A Eau 7, / Ke fe FA ART su " ba x ANNALES SCIENCES NATURELLES. —— TROLISKÈME SERIE. BOTANIQUE. L2 | | . Fe | | \ L” ‘ 4 L'i mn 2 « de st ‘14 Le Ci $ . * 14 À CES 9 ! Li La L LL. L LZ 4 Pal F # b mr AR R , n re : ÿ AS : FO \ 0 AL +, Lbo Paris.—Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2, quartier de l’Ecole-de-Médecine. COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE , L’ANATOMIE ET LA PIHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR MI. MELNE EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR NIK, AD. BRONGNIART ET 3, DECAISNE, a ET) Re &rvisitme SGérie. BOTANIQUE, TOME DIX-NEUVIÉME. D NE (Ce) @ Dern PARIS. VICTOR MASSON, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, A7, 18953. i LE 7 \ \ { N «à eh Was à v A # 0 “| PP. * DNTE: E f * * » n ES 14 LT » : ‘ + “emfoñn si #sq men | à dupimarég + + AVOWrarÔR à 1x , Ken tte | | PT #2 + è * ) > * % 1 LC ORNE = #, " : à T0 i : T1 e # ny ge MOT ANS un, Le . ETUIS | 70 KOee À M 0 R7 Du »2 110 98" Q Fe 28531 FA ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. PARTIE BOTANIQUE. MÉMOIRE SUR LA COMPOSITION DE L'AIR CONFINÉ DANS LA TERRE VÉGÉTALE à Par MM. BOUSSINGAULT et LÉWY, $ [.— Les matières organiques, quand elles sont soumises aux influences réunies de l’air, de l'humidité et d’une température convenable, donnent naissance à de l'acide carbonique, à de l’eau, et, si elles sont azotées , à de l’ammoniaque. Lorsqu'’elles sont enfouies dans un sol suffisamment meuble , leur combustion est si manifeste, que, dans les pays chauds, il arrive quelquefois qu’une terre foncièrement riche est souvent appauvrie au point de ne pouvoir donner des récoltes sans l'intervention des engrais. C’est que s’il est vrai que le terreau humide se conserve, en l’ab- sence de l’air, sans subir d’altération , sans qu’il y ait la plus légère émission de gaz, il ne l’est pas moins que sa destruction s’opère rapidement lorsque l'oxygène intervient. Cette destruc- tion, on la constate dans les terrains très chargés d’humus, toutes les fois qu’on essaie de suppléer aux engrais par des labours pro- 6 BOUSSINGAULT ET LÉWY. fonds et répétés. La terre s’appauvrit graduellement jusqu’à de- venir stérile. Aïnsi le terreau et l’humus, derniers termes de la putréfaction des substances végétales, le fumier, sont autant de sources d’où émane de l’acide carbonique, et il est hors de doute qu’une part importante de l'efficacité des engrais d’origine organique doit être attribuée à cette émission, soit que le gaz acide, absorbé par les racines, parcoure l’organisme de la plante , soit que, versé dans l’atmosphère environnante, la lumière le décompose sous l'influence des feuilles qui en assimilent le carbone. fl en résulte que l’air en séjournant dans la terre est d’autant plus profondé- ment modifié dans sa constitution , que c’est en grande partie aux dépens de son oxygène qu'est formé le gaz acide carbonique. Que l'air confiné dans les interstices laissés par les particules du sol n’ait plus la composition de l'air normal, c’est ce qu’on admettra sans la moindre difficulté ; on prévoit aussi dans quel sens l’altération doit avoir lieu; mais, à notre connaissance , on ne possède pas encore une notion tant soit peu précise sur ce qu’on pourrait appeler l'intensité de cette altération : à en juger d’après la facilité avec laquelle on suppose que s’exerce la diffu- sion des gaz dans une terre ameublie, on serait disposé à croire qu’elle est peu considérable. Aussi, toutes les fois qu’on a essayé d'évaluer la quantité de carbone qu’une surface de culture pré- lève sur l’atmosphère , on a négligé de tenir compte de l’acide carbonique émanant du sol, et l’on a pris pour base unique de cette évaluation, toujours très hasardée, la très minime proportion de ce gaz contenue dans l'air. | L’utilité, dans le fumier, de principes carburés propres à être modifiés en humus, en acides bruns, qu’une combustion lente dé- truit ensuite, est si évidente, qu'aujourd'hui un cultivateur exercé regarderait comme incomplet l’engrais qui en serait dépourvu. On peut donc concevoir chaque particule de fumier , d'humus , de terreau, comme un foyer d’où émane constamment du gaz acide carbonique , émanation bien faible, mais assez continue pour modifier la composition de l'air atmosphérique dont le sol est imprégné. C’est dans celte atmosphère souterraine que se dé- COMPOSITION DE L'AIR. 7 veloppent et vivent les racines, et ces recherches établiront qu’elles. y trouvent, en proportion notable, des principes assimilables. qu’on ne rencontre qu’en infiniment petites quantités dans les deux véhicules les plus essentiels à la végétation : l’eau et l'air. Il nous à semblé que, dans l’état actuel de la science agricole, l'examen attentif de l’air confiné dans la terre végétale ne pou- vait manquer d'offrir un certain degré d'intérêt ; c’est avec cet espoir qu’a été entrepris le travail que nous avons l'honneur de communiquer à l’Académie. $ II. — Les procédés très simples, à l’aide desquels on se pro- cure l’air confiné des lieux habités , des mines, des fosses, etc., n'étaient pas applicables dans la circonstance actuelle. On ne pouvait pas davantage déplacer l’air en faisant passer de la terre sous une cloche renversée et remplie d’eau. D abord, le gaz que nous tenions surtout à doser avec une grande exactitude est so- luble ; ensuite il devenait évident qu’en remuant la terre sans aucun ménagement, on substituerait de l’air extérieur à Pair stagnant, dont l'examen était précisément le but de nos re- cherches. La condition à laquelle il fallait satisfaire autant que possible, s’il n’était pas donné de la remplir entièrement, c'était d’aspirer l’air confiné avec une extrême lenteur, afin qu’il n’y eût pour ainsi du'e pas d’appel de l’air extérieur. L’appareil dont nous avons fait usage remplissait cette condition ; sa disposition était telle que nous pouvions, sur le terrain, doser directement l’acide car- bonique par la baryte, et en même temps recueillir de l’air pour l’analyser ensuite dans le laboratoire, | $ IV. — La nature de notre travail nous obligeait naturellement à rechercher l’ammoniaque dans l’air confiné de la terre végétale. Afin de fixer cet alcali, on substituait à l’eau de baryte de l’acide chlorhydrique dilué parfaitement pur, et qu’on préparait au mo- ment où l'on montait l’appareil. Après avoir fait traverser, très lentement, au moins €0 litres d’air confiné dans la liqueur acide, on l’évaporait à l’étuve. Dans deux circonstances mentionnées dans ce mémoire, le sel ammoniac obtenu a pu être pesé; mais dans la plupart des cas, nous n’avons eu que des traces de ce 8 BOUSSINGAULE ET LÉWY. sel , traces suffisantes cependant pour établir la présence con- stante de vapeurs ammoniacales dans l'air extrait du sol. $ VI. — Expérience n°1 : Air confiné dans un sol récemment fumé.— Un sol léger, sablonneux, provenant de la désagrégation du grès bigarré (Bunder sandstein), dans lequel on avait récolté des Pommes de terre, a été amendé, le 2 septembre, avec du fu- mier à demi consommé, à raison de 600 quintaux par hectare. Six jours après, le 7 septembre, on a monté l’appareil au milieu du champ. Le tube pour puiser l’air était posé à 35 centimètres de profondeur, dans un endroit où l’épaisseur de la couche arable a 0 centimètres. La terre se trouvait dans de bonnes conditions d'humidité; cependant il n'avait pas plu depuis environ trois semaines. L'expérience a été mise en train à midi; l’eau de ba- ryte de l'éprouvette s’est bientôt troublée. À cinq heures, le pré- cipité était assez abondant pour qu’on arrêtàt l'aspiration. EN VOLUME. EN POIDS. lit. gr. Air jaugé à 0 degré, pression 0,76. . . . . 5,221 6,7821 Carbonate de Earyte obtenu 451,024 —CO2. . 0,149 0,2351 5,330 7,0474 Dans 100 parties d'air confiné CO2. . . . . , 2,23 3,35 Expérience n° 2. — A six heures du soir, comme il commen- çcait à pleuvoir, on entreprit, à la même place, un nouveau dosage d'acide carbonique ; l'aspirateur a coulé goutte à goutte pendant toute la nuit. La pluie avait cessé à dix heures du soir. 4 Le 8 septembre, à six heures du matin, il y a eu pour résultat : EN VOLUME. EN POIDS. lit. or. Air jaugé à 0 degré , pression 0®,76, . . . . 9,755 12,6718 Carbonate de baryte 28r-,043 — CO?, . . . . 0,231 0,4578 9,986 134296 Dans 400 particséd'anmabs .guab. 21e01 38 2,31 3,49 Expérience n° 8, — Elle à été faite à la même place, le COMPOSITION DE L'AIR. 9 11 septembre. Dans les trois derniers jours, les pluies avaient été très fréquentes, La terre se trouvait fortement mouillée, mais sa nature sablonneuse ne permettait pas à l’eau de former des flaques. Dès le passage des premières bulles d’air dans l’éprou- vette E, on fut frappé de l’abondance du précipité, et bientôt cette abondance fut telle, qu'il devint nécessaire de terminer l'expérience. L’aspiration, commencée à midi, a cessé à trois heures et demie : EN VOLUME, EN POIDS, lit. gr. Air jaugé à 0 degré , pression 0,76. . . . . 2,603 3,3814 Carbonate de baryte 25r:,494 — acide carbon. 0,282 0,5587 2,885 3,9401 Dans 400 parties d'air, acide carbonique. . . 9,78 14,18 On voit que, depuis la dernière observation, la proportion de l’acide carbonique à beaucoup augmenté, sans qu’il soit possible de décider si cette augmentation est due à l’abondance de la pluie ou au plus long séjour du fumier dans le sol. C’est cette forte quantité d’acide carbonique que nous venions de constater dans l'air confiné de la terre végétale, qui nous a portés à doser l’oxygène , afin de rechercher s’il n’existerait pas une certaine relation dans les proportions de ces deux gaz. à Nous avons trouvé dans 400 volumes d’air confiné : CVRCRRE RE NT Nu ta à + 4,47 COM AR à" Or, puisque l’air confiné contenait, sur 100 volumes, 9,78 d’a- cide carbonique, on a pour sa composition : Acide carbonique . : +. . .": . 9,78 157 Ce COS P EEE ERRE Pt ours MSIE Lux » he ns n PRE 79,87 190,00 Rappelons ici que dans l'air atmosphérique, dont l’action sur le sol est incontestable, il entre 20,9 pour 100 d'oxygène, Main- tenant la somme de l’oxygène et de l’acide carbonique contenus 10 BOUSSINGAULT ET LÉWY. dans 400 parties d’air confiné de la terre végétale sera néces- sailrement ou égale, ou supérieure, ou inférieure à 20,9. Si cette somme est égale, il y aura d’assez fortes raisons pour croire que Poxygène de l'atmosphère a brülé seulement le carbone de la matière organique disséminée dans le terrain; si elle est supé- rieure, on pourra soutenir que la matière organique a émis, par le fait de la fermentation putride, assez d'acide carbonique pour compenser et même pour dissimuler les effets dus à une combus- tion lente; enfin, si la somme de l'oxygène et de carbone ne re- présente pas 20,9, on pourra soutenir que de l’hydrogène de la matière organique a brûlé en même temps que le carbone. Ce dernier cas, que nous a révélé le dosage de l’oxygène, est celui qui se présente le plus ordinairement. Expérience n° 14. -— Commencée, le 48 septembre, à six heures du soir, dans le même champ, mais 2 mètres plus loin que dans les expériences précédentes , le tube étant toujours en- foncé à 35 centimètres de profondeur. Il y avait alors plus de deux semaines que le fumier était enfoui. Il pleuvait fréquem- ment depuis plusieurs jours. L'appareil a fonctionné jusqu’à sept heures du matin ; il ÿ a eu quelques interruptions dans l’écoule- ment de l’aspirateur. EN VOLUME. EN POIDS. lit. gr. Air jaugé à 0 degré, pression 0M,76. .. .. . . 2,600 3,3800 Carbonate de baryte, 181,939 — acide carbonique. 0,219 0,4345 2,819 3,8145 Dans 100 parties d'air, acide carbonique. . . . . . 7,78 11,52 * L'air du ballon a donné : Acidescarbonique.. «+. . + 4. «8 08,02 CVs di | cts + CRD PAM ue © où de does CONTRE 100,00 Soit 13,40 pour 100 d'air confiné privé d'acide carbonique. COMPOSITION DE L'AIR. 11 Etablissant la composition en prenant l'acide dosé par la baryte, on à : | Acide carbonique . . . . . .. 7,78 20,14 OeÈRo sd érBute lotérod is 12,36 Mae dans Déoiss. .« 19,36 100,00 Résultat, en ce qui concerne la somme de l’oxygène et de l’acide carbonique, entièrement conforme à celui obtenu dans les expé- riences précédentes. Recherche de l’ammoniaque. — Le h septembre, dans le champ récemment fumé, l’appareil avait été disposé pour essayer de doser l'ammoniaque que l’air confiné de la terre végétale con- tient certainement à l’état de carbonate, L'aspirateur a été vidé le 6, à quatre heures du soir. Le sol se trouvait suffisamment humide , les labours s’exécutaient bien et sans grands efforts de la part des attelages. La liqueur acide évaporée au bain-marie, dans une capsule de platine, a laissé 05",007 d’un résidu cristal- lin ayant toutes les propriétés du sel ammoniac, et dans lequel devaient se trouver 05",0022/ d’'ammoniaque. Voici le résultat de l’expérience : EN VOLUME, EN POIDS. lit. gr. Air jaugé à 0 degré, pression 0m,76, 54,620 70,95138 Ammontaque rss ec D. 0, 0,00224 = 0,000032 70,95362 On a essayé de doser de nouveau l’ammoniaque dans le même champ et à la même place, le 9 septembre. L'appareil a fonc- tionné jusqu’au 11. La pluie avait fortement imbibé la terre. La liqueur acide a laissé 05,003 de sel ammoniac, renfermant 0: ,000961 d'alcali : EN VOLUME, EN POIDS. lit. gr. Air jaugé à 0 degré, pression 0,,,76. 56,032 72,18600 | A'DIMOHAQUEAMAUN, YIIIAIOCIST € 0,00096 — 0,0000132 72,78696 Il paraîtrait qu’une plus forte humectation du sol, ce qui serait, 192 BOUSSINGAULTE ET LÉWY. au reste, fort naturel, a fait baisser la proportion de carbonate d’ammoniaque, Bien que les aspirations de l’air confiné aïent eu lieu avec une grande lenteur, nous sommes loin de considérer, dans son ensemble, la méthode que nous avons suivie, comme donnant des résultats satisfaisants ; mais notre but était plutôt de prouver la présence des vapeurs ammoniacales que de les doser rigoureusement. L'air confiné dans la terre récemment fumée ne contenait pas d'acide sulfhydrique (hydrogène sulfuré ), nous l'avons constaté ; voici à quelle occasion. Lorsque nous commen- câmes les recherches, objet de ce Mémoire, nous fimes usage du sous-acétate de plomb pour doser l'acide carbonique : l’extrême sensibilité de ce réactif justifiait ce choix; mais nous apprîimes bientôt, à notre grande surprise, nous pourrions même dire à nos dépens, car il y eut bien du temps perdu, que la dissolution de sous-acétate, très propre à faire découvrir des traces d’acide car- bonique, ne convient aucunement pour doser cet acide. Toute- fois, comme le carbonate de plomb formé par l’acide carbonique provenant du sol fumé était d’un blanc parfait ; que les disso- lutions n’ont pas pris cette teinte sale que leur eût communiquée la plus petite quantité de sulfure métallique, nous en avons conclu qu'il n’y avait pas trace d'acide sulfhydrique dans l’air confiné que nous avons examiné. Nos observations ont été faites : dans des champs de Carottes et de Betteraves ; dans une culture de Topinambours; dans un carré d’Asperges, avant et après qu’on l’eùût fumé; dans une vigne; dans une forêt; dans une luzernière ; dans une prairie située sur les bords de la Saüer ; dans une terre de jardin chargée d’humus, et, tout récemment, dans la serre des Palmiers du Jardin des plantes. Ces analyses établissent, de la manière la plus nette, que l’air atmosphérique, en séjournant dans la terre végétale, modifie singulièrement sa composition. En effet , à l’état normal, il ren- ferme, en volume, 0,000 d'acide carbonique, soit LA décilitres par mètre cube, équivalent à 0£,216 de carbone si l’on suppose les gaz à la température de 0 degré et à la pression de 0°,76. Dans le sol, l'air est constamment plus chargé d’acide carbo- COMPOSITION DE L'AIR. 43 nique ; par exemple , la moyenne obtenue dans les cultures qui n'avaient pas été fumées depuis une année serait, par mètre cube , de 9 litres de gaz acide contenant près de 5 grammes de carbone, c’est-à-dire 22 à 23 fois autant que l’air normal. Dans les sols récemment fumés , la différence a été bien plus grande encore, puisque l'air pris dans la terre d’un champ où le fumier était incorporé depuis neuf jours, renfermait 98 litres d’acide carbonique par mètre cube, soit 53 grammes de carbone , envi- ron 245 fois autant que dans l’air extérieur. Le développement de cette quantité, relativement considérable, d'acide carbonique dans l’air atmosphérique engagé dans la terre végétale récemment fumée, provient évidemment de la combus- tion lente du carbone des matières organiques. Cela semble si vrai que, dans le plus grand nombre de cas, le volume du gaz acide carbonique développé représente , à peu de chose près, le volume du gaz oxygène qui à disparu. Ainsi, d’après nos analyses , la somme de ces deux gaz , dans 100 volumes de l'air pris dans le sol, à été : Terre fumée depuis dix jours. . . . . .. 20,13 Terre fumée depuis seize jours. . . . .. 20,14 Cüulturédetcarotteso; à! INOTAILELROUX 20,44 Chliuné(de Nimes. 44. ohicanuy.smoitrss 20,78 Culture de forêt. . . . . FPE. PORT 20,47 Éous-sob de iapét 2, . |. à 20,15 Carré d'asperges non fumé . . . . . .. 19,77 Came d'asperges lunies 4279", 81 QU # 20,30 Terre très riche en humus. . . . . .. . 20,09 Culture de betteraves . . . . . . . . .. 20,57 utérniene = AS an Ne R EX) O0 dj Champ de topinambours, ..... . ! ... . 20,66 AHÉIEMRE DTAITIS à 22. à 0 e H081: 21 0S SCRRSOUE DATES ANR 0: LP EVMME 20,64 sable fume UE SEPINRT ,BfI£ . "0082820656 Dans 100 parties, en volume d’air atmosphérique , il y a 20,9 d'oxygène ; et, bien que la somme des volumes de l’acide carbonique et de l'oxygène de l’air qui a séjourné dans le sol approche de ce nombre, la différence qu’on a observée , toute faible qu’elle est, \h ROUSSINGAULT ET LÉWY. s’est présentée avec une telle constance, que nous n’hésitons pas à croire qu’une partie de l'oxygène est employée à brûler de l’hy- drogène appartenant à la matière organique disséminée dans la terre végétale. | La connaissance de la proportion d'acide carbonique contenue dans l’air confiné du sol ne suffit plus lorsqu'on cherche à appré- cier la quantité du même acide que la combustion lente de l’hu- mus ou des engrais met à la disposition des plantes. Pour arriver à une approximation tant soit peu exacte de cette quantité, il fallait savoir ce qu'il y avait d’air enfermé dans une étendue donnée de terrain. Pour déterminer le volume de l'air enfermé dans la terre végétale , nous nous sommes servis d’un vase cylin- drique de bois d’une capacité de 34 litres et de 35 centimètres de profondeur. Nous remplissions ce vase avec de la terre jusqu à ce qu’il fût comble, puis , avec une règle, nous nivelions la surface, Ensuite nous ajoutions peu à peu de l’eau jusqu’à ce que ce liquide fût sur le point de déborder, l’ouverture du vase étant maintenue, à l'aide de cales, dans un plan horizontal, On favorisait la sortie du gaz en remuant avec une tige de fer, Le volume d’eau intro- duit représentait nécessairement le volume d'air déplacé. L’opé- ration est d’une exécution rapide , et la difficulté n’est pas dans la détermination du volume d’air, mais bien dans le degré de tassement que l’on doit donner aux 34 litres de terre ; car on concoit que, suivant que la compression aura été plus ou moins forte, on obtiendra des volumes d’air très différents, Il y a dans le tassement de la terre, mise dans la jauge , un arbitraire fâcheux que nous nous empressons de signaler, tout en regrettant de ne pas l'avoir fait disparaître ; nous croyons toute- fois pouvoir assurer que, dans nos essais , la terre à toujours été plus fortement tassée dans la jauge qu’elle ne l’est dans les champs, de sorte que l'estimation du volume d'air que nous avons déduite de nos expériences est plutôt trop faible que trop forte. Voici les résultats que nous avons obtenus : COMPOSITION DE L'AIR. 45 AIR CONTINÉ Re D dans dans 54 litres. |! _— végétale. | lit. lit, Terre légère récemment fumée . . . . . . . . .. 8,0 SR Terre d'un champ de carottes. . . . . ... . .. 7,9 Terre d'une vigne, sol sablonneux . . . . ke 9,6 282,4 Terre de la forêt, sol sablonneux, fortement tassé Er, 4,0 117,6 Loam, sous-sol de la forêt, fortement tassé, 214 Je Sable, sous-sol de la forêt, fortement tassé . . . . . 3,0 88,2 Terre d’un carré d'asperges, sol sablonneux . . . 7,6 223,5 Soltres riche en fumus./. 4 47 NL en Pede 2 (00 VS 420,6 Terre d'un champ de betteraves, assez argileuse. 8,0 235,3 Terre d'une luzernière, argileuse et calcaire nes 7,5 220,6 Terre d’un champ de topinambours , très argileuse. 7,0 205,9 Terre d’une prairie, argileuse, comprimée . , . . . 5,5 161,8 Terre d’une serre du Jardin des plantes . . . . .. 12,3 364,2 L’épaisseur de la couche de terre végétale, dans les champs auxquels nos recherches se rapportent, varie de 30 à A0 centi- mètres. Nous adoptons 85 centimètres pour l’épaisseur moyenne, On à, par conséquent , pour la terre d’un hectare, 3,500 mètres cubes, dans lesquels les analyses indiquent les quantités suivantes d'acide carbonique : ACIDE ACIDE carbonique AIR | Carboni- 6 ans | confiné que NUMÉROS 100 parties d'air} dans | de l'air coufin. 4 hec- | confiné des expériences, TERRES. | tare de | dans en en terre, |1 hectare volume| poids, de terre. I Ve pomme ÿ ne EE EEE ES St mèêt. lit, À et 2 Terre récemment fumée. . , . | 2,27] 3,421 824 |18695 8 Terre récemment fumée . . . .] 9,78114,18) 824 |80543 8 et 45 [Champ de carottes. . . . , . .| 4,00| 4,49 813 | 8134 5 et 6 ViDAe du ours ….. | 0,96! 1,458 988 | 9488 | A11et12 |Forêt de Goersdorff . . , , . .] 0,86! 4,301 412 | 3340 16, 29 et 31 |Loam, sous-sol de la forêt. , , .5 0,83 1,28 247 | 2054 | 30 et 32 Sable, sous-sol de la forêt. . . .} 0,24! 0,37) 309 7Al 18et25 |Asperges, anciennement fumées! 0,80! 4,21! 817 | 6538 28 Asperges, récemment fumées. .l 4,54| 2,33 817 12586 13 Sol très riche en humus . . . .| 3,63| 5,4411472 153437 17 Champ de betteraves. . . . . .} 0,86! 1,31} 823 | 7083 24 Champ de luzerne . . . . .. 0,83| 1,261 772 | 6408 23 Champ de topinambours . . . .| 0,67| 4,011 724 | 48928 22 LUE RIRE "TEE 4,79) 2,711 566 |10139 16 BOUSSINGAULT ET LÉWWY, — COMPOSITION DE L'AIR. Il ressort des nombres insérés dans ce tableau : 4° que l’air enfermé dans 4 hectare de terre arable, fumé depuis près d’une année , contient autant d'acide carbonique qu’il s’en trouve dans 18,000 mètres cubes d’air atmosphérique ; 2° que dans l'air de 1 hectare de terre arable récemment fumée, l’acide carbonique peut, dans certaines circonstances, représenter celui qui est contenu dans 200,000 mètres cubes d’air normal ; que dans le Ioam sous- sol de la forêt, en prenant l’épaisseur de 35 centimètres adoptée pour la terre arable, on constate que, dans cette alluvion, l'air confiné contient autant d’acide carbonique qu’il y en a dans 5,000 mètres cubes d’air pris dans l’atmosphère. Si l’on consi- dère que ce dépôt atteint quelquefois une puissance de plusieurs mètres, on doit croire que cette notable proportion d’acide car- bonique ajoute aux qualités qui, dans le grand-duché de Baden et dans les Vosges, d’après un très habile observateur, M, Che- vandier , ont fait placer le loam parmi les meilleurs terrains forestiers. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES, Par M, J.-E. PLANCHON. Trois groupes éminemment naturels composent la classe non moins naturelle de végétaux que M. Ad. Brongniart appelle NYMPHÉINÉES Hs 1° NécumBonées à carpelles distincts, monospermes, à graines sans albumen. (4) Nymphææ, Salisb., Ann. of Bot., I, 70 (1806). Hydropeltideæ, Bartl., Ordin. nat., 78 (1830). Vitellosæ, Lindl., Nix., 9 (1833). Vitelligeræ s. Lecythoblasteæ, Martius, Conspect., 38 (1835). Nelumbia, End!., Gen. plant. (1836-1840), excel. Sarraceniaceis. Nymphæideæ, Meisn., Gen. plant. (1843), excl. Sarraceniaceis. Nymphæineæ, Ad. Brongn., Enum. plant. hort. par. (1843). Nymphales, Lindl., Veget. kingd., 408 (1846). Chlamydoblasteæ, Adr. Juss , in d'Orb., Dict. d’hist. nat., XIT, 420 (1828;. Cette longue liste de synonvmes prouve la complète anarchie de notre nomen- clature à l'égard des associations de familles appelées classes. Essayons de faire parmi ces noms le choix du plus convenable, en modifiant, par des considérations majeures, la règle de la priorité. Et d'abord, rendons à Saïisbury l'honneur d’avoir, le premier, fondé ce groupe, qu'il considère comme une famille divisée en deux sections : l'une, « Monogynæ, » répondant aux Nymphéacées actuelles; l’autre, « Polygyne, » comprenant nos Nélumbonées et nos Cabombées. Malheureusement , le nom collectif de « Nymphææ, » que l'auteur donne au groupe entier, rappelle par sa forme un degré hiérarchique inférieur et ron supérieur à la famille. Vient le mot « Hydropellideæ, » imaginé par Bartling pour une classe parfaite ment définie et subdivisée en ses trois groupes actuels. Le défaut de ce terme est d’être identique avec un synonyme très ordinaire du mot « Cabombeæ , » et, par suite, d'exposer à confondre la partie avec le tout. L'expression Vitellosæ de Lindley, troisième en date, aurait, de même que ses +} 3° série, Bor. T. XIX. (Cahier n° 4.) ? ; 18 3.-E. PLANCHON. 2 CABOMBÉES à carpelles distincts, 2-8-ovulés, à semences albuminées. 3° NyMPHÉACÉES à carpelles cohérents, polyspermes, à se- mences pourvues d’albumen. C’est de la dernière de ces familles que nous allons entre- prendre non pas une monographie en forme , maïs une simple esquisse au trait, préliminaire d’un travail ultérieur. Une revue systématique du groupe, réduite à l'exposé des caractères des sections , des genres et des espèces nouvelles cu peu connues, formera l'introduction naturelle à des considérations sur la distri- bution géographique , l’organisation, la symétrie, la morpholo- gie, les phénomènes physiologiques et les affinités de ces plantes. 7 S'il résulte de ce travail quelque profit pour la science, l’hon- neur en revient largement à l’homme dont l’intelligente iniliative a doté l’horticulture continentale de la Victoria regia et des plus brillantes formes du groupe des Nymphéacées. Un assez long séjour en Belgique auprès de M. Van Houtte nous à permis, en effet, d'étudier sur le vivant les plus belles d’entre ces plantes aquatiques ; pour le reste, nous avons mis à contribution les grands herbiers de Paris, particulièrement ceux du Muséum, de Synonymes « Wätelligeræ, Lecytho-Chlamydoblasteæ, » l'avantage de rappeler un caractère très remarquable du groupe; mais tous ces mots pèchent en ce qu'ils semblent attribuer exclusivement à ce groupe le caractère en question, et, de plus, en ce que le terme « vitellus , » appliqué, dès l'origine , à des parties très diverses , ne trouve pas son application exacte chez un des genres du groupe, le Nelumbium. « Velumbia » d'Endlicher laisse prise aux mêmes objections que Nymphææ et Hydropellidee. | Entre les titres « Nymphæoideæ » de Meisner et « Nymphæineæ » de Bron- gniart, la question de priorité paraît douteuse : nous adoplons le second parce qu'il désigne, dans le livre de l'auteur, un groupe pur de tout mélange hétéro- gène; au lieu que, chez Meisner, les soi-disant « Nymphæoideæ » comprennent le genre Sarracenia, que, par des raisons exposées ailleurs (in Hook. Lond. Journ. of bot., tom, V), nous persistons à croire très voisin des P yrolacées. « Nymphales » enfin est mis hors de cause par le seul fait de sa date. Nous négligeons de citer Horaninow, Perleb, qui ne paraissent pas avoir étudié d'après nature les groupes dont ils s'occupent. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 19 MM. Delessert, Webb et J. Gay, richesses toujours libéralement offertes à qui veut les exploiter. :&1. NYMPHÆACEARUM ENUMERATIO SYSTÉMATICA. CONSPECTUS SECTIONUM ET GENERUM. DIAGNOSTICUS. Onno: NYMPHÆACEÆ. Carpella plura in ovarium complete pluri-loculare concreta. Ovula plura lateribus loculi cujusvis undique affixa. Semina albu- minosa, albumine farinaceo ; embryone minuto sacculo proprio (membrana amniotica incrassata) induto, in fovea albuminis su- perficiali sub micropyle locato. Tri. EL NYMPHÆEZÆ, “Calyx h-phyllus. Petala membranacea, dorso non mellifera. Semina arillata. Folia SUAIAS | SugrTRi8. À. EURYALEÆ. Torus (s. receptaculum) ultra ovarium ei adnatum in annulum sepala , petala staminaque gerentem productus. (Inde ovarium vulgo inferum.) ” Herbæ aculeis horride. Gen. 4. VICTORIA. Stamina extima intimaque sterilia, fertilium connectivo ultra antheram producto. 7 Herbæ americanæ, tropicæ, giganteæ. Folia supra inermia. Flores versicolores, primum candidi, demum roseo-purpurascentes, antnesi noclurna. | | | Gen. 2. EuRYALE. . Stamina omnia fertilia. Antheræ muticæ. _ Herbæ asiaticæ, intra v. extra-tr opicæ. Folia utrinque acu- leata. Flores + anthesi matutina, 90 J.-EZ., PLANCHON. Sugrrië. B. EUNYMPHÆEÆ. Torus ovarium ei adnatum plus minus vestiens, basi calyce et corolla, inde ad apicem staminibus obsessus. (Ovarium vulgo propter calycem superum.) . Herbæ inermes, amphigeæ, tropicæ et exlra-tropicæ, præsertim hemisphæræ borealis. Flores albi, rosei, purpurei v. cyanei, an- thesi nocturna v. diurna. Genus unicum. NyYMPHÆA. Tris. II. BARCLAYEZÆ. Calyx 5-phyllus, propter ovarium inferus. Petala membrana- cea , dorso non melliflua. Torus ultra ovarium ei adnatum in annulum petala staminaque gerentem productus. {Vulgo ovarium propter petala staminaque inferum, propter calycem superum). Semina exarillata. Herba asiatica, tropica, inermis. Genus unicum. BaRCLAYA, Tris. III. NUPHAREZÆ. Calyx 5-v. rarius 6-phyllus. Petala squamiforma crassa, dorso sulcis mellifluis insculpta (fide Salisb.). Ovarium a toro plane liberum (vulgo superum). Semina exarillata. Herbæinermes,amphigeæ, extra-tropicæ, hemisphæræ borealis. Folia exstipulata. Flores flavi, anthesi diurna. Genus unicum. Nurnar. MONOGRAPHIÆ PRIMÆ LINEÆ. Genus NymPiÆa à divo Cœsalpinio (De plant., p. 568, ann. 1583) inter gen. Capparis et Papaver enumeratum. ParaverACEARUM genus (Nymphæa). Wagnol, Prodr. hist., “pl. 38 (1689). Genus Nymphœa inter Papaveraceas capitatas, nempe Glaucium, Chelidonium, Hypecoum, collocatum. Incerræ senis gen. J. Ray., Meth. 128 ‘1703 ex Lindi. A7A1, ed. Amstelod. ;. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 21 Incenræ senis gen. (Nymphæa), Linn. Phil. bot. ed. 1, 36 (1751), et etiam ed. Il curant. Gleditsch (1780). PAPAVERAGEARUM gen. (Nymphæa), B. J'uss. Ordin. nat. hort. Trian. (1759) ex A.-L. Juss. Gen., p. Ixvi]. Una cum Papaveraceis omnibus, Fumariaceis, et cum gener. Impaliens, Monotropa, Podophyllum et Sarracenia. ARISTOLOGHIARUM gen. (Nymphæa et Nelumbo), dans. Fam. 11, 76 (1765). In ordinis sectione 2' cum generibus Hydrocharideis, Diosco- reaceis, Aristolochiaceis et cum T'rixide. . Ruoranearum gen. {Nymphæa), Batsch. Dispos. gen. pl ienens. 42 (1786). Una cum gen. Papaver et Fumaria. In ordine subsequente, nomine « Corydales » gen. Cleome, Epimedium et Iypecoum enumerantur. Hyprocuaripuu gen. (Nymphæa et Nelumbium), 4. L. J'uss. Gen. 68 (1789). Una cum gen. Fallisneria, Stratiotes, Hydrocharis, Trapa {cujus tamen affinitas cum OEnotheraceis jam ab auctore op- time suspicatur ), Proserpinaca (genus auctori vix notum) et Pishia (cum adnotatione : an Aroïdeis aut Aristolochiis affi- nior ?). 7 SUCCULENTARUM genus (Nymphæa), Linn. Ord. nat., edit, Giseck. (1792). Inter Mesembryanthemum et Sarraceniam, una cum generibus Saxifragaceis, Crassulaceis, Cactaceis, Ficoideis , Portulaceis, Tamariscineis, nec non, cum ÂVeurada, Suriana, Nama et Adoxa. Nyupræez (Euryale, Nymphæa sub nom. Castalia, Nuphar sub nom. Vymphæa), Salisb. in Ann. bot. Sims. et Kœn., IT, 70 (4806), excel. sect. 2' Nelumboneas, Cabombeasque hodier- nas amplectens. Ordo cæterum eximie definitus, ex auctore Papaveraceis et Ranunculaccis affinis. NYMPHÆACEÆ (Euryale, Nymphæa, Nuphar), DC. Propr. med. pl. ed. 2,, 119 (1816); Syst. II, 39, et Prodr. 1, 113, exclus, sect, 4%, nempe Nelumboneis. 22 J.-E. PLANCHON. Nywpnæactz (Euryale, Barclaya, Nymphæa, Nuphar), Bar- thing. Ord. nat. 78 (1830). | … Ordo proprius, finibus certis limitatus. NyupnæAcez (Euryale, Nymphæa, pie: FA OUEN Lindl, inod. «ed: ls, 10-4880) sudiume zisseqare Ordo proprius, optime definitus. NyMPHAACEÆ, Mart. Conspect. (1835). — ÆEndl. Gen. (1836-10), et Enchir. (18/41), excl. Sarracemia (Victoria, Euryale, Nymphæa, Nuphar, Barclaya). — Meisn. Gen. (1843), excl. Sarracenia.— Ad. Brongn., Enum. hort. par. (1843).— Lindl., Veg. kingd. 408 (1846). Tris. LL. NYMPHÆEÆ, Nob, (Vide supra , p. 19.) NyYMPHÆEZÆ, Planch. in Van Houtt. FI. des serr., VIII, 79 (feb. 1853). NYuPnæzæ, DC. Syst., excl. gen. Nuphar. - NuPHARINEZ et EurYALEx, Endl. Gen., excel. gen. Vuphar. NUPHARIDEEÆ et EURYALIDEZÆ, Lindl., Veg. kingd., excl. gen. Nuphar. | Tribus eximie naturalis, verticillis floralibus 2-/4-846-32-me- ris, foliis stipulatis, seminibus arillatis, canalibus aeriferis petio- lorum pedunculorumque paucis latisque insignita. Pedunculi extra axillares, abortu bracteæ folii locum !n spira unica tenen- tes, v. spiram propriam spiræ foliorum paralelam constituentes. SusrriB, À. EURYALEÆ, (Vide suprà, p. 19.) EurYaLEÆ, Endl., L c. EURYALIDEÆ, Lindl., |. c. Gen. 4. Victoria , Lindl. (Vide suprà, p. 19.) Cazyx 4-phyllus, sepalis oblongis margini tori s. receptaculi campanulati, ultra ovarium ei adnatum producti, una cum peta- ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. Ô lis staminibusque insertis, æstlivatione ereclis, margine apiceque leviter imbricatis (4). Perara plurima (normaliter 4) secundum spiram valde complexam spiris secundariis tantum manifestis disposita, attamen, si velis, ad verticillos 6 plus minus perfeclos reducenda, nempe : 4° Petala extima h, specie sepalis 4 alterna (revera geminatim cum sepalis 2 lateralibus alternantia), oblongo- spathulata ; 2 petala 8 geminatim præcedentibus alterna, vix minora ; 3° fem : l° item : 5° ilem ; 6° item, sedilla versus medium leviter contracta. STamiINA sterilia fertiliaque numerosissima more petalorum in spiram abbreviatam , specie in pseudo-verti- cillos 9 disposita, nempe : 1° Liguleæ steriles A6, geminatim cum petalis intimis alternantes, lineares, acuminatæ, crassæ ; 2° D- gulæ 16, præcedentibus alternæ et conformes, aliquæ tamen jam anthera imperfecta sub apice exsculptæ ; 3° stamina fertiha 16 ligulis præcedentibus alterna; 4° stamina fertihia 16 præcedenti- bus alterna : 50 item ; 6° item; 7° item, hæc omnia basi libera; 8° stamina fertilia 16 præcedentibus alterna, subsequentibus fila- mento toto adnata ; 9 stamina sterilia 46 præcedentibus alterna et cum illis in annulum parastigmatibus (s. appendicibus stigma- ticis) subjacentibus adhærentem concreta, connectivo intus rima duplici (antheræ loculis effætis) insculpto. Æntheræ staminum fertilium in substantia connectivi crassi filamento plane continu insculptæ, infra apicales, biloculares, loculis linearibus, angustis parallelis, introrsum rima longitudinali dehiscentibus. Pollinis granula leviter 4-loba (lobis forma trianguli sphærici , fascia latiuscula inter se sejunctis singulisque basi zonula angusta cinctis) Iævia, 4-locularia. Ovariuu cyathiforme, vertice concavo stigmatiferum, ibique e centro processum obpyriformem (axis v. columellæ apicem) exserens ; loculis normaliter 32-meris, uniseriatis, valde compressis, circumscriptione subtriangularibus, nempe latere dorsali convexiusculo calyci, ventrali superficiei stigmaticæ parallelis, basilari tori partem centralem spongiosam oblique spectante, parietibus loculorum adjacentium strato inter- (1) Postico {axin respiciente } margine utroque tecto, antico marginibus suis lateralium marginem externum tegente. 2h dE, PLANCHON. carpellari tori conjunclis facieque interna reticulato-venosa ovu- liferis. Stigmata tot quot loculi, in cupulam ovarii verticem vestientem radiatim concreta, latiuscule linearia , medio leviter unisulca, undique præsertim secus margines sulci elevatos minute papillosa, singula apice processu unciforimi non papilloso (para- stigmate, Nob.) postice toro staminibusque intimis adnato quasi appendiculata. Ovuza in loculo quovis 14-18 (circit. 28 ex Lindl., parieli cuivis fere pari numero distributa, plus minus pendula, resupinata, funiculo brevi sustensa, anatropa , rudimento arulli cupuliformi circa hilum breviter calyptrata, inlegumento exte- riore crassiusculo , interiore membranaceo , nuclei apice norma- liter incluso, rarius {casu monstroso) in appendicem cylindraceo- clavatam trans mycropylenexserto. Bacca submersa, cyathiformis, dense aculeata, margine tori lapsu calycis, corollæ, staminum, parastigmatumque denudato coronata, matura ex apice pedun- culi in pulpam collapso soluta , intus præsertim inter carpidios numerosos membranaceo-spongiosos pulposa, polysperma, a basi (verosimiliter elastice) irregulariter rumpens. SEMINA in loculo quovis plura, plus minus manifeste pendula , sicut ovula disposita, revera resupinata, pisiformia ; arillo sacciformi more membranaraum serosarum bilamelloso, rugoso-plicato , carno- siusculo ultra medium vestita ; funiculo brevi , ad umbilicum in bulbum parvum dilatato ; 1nfegumenti exterioris strato externo crustaceo, interno spongioso, entegumento interiore membranaceo adhærente; chalaza lata, colorata: albumine farinoso copioso ; sacculo amniotico lenticuliformi, carnoso-membranaceo, foveolæ propriæ in apice albuminis exsculptæ insidente; embryonis mi- nuti cotyledonibus transverse ellipsoideis, carnosis , basi late connatis, intus concavis, margine interno sibi invicem applicitis, gemmulam crassam foventibus ; gemmulæ ïinternodio infimo crasso, folio primo (non evoluto) à lateribus compresso , secundo (ante germinationem) quasi orbiculari basi antice auriculis 2 vix conspicuis primum dentiformem anguste amplectente ; radicula brevissima, tuberculiformi, umbilico admota. Herbæ Americæ australis calidioris, habitu Nymphæaceo, gisganteæ , Speciosissimæ, aculeis innumeris armalæ ; rhizomate ÉTUDES SUR LES AYMPHÉACÉES. 25 abbreviato, verticali, superne foliis spiraliter disposilis, confertis obsesso , fibris radicalibus numerosis , e basi petiolorum fascicu- latim ortis, apice calyptratis vado affixo ; olus amplis, natantibus, peltatis, orbiculatis, antice et postice emarginatis, sæpius mar- gine sursum reflexis, supra glaberrimis, nitidis, pulchre reticu- lato-venosis , subtus reticulo costarum radiantium nervorumque insigniter elevato in areolas altas divisis, vernalione involutiva ; stipulis folii cujusvis in unam intra-petiolarem amplam, mem- branaccam, apice bifidam concretis ; pedunculis extra-axillari- bus, ebracteatis, petiolo adulto multo brevioribus , unifloris ; flore amplissimo, vespertino-nocturno, bis sese explicante, prima vice petalis serieum exteriorum tantum expansis, pure niveo odoremque suavissime fragrantem spirante, secunda vice petalis omnibus patentissime reflexis, colore pallide roseo suflusis, serie intima purpureo picta, ligulis sterilibus in coronam purpureo- roseam pulchre assurgentibus ; fructu, nuptiis peractis, sub unda semina numerosa, ob allsumen farinosum edulia, maturante, Vicronia, Lindl, Monograph. Lond. 1837 (c.icone). Bot. reg., ann. 1838, append. 13. — ÆEndl., Gen. n. 1509. — Æ0ok., Bot. Mag., t. 4275-8. —- R. Br., Proceed. of the Linn. Soc., may 7 (4850), fide Garden. chronicle, may 18, 1850. — Jlenfrey, in the Garden. mag. of bot., may 1850, p. 225 {cum icone). — Planch. in Van Houtt. F1. des serr., mars 1851,— //ook., Vict, regia, in fol. 1851. Sp. 4. Victoria regia. — V, foliis discoloribus (subtus vinoso- s. violaceo-purpureis), sepalis parcissime et breviter aculeatis, antheris filamento brevioribus, bacca diametro ad extremum ovario 9-pollicari aculeis mediocre confertis ad extremum 4 lin. longis armat, seminibus magnitudine Pisi minoris, recentibus viridibus, postea obscurioribus subbrunneis. Has. Guyana anglica , in flumin. Berbice et Roupounouni, Schomburgk, ann. 1837-1819. ? Boliviæ district. Moxos, in paludibus, juxta fluvios Mamoré (Hænke, ann. 4801), Rio das Madeiras (d'Orbigny, ann. 1832) et Yacouma(Bridges, ann. 1846). Brasil. prov. Matto-Grosso, in flum, rio de Barbado (aug. 26 JE, PLANCHON. 1845), Weddell, n° 3422 in herb. M. par. ex specimine omni parte nano, aculeis et seminibus cum specim. in Europa cultis (e Guyana) sat congruente. | Victoria regia, Lindl., |. c. (1837), mense.....? — Schomb., Views of the inter. of Guyana, p. 2, frontisp. — 00k., Bot. Mag., t. 4275-8, et Monograph. (ann. 1851), exclus. syn. Victoria Cruziana et Euryale amazonica. — Ch. Lem. in Van Houtt., Flor. des serr., II, t. 199-904. — Zaindl. in Garden. chronicle, ann. 1849 , p. 739. — Henfrey, 1. ©. — Planch., l. c., cum iconib. Victoria regina, Gray, in Mag. of zoo!. and bôt., novemb. 1837, et in Ann, of nat. hist., ann. 4850, p. 146. Victoria regalis, aliquor, ex Hook. Victoria reginæ, Hook., London journ. of bot. and Kew gard, Miscell., octob. 1850, p. 662. | Victoria amazonica, $Sowerby, in Ann. of nat. hist. 1850 (pro parte, nempe quoad stirpem guyanensem). Nymphæa Victoria, Schomb. olim in litter. Sp. 2. Victoria amazonica. —- V, ovario aculeis creberrimis densissimis majoribus 7-9 lin. longis {minoribus interspersis) siccitate stramineis obsito, sepalis oblongis basi leviter contractis extus ad apicem usque aculeis 3-5 lin. longis sparsis, antheris filamento multo longioribus. | Has. In flumine Amazonum ; prope Santarem (Para). A. Spruce (april. 1850), in herb. Webb! — Prope Ega, Pœppig. (1832) si Eurvale Amazonica, Pœpp. huc recte referta. Victoria amazonica , Mob. in Revue hort., 15 févr. 1853. — Sowerby, |. c. (nomen tantum et stirps amazonica cum guya- nense ab auctore confusa). | _ Eurvale amazonica, Pœpp. in Froriep’s Notizen, XXXV, p. 9, et Reise II, 432, ex Endl. {ex loco natali). Victoria regia, Hook., |. c., plurim. auct, (pro parte). — Benth. PI, Spruc. in Hook. Journ. of bot. and Kew gard. Miscell., april 48514, p. 117 (nomen tantum), non Zandl. Species hactenus ab auctoribus cum Wictoria regia guyanensi ÉTUDES: SUR LES NYMPHÉACÉES. 27 et boliviana perperam confusa, a qua differt ; antheris respectu filamenti multo longioribus, aculeis ovarii densissimis duplo et ultra longioribus, sepalis ad apicem usque hinc inde longiuscule aculeatis, | Folia subtus inter costas dense pubescentia, sordide purpurea. Antheræ majores circiter 40 lin. longa:, cuspide terminali con- nectivi 4 1/2-lineari. Staminum sterilium intimorum parte libera (anthera sterili) unguem cati simulans, a lateribus compressa, e basi lata in cuspidem uncinatam attenuata. Parastigmata in flore male exsiccato non visa. Conus in fundo cupulæ stigmaticæ cirei- ter 21/2 lin. longus. Ogserv.—C’est uniquement d’aprèsle rapprochementdes localités que nous citons comme synonyme de la plante de M. Spruce ici décrite, l'Euryale amazonica, Pœpp., dont nous ne connaissons que le nom , et que W. Hooker et la plupart des auteurs confondaient jusqu'ici avec la Victoria regia. Observons en passant qu'en proposant le nom de Victoria amazonica en place de Victoria regia, M. Sowerby n'avait d'autre but que réclamer la préséance en faveur du nom spécifique le plus ancien pour deux plantes qu’il regardait comme identiques, savoir : l’£uryale ama- zonica, Pæœpp., et la Victoria regia, Lindi. Ce n’est donc pas à ce savant que revient le mérite, très faible d’ailleurs, d’avoir distingué ces deux plantes. | | Sp. à. Victoria Cruziana, — V. foliis utrinque viridibus, bacca (in regione natali) diametro 5-pollicari, seminibus magniludine pisi majoris globosis nigris. | Has, Paraguay : Rio Chuelo (Bonpland, ann. 1819); Corrien- tes, ad fines ditionis Paraguay, in paludibus flumini Parana adjacentibus (d'Orbigny, ann. 1827). Victoria Cruziana, d'Orb., in Ann. des sc. nat., sér. IE, Botan. XIIT, 57. — Planch. in Van Houtte, F1. des serr., VI, 210, et VIE, 53. Victoria regia, fook. et alior. (pro parte), non Lindl. Spe- cies imperfectissime nota, seminibus nigris, globosis nec ellip- soideis, drupam Celtidis australis magnitudine æmulantibus , a Vicioria regia diversa. 28 J.-E, PLANCHON. Gen. 2. EURYALE, Salisb. (Vide suprà, p. 19.; Cazyx A-sepalus, sepalis ovato-oblongis, margini tori s. recep- taculi campanulati ultra ovarium producti una cum petalis sta- minibusque insertis , æstivatione erectis, leviter imbricatis , in fructu maturo persistentibus. PEraALA plurima (normaliter 28), calyce breviora (interna sensim minora), normaliter 5-seriata, nempe : serlel 1° s. extimæ 4, sepalis alterna (revera cum sepa- lis lateralibus germinatim alternantia) ; seriei 2° 4 præcedenti- bus alterna ; seriei 3° 4, præcedentibus alterna; seriei 4°8, præcedentibus germinatim alterna; seriei 5° 8, præcedentibus alterna, STAMINA numerosa {normaliter 72) 5-seriata, seriebus 8-meris, inter se alternantibus; exteriorum filamenta complanata, interiorum filiformia ; antheræ a filamento sat dislinctæ, ellip- ticæ, mutlicæ, loculis 2 in facie connectivr plani insculptis, intus rima longitudinali dehiscentibus ; pollinis granula madefactione sphærica, ostiolorum 2-3, circularium scutellis minute papillosis, basi zona circumdatis, singulis sacculum proprium fovilla farctum tegentibus {inde saccus externus sacculos 2-3 internos fovens). STAMINA STERILIA nulla. Ovariuu toro s. pedunculi apice dila- tato plane immersum et adnatum 8-loculare, verticis cupuli- formis margine in lobos 8, triangulares, staminibus intimis alternos, toro plane adnatos diviso, vettis sligmaticis totidem circa tuberculum centralem radiantibus, ad apices loborum excurren- tibus. Ovuza in loculo quovisà v. plura, lateribus endocarpii mem- branacei affixa, directione varia, majuscula, anatropa, Bacca corticosa, calyce persistente , clauso, coronata , in partu irregu- lariter rumpens, loculis parum distinctis. SEMINA plura, sacco arillari pulposo plane involuta, quoad structuram et germina- tionem illis J’actoriæ regiæ supra descriptis plane conformia. Herbæ asiaticæ, lacustres, habitu et facie Ficloriæ, sed omni parte minores, fere undique aculeatæ; rhizomale submerso, fibris radicalibus permultis limo affixo, foliis natantibus orbicu- lato-peltatis, postice leviter emarginatis, margine obscure sinua- tis, recentibus valde bullosis, supra glaberrimis , læte viridibus, ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 29 nervis purpureis pictis, ad nervorum dichotomia aculeis solita- riis, crassis, curvulis armatis, subtus puberulis, pulchre violaceis, nervis crassis Valde prominentibus inter se areolatim connexis, undique aculeis subulatis, rectis, gracilibus obsessis, pedunculis propter petiolum lateralibus, solitariis, unifloris, sub anthesi ad aquæ superficiem sæpius extensis ; floribus pro stirpis mole par- vis, sæpe ex unda plane emersis, pulchre violaceis, suaveolenti- bus, par dies duas ante meridianam horam expansis, nocte inter- media clausis, nunc rarius sub aquis altis nuptias fœcundas clandestine peragentibus , fructibus semper sub unda maturatis. Euryale, Salisb. in Ann. of Bot., If, 73 (1806). — DC., Syst., IT, 40, — EÆEndl. Gen., n° 5018. — Planch. in Van Houtt., FI. des serr., VIII, 79. Anneslea, Roæb., FI, ind., 11, 573. — Andr., Bot, Repos., p. 618. Sp. 4. Euryale ferox. — E. bacca magnitudine Peponis mi- noris (fide miss. evangel. infra citat.), seminibus 80-100 (fide Salisb. ). Has. Chinæ prov. australes (ubi indigena ?) et boreales (ex. g. circa Pe- King) ubi a temporibus remotissimis culta. Euryale ferox, Salisb., |. c. Lien-Kien v. Ki-teou, Mémoir. des missionn, franc. de Pe- king (ann. 1778), p. 451. Sürps quoad charact. specif, vix nota, cum sequente confe- renda, Sp. 2. Euryale indica.—ÆE. bacca magnitudine ovi Meleagreos Gallo-Pavonis, irregulariter ovata seminibus ad extremum 920. Has. Indiæ or. prov. transgangeticæ, versus Tipperah, Chit- tagong, etc. Roæxb. (ab anno 1809 in Europa culta). Eurvale indica, Nob. Euryale ferox, Roxb., PI. cor., 1, tab. 244. Bot. Mag, t. 1447 (icon specimen nanum exhibens). — Ofto in Alleg. Gart. und Blum. Zeit., VIII, 289. Euryale ferox (indica}, Planch., |, c. Anneslea spinosa, Roæb. et Andr., Il, cc. 30 J.-E. PLANCHON. SuBTRiB. B. EUNYMPHÆEÆ, ( Vide suprà, p. 20.) Nymphæeæ-Eunymphæeæ, Planch. in Van Houtt., FI. des serr., VIII, 80. | Nymphæeæ, DC., Syst., excl. gen. Æuryale et Nuphar. Nupharineæ, Endl., excl. gen. Nuphar. Nupharideæ, Lindl,, excl. gen. Nuphar. Genus unicum. NymPHÆa (1). (Vide supra, p. . 22) Cazyx h4-phyllus. foliolis imo foro s. axi floris crasso, urceo- lato, ovarium ei adnatum plus minus induenti insertis, liberis , (1) Partes floris Nymphææ omnes sicut aliarum Nymphæarum, reyera se- cundum spiram generalem valde complexam, pluries quasi dichotome divisam, spiris secundariis tantum manifestis, sunt dispositæ. Inde series partium simi- larium concentricæ pseudo-verticillos efficiunt heteromeros inter se non stricte alternantes, nec non abortu v. superfetatione (chorisi) frequentissime perturbatos. His præmissis, symmetriæ floris, repetitis observationibus ad structuram nor- malem reducti, expl anationem non rite veram, tamen veritati proximam, lector benevolo proponimus : Bracrea ad basin pedunculi solitarii sRAcrEOLæque laterales 2 numquam (nisi monstrose) evolutæ. SEepaLA 4 revera quoad symmetriam biseriala , antico et postico cum bracteolis 2 alternantibus, lateralibus 2 præcedentibus alternis. PerTALoRUuM series ( pseudo-verticillus ) externa semper 4-mera, petalis revera geminatim cum sepalis 2 lateralibus alternantibus, nec ut primo intuitu dijuéheares singillatim sepalis 4 alternis. Series 2% 8-mera, pelalis geminatim cum 4 pr@cedentibus alternis, altero paris Cujusvis minore et paulo magis interiore, inde apud sect. A serie illa rite unica series duas 4-meras mentienle. Series 34 (dum adsit ) 8 - mera epptié cum præcedentibus singillatim alter- nantibus. Series 4° (rarissime evoluta sæpiusque plus minus in stamina conversa) 8-mera, pelalis cum prœcedentibus el cum serie slaminum subsequenti singillatim alter- mantibus. | Sramna B-6-7-8-seriata, pseudo-verticillis 8-meris inter se plus minus x fectæ alternis. CarPELLa normaliter 8-16-, cum serie intima staminum singillatim v. gemi- natim obscure alternantia, | | ÉTUDES SUR LES NYMPHÉAGÉES. 