ar. & - a] f i “at i D . pfs } 4, <> wri ONS hu wa : — ~ f ahaa’ * heh ised it 4 ‘ ) . * . « ‘ : ry | 3 a a ‘ 7 ‘ i = « * _ L. - he be “ .5 ‘a: 4, é ‘ Pea Y © i \. > Po — t, , vie ~—* , ~ ’ . <4 . * 7 et 4 - ’ ‘ oo - i v 7 — tec OB : . : nd y Dial ’ f ‘ > ~ - 4 d , \ 2 Pe Lad ii 4% a "23 Lal f . * “eP ‘ a s.* ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. ee SEGONDE SBRIB. TOME V. IMPRIME CHEZ PAUL RENOUARD, RUE GARANCIERE, N, py ANNALES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPAREES DES DEUX REGNES; 2 % ET L’HISTOIRE DES CORPS ORGANISES FOSSILES ; REDIGEES POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUIN ET MILNE-EDWARDS , ET POUR2LA BOTANIQUE PAR MM. 4D. BRONGNIART ET GUILLEMIN. ee CO Ge Seromde Serie, TOME CINQUIEME. — ZOOLOGIE. , PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE-EDITEUR, PLACE DE LECOLE-DE-MEDECINE, N. 43, ed 1836, a 7 Ps A pay Avid kd, Si a j SEAL SRM ga he A ae ig en ee AN. Pati hives sy ie! ee ; Malin CARN aa .. ethoknacnon ny ax: od a baat ia ‘eros Kut, BET, were TROY: HAO OME: tal, ore big” Bi: a aaatoae SERA BED aoa axa amon T" ; 4» + ‘6. 4 1 pak =| 1 \ “ rk: C My ity Heh iy ri ex hwnd olen a | [ ee ba y ; ‘ . ; ’ . ; aa ue . ‘ sae bi 7 , D “ 3 ! \" av } i : ie : : 7B OAH OS, se hy 30% Vv ee Me : ] oe gt Thy ls thy +, a iiae ent ba P. ee nd xi¢ , - a } xy vin iv : . rely Wes een Fi a pak ® x. 08 sh Or Ne hie MAS a st " ne ayy F . J pam GAD A Wwheet,s ’ . ai tre ‘ : ) tee cay : eee ne tei Some naa Nay & | ‘ a i * we | at 7 “si "s i - e i ee Ax ih a fat \ a , 3 € eh 9 Wt 17 } ’ ve ; 5 i PT 5.0 ok A as ieee Ace a \ . > i a rh aed an aS ak #19010 GOR + ae 9 omy at ‘ ’ ed 4 < ® a a - as “ive, A K Py herd % 1D teen* % nt ha n - a oh. / ~~ cia j ay , ' , Ba PY eine ws j asi A 41D. ais as Aa i Alyy oy . Anh! v FN ae sh! hey Vi é “ty ‘ at 4 A ' ‘ R . 4 git \ \ ‘ ; ier ail : sa ‘ 2 vrata a0. ant (CAA $ pat ee Cute iy (’ a as pies an a - ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. PARTIE ZOOLOGIQOUE. CSCS OSES COLES ID CS 9S PS 9D 0S 0S LSD LS 0S 0S IGLOS 1G 0S CS 9G OS 1D IS LS IS IPL DIDID IS I SOO CPD IDI OS RECHERCHES anatomiques et physiologiques sur Vorgane de Vouie dans les Oiseaux , Par M: Brescuet, Docteur en médecine, Chirurgien ordinaire de l’Hotel-Dieu, membre de I’Instiiut, ete. CHAPITRE PREMIER. PARTIE HISTORIQUE. § 1. Un des plus anciens et des plus illustres membres de cette académie, lequel fut anatomiste habile, médecin éclairé et grand architecte , Claude Perrault enfin, a dit: « L’histoire , de quelque « nature quelle soit, s’écrit en deux manieres; en lune, on « rapporte toutes les choses qui ont été recueillies en plusieurs « temps, et qui appartiennent au sujet quelle traite: en lauire, «on se renferme dans la narration des faits particuliers, dont «celui qui écrit a une connaissance certaine (1).» Nous avons Suivi avec rigueur dans cet opuscule, ce que nous enseignent ses paroles. Dans la premiere partie de notre travail sont consi- gnés les principaux faits publiés jusqu’a nos jours par les ana- tomistes ; et dans la seconde partie, nous avons placé ce que (1) C, Perrault.——Memoires pour servir a )’histojre paturelle des anjmaux, ete. Paris, 1679 inef . dic ap stias prescHeET. —- Organe de l’ouie dans les Oiseaux nos propres recherches nous ont fait connaitre. Ainsi; on pourra voir avec facilité et promptitude ce quwétait la science, avant nous, sur ce point danatomie, et ce que nous avons ajouté. Nous dirons a cet égard que notre travail était achevé depuis long-temps, lorsque nous avons pu consulter plusieurs ouvrages publiés avant le commencement de nos dissections, ou a une époque correspondante a celle de nos propres inves- tigations; tels sont les Mémoires de MM.Tréviranus, Huschke, etc.; tel est surtout le.travail,de M.'Windischmann, bien postérieur au notre, et dont nous devons la connaissance aM. Muller, alors professeur de luniversité de Bonn, lorsque nous lui communi- quames nos propres études. § 2. Casserius(1), dont les recherches sur la structure de l’o- reillede ?homme et des animaux sont pleines de faits, et dont les figures sont dignes d’éloges, quoique publiées a une époque déja bien loin de nous (1600), a successivement représenté le con- duit auditif, et la membrane du tympan de l'Oie, du Cogq- dInde (2); la cavité du tympan avec le nerf et losselet' qui la traversent. Il donne a cette derniere partie, le nom de Mar- teau (3); il décrit aussi le labyrinthe et) une ouverture commu- niquant avec la Cochleée. (4) Il représente séparément la’ columelle avec ses annexes, nomme marteau le centre de cette tige et étrier son extrémité interne; mais d’apres la figure de cette derniére partie, il est a croire quil a représenté le cartilage de la Cochlée, et non la platine ou base de la Columelle. (5) §3. Claude Perrault avait depuis long-temps observé que la struc- ture de l’organe de louie des Oiseaux a quelque chose de parti- culier :« Les osselets sont réduits 4 un seul, et dans le labyrin- « the au lieu dun conduit en spirale, il y a seulement un conduit. « court en manicre d’un petit sac. » (1) Julii Casserii Placentini de vocis auditdsque organis, etc. Ferrarie 1600. — Pentes~ theseion, hoc est, de quinque sensibus. liber x. Venetiis 1609. (2) Tab. org. audités. — Tab. vrir. fig. 1 et vr. (3) Tab. rx. fig, xix et xu. (4) — fig. x1x, foramen ad cochleam vergens, fig. xx. Extuberantia cochlex,' (5) Ossicula organi auditus diversorum animalium, (Anseris.) H. -prescuer. — Organede l’ouie dans les Oiseaux, 7 Ce quil dit de Yoreille des Poissons n’a pas été cité par les auteurs modernes , cependant ses observations sont bien anié- rieures a celles de Geoffroy , Camper, Monro, etc. « Dans les Poissons, nous n’avons point encore pu trouver ni de tambour, ni d’osselets, ni de conduits dans le labyrinthe, qui ait aucune analogie avec le Limacon: Zl y en a méme beaucoup ow il ne se trouve point d’ouverture au dehors qui soit visible. Tout ce quon. y voit distinctement sont les conduits, principalement ceux du labyrinthe, qui se trouvent en quelques Poissons, au nombre de trois, comme aux Oiseaux; ily en a ou il ne sen trouve que deux. » (1) I] paraitrait d’aprés ce passage, que C. Perrault avait con- maissance des communications de loreille des Poissons. avec Pextérieur , communications indiquées dans la Raie, par Geof- froy,, décrites avec plus d’exactitude par Monro, et surtout par Weber, et niées, fort mal-’-propos, comme le remarque fort bien G. Cuvier (2), par Camper et Scarpa. Quant aux Poissons qui n’ont que deux canaux semi-circu- laires, nous n’en connaissons pas, et il est a présumer que ‘C, Perrault s'est trompé sur ce point. Les Cyclostomes sont les seuls Poissons dont loreille soit dépourvue de canaux semi-cir- culaires. Dans un autre ouvrage consacré a la description anatomique de beaucoup d’animaux, C. Perrault parle de la structure des ‘organes des sens chez un grand nombre d’Oijseaux, mais il ne dit rien de la disposition dé Pappareil auditif. (3) § 4. Comparetti (4) reconnait lexistence d’un sac dans le la- byrinthe des Oiseaux, ainsi que la’présence de corpuscules cré- tacés. I! avait étudié assez bien la Cochlée sous le rapport de sa forme, de sa longueur et de sa courbure , particulierement dans (1) OEuvres diverses de physique, etc. De C. et P. Perrau!t. Du Bruit, troisiéme partie, chap. r,t. 1, p. 247. (2) Histoire naturelle des Poissons. T. 1. liv. 2. chap. vr. p. 460. (3) Memoires pour servir 4 histoire naturelle des animaux, par C. Perrault, in-f,. Paris 1676; (4) Andrew. Comparetti in Gymnasi¢ Patavino. p.p. p. vobbetvatiunes anatomice. Deaurein« terna ep alan Patayiz in-4° 1789, 8 prescuetT. = Organe de l’oute dans les Oiseaux. ‘les Oiseaux de proie (Accipitres), les Canards (Anseres), les Pies, les Echassiers (Gralla) et les Grues. Le vestibule, le limacon -et le corps cartilagineux de cette derniére partie, ainsi que le ™ -fluide qui remplit ces cavités, paraissent avoir été observés par -Comparetti (1). Mais il s’exprime en termes si généraux, et le plus souvent avec si peu de clarté et de précision, qu'il faut déja connaitre les parties dans leurs plus petits détails pour -comprendre les descriptions de cet auteur. Cependant le corps naviculaire de Vintérieur de la Cochlée n’avait pas échappé a la sacacité de cet anatomiste; seulement il en explique mal la na- ture et le mode de formation. (2) Il cherche a apprécier la disposition et la nature de ces tu- bes semi-circulaires contenus dans les canaux, et le fluide qui baigne ces parties (3); enfin, il admet l’existence de deux aque- ducs, un pour la Cochlée et ’autre pour le vestibule. (4) § 5. Scarpa,dans deux ouvrages différens (5),s’est occupé de la ‘structure de loreille des Oiseaux, et ces deux ouvrages contien- nent des observations importantes et nombreuses. Il indique rapidement le tympan et la columelle, dans son livre sur l’au- dition et Volfaction; mais il insiste davantage sur la disposi- tion des canaux demi-circulaires, sur les tubes qu’ils renfer- -ment et dont quelques-uns sont pourvus d’ampoules ou de ren- flemens a leur terminaison. Il parle de l’existence de liquide (x) Neque avibus deest sacculus, qui cum corpusculo cretaceo major amphibis reptilibus et in serpentibus, minor, et anterior in nantibus, varius in piscibus, maximus in Cyprinis inter alia genera Piscium similia, etc, p. 37. (2) Pages 184, 185, 186. (3) Quod si acicula fundum discindat, separantur Jatera, et corpusculum suscepit figuram annuli formem cum capitulo, aut nodulo exima extremitate, et cum aspera el crassiore superficie ab extremo superiori, etc. p. Igo. (4) Ductus ipsi recentissimi intra canales, feré instar Teniarum, contract’ sunt, ut multo magis superent elongati longitudinem suorum canalium; et visi sunt similes illis, quos supra tu= nicas carotidis internw repere pervideram, a ganglio olivari ascendentibus, Ita dignovi, sube stantiam ductuum, et vesicularum compositam esse ex membranulis, vasculis, nervulis cum sep- tis, caveolis, et monticulis conclusis, madefactis et irroratis humore sui generis comparato, et diverso ab eo, quo implentur Vestibula et Canales continentes, etc. p. 192. (5) Neque deesse videntur avibus canaliculi, aqueductus dicti, per quos humor exire possit. Cochlearis tubus habet illum, qui, a foraminulo incipiens ad extremitatem canalis majoris sems- -Aircularis, in tubum ipsum descendit, Vestibulo est alter, qui posterior est, etc, Page 201. BRESCHET. —= Organe de Pouie dans les Oiseaux. 9 dans le labyrinthe, et il admet les deux ouvertures qui font communiquer le vestibule et le limacon avec la cavité tympa- nique. La fenétre ronde est ouverte pres de lorigine du canal recourbé du limacon, da fenéire ovale ne correspond pas au centre du vestibule, mais pres de la paroi postérieure de la ca- vité. Les véritables canaux semi-circulaires sont membraneux dans les Oiseaux, et c’est parce qu’on les avait cherchés sur des tétes seches qu’on les avait pris tantot pour les vestiges des zones nerveuses , tantot pour le périoste de ces canaux; comme dans les Poissons et les Reptiles, ces tubes demi-circulaires membra- neux, ainsi que leurs ampoules terminales, sont distendus par une humeur limpide. (1) Scarpa assure n’avoir point trouvé de matiere crétacée ni de sac au vestibule (2). Ila représenté et décrit la cochlée rudi- mentaire, et indiqué le cartilage et le liquide qui y sont con- tenus. Enfin, il termine en déclarant que la plus grande ana- logie existe, surtout pour les canaux demi circulaires, entre le la- byrinthe des Oiseaux, celui des Poissons et des Reptiles. (3) Il peut avoir raison 4 l’égard de beaucoup de Reptiles ; mais quant aux Poissons, il est certainement dans l’erreur, particu- liérement pour ce qui concerne le limagon. (4) § 6. Dans son premier ouvrage , Scarpa ayait principalement pour but dedémontrer que, chez les Oiseaux comme chez ’homme et les Mammiferes , les ondes sonores arrivent au labyrinthe par Ja chaine osseuse et la fenétre ovale, a laquelle les osselets cor- respondent, ou par la fenétre ronde qu'il désigne sous le nom (1) Anatomice disquisitiones de Olfactu et duditu. Mediolani. 1794. — De structurd fenes= tre rotunde auris, et de tympano secundario anatomice observaliones. Mutine 1772. (2) Sacculum vestibuli cum materie cretacea in avibus reperimus nullum, Etenim tumedulz ampullz ductus membranosi majoris, et minimi feré totam vestibuli cavitatem replent, exiguo= que illo in spatio, quod remanet inter ampullas modo memoratas, et fenestram ovalem, nihil ma- teriz cretacee contineri certo ncbis constat, Sacculi autem cum materie cretacea defectui sup— petias ferre in Avibus videtur eximius alter partium apparatus, ob quem vel maxime intima Volucrum auris ad perfectiorum animalium organum auditis immediatum accedit. — Disg. de ‘Auditu et Olfactu, P. 36. (3) Hee capitas humore repleta est. § tv, p. 36. (4) § 1x, page 38, . 10 BRESCHET. — Organe ede Pouie Wans les Oiseaum. de tympan secondaire (1). Il décrit successivement la disposition des plumes situées au pourtour de la membrane du tympan, et qui représente l’auricule et le canalauditif dans quelques circon- stances.La membrane du tympan convexe en dehors, le muscle attaché a la face extérieure de ce diaphragme, et le Gone glan- duleux cprrespondant asa at eee (2). Il indique avec le mémesoinlatromped’Eustachi, le canal osseux contenant des vais- seaux sanguins(3), les communications des deux cavitésdutympan entre elles, par lintermédiaire des cellulosités du diploé (4). Il faut remarquer que la fenétre dite ovale est triangulaire et que la fenétre ronde est oblongue, beaucoup plus grande que la premiére, et quelle est fermée par une membrane a surface plane (§ x1x ). Le nombre des canaux semi-circulaires est le méme que dans les autres animaux; mais ces canaux different par leur étendue, leur situation et leur entrecroisement. Cette derniere circon- stance assignée, par Vésale, aux conduits semi-circulaires de Yhomme, est une erreur qui. démontre que ce grand anatomiste, qui a reproché si souvent. a Galien d’avoir attribué a Pespéce humaine des dispositions propres aux animaux, n’est pas lui- méme a l’abri de cette accusation. § 7. Scarpa décrit aussi la cochlée , laquelle ne présente pas dans Jes Oiseaux des spires comme sur homme et sur lesmammi- feres, mais elle forme un canal légerement courbé, et comparable a l’appendice vermiforme des intestins (5). Ul indique dans la cochlée deux rampes distinctes lune de l'autre, par une meme brane qui remplit a leur égard, les fonctions de la lame spi- rale (6), et il déclare ignorer si ces deux rampes communiquent entre elles au sommet du limacon. Il n’admet pas la présence de (1) De structurd fenestra rotund auris, et de tympano secundario anatomica obseryationese Mutine 1772. (2) § vir. p. 108, tab. x1. fig. rr. (3) § xvi. p. 120. (4) § xvi. p. 118 et x19, (5) Sed canalem efficit yon nihil recurvum, et vermifornmiem intestinorum appendiculum simulantem. § xxry. Cap, y. p. 125. (6) Distinguit autem hasce scalas membrana munere spiralis aise fungens; Cap. Ve page £25, ‘ BRESCHET. — Organe de louie dans les Oiseaux. TY la lymphe de Cotugno dans le labyrinthe (1); et c'est moins dans cet ouvrage que dans celui qui lui est postérieur, dont nous avons déja donné Vanalyse, qu’il faut chercher des idées précises et exactes, sur le labyrinthe membraneux et sur la distribution des nerfs. Il ne fait non plus dans ce livre sur le tympan secondaire, aucune mention de lexistence de matiére pulvérulente dans le labyrinthe. § 8. Les recherches d’Aloys Galvani (2) sont antérieures a celles de Scarpa, sur la fenétre ronde et le tympan secondaire, puis- qu au dire deGalvani elles appartiennent aux années 1768, 1769, 1770, ou il en avait fait connaitre les résultats a Académie de Bologne : cependant elles n’ont été publiées qu’en 1783 dans le sixieme volume des Commentaires de cette compagnie sa- vante. ae En passant sous silence ce qu'il dit du méat auditif, des par ties contenues dans le tympan, et d'un canal qui contient, selon lui, une branche de lartere carotide, une veine et un nerf, quon peut comparer a la portion dure dela septieme paire, ca= nal osseux qu'il connaissait avant que Scarpa en parlat, on ar- rive ala membrane du tympan, ala columelle, et a ses annexes. Tl dit qwil y a dans le tympan une branche nerveuse semblable a la corde du tambour. Il a connu assez bien le limacon, et dit qwil contient une cloison formée par une partie cartilagineuse (3), que le nerf de la cochlée se termine au sommet de cette partie du labyrinthe, par un pinceau dont les filamens, de grosseur et de longueur variées, nagent dans. Phumeur de Cotugno. Les canaux demi-circulaires sont plus grands que ceux de PHomme, du Boeuf ou du Cheval, et leurs formes varient sui- vant les espéces; ainsi, dans quelques Oiseaux , ils sont plutot elliptiques que semi-circulaires. Il dit qu’aucune production nerveuse, soit du pinceau nerveux de la cochlée ou de ceux (1) Czeterum etiam in labyrinthis avium deest aqua cel : Cotunii et facile ostendi potest. Cap. ¥. page 129. (2) Atoysi Ganvant, De Volatilium aire, Id. de Bononiensi, scientiarum et artium instie tuto atque academia commentarii. t. vt. p. 420. Bononie 17853. (3) I] renvoie ala table 4, Tey, Be Bs 12 BRESCHET. — Organe de l’ouie dans les Oiseaux. des canaux, ne prend la forme membraneuse. Enfin, i] termine en déclarant qu’entre loreille des Oiseaux et celle des quadru- pedes, il y a plusieurs dispositions semblables. § 9. Vicq-d’Azyr a donné un Mémoire sur la structure de Y’o- reille des Oiseaux (1). Ilavait disséqué le Cog-d’Inde, la Poule, le Pigeon, la Chouette, la Pie, le Geai, la Tourterelle, le Pic- vert, le Canard , le Moineau, le Serin et!’ Autruche. II s’est plus appliqué a connaitre le tympan que le labyrinthe lui-méme, et son travail laissait encore beaucoup a desirer. Apres avoir indi- que sommairement les canaux demi-circulaires, il dit qu’on apercoit a la partie interne du labyrinthe, un prolongement figuré comme une portion de conduit cemi-circulaire, avec cette différence qu’il est droit, et qu'il forme en bas et en arriéré une espece de cul-de-sac. Perrault regardait cette partie comme représentant un limacon; mais outre qu'il n’y a ni rampe, ni cloison quelconque, cette cochlée prétendue ne communique pas immeédiatement, avec le tympan par une ouverture qui puisse étre comparée a la fenétre ronde ; de sorte quil n’a aucun des caracteres de la Cochlée. « Le limacon qui est particulier a Vhomme et aux quadru- « pédes, n'est pas indispensablement nécessaire aux fonctions de « Coreille interne, puisque les oiseaux qui en sont dépourvus en- « tendent trés bien. » (2) Sans doute le limacon n’est pas indispensable a l’audition , puisque les poissons et quelques reptiles, n’en ont point, mais il est une partie de perfectionnement; il est lié avec les organes de la voix et de la respiration pulmonaire, et peut-étre que les modulations de la voix dépendent de l’existence de cet organe; ¢est pourquoi les oiseaux le possedent a un degré de dévelop- pement déja tres haut. Vicq-d’Azyr s’estdonc trompé en refusant une cochlée a cette classe nombreuse d’animaux. (1) Mémoire sur la structure de ’organe de l’ouie des Oiseaux, comparé avec celui de l'hom~ me, des quadrupédes, des reptiles et des poissons, —- OEuvres de Vicq-d’Azyr. Edit. de Mo reau de la Sarthe, t, 1v, p. 330, Paris 1805, (2) Page 353, & , BRESCHET. — Organe de louie dans les Oiseaux. 13 § 10. MM. Cuvier et Duméril (1) ont indiqué avec assez de préci- sion quelques parties de la cochlée; ils ont connu sa division en deux loges par deux lames cartilagineuses étroites, réunies par une membrane, mais ils n’ont rien dit de la Périlymphe du Limacon, de l'ampoule terminant le cul-de-sac du cone formant la cochlée, de l’Endolymphe contenue dans cette ampoule, et au centre de laquelle est une matiere pulvérulente. Ces anato- mistes célébres pensent que lelabyrinthe membraneux est enve- loppé si étroitement par les os, que cette disposition alaissé long- temps ignorer son existence, et la fait regarder comme le pé- rioste interne des cavités osseuses. Ils partagent les opinions de Scarpa et de Comparetti sur ce labyrinthe membraneux, sur les os qui en sont létui, et ne parlent pas des deux liquides du labyrinthe, et des Otoconies dans les poches du vestibule. Us ont tres bien signalé la ressemblance du Limacon des oiseaux, avec celui du crocodile. § 11. L’examen que M. Everard Home a fait de la membrane du tympan de lEléphant, et de la disposition radiée du muscle qui la constitue, le porte a considérer cet organe comme rendant loreille susceptible de connaitre la modulation des sons. (2) Les oiseaux ont de commun avec les poissons de posséder un vestibule et des canaux semi-circulaires, mais en outre, on leur connait une membrane, du tympan, un osselet s’étendant de cette membrane a la fenctre du vestibule, et une trompe guttu- rale. Cette membrane est convexe en dehors par Veffet de la pression de lextrémité de la columelle ( Slender Bone). Les poissons, par la structure de leur organe auditif, peuvent seu- lement entendre les sons produits par Veau agitée, et qui est immeédiatement en contact avec leur téte. _ §12. Les fonctions de la membrane du tympan dans les oiseaux sont précisément les mémes que dans l'homme et les quadru- | | (1) Lecons d’anatomie comparée de G. Cuvier, recueillies et publiées sous ses yeux par C. DomeEnit, t. 2, Paris, an yitt. (2) Philosoph. Transact. an 1800. vol. xc, p. 1. The croonjan lecture on the structura and uses of the membrana tympani of the ear, 14 Brescuer. — Organe de Ll’auie dans les Oiseaux. " pedes; mais comme cette membrane _n’a pas, dans.les oiseaux de muscle tenseur pour faire varier les degrés de tension, laquelle dépend seulement chez eux de la pression dela columelle,l’échelle harmonique dans les oiseauxne peut descendre aussi bas que dans Yoreille humaine. Quoique la cochlée ait été considérée par les physiologistes comme la partie la plus composée et la plus cu- rieuse de loreille, cependant on ne peut pas la considérer comme servant a moduler les sons; elle sert seulement a trans- mettre ceux qui viennent du dehors. Aucun son ne peut arri- ver a la cochlée, s’il n’est transmis par la membrane du tympan; ainsi, toutes les variétés de sons étant répétées par cette mem- brane, aucune modulation n’est produite par la cochlée, et cette derniere partie appartenant 4 Voreille des oiseaux, parait n’étre adaptée qu’aux sons articulés, §13.On voit que c’est moins sur la structurede loreilleen géné- ral, que sur celle de lamembrane du tympan, et sur ses fonctions, gue roule le mémoire de I’anatomiste anglais. Il serait facile de démontrer l’erreur de plusieurs propositions, méme pour ce qui concerne la membrane du tympan des oiseaux; mais nous nous arréterons a une seule objection : Silamembrane du tympan est Yorgane de modulation des sons, lorgane essentiellement musi-., cal, comment se fait-il que les personnes, chez lesquelles cette partie a été détruite, conservent leur audition musicale, et leur aptitude a distinguer, les.variétés des intonations ? § 14. Apres avoir fait Phistoire de la cavité du tympan, de la columelle, de son muscle, de la trompe d’Eustachi des Oiseaux , M. Tiedemann (1). parle du labyrinthe de loreille, et: dit quil consiste, comme celui de homme et des Mammiferes, en un vestibule, des canaux demi-circulaires et un cylindre court, creux, l’analogue du limacon de Phomme. Le vestibule est pres- que arrondi. Dans le Cog et quelques autres Oiseaux, il est peut, presque quadrangulaire; la fenétre ovale ne s’ouvre pas au milieu du vestibule; mais a sa paroi postérieure. Les canaux demi-cir- (1) Zoologie. Zu seinen Vorlesungen entworfen. Zeiter Band-Anatomie und naturgese- hichte der Vogel, Heidelberg. 1810, BRESCHET. — Organe de louie dans les Oiseaux. 15 culaires ont ceci de remarquable , que la branche qui sort du vestibule est elliptique et renflée, et ’autre branche qui se ter- miine vers cette cavité est beaucoup moins renflée. Ces canaux sont proportionnellement plus grands sur les Oiseaux que sur les Mammiferes, car dans les Oiseaux de proie, par exemple, ils sont plus erands que chez l’Homme, le Cheval et le Boeuf. Ils sont aussi plus grands dans les Oiseaux de proie et les meilleurs clanteurs , que dans les Gallinacés et les Plongeurs, etc. § 15. Les canaux demi-circulaires osseux renferment des tubes membraneux, transpatens, dont la forme est celle des con- duits. osseux , et ils portent des renflemens elliptiques ou des ampcoules a l’une de leurs extrémités. Ces tubes membraneux sont remplis d’une eau limpide, et l’on voit sy terminer les ra- meaux du nerf auditif, sous ’apparence d'une pulpe gélatineuse: ce liquide est mis en mouvement par la base de losselet, et celni-ci par les vibrations de lamembrane du tympan. Le limacon des Oiseaux n’est a proprement parler quwun ru- diment de la cochlée de PHomme et des Mammiferes. I] consiste en un cylindre osseux, court, creux, un peu recourbé en ar- riere, se terminant par un sommet mousse. Son intérieur est partagé en deux canaux ou rampes, lune antérieure, l'autre postérieure, par des cloisons cartilagineuses, qui communi- quent ensemble vers leur sommet. Les cloisons cartilagineuses proviennent de la lame osseuse séparant les deux fenetres, elles sont formées par deux lamelles cartilagineuses, étroites, réunies par une membrane fine. Ces canaux de la cochlée sont remplis par un liquide aqueux et contiennent les rameaux du nerf au- ditif. Le nerf acoustique se divise en quatre branches, dont trois vont au vestibule, et se terminent sur les ampoules: la qua- trieme branche se rend au limacon, et se porte dans la dupli- cature de la cloison cartilagineuse; d’ou il sort vers le sommet de Jacochlée sous forme d’un pinceau nerveux, les filets les plus fins | nagent dans le liquide contenu dans les rampes. Cette descrip- tion de Yoreille des Oiseaux, par le célébre professeur de Hei- delberg, laisse peu a desirer, et nous la considérons comme | bien plus exacte que celles des auteurs qui ont précédé M. Tie- demann. | : : 16 —s BRescHeT. — Organe de louie dans les Oiseaux. § 16. Chr. Ed. Pohl (2) a peu ajouté aux connaissances que lon avait déja sur la structure de loreille des Oiseaux. Il dit que le vesti- bule (alveus communis) de figure oblongue est rempli, comme les canaux demi-circulaires, par une eau limpide; mais il ne parle que d’un seul liquide et encore n indique-t-il pas son siége avec beaucoup de précision (§ x1ir). Il n’admet dans ce labyrinthela présence d’aucune parcelle de matiere solide, chaque canal demi- circulaire contient, dans |’épaisseur de sa substance, un vais= seau sanguin et dans la dépression que forme le canal supé- rieur, est recu l’appendice du cervelet. Il consideére lapophyse conique comme l’analcgue de la cochlée des Mammiferes, quoi- qu'elle ne soit pas rouléeen spirale. La cavité de ce cone est di- visée en deux parties par une lame cartilagineuse, d’ou il résulte deux rampes: l’antérieure ou celle du vestibule, la postérieure ou celle du tympan. Il affirme n’avoir rencontré aucun vestige des aqueducs décrits par Comparetti. Pohl fait avec plus de pré- cision l'histoire du tympan. La columelle est bien décrite. II indique trois feuillets ala membrane du tympan: quant ala corde nerveuse , il n’ose rien dire de positif sur elle. Pohl laisse aussi beaucoup a desirer sur le labyrinthe membraneux et la cochlée; ses figures sont encore plus vagues que ses descriptions; ce- pendant l'ensemble de l’ouvrage de l’anatomiste de Vienne con- tient beaucoup de faits nouveaux et importans a connaitre, sur la structure de lorgane de l’audition. § 17. Parmi les travaux nombrevx et si importansdeM. Geoffroy Saint-Hilaire, on ne trouve que transitoirement quelques pas- sages ou il s’est occupé de loreille des Oiseaux. Dans sa philoso- phie anatomique, il s’est borné a déterminer les piéces osseuses de ja chaine du tympan, et il a dabord regardé comme appar- tenant a l’os lenticulaire, ce que nous considérons comme la platine de létrier. Pour compléter cette chaine, M. Geoffroy Saint-Hilaire avait cru reconnaitre l’étrier dans la cavité du li- macon, en considérant comme tel le cartilage que renferme constamment la cochlée conique dans les Oiseaux et beaucoup (1) Expositio’generalis' anatomic organi auditéds per ¢lasses animalium, ete! auctore Chriss tiano-Eduardo Pou. Vindobone, 1818 BrescHET. — Organe de louie dans les Oiseaux. 17 de Reptiles. Mais un nouvel examen fit bientét revenir M. Geof- froy de cette idée qu'il s'empressa d’abandonner, et dans @’autres écrits il restitua au limacon la piéce qu'il lui avait empruntée pour en faire une partie de la chaine du tympan. « L'étrier ne manque pas dans les Oiseaux et les Reptiles : il existe au-dela des cellules acoustiques, et chez les Oiseaux de nuit dans une caisse réelle; mais il y existe sans pouvoir s étendre et passer au second état des os, restant toujours cartilagineux, on pourrait ajouter dans un tel délaissement qu’on ne sait plus quelle fonction lui assigner. Il ressemble, dans la Chouette, a l’instru- ment dont on fait usage pour arracher les bottes, et dans le Cro- codile, il prend la courbure de la cellule qui le contient : toute- fois, dans ces deux exemples, il n’est atteint qu’a l'une de ses deux branches par l’os lenticulaire. On remarque un arrange- ment analogue dans les Poissons » (1). M. Geoffroy ne confond- il pas le cartilage du limacon, avec la platine de la Columelle ? Le travail det M. de Blainville est sans doute le moins incom: plet de ceux que nous avons. Cet anatomiste reconnait qu il ny a jamais, dans les Oiseaux, dos analogue a celui qu’on désigne sous le nom de Rocher, dans les Mammiferes ; le lima- con nexiste pas comme tel, mais il est remplacé par une es- pece de petit tube terminé par un cul-de-sac auquel on donne, dans les ostéozoaires ovipares, le nom de sac. Il n’a réellement qu'un orifice assez grand, au coté interne et inférieur du vesti- bule et qui n’est jamais fermé. Un repli membraneux sigmoide se trouve bien quelquefois en rétrécir Ventrée, mais il n’em- péche jamais la communication entre le sac et le vestibule. Le rudiment du limacon renferme un corpuscle rudimentaire. Sa forme est celle dune vésicule comprimée, qui contient une matiere pulpeuse et médullaire. Cette petite masse est suspendue dans la cavité par des filets nerveux. (2) En traitant des organes, des sens et de leurs fonctions, en général, M. le pibawseiti Huschke (3) est entré dans Beth Wes (1) Philosophie anatomique par M. Geoffroy Saint-Hilaire, p. 5ot. Paris 1818, ’ . . . . . . . 5 (2) De Vorganisation des animaux, ou principes d' Anatomie comparée par H. M. Ducro= TAY DE BuaInvinte t. 1, p- 524. Paris 1822. (3) Huscuxe, Beitrage zur phystologie uid naturgeschichie, Weimar 1824, V. Zoor, — Janvier, 18 Brescuet. — Organe de lV’oute dans les Oiseaux. considérations sur l’organe de Pouie chez les différens animaux; mais son Mémoire d'une haute philosophie , composé d apres les principes de l’école dont M. Oken est un des principaux chefs, est fait, en grande partie, d’apres d’ingénieuses interpréta- tions de ce qu’on connaissait déja, plutot que d’apres de nou- velles recherches , et des observations jusqu alors inconnues. Suivant ce physiologiste, les cavités de loreille, de Poel, et du nez ne sont que des trous de conjugaison des vertebres de la tete, et dans les insectes, Voreille ne. peut étre qu'une trachée qui est la plus simple expression de ce sens. Dans les poissons, Yoreille, l’ceil et le nez, ne sont autre chose que des poches mu- cipares modifiées, développées et organisées chacune selon les. fonctions qu’elle doit remplir. Cette origine est surtout manifeste pour loreille, dans la Raie. Déja Monro avait apercu deux petites ouvertures par lesquelles le labyrinthe s ouvre au-dehors, Cette disposition mise en doute par Scarpa, et méme par M. de Blain- ville, a été démontrée depuis, d’apres les recherches de MM. Weber et Huschke et par nous-méme (1). On observe sur les Raies derriere les yeux, de chaque coté, une ouverture bouchée par une membrane en forme de tympan,; mais cette ouverture aboutit dans le crane, et non dans le vestibule, et elle ne parait étre qu’une fontanelle appartenant a loreille. Scarpa I’a consi- dérée comme la fenétre ovale, et Weber comme la feneétre ron- de; mais leur assertion n’est fondée que sur une analogie de situation. Outre cette ouverture il en existe une autre, suivant M. Huschke, laquelle conduit dans le vestibule. De celle-ci, on découvre de petits trous ala peau. La Rata clavata, Raia aquila et 2. miraletus présentent deux de ces trous, tandis que dans la Raia torpedo, il n’y en a quun, mais il est plus large. Ces ouvertures forment les canaux excréteurs d’un sac (simus audi- torius externus Weber), situé sur le crane et communiquant avec la cavité du vestibule, de maniére que lon y peut facilement faire arriver du mercure. Lorsqu’on poursuit par des incisions, ou en introduisant des stylets of des aiguilles fines, dans ces petits canaux, on arrive également et avec facilité dans ce si- (1) Voyez nos Mémoires sur la structure de l'organe auditif des poissons | . priscurt.— Organe de louie dans tes Oiseaux. 19 nus qui est rempli d'une masse crayeuse, blanche, et de 1a, quoique plus difficilement, on parvient dans le vestibule. Outre ces petits trous qui menent dans le labyrinthe, il y en a d’autres situés plus en arriere, qui ne se distinguent des premiers, que par leur grandeur; ils appartiennent aussi & la ligne latérale. Sur la Torpille cette disposition est tres manifeste, et le trou conduisant 4 Poreille, démontre que le labyrinthe n’est qu’une de ces petites poches muqueuses sécrétant une matiere calcaire. Ici la vertebre s est considérablement développée, pour consti- tuer un organe sensorial, que la sécrétion d'une matiere calcaire rend organe de Vouie. Les autres petits sacs, restent stationnai- res, et finissent par disparaitre entierement dans les classes su- périeures. Loreille tire son origine de cette ligne latérale des poissons, ou de la rangée de trachées des insectes, car le vestibule et le limacon ne peuvent pas avoir d’autre signification que la repré- sentation des poches trachéliennes. . Continuant a poursuivre son idée que Yoreille, Poeil et le nez, ne sont que lg continuation dela rangee de trachées, de meme que la téte n’est qu'une continuation du squelette du tronc, M. Huschke parle, plutot d’apres Panalogie que d’apreés sa pro- pre observation, de l'existence de Lapili sous la forme d'une masse pulpeuse, dans le labyrinthe des oiseaux, et il prétend que dans ces animaux la nature revient A son état premier, auquel on ne parait pas avoir eu assez d’égard jusqu’a présent. Dans les foetus des oiseaux, les branchies sont encore manifes« tes, dans toute l’étendue des osselets de loreille jusqu’a la ré- gion du cou. Cependant, notre savant anatomiste avoue n’avoir examiné que des individus adultes, sur lesquels il a trouvé la disposition suivante: En considérant la face convexe ou externe de la membrane du-tympan de la Poule, du Coq de Bruyére, de POutarde, on apercoit la piéce fibro-cartilagineuse qui est fixée dans le tym- pan, prés du bord supérieur et postérieur de cette membrane, quelle pousse au-dehors, et dont elle détermine ainsi la con- vexité. De son extrémité au milieu de la membrane, ou cette piece se joint, sous un angle presque droit, avec la portion car- Qe 20 = Bresciter. — Organe de l’ouie dans les Oiseaus. tilagineuse de la Columelle, part un prolongement sous forme d’une tige cartilagineuse, trés mince et qui se porte en avant et en bas, de maniere a former un angle obtus avec l’autre piece située derriere elle, et qui est plus large. On voit méme déja tres clairement du dehors, la ligne dans le trajet de laquelle elle est unie a la membrane, et un vaisseau l’accompagne depuis le bord supérieur de l'autre piece qui représente l’enclume et qui est absolument disposée comme un vaisseau branchial. On pour- rait croire au premier abord, que ce nest qu'un repli de. la membrane tympanique, mais en faisant avec soin des recher- ches & l’aide d'une aiguille, on s’assure quelle est différente de cette membrane, quoiqu elle y adhere intimement. Cela devient encore plus prononcé quand on examine toute la face interne de Ja membrane, sans qu'elle soit endommagée, et aprés avoir fendu la trompe d’Eustachi, une partie de ces piéces fibro-car- tilagineuses s’étend encore dans cette cavité au milieu de laquelle elle se termine sous forme membraneuse. Sans doute cett piece représente en partie un arc branchial qui s’étendrait jus- que dans la trompe gutturale, c’est-a-dire dans une partie ré- trécie du sac branchial, et d’autre part elle représente le muscle tenseur interne de la membrane du tympan, lequel n’a pas encore été trouvé sur les oiseaux. La stracture des osselets est an peu différente de ce qu'elle est dans les amphibies,du moins dans la grenouille. L’étrier, comme on sait, parcourt d’abord un long tube osseux avant de parvenir dans le tympan. C’est dans ce tube qu'il passe devant la fenétre ronde qui n’est sépar€e de la fenétre ovale que par une lame osseuse. La seconde piéce, continuation de la précédente, est dune structure fibro-cartila- gineuse, elle se fixe au milieu de la membrane du tympan, au méme endroit que la piéce décrite plus haut, et forme un angle droit avec celle-ci. Elle correspond donc a la seconde piece des amphibies. La piece fixée transversalement sur la membrane du tympan, manque sur la grenouille; cependant elle parait se re- produire dans les lézards, et en général sur tous les reptiles vot- sins des oiseaux. Il est probable quelle correspond ainsi que la tige cartilagineuse, non pas au marteau, mais a l’enclume, qui est tres souvent fixée ala méme place que la membrane du tym- pRESCHET. — Organe de Vouie dans les Oiseaux. 4 pan, par son apophyse postérieure, plus large. Lemarteau forme ici la seconde piece, qui est une continuation immeédiate de l’é- trier. En général la disposition et les rapports du marteau a l’en- clume, paraissent tres variables, ce qui peut provenir des dif- férentes formes que peuvent adopter les arcs branchiaux. Du reste, il ne faut pas simaginer que tous ces arcs se fondent en- semble pour constituer les osselets. D’apres ce que je vais dire, (apres mes observations, ce ne serait que les deux arcs anté- rieurs; le premier formerait le marteau, le second l'enclume, et tous les deux se confondraient en haut, en une seule piece, létrier. Les autres descendent vers le cou, ou ils subissent de ‘semblables métamorphoses : cette confusion des arcs bran- chiaux n’offre rien d’extraordinaire. Dans la Salamandre aqua- tique, ou elle a été décrite avec précision, les quatre arcs sont soudés par leur partie supérieure. Une réunion semblable pa- rait exister sur la Grenouille, de sorte quwil est hors de doute que la soudure est une chose tres commune pour ces organes, Comme sur les Poissons, chacun de ces arcs est formé de quatre pieces , deux ventrales et deux dorsales. Il paraitrait que ce sont ces dernieres qui restent comme osselets, tandis que les autres disparaissent en tres grande partie, ou ne se trouvent que dans les cartilages qui descendent dansla trompe d’Eustachi: lesautres représenteraient le marteau et lenclume, qui en se réunissant par leur extrémité supérieure, constitueraient l’étrier. Tels sont les principaux points examinés par M. Huschke, et’on voit quils sont relatifs bien plus au tympan qu’au labyrinthe. Nous avons voulu faire connaitre cette théorie de la formation de Yorgane deYouie, parce qu'elle se rattache au systéme des analogues, et quelle est encore fort peu répandue parmi nous. Cependant en parlant des Lapilli, en général, M. Huschke dit quelques mots du limacon des Oiseaux , mais il parait surtout en parler d’aprés les travaux de Scarpa. « Dans les Oiseaux et les amphibies, le limacon se détache de plus en plus du vestibule et se porte en bas. Sur ces derniers le limacon a toujours une direction en dedans eten arriére .La concavité qui, dans les Mammiferes, se trouve en avant, offre sur les Oiseaux une direction presque opposée, et sa partie in ad 22 BREscuET. —* Organe de Pouie dans les Oiseaun. férieure et postérieure est renflée comme le sac lapillaire des Poissons. Les Oiseaux sont les premiers animaux sur lesquels on trouve une lame en spirale qui consiste en deux lamelles car- tilagineuses, un peu écartées l'une de lautre: ces deux lamelles sont unies pres des fenétres et contournées. Lune se place a la partie antérieure et interne de la fenétre ronde et forme ainsi la rampe tympanique; l'autre constitue la rampe vestibulaire. C’est dans le cornet méme du limacon que ces deux lamelles se séparent, et ne sont plus jointes que par une membrane bien fine , se terminant dans leur extrémité renflée, en formant une poche ovalaire, épaisse, dans laquelle parait étre une sub- stance blanchatre. La partie interne et postérieure de ces carti- lages n’est pas fendue comme sur le milieu du cornet; mais a leur extrémité, les lamelles se réunissent comme a leur origine. Le nerf acoustique se porte en majeure partie vers l’extrémité renflée ou il se termine en rayons divergens. M. Huschke n’a pas pu observer de filets nerveux sur les lames déja un peu contour- nées en spirale; il. est done évident,, suivant notre anatomiste, - que cette derniere poche renflée représente la dilatation du som- met du limacon qu’on observe sur les Mammiferes et chez homme, et ot se porte la majeure Inge du nerf arrivant par le centre de I’axe. » | | Un physiologiste moderne, M. le docteur Flourens (1), a-t-l voulu désigner la présence des Otoconies ou petites masses pul- vérulentes dans la cavité labyrinthique des Oiseaux, en faisant en peu de mots la description des diverses parties du laby- rinthe des Oiseaux ? « Dans ces derniéres parties, le vestibule, «les canaux et le limacon, vient se ramifier le nerf auditif, « au milieu dune pulpe je inh a et de quelques petits ee « BTISdITES. » Peu satisfait de ce qu’avait écrit Galvani et Scarpa s sur le laby- rinthe des Oiseaux, G. R. Tréviranus (2) a voulu, par des dissec- tions nouvelles, s'assurer de la disposition des parties. Ses re- a (1) Fechereles sur tes conditions fondamentales de U’audition et sur les diverses causes de 2) | Uber La innern bau der schnecke des Ohrs der Vigel, Von G. BR, Treviranus, Zeitschrift fiir Physiologie, Erster Band. heft, 11. 18243 i ai ! prescnetT. — Organe de Vouie dans les Oiseaux. 23 cherches ont particulicrement été faites sur le Falco-lagopus , le Corvus glandarius , \ Ardea stellaris, \e Fringilla canaria, le Loxia coccothraustes. areconnu que la cochlée offre une double série de lames membraneuses , sur lesquelles se distribue la plus grande partie des rameaux du limacon. Sur le Coq, il n’a pas rencontré ces feuillets et son limacon est d’une structure plus simple. Sur le Canard, on apercoit bien cette membrane, mais elle parait moins distinctement. Apres avoir enlevé soigneuse- ment la coque osseuse, on voit vers ’extrémité libre du lima- con, dans les Oiseaux de proie (Accipitres), les Corbeaux (Coraces ), les Echussiers (Gralla), les Passereaux (Passeres), un petit réservoir rond, comme cartilagineux, duquel partent deux lames cartilagineuses, gréles, allongées, quis étendent vers Yautre extrémité, courbées comme le limacon lui-méme, et qui, par leur concavité, recoivent expansion du nerf du limacon et dont la convexité est recouverte dans toute leur étendug par une voute membraneuse formée de lamelles. Ce réservoir carti- lagineux a la figure dune cornue a goulot brisé, et Tréviranus la nomme capsule du limacon. Le cartilage interne du limacon forme deux lames allongées, étroites et un peu recourbées, avec des bords contournés qui se joignent vers le vestibule en décrivant une légére inflexion. Entre elles se trouve une ouverture étroite, allongée, par laquelle passe le grand rameau du nerf du limacon. Ces deux lames sétendent dans toute la longueur du limacon qu’elles divisent en deux cavités ou chambres, lune antérieure et l'autre posté- rieure. A la chambre postérieure correspond la fenétre ovale, et a l'antérieure la fenétre ronde. Des deux cétés de cette ou- verture allongée, dont nous venons de parler, sont, dans une direction Hertiente et transversalement a l’axe du limacon, les lamelles auditives serrées une contre lautre sur les cartilages de la cochlée. Ce sont des feuillets membraneux, ténus, ridés, chez quelques Oiseaux. Le nerf du limacon, aprés s’étre séparé du nerf des canaux semi-circulaires, se porte le long de la face concave de cet organedans un canal osseux, jusqu au voisinage de la fenétre ronde; et de 1a, il passe dans la chambre antérieure sy pa rtage en deux rameaux inégaux. Le plus grand se répand 24 BRESCHET. —- Organe de louie dans les Oiseaux. en filamens entre les deux cartilages, et les plus déliés se por- tent vers les lames auditives et se terminent sur leurs deux sur- faces. L’autre rameau ne se sépare du précédent qu’au voisi-— nage de la capsule du limagon dans laquelle il se porte en formant un angle obtus avec la branche principale. Le limacon de loreille duCoq s‘éloigne beaucoup de la disposition que nous venons de décrire. La substance de la capsule et des deux car- tilages est tres mince, et ressemble bien plus 4 une membrane solide et élastique qu’a un cartilage. Le réservoir membraneux que nous venons de voir renfermer les feuillets auditifs se retrouve encore, mais ces feuillets man- quent; les derniers filets du rameau ne se distribuent qu’a ses parois. Sur le Canard, les feuillets acoustiques sont plus petits et moins distincts que sur le Faucon. D’apres tous ces faits, G. R. Tréviranus pense que les Oiseaux qui ont Vonie la plus délicate, sont ceux dont lo- reille présente un limacon avec des feuillets bien développés. La multiplicité de ces feuillets représente la lame spirale des Mammiferes, et par cette disposition la plus grande surface possible est offerte a Pexpansion du nerf du limagon , sans aug- menter l’étendue de la cavité. La portion osseuse de la lame en spirale manque au limacon des Oiseaux, mais on peut comparer a la lame cartilagineuse qui correspond au bord de cette Jame spirale, les deux cartilages du limacon des Oiseaux, et par le renflement dans lequel, chez les ‘Mammiferes, le nerf qui vient de traverser le canal.de l'axe de Ja cochlée va ausommet de la lame spirale.On pourrait, en quel- que sorte, expliquer la transmission de l'une des branches du nerf du limacon dans la capsule. La composition de l’intérieur de la cochlée, des cartilages et de la membrane, a certainement quelque influence sur louie des Oiseaux; mais il est difficile de le constater. Dans les Mammiferes, la fenétre ovale appartient exclusive- ment au vestibule, et la fenétre ronde au limacon, tandis que, dans les Oiseaux , la fenétre ovale mene directement au vesti- bule et au limacon. La Columelle ou osselet ; concave par lextrémité correspon- ‘ i s os 4 » BRESCHLT. — Organe de Louie dans les Oiseaux. 25 dante a la membrane du tympan, et convexe par l'autre bout, touche par une de ses moitiés ala voute membraneuse et aux feuillets acoustiques, et par l'autre moitié répond a la poche membraneuse du vestibule, d’ou partent les tubes semi-circu- laires. Reprises par Ch. Jos. H. Windischmann (1), les recherches commencées déja sur le Cog commun (Gallus communis), Canard musqué (Anas moschata) et le Dindon (Medlleagris Gallopavo ) donnent des résultats semblables en divers points a ceux que Tréviranus avait obtenus sur d’autres Oiseaux. Suivant les propres observations de M. Windischmann , sur la cochlée des Oiseaux, cette partie forme un organe entouré de tous cotes par un canal osseux assez Jarge, aux parois duquel il est uni par de légers filamens. Deux cartilages lui forment une base solide comme le canal osseux lui-méme, ils sont réfléchis de dehors en dedans et d’arriére en avant; leur surface concave regarde la cavité du crane. L’espace existant entre ces deux cartilages est étroit du coté convexe, ot il est formé par une membrane trés mince et trés déliée, sur laquelle vient se distri- buer la branche cochléenne du nerf, comme sur la lame spirale. Au-dessus de cette membrane, on en voit une seconde qui est vasculaire, diversement plissée, rugueuse et recourbée, elle tient mollement a la surface convexe de la premiere, entoure les cartilages, adhere a leurs bords latéraux et en avant, plus épaisse, elle ressemble 2 une ampoule en forme de bouteille ou de cor- | nue (Lag ena ). On voit déja que ces membranes et les carti- lages réunis, circonscrivent un espace creux qui, en avant, communique avec lampoule, lesquels, lun et Pautre, sont rem- plis, en partie par l'eau de la cochlée, en partie par une sub- stance a demi fluide. Le nerf correspondant au coté concave, pé- netre dans le canal osseux du limacon, mais il ne gagne pas espace situé entre les cartilages,en passant par en bas, il va vers le cartilage correspondant au coté antérieur de la cochlée; la il se développe, devient bulbeux et remarquable par ses fibres transversales, I] envoie un rameau 4 l’ampoule, perce le carti- (1) De Penetiori auris in Amphibiis structurd, Lipsie 183% 4°. . . 26 srescHEetT. — Organe de louie dans les Oiseaux. lage dans la partie la plus large et finit en une membrane Ane, comparable & la lame spirale. CHAPITRE II. PARTIE DESCRIPTIVE. | | | Les oiseaux forment, sans aucun doute, la classe la plus na- : turelle parmi’ les animaux vertébrés; leurs caracteres sont tel- lement distincts, tellement tranchés , qu'il devient impossible , quel que soit le systeme zoologique quon adopte, de ne pas en faire une méme famille, et des plus naturelles. Il y a entre tous les genres beaucoup plus de ressemblance de structure qu'il n’en existe entre les genres des autres familles de vertébrés entre eux, surtout parmi les reptiles et les poissons. Loreille, dont les formes varient toujours d’apres celles de Panimal entier, présente chez les oiseaux des dispositions con- stantes , quon ne retrouve pas dans les autres classes d’'animaux qui sont pourvus de cet organe. Comme celle des Mammifeéres , Yoreille des Oiseaux est naturellement divisée en trois parties : 1° Voreille externe; 2° Voreille moyenne; 3° Poreille interne ou le labyrinthe. La premiere est, chez la plupart des oiseaux, ré- duite 4 la plus grande simplicité, a état élémentaire dun con- duit, comme dans les Cétacés, et méme comme dans quelques Poissons, bien qu’on ne veuille pas admettre doreille externe, ni d’oreille moyenne dans cette derniére et nombreuse famille de Vertébrés: cette oreille externe avec un pavillon serait aussi défavorable au vol qu’a la natation, en offrant une résistance au milieu aérien ou au liquide parcouru par lanimal; aussi ne trouvons-nous aucune trace de pavillon auditif dans les animaux vertébrés qui habitent les eaux. Dans les Mammiféres aquatiques, Poreille externe n’est jamais qu'un canal plus ou moins long et 4 tortueux, vestige d’une organisation plus complexe. Si les Oi- seaux montrent une disposition dans leurs plumes qu’on puisse comparer 4 une conque, ces plumes peuvent se placer de telle facon quelles ne forment aucun relief, aucune saillie, lorsque Yanimal prend son essor dans les airs. Sur un grand nombre BrescuEr. — Organe de Vouie dans les Oiseaux. 27 @oiseaux de proie nocturnes, on reconnait cette disposition ra- diée des plumes autour de lorifice externe du conduit auditif tres court. Mais une disposition, qui déja avait été signalée (1) par MM. Cuvier et Dumeéril (2), et dont a parlé M. de Blain- ville (3) est celle d'une espece d’opercule ou de repli cutané mobile , qui se baisse pour fermer le méat auriculaire, ou se releve pour exposer la membrane du tympan aux rayons sono- res. Cette espéce de paupiére ou de levre, si nous pouvons par- ler ainsi, existe surtout dans les oiseaux de proie nocturnes, et nous la retrouvons , mai des degrés moindres sur les grands palmipédes (les Plongeons (Colymbus), les Pétrels ( Procel- laria Glacialis), les Albatrosses (Diomedea Exulans), \es Hi- rondelles de mer (Stherna), les grands Echassiers, le Héron (4r- dea cinerea), et la Cigogne (Ardea Ciconia). Nous signalerons une disposition analogue dans quelques Reptiles aquatiques, surtout parmi les Crocodiliens (4); mais nous en parlerons plus tard en faisant Vhistoire de lorgane de louie de ces animaux. Nous avons déja indiqué ailleurs quel- ques-unes des particularités de la caisse auditive des Oiseaux, principalement sous le rapport des nerfs qui appartiennent a cette cavité moyenne, et des muscles propres a la Columelle, ainsi que sous celui de la forme de la membrane du tympan. Nous ajouterons A ces considérations, que ce tympan offre de nombreuses variétés , et qu'il possede peut-étre toutes les parties qu on rencontre chez celui des: Mammiféres. On a jusqu’ici assez généralement admis, qu'il n’y avait dans le tympan des Oiseaux qu une seule piece osseuse a l’extrémité interne de la columelle ; et que le reste de cette tige était cartilagineux (5). La piece os- seuse représentait l’étrier, tandis que les autres osselets man- (1) Cuvier, Regne animal distribué d’aprés son organisation, t. 1, p. 295. Paris, 1817. (2) Lecons d’anatomie comparée. (3) De Porganisation des animaux, ou principes d’anatomie comparée, t. 1, p. 532. Paris, 1822. (4) Voyezmon Mémoire sur V’oreille des Reptiles, et Ja description de l’oreille du Crocodilus biporcatus. (9) « Voreille des oiseaux n’a qu’un osselet entre le tympan et la fenctre ovale.» Cuvicr ; ia animal, t. 3, p.295. Paris, 1814. 28 BRESCHET. — Organe de Vouie dans les Oiseaux. quaient. Un examen attentif nous a fait voir que cette opinion n’était pas exacte, car on découvre aisément sur le corbeau (Corvus Corax) sur certains Echassiers ( Procellaria glacia- lis), sur les grands Palmipedes (Diomedea exulans-L. ) et sur’ les grands Gallinacés (Meleagris Gallopavo), etc., les diverses pieces qui constituent la chaine osseuse du tympan. Nous avons fait représenter celles de Yoreille du Corbeau, veyez pl. 1, fig. 1, 4; de ’Albatrosse (Diomedea cxulans), pl. 1, fig. 6, et du Dindon, pl. 1, fig. 8. Non-seulement sur plusieurs des espéces que nous signalons, la plaque osseuse appliquée sur la fenétre vestibulaire, appartient a l’étrier par sa fonction de fermer Vouverture du vestibule, mais on voit souvent sur la face tympanique de ce disque, deux radicules de tiges, qui sont les rudimens des deux branches de étrier (Voyez pl. 1, fig. 2, etc.). Enfin onapercoit, tout-a-fait en dehors de cette chaine osseuse, une apophyse que nous avous considérée comme représentant le processus gracillimus mallet qui, dans les foetus de plusieurs Mammiferes, se porte jusque sur la face interne de l’os maxillaire inférieur. Cette apophyse, signalée chez [homme par J.-Fr. Meckel, a été décrite avec plus de détails par MM. Heusinger(1) Huschke (2), Serres (3), et nous en parlerons dans le mémoire consacré a histoire des dévelop- pemens ou des évolutions de lorgane auditif. Sur la figure 8 de la planche 1 qui représente la chaine des osselets du Dindon, a représente le corps du marteau, a’ le manche de cet osselet, a” représente une apophyse cartilagineuse, que nous compa- rons a l’apophyse grele ( processus gracillimus ), Cette apophyse, dirigée d’abord en arriére, se recourbe en avant, et se termine sur le cercle osseux qui donne insertion ala membrane du tym- pan; 4 le muscle interne du marteau ; ce muscle, en se contrac- tant, relache la membrane du tympan, ainsi qu'il est facile de sen assurer par l’expérience. Il n’y a pas, 4 proprement parler, de muscle interne du marteau ou tenseur de la membrane du (1) Specimen male conformationis organorum auditis humani, etc. Ienz, 1824. (2) Beitrage zur physiologie und naturgeschichte. Weimar, 1824. (3) Annales d’histoire naturelle, Voyez aussi Mémoires d’anat. générale et transcendante. BRESCHET, — Organe de louie dans les Oiseaux. 29 tympan, ou du moins sil existe, c’est & Vétat rudimentaire (Voy. laméme figure).c est une bandelette fibreuse, ordinairement confondue dans son origine avec le tissu de la membrane du tympan; mais chez le Dindon, elle forme une corde distincte séparée de cette membrane. ‘Cette bandelette sort de la cavité du tympan par sa partie antérieure et inférieure et vient se perdre prés de la ligne médiane sur la trompe d’Eus- tachi. Elle a, comme on voit, les mémes rapports et les mémes insertions que le muscle interne du marteau des mammiferes; ce qui lui manque, c’est du tissu musculaire pour pouvoir se contracter. Lorsqu’on la tiraille, on opere la tension de la mem- brane du tympan; or la trompe d’Eustachi, a laquelle elle s’in- sere, donne attache a d’autres muscles qui peuvent, de cette maniére, opérer indirectement la tension du tympan. d repré- sente lenclume; il faut avouer quici l’analogie est un peu forcée : on admettra difficilement que Venclume et létrier s’ar- ticulent a-la-fois avec le corps du marteau; que, d’un autre cote, Yenclume s’articule encore avec le processus gracillimus; mais’ voila le fait. La grande analogie que nous rencontrons partout ailleurs nous permet de forcer ici un peu la comparaison. e.e., tige de l’étrier, terminé en dedans par le disque qui s’applique sur la fenétre vestibulaire, on voit que cette tige nait par deux racines; dans certaines especes, on rencontre un trou entre ces deux racines, ce qui est déja un commencement de la bifur- cation des deux branches de I’étrier des mammiferes. D’ailleurs nous avons souvent rencontré, méme sur les mammiferes, des étriers a une seule branche, par exemple, dans les Cétacés et les trés jeunes foetus de Vache, etc.; la bifurcation des racines de la tige de Vétrier, chez les oiseaux, est assez rare. Le plus souvent le trou gui les sépare n’existe pas, et la tige nait alors par 3,4, 5 ou 6 racines. Létrier des Oiseaux est entie- rement osseux, excepté a son sommet, ou il présente une ap- pendice fibreuse (f) qui se porte sur le périoste de l’os carré, et que nous regardons comme un vestige du muscle de l’étrier. Ce que nous venons de dire du tympan prouve que cette cavité présente, comme celle des mammiferes, une cayité tres e f irréguliere; mais on ne peut, chez les Oiseaux, lui assigner - 30 BrescnET. — Organe de Vouie dans les Oiseaux. aucune limite, parce que toutes les parties spongieuses, placées entre les tables externe et interne des os du crane, sont rem- plies d’air, et en communication directe avec la cayvité du tym- pan. L’os carré presente également une ouverture 4 travers laquelle lair passe du tympan dans les aréoles de ces os. En avant et en bas on apergoit une ouverture a-peu-pres elliptique qui fait communiquer le tympan avec le tissu ardolaire de la base du crane, Ces aréoles présentent, en cet endroit, une ca- vité tres irréguliere qui bientot donne naissance a un canal régulier, cest la trompe d’Eustachi proprement dite. Elle est formée par un conduit osseux tapissé, a Vintérieur, par une mem- brane assez €paisse, presque fibro-cartilagineuse, qui se porte en avant et en dedans, se rétrécit un peu, puis vient sunir a celle du cdté opposé; 1a, les trompes réunies n’ont plus gquune paroi membraneuse et forment une espéce de sinus. Ce sinus donne naissance a un canal plus étroit qui’ s’a- bouche, dans le pharynx, a quelques lignes au-dessous des arriere-narines, par un orifice allongé parallelement a laxe du corps; cet orifice est garni de papilles qui en défen- dent lentrée aux corps étrangers. Mais revenons a la cavité du tympan. Cette cavité peut étre divisée en deux parties, lune externe, qui sétend tres loin de haut en has et d’avant en ar- riere et tres peu de dehors en dedans; autre est, au contraire, interne, commence a la partie inférieure et postérieure de la premiere, et sétend beaucoup plus de dehors en dedans que de haut en bas ou d’avant en arriére. Sa forme est &peu-prés celle dun cylindre creux, elle est uniquement destinée a loger la tige de Vétrier, quoique cette tige soit bien loin de remplir cette cavite. La paroi antérieure du tympan est formée par la membrane tympanique; cette membrane est évidemment composée, chez les Oiseaux , de deux couches, dont l’externe est un prolonge- sent de la peau presque épidermique du conduit auditif, et senléve souvent avec la plus grande facilité; ’interne, quoique transparente, est manifestement organisée, jy ai souvent vu, méme a l'oeil nu, des vaisseaux sanguins. La membrane du tympan forme, a Pextérieur, une saiilie, a BrescuET. — Organe de louie dans les Oiseaux. 3t tandis que, chez les mammiféres, elle est concave en dehors, excepté chez l’Ai. Elle est habituellement tendue, ce qui.tient 4 la nature cartilagineuse du marteau et de lenclume. Il n’y a quun seul muscle veritable, et c'est le relacheur de cette mem- brane : il fallait donc une puissance qui tendit sans cesse a contrebalancer l’action de ce muscle, et la nature y a panayy par l’élasticité des cartilages. La bp bapa du tympan s’insere de meme que chez les mammiferes sur un cercle osseux incom- plet, qui est terminé en avant par un bourrelet fibro-cartila- gineux, lequel se rend, d’une extrémité de ce cercle a lauire, pour le fermer. L’os carré passe sous ce bourrelet fibro-carti- lagineux, qui forme en cet endroit ure espece de pont. Les mouvemens de los carré n’exercent aucune influence sur la membrane du tympan, si ce n’est le mouvement qui pourrait etr imprimé par cet os a létrier par la petite bandelette fibreuse qui remplace le muscle de l’étrier et gui sinsere sur le périoste lache et épais de Vos‘carré, ainsi qu'il est facile de sen assurer par l’expérience ; en faisant mouvoir cet os, la membrane mest pas le moins du monde dérangée. Cette particularité m’a frappé plus dune fois, et je ne sais pas quelle analogie il pourrait y avoir entre cet os et le cercle osseux des mammileres, dautant plus que ce cercle se retrouve chez les Oiseaux. La portion interne (cylindrique) de la cavité du tympan est formée par l’os carré en partie. Cet os, comme je viens de le dire, passe sous une espéece de pont fibro-cartilagineux qui complete en cet endroit le cercle osseux. L’os carré sarticule dans lintérieur de la caisse du tympan par une arthrodie, qui permet des mouvemens assez étendus. Il n’y a qu'une petite partie de cet os qui soit renfermée dans la cavité du tympan, et cette partie présente, asa face inférieure, externe, une ouverture a travers laquelle pénetre lair, qui du tympan se rend dans les cellules de cet os éminemment spongieux. A la partie supérieure et postérieure de la face interne sont les ouvertures des_cellules mastoidiennes; vers la partie infé- rieure et antéricure est Youverture de la trompe @Eustachi, qui communique avec les cellules de la base du crane. 32 BrescnEet. — Organe de louie dans les Oiseaux. La partie rétrécie ( cylindrique) de la cavité du tympan est comme je l’ai déja dit, étendue de dehors en dedans, elle ne contient que la tige de létrier; au fond, elle présente deux ou- vertures, dont l'une, bouchée par la base de l’étrier, est per- pendiculaire a la direction de l'espece de canal que forme la partie rétrécie, interne du tympan, c’est la fenétre vestibulaire; lautre ouverture, dirigée parallélement a axe de la partie in- terne, rétrécie du tympan, est simplement fermée par une membrane que jappellerai membrane du tympan secondaire. Le tympan secondaire fait suite a la cavité tympanique, c’est une cavité presque hémisphérique, tapissée, a lintérieur, par une membrane essenticllement vasculaire et remplie de liquide. Ses parois osseuses sont percées de deux trous bouchés par deux membranes; l'une, membrane du tympan secondaire, est celle que nous venons de citer; sa direction, avons-nous dit, est parallele 4 axe de la partie rétrécie du tympan; ainsi l'une des faces de cette membrane est en contact avec lair et l'autre avec le liquide renfermé dans le tympan secondaire. L’autre ouverture pratiquée dans les parois du tympan secondaire, et qui fait communiquer celui-ci avec la rampe tympanique du limacon, est la fenétre cochléenne. Cette fenétre, fermée par la seconde membrane placée comme un diaphragme entre deux cavités remplies de liquides, est constamment baignée d'eau. Elle est excessivement mince, et sur plus de cinquante limacons que nous avons examinés, nous ne l’avons vue que rarement intacte. Nous croyions autrefois que la cavité du tympan secon- daire n’était autre chose qu'un prolongement de la rampe tym- panique, mais la découverte de cette membrane, et la lecture attentive de Pouvrage (1) de Scarpa sur ce sujet, nous ont fait changer didée. Le tympan secondaire est done une cavilé supplémentaire qui ne recoit point de filet du nerf acoustique. Les parois os- seuses de cette cavité existent aussi chez ’homme; on sait que la membrane de la fenétre cochléenne est placée au fond d'une (r) De structura fenestre rotunda auris, ct de tympano secundario anatom, observat. Mus line, 1792, le BrescneT. — Organe de Voute dans les Oiseaux. 33 cavité; eh bien! si Pentrée de cette cavité était fermée par une autre membrane, nous aurions également noire tympan se- condaire. Il ne tient donc qua la présence dune membrane, et Panalogie serait parfaite. La huitieme paire de -nerfs des anciens passe immédiate- ment derriere la paroi osseuse du tympan secondaire, quelque- fois ces nerfs en sont tellement rapprochés quiils forment la paroi postérieure de cette cavité, En cet endroit, la sub- stance osseuse qui sépare ordinairement Jes nerfs du liquide contenu dans le tympan secondaire manque; Cest une dispo- sition que nous avons plusieurs fois rencontrée sur lOie et sur d’autres Oiseaux, mais nous la regardons comme une ano- malie. Les anatomistes n’ont jusqua présent, en général, admis quun seul osselet pour Voreille des Oiseaux. Cependant, comme nous lavons déja dit, un examen aftentif nous a fait reconnaitre presque toutes les parties des osselets des mammiferes. L’étriec seul est osseux, les autres pieces restent cartilagineuses; on re- trouve tous les élémens du marteau: quant a lenclume, nous avouons que le rapprochement est un peu plus difficile a éta- blir. Quoi quil en soit, la grande analogie qui existe entre les autres parties de loreille des mammiferes et des Oiseaux nous permet de forcer ici un peu la comparaison. Les articulations de ces parties entre elles ne sont pas bien distinctes, l’étrier est osseux et les deux autres osselets sont cartilagineux, la ligne de démarcation entre ceux-ci n’est pas toujours bien tranchée. Le marteau, le plus extérieur de ces osselets, sarticule d'un eoté avec l’enclume, et de l’autre avec ce dernier osselet et Pé- trier; en dehors, il est en grande partie contigua la membrane du tympan: il y a méme continuité de substance entre cette _ membrane et toute la partie qui remplace le manche du mar- teau. _Liapophyse grele (processus gracillimus) n’est pas continue avec la membrane du tympan; elle se porte en dedans en dé- : erivant une légere courbure dont la concavité regarde en bas , et vient se perdre sur le cercle osseux, vers Vinsertion de la ¥. Zoon, — Janvier, 3 34 presciet. — Organie de Voue dans les Oiseaux. membrane du tympan, tout auprés de la scissure de Gla- ser. La portion qui représente le corps du marteau est, en gé- néral, fort petite (voyez la planche 1). Il s’articule en partie avec l’enclume et en partie avec l’étrier ( voyez les mémes figures.) | Le marteau n’a, a proprement parler, qu’un seul muscle, le muscle externe (/axator) de la membrane du tympan. Ce muscle (voy. planche 1, fig. 2 d’ et fig. 8, 5) s'attache sur le marteau au point de jonction du manche avec le corps de cet osselet, ila un tendon qui est d’abord confondu avec la membrane du tympan; mais apres avoir quitté cette membrane, le tendon s engage dans un canal osseux, sort du tympan, devient charnu, et vient sattacher a la partie inférieure, postérieure et interne de cette cavité, recouverte en cet endroit par les nerfs pneumo- gastrique et glosso-pharyngien, et ce dernier donne nais- sance a un ganglion considérable un peu avant sa sortie du crane. Le muscle interne du marteau (tensor tympani) rexiste, chez les Oiseaux, qu’a état rudimentaire (voy. pl.1, fig. 2, d et fig. 5); cest une petite bandellette fibreuse, surtout bien distincte chez le Dindon, ou elle est séparée de la membrane du tympan. Nous lavons examinée sur une multitude d'autres espéces, ou nous lavons constamment trouvée unie avec cette membrane, et sous la forme d'une bande nacrée, se portant dans la direction indiquée. Cette bandelette sinsere sur le marteau; de la elle se porte en avant et en dedans, passe au-devant de la trompe d’Eustachi dont elle suit la direc- tion, et se perd sur la membrane fibro-cartilagineuse qui ta- pisse l’intérieur de cette trompe. Les usages de ce muscle sont tres bornés; il ne peut communiquer au tyrapan d’autres mou- vemens gue ceux qu'il recoit de la trompe d’Eustachi, a la- quelle s’insérent des muscles assez forts. Il est inutile de dire que, lorsqu’on tiraille cette bandelette ou la trompe d’Eustachi a la- quelle elle s’implante, on opére la tension de la membrane du tympan, tandis que, si on tiraille le tendon du muscle ex- : | BRESCHET. — Organe de l’ouie dans les Oiseaux. 35 terne, on la relache, expérience qui prouve manifestement leur usage. Nous avons déclaré plus yes que la membrane du tympan des Oiseaux n’avait pas besoin de ce muscle pour étre tendue, que l’élasticité des cartilages sutfisait pour opérer cette tension; mais la nature ne déroge pas facilement 4 une loi établie; si cet organe est inutile a un animal quelconque, il n’existe chez lui. qu’a létat rudimentaire, mais il existe. ; Nous n’avons que fort peu de chose a dire de l’enclume; cest une piece cartilagineuse qui s’étend de Papophyse gréle du mar- teau au sommet de Pétrier, ou elle s’articule avec cet osselet par. arthrodie et avec le marteau par symphise (voy. fig. 2, d.) Nous sommes déja convenu plus haut que lanalogie était ici un peu forcée, car on ne voit pas ordinairement I’ viushutoal s’ar- ticuler avec b stighd se longue du marteau, mais voila le fait. -LVétrier est le mieux caractérisé de tous les osselets, il est entierement osseux; ce qui le distingue un. peu de celui des mammiferes, c'est quil n’a qu’une seule tige (columelle), tandis, que celui des quadrupédes offre plus ou moins d’analogie avec Pinstrument dont il porte le nom, A cela nous répondrons ce que nous avons dé¢ja exprimé dans une autre occasion: c’est que, sur un foetus de veau, nous avons vu cette piece offrir la méme forme que chez les Oiseaux, et chez certains Oiseaux la tige de létrier nait par deux racines sur le, disque, lesquelles sont sé- parées par un trou, de maniere qu’il y a déja un commence- ment de composition de la columelle en deux branches; mais chez la plupart des Oiseaux la tigeile nait par trois, quatre, cing ou six racines, et lanalogie est alors moins frappante. Pres de Particulation malleo-incudi-stapédienne, la columelle présente un petit prolongement fibreux qui se dirige en avant et un peu en dehors, et se perd dans le périoste !ache qui recouvre la portion tympanigue de los carré. Ce petit prolongement est le vestige du muscle de l’étrier ( voy. méme fig. h. ) La difficulté des recherches, la petitesse des objets et sur- tout le manque de temps, nous ont empéché de poursuivre nos recherches sur les filets nerveux qui parcourent cette partie ou quis’y distribuent. Cependant quelques-uns de ces nerfs, 3. / 36 prescuet. — Organe de l’ouie dans les Oiseaux. particuli¢rement le nerf facial et la corde du tympan, ont été décrits ailleurs, nous y renvoyons. (1) DU LABYRINTHE. Nous allons voir maintenant comment lelabyrinthe de l’oreille des Oiseaux se distingue d’une maniere frappante de tous les autres labyrinthes, quoiqu’il soit fait d’apres le méme type. Le labyrinthe de Poreille des Oiseaux présente les mémes par- ties que de celui des mammiferes, c’est-a-dire qu’il se compose du vestibule, des canaux semi-circulaires et du limacon. Cette divi- sion de loreille interne est placée, comme toujours, entre les deux orifices craniens, dont lun est destiné au passage de la cinquieme paire de nerfs et l’autre a celui de la paire vague. Situé en dedansde l’os carré, a la région postérieure, inférieure et latérale de la téte, le labyrinthe est engagé entre les deux lames ou dans le diploé des os du crane, ayant les canaux demi- circulaires dirigés en haut et un peu en arriere, et le limacon en bas et un peu en avant, la téte de l’Oiseau étant supposée placée sur un plan horizontal. A la face externe et moyenne du labyrinthe se trouvent deux orifices plus ou moins arrondis et séparés lun de Yautre par une petite bride osseuse, ce sont les deux fenétres du labyrinthe. La fenétre supérieure est la plus petite, pas tout- a-fait circulaire, elle a une forme légerement triangulaire a angles presque arrondis. Dans l'état frais, elle est fermée par la plaque de l’étrier, unie par une membrane assez résistante aux bords de cette ouverture, qui, comme nous Pindique lanalogie, est la fenétre vestibulaire. L’autre fenétre, plus grande, pla- cée derriére Ja précédente, est dirigée de haut en has et de dehors en dedans, de maniére que lune des faces de la mem- brane qui la tient bouchée regarde en avant et l’autre directe- ment en arriére. Cette fenétre est a entrée d'une cavité parti- culiere, que Scarpa nomme tympan secondaire (2), qui nous (1) Voyez le Mémoire que nous avons présenté 4 l’Académie royale des Sciences, 1826, nlitulé ; Mémoire sur le plexus nerveux du tympan dans homme et les animaux, (a) De structurA fenesire rotund auris et de tympano secundario , anatomice observatiow nes, Mutine, 1772, | | BRESCHET. — Organe de lowe dans les Oiseaux. o7 avait paru d’abord n’étre gu un prolongement de la rampe tym- panique, parce que primitivement nous n’avions pas découvert de cloison pour séparer ces deux cavités. Cette ouverture, que nous appellerons orifice du tympan secondaire, placée en dessous de la précédente, est un peu allongée, elliptique, le grand diametre de lellipse étant dirigé de devant en arrieére. A état frais, elle est mollement recouverte par la membrane muqueuse qui tapisse la caisse. DU TYMPAN SECONDAIRE. Le tympan secondaire est dans une cavité dont la forme est difficile a définir; elle présente deux ouvertures, dont Pexté- rieure est celle que nous venons de décrire; l'autre, intérieure, est la véritable fenétre cochléenne, l’une et l’autre également fermées par une membrane. Le tympan secondaire est rempli par un liquide analogue a la périlymphe du labyrinthe; ses parois sont tapissées par une membrane excessivement vasculaire, de maniere quesi |’on ouvre cette cavité sans beaucoup d’attention, on pourrait croire qu elle n’est remplie que par un plexus de vais- seaux. Quelques-uns de ces vaisseaux traversent la fenéire co- chléenne, pour se répandre dans la rampe tympanique, et aller sanastomoser avec les autres vaisseaux du.limacon.. La face interne et moyenne du labyrinthe offre un petit enfoncement percé d’un certain nombre d’orifices pour le pas- sage des filets du nerf acoustique; cet enfoncement correspond a ce quona l’habitude chez Phomme d’appeler conduit auditif wierne. Le plus grand des orifices, qui se trouve dans cet enfonce- ment, est destiné au passage du nerf du limacon, cet orifice est en bas. En haut sont trois autres orifices beaucoup plus petits et destinés, l'antérieur au passage de deux filets nerveux ampullaires et du filet utriculaire, \e moyen au passage du filet nerveux sacculaire, et le postérieur encore a un filet nerveux an.pullaire. En avant de ’enfoncement qui constitue le conduit auditif interne, se trouve un dernier petit orifice qui est destiné > 38 BRESCHET. — Organe de Vouie dans les Oiseaux. au passage de la portion dure de la septieme paire de nerfs. Un peu au-dessus et en arriére du conduit auditif i interne, on observe un petit orifice légerementsaillant, fort distinct et percé obliquement dans les parois du labyrinthe pour s’ouvrir dans le vestibule : c’est ’aqueduc du vestibule, dont l’existence ne sup- porte pas le moindre doute, quoiqu’on lait nié dans les oiseaux. Nous avons trouvé cet aqueduc dans toutes les especes que nous avons disséquées. Quant a laqueduc du limacon, nous en avons quelquefois observé ia présence dans la Chouette; mais souvent nous l'ayons cherché vainement, soit parce qu'il n’existait pas, soit plutot parce qu'il avait déja disparu par le travail de lossification. Cette différence tenait donc a lage de ’animal; et dans ces prétendus aqueducs, considérés sur de jeunes oiseaux, on apercevait tou- jours des rameaux vasculaires. Quand cet aqueduc existait, nous en avons remarqué orifice interne en{dedans du bord posté- ricur de la fenétre cochléenne; cet orifice menait dans un canal fort étroit qui traversait obliquement la paroi du limacon, et qui souvrait vers le milieu du bord concave de ce dernier. Dans tous les Oiseaux, le labyrinthe osseux est facile a pré- parer, parce qu'il est formé de substance compacte , laquelle est entourée de tissu aréolaire : il suffit @enlever ce dernier pour avoir le labyrinthe osseux bien isolé et les canaux semi-circu- jaires ainsi que le limagon bien configurés. | DE LA COCHLEE OU LIMACON. Le limacon forme un prolongement conoide , creux, mousse 4’ son extrémité, légerement courbé, ayant plus ou moins d’é- tendue, suivant ibs especes. Il n est point ouvert a son sommet, ainsi que Vieq-d’ Azyr le représente, (1) DU VESTIBULE. Entre le limacon et les cariaux demi-circulaires, se trouve le vestibule, cavité irréguliére, qui sert en quelque sorte de rendez- (r) Voyez les figures données par Vicq @Aryr. Mémoire cité dans notre partie historique, pRESCHET. =— Organe de l’ouie dans les Oiseaux. 39 vous aux différens canaux gui concourent a former le labyrin- the : c’est la, en effet, qu’aboutissent les canaux demi-circulai- res. Le vestibule est proportionnellement plus petit dans les Oiseaux que dans les mammiteres. DES CANAUX DEMI-CIRCULAIRES. Les canaux demi-circulaires des oiseaux sont caractérisés par une disposition toute particuliere, dont on ne trouve pas d’exemple dans les autres classes d’animaux vertébrés. Comme dans les mammileres, les reptiles et les poissons, leur nombre est de trois, et chacun présente, alune de ses ex- trémités, un Re pour contenir une ampoule. Deux de ces renflemens sont en avant, et l'autre en arriére; ce dernier remplace le canal semi-circulaire postéricur , les deux autres re- présentent le canal antérieur et le canal externe. ~ Le canal antérieur est toujours le plus grand; c’est lui qui s’é- tend directement en haut. Les deux autres canaux, plus petits, se distinguent parce quils se croisent dans le milieu de leur étendue. Les canaux antérieur et postérieur se réunissent, comme dans les mammiferes, pour former le canal commun ; mais leur mode de réunion est différent dans les oiseaux, en ce que, avant de se joindre, ils passent Pun au-devant de lautre, ensorte que le canal antérieur aboutit a langle postérieur du sinus commun; et le canal postérieur a Renae antérieur du meme sinus (Voy. pl. 1, fig. 4,6, etc.). Cette disposition est constante chez tous les Oiseaux, au moins chez tous ceux que “nous avons disséqués. Cependant nous avons remarqué, sur plusieurs Oiseaux de proie, ainsi que sur le Corbeau, une disposition particuliere : le canal externe, aprés son entre- croisement avec le canal postérieur, s’entrecroise avec le canal commun, puis sen sépare pour aller souvrir dans la cavité du vestibule. (Voy. pl. 1, fig. 4, etc., etc.) | Le canal commun est large et tres court; il souvre dans le vesti- _ buleimmédiatement au-dessus de laqueduc propre a cette cavité. Les canaux postérieur et externe se croisent a-peu-pres a angle droit, comme nous layons déja dit : ceci est encore une dis- . ho BRESCHLT. —- Organe de louie dans les Oiseau. position propre a loreille des Oiseaux, et que nous avons re- trouvée sur toutes les especes examinées par nous. Ce croise- ment est tel que les cavités des deux canaux communiquent pleinement l'une avec l’autre. Les deux communications que je viens de signaler entre les canaux semi-circulaires ne sont assurément pas sans in- fluence sur laudition. Elles constituent encore un de ces carac- téres qui distinguent loreille des oiseaux, et qu’on ne retrouve plus ailleurs. Si nous passons maintenant a la description des parties molles contenues dans la cavité labyrinthique, nous aurons a exami- ner: 1° le labyrinthe membraneuz ; 2° les parties molles conte- nues dans le limagon; 5° ’humeur de Cotugno, ou la périlym- vhe; 4° Vhumeur contenue dans les tubes et les petits réservoirs | du labyrinthe membraneux , ou ’ Endolymphe (viitrne auditive); 5° les Otoconies, ou petits amas pulvérulens. 1° Le labyrinthe membraneux a\a forme du vestibule osseux et des canaux demi-circulaires, dont il remplit les cavités de maniere a laisser un léger intervalle entre lui et les parois os- seuses. Cet intervalle est occupe par la périlymphe et par des brides d’un tissu cellulaire extrémement délicat, brides qui vont du vestibule membraneux aux parois osseuses. Ce qui frappe d’abord, lorsqu’on examine le vestibule meme braneux des Oiseaux, c’est la grandeur des ampoules et la peti- tesse du sae. Il suffit, du reste, de jeter un regard sur nos figures (pl. u, fig. 4, 5, 10), pour voir que le vestipule membraneux est ici construit sur le méme pian que chez les mammiferes et les poissons. Le sinus médian, Vutricule et le sac se confondent presque en une seule cavité, et communiquent largement lun avec autre. Les deux derniers cependant se distinguent facilement par la présence de concrétions calcaires (otoconies). 2° Le sinus médian se continue en haut par le tube commun, et recoit en cet endroit ’extrémité non renflée du tube externe; en basil communique avec le sac qui n’en est qu'une sorte de petite arriére-cavité; en avant il se continue avec lutricule, et en arriere avec lampoule postérieure. prescott. -— Organe de Voute dans les Oiseaux. 4i 3° Luiricule est & elle seule plus considérable que tout le sinus médian ; elle se trouve a la partie antérieure de ce dernier et donne attache aux deux ampoules antérieure et externe. Elle contient dans son intérieur un noyau de poudre calcaire, tres visible 4 Poeil nu, et recoit un pinceau assez fort du nerf auditif. Elle occupe une grande partie du vestibule. 4° Le sac nest qu'un petit renflement da sinus médian, il se trouve immeédiatement au-dessous de ce dernier et fait saillie entre lui et Putricule, il contient une petite quantité de poudre calcaire et recoit un filet nerveux. Son ouverture communique largement avec le sinus médian. Le sac est tout-d-fait rudimen- taire dans les oiseaux. | | 5° Les ampoules sont les parties les plus saillantes du laby- rinthe membraneux, elles ressemblent pour la forme générale a celle des autres animaux, sont disposées d'une maniere pareille et recoivent chacune un filet nerveux; deux de ces ampoules sont en avant (l’antérieure et l’externe); la iroisierne, qui est la postérieure, est tout-d-fait en arriére. Les deux premiéres adherent a lutricule et la derniére est attachée au sinus médian. 6° Tubes semi-circulaires. Les ampoules remplissent beaucoup plus exactement leurs cavités osseuses que les tubes semi-circu- Jaires; ces derniers sont bien prononcés. Leur direction est la meme que celle des canaux demi-circulaires dans lesquels ils sont renfermés. Les tubes antérieur et postérieur se réunissent par leurs extrémités non renflées pour former le tube commun, qui est large, aplati, et fort court 4 l’endroit ou se fait le croise- ment des canaux demi-circulaires externe et postérieur, les tubes passent l'un au-dessus de lautre. C’est le postérieur qui passe par-dessus l’externe. Le labyrinthe membraneux est formé d’un tissu mince, trans- parent et tres délicat. La partie de ce tissu qui forme le sinus mé- dian et le sac est beaucoup plus fragile que le reste, ce sont les ampoules qui ont le tissu le plus at. Au reste, ce tissu res- semble parfaitement, par les caractéres extérieurs , 4 celui qui forme le labyrinthe membraneux de loreille des mammiferes. o see ° 7 La périlymphe. Entre les parois osseuses des cananx 42 BRESCHET. — Organe de l’ouie dans les Oiseaux. semi-circulaires et du vestibule d’une part, et les tubes mem- braneux, le sinus médian et le sac d’autre part, existe un es= pace moins grand dans les oiseaux que chez "homme et les mam- miferes, et surtout que dans les poissons, et principalement les chondroptérygiens; cet espace est rempli par un liquide aqueux que nous avons nommé la périlymphe et que nous croyons étre le liquide de Cotugno. Cette humeur remplit aussi la partie libre de la cavité du limacon comme dans les mammiferes. 8° L’Endolymphe. La cavité du labyrinthe membraneux con- tientun liquide clair, VEndolymphe(viitrine auditive), dont la den- sité ne nous a guere paru plus forte que celle de Peau ordinaire. Deux amas de poudre calcaire (otoconies) nagent dans ce li- quide: nous en avons déja fait mention. Un de ces amas se trouve dans lutricule, et Yautre dans le sac (otoconies wiricu- laire et sacculaire). | 9° L’Otcconie utriculaire remplit presque toute la cavité de lutricule, et elle constitue un petit amas de poudre blanchatre trés apercevable. 10° L/oloconie saeculaire ne forme quune légere trainé de poudre blanche. Ces otoconies font effervescence avec les acides, et se comportent comme du carbonate de chaux. A Paide dune loupe montée, produisant un grossissement de six fois le diametre environ, on peut parfaitement bien observer ces phénoménes chimiques. Avec des grossissemens peu consi- dérables nous avons plusieurs fois reconnu que cette matiere pulvérulente était formée par de tres petits cristaux. Tout le labyrinthe membraneux est librement contenu dans les cavités osseuses et n’y tient d'une maniere fixe qu’aux en- droits ou les filets du nerf auditif, apres avoir percé les parois osseuses, viennent sinsérer aux ampoules, a Vutricule et au sac. Si les parties de loreille interne que nous avons passées en revue jusqua présent, n’offrent pas des caracteres uniquement dévolus aux Oiseaux, nous allons voir des particuiarités encore plus frappantes dans le limacon de cette classe d’étres. 11° Le Limacon ou Cochiée peut varier d'un genre a autre pour la grandeur. Dans la Chouette, que nous prenons pour type de cette description , il est proportionnellement trés développé. Quand onaunlabyrinthe frais et qu’on ouvrela cayité du limagon brEscHET. — Organe de Pouie dans les Oiseaux. 43 xpartir des deux fenétres jusqu’au sommet de cette cochlée, de maniére a emporter toute la paroi externe, on voit étendue dans toute la longueur de la cavité cochléenne, une piece cartila- gineuse, qui, comme nous le dirons tout-2-Pheure, représente la lame spirale du jimacon de loreille des mammiferes , et que nous désignons sous le nom de cloison cartilagineuse. Elle est con- tournée de la méme maniere que le hmacon lui-méme; aplatie dans sa partie supérieure, terminée en bas par un petit bouton arrondi. Toute la partie aplatie présente le long de-sa ligne médiane, une scissure qui la divise en deux lames qu’on peut écarter lorsqu’on retire !a cloison cartilagineuse de sa cavité. Quand cet écartement a lieu, la piece offre plus ou moins de ressemblance avec une des branches du forceps, ou avec un iire-Lotte, dou la comparaison qui en a été faite par M. Geof- froy ee. Crest peut-étre ce méme corps que Compa- retti a comparé a une petite nacelle (piéce naviculaire.) La cloison cartilagineuse laisse en avant, entre elle et la pa- roi osseuse, un petit vide longitudinal, espece de canal qui souvre en haut dans le vestibule, et qui se dirige, en se rétrécis- sant, vers le sommet du limagon. Ce canal n'est autre chose que la rampe vestibulaire. (Voy. pl. u, fig. 0, 0.) En arriére, la cloison cartilagineuse laisse également entre elle et la paroi osseuse un autre poner fort étroit, qui commu- nique avec le précédent au sommet du limacon. Ce dernier ca- nal représente la rampe tympanique, car il aboutit a la fenétre cochléenne, pres de laquelle il éprouve une dilatation forte et subite. (Voy. pl. 1, fig. 2. p.) | Voila donc deux rampes séparées par une cloison cartilagi- neuse. Ces rampes, comme nous venons de le voir, ont les mémes rapports que dans les mammiferes, puisqu’elles ‘s’ou- vrent, une dans le vestibule, et Pautre-sur la fenétre ronde. De plus, elles communiquent l'une avec l’autre a l’extrémité du limacon, car la cloison cartilagineuse n’atteint pas le sommet de la cavité osseuse, et c’est par l’intervalle existant entre le bout du cartilage et le sommet du limacon que la communication se fait. Cette derniére circonstance est une analogie de plus entre Poreille des oiseaux et celle des mammiferes. 44 BRESCHET. — Organe de louie dans les Oiseaux. Ce que nous venons de dire serait déja suffisant pour prouver que la cloison cartilagineuse est le représentant de la lame spi- rale des siexaeatianene) mais un dernier trait d’ analogie, et que nous allons signaler, ne laisse plus de doute a cet ali On sait que cest dans la lame spirale des mammiferes que sépanouit le nerf du limacon : eh bien! chez les oiseaux, c’est sur la cloison cartilagineuse que se termine le méme nerf ( nerf cochléen ). (Comparez pl. 1, fig. 4g, et fig. 6.) 12° Le nerf cochléen, apres avoir traversé la parol Osseuse, entre dans I’épaisseur ie Pane des deux branches du cartilage dontje viens de parler;il sy divise en rayonnant, le traverse de ma- niere que les filamens nerveux sortent par les dentelures qu’on remarque a langle interne de ce cartilage, pour se porter a la face externe ou convexe de lautre branche. Un dernier filet descend dans le Lagena , ou-petit renflement arrondi qu'on re- marque a l’extrémité inférieure de la cloison cartilagineuse. Ce renflement est creux, et forme un sac quis ouvre dans la rampe vestibulaire, ainsi que cela sapercoit sur la fig. 4, pl. 1. C’est dans ce sac quest contenu un amas de poudre calcaire, visible a travers les parois du tissu cartilagineux (fig. 6, pl. i). Les filets supéricurs du nerf cochléen aboutissent a un tissu gélati- niforme situé au-devant de la cloison cartilagineuse, dans la rampe vestibulaire ; ce tissu se concrete par l’action de lalcool. Le filet descendant du méme nerf s’épanouit dans le petit sac a concrétion calcaire (Lagena de Windischmann) qui se trouve au bout de la cloison cartilagineuse. La scissure que présente cette cloison n’est pas une fente qui la traverse; elle n’est pas béante; elle est au contraire fermée, excepté a son extrémité inférieure , oti elle forme lhélicotreme, par un tissu membraneux tres dé- | licat, dans lequel vient se terminer le nerf cochléen, et des vaisseaux sanguins, dont la principale branche, reposant sur le cartilage, le contourne, en envoyant sur Ja membrane une mul- titude de rameaux, qui forment un réseau tres fin et tres joli. C'est au-devant de ce tissu membraneux que se trouve la sub- stance gélatiniforme dont nous avons parlé tout-a-lheure. La périlymphe ou humeur de Cotugno est moins abondante dans les Oiseaux que dans les mammiferes, parce que le labyrin- i] BRESCHET. — Organe de louie dans les Oiseaux. 45 the membraneux remplit mieux la cavité osseuse. Elle existe évi- demment entre les tubes et les canaux demi-circulaires. Autour des ampoules, il n’y en a presque pas, ou du moins elle est tres peu apparente, et ces parties semblent étre appliquées contre les pieces osseuses. Mais il y a une plus grande quantité de Pé- rilymphe qui entoure le sinus médian , et surtout le tube com- mur. Comme les rampes sont beaucoup moins spacieuses que dans les mammiferes, il y a aussi bien moins de Périlymphe : ajoutez a cela que la majeure partie de la rampe vestibulaire est remplie par la substance gélatiniforme dont il a déja été ques- tion. La Périlymphe n'est pas séparée dans plusieurs loges : elle communigue partout avec elle-méme; il n’y a aucune portion qui soit tout-a-fait séparée des autres. La Périlymphe Vune rampe communique avec celle de l'autre rampe. Le tympan secondaire est également rempli dun liquide analogue a la pé- nilymphe, quoiqu’l n’y ait plus de communication manifeste entre cette cavité et celle du labyrinthe. Loreille des Oiseaux ne s’éloigne donc pas du type général: non-seulement elle présente des concrétions dans les cavités ou nous en avons découvert chez les mammiferes, les poissons et les reptiles, mais encore il existe des Otoconies dans le limacon; | et nous n’en avons pas vu bien manifestement dans les premiers de ces animaux, si ce n’est dans quelques oreilles de jeunes foetus, ou nous avons trouvé, pres du sommet du limacon, la lame spi- rale parsemée dune poussiere blanche analogue a l’otoconie. Scarpa sest donc trompé, en disant qu’on ne rencontre au- cune matiere crétacée dans le labyrinthe des oiseaux. Souvent, dans l’étude longue et difficile que nous avons faite de Poreille interne, lorsque nous pensions avoir découvert une disposition non encore signalée, Scarpa venait nous montrer que déja il avait indiqné cette conformation. Mais ici il en est autrement (1), et nous croyons étre le premier a signaler la présence de ces Lapilli dans le labyrinthe des Oiseaux, ou. ces Otoconies offrent ceci de particulier, qu'on les trouve dans deux parties bien distinctes du (x) Sacenlum vestibuli cum materie cretacea in Avibus reperimus pullum, § iv, p. 36, Disquis, anatom, 46 BRESCHET, — Organe de l’ouie dans les Oiseaux. labyrinthe : 1° dans les poches du vestibule; 2° dans le renfle- ment ou ampoule de lextrémité inférieure du limacon. Gette description du labyrinthe a été principalement faite d’a- | prés loreille d’oiseaux de proie nocturnes, et surtout daprés Yoreile du Strix flammea et du Striz bubo. La plupart des fi- gures, exécutées avec beaucoup de soin, de la planche 11, ap- partiennent a loreille du premier de ces oiseaux. Pour completer cette description, nous l’étendrons a quelques autres Oiseaux, et nous ajouterons quelques considérations sur arrangement des nerfs, des vaisseaux et des autres parties molles de la cochlée. La forme extérieure de la cochlée est celle d'un cone re« courbé, dont la base est en haut et l’extrémité libre, ot: le som- met est plus ou moins renflé. Ce sommet présente une cours bure dont la concavité regarde en arri¢re et en dehors. ~ Sur la face externe, on remargque deux ouvertures dont lantérieure est supérieure, a-peu-pres circulaire, formée par la base de l’étrier, communique avec la cavité {du vestibule. L‘ouverture inférieure et postérieure est lorifice interne de la rampe tympanique du limacon. Sur la face interne du limacon, om apercoit une ouverture dont le fond offre une paroi percée de plusieurs petits trous, destinés a livrer passage au nerf acous- tique. Une branche principale de ce nerf est destinée au li- macon; elle en traverse la paroi osseuse, et sy comporte a-peu-prés comme lorsque le méme nerf traverse la colu- melle ou modiolus du centre de la cochlée de loreille des mammiferes. L'intérieur de la paroi osseuse n’appelle l'attention par au- cune particularité; elle est partout tapissée par une membrane extrémement mince et vasculaire, qui fait corps avec les parties molles du limagon, et que lon pourrait séparer de la surface osseuse avec la plus grande facilité, si elle avait un peu plus de résistance, De méme que chez les mammiferes, le limagon des oiseaux est divisé en deux rampes : la rampe tympanique et la rarape vesti- bulaire ; la premiere, fermée par la membrane de la fenétre co- chléenne, est par cette membrane séparée du tympan secon- ——— Brescubr. — Organe de l’ouie dans les Oiseaux. 47 daire. Sa cavité présente moins d’étendue que celle de la suivante. La rampe vestibulaire, plus ample que la rampe tympanique, communique d’un coté avec le vestibule, par une ouverture as- sez large, a travers laquelle passent un vaisseau et du tissu cel- lulaire, qui établissent une continuité de tissu entre les parties molles du vestibule et celles du limacon. A l'autre extrémité, cette rampe s’ouvre dans le Lagena, et communique, par | Hé- licotreme, avec la rampe tympanique. Nous aurons l'occasion de revenir sur l’examen de ces différentes parties. C’est dans la rampe vestibulaire que s épanouissent les dernieres ramifications du nerf cochléen.Ces deux rampes sont, comme toutes les autres parties dulabyrinthe, remplies par un liquide incolore, qui s’é- vapore avec facilité et promptitude.(La Périlymphe cochkenne.) Les vaisseaux et les nerfs du limacon sont en rapport avec la partie supérieure du corps cartilagineux dont nous avons déja parlé. Inférieurement, ce corps offre une poche plus ou moins ren- flée, quiest le Lagena de quelques modernes. Ce corps cartilagi- neux, dont la forme générale, comme nous l’avons vu, a été compa- _réeacelle dun tire-botte ou dune cuiller de forceps, a une dispo- sition toute particuliere, qu’on ne peut bien concevoir que paz un | dessin (1). Il résulte de deux prismes triangulaires continus par leurs extrémités supérieures, correspondant, d'une part, a la partie supérieure de l’orifice interne de la fenétre cochléenne; | 86 continuant, d’autre part, en bas, en laissant entre eux un écartement, et se réunissant. de nouveau pour sépanouir et produire le renflement dont nous avons parlé (Lagena). Ces deux portions cartilagineuses ne sont pas régulierement triangulaires , mais ainsi que nous l’avons fait représenter d’a- pres Voreille du Falco nisus L., du Falco tinnunculus. La face du triangle qui, dans la position naturelle, regarde enavant _et en dehors, est plus large que les deux autres, et l’angle le plus aig est tourné vers le cartilage du cOté opposé. Le cartilage supérieur interne présente, en outre, sur ce bord, des dentelures aigués qui donnent passage a des filamens da nerf cochléen, qui (t) Voyez les planches, 4b BRESCHET. —= Organe de Voute dans les Oiseaux. -traversent l’épaisseur de ce cartilage pour se porter sur la face | convexe, ou face antérieure et externe du cartilage oppose, pour 1 concourir a la formation des lamelles auditives , dont nous par- lerons plus tard. Les cartilages se terminent en bas par le renflement mem- braneux en forme d’ampoule ( Zagena de Windischmann); ce renflement est une cavité en cul-de-sac remplie de pérylimphe avec laquelle communiquent les deux rampes du limacon. Le liquide contenu dans ampoule ne peut étre autre chose que de la périlymphe puisque les deux rampes du limacon s ouvrent dans cette poche et établissent ainsi leur communication. Cette cavité del’ampoule(ZLagena) présente aveclesac une autre sorte d’analogie : c’est quelle contient une matiere blanche cal- caire, Otoconie cochléenne , qui affecte dans sa disposition la figure d'un fer-a-cheval et sur le pourtour de laquelle viennent se terminer les dernieres extrémités du nerf cochléen ampul- faire. Les parois de ’ampoule sont formées de deux membra- nes minces, entre lesquelles sont situées les derniéres divisions du nerf. Les vaisseaux de la cochlée sont fournis d'un coté par le plexus vasculaire que nous avons signalé dans le tympan se- condaire, d’un autre coté il y a une branche vasculaire qui provient de lintérieur du vestibule. Ces deux vaisseaux s’anastomosent par arcades sur la face interne ou convexe de lampoule (Voyez la planche 1, fig, 13, etc. ). A la face antérieure externe, des vaisseaux s'anastomosent de la méme maniere, mais seulement par des ramuscules, et contribuent a former avec les _ petits: filamens nerveux, les Jamelles auditives de Treviranus (1). Lorsque tous ces petits vaisseaux sont heureusement injec- tés, ils forment un réseau admirable qui cache les filamens nerveux placés au-dessous. Si au contraire ces vaisseaux sont vides, les nerfs seuls paraissent, et se font distinguer par leur blancheur. Cette circoustance de distension des vaisseaux par (1) Uber den innern Bau der schnecke des Ohrs der Vogel, Zeitscheift fiir Physiologie, Erster Band, Heft 1, Heidelherg, 1825, BrescuEr. — Organe de l’ouie dans les Oiseaux. 49 une matiére colorante, ou de leur état de vacuité,donnl’ ex- plication de la différence de notre sentiment, avec celui de Trévarinus qui considere ces lamelles comme uniquement nerveuses (1) et de celui de Windischmann (2) qui les con- sidere comme formées exclusivement par des vaisseaux san- guins. Pour apercevoir, et reconnaitre les nerfs, il ne faut pas injecter les vaisseaux, et lorsquon desire étudier les vaisseaux , il faut sacrifier les nerfs, ou renoncer a les your. Toutes les par- ties membraneuses du limacon sont essentiellement nerveuses et vasculaires, mais les vaisseaux sont excessivement petits e* déliés. C’est sans doute a cette ténuité que nous devons attri« buer Pimpossibilite ou nous avons toujours été de distinguef les arteres des veines. Dans ces réseaux terminaux, les commu- nications sont si multipliées, entre ces deux ordres de vaisseaux, que Vinjection _passe facilement des arteres dans les veines; cest ce que nos études anatomiques nous ont fait souvent re- connaitre dans les divers tissus organiques, et cest ce que M. Deellinger (3) a bien représenté par des figures pour les vil. losités ieiles Les nerfs du limacon traversent, comme nous l’avons déja dit, la face interne de la paroi osseuse de cette partie du la- byrinthe. On apercoit sur cette face, un trou ou plutot une dépression au fond de laquelle on remarque plusieurs pertuis, mais surtout un plus grand que les autres, lequel est destiné a livrer passage au nezf cochléen ampullaire (4). Aprés avoir tra- _versé la paroi osseuse de cette lame criblée, les fibres du nerf cochléen s’écartent en rayonnant. (Voyez les planches.) La portion lamellaire traverse l’épaisseur du cartilage supérieur interne. Les filamens sortent par les dentelures dont nous avons déja parlé et vont se perdre sur la surface convexe de (t) Loc. cit. (2) De penitiori auris in amphibiis structurd. Lipsie, 1831, 4° (3) De vasis sanguiferis que villis intestinorum tenuium hominis, brutorumque insunt. Dissert, anatom, , auct. J, Doellinger. — Monachii, 1828, (4) Voyez la planche 1 et 2, représentant le labyrinthe auditif du Série flammea, vu sous {outes ses faces. V. Zoon, — Janvier. 4 So BRESCHET. — Organe de Poute dans les Oiseaux. Yautre cartilage en concourant a former ainsi les lamelles auditives. La portion ampullaire , c’est-a-dire celle qui se rend 4 ’am- poule terminale du limacon (dagena) forme un cordon a part bientot ce nerf s’engage sous une membrane cellulo-vasculaire extrémement mince, et arrive ainsi jusqu’a l’origine de Vam- poule (Zagena) ot il se divise en plusieurs filamens qui bientot se subdivisent, et forment des arcades anastomotiques sembla- Dles a celles des arteres mésentériques, de la convexité des- guelles partent une infinité de filamens excessivem enttenus et quil nous a été impossible de suivre plus loin Les divi- sions de ce nerf sont renfermées entre deux feuillets mem- pbraneux. Nous venons de décrire la lame extérieure, et queue a la lame intérieure, elle parait étre la continuation ou lépanouissement des cartilages. Nous venons de décrire aussi d'une manieére assez générale, les formes et la structure du limacon des Oi- seaux. Quant aux diverses variétés dans ses formes, on en trou- vera des exemples sur les dessins que nous joignons a ce Mémoire, et par lesquelles nous avons représenté la disposition de Porgane auditif de beaucoup d’Oiseaux appartenant a des familles différentes. DESCRIPTION DES FIGURES. PLANCHBE I. " Fig. 1. Téte de Corbeau (Corpus Corax L.), labyrinthe en place et de grandeur naturelle. a. b,c, canaux demi-circulaires ; d. fenctre vestibulaire; e. fenétre cochléaire; J. limacgon en cochlée, Fig. 2, Chaine des osselets grossis; a. corps du marteau; 4, 4, manche du marteau, qui appuie sur la membrane du tympan; ec. processus gracillimus ; d. vestige du muscle tenseur du tympan ; d’. muscle externe du marteau; e. piece qui représente l’enclume; f. tige de l’étrier; : base de cet osselet; h. vestige du muscle de Vétrier. Fig. 3. a.@. a, a. Canaux demi-circulaires avec leurs ampoules de V’oreille du Corbeau ; b, limacon; c. portion cartilagineuse contenue dans le limacon pour en constituer les rampes; une portion de ce cartilage a été enlevée en haut et gauche; d, sommet osseux de cetle co- chlée correspondant au Zagena ou ampoule qui est renfermée dans sa cavité, BRESCHET. — Organe de Poute dans les Oiseaux. At Fig. 4. Le labyrinthe isolé de l’oreille du Corbeau; a. canal antérieur; 6. 4. canal externe qui s'entrecroise d’abord avec le canal posterieur, puis avec le canal commun; les cavités osseuses de ces canaux communiquent enire elles, tandis que les tubes membraneux n’offren: entre eux aucune adhérence;c. c. canal externe; d. limacon; e. fenétre du limagon ou co- chléaire; f fenétre vestibulaire, fermée par Ja base de Vétrier; g. chaine des osselets de grandeur naturelle. Fig. 5. Organe auditif de la Chouette (Strix flammea L.); les parties qui constituent Po- reille sont isolées et grossies, le limacon est ouvert pour laisser voir le cartilage cochléen; d. membrane du tympan; e. sommet du limacon; f g. h. canaux demi-circulaires; 7. marteau ; k, caytilage renfermé dans la cavilé du limacon. Fig. 6. Labyrinthe isolé (cote gauche) avec Ja chaine des osselets; de l Albatros (Diome- dea exulans L.) a. a. a. canaux demi-circulaires; 4. canal commun; @ c, extrémités renflées ou ampullaires des canaux osseux demi-circulaires; d. base du limacgon ; d’. sommet du li- macon ; f. fenétre vestibulaire; g. étrier dont la platine est engageée dans la fenétre vestibu- laire; /. marteau avec les autres piéces et les muscles de la chaine tympanique. Fig. 7. Parties molles du limagon et ¢. grossies du méme oiseau. _ Fig. 7’. Parties molles du limagon, et c. du méme oiseau, de grandeur naturelle. | Fig. 8. Chaine tympanique de l’oreille du Dindon (Meleagris gallo—pavo L.) Fig. 9. La piéce cartilagineuse isolée et grossie du limacon de la Chouette (Strix flammea L.) Voy. fig. 5. Fig. ro. Téte du Strix stridula. Labyrinthe en place et de grandeur naturelle; a, canal an4 térieur; 4. canal postérieur; 4’, ampoule de ce canal, c. c, canal externe qui s’entrecroise _avec le canal anterieur; d. limacon; e. fenétre vestibulaire fermée par V’étrier; f. fenétre du limagon. _ Fig. 11. Parties molles appartenant a la cochlée, vues par Jeur face postérieure et interne, | a@.a.a. a, cartilages; 6. 6, dagena ou ampoule de J’extrémité inferieure du limacon; c. nerf | eochléen; d. parties de ce nerf traversant le cartilage pour venir sortir vers les dentelures si- tuées sur Je bord interne et contribuant a former les lamelles auditives; @’. les lamelles audi— tives; e, rameau du nerf cochléen venant se distribuer sur l’ampoule ou /agena autour des autres oloconies ; f. otoconies cochleennes; g. vaisseau entrant par la fenétre du limacon, Fig. 12. Parties molles renfermées dans la cochlée du Strix stridula , vues par la face anté- |rieure et externe. a. a. a. cartilages; 5.6. agena ou ampoule du sommet du limagon 3c. oto—. conie; @. section du nerf cochléen. Ce nerf traverse un des cartilages et sort vers les petites denielures qu’on voit sur le bord de ce cartilage, pour venir former les lamelles auditives; e, lamelles auditives; f. vaisseau pénétrant dans le limacon par la fenétre cochléenne. Fig. 13. Les mémes parties, mais vues par la face opposee; a. a. a. cartilages contenus dans Ja cavité conoide du limacon; 4, 4, extrémité renflée ou /agena de quelques anatomistes; c, otoconies ou substance pulvérulente renfermée dans cette ampoule ou dagena; d. d. d. nerf cochléen s’épanouissant sur le cartilage; ¢.e. e. denielures sur lesquelles passent l’expansion snerveuse de ja cochlée; f. f. f- vaisseau pénétrant dans la cavité du limacon par la fenétre cochléenne, et formant un réseau sur l’expansion nerveuse couvrant les cartilages pour pro- duire les lamelles auditives, qui ne sont bien distinctes et qu’on ne peut reconnaitre comme de nature nerveuse que lorsque les vaisseaux sanguins n’ont pas été injectés. | Tous les details analomiques representes sur cette planche appartiennent a ’organe auditit du Stria flammea, | he PLANCHE II, “ 52 BRESCHET. — Organe de Voute dans les Oiseaux. Fig. 1. Elle représente le Jabyrinthe osseux, vu par sa face externe et de grandeur na— turelle. Fig. 2. Cette figure est la méme que la précédente, mais grossie; a. a. partie osseuse du limacon; 4. fenétre cochléenne ; c, fenétre vestibulaire; d. canal demi-circulaire antérieur; e. canal externe; /. canal postérieur ; g. canal commun, Fig. 3. Les mémes parties, mais ouvertes pour laisser voir l’intérieur des parois osseuses du labyrinthe; a. face externe du limagon; d. e. f, canaux osseux demi-circulaires ouverts ; g. canal commun ouvert ; h. orifice interne de Paquedue du vestibule; i. 2, nerf cochleen coupé; k. 1. m. n. petits trous qui livrent passage aux différens filets nerveux allant se répandre sur les parties molles du vestibule ; 0. orifice interne de l’aqueduc du limacon; x. endroit ot s’en- trecroisent et communiquent ensemble les canaux postérieurs et externes. (Les tubes mems braneux ne font que passer l’un au-dessous de l’autre sans communiquer entre eux, ) Fig. 4. Méme coupe que sur la préparation précédente, mais les parties molles sont repré- sentées en place ; a. ampoule anterieure, &. postérieure, c. externe, recevant chacune un filet nerveux; d. e. f. tubes membraneux antérieur, externe et postérieur ; g. tube commun; /. sac membraneux recevant un gros filet nerveux et contenant une notable quantité d’otoconte ; i, utricule recevant un filet nerveux et contenant également de l’otoconie; k. sinus médian; 2. parties molles du limacon; m. dagena; n. hauteur a laquelle les deux rampes communiquent ensemble dans l’intérieur du dagena; o, o. partie qui correspond a la rampe vestibulaire; p. fenétre cochléenne et commencement de la rampe tympanique; g..q. cartilages representant Jes différentes parties de la Jame spirale. Fig. 5. Tubes membraneux et poches membraneuses du vestibule isoléss ces objets sont grossis , et, sous ce rapport, la figure est idéale. Elle a été faite pour donner une idce meil- Jeure et plus exacte de la disposition de toutes les parties. La signification des lettres est la méme que dans la figure précédente. Fig. 6. Parties molles de l’intérieur du limacon; a. cartilages ; b, trou du nerf cochléen; e. filets nerveux s’épanouissant dans le dagena. Autour de l’extrémité de ces filets on apergoit: une matiére pulverulente blanche (otoconies.) Fig. 7. Labyrinthe osseux , de grandeur naturelle, vu par la face interne. Fig. §. La méme préparation, mais grossie; a. limacon; d.conduit auditif interne; c. orifice externe de Paquedue du vestibule; d. e. f. canaux demi-circulaires antérieur, externe et pos- térieur. Fig. 9. Labyrinthe ouvert pour faire voir l’intérieur; a, b. c,d. e. f. g. mémes indications que ci-dessus; /, entre-croisement des canaux postéricur et externe; i. communication du canal externe avec l’antérieur ; 4. orifice interne de la fenétre vestibulaire. Fig, 10. Méme coupe des mémes objets. Les parties molies sont restées en place; a. am= poule antérieure avec son filet nerveux (filet ampulaire antérieur); 5. ampoule externe; ¢. am= poule postérieure; d. e. f. tubes demi-circulaires membraneux; g. tube commun; k. sac contenant Votoconie et recevant un cordon nerveux; 7. ulricule; /. sinus médian; /. trone du nerf acoustique qui fournit en bas le nerf cochléen (m.) et en haut plusieurs rameaux qui sont : z, nerf ampullaire postérieur ; 0. nerf ampullaire de Yutricule; p, nerf sacculaire ou du sac; q. 7. nerfs ampullaires externe et antérieur. Fig, rr. Représente la forme que prend la poudre caleaire (otoconies) dans les poches mems braneuses du vestibule; a. otoconies du sac; b. otoconies du cysticule, MARTIN SAINT-ANGE. — FY’ illosités du chorion des Mammif. 