce qu'ils ont de commun. M. Weber avait déjà cherché à expliquer, par cette grande complication de l'oreille des Clupées , ce que les anciens ont dit de Îa Feinte ( Clupea Finta ), qu'elle est très-sensible à la musique , et se laisse attirer au son des instrumens. M. Breschet en conclut que ces poissons doivent être fort timides, et sans cesse obligés de se tenir en garde contre leurs ennemis. A ces oreilles plus ou moins distinguées par des cir- constances d'organisation qui leur sont propres, M. Bres- chet en joint une des plus simples, et qui peut être considérée comme le type le plus général des poissons osseux , c’est celle du Maquereau ; elle ne répond à au- cun amincissement, à aucun orifice du crâne par où les vibrations extérieures pourraient lui arriver plus immé- diatement, et ne peut même communiquer avec la vessie. natatoire , puisque le Maquereau commun est privé'de cette vessie. Le sac enfermé dans une fosse de la base du crâne, ne se joint aux canaux semi-circulaires que par une partie rétrécie. (oérx) L’auteur fait encore une description abrégée de l’o- reille du Congre et de celle du Milandre, et des figures de celles de la Raie, de l’Ange et de la Carpe; et, dans toutes ces recherches, il a donné une attention particu- lière au nerf acoustique , à sa subdivision , et à ses rap- ports avec les nerfs voisins et avec l’encéphale. Le Mémoire de M. Breschet contient aussi quelques fragmens relatifs à l'oreille des reptiles, et il se trouve dans le nombre des observations curieuses. Le Protée par exemple n’a, selon notre anatomiste, qu'un seul canal semi-circulaire, répondant à l’exierne ou hori- zontal des autres animaux , et son oreille ne différerait qu’en ce point de celle d’une Lamproie. Nous sommes obligés de rappeler ici que le Protée a au moins de plus que la Lamproie une fenêtre ovale bien prononcée, et percée dans le rocher. MM. Polh et de Blainville ont aussi décrit d'une manière différente les canaux de cet animal ; mais nous n'avons pu encore suflisamment exa- miner son labyrinthe pour avoir une opinion à nous. Il n’est pas tout-à-fait exact de dire que personne n'eût connu le limaçon des tortues ; on savait que ces animaux , comme les crocodiles, comme tous ceux où il existe une fenêtre ronde, ont une cavité adhérente au vestibule, où se trouve un grain de substance amylacée ; mais il paraît que M. Breschet y a découvert même une espèce de columelle autour de laquelle la cavité fait un tour et demi de spirale : ce serait un rapport de plus avec les oiseaux. Ce qui est encore plus remarquable, c’est que, selon notre auteur, l’osselet analogue à l’étrier, et \ qui se rend du tympan à la fenêtre ovale, traverse le sinus latéral du crâne. Tels sont les sujets traités par M. Breschet dans son Mémoire ; l’Académie a pu juger de leur intérêt. Les fonctions des parties de l'oreille sont encore si obscures, que l’on ne peut trop s’occuper de discerner ce que ces parties ont de constant et de variable, pour arriver à fixer leur essence ; et la classe des poissons présentant à cet égard plus de variations qu'aucune autre , c’est sur elle que l’atiention des naturalistes doit naturellement se porter. Les observations de M. Breschet confirment (Carre) en partie ce qui a été vu le plus récemment par les ana- tomistes qui l'ont précédé , et elles offrent plusieurs par- ticularités nouvelles. Nous en avons vérifié une grande partie, principalement celles qui concernent l’Alose, l'Esturgeon , la Carpe et la Raïe, et nous nous sommes assez convaincus de l'exactitude scrupuleuse de l’au- teur, pour ne faire aucun doute que l’on ne vérifie de la même manière celles que nous n'avons pas eu l’occasion de répéter. Nous pensons donc que l’Académie doit accueillir favorablement ce travail, et en ordonner l’impression dans les Mémoires des savans étrangers, si l’auteur ne le fait pas paraître auparavant par quelque autre voie. Signé baron Cuvier , rapporteur ; Dumérir. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. OsservarTion sur une espèce de Méduse agrégée , et Description de deux Biphores des côtes de Norwége. (Extrait d’une Lettre de M. LUND aux Rédacteurs. ) M. Sors, naturaliste de Bergen , en Norwége, vient de publier le premier cahier des matériaux pour servir à l’histoire naturelle des animaux marins. Dans ce pre- mier cahier se trouve décrite une très-petite espèce de Méduse , fort remarquable en ce qu'elle se compose de plusieurs individus agrégés en une masse commune , à la manière des Biphores. Indépendamment de cette Méduse singulière, l’auteur a décrit deux espèces de Biphores des côtes de la Norwége. J'ai pensé que ces faits pourraient vous intéresser. Je vous transmetträi bientôt des détails sur le premier. CPTS ) {)sservaTiONs sur le genre Leiodina, et sur l'éta- blissement d'un genre nouveau, Dekinia , parmi les Animalcules microscopiques ; avec la Des- cription de leurs espèces respectives ; Par M. Cu. F.-A. Morren, Docteur en sciences de l'Université de Gand, etc. , etc. Othon-Frédéric Muller décrivit, dans ses Animalcula infusoria, publiés en 1986, par Othon Fabricius, trois animaux qui, bien que microscopiques , étaient cepen- dant appréciables à l’œil nu, et les placa dans son genre Cercaria, auquel il donna les caractères si généraux de V'ermis inconspicuus , pellucidus , caudatus. Il les dis- tingua par les noms de Cercaria crumena, C. forcipata, et C. vermicularis, qui furent conservés dans le Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la mature, contenant l’helminthologie, les vers infusoi- res , etc. , par M. Bruguière , septième livraison (1991), ouvrage connu plus particulièrement sous le nom d’En- cyclopédie méthodique. Ces trois espèces se trouvent figurées dans le même volume. M. Lamarck, dans son Histoire des animaux sans vertèbres, comprit dans son genre Furcocerca la première, et rangea les deux der- nières dans celui des Z'richocerca , en conservant toute- fois les noms spécifiques donnés par le premier observa- teur qui décrivit ces animaux, En 1824, M. Bory de Saint-Vincent publia, dans le tome IT de l'Histoire natu- relle des Zoophytes, faisant partie de l'Encyclopédie méthodique , le Prodrome de sa nouvelle Classification XXI, — Octobre 1530. Ô ( ua D des animaux microscopiques , et fit, des trois espèces ei- dessus mentionnées, un genre nouveau, celui des Leio- dina , qui est le trente-quatrième de la série , et qui a pour caractères : Corps musculeux, subanvelé, cylin- dracé , contractiie, vaginiforme , avec un orifice buccal antérieur parfaitement sensible ( page 526). Ce célèbre micrographe reconnaissait dès lors la possibilité de sépa- rer ce genre en deux, dont l’un aurait eu le Leiodina crumena pour type, et dont le caractère distinctif aurait été d’avoir l’orifice buccal dépourvu de tout ten- tacule bifide et non cirrheux, tandis que l’autre aurait renfermé les deux Cercaria de Muller, où l’on distingue des pièces tentaculaires à la bouche , et qui ont valu à l’une d’eiles le nom de Forcipata. Ce genre ainsi établi était, de l'avis même de M. Bory, singulièrement composé, comme il le dit page 484 du deuxième volume de l’Encyclopedie ( volume des vers }; mais ce qui doit étonner tous les naturalistes qui ont été à même de juger l'exactitude d’ailleurs si ordinaire de ce savant dans le classement et la distinction des animalcu- les microscopiques , c'est que ce genre, où l’orifice buc- cal annonce un degré déjà assez élevé dans l’organisation animale , se trouve placé dans sa méthode dans l'ordre des Gymnodées , animaux très-simples , de forme parfai- tement déterminée et invariable , où l’on ne reconnaît aucun organe, ni cirrhes vibratiles, ni même la moindre apparence de poils ou de soies quelconques. Le genre Leiodine se trouve, il est vrai, rejeté tout à la fin de ceux qui composent la dernière famille de cet ordre, ou celle des Urodiées , vraï chaos que l’on devra débrouiller un jour ; mais l’ordre n’en est pas moins in- ñ (Ua rerverti pour ce placement, car les derniers genres des Grymnodées ménent aux Trichodées , où nulle ouverture buccale n'est encore visible. Aïnsi il devient impossible de laïsser les choses dans cet était, vu que deux Leio- dines ont, outre une ouverture buccale très-visible, des organes spéciaux qui y constituent deux appendices ten- taculaires. M. Bory lui-même reconnaissait que ses divi- sions systématiques n'avaient pas toute la précision qu’il est habitué à leur donner, car il convient que ses Uro- diées offrent déjà une organisation si compliquée , qu’elle mène aux Crustodées et aux Urcéolariées ; maïs il laissa les choses dans leur état, conduit par cette considéra- tion, que les Ürodiées n’offrent ni als, ni cirrhes vibra- tiles , ni rotifères. Je n'aurais eu garde d’anticiper sur lés changemens que M. Bory peut se proposer de faire subir à sa méthode de classification, si l’étude de ses Leïodines , et la décou- verte de plusieurs espèces nouvelles qui devraient appar- tenir À ce genre en tant qu'on le conserve de la manière que l’a établi son auteur, ne m’avaiénit porté à proposer uvé plus juste limitation, et à tâcher d'éclairer le plus qu'il me sera possible nos connaissances sur les animaux dont il est ici question. Si l’on admet les cinq ordres proposés par M. Bory, tels que les à créés cet auteur, il devient impossible d'y ranger les animaux dont il fait ses Leiodines. Le premier ordre , ou celui des Gryminodées, ne peut les compren- dre , éar l’une , la €rumena, à une ouverture buccale pue, el un organe intérieur composé de deux espèces de valves, organe qué quelques-uns ont pris pour un appa- reil de déglutition, et d’autres pour les premiers rudi- ( an6, ) mens du cœur. Les deux autres espèces n’ont pas, il est vrai, ce dernier organe ( quoique Muller semble l'avoir découvert chez l’une d’elles): mais elles offrent à leur bouche un appareil tout particulier et très-composé, dans lequel se manifestent, comme parties principales, deux appendices tentaculaires, mobiles, et attachés à des muscles particuliers. Ainsi, en considération de l'existence de l'ouverture buccale commune à toutes les espèces de Leiodines, elles ne peuvent non plus se placer parmi les Trichodées , où cette ouverture n'existe pas encore. Le troisième ordre , ou celui des Stomoblépharés , pourrait peut-être les comprendre, parce que chez les animaux de cet ordre il y a une ouverture buccale visible ; mais elle y est garnie de cils ou de cirrhes vibratiles ; et ce serait d’ailleurs froisser l’erdre naturel que de les y placer, car les £eiodines n’ont pas de rapport tranché avec les ani- maux des familles de cet ordre , quoique M. Bory leur en trouve avec les Ürcéolariées. Quant aux deux autres ordres , il n’y a aucun doute, les Leiodines ne sauraient ètre ni des Rotifères, ni des Crustodées suflisamment dis- tincts, les uns par leurs roues mobiles, les autres par leur têt capsulaire. Si l’on veut donc apporter de la rigueur dans les mé- thodes , seul moyen de rendre la classification des ani- maux exacte et facile , et de savoir conserver dans la hié- rarchie des corps vivans Îles rapports naturels et transi- toires, 1l devient nécessaire ou de baser les ordres des animaux microscopiques sur d'autres considérations, ou de former un ordre nouveau. Le travail que je présente ici n’a point pour objet l'é- (117) tablissement soit d’une méthode nouvelle, soit d’un ordre spécial. Mais , afin de livrer, aux naturalistes qui seraient à même de faire faire à la science des progrès ultérieurs, quelques connaissances sur les animaux qu’on a renfer- més jusqu’aujourd’hui dans le genre Leiodina, j'entre- prendrai de décrire les espèces observées , et de donner dans leur description un apercu organographique de leur structure. Ce qui frappe d’abord l’observateur, c’est la différence de structure des trois espèces connues de Leiodines, dont une a un organe battant comme un cœur dans l’in- térieur de son enveloppe musculaire, et une simple ou- verture buccale nue, et dont les deux autres manquent du premier organe, ou n’en ont qu'un très faible et presque toujours inapercevable, mais possèdent à leur ouverture buccale des appendices particuliers , tentacu- laires. On peut donc séparer ces espèces en deux genres, indépendamment des considérations qui les ramèneront à l’un ou l’autre ordre, fut-il nouveau ou ancien: et cette séparation est d'autant moins blàämable , que nos recherches sur les animaleules microscopiques des envi- rons de Bruxelles, déjà si célèbres par les découvertes qu'y firent sur ces êtres Spallanzani et le savant micro- graphe moderne , M. Bory de Saint-Vincent, qui habita cette ville pendant une partie de son exil, nous ent fourni une espèce nouvelle pour lun des genres, et trois pour l’autre. Le premier genre que nous proposons d'établir est eelui auquel nous conservons l’ancien nom de Zerodina, mais que nous caractérisons de manière à en exclure ( 110 ) toutes les espèces d'une composition supérieure qu'y avait laissée M. Bory de Saint-Vincent. Nous donnons ainsi , pour caractères à ce premier genre, les suivans : Genus Lriopina (Nobis non Borg S.-Vineent). Aniünalculum microscopicum , nusculosum, subannu- losum , elongatum , ovaium vel cylindricum , vagi- niforme , contractile , anticè truncatum, ibi apertur& orali aperid, nudd, simplici, mobili, contractili rnunitum , versùs partem anteriorem Organurm 1nter- num, vibratile, quasi valvulis binis musculosis , infernè separabilibus effectum trans cutem conspi- cuum monsirans ; posticè caudä retractile bicuspidaté sontinud Lerminalum. Synonymies. ; Cencarra, Mull., Animalcula Shot p.129. — Brug. , Æncycl. meth., Wers,it.. 14 FurcocercA, Brug., Lamk., Encyel. Mers Der t. L. Hist. Des Anim. sans ver. ,t. 1 ,p. 447. Leiopina, Bory de Saint-Vincent, Æneycl. méth., Vers, tome IT, p- 484 et 527. Observations. Muller, se basant sur la présence de la queue bifide, réunit aux Cercaires les animaux qui en furent séparés depuis, sous le nom de Leiodine, par M. Bory de Saint- Vincent, et Lamarck les réunit à ses Furcocerques. Moins composées que les espèces auxquelles on les assi- mila , les vraies Lerïodines ne purent rester confondues avec elles , et durent nécessairement constituer un genre séparé , tel que nous l’établissons ici. (Lao! ) Habitant les eaux douces, les Leïodines sont de peuts animaux microscopiques appréciables quelquefois à la vue simple, surtout quand l'œil est exercé à ce genre de recherches ; elles paraïssent alors comme des points blanchâtres ou bruns, se mouvant avec grâce dans la goutteleite qui leur sert de monde. On les trouve en abondance, au mois de mai et de juin, dans les eaux où vivent les Lenticules et les Conferves. Leur organisation ne peut être étudiée qu’au micro- scope. Leur corps. très-contractile, change assez sou- vent de dimension, quoique inaltérable dans ses formes principales , cé qui l’éloigne beaucoup, pour cette pro- priété, de celui dés Æmiba ou des Protées. Confusément annelé dans une espèce, il paraît principalement for- fné dé trois segmens dans une autre, où l’on re- connaît une partié antérieure, capitale, percée dé l'ouverture orale, qui paraît pouvoir se dérouler comme un doïgt de gant, et se fermer ou s'ouvrir ainsi par une véritable contraction des bords et un plissement de len- veloppé qui la constitue. Une partie intermédiaire con- tiént uné cavité intestinale simple, droite, formée par léS parois mêmes qui constituent le corps et se remplis - sent souvent des globules mobiles, semblables pour la figure, mais non pas quelquefois pour la couleur et Pas- péct, à ceux qui forment tout l'animal par leur réunion. Cette portion obscurément articulée au segment anté: rieur, q'i n'en est soûvent qu'une continuation , offre un tou postérieurement, par lequel passe une queue qui se replie en tout sens, et se trouve ainsi véritable- ment articulée à sa base avec fa partie’ postérieure du segment moyen. La queue, plus courte on plus longue ( 120 } selon les espèces , offre l'aspect d’un tout continu, de diamètre bien moindre que les segmens antérieurs, et dont elle peut être considérée comme le troisième : vers son bout elle se bifurque en deux pointes droïtes ou courbées, capables de s'éloigner plus ou moins et de fixer l'animal, en s’aittachant sur le plan de sustentation. Cette queue est souvent reployée contre le segment mé- dian, et se contourne du reste en tous les sens. La grande flexibilité de cette partie donne à l'animal la faculté de se tenir fixement attachée sur elle, et de tournoyer con- stamment comme une toupie, dans un sens et puis dans le sens opposé, sans que pour cela la queue semble se plier en spirale , comme on pourrait le croïre ; car on ne voit rien de distinct sur sa surface pendant ce singulier mouvement, quoiqu'on puisse conjecturer que les choses se font ainsi, de ce qu'on voit l'animal se mouvoir en sens opposé de celui qu'il avait suivi d'abord. L’organe intérieur, vibratile , se trouve placé vers le haut du second segment , et disparaît quelquefois entiè- rement dans les contractions que celui-ci éprouve, ou même n'est pas visible du tout dans une espèce, du moins le plus ordinairement. Les mouvemens ne sont pas con- stans , ni pour leur forme, ni pour le temps où ils ont lieu. On le voit quelquefois rester long-temps immobile, et puis battre avec vitesse pendant quelques minutes, pour diminuer et mème cesser ensuile ses vibrations. On jui reconnaît très-facilement deux valvules musculaires , libres par le bas, où se fait leur séparation, unies par le haut , où elles sont attachées à deux muscles qui se diri- gent sur leurs faces extérieures , ei se joignent aux parois internes du corps. L'usage de cet organe est entièrement (Casa y inconnu : on le croit servir ou à la déglutition ou à la circulation (1). ESPÈCES. 1. Leiodina crumena ( Bory de Saint-Vincent ). (PI. 3, fig. 1.) L. corporeventricoso-cylindrico, tereti, interdüm ovato. segmentis obscurè distinctis , crispo vel transversim plicato , colore flavo vel fusco; anticè vel transver- sim vel obliquè truncato ; apertur& orali amplé, cir- culari sæpiüs patente munito ; organo vibratili distincto, parvo, ad partem anteriorem segmenti in- termedii sito; interaneis visibilibus, mobilibus, fuscis ; caud& long&, simplici , tereti, albidä, con- tinud, plicatili ad basim et omnes versus sensus devergenti, apice cuspidibus binis brevibus terminata. Longueur effective de l’animal entier, — de millimètre. 8 DITES Habite les eaux douces et marécageuses du nord de l’Eu- rope ; très-commune dans les étangs d’'Ixelles, près de Bruxelles, au mois de juin. Synonymes. CErCARIA CRUMENA, Mull., Ænimalc. infus., p. 129, fig. 4 à 6 à tab. 20. — Brug., Encycl. meth., Vers, t. E, p.26, PL. o, fig. 19à 21. FurcocerA CRUMENA , Lamk, Anim. sans vert. ,t. {,p. 447. LeropiNA cRuMENA, Bory de Saint-Vincent, Æncycl. iméth., Vers, t. Il, p. 484, no 1, et p. 527. (x) Si nous en jugeons d’après ce qne l’un de nous a observé, conjoin- tement avec M. Edwards, sur plusieurs polypes marins , cet organe vi- bratile n’est autre chose que l'organe digestif. ( Vote des Rédacteurs.) ( 122 ) Observations. Cette espèce, qui sert de type au genre, a un corps fait comme un petit tonneau, quelquefois contracté en avant, de manière à offrir un cou sans tête, maïs ayant le plus souvent une troncature brusque à cet endroit. Sa forme varie par les contractions dont il est susceptible ; il simule tantôt üne fève, tantôt un pelit panier semi- lunulé en avant. Sa couleur varie beaucoup. Ses”"petits plis, ou lignes transversales , changent avec les mouve- mens, qui dépendent d'un mouvement de glissement particulier des molécules qui composent la gaine. La boucle parait souvent transparente EU on voit ses bords nus et arrondis se replier en dedans , dé manière à dimi- nuer singulièrement lé volume du corps. L’organe vibra- tile est arrondi ; les valvules sont brunes , et les muscles qui lentourent sont très-visibles : chaque valvule est semi-globuleuse; on ne peut plus le distinguer dans les fortes contractions, moment où il cesse tout mouvement. La queue de l'animal est égale à un tiers de la longueur du corps dans quelques Lite ét à la moitié dans d'autres. Les mœurs de ces animaux sont simples. {ls vivent en aps mais, isolés au milieu D PRES et UE Re qui entoure ues ET RRR ARE” cés d’animalcules ; car, quand'on voit un individu, la bouche béante, engoufirer par un vif mouvement tcircu- laire une foule de ces petits points vivans , on s'aperçoit qu'ils ne se font que précipiter dans le trou où ils sont entrainés par une force irrésistible , y glisser sur le fond ( 195 ) pour en sortir tout-àa-coup, lancés avec une vitesse pro- portionnelle à celle avec laquelle ils furent engloutis. Quand l'animal , exécutant ce manége , demeure à la même place, ce sont ordinairement les mêmes monades qu'il avale et qu’il vomit tour-à-tour ; maïs cette méprise ne dure pas long-ttmps , car il change bientôt de posi- tion , soit en s'avançant, soil en sé tournant sur sa queue couime sur un pivot, pour être à mème d'attraper une proie nouvelle. Ce qui est bien étrange, c’est qu’au moment où ces légions de monades se précipitent ainsi dans sa bouche, pour en être éjaculéees aussitôt, l'organe Vibratilè se met en mouvement. Cetie conjonction de phénomènes n’est certes pas en faveur de l'opinion de ceux qui croient que l’organe dont il s'agit est un pre- mier rudiment de cœur; idée que je crois entièrement fausse. On remarque aussi que, lorsque les monades ont passé par ce gouffre, elles n'ont rien perdu de ieur. vi- tesse, et s'en vont comme si rien n avait eu lieu, nageant iout paisiblement dans lé Tiquide qui les nourrit. Ces diverses observations me portent à croire que les Zeto- dinea crumena ne font que lécher pour ainsi dire la surface des monades, peut-être pour en enlever une sub- stance particulière, comme les fourmis le font à l'égard des pucerons, Dureste, il est inutile, je crois, de faire remarquer qu'il est très-difhicile de savoir la vérité sur-un iel point ; maïs Je crois que, ces considérations ne sont pas sans fruit pour la connaissance qu’il nous importe- rait fort de posséder, d’une manière fixe, de la véritable nature de l’organe vibratile, dont les anatomistes ne,sont guère occupés. (124 ) 2. Leiodina capitata ( Nobis ). (BL 8, fisren) L. corpore ovato-ventricoso, interdum vel contorte., vel inflexo , lævigato, flavo, pellucido,.punctis seu maculis nigrioribus sparsis et irregulariter conjunc- tis picto, segmentis valdè distinctis, antico brevi aperturam oralem, sæpè quasi bilabiatam vel margi- nibus sinuosam ferente ; medio autem crasso,.inflalo vel cylindrico , sed raro, moleculas interaneas Jlavas, paucas monstrante ; organo vibratili aut nullo, aut non distincto ; caud& obliqué, lateraliter e segmento medio exeunti, reflexd, brevissimä, glo- bulari ad basim, cuspides binas divergentes caud& longiores ad apicem ferenti. Longueur effective de l’animal entier, = de millim. Habite les eaux douces et marécageuses des étangs d'E.- terbeek , aux environs de Bruxelles , au mois de mai. Elle est assez rare. Observations. Ceite Leiodina, que je n’ai point trouvée décrite, est tout-à-fait différente de la précédente ; ses segmens dis- tincts , le plissement particulier des parois de la bouche, la forme du corps , l'absence ou la non-visibilité de l’or- gane vibratile , le peu de longueur de la queue, et la structure de cet organe , ne peuvent manquer de la faire reconnaitre aisément. Elle plie quelquefois son corps de A manière à lui donner la forme d’un dos d’âne d’un côté, Q'ass ) et dans ce mouvement singulier, le segment antérieur se prononce très-bien du côté opposé ; on le voit se termi- ner par l'ouverture orale , dont les bords se creusent par fois d’un profond sillon diamétral , qui donne alors à ces bords l'aspect de deux lèvres, ou bien le creusement s’exécutant en divers endroits , et tout autour, ils parais- sent sinueux. Je n’ai pu apercevoir de quelle manière ce phénomène était lié à la manière de vivre de cette Leio- dine, qni se comporte comme la précédente dans l’in- tromission momentanée des monades par sa bouche. Le segment moyen du corps paraît soufilé et vésiculeux , ce qui Le fait paraître lisse; maïs, quand l’animal se des- sèche , on voit les globules organiques se prononcer de plus en plus ; et, quand tout le liquide est évaporé , on distingue l’aspect granuleux de cette partie, car l’anté- rieure conserve souvent encore après la dessiccation son aspect propre. La cavité intérieure , à l’état parfait, pa- raît remplie de globules jaunes, qu'on confond facile- ment avec les taches noirâtres de la surface du corps. La queue est très-courte, et l’on voit son origine à travers les paroïs du second segment, vers sa partie postérieure : la manière dont elle est engrenée dans cette partie donne lieu à une véritable articulation ; et, comme l’ouverture par où elle sort est inférieure et taillée obliquement, on lui voit prendre ordinairement une position latérale. Les deux pointes de la queue, qui proviennent d’un globule radical musculaire, sont susceptibles de s'éloigner ou de se rapprocher, et ce mouvement angulaire supposerait des muscles particuliers placés les uns en dedans, les autres en dehors, si nous n'avions des raisons de croire que l’action des globules organiques , dans ces mouve- ( 1e ) mens, peut provoquer un tel phénomène ; et cette opinion serait d'autant mieux fondée, que le mouvement museu- laire lui-même n’est, en dernière analyse , que le résul- tat d’une action particulière des globules, provoquée par l'influence nerveuse. La natauon de la Leiodina capitata est grave; elle parcourt la gouttelette d’eau où elle vit, en dandinant et “en jetant sa queue de droïte et de gauche, comme un batelier se sert d’une rame, en la faisant agir tantôt d’un côté, tantôt d'un autre. Elle vit en société, mais tou- jours isolée individuellement: Jai souvent vu des indi- vidus se toucher ei se tèter mutuellement, mais ils s’é- loignaient bientôt après. Quelquefois elle se couche sur le côté, et reste ainsi immobile pendant très-long-temps ; peu à peu le mouvement revient , et il arrive de lui voir prendre son essor avec une grande vitesse. Sa natation est le plus souvent rectiligne. Laïisse-t-on évaporer la goutte d’eau qui les contient, on les voit parcourir le peu de liquide qui leur reste, s’agiter bientôt violem- ment dès qu’elles sentent la sécheresse ; mais sitôt que le plan est sec, et que l’eau ne se trouve plus qu’autour de leur petit corps ; elles restent immobiles, elles perdent leur transparence , leur volume se rapetisse : on dirait qu’elles se crispent ; en mème temps le premier segment semble moins diminuer en volume que les autres par- ties, et surtout que le second, qui n’est bientôt plus que le quart de ce qu'il était quand l'animal nageait encore librement. La queue sortou rentre indifféremment, et selon les individus ; quand on la voit en dehors du corps, ses soies ou pointes ont conservé leur grandeur. Il suit de la description de ces deux espèces , et des (tar ) détails que nous avons fait connaître sur leur structure , que leur organisation est conformée sur le même plan. Une enveloppe cylindrique composée par l'aggloméra- tion de globules organiques, et qu’on croit de nature mus- culaire , parce qu’elle est susceptible de mouvement, paraît comme ouverte en avant, el se termine en arrière par un prolongement caudal, qu’on dirait y être articulé. La cavité de cette enveloppe contient vers le haut un appareil particulier, dont les parties musculaires , dans ce sens qu’elles ressemblent à l'enveloppe pour leur structure , et qu'elles se meuvent aussi , naissent par ex- tension des parois internes de l’étui, en dessous d’un dia- phragme formé par le repliement en dedans et l'exca- vation de la partie antérieure de l’animal. Cet appareil offre ainsi deux grands muscles lenticulaires, qui s'atta- chent en haut à deux autres parties charnues, figurant des valvules qui ne se tiennent pas "de manière qu’elles sont séparables par le bas; aussi les voit-en en cet endroit s'éloigner et se rapprocher successivement par une es- pèce d’osciilation ou de mouvement angulaire , dans lequel on a cru reconnaître l'équivalent de celui du cœur des vertébrés, quoique l’aralogie soit loin d’être fixe- ment établie. D’autres, parlant de la coïncidence des temps pendant lesquels vibre cet organe et s'ouvre l’ou- verture orale pour l'introduction des petits animaux, qu'on croyait servir de nourriture aux Leiodines , ont prétendu que c'était un appareil de déglutition , destiné sans doute à broyer la proie entre les valvules battanies ; mais , depuis qu’on a remarqué que l’introduetion n’est que momertlanée, et que la proie sort en entier, on ne peut adopter une telle idée. (128 ) La tendance de l'enveloppe musculaire à se plisser transversalement, à former des rudimens de segmens qui deviennent déjà plus permanens dans l’une que dans l’autre espèce , explique comment la nature parvient in- sensiblement à établir ces tubes exsertiles , qui imitent les lorgnettes par leur figure et leur mouvement, et qu’on voit si bien organisés dans les Ezechiélines et au- tres animalcules microscopiques. D'après ce que J'ai dit ci-dessus , ilest facile de voir que Je crois l’ouverture orale résultant seulement d’un replissement en dedans de l'enveloppe générale et d’une excavation conique vers l’axe de l'animal ; peut-être le fond du cône est-il percé, et cela paraît mème probable d’après ce qu’on observe dans d’autres genres. Nous verrons cette excavation de- venir le siége d’un appareil tout particulier dans le genre que nous établissons sous le nom de Dekinia, qui ne peut appartenir à laffnême famille que les Leiodines. Genus Dexinia (Nobis). Animalculum microscopicum, musculosum, subannu- losum , elongatum , vel conicum , vel cylindricum , sæpiùs capitatum, sæpiüs anticè truncatum, Con!rac- tile: aperturd orali variabili, proboscidem binis forcipibus æqualibus , elongatis, acutis, mobilibus constitutam, retractilem, emittente ; organo interno vibratili vel nullo, vel vix conspicuo; si existat quasi valvulis binis musculosis infernè separatilibus effecto trans cutem CONSpicuo , versus partem ante- riorem munitum ; posticè caudé retractili bicuspidat& perforatum et terminatum. ( 129 ) Synonymies. Cercarra, Mull., Ænimalc. infus. — Brug., Encycl. meth., Vers, tx T! Tricnocerca, Lamk., Aist. des Anim. sans vert. , t: XL, p. 25. Leropiwa, Bory de Saint-Vincent, Æncycl. méth., Vers, +. XI p. 484 et 527. ? Observations. Les Cercaires de Muller, à bouche armée d’appendices tentaculaires , ou les Leiodines de M. Bory de Saint- Vincent , distinguées par Île même caractère, sont pour nous des Pekinies. Nous avons fait valoir ci-dessus les raisons de cette séparation , nécessitée par la différence d'organisation des animaux que renfermait le genre uni- que du Gernier auteur. Plus nombreuses en espèces qu'on ne le croyait jus- qu'ici, les Dekinies habitent toutes les eaux douces, marécageuses et stagnantes , où croissent les Lenticules et les Conferves , entre les filamens desquelles elles se plaisent'à nager en tout sens. Variant de grandeur et de forme , les unes sont appréciables à l'œil nu , bien qu'on ne puisse les distinguer, car on dirait voir des points blanchätres se mouvant : les autres ne peuvent être aper- cués qu'au plus fort grossissement microscopique. Leur allure diffère beaucoup suivant les espèces, et il sera facile de s’en assurer par les descriptions spéciales. On les trouve depuis les premiers beaux jours du printemps jusqu à la fin de l’automme ; mais il est aisé de s’aperce- | voir que les chaleurs de 20 à 28 degrés centigrades ont | sur elles une heureuse influence : elles sont alors fort | vives, très-agiles, etil est difficile de les étudier dans ces ot | 9 (180 ) circonstances, car elles passent sous le champ du micro- scope avec une rapidité extraordinaire. Cependant on par- viendra à ralentir la vivacité de leurs mouvemens , en laissant évaporer la gouttelette d’eau qui les contient, jusqu’à ce qu’elle n’offre que peu de liquide, et en pla- çant l'instrument à l’ombre, le matin ou le soir, quand le temps est rafraîchi. Ces moyens m'ont toujours réussi : ils démontrent que les Dekinies sont l'inverse de bien d’autres animalcules microscopiques , qui se meuvent d'autant plus vite que l’évaporation s'accélère. Leur organisation est déjà très-compliquée. Leur corps continu dans les unes, où il est obscurément annelé, se divise chez les autres en trois segmens souvent très- distincts , dont un antérieur ou le capital, un intermé- diaire ou le ventral , et un postérieur ou le caudal; en- core celui-ci ne se compose-t-il que de ce qu'on a nommé exclusivement la queue. Eminemment contrac- tile , mais non polymorphe , il se replie au dedans de lui- même , en avant et en arrière, dé sorte que les segmens antérieur et postérieur sont rétractiles. Ses parois sont uniquement composées de globules réunis: ce sont les agens de la contractilité , ainsi que la matière inter-glo- bulaire. Il se présente une question assez difficile à résoudre , quand on examine les Dekinies ; c’est de savoir si elles ont un canal alimentaire particulier, ou si la cavité for- mée par les parois de l’enveloppe musculaire qui censti- tue le corps en tient lieu. Dans la Dekinia forcipata, on croirait voir la première hypothèse se vérifier ; mais il n’y a pas de certitude à cet égard : dans toutes les autres , on observe que c’est la seconde supposition qui (UT se confirme , surtout dans les Dekinia vermicularis et D. calopodaria. On voit bien dans toutes les espèces , hormis la D. minutula, le segment ventral , ou la partie correspondante, se colorer en vert, en jaune ou en gris, par une masse de globules visibles, qui en remplissent l’intérieur ; mais il est difluile de reconnaître s’il existe une enveloppe propre qui les contient. D'après ce que nous avons vu chez les Leïodines , il n’est pas probable que cette enveloppe, ou les premiers rudimens d’un canal intestinal particulier, existent. Nous regarderons donc le corps des Dekinies comme formé d’un étui musculaire { par analogie ), fermé en avant, où il se replie en de- dans ét vers l'axe , de manière à donner lieu à ce qu’on a nommé une ouverture orale; probablement il existe au fond de cette espèce de diaphragme conique une ou- verture particulière. Quoi qu'il en soit, la cavité dont nous parlons est garnie , au fond et au milieu, de deux tübercules musculaires , allongés , droits , qui servent de base chacun à une pièce dure , souvent crochue , à con- cavité tournée en dedans , ou aplatie dans ce sens, et s'appliquant alors l’une contre l’autre sur toute leur lon- gueur ; noires dans la Dekinia forcipata, où ces organes sont très-développés , diaphanes dans les autres espèces. Ces pièces ou tenailles se meuvent, en s’éloignant et se rapprochant successivement l’une de l'autre par un mou- vement angulaire , et démontrent par l’écartement qu’elles prennent que les moteurs de leur vibration sont les tubercules dont elles naissent. En supposant ceux-ci composés de fibres, dont une des extrémités s’unirait à la paroi interne du fourreau musculaire général , on ex- pliquerait facilement leur mouvement, en admettant (19275 que ces fibres fussent susceptibles d’une contraction , et partant d’une diminution dans la distance qui sépare leurs points extrêmes ; mais, comme la nature est infinie dans ses moyens de produire des effets, et qu’elle se joue de nos systèmes , nous n’entreprendrons pas de prouver lexistence de cette fibre imaginaire, quand l'inspection des, choses et l’observation de ce qui est ne la consta- tent pas. Il nous est aussi facile de concevoir la possibi- lité que des élémens charnus puissent, quand ils sont soumis à une force vitale capable de les mouvoir, s’é- loigner et se rapprocher successivement, que de cet autre fait, qu'une fibre se plie en zigzag pour se raccourcir ; car, ce quil y a de vraiment inconcevable , c’est le prin- cipe moteur, la cause efficiente. Que ce principe, cette cause agisse et fasse agir les organes , il n'y a qu'à exa- miner les conditions selon lesquelles ces agens matériels se modifient, pour découvrir le mécanisme de l’action: Dans les Dekinies , en effet, il n'existe m1 nerf, ni centre nerveux ; tout le système est anéanñti , et cependant tout a lieu comme s’il y avait des musclés abducteurs et ad- ducteurs aux tenailles, des muscles rétracteurs et pro- tracteurs du premier et du dernier tégument, des mus- cles fléchisseurs à la queue, etc., régis par une irifluence nerveuse (1). L'usage des tenaïlles ne paraît pas être celui d’atürer la proie, ni de la palper (ce qui indiquerait une faculté incompatible avec l’état apathique de ces animaux , et l’absence complète du système nerveux}, ni de l’intro- duire dans l’ouverture que nous supposons exister au (1) Les figures de Muller et de l’Encyclopédie laissent beaucoup ë désirer sous le rapport de la construction véritable des pinces. (453 ) fond de la cavité orale. Leur construction, leur posiuon, leur mouvement, la proximité de la cavité où sont con- tenus les globules jaunâtres (an globulina termo? Nobis) qui servent de pâture aux Dekinies, et qui sont ainsi peut-être herbivores , sont autant de considérations qui limiteraient en faveur de cette opinion, si nous ne sa- vions que la même série de phénomènes a lieu chez des animaux où n'existe aucune tenaille. Le segment ventral ne présente rien d’extraordinaire. Variant de forme et de volume , il ne semble contenir que des globules plus où moins réguliers , qui servent à nourrir l'animal, et on u’y voit nul organe qui puisse faire croire à l’exisitence d’un ovaire , ou seulement lap- parence d’un germe. Peut-être la partie globulaire que Muller a observée à la partie postérieure de la D. forci- paia, et qu'on a nommée vésicule de la queue, pour- rait bien être un œuf ou propagule. Nous ne sommes jamais parvenus à en découvrir de semblable , à moins que ce qu'on a pris pour cette partie ne soit la base glo- buleuse de la queue. Nous remarquerons que, dans la D. calopodaria , le segment ventral montre souvent une grande portion de sa cavité vide, quoique celle qui pa- raisse destinée à contenir la nourriture soit bien fournie. Cette portion indiquerait-elle un emplacement où doit se développer un ovaire ou un propagule, s’il n’est déjà ou évacué , ou expulsé? Tout ce qui appartient à la pro- pagation de ces animaux reste encore à découvrir. Le segment intermédiaire fournit en dedans un pro- longement circulaire qui se renfle un peu en dessous en un globule très-fort dans quelques espèces , moins dans » . ARR > d’autres ; et ce globule supporte lui-même soit immé- ( 134 ) diatement , soit médiatement , et alors c’est un pédicule irés-court qui est le lien intermédiaire, deux pointes opposées, égales et similaires, susceptibles de s’éloigner et se rapprocher l’une de l’autre par un mouvement an- gulaire. Cet appareil constitue le troisième segment , ou la queue, qui sort du segment intermédiaire par une espèce de trou dont celui-ci semble être perforé, quoi- que effectivement il ne le soit pas. Cette apparence pro- vient d’un rebord circulaire, qui descend plus bas que le premier prolongement (interne) de la queue, ou celui qui précède le renflement globuleux , au niveau duquel ee rebord se trouve le plus souvent; il se relève quel- quefois, mais momentanément , en lèvre, comme on le voit communément sur la Definia calopodaria. La construction de la queue que nous venons de dé- crire ferait supposer, s’il y avait lieu, l’existence de mus- cles propres aux pointes terminales, et capables de les faire mouvoir ; leur insertion se trouverait sur le globule renflé qui sert de base à ces parties , et la rétractilité de tout l'appareil ferait croire à des muscles rétracteurs insérés autour du premier pédicule caudal ; mais nous avons déjà émis notre manière de voir sur de telles sup- positions. L’organe vibratile , dont nous avons parlé en traitant des Leiodines, a été aperçu dans la Dekinia forcipata par Muller ; mais nous ne l'avons pas retrouvé ni chez cette espèce, à la vérité la plus opaque de toutes, ni chez d'autres, dont la transparence est quelquefois parfaite , ce qui fait qu'on peut considérer comme constante l’ab- sence de cet organe , faiblement indiqué par Muller, qui +) A e #» : . s'en est peut-être laissé imposer dans cette occasion , et (845 7) malgré sa grande expérience à découvrir les petites cho- ses, par la rentrée on le mouvement ‘intérieur des te- nailles , car il n’a dessiné d’organe vibratile que sur uu individu où ces parties étaient rentrées. De cette consi- dération on tire une conséquence qui n'est pas sans intérêt pour la connaissance de la structure de ces ani- maux. En effet, j'ai insinué plus haut que les globules verts ou Jaunâtres , que l’on voit contenus dans le seg- ment ventral, pourraient bien être de nature végétale, et appartenir à notre Globulina termo, qui est aux végé- taux ce que le Monos termo est aux animaux, c'est-à- dire , le principe et la fin de l’organisation végétale. S'il en était effectivement ainsi, je croirais que les tenailles servent à 2ntroduire cette globuline dans la cavité abdo- minale, et à les séparer des Monades que les Dekinies lèchent peut-être comme je suppose que le font les Leiodines , car on observe aussi pour les premières qu'il y à un tourbillon continuel autour de leur segment an- térieur, tourbillon qui emporte les Monades et les Glo- bulines, les engouffre un moment dans la cavité conique, pour les éjaculer immédiatement après, mais de telle manière peut-être, que les globulines sont seules incor- porées. On conçoit alors que les tenailles pourraient être regardées comme de vrais organes tentaculaires (je. n’ose pas dire palpant, par les motifs exprimés plus haut), et ce rapprochement ne pourrait-il pas porter à croire que l’organe vibratile , chez les Leiodines et autres ani- malcules , est destiné au même usage ? C’est un doute que j’émets ; mais il me suflit de l'énoncer pour inviter les anatomistes à fixer leur attention sur l’organisation si peu connue des animalcules microscopiques, qui seront ( 136 ) peut-être un Jour répartis dans les classes supérieures, -comme l'ont déjà fait observer MM. Bory de Saint-Vin- cent , de Blainville et Dugès. J'ai dédié le genre que je propose ici aux mânes du savant et infortuné Dekin, ancien professeur des scien- ces naturelles aux écoles centrale et de médecine d’An- vers et de Bruxelles, connu par quelques travaux sur Îa botanique et la géologie de nos provinces, mais plus en- core par son profond savoir et ses aimables qualités. ESPECES. 1. Dekinia forcipata (Nobis). (PI. 3, fig. 3.) D. cylindrica, æqualis, transversim rugosa, segmentis tribus transversis distinctis, medio viridi, longiori extremis flavescentibus, brevioribus; anticè trun- catd , apertur& orali diametro corporis æquali vel minore, proboscide forcipaté retractili, forcipibus incurvis basim conjunctis, flavis, ad apicem duris et nigris ; caudé laterali, ad basim globosä, cuspidibus brevibus. Longueur effective de l’animal , - de millimètre. Habite les étangs de l’Europe; excessivement commune, aux mois de mai et de juin, dans les étangs d'Etier- beek et d'Ixelles , aux environs de Bruxelles. Synonymies. CERCARIA FORCIPATA , Mull., Anim. inf., tab. xx, fig. 21 et 23. — Brug., Encycl. méth., Vers, t. 1; IL, p. 27, PL. 9, fig. 33-35 (médiocres). (157 ) TRICHOCERCA FORCIPATA, Anim. sans vert. , t. 11, p.25, no 2. Lzronina rorctpATA , Bory de Saint-Vincent, Æncycl. méth.,t. W, Zooph. , p. 484 et b27. Observations. La Dekinie porte-pinces nage avec noblesse et assez vite , faisant osciller son corps à mesure qu'elle s’avance, et rejetant sa queue à droite et à gauche alternative- ment, en guise de rame. Sa couleur est fort agréable- ment nuancée de jaune et de vert : cette dernière couleur devient plus foncée vers le milieu du corps. Ses pinces s’agitent avec célérité, et l'animal va comme palpant avec elles les différens corps qui s’offrent à son passage; je V’ai observée tâtant et engouffrant des Monades que J'ai vues ressortir tout-à-coup, et peu après le moment de leur introduction , comme on l’a constaté pour d’autres ani- maux, En se desséchant , la Dekinie que nous décrivons ici change peu de forme; seulement elle devient plus globuleuse, et se dilate un peu ; elle devient plus obscure, les globules organiques se prononcent mieux, sa queue conserve sa forme ; mais elle rentre autant que possible. Je l’ai retrouvée pendant les mois de mai, de Juin, de juillet et d’août. Vit-elle si long-temps, ou sont-ce des générations qui se succèdent ? Le premier segment est presque globuleux , présen- tant, quand la bouche devient béante, un bord aplati, circulaire ; les ienailles, dans leur plus grande extension, dépassent ce bord , et sout plus longues que le segment où on les voit : c'est le tiers supérieur de leur longueur qui est noir et crochu. Est-ce une pièce à part ? cela est probable. Le segment intermédiaire est deux ou trois ( 138 ) fois plus long que l’antécédent , et présente souvent un pli assez fort, qui ferait croire à un quatrième segment : tous sont peu prononcés. C’est en dessus de ce pli quela poche verte se prononce le plus ; les globulines y sont peu distinctes, ce que je crois dépendre de l'épaisseur de l’étui musculaire. Il est donc probable que ce pli est un premier degré dans la limitation d’une cavité stoma- cale particulière. Le segment ventral est tronqué en arrière ; d’un côté il se prolonge en angle fort obtus, quand on voit l’animal sur Île flanc , et de l’autre il émet le globule caudal , de sorte que l'insertion de Ja queue est oblique ; et, comme elle se dirige transversalement, on la dirait latérale. Quoi qu'il en soit, elle est fort courte , très-épaisse à sa racine ; ses pointes sont réunies à leur base, blanches, translucides, très-mobiles : elles servent à fixer l'animal dans un endroit donné, où il s'arrête souvent pendant très-long-temps, quand le temps n’est pas chaud, et qu’il n’est pas éclairé par les rayons directs du soleil. Il tournoie avec facilité et se plie quel- quefois sur l'un ou l’autre côté, de manière à ce que Île pli s’accorde avec celui qui est au milieu du segment in- termédiaire ; mais ce n’est jamais un pli angulaire, car l'animal conserve toujours une couleur bien prononcée. Sa longueur absolue paraît assez constante; mais les petits individus montrent les mêmes caractères que les grands. Le mode de leur propagation est entièrement in- connu , bien que je l’aie soupçonné plus haut dans Îles généralités. (_ 139 ) 2. Dekinia calopodaria ( Nobis ). (PL. 3, fig. 4.) D. cylindrica, medio inflata seu incrassata, transver- sim anticè rugosa , truncata ; aperturd orali emar- ginatà vel cum patet, margine reflexo, tenui, cir- cumdatä , diametri corporis; proboscide exsertili . forcipibus simplicibus hyalinis, vix separabilibus ; corpore hyalino, excepté maculé in medio segmenti intermedii et dorso locat@, globulinis flavis valdè distinctis constanti ; caud& sublaierali, globuliferd crassd inflex& cuspidibus globulum longitudine ad æquantibus. Longueur effective de l’animal , -- de millimètre. Habite les eaux douces marécageuses de la Belgique ; en grande abondance parmi les Lenticules et les Confer- ves du dernier étang d’Ixelles, le plus vers la Cambre. Observations. Cette nouvelle espèce se distingue aisément de la pré- cédente par sa grosseur, qui est du double au moins, par l’enflure du segment moyen , par le rebord de l’ou- verture orale , par l’absence d’une partie noire et dure à l'extrémité des 1enailles, par la construction de celles- ci, par l'emplacement particulier du réservoir alimen- taire , par l'absence d’un pli permanent sur le segment moyen , par une queue plus forte et plus épaisse, autre- ment placée , etc. Je l’ai trouvée au mois de juin , dans l'endroit cité. Je lui ai donné l’épithète de patineuse, ( 140 ) parce que, dans sa progression uniforme et élégante, | elle jette sa queue alternativement à droite et à gauche , décrivant ainsi une courbe ondulée, et imitant le glisse- ment léger d’un patineur sur une glace unie. Ce trans- port aisé, joint aux allures agréables que prend son corps pendant que l'animal avance , en fait une des plus belles espèces. Entièrement diaphane, sa teinte brillante contraste agréablement avec la vivacité de la couleur de son dos, en dedans duquel on distingue une macule jaune , formée par l’agglomération de globulines très- régulières ; du côté du ventre, on n’aperçoit cette macule que confusément, et l’animal vient-il à se montrer de côté, on voit un grand vide vers cette face, qui est destiné peut-être à contenir les germes ou les propagules. Des- séché , l'animal devient globuleux ; il retire ses pinces, et darde sa queue ; en mème temps le segment du mi- lieu se creuse d’une bulle iniérieure , et se boursoufile très -fort. Le premier segment , ou l’antérieur, est cylindrique , irès-ridé transversalement , aussi haut que large quand il est entièrement déployé, se plissant et reculant dans l'intermédiaire, de manière à ne plus paraître en dehors : vers son milieu, on voit pousser les tenailles minces, très-longues. Leur base ne se distingue pas de leur som- met; elles paraissent d’une seule venue. Le segment intermédiaire, plus large que le précédent, prend sou- vent la forme d’une tonne : son bord inférieur se relève en lèvre très-visible pour ceindre le globule de la queue, qui est fort renflé. La queue s’infléchit souvent , soit à droite, soit à gauche ; elle se relève vers le corps, et s’applique contre lui. (Qu) L'eau tourbillonne autour de sa bouche, on voit les tenailles vibrer : un torrent circulaire se forme autour d'elles, les Monades sont emportées , lancées vers l’in- térieur de la cavité, et en jaillissent tout aussitôt : cette force singulière s'étend à une étendue égale à celle du corps en rayon. Îl est probable d’après cela, et prenant en considération les appendices tentaculaires, l'existence de globulines dans la cavité abdominale, que ces pro- ductions végétales sont seules incorporées pour servir à soutenir la vie de l’animal. 3. Dekinia vermicularis (Nobis). (PL: 3, fig. 6.) D. cylindrica, posticè conica, rugis crebrissimis trans- versim notata, segmentis tribus aut inconspicuis , aut porüm distinctis , anteriori , semper retrac- tili, posticè constricto, obconico anticè truncato , bi aperturà orali, amplä , manifestè infundibuli- formi, proboscide retractili magna, forcipibus binis crassis , basi ovatis, ad apicem latere interno planis hyalinis, motu divaricatis munitd pertuso ; organo vibratili interno nullo; corpore viridi (globulinis?) inclusis inconspicuis; caud& longä flexibili, basi ferè non globulari, cuspidibus longis, exilibus , sæpè reflexis. Grandeur effective de l'animal , © de millimètre. Habite les eaux douces, stagnantes, où croissent les Lenticules et les Conferves, en Europe ; très-com- mune dans'la mare de la Cambre , et tous les étangs ‘des environs de Bruxelles. (142) Synonymies. CEncariA verMIcuLARIS, Mull., Anim. inf., tab. xx, fig. 18-10, — Brug., Encycl. méth., Vers, t.1, p. 26, no 14, PI. o, fig. 30-32. TRiICHOCERCA VERMICULARIS, Lamarck, Anim. sans vert., t. IL, p. 25, no 1. LeiopiNA vERMICULARIS, Bory de Saint-Vincent, Encycl. méth. e Zooph., t, IT, p. 484 et 525. Observations. Je l'ai observée, complètement développée, vers le milieu du mois de juin , dans l’eau des étangs d’Ixelles , Eterbeek, Anderlecht, etc. Très-visible à l’œil nu, c’est la plus grande espèce du genre, et un des plus grands animalcules microscopiques ; on la voit nager avec gravité et noblesse dans la gouttelette d’eau où elle se trouve, plier sa queue avec grâce, pirouetter avec vivacité , courber son corps en divers sens , et se donner des allures très-agréables. Elle nage quelquefois en dan- dinant, fait beaucoup de chemin en avançant très-peu par les allées et les retours continuels qu’on lui voit suivré dans sa progression. Sa grosseur ne surpasse que d'un tiers celle de la Dekinia calopodaria. La Dekinie vermiculaire difière tellement de toutes les autres, qu'il serait inutile de m'étendre sur ses ca- ractères distinctifs, la description citée plus haut étant plus que suffisante. Je passe aux détails. Le premier segment rentre souvent en entier dans le second , et lorsqu'il n’a pas le même diamètre que celui- ci, dans toute sa hauteur, et de manière à ne l’en pouvoir distinguer : ik est étranglé en dessous, et d’une forme & 3 ( 143 ) conique. Il se ride transversalement, et se dilate en avant en espèce de cloche, qui contient les appendices tenta- culaires ; ceux-ci sont aussi longs ou plus longs que le segment, et on les voit le déborder communément. Leur mouvement est fort vif. C’est autour de ce segment que se forme le tourbillon qui entraîne tous les petits corps nageant dans l’eau ; il s'étend sur un rayon d’un peu plus que la demi-longueur de l’animal. On ne distingue que fort difficilement la forme de la matière , d’un vert d’eau de mer, qui remplit l’intérieur de la cavité du second segment, de sorte qu’on n'est pas assuré positi- vement de quelle nature est la proie dont se nourrit l’a- nimal. Le second segment est deux ou trois fois plus long que large , et son diamètre transversal ne surpasse guère d’un tiers celui de la Dekinia calopodaria. Une multitude de petits plis irréguliers le ceignent dans toute son étendue ; et, de distance en distance, on en voit sur quelques individus de plus prononcés. On dirait que la nature s’essaie, dans ces êtres , à produire la forme annelée des larves d'Insectes et des Annelides. Postérieurement, on voit le segment devenir conique , et l’on remarque qu’il est coupé transversalement pour donner issue à la queue, ce qui est bien différent de ce qui arrive chez les Deki- nia forcipata et calopodaria. La queue est fort flexible , toujours en mouvement; son bulbe est peu visible et petit ; les pointes assez lon- gues, minces et nullement raides , comme dans les espè- ces congénères. On n'aperçoit aucun organe qui puisse faire soupçon- ner le mode de procréation ; aussi nous nous abstiendrons \ (244) d'en parler, appelant toutefois attention des natura- listes sur cette importante fonction. 4. Dekinia minutula (Nobis ). (PL.3, fig. 5.) D. cylindrica, posticè conica, rugis transversis notata, segmentis persæpè inconspicuis, anticè truncata ; apertur& orali vix distinctä, proboscide retractili forcipibus binis elongatis, rectis, simplicibus, quasi continuis hyalinis, armatä, munitä ; corpore hya- lino , interaneis inconspicuis, organo vibratili in- terno nullo ; caud& bulbo non distincto, cuspidibus longis, exilissimis, deflectentibus. Longueur effective de l’arimal , — de millimètre. $ 92 42 Habite les eaux douces ct marécageuses de la Belgique ; commune , aux mois de juillet et d'août, dans l’eau des fossés et des étangs près de la porte de Halle, à Bruxelles. Observations. Cette nouvelle espèce , la plus petite du genre, res- semble assez à la vermicularis, qui est l'extrême opposée sous le rapport de la grandeur ; elle en a toute la simpli- cité, mais elle en diffère par les tenailles, qui sont con- tinues et sans partie distincte à leur extrémité, par la queue , qui est sans bulbe visible, enfin par l'absence de l’étranglement qui se manifeste souvent chez la dernière, à la partie postérieure du premier segment. Comme je l'ai retrouvée pendant deux mois dans le même vase d’eau, je ne crois pas que ce puisse être des jeunes indi- ( 145 ) vidus de la vermicularis. Son port est agréable; elle nage en tout sens , mais le plus souvent dans une direc- tion recüiligne; elle dandine et fait vaciller sa queue à droite et à gauche : un tourbillon se forme aussi autour de la bouche , et, pour la petitesse de l'animal, il est fort grand. Ce qui la distingue surtout de toutes les con- génères , c'est l’absence de toute couleur ; elle est dia- phane comme du verre, et on ne reconnaît les plis et les organes qu'à leur ombre et à leurs reflets. Il se pourrait bien, d’après cela, que la Dekinia minutula ne se nour- risse pas de globulines vertes, comme il paraît que font toutes les autres, mais seulement de Monades ou d’au- tres productions vivantes incolores. Sa petitesse et sa simplicité ne permettent guère de détails. Le premier segment, lorsqu'il se prononce bien , ce qui arrive très-rarement, est globuleux, ovoïde ou trans- versalement : en avant sortent les deux pinces, très- longues quand l’animal les étend ; quelquefois le seg- ment antérieur rentre dans le moyen, et s’y cache en entier. Ce dernier est ridé de plis ; on reconnaît difficilement l'orifice par où passe la queue, et on dirait que celle-ci fait la continuation du corps. Le mouvement de la queue est assez constant ; elle se jette de droite et de gauche, et se replie quelquefois vers son milieu. Il n’est pas rare de voir prendre le même mouvement de courbure aux pointes caudales mêmes. XXI, 10 { 146 } 5. Dekinia compta ( Nobis ). (Pl.,3, feu.) À). conica, rugis rarissimis transversim notata , seg- mentis tribus distinctis, anteriore anticè convexo , marginato: operculi ad instar segmeritum medium tegenti, apertur& orali, parvula proboscide non valdè exsertili, forcipibus binis conicis , latere in- terno planiusculis, elongatis, hyalinis quasi conti- nuis, armatd ; segmento medio vel conico , vel campaniformi, globulinis flavo-viridibus repleto; ullo absque organo vibratili interno; caudé globu- liferd, terminali, sæpè deflexä, cuspidibus elon- gato-acutis, æqualibus , globulum duplù majoribus. Longueur effective de l'animal , — de millimètre. Habite es eaux douces et marécageuses de la Belgique où croissent les Lenticules et les Conferves ; commune dans l’eau d’un étang d’Uccle, près de Bruxelles. Observations. Cette espèce nouvelle est si distincte des précédentes, qu'elle pourrait susciter l'établissement d’un sous-genre particulier. Je lai nommée coïffée, pour une particula- rité qui lai est propre ; c’est d’avoir le premier segment globuleux en arrière, marginé sur le pourtour, conique ou relevé en bosse en avant, de sorte qu’on dirait que c'est un couvercle qui surmonte le segment moyen. On y voit les tenailles longues, contractiles , variables dans leur épaisseur, aplaties du côté où elles se joignent, sor- ( 047, ) tant peu en dehors du segment. Le moyen ne présente rien de remarquable, sinon les globulines très-visibles qu'il contient ; aussi voit-on l'animal faire tourbillonner l’eau autour de cette espèce de tète que nous lui avons reconnue , et entraîner Monades et Globulines dans ce gouffre vivant, où les dernières seules sent probable- ment retenues. Postérieurement on voit l’espèce d’orifice par où sort la queue, dont le bulbe se trouve engaîné par ce rebord, dans la sortie de l’organe. Les pointes se tiennent souvent raides , éloignées, et en forme de V renversé ; quelquefois elles se courbent ou d’un même côté , ou de deux côtés différens. C’est vers les mois de mai et de juin que la Dekinie coiffée est la plus commune. Le mouvement de l'animal est le plus souvent de tour- ner autour de sa queue, ou de s’avancer en décrivant des courbes très-peu excentriques ; aussi fait-il beaucoup . de chemin sur un petit espace qu'il parcourt de mille ma - nières. Ses allures sont agréables; il se courbe avec grâce, s’avance avec gravité et souplesse. Quand il y en a beau- coup de réunies , ils se touchent, se tâtent, se frottent ou se fuient ; ils jouent de mille manières différentes : ils folätrent dans la .gouttelette qui leur sert d’océan . comme la fable nous représente les syrènes. Les globu- les, d’un jaune d’or, ou réfléchissant la couleur des éme- raudes et des topazes, ceux qui forment le corps et si- mulent autant de perles mobiles, ajoutent à la beauté du spectacle ; dont la nouveauté compensé l’observateur des peines qu’il s’est données, et du tort qu'il fait à sa vue, en l’énervant au microscope. ( 148 ) EXPLICATION DE LA PLANCHE lil. Fig. 1. Leiodina crumena, Bory de Saint-Vincent. — Cinq individus grossis 248 fois. a, individu dont la partie antérieure est dilatée, et l’organe vi- bratile visible; la ligne ponctuée montre la marche habituelle de l'animal. b, individu dont la partie antérieure est dans l’état ordinaire ; l’or- gane vibratile est en repos. c, individu dont la cavité est remplie de globulines. d, individu qui replie sa queue contre le corps, ce qui est habituel à l'espèce. e, individu mort, Fig. 2. Leiodina capitata , Nobis. — Deux individus grossis 248 fois. a, individu nageant ; sa marche est indiquée par la ligne ponctuée. b, individu mort. Fig. 3. Dekinia forcipata, Nobis. — Six individus, dont les cinq pre- miers sont grossis 248 fois , le sixième 500 fois. a, un individu en repos. b, un autre en mouvement. c, un autre où les pinces et la queue sont rentrées. d , individu dessiné à l’instant où ces parties se montrent ; la queue * est droite alors. e, mdividu mort. J', individu où toutes les parties du corps , et notamment la cavité interne , les pinces et leurs parties, le bord de la bouche, le tuber- cule de la queue, sont représentés avec le plus grand soin. Fig. 4. Dekinia calopodaria, Nobis. — Cinq individus, dont les trois premiers vus sur le dos , les autres sur la partie antérieure. a , individu où l’on voit les pinces rentrées dans l’animal : la ligne ponctuée est celle de son mouvement habituel. b, individu où le tubercule de la queue soulève le second segment du corps. | ] c, individu qui mange; ses pinees sont fort visibles. d , individu dont les pinces sont invisibles. e, individu mort. Fig. 5. Dekinia minutula, Nobis. — Trois individus grossis 248 fois. a, individu en repos. (249 ) b , individu quand il nage, suivant la ligne ponctuée. c, individu où les pinces et la queue commencent à poindre. Fig. 6. Dékinia vermicularis, Nobis. — Trois individus, dont : a, est en repos ( la ligne ponctuée est celle du mouvement ordinaire de l'espèce ). b , en état de mouvement. c, prend sa nourriture. Fig. 7. Dekinia compta, Nobis. — Quatre individus grossis 248 fois. a, individu dont la queue est très-étalée. b, individu quand il nage , comme l’indique la ligne ponctuée. cet d, individus dans différens'états. Mémoire sur les Habitudes des Insectes coléopières de l'Amérique méridionale ; Par M. J. Tu. Lacornaïre (1). (Suite et fin.) Uloma (Fab.). — Les espèces de ce genre sont très- nombreuses , et vivent toutes sans exception sous Îles écorces décomposées, les troncs abattus et dans leur intérieur. Elles exhalent la même odeur que les Tene- brio , maïs ne se couvrent pas comme eux de la liqueur dont j’ai parlé plus. haut. L'espèce la plus grande et la plus remarquable, U. monocera, Dej., est rare au Brésil, ainsi que la suivante qui vient après pour la taille, /. excavata, Dej. Les autres sont assez communes : {/, melunaria , confinis, laticollis, perplexa, curvipes, parallela, Dej., N. Sp., bi-impressa , Lat., etc. (1) Voyez le commencement de ce Mémoire au tome XX, p. 185. | { 356 ) On en trouve également plusieurs à Buénos-Ayres et dans le Tucuman , U. opatroides , eXCavata , punctu- lata, Dej., assez, communes, dans, le, premier de, ces pays ; la dernière et les deux suivantes, Ü. brunnipes et carbonaria , Dej., N. Sp., du second. Elles vivent , comme celles du Br ésil, sous les écorces. La suivante, très- Here à Santiago, nl , UÜ. infanus , mihi ; vit dans les amas d’ordures, les excrémens humains, les liéux d’éisanices ‘ét autres endroits fau à Rio-Janeiro. une espèce, de, ce genre ,. P bi- REA à Dej., N. Sp. ; Hi elle vit sur. les bords de ka Baie, .dans les cadavres rejetés par Hi mer, nt So “ent dans le sable humide. i À Diaperis (Geoflroy). — Toutes les espèces de ce genre vivent sous les 'écorces humides, dans les bolets et les plaies des arbres. Leur démarche est plus agile que celle de la D. boleti d’ "Europe; elle exhale la mème odeur , Et se couvre comme %es Sean de Ja liqueur qui Ja produit, AE On irouve très- -communément ie D. affinis “ Dej. ) AU BiéiPltdans da province de Monteyidep ; ; elle est rare de l'autre côté de La Plata. Avec elle ) hais seulement au Brésil, on rencontre communément deux espèces à taches rouges sur les élyires, D. cruentala ; Dei. 1. fas= ciata, Fab. Les deux suivantes D. histrio et helo- pioides , Dej., N. Sp., sont cu plus rares. Touies ces espèces ont le corcelet inermè chez. les deux sexes. Dans la suivanie, à corps plus du et presque globuleux , le mâle offre deux tubercules'sur le Qror sien , À). diümidiata , Dej., N. Sp. J’ai trouvé une seule fois les deux sexes dans un bolet. Eustrophus (Niger). — Ces insectes vivent dans les plantations, sur le tronc des arbres abattus, où on Îles trouve quelquefois en réunions assez nombreuses. Leur démarche est très-agile, et ils peuvent sauter à une cer- taine hauteur. Ils exhalent une odeur faible , voisine de celle des Diaperis. J'en ai rapporté quatre espèces PCR. 15-maculatus, Manherheim, tomentosus, bi-punctatus,. bi-signatus, Dej., N. Sp. Boletophagus (Fab. ). — J'en ai rapporté deux.es- pèces , à corcelet muni en devant d’une corne allongée, aplatie et dilatée à son extrémité , B. cucullatus et mo- nocerus , Dej., N, Sp. Toutes deux sont rares et se trouvent sous les écorces desséchées dans les plantations. Leur démarche est lente, et elles exhalent la même odeur que le genre qui précède. Epitragus (Lat.).