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DECAISNE QUATRIÈME SÉRIE BOTANIQUE TOME TII PARIS LIBRAIRIE DE VICTOR MASSON PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE 18595 1 #7) 4 A F4 Q: Et r- lu "à TAAAAAAEUN) + UD A TOR ii . 90400 kg. DÉADDE AT MAMA AE ao OAI hS-TA ANNEE Su + . y 2aNeAUt AAMADAO 200 za AAIOTSIH"J TT ART à “ati : : did0j00x Là #41 SUAAUOS HAL M HA | MIE MEL < ANA 2 AMANT RQ D 1U01AATOA ill WMOT PE LL CEA RE nome HOTOIN 44 MIALAHEL à inondhte-a-Mido8 dE AG MAN Gp RE LZ . < | ANNALES DES SCIENCES NATURELLES PARTIE BOTANIQUE RECHERCHES SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES ET LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES, Par M. G. THURET. (Suite. — Voyez tome II, page 197.) SECONDE PARTIE, (Planches 2, 3 et 4.) Les Fucacées sont jusqu’à présent les seules Algues dans les- quelles j'aie réussi à constater l’action fécondante des anthéro- zoïdes sur les corps reproducteurs. Cependant on trouve dans d’autres espèces des organes dont l’analogie avec les anthéridies des Fucacées est si grande, qu'on ne peut guère se refuser à leur attribuer des fonctions semblables, bien qu'il soit impossible de prouver la réalité de ces fonctions par l’observation directe. Phéosporées. Telles sont les anthéridies du Cutleria que j'ai décrites dans ce recueil (4). De toutes les Algues olivacées qui se reproduisent par (1) Recherches sur les anthéridies (Ann. des sc. nat., 3° série, t. XVI, p. 42, pl. 4). 6 G. THURET. — RECHERCHES zoospores et que j'ai réunies sous le nom de Phéosporées (1), ce genre singulier est le seul jusqu’à présent où j'aie trouvé ces organes. Les anthérozoïdes sont absolument pareils à ceux des Fucacées, et, de même que ceux-ci, incapables de germer. J'ignore d’ ailleurs comment ef à quel moment leur action peut s'exercer. Ce qui est certain du moins, e’est que les zoospores germent très bien sans leur concours. Tiloptéridées. J'ai retrouvé des anthéridies analogues à celles du Cutleria par leur structure celluleuse, dans le Tilopteris Mertensui, Kütz. (Ectocarpus Mertensii, Ag.) , espèce assez abondante au commen- cement du printemps sur le littoral de Cherbourg. Tous les auteurs rapportent cette plante aux Ectocarpus , et M. Kützing lui-même paraît n’avoir été conduit à la séparer de ce genre que parce que les articles inférieurs des filaments se partagent en plusieurs cel- lules par des cloisons longitudinales (2), particularité qui me semble de peu d'importance ; car j'ai observé la même structure dans les EÉctocarpus sphærophorus, Carm., et brachiatus, Harv. Mais le genre Tulopteris se distingue des Ectocarpus par un carac- tère bien plus essentiel, puisqu'il en diffère totalement par la fructi- fication et n'appartient même pas aux Phéosporées. En effet, cette plante ne se reproduit pas au moyen de zoospores , mais par de grosses spores immobiles, qui se forment dans les articles des ramules latéraux. Souvent géminées, comme les représente M. Harvey (5), ces spores sont aussi quelquefois solitaires, ou réunies par trois ou quatre à la file, ou enfin séparées par des articles non transformés. Les anthéridies, qui m'ont pari beaueoup plus rares que les spores, occupent la même place que celles-ei, et se trouvent sur les mêmes individus. Les articles de quelques ramules, au lieu de se convertir en sporanges, se recouvrent d'une couche (1): Recherches sur les zoospores (Ann. des se. nat., 3° série, t. XIV, p. 214). (2) Voy. Botanische Zeitung, 5° année, n° 9, p. 466. ù (3) Phycologia Britannica, tab. cxxxur. SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. 7 de très petites cellules, dont chacune renferme un anthérozoïde hyalin, muni d'un point rouge, et tout à fait semblable aux anthéro- zoïdes des Fucacées. La grandeur de ces ‘anthéridies est assez variable : elles sont généralement oblongues, plus larges à la base qu'au sommet. J'ai vu sur un ramule un article renfermant une spore, et l’article suivant transformé en anthéridie. lei se présentent les mêmes incertitudes que dans le Cutleria , relativement aux fonctions des anthérozoïdes. J’ai pu suivre la ger- mination des spores du T'ilo pteris pendant fort longtemps, et je les ai vues reproduire des filaments tout à fait pareils à ceux de la plante mère. Mais il ne semble pas que le contact des anthérozoïdes soit nécessaire à leur développement; car elles commencent sou- vent à germer à l’intérieur même des articles où elles sont renfer- mées. Cependant, comme les anthérozoïdes du Tilopteris et du Cuileria sont identiques avec ceux des Fucacées, que très certaine- ment ce ne sont pas plus des corps reproducteurs dans les unes que dans les autres, il paraît difficile de n’y point voir le même organe, et de ne pas supposer qu'il remplit des fonctions de même nature. Dictyotées. M. J. Agardh a décrit les anthéridies de plusieurs genres de Dictyotées (1). Malheureusement il est de toute évidence que ces descriptions se rapportent à des organes de nature très diverse. Et ce qui augmente encore ici la confusion, c’est que par suite de la fâcheuse négligence qu'on a trop souvent mise à étudier sur le vivant la fructification des Algues marines, on est arrivé à réunir dans les Dictyotées un grand nombre de plantes qui n’ont presque aueun rapport avec elles, et dont la fructification surtout est essen- üellement différente. Ainsi je me suis assuré que la majeure partie des genres qu'on a fait tour à tour entrer dans cette famille (Litosi- phon, Dictyosiphon, Punctaria, Asperococcus, Arthrocladia, Cutleria, Chorda, Shlophora) se reproduisent par des zoospores et appartiennent par conséquent aux Phéosporées. Au contraire, les vraies Dictyotées (Dictyota, Dictyopteris, Taonia, Padina) (1) Species Algarum, 1. I, p. 68 et seq. 8 G. THURET. — RECHERCHES constituent un groupe très distinct et très naturel, dont les seuls corps reproducteurs sont de grosses spores immobiles , formées dans les cellules de la couche corticale, qui se gonflent peu à peu et deviennent fortement saillantes à la surface de la fronde. Ce mode de formation des spores peut donner lieu à deux sortes de fructification différentes dans une même espèce : l’une, qui paraît être la fructification ordinaire des Dictyotées, et que J'ai observée dans les quatre genres mentionnés ci-dessus, consiste en tétra- spores à division cruciale , tantôt isolés , tantôt réunis en groupes irréguliers, ou disposés en zones parallèles : l’autre, qui n’est point rare dans le Dictyota dichotoma, Lmx, consiste en sores de forme oblongue, composés d’un nombre variable de spores contiguës qui ne subissent pas la division quaternaire, et sont recouvertes d'une enveloppe commune par la cuticule transparente dont toute la fronde est revêtue. Ne pouvant entrer ici dans des détails qui m'entraineraient trop loin, et que j'espère donner ailleurs, je me bornerai à indiquer l’analogie remarquable que présentent ces deux formes de fructification, la première avec le fruit té- trasporique, la seconde avec le fruit polysporique ou Cystocarpe des Floridées. : Les véritables anthéridies des vraies Dictyotées n’ont encore été décrites, si je ne me trompe, que dans une espèce exotique. Du moins la description que donne M. le docteur Montagne des anthé- ridies de son Dactyota phlyctænodes (1), est la seule qui soit assez précise pour que je puisse la rapporter avec certitude aux organes que j'ai moi-même observés sur le Dictyota dichotoma de nos côtes. Voici le résumé de mes recherches, commencées , il y a plusieurs années, à Belle-Isle en mer, et que jai reprises et com- plétées plus récemment à Marseille. (Voy. PI. 2.) Les tétraspores et les sores polysporiques du Dictyota dicho- toma se trouvent sur des individus séparés , mais d’ailleurs par- faitement semblables entre eux, et qu’il est impossible de rapporter à des espèces différentes , comme l’a fait M. Kützing. Il en est de même des anthéridies, dont la présence exclut toujours celle des (1) Historia fisica y politica de Chile, Botanica, t, VILS, p. 260, 261. SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. Ÿ corps reproducteurs. Ces organes forment sur les deux faces de la fronde des taches oblongues , plus ou moins nombreuses, un peu blanchâtres, légèrement saillantes, mais d’ailleurs à peine distinctes à l'œil nu. Sous un faible grossissement du microscope, on recon- nait que ces taches consistent en