53 Recuercues sur les villosités du chorion des Mammifcres , Par M. Martin Samnt-ANCE. (Extrait.) Dans ce travail, auquel ! Académie vient de décerner une médaille Monthyon (1) Vauteur cherche d’abord a se faire des idees arrétees sur ce que l'on doit ap- peler chorion. L’anatomie comparée Ini a fourni quelques données a cet egard. _ Ghez la vache , la jument, la brebis et Ja truie, il est tres facile de separer cette membrane en trois lames; elle est parcourue dans toute son étendne par des vais- seaux qui sont places dans le feuillet moyen et se reunissent aux vaisseaux om- bilicaux. La surface interne du chorion varie dans ses rapports avec les autres parties de l’ceuf aux differentes epoques de la gestation; mais auteur a toujours trouve le chorion dans ces animaux, et vers le milieu de la grossesse, en contact, dans une certaine ,¢tendue, avec l’amnios, et dans tout le reste, avec Vallantoide; un liquide clair et-dimpide existait en outre entre ces parties. « Si l’on n’admet, dit-il, dans ’ceuf humain, qu’une membrane externe (le chorion), une Jamelle tres fine (Vallantoide), une membrane interne (Vamnios), et une poche intermé- diaire (la vésicule ombicule), on a raison de dire que !a surface interne du cho~ rion est lisse et en contact avec un liquide : mais alors il faut admettre, ajoute- t-il, que le chorion est forme de trois lames: l'une, ainsi que le pense M. Du- trochet, externe ¢pidermoide; autre, moyenne, de nature celluleuse ct renfermant des vaisseaux ; enfin, la troisiéme, interne, également épidermoide. Chez la femx me, hors Ja partie ott existe le placenta, le chorion ne lui a présenté aucun vaisseau: cela u’a point lieu de surprendre, puisque, dans tout le reste de son etendue, les fonctions du chorion sont réduites 4 celle d’un épiderme. Selon lui, le feuillet épidermoide externe aurait pour usage disoler l ceuf des parties envi~ ronnantes ; le moyen servirait de gangue aux valsseaux qui, se trouvant imm¢- diatement en contact avec des fluides sécrétés par la mére, porteraicnt au foetus les élemens de sa nutrition ; ect enfin Vinterne serait destiné a isoler cet organe des autres parties de l’ceuf. M. Martin Saint-Ange poursuit ainsi : « Suivant plusieurs auteurs, la périphérie de l’ceuf présente, dans toute son v d : \ ee . . etendue, et dés son apparitign dans la matrice, des flocons, un duvet, des villo- sites,en un mot, elles sont d’abord éparses sur toute la surface externe de l’ceuf, ‘Independantes toutes les unes des autres, et paraissant avoir, a peu de chose XY ’ ° pres, le meme degré de développement. D’abord irés courtes, on a dit qu’elles a! f . ’ . n étaient pas ramifiees, et que la surface externe de l’ceuf avait Vaspect d’une peau de chagrin. Cependant nous les avons constamment trouvées ramifices; il (1) Voyez t, 4, p. 380, Cet extrait est tiré du compte-rendu des séances de l’Académie des Sciences. 54 MARTIN SAINT-ANGE. — /illosités du chorion des Mammif. est possible que cela tienned ce que nous avons examiné des ceufs humains, dont Je plus jeune ayait deja un mois. « Nous avons aussi remarqué que ces filamens cylindriques offraient un plus grand nombre de ramifications vers la fin du second owdu troisi¢me mois, que vers Je trentiéme jour. A mesure que la gestation avance, les villosités qui se trouvent en contact avec la caduque refléchie, et qui occupent environ les quatre cin- quiemes de la surface de l’ceuf, déperissent; et vers la fin du troisitme mois, ont entiérement disparu; tandis que celles qui occupaient Vautre cinquitme prennent un accroissement beaucoup plus considérable, deviennent beaucoup plus longues et présentent plus de ramifications. Ces derniéres villosités se trou- vaient dans les premiers temps en contact immediat avec la matrice, et plus tard avec la membrane caduque intra-placentaire, dans V’épaisseur de laquelle elles peneétrent plus ou moins. Cependant sur un ceuf de deux mois environ les villosi- tes de toute la surface de l’ceuf nous ont offert le méme degré de développement. MM. Breschet, Raspail et Velpeau ont avancé, dans differens mémoires, qu’au commencement de la grossesse les villosités n’etaient point vasculaires. Selon nous, les vaisseaux des villosités préexistent ala formation des vaisseaux dans le cordon ombilical. Sur un ceuf de deux mois environ, nous soffimes parvenus, au moyen de l’air injecté dans les vaisseaux du cordon, a nous assurer que les villosi- tés contenaient des vaisseaux. Du reste, l’existence, de troncs vasculaires est, d’aprés ce que nous savons sur la formation des vaisseaux, une preuve de l’exis- tence d’un réseau vasculaire au-dela des troncs. A terme, les villosites sont trés greles et tres longues; elles s’entrelacent entre elles, se contournent en differens sens ct affectent toutes sortes de directions. On ne saurait mieux comparer cette disposition qu’a celle des cheveux crépus du negre. Lorsqu’on les a isolées, on voit qu’elles ont d’un demi-pouce a un pouce de longueur; qu’elles fournissent de nombreuses ramifications et se terminent par des extremites renflées, arron- dies et claviformes; elles offrent en divers points de leur étendue des nodo- sités ou renflemens irréguliers. La veine et l’artére présentent, dans le tronc principal de la villosite, un calibre assez grand. On peut suivre leurs subdivi- sions jusque dans les derniéres ramifications de la villosite. Le plus souvent la matiére injectée s’arréte dans les vaisseaux avant darriver au bout des dernieres ramifications de la villosité et ne penetrent point dans le reseau capillaire par lequel ces vaisseaux se terminent. Mais sil’on a injecte de lair, ou s'il s’en est méle au liquide dont on s’est servi pour faire Vinjection, alors, a l’aide du mi- croscope, on pourra distinguer ce réseau capillaire, et reconnaitre qu’une bran- che artérielle et une veineuse se continuent lune avec l'autre en formant une espece d’anse, comme I’a observe M. Lauth. » Voici les considérations générales par lesquelles auteur termine son travail : « Les ceufs des mammiferes présentent toujours un placenta lorsqu’ils sont arrivés 4 une certaine époque de leur développement; il est inexact de dire que la troie et la jument n’en offrent pas. « J.e placeuta est toujours forme de deux parties, Je placenta uterin et le pla- MARTIN SAINT-ANGE. — /illosités du chorion des Mammif: 55 cenia feetal. Iie placenta utérin consiste en une ou plusieurs portions, ou méme en la totalité de la membrane muqueuse de la matrice; les parties qui consti- tuent cet organe se trouyent en rapport avee les villosites yasculaires du cho- rion; ces parties prenuent un grand degré de développement ; tantot elles pré- sentent des cavites ou cellules ramifices pour recevoir les villosites dans leur intérieur; tantot des espéces d’enfoncemens, des godets par lesquels cette mem- brane se trouve en contact immeédiat avec les villosites; enfin, dans d’autres circonstances, le placenta uterin est separe des villosites par une couche de ma~ tiére inorganique. « Le placenta fcetal est constitue par l'ensemble des villosites qui revétent la surface de l’ceuf; elles sont tantét réunies en une seule masse, d’autres fois dis- séminées par plaques plus ou moins nombreuses, et enfin, dans certaines cir- constances, elles recouvrent en entier la surface de lceuf. Une villosite est for- mée par un fevillet épidermoide et du tissu cellulaire, ou se developpe un reseau vasculaire. Ce réseau fournit des ramuscules qui se reunissent a ceux des autres villosités, pour donner naissance a des branches se terminant par trois ou qua- tre troncs connus sous le nom de vaisseaux ombilicaux. « D’aprés ce que Von voit sur la jument et Ja truie, of toute la surface du chorion est recouverte de villosites; sur la brebis et la vache, ou elles occupent une moindre surface; d’aprés ce que Yon observe chez la femme, etc., on peut admettre que plus les villosités sont répandues sur une grande surface, plus elles sont courtes et petites. « Chez les differens animaux les villosités présentent de nombreuses varia— tions dans leurs dispositions, leurs formes, etc. D’aprés cela, la circulation du foetus est-elle dependante de celle de sa mere, comme le veulent certains au- teurs ? Telle est importante question que nous avons maintenant a résoudre. Sil en était ainsi, une injection faite dans les vaisseaux des membranes de Vceuf devrait nécessairement passer dans ceux de la mére, et une substance injectée dans les vaisseaux de la mere devrait, sans aucun doute, penétrer dans les vais— seaux du foetus. Nous avons souvent répété ces expériences sur différens ani- maux, et nous pouvons affirmer que jamais nous n’avons pu réussir a faire pas- ser une injection soit des vaisseaux du foetus dans ceux de la mere, soit des vaisseaux cde celle-ci dans ceux du foetus. Au fait que nous venons d’enoncer , nous ajouterons les considérations suivantes : nous dirons d’abord que le sang du fcetus ne ressemble aucunement a celui de la mére et nous nous fonderons sur les observations faites par Autenrieth et M. Velpeau. Ces auteurs ont vu que le sang foetal est d’abord rosé, puis devient rouge, ensuite noiratre, et ne presente pas de différence de couleur dans les veines et les artéres. Tiedemann a trouve qu'il renferme une proportion de sérum beaucoup plus considérable que chez Yadulte ; qu’il est moins coagulable, et d’aprés les observations mi- croscopiques de MM. Prevost et Dumas, les globules du sang sont tellement pe- tits chez le foetus. que ceux de l’adulte ne pourraient traverser les mémes vaisseaux sans detruire Véquilibre de toutes les fonctions et produire la 56 Académie des Sciences. mort. Quand 4néme on n’aurait pas reconna ces differences, on doit pré- sumer que la nature de ce fluide doit étre en rapport avec chaque Age du foetus. Ajoutons que le nombre des battemens de coeur du foetus est presque le double de celui de la mére, qu’une libre communication a lieu entre les artéres et la veine ombilicale; rappelons-nous la disposition anatomi- que des vaisseaux dans le placenta, et les faits que nous avons tirés de l’anato- mie comparée, et nous arriverons a cette induction: que les vaisseaux du fetus ne communiquent pas avec ceux de la mere ; que les premiers forment un cer- cle propre au feetus, et que la circulation foetale est tout-d-fait indépendante de celle de Ja mére. ) « Ainsi Yon peut, jusqu’a un certain point, comparer le placenta aux branchies des tétards de la grenouille : en effet, ccs deux organes sont également transitoires ; la distribution des vaisseaux se fait de la méme ma- niére dans les deux, et les fonctions quils ont 4 remplir sont a-peu-pres ana~ Jogues. » ANALYSE des travaux anatomiques, physiologiques et zoolo- giques présentés a l Académie des Sciences pendant le mois de janvier 1836. Séance du 4 janvier 1836. Rapport de M. Dumérnu sur une monographie du genre Clytus, par MM. S. Larorre , comte de Casteinav , ef Gory. « Cette monographie comprend la description et la figure coloriee de cent vingt-neuf espéces toutes dessinces d’aprés nature , lesquelles seront reproduites sur vingt planches. Ce travail est complet et ne laisse rien desirer, car & chaque dessin est jointe une phrase latine caracteristique des espéces , et une description detaillée avec les indications relatives a leur histoire et surtout a la synonymie quia été spécialement ¢ctudiee. « Nous pensons que Academie doit accueillir avec bienveillance un pareil travail, qui servira utilement a la propagation de la science , et qui constate les grands progres que fait lentomologic. » Rapport de M. Dumtru. sur une monographie du genre Olive, Mollusques de lordre des Gastéropodes , par M. Ductos. « Nous avons été chargés par Academie , M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire et moi, de vous rendre compte d’un ouvrage imprime, mais non publie , qui a pour titre: Histoire naturelle, générale et particulicre de tous les genres de coquilles univalves maritimes obseryées a Vetat vivant et fossile , distri- buds par monographie , dont Yauteur est M. Duclos. Académie des Sciences. 5 7 « Vous le savez, Vabondance des faits observes en histoire naturelle s t devenue une _ s plus grandes difficultés de la science; les découvertes nom= breuses et successives des especes inconnues, ou plutot les distinctions que l’on a été force d’etablir entre elles, et par suite leur répartition en genres, ont rendu cette branche des connaissances humaines beaucoup plus difficile a étudier. Les travaux les plus utiles auxquels les naturalistes puis- sent se livrer aujourd’hui, ceux qui seront les plus durables et qui servi- ront le mieux 4 lV’avancement ulterieur de Vhistoire naturelle des corps or panisés en particulier, ce sont certaimement les monographies. « Crest un ouvrage de ce genre que publie M. Duclos Il sy est prepare depuis plus de vingt-cing ans, en reunissant 4 grands frais des materiaux sans nombre, afin de pouvoir suivre et comparer, sur une immense serie dindividus, les légéres modifications de formes et surtout les transitions successives de teintes, de taches et de nuances dans les couleurs brillantes dont les coquiles sont ornées; coloration qui servait uniquement, il y a peu dannees, a la distinction et 4 la denomination des especes. « Comme la collection formée par M. Duclos est peut-étre la plus riche et la plus précieuse en espéces rares de toutes celles que nous connaissons, et que ce naturaliste a pu d’ailleurs trouver dans ses propres ressources tous les moyens d’exécution de ce magnifique ouvrage, il a employé les talens des premiers artistes pour produire les dessins, les gravures en couleurs, et l'im- pression du texte. Ila dédié cette premicre monographie aux mines de Lamarck, dont il s‘honore d’avoir été le disciple. Les planches in-folio qu'il a soumises a notre examen, sont au nombre de trente-cinq, et sont relatives au genre Olive uniquement. « Les espéces de ce genre sont toujours trés polies et tres brillantes, comme | on le sait. Leurs couleurs sont admirablement reparties; mais leurs formes ge~ nérales et-apparentes sont tellement semblables, qu’au premier aper¢u, on les prendrait toutes pour de simples varictés les unes des autres, dependantes de leur age divers, de leur volume ou d’autres circonstances. En effet quelques natura- listes, meme les plus éclairés, avaient adopté cette opinion. Cependant Lamarck en avait distingue 67 especes différentes, et parmi celles-l4 M. Duclos n’en admet que 44, Malgré cette réduction, il en a decrit en tout 138, ce qui aug- mente le genre de 94 espéces distinctes qui comprennent souvent un trés grand nombre de varictes, tellement que quelques-unes en ont offert jusqu’a 4o. « M. Duclos a subdivisé le genre des Olives en quatre groupes. Le premier, sous le nom d’ancilloides, c’est-a-dire voisine des Ancillaires, comprend toutes celles qui sont munies d’opercules, et qui portent, sur la partie postérieure de Jeur columelle, des plis en torsade; 42 espéces s’y rapportent, dont 13 n’ont été observées qu’a l’état fossile. Le second groupe réunit les Olives cylindroides , nommees ainsi d’aprés Ja forme de leur coquille, dont la columelle porte en outre des plis horizontaux, au moins dans la partie superieure. L’auteur y range 61 espéces, dont 11 ont été reconnues parmi les fossiles. Le troisitme comprend 58 Academie des Sciences. les Olives glandiformes qui sont courtes et ventrues, dont la spire est cachée dans l'interieur, au moins en trés grande partie, Dix-sept espéces, toutes a l'état frais, sont rapportées a cette section. Le quatri¢me et dernier groupe comprend les volutelles, ou les Olives qui sont semblables aux Volutes, par la maniére dont Ja spire est empatee et semble former une espéce de mamelon, sauf le der— nier tour qui conserve le canal spiral, et qui parait avoir été moule sur le pro- longement mince et delie du manteau. 18 espéces sont rapportees a cette divi- sion, dont une seule n’a eté observée qu’a Vetat fossile. « MM. Quoy, Gaymard, Rang et @Orbigny, quiavaient examiné les animaux qui construisent les coquilles de ces quatre groupes, ont pu confirmer pleme- ment l’avantage de cette divison; car, d’apres leurs dessins que M. Duclos a fait graver, on voiten effet quils different reellement les uns des autres par la structure et la longueur relatives des tentacules, du pied musculaire, les formes generales, et méme pour la distribation des taches et des marques colores di- verses de toutes les parties molles exterieures. Les quatre dernieres planches de cette monographie sont spécialement consacrees a ces animaux méme dessinés comme vivans et en mouvement, et en outre elles offrent des details anatomi- - ques fort interessans. « Nous ne terminerons pas ce rapport sans faire connaitre a Académie que ce beau travail et ces recherches sur les espéces du genre Olive, ont été soumis dans Je temps 4 l’examen et au jugement de notre savant confrere M. de Blain- ville, tres competent dans cette matiére, et que dans son Traité de Malacolo- gie, il en a presente, avec les plus grands éloges, unc analyse detaillee. Nous ne citons ce fait que comme un nouveau témoignage en faveur du merite de Youvrage qui a été soumis a votre examen. « Nous pensons que l’Académie doit accueillir cet ouvrage, ct engager l'au- teur Acontinuer un travail exécuté dans une aussi bonne et aussi belle direc- tion. » Séance du 11 janvier. GtocraPnie zooLociqur. — Sur la migration des animaux. Il est donné lecture de V’extrait d’une lettre écrite de Francfort par M. de Humboldt 4 M. Arago. Le savant académicien a visite dans cette ville le musée que M. Rappel a forme des objets recueillis dans ses voyages en Abyssinie et en Egypte. M. de Humboldt a recueilli, dans sa coaversation avec le célébre voyageur, plusieurs faits intéressans : il cite le suivant : M. Ruppel s’est assuré qu’en Abyssinie, les elephans sauvages et les singes n’hésitent pas A traverser des plateaux de plus de 1,500 métres (1,300 toises de hauteur); or, dune pareille hauteur et par une latitude de 16 degres, ces ani- maux rencontrent des circonstances météorologiques telles que celles qui se pré- sentent dans le plat pays par des latitudes beaucoup plus élevées. Ce fait peut servir a faire comprendre comment des esptces qui ordinairement ne sortent eutre des contrées tropicales, ont pu, dans certains cas, parvenir dans des pays qui en sont fort eloignes, Académie des Sciences. 59 Deja M. de Humboldt, dans une communication faite a l Academie ily a plu- sieurs années, avait, d’aprés une observation de M. Ehrenberg, fait une remar- que tendant au méme but, a occasion du tigre royal qui penetre quelquefois fort avant dans le nord de |’Asie. Puystotocie. — Spécialité des nerfs de odorat, du ott et de la vue, par M. Gabriel Pelletan. L’analogie presumée enire les sensations déterminees par les odeurs et les sa- veurs a fait admettre, dit M. Pelletan, que chez les poissons le sens de V’odorat etait transformé en celui du gott. L’admission de cette premiere hypothése a porte ensuite a avancer que chez les taupes ei les musaraignes, le nerf optique, nerf de la deuxiéme paire, qu’on ne trouvait point, était remplace dans ses fonc- tions par une branche de Ja cinquieme paire. Le but du meémoire de M. Pelletan est principalement de démontrer que ces hypothéses qui établiraient la non-spécialité des fonctions des nerfs des sens , sont inadmissibles. Il se fonde : 1° Sur ce qu'il n’y anulle analogie entre les sensations determinees par les odeurs et celles fournies par les corps sapides, et par conséquent entre le got et odorat, 2° Sur ce que chez les poissons, les nerfs olfactifs par leur origine, et les cavites nasales par leurs dispositions conservent toujours les caractéres, qui chez les autres animaux différencient ces nerfs et ces organes de ceux du gol. 3° Sur ce que rien ne prouve que lair soit le seul véhicule possible des odeurs, et que les particules odorantes en dissolution dans l’eau ne puissent étre odorées par les poissons. 4° Sur ce qu’en général, l’odeur des alimens les distinguant beaucoup mieux que leur saveur, le sens de l’odorat est plus utile aux poissons que celui du gout pour les guider dars les choix de leur nourriture, surtout pour ceux qui vivent dans l’eau de Ja mer liquide, si fortement sapide. 5° Sur ce que les taupes et les musaraignes, possédant des nerfs optiques que Yon peut suivre depuis leur origine, qui est semblable 4 celle des animaux de la méme classe jusqu’a leur terminaison au globe de l’cil, il n’y a aucune raison pour penser que ce soit une branche du nerf de la cinquieme paire qui les fasse voir. Ces conclusions, poursuit Vauteur, ne s’appliquent nullement au sens du toucher, qui, commun 4 toutes nos parties , sans faire d’exception pour les or- ganes de la vue, de louie, de l’odorat et du golit, est necessairement exerce par des nerfs d’origine différente. Séance du 18 janvier. . ‘ 5) j Zootocir. — Sur quelques especes de singes confondues sous le nom a’O- rang-Outang ; par M. de Buatnvine. 60 Académie des Sciences. « Pendant long-temps on a regardé Yorang-outang, que Buffon a designé sous le nom de jocko , comme formant une espéce distincte du pongo, que l’on ne connaissait, il est vrai, le premier, que d’aprés les observations de Vosmaér, de Camper ; et le second, que d’apres ce qu’en a dit Wurmb, dans les Transac- tions de la Soci¢té de Batavia, et Waprés le squelette complet qui fait partie de la collection d’anatomie comparée du Museum d’Histoire naturelle. On croyait méme ces animaux d’espéces si differentes, que les zoologistes, 4 Pimitation de M. Geoffroy, crurent devoir former un genre distinct de la derniére, qu’ils plagaient fort loin de Yautre, parce qu’a cette epoque on avait surtout égard & la considération de Vangle facial, pour Ja distribution des especes du grand genre Stmia de Linne. « Mais, plus tard, en faisant observation que ces deux especes de singes n’¢- taient connues, l’une que d’aprés de trés jeunes individus femelles, et Pautre d’apreés un seul individu male et adulte, on commenca 4 entrevoir la possibilité qu’elles appartinssent 4 la méme espeéce ; doute qui se presenta a Vesprit de G. Cuvier, 4 la vue d’un crane d’orang d’age assez intermediaire 4 celui sous lequel on avait connu l’orang roux et le pongo, et qui lui avait été envoyé de Calcutta par M. Wallich. « En méme temps que ce soupgon était introduit en zoologie, il s’en éleyait parallélement un autre qui consistait 4 admettre que ces deux singes étaient réellement d’espéces distinctes, comme on lavait pensé d’abord, mais dont on n’en connaitrait pour le premier, ni l’age adulte, ni le sexe male; et pour le second, ni le jeune 4ge, ni le sexe femelle. Cette idée était celle qu’adoptérent Ja plupart des zoologistes, et surteut ceux qui crurent devoir former un genre distinct des singes de l’ancien continent, dont les bras sont disproportionnés, et qui sont dépourvus de queue et de callosites ischiatiques. Mais cette maniere de voir ne pouvait étre convertie en certitude, gue lorsqu’on posséderait, sinon les peaux bourrées des deux sexes de chaque espéce prétendue, mais au moins leurs tétes osseuses; et ce'n’est que tout nouvellement que nous avons pu nous procurer deux élémens nouveaux propres 4 avancer la question , savoir : une belle téte osseuse d’orang-outang adulte, et un squelette complet d’un second sujet de la méme espéce, proyenant l’un et l’autre de Sumatra. Je les mets sous les yeux de Y Academie. | « On pourra done voir et reconnaitre ais¢ment que le crane de Yorang-ou- tang adulte conserve tous les caractéres cosciiticls de la-téte du jeune Aze, c’est- a-dire Ja forme oblique et réguliercment ovalaire des orbites, outre un tres grand rapprochement entre eux, la petitesse, P’étroitesse et la position trés re- montée des os du nez, qui tendent méme 4 étre cachés par l’empictement des maxillaires ; tandis qu’elle acquiert, par l’épaissement di a ce developpement des crétes surcillaire, sagittale et occipitale, par le grand prolongement des ma- choires. tout ce quila fait ressembler a la téte du pongo. « D’aprés cela, eta en juger dapres la partie essenticlle du squelette, l’orang- outang est une espece distincte du pongo. Academie des Sciences. 61 « Quant aux caracteres exterieurs, il parait certain quwils suffisent également pour confirmer cetie distinction, puisque dans l'une les individus males sont pourvus d’un lobe cutané éepais, comprimeé, arrondi, operculiforme, nu, situe au cété externe de la racine de la joue, comme j’ai pu le constater sur plusieurs beaux indiyidus de la collection de Leyde; partie qui n’existe pas dans l’autre, comme on peut s’en assurer par la description de Wurmb, auquel une singula- rité aussi remarquable, et qui donne a ces animaux un aspect véritablement ef- froyable, n’aurait certainement pas échappé. Or, comme c’est bien certainement le pongo dont nous possédons Je squelette qui manque de ce caractére, il faut en deduire que c’est l’orang-outang qui en est pourvu, celui dont nous n’avons vu en France qe de jeunes individus femelles, « Toutefois , c’est une conclusion quil ne faut pas encore regarder comme absolument légitime, car il se pourrait qu'il y efit plusieurs especes confondues sous le méme nom d’orang-outang. « En effet, le crane d’aprés Vinspection duquel G. Cuvier a été conduit 4 pen ser que Yorang-outang et le pongo pourraient ne former qu'une seule espece y differe notablement de celui du méme Age de l’orang-cutang, pour se vapprocher notablement de celui du pongo. Les orbites sont 4-peu-prés rondes, et propor- tionnellement plus grandes; les zygomatiques offrent, au-dessous de leur arti- culation avec Yapophyse orbitaire externe du frontal, une dilatation assez consi~ derable qui n’existe ni dans le PoHge, ni dans lorang-outang ; et comme ce crane vient de Calcutta, il est A présumer qu’il existe sur le continent indien une espece particulitre d’orang. « On peut egalement concevoir que la grande espéce de singe deécrite par M. Abel sous le nom d’orang-outang de Sumatra, serait distincte de orang roux et du pongo, d’abord par sa trés grande taille, qui est au moins de six 4 Sept pieds, et ensuite par une longueur proportionnelle beaucoup moindre des doigts, qui, chez ces derniers animaux, sont veritablement de longs crochets. « D’aprés ces observations, on pourra admettre provisoirement, et dans le but de solliciter les recherches 4 ce sujet, que dans Ja division des orangs-ou- tangs proprement dits, c’est-a-dire des singes de l’ancien continent, & ouvertu- res nasales fort rapprochées, 4 bras disproportionnés, sans queue ni callosités ischiatiques , ce qui les sépare assez nettement des chimpanzés et des gibbons, Jes quatre especes suivantes : «1° L’Orang-Outang proprement dit; lorang roux dans le jeune Age ; orang a pommettes lobiferes chez le male adulte, de Sumatra et de Bornéo 3 « 2° L’Orang de Wallich du continent indien ; « 3° L’Orang d’Abel de Sumatra ; « 4° Le Pongo de Bornéo. «L’ Aasdeniie verra en outre, en examinant les cranes que j’ai ’honneur de mettre sous ses yeux, combien l’owa exageré le rapprochement de ces premiers singes avec l’espece humaine, et combien Pemploi trop rigoureux de Vangle fa- cial pourrait induire en erreur sur les rapports naturels des mammiferes. L’orang= 62 Académie des Sciences. outang doit donc, comme tous les zoologistes l'admetient aujourd'hui, étre place apres le chimpanze (S. T'roglodytes L.), qui est dépourvu de queue et de callo- sités, mais dont les membres et les doigts sont mieux proportionnés. Toutefois, cetle premitre espece de singes a, dans l’dge adulte, un museau et des crétes surciliéres, et occipitales assez prononceées, quoique moins que les singes cynocé- phales. » M. Geoffroy Saint-Hilaire prend la parole 4 la suite de cette lecture, et dit que deja depuis long-temps, dans le cours de mammalogie qu’il faitau Museum, il n’attribue qu’une valeur trés secondaire aux caractéres tirés de la considération de l’angle facial. Séance du 25 janvier. Zootocie. — Considérations sur les Singes les plus voisins de Vhomme ; par M. Grorrroy Satnt-Himarre. (Extrait remis par l’auteur.) « Liauteur se propose d’expliquer comment, a son imitation , les zoologistes crurent devoir former un genre distinct du singe de Wurmb (1), reconnu au- jourd’hui comme étant un orang-ovtang adulte. « Avant daborder son sujet, il passe en revue les travaux des naturalistes touchant les singes confondus sous le nom d‘orang-outang. « Ce qu'il s’attache surtout a demontrer, c’est quil y a deux groupes princi- paux de singes trés voisins de l'homme: 1° les plus anciennement conuus par les nations qui, dans l’antiquite, commergaient avec l’Afrique, les Egyptiens et les Carthaginois; et 2° les espéces qui, depuis Ja renaissance, furent observees aux Indes Orientales. « Les singes de ce premier groupe different aussi bien organiquement parlant yue géeographiquement. Leur corps presente de trés grands rapports avec celui de 'homme, eu égard aux proportions du tronc et des membres : les bras sont courts. La patrie de ces singes est exclusivement l'Afrique; on en trouve en Guinée a portée de Ja riviere de Gaboon, et géneralement dans l’interieur des terres, céte d’Angola. Ce qu’on en croyait savoir autrefois, c’est qu’ils vivaient solitairement dans les bois ou dans des cavernes, d’ou le nom de troglodites. On les tenait pour des hommes sauvages ou des étres demi-humains et demi-bétes farouches. Linné s’est laissé influencer par ces récits, et on Ya vu ballotter ces animaux du genre homme dans celui des singes, les appelant, dans deux édi- tions successives, d’abord, homo troglodites, puis simia troglodites. On y avait il est vrai, réuni des negres a peau blanche, les chacrélas, et aussi quelques idiots ou crétins de la race humaine, qu’on avait barbarement rejetes et confinés dans des foréts. « Buffon s’étant propose de remettre en ordre le sayoir confus touchant les singes voisins de homme, vint a choisir, pour point de depart un morceau littc- raire de | Histoire des Voyages, oi Battel, commente par Parchapp, raconte qu'il existe dans Vintérieur des terres, cote d’Angola deux singes a Ja face et anx (1) Voy, Audebert, pl. 1 de l'Osteologie, Académie des Sciences. 63 formes humaines, l’un plus grand, appele par les naturels pongo, et Yautre plus petit, du nom de jocko. Cétait, sans doute, les deux ages de la méme espéce, portant un nom spécial. « Tyson avait décrit ce singe sous le nom de simia sylvestris ; Traill et Vose en ont aussi donné une anatomie. Buffon en observa vivant un individu en 1740, qu’d cause de sa taille il nomma jocko. Long-temps aprés il connut un plus petit sujet analogue, venu des iles de la Sonde, qu'il appela de nouveau jocko, proposant de changer la nomenclature dont il s’etait d’abord servi, en nommant pongo le plus grand sujet de ses descriptions. | « Cette confusion de noms fut le motif qui nous porta, M. Cuvier et moi, a proposer, pour l'espéce africaine, l'une de ses appellations du pays, chémpanzé ; ce qui fut admis. « Lespéce africaine fut récemment comparee osteologiquement avec un indi- vidu des Indes. Deux planches trés belles comme ceuvre graphique placent ces questions sous un nouveau jour. Il est aujourd’hui un chimpanzé vivanta la Société zoologique de Londres. « Quant a la détermination genérique de ces singes exclusivement propres a Y Afrique, je l’ai donnée en 1812 en reprenant Yancien nom éroglodite, dans un travail général des singes, 19° volume des Annales du Muséum d’ LHistoire naturelle ; ce que j’en ai dit en 1812 se trouve encore vral maintenant en 1836: il n’est toujours dans ce groupe que lespéce troglodite chimpanze. Mais des cranes de méme Age et de méme dimension sont assez differens pour faire croire 4 plusieurs espéces dans le genre troglodite. « A Végard des espéces asiatiques , laissons en demeure le travail de mon ho~ norable collégue, communique dans notre derniére séance 3 je m’en tiens a cette réflexion; j’incline a penser avec lui que les trois grandes iles dela Sonde, Bor- néo, Sumatra et Java ont chacune leur orang distinct. Deja le squelette du singe de Wurmb (de Bornéo) est figuré par Audebert; celui du singe d’Abel (de Sumatra) lest, je pense, par Owen; et s'il était vrai, comme je le conjecture, que le crane envoye de Calcutta par Wallisch 4 M. Cuvier en 1818 ne fit que Ja téte osseuse d'un sujet de Java ou de ses ilots adjacens, qu’on aurait trans- porte sur le continent et qui y aurait péri, nous aurions les élémens des trois especes. MM. Temminck et de Blainville donneront, dans les recherches dont ils s’occupent activement, pleine et parfaite satisfaction sur ces points. « Maintenant j’examine le point principal d’un fait qui me touche person- nellement. Quant j'ai, en 1798, ¢établi et place (1) les élémens du singe de W urmb,comme genre a part, qu’ai-je fait alors dans Vintérét des sciences ? C’était une faute que Ja marche progressive des études fait aujourd’hui connai-~ tre 5 car’le pongo de WVurmb n'est que |’dge avance du jeune orang-outang. « Trois grands faits se sont, depuis mon travail, révelés, qui ont rendu néccs= saire de modifier mes premiers apergus. Tels sont : (1) Journal de Physique , 46, page 342 (floréal an vr), 64 Académie des Sciences. « 1° Lenvoi du crane de Calcutta, par Wallich ; « 2° La capture d'un enorme sujet, faite 4 Sumatra; sujet qui est donne comme espéce & part, sous le nom de Pongo Abelii ; « 3° Les travaux faits, et que poursuit le celebre Temminck, Jequel dispose des ressources, en Histoire Naturelle, du gouvernement hollandais. « En labsence de ces trois ordres de connaissances, jai clevé 4 la condition d’une détermination generique le singe de Wurmb: e’était une faute inévitable, en 1798, quand arrivérent 4 Paris les collections du Stathouder, et avec elles les cranes d’un jeune orang et de ce grand singe, dit pongo. « Heureuse faute, si c’en est une, que de s‘étre Jaissé alors guider par les principes des meilleures regles en zoologie ! Hezreuse, du moins, car nous allons profiter, dans sa rectification, de documens neufs touchant le pouvoir et l’éten- due d’action de deyeloppemens organiques; a quoi, sans cette occasion, nous n’eussions de long-temps pensé. « Et, en effet, pouvait-on esperer, et devait-on espérer, en 1798, que des cranes aussi differens, ’un pris du jeune Age, et Yautre dans ladulte, révele- raient des faits d’un developpement successif dans une méme espéce ? Il y avait Ja, en distance pour les rapports naturels, un interyalle plus grand qu’entre les genres canis et ursus. « Or, réfléchir a la consequence de ce résultat, me parait quelque chose de plus directement utile 4 la philosophie naturelle, que ce ztle sans doute tres Jouable qui neus anime tous par l’énumeération et la caractérisation des especes 5 car c’est un fait teratologique et des plus piquans, que cette nouvelle revelation d’un écart aussi grand des régles que nous avions établies. « Daas la téte du jeune orang, ce sont les formes enfantines et gracieuses de Vhomme, excepte trop de saillie dans le museau : c’est le méme front, large, haut ct avancé ; c’est la méme correspondance dans les habitudes, méme douceur et sympathie affectueuse; quelques traits aussi de bouderie et de mutinerie, quand arrivent des contrarictés. A rendre justice 4 cette organisation, elle serait donc dévolue 4 un animal devant venir prendre sa bien légitime place tout prés de Yhomme, j’allais dire pour y devenir ’homo troglodites de Linne. « Qu’au contraire, nous considérions le crane de Yadulte, ce sont des formes vraiment effroyables et d’une hestialité révoltante, un visage a plan oblique et tout entier proéminent; telles sont aussi des crétes surcilieres, sincipitales et oc- cipitales, comme il n’y a que le lion pour en présenter d’aussi saillantes : c’est le développement osseux le plus exuberant, curieux surtout, comme s/accordant avec le développement inverse du cerveau. Nous sommes par li conduits aux formes tres extraordinaires des singes hurleurs. « Les choses en étaient venues dans des transformations aussi consideérables du jeune a l’égard de l’adulte, qu’admettant nos régles pour les rapports naturels, il fallait placer entre ces deux distances organiques la s¢rie des guenons et des babouins, faire ces intercalations entre ces deux formes extrémes d’orangs, si Yenvoi du crane de Wallich n’était venu montrer ce large hiatus comble, et faire conyerger sur ce centre ces autres existences si différentes. . « Les crocodiles donnent des differences encore bien plus considerables entre les tétes des jeunes et des adultes. Car qui aurait songé a mettre a profit ces hautes indications pour la philosophic naturelle, sans les faits des orangs ou- tans ? « Voici en mesures linéaires quelques proportions: chez un adulte, la tete estdla longueur ducerveau : : 7 : 1, et dans un trés jeune sujet +: 3: 1.» eee 0 eg —e | | FLOURENS, = Communic. vase. entre la mere et le foetus. 65 Recuercues sur les communications vasculaires entire la mere et le foetus , Lues & Ja seanée du 15 février 1836; Par M. Fiourens.« § I. 1. Jai Vhonneur de présenter 4 Académie une double série de piéces anatomiques qui pourront jeter quelque jour sur la ques- tion si controversée et si importante des communications vas- culaires entre la mere et le foetus. 2. Toutes ces pieces ont, pour résultat commun, la démon- stration d’une communication vaseulaire entre la mere et le foetus dans l’espece du /apin; mais une premiére série montre cette communication, ou, ce qui revient au meme, le passage de la matiére injectée, du foetus a la mere; et une seconde série montre cette communication , ce passage, de la mére au foetus, § IL. Premieére série. r. Dans la piece n. 1, Pinjection a été faite par la vezne om- bilicale, cest-a-dire par le faetus, et la matiére injectée a passé dans les veines utérines. _ 2. Dans la piece n. 2, linjection a été faite par une ‘artére ombilicale, et la pene injectée a passé d’abord dans l’artére ombilicale du coté opposé, dans la veineombilicale, et ensuite dans les artéres et les veines de Vutérus. 3. Dans ces deux pieces, la matiére injectée est du vernis & Pessence coloré par le minium. 4. Dans la piece n. 3, la veine ombilicale a été injectée avec du mercure , et le mercure a passé dans les veines utérines. — 5. Dans la piéce n. 4, la liqueur injectée est du vernis coloré par la céruse. Cette piece comprend plusieurs foetus : deux seuls V. Zoot. — Fevrier. 66 rLovRENS, — Communic. vase. entre la mere et tle foetits: ont été injectés par leur veine ombilicale, et néanmoins la ma- tiére injectée a passé non-seulement dans les veines utérines:, mais, chose remarquable, elle a passé de ces veines dans le pla- centa d'un troisiéme foetus, qui luieméme n’avait pas été in- jecté. 6. De tous ces faits, il suit, 1° que la liqueur injectée passe des veines du faetus dans les veines de la mére ou de VPutérus ; 2° quelle passe d’une arlére ombilicale du fetus, V@abord dans Pautre artére ombilicale, dans la veine ombilicale, et de la dans les artéres et les veines de Putérus ou de la mére; et con- sequemment qu'il existe une communication vasculaire évidente entre le faetus et la mére. | § I. Deuxieme série. 1. Dans la piece n: 1, la liqueur, injectée par une. artére de Vutérus, a passé dans les placentas de plusieurs foetus contenus dans cet ulérus. 2. Dans cette piece, la liqueur injectée est du vernis coloré par le nium; dans la piece n. 2, c'est du vernis coloré par la céruse; Cest de la colle colorée par le minium dans la piece n. 3; et dans toutes ces pieces, la liqueur, injectée par une artere de Cutérus, a passé dans les placentas des divers foctus contenus dans ces utérus. | 3. La liqueur, injectée dans les vaisseaux artériels dela mére, passe donc dans les placentas des foetus; la communication vas- culaire de la mére avec le foetus est donc encore un fait évident et incontestable. 4. Je dis vaisseaux artériels de la mére ; je n’ai jamais vu, en effet, la liqueur, injectée par les veines de la mere ou de Puté- Tus , passer dans les placentas des foetus. 5. Ainsi, une premiere série des piéces que je présente al ht démie montre le passage de la liqueur injectée du foetus a la mére; une seconde montre ce passage de la mere au foetus. 6. IL est inutile d’ajouter que toutes démontrent existence des vaisseaux uiéro-placentaires, cest-a-dire des vatsseaux qui Pe eee ee ——< FLouRENS. — Communic. vase. entre la mere et le foetus. 67 établissent la communication, le passage entre le placenta uté- rin et le placenta fatal, entre V utérus et le placenta, entre la mere et le factus. 6. Plusieurs de ces vaisseaux sont méme assez gros pour étre distinctement apercus dans leur état naturel et sans le secours aucune injection. Le placenta des lapins est formé comme de deux gateaux, et cest dans le centre de chacun de ces gateaux que se montrent les vaisseaux utéro-placentaires. § IV. 1. Ces résultats obtenus sur l’espece du dapin , je les ai vus se _reproduire sur Pespéce du chien, sur celle du chat. Dans une expérience faite sur lespéce de lhomme, jai retrouvé, dans la veine ombilicale, ure partie de la liqueur qui avait été injectée par les veines de Uutérus. 2. Or, toutes ces especes, Phomme , le chien, le chat, le lapin ont un placenia unique ; et, comme on va le voir, ces animaux a placenia unique sont les seuls encore ou jaie reconnu une véritable communication vasculaire, une communication vas- culaire évidente entre le factus et la meére, entre le placenta et Putérus. § V. t. Queique nombreuses, quelque multiplices, en effet, qu’aient été mes tentatives sur les pachydermes, sur le cochon, par exemple, je n'ai jamais vu passer la moindre partie de la liqueur injectée, soit des houppes vasculaires du chorion dans les veines de Vuiérus, soit des veines de l'uiérus dans les houppes du cho- rion, houppes qui constituent les placentas multiples de ces ani- maux, comme chacun sait. 5. Je n’ai pas obtenu de résultat aussi net, aussi tranché dans les ruminans, dans la brebis, dans la ou ape par exemple. Les villosités qui einatt les houppes ou les placentas du chorion, dans ces animaux, pénétrent tellement dans les mailles des co- tylédons utérins, que le moindre épanchement survenu teint 5. 68 rLourrns. — Communic. vasc. entre la mére et le foetus. plus ou moins ces villosités et rend par 1a le résuitat obscur (1); et néanmoins un examen approfondi finit par faire voir que les ruminans sont dans le méme cas que les pachydermes. 3. Lrexemple des ruminans et des pachydermes, opposé a celui des rongeurs et des carnassiers, montre donc, avec évidence, que, sous le point de vue qui nous occupe, les mammiferes forment deux divisions, savoir, les animaux a placenta unique, owil existe une communication vasculaire entre la mere et le foetus, et les animaux a placentas multiples, ou cette communication vascu- laire w existe pas. § VL. 1. A prendre doncdans son ensemble la classe des mammiferes, deux modes distincts constituent les rapports de Yutérus avec Pauf, de la mere avec le fortus; ou une communication vascu- laire, cest-a-dire une communication tres prononcée, mais par un seul point, par un placenta unique; ou'des communications tres faibles, des communications de simple contact, de simple adhesion, mais par plusieurs points, mais par des placentas multiples. 2. Et il est aisé de voir que ces deux modes se compensent : de faibles, mais tres nombreuses communications équivalant, en effet, a une communication trés prononcée, mais unique. 3. En d’autres termes, la communication du foetus avec la mere se fait par contiguité ou par continuité. 4. Et quand elle se fait par contiguité, cette contiguilé s opere par un tres grand nombre de points; et quand elle se fait par continuité, cette continuité ne sopere que par un seul point: Pétendue de la surface ou des points de contact suppléant, dans le premier cas, au défaut d’énergie du mode de communication, et énergie du mode de communication suppléant, dans le second cas, au défaut d’étendue de la surface. (1) On peut remarquer, d’ailleurs, que les ruminans, animaux & placentas multiples, mais vo- lumineux , forment, parle volume méme de ces placentas , et par la pénétration de leurs villo- sités dans les cotylédons utérins, une Sorte d’intermédiaire entre les animaux 4 placenta unique (Phomme , les guadrumanes , les carnassiers , les rongeurs , tc.), etles animaux a placentas petits et multiples (les pachydermes , les solipedes , etc.). ree pe a — E.J. PIcTET. — Sur de genre Sialis. 69 Mémoire sur le genre Sialis de Latreille, et Considérations sur la classification de Vordre des Nevropteéres , Par F. J. Picter. Le but que je me suis proposé de passer en revue les divers genres des Névropteres m’a amené a ¢tudier les Siadis, quim’ont paru offrir quelques circonstances importantes a la classification et a Vhistoire de cet ordre. Les, métamorphoses de ce genre éiaient déja en partie connues, toutefois ce qu’on savait de la nymphe m’a paru insuffisant, et en suivant leur histoire j’ai été frappé de quelques faits qu'il m’a semblé intéressant de faire con- naitre. Ayant étudié, ces dernieres années, quelques autres genres du méme ordre (Perles, Némoures et Phryganes), jai été amené a envisager les rapports naturels des Névropteres dune maniére un peu différente de celle qui avait présidé a leur clas- sification, aussi ferai-je précéder ce qui tient aux détails de moeurs des Sialis de quelques considérations sur les rapports de ce genre avec les autres Névroptéres et sur la classification de cet ordre. Linué réunissait lespéce unique quil connut, aux Hémérobes (A. lutarius), etnous verrons plus bas quen effet nos Sialis doivent étre rapprochées de ces insectes. Fabricius, au contraire, les placa dans le méme genre que les Perles (Semblis lutaria), mais les Perles et les Sialis different considérablement les unes des autres, soit a |’état parfait, soit a état de larve. De Géer s’ac- corde avec Linné pour les réunir aux Hémérobes, ainsi que Latreille. Cette discordance entre les principaux. naturalistes ainsi que celle qui a toujours régné entre eux pour l’arrangement des Né- vropteres, provient de la difi¢rence des principes qui les ont dirigés, aussi convient-il de jeter. un coup-d’oeil général sur les caracteres qui peuvent servir dans la classification de cet ordres Deux classes de caractéres se présentent mmeédiatement, savoir : 70 F. J. PicTET. — Sur le genre Sialis. ceux tirés de linsecte parfait, et ceux tirés de la métamorphose. Il est évident que les premiers doivent étre préférés aux se- conds, et méme on peut dire qu’aucune division valable ne peut étre ctablie sur des caracteres uniquement tirés des mé- tamorphoses, les raisons sont trop éyidentes pour qu'il soit nécessaire d'y insister. Mais, en méme temps que je crois devoir sanctionner ce principe d'une maniére absolue je ne puis admettre avec Lamarck que les caractéres tirés des mé- tamorphoses soient de peu dimportance. Liillustre auteur de Vhistoire des animaux sans vertebres se base sur le désaccord qui existe souvent entre les classes naturelles et les différences des métamorphoses; mais la plus grande partie de ces désaccords vient de métamorphoses mal observées ou de classes peu natu- relles, et ces caracteres me paraissent au contraire un fil pré- cieux gui tantot guidera pour létablissement des familles , et tantot viendra confirmer celles que les organes de l’insecte par- fait avaient déja indiquées. L’ordre des Névropteres est un des plus intéressans sous ce point de vue, a cause de la variété de ses métamorphoses, et je{crois pouvoir démontrer que si on partage cet ordre en familles vraiment naturelles, les mé- tamorphoses seront sensibleme nt uniformes dans chacune de ces familles. : Les caractéres tirés de linsecte parfait sont les organes de la bouche , les antennes et les organes de la locomotion (pattes et ailes ). Les premiers sont les plus importans en ce qu'ils influent dav antage sur le genre de vie de l’insecte; il doivent en général étre préférés aux derniers qui seront cependant d’un grand se- cours, surtout les ailes et leurs nervures. Si on jette les yeux sur la planche qui est jointe 4 ce mémoire on verra que Ja larve de la Sialis déja figurée par Roésel est une larve hexapode, agile, munie d’organes respiratoires externes, simples et allongés, situés des deux cotés de labdomen. Cette larye est aquatique, se creuse des trous dans la vase et vient se métamorphoser dans un endroit sec en une nymphe immobile. Nous reviendrous plus tard sur toutes ces circonstances pour ajouter a ces faits déja connus quelques observations sur la phy- siologie et les moeurs des insectes. ee ¥. J. prover. — Sur le genre Sialis. 71 Si, dun autre coté, on compare avec lhistoire de la Sialis celle de la Raphidie, donné par M. Percheron dans le Magasin deZoolo- gie de 1833, on sera frappé de la grande analogie qui existe entre elles. Les larves de ces deux genres, al’exception des organes respiratoires externes, que dans dautres ouvrages jai déja dé- montré étre de peu dimportance comme caracteéres, ont une grande_ressemblance ; ies nymphes en ont encore plus. Les insectes, parfaits se rapprochent soit par la forme des’ ailes et la disposition des nervures, soit par la composition de leur bouche. Je crois donc pouvoir étre fondé 4 considérer les Raphidies et les Sialis comme tres voisines et appartenant a la méme division naturelle. | Je n’ai point la prétention, dans un mémoire aussi spécial que Pest celui-ci, de reconstituer toute la classification des Névrop- teres. Elle n’a d’ailleurs pas besoin d’autant de changemens que quelques naturalisites ont paru le croire. La méthode .adoptée par Latreille a déja fait faire un grand pas a la science a cet égard, et, disons-le en passant, cest un des traits les plus re- marquables de ce grand naturaliste que d’avoir su toujours saisir dans l'étude desinsectes parfaits les caractéres vraiment impor- tans, au point que les nouvelles découvertes que la marche pro- gressive de la science amene tous les jours, viennent. presque ‘sans exception confirmer ses divisions. C’est un hommage que se plaisent a lui rendre tous les entomologistes, soit wee étu- dient lanatomie, soit qu ils s occupent de taxonomie. | Dans ces Seat temps, M. Brullé, dans son bel ouvrage sur l’Entomologie de }a Morée, a cherché 4 arriver.a une Senile disposition de cei ordre. Il le partage en quatre divisions a cha- cune desquelles il laisse le nom d’ordres...Ce sont: 1% les Dic- tyoptéres ( Libellules, Ephémeres et Perles); a° les Jsopteres (Ter- mites ); 3° les Trichopteres (Phryganes) ;4° les Wévropteres, ren- fermant le reste de Pancien ordre du méme nom, et il rejette dans les Orthopteres, les Mantispes, les Baphiidies a et les Pso- ques. Il mesemble que les caracteres nesont pas assez eahehis pour qu'on puisse mettre dans des ordres différens les Phryganes et les Sialis, ces derniéres et les Raphidies, les Psoques et les Ter- 72. F. 3. pictet. —Sur le genre Sialis. mites, etc. Je crois que l’ancienne dénomination de Névropteres peut subsister dans les mémes limites, pourvu qu’on les partage en familles naturelles. Il y a d’ailleurs des points de détail ot il me semble quil y aurait des objections a faire : ainsi les Psoques ont des analogies assez éloignées avec les Orthoptéres, ils se rapprochent beaucoup plus des Termites ; les Raphidies ont été depuis reconnues avoir des métamorphoses completes. Il y a cependant, dans le projet de M. Brullé, des vues qui me sem- blent tout-a-fait dignes d’étre appuyées, telle est celle qui lui fait rapprocher les Perles des Orthopteres pour les éloigner des Phryganes. Prenant pour base Yordre établi par Latreille, je présenterai quelques observations nécessitées par la connaissance des méta- morphoses plus grande qu’a l’époque ou il écrivit, et je tacherai de donner un tableau plus naturel des familles et des genres de cet ordre. Latreille divise ses Névropteres en trois familles, les Subuli- cornes, les Planipennes et les Plicipennes. Les Planipennes se divisent en cing tribus qui sont : les Panorpates, les Myrméléo- nides, les Hémérobins, les Termitines et les Perlides. A cette classification, on peut faire ce me semble les objections suivantes. ‘ | Les caracteres qui séparent les Panorpates des Termitines et des Perlides, et ces deux dernieres divisions Pune de l'autre sont beaucoup plus importans que ceux qui divisent les Hémérobins et les Myrméléonides; on peut méme dire que les Perlides et les Panorpates s¢loignent autant et plus des autres Planipennes que les Subulicornes ou les Plicipennes. Il ya donc,ce mesemble, dans cette classification un vice, en ce sens que la famille des Planipennes est composée de tribus, dont quelques-unes repo- sent sur des caracteres trop importans pour n’étre pas érigées en familles, et qu’ainsi l’équilibre qui doit toujours exister est rompu, puisque les caracteres des tribus sont quelquefois au moins aussi importans que ceux des familles. Je crois donc qu’on devrait plutot partager les Névropteres en six familles, qui seraient : F. J. PICTET, = Sur le genre Sialis. 93 ro Les Subulicornes, avec les caractéres que leur donne La- treille ; 2° Les Planipennes , bornées aux Hémérobins et Myrméléo- nides. On pourrait alors ajouter aux caracteres : ailes en toit, ré- ticulées, 4 nervures bien marquées et nervules transversales nombreuses, les inférieures non plissées semblables aux supé- rieures, métamorphoses completes ; 3° Les Panopartes distinguées de tous les Névropteres, parce que l’extrémité antérieure de la téte se prolonge et se rétrécit en forme de bec ou de trompe. Leurs ailes sont horizontales, les inférieures égales aux supérieures, non plissées, les nervures transversales, peu nombreuses. Leur métamorphose, encore presque inconnue, est vraisemblablement a nymphe immobile et par conséquent complete ; 4° Les Termitinesréduites aux Termés et aux Psoques, a quatre articles pour le plus aux tarses, a ailes 4 nervures transversales rares , 4 bouche assez semblable a celle des Orthopteres, 4 demi-~ métamorphose ; Se Les Perlides caractérisées par des mandibules petites, des ailes horizontales, dont les inférieures plissées et doublées sur elles-mémes, a bouche se rapprochant de celle des Orthopteres par un appendice a la machoire, 42 demi-métamorphose; 6° Les Phryganides sans mandibules, a ailes en toit, 4 méta- morphose complete. (J'ai abandonné ainsi que je lai dit dans mon ouvrage sur cette famille, les noms de Ettcipennes et de Pe chorbiras » parce que ces mots nes ‘appliquent gu’a une patie de la famille.) ; Ces six familles me paraissent établies sur des caracteéres d’une valeur sensiblement égale et ils me semblent partager les Né- vropteres d’une maniere naturelle, que les caractéres des ailes et des bouches tendent & établir, d’accord avec ceux tirés des métamorphoses. 7 Quant aVordre que lon devrait adopter entre ces six fapdittad jé crois : 1° Quela familledes Termitines et celle des Perlidessont les deux 74 F, J, PICTET. == Sur le genre Sialis. qui ont le plus d’analogie ayec les Orthoptéres. Elles ont, comme les insectes de cet Anse un appendice a la machoire ( Galea) et des demi-métamorphoses. Je mettrai donc ces deux familles en téte en commengant par les Termitines, dont les ailes sont plus semblables 4 celle des Orthopteres que celles des Perles; 2° Les Subulicornes viendront aprés ; ces insectes se lient aux précédens par les Ephémérides et aux suivans par les Libellu- lines, dont les ailes trés en réseau ne ressemblent point a celles des Orthopteéres. Ces trois familles renferment tous les Névrop- teres 4 demi-métamorphoses. Parmi les Névropteres a métamorphose complete, nous place- rons en premiere ligne : ° Les Planipennes, qui se rapprochent des Libellulines par leurs ailes , et des Phryganides par les Sialis ; 2° Les Panorpates , groupe anomal qui ne se rattache qu’im- parfaitement aux autres familles, et qui ferait assez bien un pas- sage aux Diptéres par les Bittacus; 3° Les Phryganides , qui font par les Mystacides un passage aux petits Lépidopteres de la famille des Tinéites. Reprenant maintenant la famille des Planipennes , je ferai re- marquer que Latreille a été induit en erreur quand il a cru que les Raphidies n’avaient que des demi-métamorphoses; elles en ont Canalogues aux Sialis et doivent en étre rapprochées. Les Mantispes, si elles ont des demi- métamorphoses, sont des Or- thopteres; mais si elles en ont de completes, elles devront rester dans la tribu des Raphidies. La famille des Planipennes se com- posera donc de deux tribus : 1° Les Myrmeéléonides, comprenant les genres Fourmilion et Ascalaphe, a six palpes, a antennes en bouton; 2° Les Hémérobins , comprenant les Hémérobes, les Sialis, les Ruphidies et les Mantispes, a quatre palpes, a antennes en fil. On pourrait done donner le tableau suivant de ordre wi Névropteres. , F.J. prover. — Sur le genre Sialis. 95 Termitines propr. Termés. TEeRMiTINES. Psocides. . . +. Psoques. f _. » {Perles. MUA, 6 Mar ee ee ete Néraszes 5 Ephemérides . . Epheméres. UBULICORNES. Libellules. 'Libellulines. . . Agrions. Fourmilions. Myrmeleonides. . Ascalaphes. Nymphés. Corydales. Chauliodes. Sialis. Raphidies. Manti spes s? ( Nemoptéres. Bittaques. Panorp es. Borées. Phryganes. Mystacides. Trichostomes. Sericostomes, Rhyacophiles. Uydropsychés. Psychomyies. \ Hydroptiles. NEVROPTERES. Hemerobins. . . Panorpares. ".°.". 2 F ¢ PHRYGANIDES e ° ° ° s ° ° ° si Hemerobes. PLANIPENNES. Osmyles. Telle est la classification des Névropteres que je crois devoir proposer aujourd’hui. Elle pourra étre modifi¢e 4 mesure que de nouvelles especes seront connues, ou que les larves des an- cienes seront mieux étudiées. Je me suis attaché a changer le moins possible les noms admis et a n’introduire que les modifi- cations strictement nécessitées par les nouvelles découvertes. Je passe maintenant a ce qui tient plus spécialement aux Sialis. Tous les auteurs quisen sont occupés n’en ont connu et dé- crit qu'une seule espeéce. Je ferai voir plus bas que nos environs en offrent deux voisines, mais bien distinctes. Pour le moment, je me bornerai a considérer la larve de la premiére espéce, car presque tout ce quej’en ai a dire est applicable a la seconde, Je ne m étendrai pas sur la description organique, car Roésel et De Géer sen sont déja occupés. Je rappellerai seulement que ces laryes (pl. 3, fig. 1) ont une téte écailleuse, munie d’yeux et d’an- 76 F. J. picret. — Sur le genre Sialis. tennes courtes, en soie, a quatre articles, dont le dernier en forme de poil (fig. 1 a. ). Les mandibules sont arquées, pointues avec une ou deux petites dents au coté interne. Les machoires sont aussi légérement arquées et munies d’une sorte de palpe bifide. Le thorax est composé de trois anneaux a-peu-pres égaux, il porte des pattes dont les tarses 4 deux articles sont terminés par deux crochets (fig. 1 c.) | L’abdomen est intéressant a observer a cause des organes respiratoires externes, qui sont situés de chaque coté du corps au nombre de deux par anneau (fig. 1. b.). Ces filets diffe- rent de tous ceux connus, parce quils sont articulés , cest-a-dire composés de quatre pieces qui vont en diminuant vers l’extré- mité. Ils sont évidemment les analogues des filets respiratoires des Ephémeres et des Phryganes, sauf cette différence de larti- culation. Il est impossible de ne pas s’étonner en voyant des variations si fréquentes dans les organes respiratoires des larves du mémeordre, qui ont en apparence le méme but 4 atteindre et vivent dans les mémes milieux; du reste, j'ai déja a diverses reprises indiqué des exemples encore plus frappans de ces dif- férences. Je dois aussi faire remarquer ici que ces articulations vien- nent confirmer Popinion de ceux qui voient dans ces appendices abdominaux Panalogue des pattes du thorax. Ces filets articulés établissent un passage entre les pattes et les organes plus simples des Ephémeres et des Phryganes. Puisque j’ai parlé de ces organes, je dirai aussi quelques mots de la fonction de la respiration dans ces larves. Elles sont destinées 4 vivre dans l’eau ou dans la vase tres humide; cepen- dant comme la nymphe doit étre mise a labri de l’eau, on les voit, peu de temps avant leur métamorphose, se retirer prés du rivage, dans la terre, pour sy disposer 4 quitter leur forme de larve. Il y a donc cette différence entre les nymphes des Sialis et celles de tous les autres Névroptéres connus, a larves aqua- tiques, que sa nymphe est terrestre, tandis que dans le cas or- dinaire la larve aquatique se transforme en une nymphe qui, comme elle, vit dans Peau. | Nos larves de Sialis se rendent donc hors de l'eau lorsqu'elles F. J. PICTET. = Sur le genre Sialis. 77 veulent passer & P’état de nymphe; c’est un fait qui avait déja été indiqué par Roésel. Mais jai été tres frappé, au printemps, de trouver de ces larves 2 une distance de six a huit pieds de Yeau dans un terrain tres sec et au pied des arbres. Elles vi- vaient Ia avec des larves terrestres et aussi avec celles d’un Co- lymbéete qui parait avoir les memes meeurs. En trouvant ces Jarves, je ne doutai point que ce ne fussent de vraies larves terrestres et je les élevai comme telles dansdela terre. Elles vécu- rent au moins quinze jours avant que de se métamorphoser et ne paraissaient point souffrir. Ce fait, qui a quelque intéret sous le point de vue des moeurs, prend de importance dans histoire de la respiration. C’est en effet le premier exemple que lon ait dinsectes respirant l’air atmosphériqueavec des appendices res- piratoires externes. Lacontexture de cette sorte @organes est en général telle quils ne peuvent remplir leurs fonctions que quand ils sont humides; s’ils sechent, ils se contractent et deviennent inutiles. J’ai done dit étre étonné de voir des larves pareilles pouvoir vivre si long-temps dans une terre trés seche. La meme condition a lieu pour les branchies proprement dites. Ces organes ont besoin d’étre humides pour jouer leur role, et nous trouvons dans quelques crustacés terrestres une exception analogue. Les Cloportes en particulier respirent aussi par des branchies et recherchent a cause de cela les endroits frais et humides. Malgré ce fait déja connu, l'exception que je signale ici dans nos larves de Sialis, offre ce me semble quelque intérét, car elle a lieu dans des insectes proprement dits, et comme on le sait, les organes respiratoires externes de ces animaux ne peuvent point étre comparés a des branchies, et par suite ces deux cas ne sont point identiques Nous avons dit que ces larves s’enfoncaient dans la terre, elles Sy creusent une cavité ovoide et sy métamorphosent en une nymphe immobile, molle, assez analogue a celle des Phryganes et Raphidies. Cette nymphe, inconnue a De Géer, a été mal fi- gurée par Roésel. Ses THERA N Gy ses pattes, ses rudimens d’ailes sont bien visibles (fig. 2}; les anneaux de Yabdomen sont (fig. 2a.) munis d’un con ae poils raides qui est situé aux deux tiers dans les premiers anneaux et 4 l'extrémité dans les derniers 78 F.y. BrereT, — Sur de genre Sialis. (fig. 2 b. ). Quand elles veulent éclore, elles ne deviennent point mobiles comme celles des Phryganes, mais elles se métamor- phosent sur place, laissant comme elles une dépouille intacte représentant toute la nymphe, et cest le Sialis parfait qui se dégage de la terre ou elle était enfermée. } Linsecte parfait vit pendant quelques jours, saccouple et pond des ceufs, déja décrits par Roésel et De Géer, qui sont ovoides, terminés par une petite pointe gui semble articulee. La femelle les pond en plaques sur des feuilles ou des débris de roseaux, quelquefois méme sur les murs ou les pierres. Il faut souvent, d’aprés leur position, que la jeune larve aille chercher leau a quelque distance pour s’y établir. J'ai dit plus haut que lon trouvait aux environs de Genéve deux espéces de Sialis; je terminerai en indiquant leurs carac- teres distinctifs. La premiére, la seule connue, differe de la se- conde parce quelle est constamment plus ad et qu elle erat tous les printemps deux a trois semaines plus tot. On n’a qua jeter les yeux sur la figure de Roésel pour s’assurer que cest bien notre premiere espéce quil a eue entre les mains. Je lui conserverai son nom de Sialis lutarius , car ce nom spécifique est le premier qui lui ait été donné par Linné et conserve par Fabricius, et je ne sais pourquoi Latreille Pavait change en Sialis niger, nom qui n’a pas du étre ag oRny. Nos deux espéces sont donc : 1. Sialis lutarius. Fig. 1-4. Noire, téte et corselet mélangés de fauve vif, ailes @un brun clair, opaques, A nervures noires; larve a taches bien mar- quées. Synonymie. Linn. Syst. nat. Ed. xu. Hemerobius lutarius. Roésel. Ul. Pl. xu, p.913, n° 14 td. Fabr. Ent. syst. IL. p. 74, n° to. Semblis lutaria. Latreille. Hist. nat. XUI, p. 44. Sialis niger. Yr. J, PICTET, = Sur ve genre Sialis. 79 2, Stalis fuliginosus. Fig. 5 et 6. Noire, téte et corselet mélangés de fauve obscur, ailes d’un brun foncé, presque noires , a nervures noires; larves a taches peu marquees, On voit donc que ces deux especes different: . 1° Par la couleur des ailes qui sont d’un brun trés clair dans la premiére, et. presque noires dans la séconde. Cette différence est tres marquée enire les males (fig. 4 et 6). Le male du S. lutarius est fauve , et celui du S.fuliginosus noir; mais les fe- melles sont plus difficiles a distinguer. 2° Les taches de la téte et du corselet sont fauves dans la premiére espéce, et d’un brun souvent foncé dans la seconde. Dans le male méme, elles sont noires. 3° Les larves, tout en ayant une grande analogie, different par la couleur. Celle de la premiere espece a les taches bien marquées en brun foncé sur un fond pale; mais celle du S. fu- liginosus, tout en ayant le méme genre de dessin, a le fond. encore plus pale et les taches moins visibles. Je renvoie a la figure pour ces différences. Il est a remarquer que la couleur générale est sujette 4 varier; mais ce qu il faut considérer, c'est si les taches sont plus ou moins visibles. 4? Le S. lutarius éclot au mois davril, et le S. fuliginosus au moins quinze jours plus tard. — Ces différences pourraient paraitre insiffisantes et surtout un peu vagues; aussi ai-je cherché a leur substituer un carac- tere plus précis qui ne fut pas entaché de cette variation de plus au moins qui se fait sentir dans tous ceux que nous venons dindiguer. Les nervures ne peuvent malheureusement étre ici d’aucun secours, car elles sont sujettes & de grandes variations dans lespece, et sont souvent aussi différentes d’un individu 4 l'autre dans la méme espéce que d’un individu d’une espéce a un de Pautre. 80 F. J, PICTET. — Sur le genre Sialis. J'ai cherché un caractére dans la téte, et jen ai trouvé un peu visible, mais qui m’a paru constant, et qui, ajouté a ceux précédemment indiqués, suffit pour mettre chaque naturaliste a méme de distinguer clairement ces deux especes. La téte vue en-dessus, fig. 4 det 6 6, offre dans son milieu un sillon longitudinal. A la partie postérieure de la téte et des deux cotés de ce sillon, on voit deux taches allongées plus claires que le reste. En examinant un tres grand nombre de Sialis des deux especes, j’ai vu que dans le S. utarius, les deux taches sont aussi larges en avant qu’en arriere, tandis que dans le S. fuliginosus, elles forment, par leur réunion, une sorte de coeur allongé. Les bords du ‘sillon, en avant des taches, sont de plus aplatis dans la seconde, et arrondis dans la premiére espece. | Tels sont les caracteres qui distinguent ces deux especes. Je crois que le plus souvent on pourra les reconnaitre facilement aila couleur, sinon il faudra recourir au caractére indiqué ct- dessus. La réunion de tous ces caracteres, et celui tiré des lar- ves, me semblent justifier amplement l’établissement de deux espéces distinctes. EXPLICATION DE LA PLANCHE III Fig. 1. Larve du Svalis lutarius grossi. a, Sa téte vue en dessous. 4, Undes anneaux abdo- minaux, c. La patte droite, intermédiaire, Fig. 2, la nymphe de la méme espéce, a. Le deuxieéme antieau abdominal vu en dessus. ~ &. Les trois derniers, id. c. La patte droite, intermédiaire. Fig. 3, Les ceufs de la méme espéce sur un roseau. a. Deux de ces ceufs grossis.’ Fig. 4. Le male de la méme espéce, grandeur naturelle. a. La femelle, id, 4. La téte de celle- ci vue en dessus. Fig. 5. Larve du Sialis fuliginosus grossie: Tig. 6. Le male de la méme espece, grandeur naturelle. a. La femelle, id. d, La téte de celle-ci, yue en dessus. BRANDT- — Nerfs stomato-gastriques des invertébrés. 81 Remargues sur les nerfs stomato-gastriques ow intestinaux: (nervus sympathicus seu nervi reproductorii ), dans les ani- maux invertébrés. Par M. le D* Brawor. Membre de l’Académie Impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , et directeur du Musée Impérial zoologique de cette ville. (r) La découverte d’un double systeme nerveux dans les insectes, que nous devons 4 Swammerdam et 4 Lyonet, ne peut étre que d'un vif intérét pour lorganologie et la physiologie. C'est ce qui engagea, il y a plusieurs années, M. J. Muller a prendre les nerfs stomato-gastriques ou intestinaux des insectes, dont on n’avait fait mention jusqu’alors qu’en passant, pour le sujet d’une dissertation spéciale, qui futinsérée en 1828 dans la pre- miere partie du ani volume des Nova acta Academic naturce curiosorum. La partie historique de ce sujet a été traitée par M. Muller dune maniere a-peu-pres complete. Cependant sa dissertation ne mentionne pas les observations sur les rudimens des nerfs sto- mato-gastriques que M. Tréviranus a faites dans les Jules (2), ni les remarques de Succow sur un nerf stomato-gastrique impair dans les Ecrevisses et dans le Bombyx pini (3); on aurait éga- lement vu avec intérét l’auteur mentionner les observations de Cuvier, sur les nerfs stomato-gastriques dans quelques Mol- lusques, et rechercher leur analogie avec ceux des insectes. (4) Apres avoir rassemblé et discuté tous les faits déja connus, M. Miller a soutenu dans sa dissertation cette idée déja émise par -Meckel et M. Tréviranus : « que les nerfs stomato-gastriques ne doivent pas étre comparés au systeme nerveux ganglionnaire des invertébrés, mais bien aux nerfs sympathiques des animaux (2) Traduction du Mémoire allemand inseéré dans le tom, ur des Mémoires de l’Académie Imperiale des Sciences. (2) Ecrits divers, part. 2. pag. 47. (3) Recherches anatomiques et physiologiques sur les Crustacés, Heidelberg. 1818. (4) M. Miller a également omis de citer une observation de M. Audouin relative a la deé- couverte de ce systeme ganglionnaire dans la Lytta vesicatoria et wind en 1826. (Ann. des Se nat. tom. 1x, p. 3g et 40.) Re V. Zoou, — Fevrier. 6 ta BRANDT. -—— Sur les nerfs stomato-gastriques supérieurs. » Il a démontré pour la premiére fois existence de nerfs intestinaux dans plusieurs insectes (Phasma ferula, Man- tis igyptiaca, Gryllotalpa vulgaris, Blatta orientalis, Gry L- lus hieroglyphicus, Dytiscus marginalis, Lucanus cervus, et dans une chenille de Sphinx ), et a émis cette opinion, que leur développement est proportionné a celui du canal intestinal. (1) Depuis la publication de.!’excellent travail de M. Miller, on a tenté de nouvelles expériences sur le sujet en question. Il fant mentionner en premiere ligne les intéressantes recherches de M.'Straus ( Considérations générales ; Paris, 1828) sur l’anato- mie du Hanneton. Outre le nerf nommé impair (nervus recur- rens des premiers. entomologistes, systtme nerveux stomato- gastrique impair, Nob.) qu'il désigne comme un systéme ner- veux d’organes vitaux (ibid. pag. 406), sans y comprendre sans doute le ganglion stomachique, qui existe toujours, M. Straus a remarqué deux paires de petits ganglions particuliers , placés derricre le cerveau, et quisont réunis au nerf impair et au cer- veau par deux filets tres fins. Je les avais aussi découverts dans les Meloés, avec mon ami Ratzeburg, dans été de 1827, sans avoir connaissance des observations de M. Straus. Cet auteur ne considere cependant pas ces ganglons : (Dp. JO. .e8 pl. 1x, fig. 1-2 e. f.), comme ‘aisant partie des nerfs stomato-gastriques; mais il les regarde comme des ganglions latéraux ( ganglivns ollatéraux ou accessoires) du_cerveau, bien quwils se distin- guent de celui-ci @une maniere évidente, lorsqu’on suit leur - développement. dans les différens groupes des insectes. Il n’a vu également aucun filet se rendre de ces ganglions a l’ceso- phage. | En méme temps que M. Straus, MM. Audouin et. Milne Edwards publierent leurs recherches sur le systeme nerveux des Crustacés (4nn. des Sc. nat. t. xiv.), et donnerent a la page 77 et suivante une description accompagneée de planches , Vune partie des filets du systeme nerveux pair, et de lex- trémité postérieure du systeme nerveux stomato-gastrique 1m- (1) Cette opinion pourrait bien ne s’appliquer qu’aux Insectes , daus lacception rigoureuse de ce mot, et peut-Ctre méme a une partie des crustaceés, des animaux invertébrés. 85 git dans le Womard, dans un Palémon, dans une Langouste et dans un Maja. Ayant entrepris dedonner, dans la deuxieme ee de la Zoo- logie médicale (Berlin, 1830 4 1833, in-4°), une anatomie dé- taillée des animaux inférieurs employés en médecine, je fus conduit a étudier les nerfs stomato-gastriques des Meloés et des Cantharides, ce que j’exécutai en partie avec mon ami Ratze- burg, et en partie seul. Plus tard, lorsque M. Ratzeburg eut quitté Berlin, j’étudiai pendant les années 1830 et 1851, les nerfs-sto- mato-gastriques des Sombyx mori, a Vétat de chenille et de pa- pillon , Coccinella septem bp cmleteee » Gryllus migratorius , Li- bellula, Epeira diadema, Lucanus cervus , Bombus terrestris , A pis mellifera. A stacus fluviatilis, Porcellio scaber et dilata~ tus mihi,ainsique des Phasina ferula , Mantis religiosa, Scolo- pondet morsitans, Lygeus et Spirobolus Olfersii (1) Mihi; et jeus le bonheur ae découvrir dans les Helix pomatia, Sepia elegans et Octopus vulgaris, un systeme nerveux stomato-gas- trique analogue a celui desinsectes, et qui n’avait encore été quimparfaitement démontré. Mes observations au sujetdes genres Astacus, Epeira, Por- cellio, Lytta, Meioe, Apis, Sepia et Helix, sont insérées dans la deuxiéme partie de la Zoologie médicale, mais d’une maniere ires concise. Cependant , une partie des recherches que je viens de mentionner fut le sujet d'une communication faite a la sec- tion Zoologique de la réunion des naturalistes a Hambourg, en 1830, par mon ami, le professeur Nordmann, et publiée dans PIsis, année 1831, p.1003; telles furent en particulier mes observa- tions sur les genres Bombyx , Gry lius , Libellula, Meloe, Lytta et Epeira. Ce passage de I'Isis fit d’abord connaitre que Pon doit admettre, dans les insectes un double systeme de nerfs intestinaux, _ savoir, un impair et un pair, qui se présentent tous denx dans un tel état l'un a Pégard de l'autre, que lorsque Pun a acquis | plus de développement, le second est plus rudimentaire. Dans le méme cahier de V’Isis, p. 986, M. Stannius avait fait in- _sérer ses recherches sur les nerfs intestinaux des 4mphinomes. . | 1 ‘ : : (t) Voyez pour le genre spirobolus le Bulletin des Naturalistes de Moscou, Tom. vr, p. 202. 6. 84 BRANDT. —— Sur /es nerfs stomato-gastriques Les Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres pour l’année 1832, renferment dans la deuxiéme partie, pag. 383, pl. 12 et 13, des recherches de M. Ch. Newport sur le systéme nerveux ganglionnaire et intestinal de la chenille et de la nymphe du Sphinx ligustri. En 1852, j’étudiai a St. Pétersbourg la structure de la Sang- sue, et j’eus le bonheur de découvrir chez elle des traces non équivoques de nerfs intestinaux. T’excellent Manuel d’Entomologie de M. Burmeister ( Ber- lin 1833 in-8° avec atlas in-4°) renferme sous le titre de Systéme nerveux du pharynx (p. 508), la réunion de tout ce qui con- cerne leur anatomie en général. L’auteur semble avoir voulu adopter les principales idées que présentent mes remarques in- sérées dans I'Isis, quoiqu’il se contente de dire a la page 308: « M. Brandt, dans le mémoire en question, a compleété les _re- cherches de Muller. » Nous trouvons des détails tres circonstanciés dans les re- cherches de M. Burmeister sur les nerfs stomato-gastriques du Gryllus migratorius , mais ils s’éloignent peu de ceux que nous avons présentés dans I'Isis, (loc. cit. pl. 7. fig. 5), et que M. Bur- meister ne cite pas; ils n’en different que par quelques bran- ches qu'il a suivies plus loin. Outre ces observations sur le Grydlus , M. Burmeister a aussi représenté dans la pl. 16, fig. 8., la partie frontale du systeme nerveux impair, et les ganglions antérieurs du systeme latéral , des nerfs stomato-gastriques dans la larve du Calosoma syco- phanta. Les nerfs stomato-gastriques des Ecrevisses ont été décrits dernierement avec beaucoup de détails par M. Krohn (Isis, 1834, p. 529.), d'une maniere conforme a nos observations précédentes. Depuis la publication du mémoire peu étendu que renferme l'Isis, j'ai multiplié les observations sur les nerfs intestinaux des invertébrés, et j’ai soumis a de nouvelles recherches ceux de la Blatta orientalis et du Gryllotalpa vulgaris , déja étudiés par M Miller. En outre, les détails que renferme la Zoologie médi- cale sur les nerfs intestinaux, sont trop peu étendus et en géneé- 4 des animaux invertébrés. 85 ral trop isolés et trop disséminés , pour ne pas étre présentés de nouveau dans une série plus complete. Il ne sera donc pas inutile de rassembler ici, soit les détails non encore publiés de recherches spéciales, soit méme celles déja connues, et de présenter les résultats que Von peut en déduire; ce qui oblige nécessairement a rappeler en leur lieu les observations des auteurs qui nous ont précédés. Les faits que nous allons énumérer ne peuvent néanmoins étre considé- rés que comme des fragmens de mémoires, en attendant les travaux plus complets que susciteront sans doute les questions de prix proposées par notre Académie. II faudra faire encore bien des recherches avant que la connaissance de ce systeme nerveux si remarquable puisse étre regardée comme com- plete. DEFINITION DU NOM DE NERES STOMATO-GASTRIQUES. On désigne en général sous ce nom dans les invertébrés, les nerfs quiforment un ou plusieurs ganglions distincts de la masse générale du systeme nerveux, et qui se rendent aux parties de la bouche, aux glandes salivaires quand elles existent, a loeso- phage, al’estomac, au foie lui-méme, et de plus aux organes de la reproduction. Leurs ganglions principaux sont ordinairement séparés de la masse générale da systéme nerveux et situés dans la partie du corps qui lui est opposée. Dans les Mollusques et les animaux articulés, on les trouve sur les cOtés de la partie dorsale de loesophage et de lestomac, et sur les cotés de leur partie ven- trale dans les Céphalopodes. On remarque que ces nerfs se rendent principalement aux parties de la bouche, a l’cesophage et a l’estomac, mais qu’ils ne se prolongent pas jusqu’au foie dans tous les groupes; il fau- drait donc, si !’on voulait leur donner un nom en rapport avec leurs connexions, adopter celui de nerfs stomato-gastriques (Mundmagennerven), qui les désignerait dans le plus grand nombre des cas. M. Burmeister avait déja senti que l’expression de nerfs intestinaux (Eingeweidenerven ), west pas tout-a-tait 86 BRANDT. —. Sur les nerfs stomato-gastrigues exacte, puisqu’il lui substitua celle de systéme nerveux du pha- rynx (Schlundnervensystem). Tout ee que. nous avons ditjus- quici prouve suffisamment que cette derniere expression est elleeméme trop restreinte. Si lon voulait désigner ces nerfs d’apres leur importance physiologique, il faudrait peut-étre leur donner le nom de nerfs reproducteurs (nervi reproductorii), si l'on ne croit pas pouvoir leur laisser celui de sympathigques. Les nerfs stomato-gastriques ont été démontrés jusqu’ici d'une maniere plus ou moins complete dans les Crustacés, les Insectes , les Céphalopodes et les Gastéropodes; mais on ne les connait encore que superficiellement dans les Annélides et les Arachnides. 3 Des recherches ultérieures nous apprendront si ces nerfs se trouvent dans les Acéphales et autres Mollusques , ainsi que dans les Zoophytes, et notamment dans les Radiaires. Je pourrais presque les soupconner dans les Acéphales. Leur démonstration dans les Radiaires serait d’un intéret tout particulier. Ces nerfs forment soit un systeme simple et situé sur la ligne médiane, comme dans les Céphalopodes, soit deux systemes la- téraux pairs (les Gastéropodes); ou bien encore un systeme im- pair sur la ligne médiane, et en méme temps on voit de chaque coté un ganglion que j’ai déja désigné sous le nom de systeme pair, latéral ou symétrique (Isis et Zoologie Médicale), par opposition avec le systeme médian ou impair. Les Crustacés: et les Insectes en offrent des exemples. On ne saurait admettre avec Miiller ( Physiologie part. 17°, page 580), que le systeme impair est la forme Ja plus simple et en méme temps la plus parfaite, et que les nerfs stomate-gas- triques ne partent du cerveau, sous forme de filets tres fins, que dans les étres les plus parfaits, car on ne peut pas en faire application aux Insecies, ou Muller les a lui-méme trés bien démontrés. On ne trouve pas dans Jes Insectes, comme le prou- vent mes observations antérieures et celles que je vais présenter, le systeme nerveux impair seulement; il est toujours accom- pagné des nerfs latéraux, et toujours chez eux les ganglions stomato-gastriques communiquent avec le cervean par des cor- dons tres fins, comme ccla a lieu aussi, & ma connaissance, dans des animaux invertebrés. 87 les Annélides et les Mollusques. On pourrait admettre en gé- néral la communication des nerfs stomato-gastriques avec le cerveau comme un de leurs caractéres essentiels, queile que soit ailleurs la forme sous laquelle ils se présentent. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES CRUSTACES DECAPODES. Les nerfs stomato-gastriques de ce groupe d’animaux se dis- tinguent par Vabsence dun ganglion du systeme impair qui, dans les Insectes, est situé en avant du cerveau. La portion qui répond an systeme nerveux pair n/a pas non plus ses gan- glions séparés du cerveau ou dui collier, que Pon rencontre dans tons les Insectes. Le systeme des nerfs pairs provient des cor- dons qui se rendent a la lévre supérieure, aux parties de la bouche, au pharynx et quelques-uns a l’estomac, et forment le renflement ganglionnaire plus ou moins é€pais du collier (pl. 4, fig. 1; 2 et 3), qui est placé de chaque coté auprés du milieu de Poesophage. Ce renflement, qui était connu de MM. Audouin et Edwards (loc. cit.), peut étre considéré comme un ganglion confondu avec le collier, quoique les cordons qui en proviennent se rapprochent du systeme impair, sans former de noeuds, d'une maniére si intime, qu’ils semblent n’étre plus que des cordons destinés a le renforcer , au lieu de former un systéme tout-a- fait distinct et séparé de lui, comme on le voit dans les Insectes. Lorigine des cordons qui se rendent a la levre supérieure et aux muscles des mandibules , semble provenir de la partie qu'il faut considérer comme l'analogue du systeme pair des Insectes ; et comme il ny a pas la de ganglion antérieur du systéme im- pair, elle s’étend aussi aux parties de la bouche situées plus en arriere, La partie paire du systéme usurpe ainsi dans ce groupe quelques-unes des fonctions du systeme impair. a , ! Nerfs stomato-gastriques de lV’ Ecrevisse. orn, fips on / Le trajet des nerfs stomato gastriques de lKcrevisse fut en 88 . BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques partie connu de Succow, comme nous I’avons déja dit, parce quil découvrit ’origine du systeme impair. Muller semble aussi Vavoir observé, du moins en partie, car il dit 4 la page.98: « Je croisavoir remarqué dans I’Ecrevisse un ganglion frontalallongé. qui se ramifie en haut et en bas sur l’estomac. » De mon cété, jai présenté d’une manieére plus complete que mes devanciers, dans l’anatomie que j’ai faite de l’Ecrevisse pour la 2° partie de la Zoologie Médicale, année 1830 (page 65, pl. x1), le trajet du systeme nerveux stomato-gastrique en général; non-seulement jai démontré les nerfs impairs indiqués par Succow, et qui se rendent depuis la partie postérieure du cerveau, sous forme dle filets trés minces, jusque vers le milieu de la surface de l’esto- mac, mais j’ai reconnu aussi dans les cordons observés déja par MM. Audouin et Edwards, et qui proviennent du collier dans le Homard, Ja Langouste et le Maja, les analogues du systeme pair des nerfs stomato-gastriques qui se réunissent a angle aigu avec le systeme impair. Le trajet de ces nerfs, tel que je l’ai fait connaitre, fut confirmé par le travail déja cité de Krohn, le méme qui découvrit de nouveau, avec M. Nordmann, les vers des yeux des poissons, oubliés depuis Wagner (1); il y ajouta méme quelques détails que je n’avais pas donnés dans [his- toire des animaux employés en médecine. Une étude plus récente des nerfs stomato-gastriques dans les écrevisses , me fit voir que le trajet régulier de ces nerfs a lieu comme je vais l’exposer. (2) Du milieu de l’extrémité postérieure du cerveau (pl. 4, fig. 1, 2, A.), part le cordon du systéme impair a, semblable a un fil trés mince, situé d’abord entre les deux moitiés du collier BB, dont il est également éloigné. Ce cordon se dirige en arriere et un pen en bas, puis bientdt, lorsqu’il arrive pres de l’origine de l’estomac, il se redresse, s’applique sur le milieu de la paroi antérieure de ce viscere, et, décrivant un arc peu étendu, qui correspond 4 la courbure de lestomac, il se rend de sa paroi (r) Histoire naturelle de la Suisse, Zurich, 1680, in-12, pag. 215, et l’Ichthyologie hel- vétique de Hartmann , pag. 56. (2) Ilse présente quelquefois , ainsi que Krohn le remarque trés bien, de légéres differences dans le trajet d’un des filets, sans que ppur cela le type soit essentiellement altére, des animaux invertébreés. 89 antérieure a sa face supérieure et se continue sur le milieu de cette partie dans les deux tiers antérieurs seulement. Le cordon, dans ce trajet, envoie de chaque cété un ou plusieurs filets sy- métriques, dont le premier, d, tres grele, se répand sur la face antérieure de l’estomac. A l’endroit ou la paroi antérieure de l'estomac aboutit a la supérieure, le cordon présente un ren- flement plus ou moins apparent, allongé ou en forme de fuseau e, duquel partent de chaque coté un filet antérieur , plus mince et un autre postérieur et plus gros, qui se rendent aux muscles de l’estomac. A quelque distance de ce renflement, avant le mi- lieu de la face supérieure de l’estomac, naissent encore de chaque coté deux filets /, dont les antérieurs sont aussi plus minces que les postérieurs (fig. 2, f), et semblent plus superficiels , tandis que les derniers se dirigent de haut en bas vers les cotés de I’es- tomac entre la petite poche (1) ot se forment les yeux d’Ecre- visses et la paroi de Vestomac; ces filets, dans leur trajet d'avant en arriere, en projettent plusieurs autres tres fins. En arrieére des filets que nous venons de décrire, ils’en trouve quelque distance et de chaque coté deux autres g, qui semblent plus spécialement affectés a la surface de l’estomac. Apres avoir parcourn encore une petite distance, le cordon impair forme vers la moitié postérieure de estomac un petit renflement triangu- laire h, queiquefois a peine visible, et se divise alors en deux branches qui s’écartent lune de lautre dans un angle assez ou- vert &, &. Ghacune de ces branches se rend d’avant en arriere et en dehors sur les cotés de l’extrémité postérieure de ’estomac, et envoie 4 peu de distance de son origine quelques. petits ra- meaux « « quise dirigent en arriere; il se partage Ini-méme plus loin en deux branches; Pune intérieure ou supérieure, et Yautre extérieure ou inférieure. La branche intérieure ou supé- (rt) Pour cette petite poche que j’ai découverte, et dont lexistence a été récemment confir- mée par mon excellent ami et collézue Baer ( Archives de Miiller pour l’anatomie et la physio- Jogie, Voyez part. 1834 p. 521.), jerenvoiea la 2° partie de la Zoologie médicale, I! y a déja plus de cing ans que j’avais reconnu sa structure glauduleuse. Je suis plus porté 4 regarder cetie poche comme un sac glanduleux del’estomac , que comme une glande salivaire, et en effet , Porganisation des nerfs stomato-gastriques en particulier semble indiquer dune maniére certaine que les pieces intérieures et dentées de l’estomac sont plutét le résultat du développe- ment intérieur de ce viscére, que des piéces de la bouche refonlées dans son intérieur. go BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gasiriques rieure 8 se répand de préférence a la partie supérieure et sur la moitié latérale du lobe postérieur de lestomac; elle se ter- mine dans le foie par des filets trés fins ¢, 43, 5. La branche ex- térieure ou inférieure y se porte at contraire A la partie infé- rieure du lobe postérieur de lestomac; elle envoie en arriere du corps de Pestomac un long filet ». qui descend en se rami- fiant plusieurs fois, et qui communique a son origine avec Pex- trémité la plus longue d’une branche que nous décrirons bien- tot, et qui part du renflement du collier (fig. 1. 7.); enfin, elle se rend au foie par plusieurs filets trés déliés 3, 3, 6. Le systeme nerveux impair que nous venons de décrire recoit de chaque coté deux cordons, qui sont les analogues des cor- dons de communication du systeme nerveux pair des insectes avec leur systéme impair; et qui proviennent du renflement ou sorte de ganglion triangulaire D du collier, analogue au renfle- ment du systéme nerveux pair; c'est un peu au-dela da milien de chacune des branches B du collier quest situé ce renflement. Il envoie d’abord en bas et en avant une branche (fig. 1. /.), qui se divise bientét en deux autres ¢,; Pune de ces branches, ¢, se dirige en dehors, en bas et en avant vers la levre’supeé- rieure; Pautre ), se recourbe, se dirige en dedans et en avant, en passant sous le collier, et se réunit presque a angle droit en 6, au cordon du systéme nerveux impair a, avant que celui-ci ne s'applique sur la paroi antérieure de ’estomac; dans ce tra- jet, la branche envoie encore quelques rameaux sur la face an- térieure de l’estomac et de lcesophage. En arriere de la branche que nous venons de décrire, il en part une autre o, qui se di- rige en bas et plus en dehors, et se rend aux muscles des ma- choires. Au-dessus de celles-ci, en haut et en dedans, il part du renflement ganglionnaire du collier une autre branche m (1), qui se divise bientot en deux rameaux 7,4, Yun antérieur $, autre postérieur ». Le premier $, qui est droit, savance obli- quement d’arriére en avant et en haut, dans une direction pres- (x) Cette branche est quelquefois placée en avant du renflement et semble tout-a-fait dis— linete, ce que j'ai pris d’abord pour la disposition normale; c'est pourquoila description que )at donnée dans la 2¢ partie dela Zoologie médicale des aerfs stomato-gastriques laleraux nest pas absolument exacte, des animaus invertéebrés. QI que parallele a celle du rameau plus antérieur } de la branche inférieure Z. qui part du renflement du collier; il se réunit éga- lement a quelque distance de ce rameau , au systeme nerveux impair en c.; mais il envoie auparavant quelques filets qui se divisent eux-mémes vers Ja paroi latérale de l’estomac. Le ra- meau postérieur, qui est le plus mince, se subdivise sur la par- tie moyerne de la paroi latérale de lestomac et projette en haut et en arriere un petit cordon decommunication en forme @arc «, qui se réunit a la branche postérienre et supérieure du renfle- ment du collier qui nous reste 4 décrire. Cette branche posté- rieure ou supérieure 7, prend son origine un peu en arriere de la branche supérieure et antérieure mm; elle s‘éleve un peu obliquement et en décrivant une tres légere courbure en haut et en arriere, et se ramifie sur la partie postérieure et moyenne de la paroi latérale de Pestomac, aprés avoir communiqué en avant avec le filet déja mentionné «, du rameau posteérieur 4, qui nait de la branche supérieure et antérieure 7 du renfle- ment ganglionnaire du collier. Eile communique dune autre part avec le filet déja décrit », qui part du rameau extérieur de la branche la plus éloignée du systeéme nerveux impair. Les nerfs stomato-gastriques de PEcrevisse alimentent par conséquent une partie des pieces de la bouche, loesophage, l’es- tomac et le foie (!), en un mot les organes de !a mastication et ceux de la chymification. Nerfs stomato-gastriques du Homard. Le Homard, que j’ai pareillement étudié, présente a-peu-pres la méme disposition que Ecrevisse ; seulement le renflement ganglionnaire du collier parait un peu moins gros, etla branche anterieure et supérieure de ce renflement, qui se rend au sys~ teme nerveux impair, se dirige en bas comme la branche anté- rieure et supérieure et eon en passant dans le collier, un arc de peu d’étendue. . | Nerfs stomato-gastriques des Crabes. Les nerfs stomato-gastriques des Crabes ne different pas de Q2 BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques ceux des crustacés macroures, comme l’ont déja prouvé les re- cherches de MM. Audouin et Edwards sur le Maja et comme le confirment mes propres observations sur le Portwmne. Jai trouvé également dans cet animal la terminaison antérieure du systeme impair, quiavait été découverte dans le Maja, par ces naturalistes. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES STOMAPODES. Nerfs stomatogastriques des Squilles. (Pl. 4, fig. 3.) La disposition des nerfs stomato-gastriques dans les Squilles serapporte essentiellement a celle des nerfs dans l’Ecrevisse, le Homard et les Crabes; ils paraissent seulement un peu moins développés en proportion. On y remarque pareillement un filet nerveux impair (pl. 4, fig. 3. a.) qui part du cerveau et s‘éleve en arriére a égale dis- tance de chacune des branches latérales du collier 2. Ce filet sapplique sur l’estomac immédiatement apres avoir recu de la méme manieére deux cordons S$, , qui se réunissent a lui en for- mant un angle aigu et proviennent dn renflement D du collier. Apres avoir ainsi parcouru quelque distance, ce filet forme un renflement triangulaire 4. au-dela duquel il se partage aus- sitot en deux branches 4,4, une droite et l’autre gauche, dont chacune se divise bientot elle-méme en deux autres rameaux, lun extérieur 7, autre intérieur 6. Ces rameaux se subdivisent sur lestomac, pénetrent en arriere par plusieurs ra- muscules 6, 6, dans le foie, mais avant d’y entrer, ils se réunis- sent inférieurement avec un filet qui provient du renflement ganglionnaire du collier D. Le petit renflement triangulaire déja mentionné /, correspond visiblement a celui de l’Ecrevisse (fig. 1,2 h.), et les deux filets qui en proviennent sont analogues aux mémes parties dans l’Ecrevisse k, &. Le systeme nerveux stomato-gastrique est donc visiblement plus court et moins développé dans les Squilles. Le renflement du collier D, que l’on doit considérer comme le représentant du ganglion du systeme pair, etd’ou par- des animaux invertébrés. 93 tent les cordons $, i, qui correspondent aux filets de communi- cation du systeme nerveux stomato-gastrigue latéral, est situé beaucoup plus en arriere que dans l’Ecrevisse, le Homard et le Crabe. C’est pourquoi les cordons qui se rendent de ce renfle- ment au systéme nerveux impair sont beaucoup plus longs que dans l’Ecrevisse et le Homard. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES ONISCIENS. Les premieres observations qui ont été faites 4 ma connais- sance sur les nerfs stomato-gastriques, sont celles que j’ai pu- bliées dans la deuxiemejpartie de la Zoologie médicale, pag. 75, pl. xv, fig. 27, c. concernant les Porcellio scaber et dilatatus mihi. Malheureusement les recherches les plus pénibles ne permet- tent pas de découvrir de traces certaines d'un systeme nerveux impair que l’on est cependant en droit de soupconner, si l’on se fonde sur l’analogie de ces animaux avec les Décapodes. Tout ce qui a été vu jusqu’a présent consiste en deux ren- flemens généralement fort petits, placés au devant d’un esto- mac (1) peu volumineux et en arriére ducerveau auquel ils com- muniquent par deux filets tres minges ; ils envoient en arriére deux cordons tres déliés qui se rendent a l’estomac. Que les recherches ultérieures fassent découvrir ou non un systeme im- pair, dont l'existence semble indiquée par Vanalogie de ces ani- maux avec les Décapodes, la présence de deux renflemens séparés en arriere du cerveau n’en' restera pas moins une preuve re- marquable de leurs rapports avec les Insectes. (1) Je dois rappeler ici qu’il ne faut pas entendre, sous le nom d’estomac dans les Oniscus', la partie que Tréviranus et Ramdohr ont ainsi designée, le premier dans ses Ecrits divers, © part. pag. 54, et le second dans les organes digestifs des insectes pag. 203; mais bien un petit ¢largissement situé au devant de lui et qui est soutenu, comme dans les Décapodes, par des parois cartilagineuses. Voyez a cet égard mes observations dans la Zoologie médicale 2° part. p- 74. o4 BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES ARACHNIDES. Les nerfs stomato-gastriques des Arachnides rentrent dans la classe des parties qui sont trop imparfaitement connues, a cause de la grande difficulté que le peu de consistance de leurs orga- nes et hear distinction trop peu soar the font éprouver a I’a- natomiste. Nerfs stomato-gastriques des Scorpions. Miller parle (loc. cit. p. 98) d’un cordon trés fin qwil a vu dans le Scorpion s’étendre sur le coeur avec une grosseur par- tout laméme, et qu'il n’est pas éloigné de regarder comme I’ana- logue du nerf récurrent. Mais comme il remarque que ce cordon semble appartenir au coeur plutot qu’au tube digestif, son existence devient problématique. Nerfs stomato-gastriques des Araignées. Je crois avoir vu distinctement dans une Mygale qui était probablement depuis plusieurs années dans l’alcool, un cordon qui partait du cerveau par deux racines; maismalheureusement je ne pus le suivre assez loin. Jai remarqué a diverses reprises et plus distinctement encore, quelque chose de presque semblable sur des individus frais de ’Epeira diadema, et mon ami M. Ratzeburg ne fit pas plus que moi difficulté de regarder ce cordon comme lanalogue du nerf récurrent des entomotomistes, ou notre cordon stomato- gastrique impair (1). Il part, en effet, dans ’'Epéire, de chacun des ganglions cérébraux, un cordon généralement fin, qui se dirige droit en arriere et en dedans, et se réunit en formant un angle aigu avec le cordon du cdté opposé. Ces deux cordons, (1) Jai déja inséré cette observation dans Ja 2° partie de notre Zoologie médicale , p. 1go0. et dans l’Isis, loc. cit. pag. t105. des animaux invertébres. 95 ainsi confondus en un seul filet tres délié, peuvent étre suivis jusqu’a Vorigine du deuxieme ganglion cylindrique du tube in- testinal, ou sétalent les lobes du foie; mais on ne peut plus en découvrir la présence sur ce ganglion lui-méme qui est ordinai- | rement fort petit. ILest remarquable que ces cordons, qui partent du cerveau, se prolongent avant de se réunir, sur le coté dun muscle particulier (Zool. médic.),passent par une ouverture sin- guliere de l'estomac, et que leur réunion avec le nerf impair n’a lieu qu’apres leur sortie de cette ouverture, un peu avant l'en- droit ou se rétrécit le canal intestinal pour traverser le pédicule de Pabdomen. Lorigine de ce fragment de nerfs stomato-gastriques, car je ne puis désigner autrement le peu que j’en ai découvert jusquiici, semble indiquer de plus grands rapports avec les Crustacés qu avec les Insectes. | Puissent les observateurs a venir réussir mieux que moi et éclaircir cette question, ainsi qu'une foule d'autres choses géné- ralement douteuses sur la structure si difficile des Araignées. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES INSECTES. Les Insectes, tels qu’ils sont circonscrits par Latreille, c’est-a- dire les Hexapodes, semblent présenter, ainsi que les Myriapodes, autant que mes recherches antérieures permettent dele supposer, une grande conformité dans le développement de leurs nerfs sto- mato-gastriques; il est vrai que je nai pu retrouver en aucune maniere les exceptions signalées par Muller et constatées par M. Burmeister, dansles Gryllotalpa, Blatta, Mantis et Phasma. Une semblable conformité dans leur forme est d’autant plus remarquable, que les organes qu'ils doivent animer présentent une organisation tres différente, en raison de la diversité des ha- bitudes de ces animaux ! Dans aucun groupe d’invertébrés, les nerfs stomato-gastriques ne semblent avoir acquis une degré de développement propor- tionnellement aussi élevé que dans les Insectes. Chez eux, en effet, ils ne forment pas seulement des ganglions plus séparés et plus distincts, qui ne communiquent avec le cerveau que par ob BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques des cordons treés fins, mais ils se partagent constamment, comme je lai déja fait connaitre dans I’Isis et dans la Zoologie médicale, en un double systeme, lun impair et Vautre pair ou latéral. M. Burmeister a confirmé derniérement cette assertion dans son Manuel d’Entomologie, page 310. Le systeme nerveux impair consiste en un filet qui s’étend sur l’cesophage et l’estomac, au- dessous du vaisseau dorsal et du cerveau. Il forme toujours en avant de celui-ci un ganglion triangulaire (le ganglion frontal) de chaque coté duquel part un cordon de communication trés fin et faiblement arqué, quis'insere au bord antérieur du cerveau dans le voisinage du nerf antennaire (1). Le ganglion frontal, ou les cordons de communication envoient aux parties de la bouche (2), des filets qui forment quelquefois, avant que de s'y rendre, comme on le voit en particulier dans les Lépi- doptéres (Cossus ligniperda), un ou deux ganglions trés petits, placés au devant du ganglion frontal, dont ils sont pour ainsi dire un répétition; on n’en voit quelquefois que la trace, comme celaa lieu dans les Medoe. Apres un trajet assez long sur l’ceso- phage, le cordon nerveux impair fournit des filets trés fins a celui-ci et se réunit a chacun des ganglions du systeme nerveux intestinal pair, qui sont situés derriere le cerveau, au moyen d’un rameau transversal. Souvent méme il forme un renflement plus ou moins marqué a l’endroit ou s’opere cette réunion, et se termine a l’estomac apres avoir formé auparavant sur l’extrémité de l'cesophage, ou sur l’estomac lui-méme un autre petit renfle- ment. Le systeme pair se compose la plupart du temps de deux pai- res de ganglions, situés derriere le cerveau sur le milieu ou sur les cotés de lcesophage, et qui sont toujours placés l’un a la suite del’autre et quelquefois méme presque lun contre l’autre. Is communiquent entre ceux, d’arriere en avant, par un ou deux filets (1). Dans le Hanneton, d’apres M. Straus, ces cordons de communication ne se rendent point au cerveau, mais cette particularité mérite 4 peine d’étre prise en considération. (2) Les parties inférieures de la bouche regoivent des filets qui viennent du bord anté- rieur du premier ganglion abdominal qui communique au ceryeau ; la partie postérieure du ca- nal intestinal, l’intestin en particulier, recoivent de la méme maniere leurs filets du dernier ganglion abdominal, des invertebrés. 97 tres fins, et quelquefois tres courts. Chacun des deux ganglions antérieurs communique avec le cerveau, par un ou deux filets et envoie des cordons tres fins 4 l’cesophage, en méme temps qu’un cordon de communication quise rend 4 celui du systéme nerveux impair. Les deux ganglions postérieurs communiquent pareillement, comme il a deja été dit, avec le cordon du systéme impair, a l'aide d’un filet transversal, et donnent quelques au- tres filets trés fins a ’cesophage et al’origine de l’estomac. Quand le systeme nerveux pair a son maximum de développement, il projette des filets tres longs jusqu’a l'extrémité de lPestomac et méme jusqu aux vaisseaux biliaires. Dans les Grylliens, par ex- ception, outre ces deux paires de ganglions, il en existe encore d’autres, qui ne sont qu’une division des premiers. Le développement particulier de lextrémité antérieure du systéme nerveux impair en une partie frontale distincte,fcompo- sée d'un ou de plusieurs ganglions placés au devant du cerveau, et la séparation complete des deux paires de ganglions du sys- teme pair qui sont situées derriere le cerveau, pourraient bien étre regardés comme une particularité du type des Insectes , au moins quand on je compare a celui des Arachnides et des Crustacés. A légard du mode de développement comparatif du systéme nerveux aigenetersastriaue dans les Insectes, je rappellerai une proposition que j'ai déja émise (Isis, 1831, |. cit.) savoir, que chez eux le systeme pair et le systeme impair ne sont pas tou- jourslun a l’égard de l'autre dans les mémes proportions, de sorte que le systeéme impair se prolonge toujours beaucoup plus sur les organes de la digestion que le systeme impair et s’étend beau- coup plus en arriere; mais quelquefoisaussi le systeme pair a acquis une perfection plus grande que le systeme impair : dans ce cas , non-seulement les ganglions de ce systeme paraissent plus dis- tincts, mais encore les filets qui se rendent de ces ganglions a lestomac s’étendent plus loin. Les genres Gryllus, Acheta et Gry lotalpa nous en donnent des exemples, tandis que dans les Co- léoptéres que Von a étudiés jusqu’ici, les Lépidoptéres et les Hy- V. Zoou. — Fevrier. uu 98 BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques ménopteres (1), le systeme impair est arrivé 4 son plus grand degré de développement. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES COLKOPTERES. Muller, dans sa dissertation déja citée, parle, ainsi que ses devanciers Swammerdamm et Cuvier, dun seul systeme ner- veux impair dans les Coléopteres, que ’on nomme nerf récur- rent. M. Straus Durckheim a découvert, 2 la vérité, les ganglions du systeme nerveux stomato-gastrique pair, mais il leur donne, comme, nous l'avons déja dit, une autre désignation, et les ap- pelle les dépendances du cerveau. Pai déja fait connaitre dans I'Isis (Joc. cit.), et dans la deuxieme partie de la Zoologie médicale , daprés mes recherches avec M. Ratzeburg sur les Medoe et les Lytta, et d’aprés quelques ob- servations faites sur d’autres Coléoptéres (Lucanus et Coccinella), que les nerfs stomato-gastriques se composent aussi dans les in- sectes de cet ordre, d'un systeme impair bien développé,et dun systeme pair qui l’est trés pen. Le systeme impair s’étend plus ou moins en arriere sur lestomac, et forme un ganglion sur |’ce- sophage (Lytia) ou sur l’estomac (Meloe). La partie frontale se compose, dans l’état normal, d’un ganglion unique, comme dans les Lyita ; mais, quelquefois aussi, on apercoit le rudiment dun deuxiéme ganglion, les deux cordons de communication qui se rendent du cerveau au ganglion frontal, étant réunis en- tre eux par un filet transversal tres fin qui part du cordon du systéme impair : c’est ce qui arrive dans les Meloe. Ce rudiment de ganglion parait d’autant plus digne de remarque, que dans les Lépidopteres, on trouve un petit ganglion a lendroit ou il n’en existe que la trace dans les Medloe. Ce ganglion peut donc donner lieu a soulever cette question: le ganglion frontad.des Coléopteres n’est-il point ’analogue du deuxieme ganglion frontal des Lépidopteres ? (rt) Dans le mémoire que j’ai inséré dans V'Isis ( pag. 1004 ), j'ai dit a tort, @apres des re- cherches trop peu completes, que dans les Hyménoptéres, le systeme nerveux pair était aussi le plus développe. des invertebres. 