34 wstivatione generum præcedentium. Peraza plura (normaliter 42 v. 20 v. rarius 28) obscure 9.3-/.seriata , tori basi inserta, interiora sensim minora, in stamina abeuntia, omnia æstivatione imbricata. STAMINA numerosa (normaliter 40 v. 48 v. 56 v. 6h) obscure 5-6-7-8 seriata pseudo-verticillis inter se imperfecte alternis , normaliter 8-meris : flamenta libera : antheræ bilocu- lares, connechivo lineari ultra eas sæpe producto intus adnatæ, loculis rima longitudinali dehiscentibus. Ovarium normaliter 8-v. 16-merum, 8-v. 16-loculare, loculis compressis, parietibus lateralibus ovuliferis , vertice discoideo v. cupulato circa tuber- culum centralem radiatim stigmatico, radiis stigmatiferis ultra fasciam stigmatico-papillosam , unisulcam, in processum (para- sigma, Nob.) epapillosum productis. OvüLa crebre, in mu- cilagine nidulantia, anatropa, directione varia. Bacca spon- giosa , interdum calyce persistente tecta, superficie cicatricibus insertionis pelalorum staminumque notala , matura subito a basi irregulariter rumpens. SEMINA numerosa , in pulpa muclaginosa nidulantia, arillo sacciformi apice aperto, pulposo, plane invo- luta; éesta crustacea , intus lacunosa, sub germinatione ope embryotegæ scutelliformis cirea micropylen valvatim aperta; endoplevra membranacea ; embryone intra sacculum amnioticum crasse membranaceum in apice albuminis farinosi locato, minuto, Jenticulari-subgloboso, cofyledonibus crassiusculis, intus concavis, margine sibi invicem applicitis, plumulam crassam foventibus, radicula punctiformi, vix conspicua. Ierbæ per regiones temperatas et calidas totius orbis late dif- fusæ (in frigidis hemisphæræ borealis rarissimæ), natantes ; rh1- zomate nunc elongato, repente, sæpius in tuberculum crassum abbreviato, e basibus foliorum confertis fibras radiculares pluri- mas, apice calvptratas, emittente ; folus longe petiolatis, corda- tis v. cordato-peltatis, inermibus, intus lacunosis; pedunculis so- litartis, unifloris, abortu bracteæ folii locum tenentibus ; floribus speciosis, albis, roseis, rubris v. cæruleis, plerisque odorem fra- grantem spirantibus, sub anthesi motu proprio pluries occlusis iterumque expansis, nuptiis peractis, sub aquà fructus fœcun- dos occultantibus, 32 J.-E., PLANCHON. Nymphæa, Veck., Elem. — Smith. — L. C, Rich. — DC. et plurim. auct. recent. — Planch. in Van Houtt., FI. des serr., VI, 299. Leuconymphæa, Boerh., And. alt., Lugd. Batav., 281 (ann. 1720). Castalia, Salisb,, Ann. of Bot. II, 71. Nymphææ sp. Tournef., Linn., Lamk., Juss. et plurim. auct. Conspectus sectionum generis. © 41. Loros. — Sepala insigniter nervosa! Stamina exteriora a petalis intervallo latiusculo distantia. Antheræ exappendicu- latæ. Pollen læve. Processus stigmatici longiusculi, cylindraceo- clavati. Stirpes gerontogeæ, tropicæ et extratropicæ ; fois pellatis, margine sinuato-dentatis, dentibus aculis mucronato-subspinosis, rete nervorum subtus valde prominente ; stipulis minutis, utrin- que margine bascos petioli adnatis ; floribus albis, roseis v. pur- pureis (nunquam cæruleis), anthesi nocturna. Lotos, DC., Syst., 49, excl. sp. $ 2. CYANEA. — Sepala tenuissime nervosa. Antheræ pro- cessu connectivi longiuscule appendiculatæ. Pollen læve, Pro- cessus stigmatici plus minus breves. Stirpes amphigeæ tropicæ et extratropicæ; foliis cordato-pel- talis, margine plus minus {(nunc obsolete) obtuse sinuatis, raris- sime acutiuscule sinuato-dentatis ; shipulis sect. primæ; floribus cæruleis, roseis v. albis, anthesi diurna, Cyanea, DC., Syst., IT, A9. $ 3. HyDpROCALLIS. — Sepala tenuissime nervosa. Antheræ extimæ præsertim manifeste appendiculatæ, intimæ submuticæ, omnium loculis connectivo angustioribus. Processus stigmatici longe cylindraceo- clavati. - Stirpes americanæ, tropicæ ; folis cordatis, anguste peltatis subintegris v. margine sinualis, nervis parum prominentibus ; stipulis in unam petioio intus longe adnatam concretis ; floribus albis (an semper?) Hydrocallis, Nob. Castaliæ sp., DC. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 33 $ 4. CasraLra. — Sepala tenuissime nervosa. Antheræ mu- ticæ v. vix mucronulatæ, loculis connectivo sæpius latioribus. Strpes amphigeæ , hemisphæræ borealis, foliis cordatis, an- gustissime peltalis, integris v, obsolete repandis, subtus tenuiter venosis, stipulis sect. tert., floribus albis, anthesi diurna. $ a. Eucastalia, — Filamenta serieum internarum medio non dilatata. Pollen papilloso-echinatum. Processusstigmaticibreves, cylindracei. Semina minuta. Stirpes hæmisphæræ borealis, extratropicæ. $ d. Chamænymphæa. — Filamenta serieum internarum me- dio insigniter dilatata. Pollen superficie obsolete granulosum. Processus stigmatici ovato-oblongi, subcochleariformes, anthe: ram mentientes, Sérps sibirico-sinensis. $ [.. — Loros. ( Vide suprà, p. 32.) Sp. 4. Nymphæa Lotus (L.) Nob. Has. Africa septentrionalis et occidentalis tropica et subtro- pica. «, œgyplhia, Nob. : foliis glabrescentibus v. subtus parce pu- berulis, sepalis ovato-cblongis, petalis obtusis, antheris omnibus filamento brevioribus. Nymphæa Lotus, Linn. — Delile, FI, ægypt, illust., t. LX, [. 4. — DC., Syst., IT, ubi Conf. synonym, In Ægypti inundatis : Cahira, Delile in herb. Deless. | Bové in herb. Webb., Deless. et Mus. par.! — Damietta, Sieber in herb. Webb! -— Lacus Mæris, herb. Desf. nunc Webb ! — Olimin hort, anglicis culta, fide specim. in herb. Webb. 6. Origiesiana, Nob. : omni parte sæpius major, sepalis oblon- gis, antheris etiam extimis filamento longioribus. Ludit : Le Foliis subtus parce puberulis v, glabrescentibus ca- lycibus glabris, petalis acutis, staminibus basi purpureo-macu- latis. Nymphæa Lotus, Guull, et Pérrolt., FI, Seneg., 1, 44. 3° série, Bor. T. XIX. (Cahier n° À.) 5 3 ol J.-E. PLANCHON. Nymphæa dentata, Planch. in Van Houtt., FI. des serr., VI. Nymphæa Ortgiesiana, Planch., ibid., VIIT. Senegambia, Lepr. et Perrott. in herb. Deless. et Mus. par. ! Fazoql, F'igariin herb.. Webb.! {Forma antheris quam solito bre- vioribus inter varietates «. et $, media.) . Cordofan, ad radices montis Arasch-Cool, octob. 1839, Kots- chy, n° 168 in herb. Webb. et Deless. (Folia subtus nunc unifor- miter violacea, nunc viridi-violascentia, maculis saturatioribus conspersa. ) In hort. angl. et Van Houtt. culta. 20 Foliis subtus parce puberulis, sepalis basi matiifaite con- tractis, petalis obtusiusculis, staminibus intus basi non maculatis. Nymphæa dentata, Thonn. et Schum., PI. Guin. Hook., Bot, Mag., t, 4, 257. Guinea, T'honning. — Sierra Leone, # hitfield. In hort. angl. et Van Houtt. culta. 3° Foliis subtus dense pubescentibus, calyce glabro v. pube- rulo. Nymphæa Lotus, Paliss. Beauv., FI. d’Ow. Nymphæa Lotus, 6. pubescens, F1. Seneg., 1. c. Senegambia, Lepr. et Perrott. in herb. Deless.! Roger in herb. Gay ! Brunner in herb. Webb. ! Oware, Paliss. Beauv. in herb. Deless.! (Forma calyce pubes- cente,) Opserv. — C’est après une étude attentive de nombreux exemplaires d'herbier que nous arrivons à considérer comme simples variétés d’une même espèce le Nymphæa Lotus de l'Égypte et les nombreuses formes tropicales du Nymphæa dentata, entre autres celle que nous avions appelée Ortgiesiana. On ne saurait , en effet, baser aucune diagnose sur les caractères de la forme des sépales, sur les pétales plus ou moins obtus ou aigus, sur la pubescence nulle ou plus ou moins dense, sur la présence ou l'absence de macules au revers des feuilles ou à la base des étamines. La dimension absolue des parties est également soumise chez toutes les espèces du groupe à des variations très considérables, suivant Jes circonstances sous lesquelles ces plantes végètent et fleurissent. La seule longueur des anthères, relativement au filet, nous a paru présenter uu signe diagnostique à peu près constant entre les deux sous-types que ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 99 nous admettons dans l'espèce. Il nous tarde, du reste, de trouver dans les jardins des exemplaires de Nymphæa Lotus d'origine égyptienne bien constatée, afin de pouvoir les comparer sur le vivant avec les formes cultivées de l’ancien Nymphæa dentata. 2, Nymphæa thermalis. — N, glaberrima , foliis orbiculato- peltatis (diametro G-10-pollic.) postice alte excisis margine exserte sinuato-dentatis subtus nitore metallico violaceo-cærules- centibus maculis saturalioribus sparsis, floribus diametro ad extre- mum 9-pollic., sepalis oblongis obtusis 9-13 nerviis, petalis exti- mis 4 sepalis æquilongis extus roseis seriei sequentis 6-8 inæqua- libus minoribus intimæ paucis multo minoribus, staminibus plu- ribus, appendicibus stigmaticis vittas papillosas longitudine excedentibus. (Character ex icone stirpis in hort. Van Houtt. cultæ et e spe- cimine spôntaneo in herb. Deless.) Has. In fontibus tepidis (aprili, 28° R.) Pecze, et in aquis mi- nus calidis (aprili, 19° KR.) prope pagum Pecze Szent Marton, haud procul ab urbe Grosswardein Hungariæ (47° lat. bor.), #’aldst. et Kitaib. | In balneos Kaiserbad prope Budam a divo Kitaibelio intro- ducta, ibi nunc quasi spontanea viget et floret, Nymphæa thermalis, DC., Syst, IE, 54 (exclus. syn. Andrews). — Reichenb., Icon. FI, germ., VIT, 34, t. 71, — Planch. in Van Houtt., Flor. des serr., VIE, t. 706-7. Nymphæa Lotus aldst, et Kitaib., PI. rar. Hung., I, 43, tab. 15, excl. syn. (Icon et descript. optimæ). Sims in Bot, Mag., t. 797. Castalia mystica, Salisb., Parad. londin., n° 44, in annotat, (quoad stirpem hungaricam). 3, Nymphæa pubescens, Willd.— DC., Syst., 11, Wight, et Arn., Prod. FI, pen, Ind. or., [, 17, Nymphæa Lotus, Roæb,, F1. ind., 11, 577, Has. Peninsula Indiæ or., #ight, n° 5h in herb. Deless, — Tranquebar, herb. Lamb., nune Deless. ! — Coromandel, Macé in herb, Mus. par.! — Neelgherries, Leschen. , ibid. — Bombay, Polyd. Roux in herb. Deless,! — Ceylan, Dom, Walker in 36: J.-E. PLANCHON. herb. Deless., ! — Java, Zollinger in herb. Deless, ! — Philip- pinæ, Cuming, n° 1189 in herb., Deless.! Osserv. A.— I! serait difficile de distinguer, autrement que par la lo- calité, les exemplaires desséchés de cette espèce des formes à feuilles très pubescentes du Nymphæa Lotus, B. Cependant, tandis que la pubescence dense n’est qu’un caractère accidentel chez cette dernière plante, elle est constante chez le Nymphœæa pubescens. La comparaison des deux espèces sur le vivant dévoilera sans doute des différences plus importantes entre leurs fleurs ou leurs organes de fructification. Osserv. B. — Roxburg (74. ind., U, 577) signale deux variétés dans cette espèce : l’une à fleurs blanches, l’autre à fleurs d’un beau rose. Peut- être cette dernière est-elle la même que la plante figurée dans le Bota- nical Magazine sous le nom de Nymphæa rubra, G. rosea. Serait -ce une hybride entre le Nymphæa pubescens à fleurs blanches et le Nymphœa rubra à fleurs carminées ? Mais le Nymphæa rubra, B. rosea a produit des graines fertiles, tandis que l'hybride obtenu dans l'établissement Van Houtte, entre le VNymphæa Lotus var. Ortgiesiana et le Nymphæa rubra (voy. Flore des serres, VIIT, t. 759), s’est toujours montré stérile. Il n’est pas sûr, du reste, que les Nymphæa pubescens et rubra soient spéci- fiquement distincts : au moins nous a-t-1l paru impossible de les dia- gnostiquer sur le sec autrement que par la couleur des fleurs. h. Nymphæa rubra. — N. foliis orbiculato-peltatis (dia- metro ad extremum 1-1/2-pedali) postice sinu acuto alte excisis immaculatis margine subregulariter sinuato-dentatis supra gla- berrimis atro-viridi-rubescentibus subtus plus minus dense pu- bescentibus, flore diametro interdum 6-pollicari, sepalis anguste oblongis apice falcato-cuspidatis nervosis petaloideis rubescen- tibus, petalis 12-20 pulchre violaceo-purpureis exterioribus vix calycem æquantibus, staminibus rubris (v. interdum flavis?), appendicibus stigmaticis 16-20 lineari-cylindraceis, 2 1/2 lin. longis, seminibus innumeris subgloboso-ellipsoideis in longum seriebus papillarum pluricostatis. | | Is. India orient. continentalis et insularis.— India, Roxb. in herb. Lamb., nunc Deless.! — Coromandelia, Commerson in herb. Mus. par.! —- Neelgherries , Leschen., ibid. — Mangalor, ditio Canara, Collect. Hohenack., n° 28 in herb. Deless. ! — Bombay, Polyd. Roux, ibid.! — Pondichérv, Perrott,, ibid.! — ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 37 Insula Lombok (una e Sundaicis), Zollinger, n° 3228! in herb, Webb. Nymphæa rubra, Roxb. mss.— Andrews, Bot. Repos. , t. 503. Sims, Bot. Mag., t. 1280. — DC.,Syst., IT, 52. — Roxb., FI. ind., Il, 576.— Wight et Arn., Prodr. FI. pen. Ind. or., LE. — Planch. in Van Houtt., FI. des serr., VI.-—- Landl. in Paxt. FI. Gard., 1851, p. 65, cum icone. B rosea : foliis supra viridibus violaceo-maculatis, floribus roseis, staminibus flavis. Nymphæœa rubra, 6. rosea, Sims in Bot. Mag., t. 1364. Ogserv. — Au sujet de cette variété consulter là note B, annexée à la diagnose du Nymphœa pubescens. Serait-ce à cette même variété qu'il faudrait rattacher le Nymphæa rubra(Wight, JU, of Ind. Bot., X.) à calice d’un rose pâle, à fleurs carminées, mais peu foncées, à étamines jaune d'or? Toutes ces nombreuses variations infirment beaucoup la validité dela distinction spécifique entre les Nymphœæa pubescens et rubra. », Nymphæa acutiloba, DC., Prodr.; 1, 116, Fan Braam, Atl. pl. chin., tab. 18 (Biblioth. Deless.). Has. China. OBsErv.—Fondéesurunefigure, évidemment très incorrecte, de l'Atlas de dessins chinois de Van Braam, cette espèce doit être regardée comme à peu près non avenue, jusqu’à vérification de ses caractères sur la na- ture. La nervation du calice et l'apparence des feuilles ne permet pas de douter qu’elle n’appartienne à la section Lotos, quoique De Candolle l’ait rangée au nombre des Castalia. On peut regarder comme très suspecte la forme des étamines, très diversement représentées sur les deux fleurs, $ IL. — Cyanra. ( Vide supra, p. 32.) 6. Nymphæa versicolor. — N, glaberrima, foliis orbiculatis anguste peltatis ambitu interdumque in sinu postico aperto obtu- siuscule sinuato-dentatis exsiccatis utrinque foveolatis, floribus amplis, sepalis tenuiter 7-14-nerviis haud lineolatis, petalis pal- lide albo-roseis v. albis, staminibus obluse sed longiuscule ap- 96 JE. PLANCHON. pendiculatis, appendicibus stigmaticis (ex Roxb, 15) longis in- CUr VIS. Has. Bengalia, Roxb. — Bombay, Polyd. Roux in herb. Deless. ! Nymphæa versicolor, Roæb., Hort, Bengal., 41.— Sims, Bot. Mag., t. 1109. — DC., Syst., If, 55. — Roxb., FI. Ind., I, 977. Osserv.—Cette espèce, rangée à tort dans le groupe des Lotos, appar- tient bien évidemment à la section Cyanea, comme l’indiquent ses ner- vures calycinales très fines, les dentelures de ses feuilles obtuses au lieu d'être presque spinescentes , et surtout ses anthères très manifestement appendiculées. Cependant , s’il est vrai que ses appendices stigmatiques soient allongés, ainsi que les décrit Roxburgh, on ne peut méconnaître dans ce fait, aussi bien que dans le premier aspect de la plante, une certaine tendance vers les Lotos. 7. Nymphæa gigantea, Æook, in Bot. Mag., t, 4647.—Planch. in Van Houtt., FI. des serr., VIE, t. 751. Has. In Novæ Hollandiæ ora boreal- DESIQ® (district. Wide bay), Bidwall ex Hook. 8. Nymphæa scutifolia. — N. glaberrima, foliis subsagittato- orbiculatis anguste peltatis margine sæpius in&qualiter repando- dentatis {(dentibus exsertis haud pungentibus sæpius obtusiusculis) supra læte viridibus interdum hinc inde maculis obsoletis fusces- centibus sparsis subtus pallidioribus concoloribus, sepalis an- guste oblongis haud lineolatis basi margine utroque plicis 1-2 par- vis denticuliformibus donatis, petalis 20-30 anguste oblongis apice vix acuminatis obtusiusculis saturate azureis, staminibus 60-86 longiuscule appendiculatis, appendicibus stigmaticis co- nico-cylindraceis 1-1/2 lin. longis, seminibus ellipsoideis in lon- gum circiter 42-costatis. | Has. CAE Bon. Spei, T'hunb. — Zwartkop-river (Uitenhage), Zeyh., n° A5, Eckl. et Zeyh, n° 49, Krauss in herb. Webb et Deless. ! Nymphæa scutifolia, DC., Syst., IE, 50, et Prodr., I, 4114. — Planch, in Van Houtt., FI, des serr., VI, t. 645. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 99 Nymphæa cærulea, Dryand. mss. — Andr., Bot. Repos., t. 107. Sims, Bot. Mag., t. 5592, non Vymphœa cœrulea, Savigny. 9, Nymphæa Bernieriania, — N. glaberrima, foliis cordatis anguste peltatis sinu aperto margine obtuse sinuato-repandis immaculalis membranaceis, nervis subtus prominentibus, flore diametro 4-5-poll., sepalis anguste oblongis inferne leviter con- tractis apice attenuatis obtusis non lineolatis, petalis (cæruleis) 20-30 anguste oblongis inferne angustatis apice obtusiusculis v. acutiusculis, staminibus valde numerosis extimis quam petala plus duplo brevioribus , filamentis extimorum anthera vix duplo latioribus et circiter triplo brevioribus basi vix dilatatis, stigma- tibus.… | Has. Madagascaria, Bernier in herb. Mus. par. ! N. Bernieriana, Planch., in Rev. hort., févr, 15, 1853, 10. Nymphæa emirnensis. — N. glaberrima, foliis orbicu- latis (diametro 5-6 pollic.) anguste peltatis sinu aperto ‘mar- gine obtuse sinuato-repandis coriaceis immaculatis, nervis siccitate subtus impressis, flore diametro circiter 8-pollic. cæru- leo, sepalis oblongis obtusis non lincolatis, petalis circit. 12 an- guste oblongis exterioribus obtusiusculis, staminibus crebris exte- rioribus quam petala fere duplo brevioribus, antheris linearibus filamentum valde dilatatum longitudine pluries excedentibus, appendiculis extimorum 2-3 lin. longis. Has. Madagascariæ prov. Emirna, Bojer in herb. Mus. par., sub nom. Vymphææ cæruleæ. OBserv. — Très voisine du Vymphœæa scutifolia, dont elle se distingue par ses nervures en creux au lieu d’être légèrement en relief, et par ses filets staminaux plus courts. Elle s'éloigne du Nymphæa madagascarien- sis par Sa fleur bien plus grande, et surtout par les filets de ses étamines extérieures très dilatés, au lieu de n'avoir pas même le double de lar- geur de l’anthère. N, emirnensis, Planch., |. c. 0 J.-E., PLANCHON. 11. Nymphæa Madagascariensis, DC., Syst., Il, 50. : Has. madagascaria, Commerson in herb. Deless.! — Bru- guière ex DC. — Perrott. (ann. 1820) in herb. Mus. par. ! — Goudot, ibid. ! (ann. 1830), forma grandifolia, diametro limbi folior. 4-5-poil., floribus albis, violaceis v. lilacinis. — Bernier, n° 159 in herb. Mus. par. ! — Ibid., Ambongo, Pervillé, n° 677 in herb. Mus. par.! (feb. 1841). OBSERv. À. — Espèce assez variable, qui demande à étreétudiée sur le vivant et comparée avec le Nymphœæa stellata. Les sépales ne sont pas marqués de petites lignes violacées. OBsEenv. B. — Peut-être est-ce à l’une des trois espèces précédentes qu'appartient le Nénuphar à fleurs bleues trouvé à l’île de France par Mi- chaux, et que Ventenat (Malmais., n° 6) cite, d'après Bory-Saint-Vincent, comme étant le Nymphæa cœrulea. 19. Nymphæa stellata, Æüilld., sp. IT, 1153. — DC., Syst., 11, 91. — Roxb., FI. Ind., Il, 579. — Wight et Arn., Prodr. FI. pen. End. or., 1, 17. — Wight Icon., 1, 178. N. cyanea, Roxb., Fi. And. 11, 577, ex Wight et Arn. , l.c. æ, minor : Omni parte minor, petalis acutis. Nymphæa stellata, 4ndr., Bot. Repos., t. 380. ?B. major : flore majore, petalis minus acutis. Nymphæa stellata, 6. major, Bot. Mag., t. 2058. Has. Bengalia, Roxb.— Ibid., Calcutta, Gaudichaud in herb. Deless. ex herb. Wall! (sepalis lineolatis). — Peninsula Ind. or.; Coromandel, Macé in herb. Mus. Par.! — Pondichery, Perrott. in herb. Deless. ! — Mangalor (in ditione Canara, oræ Malabar), Collect. Hohenack., n° 84 in herb. Deless.! forma parviflora, foliis subtus violaceo-maculatis, sepalis lineolatis, — Ceylona, herb. Burmann, nunc Delessert. —Philippinæ, Cuming, n°702 in herb. Deless., Webb.,Mus. Par., forma sepalis subco- riaceis, siccitate nigrescentibus, non lineolatis. Folia margine leviter repanda v. subintegra, rarissime (in s urpe hort. Van Houtteani) subtus maculosa et supra petioli in- sertionem gemmifera, subtus sæpius purpurascentia. Sepala nunc concoloria, uunc lineolis paucis violaceis picta. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 1 Semina ex specimine Perrottetiano subglobosa, in longum 10-12-costata. 13. Nymphæa Guineensis, T'honn. et Schuin., PI. Guin. — 2N. micrantha, Hook., Bot. Mag., t. 4535 non Guill. et Per- role. Has. Guinea, T'honning. Orserv.— A. La plante figurée dans le Boftanical Magazine sous le nom de N. micrantha s'accorde assez bien avec la description du Nymphæa Guincensis, sauf pourtant que Schumacher donne à cette dernière des pétales et des étamines d’un rouge clair, sans mentionner le fait de vivi- parité si remarquable chez les feuilles de la plante de Hooker. Cepen- dant ce fait n'étant pas un attribut constant des espèces qui la présentent (par exemple, du N. cœrulea), perd singulièrement de sa valeur comme signe spécifique ; et d’autre part, la nuance rosée des fleurs {blanches ) du Nymphœæa micrantha, Hook., peut aisément passer au rouge clair du Nymphœæa quincensis. Quant au vrai Nymphæa micrantha de la Flore de Sénégambie , c’est tont simplement , comime nous le verrons plus loin, une forme du Nymphæa cœrulea. | Osserv. B.—Dans un article du Hamburger Garten und Blumen Zeitung (vol. VITE, p. 370 ), M. Lehmann décrit brièvement deux Vymphæa cul- tivés dont les feuilles sont bulbifères : l’un, qu’il rapporte ( dubitative- ment et par erreur) au Nyimphæa micrantha, Guillem. et Perrott.; l’autre qu'il nomme vévipara, en citant avec doute comme synonyme le Nymphæa micrantha, Bot. Mag. Il ajoute qu’ils ne sauraient être con- fondus avec le Vymphc«æa quineensis, dont il dit avoir en herbier un exemplaire authentique. Mais comme, en admettant toutes les mauvaises espèces faites aux dépens du Nymphæa alba, V'auteur donne la mesure de la tendance à exagérer de prétendues différences spécifiques ; comme d'ailleurs, parmi les signes diagnostiques de ses deux plantes vivipares, interviennent surtout les caractères très variables de la couleur des feuilles, du nombre des rayons stigmatiques, des étamines insérées plus ou moins haut sur l'ovaire, nous croyons devoir ajourner tout jugement sur la validité de ces distinctions, jusqu’à l’époque où nous aurons sous les yeux les diverses plantes en litige. 14. Nymphæa Heudelotii. —- N. omni parte nana, glaber- rima, foliis (natantibus) cordato-suborbiculatis angustissime peltatis sinu postico angusto subclauso (in foliis submersis membranaceis late aperto) margine leviter repandis sublus pur- L2 | J.-E. PLANCHON. purascentibus violaceo-maculatis, floribus parvis, sepalis e basi ovata longiuseule attenuatis extus violaceo-lineolatis, petalis 5-8 cærulescentibus acuminatis acutis calyce brevioribus, staminibus 12-16 appendiculatis, anthera lineari filamento latiusculo 5-6-plo. longiore, radiis stigmalticis 8-10 brevibus triangularibus aculis, bacca globosa, calyce breviore, seminibus ellipsoideo-globosis lævibus (non costatis). HA. Senegambia, in rivulis haud altis ditionis Foula Dhiallon, Heudelot, n° 8h in herb. Mus. Par. N. Heudelotii, Planch., 1. c. OBsERv. À,—I1 se pourrait que les dimensions naines des feuilles et des fleurs de cette espèce ne fussent pas constantes, et que des exemplaires à fleurs plus grandes tendissent à se confondre avéc le Nymphæa cœrulea. Mais, en tout cas, le caractère des graines, tout à fait lisses et non mar- quées de lignes saillantes , la distingue nettement de toutes les espèces analogues dont Les graines sont connues (NV. cærulea, abbreviata, stellata). Serait-ce, par hasard, une forme non vivipare du Vymphœa quineensis? Mais la couleur bleuâtre des pétales, la présence de stries violacées sur le calice, contredisent cette hypothèse. Reste, pour élucider la question, à comparer soigneusement les semences des deux plantes. 15. Nymphæa abbreviata. — N. glaberrima, foliis cordato- orbiculatis angusle peltatis coriaceis plus minus repandis v. inte- gris utrinque violaceo-maculatis, sepalis ovato-oblongis v. oblon- gis obtusis extus non lineolatis, petalis albis calyce brevioribus, Staminibus appendiculatis, bacca globosa calyce breviore semi- nibus globosis longitrorsum more Nympliææ cœæruleæ 10-12-cos- tatis. Senegambia, Lepr. et Perrott. in herb. Mus. Par. Orserv.— Ledéfaut de lignes violettes sur le calice et la forme globu- leuse des graines paraissent distinguer cette espèce du Nymphæa cœærulea. Peut-être serait-il convenable de changer le nom spécifique , qui n’ex- prime qu’un caractère accidentel de certains échantillons venus dans des eaux très basses. Les anthères n'offrent rien de particulier dans leur mode de déhiscence. 16. Nymphæa cærulea. — N, folis elliptico- orbiculatis anguste peltatis postice alte excisis (auriculis acutis acumi- ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. [3 netis sæpius sinu acuto segregatis nunc basi invicem in- cumbentibus) margine sæpius integris nunc parce obtuseque repando-dentatis supra concoloribus subtus maculis violaceis ornatis glabris, sepalis e basi lata non plicala sensim atlenuatis extus lineolis punctisque violaceis pictis, petalis (sæpius 12-20) acutis inferne albis superne azureis v. totis albis, staminibus (48-64) specie in phalanges 12-16 radiantes quaternatim dispo- sitis, connectivorum cuspidibus acutissimis, appendicibus stig- maticis brevibus e basi ovata in acumen brevissimum contractis, seminibus (in specim. Senegambiæ) ellipsoideis lineis 10-12 pa- pillarum in longum costalis. Has. Africa septentrionalis et occidentalis, tropica et subtro- pica. ec ?6. concolor foliis calyceque immaculatis. Ægyptus, Savigny, Delile! Sieber ! (sub nom. N. stellalæ). Cordofan, ad radices montis Arasch-Cool, octob. 1839, Kotschy, n° 167 (var. « ) et n° 166 (var. £.) in herb. Webb. et Deless,. Senegambia , Lepr. et Perrott. in herb. Deless. et Mus. par. Nymphæa cærulea, Savigny, Decad. ægypt., 1IT, 74, et in Ann. du Mus., I (1802), 366, tab. 25. — Wenten., Malm., tab. 6, — Dehle, III. FI. égypt., tab. 62, f. 2. —— DC., Syst., IT, 50. — Guillem. et Perrott., FI. seneg., I. — Planch. in Van Houtt., F1. des serr., VII, t. 655. Nymphæa cyanea, Hortul. plurim non Roxb. Nymphæa maculata, Thonn. et Schum., PI. guin. (ex des- cript.). Nymphæa rufescens, Guill. et Perrott., 1, c. (fide specim. au- thent.), Nymphæa micrantha, Guill. et Perrott.! 1. c. (Forma sæpius depauperata, nunc omni parte nana, flore diametro 2-pollicari, nunc flore diametro 4-pollicari omnino formæ vulgari Nymphææ cœruleæ conformis, nisi folium supra ad petioli insertionem sem- per bulbilliferum.) kl J.-E, PLANCHON. Nymphæa pœcila, Lehm. in Otto, Hamb. Gart. und Blum. Zeit., VIIT, 371 (ex descriptione). Osserv. À.—Les graines de cette espèce, que nous avons prises sur un exemplaire provenant du Sénégal, mais d’ailleurs tout à fait identique avec ceux d'Égypte, ont une forme ellipsoïde très prononcée, au lieu d’être à peu près globuleuses comme chez le Nymphæa abbreviata. C’est aussi sous cette forme que Ventenat a représenté les graines du Vymphæa cœærulea cultivé, et, sans doute, d’origine égyptienne. Delile, au contraire (UUustrat., t: LX, f. 2), les figure presque globuleuses. Est-ce inexacti- tude? Est-ce variation dans ce caractère? L'observation résoudra seule ce doute. OBserv.B.—C'est seulement sur des exemplaires du Sénégal, et parti- culièrement chez ceux rapportés par Guillemin au type improprement nommé micrantha, que l’on observe des feuilles bulbifères ou vivipares. Mais la présence de ce bulbille sur la face supérieure de la feuille, au point correspondant à l'insertion du pétiole, est loin d’avoir une valeur spécifique : on peut la constater chez les formes les plus diverses du type cœærulea. OBserv. C.—La variété que nous appelons concolor est fondée sur le seul exemplaire qui, parmi plus de trente autres, nous ait offert des feuilles et des calices sans trace aucune de macules. Tous les autres caractèress’accordent avec ceux du type; nousavons cru devoir considérer ces exemplaires comme une simple forme du Nymphœa cœrulea. 17. Nymphæa ampla. — N, glaberrima, foliis cordatis an- guste peltatis nervorum reticulo subtus plas minus prominente, sepalis anguste oblongis acutis sæpius acuminatis extus viridibus lineolis violascentibus pictis, petalis albis extimis interdum pal- lide flavo-virentibus, staminibus exterioribus quam interiora multo longioribus, antheris appendiculatis, appendicibus stigma- ticis brevibus conicis acutis, seminibus minutis ellipsoideo-sub- globosis longitrorsum lineatim villosulis. «. Plumieri, Nob. : foliis amplis ambitu irregulariter argute dentatis subtus purpureis immaculatis nervis valde prominenti- bus viridibus, floribus albis diametro interdum 4-5-pollicari. Nymphæa ampla, DC., Syst., II, quoad synon.. Plumieri. Nymphæa foliis circinnatis maximis acute crenatis flore albo. Plumier mss., 124, t, 4! in Biblioth. Mus. par. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 5 Nymphæa foliis carinatis (sphalmate pro circinnatis ?) maxi- mis acute crenatis flore albo, Plumier, ed. Burm., p. 205 (exclus. syn.), ex DC. Castalia ampla, Salisb., pro parte. Has. Insulæ Caribeæ. — Martinica, Plumier, Plée ! in herb. Mus. par. — Jamaica, D' Dancer in herb. Lamb., nunc Deless. &. Hookeri, Nob. : foliis minus coriaceis margine plus minus _ obtuse repando-sinuatis nunc subintegris, subtus purpureis utrinque atro-violaceo-maculatis, floribus albis v. albo-flaves- centibus. Nymphæa ampla, Hook., Bot. Mag., t. 4469 (octob. 1849). ? Nymphæa ampla £., DC.,1I.c ?Nymphæa Rudgeana , G.-F.-W, Meyer, Primit. essequib, 198 (ex descriptione manca). Nymphæa albo-viridis, 4.5. H. Voy. Diam., II, 425 (ex descriptione). Nymphæa speciosa,.Mart. et Zuccar., Abh. der mathem.- phys. Classe der Bayersch. Akad., [, 361. (Forma folis interdum subintegris.) Nymphæa trisepala, Gaudich., Recherch. organ., p. 83, tab. VIL, f. 18 (germinatio). | Nymphæa flavo-virens, Lehmann in Otto, Hamb. Gart. und Blum. Zeit., VIII, 870 (ex descript.). Has. re tropica insularis et continentalis. — San Do- mingo, Poileau in herb. Deless. et Mus. par. (folium tantum).— Jamaica, Sloane, P. Browne.—Insula Nevis, D’ Tobin in herb, Lambert, nunc Deless, — Rio de Janeiro, Martius, Gaudichaud, n° 1056 ! in herb. Deless, et Mus. par. — Taguaby, prov. Rio de Janeiro, 4. S.-Hil. — Pernambuco, Gardner, n° 915 in herb. Deless. — Nova-Granata, district. S'-Martha, ad oras flumin. Mendicagua, Schlim, n° 960 (april. 1852). 7. Salzmanni, Nob. : foliis parvis (diametro circiter 4-poll.) ambitu repando-sinuosis utrinque indefinite violaceo-maculosis, nervis radiantibus 15 sat tenuibus, flore parvo (diametro circiter 2-poll.), petalis circit. 5 N sinuata, Salzm, exsiccat, h6 J.-E. PLANCHON. Has. Bahia, Salizmann! in herb. Webb. et Deless. An spe- cies distincta? Potius tantum forma typ1 depauperata. OBserv. À. — À ne voir que les. formes extrêmes des variétés ci-dessus caractérisées, on serait naturellement induit à les considérer comme au- tant d'espèces. Le type Plumierr, par exemple, avec ses dents de feuilles acuminées , aiguës, presque spinescentes , et sa nervation très proémi-. nente , simule si bien le groupe Lofos, que De Candolle , trompé par ces apparences , avait placé l'espèce dans cette section. Au contraire, dans le type /ookerr, les lobules saillants du bord de la feuille sont le plus souvent obtus, comme c’est présque généralement le cas chez la section Cyanea. On observe pourtant le passage entre les deux sortes de dente- lures sur des exemplaires de Rio de Janeiro , appartenant évidemment au Nymphæa speciosa de Martius. Ogserv. B.— C'est sans doute par inattention, et dans la supposition , inexacte d'une coïncidence de structure avec le groupe ZLofos, que M. W. Hooker donneau Nymphœæa ampla des anthères sans appendice. La figure seule du Bofanical Magazine suffisait pour démentir cette assertion. Osserv. C. — Nous avons négligé de citer les synonymes de Sloane et de Patrick Browne, à cause de l'impossibilité absolue de rapporter les plantes signalées plutôt que décrites par ces auteurs aux variétés que nous avons admises. Le synonyme de N. Audgeana est également sujet à quel- ques doutes, à cause du silence de l’auteur sur les caractères les plus importants de sa plante. 18. Nymphæa pulchella, DC., Syst., IT, 51. Has. Guayaquil, Ruiz et Paw. ! in herb, Lamb., nunc in herb. Webb, Sepala extus lineolata, siccitate fusca. 419. Nymphæa elegans, Hook., Bot. Mag., t. 4604. Has, Nov. Mexic. D Wright ex Hook. (Primum in horto Kew. culta, ubi anno 1851 floruit.) Sepala lineolata. Flores cærulescentes, Stamina exteriora in- terioribus haud valde longiora. Ossenv.—Voisine du VNymphœæa gracilis, cette espèce en diffère par ses pétales un peu obtus au lieu d’être très aigus, et bleuâtres au lieu d’être blancs. | ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES, h7 20. Nymphæa gracilis, Zuccar., Abhandi. der math.-phys. Classe der Baiersch. Akad., [, 362. Has. In lacubus prope Mexico, Karwinsky ex Zuccar.; Berlan- dier, n°445! (jul. 1827)in herb. Mercier, nunc Webb. ; Andrieux p. 354! in herb. Deless. et Gay, (ann. 1853). —Oaxaca, altit. 5000 ped. (novemb. 1840), Galeotli, n° ASAG (forma omni parte major), Andrieuæ, n° 450! (julio) in herbb. Webb et Gay. Osserv.—Cette espèce se distingue du W. pulchella par ses pétales re- marquablement acuminés et aigus; du Nymphæa ampla par ce même caractère , et de plus par ses étamines extérieures bien moins longues par rapportaux intérieures. Le pédoncule dans les exemplaires desséchés est dilaté en cône sous la fleur. S II. — HyprocaLris. ( Vide suprà, p. 32.) 921. Nymphæa blanda. — N. glaberrima, foliis cordato-orbi- culatis auguste peltatis margine irregulariter repandis v. sinuosis (sinu postico nunc plane aperto, nunc auriculis postice invicem incumbentibus clauso) subtus purpurascentibus (virentibus v. rufis) ad petioli insertionem nudis, calycis glaberrimi sepalis oblongis obtusis, petalis interioribus acutiusculis, staminum primo intuitu muticorum antheris connectivo obtuso ultra eas brevissime producto angustioribus À lin. latis, appendicibus stig- maticis e basi gracili in clavam -subcircinnato-involutam cras- Siusculam incrassaltis. Har. Guyana : Essequibo, Rodsche ex Mey. — Guyana gallica, Leprieur ! in herb. Mus. par. — Martinica, Plumier, Plée! in herb. Mus. par. ? Nymphæa blanda, G.-F.-W. Meyer, Primit, Esseq. 201, ex descript, imperf. [Nymphæa flore albo foliis sinuosis subtus virentibus aut ru- fescentibus, Plumier mss. cum icone in biblioth. Mus. par. 2N, glandulifera, Rodsche observ., p. 76, ex Mey. Osserv.—La diagnose ci-dessus tracée l’est d’après desexemplaires dela Guyane française et de la Martinique, exemplaires quirépondent à la figure hS J.-E,. PLANCHON. citée des manuscrits de Plumier , mais qu'il est impossible de rapporter avec certitude au VNymphæa blanda de Meyer, à cause du peu de rensei- gnements que l’on possède sur cette espèce. Nous n'avons admis le nom de blanda pour notre plante que dans la crainte de surcharger la syno- nymie d'un nouveau terme inutile, et décidé surtout par ce motif , que le nom de glanduligera employé par Aodsche pour le N. bianda de Meyer, faisant sans doute allusion aux longs appendices stigmatiques (glanduli- formes) de cette espèce, semble en indiquer l'identité avec les exem- plaires décrits par nous. Observons que les feuilles de notre plante, quoique généralement sinuées , le sont parfois d’une manière assez peu sensible pour que Meyer ait pu les décrire comme entières. 29. Nymphæa Amazonum, Mart. et Zuccar., Abhandl. der math.-phys. Classe der Bayersch. Akad., I. Has. America meridionalis, tropica, orientalis. — In flum. Amazonum, prope urbem Para, Martius. Osserv. A.— Nous rapportons à cette espèce, à nous connue par une bonne description, les exemplaires suivants, dont nous indiquerons briè- vement les caractères : A9 Gardner, n. 2477 (e prov. brasiliana Piauhy), in herbb. wvebb et Deless. Folium parvum (diametro circiter 2 4/2 polli- car.) cordatum (sinu postico alto, aperto), margine leviter repan- dum, subtus purpureum , ad insertionem petiohi annulo villoram instructum, cæterum glaberrimum. Calyx glaberrimus, interdum extus lincolis nigrescentibus pictus. | Petala obtusiuscula. Antheræ, sicut in specimine subsequenti, anguste lineares, quam ille Vymphææ blandæ angustiores. % Nymphæa integrifolia, Salzmann exsicc. (e prov. bras., Bahia) in herbb. Webb et Deless. Folium peltato-suborbiculatum (diametro circiter 4-5-poll.), (sinu postice clauso) margine leviter repandum, subtus rubro- violaceum (luto ferragineo hinc inde indutum), glabrum, ad pe- tioli insertionem villorum annulo instructum. Calyx glaberrimus, lineolis paucis violascentibus literatum. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. h9 Petala exteriora obtusiuscula, interiora apice antherifera, cupsi- data. 3° Blanchet, n° 611 (e lacu Cariaco, prov. bahiensis), in herb. Deless, Flos et omnia ut in specim. præcedente, sed sinus folii apertus. | h° Hostmann, n° 565 (e Guyana batava). Folia suborbiculata, margine angulato-sinuata (sinu aperto v. nunc dentibus 2 obtusis e margine interno auricularum protensis fere clauso), subtus purpurascentia, ad petioli insertionem annulo villorum donata. Calyx glaberrimus. Cætera in flore pessime exsiccato non visa. OBsErv. B. — Très voisine par l’ensemble des caractères de l'espèce précédente, la plante que nous considérons ici comme le Nymphæa Amu- zonum diffère apparemment du Vymphæa blanda par la présence d’un faisceau annulaire de longs poils autour du point d'insertion du pétiole sur le limbe foliaire, et par ses anthères toujours manifestement plus étroites. Il ne serait cependant pas impossible que le premier de ces ca- ractères füt accidentel , comme l’est, par exemple, chez divers Nym- phœa du groupe Cyanea (Nymphœa cœrulæa , micrantha) , la production d’un bulbille à la face supérieure de la feuille. Resterait à savoir, en pa- reil cas, si le caractère tiré du peu de largeur des anthères serait cor- roboré par d’autres plus importants, et qui justifiassent avec plus d’auto- rité la distinction spécifique des deux types. Ogserv. C.— Les organes décrits par Martius et Zuccarini comme une rangée d’étamines stériles ne sont évidemment autres que les appendices stigmatiques, en tout semblables, chez cette plante, à ceux du Nymphæa blanda. Du reste, l'erreur ici signalée est d’autant plus excusable que les appendices en question , bien qu’appartenant au système carpellaire , se transforment fréquemment en étamines , circonstance sur laquelle nous reviendrons en traitant d’une manière spéciale de la morphologie des organes floraux des Nymphéacées. 25. Nymphæa Goudotiana, — N. præter villorum annulum ad petioli insertionem et ad basim calycis glaberrima, foliis cor- datis angustissime peltatis (diametro circiter 3-/4-pollicari) mar- gine leviter repandis subtus purpureis immaculatis, flore magni- tudine VNymphææ albæ, sepalis oblongis, petalis circiter 15-18 interioribus in stamina abeuntibus acutis, antheris linearibus 3° série. Bar. T. XIX. (Cahier n° 4.) 4 4 50 | 4.-E. PLANCHON. quam in ÂVymphœæa blanda duplo angustioribus, appendicibus stigmaticis e basi gracili clavalis. N. Goudotiana, Planch. in Rev. hort., févr. 45, 1858. Has: Nova Granata, prope Ibague, Goudot in herb. Mus. par. Ogserv.—Voisine du Nymphæa Amazonum, dont elle alafleur et les an- thères, mais remarquable , entre toutes les espèces du genre, par la pré- sence d'un cercle de duvet assez dense autour de la base du calice. Très instructif au point de vue morphologique, ce caractère est-il bien constaut ét capable de distinguer la plante comme espèce? C’est ce que l'étude de nombreux exemplaires pourra seule décider. 2h. Nymphæa lasiophylla, Mart. et Zuccar., |. c. Has. Brasilia, in flumine Rio S. Francisco, prope Zoazetro, in septentr. parte prov. bahiens., Martius. OBSERV.—A nous peu connue ; très voisine, d’après la description, des espèces précédentes de la section Zydrocallis. Mème observation que ci- dessus relativement aux prétendues étamines stériles. 25. Nymphæa Gardneriana. — N. glaberrima, foliis parvis (diametro circiter 2-pollic.) peltatis orbiculato-hastatis apice obtusis postice sinu triangulari late aperto excisis (auriculis acutiusculis v. obtusatis) margine crispulis tenuibus, nervis ra- diantibus 5 subtus impressis, flore diametro 2-3-pollicari, sepalis oblongis cuspidatis acutiusculis, petalis circiter 16 extimis 4 sæ- pius sepaliformibus cæteris minoribus omnibus præsertim intimis acutis, antheris linearibus extimis præcipue breviter appendicu- latis, interioribus filamento longioribus, appendicibus stigmaticis 42-16 circiter semi-pollicaribus, lineari-clavatis. Has. Brasilia, in prov. Piauhy, Gardner, n° 2476 (jul.-sep- temb. 4839) in herbb. Webb et Deless. ! N. Gardneriana, Planch., 1. c. Species NV. oxypetalæ affinis, sed tamen distinctissima. Folia respectu florum parva, siccitate utrinque crebre minute tubercu- lata, nunc concoloria, nune subtus maculis violascentibus picta. Petala inieriora, sicut stamina appendicesque stigmalici, siecitate ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. o1 aurantiaco-rubescentia. Tuberculum in centro eupulæ stigmaticæ minutum. OBserv, — Dans cette remarquable espèce, comme chez le Nymphœæu Jamesoniana, les pneumatocystes (cellules stelliformes, poils internes des auteurs ), très nombreux dans le tissu des pétales, s’y déssinent par la dessiceation en petites lignes saillantes, comme feraient des poils en na- vette sons-jacents à l’épiderme. 26. Nymphæa oxypetala. — N. glaberrima, foliis natantibus ignotis, submersis reniformi-lunatis membranaceis ulvæfor- mibus, undulato-sinuatis glabris fissura postica late aperta ad petioli insertionem extensa, flore diametro 3-3 1/2-pollic. , sepalis e basi ovata v. ovato-oblonga exquisite caudato-acumina- tissimis apice interdum tortilibus, petalis 18-24 calice breviori- bas (extimis 4 sæpe sepaliformibus) cuspidatis acutis {verisimil. albis), staminibus numerosis, antheris linearibus exterioribus manifeste et acutiuscule appendiculatis, appendicibus stigma- ticis circiter 16-20, 6-8 lin. longis clavatis apice sæpius unci- natis. D Has. In inundatis circa Guayaquil, Jameson, n° 334 (Mart., 1845), in herb. Deless. N. oxypetala, Planch., |. c. Species insigis, distinctissima.. Peédunculus exsiccatus graci- lis. Antheræ cærulescentes, plus minus late connectivo margi- fatæ, filamento longiores. 27. Nymph&a Jamesoniana. — N. glaberrima, foliis sagit- tâtü-cordatis (radio antico et postico 2-1/2, laterali 2 poll. longis) anguste peltatis postice sinu triangulari plus minus lato excisis (auriculis obtusiusculis) margine crispulis membranaceis utrinque viridibus subtus lineis ramosis opegraphimorphis nigrés: centibus sub lente conspicuis pictis, flore diametro circiter 21/2 poll., sepalis oblongis plus minus obtuse acuminatis, pe- talis 8-10 acutiusculis extimis 2-/-inlerdum sepaliformibus, an- theris linearibus plerisque filamento lato brevioribus, appendici- bus stigmaticis 16-20, 2-3 lin. longis, lineari-clavatis. 92 ; J.E. PLANCHON. Has. Guayaquil, Jameson, n° 546 (Mart., 4846), in herbb. Webb. et Deless. Species, sicut affines oxypetala et Gardneriana, insignis. Folia verisimiliter natantia, quamvis valde membranacea. Petala sta - minaque siccitate aurantiaco-carnea. Osserv. — Les lignes noirâtres et rameuses qu’on aperçoit avec l’aide de la loupe, et même à l'œil nu, sur,la face inférieure des feuilles, rap- pellent tout à fait des Opegrapha. Peut-être leur présence n'est-elle pas tout à fait constante, quoiqu’on les retrouve sur les deux exemplaires par nous étudiés. À cette même surface se dessinent en relief, comme des poils malpigiacés sous-épidermiques, des pneumatocystes en navette qui sont encore plus visibles sur les pétales et les filets staminaux. $ IV. — CasTALrA. { Vide suprà, p. 33.) $ a. Eucastalia, suprà, p. 33. 28. Nymphæa odorata, Ait., Hort. kew., ed. 1, vol. II, 227. — T'orr. and Gray, FI. of N.-Am., 1, 57. — 4. Gray, Gener. of amer. pl., [,t. 42 et A3. Nymphæa reniformis, Walt. — DC.— Deless., Icon. sel. IT, t: 5: Nymphæa minor, DC. (Nymphæa odorata, 8. minor, Bot. Mag. t. 1652). Has. America borealis, ad orientem montium petrosorum, a Canada ad provinc. meridion. — Delaware, Michæ. ! in herb. Mus. par. (sub nom. N. albæ). — Halifax, in Nova Scotia, Ti- tus Smith, in herb. Deless.—Texas, Drummond, ibid. , etc., etc. 99, Nymphæa alba, L.— DC. Syst., Il, 56 (ubi conf. syno- nym.). Has. Europa tota ; Algeria, Durieu ; Siberia tota, Gmelin. OBserv. À. — La localité de l'Amérique septentrionale (territoire de Michigan), indiquée jadis par Nuttall, est on ne saurait plus douteuse. MM. Torrey et Gray n’admettent pas l’espèce dans leur flore. OBseRv.B.—I] n'entre pas dans notre plan de discuter la valeur des pré- ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES, D9 tendues espèces que l’on a tenté d'établir aux dépens du Vymphæa alba (1). Ces soi-disant espèces reposent généralement sur le nombre et la forme des rayons stigmatiques, la couleur de ces organes et des étamines , la pubescence ou la glabrescence des feuilles, pédoncules et ovaires, le plus ou moins d'intervalle entre les étamines et la coupe stigmatifère ; en un mot, sur des caractères dont l'étude du groupe nousa démontré l'extrême variabilité. A peu près certain qu'il s’agit, dans tout cela, de nuances plus ou moins tranchées d’un même type spécifique, et dépourvu du loisir et des moyens matériels pour tirer au clair ces minutieuses questions , nous nous contenterons d'énumérer ici les principales d’entre ces formes décrites. | à Nymphæa biradiata, Sommer., Bot. Zeit., 1833, p. 625. — Reichenb., Icon. FI. germ., VIE, t. 69.— Fries, Summa veget. scand., 1, 143, ex Lehm. 2° Nymphæa candida, Presl., Del. Prag., p. 224. —Reichenb., logit. 70. | 3° Nymphæa semiaperta, Khinggraeff, FI. von Preuss. (1848), p. 20. (N. neglecta, Æauslauiner in Schl. et Mohl, Bot. Zeit., ann. 14850, p. 905, monente Lehm.) h° Nymphæa splendens, Henze in Schl. et Mohl, Bot, Zeit. ann. 1848, p. 601. 5 Nymphæa Kosteletzkyi, Pallhiardi mss. ex Lehm., in Ott. Hamb. Gart. und Blum. Zeit., VIII, 369. 6° Nymphæa pauciradiata, Bunge in Ledeb. FI. alt., 11, 272. — Ledeb., FI. ross., 1, 84. | 7° Nymphæa punctata, Kar. et Kiril., Bullet. de Moscou, XV, 976. | 8° Nymphæa Basniniana, Turezan. FI. Baical. Dav., n° 84. — Ledeb., F1. ross., I, p. 743. Osserv.C. — Le Nymphæa nitida, Sims (Bot. mag., t. 1359), comparé par son auteur au N. odorata, diffère beaucoup de cette dernière espèce par ses grandes stipules gemmaires, et n’est probablement qu'une des mille formes du N. alba. C'est dans l’AHortus kewensis d’Aiton (éd. 2, vol. IX, p. 253) que la Bi calité « Sibérie » se trouve assignée à cette espèce, avec la citation du synonyme : de Gmelin N. foliis cordatis integerrimis calyce quaitrifido , (1) Annales des sciences naturelles, vol. XVII. 54 J.-E, PLANCHON. GMEL., Siber., IV, p. 183, t. 71; citation fausse au moins quant à la figure, puisque cette dernière, expressément indiquée par Gmelin comme représentant ce qu'il croit être la variété minor du N. alba, appartient en réalité, comme l’a reconnu Ledebour, au N. pygmæa. Sims, bien loin d'indiquer, comme le dit De Candolle, la localité en question, affirme au contraire ne pas connaître l’origine de la plante , et suppose même qu ’elle est probablement tropicale Le N. odorata, Willd., Hort. berol,, t. 39, que De Candolle rapporte dubitativement à cette espèce, est Le plus évidemment une forme à fleurs peu odorantes de l'espèce à laquelle Willdenow la dit appartenir. 30. Nymphæa cachemiriana, Cambess. in Jacquem. Voyag. Bot., p. 11, t. 10. Has. Cachemiria, Jacquem. OBsERv. — Nous n'avons pu voir d'exemplaire de cette espèce , qui paraît trop voisine de notre Nymy hœa alba. $ b. Chamænympbhæa, suprà p. 33. 81. Nymphæa pygmæa, 4it., Hort. kew., ed. 2, vol. HE, 293, — Sims, Bot. Mag., 1. 1525. — DC., Syst., LE, 58. — Ledeb., FI. ross., I, 84. Nymphæa foliis cordatis integerrimis calyce quadrifido, Gmel., Ub. IV, p. 183, rar. HE, t. 71. Has. Siberia transbaicalensis : in laeubus ad Lenaæ ripas pas- sim, J. G. Gmelin; prope Irkutzk et alibi passim, Twrczan. Kruhse ex Ledeb. — China, fide Ait. (an certe?). - + Species nobis non satis notæ. Nymphæa edulis, DC., Syst., IE, 52. Nymphæa esculenta, Roxb., Hort. bengal., 41, et FI. Ind. IH, 978 (ann. 1839). Has. India orientalis, Roxb. OssErv.—Incomplétément décrit : ses feuilles entières semblent l’écar- ter du groupe des Lotos dont le rapprocheraient ses appéndices stigma- tiques allongés. Les anthères ne sont pas décrites. Nymphæa sagittata, Edgeworth in Transact. of the Linn. Soc., XX, 29. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 99 Has. Ind. or. super., in stagnis prov. Sirhind, Ambala, Edge- worth. Osskrv. — L'auteur place cette espèce parmi les Zotos, malgré ses: feuilles entières et ses anthères extérieures courtement appendiculées. Elle paraît être très voisine de la précédente , ét, comme elle, d'une affinité douteuse. | | Nymphæa lineata, Aug. S.-Hil. Voy. District des diam., IT, p. 429. Has. Brasilia, inter Sitio do Paulista et Sitio do Pires (prov. S. Catharina); Aug. S.-Hil., | c., p. 100. | Osserv.— Trop incomplétement décrite pour qu’on puisse en deviner les affinités. | Nymphæa (Cyanea) punctata, Edgew., L. c., non Kar. et Kir. — N. Edgeworthü, Lehm., 1. suprà cit., p. 370. | Has. Ind. or. super., in stagnis prov. Sirhind, S’adhaura . (julio-septemb.) O8serv.—Paraît trop voisin du'Vymphæa versicolor, dont il ne diffère peut-être que par la couleur bleuâtre et non rosée des fleurs. Si l’auteur n'a pas songé à comparer sa plante à cette dernière espèce, c’est que De Candolle avait placé celle-ci dans la section des Zotos, d’où l’écartent la structure des anthères, la nervation du calice, etc. Nymphæa (Cyanea), sp. nova. Has. ln ditione mexicana, Hartweg, n°15592 in herb. Deless. Specimen pro descriptione nimis imperfectum. Folium orbi- culatum, anguste peltatum (diametro 3 1/2-pollicari) sinu aperto, auriculis acutis ,, margine obtuse sinuatum, utrinque glaberri- mum, immaculatum. Petiolus gracilis. Flos magnitudine circit. N. albæ ; sepala ovato-oblonga v. oblonga, acuminata, acutius- cula, non lineolata. Petala circiter 11 ,acuminata, acuta. Stamina appendiculata, extima pétalis fere duplo breviora. Affinis NV. gracili, sed sepalis immaculatis diversa. Nymphæa mexicana, Zuccar, in Abhandl. der mathem.-phys. Classe der Bayersch. Akad., I, 365. 