groupes ou sores ellipuques de cellules remplies d’une matière grisâtre : chaque sore est limité par quelques rangs de cellules plus grandes , colorées en brun foncé, qui forment à l’entour une sorte d’involucre. Les sores les plus âgés sont vides : leur involucre seul subsiste. — Tel est l’aspect que présente une fronde chargée d’anthéridies, quand on l’examine à plat et par simple transparence. Mais pour bien se rendre compte de la nature de ces organes, il faut pratiquer des coupes minces à travers les sores, et étudier ceux-ci dans les diverses périodes de leur développement. Avant de passer à cet examen, il est bon de dire quelques mots de la structure de la fronde dans laquelle les anthéridies prennent naissance. La fronde du Dictyota dichotoma se compose d’une rangée de grandes cellules rectangulaires incolores, que recouvreune couche de cellules corticales beaucoup plus petites, remplies de matière colorante brune. Chacune des grandes cellules internes renferme une masse grisâtre, sorte de gros nucléus composé de corpuscules olobuleux d’inégale grosseur, d’où émanent des tractus mucilagi- neux qui rayonnent vers les parois de la cellule. Ces parois elles- mêmes présentent une particularité qui mérite d'être signalée : elles sont couvertes de ponctuations irrégulières, semblables à celles que l’on trouve si fréquemment dans les cellules des Phané- rogames, notamment dans le tissu de la moelle, et qui doivent leur origine à la même cause, c’est-à-dire à l’amincissement en ce point de la membrane cellulaire (PI. 2, fig. 2). Suivant une remarque intéressante que m'a communiquée M. Bornet, les tractus mucilagineux émanant du nucléus sembleraient venir abou- tir à ces ponctuations. C’est aux dépens des cellules de la couche corticale que se for- ment les anthéridies, origine qui leur est commune avec les deux sortes de corps reproducteurs. Leur premier développement ressemble d'ulleurs à celui des sores polysporiques. Un certain 10 G. THURET. —— RECHERCHES nombre de cellules contiguës se gonflent et s'élèvent perpendicu- lairement à la surface de la fronde , en soulevant la cuticule dont celle-ci est recouverte. Toutes les cellules du sore ne sont pas destinées à subir les mêmes métamorphoses. Quelques rangées de celles qui occupent la périphérie formeront l’involuere dont j'ai parlé tout à l'heure : celles-là se renflent à leur sommet ; leur paroi s’épaissit; la matière qu'elles renferment devient d’un brun noi- ratre ; les plus rapprochées de l’intérieur du sore grandissent plus que les autres, et finissent par se recourber sur les cellules de la partie centrale , de manière que leurs sommets en recouvrent les bords. Pendant ce temps, les cellules qui remplissent la partie cen-- trale du sore et qui sont destinées à se transformer en anthéridies, continuent à se développer. À mesure qu'elles grandissent , leur contenu prend une teinte de plus en plus claire. Lorsqu'elles ont atteint une hauteur à peu près double de leur dimension primitive, elles se divisent en deux par une cloison transversale : la partie inférieure, devenue le pédicule de l’anthéridie, ne prend plus d’accroissement : la partie Supérieure, au contraire, continue à grandir et à se cloisonner , jusqu’à ce que, par la formation plu- sieurs fois répétée de cloisons transversales et longitudinales, elle se trouve convertie en une masse celluleuse hyaline, un peu clavi- forme, composée d’un grand nombre de petites cellules alignées en séries régulières. La figure 2 (PI. 2) représente un sore coupé transversalement un peu avant la maturité complète, et rempli de ces masses celluleuses ou anthéridies soudées entre elles. La figure 3 montre une anthéridie extraite du sore. L'aspect de ces organes à cette époque rappelle celui que présente le contenu des anthéridies des Muscinées avant la formation des anthérozoïdes. Chacune des petites cellules qui composent l’anthéridie du Dictyota renferme un corpuscule globuleux , d’abord peu distinct, mais qui devient de plus en plus net. Quand les sores ont atteint leur com- plet développement, la cuticule qui les recouvrait se détruit : les corpuseules renfermés dans les anthéridies se répandent alors dans le liquide ambiant sous la forme de globules hyalins (fig. 4), sem- blables à ceux qui s’échappent des anthéridies des Floridées, et qui m'ont paru, comme ceüx-ci, dépourvus de fout mouvement SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. A1 propre. Mais leur contenu est moins homogène et plus granuleux que dans les Floridées. De plus, toutes les fois que je les ai conser- vés pendant un ou deux jours dans une goutte d’eau de mer à l'abri de l’évaporation , ils ont pris l'aspect représenté dans la figure 5. En cet état ils ont quelque ressemblance avec les anthérozoïdes des Marchantiées, et j'ai cru souvent y disünguer les traces d’un fil spiral. Toutefois ils continuaient à rester immobiles. J'avoue d’ail- leurs que l’apparence dont je viens de parler n’a jamais été assez nette pour ne point me laisser de doutes sur sa réalité. Peut-être n'était-elle due qu’à un commencement de décomposition des cor- puscules. | = Malgréles incertitudes que mes recherches m'ont laissées sur ce point, je pense qu’on ne se refusera pas à considérer les organes que je viens de décrire comme les anthéridies du Dictyota. lei, comme nous le verrons tout à l'heure pour les Floridées , on est lorcément conduit à assigner ce rôle à certains organes, parce qu'on ne saurait leur en attribuer d'autre. Je dois dire cependant que J'ai fait germer très souvent les tétraspores du Dictyota dicho- toa sans les avoir mis en contact avec les anthéridies, et j'ai même suivi le développement de ces germinations pendant plu- sieurs mois jusqu'à la formation d’une petite fronde plane, encore simple, mais dont la structure était déjà la même que celle de la plante adulte. J’ai eu moins de succès dans les mêmes circonstances avec les polyspores, dont la germination s'est constamment arrêtée au bout de quelques jours, après la naissance des premières eloi- sons. Mais j'ajoute que ces expériences ne me paraissent point suf- lisantes, soit pour nier les fonctions des anthéridies, soit pour basarder quelque hypothèse sur la manière dont ces fonctions pourraient s’accomplir. | Il faut prendre garde de confondre les anthéridies du Dictyota avec les touffes de poils blanchâtres qui sont semés sur la fronde . et qui ne sont pas sans ressemblance avec ces organes dans les premiers temps de leur développement. Ces poils , dont l'origine est due aussi à une transformation des cellules corticales , se mon- rent d'abord comme un petit faisceau de cellules cylindriques , implantées perpendicuiairement sur la fronde, remplies d'une 12 G. THURET. — RECHERCHES matière granuleuse grisätre, et divisées par des cloisons transver- sales : ils sont à cette époque recouverts par la cuticule , qui plus tard se déchire, quand les cellules grandissent et s’allongent en filaments hyalins (fig. 1, d, e, f). Avec un peu d’attention on dis- tinguera toujours aisément les anthéridies de ces faisceaux de poils naissants, qui ne sont point entourés d’un involuere comme celles- ei, et qui se rencontrent d’ailleurs tant sur les individus à anthéri- dies que sur ceux qui portent l’une ou l’autre sorte de fructification. J'ai cru devoir cependant signaler cette cause d'erreur , parce qu’il est possible que quelques auteurs aient confondu ces deux sortes d'organes dans leurs descriptions. Peut-être les anthéridies que M. J. Agardh attribue au Padina pavonia, Gaiïll. (4), ne sont-elles que ces poils ou Paranémates dans leur premier état de développe- ment. Je n’ai du moins jamais trouvé autre chose sur cette plante, et M. Derbès n’a pas été plus heureux que moi (2). Quant aux anthéridies remplies de sporidies que M. J. Agardh décrit dans le Dictyota, il n’est pas douteux que ce soient les tétra- spores épars sur la fronde auxquels l’auteur applique cette désigna- tion bizarre. Pour réfuter une erreur aussi grave, il me suffira de dire que quand la cellule qui renferme ces organes s’est gonflée au point de former une petite sphère à la surface de la fronde , on voit nettement le contenu se partager en quatre ; puis la membrane de la cellule crève; la masse quaternée s'échappe enveloppée d’un mucilage qui se dissout à vue d'œil; en même temps les quatre spores s’arrondissent , se séparent , et bientôt commencent à ger- mer. M. Agardh se trorape d’autre part, quand il attribue la divi- sion tétrasporique aux spores réunies en sores ; Car ce sont préci- sément celles-ci, comme je l'ai dit plus haut, qui restent indivises. M. Harvey est tombé aussi dans la même faute, en attribuant aux spores agglomérées la division quatérnaire qui appartient aux spores isolées, et vice versd (3). Qu'il me soit permis, à l’occasion des diverses erreurs que j'ai ) Species Algarum, t. I, p. 112. (1 (2) Thèse de botanique, p. 14 (3) Phycologia Britannica, tab, cut; Nereis Boreali-Americana, p. 110. SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES,. 