99 Le systeme pair se compose de deux paires de ganglions, pla- cées parallelement sur les cotés de P'cesophage. Les ganglions de la paire antérieure sont beaucoup plus gros que ceux de l'autre paire; ces derniers sont tres rapprochés des précédens, et quel- quefois méme_ ils semblent presque confondus avec eux; les filets qui partent de ces ganglions sont courts et trés fins. NERES STOMATO-GASTRIQUES DES LEPIDOPTERES. Le systeme impair des nerfs stomato-gastriques a été com- pletement découvert par Swammerdamm dans le Ver-a-soie , et cependant le systeme pair lui a échappé. Lyonnet (Traité ana- tom., etc., pag. 577) a suivila partie impaire de ce systeéme dans la chenille du Cossus, avec une exactitude qui n’a pas encore été surpassée, et que favoriserent peut-étre beaucoup la consis- tance de cette partie et leur séparation tres marquée. Ce que ses recherches nous apprennent de remarquable, c’est l’existence de trois ganglions qu ila décrits et figurés, et quisont placés Puna Ja suite de l'autre, dans la partie frontale; ils envoient des filets tres fins a l’cesophage, aux muscles voisins qui sont ceux des par- ties de la bouche et un autre filet a la levre supérieure. Le cordon qui se réunit dans son trajet aux ganglions du sys- teme pair(1) (ganglion latéral de la téte, Lyonnet ), se partage encore en trois branches avant l’origine de l’estomac. Lyonnet connut, ainsi que je lai déja dit, le ganglion antérieur du sys- téme nerveux stomato-gastrique impair qui envoie, selon lui, des filets a Poesophage et quelquefois meme a |’estomac; mais il ne le considérait que comme une dépendance du cerveau, et le nommait petit ganglion de la téte. Cette erreur est dautant plus naturelle, quil ne connaissait pas le trajet des nerfs sto- mato-gastriques dans les Orthopteres, dans lesquels seulement on peut apprécier leur importance veritable. Les figures de Lyonnet ont été reproduites par Muller dans sa planche vu, fig. 2 et 3; mais cet auteur reconnut les petits ganglions de la téte pour des por- (1) L’endroit ot Lyonnct parle de cette réunion , qu'il n’a pas représentée, m’a échappé lors de la rédaction de mon petit mémoire inséré dans Isis. a 100 Branpt. — Sur les nerfs stomato-gastriques tions (les racines) des nerfs stomato-gastriques, comme le prou- vent en particulier ses observations sur les Gryd/us et les Blatta. Dans ses recherches sur la chenille d’un Sphinx (ibid. pag. 97, pl. IX, fig. 1), ce méme auteur obtint des résultats semblables a ceux de Lyonnet; seulement dans la chenille de ce Sphinx les fi- lets qui partent du cordon du nerf stomato-gastrique impair, et se rendent a l’extrémité de lcesophage, forment en avant de l’estomac un plexus trés fin, dont les ramifications se perdent dans les plis longitudinaux de l’estomac. Jai communiqué a Ja réunion des naturalistes allemands qui eut lieu 4 Hambourg, en 1830, par Pentremise de mon ami M. Nordmann, des observations sur les nerfs intestinaux duBom- byx mori, tant a état de larve qu’a Vétat de papillon, et je fis connaitre, le premier je crois, que le ganglion postérieur du sys- teme stomato-gastrique pair existe aussi dans les Lépidoptéres. Ces observations et les dessins qui s’y rapportent, furent insérés dans I'Isis, année 1831, pag. 1108, pl. VII, fig. 3, 4. Malheureu- sement le temps ne me permit pas alors de suivre les filets trés fins des nerfs stomato-gastriques dans tous les organes qui en sont pourvus; je dus donc me borner a reproduire les principales parties de ce systeme. On put du moinsen conclure que ces nerfs sont essentiellement disposés comme dans les Coléopteres, mais seulement que le systeme impair, au lieu de n’avoir qu’un gan- glion frontal, en offre deux bien distincts. Des recherches ulté- rieures me firent remarquer que la forme des nerfs stomnato-gas- triques n’éprouve pas de changemens notables par suite de la métamorphose ; je trouvai cependant les ganglions du systeme pair moins gros et plus écartés entre eux dans le papillon. M. Newport, dansses observations sur le systeme nerveux da Sphinx ligustri etses métamorphoses, travail que nous avons déja mentionné et qui fait partie des Transactions philosophiques, a décrit avec assez de détails les nerfs stomato-gastriques et les afigu- rés dans la pl. XII, fig. 2, E, e, et dans la pl. XIII, fig. 2, E. e. D’aprés ses recherches, le systeme impair n’a qu'un seul ganglion frontal, du milieu duquel partent des filets, et quicommunique de chaque coté avec le cerveau, comme cela a lieu d’ordinaire, par le moven d’un cordon qui s’y rend auprés du nerf antennaire. Cet auteur des invertébres. for a retrouveé les deux paires de ganglions du systéme pair, mais il les a nommés ganglions latéraux antérieurs (anterior lateral gan- glia), ignorant évidemment ce qui avait déja été publié en Alle- magne au sujet des nerfs stomato-gastriques; il les a figurés comme tels dans les planches, et sous les numéros déja mention- nés, avee Vindication des lettres a,c, quoiqu il les comparat aux ganglions analogues découverts par M. Straus dans le Hanneton. Selon M. Newport, ces ganglions n’envoient des filets qu’aux muscles de la nuque et des cordons latéraux au vaisseau dorsal; mais il ne dit rien de ceux qui se rendent de ces. ganglions a Poesophage, quoiqu’il parle de !a communication qui existe entre eux et le deuxiéme ganglion de la chaine des nerfs abdominaux. Du reste, les nerfs stomato-gastriques n’éprouvent, dit-il, aucun changement par suite de la métamorphose. (1) NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES HYMENOPTERES. Les premieres traces de ces nerfs ont été observées par M. Tré- viranus (crits divers, 3° partie page 5g), dans I’ Abeille ; mais il n'a pas détaillé son observation. Les recherches spéciales d’anatomie que j’ai faites pour la deuxiéme partie de la Zoologie médicale, sur la structure des organes intérieurs de lAbeille, dont mon ami M. Ratzeburg a étudié les organes extérieurs et les parties de la bouche, com- prennent aussi les nerfs stomato-gastriques. Ils se comportent, ainsi que je l’ai dit dans l’ouvrage déja cité, p. 204, pl. xxv, fig. 32, comme ceux des Coléopteres et des Lépidopteres. Le Bom- bus terrestris wa présenté ces nerfs disposés comme dans les Abeilles. WERFS STOMATO-GASTRIQUES DES HEMIPTERES. (Pl. 5, fig. 2 et 3.) Tout ce que j’ai pu observer sur Ja forme de ces nerfs dans les Punaises, se borne a quelques indications sur une grande espece exotique de Lygceus , les recherches ‘que j’avais faites (1) Je regrette beaucoup de n’avoir pu me procurer pendant espace de plusieurs annces, un travail de M. Succow, ouvrage excellent et trop peu connu, et de n’avoir pu rapporter ce ri . . . . . . , qu'il dit au suiet du svsteme nerveux en question dans la chenille du Papillon du pin. 10a BRANDT. — Sur des nerfs stomato-gastrigues auparavant sur les Punaises indigénes ayant été infructueuses. Le peu que j’en ai vu se composait de l’origine du systéme im- pair (pl. 5, fig. 2 et 3 a, 6, 6.) et des deux paires de ganglions du systéme pair (mémes fig. 5. c.) et présentait la plus grande analogie avec les parties correspondantes dans les Coléopteres et les Lépidopteres. Excepté les cordons arqués qui établissent Ja communication entre le ganglion frontal et le cerveau, je n’ai pu découvrir aucun filet qui en dépendit. NERES STOMATO-GASTRIQUES DES NEVROPTERES. (Pl. 5, fig. 4, 5.) Les Insectes de cet ordre sur lesquels j’ai fait quelques re- cherches se rapportent au Libellula depressa dont Vétude est plus difficile en proportion, qu’on n’aurait pu le penser d’apres la taille assez considérable de cette espéce. Les nerfs stomato-gastriques se composent dun systeme im- pair (pl 5, fig. 5, a, BB, yy, xx.) et @un systeme latéral pair, (ibid. bb, cc, 30 30.). Le systeme impair présente dabord un ganglion frontal en triangle arrondi a. qui communique de cha- que coté avec Je cerveau ./, au moyen d’un cordon «, x situé aupres du nerf antennaire ¢, et qui projette en avant deux pe- tits filets y y. Le cordon impair 6 passe au milieu de loesophage (fig. 4. s), mais je n'ai pu le suivre jusque sur Pestomac. Le systeme pair se compose, comme clans les Coléopteres, les Lépidopteres et les Hyménopteres, de deux paires de gangtions, lune antérieure & b., autre postérieure c c. Les deux gan- glions de la premiere paire sont situés, comme dans les Orthop- teres, tout-a-fait Pun contre l'autre sur le milieu de Poesophage, immédiatement apres le bord postérieur du cerveau (fig. 4). ts forment une sorte de pyramide, mais cependant ils sont plus larges en avant et se terminent en pointe enarricre. J’ai vu dis- tinctement un cordon de communication se rendre, dans une direction oblique, de leur extrémité antérieure a chacun des ganglions postérieurs c c. Ces deux petits ganglions postérieurs sont triangulaires éloignés Pun de Vautre et placés dans le voi- sinage du bord latéral de lcesophage. 11 part de ces ganglions, comme je lai distinctement vu, otitre le cordon de communica- EE des invertébieés. 103 tion qui les réunit aux ganglions antérieurs, deux petits filets 33 dont l'un & se rend en dehors aux muscles, et le second é se porte en arriére sur la paroi latérale de l'cesophage. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES ORTHOPTERES. Les Orthopteres semblent présenter un double type dans la disposition de leurs nerfs stomato-gastriques. Dans l'un de ces types, la partie latérale ou paire des nerfs stomato-gastriques est tres développée et envoie des filets considérables a l’estomac, (Gryllus , Gryliotalpa) ; dans Vautre , au contraire (Maniis , Phasma, Blatta), on retrouve une disposition analogue 4 celle déja observée dans la plupart des autres Insectes, et en particu- lier dans les Coléopteres, les Hyménepteres , les Lépidopteres : cest-a-dire que le systeme impair est proportionnellement plus développé que le systeme pair. | | | Nerfs stomato-gastriques du Blatta orsentalis. (Pl. 4, fig. 4, 5.) Les premieres observations sur ces nerfs sont renfermées dans la dissertation de Muller, déja citée plusieurs fois, p. 92. Dapres cet auteur, « la. base du cerveau envoie sur origine de Voesophage, deux filets nerveux tres courts, assez épais et qui se réunissent pour former un ganglion large et échancré. De chaque coté de.ce ganglion, il part un: petit filet nerveux tres court, situé tantot sur le dos, tantot sur le cété et qui se termine également dans un ganglion arrondi, placé sur le coté du pharynx, auquel il envoie des ramifications trés fines. De la partie postérieure du ganglion moyen, nait le cordon fusiforme du nerf intestinal, qui devient quelquefois de suite un filet tres fin et se prolonge ainsi sur le dos de loesophage et du jabot, auxquels il envoie enfin des ramifications tres fines. Les cordons prolongés de ce nerf se terminent a lorigine de Vestomac, et ne forment pas sur cet organe un ganglion distinct, comme dans les autres Orthoptéres. » fa planche sx de cet auteur renferme la figure de ces parties. Des recherches faites sur plusieurs individus et dont j'ai de- 104 Branpt. — Sur les nerfs stomato-gasirigues posé, pour preuve de leur exactitude, dans la collection anato- mique de l’Académie impériale des Sciences, deux préparations faites avec le plus grand soin, montrent que Miller n’a connu qwune partie des nerfs stomato-gastriques de la Blatte, et que le ganglion frontal et le ganglion stomacal du systeme impair lui ont échappé. Du reste, je crois pouvoir attacher d’autant plus d’importance a mes observations attentives et multipliées, que le docteur Krohn, connu par ses recherches intéressantes sur le systeme vasculaire de l’Ecrevisse et sur Jes yeux des Seiches , m’a communiqué des résultats parfaitement identiques avec les miens sur les nerfs stomato-gastriques de la Blatte, sans que nous nous fussions instruits auparavant l'un et l'autre du sujet commun de nos études. Le filet nerveux dorsal tres fin, qui se rend du ganglion du cordon impair aux glandes salivaires , avait seul échappé au docteur Krohn. D’aprés nos recherches, les nerfs stomato-gastriques de la Blatte (pl. 4, fig. 4, 5) se composent comme ceux des autres insectes que j'ai étudiés , d’un systeme pair (bb, cc, #¢) et d'un systeme impair (a, BB, yy, x, ©, 66, So). Le systeme impair commence par un ganglion frontal trian- gulaire (a), dont l’extrémité antérieure recoit de chaque coté un cordon de communication arqué x, qui part du bord anté- rieur du cerveau A, aupres et en dedans du nerf antennaire, et qui, pres de sa réunion au ganglion.a, envoie deux petites branches yy aux parties de la bouche. A partir du bord pos- térieur du ganglion frontal, le systeme impair se continue sous le cerveau , sous le vaisseau dorsal et sous le bord posté- rieur des ganglions antérieurs du systeme pair, en formant un cordon £6 qui s’étend sur le milieu de la partie dorsale de l’ceso- phage (fig. 4, s) jusqu’a lorigine de lestomac w. Quelquefois aussi ce cordon se prolonge jusque sur la partie dorsale de ce dernier organe , mais je n’ai pu parvenir a distinguer les ramifi- cations si nombreuses et si distinctes qu’il forme dans cette es- pece, et que représente la figure de Miller. Parvenu a l’origine de Pestomac, ce cordon forme un ganglion triangulaire (fig. 4 et 5,¢), dou partent en avant et latéralement un filet tres fin (fig. 4 et 5, 9) quise rend aux glandes salivaires, et en arriére des invertébreés. 105 d’autres filets qui s’écartent a angle aigu ¢¢¢¢, et se répandent sur lestomac. , Le systeme des nerfs stomato-gastriques pairs (ibid. 5d , cc, $3) se compose de deux paires de ganglions placés en arriere du cerveau, et l’une a la suite de lautre. Les ganglions de la paire antérieure bb , sont allongés, pointus aux deux extrémités , et rapprochés l'un de l'autre de dehors en dedans par leur partie postérieure en formant un angle aigu; ils communiquent avec le bord postérieur du cerveau (fig. 4, A), par leur extrémité antérieure qui est dirigée en dehors. De leur extrémité posté- rieure , il part un cordon de communication qui se rend au cor- don du systéme impair placé au-dessous d’eux, aprés avoir passé par les deux ganglions postérieurs cc du systeme pair qui sont placés derriére eux. Ces deux ganglions postérieurs (ibid. fig. 4 et 5, cc) sont situés au-dela du milieu des ganglions antérienrs, un peu plus en dehors que ceux-ci, et sur les parois latérales de loesophage. Leur forme est ovalaire, et ils envoient distincte- ment deux filets, un antérieur 3’, ’autre postérieur 6. Ce der- nier parcourt les cotés de lcesophage, mais on ne peut pas le suivre jusqu’a l’estomac. Ainsi, le systeme nerveux impair est incomparablement plus développé dans la Blatte, ainsi que dans la plupart des autres insectes, et parmi les Orthoptéres, dans les Phasma, tandis que cest le contraire dans le Gryd/us et le Gryllotalpa. Le cordon nerveux que j'ai décrit, et qui se rend du ganglion stomacal aux organes (les glandes salivaires) qui sécretent un liquide préparateur de la digestion, mériterait toutefois une attention particuliére. Nerfs stomato-gastriques du Phasma ferula. (Pl. 5, fig. 6—10.) Les Phasmes ne se distinguent essentiellement du type des autres insectes, ni par la structure du cerveau et le trajet de la chaine du systeme nerveux en général (1), ni par organisation (1) Comme on u’a pas encore décrit ni figuré les détails nécessaires pour comprendre la forme du cerveau des Phasmes, quelques remarques 4 ce sujet ne seront pas déplacés ici. Deux individus de ce groupe, queje fus a méme d’étudier, un a Berlin (1830) , l'autre a St.-Péters- 106 pranpT. -—-~ Sur les nerfs slomato-gastrig ues des nerfs stomato-gastriques, ce que Miller croyait d’abord pouvoir admettre (Act. Léop.), mais ce qu il corrigea plus tard (Physiol. pag. 582), en parlant du cerveau lui-méme. Les nerfs -stomato-gastriques se partagent aussi chez eux, comme dans tous les insectes que j'ai. examinés jusqu’ici, en deux sys- témes , ’un impair et autre pair, ce que Muller a vu en dernier lieu. | Le systéme impair ne prend pas son origine sur la chaine des nerfs abdominaux, en arriere du cerveau, comme le dit Miller (Act. Léop. pag. 87), mais il nait comme a Pordinaire, en avant du cerveau A, par un ganglion frontal triangulaire a, qui com- munique de chaque coté avec le cerveau, au moyen Wun cor- don trés pew arqué «, qui se rend aupres du nerf antennaire. De ce cordon partent en avant des filets yy qui vont aux parties de la bouche. La partie dorsale du systeme impair 6, ou sa branche principale (voyez son trajet tout entier dans la fig. 6), est située sur le milieu de Poesophage, au-dessous du coenr, et d’une longue trachée; elle projette latéralement des. rameaux nombreux, presque a angle droit, qui embrassent en entier l’oe- sophage et ’estomac, et forment un plexus, je dirais presque un réseau trés distinct, les rameaux d’un des cotés communiquant avec ceux du coté opposé sur la partie ventrale de ’estomac, apres s’étre mis en rapport les uns avec les autres pendant lenr trajet, au moyen de quelques ramuscules -trées fins, tant en avant qu’en arriere (voyez la pl. 5, fig. 10) (1). Dans Vespace qui est situé entre la premiere et la deuxieme paire de pattes , la branche principale forme au-dessus de Pestomac un ganglion bourg (1833), me présenterent au-dessvs l’cesophage et entre les yeux , un cerveau en carré long et petit en proportion de la grandeur de linsecte (pl. 6. fig. 6. 7. 9.). On en distinguait aisement les nerfs optiques o o et Jes nerfs antennaires ¢ ¢, Le collier était visible ; mais le cer- veau placé sur l’oesophage, communiquait de chaque cdté, comme dans les insectes, avec le pre- mier ganglion abdominal d, au moyen d'un filet trés visible ( fig. g. 2 2), Le premier ganglion abdominal se comporte, du reste, comme dans les autres insectes, en ce qu’il ne forme pas une masse arrondie, d’ot partent des cordons nerveux, mais son bord antérieur en envoie aux par- ties inférieures de la bouche » ¥, comme cela a lieu dans tous les insectes que j'ai examines jusqu’ici, (1) On peut probablement soupgonner une disposition analogue dans d’autres insectes , mais observation en sera fort difficile 4 cause de leur petitesse , puisque dans les Phasmes eux-mémes Ja vue percante de Miller a été en defaut. des wnvertébreés. 107 distinct et triangulaire (fig. 6. «.) (1), d’ou partent plusieurs ra- meaux, dont deux surtout (¢¢.), dirigés en arriere, se font remarquer particuliérement par la grosseur et le nombre des ramuscules quils envoient sur Pestomac d’avant en arriere. Le systeme pair (fig. 7, 8, b. c., 6,) parait situé tout entier vers le milieu de l’cesophage ; il est peu développé proportion- nellement au systeme impair. Il se compose de deux ganglions antérieurs 6 6, plus gros, allongés, étroits, de longneur inégale, et tres rapprochés Pun de l'autre sur l’cesophage; ils avoisinent le cerveau par leur extrémité antérieure et communiquent avec lui par deux filets. Derriere chacun de ces ganglions allongés et plus gros, on voit un autre ganglion petit et de forme arrondie c.C, qui n’était point placé dans une situation parallele a celui du coté opposé et qui est en rapport antérieurement avec le ganglion allongé par un filet latéral trés fin, De chacun de ces ganglions arrondis (ganglions postérieurs du systeme pair), jai vil partir en avant et sur le coté un petit filet °, et en arriere un autre filet semblable ¢ qui se rendent au vaisseau dorsal. Nerfs stomato-gastrigues du Taupe-Gryllon (Gryllotalpa vul- garis.) (Pl. 4, fig. 6, 7 et pl. 5, fig.1.) Voici, @apres Miller (Act. Léop. pl. ix, fig. 2. p. g1.),la ma- niere d’étre des nerfs stomato-gastriques dans cet insecte: « De Ja partie postérieure du cerveau, il part deux filets nerveux dis- tincts, de couleur blanche, qui se réunissent immédiatement en forme de fer-a-cheval , pour former au-dessus du pharynx la souche des nerfs intestinaux. Cette sorte de collet donne nais- sance 4 deux cordons tres fins qui s’étendent sur toute Ja lon- gueur de l’cesophage, sur tout le jabot, et vont méme jusqu’a lestomac, séparés ainsi dans tout leur trajet qui est d’un pouce entier; ils deviennent un peu plus épais 4 mesure qu'ils s avancent en arriere. Ces nerfs fournissent des filets 4 l’cesophage et a Ves- tomac et se réunissent a lvrigine de ce dernier viscere ow ils forment un ganglion triangulaire d’ou partent en rayonnant plusieurs filets dirigés en arriere et sur les cOtés, qui forment (1) Ce ganglion triangulaire et les branches qui en dépendent ont déja été représentés par Muller ( Ac. Leop. pl- virz. fig, 3). Un autre ganglion antéerieur, quil figure comme se tron- 4 3 ] ~ oe , . . A i ’ ° . vant a Vorigine de | estomac, ne s’est pas offert a moi; peut-¢tre n‘existe-t-il pas conustamment, 108 BraNnbDr. — Sur les nerfs stomato-gastriques sur l’estomac un plexus nerveux et se perdent sur le coecum. Le méme auteur, dans son excellent Munuel de Physiologie , (pag. 580), dit en parlant du passage précédent : « Dans les in- dividus que jai décrits dans les Act. Leop. t. x1v, les deux fi- lets se réunissent pour former un ganglion; j'ai vu_plusienrs fois ensuite les deux nerfs séparés , donner chacun naissance A un ganglion. Je n’ai pas revu depuis la premiere variété. » Par suite des recherches que jai faites depuis plusieurs années sur différens individus, le Taupe-grillon présente une. disposi- tion du systeme nerveux stomato-gastrique analogue a celle des insectes en général, cest-a-dire qu’on y remarque un sys- teme impair (pl. 4, fig. 6, 7 et pl. 5, fig. 1. a. BBB, yy, xx, 2) et un systeme pair (ibid. b. c, c.c. ¥ 4.) Le systeme impair commence par un ganglion frontal a, presque rond, se rapprochant un peu de la forme triangulaire, un peu comprimé de haut en bas, et placé au-devant du front. Ce ganglion communique de chaque coté avee le cerveau _/, par un cordon légerement arqué x inséré 4 som extrémité anté- rieure et qui se rend au cerveau, non loin du bord intérieur du nerf antennaire ¢; ce cordon de communication, avant de se réunir au ganglion frontal, envoie en avant un filet aux parties. de la bouche. Le cordon 8 du systeme nerveux impair qui part du ganglion frontal a, passe comme 4 lordinaire sous le cer- veau et le vaisseau dorsal et se prolonge sur l’cesophage s. Sur le tiers antérieur de l’cesophage, a l’endroit ou celui-ci est recou- vert par la moitié postérieure du ganglion antérieur et allongé du systeme pair 4, le cordon forme un petit renflement en triangle allongé (pl. 5, fig. 5, «) qui communique avec le ganglion anté- rieur 5 du systéme pair, au moyen d’un petit filet, et qu'un autre filet ¢ réunit au ganglion postérieur du méme systeme; ces cor- dons de communication semblent leur donner plus de force. Ce renflement «donne naissance en arriére et de chaque coté a un filet nerveux simple }, qui s’étend parallélement 4 celui du coté opposé sur le dos de l’cesophage (pl. 4, fig. 6s) jusqu’au premier estomac ou jabot uw et envoie dans son trajet des filets tres fins 4 ces organes. Ces deux filets 4 »’ (pl. 4, fig. 7) se croisent . sur le jabot avec un petit cordon 4, qui provient du ganglion des invertébrés. 109 postérieur du systéme pair, et qui parcourt l’cesophage dans une direction parallele a la leur; ils se dirigent en dehors, au lieu que celui-ci reste en dedans, plus pres de la ligne médiane de Poesophage. Apres s’étre croisés, ces cordons iA et 6d conservent une direction parallele pendant un trajet fort court, et se réu- nissent sur les cotés du rétrécissement du canal intestinal v (pl. 4, fig. 6) qui sépare le jabot de l’estomac w, pour former un petit ganglion ovalaire ». Ce ganglion envoie des filets tres déliés a l'estomac et au rétrécissement du canal intestinal v. Les filets de Yestomac semblent.se prolonger jusque sur l’appendice en coecum de lestomac x. Du milieu du ganglion triangulaire (pl. 5, fig. 1. e.) fai cru en outre voir partir un filet trés fin 0’, situésur le milieu de l’cesophage et que l'on peut suivre jusqu’a Yorigine du jabot uw. Le systéme pair des nerfs stomato-gastriques se compose d’une paire antérieure dD. d. et d’une paire postérieure de ganglions c.c. Les ganglions antérieurs, beaucoup plus gros que les posté- rieurs (pl. 4, fig. 7. 5. 6.), sont situés immédiatement derriére le cerveau (fig. 6. 2.) et plus en dedans que ces derniers (ibid. c. c.); ils occupent le milieu de la partie dorsale de lcesophage s. Ils sont appliqués immédiatement lun contre l’autre par leur bord interne, et sont en rapport avec le bord postérieur du cer- veau _4, au moyen d’un filet tres délié; leur forme est allongée, presque pyramidale, etils semblent un peu comprimés des deux cotés et de haut en bas. De la partie postérieure et externe de chacun de ces ganglions, il part un petit filet, qui se porte du méme coté et se rend au deuxiéme ganglion ec. c. du systéme pair qui est situé derriére le premier, et en dehors de lui; la face interne de l’extrémité postérieure de celui-ci fonrnit un cor- don de communication qui gagne le ganglion du systéme impair e. Les ganglions postérieurs c. c. sont situés plus en arriere et plus en dehors que les précédens, sur le bord latéral de l’ceso- phage et séparés l’un de l'autre. Ils ont une forme ovalaire et le cedent beaucoup en grosseur aux ganglions de la premiere paire. Is sont en rapport avec le systeme impair (pl. 5, fig. 1. a, 6, 7; x e.) et avec les ganglions antérieurs (ibid. 5.6. au moyen de deux filets déliés (fig. 1, 9, 5), qui partent de leur extrémité anté- 110 BRANDT. — Nerfs stontato-gastriques des invertébreés. rieure, laquelle envoie aussi en dehors et..sur Je coté un cor- don tres fin (6'.) qui.se rend aux muscles. eur extrémité pos- téricure donne naissance a un cordon nerveux (8, 6,) qui, se prolonge de chaque cdté dans une direction parallele a celle du cordon 4 déja mentionné et appartenant au systeme impair : ce premier cordon reste en dehors du second, sur les cotés de Voesophage et se rend a lestomac en forme de jabot et a parois ridées (zw. ); ilse recourbe alors et se croise avec le second, comme je lai dit plus haut, puis remonte en dedans sur. Ja partie dorsale de VPestomac, tandis que le cordon du systeme impair vient se placer plus en dehors et en dessous. Apres s’étre croisés, les deux cordons se prolongent parallelement dans le court espace ou le canal intestinal se rétrécit v. et ou. te jabot se réunit a Pestomac musculeux et a parois €épaisses; ils se per- dent alors dans le ganglion déja décrit », apres s‘étre rapprochés l'un de l'autre sous un angle aigu. Si lon considere le développement remarquable des ganglions du systeme pair, et que l’on réfléchisse que, non - seulement le cordon dorsal dusystéme impair, mais aussi les ganglions pos- térieurs du systeme pair envoient des filets 4 ’estomac, on sera conduit 4 admettre que le systeme pair est ici plus développé que le. systeme impair, quand on le compare au plus grand nombre des autres insectes, tels que Jes Phasma., Blatta, les Lépidopteres, les Coléopteres, etc. Cependant les Gryllotalpa se rapprochent plus que les Gryddws du type des autres insectes, a cause de Pextrémité postérieure de leur systeme impair, qui est beaucoup plus développée que dans ces derniers. En comparant ce que nous avons dit jusqu ici avec les obser- vations de Miller, il résulte que cet auteur n’a décrit et figuré que les ganglions antérieurs du systeme nerveux stomato-gas- trique pair 5. b., les cordons } du ganglion « du. systeme im- pair et les ganglions postérieurs », mais qu'il n’a pas reconnu les ganglions postérieurs du systeme nerveux stomato-gastrique pair, ainsi que leurs filets, ni le ganglion frontal et le cordon du systeme impair. (Ta suite au prochain cahier,) POISEVILLE. — Mouvem. du sang dans les vaiss. capillaires. 11 Recnercnus sur les causes du mouvement du sang dans les vaisseaux capillatres. Par M. le docteur Potsrvitrr. ( Extrait. ) L’ Academie des Sciences, dans sa seance publique du 28 décembre a décerne Yun des Prix de physiologie experimentale 4 M-~ Poiseuille pour ses experiences sur les causes du mouvement du sang dans les vaisse.ux capillaires : Voici analyse de ce memoire dail les termes méme de l’auteur ? « Lorsque dans les vaisseaux capillaires des Batraciens ou des Mammiftres on examine le cours des globules sanguins, on les voit, et cela dans le méme vais- seau, doués de vitesses tres differentes: les uns offrent simultanément deux mou- vemens, l'un de rotation, autre de translation; d’autres sont momentanement en repos. Deux globules presentant d’abord la méme vitesse ne conservent qu’ac— cidentellement la distance qui les separe; et sila vitesse du sang permet de suivre le méme elobule, on le voit dans le méme vaisseau capillaire offrir quel- quefois ces différentes phases de mouvement. La vitésse des globules dans les capillaires est moindre que dans les arteres ct les veines; elle cst rarement plus eraude : cette remarqnue sctend aussi a un vaisseau capillaire qui nait immediate- ment d’une artére, ou qui se rend directement dans un tronc veineux. « Ces phenomenes divers de mouvement porteraient 4 penser que les globules sont doués d’un mouvement spontaneé, ou bien que la cause du cours du sang d travers les capillaires est différente de la cause unique qui préside au mouve- ment du sang dans les gros vaisseaux. L’auteur ne s’arrétant pas & VYhvpothese du mouvement spoutanée des glo- bules, a di examiner avec la plus scrupuleuse attention les causes auxquelles étaient dus les mouvemens du sang dans les parties isolées de action du coeur par une ligature, ou séparees du corps par un instrument tranchaut, et ensuite étudier Vinfluence du cceur et des artéres sur la circulation capillaire. ) Il a établi, par un grand nombre d’experiences, « que le calibre que présen- tent les artéres et les veines est di a la pression du liquide qu’elles charient; que leurs parois sont incessamment distendues par le sang qu elles regoivent , que ces vaisseaux tendent a revenir subitement sur eux-mémes, par suite de Velasticite de leurs parois, dés que la cause qui les dilate cesse d’agir tout-a- coup. Les trones arteriels et veineux, ainsi que les petites artéres et veines, partagent cette propriete ; mais en outre ces dernitres, des gu’elles ne recoivent plus de sang, reviennent peu-d-peu sur elles-mémes, et la diminution de leur 112 POISEUILLE. — Mouvem. du sang dans les vaiss. capillaires. diamétre continue 4 avoir lieu pendant un temps plus ou moins long. Ce retrait est quelquefois tel, que les vaisseaux méesenteriques de la grenouille, de la sala- mandre, de jeunes rats et de jeunés souris, se trouvent ramenes 4 un diaméetre qui n’est que les deux tiers de leur diamétre primitif. Il a aussi démontré que ce retrait, toutes choses égales d’ailleurs, est plus prononceé dans les artéres que dans les veines. Ces faits bien constates, il est facile de se rendre compte de ces mouvemens du sang dans les parties séparees du trone, soit par une ligature, soit par un instrument tranchant ; mouvemens qu’on s'est efforcé, méme dans ces derniers temps, de décorer du nom de circulation. « En effet, un examen attentif de cette pretendue circulation fait voir, la partie étant dans un plan horizontal, que le mouvement des globules dans les capillaires est totalement aboli; que tous les vaisseaux, artéres et veines un peu considerables , charient alors le sang des extrémites vers la surface amputee , que ce mouvement devenant de plus en plus lent, cesse au bout de quelques minutes, et en méme temps l’organe offre une quantite de sang beaucoup plus petite. Ces mouvemens résultent donc tout simplement du rapprochement des parois des vaisseaux vers leur axe ; ils doivent alors pousser le sang vers leur ouverture libre. La queue des tetards de la grenouille, la patte du méme animal, les mésentéres de trés jeunes rats, de jeunes souris, séparés du tronc par un instrument tranchant, ont presente constamment les mémes phénoménes. Cette pression, qu'il a constatee pour le sang des animaux, existe aussi pour les liqui- des végétaux ; l’auteur est porte 4 croire que cette sorte de circulation qu’on observe dans une stipule du ficus elastica detachee du tronc, est due 4 la méme cause. « L’action de la pesanteur, ainsi que celle de la chaleur, sont aussi des cau- ses , mais dans des limites plus resserrees, du mouvement des globules dans les parties séparées du tronc, quand surtout le sang n’est pas encore coagulé dans les vaisseaux. « De nombreuses experiences faites: 1° sur les tetards de la salamandre et de la grenouille, animaux chez lesquels la circulation se suspendant pour ainsi dire 4 yolonté, on la voit se rétablir peu-a-peu du centre a Ja circonférence ; 2° sur la patte de la grenouille en liant les vaisseaux cruraux ; 3° sur Jes mésenteres de grenouille etde salamandre en liant ou en coupant le coeur; 4° sur les mé- sentéres de jeunes rats et de souris; toutes ces experiences, dont plusieurs trou- vent leur confirmation dans celle de deux celebres physiologistes, Haller et Spal- lanzani, ont convaincu M. Poiseuille que le coeur et l’élasticité des parois arte- rielles, provoqueée par les contractions de cet organe, sont les sewls agens de la circulation capillaire dont il est ici question. « En s’appuyant sur les faits precedens, c’est-i-dire Vaction du coeur et des arteres, et la tendance qu’ont ces dernieres 4 revenir sur clles-mémes, des qu’elles ne sont plus suffisarnment dilatées par l’ondée de sang lancée par le coeur, les circulations conlinue-saccadée, intermittente, oscillatoire, qui pre- ' cedent la mort de V’animal, s’interprétent avec Ja plus graude facilite : i! en est porsruILLn. — Mouvem. du sang dans les vaiss. capillaires. 113 de méme de Ja circulation rétrograde qu offrent les arteres aprés la mort de Ya- nimal et celle du cceur. » | Ces points éclaircis, auteur passe a examen de Ja cause des mouvemens sin- guliers des globules, qu'il a signalés dans les vaisseaux capillaires. _ « Si Von étudie le cours du sang dans les veines et artéres de la grenouille, de trés jeunes rats; de jeunes souris, on voit, en allant de l’axe du vaisseau vers les parois, la vitesse des globules étre tout-d-fait diffcrente ; au centre la vitesse est “=¢es0nh maximum; elle diminue au fur et a mesure qu’on s'approche des parois : _tout prés des parcis on distingue un espace tras transparent, qui n’est occupé or— dinairement que par_du serum; cet espace a une largeur égale au huitieme ou dixiéme environ du diamétre du vaisseau. Cette partie transparente des vaisseaux, entrevue par Haller, notee par Spallanzani, dans Ja grenouille, comme devant étre occupée par du sérum, a été de nouveau observée dans le méme animal par M. de Blainville. « Lorsque quelques globules heurtes les uus contre les autres, se trouvent lancés dans cette partie transparente des vaisseaux, les globules places au milieu de son épaisseur ont un mouvement extrémement lent, et ils cessent de se mouvoir quand ils sont presque en. contact avec les parois du vaisseau. Les globules les plus voisins de cette partie transparente ont un double mouvement de rotation et de translation ; ils roulent, pour ainsi dire, sur cette partie de serum. | « Ces observations, et un grand nombre d’experiences démontrent que Vin- terieur des vaisseaux est tapissé d’une couche de serum en repos. On pressent deja les conséquences qu'il va tirer de la presence de cette couche, dont ila con- staté l’existence dans les vaisseaux des reptiles, des poissons, des oiseaux et des mammiféres. Puisque cette couche est immobile dans son contact immédiat avec les parois des vaisseaux, toutes les fois qu'un globule s’y trouvera place, il sera en repos, ou bien sa vitesse sera plus ou moins diminuce, si une portion plus ou moins grande du globule s’y trouve plongée : or dans les vaisseaux capillaires les globules se meuvent entre ces deux couches de sérum; donc leur mouve- ment doit étre moins vite que dans les gros vaisseaux, puisquils ont a vaincre Vinertie de cette couche. Si un globule est en grande partie dans la couche, cette portion du globule sera en repos, tandis que son autre portion placée dans axe du vaisseau aura une certaine vitesse; alors le globule tournera sur lui- méme, pour prendre sa vitesse normale en suivant le centre du vaisseau. Si de deux globules, marchant, par exemple, de front, Yun est placé plus avant dans la couche que son congenére, celui-ci poursuivra sa marche lorsque Yautre restera en arriere, et offrira les mouyemens divers dont nous venons de parler. « Des travaux de M. Girard sur écoulement des liquides dans des tubes de petits diametres, ont établi pour les tubes inertes susceptibles d’étre mouillées par lé liquide qui s’y meut, l’existence de cette couche, dont Pauteur a constate Yimmobilite dans les vaisseaux sanguins. Cependant, il a fait passer dans des V. Zoou. —— Fevrier. 8 \ 114 potsEuILLE. -- Mouvem. du sang dans les vaiss. capillaires. tubes de verre de petits diamétres , des Jiquides tenant en suspension des corps opaques; et ayant examine cet ccoulement 4 laide du microscope, il a trouve cette couche immobile, d’une épaisseur beaucoup plus petite que celle obtenue par les calculs de ce savant physicien. « De la Yauteur conclut que le sang transporté par les vaisseaux, du cceur a toutes les parties du corps, ne frotte point contre leurs parois, qu’une couche de sérum, garantit par son immobilité, ces parois de Vusure qui en serait résultée si ce frottement eiit existe. En outre, on congoit toute ’importance de cette couche immobile de sérum tapissant les parois des vaisscaux, dans Vacte de Ja nutrition, depuis surtout les derniéres expériences de M. Miiller de Berlin, par lesquelles il a demontré que la fibrine est en dissolution dans le sérum. » M. Poiseuille a ensuite étudie Vinfluence du froid et de la chaleur sur Ja cou~ che de serum: 4 ce sujet, nous rapporterons en peu de mots experience sui- vante. Temperature, 25° centigrades; on examine la circulation dans la patte d'une grenouille, et dans Vauge ott cette patte est placée on met des morceaux de glace; dans les gros vaisseaux, Ja partie transparente de serum augmente manifestement d’épaisseur ; les globules en contact immédiat avec elle se meu- vent avec plus de lenteur, les trois ordres de vaisseaux, artéres, capillaires et veines, conservent sensiblement leurs diamétres, méme avec un grossissement de trois cents fois ; la vitesse dans les capillaires est considerablement diminuee, et dans quelques-uns de ces vaisseaux , elle devient completement nulle; pen- dant six 4 huit minutes, par exemple, Ja circulation dans les capillaires de Vau- tre patte de la grenouille, conserve sa vitesse normale; ce n’est qu’apres un quart d’heure. de submersion de la premiére patte dans leau glacée, que la vi- tesse du sang dans la deuxieme patte placée dans V’atmosphére se trouve dimi- nuce, par suite de Pabaissement de température de toute le masse sanguine. On remplace la glace de ’auge par de leau 4 38° centigrades, et la vitesse des glo- bules devient alors si grande, qu’on peut a peine distinguer leur forme. Sur de jeunes rats, le froid prolongé pendant quelques minutes seulement avait ar- réte Ja circulation dans les capillaires du mésentére; on la vit se rétablir peu-d- peu, et reprendre son rythme normal aprés la soustraction de la glace. « Ainsi le ralentissement de la circulation capillaire par le froid, sa vitesse plus grande par Yaction de Ja chaleur, s’interprétent naturellement par Paug- mentation de l'epaisseur de cette couche daus le premier cas, et sa diminution dans le second. ~ « Ces resultats s’accordent entitrement avec ceux de M. Girard sur Ja varia- tion d’épaisseur de la couche qui tapisse les parois des tubes inertes, quand la temperature augmente ou diminue. « On sait que certains animaux, tels que les poissons et quelques mammiferes armphibiens, se trouvent quelquefois places 4 une distance de la surface de Peau de 80 métres environ, et supportent alors une pression de 7 4 8 atmospheres ; il etait done important de savoir comment se comportait cette couche, et en meme temps de voir les modifications de la circulation capillaire sous une telle pression. POISEUILLE. — Mouvem. du sang dans les vaiss. capillaires. 115 C’est dans ce but que l’auteur a fait construire un appareil auquel il a donné le now de porle-objet pnewmatique. Une courte description le fera connaitre, et mettra sur la voie des résultats qu’on peut tirer de son usage. II cousiste en une boite en cuivre de forte epaisseur ; les parois supérieure et inférieure sont des - glaces encastrées dans des rainures qu offrent les parois latérales; l'une des ex- tremités de cette boite porte un tuyau en cuivre qui recoit tantot un tube baro- métrique, tantot un manometre a air comprimé; lautre extremite présente une large ouverture , par laquelle on introduit les animaux ; a cette extremité on adapte tantot une pompe aspirante, tantot une pompe foulante. L’animal prépareé de maniere a voir la circulation capillaire est place dans instrument, et Vap- pareil lui-méme, sous lobjectif du microscope ; on peut alors observer les mo- difications que peut introduire dans la circulation capillaire une pression am- biante plus ou moins considerable. Chez les salamandres, les grenouilles, leurs tétards, les trés jeunes rats et les jeunes souris, les circulations artérielle, capil— laire et veineuse, n’ont offert aucun changement en portant la pression, méme brusquement, 4 2, 3, 4, 6 et 8 atmospheres, et reciproquement. En outre, la circulation a continue a se faire avec le méme rhythme sous une pression de quel- ques centimétres de mercure, chez les salamandres, les grenouilles et leurs té- tards. En placant dans V’appareil de trés jeunes rats, de tres jeunes souris (on sait que les mammiferes, pendant les premiers jours de leur naissance, peuvent rester quelques heures sans respirer), ona p¥ voir par lintegrite parfaite de la circulation, chez ces animaux alors placés dans le vide, combien etait illusoire Yopinion des physiologistes qui pensent que, sans pression atmospherique, il n’y a point de circulation pessible ; mais Ja pression atmosphérique concurremment avee les mouvemens respiratoires, sont des causes accessoires du cours du sang, ainsi que M. Poiseuille a démontré dans l’un de ses préecédens mémoires. « De ces expériences il tire cette conséquence, que l’epaisseur de cette con- che, dont l’existence est due a Vaffinité qui s’exerce entre les parois des vais- seaux et le sérum, épaisseur qui varie d’une maniére si remarquable par le froid et la chaleur, est indcpendante de la pression ambiante; que les contractions du coeur conservent leur rhythme normal quelle que soit cette pression. De 1a l’inté- grite de la circulation, toutes choses egales d’ailleurs, chez les animaux qui, par la nature du milieu qu’ils habitent, supportent une pression plus ou moins con- siderable. « Plusieurs tubes de chara, placés dans cet appareil, ont presente, sous une pression qui a varie de 2 4 600 centimetres de mercure, le méme mode de circu- Jation; et les mouvemens de quelques iafusoires contenus dans eau du chara, tels que vorticelles, rotiféres, vibrions, etc., s’exécutaient avec la méme facilite qu'au sein de Vatmosphére. » of 16 — Académie des Sciences. ANALYSE des travaux anatomiques, plhysiologiques et zoolv- giques présentés a l’ Académie des Sciences pendant le. mois de fevrier 1836. Séance du ret février 1836. Note sur la structure des Infusoires , par M. Dusarpix. Ce memoire a para dans notre cahier de decembre 1835. Nouveau genre de vers trouvés dans les muscles de homme, pav M. R. Owen. M. de Blainville met sous les yeux de PAcademie, de la part de M. Owen, un morceau du muscle grand-pectoral d’un homme, contenant un trés grand uom- bre d’individus d’une espéce de vers intestinaux, de la longueur d’une demi-ligne au plus, de forme cylindrique, pourvu d’un: orifice buccal anterieur , auque! M. Owen donne le nom de Trichina spiralis, parce qu'il est le plus souvent solitairement enroulé dans un kiste forme aux dépens du tissu cellulaire du muscle. La petitesse extréme de cet entozoaire a empéche M. Owen den con-= naitre complétement la structure ; mais il en a observe assez pour étre certain qu il ne. peut entrer dans aucun des genres jusqu’ici connus, ce qui l’a deter- miné aen former un nouveau. Ce ver n’a encore été trouvé en quantite consi- dérable que dans le systeme musculaire de la vie animale, et jamais dans Je tissu du ceeur ni dans celui des intestins, et cela dans trois cas déja observes: l'un sur le cadavre d’un IJtalien de 50 aus, mort de consomption a la suite d’une ma- ladie de poitrine; le second sur une femme irlandaise, morte dans un état de consomption determine par un vaste ulcere a la cuisse, et enfin le troisi¢me , sur le cadavre d’un homme mort a Vhopital Saint-Bartholome, sans que l’on dise de quelle maladie. (Ces observations de M. Owen font le sujet d’un memoire publie par ce na- turaliste dans la quatrieme partie du premier volume des Transactions de la So- cieté zoologique de Londres. ) Séance du 8 février. Application de la camera lucida au microscope simple ordinaire et aux microscopes composés verticaux , par MM. Mitye Epwarps ct L. Dovére. « Les personnes qui s’occupent de recherches a Vaide de grossissemens trés forts, savent le service que rend’: \ la science M. Amici, lorsque Yinvention de Icadémie des Sciences. 117 sou beau microscope horizontal lui permit d’y appliquer la camera ducida. Elles savent aussi que l’on n’avait pas encore réussi 4 faire la méme application au microscope vertical ni méme jusqu’a ces jours derniers, aux loupes simples; d’ot resultait Pimpossibilité de dessiner avec les facilites que donne cet instrument sous des grossissemens tres faibles. Un opticien habile , M. Charles Chevallier, a tranché une partie de la difficulte en plagant le microscope simple dans la posi- tion horizontale; mais le porte-objet devenant par cela méme vertical, cette disposition avait entre autres Yinconvenient de ne pouvoir s'appliquer aux objets disséqués sous l’eau, condition indispensable pour les recherches d’anatomic délicate. Ayant besoin d’un instrument de ce genre pour des recherches que nous faisons en commun, nous sommes arrivés, apres quelques tenta- tives, 4 un resultat qui nous parait pouvoir étre utile aux naturalistes qui se livrent 4 ces sortes d’etudes et que nous nous empressons, pour cette raison, de rendre public. « A Laide de deux miroirs plans disposes sous des angles de 45°, l'un entre Veil et la loupe, l'autre vis-a-vis du premier ect au-dessus du papier, nous fui- sons coincider Vimage de la pointe du crayon avec celle de l’objet vu directe- ment a travers la lentille simple ou le microscope vertical. Cette disposition est d’une extréme simplicité et ne neécessite aucun derangement dans l'objet sou- mis 4 Yobservation. Il peut d’ailleurs s’appliquer & tous les instramens au moyen de quelque changement facile dans la disposition que nous avons elé conduits a lui donner. » pin lettre est accompagneée d'un dessin representant Vinstru- ment dont il vient d’étre question. ) Recherches sur le ins di paliah des Mollusques, par M. E.Jacquemin. « Le developpement de l’embryon ne commence pas chez le Planorbe dans un seul point du vitellus comme chez les animaux superieurs, mais bier dans tous les points a-la—fois. Son enveloppe membraneuse, transparente, est une pellicule mince qui, par transformation et par développement successifs, consti- tue les organes de la vie animale; tandis que les granules de Vintericur du vitel- lus, rapprochés vers le troisitme ou quatriéme jour aprés la ponte, pour former les parois des gros globules ¢galement transparens, sont les premicrs rudimens des organes de la vie végeétale. « Ces derniers organes se déyeloppent beaucoup plus lentement que les pre- miers. « La cicatrice et la vésicule de Purkinjé sont trés développées et tres distinc- tes dans l’ceuf du Planorbe retiré de Yovaire; ils disparaissent peu-a-peu pen- dant son séjour dans Ja poche ou évasement de loviducte appelé matrice, de maniere quil n’en reste plus de trace au moment de la ponie. « La cause primitive des mouvemens de rotation en sens horizontal qu’exerce je vitellus vers le troisitme ou quatriéme jour apres la ponte, est duc aux mou; vemens de vibration. ondulatoires qui s’'apercoivent sur sa circonférence trente- six a quarante-huit heures aprés la ponte, selon Vetat de atmosphere. Ces meu- 118 Académie des Sciences. vemens occasionnent un tourbillon dans Valbumine qui finit par entrainer le vitellus, comme !'ont deja si bien démontré les proforides recherches de M. Carus. « La partie vibrante de la circonférence du vitellus constitue les radimens des orgaaes de la respiration. Ces organes une fois en vibration ne cessent plus de l’étre pendant toute la durée de la respiration branchiale ; ¢’est-a~dire jus- gqu’a ce que les organes de la respiration pulmonaire se soient developpes, ce qui arrive vers le sixieme ou huitieme jour de la vie extra-ovulaire. » Lettre sur les animaux microscopiques , par M. Peuvier. « La richesse d’organisation dont M. Ehrenberg a doué les animalcules mi- croscopiques, a provoque de toutes parts des recherches sur cet objet : aucun des micrographes que j'ai vus n’a pu retrouver les nombreux estomacs qu'il a découverts par centaine. C’est tout aussi vainement que je les ai cherches. Ce non-succés m’a détermine & communiquer a \’Académie les observations qui conduisent A des conclusions différentes de celles de l’observateur allemand, et de celles que M. Dujardin a placées dans sa derniére lettre 4 Academie des Sciences. . « Pour faire ces observations avec fruit, il faut garder la méme goutte d’eau pendant plusieurs jours, afin de faire perir par une lente inanition les animalcu- les qu’elle contient. Au moyen de quelques precautions dans le jeu de la lumiere, j ai vu des cils simples ou multiples 4 tous les Volvoces, a toutes les Enchelides , aux Gones, etc., etc. J’ai remarqué une Enchelide armeée d'une trompe dont le bout est diviseé en soies plus fines, qu’elle fait vibrer a Ja maniére des Vorticel - les. Elle se dirige du cote de sa flexion générale, mais ce n’est pas par le seul moyen de la trompe, comme il est facile d’en juger par les diverses courbures qu’elle donne a son extremité, sans que Ja ligne de progression en soit device. Je me suis assure plusieurs fois que ces organes vibratoires ne sont que des pro- longemens de Ja membrane exterieure, comme les doigts d’un gant sont les pro- longemens de la main. A mesure que la goutte d’eau s’appauvrit, la plupart des animalcules donnent plus de développement 4 leurs extensions de contact; sou- vent des vésicules nouvelles poussent sur les cotés de la couronne des Vorticel- les et des bourgeons céphaliques de la Cyclide rostrée. Les Protées'se transfor- ment d’autant plus que la goutte d’eau est plus ancienne. « J'ai suivi Yaltération qu’éproavent les globules intérieurs : dans les Kerones pustuleuses, par exemple, ces globules perdent leurs belles couleurs d’abord, puis ils diminuent de volume, ensuite de nombre; ils se groupent inegalement contre Ja paroi de la membrane extérieure, et la plus grande partie se rapproche de la portion anterieure de l’animal. Un peu plus tard , les cils posterieurs ces- sent leur mouvement, puis successivement les plus anterieurs; alors animal a cessé de vivre. Chez d’autres, il se forme une échancrure au milieu; elle aug- mente de plus en plus et finit par séparer les deux moitiés. La moitié antéricure continue 4 vivre; elle parait méme avoir repris de Vénergie par cette perte de Ja moitié postéricure de sa substance. Cette derniére meurt souvent aussitot, — ee Academie des Sciences. Lig mais quelquefois pourtant, lorsque la séparation ne laisse pas d’ouyerture, elle continue a vivre pour son propre compte, et elle reprend quelques mouvemens affaiblis et se traine ainsi pendant un temps assez court. Dans tous les cas, Vinstant de la mort de Vindividu ainsi affaibli rend libres, et a leur propre spon- taneité, le reste des globules que la Kérone contenait encore ; l’enveloppe veésicu- laire se résout elle-méme en globules excessivement petits, grouillant pendant quelque temps dans l’espace ou ils ont retrouve leur liberte. Pendant cette opé - ration, il arrive quelquefois des occasions de voir parfaitement la forme tubu- leuse ou ciliée de la vesicule générale formant des appendices. « Je pourrais encore citer une autre observation sur la division cruciale d'une Cyclide réniforme quia été précédée également de la spontaneite de tous les glo - bules interieurs, ce qui ne peut concorder ni avec les ccecums de M. Ehrenberg, ni avec les vacuoles remplies de liquide de M. Dujardin. Enfin j’ai produit par inanition sur un grand nombre d’animalcules un effet analogue a celui qu’o- pére un exces de nutrition, la multiplication des individus par séparation. Dans les espéces qui ont un yaisseau dorsal, comme dans les Naiades digitées, on voit que la séparation se fait ou cesse d’arriver la faible portion du liquide nu- tritif, absorbe par Jes parties autéerieures. C’est un fait dont la physiologie doit tenir compte dans V explication de la genération et de l’individualite. » Observations sur un foetus informe vomi par un jeune garcon, pat M. Georrroy Saint-Hivarre. _ @M. Geoffroy-Saint-Hilaire annonce avoir regu et depose sur le bureau plu- sieurs pieces relatives au fait de naissance par vomissemens (en Gréce, ile de Syra) d’un foetus informe. Le consul de France 4 la résidence de Syra, M. Led- huy, a bien voulu prendre la peine de les Jui adresser, ainsi que le produit vomi, lequel est deja parvenu a Marseille et s’achemine sur Paris. M. Geoffroy se propose d’examiner avec tout le svin nécessaire ce cas curieux et d’en faire bientot le sujet d’une nouvelle communication. Séance du 15 février. Seconde lettre de M.E. Jacqurmin, sur le développement des Mollusques. « Le premier signe du développement de l’embryon du Planorbe se manifeste vingt-quatre 4 trente-six heures aprés la .ponte ; ils consiste en un mouvement moléculaire qu’opérent les granules jaunes-verdatres qui remplissent avec un liquide transparent Vintérieur du vitellus : le but de ce mouvement est la for- mation de gros globules clairs et transparens. « Les mouvemens de rotation du vitellus , qu'il ne faut pas confondre avec les mouvemens embryonnaires proprement dits, commenccut vers le deuxiéme ou troisiéme jour; ils ont été vus 4 Dresde par M. de Humboldt, tors de son pas- sage en cette ville en 1834. 120 Académie des Sciences. « Vers le cinquiéme et sixiéme jour on remarque deux parties arrondies et saillantes placées 4 la périphérie du vitellus, dont l'une est le rudiment de la téte et du pied encore réunis, et Yautre plus clair, qui est celui du poumon; ce dernier est ne ey trés développe pendant toute la vie fotale. Des contractions trés fortes s’opérent dans la substance du vitellus, devenu embryon entre fe pied et le poumon. « Huitiéme jour: un petit mamelon conique se presente entre le pied et la téte, qui formentchacun une partie a ght et saillante; c’est le rudiment des tentacules. , « Dixiéme jour: on remarque la premiere trace de Ja coquille formant une pellicule mince et transparente qui enveloppe tout le corps, exce) te la téte, Je pied et le ponmen. « Oxziéme jour: un des gros globules du centre s’avance vers la téte pour aller former Ja masse charnue de la bouche; les avties sont ranges assez regu- ligrement en deux groupes, et l'on remarque avec surprise que deux de ces globules commencent un mouvement de dilatation et de contraction permanent et régulier avec une tres grande énergie; ce sont les rudimens du cur. Le nombre des mouvemens de ces organes est de 604 65 par mimute lorsquils sont le plus actifs; dans le cas contraire il n’est que de 30a 40. J’ai observé avec soin toute l’evolution du coeur. i! « L’ceil se présente sous la forme d’un grand point noir compose de gros gra- nules qui n’offrent aucune position ni aucune organisation deéterminces, pas méme pour les deux yeux d'un méme individu. « Douzieme jour : les‘organes placés vers la circonference du globule em- bryonnaire sont trés avances dans leur développement; le petit étre se promtne presque continuellement dans V'interieur de lceuf, par suite de contractions mus- eulaires, et non plus entraineé, comme av commencement, par le tourbillon qui s’était etabli dans Yalbumme. « Treizieme jour: Yembryon fait des mouvemens de déglotition avec la masse charnue de la bouche. Il se nourrit.en grande partie de l’albumine; les parties genitales, si enormement déyeloppees chez ladulte , ne commencent a presenter les premieres traces de formation que vers cette époque. « Quatorzieme jour: Yembryon au terme de son développement remplit la presque totalité interne de Yceuf; il fend Venveloppe de ce dernier et sort. Le jeune Planorbe jouit d’une respiration aquatique jusqu’a ce que les organes de la respiration pulmonaire se soient déeveloppes, ce qui arrive vers le sixieme ou huiti¢me jour aprés Véclosion. « Les mouyemens contractifs de l’estomac, qu’on peut tres bien observer au travers de la coquille, sont si forts qu’ils font varier plus de deux fois le volume externe de cet organe. « A partir de cette époque, les mouvemens d’ondulation vibratoire sur le bord des organes de Ja respiration, disparaissent peu-i-peu ; les tentacules seules font exception. » Académie des Sciences. 121 Note sur \e diatoma Swartzii; par M. Laurent, professeur a 1’ Ecole royale Sorestiere de Nancy. On a reconnu depuis quelques années que cerfaines conferves oscillatoires composées de locules placées les unes au bout des autres, renferment des grains qui, a certaines é¢poques, sortent animes de leur habitation, et se meuvent avec plus ou moins de vitesse dans l'eau ot la conferve est plongee. M. Laurenta reconnu récemment tous ces phenomenes dans le diatoma Swarézii. Il a vu aussi quelquefois que Ja masse des grains contenus dans une case, sort en bloc des flancs de la conferve, et constitue un animal multiple qui tourne suv lui-méme comme les grains isoles. M. Laurent rapporte qu’en rompant avec une pointe fine, sur le porte-objet du microscope, des tubes de conferves ectuspermes de Vaucher, il a apercu les grains qui y étaient renfermés s’echapper et se mouvoir. Ce mouvement, auquel on ne Croyait pas, ne pouvait ¢tre méconnu, car, dit M. Laurent, « certaines de « ces monades a peine sorties du tube, venaient s’y renfermer pour en ressortir « ensuite, comme si elles avaient d’abord peur de s’eloigner de leur premicre « demeure. Je crois que M. Bory de Saint-Vincent a deja annonee une obser- « yation semblable pour une conferve qu'il a placee parmi les Conjuguees. » Recherches sur les communications vasculaires entre la mére et le foetus, par M. Frourens. (Ce memoire se trouve imprimé dans le mois de j Soe des Annales, page 65.) Séance-du 22 février, Rapport de M. Fuouxens sur une Téte d’ours fossile donnée au Musée de V Académie par M. Larrey. « L’Academie m’a charge d’examiner une téte d’ours fossile qui lui a été donnée par notre confrere, M. Larrey. Cette téte a été trouvée dans les grottes de Mialet, département du Gard, par M. le docteur Alexis Juliet. « Elle appartient ala grande espéce des cavernes, aVespéce a front bombe , espéce guia recu plus particulierement , comme chacun ait, le nom d’ursus _bpeleeus. « Sauf quelques tres legeres alterations dans les os du nez, aux arcades surci~: litres etzygomatiques, aux crétes occipitales, etc., le crane proprement dit est dans‘un état parfait de conservation. « La machoire inferieure n’a guere de notablement altéré que le condyle de sa branche droite. Du reste, elle a ses six dents incisives, ses deux dents canines ; elle a quatre des dents molaires du cété droit ; toutes celles du cété gauche manquent. « Toutes les deats molaires de la machoire supérieure manquent aussi, hors un 122 Academie des Sciences. fragment de la posterieure du cote droit; mais cette machoire a ses six incisives et ses deux canines parfaitement conservees. « En un mot, etd ce trés petit nombre d’altérations prés, toute cette téte est dans leétat le plus remarquable de conservation. L’imagination reste toujours confondue a l’aspect de ces os fossiles, conserves jusyuc dans leurs plus petits details, et dont néanmoins les espSces auxquelles ils ont appartenu out disparu de la surface du globe depuis tant de siecles, et par l’effet de tant de catastro- phes epouvantables. « On sait que M. Cuvier, qui d’abord n’avait compte que deux espéces d’ours fossiles dans la premitre édition de son grand ouvrage, en a compté jusqu’d trois dans Ja seconde, Pursus speleus, grande espece a front bombe ; Pursus \ ‘ 5; . 4 . arcloideus, grande espéce a front plat; lursus priscus, espece plus petite; et quilen a méme indiqué une quatrieme, d’abord, sous le nom d’ursus etruscus puis sous celui d’ursus cultridens. « Mais ce n’est pas ici le lieu de nous arréter ui a la determination de ces especes fossiles, considérées en elles-mémes, ni A la détermination de quelques autres cspeces qui, depuis, ont été signalées ou proposées par divers naturalistes : MM. Marcel de Serres, Croizet ct Jobert, Schmerling, etc. « Je viens a ce qui touche plus directement Vobjet de ce rapport, savoir, le fait de l'existence de ours fosside en France; et, & cet égard, une circonstance importante 4 noter ici, c’est que M. Cuvier n’a connu ce fait qu’au moment méime ou il terminait la publication de la seconde édition de son grand ouvrage. « L’ours, dit-il, n’avait pas jusqu’d présent eté trouvé fossile en France: on « vient de le découvrir dans une fissure de rocher prés de Chdéillon, lieu du « departement du Doubs, sur Ja rive gauche de cette riviere, pres de Suint- « Hippolyte.... M. Duvernoy, continue-t-il, docteur en médecine 4 Moutbe- « liard, et autrefois mon trés utile coopérateur pour la rédaction des trois vo- « lumes de mes Legons ad’ Anatomie Comparée, a bien voulu m’adresser les os « qui s’y sont trouveés.... » « Depuis cette époque, Yours fossile a ete decouvert sur plusieurs autres points de la France: dans Ja grotte d’Osselle, departement du Doubs; dans le departement de la Haute-Saéne, 4 Fouvent, etc. Il a ete decouvert dans les ca- vernes de Lunel-Viel, département de \’Herault, dans les cavernes de Salléles, departement de I’ Aude, etc., par MM. Marcel de Serres et Pittore; dans le de- partement du Puy-de-Dome, par MM. Croizet et Jobert, par MM. Devezeet Bouillet, etc., etc. m « La téte que M. Larrcy vient fh donner a l Académie, ajoute donc, sous le point de vue qui nous occupe, un nouvel clement a cette connaissance des ri- chesses fossiles de notre sol; richesses dont on peut regarder chaque novyelle decouverte comme un nouvel hommage a Ja memoire du grand homme qui a creé la science des ossemens fossiles. Aussi Academie s’est-elle empressee d’ac- cueillur ce don de M, Larrey, et nous faisons-nous un devoir, autant qu'un plai~ Académie des Sciences. 123 sir, de lui proposer d’adresser de nouveau ses remercimens 4 notre honorable contrere. » A la suite de ce rapport, M. Geoffroy -Saint-Hilaire communique la note sui- vante que nous insérons textuellement : « Je parle dans mes Etudes progressives : mémoire de géologie et de palé- ontographie (voir la note page g1), des ours fossiles, dont je fais uu genre sous le nom de Spéléarctos ; les animaux arctoides se rapporteut a quatre sous-genres, les ours de la zoologie antédiluvienne, les analogues 4 Pursus maritimus, les analogues aux vurs de l'Europe, et Jes analogues aux ours indiens ow ours des jongleurs. « Les Spélearctos étaient des animaux essentiellement carnassiers, si on les juge sur la forme de la boite cerebrale et le grand éecartement des arcades zygoma- tiques. LAsont des formes qui ne sont répétces que par les plus carnassiers du genre felis, le tigre et le lion. » Mémoire sur quelques particularités des organes de la déglutition de la classe des oiseaux et des reptiles, pour servir de suite a un premier mé- motre sur la langue; par M. Duvernoy, Correspondant de l’ Académie. « La yariete infinie, dit auteur en commencant, qui se manifeste a ceil de Pobservateur dans l’orgauisation des animaux, c’est-a-dire dans les instrumens qui produisent et nous montrent les phénomeénes de la vie, peut étre etudice sous plusieurs points de vue. Ou bien, en cherchant 4 la comprendre, on aura pour but d’expliquer les particularités que animal présente dans lune ou l'autre de ses fonctions, dans ses habitudes, dans ses mceurs, et de montrer les disposi~ tions organiques plus ou moins évidentes dont elles dépendent. Ce genre de recherches appartient a la physiologie spéciale qui peut en recevoir de grandes Jumieres. « En multipliant les comparaisons, en appreciant non-seulement les differences Jes plus remarquables, mais encore celles qui le sont moins, on arrive peu-a- peu a reconnaitre les ressemblances générales et 4 juger ce que chaque organe a de constant, l’essentiel pour le constituer, etd le distinguer de ce qui ne fait que le modifier, dece qui le perfectionne ou le détériore pour Je'mettre en har- monie, ‘selon les besoins de l’existence, avec Pensemble de l’organisme. On par- vient ainsi a l’autre but de cette étude, celui de découvrir le plan commun dior-- ganisation des groupes plus ou moins généraux, celui qui doit fournir des mate- riaux plus ou moins importans a la physiologie générale. C’est sous ce double point de vue que déja, en 1804, j'ai cherché 4 demontrer Vorganisation de la langue de certains mammiféres et de quelques reptiles, dans un mémoire lu a Ja Société ’savante.A laquelle ’ Academie royale de Médecine asuccédé. C’est en- core sous ce double point de vue que j’exposerai dans le travail actuel, le ré- sultat d’une partie de mes derniéres observations sur la méme matiere. Elles ont eu plus particulierement pour sujet Ja langue trés: mobile des Perroquets et la 124 Académie des Sciences. langue rudimentaire du Pelican, dans Ja classe des oiseaux, et dans ccHe des reptiles, la langue extraordinairement extensible du Cameléon, et celle du Cro- codile qui reste collee, pour ainsi dire, au plancher de la cavite buccale. En prenant ces deux extrémes dans une et l'autre classes, il sera plus facile de ren- dre evident le plan commun de composition de cet organe et les differences de structure qui produisent des effets si oppos¢s. » Nous ins¢rous ici les conclusions par Iesquelles Vauteur a termine son mé- moire, et qui en résument les points principaux. « Je crois avoir demontre dans ce travail, dit-il, plusieurs points intéressans concernant l’organisation de la langue, ou des organes de déglutition, des oi- seaux et des reptiles. « On peut en conclure, relativement a la physiologic générale : « 1° Que la consideration des os, comme leviers, ne fournirait que‘des dou- nées incompletes pour cette physiologie, si l'on n’y joignait celle des muscles qui meuvent ces leviers ; « 2° Que, dans appre de la langue, qui est compose de Ja langue et de Vhyoide, la premiére peut devenir rudimentaire avant Vhyorde, qui la soutient, sans doute paree que l’hyoide a d’autres emplois ; « 3° On pourra voir, dans les figures jointes a ee memoirc et daus Jeur ex - plication, que l’os ou le cartilage lingual varie beaucoup pour sa forme et sa composition; qu'il peut étre d’une seule piece ou compose de deux pitces mo- biles ’une sur l'autre et dans la ligne mediane , et que chacune d’elles peut étre encore distinguce en deux parties, Yune antcrieure et l'autre posterieure , dont le développement et Vossification sont trés variables, suivant les genres et méme les espéces. « 4° Nous avons établi d’ailleurs que la forme et Jes dimensions de la langue u’étaient pas toujours en rapport ayec la forme et les dimensions du bec. « 5° Que les muscles de la langue peuvent varier beaucoup dans les oiseaux, puisqu’on en trouve jusqu’a six paires dans le Perrogwet, tandis qwil n’y en a qu'une ou toutau plus deux dans heaucoup d’échassiers, et que la langue rudi-~ amentaire du pélican en manque absolument, le seul qui subsiste dans cet animal s’étant arrété au corps de Vhyoide (lhyeglosse droit.) « 6° Ona vu que, dans Je Pélican, ’hyoide conserve un certain développe- ment, ainsi que la plupart de ses muscles protracteurs et rétracteurs, qui sont encore reconnaissables malgré leur excessive extension dans Véppisseur des pa- rois de la poche sous-mandibulaire. « 7° Nous avons démontré que cette poche, dont Jes parois reviennent si promptement sur elles-mémes, quand elles ont ete distendues par la pesanteur de la proic que Vanimal avale, doit surtout cette force contractile 4 wn réseau du tissu élastique qui entre dans la composition de ces parois. Academie des Sciences. 125 ~« Relativement a la langue des reptiles, ce memoire comprend : « 8° Des observations sur les mouvemens de protraction extraordinaire de la langue du Gameleon, faites sur Vanimal vivant, établissent que cet animal peut atteindre sa proie a une distance plus grande que la longueur de son pe orp et de sa queue reunis. «g° Ony avu, en detail, quelle etait Vorganisation. de cet imstrument et comment, malgré sa singularite, qui est en rapport avec ses effets extraordinai- res, on/pouvait les ramener au plau général de la langue des animaux vertébrés, du moins pour sa composition osseuse et musculaire. « Ici les muscles intrinséques de la langue sont entierement ecmenis de: mus- cles extrinséques, tandis que dans d’autres reptiles et les mammuiferes, les uns et les autres sont plus ou moins entrelaces. | *a. « 10° J’expose dailleurs, dans ce trayail, une nouvelle theorie, pour. expli- quer V’extension si particuli¢re dont cette langue est susceptible. « 11° Enfin, je montre, dans la langue des crocodiles, Pentrecroisement le plus évident, le plus complet, des faisceaux musculaires de deux muscles sy- metriques. » Nous.croyons devoir encore reproduire ici deux points particuliers du me- moire de M. Duvernoy. Le premier, est relatif au meécanisme des mouvemens de contraction de la poche sous-mandibulaire du-Peélican. « J’ai decouvert ce mécanisme, dit M. Duvernoy, dans'un réseau trés élasti- que, situé en-dehors des faisceaux musculeux. Je me bornerai a V’indiquer ici, ayant deja eu occasion de le faire connaitre ailleurs. Ce réseau se compose de filets principaux qui partent de la ligne moyenne, et se dirigent tres obliquement eu arriére, se liant par des filets lateraux ramifies et plus petits qu’ils s’envoient réciproquement. I] en resulte un tissu extrémement élastique, capable de reve- nir promptement sur lui-méme, lorsque la cause qui l’a distendu a cessé d’agir , ce qui produit la contraction des parois de la poche, sans fatigue pour V’animal, parce qu'il n’y a pas ici dépense des forces vitales. C’est un nouvel exemple a ajouter 4 ceux déja connus, dans lesquels certains mouvemens et certaines posi- tions fixes sont le produit de cette méme force élastique. Tel est entre autres le ligament qui tient la troisieme phalange des chats flechie vers le haut sur le cété dela seconde phalange; tel est celui qui maintient baillante la coquille des bivalves. Tel est le tissu jaune elastique de la peau interdigitale des mammiferes a pieds palmes; de Vaile des chauve-souris (1), qui ride cette iii a ‘mesure que les doigts se rapprochent. » Le second point du memoire de M. Duvernoy que nous reproduisons ici, a pour objet la théorie des mouvemiens si singuliers de la langue du Cameléon. « Vaiobserve, dit M. Duvernoy, pendant cing mois un Cameléon vivant, et (1) Principes danatomie comparee, par M, Ducrotay de Blainville, t. 1, p. 162. 126 Académie des Sciences. j‘ai eu souvent Voccasion de le voir lancer sa langue comme un trait sur une proie; les mouches excitaient peu son appetit: il était long-temps sans vouloir se donner la peine de les prendre; car tout mouvement semble une peine pour cet animal apathique. Mais il se decidait bien plus promptement a prendre les punaises de jardin et surtout les araigneées qu'on mettait 4 sa portée. Cette por- tée est beaucoup plus grande qu’on ne pourrait se l’imaginer avant d’en avoir fait 'expérience. Notre cameleon était perché sur un petit arbrisseau en-dedans d’une fenétre contre laquelle nous lachions V’insecte dont il devait s’emparer, De cette maniére, nous pouvions facilement mesurer l’intervalle qui l’en sepa- rait, et l’allongement necessaire de sa langue pour s’en saisir. Quand V’insecte lui plaisait, il parvenait 4 Patteindre 4 une distance qui excédait la longueur de son corps et de sa queue reunis. « La vitesse avec laquelle le cameleon sort sa langue de sa bouche et l’y ren- tre, ne peut se comprendre, 4 notre avis, que par un mouvement musculaire. Mais on a de Ja peine 4 concevoir comment cet organe peut s’allonger si forte— ment et se raccourcir immediatement apres, avec une promptitude extréme ? Voici an reste Yexplication que je crois pouvoir en donner : ’hyoide, sur lequel toute la langue, et particulierement son gros bout, est enfilée, représente la tige du bilboquet, dont la boule est ici la massue de la langue. La corde qui attache la boule a Ja tige est encore représentee dans l’appareil de la langue par le liga- ment qui s’étend de Vextremite de V’hyoide 4 celle de la massue de la langue. L’effort simultane de tous les muscles qui tirent ’hyoide en avant, tels que les géni-hyoidiens et cératoidiens, et les cérato-maxilliens, réuni a Vaction du mylo-hyoidien, pour soulever le plancher de la bouche, et a celle du maxillo- palatin (Yanalogue du génio-vaginien des serpens) pour jeter hors de Ja bou- che le gros bout de la langue, doit en effet ’en faire sortir en le detachant de Vhyoide, comme l’effort du joueur detache Ja boule de sa tige, « Au moment méme, les muscles linguaux droits rapprochent les lévres de la capsule pour pincer la proie que l’animal a visee. Presque aussitét la langue ren- tre dans la bouche par Vélasticité de ses parties fortement distendues, par l’ac- tion des sterno-hyoidiens et cératoidiens, qui sont trés reculés en arri¢re et trés longs pour avoir plus d’étendue de contraction ; et par Yeffort des cérato- glosses qui ramgnent toute la langue sur son axe osseux, comme adresse du joueur enfile la boule du bilboquet sur sa tge, L’allongement extréme de la langue est l’effet de l’etendue de Vextensibilite de la peau du fourreau; il est produit par un jet de l'extrémité de la langue qui, en etant la partie la plus pe- sante, se trouve lancee comme une fronde, ou plutot comme la boule du bilbo- quet, et quitte de méme la tige glissante de l’hyoide. » Académie des Sciences. 127 Séance du 2g février. Recherches anatomiques, physiologiques et zoolegiques sur les Polypes du genre Eschare, par M. Mitne Epwarps. (Ce memoire paraitra dans un des prochains cahiers des Annales. ) Observations sur les mouvemens de la langue chez les Caméléons , par M. Doumertt. « M. Dumeéril, qui n’a cu connaissance du. memoire de M. Duvernoy sur la cause des mouvemens de protraction de la langue du Cameleon, que par le Compte-rendu imprime de la dernicre séeance de ) Academie , commurique un passage encore manuscrit du chapitre 5° du tome III de l Hrpétologie (x), qu’il publie avec M. Bibron, et dans Jequel il donne une autre explication de ce sin- gulier mecanisme. « Dans Jes Caméléons , la langue a pour veritable et principal usage la faculté de prendre les alimens. Elle est douee d'une protractilite excessive et tout-a- fait surprenante par la’ rapidité avec laquelle elle s’exécute. Sa rétractilité est presque aussi merveilleuse. L’animal la projette, pour ainsi dire, au-dehors en la langant sur les insectes, qu'il saisit ainsi 4 une distance souvent aussi considé- rable que celle de la longueur de son corps, et il la fait rentrer dans sa bouche en la retirant, et Ja plissant sur elle-méme, de maniere qu’elle semble disparaitre. Cette operation s’exerce sans aucun bruit, en un clin-d’ceil, toutes les fois que Yanimal saisit sa proie ou qu’il veut happer quelques gouttes d’eau pour ¢tancher sa soif. | « Il est facile de concevoir et d’expliquer une partie de ces mouvemens par Ja structure de cette langue dans les Caméleoniens, parce que les os et les mus- cles en ont été parfaitement decrits et qu’on peut les isoler par la dissection. Cependant, a Vaide de cette anatomie, on reconnait que les mouvemens qu’ils doivent opérer sont loin de suffire 4 la production de cet allongement excessif, et tel que l’animal, sans mouvemens apparens du reste du corps, peut lancer hors de la bouche, par une force d’expuition, un tuyau charnu qui dépasse la longueur ce son tronc, et qu il peut, avec la méme vitesse, retirer la langue a Yintérieur ou la faire rentrer dans la gorge. « Pour'd’autres langues vermiformes et protractiles, telles que celles des Foura miliers parmi les mammiféres ou des Pics chez les oiseaux, la structure de l’os hyoide et de ses prolongemens en forme de cornes, en fait concevoir le meca- nisme, surtout par la disposition, l’etendue et le nombre considérable des fais- (x) Cet ouvrage dont il a déja paru deux volumes fait partie des Suites 4 Buffon, publiées par Roret, 125 Académie des Sciences. ceaux charnus qui s’y insérent et les recouvrent. Ici, outre cet appareil cor- respondant, il existe dans la partie moyenne de la langue une sorte de tuyau charnu, creux ou vide a Vintérieur, tapissé d'une membrane muqueuse, dans lequel le stylet osseux, qui correspond 4 los lingual, ne peut penetrer qu’en partie, tant il est court, et dans l’épaisseur duquel aucun des muscles des mi- choires ne peut réellement sinsérer. I] faut done que cette langue, lorsque le Cameléon l'allonge autant qu'il le pedt, soit portee, poussée en ayant par un mé- canisme tout particulier. , « Le fait est que, malgré les descriptions qu’en ont données Perrault, Val- lisnieri et plusieurs autres anatomistes habiles, M. Duvernoy, en particulier, la difficulté que nous venons d’indiquer est restée sans explication; elle demande de nouvelles recherches pour expliquer cette érecéilité de tissu de la partie moyenne ou de ce tube charnu place entre le tubercule terminal et Ja base cor- respondante a I’os lingual. (Ici se trouve la description anatomique.) « Nous trouvons dans cette langue, qui est un instrument de»prehension des alimens plutot qa’un organe du godt, une grande analogie avec celle de la plu- part des batraciens anoures, les Pipas exceptes. C’est un tuyau creux termine par un pavillon charnu et visqueux qui est lancé hors de la bouche avec la vi- tesse de Yeclair, et qui y ramene rapidement la proie. pour Ja livrer aux or- ganes de la déglutition. En traitant des poumons et de la vessie aérienne a parois salides, situee sous le cou, et qui communique avec Jair qui sort de la glotte, nous faisons voir que cet organe n’est peut-étre pas etranger a cette projection de la langue ; que l’animal peut y pousser de l’air, comme dans une sarbacane a parois mobiles et allongeables, et qu’il ramene a lui avec Ja méme vitesse, comme sil y operait le vide avec la plus grande rapidite. Ce mecanisme n’aurait pas lieu de nous étonner, car nous savons que la’ plupart des animaux vertebrés, pour absorber les das sont obligés de faire le vide a l'aide des peau ou de toute autre manitre. » | | | v. aupouun. — Calculs trouves dais un Cerf-volant. 129 Concernant des calculs trouvés dans les canaux biliaires dun Cerf-Volant femelle (Lucanus capreolus), adressé a UV Aca- démie des Sciences , le 7 décembre 1835. Par M. V. Aupoutn. i] -Permettez-moi d’attirer quelques momens l’attention de Académie sur un fait qui me semble important pour la phy- siologie des animaux articulés. On sait que les insectes, dont on a fait jusquici l’anatomie, ont tous présenté surle trajet du tube digestif des vaisseaux gréles plusieurs fois contournés sur eux- mémes. Les auteurs anciens les avaient appelés petits-caevums , intestins gréles, vasa varicosa ; mais les anatomistes modernes, ayant supposé que ces organes sécrétaient de la bile, ont changé ces dénominations en celles de vaisseaux hépatiques, de canaux ou de,vaisseaux biliaires. . En effet, dans plusieurs insectes les vaisseaux biliaires se voient en arriere de l’estomac, sur lequel ils sont fixés, soit par un bout, l’autre bout restant libre, soit par les deux extrémités, cest-a-dire en formant une espece d’anse ou d’arc singuliére- ment replié. Si cette insertion post-stomacale était constante, on ne pourrait guere élever de doute sur les fonctions qu’on leur attribue, bien que l’expérience n’ait pas encore prouvé que le liquide qu’ils contiennent soit de la bile , et que cette bile serve a la digestion; mais il arrive que, dans beaucoup dinsectes, les vaisseaux biliaires ont une terminaison tres différente; tandis que par un bout ils. s’ouvrent entre les valvules pyloriques de Yestomac, ils aboutissent par l’autre au coecum, non loin de extrémité anale. Il est alors difficile @’admettre que le liquide qui est sécrété par cette portion postérieure des vaisseaux, et qui se mélange dans l’intestin avec les matiéres excrémentitielles, soit analogue, quant aux usages qu’on lui attribue, avec celui qui est versé dans l’estomac. : La difficulté @expliquer la fonction de ces canaux, en tant V. Zoou, —~ Mars, 9 130 v. aupourn. — Sur des calculs trouves qu’on les considére comme des organes biliaires fournissant un liquide propre a activer la digestion, augmente encore, si lon poursuit examen de leur insertion dans la série des insectes ; en effet, dans un ordre tout entier, celui des Hémipteres, et particulierement dans les especes auxquelles on donne le nom de Punaises, les vaisseaux dits hépatiques sont fixés par leur deux bouts sur la partie la plus reculée du tube digestif, sur le sac stercoral, a un ou deux millimetres de Pouvertare anale, et ils présentent méme 1a une sorte de vessie ou de réservoir dans lequel s’accumule Ja matiére qwils sécretent. Est-il possible, dans ce cas, quils servent en quelque chose a lacte digestif, lorsque bien évidemment cet acte est consommé? tl faut donc reconnaitre qu'il existe une contradiction ma- nifeste entre les théories physiologiques universellement ad- mises et les faits anatomiques les mieux constatés; aussi quel- ques auteurs modernes, entre autres Gaede et Meckel, ont-ils été conduits a refuser aux vaisseaux biliaires Pusage qu’on leur accorde généralement. (1) Des année 1819, Gaede, professeur a lPuniversité de Liege, a soutenu que les vaisseaux biliaires n’étaient pas des organes sécréteurs, mais bien des organes absorbans qui puisaient dans le canal intestinal le fluide nourricier pour le verser dans le corps de linsecte. C’était évidemment remplacer une hypothese par une supposition moins admissible; car si l’auteur leur refusait, a cause de leur insertion anale, toute participation a lacte di- gestif, on congoit que leur abouchement avec le sac stercoral était plus défavorable encore lorsqu’il s’agissait de puiser des molécules nutritives. Meckel, se fondant sur des considérations d’un autre genre, a combattu, en 1826, la maniere de voir de Gaede; suivant lui, les vaisseaux hépatiques seraient sécréteurs, mais ils ne sécré- teraient pas uniquement de la bile, ils produiraient en méme temps un liquide urinaire, ou bien encore il pourrait se faire quiils soient des organes exclusivement urinaires. Cette théorie n’était appuyée sur aucun fait, elle ne repo- (1) Voyez pour les développemens historiques , la note qui fait suite a cette lettre. | | dans les canaux biliaires dun Cerf-volant. 131 sait sur aucune expérience, et cependart elle était ctayée, quoi- que médiatement, par une observation importante dont on est redevable a la chimie. -Depuis assez long-temps on a constaté la présence de Vacide urique chez les insectes, soit en les analysant en entier, ainsi que I’a fait, en 1810, M. Robiquet, dans son beau travail sur les Cantharides, soit en examinant la matiere qu’ils rejettent par Panus peu de temps apres leur derniere métamorphose, comme Yont observé Brugnatelli et M. John. C’était un avis important donné aux anatomistes, et qui leur apprenait qu'il y avait un organe a découvrir sécrétant cet acide urique. Etaient-ce les vaisseaux biliaires qui remplissaient cette fonction, ou bien les parois des intestins, surtout celles du coecum, ou bien encore certains appareils de sécrétion situés dans le voisinage de l’anus et analogues 4 ceux qui, suivant les especes, produisent un li- quide vénéneux, irritant ou vaporisable? L’examen des matieres prises directement dans ces divers organes, aurait pu résoudre la question. J’avais taché, dans mes diverses dissections, d’en réunir une quantité suffisante pour lanalyse, mais jétais en- core loin du but, lorsqu’un hasard heureux est venu me servir. Tout récemment mon collegue a la Société entomologique , M. le docteur Aubé, a bien voulu me remettre deux petits corps irréguherement arrondis, rugueux a leur surface, d’un jaune- grisatre et d’un aspect un peu cristallin, quil avait trouvés en disséquant un Cerf-volant femelle (Lucanus capreolus.) - C’étaient deux calculs quis’étaient formés dans la portion des canaux biliaires qui rampent a la surface des intestins; ils ob- struaient entierement ces canaux de chaque cote, et ils en avaient singuli¢rement distendu les parois, ce que l’on concevra facile- ment, lorsqu’on saura que l’un de ces calcuis, le plus gros, n’avait pas moins de deux millimetres en tous sens, tandis que le vaisseau qui le contenait n’atteint pas, ordinairement en lar- geur, le quart de cette dimension. 4 Les deux calculs furent retirés de la cavité des vaisseaux bi- liaires. On ne saurait donc avoir aucun doute sur leur origine. Mais quelle était leur nature? Dans les grands animaux, on trouve souvent dans les canaux biliaires, aussi bien que dans Q. 132 v aupourn. — Sur des calculs trouves les conduits urimaires, des concrétions pierreuses; leur compo- sition est tres différente : dans le premier cas, ils sont formés essentiellement de cholestérine, et dans le second d’acide urique. L’analyse seule pouvait lever ici le doute et décider cette ques- tion importante de physiologie. Jene désespérai pas, malgré la petitesse des calculs, de con- stater la présence de l’acide urique, s’ils en contenaient; car per- sonne n’ignore que la chimie posséde le moyen d’en reconnaitre les moindres parties. Un des calculs, le plus petit (il était gros comme un tres petit grain de miilet), fut facilement pulvérisé et placé dans une capsule de porcelaine, ou l’on versa quelques gouttes d’acide nitrique étendu d’eau, et que l’on chauffa légerement a la flamme dune lampe. La matiere fut dissoute par lacide, et celui-ci ne tarda pas 4 s’évaporer. Bientot l’évaporation fut complete, et l’on obtint, sur les parois de la capsule, un résidu d’un beau rouge, absolument semblable a celui qui se forme lorsqu’on traite de la méme maniere une petite portion d’un calcul humain d’acide urique. L’expérience fut méme faite comparativement sur un fragment de cette espece, et les deux résultats, mis a coté l’un de autre, n’offraient aucune différence. La présence dun calcul d’acide urique, a lintérieur des vaisseaux biliaires des insectes, me semble établir, d’une maniere péremptoire, que ces vaisseaux sont des organes de sécrétion urinaire. Je crois ensuite pouvoir en conclure que si ce fait est mis hors de doute pour les insectes ayant, comme les Lucanes, des vaisseaux biliaires insérés 4 l’estomac, il est plus facilement ad- missible, en raisonnant d’apres les idées recues sur les usages de la bile, pour ceux qui ont les vaisseaux biliaires insérés sur le sac stercoral, tout prés de l’anus, et par conséquent dans un lieu ou il faut bien refuser au liquide qu’ils sécretent une action digestive. | Gependant je ne me refuse pasja admettre, comme I’a sup- posé Meckel, que les vaisseaux dits hépatiques des insectes sont_ dans les canaux biliaires d’un. Cerf-volant. 133 4-la-fois urinaires et biliaires (1), mais en reconnaissant, avec quelques physiologistes qui ont prouvé le fait par une suite d’expériences et des. rapprochemens ingénieux , que la bile n’est pas un liquide indispensable ou méme utile 4 l’acte digestif. On - congoit que, ce point étant convenu, il. importera peu que les vaisseaux sécréteurs s:ouvrent en arriere de lestomac, sur le trajet des intestins, ou directement a l’anus. \ « Sai Phonneur @étre, etc. P. S. Je joins a cette lettre un des calculs du Lucane con- servé intact, et de plus, trois capsules de porcelaine renfermant trois des résultats obtenus. Le n° 1, provenant de l’action de l’acide nitrique sur le cal- cul trouvé dans les vaisseaux biliaires du Lucane; Le n° 2, contenant le résidu obtenu avec un calcul d’acide urique humain ; (1) Je congois trés bien et j'admets jusqu’a nouvel ordre que les vaisseanx. dont i! s'agit et qui s’étendent dans des parties trés différentes du corps de Vinsecte , en rampant a la surface de divers organes peuvent sécréter, dans une portion de leur trajet, un liquide urinaire et dans Vautre portion un liquide biliaire: ainsi, dans le Lucane la portion qu’on voit former des.circon - volutions sur les intestins. proprementdits pourra fournir de l'urine, tandis quecelle gui Fampe sur la partie antérieure du tube digestif produira de la bile. Ces liquides quelle que soit leur nature seront ensuite versés au méme point ducanal digestif, par exemple en arriere du ventricule chy- lifique dans les espéces oi: comme chez les Lucanes, les Carabes , les Hannetons, les Staphylins, etc., on rencontre cette disposition et ou ces. canaux biliaires forment une.sorte d’are singuliere- ment replie. Il en serait de méme pour les insectes qui, ayant ainsi que les Lycus, les Téléphores, Jes Boucliers, des canaux biliaires avec le méme mode d’insertion post-ventriculaire, les ont toujours libres 4 leur bout et au nombre de 4; on pourrait supposer que deux d’entre eux séerétent de la bile et les deux autres exclusivement de Purine. fei jes fonctions seraient bien distinctes, tandis qu’on pourrait difficilement fixer le point de démarcation dans les insectes qui ont des vaisseaux continus, c’est-d-dire formant une sorte d’anse a l’exception peut-¢tre du Staphylinus erythropterus. Lorsque les vaisseaux biliaires aboutissent & déux portions différentes du canal intestinal cest-a-dire en méme temps au ventricule echylifique et au ccecum (exemple les Cantharides, ‘es Blaps, les Ténébrions), toujours alors il y acontinuité de ces vaisseaux entre eux, sans qu’on puisse reconnaitre a cette sorte d’anse aucun point de connexion. On ne saurait donc dire, dans Je cas ot on admettrait qu’il s’opére deux sécrétions distinctes, a quel point du vaisscau chacune elles commencerait; mais on est en droit de soupconner que la bile s’écoulerait par jes issues post—ventriculaires et l’urine par les canaux qui s’ouvrent danslintestin. Des observa- tiens ultérienres éclaircirout, jespere, ces doutes. En attendant il me semble utile de remplacer le nom de canaux Ailiaires par celui de canaux wrino-biliaires, 134 v. aupouin. — Sur des calculs trouves Le n° 3, offrant un résidu analogue, que j’ai obtenu hier en traitant, par le méme procédé, la matiere qu’ont rejetée par anus des Guépes ( Polistes gallica) au moment de Jeur derniére métamorphose. Dans ces trois expériences, !a couleur d'un rouge pourpre qu’on a obtenue est parfaitement identique. » Nove ADDITIONNELLE sur les canaux urino-biliaires des insectes. ia La forme de lettre sous laquelle j'ai communiqué a l’Aca- démie des Sciences l’observation précédente, ne m’a pas permis de citer les diverses opinions que les anatomistes modernes ont émises sur lanature des canaux biliaires; j’y suppléerai ici en reproduisant briévement celles de ces opinions qui ont été pré- sentées avec quelque développement par leurs auteurs. Et dabord, il est certain que l’usage des canaux biliaires des insectes est un point encore en litige, méme en Allemagne, ou ’on s'est occupé davantage de cette question. C'est ainsi que M. Carus, l’un des anatomistes les plus distingués de notre épo- que, et qui joint a une grande hauteur de vues une connaissance étendue des faits et une aptitude remarquable pour les bien observer, admet, dans la seconde édition de son Traité d’ Ana- tomie comparée, publiée en 1834, a Leipsik, que les canaux biliaires des insectes sont les analogues du foie, et quil refuse a ces organes lusage que leur ont accordé Meckel, M. Muller, et avant eux divers auteurs. « Quant aux animaux articulés, dit-il, dans aucun des ordres inférieurs de cette classe, on ne rencontre d’organe qui puisse étre positivement considéré comme appareil urinaire. Les insectes sont les seuls chez lesquels on soit dans le doute de savoir si l’on doit admettre quelque chose d’analogue. Ainsi que je Vai déja dit en traitant des organes biliaires, Meckel, se fondant sur ce que John a trouvé de Purate d’ammoniaque dans les vaisseaux des insectes qui portent ce dernier nom, pense que Von doit voir en eux de yéritables organes urinaires, mais son opinion dans les canaux biliaires dun Cerf-volant. 135 ne me parait point probable. On pourrait plutot regarder comme des rudimens de vessies urinaires les vésicules qui garnissent les organes génitaux de plusieurs insectes; il serait méme possible de soutenir l’hypothese que les poches a venin, gui occupent la base de laiguillon des Hyménopteéres, sont comparables aux organes urinaires. » ( Zraité élémentaire d’ Anatomie comparee ; traduction francaise de M. Jourdan, t. u, p. 278.) M. Carus, apres avoir examiné et pesé les faits publiés par ses prédécesseurs, considere donc en 1834 les vaisseaux qui s‘ou- vrent sur le trajet du canal intestinal comme des organes_bi- liaires : c’était aussi opinion de Cuvier et celle que partagent encore aujourd’hui plusieurs anatomistes cclebres, et entre autres mon ami M. Léon Dufour, qui toutefois reconnait qu'il existe, dans certains cas, des dispositions tres pen fa- vorables pour que cette fonction s’effectue dans je but qwil lui suppose de favoriser la digestion (1). D’un autre coté, des anatomistes tres distingués admettent que les canaux biliaires ont pour fonction de sécréter un liquide urinaire. Des l'année 1817, Rengger a soutenu cette these, dans ses Recherches physiolo- giques sur les insectes, publiées a Tubinge, mais sans lappuyer sur aucune observation probante. Déja les analyses faites par M. Robiquet en 1810, et celles de MM. John et Brugnatelli en 18195 avaient constaté la présence de lacide urique chez les in- sectes, mais elles ne décidaient pas quel était Porgane quile sé cretait. Toutefois Popinion de M. Rengger prit plus de consistance, lorsque, Pannée suivante, M. Wurzer eut inséré, dans les Ar- chives de Physiologie de Meckel, pour l’année 1818 (2), une note trés courte, mais cependent assez expliciie, dans laquelle (x) « Le réservoir de la bile, dit M. Dufour , communique directement avec la poche intesti- pale qui renferme les excrémens , et on peut en le pressaat faire refluer dans cette poche le li- quide qu’il contient. Cette disposition anatomique de l’appareil biliaire, dans les Géocorises, est peu favorable, il faut en convenir, al explication physiologique de sa fonction, et on serait excusable de considérer cet appareil comme un organe spécial des sécrétions extrémentitielles , ou comme un organe urinaire. Une semblable méprise deviendrait d’autant plus facile pour Yentomotomiste, que celui-ci aurait borné ses dissections aux Scutelléres, etc. ete. » Recherches anatomiques et physiologiques sur les Hemipteres, p. 24. ) in-4°, 1833. (2) Tom, rv, Pp. 293, 136 v. auvpoutn. — Sur des calculs trouvés il fit savoir qu’ayant analysé de la matiere retirée par M. He- roldt de lintérieur des canaux biliaires des vers a soie, il re- connut qu'elle était formée durate d’ammoniaque, de phosphate et de carbonate de chaux. Meckel a, comme nous l’avons dit, adopté plus tard une opi- nion mixte, et depuis, MM. Tiedemann et Miller, Pun dans son Traité complet de Physiologie, et autre dans son important ouvrage sur la structure des glandes, publié en 1830, se sont rangés de son avis. Plus récemment, M. Burmeister, auquel la science est rede- vable d’un estimable traité sur l’anatomie des insectes, dont le premier volume a paru a Berlin en 1832, conserve encore beau- coup dindécision sur la nature des canaux biliaires des insectes; il finit toutefois par les regarder comme étant véritablement les analogues du foie, avec cette difference quils y ajouteraient, dans plusieurs cas du moins, les fonctions des reins ou d’autres glandes sécrétoires. A loccasion des preuves quil apporte a l’appui de sa maniere de voir, il cite, outre analyse de M. Wurzer, celle d’un habile chimiste, mon savant confrere M. Chevreul, qui a reconnu la présence dela potasse, de ’anmoniaque et de l’acide urique dans une matiére que M. Straus dit avoir retiré de l’intérieur des vais- seaux biliaires du Hanneton. Mais M. Burmeister se voit obligé de combattre les conséquences qu’en a tirées cet anatomiste quia été conduit a admettre deux ordres de vaisseaux, indépendans l’un de lautre, ayant une insertion distincte et des fonctions tres dif- férentes. Or, il est certain que cette distinction repose sur une erreur qua commise M. Straus. Sil etit eu le soin de dérouler avec les précautions convenables ces canaux, il aurait vu que ceux guil nomme urinaires et qui font des circonvolutions sur la partie postérieure du tube digestif ne s’y ouvrent pas; mais quils se continuent avec les canaux anxquels il conserve le nom de biliaires et qui rampent sur sa paroi antérieure , en_ sorte qu'il n’existe réellement 1a et de chaque coté, qu'un seul vaisseau singuliérement {lexueux, et dont les deux bouts vien- nent s'insérer tout pres Pun de l'autre, en arriere du veniricule chylifique. On est surpris que cette méprise, qu'un peu datten- dans les canaux biliaires d’un Cerf-volant. 139 tion eut suffi pour faire éviter, se rencontre dans un ouvrage qui, a cause de sa spécialité et des détails qu'il présente, pour- rait passer pour un chef-d’ceuvre de patience et un modele dexactitude. M. Burmeister s’en étonne d’autant plus que M. Straus qui a publié son anatomie du Hanneton en 1828, ne pouvait pasignorer que M. Ramdokr, en 1813 (1), et M. Léon Dufour, en 1824 (2), avaient avant lui, donné une description et une figure du canal intestinal de cet insecte. Si ces deux habiles anatomistes avaient bien vu le trajet des vaisseaux biliaires il fallait que M. Straus profitat de leur observation. S’étaient-ils trompés, il devait rectifier leur erreur. (3) Il existe donc aujourd’hui, relativement aux usages des ca- _naux biliaires, une divergence d’opinions que n’ont pu encore faire cesser les recherches sur le liquide qu’ils contiennent. L’observation que nous avons fait connaitre, paraitra sans doute plus concluante, et peut-étre ne se refusera-t-on plus maintenant a admettre que ces canaux, si ce n’est dans toute leur étendue, au moins dans certaines de leurs parties , four- nissent un liquide plus ou moins analogue a l'urine. S’ensuit-il quils ne puissent pas sécréter encore un ou plusieurs liquides d’une autre nature? Nous sommes loin de le penser, et nous concevons méme comment cette sécrétion pourrait avoir lieu. A cet égard, nous renvoyons a ce que nous avons dit dans la note qui est placée a la fin de notre lettre. (1) Abhandlung tiber die Verdauungswerkzeuge der insecten. pl. 8. Fig. t. (2) Annales des se. nat. Tom, m1. pl. 14. Fig. 4. (3) M. Suckow a aussi publié au mois de juillet 1828, dansle Journal de M. Heusinger. tom, 111. p. 43. pl. 3. fig. g3. une description et une figure du canal intestinal du Hannetor qui confirment les observations de MM. Ramdohr et Dufour. 138 BRANDT. — Sur les nerfs stomalo-gastrigues Remargurs sur les nerfs stomato-gastriques ou intestinaux (nervus sympathicus seu nervi reproductorii ), dans les ani- maux invertébrés. Par M. le D' Branpt. Suite. (1) Ner{s stomato-gastriques du Gryllus migratorius. Muller a déja décritet figuré, comme on le sait, les nerfs sto- mato-gastriques du Grydlus hierogly phicus (Act. Léop. pag: 92. pl. IX, fig. 5); cependant il n’a fait connaitre que le systéme pair; le systeme impair lui a échappé. D’aprés mes recherches sur le Gryllus migratorius, qui ont été communiquées a la section de zoologie de laréunion des Na- turalistes a Hambourg, et reproduites depuis dans lLsis (année 1831, p. 1203), il existe dans les Gryllus un systeme médian et impair, outre les deux paires latérales des nerfs stomato - gas- triques. Les nerfs stomato-gastriques pairs se composent (Lszs. loc. cit. pl. VIL, fig. 5. bh’, 6 ) de chaque coté d’un ganglion anté- rieur et d'un ganglion postérieur. Le ganglion antérieur est situé plus en dedanset en haut; il est plus gros et partagé en deux parties, dont l’antérieure se réunit au bord postérieur du cerveau au moyen de deux cordons, et envoie en arriére a l’es- tomac un cordon trés épais, qui se divise bientOt en forme de fourche. Le filet extérieur, qui provient de la bifurcation de ce cordon, forme sur |’estomac un petit renflement noduleux. La paire de ganglions postérieurs est placée plus en dehors sur les cotés de loesophage; elle communique avec les ganglions anté- rieurs par deux cordons, et envoie en arricre deux filets qui se réunissent bientot pour former un petit ganglion, d’ou provient (1) Voyez page 81. \ des animaux invertébres. | 159 un nerf plus long qui se perd en se ramifiant sur la surface de Pestomac. Le systeme nerveux stomato-gastrique impair (Jszs , pl. vir, fig.5aaaa) commence par un ganglion frontal triangulaire, qui se réunit au cerveau, dans le voisinage du nerf antennaire, par - le moyen d'un cordon latéral et arqué, et qui, avant cette réu- ‘ nion, envoie de petits filets aux parties supérieures de la bouche. Du bord postérieur de ce ganglion frontal part le cordon dorsal qui s’étend sur l’cesophage au-dessous du cerveau; il recoit de chaque coté, sous le bord postérieur du cerveau, un cordon de communication (Isis ibid. 6’), qui vient du ganglion antérieur du systéme pair, et forme, 4 lendroit ou se rend le cordon de communication déja mentionné, un petit ganglion auquel arrive aussi de chaque coté un filet mince qui vient du cerveau. C’est dans le ganglion dont je viens de parler que m’a paru se terminer, d’apres mes derniéres recherches, le cordon du systeme impair; cependant depuis mémel’époque ou elles ont été commu- queées a Hambourg, je crois l’avoirsuivi, non sans de grandes diffi- cultés, en arriere du ganglion et a une certaine distance sur l'cesophage. Cette observation semble confirmée par le trajet des nerfs du Gryllo-talpa et surtout par lanalogie avec ceux des autres insectes. Burmeister a confirmé mes observations ; ainsi que je lai. dit plus haut, par ses propres recherches, et a donné la description et lafigure des nerfs du GryJ/us migratorius, loc. cit. p. 310 et pl. 16, fig. 6.A ’égard du cordon fort long qui part du ganglion postérieur du systeme pair, ses recherches sont plus exactes que les miennes. Ce cordon se continue, selon lui, jusqu’a l’ex- trémité du premier estomac, et forme sur celui-ci un petit gan- glion (Burmeister, ibid. £ f), Vou partent deux filets four- chus qui vont embrasser le pharynx. En prolongeant son trajet, le cordon forme a l’extrémité du premier estomac un second ganglion (ib. gg.), d’ou partent en se dichotomant des filets qui se rendent au coecum, 140 BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES MYRIAPODES.. Les espéces de ce groupe que j’ai eu occasion de disséquer sont de petits individus du Scolopendra morsitans , quelques, frag- mens de téte du Spirobolus Olfersii et des individus ramollis du Glomeris marginata qui avaient été desséchés.. Nerfs stomato-gastriques du Scolopendra morsitans. eS Pig. Pi La premiere indication des nerfs stomato-gastriques dans Ja Scolopendre est due a Ranzani. Cet auteur a mentionné et figure; dans son Jntroduzione alla Zoologia, p. 148, pl.1, fig. 3 h., un filet nerveux qui part de l’extrémité postérieure du cerveau comme un nerf, che della base del cervello va al cuore. Ce filet n’est évidemment autre chose que la partie du systeme im- pair, qui s’étend immédiatement en arriere et en méme temps au-dessous du cerveau. Un autre auteur, Alessandri (Annali distoria natur. t. 1, et Isis , 1835, p. 1041), parait avoir vu le cordon du systeme im- pair, car il parle d’un cordon nerveux qui se montre au-dessus de lcesophage, dans lendroit ou celui-ci touche au cervean et. qui envoie des filets a l’cesophage et au vaisseau dorsal. uoique je n’aie pas eu 4 ma disposition des individus d’une fraicheur et d’une conservation tres convenables , je crois cepen- dant avoir observé dans la Scolopendre le commencement d’un systeme nerveux stomato-gastrique pair et impair. Le systeme impair (pl. 5, fig. 11, a, 8) commence par un ganglion a, placé immédiatement au-devant du cerveau A, avec lequel il semble communiquer au moyen d'un cordon latéral inséré de chaque coté auprés du nerf antennaire ¢. Le cordon principal et simple B de ce systeme, passe ensuite au-dessous du cerveau, sétend sur lcesophage et se réunit en arriére avec le systeme pair. Le systeme latéral ou pair b, c, me parait composé d'une partie plutot entrelacée que noduleuse, qui envoie en avant un filet a des animaux invertebreés. 141 Yorigine du nerf optique o , tandis qu’en arriére on voit plusieurs filets qui se rendent au canal intestinal, et un autre qui com- munique avec le systeme impair (rapport d’affinité avec les Crustacés?). Ce systeme latéral ne ma point présenté de traces des deux ganglions séparés. Nerfs stomato-gastriques du Julus terrestris. Tréviranus (Ecrits divers, part. 1, p. 57, pl. rx, fig. 4)a trouvé dans cette espece deux cordons tres fins (ibid. r.r.), qui partent du bord postérieur du cerveau et convergent a angle aigu vers Ycesophage, ou ils forment un ganglion (ibid. g.); il considére ces parties comme appartenant 4 la paire de nerfs dorsaux. On peut a peine douter que ces nerfs ne soient une partie des sto- mato-gastriques. Nerfs stomato-gastriques du Spirobolus Olfersii. (Pl. 5, fig. 12.) Jai observé dans le Spirobolus Olfersii, plus distinctement encore que dans la Scolopendre, le commencement du systéme nerveux stomato-gastrique pair et impair. Le systéme impair a, 6, se compose d’un ganglion triangulaire a, placé immédiatement au-devant du cerveau, avec lequel il parait étre en communication de chaque coté par un cordon arqué, qui s’y insere en dedans du nerf antennaire ¢, aprés avoir envoyé en avant deux petits filets aux parties de la bouche. Ce ganglion frontal donne aussi naissance a un cordon £, qui passe sous le cerveau et le vaisseau dorsal, et s’applique sur l’ceso- phage. Le systeme pair présente d’abord une premiere paire de gan- glions intérieurs, placés plus en avant, moins gros que les autres et ovalaires b.; puis une seconde paire de ganglions plus exté- rieurs , plus gros et triangulaires c. Les ganglions de la paire in- térieure sont situés tres pres du cordon du systéme impair, avec lequel ils sont en communication; ils envoient en arriere un 142 BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques filet tres fin. Les ganglions de la paire extérieure envoient en avant un petit filet qui s’étend sous le nerf optique 0, puis en dedans un autre filet qui se rend a | cesophage et un troisiéme qui les fait communiquer avec la paire de ganglions internes. Le Spirobolus présente par conséquent, dans la disposition de ses nerfs stomato-gastriques, des rapports essenticls avec le type des Insectes hexapodes. Nerfs stomato-gastriques du Glomeris margiriata. (PLS, fig) 139 940)" ; D’apres les recherches que j'ai faites au sujet d’une monogra- phie des Glomeris, mais pour lesquelles je n’ai eu malheureu- sement 4 ma disposition que des individus desséchés, prove- nant du commerce de la droguerie et sur lesquels, 4 mon grand étonnement, j'ai pu observer la structure interne mieux que je ne m’y attendais, les nerfs stomato-gastriques dans les Glomeris ne different pas de ceux des autres insectes. Je crois avoir vu plusieurs fois que le systeme impair, bien qu il m’ait échappé en grande partie, se compose comme a lor- dinaire d’un ganglion triangulaire a placé en avant du cerveau, avec lequel il communique par deux cordons arqués qui se ren- dent a son bord antérieur, non loin du nerf antennaire ¢, et qui envoient en avant quelques petits filets. Mais je n’ai pu sui- vre le cordon dorsal @ au-dela de l’origine de l’cesophage. J'ai remarqué bien distinctement de chaque coté un ganglion b. b, du systeme pair, qui envoie de petits filets a l’cesophage, mais j’ai moins bien vu la paire de ganglions c. c. placés en ar- riére des premiers. En réunissant mes observations et mes dessins sur ce sujet, je crois pouvoir donner le type de cette structure, comme le re- présentent les figures 13 et 14 de la planche 5. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES ANNELIDES. Les Annélides, que la disposition de la masse principale de leur systeme nerveux et les articulations de leur corps rappro- des animaux invertébres. 143 chent des insectes, présentent un nouveau degré d’affinité avec ces animaux, par la présence d’un systéme nerveux distinct de la chaine abdominale; mais les observations que nous possédons sur ce systeme sont encore tres incompletes. Nerfs stomato-gastriques de Aphrodite aculeata. Cuvier parle déja, dans son Anatomie comparée, tom. 11, pag. 354, un nerf dorsal dans cette Annelide; malheureusement je n’ai pas eu a ma disposition d’individus de cette espece sur les- quels il fat possible de répéter ces observations. Nerfs stomato-gastriques de l??_Amphinome rostrata. D’apres les intéressantes observations de Stannius, que nous avons déja mentionnées et qui ont été communiquées a la ré- union des naturalistes de Hambourg (Jsis, 1831, p. 986), on sait que, dans cette espéce, immédiatement au dessous de lorigine du cordon nerveux qui embrasse le pharynx, il existe deux nerfs allongés et greles (Isis, ibid. pl. VI, fig. 8, 7,7), qui se rendent a la surface supérieure de la peau qui forme la cavité buccale. Chacun de ces filets nerveux recoit un cordon de communica- tion (ibid. g, g) qui vient de la branche nerveuse du pharynx , et se répand sur la moitié stomacale du méme coté en four- nissant des filets tres fins; on peut le suivre ainsi jusqu’a la deuxieme cellule de Pestomac. Si les parties que nous venons de décrire constituent Je systeéme stomato-gastrique complet, elles devront alors constituer, a cause surtout de labsence de gan- glions, un type distinct qui rappellera en particulier celui des Crustacés décapodes.La branches pourrait peut-étre, en effet, étre regardée comme correspondant au systeme nerveux impair des écrevisses qui serait double , tandis que le cordon de communi- cation g (branche pharyngienne, Stannius), qui provient du col- lier, serait Panalogue d'une branche qui part dans les écrevisses d’un renflement de ce collier; elle correspondrait alors 4 un cor- don de communication étendu du systéme pair des insectes & leur systeéme impair. rh4 BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastrigues La comparaison que j élablis ici entre les nerfs des Amphi- nomes et ceux des Ecrevisses est une pure supposition, et doit d’autant plus étre regardée comme telle, que d’autres formes d’Annélides , qui sont incontestablement plus voisines des Am- phinomes que ies Crustacés , nous offrent une disposition trés différente de nerfs stomato-gastriques; je veux parler de la sangsue médicinale. I] faudra certainement multiplier beaucoup plus encore les observations, avant que d’admettre parmi les divers groupes d’Annélides une organisation de nerfs stomato- gastriques essentiellement différente, 4 moins toutefois qu'il n’en soit pas ici comme parmi les insectes, ou faute d’avoir réuni avec soin les observations sur les différens types de forme , on avait regardé celles-ci comme beaucoup plus variées qu’el- les ne le sont réellement. On trouve a la vérité dans la méme classe, des exceptions a la loi de l’analogie de structure interne, parmi des étres de forme trés voisine , mais elles sont rares et demandent toujours, avant d’étre admises comme types dis- tincts, une recherche attentive et réitérée. Nerfs stomato-gastriques dans la sangsue médicinale. ‘ Jai trouvé dans la sangsue médicinale des parties bien dif- férentes de celles que lon regarde dans l’_4mphinoma ros- trata comme des nerfs stomato-gastriques, et je les ai décrites et figurées dans la Zoologie médicale (part. 1, pag. 251, pl. xxrx, B, fig. 1, 2, 3, 7), comme des nerfs intestinaux ou stomato-gas- triques. Derriere chacune des trois dents du sucoir et en avant du cerveau, il existe un ganglion nerveux, dont lun est placé sur la partie dorsale, et les deux autres sont situés sur les cotés de la téte. Le ganglion placé sur la partie dorsale ou supérieure, communique de chaque coté avec le bord antérieur du cerveau, par un petit cordon de la méme maniere que le ganglion fron- tal du systeme impair, et il envoie des filets 4 la dent supé- rieure. Chacun des deux ganglions latéraux parait réuni a la branche latérale du cerveau par des filets tres fins, et envoie a la dent qui est située de son cété quelques autres filets; de la a ia i a a = des animaux invertébrés. 