— Les habitudes de cegenre s’éloi- gnent de celles des précédens, et les rapprochent de certaines espèces d'Hélops. On les trouve sur les feuilles, volant dans les bois, principalement vers le soir. Ils n’exhalent aucune odeur. On wouve communément au Brésil, pendani la saison pluvieuse, VÆ. æneus, Dej. Les Andes.et le Tucuman en fournissent plusieurs espèces d'assez. grande taille : Æ. ÆAndorum, jaspideus , müihi, stricticollis, monticola, meticulosus ; helopioïdes , Dej. Toutes sont nouvelles. Dircæa (Fab.). — Jai trouvé au Brésil deux espèces dece genre, qui vivent dans les bolets et dans les troncs desséchés, en y creusant des trous eylindriques assez Case > profonds; D. bi-lineata , Dej., N. Sp., la plus grande du genre , et D). fuscipennis , Del. Nilio (Lat.). — Ces insectes vivent sur le tronc des arbres , contre lesquels on les trouve collés ou grimpaut fentement. Quand on Îles touche, ils se cramponnent assez fortement aux aspérités de l'écorce , et ramènent leurs antennes sous le corcelet ; lorsqu'on les tient , ils contractent leurs pattes à la manière des Coccinella et restent assez long - temps immobiles. Leur odeur est assez forte et pareille à celle des /Zelops. On trouve communément au Brésil deux espèces , N. fasciculatus et reticulatus , Dej. J'en ai rapporté une autre qui paraît rare , JV. fusculus, Dej., N. Sp. | Helops (Fab.). — Ce genre, tel qu’il est étabfi dans le Catalogue dé M. le comte Dejean , renferme une grande quantité d'espèces de formes et de mœurs différentes. On l’a divisé depuis, mais il y règne encore une grande confusion , et par conséquent de nouvelles coupes géné- riques à établir. En admettant que Ja dénomination d’ÆHelops soit restreinte aux {7. cæruleus , lanipes , ca- raboides de Fabricius et autres espèces analogues , ce genre w’existerait pas dans l'Amérique méridionale ; ou du moins je n’y en connais aucun. Ceux dont les antennes sont légèrement en scie à par- tir du sixième article , le corcelet presque carré un peu élargi postérieurement, le corps allongé et bombé, ‘et qui constituent le genre Campsia de MM. Lepelletier et Serville, se rapprochent des Tenebrio par leurs habi- tudes. On les trouve dans les mèmes lieux , et ils exha- lent la mème odeur , sans se couvrir néanmoins d'une liqueur caustique comme ces derniers. Quoique pourvus, (:153 ) d'ailes, je ne les ai jamais vus voler. 1. mullipunctatus, acutipennis , elongatus, cupreus, flavicans , Dej., etc. Tous sont de grande taille. Les suivans ont les mèmes habitudes, mais diffèrent beaucoup des précédens par leurs formes. Ils pourraient constituer quatre genres bien distincts. Le premier ren- fermerait les Æ7. pterocerus et bi-nodosus , Dej.; tous deux rares au Brésil. Le second , les Z7. productus, Dej., commun sous les écorces humides, et glaucus , ejusd., avec le précédent, mais plus rare. Le troisième, les Helops angulatus, Dej., très-commun au Brésil ; anti- quus, cjusd., très-rare. Le quatrième enfin, les 7. punc- tatissimus , fulvipennis , corvinus , Dej., du Brésil , et cariosus , ejusd. N. Sp., wès-commun dans la province de Montevideo. D’autres, dont la forme est très-voisine de celle des Campsia, mais qui en diffèrent par leurs habitudes, pourraient en être séparés. Ils vivent sur les feuilles , le tronc des arbres à l’extérieur , et on les trouve, fréquem- ment volant dans les bois pendant la grande chaleur du jour. Leur odeur est beaucoup moins forte que celle des précédens. Æ. marginellus, Dej., fasciatus, Fab., zebra , histrio, rufipennis , iris, fulgidus , Dej., etc. Ceux qui composent les genres Stenochia, Kirby, et Sphenosoma, Dej., vivent comme les précédens : Stern. violacea , Fab., cylindrica, limbata, bi- maculata , decora, lepida, aulica, pulchella, femoralis, Dej.,etc.; Sphen. acuminata, ejusd. N. Sp. Sphærotus (Kirby). — Ces insectes, qui faisaient également partie du genre Æelops avant que M. Kirby les en séparàt, se trouvent à terre sous les bois morts, (154 ) où grimipent, mais sans s'élever beaucoup au-dessus du sol, contre le tronc dés arbres, Îles clôtures dans les plantations , ete. Leur démarche est lente , et leur odeur est semblable à: celle des Campsia. Ns se distinguent d’ailleurs de tous les autres Æelops en ce qu'ils sont privés d'ailes. J’aï trouvé assez communément au Brésil le S. curvipes, Dej., et une autre espèce nouvelle plus petite , S. lœvigatus , Dej. ; celle-ci paraît rare. Allecula (Fab: ). — Quoique bien distincts des Hé- lops pat leurs caractères, cès insectes’ s’en rapprochent par leurs habitudes et plus encore par leur odeur qui est absolument la même. On les trouve sous les écorces!, rarement sur les’ feuilles; et, quand'on les prend, la plupart se couvrent d’ane liqueur abondante qu'ilé ren- dent par la bouche et les parties latérales de leur corps. Leur démarche est difficile, quoïque leurs mouvemens soient très-vifs. La forme de leurs pattes ne leur permet pas d'avancer en ligne droite , et ils tombent à chaque instant sur le côté. Quoique pourvus d'ailes, ils volent rarement. Presque tous vivent en réunions plus ou moins nombreuses. On trouve communément au ‘Brésil les suivans : Æ. apiatai, metallica, ænea, pubescens , affinis , femorata, carbonaria, Dej., ett. Buénos- Ayres en offre une espèce qui se trouve également dans le Tucuman, et qui est comhiune toute l'année, 4. brunnea, Dej., N. Sp. | Lagria(Fab.). — J'en ai trouvé deux espèces au Brésil qui vivent sur les feuilles Comme celles d'Europe, L. prœusta'et melanaria, Dej., N. Sp. Statyra (Lat.). — Les espèces de ce genre vivent ioutes sur les feuilles en s’y tenant collées comme les ( 195 ) Agra, avec lesquelles on les confond facilement au pre- mier coup-d’œil , leur forme ayant beaucoup de rapports avec celle de ces dernières. Elles s'échappent de même quand on touche à leur retraïte ; et volent assez bien. J'ai rapporté:les espèces suivantes : S. agroides , Dej. ; geniculata, morbillosa, ejusd. N. Sp. Prostenus(Lat.).— Les Prostenus sont de jolis in- sectes du Brésil , ordinairement pubescens et ornés de couleurs agréables, qui se trouvent sur les feuilles et les fleurs , marchant assez lentement ; ils ne se laissent pas, oinber quand on les approche, et n’exhalent aucune odeur particulière. Je ne les aï jamais vus voler, quoi- qu'ils aient des ailes: On trouye assez fréquemment le P4 equestris ( Anthicus Langsdorfi du Cat. de NT. le comte Dejean). Les autres, P: pilosus, Dej.; monitije- rus) Manherheïm; cyaneus, sex-maculatus, sex-punce- tatus , Dej., sont beaucoup plus rares. Ripiphorus, Bosc.; Pelecoioma, Fischer’, Mordella, Lin. — Je réunis ensemble ces troïs genres, dont les espèces offrent les mêmes habitudes que leurs-congénères d'Europe. On les trouve sur les fleurs ; quelquefois sur les feuilles , et elles s'échappent avec vitesse quand on veut Îles saisir. On en trouve plusieurs espèces au Brésil : Rip. collaris, Dej:, N. Sp.; Pel: varia; nebulosa , Dej:, leucophæa,, murina | ejusdi NV. Sp; Mord. lunifera; Dej:; scutellaris, Fab. | maculiventris ; an- thracina, aulica ; strigosa, multiguttata , Dey., N: Sp: Au Chili j'ai trouvé'abondamment sur des ombellifères, dans les environs de Santiago , 7, 5-guttata, d'Urville!, chilensis ,; Dej, Horia (Fab.): — Je n'ai trouvé au Brésil que l'espèce ( 156 ) déjà connue, 1. maculata, Fab. Elle n'est pas rare aux environs de Rio-Janeiro, et elle vit sous les écorces. Son vol et sa démarche sont lourds, et elle rend par la bouche une liqueur jaunâtre d’une odeur particulière , intermédiaire entre celles des Æelops et des Lytta. Tetraonyx (Lat.). — J'ai rapporté un assez grand nombre d'espèces de ce genre. Toutes vivent sur les plantes basses , les feuilles ; volent assez bien, et répan- dent la mème odeur que les /Æoria. La plus grande es- pèce, 7. cyanea, Dej., est très -rare aux environs de Rio-Janeiro, mais paraît commune dans la province de Saint - Paul et à l’île Sainte - Catherine. On trouve , au contraire , en abondance, près de la ville ci-dessus, le 7°. G-guttata , Dej. Les suivans sont beaucoup moins com- muns, 7. luctuosa, femorata , flavicollis , transversa- lis, subcincta, discicollis , Dej., N. Sp. On n’en trouve aucun à Buénos-Ayres. Lytta (Fab.). — Les Lytta d'Amérique ont les mêmes habitudes que celles d'Europe pour ce qui concerne la nourriture , la démarche et le vol ; mais elles en difiè- rent par leur odeur , qui est infiniment moins forte, et qui indique que leur propriété vésicante est beaucoup moins active , ce qui à lieu en effet. Quoiqu’on les em- ploie aux mêmes usages que notre L. vesicatoria , les pharmaciens préfèrent celle-ci, qui produit beaucoup plus d’effet, et la font venir d'Europe. Quelques -unes, vivent en sociétés nombreuses comme l'espèce en ques- tion , tandis que d’autres ne se rencontrent qu'isolées ou en réunions composées de peu d'individus. Parmi, les premières , je citerai les L. conspersa et punctata, De), qui paraissent à Buénos-Ayres, en décembre , et qui | A (197) ne se montrent guère que pendant un mois ou six semaines. Parmi les autres , sont les Z. fucata, affinis , capitata, Dej., du Brésil ; femoralis, Dej., du Chili, et Lacordairei , Dej., N. Sp. , grande et belle espèce du Tucuman. OEdemera (Oliv.). — J'en ai rapporté deux espèces du Brésil, OE. grandis et melancphtalma, Dej., N. Sp., et une de Buénos- Ayres , qui ne diffère en rien de l'OE. notata , Fab., qu’on treuve dans le midi de la France. Leurs habitudes sont les mêmes que celles de leurs congénères d'Europe. CURCULIONITES. Cette famille est, après celle des Crysomelines, la plus nombreuse en espèces dans les rays situés sous les tropiques. Comme celles de nos pys, toutes vi- vent de substances végétales, et ne préentent de dif- rence un peu sensible que dans leur d&arche et dans le vol, dont quelques-unes ne font jamaïusage, quoique possédant des ailes. Les espèces apières, &ez abondantes dans l’ancien continent, sont en très -ptit nombre en Amérique , et parmi celles qui se trouvat dans ce cas, aucunes ne vivent exclusivement dans ?s terrains sa- blonneux et arides, comme les Brachcerus, Bron- chus , etc. , de l'Afrique. Ces genres et lurs analogues n’ont point, que je sache, de représentai dans le Nou- veau-Monde. M. Schœnherr, dans son beau trava sur cette fa- mille , l’a divisée en un très-grand noml: de genres et de sous-genres. Tout en suivant $a méth& , je ne ferai (168) usage des uns et des autres qu'autant que les différences dans les habitudes le rendront nécessaires. PBruchus. — B. cayennensis, Dej., commune aux environs de Ric-Janeiro, sur les feuilles dans les bois ét sur les troncs des arbres. Vol assez agile, démarche mois vive que celle des petites espèces de nos pays. PB. Ro- biniæ , Fab. Commune sur les fleurs; vol et démarche plus agiles que dans l'espèce précédente. On en 1rouve deux espèces à Euénos-Ayres , qui vivent comme la der- nière, B. acanthocnemus et cognatus, Dej., N. Sp. Anthribus (Geoffroy). — Toutes les espèces de ce genre se tiennert sur les troncs des arbres, les clôtures des plantations, etc. jamais on ne les trouve sous les écorces et très-rarementsur les feuilles. Quoique toutcs soient pourvues d’aile, la plupart en font rarement usage. Chez celles-ci 1: démarche est toujours lente, D’autres, au contraire, vlent avec beaucoup de rapidité , et cou- rent irès-vite. Parmi les remiers, je citerai : 4. cylindricus, Dej. , très-comun sur les arbres abattus dans les plan- tations. Il se Lsse tomber à la moindre apparence de danger. 4. glucus , Dej., mêmes mœurs que le précé- dent, mais beucoup plus rare. Dans ces deux espèces et dans quelqes-unes des suivantes, les antennes du mâle égalent jesque le corps en longueur. Jamais ils ne volent. #.urculioides, Dej.; grande et belle espèce assez commun aux environs de Rio-Janeiro et très-rare dans l’intérier. 4. tigrinus, Lacordairei , costaius, sulphureus, ioratus ; echinatus, asperatus ; hirtipes, sordidus | bibinosus , iræqualis , coffeæ ; funebris, ejusd. , etc. Mnes mœurs que les précédens, mais ils (.169.) font plus fréquemment usage de leurs ailes ; leur vol est assez agile et se prolonge peu. Parmi les seconds, je ne connais que deux espèces : A. luctuosus et dorsiger, Dei. , toutes deux courent irès-vite et prennent leur vol avec la mème rapidité qu'une mouche quand on veut les saisir. Attelabus (Lin.). — A. melanocephalus, Dej., variegatus, lineaticollis, rufescens, ejusd: N. Sp. Mèmes habitudes que leurs congénères d'Europe. Rhynchites (Herbst.). — R. cyaneus, Dej. Très-rare au Brésil , sur les feuilles. Il vit comme nos espèces d'Europe. Brentus (Fab.). — Toutes les espèces de ce genre, sans exception, vivent sons les écorces sèches ou à demi décomposées où l’on trouve quelquefois rassemblées par centaines les espèces suivantes : B. anchorago , cana- liculatus , volvulus, Fab., vulneratus et crassicor- nis, Dej. Les autres sont un peu moins communes. On les trouve aussi quelquefois à l'extérieur, grimpant contre le tronc des arbres , d’où elles se laissent tomber quand on veut les saisir. Leur démarche est lente et embar- rassée par leur long bec et leur corcelet qui retombent à chaque pas qu’elles font. Les mâles, en marchant, agi- tent sans cesse leurs antennes comme certains Hymé- noptères du genre Tenthredo. Quoique pourvus d'ailes, ils ne volent jamais. On trouve assez souvent des espèces différentes accouplées ensemble. Celles sur lesquelles M. Schœnherr à établi son sous-genre Ærrhenodes, B. singularis, mandibularis, exsertus, affinis, Dej. , sont plusrares que les vérita- bles Brentus, et aiment à s’enfoncer dans le bois en (11601) décomposition. Leur démarche est également lente , maïs moins embarrassée que celle du genre en question. Taphroderes (Schœnherr.). — Genre établi par ce savant sur des Brentus à corcelet comprimé latéralement. Je n’en ai rapporté qu’une espèce , 7. simus, Dej., N. Sp., qui vit comme les autres Brentus. Rhinotia (Lat.). Belus, Schœnherr. — Genre com- mun à la Nouvelle - Hollande et au Brésil. J’en ai rap- porté trois espèces de ce dernier pays : À. variegata, similis , prœusta, Dej., N. Sp. On les trouve sur les plantes basses , ou volant dans les bois. Leur vol est pareil à celui des Lycus, avec lesquels leurs couleurs leur donnent de la ressemblance, ainsi que l'habitude de fléchir leurs antennes et de simuler la mort quand on les saisit. Ulocerus (Schœnherr). — Mèmes mœurs que les Brentus, dont ils ne diffèrent guères que par le nombre des articles de leurs antennes. On trouve assez commu- nément aux environs de Rio-Janeiro l'U. squalidus, Dej. Rhigus (Dalman). — Chlorima , Dej. , Cat. Toutes les espèces de ce genre , remarquables par leur taille, la beauté de leurs couleurs, ou la bizarrerie de leurs formes, vivent sur les feuilles des arbrisseaux ou des plantes basses. Leur démarche est lente, et elles ne volent presque jamais. Or ne les trouve qu'isolées. Les deux espèces les plus communes aux environs de Rio-Janeiro, sont les À. draco ( C. Schupellii, Germar), et arro- gans, Dej. Les autres, À. obesus, iumidus, multipunc- tatus, pardalinus, costatus , ejusd., sont beaucoup plus rares. Je n’en connais point de Buénos-Ayres ni du Tucuman. ( ax j Entymus ((ermar). — Les deux espèces que j'ai vapportées, Æ. imperialis, Fab., et nobilis, Oliv., vivent en société sur une espèce de mimosa. Ces arbre: en sont quelquefois chargés au point de plier sous le faix. Ils sont plus communs dans l’intérieur du Brésil qu'aux environs même de Rio-Janeïro, et je ne «crois pas qu'ils s’éloignent des tropiques. Thylacites (Germar).— 7. nebulosus, Dej. , wici- nus. canus, ejusd. N. Sp. ; sur les feuilles et les plantes basses, où on les irouve quelquefois réunis en assez grand nombre. Naupactus (Megerle ). Brachyderes, Lepiocerus, Schœnherr. — On trouve au Brésil un assez grand nombre d’espèces de ce genre. La plupart vivent sur les arbres et quelques -unes sur les plantes peu élevées ; de ee nombre est Îe-géant du genre, N. rivulosus, qui est assez commun. On.en trouve plusieurs à Buénos-Ayres. N. bonariensis, Dej., N. Sp.; durius, xanthogra- phus , ejusd., très -communs sur le tronc des arbres ; NN. bi-viüttatus , beaucoup plus rare que les précédens; N. leucosoma , Dej., N. Sp., à terre , sous les herbes, depuis la ville en question jusqu'aux Andes. J'en ai rapporté du fucumar une très-belle espèce, N. bi-vittatus, qui vit sur les mimosas , et qui n’est pas rare à San-Luis et Mendoza. Dans cegenre ou reconnaît facilement les mâles à leur forme plus allongée et plus cylindrique queles femelles, et leur corcelet proporiionnellement plus grand. Cyphus (Schœnherr ).— Les espèces de ce genre ont les plus grands rapports de mœurs et de faciès avec les Rhigus, et il est difficile de ne pas les confondre au XXI IX ( 162 ) premier coup d'œil avec ces dernicrs. Les grosses espèces C. Latreillei , albiventris, prasinus, dorsalis, Dej., etc., vivent sur les arbres et principalement, sur les Mi- mosas. On ne trouve que là une très-jolie espèce remar- quable par les longs poils dont elle est hérissée. L. La- cordairei , Dej. , N. Sp. Les autres de taille plus petite, et la plupart de couleur blanche, C. gibber, Fab. ; très- commun, zuveus, ejusd., albissimus, spiniferus, Mutil- larius , Dej.; Besckii , Germar ; fasciatus , Dej., etc., fréquentent de préférence les arbrisseaux et les plantes basses dans les plantations. On trouve à Buénos-Avyres une espèce de ce genre, la seule que j'y aïe jamais vue, C. pulverulentus , Dej., N. Sp. Les mêmes habitudes sont communes aux genres sui- vans : Eustales (Germar). — Æ. inæqualis , speciosus , li- neatus , flavolineatus , modestus , Dej. Diaprepes(Schœnherr ). — D. confluens , Fab.,sur les feuilles. Sans être bien rare, il n’est pas très- commun. Entyus (Schœnherr). — ÆE. tri-fasciatus, Dej., assez commun. ÆHypsonotus (Germar ). — Genre nombreux en es- pèces dont quelques-unes remarquables par la richesse de leurs couleurs. {7. decorus , Dej. ( dives , Germar) ; fasciatus , squamosus , fastuosus , Dej. ; lama , Schæœ- nherr, etc. ; j'en ai rapporté un assez grand nombre d’espèces nouvelles. Lisiroderes (Schœnherr). — L. morbillosus ; Dej. ; du Brésil. L. sordidus, bituberculatus, Déj.; de Buenos- Ayres. Ce dernier est commun et se trouve toute l’an- ( 163 ) née sous les écorces des arbres. J.. obliquus, Dej., N. Sp. ; du Fucuman. Hypera (Germar). — 1. litigiosa , timida , Dej.: Nov. Sp. de Buénos-Ayres. Pachygaster (Germar). — Ÿ. Bonariensis, Dej.; N. Sp. de Buénos-Ayres. Hyphantus (Germar).— 1. baccifer, Germar ; seule espèce connue de ce genre ; commune au Brésil. Lixus (Fab. ). — J'ai rapporté un assez grand nom- bre d'espèces de ce genre. Toutes vivent sur les feuilles, et sont couvertes d’une poussière Jaurâtre qui s'enlève au moindre attouchement , mais qui se renouvelle peu de temps après. Aucune n'est bien commune. ZL. bra- siliensis, Dej. ; parallelus, conformis , vestitus , vici- nus , impressicollis, longulus, ejusd. N. Sp. Heilipus ( Germar ). — Les habitudes de ce genre diffèrent de celles des précédens, et sous ce rapport ils se rapprochent des Cryptorhynchus. On ne les trouve pres- que jamais sur les feuilles , mais sur le tronc des arbres, dans les fentes et les cavités que présente leur écorce. Quand on veutles saisir, loin de se laisser tomber, ils se cramponnent assez fortement aux aspérités de sa surface. Lorsqu'on les tient, ils ne contrefont pas les morts. Ilsne volent jamais. Les espèces sont très - multipliées, et toutes de moyenne taille. J’en ai rapporté une trentaine dont je ne citerai que les plus remarquabies : 7. albo- cinctus, luctuosus, Dej. ; N. Sp., rufirostris, bi-signa- us , bi-notatus, pupillatus , multiguttatus , decipiens, spinosus , ejusd. , etc. Cholus (Germar ), — €. flavo-fasciatus, albo-fascia- tus Dej.; amabilis, stupidus , ejusd. N. Sp. ; mêmes (164 ) habitudes que les précédens , si ce n’est qu'ils font plus fréquemment usage de leurs aïles. Archarias (Dej.).—Dyonichus, Germar ; les grandes espèces à élytres planes, 4. lugubris, tristis, compressus, (circumdatus, Germar) ; excavatus, circumductus, Dej.; vivent, comme les heilipus , sur le tronc des arbres , et s’y trouvent ordinairement immobiles ; les autres à ély- tres convexes, À. bicinctus, albo-notatus, granulatus, sulcatus , Dej., etc. , se trouvent presque toujours sur les feuilles, dont elles se laissent tomber quand on veut les saisir. Le dernier est le plus commun de tous. Amerhinus (Schœnherr).— Des trois espèces que jai rapportées, deux, 4. Dufresnit, Leach , et ynca, Scho- nherr, sont extrêmement communes aux environs de Rio- Janeiro. La troisième, 4. concinnatus, Dej. , est au con- traire rare. Toutes vivent sur les feuilles, les plantes peu élevées , et se laissent tomber quand on approche pour les prendre. Baris (Germar ).—On trouve quelquefois réunies en assez grand nombre sur les feuilles , les B. metallica, rubricollis, Dej. ; les auires espèces ; 5. bicolor, mela- nocephala , inæqualis, nitida, arcuata , Dei. ; argen- tata, gagatina , melancholica , ejusd. N. Sp., vivent de même, mais sont un peu moins communes. Ces insectes ne se laissent pas tomber à terre quand on veut les prendre , et ne volent presque jamais. Cratosomus (Schæœnherr ). — Les uns C. superbus , pollinosus , pardalinus, Dej., sticticus , Germar, à corps très-bombé et arrondi, vivent sur les feuilles et les plantes basses : les autres à corps un peu aplati, presque carré, et couvert d’aspérités, C. Lacordairei, ( 165 ) albo-maculatus , Dej., se trouvent plus communément sur le tronc des arbres. Toutes se laissent tomber au moindre signe de danger. J'en ai rapporté une belle espèce de Cordoba , C. La- treillei, mihi. Cryptorhynchus (Nliger). — Les nombreuses es- pèces de ce genre vivent presque toutes sans exception sur le tronc des arbres , d’où elles se laissent tomber quand on vient pour les saisir. Leur démarche est lente, et elles ne volent presque jamais. Quand on les prend, elles simulent la mort, cachent leur trompe dans la cavité de leur poitrine et appliquent leurs pattes contre le corps : mais elles ne restent pas long-temps dans cet état, et reprennent leur mouvement dès qu’elles croient le danger passé. On en trouve plusieurs espèces à Buénos-Ayres, et j'en _ ai trouvé plusieurs d’assez grande taille sur le sommet des Andes. On retrouve les mêmes habitudes dans les genres Wa- cromerus , Pinarus, Dyorimerus, Schœnherr. Bagous ( Germar ). — Je n’ai trouvé aucune espèce de ce genre au Brésil ; mais il en existe plusieurs à Bué- nos-Ayres, B. cinereus, nebulosus , spadiceus , Dej., N. Sp. Elles vivent sur le tronc des arbres. Scleropterus (Schoœnherr).— Je n’en connais qu’une espèce assez rare au Brésil, S, spinicollis, Dej. ( grani- collis , Germar ; cacicus , Salhberg ) ; elle a les mêmes habitudes que les 4merhinus. Zygops, Schœnherr, Lat. ( Eccopius , Dej.). — Ces insectes ressemblent, à la première vue, à des petits Cryptorhynchus ; mais ils s'en éloigneut beaucoup par ( 166 } leurs habitudes , ainsi qne de presque tous Îles autres Curculionites. Ce sont les plus agiles de cette famille tant pour la démarche que pour le vol. On les trouve toujours sur le tronc des arbres , et dès qu'on approche ils s'enfuient en courant avec la plus grande rapidité ou se laissent tomber ; mais dans ce dernier cas il est rare qu'ils arrivent jusqu’à terre , car ils prennent ordinaire- ment leur vol au milieu de leur chute. Quand on les tient , ils contrefont les morts comme les Crypto- rhynchus. Les espèces en sont assez nombreuses, et je n'en citerai que quelques-unes : Æ. asio, lineatocollis, dorsalis, Dej., caliginosus, marmoreus , nebulosus, ejusd. N. Sp. Les Piazorus, dont M. Schœænherr n'a fait qu'un sous- genre des zygops , ont les mêmes habitudes, mais méri- teraient de faire un genre à part par la forme différente de leur corps. P. difformis , Dej. ; ciliatus , Germar ; costato-punctatus , Dej., etc. Centrinus et Furhinus (Schoœænherr). —- Les espè- ces de ces deux genres , la plupart remarquables par l'état métallique de leurs couleurs , ou les deux cornes dont est armée la poitrine des mâles, se trouvent sur les feuilles, d’où elles se laissent tomber quand on veut les saisir, surtout les espèces à corps gibbeux et arrondi : les autres à élytres presque planes sont beaucoup moins ti- mides. Ces insectes sont assez communs, et l’on en con- naît déjà un grand nombre d’espèces. Rhina ( Lat.). — Il existe maintenant dans les col- lections plusieurs espèces de ce genre. Je n’en ai trouvé qu'une, /. barbirostris , Lat. , la plus anciennement connue et qui a servi de type au genre. Elle n'est pas (1671) rare au Brésil sur les feuilles où elle marche lentement, et se cramponne quand on veut la prendre. Les indi- vidus diffèrent beaucoup pour la taille. - Calandra (Fab.). — La larve de la plus grande es- pèce de l'Amérique, Cal. palmarum , Lin. , vit exclu- sivement dans les palmiers , et l’insecte parfait est com- mun partout où il y a de ces arbres. On les voit paraître en grande quantité le soir. Leur vol est bruyant et ra- pide , mais peu élevé au-dessus de terre. Cette espèce se trouve jusqu'à Corrientes où cessent de croître les pal- miers : au Brésil on ne mange pas la larve. Les autres espèces volent également bien et se trouvent pendant le jour sur le tronc des arbres et les feuilles. À Buénos-Ayres et à Montevideo on en trouve com- munément deux : C. signaticollis et spreta , Dej. Sous les amas de plantes et les cadavres desséchés. Il en existe une troisième de la grandeur de notre C. granata, noire , avee quatre points rouges sur les élytres , qui fait beaucoup de ravages dans les grains qu'on conserve dans les maisons. J'en ai rapporté du Tucuman une autre de moyenne taille, C. tucumana, Dej. ; N. Sp. Acorynus (Dej. ). — Ces insectes vivent sous les écorces décomposées où l’on trouve assez communé- ment l’4. morbillosus , Dej. Cossonus ( Schœnherr ). — Mèmes mœurs que les précédens. On trouve très-communément les deux es- pèces suivantes, C. hæmorrhoidalis, Dej. ; affinis, ejusd. NirSp. { 168 } XYLOFHAGES. Les derniers genres de la famille précédente condur- sent naturellement à celle-ci, où les habitudes sont entièrement d'accord avecla classification systématique et ne font que la confirmer, tous les Xylophages. vivant dans le bois, surtout dans celui qui est sec. Quel- ques-uns , cependant , habitent de préférence sous les écorces décomposées , et un petit nombre dans Îles mai- sons, où ils exercent des ravages souvent considérables dans les substances végétales que nous y conservons. Tous sont pourvus d'ailes ; mais la plupart n’en font jamais usage. Aucun n'exhale d’odeur particulière. Leurs mœurs ayant le plus grand rapport avec ceux de l'Europe , n’exigent aucun détail , et je ne ferai pres- que que mentionner les genres que j'ai observés en Amérique en indiquant quelles sont les espèces les plus communes. Hylurgus { Lat.). — Je n'en ai trouvé qu'une es- vèce, /7. subcostatus, Dej., N. Sp.; commune au Brésil sous les écorces humides. Hylesinus (Fab.).— H. grandis, assez commune au Brésil. Mêmes habitudes que le précédent. Camptocerus (Dej. ). — La seule espèce connue , C. œæneipennis, Fab. , n'est pas très-commune au Brésil. Elle vit dans le boïs mort et y creuse des trous assez profonds. On la trouve aussi à Cayenne. Scolytus ( Geoffroy ). — S. anthracinus, Dej. N. Sp. du Brésil, dans leboïs mort. Bostrichus (Geoffroy). — Je n’en ai trouvé qu'une ( 169 ) espèce au Brésil, remarquable par la forme bizarre de son corcelet. Elle vit comme ses congénères d'Europe. Platy pus ( Herbst). — Les espèces de ce genre sont assez nombreuses. On les trouve toujours dans les trous qu'elles creusent dans le bois mort. Elles volent assez bien. P. subcinctus, melanocephalus, prœustus, De. ; denticornis, abbreviatus, fuscus, ejusd. N. Sp. Du Brésil. P. testaceus , de Buénos-Ayres. On y trouve éga- lement le P. prœustus ci-dessus. Apate (Fab.). — Genre aussi nombreux en espèces que le précédent. On les trouve sous les écorces sèches , et tous volent facilement. 4. {-dentata, Dej. (se trouve aussi à Buénos-Avyres), mutica, axillaris, dentata , inæqualis , Dej.; du Brésil. ÆZ. curta, chilenàs, mihi N. Sp.; du Chili. Cette dernière espèce y est assez commune , et on la prend surtout au vol le soir dans les maisons. Bitoma ( Herbst). — Je n’en connais qu’une espèce de Buénos-Ayres , d'assez grande taille pour ce genre, et qui se trouve toute l’année sous les écorces. Elle n’y est pas rare non plus qu'à Montevideo. B. impressicol- lis, Dej., N. Sp. Colydium (Fab.). — C. sulcicolle , Dei. ; brasi- liensis, ejusd. N. Sp., communs au Brésil sous les écorces humides. Trogosita (Fab.). — Les unes, à corps allongé, assez épais et presque cylindrique, vivent toutes dans le bois sous les écorces sèches ; les autres, à forme plus large et plus déprimée, habitent de préférence les mai- sons et y détruisent la plupart des fruits secs qui s’y trou- vent. Toutes volent bien et principalement le soir. # ( 170 ) Parmi les premières, je citerai 7. œnea, Fab., la plus commune de toutes au Brésil et à Buénos - Ayres ; impressicollis, Dej., commune également au Brésil ; major, Dej., N. Sp. , l’une des plus grandes du genre, rare au Brésil; cyanescens, Dej., de Buénos-Ayres ; nitidula , Dej., N. Sp., du Brésil. Parnu les secondes, 7. caraboides, Fab., au Brésil et à Buénos-Ayres, où elle a sans doute été importée par les navires à bord desquels je l’ai toujours trouvée assez communément. 7°. sobrina, tenebrioides , Dej., ovata, pygmea , ejusd., N. Sp. Passandra (Dalman ). — P. rufa, Fab. Assez commun au Brésil, sous les écorces ; on le trouve quel- quefois volant le soir. Cucujus (Fab.). — Je n’en ai trouvé au Brésil qu'une espèce , et qui paraît rare. Elle vit sous les écorces ; C.. mandibularis , Dej. LONGICORNES. Cette famille, presque aussi nombreuse en espèces que les Curculionites et les Chrysomélines, renferme les plus grands Coléoptères connus , après le genre Sca- rabœus. Leurs habitudes sont assez variées , et ne cor- respondent pas aux divisions de tribus qu’on y a éta- blies. Je suivrai , pour les genres , les coupes nombreu- ses créées par MM. Lepelletier de Saint-Fargeau et A. Serville, qui se sont spécialement occupés de ces in- sectes ; el, comme leur travail estencore inédit , je rappor- ierai tous ces genres à ceux du Catalogue de M. le comte Dejean, lorsque cela sera possible. k CODE ) Parandra ( Lat.). — Ces insectes ressemblent, sous le rapport des habitudes , à ceux de la famille précé- dente. On les trouve toujours sous les écorces humides, et Jamais sur les feuilles, ni à l'extérieur des arbres. On les voit voler fréquemment à l’entrée dé la nuit. Les deux espèces suivantes, P. glabrata etmaxillosa , Dej., commencent à paraître au milieu de février, et sont assez communes au Brésil. Je n’en ai pas trouvé d’autres. Macrodontia ( Lepel. et Serv. ), Prionus (Fab.) — L'espèce unique qui constitue ce genre, et qui est l’un des plus grands insectes connus , M. cervicornis , Fab. , sans être bien rare au Brésil, ne s’y rencontre pas fré- quemment. On le trouve ordinairement dans les planta- tions , sous les écorces ou au pied des arbres. Il ne fait usage de ses ailes que le soir et rarement; son vol est lourd, bruyant, peu élevé au-dessus de terre et de _courte durée. Il ne produit aucun son par le frottement de son corcelet contre le pédicule de l’abdomen. Il com- mence à paraître en janvier. Ctenoscelis (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.). — Ce genre ne renferme également qu'une espèce , le C. sca- bricollis, Dej., qui atteint presque la taille du précédent. Je l’ai trouvé assez communément sous les écorces, et quelquefois courant à terre le long des chemins dans les bois, ou volant à l'entrée de la nuit. Il produit un bruit assez fort en frottant ses pattes postérieures contre le bord des élytres. Je n'ai jamais trouvé que des fe- melles , et le mâle m'est inconnu. Suivant M. le comte Dejean , qui possède les deux sexes dans sa collection, ils différeraient beaucoup entre eux. Mallodon ( Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.). — On (172) connaît déjà plusieurs espèces de ce genre , mais jen = ai jamais trouvé qu'une, M. spinibarbis (P. melano- pus, Fab.-Dej., Cat.), qui se trouve communément au Brésil , à Buénos- Ayres et dans tout le Tucuman, jus- qu'au pied des Andes. Il vit dans les trous profonds que sa larve creuse dans l’intérieur des arbres et sous leurs écorces. Jamais il ne fréquente les feuilles ni ne vole de jour. Il ne produit également aucun bruit. Anacanthus (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab.). — Ce genre a été établi sur un insecte du Brésil connu depuis peu de temps, À. costatus , Dupont. Il est très-rare aux environs de Rio-Janeiro ; mais je l’ai trouvé assez com- munément sous les écorces, dans certaines localités de l’intérieur. C’est un insecte lourd, à marche lente, vu la petitesse relative de ses pattes , et je ne l'ai jamais rencontré volant. Il ne produit aucun bruit. Orthosoma (Dej.), Prionus (Fab. ). — L’unique es- pèce que j'ai trouvée , O. badia, Dej., N. Sp., vit sous les écorces comme les précédens, et n’est pas rare dans l’intérieur du Brésil. Elle vole rarement , et ne produit aucun bruit. Pækilosoma (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab. ). — Ce genre s’éloigne beaucoup des précédens par la forme, les couleurs variées et brillantes des espèces qui le com- posent, et par ses habitudes. On ne le trouve que sur les feuilles , les troncs d'arbres, ou volant pendant le jour dans les bois. Des quatre espèces que j'ai trouvées, deux, P. 4-punctata et versicolor, Dej., sont communes aux environs de Rio-Janeiro; une autre, ?. rufipennis, Dupont , l’est un peu moins ; et la dernière, P. 4-ma- culata , Dej., N. Sp. , paraît rare. Je l’ai trouvée dans (173) T'intérieur. Ces insectes ne produisent aucun bruit, et paraissent au milieu de janvier. Allocerus (Lepel. et Serv.), Prionus (Fab. ). — La belle et unique espèce qui compose ce genre, 4. Spen- ci, Kirby, est rare, et vit sous les écorces. J’en ai trouvé des débris dans la province de Montevideo. Elle ne pro- duit aucun bruit. Ceroctenus ( Dej.). — C. abdominalis , De. ; il est assez commun à Rio-Janeiro, sur les feuilles, et on le trouve volant pendant la grande chaleur du jour. Il ne produit aucun bruit. Megaderus (Dej.), Callidium (Fab.). — Ce genre ne comprend encore qu'une espèce, M. stigma, Fab., commune aux environs de Rio-Janeiro, sur Îles feuilles. Elle se distingue de tous ses congénères par l’odeur forte et désagréable qu'elle exhale , et qui ne ressemble à aucune de celles des autres Coléoptères. Elle vole bien et fréquemment, et ue produit aucun bruit. Hamathicherus (Meg.). — On les trouve, comme leurs congénères d'Europe , sur les feuilles ou volant dans les bois le soir. [ls produisent le même bruit avec leur corcelet. Je n’en aï trouvé que deux espèces, A. militaris, Dej., du Brésil, et Lacordaire , ejusd., N. Sp. , de Buénos-Ayres. M. le comte Dejean a rapporté à ce genre un très - bel insecte que J'ai recucilli à Cordoba, dans le Tucuman, et que je présume vivre comme les précédens, A. Atro- pos , mihi. Criodion (Lepel. ei Serv.) et Xestia , des mêmes. — C. erythropus Dej., cylindricolle, ejusd. N. Sp. ; ( 174 ) X. confusa , Dej., du Brésil. Mèmes habitudes que les Hamaticherus. Chlorida (Lepel. et Serv.), Stenocorus (Fab.). — On en trouve communément deux espèces au Brésil, C. festiva et costata , Dej. ; elles vivent sur les feuilles, le tronc des arbres, et quelquefois sous leur écorce. Il n’est pas rare de les rencontrer pendant le jour, volant dans les bois. Elles produisent un son très-aigu avec le corcelet. Dorcacerus (Dej.). — On n’en connaît qu'une es- pèce, D. barbatus , OI. , qui se trouve communément depuis le Brésil jusqu'à Corrientes. Elle vit sur les feuilles et les troncs d'arbres, et vole fréquemment pendant le jour. Elle produit un son aigu avec le cor- celet. Cerambyx ( Lin.). — Toutes les espèces de ce genre, tel qu’il est établi maintenant depuis qu'on en a retiré une grande partie des espèces que Fabricius et Olivier y avaient comprises, se distinguent par l'odeur de rose qu’elles répandent comme le C. moschatus de nos pays. Celle du Brésil, chez qui elle est la plus forte, est le C. phyllopus , Dej., qui est assez rare. On le sent à une grande distance dans les bois, où il vit sur les feuilles avec les suivans : C. sericeus , vittatus, Fab., equesiris, Dej., qui sont assez communs. On en trouve une espèce à Buénos-Ayres, C. lœtus, Dej., N. Sp. , qui est odorante comme les précédens. Orthostoma (1.epel. et Serv.). — Je n’en ai rapporté qu'une espèce , À. abdominalis , Schœnherr, qui vit sur les feuilles , et qu’on trouve également volant pendant le jour. Elle produit un son aigu avec le corcelet. (175) Cosnius ( Lepel. et Serv.), Callichroma (Lat.). — Toutes les espèces de ce genre, remarquables par le faisceau de poils qu’elles ont aux antennes, se trouvent sur les feuilles , les troncs des arbres contre lesquels elles grimpent avec rapidité, et volant pendant le jour dans les bois. Elles produisent un son aigu avec le corcelet. J'ai rapporté du Brésil les suivantes : C. scapulicornis , Kirby , lursuticornis, ejusd. (Callichroma plunucornis , Dej., Cat.), dimidiatus, insignis, jucundus , De]. , N. Sp. On en trouve communément trois espèces à Buénos- Ayres , C. equestris, aulicus , spinosus , Dej., N. Sp. Compsocerus (Lepel. et Serv.), Callichroma (Lat.). — C. barbicornis (Saperda plumigera, Oliv.) du Brésil ; mêmes habitudes que les Cosnius. On le trouve aussi à Montevideo. Ropalophora (Lepel. et Serv.). — À. sanguinicol- lis, Dej., marginicollis, ejusd., N. Sp.; mœurs des précédens. Trichophorus (Lepel. et Serv.), Stenocorus (Fab.). — Ce genre ne contient encore qu’une espèce , 7°. albo- maculatus , Dej. Je l'ai trouvée plusieurs fois à Buénos- Ayres, sur le tronc des arbres contre lesquels elle se tient collée, les antennes repliées sur le des, ou volant le soir. Elle produit un bruit aigu avec le corcelet. Lophonocerus (Lepel. et Serv.), Caïlichroma (Lat.). — L'espèce qui a servi de type au genre, L. hirticornis, Kirby (Callichroma histrio, Dej., Cat.), se trouve com- munément au Brésil, et quelquefois en réunions assez nombreuses sous les écorces d’arbres. Sa démarche est assez lourde, et elle fait rarement usage de ses ailes. (5508) Üne autre, ZL. strigonus, Dej., N. Sp., est plus agile que la précédente , et vole plus fréquemment. On la trouve ordinairement grimpant contre les troncs d'arbres. Toutes deux produisent un bruit aïgu avec le corcelet. Trachyderes (Schœnherr.). — Les espèces de ce genre sont médiocrement nombreuses, maïs elles multi- plient beaucoup, et ce sont celles qui se trouvent tou- jours en plus grande quantité dans les collections qui viennent de Cayenne et du Brésil. Toutes vivent sur les troncs d'arbres et s’y tiennent collées, les antennes ra- menées sur le dos. Quand on veut les saisir, elles s’en- fuient avec assez de rapidité, et quelquefois se laissent tomber. Je les ai aussi vues souvent rassemblées en grand nombre autour des plaies d'arbres , occupées à boire la liqueur qui en découlait. On ne les trouve jamais sur les feuilles ni sur les plantes. Îls volent ordinairement le soir, et quelquefois pendant le jour. Fous produisent un bruit aïgu avec le corcelet. La plupart des espèces se trouvent depuis la Guyane jusqu’à Buénos-Ayres. De ce nombre sont les 7°. striatus, thoracicus, Fab. On en trouve aussi communément une autre espèce dans le dernier de ces pays ; 7°. vicinus, Dej. , N. Sp. Les suivans sont du Brésil, et tous com- muns; 7’. rufipes , Fabr., scapularis , notatus , Dej. Chrysoprasis (Lepel. et Serv.), Callidium (Fab.). — Jolis insectes qu'on trouve ordinairement sur les feuilles, les troncs d'arbres, ou volant pendant le jour dans les plantations. Ils produisent un bruit aigu avec le corcelet. _ Mallosoma ( Lepel. et Serv.), Callidium (Fab.). — M. elegans, Dej.; mœurs des hrysoprasis. a nj: \ D, Qi) Trachelium (Lepel. et Serv.), 7. signatum , Dej., N. Sp. — Habitudes des précédens. ÆEburia (Lepel. et Serv.), Stenocorus (Fab.). — Les grandes espèces, à corps presque cylindrique, vivent sous les écorces, et même dans l’intérieur des arbres vermoulus, Æ. 4-maculata, Fab., distinguenda , mo- rosa, Dej., N. Sp. Les autres, à corps plus aplati, élytres moins dures que les précédens , et cuisses armées à leur extrémité de fortes épines , vivent sur les feuilles, et s’y tiennent collées, les antennes ramenées sur le dos. Quand on veut les toucñer, elles s’échappent avec rapi- dité et se laissent tomber à terre : Æ. sex-maculata, Fab. , Lacordairei, similis, Dej., N. Sp. Toutes pro- duisent ur: son aigu avec le corcelet. Mallocera ( Lepel. et Serv.). — L'espèce unique que j'ai recueillie, M. glauca , Dej., vit sur le tronc des arbres et les feuilles , et produit un son aigu avec le corcelet. Sienocorus (Fab.). — Ces insectes ont les mêmes habitudes que les Eburia. S. circumflexus, Fab. (Cette espèce présente de nombreuses variétés.), oblütus, spre- tus , cinerascens , Lacordairei, Dej., N. Sp. , du Brésil ; T°. tucumanus , ejusd., N. Sp., du Tucuman. Callidium (Fab.). — Mèmes mœurs que leurs con- génères d'Europe. C. strepens, Fab. (Cette espèce se trouve aussi en Espagne.), 4-pustulatum , silaceum , Dej., N. Sp., du Brésil ; undulatum, festivum , ejusd. , N. Sp., de Buénos-Ayres. L’avant-dernier se trouve aussi dans le Tucuman. Clytus (Fab.). — Le Brésil possède un assez grand nombre d'espèces de ce genre, qui toutes vivent sur le XXI. 12 (178 ) tronc des arbres , el courent avec une rapidité extrême quand on veut les saisir ; habitudes qui se retrouvent chez le C. hafniensis, Fab., d'Europe. Jai rapporté les suivans : C. basalis, olivaceus, brasiliensis , dor- salis, Dej., pusillus, patruelis, corticinus, ejusd. , N. Sp., du Brésil. Le troisième se trouve également à Buénos-Ayres avec un autre, C. nebulosus, Dej., N.Sp., qui existe aussi dans le Tucuman. Ancylocera (Lepel. et Serv.). — 4; sanguinea, Dej., sur les feuilles , et volant pendant le jour dans les bois. Elle produit un bruit aigu avec le corcelet. Du Brésil. Oregostoma. ( Liepel. et Serv.), Stenopterus ( Hliger). — Les Oregostoma ressemblent , à la première vue, à de petits Sienopterus , etse trouvent assez communément au Brésil, sur les feuilles et le tronc des arbres. Leur démarche est très-agile, et ils volent bien, surtout pen- dant la grande chaleur du jour. Ils produisent ur bruit aigu avec le corcelet. O. bi-notaia, nigripes , annulata , maculicornis, ejusd., N. Sp. Steny gra (Lepel. et Serv.); Stenocorus (Fab. ). — Ce genre se compose d’un petit nombre d'espèces très- voisines les unes des autres. On trouve communément au Brésil, pendant 1oute la saison pluvieuse, la L. tri- color, Dej.; elle vit sur les feuilles, et vole pendant la plus forte chaleur du jour. Elle ne produit aucun bruit avec le corcelet. Tbidium (Lepel. et Serv.); Obrium? ( Megerle). — Ces insectes, assez nombreux et assez communs au Brésil, ont au repos un port particulier, qui diffère de celui de tous les autres longicornes. Ils se trouvent toujours sur ( 179 ) les feuilles et se bloitissent dans celles arrondies en gout- tière, en tenant les pattes écartées du corps, les an- tennes ramenées le long du dos, et le corcelet et la tête relevés et formant un angle presque droit avec le corps, comme certaines chenilles arpenteuses nommées che- nilles en bäton. Us restent ainsi immobiles pendant un espace de temps considérable, et s’'échappent avec rapi- dité quand on touche à leur retraite; mais ils courent mal et plutôt par sauts et par bonds qu’en ligne droite. On les trouve aussi quelquefois volant pendant le jour dans les bois : ils produisent un son aïgu avec le corcelet. J. bi-cinctum signatum, Dej.; aculeatum, luridum , albo-cinctum, ejusd., N. Sp. Ozodes (Lepel. et Serv.). — Insectes du Brésil, voi- sins des précédens , et ayant les mêmes habitudes, mais beaucoup plus rares ; O. mucoreus , triangularis , Deij., N. Sp. Rhinotragus (Dalman). — À. coccineus, Dej., du Brésil. Espèce assez rare et ayant les habitudes du genre suivant. Stenopterus (Illiger.). — Tous se trouvent sur les troncs d'arbres, les clôtures dans les plantations, etc. Leur démarche est très-agile et ils volent bien, surtout pendant le jour. Ils produisent un bruit aigu avec le corcelet. Les espèces en sont assez nombreuses, L. au- rulentus, tomentosus, Dej.; gracilis, Klug., etc. ÆAcrocinus (Iliger.). — Il en existe maintenant trois espèces dans les collections. La plus anciennement con- nue et la plus remarquable par sa taille, qui égale celle du Macrodontia cervicornis , VA. longimanus, Fab., est commune au Brésil, dans les environs de Rio-Ja- ALES neiro, et un peu plus rare dans l’intérieur. On le trouve toujours sur le tronc ou au pied des arbres, rarement sous les écorces, et jamais sur les feuilles. Sa démarche est très-lourde, et il se traîne plutôt qu'il ne marche. Son vol, qu’il prend quelquefois à l'entrée de la nuit, est bruyant, peu rapide, et il ne paraît pas toujours maître de le diriger à son gré, car il se heurte souvent contre Les arbres et tombe alors à terre. Le bruit qu'il produit avec le corcelet s'entend de loin et le trahit souvent. La mobilité des épines latérales du corcelet qui constitue l’un des caractères du genre n’existe que dans cette espèce, et je crois qu'elle est indépendante de la volonté de linsecte, et ne lui sert à aucun usage. J'ai observé cependant que , dans l’accouplement, le male appuie ces longues pattes antérieures sur ces organes, et peut-être est-ce un moyen que la nature lui a donné pour assujettir et exciter sa femelle. Chez celle-ci, en effet, ces parties sont un peu plus mobiles que dans le mâle. Les individus diffèrent beaucoup pour la taille, et j'en ai vu qui n'avaient pas plus de deux pouces et demi de longueur. On en trouve de beaucoup plus rouges les uns que les autres, sans que cela dépende du sexe ou de l’âge. Ceux de l'intérieur sont ordinairement un peu plus pâles que ceux qu’on prend aux environs mêmes de Rio-Janeiro. A. accentifer (OL. ).— Il est plus rare que le précé- dent, et vit sur les troncs d'arbres dans les plantations, en s’y tenant collé, les antennes ramenées sur le dos. Les épines de son corcelet sont immobiles. Steirastoma (Lepel. et Serv.), Æcanthocinus (Fab.). — Ce genre, établi sur quelques Acanthocinus , à corps Caëri) déprimé et corcelet muni d’épines latérales aplates et bifides , a les mêmes habitudes que le genre en question. On les trouve très-communément dans les plantations, sur les troncs d’arbres à demi consumés par le feu, et quelquefois sous leur écorce quand elle est desséchée et séparée de l’arbre. Ils se tiennent collés contre celui-ci, les antennes ramenées sur le dos, et se laissent tom- ber quand on veut les saisir. Leur démarche est lourde, et ils ne marchent que rarement. Tous produisent un bruit aigu avec le corcelet. L. depressa, Fab., lacerta stellio, Dej. On en trouve une espèce à Buénos-Avyres, L. bonariensis, Dej., N. Sp. Ce que je viens d’en dire s'applique aux genres suivans. Dryoctenes (Lepel. et Serv.), Æcanthocinus (Fab.). — D. caliginosus, Dej. Très-commun au Brésil. Anisocerus ( Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.). — A. penicillatus, remarquable par les faisceaux de poils de ses antennes, particularité très-rare chez les Acanthocinus. Cette espèce n’est pts commune. Onychocerus (Lepel. et Serv.), Acanthocinus (Fab.), ©. scorpio, Fab. — Assez commun dans quelqnes lo- calités. ©. scorpioides, Dej. Plus rare que le précédent. Megabasis (Lepel. et Serv.), Æcanthocinus (Fab.), M. speculifer, Dej. — L'une des plus belles espèces de cette famille. Elle est rare et ne se trouve même, à ce que je crois, qu'aux environs de Rio-Janeiro. Acanthocinus (Fab. ).— Quoiqu'on ait séparé de ce genre un assez grand nombre d'espèces, il en renferme encore une quantité très-considérable qui diffèrent beau- coup par le faciès , tout en conservant des habitudes pa- reilles. Les uns ressemblent à des Sieirastoma; 4. luc- ( 102 ) tuosus , costatus , Dej. , du Brésil ; 4. congener, ejusd., N. Sp., de Buénos-Avyres; les autres, à des Zamia, et parmi ceux-ci un grand nombre presque tous d’assez grande taille, ont des élyires parallèles et un peu dépri- mées en dessus, tandis que chez d’autres, généralement de petite taille, elles vont en se rétrécissant au bout, et sont plus ou moins convexes. Ces derniers diffèrent , en outre, des autres par leur démarche, qui est très- agile. J'en ai rapporté plus de quarante espèces, dont il est inuule de citer aucune. Exocentrus (Megerle), Pogonocherus , (Dej., cat.). E. jaspideus , Dej., N. Sp.— Habitudes des précédens ; course agile. | Pogonocherus (Meg. ); P. setosus, Dej. — Mœurs des Pogonocherus d'Europe. Calliu (Lepel. et Serv.). — Æcanthocinus (Fab. ); C. flavo-femorata , Dej. ; commune sur les troncs d’ar- bres. Desmiphera (Lepeï. et Serv.), Æcanthocinus (Fab.). D. lanata,Klerg.— Sur les troncs d’arbres et les feuilles ; dssez rare. | Monochamus (Megerle ), £amia (Fab.). — M. sca- laris (Farinosus, Fab., Dej., cat.); Decoratus, Dej. Ces deux espèces, surtout la première, ne sont pas rares au Brésil. Elles ont les mêmes habitudes que les Jama- thicherus. Lamia (Fab.). — Ce genre tel qu’il est établi actuel- lement contient principalement des espèces de l’ancien continent , et l'Amérique n'en fournit qu’un petit nom- bre. Une seule remarquable par la tarière dent est pour- TU ( 2185 ) vue la femelle, Z. gratiosa ,. Dej. , est très-commune au Brésil sur les troncs d’arbres dans les plantations , et court très-agilement comme les petites espèces d’Acan- thocinus ; les autres, L. scapulicornis, flavopuncta- ta ; Dej., lineolata, subfasciata , pumilio , miniata , ejusd., N. Sp., ont la démarche et les habitudes des grandes espèces du genre en question. Je n'en connais aucune de Buénos-Ayres. Pterhoplius ( Lepel. et Serv:).—ZLamia (Fab. ). Ce genre, bien distinct:des Lamia proprement dites par son corps allongé, cylindrique, et finissant en pointe , a les mêmes habitudes. On trouveassez communémentaux en: virons de Rio-Janeiro, les ?. acuminatus, nodiferus;, De. Compsosoma (Lepel.etServ.), Bamia, Fab:—Les es- pèces de:ce genre'se distinguentausst, à la première vue, des Lamiapar la forme courte ; épaisse et ramassée de leur corps. Ce sont les plus lourds de cette famille, eton les trouve ordinairement collés contre les troncs dés ar- bres, ou ‘sur:les feuilles;:et je ne:croïs pas qu'ils fassent jamais usage de leurs ailes l Une seule C1 concreta, Dej., est assez communé anx environs de Rio-Janeiro. Les autres; FT. nivea, signata , ‘arachnoïdes , Déj, NN. se sont beaucoup plus rares. Oncyderes\(lepel. et Serv.); Lama, Fab: — Lamia à corps cylindrique, et tête arméeen devant de crochets. O. maculosus, pustulatus, signatiferus; Dej. Cette der- nière seule est assez commune, Habitudes des précédens. Hypsiomæ :( Lepel et Serv::), :Lamia, Fab. — Mèmes mœurs que ceux qui précèdent. /1. gibbosa, Dej., très-commune. 77. basalis, tumulosa, axillaris, Dej., murina, ejusd. N. Sp. ( 184 ) Trachysomus ( Lepel. et Serv.), Lamia, Fab. — Genre voisin des Hypsioma et ayant les mêmes habitu- des. La seule espèce connue, 7. monstrosus , Dej. , est assez rare au Brésil. Colobothea (Dej.), Saperda (Fab.). — La séparation que M. le comte Dejean a faite de ces insectes d’avec les Saperda auxquels les Entomologistes les avaient réunis, se trouve confirmée par la différence qui existe entre les habitudes de ces deux genres. Les Colobothea ont la dé- marche aussi agile qu’elle est lente chez la Saperda, etne se trouvent jamais que sur les troncs d’arbres , tandis que les secondes ne fréquentent que les feuilles. Les suivantes sont très-communes, C. emarginata,O|.; lateralis, Dej.; varia , Fab. ; glauca, Dej. ; vicina , sobrina, sub- cincta, ejusd. :V. Sp. Les deux suivantes sont beaucoup plus rares. C. albo-maculata , Dej.; signatipennis ; ejusd. W. Sp. Hippopsis (Lepel. et Serv.). Saperda, Fab. — Es- pèces remarquables par la longueur démesurée de leurs antennes , et qu’au repos elles portent toujours diri- gées en avant contre l'usage des autres Longicornes. Cettehabitude et la forme de leur tête, qui est repliée en dessous , les ferait prendre au premier coup d’œil pour les Orthoptères du genre 7ruxalis. On les trouve tou- jours sur les feuilles. Je n’en connais qu’une seule es- pèce , Æ. lineolata, Dej. ; assez rare au Brésil. Cryptocranium (Lepel. et Serv.), Saperda , Fab. — Ce genre est le seul parmi les Longicornes dont la tête soit engagée daus le corcelei et en partie couverte par lui. Ces insectes vivent sous les écorces et dans les trous que leur larve a creusés dans le bois. On les prendrait à \ SAME ( 185 ) la première vue pour des Æilæcetus. L'unique espèce qui constitue ce genre, C. laterale, Dej., n’est pas com- mune au Brésil. Saperda (Fab.).— On en trouve un assez grand nombre au Brésil qui vivent sur les feuilles, et ont les mêmes mœurs que leurs congénères d'Europe. Quel- ques-unes seulement à corps cylindrique et plus étroit postérieurement au repos , portent leurs antennes en avant comme les //ypopsis, et diffèrent en outre des autres Saperda en ce que les premiers anneaux de ces organes sont velus (1). S. aulica, Deï., strigosa , pa- truelis , ejusd. AV. Sp. Je ne connais aucune espèce de ce genre à Buénos- Ayres. Euryptera (Lepel. et Serv.), Saperda(Fab.).— Lon- gicornes très-singuliers par la dilatation postérieure de leurs élytres, la forme de leur tête et de leurs antennes. On les trouve volant dans les bois ou sur les feuilles , et on les prendrait à la première vue pour des /ycus avec lesquels ils ont quelque ressemblance par leur couleur. Æ£. latipennis , Dej., Lacordairei, ejusd. , N. Sp. Tous deux très-rares. Cometes ( Lepel. et Serv.), — C. hirticornis; seule espèce connue de ce genre, se trouve fréquemment au Brésil sur les feuilles et les plantes basses. Leptura (Geofiroy). — Je n’en ai rapporté qu’une espèce qui est rare au Brésil et qui vit comme celles d'Europe. L. sellata, Dej. Outre les genres dont je viens de rendre compte , j'ai (x) Elles constituent le genre Ptericoptus , Lepel. et Serv. ( 186 ) rapporté plusieurs autres Longicornes qui ne peuvent en- trer dans aucun de ceux ci-dessus ; mais comme les cou- pes nouvelles qu'ils doivent former ne sont pas encore créées, j'ai préféré de ne pas en parler, pour ne pasm’ex- poser à n'être pas compris. CHRYSOMÉLINES: Je comprends sous cette dénomination , ainsi que Va fait M. le comte Dejean dans son catalogue, les trois dernières familles établies par M. Latreille dans les Chrysomélines, à savoir, les Eupodes , les ni et les Clavipalpes. Ils présentent peu de différences sous le rappoñt des mœurs. Tous fréquentent les plantes, à un petit nombre près qui vivent sous les écorces ou dans le bois en décomposition. Plusieurs séerètent , soit par la bouche, soit par d’autres parties du corps, une li- queur d’une odeur particulière qui ne se rencontre que dans cette famille, et chez quelques Trimères. Tous, sans exception, sont ailés, et c’est la seule famille où existe la faculté de sauter au moyen des pattes, posté- rieures, Le vol et la démarche sont à peu près les mêmes dans toutes les espèces. Megalopus. (Fab. ). — Nos LoilEtianes en renfer- ment déjà un grand nombre d’espèces, et sur quinze que j'ai rapportées, neuf ne sont pas décrites dans la belle monographie de ce genre publiée par M. Klug. Toutes les espèces vivent sur les plantes et les arbris- seaux peu élevés. Leur vol est lourd et n’a lieu que pendant la forte chaleur du jour ; quand on les saisit, ils (67 ) fléchissent un instant leurs antennes, et répandent par les articulations des pattes une liqueur, jaune d’une odeur analogue à celle des Coccinelles. Ils produisent, comme les Lema, un bruit aigu par le frottement de leur corcelet contre le pédicule de l'abdomen. Les plus communs sont les AZ. cinctus , Mac Leay, et lim- batus , Dej.; les autres, sans être bien rares , se ren- contrent moins fréquemment. On n'en trouve point à Buénos-Ayres. Lema (Fab. ).