13 dû relever dans les pages précédentes ; d'ajouter quelques mots sur la nécessité de réformer aujourd’hui la classification des Algues olivacées (Mélanospermées, Harv. ; Fucoïdées, Ag.). Nulle part l'ignorance de la vraie nature des organes reproducteurs n’a in- troduit plus de confusion que dans ce groupe, vaste assemblage de plantes appartenant à des types divers , et qui n’ont en-réalité d'autre caractère commun que la couleur brune ou olivâtre de leur fronde. Il est vrai que dans la plupart des familles des Algues la coloration générale de la plante offre ün rapport assez. constant avec son mode de fructification , et cette concordance remarquable donne à ce caractère une importance qu'il n’a pont alleurs. Mais ce serait lui accorder une prééminence que rien ne justifie, ee serait évidemment subordonner le principal à l'accessoire que de pré- tendre attribuer à la couleur de la fronde une valeur supérieure à celle de la fructification elle-même. Tel est, à mon avis, le tort de ceux qui englobent les Dictyotées, Fucacées, Phéosporées, sous une dénomination commune. On a cherché à justifier le maintien de ce groupe hétérogène, en assimilant les anthéridies des Fucacées aux sporanges des Phéosporées : la ressemblance des anthérozoïdes des premières avec les zoospores des secondes à paru même si com- plète à quelques auteurs, qui, à la vérité, n’avaient vu ni les uns ni les autres , qu'ils n’ont point hésité à admettre l’identité de nature et de destination de ces deux sortes d'organes. Il me parait superflu aujourd'hui de combattre cette théorie, qui ne résiste pas à un examen sérieux. J'ai indiqué ailleurs les différences qui existent entre les zoospores et les anthérozoïdes : quant à la diversité de leurs fonctions, j'ose croire que mes expériences sur la fécondation des Fucacées la mettent désormais hors de doute. Cette similitude entre des parties destinées à servir, les unes d'organes fécondants , les autres de corps reproducteurs , est d’ailleurs très digne d’atten- tion , et rappelle la ressemblance du même ordre que l’on trouve entre les grains de pollen et les spores des Muscinées. Mais je ne pense pas qu’on soit plus fondé, dans un cas que dans l’autre , à considérer l’analogie de ces organes comme une preuve de leur identité. Au lieu de former ces grandes agglomérations de genres dispa- 4h G. THURET. —— RECHERCHES rates , artificiellement réunis par un caractère de valeur douteuse , il me semble qu'un moyen plus certain d'arriver un jour à une bonne classification des Algues serait de chercher d’abord à établir des groupes plus restreints, mais plus naturels, plus conformes aux affinités que les observations physiologiques nous révèlent. C'est à ce point de vue que Je proposerai d'admettre, comme autant de fa- milles distinctes, les Dictyotées, les Fucacées, les Tiloptéridées et les Phéosporées. Les Dictyotées, telles que je les comprends, devraient prendre place entre les Fucacées et les Floridées. Les Fucacées , qui renferment les types les plus élevés de la classe des Algues ; sont, comme le remarque M. J. Agardh (1), si bien caractérisées par leur frucüfication conceptaculaire, qu'il ne peut s'élever aucun doute sur leur etreonseription. Les Tiloptéridées ne comprennent jusqu’à présent qu'un seul genre, mais que son organisation parti- culière ne permet de rapporter à aucune autre famille. Enfin les Phéosporées constituent, après les Floridées , le groupe le plus important des Algues marines de nos côtes, par le nombre et la diversité des genres et des tribus qu'elles renferment (2). La repro- duction par zoospores qui caractérise cette famille la lie évidem- ment aux Zoosporées vertes que j'ai désignées sous le nom de Chlorosporées. Mais elle n’en forme pas moins un groupe bien distinct par ia structure des zoospores , la localisation constante de la fructitication, la couleur de la fronde, enfin par l’ensemble d’une (1) Species Algarum, t. TL, p. 183. (2) Voici l'énumération des genres qui, d'après mes observations, appartien- nent aux Phéosporées , énumération d’ailleurs fort incomplète; car il y en a beaucoup d’autres dont je n'ai pu encore étudier suffisamment la fructification , mais qui devront certainement venir s y ajouter : Scylosiphon, Ag. (= Chorda lomentaria, Lyngb.); {lea, Aresch. (— Laminaria Fascia , Ag.) ; Litosiphon, Harv.; Dictyosiphon, Grev.; Punctaria, Grev.; Colpomenia, Depb. et Sol.; Aspero- coccus, Lmx; Desmarestia, Lmx (— Dichloria, Grev.): Myriotrichia; Hary. ; Streblonemu , Derb. et Sol. (— Cylindrocarpus, Crouan ); Ectocarpus, Lyngb. ; Cladostephus , Ag.; Arthrocladia, Duby; Cutleria, Grev. ; Myrionema, Grey. ; Petrospongium, Næg. (— Leathesia Berkeleyi, Harv.); Leathesia, Gray : Ralfsia, Berk.; Élachistea, Duby (— Myriactis, Kütz., et Phycophila, Kütz.) ; Myriocladia, J. Ag.: Mesoglæa, Ag.; Liebmannia J. Ag.; Chordaria, Ag.; Chorda, Stackh., ; Stilophora, d. Ag.; Sporochnus, Ag.; Laminaria, Lmx; Saccorhiza, La Pyl. SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. 15 organisation qui atteint un degré de complication beaucoup plus élevé que dans l’autre embranchement des Zoosporées. J'ai fait conhaître, dans mes Recherches sur les zoospores, les deux formes de sporanges que l’on trouve dans les Phéosporées, l’une où les Zoo$Spores sont agglomérés dans une cavité unique, l’autre où ils sont renfermés dans des compartiments séparés. A la première je donnais le nom d’oosporanges ; à la seconde celui de trichospo- ranges, afin d'indiquer le caractère distinctif que présentent habi- tuellement ces deux organes. Mais, depuis l’époque où ce mémoire à été publié, l'étude plus approfondie que j’ai pu faire de ces deux sortes de sporanges dans d’autres Algues appartenant au même groupe, notamment dans les Punctaria, Lilosiphon, Ectocar- pus, etc., m'a conduit à reconnaitre que les noms ci-dessus avaient l'inconvénient de présenter un sens trop exclusif, et de ne S’appliquer qu’à une différence de forme qui ne se rencontre pas toujours. Je proposera done de les remplacer par ceux de spo- ranges uniloculaires et sporanges pluriloculaires, dénominations Qui expriment plus exactement la différence de structure propre à ces deux modes de fructification. Quant aux noms de spermatot- dies , pseudospermaties , propagules , il m'est impossible de les admettre. Créés pour exprimer des idées erronées sur la fructifi- cation des Algues, appliqués par leurs auteurs eux-mêmes à des organes très divers , ils ne pourraient que perpétuer la confusion qui à régné si longtemps dans cette partie de l’Algologie. Floridées. La découverte des anthéridies des Floridées remonte à Ellis, qui, dès l’année 1757, observa ces organes sur le Conferva poly- morpha, L. (Polysiphonia fastigiata , Grev.). La description qu’il donne de ces chatons mâles, comme il les appelle, est accompagnée d’une bonne figure bien reconnaissable (4). Lightfoot (2) et Roth (3) reproduisirent les observations d’Ellis sans y rien ajouter. Lynghye (1) Philosophical Transactions, t. LVII, p. 424, tab. xviu, fig. b, B, B’. (2) Flora Scoticu, p. 990. : | (3) Catalecta botanica, IX, p. 187. 