56 V J.-E. PLANCHON. Has. in lacu prope urbem Mexico, Karwinsky ex Zuccar. Ogserv. — D'après la description, cette espèce paraît appartenir à la section Castalia. . Nymphæa, sp. nova. Has. In lacu chalænsi prope Yotla (ditionis Mexici) 14: mayi; Andrieu, n° 56, in herbb. Gay, Webb et Deless, Osserv.—Nous regrettons beaucoup que l’imperfection desexemplaires ne nous permette pas de décrire cette espèce. Elle est remarquable par ses feuilles cordiformes (à oreillettes arrondies), coriaces, ayant beau- coup d’analogie avec celle des Nuphar, très légèrement sinuées sur le bord, à nervures fines, dessinées en creux à la face inférieure du limbe, par ses sépales étroitement lanceolés-oblongs, un peu rétrécis à la base, courtement acuminés ou cuspidés au sommet, par une dizaine de pétales de même forme que les sépales, et dont les extérieurs (chose rare dans le genre) dépassent très manifestement le calice. Les étamines, à en juger d’après la seule que nous ayons vue, offrent la structure de celles des Cyanea. Mais ce qui rendrait surtout la plante entièrement cürieuse, ce serait la couleur des fleurs, qu'une note d’Andrieux dit être jaune et rouge, avec prédominance du jaune. À vrai dire, nous soup- çonnons là quelque erreur , et ce motif surtout nous fait ajourner la description de l'espèce. Tris. II. BARCLAYEZÆ. (Vide suprà.) Genus unicum. BarcLaAyA, Wall. Barclaya, all. in Transact. Linn. Soc., XV (ann. 1826), hh2, cum icone. — Endl. Gen., n. 5022. — Griffith, Posth. pap. Notulæ ad pl. asiat., 1, p. 218, tab. 57 f. — Hook., Icon. pl., tab. 809-810, — Dne, in Ann. des sc, nat., ann. 1852. Species unica : Barclaya longifolia, 7all., 1. c., cum des- criptione optima. — Æook., 1, c. Has. In Pegu, prope Rangoon (aug. 1826), W'alhch., Herb., n° 7260 in herb. Deless.! — Mergui, Grifith., Moulmein, Th. Lobb in herb. Hooker, fide Hooker. Ogserv. A.—Uneexcellente description du docteur Wallich, reproduite dans l’article cité des Annales des sciences naturelles, fait connaître assez ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 97 bien les caractères de cette remarquable plante, mais en laissant néan- moins certaines lacunes que l’étude d'exemplaires vivants, ou du moins bien desséchés, permettra seule de combler. Quelle est, par exemple, l’inflorescence? Les pédoncules sont-ils extra-axillaires, comme dans tout le reste de la famille? Quel rang occupent ces organes dans la spire phyllotaxique ? Quelle est la symétrie exacte de la fleur? Les pétales et les étamines sont-ils distribués en séries concentriques d’après le type quinaire très manifeste dans le calice? Ces doutes ne sauraient être _ résolus par les exemplaires très imparfaits que nous avons sous Îles yeux. Osserv. B. —Sir W. Hooker voit un involucre dans ce que le docteur Wallich a justement décrit comme un calice : il suffit d’avoir tant soit peu étudié les enveloppes florales des Nymphéacées pour rejeter la pre- mière supposition. Ogsserv. C.—Dans les dessins cités de Griffith,'on voit que les ovules de la plante sontorthotropes: c’est probablement aussi le cas des semences, ainsi que l’avait déjà soupçonné le docteur Wallich (7. c., p. 446). Nous n'avons pu vérifier le fait sur les graines mûres, faute de pouvoir y dis- tinguer la plus légère trace de hile. Voici, du reste, quelques détails, en grande partie nouveaux, sur la structure de ces graines. Semina sphærica, papillis longis aculeiformibus echinata , hilo non conspicuo. Papillæ extus minutissime tuberculosæ, testæ continuæ. Integumentum internum membranaceum, pallide fuscum albumini subjacenti sat arcte adhærens. Albumen more ordinis in particulas polyedricas quasi crystallinas facile solubile. Sacculus amnioticus carnosulus, lenticularis, foveæ albuminis semi-immersus. Embryonis minuti cotyledones intus concavæ, plumula. Tris. XII, NUPHAREÆ. (Vide suprà, p. 20.) Nuphareæ, Nob. in Van Houtt., FI. des serr., VIII, 80. Nupharineæ, Endl., excl. gen. Nymphæa. Nupharideæ, Lindl., excl. gen. Nymphæa. Genus unicum. Nupxar, Smith. Nuphar, Smith., Prodr. FI. græc., 1, 361 (ann. 4806). — 58 J.-£. PLANCHON. DC., Syst., IT, 59. — Endl. Gen., n° 5021, — Trécul in Ann. des sc. nat., sér. 3, Bot., IV. _Nymphæa, Boerh., Index alt. Lugd. Batav. , 1,280 (ann. 1720); et Hist. pl. Lugd. Batav., 1, 363 (édit. Lond., 1738). (Forsan primum in Indice pl. hort. Lugd. Batav., ann. 1710, quod opus nobis non suppetit.) = Salisb. in Kœn., Ann. of bot., Il, 71. Micronymphæa, Boerh., Ind. alt., 281. Nymphosanthas, L. c., Rich., Anal. du fr., 68 (1808). Nymphææ sp. Tournef. — Lamk. — Juss. et plurim. auct. veler. OssEnv. A. —Ce genre est parfaitement caractérisé dans l'ouvrage cité de Boerhaave et mieux encore dans le mémoire de Salisbury sur la famille des Nymphéacées. Smith n’a eu qu’à lui donner le nom aujour- d’hui généralement adopté. On s'étonne du reste de voir que Tourne- fort, Linné, Adanson, Jussieu, aient renfermé dans un même genre deux types aussi profondément disparates que le Nymphæa blanc et l’ancien Nymphæa jaune. Bien plus, Einné n’a fait, comme on sait, du Nelumbium que le Nymphæa Nelumbo. C'est le cas ou jamais de dire: « Bonus quandoque dormitat Homerus. » OBserv. B.— La symétrie florale du Nuphar nous paraît encore tout entière à étudier. Reste à savoir également quelle est la vraie structure des pétales que Salisbury dit être mellifères sur le dos (1), et comment se fait le transport du pollen sur les stigmates. Salisbury dit que les éta- mines sont dissilientes, circonstance assez probable si l'on considère leur récurvation dans les exemplaires secs, mais qu'il importe de vérifier sur le frais. Ogsenv. C. — En employant le terme Vuphar pour désigner le genre auquel Salisbury, après Boerhaave, et l'on peut même dire après Théophraste (lib. IX, cap. xui), avait exclusivement appliqué la déno- mination Vymphææ, Smith cite ce mot Muphar comme se trouvant dans Dioscoride, mais sans désigner spécialement l'édition de l’auteur grec où ce terme est employé. Il ajoute que la plante qu'il a en vue, c’est- a-dire le Nuphar luteum, est appelé, en grec moderne, Nüvyapsy et Nebyagoy. De Candolle cite pour ce mot Nuphar l'édition gréco-latine de Dioscoride par Sarracenus (ann. 1578), où le mot existe en effet (Hb. III, Cap. CXLIX), mais en marge et comme variante de Bhépapæ,. employé dans le texte. Cette variante est empruntée à Mathiole. Ce dernier en (4) Observation confirmée par Gaudin { FI. Helvet., I11, 435) : Nectarium ; foveolæ latiusculæ 5-8 petali dorso infrà apicem impressæ, nitidæ. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 09 effet, dans ses commentaires sur Discoride (lib. III, cap. cxxxir. edit. Venet., 1565,etedit.Casp. Bauh. Basil., 1598), traduisant l’article : yivera xat &\Ân Nuuçgaia, etc., ajoute que son exemplaire particulier porte en sus la phrase suivante: Noupaia 100 nv dE Nuppwvx xxA)07e ns ro vos Noüpap leyeruw, C'est-à-dire : Nymphœa quæ Nymphonam vocant cujus flos Nuphar dicitur. Une édition gréco-latine de Dioscoride, très estimée des connaisseurs, et publiée en 1529, c’est-à-dire longtemps avant les com- mentaires de Mathiole, celle de Marcello Vergilio (Coloniæ, Oper. Johann. Soteris) porte seulement le mot Nuuyüva et non celui de Novyas. Remar- . quons que parmi ces trois noms « Vymphona » est le seul qui s'applique à la plante entière, au lieu que les deux autres, Nuphar et Blephara, n’en désignent que la fleur. Donc, en supposant même qu’il eût paru conve- nable de conserver comme type de genre Nymphœæa le Nymphæa alba de Linnæus (o%n, Theophr.), et par suite de créer une dénomination nou velle pour le genre fondé sur le Nymphæa lutea, c'est Nymphona qu'on aurait pu prendre de préférence à Nuphar. Ce dernier mot estd'autant plus mal choisi qu’il paraît être d’origine égyptienne et s'être appliqué dans l’origine à de véritables Nymphœæa. Le Nuphar jaune ne se trouve pas en Egypte: ce sont les Vymphæa Lotus et cærulea que les Arabes appellent aujourd'hui Waufar ou Niloufar. (Voyez, pour le premier mot, Forskael, FL. ægypt., 100; Delile, F4. d'Egypt., 161 ; Endlicher, Enchirid., article Nymphæaceæ : pour les deux mots ensemble, G. Bauhin, édit. de Math, Comm. de Dioscor.) S'il est donc vrai, comme le pense Endlicher, que ce mot signifie: « Remède du Nil, » il est assez étrange de l'appliquer à. une plante étrangère à l'Egypte, et, somme toute, on doit blâmer Smith d'avoir, probablement par esprit d'antago- nisme contre l'ingénieux Salisbury, bouleversé à plaisir la nomen- clature proposée par ce dernier botaniste. Il est trop tard sans douté pour révénir sur cette injustice qui fut en même temps uné mala- dresse ; les térmes resteront comme ils sont, à cause que l'usage les à con- sacrés, mais on saura du moins de quel côté se trouvaient le droit et la raison. | Ogserv. D.—Beaucoup d'auteurs, à l’imitation de Smith et de De Can- dolle, font du mot Nuphar un substantif féminin. D’autres, comme Spren- gel, Gaudin, Koch, Endlicher, le considèrent comme du neutre. Smith ne donne pas de motif pour son opinion, et nous croyons pouvoir suivre en sûreté de conscience celle de juges très experts sur ces matières d'éru- dition, Sprengel et Endlicher. 60 J,-E. PLANCHON, + Sepala 5. Sp. 4. Nuphar pumilum, DC. , Syst., IT, p. 60.—Reichenb., Icon. FI. germ., VII. | Nymphæa pumila, Hoffm., FI. germ., p. 241 (ann. 1800), ex DC. { Nuphar minima, Smith., Engl. Bot., t, 2292 (ann. 1811). Nuphar Kalmiana, Ait., Hort. kew., ed. 4, vol. III, p. 295. — DC:, Syst., IF, 61 (Nuphar lutea, £. Kalmiana, Torr. et Gray, F1. of N.-Am., [, 57). — Hook., FI. scot. ex Koch, Nymphæa Kalmiana, Sims, Bot. Mag., t. 12/3. Nymphæa dipetala, WMichæ. in herb. Mus. par. Nuphar Spennerianum v. Nuphar minimum, £. Spennerianum, Gaud., FI. helvet., II, 439, in annotat, — Koch, Syn. FI. germ. — Reichenb., Icon. FI. germ., VIT. Has. In lacubus montanis Europæ mediæ rara, in Europa bo- reali, Siberia, ét Americæ septentr. ditionibus superioribus. — Scotia, Smith; herbb. Gay. et Webb, ! — Germania ; Mecklen- burg ; Silesia ex Koch. Salzburg, Schimper in herb. Webb. ! Ibid. in Zellersee, Reichenb., FI. exsicc., n° 1107, in herb. Webb. et Gay. ! Schluchsee, Endress. in herb. Gay.! Feldsee, ex Koch. Gallia, in Vogesorum lacubus Gerardmer et Longemer, Mougeot (ibi ipse legi). — Helvetia, ager turicensis, Kolliker, Muret in herb. Gay.! — Lapponia, W'ahlenb. ex DC.— Rossia arctica et Siberia (Ural, Altaï, Irkutzk et alibi), Ledeb., FI, ross.— Penn- sylvania, Moser in herb. Deless. — Philadelphia, Vuttall in herb. Gay. ! — Canada, Dom. Dalhousie in herb. Webb. ! Ogserv. A.— La Comparaison la plus attentive des Nuphar pumilum, Spennerianum et Salmianum , nous avait conduit à l’idée que ces trois soi-disant espèces n’en faisaient qu’une, lorsque nous avons trouvé dans l’herbier de M.J. Gay la note manuscrite que nous transcrivons ici tout entière, heureux d’abriter la faiblesse de notre propre opinion sous l'autorité justement établie d’un maître en ces matières délicates. « M. Gaudin, dit M. Gay, regarde le Nuphar minima de Spenner comme une nouvelle espèce ou comme une variété très remarquable du vrai minima de Smith. Il se fonde sur ce que Spenner, dans son dessin de ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 61 la plante, figure les stigmates comme à peu près entièrement libres et disposés en étoile. » Mais Spenner, dans sa description, dit seulement que les stigmates dépassent le bord du disque et forment une étoile à 10-11 dents; et c’est bien ainsi qu'ils sont dans tous les individus que j'ai reçus, soit d'Amérique , soit d'Écosse, et des Vosges, soit du Schluchsee { forêt Noire), où Spenner a vu sa plante. | » Cette dernière ne diffère donc pas des autres par ses stigmates. Elle est seulement remarquable par la grandeur de ses feuilles et de ses fleurs ; c’est à ce titre qu’elle me paraît devoir être considérée comme variété, » Ajoutons à cette note que la grandeur des fleurs ou feuilles est par elle-même trop variable dans le genre et la famille entière pour servir de base à la création d’une variété dans l'espèce. La figure originale du Nuphar pumilum (sub Nuph. minima) dans l'English Botany, représente des fleurs aussi grandes que celles du Nuphar Spennerianum de la forêt Noire, que M. Gay a eu sous les yeux, et nous-même, en observant la plante dans le lac de Gérardmer (Vosges), avons pu nous convaincre du peu de constance d'un caractère qui ne serait tiré que des dimensions. Dans une lettre écrite, en 1813, à son ami M. Soyer-Willemet, M. le docteur Mougeot reconnaît également, après mür examen de la question, l'identité spécifique des trois plantes ici réunies. Ogserv. B.—Koch cherche à distinguer le Nuphar pumilum du N. Spen- nerianum, en disant que le premier a des anthères presque carrées, c’est- à-dire à peine de moitié plus longues que larges, et le second, des anthères ‘linéaires à longueur quadruple de leur largeur. Cette prétendue diffé- rence s'efface devant l'examen des plantes de l’un et de l’autre type: c’est ainsi que nous avons vu des anthères presque carrées sur les exem- plaires du NV. Spennerianum du Schluchsee, tandis qu’elles sont le plus souvent oblongues sur les exemplaires d’'Ecosse, d'Amérique, de Suisse et des Vosges, rapportés les premiers au NV. pumilum, les seconds (de Suisse et des Vosges) au N. Spennerianum. Ceci confirme l’assertion de Fries (Summa veget. Scand., 14h) relativement à la variabilité, et par suite au peu de valeur de ce caractère. 2. Nuphar luteum, Smith. — DC., Syst., IL, ubi conf, synon. — Gaud., FI. helvet., III, 436 (cum descript. optima). Nuphar sericeum, Lang in Syllog. pl. nov. (1824), p. 180. Has. Europa tota, Algeria, Siberia. In America nobis, donec specimina viderimus, dubia civis. Discus stigmatiferus plus minus latus radiis stigmaticis à margine integerrimus radiis stigmaticis a margine distantibus 62 1 J.-E. PLANCHON. v. repando-lobulatus, radiis stigmaticis ad marginem usque ex- tensis, nunc lobis impositis (in Vuphare sericeo, Lang), nunc lobis alternantibus in specimine prope La Calle (Mauritaniæ) a beat. Bové leclo. Ossenv. — Des variations dans la forme du disque stigmatifère, tantôt entier, avec les rayons stigmatiques n’atteignant pas jusqu'au bord , d’au- tres fois lobulé avec les rayons stigmatiques prolongés jusqu'au bord du disque, variations que nous venons de décrire chez le Nuphar luteum, sont également signalées par Fries (Summa veget. Scand. ) chez une plante de Laponie, qu'il rapporte au Nuphar intermedium de Ledebour, et qui pourrait bien n'être, comme cette dernière, qu'une forme du Nénuphar jaune commun. 3. Nuphar japonicum, DC., Syst., LE, 62 (cum synon.). — Deless., Icon. sel., IE, tab. 6. Has. Japonica, Thunb. in herb. Deless.! Folii auriculæ obtusatæ nec acutæ. Radii SREMEUIE in speci- mine authentico 10-12 nec 15-16. +1 Sepala 6. h. Nuphar sagittæfolium, Pursh, FI, bor. Am., IT, + ts DC., Syst., 11, 62 (ubi Conf. synonym.), — Torr. et Gray, F1. of. N. Arm., |, 58. Has. Carolina, Michæ ! Delile in herb. Deless.! —— Georgia, Pursh. Osserv. — De Candollé décrit cêtte espèce comme apétale et pourvue d’étamines à anthères sessiles. Dans les exemplaires que nous avons éxa- minés, les étamines ontdes filets aussi longs que ceux du Nuphar luteum, et si les pétales ne sont pas très nombreux, au moins en existe-t-il quel- ques uns. Reste à en constater le nombre d’après des fleurs plus parfaites que celles qu'il nous a été permis d'étudier. L'espèce est évidemment voisine de la suivante; l’une et l’autre ont constamment un calice à six sépales. 5. Nuphar Advena, Ait., Hort. kew., ed. 2, vol. IIT, 295. — DC., Syst , I, 65. — T'orrey et Gray, FI. of N.-Am., I, 58. — Gray, Gen. pl. bor. Am., |, 58. ÉTUDES SUR LES NYMPHÉACÉES. 63 Nymphæa advena, Ait., op. cit., edit. 4, vol, IL, — H#illd., Hort. berol.,t. 38. — Sims, Bot. Mag., t. 684. Nymphæa tripetala, Michæ in herb. Mus. par. 6. iomentosa, Terr. et Gray, |. c. Has. Amer. septentr. À Canada ad Georgiam ; Arkansas , ad occidentem fluminis Oregon, Torr. et Gray, |. c. — Canada, Dom. Dalhousie in herb. Webb.! — Pennsylvania, Moser. in .herb. Deless.! — Ohio, Frank, ibid.! — West-Chester, F: Dar- lington in herb. Webb.! Missouri, prope St-Louis, Riehl, ibid.! — Louisiania, Drummond, ibid.! — Carolina, Delile in herb. Deless. Species non satis nota. Nuphar intermedium, Ledeb., FI. Alt., Il, 274. Has. Altaï, Ledeb. Forma AV. lutei? (La suile prochainement). ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT DES FIBRES LIGNEUSES, Mémoire lu à l'Académie des sciences le 46 août 1832 , Par M. A. TRÉCUL. Les divers modes de multiplication des utricules végétales peuvent se rapporter à trois types que voici : 1° Les cellules déjà existantes s'étendent en longueur ou dans tous les sens, et se partagent ensuite en deux ou plusieurs cel- lules par la naissance de cloisons dans leur intérieur ; 2° Au milieu d’une substance mucilagineuse que l’on a appelée cambium, ou entre les cellules préexistantes dans le liquide mu- Cilagineux qui les sépare quelquefois, et qui a été nommée pour cette raison matière intercellulaire, se développent dans certains Cojh A. TRÉCUL. —— ORIGINE cas des utricules tout à fait indépendantes les unes des autres, ou de celles qui les environnent ; 3 Dans l’intérieur des premières cellules formées, on voit quelquefois naître des utricules nouvelles; celles-ci sont d’abord renfermées dans la membrane des cellules mères, et elles devien- nent libres par la résorption de cette membrane. Ces trois modes peuvent être observés dans la nature, mais le premier est celui que j'ai rencontré le plus fréquemment pendant le cours de mes observations. Lorsque l’on examine à l’aide du microscope une coupe trans- versale de la tige ligneuse d’un végétal dicotylédoné , à l’époque où l'écorce se sépare du bois avec facilité, on remarque que les tissus récemment formés se partagent en deux zônes concen- triques : l’une, interne, devient ligneuse, et emboîte l’aubier formé l’année précédente; l’autre, externe, devient corticale, et se range par conséquent du côté de l’écorce. C’est à l’ensemble de ces deux zones, ou plutôt à leurs parties les plus Jeunes, que M. de Mirbel a donné le nom de couche régénératrice (ou plus simplement génératrice), parce que c'est dans cette partie du vé- gétal que naissent les éléments fibreux et cellulaires qui doivent concourir à l’accroissement en diamètre du tronc. La couche génératrice n’est donc point un tissu d’une nature spéciale ; elle tient à la fois de l’écorce et du bois. Maïs comment s'opère la multiplication des cellules dans son intérieur, et com- ment ces cellules se transforment-elles d’une part en bois, et d'autre part en écorce? Voilà ce qu'aucun des phytotomistes n’a décrit d’une manière précise jusqu’à ce jour. Des hypothèses seulement ont été émises à cet égard, et elles ont rapporté, à chacun des trois modes de formation du tissu utriculaire cités pré- cédemment, la production des fibres ligneuses et des éléments de l'écorce ; mais aucun fait bien étudié n’est venu appuyer ces assertions. La théorie du cambium, qui rentre dans le second des modes de génération que je viens d’énoncer , a surtout été pro- fessée jusque dans ces derniers temps par un grand nombre de botanistes, concurremment avec la théorie des fibres radiculaires descendant des feuilles. | ET DÉVELOPPEMENT DES FIBRES LIGNEUSES. 65 Des observations que je fis en 18/9, et que j'ai été assez heu- reux pour pouvoir renouveler cette année, m'ont démontré que c’est d’après le premier mode que sont engendrés les éléments du bois, c'est-à-dire que c’est par le fractionnément des utricules préexistantes que les fibres ligneuses sont produites. Si, au lieu d'examiner cette tige de dicotylédoné, comme je le disais tout à l'heure, à l’époque à laquelle l'écorce se détache aisément, on l’observe plus tôt, avant que la végétation ou la multiplication utriculaire ait recommencé dans l’intérieur de la plante, ces parties les plus récentes du bois et de l'écorce peu- vent se présenter sous deux états. J’y ai vu quelquefois une couche de bois seulement ébauchée, si je puis me servir de cette expression, c'est-à-dire que ses éléments n'étaient qu'au premier période de leur développement, qu’ils n'étaient point compléte- ment lignifiés, comme si leur accroissement avait été arrêté à l'automne, surpris apparemment par les premiers froids ; mais le plus souvent , j'ai trouvé la couche ligneuse de l’année bien conformée, composée de fibres à parois épaisses, ayant en un mot toutes les apparences de l’aubier. La couche qui l’environnait, et qui le séparait de la dernière formation libérienne, était d’un tissu utriculaire uniforme, ayant l’aspect du tissu cellulaire corti- cal le plus interne. À cette époque donc, l'écorce et le bois sont bien distincts ; leur délimitation est nettement tranchée, Comment arrive-t-il qu’un peu plus tard cette ligne de démarcation n’est plus aussi évidente, de manière qu’il n’est pas possible de dire précisément : cette cellule appartient à l’aubier, celle-ci fait partie de l'écorce. Si l’on épie soigneusement le départ de la végétation, on verra apparaître entre la zone externe de l’aubier et la couche cellu- laire interne de l'écorce, d’abord une rangée de cellules aplaties et à parois brillantes , puis, à l'extérieur de chacune de ces utri- cules nouvelles, s’en développe une seconde, puis une troisième, une quatrième ; une cinquième, une sixième, etc., succèdent aux premières, et toutes se disposent le plus ordinairement en séries rayonnantes , qui souvent continuent les séries des fibres de l’aubier. 3° série. Bot, T, XIX. (Cahier n° 2.) ! 5 66 A. TRÉCUL, — ORIGINE On les reconnaît dès lors pour de très jeunes fibres ligneuses, et l’on a pu se convaincre qu'elles ne sont pas engendrées par les éléments de l’aubier. Ceux-ci, en effet, n’ont rien laissé exsuder à l’extérieur, aucuu liquide mucilagineux ou autre qui püt donner naissance à des utricules ; et ils n’ont subi aucun changement dans leur aspect , aucune des modifications qui précèdent la re- production des cellules par celles qui préexistent. D'un autre côté, on est assuré qu’il n’y à point de cambium épanché entre le bois et l'écorce, venu soit du haut, soit du bas de la plante, ou bien du tissu cortical ; le campium n’a donc pas non plus con- couru à l’organisation de ces premières cellules fibreuses ; mais j'ai souvent cru remarquer qu’elles étaient le résultat du dédou- blement des cellules d'apparence corticale les plus internes, comme: je le décrirai plus loin. Si l’on fait une coupe longitudinale parallèle aux rayons médul- laires , on reconnaît , ainsi que je l’ai démontré antérieurement, que ces cellules, qui sont à peu près rectangulaires où oblongues, constituent des séries horizontales rayonnantes superposées ou alternes, suivant qu'elles sont dans le même plan ou dans des plans différents. Presque toujours unesérie alterne un peu par les deux extrémités de ses utricules avec les deux rangées placées immédiatement au-dessus et au-dessous d’elle. Mes observations en étaient là quand je partis pour l'Amérique, et c’est pendant mon voyage que je parvins à découvrir le mode de formation de ces utricules, C’est principalement sur des Ormes, des Peupliers, des Robiniers et des Platanes, que je fis mes obser- vations à cette époque. Un croquis que j'ai retrouvé m'a été fourni par l’Ulmus rubra : cette figure montre que les jeunes élé- ments fibreux résultent du fractionnement des cellules mères , dans lesquelles j’ai pu compter jusqu’à quinze cloisons verticales, qui paraissent avoir été produites au fur et à mesure que la cel- lule mère s’allongeait horizontalement. Dernièrement j'ai observé le même mode de division des cel- Jules dans le tronc du Paulownia amperialis, mais cette fois sar une coupe transversale (pl. 1, fig. 1 m). De même que dans l’'Orme, les cellules mères » ont produit jusqu’à quinze et même ET DÉVELOPPEMENT DES FIBRES LIGNEUSES. 67 ici dix-sept utricules ; et lés plus jeunes de ces cellules mères, dans l'Orne comme dans le laulownia, se confondaient avec les cellules cofticales les plus internes e. | - Cescellules mères, comme on le voit par l’examen de la figure, ont une forme un peu irrégulière ; allongées transversalement , elles se rétrécissent vers leurs extrémités, de manière à se terimi- ner eh pointe plus où moins irrégulièrement conique ou en biseau ; des cloisons plus ténues que la membrane de la cellule primitive | les coupent transversalement, et élles ont été produites aux dé- pens de la. matière contenue dans les utricules, et non par des replis de la membrane de la cellule mère vers l'intérieur. Dans les: cas ordinaires, là multiplication utriculaire paraît bien différente de ce qui est représenté dans la figure 4. Au lieu de plusieurs cellules mères placées horizontalement, bout à bout, du centre à la circonférence, et forniant en quelque sorte, par les utricules qu'elles renférment, plusieurs séries d’utricules à la suité les unes des autres, ou, si on | aime mieux, uue série intérrompue, comme si la multiplication s'était faite par-sauts ; dans les cas ordinaires , dis-je, on n a le plus souvent qu’une série continue d’utricules, qui s'étend de la surface de l’aubie r aux cellules in- ternes de l'écorce. Voici cominent. l'accroissement m'a paru se faire dans cette dernière circonstance , c’est-à-dire dans le cas normal. J'ai dit qu’une couche utritulaire d'apparence corticale revêt ordinairement l’aubier vers la fin de l’hiver , avant que læ végélation reprenne son activité. Eh bien, les cellules les plus in- ternes de cette couche , ou, en n’examinant qu’une seule de ces cellules, pour plus de clarté dans ma description, la plus interne, celle qui est en contact immédiat avec l’aubier, se dilate horizon - talement, puis elle se partage en deux par une cloison longitu — dinale, parallèle à la circonférence de l’arbre ; des deux utri- cules qui en résultent, la plus intérieure constitue une jeune fibre ligneuse, tandis que la plus externe se dilate comme la cellule qui lui à donné naissance ; elle se divise ensuite comme elle. De: cette division naît une seconde fibre ligneuse.èt une autre cellule mère qui, en se dilatant ét se partageant comme les deux pré. cédentes, produit une troisième fibre ligneuse et une nouvelle 68 A. TRÉCUL. — ORIGINE cellule mère; celle-ci se comportant comme les autres, cette multiplication se continue pendant tout le cours de l’accrois- sement annuel. Au printemps suivant, la cellule la plus interne de l’écorce reprend ce mode de végétation qui se renouvelle chaque année. Tel me paraît être l'accroissement normal, régu- lier. Chaque série horizontale de jeunes fibres ligneuses semble provenir d’une même cellule primitive qui s’allonge et se divise continuellement, Mais il y a des cas qui sont probablement très fréquents, dans lesquels ce phénomène est un peu modifié ; il y a pour ainsi dire des arrêts de développement dans les utricules mères, Chacune de ces utricules génératrices, après avoir pro- duit, comme je l’ai dit plus haut, douze, quinze ou dix-sept utricules , cesse d’opérer la multiplication ; dans ce cas, c’est la cellule corticale la plus voisine qui est chargée de la reproduc- tion; mais elle-même peut aussi cesser de se développer et de se diviser, après avoir donné naissance à quelques utricules ; une troisième cellule corticale intervient comme la précédente, et continue l’accroissement. C’est là l’origine de ces séries de cel- lules mères que j'ai figurées d’après des coupes obtenues d’un Paulownia imperialis , sur lequel aucune expérience n’avait été pratiquée et de la lèvre d’une plaie faite au tronc d’un Ulmus rubra. Ainsi ce seraient les cellulaires internes de l’écorce (ou des cellules qui n'en peuvent être distinguées) qui renouvelleraient à la fois et les fibres ligneuses et les utricules corticales. Je m’empresse d'ajouter que je ne veux pas dire pour cela que le jeune tissu ligneux ne soit pas apte à reproduire des éléments fibreux et corticaux dans des circonstances particulières. Dans mon mémoire sur le Vyssa, j’ai démontré ce fait, qui deviendra plus évident encore par la publication des résultats de mes der- nières études. Je pense, au contraire, que tous les jeunes tissus végétaux sont susceptibles de se métamorphoser suivant les be- soins de la plante. Je reviens à mon observation. Les éléments fibreux, ou les cellules ligneuses dans l’état où je les ai laissées, n’ont point encore la forme qu’elles doivent avoir ET DÉVELOPPEMENT DES FIBRES LIGNEUSES. 69 plus tard. Ce ne sont que de simples cellules oblongues, rectan- gulaires, qui s’arrondissent peu à peu par les extrémités, de manière que bientôt toute apparence de cellule mère a disparu ; leurs parois n’ont encore que peu d'épaisseur. Comment prennent- elles la forme de fuseau ? comment ces cellules si courtes peu- vent-elles devenir ou donner lieu à ces longs tubes fibreux, tels qu’on les connaît généralement ? J’ai observé plusieurs fois ce phénomène pendant mon voyage, et, depuis mon retour, je l'ai vu de nouveau sur le Paulownia imperialis et sur le Robinia pseudo-acacia. Le Paulownia surtout m'a paru très favorable pour cette observation ; sa végétation étant très active, on a souvent sur la même coupe plusieurs phases du développement des fibres ligneuses. En effet, j’ai sou- vent remarqué sur des tranches longitudinales, parallèles aux rayons médullaires , les modifications suivantes. On reconnait d’abord que les jeunes cellules sont disposées en séries horizon- tales dans le voisinage de l’écorce, ainsi que je l’ai dit précé- demment, et que cet ordre n’est plus perceptible dans les parties ligneuses complétement développées. Ici la cellule proprement dite est indistincte ; on ne peut que très difficilement suivre une fibre d’une de ses extrémités à l’autre. Un examen attentif, dans certains cas favorables , fait découvrir la transition de la cellule oblongue ou rectangulaire au long tube fibreux. En allant de la circonférence au centre, de la partie la plus jeune à la plus âgée, on observe d’abord des cellules rectangulaires (pl. 1, fig. 2, a) qui s’arrondissent à leurs extrémités b; une proéminence s’y dé- veloppe ; elle s’allonge en une pointe d’abord courte d, souvent un peu latérale , qui augmente insensiblement à l’un ou à l’autre bout de la cellule e,/, ou aux deux à la fois. Cette cellule s’intro- duit et glisse entre celles qui sont situées au-dessus et au-dessous d'elle; on a alors des cellules fusiformes , les clostres de Dutro- chet. La longueur de ces fibres ligneuses devient quelquefois double ou triple de celle de la cellule rectangulaire primitive g, h. Je possède des coupes de bois de Paulownia, sur lesquelles on voit toutes ces gradations de forme et de dimension; celle qui m'a fourni la figure 2 les réunit toutes les unes à côté des autres. 70 A. 'FRÉCUE. —— ORIGINE Je les conserve dans l'alcool avec un morceau de bois, qui peut n’en donner un nombre presque infini d’autres (1). La multiplication des utricules, telle que je viens de l’exposer, n'est point la seule, cause dé l’accroissement en diamètre des arbres ; la dilatation de ces utricules a aussi une part très impor- tante dans la production de ce phénomène ; en effet, pendant que les cellules fibreuses s’allongent, elles subissent aussi une dilata- tion très marquée transversalement. Ces fibres ligneuses , ai-je dit, sont aplaties dans leur jeunesse parallèlement à la circonfé- rence du tronc ; mais peu à peu cet aplatissement disparaît ; elles S’élargissent, et acquièrent dans ce sens un diamètre transversal égal au diamètre transversal inverse : il devient même quelque- (1) M. Schleiden, dans ses Eléments de botanique ( Grundzüge der wissen- schaftlichen Botanik, Leipsig, 1849, 3° édition, 1" partie, page 258), considère les cellules fibreuses du bois comme des cellules allongées et arrondies par les deux extrémités dès l'origine. D'abord, plus courtes que les anciennes . elles ne preunent que plus tard la forme des cellules prosenchymateuses. j Il est évident que M. Schleiden a vu les cellules prosenchymateuses devenir pointues d'obtuses qu'elles étaient à leurs extrémités ; mais il ne signale pas l'allongement très considérable qu'elles prennent dans certains arbres, au point d'être souvent trois fois plus longues et quelquefois davantage qu'elles né l'étaient à leur naissance. | . La figure 46 , que M. Schleiden donne pour exemple, confirme ce que je viens de dire. Il y représente en « de très jeunes cellules ligneuses ( [ambial- zellen, dit-il, cellules du cambium) sous la forme d'utricules oblongues arrondies aux deux bouts, el s’amincissant en pointe par la pression qu'elles exercent sur celles qui sont placées au-dessus et au-dessous d'elles. Cette figure est tirée d'une coupe longitudinale d'un faisceau ibro-vasculaire de Vicia faba. Le mot de Cambialzellen (cellules du cambium) indique aussi que M. Schleiden leur attribue une origine toute différente de celle que je décris dans ce Mé- moire. Je ne me serais pas tant appesanti sur cette observation de M. Schleiden , qui ést très différente de la mienne, comme où en peut juger facilement, si l'on né s'en fût servi, au sein de la Société philomatique, pour une réclamation de prio- rité en faveur du célèbre anatomiste allemand. Mais, je le répète, M. Schleiden, n'attribue point à ces cellules la même origine que moi , et il ne les a point vues prendre cet allonzement considérable et effectuer cette dilatation que je signale: Il les à vues seulement devenir aiguës aux extrémités, d'elliptiques qu'elles étaient. ET DÉVELOPPEMENT DES FIBRES LIGNEUSES. 71 fois plus considérable. Les dernières cellules fibreuses formées dans l’arrière-saison conservent ordinairement seules l’aplatisse ment originel. L'étude microscopique des éléments du bois démontre cette dilatation. Je l'ai aussi constatée par un autre procédé. Ayant enlevé des plaques de bois à la surface de troncs de Paulownia, à une époque à laquelle une couche de bois assez épaisse était déjà développée, j'ai remarqué que cette couche de bois nouvelle _ était beaucoup plus épaisse, sans avoir égard aux fibres ligneuses qui s’élaient ajoutées à la surface de tronc, depuis l'enlèvement des plaques. Ces dernières productions sont bien distinctes des précédentes, puisqu'elles sont revêtues de tissu cellulaire cor- tical. L’augmentalion de la couche de bois dont il s’agit a plus que doublé d'épaisseur. | il découle naturellement de là que l’accroissement en diamètre des arbres reconnaît deux causes : la multiplication des cellules fibreuses et la dilatation de ces mêmes fibres ligneuses. C'est ainsi que j'ai vu se former les fibres ligneuses dans plu- sieurs arbres ; mais, dans quelques cas, la métamorphose ne s'arrête pas là : les parois, qui unissent deux cellules superpo- sées, disparaissent fréquemment, et constituent ainsi des tubes, quelquefois un peu recourbés, d’une manière analogue à ce qui se passe dans la formation de certains vaisseaux. Cette atrophie des parois cellulaires, pour donner naissance à des fibres ligneuses, m'a été démontrée d’une manière non moins apparente par un accident survenu à la surface d’une tige de Robinia pseudo-acacia, dont l’écorce avait été enlevée. La plaie s'était recouverte par les moyens ordinaires, par des productions qui se firent aux bords de la plaie, et par celles qui se manifestèrent à la surface de la couche génératrice dénudée. C’est dans l’intérieur de celles-ci que j'ai observé le phénomène dont je veux parler : les cellules les plus externes de la couche génératrice s'étaient transformées en une masse de tissu utriculaire ordinaire; les plus internes avaient continué à se développer. La plupart de celles-ci conser- vèrent leur forme rectangulaire, et par leur superposition sui- 72 A. ‘TRÉCUL. — ORIGINE vant des lignes verticales, et la modification de quelques unes d’entre elles, qui, de distance en distance, s’arrondissaient ou le plus souvent se terminaient en pointe par une de Jeurs extrémités, on avait comme de grandes fibres ligneuses divisées transversale- ment par un nombre variable de cloisons. Quelques unes de ces cloisons étaient déjà en partie ou en totalité résorbées, Ce que je désigne dans ce dernier cas comme des fibres ligneuses se confondait assez bien avec celles de l'année précé- dente, pour qu’il fallût quelque attention pour les distinguer dans quelques points. Peut-être en pourra-t-on contester la nature fibreuse , et les considérer comme les analogues des cellules à parois épaisses, longues, terminées carrément à leurs deux extré- mités, et qui entourent les vaisseaux ponctués ou autres dans le : bois de beaucoup d’arbres, ainsi que Je l’ai signalé autrefois. Par leur position et leur forme, elles m'ont paru en différer, et se rapprocher des fibres ligneuses véritables. Cependant, comme leur développement ne s’est point effectué suivant le mode nor- mal, qui est celui que j’ai décrit plus haut, et figuré pl. 4, fig. 2, je laisse aux anatomistes l’appréciation de ce fait, après la véri- fication qu’ils en pourront faire. Toujours est-il que, dans cette circonstance, des cellules superposées se sont réunies par la ré- sorption des cloisons qui les séparaient, de manière à simuler très bien les fibres ligneuses du voisinage. Je terminerai en disant que je n’ai point encore d’opinion arrêtée sur l’origine des cellules libériennes, que cependant je suis porté à croire que les fibres du liber sont composées de plu- sieurs cellules superposées ; car j'ai fréquemment vu dans celles du T'illeul et du Robinia des lignes transversales distribuées avec régularité , qui semblaient être les indices d’anciennes cloisons. Sur la paroi externe de cesfibres, vis-à-vis cessortes de cloisons, existait quelquefois un angle rentrant, comme on en voit ordi- nairement à la jonction de deux utricules, Depuis longtemps je suis à la recherche de l’origine des fibres du liber , et je ne suis point encore arrivé à la reconnaître nette- ment, positivement ; c'est à cause de la difficulté que présente cette question que j’émets, bien qu'avec la plus grande réserve, ET DÉVELOPPEMENT DES FIBRES LIGNEUSES. 73 l’idée que m’a suggérée mon observation sur le liber du T'illeul et du ÆRobinia. J'espère qu’en attirant l'attention des phyto- tomistes sur ce point, on parviendra à découvrir la vérité. Les prétendues cloisons anciennes, ou mieux les lignes translu- cides que j'ai apercues, et les angles rentrants que j'ai signalés n’ont rien de commun avec les impressions que l’on remarque sur certains organes, avec les moulures des vaisseaux laticifères, par . exemple, sur les utricules environnantes. CONCLUSIONS. 1° Ce sont les cellules les plus internes de l'écorce, ou des cellules qui n’en peuvent être distinguées, qui produisent les fibres ligneuses. 2% Pour opérer cette génération, ces cellules corticales internes s’allongent horizontalement, et se divisent par des cloisons ver- ticales, de manière à former des séries rayonnantes de cellules rectangulaires. 9 Ces dernières, d’abord intimement unies entre elles par leurs parois, s’isolent peu à peu ; en s’allongeant en pointe par leurs extrémités, elles s’introduisent et glissent entre les cellules . qui sont placées au-dessus et au-dessous d'elles ; elles acquièrent ainsi une longueur beaucoup plus considérable que celle qu’elles avaient dans l’origine. h° Je me suis assuré que leur largeur s'accroît aussi bien que leur longueur. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE À, Fig. 4. Coupe transversale faite au printemps dans la couche génératrice d’un Paulownia imperialis, montrant l’origine des cellules ligneuses : ! représente la très jeune couche d'aubier ; e, les utricules corticales les plus internes. — Les grandes cellules m, dont les contours sont plus teintés que ceux des autres utricules, sont des cellules mères qui ont été partagées en un nombre variable de cellules par des cloisons développées dans leur intérieur, et indiquées par les lignes plus ténues qui les coupent transversalement. Chacune de ces utri- cules, nées des cellules mères, devient une fibre ligneuse, 7h J.-E. PLANCHON ET J. LINDEN. Fig. 2. Coupe longitudinale montrant la manière dont ces jeunes fibres ligneuses s’allongent. La pièce qui a servi à dessiner cette figure a été fournie aussi par le Paulownia. Elle est conservée dans l'alcool. D'abord rectangulaires comme la cellule a, elles s'accroissent aux extrémités comme b,c, s'allengent en pointe par un bout, ou par lés deux à la fois, comme d, e, f; elles s’allongent - ainsi entre les utricules placées au-dessus et au-dessous d'elles, et acquièrent une longueur beaucoup plus considérable que celle sa ‘elles avaient dans le principe, comme les cellules g, À PRÆLUDIA FLORÆ COLUMBIANEÆ, OU MATÉRIAUX POUR SERVIR A LA PARTIE BOTANIQUE DU VOYAGE DE J. LINDEN, Par MM. J-E. PLANCHON et LINDEN. Le titre seul de cet écrit en indique assez clairement la nature. Il s’agit de soustraire aux leuteurs inévitables d’une œuvre de longue haleine la description abrégée des nombreuses plantes nouvelles, dont l’un de nous a pu, soit par lui-même, soit par ses collecteurs UM. Funck, Schlim et Triana, enrichir les collections botaniques et les jardins. Ce seront autant de traits épars desti- nés à prendre méthodiquement leur place dans un tableau géné- ral de la Flore de Colombie, dont le gouvernement belge a le mérite de favoriser la publication. Convaincus cependant de la déplorable stérilité de ces courtes phrases descriptives élaborées en courant, uniquement pour prendre date, nous tâcherons de condenser le plus de traits carac- téristiques dans le moins de mots possible, et de rendre nos descriptions véritablement diagnostiques , en ne traitant une fa- mille qu'après en avoir comparativement embrassé l’ensemble dans les grandes collections de Paris. .PRÆLUDIA FLORÆ COLUMBIANÆ.- 75 a] Reconnaissons, à cette occasion , avec un juste sentiment de gratitude, tout ce que nous devons aux herbiers de M. F. Deles- sert, dont M. Lasèone fait les honneurs avec tant de bienveil- lance ; de M. Webb, riche en types originaux de la Flora Peru- wiana ; du Muséum d'histoire naturelle, où sont heureusement conservés presque tous les types des plantes décrites par Kunth, dans l’ouvrage de Humboldt et Bonpland, fondement de la Flore . dont nous reprenons l'étude. Quoique la nature de ce travail tout préliminaire soit essen- liellement descriptive, et que nous croyions ne pas devoir nous astreindre à suivre un ordre quelconque dans l'arrangement des familles, nous essaierons de relever l’aridité de ces matières par des observations morphologiques ou d’affinités d’un intérêt plus général. Cet intérêt ne manquerait pas au sujet, si beaucoup de plantes en offraient autant que l’espèce par laquelle s'ouvre cette longue galerie de nouveautés, DIOSMEÆ $ CUSPARIEÆ-(1). ERYTHROGHITON HYPOPHYLLANTHUS, Nob. — Foliis (floriteris) unifoliolatis, cum petiolo 1-1 + pollicari nodoso-articulatis an- guste cuneato-oblongis (1-1 + pedalibus) glaberrimis obtuse acuminatis margine integro irregulariter repandis, cymis pauci- floris abbreviatis e costa media subtus versus quartam-sextam partem superiorem laminæ enatis, staminibus fertilibus 2 (an semper ?) sterilibus ä liguliformibus. (1) Un genre de cette tribu que les auteurs systématiques paraissent avoir généralement passé sous silence, est le Ravenia de Vellozo (Flora fluminensis. F, t. XXXIX), que nous avons reconou jadis, chez M. W. Hooker, dans une plante de la collection Gardner , et dont le Lemonia , Lindl., nous semble n'être qu'un simple synonyme générique. On pourrait hésiter, du reste, à substituer au mot Lemonia, déjà consacré par l'usage et justifié dès l’origine par une excellente description, celui de Ravenia. qui, bien qu'antérieur, repose uniquement sur une grossière ‘igure : mais n'est-il pas convenable d'opérer cette substitution à cause de la trop grande ressemblance du nom Lemonia (prononcé Limonia par les An- glais ) avec celui de Limonia que portait longtemps avant un genre d'Aurantia- cées, c'est-à-dire d’un groupe dont nous sommes très disposés à ne faire qu'une tribu des Diosmées? 76 J.-E., PLANCHON ET J. LINDEN. Has. — Nouvelle-Grenade, ravins (quebradas) ombragés de Perico, province d'Ocaña, altitude 2,500 pieds. Fleurs d’un blanc pur, roses extérieurement; mai 1851, Schlim, n° 544. ARS Foliasterilia floriferissimilia, hæc ultima illa. Erythrochitonis brasilien- sis referentia costa media subtus infra inflorescentiam multo magis quam supra prominente, e nervo primario pedunculoque inter se concretis con- stante, nervis secundariis utrinque 15-25, e corpore ligneo nervi medii nec ullo modo peduneuli orientibus, venis reticulatis. Bractea ad basim cymæ valde abbreviatæ unica (?) linearis, 1 4-2 pollicaris, sessilis, deci- dua. Ramuli cymæ 2-4, ad extremum 3 lin. longi, alii nunc nodiformes, omnes ad lapsum pedicellorum plerumque cicatricosi, cicatricibus brac- teola nulla stipatis. Pedicelli semi-pollicares, cum rachi articulati, ebrac- teolati, superne in calycem eis subæqui longum sensim ampliati. Calyx spathaceus, primum clausus, mox ab apice infra medium 3-fidus (re- vera tamen pentamerus), laciniis æstivatione valvatis. Petala 5, unguibus inter se concreta, laminis obovato-oblongis postica (?) cæteris paulo mi- nore. Stamina 5, petalis alterna eorumque tubo fere longitudine tota filamentorum conglutinata, sterilia 3 (antica ?) in ligulas lineares petalis circiter æqui-longas producta, fertilia 2, parte filamenti libera brevi triangulari-dilatata, antheris basifixis, oblongo-linearibus, muticis con- nectivo non conspicuo, loculis 2, intus rima longitudinali dehiscentibus. Discus hypogynus urceolato-tubulosus, ovaria plane includens. Ovaria 5, approximata, libera, unilocularia, ovulis ad angulum centralem 2, sub- collateraliter appensis (nec altero pendulo , altero adscendente, ut apud Erythroch. brasiliensem describuntur ). Styli a basi fere ima in unum concreti, stigmate capitellato, 5-lobo. Fructus..….. OBserv. 1, — On a jusqu'ici décrit les fleurs de l’Erythrochi- ton brasiliensis comme pourvues de cinq étamines égales et fer- tiles. Ce caractère n’est pas constant : en effet, sur deux exem- plaires de cette espèce, recueillis, l’un par Guillemin, près de Tocoia, l’autre par Blanchet, près de Bahia (n° 2392), coll. Blanch.), nous avons vu tantôt cinq étamines fertiles, tantôt quatre seulement, la cinquième s’étant transformée en une longue languette, analogue en tout à celles qui nous ont paru remplacer d'ordinaire trois des étamines de l’£rythrochaton ici décrit. Tous les points de structure étant d’ailleurs strictement semblables entre les deux plantes, le nombre plus ou moins grand d’étamines PRÆLUDIA FLORÆ COLUMBIANÆ. 7797 stérilifiées ne saurait évidemment justifier la séparation de ces espèces en deux genres différents. Ogserv. IL. — Déjàaremarquable comme plante ornementale, le nouvel Ærythrochiton se recommande surtout par le caractère exceptionnel de l’inflorescence. Qu’on se figure, bien au-dessus du milieu de la face inférieure (!) d’une feuille, une courte cyme florale naissant brusquement d’une grosse côte médiane , voilà quelle est cette inflorescence véritablement hypophylle. Comment expliquer d’après les idées courantes cette singulière anomalie ? Invoquera-t-on les exemples du Tilleul, de l'Æelvingia, du Du- longia, toutes plantes chez lesquelles les fleurs naïssent en appa- rence de la côte médiane d’une feuille ou d’une bractée? Mais dans tous ces cas, l’inflorescence occupe la face supérieure de l'organe foliaire, et rien n’est plus simple que de supposer la soudure d’un : axe florifère (pédoncule axillaire) avec le pétiole et la nervure médiane de cet organe, hypothèse naturellement admise par tous ceux qui refusent aux appendices la faculté d’être normalement prolifères , c’est-à-dire de produire eux-mêmes directement d’autres appendices ou des axes. [ci pourtant deux difficultés assez graves contrarient cette commode supposition : d’une part, les fleurs naissent de la face inférieure de la feuille ; pour qu'il y eùt soudure d’un pédoncule avec la nervure médiane, il faudrait que ce pédoncule procédât non de l’aisselle de la feuille, mais du dessous même de son pétiole ; d'autre part, la feuille en question étant formée d’une foliole articulée avec le court pétiole qui le supporte, il faudrait supposer au pédoncule une articulation distincte justement sur le même point. Voyons si l’anatomie d’une part et l’analogie de l’autre justifient ou non ces explica- tions. Et d’abord, un fait qui frappe au premier coup d’æil, c’est le brusque amincissement de la côte médiane au-dessus du point d'insertion de l’inflorescence. Une coupe de cette portion mince de la côte y décèle un seul étui de fibres ligneuses autour d’une moelle centrale, Si l’on coupe, au contraire, la côte moyenne sur un point quelconque entre l’origine de l’inflorescence et le tiers inférieur de la feuille, on voit le tissu ligneux de cette côte formée de deux étuis bien distincts : l'un supérieur, répondant à la nervure 75 J.