145 partie postérieure de ce ganglion, un petit cordon semble se rendre aux muscles du pharynx. Le milieu de la face ventrale de Pestomac présente en outre un petit cordon impair, tres grele, simple et assez droit, qui se bifurque 4 l’extrémité de l’estomac. Il est a présumer qu'il existe une communication entre ce cordon nerveux et le ganglion déja décrit, ou plus particuliérement avec le ganglion supérieur ou moyen. Cependant, malgré des recherches faites avec le plus grand soin et tentées de différens cétés, je n’ai pn découvrir cette communication du cordon impair avec ce ganglion. Les deux ganglions latéraux de la sangsue pourraient bien, soit 4 cause de leur situation sur les cotés de l’cesophage, soit a cause de leur communication avec la moitié latérale du cer- veau, étre considérés comme les analogues des ganglions dn systeme nerveux stomato-gastrique latéral, tandis que le gan- glion médian ou supérieur correspondrait au ganglion frontal du systéme impair. Quant au cordon simple et impair qui s’é- tend sur la face inférieure de l’estomac, il pourrait se rapporter au nerf récurrent des Insectes, sil ne parcourait pas la face de l’estomac qui correspond au systeme nerveux abdominal, au lieu que, dans les Insectes et les Crustacés, le cordon du sys- teme impair occupe la face opposeée. Si le parallele que j’établis ici entre les nerfs stomato-gastriques de la Sangsue et ceux des Insectes a quelque valeur, on pourra présumer avec plus de raison qu'il existe une communication du cordon nerveux im- pair au ganglion supérieur. Quant a la réponse a cette question : « Quelle analogie existe- t-il entre les nerfs stomato-gastriques de la Sangsue et ceux. de lAmphinome? » je renvoie pour cela 4 ce qui a été dit plus haut. NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES CEPHALOPODES. Les recherches que jai faites, en 1831, sur la structure des Sepia officinalis et elegans, pour la deuxiéme partie des ani- maux employés en médecine, mont donné pour résultat que ce groupe si distinct d’animaux possede aussi un systeme ner- veux stomato-gastrique tres composé, qui forme non-seulemnet V. Zoot. — Mars, 10 (46 — Brannt. — Sur les nerfs stomato-gastriques deux ganglions placés en avant du ceryeau, mais encore un autre ganglion bien visible sur l’estomac. Des recherches litté- raires mont appris ensuite que, des 1827, M. de Blainville a décrit, dans le Diction. des Sciences nat. , article Seche,, p. 273, le ganglion stomacal et ses deux cordons, mais qu’il n’a men- tionné ni le ganglion antérieur, ni lanalogie qui existe entre ce systeme et celui des autres invertébrés. Si donc la priorité de la découverte du ganglion stomacal et de ses cordons appar- tient 4 M. de Blainville, dun autre cété, les observations de ce savant ont été confirmées par mes propres recherches, avant méme que j’eusse connaissance des siennes; et je les ai tellement complétées par la découverte de deux ganglions placés au-de- vant du cerveau, et: communiquant avec celui de l’estomac (1), que lon peut dire que la Zoologie médicale a_présenté la premiere description complete du trajet des nerfs stomato- gastriques et leur analogie avec ceux des autres groupes dani- maux. J’y ai fait connaitre en méme temps que le ganglion stomacal n’est nullement en communication immédiate,. ainsi que le dit M. de Blainville, avec le cerveau en forme de collier. Ces données pourront servir a compléter et a corriger la remarque insérée dans les Archives de Physiologie de Miller (17° Année, p. 66.), au sujet de mes observations sur les nerfs stomato-gastriques dans les Séches. (2) Dapreés mes recherches sur le systeme nerveux stomato-gas- trique des Séches, on pourrait y distinguer une partie buccale et une partie stomacale. La partie buccale se compose de deux ganglions assez visibles, arrondis et placés au-devant du cerveau (Zool. médic. loc. cit.; pag. 309, pl. xxxu, fig. 23, B,C), dont l'un C est situé a la partie ventrale de l’extrémité postérieure de la («) Les ganglions mentionnés par Rathke dans les Plerotis Esch, (Loligopsis Lam. ) comme appartenant a l’cesophage, sont ace qu’il parait, les ganglions antérieurs des nerfs stomato-gas- triques. (2) D’apres une indication insérée dans le journal de l'Institut, octobre 1833, il existerait selon Meyranx, un double systeme nerveux dans les Céphalopodes, savoir Ie systeme eérébro- spinal et le ganglionnaire, ce que je ne savais pas auparavant. Le dernier de ces systémes est-il celui des nerfs stomato-gastriques ? des animaux invertébrés. 147 cavité buccale en forme d’entonnoir, et l’auire B sur la face dorsale de Pextrémité antérieure de l’cesophage. Ces deux gan- glions communiquent entre eux, de chaque coté, par un cor- don e, de sorte que l’origine de lcesophage est entourée par les ganglions et leurs BAidang de communication, ce qui donne lieu a une sorte de collier antérieur. Le ganglion B, placé sur le dos de lcesophage, envoie en avant des filets a la partie supé- rieure de la cavité buccale, et semble communiquer en arriere avec le cerveau au moyen de plusieurs autres filets 000; le gan- glion C, au contraire, qui est placé a la partie ventrale, fournit a la partie inférieure de la bouche plusieurs filets w, qui partent de son extrémité antérieure, tandis que son bord postérieur donne naissance a plusieurs autres filets trés fins qui se rendent a l’ce- sophage. Ce ganglion émet, en outre, par son extrémité posté- rieure, un cordon simple qui ne tarde pas a se bifurquer. Cha- cune des branches de cette bifurcation parcourt en ligne droite la partie ventrale de l’cesophage jusqu’a Vorigine de lestomac, et la elle se réunit a la branche du coté opposé pour former un - ganglion considérable ( Lbid. fic. 3 et 20 W.). Cest,de ce gan- glion que partent, en rayonnant, des filets nerveux qui se ré- pandent sur les deux estomacs. Ainsi les nerfs que nous venons de décrire forment, par leur situation, leur disposition et leur distribution, tant aux parties de la bouche qu’aux organes de la chymification, ainsi que par leur trajet sur Poesophage et lestomac, un systeme nerveux analogue aux nerfs stomato-gastriques (nerfs intestinaux ou sympathigues)) que nous avons trouvés dans les Insectes, les Annelides et les Crustacés. Cependant ces nerfs. stomato-gastriques different essentielle- ment de ceux des Insectes, des Crustacés et des Arachnides, en ce que leur masse principale est située a la face ventrale et non pas a la partie dorsale. Les nerfs stomato-gastriques des Cépha- lopodes sont donc dans une position inverse de celle qu’ils oc- cupent dans les Crustacés et les Insectes, comme je l’ai déja dit dans la Zoologie médicale (part. IT, pag. 308 ). 142 BRANDT. — Sur les nerfs stomato-gastriques NERFS STOMATO-GASTRIQUES DES GASTEROPODES. Les nerfs stomato-gastriques ont déja été observés dans les Gastéropodes par différens naturalistes, et, entre autres, par Cuvier, mais on ne les a pas étudiés d’une maniere comparative. Nerfs stomato-gastriques des Aplysies. Cuvier a donné une tres bonne description de ces nerfs dans ses mémoires bien connussur l’anatomie des Mollusques; (Mé- moire sur T Aplysie, pag. 22 et 27, pl. IV, fig. 1. ) Il existe, selon cet auteur, au-dessous du corps et sur la masse buccale, un ganglion nerveux transversal et bilobé, qui parait communiquer avec le cerveau par deux cordons; il le nomme ganglion inférieur ou suboral , mais il ne dit rien de la commu- nication de ce ganglion avec un autre ganglion ovalaire dont nous allons parler. Il part de chacun des cotés de ce ganglion quatre filets, dont l'un se rend au pharynx et aux glandes sali- vaires , et les trois autres aux muscles de la bouche. On voit encore, d’apres Cuvier, pres de lorigine de la grande artére, un ganglion ovale qui envoie plusieurs nerfs, savoir, un au foie et au canal intestinal, un autre, qui forme un ganglion presque insensible, aux parties sexuelles, un troisiéme aux branchies, et enfin un quatrieme aux muscles de l’opercule. Le ganglion ovale est en communication de chaque coté, au moyen Wun filet, avec l’un des ganglions latéraux du cerveau qui en- toure le pharynx comme un collier, et Cuvier le regarde comme analogue au sympathique pour les fonctions, car, dit-il, il fait Voffice de sympathique. Si ’on compare le systeme de nerfs que nous venons de dé- crire avec celui des Seéches, il est presque impossible de ne pas reconnaitre leur analogie. Le ganglion, placé au-dessous de la masse buccale, et qui anime les parties de Ja bouche dans les Aplysies, correspond évidemment 4 celui qui occupe la méme place dans les Séches C. Le ganglion ovale des Aplysies devrait trouver son analogue des animaux invertébreés. 149 dans le ganglion stomacal des Séches. On peut cependant citer, comme une particularité de l’organisation des Séches, comparée a celle des Aplysies, existence d'un ganglion buccal supérieur et la réunion du ganglion stomacal avec le ganglion buccal in- férieur. Les Aplysies n’ont, au contraire, que le ganglion buc- cal inférieur, qui se réunit seulement, au cerveau dans une direction irréguliere et par suite au ganglion frontal; ce dernier ganglion ne présente, dans les Seches, aucune communication connue avec les parties latérales cu cerveau. Il est remarquable, du reste, que le mode de développement des nerfs stomato-gastriques des. Aplysies vient a Pappui de la division dont j’ai parlé plus haut des nerfs stomato-gastriques des Séeches en deux parties, Pune buccale et autre stomacale, car ces deux parties sont trés distinctement séparées dans ces deux especes de Mollusques. Nerfs stomato-gastriques des Limnées et des Janthines. Cuvier a découvert,.dans les Limnées et. les Janthines ( Weé- moire sur le Limnée et-le Planorbe,. et Mém. sur la Janthine et sur la Phasianelle, fig..6.), a.la méme place que dans: les Aplysies, au-dessous de lextrémité postérieure de la masse buc- cale, deux petits ganglions. communiquant, de chaque cété, avec le cerveau, et quila nommés, sans plus de détails, Je petit ganglion placé a la racine de lesophage;,ce sont évidemment des nerfs stomato-gastriques. Nerfs stomato-gastriques de ’ Hélix pomatia. Dans mes recherches sur lorganisation des Limacons de la vigne (Zool. médic., part. II,,p. 328 ), jai été assez heureux pour découvrir dans cette espece, a la partie supérieure et a lextré- mité postérieure de la masse buccale et de chaque coté, deux ganglions latéraux, réunis par un filet et formant ainsi un plexus nerveux ( Zool. médic., pl. xxxiv, fig. 11 et 13). De ce plexus e partent en avant, et de chaque coté, un cordon de communi- cation « qui se rend au ganglion pharyngien supérieur @ du 150 Brandi. — Sur les nerfs stomato-gastriques cerveau, un autre 6 qui va a la bouche, ainsi que plusieurs filets «e qui se dirigent en arriere pour gagner la masse buccale. On pourrait peut-étre considérer ce petit systeéme nerveux comme l’analogue de la partie buccale des nerfs stomato-gas- triques des Séches et des Aplysies. Pour la forme et la position, il se rapporte évidemment au systeme stomato-gastrique pair des Insectes. RECAPITULATION. Si nous voulons embrasser, d’une maniére générale, le résumé de toutes les observations précédentes, nous verrons qu’elles ont pour objet : 1° Plusieurs fragmens historiques et des remarques sur les découvertes antérieures au sujet des nerfs stomato-gastriques, tant de moi que desautres auteurs, dans les différens groupes des Insectes, Crustacés, Arachnides, Annelides, Céphalopodes et Gastéropodes. 2° Une exposition plus exacte des nerfs stomato-gastriques dans quelques groupes, dont un tres petit nombre était com- pletement connu sous ce rapport, tels que l’Ecrevisse , la Blatte, le Taupe-gryllon , le Phasme , la Scolopendre. 3° Quelques recherches sur !a disposition des nerfs stomato- gastriques dans plusieurs formes d’animaux chez lesquels on ne les avait pas encore étudiés, tels que la Sguille, la Libellule, le Lygée, le Glaméris et le Spirobole. 4° Plusieurs notices sur la division des nerfs stomato-gas- triques dans quelques organes, comme, par exemple, dans les glandes salivaires de la Blatte, dans le foie des Décapodes et des Stomapodes. : | 5° Plusieurs observations nouvelles sur l’anastomose d’un seul cordon ou dune seule partie des nerfs stomato-gastriques ; par exemple, sur la partie ventrale de l’estomac des Phasma et sur l’estomac de I’ crevisse. 6° La démonstration dun développement analogue des nerfs stomato-gastriques dans les Myriapodes et parmi les Hexapodes, dans les Coléopteres, les Hémiptéres, les Orthopteres, les Neé- des animaux inyvertébreés. rt vropteres, les Hyménopteres, les Lépidoptéres (et vraisenibla- blement dans les Dipteres). Ces nerfs sont caractérisés par la présence constante d’un systeme impair, pourvu d’un ganglion frontal et d’un systeme pair, quise partage en deux moitiés la- térales, et se compose de deux paires de ganglions qui ne com- muniquent avec le cerveau que par des filets tres fins. 7° Quelques remarques comparatives sur le développement des nerfs stomato-gastriques des différens groupes d’animaux , Crustacés, Insectes, Annelides, Céphalopodes et Gastéropodes. Si ’on veut disposer, d’apres les observations précédentes sur le trajet des nerfs stomato-gastriques, les différens groupes d@’animaux chez lesquels on les a étudiés, on sera peut-ctre con- duit 4 admettre l’essai que je présente ici : A. Le plexus principal des. nerfs stomato-gastriques. placé sur le dos du canal intestinal. a. Les nerfs stomato-gastriques, partagés en un systeme im- par, situé sur la ligne médiane et pourvu d'un ou de plusieurs ganglions frontaux, et un systeme pair, partagé en deux inoitiés Jatérales et se manifestant par la présence de ganglions pairs en arriere du cerveau ( Jnsectes Hexapodes et Myriapodes. ) b. L.es nerfs stomato-gastriques, composés d’un systeme im- pair sans ganglion frontal, et d'un autre analogue au systeme pair, qui ne présente aucun ganglion séparé du cerveau ( Crus- tacés Décapodes et Stomapodes. ) c. Les nerfs stomato -gastriques, Composés seulement dun: systeme pair ( Gastéropodes pulmonaires , Hélix ,—? Oni solens, Porcellion. ) ? d. Les nerfs stomato-gastriques , offrant seulement une por- tion impaire, d’apres le peu qu’on en connait jusquici ( 4rach- nides pulmonaires, Epéire, Mygale. ) B. Le plexus principal des nerfs stomato-gastriques, placé a la face ventrale ( Céphalopodes : Gastéropodes tectibranches , Aplysie;? Annelides , Hirudinées , Sangsue. ) 152 BRANDT. — Sur les.nerfs stomato-gastriques EXPLICATION DES PLANCHES, PLANCHE IV. Nerfs stomato-gastriques plusieurs fois grossis de l’Ecrevisse fluviatile, fig. x et a; dune Squille fig. 3 ; du Blatta orientalis fig, 4 et 5, et du Gryllotalpa vulgaris fig. 6 et 7. Fig. t. Le cerveau 4; le premier ganglion ventral C, qui lui est reuni au moyen de deux cordons, le collier B. B, communiquant entre eux par un filet transversal Z,; les nerfs stoma- to—gastriques D. J, m, n, 0.9, 2, &, pet a, bc. defi g hk. By. 3. de lEerevisse, vus sur le cété. L’estomac est indiqué par des points. Fig. 2. Le cerveau 4. ; le collier B. B.; le cordon de communication £, et le premier gan- glion ventral C.; le systeme impair des stomato-gastriques étendu en dehors et presque en li- gne droite avec tous ses détails a. +. c.d.e.f. g.h. x. y. B.d.; les filets de communication 0. 6.4. A. qui partent dun ganglion D. D. du collier &. B. et qu’on peut regarder comme I’a- ualogue du systeme pair ¢. Tous ces nerfs sont vus en dessus. La branche o. qui part du ren- flement ganglionnaire D. du collier, et se rend aux machoires, ainsi que le filet ¢. qui s’étend du cordon /, de ce renflement a Ja levre supérieure, ont élé coupés, Fig. 3. Un cordon du collier B. avec son renflement ganglionnaire D. et ses filets de com- munication A. 6, .. se rendant au sysléme stomato-gastrique impair a, b. c. h. x. B. ¥ .o.; ces nerfs appartiennent 4 une Squille et sont vus en dessus, Les branches qui se rendent du ren- ilement ganglionnaire D, 4 Ja levre supérieure et aux mandibules ont été coupés. Fig. 4. Le cerveau 4., l’cesophage s.; une partie de l’estomac wu. u.; le systeme impair a. BB. Tis w%, &. SCE, 6; le systeme pair 4, c. 6”. 0. des nerfs stomato-gastriques du Blatta orientalis, dans Jeur position naturelle, On distingue au cerveau le nerf optique o. et le nerf antennaire ¢. Fig. 5. Les nerfs stomato-gastriques isolés du méme insecte. a. le ganglion frontal du sys— tome impair; 8. B. le cordon de ce systeme; x. x, ses filets de communication avec le cerveau ; 1777, les filets qui se rendent aux parties supérieures de la bouche; ¢. le ganglion stomacal du systeme impair, d’ou part le nerf qui se rend aux glandes salivaires §., et ceux qui se répan- dent sur l’estomac (¢.—. d. Ja paire de ganglions antérieurs du systéme pair; c, c.la paire de ganglions postérieurs du méme systéme avec les filets qui se dirigent en avant 0”. 0. et ceux qi se rendent en arriére a l’cesophage 3. o. Fig. 6. La tétede Grydlutalpa vulgaris avec le cerveau A.; le nerf optique o.; le nerf anten- uaire ¢.; ’cesophage s.; le jabot w.; le filet de communication », entre le jabot u. et l’estomac musculeux w.; puis les coecums x. %. et les nerfs stomato-gastriques dans leur situation et leur disposition naturelles ;—a. le ganglion frontal du systéme impair ; 4, 4. les ganglions anterieurs; c. c. les ganglions postérieurs du systéme pair. | Eig. 7. Les nerfs stomato-gastriques isolés du méme. —a. le ganglion frontal; x. x. les filets de communication de ce ganglion au cerveau; ¥. y. les filets qui se rendent des précédens aux parties supérieures de la bouche; 668. le cordon du systeme impair et les filets de communi- cation 2A. qui en partent et se portent en arriere; — 4, 4, les ganglions antérieurs, et c. c. les ganglions postérieurs du systéme pair. De chacun des ganglions postérieurs c. il part un filet tres fin 0”, qui se rend en avant eten dehors dans les muscles, et un autre filet 3’. qui se dirige en arriere sur le milieu de Pestomac etse réunit avec le filet 2. du systeme iuppair pour former un ganglion u. des inveritébrés. E3 PLANCHE V. Nerfs stomato-gastriques grossis d’un Gryllotalpa vulgaris fig. 1; d'un Lygee fig. a et 3, dune Libellule, fig. 4 et 5; du Phasma fig. 6-10; de la Scolopendre fig. 11; du Spirobole fig. 12 et du Glomoris fig. 13 et 14. Fig. x. La partie supérieure isolée des nerfs stomato-gastriques du méme insecte; a. x. x. B: y.y-€. . C2. 2., le systéme impair et 4. b. c. c., 0’. 3. 6. lesystéme pair ;—a. le ganglion frontal du systeme pair; x. x. les filets de communication de ce ganglion avec le cerveau et d’ou partent les filets y. y, qui se rendent aux parties supérieures de la bouche; 8. le cordon du systeme impair et son ganglion e. place au dessous des ganglions antérieurs 4, 4. du systeme pair. Du ganglion e. du cordon du systéme impair, il part un filet médian et tres distinct {’. et deux autres latéraux A. (voy. fig. 8), ainsi que leur filet de communication ¢ avec chaque gan- glion postérieur c. du systéme pair. La paire de ganglions anterieurs du systeme pair 4, 5. en- voie un filet de communication 6. aux ganglions c. c, de la seconde paire de ce systeme et un autre au ganglion s. du sysléme impair ;— ec. c. les ganglions de la seconde paire du systeme pair avec le filet 0. qui se rend en avant dans la téte et 0. un autre filet qui se dirige en arriére vers l’cesophage. Fig. 2. Téte d'un Lygée ouverte en dessus avec le cerveau 4, mis a nu, le nerf optique o. o, les nerfs antennaires ¢. et l’extrémité antérieure de l’cesophage s. Sous ces parties sont situés les nerfs stomato-gastriques, plus visibles dans la figure 3. Fig. 3. Les nerfs stomato-gastriques insolés du méme. a. f. B.; le systeme impair et 5.5. c.c. les ganglions du systéme pair. — a, le ganglion frontal du systeme impair ; 88. le cordon de ce méme systéme; 5, 4. le ganglion antérieur et c. c, le ganglion postérieur du systéme pair. Fig. 4. Le cerveau 4., l'extrémité antérieure de l’cesophage s, et les nerfs stomato-gastriques qui sont placés entre eux dans les Libellula depressa; o. o. le nerf optique; p. p. le nerf des ocelles; ¢, ¢. le nerf des antennes, qui partent du cerveau. — a. le ganglion frontal, 8. le cor- don du systeéme impair et ¥. les filets qui se rendent de ce systéme aux parties de la bouche. Fig. 5. Les nerfs stomato-gastriques isolés de ce méme insecte. a. BB, yy, xx. le systeme im- pair; 5b. cc, 3°.3. 3°. 3. le systéme pair. — a.le ganglion frontal; 88. le cordon du systeme impair; %. x. les filets de communication de ce systéme avec le cerveau; y. y, les filets qui se rendent aux parties supérieures de la bouche; 4. 4, la paire de ganglions antérieurs du systeme nerveux, c.c. la paire de ganglions postérieurs du méme systeme; 3”. 0’. les filets qui en par- tent antérieurement et 0. 3. ceux quise rendent A l’cesophage. Fig. 6. L’estomac du Phasma ferula dans sa position naturelle et la téte ouverte en des- sus, avec les antennes et les yeux. Sur lcesophage sont situés le cerveau et le systeme nerveux intestinal impair, qui présente le ganglion postérieur ¢. placé sur l’estomac avec ses deux grands filets ©. %. Vig. 7. Le cerveau 4. et la partie antérieure du systeme nerveux stomato-gastrique impair a. 8. ainsi que lesystéme pair 4. c.; —a. le ganglion frontal; 8. le cordon dorsal et x. le filet de communication du systéme impair avec le cerveau; 4. le ganglion antérieur et c. le ganglion posterieur du systéme pair. Fig. 8. L’extrémité antérieure du systeme impair a. B. x. +. et le systeme pair J. c. 5’. d.— a. le ganglion frontal, 8. le cordon dorsal; x. le filet de communication avec le cerveau et les filets qui se rendent aux parties de la bouche, pour le systéme impair; 6. le ganglion en- terieur allongeé et c. le ganglion postérieur arrondi du systeme pair, avec ses filets 0’. 0. Fig. 9. Le cerveau 4. vu de cété; le premier ganglion d. et le deuxiéme e. de la chaine du systeme ventral, ainsi que l’extrémité anterieure du systeme nerveux impair. o. le ganglion 154 wrrcacock.— Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. frontal avec le cordon de communication x. x. qui se rend au cerveau; ¥. ‘y. les filets qui vout aux parties de la bouche et §. le cordon dorsal. On voit aussi distinctement le nerf optique o., le nerf antennaire ¢., les cordons de communication ou collier 7, 7. du cerveau A. avec le premier ganglion ventral d. les filets ». ». dece premier ganglion ventral et qui se rendent en avant aux parties de la bouche. Fig. 10. Une portion du cordon dorsal B. du systeme impair avec quatre de ses filets, pour montrer ses ramifications tres fines et leur communication sur la partie ventrale de l’estomac. Fig. 11. Le cerveau 4., le ganglion frontal a. et le cordon 8. du systeme nerveux impair, ainsi que la partie 4, c. qui correspond au systéme pair dans le Scolopendra morsitans. On voit au cerveau le nerf optique o. et le nerf antennaire ¢. Fig. 12. Le cerveau 4.,le ganglion frontal «. et le cordon 8. du systeme impair, ainsi que les ganglions 4,.c, du systeme pair; o. le nerf optique et ¢. le nerf antennaire, dans le Spiro- bolus Olfersii. Fig. 13, Le cerveau percé au milieu 4., le nerf optique o., le nerf antennaire ¢., le ganglion frontal a. et lacordon f, du systeme impair, ainsi que les ganglions du systéme pair 6, c., dans le Glomeris marginata. Fig. 14. Les nerfs stomato-gastriques isolés du méme. — «. f. le systeme impair, 4.c. le systeme pair. Description dempreintes de pieds d’ Oiseaux dans le Gres rouge du Massachusete , Par le professeur E. Hircacock. (1) Liabsence presque compléte des oiseaux parmi les restes détres organisés qui se trouvent dans les roches a toujours été pour les géologues le sujet de quelque surprise. Jusqu’a une épo- que tres récente, je ne sache pas qu’aucun exemple, bien cer- tain de ces animaux a [état fossile ait été découvert, excepté les neuf ou dix échantillons trouvés par Cuvier dans le gypse tertiaire des environs de Paris. Dans le troisieme volume de ses Ossemens fossiles (troisiéme édition p. 302), il examine tous les cas d’oiseaux fossiles cités par les écrivains, ses prédécesseurs, et les regarde, a peu d’exceptions pres, comme ne meéritant que peu de crédit. (1) Traduit d’aprés le mémoire anglais inséré dans le American journal of Science de Silli- nian, janvier 1836, ' Hircucock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 155 Pour expliquer cette rareté des Ornitholites, des géologues ont, ala vérité, donné des raisons probables tirées tant de la structure que des habitudes des oiseaux. Ces circonstances font que les oiseaux sont moins exposés que les quadrupedes et les autres animaux a étre submergés et par suite a etre conser- vés dans les dépots laissés par les eaux; et lors méme qu'il leur arrive de périr par submersion, ils flottent si long-temps a la surface que certainement ils sont apercus et dévorés par quel- que animal. (1) Mais bien que ces circonstances expliquassent le fait d'une maniere satisfaisante, les géologues n’en étaient pas moins de- sireux de découvrir le peu de traces de la tribu emplumée qui auraient pu se trouver dans les roches fossiliferes ; j'ai donc été tres satisfait de quelques découvertes de ce genre faites durant été dernier dans la nouvelle formation de grés rouge des bords de la riviere de Connecticut dans le Massachusett. Mon attention fut d’abord attirée sur ce sujet par le docteur James Deane de Greenfield qui m’envoya quelques moules d’em- preintes trouvées sur un gres rouge micacé, apporté de la partie sud de Montagu, pour paver. J’obtins bientot apres de sa li- béralité les échantilons mémes sur lesquels ces moules avaient été faits; ils sont maintenant déposés dans le cabinet du college d’Amherst. Ce sont deux pierres d’environ quarante pouces car- rés, réunies primitivement face a face, et présentant sur la face de séparation, l'une quatre dépressions fort distinctes, l’autre , quatre saillies correspondantes; ressemblant parfaitement aux empreintes des pieds d’un grand oiseaux, sur la vase. Et d'apres opinion d'une centaine de personnes qui ont examiné ces échantillons, il n ya probablement aucun doute que telle ne fat leur origine. N’ ayant jamais été déteriorés par I’ cop ases a air, ce sont peut-ctre les échantillons les plus parfaits que j aie pu me procurer. Ils ont été tirés dune carriere située au sud- est de Montagu, 4 moins d’un demi-mille de la riviere de Con- necticut, et dont l’élévation au-dessus du niveau de l'eau ne dépasse pas cent pieds. Les couches dans cette carriére sont in- (1) Voyez la Geology de Lyell, t.2, p.246. 156 wircucock.— Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. clinées a est, au plus de cing degrés et les impressions se trouvent a plusieurs pieds au-dessous de la surface du sol. On n'a encore trouvé qu’une seule variété de traces dans cet en- droit. Peu de temps aprés le col. John Wilson de Deerfield me montra des empreintes semblables sur les pavés de ce village. W’étant assuré que ces pavés avaient été apportés de la ville de Gill, et tirés dune carriere située sur les bords de la riviére de Connecticut a un endroit nommé le Horse Race, a environ trois milles au-dessus de Turner’s Falls. en remontant le courant, et a huit ou neuf milles au nord de la carriere de Montagu dont jai parlé plus haut, je visitai cette carriere et j’eus la satisfaction d’y trouver plusieurs especes trés distinctes de ces empreintes, dont quelques-unes étaient tres petites et d'autres d’une gran- deur presque incroyable. Cette carriere est placée immédiate- ment sur la rive nord de la riviere; les couches qui la compo- sent sont inclinées de 30° au sud et passent directement au- dessous du lit du fleuve sans qu’aucune alluvion soit venue les couvrir. La roche se compose d'un gres gris micacé, ressem- blant beaucoup, dans les échantillons que je posseéde, a quel- ques variétés d’ardoise micacée, sans etre cependant aussi dur ni tres facile a fendre. En beac sur les trottoirs de Northampton, dans le cours de Vété, jai découvert plusieurs exemples de semblables i impres- sions sur des pavés. Ces pierres provenaient d'une carriere si- tuée au sud de cette ville, a Vest de Mount Tom. Je m’y ren- dis, et jy trouvai un tres grand nombre de traces de plu- sieurs espéces, dont quelques-unes étaient ‘d'une grande beauté. Les couches dans cette carriere sont inclinées 4 lest de roe tout au plus et passent directement sous la riviere de Con- necticut, qui les baigne. On trouve dans cette localité trois va- riétés de roche présentant ces empreintes : 1° Un schiste rouge, ou plutot un gres fin micacé passant au phyllode, que je regarde comme étant probablement la marne rouge des géo- logues ; 2° un grés gris micacé; 3° un gres tres dur, difficile a fendre en lames et: tres cassant, formé d’argile et de sable. Ces trois variétés de roches sont interstratifiées d'une maniere nitcHcock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 157 un peu irréguliere. Ja roche est dénudée tant par Peau que par le travail des ouvriers dans une longueur de quarante ou cin- quante verges (cette longueur est méme double quand l’eau est basse) sur plusieurs verges de largeur; mais elle n’a encore été que fort peu exploitée. Cette carriere est a plus de trente milles au sud de Horse Race, et ces deux carriéres sont les deux points extrémes entre lesquels j'ai découvert les empreintes dont il s’agit. Cependant j’en ai trouvé un échantillon prés du village situé sur le canal de South Halley sur des fragmens d’un schiste gris tres dur provenant du creusage du canal, et un autre fort beau au nord de South Halley pres de Mount Holyoke, sur un gres grossier. South Halley est situé sur la rive est de la ri- viere de Connecticut, a opposite de la carriére située 4 lest de Mount-Tom, que nous avons décrite. Je ne vois pas de raisons pourquoi l'on ne rencontrerait pas de semblables empreintes dans d'autres parties de la vallée du Connecticut, ou se trouvent des gres ardoisés semblables aux variétés que nous avons décrites (cette roche s’étend jus- qu’a soixante ou soixante-et-dix milles au sud de Mount-Tom), mais j’ai exploré les carriéres situées dans le voisinage de Hart- ford, et celles de Enfield Falls, ainsi que les pavés de Hartford et de Springfield, sans y rien découvrir. J’ai cependant quelques raisons de supposer que l’on a trouvé de pareilles empreintes a Westerfield; et je regarderais comme une chose extraordinaire gue l’on n’en découvrit pas dans cette localité, ou bien a Middle- town ou peut-étre a Chatam. 3 D’aprés ce qui précede, on voit que jai établi l’existence de ces impressions dans cing endroits différens pres des bords du Connecticut, dans une étendue d’environ trente milles. Ayant visité de nouveau il y a quelques mois ces localités, je vais pré- senter les résultats de ces recherches : je donnerai d’abord une description générale des empreintes pour les classer ensuite et en décrire les différentes espéces. Quand la surface de la roche a été exposée a l’action de l’eau pendant un grand nombre d’années, je n'y ai jamais pu ren- contrer de ces empreintes de pieds. On les trouve seulement lorsque les couches supéerieures ont été enlevées par le travail 158 mrrencock. — Traces d’ Oiseaux dans le greés rouge. de Thomme, ou laction de leau, et je ne vois pas de raison pour qu’on nen rencontre pas dans cent autres points des bords de cette riviere, ou l’on a ouvert un si grand nombre de carrieres. Dans les carrieres que j'ai nommeées, ces empreintes se pré- sentent sur la roche en place, comme des dépressions plus ou moins parfaites, plus ou moins profondes, faites par un animal a deux pieds et le plus souvent a trois doigts. Dans un petit nombre de cas, on voit l’empreinte d'un quatriéme doigt, ou doigt postérieur, ne se dirigeant pas directement en arriere, mais qui est un peu tourné en dedans; dans un cas, les quatre doigts se dirigent tous en avant. Quelquefois ces trois impressions vont en se rapprochant, et les doigts concourent en un point de convergence, mais quelquefois aussi ils se terminent brus- quement, comme si l'animal n’ett pas enfoncé assez pour im- primer son talon. Dans quelques cas, la pierre est soulevée a ce point dune manieére irréguliére, comme si le poids de lani- mal avait foreé la vase ou le sable de s’élever en arriere de la jambe. Dans quelques cas aussi en arriere de cette légere éléva- tion se trouve une dépression comme si un talon tuberculeux sétait légérement enfoncé. Dans un grand nombre de cas encore, il y a derriére l'impres- sion du pied un appendice fort remarquable. Ce sont des em- preintes de poils raides ou de soies qui sirradient en arriere jusqu’a une distance qui, dans les plus grandes empreintes, est de plusieurs pouces. Les planches qui accompagnent ce mémoire en donneront une meilleure idée que je ne pourrais le faire. (1) Danis tous les cas ou il y a trois doigts dirigés en avant, le doigt moyen est le plus long, et souvent de beaucoup. Dans le plus grand nombre, les doigts vont en diminuant graduellement jusqu’a une pointe plus ou moins aigué; mais dans quelques variétés tres remarquables , ils sont épais, un peu noueux, et se terminent brusquement. Dans les empreintes a doigts minces, on ne trouve pas sou- vent dongles bien distincts, quoique quelquefois on y en dé- (c) Pl. 6, fig. c a 15. PN uircucock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 159 couvre; mais dans les varictés a doigts épais, ils sont souvent tres visibles. Dans beaucoup de cas cependant, cela dépend de la nature méme de la roche. Si elle se compose d'une argile fine les ongles sont ordinairement bien marqués. Et méme alors si on a par hasard clivé la roche un peu au-dessus ou un peu au- dessous du plan sur lequel animal avait primitivement imprimé son pied, les ongles ne seront tres probablement pas visibles , comme je le ferai voir clairement plus loin. Si nous enlevons de sonlit une portion de roche (une épais- seur de plusieurs pouces, portant des empreinteset que nous la brisions verticalement de maniere ace que la cassure traverse les doigts, nous verrons, sur la face de cassure, les différentes couches de la pierre courbées au-dessous de l'empreinte jus- qua une profondeur qui a souvent deux, trois et méme quatre pouces. Si nous la fendons avec soin nous aurons d’un coté une triple dépression, semblable a celle quia été décrite, et de Pautre une figure semblable, ressortant plus ou moins, et quel- quefuis en bas-relief. Ces échantillons en bas-relief donnent souvent une meilleure idée de la structure du pied qui a fait Pempreinte, que ne le font ceux qui sont en creux. Car souvent il est difficile de cliver un échantillon d’une maniere assez par- faite pour enlever toutes les portions de la roche qui remplis- sent la dépression, et si on veut ensuite faconner l’empreinte avec un ciseau, la paroise laisse endommager ; tandis que sou- vent l’argile ou le sable qui ont rempli la trace primitive, étant plus fermes et plus adhérentes au_reste de la roche, se laissent fendre avec peine, et quand on éclate les portions de la pierre qui lenvironnent, la trace reste intacte et on obtient ainsi avec quelque soin un trés bel échantillon. Je ne doute pas que si les ouvriers eussent autrefois connu la nature de ces restes, ils neussent conservé, quelques échantillons de ce genre, car on en trouve des,fragmens parmi les décombres qui sont autour de, la carriére. _ Il y a un cas dans lequel les couches de la pierre ne pa- raissent pas en rapport avec la dépression produite par la trace. Cest quand lempreinte a été faite sur une vase ou argile tres fine et que la dépression s'est trouvée remplie par les mémes i690 waitcucock. — Traces ad’ Oiseaux dans le gres rouge. matériaux sous forme concrete; si alors une couche de maté- riaux plus grossiers se trouve superposée , cette couche ne pré- sente souvent aucune trace de l’empreinte qui est au-dessous delle. Je concois aisément comment un tel changement de circonstances (peut-étre un débordement subit) qui auront apporté des matériaux grossiers, aurait rempli les dépressions de maniére a laisser une surface plane pour le dépot ultérieur. Dans ces cas, on deyra seulement obtenir des échantillons en relief. En pénétrant dans la roche dans une carriere, et en fendant successivement les diverses couches, nous rencontrons d’abord des traces dans un état imparfait, les doigts étant courts et ter- minés brusquement; mais si on enléve encore une couche ou deux, l’empreinte devient plus grande et plus distincte, et quel- quefois les ongles sont visibles. Si nous continuons. de cliver au- dessous du plan ot: l’empreinte se voit Je mieux, nous en ren- controns peut-étre encore des traces; par exemple celle du plus gros doigt ou doigt du milieu; mais ’empreinte disparait plutot au-dessous qu au-dessus du plan ou elle est la plus distincte. Je me suis de bonne heure occupé a chercher sil y avait de ces empreintes qui fussent successives, c’est-a-dire, faites par un animal marchant, et jai été agréablement surpris den trouver un grand nombre qui sont dans ce cas, et cela de la maniere la moins douteuse. Ce mémoire est accompagné des dessins de quelques-uns des cas qui présentent ce fait de la ma- niere la plus remarquable (1). Une description spéciale sera plus convenablement placée ailleurs. Dans un cas (fig. 6), on verra quil n’y avait pas moins de dix pas a la suite l’un de l’autre dans une méme direction, et a des intervalles si sensiblement égaux qu'il est impossible de douter que ce ne soit le résultat @enjambées successives dun méme animal. Il semble que cette série ne se continue pas plus loin seulement parce que la couche qui les présente n’est pas découverte au-dela du dixieme pas. Il est impossible aussi de douter que cette série, ainsi que toutes les autres ou les traces se succedent mait été faite par un animal bipede , car on chercherait en vain de trou- ver une série de traces paralleles. Il est bien vrai qu’elles ne sont sitcHcock. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. 161 pas exactement en ligne droite, mais elles dévient alternative- ment les unes a droite, les autres a gauche, d'une quantité tantét plus tantot moins grande, les doigts étant ordinairement tournés en dehors. L’intervalle qui sépare deux empreintes consécutives est variable ; pour les plus petites empreintes, il est de quelques pouces, et dans les plus grandes on en trouve ayant un ou deux pieds. Crest effectivement ce quon doit attendre d'un animal qui aurait des allures différentes. C’était une chose intéressante d’observer avec quelle facilité, dans presque tous les cas ou les empreintes étaient distinctes , on pouvait distinguer si elles avaient été faites par le pied droit ou par le pied gauche de animal. On peut méme en général le faire sur des empreintes isolées, et quand on a une série de traces, on peut facilement sassurer que le pied droit alterne avec le gauche. Dans le pied droit, les doigts, spécialement celui du milieu, sont légerement courbés vers la gauche, de maniére que la convexité de la courbe qu’ils forment est a droite; cet effet résulte de Veffort que faisait animal pour porter son corps en avant. C’est par suite de ce méme effort que la partie externe du talon semble se diriger en arriere de la partie in: terne. L'inverse de ce qu'on a dit du pied droit est vrai pour le gauche (voyez la planche 8, ou on a dessiné les diverses traces de ces animaux dans leurs proportions relatives). Liinclinaison ou la pointe des roches dans ces diverses car- rieres varie de 5o a 30 degrés. Il semble qu’a Pépoque out la roche était encore a l'état plastique, les animaux dont il s’agit la parcouraient dans tous les sens avec une égale facilité. A Horse-Race, ot \inclinaison est de 30 °, .ils semblent avoir quelquefois monté, quelquefois descendu, et quelquefois aussi avoir marché diagonalement ; les traces semblent n’avoir éprou- vé aucun changement par suite de la raideur de la pente. II ne parait pas que [animal ait gravi en montant, ni quil ait glissé en descendant, excepté dans une ou deux traces de grande di- mension, ou la vase semble avoir été roulée dans un espace de quelques pouces en avant du pied. Mais dans ce cas, l’animal se mouvait horizontalement, c’est-a-dire selon la Reise de gise- ment des couches; et méme sur un plan horizontal, un animal V. Zoou. — Mars. TI 162 nrrcncock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. pesant, marchant rapidement, produirait cet effet sur une ma- tiére plastique. De sorte qu'il suivrait de tous ces faits que ces traces auraient été faites avant que la roche se fut soulevée pour prendre la position quelle occupe actuellement, c’est-a- dire alors quelle était horizontale, ou a-peu pres; conclusion a laquelle les eéologues seraient conduits par l’évidence des faits, indépendamment des empreintes dont nous parlons. Jai dit que souvent on peut voir les traces se succéder régu- lierement, mais cela n’a pas toujours lieu. Quelquefois des ani- maux d’espéces différentes, ainsi que des individus différens, se sont croisés si souvent les uns les autres, que tout est confus, et que toute la surface semble avoir été fonlée, comme nous voyons que cela arrive quand des Quadrupeédes ou des -Canards et des Oies affluent sur les bords fangeux d’un étang ou dun ruisseau. La fig. 9 (pl. 6)représente un cas de ce genre sur un morceau de gres venu de Horse-Race, et actuellement en ma possession. Je crois en avoir dit assez pour quil me soit permis de conclure que ces impressions sont des pas d’Oiseaux qui ont été faites sur ce gres a son origine, alors qu'il était encore dans un état plastique: cest la conclusion des observateurs les plus ordinaires, a Pinspection de ces échantillons; mais les géologues, moins que personne, doivent se fier a leurs pre- mieres impressions. Je vais donc établir en peu de mots les argumens-sur lesquels s'appuie cette opinion: 1° Ces empreintes sont évidemment les traces d'un animal a deux pieds, car jamais je nai pu trouver un seul cas ou il y en ait plus d’une rangée a la suite les unes des autres; a° Elles ne peuvent avoir été faites par aucun Bipede connu, si ce n’est parmi les Oiseaux : j'ai le bonheur de voir cette opi- nion confirmée par plus d’un géologue distingué ; 3° Elles ont un grand rapport avec les traces des Oiseaux. Elles ont trois divisions antérieurement, de méme que le pied d'un Oiseau; souvent, et peut-€ire méme dans tous les cas, les doigts se terminent par des ongles. Si dans quelques cas les doigts sont coniques, et dans d’autres épais et terminés brusquement, cela a lieu aussi chez les Oiseaux; enfin si le doigt postérieur manque chez le plus grand nombre, c'est encore une disposition qui se | | | nitcuceck. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge: 163 rencontre dans beaucoup de genres dOiseaux , et en particulier - chez les Gralles. Je ne sache pas que les. traces des Oiseaux vivans aient été beaucoup remarquées, et je regrette quil n’ait pas été en mon pouvoir de faire un plus grand nombre dobservations sur ce sujet que je n’en ai fait. Mais, autant que jai pu les examiner, elles présentent une ressemblance frappante avec les empreintes qui nous occupent. J'ai surtout été frappé de cette ressem- blance dans deux des carriéres que j'ai décrites, savoir, celle qui se trouve derriere Mount-Tom et celle de Horse-Race. La roche, dans ces localités, passe immédiatement au-dessous de la riviére, et les eaux y ont déposé une couche de boue tres mince le long du rivage. Durant l’été surtout, quelques petites espéces de Gralles, en particulier des Bécassines, s’y rassem- blent pour chercher leur nourriture; leurs traces y sont trés nombreuses, et lorsque la vase s'est endurcie subitement, on peut a peine les distinguer de quelques-unes des empreintes qui se tronvent sur le grés qui en est immédiatement voisin. .Dans un cas méme, la ressemblance était presque complete : la riviere avait baissé de plusieurs pieds et avait laissé une vase couverte d’empreintes, exposée pendant plusieurs semaines au soleil d'une saison de sécheresse, de sorte que cette vase s ‘était durcie au point de ressembler presque a de la pierre, et si jeusse moulé une de ces impressions, ce qui aurait été facile : je suis sur que jeusse pu aisément les faire passer pour une empreinte trouvée sur le gres. J’ai dessiné quelques-unes de ces unpressions que l’on voit fig. 17, et je ne pouvais m’empécher de penser que je ne faisais que reproduire avec une grande exactitude les empreintes qui se trouvent sur la pierre. La fig. 22 est une esquisse de deux pasdel’Oie commune (Anas canadensis), imprimés sur la vase. La longueur du pied est de quatre pouces, et celle del'enjambée est de sept pouces. L’espace occupé parla membrane qui unit les doigts est tres visible sur la vase; il est enfoncé au-dessous de la surface, mais moins pro- fondément que les doigts. L’absence compléte de sembiable apparence dans-les traces fossiles, rend presque certain qu’au- cune delles n’a été produite par un Oiseau palmipeéde. La dis-. It. 164 uitcncock. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. tance latérale de chaque pas a la ligne moyenne de la course de Yanimal est beaucoup plus grande que dans aucune des traces fossiles de méme dimension. La fig. 18 représente les traces d’un Oiseau, probablement du genre Tetras, que j'ai mesurées I’été dernier; mais je n’en ai pris qu'une esquisse. Longueur du pied, non compris le doigt du milieu, un pouce et demi; longueur de chaque enjambée, cing pouces. La fig. 17 a déja été citée; elle représente les pas d’une petite espece de Bécassine, n’ayant pas de doigt en arriére. Les mémes empreintes se voient encore, fig. 16, sur la méme échelle que les impressions fossiles des deux premieres figures, afin qu’on puisse en comparer les dimensions avec celles des empreintes fossiles. La fig. 20 représente un exemple de traces du Coq domestique (Phasianus gallus), imprimées sur de la vase. Les doigts, sans y comprendre le postérieur, ont environ trois pouces de long; la longueur de chaque enjambée est de six ponces: c’est la la distance qui sépare ordinairement les traces dans ces especes. Une des traces seulement présente limpression du doigt pos- térieur, le pied ne pouvant enfoncer suffisamment dans tous les cas. Quelques traces de Dindon domestique ( Meleagris gallo- pavo) sont reproduttes fig. 21. Elles ont été dessinées d’apreés -des empreintes faites sur la neige. Le pied (dans un grand in- ‘dividu) a quatre pouces de longueur, et chacune de ses enjam- bées en a douze. Le doigt postérieur se dirige en dedans, de maniere qu'il est presque, en arriere, la continuation du doigt -externe. Fig. 19. Traces du Paon (Pavo cristatus ). Elles ressemblent beaucoup a celles du Dindon, excepté que dans celles du Paou,lempreinte du doigt postérieur ressemble a un trou fait avec le bout d’un baton, et qu'il n’a pas assez de longueur pour poser a terre en méme temps que les autres doigts, excepté quand la neige est haute. La longueur du pied, sans compter le doigt postérieur , est de trois pouces et demi; chaque enjambée est de neuf pouces. 3 uircHcock. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. 165 Les traces. d’Oiseaux vivans, figures 16 422, sont dessi- nées sur une plus grande échelle que les empreintes fossiles ; mais leur ressemblance ne peut point ne pas ¢tre remarquée , et elle est encore plus évidente dans les échantillons mémes. Cependant les Gallinacés offrent un talon plus distincte- ment marqué qu’aucune des especes fossiles que jai vues, a Vexception d’une. Ilest marqué par un petit cercle pris du point d’ou partent les doigis. Quand lempreinte était tres nette, jy ai remarqué les petites protubérances et les petites dépressions de la plante du pied; mais généralement on ne les distingue pas, et les ongles n’apparaissent que bien rarement comme une partie distincte du reste de l’'empreinte. Regardant donc comme établi que les traces observées sur les pierres sont des traces d’oiseaux , je vais procéder a une des- cription spécifique de plusieurs especes que je pense pouvoir. distinguer ; et puisque cette partie de ’Oryctologie n’a pas en= core jusqu ici été explorée, jespere que cela justifiera Vintro-. duction de mots nouveaux.. Je renferme les diverses variétés de traces sous le nom-d‘Or- nithichnites (ope, twxves), mot qui signifie traces d’oiseaux sur des. pierres; et si ce sujet méritait d’étre regardé comme une branche distincte de, connaissances, je lui donnerais le nom d’Ornithichnologie. Toutes les variétés. de traces que jai découvertes, je les come. prends dans deux divisions: 1° les Pachydactyles ou a doigts épais ; 2° les Leptodactyles ou 4 doigts coniques. Dans la pre- mieére de ces divisions, les doigts sont dune. grosseur presque uniforme dans toute leur étendue, excepté toutefvis qu’ils sont un, peu tuberculeux; ils se terminent brusquement, et sont ce- pendant toujours pourvus d’ongies. Dans la seconde division , les doigts sont beaucoup plus étroits, moins gros, dune lon- gueur égale, et quelquefois ils sont d'une grande délicatesse (par ex. fig. 14); ils vont graduellement en s'amincissant; on ny apercoit pas souvent dongle bien distinct.J’accorde beaucoup de confiance a cette division pour létablissement et la distinc- tion des especes et des variétés suivantes. Si j’eusse suivi mes propres impressions, j’aurais regardé quelques-unes des variétés 166 uircucock. -— Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. comme des especes distinctes, mais j'aime mieux en créer un trop petit nombre qu’un trop grand. En parlant ici d’espéces , j’entends seulement parler d’especes en Oryctologie et non en Ornithologie. Je ne fais aucun doute que peut-étre, dans plusieurs cas, ce que j’appelle espece dans la premiére science serait un genre dans la seconde, c’est-a-dire que ces différentes traces devraient leur origine a des oiseaux différens entre eux sous le rapport générique. Je nignore pas qualors méme que le squelette entier des Oiseaux se retrouve, il est extrémement difficile de distin- guer les especes. « La différence entre deux espéces, dit Cu- « vier, est quelquefois entierement inappréciable par le sque- « lette; les genres mémes ne peuvent pas toujours étre distin- « gués a Vaide de leurs caracteres ostéologiques ». N’y a-t-il pas alors une sorte de présomption a parler d’espéces distinctes, alors quon ne posséde rien autre chose quel’empreinte des pieds ? Je pense que dans les indications suivantes, tirées de cette seule source, il ne sera pas toujours possible d’éviter la confusion de plusieurs espéces d’Oiseaux bien distinctes dans une méme es- pece dornithichnite et mon opinion se trouve confirmée par la ressemblance frappante qui existe entre les traces de plu- sieurs espéces encore existantes. Mais si nous prenons en con- sidération les distances qui séparent deux de ces empreintes , jai la ferme confiance que souvent nous pourrons distinguer ceux de ces oiseaux qui différaient considérablement les uns des autres. « Les lieux ot vivent les oiseaux, et leur mode de « progression, dit Duméril, sont pour ainsi dire indiqués d’a- « vance par la disposition de leurs pieds. Aussi, c’est d’apres la « forme, la longueur des pieds et la disposition des doigts que « les oiseaux ont été divisés en six ordres. » (1) (1) Elémens des Sciences naturelles, t. 2, p. 258. wircHcock.— Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 167 ONITHICHNITES. 1. Pachydactyl. O. giganteus. O. tuberosus. a, dubius. 2. Leptodactyt. / O. ingens. Ae minor. O. diversus. a. Clarus. B platydactylus. O. tetradactylus. O. palmatus. O. minimus. DESCRIPTION DES ESPECES. O. giganteus.—Trois doigts; longueur du pied, non compris les ongles, 15 pouces. Dans un des échantillons longle a au moins 2 pouces de long, et alors méme il semble qu'une partie sen soit détachée: en général, il n’a pas plus dun pouce de longueur, mais il semble rompu. La longueur totale du pied est conséquemment de 16 ou 17 pouces, et la longueur des di- verses enjambées varie entre 4 et 6 pieds. Les doigtssont un peu tuberculés , interne, dans quelques cas, présente deux protubé- rances distinctes, et le moyen en offre trois, mais moins évidentes. L’épaisseur moyenne des doigts est d’un pouce et demi et leur largeur de 2 pouces. On rencontre cette espéce seulement dans la carriére de Northampton a lest de Mount-Tom, ou elle est tres abondante. J'ai trouvé dans un seul point six traces de cetie espece se succédant a une distance moyenne de 4 pieds. 168 mrrcHcock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. Ce cas est représenté dans la fig. 1. D’aprés le grand nombre de cas ou j’ai rencontré les traces espacées a des distances de 4 pieds, j’ai tout lieu de penser que c’était la longueur des diverses enjambées de cet oiseau, lorsqu’il se promenait tran- quillement; mais dans une course rapide, il pouvait enjamber jusqu’a 6 pieds. Les cas dans lesquels les enjambées ont 6 pieds ne sont pas communs. Dans une partie de la carriére dont nous avons parlé, jai trouvé les traces de quatre individus de cette espéce, se diri- geant toutes dans le méme sens; ce qui indique que ces oi- seaux avaient marché ensemble et rapprochés, et rendrait probable que cette espece vivait en troupes. La distance entre ces diverses rangées de traces est de 4 ou 5 pieds. Dans la fig. 21 on sest efforcé de représenter lO. giganteus de grandeur naturelle, comme on le voit sur un échantillon en relief, qui est en ma possession (1). Les ongles sont brisés. C’est le des- sous du pied qui est représenté par la figure. | Bien que cette description semble presque incroyable, les échantillons que j’ai obtenus de cette espece sont peut-étre plus satisfaisans que ceux d’aucune autre, Toute la cavité primi- tivement formée par limpression du pied de loiseau s'est trouvée remplie par une concrétion siliceuse d'une nature un peu différente de celle des parties environnantes; de sorte que ces dernieres peuvent étre en grande partie détachées, et que la concrétion qui a rempli la cavité laissée par le pied de loi- seau restant sur la roche, présente dans le fait une véritable pétrification de tout le pied. De tels échantillons ne sont pas communs. Jen ai cependant obtenu quelques-uns, et on peut a laide du platre les multiplier a volonteé. O. tuberosus.—Trois doigts; longueur du-pied 7 ou 8 pouces; ongle distinct dans quelques échantillons, ayant de un pouce a un pouce et demi de long; renflemens tuberculeux tres dis- tincts au-dessous des doigts. Dans un ou deux échantillons que je possede, le doigt interne offre deux proéminences, et le moyen, trois; on n’en distingue pas au doigt externe. Cela cor- (+) C'est cette figure ar qui est reproduite dans notre planche 7 reduite de moitié. HiTcHCocK. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. 169 respond du moins pour les doigts interne et moyen au nem- bre darticulations qui sobservent chez les Gralles a trois doigts, actuellement vivans. La longueur de chaque enjam- bée dans cette espéce est de 24 a 33 poner: On la renconire a Northampton a a Vest de Mount-Tom; j’ai vu un échantillon peu distinct qui semblait avoir appartenu a cette espece, provenant de Gill, prés de Horse-Race. La différence la plus importante entre cette espece et la pré- cédente est dans su moindre dimension. On pourrait bien d’aprés cela penser que |’O. tuberosus nest qu'un jeune individu de lO. giganteus. Mais je n’ai jamais remarqué d’échantillons in- termédiaires, et en outre dans la premiere espece le doigt mé- dian est plus long proportionnellement aux autres que dans la derniere, et les doigts sont plus écartés. a. dubius.—J’ai dernierement obtenu de la carriere, située a lest de Mount-Tom, quelques échantillons, tres usés, présen- tant la forme générale de lO. tuberosus, mais beaucoup plus petits, puisque le pied a seulement 4 pouces de long et chaque enjambée 12 pouces. II est assez probable que cest une espece distincte, mais pour le moment je la considere comme l’em- preinte du pied du jeune O. tuderosus. La fig. 2 représente deux rangées de traces de l’O. tuberosus, allant dans des directions opposées et se croisant a une de leurs extrémités. La longueur du pied dans la rangée a droite, ainsi que celle des trois traces placées pres de langle supérieur gauche de la figure est de 8 pouces, et celle de chaque ener hbée est de 28 pouces. Mais dans la rangée gauche le pied est a peine long de 7 pouces, et les pas sont séparés par une distance de 24 pouces. La différence entre les pieds d’especes et méme de genre d’oiseaux encore existans, est moindre que celle qui s’ob- serve entre ces empreintes; cependant comme les plus petites peuvent avoir été faites par de jeunes oiseaux de la grande es- pece , je les regarde seulement comme des variétés différentes. La fig. 5 représente trois traces de l’O. tuberosus sur un pave, situé vis-a-vis de la porte du tribunal, 4 Northampton; le pied a 6 pouces de long et chaque enjambée 33; c'est la plus longue 170 ultcHcock. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. que j aie encore trouvée dans cette espece. Cette pierre avait été prise a la carriere a lest de Mount-Tom. O. ingens. Trois doigts; longueur du pied, non compris les appendices soyeux, 15 4 16 pouces. Dans aucun des cas que Jai vus longle n’était visible. Les doigts sont beaucoup plus étroits que ceux de !’O. giganteus et vont graduellement ter- miner en pointe; ils sont tres écartés. Le plus bel échantillon que je posséde offre a quelques pouces en arriére du talon un enfoncement de prés d’un pouce, ayant plusieurs pouces de large; la partie de ’empreinte, qui est en avant de cette dépres- sion, semble en arriere comme si de larges soies sétaient im- primées sur la vase. J'ai été amené A penser que cet animal possédait une sorte de talon noueux, couvert de plumes fili- formes, lequel s’enfoncait dans la vase lorsque le pied y en- trait profondément. Je ne sais encore a quoi m/’arréter, quant a la nature de ces appendices, ces impressions de soies s’éten- dent en arriere du talon de 8 ou g pouces au moins, de sorte que la longueur totale de Vimpression du pied n’est pas de moins de 2 pieds. La longueur de l’enjambée semble avoir été denviron 6 pieds, mais je n’ai eu que fort peu d’occasions favorables de vérifier ce fait. La roche sur laquelle on rencontre cette espece est composée d'une vase bleue, fine, semblable a celle qui maintenant est commune dans les étangs et les bras de mer, et lorsque l’animal marchait dessus, il semble que dans quelques cas, elle se soit refoulée en formant une élévation de plusieurs pouces autour de la partie antérieure de la trace. Et je n’hésite pas a affirmer que ces empreintes semblent étre assez profondes pour indi- quer une pression presque aussi grande que si un éléphant les eut faites; aussi jusqu’a ce que l’évidence fut devenue irrésisti- ble, je ne pouvais me persuader que ce flit la la trace dun oiseau. O. ingens « minor.—Longueur du pied, 12 pouces environ; enjambée de 32 a 35 pouces. Sous les autres rapports, il res- semble a lO. ingens, et bien que d’abord je penchasse a le re- garder comme une espeéce distincte, j'aime mieux le considérer HitcHcock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 171 comme une petite variété de l’O. ingens. La fig. 3 représente une série de traces de cette variété, dessinées en face de la roche de la carriére de Horse-Race. L’appendice soyeux est a peine visible sur la roche; ila été en conséquence omis dans la figure. Son absence provient sans doute de ce que la couche de la roche qui actuellement est 4 nu est supérieure ou infé- rieure a celle sur laquelle Poiseau a d’abord marché. Le pied a 12 pouces de long, et les enjambées varient de 32 a 35 pouces. La petitesse du pied pourrait étre simplement le résul- tat de la position de la couche qui le contient, comme on I’a déja expliqué. Mais comme la longueur de chaque intervalle a moins de 4 pieds, j’en conclus que ces traces ont été faites ou bien par un jeune O. ingens , ou par une espéce différente du méme geure. i L’O. ingens na été trouvé qu’a Horse-Race. On en peut voir sur les promenades latérales de Deerfield plusieurs échan- tillons venus de cet endroit. . O. diversus.—Trois doigts, appendice soyeux en arriére; lon- gueur du pied , non compris cet appendice, 2 46 pouces; lon- gueur de chaque enjambée, de 8.4 21 pouces. J'ai compris dans cette espece une grande variété d’échan- tillons, parce que je ne pouvais tracer entre eux une ligne de démarcation aussi nette quon eut pu le desirer. Les deux variétés suivantes sont cependant trop distinctes pour qu’on nen parle point, et je doute peu quelles n’aient été produites par des especes d’oiseaux distinctes, quoique je les réunisse dans une méme. « clarus.—Pied, pris en dehors de lappendice, de 4 a 6 pou- ces de longueur. Doigts en général un peu rapprochés et poin- tus, doigt interne plus court que lPexterne. Appendice soyeux tres distinct, long de 2 4 3 pouces; peut-étre un talon noueux. Enjambée de 18 4 25 pouces. On le trouve au sud-ouest de Montagué, et aussi a Horse-Race, et probablement aussi a Northampton et prés du canal de South-Hadley. Les échan- tillons provenant de Montagué et de Gill sont quelquefois ex- cessivement distincts, au point quiils attirent Pattention de tout le monde. La pl. 7, fig. 2, en représente un venu de la_pre- 172 HircucocK, — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. miere place, réduit de moitié. On l’a représenté en relief, parce que j'ai trouvé que de cette manierele dessin était plus distinct. Fig. 13. Esquisse de plusieurs traces de cette méme variété, sur un morceau de gres rouge micacé, ayant 3 ou 4 pieds carrés, venus de Montague, et présentement en ma possession. Les empreintes sont tres distinctes et tres profondes, et sem- blent avoir été faite par deux oiseaux marchant céte a cote, a une distance de 16 pouces; lun d’eux enjambant 2 pieds, et autre seulement 18 pouces. Dans la rangée a droite, une troi- sieme empreinte commence a paraitre justement sur le bord de la pierre. La longueur des doigts , non compris lappendice, est d’environ 5 pouces. Fig. 12. Cas tres semblable au précédent, excepté que les doigts latéraux sont a peine visibles, probablement parce que la couche qui les présente était un peu au-dessous du plan sur lequel marchait l’oiseau. Les enjambées dans la rangée droite sont de 21 pouces, et dans l’autre elles sont de 18 pouces. Cet échantillon est venu de Horse-Race, et est sur un gres gris micace. La fig. 9 a été dessinée d’apres un échantillon que je pos- sede, venu de Horse-Race. Les traces sont parfaitement dis- tinctes en relief; elles le sont aussi dans. la partie opposée de la pierre ou elles sont en creux. Il y a dans cette figure, au moins sous le rapport de la grandeur, deux variétés de I’O. diversus, et les traces sont placées d'une maniere irréguliere sur nie pierre. La longueur du pied varie de 4 a 6 pouces. La fig. 11 représente un ¢chantillon semblable venu de la méme place, et de la mémeespece. Les traces sont en creux, et le plus grand nombre est trés distinct. Il y en a au moins trois paires, que l'on a réunies par des lignes ponctuées; ce sont les traces d’oiseaux marchant dans des directions différentes. La longueur des enjambées varie de 12 a 15 pouces. Six de ces traces sont isolées, cest-a-dire que dans l’échantillon , elles ne sont en rapport avec aucune autre. La longueur du pied dans toutes ces traces, a l'exception de n, est de 4 pouces , celle de n est de 6 pouces. La roche est composée d’un greés gris micacé a grains fins. mitcHcock.— Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. 173 La fig. 10 représente un autre groupe semblable de la méme espece et de la méme dimension que dans la figure précédente ; mn ayant 6 pouces de long, et les autres traces 4. Trois traces situces A la partie inférieure de la figure, et deux autres au centre, sont évidemment les traces d’oiseaux se mouvant dans diverses directions ; les moindres enjambées ont 12 pouces, t les plus longues 18. Quatre de ces traces, sur un gres gris mi- cacé venu de Horse-Race, sont isolées. 6. platydactylus.—Doigt médian long de 2 4 3 pouces, renflé a son extrémité d’ une maniere inusitée. Appendice soyeux tres grand, et tres distinct ; ; longueur de chaque enjambée, 7 a 8 pouces. On le trouve a Horse-Race, ou il est assez commun. Les cing petites traces qui, dans la fig. 6, se suivent diagonale- ment, appartiennent a cette variété; il en manque une sixiéme pour compleéter la série. Cette espéce dilfere de la précédente par le renflement du doigt médian et par sa moindre dimen- sion. Puisque les lignes rayonnantes situées derriere le pied de lO. ingens et de lO. diversus sont beaucoup plus légerement empreintes que les sillons imprimés par les doigts, nous devons nous attendre a ce que, par le dépot de nouvelles matiéres quand la roche s'est formée, ces lignes aient été les premiéres a soblitérer. Et je trouve quen effet les choses se sont ainsi passé; car jai quelquefois rencontré des échantillons qui, quoique trés distincts, ne présentaient aucues traces d’appen- dice soyeux, et en enlevant successivement plusieurs couches de Ja roche, je suis parvenu enfin .a une couche qui présentait cet appendice. Cest d’apres cela que j’ai été conduit a rapporter alO. diversus wn échantillon compléetement dépourvu d'appen- dice soyeux , quand sous tous les autres rapports il correspond a cette espece. De sorte que, pour la plupart, les exemples de traces successives de cette espéce que nous avons dessinées sont représentées dépourvues de cette apparence scopiforme, parce que, dans le fait, ils n’en avaient pas sur la roche. La fig. 5a été faite d’apres un pavé venu de lest de Mount- Tom, et placé dans l’avenne latérale de Northampton, en face de la porte nord de la principale église. Les traces, bien que 174 wircHcock.— Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. trés usées , sont encore parfaitement bien caractérisées. Le pied droit et le pied gauche sont tres distincts, et les doigts ont sen- siblement le méme écartement dans lune et l'autre traces. Le pied a 6 pouces de long, et les doigts sont plus prés d’étre égaux en longueur que dans lO. diversus « clarus, au point que jai presque été disposé a regarder ces traces comme une espéce distincte, mais jai pensé qu'il était plus sir de les rapporter a PO. diversus. La longueur de chaque enjambée est de 21 pouces. La fig. 6 a déja été citée. Les doigts des deux principales ran- gées de traces sont plus courts et plus écartés que dans!’O. diver- sus a Clarus ordinaire, et il ne présente aucune trace d’appendice soyeux, cependant je le range dans cette espéce. La longueur du pied est de 4 pouces, la longueur moyenne des enjambées est de 12 pouces, et ne varie pas de plus de 2 ou 3 pouces. A gauche on remarque le commencement d’un semblable rang de traces, de la méme espéce, ainsi qu’une trace isolée. J’ai trouvé cet échantillon dans la carriére de Horse-Race, et en augmentant la figure, jaurais pu représenter un plus grand nombre d'autres traces; mais dans aucun cas on nen aurait vu un si grand nombre se succéder que dans cette figure. La fig. 7 a été dessinée d’aprés un échantillon denviron 3 pieds de long, appartenant actuellement au docteur Dwight de South-Hadley. Il y a trente ans qu'il l’'a obtenu d'un fermier qui demeure au nord de cette ville, et chez lequel il servait de seul : ce fermier l’avait trouvé dans les environs. C’est un grés erossier, plus grossier que dans aucun autre échantillon ou lon trouve des empreintes. Le pied a entre 3 et 4 pouces de lon- eueur et n’a pas d’appendice soyeux. La longueur de lenjambée est de to pouces. Les traces sont en relief sur cette pierre, et sont tres distinctes. ey La roche (apres laquelle on a dessiné la fig. 8 est un gres gris micacé ou plutot un schiste venu de Horse-Race et servant main- tenant de pavé dans le village de Deerfield. La longueur du pied est d’environ 4 pouces, les doigts sont trés écartés et on n’apercoit pas @appendice scopiforme en arriére. La longueur moyenne des enjambées est de 12 pouces. La troisieme trace 5 wircucock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 1% 79 est presque oblitérée, et il semble que Voiseau marchait dans une direction un peu curviligne. On pensera probablement que l’O. diversus et toutes ses va- riétés sont des empreintes de pieds de jeunes individus de V’es- pece qui a produit lO. ingens, et javoue quil n’est pas aisé dassigner une autre différence que la grandeur. Mais mes échantillons de ’O. ingens sont peu nombreux et beaucoup plus imparfaits que ceux de l’O. diversus ; de sorte que cest seulement d’aprés leurs traits les plus généraux que l'on com- pare ces deux espeéces; et j’ai tout lieu de penser que de meilleurs échantillons découvriront dautres différences. Car je puis hardiment penser que le petit d'un oiseau dent le pied a 16 pouces de long accompagnerait sa mére en cherchant sa vie le long des bras de mer, 4 l’époque ou son pied a seule- ment 2 pouces de long, si méme il pouvait jamais avoir le pied si court. Je pense démontrer pliis loin que toutes ces traces ont été laissées par des oiseaux marchant le long des bords desbras de mer ou de lacs. En outre, l’O. diversus est cinquante fois plus commun que I’O. ingens, et peuvons-nous supposer quil put y avoir une si grande disproportion entre le nombre des oi- seaux adultes et celui des jeunes? En est-il ainsi pour aucune espéce vivante? Je pense que non, quoique javoue étre peu familier avec les faits dont il s agit. O. Tetradactylus.—Longueur du pied, non compris le doigt postérieur, de 2 pouces 172 43 pouces 172. Doigts écartés , plus minces que ceux de !’O. diversus. Le doigt postérieur est tourné en dedans, dle sorte qu'il est presque sur la méme ligne que le doigt externe prolongé en arriere. Il reste cependant un espace entre le talon et le doigt postérieur, comme si son insertion avait lieu le long de la jambe plus haut que celle des autres doigts , et qu'il se dirigeat obliquement en bas. La longueur de chaque enjambée est de 12 pouces (?). Point d’appendice soyeux. On le trouve a Horse-Race. Probablement cette des- cription embrasse plusieurs genres doiseaux, car la grandeur des empreintes, et surtout la direction du doigt postérieur, varient considérablement; et dans les espéces vivantes, ces différénces sont souvent les seules marques par lesquelles on 176 HITCHCOCK. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. puisse distinguer des especes et meme des genres 4 inspection de leurs traces. Dans les traces du coq domestique (fig. 20) , du paon (fig. 21), du coq-d'Inde (fig. 18), nous voyons le doigt postérieur tourné en dedans presque autant que dans héchian- tillon fossile, comme on le voit dans la planche comparative des ornithichnites qui accompagne ce mémoire. Mais: dans les empreintes du pied d'un oiseau, probablement du genre Tétraos que j’ai mesurées il y a peu de temps, le doigt postérieur semble étre la prolongation en arriére du doigt médian. Dans les traces du coq (fig. 20), on doit remarquer que le doigt postérieur 8'a~ percoit seulement dans quelques traces, parue qu'il est inséré si haut sur le tarse, qu'il faut pour qu'il s’imprime sur la vase que loiseau enfonce beaucoup. Dans les traces du paon, lim- pression du doigt postérieur semble comme une empreinte isolée et arrondie faite avec Vextrémité d’un baton, a cause de la position particuliere, de la forme et de la direction qu’affecte ce doigt chez cet oiseau. Ces faits rendent probable opinion que quelques-uns des cas que je regarde comme étant produits par des oiseaux a trois doigts proviendraient d'un oiseau a quatre doigts; et effective- ment, dans quelques cas ot javais rapporté un échantillon a lespéece O. diversus, en fendant la roche avec soin, jai pu démontrer la présence d'un quatrieme doigt. Cependant je pense qu'une telle découverte devra se faire rarement; et quant a ces grandes traces, je nai rien pu remarquer qui ressemble a un quatrieme doigt, méme en admettant que l’O. diversus en pos- sédat un. Aux exemples d’oiseaux vivans nommés ci- dessus, j’aurais dé ajouter celui du Héron d@’ Amérique (ardea Americana), le plus grand oiseau des Etats-Unis. Son doigt postérieur n’appuie point sur le plan ot: loiseau se trouve, mais il peut simpri- mer sur la vase lorsqu’elle est profonde. O. palmaius.—Quatre doigts, tous dirigés en avant. Le qua- trieme doigt est trés court; il sort de la partie interne du pied: le talon est large, et les doigts en naissent comme par paires , cest-a-dire que les deux doigts internes et les deux externes nitcHcock.— Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 177 sont plus rapprochés et divergent moins que les deux moyens. Les doigts sont tres minces; le pied a 2 pouces 172 43 pouces de long. La longueur de l’enjambée est de 8 pouces dans le seul échantillon ou jai pu la mesurer. Cette espece est tres remarquable ; et comme je l’ai vue seu- lement dans ma derniere visite a Horse-Race, je ne suis point bien certain de ne point m’étre trompé en décrivant ses caracte- res, quoique les échantillons que je possede soient tres distincts. Un deux en. particulier contient deux traees telles que, pro- bablement , aucun naturaliste ne pourrait douter qu’elles n‘aient été faites par un oiseau. Jen ai donné (fig. 14) un dessin aussi exact que possible et de grandeur naturelle, quoique la distance gui les sépare, et qui sur la roche est de 8 pouces, soit beau- coup moindre dans la figure. Dans une des traces, les doigts sont légerement tournés a gauche, et dans l'autre, ils le sont a droite (on le voit un peu dans la figure), ce qui est en rapport avec les pas d’un oiseau et non avec ceux d'un quadrupéde. De plus, le pouce, ou le doigt le plus court, est tourné du coté op- posé dans les deux traces, ce qui prouve que ce sont les traces dun bipéde; car si étaient les empreintes des deux pieds gauches ou des deux pieds droits dun qua‘lrupede, les pouces se trouveraient du méme coté dans ces deux traces. Je ne-sache pas que ces empreintes puissent correspondre a celles que laisserait le pied de quelque oiseau actuellement existant, du moins je ne puis rien trouver de semblable dans les ouvrages dornithologie que j’ai pu me procurer. Les oiseaux a quatre doigts sont bien les plus communs, mais, dans aucun cas, ces doigts ne sont tous dirigés du méme coté (1). Mais quand on voit tant de singularités de structure dans un si grand nombre d’animaux qui se rencontrent pétrifiés dans les roches secondaires, devons-nous nous étonner d’en trouver parmi les oiseaux d’une époque voisine? Et quelqu’un peut-il supposer (+) Dans quelques dessins des pieds du genre Paradisea , et spécialement dans ceux de |’En- cyclopedie de Rees, il semblerait que tous les doigts seraient dirigés en avant; mais les orni- thologistes nous apprennent que cela n'a pas lieu. Voy. le Dictionnaire classique d’Histoire na- turelle, art. Paradisea, Zoo... — Mars, es 178 uircHcock. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. que la simple addition d'un doigt interne trés court, suffise pour exclure cet animal de la classe des oiseaux, lorsquon a des preuves si claires que cet animal était un bipeéde? O. minimus.—Trois doigts; point d’appendice sétiforme; pied d’r pouce a 1 pouce 172 de long; doigts tres écartés et presque Wégale longueur; enjambée de 3.4 5 pouces; il est tres commun a Horse-Race. En général, le pied a plus d’1 pouce de long, mais dans un échantillon trés distinct il n’offre qu’un 172 pouce. La fig. 15 représente une série de traces de cette espéce sé- parées par une distance de 4 pouces. Cet échantillon a été trouvé a Horse-Race. On pensera probablement, comme dans un cas précédent, que toutes les petites traces ont été faites par un jeune individu d’oiseaux d'une plus grande espéce; et quoique je doute que cela puisse étre vrai dans une grande extension, on doit voir cependant que je nai point regardé comme des especes dis- tinctes celles qui ne présentaient de différence que dans la gran- deur, excepté peut-étre l’O. ingens, comme jen ai déja fait la re- marque. Outre les particularités qui ont été remarquées, il en est d'autres qui n’échapperaient pas a des yeux exercés, mais qu'il serait fort difficile d’exprimer a Vaide du langage. Des naturalistes éleveront peut-étre quelques doutes quanta la nature des appendices qui viennent prolonger par leur irradia- tion ’empreinte de quelques-unes des espéces qui ont été dé- crites. Cependant il est bien connu que quelques especes d’oi- seaux vivans ont le tarse recouvert en grande partie par des plumes filiformes, telle est, par exemple, la Gelinotte de la baie d’Hudson (tetrao phasianellus); et je ne vois pas pourquoi de semblables appendices ne produiraient pas sur la vase une empreinte semblable a celle que Pon trouve dans les échan- tillons fossiles, En comparant les descriptions qui ont été données des di- verses espéces, il est intéressant d’observer dans quelle propor- tion l'enjambée croit en méme temps que le pied; depuis l’im- mense O. ingens, dont le pied a 16 pouces, et qui enjambe au moins 4 pieds, jusqua l’O. minimus , dont Je pied a 1 pouce, et qui enjambe de 3a 4 pouces. Afin donc de mettre cette cor- nitcucock. — Lraces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 179 respondance sous un méme coup-d ceil, ainsi que pour don- ner une idée de ce que chaque espéce offre de particulier , jai fait faire le tableau comparatif qui accompagne te mémoire. On y voit a-la-fois et les dimensions relatives des différens pas et ‘es longueurs comparatives des diverses enjambées. Le tout est dessiné sur une échelle d’1 pouce pour 5 pouces. La planche ne présente pas les particularités de chaque échantillon, mais cest la réunion des divers résultats fournis par tous les cas dont nous avons parlé. Il n’y a qu’un fort petit nombre d’échan- tillons qui soient aussi parfaits que ceux qui s’y trouvent repré- sentés; mais lexamen attentif des divers échantillons a fait dé- couvrir de nouveaux caracteres, de maniere a m/autoriser a pré- senter ces traces sous une forme aussi parfaite que celle qu ‘elles ont dans cette planche. Les doigts sont représentés tournés en dehors, et légerement courbés comme on le voit dans les échan- tillons les plus parfaits. Dans lasérie de eons s étendant de 1 4 16 moins les numé- ros 12, 13 et 14, on s est attaché a reproduire les traces absolu- ment comme la roche les représente; mais |’ échelle dont on s’est servi (J pouce pour 20) est tellement petite, que ces figures sont au-dessous de la vérité, puisque l'on ne s‘est point attaché a représenter les ongles qui cependant sont quelquefois visi- bles. Cependant, en général, quand la roche est restée long- temps a découvert, ces parties, ainsi que d'autres détails encore plus délicats, s’obliterent, et c'est seulement en clivant des échantillons isolés que j’ai pu les découvrir. Ces figures ayant été dessinées d’apres une échelle, montrent, sinon la véritable dimension, du moins les dimensions relatives des diverses es- peces. La fig. 14 est la seule qui soit de grandeur naturelle. (La suite au prochain cahier.) 12, 180 J. FE. BRANDT. — Conspectus sectionum. Conspectus seclionum, generum, subgenerum et specierum novorum, que in fasciculo primo Prodromi descriptionum animalium @ Mertensio in or- bis terrarum circumnavigatione obseryatorum reperiuntur; Auctore J. F. Branor. PHYTOZOA POLYPI Ehrenb. Sectio. Zoocorallia Polyactinia Ehrenb. Fam. Zoanruina Ehrenb. a Subfam. Corticifera Br. Genus. Corticifera Les. seu Polythoa. Lam. i. Spec. Corticifera variabilis Br. (Novy. Spec.).—In insulis Boninsi- mensibus reperta. Genus. Mamillifera Lesueur. | 1. Spec. Mamillifera olivascens Br. (Nov. Spec.) — In insularum Boninsimensium litoribus observata. Subfam. Rhizobola Br. Genus, Zoanthus Les. Blainy. Ehrenb. 1. Spec. Zoanthus Mertensii Br. (Noy. Spec.) — In litoribus insula Ualan. Fam. Actinina Ehrenb. Sect. Actrntacea Br. Genus. ctinia Hill., Brown, Ehrenb. 1. Subgen. Monostephanus Br. 2. Subgen. Diplostephanus Br. 1. Spec. Actinia chlorodactyla Br. (Nov. Spec.) — In insulis Bonin- simensibus detecta. 3. Subgen. Tristephanus Br. 2. Spec. Actinia Ehrenbergii Br. (Actinia helianthus Ehrenb.) 4, Subgen. Tetrastephanus Br. 5. Subgen. Hexastephanus. Br. 6. Subgen. Polystephanus Br. 3. Spec. Actinia farcimem Br. (Nov. spec.) — In peninsula Kamts- chatka. 7. Subgen. Taractostephanus Br. 4. Spec. Actinia Xanthogrammica Br. (Nov. spec.). — In insula Sitcha. g. Spec. Actinia elegantissima Br. (Noy. spec.) — In insula Sitcha. J. F. BRANDT. — Conspectus seclionum. 181 5, Spec. Actinia Laurent Br. (Nov. spec.) — In sinu St.-Laurentii maris Behringii. 6. Spec. Actinia Mertensii Br. (Nov. spec.) — Prope urbem Val- 7. paraiso capta. Spec. Actinia erythrospilosa Br. (Nov. spec.) —- In insularum Bo- ninsimensium litoribus. Sect. CrrerinaceEa Br. A. Cyctopactyta Br. Genus.) Cribrina Ehrenb. 1. Subgen. Monostemma Br. Subgen. Diplostemma Br. Subgen. Tristemma Br. Subgen. Polystemma Br. 1. Spec. Cribrina chlorospilosa Br. (Noy. spec.) — In insularum Bo- ninsimensium litoribus. B. Stichodactyla Br. . Stichodactylla Br. (Nov. gen.) | . Spec. Stichodactyla Mertensii Br. (Nov. Spec.) — In ripis insulz Ualan. . Stichophora Br. (Nov. gen.) . Spec. Stichophora cyanea Br. (Nov. spec.) — In Oceano australi. ACALEPH. Ordo Discorror Eschsch. Trib. Monostomz Br. Fam. Ocranin£ Eschsch. . Circe Mert. (Nov. gen.) . Spec. Circe kamtschatica Br. (Noy. spec.)-—In ora Kamtschatica. . Conis Br. (Novy. gen.) . Spec. Conis mitrata Br. (Nov. Spec.) — In Oceano pacifico. Fam. Arquorip# Eschsch. - Aequorea Escksch. . Spec. Aequorea rhodoloma Br. (Nov. spec.) ery ora Chilensi. : Stomobrachiota Br. (Nov. gen.) . Spec. Stomobrachiota lenticularis Br. (Nov. spec.) — In Qceano atlanlico. s. Mesonema Eschsch. 182 ~~ Genus. yp Wet Genus. “ 8 Genus. WwW J.F. BRANDT. — Conspectus sectionum. A. Subgen. Mesonema (sensu strictiori) Br. . Spec. Mesonema macrodactyla Br. (Nov. spec.) — In Oceano aus- trali. B. Subgen. Zygodactyla Br. . Spec. Mesonema ceerulescens Br. (Nov. spec.) . Aeginnpsis Br. (Nov. gen.) . Spec. Aeginopsis Laurentii Br. (Nov spec.) —In sinu Laurentiano maris Behringii. - Polyxenia Eschsch. N . Spec. Polyxenia flavobrachia Br. Nov. spec.) — Sub 5 latitudinss et 127 longitudinis occidentalis gradu. Fam. Mepvusin# Eschsch. Phacellophora Br. (Nov. gen.) Spec. Phacellophora kamtschatica Br. (Nov. spec.) — In hitore Kamtschatico. Cyanea Peron. - . Spec. Cyanea Portelsu Br. (Nov. spec.) —- In Oceanu inter insu- lam Sitcham et Unalaschkam. Subgen. Cyaneopsis Br. . Spec. Cyanea (Cyaneopsis) Behringiana Br. (Nov. spec.) — In mari Behringiano. Aurelia Per. et Les. Lamk. Subgen. Monocraspedon Br. . Spec. Aurelia colpota Br. (Nov. spec.) — In Doxa australi. . Spec. Aurelia hyalina Br. (Nov. spec.) — In Oceano pacifico. Subgen. Diplocraspedon Br. . Spec. Aurelia limbata Br. (Novy. spec.) — In.Oceano propé Kamt- schatcz oras. Genus. Chrysaora Per. et Les. 1, Spec. Chrysaora fuscescens Br. (Nov. spec.) — In Oceano inter 2. insvlam Sitcham et insulas Aleuticas. Spec. Chrysaora melanaster Br. (Nov. spec:) —- In sinu Awat- schaeensi ore Kamtschatice. J..F. BRANDT. — Conspectus sectionum. 183 Trib. Potystomz Br. Fam. Geryontip« Eschsch. Genus. Proboscidactyla Br. (Nov. gen.) 1. Spec. Proboscidactyla flavicirrhata Br. (Nov. spec.) — Prope li- tora Kamtschatce. Genus. Hippocrene Mert. (Nov. gen.) 1. Spec. Hippocrene Bugainvillii Br. (Gyanea Bougainvillii Less. ap. Duperr. Voy.) — In mari Behringiano. Fam. Rhizostomide Eschsch. Genus. Casstopgea Per. et Less. * a. Spec.Cassiopea Mertensii Br. (Nov. spec.) — Prope litora insulz Ualan. Incertz sedis Discophore. Fam. Berenicipz Eschsch. Genus. Stausophora Br. (Nov. gen.) 1. Spec. Stausophora Mertensii Br. (Nov.-spec.) — In sinu Nordfol- censi et in Oceano inter insulam Sitcham et insulas Aleu- ticas. Ordo SIPHONOPHOR. Eschsch. Fam. Diepyipz Eschsch. Genus. Diphyes Cuv. - Subgen. Diphyomorpha Br. 1. Spec. Diphyes Stephanomea Mert. ‘Nov, spec.) Fam. Paysornorip# Eschsch. Subfam. Physophore Br. “ea Physophora Forsk. 1. Spec. Physophora ambigua Br, (Noy. spec.) — Sub 5 latitudinis et 127 longitudis occidentalis gradu capta. Subfam. fhizophyside@ Br. Genus. Epibulia Eschsch. Subgen. Macrosoma Br. 1. Spec. Epibulia Mertensi Br. (Nov. spec.) — In Oceano pacifico. Subgen. Brachysuma Br. 2. Spec. Epibulia erythrophysa Br. (Nov. spec.) — Cum specie ante~ _ cedenite eapta. 184 J. F. BRANDT. — Conspectus sectionum. Subfam. Agalmide Br. Genus. galma Eschsch. 1. Spec. Agalma Mertens Br. (Nov. spec.)— In Oceano pacifico. Subfam. Anthophyside. Br. Genus. -Anthophysa Mert. 1. Spec. Anthophysa rosea Mert. — In Oceano pacifico, ?Genus. Apolemiopsis Br. ? 1. Spec. Apolemiopsis dubia Br. (Nov. spec.) — Haud procul ab in- sulis Carolinensibus. Subfam. Physalide Br. Genus. Physalia Lamk. Subgen. Salacia Br. 1. Spec. Physalia (Salacia) megalista Nob. (Physalia megalista Per. et Al.) 2. Spec. Physalia (Salacia) pelagica Nob. (Phys. pelagica Lamk.) Subgen. lophoia Br. 3. Spec. Physalia (Alophota) Olfersii Br. (Nov. spec.) — In Oceano Atlantico delecta. Fam. Veuetzip£ Eschsch. Subfam. Velelline Br. Genus. Velella Lamk. Sect. Aristerodexia Br. t, Spec. Velella patellaris Br. (Nov. spec.) — Capta sub 5 latitudi- nis et 127 longitudinis occidentalis gradu. 2. Spec. Velella oxyothone Br. (Nov. spec.) —Sub 38 latitudinis et 148 longitudinis occidentalis gradu detecta. 3. Spec. Velella oblonga var. Num nova species ? Subfam. Porpitine Br. Genus. Porpita. Sect. (Num subgen.) 1. (Proboscides marginales.) 1. Spec. Porpita radiata Br. (Nov. spec.) — Sub latitudinis 12 et lon- gitudinis occidentalis 212 gradu reperta. Sect. 2. (Proboscides in tota pagina inferiore. ) 1. Svec. Porpita Luthena Br. (Nov. spec.) — In Oceano haud procul a capite Bone-Spei. — Porpitarum huc usque detectarum maxima 7 J. F. BRANDT. -— Conspectus sectionum. 185 ECHINODERMATA. Ordo Hoxoruurina. Familia. Hotornvuriz. I. Pedate. A. Homovopodes. a.) DENDROPNEUMONES. aa.) Peripodes. a:) Pentastiche. at.) Adetopneumones. 1. Genus. Cladodactyla Br. Subgen. Polyclados. 1. Spec. Cladodactyla miniata Br. — In insula Sitcha. 2. Spec. Cladodactyla nigricans Br. (Nov. spec.)— Insula Sitcha. Subgen. Holigoclados Br. 3. Spec. Cladodactyla albida Br. (Nov. spec.) — In insula Sitcha. 2. Genus. Dactylota Br. Obs. Holothuria pellucida Miill. et inhzrens ejusd. huic. inserendz. £8.) Detopneumones. 3. Genus. Aspidochis Br. (Nov. gen.) 1. Spec. Aspidochis Mertensii Br. (Nov. spec.) — In insula Sitcha. 8.) Sporadipodes. 4, Genus. Sporadipus Br. (Nov. gen.) Subgen. Colpochirota. 1. Spec. Sporadipus Ualanensis Br. (Nov. spec.) — In insula Ualan Archipelagi Carolinensis. Subgen. Acolpos. 1. Spec. Sporadipus maculatus Br. (Noy. spec.) — In insulis Bonin- simensibus. bb. Hyrovonss. 5. Genus. Cuvieria Per. : 1. Spec. Cuvieria sitchaensis. Br. (Nov. spec.) — In insula Sitcha. 6. APNEUMONES. 6. Genus. Oncinolabes Br. (Nov. gen.) 1. Spec. Oncinolabes fuscescens Br. (Nov. spec.) — In insula Ualan. 1, Spec. Oncinolabes mollis Br. (Nov. spec.) — In insula Guaham, B. Hereroropss. a. Stichopodes. : 186 J. F. BRANDT. —= Conspectus sectlonum. 7. Genus. Stichopus Br. (Nov. gen.) Subgen. Perideris. 1. Spec. Stichopus chlororctos Br. (Noy. spec.) — In insula Lagunos et Guahan. Subgen. Gymnochirota. 2. Spec. Stichopus cinerascens Br. (Nov. spec.) — In insulis Bonin- simensibus. 3, Spec. Stichopus leucospilota Br. (Nov. spec.) — In insula Ualan. Obs. Generi Stichopus addende que sequuntur species a Quoyo et Gaymardo (d’Urvill. Voy.) descripte: Holothuria flammea, Hol. lutea, Hol. tuberculosa, Hol. unituberculata, Hol. al- bofasciata, Hol. lucifuga et Hol. pentagona. 8. Genus. Diploperideris Br. (Nov. gen.) 1. Spec. Diploperideris sitcheznsis Br. (Nov. spec.) — In insula Sitcha. b. Sporadipodes. a. Tentacula peltata. (Aspidochirote.) g. Genus. Holothuria Auct. Subgen. Thelenota Br. Sect. a. Camarosoma. Obs. Huic sectioni adnumerande Holothuria tubulosa, elegans, im- patiens, umbrina Ripp., et quadrangularis Less. Sect. b. Platysoma. 1. Spec. Holothuria grandis Br. (Nov. spec.) — In insula Lagunos Archipelagi Carolinensis. Subgen. Microthele Br. 2. Spec. Holoturia maculata Br. (Nov. spec.) — In insula Guaham. 3. Spec. Holothuria dubia Br. (Noy. spec.) — In insulis Boninsi- mensibus. 4. Spec. Holothuria tigris Mert. (Nov. spec.) —In insulis Uleai Ar- chipelagi Carolinensis. 5. Spec. Holothuria sordida Br. (Noy. spec.) — In insula Lagunos Archipelagi Carolinensis. 6. Spec. Holothuria Athiops Br. (Nov. spec.) — in insula Ualan. 7. Spec. Holothuria affinis Br. (Nov. spec.) — Ia insula Ualan. 10. Genus. Miilleria Jaeg. Obs. Adnumerande huic generi videntur e specierum a Quoyo et Gaymardo descriptarum numero : Holothuria lincolata, Hol. miliaris, Hol. guamensis et Hol. mauritiana, ‘ J. F. BRANDT. — Conspectus sectionum. 187 11. Genus. Cladolabes Br. (Nov. gen.) 1. Spec. Cladolabes limaconotos Br. (Nov. spec.)— In insulis Bo- ninsimensibus, Obs. Holothuriarum a Quayo et Gaymardo descriptarum species sunt: Holoth, spinosa et aurea. II. Avopes. A. Pneumonophore. 12. Genus. Licsoma Br. (Nov. gen.) 1. Spec. Liosoma Sitchense Br. (Nov. spec.) — In insula Sitcha. 13, Genus. Chiridota Eschsch. 1. Spec. Chiridota rufescens Br. (Nov. spec.) — In insulis Boninsi- mensibus. Obs. Fistularia fusca, rubeola et tenuis Quoy etGaym. sunt Chiridote. B. A pneumones. 13. Genus. Synapta Eschsch. Obs. Quas Fistularize doreyane et punctulate nomine Quoyus et Gay- mardus exhibuerant Holothuriarum synopsi suntadnumerande. Fam. SreuncuLAceEA. Genus. Sipunculus. 1. Spec. Sipunculus nordfolcensis Br. (Noy. spec.) — In litoribus arenosis sinus Nordfolcensis. 2. Spec. Stpunculus fasciolatus Br. (Nov. spec.) — In insula Ualan Archipelagi Carolinensis. 3. Spec. Sipunculus ambiguus Br. (Noy. spec.) — Patria ignota. Fam. THALASSEMATA. Genus. Echinous Cuv. 1. Spec. Echinous sitchznsis Br. (Nov. spec.) --Ininsule Sitche lhieribus. Ordo ECHININA. Familia EcHinipa. Genus. Echinus Lamk. Subgen. Strongylocentrotus Br. Sectio V Nob. (Sect. D. Blainv.) 1. Spec. Echinus chlorocentrotus Br. (Nov. spec.) 188 J. F. BRANDT. — Conspectus sectionum. ? a. Spec. 3. Spec. 4. Spec. 5. Spec. Sectio VIII .Nob. Echinus tuberculatus Blainv. Subgen. Heterocentrotus Br. Sect. 4. Br. Echinus ( /&terocentrotus) carinatus Br. (Ech, carinatus Less.) — In insularum Carolinensium ripis. Echinus (Heterocenirotus) Postelsii Br. (Nov. spec.) — In insulis Boninsimensibus. Subgen. Colobocentrotus Br. Echinus (Colobocentrotus) Mertens Br. (Nov. spec.) — In insulis Boninsimensibus. Obs. Subgeneri Colobocentrotus addendi Echinus atratus Gm., Echi- nus Quoyii Blainy. Echinus pedites Blainv. Genus Cidarites Lamk. 1, Spec. 1, Spec. 2. Spec. 3. Spec. 4. Spec. 5. Spec. 6. Spec. _ . Spec. . Spec. . Spec. . Spec. Subgen. Phyllacanthus Br. Sect. B. Nob. Cidarites (Phyllacanthus) dubia Br. (Noy. peo.) -— In in- sulis Boninsimensibus. Ordo. ASTERINA. Familia ASTERIDEA.. Genus Asterias. Sectio. C. Blainv. Asterias miniata Br. (Nov. spec.)— In mari insulam Sitcham alluente. Sectio EK. Blainv. Asterias ochracea Br. (Nov. spec.) —In mari insulam Sit- cham alluente. Asterias ianthina Br. (Nov. spec.) — Jn mari insulam Sit- cham alluente. Asterias epichlora Br. (Nov. spec.) — In mari insulam Sit- cham alluente. Asterias pectinata Br. (Nov. spec.) — In mari Kamtschatico. Asterias kamtschatica Br. (Nov. spec.) — In mari Kamt- schatico. Sectio. F. Blainv. Asterias aflinis Br. (Nov. spec.) — In freto Behringii. Asterias alboverrucosa Br. (Nov. spec. — In freto Behringii. Asterias endeca Linn. var. decemradiata. Asterias helianthoides Br. (Nov. spec.) — In mari prope in- sulam Sitcham. a Académie des Sciences. 189 AnatysE des travaux anatomiques, physiologiques et zoolo- giques présentés a l’ Académie des Sciences pendant le mois de mars 18306. Séance du 14 mars 1836. Zootocie. — M. Geoffroy—Saint-Hilaire, aprés avoir rappele les communica- tions réecemment faites sur les orangs-outangs par M. de Blainville et par lmi- méme, met sous les yeux de ! Académie deux orangs-outangs de Borneo, l'un femelle et trés jeune que le Muséum d'Histoire naturelle possedait deja depuis long-temps, Vautre male et adulte qui vient de lui éire enyoyé par M. Tem~ minck, directeur du Musée de Hollande. L’acquisition de ce dernier indi- vidu donne, pour la premiere fois, aux zoologistes francais, les moyens de connaitre, par des observations directes, Vorang-outang dans son état parfait. ANATOMIE DES INFUSOIRES. — Réclamation de M. Enrenzerg. M. Peltier écrivit a l’Académie, le 8 de fevrier (voyez ces Annales, tom. 15 p.118) qu'il avait vainement cherche les nombreux estomacs que M. Ehrenberg a apercus dans les animalcules microscopiques. Le savant naturaliste de Berlin témoigne ses regrets qua la suite d’une experience negative on se soit déeterminé a révoquer en doute tout une série de phénomenes et Vorganisation d’une classe entiére d’animaux. « J’espere, dit-il, en terminant sa lettre, que Vor- ganisation (avec peu d’exceptions) tres compliquée des infusoires, paraitra dans tout son jour dans le nouvel ouvrage que je prepare sous le titre: Les [n- fusoires distribués en deux classes d’animaux qui échappent a la vue de Phomme et qui sont doues de tous les systemes principaux de lVorganisation animale. J’aurai Yhonneur de faire hommage de cet ouvrage a Academie. Trente-huit planches in-folio, grayees au burin, d’apres mes propres dessins, sont deja termineées. Elles offrent, non-seulement dans toutes les tribus, mais dans presque tous les genres, et méme dans la plupart des especes des genres des animaux infusoires nus ou pourvus de carapace (bouclier), jes organes de la digestion et de la genération ; souvent le systeme nerveux; les paquets de mus- cles longitudinaux et moteurs en tout sens; des vaisseaux, des branchies ou or- ganes palpitans; la bouche garnie de dents et les organes de la vue. Je posséde dans ce moment pres de mille objets anatomiques et presque toutes les espéces des Infusoires mémes, prepares pour le microscope, dans le genre de ceux que jaieuVhonneur denvoyer a!'Institat. « Cest pour avoir méconnu si long-temps la véritable organisation des Infu- soires, et oublié pour ainsidire, combien les idées de grandeur sont relatives et de peu d’importance physiologique, qu’on s'est persuadé, par errcur, que la smmplicite de l’organisation doit étre nécessairement liée a la petitesse. Puystotocie. — Mémoire sur lV’ajustement de Veil aux différentes distan- tances ; par M. Maunotr, de Geneve. M. Maunoir considére comme un fait démontré par les experiences de sir Eve- rard Home et de Ramsden, que la convexite de la cornee varie selon la distance de lobjet regardé (1). Il n’est pas aussi affirmatif 4 Yégard des épreuves que fi- (1) Le docteur Thomas Young ayant trouvé que la faculté de voir parfaitement a diverses distances, n’est pas affaiblie lorsque, Voeil étant plongée dans l’eau, la lumiére ne subit aucune réfraction sensible en penétrant dans la cornée, a déeduit au contraire de ses expériences , que Ja courbure de cette enveloppe n’éprouve jamais aucune altération. (Wote de M. Arago.) 1g0 Academie des Sciences. rent ces mémes physiciens sur un ceil privé de cristallin 4 la suite de l’opération de la cataracte. Pour que ces épreuves pussent paraitre enti¢rement concluantes , « il faudrait, dit M. Maunoir, qu’elles fussent faites sur un ceil dont aucune par- « tie, excepte le cristallin, n’eiit souffert ou n’ett éprouve la plus légére altéera- « tion lors de Yopération. On ne peut guére espérer que ces conditions soient « obtenues d’une maniére absolue chez les aveugles opérés par les méthodes les « plus connues: Vabaissement et l’extraction du cristallin. Dans le déplace- « ment ou l’abaissement, on blesse la choroide, souvent quelques nerfs ciliaires, « toujours les proces ciliaires qui servent d’attache au cristallin; on refoule ce- « lvi-ci dans la partie inferieure de ’humeur vitrée, en en brisant les cellu- « les; et comme cette opcration le sépare de ses moyens d’union sur le jien « que la nature lui a destine et par consequent de ses sources de vie, il devient « un corps etranger dans Veil et souvent une cause dirritation........ « Dans operation de la cataracte par extraction, ceil est soumis 4 une épreuve « qui peut alterer son pouvoir d’ajustement. Je ne veux pas parler de la plaie « faite 4 la cornée, qui doit se guérir par premiere intention, et qui ne diminuc « en rien, ni Ja grande elasticite, ni la transparence de cette membrane. Ce qui « me donne quelque doute sur la puissance d’ajustement d’un ceil, apres V’ope- « ration la plus heureuse et la mieux faite par extraction, c’est le passage du « cristallin au travers de la pupille. Le cristallin opaque, et presque toujours « passablement dur, est beaucoup plus grand que la pupille qui, méme dilatée « par la belladone , se contracte toujours pendant l’operation : il faut, pour « qu'il franchisse ce detroit, qu'il dilate outre mesure Youverture de Viris, qu'il « excerce sur cette membrane delicate, une violence tout-a—fait imaccoutumée « et qui pourrait bien affaiblir ses fibres musculaires.. . . Aucun de ces in- « convéniens n’a lieu apres operation de la cataracte par brisement du cris- « tallin. .... .» Cest donc exclusivement sur les personnes operées par brisement, que M. Maunoir propose de tenter des ,experiences sur la faculté d’ajustement qui fait Pobjet de son memoire. Quant a lui, voici ce qu°ila deja observe sur M. Gabriel, a4gé de 17 ans, et auquel le brisement et absorption subséquente de cristallin a rendu la vue; nous laisserons parler M. Maunoir. « La vue, que M. Gabriel venait de recouvrer, était tellement bonne qu'il ne lui semblait pas qu’elle etit jamais ete meilleure avant invasion de la cataracte. Son ceil était donc admirablement calcule pour montrer si un cristallim, suscep~ tible de changement de convexite, était indispensable a l’ajustement de la vue aux différentes distances. Dans le cas de l’affirmative, l’ceil aurait nécessité l’em- ploi de verres convexes de differens foyers, pour voir a des distances varices ; vice versd, dans le cas de la négative, l’ceil opere devait voir d’une manieére distincte avec un seul verre convexe, d’un certain foyer, a des distances tres différentes. L’expérience a prouve que cest la seconde proposition qui est vraie, e’est-a-dire que le cristallin n’a pas besoin de changer de forme pour l’ajuste- ment de Vceil. M. Gabriel, qui aime beaucoup la chasse, s’est de nouveau, de- puis qu’il a recouvre la vue, livre 4 son exercice favori, ct a toutes les distan- ces accessikles, son coup-d’ceil a cte aussi prompt et aussi stir qu il etait avant invasion de la cataracte. Dernierement, il a voulu disputer Je prix au tir de la carabine; c’était la premiere fois de sa vie; le but etait 4 200 pas: ila tiré qua- tre coups qu ila tous mis dans la cible, et a gagné un prix. A cette distance, il voyait trés nettement le but et tous les objets intermediaires; le verre qui lui avait servi au tir de la carabine, qu'il porte aussi a la chasse, etait le méme lorsque, chez moi, je Vai fait lire dans un livre imprimé en caractéres tres petits, ce qu’il a faitavecla plus grande facilite; puis, lui faisant lever les yeux, je lus ai demande de me detailler les tableaux suspendus de toutes parts dans mon sa~ ieee ee _ See et tie, Publications nouvelles. : 19! lon; il Jes a observes comme Y’aurait fait une personne douée de la meilleure vue et m’a dit, sans hésiter, je les vois parfaitement bien. « Il n’y a point, dans ces experiences toutes simples, de mesure exacte, de calcul, mais elles semblent suffire pour prouver qu’il n’est pas necessaire que le cristallin change de forme, pour voir d’une maniére distincte 4 des distances trés varices. » (1) Séance du 21 mars. Ténarotocie. — M. Geoffroy-Saint-Hilaire annonce que le cas teratologique dont on a fait grand bruit en Europe depuis deux aus sous la formule d’un foe- tus humain vomi par un enfant, est maintenant en sa possession. Son premier apercu sur ce fait, c’est 1° que Vobjet est vraiment un foetus humain, et 2° que le vomissement articulé lui parait demontre. « M. Geoffroy-Saint-Hilaire va s’occuper d’un memoire 4 communiquer lundi prochain 4 \’Academie, ou ilse flatte de concilier ces deux assertions. ae Publications nouvelles, LE REGNE ANIMAL, distribué d’aprés son organisation, par GEORGES CUVIER; Edition nouvelle accompagnée de planches gravées représentant les Types de tous les Genres, les caracteres distinctifs des divers Groupes; et les modifica- t'ons de structure sur lesquelles repose cette classification; par une réunion d’éléves de Cuvier, MM. Audouin, Deshayes, d’Orbigny, Dugés, Duvernoy , Laurillard , Milne Edwards, Roulin et Valenciennes. (2) Le Ricne antmax de Cuvier sert aujourd’hui de hase pour Vétude de la zoologie et de point de départ pour Vetude de l’anatomie comparee. I] fait con- naitve les differens groupes dans lesquels on a range tous les animaux, et il pré- sente le tableau des principales modifications qui sobservent dans leur structure et dans leurs fonctions. Ce livre, consulte 4 chaque instant par les maitres comme par les éléves, est devenu reellement le manuel des zoologistes, et, par son im- (1) M. Maunoir ajouterait beaucoup a V’interét scientifique du travail dont on vient de lire extrait, s'il profitait de Poccasion favorable que son habileté, comme oculiste, vient de faire naitre, en répétant avec la participation de M. Gabriel! les ingénieuses experiences que le doc- teur Thomas Young exécuta sur un certain nombre d’individus opérés de la cataracte. Dans les experiences actuelles, on peut craindre que la vision distincte et la vision parfaite aient été confondues. Toute incertitude a cet egard disparaitra, au contraire, si M. Maunoir se déter- mine a operer 4 l’aide de l’optométre. Avec cet instrument, M. Young trouva que les per- _ sonnes privées de cristallin n’ont pas la faculte de voir parfaitement a diverses distarces. (ote de M. Arago.) (2) Cette édition sera publiée par livraison de deux feuilles de texte environ et 4 planches, | sur format grand-jesus vélin. On vendra séparément les diverses parties dont l’ouvrage se com- pose et méme une seule livraison comme spécimen. La premiere vient de paraitre chez i’édi- | teur M. Crochard. | Voici de quelle maniere louvrage se divisera: Mammirkres ( par MM. Laurillard, Milne | Edwards et Roulin ), roo planches; — Races numarnes ( par les mémes ) 20; — Orseaux | (par M. dOrbigny ) 100; — Rerrines( par M. Duvernoy ) 40; — Potssons (par M. Valer- ciennes ) 100; — Moxiusgues( par M. Deshayes ) 120; — Insecres (par M. Audouin) 140; _ Aracunipes( par M. Dugés ) 40; —Crusracts ( par M. Milne Edwards ) 70; — Annexipxs ( parle méme ) 30; — Zoorayres( par le méme ) 100. Le prix de Ja livraison est fixé ainsi qn’il suit : In-8°, fig. noires, 2 fr. 25 .¢.; papier de Chine, 2 fr. 75; figures coloriées , 4 f. 50. A partir du 25 mai prochain, une livraison paraitra régulierement tous les quinze jours , To et 25 de chaque mois. 192 Publications nouvelles. portance scientifique, il est, sans contredit, un des premiers titres de gloire de son illustre auteur. Son usage cependant ne laisse pas que de presenter souvent des difficultés, car le langage le plus precis ne suffit jamais pour donner une idée nette des formes d’un animal ou d’un organe; en zoologie, comme en ana- tomie , rien ne saurait suppléer a des figures exactes, et les planches qui accom- pagnent les précédentes editions da RicNE animat sont en trop petit nombre pour aider d’une maniere efficace a V'intelligence du texte. M. Cuvier lui-méme Ya trés bien senti, puisqu’il a toujours eu le soin de renyoyer par des notes aux meilleures figures publiees ailleurs et dispersées dans une foule d’ouvrages. Mais ces citations, tres utiles pour les personnes qui ont accés a de riches bibliothe- . ques, ne sont, il faut le dire, d’aucun secours pour la grande majorité des lec- teurs. Nous avons donc pensé qu'un moyen d’augmenter l’utilité de cet ouvrage serait d’y placer, en regard des descriptions, la figure exacte de labjet décrit. C’est ce que nous nous proposons de faire dans cette nouvelle edition. La classification de M. Cuvier repose, comme le titre de son livre Yindique , sur l’orgauisation. Pour que nos planches puissent servir dillustration au texte, il fallait donc ne pas nous borner a donner des figures d’animaux, mais bien re- presenter aussi toutes les grandes modifications organiques, tant intérieures qu’exterieures , de ’economie animaie. Nous reproduirons, par consequent dans notre atlas, tous les caractéres anatomiques, d’apres lesquels a ete etablie la di- vision du régne animal en embranchemens , classes, ordres ou familles , et pour faciliter la determination des genres, nous representerons une espéce de chacun de ces derniers groupes, ainsi que les details des parties Jes plus propres 4 les faire distinguer. Quant au choix des animaux a figurer, il est fixe par la nature méme de Y’ou- vrage, auquel nes planches sont destinees. Ce ne sont pas des espéces nouvelles ou peu connues que M. Cuvier a voulu enregistrer dans. son RicNE ANIMAL ; les exemples qu’il cite sont toujours pris parmi les especes les mieux décrites, les plus vulgaires et les plus propres a caractériser les groupes auxquels elles appar- tiennent. Cette régle sera aussi la notre. L’espece que nous représenterons sera toujours une de celles indiquées par l’auteur ; et, 42 moins de motifs particuliers nous nous arréterons de préférence a l’animal qui a servi plus spéecialement de type pour létablissement du genre, et qui devra, par consequent, en conserver toujours le nom, quelles que soient les subdivisions que feront ultcrieurement les naturalistes. Nos planches seront dessinees, autant que possible, d’aprés le vivant et lorsque nous croirons devoir reproduire des figures déja publiées ailleurs, nous aurons toujours le soin d’indiquer les sources ou nous les aurons puisées. Le texte, comme de raison, sera l’exacte reproduction de celui de la derniére edition, revue par l'auteur lai-meme, et, pour la partie entomologique , par son savant collaborateur, M. Latreille; la meindre alteration nous paraitrait une esptce de sacrilége scientifique. Nous nous bornerons 4 ajouter une explication succincte de nos planches et quelques titres courans propres a faciliter les recher- ches. | Nous n’avons épargneé aucun effort pour rendre ces additions iconographiques dignes du livre qu’elles accompagnent, et neous dirons aussi qu’en nous chargeant de ce travail, ce n’est pas seulement l’idee de faire une chose utile la propa- gation dela science qui nous a guides ; nous avons pense que cet hommage renda 4 l'un des principaux ouvrages de ’homme qui fut notre maitre, prouvera mieux que tout monument funcbre notre respect pour sa memoire. Avupoutn, Dresuayes, pv’ Orsicny, Ducts, Duvernoy, Laurnituarp, MILye Epwarps, Rountn rt VALENCIENNES. —— EE Es OO F. pusARDIN. — Sur les Organismes inférieurs. 193 RECHERCHES SUR LES ORGANISMES INFERIEURS. Par F. DusarpIn. Suite. (1) IV. Sur les Infusoires munis d'un filament flagelliforme loco- moteur et sur les expansions filiformes de quelques autres especes. Lorsque j'ai eu Poccasion de parler des travaux de M. Ehren- berg, dans un précédent mémoire, inséré dans ce recueil (décembre 1835), trop préoccupé alors de la nécessité de combattre des hypotheses que je considere comme absolument contraires a l’intérét de la science, je n’ai peut-étre pas assez clairement exprimé la distinction a établir entre les hypothéses de cet habile naturaliste, et ses découvertes réelles; celles-ci sont assez nombreuses et assez remarquables pour le placer au premier rang des micrographes; on peut donc sans crainte ap- peler la discussion sur les points les plus contestables de ses observations. Si l'on suit avec attention histoire de ses découvertes, dans ses publications successives, on s’apercoit aisément qu’au mi- lien des modifications suggérées & auteur par un examen de plus en plus approfondi, une idée seule a constamment sur- “ nagé, cest celle dun systeme digestif tres développé. On ne peut, en effet, placer sur la méme ligne le principe de classifi- cation en Infusoires nus et en Infuscires cuirassés, car c’est un procédé purement artificiel; en effet, dans les Infusoires cui- rassés, tels que les Plesconia ou Eupica, le prétendu test difflue et se décompose de méme que les prolongemens en forme de (1) Voyez t, 1v. page 243, V. Zoot, = Avril, 15 194 ¥F. DusARDIN.