— Insectes plus nombreux en espèces dans l'Amérique que dans nos pays; ils ont, du reste, les mêmes habitudes , et ne fréquentent que les plantes basses. L. variabilis, fasciata, festiva, Dej.; nigricor- nis; Fab.; cincta , limbata , variegata, Dej., N. Sp., etc., du Brésil. On en trouve communément un à Buénos-A res, L. bilineata , Dej. Alurnus (Fab.). — 4. marginatus , Lat. Très-com- mun au Brésil et'au Paraguay jusqu’à Corrientes. [vit sur les feuilles, et répand par la bouche une liqueur jaune, semblable, pour l'odeur, à celle des Megalopus. On’trouve fréquemment une variété. qui a sur les ély- tres une ligue courte , transversale, de la même couleur que la suture; maïs, comme :ellé s’accouple: indistinc- tement avec l'espèce ‘ordinaire et des. individus pareils à elles! je-crois qu’on ne peut l'en séparer. vfdispa (Fab. ).:— Genre mombreux en espèces au Brésil, et ayant les habitudes de leurs congénères d'Eu- rope. On les 1rouve assez communément sur les feuilles des’ plantes ‘et des arbrisseaux. J'en ai rapporté ure vingtaine d'espèces, la plupart nouvelles. Imatidium (Fab.).de joins ce genre au suivant, AL, 1e ( 188 ) dont il ne me paraît pas pouvoir être séparé , l’échan- crure antérieure du corcelet, qui a servi pour l’établir, se retrouvant plus ou moins prononcée chez d’autres Cassides. Les habitudes d’ailleurs ne sont pas les mêmes, Cassida (Fab.).— Les espèces de ce genre , médiocre- ment variées dans nos climats, sont extrèmement nom- breuses sous les tropiques et dans les pays qui en sont voisins. J'en ai rapporté tant du Brésil que de Buénos- Ayres et du Tucuman, près de cent espèces, parmi lesquelles il serait indispensable, pour se réconnai- tre , d'établir de nombreuses divisions , chacune d’entre elles paraissant se rattacher à un groupe particulier pour la forme du corps, et celle des antennes qui varie beaucoup. Chez les unes, elles sont composées d’ar- ticles presque cylindriques , grossissant plus ou moins au bout , tandis que chez d’autres elles sont aplaties et même dilatées à partir du milieu. Je ne puis entrer dans aucun détail à cet égard, et je me borneraï à exprimer le désir de voir paraître bientôt une bonne monographie de ce genre: qui, par la multiplicité de ses espèces, a plus besoin qu'aucun autre d’un pareil travail. Sous le rapport des habitudes , les Cassida offrent peu de différence. Elles paraissent au Brésil et à Buénos- Ayres dès les premiers jours du printemps, et on en trouve toute l’année. Dans ce dernier pays, où l’hiver est assez froid , elles se réfugient, pendant cette saison, sous les écorces des arbres et dans l’intérieur des Cactus décomposés, où l’on trouve souvent rassemblées par cen- taines certaines espèces. Elles résistent facilement au froid ; mais les pluies les font périr en grand nombre. ( 189 ) Au Brésil, certaines plantes sont quelquefois couvertes des €. stigmata, vulnerata, Dej., pustulata, Fab., cyanescens ; Dej., qui sont les plus communes de toutes. Un grand nombre d’autres se rencontrent aussi très-communément, mais vivent isolées. On les voit voler assez souvent pendant le jour, et, lorsqu'on les prend, elles répandent par la bouche une liqueur jaune sem- blable pour l’odeur à celle du genre suivant. Galeruca ( Geof.). — Toutes vivent comme celles d'Europe, sur les feuilles, et quelques-unes en sociétés assez nombreuses, mais sans exercer sur les arbres les mêmes ravages que certaines espèces de nos pays, ou plutôt ces ravages ne sont pas sensibles, tant est grande la rapidité avec laquelle la végétation répare les pertes qu'elles lui font éprouver. Les grandes espèces, G. cya- nipennis, Fab.,xanthodera, lycoides, Dej., N. Sp., etc., contrefont les mortes quand on les prend, et sécrètent une liqueur jaune abondante par la bouche et les arti- culations des pattes. Chez une autre, G. viridis, Dej., N. Sp., cette liqueur est incolore et assez abondante pour couvrir l’insecte tout entier. Les petites espèces n’ont pas cette faculté. Octogonotes (Drapiez ). — Genre propre au nouveau continent. On les trouve sur les feuiiles comme les Altica, et ils sautent de même; mais ils sont beaucoup plus rares, et les espèces en sont peu variées. O. inæ- qualis, Dej.; cinctipennis, lomentosus , vestitus, rubi- cundus, dinuidiatus , ejusd., N. Sp. Altica.— Ces insectes sont les plus abondans de ious au Brésil, et on les trouve en égale quantité toute l’an- née. [ls surpassent de beaucoup pour la taille les plus { 190 ) grandes espèces d'Europe, et leurs habitudes sont les mêmes. Qnelques-unes vivent isolées, mais la majeure partie se trouvent réunies en sociélés plus ou moins nombreuses. J'en ai rapporté environ soixante espèces ; mais ilest probable qu’on a trop multiplié celles-ci, car elles doivent donner beaucoup d’hybrides, rien n'étant plus commun que ée trouver des femelles semblables entre elles accouplées avee des mâles qui ne se ressém= blent nullement. Les grosses espèces, 4. circurncincia famelica, Dei., etc., sont moins agiles que les autres ? \ et sautent mal. En général, les espèces d'Europe s'éiè- vent beaucoup plus haut que toutes celles que je connais d'Amérique. On en trouve une quinzaine d'espèces à Buénos-Ayres, qui vivent comme celles du Brésil. J'ai compris dans ce genre celles que M. le comte Dejean en a séparées sous le nom de Pedema, et qui ont les mêmes habitudes. Doryphora (Wiger).— Les espèces de ce genre sont plus nombreuses au Brésil que celles des Chrysen:ela proprement dites. On les trouve marchant lentement sur les feuilles, et les grosses espèces se laissent tomber quand on s'approche d’elles. Lorsqu'on les prend, elles rendent par la bouche une liqueur jaune fétide. On n’en trouve point à Buénos-Ayres. Chrysomela (Lin.). — Mèmes mœurs que celles de nos pays; queques-unes vivent en société, telles que les C. polyspila, Germar, très-commune. à Buénos- Ayres et dans le Tucuman jusqu'aux Andes ; un peu plus rare au Brésil ; lunifera, Dej., semi-marginata, Fab., du Brésil; ies autres vivent isolées. (191 ) Colaspis (Fab.).— Genre non moïns nombreux en espèces que les précédens, et vivant de même sur les feuilles. J'en ai rapporté une quarantaine d'espèces; les plus grandes, C. livida, cincta, ducalis, Dej., hy- brida , éjusd. , N. Sp., sautent comme les Æltica; les autres sont dépourvues de cette faculté. On en trouve quelques-uns à Buénos-Avyrés , de la taille des espèces moyennes du Brésil, et parées de cou- leurs aussi brillantes. Eumolpus (Fab.).—-Mèmes mœurs que les Colaspis, mais moins nombreux en espèces et en individus. Parmi les grandes espèces, lÆ. fulgidus, OÎ., est le plus com- mun de tous. Il paraît en décembre, et on le trouve ordinairement accroché sous les feuilles des arbrisseaux, en réunions plus où moins considérables. F7. ignitus, Fab., est beaucoup plus rare. Parmi les espèces de grandeur moyenne, on trouve toute l’année et en abou- dance l’Æ. lineatus, Dej. Ces insectes volent peu et seu- lement pendant la forte chaleur du jour. Je n’en conn:is qu’une espèce de Buénos-Ayres, Æ. nigritus, Dej., qui y est assez commune. Lamprosoma (Kirby). — Ces insectes, parés pour la plupart de couleurs métalliques brillantes, viventcomme les précédens, avec lesquels, du reste, ils ont beaucoup de rapports. On les trouve marchant lentement sur les feuilles, ou volant dans les plantations pendant le jour. Ils diffèrent principalement des Æumolpus, en ce qu'ils contrefont les moris quand on les prend , et cachent leur tête dans une cavité de la poitrine, en ramenant leurs antennes et leurs pattes le long du corps. Les suivans, (192) sans être bien communs, ne sont pas rares, L. tristis isnita, Dej., purpurea, ejusd., N. Sp. Chlamys (Knoch.). — Toutes les espèces de ce genre sont, comme on sait, propres à l'Amérique , et l’on en connaît déjà un assez grand nombre. Sur dix espèces que j'ai rapportées, six ne se trouvent pas décrites dans la belle Monographie publiée par M. Kollar. Les Chlamys vivent sur les feuilles, et s’y tiennent coilés ou marchant lentement : ils se laissent tomber quand on veut les saiï- sir, et contrefont les morts lorsqu'on les tient. Je ne les ai jamais vus faire usage de leurs ailes. Clyihra (Leach). — Ce gerre est beaucoup moins riche en espèces en Amérique que dans nos pays; mais celles qu’on y trouve surpassent les nôtres par leur taille. Une seule, C. Â-pustulata, Dej., est commune au Brésil. Elle vit, ainsi que les autres, comme celles d'Eu- rope. J'en ai rapporté une du Tucuman, C. Lacor- dairei, Dej., N. Sp. Cryptocephalus (Geof.). — Aïnsi que les précédens, ces insectes sont moins nombreux en Amérique que dans nos climats, et les espèces sont plus petites que la plupart des nôtres. Du reste, elles ont les mêmes mœurs. Erotylus (Fab.).— M. Duponchel, dans la Monogra- phie qu’il a publiée de ce genre , en a décrit 90 espèces ; on en connaît aujourd'hui plus de 120. Presque tous appartiennent à l'Amérique méridionale ; mais il paraît hors de doute maïntenant que ce genre existe également daus les îles de la Sonde et contrées adjacentes. Ces in- sectes paraissent propres aux pays situés sous les tropi- ques. On n’en trouve aucune espèce à Buénos-Avyres, ni dans le Tucuman et le Chili. ( 195 ) Tous ceux que j'ai observés vivent sur les feuilles , et se trouvent volant pendant le jour dans les bois. Aucun, même parmi les petites espèces qui ressemblent beau- coup au Zriplax, ne fait sa demeure sous les écorces. Tous vivent isolés, excepté l’£. sphacelatus , Fab. , qu'on trouve ordinairement rassemblé sur le trone des arbres abattus en quantité souvent très-considérable. Ses élyires , d’un beau gris bleuâtre pendant la vie, de- viennent jaunâtres après la mort, et M. Duponchel Îles a décrites comme étant naturellement de cette couleur. Il est tombé, pour quelques autres espèces, dans des erreurs analogues, qu'il est impossible au reste d'éviter quand on ne décrit pas d’après des individus vivans. Son Æ. histrionicus, qu’il donne comme une espèce , d’après la Collection de M. le comte Dejean, n’est qu'une variété de l'Æ. histrio, Fab. On trouve fréquemment des individus qui diffèrent encore plus de celui-ci, et chez qui il ne resie quelquefois que de faibles vestiges des lignes noires des élytres. Languria (Lat.). — Ces insectes ne sont pas com- muns , et vivent sur les feuilles, ou se prennent volant dans les bois pendant le jour. Je n'en ai trouvé que deux espèces , L. cuneiformis et brasiliensis , Dej. TRIMÈRES. Coccinella. — Ce genre est moins nombreux en es- pèces et en individus dans l’ Amérique que dans nos pays. Leurs habitudes et l’odeur qu’elles exhalent sont du reste absolument les mêmes. Eumorphus (Weber, Fab.). — Je n'en ai trouvé que XXI. | 19 ( 194 ) deux espèces, Æ. marginellus, Dej., et cruciger, Lat. (cruciatus , Lat., Dej., Cat.) Toutes deux vivent dans le bois décomposé, sous les troncs abattus et les écorces humides. Ils se rapprochent de quelques Æélopiens par les habitudes , et plus encore par leur odeur qui est la même. Lycoperdina (Lai.). — On en trouve communément plusieurs espèces au Brésil. L, pubescens, oblonga , nigricans, vestiüta , Dej., N. Sp. Toutes sont com- munes , et vivent seus les Lichens et les Mousses des arbres. On en trouve une espèce à Buénos-Ayres , qui a les mêmes habitudes, Z. undulata , Dej., N. Sp. Remarques sur les caractères et la classification des Oiseaux de proie nocturnes , et Description d'un genre nouveau sous le nom de Phodilus ; Par M. Isin. Grorrrov S.-Hirarre. Les oiseaux de proie nocturnes forment-ils un seul genre , ou une famille composée de plusieurs genres dis- üncts ? Pour répondre à cette question , il suflit de com- parer un hibou à une chevèche, un duc à une effraye, et de fixer son attention sur les différences très-remarqua- bles qui existent enire les caractères zoologiques et même anatomiques de l’un et de l’autre, notamment par rap- port à la structure des organes des sens. Si les oiseaux de proie nocturnes composent , non un simple groupe générique, mais une famille divisible en ( 195 ) plusieurs genres naturels , quelles modifications organi- ques doivent être considérées comme pouvant fournir les plus importans des caractères génériques, et combien de genres devront être admis? La réponse à cette double question offre quelques difficultés que je chercherai à résoudre en peu de mots. Presque tous les auteurs, soit ceux qui ont considéré les oiseaux de proie nocturnes comme une famille , soit ceux qui, conservant le genre £trix de Linné, se sont bornés à y établir de simples subdivisions , ont princi- palement fixé leur attention sur l’existence ou la non- existence de ces plumes érigibles à la volonté de l’ani- mal , que l’on trouve placées sur la tête chez un grand nombre d'espèces , et que l’on nomme aigrettes. Les caractères tirés de la présence ou de l’absence des aigrettes sont-ils en effet très-importans ? je ne le pense pas. Parmi les espèces les plus évidemment voisines entre elles, quelques-unes ont des aigrettes très-deve- loppées , d’autres en ont de petites, ou même en man- quent tout-à-fait. Bien plus, il est une espèce, la Chouette commune , dans laquelle le mâle seul a des aïgrettes , la femelle en étant privée. Rigoureusement parlant, si l’on admet tous les genres proposés par les auteurs, le mâle de cette espèce devra être placé parmi les ducs , et la femelle parmi les chouettes. Les ornithologistes ont repoussé , on le pense bien, cette absurde combinaison ; mais , comme 5 ils eussent voulu lui emprunter quelque chose, ils ont placé la chouette, Strix ulula , parmi les ducs , et donné son nom au genre voisin , en sorte qu’il existe un genre Chouette dont la chouette ne fait point partie. (196 ) Les formes du bec varient peu parmi les Sirix; cepen- dant la plupart des espèces ont le bec courbé dès sa base, tandis que d’autres, savoir , l’effraye , et celle qui est le type de notre nouveau genre Phodilus , ont le bec droit dans une grande partie de sa longueur. Cette différence de forme est évidemment assez importante. Les pieds présentent quelques modifications relative- ment à la forme et aux proportions des doigts, des ongles, etc. ; mais ils varient surtout sous un autre rap- port. Tantôt les tarses et les doigts sont couveris entière- ment de plumes plus ou moins abondantes ; tantôt les tarses seuls sont empennés , les doigts étant nus, ou cou- verts seulement de quelques poils ; tantôt enfin les tarses sont nus, aussi-bien que les dcigts. Mais ces différences remarquables ne peuvent fournir à elles seules de carac- ières génériques; car, loin d’être en rapport avec les modifications que présentent le bec et les organes des sens et du mouvement, elles se présentent souvent entre des espèces extrêmement voisines, maïs dont les unes appartiennent aux contrées les plus froides , d’autres aux climats iempérés, d’autres enfin aux contrées chaudes. L'état plus ou moins empenné des doigts se trouve donc en rapport, non avec les modifications essentielles de l’organisation , maïs avec les variations de la tempé- rature des lieux habités par les espèces que lon com- pare. L'examen de la forme des ailes et des proportions des rémiges a presque toujours été négligé par les ornitho- logistes , sous le rapport des caractères génériques ‘que peuvent fournir les variations des organes du vol. La réunion faite jusqu'à ce jour du genre que je nomme (197 ) Phodilus avec l'effraye:, en offre une preuve frappante. L'importance des caractères que peuvent fournir les mo- difications de l'aile, ne peut cependant pas être niée. Les modifications des organes des sens , et surtout des oreilles et des yeux , ont au contraire été appréciées à leur juste valeur ; mais on n’a pas insisté sur les carac- tères qui peuvent être déduits de la considération du disque, c’est-à-dire, de ce cercle de plumes soyeuses ét écailleuses qui entoure plus où moins complètement la face dans un grand nombre d’espèces. On ne doit pas voir, dans le disque, une simple réunion de plumes plus ou moins singulièrement modifiées et disposées ; car le disque se trouve dans un rapport constant et intime avec la disposition et la structure des oreilles, et, par suite , avec la conformation du crâne tout entier. Toutes les fois donc que le crane et les oreilles présentent une modification , elle est traduite à l'extérieur par une mo- dification correspondante dans le disque. Je me borne à indiquer ici ce fait, que chacun pourra vérifier facile- ment , et dont la raison anatomique sera évidente pour quiconque aura examiné avec attention, chez les oiseaux de proie nocturnes, la conformation de l'oreille et du crâne , et la composition du disque. | Il résulte de ce de je viens de dire que les caractères tirés des organes des sens, du disque et de l’aile, doivent être placés au premier rang ; que les variations de forme du bec, des pieds et des ongles, viennent ensuite ; qu'on ne doit attacher qu'une importance moindre encore à la présence ou à l’absence des aigrettes , et qu'enfin l'état plus ou moins empenné des tarses. et des doigts présente | plusieurs modifications très - intéressantes zoologique- ( 198 ) ment et physiologiquement , mais que l’on ne peut éle- ver au rang de caractères génériques. J'ai présenté , avec quelque développement, les idées que Je viens d'indiquer, dans les leçons ornithologiques que j’ai faites cette année au Muséum d'Histoire natu- relle , et je crois avoir réussi à rendre beaucoup moins difficile l'étude des oïseaux de proie nocturnes, en m'appuyant sur les résultats que j’en ai déduits , pour rejeter quelques-uns des genres proposés antérieure- ment , et créer au contraire un groupe nouveau pour une espèce jusqu'alors considérée comme une effraye. Ainsi, j'ai divisé les Strix de Linné en deux sections: L'une , que je place la première , parce qu'elle se rap- proche davantage des oiseaux de proïe diurnes par ses caractères organiques et ses habitudes, comprend les genres chez lesquels il n’existe point de disque autour de la face, ou qui n’ont du moins qu’un disque très-incom- plet et peu distinct. Ces genres sont les suivans : 1°, Les Caevècaes ( Voctua, Sav.). Il existe à peine chez les chevèches quelques traces de disque dans la disposition rayonnée des plumes du voi- sinage des yeux, et il n’y a point non plus d’aigrettes. Tout le dessus de la tête est couvert de plumes dirigées en arrière, et de même nature que (celles du reste du corps. L'ouverture des oreilles est ovale , et à peine plus grande que dans les oiseaux de proïe diurnes. À ces ca- ractères il faut ajouter que le bec est courbé dès sa base. Les chouettes épervières , Surnia de M. Duméril, ne me paraissent former qu'une simple subdivision parmi les chevèches , et non un genre. 2°, Les Ducs (Bubo, Cuv. ). 74: Ml | | | | | | | | ( 199 ) Les plumes du dessus de Ja tête sont comme dans les chevêches ; le disque est par conséquent très-incomplet ; mais il existe deux bouquets de plumes placés de cha- que côté , et susceptibles d’être redressés. Les ouvertures auriculaires sont assez grandes, sans l’être à beaucoup prés autant que dans les genres de la seconde section. Le bec est courbé dès sa base. Les Scops de Savigny , dont le type est le petit-duc , peuvent tout au plus former une section parmi les ducs. Les chouettes à aigrettes sont des ducs un peu plus rap- prochés que les autres des chevèches. Enfin, les Ketupa de M. Lesson forment aussi une section simple caracté- risée par des tarses nus et réticulés. 3°. Les Paonizes ( Phodilus , Nob.). Je donnerai tout à l’heure avec quelque détail les ca- ractères de ce genre, que son bec, droit dans une grande partie de sa longueur , distingue au premier aspect des chevèches et des ducs. La seconde section comprend les espèces dont le dis- que est complet où presque complet, et toujours bien marqué. Îl se compose de deux cercles, l’un interne, composé de plumes eflilées, à barbules très-écartées ; l’autre externe, et circonscrivant le premier, qui est composé de plumes rudes, aplaties, en forme d’écailles : entre les deux cercles se trouve l’ouverture auriculaire , qui est Loujours considérable. Cetie section comprend , comme la première , trois genres. 1°. Les Caars-Huans (Syrnium , Sav.). Ils fout le passage de la première section à la seconde, par leur disque incomplet, mais très-distinct. Leur ( 200 }) oreille est ouverte plus largement que dans les genres précédens , moins que dans ceux qui suivent. [ls n’ont point d’aigrettes. Le bec est courbé dès sa base. 2°. Les CHougrres ( Ulula). On a établi, parmi les espèces à disque complet et à conque auriculaire étendue depuis le bec jusque vers le sommet de la tête, les deux genres Otus, Cuv., et chouette ( Ulula, Cuv.), suivant qu'il existe ou non des aigrettes. Ces deux groupes doivent être conservés, mais. comme de simples sections , entre lesquelles la chouette forme un passage insensible , et établit des rapports in- times. 3°. Les Errrayes (Strix , Sav.). Plusieurs caractères , parmi lesquels il suffit de citer leur bec droit dans une grande partie de sa longueur, les distinguent des autres espèces à disque complet (1). C’est parmi les eflrayes qu'a été classée jusqu'à ce jour, sous le nom de Chouette cu Effraie calong, Strix badia, l'espèce dont je propose aujourd’hui de faire le type d’un genre nouveau , sous le nom de Promire, Phodilus (2). L'état très-imparfait du disque, chez le calong , est le caractère d'après lequel r’ai reconnu d’abord la nécessité | quei ] de le séparer des effrayes. L'examen des pattes , du bec, {1} Les ornithologistes n’ont généralement admis qu’une seule espèce d’Effraye , en exceptant le Calong , qui ne doit pas entrer dans le même genre. Le fait est qu'il est extrémement difficile de caractériser plu- sieurs espèces dans le genre Effraye, mais qu'il existe entre les Effrayes de diverses contrées quelques différences spécifiques : les ailes, les pattes, et surtout le bec , sans parler de la coloration, sont en effet loin d’être les mêmes, par exemple, chez l’effraye d'Europe et celle du Brésil, chez celle de la Nouvelle-Hollande et celle de PAmérique du nord. (2) De oc, lumière , et dernos , craintif. 042037) des ailes surtout, m'a bientôt confirmé dans cette opi- nion , et démontré la nécessité d'établir, pour le Strix badia, un genre nouveau. Les caractères du genre Phodile peuvent être établis de la manière suivante. Tout le tour de l’œil est garni de plumes à barbules décomposées , et le disque existe à la partie inférieure de Ja tête ; mais, en dessus, toutes les plumes sont dirigées en arrière, et de mème nature que celles du reste du corps. Les oreilles sont moins largement ouvertes , et la conque auditive est moins grande que chez l’effraye ; dis- position qui est en rapport avec le degré très-imparfait du développement du disque. Le bec est droit dans sa première portion, comme chez les effrayes ; maïs les mandibules, principalement la supérieure , ont plus de hauteur. Les ouvertures des narines sont petites et à peu près rondes. Les doigis sont plus gros que chez les eflrayes , et les ongles plus forts ; les doigts sont réticulés en haut, écus- sonnés en bas, et les tarses couverts de très-petites plumes, ou plutôt de duvet, comme chez les effrayes. La queue est un peu plus courte et moins carrée que chez les effrayes. Mais c’est surtout par les ailes que le Phodile diffère du genre avec lequel on l’avait confondu. Chez les effrayes, les ailes très-longues, et dépassant même l’ex- trémité de la queue, présentent dans les proportions de leurs rémiges, des caractères très-importans , et qui les placent au nombre des meilleurs voiliers. La première rémige est presque aussi longue que la seconde , qui est (Wa 0") la plus lonsue de toutes; la troisième est encore très- longue , et les suivantes vont en décroissant. Les ailes du Phodile sont construites sur un tout autre plan ; on peut dire sur un plan inverse : les rémi- ges vont en s’accroissant , de la première , qui est très- courte, à la cinquième, qui est la plus longue. C’est, comme on le voit, sauf quelques légères modifications, le système que l’on trouve, parmi les oiseaux de proie diurnes, chez les aigles et la plupart des autres genres dits igrobles , tandis que les aïles de l’efiraye sont con- struites sur le même plan que les ailes des oiseaux de proie dits nobles, c’est-à-dire, les faucons et les ger- fauts. Le genre Phodile rejose donc sur des caractères véri- tablement importans. Les organes des sens, dont les ve. jations coïncident toujours avec des variations dans la composition du crâne ; les organes du vol, qui ne sont jamais modifiés sans que le sternum et l'épaule éprou- vent une modification correspondante , sont établis dans Île genre Phodile tout autrement que dans le genre Effraye. En outre , le premier est facile à distinguer, au premier coup-d’œil, de tous les groupes voisins. En eflet, par son bec droït dans sa première portion , il diffère de ious les genres de la même famille, excepté le genre Effraye, à l’égard duquel la conformation 1irès défec- tueuse des ailes, et l’état très-incomplet du disque, offrent pour lui des caractères très-tranchés. La Chouette calong, Tem. , PI. col., 318 , l’Effraye calong , Less. . Traité d’Ornithol., Liv. 1, Strix badius de M. Horsfieid, qui l’a le premier décrite, est la seule espèce, jusqu à ce jour connue , qui doive être pla- (203) cée dans le genre que je viens de proposer: Elle devra prendre fe nom de Phodilus badius , pour conserver l'épithète spécifique que lui a donnée M. Horsfield , et qui indique très-bien sa couleur. Le Phodilus badius habite la presqu'ile Malaise, d'où il a été rapporté par M. Dussumier, et l’île de Java, où il a été trouvé, par M. Horsfield, en plu- sieurs lieux, notamment dans les districts de Puger et de Suranarta. Il vit loin des villages, dans les forêts les plus touffues. Ses habitudes , de même que son orga- nisation , sont, comme on le voit, différentes de celies des effrayes. Quant aux caractères spécifiques du Phodilus badius, il me suflira de renvoyer aux descriptions de MM. Hors- field, Temminck et Lesson , qui ne laissent rien à dési- rer, et surtout à la figure que M. Temminck a donnée du calong dans ses Planches coloriées. Nomce sur le Voyage de M. ve Humsoznr en Sibérie, et Recherches de M. Eurenrerc sur l’organisation et la distribution géographique des Infusoires dans l’ Asie septentrionale (1). Le voyage que nous avons fait l’année passée, MM. Eh- renberg , Gustave Rose et moi, sous les auspices de l’empereur de Russie, aux mines de l’Oural et de l’Al- (1) Cette Notice a été lue par M. de Hiumboldt, dans la séance de Vinstitut du 11 octobre 1830. ( 304 ) tai, aux frontières de la Dzongarie chinoise, et à la mer Caspienne , a eu pour objet une variété d'observations assez considérable pour en offrif les résultats dans des Mémoires et des ouvrages particuliers. Nous possédons des collections géologiques recueillies par nous-mêmes, et plus complètes que celles qu’on a pu porter jusqu'ici de cette partie de l’Asie en Europe. Rangées par M. Rose, elles se trouvent placées, dans le Musée de Berlin, à côté des suites géognostiques du Mexique, de Quito, du Brésil méridional, des îles Canaries, et de diverses ré- gions de l’Europe. Je m'occupe à concentrer les princi- paux résultats de nos iravaux dans un tableau physique: des contrées que nous avons parcourues , ouvrage qui va paraître sous le titre d'Observations géognostiques, ma- gnétiques et astronomiques. M. Ehrenberg , auquel ses courses aniérieures en Nubie, à Dongola et en Abyssinie, avaient offert des moyens de comparaison très-fertiles en aperçus nouveaux , traitera, dans un volume séparé, des rapports géographiques des végétaux entre le Volga, l’Iriyche et l'Obi , entre le nord de l’Oural et la steppe des Kirguises. Il y réunira les descriptions zoologiques, surtout celles des coquilles d’eau douce, des insectes et des poissons, dont abondent les grandes rivières et la Mer Caspienne. J'aurai l'honneur de communiquer à l’Acadé- mie, dans une autre séance , l'extrait d’un Mémoire qui n’est point encore imprimé, et dans lequel M. Ehrenberg, après avoir caractérisé la variété du grand Tigre royal de l'Inde, qui se montre au nord de la grande Cordillère des Monts Célestes (Thianchan }, même au nord du Tarba- gatai et de la région des dioptases, expose les différences du Felis pardus de Cuvier, du Felis chalybeata. de Mi Li (205 )) Hermann, qui est le F. pardus de Temmink, et du Pelis Irbis (la Panthère à longs poils}, que Pallas a con- fondu avec le F,. pardus d'Afrique, et dont nous avons acquis une belle peau à Semipolatinsk , sur les bords de VIrryche. M. Rose a été assez heureux pour découvrir lé- tain sulfuré dans l'Oural méridional ou Bachkyre, et une ‘combinaison d'argent et de tellurium dans un minerai de Sawodinski, auprès de l’Aliaï. L'existence de l’étain et du tellure était avant notre voyage , avant l’année 1829, aussi inconnue dans la Russie asiatique , que l’existence des diamans dans la Russie européenne. M. Gustave Rose, dont les chimistes de France ap- précient l’exactitude dans les analyses chimiques, est occupé dans ce moment d’un travail très-étendu sur Por de lavage et l’or retiré des filons qui ne sont point encore détruits, comme sur les proportions dans lesquelles l’ar- gent est mêlé à l’or de Sibérie, dont le produit annuel excède en ce moment 6,000 kilogrammes. C’est dans un ouvrage particulier que ce savant va publier les résultats de ces laborieuses recherches oryctognostiques et chimi- ques sur les substances recueillies pendant le cours de notre voyage, en y joignant tous les détails de gisemens géognostiques. Il existe à peine une contrée du globe dans laquelle Îes roches et les filons présentent une plus étonnante variété de. minerais, également remarquables par leur beauté et par leur composition chimique. J’ai cru que l'annonce rapide de ces travaux, que mon dernier voyage (de plus de 4,500 lieues ) à travers l’an- cien continent a fait naître, et dont les plus importans appartiennent exclusivement à mes amis, pourraient rappeler à l’Académie que , depuis mon départ de Paris, ( 206 }) je n'ai négligé aucune occasion pour rendre ma wie utile aux progrès des sciences physiques, et, qu'é- loigné de vous, je suis resté fidèle à une carrière qui offre les jouissances les plus pures et les plus durables. Comme l’état actuel des sciences exige une grande rapi- dité de communication , nous sommes convenus , MM. Rose, Ehrenberg et moi, de publier, à mesure que nous avançons dans la rédaction de nos observations, les résultats principaux dans des Mémoires particuliers. C’est cette même considération qui me détermine an- jourd’hui à exposer à l’Académie quelques-unes des idées que renferme un petit ouvrage que M. Ehrenberg vient de publier en allemand, sous ce titre : Organisation, Classification et Distribution géographique des Infu- soires en Afrique, et dans le nord de l Asie. Le nom- bre des espèces observées pendant le cours de notre voyage entire la Mer Caspienne , l'Oural et l’Altaï, a été de 113, parmi lesquelles 8 constituent des genres nou- veaux. M. Ehrenberg est parvenu , en nourrissant d’in- digo et de carmin ces êtres translucides et gélatineux, à découvrir l'extrême complication de leurs organes, à colorer leur bouche , leurs estomacs , l’exirémité de leur canal alimentaire, à les peindre pour ainsi dire inté- rieurement en bleu et en rouge. En jetant les yeux sur les huit planches dessinées par M. Ehrenberg, on voit d'un coup d'œil l’étonnante complication de ces êtres, £ dont plusieurs cependant n’ont que de ligne de long. 7000 L'auteur s’est servi d’un microscope de Chevalkier, et généralement d’un grossissement de 800 fois en diamèe- tre. Il offre les résuliats de dix années d’observations , qui sont d'autant plus sûres que lanatomie des Mollus- ( 207 ) ques de la Mer Rouge l'avait accoutumé à l'usage des microscopes et des micromètres. Les Infusoires les plus petits, et qu'on a cru les plus simples, ont tous une bouche et des organes de nutrition, quelquefois trente à quarante estomacs ; ils savent tous saisir leur proie, et se nourrir de substances solides. Dans le Monas termo , qui.n'a que .--— de ligne de long, on distingue quatre estomacs, une bouche, et des cils qui entourent cette bouche. Les Vorticelles , Leucophrys, les Paramæcium, ont une organisation plus compliquée. Le nombre des yeux varie dans les Rotifères, dans les genres Zuglena et Éosphora; mais, ce qui attirera le plus laitention des naturalistes qui s'occupent de l'anatomie microsco- pique, c’est la complication du système musculaire et nerveux , de la bouche munie de dents cartilagineuses , des organes de nutrition et de génération de l’//ydatina senta ( FVorticella senta de Muller ) , tel que le présente la huitième planche. L'Académie daignera sans doute faire examiner la partie anatomique de ce Mémoire, et la classificauon des Infusoires , d'après leur organisation intérieure , surtout le parallélisme des nudu et loricata (nues st couvertes de boucliers), qui caractérise toute cette classe d'animaux, M. Ehrenberg discute les genres qui avaient été établis d’après d’autres principes, et il tronve que les animaux de la même espèce ont été, dans les dif- férens stades de leur accroissement, selon qu'ils étaient à jeun ou qu'ils avaient mangé, décrits comme des genres distincts. M. Ehrenberg a vu souvent sortir les Infusoires de l’œuf, et aucune observation directe ne l’a conduit à admettre ni une génération spontanée, ni une aggloméra- tion d'Infusoires pour former des rudimens végétaux et ( 208 ) animaux. Îl pense que tous les Infusoires se déplacent pendant leur vie, et cherchent isolément leur nourri- ture. Des 113 espèces observées et décrites pendant le cours de notre voyage, 31 espèces appartiennent à l’Eu- rope, et 82 à l’Asie; mais, de ces espèces recueillies en Asie, deux tiers sont également observés dans l’Europe centrale. Le Kolpoda cucullus paraît l'espèce la plus généralement répandue : M. Ehrenberg l’a trouvée de- puis le Mont Sinaï jusqu'à Dongola, près de Berlin , à Saint-Pétersbourg , dans le nord de l’Oural, et au pied de l’Altaï. Dans les mines de Sibérie ( Soimonofskoi et le Schlangenberg), on trouve 3 espèces de Monades, et encore le Kolpoda cucullus, à 56 toises de pro- fondeur, dans des lieux entièrement privés de lu- mière. Les Infusoires, d’après leur structure , forment deux classes naturelles d'animaux, qui habitent la mer et les continens. On en trouve quelques espèces, qui (comme les Cryptogames) sont identiques, sous les zones les plus diverses ; ils paraissent varier, d’après les cli- mats, plus d'Europe à Dongola que de l’est à l’ouest, de Berlin à l’Altaï. Les eaux salées des steppes asiatiques ne présentent pas des formes très-particulières. La rosée, examinée avec le plus grand soin, au milieu des déserts de l'Afrique, n’a pas offert d'Infusoires, tandis que huit espèces fourmillent dans les puits de l'Oasis de Jupiter Ammon. Les recherches faites sur les Infusoires, pendant le dernier voyage de M. de Humboldr, s'étendent sur plus de 50° de longitude et 14° de latitude. ( 209 ) Extrait de Ÿ Analyse des travaux de l Académie royale des Sciences pendant l'annee 1829 (1); Par M. le baron Cuvier, Secrétaire perpétuel. GEOLOGIE. Lorsqu'une science fait des progrès aussi rapides qué le sont aujourd'hui ceux de la géologie, il est bon que de temps en temps on présente une sorte d'état de ses acquisitions , et que l’on marque ainsi le point où elle est parvenue, et il est heureux que cette tâche soit entre- prise par les hommes qui eux-mêmes ont le plus con- tribué à l’avancer. Déjà nous avons eu à parler de piu- sieurs résumés semblables faits par MM. de Humboldt, Buckland, La Bêche et autres habiles géologistes. Le plus récent et le plus complet est celui que vient de publier M. Brongniart, sous le titre de Tableau des terrains qui composent l’écorce du: globe. Dé il avait traité un sujet intimement lié à celui-ci dans sa Classi- _fication et Nomenclature des roches, mais il monire. par de bonnes raisons, que cette classification et cette nomenclature, très - nécessaires pour distinguer par elles-mêmes chaque sorte de roches , ne sout plus appli- (1) Plusieurs Mémoires dont M. le baron Cuvier donne l’analyse nous ayant été communiqués par les auteurs, et ayant déjà été impri- més, soit en totalité, soit en partie, dans notre journal, nous avons cru, ainsi que nous l’avons fait les anuées précédentes , devoir supprimer au moins en partie leur analyse, en renvoyant aux volumes des Annales qui les contiennent. (R.) XXL. 14 ( 210 ) cables quand 11 s’agit de faire connaître les terrains successifs et l’ordre de leurs successions ; attendu que la même roche, considérée minéralogiquement, peut se remontrer dans les terrains d’âges différens , et que réci- proquement les terrains appartenant au même âge peu- vent se composer de roches très-diverses. Quant aux terrains eux-mêmes, c’est par les plus nouveaux qu'il en commence l’histoire, et il divise cetie histoire en deux périodes , qu’il suppose exprimées dans l’ancienne Mythologie par les règnes de Jupiter et de Saturne ; la plus récente est celle où rous vivons, et qui a succédé à la dernière des grandes catastrophes aux- quelles la surface de notre globe a été en proie. Les mu- tations y sont peu considérables , et se réduisent à quel- ques volcans , aux alluvions transportées par les eaux, et à quelques dépôts formés par elles de substances qu'auparavant elles avaient dissoutes. L'autre est cette période tourmentée , où des formations se succédaient , se culbutaient, où la vie paraissait et s’anéantissait alter- nativement sur différens points, où le globe, comme Saturne , dévorait ses enfans. Cette période, qui n’a point eu d'hommes pour té- moins, forme essentiellement le sujet des conjectures et des systèmes des géologues ; mais, ce qui n’a rien de conjectural, c’est la nature et la position relative des terrains qui en ont été les produits, et celle des êtres organisés dont ils recèlent les dépouilles. M. Brongniart y distingue aussi des terrains de transport, des espèces d'alluvions , des terrains de sédimens , qu'il divise en supérieurs, moyens et inférieurs, les inférieurs étant toujours les plus anciens et les plus généralement éten- Au (EL 21 000) dus. Sous eux, et par conséquent formés avant eux, sout Îles terrains dits de transition, et plus inférieurs, plus anciens encore les terrains primordiaux qui ont précédé l'apparition de la vie. Tous ces terrains sont stratifiés , et c'est par leur stra- tification même que l’on prouve qu’ils ont été formés successivement ; mais il en est dont la masse , non divi- sée en couches , semble tenir encore plus intimement au noyau de la terre, et en être pour ainsi dire sortie par soulèvement, et d’autres qui en ont été vomis à l'état liquide , et se sont répandus à diverses époques à la sur- face des couches : ils n’appartiennent ni à l’époque de Jupiter, ni à celle de Saturne ; les uns les ont précédées toutes les deux, les autres se sont montrés irrégulière- ment pendant leur durée ; et M. Brongniartles met sous linvocation de Typhon, et les partage entre Pluton et Vulcain , selon qu'ils forment des grandes masses contre lesquelles les autres s'appuient , ou des déjections extra- vasées et épanchées sur ces autres terrains. Indépendamment de ces principes méthodiques et de cetie nomenclature, on trouve d’ailleurs dans cet ou- vrage beaucoup d'observations nouvelles et propres à l’auteur ; telles que des considérations sur les terrains qui peuvent se former actuellement, sur les graviers coquilliers d’une multitude de lieux, sur les dépôts de fer en grains, sur la véritable position des lignites de la Suisse. Il donne une théorie des terrains , qui, d’après les coquilles qu’ils renferment, ont dû être formés dans des lacs d’eau douce, et qui, étant recouverts par des couches marines, semblent prouver plusieurs retours assez rapprochés de la mer dans certaines contrées. 11 (sain; ) répond aux objections qui ont été faites contre ces re- tours, et fait voir que les hypothèses que l’on a cherché à substituer à celle-là présentent des difficultés bien plus grandes. Presque tous les exemples qu’il rapporte reposent sur les observations faites dans ses voyages , et il prouve que depuis la Scandinavie jusqu'aux Pyrénées, aux Alpes et aux Apennins , il a étudié avec l'attention la plus suivie tous les poinis où l'écorce du globe s’est mise à découvert lors de ses déchiremens ; mais combien peu en voyons-nous : à peine sa surface est-elle effleurée. Si l’on compare, dit M. Brongniart, la profondeur à laquelle nous sommes parvenus avec la longueur du rayon de la terre, on trouvera qu’une rayure d’épingle sur le vernis qui enduit les globes artificiels de dimensions ordinaires, est plus profonde que les couches les plus basses que nous avons atteintes. Ajoutons que les plus hautes montagnes ont à peine en élévation la trois-mil- lième partie du diamètre de la terre; qu'en supposant qu’elles aient été couvertes par les eaux, l’affaissement égal des fonds des mers a sufli pour les mettre à sec, aussi-bien que toutes les collines et les plaines inférieu- res , et que l’on juge de la liberté où l’on est d'imaginer des agens suflisans pour produire les changemens qu’a éprouvés cette légère pellicule. Cette pellicule cepen- dant, c’est encore M. Brongniart qui parle, a fourni à l’observateur des multitudes de faits variés , pleins d’in- rêt, propres à exciter aux plus hautes conceptions , et son étude a procuré aux hommes les matériaux les plus importans aux arts utiles , aux sciences et à tous les agré- mens de la vie. (R'arSr) Depuis long-temps la plupart des géologistes regar- dent, avec de Saussure et Deluc , les couches inclinées qui forment une grande partie des montagnes , comme produites par une rupture et un mouvement de bascule ; car il est diflicile de concevoir que des couches qui con- tienneni divers corps très-mobiles, des coquillages , des cailloux roulés , etc., n’aient pas été nécessairement d’a- bord dans une situation horizontale. Cette rupture peut avoir eu lieu ou parce que des couches, qui n'étaient pas suffisamment soutenues dans toute leur étendue , se sont affaissées du côté où il se trouvait des vides au- dessous d’elles , ou bien parce qu'une partie des terrains inférieurs s’est soulevée et les a brisées dans les endroits où elle s’est fait jour ; mais, quelque opinion que l’on se fasse à cet égard, il est hors de doute que des couches horizontales qui s'appuient contre des montagnes à couches inclinées , ont été déposées après la rupture, car autrement elles auraient dû y participer. Jusqu'à pré- sent, le plus grand nombre des géologistes ont adopté l'hypothèse de la rupture par affaissement ; maïs il y à aussi des raisons assez fortes de donner la préférence à l'hypothèse contraire , surtout depuis que M. de Buch a cru voir des marques de production ignée et de soulève- ment dans plusieurs montagnes porphyriques, qui avaient été long-temps considérées comme d’origine aqueuse. ‘ M. Elie de Beaumont, admettant cette production des montagnes par soulèvement , et examinant avec soin, dans chaque système de montagne, la nature des cou- ches qui y sont inclinées , et de celles qui y sont demeu- rées horizontales, a conçu l’idée hardie de fixer l’an- (214) cienneté relative des diverses montagnes , et est arrivé à ce résultat inattendu , que ce ne sont pas les plus élevées qui ont été soulevées les premières, et même que ce ne sont pas toujours celles dont le noyau se compose des plus anciens terrains (x). M. Cuvier a montré que la surface du globe a éprouvé des révolutions subites, accompagnées de changemens dans les races vivantes qui la peuplaient; M. Adolphe Brongniart a aperçu des changemens correspondans dans la nature de la végétation ; M. de Buch a fait connaître des différences nettes et tranchées entre les divers sys- ièmes de montagne qui parcourent la surface de l'Eu- rope. M. de Beaumont a cherché à mettre en rapport ces divers ordres d’idées ; il a montré par des exemples que la dislocation de certaines portions de la croûte ex- térieure du globe a formé une partie essentielle de cha- cun de ces changemens. À la vérité, toute la série de ses idées repose sur l'hypothèse du soulèvement des noyaux des chaînes : peut-être ne serait-il pas impossible de l'adapter aussi à hypothèse des affaissemens; mais on n’y trouverait pas alors l'avantage de se passer d’une élé- vation de l'Océan, qui a fait jusqu’à ce jour une des grandes difficultés de la géologie. Au reste, comme M. de Beaumont n'arrive à ces résul- tats que par la combinaison d’une foule d'observations et d’un détail infini de faits bien constatés, et qui seront toujours précieux à la science , indépendamment des conclusions que l’auteur en tire; ces conclasions , quel- que jugement que l’on en porte, ne seront point con- (1) Voyez ce Mémoire important, inséré en entier dans les Ænnales des Sciences naturelles ,t. XVIIE, p. 5 et 254; ett. XIX, p. 5 et 177. ( 215 ) fondues avec ces conceptions fantastiques excitées par quelques aperçus isolés, qui ont trop long-temps donné à ja géologie une apparence romanesque. Un des faits les plus remarquables, et sur lequel M. de Beaumont appuie avec raison, comme ajoutant à toutes les proba- bilités de son système , c’est que les chaînes qui, d’après le nombre des couches obliques qu’elles supportent, doivent être à peu près du même âge, suivent aussi en général des directions parallèles , à quelque distance qu'elles se trouvent d’ailleurs l’une de l’autre. M. de Buch, qui à tant enrichi la géologie positive, vient de la gratifier encore d’une carte des terrains qui entourént le lac majeur, depuis le lac d'Orta jusqu'à celui de Lugano, et qui ont un grand intérêt pour ce célèbre géologiste, parce qu'il y voit des preuves du soulèvement de ces masses de porphyre pyroxénique ou mélaphyre de M. Brongniart, qui, selon lui, a pro- duit la plupart des grandes chaînes (1). MM. Cuvier et Brongniart, dans leur Description géologique des environs de Paris, ont fait connaître un terrain très-compliqué, où des couches calcaïres ou sa- bleuses de diverses sortes, mais conténant seulement des coquilles de mer , alternent avec des couches gyp- seuses et des couches calcaires ou siliceuses , qui ne con- tiennent que des coquilles d’eau douce ; ils ÿ ont distingué cn conséquence un terrain marin inférieur aux terrainS d'eau douce, et un supérieur, mais qui appartiennent (1) Voyezles Annales des Sciences naturelles, 1. XVILE , p. 258. ( 216 ) l'un et l’autre , ainsi que le terrain d’eau douce inter- posé entre eux, aux terrains tertiaires. Un calcaire supé- rieur que M. Marcel de Serres avait observé dans le midi de la France, et dont il croyait pouvoir faire une formation particulière sous le nom de calcaire moellon , avait été reconnu comme correspondant aux terrains marius supérieurs des environs de Paris. Aujourd’hui M. Reboul, correspondant de l’Académie à Béziers, publie un écrit intitulé: Détermination géognostique du terrain marin tertiaire, où il cherche à établir que les terrains marins supérieurs et inférieurs, y compris même le calcaire moellon de M. Marcel de Serres , n’en font réellement qu’un , qui dans le midi se montre dans toute sa simplicité, tandis que, dans les environs de Paris, des couches accidentelles et locales s’y sont inter- calées ; il s'appuie principalement sur la comparaison des fossiles des couches supérieures et inférieures , tels que les font connaître les travaux de M. Defrance sur les environs de Paris, et ceux de M. Marcel de Serres sur les départemens méridionaux. M. Reboul rapporte à la craie cette portion des terrains inférieurs qui s’en rapproche le plus par sa position, et qui abonde en Nummulites ; et la craie elle-même, malgré son immense étendue, est aussi à ses yeux une formation accidentelle du terrain tertiaire, car il considère comme appartenant à ce terrain certains calcaires des environs de Caen, qui pnt été jugés inférieurs à la craie. M. Robert a/ découvert un gite d’ossemens , sur lequel M. Cordier a fait unirapport à l’Académie , et qui ren- ferme des os analogues à ceux dont fourmillent nos (em ) couches gypseuses, dans un terrain un peu inférieur , dans le calcaire grossier près de Nanterre. Il s’y est trouvé des os de Lophiodon et d’un petit Anoplothérium. Ce fait, remarquable par sa rareté, puisqu'il n'avait point encore été observé aux environs de Paris, prouve que les quadrupèdes de cet ancien temps existaient déjà dans nos cantons à l’époque où la mer en couvrait encore une partie , et y déposait encore du calcaire coquillier ; mais il n’en reste pas moins établi que les terrains gypseux, où les restes de ces animaux abondent bien davantage, et où , sur uu espace immense, il ne se mêle avec eux que des coquilles terrestres ou d’eau douce, ont dû être déposés dans des eaux différentes de celles de la mer. MM. Brongniart et de Bonnard ont présenté à l’Aca- démie une dent d'Hippopotame , trouvée dans les grottes d’Arcis. Chaque jour l’on apprend que des os de ce genre, dont on avait autrefois nié l’existence parmi les fossiles, y Sont au contraire très-communs. Sans parler de tous ceux que l’on a troyvés dans différentes couches meu- bles, et dans les cavernes qui servaient de repaires à des tigres et à des hyènes , il vient encore de s’en découvrir une multitude dans les cavernes des environs de Palerme, qui ont été adressés au Cabinet du Roi par M. le comte de Ratti-Menton, gérant du consulat de France en Sicile. Nous avons parlé , dans notre analyse de l’année der- nière, des deux ouvrages que MM. Lecoq et Bouillet d'une part, MM. Jobert et Croiset de l’autre, publient (, 24 ) sur les os fossiles de la montagne de Perrier et de Bou- lade , près d'issoire. Les uns et les autres ont donné des coupes du terrain qui contient ces os, et de ceux qui le supportent et le surmontent; mais MM. Lecoq et Bouillet ont soumis à l'Académie un travail plus général, et qui embrasse les principales formations du départe- ment du Puy-de-Dôme, ainsi que les roches qui les composent. Des échantillons des roches elles-mêmes, au nombre de deux cents, et choisis sur soixante-quinze points différens , accompagneront quelques exemplaires de ce livre, où le gisement des assises qui les ont fournis sera indiqué sur des coupes coloriées, en sorte que rien ne manquera au lecteur pour se faire une idée précise de ce pays si célèbre parmi les géologues , surtout à cause des bouleversemens volcaniques de diverses épo- ques, dont il offre des preuves plus démonstratives qu'aucune autre contrée. MM. Jobert et Croiset, parmi les nombreux osse- mens de leur montagne, dont ils font incessamment la recherche , ont découvert récemment uñe mâchoire d’un juadrupède du genre nommé par M. Cuvier antraco- therium , mais d’une espèce particulière. La description qu'ils en ont présentée à l’Académie offre le caractère singulier d’une apophyse au bord latéral , avec laquelle le seul hippopoitame montre quelque rapport éloigné. On a prouvé dans ces derniers temps, par un grand nombre d'exemples, que les ossemens incrustés dans lés couches anciennes des terrains tertiaires , et dans celles des terrains secondaires , diffèrent assez de ceux des animaux qui vivent aujourd’hui pour que, d’après les ( 219 ) règles de la zoologie actuelle, on puisse les regarder comme appartenant à des espèces et mème souvent à des genres inconnus. Ainsi les Anoplotheriums ne paraissent ressembler, même de loin, à aucun de nos quadrupèdes, les Ichtyosaurus , les Plesiosaurus ; à aucun de nos rep- tiles, bién que les uns aïent appartenu, sans aucun doute, à la première de ces classes, et les autres à la seconde. M. Geoffroy Saint-Hilaire pense toutefois qu'il y aurait quelque témérité à affirmer que ces animaux des an- ciennes époques ne fussent point liés, à titre d'ancétres ( ce sont ses termes), à ceux qui vivent présentement , et cette idée lui semble même répugner aux lumières de la raison naturelle autant qu'aux spéculations plus réfié- chies des sciences physiques. [l engage les naturalistes à être plus confians én eux-mêmes, et leur rappelle que le droit du génie est de tenir comme existant vérita- blement ce qu’il a jugé devoir étre. Or, partant de ce point, M. Geoffroy aperçoit une réelle parenté entre les espèces perdues et les animaux actuels , puisque ces derniers sont entrés sans difliculté dans les cadres des nouvelles classifications , et qu'ils ne semblent que des modifications d’un même être, de cet être abstrait qu'il est toujours possible de désigner par un même nom , et que présentement on appelle amimal vertebre. Du reste, à considérer les différences d’un point de vue élevé, on n’a point à en ètre surpris, puis- qu'il n’est toujours question que d’organés analogues et susceptibles d’un même ordre de modifications , et que ces modifications né sont pas aussi considérables que celles que nous fait voir la monstruosité. Pensant donc (2261) que les temps d’un savoir véritablement sausfaisant en géologie ne sont point encore venus, il annonce qu'avec un sentiment plus profond et plus vrai des rapports z00- logiques, on pourra essayer une sorte de chronologie, dont il ändique la série progressive. C’est au profit de cette géologie antédiluvienne, et pour vérifier les vues de feu M. de Lamarck sur les changemens graduels des espèces , que M. Geoffroy avait entrepris des expériences sur des œufs, où il cherchait, comme il dit, à entraîner l’organisation dans des voies insolites, et dont il a donné une idée dans son écrit in- titulé : Déviations organiques provoquées et observées dans un établissement d'incubations artificielles. N assure qu'y opérant sur des masses , il a toujours obtenu le produit cherché, qu’il y a fait des monstres à volonté, et de la qualité qu’il voulait et qu’il prévoyait. À ce sujet, M. Geoffroy est conduit naturellement à s'occuper de la fameuse question de la préexistence des germes. [l ne la résout point encore ; mais il croit le moment venu où la conciliation est possible entre les deux systèmes opposés ; il suffira pour cela, selon lui, de revoir sous une face nouvelle, et d’une manière plus satisfaisante , les premiers développemens de l'être. Il se propose de courir la chance de cette entreprise. Certainement les géologistes et les physiologistes doi- vent également désirer de connaître les résultats qu'il obtiendra de ses recherches ; la théorie de la génération, la théorie de la terre , y ont un égal intérêt : la géologie en particulier, s’il parvient seulement à modifier une espèce , sera elle-même fortement modifiée dans une de ses bases principales. (221 ) Il a été question à plusieurs reprises d’ossemens hu- mains trouvés dans des cavernes et dans certaines cou- ches meubles, et, à ce que pensent quelques-uns de ceux qui les ont observés, avec des ossemens d’espèces aujourd'hui perdues et tellement rapprochés , ou même mêlés , qu'on les a jugés de la même époque et déposés en même temps. Une commission a été chargée d’exa- miner cet ordre de faits, et elle n'attend, pour en rendre compte à l’Académie, que le moment où quelques-uns des naturalistes qui lui en ont fait part, auront adressé les pièces sur lesquelles ils les appuient. M. Héricart de Thury a publié un ouvrage intéressant sur un sujet qui touche de près à la géologie, sur les puits connus sous le nom de forés et d’artésiens, dans lesquels l’eau ne se montre qu'après que l’on a percé certaines couches plus ou moins profondes qui la rete- naient, mais où, lorsque ces couches sont percées, elle monte souvent avec une rapidité surprenante, et de manière non-seulement à arriver jusqu'auprès de la sur- face du sol, mais à jaillir quelquefois assez haut au- dessus. Il faut souvent pénétrer à plusieurs centaines de pieds avant d’arriver à des eaux disposées à s'élever ainsi ; et, lorsque l’on réussit, on se procure des ressources d’une utilité infinie. Tout fait croire que ce sont des nappes d’eau descendues de collines ou de montagnes plus ou moins éloignées , et sur lesquelles pèsent des colonnes de la hauteur nécessaire pour les élever au ni- veau où elles parviennent, mais que des couches de glaise ou de pierre empèchent d'arriver à ce niveau. On a depuis long-temps l’usage de se procurer ainsi de l’eau (N 225) ) dans quelques provinces de France, d'Angleterre, d’I- talie et d'Allemagne , et l’on ne peut trop désirer que cette pratique se répande de plus en plus. Les essais heureux que l’on a faits depuis quelque temps aux environs de Paris, et, plus que tout, l'ouvrage de M. de Thury, y contribueront sans doute. Ce savant écrivain y fait connaître toutes les règles à suivre dans cette opération , les indices d’après lesquels on peut se guider, les instrumens dont on doit se servir ; il recom- mande surtout la persévérance à ceux qui font de ces sortes d'entreprises, car ce n’est bien souvent qu'après être parvenu à des profondeurs extraordinaires , et lors- que l’on désespérait du succès , que l’on a vu l’eau jaillir subitement, et même en telle abondance que lon en a été embarrassé. D’après les nombreux essais que son livre a occasionés, l’auteur se croît autorisé à penser que l'on réussira dans touie espèce de terrain secondaire qui ne sera pas trop poreux. Le sol primordial seul se refuse à ce genre de procédés, et l'on en a fait dernièrement à Lyon une fâcheuse expérience. PHYSIQUE VÉGÉTALE ET BOTANIQUE. M. Dupetit-Thouars, demeurant toujours attaché à la théorie de la végétation dont il a posé les bases en 1805, se trouve depuis cette époque engagé dans des discussions polémiques pour la soutenir. Il a dü la dé- fendre contre des attaques nominatives et directes ; mais il a eu plus souvent occasion de réclamer contre le dédain avec lequel le plus grand nombre des auteurs qui ont écrit depuis son apparition l'ont iraïtée, en Îa passant sous s'lence. Cependant il croit qu'il eùt été plus avan- (528 :) iageux pour la science qu’on l’eût soumise à une discus- sion franche , en la réduisant d’abord à ces deux propo- sitions : 1° le bourgeon est une nouvelle plante; 2° ses racines composent les nouvelles fibres ligneuses et corti- cales. Voici un extrait donné par lui-même de son travail. Sa première proposition ne pouvait donner lieu qu’à une dispute de mots, car elle dépend du sens attaché à ce mot bourgeon. Rai le premier, sous le nom de Gemma , le regarda comme une nouvelle plante. C’était une grande vérité; mais il gâta cette belle idée en pla- çant l’essence du bourgeon dans les écailles qui le recou- vrent ordinairement. Ses successeurs , laissant de côté la vérité, n’adopiérent que l’erreur, en sorte qu’elle a régné seule jusque dans ces derniers temps; mais, dans nn ouvrage publié en 1827, on ne « considère le bourgeon « que comme un organe accessoire : on donne ce nom à « l’ensemble des écailles ou tuniques qui entourent la « jeune pousse. Ainsi cette jeune pousse est nue ou sans « bourgeon, quand elle n’a aucun tégument. » Lei, selon M. Dupetit-Thouars , la vérité est positivement rejetée, et l’erreur maintenue; maïs l’une et l’autre sont pour ainsi dire masquées dans cette autre définition qui se irouve dans le même ouvrage : « Toute feuille porte un « bourgeon, et tont bourgeon est le rudiment d’une « nouvelle branche. » Notre auteur croit qu’il démontrait la vérité de sa deuxième proposition en faisant voir la parfaite conti- nuité que les fibres ont depuis la base des bourgeons jusqu’à l'extrémité inférieure , quoiqu'il n’eùt pas en- core reconnu ces fibres pour de véritables racines. C’est ‘donc plus tard qu’il les a déclarées telles , et c’est par la (224 ) série de ses observations qu'il a été conduit à ce résuitat. Il y serait, dit-il, arrivé plus tôt s’il eût fait attention à deux phrases d’un Mémoire de Lahire, inséré dans ceux de l’Académie de 1508, où ce savant dit qu'il con- sidère les nouvelles branches comme de nouvelles plan- tes, et où, comparant le bourgeon à un œuf, il ajoute que la branche qui en sort pousse en dehors, mais que la racine se confond avec l'ancienne branche , en passant entre son bois et son écorce. M. Dupetit-Thouars ne s’attribue donc d’autre mérite que d’avoir démontré la continuité des fibres ligneuses et corticales , et cela par le procédé le plus simple, en partant de témoins donnés par la nature (les vestiges des feuilles tombées ) pour présenter l'examen synchro- nique des phénomènes qui composent la végétation , en pénétrant de l'extérieur à l’intérieur. Par ce moyen il arrive au point d'attirer l'attention sur un seul des sillons ou des stries que l’on découvre sur la surface du nou- veau bois. Dans le principe k il se bornaït à faire examiner son extérieur, ce qui lui suffisait pour faire distinguer les gros tubes, des fibres simples , par leur aspect toruleux. Mais au printemps de 1828 , ayant par hasard jeté l’œil, armé d’une simple loupe, sur une jeune pousse de ro- binier faux-acacia qu'il venait d’écorcer, il reconnut à travers la substance transparente du cambium, que cha- cun de ces tubes ne paraissait composé que d’une file d’utricules , qui, toujours simple , s’étendait sans inter- ruption et sans mélange avec ses voisines, quoique sou- vent elle s’entre-croisât avec elles, et que néanmoins on pouvait la suivre à l’œil d’embranchement en embran- { 325 ) chement jusque dans un chevelu radical; et, comme cela avait lieu à quelque point d’élévation qu’il prit une jeune branche ou scion , il acquérait ainsi la certitude de pouvoir démontrer matériellement sur le plus grand des arbres de cette espèce , c’est-à-dire, sur une longueur de 4o à 5o pieds, cette continuité de fibres sur laquelle il appuie sa théorie, Mais ne serait-ce qu’une particularité de cet arbre ? On sent que M. Dupetit-Thouars a songé tout de suite à décider cette question. Pour cela, il a passé en revue tous les arbres qui se trouvaient à sa portée, en commençant par ceux qu’il connaissait comme ayant les plus gros tubes, tels que l’orme et le chène ; il est descendu jusqu’à ceux où ils sont le plus minces, comme le tilleul , le pommier, le lilas , et dans tous ila retrouvé la même apparence. Il en a été de mème du plus grand nombre des herbes. Il pouvait donc, par le secours d’une simple loupe , estimer le calibre des tubes de chaque espèce, et en composer un tableau comparatif. En général , c’est dans les Légumineuses qu’ils sont le plus larges ; de plus, on peut les y découvrir facilement pendant tout le temps que leurs scions peuvent s’écor- cer, au lieu que, sur beaucoup d’autres plantes, ces tubes ne sont bien manifestes qu’au printemps, et cela parce que les premières fibres qui partent des bourgeons se réunissent en tubes, et que ce sont eux qui forment cette ceinture qui sépare chaque couche annuelle de celle qui ia précède. Cette observation présentant la dé- cortication sous un nouveau point de vue, a donné les moyens à M. Dupetit-Thouars de confirmer plusieurs de ses assertions, notamment celle que ces grands tubes, qui ont tant exercé la sagacité des physiologisies , n’é- XXL. 15 ( 256 ) tant qu’une réunion pour ainsi dire fortuite de paren- chyme , n’exercent qu'une action secondaire sur la végé- tation; mais, quels que soient leur nature et leur usage, leur première formation déterminée si facilement est d’un grand secours pour vérifier ce qu'il y a de plus important dans les bases de sa théorie. M. Dupetit-Thouars fait remarquer que c’est dans l'observation directe du eours naturel de la végétation qu’il a puisé les bases de cette théorie : c'était donc là que, selon lui, il fallait d’abord se porter, soit pour l’ad- mettre , soit pour l’attaquer ; maïs il assure qu'on ne l’a point fait, et que jusqu’à présent ce n’est que dans ce cours contrarié qu'on a pris quelques traits isolés pour la combattre. Il a donc dû de prime abord répondre de même isolément à chacune de ces attaques , que Pon a principalement fondées sur les décortications ; mais il a fini par les réunir méthodiquement dans un Mémoire , en partant de la plus simple pour arriver à la plus com- posée, d’où résulte une esquisse de sa théorie, présentée sous un nouveau point de vue. Dans tous ies arbres ( monocotylédons et dicotiylé- dons), il lui parait évident que l'accroissement en dia- mètre est le résultat d'un point vital particulier, qui existe à l’aisselle des feuilles , et qui opère cet accroisse- ment parce qu'il parait que d’un côté il à une tendance à se mettre en contact avec l'air ou la lumière, et de l’autre avec l'obscurité ou l'humidité. Pour y parvenir, de ce point comme centre, il se prolonge en haut et en bas des fibres continues, qui, aboutissant en dehors, s'épanouissent en feuilles ordinairement vertes, et, en dedans , en racines fibreuses ; et ces fibres prennent, en ( 227) descendant, la matière de leur accroissement dans une substance visqueuse (le cambium) qui se trouve déposée entre l’ancien boï$f*t l'enveloppe extérieure. Ces deux couches sont formées de fibres continues, qui s'étendent du sommet de l’arbre jusqu’à l’extrémité des racines : leur simple inspection suffit pour le démon- trer ; la facilité avec laquelle elles:se séparent en s’éten- dant en longueur, en fournit une nouvelle preuve. Aïnsi, quelle que soit l'élévation d'un arbre, qu’il ait plus de 100 pieds de haut, ilest certain que ces deux couches se sont formées dans moins d’une année (M. Du- petit-Thouars croit avoir démontré que c'est, pour le plus grand nombre, dans l’espace de six semaïnes à denx mois ). A présent, si l’on considère chaque fibre comme un 3, il est'évident que comme tel il doit avoir deux bouts : l’un existe manifestement à l’extrémité du chevelu des racines , et l’autre au sommet de l’arbre. Se forme-t-il progressivement ou simultanément sur toute la lon- sueur ? Darwin a maintenu à peu près cette dernière opinion , en soutenant , dans sa phytonomie ‘publiée ‘en 1800, que chacune des anciennes (fibres en forme ‘de nouvelles. Cette idée a été reproduite en 1813, en ces termes : « Qu'on est porté à croire que les couches cor- & ticales ét ligneuses sont produites par le cambium, « sübstance organisée qui se moule sans doute ‘sur les . & fibres corticales et ligreuses. » Brifin , en 1825, on lui a donné cette nouvelle forme : « Aïnsi, tandis que & M. Dupetit-Thouars attribue aux bourgeons l’origine « des fibres, je suis d'avis que les feuilles produisent la M 226 ) « nourriture , et que les fibres sont développées par le « liber et l’aubier. » On ne peut disconvenir qué cenibres semblent se suivre les unes les autres dans l’Ordre naturel; mais, que celui-ci soit dérangé, on leur verra prendre une autre diréction. Aïnsi , que l’on coupe l'extrémité d’une jeune plante ou scion, c’est-à-dire qu’on le taille, le bourgeon , devenu terminal, s’élancera, et au bout d’un temps assez court on verra , en dépouillant sa base , que la nouvelle couche de bois, qui serait descendue per- pendiculairement dans l’ordre naturel, contournera le sommet de la branche, et finira par former un cercle complet. Qu'on enlève un lambeau d’écorce de telle f- gure qu'on voudra, carré, par exemple , il se formera un bourrelet à la partie supérieure et sur les deux côtés. Si on dépouille ce bourrelet de son écorce , on verra que les fibres qui arrivaient perpendiculairement se seront détournées à droite et à gauche , et auront repris la per- pendiculaire dès qu’elles seront parvenues au bas de la plaie. Qu'on découpe l'écorce en hélice, on verra les fibres suivre la même route. Enfin , qu'on découpe l’é- corce en lanières sur une certaine longueur , qu'on dé- tache ces lanières vers leur milieu, et qu’on les tienne détachées du corps ligneux, celui-ci, dans plusieurs arbres, se dessèchera , et périra jusqu’à une profondeur plus ou moirs grande. Alors les fibres entreront dans l’é- corce, la parcourront tant qu’elle sera détachée ; mais elles rentreront dans le corps ligneux dès que cela de- viendra possible. Il est évident, par ces exemples , que ce ne sont point les anciennes fibres soit ligneuses, soit corticales , qui déterminent la formation des nouvelles , ( 229 ) etqu’elles ne se forment pas simultanément sur toute la longueur : elles doivent donc venir de l’une des deux extrémités , soit des racines, soit de la cime. 11 semble qu'il se présente un moyen bien simple pour reconnaître à laquelle appartient le point générateur : c’est d'enlever sur le milieu du tronc une ceinture d’écorce; si la cause du grossissement n'appartient qu’à l’un de ces points, il n'y aura de renflement que de son côté. Or, tous ceux qui ont tenté cette expérience, et ils sont nombreux, car elle a été tentée dès 1666, à l’époque de la fondation de Ja Société royale de Londres , sont d’accord sur ses principaux résultais.