-E. PLANCHON ET J. LINDEN. proprément dite et produisant exclusivement toute la charpente fibro-vasculaire de la feuille ; l'autre inférieur, à fibres parallèles, et qui, toujours séparé du tissu ligneux de la nervure, s'en éloigne brusquement pour former la portion libre de l'inflorescence. Plus bas, il est vrai, les deux corps ligneux en question, au lieu de former chacun un étui pourvu de sa moelle et de ses rayons mé- dullaires, ne constituent plus que deux gouttières ou demi-étuis, simulant par leur accolement bord à bord un seul étui ligneux autour d’une seule colonne de moelle (colonne résultant elle-même de la fusion des moelles des deux éléments ligeux). En somme pourtant, le système fibro-vasculaire de la feuille (appendice) et celui de l'inflorescence (axe florifère), partout rapprochés et nulle part confondus, ont l'un et l’autre leur origine dans le rameau ; mais, à l'inverse de la loi commune, cet axe florifère est inférieur par rapport à l'appendice (feuille), avec lequel il est normalement et congénialement soudé (1). Adressons-nous maintenant à l’analogie en étudiant l’inflo: rescence de l’Erythrochiton brasilhiensis. Tei les pédoncules flo- raux , tout à fait distincts des feuilles, ne sont pourtant pas axil- laires : ils semblent plutôt tenir rang dans la spire multiple des feuilles, caractère qui, Joint à leur forme anguleuse et même étroitement bi-marginée, pourrait les faire comparer, dès l’abord, à. la feuille florifère de l’Ærythrochiton hypophyllanthus, qu'on supposerait réduite presque à la nervure médiane, par avorte- ment de sa portion membraneuse. Ce serait là pourtant un rap- prochement inexact ; car, tandis que les feuilles florifères en question s’unissent à leur pétiole par un renflement aïticulaire, (4) Sur la bractée florifère des Tilin, entre le sommet du pétiole et le point où .le pédoncule floral devient libre , la côte médiane se compose de trois étuis ligneux, parallèles, mais parfaitement distincts, et dépourvus de toute connexion fibro- vasculaire l’un avec l’autre, savoir : un étui central répondant au pédon- cule et directement continu au corps ligneux du pétiole ; puis deux latéraux, plus petits, produisant, par leur côté externe, les nervures de la bractée et naissant | du premier au sommet du pétiole, si bien qu'il y a, dans ce dernier organe, fusion analomique des éléments pétiolaires proprement dits et de ceux du pé- doncule. | | PRÆLUDIA FLORÆ COLUMBIANÆ#. 79 rien de semblable n'existe dans les pédonculès tout d’une pièce de l’Érythrochiton brasihensis. Imaginons, au contraire, que l’un dé ces pédoncules contracte une adhérence accidentelle :avec le pétiole et la nervure médiane d’une des feuilles qui lui sont eu - perposées, n’aurons-nous pas là reproduit la structure habituelle et normale de l'Erythrochion hypophyllanthus ? Dans cette hypo: thèse, au moins plausible, la feuille florifère de cette dernière espèce serait adnée par son revers, non pas avec le pédoncule que la loi d'axillarilé des bourgeons semblerait devoir lui donner pour acolyte, mais au pédoncule dévié de l’aisselle de l’une des feuilles qui sont placées au dessous d'elle. Quant à l’existence d’une articulation très marquée sur le tissu résultant de la fusion entre un pétiole et un pédoncule, ce n’est là qu’une objection très se: condaire à l'hypothèse proposée ; car on sait de combien peu d'importance sont les articulations dans l’explication de la valeur morphologique des organes. NAUDINIA , gen. nov. (1). Calyæ cupuliformis, brevis, margine nune regulariter trun- cato, denticulis subulatis 5, longiusculis aucto nunc irregulariter repande fisso , denticulis minus abrupte ortis. Corollæ pseudo- monopetalæ infundibuliformi-tubulosæ manifeste incurvæ , tubo cylindraceo, tereti (non pentagono), in limbum ventricoso, tubæ- formem 5-fidum gradatim dilatato laciniis parum inæqualibus semi-lanceolatis, æstivatione induplicato-subvalvatis, subanthesi recurvo-patentibus. Stamina 5 petali alterna, flamentis compla- natis in tubum hypogynum corollæ. subconformem longe conna- lis, posticis 2 antheriferis , anticis 3 in ligulas steriles petalis subæquilongas productis. Antheræ ?, basifixæ, falcato-oblongæ, loculis 2 linearibus, connectivo crasso intus adnatis, rima longa dehiscentibus. Discus hypogynus, cupuliformis. Ovaria 5 colu- mellæ centrali circum adnata, lateribus inter se libera, unilocu- (1) Nous sommes heureux de pouvoir dédier ce genre de Diosmées à notre excellent ami et confrère M. C. Naudin, connu dans la science botanique surtout par ses intéressantes publications sur la famille des Mélastomées , et dans le monde horticole par de spirituelles chroniques. 80 J.-E. PLANCHON ET J. LINDEN. laria, ovula 2, angulo interno aflixa, semi-superposita, pendula, hemitropa. Stylus unicus (e quinque subapicalibus concretis) fili- formis : stiyma subcapitellatum , obsolete 5-lobum. Carpella 5, uno sæpius tantum fertili, columellæ basi pyramidatim dilatatæ persistenti angulo interno tantum adnata, demum plus minus soluta, lateribus compressis antice cuneata, dorso carinato de- mum ab apice dehiscentia, ecornuta, mesocarpio sublignoso intus crasse reticulato-nervoso, endocarpioelastice soluto, cartilagineo, bivalvi. Semen abortu unicum wumbilico lato fenestræ membrana- ceæ endocarpii peritrope affixum, reniforme hemitropo-campylo- tropum , chalaza hilo latiore et ei subjecta, integumento duplici, externo crasse membranaceo, castaneo, lucido, intus strato tenui cellulari (éegmine s. ovuli membrana interna) pallide viridi, . adhærente vestitum, interno (albumanis lamina) tenui, pellucido, inter embryonis rugas plus minus intromisso. ÆEmbryonis ex- albuminosi cotyledones contortu plicatæ, exteriore interiorem magis corrugatum involvente, radicula cylindracea hilo proxima, intra massam cotyledonarem latente, Frutex (v. arbor ?) novo-granatensis, sylvarum regionis calidæ incola, ramis teretibus, foliis alternis, unifoliolatis , foliolis cum apice petioli 2-3 pollicaris articulatis subsessilibus oblongis (3-7 poll. longis), basi acutiusculis , apice obtusiusculo sæpius abrupte et breviter acuminatis , margine integro obsolete repandis, membranaceis, crebre pellucide punctatis, supra (nervis exceptis) glabrescentibus, subtus, sicut ramulis, petiolis, rachibus, pedicellis calycibusque puberulis ; séipulis o, cymis extra-axillaribus (pedunculo communi propter folium superiori et late- rali) petiolo paulo longioribus, pauci divisis, subracemiformibus, 5-6 flo- ris, pedunculo basi 2nsfar petioli, dilatata intusque concava cum ramo articulato ; bracteolis parvis, caducis, pedicellis circiter pollicaribus, basi articulatis, strictis; corollis coccineis, sub lente pilosulis. Species unica : Naudinia amabilis Planch. et Lind. — Has, Nouvelle-Grenade, province d'Ocaña, forêts de la région chaude ; Schlim, n° 536, mai 1851. PRÆLUDIA FLORÆ COLUMBIANA. O1 DIOSMEÆ $ ZANTHOZYLEÆ (1). ZANTHOXYLON (Fagara $ Ochroxylum) campHoRATüM, Nob.— Glaberrimum, ramis aculeatis (acaleis raris brevibus crassis cur- vulis sicut epidermide ramorum nigrescentibus) ramulis iner- mibus, foliis unifoliolatis cum petiolo !-1 pollicari articulatis oblongo-ellipticis (1 5-2-3 poll. longis) basi acutis apice acumi- natis (acumine obtusiusculo sæpius retuso) margine leviter re- pando subcrenatis rigide membranaceis reticulato-venosis, pani- culis thyrsoideis ad ramulorum apices sessilibus facie inflorescen- tias F’itis viniferæ referentibus, floribus (in specim. nostro abortu masculis et polygamis) in paniculæ ramis extremis subumbellato- congestis parvis pedicellatis; petalis 5 ovato-oblongis calyce minuto multo longioribus demum patentiveflexis ; staminibus 5 erectis petala superantibus, ovarus abortivis à gynophoro glan - duloso crasso impositis. Has. Venezuela, province de Carabobo, à San Esteban ; Funck et Schlhim, n° 58h. — Fleurs blanches développées en mai. (1) J'extrais ici de mes notes quelques observations de synonymie relatives à des genres et espèces appartenant à ce groupe ou qu’on y comprend sans raison : 1° Le Guindelia trinervis Hook et Arnott n’est autre que le Valenzuelia triner- vis, Bertero, de la famille des Sapindacées ; 2° L'Heterocladus caracasanus, Turcz., est, d’après la description, une espèce de Coriaria ; 3° Le Boscia, Thunb. (Asaphe, DC. Duncania, Reïibb.), si mal décrit par son auteur, qui, probablement, aura mêlé dans un même prétendu caractère géné- rique les fleurs et fruits de plantes différentes, doit être rayé des catalogues ; le Boscia unduluta de la collection d’Ecklon et Zeyher (qui s'accorde très bien, quant aux caractères végétatifs, avec la plante de Thunberg ), est une espèce de Vepris (Vepris undulata, Planch. mss.), dont je donnerai plus tard une descrip- tion détaillée ; 4° Le Zanthoæylon undulatum, Wall (originaire de l'Ile-de-France et cultivé dans le Jardin botanique de Calcutta ) est également un Vepris, peut-être iden- tique avec le Vepris lanceolata {Toddalia lanceolata, Lamk.), dont il ne diffère que par ses folioles plus longuement atténuées à la base; 5° Le Zanthoæylon Sumac, Mac-Fadyen, F1. of Jamaïea, est une espèce de Brunellia (Brun. Sumac, Planch. in herb., Hook.). 3° série. Bor. T. XIX. (Cahier n° 2.) ? 6 82 J.-E. PLANCHON ET J. LINDEN. — PRÆLUDIA, ETC. OnsErv. 1. — Espèce évidemment alliée au Zanthoæylon ochroxæylum DC., dont les feuilles sont décrites comme ovales, au lieu qu’elles sont oblongues-elliptiques dans notre plante. Ogserv. Il. — Peut-être serait-il convenable, comme penche à le croire M. Adr. de Jussieu (Monographie des Rutacées), de ré- duire le genre Zanthoxylon aux espèces à fleurs apétales et à feuilles caduques, en rangeant toutes les autres sous le genre Fagara. Dans ce cas, au Zanthoæylon fraxineum, Willd., type primitif du genre, il faudrait joindre les Zanthoxæylon Bungei, Planch., mss. (Z. mtidum, Bunge, non DC.), alatum, Roxb. , et hastile, Wall. La première espèce étant des États-Unis, la seconde de Chine et les deux autres de l'Himalaya, on voit que l’analogie de distribution géographique corroborerait celle de leurs carac- tères. J'extrais également des notes prises lors de mon séjour chez sir W. Hooker, la diagnose d'un Zanthoxylon (Fagara $ Pohlana), recueilli par Vogel à Sierra- Leone, et qui se trouve omis dans le Niger Flora de MM. Hooker et Bentham. Z. melanocanhta, Planch., mss. — Ramis inflorescentiisque pubescentibus , spinis slipularibus rectis palentibus nigris, foliis alternis glaberrimis enermibus pelolo tereti supra sulcato foliolis cum impari bi-trijugis oppositis subsessilibus late ellipticis (1 &-3 poll. longis)cuspidutis crenulatis basi subæqualibus rigide membra- naceis nîlidis, panicula lerminali foliis berviore, floribus (in specim. fœmineis ) 5-petalis, ovario unico, sligmate minulo subsessili subapicali, bacca immatura sub- globosa ovoidea impresso-punctala. Has. Sierra-Leone (Afric. occid. trop.) Vogel in herb. Hook. RAPPORT SUR UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, D'ORAN AU CHOTT-EL-CHERGUI, ENTREPRIS, EN 4892, SOUS LE PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE. Par M. E. COSSON. Son Excellence le Ministre de la Guerre m'ayant fait l'honneur de m’appeler à prendre part à la rédaction de la partie botanique de l’£xploration scientifique de l'Algérie, j'ai cru devoir, afin d'acquérir des notions indispensables pour le travail dont je me trouve chargé, visiter l’une des parties de notre belle colonie les. plus riches au point de vue botanique. __ D’après les avis éclairés de mon excellent ami et collaborateur M. Durieu de Maisonneuve, membre de la Commission scienii- fique de l'Algérie, je me suis déterminé à prendre pour but de mon voyage la province d'Oran, depuis Oran jusqu’au Ghott-el- | Chergui.— Cet itinéraire m'a mis à même d'étudier la végétation, du. littoral déjà bien connue par les recherches de MM. Durieu,, Munby, Boissier, Reuter, Balansa, Durando, etc., et ensuite celle de la contrée comprise entre Saïda et le Ghott-el-Chergui , sur laquelle on n’avait encore aucunes notions positives; il m’a présenté en outre l'avantage de trouver dans M. Balansa, qui étudiait à Oran depuis plusieurs mois la végétation de cette riche localité, un compagnon de voyage déjà familiarisé avec l’explo- ration du pays. L'exploration des régions des Hauts-plateaux et du Chott-el- Chergui a amené la découverte de deux genres nouveaux et d’an assez grand nombre d'espèces nouvelles pour la science; elle permettra en outre de donner dans l’Exploration scientifique de 8 E. COSSON. l'Algérie un tableau de la végétation beaucoup plus exact qu’il n’eût été possible de le faire , si cet important ouvrage eût été publié avant l’étude de ces régions et de celles des montagnes élevées, dont l'accès avait été fermé aux recherches de la Com- mission scientifique de l’Algérie , et qui pourront maintenant, pour la plupart , être explorées , grâce aux rapides progrès de la soumission du pays. L'importance des résultats obtenus dans ce voyage est due surtout à la haute protection de son Excellence le Ministre de la Guerre, qui, en nous recommandant aux autorités du pays, à, non seulement assuré notre entière sécurité, mais encore a bien voulu nous fournir des moyens d’exécution indispensables pour des voyages au delà de la ligne des derniers postes de l’occupa- tion francaise. Je saisis avec empressement cette occasion d'exprimer toute notre reconnaissance à M. le général Pélissier, commandant la province d'Oran, pour la bienveillance qu’il m’a fait l'honneur de me témoigner, et pour les ordres qui ont été donnés par lui dans le but de faciliter notre voyage. Nous ne sommes pas moins re- devables envers M. le général Bouskaren, qui commandait alors la subdivision de Mascara, et dont la perte récente est si regret- table. Nous devons un égal tribut de reconnaissance à M. le co- lonel Deligny, directeur du bureau arabe de la province d'Oran, pour les indications si précises qu'il a bien voulu nous donner, et pour les nombreuses lettres de recommandation auprès des auto- rités locales que nous avons dues à son extrême bienveillance. MM. Massaroli, commandant le cercle de Saïda, Benoist, chef du bureau arabe de Saïda, de Colomb, Cagniou et Lambert, attachés au bureau arabe de Mascara, Véteau (attaché au bureau arabe de Saïda , et qui nous a accompagnés dans notre excursion au Chott- el-Chergui) nous ont donné de nombreuses preuves de leur obli- seante sollicitude. Parti de Marseille le 3 mai, je suis arrivé à Oran le 7; par une heureuse exception, malgré la saison avancée, la végétation était encore aussi riche que variée, à cause des pluies tardives du premier printemps ; après plusieurs herborisations des plus UT ee na. à htEmde tract 3 VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, 39 fructueuses, faites aux environs de la ville avec MM. Balansa et Gallerand (1), je suis parti avec ces deux compagnons de voyage le 16 pour Mascara; les journées des 17 et 18 ont été consacrées à l'exploration des environs de cette ville et de la plaine d’Eghris ; le 19 nous avons campé sur le territoire de la tribu des Hachem- Garabas, au bord de l'Oued-Taria, non loin de Benian; le 20 nous sommes arrivés sur le plateau élevé du territoire des Oulad- Kraled-Garabas, que nous avons quitté le 21 pour gagner Saïda ; pendant les journées des 22 et 25 nous avons exploré les environs de Saïda, d’où nous sommes partis le 24 pour l’excursion des Hauts-plateaux et du Chott-el-Chergui. Dans cette journée et celles des 25 et 26 nous avons pu étudier avec soin la végétation de la région des Hauts-plateaux. Le 27 nous sommes parvenus sur les bords du Chott-el-Chergui, à Khrider, où nous avons séjourné jusqu'à 30. Du 30 mai au 1° juin , nous avons visité, en revenant à Saïda, d’autres stations à l’Est de celles où nous nous étions arrêtés pour nous rendre au Chott. Après un court séjour à Saida, jusqu’au 8, nous sommes revenus le 4 à Mascara, en suivant le cours de l’Oued-Benian que nous avons abandonné non loin de Ouiïzert pour traverser la vallée de l'Oued-Taria et regagner la plaine d’'Eghris. Le 6 nous avons pris la diligence jusqu’à Oran, et le 10 nous avons quitté cette ville, M. Gallerand et moi, pour revenir en France, laissant à M. Balansa le soin de continuer pendant le reste de la saison l’exploration du pays avec autant de succès qu’il l'avait déjà fait avant notre arrivée. _ Dans les Votes sur notre voyage, nous exposerons les faits, non en suivant rigoureusement l’ordre de l’itinéraire que nous venons d'indiquer, ce qui nous entrainerait souvent dans la néces- sité de séparer les parties d’un même sujet et introduirait dans la narration des détails inutiles pour le but que nous nous pro- posons d'atteindre, mais en n’omettant aucun des détails propres à donner une idée aussi exacte qu’il nous à été possible de le faire de la végétation du pays et de son aspect. — Les Votes sont suivies (1) M. Gallerand , préparateur habituel de mes collections, nous a secondés, * avec autant de zèle que d'intelligence, pour la récolte et la préparation des nom- breux échantillons que nous avons recueillis. 86 E. COSSON. de Considérations générales sur la division du pays en plusieurs régions naturelles et sur la géographie botanique , dont l'étude présente une égale importance pour la botanique el pour l’agri- culture. — Nous terminerons par des Listes contenant la men- tion des espèces observées dans les divers points que nous avons choisis pour centres de nos explorations; ces Listes, qui, outre quelques détails synonymiques indispensables, donnent l’indi- cation des diverses stations des plantes, et en général celle de Jeur abondance ou de leur rareté relatives, permettront, quoi- qu’elles soient nécessairement encore fort pe er , de com- par erplus facilement entre elles, au point de vue de leur végéta- tion , les diverses parties du pays, en montrant les plantes qui sont communes à toute la contrée et celles qui, au contraire, sont, propres à telle ou telle région botanique. L’indication de la distri- bution géographique générale des espèces, que nous avons donnée sommairement, permettra également la comparaison de la Flore -que nous avons étudiée avec celle des autres contrées du bassin méditerranéen. — La description des espèces nouvelles pour la science qui sont mentionnées dans les Listes, sera l’objet d’une prochaine publication (1). La rapidité de notre voyage ne nous a pas permis de donner à l'étude de la constitution physique du pays et à celle des faits météorologiques et agricoles toute l’attention que nous eussions voulu pouvoir y apporter, et que nous y apporterons dans nos *oyages ultérieurs; mais nous avons été cependant à même de recueillir quelques observations utiles que nous ne négligerons .pas de consigner dans notre travail, qui, malgré ses nombreuses lacunes, pourra peut-être contribuer à faire mieux connaître la richesse de la plus importante colonie de la France. (1) Toutes les espèces citées dans les Listes ont été déterminées conjointe- ment par MM. Durieu de Maisonneuve et Cosson, collaborateurs pour la rédac- tion de la partie phanérogamique de la Botanique de l'Exploration scientifique de l'Algérie et qui s'occupent en commun de la publication annoncée. VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 87 NOTES SUR LE TRAJET D'ORAN AU CHOTT-EL-CHERGUI /1). ENVIRONS D'ORAN. _ Les environs d'Oran présentent les terrains et les sites les plus variés : les rochers escarpés du cap Falcon, la plaine sablon- neuse d’Aïn-el-Turck, les coteaux argileux de Mers-el-Kebir, les pentes argilo-calcaires du Djebel-Santo, les lacs salés de la Sénia et de Miserghin, les falaises de la Batterie espagnole, etc., ren- dent pour le botaniste cette localité l’un des points les plus riches du bassin méditerranéen , malgré l’absence de cours d’eau de quelque importance. Le territoire d'Oran n'offre guère, en effet, que deux ruisseaux qui méritent d’être mentionnés : ce sont le ruisseau du grand ravin d'Oran et celui de la plaine des Andalous. Le grand ravin d'Oran ne présente même de cours d’eau que dans sa partie infé- rieure, sa partie supérieure élant à sec pendant plusieurs mois de l’année, Ce ravin, près de la ville, est occupé presque entiè- rement par des cultures maraîchères, et des plantations d’Oran- gers, de Citronniers, de Grenadiers et de Figuiers, entourées de haies d’Agave et d'Opuntia. Le ruisseau des Andalous, situé à environ 24 kilomètres à l’ouest d'Oran, va se jeter dans la mer au fond d’un petit golfe, après avoir fourni un cours de 16 kilo- mètres environ et avoir reçu un assez grand nombre d’af- fluents. Les environs d'Oran possèdent plusieurs lacs salés, qui res- tent à sec pendant une grande partie de l’année. Le plus con- sidérable d’entre eux, le lac de Miserghin ou Sebkha d’O- ran , offre une étendue de plus de 30,000 hectares. Le lit de ce lac consiste en une immense plaine qui offre dans toute son étendue le même niveau, et dont le sol présente, après l’éva- poration des eaux qui le recouvraient, une couche de sel plus ou moins épaisse. Le voyageur placé au milieu de ce lac lors- (1) Cette partie du travail a été rédigée en commun avec M. B. Bazaxsa. C'est à ce voyageur, aussi intelligent que zélé, que sont dues en plus grande partie les Notes sur la végéiation littorale. 88 E. COSSON. qu'il est desséché voit souvent autour de lui se produire des effets de mirage des plus bizarres. On y observe également un phénomène fort étrange : lorsque, après les dernières pluies du printemps, le lac à été mis en partie à sec par les rayons du soleil, la mince couche d’eau qui en recouvre le lit est charriée, tantôt à l’est, tantôt à l’ouest de cet immense bassin, suivant la direction des vents; de telle sorte que l’observateur, placé sur une éminence d’où la vue s’étendrait sur toute la sur- face du lac, pourrait croire qu'il présente une pente dirigée soit vers l'Est, soit vers l'Ouest. On rectifie cette erreur en se dirigeant vers la partie inondée ; là on aperçoit que le lit du lac’ offre de profondes crevasses, et il est facile de se con- vaincre que le niveau du sol est parfait, et que la partie alors inondée était à sec la veille ; les eaux qui la recouvrent ayant été amenées par le vent souvent de plusieurs lieues de distance. — Les sources salées ne sont pas rares dans le pays, et le sol y est souvent imprégné de sel ; aussi rencontre-t-on fréquemment loin de la mer des plantes qui, ordinairement, ne s’éloignent pas du littoral. Les montagnes des environs d'Oran ne sont pas assez élevées pour présenter une végétation notablement différente de celle de la plaine. La montagne des Lions, point culminant de la chaine située entre Arzew , Christel et Saint-Cloud, n’a que 600 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer, et le Djebel-Santo à Oran est encore moins élevé : il ne dépasse pas 500 mètres (1). Si, sous le rapport de l'élévation des montagnes, les environs d'Oran n’offrent rien de remarquable, autour de cette ville s’éten- dent de vastes plaines jadis presque exclusivement couvertes de Palmiers nains, et aujourd hui en grande partie cultivées. Ces plaines, parmi lesquelles nous citerons celles d’Aïn-el-Turck, des Andalous, de la Sénia et de Miserghin, présentent au bota- niste un grand nombre d’espèces intéressantes. Lesenvirons d'Oran sont presque entièrement déboisés ; on y (4) La plupart des indications d'altitude que nous avons données dans ces Notes ont été emprantées à l’Exploration scientifique de l'Algérie, partie géologique , par M. Renou, VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. A S9 trouve seulement des broussailles plus ou moins élevées qui cou- vrent souvent de grands espaces, et sont composées surtout des espèces suivantes : diverses espèces du genre Cistus, Zizy- phus Lotus, Pistacia Lentiscus, Rhus pentaphylla, diverses es- pèces du genre Genista, Calycoltome intermedia, Quercus cocci- fera, Calhitris quadrivalvis (individus rabougris), Chamærops humalis, etc. — Ce n’est qu’assez loin de la ville que l’on peut rencontrer des bois composés de broussailles qui ont pris unplus grand développement et sont parsemées de quelques arbres plus ou moins élevés. La forêt d’Emsila elle-même, le seul bois d’une grande étendue que présente le territoire d'Oran, est constituée de cette manière, et n’a reçu que bien improprement le nom de forêt. Sur les falaises de la Batterie espagnole, on rencontre quelques pieds rabougris de Pinus Halepensis : et il est très probable, d après l'existence spontanée de cet arbre dans une localité où les vents de mer et les éboulements s'opposent seuls à son déve- loppement , qu’il pourrait être planté avec succès dans des ter- rains qui ne peuvent être consacrés à d’autres cultures. — Les arbres le plus fréquemment plantés sont le Populus alba L., dont il existe de très beaux pieds dans l'intérieur même de la ville, et le Picrunia dioica Moq.-Tand. (Phytolacca dioica L.) qui en borde les promenades. On ne rencontre près de la ville que quel- ques Dattiers de petites dimensions, et qui ne mürissent pas leurs fruits. —— On cultive avec succès, surtout dans le grand ravin d'Oran, le Figuier, le Grenadier, l’Oranger et le Citronnier. Dans la plaine de la Sénia s’observent de nombreuses planta- tions de Vigne et de Mürier , qui promettent les meilleurs ré- sultats. Outre le Blé dur et l’Orge, qui constituent la culture princi- pale des environs d'Oran, on cultive avec avantage le Tabac dans les endroits arrosables. — Les champs sont fréquemment entourés de haies d'Opuntia Ficus-Indica et d'Agave Ameri- cana, qui donnent au pays un aspect caractéristique. . | Les environs d'Oran ne présentent ni les froids ni les chaleurs extrêmes de quelques autres points de l’Algérie. Le thermomètre 90 E. COSSON. descend rarement à + 95°. La neige n’y tombe presque jamais; cependant M. Durieu de Maisonneuve a vu le Djebel-Santo cou- vert, le 12 janvier 1842, d’une couche de neige assez épaisse ; mais c’est là un ‘ait exceptionnel et qui ne se présente qu’à de rares intervalles. Les chaleurs de l’été dépassent rarement 35 de- grés. Le sirroco, ou vent du sud, n’y souffle pas aussi souvent que dans d’autres parties de l’Algérie. L'année est partagée en deux Saisons assez tranchées : la saison des pluies, qui commence ordi- nairement au mois de novembre et se termine vers la fin de mars, et la saison de sécheresse, qui occupe le reste de l’année. Il ne faut pas croire cependant que ces deux saisons soient toujours aussi distinctes; il est des années pendant lesquelles il ne pleut que rarement. Des rosées abondantes suffisent pour entretenir. une certaine fraîcheur dans la végétation pendant la saison de sécheresse. | Le voyageur qui arrive par mer à Oran, aperçoit, lorsqu'il est à la hauteur du cap Ferrat, un groupe de montagnes qui s’avance dans la mer pour séparer deux grands golfes, les golfes d'Oran et d’Arzew. À mesure que l’on s'approche de la côte, les accidents de terrain se dessinent plus nettement, la montagne des Lions frappe surtout les regards; le Djebel-Santo apparaît aussi dans le lointain avec sa large échancrure, et bientôt on ne tarde pas à dislinguer Oran et Mers-el-Kebir. Il serait difficile de dépeindre la séche- resse et l’aridité que semblent présenter les montagnes qui bordent la rade de Mers-el-Kebir et forment un immense hémicycle qui se termine au sud-est par la montagne de Santa-Cruz.— Si après avoir jeté un premier coup d’œil sur les espèces qui croissent dans le voisinage immédiat de la mer, telles que l’Echinops spinosus, l’Atriplex Mauritanica, le Mesembryanthemum nodiflorum , lA1- zoon Hispanicum, etc, on se dirige vers les montagnes argilo-cal- caires, situées sur les bords de la rade, on ne tarde pas à se trou- ver au milieu d’une riche végétation, quoique de loin tout anoncât la stérilité. Sur les pentes argileuses se trouvent en abondance les Cordylocarpus muricatus, Psychine stylosa, Àlthœa longiflora, Hedysarum. pallidum, Pteranthus echinatus, Daucus aureus, Artemisia Herba-alba var., Calendula stellata et suffruticosa, VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 91 Echinops strigosus, Convolvulus tricolor, Cynoglossum clandesti- num, Salvia Algeriensis, Statice Thouini, Biarum Bovei, etc. Dans les champs en friche et sur le bord des sentiers, on ren- contre les Linum decumbens, Ferula communis, Senecio Nebro- densis, Galactites Duriæi, Kentrophyllum lanatum var. trachy- carpum, Solenanthus lanatus, Stachys brachyoclada et le Withania frutescens, qui forme de petits buissons toujours verts. Sur les berges humides des ravins s’observent les Lavatera Mauritanica, Ballota hirsuta, Ampelodesmus tenax, Narcissus pachybolbus, Corbularia monophylla, ete. D'immenses toulles de C’hamærops humalis servent à affermir par leurs profondes racines les pentes abruptes de ces ravins, et elles se trouvent souvent couronner des pyramides de plus d’un mètre, formées par les terres qui, retenues par leurs racines, ont pu résister à la violence des eaux lors des pluies torrentielles qui tombent quelquefois dans le pays. Lorsque, après avoir parcouru la base des montagnes. on veut explorer la partie voisine de leur sommet, on remarque un chan- gement assez brusque dans la végétation : les dernières traces de culture ne lardent pas à disparaître, et l’on monte au milieu des broussailles basses qui couvrent toute la partie supérieure de la chaîne. Vers le milieu de la rade le Cistus ladaniferus est très abondant ; mais on ne le retrouve plus lorsqu'on s’avance du côté d'Oran, où il est remplacé par des broussailles composées des Cistus Monspeliensis, Pistacia Lentiscus, Genisla tricuspi- data, Calycotome intermedia. Entre les touffes de ces arbustes, on peut recueillir les Silene divaricata et Pseudo-Atocion, Belhs rolunchfoha, Bromus fasciculatus, etc., et, à une époque de l’année moins avancée, les Orchis longicruris et tridentata var. lactea , Ophrys bombyliflora, Corbularia monophylla et le Fritil- laria Messanensis. Les rochers situés près du col de Santa Cruz présentent une végétation encore plus intéressante pour le botaniste. Ce col vu de Mers-el-Kebir paraît être enchâssé entre deux hautes murailles de rochers dont la moins élevée est couronnée par le fort de Santa-Cruz, et dont l’autre sert d’épaulement au plateau du Djebel-Santo; les rochers, vus à une certaine distance, pré- 99 E COSSON. sentent une teinte blanchâtre des plus remarquables , et si on les regarde de plus près, on voit que cette teinte est due à deux Lichens, le Dirina Massihiensis et le Lecanactis grumulosa , qui les recouvrent presque complétement. Ces immenses blocs de pierre, presque perpendiculaires, sont par leur position à l’abri des rayons du soleil ; et les brouillards, qui, même en été, règnent dans cette partie du Djebel-Santo, y entretiennent une grande fraicheur dans la végétation. Dans les fentes et les anfractuosités des rochers se trouvent les Polygala saxatilis, Campanula mol- hs, etc., avec le Saxifraga globulifera , dont les touffes serrées sont couvertes de fleurs. Là s'observent également les Clematis cirrhosa, Dianthus virgineus et Silene Gibrallarica, les Pistacia Lentiscus et Phyllirea latifolia à rameaux couverts d'Everma intricata, les Coronilla pentaphylla, Poterium ancistroides, Sedum glanduliferum, Helichrysum Fontanesii, Linaria marginata, An- lirrhinum tortuosum, Rosmarinus laxiflorus, Euphorbia Bivonæ etcalcarea, Aristolochia Bætica, et le Chameærops humalis au tronc souvent élevé de 1 à 2 mètres. — Les espèces qui se trouvent sur la pente rapide, étendue de ces rochers à la mer, n’offrent pas moins d'intérêt; ce sont les : Delphinium pentagynum , Lonopsi- dium albiflorum, Ononis pendula, Chlora grandiflora , Lavandula dentata et multifida, Teucrium bracteatum et Mauritanicum, Fri- tillaria Messanensis, Phalangium Algeriense, Arisarum simorrhi- num. — Vers le col, on voit apparaître des touffes de Sonchus spinosus et de Statice delicatula ; dans les fissures des rochers au sud du col, on observe les Bucerosia Munbyana, Notochlæna la- nuginosa, Cheilanthes odora, etc., et à la base de ces rochers se trouvent en abondance les Silene divaricata, Leobordea lupini- folia, Hedysarum pallidum, Onobrychis trilophocarpa, Lavandula multifida et dentata, etc. — Un sentier abrupte conduit sur le plateau du Djebel-Santo ; ce plateau, d’une assez grande éten- due, présente plusieurs espèces dignes d’être mentionnées : les Erucastrum varium var. montanum, Helianthemum pomert- dianum , Genista cephalantha et erioclada, Asphodelus acauls, Urginia undulata , etc. ; le Micromeria inodora, si commun dans toute l’Algérie, y forme de jolies touffes arrondies. Vers le milieu mit int VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 93 du plateau se trouve une mare , célèbre parmi les botanistes, à cause des espèces rares qui s’y trouvent réunies ; sur les bords de cette mare croissent en abondance le Myosurus minimus, très rare en Algérie, les Lotus Conimbricensis, Eryngium Barrelieri, Ormenis nobilis var. discoidea, J'uncus pymœus ; dans son lit, souvent desséché pendant une grande partie de l’année, on peut recueillir les Callitriche pedunculata, Tsoetes adspersa, Pilularia minuta , Marsilea pubescens et Nitella syncarpa. — Si lon pour- suit l’exploration du plateau, on rencontre bientôt de nombreuses ravines qui commencent à se dessiner; elles se dirigent toutes vers le sud pour aboutir au grand ravin d'Oran. Ce ravin, dont le lit est à sec, dans sa partie supérieure, pen- dant presque toute l’année, est dominé par des berges assez éle- vées, et ce n’est pas sans quelque difficulté que l’on peut y par- venir du plateau de Djebel-Santo. Le sol y est des plus tourmenté, et de tous côtés on marche sur des roches calcaires brûlées par le soleil ; là nous avons observé un grand nombre d’espèces in- téressantes, parmi lesquelles nous nous bornerons àciter les : Cistus heterophyllus, Silene divaricata, Linum Munbyanum, Reseda col- lina , Ononis brachycarpa et ornithopodioides, Astragalus edulis, Asperula hirsuta, Bellis rotundifolia, Artemisia Herba-alba var., Lavandula dentata et mulhfida, Calamintha candidissima, T'eu- crium Pseudo-Scorodonia, Ornithogalum sessiliflorum, Stipa par- viflora.— Sur les borde du ravin la végétation devient plus fraîche et plus vigoureuse à cause de l’abri fourni contre les ardeurs du soleil par la longue bande de rochers qui limite le ravin au sud : les grottes dont sont creusés ces rochers présentent dans leurs fissures de nombreuses touffes de Fumaria corymbosa; un peu plus bas, d’épaisses broussailles sont formées des : Rhamnus oleoides, Pistacia Lentiscus, Ulex A fricanus , Genista Duriæi et cephalantha, Calycotome intermedia, Sarothamnus arboreus, Cor- nlla pentaphylla, Quercus coccifera, Callitris quadrivalvis. Parmi ces arbustes, et à la base ou dans les fentes des rochers , on ob- serve les : Ranunculus spicatus, Ceratocapnos umbrosa, Rapistrum Linnœæanum, Brassica fruticulosa, Polygala saxæatilis, Saxifraga globulifera , Putoria brevifolia, Galium brunneum, Artemisia Of E. COSSON. arborescens , Linaria marginata, Euphorbia Bivonæ , Parietaria Mauritanica, G'agea chrysantha, etc. Dans le fond même du ravin, entre d’énormes touffes de F’1- burnum T'inus et de Chamærops humilis, s’observent le magni- fique Melilotus speciosa et le Melica aspera. — Les berges qui limitent le ravin au nord ne présentent pas une végétation aussi variée, et leur aspect aride contraste singulièrement avec celui de la pente opposée. Parmi les plantes que présente la partie inférieure du ravin, et que nous n'avons pas rencontrées dans sa partie supérieure, nous indiquerons le Senecio linifolius, natura- lisé autour des carrières , l’£Euphorbia ptericocca, les Salsola lon- gifolia et vermiculata, l’Atriplex Mauritanica, et l’Ephedra altis- sima, qui s'élève en grimpant dans les haies d'Opuntia et d’ 4 gave qui avoisinent la ville. La partie du littoral que l’on a l’habitude d'appeler les l'alaises de la Batterie espagnole est située à 5 kilomètres envi- ron à l’est d'Oran. Ces falaises, dans la partie la plus rap- prochée de la ville, sont formées par une bande de rochers à pic reposant sur un banc d’argile, et ce n’est que plus loin, lorsqu'on est arrivé à la hauteur des ruines de l’ancien fort construit par les Espagnols, que l’on voit le sol changer de nature : on se trouve alors au milieu de petites dunes sablonneuses séparées de la mer par des escarpements et limitées au sud par une ligne non interrompue de rochers élevés formés d’un calcaire friable, — Dans les terrains argileux, on observe les Phelipæa lulea et Mauritanica , parasites sur les Salsola longifolia et vermiculata ou sur d’autres Chénopodées frutescentes, l’Anthemis chrysantha, le Silene Pseudo -Atocion, le Capparis spinosa var. canescens, le Withania frutescens, etc. — Plus loin, dans les dunes sablon- neuses qui entourent les ruines du fort, on trouve en abondance l’élégant Festuca Pectinella, les Sesleria echinata , Gastridium triaristatum, Festuca Hemipoa, Jasione glabra, Anacyclus linea- rilobus, les Silene ramosissima et cerastoides , les Brassica Tour- nefortii, Malcolmia arenaria, Linaria Atlantica, etc.; ces dunes présentent également quelques touffes du magnifique kRetama Bovei, si commun aux environs de Mostaganem, et que nous VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 95 n’avons pas rencontré ailleurs aux environs d'Oran. Sur les rochers, et dans les ravins qui entourent cette riche localité, se rencontrent également un grand nombre de plantes intéressantes, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer les suivantes : Cera- locapnos umbrosa, Brassica fruticulosa, Sinapis hispida, Succowia Balearica, Cistus heéterophyllus et sericeus, Reseda collina et saæatilis, Silene rosulata, Lychnis macrocarpa, Erodium cunea- tum, Ulex Africanus, Genista sparhoides et cephalantha, Caly- cotome intermedia, Hedysarum pallidum, Ébenus pinnala, Carum Maurilanicum, Buplevrum fruticescens et Gibrallaricum, Atha- manta Sicula, Ferula Tingitana et communis, Balansæa F'onta- nesii, Helichrysum Fontanesui, Calendula stellata et suffruticosa, Echinops spinosus, Serratula mucronata, Centaurea fragilis, Cerinthe gymnandra , Lycium intricatum , Sideritis Guyoniana, Beta macrocarpa, Euphorbia dumetorum, Statice minuthflora , Platanthera diphylla, nouveau pour l’Algérie, et dont il n’a été trouvé qu’un seul individu, etc. Nulle part aux environs d'Oran on ne trouve les plantes dans un état aussi parfait, les rochers escarpés de la falaise les garantissant des ardeurs du soleil, et les mettant à l'abri des atteintes des nombreux troupeaux qui ra- vagent les plaines d’alentour. — En gravissant les rochers les plus élevés de la falaise, on voit cà et là quelques pieds rabou- gris des J'uniperus Phœnicea, Pinus Halepensis et Callitris qua- drivalvis: arrivé à leur sommet, on se trouve sur un immense plateau couvert de Chamærops humalis , et dont la pente, qui s'élève au nord-est jusqu’à la montagne des Lions, va en s’abais- sant du côté opposé jusqu'à Oran. Là on peut recueillir les Helianthemum rubellum, origanifolium et Ægyptiacum, Erodium Mauritanicum, Galium Bovei, Valerianella chlorodonta, Anthe- mis Boveana, Linaria Munbyana, Armeria Mauritanica, Gagea Mauritanica, Avena ventricosa, hirsuta, eriantha et longiglu- mis, etc. — En se dirigeant toujours au sud, on ne tarde pas à voir apparaître de vastes champs cultivés, et l’Elæoselinum Fon- tanesu etl”’Asphodelus ramosus, qui infestent souvent les moissons, deviennent d’une extrême abondance; les plantes rudérales, que l’on trouve en grand nombre près de la route bordée de haies 96 E, COSSON. d’'Agave et d’Opuntia, annoncent également l'approche de la ville. Nous ne croyons pas inutile, pour compléter le tableau de la végétation, de mentionner ici celles de ces espèces qui sont le plus abondamment répandues aux environs immédiats de la ville, quoique beaucoup d’entre elles soient communes dans tout le bassin méditerranéen; ce sont les Sisymbrium runcinatum et Trio, Erucastrum varium, Diplotaxis auriculata, Malva Ni- cæensis et parviflora, Lavatera Cretica, Erodium laciniatum , Carduus pycnocephalus, Sylibum Marianum, C henopodium opuli- folium, Mercurialis ambigqua, Urtica pilulifera, membranacea et urens, Polypogon Monspeliensis, etc. La plaine d’Aïn-el-Turck, qui s'étend au pied du Djebel- Santo, de Mers-el-Kebir au cap Falcon, tire son nom d’un petit village construit près de la mer, non loin du cap Falcon. Dans les ravins du Djebel-Santo qui aboutissent à cette plaine, se ren- contrent plusieurs espèces intéressantes, entre autres : Cistus seri- ceus, Lavatera hispida, Adenocarpus umbellatus, Læfflingia His- panica, Carum Mauritanicum, Ptychohs verticillata, Scabiosa urceolata, Ormenis aurea, Serratula mucronata, Amberboa mu- ricata, Celsia laciniata, Linaria viscosa , Passerina nitida, Iris Xyphium ; là est assez commun le Ceratocalyæ macrolepis, magni- fique Orobanchée, qui croît, souvent par toufles, parasite sur les racines du Rosmarinus lavandulaceus. — Le sol sablonneux qui compose la plus grande partie de la plaine présente également au botaniste plusieurs espèces dignes d’être mentionnées : entre les touffes de Chamærops humalis, de Stipa tenacissima et de Lygeum Spartum, il pourra recueillir les : Pistorinia Hispa- nica, Ononis euphrasiæfolhia, natricoides et psammophila, Daucus parviflorus, Anacyclus linearilobus , Anthemis pedunculata, An- dryala arenaria, Catapodium tuberculatum , etc. ; à la base du Djebel-Santo, il rencontrera quelques touffes espacées de l’Ephe- dra fragilis ; les sables maritimes lui offriront en abondance les : Cistus halimifolius, Échinops spinosus, Salsola longifolia, Gastri- dium triaristatum , Festuca Ilemipoa, Corynephorus articulatus et var. constrictus, Corynephorus fasciculatus, etc. — Plus près d'Aïn-el-Turck, la plaine est limitée du côté de la mer par des nt tt sr tt Été VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 97 falaises composées de rochers peu élevés ; là croissent en abon- dance les : Æelianthemum Caput-F'elis, Buplevrum fruticescens, Centaurea fragilis, Plantago macrorrhiza, Stalice minutiflora. Ces falaises se continuent avec celles du cap Falcon qui atteignent une bien plus grande hauteur. Le cap Falcon, à 16 kiïomètres N.-0. d'Oran, présente du côté de la mer une ligne de rochers très escarpés, surtout à l’ouest. Dans les fentes de ces rochers à pic se rencontrent en grande abondance le Campanula mollis et le Staiice qummifera, avec des toufles espacées du Brassica scopulorum. Sur le plateau aride qui surmonte les rochers s’observent également quelques espèces in- téressantes : l’AÆAnthemis chrysantha, le Campanula dichotoma, le Plantaga macrorrhiza, et le TrisetumPBalansæ qui couvre de largès espaces. Dans les escarpements qui regardent Mers-el-Kebir, on trouve quelques individus isolés du Bucerosia Munbyana, mais la plante ne paraît fleurir que rarement à cette localité. La plaine des Andalous n’est à vrai dire que la continuation de celle d’Aïn-el-Turck; elle est constituée par une vaste vallée arrosée par de nombreux ruisseaux qui vont se jeter par une seule embouchure dans un petit golfe entre le cap Falcon et le cap Lindles. Le sol y est moins sablonneux que dans la plaine d’Aïn- el-Turck ; cependant près de la forêt d’Emsila, on trouve des champs sablonneux couverts de Brassica sabularia, d'Ononis eu- phrasiæfolia, de Centaurea ferox et de Linaria reticulata. — On chercherait vainement ailleurs aux environs d'Oran quelques espèces que cette plaine présente en grande abondance : tels sont le Triguera Ambrosiaca, qui n’avait pas encore été recueilli en Afrique avant que M. Munby l’eût découvert à cette localité, eb le Genista candicans. Les coteaux qui bordent la plaine sont jaunis au printemps par le Genista spartioides ; sur les bords des ruisseaux encaissés qui la sillonnent de toutes parts, on remarque le Genista linifolia et l Arundo Mauritanica. La fraîcheur de ces lieux, l'abondance et la pureté des eaux que l’on y trouve, leur proximité de la forêt d’Emsila et de la plaine du Gamaras, où M. Munby a signalé plusieurs plantes rares, y auraient attiré plus souvent les naturalistes, si les difficultés de communication 3° série, Bor, T. XIX, (Cahier n° 2.) 