16 G. THURET. — RECHERCHES retrouva ces organes dans d’autres espèces du même genre (Poly- siphonia violacea et byssoides ); mais il crut qu'ils appartenaient au règne animal (1). Bonnemaison les vit aussi dans quelques Polysiphonia (2). M. Agardh père les décrivit dans plusieurs espèces , et les désigna le premier sous le nom d’anthéridies (3). Jusque-là on n’avait observé ces organes que dans les Polysi- phonia, où ils sont, en effet, plus faciles à découvrir qu'ailleurs , à cause de leur. forme remarquable et de leur grande abondance. Plus tard l'existence de productions analogues fut signalée dans d’autres genres par MM. Greville (4), Harvey (5), J. Agardh (6), Kützing (7), Nægeli (8), etc. Mais c’est seulement à dater des tra- vaux de MM. Derbès et Solier que les anthéridies des Floridées ont commencé à être bien connues (9). C’est à ces deux auteurs qu’ap- partient le mérite d’avoir les premiers démontré par de nombreuses observations l'importance réelle de ces organes , qu’ils étudièrent . avec beaucoup plus de soin qu’on ne l’avait fait avant eux, et qu'ils firent connaitre dans beaucoup d’espèces où l’on n’en soupçonnait pas l'existence. Enfin j'ai moi-même publié sur ce sujet quelques recherches (10), auxquelles de nouvelles études me permettent d'ajouter aujourd’hui les détails qu’on va lire. Les anthéridies des Floridées consistent en productions cellu- leuses ordinairement incolores, de formes variées, qui se dévelop- pent à la même place que les organes de la fructification. Quelles (1) Tentamen Hydrophytologiæ Danicæ, p. 113, t. xxxv, À, fig. 3. (2) Essai d'une classification des Hydrophytes loculées, p. 25.— Essai sur les Hydrophytes loculées, p. 73, 85, 86, 93. (3) Species Algarum, t. II, p. 57, 62, 78, 79, 90. (4) Algæ Britannicæ, p. 105, 140, tab. xiv. (5) Manual of the British Algæ, p. xxü, 103. (6) Algæ maris Mediterranei et Adriatici, p. 65. (7) Phycologia generalis, p. 108, 109, 376, 448. (8) Die neuern Algensystem, p. 214. | (9) Mémoire sur quelques points de la physiologie des Alques ( Supplément aux Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. 1). — Sur les organes reproducteurs des Algues (Ann. des sc. nat., 3° série, t. XIV, p. 261). (10) Ann. des sc. nat., 3° série, t. XVI, p. 14. SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. 17 que soient les différentes apparences qu’elles revêtent dans diffé- rents genres, elles ont toujours pour caractère essentiel d’être com- posées de très petites cellules hyalines , qui renferment chacune un éorpuscule ovoïde ou sphérique, également incolore : ces corpus- eules sont expulsés hors des cellules et se répandent dans le liquide ambiant, mais sans que j'aie pu y constater ni mouvement propre ni organe locomoteur. Traitées par le sucre et l’acide sulfu- rique, les anthéridies prennent une couleur d’un rose vif très intense, qui indique leur richesse en matière azotée. En général, les anthéridies ne se développent point sur le même individu que les corps reproducteurs. Cependant cette séparation des deux organes n’est pas aussi constante que celle des deux sortes de fructification. Dans le Callithamnion brachiatum, Harv., j'ai trouvé quelquefois des anthéridies sur Ta même plante et sur le inême rameau que les favelles ou que les tétraspores. Jai fait une observation analogue sur le Bonnemaisonia asparagoides, Ag. Mais c’est surtout dans les Porphyrées et les Helminthocladées que la promiscuité des deux organes est le plus fréquente. Les Floridées de nos côtes dans lesquelles j'ai constaté la pré- sence des anthéridies, sont déjà au nombre de près de soixante-dix, et il est probable que des recherches plus spécialement dirigées dans le but de découvrir ces organes ne tarderaient pas à augmen- ter ce chiffre. Je vais donner la fiste de ces espèces, en indiquant celles qui sont monoïques, c’est-à-dire dans lesquelles les anthéri- dies et les corps reproducteurs se trouvent sur le même individu : toutes les autres sont dioïques. Je suivrai dans ce tableau l’ordre adopté par M. 3. Agardh dans son Species Algarum, en me bor- nant à quelques rectifications de détail. Ce n’est pas que la classifi- cation de M. Agardh me paraisse irréprochable ; mais elle est la meilleure que nous possédions aujourd'hui, et ce ne serait pas ici le heu de proposer les réformes que je voudrais y introduire, J’ajou- terai seulement en tête la tribu des Porphyrées : ces plantes s’éloi- onent sans doute des vraies Floridées par la simplicité de leur structure et le défaut de localisation des corps reproducteurs; mais, d'autre part , elles s’en rapprochent tellement par leurs tétraspores et leurs anthéridies qu'il me parait impostible de les reporter k° série. Bor. T. INT. (Cahier n° 1.) ? a il 18 G. THURET. — RECHERCHES ailleurs. Les réunir aux Ulvacées, comme on le fait d'ordinaire , c'est tenir plus de compte d’une grossière ressemblance d’aspect que des caractères fournis par l’organisation. PORPHYREÆ. Porphyra vulgaris, Ag. (monoïque); P. laciniata, Ag. (quelquefois monoïque): P. linearis, Grev. (quelquefois monoïque). Bangia fusco-purpurea, Lyngb. CERAMIEÆ. F Callithamnion Plumula, Ag.; C. corymbosum, Lyngb.; C. flexuosum, Ag. {— Corynospora flexuosa, J. Ag); C. po'yspermum, Ag.; C. Borreri, Harv.: C. Hookeri, Ag.; C. brachiatum, Harv. (quelquefois monoïque); C. granulatum, Ag. Griffithsia corallina, Ag.; G. setacea, Ag.; G. sphærica, Schousb. Halurus equisetifolius, Kütz. Céramium diaphanum, Roth, var. minor, Crouan; C. circinatum, J. Ag. ; C. rubrum, Ag.; C. acanthonotum, Carm ; C. flabelligerum, J. Ag. CRYPTONEMEÆ. Furcellaria fastigiata, Ag. GIGARTINEÆ. Gigartina Teedii, Lmx. Phyllophora nervosa, Grev.:; P. Heredia, J. Ag. DUMONTIEÆ. Lomentaria articulata, Lyngb.; L. clavellosa, Gaïll. (1). (1) Il est impossible de maintenir la synonymie des genres Lomentaria et Chylocladia, telle que l’admet M. J. Agardh ; car elle repose sur une grave erreur d'observation. Lyngbye a créé le genre Lomentaria pour le Fucus articu- latus (Tent. Hydroph. Dan., p. 101). Or la fructification de cette espèce , que personne ne semble avoir pris la peine d'examiner sur le vivant , est absolument identique avec celle du Chylocladia clavellosa, Grev. Même structure du cystocarpe. Même disposition des tétraspores, qui sont cachés dans des cryptes corticales, SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. 19 RHODYMENIEÆ. Rhodymenia palmatu, Grev.; R. Palmetta, Grev. Plocamium vulgare, Lx. HELMINTHOCLADEZÆ. Helminthocadia purpurea, J. Ag. (monoïque). Helminthora divaricata, J, Ag. (monoïque). …Nemalion lubricum , Duby (quelquefois monoïque) ; N. multifidum, J. Ag, (monoïque). HYPNEACEÆ. Hypnea musciformis, Lmx. SQUAMARIEÆ. Cruoria pellita, Fries (— Cruoria adhærens, Crouan) (1). Peyssonnelia squamaria, Dene. CORAL£LINEÆ, Melobesia Lenormandi, Aresch. SPHÆROCOCCOIDEZÆ. Gracilaria armata, J. Ag. Nitophyllum ocellatum, Grev.; N. Hilliæ, Grev. Delesseria Hypoglossum, Lmx. comme M. Kützing l'a figuré pour son Chondrosiphon mediterraneus (Phyc. gener., tab. Lim, fig. 3). Cette particularité si remarquable du fruit tétra- sporique est constante, et ne dépend nullement de l'âge de la plante, comme le croit M. Agardh ( Sp. Alg., t. Il, p. 362). Il faut donc réserver le nom de Lomentaria poùr les espèces qui présentent cette organisation. Mais les Lomen- taria kaliformis, Gaïll., clavata, J. Ag., ovalis, Endl., ete., dont les fruits tétra- sporique et conceptaculaire ont une structure différente , devront en être exclus êt reportés au genre Chylocladia, Grev. (1) Je ne puis trouver aucune différence entre le Cruoria des côtes de Bre- tagne et de Normandie, et le Chætophora pelhta, Lyngb., que j'ai étudié sur des échantillons authentiques envoyés à Bory de Saint-Vincent par Hofman-Bang et par Lyngbye lui-même : l'échantillon de ce dernier auteur à des tétraspores. 