|Îls ont toujours vu un grossisse- ment évident au-dessus de la plaie, tandis qu'il n’y en avait point au-dessous , et la décortication leur a appris que cela provenait de ce que les deux couches d’écorce et de bois s'étaient formées à l’ordinaire , mais que, par- venues à l'anneau incisé , elles n'avaient pu s’y prolon- ger. Tout paraissait donc hors de doute ; mais un nouvel expérimentateur annonce que, dans ses essais, il a trouvé le même nombre de couches au-dessus de la sec- tion qu’au-dessous ; mais que la couche du haut, mieux nourrie , est plus épaisse, et celle d’en bas plus mince et plus maigre. Il croit pouvoir conclure de là que les couches ligneuses se développent par la formation de fibres qui ne viennent pas des bourgeons ; mais l’auteur avouant que cette expérience n'a pas peut-être été faite avec tout le soin désirable , et comme elle lui paraît dé- cisive, il engage M. Dupetit-Thouars lui-même à la répéter. Celui-ci, pour répondre à cette marque de,con- fiance, s’est borné à déposer entre les mains de son adversaire Ja moitié d’un tronçon de Thuya, qui avait ( 250 ) survécu dix ans à l’enlèvement complet d’un anneau d’écorce , qui par conséquent présentait Sur sa tranche supérieure dix couches de plus que sur l’inférieure ; mais il n’avait pas besoin de nouveaux matériaux pour répondre à la difficulté qui était présentée : ïl avait été au-devant depuis long-temps. Ainsi, quoiqu'il eût pro- noncé que par suite de la circoncision il y a augmenta- tion en diamètre au-dessus de la plaie, et point au- dessous, il disait cependant : S'il s’y trouve un bourgeon, il se développera et déteriminera une augmentation, qui, comme dans la branche taillée , contournera le tronc. Qu’à limitation de Hales et de Duhamel, on enlève plu- sieurs anneaux l’un au-dessus de l’autre , de manière à laisser d'espace en espace des anneaux d’écorce isolés, ceux de ces derniers anneaux qui n'auront pas de bour- geons ne présenteront aucune augmentation, tandis qu'il y en aura lorsqu'il s’ÿ trouvera des bourgeons. Il faut remarquer ici qu'il y a presque toujours un bourrelet à la partie inférieure, mais pour l'ordinaire peu remar- quable (c’est ce qui, selon M. Dupetit-Thouars , aura trompé l'observateur cité plus haut) ; mais sur quelques arbres , tels que l’orme et le marronnier d'Inde, il sort de ce bourrelet des tubercules qui grossissent petit à petit, et qui deviennent de véritables bourgeons , de ces bourgeons que l’on nomme adyentifs : alors il y a de l'augmentation. Il paraît donc évident que ce sont les bourgeons qui déterminent les fibres ; mais que devien- nent celles-ci ? Si l’on adapte au-dessous de la circonci- sion un vase quelconque, dans lequel on mette de la terre ou toute autre substance qu'on maintienne con- stamment humide, même de l’eau pure, on voit sortir Va5t ) du bourrelet des mamelons qui s’allongent et devien- nent de véritables racines : c'est ce qu'on nomme mar- cotte. On la fait plus simplement, en couchant une branche daus la terre, en y pratiquant la circoncision ; mais elle réussit souvent sans cela. De quelque manière qu'on agisse, au bout d’un certain temps, on aperçoit que la partie qui sort de terre est plus grosse que celle par laquelle elle entre. Le contraire avait lieu lorsqu'on a commencé l'opération. Si on l’arrache , on aperçoit un graud nombre de racines. En décortiquant cette mar- cotte , on voit que ces racines sont composées de fibres continues , dont on ne trouve l’extrémité supérieure que sous chacun des nouveaux bourgeons. De plus, on sait qu'il est un grand ombre de plantes desquelles on peut prendre une portion de branches, pour en former ce qu’on nomme une bouiure. Au bout d'un certain temps, les bourgeons se développent comme s’ils tenaient à l'arbre, tandis qu’il sort des racines de la partie enfouie, et l’on se trouve ainsi avoir de nouveaux individus. Quelquefois il n'y a pas de bourgeons apparens, soit naturellement , soit parce qu’on les a Ôôtés en les ébor- gnant ; cependant elles réussissent également : tels sont les saules. M: Dupetit-Thouars a fait voir qu'il y avait des Sourgeons moins apparens, qu'il nommait supplé- mentaires; il les attribuait d’abord aux stipules , maïs il a reconnu depuis qu'ils appartenaient aux deux seules écailles qui renferment le bourgeon dans ces arbres. Dans des cas plus rares, ce sont les bourgeons qu’il nomme adventifs qui se manifestent. Ainsi, il est évident que dans tous ces exemples la formation des courhes est déterminée par la partie supé- (232) rieure , qu’elle part des bourgeons, et qu’elle va se ter- miner au chevelu de la racine. Tout l’espace qui se trouve entre ces deux extrémités paraît indifférent à la nature, puisqu'il peut être raccourci par l’homme. De cette suite de phénomènes et d'expériences , il résulte manifestement que le cambium est aussi-bien que la sève, dont il est une émanation directe, une ma- tière indifférente, qui ne prend de consistance qu’autant qu’elle est employée , et c’est le bourgeon qui seul peut la mettre en œuvre , en déterminant les fibres corticales et ligneuses qui doivent établir sa commuication avec la terre ou le réservair de l’humidité : ce sont donc ses racines. Il résulte encore des mêmes faits qu'il y a deux sub- stances dans les végétaux ; le ligneux et le parenchyma- teux, C’est par cette suite d'observations, rendues ici à peu près dans ses propres termes, que M. Dupetit-Thouars croit répondre à toutes les attaques dirigées contre sa théorie , ou du moins contre l’une de ses deux parties, la reproduction par bourgeons. Il l'a développée dans ses Essais sur la végétation , mais iln’en est pas de même de la reproduction par graine ; jusqu'à présent il a seu- lement fait pressentir sa manière de l’envisager cosime une suite de la première. La fleur n’est qu’une transfor- mation de la feuille et du bourgeon qui en dépend. Ce ne sera que dans le Cours complet de Phytologie, dont il a renouvelé l’annonce cette année, qu'il pourra donner le développement de cette proposition. Dans un Mémoire lu à l'Académie par M. de Mirbel, (253 ) en 1828, il avait indiqué plutôt qu'exposé ses découver- tes sur l'œuf végétal ; mais il annonçait un supplément à ce premier travail. Son nouveau Mémoire offre, dans un ordre méthodique , l’ensemble de ses observations : c’est l’histoire, telle qu'il la conçoit, de l’organisation et des développemens des ovules (1). Quand ces petits corps ont atteint le terme de leur croissance, c'est-à-dire, quand ils sont arrivés à l’état de graine, on peut en général les classer, d’après leurs formes, dans l’une des trois divisions suivantes : les orthotropes , les anatropes et les campulitropes. Les graines orthotropes sont fixées à l'ovaire par leur base; leur forme est parfaitement régulière; leur axe est rectiligne. Les graines campulitropes sont également fixées à l'ovaire par leur base; mais elles sont irrégu- lières , et leur axe est courbé de telle sorte que ses deux bouts se joignent. Les graines anatropes ont, comme les orthotropes, l’axe rectiligne , mais elles sont renversées sur leur funicule ; elles y adhèrent longitudinalement, et elles tiennent à l'ovaire au moyen de ce cordon , par un point très-voisin de leur sommet. Nous expliquerons tout à l’heure comment ces trois formes se produiseni ; mais, avant d'aller plus loin, il est indispensable, pour la clarté de cetie analyse, de dire quelques mots des diverses parties qui constituent l’ovule. (x) Le premier Mémoire de M. Mirbel a été inséré dans les Annales des Sciences naturelles, t. XVII , p. 302. Quoique l’analyse qui suit expose une partie des faits renfermés dans ce Mémoire, comme elle con- tient aussi les résultats compris dans le second Mémoire, inséré parmi ‘ceux de l’Institut , nous ayons cru devoir donner entièrement cette analyse. (R.) (334) La primine (testa de MM. R. Brown et Ad. Bron- gniart), c'est-à-dire l'enveloppe extérieure, reçoit le funicule. Le point où le faisceau vasculaire de ce cordon traverse la primine pour s'attacher à la seconde enve- loppe ou secondine (membrane interne de M. R. Brown, tesmen de M. Ad. Brongniart), est la chalaze , que M. Mirbel considère comme la base organique de lo- vule. La portion du funicule soudée le long de la pri- mine , dans les anatropes, est le raphé. Les vaisseaux qui partent de la chalaze pour se répandre dans l’épais- seur de la paroi du sac priminien, sont les nourriciers. Une ouverture , l’exostome ( foramen de Grew et de M. R. Brown, micropyle de M. Turpin ), indique le sommet de la primine, et par conséquent de l’ovule. La. secondine est un sac dont la paroï, dépourvue de vaisseaux , est totalement formée de tissu cellulaire. Elle adhère par sa base à la chalaze , et elle a à son sommet une-ouverture, l’endostome ( foramen de M. R. Brown), qui, correspond à l'ouverture de la primine. La troisième enveloppe, ou tercine (rucleus de M. KR. Brown, amande de M. Ad. Brongniart), sac quin'a aucune ouverture visible, est fixée au fond de la secon- dine. Cette troisième enveloppe en renferme une qua- trième , la quartine , qui paraît être attachée au sommet de sa cavité , et la quartine contient la quintine (mem- brane additionnelle de M. R. Brown, sac embryon- naire de M. Ad. Brongniart), dernière euveloppe qui adhère à la fois au sommet et à la base. C’est à la partie supérieure de la quintine que paraît l'embryon : il est soutenu par un fil grêle, qui prend le nom de suspen- seur. C235) Toutes ces parties n’existent pas, ou du moins ne sont pas visibles dans tous les ovules; et, dans ceux même où on peut les observer toutes, elles ne se montrent que successivement. Quand les premières commencent à paraître, on n’aperçoit encore aucun rudiment des der- nières, et quand celles-ci se sont développées, les autres sont souvent devenues méconnaissables. Il résulte des observations de M. de Mirbel, que cette série de développemens offre cinq périodes distinctes. Dans la première, l’œuf végétal est à l’état naïssant : c'est une excroissance pulpeuse, conique , sans ouver- ture. Dans la seconde, l’exostome et l’endostome s’ou- vrent : on les voit se dilater insensiblement jusqu’à ce qu'ils aient atteint le maximum de eur amplitude : l'existence de la primine et de la secondine , dont ces deux ouvertures sont les orifices, est manifeste. Celle de la tercine ne l’est pas moins; mais elle n’est alors qu’une masse celluleuse arrondie ou conique, dont Île sommet fait saillie hors de la secondine } au fond de laquelle sa base est fixée. Dans la troisième période, la primine et la secondine , soudées ensemble, prennent un accroissement considérable, ferment leur double ori- fice, et cachent par conséquent la tercine , qui souvent devient un sac membraneux. Dans la quatrième période, la quartine naît de toute la surface de la paroi interne de l’ovule ; la quintine s’allonge en un boyau qui tient par son extrémité inférieure au point correspondant à la chalaze , et, par son extrémité supérieure, au point cor- respondant à l’endostome. C’est dans cette partie de la quintine que se montre, sous la forme d’un globule sus- pendu par un fil très-délié, la première ébauche de l’em- ({ 286%) bryon. On peut considérer cetie période comme l’époque où l’ovule passe à l'état de graine. Dans la cinquième période , la quintine s’élargit , l'embryon développe ses cotylédons ainsi que sa radicule ,, et atteint sa grandeur naturelle ; la matière du périsperme se forme, soit dans les cellules de la quintine , soit dans celles de la quar- tine ou de la tercine : alors il n’est plus possible, de reconnaître les diverses enveloppes de l’ovule. Les sou- dures , les productions adventives, les altérations qui résultent du desséchement et de la compression, mettent dans la nécessité de donner aux enveloppes de la grainé d’autres noms que ceux qui désignent les enveloppes ovulaires. Passant aux changemens de forme et de position qu’é- prouve l’ovule, depuis sa naissance jusqu’à sa transfor- mation en graine , M. Mirbel nomme statique des deve- loppemens la force de croissance ou d'inertie, ou de rétraction des diverses parties , et il fait voir comment, dans l’ovule, ces causes agissant tantôt de concert, tantôt isolément, altèrent ou conservent la régularité de la forme primitive. Ce n'est, selon lui, que l'application ‘d’une loi générale de l’organisalion à un fait particulier. Toui ovule , en naissant, a une forme régulière, et l’on conçoit qu'un développement égal dans tous ses points devra maintenir sa régularité, mais que si la force de développement est plus énergique d’un côté que d’un autre , il s’ensuivra une irrégularité quelconque. Il y a équilibre de forces dans le développement des ovules qui passent à l’état de graines orthotropes, puisqu'ils naissent et demeurent réguliers. Il n’en est pas de même de ceux qui deviennent des graines anatropes ou campu- COR (237) litropes, car la force des développemens y est inégale- ment répartie dans les côtés opposés. Quand un ovule tend à l’anatropie, la chalaze , qui n’est que le bout antérieur du funicule , se porte en avant, dans une di- rection un peu oblique, et fait tourner l’ovule sur lui- même, de manière que sa base va prendre la place de son sommet, et réciproquement : cette espèce de cul- bute s'exécute en assez peu de temps, et, par une série d’observations habilement combinées , on peut en suivre tous les progrès. Cornme la chalaze n’est que le bout du funicule , l’évolution ne saurait avoir lieu sans un allon- gement de ce cordon égal au moins à la longueur de l’axe de l’ovule. Aussi , dans les anatropes, une portion du funicule (cette portion que les botanistes nomment le raphé), soudée latéralement à la primine, s'étend depuis l’exostome jusqu’à la chalaze. Trois caractères distinguent tout ovule destiné à offrir dans sa maturité le type de la campulitropie, savoir : 1° l'union indissoluble du hile et de la chalaze; 2° la grande force de développement de l’un des côtés de l’o- vule; et 3° l’inertie où même la rétraction du côté opposé ; ce dernier demeure stationnaire ou bien se rapetisse, tandis que l’autre s’allonge. Si celui-ci était libre dans son développement , sans doute il s’allongerait en ligne droite ; mais il est contrarié par la force d'inertie ou de rétraction de son antagoniste , et ne peut croître qu'en tournant autour du centre de résistance ; de là cette forme annulaire que prennent la plupart des campuli- tropes. À ne considérer les graines qu’en général , on serait tenté de croire qu'elles pourraient toutes se partager ( 558 ) entre les trois classes des orthotropes , anatropes:eticam- pulitropes ; maïs , en y regardant de plus près, on recon- naît que les caractères d’une classe se combinent quel- quefoïis avec ceux d’une autre; que, dans (certaines espèces, les mêmes résultats naissent de causes ‘difié- rentes ; qu'il n’est pas sans exemple que les développe- mens s'arrêtent avant d’avoir atteint la perfection ‘du type qu’ils semblent destinés à reproduire ; ou bien que, se poursuivant au-delà de la limite ordinaire, ils donnent naissance à des formes anomales. Sous ce point de vue, le champ de l'observation devient immense , puisqueïles graines sont différentes dans les divers groupes naturels. M. de Mirbel a remarqué déjà -beaucoup de modifiea- tions curieuses. Nous nous bornerons à en citer deux'ou trois. Selon la loi commune, dans le Quercus, le Corylus, l’Ainus , etc., l’ovule très-jeune est ‘orthotrope ; il grandit sans changer de position. À la vérité, toute la partie supérieure ne prend aucun accroissement sensi- ble ; maïs sa partie inférieure acquiert beaucoup d’am- pleur, s’allonge par en bas, et entraîne avec elle la cha- laze, qui se sépare du hile resté stationnaire ,à très-peu de distance du point culminant de l’ovule : la séparation du hile et de la chalaze ne peut s’opérer sans qu’il yait en même temps production d’un raphé latéral. Voïlà donc tous les caractères de l’anatropie, ‘et cependant l’ovule a conservé la position qu'il avait originairement. Nul doute que la présence d’un raphé :ne soit une altération du type campuliirope. Cette anomalie provient de ce que les premiers développemens de l’ovale sont absoltment semblables à ceux des ovules anatropes. Dans le Pisurn sativum, le jeune ovule se renverse tout (239 ) d’une pièce; son sommet va rejoindre le hile, sa base prend la place de son sommet , et depuis le hile jusqu'à la chalaze, qui est diamétralement opposée à l’exostome, s’allonge un raphé latéral. Si les développemens étaient terminés , la graine du Pisum sativum serait anatrope ; mais il n’y a que le côté où est placé le raphé qui de- vienne stationnaire; l’autre continue de croître, et la forme campulitrope prévaut bientôt sur la forme ana- trope. La graine du Pisum offre donc la combinaison de deux types : elle est amphitrope. Nous citerons un dernier exemple, et ce n’est pas le moins remarquable. En général il est de règle que la radicule soit tournée vers l’exostome , et que l’autre ex- trémité de l'embryon regarde la chalaze ; la position est pourtant différente dans l’ovule campulitrope des Pri- mulacées et des Plantaginées : cette anomalie résulte encore de l’inégalité des développemens. La primine , par l’effet de la croissance extraordinaire de son côté ex- tensible.et de la rétraction graduelle de son autre côté, porte incessamment son exostome vers la chalaze , et ces deux bouts de l’ovule ne tardent pas à se confondre; mais le côté extensible de la secondine, ainsi que celui de la tercine , cessant de croître avant le côté correspon- dant de la primine , äl s'ensuit que embryon, qui ne sépare jamaïs sa radicule du sommet des enveloppes internes , devient stationnaire avec l’endostome , tandis que l’exostome poursuit sa route, et ne s’arrête que quand il a atteint la base de l’ovule. M. de Mirbel conclut de ses nombreuses observations que le développement des cvules est ordinairement le même dans les diverses espèces qui constituent chaque groupe naturel. Ainsi, selon l’auteur, des recherches Cat ) de ce genre ne sont pas seulement utiles aux progrès: de l'anatomie et de la physiologie végétales , elles fournis- sent encore à la botanique philosophique des caractères d'autant plus importans, qu’ils donnent à la classifica- tion la sanction de la physiologie. M. Dunal , correspondant de l’Académie , à Mont- pellier, a publié deux dissertations sur certains organes de la fleur, qui, ne rentrant clairement ni dans ceux qui composeni d'ordinaire le calice ou la corolle, ni dans les organes de la reproduction, ont été considérés comme anomaux, et sont devenus pour les botanistes le sujet de discussions nombreuses. Sur la base des lanières du calice ou des sépales, il voit d’abord dans beaucoup de fleurs des organes glanduleux de formes variées, qu’il nomme lépales, parce que le plus souvent ils représen- tent de petites écailles. Plus intérieurement il distingue trois cercles d'organes qui ont entre eux des rapports intimes ; les pétales, qui alternent avec les sépales, et des étamines de deux ordres , dont les unes répondent aux pétales, et les autres alternent avec eux, ou, en d'autres termes , répondent aux sépales. Très-souvent les étamines ont à leur base une écaille diversement si- tuée, qui se soude parfois à leur filet ou s’y unit inti- mement ; d’un autre côté, l’anthère est dans certaines fleurs privée en tout ou en partie de pollen, ou rem- placée par une glande, et alors l’écaille staminale se développe davantage, en sorte que le pétale lui-même n’est pour M. Dunal qu'une étamine d’un rang plus ex- térieur, et privée d’anthère , et les écailles , les pétales , les corps glanduleux , les étamines stériles ou fertiles, ne sont que des états différens d’un mème organe. (241) Ces organes peuvent s'unir latéralement, et de là viennent les coroiles monopétales , celles qui portent des anthères , et beaucoup d’autres combinaisons que l’au- teur énumère , en faisant connaître tous les modes d’ad- hérence et toutes les métamorphoses de ces écailles ou lépales de diverses sortes ; ce qui l’aide à ramener à une théorie commune des structures en apparence fort hé- téroclites. Dans les Passiflores, par exemple, les deux cercles ou couronnes de filamens sont des cercles exté- rieurs d’étamines rudimentaires , mais multipliées par le dédoublement, ou ce que l’auteur appelle choristées , et il y a un troisième cercle intérieur de cinq étamines fécondes. Mais le pius souvent ce sont les cercles inté- rieurs qui prennent la forme rudimentaire, et forment alors autour de l'ovaire des anneaux de diverses formes. L'auteur se représente en quelque sorte une fleur idéale, dans laquelle seraient réunis tous les organes qui s’observent séparés dans telle ou telle fleur, mais dont il mauque ioujours quelqu'un dans chaque fleur particu- lière ; elle lui paraît formée de trois systèrnes distincts, chacun composé lui-même de plusieurs cercles ou verti- cilles d'organes de nature semblable. Le plus extérieur de ces trois systèmes est celui du calice , dont le calice proprement dit est le cercle inté- rieur ; les involucres, ou calices extérieurs des bota- nistes , sont les deux auires. Le système intermédiaire , ou celui des organes de la fécondation , comprend les pétales , les étamines et leurs écailles ou lépales ; et l’auteur y distingue deux séries, qu'il nomme androcées. La première comprend un ver- ticille externe, formé des pétales et des étamines qui XXI, — Novembre 1830. 16 ( 242 ) leur sont opposées , et un inierne , des étamines qui al - ternent avec les pétales. L’androcée intérieure forme de mème deux verticilles , l’un opposé, l’autre alterne aux pétales ; et c'est celui-ci qui demeure le plus souvent imparfait. Vient enfin le troisième système, ou celui des organes de la reproduction des organes femelles, ou le gynécée, comme l’auteur le nomme : il se compose de deux ver- ticilles. Les organes anomaux placés entre le calice et le fruit, quels que soient leurs formes, leurs textures et leurs autres caractères , font partie des verticilles du système mâle. Chacun d’eux remplace ou une anthère, ou une étamine, ou une partie quelconque d’un de ces verti- cilles; libres ou réunis par les côtés , ils constituent des verticilles rudimentaires , tantôt situés entre le fruit et l’androcée fertile, tantôt entre cette dernière et le ca- lice. Nous ne pouvons suivre M. Dunal dans les nom- breuses analyses de fleurs qu’il présente à l'appui de sa manière de voir; mais nous dirons qu’il reconnaît que, dès 17990, M. Gœthe envisageait ces organes anomaux à peu près comme lui, et que sa dissertation ne fait qu'appuyer sur des observations plus nombreuses la théorie de ce célèbre poète. Dans sa seconde dissertation, M. Dunal cherche à éta- blir que les organes colorés et les organes glanduleux de la fleur, pendant leur développement, changent le gaz oxygène en acide carbonique , comme la graine pendant sa germination ; qu’ils produisent également de la cha- leur, au moins en certains cas ; que ces deux effets sont ( 245 ) en raison directe de leur matière glanduleuse , et en raison inverse de leur matière verte ; qu'il en suinte un liquide sucré , formé aux dépens de la fécule qu'ils ren- ferment, ce qui est encore semblable à ee qui se passe dans la germination ; enfin, que tous ces phénomènes acquièrent leur maximum d'intensité à l’époque de la plus grande activité des fonctions sexuelles ; d’où il con- clut que leur destination est de fournir l’aliment aux organes sexuels, comme celle de la graine est d’en four- nir à la plumule. La famille des Sapindacées , ainsi nommée du Sapin- dus , arbre des Indes qui lui appartient , et dont le fruit a une enveloppe charnue que l’on emploie dans ce pays en guise de savon , a été bien déterminée par M. de Jussieu en 1789 , dans son Genera plantarum; et, en 181r , ce célèbre botaniste l’a soumise à un nouvel exa- men , et ya reporté plusieurs genres , auxquels MM. de Candoile et Kunth en ont réuni récemment deux nou- veaux. M. Cambessèdes vient d’en reprendre l’étude , à l’oc- casion des plantes rapportées du Brésil par M. Auguste Saint-Hilaire. Il la caractérise comme contenant des arbres et arbrisseaux souvent sarmenteux, et un petit nombre d'herbes ; comme ayant des feuilles alternes , pennées ou trifoliées , rarement simples ; des fleurs po- lygames disposées en grappes ; un calice à cinq feuilles , tantôt libres , tantôt soudées ; une corolle à cinq pétales hypogynes, alternes avec les divisions du calice ; des éta- mines au nombre de cinq à dix, et seulement dans un genre , les Prostea , de vingt, insérées à un disque très- ( 244 ) variable ; l'ovaire supère , à trois loges, rarement à deux ou à quatre , dont chacune contient d’un à trois ovules ; un fruit capsulaire ou charnu , un embryon sans péri- sperme , roulé en spirale , et la radicule tournée vers le hile. L'auteur discute les genres établis dans cette famille, en détruit plusieurs , en réunit, par exemple, jusqu’à dix au seul genre du Cupania, en admet beaucoup de nouveaux , rectifie plusieurs erreurs de leur description, et les divise en deux sections, dont la première, nommée plus particulièrement Sapindacées, comprend les genres à loges monospermes , au nombre de dix-sept, dont deux nouveaux ; la seconde, appelée Dodonéacées, les genres à deux ou trois ovules par loge, dont il n’y a que quatre. Il représente , par des dessins exacts, la fructification de tous les genres, et donne la description de beaucoup d'espèces nouvelles. M. Achille Richard s’est proposé de soumettre à une analyse scrupuleuse les plantes de la famille des Rubia- cées, si intéressantes par les produits que plusieurs d’entre elles offrent à la médecine et aux arts , tels que les quinquina, les ipécacuanha, le café, la garance, etc., mais en même temps si nombreuses, que l’on n’en compte pas moins de mille ou douze cents dans les ou- vrages publiés jusqu'à ce jour, et que les genres dans lesquels l’auteur les répartit vont à plus de cent cin- quante , quoique partout il exprime l'opinion que, pour l'avantage de la botanique, le nombre des genres devrait plutôt être restreint qu'augmenté. ( 245 ) Les Rubiacées ne sont jamais lactescentes , ce qui aide à les faire distinguer des Apocynées , avec lesquelles elles ont beaucoup de rapports. Leurs feuilles sont ver- ticillées ou opposées, et accompagnées alors de stipules intermédiaires, dont chacune, selon M. Richard, résulte de l’union des stipules des deux feuilles entre lesquelles elles sont situées. Le sommet de l’ovaire porte constam- ment un tubercule charnu , que l’auteur nomme disque épigyne. La plupart des genres dont l'ovaire a plusieurs loges n’ont cependant qu’un stigmate à deux lobes. Cetie famille qui, lorsqu'on la considère en masse, semble très-distincte de celles qui l’avoisinent , ne pré- sente plus des limites aussi prononcées quand on entre dans le détail. Certains genres à ovaires supères , et même quelques autres qui n’ont pas toujours des stipules , ressemblent d’ailleurs tellement aux Rubiacées , que l’on ne se déter- minerait qu'avec peine à les en exclure; et, ce qui est remarquable, c’est que, tandis que ce caractère de la position de l’ovaire, regardé comme un des plus essen- tiels, varie non-seulement dans cette famille, mais dans trois autres, que M. Richard réunit avec elle en une classe naturelle , les Loganées, les Gentianées et les Apocynées, le plus chétf de tous les caractères , celui des feuilles très-entières, c'est-à-dire, sans aucunes dents ai incisions , y est absolument invariable. L'auteur distribue ses genres de Rubiacées en deux sous-ordres et en tribus, d’après des caractères tirés du nombre des graines que le fruit contient, et de la nature du péricarpe ; mais il nous est impossible de le suivre dans ce détail, non plus que dans la répartition géogra- ( 246 ) phique qu'il fait de ses différentes tribus. La partie la plus considérable de son travail, la plus importante, celle qui lui a coûté le plus de peine et de travail, la description de ses genres, n’est mème pas susceptible d'analyse. Un motif semblable nous prive aussi de l'avantage d'insérer dans notre ouvrage une Notice suffisante de l'immense travail auquel M. Henri de Cassini s’est livré sur les plantes à fleurs composées, dites Syranthérées , famille dans laquelle il admet jusqu’à 519 genres , dont 324 ont été créés par lui, et reposent sur les observations délicates dont nous avons eu quelquefois à rendre compte , et qui portent sur toutes les parties de la fruc- tification. Les genres sont répartis en vingt tribus, dont on peut prendre au moins quelque idée générale d’après les noms que l’auteur leur a imposés , et qui sont déri- vés de ceux des genres les plus connus de chacune; ce sont : Les Lactucées ; Les Carlinées ; Les Centauriées ; Les Carduinées; Les Échinopodées; Les Arctotidees; Les Calendulées ; Les Tagétinees ; Les ÆHélianthees ; Les Æmbrosices ; Les Ænihémidées; Les Jriulees ; Les Astérées ; Les Sénécionées; Les Nassauviées ; Les Mutisiées ; Les Tussilaginées ; Les Ædénostylées ; Les Eupatoriées ; Les Vernoniées. (247 On trouvera l'énoncé des caractères les plus généraux de ces tribus , et le catalogue des genres qui les compo- sent , dans le tome XVII des {nnales des Sciences na- turelles , l'un des recueils périodiques dont les rédac- teurs sont le plus soigneux de publier promptement tout ce qui peut concourir aux progrès de l’histoire de la nature. Ces progrès étonnans dans tous les règnes, quant au nombre des espèces , et à ces variétés de leur conforma- tion qui donnent lieu à créer des genres , ne le sont nulle part autant qu’en botanique. Ce que nous venons de dire des familles étudiées par M. de Cassini, par M. Richard, il faut le dire aussi de celles dont M. de Candolle a traité cette année, dans la suite de ses Mémoires pour servir à l'histoire du règne végétal; les Onagraires, les Paro- nychiées, les Cactées, et les Ombellifères. Xl subdivise la première en cinq tribus , en détache le genre Zrapa, que M. Dimr considère comme une famille à part (les Hydrochariées ); la seconde , celle des Paronychiées , a sept tribus : les Cactées n’en ont que deux, mais aussi sont-elles réduites à l’ancien genre Cactus de Linné, qui maintenant en forme sept. Quant à l'immense fa- mille des Ombellifères , 1! les divise en trois sous-ordres et en seize tribus. Les genres y sont au nombre de 148, dont 58 ne renferment chacun qu’une espèce. Le nom- bre total des espèces qui, dans les derniers ouvrages de Linnæus , en 1764, n'était que de 199, s’élève aujour- d’hui à 933. Dans chacun de ces Mémoires, M. de Can- dolle ajoute des genres nouveaux , et fait connaître de nombreuses espèces inédites; mais, pour donner une ( 248 ) idée de ces prodigieuses énumérations , il faudrait pres- que les copier. Ceux qui ne peuvent consulter l'ouvrage lui-mème en irouveront des extraits fort bien faits dans le Bulletin universel de M. de Férussac, partie des sciences natu- relles , t. XVII, XVIL et XIX. La même richesse se remarque dans les grands ou- vrages de botanique qui se continuent heureusement. La Flore du Brésil méridional, commencée par M. Auguste Saint-Hilaire , nouvellement nommé membre de l’Aca- démie, mais dans la rédaction de laquelle le mauvais état de sa santé l’oblige de se faire suppléer par M. Cam- bessèdes ; la Flore médicale des Antilles, de M. Des- courtils ; la grande Flore de ces mêmes îles, par M. de Tussac ; l’édition que MM. Poiteau et Turpin donnent des arbres fruitiers de Duhamel, et tant d’autres ou- vrages de botanique, où le talent du peintre seconde si heureusement la science du naturaliste. M. Desfontaimes a publié une nouvelle édition de son Catalogue des plantes du Jardin du Roi , où il consigne périodiquement les acquisitions que les voyages scienti- fiques et les contributions de tous les jardins analogues procurent à ce vaste établissement. On comprend que ce genre de travail n’est point susceptible d'extrait, mais il n’en est pas moins pénible, ni moins digne de la reconnaissance de tous les amis de la botanique. M. Fée, pharmacien, qui a fait un sujet particulier d'étude des Cryptogames parasites qui se rencontrent sur DER ( 249 ) les différentes écorces usitées en médecine, a présenté une Monographie du genre Chiodecton, une des divi- sions établies par Acharius parmi les Lichens, maïs dont ce botaniste suédois n'a décrit que deux espèces. M. Fée y en ajoute sept : il a étudié avec soin le développement de ces plantes. À leur première origine elles ont la forme de byssus ; on en voit naître des thalles crustacés, qui donnent naissance à des organes en forme de fruits , et leurs tubercules se développent à la longue en organes de reproduction (1). Un moyen nouveau d'apprendre à connaître les parties des végétaux difficiles à conserver, et qui serait très- avantageux s’il était plus à portée des étudians, ce sont les plantes artificielles que M. Robiilard d’Argentelles est parvenu à exécuter, pendant un séjour de vingt- quatre ans à lIle-de-France. Elles ont été soumises à l’Académie par M. le baron Humbert du Molard , et les commissaires chargés de les examiner y ont vu les pro- ductions végétales les plus intéressantes de la zone tor- ride représentées , avec la fidélité la plus scrupuleuse , en relief et de couleur naturelle. Ce serait une acquisi- tion digne d’un cabinet public. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALES. M. Geoffroy Saint-Hilaire a consigné des vues géné- rales applicables à toutes les sciences naturelles, mais plus spécialement la physiologie, dans un Mémoire qu’il (1) Voyez les Annales des Sciences naturelles, t. XNIT, p.5, et Plioreg 3: (2507) a intitulé : Fragmens sur la Nature, et qu’il a publié dans l'Encyclopédie moderne de M. Courtin. La nature, selon lui, se compose des faits et des actions de ce qui existe; ce n’est qu'une manière abrégée d'exprimer les êtres et leurs phénomènes. On en a partagé la science en sciences particulières ; mais aujourd’hui c’est à la no- uon des faits simples et primitifs qu’il faut s'élever pour entrer dans les voies de la philosophie générale ; et, à ce sujet, l’auteur essaie d'expliquer les principes de cette doctrine, qui a eu pendant quelque temps de la vogue en Allemagne, sous le nom de philosophie de la nature , et que, selon lui, on à mal comprise et mal rendue en France. En Allemagne, dit-il, on n’est point arrêté par l'insuffisance des observations ; la subtilité de la pensée y supplée, et crée de certaines suppositions employées de suite, comme si elles continuaient la chaîne des faits. Dans la manière de voir des philosophes dont il s’agit, la simple observation n'est pas d’une efficacité suflisante pour porter sur la science absolue ; plus les récherches sont approfondies, et plus on arrive seule- ment et exclusivement sur la surface des choses : c’est ainsi, du moins, que M. Geoffroy s'exprime en leur nom. Le grand siècle de la philosophie , ajoute-t-1l, fut en partie redevable de ses succès à ses plus audacieux penseurs ; nous sommes dans des temps analogues : à de mêmes causes de semblables effets. El y aurait pour les philosophes de Îa nature, en dehors de l’univers maté- riel, un autre univers se composant des atomes des fluides impondérables ; mais iei M. Geoffroy répugne à dire ce mot, parce que, suivani lui, ce qui ne pèse pas n'est point et ne saurait constituer une existence dans le monde (ST )) physique. Il se défend aussi d’une trop grande simili- tude que l’on aurait cru voir entre son principe de lu- nité de composition et la philosophie de la nature. L’u- nité de composition, loin d’une conception & priori, qui ne reposerait encore sur rien de bien étudié et d’accom- pli, devenue au contraire le sujet de méditations et de recherches & posteriori incessamment suivies, luisemble constituer un fait parvenu à un tel degré de démonstra- tion et d’évidence, qu’il doit entrer en ligne avec le principe de la gravitation universelle, et s'enregistrer parmi le petit nombre des déductions et des richesses in- tellectuelles qui composent aujourd’hui le trésor de l’es- prit humain. Le reste du Mémoire est employé à réfu- ter quelques objections faites contre cette théorie , età expliquer ce qu’il pouvait y rester d’obseur. Nous au- rons , l’année prochaine ; une autre occasion de revenir sur ce sujet important. M. Flourens a fait des expériences importantes, con- cernant l’action du froid sur les animaux (1). Le même auteur a fait des expériences sur la régéné- ration des os, dans lesquelles il s’est proposé de déter- miner jusqu'où s’étend cette faculté, et si elle est la mème pour lous Îles os (2). On connait l’opinion de Le Gallois , qui place dans la moelle épinière le siége du principe des mouvemens du cœur. (x) Voy. Ann. des Sc. nat. ,t. XVIIT, p. 62, ( xx. (2) Voy. Ann. des Sc. nat., t. XX, p. 169. (92 ) M. Flourens, qui a déjà fait voir en 1823 , par des expériences nombreuses, que, dans les animaux qui vien nent à peine de naître, la circulation survit un certain temps à la destruction de la moelle épinière, et que, dans les animaux adultes eux-mêmes, ia circulation sur- vit à cette destruction, pourvu que l’on supplée à propos la respiration par l’insufllation, en conclut que c’est sur- tout parce que la moelle épinière concourt à la respira- tion qu’elle concourt à la circulation (x). La question agitée depuis si long-temps , et si impor- tante pour la physiologie , de savoir s’il se fait une ab- sorption par les veines , el une autre intimement liée à celle-là , celle des communications plus ou moins mul- tipliées qui peuvent avoir Heu entre les veines et les vaisseaux lymphatiques, continuent d'occuper les ana- tomistes. On sait que Harvey, Haller , Meckel, Flandrin , et beaucoup d’autres, ont considéré les veines comme douées de la faculté d’absorber. Dès 1813 nous avons rendu compte d'expériences dans lesquelles MM. Magendie et Delille disséquaient une partie, une jambe, par exemple, ne lui laissant que des artères et des veines pour moyen de communication avec le corps , et où, appliquant à cette partie quelque substance active , ils en voyaient promptement l’effet se manifester dans le corps même. Les veines . selon eux, pouvaient seules l’y avoir porté, puisque tout autre moyen de communication avait été détruit. En 1820 , (x) Voy. Ann. des Sc. nat. , 1, XVII, p. 277. (255) nous avons parlé d’un Mémoire où M. Magendie , déve- loppant davantage sa théorie, chercha à faire considérer l'attraction capillaire des parois des vaisseaux comme la cause la plus probable de l’absorption. Des expériences de M. Segalas, de M, Fodera , dont nous avons aussi donné l'analyse, ont paru confirmer les idées de M. Magendie. Néanmoins, ceux qui voulaient réserver toute lab- sorption aux lymphatiques, rappelèrent les anciennes “observations d’un grand nombre d'anatomistes du dix- septième et du dix-huitième siècle, d’après lesquels le canal thoracique ne serait pas la seule communication du système lymphatique avec le système veineux , mais où il paraissait que plusieurs veines situées dans beau- coup d’endroits du corps reçoivent immédiatement des branches de vaisseaux lymphatiques. Ils firent aussi res- souvenir d’une observation de Meckel le père, qui, en 1772, avait vu passer le mercure des vaisseaux Îym- phatiques dans une veine qui l'avait reçu dans une glande conglobée , et d’une autre semblable de son fils, publiée par Lindner, en 17937. Les argumens de Haller, et surtout les immenses tra- vaux de Mascagri , semblaient à la vérité avoir renversé l’idée de toute communication directe ; et, quant à celle qui peut avoir lieu au travers du tissu des glandes , elle avait presque été mise en oubli; mais M. Fohman, au- jourd’hui professeur à Leyde , reprit de nouveau tout ce sujet. Il publia en 1821 une dissertation où il établit que , dans les Mammifères , les vaisseaux lymphatiques communiquent avec les branches de la veine porte dans les glandes du mésentère, et avec les branches de la (254) veine cave dans les autres glandes conglobées ; où il assura même que bien des glandes conglobées n'ont que des veines pour émissaires ; où il dit enfin que dans les oiseaux , classe qui n’a de glandes conglobées qu’au bas du cou, cette communication se fait d’une manière directe en plusieurs points du système veineux , et sur- tout au bassin. MM. Lauth et Ehrman, de Sirasbourg, confirmèrent en 1823 et 1824 les expériences de M. Fohman sur tous les points , et M. Lauth a même présenté, en 1824, à l’Académie une description et des figures des lymphati- ques des oiseaux doni nous avons parlé dans le temps, et où il fait ressortir leurs communications directes avec le système veineux (1). L'année suivante (1825), M. Lippi, de Florence, élève de Mascagni , alla plus loin. Dans un ouvrage pu- blié à Florence, il prétendit rétablir dans les Mammi- fères les communications directes des lymphatiques avec les veines, et dessina plusieurs troncs des premiers, débouchant immédiatement dans de grosses branches des autres , et même dans le tronc de la veine cave. Les commissaires de l’Académie chargés de répéter les ob- servations se convainquirent qu en beaucoup de cas c’é- taient de petites veines que M. Lippi avait prises pour des vaisseaux lymphatiques; maïs, dans les injecuüons qui furent faites à cette occasion , on vit plus d’une fois ie mercure , entré dans une glande par les lymphatiques afférens , en sortir par des veines aussi-bien que par des lymphatiques efférens. C'était revenir simplement à ce (x) Voyez Ann. des Sc. nat., t. LL, p. 385, et PL. 21, 22, 23, 24 et 25, @i20) que les deux Meckel avaient déjà vu, et à ce qui avait été mieux établi par M. Fohman. Cependant un autre élève de Mascagni, M. Anto- marchi, demeuré plus attaché à la doctrine de son maître, a prétendu, dans un Mémoire présenté cette année (1829), que cette sortie par les veines n’a lieu que lors- que le mercure a rompu les vaisseaux et s’est épanché dans le tissu de la glande, et qu’elle n'arrive jamais lors- que l’on ménage assez la pression pour que le mercure puisse passer lentement des Iymphatiques afférens dans les efférens, sans rompre ni les uns ni les autres. Il a fait en effet des expériences dans lesquelles le mercure est passé au travers de tout le système lymphatique i et Jus- que dans le canal thoracique. fi a représenté que, dans l'embryon, la continuité des lymphatiques entre eux est manifeste , parce que le tissu cellulaire de la glande ne la masque point encore ; que dans les oïseaux, oùuiln’y a que des plexus au lieu de glandes, cette continuité se voit encore mieux , mais que ni dans les uns ni dans les autres des veines ne s’y abouchent: ce qui lui paraît confirmer l'indépendance du système lymphatique. L'Académie a chargé sa commission de faire de nou- velles expériences qui puissent enfin éclaircir la ques- tion , si toutefois la chose est possible, dans ce labyrin- ihe délicat de vaisseaux de tous genres qui composent presque tout le tissu des glandes conglobées. M. le baron Portal , qui a toujours admis des commur- nications des Ilymphatiques avec les veines autres que le canal thoracique , a rappelé dans une note les observa- tions favorables à sa manière de voir, faites par Nuck, par Mertrud , et surtout par Lieutaud , qui a vu le canal thoracique obstrué par des concrétions imperméables à FT (- 250: à tout liquide, dans des sujets très-gras, qui devaient avoir reçu leur nourriture par d’autres voies. Les variétés-de structure de l’organe de l’ouïe dans les poissons , et les rapports si divers qui rattachent cet organe à la vessie natatoire , en font un des objets Îles plus curieux d’anaicmie comparée, qui prend même quelque intérêt de plus des hypothèses plus ou moins bizarres auxquelles il a donné lieu. M. Breschet, qui s’en occupe depuis long-temps, a présenté à l’Académie un Mémoire où il l’examine dans trois genres de poissons fort éloignés (1). La formation des êtres organisés a passé de tout temps pour le plus grand mystère de la nature matérielle ; l’excessive difficulté de concevoir comment , ainsi que le voulaient les anciens , tant de parties diverses et com- pliquées se composeraient par le rapprochement de leurs élémens , se grouperaient dans l’ordre constant que l’on observe , s’agenceraient les unes avec les autres, de ma- nière à concourir sur-le-champ à une action simultanée, qui ne doit plus cesser qu’à la mort, a jeté un grand nombre de philosophes modernes dans une supposition tout-à-fait contraire , et qui n’est peut-être guère moins effrayanie pour l’imagination , celle des germes préexis- tans, créés dès l’origine du monde, qui posséderaient déjà, en infiniment petit, tous les organes qu'ils doi- vent montrer à l’état adulte, et dans lesquels l'acte de la génération ne ferait qu'éveiller un mécanisme dont tous les ressorts étaient prêts à recevoir cette impulsion. Il ne faut pas croire cependant que , dans l’opinion de (1) Voyez Ann. des Sc. nat.,t. XXI, p. 105. (257) ces philosophes, ces germes auraient eu dès l’origine , en petit, précisément la même forme qu'ils devaient montrer à l’état adulte. Ils n’ignoraient pas qu’il y a une succession dans le développement des organes, et que cette succession continue même bien long-temps après la naissance ; les denis , les cornes dans les quadrüpèdes, les pieds dans les reptiles batraciens , la métamorphose totale ou partielle du plus grand nombre des insectes, en sont des exemples trop connus pour avoir besoin d’être rappelés, et il était facile de concevoir que, dès avant la naïssance, des métamorphoses pareilles, ou plu- tôt des successions semblables dans le développément des parties, pouvaient avoir eu lieu. De même que, dans leur hypothèse, l'être tout entier demeure invisible avant la fécondation, plusieurs de ses organes et des par- ties de ces organes peuvent aussi demeurer tels après, et se montrer à des époques déterminées de son existence. Il n’en est pas moins très-intéressant de connaître dans quel ordre cette succéssion à lieu, et de remonter même, autant que nos moyens d'observation le permettent , jusqu'aux époques les plus rapprochées de la conception, jusqu'à ces temps où l'embryon n’a rien encore de Ja forme extérieure sous laquelle il doit paraître au jour, et où une grande partie de ses membres, et même de ses organes les plus essentiels échappent à la vue; où il ne semble encore qu'un globule gélatineux , qu'une vési- cule, qu'une goutte à peine douée d’une configuration propre. Beaucoup de grands anatomistes se sont livrés à ces recherches , et l’on distingue surtout , dans ce nom- bre |; Fabricius d'Aquapendente, Harvey, Malpighi, : Wolf, Haller, et plusieurs modernes qui ont principa= XXI. 17 ( 258 ) lement travaillé sur le poulet, parce que, pouvant faire couver des œufs nombreux, connaître positivement la date de lincubation , et les prendre à chacune de ses époques , il leur était infiniment plus facile d’en suivre le développement que s'ils avaient voulu s’atiacher à des fœtus de vivipares. La plupart de ces anstomistes ont considéré le développement comme se faisant du centre à la circonférence, fondés sur ce que le cercle vasculaire qui entoure le fœtus va sans cesse se dilatant, et que, d’abord d’un diamètre de quelques lignes , il finit par embrasser le jaune presque entier ; sur ce que l’allan- toïde croît de la même manière, et à vue d'œil ; sur ce que l’axe de la colonne vertébrale est la première partie du corps qui se montre ; sur ce que les aïles et les pieds, invisibles les premiers jours , semblent sortir du corps, et pousser, en quelque sorte, comme des bourgeons sor- ient et produisent des rameaux. C’est cette espèce de germination qui a fait adopter par quelques physiologistes modernes le terme d’eflo- rescence , pour désigner cette apparition successive des organes , sortant en quelque sorte ainsi les uns des autres. Les observations faites dans ces derniers temps par MM. Pander, Rathke, de Baër et Burdach , modifient à quelques égards cette manière de voir. Le jaune de l'œuf montre, sur un point de sa surface , une légère dupli- cature dont la lame extérieure doit prendre les formes :: le rôle des organes de la vie animale, qui se montrent \ccessivement autour de l’axe de l’épine , tandis que la me opposée , se laissant envelopper par degrés par ces organes extérieurs, se repliant elle-même à mesure qu'ils : ( 259 ) croissent et se replient pour l’embrasser dans leur ça- vité, y devenant ainsi un canal, s’y transforme dans le système digestif, dont le jaune n'est qu'un appendice. Le système sanguin paraît d’abord tout entier au dehors dans le cercle vasculaire , cette figure veineuse si remar- quable et si anciennement connue; mais, petit à petit, sa partie intérieure se manifeste aussi, et même le cœur, quoique encore très-simple, se fait distinguer à ses bat- temens avant qu'aucun des autres organes ait pris en- core une forme reconnaissable. À mesure que la partie du système de la vie animale qui doit devenir le squelette prend figure , des noyaux osseux s’y montrent, dont les uns se rapprochent et se soudent pour former les os qui doivent définitivement subsister; tandis que, pour d’au- tres , la séparation se prononce au contraire dayantage, et produit les articulations. M. Serres, qui , dans un ouvrage dont nous avons'eu précédemment occasion de faire l’analyse, a montré que les os se forment en général par des noyaux latéraux qui se soudent ensuite , a pensé que ce mode de développe- ment pouvait aussi s'appliquer à d’autres parties , et les phénomènes de l’incubation, envisagés sous d’autres points de vue , lui ont aussi fourni des argumens (1). Un Mémoire de M. Warren , professeur de médecine à, Boston , a donné la première notice exacte des deux frères siamois , réunis parle sternum, qui depuis sout arrivés à Londres , et y sont devenus les objets de la curiosité publique. Un ligament, de la largeur de quel- (x) Voy. Ann. des So. nai. i. XVE, p. 225. ( 260 ) ques doigts , va d'un cartilage xiphoïde à l’autre; mais, d’ailleurs , chacun d’eux est au complet dans son organi-: sation : leur intelligence est parfaite, leurs volontés sont distinctes ; mais depuis long-temps la nécessité leur a appris à si bien concerter leurs mouvemens , qu’ils mar- chent, courent, sautent, selon que l’occasion le requiert, et sans délibérer, comme s'ils ne formaient qu’un seul individu. Un phénomène plus extraordinaire a été celui de deux filles nées en Sardaigne, qui ont vécu plusieurs mois malgré une soudure intime de leurs parties inférieures ; les têies , les bras et les épines du dos étaient distincts, mais les deux sternuims étaient réunis, en sorte qu'il n’y avait qu'une cavité pectorale et un diaphragme , Mai composé de la réunion de deux. La partie des bassins par laquelle les squelettes se touchaïent était réduite à un seul os , de façon que ce corps , double presque jus- qu’au nombril , était porté seulement sur deux jambes, dont chacune appartenait à la tête et à l’épine de son côté. À l’intérieur, les trachées, les poumons et les cœurs étaient doubles, mais les cœurs étaient renfermés dans un seul péricarde. Il y avait aussi deux œsophages, deux estomacs , et le canal intestinal était double jusqu'aux gros intestins ; mais il n’y avait qu'un seul cœcum , et l’unité se conservait jusqu’à l'anus : ainsi les excrémens s’expulsaient à la fois. Un seul rein existait de chaque côté , et les uretères aboutissaient à une seule vessie, tandis qu'il y avait quatre capsules surrénales et deux utérus avec toutes leurs appendices. Ces deux enfans auraient peut-être vécu encore quel- (rai) que temps si on les eüt mieux soignés , quoiqu'un vice de conformation dans les organes circulatoires eût tôt ou tard mis fin à la vie de l’un d’eux ; ce qui aurait aussi entraîné la mort de l’autre ; car le premier ayant suc- combé à une inflammation du poumon , l’autre , qui se portait trés-bien , a expiré à l’instant même. En général, l'individu qui a été malade avait toujours montré plus de faiblesse et de somnolence ; sa sœur, au contraire, paraissait gaie et vive , et tétait avec plus d’appéuit (1). MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Serres, qui ont suivi de près ce monstre , et qui ont présidé à sa dissection, se sont chargés d'en publier une histoire détaillée avec des figures , qui doit bientôt paraître. Pendant que l’attention des physiologisies était dirigée sur cet enfant semi-double , M. Duirochet a fait parve- nir à l’Académie des observations sur un phénomène analogue : une vipère à deux têtes , que la soudure laté- rale de deux fœtus semblait avoir formée. On voyait sur le dos et sur le ventre les sutures qui indiquaient la jonc- tion des deux corps ; les deux têtes donnaient également, lorsque l’animal fut pris, des signes de volonté et de colère. La dissection y montra deux œsophages et deux trachées , aboutissant les uns à un seul estomac, les au- tres à un seul poumon; il n’y avait aussi qu’un seul cœur et qu'un seul foie. La colonne vertébrale , dans sa partie non bifurquée » Se trouvait formée par la réu- nion symétrique de la moitié droite d’une colonne, et de la moitié gauche de l’autre. (1) Voy. Ann, des So, nat.,t. XIX , p, 153. (267) M. Geoffroy Saint-Hilaire a entretenu l’Académie de plusieurs autres productions monstrueuses ; il a décrit un animal envoyé de Sassenage , que l’on prétendait ré- sulter de l’accouplement d’un chien et d’une brebis, et qui ne s'est trouvé à l'examen qu'un agneau, dont une partie de la tête était atrophiée. M. Geoffroy le classe dans sa méthode en un genre qu’il appelle Synotus, et le nomme Synotus Sassenagü , d’après le lieu de sa naissance. Îl a présenté un enfant dont le cerveau avait disparu et se trouvait remplacé par un tissu spongieux d’une vature particulière. Il a surtout appelé l'attention sur un fait qui lui paraît confirmer sa théorie des causes de la monstruosité : un embryon humain qui s'était ré- gulièrement développé pendant les quatre premiers mois de la grossesse , a été exposé à cette époque à des cir- constances que l’auteur développe, et qui en ont fait un monstre sans cerveau et sans boîte cérébrale. Ün genre particulier de monstre par excès qui s'est rencontré quelquefois , celui où l’un des individus est renfermé dans l’autre, ou la monstruosité par inclusion, a été l’objet d’un Mémoire de M. Lesauvage, professeur de médecine à Caen. Tel fut un jeune homme de quatorze ans, mort à Ver- neuil, en 1804 , qui avait dans le ventre une tumeur fibreuse où se trouva ur autre individu très-déformé, très-incomplet, et où il était cependant impossible de ne pas reconnaître un véritable fœtus humain. M. Dupuy- tren en a publié une description , à laquelle sont joints des dessins faits par M. Cuvier. Selon M. Lesauvage , lorsque deux fœtus sont enve- (568 ) loppés dans le même chorion , ils sont toujours le pro- duit d’un ovule unique dans lequel les deux germes ont été simultanément fécondés : c’est Le seul cas où il se forme des monsiruosités par simple réunion, et où aient lieu les différentes inclusions. Les degrés de la réunion sont fort divers. Ou les cordons ombilicaux ont seule- ment leurs vaisseaux anastomosés, ou il n’y a qu'un seul . cordon qui ne se divise qu’auprès de l’ombilic, ou bien une inclusion plus ou moins complète a lieu , ou bien enfin il y a hétéradelphie , c’est-à-dire qu'un des enfans entier est joint à un autre incomplet. Il y a presque tou- jours identité de sexe lorsque deux embryons sont réu- nis dans le même chorion. ZOOLOGIE. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a étudié les carac- tères des singes d'Amérique, et il a cherché à démontrer que plusieurs de ceux par lesquels on distingue les qua- drumanes du nouveau monde , et qui ont été pris de la forme et de la structure des narines , du nombre des dents molaires et de la forme des ongles, n’ont pas toute la généralité qu’on leur attribue (1). On sait que jusqu’à ces derniers temps une seule es- pèce de Tapir avait été connue des naturalistes, et même qu'on la connaissait si mal, que le véritable nom- bre de ses denis, ainsi que leur arrangement, n’a été indiqué pour la première fois que par M. Geoffroy Saint-Hilaire. Une seconde espèce découverte à Suma- (3) Voy. Ann, des Sc. nat, , t. XVE, p. 215. (104) tra, et dans la presqu’ile de Malacca , fut décrite, il a quelques années , par MM. Duvaucel et Diard. Enfin M. le docteur Roulin à envoyé à l’Académie l'histoire d’une troisième , qu'il a découverte drns les hautes ré- gions de la Cordilière des Andes. L'Académie a recu deux Mémoires sur un cétacé échoué sur les côtes du département des Pyrénées-Orien- tales, le 27 novembre 1898 ; l’un de MM. Farine et Carcassonne , l’autre de M. Campagno. L'animal était mort depuis long-temps. L'état avancé de putréfaction de son cadavre n’a pas permis d’en faire une description complète et satisfaisante ; et cependant M. de Blainville, d’après les figures des ossemens qui accompagnaient ces Mémoires, est porté à croire que le cétacé qui en fait le sujet doit se rapporter à la Balénoptère jubarte ( Ba- læna Boops de Linnæus). La conformation des organes sexuels de l’Ornitho- rhynque , semblables à plus d’un égard à ceux des o1- seaux , et le doute où l’on est encore sur l’existence de ses mamelles , quoique M. Meckel ait cru les observer, ont fait penser à M. Geoffroy Saint-Hilaire le père que cet animal doit être ovipare (1). Le midi de l’Europe nourrit un oiseau de la taille et à peu près de la forme d'une perdrix , maïs à queue poin- tue, et à jambes emplumées , que les anciens connais- saient sous le nom d’Attagen, et que quelques moder- nes ont appelé Ganga , ou Gelinote des Pyrénées. On (1) Voy. Ann. des So. nat. , t. XVI, p. 157. ® Lt (205.1). le range dans la famille des Tétras , et auprès de la Geli- notte ordinaire , dont il a plusieurs caractères ; maïs ses habitudes sont différentes , ses ailes plus longues, son vol très-élevé. M. de Blainville en a présenté une des- cription faite d'après nature , et accompagnée d’observa- tions anatomiques nouvelles , où il fait remarquer sur- tout que le sternum de cet oïseau est fort différent de ceux des autres Tétras, et même de tous les Gallinacés. Dans ceux-ci , entre autres caractères , cet os a de chaque côté , à son bord postérieur, deux profondes échancrures qui l’entament jusqu'auprès de son bord antérieur. Dans le Ganga , au contraire , il n’y a qu'une échancrure laté- rale qui n’occupe que la moitié de sa longueur, et un trou ovale vers le bord postérieur ; disposition très-sem- blable à celle que l’on observe dans les pigeons , et qui paraît à M. de Blainville devoir faire assigner au Ganga, dans la méthode , une place plus rapprochée des pigeons que celle qui lui a été accordée jusqu'à présent, et sur- tout le faire éloigner de la Gelinote , à laquelle on l’associait. MM. Audouin et Milne Edwards, dont l’Académie a encouragé et récompensé les travaux, en couronnant leur Mémoire sur la circulation des Crustacés, ont pensé que , n'ayant plus à vaincre des diflicultés aussi grandes dans la simple classification des animaux sans vertèbres recueillis dans leurs voyages, ils pouvaient mettre fin à leur communauté de travaux. M. Milne Edwards a com- mencé par l’ordre des Amphipodes la série des monogra- phies qu’il se propose de publier (1). (x) Voy. Ann. des Sc, nat., t. XX, p. 355. ( 266 ) Dans un autre Mémoire, M. Milne Edwards à fait connaitre , dans la division des Malacostracés podoph- talmes , quatre espèces qui lui ont paru inédites , et con- stituer autant de genres (1). M. Edwards a encore fait connaître d’une manière plus approfondie un genre fort extraordinaire, celui du Phyllosome de Leach (2). Ces deux habiles observateurs (MM. Audouin et Milne Edwards) ont continué de présenter des articles de leur travail sur l’histoire naturelle du littoral de la France, et ils ont particulièrement fait connaître un nombre remarquable d’Annélides d'espèces nouvelles, dont plusieurs offrent mème des détails d’organisation assez particuliers pour exiger la formation de nouveaux genres. Nous nous proposons d'en rendre un compte plus détaiilé lorsque le rapport en aura été fait à l’Aca- démie (3). M. Audouin , en particulier, a fait connaître par des monographies les animaux de plusieurs coquilles, sur lesquels on n’avait point encore de notions précises. Aïnsi, d’après ses observations , qui avaient été précé- dées sur quelques points par celles de M. de Blainville , la Siliquaire, que M. de Lamark rangeaït encore dans les Annélides, a dû passer dans l’embranchement des Mol- lusques , et dans la classe des Gastéropodes, où elle (1) Ce Mémoire paraîtra incessamment dans les Annales. (2) Voy. Ann. des Sc. nat. ,t. XIX, p. 333. (3) Ce rapport n’a été fait qu’au mois de novembre; il paraïtra bientôt dans les Annales. (207) est rapprochée des Vermets d’Adanson. La fente qui caractérise sa coquille correspond à une fente du man- teau , laquelle donne dans la cavité des branchies. Il a confirmé, par l’examen de l’animal, la place qui avait été assignée à la Glycimère près du genre Mya. Enfin, par sa description de la Clavagelle (x), il nous a prépa- rés en quelque sorte au transport que, d’après les obser- vations toutes récentes de M. Ruppel, on a dû faire de l'Arrosoir ( Aspergillum , Lam.) , de la classe des An- nélides dans celle des Mollusques acéphales. M. Strauss, qui, dans son anatomie du Hanneton, avait déjà donné des preuves d’une attention infatigable, et d’un grand talent pour l'observation et la représenta- tion des détails infinis prodigués dans l’organisation du moindre insecte , a présenté cette année un grand travail sur les organes du mouvement de la Mygale aviculaire. Déjà Réaumur avait fait connaître l’organisation des glandes qui préparent la soie de l’araignée ; De Geer, et surtout Lyonnet, avaient décrit et figuré ses organes reproducteurs et quelques parties accessoires. M. Strauss a entrepris sur ces animaux une monographie anatomi- que détaillée. S’occupant d’abord de leur classification , il propose de faire des Ærachnides une classe indépen- dante , qui viendrait se placer entre les Insectes et les Crustacés , et qui se diviserait en trois ordres : 1°. Les Pulmonés, chez lesquels l'air pénètre dans (1) Voyez lextrait de ces trois Mémoires , qui ne tarderont pas à paraître, dans la Revue des Annales (séances de l’Académie des Sciences ). ( 268 ) des sortes de poches vasculaires, pour agir sur les hu- meurs contenues dans des vaisseaux ; 2°. Les 7rachéens , qui ont la respiration analogue à celle des insectes ; 3°. Les Branchifères ou Gnathopodes, dont les pieds servent de mâchoires et de branchies destinées à la res- piration aquatique. Pour ce qui concerne l'anatomie, l’auteur n’a encore fait connaître que les systèmes tégumentaire et muscu- laire ; il a décrit avec détail 149 pièces solides et 390 or- ganes actifs du mouvement, et il a accompagné ses des- criptions anatomiques de dessins admirablement exécutés à la mine de plomb. Depuis long-temps on se demande comment certaines ÂAraignées parviennent à tendre leurs toiles entre des arbres ou d’autres appuis souvent fort éloignés , entre lesquels il y a quelquefois des ruisseaux , ou d’autres obstacles infranchissables pour elles. M. Virey a vu des petits insectes de ce genre s'élever dans l’air sans aucun soutien extérieur, et se porter ainsi rapidement à d'assez grandes hauteurs ; d’où il conclut qu’elles peuvent, en rapprochant leurs pattes, en former des espèces d'ailes, par l'agitation desquelles elles sont en état d'exécuter une sorte de vol. M. Cuvier a décrit un ver parasite qui habite dans le corps des Mollusques céphalopodes , c’est-à-dire, des Sèches et des Poulpes (r). (1) Voy. Ann. des Sc. nat. ,t. XVIIL, p. 147 s# ( 269 ) M. Mongez, membre de l’Académie des Belles-Letires, a rassemblé tout ce qui se trouve dans les anciens sur les animaux qui ont paru à Rome dans les jeux publics, et en a présenté à l’Académie un tableau plein d’intérèt, non-seulement à cause de l’idée étonnante qu’il donne du luxe de ce peuple et des dépenses prodigieuses qu'il con- sacrait à ces sortes de fêtes, mais encore à cause des renseigsnemens que l’on y puise sur les moyens que les anciens naturalistes ont possédés d'observer les animaux étrangers les plus rares. Dès l’an de Rome {30 , 2793 ans avant J.-C., Curius Dentatus, vainqueur de Pyrrhus, lui prit quatre élé- phans, que Pyrrhus lui-même avait pris sur Démétrius Poliorcète ; ils furent les premiers que virent les Ro- mains. En 252 avant J.-C., Métellus en fit transporter à Rome, sur des radeaux , cent quarante-deux qu'il avait pris sur les Carthaginois , et que l’on fit tuer à coups de flèches dans le cirque , parce que l’on ne voulait pas les donner , et que l’on ne savait comment les employer. En 169 , aux jeux de Scipion Nasica et de Publius Len- tulus , on montra soïxante-trois panthères et quarante ours. En 93, Sylla, lors de sa préture, fit combattre cent lions mâles. Emilius Scaurus , dans les jeux célè- bres qu’il donna lors de son édilité, en 58, fit voir l’hip- popotame pour la première fois, accompagné de cinq crocodiles et de cent cinquante panthères. Pompée, pour l'inauguration de son théâtre, montra le lynx, le cé- phus , ou guenon d’Ethiopie , le caracal , le rhinocéros unicorne. On y vit six cents lions, dont trois cent quinze mâles , et quatre cent dix panthères : vingt éléphans y combattirent contre des hommes armés. César, 46 ans (270 ) avant J.-C., fit voir une girafe et quatre cents lions à la fois , tous mâles, tous à crinière. Ces profusions ne firent qu’augmenter sous les empereurs. Une inscription d’An- cyre loue Auguste d’avoir fait tuer trois mille cinq cents bêtes sauvages devant le peuple romain. A la dédicace du temple de Marcellus , on fit périr six cents panthè- res ; un tigre royal y parut; un serpent de cinquante coudées fut montré au peuple dans le forum : ayant fait entrer l’eau dans le cirque de Flaminius , on y intro- duisit trente-six crocodiles , qui furent mis en pièces. Un rhinocéros et un hippopotame furent tués lors du triomphe d’Auguste sur Cléopâtre. Les animaux étaient exercés à des travaux extraordinaires. Caligula , 36 ans après J.-C., fit disputer le prix de la course par des cha- meaux attelés à des chars; Galba, étant empereur, fit montrer des éléphans funambules ; sous Néron (en 58 de J.-C.), on en vit un, monté par un chevalier ro- main, descendre sur la corde, du sommet de la seène jusqu'à l’autre extrémité du théâtre : c’étaient de jeunes éléphans , nés à Rome, que l’on dressait ainsi ; car alors on savait faire produire ces animaux en domesticité. Claude eut à la fois jusqu'à quatre tigres royaux, dont on a retrouvé le monument il y a quelques années. Le sage Titus lui-même , à la dédicace de ses thermes , livra à la mort neuf mille animaux , tant sauvages que domes- tiques ; et on y vit combattre des femmes. Un livre tout entier des Épigrammes de Martial est destiné à célébrer les animaux que Domitien fit paraître , l’an go de J.-C., et auxquels on fit la chasse aux flambeaux : une femme y combaitit contre un lion ; un tigre royal y mit un auire lion en pièces ; des aurochs y furent attelés à des chars. (27) Ce fut là que l’on vit pour la première fois le rhinocéros à deux cornes, qui est mème représenté sur des mé- dailles de cet empereur. Aux jeux que Trajan donna après avoir vaincu Décébale , roi des Parthes , l’an 105 de J.-C. , on fit mourir, selon Dion, qui était contem- porain, jusqu’à onze mille animaux domestiques ou sau- vages. Antonin montra des éléphans , des crocodiles , des hippopotames , des tigres, et, pour la première fois, des crocutes ou hyènes, et des strepsiceros. Marc-Aurèle, plus sensible, eut horreur de ces spectacles ; mais ils reprirent avec une nouvelle force sous Domitien , qui, à la mort de son père , donna des jeux pendant quatorze jours, et y tua un tigre, un hippopotame et un éléphant, et y trancha le cou à des autruches. Hérodien remarque même que ces autruches faisaient encore quelques pas ; ce qui ne m'étonne point, car j'en ai vu faire autant à des canards. Une des plus curieuses de ces exhibitions fut celle de Philippe , l'an 1000 de Rome (248 de F.-C.). Les animaux rassemblés pour cette fête par Gordien IIT, qui espérait la célébrer, consistèrent en irente-deux élé- phans , dix élans , dix tigres, soixante lions apprivoisés, irente léopards, dix hyènes , un hippopotame, un rhi- nocéros , dix girafes, vingt onagres , quarante chevaux sauvages , dix argoléons , nom dont la signification est inconnue , et beaucoup d’autres , qui furent tous tués. Probus , à son triomphe, planta dans le cirque une forêt où se promenèrent mille autruches, mille cerfs, mille sangliers, mille daims, cent lions et autant de lionnes , cent léopards de Libye et autant de Syrie, trois cents ours , des chamoïs, des mouflons , etc. : il semble même que les sangliers cornus qui parurent aux jeux de < (Comet) Carus et de Numérius , chantés par le poète Calpurnius, aient été des babiroussas. Constantin prohiba les jeux san- glans et les combats du cirque, et cependant Symma- que , sous Théodose , parie encore de panthères , de léo- pards , d'ours, d’addax, de pigargues; il rapporte que des crocodiles, qu'il déstinait au cirque, périssaient par une diète de quarante jours. Claudien dit qu'Honorius avait des tigres attelés à des chars , et Marcellin attribue à Justinien d’avoir fait paraître vingt lions et trente pan- thères. La difficulté de se procurer des animaux que de pareilles destructions avaient dû éloigner des provinces romaines , et la diminution des ressources de l'empire, contribuërent sans doute , autant que l'humanité, à faire cesser ces usages barbares , qui avaient peut-être été in- troduits dans l’origine pour maintenir dans l'habitude du sang un peuple que l’on destinait à faire sans cesse la guerre. M. Duméril a donné une quatrième édition de ses Elémens des Sciences naïurelles , ouvrage où non-seu- lement la zoologie , maïs la botanique et la minéralogie sont analysées de la manière la plus favorable à une pre- mière étude, et où les principaux caractères exposés dans le texte sont encore représentés par des figures au trait, qui en donnent les idées les plus neites. M. Cuvier a publié une seconde édition de son Règne animal , où il s’est efforcé de présenter les progrès de la zoologie , et les principales acquisitions qu’elle a faites dans les dernières années. Des cinq volumes dont cette édition se compose, les deux derniers, qui comprennent ( 273 ) les Crustacés , les Annélides et les Insectes , sont entie- rement l'ouvrage de M. Latreille , qui, de son côté, s’est attaché à choisir parmi cette prodigieuse multitude d’é- tres appartenant à ces trois classes, ceux qui, par leur conformation et les changemens qui en résultent dans les distributions méthodiques, étaient le plus dignes d’entrer dans un semblable tableau. Une entreprise qui contribuera à faciliter l'étude de cet ouvrage, c'est l’{conographie du Règne animal de M. Guérin, où, sous une forme commode et peu coù- ieuse , il sera donné une figure, au moins, de chacun des genres qui y sont indiqués , avec leurs caractères les plus distinctifs. M. Cuvier a publié cette année le quatrième et le cin- quième volume de l'Histoire des poissons , à laquelle it travaille avec M. Valenciennes. Le quatrième traite des Acanthoptérygiens à joues cuirassées , tels que Trigles , Cottes, Scorpènes et genres analogues ; le cinquième, des Sciénoïdes ou Sciènes de Linnæus , auxquels les auteurs associent divers petits poissons confondus jusqu'ici avec les Chætodons. Ces deux volumes , rédigés par M. Cu- vier, contiennent les descriptions de 408 espèces, et sont ornés de 68 planches , parmi lesquelles on peut remar- quer celles qui représentent les singulières vessies nata- toires de plusieurs Sphénoïdes. Le sixième volume, qui traite des Sparoïdes, et qui est, pour la plus grande par- tie, de la rédaction de M. Valenciennes, paraîtra sous peu de jours. Le septième, où seront décrits le genre des Chætodons de Linnæus, et les genres analogues, est déjà sous presse. f XXE, 10 VOYAGES. Jamais , peut-être , l’histoire naturelle ne s'était enri- chie des produits d’un plus grand nombre de voyages, que dans l’année qui vient de s’écouler. Non-seulement les expéditions entreprises par l’ordre du gouvernement, l’une en Morée , sous la direction de M. Bory de Saint- Vincent , l’autre autour du monde , sous la conduite de M. Durville, se sont heureusement terminées, mais plu- sieurs voyageurs , guidés uniquement par leur zèle et par leur amour pour la science , ont obtenu les résultats les plus précieux. Nous devons citer principalement dans ce nombre les officiers de la gabarre du roi a Chevrette, qui a navigué dans les mers de l'Inde, et surtout M. Reynaud, son chirurgien-major ; M. Bélenger, qui a suivi en Perse et aux Indes M. le vicomte Desbassyns, gouverneur de Pondichéry ; enfin M. Rifaud , qui, par son zèle pour les sciences et les arts, s’est établi dans la haute Egypte, et y a séjourné près de vingt ans. Les recherches de ce dernier voyageur sont un exem- ple de ce que pourraient faire tant d'hommes établis dans les colonies ou dans les pays étrangers, et à qui leurs occupations lucratives laissent des momens de loisir, s'ils se défiaient moins de leur peu d'instruction. Il n'est pas nécessaire d’être absolument naturalisie pour être très- utile à l’histoire naturelle : du zèle, un sens droit, l’ha- bitude de l’art du dessin, ont mis M. Rifaud à même de rendre à cette science des services qui n'auraient peui- ètre pas été au pouvoir d’un naturaliste de profession. Une observation importante et glorieuse à la fois ( 275 ) nous est également suggérée par quelques autres des travaux dont nous nous occupons. Les produits du voyage des officiers de la Chevrette sont une manifesta- tion du zèle qui anime les officiers de notrc marine, ainsi que des connaissances scientifiques qu'acquièrent au- jourd’hui les officiers de santé dans les excellentes écoles créées par le ministère de ce département. C’est d’ailleurs un caractère tout nouveau imprimé aux expéditions ma- ritimes exécutées dans ces derniers temps par les Fran- çgais, que ces riches détails d'histoire naturelle ajoutés aux découvertes de géographie. Ils les distinguent bien avantageusement de celles des autres peuples, et ils en rendent les relations intéressantes pour une classe de lecteurs auxquels les détails nautiques et hydrographi- ques paraissaient un peu arides. La connaissance qu’ils nous dounent des productions des différentes contrées est un complément nécessaire à la description de leurs côtes , et de tout ce qui faisait autrefois l’objet presque unique de ces sortes de voyages. M. Rifaud est un artiste exercé, qu’un goût décidé pour les arts et les voyages a déterminé à parcourir les diverses parties du Levant. Il a communiqué à l’Acadé- mie les collections et les dessins d'histoire naturelle qu’il a rapportés d'Egypte, après un séjour de treize années dans ce pays. Îl y a tout rassemblé, quadrupèdes , oi- seaux , poissons , insectes, végétaux ; on voit même , et em-grand nombre, dans ses cahiers, des squelettes de toutes les classes de vertébrés. C’est particulièrement pour ce qui concerne les poissons du Nil que ses collec- tions sont précieuses. Une comparaison attentive des (256 ) LS dessins et des squelettes de M. Rifaud avec ceux que M. Geoffroy a publiés dans la grande description de V’E- gypte , a fait connaitre l’existence de quelques espèces nouvelles dars plusieurs familles, comme celles des Si- lures , des Mormyres, des Clupes, etc. ; enfin un genre entièrement nouveau de l’ordre des Apodes. Au reste, c’est moins par les objets nouveaux qu’elles peuvent con- tenir, que les collections de M. Rifaud sont précieuses, que par le soin que ce voyageur a eu de recueillir et de noter avec ordre les noms que Îes espèces portent dans la haute Égypte : pour les poissons , les époques de leur apparition , de leur frai ; le goûi de chacun aux différen- ies époques de l’année, les usages que l’on en fait, les procédés de leur pêche : pour les plantes , l'emploi que les habitans en font, soit en médecine, soit dans l’éco- nomie domestique ou dans les arts industriels, et les croyances superstitieuses qui se rattachent à beaucoup d'espèces. Cette partie de son travail est celle dont on doit espérer plus d’accroissement pour la science, parce que , trop souvent négligée par les voyageurs ordinaires dans leurs courses rapides , elle ne pouvait être exécutée avec succès que dans la position rare et diflicile où l’au- teur a eu le courage de se placer et de persister pendant une longue suite d'années. Des observations et des coïilections nombreuses ont été faites par les officiers de la gabarre du soi la Che- vrette, pendant le voyage qu’elle a exécuté dans la mer des Indes, et surtout dans des parages qui sont peu fré- quentés par nos vaisseaux, et où ne s'était encore ren - due aucune de nos expéditions scientifiques : nous vou- (277 ) lons parler de Ceylan, du pays des Birmans, et du fleuve de l’Irrawadi, qui l’arrose (1). M. le docteur Adolphe Bélenger a fait parvenir à l’A- cadémie , par le ministère de l’intérieur, les résultats du voyage qu'il a fait par la route de terre aux Indes orien- tales , en accompagnant M. le vicomte Desbassyns , gou- verneur de Pondichéry. Ce voyage a duré quatorze mois , et M. Bélenger a , autant qu’il l’a pu, mis à con- iribution les diverses contrées qu’il a traversées. En Géorgie , en Perse , à Bombay, à Mahé, sur la côte de Malabar , puis dans les excursions qu’une fois établi à Pondichéry il a entreprises dans le Carnate et sur la côte de Coromandel, au Bengale, dans le pays des Birmans et à Java, M. Bélenger ‘a recueilli de belles collections zoologiques et botaniques : c'est par milliers qu'il faut compter les diverses productions naturelles qu'il s’est procurées. Le Pégou surtout, qui n'avait encore été vi- sité que par le docteur Wallich , Jui a donné le plus de choses nouvelles. On lui avait particulièrement recom- mandé la partie des poissons comme ceile qui se trouvait le plus incomplète au Cabinet du Roi. Les divers envois qu'il a faits, et suriout les espèces prises dans les riviè- res dn Bengale, et dans l’Irrawadi , ou le grand fleuve des Birmans, sont des matériaux très-précieux pour Pichthyologie. L’erpétologie s’est également enrichie : nous ayons remarqué principalement de grands Pithons, un nouveau genre de Tortues à quatre doigts à tous les pieds , et beaucoup de ces petites espèces de Sauriens et (4) Voy. Ann, des Sc. nat. ,t. XVI, p. 33r. ( 278) de Batraciens , que les voyageurs négligent trop souvent. Parmi les Insectes, 150 espèces environ manquent à la collection du Muséum d'Histoire naturelle, et, parmi elles , quelques-unes sont très-remarquables. M. le ministre de l’intérieur a fait remettre à l’Aca- démie les divers rapports qui lui ont été faits par la commission scientifique envoyée en Morée pour explorer le pays sous la protection de l’armée française. Le chef de cette commission pour l’histoire naturelle, M. le co- lonel Bory de Saint-Vincent, nous à fait connaître les travaux de chacun de ses membres, les fatigues qu'ils ont éprouvées , et les diverses contrées qu’ils ont parcourues. Ses rapports contiennent des détails nombreux sur la géologie , sur la minéralogie et sur toutes les branches de l'histoire naturelle de ces contrées. Pour ce qui est relatif à ce dernier sujet, les collections que le Muséum d'His- toire naturelle a reçues ont offert beaucoup d'intérêt. On conçoit que dans un pays comme l’ancien Péloponèse, si rapproché de nous, et connu depuis tant de siècles, on ne devait pas espérer de découvrir des types d’organi- sation bien nouveaux ; mais les recherches de ces mes- sieurs ont fait connaître, principalement dans les oiseaux, dans les reptiles et dans la classe des insectes, un certain nombre d’espèces qui paraissent nouvelles, et ont fourni sur d’autres des renseignemens plus complets ; enfin, les collections du Jardin du Roi se sont enrichies d’un assez grand nombre d’espèces qu'elles ne possédaient point, quoique les naturalistes en eussent parlé depuis long- tem ps: De tous les voyages dont l'Académie à eu à examiner ( 279) les résultats , le plus important, sans contredit , est Le voyage de découvertes exécuté sous les ordres de M. le capitaine Durville. Les travaux de ce savant et intrépide navigateur ont , à plusieurs reprises , occupé l’Académie pendant le cours de cette année, et ceux des naturalistes de cette expédition ont surtout attiré son attention. MM. Quoy et Gaimard étaient déjà glorieusement con- nus par leur participation au voyage de M. le capitaine Freycinet , et, dans cette nouvelle expédition , ils ont envoyé et-rapporté des collections plus considérables qu'il n’en avait été formé jusqu’à ce jour par leurs pré- décesseurs , ni par eux-mêmes. Les rapports faits à ce sujet par les commissaires de l’Académie , ont été impri- més avec le prospectus de l'ouvrage où leurs récoltes vont ètre décrites, ce qui nous dispense d'entrer ici dans un plus grand détail ; et d’ailleurs nous aurons occasion d'y revenir lorsque nous parlerons de cet ouvrage, dont la publication est déjà commencée. VARIÉTÉS. M. Roulin a présenté un Mémoire sur l’ergot du maïs et sur les effets de cette substance , observés par lui dans les provinces de Neyba et de Mariquita en Colombie (1). M. Bonnafous, membre de lAtadémie de Turin, a présenté un Mémoire sur une question importante pour les pays qui produisent de la soie; savoir, s’il y a de l'avantage à greffer les müûriers, ou s1l vaut mieux les (1) Voy. Ann, des Sc, nat.,t. XIX , p. 270. ( 260 ) laisser à l’état de sauvageon. Le résultat de ses expé- riences est, 1° que la consommation des feuilles du muürier sauvage est d’un sixième environ moindre que celle du mürier greffé; 2° que les premières donnent lieu à une litière moins abondante; 3° que les vers nourris avec la feuille du sauvageon ont eu moins de malades; 4° que leur produit en soie est, à la vérité, moins considérable , mais qu'il a un peu plus de finesse ; 5° que les vers ne montrent pas de préférence pour les feuilles de lune ou de l’autre sorte. Le müûrier sauvage est moine délicat, et vit plus long-temps ; mais le mü- rier greflé végète avec plus de force, et donne, toutes choses égales d’ailleurs , un tiers de feuilles de plus ; ces feuilles plus lisses résistent mieux à la pluie et à la rosée, et conservent plus long-temps leur fraîcheur; la cueillette en est plus facile et moins coûteuse ; arbre se taille plus aisément. D'ailleurs , comme le mürier est quelquefois dioïque, on pourrait, en greffant de préfé- rence des individus mâles, éviter l'embarras et le déchet que causent souvent les fruits , à l’époque de la récolte; enfin, l’on peut, en propageant des variétés tardives, s'assurer que l’on sera toujours à même de donner au ver à soie une nourriture plus homogène. On avait reconnu depuis long-temps que chez les très- jeunes animaux à température constante, comme les Mammifères et les Oiseaux, l’acte de la respiration ne suffisait pas seul à leur fournir la chaleur nécessaire pour l'exercice de la vie, et que, par instinct, les parens se tiennent constamment en contact avec leurs nouveau- nés, afin de les préserver des causes de refroidissement. VRAI VOL 14 ( 281 ) Ces remarques ont engagé MM. Villermé et Milne Edwards à rechercher quelle peut être l'influence de la température sur la mortalité des enfans nouveau-nés. [ls ont relevé avec soin les états de naissance et de décès, mois par mois, dans tous les départemens de la France, pendant les années 1818 et 1819, et il résulte de leurs recherches que la mortalité des enfans , depuis la nais- sance jusqu’à l’âge de trois mois, est partout plus consi- dérable dans le trimesire d’hiver que dans les trois autres saisons. Les auteurs ont ensuite examiné les départemens sous le rapport de leurs latitudes , et ils ont vu que la mortalité diminue sensiblement au sud dès le mois de mars, tandis qu'elle se prolonge jusqu’à la fin d'avril dans le nord de la France. MM. Villermé et Milne Edwards attribuent ces résul- tats fâcheux à la nécessité établie par nos lois de présen- ter dans des lieux publics , quelle que soit la saison , et souvent à de grandes distances , les enfans nouveau-nés, dès les premiers jours de leur naïssance ; et ils pensent que, si leurs observations sont intéressantes pour la phy- siologie et pour la médecine , elles méritent surtout d'é- veiller la sollicitude des législateurs et du gouvernement, a ( 262 ) Norice sur la V'iscache et le Chinchilla , consi- dérés comme les types d'un genre particulier, nommé CarLomys, et Description d'une espèce nouvelle ; Par MM. Dessarinwes D'Onrienv fils et sin. GEorFrroy SAINT-HirAIRE. Dans un ouvrage étendu que nous nous proposons de publier sur la zoologie de l'Amérique méridionale, et où nous ferons connaître un grand nombre d'espèces nou- velles , fruit des longues et pénibles recherches de l’un de nous (M. d'Orbigny), nous chercherons surtout à fixer les idées des naturalistes sur plusieurs animaux très-curieux , indiqués d’une manière plus ou moins in- complète par Îles voyageurs , et qui, depuis, n'ont pu être, ni revus ou du moins étudiés avec exactitude, mi par conséquent classés conformément à leurs rapports naturels. Parmi eux se place au premier rang la V#sca- che ou Biscache , que l’on a tour-à-tour placée parmi les rats, les gerboises, les marmottes, les lièvres et les agou- tis , tandis que d’autres auteurs, M. Cuvier, par exem- ple (dans la deuxième édition du Règne animal), la met- taient tout-à-fait hors de rang, et la considéraient, pour employer une expression anciennement admise dans la science, comme une espèce incertæ sedis. S’il est utile d'augmenter le nombre des espèces con- nues , d'enrichir de découvertes nouvelles le vaste cata- logue des productions de la nature , il l’est plus encore à nos yeux de donner des notions exactes sur toutes Îles 416.5 CViel (263 ) espèces douteuses, ou incomplètement connues, que l'on rencontre presque à chaque pas dans l’histoire de cer- tains groupes d'animaux, et principalement, parmi les Mammifères , dans celle des Rongeurs. Aussi, renvoyant à une autre époque la description des espèces nouvelles que nous nous proposons de faire connaitre , nous croyons dès à présent devoir donner une notice succincte sur Ja Viscache . et l’établir comme le type d’un genre distinct. Ce genre, dans lequel doivent rentrer dès à pré- sent le Chinchilla et un rongeur nouveau que nous ferons connaître , s’enrichira très-probablement de plusieurs autres espèces , lorsque l’intérieur du continent améri- cain aura été exploré d’une manière plus complète. Nous renvoyons à l'ouvrage que nous nous proposons de publier par la suite, l'exposé historique des travaux dort la Viscache a été jusqu’à ce jour l’objet : la plupart se trouvent , au reste, mentionnés dans la Mammalogie de M. Desmarest, ouvrage auquel nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer le lecteur. On y verra que M. Desmarest avait parfaitement indiqué à l'avance (page 360 , note ) les rapports qui existent entre la Vis- cache et le Chinchilla, et il n’y a nul doute qu'il eùt dès- lors établi le genre que nous proposons aujourd’hui, s’il eût connu le premier de ces rongeurs autrement que par la lecture des ouvrages de Nieremberg , de Molina, d’A- zara et de quelques autres auteurs. M. Cuvier a aussi donné de la manière la plus précise les mêmes indications dans le Règne animal ( deuxième édition , page 222). Je dois encore citer l’auteur d’un ouvrage nouveau sur les animaux du Paraguay (1), (1) Vaiurgeschichie der Saügethicre von Paraguay. 1830. ( 284 ) M. Rengger , comme ayant annoncé que la Viscache doit devenir le type d’un nouveau genre. Enfin, quel- ques autres zoologistes ont aussi exprimé la même opi- nion , mais d’une manière beaucoup moins explicite : on va voir par les détails suivans combien elle est fondée. S I Description de la Viscache. Par la forme générale de son corps, et par quelques autres caractères extérieurs , la Viscache ressemble plus au lapin qu’à tout autre animal : cependant il existe aussi de remarquables différences. Le corps est oblong, un peu déprimé ; la tête est grosse, très-étendue transversa- lement, presque aussi large que le. corps , enfin terminée par un museau obtus. Les membres sont beaucoup plus courts , et la queue beaucoup plus longue que dans le genre lièvre. J’indiquerai tout à l'heure leurs caractères de conformation. Les yeux sont assez petits, et à pupille arrondie. Les oreilles , assez longues, sont membraneuses , couvertes de poils courts, assez clairsemés, arrondies à leurs bords, mais terminées supérieurement en une pointe obtuse, et se rapprochant ainsi dans leur ensemble de la forme triangulaire : en somme, elles ressemblent à celles du lapin, avec cette différence qu'elles sont proportion- nellement plus larges et beaucoup plus courtes. Les deux narines sont très-écartées l’une de l'autre, et se présen- tent sous la forme de fentes longitudinales, un peu si- nueuses , et plus rapprochées inférieurement que supé- rieurement : l’espace compris entre elles , et qui est un véritable mufle , est en partie nu et en partie couvert de poils excessivement courts. (1285 ) Les moustaches sont extrèmement longues , et compo- sées de soies pour la plupart très-épaisses et très-raides. Le pelage est au contraire généralement composé de poils de longueur moyenne, assez rudes sur le dos, beau- coup plus doux sur les flancs, mais qui, dans aucune région , n'arrivent à ce degré extrême de finesse ét de moelleux qui rend si remarquable la fourrure du Chin- chilla et de la troisième espèce du genre, le Callomys aureus. [ n’y a point d’abajoues, circonstance qu'il importe de remarquer, à cause de lanalogie qui existe, à plu- sieurs égards , entre les Cailomys et le Hamster. Le système dentaire est très-remarquable et très-ca- | ractéristique. Il existe en tout vingt dents, savoir, de chaque côté et à chaque mächoiïre , une incisive et quatre molaires. Les quatre incisives , légèrement arquées, sont triangulaires , et coupées en biseau à leur extrémité, sur leur face postérieure. Les molaires inférieures diffèrent à peiné‘entre elles par leur disposition , leur grandeur et leur volume : elles sont toutes très-obliques , et dirigées de dehors en dedans et d’avant en arrière. Elles sont ovales , ou, pour en donner une idée plus exacte, com- parables à un grain de blé ; chacune d'elles présente à la couronne deux petites excavations longitudinales , sépa- rées par une petite crête, à l'extrémité externe de la- quelle on remarque une échancrure : cette petite crête et cette échancrure partagent chaque dent en deux par- ties très-distinctes, présentant l’une et l’autre la forme d’un ovale trés-allongé. Les molaires supérieures sont, comme les inférieures , obliques d'avant en arrière et de dehors en dedans , et présentent aussi, à l'exception de ( 286 }) la dernière, deux excavations longitudinales , séparées par une petite crête ; mais elles sont quadrangulaires et presque aussi étendues d'avant en arrière que de dedans en dehors. Les trois premières diffèrent à peine entre elles ; mais la dernière , beaucoup plus grande que les autres , présente de plus que celles-ci une partie à peu près demi-circulaire , dont le centre est légèrement ex- cavé. Le crâne présente plusieurs caractères ostéologiques très-remarquables, et nous Île figurerons avec soin dans l'ouvrage ex professo que nous devons publier sur la zoologie de l'Amérique méridionale. Il me suffira ici de remarquer que le trou auditif externe est placé à l'angle postérieur et supérieur du crâne , directement au-dessus , mais à une grande Gisiance , de l’apo- physe styloïde. En général, c’est du cochon-d'Inde et des agoutis que la Viscache se rapproche le plus par les formes de son crâne , comme par son système dentaire : c'est également des Cavia qu'elle se rapproche prin- cipalement par les organes du mouvement. Les membres antérieurs sont terminés par quatre doigts , dont les deux externes sont beaucoup plus courts que les deux internes. Les ongles sont de longueur moyenne , aigus, acérés, un peu comprimés , conyexes à leur face supérieure , {ous presque égaux entre eux : la paume est presque entièrement nue : on remarque un tubercule sous chaque doigt. Les pieds postérieurs, très-allongés, n'ont au con- traire que trois doigts, dont le médian est le plus long et le plus fort; chacun d’eux est terminé par un ongle irès-rcbuste, long, presque exactement droit, com- 14 ( 287 ) primé, terminé en pointe. La plante du pied est nue et calleuse dans tonte sa moitié postérieure ; elle est recou- verte en devant, ainsi que l’origine des ongles , par des poils rudes , assez longs , naissant sur les côtés du pied, et se dirigeant en bas. La queue est couverte supérieurement de poils longs , rudes , dirigés en arrière, et dépassant de beaucoup, par leur extrémité , la dernière vertèbre caudale : ceux de la partie inférieure , également rudes , sont courts et mani- festement usés par un frottement souvent répété ; quel- quefois même le poil est en quelques points entièrement détruit , et la peau est devenue calleuse. Les mamelles , placées sur la poitrine et la partie an- iérieure du ventre (d’après M. d'Orbigny), occupent une position très-remazquable ; elles sont placées , non à la partie inférieure du corps , mais latéralement , et près de la face supérieure. L’un de nous a déjà signalé cette position remarquable des mamelles chez plusieurs chauve- souris (1), et depuis il a eu occasion de constater qu’elles sont tout-à-fait supérieures chez un rongeur américain, le Myopotame coypou. Les couleurs de la Viscache sont presque exactement celles du Chinchilla. Toutes les parties inférieures du corps et de la tête sont blanches ; les flancs et le dessus de la tête sont gris : quelques poils noirs sortent du mi- lieu des poils gris. Le dessus du dos est également cou- vert de poils gris et de poils noirs ; mais ceux-ci recou- vrent presque entièrement les premiers ; d’où résulte une (x) Voyez l’article Roussertre du Dictionnaire classique d’uisioire naturelle ; article où l’on trouve la monographie des cinq genres connus de Chauve-Souris insectivores, ( 288 ) teinte générale noire. Le dessus de la tête est cou- vert de poils gris, du milieu desquels sortent quelques poils noirs ; mais une large bande, de couleur blanche, couvre le dessus du museau et les joues, Les membres de devant sont antérieurement fauves à leur partie supé- rieure, blanchâtres à leur partie inférieure; leur face postérieure et interne est blanche. Les cuisses et les jam- bes sont d’un gris fauve extérieurement, et blanches à leur face intérieure, de même que le dessus du pied. La queue est variée de blanc sale et de brunâtre, et termi- née par un pinceau de poils de cette dernière couleur. Les soies qui composent les moustaches sont les unes blanches , les autres noires. SIT. Rapports naturels de la Viscache avec le Chin- chilla , et Caractères du genre Callomys. Le Chinchilla , quoique des milliers de peaux soient importées chaque année en Europe , quoique sa magni- fique fourrure soit l’une de celles que recherche je plus le luxe des nations civilisées , n’est encore que très- imparfaitement connu des naturalistes. Les peaux que l’on trouve dans le commerce sont presque toujours irès-incomplètes , et toujours privées de crâne et de denis : aussi n’avons-nous pu comparer ces parties chez le Chinchilla et la Viscache. Néanmoins il n'y a aucun doute que ces deux espèces ne doivent être rangées dans un seul et même genre. Le nombre et la forme des doigts, la forme du corps, de la tête, des oreilles , de la queue , sont presque identique- ment les mêmes, et il n’y a pas jusqu'aux couleurs du ( 289 ) pélage et à la disposition des poils, qui ne présentent des rapports évidens dans l’un et dans l’autre, quelque rudes et grossiers que soient d’ailleurs les poils de la Viscache, comparés à ceux du Chinchilla. Nous admettons donc comme un fait incontestable , comme un fait démontré, que la Viscache et le Chinchilla sont deux espèces con- génères,ne pouvant être placées dans aucun des groupes établis jusqu’à ce Jour, et devant former un genre à part; genre auquel nous donnerons le nom de Callomys , et qui.se trouve dès à présent composé de trois espèces, par la découverte d’un Chinchilla nouveau et très-remar- quable , que nous ferons connaître tout à l’heure sous le nom de Chinchilla doré, Callomys aureus. Les deux espèces anciennement connues pourront conserver leurs anciens noms spécifiques , et être ainsi appelées : Callo- mys laniger, et Callomys viscacia (1). Le genre Callomys pourra être caractérisé de la ma- nière suivante : Dents au nombre de vingt, savoir, une incisive et quatre molaires de chaque côté et à chaque mâchoire ; incisives triangulaires ; molaires inférieures toutes sem- | (1) Let de connaître le ‘Callomys aureus, nous étions portés à faire du mot Viscacia lui-même le nom du genre , voulant éviter la création d’un mot nouveau, qui, ne nous semblait pas indispensable. L’auteur de l'Histoire naturelle du Paraguay, M. Rengger, qui, ainsi qu'on l’a vu, a! déjà indiqué la nécessité de former un-genre à part pour la Vis- cache , avait eu la même idée. Mais, lorsque nous avons examiné le Callomys aureus , nous avons reconnu que l'adoption du mot Viscackhe, IViscacia, comme nom générique, entraînerait quelques inconvéniens assez graves de nomenclature , et nous avons donné au nouveau genre le mom de Callomys , qui rappelle la beauté de la fourrure de plusieurs de ses espèces. (* XI. 19 ( 290 ) blables entre elles , très-obliques , et dirigées de dehors en dedans, et d'avant en arrière ; molaires supérieures également obliques , et dirigées de déhors en dedans , et d'avant en arrière : les trois premières sont égales entre elles, la quatrième étant plus grande. Membres antérieurs terminés par quatre doigts; | dont les deux externes sont beaucoup plus courts que les in- ternes , et dont chacun est pourvu d’un ongle acéré, de longueur moyenne, Membres postérieurs terminés par trois doigts , dont le médian est le plus long et le plus fort, et dont chacun est pourvu d’un ongle long , très-robuste , terminé en pointe, et presque exactement droit. Tête grosse ; moustaches très-longues ; oréilles mem- braneuses et amples ; queue assez courte (seulement un peu plus longue que la tête); poil plus ou moins doux au toucher. Je terminerai ce résumé des caractères génériques des Callomys , en donnant le tableau comparatif des dimen- sions des trois espèces connues dans le genre. | Cacromys Cacrouys Cazromys VISCACIAe. _LANIGER. AUREUS (1). Pi PR UP. DPS LP PULr: Longueur totale (du bout du museau à | fn Danus) UN OMR A ent Tir » LioE 1» 18 » Longueur de la tête. . . 7 . . . . | » è » », 3 6 » 4 6 — ; de la quene. 4. 5. 40. » 7 6:| » 4 6 » » » = des pieds de derrière. ... .| » 4 3 » 31» » » = des’ oreilles, . . . . . . .. » T 9 » 1 6 » » » _ des plus longues moustaches.|. » 4 6 » 4 6 » 6 » —_ du poil sur le dos. + ..| » » 9 TUE) » 1 3 (1) Nous n’avons pu indiquer d’une manière complète les dimensions de cette dernière espèce, toutes les peaux que nous avons pu examiner étant sans pattes, sans oreilles et sans queue. ( 297 ) $. II. Caractères distinctifs des trois espèces de. Callomys. Les trois espèces de Callomys, quoique unies entre elles par les rapports les plus intimes , se distingueront facilement par les caractères suivans : La Viscacne, Callomys viscacia. Pélage gris fauve sur la partie antérieure du dos, le cou, la tête, les flancs, passant au noir sur la partie pos- térieure du dos , blanc à à la région inférieure du COrps ; poil assez doux au toucher ë moustaches noires et blan- ches (1). | Le Caincuizra , Callomys laniger. Pélage d’un beau gris ondulé de blanc à la face supé- rieure du corps, d'un gris très- clair en dessous ; poil extrèmement fin et doux au toucher ; moustaches noires et Hnehes Le CrincmiLLa Doré, Callomys à aureus (2). (1) M. de Blainville a observé vivant à Londres, il y a quelques années, un rongeur très-remarquable, auquel il a donné provisoire- ment le nom de Dipus maximus;, et que M. Desmarest a décritisous le même, nom ; d'après. des. notes. communiquées par M. de Blainville (Voyez le Dictionnaire d'Histoire naturelle et la Mammalogie de ’En- . L’épanchement produit n'étant pas assez considé- rable, comme je viens de le dire, je perçai, avec les mêmes précautions, et pour ne pas blesser le cervelet sur lequel il repose, le sinus longitudinal postérieur ou cé- rébelleux. Celui-ci est beaucoup plus grand que le cérébral dans les oiseaux, particulièrement dans Îles pigeons ; aussi l’épanchement de sang qui résulta de son ouverture fut-il plus abondant. Ce sinus étant ouvert, le sang s’épanchait au-dehors ; et Je le voyais , tour à tour, ou comme refluer vers l'in- térieur, à chaque inspiration; ou s'écouler en nappe à l'extérieur, à chaque expiration; c’est-à-dire suivre exactement, dans son espèce de reflux et dans son écou- lement, les deux mouvemens alternatifs du cerveau qui, comme l’ont appris d'abord les expériences de Schlig- ting, répétées depuis par tant de physiologistes, s’a- baisse pendant l'inspiration , et s’élève pendant l’expi- ration. Tant que le sang s’écoula à l'extérieur, il ne parut aucun eftet. Je bouchaiï le trou du crâne ; l’épanchement se fit dès-lors à l’intérieur, maïs il s'arrêta bientôt; je le renouvelai , il s’arrêta encore ; et il me fallut le renou- veler ainsi à plusieurs reprises. Mais enfin, dès qu'il eut atteint une certaine limite , je vis l’animal tomber tout-à-coup dans un désordre de plus en plus tumul- tueux de ses mouvemens, désordre tout-à-fait pareil à celui qui suit les lésions de plus en plus profondes du cervelet. Bientôt à ce trouble des mouvemens se joignit ( 360 ) la perte de la vue; des convulsions survinrent ; et l’ani- mal succomba dans ces convulsions. 3. Sur un second pigeon , je perçai dès l’abord le sinus longitudinal du cervelet ; et je le perçai , comme dans l'expérience précédente, à plusieurs reprises, jusqu’à ce que l’épanchement füt assez considérable; et à chaque reprise , je bouchaï le trou du crâne pour que l’épan- chement se fit à l’intérieur ; et dès qu’il eut encore at- teint une certaine limite, je vis de nouveau reparaitre le désordre tumultueux des mouvemens et les convul- sions. Mais , cette fois-ci, dès que l’animal me parut sur le point d’expirer, j’enlevai la portion du crâne et de la dure-mère qui recouvre le cervelet; et, sur-le-champ, l'évanchement , d’une part, n’étant plus comprimé par ces parlies ; et ne comprimant plus , à son tour, l’encé- phale; et , de l’autre, reprenant son cours extérieur , le désordre des mouvemens et les convulsions cessèrent , et l’animal reprit, avec une rapidité singulière, toutes ses facultés. 4. Je viens de dire , à propos de l’ouverture du sinus longitudinal du cervelet, que le sang s’en écoulait par une effusion inégale ou plus ou moins ralentie (sus- pendue même dans les cas où , soit par la perte du sang, soit par toute autre cause, la circulation est très-affai- blie) pendant l'inspiration, et renouvelée pendant l’ex- piraton. Je vis cette inégalité de l’effusion du sang se repro- duire à l'ouverture du sinus longitudinal du cerveau , et être toujours d'autant plus marquée que les inspirations et les expirations étaient plus fortes, ou que la circula- PU. (Por ) tion était plus affaiblie. C’est sans doute à cette inéga- lité d'écoulement qui caractérise l’hémorragie des sinus de l’encéphale qu'il faut rapporter l'erreur de Vésale et de quelques autres anatomistes , ses contemporains on ses successeurs, qui supposaient ces sinus doués d’une force propre de pulsation. Haller, qui est l’un de ceux qui ont le plus contribué à dissiper cette ancienne erreur, ne s'exprime pourtant pas tout-à-fait exactement, quand il dit: « Le grand sinus « de la faux , blessé , répand mollement son sang comme «une veine (1). ».Il y a du moins cette différence qui explique lerreur mème que combattait Haller, que la veine, hors le cas particulier du pouls veineux , comme chacun sait, le répand par une effusion plus ou moins sensiblement uniforme, tandis que le sinus , se dégon- flant et se gonflant alternativement pendant l'inspiration et l'expiration , le répand par une effusion plus ou moins incgale , comme je viens de le dire. 5. Je reprends le cours de mes expériences. On a pu remarquer avec quelle difficulté je suis parvenu, dans les deux précédentes, à produire, par l'ouverture des sinus de l’encéphale, des épanchemens assez abondans pour déterminer les effets de la compression du cerveau : dificulté telle , comme on a vu, que ces épanchemens, à peine produits, s’interrompaient, et qu'il m’a toujours faïlu les renouveler à plusieurs reprises. Cette difficulté doit fixer l'attention sous plus d’un rapport. Elle explique d'abord comment un médecin célèbre, dans ses bglles et récentes recherches sur les apoplexies , a vu les épan- (1) Voyez Mém, sur la nature des parties sensibles et irritables, TR CP TE ( 362 ) chemens produits par l'ouverture des sinus de l’encé- phale , n’être suivis d'aucun effet (1). Elle dément en- suite cette opinion, qui n’en est pas moins peu fondée pour être fort ancienne , et qui regarde les hémorragies de ces sinus comme essentiellement funestes; opinion déjà combattue d’ailleurs par Ridley, par Pott, par Las- sus (2). Mais elle montre , surtout et avant tout, la né- cessité de recourir à un autre procédé que celui de l'ouverture de ces sinus, pour obtenir enfin des épan- (x) Voyez les Recherches de M. Serres sur les apoplexies. (2) C’est en partie sur cette opinion , qui regarde les hémorragies des sinus comme fuuestes, qu’a été établie la règle de ne pas appliquer le tré- pan sur les sutures, particulièrement sur la suture sagittale, sous laquelle le sinus longitudinal supérieur est placé. Cependant cette opinion, quel- que générale qu’elle ait pu être, n’a jamais été universelle. Mème à l’époque où , par l'adoption que semblait en avoir faite l'Académie de Chirurgie, elle dominait avec le plus d’empire , Lassus , dansle Mé- moire intéressant queje cite ici, et que Louis accompagna d’une disser- tation savante, avait cherché à prouver, par le rapprochement de plu- sieurs faits pris de divers auteurs, que l’hémorragie des sinus de Pen- céphale était loin d’être aussi dangereuse qu’on le supposait d’ordinaire ( Mémoires de l'Académie royale de Chirurgie); et, déjà avant lui, Pott n'avait pas craint de recourir à une large ouverture du sinus longi- tudinal, mis à découvert par une blessure , pour combattre un état d’insensibilité générale, déterminé par cette blessure { Pott, O£uvres chir. ). Enfin, Ridley, dans ses expériences curieuses sur les mouvemens des sinus, avait vu plusieurs fois les hémorragies de ces sinus s’arréter d’elles-mêmes { Trans. phil. ). Or, les expériences qu’on vient de voir montrent, en effet, qu’en général l’hémorragie des sinus cérébraux n’est ni aussi grave, ni surtout aussi difficile à arrêter qu’on l’a cru long-temps ; mais comme elles montrent aussi qu’il est des cas où elle peut déterminer la complication d’un épanchement compressif, et comme d’ailleurs toute complication d’hémorragie est toujours une complication incommode , dans les opé- rations non moins que dans les expériences , il suit qu’elle doit être évitée toutes les fois qu’on n'a pas un intérêt direct à la provoquer: Lu ( 865 ) chemens qui donnent des résultats plus rapides et plus précis. Ç LV. 1. Or, cet autre procédé ne pouvait évidemment consister que dans l’onverture des artères mêmes du cer- veau. À près avoir opéré successivement , dans diverses ex. périences , l'ouverture de plusieurs de ces artères qui rampent sur la face supérieure des lobes cérébraux , l’une de celles qui m'a paru la plus commode à atteindre, ei qui donne par conséquent les résultats les plus faciles à obtenir, est celle qui rampe à la face antérieure et su- périeure des lobes cérébraux, près du bord supérieur et interne de l'orbite; mais, et il est presque inutile d'en avertir, quelle que soit l’artère que l’on ouvre, les résultats sont toujours au fond les mêmes. Il est presque inutile aussi de répéter que le peu d'épaisseur des os frontaux des pigeons laisse voir les artères de la face supérieure du cerveau comme à nu; d’où il suit qu'on peut toujours les atteindre avec certi- tude. De plus, comme ces artères sont très-superficiel- les , et qu'il suffit de les percer une seule fois pour obtenir un épanchement aussi rapide qu'abondant, on ne court jamaïs le risque de blesser la substance du cer- Veau ; CE qui est un avantage immense, et que n'a pas le procédé de l’ouverture des sinus : car, comme il faut toujours percer ces sinus à plusieurs reprises, on sent qu'il est presque inévitable qu’à force de revenir dans le crâne , on ne finisse par blesser plus ou moins queques unes des parties mêmes de l’encéphale. { ( 364 ) Ces préliminaires posés , je passe aux expériences: Sur un jeune pigeon, je perçai l'artère superficielle qui rampe , ainsi que Je l'ai déjà dit, près du bord in- terne et supérieur de l'orbite. Cette artère était celle du lobe Ebsbe droit À peine fut-elle ouverte que je vis un épanchement rapide se former sur ce lobe droit. Bientôt P épanchement gagna le lobe. gauche ; et De | l'animal n’y voyait plus. Bientôt encore l’épanchement gagna le cervelet ; aus- sitôt le trouble des mouvemens parut. Enfin, l’épan- chement s’accroissant de plus en plus, des convulsions violentes survinrent ; et l’animal succomba dans ces con- vulsions. A l'ouverture du crâne, je trouvai, comme dans toutes les expériences où j'ai laissé succomber l'animal aux effets de l’épanchement, toute la surface de l’encé- phale, jusqu’à l’origine de la moelle épinière , recou- verte d'une couche épaisse de sang coagulé, et toute la dure-mère fortement distendue par cette couche de sang interposée entre elle et l’encéphale. Il est à remarquer en outre que, dans le cas de l’euverture d’une artère du cerveau , le sang s’épanche en entier, ou à peu près du moins, sous la dure-mère , tandis que, dans le cas de l'ouverture d’un sinus, le sang s’épanche, partie sous la dure-mère, et partie entre le crâne et la dure-mère. 3. Sur un second pigeon, je perçai la même artère ; et Je vis, successivement et rapidement , l'épanchement gagner les deux lobes , Le cervelet , Les parties profondes de lencéphale ; eu, à chaque progrès qu’il faisait , l'ordre (7365 ) des phénomènes changer, à mesure que chacun de ces progrès lui faisait comprimer une partie nouvelle. Ainsi, à mesure que l’épanchement gagna les lobes cérébraux, l'animal perdit la vue ; à mesure qu'il attei- gnit le cervelet, l'animal perdit l'équilibre de ses mou- vemens; à mesure enfin que l’épanchement comprima la moelle allongée, des convulsions violentes survinrent. Je n'avais vu (à l'extrême rapidité près, dans la succession des phénomènes ), dans aucune de més premières expé- riences sur les lésions isolées des diverses parties du cer- veau , des résuliats plus distincts et mieux circonscrits. Dans l'expérience précédente, j'avais laissé succom- ber l'animal dans les convulsions. Dans celle-ci , dès que les convulsions parurent, j’enlevai la portion des os frontaux et de la dure-mère qui recouvre les lobes cé- rébraux (ou, en d’autres termes, j'enlevai les parties qui comprimaient l’épanchement , et je permis à l’épan- chement de se faire à l’extérieur (x1)) ; et, sur-le-champ, les convulsions, le trouble des mouvemens, la perte de la vue, tout disparut ; et l'animal reprit, avec une rapi- dité surprenante, toutes ses facultés. 