5 co 98 E. COSSON. eussent été moins grandes ; mais maintenant qu’une route est tracée dans la partie du trajet la plus difficile, il n’est pas dou- teux que la plaine des Andalous ne devienne le but d’excursions botaniques qui promettent d'importants résultats. Îl nous reste, pour compléter nos notes sur les environs d'Oran, à donner quelques notions sur les plaines situées au sud de la ville , et sur les lacs salés dont l’influence imprime à la végéta- tion un caractère si spécial, — En partant d'Oran pour aller explorer le lac de Miserghin , on traverse pendant assez long- temps une plaine dont le terrain argileux et compacte présente au botanisie un si grand nombre d’espèces intéressantes que nous devrons nous borner à en citer quelques unes pour exemple, en omettant de mentionner la plupart de celles qui sont indiquées : dans les listes comme communes dans toute la région. Ge sont. entreautres, les : 4lyssum granatense, Iberis pectinata, Arenaria cerastoides, Rhodalsine procumbens, Silene pteropleura, Erodium Mauritanicum et quttatum, Fagonia Cretica, Ononis biflora, Astragalus Glaux et lanigerus, Minuartia montana, F'edia gra- ciliflora , Coleostephus macrotus , Carduus leptocladus, Carlina sulphurea, involucrata et qummifera; Rhaponticum acaule, Cen- taurea infestans, Algeriensis, acaulis et eriophora, Kalbfussia Salzmanni, Spitzelia cupuligera, Solenanthus lanatus , Nepeta Apulii, Stipa barbata, ete. — Après avoir traversé cette plaine, on commence à gravir des collines basses où l’on remarque le Convolvulus suffruticosus , le Phlomis biloba, l Avena clauda et lPÆgilops squarrosa. Lorsqu'on est parvenu au sommet de ces collines , la vue plane tout à coup sur l'immense bassin du lac de Miserghin qui ressemble à un bras de mer par son étendue, et l’horizon n’est borné au sud que dans le lointain par les mon- tagnes de Tafaroui. Des deux côtés du lac s'étendent d’im- menses pâturages couverts de touffes de Palmier nain, et où sont enclavés de nombreux champs d’Orge et de Blé. H y à peu d'années encore, on aurait vainement cherché dans ces lieux des traces d'habitation ; maintenant des fermes s'élèvent de tous côtés, et chaque jour le défrichement fait de nouvelles conquêtes sur les terrains incultes. Après être descendu de tn 8 ann à mr VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 99 ces collines, où l’on remarque de nombreuses touffes de ÆRhus pentaphylla, on arrive à des pâturages qui avoisinent la Sebkha, mais où l'influence saline ne se fait pas encore sentir ; là crois- sent en abondance le Cardopatium amethystinum , le Salvia argentea, les Avena clauda, eriantha, hirsuta et sterilis, etc. Dans les pâturages salés qui avoisinent le lac, on rencontre le Peuce- danum salsum, le Statice Duriær, le Suæda frulicosa, et le curieux Cynomorium coccineum ; et bientôt on ne tarde pas à marcher sur d'immenses touffes de Statice qummifera et de F'rankenia corym- bosa, qui permettent de parcourir à pied sec les flaques d’eau qui environnent le lac. Dans ces mares, ainsi que dans le lit du lac lui-même, on trouve en grande abondance le Ruppia Drepanensis, l’Athena filiformis et le Riella helicophylla Montagn. (Duriæa helicophylla Montagn.olim in Æxpl. sc., t. 34), cette curieuse Hé- patique à fronde en spirale, dont il ne nous a été possible de re- cueillir que des individus imparfaitement développés. Parmi les plantes qui eroissent au bord du lac ou dans les mares dont nous venons de parler, il faut citer entre autres : les T'amarix À fri- cana Var. macrostachya, J'uncus mulhflorus var. salinus, Glyceria distans et festucæformis, et l'Halostachys perfoliata, qui y est très répandu, et qui n’avait encore été observé en Algérie qu’aux sa- lines d’Arzew. — Le lac de la Sénia, plus rapproché d'Oran, ne nous ayant point offert d'espèces autres que celles que nous venons de mentionner pour le lac de Miserghin, nous ne croyons pas devoir rendre compte des excursions que nous y avons faites. Entre le lac de la Sénia et Oran, non loin de cette ville, on ob- serve un troisième lac, maintenant presque complétement dessé- ché, et réduit à quelques hectares par les travaux de défriche- ment; c’est dans ce lac qu’autrefois M. Durieu de Maisonneuve a découvert le Riella helicophylla que nous avons retrouvé dans le lac de Miserghin. La plaine d'Oran, outre ces lacs, présente de pelites mares d’eau douce, où l’on trouve réunies des plantes très remarquablés. C'est dans une de ces mares , qui n’offrait que quelques mètres carrés de superficie, que nous avons observé, croissant pêle- mêle, et en grande abondance : les Peplis hispidula, Laurentia 100 E. COSSON. Michel, Marsilea pubescens, Isoetes Hystrix et adspersa ; sur ses bords nous avons rencontré le T'rifolium phleoides. Nous ne mentionnerons pas ici les divers points du littoral que nous avons moins complétement explorés, pensant que les notes qui précèdent peuvent suflire pour donner. un aperçu de la végétation du territoire d'Oran. TRAJET D'ORAN A SAÏDA. Nous ne pouvons donner. que peu de détails sur la végétation de la contrée comprise entre Oran et Mascara, cette partie du trajet ayant été faite rapidement et en suivant la route tracée entre ces deux villes, pressés que nous étions de nous rendre sur : les bords du Chott-el-Chergui, terme de notre voyage. La route d'Oran à Mascara, après avoir traversé les plaines de la Sénia et du Figuier, contourne des collines peu élevées, et va déboucher dans la plaine du Tlélat. Nous avons déjà exposé les caractères généraux de la végétation de la plaine de la Sénia ; celle du Tlélat, quoique très rapprochée, présente en grande abondance quelques espèces qui ne se rencontrent pas dans les plaines de la Sénia et du Figuier, ou qui y sont assez rares ; son sol, éminemment propre à la culture, est défriché dans presque toute son étendue, et de magnifiques champs d’Orge et de Blé contrastent avec l’aridité des collines d’alentour. Ges champs sont souvent infestés par le Ridolfia segetum et les Cen- taurea Algeriensis et infestans; on y rencontre aussi en abon- dance le Cynara Cardunculus, l’'Onobroma helenioides et le magnifique Salvia bicolor. Le Cordylocarpus muricatus et le Psychine stylosa couvrent les bords de la route. L’Oued-Tlélat parcourt de l’ouest à l’est la vallée à laquelle il a donné son nom; après avoir traversé ce ruisseau, on commence à s’enga- ger dans un labyrinthe de collines basses couvertes de quelques bouquets d’arbustes, au sortir desquelles on se trouve dans un bois assez vaste appelé forêt de Muley-Ismaël. Ce bois, qui pré- sente de vastes clairières , est constitué par des broussailles qui ont pris un développement plus considérable que celles de la RS VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 101 plaine, et sont parsemées d'arbres plus ou moins élevés , parmi lesquels nous devons citer en première ligne le Callitris quadri- valvis et l’Olivier sauvage. Depuis quelques années on s’est livré à la greffe de l’Olivier sauvage , et l'on en a obtenu d'excellents résultats ; les fruits des arbres non greffés peuvent aussi, malgré leur qualité inférieure , être utilisés avec avantage en raison du bas prix auquel on peut les faire recueillir par les indigènes. Les broussailles sont composées des arbrisseaux qui sont communs dans tout l’ouest de l’Algérie, et que nous avons déjà cités dans nos notes sur les environs d'Oran ; le Rhus pentaphylla, le Pis- lacia Lenthiscus et le Zizsyphus Lotus se font surtout remarquer par leur extrême abondance. Dans les clairières de la forêt ôn observe le Sisymbrium erysimoides , les Linum grandiflorum , decumbens et tenue , le P olycnemum Fontanesu, etc., et, à une saison moins avancée, le Gagea chrysantha. Les plaines du Tlélat et du Sig sont séparées par la forêt dont nous venons de parler. La plaine du Sig, placée à peu près à égale distance d’Oran et de Mascara , est arrosée par le Sig, dont les eaux, grâce à un puissant barrage, se divisent en un nombre infini de canaux qui servent à fertiliser les riches cultures de la campagne où l’on à construit Saint-Denis du Sig. — Un séjour de plusieurs années dans ce village a permis à M. Durando d’explo- rer le pays avec soin ; aussi croyons-nous devoir donner la liste des espèces les plus remarquables observées par ce bota- niste (4). Après avoir longé pendant quelque temps les coteaux déboïsés qui limitent à l’ouest la plaine du Sig, on ne tarde pas à s’enga- ser, à la sortie de cette plaine, dans une série de collines élevées dont le point culminant se trouve à quelque distance de la vallée de l’Habra ; le sol argilo-calcaire de ces collines ne permet pas une grande variété dans la végétation ; aussi n’y avons-nous trouvé, à l'exception du Diplotaxis virgata DC. , d’autres espèces que celles qui, dans toute la région, appartiennent à cette nature (1) Voyez la liste n° 2, qui contient l'indication des espèces les plus intéres- santes observées par M. Durando aux environs de Saint-Denis du Sig. 102 | E. COSSON. de terrain ; les nombreuses broussailles qu’elles présentent sont, comme celles de la forêt de Muley-Ismaël, composées surtout des Rhus pentaphylla, Pistacia Lentiscus et Quercus coccifera, et ces deux derniers arbrisseaux prennent souvent au fond des ravins des proportions considérables. La vallée de l’Habra, dans la partie traversée par la route ; et où est construit le pont jeté sur le cours d’eau qui lui donne son nom, est assez étroite,et est dominée de toutes parts par des col- lines élevées. Le sol de cette vallée n’est encore que partiellement cultivé ; dans les champs qui longent la rivière se trouvent en extrême abondance le Daucus aureus, le Krubera leptophylla; et les Centaurea Algeriensis et infestans. La rivière de l’Habra , qui ne présente qu’un cours d’eau peu considérable, coule entre : des berges peu élevées qui ne nous ont offert aucune espèce digne d’être mentionnée. Près du pont de l’Habra se remarquent plu- sieurs pieds du Ricinus communis, si commun dans d’autres par- ties de l'Algérie, à tiges vivaces et ligneuses et qui constituent de véritables arbres. Après avoir dépassé la vallée de l'Habra, la route ne tarde pas à s'engager par de nombreuses sinuosités dans la chaîne des montagnes où est construite la ville de Mascara. Ces montagnes à sol argilo-calcaire, coupé de profondes ravines, ne présentent pas une grande richesse de végétation , et la plupart des plantes qui s’y rencontrent ont déjà été observées , soit aux environs d'Oran, soit dans le reste du trajet parcouru; telles sont les espè- ces suivantes : gteranthus echinatus, Eryngium triquetrum et ili - cifolium, Centaurea Algeriensis et infestans, etc. La seule espèce réellement spéciale que nous y ayons recueillie est l'Æelminthia Balansæ , croissant entre les broussailles qui couvrent les talus élevés qui encaissent la route. Lorsqu'on est arrivé, par de longs déia sur le plateau qui surmonte la chaîne, la proximité de Mascara ne tarde pas às’an- noncer par la présence de vastes cultures de Vigne et de nom- breux jardins plantés d’arbres fruitiers, parmi lesquels dominent le Figuier et l’Amandier. La ville de Mascara, construite sur le revers méridional des VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 103 montagnes dont nous venons de parler, est située à 400 mètres environ au-dessus du niveau de la mer ; elle est arrosée par un des affluents de l'Habra encaissé dans un profond ravin, et domine l'immense plaine d’Eghris, qui s’étend au sud. Le peu de temps que nous avons pu consacrer à \expicuétion des environs de cette ville ne nous permettra pas de donner sur leur végétation tous les détails nécessaires ; cependant, grâce à l'extrême obligeance de M. Durieu de Maisonneuve qui a fait à Mascara un séjour de près de trois mois, et qui a bien voulu nous communiquer de précieux renseignements , nous $erons à même d'indiquer les espèces les plus remarquables qui ont été observées à cette localité. Du reste, le nombre des plantes intéressantes que présentent les environs de Mascara ne répond pas aux espérances que fait concevoir au botaniste l'aspect pittoresque du pays. Le sol y est, en général, formé d’un argile compacte, d'un rouge vif, très propré à la culture, mais dont la végétation spontanée est des plus uniformes ; dans ce terrain, au nord de la ville, nous avons rencontré en abondance une variété remarquable de l’4r- gyrolobium Linnæanum, le Pimpinella dichotoma, le Rubia lœvis, les Centaurea ferox et Sicula , Atractylis cæspitosa et l’Astero- thrix Hispanica (qui s’offrent à nous pour la première fois, et que nous retrouverons dans la région des Hauts-plateaux jusqu'au Chott-el-Chergui), le Salvia argentea, le Thymus ciliatus, le Slipa barbata, etc. Dans quelques points la présence d’un terrain sablonneux amène l’apparition d’autres espèces rares : ainsi M. Duriéu à observé à Sidi-Daho plusieurs plantes remar- quables, parmi lesquelles nous citerons le Bourgæa humilis, l’'Ormenis aurea, le Coleostephus multicaulis, le Trisetum niti- cum , l’Esoetes Hystrix, quiprend à cette localité un développement qu'il ne présente nulle part ailleurs en Algérie ; le Mycenastrum leptodermeum Dur., espèce nouvelle de Champignon, etc. La route qui conduit de Mascara à Saïda traverse la vaste plaine d’Eghris. Cette plaine, située à plus dé 100 mètres au- dessous de la ville, s'étend de l’est à l’ouest ; elle est dépourvue d'arbres dans presque toute son étendue, et présente de grands espaces couverts de Paliniers nains dans lesquels sont enclavés A0! E. COSSON. de nombreux champs d’Orge et de Blé. Les plantes les plus remarquables qui S'y rencontrent sont les : Linum tenue, Astra- galus scorpioides, caprinus, T'elephium Imperati, Eryngium ilci- folium, Ormenis aurea, Carduncellus pinnatus, Centaurea Ni- cœæensis ,. Microlonchus Delestrei, Barkhausia myriocephala , Anarrhinum pedatum , Thymus Fontanesu, Stachys arenaria , Phlomis biloba, Plantago amplexicaulis, etc. Le ruisseau de l’'Oued-Froha est le cours d’eau le plus important qui arrose la plaine d’Eghris, et c’est le premier que l’on traverse depuis Mas- cara. À peu de distance au delà de ce ruisseau on commence à monter par une pente peu sensible ; et, en laissant à l’ouest la route carrossable de Mascara à Saïda par Ouizert, on ne tarde pas à s'engager dans un bois composé presque exclusivement de : Callitris quadrivalvis et de Quercus Ileæ et coccifera. Ce bois, commencement des forêts qui couvrent presque tout le pays jusqu'à Saïda, offre de nombreuses clairières sablonneuses, où nous avons rencontré en une extrême. abondance le Linum asperifolium, le Cleonia Lusitanica et le IF angenheimia Lima ; dans les broussailles nous y avons observé également le T'eucrium fruticans et le Nepeta mulhibracteata. Sur le territoire des Hachem- Garabas, au bord de l'Oued-Taria , non loin de Benian , Un large espace déboisé présente quelques champs d’Orge et de Blé; làinous avons trouvé l’Helianthemum echioides et les Coleostephus macrotus et multicaulis. Après avoir traversé l’Oued-Taria, on s’achemine à travers une vallée très boisée se dirigeant vers le sud-est et arrosée par des ruisseaux dont les bords sont couverts de Lauriers-roses. Les profondes ravines quisillonnent cette vallée ne nous ont offert aucune espèce remarquable, et ce n’est que dans les clairières sablonneuses qui bordent le chemin que nous avons rencontré quelques plantes dignes d’être mentionnées, entre autres les Malcolmia arenaria var., Helianthemum macro- sepalum, echioides et sanguineum, Minuarha montana, Wangen- heimia Lima, Nardurus Salzmanni. À l’extrémité méridionale de cette vallée, les bois qui couvrent presque tout le pays depuis la plaine d'Eghris vont en s’éclaircissant de plus en plus, et ne tardent pas à disparaître bientôt ; le terrain commence à pré- VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, 105 senter une pente assez forte ; l’Ofocarpus virgatus apparaît pour la première fois dans les champs en friche, où il croît en abon- dance, et où il remplace le Cordylocarpus muricatus , que nous n'avons pas observé au delà de la plaine d’Eghris ; il est accom- pagné des Astragalus geniculatus et nummularioides. Les collines argilo-calcaires qui dominent le chemin sont couvertes de Cleonia Lusitanica. Ce chemin s'engage bientôt par une pente rapide entre des blocs de rochers jetés sans ordre, et ne tarde pas à aboutir à la limite du plateau élevé occupé par la tribu des Oulad- Kraled-Garabas ; là d'énormes rochers viennent affleurer le sol, et forment comme un immense dallage construit par la main de _ l’homme. Entre les intervalles de ces dalles naturelles se rencon- trent pêle-mêle et en grande abondance les : Helianthemum Fontanesii, Otocarpus virgatus, Onobrychis…, Anacyclus Py- rethrum , Convolvulus undulatus, etc. Le plateau s'élève vers le sud par une pente insensible, et est dominé seulement par des collines peu élevées ; la plaine qui le constitue est complétement dépourvue d'arbres et de broussailles, et est couverte d’abon- dants pâturages. Une source d’une eau abondante et limpide à creusé un assez vaste bassin au milieu de cette plaine , et c’est dans son voisinage que, pendant la saison d’été, viennent camper les douairs de la tribu. Dans les pâturages de cette riche localité nous avons observé les Matthiola lunata, Alyssum Granatense, Sisymbrium crassifolium, Brassica Atlantica, Astragalus genicu- latus, Helianthemum Fontanesii, Anacyclus Pyrethrum, Cardun- cellus pinnatus, Scorzonera coronopifolia, Triticum hordea- ceum , etc. — Sur les coteaux argileux situés à l’ouest de la source, nous avons recueilli l'Otocarpus virgatus, qui y croît en abondance avec le Convolvulus undulatus, et nous avonsrercontré quelques pieds espacés du rare T'rigonella ovalis. — Non loin de cette même source, à l’est, est creusé un ravin profond entouré de rochers escarpés, où de magnifiques Pistacia Atlantica se font distinguer de loin par leur feuillage d’un beau vert, Malgré tout le soin avec lequel nous avons exploré ce ravin, qui, par son aspect pittoresque , semblait nous promettre une riche récolte, nous n'y avons pas trouvé un aussi grand nombre d'espèces 106 | E. COSSON. intéressantes que nous avions dû l’espérer : les fentes des ro- chers nous ont offert seulement le Polycarpon Bivonæ, le Fumaria corymbosa, et le Campanula filicaulis ; parmi les pierres éboulées pous avons rencontré en abondance les Filago Duriæi, Astra- galus edulis, et lÆgilops squarrosa var. aristata ; dans les pe- louses humides, à l'entrée du ravin, nous avons trouvé l’Jsoeles Hystrix, et là, près de petites sources, nous avons vu quelques pieds du Senecio giganteus qui ne devait fleurir qu’à une saison plus avancée, Du plateau des Oulad-Kraled-Garabas à Saïda, il y a environ quatre heures de marche : dans la première partie du trajet, le sentier qui se dirige vers le sud-ouest longe une suite de collines déboisées, et ce n’est que dans les environs de Saïda que lon: voit reparaître le Callitris quadrivalvis qui, avec le Juniperus macrocarpa, constitue des bois assez étendus où ces deux arbres, lorsqu'ils n’ont pas été mutilés par les Arabes, atteignent sou- vent des proportions remarquables. Quoique le fond de la végé- tation soit à peu près le même que dans les bois situés au sud de la plaine d’'Eghris, la présence du J'uniperus macrocarpa et celle d'espèces herbacées qui n'avaient pas été observées dans le reste du voyage annoncent l'approche d’une nouvelle région botanique : on observe, en effet, dans les clairières de ces bois les Silene scabrida, Malva Ægyptia, Astragalus cruciatus, Car- duncellus pectinatus, Echinospermum patulum, Rocheha stellu- lata, Orobanche cernua, Sideritis montana et le Triticum orientale, espèce qui n'avait encore été signalée qu’en Orient. Le Pastaca Atlantica, qui n'avait pas été revu depuis le ravin du territoire -de la tribu des Oulad-Kraled-Garabas, ne tarde pas à reparaître en grande abondance dans un petit ravin qui longe à l’est la forteresse de Saïda. | Saïda, à 80 kilomètres environ de Mascara, est situé à environ 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, d’après les rensei- gnements qui nous ont été donnés et qui nous semblent. con- firmés par les caractères que présente la végétation (M. Renou, Expl. sc. Alg., Géologie, n'évalue l'altitude de Saïda qu’à h50 mètres). Ce poste avancé, qui consiste en une forteresse pt Late mdr : mi me gradilfé VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 107 assez vaste entourée d’un mur d'enceinte, est construit non loin des ruines du vieux Saïda, enceinte fortifiée jadis occupée par Abd-el-Kader , à l’extrémité méridionale de la vallée fertile arrosée par l'Oued-Benian et ses nombreux affluents. La vallée de Saïda , limitée à l’est et à l’ouest par des montagnes peu élevées, est fermée brusquement au sud par une chaîne de rochers presque à pic qui s'élèvent comme une muraille pour séparer le Tell des Hauts-plateaux auxquels ils forment un puis- sant contre-fort et dont ils ne permettent l’accès que par les quel- ques. brèches creusées par des torrents et le ruisseau origine de l’Oued-Benian.—Aux environs de la forteresse se trouvent des Jardins où sont cultivés avec succès presque tous les arbres frui- tiers d'Europe, et quelques fermes dont les riches cultures occu- pent déjà une grande partie du sol ; ces cultures sont appelées à prendre un grand développement, car le Palmier nain, que nous avons vu infester les plaines des environs d'Oran et de Mascara, est rare dansla vallée de Saïda, et le défrichement peut par cela même y être exécuté à beaucoup moins de frais. Les cultures de la vallée de Saïda présentent encore un autre avantage sur celles du littoral et des environs de Mascara : grâce à leur élévation au-dessus du niveau de la mer et aux nombreux cours d’eau qui fertilisent la vallée, elles ne sont pas exposées aux sécheresses qui, dans quelques parties de la province d'Oran, viennent trop souvent frapper le pays de stérilité. — Les bords des chemins sont plantés de peupliers d'Italie (Populus fastigiata Poir.) qui, par la fraîcheur. de leur feuillage et leur rapide développement, peuvent être mis en parallèle avec les plus belles plantations du centre-de la France. Le Melia À zedarach L. s’est également très bien acclimaté, et de nombreux pieds de cet arbre ornent les cours de la forteresse. — Le Quercus coccifera, très abon- dant dans les bois et les broussailles des environs de Saïda, porte souvent en assez grande abondance le Kermes que les indigènes récoltent avec soin et viennent vendre sur le marché. Dans les champs incultes près de la forteresse , non loin du ruisseau qui, descendant des Hauts-plateaux, est l’origine princi- pale del’Oued-Benian, s’observent plusieurs plantes intéressantes, 108 E. COSSON, entre autres les: Sisymbrium erysimoides etruncinatum, Psychine stylosa , Otocarpus virgatus, Helianthemum papillare, Astragalus scorpioideset geniculatus, T'rigonella ovalis, Medicago secundiflora, Crucianella patula, Scabiosa maritima var. ochroleuca, Centaurea sulphurea, Phlomis biloba, Passerina virgata, etc. C’est à la base de la chaîne des rochers qui ferment la vallée de Saïda , et dans le ravin profond creusé par le ruisseau qu descend des Hauts-plateaux, que se rencontrent la plus riche vé- gétation arborescente et les espèces les plus rares de cette belle localité. Dans le ravin , grâce à la surveillance exercée par les autorités militaires de Saïda, qui les a protégés contre les dépré- dations des Arabes, les arbres présentent, ce qui est malheureuse- ment trop rare dans cette partie de l'Algérie, un admirable dé- veloppement, et c’est là que nous avons rencontré des individus du Pistacia Atlantica rappelant par leurs dimensions les arbres de nos forêts. L’4mygdalus communis croît spontanément dans tout le ravin où il forme d’épais buissons, et il est surtout très abondant, ainsi que le Pistacia Atlantica, sur le revers mé- ridional de l’escarpement auquel est adossé le vieux Saïda. — À la base des rochers se rencontrent , parmi les pierres éboulées qui couvrent le sol, les Medicago secundiflora, Caucalis bifrons , Filago Duriæi, Anarrhinum fruticosum , Phelipæa Schultzu ; dans les fentes et les anfractuosités croissent les Polycarpon B1- vonæ , Poterium ancistroides et l’Asplenium Petrarchæ ; dans les escarpements ombragés on,observe les Ærabis parvula et pubes- cens, le Saxifraga globulifera var. Granatensis, le Balansæa Fontanesu, etc. — Au-dessus de ces rochers s’étend un plateau rocailleux coupé par de nombreuses ravines qui le séparent des Hauts-plateaux. Ce plateau offre une végétation arborescente bien moins vigoureuse que celle du ravin, et l’on n’y voit plus d’autres arbres que le J'uniperus macrocarpa, qui y forme des touffes isolées, et des individus rabougris du Callhtris quadrivalvis. Là nous avons observé les Æ4lyssum Granatense et sculigerum , Erysinum strictum var. micranthum, Minuartia campestris, An- themis fugax, Androsace maxima, Nepeta mulhibracteata, Aceras intacta, Brachypodium distachyum var. platystachyum , etc. "nent - A je VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 109 Plusieurs de ces espèces, Lelles que les Æ/yssum sculigerum, Ery- simum strictum var. micranthum, Androsace maxima, qui n'avaient pas été observées dans le reste du voyage, et qui se retrouveront en abondance dans la région des Hauts-plateaux, établissent, pour ainsi dire , la transition entre la végétation des environs de Saïda et celle de cette dernière région. HAUTS-PLATEAUX. La région des Hauts-plateaux est bornée au nord, à Saïda, par la chaîne de rochers dont nous avons déjà parlé, et qui, s’éten- dant de l’est à l’ouest, limite le Tell comme une muraille ; aussi, pour atteindre les Hauts-plateaux, faut-il gravir le ravin profond creusé par le ruisseau, origine de l’Oued-Benian, et tra- verser la large brèche qu’il s’est ouverte pour pénétrer dans la vallée de Saïda. Après avoir dépassé les rochers, on continue à monter , mais par une pente moins forte, en suivant une vallée peu profonde , limitée à l’ouest par des collines assez élevées : sur les bords du ruisseau, à la base de ces collines, dans de riches pâturages, se trouvent en abondance le Thalctrum glaucum , l’'Orchis incarnata var. et l’Iris Xyphium à fleurs bleues où blanches : l’abondance de ces espèces est telle, que, dans quel- ques endroits, elles forment presque le fond de la végétation de la prairie. À une heure de marche environ, au sud de Saïda, la vallée est moins nettement limitée , et la pente du sol est encore moins prononcée ; des ruisseaux peu profonds, à lit à peine en- caissé, sillonnent des prairies qui, par leur végétation vigoureuse et variée, rappellent celles du plateau des Oulad-Kraled-Garabas, et présentent un grand nombre d'espèces intéressantes, entre autres les : Olocarpus virgatus, Éruca stenocarpa, Helianthe- mum Fontanesti, Malope stipulacea, Erodium quitatum , Astragalus Gryphus, Glaux, lanigerus et nummularioides, Onobrychis……, Telephium Imperati, Eryngium triquetrum, Scabiosa maritima var. ochroleuca, Anthemis pedunculata , Marrubium supinum, Passerina virgata , etc.; et le Sylibum eburneum forme de vastes touffes sur Jes alluvions sablonneuses 110 | Æ. COSSON. des ruisseaux. Un peu plus loin, les cours d’eau et les sources ne tardent pas à disparaître, et le sol commence à se couvrir des touffes orbiculaires des Artemisia Herba-alba var. et cwmpestris (Chihh des Arabes) , et des Macrochloa tenacissima et Stipa barbata (Alfa) ; on voit apparaître quelques individus isolés du Clypeola cyclodontea , curieuse Crucifère qui n’avait encore été observée spontanée qu'aux environs de Tiaret par M. Delestre, et l’on rencontre entre les touffes des plantes vivaces, qui consti- tuent le fond de la végétation, les espèces suivantes : Erysimum strictum var. micranthum, Silene scabrida, Minuartia cam- pestris, Crucianella patula, Asterothrix Hispanica, Rochelia stellulata, Ziziphora Hispanica, Calamintha graveolens, Side- rilis montana, elc. Cette première partie de la région des Hauts-plateaux est la seule qui présente une végélation arborescente , et encore n’y rencontre-t-on que des pieds espacés du Juniperus macrocarpa, qui présente dans cette région une forme conique très remar- quable; les arbres diminuent insensiblement de grandeur , jus- qu'au point où l’espèce cesse de croître non loin de Timetlas. Bientôt, par une pente insensible, on arrive à une immense plaine élevée d'environ 700 à 800 mètres au-dessus du niveau de la mer, et coupée par de nombreuses ondulations qui rappellent les vagues de la mer, et qui, bornant l'horizon à de courtes distances, vous égarent facilement dans ces solitudes. Il est difficile de se faire une idée de l'aspect triste et monotone de celte plame entièrement déboisée, dans laquelle les plantes les plus appa- rentes sont le Ferula communis et l’Asphodelus ramosus. Nous n’y avons observé d’autres espèces que celles déjà signalées; seulement le Clypeola cuclodontea s’y rencontre en assez grande abondance. | Après environ six heures de marche depuis Saïda , on arrive à Timetlas, qui, comme les autres points désignés par un nom spé- cial dans la région des Hauts-plateaux, ne consiste que dans la réunion de plusieurs puits et de quelques sources, où les Arabes viennent chercher de l’eau et abreuver leurs troupeaux. Ces sources et ces puits, très peu profonds, déversent, dans la sai- VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. (LE son des pluies, le trop-plein de leurs eaux dans un marais peu étendu et profondément encaissé, qui ne nous à offert aucune espèce digne d’être mentionnée. Près de ce marais, dans Îles points correspondants à des dépressions du sol et où Peau a pu séjourner plus longtemps, les Arabes ont semé des champs d’'Orge d’une assez grande étendue, qui, par leur riche apparence, contrastent avec l’aridité du reste du pays. C’est dans le voisi- nage de ces cultures et dans les champs laissés en friche que se rencontrent en plus grande abondance les espèces les plus remar- quables , ou réellement caractéristiques de la végétation de la région ; telles sont les : Ranunculus orientalis , Sisymbrium crassifohum, Erysimum strictum var. nucranthum, Alyssum scutigerum, Glypeola cyclodontea, Cossonia Africana , Silene scabrida, Ononis incisa, Trigonella polycerata, Vicia amphi- carpa , Hohenackeria bupleurifolia , Valerianella..…., Nonnea maicrantha, Ziziphora Hispanica, Calamintha graveolens, An- drosace maxima, Passerina virgata, Ægilops triaristata, etc. A l'entrée de quelques silos abandonnés se retrouve le Sylibum eburneum , que nous avons déjà mentionné dans la première partie de la région des Hauts-plateaux. — Le sol des environs de Timetlas consiste en un terrain argilo-calcaire pierreux qui, par la sécheresse, acquiert une extrême dureté, et que des roches calcaires viennent affleurer çà et là; toute la région des Hauts- plateaux ne nous à offert, du reste, que cette même nature de terrain , et nous n’y avons rencontré nulle part de terrains sa- blonneux. De Timetlas à Sfid, la plaine descend par une pente insensible et présente la même aridité, la végétation garde les mêmes ca- ractères, Je sol y est toujours parsemé de touffes des Artemisia Herba-alba var. et campestris, Ferula communis, Asphodelus ramosus, Stipa barbata et Macrochloa tenacissima, entremé- lées de quelques pieds de l'Helianthemum hirtiim var. deserti; et dans l'intervalle des touffes formées par les plantes que nous venons de mentionner se rencontrent l’Alyssum serpyllifolium et le Polycnemum Fontanestii avec quelques unes des plantes déjà observées dans la partie de la plaine qui précède Timetlas. 419 E. COSSON. La pauvreté botanique de cette localité est encore augmentée par les nombreux troupeaux de moutons et de chameaux qui broutent jusqu’à la dernière touffe des espèces même de celles qui, comme le Macrochloa tenacissima et l’Helianthemum hirtum , sembleraient , par leur consistance, devoir être à l’abri de leurs atteintes. Sfid, à la limite sud de la région des Hauts-plateaux, à quatre heures de marche environ de Timetlas, est, de même que cette dernière localité, un point de station pour les Arabes et leurs troupeaux. Un marais assez étendu, alimenté par quelques sources, est couvert d’une prairie où dominent le Schismus marginatus, les Festuca expansa et interrupta, Hordeum maritimum, etc. Sur les bords argileux du marais se trouve en grande abondance le’ Triticum orientale, déjà observé à Saïda, avecle Triticum squar- rosum, plante orientale que nous n’avions pas encore rencontrée ; là nous avons également observé le Trigonella polycerata, V’Ana- cyclus Pyrethrum , le Hohenackeria bupleurifoha , et des es- pèces qui, comme le Frankenia pulverulenta et le Lepturus in- curvatus, ne se trouvent en France que sur le littoral. Les coteaux qui dominent le marais nous présentent la plupart des espèces que nous avons déjà trouvées dans les terrains arides des envi- rons de Timetlas, et nous en offrent en outre quelques autres que n'avions pas encore vues dans la région : Meniocus hmfolus , Queria Hispanica, Onopordon acaulis, Keæleria villosa var., cette dernière plante est d’une abondance excessive dans tous les environs de Sfid. Au delà de Sfid le pays change notablement d'aspect ; la vaste plaine qui s'étend jusqu’au Chott présente une pente très pro- noncée vers ce lac, c’est-à-dire en sens inverse de celle que l’on a suivie pour se rendre de Saïda à Timetlas; les ondulations du terrain disparaissent, et la vue n’est plus limitée que par la chaîne de montagnes qui se dessine de l’autre côté du Chott. Les carac- ières que présente la végétation indiquent également que rom entre dans une nouvelle région. VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, 115 RÉGION DES CHOTTS. La plaine dont nous venons de parler et qui de Sfid au Chott présente une largeur d'environ AO kilomètres, est très remar- quable , ainsi que nous l’avons déjà fait observer, par l'absence des ondulations caractéristiques des Hauts-plateaux ; elle présente seulement, à de longs intervalles, quelques dépressions peu pro- fondes, toutes dirigées vers le lit du Chott et que généralement on signale à tort comme des cours d'eau, car aucune d'elles ne nous à offert de sources, soit à son origine, soit dans son par- cours. Le sol de cette plaine est d’une extrême aridité, il est comme celui des Hauts-plateaux parsemé de touffes de Macro- chloatenacissima, des Artemisia Herba-alba var. etcampestris, maïs la plante réellement dominante est l’Helianthemum hirtum var. deserti qui, sur certains points, croît à exclusion de toutes les autres espèces. Dans les endroits où cette plante n’a pas en- vahi l’espace laissé entre les touffles des grandes espèces vivaces se rencontrent les Alyssum serpyllifolium, Meniocus linifolius, Muricaria prostrata , Minuartia campestris, Scabiosa semi- papposa var., Echinospermum patulum, Zizaphora Hispanica, Wangenheimia Lima, etc.; on y observe plus rarement les Sisymbrium torulosum, Achillea spithamea, Carduncellus Atlanticus, Amberboa Lippu, Mcrolonchus tenellus, Astero- thrix Hispanica, Orobanche cernua, etc. ; dans lestouffes mêmes formées par le Macrochloa tenacissima, l’Érucastrum leucan- thum se fait remarquer par ses fleurs d’un beau blanc, et avec lui croissent souvent le Cheiranthus semperflorens et l'Haplo- phyllum linifolium. Nous n’avons suivi dans une grande partie de sa longueur qu'une seule des dépressions dirigées vers le Chott ; cette vallée étroite et peu profonde est désignée improprement sur toutes les cartes sous le nom d'Oued-Falet; son lit, à sec dans presque toute son étendue, présente, il est vrai, quelques marécages, mais ne peut, en raison de la disposition de sa pente, verser dans le lit du Chott les eaux pluviales, les seules qu'il re- coive. Les marécages de l’Oued-Falet ne présentent que les 3° série. Bor. T. XIX. (Cahier n° 2.) 4 ë A1 E. COSSON. espèces communes dans les endroits humides de cette partie de l’Algérie ; et c’est seulement sur les pentes des coteaux rocail- leux qui bordent la vallée et à leur base que se rencontrent les espèces les plus intéressantes ; là, dans la plus grande partie de la vallée, avec des plantes propres à la plaine que l’on vient de traverser, croissent quelques unes de celles que l’on a déjà ob- servées sur les Hauts-plateaux, et auxquelles la fraîcheur entre- tenue par les marécages permet de se développer au delà.des limites de leur région ; ainsi on rencontre associés : les Menio- cus linifolius, Muricaria prostrata, Trigonella polycerata. Va- lerianella..…., Achillea spithamea, Onopordon acaulis, Echino- spermum palulum et Vahlianum, Sideritis montana, etc. — Près de Sidi-Khalifa, la végétation de l’Oued-Falet revêt un ca- ractère tout à fait distinct; là, on voit apparaître des espèces qui, pour la plupart, n’ont pas encore été observées dans le reste du voyage, et qui se retrouveront en plus grande abondance entre Sidi-Khalifa et Khrider, telles sont les : Lepidium subulatum, Astragalus tenuifolius, Hermaria fruticosa var., Paronychia Cossoniana, Deverra chlorantha, Atractylis prolifera, Arne- bia Vivianii, Echium pustulatum?, Passerina microphylla, etc. Sidi-Khalifa, à environ 80 kilomètres de Saïda, est un ancien village arabe, construit, à quelques centaines de mètres du Chott- el-Chergui, sur une faible éminence. De ce village, qui autre- fois présentait une population assez nombreuse , il ne reste plus qu’un marabout assez bien conservé et les ruines de chétives maisons à un seul étage, entourées de petits jardins fermés de murs et plantés de Vigne, de Figuiers et surtout d’Abricotiers, qui y prennent souvent des proportions considérables. — De Sidi- Khalifa, la vue plane sur une grande partie du Chott-el-Chergui, qui apparaît comme une mer dont la surface brillante et ondulée par des vagues s'étend à l’ouest à perte de vue , et dont le lit est coupé au sud par une vaste presqu'ile; des dunes assez élevées paraissent l’entourer de toute part. En s’avancant vers les bords du Chott, on s’apercoit avec un vif étonnement que les dunes qui semblent l'entourer sont des collines assez éloignées, et l’on voit que la surface, qui de loin apparaissait Ne rt tn hs ER nent mé ds VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 149 commeune mer agitée par des vagues, n’est autre que le lit du lac très peu profond, entièrement à sec, et recouvert d’une couche de sel cristallisé polie comme une glace. Le miroitement de cette couche cristalline qui, selon la profondeur du lit du lac, présente des épaisseurs inégales, peut expliquer les erreurs d'optique que nous venons de décrire, ainsi que les curieux ef- fets de mirage qu'il n’est- pas rare de voir se produire sur le Chott. La couche de sel, sur les bords du lac, est mêlée de ma- tières terreuses ; mais en s’avancant un peu, on la voit augmen- ter d’épaisseur,.et devenir d’une extrême pureté, due aux cris- tallisations successives qu’elle à eu à subir ; en effet, occupant la partie la plus basse d’un immense bassin, le Chott, quoique privé d’eau pendant plusieurs mois, doit, chaque année, dans la saison des pluies, en recevoir des quantités suffisantes pour dis- soudre au moins en partie le sel dont. le sol est recouvert et im- prégné, et ensuite cette eau, par son évaporation, laisse déposer les cristaux de sel marin, en les isolant de toutes les matières étrangères. Le lit du Chott est constitué par un terrain argilo-calcaire compacte parsemé de cristaux de gypse ; et c’est ce même ter- rain que présente Ja plaine étroite comprise entre le Chott et les collines qui le bordent, et que l’on parcourt pour se rendre de Sidi-Khalifa à Khrider ; dans cette plaine se trouvent réunies un grand nombre d'espèces caractéristiques de la végétation de la région : de larges touffes des Lepidium subulatum, Helianthe- mum sessthflorum, Frankenia thymifolia, Herniaria fruticosa, var., Deverra chlorantha, Atractylis maicrocephala et cæspi- tosa, Passerina microphylla, Stipa gigantea et barbata se par- tagent le sol, et dans les endroits qu'elles n'ont pas envahis se rencontrent les Erodium glaucophyllum , Astragalus tenuifo- lius, Paronychia Cossuniana, Senecio coronopifolius, Zolliko- feria resedifolia, Echium pustulatum ?, Arnebia Vivianii, Salvia lanigera, F estuca divaricata, dricura orientale et squarrosum, etc, Kbrider, situé sur le bord du Chott, à environ 4 kilomètr es à l’est de Sidi-Khalifa, est dominé par une enceinte fortifiée, con- 116 E. COSSON. struite par les Francais sur un mamelon assez élevé ; ce lieu, où l'on ne voit d’autre construction qu'un petit marabout, est le rendez-vous de nombreuses tribus qui y viennent, souvent de plusieurs lieues, pour puiser de l’eau et abreuver leurs troupeaux dans les sources abondantes qui $’yY rencontrent. Les eaux de de ces sources se réunissent dans de vastes bassins, que les Arabes ont encaissés dans des travaux de maçonnerie pour en élever le niveau et pouvoir en conduire par des canaux une partie à Sidi-Khalifa, et arroser les terrains voisins où sont cultivés d'assez vastes champs d’Orge. Aux bords des bassins et sur la chaussée qui les traverse, on ne rencontre que des espèces sans intérêt, telles que le Scirpus Holoschæœnus, le Lygeum Spartum et le Phragmites vulgaris, etc. En s’avançcant à l'Est, au delà de ces bassins, on rencontre de petits étangs d’eau douce, aux bords desquels croissent quelques pieds espacés de Phe: lipæa lutea. En explorant les eaux de ces étangs, nous avons observé le Riella helicophylla, qui n'avait encore été signalé que dans les eaux saumâtres des environs d'Oran. Les prai- ries humides , qui se trouvent entre ces étangs, ne nous ont présenté aucune espèce particulière. Dans les champs d’Orge, nous n'avons également rencontré que des espèces qui ne méritent pas d'être mentionnées, en exceptant toutefois le Kælpinia linearis dont nous n’avons pu recueillir là que quel- ques pieds. Si, après avoir exploré les prairies et les cultures, on se rapproche du Chott, on rencontre des dunes de sable mo- bile tout à fait analogues à celles de certains points du littoral, et là on voit apparaître des espèces qui n'avaient pas été observées dans le reste de la région : Astragalus Gombo, Echinopsilon muricatus, Aristida pungens, Festuca Memphitica ; plus près du lit du Chott, là où le sable commence à se recouvrir d’une couche d’argile, se rencontrent groupées les espèces les plus caractéristiques, le Saccocalyx satureioides, genre nouveau de la famille des Labiées, les Arnebia Vivianu, Erodium glaucophyllum , Ononis angustissima , Passerina micro- phylla, etc. Le lit du Chott présente de nombreuses touffes espa- cées du Zygophyllum albunz appliquées sur le sol, et de l’Ha- Il l ré phbt er éégesaae mme re cmrttpumnmegmecagennerrerenpeane VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, 117 locnemum strobilaceum var. cruciatum en partie enfouies sous la vase qu’y ont déposée les eaux en se retirant, — Dans cette portion du Chott se rencontrent çà et là des tumulus de forme conique, élevés de plusieurs mètres, et couverts de la base au sommet par le Tamarix bounopæa, le seul véritable arbris- seau spontané que nous ayons vu dans la région desGhotts où les indigènes sont réduits à faire du feu avec les touffes de l’He- lanthemum hirtum var. desert et du Passerina microphylla, quand ils n’ont pas recours pour cet usage à la fiente de cha- meau desséchée au soleil. Le mode de formation des mamelons dont nous venons de parler est assez remarquable pour que nous croyions devoir le décrire sommairement : les eaux du Chott en se retirant laissent d’abord au pied du Tamarix un bourrelet circulaire de vase qui, en arrêtant le sable poussé par le vent, forme la base du tumulus ; ensuite les couches successives de sable qui viennent se superposer et se réunir aux détritus four- pis par l’arbrisseau, constituent à la longue ces masses coniques dépassées seulement par les rameaux de la plante, et dont l’ori- gine serait difficile à comprendre, si on ne se rappelait les faits analogues que présentent certaines parties du littoral de l’ouest de la France, où des villages entiers ont disparu sous le sable mobile des dunes, — En traversant le lit du Chott, on arrive à la presqu'île dont nous avons déjà parlé, et qui s'étend de l’est à l’ouest, depuis Khrider jusqu’en face de Sidi-Khalifa ; le sol ar- gileux et pierreux de cette presqu'île, élevée de plusieurs mètres au-dessus du niveau du Chott, ne nous a offert que deux espèces, que nous n'avons pas observées dans le reste de la région, le Lonchophora Capiomontiana et l'Hippocrepis scabra, avec le | Kœlpinia linearis, qui y est plus abondant qu’à Khrider. Il esttrès regrettable que les renseignements et les indications qui nous ont été donnés sur l’état politique du pays par le Bureau | arabe de Saïda, ne nous aient pas permis de poursuivre nos ex- plorations à l’est de Khrider et surtout de traverser le Chott, pour visiter la plaine située au delà, au pied des montagnes de Malah et d’Assi-el-Hadri, élevées de plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau du Chott, et qui étaient assez rappro- 118 E. COSSON. chées pour nous permettre d’en distinguer non seulement la forme générale mais même les accidents du terrain; là nous eussions certainement rencontré plusieurs espèces que nous n’a- vons pas trouvées entre Sidi-Khalifa et Khrider et surtout nous eussions été à même de faire d’utiles observations sur la végéta- tion de cette contrée encore si imparfaitement connue. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET RÉSUMÉ. La contrée que nous avons parcourue est comprise approxima tivement entre les 2° et 3 de longitude occidentale de Paris, et entre les 45° 43’ et 34° 19° de latitude septentrionale. Cette contrée depuis Oran jusqu’au Chott-el-Chergui, quoique présentant les sites et les expositions les plus variées, peut être partagée en trois régions aussi distinctes au point de vue de la Géographie botanique qu’à celui de la Géographie physique : 4° Région méditerranéenne ou Tell. Cette région peut elle- même être subdivisée en deux régions secondaires , l’une ltio- rale, l’autre intérieure. 2° Région des Hauts-plateaux. 3° Région des Chotts. Les détails que nous donnerons sur les caractères essentiels de ces régions feront mieux comprendre l’utilité des Listes, où nous avons exposé le tableau des espèces observées par nous, en montrant les avantages qu'elles présentent pour comparer la végétation des diverses régions et celle des autres points du bas- méditerranéen. RÉGION MÉDITERRANÉENNE. La région méditerranéenne, ou Tell, est limitée au nord par la Méditerranée et au sud par la chaîne des montagnes qui, éten- dues de l’ouest à l’est, la séparent de la région des Hauts: plateaux. D'Oran à Saïda, l’inclinaison générale du sol est très pronon- cée, cette dernière localité étant à 600 mètres au-dessus du | | VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 119 hivéau de la mer, quoique située au fond d’une vallée assez pro- fonde. — Le pays est coupé par plusieurs chaînes de montagnes qui préséntent en général la même direction que celles du littoral et limitent par conséquent des vallées presque parallèles entré elles, — Les plus élevées de ces montagnes sont celles des envi- rons de Mascara et celles qui sont surmontées par le plateau des Oulad-Kraled-Garabas. — Les vallées sont d'autant plus élevées au-dessus du niveau de la mer qu’elles sont plus éloignées du littoral. Les cours d’eau sont assez nombreux, mais leur vo- lume est en général peu considérable; en raison de la forte inclinaison de leur pente et de la disposition topographique du pays, ils peuvent Souvent, par des barrages pratiqués dans les endroits élevés, fournir de nombreux canaux pour l'irrigation des vallées, ainsi que cela a été pratiqué avec tant de succès pour la plaine du Sig. à Les Les bois, rares dans les environs d'Oran, occupent une grande partie de la contrée depuis Saint-Denis-du-Sig jusqu'à Saïda ; nous avons dans les Notes donné assez de détails sur la composi- tion de ces bois pour ne pas y revenir ici; nous rappellerons seu- lément qu’ils sont en général composés de broussailles plus ou moins élevées, parsemées de quelques arbres et qu'ils constituent plutôt de véritables mâquis que des forêts. Ce n’est qu'en sé rapprochant de Saïda queles bois sont formés d’espèces réel- lement arborescentes, laissant peu de place pour le dévelop- pement des broussailles. Il est bon de noter ici que les arbres qui dominent dans la composition des bois, présentent presque tous des feuilles persistantes, tels sont les : Olea Europæa (Oli- Vier Sauvage), Callitris quadrivalvis, Pistacia Lentiscus et Atlantica, Juniperus macrocarpa, Quercus [lex et Suber, etc. De vastes espaces dans les plaines et surtout sur la pente des montagnes sont couverts par des broussailles basses qui donnent au pays un aspect caractéristique ; nos Notes contiennent l’in- dication des espèces qui constituent ces broussailles dans les diverses parties du pays. Le sol des plaines et des vallées, d’une grande fertilité, surtout dans les endroits arrosés, est propre non seulement à la culture 4920 E. COSSON\. des céréales, mais encore à celle de presque tous les végétaux à l’usage de l’homme ; c’est à sa fertilité que la région doit le nom de Tell (Tellus), c’est-à-dire de terre fertile par excellence. La végétation spontanée du Tell participe, aux environs d'Oran, aux caractères généraux de la végétation des autres points du littoral de la partie occidentale du bassin méditerranéen ; mais, depuis la vallée de l'Habra jusqu’à la limite de la région , l'absence de la plupart des espèces maritimes, et surtout l'apparition d’un grand nombre d’espèces non observées sur le littoral, donnent à cette partie de la contrée des caractères assez distincts, pour que nous croyions devoir partager le Tell en deux régions secondaires, l’une littorale, l’autre intérieure. Il ne faut pas croire cependant que cette subdivision soit très nettement tranchée, surtout à la : limite des deux régions secondaires ; car en Algérie, de même qu’en Espagne , un assez grand nombre de plantes maritimes se retrouvent dans l’intérieur des terres, | RÉGION MÉDITERRANÉENNE LITIORALE. — L'un des caractères de cette région secondaire, si l’on en excepte toutefois les mon- tagnes des environs d'Oran, est son peu d’élévation au-dessus du niveau de la mer. — La température y est plus également répar- tie et moins sujette à de brusques variations que dans d’autres parties de l’Algérie (voir les quelques indications données dans les Notes sur la topographie et le climat des environs d'Oran). — Dans la saison des pluies se développent un assez grand nombre de Monocotylédones bulbeuses ; un peu plus tard, on voit fleurir des plantes annuelles propres aux terrains cultivés et aux sables. La végétation est arrivée à son développement le plus complet vers la fin du mois d’avril ou dans les premiers jours du mois de mai; dans les années ordinaires, dès la fin de ce mois, la plupart des plantes annuelles sont déjà brülées par le soleil ; c’est seulement dans les années exceptionnelles, comme celle où nous avons fait notre voyage, que des pluies tardives viennent prolonger la végétation, et que l’on peut jusqu’à la fin du mois de mai trouver les espèces qui ont habituellement disparu long- temps avant celte époque. Ces années exceptionnelles ne sont pas | | ! | : VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 121 seulement une bonne fortune pour le botaniste, mais viennent faire oublier à l’agriculteur les pertes que la sécheresse à pu, les années précédentes, lui faire éprouver, dans les terrains où il ne lui a pas été possible de suppléer par des irrigations à l’insuffi- sance des pluies. En juin et au commencement du mois de juillet fleurissent encore un assez grand nombre de plantes vivaces, en particulier des Composées, des Ombellifères et des Statice. De- puis le mois d’août jusqu’à la saison des pluies, on ne trouve plus en fleur que quelques espèces tardives , telles que les Carlina et les Artemisia. La plante dominante de la région, et qui lui donne son aspéct spécial, est le Chamærops humilis (Palmier nain), qui envahit le sol de presque toutes les plaines, d’où le colon ne peut le faire disparaître que par des défrichements souvent dispendieux (4) ; et sur les coteaux, il forme dans quelques points la plus grande partie des broussailles. — [’Agave Americana (Aloès) et l’'Opuntia Ficus-Indica (Figuier d'Inde, de Barbarie) qui ser- vent de clôture aux jardins et aux cultures , contribuent égale- ment à imprimer à la végétation un cachet tout particulier. Parmi les espèces le plus généralement répandues, et qui, par leur abondance, concourent aussi puissamment à donner à la végétation un aspect spécial , nous devons citer les suivantes : Cordylocarpus muricatus, Erucastrum varium, Diplotaxis auriculata, Psychine stylosa, diverses espèces du genre Cistus, Erodium Mauritani- cum, Fagonia Cretica, Zizyphus Lotus, Rhus pentaphylla, diverses es- pèces du genre Genista, Calycotome intermedia, Hedysarum pallidum, (1) Le Palmier nain, si répandu dans la région littorale, où il constitue sou- vent, par la profondeur et l'épaisseur de sa souche, l’une des principales difficultés du défrichement, peut, dans les endroits facilement arrosables, disparaître sous l'influence d’irrigations convenablement dirigées. M. Vignon, chef du génie de la subdivision de Tlemcen a fait disparaître cet arbuste des terres de la tribu des Ouled-Mimoun, dans le territoire des Hadjar-Roum, en faisant pratiquer des irrigations abondantes dérivées de l'Isser ; en moins de deux ans, les souches du Chamærops humilis ont été détruites et converties en un humus abondant et le défrichement qui a été pratiqué ensuite à peu de frais a converti en terres d'une grande fertilité des terrains qui, sans l'emploi de ce moyen, n'eussent pu être mis en culture sans des dépenses considérables. 122 E. COSSON. Ebenus pinnata, Carum Mauritanicum, Elæoselinum Fontanesii, Heli- chrysum Fontanesii, Artemisia Herba-alba var., Anthemis chrysantha, Anthemis Boveana, Calendula stellata ef suffruticosa, Echinops_ spino - sus, Cardopatium amethystinum, Galactites Duriæi, Carduncellus cal- vus, Centaurea Fontanesii, Algeriensis, fragilis ef infestans, Solenanthus lanatus, Lycium intricatum, Withania frutescens, Phelipæa lutea ef Mau- ritanica, Lavandula multifida et dentata, Stachys brachyoclada, Sideritis Guyouiana, Micromeria inodora, Ballotähirsuta, Statice Thouini.ef gum- mifera, Salsola vermiculata ef longifolia, Atriplex Mauritanica, Aristo- lochia Bætica, Callitris quadrivalvis, Ephedra altissima, Lygeum Spar- tum, Macrochloa tenacissima, Stipa barbata ef tortilis, Ampelodesmus tenax, Avena eriantha, ventricosa et longiglumis, Sesleria echinata, Festuca Pectinella, etc. Les diverses stations des plantes que présente la région litto- rale peuvent être classées dans l’ordre suivant, d’après le nombre des espèces et des individus qui s’y rencontrent : 4° les brous- salles , qui couvrent une grande partie des plaines et des mon- tagnes ; 2° les sables maritimes ; 3° les falaises et les pentes argilo-calcaires des montagnes; 4° les bords des sebkhas et les terrains salés ; 5° les rochers; 6° les collines arides dépourvues de broussailles ; 7° les terrains cultivés et les lieux voisins des habitations ; 8° les bois : 9 les lieux humides et les mares ; 10° les haies d'Opuntia et d'Agave.— Dans les Notes que nous avons données sur les environs d'Oran, on trouvera des types de chacune de ces stations; aussi croyons-nous pouvoir nous dis- penser d’entrer ici dans de plus amples détails. Le nombre des espèces ou variétés que nous avons mention- nées dans la région méditerranéenne littorale (voir listes n°s 1 et 2) est d'environ A80 , en excluant toutefois les espèces ré- pandues dans la plupart des contrées du bassin de la Médi- terranée, et dont l’énumération, en portant le nombre des plantes à près du double, nous eût entraîné dans des développements qué ne comporte pas notre travail. Malgré cette omission, nous pour- rons puiser dans nos Listes des renseignements importants pour la géographie botanique ; l’indication des espèces, généralement répandues dans les diverses contrées du bassin méditerranéen , ayant été également négligée dans toutes les familles, il nous sera a 5 VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 123 possible de comparer entre eux les divers éléments qui composent la végétation , et d'obtenir des résultats qui, s'ils ne sont pas d’une exactitude rigoureuse, fourniront au moins des indications utiles. Sous le rapport de leur durée, les plantes de la région littorale dont nous avons donné la liste peuvent être partagées en deux groupes à peu près égaux ; le nombre des espèces annuelles ou bisannuelles étant d’environ 230 , et celui des espèces vivaces de 250; il est certain que le nombre des espèces annuélles serait beaucoup plus considérable si nous avions noté les espèces qui sont vulgaires dans tout le bassin méditerranéen. Ge rapport présente la plus grande analogie avec celui qui a été constaté pour les autres points du bassin méditerranéen où le nombre des espèces annuelles domine, tandis que le contraire a lieu pour les ‘contrées du centre de l’Europe. Ainsi, d’après MM. Reuter et Boissier (1), le nombre des espèces annuelles ne représenterait, dans la flore de Genève, que le sixième du nombre total des espèces. — Parmi les 250 espèces vivaces, 50 environ sont ligneuses ; on ne peut guère compter que huit arbres crois- sant spontanément dans la région : Pistacia Lentiscus, Olea Europæa, Plullyrea latifolia, Quercus Ilex et Suber, Salix pedicellata, Pinus Halepensis, Callitris quadrivalvis. Si l’on considère les plantes de la région littorale au point de vue de leur classification en familles naturelles, on trouve que le nombre des Dicotylédones est environ de 372, et celui des Mono- cotylédones de 108; le nombre des espèces appartenant à l’em- branchement des Dicotylédones serait beaucoup plus considérable si nous avions porté dans nos listes toutes les espèces observées. Les familles principales rangées, d’après leur importance relative dans la région, donnent le tableau suivant : 1° Composées (64 espèces). — 2° Légumineuses (55). — 3° Gra- minées (4h). — 4e Crucifères (24). — 5° Ombellifères (24). — 6° Caryophyllées (21). — 7° Läbiées (21). 