— Sur /es Organismes inférieurs. poils ou de soies, au lieu de persister comme celui des Bra- chions, ou comme l’enveloppe siliceuse des Navicules, dont la place dans une série parallele aux Amibes n’est pas une grande preuve en faveur de la classification du savant allemand. M. Ehrenberg tout récemment encore a écrit 4 l’ Académie des Sciences de Paris pour affirmer de nouveau ce qwil a dit antérieu- rement, au sujet de organisation des Infusoires si complexe a ses yeux; mais pour les lecteurs qui ne voudraient juger que ses ou- vrages publiés, il devient de plus en plus douteux qu’un intestin, supportant une grappe destomacs, existe réeilement, puisque lui- méme ne l'a pas tracé dans la figure des Paramégies (troisieme Mém., pl. 3), comprimées entre des lames de verre pour mon- trer les vacuoles coniractiles, nommeées par lui organes géni- taux. Il ett été pourtant bien nécessaire de multiplier les preuves de l’existence de cet intestin; et, comme je lai fait re- marquer déja, cest & peine au contraire si on le trouve indi- qué dans six des nombreuses et vastes figures du savant mi- crographe. | : | Pour prévenir toute objection fondée sur la préférence accor- ‘dée par M. Ehrenberg aux microscopes de l’opticien allemand, M. Pistor, sur ceux que M. Ch. Chevallier perfectionne de jour en jour, et pour attester la bonté de linswument dont je me sers, javais cru aussi devoir signaler un long filament flagelli- forme, apercu par moi chez beaucoup d'Infusoires, ot il ne Pavait pas soupconné; cela prouve suffisamment, en effet, que ma dénégation formelle au sujet de Vintestin n’est pas fondée sur limperfection de mes moyens d’observation. Je reviens aujourd hui sur ce filament flagelliforme que je ne considére que comme un organe locomoteur, pouvant en méme temps par sa surface, privée d’épithélium, absorber les principes nutritifs , et, non point comme une trompe, ainsi que M. Ehrenberg parait disposé a Vadmettre en parlant de la trompe des Péridiniées et des Cryptomonadines. Jexposerai préalablement quelques. faits observés récem- ment, et par lesquels est modifiée mon opinion, comme: celle de M. Ehrenberg I’a été successivement aussi. 1° Cest a tort que de examen des Paramécies et de quel- gE. pusarpiIn. —~ Sur les Organismes intériecurs. 195 ques Infusoires voisins, jai conclupour les autres animalcules- que la matiere colorante ou la nourriture logées dans les va- cuoles n’étaient pas entrées par une ouverture spéciale qu’on appellerait bouche, et qu’elles pénétreraient toujours a travers les mailles du tégument : le fait s'est montré 4 moi plusieurs fois avec évidence; mais j’ai vu aussi, dans des Kolpodes, trés voi- sins du K. cucullus, sinon identiques, le carmin’ occuper dabord une bande irréguliere oblique, a ’endroit ot serait la bouche; puis, de la, se circonscrire sur plusieurs points, et se trouver successivement transporté aux extrémités du corps. Dans ce cas, une observation persévérante de quatre a six heures ne‘me montra jamais la’ moindre trace d’intestin ou de canaux quelconques de communication, mi la moindre altéra- tion dans la couleur ou dans les granules du carmin. Je ne peux en conséquence me rendre compte de ce fait qu’en admettant une succession irréguliere de vacuoles dans lesquelles le liquide extérieur et les matiéres dont il est chargé peuvent pénétrer par une ouverture servant non a une véritable déglutition, mais bien a mettre la substance glutineuse interne en contact avec Je milieu environnant. Il y adonc bien loin encore de ce mode dorganisation a un systéme digestif régulier. 2° J’avais étudié, le 18 septembre 1835, dans l'eau de POrne, un Infusoire non décrit, portant en avant un globule avec un nucleus comme l’ceil des Ophryoglena, et un faisceau dentaire comme les Nassula; eet Infusoiwe de la forme dun Kolpode, long de; millimetre, contenait plusieurs navicules et se décom- posait avec diffluence, ne laissant que le globule oculiforme et le faiscean dentaire qui résistait méme a laction d’une dissolu- tion faible de potasse; d’ou l'on pouvait conclure sa nature cor- née, comme celle des dents et du tégument des Brachionides. Depuis lors, jai eu, en février et en mars 1836, la Nassula ornata de M. Ehrenberg produite en abondance dans une sou- coupe, ou je conservais depuis long-temps avec de Veau une | couche de terre recouverte d’osciliaires; quand ces /Vassula se décomposaient, le faiscean dentaire ne persistait pas de méme, et surtout ne résistait pas a Paction d'une dissolution de | potasse; mais ce que jai vu bien distinctement plusieurs fois, | 3, } 196 _—siF. pusarpin. — Sur les Organismes inférieurs. cest une JVassula avalant successivement tout une oscillaire, au bout de laquelle on la voyait emmanchée. Le brin d’oscil- laire sinfléchissait et se courbait en cercle dans Vintérieur de l'Infusoire quil distendait fortement par son propre ressort. Jai suivi le progrés de cette singuliére déglutition avec assez d’attention pour me convaincre quici encore il n’y a rien qui ressemble a un intestin; l’animalcule se creuse simpiement dune vaste vacuole dans laquelle se loge loscillaire comme dans une bourse, et ce n’est point du tout un estomac et un intestin doués l'un et l’autre dune contractilité indéfinie. J’ai bien vu des fragmens et des débris d’oscillaires logés dans des vacuoles plus petites, mais je n'ai pas vu comme M. Ehrenberg, dans le cas de diffluence d’une Nassula, de prétendus estomacs persister avec. leur contenu comme des vesicules sphériques pleines de liquide sans aucune trace du canal de communica- tion qui devait tes réunir a lintestin. Ce fait vraiment bien extraordinaire, observé par lui, est re- présenté dans la planche premiére de son troisieme mémoire; je ne veux pas douter de sa parfaite exactitude, bien qu il me semble en contradiction avec ce que le savant allemand a vu dans d'autres Infusoires, et surtout avec ce que j’ai vu moi- méme dans le cas de diffluence des animalcules; seulement je dirai qu'il est tout aussi. inconciliable avec la supposition des vacuoles, quavec l’hypotheése qui représente une grappe d’es- tomacs appendus a un intestin. Voila done une bouche réelle dans un Infusoire, mais il s’en faut bien qu’on puisse dire la méme chose de la plupart des autres animalcules; car le plus souvent l’ouverture dont ils sont pourvus est simplement destinée 4 mettre en contact avec le liquide environnant la substance interne, le sarcode, qui sort en expansions diverses par cette ouverture, surtout quand le tégument a un certain degré de consistance, comme dans les khizopodes. Cet exemple que je cite de préférence est, en effet, le plus propre a démontrer a-la-fois comment, (’abord, dans des organismes inférieurs la substance interne peut se prolonger au-dehors en ‘expansions privées de tégument propre, et consé- quemment beaucoup plus aptes a l’absorption des principes F. DuJARDIN.—~ Sur les Organismes infeérieurs. 197 nutritifs; comment en second lieu, par le fait méme de I’é- mission de ces prolongemens,!’ouverture cessé de pouvoir servir a une véritable déglutition; mais je peux signaler pour le méme objet les Difflugies que jai revues en février et mars sur les feuilles mortes des bassins du Jardin des Plantes, et surtout une nouvelle forme d’Infusoire dont je donne la figure pl. Aa, A,b,Ac, Ad. Cet animalcule s'est trouvé abondamment dans la couche de débris organiques qui revét les feuilles de Typha dans lé- tang du Plessis-Piquet, a la fin de l’automne; il est formé d’une coque membraneuse elliptique ou en forme de pépin, avec une large ouverture oblique vers l'une des extrémités. De cette ou- verture sortent ordinairement trois filamens simples, épais de —. millimetre environ, et plus longs que l’animalcule lui- méme qui a + millimetre ae longueur sur une largeur moitié moindre. Ces filamens s’allongent et se dressent comme ceux des Rhi- zopodes, et, de méme aussi, ne sont doués que d’un mouvement assez lent. L’animalcule les porte d'un coté a lautre, les fixe par Yextrémité au plan de reptation, puis en les contractant peu-a- peu, il se transporte ainsi dans une certaine direction, jusqu’a ce que le filament, émis dans cette direction, se soit contracté au point de se confondre avec la masse intérieure. Les autres filamens se trouvent alors transportés plus loin ou inclinés for- tement, et lun d’eux se fixant Aun autre endroit, ou bien un nouveau filament émis, devient, en se contractant de méme, le nouveau moteur de l’animalcule. Jusqu’a ce que lorganisation des Infusoires soit suffisamment connue, il faut renoncer a vouloir établir des ordres ou des genres, pour y rapporter ce quon peut observer de nouveau, puisque des caracteres tirés de leurs organes supposent non- — seulement que ces organes sont toujours distincts, mais que leur existence méme est réelle. On doit donc se borner a rap- procher autant que possible un nouvel animalcule, de quel- ques-unes des formes bien observées par Muller ou par les autres micrographes, et ajourner tout projet de classification - rationnelle. 25 Sal 198 Fe DUJARDIN. — Sur les Organismes inférieurs. Quant a l’animalcule dont je viens de parler, il ne ressemble a rien de ce qu’on a décrit auparavant, et pourtant il est tres commun, et on devra le rencontrer surement en grattant avec. la pointe d’un scalpel la surface des plantes marécageuses au mois de novembre ou de décembre, et en observant au microscope les débris ainsi recueillis; mais avec quelques individus vivans on en trouve un bien plus grand nombre de morts; et l’on con- cevra dailleurs comment la lenteur du mouvement et la singu- larité du mode de progression ont di empécher qu’on ne le reconnut plus tét pour un animal. Si je propose de lui appliquer la dénomination de Trinéme, tirée de la présence de ses. trois filamens simples, je n’aurai eu d’autre intention que d’y atta cher provisoirement une étiquette pour aider la mémoire. Kn effet, ces filamens, ordinairement au nembre de trois, peuvent assurément aussi se trouver en nombre plus ou moins considé- rable, en raison de leur nature et de leur production. par Yexpansion de la substance glutineuse intérieure, comme on le voit dans les Difflugies et dans les Rhizopodes. J’ai vu quelgquefois sortir de-ouverture un lobe (fig. A d. *) d’ou par- tent les filamens, et cela acheve de montrer que ouverture ne peut étre une bouche. A lintérieur, se montrent aussi nne ou deux vacuoles bien distinctes et de nombreux granules irrégu- liers. Enfin la coque ou le test parait véritablement de nature cornée, car on en trouve beaucoup dans les débris ou la putré- faction a fait disparaitre tous les animalcules vivans. Un autre Infusoire (fig. B), que jappellerais volontiers Pleu- roneme , s est trouvé dans l'eau du méme étang avec des Hydres que jai conservées vivantes dans un flacon pendant plus de cing mois ; il ressemble 4 une Leucophre de Muller, sa forme est un ellipsoide déprimé et légerement sinueux @un coté, long de =. millimetre ou =~ mill. environ, avec une grande ou- verture ovale située dans un enfoncement Intéral, vers le tiers antérieur. De cette ouverture sortent. huit a douze longs fila- mens, trés visibles 4 un grossissement de S00 diametres, et epais de —- millimetre au moins vers. la base; ces filamens infléchis en arriere, servent a Vanimalcule & samarrer en se fixant aux corps solides, jusqu’é ce qu'il slance brusquement par le_ “ E. DusARDIN. — Sur les Organismes inférieurs. 199 mouvement simultané des cils rayonnans tres fins, dont il est entouré de toutes parts. La surface présente un tégument ré- ticulé, ou distinctement marqué daspérités granuleuses en séries longitudinales, entre lesqttelles paraissent sortir les cils rayonnans dont lépaisseur est a peine de ;,;, millimétre; sous le tégument, se voient une ou plusieurs vacuoles. Ce que Pon doit remarquer surtout dans ce Pleuronéme, en outre des filamens servant d’amarres, c’est ’absence de courans ou de tourbillons dans le liquide coloré artificiellement, ce qui ne permettrait pas non plus de supposer que la grande ouverture doit servir & Pintroduction des matieres amenées par le cou- rant comme dans les Kolpodes. Avant de pagser de ces filamens si évidemment expansibles, homogénes et sans tégumens, a ceux qui pourraient etre re- gardés comme une trompe, par M. Ehrenberg, je veux donner encore la fig. (Ca, Cb) dune Amibe, dont j'ai parlé précédem- ment (4nn. Sc. nat. , décembre 1835), comme spontanément produite dans une infusion de chair. Je Vai retrouvée depuis dans diverses infusions, et notamment dans l'eau qui baignait des débris de conferves enlevées avec une couche de terre au bord dun fossé, et conservées durant trois ou quatre mois dans une soucoupe. Cette Amibe se compose d'une partie globuleuse de + milli- metre, présentant une ou deux vacuoles bien prononcées, et quelques nodules; elle émet indifféremment dans. plusieurs directions des prolongemens qui se fixent au plan de reptation ou qui se dressant cherchent ailleurs un point d’appui; ces pro- longemens épais de ;+; millimetre atteignent une longueur double de la partie globuleuse; ils se détachent du support, si le liquide est agité et sinfléchissent (fig. C.), ou bien quel- quefois, si lon détermine un écoulement brusque, ils conser- vent assez de raideur pour que lanimalcule semble rouler comme un oursin sur lextrémité de ses pointes. Leur mouve- ment d’expansion et de contraction est trés lent, comme dans les autres Amibes, et permet de constater quil résulte dun sumple afflux de matiere glutineuse homogéne. Quelquefois ces prolongemens s’élargissent ou se bifurquent & lextrémite (fig. 200 F. pusARDIN. — Sur les Organismes inférieurs. Ca), ce qui est un nouveau rapport avec les Rhizopodes. Un effet tout semblable se présente dans d’autres étres émi- nemment simples, tels que les Monades et les Infusoires con- fondus par Muller sous le nom de Cercaria gibba, qui sont des Bodos pour M. Ehrenberg. Dans ces derniers en effet (fig. D, E, F,G) une partie du corps se prolonge en forme de queue et adhére au support, tandis qu'un autre prolongerment fili- forme tres long, animé dun mouvement ondulatoire tres vif, détermine des sauts ou secousses brusques. Le prolongement caudiforme, ou la prétendue queue change de forme, s’étend, se contracte, est tantot en pointe fine (fig. Db, a), tantot en tige noduleuse (fig. D a), en massue (fig.G 4) ou en spatule, et quelquefois elle sesraccourcit au point de ne plus étre qu'un simple tubercule (fig. E, F), qui lui-méme disparait quand l’animalcule prend la forme arrondie qu on attribue aux Monades (fig. H a, H ); dans les uns et dans les autres, d’ailleurs, on observe des nodules distincts et des vacuoles (fig. H 6, F) entourées d'un rebord bien prononcé et qui paraissent souvrir a l’extérieur. Ces animalcules, qui ne peuvent aucunement étre distingués en genres ou en especes dapres la présence de ces prolongemens si variables, se rap- prochent donc beaucoup des Amibes, et comme elles, on les voit se produire dans les infusions les plus variées, telles que Vinfusion de foin, celle de chair et celle de gélatine seche avec différens sels, etc.; mais ils sen distinguert essentiellement par la présence du long filament flagelliforme que j’ai cité. L’objet le plus difficile 4 distinguer au microscope, et le plus propre a faire apprécier le mérite de cet instrument est assure- ment le long filament flagelliforme antérieur qui sert d’organe locomoteur unique a beaucoup d’Infusoires non ciliés. Pour le bien distinguer dans les plus petites espéces, il faut une atten- tion persévérante et une longue habitude, car sa ténuité est si grande qu'on ne peut d’abord qu’en soupconner existence par le mode d’agitation des particules susperidues dans le liquide envi- ronnant,d’ou l’on a voulu conclure la présence d'une couronne de cils vibratiles. On apercoit ensuite par instans les portions de ce filament convenablement éclairées, en variant insensi-, ¥ F. DUJARDIN. — Sur les Organismes inférieurs. 2.01 blement la distance locale, par une légere pression exercée sur le porte-objet ou sur le corps de l’instrument. On arrive, ailleurs, a évaluer assez exactement le diametre de ce filament dans les Monas lens et M. mica, en comparant un fil de soie simple qui n’a que + millimetre et quon re- garde directement devant un corps éclairé, et ce filament flagelliforme grossi 300 fois par le microscope; ce dernier vers Vextrémité parait encore plus mince que le fil de soie, c’est-a- dire quil parait 4 peine comme un fil de — neiliemabtne vu a Poeil nu; i d’é- paisseur. On concoit des-lors cominent la plus petite différence dans la distance locale ou dans le mode d’éclairage, peut rendre ce filament invisible, et combien un instrument devra étre parfait pour le faire voir. C’est avec un grossissement de 300 que je l’ai vu le plus nettement dans un microscope récent de M. Charles Chevallier; des grossissemens de 460 4 500 don- nés par l’objectif le font voir plus aisément, mais la lumiére étant moins vive, on peut conserver quelques doutes sur les di- mensions réelles, 30000 Ce filament parait étre de méme nature que tous les prolon- gemens filiformes des Rhizopodes, des Amibes, etc. , c’est-a-dire glutineux , homogene et contractile. On ne pourrait dire vrai- ment sil est plus facile de concevoir un filament d’une ténuité si grande , homogene et doué partout d’un mouvement propre; ou de le considérer comme formé de parties contractiles , et de parties accessoires ne jouant qu'un role passif dans la produc- tion dumouvement; car en définitive, la difficulté de la question est dans l'union dis mouvement ou de la vie 4 une matiere inerte, et la contractilité dune fibre musculaire, si mince qu’on la suppose, est un phénoméne du méme ordre que celle des filamens que je prétends étre homogenes dans les Infu- soires et les Rhizopodes. La connaissance de ce filament concourt 4 ‘montrer l’organi- sation des Infusoires comme bien plus simple qu’on ne I’a sup- posé dans ces derniers temps, puisque cest une nouvelle preuve de ce fait, que des étres vivans peuvent étre doués, dans quelques parties molles et homogénes, d’une puissance spéciale d’assimila- 202 F. pusARDIN. — Sur /es Organismes inférieurs. tion et de locomotion. Dans les Rhizopodes, dans les Amibes , et dans le Zrinéme, les expansions de la substance molle ont ordinairement un mouvement de reptation, et c’est rarement si on les voit se dresser et s’agiter; le filament flagelliforme, au contraire, est continuellement en mouvement, et en sagitant comme un fouet, surtout a l’extrémité ou il est plus mince, il détermine la progression en avant, ce qui suppose toujours que ses ondulations se propagent de |’extrémité vers la base, au lieu que dans les Zoospermes, ou le mouvement est en sens in- verse, les ondulations du filament appelé queue se propagent de la base vers l’extrémité. D’ailleurs le filament dont la lon- gueur est double ou triple de celle de !'animalcule est rarement étendu, mais bien plutét diversement infléchi, ce qu'on observe principalement quand lanimalcule est arrété entre des parti- cules solides. - Les fig. F, E, Ga, G &, montrent le filament prenant nais- sance d'une expansion de la substance du corps, semblable a celle qu’on nommerait queue; les deux dernieres montrent de plus une expansion latérale terminée par un second filament qui concourt a donner a ianimalcule un mouvement saccadé tout-a-fait irrégulier. Sobservais ces singuliers étres, le 12) et le 13 janvier, dans une infusion de 18 grains de gélatine seche avec 12 grains d’oxalate d’ammoniaque, dans 4 onces d@eau de riviere, conservée depuis le 26 décembre a une température moyenne de 7 degrés centigrades; leur forme changeait tres rapidement, et sonvent ils se fixaient ala plaque de verre par une de leurs expansions qui s’allongeait alors en forme de queue, jusqu’a ce quelle se détachat pour se contracter de nouveau, Leur plus grande dimension était de 7% millimetre; le liquide avait conservé presque toute sa transparence , mais il avait une odeur faible de fraises pourries. L’infusion de gélatine et de phosphate de soude nm/avait donné des animalcules presque semblables avec une double expansion antérieure. L’Infusoire, représenté par la fig. E, était dans une infusion semblable ot javais remplacé Yoxnlate par le nitrate d’ammo- niaque; il était accompagné Vung quantité beaucoup plus con- sidérable de Monas lens souveut liés entre eux par une expan- E. pusARDIN. — Sur les Organismes inféricurs. 203 sion comme des boulets ramés, ou changeant de forme, de maniere 4 faire penser que l'Infusoire E lui-méme était quane de leurs modifications. Le liquide dans les mémes circonstances et méme au bout de deux mois, lorsque des propagules de moi- sissures commencaient a s’y faire voir, n’avait aucune odeur sensible. | L’Infusoire (Ia, 1 5) qu’on aurait pris d’abord pour une En- chelys , s est trouvé dans beaucoup d’infusions, et surtout dans celle atotes marines; il est long de 7 millimetre, et son fila- ment a la base est épais de —- sath au moins; il est donc beau- coup plus visible que dans les Monas lens. Mais c’est dans l’Infusoire K , que jappellerai Pyronéme , que ce filament s'est montré le plus gros et le plus évidemment for- mé par la continuation d’un a antérieur ; en effet, son épaisseur , qui nest que de —~— mill. a Puntremités arrive a 60900 ~~ millimetre vers la base. Le corps long de + 4 + millimetre est pyriforme, allongé, tres contractile, et prend quelquefois la forme dun sac arrondi (fig. Ka, K 6); je Pai vu quelquefois privé de son filament par quelque accident, et continuant alors a se mouvoir comme une Amibe, mais sans émettre de prolon- gement, et surtout sans changer de lieu. Sa surface est ordinai- rement garnie de tubercules ou de granules assez gros propor- tionnellement et disposés en séries irréguliéres. On y remarque sonvent aussi une vacuole dont la position n’est pas constante, et qui disparait par sa contraction. Ce Pyronéme se trouve abondamment sur les débris de plantes marécageuses conservées l’hiver dans un flacon plein d’eau; son analogie avec les animalcules D, E, F, G et H est bien pronon- cée, mais il sparant avoir plus de consistance a l’extérieur, sans pourtant qu’on puisse y reconnaitre un tégument réel ; ce serait done le type d’un genre a part; quant aux autres, je les regarde comme de simples modifications dune ou de plusieurs espéces du genre Monade, qui aura précisément pour caractére cette instabilité de formes jointe ala présence du filament flagel- liforme, dont sont privés les Amibes. Au reste, cette instabilité méme dans la forme, et la faculté d’émettre les prolongemens de substance homogéne prouyent, comme je l’ai dit, la simpli- 204 ¥. pusARDIN.— Sur les Organismes inférieurs. cité de l'organisation, et existence du filament flagelliforme pa- rait incompatible avec Vexistence d’une bouche dont la_pré- sence était conjecturée seulement d’apres le tourbillon que cause le filament. M. Ehrenberg, qui n’avait pas vu ce filament, sup- posait, pour expliquer le tourbillon, une couronne de douze cils autour de la bouche des Monades. Le méme auteur ayant apercu, lors de la publication de son troisieme Mémoire, la base de ce filament dans les Cryptomonadines, dans les Volvociens et dans les Peridiniées, et voulant concilier ce fait avec son hypothese sur l'appareil digestif, en fit une trompe destinée a chercher et a admettre les alimens, et représenta méme dans la figure du Zrachelomonas cylindrica et dans celles du Tr. nigri- cans, du Cheetoglena, etc., Vafflux des particules 4 Pextrémité de cette trompe; par cela méme, il semble renoncer a placer la bouche ailleurs, et si Fon fait attention ala longueur et a la té- nuité de ce filament dans les Monas, on devra conclure que de toute maniere l’existence d'une bouche réelle est absolu- ment douteuse. Il me reste a parler de Euglena longicauda et d'un autre animalcule (fig. M) a test membraneux résistant, que je nomme Crumenule; celui-ci a la forme du‘sac déprimé, irréguliérement ovale, et marque de stries arquées paralleles en deux directions; il est rempli de matiére verte comme les Luglena, avec des glo- bules plus transparens, et présente de plus un point rouge vers Ja partie antérieure (fig. M*). Tout-a-fait en avant ila un phi formé par une saillie en maniere de levre, et de ce pli sort un filament tres long dont l’épaisseur, égale partout, doit étre de —~ millim. environ, car elle parait comme un brin de laine or- dinaire vu a l’ceil nu. Ce filament, toujours en mouvement, fait avancer fort peu l’animalcule, parce qu'il est irréguliérement contourné et agité dans ses diverses parties. C’est dans les dé- bris de plantes marécageuses que j'ai trouvé la Crumenule vi- vante avec plusieurs individus morts, dont le test transparent parait résister a la décomposition; ce serait la une analogie assez curieuse avec les Navicules, mais je n’ai pu m/assurer si ce test est vraiment de nature siliceuse, sa longueur est de 2. millim. Enfin, pour lLuglena longicauda, il me suffit de donner la F. pusarDIN. — Sur les Organismes inférieurs. 205 figure (fig. L.) avec le filament qui sort de la fente antérieure, parce que cet animalcule n’étant pas rare dans les marais, on pourra constater l’existence de ce filament qui avait échappé a M. Ehrenberg. La longueur totale de cet Huglena va jusqu’a millim., et la largeur est ordinairement de + millim. La matiere verte de l'intérieur et la matiere rouge que le savant allemand a prise pour un ceil, et qui manque souvent, sont d'une nature bien différente de celle des Infusoires proprement dits, et en considérant la rigidité du tégument des autres especes aplaties comme celle-ci, on peut conserver des doutes sur leur ani- malité. Tels sont les résultats auxquels un travail pénible m’a conduit sur quelques points de lorganisation des Infnsoires; la route est difficile a tenir en raison de l’obscurité meme du sujet : obscurité que des hypotheses ou des idées préconcues n'ont fait quaugmenter bien souvent. Je suis loin de croire que yaie pu éclaircir completement la question , mais de ce que l’on ne peut encore préciser dune maniere absolue les conditions de l’orga- misme, il ne faudrait pas en conclure que la science n’aura pas gaené ace que les questions soient ramenées a leurs véritables termes. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. A. Trinéme, nouveau type d’Infusoires, voisin des Rhizopodes; il est représenté en di» Verses positions et grossi 580 fois. Les deux dernieres présentent des vacuoles sous le test memes braneux qu’on trouve fréquemment vide. Fig. B. Pleuronéme, nouveau type d’{nfusoires entouré de cils rayonnans trés fins et laissatit sortir par une large ouverture laterale une touffe de filamens qui lui servent a se fixer aux corps solides; il est grossi 500 fois. fig. C. Amibe a prolongemens filiformes grossie 600 fois; elle était dans l’infasion de chair. Fig. D. Monas ou cercaire d’une infusion de chair grossie 800 fois. Fig. E. Monas de l’infusion de gelatine et de celle de gomme avec des sels, grossie 800 fois. Fig. F. Monas d’une infusion de mucus, grossie 800 fois. Fig. G. Monas ou cercaire de V infusion de gélatine avec de l’oxalate d’ammoniaque , grossié 800 fois. Fig. H. Monas lens de diverses infusions végétales ou animales, avec ou sans sels, grossie 800 fois. Fig. I, Monas ou Enchelys d'une infusion d’algues marines séches, grossie 800 fois. Fiz. K, Pyronéme, nouveau type d’Infusoires 4 corps mou, contractile et polymorphe, avec un long filament antérieur, dans les débris des plantes marécageuses, grossi 450 fois. Fig. L. Euglena longicauda (Ehr.) , espéce décrite par M. Ehrenberg, qui n’a pas connu le filament antéricur; grossi 450 fois. Fig. M. Crumenula, nouveau type d’Infusoires 4 test membrancux, résistant 4 la déecompo- sition, avec un simple filament trés long; grossi 560 fois, SRR A BE TET AA AION Ts 206 mitcucock.— Traces d’Oiscaus dans le grés rouge. Description dempreintes de pieds d’ Oiseaux dans le Gres rouge du Massachusets , Par le professeur E. Hircucocx. (surrE) (1) Il est naturel de demander si, d’aprés les faits qui ont été établis, nous pouvons rapporter ces Oiseaux de l’époque du nouveau gres rouge a quelques-unes des familles d’Oiseaux qui existent maintenant. Lidée quils appartiendraient 4 quelques- unes des especes actuelles ne peut étre partagée que par ceux qui ne seraient point familiarisés avec l’histoire des restes orga- niques. Les géologues ne doivent donc s’attendre a trouver autre chose qu’une légére ressemblance avec des espéces existantes. Je ne puis toutefois m’empécher de croire que plusieurs dentre eux au moins étaient des Echassiers. Ils correspondent, sous deux rapports, a ce groupe d’Oiseaux; d’abord ils n’ont que trois doigts, comme cela a lieu pour beaucoup d’Echassiers encore existant. La grande longueur des enjambées est une preuve de la grande longueur de leurs jambes, autre caractere de ce der- nier ordre. Jen’ai eu que peu d’occasions de faire les comparai-— sons nécessaires, mais je me suis assuré que les enjambées de ceux de nos Oiseaux communs qui n’en font pas partie, sont beau- coup moins longues par rapport a la longueur du pied, que celles des Ornithichnites. Ainsi le Cog ordinaire, avec un pied de trois pouces de long, fait des enjambées seulement de six ou sept pouces, tandis que lO. diversus, dont le pied a la méme grandeur, présente des enjambées de dix a douze pouces. Dans POie domestique, dont le doigt médian a quatre pouces de lon- gueur, la distance des pas est seulement de sept a huit pouces. Cependant le Coq-d’Inde, avec un pied de quatre pouces de lon- gueur, fait des pas @une aussi grande longueur que lO. diver- (1) Voyez page 154. nitcHcock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 207 sus de la fig. 6, dont le pied est semblable, c’est-a-dire de douze pouces de long; et le Paon, avec le méme pied que l’O. diversus de la fig. 7, présente des enjambées qui n’ont qu'un pouce ou deux de moins que lOiseau fossile. Mais le Coq-d'Inde et le Paon sont des Oiseaux chez lesquels la jambe atteint une lon- gueur qui n’est pas ordinaire parmi les Gallinacés. Je n’ai pu me procurer aucun exemple de la longueur de l’en- jambée dans les grandes especes d’Echassiers actuellement exis- tantes, et je ne puis citer qu'un fort petit nombre des petites especes. La petite Bécassine, dont on voit les traces, fig. 16, sur une petite échelle, et fig. 17 sur une plus grande, fait des en- jambées seulement de deux pouces et demi avec un pied d'un pouce de long. Et comme je !’ai appris du docteur Richard Har- lan, Penjambée de l’4rdea canadensis, cont le pied a trois pouces de long, est de quatre 4 six pouces. En comparant ces longueurs avec celles qu'on observe dans l’O. minimus, dont le pied a un pouce de long, et qui fait des enjambées de quatre pouces, et dans lO. diversus, 6 platydactylus, dont le pieda entre deux et trois pouces, et l’enjambée de six a huit pouces, nous voyons que les eujambées des especes existantes sont moins longues que celles des especes dont on trouve les traces a Pétat fossile. Quant aux grandes especes, nous ne pouyons les com- parer avec aucune de celles qui existent actuellement; car parmi les Oiseaux qui maintenant se trouvent sur le globe, il n’en est aucun dont le pied approche, pour la grandeur, de celui de lO. giganteus ou de VO. ingens ; mais on ne peut s empécher de dire que des Oiseaux qui enjambaient de quatre a six pieds devaient avoir les jambes extrémement longues et par conséquent étaient des Echassiers. Mais les zoologistes objecteront que, dans quelques cas, il semble que les jambes étaient revétues et méme quelquefois les doigts, sinon de plumes, du moins de soies, tandis que tous les Echassiers connus ont les jambes nues. Ce fait est certai- nement une grande présomption contre lopinion que ces Oi- seaux auraient été des Echassiers dans le sens précis de ce mot; peut-étre méme oppose t-il a cette détermination un obstacle insurmontable. Mais je dois remarquer @abord que 208 wurrencock. — Traces d’ Oiseaux dans le gres rouge. je n’ai aucune opinion certaine quant a Ja nature de ‘ces ap- pendices, bien que je n’en voie point d’autre explication que celle que j'ai donnée, et que je ne voie point pourquoi celles cine serait point satisfaisante. Mais puisque nous devons nous attendre, a priori, a trouver de grandes singularités de struc- ture dans les animaux qui habitaient le globe a une époque si reculée , est-il incroyable que des Oiseaux, appartenant a ordre des Kchassiers, eussent eu des pieds munis d'un appendice de plumes sétiformes? Nous n’en pouvons pas plus comprendre l’u- sage que nous ne comprenons celui des filamens thoraciques du genre Polynemus parmi les poissons, ni celui du Byssus de la Pinne-marine parmi les Mollusques. Ces Ornithichnites, si on fait abstraction de cet appendice, pourraient avoir été produits par cette tribu d’Echassiers désignés par Temnink sous le nom de Curseurs, qui auraient fréquenté les bords des lacs et des bras de mer pour y chercher leur nourriture. Entre le genre Rhea de cette famille et lO. ingens, il y a un point de ressem- blance qu’on doit peut-étre noter : c’est que le Rhea a un doigt postérieur remplacé par un talon calleux, et que, dans l’O. in- gens, il semble que !’on ait l’impression d’un semblable talon. Mais en définitive, quoique nous puissions penser de cet ap- pendice rayonnant, je regarde comme tres certain, ainsi que je vais m’efforcer de le prouver plus bas, que ces traces ont été faites sous les eaux d’un bras de mer, d’un lac, d’un étang ou dune riviere, ou sur leurs bords, a une époque ou les eaux couvraient souvent ces localités; et si cela est vrai, les habitudes de ces Oiseaux d’époque reculée auraient correspondu a celles des Echassiers de notre époque. Jai dit, au commencement de ce mémoire, que la roche qui présente ces Ornithichnites, est le nouveau eres rouge; peut-ctre aurais-je du dire Nags correspond a ce groupe de roches en Europe, cest-a-dire quelle semble avoir été formée dans les mémes circonstances et probablement a une époque géologique tres voisine. Il y a quelques années, les géologues soutenaient fortement l’identité parfaite des formations des roches des dif- férens continens. Cette opinion, spécialement en ce qui con- cerne les roches secondaires et tertiaires, est maintenant com- nitcHcock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 209 plétement abandonnée. Tout ce que nous pouyons espérer, pour une méme roche dans différens pays, cest qu'il y ait une assez grande similitude dans leurs caractéres géologiques, leur com- position minérale, les débris organiques qu’elles contiennent, pour qu’on puisse admettre qu’elles sont le résultat de causes semblables, et qu’elles ont été produites dans les mémes cir- constances de température, de climat, etc. Quant an grés de la vallée de la riviere de Connecticut, sur lequel se trouvent les Ornithichnites, il y a des difficultés toutes particalieres pour déterminer , d’une maniere précise, son rang dans léchelle eéologique. Mais l’'ayant examiné avec un grand soin depuis une vingtaine d’années, sous ce.rapport, je suis arrivé a une entiére conviction que, comme je Pai déja dit, les couches supeérieures au moins appartiennent au nouveau gres rouge de De la Béche et des autres géologues. Jai exposé les raisons de cette opinion dans mon mémoire sur la géologie, etc., du Massachussets, adressé au gouvernement de cet état; mais il me semble conve- nable d’exposer ici sommairement ces raisons. Le grés, dans cette vallée, se trouve dans une étendue d’en- viron cent milles, depuis Newhaven dans le Connecticut, jus- qu la limite septentrionale de Massachussets, et varie en lar- geur de 8 a 20 milles. Il est divisé par une ou deux chaines de Serpentines qui traversent le gres et se dirigent a-peu-pres du nord au sud. Les couches de grés sont en général inclinées vers lest, d’une quantité variant de 5 a 30 degrés, de sorte que les couches les plus anciennes se rencontrent le long de la partie occidentale de la vallée. Ces anciennes couches consistent pour la plupart en lits épais de gres rouge, d'une apparence assez uniforme; mais les couches supérieures, c’est-a-dire celles qui sont a l’est des collines de serpentine , consistent en gres schis- teux, en gres rouges et gris, eu conglomerats tres grossiers, en schistes et peut-étre en marne rouge(1), avec des lits accidentels de calcaire fétide; ces différentes roches forment des couches qui alternent avec une variété presque infinie. Maintenant, {1) Le grés rouge de Hartfort est decidément marneux, Il fait effervescence avec les acides, et méme contient de nombreuses veines de calcaire, ( Silliman.) V. Zoou. —~ April, th 210 uiTcucock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. quant aux plus anciennes couches , quelques géologues ont sup- posé qu’elles appartiennent an gres rouge ancien, et peut-étre ont-ils raison; mais comme on n’y trouve aucun Ornithichnite, nous ne discuterons pas cette question. En mefforcant de prouver que les couches dont nous parlons sont l’équivalent du nouveau gres rouge, je ne veux absolument parler que des cou- ches supérieures. I. Caractéres géologiques. — De la Beche décrit le groupe du nouveau gres rouge comme un dépot de conglomérats, de grés, de marne avec des calcaires apparaissant accidentellement a quelques points de la série, — tel est le dépot que nous avons vu dans cette vallée. Je ne conserve de doutes pour aucun des élémens qui composent cette liste, excepté pour la marne. On y trouve bien une roche rouge fine semblable ala marne rouge d’Angleterre, mais ordinairement elle ne contient pas beaucoup de carbonate de chaux. Cest plutot un schiste rougeatre, bien qu'elle fasse souvent effervescence avec les acides. L’aspect bi- garré du nouveau gres rouge, qui, dans quelques dépots de cette roche, est si évident, se remarque surtout le long de la partie centrale de la vallée, quoique je le juge moins fréquent qu’en Europe. Enfin je puis 4 peine distinguer une suite d’échantillons pris dans la vallée de Connecticut, d’une autre suite venue de la Nouvelle-Ecosse, et d’un groupe de roches qui sont évidem- ment le nouveau gres rouge, puisqu’on y trouve des couches de gypse. 2. Composition minéralogique. — On ne trouve dans cette roche qu'une fort petite quantité de gypse, le sel gemme y manque completement. — Ce sont la, ce me semble, les prin- cipales difficultés pour décider si on a affaire au nouveau gres rouge, puisque ces minéraux se présentent si généralement dans cette formation dont ils sont regardés comme un des caracteres. Mais puisqu’on admet que le calcaire peut bien accidentellement ne point s’y trouver, sans que pour cela l’identité géologique soit détruite, pourquoi ne pourrait-il pas arriver que le gypse et le sel gemme manquassent quelquefois, sans quaucun des caracteres essentiels fit perdu? wmircHcock. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. 211 On trouve cependant, dans cette roche, dautres minéraux qui sont presque propres au nouveau gres rouge. On doit men- tionner le cuivre qui se trouve fréquemment pres de la ligne de jonction de cette roche avec la serpentine, et qu'on rencontre aussi disséminé dans une certaine étendue dans les couches. On sait qu’en Allemagne une variété de ce groupe, le schiste cui- vreux, est exploitée pour en tirer ce métal; on trouve aussi, dans la roche dont nous parlons, les sulfates de baryte et de strontiane, comme dans le nouveau gres rouge d’Angleterre : il en est de méme du sable ferrugineux magnétique. 3. Restes organiques. — Il y a peu d’années on a trouvé, dans une des variétés les plus grossiéres de la roche du Connecticut, les restes d’un animal vertébré dont on n’a jamais déterminé le genre. Mais comme aucun vertébré, excepté peut-étre un petit nombre de poissons, n’a été trouvé appartenir au nouveau gres rouge, il est 4 présumer que la roche de la vallée de Connec- ticut, qui offre ces débris, n’est pas plus ancienne que le nou- veau gres rouge; cependant la présence des Oiseaux dans une partie si inférieure de la série des couches, contre tout ce qu’on pouvail présumer, nous montre combien peu de fond on peut faire sur un argument de cette sorte, pour prouver que la roche dont il s'agit appartient au nouveau greés rouge. Mais les Ichtyo- lites qui s’y rencontrent confirment ce rapprochement de la ma- niere la plus évidente. Ilsappartiennent au genre Paleothrissum, et se trouvent dans un schiste bitumineux, ou bien ce qu’on dé- signe souvent par le nom de marne bitumineuse; ces divers échantillons, tant des Ichtyolites que des roches, ressemblent tellement a ceux du nouveau gres rouge de Mausfeld (en Alle- magne), qu’un habile géologue européen, a qui on enverrait ces échantillons, ne saurait les distinguer. Ce genre se rencon- tre encore a Autun, en France, et a un ou deux endroits de la Grande-Bretagne, dans le nouveau grés rouge et dans les couches qui lavoisinent. Comment donc pourrait-on douter, surtout quand on consideére toutes les autres preuves du meme fait, que la roche dans laquelle on les trouve au Massachussets, ‘ne soit la meme? Je dois dire qu’un des points oi se rencon- The | | 912 wHircucock.— Tyaves d’ Oiseaux dans le gres rouge. trent les Ornithichnites n’est qu’a un mille de distance de I’en- droit ou les Ichtyolites sont en plus grande abondance, dans le Sunderland, et peut-étre dans la continuation de la méme couche. Ces faits me semblent déterminer, sans qu’on puisse élever un doute raisonnable, la situation géologique des Ornithichnites que nous avons décrites; mais si quelqu’un n’était point convaincu, on doit ajouter qu’aucun des géologues qui ont examiné le gres de cette vallée n’a pensé qu'il fut plus récent que le nouveau eres rouge. Ils ?ont, pour la plupart, placé au-dessous dans la série, le regardant comme dépendantde la formation houilliere, ou comme étant le gres rouge ancien; de sorte que tous admet- traient que les Ornithichnites sont au moins aussi bas que le nouveau gres rouge; sils étaient au-dessous, cette position se- rait encore beaucoup plus étonnante. Depuis que cette espece de roche a été déposée, aucun chan- gement géologique ne semble s’etre opéré dans cette vailée, a l'exception du dépot d'une couche mince et probablement trés récente de formation tertiaire ou quaternaire, compos¢ée de couches horizontales d’argile et de sable, auxquelles ont suc- cédé les actions alluviales ou diluviales qui ont agi sur toutes les parties du globe. Ayant établi ces faits et démontré, autant quil est en mon pouvoir, la position géologique des Ornithichnites, j’espére qu’on me permettra d’ajouter quelques considérations théoriques. , Les circonstances dans lesquelles ces traces ont été faites nous fournissent un sujet de recherches qui d’elles-mémes se présentent a tous les esprits; et il me semble que la vraie théo- rie peut facilement en étre saisie par tout homme intelligent, quand méme il ne serait nullement familiarisé avec les principes de la géologie. Il verra que la roche sur laquelle ces empreintes se trouvent est un composé d’argile et de sable; et bien quiil ne puisse expliquer comment la consolidation s'est opérée, il ne pourra douter que cette roche ne ftit autrefois dans un état de mollesse , et que cest alors que ces traces ont été faites. Jusqu’ici, ce me semble, tout doit étre admis; et lorsque, comme on l’a déja remarqué, nous voyons sur Ja vase qui re- couvre ces roches, quand elles passent sous ja riviere de Con-_ uitcucock. — Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. 213 necticut, les traces d’Oiseaux vivans, tout-a-fait semblables a celles qui s'apercoivent sur la roche dénudée, pouvons-nous douter que nous ne soyons temoins de la maniere dont les Or- nithichnites se sont formés, surtout quand les caractéres du pied et la grandeur des enjambées nons apprennent qu'un grand nombre de ces Oiseaux avaient les habitudes des Echassiers ou Gralles de notre époque, nous ne pouvons nous empécher de conclure que les Ornithichnites sont V’empreinte des pieds d’O1- seaux de |’époque du nouveau grés rouge, qui fréquentaient les rivages des bras de mer, des fleaves et de lacs, dont les bords fangeux se sont ensuite convertis en la roche que nous voyons maintenant. Je sais qu’on a coutame de regarder les anciens changemens géologiques du globe comme s’étant produits tres différemment de ceux qui ont lieu maintenant, et je ne puis m’empécher d’étre convaincu que lintensité des causes a varié beaucoup dans dif- férens temps; mais la grandeur et non la similitude des résultats a di séule en étre afflectée, et jai été frappé de cette ressem- blance remarquable entre Vétat des choses présenté par ces Ornithichnites qui ont existé il y a tant de milliers d’années, et ce qui se passe maintenant sous nos yeux. Notre imagination se trouve reportée, par ces empreintes, jusqu’a cette période immensément éloignée ou les Oiseaux du gres rouge marchaient le long des bords des lacs et des étangs de cette époque, abso- lument comme le font les Oiseaux contemporains. Il y a toutefois un point frappant de dissemblance entre les -anciennes races et les modernes, c’est la grandeur énorme de plusieurs individus des premicres. Quelques-uns d’entre eux pa- raissent n’avoir pas surpassé, pour les dimensions, les grandes especes qui existent maintenant dans leur classe. Mais que di- rons-nous de ceux qui ont produit lO. giganteus et lO. ingens, et qui embrassaient quatre pieds dans leurs enjambées moyen- nes? Quant a leur grandeur réelle, nous sommes entierement réduits aux conjectures; mais je ne sais pas si un homme habitué a lanatomie comparée ne pourrait pas déterminer les dimen- sions d’un Oiseau, d’apres celles de son pied et la longueur de ses enjambées. Je n’essaierai pas de résoudre ce probleme, mais 214 wnircncock. — Lraces d’Oiseaux dans le grés rouge. je citerai un fait comme moyen de comparaison. L’Autruche d'Afrique (Struthio-camelus), |e plus grand des Oiseaux connus, aun pied de 10 pouces seulement de longueur, en comptant de- puis ’extrémité postéricure du talon jusqu’a Pextrémité des on- gles (1). Elle pese quelquefois 80 ou too livres, et quand elle marche, sa téte est aussi haute que celle d'un homme a cheval, cest-a-dire de 7 4g pieds. Ne pouvons-nous point conclure que quelques-uns de} ces anciens Oiseaux, dont les pieds ont 16 ou 17 pouces de long, doivent avoir été presque deux fois aussi grands et aussi gros que l’Autruche? Je ne crois pas que personne en puisse douter, apres avoir examiné leurs traces. D’apres quelques exemples, je ne crois pas que les jambes d’nn Oiseau (y compris Ja cuisse), qui ordinairement faisait des enjambées de quatre pieds, aient pu avoir beaucoup moins de six pieds. Tels doivent avoir été les oiseaux qui, jadis, habitaient la dé- licieuse vallée du-Connecticut. Nous avons quelques raisons de penser gu’a cette époque cette vallée était un bras de mer; car les restes organiqnes du nouveau gres rouge sont surtougalori- gine marine, comme on le voit dans mon mémoire sur la géo- logie du Massachussets. Et afin de montrer que les autres étres vivans , contemporains de ces oiseaux, leur étaient comparables pour la grosseur, nous renvoyons a la description d’une coqnille marine (Gorgonia Jaksonii) qui se trouve dans le nouveau grés rouge de West Springfield, quia été dégagée, mais sans pouvoir en découvrir les bords, dans une longueur de 16 pieds sur une Jargeur de 4 pieds. La masse colossale des oiseaux dont nous parlons est parfaitement en rapport avec Vhistoire des étres vivans dans les diverses parties du globe. La température plus ‘ (1) Je dois ces faits au professeur ;Mussey, du college de Darmouth, qui lesa pris sur une autruche du muséum de ce collége. Il ajoute que : « La longueur de la jambe , c’est- a-dire la distance depuis l’articulation de la hanche jusqu’au sol est de 4 pieds 1 pouce, et la distance de la téte au sol est de 7 a 8 pieds. L’élévation de la téte doit évidemment va- rier avec Ja direction de l’axe du corps qui, de la maniére dont Je squelette est maintenant posé, n'est pas trés horizontal, mais s’incline légerement en avant. » Tout ce qui nous manque pour nous permettre d’estimer d’une manieére probable la grosseur et la hauteur de Voiseau qui a produit I'O. giganteus et YO. ingens, c'est de savoir la longueur des dimensions ordi- naires des enjambécs de l’'autruche. S'il était permis d’établir une conjecture, je dirais que la téte des oiseaux du nouveau grés rouge devait s’élever de 12 ou 15 pieds au-dessus du sol. , witcHcock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 215 élevée qui régnait alors semble avoir favorisé le développement gigantesque de la vie sous quelque forme quelle se présentat. Ceux qui voient ces Ornithichnites demandent quelquefois 4 quelle distance de la rivicre de Connecticut on les a décou- verts; et lorsquils apprennent que, pour la plupart, c'est jsur les bords mémes, ils en concluent souvent que la roche qui les présente est un dépdt de la riviere. Mais les géologues savent que la riviére de Connecticut, qui, a cette époque, nexistait certainement pas, n’a rien de commun avec le dépot de grés rouge dont ses bords sont formés, et d’apres les faits mention- ués dans le paragraphe précédent, ils pensent que ce dépot s'est fait d’abord au fond de la mer, et s'est élevé depuis. On demande encore souvent a quelle profondeur se trouvent tlans la carriere les empreintes dont nous parlons. Mais pour les géologues cette question est moins importante que celle de leur situation par rapport ala formation générale. Dans le fait, on les trouve seulement a quelques pieds de la surface dans les points ou lon a creusé, mais comme c'est sur le bord gauche d’une formation de quelques miiles d’étendue, 4 en juger par les couches, et que celles-ci sont inclinées a Vest de plusieurs de- gres, en réalité, toutes celles qui sont a lest des carrieres ont été déposées au-dessus des Ornithichnites, ce qui donne une €épaisseur perpendiculaire de plusieurs centaines ‘le pieds. Dans la localité au sud-ouest de Montagué, les localités qui présen- tent les Ornithichnites passent Jatéralement au-dessous du Mont Tobie, qui s’éleve au-dessus delles de 6 ou 700 pieds, de sorte quil semble quon a le droit de dire que ces empreintes de pieds sont a plusieurs centaines de pieds de profondeur. Mais cette preuve, quoique bien propre a faire impression sur la plupart des esprits n’est pas a beaucoup pres aussi con- cluante pour un géologue que le fait du grés rouge lui- meme; car on sait que depuis le dépot de cette roche, il s'est passé un temps suffisant pour la formation de ces vastes masses de rochers, formant les groupes oolithiques crétacés et tertiaires dont chacun a plusieurs mille pieds dépaisseur, et s'est formé par des procédés irés lents; et que la seule raison pour laquelle ces terrains ne sont pas entassés au-dessus des Ornithichnites 216 wuirencocs. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. est que les causes qui ont formé ces roches n’ont pas opéré sur ce point. En d’autres termes, apres que le nouveau grés rouge a été forme, il ne s’est point ajouté de nouvelles roches dans cette partie du monde, durant cette immense période pendant laquelle se sont formés en Europe les terrains que nous venons de nommer. En admettant que ces traces ont originairement été pro- duites par des oiseaux marchant sur la vase, nous devrons nous demander comment elles ont été recouvertes, et com- ment elles se sont consolidées. Les dépots d’alluvion, comme on sait, sont formés de couches successives provenant de la précipitation successive de matieres vaseuses ou sablonneuses en suspension dans les eaux; matieres qui sont plus ou moins fines , plus ou moins grossiéres , suivant les circonstances. Si un oiseau est tres pesant, son pied devra s’enfoncer considé- rablement, soit en les brisant, ou si elles sont plastiques, en les refoulant. Et en effet, je remarque que les oiséaux les plus légers produisent rarement ces dentelures qui affectent sensi- blement les couches dans une profondeur de plas d’un pouce. Mais comme les couches successives ont été déposées apres que Pempreinte a été faite, si le mouvement des eaux était trés léger, ces couches auraient a peine été plus épaisses aux points ou Ja trace existait que dans les autres, et conséquemment la trace se serait continuée au-dessus jusqu’a une distance consi- dérable, les plus légeres dentelures disparaissant d’abord et ensuite les plus profondes; de sorte qu’apres la consolidation plusieurs couches successives devraient présenter des Ornithich- nites. La couche la plus supérieure offrirait une empreinte tres petite et dont les détails les plus délicats ne se verraient plus; puis toutes les couches inférieures & celle-ci la présenteraient de plus en plus distincte, jusqu’é ce quon fut arrivé a celle sur laquelle ’Oiseau marchait originairement; quelques couches au- dessous présenteraient encore la trace, mais bientot elle dis- paraitrait tout-d-fait. Maintenant, en jetant les yeux sur la des- cription que j’ai donnée de Ja maniére dont se présentent les Ornithichnites, on verra que les faits correspondent parfaite- ment avec les inductions théoriques. nircucock.— Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 217 Les résultats que nous avons établis devront cependant se trouver modifiés par les circonstances. Plus le dépot qui s’est fait aprés P'impression -de la trace sur Ja vase a eu lieu d'une maniere lente, plus le temps et le nombre de couches néces- saires pour l’effacer ont di étre longs. Mais si un courant sou- dain et tumultueux des eaux, soit par suite dune inondation, soit par suite d’une tempéte violente de Océan, apporte des matériaux grossiers sur la trace, avec un peu de violence, elle seraremplicet effacée, comme onle voit sur quelques échantillons. Or, si la matiere déposée dans la trace vient a se concréter de maniere 4 devenir réellement un pied pétrifié, la dépression des couches supérieures devra presque immeédiatement disparaitre, comme je trouve que cela a eu souvent lieu pour l’O. giganteus et lO. tuberosus. Il yaun fait, relativement a ces empreintes, qui mérite d’étre mentionné, et qu’iln’est pas aisé d’expliquer. Lorsque les couches de la roche ont été refoulées par Pempreinte, les couches ne sont souvent pas placées perpendiculairement les unes au-des- sous des autres, mais elles ont une grande obliquité, de sorte que quand la trace se voit sur les deux portions de !’échantillon, elle parait sur une des portions déjetée en avant ou en arriere, ou latéralement d’un pouce ou deux. Je n’ai jamais remarqué une aussi grande différence quand la roche n’a pas plus d’un pouce d’épaisseur. Je ne puis concevoir que le fait se soit produit autrement que de deux manieres: il n’a pu résulter ce me semble, dansaucun cas, du glissement du pied de lOiseau sur la vase. Mais supposant Yempreinte faite dans une boue tellement molle que la plus lé- gere action pourrait entrainer la partie supérieure de cette boue presque en suspension, dans la direction de la force disturbante; supposons ensuite que soit les vents, soit les flots, aient produit un courant doux au moment ou la trace s'est imprimée sur cette boue, ’empreinte n’aurait-elle point pu, sans étre dégradée, étre écartée de sa position primitive, et si cette cause continue d’agir en méme temps que les couches successives se déposent, ne pourra-t-elle pas avoir produit le déplacement dont nous nous occupons? Ou bien, en supposant que la trace fut faite 218 wuircHcock.—~ Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. sur une boue extrémement molle et étant tres inclinée sous leau, est-il difficile de concevoir comment, a mesure que les nouvelles couches se seraient déposées, la seule force de la pe- santeur les elit forcées de descendre un peu et ainsi d’incliner la trace en bas sans l’effacer ? Jai avancé que ces traces avaient été faites sur un sol qui, constamment ou au moins tres fréquemment, était recouvert par les eaux, car si elles eussent été faites sur des points qui eussent été a découvert, bien loin qu’un nouveau dépot fut venu se faire au. fessng poury les préserver, elles se fussent trouvées exposées a la pluie et a d’autres circonstances qui les auraient promptement effacées sinon oblitérées. Nous pouvons em juger par ce que nous voyons se passer sur les traces d’ani- maux qui, au bout d’un mois seulement, ou d’une semaine, ou méme dun seul jour, sont compléetement détruites; et ‘méme si, dans quelques cas rares, des pluies abondantes et des inon- dations viennent a recouvrir !e sol d'un nouveau dépot, l'action en est ordinairement si violente, que la trace cesse entierement d’exister. Mais au-dessous des eaux tranquilles d’un bras de mer, d'un lac ou méme dune grande riviére, aprés que quel- ques couches sont venues se déposer au-dessus, ces traces peu- vent rester sans se détériorer, je dirai presque pendant un temps immense. Les eaux tranquilles qui les recouvrent les pré- servent de l’action des corps extérieurs. D’apres cela, je soup- conne que, dans presque tous les cas, ces traces ont eté faites sous des eanx tranquilles. Cependant je congois que les tr aces eussent pu se conserver, bien qu’ayant été faites sur les bords des eaux basses, mais seulement en admettant qu’un courant soit venu les recouvrir d’un dépot de vase; et les chances, meme dans cette hypothese, sont extrémement contraires a une durée assez longue, pour qne la conservation en pierre ait pu avoir lien; de sorte que, quelles que soient les objections que les Or- nithologistes puissent élever contre opinion que les traces dont nous nous occupons ont été faites par des Echassiers il me sem- ble que le cas exige que nous supposions qu’elles ont été produi- tes par des Oiseaux ayant les wicmes habitudes. L’aspect le plus intéressaat sous lequel ces faits se présentent nitcucock. — Traces d’ Oiseaux dans le gres rouge. 219 aux géologues, c’est comme prouvant, d'une maniere évidente, existence trés ancienne des Oiseaux parmi les habitans de notre globe. Jusqu’ici on n’avait pu faire remonter leur exis- tence que jusqu’a une époque comparativement tres récente, mais il est maintenant démontré quils étaient contemporatins des plus anciens vertébrés qui aient été placés sur le globe. La découverte @un monument qui donne a [histoire d’un peuple quelques cents ans de plus qu’on ne le faisait auparavant, est pour les antiquaires un grand sujet de joie. Mais ces simples empreintes de pieds démontrent lexistence et quelques-unes des habitudes d’une classe intéressante d’animaux a une période si reculée, que depuis toute la population du globe a été changée une ou deux fois, on méme davantage; car, pour parler des petites divisions des couches, les animaux et les plantes des terrains secondaires ont tous disparu avant la création de ceux des terrains tertiaires, et la plupart de ceux-ci ont cessé d’exister avant la production des races actuelles. Le nombre d’années qui sest écoulé depuis ne peut sévaluer que par conjecture; car, sur ce qui regarde les animaux et les plantes qui ont oc- cupé le globe avant les especes existantes , les écritures se tai- sent, laissant seulement entendre qu’une période indéfinie dans sa durée s'est écoulée depuis « le commencement » jusqu’a la création de Phomme; et quoique les monumens géologiques nous monirent clairement la succession des différentes époques de la création du globe, ils ne nous fournissent cependant qu'un tres petit nombre de dates chronologiques. C'est aussi une lecon instructive pour jes géologues, de voir que de simples empreintes de pied aient pu se conserver si dis- tinctes, alors que tous les restes du squelette avaient dispa- ru(1). Si les Oiseaux existaient lors de la formation du nouveau gres rouge, sans aucun doute ils existaient lors de la formation des différens groupes de roches qui lui sont superposés; cepen- dant, excepté un ou deux exemples assez douteux, on n’en rencontre aucune trace dans tout cet immense intervalle qui se trouve entre le gres rouge et le gypse tertiaire des environs de (1) Les ossemens pourront se trouver, (Zdit.) . 220 mitcHcock.— Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. Paris. Certainement les géologues devront se demander si on ne s'est point trop haté de nier existence des animaux les plus parfaits et des plantes aux époques les plus reculées de l’exis- tence du globe, et si, aprés tout, il n’est point possible qu’ils se trouvent avec les restes des animaux et des végétaux les plus anciens qui se trouvent confondus dans les couches de la terre La découverte récente de végétaix phanérogames, en Ecosse , au-dessous de la houille, donne une nouvelle force a cette sup- position. En poursuivant mes investigations sur ce sujet, javoue que jai été grandement surpris de découvrir, en aussi peu de temps, un si grand nombre d’especes d’Ornithichnites, ou au moins de genres d’Oiseaux, que je n’eusse pu certainement le croire pos- sible. Le nombre de différens genres de Gralles qui se trou- vent maintenant dans le Massachussets, n’est pas de plus de douze ou quinze; cependant j’ai trouvé an moins sept traces (si j'avais 4 exprimer ma propre conviction je dirais dix) telle- ment distinctes, qu’elles doivent avoir été faites par des especes, sinon des genres d’Oiseaux différens , et toutes dans les trois ou quatre carriéres qui ont été ouvertes seulement dans une éten- due d’un petit nombre de verges; et je doute beaucoup qu’on puisse citer, dans toute la vallée de Connecticut, trois points ou, dans une méme étendue, on puisse trouver sur la vase les traces d’un aussi grand nombre d’espéces vivantes. Dirons-nous que les Oiseaux étaient aussi nombreux a l’époque du nouveau gres rouge quils le sont maintenant? Peut-étre ne serait-il pas sur de le conclure des prémisses que nous avons établies; cepen- dant, s'il existait alors des Oiseaux, pourquoi n’auraient-ils pas été aussi nombreux qu’a présent, alors que le climat était si favorable a leur développement? Je ne connais qu’un seul fait qui ressemble a ceux que nous venons de décrire, c’est le mémoire du Rév. M. Duncan, sur des empreintes aly pied de quadrupedes sur le nouveau greés rouge de Dumfries-shire en Ecosse, mémoire qui établit que tres probablement ces empreintes sont celles de pieds d'une tortue. A en juger d’aprés ce mémoire, et la planche lithogra- phiée qui l’'accompagne dans le 11° yol. des Transactions de la wircucock. — Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 221 Société royale d’Edimbourg, je pense que ces empreintes ne peuvent étre comparées, pour Jeur netteté, avec celles de la vallée de Connecticut. C’est cependant un fait remarquable de voir que cest sur le nouveau gres rouge que, des deux cdtés de l’Océan, ces traces se sont conservées jusqu’a nos jours. (1) Je sais bien que les présomptions tirées des analogies géolo- giques sont tout-a-fait opposées aux faits que je rapporte et aux conséquences que j’en déduis dans ce mémoire; car ce mémoire tend 4 prouver l’existence des Oiseaux d’une structure plus par- faite que les mammiferes et méme que les plus anciens verté- brés, peu de Sauriens et de Poissons ayant été trouvés aussi profondément que le nouveau gres rouge. On a découvert ré- cemment des empreintes de Marsupiaux et de Quadrumanes dans le nouveau grés rouge d’ Allemagne. Je m’attends donc que les géologues recevront ces faits et ces conclusions avec hési- tation, et soupconneront qu’on veut les tromper : ils doivent agir ainsi. Moi aussi, dans les premiers temps, j’étais entiérement sceptique, car, dans mes premieres excursions géologiques, j’ai tant de fois trouvé que ce qu’on regardait comme impressions de pieds d’animaux n’était autre chose que le résultat de Vac- tion des eaux ou d’antres agens alluvionaux ou bien de l’adresse des hommes, qu’a peine me serais-je écarté de ma route pour en voir. un exemple (2). Mais jai bientot vu que, dans le cas (1) Dans un catalogue d’ouvrages scientifiques publié il y a quelques mois en Europe, et qui dernitrement est tombé entre nos mains, se trouve un ouvrage de Jaboz Allies, imprimé a Londres : On certain curious indentations on the old red sandstone of Worcestershire and « Herefordshire, considered as tracks of antediluvials animals, etc.» Mais je ne connais de ces empreintes rien autre chose que le titre de cet ouvrage. iS (1) Encourage par les faits que j'ai detaillés, et espérant obtenir de pareils succés 4 l’oc~ casion de descriptions que j'avais recues, d’empreintes de pieds sur une pierre de Rhode. Island , j’ai entrepris il y a peu de temps un voyage de 250 milles pour les examiner, On les rencontre a environ 2 milles au nord du village de Wickfort, sur la route qui conduit a Pro- vidence; et toutes les personnes que j’ai interrogées & une distance de 20 milles semblaient connaitre ces impressions sous le nom de Devil’s track (traces duDiable); mais je n’y ai vu évidemment que le résultat @’une action de Veau. Et il m’a semblé que la seule raison qui em- péche chaque personne de les regarder comme !’effet de l’action de l'eau, c’est la difficulté de concevoir comment l’eau pourrait avoir baigné assez long-temps cet endroit pour y produire ces excavations; car elles se trouvent prés de la surface d'un banc de gneiss passant & l'ardoise mica- eée sans, qu’jl existe aucune excavation formée par Je lit de la riviére, Mais les gcologues n¢ w~ 222 mircncock,— Traces d’Oiseaux dans le grés rouge. dont il s’agit ici, il y avait quelque chose de différent. Lors méme que jen aurais eu un échantillon, quoique bien distinct, je n’eusse encore osé lui accorder aucune confiance, ou bien si j’eusse trouvé ces traces dans les carrieres : soit qu’elles se fussent pré- sentées en creux ou en relief, je les eusse regardées comme des concrétions; ou encore si je n/avais trouvé que fort peude rapport entre ces empreintes et une succession irréguliere des couches, jaurais cherché 4 men rendre compte par quelque autre moyen, ou bien je les aurais laissées sans les expliquer. Mais quand je vois que, sous aucun point de vue, il ne reste de place pour le scepticisme; quand je vois que le pied droit et le gauche se dis- tinguent parfaitement; quand je puis, sans crainte d’erreur, distinguer les traces des Oiseaux vivans de celles qui sont sur la pierre; lorsque, parmi les cent exemples que j’en ai pu voir, il ne s’en est pas trouyé un seul qui soit contraire a lidée que ces traces ont été produites par des Oiseaux, il me semble que le fait devient de la plus grande évidence. II serait étonnant que, éloigné comme je le suis de toute collection zoologique, je ne me fusse pas un peu écarté de la vérité dans quelques-uns des petits détails de mon sujet, n’ayant pu faire aucune des com- sont pas étonnés de trouver des preuves de l’action des eaux a la surface dela terre, quoiqu’ils ne puissent en expliquer le modus operandi. Je ne puis facilement Pexpliquer dans le cas dont il s’agit; car la direction du courant semble avoir été du nord-est au sud-ouest, ou bien en sens contraire, et je ne connais dans la Nouvelle-Angleterre aucun exemple de l’action des eaux ( excepté les courans existant maintenant) ol les eaux aient été mues dans lune ou |’autre de ces directions, mais que les excavations dont il s’agit et auxquelles on donne le nom de traces aient été produites par l’action des eaux, c’est ce dont je ne puis douter, Elles se trouvent dans une étendue de plusieurs verges en suivant Ja direction des rochers; et l’ima- ginalion des uns y a vu le pied d’un homme; pour d’autres, c’est le pied d’un chien; pour d'autres, celui d’un animal a sabots; je n’en ai vu qu’une ou deux qui fussent tres ressem— blantes, Dans quelques cas, elles ont 1 ou 2 pieds de long, et en général 1 ou 2 pouces de profondeur. Mais si on trouve une de ces dépressions qui ait quelque ressemblance avec le pied @un homme ou d’un animal, il est impossible d’eu trouver une seconde qui lui corres= poade de maniére a indiquer des pas se succédant les uns aux autres. J’aurais pu pousser plus, loin cette description et donner des dessins de quelques-unes de ces traces, mais je n’ai pas jugeé que cela fut nécessaire, car chacun en peut voir de semblables partout ot les eaux ont descendu avec violence le long des rochers. Toutefois, quant 4 lopinion profondément enra- cinée dans l’esprit du peuple a loccasion de Ja cause surnaturelle et mystérieuse qu'il attribue a ces traces, je pense qu'il n’y aurait rien d’étrange si plusieurs générations passaient avant que cette idée superstilieuse eut disparu, - nitcucock. —= Traces d’ Oiseaux dans le grés rouge. 223 paraisons que j’eusse desiré faire; mais je serai heureux de voir redresser les différentes erreurs que jal pu commettre, quand méme ces corrections attaqueraient mes contlusions fondamen- tales. Je me suis arrangé, non sans beaucoup de peine, de ma- niére A me procurer un nombre raisonnable d’objets @histoire naturelle, surtout des pétrifications, de sorte que je puis fournir aux géologues qui en desireraient des copies de mes, échan- tillons,coloriées de maniére a ressembler parfaitement aux roches elles-mémes; peut-étre méme pourrai-je leur donner quelques échantillons. En ovtre, mes propres exemplaires pourront tou- jours étre livrés 4 leur examen, de sorte que si les opinions que jai Gmises ne sont pas satisfaisantes pour les géologues, je leur aurai au moins mis entre les mains les moyens d/arriver a la vérité. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE VI. Empreintes de pieds d’ciseaux dans le gres rouge, faisant voir la disposition relative des pieds dans la marche. Il y a de plus quelques traces d’espéces contemporaines pour servir de points de. comparaison. Fig. z. Ornithichnites giganteus. Fig. 2.0. tuberosus. Fig. 3. Id. Fig. 4. O. ingens. Fig. 5. O. diversus? Fig, 6. O. diversus, Fig. 7. Id. Fig, 8. Id. Fig, 9. O. diversus « clarus. Fig. 10, Id. Fig. 11. Id. Fig. 12. Id. Fig. 13. Id. Fig. 14. O. palmatus. Fig. 15. O. minimus. Fig. 16. Snipe. — La Bécassine, Fig. 17. Id. Fig, 18. Tetrao? Fig. 19. Peahen. —Le Paon. Fig. 20. Domestic-hen.— Le Coq domestique. Fig. 21. Turkey, — Le Coq d’Inde. Fig. 22, L’Oie commune, : PLANCHE VII. Fig. 1. O. ingens réduit de moitié. Fig. 2. O. diversus réduit de moitié. PLANCHE VIII. Traces d’oiseaux, pour faire voir la grandeur proportionnelle des pas et la disposition géné= rale des empreintes laissés par ces oiseaux. 224 Académie des Sciences. E des travaux anatomiques, physiologiques et zoolo- giques présentés a U Académie des Sciences dans la derniére séance du mois de mars, et pendant le mois d’april 1836. Séance du 28 mars 1836. : IiistOmE NATURELLE. — Extrait d’une lettre de M. Gay a M. de Bratn~ vittE, dalée de Valdivia, le 5 juillet 1835, concernant les habitudes des sangsues au Chili, et la tendance que montrent les reptiles dans le méme pays, a devenir vivipares. «..... Ge quily ade particulier, c’est qu’ici toutes les sangsues vivent aussi dans les bois et jamais dans l’eau; je ne puis faire une course, une herbo- risation, sans avoir les jambes maltraitees par leurs piqtires. Elles rampent sur les plantes, les troncs, montent méme sur les arbrisseaux, et ne s'approchent jamais des marais ou des rivieres; Ja seule que le hasard m/’ait fait découvrir dans ces endroits est ure tres petite espéce de branchiobolelle, qui a la singuliere habitude de vivre dans la cavité pulmonaire de ’auricula Dombeii ; est en dissequant ce mollusque que j’ai eu occasion dela rencontrer. Déji dans les environs de San- tiago j’en ayais decouvert une autre espéce qui vit aussi sur les branchies, mais sur celles de Vecrevisse. « Un fait non moins intéressant, et qui mérite sans doute votre attention , c’est la tendance qu’ont, dans ces régions australes, les reptiles A devenir vivi- pares. Le plus grand nombre de ceux que j’ai disséqués m’ont fourni ce fait re- marquable. Ainsi, non-seulement Vinnocente couleuvre de Valdivia met au jour ses pelils vivans, mais encore tous ces jolis iguanicns, voisins du genre eposoma de Spix, et qu’a cause de leurs belles couleurs j’ai appele provisoirement chry- sosaurus. Les espéces que j’ai soumises 4 cet examen, méme celles qui pondent a Santiago, m’ont toutes, sans exception, signalé ce phénomtne; de sorte qu'il m’est permis de le genéraliser. Les batraciens mont aussi fourni certains exem- ples de ce genre, quoique en général ils soicnt tous ovipares. Cependant un genre voisin des rhinel/a de Fitzinger, ct dont plusieurs especes assez agréabie- ment peintes font partie de mes collections, m’a constaimment prouveé que ce genre ¢lait constamment vivipare, et venait par conséquent augmenter les preu- ves dun fait d’autant plus remarquable que tous les exemples se trouvent reu- nis dans un rayon de deux ou trois licnes seulement. » 4 Hisromre NATURELLE. — Extrait d’une lettre de M. Ronert da M. de Buatn- vite, dalée de la barre du Sénégal, le 19 janvier 1836, concernant lani- mal de la spirule. 5 A «é . rey . . « Je m’cmpresse de vous faire savoir que nous avons deja recueilli, M. Le- clencher (chirurgicn-major de la Recherche) ct moi, la spirule que yous m’a- viez recommandee, Académie des Sciences. 433 « Deés que nous elimes atteint les iles Ganaries, le calme nous permit de voir flotter un grand nombre de coquilles appartenant a ce mollusque. Nous nous mimes immeédiatement 4 pécher avec un filet d’etamine, et deux ou trois jours apres avoir pris bon nombre d’animaux mous, de trés petits poissons, et de crus- tacés que nous n’avyons pas négligé de conserver, M. Leclencher eut la satisfac- tion de saisir quatre ou cing spirules, avec animal plus ou moins conserve, par 24°93! de latitude nord, et 20°22! de longitude ouest. Chaque individu conserve fort heureusement intact un ou plusieurs de ses organes, de maniére que tous réunis pourront donner J’animal probablement complet, qui est bien loin de ressembler aux figures que nous possédons a bord. J’ai dessiné avec le plus de soin possible Pindividu le mieux conserve. « Nous avons reconnu également que les physalies font leur proie habituelle des spirules, ce qui pourrait expliquer Ja grande rarete de l’animal entier, et la grande abondance de sa coquille vide. » Anatomir. — Lettre de M. Jacquemin, concernant le mode suivant lequel Pair pénétre des poches pneumatiques de la cavite-pectoro-abdominale de Poiseau, dans les diverses pieces de son squelette, et particulicrement sur la situation des ouvertures par lesquelles ce fluide s’avance. © vee Sal choisi pour exemple un bon volier vieux qui avait vécu en liberte tel qu’un aigle ou un vautour. Tout Vair qui remplit les os de sa téte vient @une méme source qui est la cavité du tympan. L’air arrive dans cetie cavité par la irompe d’Eustache et il en sort par quatre passages. Le premier est un groupe de trous situé a la partie supérieure de cette cavité. En les trayersant, lair pé- netre dans loccipital, dans la partie écailleuse du temporal, dans les parié= taux, dans le frontal, et enfin dans la lame verticale de l’ethmoide. Tous ces Os sont composes de deux lamelles, lune externe et l'autre interne, entre les— quelles se trouve du diploé dans les cellules duquel Vair circule. Le second est egalement un groupe de trous placé dans la partie inférieure de la cavité du tympan a cote de I’entrée de Vantivestibulum. Il fournit de Vair aw basilaire et aw sphénoide, qui communique avec \ethmoide. Le troisiéme est le trou de Galvani place dans la paroi postéricure de V'antivestibulum ; il communique avee une cavité qui occupe l’espace compris entre les canaux demi circulaires; de cette cavite lair péenctre dans le rocher et les parties voisines. Tous les os que nous venons de citer communiguent l’un ayec lautre, et ceux d'un cote avec ceux delYautre, de manicre que Lair cirenle librement de cellules 4 cellules dans toutes leurs parties. Le guatri2me passage est celui qui est percé dans le sipho- neum. Cest un petit conduit, osseux chez les bons voliers adultes, membraneux chez les autres. Il est destiné A conduire l'air de la partie inferieure de la cavité du tympan dans la mdchoire inférieure, en passant par le trou pneumatique situé sur la face supérieure de l’apophyse interne de cctte michoire. Ce méme canal conduit aussi Vair dans les cellules placées entre les muscles de V’articula- tion de la Machoite inférieure et le long du muscle ptérygoide interne ct l’os Jugak jusqu’a Yapophyse jugale du maxillaire supérieur, pour |ni apporter de V. Zoor, — April, 1 224 Académie des Sciences. Pair qui y penétre par des trous percés dans sa face inférieure. De 1a, Vair s’a~ vance jusque dans V'intermanillaire. Le /acrymal recoit de Pair par commu- nication avec l’ethmoide; l’os carré le recoit immédiatement de la caisse du tympan par son apophyse superieure. L’os palatin, le vomer, Vomoide et le jugal, ne contiennent pas d’air; les deux Jamelles qui les composent s’appli- quant immediatement l’une contre autre, il n’y a pas de diploé entre elles qui puisse contenir lair. Les os propres du nez ne sont pneumatiques que dans leur apophyse frontale ; lair leur arriye par communication cellulaire avec le frontal. « Les résultats auxquels de nouvelles recherches sur Ja pneumaticité des os du trone et des extrémités m’ont conduit, seront l'objet d’une seconde lettre que je prendrai Ja liberté d’adresser prochainement 4 M. le président. » Séance du 4 avril. Note de M. Duvernoy explicative de la théurie gw il a donnée dans son der- nier mémoire sur la langue, des mouvemens de la langue du caméléon. Foyez page 123 pour le Mémoire de M. Duvernoy, et page 127 pour celui de M. Dumeril.) ; ( « J’ai lu avec attention lextrait publié dans les Comptes-Rendus de 1a Note que M. Dumerila communiquée 4 Académie sur Ja langue du caméléon, a l’oc- casion de mon memoire sur la langue ct particulitrement de ma theorie sur les mouyemens de ce singulier organe, dans le caméléon, théorie que M. Du- méril rejette. | « Sans vouloir engager une polémiqne avec mon sayant confrere, en faisant 4-la-fois violence 4 mon caractére et A mes sentimens, je dois cependant re- pondre par les observations suivantes, uniquement dans Je but que nous avons tous les deux de paryenir 4 Ja découverte des verites qui seules peuvent avyan- cer la science. : « 1° La yessie membraneuse, et non 4 parois solides, qui est atiachée au la~ rynx, ne tient pas du tout 4 Vhyoide, ainsi que je l’ai imprime dans le tome tv, part. 1 de la 2° edition des Legons d’ Anatomie comparee. « 2° Dans les mouyemens de protraction de la langue, Vhyoide et toute la langue se séparent du larynx et de cette poche; de sorte que ces deux der- niers organes sont tout-d-fait indépendans de ces mouvemens, au contraire de ce qui a lieu généralement, et sans doute pour les rendre plus libres et plus étendus. « 3° D’aprés mes recherches, cette vessie qui se gonfle lorsque l’on soufile dans le larynx, fait aussi partie de l’organe de la yoix, comme le sac hyothy- roldien de plusicurs singes ; mais elle n’a aucune communication avec le tube de la langue. « 4° Ce tube n’a de méme aucune communication avec les yoies aériennes. « 5° Tlest formé extérieurement par la continuation de Ja membrane mu- Académie des Sciences. 925 queuse de la bouche, et double interieurement par une membrane screuse, for mant un sac fermé de toutes parts. Getie disposition est constante dans lécono= mie animale, toutes les fois que les mouvemens qu “exercent certains organes internes, auralent pu enflammer leur surface, par Veffet des frottemens qui en résultent. Les mouvemens rapides de deéploiement et de reploiement de la langue du cameleon sur la tige de Eber » entrainaient cette nécessité organique. : « 6° L’anatomie de la langue du caméléon et celle de ses voies aériennes m’a détourne de Vidée que j’avais eue également, et d’apres laquelle j’ai aussi dirigé mes recherches, que Jes mouvemens extraordinaires de cet organe pourraient étre produits par une sorte d'insufflation et d’aspiration alternatives de lair des poumons, « 7° Restaient les theories d’une erection sanguine, celle dune érectionner= veuse, ou bien laction musculaire. « 8° Quant a Vérection sanguine, adoptee par M. Houston, je prouve encore pat linspection anatomique, et par ee que nous savons de cette sorte d’érection, qu’on ne peut l’admettre ici. « 9° Nous ne connaissons rien de semblable a une érection purement ner- veuse dans l’economie animale. Cette supposition d’une turgescence rapide et considerable par Vafflux dun fluide imponderable, serait d’ailleurs suivie d’un affaissement. Dans cette hypothese on aurait encore besoin de ’action musculai- re, du moins pour Ja rétraction. | « 10° Cest donc a cette action musculaire et A cette action seule qu'il faut avoir recours, a mon avis, pour expliquer le phénoméne vital en question. « Dans mon premier mémoire sur la langue, lu déja en 1804 A la Société pres la Faculté de Médecine de Paris, mémoire dont M. Dumeril a bien voulu donner un extrait dansle Bulletin de cette Société, et dont il a paru un extrait plus detaillé, avec planche, dans celui de la Société philomatique de cette méme : année 1804, j'ai décrit, le premier, en détail, le mécanisme de cette ac- tion (1). Ma description montre qwilya dans arrangement des muscles de la langue et de Vhyoide, et dans la forme de celui-ci et ses rapports, des modifica- tions du plan general qui expliquent ces mouvemens. « 11° Dans le travail actuel, j’ai rectifié ou completé les descriptions anato- miques de mon premier memoire. Il en est résulté pour moi Ja conviction que _ les mouvemens extraordinaires de la langue du caméléon étaient dus, comme je | Yayais annonce depuis si long-temps, uniquement a action musculaire. « La protraction de Ja langue est un je¢ produit par les muscles protracteurs de Vhyoide, ct par Vimpulsion communiquee par ce dernier au gros bout de la langue. La disposition des muscles rétracteurs ordinaires de la langue, les hyo- glosses, et Velasticité des parties distendues, en déterminent la rétraction, (:) Ce méme travail que j’avais inséré dans les Lecons d’anatomie comparée, mais aussi par xtrait, n’a été imprimé en entier qu en 1830, dans les Mém. de la Soc. d’Hist. nat. de Stras- | , tome x, j 15, 226 Académie des Sciences. « 12° Cette explication est fondée sur des faits positifs, sur la description d’un arrangement organique facile 4 constater ou A rectifier, s'il y a lieu. » Séance du 11 avril, Lettre de M. Roserr sur les spirules, sur le lamentin du Sénégal et sur Lexistence, dans cette méme région de l Afrique, de Vhyéne tachetée. « Dans le deuxieme voyage que j’ai eu l'avantage de faire sur Ja corvette de PEtat la Recherche, commandee par M. le capitaine Trehouart, parmi les ob- jets que j’ai recueillis pour le Muséum, nous avons, ainsi qne M. de Blainville a déja eu Vattention d’en informer l Académie, péeche, M. Leclenchet et moi, le 12 janvier dernier, par 24° 28' de latitude nord, et 20° 22! de longitude occiden- tale, ou entre les Canaries et le cap Blanc, cing spirules australes (S. Peronit) avec animal plus ou moins bien conserve. Je vais avoir !honneur de vous soumettre ce qu’elles*m’ont paru offrir de plus remarquable, en attendant que je puisse faire un méemoire sur ce sujet au retour de la campagne d’'Islande que je vais entreprendre de nouveau avec M. Gaymard. « 1° Independamment des deux lobes lateraux qui, dans la figure de ’En- cyclopédie méthodique, terminent le corps de V’animal en arriére, on distingue parfaitement, a partir de ce point correspondant a un sillon, chez les cing in- dividus en question, deux expansions natatoires qui achevent de garnir la partie posterieure de la spirule, de manicre a lui donner dans cette région Ja forme dun bouton. Ainsi enchassée, la coquille n’est plus 4 nu que dans une faible étendue, et sur deux points diameétralement opposes, et encore est-il facile d’en- trevoir qu'elle doit étre enti¢rement recouverte par un prolongement du manteau, qui forme une espece de bourreiet sur la limite des deux espaces ovales par ot la coquille se fait jour. « 2° Un des cing individus conservait encore un ceil, qui est trés gros rela- tivement au volume de animal, mais il faut noter aussi que cet organe se trou- vait presque enticrement denude. « 3° Les yeux reposent dans des espéces de cavités orbitaires formees par une piece cartilagineuse. « 4° Sous le cou, on remarque Youverture de entonnoir ordinaire chez les Céphalopodes. i « Malheureusement le reste de Ja téte manque, et il n’y a plus de traces des bras. « Quoi qu’il en soit, on ne peut s’empécher de reconnaitre que ce Mollusque se rapprocbe singulierement du calmar sépiole (oligo sepiola.) « 5° Le manteau, les expansions natatoires, l’entonnoir, ctc., sont d’une cou Jeur blanc jaunatre ou café au lait, pointilles de brun. « Les spirules et les dessins que jessayai d’en faire, aussitot qu clles furent sorties de la wner, sont dépos¢s sur le burean de Académie, Academie des Sciences. 227 « J’ajouterai, pour chercher a expliquer Vetat de la coquille, qu’on trouve le plus souvent intacte, ainsi que sa graude abondance A la surface de la mer dans les parages que j’al visites, que Yanimal qui se tient sans doute a une certaine profondeur dans l'eau quand i! est vivant, m’a paru servir de proic ordinaire aux physalies, entre les tentacules desquelles un des cing échantillons a eté pris. « En terminant cette note, je crois devoir signaler quelques particularités dans le squelette d'un lamentin du Sénégal de g pieds de longueur, que j’ai recueilli également pour le Museum. « 1° Tandis que J’axis est complétement sonde a la troisiéme cervicale, l’arc postéerieur des cinquitme et sixitme cervicales n’est pas entierement ferme sur la ligne médiane, principalement la cinquiéme, qui présente un écartement de 8 a 9 lignes. « 2° A partir de la douzieme vertébre lombaire, tentes Jes autres, au nombre de treize, présentent Vindice d'une reunion incomplete, ou d’une espéce de spina bifida dans le corps de la vertebre. « On compte dans le squclette dix-sept paires de cdtes, sept verttbres cérvi- cales, dont deux soudécs ensembic, seize dorsales ct vingt-cing lombaires. « Il n’y a dans Ie squelette aucune trace des os du bassin. « Enfin, parmi les peaux d’animaux que j’ai observées & Saint-Louis, pro- venant du haut Sénégal, il s’en est trouvé une appartenant 4 Vhytne ta- chetée, animal qui n’avait ¢te indique jusqu'a present que dans le midi de PAfrique. » De Vordre suivant lequel les plumes sont disposées sur le corps de loi~ seau ; par M. Jacquemin. « J’ai pris pour exemple la corneille... « ..... I1n’y a guére qnela moitié de la superficie du corps de cet oiseau qui donne attache a des plumes; le reste n’est garni que de duvet quelquefois tres rarce A l'exception de celles de Vaile et de la queue, toutes les plumes sont dis- posées par Landes, que j’appelle bandes d’inserticn. « La face supérieure du corps présente une bande @insertion qui regne tout le long de la ligne mediane depuis les narines jusqu’a Ja glande anale; je Ja nomme bande a’ insertion dorsaile. Sa partie cervicale recouvre tout le dessus de la téte; sur le cou, elle se rétrécit considerablement, et forme un ruban d’une largeur égale, qui se prolonge assez avant sur le dos. Arrivce entre la partie posterieure des deux omoplates, elle se bifurque, laisse un espace dénué de plu= mes entre ses deux branches sur Ja ligne médiane, puis se réunit au niveau du hassin pour se terminer en forme de triangle, en avant de Ja glande anale. Quoi- que cette bande n’occupe qu’une partie de la face supérieure du corps, les plu- mes qui la composent, en se couchant obliquement sur les cétes, recouvrent néan~ moins tout le dessus du corps. « Parallelement a cette grande bande d’insertion dorsale, on en voit quatre 22d . Académie des Sciences. autres. Les deux anterieures, une pour chaque aile, sont placées un peu au- dessous de l’epaule ; élles se dirigent transyersalement @’avant en arriére sur le bras, depuis le commencement de la membrane antéricure de Laile jusqu’a sa membrane postérieure, ou elles se terminent chacune par quatre ou cing fortes plumes. Je les appelle bande d’insertion humérale. Les plumes auxquelles elles donnent naissance recouvrent toute l’épaule et les flancs en formant un faisceau, qu’on remarque dans I'angle qui résulte de la réunion du bras avec le corps. « Deux autres bandes analogues, une pour chaque coté, se dirigent trans~ versalement d’avant.en arriére, sur la face supérieure de la cuisse & pen de dis- tance de son articulation. Elles sont beaucoup plus petites que les humérales. Je les nomme bandes d’insertion fémorale ; leurs plumes recouvrent la face externe de la cuisse et les parties latérales du bassin. « Les pennes caudales sont implantees sur une ligne en fer-d-cheval ; leur nombre est de douze. Cing sur chaque cété sont insérées obliquement sur un méme plan; les deux internes qui forment la paire médiane ou coccigienne se trouvent sur un plan plus élevé; elles sont attachées immédiatement sur les deux cotés de l’extrémite supérieure de la derniére et singulitre verttbre cau- dale. [1 n’existe sur cette face supéricure de la queue qu’une seule série de couvertures appliquees immediatement sur les pennes. « L7aile présente beaucoup plus de details. Le dessus ‘de la membrane an- téricure est couvert de fortes plumes dirigees vers l’extréemité de Vaile, et qui rayonnent en méme temps vers les bords. Les cowvertures des pennes consti- tuent deux s¢ries qui commencent toutes deux dans langle forme par la réunion du bras avec le corps sur la surface posterieure de Vhumérus. La premiére sé- rie se compose de sept plumes pour le bras, de douze pour l'avant-bras, placées trés régulitrement sur la ligne mediane de sa fave externe tout proche de l’in- sertion des pennes; et enfin de neuf pour la main, dont souvent trois ou quatre manquent. La seconde s'applique immediatement sur les pennes; elle Se: com- pose de sept plumes pour le bras, placees entre les sept de la premiére serie; de douze, pour Yavant-bras, couchees obliquement sui les douze pennes de cette région, et inserées sur la face interne de leur point d’insertion. Elles sont plus longues que celles de la série précedente , et dirigées plus obliquement vers Ja pointe de Vaile. Enfin, ily a, pour cette seconde serie, dix plumes sur Ja main, placcées entre les pennes digitales dont elles suivent la direction et Ja longueur. ‘ « Le pouce porte trois pennes qui forment Vaile batarde des ornithologistes, Elles sout courtes et couvertes d’une seule série de couvertures composces de trois plumes. » Explication au. sujet de l’embryon de Syra ; par M, GEOFFROY-SAINT- Hivaine. « Le yomissement dun embryon par tn jeune garcon est un fait unique dans Académie des Sciences. 229 les annales de la science, et tellement paradoxal que les deux enquétes elles~ mémes, qui furent faites avec tant de soin & Syra et A Nauplie, en 1834 (1), ne suffisent peut-étre pas 4 lever tous les doutes. M. Geoffroy-Saint-Hilaire a donc pensé quil importait de soumettre le fait 4 une discussion nozvelle, et de Ye- clairer des lumiéres que peuvent fournir, soit sa comparaison avec les faits qui ont avec lui le plus d’affinite, soit surtout Ja dissection de Yembryon de Syra, que M. le docteur Ardoin, médecin frangais, établi en Gréce, a fait parvenir depuis peu a M. Geoffroy. « En attendant les résultats de la dissection delicate 4 laquelle est presente- ment soumise la piéce anatomique envoyée de Syra, et par laqueliewa veritable nature ne peut manquer d’étre dévoilée avec toute certitude, M. Geoffroy-Saint- Hilaire réunit et compare, dans son mémoire, un assez grand nombre de faits qui, sans étre semblables au cas de Syra, puisqu'il n’y a eu vomissement dans aucun d’eux, ont du moins avec lui des analogies plus ou moins prochaines. « Ces faits sont de deux ordres. Les uns sont tous ces exemples d’inclusion d’un embryon dans un autre sujet, souvent dans un sujet male, que les auteurs ont tour-a-tour compris sous les noms de duplictté monstrueuse par inclusion, a’ bieerapetalior, de grossesse congéniale, etc., et dont Vexacte connaissance est surtout due 4 Himly, 4Hergenroether, a M. Olivier et aM. Dupuytren. Le rapport étendu et devenu célébre, qui fut fait, en 1804, par ce dernier a Ja Faculté de Médecine, sur le cas presente par le jeune Bissieu, est Pun des tra vaux qui ont le plus contribue a fixer l’attention des physiologistes sur la mons- truosité par inclusion. Le cas du jeune Bissieu est aussi l’un de ceux qui offrent le plus d’analogie avec le fait de Syra; car il s’etait établi une communication entre le kiste abdominal renfermant VYembryon accessoire, et le canal ali~ mentaire da sujet principal, ainsi que put le faire soupconner pendant la vie Ja rejection anale de cheveux et de quelques autres debris de ’embryon inclus , et comme il fut démontre aprés la mort par une autopsie faite avec beau- coup de soin. « M. Geoffroy-Saint-Hilaire, apres avoir rappelé succinctement ces cas d’in- clusion, deja depuis long-temps admis dans la science, fait connaitre un autre ordre de faits presque enti¢rement neégliges jusqu’a present par les auteurs, Ceux-ci se rapportent, non plus a Vinclusion d’un embryon dans un autre sujet, mais a Ja coexistence dansle méme ceuf de deux sujets : Pun tres petit, compri- mé , atrophié et comme écrasé par Yautre; celui-ci de volume et de conforma- tion ordinaires. La liaison des faits de ce second ordre avec les premiérs est facile 4 apercevoir, inclusion d’un foetus dans un autre supposant nécessaire- ment pour premicre condition une trés grande inégalite dans le yolume des deux fréres. * (1) Voyez page 119 le gompte-rendu de Ja séance du 8 février 1836. 230 Académie des Sciences. « Ce fut en 1828, dans un voyage que M. Geoffroy fit dans le midi de la France, que son attention se fixa pour la premicre fois sur ces embryons atro- phics que Yon trouve quelquefois dans Vuterus avec un sujet normalement déye- loppé- Oa Ju donna 4 cette ¢poque un foetus humain , desséché, comprimé , arrété au volume d'un embryon de quatre mois, mais qui parut 4 M. Geoffroy devoir ces apparences 4 la compression que lui aurait fait subir son frére ju- meau, normalement développe, et né au terme ordinaire dela gestation. M. Geof- froy pensa que si de tels cas étaient trés rares dans les annales de la science, ils pouvaient ne pas Vétre autant dans Ja nature, et il pria madame Legrand, sage- femme en chef de la Maternite, de donner plus d’attention qu’on ne Je fait com- mun¢ment aux annexes du foetus, presque toujours detruites sans examen et au moment méme de la naissance. Les prévisions de M. Geoffroy n’ont pas été trompees ; car Yexameu auquel madame Legrand a bien voulu sc livrer sur son invitation, lui a fait trouver jusqu’a six exemples de cette remarquable coexis- tence de deux jumeaux, lun ayant parconru regulicrement toutes les phases de son éyolution; autre desséché, comprimé, arrété dans lune des premieres pé- riodes de son développement. ; « Ces faits ne sont pas seulement interessans par Vapplication qui peut en étre faite dla difficile question de la monstruosite par inclusion. Hs tendent a prouver que si les naissances doubles sont rares dans Vespece humaine , les doubles conceptions le sont beaucoup moins, mais qu’il arrive dans, certains cas i Pun des deux jumeaux détre étouffe par Vautre, ct reduita un si petit volume que le plus souvent, au moment de la parturition, il passe inapercu ayec le pla~ centa et les autres annexes du foetus. » iis L’ Académie se forme en comite secret a 4 heures un quart. A. Séance du 18 avril. Corresponpance.— M. Coquand signale plusieurs résultats des recherches de M. le docteur Bassi sur la muscardine, maladie qui attaque les vers @ soie. Note remise par M. Grorrroy-Satnt-Hinarre, ef ayant pour titre: Mon dernier mot sur @embryon de Syra. « J’ayais accepté commission ou mission qui me vint de physiologistes étran—- gers, de chercher a eéclaircir la question, jusqu’alors trés embrouill¢e, du vomis- sement préetendu d’un foetus a Syra. On donnait a ce fait Yorigine d'un cas d’in~ clusion abdominale, dont maintenant on raconte beaucoup d’exemples, et la plu- part tenant du prodige. « Ainsi l'on avait admis dans la science (Schurigt, auteur de observation, en 1750) le recit de debris d’un foetus qui s’étaient fait jour tout a travers le plein d’un des cotés du bas-ventre. Mais toutefois, il n’ayait encore jamais été ques- tion da rejet d’un frére par Ja bouche de son frere. Académie des Sciences. 231 « C’est cette nouvelle qui se repandit 4 Syra en 1834. Elle fut donnée, affir- mée, trés circonstanci¢e , et attestée par les temoignages de deux enquétes so= Jennelles. Ce devenait, sous l’enseignement des principes les plus avérés du cal- cul des probabilités, un fait certain; deux remarques contredisaient, les régles de la physiologic reclamaient, et jamais un fait extraordinaire et unique n’en- traine tout d’abord une conviction unanime. La physique non plus ne comprend ‘rien A des pierres qui tombent du ciel: mais c’est deja depuis si long-temps que Von croit 4 des pluies de pierres, que la fréquence de ces redites sauve les ap- parences. « Nous n’en sommes point 14 au sujet du vomissement d’un frere par son fre= re. Je le repcte: ce serait un fait unique. « Je craignais de m’engager dans un ordre d'impossibilites dont il faut eviter Yeclat dans la marche austére des sciences. Aux pressantes invitations que je rece- vais de m’expliquer sur ce grand sujet d’emoi physiologique, j'ai répondu: En= voyez-mot les piéces dont on argué. J’ai fait mieux; comme a leur premiere Inspection aucure forme n’etait nettement dessinée, j’ai fait mouler ces pieces avant de les examiner et de les detruire, pour les mieux apprécier. « Cette étude faite en conscience, et a aide d’anatomistes du plus grand mé~ rite, je ne vois rien en elle qui puisse autoriser les prétentions élevées sur les lieux de la scene. Il n’y ani certitude, ni legitime authenticite dans les alléga- tions mises en avant; et mon avis est qu'il faut s’abstenir d’inscrire ce prétendu vomissement d’un frere par son frére dans les fastes de la sciences « Nous ne yoyons la qu’une renovation 4 bien des egards, qu’une nouvelle edition de Phistoriette de Ja dent d’or. Il est facheux qu’une explication qu’on en a donnée si a l’improviste, et sans avoir attendu Vindication d’un récit préala- ble, doive demeurer inscrite dans un des Comptes-rendus de Y Académie, A Vaide de cette garantie academique, c’est une thcorie a se glisser mapercue dans la science. « Ausurplus, je ne regrette point le temps que j’ai employe a debrouiller les mysteres de la communication venue de Syra. Les efforts d’esprit auxquels jai di recourir pour accorder tant de données, qu’enfin je tiens pour inconciliables, mont fait refléchir aux dissonances organiques racontées dans les monographies des cas d'inclusion abdominale. Je les crois présentement susceptibles d’étre ral- hées et embrassées dans un travail d’ensemble. Ona beaucoup parle du fait ce- lebre par Dupuytren, de la mort de Bissieu, frappé aux approches de son age de puberte par suite du développement de son jumeau inclus. « Je reprendrai ce sujet. » Letire de M. Jacquemin sur la distribution des canaux adriens dans les diverses parties du squelette des oiseaux. « Dans une premiére lettre sur le méme sujet (séance du 28 mars), M. Jac- quemin n’ayait considéré la distribution des conduits aériens que dans les parties ~ 232 Académie des Sciences. osseuses de la téte ; aujourd’hui il poursuit le méme systéme dans tous les autres os du squelette. « Tous les os qui constituent l’épaule, tels que Phumérus, Yomoplate, la fourchette et la clavicule coracoide ont leurs trous pneumatiques groupés autour de leur extrémité scapulaire. Ils recoivent tous Vair de la poche sous-scapulaire. Le cwbitus et le radius se chargent d’air par des trous souvent trés nombreux situes a leur extremité supérieure. L’air parvient 4 larticulation du coude par deux voies différentes, V’une se fait par la communication des cellules du tissu cellulaire de cette articulation avec celles de V’articulation scapulaire entre les muscles du bras, l’autre se fait par la cavite interne de ’humeérus et les trous qui existent a son extremité inférieure. Les mailles du tissu cellulaire de l’arti- culation du carpe sont également remplies d’air qui leur arrive par communica- tion avec les cellules de Varticulation du coude, et par l’intermediaire de la ca- vité interne des os de Yavant-bras qui présentent de méme que Phumerus des trous aeriens 4 leur extrémité inférieure. Les os du carpe et du métacarpe re - goivent lair du tissu cellulaire qui les entoure par des trous dont la position n’est pas toujours fixe. Chaque phalange digitale présente un trou aérien sou~ vent tres developpé et recoit Pair de ce méme tissu cellulaire. « La méme disposition se retrouve pour les extrémités inférieures ; les trous pneumatiques y sont distribués exactement de la méme maniere et lair leur ar- rive par un mecanisme enti¢rement semblable. Chez les vieux et bons voliers , toutes les pieces osseuses sont remplies d’air jusqu’a la derniere phalange; ce fluide leur parvient par la poche pneumatique sous-fémorale, placée dans les deux parties latérales du bassin. « Les vertébres cervicales présentent des trous pneumatiques petits et nom- breux places dans le canal que forment latéralement les apophyses transverses de ces vertebres. La poche pectorale envoie un prolovgement qui longe ce ca nal dans toute son étendue et fournit de lair 4 chacune des vertébres.. Les trous pour les vertébres pectorales et dorsales, sont places de méme sur les faces la- terales de ces vertebres ; mais air leur est fourni par la poche pectorale pour les premiéres et par les deux poches sous-costales pour Jes autres; ces dernicres poches fournissent aussi de Vuir aux cétes par des trous nombreux perces a leur face interne. — La poche sacrée occupe une grande partie de Ja cavite interne du bassin, elle est appliquée immédiatement sur les os qui le composent et aux- quels elle fournit de Tair. Les trous pneumatiques pour I’c/ewm sont situeés sur la face interne ct antérieure du bassin, de chaque cdte de la colonne vertebrale dans le point de son renflement; ce méme os présente aussi des trous aeriens derricre et en haunt de Varticulation de Ja téte du femur dans Vinterieur du bas- sin. L’tschion et le pubis regoivent Vair par communication avec Vileam, Le pubis cependant présente quelquefois dics ous trés grands 4 son extremite an- téricure et interne. « Lair des vertébres lombaires et coccygienzies est fourni par des prolonge- mens, un anterieur et un postcricur que forme la poche sacree; Jes trous sout a the Publications nouvelles. | WSS placés comme d’ordinaire sur les cétés du corps de ces vertebres. La derwiére verlebre coccygienne présente en outre quelquefois, un tr @s grand trou 4 sa face inférieure ; enfin, le sternum recoit abondamment de lair de la poche sternale placee a sa face interne. Les trous qui le percent sont nombreux et situés le long de sa ligne médiane : on en remarque toujours deux tres considérables pla- cés vers son extrémite anterieure. « La poche sternale fournit aussi de lair aux apophyses sternales des céles au moyen de trous situés 4 leur extrémité inférieure. » Publications nouvelles. ° Catalogue des Mollusques marins et des Crustacés du Bowlonnais ; par I ML Boucnarp- Cuayrereav. Boulogne, 1835, 2 brochures in-8°. 2° Hisrorme des Mollusques terrestres et fluviatiles du département de la Sarthe ; par M. Gover. Brochure in-12. Le Mans, 1835. 3° CaTaLocue des espéces et variélés de Mollusques terrestres et fluviatiles de ’ Auvergne ; par M. Boutter. Brochure in-8°. Clermont-Ferrand, 1836. C’est avec un grand plaisir que nous voyons nos confréres de la province fixer leur attention sur les richesses zoologiques dont ils sont entourés et dont Fétude a été jusqu’ici singulicrement neégligee. Les publications de Ja nature de celles que nous annoncons ici sont utiles de plus d’une maniére: elles facilitent beaucoup Yétude de cette branche histoire naturelle aux personnes qui n’ont pas de grandes collections, et qui ha}ntent les localites ainsi explorées ; elles con- tribuent en méine temps 4 propager le gott de la zoologie, et elles doivent ne- cessairement fournir 4 la science une foule d’observations interessantes et de matériaux précieux pour Vhistoire A peine ¢hauchée du mede de distribution ecographique et topographique des animaux. Premier ménoire sur les Echinides, Prodrome d’une nouvelle classijica- tion de ces animaux; par M. Cuartes Drsmovuxins hee dans les acte:s de 7 , . , . la Societé linnéenne de Bordeaux, t. vit), 79 pages in-8° avec deux planchesi. Lauteur a commence la rédaction d’un travail général sur les Mollusqmes et Zoophytes tant vivans que fossiles de la Dordogne, et de la Gironde par la pu- hlication dun catalogue des Stellérides; aujourd’huiil aborde avec plus de détails etude des Echinides,Son prodrome comprend des obser vations aren sup, Ja 234 Publications nouvelles. determination des divers organes et particuliérement des pidces solides qui en= trent dans la composition des Echinides. Vient ensuite une discussion sur la ya- leur des caracttres employés dans les diverses méthodes de Lamarck, Cuvier, MM. Goldfuss et de Blainville; puis deux tableaux présentant les caractéres fondamentaux des genres ¢tablis essentiellement sur les parties solides; l'un de ces tableaux est exclusivement consacré 4 la détermination des fossiles. Les genres admis par J'auteur sont au nombre de 17, savoir: Clypeasire, Scutelle, Fibu- laire, Cassidule, Galérite, Pyrine, Echinométre, Oursin, Echinocidarite, Diadéme, Cidarite, Echinonée, Echinclampe, Nucléolite, Collyrite, Anan- chyte, Spatangue. Ces genres sont tous admis a l’exception de trois qui sont nouveaux; le premier, que M. Desmoulins designe sous le nom de Pyrine, a beaucoup de rapportsavec les Galeérites, ct n’en différe que par Ja position de son anus qui est supere. Le secend se rapproche beaucoup des Oursins ct constitue Ja section A. établie dans ce genre par M. de Blainville dans son article Oursin du Dict. des Sc. naturelles. Le troisiéme se compose de plusieurs especes rangées Ja plupart dans le genre Nucleéolite, et de quelques autres mises avec les Spatan- gues et les Ananchytes. Quant au nombre d’especes qui appartiennent aux genres précedemment cites l’auteur Je répartit de la maniére suivante : Clypeastre 13 dont 6 vivautes; Scu- telle 35 dont 21 vivantes; Fibulaire 17 dont g vivantes ; Cassidule 5, toutes fossiles; Galerite 10 dont 1 vivante; Pyrine 7 toutes fossiles; Echinométre 6 toutes vivantes; Diademe 14 dont 7 vivantes; Cidarite 28 dont 12 vivantes , Echinonée 2 vivantes; Echinolampe 28 dont 3 vivantes; Nucicolite 22 dont 1 vivante; Collyrite 11 fossiles; Ananchyte 11 fossiles; Spatangue 57 dont 18 vivantes. Le total général des espéces que lauteur connait est de 362 dont 147 sont vivantes actuellement dans les mers. Par consequent plus de la moitie des Echinides connues sont A l’état fossile et parmi les i7 genres deux se trouvent a Yetat vivant seulement et quatre uniquement a Yetat fossile. Parmi les fossiles on remarque: 1° que la craie est le gisement connu ot il s’en trouve le plus; 2° que les espéces analogues prises dans deux grandes di- visions géologiques paraissent rares; 3° que les Echinides sont excessivement rares au-dessous du terrain jurassique proprement dit; 4° qu’on n’en connait aucune, avec certitude au dessous du Lzas. L’auteur a développé dans Je prodrome qu’il publie les caractéres naturels des genres, et il s'est contente de donner Vindication du nombre des espéces que chacun d’eux renferme. I] termine ce travail géneral en présentant une descrip- tion détaillée d'une espece , le Clypeaster Rangianus, afin que Von puisse juger Ja manic¢re dont sera traitée Ja grande monographie qu'il se propose de faire bien- tot paraitre. Deux planches accompagnent ce travail interessant; auteur y joint une explication trés déyveloppee. , —— ee Rn. P. LESSON. — Sur les Beéroides. 235 Illustrations of the comparative anatomy of the nervous system. — Illus- trations de ’anatomie comparée du systeme nerveux , par M. J. Swan, in-4°, Londres 1835. Cet ouvrage, dont nous venons de recevoir la premiere livraison, consiste en un recueil de planches représentant les principaux types du systéme nerveux, et accompagnees d’une courte explication tant sur Ja disposition des parties que sur les moyens les plus propres a en faciliter la dissection. On y trouve deux planches consacrées au systéme nerveux du Tourteau (cancer pagurus L.); deux a celui du homard (astacus marinus); une representant cet appareil chez la Scolopendre (scolop. morsitans); le ver de terre (dumbricus terrestris L.); la sangsue (hirudo medicinalis); la limace (dimax ater) et le buccin (buccinum undutum); enfin deux autres planches dans lesquelles auteur figure les nerfs spinaux et ganglionnaites de la morue (gadus morrhua.) Memorre sur la famille des Béroides (Beroidece Less. ), Par R. P. Lesson, Premier pharmacien en chef de la marine. Les Acaléphes Béroides ont été nommeées Vibrastes par Cha- misso et Eysenhardt. Ils conduisent aux Médusaires par des es- peces qui sont privées des rangées de cils qui caractérisent les véeritables Béroides. Eschscholz les divise en trois familles dans son ordre des Clénophores , et de Blainville les réunit sous le nom de Ciliogrades. Les Zoophytes Béroides sont, par leur prganisation assez compliquée, plus voisins qu’on ne le pense communément des Mollusques nucléobranches, et ont une grande analogie avec les Biphores on Salpas, et méme dans quelques cas avec les Pteropodes(1). Cette opinion est confirmée par les recherches que MM. Quoy et Gaymard(2) ont faites sur les Béroés: « Ils doi- (1) Voy. Zoologie dela Coquille, chap. 17, 1. 