4. Cette rapidité avec laquelle l'animal reprend ses facultés , et, pour ainsi dire , renait à la vie, dès l’ins- tant où la compression cesse , est au reste l’un des phé- nomènes qui m'ont le plus frappé dans le cours de ces expériences. Maïs il y a des degrés’, soit dans la rapidité, (x) Quant à cet épanchement on hémorragie extérieure, comme il ne s’agit ici que de l'ouverture de petites artères , cette hémorragie s'arrête tonjours d’elle-même et bientôt. Je reviendrai d’ailleurs, dans un autre Mémoire, sur cette cessation spontanée de certaines hémorragies dans les animaux. | EU ( 366 ) soit dans la plénitude de cette renaissance des forces, selon les effets produits. Elle est, par exemple, sou- daine , complète, assurée, s’il n’y a que stupeur et perte de la vue; elle l’est de même , s’il n’y a que trouble des mouvemens, ou si les convulsions ne subsistent que depuis peu de temps ; mais, à mesure que les convul- sions subsistent depuis plus long-temps , il y a de moins en moins lieu de compter sur ellé. 5. Sur plusieurs lapins , après avoir percé le crâne, j'injectai, au moyen d'une petite seringue , une certaine quantité d’eau entre le crâne et la dure-mère. Sur tous ces lapins , dès que l’épanchement dépassait une certaine limite, Je voyais survenir tous les effets de la compression du cerveau; et dès que, ou l’épanche- ment, ou le crâne étaient enlevés, je voyais, dans les cas du moins où la substance du cerveau n'avait pas été blessée , tous ces effets disparaître. 6. Une précaution essentielle , dans ces expériences, pour ne pas blesser la substance du cerveau par Pinjec- tion , est de n’opérer cette injection qu'entre le crâne et la dure-mère. Une seconde précaution est de diriger le jet du liquide vers les paroïs internes du crâne , et non vers le cerveau ; et encore, avec toutes ces précautions , on court toujours le risque de blesser plus ou moins la substance de cet organe. Ainsi , ce procédé est défectueux , parce qu'il com- plique ou fait courir le risque de compliquer plus ou moins les épanchemens par des lésions : le procédé de l’ouverture des sinus est défectueux, parce que les épan- chemens qu'il produit sont presque toujours insuffisans pour déterminer les efieis de la compression cerébrale , (367 ) et que, pour les rendre suflisans, on court encore le risque de compliquer les épanchemens par des lésions. Le procédé par l'ouverture des artères , tel que je viens de l’exposer, n’a aucun de ces inconvéniens : il doit donc leur être préféré sous tous les rapports. 7. J'ai répété les expériences qu'on vient de voir, un si grand nombre de fois, sur des pigeons, sur des poules, sur des lapins, qu'il ne peut y avoir aucun doute sur leurs résultats ; résultats d’ailleurs par eux-mêmes si nets, si évidens, et, s’il m'est permis de Île dire, qui éclairent d'un si grand jour l’une des lésions principales de l'organe le plus important de l'économie. 8. Ainsi donc, 1° les épanchemens cérébraux, par- venus à une certaine limite, déterminent les effets nom- breux et divers de la compression du cerveau ; et 2° ils ne déterminent ces effets que parvenus à cette limite. S V. 1. Deux faits sont donc à expliquer dans l’action mécanique de ces épanchemens : l’un , pourquoi leurs effets sont multiples ; l’autre , pourquoi ils ne produi- sent ces eflets que parvenus à une certaine limite. 2. Or, quant au premier fait , mes précédentes expé- riences ayant montré que chaque partie de l’encéphale a ses fonctions propres, et conséquemment aussi ses symptômes, car les symptômes ne sont que les fonctions troublées , il s’ensuit rigoureusement que, dans tout épanchement plus ou moins général, comme il y a plu- sieurs parties atteintes , il doit y avoir aussi plusieurs symptômes ou effets produits; il s’ensuit encore que, ( 568 } selon que telle ou telle partie est plus tôt ou plus tard atteinte, ct elle l’est plus tôt ou plus tard selon le lieu qu'occupe le siége primitif de l’épanchement, ce doit être tel ou tel effet qu’on observe d’abord; ils’ensuitenfin que l’on peut toujours conclure, par chaque effet produit, le moment où l’épanchement, ou, plus exactement, action compressive de l’épanchement atteint chaque partie distincte de l’encéphale : par la perte des sens, la compression des lobes cérébraux ; par le désordre des mouvemens, la compression du cervelet; par les con- vulsions, la compression de la moelle allongée ; par la mort, la compression du point que j'ai nommé point vital et central du système nerveux. 3. Quant au second fait, il suffit, pour en démêler la cause , de considérer que le cerveau possède une force de ressort propre; et conséquemment que, pour que les effets de la compression surviennent, il faut d’abord que cetie force de ressort soit vaincue. 4. Je ferai voir , dans un second Mémoire, que cette force de ressort ou d'expansion constitue l’une des pro- priétés les plus prononcées du tissu nerveux. D'ailleurs, les expériences les plus simples ne sauraient laisser aucun doute sur son existence. 5. Si, après avoir mis une partie de l’encéphale à nu , on comprime cette partie, non avec un bouchon, comme le faisait Saucerotte (1) , mais avec le doigt ou la main, on reconnaît bientôt qu'il faut un certain effort de la part du doigt ou de la main sur la partie, pour dé- terininer, en la comprimant , les effetsde la compression. (1) Prix de l Académie royale de Chirurgie , t. IV. ( 369 ) On reconnaît , en outre, que ces effets ne surviennent qu'autant que la partie éprouve déjà un certain affais- sement ou déformation ; et qu'ainsi le cerveau est sus- ceptible de céder ou de s'affaisser jusqu'à une certaine limite, avant d'être altéré au point que ses fonctions soient troublées (1). 6. Or, soit pour produire ce premier affaissement, soit pour combler Îe vide qui en résulte , soit pour sur- monter complètement la force de ressort du cerveau par laquelle il tend sans cesse à reprendre son expansion vaturelle ; 1l est évident qu'il faut nécessairement une certaine quantité de liquide , ou, en d’autres termes, que l’épanchement dépasse une certaine limite ; et il le faut d'autant plus que l’épanchement, par son poids seul , ne peut produire aucun de ces effets. 5. Ainsi, par exemple, si, après avoir mis toute la partie supérieure de l’encéphale à nu, on la recouvre d’éponges imbibées d’eau , le poids de ces éponges et de cette eau surpasse incomparablement le poids de tout épanchement qui pourrait se former entre le crâne et le cerveau, long-temps avant qu'il survienne aucun des effeis de la compression. Ce n’est donc ni par leur poids seul, ni par leur poids méme que les épanchemens déterminent les effets de la compression du cerveau ; mais parce que, poussés de toute la puissance des forces circulatoires entre le cer- veau et ses enveloppes ; et le-cerveau: résistant moins (x) Limiie qui peut être portée d’autant plus loin que la force qui produit l’affaissement agit d’une manière plus lente, comme dans les épanchemens chroniques , séreux ou autres , par exemple ; mais il n’est question ici que des épanchemens produits d’une manière subite. XXI. 24 ( 370 ) que ses enveloppes , le résuliat définitif ne peut être | que la dépression ou l’affaissement du cerveau , c'est- | à-dire, de celle de ces parties qui résiste moins. 8. Maïs, de ce que tout épanchement n'agit que passé une certaine limite , il s'ensuit qu'il lui faut un certain temps pour agir, par cela seul qu'il lui faut un certain temps pour atteindre cette limite; eic’est là pour- quoi les sympiômes des épanchemens sont toujours plus ou moins éloignés ou consécutifs , au contraire, de ceux des blessures (1), qui sont toujours primitifs ou immé- diats : grande règle de diagnostic, établie déjà depuis long-temps par le célèbre chirurgien Petit (2). 9. D'un autre côté, la nécessité que les épanchemens dépassent une certaine limite pour produire la com- pression du cerveau explique la divergence qui règne entre les opinions des savans ; touchant l’action com- pressive de ces épanchemens. Une opinion , aussi an- cienne que générale, leur suppose la faculté de com- primer le cerveau ; une opinion nouvelle leur refuse _cette faculté (3). Or, on vient de voir que les épanchemens ne détermi- nent pas la compression du cerveau d'une manière — (x) Du moins en tant que blessures; car l’inflammation , la suppura- tion, etc., qui succèdent aux blessures, ne sont pas les blessures mêmes. (2) Voyez Petit, OEuvres chir. On voit donc que trois caractères essentiels distinguent les effets des épanchemens : 1° ces effets sont consécutifs, ou ils ne paraissent qu'après un certain temps ; 2° ils sont multiples, ou ils peuvent atteindre plusieurs parties; et 30 ils sont pro- gressifs, ou. ils n’atteignent ces diverses parties que peu à peu, et pro- gres sivement. (3) Voyez les Recherches de M. Serres sur les apoplexies. (371) absolue, mais seulement en vertu de telle où telle condition donnée , comme, par exemple , d’être parve- nus à une certaine limite; et, parvenus à’cette limite , d'être comprimés par le crâne ou la duré-mère ; et l’on conçoit que, soit dans les expériences ; soit dans les observations des auteurs, les épanchemens: auront dû produire, ou non, la compression du cerveau, selon qu'ils se seront trouvés, Où non, soumis à ces conditions. S VI. x. Par tout ce qui précède, on voit!: 1° que les épanchemens ne produisent les effets de la:compression du cerveau qu'autant qu'ils dépassent une certaine limite ; 2° qu'il faut qu’ils dépassent cette limite pour surmonter la force de ressort propre ‘du tissu cérébral : 3° qu'ils ne surmontent , même parvenus à cette limite, cette force de ressort qu’autant qu’ils sont comprimés par le crâne ou la dure-mère ; et 4° que lablation du crâne et de la dure-mère détruit par elle seule , ou in- dépendamiment de leur évacuation: (c’est-à-dire, par cela seul qu’elle enlèvezetda voûte crânienne et la ré- gion supérieure de la dure-mère , car le eràne ne com: prime que par sa voûte, comme la dure-mère par’ sa région supérieure), l'action compressive des épanche- mens. 2. On voit,.en outre, que ‘trois agens distincts con- courent à l’action compressive des épanchemens : 1° la force impulsive des organes circulatoires qui poussent le sang entre le cerveau et le crâne ou la dure-mére ; 2° Ja résistance du crâne et de la dure-mère ; et 3° la résis- QUE tance propre du cerveau; et l’on voit que, de ces trois agens, la résistance propre du cerveau étant le plus faible , le résultat définitif doit être , comme je viens de Je dire, l’affaissement ou la compression, en d’autres termes, l’altération , la lésion du cerveau; car toute compression qui agit, agit comme lésion. 3. Ainsi, les épanchemens n'agissent que par com- pression; el ils ne compriment le cerveau qu'étant com- primés par le crâne ou la dure-mère ; et ils ne peuvent être comprimés par le crâne ou la dure-mère qu'autant qu'ils dépassent une certaine limite ; et le trépan , c'est- à-dire, l’ablation du crâne et de la dure-mère , détruit leur action, non-seulement parce qu’il donne issue à l’épanchement, mais encore parce qu’il enlève les par- ties qui le compriment. 4. On voit maintenant pourquoi, dans mes précé- dentes expériences, où je cherchais , par-dessus tout , à produire des lésions isolées de toute complication , et, par ces lésions simples, des phénomènes simples , je commençais, avec tant de soin, par mettre à nu tout l’encéphale par le retranchement complet de la région supérieure du crâne et de la dure-mère. Par cette mé- thode, non-seulement je pouvais constamment guider la main par l'œil dans l’ablation successive des diverses parties de l’encéphale; maïs je me garantissais, de plus, comme on vient de voir, sinon de tout épanchement, du moins de toute compression possible par Jes épanche- mens ; et l’on verra mieux encore toute l'importance de cette méthode expérimentale, quand, dans un second Mémoire, j'aurai fait connaître le mécanisme selon le- quel se forment les exubérances ou hernies cérébrales. ( 373 ) Revue crrique des diverses espèces du genre Vultur des ornithologistes modernes ; Par M. Rurrez (1). Parmi les familles naturelles des Oiseaux, aucune n'est mieux caractérisée que celle des Vautourins; la configuration du bec, celle des pieds et des ongles , le port, les mœurs et les habitudes les rapprochent par- faitement , en même temps que ces caractères les sépa- rent si bien des autres oiseaux que, quoique Linnæus les ait réunis dans les premières éditions de son Sys- tema Naturæ avec le genre Falco, il adopta plus tard le démembrement des Vultur proposé par Meurhingius. Storr détacha de ce genre, en 1990, les Gypaetos ; Hlli- ger, dans son Prodrome publié en 1811, forma, aux dépens des Vautours, son genre Catharte, auquel il réunit cependant les Gypaetos de Storr. M. Temmink enfin , en adoptant ces trois genres dans son Analyse du système général d’ornitholegie, proposa (2) deux sec- tions géographiques pour les Cathartes : l’une pour les espèces propres à l’ancien continent , l’autre pour celles du nouveau monde. M: Duméril nomma Sarcoramphus une partie des Cathartes propre à l'Amérique, et qui portent des caroncules à la tête. Enfin M. Cuvier, dans (x) Les Rédacteurs des Annales croient devoir déclarer que le Mé-. moire de M. Ruppel, sur les Vautours, leur a été remis depuis plus de six mois, mais que l’akondance des matières , ainsi que les grands événemens politiques qui ont eu lieu en France, en ont retardé jus- qu'ici la publication. (R.) (2) Manuel d’Ornithologie, deuxième édition , vol. L, p. 48. ( 574) sa nouvelle édition du Règne animal (1), en adoptant tous ces démembremens , appelle les deux sections géo- graphiques indiquées par M. Temmink Percnopterus et Cathartes ; mais il paraît vouloir supprimer le sous- genre Sarcoramphus. Voilà donc le genre Vultur de Linnæus subdivisé en quatre ou cinq sous-genres , qui se distinguent assez net- tement, parce qu'il n’y a que très-peu d'espèces dans cha- cun ; mais cela était précisément une raison pour ne pas faire ces subdivisions qui n'étaient pas nécessaires (2). Dans le présent Mémoire je me propose de ne parler que du genre Vautour proprement dit, tel qu'il est limité actuellement par les ornithologistes. M. Temmink en a récemment publié une Monographie, dans la 72° livrai- son de ses planches coloriées ; mais il y a fait plusieurs méprises , et l’omission assez grave de ne pas caractériser suffisamment les différentes espèces qu'il adopte. Ayant observé dans mes voyages un grand nombre de Vautours, tant à l’état sauvage que dans les collections d'histoire naturelle , je crois pouvoir rectifier plusieurs des mé- prises de M. Temmink , ei remplir les lacunes de sa Monographie. Je dois aussi faire observer que les descriptions des espèces du genre Vautour, dans les ou- vrages de Brisson et Daudin, sont en grande partie si incomplètes , et leur synonymie si vicieuse , que je pré- fère faire ici une revue critique de toutes les espèces qu'ils ont indiquées que d’en intercaler les citations dans mon travail. (1) Paris, 1829, vol. LE, p. 316. (2) Les ornithologistes connaissent actucilement neuf espèces de vautours proprement dits, deux Sarcoramphes , trois Percnoptères , deux Cathartes , et une où deux Gypaetos. ( 379 ) Brisson, Ornithologie, vol: 1, pag. 453 et suiv., décrit neuf espèces d'oiseaux sous le nom de Vautours. n° r, sou Ÿ’ultur cinereus est un Gypaetos barbatus ; n°2, son J’ultur fuscus est le jeune âge du Percnoptère d'Égypte ; n° 3, son Ÿ. ægyptiacus est le moyen àge du même oiseau ; n° 4, son W. niger est un autre état de plumage du Gypaetos barbatus ; n° 5 , son 7. aureus , encore un Gypaetos barbaius ; n° 6, son F. cristatus, n° 8, W. alpinus, et n° 9, Ÿ. leucocephalus, sont des Faucons ; n° 7, enfin son Y”. fulvus est l'espèce connue actuellement sous ce nom. Daudin, 7raité élémentaire d'Ornithologie , vol. 2, pag. 5, décrit 19 espèces dans son genre Vautour. Les n* 1 et 2, Vultur papa et gryphus sont des Sarcoramphes; le n° 3, Ÿ. auricula- r'is n’est qu'un oiseau factice ; le n° 4, F. ponticeria- nus conserve ce nom chez les ornithologistes modernes. (Daudin , à la page 450 du mème volume , prétend que ces deux dernières espèces n’en forment qu'une seule.) Le n° 5, Ÿ. indicus esi le V. chassefiente ; le n° 6, #. chincou n'est que le 7. monachus , Linn. ; le n°7, #7. percnopterus est le . fulvus ; le n° 8, F7. changoun est le jeune âge de V. Kolbu ; le n° 9, Ÿ: monachus est le jeune F7. occipitalis ; au sujet du n° 10, W. Kolbu, la description se rapporte au Vautour chassefente , tan- dis que la planche citée de Levaillant ; Oiseaux d’Afri- que, n° 10, représente le moyen âge d’un véritable F. Kotbii. Le n° 11 V. vulgaris est un Gypaetos barba- tus ; len° 19 W. niger est probablement le Ÿ. ægypius. Le n° 13 Ÿ”. fulvus est réellement l'espèce nommée ainsi par les ornithologisies modernes. Le n° 14 W. fuscus est le moyen âge du Percnoptère d'Égypte. Le n° 15 V. arrianus est le F. cinereus. Le n° 16 F. aura'est (376 ) aujourd’hui le Cathartes aura. Le n° 15 W. ginginia- nus et le n° 18 W. albus sont de différens âges du Percnoptère d'Égypte : le n° 19 Ÿ. cristatus est une espèce de Faucon indéterminable. Enfin l’espèce de Species du genre Vautour donné récemment par M. Griflih dans sa traduction anglaise du Règne ani- mal de M. Cuvier, n’est pas moins embrouillée, Il comptel 1 à 12 espèces comme appartenant à nos Vautours proprement dits ( Vol. vi, p. 15). N° 1 Wultur fulvus est , d’après la description, celle que je désigne sous le même nom , mais parmi les figures citées celle de Buffon (PL. 426) et celle de Levaillant (PI. 10) appartiennent à l'espèce Chassefiente. N° 2 7. Kolbu est, d’après la description , également l'espèce Chassefiente , ainsi que probablement la planche 105 de Sonnerat citée. N° 3 V. indicus , des deux planches citées ici, l’une , plan- che 11 de Levaillant, représente le véritable Fultur Kolbu, l'autre , planche 26, Temmink, est l'espèce Chassefiente. N° 4 #7. Chincou; la planche citée n° 12 Levaillant, est le Ÿ. occipitalis de Burcheil. N° 5 7. cinereus ; la figure de Buffon , pl. 426, est bien celle de cette espèce, mais la planche 290 d'Edwards représente celle que Temmink a nommée }”. imperialis , et Linné, Gmelin, Ÿ. monachus. N°6 F. auricularis ; la figure pl. 9 de Levaillant n’est autre chose que celle d’un 7. ægypius défigurée. N° 5 #. monachus ; ici on cite en- core une fois la planche 290 d'Edwards ; l’autre planche citée n° 426 Temmink appartient bien à cette espèce, si toutefois c'en est une, ce dont jai grand doute. N° 8 F.. pondicerianus est l’espèce citée par les autres au- teurs sous le même nom. N° 9 7. angolensis pourrait bien appartenir au genre Falco. N° 10 W. Chincou est | ( 377 ) le jeune âge de V7. occipitalis de Burchell. N° 11 F7. | ægypius est cette espèce décrite par M. Savigny; la figure citée n° 407 (pl. col.) lui appartient ; maïs l’autre figure indiquée n° 13 (pl. col.) est celle d’un F”. occi- pitalis. N° 12 W. madagascarensis est très-probable- ment le moyen âge de Ÿ”. occipitalis. M. Temmink décrit dix espèces de Vautours pro- prement dits dans la 72° livraison de ses planches colo- riées. Je les examinerai dans l’ordre dans lequel ils se suivent. 1. Vultur auricularis (Daudin). Cette espèce est éta- blie d’après la seule figure que Levaillant , Ois. d’Afr., pl. 9, donne d’un oiseau qu'il dit avoir trouvé dans a partie méridionale de l'Afrique, mais qui n’a été revue depuis par aucun autre naturaliste. Un seul exemplaire est connu se trouver aujourd'hui dans la belle collection de M. le duc de Rivoli à Paris. J'étais très-curieux de l’examiner ; mais quelle fut ma surprise en reconnais- sant au premier aspect, dans cet oiseau , un V’ultur ægypius ur peu défiguré à la tête , et en y regardant de plus près, je trouvai en effet qu’on avait cousu ensemble sur les côtés de la tête et du cou des replis factices de la peau , qu'on devait avoir étendu préalablement par quelque force mécanique. Cette falsification est évi- dente, et toutes les personnes auxquelles je fis part de ma remarque partagèrent mon opinion en voyant cet oiseau. On dira peut-être que cela n’est pas une preuve pour soutenir que l'espèce figurée par Levaillant n'existe pas dans la nature. Mais je répondrai que c’est peut-être très-involontairement que cet auteur a commis l'erreur ( 378 ) de figurer des réplis cutanés qui pouvaient être produits dans l'individu qu’il a examiné par la difficulté qu’on a de faire passer, en le dépouillant, la grosse tête du Ful- tur ægypius à travers le cou. En tout cas, Levaillant n'a pas donné de figure de ce dernier Vautour, qui cepen- dant est commun dans la Cafrerie et dans tout l’intérieur de l'Afrique. Pendant mon long séjour dans les pro- vinces tropiques de la partie septentrionale de ce conti- nent, j'ai recueilli , et même en assez grand nombre, toutes les espèces de Vautours qui se trouvent aux envi- rons du Cap et dans la Cafrerie, à l’exception de ce prétendu Oricu ou Wultur auricularis. Maïs comme depuis Levaillant personne n’a vu cet oiseau dans la partie méridionale de l'Afrique, on doit supposer qu’il habite principalement les régions équatoriales, ce qui est contraire à mes observations. On sait cependant que les espèces de Vautours sont toutes très - répandues, et qu'ils émigrent dans les régions lointaines pour se rendre dans les lieux qui leur offrent une nourriture abondante, que la finesse de leur-odorat leur fait découvrir à d’in- croyables distances. Toutes ces considérations m'ont déterminé à ne pas considérer le Vautour Oricou de Levaillant comme une espèce avant qu’on en ait retrouvé quelque individu bien caractérisé. 2. Vultur pondicerianus (Linn., Gmel.). On u'ouve cette espèce aux grandes Indes et dans les îles tropiques au sud de la Chine; elle est très-facile à reconnaître aux replis cutanés qui se trouvent aux deux côtés de son cou et commençant au-dessous du trou auditif. Le cou est tout nu; la tête n’est couverte que d’un duvet noï- râtre très-clair-semé. La couleur générale du corps et ( 379 ) des ailes est d’un brun noirâtre; la fraise qui entoure postérieurement la base du cou est composée de plumes arrondies , noirâtres , et celles de la poitrine et du ventre ont également la même forme. Un collier de duvet blanc sépare la poitrine de la région du jabot; le bec est noir ; la taille de cet oiseau égale celle d’un dindon sauvage. On en trouve des figures dans Sonnerat ( Voyage aux Indes, pl. 104 ), et dans Temmink (PI. col., pl. 2 ). Tous les individus dont j'ai vu les dépouilles présentent la même disposition dans les couleurs ; je ne puis cepen- dant pas assurer qu’il n’y ait à cet égard des différences ’age. 3. FV’ultur monachus ( Linné) ou Fuliur Chincou (Temmink) est une espèce très-rare dans les collections d'Europe, et j'avoue même ne l'y avoir jamais vue; aussi la description que jen donne ici n’est faite que d’après les autres auteurs. Ce Vautour se reconnait de suite à une touffe de plumes cendré-brunâtre qui recouvre l’occiput en forme de capuchon ; le cou a un duvet blanc cendré; sa base est entourée de lougues plumes eflilées et acuminées , d’un brun noirâtre ; tout le plumage du corps est d’un brun très-foncé. Je ne connais pas la forme des plumes de la poitrine et de l'abdomen qui n'est pas décrite par les auteurs. Le bec est noir à la pointe, brun à la base, et la cire ainsi que les pieds sont blenâtres. En grandeur Voiseau égale le Vautour brun d'Europe. On en trouve des, figures dans Edwards, pl. 290 , ei dans T'emmink, pl. 426. Ce dernier auteur (Monographie , dans la 92° livraison) cite la figure d'Edwards comme se rapportant à ce que M. Burchell et moi nommons Wuliur occipita- ( 380 } lis, ce qui est erroné, car la taille ainsi que la couleur du bec sont différentes. Peut-être cette espèce n’est-elle autre chose qu'un Vautour brun mal décrit et défiguré. 4. Vultur ægypius (Savigny). Ce vautour est facile à reconnaître à sa grosse tête plus volumineuse que celle des autres espèces connues. Elle est presque toute nue, rugueuse , et n’est garnie que d'un duvet clair-semé ; la couleur de la peau de la tête et du cou est grise bleuâtre livide ; un collier de plumes arrondies , brunes, entoure toute la base du cou ; celles de la poitrine et de l’abdo- men sont longues, eflilées et acuminées. Tout le plu- mage de cet oiseau est d’un brun foncé, le long de la baguette de chaque plume la couleur est plus claire ; sur la poitrine il y a au-dessous de ces plumes un duvet blanc qui dépasse parfois. Le bec est noirâtre à la base, la pointe a la couleur cornée. La taiile de cet oiseau sur- passe un peu celle du Vautour brun. Les jeunes indi- vidus sont absolument de même couleur que les adultes. Cette espèce est répandue sur tout le continent d'Afrique. M. Temmink (PI. col., pl. 407) en a donné une figure médiocre; une autre bien meilleure se trouve dans la traduction du Règne animal par M. Griffith, sous le nom de Nubien Vultur. 5. Wultur cinereus (Linn., Gmel.), ou Vautour brun , se reconnaît parmi toutes les espèces de ce genre par la crète de plumes arrondies , brunes , qui remonte obliquement le long des côtés du cou, vers la partie postérieure de la tête. Le sommet de la tête est recou- vert d’un duvet laineux ; la couleur générale de son plumage est le brun noirâtre ; les plumes de la poitrine et du ventre sont larges à la base et acuminées vers la ( 381 ) pointe; le bec est brun-noirâtre et la cire bleuâtre. Cet oiseau habite principalement les provinces montagneuses de lorient de l’Europe, dans le Caucase , en Syrie , etc. Je ne l'ai jamais observé à l’état sauvage en Afrique. Un individu que j'ai vu vivant en domesticité au Caire avait été pris en Chypre ; on l’envoya en 1823 au cabinet de Vienne. Buffon (PI. col. n° 425) donne une bonne figure de ce Vautour ; celle de Vieillot (Galerie des oiseaux, pl. 1 ) est également bonne , mais surtout celle de Vau- mann naturgeschichte der Vogel Deutschlands, pl. r. 6. Vultur fulyus (Linn., Gmel.). C’est relativement à cette espèce et aux deux suivantes que M. Temmink et les autres auteurs systématiques ont commis le plus d'erreurs, les ayant plus ou moins confondues entre elles ; aussi leur synonymie est-elle extrêmement em- brouillée. Cependant les caractères de chacune de ces trois espèces sont faciles à saisir et bien nets. Le véri- table J’ultur fulvus, celui qui a la même patrie que le Vultur cinereus , c’est-à-dire , les parties orientales et méridionales de l’Europe, se trouve aussi dans toute VAsie jusqu'à la Chine. Je ne l’ai jamais observé dans le nord de l'Afrique, quoiqu'il soit possible qu’il puisse s’y trouver; mais, sije ne me trompe pas, on ne trouve en Espagne et dans les Pyrénées que l'espèce suivante. Ce Vautour a la tête médiocre, le cou allongé , l’une et l’autre recouverts d’un duvet blanchâtre avec quelques poils raides au sommet de la tête. La base du cou est, en tout àge , entourée postérieurement d’une fraise de plames à base large et à barbes soyeuses , piliformes ; les plumes de la poitrine et du ventre sont toujours longues, étroites, acuminées et plus ou moins flottantes. La couleur gé- ( 382 ) nérale du plumage est brun fauve ; en vieillissantitelle devient plus claire, à l’exception des rémiges qui sont toujours brun foncé. Le bec est noirâtre à la pointes passant , principalement dans le jeune âge, à la couleur de corne. Cet oiseau égale en grandeur le ’ultur cine= reus; je n'en connais d’autre figure que celle de: Borz ckhausen, Deutschlands ornithologie , pl. x, où on la faussement nommé Wultur percnopterus ,-et celle de M. Werner, dans son Atlas des Oiseaux d'Europe. 7. Vultur chassefiente (Levaillant). C'est cette espèce dont la dépouillese trouve le plus souvent dans les col: lections d'oiseaux; elle est non-seulement répandue sur tout le continent d'Afrique, mais on la. trouve aussi parfois dans les provinces méridionales de l'Europe ; et je l'ai observée moi-même en lialie. On prend souvent cet oiseau vivant en Égypte et en Barbare, et c'est de là qu'on paraît urer les nombreux individus qu'on voit dans les ménageries ambulantes. On le distingue à sa tête comprimée , à bec couleur de corne dans le jeune âge et noire à l’état adulte; elle est récouverte d’un poil raide entremèlé sur le cou d’un duvet blanc ; la base du cou est garnie tout à l’entour d'une fraise de plumes longues acuminées toujours de couleur brun clair ; les plumes du ventre et de la poitrine ont la même ‘forme et la même lcouleur. Les rémiges sont noirâtres ; ‘lé reste du plumage, en tout àäge, brun clair. On en à de nombreuses figures : d’abord Büflon en donne une, planche 426 , sous le nom de Vautour: fauve ; une autre se trouve dans Levaillant (Oiseaux d'Afrique ; pli:ro), sous le nom de Chassefñente. M. Temmink (PI: col., n° 26) en donne une troïsième sous le nom de #’ultur (1383 ) indou. C’est probablement cette espèce que Sonnerat a figurée pl. 10h, dans son Voyage aux Indes , sous le nom de grand Vautour des Indes. D’après sa description, cet oiseau a une fraise de longues plumes étroites et acu- minées , de couleur rougeâtre à la base du cou; le plu- mage général est indiqué comme étant de couleur d'ombre , et chaque plume est terminée par une bande plus claire. Il ne dit rien de la forme des plumes du ventre. Le bec est de couleur noire. 8. Fultur Kolbii (Latham). À de la ressemblance avec le Fultur fulvus par la fraise blanche composée de plumes arrondies à barbes soyeuses , qui entoure la partie postérieure de la base du cou ; mais les plumes de la poitrine et du venire sont arrondies et serrées contre le corps. Un duvet blane laineux sépare la région du jabot des plumes de Îa poitrine; la tête est couverte d’une espèce de poil fauve , et le cou a un duvet blan- châtre ; le bec est couleur de corne dans le jeune âge et devient noirâtre en vieillissant. Les variations de cou- leur dans les différens âges sont très- sensibles. Les jeunes individus ont les plumes brunes foncées avec un bord blanchâtre ; les couvertures des ailes, les rémiges , la queue et la région du jabot sont d’un brun noirâtre ; c’est dans ce plumage que je l’ai figuré dans l’Atlas zoo- logique de mes voyages (Oiseaux, pl. 32). Levaillant en a donné une autre figure ( Oiseaux d'Afrique, pl. 11) sous le nom de Chaugon..A l’âge moyen , la couleur des plumes est d’une teinte plus claire, excepté celle des rémiges et des rectrices , qui est toujours brun noiràtre. Le bec devient un peu foncé vers la pointe. La plan- che 10 des Oiseaux d'Afrique représente l'oiseau de eet ( 384 ) âge sous le nom de Chassefiente (1). Le Vultur fulvus de Borckhausen, Deutschlands ornithologie, pl. 2, appartient également à cette espèce (2). Le Vultur Kolbir, à l’âge adulte, a tout le plumage de couleur blanc tirant sur isabelle , à l'exception des rémiges , qui sont constamment d’un gris brun. Le bec devient de plus en plus noirâtre , et, dans cet état, cet oiseau à été généralement pris pour le Vautour fauve adulte, qu'il égale en taille. Au reste , cette espèce ne se trouve que dans la partie tropique et méridionale de l’Afrique. 9. Le Vultur occipitalis (Burschell) ressemble en taille au Vautour de Pondichéry ; il se distingue en tout âge par une huppe de plumes laineuses posées sur l’oc- ciput , et par des lignes parallèles de petites verrues qui se trouvent à la partie antérieure du cou immédiatement sous le bec. Celui-ci est constamment d’un rouge brique à la base et noïrâtre vers la pointe, La fraise , à la partie postérieure de la base du cou, est composée de plumes larges, arrondies ; la poitrine et le ventre sont égale- ment couverts de plumes arrondies , assez serrées contre le corps. La couleur varie dans les différens âges de ces oiseaux. Les jeunes ont la huppe et tout le plumage du (1) C’est par méprise que, dans notre Atlas zoologique, Oiseaux, p. 47, on a indiqué la Planche 105 de Sonnerat, Voyage aux Indes, comme représentant cet oiseau, qui ressemble bien plus au Vautour chassefiente. Nous avons été induit en erreur par la monographie de M. Temmink, à laquelle nous nous en sommes rapporté, n’ayant pu consulter alors nous-même l’ouvrage de Sonnerat. (3) N'ayant pu trouver dans aucune bibliothèque de Paris l'ouvrage de Borckhausen, je cite cette planche de mémoire, sans garantie de méprise. ( 385 ) corps d’un brun noirâtre ; ce n’est qu’à la partie anté- rieure du cou, à la base du jabot, qu’on trouve des plumes laineuses blanches. C'est dans ce plumage qu’il est figuré par Levaillant (pl. 12), sous le nom de Chin- cou , et par M. Temmink , sous le même nom (planche 13) (1). Dans le moyen âge, ce Vautour a la huppe, le cou et la queue de couleur blanche ; je ne connais aucune figure dans cet état de plumage ; enfin l’oiseau adulte a non-seulement la tête, le cou et la queue blanche, mais encore les rémiges offrent la même couleur. J’en ai donné une figure exacie à la planche 22 des oiseaux de l’Atlas zoologique de mes voyages. Cette espèce pa- rait n’habiter que la zone torride de l’Afrique; elle m'a paru être plus courageuse que les autres Vautours que j'ai observés. Quant au Wulitur angolensis de ïiatham, dont M. Temmink change le nom en Ÿ. cathartoïdes, j'avoue que je ne puis rien communiquer sur cette espèce , n'ayant jamais pu voir ni un individu vivant, ni quelque dépouille de cet oiseau. Il est bien singulier que je n’aie pas rencontré , dans le Sennar ou dans le Kordosan , ce Vautour qu'on dit indigène sur les bords du fleuve Il 8 Laïre (-). (1) Get auteur a proposé plus tard, dans sa Monographie , de nom: mer cette espèce Ÿ”. galericulatus ; maïs ce nom ne doit pas être admis, vu que celui de Burchell est plus ancien. (2) M. Temmink dit, dans la 72e livraison , qu’on trouve une des- cription ou indication de ce Vautour dans le catalogue des oiseaux pu- blié dans le Voyage du capitaine Tuckay au Zaïre: je l'y ai cherché inutilement. La description de Pennant ; ainsi que sa figure ,tab. XIX, Tour in Wales, me laissent en doute si cet oiseau est vraiment un XXL. 25 ( 386 ) Le résultat de mes recherches me porte donc à n’ad- mettre que tout au plus neuf espèces de Vautours pro- prement dits. On sait que ce genre n’habite que l’ancien continent, et les espèces s’y trouvent répandues géogra - phiquement de la manière suivante : EUROPE. ASIE. AFRIQUE. Vuliur cinereus. Vultur cinereus. V'ultur ægypius. » fulvus. » fulous. » Kolbi. » chassefiente. » chassefiente? » chassefiente. » monachus. » occipitalis. » pondicerianus. » angolensis (?). Probablement parfois on trouvera encore en Arabie le Fultur Kolbu ei F. occipitalis , qui habitent la côte d’Abyssinie , et on pourra alors les ajouter aux espèces de la Faune asiatique. Vautour ou quelque espèce de Faucon. En tout cas, le cou emplumé, la petite taille, la couleur jaune de l'iris, et les mœurs de ce Vautour, observé vivant par Pennant , me paraissent le rapprocher éminemment du genre Falco. (38) Orservarions et Données nouvelles sur le Tigre du nord et la Panthère du nord, recueillies dans le voyage de Sibérie fait par M. À. ve Humsoror, en l'année 1820 : Par M. C. G. EarenserG (1). QUE Si le tigre a été mis au nombre des animaux de Russie, déjà du temps de Pallas, cela à été à tort et uniquement dans la vue d’orner la Faune de ce pays du nom du plus beau et du plus cruel des animaux, comme l'appelle Linné. On savait alors seulement , d’après la déclaration de Païlas lui-même, qu’il existe des tigres au-delà du lac Baïkal, sur les bords des lacs (1) Note de M. de Humboldt,. Il n’est peut-être pas sans intérêt de rappeler aux lecteurs de l'inté- ressant Mémoire de M. Ehrenberg sur l’existence du Tigre du Bengale en Sibérie, que deux grandes chaînes de montagnes couvertes de neiges perpétuelles , et dirigées de Pest à l’ouest (le Système du Kuen-lun ou Koulkoun , entre Koten et Ladak , par lat. 359 =, et le Système du Thianchan , Montagnes célestes ou Mouz-tagh, entre Tli et Koteu, par lat. 420 ), séparent l’Himaiaya des plaines de la Dzoungarie et de la Russie asiatique méridionale , dans lesquelles on voit paraître de temps en temps de grands Tigres entièrement semblables à ceux du Bengale Il est par conséquent impossible que ces animaux viennent de pays chauds pour faire de simples incursions en été vers Les 489 ou 530 d, latitude. Leur séjour d’hiver doit être au nord des Montagnes célestes, et M. Ehrenberg les considère avec raison comme appartenant (de même que la belle Panthère à longs poils ) à l'Asie septentrionale. Paris, en janvier 1831. (1388 ) Dalaï et Aral, c’est-à-dire , dans les parties de la Mon- golie et de la Boukharie les plus voisines de la Russie. Toutefois cetteanticipation témoigne hautement en fa- veur de la sagacité avec laquelle l'esprit exercé de Pallas avait su pressentir, comme il lui est arrivé pour tant d’autres choses , que le tigre serait trouvé plus tard sur le territoire alors encore peu exploré de l’empire russe. Ce n’est qu'en l’an 1814 que l’on sut , pour la première fois, grâce à M. le professeur Spaski, à Pétersbourg, qu’il vient des tigres jusqu’à Koliwan, dans les monts Altaï , et mème jusqu'à l’Obi près de Barnaoul. Un zélé zoologiste de Russie, M. le conseiller d'État Fischer, à Moscou, donna à ce fait plus de publicité, en l’insé- rant la même année dans sa Zoognosie , d’où il a été ex- trait et répandu plus au loin par des auteurs français, et d’abord par M. George Cuvier ; il a été rapporté égale- ment par M. Oken, dans son Æandbuch der Naturges- chichie (Manuel d'Histoire naturelle ). Bien qu'il soit maintenant bien connu, nous croyons devoir appeler l'attention particulièrement sur les rapports géographi- ques dignes de remarque, dans lesquels se trouve le tigre russe, rapports qu'il convient de faire ressortir avec d'autant plus de force et d’évidence que le fait de l’exis- tence actuelle des grandes formes animales dans des contrées aussi boréales semble devoir contribuer beau- coup à éclaircir le phénomène singulier de la présence, en apparence contre nature , dans ces mêmes lieux des restes fossiles d'espèces animales qui ne vivent plus. M. le baron de Humboldt, dont l’infatigable activité embrassa tant d'objets divers dans son voyage de Sibérie, pendant lequel j'eus l'honneur et le plaisir de laccompa- ( 389 ) gner conjointement avec M. Gustave Rose, ne contribua pas peu à compléter les données sur le tigre du Nord. Moi-même , partout où l'occasion s’est présentée, je me suis efforcé d'étendre nos connaissances sur l'existence de cette forme animale sous une latitude aussi septen- trionale. M. de Humboldt, en me communiquant les remarques faites par lui, ma mis à même de tracer l'exposé suivant des données qui ont été recueillies par nous. Puisse ce petit Mémoire , pour servir à l’histoire du tigre et de sa distribution géographique , donner lieu à de nouvelles et ultérieures recherches sur cet objet ! D’après les avis des voyageurs , recueillis et commu- niqués à M. de Humboldt par M. le colonel Gens , à Orenbourg, à qui la science est redevable de notions exactes sur l'Asie centrale, on observe fréquemment des tigres au moni Parabagataï, au sud-ouest du lac Dzagsan. Il n’est pas rare non plus d’en rencontrer des traces , à 200 milles d'Allemagne (environ 333 lieues françaises) plus à l’est, sur la frontière qui sépare la steppe des Kirghises de la petite horde et le Turkestan , près de Sussac, à 45° de latitude boréale, un peu au nord-ouest de la rivière Sir Deria (Taxartes) , c’est-à- dire , au voisinage du lac Aral. En outre, conformément aux renseignemens qui nous sont parvenus directement, le tigre se trouve encore aujourd’hui à l’entour du lac Baïkal et dans les mon- tagnes de la Daurie ; il est arrivé , en effet, plusieurs fois que des Cosaques de lIriysch ont tué des tigres dans la steppe des Kirghises, en les attaquant à coups de lance et montés sur leurs chevaux. Il nous a été rapporté également par plusieurs per- à ( 390 ) sonnes que l’on tuait des tigres tous les deux ou trois ans; entre Schlangenberg, le lac de Koliwan, Boukhtar- minsk et le lac Dzagsan. M. le conseiiler d’État Gebler ; à Barnaoul , qui a bien mérité de l’histoire naturelle de Sibérie, et dont les efforts ont surtout enrichi l’entomo- logie, m'a assuré que , durant les vingt années de son séjour à Barnaoul, il a entendu lui-même parler de quatre tigres qui ont été tués dans cette partie de la Sibérie, savoir : deux par des Cosaques et les deux autres par des paysans. Une des peaux avait été envoyée à Pétersbourg et une autre à Moscou. L’une d'elles fut achetée à son propriétaire , au prix de 25 roubles, ce qui équivaut à 25 francs. L’avant-dernier tigre à été assommé fort courageusement à coups de hache par un Cosaque, en l’an 1824, dans la partie occidentale de l'Altaï, mon loir de Boukhtarminsk. Le dernier tigre tué l’a été en 1828 , près d'Irkouzk sur la Lena, à 52°: de latitude boréale, c’est-à-dire, à une latitude bien plus septentrionale que celle de Paris, et sous ün climat bien plus froïd que ceux de Pétersbourg et de Stockholm. D’après les communications qui nous ont été faites per M. Fischer, à Moscou, le plus grand des deux tigres de Sibérie qui se trouvent au cabinet d’histoire naturelle de: Moscou , a été apporté d’Irkouzk ; le plus petit est celui envoyé par M. Gebler et provenant de la partie occidéntale de PAltaï. Il y à aussi à Moscou une péau de tigre du Caucase dont les dimensions sont infé- rieures à celles de l'individu précité. 11 résulte de tout ce qui vient d’être rapporté que l'existence du uügre, entre le 45° et le 53° degré de lati- tude nord , dans toute l’Asie centrale ; entre les monts ( 301 ) ) Célestes (Tianschan) et les monts Altaï , dans la Mon- golie et la Dzoungarie chinoises ; aussi-bien que dans la Boukharie , est une chose parfaitement démontrée, et que conséquemment le tigre vit dans un climat plus froid que ne l’est celui du nord de l'Allemagne. En ce qui concerne le fait de la présence de tigres dans les régions au S.-E. du lac Baïkal, on présume que ces animaux y viennent de la Mongolie, d’où ils se sauve- raient vers le nord , lorsque l’empereur de Chine fait faire la chasse aux tigres au-delà du mur dans cette partie de son empire. M. Fischer, au contraire, crut trouver dans le pelage plus long du tigre d'Irkuzk et dans sa taille plus grande, des caractères qui le distingueraient du tigre du Bengale, et qui pourraient faire penser qu'il est originaire des environs du lac Baïkal , etc. Enfin ; nous eûmes la satisfaction de constater par nous-mêmes toutes ces données si intéressantes. Un Al- lemand au service de Russie, M. Klostermann , direc- teur de police à Semipalatna , possédait une grande peau bien conservée de ce tigre du Nord; il en fit présent à M. de Humboldt, qui me chargea de l’offrir en son nom au Muséum royal de Berlin , où elle se trouvé actuel- lement. Cette peau, bien que ses bords ne soient pas assez complets pour qu'elle puisse être empaillée et montée , est néanmoins fort instructive. Suivant les ren- seignemens qui nous ont éié communiqués par M. Kios- termann, ce tigre a été pris, près du Semirec , entre l’Irtysch supérieur et la steppe des Kirghises de là horde moyenne , c'est-à-dire , à 48° : de latitude nord, qui correspond à peu près à celle des villes de Vienne , Mu- mich, Strasbourg et Paris. € 392 ) Voici ce’ qui résulte de examen comparatif de cette peau avec celle du tigre du Bengale. Les dimensions qu'offre cette peau tannée , bien qu’elles ne donnent avec exactitude que quelques - unes de celles qu'avait l’ani- mal vivant, peuvent toutefois servir utilement de points de comparaison. Abstraction faite d’un petit bout qui manque au nez et qui peut être évalué assez sûrement à environ 2 pouces , perte qui a été sans doute amplement compensée par l’extension qu'a subie la peau dans l'opération du tannage , la longueur totale depuis le nez jusqu'à la ra- cine de la queue est de 6 pieds et demi. La queue est Jongue de 2 pieds 5 pouces; mais il lui manque évidem- ment une bonne partie de sa longueur naturelle. L’es- pace compris entre les yeux, mesuré à la commissure antérieure des paupières , est de 2 pouces 9 lignes. Ces dimensions ont été prises la peau étant étendue sur une surface plane. Le membre thoracique droit, depuis le milieu du dos jusqu'au milieu de l’articulation de la main { coude faux), est de 1 pied 5 pouces 6 lignes. Le membre pelvien, du même côté, offre jusqu'au bassin (genou faux) la longueur de 2 pieds 4 pouces. La largeur commune des raies qui ornent les flanes est de 6 à 9 lignes. Quelques raies au milieu du dos ont plus d'un pouce de large; et au ventre, où les poils sont bien plus longs , il y a des raies noires, larges de plus de 2 pouces. Le fond du pelage du dos est un agréable fauve rou- geâtre. Il règne dans la ligne médiane du dos 28 raies anguleuses , dont les côtés sont tournés en arrière; les plus postérieures de ces raies, à partir du milieu du dos, ( 593 ) se touchent et se confondent presque toutes, par suite du prolongement des sommets de leurs angles : il en résulte dars cette parlie du dos une raie noire longitu- dinale, presque complète. Les flancs, qui sont d’un beau fauve, tirant davantage sur le jaune foncé, offrent (à gauche) 24 raïes transversales, couleur de velours noir, dont un grand nombre se ramifient, quelques- unes s’anastomosant entre elles. Ces raies disparaissent un peu au cou. Les quatre membres ont la couleur fauve du dos à leur partie externe; ils sont plus pâles vers le bas et offrent des raies obliques , d’un noir foncé à ceux de devant, d’un brun foncé à ceux de derrière. L'abdo- men , le côté interne des membres, la gorge , le bassin interne et la mâchoire inférieure sont blancs , rayés de noir très-foncé. La queue est fauve à sa base en dessus, blanche vers sa pointe ; elle offre, dans la longueur de 2 pieds 5 pouces, 9 taches circulaires qui forment des anneaux larges et obliques. Voilà les caractères offerts par la peau mentionnée, qui peuvent servir à fixer les idées sur les rapports qui exis- tent entre le tigre du Bengale et celui de la Russie asia- tique. L’individu que j'ai vu à Pétersbourg était presque aussi riche en raies transversales noires ; maïs Je suis resté dans l'incertitude sur son origine de Sibérie. Les deux ügres sibériens que j'ai été à même de comparer au Mu- séum de Moscou avaient bien moins de raies transversa- les ; et le plus grand se distinguait surtout par un fond bien plus pâle, et par des bandes transversales plus brunes que noires. Sa taille est, du reste, bien loin d'atteindre les données que l’on a sur celle du tigre du Bengale ; et la longueur un peu plus considérable de ses poils, ainsi ( 394 ) que le rudiment à peine sensible de crinière, ne sont pas faits pour établir une distinction entre lui et le tigre du Bengale. C’est aux naturalistes anglais, à qui l'accès de l’Inde est plus facile, à multiplier autant que possible les descriptions détaillées des deux sexes du tigre du Ben- gale , pris à l’état sauvage , et à faire attention surtout , en ce qui concerne la coloration , à la ligne médiane du dos, dont les bandes transversales pourraient bien être moins variables que les bandes des flancs qui se rami- fient. Nous manquons également encore de données exactes sur les rapports de la queue à la longueur du corps. Les tigres captifs que l’on fait voir pour de l’ar- gent peuvent facilement donner lieu à des observations fausses. Je pense donc, d’après la comparaison que j'ai pu éiablir entre le tigre de la Russie asiatique et celui du Bengale , que ces deux formes opposées sous le rapport du climat où elles vivent, ne peuvent pas être consi- dérées comme deux espèces particulières ,; et que le tigre sibérien n’est autrement intéressant que par ses rap- ports géographiques et géognostiques. $ IX. Eclaircissemens sur la grande Panthère du Nord, Felis Irbis, espèce qui a été méconnue jusqu'alors. Buffon décrivit le premier, vers lan 1959, sous le nom d'Once, une espèce de Panthère, se distinguant de la Panthère vraie (nom par lequel le naturaliste français ( 395 ) désignait le Jaguar) par une taille bien inférieure, une queue beaucoup plus longue et des poils bien plus grands , de couleur grise où blanchâtre. Buffon ne trouva aucune différence entre les taches du Jaguar et celles de cette Once à poils longs et blarchâtres. Il re- présenta , en outre, le Léopard comme se distinguant par un pelage plus beau, d’un jaune vif et luisant, aussi-bien que par des taches plus petites , formées cha- cune par une réunion de quatre points. Ces trois formes constituèrent, aux yeux de Buffon, les Panthères de l’ancien monde, desquelles il distinguait les Panthères d'Amérique. Il décrivit , en effet, une Panthère d’Amé- rique , sous le nom de Jaguar , sans que l’on sache jus- qu’à ce jour quel animal il avait eu précisément en vue. T'outefois son prétendu Jaguar n’est qu’une espèce très- voisine du Felis mitis. Cette classification des grands Chats tachetés par Buffon est devenue une source d’erreurs nombreuses et de difficultés d'autant plus grandes , qu’il s’est prononcé d’une manière plus déterminée et plus erronée sur la patrie des animaux qu’il a décrits. Il à fallu le temps de tout une génération et l’activité de plusieurs hommes pour remonter à la cause de ces erreurs ; et si nous voyons enfin clair dans cette affaire autrefois si em- brouillée , c’est aux eflorts de M. Geoffroy et surtout de M. George Cuvier que nous en sommes redevables. Les animaux empaillés du cabinet de Paris, qui avaient été décrits par Daubenton , d’après le système de Buflon, et parmi lesquels se trouvait aussi l'Once (Voy. Buffon, tom. IX, p. 199), et apparemment le même individu qui avait été figuré , ne semblent plus exister du tout ; ( 396 ) car nulle part il n’est fait mention de ces exem- plaires originaux, bien qu'ils eussent offert le moyen le plus facile et le plus sûr pour dévoiler toutes les erreurs. Une circonstance qni a encore servi à augmenter la confusion, c’est que Buflon a donné le nom d’Once, que Linné avait déjà assigné au Jaguar, nommé par lui Felis Onca , à un animal tout autre , pensant qu'il pour- rait faire oublier le nom portugais d'Onça employé par Linné pour désigner la Panthère d'Amérique, s'il lui substituait celui de Jaguar qui est, d’après Margrave, le nom usité par Îles naturels du pays. Il s’ensuivit que le nom d’Once, Uncia, dont Cajus s'était servi long-temps auparavant pour désigner la Panthère pro- prement dite, eut tout-à-coup trois significations diffé- rentes, dont aucune n'était cependant fondée sur une base bien certaine. Schreber, admettant presque sans critique, dans son ouvrage général sur les Mammifères qu'il publia en 1775 , toutes les espèces de Panthères décrites, accueillit les déterminations de Buffon , et les accompagna d’ap- pellations latines. Ainsi , l'Once de Buffon reçut le nom de Felis Uncia; tandis que le Jaguar de Buffon, que Schreber regardait avec cet auteur comme identique avec le Felis Onça de Linné, fut également nommé Felis Onça. Malheureusement ce fut là une nouvelle méprise ; car, sans doute, le Jaguar de Margrave est le Felis Onça de Linné , tandis que la figure de Buffon, ainsi que celle donnée par Schreber, représente un animal tout autre, et, comme nous l’avons déjà dit, voisin du Felis Miuis. Voilà donc, de compte fait, ( 397 ) quatre acceptions différentes sous lesquelles a été pris le mot Once, et dont aucune n'exclut les autres. Enfin, ce qui rend ce terme surtout impropre, c’est que , prise d’une manière générale, sa signification correspond à celle de Lynx. Buffon déjà , pour composer l’histoire de son Once, s'était servi des passages des voyageurs les plus divers et souvent inexplicables ; mais il semble avoir mis surtout à contribution , soit les notices données sur de jeunes Léopards , qui ont les poils plus longs que les individus adultes, soit les histoires de chasse relatives au Felis jubata. Schreber répéta tout cela et y ajouta une autre assertion inexacte , tirée de la collection des historiens russes par Müller, t. 117, 1758 , d’après laquelle cette Panthère blanche existerait aussi en Chine sous le nom de Pou-Pi. Or, Müller dit bien , à l'endroit cité , qu’il vient des peaux de Panthères de la Chine, et qu’elles y sont appelées Poupi ; mais il distingue (p. 607) la Pan- thère blanche, nommée Jrbis en langue Boukhare et kalmouque , et dit que les Kalmoucs font le commerce des peaux de cette espèce qu’ils apportent de la rivière d’Ili. Müller ne ditnullement que l’on rencontre en Chine cette Panthère blanche et lynxiforme, qui ne pouvait décidément être rapportée qu’au Felis Uncia. Cela n’em- pècha cependant pas Pallas de répéter l’assertion de Schreber. En 1977, Erxleben , dans son Systema regni ani- malis , supprima le Felis Uncia de Schreber, en er rapportant la figure et la description à la Panthère pro- prement dite, Felis Panthera. En 1788, Gmelin admit dans la 13° édition du Sys- :( 398 ) tema naturæ de Linné, l’'Once dé Buffon sous le nom de Felis Uncia. Son exemple fut suivi par Pennant et Shaw en 1793 et en 1800. En 1809, M. George Cuvier établit uue distinction entre les Panthères dans les Annales du Muséum , en déclarant avoir fait de vains efforts depuis dix ans pour irouver une peau parfaitement semblable à celle que représente Buffon sous le nom d’Once. Il cherche à dé- montrer en même temps : 1° que les caractères fondés sur l’infériorité de taille, qui a été atiribuée à l'Once par Buffon , tenaient à ce qu'il ne l'avait pas comparée réellement avec la Panthère d'Afrique, mais avec le Jaguar d'Amérique, chat bien plus grand, qu’il prenait pour la Panthère d'Afrique (ce qui avait déjà été dé- montré en 1804, par M. Geoffroy, dans les Ænnales du Muséum) ; 2° que la teinte du poil et l’irrégularité des taches pouvaient bien appartenir à une variété de Pan- thère d’un fauve plus pâle , comme on en trouve quel- quefois des peaux chez les fourreurs. M. Cuvier conclut de ses recherches que le Felis Uncia n’est qu'une va- riété de Panthère. En 1811, Pallas, dans son ouvrage intitulé Zoogra- phia rosso - asiatica , appliqua la figure et la description de l'Once ei du Felis Uncia de Schreber et de Buffon, à une Panthère de l’Asie septentrionale, nommée Bars ou Jrbis, dont la peau était exposée au Muséum de Pétersbourg, et qui par ses poils longs et lisses se fai- sait reconnaître aussitôt pour un animal du Nord. Mais Pallas supprima le nom d’Uncia, et l'appela Felis Par- dus , admettant que le Felis Pardus de Linné est un és ( 399 ) synonyme de la Panthère de Buffon, dont il croit éga- lement avoir trouvé le représentant en Russie , au nord- _ ouest de l'Asie, savoir au Caucase. Suivant lui, le Felis Pardus de Russie ( frbis ) serait un peu plus petit et plus grêle que la Panthère de Buffon | mais néanmoins plus grand que ne l'indique Daubenton. Bien que Pallas n'eût aucune connaissance des travaux importans pu- bliés sur cet objet par les savans français, surtout par M. Cuvier, et qu'il prit pour la Panthère les figures du Jaguar de Buffon (Felis Pardus, Guvier), il est néan- moins facile de se retrouver dans ses données , comme on verra plus loin. Quant à l'Once blanche ei à longs poils de Buffon , il dit expressément que c’est une es- pèce propre qui appartient à la Russie. En 1812, parut la première édition des Recherches sur les Ossemens fossiles, où M. Cuvier émit de nou- veau l'opinion qu'il avait énoncée en 1809. En 1814, fut publiée la troisième partie de la Zoo- gnosie de M. Fischer à Moscou, qui contient une notice sur la Panthère russe en question. D'après M. Fischer, la Panthère de l'Altaï et de la Dzoungarie, quoique d’une teinte plus pâle que la Panthère d’Afri- que , ne serait pas une espèce propre. En 1817, M. Cuvier eut de nouveau occasion de se prononcer sur cette question , dans son Règne animal; mais il se borne à dire qu’il distingue, comme précé- demment , deux espèces de Panthère, sans pouvoir se rendre compte des descriptions et des figures de la Pan- thère , du Léopard et de l’Once, établies par Buffon. Dans l’année 1820, M. Desmarest, s'appuyant de l’au- torité de M. Cuvier, représenta , dans l’article Mamma- ( 400 ) logie de l'Encyclopédie méthodique , l’Once de Buffon comme une variété du Felis Pardus de Linné. En 1923, l’auteur des Recherches sur les Ossemens fossiles , dans la seconde édition de cet ouvrage , renonce à croire à l’existence en Afrique d’un animal distinct de la Panthère ( Felis Pardus de Linné) et formant une espèce à part sous le nom de Léopard. Il pense, au con- traire, que s’il existe un Léopard distinct spécifique- ment de la Panthère , que ce doit être un animal dont il a reçu des peaux des îles de la Sonde. Il rapporte par conséquent toutes les descriptions précédemment faites de deux espèces de Panthères d'Afrique à des variétés de la Panthère ( Felis Pardus ). En ce qui concerne le Felis Uncia, il continue à le rejeter, attendu qu'il cherche en vain depuis vingt ans à voir une peau qui ressemblât parfaitement à celle figurée par Buffon. En confirmation de cette opinion. il allègue le jugement porté par M. Fischer en 1814, qui prétend que la Pan- thère blanche d'Asie n’est qu’une variété de la Panthère ordinaire. Quant aux données fournies par Pallas, M. Cuvier n'en fait pas mention. Dans le cours de la même année , Desmoulins fit pas- ser les vues de M. Cuvier dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle. Vint enfin M. Temmink , naturaliste plein de mérite, qui reprit celte question en détail, et la soumit à une nouvelle critique. Voici ce qu'il dit à ce sujet dans son ouvrage qui a pour titre Monographie de Mammalogie : La différence d’àge des individus examinés a beau- coup contribué à répandre l’obscurité dans les descrip- tions des espèces de Panthère; de plus, l’origine ou la (4or ) patrie de ces animaux ayant souvent été indiquée comme très-accessoire , ou mème négligée , une confusion com- plète a dû nécessairement en devenir la suite. M. Tem- mink appelle particulièrement l’attention sur ce que les jeunes Panthères ont des poils plus longs et consé- quemment des taches plus effacées ou plus irrégulières que les individus adultes, et que le nombre et la posi- ton des taches, même chez des animaux du même âge, varie du plus au moins , comme la remarque en a été faite déjà antérieurement par d’autres auteurs. S'étayant de ces principes, M. Temmink admet, comme M. Cuvier, qu'il n’y a en Afrique qu’une seule espèce de Panthère à plusieurs variétés, et qu'un deuxième nom ne doit être donné qu’à un animal sem- blable, mais spécifiquement différent et existant dans l'Asie orientale. M. Cuvier décrivit le Léopard des îles de la Sonde, sous le nom de Felis Leopardus, comme se distinguant de la Panthère d'Afrique, 1° par une coloration d’un beau fauve, 2° par des taches plus petites et plus anne- lées , et 3° parce qu'il a le tiers extrème de la queue noir en dessus et aux côtés , avec cinq ou six anneaux blancs. De même, M. Temmink distingua la Panthère de Java, qu’il appelle Pardus et non Leopardus , d'avec la Panthère d'Afrique , qu'il aomme au contraire Leopar- dus, par les caractères suivans : 1°. Une taille plus petite d’un cinquième, à égalité d'âge ; 2. Une queue plus longue, puisqu'elle égale la lon- gueur du corps ; XXI. 206 ( 402 ) 3°. La couleur du pelage, qui est d’un fauve jau- nâtre foncé ; 4°. Des taches noires plus nombreuses ; 5°. Le fond des taches en forme de rose, qui est de la même teinte que le fond du pelage ; 6°. Le diamètre plus petit des taches en forme de rose (12 à 14 lignes contre 16 à 18). 