8° Liliacées (21). — 9 Scrophularinées (16). -— 10° Cistinées (14). — 11° Orchi- (1) Boissier, Voyage dans le midi de l'Espagne. 124 E, COSSON. dées (14).— 12° Chénopodées (9). — 13 Plumbaginées (9). —1/° Amaryllidées (7). — 15° Borraginées (6).— 16° Oroban- chacées (6;. — 17° Euphorbiacées (6). —18° Renonculacées (5), — 19° Paronychiées (4). Si l’on compare la végétation de la région littorale à celle des autres contrées du bassin méditerranéen, on voit que: sur le nombre des 480 espèces mentionnées par nous, 140 sont propres à l’Algérie, ou du moins n’ont encore été observées qu’en Algérie et dans les deux États voisins du Maroc et de Tunis; 107 sontcom- munes à l'Algérie et à plusieurs points du bassin méditerranéen tant à l’ouest qu’à l’est; 62 n’ont encore été observées que dans la partie occidentale du bassin méditerranéen , c’est-à-dire à la fois en Algérie et. dans plusieurs points de la partie occidentale du littoral de la Méditerranée, en y comprenant l'Italie, la Sicile et Malte, qui, pour nous , forment la limite de notre division de la Méditerranée en parties occidentale et orientale : la somme des deux chiffres qui précèdent, 169, représente le nombre des espèces existant à la fois en Algérie et dans les autres points de la partie occidentale du bassin méditerranéen , l'Espagne exceptée (1); 100 espèces n’ont encore été signalées qu’en Espagne , en Por- tugal ou aux Baléares ; 30 sont communes à l'Algérie et à l'Italie, en comprenant sous le nom d'Italie non seulement l'Italie pro- prement dite, mais encore la Corse, la Sardaigne, la Sicile et Malte ; 28 espèces seulement, en excluant les plantes communes à tout le bassin méditerranéen, se trouvent à la fois en Algérie et dans la partie orientale de ce bassin et les contrées voisines, c’est-à-dire dans l’immense étendue désignée généralement sous le nom d'Orient, Depuis les rapports que nous venons de faire connaitre il est évident que la végétation de la région littorale offre la plus grande (4) Nous devons faire observer que le chiffre donné comme représentant le nombre des espèces existant à la fois en Algérie et dans d’autres points de la partie occidentale du bassin méditerranéen ne comprend pas les espèces propres à l'Espagne, dont le nombre a été indiqué à part pour montrer plus nettement les affinités de la végétation de l'Espagne avec celle de la partie de l’Algérie que nous avons explorée. VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, 195 analogie avec celle des autres points de la partie occidentale du littoral européen de la Méditerranée, et en particulier avec celle de l'Espagne et du Portugal et ne présente que des rapports éloignés avec celle de l'Italie ou des diverses contrées de la partie orien- tale du bassin méditerranéen, quelle que soit l’étendue des con- trées que nous réunissons sous celte dernière désignation. Il faut noter, en outre, qu’on observe sur le littoral, à Oran, un grand nombre d'espèces méridionales que l’on ne retrouve pas sous une même latitude dans les provinces d'Alger et de Constantine (1) et que des points très rapprochés du littoral tels que Oran et Mos- taganem présentent dans leur végétation des caractères distinc- tifs assez importants. — De l’ensemble de ces faits nous sommes amenés à admettre que, dans la distribution géographique des espèces de la région littorale, l'influence exercée par la longitude joue un rôle plus important que celle de la latitude. Nous ver- rons que l’importance de ces deux influences est inverse pour la distribution des espèces propres à l'intérieur. De l’analogie de la végétation spontanée de la région littorale avec celle des contrées de la partie occidentale du bassin médi- terranéen et de légalité avec laquelle la température est répartie dans cette région, il résulte des avantages analogues à ceux que De Candolle (2) a déjà signalés pour l’ouest de la France. Aïnsi on peut, au moins dans les endroits arrosés, cultiver avec succès toutes les espèces qui ont moins besoin d’une grande quantité de chaleur pendant un temps limité pour se développer ou mürir leurs fruits que d’être à l’abri des variations brusques de température qui se produisent dans d’autres points de l'Algérie. Ainsi, outre le Picrunia dioica que l’on a déjà planté. à Oran en assez grande abondance avec le Populus alba, on pourrait cultiver avec succès plusieurs autres espèces d’arbres déjà acclimatées en Espagne, dans le midi de la France, ou dans certaines parties de l’Algérie, (1) Nous donnerons de nombreux exemples de ce fait dans les Notes que nous nous proposons de publier sur le prochain voyage que nous devons entreprendre dans la province de Constantine. (2) Rapports sur deux voyages botaniques et agronomique: dans les départe- ments de l'Ouest et du Sud-Ouest, 126 | E. COSSON. et qui viendraient rompre l’uniformité d’un pays presque déboisé, tels sont. les Melia Azedarach, Schinus molle, Gleditschia tria- canthos, Sophora Japonica, Ceratonia Siliqua, Mimosa Far- nesiana, le Catalpa bignonioides, etc. Dans les endroits abrités, comme le ravin d'Oran, par exemple, on pourrait, outre l’Olivier, le Figuier, le Grenadier, l’Oranger, le Citronnier et l’Abricotier, cultiver la plupart des arbres fruitiers de l'Europe et en particu- lier l’Amandier et le Pêcher, etc. La culture du Mürier et celle de la Vigne, qui sont déjà pratiquées avec succès, pourraient prendre un bien plus grand développement. Enfin, dans les plaines, on pourrait non seulement cultiver le Blé, l'Orge et le ‘Tabac, mais encore le Cotonnier, l’Arachis hypogæa, le Maïs, le Sésame, le Millet, etc. RÉGION MÉDITERRANÉENNE INTÉRIEURE, — Cette région secon- daire, ainsi que nous l’avons déjà indiqué dans nos généralités sur le Tell, participe aux caractères généraux de la région hit- torale; mais elle en diffère par l’absence de la plupart des es- pèces maritimes, et surtout par l'apparition d’un assez grand nombre d'espèces qui n'avaient pas encore été observées dans celte première région. La. présence de ces plantes est due à la plus grande élévation des montagnes et des vallées au-dessus du niveau de la mer, à l’existence de plateaux élevés, à l’éloigne- ment de la mer, à l’absence de terrains salés, à la présence de cours d’eau plus nombreux, de bois plus étendus, à une tempéra- ture moins régulière, etc. Le Chamærops, que nous avons vu couvrir la plupart des plaines et des coteaux de la région littorale, devient rare au delà de la Plaine d’Egbris el il n’existe que dans quelques points de la vallée de Saïda ; on ne le rencontre pas sur le plateau élevé des Oulad-Kraled-Garabas. L’Agave Americana et l'Opuntia Ficus- Indica, si communs aux environs d'Oran où ils forment la clô- ture de la plupart des cultures et des jardins , ne sont plantés que rarement au delà de la Plaine d’Eghris. La présence de deux arbres, le Pastacia Atlantica et le J'uniperus macro- carpa, qui n'existent pas dans la région littorale, contribue à | | | | | | | | | | VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 197 donner à la région méditerranéenne intérieure un caractère par- ticulier. | Parmi les plantes caractéristiques de la région, nous devons mentionner les suivantes : Arabis pubescens ef parvula, Brassica Atlantica, Otocarpus virgatus, Matthiola lunata, Helianthemum papillare, echioides e£ macrosepalum, Erodium Chium, Ononis laxiflora, Trifolium gemellum, Astragalus nummularioides ef geniculatus, Medicago secundiflora, Polycarpon Bi- vonæ, Caucalis bifrons, Filago Duriæi, Anthemis fugax, Carduncellus pectinatus, Centaurea Sicula, sulphurea ef Nicæensis, Helminthia Ba- lansæ, Barkhausia amplexicaulis, AnacyelusPyrethrum, Bourgæa humi- lis, Campanula filicaulis, Anarrhinum fruticosum, Phelipæa Schultzii, Sideritis montana, Cleonia Lusitanica, Thymus Fontanesii, Nardurus “Salzmanni, Trisetum nitidum, Triticum hordeaceum, Asplenium Pe- trarchæ, Isoetes Hystrix, etc. Les principales stations des plantes que présente la région méditerranéenne intérieure peuvent être classées dans l’ordre suivant d’après le nombre des espèces et des individus qui s'y rencontrent : 1° bois et broussailles (voir, pour exemple, dans les listes, les plantes portant la désignation de Benian, et les détails donnés sur cette localité dans les Notes); 2° pâturages des pla- leauxélevés et déboisés (voir, pour exemple, les plantes indiquées sur le plateau des Oulad-Kraled-Garabas et les détails donnés dans les Notes sur cette localité) ; 3° terrains cultivés ‘ou en friche (voir les plantes indiquées dans la Plaine d’Eghris et les détails donnés sur cette localité) ; 4° coteaux incultes et déboisés (voir les plantes indiquées sur les coteaux des environs de Saïda) ; 9° rochers (voir, pour exemple, les plantes propres au grand ravin de Saïda); 6° heux frais, bords des eaux, ravins profonds: HI est bon de noter que ces dernières localités sont les moins riches en espèces spéciales, malgré l'aspect pittoresque qu’elles présentent généralement et les espérances qu'elles pourraient faire concevoir au botaniste qui n’aurait pas encore berborisé en Algérie. Le nombre des espèces ou variétés que nous avons mention - nées dans la région méditerranéenne intérieure (voir, listes n° 3 1925 E, COSSON. et A) est de 172; nous n’avons pas porté dans nos listes quelques espèces généralement répandues dans tout le bassin méditerra- néen. | L’exploration de la région ne nous paraît pas assez complète pour nous permettre de donner utilement les rapports des es- pèces classées d’après leur durée où par familles naturelles. Nous pouvons indiquer cependant que le tableau des familles princi- pales, rangées d’après leur importance relative dans la région, serait à peuprès le même que pour le littoral. La végétation arborescente présente aux environs de Mascara à peu près les mêmes caractères que celle du littoral ; mais au delà de l'Oued-Taria, le Rhus pentaphylla , si abondant dans la forêt de Muley-[smaël et près de Mascara, n’a pas été observé par nous ; le Nerium Oleander (Laurier-rose), rare sur le litto- ral, se trouve, au contraire, sur les bords de tous les ruis- seaux; en se rapprochant de Saïda, on voit les bois composés presque exclusivement des Callitris quadrivalvis et Juniperus macrocarpa, atteignant souvent des proportions remarquables. Le Pistacia Atlantica est assez généralement répandu sur le revers septentrional de la chaîne des montagnes qui séparent le Tell des Hauts-plateaux. Enfin, dans le ravin de Saïda, croît en assez grande quantité l’Amygdalus communis. Si l’on compare la végétation de la région méditerranéenne intérieure à celle des autres contrées du bassin méditerranéen et de la région littorale, on voit que : sur le nombre des 172 es- pèces mentionnées par nous, 94 n’ont pas été observées sur le lit- toral ; 61 sont propres à l'Algérie, et sur ces 61 espèces, 31 seule- ment ont été trouvées également par nous dans la région littorale; 31 espèces sont communes à l'Algérie et à plusieurs points du bassin méditerranéen tant à l’est qu’à l’ouest ; 10 n’ont encore été observées que dans la partie occidentale du bassin méditerra- néen ; la somme des deux chiffres qui précèdent , 41, représente le nombre des espèces existant à la fois en Algérie et dans les autres points de la partie occidentale du bassin méditerranéen, l'Espagne exceptée; 58 espèces n’ont encore été trouvées qu’en Espagne, en Portugal ou aux Baléares ; 9 seulement sont com- | 4 * Le VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 129 munes à l'Algérie et à l'Italie ; 14 se trouvent à la fois en Algé- rie et en Orient. Les rapports que nous venons d'exposer montrent d’une ma- nière évidente que la végétation de notre région secondaire est fort distincte de celle de la région littorale, que ses affinités avec la végétation de l'Espagne sont encore plus intimes. Il faut noter en outre que le nombre des espèces orientales croît dans une proportion assez sensible. Dans la première partie de la région les cultures diffèrent peu de celles de la région littorale. À Mascara, des vignes étendues constituent l’une des principales richesses du pays. — La par- tie méridiorale de la région, à cause de son élévation au-dessus du niveau de la mer, rappelle plutôt par les caractères de sa vé- gétation certaines contrées du midi de l'Europe que la région littorale : il en résulte que, si quelques espèces cultivées dans cette dernière région, telles que l’Oranger et le Citronnier, ne doivent pas y réussir, on pourra y tenter avec succès la plantation de plu- sieurs arbres d'Europe, telssont les Fraxinus excelsior (Frêne) et Ornus (Frêne à la manne), Pinus Laricio, Platanus orientalis (Platane), Populus alba (Peuplier blanc), Populus fastigiata (Peuplier d'Italie), etc., et la culture de la plupart de nos arbres fruitiers ; les chances de succès de ces acclimatations sont démon- trées par les heureux essais déjà entrepris à Saida ; la présence de l’Amandier, à l’état sauvage, dans cette localité, permettrait le perfectionnement de cet arbre par la greffe; la fertilité du sol et l'abondance des eaux nous semblent également donner pour la culture du Chanvre des chances d’un succès presque certain. RÉGION DES HAUTS-PLATEAUX (1). La région des Hauts-plateaux est limitée au nord de la ma- nière la plus naturelle à Saïda, comme nous l'avons déjà indiqué (1) Les observations que nous publions sur les régions des Hauts-plateaux et des Chotts, basées seulement sur l'exploration d’une étendue de pays circon- scrite à l'est et à l'ouest par deux lignes parallèles assez rapprochées, peavent 3° série, Bor, T, XIX, (Cahier n° 3.) : 130 E. COSSON. dans nos Notes ; lalimite méridionale à Sfid et à Beïda est moins nettement tranchée et nous ne pourrions la définir ici sans entrer dans des détails qui trouveront mieux leur place dans les géné- ralités sur la région des Chotts. Les caractères principaux de cette région sont l'élévation au- dessus du niveau de la mer, légalité de niveau et l’uniformité de son sol, l'absence de cours d’eau dans la plus grande partie de son étendue , la disparition des arbres un peu au delà de la limite du Tell, l’uniformité de la végétation, et la variabilité de la tem- pérature (1). Les pâturages de la partie septentrionale de la région parti- cipent aux caractères des plateaux élevés de la région méditer- ranéenne intérieure ; mais, dans la partie méridionale, la plaine. et ses ondulations sont couvertes de touffes des plantes vivaces dont nous avons donné l'indication dans nos Notes; parmi ces plantes, les plus abondantes sont sans contredit le Macro- chloa tenacissima et les Stipa barbata et gigantea (Alfa des Arabes) et les Artemisia campestris et Herba-alba var. cependant être considérées comme donnant des résultats assez généraux à cause de l’uniformité de la végétation dans l'intérieur sous une latitude analogue. L’exactitude de la plupart de nos inductions nous est du reste confirmée par les résultats constatés à Tiaret par MM. Delestre et Kremer pour la région des Hauts-plateaux et à Biskra par M. Jamin pour la région des Chotts. — II est bon de noter ici que les régions des Hauts-plateaux et des Chotts se rapprochent du littoral dans l’est et que ce fait est dû à la direction des principales chaînes de montagnes qui se dirigent obliquement du sud-ouest vers le nord-est. (1) D'après les nombreux renseignements que nous avons obtenus sur les lieux mêmes, il n'est pas rare de voir les Hauts-plateaux se couvrir de neige alors que la végétation du littoral est déjà arrivée à un développement presque complet; il est également fréquent de voir succéder au froid des chaleurs assez fortes qui permettent à la végétation de parcourir toutes ses phases dans un temps très limité; pendant la saison des chaleurs, des orages éclatent assez fré- quemment. Vers la fin du mois de mai, nous avons éprouvé un froid assez vif pendant la nuit, tandis que la chaleur du jour était déjà très forte ; l’état de la végétation annonçait du reste que la chaleur persistait depuis assez longtemps, quoique un grand nombre de plantes qui sur le littoral avaient déjà disparu fus- sent seulement arrivées à leur développement parfait, | | | VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 131 {CGhihh) ; Faspect général du pays est celui d’une immense prai- rie d’alfa. Parmi les plantes caractéristiques de la région nous devons mentionner en première ligne les suivantes : Ranunculus orientalis, Sisymbrium crassifolium, Erysimum strictum var. micranthum, Alyssum scutigerum ef serpyllifolium, Meniocus lini- folius, Clypeola cyclodontea, Cossonia Africana, Helianthemum Fonta- nesii, Silene scabrida, Malope stipulacea, Malva Ægyptia, Ononis incisa, Trigonella polycerata , Astragalus Gryphus ef nummularioides, Onobry- Chis..…, Queria Hispanica, Hohenackeria bupleurifolia, Ferula commu- nis, Crucianella patula, Valerianella..…., Scabiosa maritima var. ochro- leuca, Artemisia Herba-alba var. ef campestris, Achillea spithamea, Anacyclus Pyrethrum, Sylibum eburneum, Onopordon acaulis, Atrac- tylis prolifera ef cæspitosa, Carduncellus Atianticus, Asterothrix Hispa- nica, Nonnea micrantha, Rochelia steliulata, Ziziphora Hispanica, Ca- lamintha graveolens, Sideritis montana, Marrubium supinum, Passerina virgata, Asphodelus ramosus, Stipa gigantea ef barbata, Macrochloa tenacissima, Festuca divaricata, Wangenheimia Lima, Vulpia cynosu- roides, Triticum orientale ef squarrosum, Ægilops triaristata , etc. Les principales stations des plantes que présente la région doivent être classées dans l'ordre suivant, au point de vue du nombre des espèces et des individus qui s'y rencontrent : 1° plaines d'alfa ; 2 lieux cultivés ou en friche ; 3° pâturages ; h° coteaux arides pierreux, ou onüulations de la plaine dépour- vues d’alfa; 5° voisinage des puits et marécages. Le nombre des espèces ou variétés que nous avons mention- nées dans la région des Hauts-plateaux (voir liste n° 5) est de 472 ; nous avons admis, dans notre liste, même les espèces le plus généralement répandues dans les diverses parties du bassin méditerranéen, voulant donner une idée aussi exacte que pos- sible d’une région encore à peine explorée. | Si l’on considère sousle rapport de leur durée les plantes de la région des Hauts-plateaux, dont nous avons donné la liste, on trouve que 112 sont annuelles et 60 vivaces ; parmi les 60 espèces 132 E. COSSON. vivaces, 9 sont ligneuses. Le Juniperus macrocarpa est la seule espèce arborescente de la région. Si l’on examine les plantes de la région des Hauts-plateaux au point de vue de leur classification par familles naturelles, on voit que le nombre des Dicotylédones est de 133, et celui des Mono- cotylédones de 59. — Les familles principales, rangées d’après leur importance relative dans la région, donnent le tableau sui- vant : | 1° Graminées (33 espèces). —- 2° Composées (25). — 8° Cru- cifères (19). — 4° Légumineuses (17). — 5° Renonculacées (7). — 6° Borraginées (7). — 7° Caryophyllées {6). — 8° Ombelli- fères (6). -— 9° Paronychiées (5). — 10° Labiées (5). — 11° Cistinées (5). — 12° Scrophularinées (4). — 13° Orobancha- cées (1), etc. Si l’on compare la végétation de notre région à celle des ré- gions secondaires qui constituent le Tell, on voit que sur le nom- bre des 172 espèces observées par nous, 117 n’ont pas été. trou- vées dans la région littorale, 11/4 n’ont pas été vues par nous dans la région méditerranéenne intérieure , 80 n’ont pas été rencon- trées dans le Tell; 33 espèces sont propres à l'Algérie ; sur ces 35 espèces, 11 se trouvent également dans la région littorale, 15 dans la région méditerranéenne intérieure ; 10 espèces algé- riennes n’ont été observées ni sur le littoral ni dans la région méditerranéenne intérieure, 7 de ces espèces sont nouvelles pour la science , et l’une d’elles constitue un genre nouveau ; 72 es- pèces sont communes à l’Algérie et à plusieurs points du bassin méditerranéen, tant à l’est qu'à l’ouest; 14 n'ont encoré été ob- servées que dans la partie occidentale du bassin méditerranéen; la somme des deux chiffres qui précèdent, 86, représente le nombre des espèces existant à la fois en Algérie et dans d’autres points de la partie occidentale du bassin de la Méditerranée, l’Es- pagne exceptée; 39 espèces n’ont encore été trouvées qu’en Es- pagne, en Portugal ou aux Baléares ; 3 espèces sont communes à l'Algérie et à l'Italie; 16 espèces se trouvent à la fois en Al- gérie et en Orient, VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉKIE, 133 Les rapports que nous venons d'exposer indiquent : que la vé- gétation de notre région présente des caractères fort différents de celle des régions littorale et méditerranéenne intérieure ; que lé nombre des espèces européennes de la partie occidentale du bassin méditerranéen s’y élève à plus de la moitié du nombre total des espèces. Un fait digne de remarque, c'est que le nombre des espèces espagnoles présente une décroissance très sensible malgré le caractère plus européen de l’ensemble de la végétation, tandis que le nombre des espèces orientales reste dans la même proportion ; il est bon de noter que la plupart des es- pèces orientales observées sur les Hauts-plateaux appartiennent surtout aux régions caucasiennes. Malgré l’aridité apparente de la plus grande partie de la ré. gion, le sol y est en général composé de terre végétale de bonne qualité (1), ainsi quele prouve lesuccès des cultures de Bléetd’Orge entreprises par les Arabes dans les dépressions du sol, au voisi- nage des puits, et dans les endroits où l’eau, séjournant plus longtemps, entretient une fraicheur suffisante. Ces cultures pour- (1) Ce fait avait déjà été constaté pour d’autres poiuts du Sahara algérien par M. le général Marey (Rapport sur l'expédition de Laghouat, faite en mai et juin 18%%, Monileur universel, 15 août 4844, n° 228), et par M. Bonduelle, chirurgien attaché à l'expédition. Nous croyons devoir reproduire ici textuelle - ment le fragment suivant extrait du rapport inédit adressé à M. le général Marey par cet observateur distingué : « Ce n’est pas à la nature du sol qu'est due la stérilité qui frappe, dans leur plus grande partie, les contrées que l'on désigne communément sous le nom de Petit Désert. Toute cette étendue que bien des personnes ne £e représentent que comme une vaste plaime de sable mobile et sans consistance, est à peu près totalement formée de calcaires et de marnes presque toujours très atténuées. Or, cette composition minérale est absolument celle d'une foule de pays fort bien cultivés, et, en Afrique, comme en Europe, elle sera pour l’agriculteur une base excellente toutes les fois qu'on parviendra à y faire arriver l’eau, cet agent essentiel à toute végétation. Dans beaucoup de lo- calités que la nature a favorisées sous ce dernier rapport, la terre donne d'’elle- même et sans efforts des produits abondants et vigoureux ; dans plusieurs autres nous avons pu juger par les essais pratiqués sur une petite échelle par les Arabes eux-mêmes, quel parti on pourrait souvent tirer du système bien conduit des irrigations. » 134 E. COSSON. raient prendre un grand développement dans la partie septen- trionale de la région, où la présence de ruisseaux permettrait de ferliliser le sol par des irrigations convenablement dirigées. On pourrait également y culliver avec des chances de succès la . Pomme-de-Terre, l’Avoine, le Seigle et surtout le Blé d'Europe (Blé tendre) qui ne peut réussir en Algérie que dans quelques parties de la région méditerranéenne. RÉGION DES CHOTITS. La limite septentrionale de la vaste plaine d’alfa, qui consti- tue la plus grande étendue de la région des Chotts que nous ayons parcourue, est indiquée à Beïda et à Sfid par une pente très prononcée, dirigée vers le lit du Chott-el-Chergui. Aïnsi que nous l'avons déjà dit dans nos Notes, l'aspect du pays contribue “à indiquer que l’on entre dans une nouvelle région botanique : on voit disparaître les ondulations caractéristiques des Hauts- plateaux, et le sol ne présente plus que quelques dépressions es- pacées, toutes dirigées vers le Chott. L’étendue des détails que nous avons donnés plus haut sur le Chott ne nous permettrait ici que d’inutiles répétitions. Les caractères spéciaux dela régionsont : son élévationau-dessus du niveau de la mer moindre que celle des Hauts-platéaux, Puni- formité du sol de la plaine d’alfa, l'absence d’eau et de toute vé- gétation arborescente dans cette plaine, la présence simultanée de terrains salés et de gypse, l’apparition sur les bords du Chott de terrains sablonneux, et surtout l'influence presque maritime qu’exerce l'immense surface d’évaporation du Ghott, en empé- chant les variations brusques de température que nous avons si- gnalées dans la région précédente. Parmi les plantes caractéristiques de la région, nous devons citer les suivantes : Lonchophora Capiomontiana (1), Cheiranthus semperflorens, Sisym- brium torulosum, Erucastrum leucanthum, Lepidium subulatum, Muri- (1) La famille des Crucifères, l’une de celles qui sont représentées en Algé- VOYAGE BOTANIQUE. EN ALGÉRIE. 135 caria prostrata, Helianthémum sessiliflorum, Helianthemum hirtum var. deserti, Haplophyllum linifolium, Erodium glaucophyllum, Zygophyllum album, Frankenia thymifolia, Ononis angustissima, Astragalus pe- regrinus, tenuifolius ef Gombo, Hippocrepis scabra, Tamarix Bounopæa, Hérniaria fruticosa, Paronychia Cossoniana, Deverra chlorantha, Scabiosa semipapposa, Senecio coronopifolius, Onopordon ambiguus, Atractylis microcephala ef prolifera, Carduncellus Atlanticus, Amberboa Lippii, Microlonchus tenellus, Kælpinia linearis, Zollikoferia resedifolia, Litho- spermum tenuiflorum, Echinospermum Vahlianum, Arnebia Vivianii, Saccocalyx satureioides, Goniolimon futeolus, Echinopsilon muricatus, Halocnemum strobilaceum var. cruciatum, Passerina microplylia, Aris- tida pungens, Festuca Memphitica, etc. Les principales stations des plantes que présente la région doi- vent être classées dans l’ordre suivant , d’après le nombre des espèces et des individus qui s’y rencontrent : 1°ferrains gypseux salés des bords du Chott; 2% dunes sablonneuses; 3° plaine d'alfa; k° vallées peu profondes dirigées vers le Chott; 5° champs cultivés ou en friche ; 6° sources, étangs, et marais d'eau douce, pâturages humides. | Le nombre total des espèces ou variétés que nous avons obser- vées dans la région des Chotts (voir liste n° 6) est de 104. Si l’on considère sous le rapport de leur durée les plantes de la région , on trouve que 90 sont annuelles el 54 vivaces ; parmi rie par le plus grand nombre de genres, offre cette particularité remarquable qu'elle présente six genres monotypes des plus curieux, propres à l'Algérie, et que ces genres sont, pour ainsi dire, caractéristiques des diverses régions que nous avons établies. Ainsi l'un d'eux, le Cordylocarpus muricatus, si abondant dans la ré- - gion littorale, disparaît au sud de la plaine d’Eghris, pour être remplacé presque immédiatement par l'Otocurpus virgatus qui, dans quelques points de la région méditerranéenne intérieure, présente une égale abondance. Le Psychine stylosa si généralement répandu dans le Tell où il accompagne d’abord le Cordylocurpus, et ensuite l'Otocarpus, cesse avec cette dernière plante vers la limite des Hauts- plateaux ; cette région présente également un genre spécial, le Cossonia Africana, Enfin, dans la région des Choits, apparaissent deux autres genres représentés par le Muricuria prostrata assez abondant dans la plaine d'alfa qui précède le Chott-el-Chergui et par le Lonchophora Capiomontiana, que nous n'avons observé que dans le voisinage immédiat du Chott. Cut 156 E. COSSON, les 54 espèces vivaces, 8 sont ligneuses. La végétation arbores- cente spontanée n’est représentée que par un seul arbrisseau , le Tamarix bounopæa. Si l’on examine ces plantes au point de vue de leur classifica- tion par familles naturelles, on voit que le nombre des Dicotylé- dones est de 83, et celui des Monocotylédones de 21. — Les fa- milles principales, classées d’après le nombre des espèces qu’elles renferment, donnent le tableau suivant : 1° Composées (19 espèces ). — 2° Graminées {18). — 3° Cru- cifères (10). — 4° Légumineuses (8). — 5° Paronychiées (6). — 6° Borraginées (6).— 7° Labiées (5). — 8° Chénopodées (4). — 9° Cistinées (à). — 10° Plumbaginées (5).— 11° Orobancha- cées (2). — 12° Ombellifères (4). Si l’on compare la végétation de la région des Chotts à celle des régions précédentes, on voit que : sur lenombre des 10/4 espèces mentionnées par nous, 81 n’ont pas été trouvées sur le littoral, 86 n'ont pas élé vues par nous dans la région méditerra- néenne intérieure, 60 n’ont pas été observées sur les Hauts-pla- teaux , AG n’ont été rencontrées dans aucune des régions précé- dentes ; 21 espèces sont propres à l'Algérie; sur ces 21 espèces 8 seulement ont été signalées dans les régions précédentes. Parmi les 13 espèces algériennes propres à la région, 8 sont nouvelles pour la science, et l’une d'elles constitue un genre nouveau ; 28 espèces sont communes à l’Algérie et à plusieurs points du bassin méditerranéen, tant à l’est qu’à l’ouest ; 5 n’ont encore été observées que daus la partie occidentale du bassin méditer- ranéen : la somme de ces deux derniers chiffres, 33, représente le nombre des espèces existant à la fois en Algérie et dans d’au- tres points de la partie occidentale du bassin méditerranéen, l'Espagne exceptée ; 24 espèces n’ont encore été trouvées qu’en Espagne, en Portugal ou aux Baléares ; 2 espèces sont communes à l’Algérie et à l’Italie ; 22 espèces se trouvent à la fois en Algérie et en Orient (1). | (1) Nous devons ajouter que plusieurs des plantes propres à la région appar- VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 1357 De la série des rapports que nous venons d’énumérer, il ressort, d’une manière évidente, que la végétation de la région est fort distincte de celle des autres points que nous avons pris pour cen- tres de nos explorations ; on voit que le nombre des espèces eu- ropéennes, en exceptant toutefois les espèces observées également en Espagne, n’est environ que le tiers du chiffre total des espèces indiquées, tandis qu'il atteignait la moitié dans la région des Hauts-plateaux. Le nombre des espèces communes à l'Algérie et à l'Espagne reste dans la même proportion que dans cette dernière région. Les espèces orientales entrent pour près d’un cinquième dans l’ensemble de la végétation, et la plupart de ces espèces se retrouvent en Égypte, en Syrie et en Arabie. L’aridiié de la plaine d’alfa qui précède le Chott ne permet- trait d’y tenter aucune culture sans des irrigations qui entraine- raient des travaux considérables. L’Oued-Falet et les autres dépressions qui aboutissent au Chott et où la fraicheur peut se conserver plus longtemps, nous ont paru dans des condi- tions plus favorables. Dans les jardins de Sidi-Khalifa, la présence de l’Abricotier, qui y acquiert des proportions que nous lui avons vu rarement prendre en Europe, et celle de la Vigne et du Figuier, annoncent qu'il serait facile d’y culti- ver de bonnes variétés de ces cspèces et de quelques autres arbres fruitiers. Depuis quelques années, d’après les avis éclai- rés de M. Benoist, chef du Bureau arabe de Saïda, les indi- gènes ont cultivé avec succès la Pomme de terre dans quelques uns de ces jardins ; leur culture principale consiste en des champs d'Orge fertilisés par des irrigations dérivées des sources de Khrider. L’abondance de ces sources, dont le niveau a été élevé par des travaux de maconnerie considérables, déjà anciens, et exécutés avec intelligence par les indigènes, permettrait de tiennent à des genres qui n'avaient encore été observés qu’en Orient, ou consli- tuent des espèces voisines d'espèces orientales ; tels sont les : Astragalus Gombo, Tamarix bounopæa, Paronychiæ Cossoniana, Deverra chlorantha, Valerianella (espèce voisine du V, oxyrhyncha), Achillea spithamea, Arnebia Viviani, Gonio- limon luleolus. 438 E. COSSON. pratiquer au loin des irrigations au moyen desquelles on pourrait essayer avec succès des cultures variées. Les considérations générales dont nous avons fait suivre la statistique botanique de chacune des régions que nous avons établies donnent une preuve évidente (ce qui du reste nous est confirmé par les autres faits connus) que les diverses parties de la région méditerranéenne présentent une plus grande analogie avec les contrées de l’Europe du bassin méditerranéen, situées sous un même méridien, qu'avec les points correspondants de l’intérieur, ce qui explique la variété de la végétation des diverses parties du littoral de l’Algérie. De l'influence de la latitude, qui est prédominante dans l'intérieur, il résulte, au contraire, que des points très éloignés situés sous un même parallèle présentent plus d’analogie entre eux qu'avec les points correspondants du littoral, et l’uniformité de la végétation de l’intérieur est la conséquence de ce fait. — Cette influence exercée par la latitude sur la distribution géogra- phique des plantes dans le Sahara algérien, prouvée par le nombre des espèces orientales trouvées sur les Hauts-plateaux et aux bords du Chott-el-Chergui, est rendue plus manifeste par la pré- sence, dans le sud-ouest de l’Algérie, d’un grand nombre d’es- pèces qui s'observent également dans des points éloignés ou extrêmes des provinces de l’Est (1). (1) Parmi ces éspèces nous nous bornerons à citer le Lonchophora Capio- montiana qui existe à la fois au Chott-el-Chergui et à Biskra, l’Astragalus Gombo découvert vers Laghouat par M. Bonduelle, retrouvé par nous au Chott-el- Chergui, et enfin à Biskra, le Deverra chlorantha observé au Chott-el-Chergui et à Biskra, l’Atractylis microcephala trouvé à Biskra par M. P. Jamin et par nous au Chott-el-Chergui, le Kælpinia linearis découvert à Tougourt par M. Prax, retrouvé au Chott-el-Chergui par M. Gallerand et à Biskra par M. jamin, l'Arnebia Vivianii observé d'abord à Biskra par M. Guyon et ensuite par nous au Chott-el-Chergui, le Bubania Feei découvert d'abord vers Laghouat par M. Fée, et retrouvé depuis à Sebdou, à Zaatcha et à Biskra, l’Echinopsilon mu- VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. 139 I est remarquable que, malgré l’uniformité de la végétation de l’intérieur de l'Algérie sous une même latitude, nous n’ayons vu nulle part le Dattier (Phœnixdactylifera) cultivé en grand (1), en nous avancant jusqu’au 34° 19 de latitude boréale, tandis que dans la province de Constantine cet arbre, vers le 35° 20/, forme déjà à El-Kantara de vastes oasis. D’après les renseignements que nous avons pris auprès des indigènes à Khrider et que nous avons lieu de croire exacts, les premiers oasis n’existeraient qu'au delà de la chaîne formée par les montagnes des Djebel-Merag, Antar et Assi-el-Hadri, et qui, malgré sés solutions de.continuité, ricalus qui paraît répandu sur toute la lisière du grand Sahara, le Passerina mi- crophylla qui semble également ne pas être rare dans la région des Chotts, le Festuca Memphitica qui se rencontre à la fois vers Laghouat et dans les dunes sablonneuses à Biskra et au Chott-el-Chergui, le Trilicum orientale qui existe à Saïda, sur les Hauts-plateaux, au Chott-el-Chergui et à Biskra, etc. — Quelques espèces caractéristiques des Hauts-plateaux occupent également une large éten- due de l’ouest à l'est : tels sont le Clypeola cyclodontea découvert à Tiarét par M. Delestre et retrouvé par nous sur les Hauts-plateaux au-dessus de Saïda, le Cossonia Africana d'abord recueilli en fleurs à Tiaret par M. Kremer, puis trouvé en fruits par nous sur les Hauts-plateaux au-dessus de Saïda, où il n'est pas rare, etc. | Dans les notes que nous nous proposons de publier sur la géographie bota- nique de la province de Constantine, nous donnerons de nouveaux exemples d'espèces qui dans l’intérieur se retrouvent à la fois dans l'est et dans l'ouest. Aux nombreux documents que nous devons aux recherches assidues et si fruc- tueuses de M. Durieu dans la région méditerranéenne de la province de Con- stantine et à ceux qui nous sont fournis par MM. P. Jamin et Balansa sur la partie méridionale de la province , nous espérons pouvoir joindre d'importants renseignements sur la région montagneuse encore inexplorée en Algérie et dont l'étude attentive dans les monts Aurès nous permettra d'exposer les caractères généraux. (1) À Oran, on a Die comme arbres d'ornement quelques pieds de Dat- tier, mais ils ne mûrissent jamais leurs fruits. — En Espagne, le Dattier mûrit ses fruits sous une latitude beaucoup plus septentrionale dans le royaume de Valence à Elche ; mais ce fait exceptionnel n’est dû qu'à des conditions physi- ques toutes nn a de même que la présence de l’Opuntia vulgaris dans une vallée profondément encaissée à Sion en Valais, en dehors de la limite géogra- phique naturelle de cette espèce. 10 x. COSSON. -— VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE. se rattache d’une manière évidente au groupe des montagnes du Djebel-Amour. Ce fait est confirmé du reste par les observations de M. le général Marey (rapport déjà cité) qui à constaté que le Dattier ne donne de fruits qu’au Sud de la chaîne du Djebel-Amour et du Djebel-Sahari où les fruits de cet arbre deviennent la base de la nourriture des indigènes. — L'absence du Dattier dans la contrée que nous avons explorée s’expliquerait pour nous par l’in- fluence occidentale. L'action de cette influence serait analogue à celle qu’elle produit en France sur la culture de l’Olivier, de la Vigne et du Maïs (1) qui, à l’est, sont cultivés jusqu'à une latitude plusseptentrionale que dans les départements de l’ouest. L’altitude de la région des Chotts dans l’ouest de l'Algérie et la présence des montagnes qui la garantissent des vents du sud, dont l’in- fluence se fait plus Hbrement sentir dans la province de Constan- tine, sont d’autres causes qui expliquent l’apparente anomalie de géographie botanique que nous venons de signaler. Du concours des conditions physiques différentes qui se ren- contrent sous une même latitude dans la partie méridionale des provinces de l’est, il résulte qu’à Biskra, par exemple, on peut naturaliser avec succès, ainsi que l’a déjà fait M. P. Jamin, l’ha- bile directeur du Jardin d’acclimatalion de Biskra, de nombreuses espèces tropicales qui ne pourraient être cultivées vers le Chott- el-Chergui. Ces mêmes cultures he pourraient, dans l’ouest, être tentées avec des chances égales de succès que dans Îes oasis situées au delà de la chaîne des montagnes qui séparent la région des Chotts du désert d’Angad. Les Listes des plantes observées dans les diverses régions et la description des espèces nouvelles paraîtront dans une prochaine livraison. (1) Voir De Candolle, Rapports dejà cités. DE L'HYBRIDITÉ, ET DE QUELQUES HYBRIDES EN PARTICULIER, Par M. Ch. GRENIER, Professeur à la Faculté des sciences de Besançon. L’attention des botanistes s’étant de nouveau fixée plus spécia- lement sur les fécondations hybrides, on a vu surgir des faits aussi nombreux que concluants qui ne permettent plus de douter que ce genre de phénomène ne soit beaucoup plus fréquent qu’on ne l’avait pensé d’abord, et qu’il se rencontre même dans des familles où sa possibilité semblait douteuse. Ainsi M. Weddell signalait naguère un cas d’hybridité dans les Orchidées, et à ce fait nous en ajouterons un autre emprunté à la même famille, et pris dans le genre Serapias. Parmi les modernes botanistes qui ont notablement accru la liste des plantes hybrides, nous cite- rons : Schiede, Nægeli, Koch, Reichenbach, Schultz de Bitche, A. Braun, Godron, Kirschleger, etc. ; et dans l’année qui vient de s’écouler, M. Kremer, en reproduisant, dans sa Thèse inau- gurale, les travaux de ses devanciers, a su y ajouter encore une riche moisson. Avant d'exposer le détail des observations qui nous sont pro- pres, jetons un coup d’æil sur les idées généralement admises sur les hybrides et sur la nomenclature qui leur est appliquée. Lorsque deux espèces se fécondent pour produire des hybrides, il est reconnu qu’elles donnent naissance à deux produits diffé- rents, selon que l’un ou l’autre dés deux types sert de père ou de porte-graine. C’est sur cette donnée que Schiede à fondé sa nomenclature, en ajoutant en outre comme règle, que le nom de l’hybride, formé par la réunion des deux noms des parents, pré- senterait le nom du père en première ligne. Cette nomenclature, suivie par presque tous les botanistes , a été poussée à sa limite 142 CH. GRENIER. extrême par notre honorable collègue Kirschleger, qui, dans sa Flore d Alsace , publiée en 1852, a admis, pour représenter le nombre des hybrides, une formule -empruntée au binôme de Newton , et a ainsi posé une loi précise , une donnée qui, tantôt dépasse la réalité, et tantôt reste en dessous, puisqu'elle implique l'existence d’hybrides probablement impossibles , et que, d'autre part, elle ne tient pas compte de toutes ces formes curieuses dé- crites par Nægeli sous la rubrique de recedens. Les formes publiées par Nægeli, à la suite des hybrides types, sous la dénomination de recedens, attestent que cet habile obser- vateur a senti le vice de la méthode qu’il suivait sans en saisir la véritable cause. M. F. Schultz a eu le même pressentiment, lorsqu'il a créé sa nomenclature qui, en cherchant à rendre compte des faits , a l’inexcusable tort de s'éloigner de la nomen- clature binaire de Linné. M. Schultz est parti, sans doute, de l’idée qu’une hybride pouvait de nouveau être fécondée par un des types qui l’avait produite, ou le féconder à son tour. Ainsi le Hieracium prœæaltum , en fécondant le H. Pilosella, produit le H. prœæalto-pilosella. Si cette hybride venait à féconder le H. præ- altum, il en résulterait le Z. prœalto-pilosello-prœaltum. Pour être logique, M. Schultz ne devait pas s'arrêter là; car ce dernier pouvait féconder un de ses parents, ou être fécondé par lui, et ainsi de suite plusieurs fois, ce qui engendrait une nomenclature impossible. Cette théorie cependant renfermait une idée vraie ; mais posée aussi exclusivement, pour donner la clef des formes hybrides qui, par de nombreuses et insensibles nuances, réunissent les parents par une espèce de chaîne continue, cette théorie devenait fausse, ainsi que les faits le démontreront tout à l'heure. Sans doute nous voyons les jardiniers fleuristes réaliser sans cesse, sous nos yeux, la pensée que M. Schultz a voulu exprimer en imaginant la nomenclature ternaire , quaternaire , etc. Nous les voyons créer des hybrides, les féconder entre elles ou avec leurs parents, et produire ces innombrables formes végétales qui décorent nos jardins et nos appartements. Appliquée directement et sur une large échelle à l’amélioration des fruits, cette méthode DE L'HYBRIDITÉ. 143 ne saurait manquer d'enrichir les horticulteurs et nos tables de produits non moins lucratifs que succulents. Mais est-ce bien là le procédé que la nature emploie au milieu des campagnes, où nous voyons de loin en loin apparaître quel- ques races hybrides, dispersées à grandes distances en pieds isolés, qui offrent cependant toutes les formes intermédiaires qui tendent à réunir les parents? Je ne le crois pas ; et ceux qui se sont occupés de la recherche des hybrides savent qu'ordinaire- ment on ne finit par réunir toutes ces formes qu'en les récoltant par pieds isolés, et souvent séparés l'un de l'autre par des distances considérables. La pratique des fleuristes peut cependant , envisagée à un autre point de vue, nous venir en aide pour trouver le secret de toutes ces modifications. Pour cela 1l suffira de prendre une cap- sule ou un capitule renfermant des graines hybridées, et de les semer. On sera surpris de voir le plus souvent ces graines, pro- venant d’une origine aussi identique , donner des formes parfois aussi éloignées l’une de l’autre, et l’on ne saurait trouver de solu- tion à ce problème qu’en admettant, nous semble-t-il, que l’as- pect hybridant à exercé une action inégale sur chacune de ces graines. Sans doute HA d'espèces , en s’hybridant , ne donnent jamais que deux formes répondant exactement à la nomenclature de Schiede. Mais il en est aussi beaucoup d’autres qui se com- portent autrement, et qui nous poussent à conclure qu’il y a inégalité dans l’action du pollen sur les ovules fécondés. 1! résulte que lorsqu'on rencontre une hybride très rapprochée d’un des parents, on peut en concevoir la formation par deux procédés différents. D’après le premier, la plante qui a fourni le pollen à fini, au moyen de plusieurs fécondations faites sur une série successive d’hybrides , par presque s'assimiler la dernière génération. Ce procédé nous a paru extrêmement rare dans la nature , tandis qu’il est on ne peut plus vulgaire dans Îa pratique des jardiniers. D’après le deuxième procédé, la modification, opérée d'emblée par le pollen sur les ovules, à été tellement pro- fonde, que les produits hybrides ont conservé avec le père une All CH. GRENIER. extrême ressemblance. Ce mode d’hybridation m’a paru fréquent dans la formation des hybrides spontanées que j’ai eu occasion d'observer. Une action très faible du pollen peut donner en sens inverse le même résultat, je veux dire qu’elle peut entraîner une grande ressemblance avec le porte-graine. Je vais essayer de montrer, par quelques exemples pratiques, que toutes ces idées ne sont pas de simples points de vue au moyen desquels on peut rendre compte des faits, mais qu’elles représentent l’histoire des faits eux-mêmes. Les genres Centaurea, Cirsium, Narcissus, Serapias , etc, , qui se prêtent largement à l’hybridalion , ont servi de base à nos observations , et plusieurs d’entre elles pourront facilement être reproduites, | Afin de ne point donner à mon travail de trop grandes dimen- sions, J'ai Cru pouvoir me dispenser de citer textuellement les observations de mes devanciers ; bien que la plupart d'entre elles, faites sans idées préconcues et dégagées de toute pensée systé - matique, auraient apporté à ma manière de voir un incontestable appui. En 1847, M. Jordan publia son Centaurea lugdunensis, et les graines qu’il me communiqua me donnèrent, en 1849, une plante parfaitement identique avec celle de Lyon. J'avais semé dans une plate-bande voisine le Centaurea montana, L., afin d'étudier comparativement les caractères des deux espèces. Ne voulant pas sacrifier mes pieds de C. lugdunensis pour en examiner Îles ra- cines, je récoltai des graines, et je pratiquai un nouveau semis. Mais au lieu du C. lugdunensis, j'obtins, dès la deuxième année, une série de plantes plus ou moins rapprochées des parents, et dont quelques unes m'ont paru avoir échappé à l’hybridation ; car je n’ai pu encore leur trouver aucune différence avec le porte- graine, Je possède encore vivants ces produits hybrides. À peu près à la même époque, M. Jordan m'avait envoyé des graines de Centaurea polycephala. Dès la première année, j'eus le plaisir de voir fleurir quelques pieds de ce semis ; mais, à mon grand étonnement , ils n'avaient aucune ressemblance avec le C.polycephala de cet auteur. J’en écrivis donc à M. Jordan, qui me répondit que le même phénomène s'était également produit DE L'HYBRIDITÉ. 145 chez lui avec les variantes que je lui signalais: L'année suivante, le restant du semis donna des fleurs; mais l’action hybridante, à en juger par le résultat, avait été plus forte que sur les pieds de l’année précédente, et ils se rapprochaient tous davantage, bien qu'à des degrés différents, du Centaurea maculosa qui avait fourni le pollen. Ces exemples trouvent une facile explication dans l’hypothèse . de l’inégale action du pollen sur les ovules fécondés. Mais comme ces faits sont empruntés à des espèces dont la légitimité peut être contestée, et que, d'autre part, on pourrait leur trouver trop d’analogie avec ces variantes que nous pouvons appeler horti- coles, cherchons si, loin de toute culture, la nature suit la même voie pour arriver aux mêmes résultats, et étudions à l'état spon- tané les hybrides de quelques espèces incontestées. Toutefois , avant d'exposer les observations qui me sont pro- pres, je ne puis résister au désir de reproduire quelques passages du travail si remarquable de MM. Guillemin et Dumas sur l'hy- bridité des plantes, et particulièrement sur celle de quelques Gentianes (1). « Celle-ci (Gentiana lutea, L.) était bien peu nombreuse compa- » rativement à l’autre espèce (G. purpurea, L.), et chaque individu » se trouvait entouré de deux ou trois hybrides. Nous trouvâmes » tous les intermédiaires de forme et de couleur entre les deux » espèces mères, depuis la corolle rotacée et à lobes aigus de la » G. lutea jusqu’à la corolle campanulée et à lobes arrondis de la » G. purpurea , depuis le jaune tendre de la première jusqu’au » violet purpurin de la seconde. Les fleurs de plusieurs individus » étaient pédicellées , d’autres ne l’étaient nullement... La co- » rolle des unes était ponctuée, celle des autres était uniforme de » Couleur... » Il me sera certainement impossible de donner un exemple plus concluant que celui que je viens de citer, et dans lequel la saga- (4) Observations sur l'hybridilé des plantes en général , et particulièrement sur celle de quelques Gentianes alpines , par MM. Guillemin et Dumas, séance de l'Académie des sciences du 3 août 4821. 