20 G. THURET, —— RECHERCHES WRANGELIEZÆ. Spermothamnion Turneri, Aresch. (— Callithamnion Turneri, Ag.). Bornetia secundiflora, Nob. (= Griffithsia secundiflora, J. Ag.). Wrangelia penicillata, Ag. CHONDRIEZÆ. Chylocladia kaliformis, Hook. ; C. squarrosa, Nob. (— Lomentaria squarrosa, Kütz.) ; C. mediterranea, J. Ag. Laurencia pyramidalis, Bory; L. hybrida, Lenorm. ; L. pinnatifida, Lmx. Bonnemaisonia asparagoides , Ag. ( monoïque ; dioïque selon MM. Derbès et Solier ). | RHODOMELEZÆ. Alsidium dasyphyllum, Crouan; À. tenuissimum, Kütz. Rhodomela subfusca, Ag. ù Polysiphonia pulvinata, Spreng. ; P. urceolata, Grev.; P. insidiosa, Crouan; P. fibrata, Harv.; P. fibrillosa, Grev.; P. elongata, Grev.: P. Brodiæi, Grev. ; P. variegata, Ag. ; P. atro-rubescens, Grev.; P. nigrescens, Grev.; P. fastigiata, Grev. ; P. byssoides, Grev., etc. Ricardia Montagnei, Derb. ined. MM. Derbès et Solier avaient déjà signalé la présence des anthé- ridies dans quinze des espèces ci-dessus, et, en outre, dans les suivantes (1) : Bangia lutea, J. Ag. Griffthsia Schousbæi, Mont. Wrangelia (Spermothamnion) minima, Derb. et Sol. Laurencia oblusa, Lmx. Ryliphlæa pinastroides, Ag.; R. tinctoria, Ag. Polysiphonia Giraudiüi, Derb. et Sol.; P. Derbesü, Sol. ; P. vestita, J. Ag. ; P. flexella, Ag. ; P. nodosa, J. Ag.?; P. opaca, J. Ag. En ajoutant à ces deux listes l’'Odonthalia dentata, Lyngb., dont M. Kützing a décrit les anthéridies (2), le Callithamnion versi- (A) Loc. cit. (2) Phycologia generalis, p. 448. SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES, 21 color, Ag., où elles sont mentionnées par M. J. Agardh (4), les Rytiphlæa thuyoides et fruticulosa , Harv. (2), et le Dasya ve- nusta, Harv. (3), où elles ont été observées par M. Harvey, on arrive à un total de quatre-vingt-cinq espèces européennes, appar- tenant à trente-cinq genres , dans lesquelles la présence de ces organes a été constatée. Quoique ce nombre ne soit pas encore très considérable , il est à remarquer qu’à l’exception de deux tribus (Spyridiées, Gélidiées ) qui ne renferment chacune qu'un genre européen, et d'une troisième (Chætangiées) qui est entièrement exo- tique, tous les grands ordres établis par M. J. Agardh comptent au moins un représentant parmi les trente-cinq genres que je viens de citer. Il est donc fort probable que l’existence des anthéridies est un fait général dans les Floridées. On peut croire qu'il en sera de cette famille comme des Mousses, où pendant longtemps ces organes n'ont élé connus que dans quelques espèces, mais où des recherches plus attentives les ont fait ensuite retrouver partout. Quelques faits, il est vrai, semblent contredire cette hypothèse et demandent un nouvel examen. On n’a point encore observé d’anthéridies dans certaines Algues d’eau douce, très voisines d'espèces marines où on les trouve en abondance. Ainsi MM. Derbés et Solier, qui les pre- miers ont décrit les anthéridies des Bangia marins, n’ont pu retrouver ces organes dans le Bangia atro-purpurea, Ag., qui croit dans nos ruisseaux (4). Mes recherches sur ces plantes m'ont donné le même résultat. Je citerai encore les genres Helminthocladia , Helminthora et Nemalion, où les anthéridies se montrent fréquem- ment sous la forme de petites cellules hyalines implantées au som- met des rameaux périphériques , tandis qu'on n’a encore rien vu de pareil dans les Batrachospermum, genre d’eau douce dont l’affi- nité avec les précédents me paraît d’ailleurs incontestable. Remarquons cependant qu’il ne faut point se hâter de conclure que les anthéridies n’existent pas, de ce qu'on n’a point su les voir. (4) Species Algarum, t. IT, p. 42. (2) Manual of the British marine Algæ, p. 81. (3) Phycologia Britannica, tab. cexxv. (4) Mémoire sur quelques points de la physiologie des Algues, p. 66. 29 G. THURET. — RECHERCHES Nulle part on ne doit accorder moins de valeur à à des observations négatives. Les anthéridies des Floridées sont souvent difficiles à à reconnaitre , parce qu'elles ne représentent pas loujours ! un organe distinct, de forme bien caractérisée. J’appellerai surtout l attention sur une particularité de leur structure qui se rencontre dans un grand nombre de genres, et qui est sans doute la cause pr incipale . de l'ignorance où l’on est resté si longtemps à leur sajet. Au lieu de naître sur un axe particulier comme dans les Polysiphonia, Alsi- dium, Wrangeha, etc., il arrive fréquemment que les petites cellules dont les anthéridies sont composées , sont implantées DéspengiQue pement à la surface de la fronde, et ne forment qu'une couche incolore peu saillante , plus où moins étendue, qui peut facilement échapper à l FARINE Telle est la structure de celles que l’on trouve dans les Ceramium, F'urcellaria ; Gigartina, Lomentaria, Rhodymenia, Plocamium, Nitophyllum, Delesseria, Chylocladia, ete. La Planche 3 offre deux exemples de ces sortes d'anthéridies , l’un tiré du Furcellaria fastigiata, Ag. , l’autre du Rhodymenia palmatu , Grev. H' n’est point douteux qu'on n'en re- trouve de semblables dans beaucoup d’autres Algues encore, pour peu qu'on les y cherche avec quelque attention, Il faut, en général, le secours du mcrOsCOpe pour s'assurer de leur présence. Néan- moins l'expérience m'a appris que, quand on rencontre une espèce en abondance et bien fructifiée, si parmi les échantillons fertiles on en remarque d'autres qui ont atteint les mêmes dimensions, mais qui sont dépourvus de fruits, on peut av ec assez de confiance chercher des anthéridies sur ces derniers. | Je serais forcé d'entrer dans des développements trop étendus , si je voulais passer en revue toutes les différentes formes que présen- tent les anthéridies dans les espèces dont j ai donné la liste. Je crois done devoir omettre celles qui ont été décrites pr écédemment , ou qui se rattachent à des types déjà connus, el me borner à en men- tonner quelques-unes dont la struçture particulière mérite plus d'intérêt. | Dans le Gracilaria armata , 3. Ag., les anthéridies sont encore moins apparentes que dans les genres dont je viens de parler. Pla- cées, de même que les tétraspores , sur les petits ramules latéraux SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. 23 de la plante, elles ne font point saillie à la surface du tissu, et sem- blent être le résultat d’une transformation partielle des cellules colo- rées de l’épiderme, que l’on retrouve en grand nombre disséminées entre les peutes cellules hyalines qui composent lanthéridie. Celles de l'Hyubnes musciformis, Lmx , naissent aussi, comme les tétraspores, à la base des petits rameaux mr mt dont la fronde est hérissée. Elles consistent en de nombreux filaments hya- lins, très courts, très serrés, formés de trois ou quatre cellules superposées , implantés perpendiculairement sur le rameau, et réunis en sores d'étendue irrégulière, que recouvre la cuticule. Les anthéridies du Peyssonnelia squamaria, Dene, ont quelques points de ressemblance avec celles de l'Hypnea. Mais leur structure est beaucoup plus développée et m'a paru assez remarquable pour mériter d'être figurée en détail. (Voy. PI. 4.) Elles se composent de filaments hyalins, dressés, cloisonnés, assez longs, formant par leur réunion un tubercule arrondi, analogue à ceux qui renferment les tétraspores ou les cystocarpes, mais plus petits et incolores. Chaque article des filaments contient deux ou trois corpuscules , qui en sortent peu à peu comme dans les autres anthéridies , et se répandent dans l’eau sous la forme de globules hyalins. Le Cruorria pellita, Fries, quoique rangé par M. J. Agardh dans la même tribu que le Peyssonnelia. a des anthéridies très diffé- rentes. Elles consistent en quelques cellules ovoïdes , hyalines , réunies en petits bouquets au sommet (les filaments dressés , dont l’ assemblage constitue la fronde de cette Algue singulière. I] résulte de cette disposition que toute Ja surface de la plante mâle est occu- pée par une zone incolore, facile à distinguer sur une section ver- ticale avec un faible grossissement du microscope. On s’étonnera peut-être de trouver des anthéridies d’une strue- ture si dissemblable dans deux Algues appartenant à une même tribu. Mais il faut remarquer que les Squamiariées de M. J. Agardh sont un groupe fort hétérogène, et que la fructification du Cruoria diffère beaucoup de celle du Peyssonnelia. 