2, 2° division p. 95 et suiv, (1829.) (2) Zoologie de /’ Astrolabe, t, TV) De Fy Pr 9 236 rR. P, Lesson. — Sur les Beroides. « vent avoir dans l’échelle animale une place un peu plus éle- « yée gue celle quils occupent, et faire , en attendant quon re- « connaisse en eux toutes les conditions pour étre des Mol- « lusques acéphales , le passage entre ces dermiers et les Zoo- « phytes. En effet, nous avons reconnu des branchies dans les é cirrhes locomotrices , et une circulation si active, qu "elle doit « nécessairement entrainer toutes les conditions qui la font « exister et quien dépendent, bien que nous n’ayons pu voir « dorgane dimpulsion ou de cceur proprement dit. Les Callia- « nires jouissent de la méme organisation. » Les Béroides ont pour principaux caracteres d’avoir un Corps gélatineux éminemment contractile , libre, toujours réguliére- ment pair, bien que diversiforme, muni de rangées de cils vibra- toires, peu discernables chez quelques especes, ayant un canal intestinal complet, c’est-a-dire terminé par deux ouvertures, dont Vune peut faire fonction de bouche et l'autre d’anus. Ainsi les Béroides en général nous semblent organisés (1) ainsi quil suit: leur corps, trés diversiforme, est mucilagineux, diaphane, peu consistant, se brisant aisément a la moindre pression , présentant sur sa surface des lignes translucides tou- jours droites, qu’elles soient verticales ou horizontales , et par- tant d'une extrémité gu’on pourrait appeler cirrhigere, et se perdant vers le péle opposé ou agusfére. Ces lignes sont formées par un canal fin, droit, parfois doublé sur les bords et garni au milieu et sur les cdtés de petites lignes réguliéres de lames branchiales , minces, courtes, attachées par les extrémités sur un support capillacé, comme le sont les lames de bois des volets dits persiennes, et se mouvant de haut en bas en demi-cercle, absolument de la méme manieére que des volets. Ges lames quon nomme cils sont tres irritables, trés mobiles, assez analogues a celles des cordons respiratoires des Physales, et décomposant la lumiere qui traverse leurs interstices, en isolant les rayons lumineux et produisant Virisation. (t) Zoologie de /a Coquille, 1829, t; 2. 2° partie p. 96 et suiv, | | Rr. P. Lesson. — Sur les Béroides.. 2.39 L’extrémité aquiféere, quel que soit le diametre de son ouver- ture, parait avoir pour but de recevoir la colonne d'eau sur la- quelle agissent ses parois pour assurer la locomotion, en méme temps que parfois, et rarement cependant, l'eau qui traverse le canal central fournit a la respiration de lanimal, et par suite, en entrainant des substances dissoutes, 2 sa nourriture. On remarque en effet que, protégé au milieu du canal central tra- versé par l'eau, se trouve le tube digestif, formant tantot un seul conduit droit, tantot un canal composé d’entonnoirs ac- colés sommet a sommet, ou séparés, dans quelques cas, par un étroit tuyau de communication. Quelquefois enfin le tube di- gestif ne va pas jusqu au milieu du corps, et la se divise en con- duits égaux en nombre aux rangées respiratoires ou ciliaires, et s’y joint pour disparaitre en canal central de chaque rangée. Enfin, dans une espece, nous avons trouvé, pres du sac sto- macal, des grains nombreux qui seraient peut-étre des ovaires. Toujours cependant existent deux ouvertures aboutissant au canal de l’axe du corps; Pune plus petite, souvent cili¢e sur son pourtour ou la bouche; l’autre grande, ot: viennent aboutir les prolongemens cirrhigeres quand ils existent; et l’anus recoit aussi, dans l’ampleur de sa cavité, eau que ses parois com- priment, et celle-la est vécitablement l’organe locomoteur par excellence, lorsque les prolongemens latéraux et musculaires viennent a manquer. | Les Béroides a cils conduisent aux Méduses. Comme ces dere mieres, on les trouve dans toutes les mers du monde, nageant entre deux eaux aVaide de l’élasticité contractile de leur tissu cuiané, et surtout par le moyen des mouvemens ondulatoires des nageoires quand elles existent, ou par lPentonnoir posté- rieur ou aquifére. Dans lean, leur position est tres oblique ou presque horizontale, ce que l’on concevra d’autant mieux, que Peau qui passe dans la cavité de Vaxe doit servir elle-méme a la locomotion. Ces animaux se nourrissent-ils du frai et des ma- tieres graisseuses dont la mer est parfois couverte dans | inter- valle de plusieurs lieues? Les Béroides produisent aussi le phé- nomene de phosphorescence souvent a un haut degré. M. Cuvier indique les ramifications vasculaires dans les cotes 238 R. P. LESson. — Sur les Béroides. saillantes ou en dentelles qui se rendent d’un pole a l’autre, et les mouvemens de fluides qui semblent les contracter. De plus, la bouche est placée a une extrémité et conduit a un estomac occupant l’axe du corps, pres duquel sont deux organes que ce savant croit analogues a ceux qu'il a nommés ovaires dans les Méduses. On voit que les idées de M. Cuvier ont été modifiées sur celles émises par MM. Audouin et Milne Edwards, qui dé- crivent ainsi l’organisation de ces animaux. Suivant eux, « il existe dans l’axe dea Béroés une cavité qui vad’un pole 4a l’autre, et qui communique au-dehors a V’aide d’une ouverture infé- rieure quon peut considérer comme lavant-bouche. Dans le tiers supérieur de cette cavité est contenu et comme suspendu une sorte de tube intestinal droit et cylindrique qui a son ou- verture extérieure au pole supérieur, et qui porte de chaque coté deux cordons granuleux (peut-ctre les ovaires)? La cavité est remplie par un liquide en mouvement qu’on voit passer dans deux tubes latéraux, lesquels se divisent bient6t chacun en quatre branches, et parviennent a la surface du corps, en souvrant dans les canaux longitudinaux qui conduisent le li- quide dans les cils, dont le mouvement est continuel, et qui paraissent des organes respiratoires. Enfin, des parties latérales de chacun des huit canaux costatx naissent une infinité de petits vaisseaux ou sinus transversaux qui les font communiquer entre eux, et quis’enfoncent dans le parenchyme environnant. De chaque coté du sphéroide et intérieurement, on apercoit deux petites masses qui occupent chacune le fond d'une cavité ou cul-de-sac, et donnent naissance 4 deux longs filamens contractiles sortant par deux ouvertures circulaires situées vers le tiers inférieur du corps: ces filamens se divisent ensuite en un grand nombre de branches. » M. Quoy, en étudiant a la lumiere, avec le soin le plus scru- puleux, le Béroé allongé (1 ) (Beroe elongatus , Q.-G.), y a vu les particularités suivantes, ets exprime ainsi qu ‘il suit: « La grande Ouverture terminale donne dans une cavité allongée, qui con- tient de chaque coté deux organes dont nous navons pas bien (1) Zoologie ded’ Astrolobe t. 1v. p. 34. a R. P. Lesson. — Sur les Béroides. a4 pu nous rendre compte, mais que nous supposons devoir servir a la digestion ; une tres petite ouverture, placée au pole opposé, est probablement anus. Sur chacune des parties latérales de ces corps existent deux canaux un peu en forme d’S échan- crés pour s "accommoder au renflement du canal central ; ils souvrent latéralement vers le tiers supérieur par deux ori- fices béans qui donnent issue aux deux filamens indiqués ci- dessus, plus ou moins longs, ciliés sur un seul cété, trés irri- tables, rentrant ou sortant promptement a la volonté de l’animal. Sont-ce des especes de tentacules propres a le fixer ou des ovai- res ? Cette derniere opinion ne nous parait pas probable, car nous n’y avons jamais vu de gemmules attachés. Ce sont ces corps quon a voulu figurer dans les Béroés globuleux et ovales de Encyclopédie méthodique. Les especes transverses les pos- sedent, mais nous n’avons pu les découvrir dans celles dont les parois sont opaques et louverture tres large. Vers l’extrémité du grand canal est un organe assez compliqué, allongé, pointu en haut, renflé en coeur au milieu, et divisé en deux branches inférieurement. Il en part de chaque coté un‘canal qui se divise promptement en deux branches, puis en quatre, ce qui forme huit canaux pour lensemble, lesquels se recourbent en gagnant la périphérie du corps quils semblent diviser en huit parties égales. Ces vaisseaux (car c’en sont réellement) sont extérieu- rement couverts, dans toute leur étendue, de petites lamelles cilices, plus ou moins rapprochées, quelquefois légerement im- briquées, qui sont toujours en mouvement, et font évidemment les fonctions de branchies, en méme temps qu’elles servent un peu a la progression (1) de lanimal. Il s’opére au centre du corps que nous venons de décrire, et qui est probablement un coeur, une circulation trés active que facilitent les branchies, qui sont toujours en mouvement. Nous avons cru voir, ce qui serait bien particulier, quwil y avait a-la-fois deux courans dans le méme vaisseau, wn concentrique et Pautre excentrique, ce quiest assez facile a distinguer par la qualité grumuleuse du sang. (rt) Les branchies des Sa/pes sont recouvertes de semblables lamelies, ai ainsi que s’en est assuré Je docteur Quoy. V. Zoor, — Avril, 16 242 rn. Pp. Lesson. — Sur les Béroides. e Si ce'n’est qu’une illusion, il faudrait lattribuer a deux systemes de yaisseaux si bien unis, que nous n’aurions pu distinguer leurs limites. Voila deux fonctions subordonnées bien distinctes, la circulation et la respiration, qui téndent a rapprocher les Béroés des Mollusques acéphales. « Nous ne connaissons rien de relatif 4 la génération, si ce nest que, sur un individu remarquable par sa mollesse presque diffluente, et les nombreux appendices dont il était recouvert, nous avons vu des ovules engagés dans les plis des lamelles branchiales, et dans un autre, ces mémes corps étre pris dans le canal central. Quelques espéces ont sur le pole supérieur une petite palette rétrécie au milieu, et assez souvent colorée en rouge. « Les particularités propres au tube nous ont aussi échappé. Nous croyons cependant que lanus doit s’ouvrir a l’extrémité opposée a la bouche, quoique nous n’ayons pu le mettre hors de doute par nos dessins, a l'exception d'un seul individu que nous avons représenté avec deux ouvertures anales portées par deux tubes et desquelles sort une matiere excrémentitielle. «Il est des Béroés qui ne présentent que les huit principaux vaisseaux déja décrits; maisil en est d’autres qui joignent a ceux- ci des ramifications sans nombre, blanches ou colorées en rose et en jaune. « La vie semble répandue dans les moindres parcelles de ces étres fragiles, que les plus petites circonstances brisent: aussi arrive-t-il quelquefois que la surface de la mer est couverte de leurs débris, dans lesquels on voit encore les cirrhes branchia- les vibrer et décomposer la lumiere en brillans reflets. Leurs mouvemens sont extrémement lents; ils nont en partie lieu que par ces mémes branchies; car il est rare que le large enton- noir qui forme l’ensemble de l’animal se contracte, et renvoie Yeau qu'il contient a la maniere des Médusaires. « Il n’est pas nécessaire de dire que dans ceux qui s’allongent en lanieres, comme les Cestes, les organes qui viennent d’étre mentionnés suivent cette disposition; mais alors les deux filamens rétractiles qui sont a la partie supérieure dans les autres espe- ces, sortent pres de la grande ouverture qui est toujours cen- k. Pp. LESSON. — Sur les Béroides. * 943 trale: c’est ce qu’on peut voir dans les Callianires et les Ocyroés. De ce qui précéde il résulte que les Béroides ou du moins les genres de cette famille étudiés dans ces derniers temps sont plus voisins des Mollusques acéphales que des Zoophytes: quwils ont les plus grands rapports avec certaines especes d’Ascidies trans- parentes; qu enfin ils conduisent aux Firoles et aux Salpas, et for- ment un ordre de Mollusques qu'il sera possible de distinguer un jour. Les Béroides voguent dans toutes les mers, libres qu’ils sont dans leurs allures et dans leurs mouvemens. Ils se laissent aller aux courans en ondulant leurs parois et oscillant leurs cils. Ils paraissent obliquement couchés entre deux eaux par les temps de calme, alors que la mer est belle. Dans les nuits paisibles, lors- que le sillage est médiocre, les Béroides jettent un éclatdes plus brillans et leur phosphorescence au moindre chocest des plus vi- ves. On ignore quelle peut étre leur génération, leur nourriture le moyen de protection quils emploient pour protéger leur fra- gilité dans les tourmentes qui bouleversent la surface de la mer. On doit supposer qu’ils augmentent leur pesanteur spécifique pour se précipiter a une certaine profondeur, la ou la mer est cal- me et ou les lames sourdes se font moins sentir. La famille des Béroides comprend ies tribus et les genres suivans: 17° division. Les CILIOBRANCHES ( Triptéres Rang. ) Corps ovalaire, symétrique ou transversal et pair, de substance muqueuse, a réseau vasculaire, a lignes dirigées d’un pole a Pau- tre et garnies de lamelles nommées cils. 1” Tribu: les Cestes. Genre Ceste. Lemnisque. 2° Tribu: les Caruiamiess. G. Callianire, Polyptere, Mnénia, Calymma, Bucéphale, Alcinoé, Axiotime. 3° Tribu: les Nzis. G. Neis. 4° Tribu: les Ocyrots. G. Ocyroé. 16, ah, - R. P. LEsson. — Sur les Béroides. 5° Tribu: les Eucuaris G. Eucharis, Mertensia, Eschscholthie. © 6° Tribu: les Vrats Béroxks. G. Beroe, Idya, Medea, Pandora, Cydalisa. 7° Tribu: les BERoxs pourevx, conduisant aux Diphydes. G. Galéolaire. 2° division. Les Acirs. ( an medusarice ? ) Corps simple sacciforme, uni, biforé, de substance muqueuse; nulle trace de cils ? 8° Tribu : les Bérosomes. G. Doliolum? , Epomis, Bursarius ? An Bougainvillia ? Noctiluca? Rosacea ? Sulculéolaria ? Appen- dicularia? Praia ? Les Csstss. Cesturn Lesueur. Ont le corps peu haut, mais bien développé dans le sens transversal, et nageant dans la mer sous forme de rubans géla- tineux. On ne connait bien que le genre Crste, car le Lemnisque de MM. Quoy et Gaymard pourrait bien étre un fragment de Ceste, ainsi gue, le premier, l’'a supposé M. Cuvier. Les:Cestes ne sont donc que des Béroés trés étendus latéra- lement. Leur grand développement, leur extréme mollesse, la facilité avec laquelle ils se brisent, en rendent l’étude fort diffi- cile. Ils paraissent vivre malgré la rupture de leur corps, et des fractions méme jouissent pendant long-temps de la faculté d’exercer des mouvemens réguliers. Suivant M. Quoy, il n’y a aucune différence dans l’organisation des Béroés vrais et des Cestes; seulement les deux filamens rétractiles qui se trouvent a Ja partie supérieure des Béroés sortent pres de la grande ou- verture qui est toujours centrale. I Genre. Crste. Cestum, Lesueur. Corps gélatineux, libre, s’étendant latéralement en un long R, P. LESSON: — Sur les Beéroides. 245 ruban, par conséquent peu haut et proportionnellement a sa hauteur démesurément large. Bord supérieur garni d’un double rang de cils, l’inférieur muni de deux rangées de cils plus petits et moins nombreux. Bouche médiane, ouverte au bord supérieur donnant dans un estomac transversal, aboutissant a un anus tres petit et s¢tendant dans toute la longueur de deux ailes la- térales. 1. Le Crests ne Vinus. Cestum Veneris. (Pl. 1. fig. 1.). Lesueur. nouv. Bull. Soc. phil. juin 1813, p. 281. pl. 5. fig. vr. Isis, 1817, pl. 12; Lam. t. 2. p. 462. Cuv. Reg. an. t. 3. p. 283. Blainy. p. 139. Eschsch, p. 22; Rissso. t. 1v. p. 303. Large de plus de cing pieds sur deux pouces de hauteur, plus epais en. haut, mince sur le bord inférieur; blanc hyalin, transparent, bydrocolore, 4 reflets irisés; ondule sur eau, apparait au printemps: et en ete sur les cotes de Nice. Les pécheurs les nomment sabres de mer. | Var. : Moins large, blanc-opale, a bouche ventrale un. peu plus longue.. Des cotes de Nice ( Risso.) Hab. la Mediterranee. 3. Le Crests naiave. Cestum najadis. . Eschsch. Ac. pl. 1. fig. 15 Zsis, 1825, pl. 5. La partie moyenne du corps est trois fois plus épaisse que les cotes. Le bord inférieur est muni d’une membrane plissée et large de deux pieds et 1/2 sur un pouce 1/2 de hauteur. Hab. les mers equatoriales. Ile Genre? Lemnisque. Lemniscus ? Quoy et Gaym. Zool. Uranie, ps 902. Corpslibre, gélatineux, transparent,rubané, tres allongé, aplati,. sur les cotés, entierement lisse, ayant un canal médian trans- versal, sans cils ni franges sur les bords. ( Quoy et Gaym. ) Le LEMNISQUE BORDE DE ROUGE. Lemniscus marginatus. Quoy et Gaym. Zool. Uranie ; pl. 86. f. 582: Lesson. Zool. Coq: p> 102. Large de deux piedssur un pouce et 1/2 de hauteur; de couleur hyaline, . bordeé de rose. Hab. les mers de la Nouvelle-Guinée: Suppose etre un fragment de Ceste 7 246 R. P. Lesson. — Sur les Béroides. Les Cauuianires. Callianira Péron. Sont des Béroés dont les cotes deviennent trés saillantes, et sont réunies deux a deux pour former deux espéces dailes. Péron qui créa ce genre le premier le nomma d’ahord Sophia, et les placa parmi les Ptéropodes, bien qu’il indiquat les organes inté- rieurs comme obscurs. Les Callianires ont un corps vertical fré- quemment aussi haut que large, muni sur les cotes de nageoires ou de folioles natatricesinférieures, et ayant sur les rebords des ailes des doubles rangées verticales de cils. Les Carxianrires yivent loin des cotes dans les grands espaces de mer. III® Genre. Caturanire: Callianira Péron. Corps régulier, hyalin, gélatineux, cylindrique, allongé, tubu- leux, obtus aux deux extrémités et pourvu de deux paires d’ap- pendices aliformes, s’élargissant en feuillets garnis d’un double rang de cils vibratoires sur leurs bords. Une grande ouverture A OES a une des extrémités, et probablement une € plus pe- tite au coté opposé. Les cirrhes rameux. 1. Le Cauyranrre trieLorrere. Callianira triploptera. Callianira Slabberii, de Haan, Bijdrag. t.2(1827) p. 150. Lamk. t. 2. p. 467. Beroe hexagonus, Encyl. pl. go. f. 5; Eschsch. p. 28. Corps muni sur les cotés d’appendices au nombre de quatre, aliformes, ciliés; deux cirrhes tripartis. Hab. les mers de Madagascar. 2. Le Cariianire prevorrire. Callianira diploptera. Péron et Lesueur. Ann. Mus. t. xv. pl. 2. fig. 16. Lamk. t. 2. p. 467. Eschsch. p. 28. Sophia diploptera, Peron. Ms. Corps muni sur les cétés de deux lamelles cili¢es, sans cirrhes. Hab. les mers équatoriales, sur les cétes de la Nouvelle-Hollande et vit en troupes nombreuses. 3. Le Caruranine wexacone. Callianira hexagona. Eschsch., Ac, p. 28; Beroe hexagona. Modeer. Encycl. pl. go- —— R. P. LESSON. — Sur les Béroides. 247 f.6. Slabber, Phy. t. vir. fig. 3 et 4 (1778). Janira, Ocken, de Freminville. Corps hémispherique a six angles, a huit cotes ciliees. Hab. les mers du Nord, les cotes de la Hollande. IV° Genre. Potyprire. Polyptera, Less. Callianira, Cham.; Mnenia, Esch. Corps hyalin, trés fragile, tubuleux, cylindrique, dilaté anté- rieurement ; bouche transverse. Une seule aile de chaque cote grande, large, cestoide, ciliée sur chaque bord, a cils irisés, ailes intermédiaires plus petites, au nombre de 6, 4 supérieures lan- céolées, soudees au corps par leur base, ciliées sur leurs bords. Les. deux inférieures different des 4 premieres, et ont de grands rapports avec les deux ailes latérales, cestoides, et, comme elles, sont ciliées. Le Potyrrire pe Cuamisso. Polyptera Chamissonis.. Callianira heteroptera. Ch. et Eys., Curieux de la nat. de Bonns. t, x. pl. 51. f. 3, a. b. Mnenia Chamissonis,.Esch. p. 32:3. Blanc hyalin, a cils toujours en mouvement, trés irisés. Hab. les mers du Cap de. Bonne-Espérance, la rade de Table-Bay. V° Genre. Mwyenra. Mnenia Eschsch. Corps lisse extérieurement, avec deux rebords aliformes sur les cotés et des appendices au. pourtour de la bouche.. 1. Le Myenta ve Scuweiccer. Mnenia Schweiggeri. Eschsch.; Ac., pl. 2. f. 3. Corps ovalaire, mutique postérieurement, translucide. Hab. la baie de Rio-Janeiro, sur la cote du Brésil. 2. Le Mnenta ve Kunn. Mnenia Kuhlii.. Eschsch. Ac. pl. 2. f. 4. Corps ovalaire , terminé a la partie postérieure par deux. prolongemens.. subulés. Hab. les latitudes équatoriales du Grand Océan par 180° de Greenwich... * 248 R. P. LESSON. — Sur les Béroides. Vi° Genre. Carymma. Calymma Eschsch. Corps muni d’appendices sur le pourtour de la bouche, avec des cils en séries sur les appendices seulement. 1. Le Catymma pvE Treviranus. Calymma Trevirani. Eschsch. Ac. p. 33. pl. 2. fig. 5. Animal gelatineux, blanc translucide. Hab. les zones équatoriales dans la mer du Sud. VIL° Genre. Bucrpuate. Bucephalon, Less. Corps plus large que haut, se composant d'un tube de forme has- tée,s ouvrant en haut entre les deux replis des feuillets supérieurs par une petite ouverture ?, terminé en bas par une ouverture grande et circulaire. Ce tube tres contractile est bordé latérale- ment par deux portions membraneuses élargies, garnies a leur terminaison de trois corps denses, épais, massifs et de forme dolive. Le bord supérieur est formé de deux feuilles minces, garnies sur leur bord d'une rangée transversale de cils. Sur chaque face 4 appendices cylindracés sont implantés a l’extré mite. Le Buctrnare pt Reynaup. Bucephalon Reynaudii. Callianira bucephalon, Reyn. Cent. zool. de Lesson. p. 84. pl. 28. fig. A. B. | Animal mou, libre, jouissant d’une grande mobilite, d’un hyalin transpa- rent avec une tache marron oblongue ou fuciforme sur deux des renflemens des extremités; trés commun dans les. mers qui baignent Vile de Ceylan. VI{l° Genre. Aucino£. Alcinoe Rang. Corps cylindrique, vertical, gélatineux, transparent, muni de lobes natatoires verticaux, libres 4 la base et sur les cotés seule- ment, et de cotes cilicées dont une partie est cachée sous les lobes; 4 tentacules également ciliés environnant louverture. ( Rang ). o rn. P. Lesson. — Sur les Béroides. 249 L’Aucrnoé VERMIcULEE. Alcinoe vermiculata. (PI. 1. fig. 3.) Rang. mem. Soc. hist. nat. t. rv. pl.19. f. 1 et 2. De forme oblongue ; de couleur legerement bleuatre, avec de trés petites lineoles rouges munie de douze cotes cilices, réflechissant les couleurs de Viris; quatre de ces cotes sont cachees sous les lobes. Ses dimensions sont de deux a quatre pouces. Hab. les cotes du Brésil; commune en ayril a l’entrée de la baie de Rio de Janeiro. Obs. C’est peut-étre une Alcinoé que M. Reynaud a figurée dans notre Centurie zoologique sous le nom de Beroe costata pl. 28. fig. 6. de forme oblongue, a cotes saillanies, bordees de cils, ayant inferieurement une ouverture large, garnie de quatre tentacules arrondis et ponctués, de cou- leur hyaline. A été trouvee sur les cotes de Ceylan. IX° Genre. Axtotime. Axiotima, Eschsch. Corps horizontal, peu élevé, sans appendices alaires, mais 4 rangées de cils disposées en croix. L’Axtotmme pe Gazpe. Axiotima Gaedii. Eschsch., Ac. p. 34. pl. 2. fig. 6. Corps ovalaire, gélatineux, hyalin, a cils irises. Hab. la mer du Sud entre les tropiques. Les Nets. Nezs, Less. Sont des Callianires dont le corps plus haut que large est mince, comprimé, et'muni de rangées de cils contournant les bords comme le milieu du corps, c’est-a-dire 4 rangées sur les bords et deux au milieu se soudant a leur point de jonction. Les Mnenia sont tres voisins des Neis. X©* Genre. Nets. Nes. Less. Corps aminci sur ses deux faces ou taillé en coin, obcordé au pole supérieur et largement ouvert au pole natateur; axe cavi- taire allongé, étroit, bordé sur les deux faces de cils en une ran- gée obarrondie, libre aux deux extrémités, chaque bord des poles et des cOtes ayant deux rangées de cils marginaux. a5o R. P. LESSON. — Sur les Béroides. La Nrts nourse.de mer. Neis cordigera. Less. zool. Coq. p. 10. pl. 16. f. 2. Est molle, se brise aisément, est coloree sur sa face plane en un blanc hyalin couvert de vesicules entrecroisées d’un jaune mordoré et de jaune clair. Cils trés irisés , lévres contractiles de la grande ouverture presque toujours en mouvement. Hab. le golfe de Port-Jakson surles cotes dela Nouvelle-Galles du Sud. Les Ocyrors Ont le corps vertical, muni de deux lobes horizontaux bifur- qués, ayant deux rangées de cils, non plus dans le sens vertical mais bien dans une ligne horizontale. XI® Genre. Ocyroz. Ocyroe Rang. Corps vertical, cylindrique, gélatineux, transparent, muni supérieurement de deux lobes latéraux, musculoso-membraneux. bifides, épais, larges et garnis de deux cotes ciliées chacun, deux autres cOtes. ciliées se remarquent sur les bords entre les lobes; ouverture est environnée de quatre bras également mu- nis de cils..( Rang. ) Le corps, qui est toujours dans une position verticale, quels que soient les mouvemens de l’animal, est cylindrique ‘ou co- nique, selon les contractions gu il éprouve. Sa cavité, ainsi que son ouverture, sont comme dans les Béroés:et les Alcinoés; seu-- lement on y distingue quelquefois des vestiges d’ovaires. Le sommet de l’animal se dilate en deux lobes latéraux tres grands et arrondis, épais, surtout dans leur milieu, et formés chacun de deux moitiés tres distinctes, mais réunies. On voit a laide de la transparence, que ces lobes sont abondamment pourvus de fibres musculaires transverses. La partie étroite qui les sépare au sommet du corps est bordée sur chaque face par une cote ciliée; deux autres cotes semblables et plus longues parcourent longitudinalement chacun de ces lobes. Enfin, quatre bras pla- cés symétriquement, au-dessous des lobes ou sont fixées leurs. bases, se montrent pareillement bordés de cils. R. Pp. Lesson. — Sur les Beroides. 251 Dans ce Zoophyte, les organes locomoteurs sont compliqués par un appareil particulier qui facilite singulierement ses mou- vemens et qui consiste dans les lobes; lorsque l’Ocyroé veut s’élever 4 la surface de la mer, elle abaisse ses deux lobes de ma- niere a maintenir les cotes quils portent dans une direction ver- ticale; alors les cils agissent et le Zoophyte suit cette verticale; mais lorsqu'il a atteint son but, et que son action ne doit plus se faire que dans un plan horizontal, il releve ses lobes horizon- talement, et les cils agissant tous dans le méme sens, le prome- nent a la surface des eaux. Si !Ocyroé veut rester immobile, elle cesse l’action de ses cils, et ses lobes étendus suffisent pour la maintenir suspendue; si au contraire elle veut senfoncer dans la profondeur des eaux, elle les abaisse, en enveloppe son corps, et sabandonne a sa pesanteur. Pendant ces divers mouvemens, les bras prennent une direction convenable a Iaction générale et aident encore lamarche par le moyen de leurs cils, en méme temps qu’ils impriment la direction. Cette organisation donne aux Ocyroés un avantage sur les Béroés, les Callianires et les Alcinoés, cest de pouvoir, étant a la surface de la mer, se porter dans toutes les directions sans cesser de tenir leur corps dans une ligne verticale, position qui leur est nécessaire pour que louverture du sac ou s opere la nu- trition soit le plus convenablement disposée 4 recevoir les petits poissons, ou les Crustacés qui viennent sy précipiter, et dont elle se nourrit. 1. L’Ocyroé cristatuine. Ocyroe cristallina. Rang. mem. Soc. hist. nat. t. rv. p. 7. pl. 1g. fig. 4 et Bull. Soc. de Bordeaux. t. 1. p. 314. Incolore , extrémement diaphane; le corps court ainsi que les bras; les lobes moins visiblement stri¢s transversalement; les cOtes peu irisées. Longueur, trois pouces environ. Hab. ?Océan écuatorial ; mois d’avril. 2. L’Ocyrog prune. Ocyroe fusca. Rang. ibid. pl. 19. f. 3. D’un brun jaunatre uniforme; les cétes peu irisées; les lobes moins epais a5a v. Pp. Lesson. — Sur les Béroides. ‘ trés grands et striés transyersalement; le corps conique,,peu.allongé ; les bras de la méme couleur, seulement plus transparens. Longueur, six a huit pouces. Hab. !’Océan Atlantique dans le voisinage des iles du Cap-Vert ; mois de mars. 3. L’Ocynokt Tacnér. Ocyroe maculata. Rang. zbid. pl. 19. f. 1. Beaucoup plus grande que les précédentes, extrémement diaphane;; le corps plus allonge; les lobes plus grands et beaucoup plus épais, plus for~ tement stries et portant deux grandes taches brunes foncées ;.. les cotes irisces. Longueur, dix 4 quatorze pouces. Hab. la mer des Antilles, ou elle est trescommune au mois de juin. Obs. Les espéces de ce genre, comme celles de tous les Acaléphes, sont plus ou moins phosphoriques pendantla nuit; l’Ocyroeé tachée surtout jette une grande clarte semblable a un globe de feu bleuatre, qui devient d'autant plus grand, mais moins vif, que ce Zoophyte s’enfonce davantage dans les profondeurs de la mer. Les Eucnaris. Hucharis. Péron. Sont des Callianires contractées, de forme ovalaire ou subdé- primée a 8 oug rangées verticales de cils s’étendant d’un pole a l’autre. Le tube digestif est formé par deux entonnoirs réunis par un tube plus étroit, et de ce rétrécissement sur les cotés partent deux prolongemens cirrhigéres, portant peut-étre les ovaires ? | : XII® Genre. Eucnaris. Lucharis. Eschsch. Corps vertical, oblong, cylindracé, papilleux en dehors, ayant 8 rangées de cils. Quatre appendices ciliés a la partie inférieure et sur le pourtour de la bouche. 1. L’Evcuaris pe TrepemMann Eucharis Tiedemanni. Eschsch., Ac. p. 3o. pl. 1. f. 2. Corps oblong, blanc-rosatre, a larges cils; quatre appendices courts, te~ tragones ; cing papilles denses. Les mers qui baignent le Japon. n. Pp. Lesson. — Sur les Béroides. 253 2, L’Eucnaris mutticome. Eucharis multicomis. Eschsch. Ac. p. 31; Beroe multicomis. Quoy.et Gaym., Zool. de YUranie, pl. 74. fig. 1. p. 574, Le corps terminé par deux appendices un peu plus courts que le corps. ‘Papilles molles et inégales ; couleur blanche-rosee avec rangées iris¢es. Hab. la Mediterranée. XIII* Genre. Cypipre. Cydippe. Eschs. Eucharis. Péron; Pleurobranchia. Flem. Corps globuleux ou ové, laissant trainer derriere lui deux longs tentacules filiformes, ciliés sur un des cotés, partant de la base du pole inférieur. 1. Le Cyprpere cropvievx, Cydippe pileus. Eschsch., Ac., p. 24; Esp. 1; Gronovius, Act. helv. pl. 4. fig. 1-5; Baster, t. 1. pl. xrv. fig. vx et vir; Slabber, phys. Bel. pl. 11. f. x et 2; Volvox bicaudatus, L.; Beroe pileus, Mull.; Medusa pi- leus, Gm.; Encycl. pl. go. fig. 3 et 4; Beroe pileus, Bosc. pl. 15. f. 2; Lamarck, t. 2. p. 470; Esp. 3; Risso, t. v. p. 503. Corps globuleux; huit cotes; les deux tentacules blanc pur. Hab. la Méditerranée? YOcéan Atlantique? la mer du Nord, tes cétes d Angleterre. 2. Le Cynipre pense. Cydippe densa. Eschsch. Ac. p, 25 Esp. 3; Beroe densa, Forsk..ar. p. 111; Modeer , 11, 4o. Corps subovalaire; a tentacules écarlates. Hab. la Mediterranee. XIV° Genre. Mertensre. Mertensia, Less. Cydippe, Eschsch. Corps vertical, échancré en bas, comprimé sur les cotés, formé de globes bordés chacun par une rangée de cils. Deux longs cirrhes partant du pourtour de la bouche et sortant sur le eoté a lextrémité inférieure. 254 R. P. LESSON. — Sur les Beroides. 1. La Merrensiz de Scorgspy. Mertensia Scoresbyi. (Pl. 2. fig: eS) Cydippe cucullus, Esch. Ac. p. 25; Esp. 2; Mertens, Voy. nord. pl. P. fig. G.t. 2. p. 122; Adelung, pl. 17, f.9; Beroe pileus, Fab. Groen. 3013 Scoresby, pl. 16. fig. 4, p. 549; Beroe cucudlus, Mo- deer, 11, 38. Corps ayant neuf cotes hordées de cils irisés ; canal central occupant les quatre cinquiemes dela longueur totale du Zoophyte. Couleur hyaline, trans- parente, teintée de rose; cirrhes d’un rouge fulgide; dimensions variables, parfois trois pouces de hauteur. Hab. les mers du Nord; commun dans Ja Mer-Verte; par 75°40' de Jat. N. ‘ 2. La Merrensie o£ur. Mertensia ovum. Beroe ovum, Fab. Groen. 362; Modeer, 11, 42. Corps ovale, comprimé, a cirrhes sanguins. Hab. la baie de Baffin. 3. La Merrensie ELurrieve. Mertensia elliptica. Cydippe elliplica Eschsch. ac. p. 25; Esp. 6 et pl. 2. fig. 1. Corps allonge, elliptique, un peu comprime, a cirrhes blancs. Hab. la mer du Sud entre les tropiques. XV° Genre. Escnscuoutuir. EL schscholthia. Less. Corps vertical, obové, arrondi ausommet, rétréci en bas lar- gement et circulairement ouvert, huit rangées tres courtes de cils, occupant seulement le pole supérieur, deux cintres droits ciliés sur le bord, partant du milieu des cotés. L’Escucno.rulE TRONQUEE. E'schscholthia dimidiata. Cydippe dimidiata Eschsch, Ac. pl. 2. fig. 2. Corps ovalaire, largement ouvert a la partie postérieure. Hab. le canal qui sépare la Nouvelle-Zélande de la Nouvelle~Galles du Sud. Les vrais Bérots ( Beroe. ) id ei Bre i i Corps toujours cylindrique ou oviforme a poles réguliers et R. ‘Pp. LEsson. — Sur les Béroides. 255 égaux, a 8 rangées verticales de cils. Canal central, point d’ap- pendices, point d’ailes membraneuses; souvent deux cirrhes se prolongeant au dela du corps ( pour leur organisation, lisez les généralités ). Ozs. Nous ne savons a quelle espéce rapporter le Beroe fulgens de Macartney (Trans. philos. 1810, t. 15 p. 264), trouvé dans la baie d’Hearne , au nord du comté de Kent, et qui est éminemment phosphorescente. Peut-étre est-ce au Cydippe globuleux quappartient lespece trouvée par le Dr. Fleming ( Mém. soc. Wern. t. 3. p. 400 ) dans le détroit de Tay et qui navait point de prolongemens. II le décrit ainsi: forme globuleuse, un peu concave au sommet, un peu renflée a sa base, ayant 6 rangées de cils, et une ouverture quadrilobée. XVI° Genre. BErot. Beroe. Brown. Miller. L. et auct. Corps arrondi, arangées de cils rapprochées, ouvertures de la bouche et de l’anus trés petites; circulation presque complete. 1. Le B&érot pr Basrer. Beroe Basteri. Less. Zool. Coq. pl. 16. fig. 1. De forme d’un petit melon, sillonné par neuf cétes ciliees sans pouvoir irisant; consistance assez dense ; couleur d’un blanc mat. Hab. l’Océan-Pacifique sur les cotes du Pérou. 2. Le Brrot ovate. Beroe ovatus. Lamk. t. 31. p. 469. Encycl. pl. go. f. 2. Copiée de Baster , pl. 14. f. 5. Gm.; Beroe infundibulum. Miller: Volvox beroe, L.; Gronoyius, Acta helvy. 5, 381; Cydippe infundibulum Es- chsch Ac., p. 26; Esp. 5. Corps ovale ou plutot subarrondi, 4 cirrhes blancs? a huit rangées de cils; la bouche nue. Hab. les mers du Nord. : La var. Novem-costatus de Lamarck, des mers d’Amerique, doit consti- tuer une espece, a moins que ce ne soit une var. de l’Jdya ovata. 3. Le Birot concompre. Berce cucumis. | Fab. Groenl. 361; Modeer, 11, 35; Eschsch. p. 36; Esp. 2. 4 256 R. Pp. LESSON. — Sur les Beéroites. Toutes les rangées de cils s’unissant 4 la partie Jposterieure; corps sans taches en dehors, ponctué de rouge en dedans. Hab. la baie de Baffin. 4. Le Bérot pe Cutase. Beroe Chiajii. Beroe ovatus, del Chiaje, pl. 32. fig. 21; Fsp. 3.p. 58. Corps cylindrique, allongé, ayant huit rangees de cils frangées (del Chiaje). Hab. le golfe de Naples. 5. Le Brro& attonc£, Beroe elongatus. Risso, t. v. p. 303. Corps ovale-allongé, diaphane, a six rangées de cils?? Flotte en janvier sur les cétes de Nice. 6. Le Bérot pe Quoy. Beroe Quoyii. Beroe elongatus, Quoy , Astrol. pl. go fig. 9 414. (Mollusq.) Corps hyalin, fusiforme , allongé, légérement renflé au milieu, a huit rangees de cils : deux tentacules ou cirrhes rameux. Hab. /’Océan Atlantique sur la cote d'Afrique; est long de dix-huit lignes, blanc, a reflets irisés. 7. Le Bénot vonctut. JSeroe punctata. Chamis., et Eys., Ac. des Cur. de la nat. de Bonn. t. x. p. 561. pl.31. fig. 1, A. B. Gig Eiscksch}., Ac. "p,|.aq: plied. fig: 1 Ovalaire oblong; toutes les rangées de cils s’unissant 4 l extrémite pos~ terieure ; surface du corps bleudtre, ponctuée de ferrugineux ; les vais- seaux vasculaires colores. Hab. ’Ocean Atlantique proche des Iles Acores. 8. Le Bérot rosr. Beroe roseus. Quoy et Gaym.; Uranie, pl. 74. f. 2. Ovalaire , rosé, 4 six rangées de cils. Hab. les mers des Moluques. g- Le Bérot sianc. Beroe albens. Forsk., Fauna, p. 11. Ovalaire, 4 rangées de cils blanches, sans cirrhes; de la dimension d’une grosse noisette. Hab. la Mediterranée et la Mer-Rouge. 10. Le BEnot citva. Beree gilva. Eschsch. Ac., p. 375 Esp. 4. rn. Pp. Lesson. — Sur les Beéroides. 259 Ovalaire, toutes les rangées de cils convergeant a la partie postérieure, et les cils rapprochés par paires ; les vaisseaux colores et ferrugineux. Hab. les mers du Bresil. 11. Le Bérot ve Scoressy. Beroe Scoresby. . Medusa Scoreb. Account of the Aretic Regions. t. 1. p. 548. pl. 16. fig. 5. Ovoide arrondi, & huit rangees de cils irisés; couleur d’un gris blanc de perle. 4 Hab. les mers du Spitzberg. 12. Le Béroz raux. Beroe fallax. Medusa Scoresb. op. cit. t. 1. p. 548. pl. 16. fig. 3. Corps ovalaire allongé, se contractant en boule lorsqu’on le touche dans le vase oil nage, a huit rangees de cils irisés ; couleur gris-blanc. Le ca~ nal central est rouge carmine. Hab. les mers du Spitzberg. Variéte de l’espéce precedente ? XVIL° Genre. Ipva. Idya. Oken. Corps sacciforme cylindracé, plus haut que large, mollasse, a rangées de cils tres irisés; tres largement ouvert a une extré- mité, médiocrement a l'autre. x. L’Ipya macrostome. /dya macrostoma. Beroe mocrostomus Peron, It. pl. 31. f. 13 Beroe cylindricus Lamarck, t. 2. p. 469; Beroe capensis, Cham. et Eys.; Ac. Leop. nat. cur. t. x. pl. 30. fig. 4 a. 6. Beroe macrostomus Less., Coq. | pl. 15. fig. 2 Corps oblong a but cotes cili¢es et irisées ; couleur blanc-1 -rosé ayec les vaisseaux d’un rouge purpurin. Hab. Ocean Atlantique entre les tropiques, les mers du cap. Bonne- Espérance et celle de la Nouvelle-Guinee. 2. L'Ipya pu Norv. Idya Borealis. Idya Freminv. Bull. Soc. phil. mai 180g. p. 329? Fleming. Soc, Edimb. pl. 38. fig. 3? Medusa ou Purse-Schaped medusa. Scoresby, Arct. Reg. t. 1. p. 549. pl. 16. fig. 7. Corps large, oyalaire, 4 huit rangees de cils, de couleur rosée pale avec les vaisseaux purpurins; les cils tres irritables et trés irisés, conservant leur vitalite plus de trois jours aprés avoir été coupés. Hab. les mers de Spitzberg. ¥. Zoor, — Hai. 258 R. P. LESSON. — Sur les Bérvides. 3. L’IpyA pe Forskaut. Idya Forskahlii. Beroe rufuscens. Forsk. p. 111. Corps ovale allonge, atteignant jusqu’a cing pouces de longueur, a a sac. intéerieur large et libre, de couleur rougeatre. Hab. la Méditerranée. 4, L’Ipya ovate. Idya ovaia. Beroe. Brown, Jamep. 384. pl. 43. fig. 2. pl. 3o. ‘fig. 33 Bosc, Vers, pl. 15; Encycl. pl. go. fig. 1; Beroe ovata, Eys. et Cham., pl. 30. fig. 3; Beroe ovatus, Lamk.t. 2. p. 469; Medusa infundi- bulum, Gm. Corps ovalaire, largement tronque a la base, ayant huit rangées de cils iris¢s; Ouverture du pole inférieur tres large. Hab. POcéan Atlantique. XVIII° Genre. Méprr. Medea. Eschsch. Le corps est ovale allongé, diversiforme, ayant des cils dispo- sés en séries doubles et latérales sur un canal commun, et in- terrompus vers le milieu du corps. Une assez large ouverture transversale A une extrémité. 1. La Mépée trrancitse. Medea constricta. Eschsch., Acalephen. pl. 38.; Beroe constricta, Cham. et Eys. Ac. Leop. Nat. cur. t. x. pl. 51. fie. 2 Corps étranglé vers la grande ouverture, comme tronqué et échancré a un pole, arrondi 4 l’autre; cils irises; long de six lignes ; assez dense; co- Jore et fauve; bouche bilabiee ; vaisseaux blanes. Hab. la mer des Indes: le détroit dela Sonde. a. La MEp# RovckAtRE. Medea rufescens. Eschsch., op. cit: p. 38. pl. 3. fig. 3 Corps rougeatre ; les vaisseaux roux ferrugineux. Hab. la mer du Sud sous l’equateur. 3. La Mépte arcrique. Medea arctique. Medusa ou Botle' Shaped mettiisa , Séovesby. op. cit.t. 1. p- 550 et pl. xv1. fig. 8. Corps ovoidal, étranglé prés de Youverture transversale qui’ ést compri- mée. Huit rangs de cils irisés; couleur hyalineaveée des vaissedux roses; tres irritable. Hab.Ja Mer-Verte transparente par 75°45’ dé lat. Nord’ét 8 de long O. ee Rn. P. LEsson. —— Sur les Beroides. a59 4. La Miner pourrusr. Medea dubia. Medusa, Scoresby, Arct. Reg. t. 1. p. 549. pl. 16. fig. 6. Me- dusa , Mertens, Spitzh, t. 2. p. 123. pl. P. fig. H. Corps ovoide, ayant au centre une cavite formée de deux cones ren- verses, unis par un étroit canal ; huit rangees de cils irises; couleur gris- blanc. Hab. les mers du Nord par 75° hoy de lat. N. et 5° de loag O. XIX* Genre. Cypauisse. Cydalisia. Less. Corps tronqué et largenient ouvert 4 une extrémité, finissant en pointe au pole opposé qui est percé de deux petites ouver- tures ciliées sur leur pourtour: huit rangées verticales de cils simples. La Cypaise mitre. Cydalisia mitreformis. Beroe mitreeformis, Less. Zool. Coq. pl. 15. fig. 3. Corps conique, 4 large ouverture bordée dun cercle rose, en poitite co- nique, blanc hyalin avec vacuoles roses, les cils éminemment irisateurs. Hab. les meis qui baignent les cotes du Pérou sous Péquateur, en mars. XX*° Genre. Panpore. Pandora. ¥Eschsch. Corps régnlrérement trongué et circulairement ouvert 4 un pole. Vantre extrémité arrondie; percée de dewx ouvertures. Les séries de cils placés dans des sillons dont les bords sont garnis de membranes. La Panpore pz Freminc Pandora Flemingii. Eschsch., Acal.'p. 39. pl. 2. fig. 7. Cor ps en forme de voite, tronque t largerment ouvert > avec un re bord rosé. Hab. les mers du Japon. 27. 260 rR. P. nrsson. — Sur les Beroides. 7° Tribu: les Bérors faux, conduisant aux Diphydes: tribu incertee sedis. Le seul genre qui appartient a cette tribu parait étre un lien de transition entre les vrais Béroés et la famille des Diphydes, de méme que les aci/s sont des Béroés qui conduisent aux Mé- dusaires et peut-étre aux Diphydes. XXI° Genre. Gattotarre. Galeolaria. Lesueur, in Blainv. Quoy, Ast. p. 43; Beroides, Quoy et Gaym; M. S. Corps gélatineux, résistant, régulier, symétrique, subpoly- gone ou ovale, comprimé sur les cotés et garni de deux rangs latéraux de cirrhes extrémement fins. Une grande ouverture postérieure percée dans une sorte de diaphragme avec des lobes appendiculaires binaires en dessus, conduisant dans une grande cavité a parois musculaires. Un ovaire a la face antérieure supé- rieure, sortant par un orifice médian et bilabié ( de Blainv.). Oss. M. Quoy trouve beaucoup d’analogie entre ce genre et celui nommé £7sea par Eschscholtz quiappartient aux Diphy- des, mais M. de Blainville pense que les Galéolaires different au contraire des Diphyes pour se rapprocher des Béroés. LesGaleo- laria bilobata et Rissoi de Lesueur, ne, sont pas encore décrits. 1, Le Gautouaire austraL. Galeolaria australis, Quoy, Astrol. pl. v. fig. 30 et 31. Beroides australis, Quoy et Gaym. ms. Corps pyramidal, subcomprimeé, gélatineux, tronquc 4 la base, bilabie, k un seul tentacule, 4 ouverture ample, a parois latéerales avec des cils ; long d’un pouce. Hab. YOcéan Indien par 36° 32! de lat. S. 2. Le Gartouarre A QuaTRE vents. Galeolaria quadridentata. Quoy et Gaym., Ast. pl. 5. fig. 32, 33. Corps pyramidal, hyalin, subcomprime, tronqué a Ja base; 4 ouverture garnie de quatre pointes. Hab. inconnue. R. P. LESSON. — Sur les Béroides. abr Les Bérosomes ( Berosoma ) (1) Sont des zoophytes voisins des Médusaires, et qui conduisent par une sorte de dégradation des vrais Béroés aux Méduses, _ Leur corps est souvent sacciforme, privé de cils , uni, perforé. Nous ne mettons ici le genre Barillet, Doliolum d’Otto, que pour mémoire. Il parait, suivant le Dr. Quoy, que cest un frag- ment de Salpa dont Vintérieur a été dévoré par un crustacé pélagien. Otto, caractérisait ainsi Pespece qu'il nommait Dolio- lum Mediterraneum (Nov. Act.t. XI pl. 42. fig. 7). Zoophyte tres simple, gélatineux, hyalin, ressemblant a un_ petit baril sans fonds aux extrémités, subcylindrique, court, légérement rétréci aux deux bouts, trés contractile, largement ouvert et sans organes apparens. XXII*° Genre. Epomis. Epomis. Less, Corps cylindracé, a extrémité ovale, arrondie, ayant une ou- _verture moyenne quadrangulaire, de substance charnue, mol- lasse, formé de fragmens cristalliniformes accolés, sans traces | de cils; pole natateur tronqué, large, ayant une grande ouver- ture bordée d’un rebord membraneux mince,tendu sur son pour- | tour et renforcé au dehors par quatre piliers denses, rénittents | et épais . Lpomis , d’Ereus, chausse de Docteur. | he L’Eromis Garcantua. Epomis gargantua. Beroe gargantua, Less., Coquille pl. 15. fig: 1. Le Paipai, des Otaitiens. Corps haut de sept a neuf pouces, parfaitement transparent, composé de sortes de canuelures charnues, renflees, d’un blanc hyalin parfait. Hab. les criques de Pile @’Otaiti. _. XXIII* Genre. Bourse. Bursarius. Less. _ Corps sacciforme, arrondi au sommet, dilaté ala base qui es: (t) Le corps que nous avons figuré (Zool. dela Coquille, pl. rx. fig. 1) sous le nom de Réro some tentaculé, Berosoma tentaculata, est une masse gélatineuse renfermant des milliers d’esufs ‘suas donte d’up niollasque ineonnu. | 262 R. P. LESSon. — Sur les Béroides. largement ouverte, bordée d'une membrane diaphane, plissée et dont la circonférence est munie de quatre piliers dune seule piece chacun, subcomprimés, les deux du milieu terminés par deux tres longs tentacules cylindracés. L’ouverture de la par- tie arrondie du sommet est submédiane, petite et creusée en ombilic. Ors. M. Milne Edwards pense qu’on deyraréunir lespece que nous décrivons de ce genre, ainsi que la Carybdée ailée de la pl. 33 de notre Centurie, a la Carybdée marsupiale dans la famille des Médusaires. La BoursE pr VENus. Bursarius Cy there. Less., Coquille pl. xrv. fig. 1. t. 2. ps 108. Gorps mollasse, charnu, blanc de cristal d'une transparence parfaite; gra- nuleux a la surface, présentant quatre lignes rubanées plus claires. Les deux tentacules roses. Hab. les mers de la Nouyelle-Guinee. XXIVe Genre. Boucainvituie. Bougainvillia Less. Corps oviforme, arrondi en haut, tronqué en bas et largement ouyert; a enveloppe extérieure pellucide, a sorte de nucleus crucié interne, des branches duquel partent quatre petits pro- longemens vasculaires, aboutissant a quatre glandes marginales, comme ciliées en houppe. Ors. Ce genre semble appartenir aux yraies Médusaires, et n'est la que pour mémoire. La Boucarnvituiz pes Matournes. Bougainvillia macloviana, Cyaneea Bougainvillis Less., Coq. pl. 14. As. 3. Ovoide, blanc translucide, 4 nucleus crucié brun, 3 a glandes marginale” jaunes ponctuees de noir; trés irritable ; tres abondante dans lés eaux de la baie de ja Soledad aux iles Malouines. Obs. Nous placerons ici pour meémoire le Zoophyte que nous avons fi- guré (Zool. de Ja Coq. pl. xiv. fig. 5) sous le nom de Microstome ambigu, Microstoma ambiguus, imitant un globule d’air 4 parois naerees, sur- monté d’une sorte de prolongement probosciforme, jaune, ayant une large ouverture a la partie inferieure, munie de quatre tentacules jaunes et ren- flés i leur sommet avec des cils sur les cétes. Nuus Vayons observe en septembre sur les cotes de la Papouasies n. Pp. LESSON. —- Sur les Beéroides. ; 263 XKV° Genre. Noctitugur. Noctiluca Suriray , Lamk, Schweig. Gorps gélatineux, transparent, subsphérique, réniforme dans ses contractions et paraissant enveloppé d'une membrane char- gée de trés fines nervures. Bouche inférieure, contractile, infun- dibuliforme, munie dun tentacule filiforme. Ons. Ce genre a des rapports avec les Mollusques Ptéropodes du genre Firole. La Nocrinugve miviarre. Noctiluca miliaris. Lamark, t. 2. p. 471, dapres ms. de Suriray. Corps trés minime, hyalin, garni en dedans de petits corps ronds qui sont peut-étre des gemmules. Donne aux eaux de la mer une phosphores- cence des plus vives ; excessivement abondant dans les bassins du Havre. Hab. la Mancke. XXVI° Genre. Rosace. Rosacea Quoy et Gaym. Corps libre, gélatineux, tres mou, transparent, suborbiculaire, a une seule ouverture terminale a l'un des poles, donnant dans une cavité ovale qui communique a une dépression d’ou sort une production cirrhigere et ovifere. | Oss. Il se pourrait que ce genre fut établi sur une piece isolée dun Zoophyte de la famille des Polytomes. - t. La Rosace pe ceuta. Rosacea Ceutensis. Quoy et Gaym.: Ann. Sc. nat. janv. 1827. pl. 4. B. fig. 2 et 3. Corps trés mou, arrondi, hosselé, de la grosseur dune petite cerise ; ayant une bouche ronde percee entre quatre renflemens. Hab. le detroit de Gibraltar, pres de Ceuta. 2. La Rosacr rronckr. Rosacea plicata. Quoy et Gaym. Ann. Sc. nat. pl. 4. B fig. 4. Gorps gelatineux, mou, lisse, ovalaire, réniforme, ayant 4 un des po'es un trou assez large, peu profond, plisse sur les bords, du milieu duqael _ part un étro:t canal a va se terminer au pole oppose, dans une cavité arrondie ; dépression 3 a la face inferieure, logeant des sucoirs places sur une tige con mune et des corps qui :essemblent a des oval es. Hal. le cétroit de Gibraltar. 204 R. PB. LESSUN. —~ Sur les\ Béroides. XXVIIe Genre. SutcuLEovarre. Sulculeolaria de Blainv.) Corps? subcartilagineux, transparent, allongé, cylindroide, traversé dans toute sa longueur par un sillon fort large, bordé -de deux membranes, tronqué aux deux extrémités avec une ou- verture postérieure garnie dans sa circonférence de lobes appen- diculaires, et conduisant dans une cavité fort longue et aveugle ( de Blainv. ) Ons. Ce genre a été formé par M. de Blainville, dapres des fi- gures inédites de Lesueur, qui pourraient bien appartenir a des portions détachées de Plethosomes ou de Diphyes. Les trois espéces citées par cet auteur et uon décrites sont les Sulculeolaria quadrivalvis, biacuta et minuta des mers de Nice. XXVIII Genre. AppENDICULAIRE. .4ppendicularia Cham. et Eysenh, Fretillaire Quoy et Gaym. ms. Oikopleura Mer- tens , Ac. Petersb. t. 1 (1830) p. 205. Ors. La place de ce genre, trésmal connu d’ailleurs, est encore completement incertaine, bien que Mertens pense que ce soit un Mollusque. Nous nous bornerons done a rapporter ce qu’en disent les observateurs qui out signalé le singulier animal sur le- quel il repose. D’apres Chamisso et Eysenhardt leur Appendicularia flagel- lum (pl. 31 fig. 4) est un corps gélatineux, subovoide, a peine long de trois lignes, ayant des points rouges transparens in- ternes; un appendice gélatineux, cestoide, bordé de rouge, plus long du double ou du triple que le corps, servant a la natation par un mouvement d’ondulation trés marqué. Hab. le canal St. Laurent dans le détroit de Beehring. D’apres M. Quoy (Zool. Ast. p. 10) son genre Fretillaire est fondé sur un animal rencontré dans plusieurs mers et notam- ment aux environs du Cap de Bonne-Espérance. Son abondance était telle, qu’il teignait l'eau en rouge-brun. Ces Frétillaires se tortillent sur elles-mémes, et paraissent comme enveloppées dans une large membrane dont elles se séparent sans paraitre r. Pp. Lesson. — Sur les Beroides. 265 en souffrir. On en trouve beaucoup plus de libres que de munies de cet appendice. L’oIKOPLEURE BIFURQUEE. Oikopleura bifurcata Quoy et Gaym. Ast. pl.26 fig. 4. a 7 estdonc ce Fretil/aria si abondant sur la baie des Aiguilles et vis-a-vis la baie d’Algoa. Son corps est anguilli- forme, aplati, pointu a son extrémité qui est munie d'une na- geoire échancrée. Son axe est parcouru par un canal sur les cotés duquel on voit des granulations blanches. La partie qui correspond 4a la téte est surmontée dun capuchon membraneux tres délié, frangé, gu apparait un point rouge entouré de jaune. Cet animal sans cesse en mouvement, altere promptement l’eau qui le contient, meurt et devient opaque. L’Oikopleure serait-il une larve? XXIX* Genre. Prara. Praia, ? Quoy et Gaym. Corps? subgélatineux, assez mou, transparent, biriaire, dé- primé, obtus ou tronqué obliquement aux deux extrémités, creusé dune cavité assez peu profonde, avec une ouverture ronde presque aussi grande qu'elle, et pourvu d’un large canal ou sillon en dessus ( de Blainv. ). Oss. Ce genre parait étre fondé sur une vessie natatrice de Physsophore. MM. Quoy et Gaymard en font dans leur travail publié une Diphye. | 1. La Prara pourruse. Praia dubia. De Blainv. Zooph. p. 137; Diphyes dubia Quoy et Gaym. Ast. pl. 5 fig. 34-36. Corps subquadrilatere, arrondi, élargi 4 une extrémité, bilobé & autre qui presente une surface oblique, creusee d’une large ouverture 4 bourre- let, donnant dans un vaste entonnoir peu profond, avec des vaisseaux sy- métriquement rangés sur son pourtour, et gélatiueux , transparent, Hab. les rivages de Vile des Kanguroos 4 la Nouvelle-Hollande, 2. La Prata ve San-Yaco Praya diphyes. Diphyes prayensis, Quoy et Gaym. pl. 5. fig. 37-38. Corps mou, long de dix-huit lignes sur six de largear, arrondi sur une face, aplatisur Vautre, legerement échancre 4Vextrémité, oil est percée une 266 F. RAvIN. — Sur les Fanons. ouverture transyersale sans dents, munie d’une valvule mince, et donnant dans une cavite peu profonde, coniq e, communiquant dans un vaisseau qui occupe toute la longueur de Vindividu; sur Vautre face est un canal large, longitudinal, beant, forme par deux replis. Hab. le port de la Praya dans Vile de San-Yago. OsERVATIONS anatomiques sur les Fanons, sur leur mode d’inser- tion entre eux et avec la membrane palatine , Par F. P. Ravin, Docteur en médecine de la faculté de Paris, membre correspondant de l’Académie de médecine, etc. De grands Cétacés viennent quelquefois échouer sur la cote du département de la Somme. Celui qui y fut jeté le 16 aout 1829 était une Balénoptere a bec ( Balena rostrata Lin., Hun- ter; Balena rostrata borealis Quoy; Balenoptera acuto rostra- ia Lacépede ). Elle avait pour traits distinctifs les caracteres suivans : les deux machoires pointues, celle d’en bas moins ai- gué, pius longue et surtout plus large que celle d’en haut; des fanons courts, blanchatres en devant, la peau d'un noir foncé et luisant sur le dos et les cotés, d’un blanc nacré au dessous du corps; des plis longitudinaux et presque paralleles sous la gorge et sous la poitrine; une petite bosse sur la machoire supérieure au devant aes évents; deux éyents; une nageoire dorsale, placée a Pextrémité du dos et tournée vers la queue. (PI. x1, fig. 1.) Cette Balénoptere portait 41 pieds de longueur sur 6 a7 de hauteur et 20 de circonfeérence. La hauteur et la circonférence ont été mesurées vers le tiers de la poitrine dans la partie ou Panimal avait le plus de volume. | Cétait un jeune sujet, de sexe male, qui n’avait pas acquis tout son développement; car Jes vertebres n’étaient pas encore soudées avec leurs épipliyses. Il avait été blessé sur le coté droit par un fer qui fut retrouvé gE. RavIN. — Sur les Fanons. 267 «ot ££ dans sa poitrine. Il est probable qu’il mourut de cette blessure. Il fut amené sans vie par les courans sur la plage de Cayeux, pres de Saint-Valery; et il se trouyait alors dans un état de putré- faction assez avancé. On du s‘empresser de le vendre et de le dépécer, a cause des vapeurs fétides qu'il exhalait. Jai profité autant que je l’ai pu de cet échouement. La pré- cipitation obligée des travailleurs ne ma pas permis de fixer mon attention sur tous les organes; mais il m’a été possible de recueillir quelques observations sur plusigurs Wentre eux Je donnerai dans ce mémoire celles que j’ai faites sur les fanons. Si elles n’apprenaient rien de nouyeau, elles serviraient du moins a confirmer des choses qui sont encore incertaines. Afin d’étre plus exact et mieux compris, je donnerai d’abord la description des deux mach. ires. § 1. Lamachoire inférieure était composée de deux os unis an- térieurement par un cartilage, et terminés en arriere par un con- dyle qui s’articulait 4 la base du crane. Chacun de ces os était assez courbe; les arcs qu’ils formaient soutendaient une corde longue de pres de nenf pieds: ils avaient neuf pouces de diame- tre. — La‘partie de ces os 4 laquelle ou a donné le nom de branche était plus cylindrique que leur corps; elle avait le méme diametre. Sa direction était horizontale et un peu courbée de dedans en dehors: le condyle qui la terminait était a peine rele- vé. Elle était creusée dans son bord supérieur par un sillon obli- que, assez large, dans lequel passaient les vaisseaux et les nerfs maxillaires inférieurs dont le faisceau était recu dans un canal qui parcourait probablement toute Ja longueur de la machoire. Cette branche, longue d’un pied sept pouces, se terminait en devant par une élévation osseuse haute de cing pouces, dont la pointe oblique était tournée en arriere, et representait exacte- ment notre apophyse coronoide. L’orifice du canal maxillaire Se trouvait a sa base; il était large et fort évasé. Les deux os de la machoire inférieure étant réunis circonscri- vaient un espace dont la figure représentait 4-peu-pres celle d’un ovale privé de sa grosse extrémité. Sa longueur était d’environ neuf pieds; son plus grand diameétre placé aux trois quarts de sa longueur était de cing pieds et demi. ( Voy. pl, x1, fig. 2. ) 268 F. RAvIN. — Sur les Fanons. Une levre ferme et immobile, qui était en méme temps une gencive, recouvrait les piéces maxillaires et s’élevait au dessus d’elles en se déviant en dehors, mais en suivant leurs courbures, La plus grande élévation de cette levre et la plus forte acuité de son bord étaient aux approches de l’apophyse coronoide. Une vaste membrane, d’un tissu fort dense, d’apparence séroso- dermique, recouvrait intérieurement tout lespace circonscrit par les maxillaires: elle était d’une teinte rougeatre assez pale. La langue occupait une trés petite partie de cette vaste surfa- ce: elle n’avait que deux pieds de long et un pied de large. Elle était située a trois pieds de la pointe de la machoire et a deux pieds de ses bords. C’était un corps ferme, aplati, ellipsoide, et saillant de trois a quatre pouces au dessus de lamembrane buc- cale. En devant, elle se détachait de la membrane un peu plus que sur les cotés: elle y avait aussi le bord moins obtus et plus mince. La membrane qui recouvrait la langue était mucipare: elle était garnie d'unefoule de papillestres apparentes, qui paraissaient n’étre formées que de ses replis. Une bordure de papilles beau- coup plus grosses encore, entonrait Porgane, excepté en de+ vant. Un corps papillaire de méme espéce, ou un amas de ces mémes papilles existait sur chacun de ses cotés. Ces grosses pa- pilles oblongues et plates avaient de six a sept lignes de longueur sur quatre a cing de largeur. Aucune d’elles n’était revétue de papilles plus petites. — Sur le devant de la langue, vers la pointe la membrane parfaitement tendue paraissait lisse et dépourvue de papilles. Ses adhérences avec le tissu adjacent étaient fort étroites; on ne pouvait pas le plisser en cet endroit. A partir de ce point, une ligne médiane profonde divisait lor- zane en deux parties symétriques, un peu convexes, qui ne sé~ largissaient que vers sa base. Les fanons de la machoire supérieure posaient leurs crins dans l’espace que la langue ne couvrait pas sur la membrane buccale: ils en occupaient la plus grande partie. § 2. La machoire supérieure était 4 son extrémité de cing ou six pouces plus courte que l’inférieure. Elle avait la forme d'une pyramide triangulaire curviligne, couchée horizontalement. Sa F. nayin. — Sur les Faunons. 269 longueur était de sept pieds; sa base appuyée sur le crane, avait une largeur de cing pieds deux pouces et une hauteur de deux pieds sept pouces. Ses deux faces externes, unies et simples, étaient absolument pareilles et d’égales dimensions; sa face interne avait plus de largeur et une forme différente. Elle correspondait au palais. Elle offrait au milieu de sa surface, dans toute sa longueur une saillie obtuse et convexe, recouverte par la membrane pa- Jatine; et de chaque coté de cette saillie longitudinale une sur- face trés concave qui recevait la base des fanons. ( Voyez la fig. 3, pl. x1.) la machoire supérieure était principalement composée des os maxillaires supérieurs, des os du palais et des os du nez. Je ne dois m’occuper ici que de sa surface palatine. Elle était formée presque en entier par les maxillaires dont la carene présentait de chaque cdté une longue voute. Des sinus de différentes grandeurs, les uns tres longs et tres étroits, les autres courts et en forme d’anses, étaient pratiqués dans l’épais- seur de ces votites. Ces sinus, du moins les plus longs, étaient en partie osseux, en partie cartilagineux. Leur circonférence pres- que entierement constitu¢e par des lames osseuses était fermée _ par des cartilages ( fig. 3, b etc, pl xt. ). Les os du palais étaient plats et minces, ils touchaient 4 la base du crane et recouvraient la partie interne et postérieure des os maxillaires, dont ils cachaient la suture. Cependant ils s’é- cartaient en arriere pour former une sorte d’apophyse qui re- montait vers l’os temporal. Ils étaient longs d’un pied sept pou- ces et larges de huit pouces. Leur forme, en fa sant abstraction de leur apophyse montante, était a-peu-pres quadrangulaire. Ils ‘se touchaieat par leurs bords internes. —Ils augmentaient en arriere la saillie moyenne du palais et la profondeur de ses voiites latérales. ( fig. 3, d, d.) La membrane qui recouvrait le palais, confondue avec le tissu qui Pattachait aux os avait plus d’un pouce d’épaisseur dans Ja plus grande partie de son étendue, et beaucoup plus vers son extremité postéricure. Elle était unie, lisse et bien tendue; on n'y voyait aucune ride. Le fond de sa couleur était grisatre, légéerement teint d’une nuance rouge. Quanta sa forme, large 270 F. navin. — Sur les Kanons. dans sa moitié postérieure, étroite dans l’autre, elle reprenait en devant un pen de Jargeur; c’était un ovale long comprimé vers sa pointe (fig. 4, a, a.) Sa surface était convexe, divisée par un sillon en deux parties égales et symétriques. Son plan formait longitudinalement plusieurs courbures. Elle s’étendait de chaque coté pour recevoir les fanons, et pré- sentait alors une disposition toute particuliere que je décrirai plus loin. ( Voyez membrane des fanons. ) Une levre de méme texture que celle de la machoire inférieure bordait de chaque coté la machoire supérieure. Cette levré était moins large, plus aigué et plus élevée que lautre. Quand la bou- che était fermée, la leévre d’en haut était recue dans celle d’en bas. § 3. Deux rangs de fanons trés nombreux garnissaient les cotés de la machoire supérieure: ils occupaient la place des dents chez les autres mammiferes. Ils étaient courts et garnis de crins fort longs et fort tonffus. ( pl. x1, fig. 5 et 6, a,b,c,d,e. ) Tous cés fanons n’avaient pas la méme longueur: trés petits. sur le devant de la machoire, ils grandissaient progressivement jusqu’aux environs de la commissure des levres. La ils étaient longs de dix 4 douze pouces, mais dés-lors ils commengaient a diminuer. Plusieurs rangs d’autres fanons disposés transversale- ment et qui étaient de plus en plus petits, doublaient intérieu- rement celui-ci, formé des plus grands ct des plus extérieurs. Ceux qui se trouvaient le plus prés du palais étaient les plus pe- tits de tous, et la plupart d’entre eux finissaient par n’étre plus autre chose qu’un léger faisceau de crins, de fort peu de lon- gueur. Il en était de méme en devant et en arriére de 1a machoire aux extérmités de chaque rang de fanons (fig. 6). Le tiers antérieur des fanons était blanchatre: tous ceux qui venaient apres étaient d’un gris ardoisé. La couleur blanche ‘des premiers ne se nuancait pas avec la couleur grise des suivans ; le changement était brusque de l’une en l'autre. L’épaisseur des fanons variait suivant leur longueur: les plus étaient épais de deux lignes. Chacun de ceux-ci représentait une plaque triangulaire dont Je plan aurait été transversalement plié en deux courbures de ‘sens opposé, dans la forme d’une’S faible- ’ F. RAVIN. — Sur les Fanons. 271 ment sinueuse. Leur bord externe n’était pas équarri, mais aminci et tranchant; il avait une direction presque perpendicu- laire, ne se courbant un peu que vers la pointe. Le bord interne était oblique et garni de longs crins. ( Pl. x1, fig. 6. ) Les faisceaux de crins avaient absolument la méme compost- tion et la meme nature que les fanons, cétait la méme espece de fibres. On pourratt dire que les fanons ne sont pas autre chose que des crins reunis en plaques au lieu de Petre en filets. (Pl. x1, fig. 5, 6, 7,€, €. ) § 4. La hbase des fanons était enveloppée par un tissu blanc, de couleur mate, de nature cornée. Cette substance formait une suite de lames fibreuses qui étaient interposées aux fanons et servaient a les réunir les uns aux autres, de manieére a n’en faire qu'un seul corps. Voici comment ils y étaient rangés : chacun d’eux, apres y avoir pénétré, s’y divisait en deux lames aux- quelles on pourrait donner le nom de racines. Ces racines étaient un peu divergentes et ne s unissaient pas entre elles; mais cha cune était liée, par le moyen de la substance blanche, a celle du fanon voisin qui lui correspondait (pl. xt, fig. 6 et 7). Cette substance s’attachait 4 chaque racine d’ou elle semblait naitre, puis elle !es sarmontait, se courbait en passant de l'une a lautre et descendait entre elles. La longueur dont elle descendait était en rapport avec celle des fanons qu'elle unissait : cen était a-peu-pres la cinquieme partie. Elle avait beaucoup d’ad- hérence avec. les racines , principalement en haut. La, on eut dit qu'elle était formée d’un mélange de fibres longitu. dinales et transversalés. Elle devenait life en bas, entre. les plus grands fanohs, et sy terminait en un tissu de lamelles minces et transparentes, toutes compos€es de fibres longitadi- nales. L’épaisseur des lames de ce tissu blanc était partout égale a celle des deux fanons entre lesquels elle était placée. ( Pl. x1, fig. va et 8.) Ce qui se passait pour les fanons avait lieu aussi pour les fais- ceaux de ¢ring ou fanons internes, et pour les crins isolés. Chaque faisceau, chaque crin isolé, se divisait en déux racines qui penetraient dans le tissu blanc et se rattachaient ainsi au corps général dés fanouis. (Pl. xr, fig. * PCy €, é.) 279, PF. RAVIN. — Sur les Fanons. On voit, d’aprés cela, que la base de tous les fanons étant enveloppée et couverte par la substance blanche, celle-ci était seule visible en cet endroit, méme extérieurement. La surface supérieure de cette couche paraissait agréablement sillonnée de plis longs, sinueux et paralleles, puis de fentes droites plus ou moins courtes, et enfin de trous de différentes grandeurs qui étaient rangés avec symétrie. Ces longs sillons, ces fentes, ces trous divers, avaient une profondeur variable suivant leur po- sition et ’espece des fanons ou des faisceaux de crins auxquels ils conduisaient : ils marquaient ’écartement de leurs racines. (Pl. x1, fig. 5 et 10. ) La couche, ou la masse, formée par la substance blanche avait une largeur variable dun bout a lautre de la machoire. L’endroit out elle était le plus large correspondait a celui ou les fanons avaient eux-mémes les plus grandes dimensions. C’était la aussi qu’elle avait le plus de hauteur et d’épaisseur. Chacun de ses bords était comme une bande blanche qui recouvrait en dehors les fanons et en dedans les faisceaux de crins (pl. x1, fig. 5,f,g,h, 7). Le bord externe, placé contre la levre, était a-peu-pres des deux tiers plus large que interne. Celui-ci n’avait pas plus d’un pouce quand le premier en avait pres de trois. Ces deux hauteurs étaient les plus grandes. Le plan vertical de chaque lame de substance blanche avait la forme d'une espece de trapeze. Son coté ou bord interne s’u- nissait a celui de !a membrane palatine, qui était expres coupé d’une maniere abrupte , et dont l’épaisseur variait partout de la méme maniere que lagsienne. (Pl. x1, fig, 5, g, i, et fig. 8.) | La substance blanche était ferme et solide, mais plus tendre, moins élastique et plus fragile que celle des fanons. § 5. Une membrane qui paraissait étre une suite ou une dé- pendance de la membrane palatine reconvrait de chaque coté tout l'espace que les fanons occupaient sur les os maxillaires su- périeurs. Elle était placée entre ces os et les fanons ; cétait elle gui les attachait sur les machoires et qui leur fournissait des sucs nutritifs. Toute sa surface était marquée de sillons nombreux, paralleles et symétriques, qui correspondaient aux saillies ar- rondies et obtuses de la substance blanche, Ces saillies, produites F. RAVIN. — Sur des. Fanons. 273 par la base de chaque lame blanche, étaient recues dans les sil- lons de la membrane, et elles y adhéraient si fortement, qu’elles y laisserent des éclats de leur tissu lorsqu’on arracha de la ma- choire la masse entiere des fanons. (Pl. x1, fig. 4, b, 6.) Entre chaque sillon sélevait de cette membrane une lame charnue assez mince et a demi transparente, de forme triangu- laire, ayant une tongue base et peu de hauteur, mais surmontée par de nombreux faisceaux de filets fibrilleax dont la longueur décroissait réguliérement de dehors en dedans. Cette suite de lames représentait une série de petits fanons charnus, trés mous, rouges et encore tout inibibés de sang comme la mem- brane dou ils naissaient. Ces lames vasculaires étaient destinées a pénétrer dans le tissu méme des fanons; eiles passaient entre leurs racines et comblaient les fentes qui se voyaient a leur base dans la substance blanche. ( Pi. x1, fig. 9g, 6, 5.) La méme chose avait lieu pour les simples faisceaux de crins. Il naissait de la membrane palatine des faisceaux de fibrilles qui sinsinuaient entre les racines de ces crins et se répandaient dans leur tissu jusqu’a une profondeur déterminée. Cette profondeur devait en égaler le quart ow le tiers, si j’en juge d’aprés la lon- gueur des lames et des fileis charnus que j’ai pu relever sur la membrane ou ils étaient contractés. La membrane avait beaucoup d’épaisseur en arriere; 1a elle était d’un pouce pour le moins, et elle augmentait beaucoup encore et d'une maniere trés rapide si l’on reculait davantage vers la gorge; mais elle diminuait graduellement en avancant vers le museau : elle finissait par n’y pas avoir deux lignes d’é- paisseur. Sa force n’augmentait pas, comme celle de la sub- stance blanche, suivant la force et la longueur des fanons. Elle s’unissait avec la lévre par son bord externe et se con- fondait par l'autre bord avec la membrane palatine moyenne. Elle adhérait aux os maxillaires par deux moyens : 1° elle s’u- nissait avec leur périoste; 2° elle faisait passer a travers les sinus pratiqués dans l’épaisseur de ces os, des especes de cordons en forme d’anse, qui revenaient a elle apres les avoir parcourus. Ces cordons étaient gros, courts et nombreux en airiére; trés longs au contraire et plus greles vers la partie moyenne et sur V. Zoou. — Mai. r$ 27h F. Ravin. — Sur les Fanons. Je devant de la machoire. Les plus gros contenaient deux tubes vasculaires assez larges; les autres n’en portaient quun seul: Il paraitrait qu’ils servaient 4 la nourriture des os maxillaires en méme temps que d’attaches 4 la membrane des fanons (meme= brane palatine latérale). : Le tissu propre de la membrane était mou, remplide fluides et composé de fibres mélées, intriquées, rouges, et laissant entre elles des aréoles étroites. et nombreuses. Cette membrane’ n’é- tait-elle que celluleuse? n’avait-elle rien de musculeux?. Les lames et les filamens qui pénétraient dans. les, fanons. n’étaient- ils que vasculaires? ne servaient-ils. pas 4 les. mouvoir, ainsi. qu’a les nourrir? L’apparence des fibres en donnait:Vidée ;, mais leur intrication, leur mélange confus en détournait. Je remarquais en méme temps que si les fanons étaient. mobiles, ils ne devaient exécuter qu'un mouvement de masse, et que ce mouvement, gui est, ace que lon dit, tres apparent dans les plus grands Cétacés, devait étre faible dans cette Baleinoptere. Je ne puis dire positivement comment la substance blanche était alimentée; je présume qu'elle l’était directement par imbi- bition, ou. par absorption, parce que son tissu était intimement uni, a.celui,de lamembrane des fanons. — Qu’est-ce que la substance blanche par rapport aux fanons? Sa fonction principale était de les unir entre eux: elle représen- tait un bord. alvéolaire plutot encore qu'une gencive. Ce bord alyvéolaire , au lieu d’étre composé d’une matiere osseuse, était fait d'une matiere cornée, analogue 4 celle des fanons, qui, eux, représentaient les: dents; car tout l'appareil masticatoire du.Cé- tacée devait étre souple et flexible. La membrane vasculaire était Yanalogue de nos.membranes dentaires, et. se trouvait,aussi dis; posée de maniere a, ne pas diminuer la mobilité de lappareil-. L’analogisme de l’émail de nos. dents se retrouvait dans. ’épi- derme lisse et durci qui recouvrait les fanons. Quant aux gen- cives, destinées. & couyrir, et.a nourrir.les,machoires beaucoup plus qu’a maintenir. les dents.en. place, j ai.pensé qu'elles.se con fondaient avec les levres.dans cette. espece de Mammiferes, F. RAvIN. — Sur des Fanons. 275 EXPLICATION DE LA PLANCHE XI]. s Fig. r, Bauenortire a Bec, Balenopiera acuto-rostrata, Lacépéde. —- Balana rostrata, Hunter. — Ba/ana rostrata borealis, Quoy. ; DIMENSIONS DE L’ANIMAL. pieds. op. 1. a,s, Lorgueur totale, du museau.a Penfourchure dela queue, 42 » 2 m,n. Wantenr, prise au tiers de la poitrine a2 oe cere ccceene 7 » » Machoire supérieure. a,d. Longueur, du museau a la partie antérieure du crane..... q » » da. Largeur a sa base, audevant du crane, au-dessus des CRU LEGIT OE ics creel entire ie) SIRICUETK 2 bec Olete ake s 5 2 2 @, c. Hanteur, vis-a-vis de la commissure des iévres . ... +. +008 I 6 » b. Bosse sus-maxillaire, a 4 pieds 8 pouces du museau. Leongueur.....¢. I 4 » FEQUL CHI 6..0.0,2:9.0 D 3 » c,d. ‘Events, courbes, semi-!unaires, opposés par leur convexi- te; séparés par une cloison, marquee d’un sillon li- WNC. LANEUS os ce ois 6 ab ss dace vn 0, 4cBne.s ised ceed I 2 » Machoire inférieure. a, d', PIOMMCUE ssw ,o!sic's o'0 ace 016 ave) aie lolin/e ie jeheidia de chalets « 9 6 n eof. ‘Hauteur, vis-a-vis de la commissure des lévres......... a » J, & ¢ — Hauteurs réunies des deux machoires..........00+ 4 I » ‘(Cette mesure peut-varier, la poche sous-maxillaire étant dilatable et contractile. ) ee eA MEVEN TOHPUCHT 26. ccc esc ea ee ce wand en aes sat) OOD » Membres thoraciques, étvoits et.courts, g- . Epaule. d, Aisselle, a 15 pouces au-dessous de !’épaule. gk. Cote anterieur, long REE 6c Au uebldlscue, atédad ash eeeienene:, ote 4 Li) “Lh. BIGIE OSCSOMEME FORT UG. 10, 0s0z8) o.5;0,0:0:e:04sigiciagelaieleie #000 3 I > i, Saillie anguleuse, imitant le coude, aun pied de Vaisselle, a Porigine du carpe,, entre.le carpe et le cubitus. Nageoire dorsale, 4 g pieds 4 pouces de la queue. P> % er REIN Tavcilel's/ aie. all a\ecayaie.6.0;8. 6 ay6y soassanne scoburaneie 3 ” Gy? TEAMTCUT, A UCSSUS UU OS. cece sk ccc ceccesecceesay | a q ™ nm L’échancrure est ouverte de ...sasscerseceevveren 9 4 6 276 F. Ravin. — Sur des Hanons. Queue, nageotres caudales ; horizontales. t, & Largeur ou base de chaque nageoire....,...esee0008 2 9 ° u,s ety, s, Hauteur de chaque nageoire. 2.0... cccececeecsoers 4 2 », u,v. Largeur de Venfourchure sss: tees siesaieds eed vtdacy gf 18 4 > o. Anus , i 12 pieds de la queue. Nota. Toutes ces mesures sont rigoureuses : elles ont été prises avec soin sur l’animal méme. Je doute que nous possédions jusqu’’ présent une bonne figure de la Balénoptere a bec. Celle quia été publiée dernierement pour le nouveau Dictionnaire @histotre naturelle etait quune copie amplifiée de celle qu’on voit représentée en trés petit dans les planches de louvrage de Bloch sur les poissons. Or on sait ce qu’il faut penser en général des figures de cet ouvrage, L’amplification de ceile dont il s’agit en rendent plus évidentes les inexactitudes, qui étaient principalement remarquables dans Ja mollesse et la grandeur des bras. C’est ce qui m’a engagé a donner la figure nouvelle que je joins 4 ce mémoire. Elle est assurement plus exacte, car elle a été faite en vue de l’animal méme et d’apres des mesures rigoureusement prises sur di- verses parties de son corps pour en repreduire fidélement Ics dimensions. be Fig. 2. La machoire inférieure. a,a,a. Les maxillaires inférieurs recouverts par une levre. b, 6. Membrane buccale. c, c. La langue. — On remarque a sa surface supérieure deux corps papillaires tres ‘déve- loppés; d, d, — etsur le bout un espace ovale, déprimé, concave, ol Ja membrane est lisse, tendue et dépourvue de papilles; e.-— Le bord supérieur de la langue est frangé par de grosses papilles pareilles a celles qui se voient en d. La langue est adhérente par toute sa face inférieure a Ja membrane buccale, elle ne peut exécuter sur elleeméme que les mouvemens les plus bornés; mais l’extensibilité de la mem— brane et l’extréme laxité du réseau lamineux subjacent me laissent croire qu’elle en pourrait faire de plus étendus, qu’il lui serait aisé de s'avancer jusqu’au bout de la michoire et de se diriger en divers sens vers ses bords. f. Tissu lamineux fort lache, séreux, 4 grandes lames, alongues cellules, situé entre la peau et la membrane buccale. g- Réservoir aerifere. La rapidité avec laquelle le dépecements’est effectué nem’a pas permis de constater l’exis~ tence de ce réservoir, (Voy. Hist. Nat. des poissons, par Bloch, tom. 1x, p. 153, édit. de RR. Cassel. et Dictionn. des Sc. natur., tome 111, pag. 422 ). h,h,h. La peau au dessous de la machoire. — On y voit des plis ou sillons paralléles qui s’enfoncent jusque dans le tissu adipeux, Ils ne sont pas bornés au dessous de la machoire; ils s’étendent aussi sous la gorge et sous la poitrine, Ils sont placés assez réguliérement a deux pouces les uns des autres ; leur profondeur est de six lignes et ils peuvent s’ouvrir d’autant. Ils sont probablement destinés a suppléer a ce qui manque d’extensibilité & la peau et au tissu adipeux, lorsque l’animal respire et surtout lorsqu’il remplit le reservoir aerifere g dont on assure qu'il est pourvu. . La peau est noire sur tout le dessus du corps, mais elle prend une teinte grise et nacrée en dessous. Dans Vintérieur des plis elle redevient noire. Je n'ai pas trouvé de glandes salivaires 4 la machoire inférieure et je n’ai pas vu qu’il en existat dans aucune autre partie de la téle. F. RAvIN. — Sur les Banons. 277 Fig. 3. La machoire superieure. Surface palatine osseuse. a, a. Les os maxillaires réunis et formant au palais une double voute creusee par des sinus de différentes sortes. 5,6. Sinus en forme de sillons. c,c,c. Sinus en forme d’anses. d,d. Os palatins. Fig. 4. Membrane palatine. a, @. Membrane palatine moyenne, lisse, tendue, divisée en deux parties par une ligne me- diane longitudinale. b, 6. Membrane palatine latérale ou membraue des fanons. On y voit une foule de petits sillons de grandeurs inégales, disposés sur plusieurs rangs et destinés a recevoir la base des fanons. De chaque bord de ces sillons s’élévent des expansions charnues, vasculaires, qui penetrent dans les fanons, entre leurs racines. Dans la figure ces membranes sont contractées. On les a indi- quées par de simples traits. (Voy. la fig. 9.) Fig. 5. Masse de fanons réunis entre eux. a,a. Les fanons du premier rang ou fanons extérieurs. b,c. Fanons du 2° et du 35° rangs, ou fanons internes. d,e. Crins isolés, simples. fig, h, i. Masse de substance blanche enveloppant les racines des fanons. fi g- Bord externe formant une bande blanche sur la base des fanons du premier rang. Cette bande s’appuie contre la leévre. . h,i. Bord interne beaucoup moins élevé qui adhére 4 la tranche de la membrane palatine moyenne (fig. 4.) g,i. Lame en forme de trapeze qui descend entre deux fanons. Fig. 6. Des fanons de divers rangs et des crins simples. Ils sont séparés les uns des autres et detachés de la substance blanche qui les enveloppait. a, Fanon du premier rang. b, c,d, Fanons des 2°, 3° et 4° rangs. e. Crin simple, isolé. fpg- Racines écartées du fanon externe. f/,g- Racines des fanons internes, disposées de meme maniere. Fig. 7. Fanons unis par Ja substance blanche. a,b, Fanons externes. —/, g. racines du fanon a. — /,7, racines du fanon 5, —~ gs 0, racines dont l’une appartient au fanon a, et l’autre au fanon 4, et qui sont toutes deux recou- vertes par des replis de la substance blanche. — /, lame de substance blanche qui descend entre les deux fanons a et 4, et dont les replis embrassent leurs racines 2 et h. —c, dye, e’. fanons internes et simples crins, disposés comme les fanons externes a Végard des lames de la substance blanche et unis par elle de la meme maniere. Dans cette figure les fanons sont beau- coup plus écartés et les fanons sont plus distans qu’il ne doivent létre. Cn I’a jait expres pour qu’on en distingue mieux l’arrangement. Fig. 8. Lame de substance blanche isolée. Elle est divisée artificielless nt suivant les rangs des fanons auxquels elle correspond. é. Lame, p,p. replis qui s’attachent aux racines des fanons 2 droite et a gauche. 278 VANBENEDEN. ~~ Anatomie de ¢’ Helix algira. Fig. 9. Morceau de membrane palatine, au dessous des fanons qui s’y doivent altacher. La partie latérale de cette membrane présente quelques-unes des expansions charnues et vasculaires qui s‘insinuent dans les fanons. a, a. Portion de membrane palatine. b, 6, Lames vasculaires relevées et étendues. c, c. Lames vasculaires contractées et rabattues sur la membrane, entre les sillons de laquelle elles forment des saillies de couleur rouge. d, d, d. Fanons dans la base desquels doivent pcenétrer les lames vasculaires. Fig. ro, Cette figure a été faite pour suppleéer & la fig. 5 dont la petilesse ne permet pas de voir assez clairement Ja disposition des lames de la substance blanche a la base des fauons. Les lames qui couvrent les fanons du premier rang sont foutes disposées réguliérement en une longue série extérieure, unique, dans laquelle elles diminuent graduellement de longueur et d’épaisseur vers chaque ext) émité. — Les lames des fanons internes du 2° et du 3° rang sout disposées au contraire par séries courtes et multiples, dans lesquelles elles varient symeétrique~ ment de longueur , a-peu-prés comme des tuyaux d’orgue. Le nombre de ces tuyaux n’est pas égal pour chaque série. — Les lames du quatriéme rang sont aussi Cisposées en petites séries ; mais elles se trouvent dans un sens inverse. Elles se présentent a ceil comme de simples fentes, tant la lame blanche y est devenue mince. Elles sont placées entre les divers rangs de fanons internes pour combler les espaces qu’ils laissent entre eux. Il en est de méme des trous qui correspondent aux racines des simples crins. ‘ Mimorre sur Vanatomie de l’Helix algira, Par le docteur VANBENEDEN, Professeur & Puniversité de Louvain. ‘Mémoire présenté 4 ? Académie de Bruxelles dans la séance du 8 aotit 1835. ) Danis ces derniéres années , les Coquilles fluviales et terrestres ont été objet de recherches particulieres et tres assidiies. Les eéologues, sentant vivement le besoin de connaitre les dépouilles de ces Mollusques, ont excité l’ardeur des malacologistes, et en quelques années on a vu les cabinets enrichis d’un nombre considérable de coquilles rapportées de tous les points du globe, et appartenant & presque tous les genres de Pulmonés; mais il, n’en est aucun qui ait vu le nombre despéces s'acc. oltre comme celui des Hélices, et qui ait nécessité plus de subdivisions. VANBENEDEN. — Anatomie de l’Helix algira. 279 Différens auteurs ont essayé de les grouper dans des sous- genres; mais n’ayant pris pour guide que la coquille sans ‘s'ap- puyer sur l’animal qui la produit, leurs coupes sont plus ou moins artificielles, et on en ignore absolument ta valeur. Différens zoologistes avaient senti, depuis long-temps, ‘la nécessité de ne pas s’écarter de la méthode naturelle, et M..de Blainville avait méme déja signalé sur quels organes intérieurs la distinction des especes pouvait se baser; mais jusqu’a présent on mavait pas cherché a mettre ces principes en pratique, et le veritable moyen de parvenir, par la connaissance Enh SORES, a l'établissement rigoureux des genres, sous-genres et especes était encore négligeé. C'est en partie pour parvenir a ce but que j'ai commencé ces recherches, et que j’ai pris un Helix dune subdivision assez naturelle, pour m’assurer de la valeur de ce groupe et savoir jusqu ou s’étendent les variations dans les différens appareils. L’espece qui fait le sujet de ce mémoire habite le midi de la France et le nord de l’Afrique. Les individus qui ont servi a mes recherches m’ont été généreusement communiqués par M. le professeur Laurent, qui s‘occupe depuis quelque temps a ob- server les moeurs de ces curieux animaux. Je donnerai d’abord Vanatomie absolue de lanimal, que je comparerai ensuite a | Helix pomatia, lequel peut étre considéré comme type du genre, et en meme temps de la subdivision de ceux qui affectent la forme globuleuse. Cest de cette espéce que Cuvier a donné l'anatomie; nous verrons, par suite de la comparaison, les applications qu’on pourra faire des disposi~ tions anatomiques. Ayant trouvé dans deux individus une sorte d’atrophie dans les organes de la génération, soit par suite de la captivité des animaux, de leur nourriture ou de l’époque de l'année, je join- drai une figure de ces organes tels quils se sont présentés; ils pourront quelquefois aider a nous mettre sur la voie de la véri- table détermination de certains organes encore douteux , je veux dire du testicule et de Povaire, sur la nature desquels on est loin d’étre d’accord. Systeme nerveux. — Ge systeme est formé sur le méme type i 280 VANBENEDEN. — Anatomie de (Helix algira. que celui des autres Gasteropodes , mais il se fait remarquer par le grand nombre de nerfs qui partent du collier nerveux. On apercoit d’abord deux ganglions sus-cesophagiens qui re- présentent le cerveau et qui sont contenus dans un névrileme tres lache; ces deux ganglions sont unis par une commissure. I] part de chacun de ces ganglions le nerf optique, le nerf du tentacule inféricur, dont le rameau principal se perd autour de la hanche, les nerfs qui se rendent aux petits muscles ex- trinseques de la bouche, les nerfs qui se rendent & la peau qui recouvre la téte, un nerf du coté droit qui se rend a la verge, et les deux filets qui forment:le collier par une réunion avec les ganglions inférieurs. Inférieurement a l’cesophage, il y a quatre ganglions réunis en une seule masse, dont ceux du milieu fournissent les nerfs qui,se rendent,aux, principaux viscéres, et les autres filets in- nombrables, quien partent vont se perdre dans le pied, le man- teau et les muscles rétracteurs. | . Le-nerfoptiqae se laisse parfaitement disséquer jusqu’2 sa terminaison. [1 part du cerveau, entre dans le tentacule en for- mant plusieurs zigzags, comme le montre la figure, et se perd dans le globe de l'oeil. On congoit bien pourquoi le nerf doit se replier sur lui-méme, le globe de loeil étant a lextrémité du tentacule, lorsque celui-ci s’épanouit. Systéme musculaire. — Le pied qui est musculaire dans toute son étendue,-et dont les fibres s’entrecroisent en tout sens, s’effile considérablement pour pouvoir entrer dans Pouverture étroite de la coquille. Il est entouré par le collier, qui serre le pied comme un sphincter, et dont le bord est musculeux et tres épais; les fibres musctlaires diminuent a mesure qu’il s'enfonce dans la coguille. Immédiatement au-dessus de la partie infé- rieure, on voit le muscle rétracteur du pied, dont les fibres sentrelacent avec celles de cet organe, et qui va sattacher pos- térieurement a la columelle de la coquilie; il sert a tirer le pied au dedans de la coquille. En dessus de celui-ci est un autre muscle columellaire; il s'unit antérieurement a la paroi mus- culeuse de la cavité buccale, et il s'attache a la columelle der ricre le précédent; c’est le muscle rétracteur de la bouche. VANBENEDEN. — _/natomie de l Helix algira. 281 Au-dessus de celui-ci, qui forme comme un plancher sous Poesophage, on trouve les muscles propres des tentacules, qui prennent leur attache sur sa surface; ils sont réunis postérieu- rement et forment le rétracteur commun des tentacules. Le muscle rétracteur de la verge va prendre son point d’at- tache sur les parois de la grande cavité viscérale; il est tres développé dans cette espece. Tous ces muscles que nous venons d’énumérer apres le pied sont des muscles rétracteurs, sauf un seul qui agit comme sphinc- ter. Il y a au tentacule oculaire deux petits muscles tres distincts qui produisent Je mouvement contraire des précédens. Ils s’at- tachent d’un cété a Venveloppe de l’ceil et de lantre coté a la peau. Cuvier ne parle pas de ces muscles dans/’Helix pomatia. s iéme digestif. — La bouche est armée comme dans toutes les espéces de ce groupe d'une piece cornée assez solide, dont la moitié qui est tres dure fait saillie en dehors, tandis que le reste est engagé dans |’épaisseur des muscles. Cette piéce ressemble beaucoup.au bec des Céphalopodes avec lequel on ne peut sempécher de le comparer; elle est adhérente a la voute de la bouche. il se trouve inférieurement, sur la masse musculaire, un autre piece cornée enclavée de méme dans l’épaisseur des mus- cles et considérée généralement comme Ja langue. La piece supérieure présente au milieu une saillie recourbée en avant qui lui donne cet aspect de bec d’oiseau, tandis que la piece inférieure est beauconp moins solide et se trouve repliée vers son milieu sur elle-méme. Elle est divisée en deux par- ties : Pune postérieure est adhérente aux muscles; l'autre moi- tié est entierement libre et mobile et peut jouer dans la cavité de la bouche: c’est sans doute 4 cause de cela qu’elle a recu le nom de langue. Sur toute la surface de cette lame on remarque des crochets tres fins qui servent a retenir et a broyer les ali- mens par le point d’appui qu'elle offre a la dent supérieure. Ces crochets sont disposés d’une maniere trés réguliére en formant _des dessins qui semblent caractéristiques lorsqu’on les examine au microscope. Ce serait peut-etre un moyen tres avantageux a employer pour la détermination des espéces douteuses. 82 VANBENEDEN. —— sZnatomie de T’Helix algira. La cavité buccale est tres musculeuse, surtout & sa partie iférieure. Ses principaux filets nerveux sont fournis par le gan- glion sous-cesophagien. L’cesophage commence dans la votite de cette cavité. Les glandes salivaires l'enveloppent presque immédiatement apres sa sortie du collier nerveux, et il reste d’un volume égal jusqu’a ce qu'il se rende. dans le foie. [ei se montrelestomac en forme de sac tres allongé et a p«rois aussi minces que dans le reste iu tabe digestif. Liintestin se contourne immédiatement apres sa naissance, produit encore un léger renflement, vient barrer en avant lextrémité du foie et va s‘ouvrir 4 l’extérieur aprés avoir formé une anse dans I’intérieur de cette glande. Les glandes salivaires sont trés volumineuses et entourent parfaitement loesophage. Elles forment un véritable anneau ‘et donnent naissance aux conduits excréteurs qui se rendent par dessous le cercle nerveux, dans la cavité buccale a travers les parois supérieures. Le foie est trés volumimneux. Il est divisé en deux parties dont lune forme avec lovaire ie tortillon, tandis que autre entoure les intestins en forme de lobules. Les canaux biliaires répandent le produit de la séerétion dans lintestin immeédiatement aprés son origine. Systeme circulatoire.— Le sang se porte par un grand nombre de subdivisions de ses vaisseaux ala veine pulmonaire,ete’est-sur son trajet que se fait ’hématose. Le réseau vasculaire est tres ré- gulierement placé sur les parois supérieures du sac pulmonaire et la veine nait sur la ligne médiane de la réunion de tous ces vaisseaux. L’oreillette est petite et comprise dans le péricarde. Il se trouve un rétrécissement entre elle et le coeur. Le péricardeest uni aux parois du sac pulmonaire. Le coeur se meut librement dans son intérieur. J’aorte nait a l’extrémité opposée de la veine pulmo- naire, et elle se divise en différens rameaux qui vont se perdre dans le corps. L’organe de la viscosité, que M. de Blainville regarde comme un organe de dépuration, est situé dans les parois supétieures du sac pulmonaire a coté du coeur et de la veine pulmonaire. Il VANBENEDEN. — Anatomie de (Helix algira. 283. est allongé, arrondi aux deux extrémités. Sa texture dénote sa nature glandulaire. On Vapercoit 4 Vextérieur a travers la peau qui recouvre le dos. Systeme générateur. -— La détermination de ces organes prin: cipaux étant encore un pomt en litige, puisque les uns regardent comme testicule ce que les autres considerent comme ovaire, et vice versa, jai di choisir entre ces deux déterminations, et j/al pris celle de Cuvier et de Carus ; mais je n’ai point jusqu’a présent la conviction que telle est la détermination précise qu'on doit donner des uns ou des autres. Le testicule est situé a l'extrémité postérieure du second ovi- _ducteoude la matrice. Lest assez volumineux, de couleur jaune et dun aspect luisant. Il reeoit de Povaire logé dans le foie le pre- mier oviducte ou bientles paroisdece premier oviducte se con- fondent dans son propre tissu. Le canal déférent par lintermede dune glande tres allongée et située tout le long de lamatrice, pa- rait venir aussi aboutir acet organe. Cette glande, qui est surtout tres développée dans les Limnées ou elle forme une grande po- che, estretnarquable iei, de méme que dans / Helix promatia par sa grande étendue. La nature de cet organe de méme que sa fonction sont encore inconnues. Le canal déférent est long, arrondi et d'une consistance assez grande. Il est diversement replié dans les parois étroites que lui laissent les organes environnans, et il va aboutir 4 lextré- mité de ia verge. Al’endroit ou le canal déféreut se rend dans la verge, il y a un grand et fort muscle rétracteur, qui prend son point d’appuisur la portion membraneuse qui sépare le sac pul- monaire du sac viscéral, et qui retire cette organe apres l'acte de la copulation. Vers le milieu de la verge on apercoit un bourrelet dont les bords sont libres et flottars. L’ovaire est situé dans le foie comme dais le plus grand nom- bre de Mollusques, et cette disposition, qui se trouve jusque dans les Bivalves, est tres favorable 4 cette détermination. L’ovaire dans cette espéce nest point aussi nettement distincte que cans les autres Pulmonés, et il se trouve logé 4 Vextrémité des tours de spire. Le premier oviducte qui nait par plusieurs ra- mifications de cet organe et qui longe le coté interne des tours 284 VANBENEDEN. — .4natomie de (Helix algira. - de spire, ou le bord columellaire, se replie différentes fois sur lui-méme en se séparant du foie, et apres de nombreuses cir- convolutions, il se rend au testicule. Jai trouvé des Zoosper- mes dans lintérieur de ce canal qui est le méme que celui ot Prevost de Geneve en a trouvé le premier dans les Limnées. (1) A l’extrémité antérieure du testicule nait comme nous venons de le voir le second oviducte ou la matrice. Elle est assez large et fortement festounée comme un intestin. Cette matrice se rend dans une poche semblable a celle qui loge Je cristallin dans Helix pometia et ot aboutit également un canal qui provient de la bourse du Pourpre. Cette bourse du Pourpre envoie son conduit dans la bourse commune, a cOté de la matrice, et les parois de l'un et de l'autre semblent étre continuées. La bourse qui est assez grande est attachée au second oviducte ou'ma- trice. J'ai trouvé dans VPintérieur de cette bourse des animal- cules en aussi grand nombre que dans le premier oviducte. (2) A Yendroit ou s'insérent dans l Helix pometia \es vésicules multifides, dont la fonction n’est point encore connue, il y a tout autour de cette poche une glande qui a un aspect granulé et qui remplace probablement les vésicules des autres Heélices. Labsence de ces appendices et la simple réunion de la poche du Pourpre avec la matrice a lextrémité de cette poche rend cette partie de l'appareil extrémement simple, tandis qu’on a de la peine a le débrouiller dans les autres Hélices. Je me borne dans ce moment al’énoncé des faits, me réser- vant de chercher la solution de plusieurs de ces problemes phy- siologiques, dans un travail spécial sur les organes de la géné- ration de ces animaux. Atrophie de Vappareil de la génération. Dans la disposition anomale que nous avons indiquée en (1) De la génération chez les Limnées. (Mém. de Ja Soc, de physique et d'hist. nat. de Ge- neve, tom, rv. 2. livr.p, 171.) (2) M. de Blainville ( Actinologie, p. 596) rapporte qu’il a trouvé des zoospermes dans Yorgane que Cuvier appelle testicule et dans celui qu'il considere comme lovaire. } : | : VANBENEDEN. — Anatomie de (Helix algira. 285 commencant, et qui est représentée a la figure 5, l'appareil . est d’une petitesse telle que cest a la faveur de la forme que la verge a conservée, et de ses rapports avec les autres organes, qu’on le reconnait pour ce quil est réellement. Le testicule est extrémement petit. On ne trouve presque au- cune différence entre lui et le reste de l'appareil. La glande ( prostate ) qui est accolée contre la matrice ne laisse que quel- ques traces légéres de son existence. Le canal déférent l’appen- dice de la verge, et le muscle rétracteur sont réduits 4 une grande minceur. Lovaire logé dans le foie est 4 peine visible, de méme que son premier oviducte. Le second oviducte semble ne pas étre diffé- rent du testicule, et ilse rend avec le canal de la bourse du Pourpre a la poche commune comme deux cordons sans aucune dilatation ou boursouflement. Comparaison de Helix pomatia avec l’ Helix algira. Nous examinerons les mémes appareils d’apres ordre que nous avons suivi dans leur description. Le systeme nerveux offre dabord cette différence dans le cerveau, que l’Helix pomatia n’a en dessus de Poesophage qi’un cordon nerveux, tandis que dans l’Helix algtra on apercoit dis- tinctement sur Ja lrgne médiane, deux ganglions qui sont unis entre eux par une commissure. Aun lieu d’avoir un gros cordon de ’épaisseur du cerveau pour former le collier nerveux, il n’y a dans l'al/gira que deux filets d’une assez grande ténuité, qui lient laportion sus-cesophagienne a la sous-cesophagienne. Pour troi- siéme différence on peut signaler le nombre prodigieux de nerfs qui sortent dans | Helix alzira du cerveau et des ganglions sous- cesophagiens, tandis qu'il est facile de compter le nombre de fi- lets beaucoup plus gros qui proviennent surtout de lanneau nerveux de I’ Helix pomatia. Le canal digestif présente surtout une différence dans les pieces cornées qui arment la bouche. Dans I’ Helix pomatia \a piece supérieure offre sur tout son bord libre des dentelures qui se continuent en autant de cannelures sur sa surface ant¢- 286 VANBENEDEN. —- -/natomie de l’Helix algira. rieure; la forme de cette piece dans Helix algira rappelle an contraire celle des Céphalopodes. La partie moyenne est bombée sur le milieu et tranchant sur tout son bord libre. Cette disposition explique parfaitement pourquoi cette espéce sem- ble se distinguer par ses mceurs des autres espéces. L’cesophage est entouré dans Helix algira des glandes sali- vaires constituant une masse unique, tandts que dans l Helix po matia, ces glandes enveloppent lestomac méme et se divisent en plusieurs ramifications disposées autour de cet organe. Dans PHelix pomatia,a quelque distance de l'estomac, lintestin offre un coecum a l’endroit ou les vaisseaux biliaires se rendent; dans |’ Helix algira Vintestin est continu et il présente un second renflement allongé immédiatement apres qu'il s'est atrophieé sur lui-meéme. C’est dans les organes de la génération gue nous.allons voir les différences les plus marquées. L’appendice de la verge a de meme que le canal de la bourse du Pourpre un volume beaucoup plus-considérable dans Helix pomatia; dans Va/gira on ne voit quun trés petit appendice a la verge, et le canal de la bourse du Pourpre est tres court et attaché a la matrice, | L’organe femelle n’offre que peu de difference jusqu’a Ven- droit ot Jes différens conduits s’unissent dans la bourse com- mune. Dans I'H. pomatia nous voyons une bourse du dard, des. deux cotés de Vextrémité de loviducte, un.amas d’appendices abou- tissant a un canal’commun, et la conduit de la-bourse du Pour- pre qui aboutit.a ce méme oviducte avant les appendices dont nous venons de parler. Dans |’ Helix algira, nous ne distinguons pas de bourse du dard ,.ou du moins la bourse ne contient point un corps cristal- lin, et oviducte’s'abouche au fond de cet organe, avec le con- duit de la vésicule du Pourpre. Il.n’y a:point de vésicule multifides, mais on voit ala place un corps glandulaire entourant entiérement cette bourse ;comme ain anneau atitour du idoigt. : | | 4 VANBENEDEN, — _4natonvie de (Helix algiva. 287 Nous résumerons nos différences ainsi qu'il suit : 1° Il y a deux ganglions représentant le cerveau dans l Helix algira et quatre ganglions inférieurement; al n’y a qu’un anneau nerveux sans ganglions distincts, si ce nest le supérieur et lin- férieur dans !’Helix pomatia. 2° Lenombre veritable de filets nerveux sortant de ’anneau nerveux est beaucoup plus considérable et les filets plus tenus dans Helix algira que dans.V Helix pomatia. 3° Les glandes salivaires entourent l'cesophage dans @algira et Vestomac dans | Helix pomatia. 4° Liappendice de laverge est beaucoup plus long de méme que le conduit de la vessie du Pourpre dans V Helix pomatia. 5° I n'y a point de dard dans algira, et.la poche quile con-- tient sert de conduit dans /’algira, aux organes femelles. 6° Les vésicules multifides sont représentées par un corps glandulaire sans aucun appendice dans l Helix algira. 7° Labourse du Pourpre est libre et flottante au bout de son canal dans’ Helix pomatia et'adhérent a l’oviducte dans’ Y Helix a/gira. Avant de proposer une division sous-générique de:g Heélices, il. sera certainement convenable danatomiser la pl apart des es - peces si on veut les grouper d’apres ordre de leurs affinités. il me semble que les divisions pourront's’étal slir sur absence ou la présence des vésicules multifides, ainsi qriesur leur nombre comme l'a proposé M. de Blainville, et que les caractéres. spéci- | fiques pourront se trouver tant dans les piéces cornées qui arment la bouche que dans Jes autres différences qu’offre cet appareil. Pour que ces caracteres deviennent zoologiques, on devra tov- jours tacher de les traduire par quelques autre;s caracteres dans la coquille, 288 VANBENEDEN. — Anatomie de Helix algira. EXPLICATION DE LA PLANCHE X. X ( Toutes les figures sont grossies, du double. ) Fig. 1. Représentant principalement le systéme nerveux et les tentacules, a, cavité buccale 6, grand muscle rétracteur de la bouche c. ceesophage; dd. conduit salivaire; e. manteau; f. pe- tit muscle transverse qui tire la bouche sur le cote; g. tentacule supérieur; /. tentacule infé- rieur ; 7. 4. muscles rétracteurs communs des deux tentacules; 7. muscles contracteurs des ten- tacules superveurs ; 4. cerveau; /. ganglions inférieurs; m. nerf optique; 7. nerf du tentacule in- ferieur ; o. nerf des organes de la digestion; p. plexus nerveux du pied; g. nerf des parties latérales et superieures du manteau. i. Fig. 2. Représentant surtout les museles principaux. aa. le pied; 4. une coupe du collier; c. muscle rétracteur du pied; d. musele retracteur dela bouche; c. la cavité de la bouche; /. le canal qui est furiné par les parties envirornantes et qui conduit 4 la bouche lorsque l’animal est retire; g. machoire ou dents supérieures; /. cesophage; c, estomac; 4. le tortillon, Fig. 3. Cette figure montre principalement le sac pulmoraire ou plutot ses parois. a, parois supérieure dusac pulmonaire; 4. organe de la viscosité; c. péricarde; d. le coeur ; e. Poreillette; f. la veine pulmonaire ; g. Paorte et ses divisions; 2. le foie; 7. parois de Ja cavité viscérale. Fig. 4. Organes de la génération, entiérement étalés; aa, la verge; 5, canal deferent; c. glande prostate; d. muscle rétracteur de la verge ; e. vessie de la Pourpre avec son conduit; /- matrice ou second oviducte; g. testicule (Cuv.) 2. oviducte. (Cuv.) z. ovaire (Cuv.) caché sous l’enveloppe; /, le foie. Fig. 5. Les organes de la génération atrophiés; voyez explication des lettres sur la figure precedente, Fig. 6. Le canal digestif; a, La bouche; 4. esophage; c. estomac; d. second renflement; e. in- testin; f. glande salivaire; g. conduit idem; /, l’anus qui est ici rejeté a gauche, Fig. 7. Machoire ou bec supérieur vue de face, Fig. 8. idem vue de profil. Fig. g. Lame cornee inferieure. nee cic ENO ete | i G. P, DESHAYES. —~ Température des périodes tertiaires. 289 Osservations sur l’estimation de la température des périodes tertiaires en Europe, fondée sur la considération des coquilles fossiles , Par M. G. P. DesHayes. Lues 1 ’ Académie des Sciences le 23 mai 1836. La conchyliologie, étudi¢e d'une maniere rationnelle dans ses diverses parties, soit zoologiques, soit d’application a la geologie, peut devenir pour cette dermiere science un moyen puissant de perfectionnement. Il est méme permis aujourd hui @espérer de voir la conchyliologie aborder des questions qui intéressent la physique généraledu globe terrestre , et présenter les matériaux nécessaires pour les résoudre. Des observations tres nombreuses, répétées sur plus de huit mille espéces de coquilles vivantes et fossiles, multipliées sur plus de soixante mille individus de toutes les régions, me font apercevoir des résultats importans sur lestimation approxima- tive des températures de périodes géologiques , sur lesquelles "homme ne peut apporter ses annales. historiques, puisque alors il n’existait pas 4 la surface de la terre. Je crois que si les végétanx, comme l’a savamment établi M. Arago dans Annuaire du Bureau des Longitudes de 1834, peuvent donner pour les temps historiques des moyennes tem- pératures; si l’existence dans certains lieux de la vigne, des palmiers, etc., équivaut pour lhabile physicien a des observa-— tions thermométriques, je crois aussi que les animaux et sur- tout ceux qui peuplent les eaux marines, peuvent, par. leur présence, déterminer tres approximativement la température moyenne du lieu quwils habitent. Tous les animaux marins ne sont pas propres a indiquer des _ températures avec la méme précision ; il faut choisir ceux qui, _ jouissant de faibles mouvemens, ne peuvent se soustraire pério- _ diquement aux alternatives des saisons, et sont forcés de subir VY. Zoon, — Mai, 19 ago G. P. pEsHAYES. — Température des périodes tertiaires. toute leur influence dans les lieux qui les ont vus naitre. Le plus grand nombre des Mollusques et des Zoophytes remplissent ces conditions. Pour arriver a la connaissance des températures des temps antérieurs a l’existence de ’homme, il y a une marche logique & suivre. Il faut d’abord chercher un point de départ dans la nature actuelle, pour s’assurer si la vie des animaux dont il va étre question est liée plus ou moins intimement a des condi- tions parmi lesquelles la température jouerait le plus grand role. Cest ce qui me détermine a exposer trés rapidement quel- ques faits relatifs a la distribution des Mollusques , en allant du nord au midi; et, pour abréger, je parlerai seulement de ceux qui sont répandus depuis le cap Nord jusqu’au golfe de Guinée. Si on prend dans leur ensemble le petit nombre d’especes qui vivent au nord, on peut les partager en deux sortes bien distinctes : les unes, propres aux mers froides, n’en dépassent pas les limites; les autres, en moindre nombre, viennent vivre dans les mers tempérées d’Allemagne, de France et d’Angleterre avec les especes de ces mers. En examinant les Mollusques de nos mers tempérées, dans lesquelles il existe un plus grand nombre d’espéces que dans les mers du Nord, il est facile de les séparer en trois séries. Dans la premiere sont comprises les especes que je viens d’in- diquer, celles qui remontent dans les mers du Nord; les es- peces de la seconde série se dirigent vers les mers méridiona- les; celles de la troisieme enfin sont propres aux mers tem- péreées. Descendons maintenant dans la région intertropicale, et nous y observerons des phénoménes semblables; nous y rencontre- rons un plus grand nombre d’especes que dans les deux régions. précédentes, et si, parmi elles, quelques-unes se trouvent aussi dans la région tempérée, un grand nombre est propre aux mers équatoriales. : Voila les faits généraux, et l'on peut déja en tirer cette con- séquence générale , que chaque ensemble d’espéces représente la moyenne température de chacune des régions. Mais il est certaines espéces plus localisées et d’autres plus généralement . [G. P. pEsHArEs. — Température des périodes tertiaires. 291 répandues. Ainsi le Buccinum undatum, par exemple, se trouve depuis le cap Nord jusqu’au Sénégal, allant en se mo- difiant avec la température; aussi il est assez facile de distin- suer les variétés propres aux trois ou quatre termes principaux - de température. Cette espece n’est pas la seule ainsi répandue ; mais jusqu’a peésent je n’en connais quun trés petit nombre ayant; comme celle-ci, la propriété de vivre a des températures si diverses. N’autres especes plus sensibles, & ce qu'il parait, aux in- fluences des températures, sont beaucoup plus localisées, et ce sont celles-la qu'il est plus important de connaitre. Je vais en signaler quelques-unes: 1. Buccinum glaciale ; 2. Cardium groendlandicum. Ces deux especes ne dépassent pas le cercle polaire, et on les trouve en Norwége et au Groendland. | 3. Terebratula psittacea. Elle vit entre le 65 et le 75 degré. Pour moi, ces espéces et plusieurs autres représentent la température moyenne du nord de la Norwege. 1. Le Tellina baltica. a. Le Patella noachina. 3. Le Natica clausa. 4. Le Patella testudinalis, plusieurs especes du genre Astarte et plusieurs autres espéces, me représentent la tempé- rature moyenne du nord de l’Angleterre, du midi de la Suede et du Danemark. Dans la Manche, sur les cotes de France et d’Angleterre, il existe aussi plusieurs especes propres a notre température : 1. Psammobia vespertina. 2. Pecten irregularis, etc. Les cotes d’Espagne et de Portugal sont plus inconnues que celles de la Nouvelle-Hollande ou de ?Amérique méridionale. La Méditerranée renferme aussi un grand nombre d’espéces qui lui sont particuliéres; mais comme elles appartiennent a une mer intérieure, nous n’en parlerons pas actuellement, dans la -erainte de voir attribuer leur présence a ce cas particulier et | exceptionnel. | | | Les observations sont peu nombreuses sur les cétes d’ Afrique depuis la Barbarie jusqu’au Sénégal; mais pour cette région im- portante, nous avons l’excellent ouvrage d’Adanson, et les re- 19. 292 G. Pp. pEsHAYES. — Température des périodes tertiaires. lations fréquentes du commerce avec le Sénégal et la Guinée ont depuis long-temps enrichi les collections des coquilles ma- rines de cette région. Parmi le grand nombre d’espéces connues dans la zone intertropicale, il y en a beaucoup qui. lui sont purticulieres; la liste en est trop longue pour étre rapportée ici. Ces especes, habituées a une haute température peu variable, ne se rencontrent vivantes sur aucun autre point de la surface du globe; elles expriment donc avec fidélité la température des mers dans lesquelles elles habitent. Ces faits demanderaient sans doute a étre développés dans un travail spécial. Ils me font espérer que les zoologistes pour- ront par la suite répondre a une question comme celle-ci: Telle série d’especes étant donnée, indiquer la température du lieu d’ou elles proviennent. C’est ainsi que dans un avenir prochain, jose lespérer, Pattention des zoologistes, dirigée vers un but nouveau, donnera A leur science les moyens de confirmer les expériences des physiciens et d’y suppléer quelquefois. Ces faits relatifs a la coincidence de la température avec la présence de certaines espéces, mentionnés avec le plus de con- cision possible, devaient précéder ce que jai a dire sur la tem- pérature des épogues géologiques des terrains tertiaires. Je dois ajouter que, pour arriver sur cetie question intéressante, il fal- Jait comparer avec soin, avec une minutieuse patience, toutes les especes vivantes connues avec toutes celles qui proyiennent des divers terrains tertiaires de /Europe. Voici les principaux résultats obtenus a laide de ce long travail : 1’ Les terrains tertiaires de Europe ne contiennent aucune espece identique des terrains secondaires sous-jacens ; 2° Les terrains tertiaires sont les seuls qui contiennent fos- siles des especes encore vivantes ; 3° Les espéces analogues sont d’autant plus nombreuses, que Je terrain est plus récent, et réciproquement. 