3° série, Bot. T. XIX, (Cahier n° 3.) 2 LO 116 CH. GRENIER. _cité des deux éminents auteurs n’a rien oublié , n’a rien laissé à désirer. Ainsi les hybrides ne sont pas réunies en masse ; on en rencontre seulement quelques pieds dans lé voisinage du G. lulea. Et cependant ils signalent toutes les nuances possibles dans la couleur, la forme de la corolle, sa ponctuation, ainsi que dans les tiges et les feuilles. Comment, dans ces conditions, expliquer toutes ces modifications sans avoir recours à l’inégale action du pollen sur les ovules. | | Le 2% mai 1852, je me rendis à la Vrine, vaste prairie de plusieurs kilomètres de long sur autant de large , située près de Pontarlier ( département du Doubs), à 900 mètres environ au- dessus du niveau de la mer. Elle était alors littéralement couverte de Varcissus poeticus, L., et de NV. pseudo-narcissus en pleine flo- . raison. Je n’eus pas besoin de recourir à une investigation minu- tieuse pour découvrir un grand nombre d'hybrides, dont la ma- jeure partie correspondait à un type moyen qui était exactement intermédiaire aux parents. Avec un peu plus d'attention , je re- marquai bientôt deux séries qui, partant du type moyen, s’éloi= gnaient l’une de l’autre, se rapprochaient de chacun des parents, et finissaient même par se confondre avec eux, Ainsi, à partir du NV. poeticus, je trouve le godet blanc , et allongé en plus à peine de 1 millimètre, mais plus fortement érodé au bord, et dépourvu de l’étroite bande pourprée qui le couronne dans le N. poeticus. Puis, dans d’autres, le godet, conservant la couleur blanche, s’allonge et s’élargit encore, atteint 4-5 millimètres de haut sur 8-10 millimètres de large , et le bord , dépourvu de la marge pourprée, s’érode plus profondément. Bientôt le godet dépasse 8-10 millimètres de haut sur 12-15 de large, et il se pré- sente alors tantôt avec la couleur blanche, tantôt avec la couleur plus ou moins franchement jaune. Au delà de cette limite, le godet toujours jaune (je ne l’ai pas vu blanc), et prenant encore plus de développement, revêt une forme qui est celle que je con- sidère comme exactement intermédiaire aux parents, et. qui peut être considérée comme représentant l’hybride centrale ou type. Dans toutes les formes précédentes les divisions du limbe varient dans leur longueur et leur largeur ; elles sont tantôt lancéolées et DE L'HYBRIDITÉ. 147 aiguës, tantôt ovales et presque obtuses. De plus le tube, qui part de dessous le limbe et se prolonge jusqu'à l'ovaire, resté linéaire ou à peine dilaté en entonnoir sous le limbe. Ges formes continuant à s’exagérer, le godet s’allonge et finit par égaler presque 2 centimètres, c’est-à-dire presque la longueur du limbe, pendant que le tube, placé au-dessous de ce dernier, reste étroit et même linéaire dans ses deux tiers inférieurs, et dilaté dans son tiers supérieur. Enfin, avec ces mêmes formes du godet et du limbe, on en observe d’autres dont le tube est dilaté au-des- sous du limbe dans presque toute sa longueur , et dont la limite est de donner des individus qu'il n’est presque pas possible de séparer du V. pseudo-narcissus. | Ajoutons aux faits précédents, qu’ainsi que MM. Guïllemin et Dumas l'ont observé dans les Gentianes hybrides, je n’ai jamais trouvé les Narcisses hybrides rapprochés l’un de l’autre, qu'ils étaient presque toujours solitaires, et rarement réunis 2-3 en- semble ; ce qui exclut toute possibilité de fécondations succes- sives, telles qu’elles pourraient se concevoir d’après la théorie de M. Schultz. Ces formes, qui constituent une chaîne continue, qui va du W. poeticus au N. pseudo-narcissus, étaient donc les pro- duits de fécondations hybrides opérées d'emblée ; car, dans des plantes vivaces comme celles dont il s’agit, on aurait trouvé, s’il en avait été autrement, au milieu des hybrides secondaires , les hybrides primitives dont les graines, modifiées par des féconda- tions plus récentes , auraient produit ces formes qui font retour vers les parents. Or c’est ce que je n’ai jamais vu, malgré le soin extrême que j'ai mis à rechercher ce fait, si important dans la formation des hybrides. Une dernière particularité propre à ces hybrides, c’est que la succession des modifications est telle qu’il n’est pas possible de préciser la plante qui a fourni le pollen ou celle qui a servi de porte-graine , à moins que d'admettre en principe que le retour vers les parents n’a lieu que du côté du père , ce qui est au moins fort douteux. | Comment donc appliquer la nomenclature de Schiede ou toute autre au milieu de cette innombrable et inextricable variété de 118 CH. GRENIER, formes? C’est ce que nous examinerons plus tard ; mais avant passons à un autre exemple. En 1851, les hybrides provenant des Cirsium rivulare et C. palustre m’avaient fourni une série non moins complète que celle des Varcissus poeticus et pseudo-narcissus, et j'avais récolté, dans le vallon des Verrières de Pontarlier, tous les états transi- toires qui réunissent les parents. Mais là les hybrides étaient trop rapprochées l’une de l’autre pour qu’il fût possible de démêler nettement leur mode de formation ; et je suis même porté à croire que le phénomène de l’hybridation s'était accompli , non seule- ment d'emblée comme dans les Narcisses, mais encore par la modification due à des graines d’hybrides ayant subi de nouveau l’action de l’hybridation. Enfin un fait, plus curieux encore que les précédents par la famille qui l’a fourni , a été observé , avec une sagacité et une précision remarquable, par M. Philippe, de Bagnères-de-Bigorre, qui m'a adressé trois hybrides formées par les Serapias longipe- tala et S. lingua. Ces observations , dont je conserve en herbier des preuves in- contestables, et auxquelles il eût été facile d'en ajouter d’autres, suffiront, je pense, pour établir l’inégale action du pollen sur les ovules, et pour constituer un fait dont la connaissance ne sera pas sans utilité pour expliquer l’origine de certaines espèces rares ou litigicuses. C'est ainsi que J'ai tout lieu de croire que le Var- cissus biflorus, des environs de Montpellier, n’est qu'une hybride des N. poeticus et N. Taxetta. Le Narcissus incomparabilis, qui habite les mêmes contrées, n'est-il pas dans le même cas? La difficulté que l’on éprouve à lui assigner des caractères spécifiques de quelque valeur milite sans doute en faveur de cette opinion, et je crois pouvoir citer ici un fait qui me semble lui prêter une véritable confirmation. M. Bernard ayant envoyé vivante, des montagnes de Nan- tua, à M. De Candolle, notre hybride type des Varcissus poelicus et N. pseudo-narcissus, l’illustre botaniste crut y re- connaître le N. incomparabilis de Montpellier, ainsi que cela résulte de sa lettre, que j'ai en ce moment entre les mains. DE L'HYBRIDITÉ, 149 Or il est bien évident que la plante de Montpellier ne peut avoir la même origine que la nôtre, puisque l’existence du Varcissus pseudo - narcissus, aux environs de Montpellier, est plus que douteuse, La nomenclature actuelle est impuissante à exprimer ces varia- tions indéfinies, dépourvues de limites précises, et dont l’origine peut se rattacher à deux modes distincts de formation, sans qu'il soit souvent possible de déterminer si l’hybride que l’on à sous les veux est le produit d’une fécondation unique, ou le résultat de plusieurs hybridations successives. Disons de plus qu’il est assez souvent impossible d’assigner à chacun des parents le rôle qu'il a joué, et de reconnaître celui qui a rempli la fonction de père ou de porte-graine. Pour échapper à ces difficultés , jai pensé qu’il fallait réunir, par ordre d’affinité, toutes ces formes variables, et en composer des groupes aussi nettement limités que possible, mais qui pour- raient, sans embarras pour la classification, empiéter les uns sur les autres ; puis alors qu’il suffirait d'introduire dans la nomen- clature des éléments variables qui fussent de nature à correspondre à chacun des groupes préalablement formés. Si l’on jette les yeux sur des séries complètes , comme celles que peuvent fournir les Cirsium palustre et rivulare, ou les Nar- cissus poeticus et pseudo-narcissus, on reconnaît au premier coup d'œil que l’on peut en former trois groupes distincts. Le premier se rattachant au père ; le deuxième également éloigné des pa- rents et constituant l'hybride type; le troisième formant retour au porte-graine. Dans les cas de paternité incertaine, j'ai admis, comme solu- tion provisoire , que l’on placerait en première ligne le nom de l'espèce dont l'hybride se rapproche le plus, en attendant que l'observation puisse prononcer. Ge doute pourrait aussi s'expri- mer en plaçant le point de doute (?) à la suite du nom du père ; exemple : Narcissus p.etico ?-pseudo-narcissus. Reste à introduire dans la nomenclature, sans la surcharger, ces éléments nouveaux qui devront rappeler le groupe auquel se rapportera chaque individu à classer. La nomenclature chimique 150 CU. GRENIER, nous offre un exemple de l'application d’un moyen aussi simple que précis. Partant de l’idée que les hybrides types continueront à porter les noms réunis des parents, ainsi que cela a été établi par Schiede, il suffira, pour indiquer le groupe qui se rattachera au père, de faire précéder le nom de ce dernier de la préposition SUPER, et de la préposition sub pour indiquer le groupe dépendant du porte-graine. Avec ces simples modifications dans la nomen- clature, il sera facile d’assigner à toutes les hybrides une position précise. Examinons maintenant quelles sont les combinaisons qui peu- vent naître des modifications que nous proposons, et sans pré- tendre que toutes doivent se retrouver dans la nature, dévelop- pons le mécanisme de la nomenclature ainsi réformée. L'observation à fait reconnaître que certaines espèces ne don- nent qu'une seule hybride , ainsi que cela se voit pour les Y’1ola harto-alba, Saxifraga cœæsio-aizoides de Jouffroy, mss. (S. patens, Gaud. ), etc. Dans ce cas l’hybride se présente avec des carac- tères toujours identiques , et simule une véritable espèce. Si, de plus, elle produit des graines fécondes, 1l n’y aura plus d’autres moyens de la distinguer des espèces types que la possibilité de la reproduire par l’hybridation. Sans que les choses puissent se passer ainsi, il faut, selon nous, que l’action maximum du pollen d'une des espèces sur les ovules de l’autre puisse seule opérer la fécondation. Alors toutes les actions de moindre intensité restant impuissantes , il en résulte qu'on a constamment affaire à un ré- sultat aussi invariable que la cause qui l’a produit. Dans d’autres espèces , la puissance hybridante venant à agrandir ses limites, ou, ce qui est la même chose quant au ré- sultat, la résistance du porte-graine à l’hybridation venant à di- minuer, on obtient deux hybrides, exemple : Dranthus sylvatico- monspessulanus. et D. monspessulano-sylvaticus , Verbascum thapsiformi-nigrum et F,. nigro-thapsiforme, etc. Ce cas dépend encore de l’action toujours uniforme du pollen, et il ne diffère du précédent qu'en ce que la fécondation des parents est réciproque. Reprenons le premier des deux cas précédents, dans lequel DE L'HYBRIDITÉ. 151 l’une des deux espèces peut seule féconder l’autre, sans que la réciproque soil possible ; et admettons , en outre , que l’action du pollen peut se faire sentir à divers degrés sur les ovules du porte- graine , nous obtiendrons des formes d’autant plus variées que les limites extrêmes de l’action pollinique seront elles-mê.nes plus éloignées l’une de l’autre; mais ces formes pourront toujours se rattacher aux trois types que nous avons admis, et nous pourrons les représenter de la manière suivante, en prenant pour exemple les hybrides des Gentiana lutea et purpurea. Gentiana superluteo-purpurea. — luleo-purpurea. — subluteo-purpurea. Il est évident que ces trois combinaisons n’existeront pas tou- jours dans les espèces dont l’action pollinique sera variable, et que, dans certains cas, on n’en rencontrera que deux. Il est en- core évident que, si la paternité est ambiguë, la dernière combi- naison doit être modifiée, et prendre en première ligne le nom de l’espèce à laquelle elle ressemble davantage; elle deviendrait ‘donc : Gentiana super-purpureo-lutea. Si maintenant nous supposons que le porte-graine jouit de hi même puissance fécondante que l'espèce qui lui a précédemment fourni le pollen, nous aurons, comme nombre maæimum, six combinaisons que nous allons simuler théoriquement sur les hy- brides des Cirsium rivulare et palustre ; je dis simuler, bien que je sois convaincu que toutes se rencontrent à l’état spontané. A. Cirsium superpalustri-rivulare. 2. — palustri-rivulare. 3. — subpalustri-rivulare. 4. — superrivaluri-palustre. 5. — rivulari-palustre. 6. — subrivulari-palustre. Dans la pratique , ces six combinaisons pourront se réduire à quatre, attendu que la troisième se fond dans la quatrième, de même que la première se perd dans la sixième ; car, dans la troi- 152 CH. GRENIER. sième cofnbinaison , la faible action du père (C. palustre ) laisse prédominer les caractères maternels (C. rivulare) ;, de même que, dans la quatrième, la forte action du père fait prédominer encore ces mêmes caractères du €. rivulare. Bien que possible , la dis- tinction de ces deux groupes pourra, dans certains cas, présenter de grandes, sinon d’insurmontables difficultés, qui, du reste, n’embarrasseront en rien la classification. Ce que je viens de dire des combinaisons trois et quatre s'applique également aux com- binaisons une et six, dans lesquelles les caractères du C, palustre l’emportent sur ceux du C. rivulare. Je vais appliquer cette nomenclature à quelques hybrides non encore signalées, et que les dénominations anciennes ne sauraient désigner. Je commencerai par les Narcisses dont la série est la plus simple; et pour faciliter les comparaisons, je donnerai d’abord les diagnoses des parents, dont la fleur se compose d’un tube surmontant l'ovaire et terminé par un limbe à six divisions, au centre desquelles se trouve ur godet ou couronne. Narcissus poelicus, L.—- Tube périgonal linéaire dans toute sa longueur ; limbe très blanc; godet très court {1-2 millimètres), blanc et terminé par une bordure pourprée. N. pseudo-narcissus, L. — Tube périgonal obconique de la base au sommet ; imbe d’un jaune soufré ; godet d’un jaune doré très ample, et aussi long que les divisions du limbe. N. superpoetico-pseudo-narcissus, Nob. — Tube calicinal li- néaire ou subdilaté au sommet ; limbe très blanc ; godet blanc ou jaunâtre , plus ou moins dilaté transversalement , plus ou moins court, et égalant au plus le cinquième de la longueur des divi- sions du limbe. &. Fin roai-juin. La Vrine, près de Pontarlier (Grenier); les Uziers ( Bavoux ); Nantua ( Bernard) ; en société avec les parents et les deux suivants. N. poetico-pseudo-narcissus , Nob. — Tube calicinal linéaire dans les deux tiers inférieurs, et dilaté en entonnoir dans son tiers supérieur ; limbe blanchätre ; godet d’un beau jaune (ou blanc?), presque aussi large que long, et égalant ou dépassant un peu la longueur des divisions du limbe. 3°. Mai-juin. | DE L'HYBRIDITÉ. 153 N. superpseudo-narcisso-poeticus , Nob.: — ‘Tube calicinal d’un jaune pâle , dilaté en entonnoir presque jusqu’à son point de contact avec l’ovaire ; limbe d’un blanc sale et jaunätre ; sodet jaune égalant presque la longueur des divisions du lHimbe., 2%. Mai-juin. Les hybrides que je vais signaler dans le genre Serapias sont le produit des Serapias linguu, L. et S. longipetala, Pollin. Je con- serve au dernier le nom de $. longipetala et non celui de S. pseudo- cordigera , parce que MM. Sebastiani et Mauri , dans leur Flore de Rome , ont eux-mêmes reconnu sa priorité en abandonnant pour lui le nom de $, pseudo-cordigera, antérieurement employé par eux. Je m’empresse de redire encore que c’est à M. Philippe, de Bigorre que je dois tous les éléments qui ont servi de base aux diagnoses que je vais exposer. Serapias longipetala , Pollin. — Tige de 3-4 décimètres ; épi allongé (6-15 centimètres), à 3-6 fleurs; bractées égalant ou dé- passant les fleurs; labellum lancéolé, très pubescent, à base bi- giobeuse-canaliculée ; divisions internes du périgone ovales-acu- minées, brusquemeut contractées en arête à peine deux fois aussi longue que leur limbe; celui-ci parcouru dans son milieu par trois nervures, dont les latérales ne se prolongent pas sur l’arête ; gynostème terminé par un appendice aussi long que lui; deux tubercules radicaux presque sessiles. Serapias lingua, L. — Tige de 10-15 centimètres ; épi court, lâche , à 2-4 fleurs; labellum ovale-aigu (12-15 millimètres de long sur 10-11 de large), pubérulent, à base non canaliculée et munie d'une seule gibbosité ; divisions intérieures du périgone lancéolées-acuminées, et insensiblement contractées en arête presque double du limbe ; celui-ci parcouru par cinq nervures, dont les trois médianes se prolongent, en se confondant, jusqu’au sommet de l’arête ; gynostème terminé par un appendice de moitié plus court que lui ; deux tubercules radicaux, dont l’un sessile et l’autre pédonculé. | S. superlongipetalo-lingua , Gren. et Philippe. — Tige de o-l} décimètres, et presque double de celle du $. lingua; épi 154 CH. GRENIER. allongé (6-15 centimètres), à 3-6 fleurs; bractées lancéolées- acuminées, aussi longues ou plus longues que les fleurs : celles-ci distantes ; labellum lancéolé, presque aussi long et aussi étroit que celui du S. longipelala, mais glabre ou très finement pubérulent à la loupe, à base canaliculée et bigibbeuse ; divisions intérieures du périgone lancéolées-acuminées, terminées par une arête 2-3 fois aussi longue que le limbe ; celui-ci muni d'une nervure unique, qui se prolonge jusqu’à l'extrémité de l’arête; gynostème terminé par un appendice aussi long que lui ; deux tubercules radicaux, dont l’un sessile et l’autre porté par un pédoncule de 3-4 centi- mètres. Plante offrant le port du S. longipetala, mais un peu plus grêle. — Hab. l’Escaladieu, dans les Hautes-Pyrénées (Philippe), en compagnie des parents et des deux suivants. z. Juin. S, longipetalo-lingua, Gren. et Philippe. — Tige de 3-4 déci- mètres ; épi court et presque capité, pauciflore ( 2-h ); bractées lancéolées-acuminées, plus longues que les fleurs : celles-ci 2m- briquées ; labellum ovale-lancéolé (2 centimètres de long sur 4 de large), légèrement pubescent, à base canaliculée et bigibbeuse ; divisions intérieures du périgone ovales-acuminées , à arêtes deux fois aussi longues que le limbe : celui-ci parcouru par à-5 ner- vures, la moyenne prolongée seule jusqu’à l'extrémité de larêle : gynostème terminé par un appendice de mothé plus court que ui ; deux tubercules radicaux presque sessiles. Port de l’hybride précédente, c’est-à-dire du S. longipetala, dont elle a les bractées et non l’inflorescence lâche. 7°. Juin. S. linguo-longipetala , Gren. et Philippe. — Tige de 2-3 déci- mètres ; épi court, lâche, à 2-h fleurs ; bractées ovales-acuminées, ‘plus courtes que les fleurs, celles-ci distantes ; labellum ovale-aigu (45 millimètres de long sur 10-12 de large), glabre, à base lége- ‘rement canaliculée et subbigibbeuse; divisions intérieures du pé- rigone lancéolées-acuminées , à arête 2-3 fois aussi longue que le limbe : celui-ci à 8-5 nervures, dont la moyenne se prolonge jus- qu’à extrémité de l’arête ; gynostème terminé par un appendice presque aussi long que lui ; tubercules deux , dont un porté par un funicule de 1-2 centimètres. La callosité basilaire du labellum à peine canaliculé rapproche beaucoup cette plante du S. lingua, DE L’HYBRIDITÉ. 159 dont elle à, en outre, le port et les bractées, mais avec des dimen- sions plus grandes. Des nombreuses formes hybrides que produisent les Cirsium palustre et C. rivulare, j'ai formé quatre groupes dont je vais exposer les caractères, après avoir préalablement donné les dia- gnoses des parents, afin de rendre la comparaison plus facile. Cirsium palustre, Scop. — Tige de 4/2 à 2 mètres, feuillée et ailée dans toutesa longueur, plus ou moins pubescente-aranéeuse ; pédoncules nuls ou très courts et tomenteux ; feuilles profondé- ment décurrentes, plus ou moins pubescentes - aranéeues sur les deux faces, ou au moins sur la face inférieure , étroitement lan- céolées dans leur pourtour, sinuées-pennatifides et à divisions bifides ; capitules nombreux, petits, oblongs, agglomérés en grappe serrée dépourvue de bractées ; involucre à folioles oblon- gues, obtuses, apprimées, munies d’une carène purpurine et vis- queuse, terminée par une épine faible et étalée. Cirsium rivulare, Link.-— Tige de 1/2 à 1 mètre 1/2, feuillée inférieurement, presque nue supérieurement, pubescente el non ailée ; pédoncules nuls, ou très courts et tomenteux ; feuilles cau- linaires non décurrentes et auriculées-ampleæicaules , légèrement pubescentes et jamais aranéeuses, dentées ou sinuées subpennati- fides ; capitules peu nombreux (2-8), ramassés au sommet de la tige ou des rameaux ; involucre à folioles purpurines, sans ca- rène, oblongues-triangulaires, subaiguës, terminées par une épine courte, molle et colorée. Cirsium superpalustri-rivulare, Nob.— Tige de 1/2 à 1 mètre, feuillée jusqu’au sommet , ailée dans presque toute sa longueur, et même plus fortement ailée dans sa partie moyenne que dans le C. palustre, glabre ou finement pubérulente ; pédoncules presque nuls ; feuilles très décurrentes, à peine pubescentes en dessous, et légèrement aranéeuses en dessus , finement épineuses au bord, plus larges, plus longues et surtout plus longuement pétiolées, à lanières plus longues que celles du C. palustre; capitules nom- breux, petits (à peine 1 centimètre de long sur autant de large), réunis en tête serrée ou en grappe unique et compacte au sommet 156 CH. GRENIER. de la tige, ou formant plusieurs grappes au sommet des rameaux qui n'existent que rarement ; folioles du péricline noirâtres au sommet, purpurines à la base, lancéolées , terminées par une petite épine étalée, munies d’une carène plus foncée et non visqueuse. 7. Août. Dans les prés tourbeux autour de Pon- tarlier. Cirsium palustri-rivulare, Nægel.—Tige de 1-2 mètres, feuil- lée presque jusqu’au sommet, à ailes interrompues inférieurement et presque nulles supérieurement ; feuilles décurrentes à peine sur la moitié de la longueur des entre-nœuds dans la partie moyenne de la tige, non décurrentes supérieurement et inférieurement , subpubescentes en dessus, très distinctement aranéeuse en des- sous, larges et longues, très longuement pétiolées, profondément pennatifides, à lobes étroits entiers ou bifides ; capitules médio- cres (15-20 millimètres de long sur 12-15 de large), brièvement pédonculés , rapprochés au nombre de 4-8 au sommet des ra- meaux ; folioles du péricline colorées, légèrement visqueuses sur la carène, et terminées par une pointe courte, molle et subétalée. Le port de cette plante, ainsi que celui de la précédente, rappelle sensiblement le port du C. palustre. Æ. Août. Hab. les Verrières de Pontarlier. Cirsium rivulari-palustre, Nægel. — Tige de 5-10 décimètres, nue supérieurement, terminée par un long pédoncule nu, tomen- teux, et subdivisé en pédicelles qui égalent À-6 centimètres, mu- nie, dans sa moitié inférieure , d’ailes assez semblables à celles du C. palustre, mais moins fortes et parfois interrompues, pu- bescente dans toute sa longueur ; feuilles lancéolées-allongées , pubescentes en dessus , aranéeuses en dessous, finement épi- neuses, à pétiole à peine plus long que dans le C. palustre, pen- natifides et à lanières courtes dépassant peu la largeur du limbe ; capitules plus ou moins nombreux (2-15), en panicule lâche, gros et égalant presque ceux du C. rivulare ; folioles colorées, gluti- neuses sur la carène peu saillante et mucronées. Le feuillage de cette espèce rappelle celui du C. palustre, et l’inflorescence celle du C. rivulare. 7. Août. Les Verrières et les tourbières de Pon- tarlier, — Je possède des souches qui portent jusqu’à trois débris DE L'HYBRIDITÉ. 157 des tiges des années antérieures, ce qui établit incontestablement la longue durée de la plante. | Cirsium superrivulari-palustre, Nob. —- Cette hybride diffère de la précédente par sa tige plus élevée, presque glabre, à peine ailée, même dans la partie moyenne ; par ses feuilles plus grandes, bien plus longuement pétiolées, pubérulentes en dessous, se ter- minant à la base en oreillettes larges , faiblement décurrentes si ce n’est vers le milieu de la tige, où cependant elles égalent ra- rement le tiers ou la moitié de la longueur des entre-nœuds ; par les capitules plus gros , terminant la tige longuement nue supé- rieurement , ou les rameaux allongés et nus à l'extrémité des- quels ils sont presque sessiles. Le port de cette plante rappelle, plus encore que dans la précédente, celui du C. rivulare, et les grosses oreillettes des feuilles indiquent la proche parenté qui les unit. %. Août. Verrières et grande tourbière de Pontarlier. ACCROISSEMENT DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX, REPRODUCTION DU BOIS ET DE L'ÉCORCE PAR LE BOIS DÉCORTIQUÉ, Par M. Aug. TRÉCUL. Mémoire lu à l’Académie des sciences, dans la séance du 13 décembre 1£52. PREMIÈRE PARTIE, Résultat des expériences. J’ai souvent parlé, dans ces derniers temps, du développement local des couches ligneuses, des métamorphoses des tissus élé- mentaires , des changements que ceux-ci sont susceptibles de subir dans leur jeunesse pour produire tel ou tel organe, suivant les besoins de la plante. Les modifications auxquelles le tissu 158 A. TRÉCUL. — ACCROISSEMENT cellulaire est soumis pour se transformer en fibres ligneuses ont été signalées dans mon dernier Mémoire, J’ai prouvé également que le bois, dépourvu de ses couches corticales, peut reproduire aussi du bois el une nouvelle écorce; mais cette reproduction, bien que hors de doute aujourd’hui, nécessitait de nouvelles études. Il fallait reconnaître quels sont les moyens que la nature emploie pour donner lieu à cetté régénéralion, quel est le mode de multiplication des parties élémentaires des plantes qu’elle met en usage pour faire que les tissus du bois dénudé se recouvrent dé nouveau bois et d’une écorce nouvelle ; il fallait s'assurer, en outre , si les divers éléments du bois, c’est-à-dire les rayons médullaires, les fibres ligneuses et les vaisseaux, concourent à cette production. La régénération de l’écorce et du nouveau bois une fois réso- lue , il y avait encore une autre question importante à élucider : il s'agissait de savoir si, de son côté, l'écorce peut donner nais- sance à du bois, et comment ce bois se forme, s’il peut réelle- ment naître de l’écorce. J'avais donc à répondre aux deux questions suivantes : 1° Comment de l’écorce et du bois naissent-ils de l’aubier mis à nu par une décortication ? 2% Du bois et de l’écorce peuvent-ils être produits par l'écorce sans le secours direct du bois ancien, et comment s’accomplit ce phénomène? Des expériences entreprises au Muséum d'histoire naturelle de Paris m'ont permis d’apporter une solution à ces deux pro- blèmes. Elles ont été faites sur des arbres variés , tels que des Paulownia, des Ormes, des Marronniers d'Inde, des Noyers, des Érables, un Cognassier:, un Tilleul, un Gleditschia et des Robi- nia. Tous ont donné des résultats importants, et sur quelques uns de ces arbres, ils sont tels qu’il n’est plus possible de conserver lé moindre doute à l'égard des deux questions posées précé- démment, | ‘Aujourd'hui, j'aurai l'honneur d'exposer à l’Académie la solu- tion du premier problème , c’est-à-dire que je dirai comment le bois privé de son écorce peut en produire une nouvelle, en même DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 159 temps qu’il régénère du nouvel aubier, ainsi que l’ont démon- tré les excroissances développées sur le Nyssa angulisans (Ann. des sc. nat.. 3° sér., 1852 , t. XVII, Observations relatives à l’ac- croissement en diamètre des végétaux dicotylédonés ligneux). Avant de tracer la description des faits auxquels nous ont con- duit nos expériences, il est nécessaire de jeter un coup d’æil sur les travaux des auteurs qui ont étudié ces intéressantes ques- tions. Duhamel, cet habile expérimentateur, souvent cité pendant le débat qui s’est ouvert devant l’Académie dessciences, répondit aflir- mativement aux deux propositions précédentes ; mais nous avons vu aussi que l’exactitude des résultats auxquels il est parvenu a été niée par deux physiologistes fort habiles également, Meyen et Dutrochet, qui firent aussi des recherches sur ce sujet impor- tant. Cependant, si Duhamel à constaté la formation de l'écorce par le bois, et celle du bois par l'écorce, il n’a pu reconnaître rigoureusement leur origine, nile mode de multiplication des organes élémentaires de ce bois et de cette écorce, que la nature emploie pour effectuer ce phénomène. Vérifier si le liber se change en bois, ainsi que le croyait Mal- pighi, était le but de Duhamel. Tous les botanistes connaissent les conclusions qu’il a déduites de ses recherches. Nous n’avons pas à les rappeler ici. Par conséquent , nous nous contenterons de faire remarquer que le phénomène organogénique restait complétement à découvrir. Voici, au reste, les principaux résultats de ses expériences. Ayant pensé que le desséchement des couches ligneuses, quand on enlève un anneau d’écorce sur un arbre, est un obstacle à toute production à la surface de cette partie dénudée, il eut l’idée de recouvrir des troncs ainsi décortiqués avec des tuyaux dé cristal, et de fermer hermétiquement les extrémités des tubes avec un mastic composé de craie et de térébenthine. « Le 8 avril, dit-il (4), j'aperçus une gourme ou bourrelet ga- » eux qui sortait d’entre le bois et l’écorce, principalement à la (1) Physique des arbres, édit. 1758, t. II, p. 42. 160 A. TRÉCUL. — ACCROISSEMENT » partie supérieure de la plaie : vers le bas de cette plaie, il n’en » parut qu’un fort petit. Je vis aussi des mamelons gélatineux qui » sortaient d’entre les fibres longitudinales de l'aubier ; ces mame- » lons étaient isolés , et ne tenaient pas aux bourrelets dont je » viens de parler. La plupart de ces mamelons gélatineux sor- » taient de dessous de petites lanières de liber extrêmement » minces, où feuillets de bois nouvellement formé, qui apparem- » ment étaient restés sur le bois, quoique l’écorce eût été enlevée » bien nette dans le temps de la séve. Je vis d’abord paraître cà » et là de petites taches rousses , c’étaient les membranes minces » dont je viens de parler : je les vis peu à peu se gonfler, et peu » de temps après j'apercus au-dessous de petites productions gre- » nues, blanchâtres, demi-transparentes et comme gélatineuses , » qui soulevaient les petits feuillets membraneux. » Cette matière, en apparence gélatineuse , devint de couleur » grisâtre, et, le 18 avril, elle avait pris une teinte verte. Toutes » ces productions continuèrent à s'étendre pendant l'été : le bour- » relet du haut de la plaie prit de l'étendue ; celui du bas fit peu » de progrès. Peu à peu les productions nouvelles s’étendirent , » principalement en descendant , et la plaie se trouva cicatrisée » sans que le bourrelet inférieur y eût presque contribué. » L’écorce qui formait cette cicatrice était raboteuse, parce » qu’elle avait été produite par la réunion de plusieurs productions » qui partaient, les unes de la partie supérieure, et les autres dela » partie moyenne de la plaie : il v avait même quelques endroits » où l'écorce manquait entièrement... ( Page 44. ) Je sacrifiai » plusieurs de ces arbres pour examiner les productions corticales » dans le temps qu’elles avaient acquis la couleur verte ; et je » trouvai toujours au-dessous un feuillet ligneux extrêmement » mince. Ainsi il est bien prouvé que le bois peut produire de » l’écorce , et que cette écorce est dès lors en état de produire des » feuillets ligneux….... » Voici maintenant les observations de Meyen (Pflanzen patho- logie, page 14 et suivantes). Après avoir rapporté.les expériences de Duhamel, il ajoute : « J’ai dernièrement répété les intéressantes recherches de Duha- DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX, 161 » mel, et je suis arrivé à quelques résultats remarquables que je » dois mentionner ici d’une manière spéciale. J’ai, comme lui, » fait ces recherches à l'époque où l'écorce se laissait facilement » séparer du bois ; je choisis pour ces recherches de petites tiges, » où quelques grosses branches de Corylus avellana, de F'ibur- » num opulus, de Syringa vulgaris et de Salix pentandra. Les » parties écorcées, longues de 6 à 12 pouces, furent recou- » vertes d’épais tubes de verre que je bouchai avec du mastic, et » que j'attachai en partie avec une vessie humide, en partie avec » des bandes de caoutchouc ; en sorte que cette ligature fut à l’abri » de l'air presque dans tous les cas. Comme je faisais ces recher- » Ches par un soleil chaud, le 30 avril 1839, les tubes de verre, » aussitôt après qu'ils eurent été fixés, se couvrirent d’un brouil- » lard qui se condensa plus tard en eau; si bien que deux jours » après, quelques uns de ces tubes étaient pleins d’eau, » Il dit que la quantité de cette eau augmenta jusqu’à rompre les verres. « Sur quelques tiges il se montra sur le corps ligneux décortiqué, » peu de jours après que les décortications eurent été faites, une » exsudation de quelques goultes gélatiniformes , qui apparurent » aux points où les rayons médullaires se présentent à la surface » du bois. Dans deux cas, j'avais entièrement essuyé et rendu sec » le corps ligneux écorcé avant de l’enfermer dans les tubes de » verre , en sorte qu’il ne pouvait y rester la moindre trace de ce » que l’on appelle cambium. Le résultat fut que, dans ces cas, le » Corps ligneux resta entièrement lisse, et n’exsuda que sur quel- » ques très petits points de très petites quantités de ces goulle- » lettes gélatineuses. J'examinai cette exsudation dès sa première » apparition, et elle se montra composée d’un tissu cellulaire à » parois très tendres, dont les cellules étaient remplies d'un mu- » cilage gommeux , au milieu duquel se trouvaient de très pelites » molécules, » L'observation, à plusieurs reprises, du tissu cellulaire de ces » nouvelles formations à la surface du corps ligneux décortiqué, » a montré ce tissu comme un parenchyme à parois tendres et » a85ez molles qui s’accroissait de plus en plus, à l’aide de la nou- » velle sève gommeuse qui exsudait des rayons médullaires. Si l'on 3e série, Bor, T, XIX. (Cahier n° 3.) 5 11 462 A. TRÉCUL. — ACCROISSEMENT » ne désigne sous le nom de cambium que cette séve dont se for- » ment immédiatement les cellules, cette exsudation était un tel » cambium, et comme il n’est pas sécrélé sous la forme d’un tissu, » mais d'abord comme un mucilage sans organisation, nous pouvons » en tirer la preuve que les liquides organiques doivent renfer- » mer le principe ou la puissance de leur organisation ultérieure ; » au moins nous ne pouvons pas expliquer d'une autre manière la » formation cellulaire sur le corps ligneux écorcé. La masse de ce » tissu s'accroît peu à peu, car, de la masse séreuse qui y cir- » cule, il se forme toujours vers l’intérieur de nouvelles cellules » qui donnent à la surface une apparence très inégale et mame- » lonnée, La masse s’étendait parfois sur une surface d’un pouce » Carré, mais se trouvait toujours au moins où la séve s’épanchait » des cellules des rayons médullaires, D'abord ce tissu cellulaire » aqueux paraissait opalin, puis il devenait trouble , et parfois il » prenait une couleur verte, résultant de granules colorés qui » s'étaient formés dans plusieurs cellules... Laissait-on la for- » mation ainsi enfermée tout l’été, elle prenait une épaisseur de » L lignes 1/2 à l’état frais; mais en devenant sèche, elle se ri- » dait très fortement, et constituait ce Lissu corticoïde, que Duha- » mel et plusieurs autres botanistes ont considéré comme l'écorce » régénérée, ce quin'est pas. » On le voit par ce passage, non seulement Meyen n’a point observé la production du bois, mais il nie même celle de l’écorce à la surface des tissus dénudés ; et il prétend que c’est par un liquide sans organisation , la séve, qui exsude des rayons mé- dullaires, que commence ce tissu corticoïde ou fausse écorce qu'il a décrit. M. Dalbret fit aussi des expériences, en 1830 (1), sur un Fréne, un Noyer etun Cratægus aria. Je me bornerai à citer son observation sur le F'réne ; elle suffira pour faire connaître Îles ré- sultats auxquels 1l est arrivé : « Le 21 juin dernier, dit-il, j'ai enlevé sur un Frêne d'Amérique » une plaque d’écorce de 6 pouces 1/2 de long sur 5 pouces 4/2 » de large; j'ai recouvert tout de suite la plaie avec un verre ayant (1) Journal de la Société d'agronomie pratique, année 4830, t, II, p, 303 et suivantes, DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 168 » à peu près la même courbure que la tige, et.je l’ai luté latérale- » ment avec de la cire à greffer, de manière qu’il ne fût pas en » contact avec le bois mis à nu. » Il opéra le même jour le Noyer et l’Alisier : « Peu de jours après ces opérations, le bois dénudé sur chaque » tige s’est recouvert de gouttelettes d’une substance en apparence » gélatineuse, diaphane et presque incolore. Ces gouttelettes se » multipliant sans cesse ont fini par former une surface continue » non transparente, légèrement colorée en vert, et plus tard en » fauve clair. » Le 12 juillet, le verre courbe qui couvrait la plaie faite au » Frêne d'Amérique s'étant trouvé cassé, j'en ai enlevé les débris, _»et j'ai reconnu que toute la surface du bois qui avait été mise » à nu était recouverte d’une écorce bien formée, ayant toutes » ses parties constituantes, et d’une demi-ligne d'épaisseur. …. » Ainsi les observations de M. Dalbret s'accordent avec celles de Duhamel, en ce point que ce sont des gouttelettes en appa- rence gélatineuses qui ont donné naissance à la nouvelle écorce. Voyons maintenant ce que Dutrochet pensait de ce phéno- mène. Dans ses Mémoires, t. 1°, p. 154, il dit : « Les phéno- » mènes de reproduction qui suivent la décortication partielle » d’un arbre ne sont pas très faciles à expliquer. Ordinairement » la partie du système central mise à nu se dessèche et meurt; » cependant il arrive souvent qu'après la décortication, il se forme » une nouvelle écorce : doit-on attribuer ce phénomène à ce que » la décortication n’a pas été complète, et à ce qu’il serait resté » une couche imperceptible du système cortical adhérente au » système central? Je ne le pense pas. Tlme paraît probable que, » dans cette circonstance, le système cortical est reproduit par » une métamorphose de la médulle centrale en médulle corti- » pales. à Il est donc bien évident que Dutrochet ne vit jamais de bois nouveau se former à la surface du corps ligneux mis à nu ; etil est également manifeste qu’il n'avait nulle idée arrêtée sur la ma- nière dont la nouvelle écorce qu'il signale est produite par les tissus préexistants , puisque, suivant lui, c’est par la mctamor- phose d’une prétendue médulle centrale, qui n'existe pas à la face AG4 A. 'RÉCUL. — ACCROISSEMENT interne de chaque couche EU TÉ comme il le prétend, que cette écorce est produite. Deux opinions se trouvent donc en présence pour expliquer ces singuliers développements anormaux à la surface de l’aubier : l’une soutenue par Duhamel, Dalbret, Meyen et la plupart des botanistes ; l’autre fut émise par Dutrochet. La première consiste dans l’exsudation d’une séve gélatineuse qui sort des rayons médullaires, et qui n’est pas sécrélée sous la forme d’un tissu, mais sous celle d’un mucilage sans organisation suivant Meyen, lequel doit renfermer le principe de son organi- sation ultérieure, La seconde admet la transformation d’une médulle centrala supposée en médulle corticale, Eh bien, l’observation conduit à une opinion toute différente de celles qui ont été adoptées par les physiologistes, puisque la prétendue médulle centrale n'existe pas à la face interne de chaque couche ligneuse, et qu'il n’exsude pas de séve gélatineuse des rayons médullaires. Que se passe-t-il donc à la surface ou dans l’intérieur de ces tissus décortiqués ? Ce qui s’y passe présente quelques variations apparentes; mais au fond le phénomène de reproduction est le même , et ces variations peuvent être ramenées à deux princi- pales : 2° Ou bien la reproduction se fait à la surface des tissus mis à nu, c'est-à-dire par les cellules les plus externes ; 2° Ou bien elle a lieu dans les cellules internes de là couche, tout récemment produite, dans l’année même, avant la décortica- tion. Les cellules les plus externes sont alors repoussées au de- hors, loin'du centre , par celles qui sont formées plus à l’intérieur, dans le voisinage de l’aubier de l’année précédente. Examinons comment s'opère celte multiplicalion cellulaire dans chacun des deux cas que je viens d'indiquer. Dans les Comples rendus des séances de l'Académie des sciences , 1852, t. XXXV, p. 1h14, j'ai dit : « Qu'il ne sort rien » d’entre les fibres de l’aubier ; qu’à aucune époque les nouvelles » productions ne sont liquides, mais qu’elles sont formées de cel- » Jules dès le principe; et ces cellules, d’aspect gélatineux, DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 165 » comme toutes les très jeunes productions utriculaires, sont en- » gendrées par celles de la couche génératrice, qui sont restées à, » la surface de l’aubier après l'enlèvement de l'écorce, » Des trois modes de reproduction du tissu cellulaire, qui sont indiqués par la plupart des phytotomistes , quel est celui que la nature emploie pour accomplir cet important phénomène de ré- paration? On va voir que c’est celui que j'ai déjà reconnu comme _seprésentant le plus souvent dans l'accroissement des organes (1). Ce mode consiste dans la dilatation ou l’allongement des cel- lules préexistantes , et l’apparition, dans leur intérieur, de cloi- sons qui les partagent en deux ou plusieurs utricules. Dans le cas qui nous occupe, cette multiplication se fait-elle sur toute l'étendue des tissus qui ont été découverts, ou mieux les jeunes fibres ligneuses et les rayons médullaires prennent-ils également part à cette régénération des nouveaux organes? Dans un grand nombre de cas, oui ; les fibres ligneuses, les rayons médullaires et les vaisseaux d’un petit diamètre eux- mêmes, sont métamorphosés en tissu cellulaire proprement dit ; car il y aune métamorphose réelle de ces organes élémentaires en üissu utriculaire ordinaire, et ensuite multiplication de ces utricules nouvelles. Le Gleditschia, le Robinia, l'Orme, le Marronnier d'Inde, le T'illeul, le Paulownia, etc., m'en ont fourni de nombreux exem- ples. Mais j'ai vu, dans quelques cas, les fibres ligneuses seules engendrer de nouveaux éléments. La figure que j'en donne a été tirée d’une expérience faite sur le Cognassier (pl. 2, fig. 3, p,p ). L'extrémité des rayons médullaires était morte, et leurs cellules étaient devenues brunes comme des organes en voie d'altération. (1) C'est celui que j'ai indiqué très souvent dans mes divers Mémoires pour la réparation des déchirures faites dans l'écorce par le soulèvement du paren- chyme pendant le développement des racines adventives ou par des lésions occa- sionnées par l'homme. C’est par ce mode aussi que se développent les masses cellulaires que contiennent les lacunes des pétioles et des pédoncules du Nu- phar lutea; c'est par lui que s'effectue l'allongement des poils de la face infé- rieure des feuilles de cette plante; enfin, c'est par lui aussi que sont produites les cellules qui doivent se transformer en fibres ligneuses. (Note de l'auteur.) 