1 semble, en effet, qu'il existe une certaine relation entre l’affinité des genres et la structure des anthéridies. Celles-ci sont identiques dans les genres très voi- sins, comme , par exemple , dans les Porphyra et les Bangia, les 91 G. THURET, —- RECHERCHES Griffüthsia et l'Halurus, l'Helminthocladia, V'Helminthora et le Nemalion, etc. Aussine puis-je partager l'opinion de M. Ruprecht sur le peu de valeur des caractères que présentent ces organes, et sur limpossibilité d’en tirer plus dé parti pour la classification des Floridées que pour celle des Mousses, des Hépatiques ou des Fou- gères (1). Un simple coup d’œil jeté sur les planches de MM. Der- bès et Solier, sur celles qui accompagnent mon précédent mémoire et le travail que je publie aujourd’hui , suffira pour reconnaitre que cette comparaison est inexacte, et que les anthéridies des Floridées se distinguent par des différences importantes, qu’il ne semble pas permis de négliger. Je suis même très porté à croire que le seul moyen d'arriver à bien grouper les genres et les tribus de cette grande famille, serait d'employer concurremment les caractères tirés des cystocarpes, des tétraspores et des anthéridies. Il faudrait donc apporter à l’étude de ces organes plus d’attention qu’on ne l’a fait jusqu'ici, et s’efforcer, quand on décrit un genre, d’ajouter à la description du fruit celle des anthéridies qui la complète. Quelle que soit la diversité de forme et de structure des anthéri- dies , il est aisé de reconnaitre qu’elles occupent en général une place correspondante à celle des organes de la fructification. Cette similitude de position des deux organes n’est nulle part plus frap- pante que dans certaines Algues, comme les Griffithsia , où on les voit tous deux se développer à l’intérieur d’involueres parti- culiers formés par de petits rameaux verticillés. Dans les Calli- thamnion la position des anthéridies est à peu près la même que celle des tétraspores. On peut en dire autant des Ceramium , où la couche incolore formée par ces organes revêt en partie les anneaux du tube chez les espèces dont la zone corticale est interrompue de distance en distance (Ceramium diaphanum , acanthonotum ), ou bien s’étend en plaques irrégulières sur les rameaux de celles où le tube est entièrement recouvert de cellules corticales (Ceramium rubrum , flabelligerum). Dans le Furcçellaria fastiyrata, Ag., les anthéridies recouvrent le sommet de rameaux renflés, semblables à (1) Ueber das System der Rhodophyceæ (Mémoires de l'Académie de Saint- Pétersbourg, Sciences naturelles, &, VIT). L SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. 925 ceux quirenferment les tétraspores ou les cystocarpes, mais faciles à distinguer par leur couleur plus claire et leur demi-transparence : ces réceptacles se décomposent et tombentaprès l'émission des cor- puscules renfermés dans les anthéridies, de même que les récepta- cles fructiféres se détruisent par une désagrégation du tissu qui met les spores en liberté. Dans le Rhodymenia palmala, Grev., on trouve abondamment durant l'hiver des plantes où les tétraspores sont réunis sur les deux faces de la fronde en larges plaques ou __ sores de forme irrégulière, et d’autres où les anthéridies sont pla- cées de même et forment des taches semblables , mais de couleur pâle. Même analogie dans le Rhodymenia Palmetta, Grev., où les plaques blanchâtres produites par les anthéridies occupent, comme les sores, les sommets des segments ; dans le Delesseria Hypoglos- sum , Lmx, où tous deux sont placés le long de la nervure des folioles ; dans le Vitophyllum ITilliæ, Grev., où tous deux forment sur les frondes de petites taches nombreuses , plus foncées que le tissu si ce sont des tétraspores, plus claires si ce sont des anthéri- dies. J'ai déjà signalé la singulière analogie qui existe entre les an- _théridies et les tubercules fructifêres du Peyssonnelia. Sans vouloir étendre plus loin cette énumération , je mentionnerai encore une plante appartenant à la tribu des Corallines , qui offre un exemple remarquable de la ressemblance de position des anthéridies et des corps reproducteurs. On sait, depuis les importants travaux de M. Decaisne sur les Corallines (1), que la fructification de ces plantes consiste en tétraspores oblongs , à division transversale, renfermés dans des conceptacles ou Céramides, et qu’ainsi elle semble réunir à la fois les caractères propres aux deux sortes de fruits des autres Floridées (2). Or, l’un des résultats les plus heu- (1) Essai sur une classification des Algues et des Polypiers calcifères ( Ann. des sc. nat., 2° série, t. XVII et XVIIT). (2) Je dois dire toutefois que j'ai rencontré assez souvent dans les Jania rubens et corniculata , Lmx, des individus dont les conceptacles, parfaitement semblables du reste à ceux qui contiennent les tétraspores, renfermaient en place de ceux-ci des spores simples, rondes, rayonnant d'un placenta central ; en un mot, C'étaient de véritables cystocarpes, tout à fait analogues à ceux de beaucoup de Floridées. ce J'ajouterai que dans quelques Melobesia dont la fronde forme une croûte étroi- 26 G. THURET. — RECHERCHES reux de mes recherches a été de trouver un échantillon de Melo- besia Lenormandi , Aresch., dans lequel tous les conceptacles sont uniquement remplis d’anthéridies, formées, comme celle des Calli- thamniées, par de petits bouquets de cellules hyalines. S1 J'insiste sur ces rapports de position, c'est qu'en l'absence de tout autre moyen de déterminer la vraie nature des anthéridies, ils me semblent indiquer que ces organes ont une importance égale à celle des corps dont ils tiennent la place , et remplissent probable- ment des fonctions corrélatives. Ces fonctions sont-elles celles d'organes fécondants ? Nous sommes forcés de le croire, par l’im- possibilité de leur en attribuer d’autres. L'observation ne nous apprend d’ailleurs rien de plus. La présence des anthéridies n'est point liée à celle de l’une ou de l’autre sorte de fructification ; car elles existent dans le Rhodymenia palmataetles Porphyrées où l’on ne connaît que des tétraspores , comme dans le Bonnemaisonia et les Helminthocladées où l’on ne trouve que des cystocarpes. Quant aux Corpuscules qui s’en échappent, leur action fécondante, s'ils en ont une, ne paraît pas devoir s'exercer sur la spore même. Du moins leur contact n’est pas nécessaire pour la germination de celle-ci, comme il est facile de s’en assurer en faisant germer à part les spores provenant de l’une ou de l’autre fructification. Jei d'ailleurs, comme dans les familles précédentes, je ne voudrais tirer de ce fait aucune objection contre les fonctions présumées des anthéridies. Car, lorsque nous rencontrons des organes dont la position, la structure, la fréquence, semblent indiquer le rôle, je ne crois pas que nous soyons en droit de nier leur action, parce que nous ne savons pas comment elle s'exécute. tement appliquée sur les rochers (Welobesia polymorpha, Harv., M. Lenor- mandi, Aresch.), les tétraspores sont presque constamment remplacés par des dispores. SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES. 21 EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 9. Dictyota dichotoma, Lamx. Fig. 4. Coupe transversale d’une fronde mâle. Cette figure est destinée à mon- trer le développement comparatif des sores d’anthéridies et des touffes de poils hyalins qui sontsemées sur la fronde. — a. Jeune sore. — b, b. Sores plus âgés. — c. Sore vide. Les anthéridies ont disparu. Il ne reste que les cellules extérieures qui formaient l’involucre. — d. Touffe de poils très jeunes. — e. Id. plus âgés. — f. Id. complétement développés. (Grossissement de 50 diamètres.) , Fig: 2. Coupe transversale d’un sore. Les anthéridies, en se développant, repoussent les cellules de l’involucre , qui se recourbent à leur sommet de manière à recouvrir les anthéridies marginales. (Grossissement de 250 dia- mètres ) | Fig. 3. Anthéridie isolée , qui n’a point encore atteint son développement, com- plet. Plus tard on les trouve remplies de corpuscules globuleux alignés en séries régulières. Mais je n'ai pu réussir à les extraire du sore dans un état aussi avancé. (Grossissement de 250 diamètres.) | Fig. 4. Corpuscules (anthérozoïdes ? } issus des anthéridies. ( Grossissement de 400 diamètres. ) Fig. 5. Les mêmes conservés dans l’eau de mer pendant un ou deux jours. (Grossissement de 400 diamètres.) PLANCHE 9. Furcellaria fastigiata, Ag. Fig. 6. Coupe transversale d’un réceptacle mâle. La pellicule épidermique ou cuticule se détache par lamelles pour permettre aux corpuscules renfermés dans les anthéridies de se répandre dans l'eau. (Grossissement de 250 dia- mètres. ) | Fig. 7. Corpuscules issus des anthéridies. (Grossissement de 400 diamètres.) Rhodymenia palmata, Grev. Fig. 8. Coupe transversale d’une fronde mâle, passant à travers deux sores d'anthéridies placés sur chaque face. (Grossissement de 250 diamètres.) Fig. 9. Corpuscules issus des anthéridies et groupe de cellules détaché du sore. (Grossissement de 400 diamètres.) | 28 G. THURET. — RECHERCHES, ETC. PLANCHE À. Peyssonneliu squamaria, Dcne. Fig. 10. Coupe transversale d’une fronde mâle, passant à travers un sore d’an- théridies. Le sore forme à la surface de la fronde une petite convexité incolore, que recouvre la cuticule. Les cellules de la fronde sont colorées en rose, et présentent une disposition oblique, parce que la section a été dirigée du centre à la circonférence. La face inférieure de la fronde est Enr de nombreuses radicelles. (Grossissement de 90 diamètres.) Fig. 14. Fragment d’un sore. Les anthéridies consistent en filaments cloisonnés, atténués au sommet, implantés verticalement sur la fronde et recouverts par la cuticule, qui se détache pour mettre en liberté les corpuscules qu'ils con- tiennent. (Grossissement de 250 diamètres.) Fig. 12. Fragment d’un sore après que les corpuscules sont sortis des filaments. On voit alors nettement la structure celluleuse de ces derniers. (Grossissement de 250 diamètres.) Fig. 13. Corpuscules issus des anthéridies. (Grossissement de 400 diamètres.) DIAGNOSES NONNULLAS E MONIMIACEARUM RECENSIONE TENTATA EXCERPTAS PRÆMITTIT L.