4° Des proportions constantes (3 pour cent, 19 ponr cent , 52 pour cent) dans le nombre des especes analogues, déter- minent lage des terrains tertiaires; G. P. DrsHAyEs. — Température des périodes tertiaires. 293 5° Les terrains tertiaires sont en superposition et non en pa- rallélisme comme on lavait d’abord supposé. 6° Les terrains tertiaires, sous le rapport de leur zoologie , doivent étre divisés en trois groupes ou étages. (1) | Les derniers terrains tertiaires, les plus superficiels, ont été déposés lorsque la température de Europe était, 4 peu de chose pres, semblable a celle que nous éprouvons; en voici les preu- ves : les terrains tertiaires de cet age de la Norwége, de la Suede, du Danemark, de Saint-Hospice prés Nice, dune partie de la Sicile, contiennent a létat fossile toutes les especes identiques des mers correspondantes, et entre autres cellesdont nous avons déja parlé, qui, plus localisées, représentent bien mieux pour nous la température. Ces fossiles offrent les mémes séries de variétés que les especes vivantes, ce qui annonce bien positive- ment la stabilité de la température ou de tres faibles modifica- tions depuis le moment de lenfouissement des fossiles jusqu’a nos jours. Ces mémes terrains du versant méditerranéen de la France, de Espagne et du Piémont, de I'Italie, de la Sicile , de la Morée et de la Barbarie (Alger), recelent une grande partie des es- peces qui vivent dans la Méditerranée, mais en contiennent aussi dont les analogues ne subsistent plus ou sont distribués en petit nombre dans les régions chaudes de l’Océan atlantique et dans les mers de l’Inde. Pour se faire une juste idée de la période | tertiaire sur le pourtour de la Méditerranée, 11 faut distinguer trois sortes d’espéces fossiles: 1° celles dont les analogues vivent encore dans la Méditerranée; 2° celles en petit nombre dont les analogues ne sont plus dans la Méditerranée, mais se retrouvent dans Océan Atlantique, la Mer-Rouge et la Mer des Indes 3° celles dont les analogues vivans n’existent plus. Ces observations m’ont fait penser que la Méditerranée avait éprouve un faible abaissement de température depuis que la chaine de l’Atlas d'un cété et celle de PApennin d'un autre, avaient pris leur relief actuel. Ces changemens dans l’élévation (1) Depuis le mois d’aowt 1851 que j’ai prouvé l’existence de ces groupes , en indiquant les Vieux o& on pouvait les observer, les géologues ont confirmé Jeur s¢paration. 294 G. P. DESHAYES. —- Zempeérature des périodes tertiaires. des terrains, et par suite dans la température, expliqueraient l’extinction des analogues yivans des espéces de la troisiéme sé- rie et la distribution particuliére des espéces de la seconde série dans des mers plus chaudes que Ja Méditerranée. Ceci me fait re- garder comme trés probable qu’avant les derniers mouvemens des bords de cette mer, elle. avait avec 'Océan Atlantique une large communication par le grand deésert africain et avec l'O- céan indien une autre communication, soit par la Mer-Rouge, soit par les terres basses de l’Arabie qui séparent la Méditerra- née du golfe Persique. La seconde période tertiaire se compose d’un grand nombre de petits bassins répandus surtout vers le centre de l'Europe, La Superga pres Turin, le bassin de la Gironde, les faluns de la ‘Vouraine , le petit een d’Angers, le bassin ‘ae Vienne en Autriche, la Podolie, la Wolhynie et quelques autres lambeaux sur la frontiere méridionale de la Russie d’Kurope, dont quel- ques parcelles se montrent non loin de Moscou. Les terrains la- custres de Mayence et des bords du Rhin appartiennent proba- blement aussi a cette période. Pendant cette époque, la température a été bien différente de ce qu'elle est actuellement dans les lieux que nous venons de citer. En effet, les espéces propres au Sénégal et a la mer de Guinée, celles qui représentent le mieux la température de cette partie de la zone équatoriale , se retrouvent a l'état fossile dans les couches dépendantes de cette seconde période. Maintenant, st, tenant compte du nombre des especes, de la grande quantité d’individus appartenant a chacune delles, de leur volume plus considérable, ce sera sur le bassin de la Gi- ronde que nous ferons passer la ligne de plus grande intensité de la chaleur, et nous dirons: La a régné autrefois, pendant une longue suite de siécles, une température équatoriale. Il a fallu cette température pour que les especes aujourd’hui fos- siles aient vécu jadis dans nos mers, car elles n’y vivent plus et ne pourraient y vivre actueliement ; eiles y vivaient, pourquoi ny vivraient-elles plus si la température était restée la méme? Il a faliu que cette température se continuat pendant une longue suite de siécles, pour que des générations entassées for- | G. P. DESHAYES. — Température des périodes tertiaires. 295 massent de leurs débris un sol d’une vaste étendue et d'une as sez grande épaisseur. Si, comme je le crois fermement, le bassin de la Gironde a été déposé sous une température équatoriale, il suffira de jeter un regard sur une carte pour se. convaincre que linfluence de cette température s’est fait ressentir jusquen Pologne et au midi de la Russie d'Europe. Pour déterminer la température équatoriale de ma seconde période tertiaire, j'ai constaté analogie de prés de deux cents espéces de la zone intertropicale avec des espéces fossiles ré- pandues surtout 4 Bordeaux et a Dax, et dans les autres bassins appartenant a cette seconde période. Un moyen aussi concluant manque malheureusement pour déterminer la température du premier étage des terrains ter- tiaires. Ce premier groupe, représenté particulierement par le bassin de Paris, occupe aussi celui de Londres et celui de Va- lognes, presque toute la Belgique et la Hollande, plusieurs points des Alpes, Castel-Gomberco, le Val-de-Ronca, quelques petits bassins de la Hongrie et de la Moldavie, la partie infé- rieure du bassin de la Gironde (Blaye, etc. ), enfin, mais avec quelques doutes, tous les terrains tertiaires inférieurs de l’A- mérique septentrionale. Sur plus de quatorze cents espéces reconnues dans les ter- rains parisiens , trente-huit seulement ont leurs analogues vi- vans. Il est vrai que la plupart de ces trente-huit especes habi- tent dans toute la zone équatoriale; cependant parmi elles il y en a quelques-unes qui se répandent non-seulement dans cette zone et remontent jusque dans nos mers tempérées, mais on en voit aussi quelques autres passer dans la mer du Nord. Il faut done abandonner, pour estimer la température de la plus importante période tertiaire, le moyen que j'ai employé pour les deux précédentes. Je pourrai cependant suppléer par plusieurs moyens de moindre valeur & celui qui m’échappe ici. Dans les mers Glaciales , il n’existe qu'un trés petit nombre d’espéces de Mollusques; mais d’autres espéces s’‘ajoutenta celles- la 4 mesure que l'on s’avance vers les régions plus chaudes, et Yon voit ainsi s’accroitre de huit ou dix qui subsistent vers le 296 G. Pp. pesnayES. — Temperalure des périodes tertiaires. So: degré, jusqu’a pres de neuf cents qui vivent dans la région tropicale du Sénégal et de la Guinée. Cet accroissement des es- peces avec la température, indique assez toute linfluence quexerce sur la création des étres vivans cet agent si puissant, la chaleur. Mais ces phénomenes ne se montrent pas seulement dans la partie du globe terrestre que j’ai choisie pour exemple , ils se reproduisent aussi de la mer de Béring aux iles de la Sonde; de chaque coté de l’Amérique septentrionale, et, en sens in- verse, de chaque cété de l’Amérique méridionale. Un fait important vient donner un nouveau point d’appui a Yestimation de la température des deux dernieres périodes ter- tiaires: c’est ’accord dans le nombre des espéces fossiles et des espéces vivantes. Ainsi, au nord, peu d’espeéces vivantes, peu despéces fossiles; dans la région méditerranéenne, environ sept cents espéces fossiles, prés de six cents vivantes. Il faut se rappeler que cette différence vient de ce que parmi les especes fossiles, il yen a un certain nombre appartenant a desraces per- dues. Enfin la température élevée de ma seconde période sera mise hors de contestation, lorsque, aux mille especes fossiles de cette époque, seront opposées les neuf cents vivantes dans les mers intertropicales de l'Afrique. Puisque le nombre des especes s'accroit avec la température, puisque sur un point détérminé de la région intertropicale on trouve neuf cents especes, il me semhle que, par une induction naturelle, on peut attribuer a ma premiere période tertiaire une température au moins équatoriale, car on y reconnait, comme nous l’avons déja dit, quatorze cents especes sur lesquelles douze cents environ sont accumulées dans le bassin de Paris en particulier, c’est-a-dire sur une étendue de quarante lieues de diametre dans un sens et de cinquante-cing dans l'autre. Il n’existe plus dans aucune de nos mers un seul point rassem- Hlant autant d’especes dans un espace aussi ¢troit. Si nous examinons actuellement ces espéces, nous les trouve- rons particulierement grandes et nombreuses dans des familles et des genres dont Jes espéces se multiplient dans les régions les plus chaudes de la'terre. Cent quarante espéces de Cérites, un grand nombre de Pleurotomes, de Fuseaux, de Mitres, de G. P. DEsHAYES. — Température des périodes tertiaires. 297 Volutes, de Rochers, de Vénus , de Bucardes , d’Arches, etc., etc., fossiles aux environs de Paris; Pabsence dans ce bassin des formes propres aux mers septentrionales, tous ces faits re- latifs au nombre et a la nature des especes , se réunissent pour attester fortement que la grande période parisiennes est écoulée sous une température équatoriale probablement plus élevée que celle de l’équateur actuel. En empruntant a dautres parties de la paléontologie pari- sienne des documens comparables a ceux que fournit la con- chyliologie, je trouverai dans le grand nombre des Pachy- dermes, leur taille quelquefois gigantesque, une preuve de plus de la haute température du bassin de Paris. Ou trouve-t-on au- jourd’hui des animaux analogues, si ce n’est dans les parties équatoriales de ancien et du nouveau continent, dans les iles de Ja Sonde et dans les iles Asiatiques. En ajoutant a ces con- sidérations celles que fournissent un petit nombre de végétaux fossiles , et particulierement des Palmiers, on aura acquis le rnoyen de former un assez grand nombre d’inductions ten- dant toutes a prouver la haute température de la premiere pé- riode des terrains tertiaires. Je donnerais peut-étre un degré de certitude de plus 7 ames inductions , si je mettais en silted Pétat ancien du bassin de Paris avec son état actuel; j’y trouverais en effet, dun cété, un grand nombre d’animaux dont les races sont anéanties, et d’un autre, le sol occupé par des races nou- velles, et les mers les plus voisines peuplées d’espéces dont les qnatre-vingt-dix-neuf centiémes n’existaient pas dans les temps anciens ; je trouverais aussi dans cette comparaison les preuves des changemens profonds qui se sont opérés dans les condi- tions de l’existence des étres vivans ; mais je ninsisteral pas sur ce sujet intéressant, il demanderait plus de développement que je ne puis lui en donner ici. De ce que je viens d’exposer, il me semble que l'on peut en tirer les conclusions suivantes : i° La premiere période tertiaire s'est écoulée sous une tem- pérature équatoriale et, selon toutes les probabilités, de plu- sieurs degrés plus chaude que celle actuelle de Péquateur ; 298 G. P, DESHAYES. — Température des périodes tertiaires. 2° Pendant la seconde période dont les couches occupent le centre de PEurope, la température a été semblable a celle du Sénégal et de la Guinée ; 3° La température de la troisieme période, d’abord un peu plus élevée que la notre dans le bassin méditerranéen , est. de- venue semblable a celle que nous éprouvons : dans le nord, les espéeces du nord sont fossiles; dans le midi, celles du midi. Ainsi, depuis le commencement des terrains tertiaires, la température a été constamment en sabaissant. Passant dans nos climats de l’équatoriale a celle que nous avons maintenant, il est facile de mesurer la différence. Sans doute les physiciens, s'appuyant sur les belles théories de la chaleur, ont pu supposer @ priori les changemens de tem- pérature dont je viens de parler; il est curieux néanmoins de voir leurs prévisions confirmées par une science long-temps négligée et que personne n’avait encore pensé a diriger vers ce but tout nouveau. Cette question des températures pourrait étre reprise pour les terrains secondaires ; mais les observations et les matériaux manquent : elle n’est pas la seule du domaine de la conchylio- logie; plusieurs ont non moins dimportance; la biologie, par exemple, destinée a faire connaitre les lois du développee nt de la vie & la surface de la terre dans l’espace et dans le temps, puisera dans la conchyliologie de nombreux matériaux. Mais la biologie est une science encore a faire : Lamarck |’a entrevue, qui en posera les bases? NO ee ee Hopceson, —= Chévres e¢ Moutons sauvages de VHymalaya. 299 Nore sur les Chévres et les Moutons sauvages de VHymalaya, etc., ¢ Par M. Hopeson, résidant a Nipal. (1) «Un des points les plus délicats de la classification des Mam- miferes, est l’établissement des caracteres propres a séparer convenablement les genres Antilope, Chevre et Mouton. La plupart des zoologistes de nos jours paraissent penser que la distinction du premier de ces groupes a l'aide de la structure solide de la base des cornes, signalée par M. Geoffroy Saint- Hilaire, est exacte ; mais quoique le nombre d’Antilopes que jai eu loccasion d’examiner soit fort petit, jai néanmoins constaté que dans quatre especes au moins (savoir: le Chirée, le Thar, le Goral et le Duvaucelli:) il existe dans l’'axe osseux des cornes des sinus en communication avec les sinus frontaux, et si l’on mobjecte que trois de ces especes semblent établir le passage vers les Chévres, on ne peut arguer de la méme maniere rela- tivement a la quatriéme espece, qui appartient au groupe des Gazelles de M. Smith. « Il est par conséquent certain que l’existence de cornes so- lides n’est pas un’ caractére invariable du genre Antilope, ni meéme un caractere assez généralement constant pour pouvoir servir de base a une distinction générique. « Il paraitrait que chez les Antilopes, le noyau osseux des cornes présente une structure compacte et est creusé a sa base de cellules peu étendues et presque entierement dépourvues de cloisons cellulaires ; tandis que dans le genre Chevre et surtout dans le genre Mouton, les cornes sont poreuses, non com- pactes et creusés a leur base de grands sinus remplis de cel- lules. » 2 Dans la suite de cette note, l’auteur ne s’occupe pas davan- tage des Antilopes, mais donne une description du Capra jha- (t) Extrait du Journal of the Asiatic society of Bengal, sept. 1835, imprimé a Calcutta. 300 Rusconi. — Développement des eufs des Poissons.’ ral , qui habite 4 l'état sauvage dans le Nipal, et se rapproche beaucoup, par la disposition de ses cornes, de ’Egagre et du C. jemlaica. Il s’occupe ensuite d’un mouton sauvage qui habite o également le Nipal, et qu’il nomme lOvis Nahoor, mais qui. nest peut-étre qu'une variété de ?O. musimon. Enfin il donne un tableau comparatif des caracteres des Genres Chévre et Mouton, Letrre sur les changemens que les ceufs des poissons éprou- vent avant qu’ils aient pris la forme d’en:bryon, adressée a M. Ernest H. Wener, professeur d’anatomie ; Par M. Rusconi. (1) Dans ma premiere lettre je vous ai ébauché lhistoire du déve- loppement de la Perche ( Perea fluviatilis) ; je vous ai dit que dans les ceufs de ce poisson je n’ai pas vu les métamorphoses que l'on observe dans ceux des Batraciens, et qui précedent tou- jours la formation de !embryon; toutefois, a vous dire vrai, j’ai toujours eu quelque soupcon de n’avoir pas observé avec toutes les précautions qui sont nécessaires pour éviter V’erreur ; et apres vous avoir écrit je me suis faitle reproche de n’avyoir fait usage, dans mes tentatives, d’aucun procédé chimique pour obli- ger lanature ase dévoiler; et quoique M. Baer, dansson mémoire sur le développement des poissons(2) publié tout récemment, ne dise rien a l’égard des métamorphoses de leurs ceufs, et que son silence nous porte a présumer quelle n’ont pas lieu, J'ai néan- (1) Ce travail, dont auteur a eu la complaisance de nous adresser Ja traduction a été pu- blié avec une planche dans la Bibliotheca Italiana v, 79 et dans un des derniers cahiers des Ar- chives de Physiologie de Miiller. Nous regrettons que’ les limites de notre atlas nous aient empéché de reproduire ici ces figures, mais le texte est assez clair pour ne pas les rendre indispensables, R. (2) Untersuchungen tber die Enlwickelungsgeschichte der Fische, elc., vou D, K.E, von Baer. Leipzig, 1835. e ruscons. — Déveluppement des ceufs des Poissons. 301 moins toujours été dansle doute, et, desireux d’éclaircir cepoint, jeme suis décidé a faire de nouvelles observations, et a tenter la fécondation artificielle ; dans cette intention je me suis rendu a Come au commencement de juillet, et jai pris un logement au bord du lac. Mon premier soin fut de demander aux pécheurs quels sont les poissons qui déposent leur frai dans le mois de juillet. La Tanche et l'Ablette, me dirent-ils. Fort content de leur réponse, etles ayant intéressés 4 mes recherches par quelques générosités je les priai, quand il leur arriverait de prendre dans leurs filets des Tanches, de choisir celles qui laisseraient échapper tres facilement les ceufs ou la laite, de les conserver en état de vie, et de m’en donner avis le plus promptement possible. Les pé- cheurs, devenus obligeans, seconderent parfaitement mes vues. Le premier avis me fut donné le ro juillet, je fis la féconda- tion artificielle dans la barque des pécheurs de la maniére sui- yante: un pécheur fit sortir du podex d’une Tanche femelle, au moyen (un légere pression faite 4 Pabdomen et pres de l'anus, une certaine quantité d’ceufs que je recueillis dans une écuelle dans laquelle javais préalablement versé deux verres .d’eau qui avait été puisée dans le lac; ensuite un autre pécheur, compri- mant le ventre a une tanche male, fit tomber sur ces ceufs deux ou trois gouttes dhumeur séminale; cela fait, je remplis lé- cuelle @eau: les ceufs 4 peine toinbés dans l’écuelle allerent de suite au fond de l’eau; ils étaient tres transparens et présentaient une masse dune couleur verdatre tirant au jaune semblable a celle de Vhuile d’olive; ’humeur séminale pareille a du lait, quant a la couleur, mais d’une densité beaucoup plus grande, produisit d’abord un petit nuage dans l'eau et alla au fond de lécuelle, et ici notez bien que pour rendre les ceufs plus visi- bles quils étaient, je me suis servi dune écuelle de faience dont le vernis était dun brun fonceé. . De retour chez moi, j'ai conmmencé a examiner les ceufs avec attention; ils étaient parfaitement ronds, adhéraient au fond de écuelle-et leurs enveloppes se voyaient distinctement, A cause de l'eau qui sétait déja insinuée entre les ceufs et la membrane dont chacun d’eux est enveloppé; mais ce qui me frappa d’abord 302 ~~ ruscont.— Développement des ceufs des Poissons. ce fut de trouver quiils différaient notablement de ceux de la Perche, en ce quils n’avaient pas dans leur partie moyenne et superficielle la vésicule ombilicale, qui, ainsi que je vous l’ai déja écrit, décroit peu-a-peu a mesure que le petit poisson se déve- loppe, et finit pars'insinuer entierement dans le canal alimentaire. Quatre heures apres la fécondation, jai commencé a voir ca et 1a des ceufs qui avaient perdu d’un cdété leur transparence et étaient d'un blanc mat; le nombre de ces cenfs s’accrut gra- duellement et au bout de vingt-quatre heures, tous étaient de- venus opaques, de sorte que je dus en conclure qu’ils n‘étaient pas venus & bien; j'ai donc renouvelé la fécondation artificielle et dans le doute quils ne fussent pas venus a bien par la raison que, dans l’écuelle, ils étaient trop pres les uns des autres, et presque aussi serrés que les petites pierres d'une mosaique, je recueillis les oeufs dans la seconde expérience, non pas dans une écuelle, mais dans un plat assez large que je couvris préalable- ment avec du papier bleu, et j’eus en outre la précaution, en recueillant les ceufs, deles disperser autant que possible sur la surface du plat: cing heures apres la fécondation, je vis de nou- veau ca et 1a des ceufs qui d’un coté avaient perdu leur transpa- rence et je ne tardai pas a mapercevoir que leur nombre aug mentait graduellement, de maniére que je commencai a déses- pérer du succes; le lendemain, c est-a-dire vingt-quatre heures apres la fécondation, je trouvai que presque tous les ceufs étaient blane mat dun coté, mais dans ceux qui avaient conservé toute leur transparence, je vis quelque chose qui me parut nouveau, et dont je fus frappé, de sorte qu’ayant repris courage, je m’em- pressai de découper les petits morceaux de papier sur lequel adhéraientces derniers, et apres les avoir placés dans des verres 4 montre remplis d'eau, je les détachai du papier avec la pointe d’une petite spatule et les distribuai de facon que dans chaque verre il y avait huit ou dix ceufs : six ou sept heures apres cette opération, je commengat a voir a Vaide du microscope le petit embryon qui faisait déja quelque léger mouvement, et vingt- quatre heures aprés, savoir cinquante heures aprés la féconda- tion, jeus le plaisir de voir les petits poissons se dégager de leur enveloppe. \ ! i | } nuscont. — Développement des aeufs des Poissons. 303 Tres content de l’issue de cette expérience, je fis de nouveau la fécondation artificielle, dansle but simplement de m’assurer si les poissons éprouvent les métamorphoses que j’ai observées dans les Batraciens anoures et urodeles, et j'ai éclairci ce sujet de la maniere qui suit : une demi-heure apres avoir fait la fécondation artificielle, j'ai enlevé de la feuille de papier qui couvrait le plat, un petit morceau de papier auquel adhéraient huit ou dix ceufs tres transparens; ensuite, avec une petite pince, je l’ai placé dans un verre a montre rempli deau, et, sans me donner la peine de détacher les ceufs, jai fait tomber dans l’eau du verre quatre ou cing gouttes dune mixture acidule composée d'une partie d’acide nitrique et de huit parties d’eau; ce petit nombre de gouttes suffirent pour détruire dans les ceufs la vie organique qui était a peine commencée, de facon qu’en peu de minutes ils perdirent tout- a-fait lear transparence, non pas dans toute leur périphérie, mais dans la partie seulement qui correspond a lhémisphere supérieure de l’ceuf de la grenouille, qui était précisément le segment que j’avais besoin d’observer. Tous les quarts d’heure et pendant dix heures de suite j’ai renouvelé cette opération, et j'ai eu toujours soin de ne soumettre a l’action de l’acide ni- trique que les ceufs qui étaient tres transparens; par ce procédé chimique, j'ai vu les métamorphoses qu’ils éprouvent avant de se transformer en embryon, et j’ai pu les suivre depuis la fé- condation jusqu’a leur parfait développement, comme vous verrez tuut-a-lheure, dapres les détails dans lesquels je vais entrer. L’ceufdela Tanche (Cyprinus tinca) est un globule parfaitement rond, d’un millimetre de diametre, et transparent presque comme le cristal; la membrane vitelline est assez forte, et la ma- tiere qu’elle contient est tres fluide.L’ceuf ou le vitellus, oulegerme, car pour moi, lorsque je parle des Batraciens et des poissons, ces trois mots sont synonymes, est renfermé dans une enveloppe particuliére tres mince et transparente, qui est en contact, tant que l’ceuf se trouve dans l’oviductus, avec la membrane vitelline; _ mais des que Poeuf a été déposé, elle s’en écarte peu-a-peu et jusqu’a un certain point a cause de limbibition de leau, cest- 304 ruscont.+— Développement des ceufs des Poissons. a-dire 4 cause de l’eau qui sinsinue entre l’ceuf et son enve- loppe ; cette derniere est enduite d’une matiere visqueuse, laquelle, dans Yoeuf de la Tanche, n’est pas visible, mais qui n’en existe pas moins, car les oeufs adherent aux corps-sur les- quels ils sont déposés; la viscosité des enveloppes se, dissout par la suite dans leau, et par cette raison elle perd sa propriété agelutinante. L’ceuf, observé au microscope, présente une quan- lité de petits grains de différentes grandeurs, entremélés avec de petits globules semblables a des gouttelettes @huile; c’est a ces dernieres quest due la couleur jaunatre tirant au vert du vitellus dont je vous ai parle plus haut. Peu aprés la fécondation, loeuf perd sa sphéricité et prend la forme dune poire : alors il apparait, sur une partie de sa périphérie, une sorte d’en- flure , qui rappelle a esprit celle qui est produite par les ven- touses; en outre, les petits grains de la matiere vitelline, qui étaient épars, se trouvent réunis a la base de la partie enflée; une demi-heure apres cette premiere métamorphose, il se ma- nifeste sur l’enflure, ou pour mieux dire sur la partie saillante du vitellus, deux sillons qui se coupent a angle droit. Un quart d’heure apres , deux nouveaux sillons viennent se placer a coté des premiers, de facon que la partie saillante du vitellus, qui était divisée d’abord en quatre lobes, se trouve maintenant partagée en huit. Au bout dun quart dheure, chacun de ces huit lobes est divisé lui-méme en quatre par six nouveaux sillons qui se coupent a angle droit, de maniere que le nombre des lobes est quadruplé; une demi-heure apres apparaissent plusieurs autres sillons qui croisent les premiers, de sorte que les lobes sont devenus plus petits qu’ils n’étaient, et se sont tellement multipliés qu'il n’est guere possible de les suivre pour les compter: bient6t de nouveaux sillons continuent a apparaitre, les lobes se rapetissent de plus en plus; enfin. ils disparaissent entierement, et la surface de la partie saillante du vitellus redevient lisse comme elle était avant la manifes- tation des premiers sillons C’est a cette époque que le yitellus commence a se transfor- mer en embryon; la portion de la membrane yitelline qui cou- yrait la partie proéminente du yitellus se transforme, des qu'elle ruscont.— Developpement des ceufs des Poissons. 305 est devenue lisse, en la peau du poisson; cette transformation s étend leche sur toute la surface du globule, et ne laisse a découvert qu’une tres petite fente presque impercep- tible, qui est l'anus du futur animal, comme cela a leu chez les Batraciens; mais avant que la peau se soit completement orga- nisée, c'est-a-dire quand sa formation s‘est étendue jusqu’aux trois quarts du globule, il se manifeste, sur la nouvelle peau, une tache triangulaire blanchatre semi-transparente et sans contours bien arrétés, laquelle, du bord de Ja peau ou elle est assez large, s'étend en avant et s’épanouit vers lextrémité op- posée a celle ot la membrane vitelline n’a pas encore éprouvé sa transformation; cette tache semi-transparente est le premier rudiment de lépine. L’organisation de la peau fait graduclle- ment des progres, et pendant quelle s’étend sur toute la sur- face da globule, la tache semi-transparente se rétrécit peu-a-peu a son origine, gagne progressivement en longueur, ses con- tours se prononcent, et quand -toute la membrane vitelline sest transformée en peau et gue lanus est formé, la tache ceria engi commence 4 devenir saillante sur la surface du globule; ’embryon ensuite se dessine, s’allonge successive- ment, se dilate a une de ses extrémités, et présente ainsi les pre- miers rudimens de la téte. Je crois inutile de continuer de vous rendre compte de ces détails; je vous dirai seulement que qua- rante heures environ apres la fécondation, les petits embryons de la Tanche commencent a faire quelque léger mouvement, et apres douze heures en sus, ils se dégagent ordinairement de leur enveloppe ; le sang, a cette époque, a déa acquis sa cou- Jeur naturelle. A peine sorties de leur enveloppe, les petites Tanches pa- ‘raissent comme engourdies; elles se tiennent toujours couchées “sur un coté, et passent des heures entiéres dans cette position; si vous les iducina légerement, elles se'mettent de suite a na- | ger, mais pour quelques instans seulement, et leur maniére de -nager ressemble en tout point a celle des Teétards observés a Lépoque a laquelle ils sortent de leurs enveloppes; ce n’est qu’a- pres lapparition des premiers rudimens de la vessie natatoire et des nageoires pectorales quelles se placent sur leur ventre, | V. Loon, — Mai, | 20 306 ruscont. —Développement des ceufs des Poissons, et nagent ensuite parfaitement des que les nageoires pectorales, qui sont les premiéres a apparaitre, se sont suffisamment dé- veloppées, et que la vessie natatoire, qu’on voit distinctement a travers la colonne vertébrale et les muscles de l’épine, se pré- sente sous la forme d'une petite bulle dair ovoide. Vers le sep- tiéme jour, elles se vident, par la voie du rectum, dune matiere cendrée sous forme de petits flocons : tous les visceres abdo- minaux, a cette époque, sont assez développés et en état d’exer- cer leur fonction; aussi voit-on les petites Tanches, vers.le hui- tiéme jour, aller au-devant de l’aliment. Elles ont un naturel tres © vorace, et refusent toute sorte de pature qui n’est pas animale; les Ablettes (Cyprinus alburnus) , au contraire, ne se nourrissent, du moins quand elles sont tres jeunes, que de substances végétales. Jai alimenté les premieres avec des puces d’eau (entomostracés) quelles saisissaient et avalaient avec beaucoup de difficulté, quoiqu’elles ne poursuivissent que celles qui étaient nouvelle- ment nées dans la cuvette oti je les ai élevés, et j'ai nourri les secondes avec une matiere végétale d’un tres beau vert, que l’eau du lac puisée dans ies heures les plus chaudes déposait pendant la nuit: ici je ne dois pas omettre de vous dire que la tempéra- ture de ma chambre pendant le cours de mes observations a toujours varié entre + 18 et + 20K, et que lesAblettes, quoique plus petites que les Tanches, car les plus grosses ne dépassent pas la longueur de six pouces, déposent cependant des ceufs gui sont plus gros que ceux des Tanches, de maniere que pour voir le développement des cyprins, les premieres sont préféra- bles aux secondes, et cela d'autant plus qu’elles abondent dans toutes les rivieres et quor peut les avoir trés facilementy; je dois vous dire en outre quapres la disparition ‘de tous les sillons, jai abandonné. presque enti¢rement l’emploi de la’ mixture acidulé, dont je vous ai parlé plus haut; au lew de faire usage de Vacide nitrique, jai placé le verre a montre ou étaient les ceufs qui faisaient le sujet de mes observations, tantot sur un drap noir, mais ie plus souvent sur une lame d'argent bien polie, et je me suis servi d'un microscope a une seule lentille dont le fuyer était de quatorze millimetres; il metit été impossible de me servir d’une lentille plus forte pot , a niall ~~ Développement des ceufs des Poissons. 307 voir des objets qui étaient dans l’eau, et avoir assez d’espace au- dessous du microscope pour manier un petit pinceau et tourner Poeuf en tous sens. C’est par ce moyen que jai pu voir la for- mation de !’épine et j'ai pu me convaincre que chez les poissons, les cyprins, du moins, l’épine n’est pas originairement divisée en denx moitiés séparées l'une de l'autre, comme cela a lieu chez les Batraciens anoures et urodéles, et chez plusieurs autres ani- maux : chez les poissons l’épine se forme d'une seule piece. Cette observation, comme vous voyez, n’est rien moins que fa- vorable a la loi de M. Serres, et nous prouve que trés souvent nous généralisons avec trop de précipitation. Mais reprenons le fil de mes remarques. Je pense qu’a présent vous serez pleinement convaincu, ¢a- pres ce que je vous ai exposé que, pour donner une histoire complete du développement des poissons il est de toute néces- sité de faire la fécondation artificielle et d’élever les poissons pendant un certain temps. M. Baer nous dit que, bien rarement ou presque jamais, il n'a réussia faire développer dans sa cham- bre des ceufs qui avaient éte recueillis peu de temps apres avoir été fécondés (1).Cela me porte a soupconner que la peine qu'il s'est donnée de renouveler Peau tres souvent a été la cause de ses insucces; pour vous prouver que mon soupcon nest pas dénué de tout fondement, je vous communiquerai une obser- vation que j/ai faite et que je dois entierement au hasard : Ktant a Vesio, je fus me promener de fort bon matin et par wn beau jour dejuillet sur les rives du petit lac de la Villa-Tra- versi (2), et pendant que j’admirais ici des groupes d’arbres dont les branches se penchent sur les restes d’un chateau qui nous rappellent la sombre époque du féodalisme, la une forét de pins dont VPobscurité contraste singulierement avec les collines : : ' | } | | _ Plantes couvertes de vignes et de fleurs, situées du coté oppo- 1 (t) Ueberhaupt gelang es mir schwer oder gar nicht den Laich in meiner stube zuv Ent- | wickelung zubvingen, wenn er erst Kurz vorher befruchtet war, so sehr ich aucti Pemicht war ihm frisches Tlurwasser zu geben. (1) Maison de plaisance a quatre lieues de Milan, dont le jardin, qu’on dit avoir été fait | et embelli par la nature, offre de tous cétés au pom paysagiste des points de vue vraiment | magnifiques. 20. 308 nuscont.-— Développement des cufs des Poissons. sé; en un mot, pendant que j’étais ravi en extase par la beauté du site, un bruit soudain vint frapper mon oreille et me tirer de ma réverie; je crus dabord qu’on frappait Peau avec des ba- tons ou avec la partie plate dun aviron : curieux de savoir ce que c’était, je promenai aussitOt mes yeux sur les bords du lac, et je ne tardai pas a.découvrir le lieu d’ou le bruit venait et la cause qui le produisait: bref, c’étaient des poissons qui dépo- saient leur frai. Desirant voir de prés cette scéne, je me rappro- chai insensiblement du lieu ou elle se passait, et, profitant des arbrisseaux et des rosiers dont les rives du lac sont ornées, je me cachai de maniére que sans étre vu j’ai pu observer ces pois- sons A mon aise et de tres pres. Ils frayaient a ’embouchure @un ruisseau qui apporte au lac le tribu dune eau fraiche et limpide, mais si peu abondante que les petits cailloux du lit quelle parcourt se trouvent presque asec. 9) Vous savez sans doute que plusieurs especes de poissons ont Yhabitude de frayer a ’embouchure des rivieres: les saumons, par exemple, sont de ce nombre ; mais ceux dont je vous parle uétaient pas de cette famille, c’étaient des gujons. communs (cyprinus gobio). Voici de quelle maniere ils déposaient leur frai: ils s'approchaient de lembouchure, puis nageant tout-a- coup avec vitesse et donnant a leur corps, par ce moyen, une forte impulsion, ils sortaient du lac et remontaient le ruisseau jusqu’a la distance de deux pieds et demi a-peu-prés, non pas en sautant, mais en glssant en quelque sorte sur le gravier; apres ce premier élan, ils sarrétaient et remuaient légerement leur tronc et leur queue; en un mot, ils frottaient leur abdo- men sur le gravier , car ils le posaient entiérement sur le lit du ruisseau, et, a l'exception de leur ventre et de la partie infé- rieure de leur téte, tout le reste de leur corps était a sec; ils res- taient dans cette position pendant sept ou huit secondes; puis, frappant de‘leur queue avec force le lit du ruisseau et faisant jaillir ’eau de tous cotés, ils se tournaient et regagnaient le lac pour recommencer les mémes ébats. Un naturaliste a avancé que les poissons, en déposant leur frai, se tournent sur un coté de maniere que le ventre du male se trouve appliqué ou du moins tres pres et vis-a-vis de celui de nuscons. = Développement des eufs des Poissons. 30g la femelle. Je ne conteste pas le fait; je vous déclare simplement que les poissons dont je vous parle n’ont jamais fait un pareil mouvement: les femelles et les males ne faisaient que se lancer sur le lit du ruisseau de la maniere que je viens de vous dire; les premiéres répandaient les ceufs , les secondes la laite. Ce qui m’a frappé, ce fut de voir que parmi les poissons qui frayaient , et dont les plus gros ne dépassaient pas la longueur d’un pied, il y en avait de fort petits; jignore si ces derniers déposaient des ceufs et de la laite, mais certes ils se lancaient sur le lit du ruisseau tout comme les autres. Jai joui pendant un quart dheure de cette scene, qui pour moi fut trés amusante, quand tout-a-coup un gros canard mus- qué (anas moschata), sortant lestement du lac, saisit avec son bec un petit poisson qui sautait sur le lit du ruisseau pour re- gagner le lac, et sen alla avec sa proie apres avoir mis en fuite tous les autres. N’ayant donc plus de poissons a observer, je portai mon attention sur les ceuis qu’ils avaient déposé : ils n’é- taient ni amoncelés comme ceux des grenouilles, ni en cordon ouen chapelet comme ceux. des crapauds, ni en ruban ou en dentelle trés large comme ceux de la |perche de riviere, mais dispersés de maniére qu’on eut dit que le lit du ruisseau était ensemencé dceufs. | Apres avoir fait cette observation, j'ai été me pourvoir d'une écuelle fort grande, puis étant retourné a ?embouchure du ruis- seau,j airecueilli trois ou quatre cailloux auxquels adhéraient des ceufs , une douzaine a-peu-pres; j’ai placé tes cailloux dans P’é- cuelle avec de l'eau puisée dans le lac, et de retour a la maison, jaimis l’écuelle dans le coin d'une chambre etjen’y ai plus fait at- tention ; huit ou dix jours apres, ayant visité Pécuelle , j’y trou- vai quatre poissons fort bien développés et qui nageaient a mer- veille; ils étaient trés petits, et n’étaient perceptibles qu’a cause deleurs yeux, qui, vus pardessus, se présentaient comme deux points noirs assez larges; tout le reste de leur corps était si trans- parent, quil eut été difficile de les voir si je n’eusse pas cu la précaution de placer les cailloux dans une. écuelle vernissée de brun : vous voyez donc que méme sous ce rapport, j'ai eu plus de bonheur que M. Baer, car j'ai vu non-seulement les méta- 310s RuscoNnI. —~ Développement des ceufs des Poissons. morphoses que subissent les ceufs avant de prendre la forme d’embryon, mais j'ai pu sans la moindre difficulté et sans me donner la moindre peine, faire développer des ceufs recueillis peu apres avoir été fécondés. M. Baer nous dit { page 2) quil a été obligé par la suite de continuer ses observations sur le lieu méme ot les poissons avaient déposé leur frai, et en disant cela il vent donner A ceux qui voudront soccuper de ce sujet un avis dont ils pourront faire leur profit; mais je pense que les naturalistes, doréna- vant, prendront le parti de faire la fécondation artificielle, qui est indispensable pour ceux du moins qui veulent voir les mé- tamorphoses des ovules, et en méme temps constater un fait que jai annoncé autrefois et que je me plais a répéter ici, savoir, que le mode dont les Batraciens et les Poissons se développent est différent de celui des Oiseaux. Je sais que bien des anatomistes regardent le vitellus de lceuf des oi- seaux , des amphibies et des poissons, comme I’analogue de la vessie ombilicale des mammiferes. Certes, je serais bien de leur avis, sils se limitaient a parler simplement des Oiseaux, des Ophidiens , des Chéloniens et des Sauriens; mais je ne puis nul- lement partager leur opinion quand ils soutiennent que cette analogie se trouve vraie méme a légard des Batraciens et des Poissons, car les observations que j'ai faites m’ont prouvé le contraire ; chez les Oiseaux, par exemple, la membrane blasto- dermique qui renferme la matiere du vitellus est un appendice des intestins, une poche intestinale qui rentre dans la cavité du bas-ventre , ainsi que cela a été fort bien vu et parfaitement démontré par M. Dutrochet et par d'autres; au contraire , chez les Batraciens et les Poissons (ceux du moins dont j’ai suivi le développement), lamembrane propre du vitellus n’est pas une ‘poche intestinale, mais la peau du futur animal ; elle est la pre- miére a s’organiser, et dés que sa transformation en peau sest accomplie, vous voyez lovaire s allonger dans un sens, s’aplatir dans un autre, en un mot vous reconnaissez que le globule se transforme et prend peu-a-peu la forme embryonnaire : ceci est un fait de la plus grande ¢vidence, et notez bien que la diffé- ruscoms. — Développement des ee1fs des Poissons. 311 rence que je viens de signaler en améne d'autres qui sont plus ou moins intéressantes. Les principes généraux, je le sais bien, sont fort commodes; mais la nature se joue assez souvent de nos lois générales: elle varie ses plans et arrive ason but par des voies diverses : voyez par exemple lovule de la perche de riviere, vous y trouverez Ja vésicule ombilicale(1) qui est déja renfermée dans la mem= brane vitelline, la peau du futur animal; elle se rapetisse peu- A-peu a mesure que Vovule se transforme en embryon, et au Vingt-neuvieme jour apres la fécondation, elle a passé en: tierement dans le canal alimentaire dont elle est un appendice : voila donc une différence, car le mode dont la Perche se déve- loppe se rapproche a quelques égards de celui des Oiseaux et de celui des Batraciens. (2) Vous me demanderez peut-étre s'il y a quelque différence a Pégard de la vésicule de Purkinje entre les ceufs des Batraciens et ceux des Poissons; a cette question, je réponds que je n’ai jamais eu loccasion de chercher cette vésicule dans les ceufs de ces derniers; je crois cependant qu'elle existe dans les ceufs des - Poissons tout comme dans ceux des Oiseaux et des Amphibies: dans les Batraciens, elle est située a la surface de lovule, immé- diatement au-dessous de la membrane vitelline; elle a la forme dune lentille trés bombée, décroit peu-a-peu a mesure que l’o- vule s'approche de l’époque a laquelle il doit passer dans lovi- ducte, et elle n’existe plus des que l’couf s’est insinué dans ce (rt) Je désigne cette vésicule qu’on voit au milieu et immeédiatement au-dessous de la mem- brane sphéroide qui contient la matiére de l’ceuf, par le nom de vésicuie ombilicale, sans pré~ tendre toutefois que cette dénomination soit juste. (2) Ayant suivi de nouveau le développement de la Perche de riviére, j’ai vu que les ceufs de ce poisson éprouvent , a quelques petites differences prés, les métamorphoses qu’on observe dans les ceufs des Batraciens ; le segment de l’ceuf sur lequel les métamorphoses ont lieu devient peu-a-peu dun blanc mat, tandis que dans les ceufs des Cyprins, ce méme segment, qui cor- vespond a Vhémisphére brun de l’euf de la grenouille, est toujours, pendant les métamor- phoses, trés transparent, de maniere que, pour voir les sillons et les lobes sur les ceufs de la Perche, iln’est pas nécessaire avant tout de les rendre opaques au moyen de la mixture acidulée dont je vous ai parlé plus haut : les métamorphoses des ceufs de 'a Perche se succédent rapides ment; c’est sans doute par ce motif qu’elles me sont échappeées la premiére fois que je me suis occupé de ce sujet. m 312 DUVERNOY. — Sur le Foie. conduit . la matiere dont elle est remplie n'est pas aqueuse, puisque sous l’action de l’acide nitrique elle se condense ni plus ni moins que la matiere du vitellus. Je m’occupe a présent du développement successif de l’encé- phale des Poissons, et je reprendrai ce sujet quand jaurai donné a’ mes observations un peu plus d’étendue. A vous dire la vérité, jai quelque doute a légard des nouvelles déterminations que M.Serres a données aux différentes parties dont ?encéphale des Poissons se compose, et par cette raison je voudrais bien que ce sujet fixat votre attention : vos observations, faites avec le talent qu’on vous connait, seraient fort intéressantes ; elles ap- porteraient de nouvelles lumieres, et dissiperaient nos incerti- tudes sur différens points qui selon moi sont encore un sujet en question. Nore additionnelle au mémoire de M. Duvernoy, sur quelques particularités du systéme sanguin abdominal et du canal ali- mentaire de plusieurs poissons cartilagineux ( Annales des Sc. nat, t. 1m, p. 274. ) . C’est dans les Essais de physique de Pinault, t. 11, p. 218, et pl. xv (Paris, 1680), in-12, que M. le professeur Rapp avait vu la premiere description de la singuliere valvule intestinale décrite dans ce mémoire. Ce méme professeur m’écrit (le 2 dé- cembre 1835), qwil avait observé cette méme valvule a Cerre, dans le canal intestinal du Squalus glaucus. Il est également nécegsaire d’ajouter ici que, dans lexplication de la planche 1v du volume précédent, la figure 3 a été mal éti- quetée; elle appartient a la chévre et non au chien; il y a aussi, dans le texte de ce mémoire, plusieurs fautes @’impression (sur- tout dans la note de la page 262), mais le lecteur pourra faci- lement les reconnaitre, sans que nous les indiquions ici. EE icadémie des Sciences. 313 Awatysg des travaux anatomiques , physiologiques et zoolo- gigues présentés al Académie des Sciences pendant le mois de mat 1856. Seance du 2 mai 1836. Extrait d’une letire de M. Manton vr Procé a4 M. ve BuaInvitte, sur un jeune Orang-outang apporté vivant de Sumatra a Nantes, et faisant au- jourd’hut partie de la ménagerie du Muséum @ histoire naturelle de Pa- ris. (Communiqué par M. de Brarnviizz.) « Je me suis transporte hier chez Je capitaine Van Iseghem, et ce n’est pas sans un vif interét que j’y ai contemple, pendant plus d’une demi-heure, le jeune Orang-outang male qu’il a rapporté de Sumatra, et dont vous avez envie de faire l'acquisition pour le Jardin du Roi. « Je dis l’orang-outang, parce qu il ne m’est pas permis de douter que ce n’en soit un. Du reste, vous en jugerez vous-méme en dernier ressort, d’aprés quel- ques indications que je vais vous fournir. « Son front est trés élevé et bombé dans la ligne médiane, de manitre a sim muler assez bien le front de certains hommes; il est tout-a-fait dépourvu de longs poils, ainsi que le reste de la face, sauf les cétés des joucs ot de longs poils roux simulent tres bien des favoris. « Son nez ne fait point de saillie; ses yeux ont une expression d’intelligence et de douceur remarquable ; les paupiéres sont garnics de longs cils; son mu- seau n’est nullement proéminent, mais ses levres sont trés mobiles, et peuvent sallonger de deux pouces environ. Les oreilles sont bien hordées, et ressemble- raient 4 celles de Yhomme si elles étaient pourvues du lobule qui caracterise ces derniéres. « La face est d’une couleur ardoisée, dont Vintensité va en se degradant du Centre a la circonférence. « Il n’a point de callosités aux fesses; il ne porte aucun vestige de queue, ct | ila Vanus un peu proéminent. « Les pouces sont trés petits comparativement aux autres doigts, dans les Mains de devant comme dans celles de derriére. | « Toutle corps, 4 Vexception de la face et des parties anterieures et laterales du cou, est couvert de longs poils roux ; et ceux de la téte se portant darritre en avant sur Je front, font exactement | effet d'une perruque. « Les dents offrent Yapparence de celles de ’homme, si ce n’est que les ca- mines sont relativement plus allongées que chez celui-ci, et qu’elles se logent, | lorsque la bouche se ferme, dans un espace vide, situé, pour la m&choire infe- 1 eee 7 rj } y why jepenre, derriere les canines, et, pour la machoire superieure, en dedans. ' “| oA A ’ a 4 | « Cet animal, dont Page peut dtre suppose de neuf mois environ, n’a encore | | 314 Académie des Sciences. que quatre molaires de chaque cote a la machoire inférieure, et deux ] ‘choire supérieure. « Sa taille est d’environ deux pieds six pouces, dans la station debout. « Du sommet de la téte 4 Vanus, on trouve une longueur de dix-huit pouces. « La cuisse, la jambe et Ja main des extrémités abdominales ont chacune six pouces de longueur. « Dans les membres thoraciques, le bras a huit pouces, l’avant-bras sept pouces et demi, et la main six pouces. « J'ai été frappé de la lenteur des mouvemens de l’Orang-outang , laquelle contraste avec la turbulence des autres singes. J’ai eté plus frappé encore de son air calme et réfléchi, de sa sociabilite apparente, et de je ne sais quoi d’hu- main répandu sur sa physionomie. « ll est de la plus grande douceur, et recherche les caresses méme des étrangers. « Vous pourrez juger du degre de son intelligence par les deux faits suivans, lesquels se sont passés sous mes yeux. « Son maitre lui donnant a manger d’une certaine distance, il descendit de Ja chaise sur laquelle il etait assis, la prit 4 deux mains, la poria auprés de celle de son maitre, et se placa de nouveau sur cette chaise, dans la position qu'il venait de quitter. « Voulant ouvrir une porte qui communiquait dans une autre pice, il porta une chaise aupres de cette porte, monta dessus, et saisit le bouton de la serrure, en lui imprimant un mouvement de rotation semblable a celai qu’il avait vu faire pour Youvrir. « Cet animal est omnivore dans toute la force du terme, et tres facile 4 nour= rir. Il est trés propre, et parait jouir d’une bonne sante. « M. Van Iseghem possede un fragment de la peau de la mere de ce jeune singe. Cette peau prouve que l’animal auquel elle appartenait avait au moins deux pieds de long de Ja nuque a l’anus. On a dit 4 M. Van Iseghem que cette mere avait cing pieds de haut. » (1) Maladies des vers a soie. — Recherches sur la Muscardine ; par Me Ac. Basst, de Lodi. La maladie qui a ete objet des recherches de M. Bassi a regu en frangais le nom de Muscardine, 4 cause de la ressemblance que présente le ver qu'elle a fait mourir avec une espece de pastille allongée tres connue en Provence. La muscardine attaque le ver a soie dans tous ses ages et tous ses états. Quoi- que plusieurs jours secoulent entre son invasion et sa terminaison, qui est tou- jours fatale, elle ne se manifeste, pour ainsi dire, par aucun signe exterieur, et (x) C'est d’aprés ces renseignemens que le Muséum d’histoire naturelle de Paris s’est décideé a faire acquisition de ce curieux animal qui se voit aujourd’hui dans la ménagerie du Jardin du Roi. . a Académie des Sciences. 315 sauf dans les épidémies les plus violentes, le ver qui en est atteint meurt en con- seryaut sa couleur naturelle, son volume et toutes les apparences de la santé. A peine, cependant, le corps est-il privé de mouvement, que de moelleux et de flasque qu'il etait, il devient consistant, et peu-a-peu il acquiert assez de du- reté pour étre cassant. Souvent pendant que ce changement s’opére, il y a al- tération de la couleur, ordinairement en une teiute pourprée, quelquefois en un bleu fonce. Il ne parait pas que ce soit la réduction 4 l'état d’esclavage qui ait rendu le ver 4 soie sujet 4 la muscardine, puisqu’il n’est pas tres rare de rencontrer des larves d’autres képidopteres vivant en pleine liberté, qui en sont également at- teintes. D’ailleurs la maladie ne semble pas étre du nombre. de celles qui peu- vent naitre sous l'influence du mauyais regime auquel les vers sont quelquefois soumis dans les magnaneries. M. Bassi a en vain essayé de la faire se dévelop- per chez ces animaux, en les plagant dans les circonstances les plus défavorables; il_n’est parvenu 4 la faire naitre chez mm individu sain, que par voie de conta~ gion , c’est-a-dire par vole de communication directe ou indirecte avec un autre individu precédemment atteint du méme mal. Avant de parler des circonstances suivant lesquelles a lieu cette propagation, il convient de faireremarquer que le ver, mort de la muscardine, se couvre ha- bituellement, au bout de peu de temps, d’une efflorescence semblable a de la neige. Cependant, si le cadavre est place dans une atmosphere d'une extréme secheresse, cet énduit farineux ne se montre pas; ilne se montre pas non plus chez les individus qui succombent a ce qu’on appelle la muscardine batarde ou noircissure. Tant que cette efflorescence ne s'est pas montrée, la propagation de la mala- die n’a pas lieu par le simple contact exterieur. Mais si l'on entame largement la peau d'un individu récemment mort de la muscardine cu pres den mourir, et qu ensuite, avec Vinstrument mouille par le liquide interieur, on touche ou, ce qui est plus sir, on pique la peau d'un individu sain, on lui communiquera la maladie. . efflorescence blanche, en effet, comme l’a reconnu M. Bassi, n’est que la partie extérieure d’une multitude innombrable de petits champignons, lesquels, ayant la mort de Yanimal, existaient deja sous ses tegumens et sy accroissaient a ses dépens, sans pouvoir d’ailleurs se faire jour au-dehors, en raison de la résistance que leur offrait la peau; ils ne peuvent percer l’enveloppe cutanée que lorsqu’elle est déja ramollie par un commencement de putréfaction. Leur fructification suit de pres leur apparition a lexterieur, et les germies iznombra- bles qui se répandent sur les corps voisins ou se dispersent dans Vatmosphére, vont au loin porter Ja maladie. Les germes, attachés A des corps solides, peuvent conserver long-temps la faculte de se reproduire et de faire naitre ja muscardine chez les vers a soie sur le corps desquels ils seraient portés. M. Bassi pense qu’en les placgant dans des 316 Académie des Sciences. circonstances convenables, ils conseryeront prés de trois ans leur activité con= tagieuse. D’une année a Pautre ils se conservent aisement, et]introduction d’ceufs pro- venant d’une magnanerie infectee dans une magnanerie qni n’était pas encore atteinte de la maladie, pourra l’y faire apparaiire ; non que le ver soit malade dans l’ceuf méme, mais parce qu'une fois éclos il pourra se coller 4 sa peau quel- ques-uns des germes qui étaient restés attaches a la surface extérieure de la co- que. M. Bassi, du reste, se croit fonde a, conclure de ses experiences qu’on peut éloigner cette cause d'infection en soumettant les ceufs suspects a certaines lo- tions qui, faites en temps convenable, ne nuisent point a l’embryon. Si Yon agite sur l'eau un ver mort de la muscardine, et deja couvert de l’en- duit farineux, cet enduit se detache en partie, flotte a la surface, et peut y res- ier ainsi assez long-temps sans perdre son action nuisible. Sil’on plonge l’ani- mal avec assez de precaution pour que les germes ne se détachent point et res- tent submergés, ils se conservent sans altération pendant plusieurs jours, tandis que le ver pourrit promptement. Les experiences microscopiques faites plus recemment par M. Balsamo, pro- fesseur d’histoire natureileau lycée de Milan, ont confirme les idées de M. Bassi sur la nature de la muscardine. Cet observateur a reconnu que efflorescence blanche, qui se montre a la surface du ver mort depuis quelque iemps, est duc en effet au developpement d’une multitude de plantes cryptogames : ces plantes Jui ont paru appartenir au genre Botrytis. L’espece dont il s’agit ici, le B. Bas= stana, offre suivant luiles caractéres suivans: floccis densis, albis, erectis, ramosis ; ramis sporidiferis sporulis subovatis. De nombreuses observations Vont conduit 4 reconnaitre : « 1° Que cette muscidinée ne se voit jamais que sur des vers morts de la muscardine; qu’elle ne se rencontre jamais parmi les diverses espéces de moisis- sures qui se développent sur des vers desséches artificiellement ; qu’on peut la reproduire sur tel individu qu’on choisira, en lui communiquant les germes pris sur un veraffecté de muscardine ; : « 2° Que la peau du ver attaque de Ja maladie est parfaitement saine, et que les élémens morbifiques gisent dans un pigmentum sous-cutané, qui peut aug- menter de volume, et envahir presque toutes les parties interieures du ver et de la nymphe ; « 3° Que ce pigmentui offre un amas de petits grains semblables aux spo-~ res de la moisissure, lesquels, dans des circonstances favorables, s’allongent en filamens qui portent, des germes capables de reproduire le veritable Botrytis Bassiana. » A cette occasion, M. Duméril communique une observation « gui, dit-il, a « quelque analogie avec ce fait, c’est que souvent, aprés les pluies d’automne, « on trouve attachées contre les mursun grand nombre de mouches mortes, ¢ta- « lées, bien conservées et excessivement gonflécs dans la région de Vabdomen, « dont le corps se trouve couyert d'une poussiere blanche, trés fine. Académie des Sciences. 319 « En examinantd la loupe cette poussitre et la matiére qui remplit le ventre, « il estfacile de reconnaitre que c'est une veritable moisissure developpée con~ « stamment de la méme maniere, et qui peut-étre a été également la cause de la « mort de ces insectes, comme les Trysiphes font perir les plantes qu’elles atta~ « quent, » Séance du g mai. Empreintes de pieds d’un quadrupéde dans le grés bigarré de Fildburg-~ hausen, en Saxe; communication par M. ve Buarnvitte. « Dans le cours de l’année derniere, M. de Humboldt d’abord, et M. Link ensuite, ont entretenu l’Académie au sujet de plaques ou dalles de grés, des environs de Hildburghausen en Saxe, appartenant geologiquement au grés bi- garré ou nouveau grés rouge, a la surface inferieure desquelles on a remarqué un nombre considérable de figures en relicf assez regulieres et regulic¢rement disposées, pour que plusieurs naturalistes allemands aient pu les regarder comme les résultats de pas d’animaux quadrupeédes de la famille des quadrumanes ou singes, suivant Jes uns, de celles de Didelphes pedimanes on Sarigues, suivant les autres, comme MM. Wiegmann et Humboldt, et méme de Salamandres gigantes- ques, d’aprés MM. Munster et Link. L’administration du Muséum d'Histoire naturelle, dans le but d’éclaircir une question aussi interessante en paleontolo-— eie et dont on a déja tiré des conséquences si contradictoires 4 ce que Ton ad- met assez généralement aujourd’hui comme résultat de l'état actuel dx nos con— naissances sur Vhistoire de la succession des étres organises 4 la surface de la terre, s'est empressce de faire Vacquisition d’un grand et beau morceau de ce eres dla surface duquel existent trois séries de ces pretendues impressions tra- duites en plate-bosse et lies entre elles par une rdwculation plus ou moins ser- rée. Au premier examen qu'il ena fait, M. de Blainville croit s’étre assuré que ces figures en relief ne doivent en aucune maniere étre attribuées a des em- preintes qu’auraient laissées les pieds d’un animal quadrupéde quelconque mar- chant sur un sol susceptible de les recevoir et de les garder assez long-temps pour qu’ensuite elles aient pu étre remplies par une matiére plus ou moins molle et capable de se solidifier. 1] pense au contraire que ce sont indubitabl-ment des traces de vegétaux analogues sans doute 4 ceux que lon a deja rencontrés plu- sieurs fois dans le grés rouge , et considérés comme des Préles gigantesques , ou des Rhyzomes de quelques Acorus ou méme des tiges sarmenteuses plus ou moins reticulées et anastomosées, ce qu'il ne lui appartient pas de décider, Quant aux raisons a ’appui de son opinion, que ce ne sont certainement pas des empreintes de pieds d’animaux quadrupédes, M. de Blainville se propose de les soumettre au jugement de fAcadémie,; dans une de ses séances prochaines, aussitot qu’il aura pu faire executer des dessins rigoureusemen! exacts du bel échantillon ar- rivé dernicrement au Muscum, comparativement avec des figures d’empreintes des pattes d’un Singe, (une Sarigue et d’unc Salamandre. » 318 Académie des Sciences. Recherches sur la disposition des plumes chez les oiseaux, et sur les muscles destinés &@ mouvoir ces plumes, par M. JacquEmin. Dans une precedente lettre Pauteur avait considéré le mode d’implantation des plumes 4 la face supéricure du corps ; cette fois il s’occupe de la face in- férieure ; il décrit aussi les ecailles cornées qui recouvrent les pieds, enfin il indique les différens muscles qui servent au mouvement des plumes. Ces mus- cles suivant lui sont au nombre de quinze, dont cing occupent la face supérieure du corps , deux la face inferieure , cing le bras, un la jambe, deux la region de loreille. Séance du 16 mai. Anatomie et physiologie de la Corneille (Corvus corone), prise comme type de la classe des Oiseaux , etc., par E. Jacquemin. (Second memoire : Insertion des plumes qui.recouvrent la peau de cet oiseau, et muscles qui servent a leur mouvement. ) Lettre sur la structure des poumons, par M. Bourcsry. L’ Académie ayant regu, dans une de ses precédentes scances, un travail sur la structure des poumons , M. Bourgery annonce quwil s'est occupeé de recher- ches sur le méme sujet, et qu’il les aurait deja soumises au jugement de |’ Aca- démie si les dessins explicatifs qui accompagnent son mémoite eussent été ter- minés. En attendant, il croit devoir faire connaitre les principaux résultats aux- quels il est arrive, Apres avoir indiqué sommairement la disposition générale des artéres et des veines pulmonaires, puis leurs rapports avec les camaux aeriens, il entre dans quelques details sur la terminaison de ces trois ordres de vaisseaux. « Le capillaire ac¢rien n’'g* point une cedéwle ou vésicule , mais un canal, « Les canaux aériens capillaires, dont ’agglomération forme les lobules, sont incurvés ou légérement sinueux, inclines et entrelaces en divers sens. Ils se jet- tent tous les uns dans les autres, de fagon a donner Videe d’un labyrinthe, ce qui me les a fait nommer, dit Yauteur, canawx labyrinthiques. Is naissent des plus petits canaux bronchiques. « Ces derniers sout d’abord rectilignes et ramifiés sous forme alterne. Deve= nus capillaires 4 leurs derniers embranchemens, ils s'incurvent, regoivent les eanaux labyrinthiques qui s’ouvrent sur leurs parois, et ils se terminent en s'a~ bouchant avec l’un d’eux qui continue leur direction. Ces canaux , dont le dia- metre n’excéde que de moitie celui des autres, s’en distinguent surtout par leur plus grande longueur et l’excés d’epaisseur de leurs parois. « Quant aux capillaires sanguins, une arteriole, 4 son arrive dans le lo- bule pulmonaire , représente une tige dont les rameaux divergens se distribuent en cove ou en arbre. Chacune des branches principales ayant atteint les cloisons, c’est-A-dire les espaces intercanaliculaires, enveloppe les canaux les plus voi-~ sins par autant d’anneaux yasculaires formes par un seul vaisseau. La méme dis~ ae Académie des Sciences. 319 position se repete de proche en proche , tous les canaux se trouvant ainsi envi- ronnés de yaisseaux annulaires interposés entre leurs cloisons et qui sabouchent les uns avec les autres dans les points tangens ou aux neeuds d'intersection ; en sorte que, sur une coupe entre deux rameaux nés de Partériole dorigine ou de deux arterioles voisines, la surface est formée par un canevas de ces anncaux vasculaires communiquant entre eux, ou mieux, se continuant partout sans in- icrruption, et décroissant un peu en diametre, des rameaux vers le centre moyen de jonction. « Les veinules naissent du canevas annulaire en sens inverse des artérioles ; ainsi ¢’est ce canevas lui-méme qui constitue le systeme capillaire sanguin pul- monaire. » Séance du 23 mai. Appreciation de la température moyenne des époques géologiques terrains tertiaires en Europe, au moyen de I’¢tude comparative des espéces vivantes et fossiles de coquilles, par M. Drsnayes. (Voyez ci-dessus page 289.) Observation sur deux especes de fausses galles, M. Vazrior, de Dijon, adresse quelques observations sur une espéce de Ten- thrédes qui attaque les branches de chevre-feuille, les deforme et les rend cassantes. | « On remarque, dit-ul, sur les branches du Loniceru «ylosteon Linn., des renflemens irregaliers cui les rendent fragiles dans ces endroits. Ces renflemens qui déforment Jes tiges, presentent du cété convexe Je prolongement de l’ecorce, et du cOté concave une apparence de carie ou gélivure: ils ne s’opposent point aux progres de la vegétation. « Cette alteration est due 4 une larve de Tenthreéde. « Aux mois d’avril et de mai, on peut voir sur les bourgeons du chévre- feuille des bois, de fausses galles charnues, les unes oyoides, les autres glo- buleuses, quelquefois rougeatres, d’autres fois vertes. Ces galles étaient tres abondantes en 1835; elles sont rares cette annce, probablement 4 cause de la rigueur et de la longueur de V’hiver, qui se seront opposés au développement de la Tenthrede. : « Jouvris un certain nombre de Galles, et je trouvai constamment daus leur interieur une larve 4 22 pattes , analogue a celle du Tenthredo gulle foliorum Salicis, Linn., bien décrite par Swammerdam, Collect. académ., part. étrang., t.v, p. 494, pl. 28, fig. g. « La larve contenue dans les fausses galles du chévre-feuille est hyaline, a téte couleur chatain; elle laisse apercevoir distinctement ses six pattes écail- leuses; mais les pattes membraneuses, extremement pelites, paraissent sous forme de tubercules, Cette larve est longue de 8 millimetres. C’est alors que , comme celle des galles des feuilles de saule, elle perce la galle en y pratiquant 320 Académie des Sciences. ‘ une ouverture ronde par laquelle elle s’échappe pour aller subir ses métamor= phoses en terre. Quelquefois, mais raremeut, elle subit ses transformations dans la galle, et c’est A un de ces heureux hasards que j'ai di de connaitre d’une ma- nitre certaine Vespece de Tenthréde & laquelle sont dues les fausses-galles du chévre-feuille des bois, ( Elle est entiérement noire : antenne a 9 articles, ge= noux blauchitres. ) « La femelle, qui parait 4 la fin de mars, pond un ceuf dans le bourgeon ; cet ceuf ne tarde pas a eéclore; la pigire et la presence de la larve déterminent la tuméfaction du bourgeon par l’extravasion de la s¢ve, et produisent un résultat pareil 4 celui observe sur une branche de Saule marseau , Salix capreea Linn. , par Palissot de Beauyois, dont on peut lire la note dans les acé, Paris. 1811, _ p- 149, pl. rv, fig. 1, 2. « Lorsque la larve est sortie, la galle acquiert une consistance plus ferme; elle finit par devenir ligneuse et par former comme une sorte de calus. sur l’ar- buste. L’ouverture par laquelle la larve s’est echappée augmente de dimension, se deforme , et finit par disparaitre en laissant une cayité sur la branche, dont la vegetation se continue par l’écorce et le bois, car il n’y a plus de canal mé- dullaire , la fausse galle en a interrompu la continuite. Plusieurs especes d’Ichneumons, ainsi que la reconnu M. Vallot, attaquent et font perir la larve de la Tenthrede du chévre-feuille avant qu'elle ait quitté la galle 4 Yabri de laquelle elle se developpe. Une autre fausse galle qui se montre sur le Sisymbrium sylvestre est due, suivant M. Vallot, 4 une espéce tres petite de Cecidomyie. Anatomie. — Structure des poumons. — M. Bazin, qui avait adresse, daus Jes séances du 21 mars et 18 avril, divers dessins et preparations ayant pour ob- jet de montrer le mode de terminaison des bronches, rappelle que ses observa- tions sur ce point d’anatomie conduisent a des resultats biea differens de ceux qui out cté recemment soumis a l’Academie ( Voir page 318 Vextrait dune communication de M. Bourgery ). Suivant M. Bazin, les poumons d’aucun Mammifere n’offrent a l’extremite des canaux aeriens une disposition telle que celle qu’on a désignée sous Je nom de canaux labyrinthiques, dans tous, au contraire, « les bronches, aprés s’étre divisées, subdivisces ou ramifices un plus ou moins grand nombre de fois, finissent par donner des ramuscules tres ccurts qui se terminent en cul-de-sac. Ce sont les extremites de ces ramifica~ tions , et les renflemens qu’elles présentent quand elles sont distendues » que la plupart des anatomistes ont pris pour des cellules ou des vesicules, QUATREFAGES, == Développement des .4nodontes. 321 Meémorre sur la vie inira-branchiale des petites Anodontes, Par M. AnManD DE QUATREFAGES, Docteur en médecine et és-sciences; Présenté a l’ Académie des Sciences le 11 mai 1835. (1) Mon intention, dans ce travail, n’est pas d’examiner le ques- tion anatomique et physiologique des organes génitaux de l’A- nodonte ,-non plus que le développement de ses ceufs dans l’o- vaire. Je laisserai de cété tout ce qui se rattache 4 ces deux points de la science si intéressans dailleurs, mais que je n/ai pas encore suffisamment éclaircis, pour prendre les ceufs a leur sortie de l’ovaire, et suivre leur évolution intrabranchiale jus- qu’au moment ou les petites Anodontes abandennent entiere- ment leur mere pour vivre de leur vie propre. Le 20 septembre 1834, j'avais placé une Anodonte dans un vase en cristal, afin d’examiner le mécanisme a l'aide duquel eau est mise en contact avec les divers replis branchiaux. En- core pleine de vigueur, elle n/offrait ce mode de respiration qu’on pourrait appeler 4 grand courant (1). Bientot je vis sortir de son orifice anal ces petites masses d’ceufs décrites par M. de Blainville : elles étaient disséminées dans le liquide, en tres grande quantité. L’animal continuant a pondre avec beaucoup de rapidité, les ceufs étaient entrainés par le courant qui en- trait dans la trachée: ils se trouvaient par la portés dans les (t) Voyez le rapport fait sur ce travail par M. de Blainville (Annales , tome 4, page 283), (2) Lorsque les Anodontes ne sont prises que depuis peu de temps, elles ont deux maniéres _ de respirer ; tantot le liquide passe avec beaucoup de rapidité dans les canaux concentriques formés par le manteau et les branchies, entrant par ouverture garnie de tentacules que forme _ Pextrémite du manteau (trachée), et sortant par Vorifice anal avec assez de force pour agiter Peau a cing ou six pouces de distance; d’autres fois, l’eau parcourtle méme rajet, mais avee | lenteur, et sans qu’il y ait de jet ala sortie. Quand animal est affaibli pour avoir été gardé | long-temps dans un vase, il ne respire plus que de cette seconde maniere. V. Zoou. — Juin. af 322 QuaTREFAGES. — Développement des Anodonies.. branchies externes, qui les premiéres regoiveut le liquide, et déposés dans leurs replis. Ce fait explique tres bien la présence presque coustante des ceufs seulement dans les branchies ex- ternes (1). Ceux qui ont été trouvés ailleurs , soit dans les bran- chies internes, soit dans les replis du manteau, y avaient été probablement entrainés par le liquide, dévié de sa route nor- male, peut-étre par la brusque fermeture des valves de la co- quille ou par toute autre cause. On voit encore qu il doit se perdre un grand nombre d’ceufs dans cette espéce de transport quwils sont obligés de subir, et que chaque Anodonte peut fort bien servir de mere a des ceufs pondus par ses voisines. (2) L’Anodonte que javais sous les yeux continua a donner des ceufs pendant vingt-quatre heures, laissant des intervalles de demi-heure ou trois quarts @’heure environ entre chaque ponte. L’ayant ouverte au bout de ce temps, je trouvai ses branchies externes remplis d’ceufs assez réguliérement disposés en séries dans ses locules. Celles-ci étaient remplies d'une espece d’albu- mine filante provenant en grande partie de la matiére qui en- veloppait les ceufs au moment de la ponte, et qui avait perdu ate . $57) 42 un peu de sa densité en absorbant une certaine quantité d’eau.. Le ventre était flasque, et la peau en était comme ridée; ce qui sexplique facilement par l’état de vacuité subite des ovaires. Quelques expériences approximatives me montrérent que les ceufs pondus par une Anodonte de moyenne grandeur pou- vaient étre au nombre de quatorze mille, plutot plus que moins; les plus grandes en contenaient au moins vingt mille. J’en re- gueillis environ deux cents que je placai dans un verre a li- queur. Le lendemain, je ne fus pas peu surpris de les trouver rangés d'une maniere réguliere contre la paroi directement ex- (1) Sur plus de soixante Anodontes que j’ai ouvertes, je n’ai trouvé des ceufs dans les bran= chies internes que deux ou trois fois, et en trés petite quantité; dans le manteau, jamais. (2) Je n’ai pu reconnaitre la marche indiquée par MM. Rathke et de Blainville comme étant celle suivie par Jes ceufs 4 leur sortie de oviducte. IL me semble difficile que les ceufs ne soient pas entrainés par le courant que forme l'eau expirée, et emportés par l'orifice anal avant de pouvoir remonter le long du bord antérieur des brauchies internes, Au reste, M. de Blain- ville a lui-méme trés bien décrit leur sortie, ae" | | 4 | | | quatreraces. — Développement des Anodontes. 323 posée a la lumiere. L’albumine qui les enveloppe au moment de leur sortie avait formé une espéce de membrane dans I’é-. paisseur de laquelle ils étaient contenus. Curieux de voir si cette espece de tissu se réorganiserait, je le rompis ‘et le délayai dans le liquide; mais mes ceufs resterent au fond du verre, et, au bout de quelques jours ils étaient la proie de myriades d'infu- soires et surtout de vibrions. Premier jour, — Examinés aussitot apres leur sortie, ces cetifs étaient sphériques, de un quart de millimetre de diametre en- viron. Au microscope, ils présentaieat cette espéce de petit ga- teau circulaire formé de globules transparens renfermant eux- mémes des globulins, et que quelques naturalistes de nos jours considerent comme un véritable vitellus, mais qui, du moins dans les Limnées et les Planorbes ; m’a paru étre le premier ru- diment du systéme nerveux (1). L’enveloppe membraneuse, parfaitement transparente, était assez resistante, et renfermait une liqueur ou les réactifs montraient une grande quantité d’al- bumine. | Deuxieme et iroisiéme jours.— Le nombre des globules auge mente par le développement successif des globulins, sans que le gateau change de fornie. Ici comme dans les Limnées et les Planorbes, les nouveaux globules se portent du centre a la cir- conférence. Quatriéme jour. — Les globules ne sont plus distincts : le gateau entier semble composé de globulins disséminés dans une masse pulpeuse. Vers sa circonférence se montre un segment légerement opaque qui en occupe environ le tiers. Cinguiéme jour.— Le gateau augmente rapidement et prend Ja forme d’un triangle sphérique. Le segment opaque apercu la (t) Dans le mémoire que j’ai publié sur Pembryogénie des Limnées et des Planorbes, j’a- Vais avancé que les ceufs de ces Mollusques u’offraient dans le commencement aucune trace de germe. Depuis, j'ai reconnu que celte erreur, car c’en est une, tenait a ce que j’avais examiné des ceufs placés 4 l’extrémité des masses ovigéres, Ces ceufs & germe imparfait ou méme nul, ne se développe nt pas. Dans mes recherches sur les Anodontes , jen ai trouve de semblables au milieu de petits bien développés, et qui au bout d’un mois étaient les mémes que le jour de la ponte, Ae 324 guatreraces. — Développement des Anodontes. veille forme l’un des cétés en débordant un peu a droite et a gauche. Les locules des branchies sont fermées par une membrane extrémement fine qui semble n’étre que la surface un peu so- lidifiée de l’albumine qu’elles renferment. Celle-ci parait avoir augmenté en quantité, par suite probablement d’une sécrétion particuliere des branchies. Sixiéme jour. — On distingue la coquille encore membra- neuse parfaitement transparente, enfermant le gateau quon distingue a travers , et qui lui-méme semble se laisser traverser plus facilement par la lumiere. Le segment apercu les jours pré- cédens est aussi devenu plus transparent, et forme la charniere. La coquille conserve la forme triangulaire a cotés légerement courbés; elle remplit presque entiérement l’ceuf. Septiéme jour.— La coquille presse contre les parois de l'ceuf qu'elle distend par ses trois angles. Son bord cardinal est en- tierement rectiligne, tandis que les deux autres conservent leur courbure : elle est toujours membraneuse. On ne distingue plus le gateau, mais vers le tiers supérieur des valves, on voit un espace a-peu-pres elliptique, translucide, circonscrit par’ une ligne opaque, et que nous reconnaitrons plus tard étre l'em- preinte du muscle adducteur. On ne peut dire que celui-ci existe encore, aucun tissu n’étant déterminé: aussije pense que Ja plus grande transparence de ce point est produite par l'adhé- rence des rudimens de Vanimal avec la annie dans l’endroit ou plus tard s’attachera le muscle. Le fluide albumineux renfermé dans les iaeles des branchies commence a4 prendre une apparence pulpeuse. On y distingue une foule de points opaques irréguliérement disséminés , ana- Jogues aux globulins. 8° jour. — La coquille, par son accroissement progres- sif, a déchiré la membrane qui l’emprisonnait, et dont les fragmens que lon retrouve ne tardent pas a étre résorbés. Ses - bords antérieur et postérieur acquiérent un peu plus de cour- bure, tandis que le bord cardinal demeure a-peu-pres recti~ ligne. Les angles antérieur et postérieur sarrondissent : les valyes sincrustent par points de sels calcaires, et du centre a la QuaTREFACcES. — Développement des .Anodontes. - 325 circonférence, laissant tout autour une lame translucide, assez ferme, élastique, et qui semble étre un prolongement du liga- ment de la charniére. A l’angle inférieur, les deux portions an- térieure et, postérieure de cette lame se réunissent, et se pro- longent dans l'intérieur de la coquille en un angle trés aigu, En méme temps, on apercoit a ce méme angle des espéces de mamelons allongés, translucides, et formant une’ sorte de houpe. C’est le premier rudiment des dents du crochet, comme le prolongement triangulaire dont nous avons parlé Vest du crochet luieméme. Ce sont ces mamelons plus ou moins déve- loppés qui ont été vus et dessinés par MM. Bojanus, Pfeffer et Prévost dans leurs planches, et que M. Jacobson regarde comme étant. les indices des crochets. Nul doute que si ces observa- teurs n’ont pas apercu cet organe, cela n’a tenu qu’a ce que les animaux quils avaient sous les yeux n étaient pas assez avan- cés en age. : Le liquide albumineux dans lequel les ceufs étaient plongés achéve de s’organiser en une matiére pulpeuse, trés peu con- sistante, et dans laquelle parait un lacis inextricable de vais- seaux , les uns droits ou a peine onduleux, d'autres en spirale serrée, d autres enfin enroulés et comme entortillés les uns au- tour des autres. On en voit quelques-uns sortir entre les valves des petites Anodontes; mais la coquille toujours fermée a cette époque de leur vie, empéche de voir le point ou ils aboutissent. Jen ai compté tantot deux, tantot trois ou quatre; mais ce manque de fixité dans leur nombre doit étre sans doute atiri- bué a la facilité avec laquelle se déchirent et se rompent ces tissus a peine déformés. Les jours suivans, la petite Anodonte augmente A peine de volume ; mais les parties se consolident, la coquille brunit et achéve de s’incruster; ses bords seuls demeurent toujours liga- menteux. Les mamelons de son angle inféricur s’allongent, et on en voit d'autres poindre sur le prolongement intérieur de la Jame. Le nombre des vaisseaux se multiplie. 12° jour. — Le crochet s’allonge de maniere a égaler en lon- gueur le tiers de la hauteur de la coquille. Em méme temps sa base sélargit, acquiert un peu plus de consistance, et bientot 326 = quarrreFacrs. — Développement des Anodontes. on voit sur sa ligne médiane des points incrustés de matiére calcaire. Les dents augmentent en nombre et commencent A paraitre jusqu’a son extrémité. Le crochet et la bande ligamen- teuse prennent la teinte légerement brunatre du reste de la co- quille. On n’apercoit, au reste, aucune articulation entre cet organe et la valve 4 laquelle il est attaché. 13° e¢ 14° jours. —- Les crochets et la coquille acquiérent plus de solidité par une incrustation successive. Néanmoins, les pre- miers demeurent flexibles et comme cartilagineux, la matiére calcaire n’y étant que disséminée par points, tandis que les valves se solidifient entierement quoique conservant leur translu- cidité entre les points opaques formés par le premier dépot des sels terreux. Les dents s‘allongent, se consolident, et présen- tent tout-a-fait un aspect corné. Vers cette époque, les crochets qui étaient restés couchés dans lintérieur de la coquille, se redressent sur elle 4 angle droit quand le petit animal ouvre ses valves, mouvement qu'il commence seulement alors a exécuter. Deux lames sémilunaires, transparentes , sattachent a droite et a gauche du crochet, et se rendent au bord interne de la coquille. Ces lames demeurant tendues lors méme que l’animal rapproche le crochet: de ses valves , je les ai considérées des ce moment comme des muscles destinés a fléchir cet organe, le mouvement d’extension étant du a Pélasticité du ligament sur lequel il est implanteé. Lorsque la petite Anodonte ouvre sa coquille, on voit le muscle adducteur placé au milieu et vers le tiers supérieur, ainsi que nous l’avons déja dit. On en distingue tres bien les fibres que l’on voit se contracter sous ses yeux. En avant et en arriere du muscle, on apercoit les vaisseaux dont nous avons parlé pénétrer dans un amas de globules semblables a ceux qui constituent le germe. Autour de ces points d’insertion, on voit se former presque constamment de petits tourbillons analogues & ceux que fournissent certains infusoires. Je n’ai jamais dis- tingué de cirrhe. On ne reconnait, du reste, d’autre trace dor- ganisation qu'une cavité allongée placée a la partie inférieure du muscle, cavité que nous verrons étre le premier rudiment du tube intestinal. ouaTREFAcss, — Développement des Anodontes. 327 Les vaisseaux que nous avons décrits , et qu’avec MM. Rathke et Jacobson nous considérons comme les organes de la nutri- tion de l’embryon, comme de véritables vaisseaux ombilicaux, ‘traversent la matiére pulpeuse dans laquelle sont plongées les petites Anodontes, et se rapprochent de manieére a former dans les locules des branchies de la mere de nouvelles cloisons le long desquelles sont appliqués les petits. Arrivés prés des feuillets de la branchie, ils se divisent en deux ou trois branches dont cha- cune est presque aussi volumineuse que le tronc principal, et se terminent par un petit renflement piriforme, sans entrer en communication avec les vaisseaux de la mére. Ces renflemens jouissent a un haut degré du pouvoir absorbant et exsorbant. En les isolant autant que possible, on voit les uns se couvrir de cirrhes et les autres donner naissance seulement a des tourbil- lons trés rapides. Il semblerait , d’apres cela, que les premiers seraient des organes d’exsorption, les seconds d’absorption. Quant aux vaisseaux qui sillonnent la matiere pulpeuse dont nous avons parlé, ils se terminent d-peu-prés de la méme ma- niére dans le voisinage des feuillets branchiaux. Ainsi on pour- rait étre tenté de croire que, parmi les vaisseaux ombilicaux, les uns sont de véritables veines, les autres des ariéres venant puiser dans un placenta les matériaux nécessaires, et y rapporter ce qui devient inutile 4 la nutrition de la petite Anodonte. Je nai pu reconnaitre la moindre trace dirritabilité dans ces vaisseaux , quelques moyens que j’aie employés pour cela. Plu- ‘sieurs fois fai cru les voir se contracter ou se dérotler, mais j’ai fini par m’apercevoir que cés mouvemens étaient produits par quelque Anodonte qui ouvrait et fermait sa coquille, mouve- ment quelles exécutent trés souvent. _ Les jours suivans n’aménent pas de grands changemens; seu- lement la coquille et ses dépendances se foncent en couleur et acquierent plus de solidité: les fibres musculaires deviennent plus distinctes : les globules sont distendus par les globulins ; mais l’accroissement marche toujours avec une extreme lenteur. 20-25° jours. — a bande translucide qui réeene autour des. valves , et que nous avons vue persister plus long-temps que ces 328 Quarreracrs. — Développement des Anodontes. derniéres dans son état primitif de cartilage, est entiérement incrustée, excepté sur le bord qui touche a la coquille. La régne un sillon qui la sépare de cette derniére, sillon assez profond a Yangle inférieur et sur les cOtés , et qui va en s'‘effacant vers le bord cardinal. Pour reconnaitre bien distinctement cette dis- position, il faut faire macérer les petites Anodontes. Alors on voit qu'un ligament interposé regne tout le long de ce sillon en bas et sur les cotés , et va aboutir supérieurement au bord car- dinal ou ilse confond avec le ligament de la charniére. La cou- leur de la bande est la méme que celle du reste de la coquille : le crochet semble n’en étre qu'un prolongement, et l’attention la plus soutenue n’a pu me faire reconnaitre d’articulation in- termédiaire. Le crochet est demeuré flexible, et la matiere cal- caire n'y est déposée que par points. Sa longueur égale les deux tiers de la hauteur de la coquille; sa forme est celle d'un tri- angle isocele a cotés légerement concaves. A sa face externe se trouvent les dents en cylindres arrondis a leur extrémité, au nombre de quatorze a seize. Elles sont placées sur deux rangs alternes a la partie supérieure du crochet, et sur trois dans le point ou il sélargit assez pour cela, Quelques-anes sont irrégu- lierement groupées a sa base: ce sont celles que nous avons vu paraitre les premieres sous la forme d'une petite houpe. Deux faisceaux musculgires, revétus extérieurement d’une forte apo- névrose qui résiste long-temps a la macération, sattachen! de chaque cété du crochet : ’'un plus large, depuis la base jusquau tiers supérieur, l’autre depuis ce point jusqua lextrémité. Le premier se porte au bord interne, et le second 4 la face interne de la bande qui régne autour des valves. On voit que tout ce singulier appareil tient 4 cette derniere, et qu’en supposant que ce soit une partie caduque, il doit disparaitre avec elle. A cette époque, les globulins ont remplacé les globules au- tour du muscle adducteur. Ils se sont développés surtout dans le tiers médian, et forment dans chaque valve une espece de masse tout-d-fait transparente, dent les dimensions varient quel- guefois d’un moment a autre, et au milieu de laquelle on voit, outre le canal digestif déja apercu, une autre cayité allongée qui plus tard formera l’aorte. Au point ou s’insérent les cordons | | ouatrEFacers. — Développement des Anodontes. 329 ombilicaux, on voit un petit renflement auquel ils paraissent aboutir. . Nous avons vu que la petite Anodonte écarte souvent ses valves au point qu elles se trouvent sur le méme plan. On con- coit que dans cette position le muscle adducteur éprouve une extension tres considérable. En outre, la contractilité de la fibre musculaire ne parait pas trés forte A cette époque de la vie, tandis que le ligament de la charniere semble avoir acquis une élasticité tres prononcée. Aussi voit-on souvent le petit animal faire de vains efforts pour refermer ses deux valves, qui la plu- part du temps demeurent au moins entrouvertes. Si elles se rapprochent assez pour que les crochets, en s’abaissant l’un vers autre, viennent a se rencontrer, on voit ceux-ci s incurver davantage, et les dents sengrener les unes dans les autres a la maniere des pignons de deux roues. C’est 4 Vaide de ce curieux mécanisme que la petite Anodonte parvient a fermer entiere- ment sa coquille et ala maintenir dans cet état malgré l’action continuelle du ligament de la charnieére. D’apres la disposition des dents que nous avons vues étre al- ternes, on concoit que lorsque les deux crochets sont appliqués Pun contre l'autre, les mouvemens d’avant en arriére que pour- raient exécuter les valves en glissant l'une sur l'autre, sont ar- rétés aussi bien que ceux de haut en bas. La petite Anodonte trouve donc dans cette espece de charniére supplémentaire un moyen de plus pour résister aux causes légéres qui pourraient si facilement a cette époque disjoindre les deux valves de la co- quille. Enfin , le singulier appareil qui nous occupe peut servir de moyen de défense a notre petit bivalve. En effet, lorsqwil a quitté le sein protecteur de sa mere, il est exposé aux attaques dennemis nombreux qui en détruisent des quantités innom- brables. Or, il se trouve protégé dans le point le plus faible, dabord par son crochet aigu et armé de dents redoutables, puis par cette espéece de barriere musculo-tendineuse qui ferme une partie de Vorifice de la coquille lorsque les valves en sont écartées. A dater de ce moment, le développement de la petite Ano- 3380 = qua REFAGES. — Développement des Anodontes. donte marche avec plus de lenteur encore qu’auparavant, par suite, je pense, des rigueurs de la saison. On remarque seule- ment gue les muscles adducteurs du crochet paraissent se ren- forcer peu-d-peu. Vers le 45° ou 5o° jour, !a coquille change de forme. Le cété postérieur parait s'allonger en méme temps que le bord cardi- nal s’accroit dans ce sens, tandis que le coté antérieur demeure stationnaire. En avant du muscle, entre Paorte et lintestin, on voit paraitre une rangée de globules un peu plus opaques que le reste du corps, et qui plus tard deviendront le foie. La masse de Panimal a augmenté au point que lorsque les valves sont ouvertes, on dirait qu'il ne peut étre contenu dans sa coquille sans éprouver une forte pression. Les petits: mamelons ot abou- tissent les cordons ombilicaux ont pris de Vaccroissement et une forme bien déterminée. Ils sont composés de cing ou six cotes séparées par des sillons longitudinaux. Au point d’inser- tion se trouve un petit enfoncement; de sorte quils ressem- blent assez a la moitié supérieure d'une pomme calville. Au 60° jour environ, la coquille a pris plus-d’épaisseur. Le sillon qui sépare la bande marginale du reste des valves s’est _ creusé plus profondément, surtout a l’angle inférieur, ou celles- ci présentent des especes de déchirures. 70° jour. — Le foie a atteint le muscle. Dans le reste du corps, on apercoit quelques rudimens de vaisseaux se formant par lacunes et se dirigeant de bas en haut. 80° your. — Au milieu du foie, on apercoit dans chaque valve une cavité irrégulierement ovalaire, dirigée de haut en bas, placée derriére laorte, laquelle s'est allongée de maniere a arriver jusqu’a sa partie antérieure et supérieure : c'est l’esto- mac qui commence a paraitre. Je n’ai pu reconnaitre d’une ma- niére bien positive si c’était une véritable lacune résultant de ’écartement des globules, ou bien si c’était un de ces derniers dilaté et formant ainsi le premier rudiment de la grande poche digestive. 96*7our.— Les dimensions dela cavité stomacale ontaugmente. L’aorte qui les contourne antérieurement se dilate 4 la partie supérieure pour former le coeur sous la forme d'une ampoule ouaTrerAcrs. — Développement des ‘Anodontes. 331 allongée et recourbée inféricurement, de maniére 4 embrasser lestomac. L’intestin s’allonge, arrive jusquau foie en avant, se coude un peu en zigzag inférieurement et remonte apres avoir contourné le muscle adducteur jusque vers le milieu du bord cardinal. » , 120° jour. — Les lacunes que nous avons remarquées dans la masse du corps de lanimal se sont organisées en vaisseaux ramifiés. L’intestin est en communication avec l’estomac; le coeur contourne ce dernier en arrivant au-dela de sa partie postérieure; on distingue a travers le muscle un autre vaisseau qui se forme le long du bord cardinal. Est-ce ’'aorte descendante ou bien le rectum qui commence seulement alors a paraitre? Enfin, vers le 125° jour environ, !'Anodonte se débarrasse tout-A-coup de tous ses petits. Je pense que l’accroissement de ces derniers finit par distendre et déchirer la membrane si ténue qui ferme le reph de la branchie et qu’ils sont ensuite expulsés. Cette délivrance a lieu dans quatre ou cing jours pour le plus grand nombre des meres, car le 21 janvier javais toutes mes Anodontes pleines de petits, et le 28 du méme mois je n’en trou- vai pas une seule qui en contint sur une vingtaine que j’ouvris. Comme il men restait quelques-unes déposées depuis long- temps dans un baquet, j’espérai trouver au fond de celui-ci les petits. expulsés par leur mere. J’en découvris, en effet, plusieurs dans la vase; ils étaient vivans et paraissaient plus forts que ceux que javais observés jusque-la. Le mouvement par lequel elles ouvraient leurs valves était plus lent et plus gradué; peu les avaient écartées, au point de les avoir sur le méme plan, et elles noffraient plus ces mouvemens saccadés qui faisaient naitre Vidée d'un effort brusque et violent nécessaire pour les fermer. La coquille était toujours ‘translucide, brunatre; les fibres des muscles du crochet tres distinctes. L’estomac communiquait avec le liquide ambiant par une ouverture ovalaire dont les bords étaient garnis de cirrhes. Je ne pus douter que ce ne fut réellement Yentrée du tube digestif, ayant vu plusieurs infu- soires pénétrer par la dans Vintérieur, entrainés, je pense, par Yaspiration exercée par l’animal. Le muscle adducteur des valves offrait un léger sillon longitudinal, comme s'il voulait se séparer 332 QuATREFAGES. — Developpement des nodontes. en deux faisceaux. Le foie occupait environ un tiers de la lon- gueur de la coguille; il était toujours formé de globules incolo« res et seulement un peu moins transparens que le reste du corps; la forme de l’estomac était irréguliérement quadrilatére. Le coeur ne présentait aucune contraction : on distinguait la grande artére mésentérique; au reste, ni elle ni le trone prin=- ipa noffraient de ramifications sensibles. C’est en vain que jai cherché a reconnaitre quelques traces du systéme nerveux, probablement sa ténuité et sa transparence Pont dérobé & mes recherches. Réflexions. Il est difficile, apres avoir lu ce qui précéde, de s’expliquer comment Leuwenhoeck a pu voir les petites moules des étangs (Anodontes, Unio ), en tout semblables a leur mere, tant dans ceuf que dans les branchies. En effet, les Riieeumes de forme et d’organisation sont certes assez grandes pour justifier ceux qui, comme MM. Rathke et Jacobson, ont considéré ces petits bivalves comme tout-a-fait étrangers a Vanimal qui les nourris- sait. On serait encore plus volontiers porté 4 embrasser cette opinion par la circonstance de abandon qu’ils font du sein maternel avant d’avoir pris leur forme normale. Mais a part les raisons si bien développées par M. de Blainville, il me parait impossible de regarder ces petits animaux autrement que comme le produit de l’Anodonte, que l'on voit pondre sous ses yeux. Pour suivre le développement des petites Anodontes, jai du me procurer un grand nombre de meres, et c'est dans leurs branchies que j/allais chercher chaque fois celles que je voulais soumettre a mes observations. J'ai pu de cette maniere les suivre pas & pas; mais lorsque j'ai voulu en mettre a part dans des verres, elles\étaient toujours mortes au bout de vingt-quatre heures, et ne tardaient pas a devenir la proie des Infusoires, et surtout comme l’ont remarqué Leuwenhoeck et d'autres obser- vateurs, des Vibrions et des Brachions. Ce résultat n’a, dureste, rien de plus étonnant que la mort dun foetus de mamas qu’on extrairait du ventre de sa mére avant l’époque marquee pour la naissance. quaTreFAcEs, — Développement des Anodontes. 333 Je n’ai pas observé que, pour la sortie des petits, ilse format de nouveaux canaux. La cause que j’ai indiquée me parait plus que suffisante pour l’expliquer. Une fois la membrane qui ferme le replis de la branchie déchirée ils ont da sortir, aidés proba- blement par une réaction de la part de celle-ci, et étre entrai- nés par l’eau respirée en méme temps que la masse placentaire qui les environnait. Le développement embryonnaire des Anodontes ressemble en tout dans les premiers temps a celui des Limnées et des Pla- norbes. Dans les Acéphales comme dans les Pulmonés nous voyons un germe primitif composé de globules qui se dévelop- pent du centre 4 la circonférence par l'accroissement des glo- bules plus petits renfermés dans les premiers (globulins). Tl esta regretter que la coquille de nos bivalves, qui, bien que translu- cide ne permet pas de distinguer des organes aussi diaphanes , empéche de pousser plus loin les recherches comparatives. Néanmoins quelques faits que nous avons constatés chez les Pul- monés aquatiques se sont reproduits ici sous nos yeux. Telle est la formation de quelques canaux ou cavités par lacune, par écartement des globules, et non par le développement de ces derniers. Je n’ai pu le reconnaitre bien évidemment que pour quelques troncs veineux. Le tube digestif et en particulier l’es- tomacm’ont laissé dans le doute a cet égard : néanmoins sa forme et ’analogie m’engageraient a penser qu'il doit en étre deméme. Il n’en est pas ainsi pour le coeur et laorte dont j'ai pu suivre les progres pas a pas. J’ajouterai que dans les Anodontes comme dans les Pulmonés le canal digestif s'est formé de plusieurs par- ties primitivement isolées, et que chez elles comme chez ces der- niers nous avons vu le systeme circulatoire et digestif montrer dabord, non lorgane central (le coeur, Pestomac), mais bien des dépendances excentriques de ceux-ci (l’aorte, lintestin). Chez les uns et chez les autres la forme des organes a précédé leur texture définitive. Lesysteme nerveux qui, dans les Pulmonés aquatiques sem- ble étre le point de départ de Vorganisation s'est ici dérobé a nos recherches. N’existerait-il pas encore a cette époque; et ne viendrait-il compléter ’organisme de PAnodonte qu’a l’époque 334. QUATREFAGES, — Développement des Anodontes. ou celle-ci, par une véritable métamorphose acquerrait sa forme et son organisation définitives? C’est la une curieuse question qui ne peut étre’résolue que par des recherches ultérieures. Une chose assez remarquable, cest que le coeur ne nous ait pas présenté de pulsations méme apres que le petit animal a eu quitté la branchie ou: avait commencé son existence, Cette cir- constance m’a tenu quelque temps en suspens sur la nature de ce renflement piriforme placé a lextrémité de lartere. Néan- moins la position de celle-ci qwil était impossible de méconnai- ire, et sa marche progressive vers le lieu ou se trouve placé le coeur chez ces animaux, nYont fait penser qu il ne pouvait pas y avoir de doute. Enfin nous appellerons lattention sur la disposition des or- ganes qui sont tous en double chez la petite Anodonte. Si les conjectures que j’ai formées sur la nature de chacun deux est juste, il s‘ensuit qu’a cette époque de sa vie elle a deux coeurs, deux estomacs, deux bouches , etc. Ces organes sont-ils desti- nés a se rapprocher, ase confondre chacun avec son pareil? Ce serait la pour lobservateur une bien belle démonstration de la loi de M. Serres. Au reste leur développement n’est pas régu- lierement symétrique. En général ceux de la valve gauche étaient plus avancés, excepté laorte qui a toujours marché avec la méme vitesse dans l'une et dans autre. Je terminerai en regretiant de n’avoir pu étendre nos re- cherches aux jeunes Unios. Mais sur une vingtaine que jai ou- vertes, je nen ai trouvé aucune qui contint soit des ceufs, soit des petits, ce qui doit étre attribué a la saison, puisqu’ll parait dapres les observations de M.. de Blainville que la fin du prin- temps est lépoque de la ponte pour ce genre d’Acéphales. EXPLICATION DE LA PLANCHE XII. Fig, 1. OEuf d’Anodonte au moment de la ponte; a, le germe composé de globules trés dis- tincts qui contienvent des globulins, Fig. 2, Jd. quatriéme jour; a, le germe composé de globulins; 4. segment opaque qui de- viendra la charniére. Fig. 3. Germe au cinquitme jour, a, le germe devenu triangulaire; 4. le segment debor- dant a droite et agauche. ouATREFAGES. — Développement des _Anodontes. 335. Fig, 4. Sixiéme jour. a; la coquille encore membraneuse; 4. le germe ou rudiment du corps; c. la charniere. Fig. 5. Septiéme jour. a. la coquille distendant les parois de l’ceuf: elle est encore mem- braneuse; 4, le corps visible encore a travers Ja valve; ¢c. empreinte du muscle adducteur des valves. Fig. 6, Huitieme jour. La coquille au moment de Véclosion. a. la coquille incrustée par points; 6, bande translucide et encore ligamenteuse qui entoure les valves et a laqueile tien- dra plus tard le crochet et ses dépendances; c. empreiate du muscle; d. premieres dents du crochet. Fig. 7. Méme jour. Vue de la charniére. a. a. Ja coquille proprement dite; 4. J, Ia bande; c. ¢. ligament cardinal. Fig. 8, Dixiéme jour. Rudimens du crochet. a, la coquille; 4, la bande; c. le crochet. Fig. g. Quatorziéme jour. Une valve vue de profil. a. La coquille; 5. la bande; c. le cro- chet garni de ses dents; d. muscles adducteurs du crochet. Fig. 10. Anodonte ouverte. a. a. la coquille; 5, 5. la bande; c. c. les crochets; d. d. les muscles. adducteurs des erochets ; e. muscle adducteur des valves; f f- cordons ombilicaux 5 g. - ligament cardinal; h.h, premiers rudimens du tube digestif; 7, 7, corps de ’Anodonte com— posé de globules peu distincts. | _ Fig. 11, Vingt-cinquieme jour. Le crochet et ses dépendances. @, la coquille incrustée par points; 6. d. les bandes toujours translucides quoique incrustées; c. le crochet; d. d. sil- Jon rempli par un ligament qui unit Ja bande a la valve correspondante ; e.e. premiers muscles adducteurs du crochet; ff. seconds id. Fig. 12. Terminaison des vaisseaux ombilicaux; a. a. renflemens piriformes qui terminent les vaisseaux ombilicaux; 5. un de ces vaisseaux; ¢.c.c. c. vaisseaux placentaires; d. d. vais- seau branchial de la mére. Fig. 13. Le crochet dépouillé de ses museles;.a. la coquille ; 4, 4, la bande; ¢c.c, extrémité du crochet; d. d. d. les dents. N. B. On voit que la matiére calcaire disséminée par points dans le crochet est en plus grande quantité le long de son axe, et qu'elle cesse entiérement en arrivant ala bandea la- quelle tient tout cet appareil. Fig. 14. Anodonte fermant sa coquille. a. a, les valves; 5, 5; la bande; c; c. les crochets; d. d, premiers muscles adducteurs des crochets; e. e. seconds id.; ff. cordons ombilicaux ; g- petit mamelon ou se termine celui que l'on voit en entier; . muscle adducteur des valves,, i, corps de l’animal. Les globules ont disparu pour faire place aux globulins. Fig. 15, Méme jour, Anodonte entr’ouverte. a. a. les valves; 4. 6. les bandes; c. c. les cros chets, L’un d’eux a été enlevé; d.d, ligament cardinal; e.e, premiers muscles adducteurs du crochet; f. f. seconds id. ; ¢. g. cordons ombilicaux; 2. 2, mammelons oi ils se terminent; & muscle adducteur des valves; k, 4, aorte ascendanteici ventrale; 7, Z, intestin3 Fig. 16. Quarante-cinquiéme a cinquantiéme jour. Mémes lettres que dans la figure 14. On voit que le corps est assez développé pour qu’il semble ne pas pouvoir étre contenu dans la _ coquille. | Fig. 17. Méme jour. _ -N. B. Pour ne pas trop embrouiller mes figures, j'ai supprimégles indications données. pré- | cédemment. | a. Le foie; 4, Paorte ascendante; c. Vintestin. 336 owENn. — Sur les Entozoaires. Fig. 18. Quatresvingtiéme jour. a le foie; 3, l'estomac. Fig. 19. Quatre-vingt-quinziéme jour. a. Vintestin commengant a devenir sinueux; d. Yaorte; ¢. l’estomac ; d. le cceur; e. le foie; f. ff lacunes laissées entre les globulins qui for- ment la masse du corps, qui plus tard s’organisent en vaisseaux veineux. Fig. 20. Anodonte trois jours aprés la sortie des branchies de la mere. a. a. Vintestin 5 b. b. Vaorte; c. c. l’estomac; d. d, la bouche; e. e. le coeur; ff. ff. vaisseaux veineux; g. g- artére mésentérique; hk, k, vaisseaux que l’on distingue a travers le muscle et dont je n’ai pu préciser la nature. Fig. 21. Coupe de l’épaisseur de la coquille. On voit de quelle maniere Ja matiére calcaire a été primitivement disposée. Remangues sur les Entozoaires considérés en général et sur les modifications d’organisation qu’ils présentent en particulier : accompagnées de quelques considérations sur la place que leurs différens genres doivent occuper dans une classification naturelle. Par M. R. Owen. (1) Dans mes recherches sur le petit Entozoaire humain auquel jai donné le nom de Trichina, javais éprouvé une difficulté considérabie, outre celle du sujet lui-méme, par la croyance ou jétais que tous les parasites internes constituent un groupe naturel d’animaux. Il est vrai qu’il était facile de s’assurer que dans le Z'richina il n’y avait ni trachées, ni branchies , ni au- cune autre espece d’organe respiratoire, que les organes véri- tables de la circulation manquaient complétement , et qu'il n’y avait aucun vestige d’appareil nerveux dans cet animal vermi- forme: mais d'autres caracteres négatifs, tels que ceux offerts par l'appareil digestif, et en particulier la disposition de ses or- ganes d’adhtérence et de succion, le séparent de tous les Ento- zoaires connus jusque alors, d'une maniere aussi tranchée que les autres caracteres négatifs mentionnés plus haut, le séparent des vers d’un ordre supérieur. La plus grande partie de la définition que Cuvier donne des (1) Traduit de l'anglais (Trans, of the Zool, Soc, vol. 1, part. rv.) owen. — Sur les Entozoaires. 339 Entozoaires se rapporte aux localités ou ces animaux se trou- vent, aux moyens thérapeutiques quils exigent et aux phénome- nes de leur reproduction ; tandis que les véritables caracteéres a Yaide desquels il les sépare des autres groupes ne sont que négatifs. On n’apercoit aux vers intestinaux ni trachées, ni branchies, ni aucun autre organe dela respiration, et ils doivent ¢prouver les influences de Yoxigéne par lintermédiaire des animaux quils habitent. Ils n’offrent aucune trace dune vraie circula- tion, et Yon n’y voit que des vestiges de nerfs assez obscurs, pour que plusieurs naturalistes en aient révoqué l’existence. Cuvier ajoute ensuite: « Lorsque ces caracteres se trouvent réunis dans un animal, avec une forme semblable a celle de cette classe, nous l’y rangeons, quoiqu’il habite dans linté- rieur d’une autre espece. » (1) Sil avait appliqué avec rigueur cette définition, les Vibrions de Muller auraient été rangés dans le regne animal parmi les Entozoaires; et il serait difficile de déterminer quelle modifica- tion des formes extérieures suffirait pour exclure une espeee dépourvue d’organes de respiration et de circulation, d’une classe, qui, méme dans le systeme de Cuvier, renferme des ani- maux de presque toutes les variétés de formes. Heureusement, -cependant, la présence de cils pibratiles, qui servent plus ou moins a la respiration, fournirait un bon caractere pour sépa- rer des Entozoaires les infusoires les plus simples, mais tous ceux qui sont dépourvus de cils (2), et qui ne produisent pas de cou- rans quand on les place dans un liquide coloré, devaient étre encore rangés a coté des vers intestinaux. Rudolphi,dans son Historia Entozoorum, crutavoir surmonté la difficulté d’assigner aux Entozoaires des caracteres distinc- fs, en niant qu'il existe dans ces animaux un appareil nerveux, - circonstance qui les séparerait des Annélides ; mais dans un ou- _vrage publié plus tard, son Synopsis Entozoorum (3), il recon- \1) Régne anim. nouv. ed. t. 11. p. 246. (2) Les Amblyura serpentulus Ehr., les Anguillula Aceti, Anguillula Glutinis. (3) P. 592. V. Zoou. — Juin, | | | | 22 | | 338 -owren. — Sur les Entozoaires. nait qu'il s’était trompé, et en conséquence propose de séparer les Nematoidea davec les autres ordres d’Entozoaires, pour les réunir aux Annélides ou ils devraient former une famille dis- tincte: et il laisse les autres Entozoaires, c’est-a-dire, les vers in- testinaux parenchymateux de Cuvier, parmi les Rayonnés ou Zoophytes, quil désigne avec justesse par lexpression regnum chaoticum. A l’égard des rapports des Nématoides avec les vers a sang rouge, la présence manifeste d’organes respiratoires, celle de vaisseaux dans lesquels circule du sang rouge, chez ces der- niers animaux, et surtout l’absence de ganglions sur les fila mens nerveux qui sont les organes du sentiment et du mouve- ment chez les Nématoides suffisent pour établir entre eux une limite marquée dans toute classification naturelle. Comme les Nématoides ou vers intestinaux cavitaires different autant des vers parenchymaieux, par la présence dans les pre- miers, d'un systeme nerveux manifeste, qu’ils different des An- nélides par la forme de ce méme appareil, jai été amené a les réunir a tous les Radiaires qui se disitinguent des autres divisions du régne animal, par la présence d’un systeme nerveux offrant la forme de filamens simples, sans ganglions et sans anasto- moses. Par suite de ces considérations, et dans la vue d’établiz une division plus naturelle de Vembranchement des Rayonnés que Ton n’a fait, jusqu’a présent, je propose de séparer ces étres en deux groupes fondés principalement sur les deux états que pré- sente leur systéme nerveux, cest-a-dire, l’état moléculaire et l’é- tat filiforme. ' La nécessité d'une division analogue parait avoir été sentie par tous les naturalistes qui ont étudié les affinités naturelles de cet embranchement qui occupe la partie la plus inférieure de l’échelle animale; car les Rayonnés de Cuvier renferment des animaux qui different beaucoup les uns des autres, non-seule- ment a légard de leur systeme nerveux, mais aussi en Ce qui concerne plusieurs autres systemes d’organes, de maniere quil est impossible de dire @avance par le moyen de la classification quelle serait la structure des appareils locomoteurs, excrétol- | OWEN. ~— Sur les £intozoaires. 