166 A. ŒRÉCUL, — ACCROISSEMENT [l paraît aussi que, dans certaines circonstances, les rayons médullaires seuls peuvent produire les masses cellulaires qui doi- vent former les excroissances , ainsi que M. Ad. Brongniart l'a décrit dans la séance de l’Académie des sciences du 21 juin 1852. Dans tous les cas, voici comment le phénomène s’accomplit : Les cellules les plus externes se gonflent ; elles s'étendent d’au- tant plus qu’elles sont plus voisines de la circonférence ; la plus extérieure est ordinairement la plus volumineuse. Elle devient tout à fait globuleuse (pl. 2, fig. 1 o), puis elle s’allonge et de- vient claviforme p. C’est alors ordinairement qu’elle se partage en deux par la production d’une cloison vers sa partie inférieure ou médiane p'. La nouvelle cellule externe se comporte comme la première, et ainsi des autres. Cependant les cellules sous- jacentes continuent à s’accroître , à se dilater transversalement, puis ces cellules ou jeunes fibres ligneuses se divisent en deux ou plusieurs utricules plus courtes, en sorte que bientôt tous les élé- ments ligneux de l’année sont transformés en un tissu cellulaire homogène. Ce fait est assez bien mis en évidence par la figure 2 de la planche n° 2, fournie par un Robinia, et qui représente une coupe longitudinale. On voit encore dans cette figure les jeunes fibres ligneuses, !, les plus internes non métamorphosées ; elles sont encore allongées verticalement, tandis que les plus externes ont perdu leur forme primitive. Ici les cellules ligneuses de l’année et les rayons médullaires se sont transformés simultanément. Un T'illeul m’a offert les mêmes changements sous une forme bien remarquable. Au lieu de s’opérer simultanément comme dans le Robinia que je viens de citer, ils se sont effectués succes- sivement. Ce sont les rayons médullaires qui se sont modifiés les premiers (pl. à, fig. 4, r). Chacune de leurs cellules externes se sont tuméfiées , sont devenues globuleuses, puis claviformes ; enfin elles se sont partagées, comme je l’ai décrit plus haut : de manière que, dans le principe, il y avait de petites masses cel- lulaires vis-à-vis les rayons médullaires seulement. Mais, un peu plus tard, les fibres ligneuses se mirent en mouvement à leur tour, et prirent part au développement qui devint général (CHR E PT. DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 167 La figure 5, donnée aussi par le T'illeul, est ce que j'ai vu de plus singulier et de plus important en ce genre. Dans les deux tiers de la figure environ, les éléments les plus extérieurs du jeune bois et des rayons médullaires seuls sont en voie de métamor- phose (fig. 5, {, l'). Les fibres ou les cellules de la masse de la jeune couche ligneuse n’ont encore subi aucune modification appa- rente dans leur forme, et l’on remarque des vaisseaux qui sont dis- tribués au milieu d’elles ( pl. à, fig. 5, v). Dans l’autre partie de la figure, au contraire, les changements apparaissent de plus en plus profonds , à mesure que l’on s’avance de gauche à droite; si bien que la masse entière de la couche nouvelle est métamor- phosée (fig. 5, g). Les vaisseaux eux-mêmes ont disparu com- plétement, et les fibres ligneuses, qui n'avaient qu'un assez petit diamètre, sont remplacées par des utricules d’un diamètre beau- coup plus considérable. Ces changements, dans ce cas, m'ont semblé précédés par un amincissement de la membrane sur toute l'étendue de la jeune couche ligneuse à la fois. Je n’ai pas besoin d'ajouter que je tiens à la disposition des membres de la commission les pièces anatomiques d’après les- quelles mes dessins ont été faits. La figure 6, planche À, représente une coupe longitudinale de ces productions du Tilleul, dans lesquelles toute la jeune couche ligneuse a été modifiée B. Un vaisseau y était resté sans altéra- tion v. Entraîné par les tissus développés autour de lui, il est un peu courbé, et l’on remarquait à sa surface quelques cellules amincies qui n'avaient pas été entièrement métamorphosées. Il est donc manifeste, par ce qui précède, que rien de liquide n'exsude des rayons médullaires, et que les fibres ligneuses par- ticipent avec eux à la production des proéminences qui doivent reconstituer l'écorce et du bois nouveau. D'autres preuves, à l'appui de celte opinion, m'ont été offertes par le second mode de génération de ces protubérances, c’est-à- dire par celui qui consiste dans la multiplication qui $e fait au moyen des cellules les plus internes de la jeune couche ligncuse mise à nu, tandis que les plus externes sont rejetées en dehors sans altération pro‘onde par les nouveaux éléments formés. La même espèce d'arbre, le même tronc peut présenter à la 168 A. TRÉCUL, — ACCROISSEMENT fois les deux modes de multiplication des utricules. Ils doivent être attribués probablement à des conditions de dessiccation particulières aux points de la surface sur lesquels ces phénomènes s’accomplissent. : J'ai observé ce second mode sur l’Orme, le Paulownia et le Robinia. Dans lOrme (pl. 7, fig. 41), il s’est offert avec des circon- stances qui montrent jusqu'à quel point la dilatation transversale des utricules peut être portée avant leur division. Là, les cellules primitives les plus externes (pl. 7, fig. 41, C ) paraissaient avoir subi un commencement de métamorphose, mais il se serait arrêté ; elles avaient été repoussées loin de l’aubier À par les utricules engendrées par les plus internes. Ces cellules primitives, revêtant Ja surface de l’excroissance, recouvraient les plus jeunes , qui s'étaient étendues considérablement dans le sens transversal d, En eflet, ces utricules les plus récentes formaient des tubes hori- zontaux dont la longueur diminuait graduellement de la circon- férence au centre, à mesure qu’elles se rapprochaient du bois, près duquel le nouveau tissu n’avait rien de particulier dans son aspect. Là, dans le voisinage du bois, les cellules de la couche génératrice , ou mieux les jeunes cellules ligneuses , étaient pla- cées en séries rayonnantes quand la décortication fut effectuée ; au contraire , dans la pièce anatomique que je décris en ce mo- ment, elles étaient remplacées par un tissu dont les éléments e ne présentaient plus la même régularité sur ce point ; mais peu à peu, en s’avançant vers la circonférence, les cellules reprenaient la disposition en séries dans le sens horizontal , suivant lequel elles s'étaient développées. Ainsi, dans la figure 114, les cellules C, qui ont bruni en vieil- lissant, étaient d’abord voisines du corps ligneux A, dont elles n'étaient séparées que par une zone mince d’utricules; mais, élant restées stationnaires, inactives, pendant que les plus in- ternes, les plus rapprochées du bois se multipliaient , elles ont été refoulées loin de ce corps ligneux par les cellules e, d, qui sont résultées de ce développement, À part quelques différences anatomiques , les choses se sont passées à peu près de même dans le Paulownia. Nous n'avons pas DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 169 dans cet arbre, par exemple, ces longues cellules transversales que j'ai signalées dans l’Orme; mais il existait de grands vais- seaux (pl. 5, fig. 8) dans la jeune couche ligneuse à l’époque de la décortication. Dans la partie a de cette jeune couche ligneuse, qui n’a pas subi d’accroissement après l’opération , ils ont été déformés par la compression exercée latéralement par les jeunes tissus nés dans la portion b. Dans celle-ci, au contraire, qui s’est développée, les vaisseaux v’ ont à peu près leur forme naturelle ; ils ont seulement été rejetés loin de l’ancien bois À, avec les tissus les plus externes de la jeune couche ligneuse primitive. On recon- naît par la figure 8 que ces tissus de la superficie b ont conservé la disposition en séries horizontales qu'ils avaient avant leur répul- sion , et que de nouvelles cellules se sont interposées entre eux et l’aubier À de l’année précédente. Ces deux derniers exemples de formation des protubérances sur un Orme et sur un Paulownia sont donc éminemment diffé- rents de ceux que j'ai cités auparavant, et dont j'ai donné des figures tirées du Robinia et du T'illeul. Un autre bel exemple de ce second mode de formation des excroissances m'a été fourni aussi par un autre Robinia. Dans cet arbre , comme dans l’Orme et le Paulownia que je viens de mentionner, les tissus extérieurs de la couche dénudée, et une partie de ses vaisseaux (pl. 6, fig. 9, v'), furent éloignés du bois par les éléments les plus récemment formés ; mais une partie des vaisseaux préexistants v resta près de la surface du corps ligneux où ils sont nés. Cette production du Robina est beaucoup plus parfaite que celles que javais obtenues de l’'Orme et du Paulownia qui étaient purement cellulaires, ainsi que nous l’avons vu. Dans cette pro- tubérance du Robinia, on observe un corps ligneux et les parties essentielles de l'écorce (pl. 6, fig. 9, et pl. 7, fig. 10). Le corps ligneux, séparé de celui du tronc par une épaisse couche de tissu cellulaire , renferme des vaisseaux v'’, et les rayons médullaires dont il est traversé, et qui se prolongent dans le tissu cortical, ue sont que la continuation de ceux du bois des années antérieures À, La partie corticale contient, de l’intérieur à l'extérieur, quel- ques pelits faisceaux du liber f, qui sont placés près de la face 170 A. ŒRÉCUL. — ACCROISSEMENT x externe de la couche génératrice propre à ces protubérances ; des groupes plus ou moins considérables de cellules courtes, à parois épaisses , incrustées , d, qui forment des nucules dans les écorces de certains arbres, tels que le étre, le Chéne, le Pau- lownia, dans les poires, etc., viennent ensuite. Le tissu cellu- laire environnant renfermait un peu de matière verte. Enfin le périderme commencant, les gros Vaisseaux ponctués v', rejetés à l'extérieur avec les tissus qui les enveloppaient, sont à la circon- férence de cette excroissance. La figure 10, planche 7, représente une coupe longitudinale de cette production du Robinia. Quelques fibres ligneuses anciennes sont indiquées par F, un petit vaisseau réticulé l’est par F, et v représente un gros vaisseau de nouvelle formation, coupé lon- gitudinalement et rempli de tissu cellulaire ; P renferme les élé- ments de l’excroissance ; e et « sont la couche de tissu cellulaire qui sépare le bois de la protubérance de celui du tronc; b repré- sente ce jeune bois, v” un de ses vaisseaux ; f est un faisceau du liber , d sont des nucules de cellules à parois épaisses, vw est un des grands vaisseaux ponctués refoulés à l'extérieur. Tels sont les deux principaux modes suivant lesquels se dé- veloppent les tissus à l’origine des excroissances qui font l’objet de ce travail, Certains accidents peuvent apporter quelques va- riations dans ces premiers phénomènes. Une décortication impar- faite, par exemple, peut occasionner une déviation dans la marche ordinaire du développement des organes élémentaires , ou inter- vertir, changer le rôle organogénique de certains tissus; les empêcher de remplir la fonction génératrice qu'ils eussent été appelés à exercer, si l'enlèvement de l'écorce eût été complet. C'est ce qui est arrivé sur un Marronnier d'Inde qui avait été imparfaitement privé de son écorce interne ; il en restait cà et là des lamelles qui, du reste, avaient été conservées avec inten- tion. Eh bien, dans ce cas, J'ai observé encore les deux modes de reproduction des utricules. Tantôt ce sont les cellules externes de la lame corticale laissée qui ont opéré la multiplication, et alors les nouveaux tissus semblaient sortir de l’intérieur à travers l’écorce; car les bords de celle-ci étaient ordinairement dessé- chés, noirâtres ou grisâtres, et inertes par conséquent. Tantôt DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 171 c'était dans la partie moyenne de la lame corticale que s'était effectué l’accroissement , les cellules externes avaient été refou- lées au dehors, et les plus internes n’avaient subi aucun change- ment; des gaz répandus dans leurs méats intercellulaires annon- Gaient aussi qu'aucune production récente ne s’était développée dans ce point. Ce qui est digne de remarque, c’est que la jeune couche ligneuse , et tout ce que l’on désigne communément sous le nom de couche génératrice, n’avait pas sensiblement changé d'aspect. Elle ne paraissait même pas avoir pris d’accroissement ; toute la faculté génératrice semblait s'être portée sur une partie de l’écorce. En sera-t-il ainsi dans tous les cas semblables? Je ne voudrais pas l’affirmer ; encore une fois, je ne considère ce fait que comme un simple accident. Quand une excroissance formée de tissu utriculaire à été pro- duite par l’un ou par l’autre des deux modes de génération dont j'ai donné la description, d’autres changements surviennent au milieu des nouveaux tissus, Il s’y développe des vaisseaux, des fibres ligneuses et des fibres du liber ; mais, pendant la for- mation de l’écorce, des cellules assez grandes , à parois épaisses et poncluées, disposées par groupes plus ou moins considé- rables , précèdent ordinairement l’apparition des fibres du liber, dans les arbres que j'ai étudiés. Ce que l’on observe d’abord dans la masse utriculaire, ce sont les vaisseaux : tantôt ils sont étroits, sinueux et composés de cellules courtes et ponc- tuées; ils se rapprochent quelquefois de la forme, qu’on a ap- pelée vaisseaux moniliformes ; d’autres fois ils sont très volu- mineux , rayés ou ponctués (Paulownia). Vers l’époque à laquelle ces vaisseaux se montrent, quelquefois même avant eux, on aperçoit une zone de cellules délicates, aplaties dans le sens perpendiculaire aux rayons médullaires, et disposées en séries horizontales : ce sont les premières cellules qui doivent constituer les fibres ligneuses (1). Bientôt se manifeste le périderme ; il (1) Ces cellules se forment très probablement comme celles que j'ai observées plusieurs fois sur les bords d'une plaie de l'Ulmus rubra; je les ai déjà citées dans mon Mémoire sur la formation des fibres ligneuses. J'en reproduis ici deux des esquisses que j'en pris à la hâte (planche &, fig, 7, À, B). Bien qu'impar- 172 A. TRÉCUL. — ACCROISSEMENT apparaît aussi sous la forme d’une couche plus transparente que les tissus environnants dans le voisinage de la circonférence ; ses utricules sont aussi placées en séries rayonnantes ou perpendi- culaires à la périphérie de l’excroissance. À peu près en même temps naissent les cellules incrustées dont j'ai parlé. Les vraies fibres du liber sont les derniers organes développés. Je disais tout à l’heure que le système fibreux se montre sou- vent sous la forme d’une zone de cellules aplaties parallèlement à la circonférence , et plus translucides que les tissus adjacents ; telle n’est pas toujours sa disposition dans le principe. J’ai aussi observé quelquefois, au lieu d’une zone ligneuse continue, plu- sieurs centres fibro-vasculaires dans la même masse utriculaire. Un ou plusieurs vaisseaux occupaient ordinairement le milieu de ces sortes de faisceaux isolés. Bien que je n’aie donné la description que d’un petit nombre d’excroissances renfermant des fibres ligneuses et des vaisseaux, j'en ai cependant obtenu une très grande quantité sur des Pau- lownia, des Ormes, un Noyer, des Robinia, un Gleditschia, un Érable, etc. Je décrirai ces productions, avec les expériences , dans la seconde partie de ce mémoire. Je demanderai, en terminant, s’il ne serait pas possible que les divers centres ligneux que l’on remarque dans les tiges d’un grand nombre de lianes, dont la structure bizarre a tant occupé les anatomistes, eussent une origine analogue à celle des par- faites, ces figures donneront une idée assez jusle du mode de reproduction de ces cellules. Entre les utricules c, c, distribuées sans régularité, s'en trouvent d'autres disposées en séries horizontales ; elles se confondent insensiblement avec les précédentes, comme on le voit ene, section B; mais comme le démontre la sec- tion À en m, d, ces cellules ont été formées par des cellules mères, dans l'inté- rieur desquelles se sont développées des cloisons aux dépens de la matière con- tenue dans ces utricules. Sur la coupe qui m’a fourni cette esquisse grossière, que j'ai prise pendant mon voyage, on voyait en a une extrémité de la cellule mère d, dans laquelle il n’y avait pas encore de cloison ; et en b j'avais une cel- lule qui ne renfermait encore qu’une seule cloison. Ces cellules semblaient se dilater, et produire des cloisons à mesure qu'elles s’allongeaient. Il y a tout lieu de croire que les éléments fibreux des excroissances qui font le sujet de ce mémoire se forment de la même manière. (Note de l'auteur.) DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 173 ties fibro-vasculaires des excroissances que je viens d'étudier ? Je suis porté à croire que leur développement est le même; c’est pourquoi j’ai cru devoir appeler sur ce point l’attention des bota- nistes qui pourraient se trouver dans des circonstances favo- rables pour étudier l’accroissement de ces végétaux singuliers. Conclusions. De tous les faits qui précèdent, il résulte principalement : 4° Qu'il peut se développer du bois etde l’écorce nouvelle à la surface des arbres qui ont été dépouillés d’une partie de leur écorce ; 2° Que ce n’est point un liquide mucilagineux sans organisa- hon, comme le prétendait Meyen, qui exsude des rayons médul- laires, et s'organise en tissu cellulaire pour produire ces excrois- sances sur les parties décortiquées ; 9° Que les jeunes cellules fibreuses , celles des rayons médul- laires, et quelquefois même les très jeunes vaisseaux, concourent à la production du tissu cellulaire qui doit donner naissance à l'écorce et au bois nouveaux. SECONDE PARTIE, Description des expériences. Des expériences très variées ont été entreprises, toutes ont donné des résultats intéressants ; mais, sur quelques arbres qui n'ont pas élé examinés assez fréquemment, le développement des nouvelles productions a été très rapide : des soudures se sont effectuées entre celles-ci et les anciennes , en sorte que les con- clusions que l’on en pourrait déduire ne seraient pas à l'abri de toute objection. Je négligerai donc ces cas qui pourraient donner matière à controverse , et je ne décrirai que ceux qui ne peuvent être l’objet d'aucune contestation, en ce qui concerne l’origine des fibres li- gneuses et des vaisseaux. Toutes ces dernières expériences consistent en décortications annulaires, dont l'étendue varie de 20 à 50 centimètres de lon- gueur, Tantôt il n'a élé fait qu'une seule opération sur chaque arbre ; tantôt 1l a été enlevé deux anneaux d’écorce sur le même 17 A. TRÉCUL. — ACCROISSEMENT tronc, à quelques décimètres de distance. Quelquefois l’une des décortications , la supérieure , a été laissée exposée à l’action des agents atmosphériques; d’autres fois elle a été mise à l’abri de l'air et de la lumière comme les autres. Cette double décortication avait pour but, d’abord, de mieux se garantir que toute communication directe des nouvelles pro- ductions avec les feuilles n’existait point , et aussi de s’assurer si l'anneau d’écorce intermédiaire donnerait lieu à quelques for- mations, Les résultats sont concluants : toujours il y a un bour- relet au bord inférieur de l'anneau d’écorce ; il est quelquefois même assez considérable, et les protubérances qui le constituent renferment des fibres ligneuses et des vaisseaux. Souvent aussi il à été laissé, dans le même but, des plaques d’écorce tout à fait isolées au milieu des parties dépouillées de leur tissu cortical ; le résultat a été analogue. Des excroissances sortent de dessous ces plaques par leurs côtés, et principalement par leur bord inférieur, où elles sont toujours beaucoup plus vo- lumineuses. Je me suis assuré que plusieurs d’entre elles ont produit des vaisseaux ; mais c’est surtout dans le Gleditschia que les parties ligneuses se sont le plus développées. Les résultats de ces expériences ayant été donnés d'une ma- nière générale dans la première partie de ce mémoire , je décri- rai le plus succinctement possible les productions qu'elles ont fournies. Pour assurer la végétation à la surface du bois mis à nu, la plaie fut préservée de l’action des agents extérieurs de la manière suivante : Quelques traverses de bois ou de fil de fer , attachées aux deux lèvres de la décortication, furent mises autour du tronc pour empêcher le contact de l’enveloppe et du bois dénudé. Une couche de mastic de vitrier fut placée sur les deux bords de la plaie, qui fut ensuite recouverte d’un morceau de toile enduite de caoutchouc. Des mesures avaient été prises aussi pour que la jonction des deux bords verticaux de la toile fût parfaite; elle était telle que, dans plusieurs cas, le liquide qui s’écoulait de l’aubier finit par remplir la cavité qui séparait le bois de l’en- veloppe. Une feuille de carton fut disposée autour de cette en- veloppe ; puis elle fut elle-même protégée par de la paille, | DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 175 Pour connaître l’état de la végétation au moment de l’opéra- tion, un carré de bois fut enlevé avec son écorce dans le voisinage de la plaie, et la structure en fut étudiée. Paulownia. Première expérience. — C’est une des plus intéressantes ; elle fut faite, le 40 avril, sur un Paulowma de 15 centimètres de diamètre. Deux décortications annulaires furent pratiquées : l'une supérieure, large seulement de 5 centimètres, ne fut point grattée, mais elle fut laissée sans abri au contact de l'air ; l’autre inférieure , de 50 centimètres de longueur, ne fut grattée sur aucune de ses parties. Une plaque d’écorce isolée fut conservée au nord-ouest ; elle avait 17 centimètres de longueur sur 7 cen- timètres de largeur. Une autre fut laissée au sud; elle avait 15 centimètres sur 10. Cette décortication inférieure fut abritée par le procédé décrit plus haut, Le 18 inai, il y avait sous l'enveloppe beaucoup d’eau réunie à la base de la décortication, ou condensée en gouttelettes à la surface de l’aubier. Sous les lames d’écorce laissées, la végétation paraissait très active; elles étaient traversées par des développements utricu- laires qui crevèrent l'écorce çà et là. Des excroissances oblongues, isolées d’abord, qui se réunis- saient en plaques, étaient formées principalement du côté du sud. | L'une de ces plaques a maintenant 33 centimètres de lon- gueur sur 4 centimètres de largeur. Il y en a un grand nombre de beaucoup moins étendues. L'une d'elles, qui n’avait,le 80 juin, que À centimètre de longueur sur à millimètres de largeur, ren- fermait déjà des vaisseaux volumineux. Le 2 décembre, une autre de ces protubérances renfermait de nombreux vaisseaux ponctués au milieu d’un tissu cellulo- fibreux également ponctué. L'écorce était purement utriculaire. Nous avons indiqué dans la première partie de ce mémoire le développement de ces excroissances ; c’est par le second mode de multiplication qu’elles sont formées, c’est-à-dire par les cellules 476 A. TRÉCUL, — ACCROISSEMENT internes de la couche génératrice , les plus extérieures étant re- jetées loin de l’aubier. C'est une des excroïssances de cet arbre qui a fourni la figure 8, planche ». Il y a un bourrelet à la lèvre supérieure de la décortication laissée nue, il n'y en a pas à sa lèvre inférieure. Aucune produc- tion ne s’est formée à la surface de son bois dénudé; celui-ci est même complétement mort jusqu’à une certaine profondeur. La lèvre supérieure de la décortication inférieure à aussi un bourrelet très fort, bien qu’elle n’ait pas eu de communication directe avec les feuilles, puisqu'il y a au-dessus un anneau d’écorce enlevé, et que le bois découvert est mort, Ce bourrelet renferme des parties fibro-vasculaires bien développées. Le bourrelet inférieur est peu marqué. La végétation, qui avait paru très active sous les lames d'écorce conservées, n’a cependant pas donné lieu à un accroissement bien considérable. Elles se sont crevassées çà et là, ainsi que je l'ai dit, et des protubérances nombreuses en sortent par les côtés , principalement de dessous le bord inférieur. Sous celui de la lame d'écorce qui est au sud, il y a des productions très fortes de 6 millimètres d'épaisseur, et contenant un système fibro- vasculaire. ll est bien prouvé par là que ces bourrelets ne sont pas dus à des fibres radiculaires descendant des feuilles, puisque ces plaques et ces anneaux d’écorce n’ont pas de relation directe avec ces organes. Paulownia. Deuxième expérience, — Le tronc de cet arbre avait 15 cen- timètres de diamètre. Deux décortications annulaires, de 22 cen- timètres de longueur chacune, furent faites à 35 centimètres l’une de l’autre. La partie supérieure des deux décortications fut grattée tout autour sur à à 4 centimètres d’étendue. Aucune partie corticale ne fut conservée ; mais il y avait déjà une couche de 1 millimètre d'épaisseur environ de jeune tissu ligneux en voie de formation. Elles furent abritées d’une toile enduite de caoutchouc, dispo- sée comme il a été dit plus haut. DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 177 Décortication supérieure. — Un bourrelet puissant existe à la lèvre supérieure ; celui de la lèvre inférieure est faible. Des pro- ductions abondantes et d’étendue variable sont éparses cèà et là ; elles contiennent de jeunes fibres ligneuses et des vaisseaux. Décortication inférieure. -— 11 ÿ a aussi un bourrelet assez fort à la lèvre supérieure, et un très notable à la lèvre inférieure. Quelques petites excroissances isolées sont éparses ; d’autres plus fortes, de 8 centimètres sur 7, sont en communication avec la lèvre inférieure. Elles ont été formées par la réunion de pro- ductions plus petites qui se sont greflées. | L'une de ces végétations bien isolée, longue de 20 millimètres, large de 12, épaisse de 4 et 1/2, était composée, près de la sur- face du tronc, d’un tissu cellulaire plus ou moins allongé vertica- lement, parcouru quelquefois par de gros vaisseaux à raies courtes et très aiguës aux deux extrémités : plus à l’extérieur est la jeune partie ligneuse dont les cellules fibreuses sont peu diffé- rentes du tissu cellulaire précédent. Elles sont toujours disposées en séries horizontales ; mais les vaisseaux qu’elles environnent, volumineux comme les autres , sont marqués de ponctuations lé- gèrement elliptiques. Ces vaisseaux sont isolés ou groupés deux ou plusieurs ensemble. Tous ces tissus sont traversés par des rayons médullaires dont les cellules en sont très distinctes par leur direction transversale. A l’extérieur est une enveloppe corticale simplement utriculaire, dont les éléments , plus ou moins globu- leux, sont disposés sans ordre apparent. Ge tissu paraît homogène; on n'y remarque pas encore les cellules incrustées propres à l'écorce du Paulownia. Érable. Troisième expérience. — Deux décortications furent faites, le 6 avril, sur un Érable (Acer pseudo-platanus) de 20 centimètres de diamètre, à environ À mètre l’une de l’autre; elles ont cha- cune 20 centimètres de longueur. La décortication supérieure a été grattée à son sommet du côté de l’est, sur une élendue circulaire de 20 centimètres et de à de haut en bas. Un îlet d’écorce de 7 centimètres de longueur sur 7 de largeur fut con- 3° série, Bor, T. XIX, (Cahier n° 3.) 4 | 12, 178 A. TRÉCUL. — ACCROISSEUENT servé sur la décortication inférieure, et la surface du bois au- “dessus de cet îlet fut grattée de manière à enlever un peu d’au- bier. La plaie fut ensuite recouverte. 18 mai 1852. Décortication supérieure. — De même que sur presque toutes les parties grattées, il ne s’est rien fait sur celle qui l’a été au sommet de la plaie. Des plaques nombreuses de nouveaux tissus, isolées, se sont formées au-dessous de cette partie, sur celle dont les cellules superficielles ou les plus jeunes n’ont pas été enlevées. Voici ce qui s’est passé : la couche génératrice est morte sur des espaces plus où moins étendus; elle est restée vivante sur ‘d’autres. Ces lames vivantes se sont développées, et par leurs cel- lules internes, et par leurs bords, qui ont produit des bourrelets épais, irréguliers, autour des plaques. Les tissus de ces bords se sont accrus par le premier mode décrit, par les cellules externes; ceux des autres parties de la plaque par les utricules internes. 11 est si vrai que, dans ce dernier cas, les éléments externes n’ont pas été modifiés , que l’on distingue à l’æœil nu, à la surface de ces plaques, les extrémités des rayons médullaires qui n’ont pas ‘chañgé d’aspesct ; et puis, la superficie de ces lames est très lisse et brillante, ce qui ne pourrait être si elle était formée par des cellules nouvelles. Cependant de petites proéminences ont percé quelquefois cà et là la plaque, et se sont réunies ensuite pour former des lames continues. … Décortication inférieure. — À la même époque, le 18 mai, les productions sur cette décortication sont un peu plus avancées que celles de la décortication supérieure ; et celles de sa partie infé- rieure le sont davantage que celles qui sont placées plus haut. Les autres phénomènes sont les mêmes : les excroissances ont le mêine aspect, _ Ce même jour, le 18 mai, j'ai interrompu toule communication avec la lèvre supérieure en grattant les jeunes tissus tout autour au sommet de la plaie, ce qui n’avait pas été fait au moment de l'opération pour cette décortication inférieure, 9 décembre1852. La structure de quelques unes des plaques a ‘été examinée. L’une d’elles, bien isolée, prise à la décortication inférieure, avait 15 millimètres de longueur sur 3 millimètres DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 179 d'épaisseur. Elle se divisait, de dehors en dedans, en quatre par- ties : 4° l’une, externe ou corticale, était purement cellulaire ; ses utricules renfermaient quelques granules d’amidon ; 2° la couche génératrice, qui offrait l'aspect qu’elle a partout ailleurs ; 3° une couche fibro-vasculaire mince , composée de jeunes cellules fibreuses disposées carrément , les unes au-dessus des autres, en séries horizontales, et de vaisseaux ponctués au milieu d’elles ; h° enfin une partie simplement utriculaire, dont les cellules à parois assez épaisses étaient ponctuées , et remplies d’une multi- ‘tude de grains de fécule. Dans une des tubérosités qui bordent les plaques, des groupes de cellules assez grandes, à parois épaisses et ponctuées, furent observées dans la partie périphérique ou corticale. Elles existent aussi quelquefois dans l'écorce de la partie plane de certaines plaques. En ce moment, le bourrelet supérieur de la plaie la plus rap- -prochée des feuilles ne s’est formé que sur une partie de la cir- ‘conférence ; il consiste en quelques protubérances développées du côté de l’ouest principalement. Le bourrelet supérieur de la décortication inférieure , au con- traire , est plus régulièrement formé tout autour de la plaie que le précédent. Comme partout ailleurs, les excroissances qui ont été laissées en communication, soit avec la partie supérieure de l’arbre, soit avec l’écorce inférieure du tronc, ont pris plus d’accroissement que les autres. Sous la lame d’écorce conservée, le développement est très marqué. Orme. Quatrième expérience. — Le 6 avril 1852, une décortication annulaire de 22 centimètres de longueur fut pratiquée, à 30 cen- timètres de terre environ, sur un Orme dont le diamètre était de 20 centimètres. Du bois fut enlevé à la partie supérieure de la surface dénudée jusqu’à À ou 2 millimètres de profondeur, sur un arc de la circonférence égal à 15 centimètres. Sur les autres points le tissu fut laissé intact, Gelte opération secondaire avait 180 A, TRÉCUL. — ACCLOISSEMENT pour but de s'assurer que les vaisseaux des productions qui pour- raient se faire au-dessous ne sont pas descendus des feuilles par les jeunes tissus restés à la surface de l’aubier. La plaie fut abritée comme à l'ordinaire. Un carré de bois fut pris avec son écorce au-dessous de la plaie pour être étudié; et, par cet examen, il fut constaté que l’aubier de l’année précédente était déjà revêtu d’une couche de jeunes cellules fibreuses récemment développées, contenant aussi çà et là quelques vaisseaux ponctués. Le 17 mai, de nouveaux tissus s'étaient formés sur presque toute la surface dépouillée de son écorce. Il ne s’était rien pro- duit sur les points où le bois superficiel avait été enlevé à la partie supérieure de la décortication ; mais au-dessous de cette partie, des plaques très étendues s’étaient développées de la même ma- nière que s’il n’y avait pas eu d'interruption avec la lèvre supé- rieure de la plaie. Les productions nouvelles étaient d’étendue très diverse : quel- ques unes ne formaient que de petites granulations, quelques autres étaient fort grandes. C’est sur cet arbre aussi que nous avons remarqué en même temps les deux modes de formation de ces plaques : l’un par les tissus superficiels , l’autre par les cellules internes de la nouvelle formation. Comme il est inutile d’en renouveler ici la description, nous ne nous y arrêterons pas davantage. Nous dirons seulement que du côté de la plaie qui n’a pas été gratté, où la communica- tion des nouveaux tissus avec la lèvre supérieure n’a pas été in- terrompue, les excroissances sont plus considérables. Étant unies avec l’écorce, elles sont mieux nourries que celles qui n’ont au- cune relation directe avec elle ; mais celles-ci, qui sont tout à fait indépendantes du tissu cortical, qui en sont complétement isolées, renferment aussi bien qu’elles un système fibro-vasculaire parfait. Cependant nous devons ajouter que dans ces dernières, les vais- seaux ne se sont montrés que plus tard. En effet, une étude com- parative , faite le 28 mai, fit voir des vaisseaux dans les plaques communiquant avec l’écorce supérieure, tandis qu’il n'en existait pas encore dans celles qui étaient entièrement isolées. Ces vais- seaux n'avaient qu’un diamètre assez réduit ; ils n’étaient com- DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 181 posés que de petites utricules de même dimension que les cellules qui les environnaient. Aujourd’hui, le système fibro - vasculaire est très manifeste dans les excroissances isolées ; il renferme de nombreux vaisseaux ponctués d'un assez gros calibre. Toutes les plaques sont revêtues d’une sorte de couche subéreuse dont les éléments ont peu de cohésion ; elle se détache avec facilité de l'écorce proprement dite des excroissances, qui _est encore tout imparfaite. Dans la seconde semaine de mai, des racines adventives très nombreuses sont nées du bourrelet de la lèvre supérieure. Leurs petits vaisseaux composés , à leur insertion sur le tronc, de cel- lules ponctuées et réticulées, courtes, partaient du contact des vaisseaux beaucoup plus volumineux de la nouvelle couche du bois ; le nombre de ces vaisseaux radiculaires diminuait en re- montant dans la tige à mesure qu’ils s’éloignaient de l'insertion de la racine, ou, si l’on veut, en se rapprochant des feuilles dont ils ne pouvaient évidemment descendre ; car à une petite distance on n’en découvrait plus aucune trace. L’épiderme de ces racines était revêtu de poils très déliés , et elles étaient terminées par une piléorhize bien conformée. On voyait la partie externe ou la plus âgée de cette piléorhize s’exfo- lier, comme ce phénomène à été décrit dans mon Mémoire sur le Nuphar, c'est-à-dire que ses parties les plus anciennes, qui étaient les plus extérieures, se séparaient , se détruisaient à la manière de celles de l’écorce des arbres, pendant que de nou- veaux éléments étaient produits à l'intérieur , ainsi que cela a toujours lieu. Les partisans de la théorie des fibres radiculaires descendantes pourront considérer cette apparition des racines comme une preuve à l’appui de leur opinion. Mais, outre la structure de ces organes à leur point d'insertion, qui est tout à fait en contradiction avec la théorie, je leur opposerai le dilemme suivant : Ou les fibres radiculaires descendäntes ont formé les vaisseaux et les fibres ligneuses des plaques développées sur la décortication, ou elles ne les ont pas formées. Si elles les avaient formées, 1l ne devrait pas y avoir de racines adventives ; or il y à des racines, donc elles n’ont pas donné naissance au système fibro-vasculaire des 152 A. RÉCUL, -— ACGROISSEMENT plaques, qui, du reste, ainsi qe je l'ai dit, en sont souvent com- plétement isolées. La végétation de cet arbre étant très active, une autre décor- tication , de 10 centimètres de longueur, fut faite , le 24 mai, à 60 centimètres au-dessus de la première, et toute la surface en fut grattée pour enlever les nouveaux tissus. La végétation n’en. parut pas ralentie ; l'arbre, qui avait très bien fleuri en mai après l'opération, se couvrit de feuilles, et donna des fruits mûrs comme à l’ordinaire. Orme. Cinquième expérience. — Un autre Orme, de 12 centimètres de diamètre, subit, le 2 juin, une décortication annulaire de 50 cen- timètres de longueur, et le bois fut gratté soigneusement tout autour au sommet. Les premiers phénomènes de la reproduction utriculaire se pas- sèrent très bien sur présque toute la surface dénudée à la fois, excepté sur l’anneau gratté au-dessous de l’écorce supérieure, où il ne futrien produit. C’est d’après le premier mode de mul- tiplication, c’est-à-dire par les cellules externes, que le développe- ment s'était opéré ; mais ces nouveaux tissus furent envahis par. des moisissures , qui les détruisirent presque complétement, Il n’en reste plus que deux plaques : l’une de 5 centimètres sur 2, l’autre de 5 centimètres sur à. [| y en avait une troisième beau- coup plus petite, qui fut consacrée à l’étude, Elle renferme des vaisseaux au milieu de cellules souvent très longues, entièrement remplies de petits grains de fécule. | | Robinia. Sixième expérience. — Le 6 avril, une décortication annu- laire, de 50 centimètres de longueur, fut faite sur un Robinia de 7 centimètres seulement de diamètre, La partie supérieure fut grattée avec soin, mais on laissa sur quelques points de nom- breuses lames d’écorce interne à la surface de l’aubier. Le plaie fut protégée comme à l'ordinaire. Le 19 mai, bien que toute communication ait été interrompue avec l'écorce supérieure au moment de l'opération, des produc- DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 155 tions abondantes s'étaient développées. C’est d’après l’une d'elles, née d’un point dépourvu d’écorce interne , qu'a été dessinée la figure 1, planche 2. Comme les excroissances de l’'Orme précédent , elles furent détruites , en grande partie, par l'humidité et les moisissures. Cependant il en reste d'assez considérables, mais quelques unes des plus étendues sont contiguës avec la lèvre inférieure de la plaie. De celles qui sont complétement isolées, une des princi- pales fut étudiée. Elle avait 2 centimètres de longueur sur 15 mil- limètres de largeur, et 2 à 2 1/2 millimètres d'épaisseur. Sa couche fibro-vasculaire est mince; ses vaisseaux sont assez vo- lumineux, ponctués, isolés ou groupés trois ou quatre ensem- ble : ses cellules fibreuses sont de simples cellules oblongues, à parois ponctuées et disposées en séries horizontales. Cette zone ligneuse est séparée du bois par une épaisse couche de tissu cel- lulaire très irrégulier dans sa forme , la dimension de ses utri- cules et leur disposition. On trouve aussi quelquefois des valsseaux épars dans cette couche. | L’écorce est formée d’un tissu cellulaire vers la partie externe duquel paraît se dessiner une sorte de périderme , composé de quelques rangées d’utricules un peu comprimées et plus trans- parentes que les tissus environnants. Vers l’intérieur de cette écorce sont des groupes de cellules courtes et à parois épaisses ; elles forment des nucules qui pourraient être pris pour des fais- aux de larges fibres du liber, par un examen peu attentif, Bien que cet arbre n’ait qu’un petit diamètre , et que la décor- tication ait 50 centimètres de longueur, sa végétation n’a pas été retardée. Ses feuilles paraissaient aussi nombreuses que celles des arbres de même espèce qui n’avaient pas été opérés, et, le 24 mai, il commençait à épanouir ses fleurs, Septième expérience, — Le 9 avril, un Robinia , du diamètre de 6 centimètres 1/2, fut privé d’un anneau d’écorce de 29 cen. timètres de longueur. La décortication fut bien grattée au sommet de manière à ne rien laisser des jeunes tissus, et même à énlever un peu du bois de l’année précédente, Quelques lamelles d’écorce interne sont restées du côté du nord, | Le 26 mai, ce sujet fut examiné. De nombreuses productions A8h - A, ‘FRÉCUL. — ACCROISSEMENT s'étaient développées, mais l’excès d'humidité qui existait sous l'enveloppe et les moisissures ont presque tout détruit. Il ne reste plus que trois portions de plaques peu étendues qui sont encore vivantes. L'arbre est très souffrant. Ce jour-là, une autre décortication fut opérée à quelques centi- mètres au-dessous de la première ; elle n’a que 40 centimètres de longueur. La couche génératrice fut enlevée tout autour du sommet. Voici quel était l’état de cette couche génératrice au moment de cette seconde opération. De nombreux vaisseaux ponctués nouvellement produits y exis- tent, et sont séparés de la couche du bois de l’année précédente par une jeune couche de cellules ligneuses allongées et rectan- gulaires, à parois très minces ; elles sont toutes placées en séries horizontales. Le 8 juin, j'examinai cette dernière décortication, et jy trouvai de belles plaques cellulaires encore toutes récentes ; mais , comme dans la première opération, elles étaient presque entièrement envahies par des moisissures. Cependant une partie très étendue encore était saine; j'en détachai un fragment pour en étudier la structure. Sur la coupe transversale, je vis à peu près ce qui est représenté par la figure 1, planche 9, c’est-à-dire que les cellules extérieures de la couche génératrice se dilatent , s’allongent, se renflent à l’extrémité, puis se divisent par la production de cloi- sons à leur intérieur, Peu à peu les cellules de plus en plus in- ternes de la couche génératrice sont partagées de la même manière , en sorte que la couche entière finit par se métamor- phoser totalement. Les vaisseaux du bois sont remplis de tissu cellulaire dans le voisinage de la décortication, comme sur presque tous les autres arbres ainsi opérés. Des coupes longitudinales m'ont fait voir que les jeunes cellules ligneuses disposées en séries horizontales se divisent ordinairement en deux par une cloison transversale. Les utricules qui en résul- tent s’accroissent inégalement, et le tissu nouveau offre un aspect peu régulier, Ces nouvelles cellules internes se subdivisent elles- mêmes, soit transversalement, soit longitudinalement ; ce qui con- tribue à donner de l'irrégularité au tissu. Les cellules externes, au DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 159 contraire, se partageaient par des cloisons ordinairement longitu- dinales , et s’étendaient vers l'extérieur du tronc en séries hori- zontales. Aujourd’hui, toutes les excroissances ont été détruites par l’hu- midité et les moisissures, et l'arbre lui-même paraît mort. Les décortications ont probablement été faites trop près de la terre; l’inférieure n’en est qu’à à centimètres. Huitième expérience. — Le L5 juin, une décortication en spirale fut faite sur un Robinia dans une longueur de 35 centimètres, Les feuilles de cet arbre et ses rameaux de l’année en moururent,. Il en poussa d’autres au mois d'août, qui périrent aussi en sep- tembre. Sur un point de la surface de l’aubier privé de son écorce, s’est développée une petite excroissance que j’ai décrite dans la première partie du mémoire, et qui a donné les figures 9, planches 6 ; et 10, planche 7. Elle à été produite par le second mode de multiplication utri- culaire, c’est-à-dire par les cellules internes. Comme la descrip- tion en a été faite avec beaucoup de détail, je ne m’en occuperai pas davantage. Gleditschia. Neuvième expérience. — Le 10 avril, un Gleditschia, de 9 cen- limètres de diamètre, subit une décortication annulaire de 30 cen- timètres de longueur. Un îlet d’écorce de 12 centimètres sur 10 fut laissé du côté du nord. Le bois fut gratté en haut sur la moitié septentrionale, dans une étendue verticale de 4 centimètres en- viron, La plaie fut ensuite enveloppée. . La couche ligneuse récemment produite renfermait déjà des vaisseaux ponctués, et les jeunes cellules ligneuses étaient dispo- sées en séries horizontales. Les utricules des rayons médullaires présentaient un aspect variable. À côté de séries de cellules de grandeur normale , il y avait quelquefois d’autres rangées dont les utricules étaient considérablement allongées dans le sens trans- versal. Ces utricules étaient assez grandes pour qu’en se parta- geant, elles en produisissent deux ou trois de grandeur ordinaire. Le 7 mai, la multiplication cellulaire commençait; elle se ma- 186 | A, TRÉCUL. — ACCROISSEMENT nifestait aussi bien au-dessous de la partie grattée au sommet de la plaie que sur le côté qui ne l’avait pas été. Il y avait quelques moisissures et un peu d'humidité sous l’enveloppe. Les feuilles n'étaient encore que très peu avancées dans leur accroissement. Le 19 maï, j'ai interrompu la communication avec la lèvre supérieure, en graltant la jeune couche ligneuse vers le sommet de la décortication, du côté où elle ne l'avait pas été ; 4 ou 2 mil« limètres de bois furent même enlevés. Le développement utriculaire s’est manifesté d’abord aux rayons médullaires par le premier mode de génération décrit dans la première partie de ce travail. Bientôt après, les parties intermédiaires aux rayons médullaires, c'est-à-dire les jeunes cellules ligneuses, se gonflèrent pour se diviser, ainsi qu'il a été dit précédemment ; en sorte que l'accroissement marcha ensuite simultanément et également dans les deux parties constituantes de la couche génératrice ou jeune bois ; je veux dire dans les cellules ligneuses récentes et dans les rayons médullaires. Les excroissances qui en résultèrent sont ordinairement oblon- gues ; leur dimension varie de 4 millimètre à 28 centimètres de longueur sur 2 à à centimètres de largeur. Les plus grandes sont généralement composées par la réunion de plusieurs autres. Elles renferment des fibres ligneuses et des vaisseaux. . Sous l’îlet d’écorce qui a été laissé du côté du nord , il s’est fait un développement fibro - vasculaire très marqué. Il est plus abondant vers le bas. Il ne s'est pas formé de bourrelet à la lèvre inférieure de la plaie, et celui de la lèvre supérieure est peu considérable ; mais, depuis quelques jours (8 décembre), des racines adventives se sont montrées : quelques unes sont sorties en soulevant et dé- chirant l’écorce çà et là. L'une de ces dernières , encore cachée sous le tissu cortical, fut examinée : on y remarquait son système central entouré de vaisseaux, et le système cellulaire périphérique ou cortical, Son sommet était couronné par une jeune piléorhize. Tilleul. Dixième expérience. — Une décortication annulaire de 25 cen- timètres de longueur fut faite , le 26 avril, sur un Tilleul de DÉS VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 157 7 centimètres de diamèire. La partie supérieure de la décorti- cation fut grattée sur la moitié de la circonférence , dans une étendue verticale de 3 centimètres. Le bois, bien qu’altéré et noirdtre du côté du nord, était, malgré cela, recouvert par une couche de jeunes tissus. La plaie fut recouverte par le procédé ordinaire. Le 19 mai, la végétation est active et l’arbre est très feuillu. 1! y a des productions au-dessous de la partie grattée supérieure- ment, Sur plusieurs points, ces productions ne constituent que de très petites granulations qui se réunissent insensiblement en plaques. J’ai décrit avec détail la formation de ces excrois- sances ; il est donc inutile d’y revenir, Je me contenterai de rap- peler que le développement commence par les cellules externes des rayons médullaires, qu’il s’étend ensuite aux cellules fibreuses, dont la nouvelle couche se métamorphose quelquefois complé- tement. Les protubérances auxquelles ces tissus ont donné naissance n’ont point prospéré; presque toutes ont élé détruites par des moisissures. La plus considérable de celles qui ont survécu, et qui n’avait pas plus de 4 centimètre 1/2 de longueur, fut con- sacrée à l'étude. Le 2 décembre, elle ne renfermait ni fibres li- gueuses ni vaisseaux ; elle était seulement composée de tissu cellulaire. Quelques unes de celles qui restent sont nées sous das lamelles d’écorce interne qui avaient été laissées ; elles en débordent sur les côtés, et sont comprimées par ces lamelles dans leur partie moyenne. | Ün bourrelet considérable s’est formé à la lèvre supérieure, celui de la lèvre inférieure ne consiste qu’en quelques tubérosités situées à l’ouest. Noyer. Onzième expérience. —Le diamètre de cet arbre était de 9 cen- timètres de diamètre ; il fut soumis à une décortication annu- laire de 25 centimètres de longueur. La partie supérieure de la décortication fut grattée sur la moitié de la circonférence vers le nord , et sur une Ctendue verticale de 3 centimètres, Le reste de la cou che génératrice est resté intact. 188 A. TRÉCUL, — ACCROISSEMENT La plaie fut recouverte, par le procédé décrit plus haut, d’une toile enduite de caoutchouc hermétiquement fermée. Le 19 mai, une quantité très grande de liquide était renfermée sous l’enveloppe. La présence de cette eau empêcha la formation des excroissances, qui n'étaient qu’en petit nombre et de peu d’étendue. L'arbre s’est couvert de feuilles abondantes et de fleurs. Le 12 juin, toute la cavité formée par l’enveloppe , jusqu’à h centimètres du sommet, était remplie d’eau ; aussi ne s'est-il pas fait de nouvelles productions. 11 n’en reste que quelques unes très petites à la surface de la partie dénudée , un bourrelet partiel à la lèvre supérieure, et un à la ièvre inférieure. Le 3 décembre, le bourrelet supérieur est extrêmement consi- dérable, et l’inférieur est assez gros aussi ; mais il n’y a que des excroissances peu nombreuses et peu développées sur le bois mis à nu. La plus grande de ces tubérosités , longue de 15 millimètres, large de 8 et épaisse de 5, fut étudiée, Sa surface est très inégale et tuberculeuse, Elle renferme une couche fibro-vasculaire mince dans sa partie moyenne. Cette couche suit les sinuosités de la surface externe ondulée de l’excroissance ; elle est composée de vaisseaux ponctués d’un assez gros calibre, et de fibres ligneuses plus ou moins parfaites. Cette zone ligneuse est séparée de l’au- bier par une couche de tissu cellulaire, dont l’épaisseur varie sui- vant que la surface externe de la protubérance s'éloigne plus ou moins du bois. Une enveloppe purement utriculaire enferme le tout, Je n’y ai pas remarqué de fibres du liber. Paulownia. Douzième expérience. — Décortication annulaire de 45 centi- mètres. Deux îlets d'écorce furent laissés, l’un au nord, l’autre au sud. Ces lames d’écorce se sont crevassées par l’accroissement du tissu cellulaire , et des productions assez fortes sont nées à la partie inférieure de l'îlet qui est au nord; elles sont moins fortes sur les côtés. Des excroissances nombreuses se sont développées sur l’aubier dénudé ; elles sont quelquefois assez étendues, mais elles n'ont DES VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS LIGNEUX. 139 pas une grande épaisseur ; néanmoins, quelques unes renferment des vaisseaux. Cognassier. | T'reizième expérience. — Le 10 avril, des lambeaux d’écorce furent soulevés sur toute la circonférence d’un tronc de Cognas- sier, es uns de haut en bas, les autres de bas en haut. Une lame d'étain fut interposée entre le bois et l’écorce, puis celle-ci fut remise en place, et revêtue d’onguent de Saint-Fiacre et de paille. Deux des lames d’écorce produisirent une couche mince de bois et de tissu cortical vers leur point d’attache. Quelques excrois- sances furent formées à la surface du bois; elles se développèrent tout à fait indépendamment des rayons médullaires, dont les cel- lules externes étaient mortes et devenues brunes. Les cellules ligneuses de l’année elles-mêmes ne paraissaient pas non plus avoir pris part à leur formation , car toute la couche génératrice était détruite. Ge sont les fibres de l’aubier de l’année précédente qui semblent leur avoir donné naissance , ainsi qu’on peut le voir par la figure à p,p, planche 2. Cette assertion est d’autant plus probable que tous les jeunes tissus de l’année n’existaient plus à l'époque de l'observation, le 26 mai , quand les nouvelles pro- ductions ne consistaient encore qu’en quelques cellules piriformes. Aujourd’hui, 8 décembre, quelques productions isolées et quel- ques autres confluentes avec l’écorce subsistent sur le bois. L’une de celles qui sont isolées fut examinée, et elle fut trouvée com- posée de deux parties : l’une, externe, d'apparence corticale, était purement cellulaire, et ses utricules renfermaient quelques grains d'amidon; l’autre, interne, d’aspect ligneux, n’est formée que de tissu cellulaire comme la première, mais l’amidon y est beaucoup plus abondant. Cet arbre donna des feuilles et des fleurs comme s’il eût été en parfaite santé, et ses fruits mûrirent très bien. Marronnier d'Inde. Qualorzième expérience. — Cet arbre, qui a 12 centimètres de diamètre, fut soumis, le 26 avril, à une décortication annulaire de A7 centimètres de longueur. Un îlet d’écorce de 15 centi- mètres sur 10 fut laissé du côté du nord. 190 A. TRÉCUL — ACCROISSEMENT Bien que les feuilles eussent déjà acquis une grande dimension, l’écorce ne se détachait qu'avec beaucoup de difficulté; c’est pourquoi de nombreuses lamelles d’écorce interne, de grandeur très diverse, ont été conservées principalement du côté du nord- “ouest (1). La partie supérieure de la décortication fut grattée de manière à enlever un peu du bois de l’année précédente tout autour du tronc, si ce n’est dans l’espace de 10 centimètres au sud-est. La largeur de cette partie grattée était de ! à 5 centimètres. Le 18 mai, des productions nouvelles étaient nées sur un grand nombre de points de la partie non grattée ; elles sont en plaques -ou en granulations isolées de dimensions très variables, Des végétations existent aussi quelquefois à la surface des la- melles d’écorce interne conservées; elles sont d'autant plus re- marquables que, sur les bords de ces lames corticales, il n’y a aucun développement utriculaire. Elles sont dues, ainsi que je V’ai dit dans la première partie du mémoire, à l'accroissement des cellules externes de ces lamelles d’écorce. D’autres fois, c’est la partie moyenne de cette écorce qui végète, les utricules externes et les plus internes n’ont pas changé d'état; la couche généra- trice n’a pas non plus pris de développement. Aujourd’hui il ne reste plus de ces productions ; toutes ont été détruites par les moisissures. La lame d’écorce laissée du côté du nord continue seule de vivre; cependant l'arbre a végété vigou- reusement pendant toute l’année. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE %, (Robinia et Cognassier.) Fig. 4. Coupe transversale d’une portion de tige de Robinia qui a subi une dé- cortication. — À, bois ou aubier de l'année précédente; r, rayons médul- laires; V, vaisseaux de cet ancien bois. — B, tissus développés au printemps, partie avant la décortication , partie après cette opération. Le tissu de la couche génératrice resté adhérent au bois était formé de cellules allongées verticalement ou jeunes éléments ligneux ; une partie, la plus externe, s'est transformée en tissu cellulaire ordinaire; elle est représentée en g; f est la partie qui n'avait pas subi de changement; e \ \ “ds CE et BE Î | À [l Ï {} | ZX ES ETS } / | [l 7 } { D « LA \ EE, | IEUESR Il \ 0 IL 0 \e) Û à Qop 11 tes 0 JG 1 || TL) 1) k ] | = | ES VE l \ N eos on) ENT EE DS Se OS 0000 DONNER ASE: 6 — ï | LL = TX ; A NX 6 DOC OLA IUT LSÈ Ge | reel ns No | L v À / f - rm Lo f: OGGAT): olsis\S 10 roSio (=> £ \ QC TOYS 0 | OÙ\SS COS Se C7 TS ESS" 7) AS) ©} IQ] 1075 OAV _— \© Où=Q Se 95) / — A 2@\ IEC ae ons NIMINEPI esse | ar = SOS Ier: ETRATRRSE MOSS LE ee? Yolo (21e T< re = EC SR = ROLE D En NE C/sIin Jo \o bete VD Ô nn aa g n 010 dA0 ® 7 F V 7 A B À. Jrecul del . ; T° Douliot se z, 2. oëbrrieæ. À. Coignasster , WAenond tnp.r des Noyers. 65, Larts. ( PR AE Pot. 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