-R. TULASNE, Acad. sc. par.; Bot, in Mus. par. adj. Monimiaceas huc usque notas vel collectas phytologi in unam eamdemque seriem nondum coegerunt. Id opuseuli, eum artis her- bariæ antistites præterviderent, si modo non fastidirent, meis haud inæquum viribus , ut mihi temere confidenti videbatur, suscepi. Hodie autem, absoluto fere incæpto, maxime vereor ne nimia herbariorum inopia doctiores ab argumento tractando hacte- nus jure averterit, incogitatumque offenderim scopulum quem antecessores palientia prudentiore utentes caute devitarunt. Porro si ditatam monographiæ olim peritioribus scribendæ materiam comparaverim, satis est, nec inanem hbello cujus primitiæ sequun- tur impendero laborem. MONIMIACEZÆ Juss. # Trisus 1, — AMBOREZÆ. I. Ampora Juss. Mithridatea Commers. —— Tambourissa Sonner. Gmelinus, Schreberus aliique Sonneratium secuti veram Am- boræ fabricam non cognoverunt, quam contra ill. Jussiæus saga- cior intellexit. Præter Amboram quadrifidam Poir., Amborasque Bojerianas, amplfoliam nempe et Tamburissam, utramque sub Mithridateæ signo evulgatam, sequentes in botanicis quæ pervolutavi con- tinentur : 4. 4. leptophylla +, ramis adultis glabris ; foliis oppositis, am- 30 L.-R. TULASNE. plis, ovato-oblongis , acutis, tenuibus et utrinque glabris; petiolo longo gracilique; floribus ane V. l'ACEMOSIS ; siaminibus lineari- acutis, rimis sæpius discretis. Insulæ comorenses (Boivin). (Herb.mus. par. et Jatey 2. A. Ficus T, ramis recentibus fulvo- tomentells ; foliis oppo- sitis, ternis v. dissociatis, oblongo- lanceolatis, acuminafis, in acie planis, graciliter et longiuscule petiolatis ; floribus maseulis ficifor- mibus, crassissimis ; antheris longe linéaribus, acutis, rimis discre- tis et connectivo brevioribus. Arbor javanica (Leschenault). (Herb. mus. par. et ‘berolin.\ 3. A. purpurea +, glaberrima, ramis gracilibus ; folis oppositis, oblongo-lanceolatis, obtuse acuminatis, subaveniis, crassiüsculis; in acie nonnihil revolutis; petiolo gracili ; floribus fermnéis Soli- tarie terminahbus; fructu purpureo. Ambora fruticosa Bvn., in schedis. Vernacule Vilaingue-Possa (Bernier). Ins. S. Mariæ Madecassium (Bernier; Boivin. (Herb. mus. par.) h. À. religiosa +, glaberrima, fohis oppositis, elliptico-oblongis, obtusissimis, margine nervosis et revolutis, admodum coriaceis ; floribus vulgo terminalibus, masculis breviter confertimque race- mosis, femineis sohtarns ; antheris ovato-acutis, integris. Insulæ comorenses et Madagasearia (Commerson ; Pervillé ; Richard ; Boivin). (Herb. mus. par.) 5. À. tetragona +, glaberrima, ramis tetragonis; foliis oppositis, anguste oblongis v. lanceolatis; floribus maseulis breviter race- osis, subsessilibus. Ambora tetragona Bvn., mise. in sched. Insula mauritiana (Commerson; Boivin . (Herb. mus. par. etJalb.) DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM. 31 6. À. elhiphca +, glaberrima, foliis oppositis, late ellipticis, ob- tusissimis, in acie planis, coriaceis; fructibus solitarie axillaribus, breviter pedicellatis, crassis, late äpertis. Insula borbonica (Boivin). (Herb.mus. par. et Jalb.) 7. A. Sieberi +, floribus masculis crassis, laxe paniculatis, pa- niculis amplis, dense velutino-tomentosis, luteo-fulvis ; antheris ovato-elongatis v. ellipticis, obtusis, integris, rimis distincts. .. Ambora tomentosa Sieb., Herb. Maurit., 11, 316. -— Non Boryo. | Insula mauritiana (Sieber). (Herb. mus. vindobon. et berolin.) 8: A. alternifolia +, glaberrima ; foliis alternis, late ellipticis ; floribus masculis caulinis, ficiformibus. Insula mauritiana (Boivin). (Herb. mus. par.) Insequentium specimina prorsus manca duntaxat suppetunt : 9. 4. obovata +, glaberrima; foliis oppositis, sæpius dissociatis, late obovaüs, acutiusculis ; longiuscule petiolatis, subcoriaceis , infra subtiliter venosis ac in margine quadamtenus revolutis. Insula Mauritius (Boivin). (Herb. mus. par. 10. A7 vestila +, ramis dense fulvo-tomentosis ; foliis opposi- tis, elliptico- lanceolatove-oblongis, margine revolutis, utrinque fulvo-tomentosis. Vulgo Bois Gilet. Insula borbonia ? — (Herb. mus. par.) E genere exeludatur À £ymosa Willden. (sub Mithridatea) quæ inter Rugraceas aptius militatura videtur. (Herb. mus. berol.) 32 L.-R. TULASNE. TetBus II. — MONIMIEZÆ, II. Monimra P. Th. . Monimiis Thuarsianis, scilicet ovalifoliæ et rotundifoliæ, typum novum ex iisdem terris austro-africanis adjungere licet, nempe : M. citrinam +, foliis ovato-orbicularibus, subcordatis, utrinque molliter tomentosis, subtus citrinis, in acie planis ; antheris copiose. glandulosis, hide Insulæ mascarenæ (Commerson ; Gaudichäud), (Herb. mus. parisini.) IIT. Cirriosma R. et Pav. Siparuna Aubl. — Leonia Mutis. Generis hujus diagnosis Endlicheriana in eo peccat quod'anthe- ras rimis longitrorsum dehiscere ovulumque e summo carpidio pendere perperam adfirmat; Citriosmæ enim bursæ polliniferæ valvis e basi ad apicem tandem solutis clauduntur, gemmulaque imo loculo insidet. 1. Vestitæ (pube simplici v. stellata, rarius e lépidibus), diœcæ ; genitalibus _utriusque sexus, Staminibus saltem, liberis, + Perigonio levi, À. C. erythrocarpa+, luteolo-tomentosa; folus obovatis, acumi- natis, eroso-dentatis, longiuseule petiolatis ; anthemiis femineis brevibus, 1-3-floris ; perigoni divisuris 5-6, amplis , oblongo- acutis et patentibus ; fruetu subobliquo rubro (vivo). Citrosma erythrocarpum Mart.,mse. in sched. et Herb. monac. Brasilia meridionalis (prov. sebastianopol. et S. Pauli). — (Mar- tius ; V'authier). (Herb. mus. par., Lessert. et monac.) 2, C. oligandra +, tomentosa, luteo-virens ; ramis asperulis ; foliis breviter petiolatis, oblongis v. lanceolatis, acute acuminatis, crenatis s. denticulatis; anthemiis maseulis exilissimis , erecto- DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM. 33 patentibus, brevibus, ramosis, multifloris, floribus exiguis et 1-9-andris ; femineis brevioribus , 1-3-floris, perigonio dense luteo-lornentoso. | Brasilia sebastianopolitana (Martius ; Gardner ; Kotzschy ; Guillemin). DEC (Herb. mus. par., Lessert., monac.. et vindobon.). 3. C. cujabana +, tomentosa; folis obovato- vel elliptico-oblon- bis, breviter acuminatis, basi cuneatis, rotundatis aut cordatis , minute et obsolete denticulatis v. crenulatis ; anthemiis masculis gracilibus, deflexis, dense multifloris, petiolo duplo longioribus ; perigonii dentibus 4-5 obsoletis ; staminibus 8 ; anthemiis femineis contractis, perigonti dentibus triangulari-acutis. Citrosma cujabanum Mart., mse. im Herb. reg. Monachii. Brasilia tropicamedia(prov. goyazana, Fodinar. general. Dre. ). — (Aug. Saint-Hilaire; Sellow ; Martius; Claussen ; Weddell'. (Herb. mus. par., monac, et berol.). Hi, C. plebeia +, cinereo-tomentosa ; foliis oppositis, obovato- ellipticis, minute serratis, breviter petiolatis ; anthemiis masculis brevibus, ramosis, multifloris ; floribus exiguis ; perigonio caly- cino, brevissime 5-6-dentato, velo tenui et penetralibus simul glabris ac glanduloso-punctatis ; staminibus sex vix exsertis. Brasiliæ prov. Fodinarum (Aug. Saint-Hilaire). (Herb. mus. par.). 5. C: lanceolata +, tomentosa et luteo-virens ; foliis longe lan- ceolatis , acutissimis, obsolete et minutissime denticulatis, breviter pétiolatis ; änithemiis masculis brevissimis, pendulis, contractis, mulüfloris ; perigonu dentibus æqualibus, erectis, brevibus et ob- tusatis, velo autem glabro, subbreviore, pariterque glanduloso- puncetato ; Stainibus6-8, inclusis, rectis. Brasilia (prov. Minas Geraës). — (Gardner). (Herb. mus. vindob.). 6. C. estrellensis +, ramis sordide rufo-tomentosis ; foliis ovatis, obovatis oblongisve, brevissime etobtuse acaminatis, minute obso- 4e série. Bor. T, III. (Cahier n° 4.) 5 3 3h L.