339 res, digestif, sensitif ou générateur, d'un animal en particulier pris dans telle ou telle division. Le savant entomologiste, M. W. S. Mac Leay, dans une es- _quisse des rapports naturels des animaux gui fait partie du se- cond volume de ses Hore entomologica, a proposé de limiter la dénomination de Rayonnés aux Echinodermes et aux Aca- léphes de Cuvier, qui seuls, comme il le remarque avec justesse, présentent rigoureusement la forme radiée du corps, et de créer une division du régne animal qui, sous le nom d’Acrita, renfermerait les Infusoires, les Polypes et les Eniozoaires pa- renchymateux : pendant que les vers intestinaux cavitaires se- raient rapportés aux animaux articulés, sans étre confondas cependant avec les Annélides, comme lavait voulu Rudoiphi; mais pour étre réunis avec les Epizoaires de Lamarck et consti- tuer une classe qui devrait étre placée entre les 4noplura du docteur Mac Leay et les Chilognathes. La disposition filamenteuse cael du systeme nerveux dans ces animaux, qui s’oppose a la maniére de voir de Rudolphi, s oppose également a celle de Mac Leay. Us ne peuvent pas étre réunis aux 4nnélides nirapprochés d’aucun de leurs groupes. Les Acrita de Mac Leay sont ainsi définis. « Animalia gelatinosa polymorpha, interaneis nullis, medulla. que indistincta. « Os interdum indistinctum, sed nutritio absorptione externa vel interna semper sistit. Anus nullus. « Reproductio fissipara vel gemmipara, gemmis sey exter- nis modo internis , interdum acervatis. « Fleraque ex individuis semper cohzrentibusanimalia com- posita sistunt. » Cette définition ingénieuse et concise était conforme a Pétat des connaissances anatomiques et zoologiqnes de ’époque, mais quatorze années de recherches postérieures couronnées par des découvertes dont les plus brillantes se rapportent a la structure et aux fonctions des classes inférieures du regne animal, la ren- dent aujourd’hui peu propre & donner une idée exacte de lor- 22. 340 owEN. — Sur les Entozoaires. ganisation de ces animaux, qu’on avait ainsi réunis dans un groupe plus ou moins naturel. Les belles découvertes du professeur Ehrenberg sur les orga- nes digestifs des Monades démontrent non-seulement lexis- tence d’une cavité digestive, interne, compliquée, dans les 4gas- tria de M. de Blainville, mais aussi la présence d’une ouverture anale manifeste dans beaucoup de genres de ces animaux tres simples. Ainsi la nécessité d’une absorption extérieure pour ser- vir 4 la nutrition n’est nullement démontrée méme dans les étres les plus inférieurs. On doit regarder comme offrant les mémes rapports avec le systeme digestif les pores fécaux des Spon- giaires. - Les organes de la reproduction dans ces animaux ont peu de rapports avec la perfection des espéces: le Tcenia ne se pro- page, ni par séparation spontanée, ni par bouture, mais par de véritables ceufs, souvent formés et contenus dans des ovaires dis- tincts qui sont placés un aun dans chaque article: les ceufs que contiennent ces réceptacles sont ordinairement d’autant plus développés, que l’'anneau qui les contient, s éloigne davantage de la téte, et quoique ces ovaires aient des orifices distincts au mi- lieu ou sur les bords des anneaux, cependant ces derniers se détachent en général lorsque les oeufs contenus dans les ovaires sapprochent de la maturité et ressemblent en quelque sorte aux ovaires extérieurs des Lernées et des Monocules. Chez le Trematodes et autre groupe de Vers parenchymateux , des glandes fécondantes ont été ajoutées a l'appareil femelle, et quel- ques physiologistes supposent avec Cuvier que la génération est effectuée par intromission réciproque. Enfin des sexes sépa- rés sont assignés aux Echinorhynques dont Vorganisation est la plus élevée parmi les Vers intestinaux parenchymateux. Ainsi les organes de la génération ne fournissent pas de ca- racteres applicables a tous les Acrita de Mac Leay; et nous avons vu également qu’on ne peut pas attribuer a tous un simple sac digestif sans ouverture anale: et ici on peut observer en général , que cest seulement a l’égard du systeme nerveux, qu’on peut assigner des caracteres communs a toute une divi- sion primaire du réegne animal. owen. — Sur les Enitozoaires. 341 Les divisions qui présentent des globules nerveux disséminés sont les Polygastriques, les Eponges, les Polypes et les Acale- phes et de plus les Vers parenchymateux de Cuvier ou Vers mol- lasses de Lamarck, dont je proposerai de former un groupe de la division des Acrita, sous le nom de Sterelmintha. (1) Mais de méme que les Acrita, placés tout-a-fait au bas de Vé- chelle animale présentent des analogies avec les premiers états de développement des classes supérieures dans lesquelles les changemens @ organisation de lembryon se succédent avec la plus grande rapidité , nous trouvons que les différentes espéces dans chaque classe éprouvent successivement des modifications qui les rapprochent non pas des 4crita qui leur succedent im- médiatement, mais de quelques-uns des animaux des classes supérieures du régne animal, dont le type des 4crita semble présenter les germes. A cause de cette tendance dans les crita 4 monter dans échelle, il devient beaucoup plus difficile de poser des ca- racteres organiques qui les distinguent des étres appartenant a des classes plus élevées. Méme a l’égard dusysteme nerveux dans les Polypes, nous sommes amenés pas a pas des Hydra aux Actinia, chez lesquels ce systeme, jusque-la globuleux commence a prendre un arrangement filamenteux autour de lorifice oral; et de méme, si nous parcourons les Sterelmintha depuis lHy- datide jusqu’a l Echinorhynque , nous verrons dans ces derniers entozoaires, dont l’organisaticn est tres developpée, des traces de filamens nerveux allongés; différentes espéces d’Acaléphes offrent également la forme agrégée du systeme nerveux. Mais meme, en supposant que toutes ces exceptions a la regle gé- nérale soient bien fondées , que ces filamens soient de véritables filamens nerveux, les étres dans lesquels Pétat disséminé du systeme nerveux existe, sont sinombreux en proportion de ceux dans lesquels on voit l'état agrégé de ce méme systeme, quon : | : | (1) Zrepeoc, Solidus, uw, mot appliqué par Jes anciens aux vers jntestinaux qui étaient | divisés en ce aTeoyyuAat ou Intestinalia teretia, et en edutvies mAatsrat ou Intestinalia | lata, | | | ) i] 342 owEN. — Sur les Entozoaires. peut sans inconvénient regarder cet état comme le caractére principal des Acrita. (1) Vai déji fait remarquer que l'absence d’une onverture excré- mentitielle du canal digestif ne suffit pas comme caractére dis- tinctif des Acrita ; mais il y a un état de l'appareil digestif qui est applicable a presque tous les individus de cette classe autant que lest la disposition disséminée du systéme nerveux : dans ces animaux Vintestin n’est pas séparé de la peau par une cavité abdominale , au contraire quelle que soit la forme de la cavité intestinale elle consiste en une simple excavation du paren- chyme de lanimal. Le petit nombre de genres qui ne présen- tent pas ce caractere sont justement ceux dans lesquels lexis- tence de filamens nerveux est la moins douteuse, comme par exemple les Actinia et les Beroé. Il est heureux pour le natura- liste systématique qu'il y ait si peu d’exceptions a la réegle géné- rale en ce qui regarde le systéme nerveux et digestif des Acrita : car on peut affirmer que lexistence d’une disposition filamen- teuse de la substance nerveuse en méme temps que la présence d'une cavité abdominale et des parois intestinales du canal ali- mentaire suffit pour caractériser les véritables Rayonnés davec lesquels les Acrita doivent étre distingués. Par conséquent dans les Acrita, nous trouvons une cavité (x) Le professeur Ehrenberg a recemment attribué a la Medusa aurita des organesvisuels dis- tincts qui se présentent sous la forme de petits points rouges sur la surface de huit masses de couleur brune rangées autour de la circonférence du disque ; ces masses consistent chacune dans un petit corps ovale ou cylindroide, jaunatre, avec un petit pédoncule délié. Ce pédoncule trés peu allongé s’éleve d'une vésicule dans lintérieur de Jaquelle on voit un corps glanduleux , libre, de couleur jaupe vu par la lumiere transmise, et blanchatre par la lumiére réfléchie. C’est sur Ja surface dorsale du corps jaune qui surmonte le Pédoncule , qu’on apergoit le petit point rouge bien arrété que le professeur Ehrenberg prend pour un ceil. I] compare les yeux des Meduses a ceux des Rotifcres et 4 ceux des Entomestracds, Le corps glanduleux placé a la base du pédoncule est regardé par lui comme un ganglion optique quia des rapports avec deux filamens qui s’entrecroisent a-peu-prés vers le milieu de leur trajet. Il pense que ces filamens appartiennent a un cercle nerveux qui, dans la plus grande partie de son trajet, longe la base de la rangée de tentacules , de maniere a former pour ainsi dire la paroi antérieure du vaisseau circulaire ou appendice de la cavité digestive qui entoure le bord du disque. Ehrenberg décrit en oulre un autre cercle nerveux, composé de quatre masses ganglioniformes disposées autour dela bouche, chacune de ces masses étant en rapport avec un groupe corre’ .dant de tenta~ cules. — (Milleri Archiy’s 1834. p. 662 , et Annales des Sc. Nat. 2° série, t. 4, p. 290.) owEen. — Sur les Entozodires. 343 digestive interne, un des caractéres les plus importans et les plus généraux du regne animal. Dans les Sterelmintha, comme dans le plus grand nombre des 4crita, il n’y a qu'une seule commu- nication entre la cavité digestive et lextérieur du corps. Les genres Coenurus paraissent seuls faire exception. Dans ce genre en effet, comme dans les Zoophytes composés, la nutrition s’ef- fectue par le moyen d'une bonche, mais sans aucun anus. Le systéeme vasculaire dans les dcrifa, quand on peut en trou- ver des traces, répond & l'état du systeme digestif, et comme ce dernier consiste en des canaux réticulés enfoncés dans le parenchyme du corps, sans présenter des parois proprement dites; ces vaisseaux sont ordinairement superficiels, et on aper- coit dans leur intérieur une sorte de tourbillon des fluides nutritifs , analogue a celle qu’on peut observer dans certaines plantes; mais il n’y a pas une véritable circulation. On rencon- tre cette disposition en descendant l’échelle jusqu'aux Polygas- trigues, dans lesquels le professeur Ehrenberg a reconnu lexis- tence de canaux superficiels, hyaloides. Dans les genres de Ste- relmintha qui manifestent des traces d'un systéme sanguin on apercoit une sorte d’ondulation dans des canaux qui ressem- blent par leur forme, par leur position et par leur structure, a ceux qui se trouvent chez les Trematoda et surtout dans les Planariées et dans les Echinorhynques ; plusieurs especes de ce dernier genre présentent un réseau vasculaire cutané d'une grande richesse. (1) Parmi les Acaléphes, le genre Méduse présente un systéme vasculaire tout aussi simple que celui des Acrita les plus infé~ rieurs , comme on peut voir dans le réseau vasculaire margi- nal du disque du Rhizostoma’, et sion compare cette structure avec les vaisseaux bien plus développés des Echinodermes, on sera disposé a croire que les Acaléphes doivent étre rangées dans la division la plus simple des Rayonnés de Cuvier. Sil est vrai, comme on affirme, que les Méduses ne produisent pas des ceufs, mais des gemmules‘garnies de cils et doués de locomotion , nous avons une raison de plus pour ranger les | (1) Echirorhynchus vasculosus, Rud, sym BR. 581. 344 owEN. — Sur les Entozoaires. Acaléphes parmi les Acrita ou Von remarque seulement le mode de reproduction analogue a celle des plantes, c’est-d-dire celle qui s'opere par des gemmules internes, ou externes, ou par séparation spontaneée. Ce caractere ne sapplique pas cependant a tous les Acrita , car les Sterelmintha se propageant par des ceufs, possédent des organes de génération manifestes et séparés des organes diges- tifs. Ces organes sont ou cryptandres, c’est-a-dire productifs | sans imprégnation, comme dans les Cystica et dans les Cestoi- des , ou bien une glande fécondante est surajoutée aux ovaires, comme dans les Trematodes; ou enfin les sexes sont séparés comme dans les Acantocephales. Ainsi donc presque tous les modes de reproduction qu'on observe dans les classes supérieu- res duregne animal se montrent chez les Acrita. Ainsi, nous voyons que, dans ce sous-régne des Acrites, tous les organes , a l'exception de ceux de la digestion et de la reproduction, sont plus ou moins confondus ensemble, et que le parenchyme de leur corps parait remplir plu- sieurs fonctions. On voit aussi que quand un organe se dessine nettement il est répété souvent d’une maniere pres- que indéfinie dans le méme individu. Ainsi, dans les Polypes, les canaux de la nutrition s‘ouvrent fréquemment a lexté- rieur par mille bouches, et les Polygastriques doivent leur nom a une multiplication analogue de la cavité digestive. Dans les Sterelmintha \esysteme générateur devient le sujet de cetterépe- tition: ainsi chaque articulation du Tenia est le siege d’un ovaire séparé, quoique toutes cesarticulations doivent leur nourriture aux prolongemens des mémes tubes digestifs simples. Encore dans les Hponges calcaires et siliceuses, qui les premiéres de toutle régne animal offrent, pour ainsi dire lesquisse d'un sque- lette interne, lequel en se développant semble les dépouiller u peu de traces de vie qu’elles possédaient antérieurement , on voit que lorganisation se borne a répéter continuellement dins toutes leurs parties ce squelette rudimentaire. Les puissances formatrices étant ainsi dirigées sur un petit n ubre d’opérations simples, et non pas concentrées sur un seul systéme , il n’est nullement étonnant de trouver dans les =. owen. — Sur les Entozoaires. 345 Acrita une tres grande diversité de formes extérieures; presque tous les types de lorganisation animale se trouvent comme ébauchés dans cette classe d’étres. « La nature, dit Mac-Leay (1), bien loin d’agir sans ordre en commencant son ouvrage , nous a donné dans ces animaux imparfaits, lesquisse, pour ainsi dire, des différentes formes qu'elle avait Pintention d’adopter plus tard pour tout le régne animal. » Ainsi dans la masse mu- queuse et presque inerte des Sterelmintha, on retrouve les traits principaux des Mollusques(2). Dans la masse charnue vi- vante qui environne l’axe terreux et creux des Polypes nageurs, on voit les vestiges d’un animal vertébré; dans l’enveloppe crus- tacée de la masse vivante des Polypi vaginat et dans leur struc- ture plus ou moins articulée, nous apercevons les premiéres indications du type des animaux articulés. Ayant été ainsi amenés par des considérations sur la place que les Trichina doivent occuper dans un arrangement natu- rel, a passer en revue la classification générale des Ento- zoaires, et les affinités entre les autres classes de Rayonnés et a examiner si cette division du regne animal doit étre conservée comme Cuvier avait établie, je viens maintenant jeter un coup- dceil sur les Entozoaires qui n’appartiennent pas au groupe des Sterelmintha, et je les considérerai sous le point de vue de leurs rapports avec les Aadiaires qui restentapres qu’on en a détaché les Acrita. Je propose de diviser les vers cavitaires de Cuvier qui renfer- ment les Nematoidea de Rudolphi, les vers rigidules de Lamarck, etles genres Vemertes et Linguatula (Pentastoma Rud.), en deux sections, dont la premiere sous lenom de Ceelelmintha (3), com- prendrait les Nematoidea et genres Linguatula et Sipunculus , tandis que l’autre serait formée par les vers rigidules et aurait le titre d’/pizoa. Les recherches récentes du docteur Nord- (1) Hore Entomologiee , vol. 1. part. 11; p. 2287 (2) Cependant les Mollusques se lient d’une maniére plus intime avec les Polypes composés par Vintermédiaire des genres Botrylla, Eschare et Cellaire; tandis que les Tremadotes con- duisent évidemment aux Annélides suceurs , tels que les Sangsues , etc. (3) Kotros, capus ; ehuwug lumbricus, ~ 346 owen. « Sur les Entozoaires. mann, démontrent que beaucoup d’animaux de cette derniére section présentent, dans leur condition primitive et libre, une organisation bien supérieure a celle quils offrent aprés s’étre fixés sur les animaux quis infestent. Ges deux sous-divisions ont chacune un eyereme ner- veux , guon peut appeler filamenteux , analogue a celui des Echinodermes et des Rotiferes du professeur Ehren- berg, car dans tous ces animanx de simples filamens ner- veux dépourvus de ganglions, et dont le nombre et la direc- tion varient suivant la forme de animal, partent d’un point placé auprés de la partie supérieure du canal alimentaire. Cette condition du systeme nerveux est accompagnée d'un dévelop- pement trés apparent de l'appareil musculaire et surtout de la tunique musculaire du tube digestif, lequel flotte libre dans Yintérieur d’une cavité abdominale, et tous, 4 la seule excep- tion de la famille des Echinodermes, ont une ouverture anale manifeste. Il n’y a plus dans cette division aucun exemple de reproduction fissipare ni gemmipare.Dans les Echinodermes qui se rapprochent des Polypes a twyaux par Vintermédiaire des En- crinites immobiles, pédiculés, le fluide nutritif circule dans des arteres et dans des veines distinctes; et dans les Holothuries un véritable appareil respiratoire est sur-ajouté. Si on suit la série animale depuis les Echinodermes qui présentent laspect vermi- forme allongé et en méme temps une sorte de ramollissement de la crotte qui les revéta l’extérieur, on arrive par une transi- tion facile et naturelle en parcourant les Sipunculi aux Calel- mintha ; et je crois que ces deux derniers groupes ont entre eux des rapports plus intimes que n’en ont les Sipunculé avec les Echinodermes , et je me fonde sur l’absence des organes de respiration et des pieds tubulés dans le premier, sur des traces obscures d’un appareil vasculaire et sur l’aspect de leur systeme nerveux. Les Ceelelmintha ainsi établis présentent les mémes variétés dans les organes de la génération que les Sterelmintha. Nous trouvons l'appareil femelle sans les organes fécondans, ou le type cryptandre, dans les Sipunculi ; dans les Linguatula on voit sajouter des glandes males, mais sans fécondation réci- owrn. — Sur les Entozoaires. 347 proque, et enfin des sexes séparés se présentent dans les We- matoidea. Si nous distribuons les parasites internes du corps humain selon cet essai de classification naturelle des Entozoaires, on verra que ces animaux appartiennent au moins a trois classes distinctes du régne animal. ENTOZOA HOMINIS. Sub regnum ACRITA. Classis (INFUSORIA. Cuv. ) 1. Cercaria seminis. (2) Cui locus semen virile. Trichina spiralis. Museuli voluntari. ~ Classis STERELMINTHA. 3. Echinococcus hominis. Hepar. . 4, Cysticercus Cellulose. Musculi, cerebrum. 5. —_ visceralis. Viscera generatim. 6. Teenia solium. Intestina tenuia. 7. Bothriocephalus latus. Intestina tenuia. 8. Polystoma venarum. Venez. | 9. — Pinguicola. Ovaria. 10. Distoma hepaticum. Vesica fellea. Sab regnum NEMATONEURA. (0) Classis Ca LELMINTA. 11. Ascaris vermicularis. Intestinum rectum. 12. — lumbricoides. Intestina tenuia. 13. Strongylus Gigas. Ren. 314, Spiroptera Hominis. Vesica urinaria. 15. Tricocephalus dispar. Coecuin, intestina crassa. 16. Filaria bronchialis. Glandulee bronchiales. 17. — Medinensis. Substantia cellutosa. | | | | 1 18 — Oculi. Oculus. ; (t) Comme la disposition de la cavite digestive n’a pas’ été observée dans ce genre et dans celui qui le suit immédiatement, on ne peut pas les ‘classer parmi les Polygastriques d’Eh- renberg. (2) vnp.a. filum, et nevpon nervus; expression ‘qui désigne l’état du systeéme nerveux qui sépare les Ceelelmintha et les Epizoa des animaux articulés et les rapproche des Zchinodermes et des Rotiferes, 548 FALCONER ET CAUTLEY. Description du Sivatherium giganteum, nouveau genre de Ru- minans fossiles de la vallée de Markanda,, dans la branche Sivalek des montagnes inférieures de l’ Himalaya, Par MM. Huen Fatconer, MD. Directeur du Jardin botanique de Scharanpur , Et le capitaine Cauttey, Surveillant du Doab-Canal. (1) Le fossile dont nous publions ici la description est une nou- velle acquisition pour la Zoologie antédiluvienne, et ce fait seul suffirait pour y donner de lintérét; mais il mérite surtout de fixer l’attention 4 cause de ses grandes dimensions qui dé- passent celles du Rhinocéros, de la famille a laquelle il appar- tient, et du mode de conformation qu’il présente. Le Sivatherium est, en effet, un des animaux perdus les plus remarquables que Pon ait encore rencontré dans les couches peu anciennes de la terre. Tous les genres de mammiferes fossiles, découverts et fondés par Cuvier, appartenaient a Pordre des Pachydermes, les espéces qui se rapportaient a @autres groupes ayant toutes leur repré- sentant actuellement vivant sur la surface du globe. Parmi les Ruminans, on n’a encore rencontré aucune déviation remar- quable des types actuels, et les especes fossiles sont extréme- ment voisines des especes récentes. Cependant, d’aprés la position isolée des Girafes et des Chameaux, il était présumable que certains genres, actuellement perdus, avaient jadis formé le passage entre ces animaux, les autres Ruminans et les Pachy- dermes. Or, le Sivatherium est précisément dans ce cas, car il (x) Ce mémoire vient de paraitre dansle Journal of the Asiatic Society of Bengal qui se pu- blie a Calcutta, et qui contient plusieurs articles irés intéressans sur les fossiles découverts ré~ cemment dans I’Himalaya (janvier 1836), Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 349 établit une liaison entre les Ruminans et les Pachydermes, et offre en méme temps des particularités individuelles si mar- quées, quil n’a pas d’analogue parmi les animaux connus ap- partenant a l'un ou a lautre de ces ordres. Le fossile, d’aprés lequel nous avons établi le genre dont la description va nous occuper, est une téte dans un état de con- servation remarquable. Lorsqu’on la découvrit, elle était heu- reusement si enveloppée dans une masse de pierre, que toutes les parties les plus importantes étaient restées intactes, bien que, pendant long-temps, elle eut été exposée a l’action d'un courant d’eau; le quartier de roche ou elle était logée aurait méme pu échapper 4 lattention, si dans un point le bord des dents n’avait fait saillie 4 sa surface. Apres un travail long et difficile, on est parvenu a enlever la gangue terreuse, de maniere a mettre a nu cette énorme téte avec ses cornes, Ses OS nasaux élevés en voute au-dessus du chanfrein, et toutes ses dents molaires; les seules mutilations consistent dans la fracture de lextrémité des cornes, du sommet du crane, 1a ou le plan occipital se joint au plan des sourcils, et de Pextrémité du mu- seau. Enfin, les seules parties encore engagées dans Ja pierre sont une portion de I’os occipital, les fosses zygomatiques des deux. cotés, et la base du crane dans le point occupé par le sphénoide. La forme de cette téte est tres singuliere (1). Les traits les plus remarquables sont: 1° son volume, qui appreche de celui de la téte de l’éléphant; 2° Pimmense développement et la lon- gueur du crane derricre les orbites; 3° les deux axes osseux des cornes qui naissent du sourcil entre les orbites et s’écartent Yun de l'autre; 4° la forme et la direction des os nasaux qui sélévent beaucoup au-dessus du chanfrein et se prolongent en. une voute pointue au-dessus des narines externes; 5° la forme “massive, la largeur et la briéveté de la face en avant des orbites; 6° le grand angle sous lequel la surface triturante des molaires _ supérieures s’écarte de la direction de Ja base du crane. Vue de profil, cette téte ne ressemble A celle d’aucun autre | (1) Voy, pl. 12. | \ 350 FALCONER ET CGAUTLEY. ~ animal, tant a cause de la direction. et de la forme. des cornes, que de I’élévation et de la courbure des os nasaux. Le nez ressemble un peu a celui du Rhinocéros, mais cette appa- rence est illusoire, et dépend seulement de ce que le museau est tronqué. Vue de face, Ja téte parait avoir a-peu-prés la forme d'un coin, sa plus grande largeur étant au vertex, et ses dimensions diminuant graduellement de 1a jusqu’au museau; des rétrécissemens brusgues sobservent seulement en arriere des orbites et sous les molaires, Les arcades zygomatiques ne sont nullement saillantes et méme presque cachées; le sourcil est large, plat et renflé latéralement, de maniére 4 former deux convexités; les orbites sont écartés et ont lapparence d’avoir été projetées en avant a cause du grand prolongement de los frontal vers le haut. Il n’y a ni cretes ni lignes saillantes; la sur- face du crane est lisse, et présente des lignes courbes sans an- gles. Enfin, depuis le vertex jusqu’a la racine du nez, les os suivent un plan droit et offrent une légere clévation entre les cornes. § 1. Des dents. —-Les dents molaires sont au nombre de six de chaque coté a la machoire supérieure; la troisieme de la série ou derniere molaire de premiere dentition a été remplacée par la dent permanente correspondante, et ’usure de celle-ci et de la derniére molaire est assez avancée, ce qui indique que animal avait déja passé lage adulte. (PL. 12. fig. 2.) Les dents sont, sous tous les rapports, celles d’un Ruminant n’offrant que de légeres particularités individuelles. Les trois dernieres machelicres ou grosses molaires sont chacune composées de deux portions ou demi-cylindres renfer- mant chacun, lorsqu’ils sont usés, un double croissant d’émail dont la convexité est tournée en dedans. De méme que chez les Ruminans, la dernicre molaire ne présente pas d’autre compli- cation comme dans la molaire correspondante d’en bas. La sur- face triturante est inclinée du bord externe en dedans, et la forme générale est exactement celle des dents du Chameau ou du Boeuf, mais avec des diniensions plus considérables. Les cretes d’émail sont inégalement saillantes et les dépressions Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 351 situées entre ces lignes sont inégalement creusées. Enfin chaque demi-cylindre présente, dans la section horizontale, sur la sur- face externe, trois tubercules sailians ou arcades avec des sinus intermédiaires, et du cOté externe une courbure simple. D’autres particularités distinguent ces dents de celles des Ruminans; ainsi, par suite ‘du raccourcissement de la machoire, les dents sont beaucoup plus larges comparativement a leur longueur, la largeur de la troisieme et quatrieme molaires étant 4 leur longueur sous les rapports de 2?““,24 a 17,55 et a?,2 & 1,03. Leur forme est aussi moins prismatique; le corps de la dent présente, a sa base, un renflement en forme de collet, a partir duquel sa face interne sincline en-dehors, de facon que ~ la couronne se rétrécit un peu. Dans la troisieme molaire, la largeur de la couronne nest que de 1°,93, tandis que le dia- metre du collet est de 2”',24. Les saillies et les creux de la surface externe des dents descendent aussi moins bas sur le corps et disparaissent sur le collet; il n’y a point de colonnes accessoires sur le sillon de jonction a la face interne; et les croissans d’é- mail présentent un caractére qui les distinguent des dents de tous les Ruminans connus, car la lame interne, au lieu @offrir une courbure presque simple, décrit des zigzags 4-peu-prés de la méme maniére que chez l’Elosmatherium. Entre elles, ces grosses molaires ne different que par le degré de leur détrition; l’antépénultieéme est la plus usée, et les ‘fa- mes en croissant moins courbes, plus rapprochées et moins distinctes. Les trois machelieres antérieures ou molaires simples: ont la forme ordinaire chez les Ruminans, savoir, celle dun demi- cylindre simple avec une seule paire de lames en croiss;ant. La premiere est trés usée et mutilée; la seconde est plus entiere, ayant fonctionnée pendant moins long-temps, et moritre trés bien les courbures flexueuses de la lame d’émail quai forme le croissant; la derniére présente la forme simple de la. dent de seconde dentition qui remplace la derniére molaivre de lait, et elle mnontre aussi la disposition onduleuse de l’émail. Quant a la position des dents dans la machoire, il est a noter que les quatre dernieres molaires, savoir, les trois mo laires per- 352 FALCONER ET CAUTLEY. manentes et la derniére de lait sont placées sur une ligne droite, et que les deux séries sont paralleles entre elles; mais les deux premiéres molaires se dirigent tout-a-coup en dedans, et si ce changement dans leur alignement n’existait pas, les deux rangées de dents auraient représenté exactement les deux cotés d’un carré équilatéral, la longueur de chacune de ces rangées et la distance qui sépare les dents étant presque la méme, savoir, 9 pouces 8 lignes et g pouces 9 lignes. Le plan suivant lequel la détrition s'est opérée sur la ran- gée entiere de dents d’arriere en avant n’est pas horizontal, mais légérement courbe et dirigé en haut, de maniére a former, avec la base du crane, un angle assez fort; aussi, lorsque la téte est posée sur les condyles et les dernieres molaires, le plan qui traverse ces points est coupé a un angle d’environ 45° par la ligne correspondante au plan de détrition des molaires, et cette particularité’est un des traits caractéristiques de cette téte. Voici les dimensions des dents dont nous venons d’étudier la forme. Longueur. Largeur. Derniére molaire du coté droit.. 2. 6. 6 2 6 6 we ee 2.35 (1) Pénultieme, id. Tak cess eee ai he, gitie oe eee 2.38 Antéepénultiéme, MA We en els Cree Cae St e's ee 2.20 Derniére molaire ysimplés ees | Te eee Deuxitme Der an rete ak eh eh Peas Fhe OR. Che 1.95 Premiere PAPA hoo a) SGA) ALL PORE LD 4g OUR 1.90 Du coté Du coté externe. interne. Hauteur de la derniére molaire.. . 2... - . »- 2+ 2+ Q9 Sve — _ troisieme molaire. 9" , 215 we sO 5.5 aa”: seconde Moire er a. ew bs eee tee 4.5 ee: mremicre ‘molaires. s/he ste es oe” Oe 3.2 Longueur totale de la serie des molaires. . . . 1 2 ~ gp. 81. § 2. Des os de la téte et de la face.— Par suite de rage de Yanimal auquel cette téte appartenait, tous ses os s étaient soudés entre eux de maniere a ne plus laisser de traces de leurs sutures, et a faire disparaitre completement leurs limites respectives. L’os frontal est large, plat et légerement concave dans sa (1) Toutes les mesures employées dans ce Mémoire sont des pouces anglais. Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 353, moitié supérieure; sur le vertex, il présente latéralement deux renflemens considérables et décrit une large courbure en des~ cendant vers les os temporaux. Antérieurement, il se rétrécit derriére les orbites, et ensuite s’‘élargit de nouveau et envoie & Yos malaire une apophyse qui complete la paroi orbitaire ex- terne; sa. largeur, dans sa partie la plus haute, en arriére de Yorbite, est de 16 p., 2. Deux apophyses coniques courtes et épaisses naissent par une base tres large, en partie entre les orbites et en partie derriere ces cavités; elles se rétrécissent rapidement, de maniere a se terminer en pointe; mais dans le fossile dont nous donnons la description, elles ont été mutilées pres de leur extrémité. La direction de leur axe est perpendi- culaire a leur ‘base, et elles divergent entre elles sous un angle tres ouvert; enfin leur surface ne présente point de rugosités et est lisse partout. Ces apophyses sont évidemment les axes osseux de deux cornes inter-orbitaires, et par leur position aussi bien que par leurs dimensions, elles rendent cette téte tres re- marquable. Les connexions du frontal avec Jes autres os ne sont nulle part distinctes. A son extrémité supérieure, le crane est fracturé de maniere a faire voir la structure intérieure des os; les tables interne et externe sont tres écartées Pune de l’autre, et linter- valle qu’elles laissent entre elles est occupé par de grandes cellules formées, comme chez |’Eléphant, par des expansions la- mellaires du diploé osseux; dans Poccipital, l’intervalle entre les deux tables excede 2 p.1 72. Sur le coté gauche du frontal, la table externe a été enlevée sur le renflement du vertex et laisse apercevoir des moules de cellules oblongues ou en forme d’a- mandes avec des parois lisses. L’os temporal est en majeure partie caché par la gangue pier- reuse qui n’a pas été enlevée dans la fosse temporale, et on ne distingue aucune trace de la suture écailleuse; les apophyses inférieures de cet os, situées dans le voisinage du trou auditif, ont été détruites ou sont restées cachées; lapophyse zygoma- tique est longue et va rejoindre lapophyse correspondante de | Los malaire, en suivant une direction A peine courbe; une ligne | menée le long de sa surface, passerait antérieurement par les V. Zoon, — Juin, 23 354 FALCONER ET CAUTLEY. ee tubérosités de los maxillaire et postéricurement sur le bord supérieur des condyles de occipital ; du reste, cette arcade | est forte et épaisse. La fosse temporale est trés longue et peu profonde; elle ne s‘éleve aussi que peu sur les cétés de la téte, et est dépassée par les bords de los frontal. La forme et la po- sition de la surface articulaire de la machoire inférieure sont restées cachées par la gangue. Cette téte fossile n’offre rien qui puisse servir & la détermis | nation de la forme et des limites des pariétaux, le crane étant— tres mutilé dans la région occupée par ces os; mais ils parais- sent avoir été semblables 4 ceux du Boeuf, et s’étre étendus de. | puis Pos occipital jusqu’au frontal 4 langle supérieur du crane. La forme et les caractéres de Poccipital sont bien marqués. Cet os occupe un grand espace, sa largeur étant proportionnée a celle du frontal, et sa hautear considérable ; latéralement, il se prolonge en deux ailes, qui commencent au bord supérieur du grand trou occipital et se dirigent en haut et en dehors. Ces ailes sont lisses et excavées inféricurement et extérienrement , depuis le voisinage des condyles jusque vers la région mastoi- dienne du temporal; leur bord interne se continue avec une créte, qui part du bord du trou occipital, diverge presqu’a angle droit de son congénere et limite une grande fosse trian culaire, dans laquelle elle descend brusquement. Dans la téte fossile, cette fosse est en majeure partie occupée par de la pierre; mais elle ne parait pas €tre superficielle, et semble étre une simple modification de la conformation qui se voit chez PEléphant. Il n’y a pas de trace de créte nide protabérance oc- cipitale : latéralement, dans ses points de jonction avec le tem- poral, l’os est mutilé, et la aussi bien qu’a la fracture de son bord supérieur, on voit que son intérieur est rempli de grandes cellules, formées par des lames du diploé et renfermées entre les deux tables osseuses , qui sont tres écartées; cette disposition est surtout tres marquée dans la portion supérieure de los, ou les cellules paraissent se joindre a celles du frontal. Les condyles ~ sont tres grands et tres bien conservés; le plus grand diamétre de chacune de ces éminences articulaires, est de 4.4 p., et la — distance comprise entre leurs deux angles extérieurs, mesurés Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 355 - a travers le grand trou occipital , est de 7.4 p., dimensions qui sont supérieures a celles de ’Eléphant. Quant a leur forme, elle est exactement la méme que chez les Ruminans; en effet, leur surface externe se compose de deux surfaces convexes, qui se rencontrent et forment un angle arrondi; lune, dirigée dans le sens du prand axe, s'étend obliquement en arriere depuis le bord antérieur du grand trou; autre, se voit en avant et au dessus du bord postérieur , leur ligne de jonction étant dans la direction du diamétre transversal du grand trou. Cette derniére surface est la plus grande, son diametre antéro-postérieur étant de 2.5 p., et son diamétre transversal de 2.6. Les grandes di- ‘mensions du trou occipital et des condyles, ont du entrainer un développement correspondant dans les vertebres et avoir modifié la forme du cou et'des membres antérieurs. L’os sphénoide et toutes les diac de la base du crane, de- puis le grand trou occipital jusqu: au palais, manquaient ou étaient aathis, La partie du sourcil ou commencent les os du nez n’est pas distincte ; la suture de ces os avec le frontal, étant completement effacée, on ne voit pas comment ils s’y joignent. Entre les cornes, on remarque une élévation dans les sourcils, qui, un peu plus en avant, s’abaissent de nouveau, et un peu au de- vant @une ligne réunissant les angles antérieurs des orbites, se trouve une autre élévation du sourcil. Depuis ce point, qui peut étre ssgmtaanei comme la racine du nez, les os nasaux -commencent a s’élever, en formant avec le plan des sourcils, un angle anealides ils sont larges, bien arqués a leur base, et décrivent en avancant une ligne convexe, de maniére ase retrécir rapidement et a se terminer par une pointe, recourbée en bas, qui surmonte les narines extérieures. Dans une portion ~considérable de leur longueur, ils sont unis aux os maxillaires ; mais au devant du point ot ils commencent a se rétrécir, leur | bord est libre et séparé des maxillaires, par un sinus tres large, de facgon que, vue latéralement, leur forme a beaucoup de res- semblance avec celle de la mandibule supérieure d’un Faucon, écartée de la mandibule inférieure. Malheurecusement, les bords vanterieurs des maxillaires sont tellement mutilés, qu’on ne On | | | 356 FALCONER FT CAUTLEY. peut déterminer la longueur exacte de la portion libre des os nasaux; mais on l’a mesurée dans une étendue de trois pouces. La méme cause empéche de voir a quelle distance les os nasaux s'approchent des os incisives, quils ne paraissent pas toucher ; et ce point aurait été important a observer, car de 1a dépend la conformation des parties molles du nez. La hauteur et la forme des os nasaux constituent le trait le plus remarquable de cette téte singuliére; vus en dessus, ils paraissent passer rapidement dune base trés large a une pointe aigué, et leur hauteur ver- ticale 4 leur base, dans le point convexe le plus élevé au dessus du sourcil, est de 3 p. 172. La forme des maxillaires est remarquable sous deux rapports ; 1° par leur brieveté, comparée a leur largeur et a leur profon- deur; et 2° par la direction oblique de la ligne des alvéoles, qui, a partir de la derniere molaire antérieure s’éléve , comme si la machoire avait été refoulée en haut pour correspondre a lélé- vation des os nasaux, ou joint la base du crane, en formant un angle. La brieveté de la machoire a déja été signalée , en par- lant des dimensions des dents; nous avons vu que les molaires sont comprimées, et que leur largeur dépasse leur longueur dans une proportion peu ordinaire chez les Ruminans. Nous, avons mentionné aussi la largeur des maxillaires; Vintervalle entre le coté externe des alvéoles, est égale, avons-nous dit, a la longueur de la ligne occupée par les molaires. Les tubéro- sités jugales sont tres grandes et saillantes; leur diamétre a leur base est de 2 pouces, et la largeur des joues vers leur milieu, de 12.2 p., tandis qu’au niveau des alvéoles elles n’ont que g.8 p. Elles sont situées au dessus des troisieme et quatriéme molaires, et une crete peu distincte monte de 1a vers l’os molaire. Le trou sous-orbitaire est grand; son diametre vertical étant de 1,2 p.; il est situé au dessus de la premiére molaire , comme dans. le Boeuf et les Cerfs. Le bout de la machoire est cassé 4 environ 2,8 p. de la premiere molaire, au-devant du bord alvéolaire de laquelle est une dépression subite de 1,7 p. Le museau ne présente plus dans ce point, qu’une largeur de 5,8 p., et plus en avant ala fracture, seulement 4,1.’ La voute palatine est convexe Warriére en ayant, et concave transyersalement. II . 7 Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 357 ne reste aucune trace du trou palatin, ni de la suture des os propres du palais. Les apophyses sphéno-palatines et toutes les parties situées entre ces éminences et le grand trou occipital , manquent ou sont restées cachées (1). La mutilation de la portion antérieure du museau, empéche aussi de voir comment les os in- cisifs étaient réunis aux maxillaires; mais il paraitrait quils ne sélevaient pas en avant jusqu'au point d’union de ces derniers os avec les os nasaux. La méme cause a empéché de bien re- connaitre le mode d’union des os nasaux et maxillaires, ainsi que la grandeur et la profondeur de l’échancrure du sinus nasal. L’os malaire ou jugal est épais, massif et un peu saillant. Son bord inférieur est terminé brusquement par un creux, qui des- cend sous les maxillaires; le bord supérieur concourt puissam- ment a la formation de lorbite. L’apophyse orbitaire sunit a une éminence correspondante du frontal, pour compléter en arriére le cadre de lorbite. L’apophyse zygomatique est forte, €paisse et un peu aplatie. Aucune portion de larcade zygomati- que nest proéminente; lintervalle entre les points les plus sail- lans de cette arcade n’étant pas, a beaucoup pres, aussi larges que la partie postérieure du crane, et un peu moindre que la largeur comprise entre les éminences malaires. Il est impossible de distinguer la grandeur ou la forme des os lacrymaux, a raison de ’absence complete de sutures. La sur- face de la région lacrymale se continue insensiblement avec celle des parties voisines. Il n’y a pas de trou a la partie anté- rieure et inférieure de l’orbite, pour le passage du conduit lacry- mal, ni de fosse au dessous, indiquant l’existence d’un sinus sous-orbitaire ou lacrymal. Il faut aussi ajouter un fait omis ci- dessus; savoir : que le frontal ne présente aucune trace de trou sourcilier. Les orbites sont placées tres en avant, par suite du grand développement du crane supérieurement et de ta briéveté des os de la face; ils sont situés aussi un peu plus bas que d’ordi- naire, leur centre étant a environ 3,6 p. au dessous du niveau du sourcil. En débarrassant ce fossile de sa gangue plerreuse; on (1) Excepté une portion de la récion asilaire qui ressemble a celle des Ruminans. 358) FALCONER ET CAUTLEY: a altéré un peu la forme du bord de ces fosses; du cdté gauche, ou elle est le moins altérée ,l’axe de Porbite forme un petit angle. avec le plan du sourcil. Le diamétre antéro-postérieur de ces cavités, est de 3,3 p., et leur diametre vertical de 2,7. Il n’y a point d’éminences ni dinégalités sur le bord orbitaire, comme | chez les Ruminans; sa diregtion est trés oblique; Vintervalle entre le bord supérieur ou frontal des deux orbites, est de 12,2 p., et celui entre leur bord inférieur de 16,2. Voici les dimensions de la téte du Sivatherium Giganteum : Pouces anglais. Metres. Du bord anterieur du grand trou occipital a Falveole de la premicre: molaire:* SS Ta ag 0.478 Du bord antérieur 4 Yextréemite tronguee du museau..°. .7 20. 6 0.526 Du bord antérieur au bord posterieur de la derniére molaire. 10.3 0.262 De la pointe des os nasaux au bord fracturé supérieur du prone ep Meme Gop. eo els. oo bin cel ae ine #ungu aie 0.456 De la pointe en suivant la courburee . . . . » .. +. 19.0 . 0.482 De celle A Yendroit ott Ja votite du nez commence a s’élever au dessus du sourcil (en suivant la courbure). .-. . . 8 7. 8. 0.198 De ce dernier point jusqu’ala fracture du nez. . 2...) IL. 2 0.284 De lextrémite des os nasaux au niveau de lextrémité des Camlesaen wt rh whee sha iesletedene te Haha lla 0.216 De langle anterieur de Vorbite droit 4 la premiére molaire. 9: 9 0.251 De langle postortens ala premiere molaire.. . ... «:5 ...12 2 0.507 Largeur du crane au vertex (la mutilation du cote gauche etaht fettuies), ciotron.s fore a SL ee Largeur entre les orbites mesurées au bord supérieur. . «1 12. 2 0.309 _— Id. inferieur. . .'.) 16.3 0411 — en arriere des orbites dans le point ot le frontal se CONCEAL es eked dai take Sabiny etdesk’ -ceneet ane 0.370 — entre le milieu des arcades zigomatiques.. .. +. 16. 4 0.417 — entre les eminences malaires. . . . - © - «© © 6: 16.6 0,122 5 2 8 — dela base du crane derriére les aph. mastoides.. . 19. 0.496 — entre les éminences jugales des os maxillaires. . . 12. 0.309 — dela machoire au devant de la premicre molaire. . 5. 0.149 — ’ danslepoint mutilé,. . 1... .. 4&1 0.104 — entre les surfaces externes des cornesaleur base. . 12. 5 0.312 — id. i leur extremite _ id. fracturée. ,s, 13.6 0.347 Elevation verticale des cornes au-dessus des sourcils.... .. 4 2 0.165 Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 359 Distance de Ja convexité des condyles occipitaux au milieu me de l’os frontal entre les cornes. . 10,6 += «© + 11.9 0.302 — ducorps du sphéncide au méme point, ie NY eaten am 0.232 — dumilieu du palais entre les troisicme et ppatriene molaires 4 la racine des os nasaux. . . = © » vot ge 5D 0.192 — de la surface postérieure de la dernicre mojaire a Vex- iemité des 0s nasaux.. . . 2 2 e's « 6 6 ©. 15.0 0.3354 — dela couronne del’avani-derniere molaire a la racine GAs Onnaselns shies teats ooliy seb coded GOs 0.262 — de la conyexité des os nasaux prés leur extréemite a | la youte palatine au devant de la premiere molaire. 5.53 0.140 — dumilieu de Vaile de Poccipital au renflement ol PETER. GS) SS le a inl ie Bie Melee, B 3.98 0.228 — dubord inferieur de lorbite A la couronne de la cin- Geicmns mmolaives ka Al Wg BO RAL OP SOLO BBO — dela couronne de la premiére molaire jusqu’au bord du palais situe au devanl. « - 6) + 'e a9 seo 2. 6 0.666 — de Vangle antérieur de Yorbite a erases des o¢ Rapes GOL a. se Me Matte, Seemed Lobe 2 0.259 Diamétre antéro-postericur de rehire bch RYASS TLS SRG out S 0.084 SETI sg eS eg ha foe Sie eS 0.068 — antéro-postericur du grand trou occipital. . . . ys i 0.098 Pre ewersaly he Lo PI ere eh, 2. 6 0.066 = —longitudinaldes condyles. - 0. eee el AG 0.112 PRUEAMGVET SAN. 6, 5 tee ie tee Wok San e hue Ga wah 2, %& 0.060 Intervalle entre langle exterieur de ces condyles mesures per acess te trou oceipitay ee ge ee OATS Parmi les ossemens nombreux recueillis dans le voisinage de Pendroit ou lon a découvert cette téte, se trouve un fragment de la machoire inférieure d’un tres grand Ruminant, que nous ne doutons pas avoir appartenu au Sivatherium, et qui provenait probablement du méme individu. Cest la portion postérieure de la machoire droite, cassée au bord antérieur de la troisiéme molaire; Papophyse coronoide, le condyle et la portion corres- pondante de la branche, ainsi qu’une partie de Vangle de la machoire, manquent également. Il ne reste que les deux trous posterieurs de la derniére moiaire,dont la couronne est en partie mutilée, mais laisse apercevoir les croissans d’émail, et présente ainsi les caractéres propres aux dents des Ruminans. Le contour de la machoire pris dune section verticale, représente un el- 360 FALCONER ET CAUTLEY. lipse, et sa surface externe est plus convexe que l’interne. L’os samincit du coté interne, vers langle de la machoire, de ma- niére a former une dépression musculaire, grande et bien mar- quée, et un sillon trés bien défini remonte de cette dépres- sion sur la branche de la machoire, vers le trou maxillaire, comme chez les Ruminans. La surface de la dent est couverte de petites rugosités et de stries, comme dans les molaires supé- rieures de !a téte. Enfin, elle était formée de trois demi-cylin- dres, comme cst ordinaire dans cette famille, et son usure considérable prouve que l’animal auquel elle appartenait , était, de meme que celui dent provenait la téte , plus qu’adulte. La forme et les proportions de cette machoire se rapportent tres exactement a celles de la partie correspondante du squelette du Buffle, comme on peut le voir dans le tableau suivant, ou on la compare aussi avec le Chameau. Sivatherium, Buffle. Chameau. Hauteur dela Phone auniveau dela derniére mo- . Jagr Tak en 9 he R es els, low se QD Pe ee 2.70 FAPAISBOUE rd ie od )5°" Te osu cate poh miele | Bee 1.09 1.40 Largeur de la derniere molaire. . .°. 2. . « 12.95 0.64 0.76 Longueur des 2/3 posterieurs de cette dent... . 2:15 095 1.15 On ne connait aucun Ruminant ni récent ni fossile ayant une machoire aussi grande, ses dimensions étant environ le double de celles de la machoire d’un Buffle dont la téete était lon- gue de 19, 2 p. (0,489m') et supérieures a celles des Rhinocéros, Nous n’hésitons par conséquent pas a rapporter ce fragment au Sivatherium giganteum. Nous ne savons rien de plus, touchant l’ostéologie de la téte de ce grand animal; mais d’aprés les faits que nous venons d’ex- poser, on peut facilement deviner quelle devait en étre la dispo- sition générale. Létat de mutilation du museau et du vertex est tres a regret- ter, car cela laisse dans le doute quelques points fort intéres- sans de la structure du Sivatherium; savoir: 1° existence des dents canines et incisives a la machoire eupérieure, et leur nom- bre sil yen a; 2° le nombre et ’étendue des os qui concourent a former ia base des narines; et 3° lexistence ou Vabsence de Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 365 deux cornes sur le vertex, outre les deux cornes interorbitaires. Quant au premier de ces points, nous ne pouvons nous guider par lanalogie pour arréter notre opinion, car il existe des Rumi- nans pourvus de dents incisives et canines a la machoire supé- rieure et d’autres gui en sont privés; il est aussi a noter que le Sivatherium differe beaucoup de lun et l'autre de ces groupes. Cependant deux faits nous portent a croire que cet animal fossile n’avait pas d’incisives : 1° chez tous Jes Ruminans ayant les mo- laires rangées en une série normale et continue, et portant des cornes sur le front, il n’y a pas d'incisives ; dans le chameau et lesesp éces voisines ou il existe des incisives supérieures, les mo- laires antérieures sont séparées du reste de la série par un inter- valle et sont disposées autrement. Or, le Sivatherium avait des cornes et ses molaires étaient contigués: par conséquent il est probable qu'il manquait diincisives comme les autres Ruminans présentant les mémes particularités de structure. L’étendue et les rapports des os incisifs sont des points in- téressans a cause des inductions qu’on peut en tirer relativement a la conformation des parties molles voisines. Chez la plupart des Ruminans a cornes les os incisifs se con- tinuent sous la forme d’une apophyse étroite le long du bord antérieur des os maxillaires et vont se joindre a la partie latérale des os nasaux , de facon que le cadre osseux des narines est formé par deux paires d’os, les incisifs et les nasaux. Dans le Chameau les apophyses montantes des os incisifs se » terminent sur les maxillaires sans atteindre aux nasaux et par conséquent les bords de YPouverture nasale sont formés par trois paires d’os : les incisifs, les maxillaires et les nasaux. Mais on ne voit jamais ni chez lés Ruminans a cornes, ni chez les Cha- meaux et autres Ruminans sans cornes, les os du nez sélever au-dessus du niveau du front et faire ainsi une saillie notable, et leurs bords inférieurs ne sont jamais libres dans une étendue considérable vers le bout de ces os ; ce sont des lames osseuses a bords presque paralléles qui s’étendent entre les maxillaires et se joignent aux apophyses montantes des incisifs pres de leur extrémité, ou bien ne s’articulent qu’avec les premiers et jamais 362 FALCONER ET CAUTLEY. ils ne se prolongent de facon a laisser entre leur bord et ces os une échancrure ou sinus considérable, Dans notre teéte fossile, la forme et les rapports des os nasaux sont trés différens; au lieu de se porter en avant sur le méme niveau que le front, ils séleyent en formantavec cette partie un angle arrondi d’environ 190°, saillie dont on n’a pas d’exemple chez les Ruminans et qui est méme plus considérable que celle existante chez le Rhinocéros, le Tapir et le Paseotherium , les seuls mammiféres herbivores dont la structure présente cette particulariié. Au lieu d’étre des lames étroites a bords paralleles, ces os sont larges et voutés a leur base, et se rétrécissent rapi- dement en une pointe recourbée en bas et recouvrant les na- rines. Dans une étendue considérable de leur longueur ils ne sont pas articulés aux os voisins, mais restent libres et éloignés des maxillaires, de maniere a laisser entre leur bord et les maxil- laires un vide considérable. Malheureusement nous ne savons as exactement l’étendue dans laquelle les os nasaux étaient ainsi libres, ’os maxillaire étant mutilé des deux cOtés et ses connexions avec les incisifs détruits, mais comme les os nasaux avancent au-dela du bord fracturé de la machoire, et que leur bord est bien de forme symétrique et également arquée de cha- que coté de ja téte, nous ne pouvons douter que ces os n’aient été libres dans une longueur considérable et ne s’articulaient pas aux incisifs. Pour déterminer la disposition des parties molles voisines il faut chercher des analogies chez les Ruminans et les Pachy- dermes, La grande saillie formée par les os nasaux dans le Sivatherium n’a pas d’exemple chez les Ruminans, et la connexion de ces os avec les incisifs ou la disposition contraire ne correspond avec aucune particularité importante dans lorganisation de cette fa- miile. Dans la tribu Bovine on trouve le Boeuf et le Buffle ayant les os nasaux et incisifs réunis, tandis que dans le Yack(r) et ’Aurochs ils sont séparés. Dans le Chameau, ils sont égale- («) Cuvier : Ossemens fossiles , t, rv, p, 131. EE a a ee Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 363 | ment séparés et chez cet anima! la levre supérieure est plus mo- bile que chez aucun autre Ruminant. | Dans l’ordre des Pachydermes on trouve les mémes varia- tions, mais ces différences sont accompagnées de modifications correspondantes, trés importantes dans la conformation des par- ties molles; c’est par conséquent dans ce groupe que nous de- vons chercher la solution de la question dont nous nous oc- cupons. | Chez l’Eléphant et le Mastodonte, le Tapir, le Rhinocéros, et le Paloetherium trois paires d’os concourent a former les narines; savoir : les nasaux , Jes maxillaires et les incisifs (1); et chez ces animaux, la levre supérieure est trés développée. En effet eile est préhensile chez le Rhinocéros ; ‘chez l’Eléphant et le Tapir, elle se prolonge en une trompe, et l’étendue qu’elle acquiert corres- pond a des différences proportionnelles dans la position et la forme des os nasaux. Dans le Rhinocéros , ces os sont longs et épais ; ils s’étendent jusqu’a l’extrémité du museau et ont beau- coup de force pour soutenir les cornes de Panimal; enfin la le- vre elle-meme est large, épaisse et tres mobile mais peu allon- gée. Dans l’Eléphant ils sont trés courts; les os incisifs pren- nent un développement énorme pour insertion des défen- ses, et la trompe a une grande longueur. Dans le Tapir ils sont courts, libres, excepté a leur base et saillans au dessus des maxillaires; mode de conformation qui est accompagné de existence d’une trompe bien formée. Chez les autres Pachy- dermes deux paires d’os seulement (les incisifs et les nasaux) en- trent dans la composition du cadre nasal; les os incisifs s’éle- vent de maniére a joindre les nasaux, et ceux-ci au lieu d’étre courts, saillans et séparés des maxillaires par. une grande échan- crure, sont longs; en s’avancant ils restent unis aux maxillaires et ils ressemblent plus ou moins exactement A ceux des Rumi- nans. Dans ce groupe, nous trouvons le cheval, dont la lévre superieure est douée de beaucoup de mobilité, et chez cet ani- mal la portion inférieure des os nasauxest en méme temps libre e (t) Cuvier : Ossemens fossiles, t. 11x, p. 295 364 FALCONER ET CAUTLEY. dans une étendue considérable ; tandis que dans les autres gen- res, la levre ne ressemble en rien 4 un organe de préhension. Le Sivatherium présente le méme mode de conformation que chez les Pachydermes a trompe, et c'est au Tapir qu'il ressemble le plus. Il en differe surtout par la saillie plus considérable des os nasaux sur le chanfrein, par la grandeur de ces os et par les di- mensions moindres de la grande échancrure naso-maxillaire. Mais comme il y a similitude dans tous les points les plus im- portans entre ces deux animaux, nous ne pouvons douter que le Sivatherium n’ait été pourvu d’une trompe comme le Tapir. D’autres analogies , quoique moins directes viennent corro- borer cette opinion : ° La grandeur du trou sous-orbitaire. Dans notre fossile, les dimensions exactes de cette ouverture n’ont pu étre détermi- nées, parce que ses bords avaient été mutilés en détachant la gangue pierreuse, mais son diametre vertical parait étre denvi- ron 1,2 p. ou un peu moins. Or, un trou ayant de pareilles dimensions semble indiquer le passage d’un nerf volumineux et, partant, un grand développement de la levre. 2° La table externe des os du crane est tres éloignée de la ta- ble interne et en est séparée par des lames verticales du diploé qui forment de grandes cellules comme chez ’Eléphant; Pos occipital s’étend aussi latéralement pour former des ailes pour- vues d’une cavité considérable comme chez cet animal. Or, ?une et l’autre de ces particularités d’organisation sont des disposi- tions appropriées pour. fournir a linsertion des muscles une surface tres large, et font supposer un cou épais, charnu et peu mobile, conformation qui ason tour tend a prouver la nécessité dune trompe. 3° La grandeur considérable des condyles de loccipital qui sont plus volumineux que chez l’Eléphant, non-seulement pro- portionnellement aux dimensions de la téte, mais méme d'une maniére absolue. L’atlas et les autres vertebres cervicaux ont du étre proportionnellement développés pour recevoir et sou- tenir ces condyles, et ont di étre entourés d’une masse muscu- Jaire considérable; circonstances qui une et l'autre doivent tendre 4 diminer beaucoup Vétendue des mouvemens de la tete a eli ee / Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 365 et du cou. Or, pour approprier l’animal a son régime herbivore, il a du étre pourvu d’un instinct spécial pour atteindre sa nour- riture, ou bien avoir des vertébres cervicales allongées propor- tionnellement a leur diamétre, de maniére a donner de la liberté aux mouvemens du cou. Dans ce dernier cas, le cou aurait été d'une grande longueur, et pour le soutenir, ainsi que la masse musculaire y appartenant, il aurait fallu un développement im- mense des apophyses épineuses des vertebres dorsales et de tout le membre antérieur, d’ou aurait résulté une conformation gé- nérale ducorps des plus lourdes. Il est par conséquent plus pro- bable que les vertébres étaient comprimées comme chez l’Elé- phant et le cou court et épais; circonstances que nous avons déja cru étre favorables a notre opinion relative a l’existence d’une trompe. 4° Enfin, la face est plus courte, plus large et plus massive que chez aucun Ruminant; elle ressemble un peu a celle de PEléphant et convient pour lattache d’une trompe. Passons maintenant a ce qui se rapporte aux cornes. On ne peut douter que les deux apophyses épaisses, courtes et coniques situées entre les orbites n’aient été l’'axe osseux de cor- nes semblables a celles des Antilopes et des Boeufs. Elles sont lisses et se confondent par leur base avec le reste du front. sans présenter aucune trace de bourrelet. Les étuis cor- nés dont elles étaient enveloppées ont du étre droits, épais et peu allongés. Aucun Ruminant bicorne ne porte des cornes placées ainsi directement entre et au dessus des orbites, mais toujours plus ou moins en arriere. Le seul Ruminant ayant des cornes ainsi placées est !’Antilope de l’Hindoustan ( Tetracerus, Antilope quadricornis ou Chicara des auteurs), qui, sous ce rap- port, différe seulement du Sivatherium par la position de ses cor- nes anterieures un peu plus avancées au devant des orbites. Cette ressemblance nous conduit naturellement 4 nous deman- der sile Sivatherium avait aussi sur le sommet de la téte deux autres cornes? Le crane de notre fossile est mutilé tout en tra- vers du vertex, de maniére qu’on ne peut s’assurer directement du fait, mais !es considérations suivantes en rendent la présomp- tion au moins probable, 366 FALCONER ET CAUTLEY. 1° Ainsi que nous l’avons déja dit, les cornes sont toujours placés plus ou moins en arriere des orbites chez les Ruminans bicornes; 2° Dans les especes a quatre cornes connues, la paire de cornes normales est située sur le front et la paire supplémen- taire entre les orbites; 3° Dans la tribu bovine des Ruminans, l’os frontal est res- serré entre les orbites et au-dessus de ce rétrécissement, il s’é- largit de maniere a former deux éminences qui sont situées aux angles latéraux du vertex, et qui se continuent avec l’axe osseux des cornes. Cette conformation n’existe pas chez les Ruminans sans cornes ou qui ont des cornes rapprochées des sourcils; or chez le Sivatherium elle se voit» Quoi guwil en soit, Pexistence des cornes inter-orbitaires est un fait fort remarquable dans la conformation de notre fossile ; et si elles étaient seules, on voit, d@’aprés leur position, que la structure de la téte serait peut-étre encore plus singuliére que si une seconde paire de ces appendices surmontait le vertex. Pour juger de la longueur de la portiondu musean qui manque dans notre fossile, et pour déterminer la longueur totale de la téte, il faut aussi avoir recours a l’analogie. Chez la plupart des Ruminans a molaires contigués, linter- valle compris entre la premiere molaire et le bord antérieur des os incisifs est presque égal a l’espace occupé par les mo- Jaires; tantot cest un peu plus, mais ordinairement un peu moins. Chez les autres Ruminans, tels que le Chameau, ou les molaires antérieures ne sont pas disposées comme les autres, et en sont ¢éloignées pour se placer au milieu fde l’espace vide — compris entre les molaires et les incisives, ce rapport n‘existe plus; la distance comprise entre la premiere molaire st le bord antérieur des os incisifs était moindre que l’espace vt- cupé par les molaires. Chez le Sivatherium, les molaires sont en série continue; et si nous évaluons la longueur du museau d’apreés cette analogie, nous aurons pres de deux pouces pour l’espace entre la premiere molaire et l’extrémité des os incisifs; ce qui donnera 28,85 pour la keiegnenygs totale de la téte , depuis le bord du grand trou occipital jusqu’a Pex- . | Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 367 | trémité de la machoire supérieure. Cette évaluation pourra peut-étre sembler un peu exagerce , mais nous sommes peré suadés qu'elle ne s’‘éloigne pas beaucoup de la vérité , car, pour un Ruminant, le museau serait encore court comparativement a la largeur de la face. I] nous reste encore 4 nous occuper des orbites. La grandeur et la position des yeux établissent une différence remarquable entre les Pachydermes et les Ruminans; chez ces derniers, !’oeil est grand et saillant, chez les premiers, il est plus petit et plus enfoncé, et il résulte une différence notable dans lexpression de la figure. Chez le Sivathérium, lorbite est beaucoup plus petit proportionnellement a ensemble de la téte que chez les Ruminans actuellement existans. Cette cavité est aussi placée plus en avant dans la face et plus bas sous le niveau du sourcil; son bord n’est pas élevé et saillant comme chez les Ruminans, et sa direction est oblique, Yintervalle entre les bords orbitaires supérieurs étant de 12,2 p., et celui entre les bords inférieurs de 16,2 p. Le diametre longitudinal dépasse le diametre vertical dans le rapport @environ 5 4 4, et-le grand axe est presque dans la ligne du sinus naso-maxillaire 4 la portion postérieure de arcade zygomatique. D’aprés cette conformation, nous pen- sons que lceil devait étre plus petit et moins proéminent que dans les Ruminans actuels, et que l’expression de la face devait étre plus lourde et plus désagréable , mais moins cependant que chez les Pachydermes, le Cheval excepteé. Il est aussi 4 présumer que l’axe visuel était dirigé en avant aussi bien que latéralement, et qu'il était interrompu en arriere. | Nous terminerons ici les considérations que nous nous étions proposé de présenter touchant Ja téte de notre fossile. Quant aux autres parties du corps, nous ne possédons encore rien qui puisse tre rapporté avec certitude au Sivatherium (1). Parmiun (1) Pendant que ce mémoire était sous presse 4 Calcutta, M. Cautley a été informé de la découverte de presque tous les os de l’un des membres d’un animal qui parait étre le méme que celui nommeé ici Sivatherium. Nous possédons une vertébre cervicale de Ruminant qui a dé appartenir a un animal aussi grand que le Sivatherium, mais que nous sommes porté a considérer , pour plusieurs rai- sons, provenir de quelque autre espece de Ruminant gigantesque dont l’existence nous est a- peu-pres demontrée. M. le lieutenant Baker nous a donné aussi des preuyes de l’existence de Elan et d’une espece de Chiameau dans ces terrains. 68 ‘ FALCONER ET CAUTLEY. grand nombre d’ossemens de chevaux découverts dans le méme voisinage que la téte dont nous venons de donner la description, il s'est trouvé trois morceaux tres bien conservés de la portion inférieure des extrémités d’un grand Ruminant, qui apparte- naient a trois jambes d’un méme animal, et qui, par leur volume, ne pouvaient étre rapportés 4 aucun des Ruminans de notre collection, si ce nest au Sivatherium giganteum ; nous nous abstenons cependant de les décrire ici, car ils nous semblent petits comparativement a notre téte fossile, et nous avons lieu de croire qu'il existe des débris d’autres grands Ruminans dans les memes terrains. La forme des vertebres et surtout des os du carpe et du tarse, est un point d’un grand intérét qui reste encore a constater; car nous pouvons nous attendre a trouver chez un animal aussi volumineux, le type ordinaire modifié. En raison de sa masse et de l’armature de sa téte, il est probable que peu d’animaux. pouvaient résister au Sivatherium, et nous devons nous attendre 4 trouver ses membres conformés d’une maniere favorable a la solidité plutot qu’a la célérité. Du reste, nous ne doutons pas que, dans la riche moisson de fossiles que nous espérons recueillir encore dans la vallée du Markenda, il ne se trouve quelques échan- tillons , propres a combler les lacunes nombreuses qui existent encore dans nds connaissances sur lostéologie du Sivatherium. La structure des dents a fait naitre une conjecture, touchant les habitudes de cet animal. Nous avons vu ci-dessus, que la lame centrale d’émail, décrit une courbe flexueuse , ressemblant un peu a ce qui se voit chez l'Elasmotherium, disposition qui est évidemment destinée 4 augmenter le pouvoir triturant de ces dents. On en peut conclure, que la nourriture du Sivatherium était moins herbacée que celle des Ruminans a cornes, actuelle- ment existans, et se composait de feuilles et de jeunes bran- ches; ou bien, que les alimens étaient, comme chez le Cheval, plus completement machés , ’appareil digestif moins compliqué, le corps moins massif, et la nécessité de la régurgitation moins marquée que chez les Ruminans de nos jours. Les mesures suivantes, prises chez le Sivatherium, ’Eléphant et le Rhinocéros, donneront une idée exacte de la taille de notre Sur un nouveau genre de Ruminant fossile. 369 fossile , et quoique peu nombreuses, elles sont caractéristiques. Rhinocéros Eléphant. Sivatherium. de l’Inde a une corne. Distance du trou occipital 4 la premicre molaire 23.10 18.85 24. 9 Plus grande largeurducyane..;.:. .. +. 26.00 22,00 12.05 Id. de la face entre les os ma- lairesiii? sR ys Fh 6% 48.5 16.62 9.20 Plus grande hauteur du crane. . . . + «© - 17.80 11. 9 211.05 Grand. diamétre du trou occipital. -°. . 2. = 2.55 2. 6 2. 6 Petit diamétre du trou occipital. . . ... 24 ae ini Moyenne de cesmesures.. ......-. £5.06 12.38 10.22 Si opinion que nous nous sommes formée du Sivatherium est juste , cet animal devait étre tres remarquable, et devait remplir une lacune importante dans l’intervalle qui sépare les Ruminans des Pachydermes. D’aprés les dents et les cornes, il est évident que cétait un Ruminant, et d’un autre coté, lostéologie de la face, la disposition présumée de la lévre supérieure, et la position ainsi que le volume de l’orbite, le rapprochent des Pachydermes. L’existence de quelque chose de semblable 4 une trompe, est une circonstance si anomale pour un Ruminant, qu’au premier abord, on pourrait douter de l’exactitude de la place assignée a notre fossile; mais sur un examen plus attentif, cette diffi- culté tombe. Dans lordre des Pachydermes, il y a des genres pourvus d’une trompe; d'autres qui en sont privés ; par conséquent, cet organe n’est pas essentiel au mode d’organisation de ce groupe de mammiferes; mais son existence est déterminée par le volumede la téte ou les habitudes de ces étres. Ainsi, chez lEléphant la nature a raccourci le cou, destiné a soutenir Pénorme téte, les longues défenses et le puissant appareil masticateur de l’animal, et a évité ainsi la perturbation qui serait résultée dans le reste du corps, par l’existence d'un long cou; mais lorsque le levier portant la téte a été diminué de longueur, d’autres moyens pour atteindre les alimens devenaient nécessaires 4 animal, et une trompe a ¢té fixée au devant de sa bouche. Or, il nous suffirait de supposer un Ruminant, placé dans les mémes conditions, V. Loon, Juin, " \ 370 wAcadémie des Sciences. pour qu’un organe semblable lai devienne également néces- saire. D’autres conditions organiques, ont méme déterminé lexistence d’un état rudimentaire de cet organe chez le Cha- meau, ou la levre supérieure est fendue et chaque moitié, mo- bile et extensible, constitue un excellent organe du toucher. Le fossile que nous venons d’étudier a été découvert entre la riviere Markenda et la vallée de Pinjor, dans la chaine des montagnes du Sivalik ou Hymalaiens inférieurs, et s’y trouve conjointement avec des os fossiles d’Eléphant, de Mastodonte, de Rhinocéros, d’Hippopotame, etc. Autant que nous pouvons en juger par nos recherches, cet animal n’etait pas commun 3. car, comparé au Mastodonte et a ’Hippopotame ( H. Sivalensis nobis , espece nouvelle, caractérisée par lexistence de six inci- sives a chaque machoire ), il était méme tres rare. EXPLICATION DE LA PLANCHE 13. é A ro . . Fig. 1. Téte du Sivatherium ‘giganteum, vue dé face. Fig. 2. Laméme, vue en dessouse Fig. 3. Laméme, vue de profil. Awanyse des travaux anatomiques, physiologiques et szoolo- giques presentés a U Académie des Sciences pendant le mois de juin 1836. Séance du 6 juin 1836. Awanysn des travaux de Goethe en histoire naturelle et considerations sur le caractére de leur partie scientifique, par M. Grorrroy-Saint-Hivaine. Dans ce mémoire M. Geoffroy s’applique 4 faire connaitre quelle est la part qui appartient & Goethe dans V’établissement de la theorie de Pwnité organique. Seance du 13 juin. M. Geoffroy dome lecture de la seconde partic da memoire sur hi com- mencé dans la séance preecdente. ye Académie des Sciences. 370 Lerrre sur les moeurs du Rossignol ; par M: D. Nervavux. Je crois devoir vous communiquer une particularite de la vie du Rossi- enol, de laquelle jai été témoin durant Ja dernicre inondation. « Une partie de mon jardin a ete envahie. Un de ces oiseaux avait fait son nid dans la haie inférieure ot les eaux montaient avec impetuosité. Inquiet de savoir si elles parviendraient jusqu’au niveau de ce nid, je l’observai plusieurs fois par jour: i se trouvait a six pas environ de la ligne formée par les eaux. Il ¥ avait quatre ceuis. Un matin je n’en vis plas que deux et m’apercus que Peau etait 2 quelques lignes de la partie inferieure du nid qui etait appuyé sur un fagot d’épines place pour boucheture.... Je pensai d’abord que les deux ceufs qui manquaient avaient été submergés, mais peu d’imstans plus tard, n’en ayant plus va qu’un seul, j’observai avee attention, ct quel fut mon étonnement en voyant les deux oiseaux rasant la terre en volant avec rapidité en méme temps qu’avee précaution et se dirigeant vers une des parties les plus ¢levées de mon clos, emportant avec cux le dernier ceuf qui restait dans leur ancien nid, et de les rétrouver tous les quatre dans nn nouveau 4 cent cinquante pas du premier, ou depvis sont éclos cing petits. ; « Comment ces pauvres animaux ont-ils pu porter leurs eufs & une distance aussi grande ? est-ce avec le bee ou avec les ongles? C’est ce que je n’ai pas eu le temps de voir, mais ce quily a de certain, c’est que les ceufs ont cté portes d'un endroit 4 un autre. » Structure des poumons; pax M. Bazry. __M. Bazin annonce qu'il a étendu aux animaux carnassiers ses recherches sur la terminaison des canaux aériens. Les lobules qu’on disait exister dans les pou- mons de tous les mammiféres ne se sont présentés a lui dans aucun de ces ani- maux qu il a eu occasion d’observer, ct ila trouvé au contraire constamment, une disposition semblable 4 celle qu’il a signalée pour Vespéce humaine. - , Une preparation faite par M. Coste lui a permis de yoir dans les poumons d'un foetus de lapin, dix-huit jours aprés la conception, les bronches se ramifiant en branches de plus en plus petites, mais dont les derniéres étaient toujours ter- minces en cul-de-sac et sans anastomoses. Séance du 20 juin. Extrair d’un mémoire sur 1’ Orang-Outang vivant actuellement & ia Ménagerie ; par M. Grorrrox-Saint-Hivarre, « Connu trés anciennement des Malais, sous Je nom d’orang-outang, ce nou- vel hote de la Menagerie y vint prendre position comme un sujet d’études pour les naturalistes et de profondes meditations a V’égard des philosophes ; car ce ne fut pas tout-a-fait sa nouveauté qui a mis en émoi Ja capitale, mais d’anciens souvenirs, que cétait un animal mi-partie homme et mi-partie singe. Sur cette viele tradition, nous avons vu de toutes parts aflluer; vers Je curieux animal, Abe 372 Académie des Sciences. tout le public parisien , soit cette partie donnée par les salons aristocratiques qu'un désceuyrement incessant et un instinct de dédain poussent au mepris de ce qui n’est point grandeur a sa maniere, soit ces hommes plus fermes dans leurs principes, non moins devoués au sentiment de la dignité de notre espéce; cette foule des salons d’affaires ou qui afflue dans les ateliers. Toutefois, c’est un fait que je me suis attaché a recueillir: ces visiteurs si di~ vers se sont unanimement rencontrés dans une méme et cette méme pensée : Yanimal de Sumatra n’est ni un homme ni un singe. Et le moment d’aprés se présentait 4 Vesprit cette idee accablante, comme etant le sujet d’un probléme sans solution: Qu’est>ce donc ? et comment expliquer ces mouyemens et scé- jes de meeurs, ces répétitions ou apparence @’actes humains ? « La science, d’abord mal informée, a passé successivement d’une opinion a Yautre. Tulpius et Bontius avaient donné deja des renseignemens étendus sur cette conformation tenant de l’homme, quand Linnzus crut y apercevoir des traits non equivoques de similitude humaine. La conviction de ce grand homme en vint, 4 cet éegard, jusqu’a l’engager a appeler l’animal décrit par Bontius et Tul- pius, a l’appeler, dis-je, dans Ja dixieme édition du Systéme de la Nature, homo nociturnus, ou encore homo silvestris. Depuis, Linnzus se reformant sur cela, fut imite par les naturalistes qui écrivirent, depuis lui, sur Yanimal originaire des jles de laSonde; et Y’on s’arréta au parti de maintenir défivitivement cette espece ambigué parmi les singes. « Dans notre actuelle occasion de revoir les faits et d’en juger, d’autres opi- nions, non moins diverses éclatent entre les naturalistes, ceux-ci, persistant dans jeurs mémes idées, et le public affluant dans le Museum et y venant donner son avis. Dans ces circonstances, j’écoutai d’abord; puis, je me pris a douter. J’ai quelque temps balance ; et si j’ai passé dans des rangs opposes, c’est que j’al foi en la solidité des jugemens populaires , les masses, jouissant d’un sens instinctif, qui les rend perspicaces, et les crée trés habiles a saisir le point synthetique des questions ; et enfin , d’autre part, pour m’engager 4 réexaminer la questivn, je pouvais croire (tant ir einen en fournissant la preuve) qu’a un fait, mal vu dans lorigine , les naturalistes avaient bien pu rattacher des observations non moins fautives, et finalement engendrant , avec de tels élemens, un préjuge au- jourd hui assez difficile 4 déraciner. « Douter en unin cay "était pressentir une découverte; et je m’apercus ave pour l’achever, j’aurais 4 remanier fondamentalement la matiére. « Je disais naguére: « Ne marcher sur les différences pour les apprecier se- « lon Ja rigueur des vrais rapports naturels en toutes occasions et questions de « Vorganisation, qu’aprés avoir ramené ces différences 4 leur systéme unitaire, « et, par consequent, qu’apreés les avoir éclaircies par la théorie des analo- ac gues. » « Cette ancienne controverse doit donc, comme au temps de Linnezus , se reproduire ; et ce devient ainsi de nos jours, encore le sujet de cette question : : St Vorang-outang est homme ou singe? Ni lun ni lautre ; Cest ce quest ee Académie des Sciences. 373 venu affirmer tout-a-Vheure Vesprit de tous! c’est ce qui, en effet, fut ainsi declaré par les nombreux visiteurs qui affluent au Jardin du Roi, y venant ob~ server sans prejugés, sans idées préconcues, et sans s’étre laissés prévenir par ces déplorables entraves qu’on appelle nos régles de classification. Ces regles étant bien employées ont un cote vrai et leur parfaite utilité ; mais presentement elles dégenerent en une manie a laquelle on recourt pour ignorer tout a son aise sans toutefois le paraitre. Mais cependant, que deviendra effectivement pour le naturaliste des anciennes opinions, ce ni 2’un ni Pautre que Vesprié de tous lui oppose en ce moment? Le voici: Il y a, dit le classificateur, ces deux pre miers ordres qui ouvrent la marche de la classe des mammiferes ; ils ont nom les bimanes et les guadrumanes ; \e premier ordre est destiné 4 montrer et 4 tenir Tespéce humaine a part de tous les étres portant mamelles, et le second ordre doit réunir tous les animaux aux quatre mains : ce gui s’entend des espéces qui ont le doigt interne ecarte des autres doigts; ce doigt étant plus ou moins utile dans Ja prehension. « Mais cet ordre pimaneE qu’cyidemment vous, les naturalistes des opinions régnantes , n’auriez créé que dans la pensee d’un sentiment de deférence, que dans une yue d’assujétissement vis-a-vis de certaines branches privi~ légiées de Ja société ; cet ordre etabli donne-t-il effectivement, en histoire naturelle, son caractere net, precis et digne enfin de figurer dans un puissant contraste comme la recommandation et Venseigne d’une famille bien tranchee? « Cela n’est certes point 4 Végard des deux premiers ordres. Le pouce des pieds de derriére qui vous parait droit, rapproche et sans action propre a legard des autres doigts, n’est ainsi que maitrise par la chaussure. Les sculpteurs grecs le montraient détaché et distinct; les Arabes livrés 4 l’ceuvre des tourneurs et qui iravaillent assis, emploient irés habilement, trés utilement ce pouce assez mobile et suffisamment écarté pour maintenir le bloc de bois a fagonner. Enfin , les Charruas, dont nous ayons vu tout récemment des individus, ont ce pouce spécialement actif et s'écartant presque 4-peu-prés comme le pouce de la main. C'est avec ce pouce, lequel entre dans des anneaux de courroie, que le cavalier Charrua s’enléve sur son cheval: ce pouce pose seul sur cet anneau, qui revient pour l’usage a un etrier. « Ilya donc une facheuse dissimulation dans les soins pris par les classifi~ cateurs, pour delaisser ces notions, comme c’est vraiment prononcer un men~ songe de toutes manitres, quand on nie que homme organiquement parlant, pour d’aussi minimes differences, ne saurait étre réuni et classé parmi les ani- maux 4 mamelles. Et le bat de cette prétention serait d’arriver au soulagement de la dignité morale de notre espéce ! « Crest assez, je pense, de ces reflexions qu’on pourrait étendre a Vinfini ; assez pour préférer ce vrai des faits A ce semblant d’ordre et d’intelligence qui résulte de ces termes rapproches, dimanes et quadruimanes ! il n'est Ja de reel qu'un jeu de mots. * 394 Académie des Sciences. « Voild comme je n’ai point employé mon amour-propre 4 opposer aux vie siteurs de Yorapg-outang, des décisions autres que les leurs, comme je n’ai point refoulé ce torrent d’enscignemens que je tenais a bonheur de recevoir de Vesprit de tous. « Libre aujourd’hui de rejeter entitrement les insinuations de ces idées faites, mais erronées, oh! comme avec facilité je pourrai, dans Ja séance prochaine, dire ce que c’est qu’un orang-outang, et plus tard raconter, dans le méme esprit, ce qu’est ’homme considéré dans sa structure et comparativement a la structure de ses congéntres, les autres quadrumanes; la dignité de Yhomme n’y perdra rien, je le promets. Mais tout au contraire, dans te soin que je mettrai 4 faire va- loir tous les nombreux et minimes moyens qui produisent chez ces deux ‘étres les relations concertées de leurs parties, éclateront toutes les grandeurs, toutes les prévoyances d’exeécution , les admirables harmonies que l’on pent donner comme un effet de propre essence de Ja puissance créatrice. « J’ai fait passer sous les yeux de l’Académie quatre magnifiques dessins de mon collaborateur, M. Werner , donnant certaines poses de Vorang-outang. M. Werner en prépare quatre autres pour la séance suivante; j’ai cru pouvoir me permettre de les louer, comme empreintes d’une poésie exquise. Et, en effet, comme ils contrastent avec la detestable figure du Jocko de Buffon, vol. xiv! L’artiste d’alors a peut-étre rempli son but en donnant une hideuse cari- cature de "homme ; mais il est au moins certain ‘Yue rien, dans son dessin, ne rappelle les traits distinctifs de Voriginal. Aussi, comme Daubenton, bien qu’avec le chariae d’esprit et la bonté de coeur qui le caractérisaient, mettait d’amertume 4 se plaindre que lartiste se fut a ce point écarte de la veritée des faits ! « Conciusion. — L’ordre des bimanes n’est point Yimmédiat et le nécessaire resultat des rapports naturels, respectiyement appreciés dans leurs. degrés; cet ordre est 4 supprimer. » Sur des. organes semblables aux sacs branchiaux des crustacés inférieurs trouves chez un insecte hexapode ; par M. Guirin. M. Guerin annonce qu’en disséquant un insecte hexapode aptere , place par Latreille dans son ordre des thysanoures, il a observé sous les segmens abdo- minaux, de petits sacs membraneux semblables aux organes respiratoires de cer- iains crustacés. Liinsecte qui fait le sujet de cette observation est le Machilis polypoda: M. Guerin en présente plusieurs individus conservés dans la liqueur. Un dessin joint a sa lettre offre les détails anatomiques des diverses parties de abdomen vues sous un grossissement moyen. . Les dix segmens abdominanx sont un peu repliés en dessous avec les bords arrondis; chacun d’eux, 4 Vexception dn dernier, porte en dessous une grande lame (arceau inférieur) ; celle du prei ier, échar-rée au milieu, offre de _Académie des Sciences. os chaque céte une petite veésicule blanche; mais elle n’a pas de filet articulé ow fausse patte. : Le second segment inférieur semblable au premier pour la forme offre de chaque cété deux vésicules blanches , et extérieurement un petit appendice ar- ticule. Les iroisieme , quatriéme et cinquicme présentent absolument la méme dis- position. Le sixiéme, dans Vindividy quia servi a la dissection, offre deux vesicules a droite, et une seulement & gauche; Ja plus extérieure de droite est au moins dou- ble de l’autre. Les septieme et huitiéme segmens n’offrent de chaque cote qu'une seule yé- sicule piriforme assez grosse ; Les trois derniers segmens n’ont plus de ces vesicules. « Les vésicules dont je viens d’indiquer la position, dit M. Guerin, me pa- raissent étre des organes de respiration analogues a ceux qu’on trouve sous l’ab~ domen de beaucoup de crustacés, et qui sont places a la base des fausses-pattes abdominales. Cela me semble d’autant plus probable, que Latreille (Nouv. Ann. du Muséum. t. 1, p. 161) n’a pastrouvé de traces de stigmates sur les nombreux individus qwil a eu occasion d’observer. « Les parties de la bouche , poursuit auteur, rangent bien cet animal parmi les insectes ; comme eux ila un Jabre, deux mandibules, deux machoires pal- pigéres et une lévre inférieure également palpigere. Comme eux aussi, il n’offre qu'une paire de pattes aux trois segmens qui forment son thorax, mais 1a se bornent les points de ressemblance de l’animal avec les insectes, car toutes les autres particularités de son organisation, absence de stigmates, la presence de sacs branchiaux, de fausses pattes abdominaies , etc., le rangent parmi Jes crustacés. » Seance du 27 juin. Ervpss sur d’orang-outang de la Ménagerie, par M. Grorrroy- Saint Hinarre. M. Geoffroy donne lecture d’un second article sur Yorang, et met sous les yeux de VAcademie quatre nouveaux dessins faits d’aprés cet animal, par M. Werner. Observations sur la température des animaux par de trés grands froids. s Les physiciens et les physiologistes se sont occupés, depuis long-temps, de Ja faculte que les animaux vivans posstdent, de se maintenir A une tempéra~ ture a-peu-prés constante dans des atmosphéres chaudes ou froides; mais leurs experiences ont principalement porté sur des milieux chauds. Celles que M. le capitaine Back a faites dans son excursion récente vers les regions polaires , semblent donc meériter une attention toute speciale. Telle est la con~ » 376 Publieations nouvelles. sideration quia amené M. Arago a mettre sous les yeux de l’ Académie les résul- tats suivans : Température . Température du thorax. de Vatmospheére. 1833, octobre, le 26, Gelinotie noire d’ Amérique (male) +-43°,3 cent. —12°,7 centigr. HRS, ws Ns Weel ae ee es ee) eee —15,0 Be 29; ews) oped ation. of .o(fehnd “peeps — 8,3 UBiy Folin 6 + fede eb te eye! 6) MUs)) Pay So — 8,0 1834, mai, ‘ BO 1G, Ore PN Rees SE PEO rate ha" & — 1,1 1834, janvier, le 5, Lagopéde des saules. .... .- (male) +-42,4 —19,7 FB] aa te MR Senter ton AEGa), peo —32,8 a PRAT ec 7s AM Eas rma @ 7e 5 igs ec aa —35,8 Publications nouvelles. Lrcons d’anatomie comparée de Grorcrs Cuvier , seconde édition corrigée et augmentée. Publice par MM. Duvernoy , Lauriziarp et F. Cuvier (neveu), in-8°. Paris 1836, (1) « Cette seconde édition des Legons d’anatomie comparee est le dernier ouvrage dont M. Cuvier se seit occupé; et il y travaillait avee ardeur lorsque la mort l’a surpris. « Cependant il ne considérait cet ouvrage que comme l’esquisse d’un monument plus ctendu; comme analogue, pour ses travaux anatomiques, de ce qu’avait été, pour ses travaux de classification, son J'ableau élémentaire des animaux ; et comme il ayait fait succeder 4 celui-ci son grand ouvrage du Régne animal, il comptait faire succéder 4 celles-la ce qu’ila si souvent appelé sa Grande ana- tomie comparée. Aussi depuis plus de trente années n’avait-il cessé d’accumuler dans son cabinet et dans ses portefeuilles, les matériaux de cette immense en- treprise. Mais beaucoup de travaux preliminaires non acheves, Pepoque encore éloignée ot ses Projets devaient se réaliser, Vimpossibilite de rcimprimer , telle quelle etait, la premitre édition de l’Anatomie comparée, et cependant le besoin \ 4 (t) Trois volumes sont déja en vente, savoir : Je tome premier, contenant les généralités et les organes du mouvement des animaux vertébrés; et le tome ty, divisé en deux parties, et contenant Jes organes de la digestion des animaux vertébrés, Publications nowvelles. 377 de satisfaire 4 Yempressement du public pour cet ouvrage, lavait déterminé 4 utiliser dés 4 présent, dans une seconde edition, le resultat de tant d’efforts. « Un dernier motif rendait aussi cette publication neécessaire: elle devait mettre fin 4 beaucoup de critiques au moins mal fondées. I] semblait, pour plu- sieurs personnes, que ce livre publie 4 la fin du dernier siecle, alors que son auteur n’ayait que des collections incomplétes , exprimat sa seule et derniere pensee. On.lui en reprochait les inexactitudes et les lacunes, comme si tous ses travaux depuis lors n’avaient pas eu eux-mémes pour objet de rectifier les unes ou de combler les autres; comme si des preparations de toute espéce, expo~ sées au public, n’étaient pas comme une edition corrigée de son ceuvre. « Ilya plus, et il est bon de le dire, ceux-la méme qui lui ont reproche le plus vivement les imperfections de la premiere édition , c’esta Paris, dans les préparations de M. Cuvier, sous ses auspices, pour ainsi dire, quils ont re-+ cueilli les élemens de leurs critiques; c’est avec ses propres armes qu’ils l’ont at- taqué. Sans doute, dans le domaine de la science, la publicite de la presse est le titre le plus stir 4 la proprieté, et M. Cuvier ne prétendait poimt disputer aux auteurs la nouveaute de leurs publications; mais ne pouvait-il pas exiger de ceux dont il facilitait les travaux, plus de justice et d'impartialité ? « Une édition nouvelle des Lecgons d’anatomie comparée etait donc deyenue indispensable, et il sera toujours a regretter que M. Cuvier n’en ait pas revu toutes les parties comme il a revu Ja premiere. « Il en a assez écrit cependant, pour faire voir qu’il n’avait rien perdu de sa confiance dans Ja vérité de ses doctrines, dans la puissance des principes qui Yont dirigé etsoutenu au milieu de ses grands travaux scientifiques. « S’il a combattu et repoussé la plupart des systemes qui se sont fait jour dans ces derniéres années, sans nier toutefois lutilité et la nouveauté des faits dont leurs auteurs les ont accompagnés, on verra qu'il s’est toujours appuyé pour cela, ou sur un nombre de faits plus grand, ou sur une appreciation plus rigoureuse des faits connus, et, par dessus tout, sur les principes d’une haute et severe philosophie. « Enfin, le plan général et les détails de cet ouvrage repondront d’eux-mémes a un reproche qui a ete plus récemment adressé 4 son auteur, et qui étonnera peut-étre les personnes familiarisées avec les travaux de M. Cuvier, et qui en ont apprécié la nature et le but. On a dit, qu'il n’avait cherché dans V’étude des étres que leurs différences, et que la science aujourd’hui, changeant de portée et selevant plus haut, avait surtout égard aux ressemblances. Or, Yun des buts principaux de |’ Anatomie comparée en général, et celui de cet ouvrage en parti- culier, a toujours été de rechercher aussi loin que possible, et d’etablir les ana- logies des organes au milieu des transformations que la nature leur fait subir ; et c'est précisement a cette recherche des analogies et des ressemblances que M. Cuvier a di quelques-unes de ses plus heureuses déterminations. (1) (x) On peut méme dire qu’il a poussé beaucoup plus loin que d’autres cette recherche des 378 Publications nouvelles. « Si ensuite le besoin des analogies n’a pas tellement préoccupé M. Cuvier quil lui ait fallu les retrouver partout, s'il s’est arrété lorsque Vevidence lui manquait, c’est qu'il aurait cru, autrement, faire violence a la nature; et’si, apres avoir admis et decrit les ressembdances, ila admis et décrit les differences, il n’a fait qu’obeir 4 une necessite logique 4 laquelle on ne peut se soustraire dans aucune science. L’Anatomie comparée, 4 ses yeux, ne pouvait avoir pour but l'une de ces choses plutdt que Vautre, elle les embrassait également toutes deux; et le spectacle de Ja nature ne lui a pas paru moins grand, l’ceuvre de la création moins merveilleuse ou plus obscure, parce qu'il y troayait des plans divers et des variations infinies. « Il nous reste 4 dire comment cette seconde édition doit étre achevée. M. Du- vernoy, que M. Cuvier s’était associé pour cette seconde édition, mettra au ni- veau de la science Ja partie de louvrage pour laquelle il avait cooperé dans la premicre : c'est un travail dont il s’occupe sans relache depuis cing anncées..Tou~ tes les généralités du premier volume et une partie des détails sur les organes du mouvement des animaux vertébrés ayaient déji été revus par M. Cuvier lui- méme; M. Laurillard y a ajouté tous ceux qui manquaient. Enfin M. Laurillard et M. F. Cuvier neveu, se sont chargés de completer ce qui concerne le systeme nerveux et les sens; et comme i! deyient necessaire de séparer les additions et corrections de ce qui appartient la rédaction ancienne ou nouvelle de M, Cu- vier , ces additions seront comprises entre deux crochets [ ]. « Toutefois les materiaux de ces additions se trouyeront pour la plupart, ou dans les collections et les notes de M. Cuvier, ou dans les grands ouvrages et les méinoires qu'il a publiés depuis la premiére édition. Pour certaines parties ott ces ressources nous manqueront , nous aurons recours 4 nos propres recherches et aux travaux quiont été publiés depuis la premiere edition. « Nous ferons ici une derniére remarque: ¢’est que si nous navons pas con- stamment cité, comme se trouvant dans Meckel ou d’autres, beaucoup des dé- tails que nous faisons connaitre, c’est que les ouvrages de ces auteurs ont été en grande partie composes avec les préparations du cabinet de M. Cuvier, et que nous avons cru devoir les considérer comme appartenant au moins autant a celui qui a dirigé et fait ces préparations qu’a ceux quiles ont decrites. « Enfin, on ne perdra pas de vue en lisant ce livre, qu'il n’est qu’une seconde édition d’un ouvrage dont les limites sont étroites, et que ce n’est pas un réper- toire ob seraient réunis tous les détails de la science ; nous n’avons dt souvent y faire entrer les faits que sous une forme un peu génerale, sans pouvoir multi- plier les descriptions autant que le permettraient les richesses du cabinet d’ana- analogies ; car dans l’ Anatomie comparée de Meckel, par exemple, et dans Bojanus, les mus. cles sont fréquemment décrits et nommés uniquement d’aprés leurs fonctions; de sorte que le méme muscle ayant souvent, selon Ja forme des os et la nature de l’animal, des fonctions dif- férentes , cia. ¢ de nom d’un animal a Vautre , et ne se trouve point ramené 4 un type commun, Publications nouvelles. 379 tomie, et l’infinie varicte des formes des animaux. Toutefois, nous nous appli- querons Ane rien omettre de ce qui est susceptible d’entrer dans le cadre de Youvrage, et ane négliger aucune des observations sur lesquelles sont établis les -principes fondamentaux de Vanatomie comparée; de cette science qui n’a pris rang parmi les sciences positives, que depuis la premiére publication de cet ouvrage. » ( Extrait de Pavertissement des éditeurs. ) Histoire naturelle des Cétacés , par M. Fripéric Cuvier. (1) I] n’est aucune branche de Vhistoire naturelle des Mammiferes qui, dans l’etat actuel de la science soit plus difficile & traiter que celle des Cétacés, car on ne posséde sur la plupart de ces animaux que des connaissances tres incompletes , souvent entachces d’exagération et d’mexactitude, leur grande taille s’oppose a ce que les voyageurs en fournissent abondamment nos musées et leloignement des parages quils: fréquentent les rend d’ordinaire presque inaccessibles aux recherches des zoologistes. Aussi en écrivant le-liyre dont nous annoncons Ja publication, M. Frédéric Cuvier ne s’est-i! pas proposé de donner une histoire complete des Cetacés, mais de rassembler les faits connus relatifs 4 ces animaux, d’en discuter la nature, de déduire les conséquences probables qu’il est permis d’en tirer, et de montrer en méme temps ce qui manque 4 la science et ce qu'elle possede, but qu'il nous parait avoir parfaitement atteint. (t) Un yolume in-8° avec planches, faisant partie des Suites a Buffon publiées par Roret. TABLE DES MATIERES CONTENGS DANS CE VOLUME, Recherches anatomiques et physiologiques sur Yorgane de l’ouie dans les Oiseaux , (por: Ms BREACHED, 'o 4b a eiitecesiseinices alyssa ged eaaeaas Recherches sur les widlosités du chorion des Mammiferes , par M. Mar- ne Ganw-Anes, (Exiralt,).:ta) ale 96 5 oftenoaia en aeate Veacmeie phases Analyse des travaux anatomiques, physiologiques et zoologiques présentés a l’Académie des Sciences pendant le mois de janvier 1836. (Seance du 4 janvier ). — Rapport de M. Dumeril sur une monographie du genre Clytus, 56. — Rapport de M. Dumeril sur une monographie des Olives , par M. Duclos, 56.— (Seance du 11.) — Lettre de M. de Hum- boldt sur Ja migration des animaux, 58. — Sur la spécialité des nerfs de Vodorat, du gotit et de la vue, par M. G. Pelletan, 59. — (Seance du 18.) — Observations sur quelques espéces de singes confon- dues sous le nom d’Orang-Outang, par M. de Blaimyille, 59. — (Séance du 25.) — Considerations sur les Singes les plus voisins de Homme, par M. Geoffroy Saint-Hilaire , 62. Recherches sur les communications vasculaires entre la mére et le foe- tus , par M. FLOURENS. ° At e ° °| Sota ee e e °@ ous ° e@:et@ ie Mémoire sur le genre Sialis de Latreille, et considérations sur la classifi- cation de Vordre des Névropteres, par F. J. Picret... . - . + « Remarques sur les nerfs stomato-gastriques ou intestinaux dans les ani- maux inyertebrés, par M. le docteur Branpr . . 2. 1 2 eee Recherches sur les causes du mouvement du sang dans les vaisseaux ca pulaires, par M. le docteur Potseuinue. (Extrait.) » . 2... se. Analyse des travaux anatomiques, physiologiques et zoologiques présentés a Académie des Sciences pendant le mois de fevrier 1836. — ( Seance du 1°" février.) — Nouveau genre de vers trouve dans les muscles de Yhomme, par M. Owen, 116. — Seance du 8 fevrier. ) — Application de la Camera lucida au microscope simple, par MM. Milne Edwards et Doyere, 116. — Recherches sur le développement des Mollusques , par M. Jacquemin, 117. — Lettre sur les animaux microscopiques , par M. Peltier, 118. — Observation sur un fcetws informe, par M. Saint-Hilaire, 119. — (Séauce du 15 février.) — Seconde lettre de M. Jacquemin sur le développement des Mollusques, 109. — Note sur le Diatoma Swartzii , par M. Laurent, 121. — Recherches sur le fee- 53 Table des matiéres. tus; par M. Flourens, 121, — (Séance du 22 fevrier.) — Rapport de M. Flourens sur une téte d’Ours fossile , 121. — Memoire sur la langue, par M. Duvernoy, 123. — (Séance du 29 fevrier.) — Obser- yations sur la langue des Caméléons, par M. Dumeril, 127. Memoire concernant des calculs trouvés dans les canaux biliaires d’un Cerf-volant femelle ( Lucanus capreolus), adressé a Academie des Sciences le 7 décembre 1835, par M. V. Avpourn. . .'. « 2 we Note additionnelle sur les canaux urino-biliaires des Insectes. . . + « Remarques sur les nerfs stomato-gastriques ou intestinaux dans les ani- 4 maux invertebres, par M. le docteur Branpr. (Suite) . . 9. » 0 « «| Description d’empreintes de pieds d’ Oiseaux dans le grés rouge du Mas- sqonusets, par (i. Hrremeoes VOL" 6 FG. Ok ES a gp Conspectus sectionum, generum, subgenerum et specierum novorum, que in fasciculo primo Prodromi descriptionum animalium a Mertensio in orbis terrarum circumnavigatione observatorum reperiuntur; auctore IT i Ne ok ug de AY wl hoe ims ley Regine mim Mc Analyse des travaux anatomiques, physiologiques et zoologiques présentés a VP Academie des Sciences pendant le mois de mars 1836. — (Seance du 14 mars.) — Orang-Outang presente 4 Academie par M. Geoffroy Saint-Hilaire, 189. — Réclamations de M. Ehrenberg relatives a l’ana- tomie des Infusoires,189. — Sur Vajustement de l’ceil aux differentes distances, par M. Maunoir de Geneve, 189. — (Seance du 21 mars.) — Communication de M. Geoffroy Saint-Hilaire sur un foetus humain vomia Syra, 191. Publications nouvelles eo « e' «6 e@ © ce e@ 08' @ © 0 8 © ©1060 ©: 8% “wie e,; Recherches sur les Organismes inférieurs , par F. Dusarpin. (Suite). . 381 129 154 138 154 180 191 193 Description d’empreintes de pieds d’Oiseaux dans le grés rouge de Mas-_ sachusets; par EH. Hiremcocn. (Suite). oye eligi wok eae eh os Analyse des travaux anatomiques , physiologiques et zoologiques présentés a Tl Academie des Sciences pendant les mois de mars et avril 1836. — — (Seance du 28 mars.) — Letire de M. Gay sur les Sangsues du Chili , 224. — Lettre de M. Robert sur animal de la Spirule, 224. — Lettre de M. Jacquemin sur la respiration des Oiseaux, 223, — — (Seance du 4 avril.) — Note de M. Duvernoy sur la langue du Ca- méléon, 224. —( Séance du 11 avril.) — Lettre de M. Robert sur la Spirule, le Lamantin et la Hyéne tachetée, 226. — Sur la mite des Oiseaux , par M. Jacquemin, 227. — Note sur lembryon de Syra, par M. Geoffroy Saint-Hilaire, 228. — ( Séance du 18 avril. ) —Seconde note sur le meme sujet, 230. — Lettre de M. Jacquemin sur les ca- naux aériens des Oiseaux, 251. Pepermemmtarclics. 725: 5; 6, 5 TEE sin bee's os ale ee wae Memoire sur la famille des Béroides, par NB. Tacson. ss ete tes: Observations anatomiques sur les Fanons, sur leur mode d’insertion entre eux et avec la membrane palatine, par F. P. Raviys . 2-226 cet Memoire sur Panatomie de I’Helix algira, par le docteur VANBENEDEN . 206 233 235 266 278 38 Table des matiéres. Observations sur Vestimation de la température des périodes tertiaires en Europe, fondée sur la considération des fossiles, par M. G. P. Desnayes. 289 Note sur les Chévres et les Movtons sauvages de ’Hymalaya, par M. Hopasoy' § § oe SSS 5008, Se PURE, OS SR AE OE, STONE Bigg Lettre sur les changemens que les awufs des Poissons éprouvent avant quils aient pris la forme Vembryon, par M. Ruscont. . . . 4) 2 300 Note additionnelle au mémoire de M. Duvernoy, sur quelques particula- rites du systéme sanguin abdominal et du canal alimentaire de plu- Sietirs, poissons, carla gue 6 oi) ishienroienwoia yore OOF gee cpgeinencste Analyse des travaux anatomiqueés , physiologiques et zoologiques presentes a Academie des Sciences pendant le mois de mai 1836. — (Seance du 2 mai.) — Sur )Orang, par M. Marion de Procés, 313. — Sur la Muscardine, par M. Bassi, 314. — ( Séance du 9 mai.) — Sur les empreintes trouvées dans le grés bigarré, par M. de Blainville , 317.— Sur Vanatomie des Ovseaux, par M. Jacquemin, 318. -—— (Seance da 16 mai. ) — Second mémoire sur le méme sujet, 318. — Lettre sur la structure des poumons, par M. Bourgery, 310. — ( Seance du 23.) — Temperature des époques géologigues, par M. Deshayes, 309. — Ob- servations sur les Ha@usses-Galles, par M. Vallot, 319. — Lettre de M. Begin sur la structure des powmons; 320. Memoire sur la vie intrabranchiale des jeunes Anodonies, par M. Qua- TREFAGES e ° e e e . © e e e e s e ° e e ° e e e e ° ° . e 3 2 I Remarques sur les Enéozoaires considérés en général, et sur les modifica- tions dorganisation quils présentent en particulier; accompagnees de quelques considérations sur la place que leurs differens genres doivent — | occuper dans une classification naturelle, par M. Owen. . . . . - 536 Description du Sivatherium gicanteum, nouveau genre de Ruminans fossiles de la vallée de Markanda, dans la branche Sivalek des mon- tagnes inférieures de THimalaya, par MM. Faxconer et Cavrrey. « - 348 Analyse des travaux anatomiques , physiologiques et zoologiques presentes 4 Y Académie des Sciences pendant le mois de juin 1336. — (Seance du 6.)—Sur les travaux de Goethe, par| M. Geoffroy Saint-Hilaire, 370. — (Seance du 13.) — Sur les meurs du Rossignol, par M. Nervaux, 371. — Sur la structure des poumons, par M. Bagin, 371. — (Seance du 20.) — Sur YOrang, par M. Geoffroy, 371..— Sur Vexistence de branchies chez un insecte, par M. Guerin, 374. — * (Seance du 27.) — Sur Y Orang, par M. Geoffroy, 374 — Sur la température des animaux, par M. Back, 374. Publidations nouvelles 5 3 Fee be 8S eR de raion 1.376 TABLE DES MATIERES PAR NOMS D’AUTEURS. Aupourn. — Sur des calculs biliaires trouvés dans un Lucane Cerf-Vo- lant. 129 et Back. — Sur la temperature de quel- Ques OISEAUX, ... ++. eee ee eee « Basst. — Surla Muscardine. ..... . Bazin. — Sur la structure des Pou- AEE Ss ico icdis « o oll cea eo2® at Buarnvizte. — Sur les especes de Sin- ges confondus sous le nom d’Orang- OUIENS. 6. i cee e'ee — Sur les empreintes trouvées dans ores bigarré. ....... Boucwarp-Caanrereau.—Sur les Mol- lusques et les Crustacés du Boulon- eenreeveeeveeteoereaei ie @eeee ee © esceeev 0 o . GMM ee etare ys siciale ee mes cues Bourtter. — Sur les Mollusques de PAMIVETPENE. <2. ees cece semaine Bourcery.— Sur la structure des Pou- PAGS: eae) oc Als we \ainve siepl'e’ 2 Branptr. — Sur les nerfs stomato-gas— triques ou intestinaux dans les ani- maux invertébrés. ......6 - — Sur les genres et especes nouvelles trouvés par le voyageur Mertens. . . Brescuer. — Sur l’organe de !’ouie dans PEROMSEAM ER ailelesi\s 5 ccc cecee « Cuvier. — Nouvelle édition du Régne ERPIITM UOT ES 3° 2: c) sheer e lew 6 ay wt uiei'e a, —Nouvelle édiiion de l’ Anatomie com- POUECNe pia els eee elv asc awisee sess Cuvier (Frédéric). — Histoire des Ceé- SPP Rae staid ain sue le 5, 0 Wane ns as Desnayes. — Sur la température des périodes tertiaires en Europe d’apreés la distribution des coquilles fossiles. Desmoutins. — Sur les Echinides. . . Dusarpin. — Sur les organismes infé- RICUUS. yale bs cs weescvacen eels) « DoumeErit. — Rapport sur une mono- graphie du genre Clytus par MM, Laporte et Gory .....-eeee--0e © -~— Rapport snr une Monographie des Olives par M. Duclos.........- » — Sur la langue des Caméléons.... . Douvernoy. — Sur la structure de la PARC MN Sins 5 osscs snes s £23 ef Mine Epwarns et DoyvEre.—Sur |’ap- plication du Camera lucida au mi- CraceopersiMpien, |... ...03..06 « PE es PRIYDCO. 2. cnc ee « EureneerG. — Sur l’anatomie des in- MINOIE ES sou ose min ERA: oo os oe Fanconer et CautLey. — Sur le Siva- therium giganteum, nouveau genre de Kuuminant fossile, ....-ceere « SI et £34 | 314 35% 59 317 233 233 FroureNns. — Communications vascu- laires entre la mere et le foetus. 65 et — Rapport sur une téte d’Ours fossile. Gay. — Sur les Sangsues du Chili. . . GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. — Sur les Singes les plus voisins de Vhomme. . — Sur un foetus informe. . . 110 et — Sur l’Orang-Outang.. . 189, (371, — Sur les travaux de Goethe...... . Guérin. — Sur des sacs branchiaux chez un insecte hexapode. ..... Gourit. — Sur Jes mollusques du deé- partement de la Sarthe. 2.3.5.5. Hircacocx. — Sur des empreintes de pieds d’oiseaux dans le gres rouge de Wrassachusets, ‘oie <¢aitecw & Hopeson, — Sur les caraciéres des An- tilopes, des Chévres, etc. ...... . Humeoxtpr. — Migration des animaux, JACQUEMIN. — Sur le développement des Mollusquess...s.0<+ . 1219 et — Sur la mue des oiseaux. ...... ; — Sur les canaux aériens des oiseaux. — Sur lanatomie des niseaux. .... . Laurent. — Sur le Diatoma Swartzii. Lesson.—Sur la famille des Béroides. . Marion Dé Proces.—Sur l’Orang-Ou- TANG. 6 sews cenesncessecceces Maarrtin-Saint-Ance. — Villosités du Chorion des Mammiferes. ...... . Mavworr. -—— Sur l’ajustement de I’ceil aux différentes distances. ...... ¢ Nenvaux.—Sur les moeurs du Rossignol. Owen. — Sur le genre Trichina. .. . — Remarques sur la classification des TMEGZOUIEES! 5 oc se heated ck otc Peiretan. — Sur la spécialité des ner fs GCEBETICN Wes LASSE. os iu 'es died cee PELLETIER, — Sur les animaux microse COPS ole ave ata olan bas «. aitern wig Picrer. — Sur le genre Sialis de La- treille et sur la classitication des Né- RAMESIBUOHESS 1 clei sla tata’ o gail ae were et PorsevItte, — Sur les mouvemens du sang dans les vaisseaux capillaires, . Quarreracss. —Sur le développement des Anodontess! 46s wk coe Ravin. — Fanons des Balenopteres. . Rozertr. — Sur l’animal de la Spirule, etc. 224 et Ruscont. — Sur le développement des qnis dé pdissain.) 213 alee ss 5 0’ eeearereesreee eevee Swan. — Sur le systeme nerveux... . Vator. — Sur les fausses Galles... . VANBENEDEN. — Anatomie de I|’Helix MET io ar ey sid are ae a ace « 8oacimle ¢ 154 et ror L2r 224 Itt 266 226 300 335 31g 278 TABLE DES PLANCHES. Planches1 et 2. Anatomie de l’oreille des Oiseaux. 3. — Sialis. 4£et5. Nerfs stomato-gastriques. 6, 7 et 8. Empreintes de pieds d’oiseaux. g- Infusoires. x10. Anatomie de Helix algira. 11. Anatomie des fanons des Balénopteres. 12. Developpement des Anodontes, 13. Sivatherium giganteum. FIN DU CINQUIEME VOLUME, Ann. des Setenc. nat. 2¢ Serie. Zool. Tom. &. PE. Oretlle des Otseaunr . * ne me nl By ok fe : oe. ; 2 a c hob ' ra F Bie 4, PR! 4 ed rey a & ib pets I hav Pr ot ; ‘ en oe a >] ¥ ; ‘ Z , Reinah er : ; * aay * iy ee ‘A } a ae J ‘ * . > ny i + ¥ 5 : he j -* ‘ é e! > ae ae Oe hs s ‘ ers aa = ‘4 ‘) t ha? j é fr, J %) ," al Fie ~~ - " J * a Py ‘ s r ( 2 HH es > a. ast rt . - ‘ by i. pi . a 1 be + * é . 7 , t ~ - hap 5 ‘ J f Sad ‘ ie l ’ ’ s 7" 4 ‘ F : tee 4 eee 4 45 ‘ pat a ‘ ‘ < » 0 Zool. Tom t, 2° Serie TMaL, Ann. des Science. flammea / € . terne de la Chouette. / Strw (2(E Oreille oe Bs il * nN wii: si * eae il ih Ann. des Sctenc. nat. 2© Serie . Zool. Tom. 5. Pt. 3 Tig. 2 { CAMA MEAL YANN AK TY ANN \ Pictet del £ Genre Stalis , ¥ aii *. s Nay : >t PL t . ¥ ce be a: ~ Me tay it. ay stat Lott, Lom, & Ply. ee EE Ee a a i] TIS ble 0-GaslirlyUuUes- Nes J: 6 Slomalogastiqu | Gout.’ Tone. OPT oo OW Le Sly i\ AN ois TE : Gaslrlyles JStomato- c Nerfs - . : . . t 4 . “ ~ aN Woah ae GAGA ey AY 3 tne 7 rr “ard at oe ty) | > | “ ni | f : : | Mh il } lt tt | ul) ee recsd Br: genie 7a a _ ‘ - | | . : ) | Fe as RRO a eee * ee ~ : : Jing ks ae . 5 . ~ - E : : Nex “kes j zd ~ #3 {BoE : | ee =k. . 3 = ) * z ’ . = | =~ *. j Ra: ; : aie | ae a . a or , . : i . ; | ba « ad © - 7 é = > 7 | ~ ! { . = ‘ " | | - = ? . | | es ~* + “9 “ : | ; 2 | | | | * , . > - z | : . . : ah -* ~~ ¥ ; . 3 ; , i ‘ ~ gs . Ann des Sevene, nat, 26 Serie N dS LT. “ Fig. 2. Ornithichnites Mer SUS var Claris /piituitde '2 © GUUCUS /rédutt de 72 / a u 2LES J. ech x s 8S N =» 2 - ae oe | = Sy 0. tiganteur. O. Tuberosrus . Lrgens 0. Diversus (var Matydactylus./ oe a e O. Palmatus. se cae | =RNS HOMUANAAERSTTEN SSE aS Zool, Tom. & . Pb 10... Le ’ _ Tle, Se L. Paral “aL -% “shee 4 , C2. ee en Sez ne, nal. De. , Pa. heltar aly des Serene, nat. 2° Jerte, 72>) WAV erng po sie elie eee eer AN aaa TR we ANS Zool. fom &. Plu ma, rine Balen oplere m Bec. I ns “ty y tine eg rato a ag nae ear - ion ae elk eee VARs 5) 7a ay), Wool: Tor Ge EE, nO Ro ed coe). B.D Re ee) i witb Nin sat a \e {hur No win! a . . \ Deo elopp ementl des Anodontes', 7 ae p= > iS ' ~ to } > “ 4 = ¢ 1 ’ PAL i 1 4 : » = — 7 = > . : j ‘ ‘ ‘ ’ ; ees Ayan # ee a . ie) z Fa | v Ay } . —- iw ~ - } - “ ae: \ = > * “ \ ’ = ia . a i g > ‘ ; . ~: ; ; - ve ‘ il J ‘ _ y ba ° _ : ; Ab ee Ss r x + " > s va by _ a atk = 1 \ FO - a — - ia + . 2 = { " F « ' = ‘ a + e 3, — ; */ ; 7 - < $ i : une ae. ; Pe , ; ie oh = vA { > - ‘ - ‘ tes A ; 2 Ae 1 + 4 f i i 4 f E rs ~ i ; a i , : ~ ‘ J Pie - pe ” ‘ — * a ‘ bs * a we i ~ 2 { / U i z , : -~ : ad , ‘ bias - = = a t eh : ' - — = ae f t Wi . 7 2 = a \ 22 ey ' ‘ a - ‘af od a 4 4 t 5 i fi : a 1 cs { y - ‘ - é 1) , i * ) ‘ 7 7 " ( o = ‘ 7" \ ag ‘ t a . 1 . v, 0 7 ay . FA bs t < q ¢ ‘ ¥ ‘ -< % ee \ rt . ‘ > \ 4 Fd 7 { ¢ . = ‘ I ¢ a t h y ' " a Ps ‘ ~ > a. x. ‘ “. — ral 2 5 ll ap = 4 “ | oe rs i t ‘ " ‘, ms 1 , : * * ie vi -t = rT - b 7 e i 4 a! ) ® Me — ” a , . eb . f be re Pi a" “f = +~_~— Pe : { 4 Ser, . g . 5 i 7 * : a 1 yes, af eA 4 a \ ue - saber te .; a » “* — as “a oa fe a > ‘Aan * i \ +? se { ‘ ‘ y { + _ it Se 5 4% et a hen as, = i —) ‘ re _- r) ¢r% i, ad wen | Le 1b @ i ‘ a * a , \ { . . / ' « a) %, ja eee ns / Oh bs ale 4 aT AL ’ ee EEN