7°. Un nombre plus grand de vertèbres à la queue (28 au lieu de 22). M. Temmink a joint à cela, sur sa planche IX, des figures représentant les crânes des deux espèces, sans en donner de description détaillée. On voit sur ces crânes , à la première vue, plusieurs particularités rela- tives aux rapports de longueur et de largeur des diffé- rentes régions comparées entre elles. Ainsi, la tête du Leopardus, T.. est un peu plus large; celle du Par- dus , T., un peu plus étroite; chez le premier , le front est plus long relativement à l’occiput, tandis que le rapport inverse existe chez le second. Malheureusement ces différences forment des caractères de sexe. chez le Lion , comme il a été démontré par M. Cuvier (Ossemens fossiles , 2° édit., p. 445 ). Or, M. Temmink ne dit pas quel fut le sexe de ses Panthères. À en juger par ana- logie, sa figure [ représenterait un crâne de Léopard mâle , et la seconde un crâne de Felis Pardus femelle ; de sorte que l’on reste dans le doute sur la question de savoir quels sont réellement les caractères distinctifs de ces deux espèces. M. Temmink croit que la Panthère d'Afrique est également répandue eneÂsie ; du moins il a en reçu des peaux venant des îles de la Sonde, d’où il lui est arrivé en même temps des peaux de la Panthère d'Asie. ( 403 ) Il est à regretter que M. Temmink ait cru devoir substituer l’une à l'autre les dénominations de Pardus et Leopardus , généralement adoptées sur l'autorité de M. Cuvier, et qui paraissent très-exactes ; il en est ré- sulté un surcroît de difficulté dans l'intelligence des auteurs. M. Temmink termine par un jugement sur le Felis Uncia de Schreber. Il dit en termes exprès que la description de l’Once donnée par les auteurs antérieurs se rapporte à de jeunes Panthères ou Léopards ; quant à la figure de Buffon , it 4 range provisoirement à part, attendu qu’elle lui semble appartenir à une variété de Léopard ou de Panthère , ou bien constituer une espèce nouvelle. I conseille de rayer le nom de Felis Uncia du catalogue des Mammifères, ou de l’adjoindre comme différence d'age à l’une des deux Panthères, dont l’es- pèce devra toutefois être déterminée par des recherches ultérieures. M. Lesson , dans son Manuel de Mammalogie, pu- blié la même année que l’ouvrage de Temmink, a mis à profit les données de ce naturaliste , qu'il imite même dans le renversement des termes établis par M. Cuvier.On est surpris de lire dans l’énumération des caractères du Léopard , donnée par cet auteur, cette expression étrange : taches dont le fond est rose, au lieu de taches en forme de rose. Üne circonstance importante pour la connaissance du Felis Uncia fut surtout la publication de la traduction anglaise du Règne animal de Cuvier, avec additions, par Griffith et Hamilton Smith. Le 2° volume de cet ou- vrage, qui parut en 1827, renferme des observations nouvelles sur ce Chat, accompagnées d’une nouvelle ( 404 ) figure faite d’après un individu qui a vécu à la tour de Londres, où il avait été amené du golfe Persique. Les auteurs , considérant les longs poils de cette Panthère, pensent qu'elle vit dans les contrées montagneuses et couvertes de la Perse ; toutefois on sait qu'elle a été ame- née de la côte, et lon n’a pas de renseignemens précis sur sa véritable patrie. Ils la décrivent, en outre, comme différant de toutes les autres espèces de Panthères, par sa conformation , sa livrée et son habitude générale, et comme ressemblant à la figure de l'Once donnée par Buffon. Néanmoins , ils n’osent pas l’ériger en espèce particulière ; ils présument , au contraire , que c’est une variété du Léopard de Cuvier. Jean-Baptiste Fischer, dans son Synopsis mamma- lium de l’année 1829, distinguant les Panthères à la manière de Temrmink , range encore l'Once de Buffon avec le Felis Leopardus, et ne tient compte des données de Griffith et Smith que dans ses supplémens de 1830. L’addition de Persiæ borealis , à l’article Patrie , est le fait gratuit de l’auteur ; car cette indication n’est nulle- ment fondée sur l’histoire d’après laquelle la véritable patrie de l’animal serait bien plutôt la Perse méridionale. M. George Cuvier vint mettre fin à ces débats par le jugement qu’il porte dans la 2° édition de son Règne animal , de 1820. Il répond à M. Temmink qui changea l’acception des noms de Pardus et Leopardus, que la Panthère si connue des anciens, et qui a paru si souvent dans les jeux des Romains, ne pouvait être un animal du fond de l’Asie orientale ; que par conséquent le nom de Pardus doit rester affecté à la Panthère d'Afrique. Il continue à distinguer le Léopard de la Panthère, par des taches plus nombreuses et plus petites ( 10 rangées \ ( 405 ) au lieu de 6 à 7), et dit la Panthère répandue dans toute Afrique, dans les parties chaudes de l’Asie et dans larchipel des Indes , tandis que le Léopard est borné à l'Afrique. Mais il admet, par conire, une troisième espèce, particulière aux contrées reculées des Indes orientales, qui serait le Felis chalybeata de Hermann et le Léopard de Schreber, et à laquelle il rapporte la Panthère de Temmink. Ce serait donc la Panthère à longue queue. Quant à l’Once , ajoute-t-il dans une note , elle diffère des Panthères et des Léopards par des taches semées plus irrégulièrement, et paraît se trouver en Perse, suivant Hamilton Smith. Voilà un aperçu rapide de Pétat actuel de nos con- naissances sur la question diflicile des Panthères de l’ancien continent. Or, comme les détails les plus récens sur le Felis Uncia ont été pris sur un animal tenu en captivité , il a pu rester quelques doutes sur la légitimité des caractères établis d’après ces renseignemens. Il nous semble donc opportun et utile de communiquer les observations et les données qui ont été un des fruits du voyage en Sibérie de M. de Humboldt, et qui nous semblent propres à jeter une grande clarté sur cet objet. Étant à Semipalatna sur l’Irtysch, au voisinage du mont Altaï, j'eus le plaisir d’apercevoir chez un riche négociant une peau non tannée et complète de cette Panthère à longs poils ; elle put être montée sans le se- cours de matières étrangères, si bien qu'elle offre tous les détails de la forme extérieure de l’animal vivant. Le négociant ayant eu la confiance de se dessaisir de cette belle peau en faveur de la science, ceue Panthère bien empaillée fait aujourd’hui l'ornement du Muséum royal de Berlin ; car, outre cet individu et celui qui est con- | ( 406 ) servé au cabinet de Pétersbourg , il n’y en a pas d'autre dans les différentes collections. L’exemplaire de Péters- bourg est sans doute le même qui a été décrit par Pallas sous le nom de Felis Pardus ; car je l'ai trouvé con- forme en tous points à cette description. Pendant mon séjour à Semipalatna , j'ai aussi profité de l’occasion de comparer des peaux de la Panthère proprement dite de l'Asie orientale, nommée Bars (Felis Panthera , Pallas ; Felis Pardus, Cuvier); et j'ai acquis la conviction que la Panthère mongolo- sibérique , à poils longs et blanchâtres (appelée Zrbis), ne peut être ni le jeune , ni une variété de la Panthère d'Afrique , pas plus qu'elle ne peut être réunie à la Pan- thère de l’Asie méridionale, qui a été distinguée dans les derniers temps. J'ai également rapporté une peau de cette Panthère proprement dite, et j'ai eu occasion d’en comparer plusieurs dans notre voyage. Mais pas- sons à la description détaillée du Felis Trbis. C’est un individu du sexe féminin. Son corps , de la taille ordinaire d’une Panthère , ou du moins guère plus petit, a 3 pieds 8 pouces , sans compter la queue. Celle- ci est plus courte que le corps avec la tête ; elle va jus- qu’à l’occiputet a 3 pieds de long. Les poils de la région dorsale et des flancs ont une fongueur de 2 pouces ; ceux du ventre ont 3 pouces , sont lâches, mous et très-épais. Presque tous les poils sont crépés et laineux à leur base dans l'étendue de plus d’un tiers de leur longueur ; il n’y en a que quelques-uns çà et là qui soient droits et un peu plus foris. La couleur du fond est d’un gris blanc ; il règne au milieu du dos une large raïe longitu- dinale d’un gris bien plus foncé, qui s’efface sur les côtés. La face ventrale, surtout la région des lombes et du ( 407.) cou sont blanches ; la première est garnie de poils très - longs. La queue, très-épaisse, est grise en arrière, d’un blanc pur en dessous, ornée en dessus de taches d’un noir mat, interrompues. Son extrémité terminale est mousse et arrondie , noire en dessns et en dessous ; supérieure- ment la coloration noire est plus large, mais nulle part elle n’est bien profonde. Les taches de la moitié extrême de la queue sont un peu plus foncées que celles de la moitié antérieure , et l’on distingue depuis le milieu jusqu’au bout 5 anneaux blancs alternant avec 5 grandes taches noires, en forme de rose , et presques contigués, qui diminuent d’étendue d'avant en arrière , mais dont la première a 3 pouces et 3 lignes de diamètre. Ces roses noires sont bordées à leur pourtour de grands points noirs , plus foncés et effacés. Les taches rosacées des flancs sont moins foncées et moins annelées que dans les autres espèces de Panthères ; elles approchent de la forme de celles de lOnce d'Amérique ou Jaguar; parti- cularité qui a déjà été signalée par Buffon. Au côté in- terne des membres , elles se iransformenten porutsnoirs, simples et pleins, mais non serrés. Les orteils de toutes les pattes sont blancs , ainsi que les ongles qui sont ren- trés. La fente où sont cachés les ongles a une bordure de poils noirs. Il règne entre les épaules , à paruür de l'oc- ciput, un groupe de taches d’un noir foncé , simples et pleines. À la région sacrée se dirige une ligne médiane d’un noir profond, étroite et longue de 5 pouces, qui est longée , des deux côtés, de petites taches en forme d'yeux, et constitue avec elles trois rangs de taches, située sur un fond en forme de bande, qui est plus foncée que le reste. La raie noire du milieu, après s'être interrompue , se termine en avant de la racine de la LT (408 ) queue , par deux points pleins, d’un noir foncé. Tête grise au milieu, marquée de petits points d’un noir foncé, blanche sur les côtés. Il existe entre les oreilles, les yeux et l’angle du museau quelques taches noires de forme allongée, étendues en long sur fond blanc. Oreilles ovalaires, mousses, noires à la base et au bout, blanches au milieu et au bord antérieur. Bord du museau noir en dessous ; en dessus il est noirâtre , mais seulement à l’endroit qui correspond aux moustaches. Les moustaches sont disposées sur quatre rangs , sur des raies noires étroites; les antérieures et celles de toute la rangée supérieure sont noires ; les postérieures et moyennes sont les plus longues et toutes blanches. Nous terminerons cette description par un tableau comparatif des données originales que nous possédons sur les Panthères vraies. Tableau comparatif des dimensions prises à l'etat adulte. a Felis pardus Guvier. Fe chaly- Felis irbis. eata. Mesures prises par Temmink sur un | D’après une peau non em- | Par Temmink, | Mesuré par nous 6ur Ja individu empaillé. paillée d’un individu fe-| d’aprèsunani-| peau non montée d'un melle de felis panthera| malencoreen individu femelle. Pallas, mesurée par nous | chair, à Semipalatna. p- pe LP: p- 1 p- p. L|p. p. 1. Longueur totale de- püis le nez jusqu’au bout de la queue. 5 8 »|6 10 » 5 »16 7 6 Longueur du corps sans la queue. 3 r »|4 6 » 2 » 8 » 3 Ï 9 6 sans les poils. 2 11 6 sans les poils: Longueur delaqueue. 2 7 » | 1 » avec les poils. } * 8 7 | 3 1 » avec les poils Distance des yeux au À bout du nez. » à 6| DRE ni fe 3 » | DIET NY ( 409 ) RE TRE REP EE CE PR EEE SE PÈRE Felis pardus Cuvixn. Felis chalybeata Herman. (Felis leopardus Temwuwe.)| (Felis pardus Temuinx.) Felis irbis (femima). (Felis pardus Parras.) 1. Aux côtés du dos, poils couchés n’ayant guère ou pas plus d’un pouce de longueur. 2. Fond du pelage fauve, quelquefois fauve pâle, sans raie dorsale foncée, 3. Les plus grandes taches en forme de rose sont larges de 16 à 18 lignes. 4. Oreilles noires à la base, jaunâtres au bout. 5. Bords supérieur et infé- rieur du museau noirs, 6. Moustaches blanches. 7. Distance des yeux au bout du nez la plus grande des trois. 8. Distance des yeux entre eux à leur angle ante- rieur égalant leur dis- tance au bout du nez. . Bout de la queue noir en dessus, blanc en des- sous. 12 à 14 lignes. Noires à la base, blanchä- tres au bout. Blanches, Moyenne. Aux côtes du dos oils A ? P lâches , longs de deux ? 5 î pouces; longs de trois pouces au ventre. Fond. blanc tirant sur le gris cendré, avec une raie dorsale plus foncée. 30 à 36 lignes. Blanches au milieu et er avant; noires à la base, en arrière et au bout. Bord supérieur du museau blanc ; inférieur noir. Rang supérieur et toutes celles du devant noires ; les moyennes et les pos- térieures, qui sont les plus longues, blanches. La plus petite. Distance entre les yeux plus petite que celle des yeux au bout du nez. Bout de la queue noir en dessous et en dessus ; co- loration noire plus large en dessus, Cet aperçu nous fait voir que la Panthère Irbis est de toutes les Panthères qui viennent d’être comparées, celle qui a la queue la plus longue ; d’où l’on peut con- clure que l'individu que nous avons décrit ne peut pas ètre un individu jeune. J’ai reconnu distinctement sur (10) la peau quatre mamelles abdominales , nombre qui est attribué à la Panthère par M. Cuvier. J'en ai trouvé autant sur la peau de la Panthère d'Asie, déjà plusieurs fois mentionnée , que j'ai également apportée de Semi- palatna. En ce qui regarde la grande distance qui sépare les yeux du bout du nez, chez le Felis Leopardus dé- crit par M. Temmink , il s’est commis sans doute à cet égard une erreur typographique qui a fait mettre 3 pouces au lieu de 2. Des recherches ultérieures décide- ront cette question. Il résulte de tout ce que l’on vient de lire, que l’on a connu jusqu'ici successivement quatre individus de la Panthère à longs poils de l'Asie septentrionale , savoir : le premier, qui existait au cabinet de Paris , et qui a été figuré par Buffon ; le deuxième , provenant du lac Baïkal, - qui est conservé au Muséum de l’Académie de Péters- bourg depuis le temps de Pallas ; le troisième est l’indi- vidu de Perse qui a vécu à la tour de Londres, et qui a été représenté par M. Smith; le quatrième enfin setrouve au cabinet zoologique de Berlin. L’individu que nous venons de décrire ressemble exactement à celui de Pétersbourg , par la grandeur, la couleur et tous les autres détails ; et on pourrait dire de l’un et de l’autre que la figure donnée par Buffon a été faite d’après eux. En outre, la parfaite ressemblance du dessin de Smith avec celui de Buffon est manifeste. Voici la diagnose que lon pourrait donner de cette espèce de Panthère : Fezis Irsis : Cauda longiore, corpore albido macularum nigricantium annulis ocel- latis maximis irregularibus obsito, villoso. Comme le nom de Felis Uncia a été pris sous les Gt) acceptions les plus différentes, et que celui d’Zrbis, donné à notre Panthère par les indigènes , avait déjà été indiqué par Müller , j’ai résolu de la désigner par ce nom , sous lequel il sera, du reste, facile de la retrouver en Âsie. Je crois avoir eu d’autant plus de raison d’en agir de la sorte que les zoologistes instruits connaïssent les difficultés que fait naître sans besoin la répétition multiple des mêmes noms affectés à des espèces entiè- | rement différentes. J'ajouterai encore quelques caractères de la Panthère Irbis, qui pourront servir plus tard de points de compa- raison avec d’autres formes : P PT Hauteur du corps en avant , la peau étant pliée en deux, depuis le milieu du corps jusqu’aux orteils. 20 0 Hauteur du corps en arrière. MOI 1 CPSAS) Longueur des plus grandes moustaches, D APRONEMA — des plus grands orteils de devant. DU Eu — des plus grands orteils de derrière. DE AUO — des oreilles. DAMON 0 5) Largeur des oreilles. D) TN — dunez. D'AENES Distance des oreilles au bout du nez. D LS — des yeux aux oreilles, PTE NC — des yeux entre eux , en avant. DA NEO — des oreilles entre elles. DEN, LUE Les données communiquées en 1814 par M. Fischer à Moscou se rapportent à la variété blanchâtre de la Panthère proprement dite , et ne concernent pas notre espèce. Il nous reste à dire ce que nous avons recueilli sur la patrie de la Panthère à longs poils. D’après la déclaration du négociant de Semipalatna, qui possédait la peau, (72 ) cet animal se tient au mont Wala Tau , près de Semisec jusqu'à Kaschkar. Suivant Pallas , il vit dans les contrées montagneuses et boisées de la Sibérie orientale, sur les bords des rivières de Jenisei et Kountschouk, et sur ceux de l’Outh et de l'Amour. Les Jakoutes doivent le redouter beaucoup , et, d’après les journaux de Gmelin, on en a tué un à deux cents werstes de l'embouchure de V’Olenk , et un autre vers le milieu du trajet que par- court la Lena , près de Balagansk. L’individu qui est monté au Muséum de Pétersbourg a été tué près de Tounkinsk, au voisinage du lac Baïkal. Pallas raconte que ceite Panthère monte sur les arbres comme un Lynx; fait qui reste à vérifier. À cela se rattachent les données qui ont été publiées par les auteurs anglais sur l'existence de cet animal en Perse. En terminant, nous faisons le vœu d’avoir réussi , par nos efforts, à déterminer la patrie et à éclaircir l’histoire naturelle d’un grand animal carnassier, qui est d'autant plus digne de remarque , qu’il se distingue davantage de toutes les espèces voisines par la longueur de ses poils et par la latitude septentrionale sous laquelle on le rencontre. Peut-être même les faits que nous venons de faire connaître nous conduiront-ils peu à peu à la solu- tion de la question de savoir comment il a été possible que les animaux des pays méridionaux aient pu être trouvés à l’état fossile dans le Nord. En effet , le parallèle établi entre la Panthère à longs poils et l'Éléphant à longs poils, dont l’analogie est si frappante, ne contribuera sans doute pas peu à faire penser que les animaux fossiles ont vécu jadis sur les lieux mêmes où nous les trouvons de nos jours. (413) Sur la Direction de l’âge relatif des montagnes serpentineuses de la Ligurie. Réponse à une Note de M. Laurent PareTo; Par M. L. Ezcre De BrAUMonT. ( Lu à la Société géologique de France , le 20 décembre 1830. ) Dans mes Recherches sur quelques-unes des Révolu- tions de la surface du Globe ( insérées dans les 4nnales des Sciences naturelles , 1. XVII et XIX }, j'ai essayé de prouver que la révolution qui a établi une ligne de démarcation entre la craie et les terrains tertiaires, a été marquée par le redressement des couches d’un système de montagnes qui comprend à la fois les Pyrénées et les principaux chaînons des Apennins, dirigés de l’O.-N.-0O. à l'E.-S.-E. L'ensemble de montagnes que comprend la dénomi- nation d’Apennins est loin d’être une chaîne d’un seul jet comme les Pyrénées ; on ÿ remarque plusieurs chan- gemens de direction qui, dans mes idées , devaient cor- respondre à des différences dans les dates des soulèvemens. D’après cela, j'ai du avoir soin d’indiquer que je faisais, dans les montagnes appelées Apennins, des distinctions et des exceptions, et j'ai dit, par exemple, dans une note (page 299 du t. XVIII), que: « d’après les obser- vations de plusieurs géologues et particulièrement de M. de La Béche, il paraît que, dans les parties qui avoisinent la Spezzia et la Marche d'Ancône, l'appa- rition des serpentines est venue déranger les couches ( 414) depuis le dépôt des terrains tertiaires ; maïs que ces faits isolés sont des exceptions à l’état normal des choses dans les Apennins. » Le passage de M. de La Bèche sur lequel je m’appuyais, était des plus explicites. En parlant des roches serpenti- neuses de la Ligurie et des dislocations qu’elles produi- sent dans les couches secondaires, M. de La Bèche ajoute en note ( Ænn. des Sc. nat. ,1. XVII, p. 442.) : « Les « couches tertiaires, perpendiculaires, accompagnées de « Jignite , à Caniparola, qui semblent marquer l’époque « où les montagnes de Massa-Carara se sont élevées, peu- « vent aussi correspondre avec l'apparition des serpen- « tines et des euphotides. » En lisant ce passage et en écrivant celui que j'ai rap- pelé en premier lieu , je pensais que les roches serpen- tineuses de la Ligurie , ayant cela de commun avec celles des Alpes occidentales, que leurs dernières convulsions ont disloqué fes couches tertiaires, devraient leur être exactement contemporaines comme leur voisinage seul aurait pu porter à le croire. Conformément à l'esprit dans lequel l’ensemble de mon Mémoire est rédigé, j'imaginais, d’après cela, que, s’éloignant sous le rapport des phénomènes de direction comme sous celui de leur date , de ce que j’appelais l’état normal des choses dans les Apennins, les masses serpentineuses de la Ligurie s’a- lignaient à peu près du N.-N.-E. au S.-S.-O., comme j'ai indiqué que cela arrive pour Îles masses serpentines des Alpes occidentales. (Ann. des Sc.-nat., 1. XNIIT, p. 400. ) Ce dernier point de vue vient de m'être confirmé d'une manière aussi heureuse qu'inattendue par l’extrait d'une (415) lettre de M. Laurent Pareto de Gênes, à M. Boué, qui est inséré dans le quatrième cahier du Journal de Géo- logie, p. 378, avec une carte et une coupe géolo- giques. Il résulte en effet des observations de M. Pareto qu’en général, surtout d’Alassio à la rivière du Ponent jusque plus à l'E. de Gênes , on trouve que la direction de la stratification va du S.-S.-O. au N.-N.-E., et qu’elleesten conséquence presque perpendiculaire à la direction de la chaîne des Apennins , et à celle d’une partie des col- lines subapennines. Il paraît probable, ajoute cet habile géalogue , que les dépôts fracturés l’ont été dans le sens du S.-S.-0. au N.-N.-E. et que ce n’est qu’une réunion ou une suite de soulèvemens partiels qui a concouru à for- mer la chaîne de l’Apennin qui se trouve dans le pays de Gênes. L’inclinaison des couches secondaires est sou- vent très-considérable , et le terrain à fucoïdes surtout présente les contournemens les plus bizarres. Au nom- bre des dépôts inc'inés se trouvent quelques lambeaux d'un nagelflue ou poudingue (tertiaire ). M. Pareto ajoute encore que la plus grande partie des terrains tertiaires est en couches horizontales, ce qui confirme que ceite horizontalité n’est pas sans exceptions. La serpentne, qui est la roche massive à l'apparition de laquelle on peut principalement attribuer la disloca- tion des couches, est disposée en énormes amas ( surtout à l'O. de Gènes) qui s'étendant dans le sens du S.-S.-0. à Vl'E.-N.-E., coupent presque à angle droit la ligne générale du partage des eaux, et constituent parfois dans les di- verses sinuosités que fait cette ligne une partie de cette mème chaîne centrale. (46 ) Cette directionS.-S.-0. N.-N.-E. diffère à peine,d’une manière appréciable , de la direcuüon S. 26° ©. N. o6°E. que j'ai indiquée comme étant celle de l’alignement gé- néral des masses serpentineuses qu’on observe dans les montagnes dent les eaux coulent vers les hautes vallées du Pô de la Doire de Suze et de la Doire baltée, par exemple, autour du Mont-Viso, au Mont-Genèvre, aux environs de Suze, de Cogne, du Mont-Cervin. (Ænn.des Sc. nat., t. XVIIT, p. 400.) La comparaison de la carte de M. Pareto avec la pe- tite esquisse que J'ai jointe au Mémoire que je viens de citer , rendra l’analogie encore plus frappante. Il me semble difhicile de se refuser à voir dans la sortie de toutes ces masses si semblables et si semblablement dis- posées , un seul et même phénomène. Relativement à l’époque de la dernière convulsion des montagnes de la Ligurie, M. Pareto ajoute au fait déjà connu et cité plus haut, de la verticalité des cou- ches tertiaires de Caniparola , celui de l'inclinaison des couches tertiaires de Portofino et de la vallée de la Scrivia. Il annonce en même temps, il est vrai, que des frag- mens de serpentine se trouvent dans les couches même les plus anciennes des dépôts tertiaires , et il en conclut que la serpentine était formée et se montrait à la sur- face de la terre avant que les terrains tertiaires fussent déposés ; toutefois il n’affirme pas que, depuis cette épo- que , les serpentines de la Ligurie n'aient produit dans e sol de cette contrée aucune nouvelle convulsion. Pour- quoi en effet n’en aurait-il pas été des roches serpenti- neuses comme des roches granitiques, trappéennes et ( 419 ) volcaniques , qui souvent dans un même lieu ont éprouvé des convulsions, et fait éruption à la surface à diverses époques successives , très-éloignées les unes des autres ? Les galets serpentineux, trouvés dans les couches ter- tiaires, ne détruisent donc pas les raisons directes qu’on pourrait avoir pour croire que la principale et la der- nière convulsion des masses serpentines de la Ligurie, est postérieure aux dépôts des lignites de Caniparola et de Cadibona ; et à celui des couches tertiaires de Porto- fino et de la vallée de la Scrivia. Or, ces raisons ne se réduisent pas aux dislocations que présentent ces cou- ches et qui seraient déjà un fait assez embarrassant dans l'hypothèse de l'antériorité absolue des serpentines. Je suis d’abord conduit à supposer une date plus récente aux dernières convulsions des serpentines de ses con- trées par la seule considération de la direction suivant laquelle les masses serpentineuses s’alignent entre elles, et cette présomption devient pour moi très-forte, lors- que je remarque sur les cartes de Raimond, que depuis la Supergue, près Turin, où les couches tertiaires sont redressées dans une direction voisine de celle des ser- pentines, jusqu’à la rivière du Ponent, la surface forte- ment accidentée du terrain tertiaire, présente une série de grandes ondulations dirigées duS.-S.-0. au N.-N.-E., et c'est-à-dire, dans un sens parallèle aux accidens de stratification, qui , sur le littoral, caractérisent le voisi- nage immédiat des masses de serpentine, et auxquels participent les petits lambeaux tertiaires qui subsistent encore dans ce voisinage. Cette direction générale des crètes tertiaires de l’Astesan, est d'autant plus remar- quable qu’elle est exactement perpendiculaire à celle XOUE. 27 (418) | qu'ont tendu à produire les eaux qui sont descendues de la chaîne du Ponent pour couler vers le Pé. La grande hauteur qu'atteignent les dépôts teruaires sur le flanc N.-O. des montagnes de la rivière du Ponent, tandis qu'ils manquent presque complètement sur le flanc opposé qui est baigné par les caux du golfe de Gênes , est aussi un fait très-remarquable. Si l’enfonce- ment demi-circulaire du golfe de Gênes avait existé à l'époque du dépôt des terrains tertiaires, il en aurait été rempli, et il présenterait aujourd'hui des plateaux ter- tiaires de niveau avec ceux de l’Astesan. Il devrait tout au moins offrir comme le golfe de Lyon et comme la mer Adriatique, une ceinture de dépôts tertiaires fai- blement tourmentés et bien différens des très-petits lambeaux argilo-sableux qui remplissent quelques dé- pressions très-peu élevées au-dessus de la mer , à Gênes, à Sestri-di-Ponente, à Arenzano , à Savone , à Finale , à Albenga. Cette répartition si différente et cette inéga- lité des hauteurs des dépôts tertiaires sur les deux flancs de la chaîne du Ponent, me semble prouver à elle seule que, depuis le dépôt de ces mêmes terrains , le rehief de ces contrées a subi d'énormes changemens. On pourrait encore mentionner ici la circonstance que Jes eaux minérales d’Acqui, comme celles d'Aix en Pro- vence, sortent du terrain tertiaire , ce qui semble indi- quer qu'à Acqui, comme à Aïx, le terrain tertiaire a été accidenté postérieurement à son dépôt. D'après cet ensemble de considérations , il me semble difficile de ne pas admetire que le terrain tertiaire de FAstesan existait au moment où le système des Alpes occidentales , dans lequel les serpentines jouent un rôle ( 419) si important, a pris son relief actuel , et que c’est alors que ce dépôt a reçu en grande partie l'élévation inégale et souvent très-grande qu'il présente au-dessus des mers de la période actuelle. Les derniers mouvemens des masses serpentineuses des Alpes et de la Ligurie, entre lesquelles les ondulations du sol tertiaire de l’Astesan établissent une sorte de lien, auraient ainsi été posté- rieurs au dépôt de la mollasse coquillière de la Provence et de la Suisse, mais antérieurs, cependant, au dépôt de:transport ancien des départemens de l'Isère et des Basses-Alpes , auxquels correspondent probablement certains dépôts marins très-récens de la Sicile , et même de quelques parties des collines subapennines. Je ne puis terminer ces remarques sans m'’excuser en quelque sorte de m'avancer avec tant de chances dé- favorables sur un terrain dont M. Pareto s'occupe de- puis long-temps avec autant de succès que de zèle ; mais cet habile géologue ayant fait, pour la combattre en- suite, une application locale de mes idées contre la- quelle j'avais protesté d'avance dans la note que j'ai transcrite en commençant, je me suis trouvé heureux de rencontrer dans les intéressantes observations qu’il vient de publier, la plupart des matériaux nécessaires pour cette explication. : ( 420 ) Recuercues sur la Structure et sur les Fonctions des feuilles ; Par M. Anozpte BroNeNIART. Premier Mémoire. Sur la Structure des feuilles et sur ses Rapports avec la respiration des végétaux dans l'air et dans l’eau. ( Lu à l’Académie royale des Sciences, séance du 1°” février 1830.) Ayantété conduit, par mes recherches sur les végétaux fossiles, à penser. que les plantes avaient eu par leur respiration une influence très-marquée sur la composi- tion de notre atmosphère, et que la nature primitive de l'air , en s’opposant pendant long-temps à l'existence de certaines classes d'animaux , pouvait avoir été une des causes de la manière dont ils s'étaient successive- ment montrés à la surface du globe, je me turouvai en- _gagé depuis plusieurs années à étudier tout ce qui avait été publié sur la respiration des végétaux, et je vis bientôt que , malgré les travaux de plusieurs des savans les plus distingués , il restait encore bien des points de cette partie de la physiologie végétale à éclaircir. Je fus frappé surtout de voir combien les recherches sur les fonctions des feuilles avaient été isolées de celles sur leur structure, et je sentis la nécessité de lier les observations anatomiques aux expériences physiques et chimiques , pour arriver à pouvoir se former des idées ( 421) Justes sur la manière dont les diverses fonctions des feuilles s'exécutent. Les feuilles et les autres parties vertes des végétaux, qui les remplacent quelquefois, jouent deux rôles es- sentiellement distincts dans la vie du véectal. Ce sont , d’une part, des organes destinés à absorber “ou à exhaler de l’eau ou d’autres substances , soit à l’état liquide , soit à l’état de vapeur ; et, d’une autre part, des organes respiratoires faisant subir à l’air ambiant des modifications par suite desquelles sa composition et celle du végétal se trouvent changées. Les recherches si connues de Bonnet ont mis hors de doute le rôle que jouent les feuilles sous le premier rapport ; celles d’In- genhous , de Senebier, et surtout les expériences nom- breuses de M. Théodore de Saussure, ont déjà jeté une vive lumière sur leurs fonctions respiratoires. Mais pour bien concevoir la manière dont ces deux ordres de phénomènes s’accomplissent, et pour pouvoir diriger de nouvelles expériences vers un but mieux dé- terminé , il m'a paru d’abord nécessaire d’avoir une connaissance plus exacte de la structure intime des feuilles, ou des organes qui les remplacent dans quel- ques cas , et d'étudier les principales différences qu'elles présentent dans leur organisation , suivant les circon- stances sous l'influence desquelles elles doivent exécuter leurs fonctions. C'est cette première partie des recherches que J'ai entreprises sur les fonctions des feuilles qui fait l’objet du Mémoire que je soumets au jugement de l’Académie. On sait que les feuilles sont des appendices , se rap- prochant généralement de la forme d’une lame, ordinai- (422) rement tres-mince , quelquefois plus où moins épaisse et charnue, et perdant tout-à-fait, dans quelques cas, la disposition laminaire. Leur forme varie à l'infini ; mais elle paraît peu importante sous le rapport physio- logique. Quant à leur organisation, on y reconnaît généralement : 1°. L'épiderme, qui les enveloppe extérieurément ; 2°. Le parenchyme, qui constitue la plus grande partie de leur étendue ; 3°. Les nervures ou les faisceaux de fibres ligneuses et de vaisseaux , qui établissent les relations de ce pa- renchyme avec la tige qui supporte la feuille. De ces ‘trois parties, l’épiderme est celle qui a été l’objet des recherches du plus grand nombre d’observa- ieurs , et cependant il existe encore une grande diver- gence dans les opinions des savans qui se sont occupés de ce sujet dans ces derniers temps. Le parenchyme, qui sous le point de vue physiolo- gique est la partie la plus importante de la feuille, ainsi qu'on le verra par la suite de ces recherches, ne me paraît pas avoir été étudié avec le soin qui était né- cessaire pour bien apprécier sa structure et les rapports de cette structure avec ses fonctions. Enfin , les nervures , par le rôle qu’elles jouent , sont plutôt une dépendance de la tige, puisqu'elles sont des- tinées comme elle à transporter les fluides d’un point du végétal dans un autre ; et leur structure , comme on pouvait le présumer, présente une très-grande analogie avec celle des faisceaux fibro-vasculaires de la tige dont elles ne sont réellement qu'un épanouissement. Chacune de ces parties jouant un rôle plus ou moins ( 425 ) important dans les phénomènes que les feuilles exé- cutent , je vais les étudier d’abord séparément, et j'in- diquerai ensuite les modifications qu’elles présentent lorsque ces organes sont destinés à accomplir leurs fonc- tions sous l'influence de circonstances très-différentes. De l'Epiderme. Je commencerai par faire connaître la structure de cette enveloppe générale de la plupart des feuilles , parce que le parenchyme et même les nervures ont avec ele des relations qu’on ne peut bien apprécier que lorsqu'on la connaît exactement. Je ne remonterai pas à toutes les opinions qu’on à avancées sur la nature de cette membrane ; j'indiquerai seulement celles qui sont encore soutenues à l’époque actuelle par des observateurs exercés , et qui prouveront que de nouvelles recherches sur ce sujet étaient néces- saires pour décider cette question, l’une des plus im- portantes pour la physiologie végétale. | Il me paraît en effet aussi utile pour l'avancement des sciences de fournir les moyens de décider entre plusieurs opinions également incertaines que de découvrir uw fait entièrement nouveau. L'’épiderme , lorsqu'on le détache de la surface d'une feuille bien portante , et qu’on l’examirie au microscope, se présente sous l’aspect d’une membrane incolore, par- faitement transparente, marquée de lignes diversement réuculées, et sur laquelle on obsérve très-souvent un nombre plus ou moins considérable de taches ovales, verdâtres , offrant dans leur milieu l’apparence d’une ( 424 ) ouverture en forme de boutonnière. Des opinions très- différentes sont encore soutenues sur la nature de ces diverses parties. Suivant les uns, l’épiderme est une membrane parfaitement simple sans aucune structure appréciable, et le réseau qu'on y aperçoit est produit par des vaisseaux réticulés ou par des fibres solides qui sont appliqués sous cette membrane ; suivant quelques autres observateurs , cette membrane est formée par des cellules juxtaposées entre lesquelles rampent des vais- seaux anastomosés. Enfin , d’autres anatomistes , et par- ticulièrement MM. Krocher, Mirbel, Treviranus et ÂAmici, pensent que ces prétendus vaisseaux ou fibres ne sont que les épaisseurs des parois des cellules vues obliquement ; mais M. Mirbel admet que Îles cellules qui concourent à former l’épidérme ne diffèrent pas des cellules sous -jacentes , et que la paroi extérieure seule de ces cellules constitue l'épiderme, tandis que les autres auteurs que je viens de citer considèrent l’épi- derme comme une couche de cellules distinctes de celles du parenchyme et n’y adhérant que faiblement. M. De- candolle paraît se ranger à cette dernière opinion. La même divergence existe quant aux corps ovoides que l’on remarque souvent sur l’épiderme ; ces organes, désignés sous les noms de glandes miliaires, de glandes corticales , de spiracula, de pores corticaux ou enfin de stomates, nom qui a prévalu assez généra- lement , sont considérés par les uns comme de véritables ouvertures traversant l’épiderme , et par d’autres comme des glandes ou du moins comme des parties dépourvues de toute ouverture. L'examen de l’épiderme, tel qu'on peut l'obtenir en ( 425 ) l’arrachant à la surface des feuilles, ne me parait pas pouvoir résoudre cette question d’une manière décisive. Elle peut persuader un observateur et laisser du doute dans l'esprit d’un autre; et, après avoir examiné l’épi- derme de beaucoup de plantes par ce moyen, quoique convaincu que cette membrane était formée d’une ou de plusieurs couches de cellules juxtaposées, j'ai senti que je ne pourrais pas faire partager ma conviction par d’autres. Les coupes transversales des feuilles faites avec des instrumens très-tranchans et très-délicats de manière à obtenir des tranches très-minces, m'ont paru le seul moyen propre à décider cette question ; c'était le moyen déja employé par M. Christ. Tréviranus, mais avec des grossissemens trop faibles pour pouvoir bien apprécier tous les détails de la structure des feuilles (1). Les coupes que j'ai répétées sur un grand nombre d'es- pèces de feuilles différentes , dont plusieurs sont figurées sur les dessius ci-joints, m'ont semblé établir d’une ma- nière indubitable que l'épiderme n'était pas une mem- brane simple, mais une couche de cellules fortement ad- hérentes les unes aux autres, n'adhérant au contraire que légèrement aux utricules qui composent le parenchyme des feuilles , et différant totalement de ces utricules par leur forme et leur nature : par leur forme, car ces cellu- les sontaplaties dans le sens de l'épaisseur de l’épiderme; et leurs contours très-variés qui produisent les réseaux tantôt réguliers, tantôt irréguliers, qu’en aperçoit à la surface de l’épiderme, n’ont aucun rapportavec la forme (x) Noyez son Mémoire sur l’épiderme des plantes: Uber die Ober- haut der igewachse (Venmischte schrifien anatomischen und Physo- logischen inhalts , t. V, p. 3. 1821 }. ( 426 ) des utricules du parenchyme que cet épiderme recouvre; par leur nature, car ces cellules sont parfaïtement trans- parentes, incolores, probablement remplies d’eau, la manière dont la lumière les traverse paraissant indiquer qu’elles ne sont pas pleines d’air ; tandis que les cellules du parenchyme sous - jacent sont, au contraire, rem- plies de la matière verte qui détermine la coloration des feuïlies. L'épiderme n'est pas toujours composé d’une seule couche de ces cellules particulières ; quelquefois ïl est formé de deux ou trois couches de cellules fortement unies entre elles, se distinguant facilement de celles du parenchyme par l'épaisseur de leurs parois, par leur adhérence et surtout par l’absence de la matière verte. Tantôt les cellules de ces diverses couches sont sem- blables entre elles par leurs formes et leur grandeur ; dans d’autres cas, elles diffèrent très-sensiblement par ces caractères. Les observations précédentes me paraïis- sent ainsi confirmer complètement l’opinion bien déve- loppée en premier par M. Tréviranus, dans le Mémoire cité ci-dessus , et appuyée depuis par plusieurs observa- tions de M. Amici (r). Dans aucun cas et de quelque manière qu'on coupe les feuilles des plantes les plus différentes, on n'aper- coit aucune trace d’orifices de vaisseaux dans ou sous l’épiderme , et il est évident que ces prétendus vaisseaux ne sont que les parois assez épaisses de ces cellules. Il reste cependant encore quelques doutes dans mon (x) Voyez ses Observations microscopiques sur diverses plantes. Ati della Socieia italiana , t. XIX, et Ann. des Sc. nat.,t. IL, p. 217, 1824. suis ( 427) esprit sur un point de la structure de cette membrane que quelques observations encore incomplètes ne m'ont pas permis de résoudre. Ayant fait macérer dans de l’eau, pendant plusieurs mois, des feuilles de Chou, j'ai fini par isoler de la surface de l’épiderme une membrane conti- nue, sans réseau celluleux, parfaitement simple et trans- parente , percée d'ouvertures en forme de boutonnières, correspondant à la ligne médiane des stomates, et portant les poils simples etpeu nombreux qui existent sur l’épi- derme de cette plante ( PI. 18, fig. 3). Cette membrane simple m'a paru devoir être appliquée sur l’épiderme celluleux de la plante, et ne s’isoler de cette membrane composée que par l'effet d’une longue macération. Le même mode de préparation appliqué à plusieurs autres feuilles ne m'a pas fourni le même résultat, ce qu’on doit peut-être attribuer à la nature glauque de l’épi- derme du chou qui rend probablement cette membrane superficielle susceptible de résister plus long-temps que les parties sous-jacentes à l'action de l’eau. Cette mem- brane existe-t-elle dans toutes les feuilles , et se sépare- t-elle seulement avec plus ou moins de facilité, suivant la nature de ces feuilles , ou bien n’existe-t-elle que sur certaines feuilles ? c’est ce que de nouvelles observations pourront seules constater; je me borne pour le moment à signaler ce fait qui me paraît surtout important comme concourant avec ceux que nous allons rapporter pour prouver qu'il existe une véritable ouverture au centre des stomates. La question relative à la structure de l’épiderme me paraissant résolue dans ses points les plus essentiels par les différentes observations que J'avais faites , il restait à ( 428 ) déterminer quelle est la véritable organisation des sto- mates, et particulièrement si ce sont ou si ce ne sont pas de véritables ouvertures : question d’une grande impor- tance pour la physiologie végétale, et sur laquelle les opinions sont encore partagées. Je voyais, d'un côté, Hedwig, Jurine, Kieser, Tréviranus, Decandolle, Amici se déclarer pour l’affirmative; de l'autre, plu- sieurs auteurs anciens et des naturalistes modernes , habitués aux observations microscopiques , tels que MM. Raspail et Turpin , nier l'existence de l’ouverture des siomates. M. Mirbel même paraissait , dans ses der- niers ouvrages, conserver beaucoup de doutes sur la structure de ces petits corps, et disposé à les considérer comme des poils très-courts , et par conséquent comme privés d'ouverture. Cette question est d’une si grande importance pour la physiologie des feuilles, que je mis tous mes soins à éclaircir par des observations diverses. L'examen microscopique de l’épiderme, tel qu’on le fait habituellement, c'est-à-dire, en soumettant une portion de cette membrane détachée de la surface de la feuille sous le microscope, et l’examinant par transpa- rence , ne me parut Jamais pouvoir décider la question d’une manière certaine. En effet , dans ce cas , on voit seulement que les sto- mates sont formés de deux utricules allongés , obtus , placés parallèlement à côté l’un de l’autre, réunis par leurs extrémités et laissant entre eux vers le milieu un espace lancéolé qui paraît une ouverture, mais qu'on pouvait supposer fermé par une membrane fine et ( 429 ) transparente ; c’est, en eflet, ce que pensent les natu- ralistes que je viens de citer. Les deux vésicules allongées qui bordent cette ouver- ture apparente sont remplies de globules verts qui ren- dent les stomates très-distincts lorsqu'on les observe ainsi par transparence. Krocher avait donné comme une des preuves les plus claires de l’oûverture des stomates , leur examen dans les très-jeunes feuilles , avant qu’elles eussent été mises en contact avéc l'air et la lumière (1). J’examinai sous ce rapport des feuilles de lis et de narcisse prises dans l’ognon , et je vis que les stomates encore imparfaits y affectaient une forme très-différente de celle qu'ils présentent dans la feuille complètement développée, et qu’ils se montraïent sous la forme de trous circulaires entourés d’un bourrelet également circulaire ( PI. 6, fig. 1, a, c). L'ouverture, dans ce cas, paraissait bien évidente ; maïs on pouvait encore conser- ver quelques douies, lorsque des tentatives réitérées me firent obtenir une parcelle de cet épiderme, dans la- quelle quelques stomates correspondaïent au bord dé- chiré de l’épiderme et sur laquelle on voyait parfaitement que l'ouverture circulaire n'était fermée par aucune membrane (PI. 6, fig. 1, d, fig. 3, c); dans d’autres fragmens de cet épiderme, j'observai, dans l’ouverture mème des stomates , une bulle d’air qui y était engagée (PL. 6, fig. r, b), ce qui ne me laissait pas de doute sur la perforation dé cet organe. Cependant, pour avoir des notions plus exactes sur (1) Krocher, De Plantarum epidermide. Halæ , 1800 , p. 11. € 430 ) la structure de ces petites ouvertures dans les feuilles parfaites , Je crus devoir tenter des coupes perpendicu- laires à la surface et dirigées de manière à rencontrer les stomates. On conçoit combien il doit être difficile de parvenir à obtenir des coupes régulières de parties qu’il est impos- sible de voir à l’œil nu. J’y parvins cependant sur les feuilles de plusieurs plantes monocotylédones et dicoty- lédones, et particulièrement sur celles du Lis et de l’Iris. Sur ces feuilles, en effet, les stomates ne sont pas disper- sés sans ordre et dirigés dans tous les sens comme sur la plupart des autres feuilles; ils sont au contraire dispo- sés assez régulièrement et toujours de manière que leur axe longitudinal est parallèle aux nervures de la feuille. En coupant ces feuilles transversalement, on arrive donc presque toujours à couper également les stomates en travers; en les coupant longitudinalement , on parvient aussi à obtenir des coupes longitudinales de ces organes; et en répétant ces coupes , il s’en trouve qui correspon- dent à des parties différentes des stomates , ainsi qu'on peut le voir sur les dessins qui représentent ces diverses coupes de feuilles (PI. 7; PI. 8, fig. 3, c; PI. 9, fig. 2, 6; Pl. ro, fig. 4, c; PI. 12, fig. 3). On peut s'assurer par ce moyen qu'il existe une véri- table ouverture au centre des stomates , ouverture allon- gée, formée par le défaut d’adhérence, vers leur milieu, des deux utricules qui bordent chaque stomate. Pour rendre cetie ouverture plus sensible, il suflit de faire macérer les siomates ainsi coupés dans de l’acide nitrique, qui contracte les utricules latéraux et augmente l’espace qui les sépare ( PI. 6, fig. 5, 6, 7, 8). (431) On voit, en outre, en examinant les stomates de la mème plante, soit sur l’épiderme détaché , soit sur des coupes transversales de cet épiderme , que vers le milieu de chacun des deux utricules qui bordent l'ouverture du stomate , se trouve un amas de globules verts qui ne sont pas fixés à la surface interne de la membrane des utricules comme dans les utricules du parenchyme, mais qui paraissent souvent contenus dans une membrane propre très-ténue , et s'étendre du bord externe de cha- cun des utricules latéraux jusqu’à son bord interne. Cette disposition est surtout bien évidente sur les stomates du Lis (PL. 8, fig. 3,c). Ces deux masses de matière verte sont-elles destinées, par leur gonflement ou leur affaissement, à produire l’ouverture ou l’occlusion du stomate ? c’est ce que je ne puis que présumer, mais ce qu'aucune observation di- recte ne m'a permis jusqu’à présent de décider. Il résulte donc de ces observations que l’épiderme est formé d’une ou de plusieurs couches de cellules à parois : plus épaisses que celles de la plupart des autres utri- cules , fortement adhérenies les unes aux autres et for- mant une membrane continue , celluleuse , plus ou moins épaisse, probablement peu perméable aux liquides ou aux gaz , et dont les cavités celluleuses ne renferment le plus souvent (1) aucunes particules organisées, et ne sont remplies que par un liquide incolore. Cette membrane est percée d’un nombre plus ou moins considérable d'ouvertures , et ces ouvertures , de formé allongée, sont comprises entre deux utricules (1) Dans l’épiderme des feuilles du Pin , les cellules renferment des globales bien distincts. { Voyez PI. 18 , fig, r et 2.) ( 452 ) oblongs dont la membrane paraît plus mince que celle des autres cellules de l’épiderme , et qui contiennent dans leur intérieur une masse de matière granuleuse verte. La forme de ces deux utricules latéraux et leur position par rapport à l’épiderme varient suivant les plantes dans lesquelles on les observe, mais leur struc- ture essentielle est toujours la même. On sait depuis long-temps que ces organes ne sont pas également répandus sur toutes les parties des feuil- les ; que dans certaines plantes, et particulièrement dans la plupart des espèces herbacées, on les trouve en grande quantité sur les deux surfaces de la feuille : que dans les feuilles des arbres elles n’existent le plus sou- vent que sur la surface inférieure, et que dans les feuilles flottant à la surface de l’eau on ne les trouve que du côté supérieur. Enfin, on a dit qu’elles man- quaient sur Îles feuilles des plantes submergées et sur celles des mousses; mais nous verrons , lorsque nous aurons examiné la structure générale des feuilles ordi- naires , ce qui a lieu dans ces derniers cas. Du Parenchyme. Le parenchyme des feuilles est la partie celluleuse colorée d’un vert plus ou moins intense qui se trouve ordinairement comprise entre les deux épidermes , et qui donne à la feuille sa couleur verte. La structure de cette partie de la feuille a été l’objet de peu d’observations suivies. On sait seulement que ce parenchyme est composé de cellules ou d’utricules laissant de petits vides entre eux , et dont l’intérieur est (433) rempli d’un liquide aqueux, incolore ou d’un jaune verdâtre, et de globules verts qui donnent à ces utri- cules leur couleur verte. On sait depuis long-temps que les feuilles éprouvent, par le contact de l'air, des modifications tout-à-fait diffé- rentes , suivant qu'elles sont exposées à la lumière ou maintenues dans l'obscurité; ainsi, dans l’obscurité , elles perdent du carbone qui, se combinant à l’oxigène de l'air, formé de l’acide carbonique, tandis que, sous l'influence de la lamitre, elles absorbent de l'acide carbonique, s'assimilent son carbone et dégagent de l’oxigène. Il y à donc, quant à la composition de la feuille ou des sues qui en font parüe, résultat inverse dans ces deux cas : perte de carbone dans le premier, addition de carbone dans le second. Les changemens apprécia- bles que la plante éprouve par suite de cette modifica- tion dans sa composition sont : 1°: Le changement de couleur des feuilles qui, vertes dans les plantes qui ont absorbé le carbone de lair pen- dant long-temps , deviennent jaunâtres et presque blan- ches dans celles qui en ont perdu par leur séjour pro- longé dans l’obscurité. 2°, Le changement de nature des sucs qui, d’amers et âcres qu'ils étaient dans les plantes vertes, devien- nent doux et sucrés dans les plantes étiolées, Le premier de ces changemens est le seul que l’ana- tomie puisse nous faire reconnaitre , et comme c’est le premier qui s’opère lorsqu'on change le mode de r'eSpi- ration des feuilles, on doit nécessairement penser que la partie de la feuille dans laquelle il a lieu est celle dans laquelle l'acte de la respiration s'exécute. Les cel- XXL. 28 ( 434 ) lules du parenchyme qui contiennent dans leur intérieur les globules dont la couleur change, suivant que la feuille est exposée à la lumière ou tenue dans l’obscu- rité, soni par conséquent les parties dans lesquelles ou à la surface desquelles s’opèrent les modifications dans la nature des gaz ambians et des élémens organiques qui constituent l'acte de la respiration. La structure de ce parenchyme vert est donc la chose la plus essentielle à considérer sous le point de vue phy- siologique ; c’est en lui que se passe le véritable phéno- mène de la respiration, à l'égard duquel l’épiderme et les nervures ne jouent qu’un rôle si secondaire, que nous verrons ces deux parties manquer, et cependant la respiration s'effectuer. On s’est généralement représenté le parenchyme des feuilles comme un amas de cellules vertes , tantôt sans intervalles sensibles entre elles, tantôt laissant seule- ment entre les utricules qui le composent de petits es- paces résultant du contact de vésicules sphériques peu comprimées. C'est en effet ce qui a lieu dans les plantes grasses, dont les feuilles charnues présentent un parenchyme très-épais , composé d'utricules assez gros, laissant peu d’intervalles entre eux et ne renfermant que peu de globules verts, d'où résulte la couleur pâle des feuilles de la plupart de ces plantes; mais si on examine le tissu des feuilles minces et membraneuses , on y découvrira une structure bien plus compliquée , qui n’a été indi- quée que bien imparfaitement par le petit nombre d’au- teurs qui eu ont parlé (1). (1) Les figures relatives à cette structure du parenchyme, publiées (435 ) Les deux moyens qui m'ont le mieux réussi pour étu- dier la structure de ces feuilles consistent 1° à en faire des coupes transversales extrémement minces, car si elles ont une trop grande épaisseur, plusieurs couches d’utricules se superposent , et leur disposition ne peut plus s’observer avec exactitude ; 2° à enlever l’épiderme, soit supérieur, soit inférieur, avec une partie du paren- chyme qui y reste souvent appliqué. En employant dans les mêmes feuilles ces deux moyens, on voit qu'il existe sous l’épiderme supérieur deux ou trois rangs d’utri- cules oblongs , obtus , dirigés perpendiculairement à la surface de la feuille et dont les extrémités arrondies sont beaucoup plus petites en général que les cellules de l’épiderme , ce qui permet de les distinguer facilement à travers cette membrane. Ces utricules , qui paraissent destinés spécialement à donner de la solidité au paren- chyme de la feuille , ne laissent entre eux que les petits intervalles qui résultent du contact de ces sortes de cy- lindres ; cependant dans les plantes qui ont des stomates par M. Treviranus dans le Mémoire sur l’épiderme, déjà cité, ne donnent qu’une idée très-imparfaite de la nature de ce tissu, ainsi qu’on pourra s’en assurer en comparant la Planche 15e de son Mémoire avec nos figures ; il n’a examiné ce tissu que par des coupes perpendiculaire, à la surface de la feuille, et sans doute trop épaisses pour bien distin- guer les divers utricules et les espaces qui restent entre eux ; enfin les grossissemens de ces figures sont trop faibles , et ce n’est que d’une ma- nière accessoire qu'il parle de cette partie des feuilles. M. Amici n’a donné que trois figures du parenchyme des feuilles ; l’une représente le parenchyme aréolaïre du Ranunculus repens, les deux autres le parenchyme à utricules parailèles du Dianthus caryo- phyllus. (Voyez Planche 11, fig. 4, et PI. »2, fig. 2 et 3 du tome IT des Annales des Sciences naturelles.) (456 ) à la surface supérieure des feuilles , comme on l’observe dans les feuilles de la plupart des piantes herbacées et dans celles qui flottent sur l’eau , on voit qu'il existe de distance en distance entre les utricules de grandes la- cunes qui laissent les stomates communiquer avec :le parenchyme inférieur de la feuille. (PI. 13, fig. 1.) Ce parenchyme diffère tout-à-fait par sa structure de celui qui se trouve sous l’épiderme supérieur. Au lieu d’être formé d’utricules réguliers et cylindriques , il est composé d'utricules irréguliers, se divisant souvent en trois ou quaire branches qui s'unissent aux rameaux des utricules voisins, et forment ainsi un parenchyme réti- culé, laissant entre Les utricules qui le composent des espaces vides beaucoup plus grands que ceux occupés par ces utricules eux-mêmes. (PI. 8, fig. r et 3; PI. 12, fo Pl'96the ptet 3 r femelles) fig.:3; PL. 16, ,fig..2.) C’est ce ussu réticulé, à larges lacunes , qu’on pour- rait appeler parenchyme caverneux ou spongieux, qui, dans la plupart des cas, occupe au moins la moîitié de l'épaisseur des feuilles entre les nervures. La disposi- lion des utricules qui le composent est surtout bien sensible lorsque dans certaines feuilles on enlève l’épi- derine inférieur avec la couche de parenchyme qui est appliquée contre lui; on voit alors que ces utricules anastomosés forment un réseau à larges mailles, une sorte de grillage appliqué en dedans de l’épiderme (P1.13, fig. » ; PI. 14, fig. 1). Il ne faut pas croire cependant que cette disposition, que Jai observée dans plusieurs fougères et dans un grand nombre de plantes dicotylé- dones , soit sans exceptions. Dans beaucoup de monoco- (437 ) iylédones et dans les plantes grasses on observe des modifications notables de cette structure. Ainsi: dans le Lis et dans plusieurs autres plantes de la même famille, les utricules du parenchyme, qui sont en contact avec l’épiderme inférieur , sont allongés, sinueux et comme dentelés sur leurs deux côtés; ces: saillies s'unissent à celles de l’utricule voisin, et il en résulte toujours entre eux des cavités nombreuses qui rendent ce parenchyme perméable à l’air (PL 8, fig. 1-3). Une disposition ana- logue existe dans le parenchyme inférieur du Galega. Dans l’Iris, on n’observe presque aucun intervalle entre les utricules oblongs et polyédriques qui constituent le parenchyme, maïs on remarque que le parenchyme sous- jacent manque dans tous les points où l'épiderme est percé d’un stomate (PI. 9; fig: r'et 2). Dans les plantes grasses que j'ai examinées, les espaces entre les utricules durpas renchyme sont très-pelits, mais cependant, de distance en distance, il y a souvent de plus grandes cavités, et ces cavités ou correspondent directement aux stomaies , ow peuvent communiquer avec eux ( PI. ro, fig. 4; Pl. rx, fig. 3): La même chose à lieu dans les plantes à feuilles. flottantes, où les stomates placés à la face supérieure correspondent à la couche d’utricules cylindriques et pa- rallèles ; il y a alors de distance en distance des espaces vides entre ces utricules , espaces qui correspondent pres- que toujours aux points où. les stomates existent, et qui pérmettent à l'air de pénétrer entre les utricules Jusque dans le milieu du parenchyme de la feuille : c'est ce que montrent les figures relatives à l'anatomie des feuilles du Nymphea que je joins à ce Mémoire (PI. 15, fig..1-3 ). È Pe.. (438 ) Le Laurier rose, Nerium oleander, présente dans la structure de l’épiderme de ses feuilles une modification curieuse qui montre que la nature a su remplacer les stomates par un autre moyen propre à permettre l'in- iroduction de l'air dans le parenchyme de la feuille. L’épiderme supérieur et inférieur (PI. 16, fig. 2, aa.et bb) de cette plante est extrèmement épais, com- posé. de trois couches de cellules diaphanes , et ne pré- sente dans aucun point de véritables sitomates ; mais l’é- piderme inférieur, enlevé par le moyen d’un instrument tranchant, montre de distance en distance des perfora- tions arrondies ou irrégulières ; beaucoup plus grandes que les stomates et garnies de longs poils dans tout leur contour. Des coupes transversales prouvent que ces trous _sont des cavités arrondies qui traversent tout l’épiderme, pénètrent jusqu’au parenchyme, et dont toute la surface est garnie de longs poils blancs. Par ce moyen, l’air extérieur se trouve mis en contact avec le parenchyme caverneux intérieur, et peut pénétrer dans tous ses in- terstices ; les poils qui obstruent en partie cette ouverture ont peut-être pour but, comme les cellules latérales des stomates, de s'opposer, dans certaines circonstances , au renouvellement trop rapide de l’air (x). (x) Ces ouvertures de l’épiderme des feuilles du Laurier-rose avaient déjà étéindiquées par Malpighi et par Krocher (De Epiderm;) mais l’un et l’autre ne les avaient vues que sur les lamelles d'épiderme détachées parallèlement à la surface de la feuille , ce qui ne donne qu’une idée très-imparfaite de la structure de ces cavités. M. Amici a indiqué la structure de ces parties de la feuille du Laurier sur une esquisse jointe à une lettre adressée, été dernier, à M. Mirbel ; mais il croit que l’inté- rieur de ces cavités , au lieu d’être garni de poils , présente des stomates. Jai cherché à vérifier ce fait, et malgré la plus grande attention, et ( 439 ) On voit que dans touies les feuilles aériennes la stuc- ture du parenchyme et celle de l’épiderme sont disposées de telle manière que la surface de tous les utricules qui constituent ce parenchyme se trouve mise en contact avec l’air, qui pénètre sous l’épiderme par les stomates; ce contact de l'air avec les utricules du parenchyme, dont tous les phénomènes de la respiration prouvent la nécessité, n'est pas cependant une simple hypothèse; car, sion coupe avec soin et sous l’eau une tranche mince d’une feuille, on voit que tous les intervalles des qtri- cules sont a de bulles d'air qui , comme on fes; Sail, sont faciles à reconnaître au microscope. sh Souvent, dans le parenchyme des plantes grasses, j'ai vu ces bulles d'air correspondre aux lacunes du FENEE chyme placées sous les stomates, et dans l'Iris où il n° y a de lacunes appréciables que sous les stomates, j'ai presque toujours vu ces lacunes occupées. par une pale d'air. oi he Je ne saurais donc douter, d’après ces observations , que les stomates ne soient des ouvertures destinées à faire conmuniquer l’air extérieur avec les lacunes qui existent dans le parenchyme; mais je suis loin de penser que celte communication entre l'air extérieur et ie pa- renchyme n’ait pour objet que les phénomènes respira - toires ; je crois que les phénomènes de transpiration ou des coupes variées, je n’ai vu que des poils qui, dans quelques eas., il est vrai, se trouvant coupés près, de leur base , ressemblent assez à des stomates qui seraient légèrement saillans. Mais je n'ai jamais reconnu dans ces sortes d’aréoles la structure habituelle des stomates, et surtout leur ouverture centrale, ( 440 ) d'absorption dont les feuilles sont le siége, s’exécutent, sinon complètement, du moins avec beaucoup plus d'activité , par les stomates que par les autres points de l’épiderme (r°). ; Des Nervures. Les nervures ne me paraissent jouer qu'un rôle très- secondaire dans les fonctions des feuilles ; leur principal objet est, sans aucun doute, d'apporter dans ces organes les fluides qui doivent y subir les diverses modifications 0 qui lient du contact de l'air, et de reporter dans la tige les fluides ainsi modifiés. Elles sont donc plutôt une dépendance de la tige, tant sous le rapport de leur struc- ture que sous celui de leurs fonctions. Aussi leur orga- nisation présente-t-elle les mêmes parties qui entrent dans la composition des faisceaux fibro-vasculaires de la tige du même végétal, et les mêmes différences d’une plante à une autre qu’on observe dans la structure des tiges. On sait.que dans la plupart des plantes dicotylé- dones les faisceaux fibro-vasculaires, qui sont disposés en cercle entre le parenchyme de la moelle et celui de l'écorce, sont formés de trois parties essentiellement distinctes : (1) J’ai déjà fait des expériences assez nombreuses pour déterminer le rôle que chacune des parties de la feuille joue dans les fonctions complexes de ces organes ; mais ces expériences , qui ont besoin d’être répétées un grand nombre de fois pour mener à des résultats certains, et qui exigent d’abord bien des tâtonnemens , ue sont pas encore assez nombreuses pour que je les présente à la suite de ce travail anatomi- que ; elles feront l’objet d’un second Mémoire. ; ] 71» 1°. Les vraies trachées , entourées de cellules allon- gées et placées du côté de la moelle ; 2°, Les fausses trachées ou vaisseaux ponctués accom- pagnées de fibres ligneuses et occupant le milieu du cercle ; 3°. Vers l'écorce, les fibres du liber et les vaisseaux propres , lorsqu'ils existent. Ces mèmes parties se retrouvent dans les nervures des feuilles rangées dans le même ordre ; les trachées avec leurs, cellules allongées vers la surface supérieure ; les fausses trachées avec les fibres ligneuses au milieu ; et les vaisseaux propres entourés de fibres qui parais- sentanalogues à celles du liber vers la surface inférieure. Dans les Fougères, où les faisceaux fibro-vasculaires des Liges.ont.une organisation toute particulière, les nervures présentent en plus petit la mème composition , c'est-à-dire un étui celluleux solide qui en vionne toute la nervure, et dans lequel se:trouve un faisceau de faus- ses trachées entouré de fibres ligneuses. D'après ce qu'on.sait maintenant du mouvement des fluides dans les tiges des végétaux, on ne peut guère douter que les fausses trachées n'apportent dans les feuilles le fluide encore non élaboré, et que les vaisseaux propres ou les canaux qui les remplacent ne reportent dans, la tige ce fluide modifié par la respiration et la transpiration. Quant aux vraies trachées, leur rôle me paraît encore 1rop, douteux pour que Jose avancer sur leurs fonctions une opinion qui ne serait qu'une hypothese. (442) De la structure des feuilles submergées. On a dit depuis long-temps que les feuilles des plan- tes aquatiques qui restent complètement plongées dans l’eau, étaient dépourvues de siomates , et on en a même conclu que ces feuilles accomplissant les mêmes fonc- tions respiratoires que les feuilles aériennes, les fonc- tions des stomates n'avaient pas de rapports avec la res- piration des feuilles, mais plutôt avec leur transpiration, qui devenait nulle dans les plantes submergées. L’anatomie des feuilles submergées, telles que celles de plusieurs Potamogeton , des Ceratophyllum ; des Myriophyllum, de la Renoncule aquatique, ete., me prouva bientôt qu'on avait tiré de l’absence des sto- mates à la surface de ces feuilles une conséquence que les observations suivantes ne permettent plus d'admiet- tre. En eflet , les siomates étant une partie inhérente à l'épiderme et leurs fonctions étant liées à celles de l’é- piderme , si cette membrane manque, les stomates doi- vent également manquer, et le parenchyme mis à nu pourra remplir directement les fonctions pour l'accom- plissement desquelles les sitomates étaient nécessaires lorsque le parenchyme était recouvert d’un épiderme. C’estce qui a lieu dans les feuilles submergées ; Pépi- derme tel que nous l'avons décrit manque complètement, et le parenchyme rempli de granules verts se trouve ian- médiatement en contact avec l’eau. Il suffit, en effet, de couper une feuille aquatique en lames transversales très-minces pour s'assurer que ces feuilles ne sont formées que de deux ou trois rangs de cellules très-régulières , intimement soudées ensemble, (443) à parois très-minces , ne laissant entre elles aucun es- pace vide qui puisse communiquer avec le milieu envi- ronnant, et présentant toutes des granules verts, abondans ettrès-réguliers, fixés aux parois de ces cellules, absolu- ment comme on l'observe dans les cellules du paren- chyme intérieur des feuilles aériennes (PI. 17, fig. 1 et fig. 6 ). On n’y voit aucune trace de cette couche de cellules épaisses et complètement dépourvues de granules verts, qui constituent l’épiderme de ces mêmes feuilles. L'absence de l’épiderme se dénote d’une manière bien frappante dans ces plantes par la manière rapide dont elles se dessèchent à l’air, aussitôt qu’elles sont retirées de l’eau. Il n’est en effet aucun botaniste qui, en recueil- lant ces plantes aquatiques submergées , n'ait remarqué qu'elles se desséchaient complètement en très-peu de temps, tandis que les feuilles des plantes vivant dans l'air se conservaient long-temps fraiches, ou ne se flé- trissaient que légèrement dans les mèmes circonstances. Un autre caractère des feuilles submergées, qui est com- mun du reste à tous les organes de ces plantes, c’est l'absence des vaisseaux dans leurs nervures comme dans leurs tiges. Les faisceaux allongés, incolores, qui con- stituent ces parties ne sont formés que de cellules allon- gées, disposées en séries, souvent remplies de granules amylacés; et jamais on n'y aperçoit de tubes continus dans une grande étendue, analogues aux trachées , aux fausses trachées ou aux vaisseaux propres. L'intérieur des tiges et des feuilles de la plupart des plantes submergées présente, il est vrai, des lacunes nombreuses remplies d'air. On les voit indiquées dans ( 441) Jes coupes transversales de deux de ces feuilles, PI. Ty fig. « et 6, c; mais ces lacunes diffèrent totalement, par leur disposition et leurs fonctions, de celles qui existent dans le parenchyme des feuilles aériennes. Elles sont plus grandes, plus régulières, moins nombreuses, et surtout elles ne communiquent pas avec l'extérieur; aussi ne sont-elles pas remplies par le fluide qui envi- ronne les feuilles, et ce fluide, qui renferme les élé- mens de la respiration, ne peut pas s’y renouveler. Elles ne sont donc pas destinées à multiplier les surfaces de contact entre le parenchyme de la feuille.et le fluide qui doit concourir à la respiration, et on doit les considérer comme réellement étrangères à cette fonction. Ce sont plutôt des cavités analogues à celles dans lesquelles s’o- pèrent. diverses sécréuions , etaux lacunes pleines d’air de la moelle de plusieurs plantes qui croissent dans les lieux humides , lacunes qui n’ont aucun rapport avec les phénomènes respiratoires. Quant à leurs fonctions, ces lacunes pleines d’air me paraîtraient destinées, comme les vésicules de plusieurs grands Fucus, à faire floues vers la surface de l’eau les végétaux aquatiques qui en sont pourvus: ce seraient des sortes de vessies nata- toires. De: la Respiration ‘des plantes dans l'air et dans l’eau. La respiration consistant , ainsi que nous Pavons déjà dit ,:dans les changemens que des fluides destinés à Ja nutrition subissent parle contact de l'air, exige essen- üellement pour pouvoir s’accomplir le contact presque (445) immédiat de ces fluides avec l'air atmosphérique, c'est- à-dire, à travers des membranes très-minces, qui ne soient pas un obstacle aux combinaisons qui doivent s'effectuer entre les divers élémens de ces deux fluides. Dans les végétaux aériens , les fluides qui doivent être modifiés par le contact de l'air sont portés dans les organes respiratoires par les fausses trachées ou vaisseaux Jymphatiques qui entrent dans la composition des raci- nes, des tiges et des nervures des feuilles ; les fluides modifiés par l'acte de la respiration sont reportés dans les autres parties du végétal par les vaisseaux propres, nomimés vaisseaux du /atex ou du suc nourricier, par M. Schuliz. | Le mode de transmission des fluides contenus dans les fausses trachées dans l’intérieur du parenchyme, et du parenchyme dans les vaisseaux propres, ne peut avoir lieu que par une sorte d’imbibition dont on a une foule d'exemples dans les végétaux, et c’est pendant le pas- sage lent des fluides à travers les utricules du paren- chyme que doivent s’opérer les modifications détermi- nées par le contact de l'air et du liquide à travers les membranes très-minces de ces utricules. Mais si rien ne protégeait ces membranes délicates contre l’action d’un air qui n’est jamais saturé d’humi- dité, l’évaporation des liquides qu’elles renferment au- rait lieu avec une grande rapidité, et la plante se flétri- rait promptement. C’est en effet ce qui a lieu si on enlève l’épiderme sur une étendue un peu considérable d’une feuille; le tissu sous-jacent se flétrit et se dessèche; phénomène qui devient encore plus marqué sur les feuilles dépourvues d’épiderme des plantes aquatiques. ( 446 ) On voit par là que le but essentiel de l’épiderme est de protéger contre une évaporation trop abondante le parenchyme des feuilles qui doit toujours être imbibé de liquides : aussi l’épiderme estil généralement d’au- tant plus épais et plus corikce qu'il doit recouvrir des feuilles destinées à être exposées à l'influence d’un air plus sec et plus chaud; maïs cet épiderme imperméable ou presque imperméable se serait d’une part opposé trop complètement à l’évaporation des liquides qui se portent dans les feuilles, et dont une partie doit se dissi- per par la transpiration , et d’une autre part il m’aurait pas permis le contact de l'air ei son renouvellement au- tour des utricules du parenchyme , contact qui était nécessaire pour que l'acte de la respiration eüt lieu , et que les fluides modifiés pussent servir à la nutrition du végétal. Les pores de l’épiderme, ou les stomates, parais- sent destinées à permettre cette communication du pa- renchyme de la feuille avec l'air ambiant, malgré l'épi- derme. La présence de l'épiderme et des stomates sont donc deux conditions indispensables à l’accomplissement des fonctions des feuilles dans l'air , et le plus ou moins d'épaisseur et d’imperméabilité de l’épiderme, ainsi que le nombre et la grandeur des stomates doivent être modifiés suivant les circonstances extérieures qui in- fluent sur elles. C’est donc dans les interstices nombreux des utricu- les du parenchyme , et sur les surfaces multipliées de ces utricules, que l'air, qui à pénéiré sous l’épiderme par les stomates, se trouve mis en contact avec les fluides que ces uiricules contiennent. On voit donc qu'il y a une analogie plus grande qu’on ( 447) n'aurait pu s y attendre cntre la respiration des végétaux dans l'air, et celle des animaux au moyen des poumons. Dans l’un et l’autre cas le liquide qui doit subir l’in- fluence de la respiration est amené dans des espaces où il n’est séparé de l’air que par une membrane très-mince et exposé sur de nombreuses surfaces à ce contact mé- diat avec l’air ; dans l’un et l’autre cas aussi, l’air est in- troduit dans des cavités nombreuses où il ne peut se re- nouveler qu'avec plus ou moins de lenteur, où son contact avec les fluides nourriciers a lieu par des surfa- ces très-étendues, et où surtout ces surfaces ne peuvent pas se dessécher par le renouvellement trop rapide de l'air extérieur. On voit donc que, dans les deux règnes , les deux cir- constances indispensables à la respiration de Pair libre se trouvent réunies, quoique par un mécanisme diffé- rent. Ce sont : 1°. Le contact du liquide et de l’air par des surfaces très-étendues et à travers des membranes très-minces ; et 2° des obstacles à une évaporation trop rapide qui, en desséchant ces surfaces délicates, aurait bientôt rendu la respiration impossible et même détruit les organes qui devaient l’accomplir. La respiration sous l’eau devait nécessairement s’opé- rer par le moyen d’organes d’une structure assez diffé- rente. Dans ce cas, en effet, l’air n’est plus à l’état gazeux , mais dissous dans un liquide dont il partage les qualités physiques , et la surface des organes respiratoi- res n'est plus exposée à une évaporation rapide qui pou- vait promptement altérer leur structure. L'épiderme qui recouvre la surface des feuilles aé- ( 448 ) riennes n'était donc plus nécessaire pour protéger ces organes contre l’évaporation trop abondante des liquides qu'ils renferment, et les petites ouvertures des stomates, ainsi que les cavités étroites et nombreuses du paren- chyme, auraient été un obstacle au renouvellement de l’eau qui tient l'air en dissoluuon; la structure com- pliquée des feuilles aériennes aurait donc été inutile et même nuisible aux fonctions des feuilles aquatiques. Le parenchyme des feuilles submergées est donc en contact directement avec l’eau , et au lieu d’être percé de nombreuses cavités comme celui des feuilles aérien- nes, il est formé de cellules complètement soudées, sans cavités intermédiaires communiquant avec l'extérieur ; enfin la respiration , ou plutôt le contact entre le fluide végétal et le liquide ambiant s’opérant évidemment à la surface seule de ces feuilles, elles sont très-minces et souvent très-subdivisées, de manière à multiplier les points de contact de l’eau et de la surface de la feuille (1). (r) La submersion des feuilles, en s’opposant à l’évaporation des liquides qu’elles contiennent, rend non-seulement inutile la présence de l’épiderme, mais elle détermine un autre caractère remarquable dans l’anatomie de presque toutes ces plantes : c’est l’absence des vais- seaux dans leurs nervures et dans leurs tiges. Les fluides contenus dans l’intérieur des plantes peuvent se transporter d’un point à un autre sans l'intermédiaire des vaisseaux, par une sorte d’imbibition succes sive : c’est ce que prouve l’absence des vaisseaux dans la plupart des Cryptogames et même dans quelques Phanérogames, tels que le Gui ; mais, dans les plantes où une transpiration abondante s’opère par les feuilles , la présence de tubes continus paraît nécessaire pour que les liquides transportés rapidement des racines jusqu'aux feuilles suppléent continuellement à ceux que ces organes perdent par la transpiration. Dans les plantes aquatiques , dont les feuilles sont constamment sub- ( 449) Cette modification ,qu'éprouve l'organe respiratoire des plantes qui doivent vivre sous l’eau est tout-à-fait analogue à celle qui a lieu dans'le mème système d’or- ganes chez les animaux qui respirent dans l’eau. En ef- fet, les branchies comme les feuilles des végétaux aqua- tiques sont des'organes divisés en lames minces, et dans lesquelles le fluide qui doit êue modifié par l'influence de l'air est mis,en.contact avec l’air dissous dans l’eau, à la surface extérieure mème, de ces,organes et à travers une membrane. très-mince. Les -branchies, comme les feuilles aquatiques, ne peuvent, remplir leurs fonctions respiratoires dans l'air, parce quelles se dessèchent trop rapidement ; mais en les entretenant humides, la respi- ration peut souvent continuer à s’y opérer. : On conçoit que le contact de l’air, soit à l’état gazeux, soit dissous dans l’eau | étant nécessaire à la vie de tous les êtres organisés , par les.modifications différentes qu'il détermine dans les liquides destinés à leur nutri- tion , la nature a dû nécessairement modifier les organes qui exercent cette fonction dans les animaux et les végé- taux suivant qu'elle doit s’accomplir sous l’eau ou dans q mergées, l’évaporation étant nulle, le mouvement des liquides doit être très-lent, et les vaisseaux , qui n'étaient plus nécessaires pour suppléer rapidement aux pertes causées par l’évaporation, n’existent presque jamais et peut-être même jamais. Au contraire, dans les plantes aérien- nes, où la masse des feuilles , c’est-à-dire des .organes d’évaporation, est très-considérable par rapport au diamètre des] tiges , et où ces tiges présentent une longueur considérable que les fluides doivent, parcourir avant d’arriver aux feuilles, les vaisseaux deviennent et très-volumi- neux et très-nombreux ; c’est ce qu’on peut observer dans toutes les plantes sarmenteuses , telles que les Clématites, les Vignes, les Aristo- loches , les Poivres , etc. XXI. 20 ( 450 ) l'air gazeux ; maïs il est remarquable que par suite de l'état différent de l'air dans ces deux cas, les organes respiratoires aient subi des modifications analogues dans les deux règnes. Dans les végétaux et les ani- maux qui respirent soûs l’eau , le contact de Fair dis- sous dans l’eau avec les fluides nourriciers, a Heu à la surface de lames très-divisées, dont la membrane ex- térne est extrêmement mince, et que rien ne protége contre l’évaporation trop rapide des Hiquidesqui y sont contenus. Dans les végétaux et les animaux qui réspirent l'air à l’état de fluide élastique , ectte fonction s'opère dans des cavités sinueuses , présentant des surfaces intérieures étendues , et ne communiquant avec l’exté- rieur que par des orifices assez étroits pour que les tissus imprégnés des liquides qui doivent subir l’influëénce de l’air , ne puissent pas se dessécher rapidement: On voit, par conséquent , que le même-but, sous des influences extérieurés semblables, a été atteimit dans des êtres d’une organisation aussi différente que les animaux et les végétaux ; par des moyens aussi analogues que le permettait la grande différence qui existe dans la struc- ture générale de ces deux grandes divisions des êtres organisés. EXPLICATION DES PLANCHES. IVota. Toutes ces figures ont été dessinées au microscope, les objets étant sous l’eau. Les grossissemens , qui étaient plus considérables sur la plupart des dessins originaux , ont été réduits pour pouvoir faire tenir les dessins sur ces planches; ils sont maintenant, sur les planches ; d'environ 200 à 300 fois en diamètre : ceux des deux pre- mières planches sont un peu plus considérables , ainsi que les détails des stomates. (451) PL 6; fig. r. Épiderme détaché des feuilles du Lis blanc encore conte- nuës dans l'oignon , et complèterent blanches. « , stomate dont l'ouverture arrondie est bien distincte ; les cellules latérales sont remplies de grânules jaunâtres; b, un stomate séniblable aü précédent , mais dont l'ouverture est occupée par une bulle d’air ; c, un stomate dont les cellules latérales ont été enlevées par larra- chement de l'épiderme ; d, un autre dont l’ouverture centrale com- munique avec le bord déchiré de l’épiderme ; ce qui établit d’une ma- nière évidente l’existence de l’ouverture centrale, Fig. 2. Epiderme d’une feuille de Narcisse prise dans l'oignon, et vu un peu obliquement. a, à, ouverture des stomates. Fig. 3. Epiderme de la même feuille, intact dans la partie inférieure b; mais dont la surface externe seule existe dans la partie supérieure a; les ouvertures des stomates y sont bien visibles , et sont continues ; en 6, avec le bord déchiré de l’épiderme. Fig. 4. Coupe transversale d’une feuille de Lis blanc, prise dans l’oi- gnon. — a,a, coupe de l’épiderme inférieur ; b,,b , ouverture de déux stomates qui ont été coupés par le milieu; c, c, parenchyme beaucoup moins caverneux que celui de la feuille développée. Fig: 5. Stomate du Lis, trempé dans l’acide nitrique. — a, a, cellules latérales du stomate; b , b , masses vertes qu’elles contiennent ; c, ou- Verture dilatée du stomate. Fig. 6. Coupe d’un stomate de Lis trempé dans l'acide nitrique. — a, a, cellules de lépiderme ; b, b, cellules latérales du stomate; c, c, masses vertes, jaunies par l’acide ; d , ouverture du stomate, Fig. 7. Stomate d’lris trempé dans l’acide nitrique. — a, a, cellules latérales du stomate; b, b, masses vertes qui y sont renfermées ; c, ouverture dilatée du stomate. Fig. 8. Coupe d’un stomate de la même plante, trempé dans l'acide nitrique. — a, a, cellules de l’épiderme ; b, b, cellules latérales du stomate ; c, c, masses vertes qui sont à la face interne du stomate ; d, derluré PI. 7. Anatomie de l’épidérme et des stomatés dans l’Zris germanica. Fig. 1. Coupe transversale de l’épiderme et d’une partie du parenchyme sous-jacent d’une feuille d’Zris germanica. — a, a, a, a, cellules de l’épidérme; b,b,6, cellules latérales des stomates ; c, c, c, utricu- les remplis dé matière verte, placés au bord interne des cellules pré- (452 ) cédentes; d, d,:d, ouverture des stomates ; e, e, e, lacunes du pa- renchyme, correspondant jaux, stomates ; f, f, utricules :verts.du parenchyme. :, At Fig: 2 et 3. Coupes ent ales ie stomates de la.même DE — a, a, cellules allongées de l’épidermes b, b, cellules latérales des stomates ; c, c&, utricules remplis de matière verte, qui bordent la fente des stomates; d, d, utricules du parenchyme. ‘PL. 8. Anatomie de la feuille du Lis ( Lilium album ). Fig. 1. Fragment de l’épiderme inférieur d’une feuille de Lis arraché avec une portion de la couche du parenchyme qui est immédiatement sous-jacente. — &, a, cellules de l’épiderme ; b ,.b;, utricules sinueux du parenchyme , laissant de nombreuses lacunes entre eux x;c, ce, stomates. rt 1e Crete Fig. 2. Détails des stomates , vus comme dans la figure précédente. — a, a, cellules de l’épiderme ; b, b, cellules latérales des stomates ; , c, masses de matière verte qui occupe le centre de ces cellules ; d, d, ouverture des stomates. Fig. 3. Coupe transversale d’une feuille de Lis. — a, a , épiderme su- périeur ; b, b, épiderme inférieur; c, c, c, 6, stomates coupés dan leu dans des points différens de leur étendue; d, d, pa- xenchyme supérieur offrant peu de lacunes ;e,e, parenchyme caver- neux, laissant de nombreuses lacunes entre les utricules qui le com- posent , et occupant la partie inférieure de la feuille. il PI. 9. Anatomie de la feuille de l’Zris germanica. Fig. 1. Portion d'épiderme arrachée de la surface de la feuille, et sur une partie duquel est restée la couche de parenchyme vert qui est appliquée immédiatement contre lui. On voit que les stomates cor- respondent toujours à des lacunes ou espaces vides de ce parenchyme. — a, a, a, cellules allongées de l’épiderme ; b, b, stomates dont la structure est présentée avec plus de détail dans les Planches 6 et 93 e , c, utricules verts du parenchyme ; e,e, e, lacunes de ce paren- chyme correspondant aux stomates. Fig. 2. Coupe longitudinale de la même feuille , s'étendant d’un épi- derme à l’autre (on se rappelle que les deux surfaces opposées et latérales d’une feuille d’Iris correspondent toutes deux à la surface réellement inférieure de la feuille, et sont parfaitement identiques).— a,a, cellules allongées de l'épiderme; b, b,b, coupe longitudinale C 453 ) des stomates , correspondant aux lacunes du parenchÿme ; c, c, pa- renchyme vert; Z, d, tissu cellulaire incolore, occupant le milieu de la feuille. PI. 10. Anatomie.de la feuillé du Rochéa falcata. Fig.,1. Epiderme formé de deux couches de cellules, vu par sa face iu- terne. — a, a , petites cellules de la couche interne de l’épiderme ; b,b,b, grosses cellules saillantes de la couche externe; c, €, sto- . mates. qui, sont placés. entre les cellules dela couche externe , et ne traversent que la couche interne de l’épiderme. Fig, 2. L’épiderme de la même plante, vu par sa face externe. — a, a, couche interne de l’épiderme; b, b, grosses czllules saillantes de la couche externe ; c, c, stomates. Fig. 3. Détails d’un stomate. On voit.qu’il est placé dans un espace que les cellules externes ne couvrent pas, et qu’il dépend seulement de la couche interne de l’épiderme. — à , cellules latérales du sto- mate; b, masse de matière verte qui occupe le côté interne de ces cellules; c, ouverture du stomate. Fig. 4. Portion d’une coupe perpendiculaire à la surface d'une feuille de la même plante, — a , a, couche interne de l’épiderme, formée de très-petites cellules; D, b, cellules saillantes , presque, indépen- dantes les unes des autres, qui forment, la couche externe, de l’épi- derme ; c, stomate; d, d; d, d, utricules du parenchyme; L, L, L,L, lacunes plus ou moins étendues , qui existent entre ces.utricules, et qui correspondent avec celles placées.sous les stomates. PI. 11. Anatomie des parties foliacées de la tige comprimée du Cuctus phyllanthoides. Fig. 1. Epiderme détaché avec une partie de la couche du parenchyme qui est appliquée immédiatement contre lui. Cet épiderme est formé de deux couches de cellules de grandeur inégale, comme on le voit, dans cette figure, par Le double réseau formé par les lignes de jonc- tion des cellules, et dans la coupe, fig. 3. — « , u, cellules de Pépi- derme ; b, b, stomates; c, c, utricules dü parenchyme. Fig. 2. Un stomate plus grossi. Fig. 3. Coupe transversale de lépiderme ét du parenchyme sous-jacent. — a, a , épiderme épais , formé de deux ou trois couches de cellules incolores ; b, b, utricules du parenchyme faiblement colorés , rem- ( 454 plis de grains verts adhérens à leur surface interne; c , c, « , lacunes. irrégulières qui existent de distance en distance entre ces utricules. PL. 12. Anatomie de la feuille de la Fève de marais ( Wicia faba). Fig. 1. Portion de l’épiderme supérieur, auquel quelques utricules du parenchyme sous-jacent sont restés adhérens. — a, a, cellules de lépiderme ; b, b, stomates ; c, c, utricules verts du parenchyme. Fig. 2. Portion de l’épiderme inférieur, qui ne difière pas sensible- ment de lépiderme supérieur. Fig. 3. Coupe transversale de la feuille de cette plante. — a ; épiderme supérieur ; b, épiderme inférieur ; c, couche supérieure du paren- chyme, formée d’utriculés perpendiculaires à l’épiderme ; d, paréen- chyme inférieur plus lâche, formé d’utricules disposés irrégulière- ment, et laissant de nombreuses et vastes lacunes entre Ccux ; e, €, coupe de deux stomates placés l’un à la face supérieure, et l’autre à; la face inférieure, PI, 3. Anatomie de la feuille de la Balsamine des jardins ( Balsamiria hortensis }. Fig. 1. Portion de l’épiderme supérieur, avec une partie du parenchyme qui lui est resté adhérent. — a, a, a, cellules de l’épiderme; b, b, b, stomates :te , c, c , utricules verts du parenchyme supérieur, laissant ‘entre eux, de distance en distance, de grandes lacunes arrondies , d, d, d, auxquelles correspondent les stomates. Fig. 2. Portion de l’'épiderme sur lequel est appliqué le réseau formé par la couche inférieure du parenchyme. — a, a, a, cellules de l’é- piderme ; b, b ,stomates; c, c, c, utricules verts, anastomosés, formant un réseau à larges mailles, et dont les sutures de jonction. sont à peine distinctes. Fig. 3. Un stomate isolé et grossi davantage. — a, a , cellules de l’épi- derme ; b, b, cellules latérales du.stomate, contenant quelques grains. verts ; c, ouverture du stomate , paraissant tantôt claire, tantôt ob- scure , ce qui me parait dù , dans Le dernier cas, à de L’air qui occupe cette ouverture. 4 Fig. 4. Coupe de cette feuille perpendiculaire à sa surface. — a, a, épi- derme supérieur ; b , b, épiderme inférieur ; c, c, c, c, parenchyme supérieur formé de deux couches d’utricules oblongs , placés perpen- diculairement à l’épiderme supérieur, et ne laissant que de petits espaces intercellulaixes entre eux , ou de larges lacunes de distance (455) en distance ( voyez la fig. 1); d, d,d, 4, parenchyÿme inférieur formé d’utricules irréguliers , laissant entre eux de nombreux espaces vides. Fig. 5. Un des utricules du parenchyme supérieur isolé et grossi da- vautage pour montrer la régularité remarquable des grains de ma- tière verte qu’il contient. PI. 14. Anatomie de la feuille du Pommier ( Pyrus malum ). Fig. 1. Portion de l’épiderme inférieur, détaché avec la couche du pa- renchyme qui est appliquée immédiatement contre lui. —a,a,a, portion de l’épiderme qui était appliqué sur les nervures ; D, b, b, épi- derme qui correspond au parenchyme ; e ,e, stomates ; d, d ,utri- cules verts , simples , oblongs, constituant le parenchyme réticulé , à larges lacunes, de la partie iuférieure de la feuille. Fig. 2. Un stomate grossi davantage. — a , a, cellules de l'épiderme ; b,b, cellules latérales remplies de matière verte du stomate ; ce, ou- verture du stomate. Fig. 3. Coupe transversale de la feuille. — a, épiderme supérieur ; b, épiderme inférieur ; ce, parenchyme supérieur formé d’utricules très-rapprochés , et perpendiculairés à l’épiderme ; d, parenchyme inférieur composé d’utricules presque parallèles à Pépiderme, et laissant entre eux de nombreuses lacunes. PI. 15. Anatomie de la feuille du Nenuphar jaune { Muphar lutea ). Fig. r. Portion de l’épide:me supérieur avec une partie du parenchyme qui lui est resté adhérent , et dont les lacunes correspondent toujours aux stomates. — a, a, cellules de l’épiderme ; b, b, stomates; c,c, utricules du parerchyme supérieur vus dans le sens de leur longueur, et laissant entre eux , de distance en distance, des lacunes qui cor- respondent aux stomates, Fig: 2. Epiderme inférieur, avec une partie du parenchyme qui était appliqué contre lui. — a,a, cellules de l’épiderme; 6, à, petites cellules arrondies , autour desquelles convergent les autres cellules ; ce, ©, pareuchyme réticulé , qui est immédiatement appliqué contre l’épiderme. Fig. 3. Coupe perpeudiculaire à la surface de la feuille. — «4 ,a y épi- derme supérieur ; b, b, épidérme inférieur ; «, e, ulricules pérpendi culaires à l’épiderme supérieur, qui constituent le parenchyme supé- rieur ; d, d, d, utricules étroits, rameux et anastomosés, qui forment ( 456 ) le parenchyme lâche et à larges lacunes de la partie inférieure de la feuille. PI. 16. Anatomie de la feuille du Laurier-rose ( Verium oleander). Fig. 1. Portion de l’épiderme inférieur de la feuille, détaché par un instrument tranchant. — a, a, épiderme formé de cellules petites et irrégulières ; b, b, b , ouvertures garnies de poils , qui traversent cet épiderme. | Fig. 2. Coupe transversale de la même feuille. — «, a , épiderme supé- rieur formé de trois couches de cellules ; », b, épiderme inférieur composé aussi de trois à quatre couches de cellules > €t présentant, en c,c, des ouvertures qui communiquent avec des cavités profon- des , pénétrant jusque dans le parenchyme inférieur ; d, d, paren- chyme supérieur formé de deux rangs d’utricules perpendiculaires à l’épiderme ; e, e, parenchyme inférieur caverneux, composé d’utri- cules rameux , laissant entre eux de nombreux espaces vides, ar- rondis. . PI. 15. Anatomie des feuilles submergées du Potamogeton perfoliatum et du Ranunculus aquatilis. Fig. 1. Coupe transversale d’une petite portion d’une feuille submergée du Potamogeton perfoliatum.. La portion de droite correspond à une nervure a ; la portion de gauche, beaucoup plus mince, s’étend dans tout l’espace qui sépare deux nervures. — a, nervure formée de cel- lules allongées , incolores , sans vaisseaux ; D, b , cellules remplies de granules verts, qui forment la surface supérieure; e, c, cellules sem- blables, qui composent la surface inférieure : les cellules intermé- diaires sont semblables et parfaitement contiguëés ; d, d, d, d, lacunes régulières, ne communiquant pas avec l'extérieur, et remplies d'air. Fig. 2. Une portion des cellules superficielles de cette même feuille , détachées parallèlement à la surface. — à , couche de cellules entiè- res ; D, cellules dont ilîne reste que la surface externe, et les gra- nules qui lui adhèrent. Fig. 3. Coupe transversale d’une division des feuilles lacérées de la Renoncule aquatique, venue hors de Peau. — a , nervure centrale ; b,b,utricules du parenchyme; c, c, lacunes irrégulières , commu- niquant avec la surface; d, d, épiderme. Fig. 4. Epiderme supérieur des mêmes feuilles. — a, &, cellules de lé- piderme; b, b, stomates; c, c, utricules appliqués contre l’épi- derme. Fe (457) Fig. 5. Epiderme inférieur des mêmes feuilles, — 4, a, cellules de l’é- piderme; b, b, utricules branchus , en forme de croix, du paren- chyme inférieur. Fig. 6: Coupe transversale d’une division d’une feuille laciniée de la même plante , développée sous l’eau. — à, nervure; D, b, utricules du parerchyme sans espace intercellulaire , et tous remplis de gra- nules verts, mais plus colorés vers la surface où s’opère la respiration que vers le centre; c, c, c, lacunes remplies d’air, ne communiquant pas avec l’extérieur. PI. 18, fig. r. Coupe longitudinale d’une portion de feuille du Pinus maritima, — a, a,a, a, cellules de l’épiderme coupées suivant leur longueur ; b, B, ouvertures extérieures des stomates ; c, c, utricules qui bordent latéralement la fente des stomates ; d, d , utricules verts du parenchyme, laissant entre eux de nombreux espaces intercellu- laires ; e , e , cellules allongées qui entourent les vaisseaux de la ner- vure; f, vaisseaux annelés, ou fausses trachces qui composent la nervure. Fig. 2. Portion d’épiderme d’une feuille du Pinus maritima. — a, a, cellules allongées de lépiderme ; b, b, ouvertures des stomates , qui sont souvent obstruées par une matière noire ; 6, c, cellules latéra- les des stomates. Fig. 3. Membrane simple superficielle, qui paraît recouvrir l’épiderme des feuilles du Choux, et qui s’est séparé après une macération de trois mois. — a, a, membrane simple et transparente, sans struc- ture appréciable ; b, b, ouvertures en forme de boutonnières , qui correspondaient aux stomates; c, c, longs poils qui couvrent lépi- derme ; d, d, poils courts et renflés , qui sont également fixés sur l’épiderme. IVota. Les Planches 8 et 9 sont des exemples de la structure des feuilles monocotylédones ; les Planches 10 et 11 montrent quelle est la structure des feuilles des plantes grasses ; les Planches 12 et 15 font con- naître celle de la plupart des plantes herbacées ; la Planche 14 indique la Structure commune à ia plupart des feuilles des arbres ; la Planche 15 fournit un exemple de l’organisation des feuilles flottantes à la surface de l’eau, etla Planche 17 montre la différence qui exisle entre les feuilles aériennes et les feuilles submergées. (458 ) Rarrorr fait à l’Académie royale des Sciences, sur les Collections rapportées récemment de la mer des Indes par M. Dussumier, de Bordeaux; Par M. le baron Cuvier. (Lu dans la séance du 13 décembre 1850.) Sans le dévouement des voyageurs , une partie essen- tielle des travaux des naturalistes s’arrêterait bientôt, faute d’alimens. Cette vaste entreprise d’enregisirer tous les êtres naturels, chacun à son rang, chacun avec un nom au moyen duquel on puisse le désigner avec sûreté aux hommes instruits de toute la terre, n'aurait pu même être conçue si l’on n'avait espéré le concours d'hommes courageux, décidés à sacrifier leur santé et même leur vie pour rassembler les productions des cli- mats les plus éloignés dans des lieux où il füt possible d'en faire un examen approfondi et comparatif. : L'Académie a entendu avec intérêt les rapports qui lui ont été faits, à diverses époques , sur les grandes expé- ditions commandées par le Gouvernement , et dans les- quelles MM. Péron et Lesueur, Quoey et Gaimard, Les- son et Garnot, Gaudichaud, Bory de Saint-Vincent, etc., ont fait des récoltes si précieuses. Elle a en quelque sorte suivi de l'œil ces accroïssemens prodigieux , qui ont enrichi la grande collection nationale, et. offert des matériaux immenses aux méditations des hommes stu- dieux, et ce n’est pas elle seule qui en a été instruite. La publication de ces rapports a informé les naturalistes (459 ) de l'Europe de tout ce que la science peut attendre de Pexploitation régulière de tant de richesses accumulées ; plusieurs d’entre eux en ont déjà profité; d’autres se sont fait un honneur d'envoyer aussi leurs contributions à ce grand trésor, qui est devenu ainsi en quelque sorte une-propriété générale du monde savant. C’est encore d’une acquisition de ce genre que nous venons vous entretenir aujourd'hui, et d’une acquisition due non plus aux ordres ou aux encouragemens du Gouvernement , mais au zèle éclairé et désintéressé d’un parüculier, qui depuis plus de dix ans n’a cessé de con- sacrer à des récoltes d'histoire naturelle ses loisirs et une partie de sa fortune. C’est le sixième voyage que M. Dussumier fait aux Indes et à la Chine, et c’est la sixième fois qu’il comble de ses présens le Muséum d’His- toire naturelle; mais aucun de ses dons précédens n’a- vait égalé celui-ci pour la magnificence. Dès son premier voyage, il avait apporté un Singe sans queue, à tête de Cynocéphale, du petit archipel de Solo ; combinaison de caractères dont les naturalistes n'avaient nulle idée; beaucoup d'oiseaux rares, et de beiles coquilles d’un grand prix. Au second, il amena un Cerf des Philippines, nou- veau pour la science , et plusieurs oiseaux rares de la Chine et des Philippines, dont quelques-uns, déjà décrits par Sonnerat, n’existaient cependant pas dans les col- lections de l’Europe. Le troisième procura uu plus grand nombre d'oiseaux et plusieurs poissons fort curieux du Gange, la plupart très-utiles à la juste intelligence de l'ouvrage de M. Ha- ( 460 ) milton Buchanan, et parmi lesquels il y en avait aussi qui avaient échappé à ce savant ichthyologiste. : M. Dussumier rapporta aussi alors de belles Lilia- cées , qui ornent encore nos serres, et surtout un grand nombre de pieds d’une variété de Müriers , quia,, sur la variété commune , l'avantage de se reproduire beaucoup. plus aisément de bouture.. : Le quatrième, pendant lequel M. Dussumier avait visité les Séchelles , petit archipel peu fréquenté et dont les productions sont par conséquent peu connves, donna. beaucoup de beaux poissons, la plupart entièrement nouveaux , et dont les autres n'avaient été vus que de Commerson. | Dans le cinquième, M. Dussumier, s'intéressant par- ticulièrement à l'Histoire des poissons qui se publie par MM. Cuvienet Valenciennes, forma une des plus belles et des plus riches collections de. poissons que l’on eùût encore vues. Il en obunt deux cents espèces différentes à la côte Malabar et dans les eaux douces de l’intérieur de la presqu’ile de l’Inde, surtout du royaume de Maiïs- sour, espèces des plus importantes pour lichthyologie, parce que les voyageurs ont toujours beaucoup moins de facilité de pénétrer dans l'intérieur des terres que de faire pêcher sur les côtes. Toutes ces espèces étaient accompagnées de notes sur leurs couleurs à l’état frais, sur l'époque de leur apparition, et sur leurs usages pour la nourriture et pour le commerce. Dans ce mème voyage, il s’était attaché à observer les petits Cétacés encore si peu connus des naturalistes , et avait recueilli jusqu'à six espèces de Dauphins ou de Delphinaptères , dont on lui a dû l’histoire. ( 461 ) Mais de sixième et le dernier voyage de M: Dussu- mier, celui dont nous avons à rendre compte aujour- d'hui, a été le plus long , et de beaucoup le plus fiuc- tueux. Parti de Bordéaux ‘en décembre à 827 sur son navire, auquel il avait donné Île nom significatif de Buffon, il fut réténu sur les côtes de France par dés témpêtes con- tinuelles , et, pendant six semaïnes, bien d’autres con- trariétés ralentirent sa traversée, et il ne put arriver dans le voismage des Séchelles qu’à la fin d'avril de 1828. Prévoyant dès-lors qu'il ne pourrait réaliser le projet qu'il avait fait de séjourner sur la côte Malabar pour s’y livrer à ses recherches pendant que son navire reviendrait en Europe, et sachant combien le parage des Séchelles est riche en poissons, il n’hésita pas à y faire une relâche, et y recuéillit assez d'objets intéres- sans pour se promettre d'y revenir sitôt que l'occasion s’en présenterait. Il passa de là à Bombay, et y demeura tout le moïs de juin sans y être fort heureux, à cause de la saison pluvieuse , et toutefois il y obtint encore quelques espèces nouvelles. Arrivé dans le Gange, après avoir touché à Pondichéry, il y fut encore contrarié par la mousson du sud-ouest et les pluies continuelles qui Vaccompagnent, et ne put se procurer que quelques poissons du fleuve. Une relâche à Bourbon n’augmenta pas non plus beaucoup ses collections, à cause des dangers de la rade; mais un séjour d'un mois à l'Ile-de-France le dédom- magea amplement. Îl y rassembla plus de quatre-vingts espèces de poissons, dont plusieurs sont rares même ( 462 ) dans cette île, tels que le Filou, le grand Malacante à raie noire, les Gomphoses , etc. Un second voyage au Bengale, fait pendant la belle saison , lui permit de visiter souvent les marchés de Caleutta, et de faire pêcher dans les étangs des environs. Il s’y procura aussi des quadrüpèdes vivans, et surtout l'Antilope à quatre cornes, dont Elien a déjà parlé, mais quiest rare même au Bengale, et, dont on n'avait vu en Europe que le crâne, et assez rarement : nos cabi- nets de Paris n'en possédaient aucune partie. Malheu- reusement elle est morte sur le chemin de Bordeaux à Paris ; mais on en a toutes les dépouilles. Ges animaux furent transportés à, Bourbon ; et, comme les affaires commerciales de M. Dussumier le rappelaient dans l'Inde, il laissa sa petite ménagerie dans cette île, sous la garde d’un domestique de confiance , et dans le loge- ment qu'il avait loué: pour assurer sa conservation. D’autres animaux vivans lui furent remis , lors d’une troisième relâche au Bengale, par des amis qu'il avait chargés d'en faire l'acquisition. Il les joïgnit aux :pre- miers , et les conserva tout aussi heureusement. C'était alors le moment de reprendre la route d’Eu- rope ; mais quelques ayaries l'ayant obligé de retourner à Bombay pour y faire réparer son navire , cette contra- riété lui permit de visiter encore les Séchelles. I] y fit une relâche dans leseul but derechercher les poissons qui avaient échappé à ses précédentes investigations, et sa col- lection y reçut en effet encore de notables accroissemens. Bombay même lui fut plus productif que la première fois. Il y acquit entre autres objets l'ours des jongleurs ou à longues lèvres , vivant. C’est cet ours singulier qui ( 465 ) mañique si souvent d’incisives, et qu'à cause de céla quel- ques naturalistes avaient regardé comme un Paresseux. La belle saison qui régnait alors à la côte Malabar VPengagea à séjourner quelque temps à Mahé'et à Cana- nor, et il y fit encore des acquisitions , notamment di- verses Raïes de grande taille dont on l'avait prié de s’oc- cuper particulièrement. 11 revint alors à Bourbon pour embarquer ces animaux vivans. Prévoyant tout ce qu'ils auraient à souffrir au moment où il faudrait doubler le Cap dans la mauvaise saison, et prenant toutes les précautions nécessaires pour les conserver , il eut en effet le bonheur de les sauver tous! quoiqu'il lui fallät lutter pendant plus d’un mois contre des tempêtes éponvantables. Les retards qui en résultèrent l’obligèrent de toucher à Sainte-Hélène pour s'y procurer de nouveaux four- ragés; mais celle relâche fut encore utile et lui valut quelques beaux poissons. ‘La durée de ce voyage a été de trente-trois mois, dont vingt-sept ont été passés sur mer, pendant lesquels M: Dussumier a été occupé de pècher toutes les fois que le temps l’a permis. Une attention spéciale qu’il a eue, et que l’on ne saurait trop recommander aux naturalistes voyageurs , a élé d'ouvrir l'estomac des dauphins, des thons , des germons et desautres grands poissons qu'il prenait en pleine mer. C’est ainsi qu’il a obtenu plusieurs petits poissons très-curieux qui échappent aux lignes et aux filets : des leptocéphales ; des sternoptyx et d’autres qui appartiennent à des genres nouveaux. La plus grande partie de ces petits crustacés , de ces ( 464 ) petits mollusques , de ces zoophytes libres sont aussi le résultat de ses pêches de pleine mer. Enfin , après ces longues et pénibles sed eh ; M. Dussumier a été assez heureux pour amener toutes ces richesses à bon port, et assez généreux :pour les offrir aux recherches des naturalistes en les déposant au Muséum d'histoire naturelle. Des catalogues authenti- ques en ont éié dressés par MM: Isidore Geoffroy , Va- lenciennes et Victor Audouin,, aides-naturalistes du Muséum. Il en résulte l’état sommaire suivant : Douze grands animaux vivans : l'ours jongleur; deux espèces nouvelles de cerf; une gazellé de Bassora; la fe- melle du cerf Muntjac; la hyène. tachetée. des. tor- tues , etc. | | Vingt-sept mammifères secs, mont quinze espèces et dont dix-huit seront placés utilement au, cabinet d'histoire naturelle. Vingt-un, quadrupèdes un ja. iqueus , da pd destinés pour l'anatomie. Treize espèces ou variétés de dauphins;, aussi. dé la liqueur, et avec leurs squelettes. M. Dussumierse pro- pose d’en rédiger une monographie en addition à celle qu'il a déjà publiée sur le même genre. Quarante-deux oïseaux secs formant trente-deux es- pèces toutes utiles pour le Muséum , et dont quinze ou seize y manquaient.entièrement. En reptiles : onze tortues, dont six paraïssent nou- velles ; douze sauriens et seize espèces de serpens. Mais c’est surtout en poissons que le présent de AA (465 ) M. Dussumier est fait pour étonner et pour inspirer aux naturalistes la.plus vive reconnaïssance. Il y én a, quatre cent quatre-vingt-une espèces for- mant près de quinze cents individus , et ce qui n’est pas moins remarquable que leur nombre, c’est leur parfaite conservation. Aucun de leurs rayons , aucun de leurs aiguillons n’est brisé ; leurs écailles , leurs couleurs même sont généra- lement conservées , et lorsque la liqueur était dans le cas de les altérer, on trouve dans les notes descriptives de M. Dussumier ce qui est nécessaire pour en complé- ter la description. Ces notes traitent aussi du goût de l'animal, de son plus on moins d’abondance sur chaque côte ; en un mot, de tout ce que l’auteur a pu apprendre qui touche à leur histoire naturelle. Dire combien , sur ces quatre cent quatre-vingt-une espèces , il y en a de nouvelles , soit pour le Muséum, soit pour la science, serait chose impossible, tant que l’immense travail que j'ai commencé avec M. Vâlen- ciennes ne sera pas terminé ; mais la comparaison que nous en avons faite avec nos matériaux dans leur état actuel , et surtout avec les genres dout nous avons déjà publié l’histoire dans nos sept premiers volumes, ne nous permet pas de douter qu'il n’y en ait au moins une centaine ; et, parmi les espèces déjà connues , un grand nombre ne laisseront pas que d'obtenir une histoire plus. intéressante et plus complète, soit parce que l’on en aura ainsi à décrire des individus en meilleur état, soit à cause des renseignemens consignés dans les notes de l’infatigable collecteur. Nous nous réjouissons sur- XXI. 30 ( 466 ) tout d'y voir ces grandes espèces de pleine mer, ces tassards, ces germons, ces bonites, ces coryphènes, dont les navigateurs parlent si souvent ‘et dont l’histoire est si confuse faute d’en avoir pu rapprocher les échan- tillons dans les collections. Les grandes raies , particu- lièrement celles qui donnent le gros et le menu galuchat, se trouvent aussi en individus entiers dans cette collec- tion. Et ce que l’on doit regarder encore comme très- heureux , tous ces poissons , grâce à des incisions prati- quées à leurs tégumens abdominaux , ont conservé leurs viscères dans le meilleur état , et de façon à se prèter à toutes les recherches anatomiques que l’on pourra dési- rer d'y faire. Le nombre des espèces de mollusques est de quatre- vipgt-trois, parmi lesquels en sont douzede céphalopodes, sept de ptéropodes; beaucoup de salpas, de firoles, des ascidies composées ; toutes les coquilles sont rapportées avec leurs animaux ; et il y en a presque toujours en nombre, en sorte que l’anatomie comparée n'en profi- tera pas moins que la zoologie. Nous devons signaler dans ce nombre deux calmars à corps transparent , et un autre calmar qui n’a point de ventouses à ses longs bras. Ce dernier a été trouvé dans l’estomac d’un dauphin , nouvelle preuve de l'utilité de cetie pratique constamment suivie par M. Dussumier d'ouvrir tous les grands animaux que l’on prend. Il à eu soin aussi de recueillir plusieurs lernées, des vers intestinaux et d’autres parasites ; et il y en a une quinzaine d'espèces dans l’eau-de-vie. Ses annelides, dans le mème état, sont au nombre de dix, parmi les- quelles il y en a de fort grandes. À quoi il faut ajouter (467; ) autant d’échinodermes, et à peu près le double d’aca- lèphes. Ses crustacés vont à soixante-dix-neuf espèces et à deux, cent cinquante-un individus. Trente-neuf de ces espèces manquaient à la collection du Muséum et dix paraissent à M. Audouin , qui en a fait l’examen , nou- velles pour la science. L'Académie est en état de juger , sur cet exposé abrégé mais fidèle , des obligations que l’histoire naturelle aura au généreux dévouement de M. Dussumier. Que l’on se représente les Buflon , les Linné, les Pallas , ces grands hommes dont les ouvrages ont donné dans le milieu du dernier siècle à l'histoire naturelle l'impulsion qui lui a fait prendre une marche si rapide; eux qui n'avaient à travailler que sur des collections si restreintes , et à qui leurs élèves n’envoyaient que des objets si peu nombreux et si mal conservés ; qu’on se les, représente recevant à la fois des envois tels que ceux que depuis dix années le Muséum de Paris a dus, soit aux naturalistes entretenus par le gouvernement, soit à des. hommes qui, comme M. Dussumier, n’ont reçu de mission que de leur zèle! Peut-être seraient-ils , dans le premier moment , autant effrayés que réjouis ; peut-êvre craindraient-ils d’abord de ne pouvoir ordonner, clas- ser, décrire tant de choses diverses ei compliquées. Eh bien, cependant, grâce sinon à leurs méthodes, du moins à l'esprit qui les leur dicta , chacun de ces inom- brables objets ira sans confusion occuper la place qui Jui appartient, s’intercalera entre ceux qui lui ressem- blent le plus, prendra son nom, son rang dans l’im- mense série des êtres naturels. Le cadre est là pour le ( 468 ) recevoir, il s’agrandira sans doute, de nouvelles cases y seront peut-être nécessaires ; mais il n’en sera ni moins clair, ni moins précis, et l'étudiant arrivera tout aussi sûrement à la détermination de ces nouvelles espéces que lorsque tout le règne animal n’occupait dans Lin- nœus qu'un seul volume, et n’y présentait encore que quelques centaines d'êtres. À peine reposé d’une expédition si lengue et si péni- ble, M. Dussumier n’a d’autres desseins que d’en entre- prendre une autre; il brûle surtout de retourner à Canton et à Manille où il n’a pu, dans ses premiers voyages , exercer son zèle aussi utilement qu'il le ferait aujourd'hui que l'habitude et l'expérience lui ont donné plus de lumières. Le gouvernement chinois fait éprouver aux bâtimens de guerre trop d’entraves et assujettit leur commandant à trop d’humiliations pour qu'une pa- reille mission puisse être remplie par des officiers mili- taires ; mais, d’un autre côté, les droits d'ancrage, équivalant à 35,000 franes et que l’on fait payer indis- tinctement à tous les bâtimens marchands, sont trop considérables et les retours trop peu avantageux pour qu’une pareille dépense puisse être supportée par un navire de moins de 250 tonneaux. Quelques facilités données à cet égard par l’adminis- tration ne seraient pas utiles seulement à la science. Un homme aussi éclairé et aussi entreprenant que M. Dus- sumier ne mauquéraié pas d'y recueillir des documens dont tout le commerce national pourrait tirer avantage. FIN DU VINGT-UNIEME VOLUME. TABLE PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES €ONTENUS DANS CE VOLUME, 2 Q =——— PL. r. Organisation du suc de la Vigne. PI. 2. Anatomie des Planaires. PI. 3. Zeiodinia et Dekinia. PI. 4. Iléadelphe Evrard. PL. 5. Développement du tubercule des Res et Radis. PL. 6. Anatomie de l’épiderme et des stomates. PL 5. Structure des stomates dans l’Zris, PL. 8. Aualomie des feuilles du Zilium album. PL. o. Anatomie de la feuille de l’Zris germanica, PL 10. Anatomie de la feuille du Rochea falcata. PL. 11. Anatomie des parties foliacées des tiges comprimées du Cactus phyllanthoides. PL. 12. Anatomie de la feuille du Z/icia faba. PI, 13. Anatomie de la feuille du Balsamina hortensis. PI. 14. Anatomie de la feuille du Pommier. PI. 15. Anatomie de la feuille du Vuphar lutea. PI. 16. Anatomie de la feuille du /Verium oleander. PI. 17. Anatomie des feuilles du Potamogeton perfoliatum et du Aa- nunculus aquatilis. PI. 18. Anatomie de la feuille du Pinus maritima, et épiderme du Choux. FIN DE LA TABLE DES PLANCHES, sé lestielé TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES GONTENUES DANS CE VOLUME. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALES ;. ZOOLOGIE. Anatomie transcendante, — Quatrième Mémoire. Loi de symé- trie et de conjugaison du système sanguin ; par M. Serres. De l’Influence de la Domesticité sur les Animaux , dépuis le com- mencement des temps historiques jusqu'à nos jours; par M. Dureau de la Malle. Apercu de quelques Observations nouvelles sur les Planaires et sur plusieurs genres voisips ; par M. Ant. Dugés. Lettre de M. Dugès, relative au Mémoire précédent. Observations zoologiques faites pendant un voyage sur lés côtes d'Afrique et du Brésil ; par M. de Freminville. Rapport fait à l’Académie royale des Sciences, séance du 6 sep- tembre 1830, sur un Mémoire de M. Breschet, sur les organes de l'audition des poissons ; par MM. Cuvier et Duméril. Observations sur une espèce de Méduse agrégée, et Description de deux Biphores des côtes de Norwége. = genre nouveau, Dekinia, parmi les Animalcules microscopi- ques , avec la Description de leurs espèces respectives ; par M. Ch. F.-4. Morren. Mémoire sur les habitudes des Insectes coléoptères de l'Amérique méridionale ; par M. Lacordaire. ( Suite et fin.) Remarques sur les caractères et la classification des Oiseaux de Pages. cr - 6o IOI 105 112 Observations sur le genre Zciodinia, et sur l’établissement d’un 113 (471) proïe nocturnes , et Description d’un genre nouveau sous le nom de-Phodilus ; par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Éxtrait de l'Analyse des travaux de l’Académie royale des Scien- ces, pendant l’année 1829 ; par M. le baron Cuvier. — Anato- mie et Physiologie animales. — Zoologie. Notice sur la Viscache et le Chinchilla, considérés comme les types d’un genre particulier, nommé Callomys , et Description d'une espèce nouvelle ; par MM. Dessalines d’'Orbigny fils et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Rapport fait à l’Académie royale des Sciences sur trois Mémoires de MM. J’ictor Audouin et Milne Edwards, relatifs aux ani- maux sans vertèbres des wôtes de France ; par M. le baron Cuvier. Mémoire sur un enfant quadrupède , né et vivant à Paris, mons- truosité déterminée sous le nom générique d’Zl/éadelphe ; par M. Geoffroy Saint-Hilaire. Sur l’Existence de moustaches chez les fœtus de Dauphins et de Marsouins ; par M. Emmanuel Rousseau. Note sur le Ropan d’Adanson ; et quelques autres Observations sur les Mollusques ; par M. Rang. Considérations sur Opération du trépan , et sur les Lésions du cerveau ; par M. Flourens. Revue critique des diverses espèces du genre 7’ultur des ornitho- logistes modernes ; par M. Ruppel. Observations et Données nouvelles sur le Tigre du nord et la Pan- thère du nord, recueillies dans le voyage de Sibérie fait par M. 4. de Humboldt, en l’année 1829 ; par M. C. G. Ehren- berg. Rapport fait à l’Académie royale des Sciences, sur les Collections rapportées récemment de la mer des Indes par M. Dussumier, de Bordeaux; par M. le baron Cuvier. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES ; BOTANIQUE. Observations sur l’Accroissement des Végétaux ; par M. Amici. Extrait de l’Analyse des travaux de l’Académie royale des Scien- ces, pendant l’année 1829; par M. le baron Cuvier. — Phy- sique végétale et Botanique. fè 249 263 282 352 353 387 458 92 222 ( 472 ) Mémoire sur le tubercule de la Rave et du Radis , considéré comme le développement du mérithalle primordial du système ascendant ou de la tige de ces plantes , et sur la cause qui pro- duit les deux oreillettes rubanées situées au sommet renflé de ces deux espèces de tiges tuberculées; par P. J. F. Turpin. Note sur le mode d’action du pollen sur le stigmate ; extrait d’une lettre de M. Æmici à M. Mirbél. Recherches sur la Structure et sur les Fonctiocs desfeuilles; par M. Adolphe Brongniart. — Premier Mémoire. Sur la Struc- ture des feuilles et sur ses rapports avec la respiration dans l'air et dans l’eau. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE, CORPS ORGANISÉS FOSSILES. Sur la Brèche de wake et de calcaire appelée Mischio de Serra- vezza; par M, Paul Savi. Extrait de l'Analyse des travaux de l’Académie royale des Scien- ces, pendant l’année 1829 ; par M. le baron Cuvier. — Géo- logie. Sur la Direction et l’âge relatif des montagnes serpentineuses de la Ligurie. Réponse à une Note de AZ. Laurent Pareto ; par WI. L. Elie de Beaumont. Le. MÉLANGES. Notice sur le Voyage de M. de Humboldt en Sibérie , et Recher- ches de M. Æhrenberg sur l’organisation et la distribution géo- graphique des Infusoires dans l’Asie septentrionale. Extrait de l’Analyse des travaux de l’Académie royale des Scien- ces, pendant l’année 1829; par M. le baron Cuvier. — Voyages. — Variétés. 1 Notice sur l'Histoire naturelle de l'ile Juan Fernandez ; extraite d’une lettre de M. Bertero. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. Pages 329 420 63 209 203 274 279 344 lucc Del. Organisation du Sue de la Vigne. [a { FE de DAME: ea NA s & his art des Je. ral Tom. 21. D — Ant Puger del . o Anatorue des llanares. î ' a … — ’ R z F à 6 état Li CLEAN certtunenisenuneirrmmine EE nr ne nt _ à EE 7 nn der leëncer rat. Tom.21. ?1 à 7 T1 RON p NRC il Pre jà D. 6 LÉ TU S: S Te = —f} = Æorrer al nat. Vo. Debr. Fig 12. Leiodina 4772 d—7 . Dekirie | * 4 4 F ss ze ‘U07 2e arrerdeape - Ton venn den choses est le meillèur moyen de bserAlguer : rérhalle primordial delr kje ascendante des Leves et des Radiic?, deux oreilltts rubanées prétendue colorhie) fi72218 eee, cubes cn sommet dé tubereule et Correspondant azoporib d'isertion des deu OCPAU ES 272 catledors de ces Plantes. Frpér dl die 1828, Du Dévelipperent, en twbéreile, de Raphanus sativus Z, de locause qua produdr Ls 71.6. — PE Ce REZ + 28 UT ON OU ee OO Pt UT NS ee ET No CARS | % Ur re Fi FT 114 ne ? 1e HA UM (20e + n DAS vel {OMS % AP Lee EAREN Er NE ES PMU ET UET AUX LT Drong . Al à Luctue de l'éviterme et des Séonates deriNis Germamica - Fe ee ns en EN P Pamenit Direvit: 1 Bron 772 Anatomie de la L'euille de Lihum Album. Durnentil. Dir A4 Brong Da. Anctomie de la l'euuille de Vis vétmaniea © ERNEST PETER tas, ha SET, DD ’ D ni hunns © oui di ri PER cases = à R : ‘ ZE. 10. Qi > = à I. - À SX à \ À È À ÿ faleata - Anatomie de la Feuille du Rochea RERO AT Ann. des Jeiën . rat. Tom. 27 . LL. Zum @r A4 Brone . de anthoides Anatonue des larhes foliacées de le Tige de Cactus Phyil DEN Ki ro A? n nn Deer . Tom. 27. Ado Droug der Anatorue de la feuille du Nada faba. en mr Ann. des Sez UT à ANA (ANNE AR 4 Ph Ÿ el À FAUe 4 An. der Jornce. nater. Thom. 2 TRS U er DT a | de Balsanuina hôftensis . Anatorie de la fècalle # ie ue Et - Ann. den Jeune nat. Tom, 21 = 12. st En P'Pemént. Dial Anatomre de Le Lule dr - Ponudr Anatomie de la feuille de Nenupbar Jaune . A L a. it ET 4 LL is LT Fr Hobs ….. OUEN QU 108 etre | 2 #; D dar d'etenc. 17/2 Zom.. 27 . Ge P Drnénit Diraxt Le Des Dit t _Anatornte de la feuille de Nerianr Oleander - Ann. des Der É Ann. des Jéène. ratur. Tom, 22. — — _— ®; #4 - Lrong - Del F Dune, Dir Zig 2-2. Anatonue de la Jévalle de =,» perfobatam à . : en Zig. 30. Anatonue des feulles «ertwenres eË N: de Ranunculus aquatilis- 1 pri ; cd Fe é D natuer Tom. 27 . * : CC œ Los . A LP. Dumend dr A Drong . del Fig. 1.2. Anatornte de la fecalle de Pous maritma . É « Tir 3 Zputerme des, feuilles de Chou, d'éparé par la maceratron : "1" € d D mt 4 - { l - “ à. L] CT De :2/ _. ER TUE