-R. TULASNE. leteque eroso-denticulatis, utrinque molliter rufo-tomentosis ; an- themiis brevibus , patenti-demissis, rufo-tomentosis, masculis ramosis densifloris, femineis simplicibus paucifloris ; perigoni dentibus brevissimis utrinque tomentosis ; staminibus carpidiis- que À-6. Brasilia sebastianopolitana (Sellow ; Weddell\. (Herb. mus. par. et berolin.). 7. C. ruficeps +, ramis subtetragonis, initio rufo-velutinis , postea sordidis et punctulato-asperis ; fois oppositis, ovatis, brevi- ter acuminatis, eroso-denticulatis, utrinque velutino-tomentosis, novellis nitide rufis ; petiolo rufo, tereti ; pedunculis femineis bre- vissimis, erectis, L-3-floris ; perigonti ruh lobis 5-6 amplis, ova- üs, velo continuis similiterque tomentosis ; velt ostiolo e duplici canaliculo ; styvlis 5-8, divaricatis. Brasilia meridionalis (Se/low. (Herb. reg. Berolini. 8. C. Apiosyce +, ramis hornis molliter tomentosis , foliisque amplis oblongis v. oblongo-lanceolatis, acuminatis, acutis, basi attenualis, rotundatis aut subcordatis, obsolete crenatis vel inte- gerrimis ; peliolo longo, graeili ; anthemis brevibus , molliter to- mentosis ; masculis repetito-dichotomis, ramulis patenti-divarica- lis ; femineis paucifloris. Citrosma Apiosyce Mart., msc. in sched. et Herb. monac. Brasilia sebastianopolitana (Aug. Saint - Hilaire ; Martius ; Sellow ; Pohl ; Gaudichaud ; Gay; Luschnath ; V'authier ; W'ed- dell ete.). (Herb. mus. par., Webb., Lessert., monac., vindobon., be- rolin.). 9. C. pellita +, tota densissime rufo-tomentosa ; folis ternatim verlicillatis, obovatis, eroso-crenulatis ; anthemïis femineis pauci- floris, brevibus, erectis ; perigonit dentibus late ovatis, vix acuta- lis, utrinque tomentosis. Bolivia (prov. Ynquisivi). — (W”eddell.. ‘Herb. mus. par.). DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM. 39 10. C. polyantha +, dense tomentosa, sordide albida; folis amplis, obovato-lanceolatis, breviter petiolatis et minutissime cre- nulatis ; paniculis maseulis amplis, multifloris ; pedunculis pedi- cellisque longis et flexuosis ; lobis calyemis 6-8, ovatis, amplis, erectis, velamine angusto occultato ; staminibus 10-15, filamentis subeglandulosis. | Bolivia (prov. S. Crucis). —(F. de Castelnau). (Herb. mus. par.). 41. C. eriocalyx +, tota dense fulvo-tomentosa v. aurea; foliis oppositis, amplis, late ovatis, acuminalis, basi abrupte cuneats, grosse eroso-dentatis ; pilis paginæ anticæ sæpius solitariis, posticæ stellato-fasciculatis ; racemis brevibus , laxe paucifloris ; limbo perigonii amplo, 4-6-lobo, lobis late rotundis, obtusissimis, antice quidem tomentosis ; staminibus 6 ; ovarus 40-12. Peruvia, circa Chinchao (Dombey; Rivero). (Herb. mus. par. et W'ebb.). 19. C. limoniodora +, ob tomentum aureo-fulva ; foliis op- positis, amplis, obovatis, late ellipticis v. lanceolatis, acumi- natis, acutis, basi rotundato-cordatis et breviter auriculatis , in acie eroso-dentatis, supra tandem glabratis ; pedunculis masculis brevibus, subsimplicibus et veluti umbelliferis ; perigonu par- cissime pubentis lobis 3-6, late ovato-acutis ; staminibus 5-6 , vix exsertis. Citrosma limoniodora Pay., mse. in Herb. Webb. Peruvia (Dombey ; Pœppig). (Herb. mus. par., Webb., Lessert., berolin.). 13. C. asperula +, fulvo-pubens ; foliis ternis, sæpe dissociatis, oblongis, obtuse et breviter acuminatis, basi cordatis, exiliter pe- tolatis, utrinque pubentibus, antice autem (adultis) minute pune- tato-scabriusculis obscurisque, subtus contra mollibus et cinereis ; anthemiis de specie fasciculatis, brevibus, subsimplicibus, confer- Um paucifloris ; perigonio masculo obsolete 4-5-crenato ; feminei 80 L.-R. TULASNE. crenis latioribus semi-orbicularibus ; staminibus 5-8; ovariis hu- merosissimis ; stylis brevissime coalitis. Brasilia amazonica (Maynas). — (Pæppig). (Herb. mus. par. et berol.). Ah. C. neglecta +, ramis hispido-tomentosis , sordide fulvis ; foliis oppositis ternisve, elliptico-oblongis, utrinque cuneatis, obtuse serratis, subtus (adultis quidem) dense sordideque tomentosis ; an- themiïis petiolo subæqualibus, validis, erectis, multifloris, subgla- bris; perigonio maris globoso-urceolato, crasso, dentibus latis obtusissimis ; staminibus 40-50, totis inclusis. Citrosma tomentosa Willd., msc. in suopte herb. Peruvia loxensis (Bonpland'). (Herb. mus. berol.). 15. C. suaveolens +, hirtella, tomento pallido ; fohis ternatis v. quaternis, obovato-lanceolatis, breviter acuminatis, deorsum longe attenuatis, eroSo-dentatis; petiolo valido ; anthiemiis femineis Sim- plicibus, lonigis, paucifloris, mox glabratis, divaricatis, peduneulo crasso ; floribus magnis , sepalis amplis ovato-rotundatis et obtu- Sissimis, velo laté perlorato. Peruvia cuzcensis (Weddell). (Herb. mus. par). 16. C. riparia +, ramis sparsim piloso-hirtellis ; foliis oppositis ternisve, obovato- v. oblongo-lanceolatis, breviter acuminatis, basi obtusis, subtus tomentosis et aurèo-fulvis; petiolo exili, brevi, hirtello ; anthemiis dilute fülvis, gfâcilibus, geininis ut fascicu- latis, simplicibus vel bifurcis ; pedicellis gracillimis ; floribus femi- neis A-6-gynis. Nova Hispania (Huatusco, Jalapa, Mirador, etc.). — (Ghies- brecht ; Galeotli). (Herb. mus. par.). 17. C. andina +, mox glabrata ; foliis amplis, ellipticis, brevi- DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM. d1 ter et obtuse acuminatis, basi rotundatis, obsolete crenulatis ; an- themis masculis simplicibus, brevibus et paucifloris. Nova Hispania oaxacensis (Galeotri). (Herb. mus. par.). 18. C. Lagopus +, ramis parce hirtellis (ob pilos subsimplices) ; foliis oppositis, obovato-oblongis, breviter aeuminatis, basi obtusis et obsolete auriculatis, cæterum subintegerrimis, utrinque glabris (adultis); petiolo mediocri, antice peculiariter et densissime rufo- tomentoso (scopuliformi) ; anthemiis masculis brevissimis et pau- cifloris ; perigoni limbo dilatato, crasso, obsolete crenato, velo anguste pervio ; Staminibus vix exsertis. Nova Granata quinduensis (J. Goudot.). (Herb. mus. par.). 19. C. chiridota +, ramis parce tomentoso - asperis ; foliis oppositis, obovatis v. obovato-lanceolatis, breviter acuminatis, bas cuneatis et in acie revolutis, initio denticulatis, postea autem sub- integerrimis, nervis posticis petioloque integro (partim submar- ginato) fulvo-tomentosis ; racemis brevibus, simplicibus v. dicho- (omis, patentibus, graciibus, paucifloris, parce et sordide tomentosis ; perigoni late aperti Himbo angustissimo, obtusissime 9-6-dentato ; staminibus 5-6, vix exsertis ; stylis 8-10, brevissimis. Brasilia real ad litiora fluvi Uaupès (R. Spruce). (Herb. mus. par. et Lessert.). 20, C. Kunthu, hispido-tomentosa, pilis subsolitariis (simpli- cibus) et aureo-fulvis ; foliis amplis, breviter petiolatis, ovato- v. obovato-oblongis, acuminatis, acutis, basi rotundis et aurieulatis, cæterum dentatis, dentibus obtusissimis ; anthemiis femineis pau- cifloris, brevibus ; perigonti Himbo brevi, crasso, 5-G-crenato v. subintegerrimo, anticeque admodum glabro. Crtrosma grandiflorum HBK., N. Gen. et “p.,t. LE, p. 172. Nova Granata hondensis (Bonpland ; J. Goudot.). (Herb. mus. par., Lessert. et berol.). 33 L.-R., TULASNE. 24. C. fohiosa +, ramis dense foliosis, novellis fulvo-tomentosis, molliter Mspidulis (pube fasciculata), adultis subglabratis ; folis oppositis, amplis, oblongis, acutulis, basi rotundatis, obsolete mi- nuteque duplicato- dentatis s. crenatis, tenuibus, initio subtus mol- liter tomentosis, dein pro maxima parte glabratis ; pedunculis femi- neis 1-3-floris, brevissimis, demissis, fulvo-tomentosis ; floribus pedicellatis, exiguis; perigoni dense fulvo-tomentosi limbo an- gusto, 5-6-dentato ; stylis 5-8, exsertis. Brasilia meridionalis (Sellow. ). (Herb. mus. berol.). 22. C. Gudotiana +, lepidifero-tomentosa, lepidibus eiliatis ; folüs oppositis v. ternis, ovato- v. lanceolato-oblongis, acumi- nalis, argute dentatis, breviter petiolatis ; anthemiis femineis sim- plicibus aut bifurcis, laxe paucifloris, floribus longe pedicellatis ; lobis calycinis 5-6, obtusissimis, patentissimis v. quidem reflexis ; ovaris 6-8, nonnihil pilosis ; stylis Hbheris. Nova Granata quinduensis (J. Goudot ; J. Linden. (Herb. mus. par. et Lessert.). «al . ce . . ++ Perigonio echinato. 23. C. apiafera +, aureo-pilosa, pis conferto-fasciculatis ; foliis oppositis, late obovatis, acuminatis, basi cuneatis, grosse serrato-dentatis, tenuibus, antice sparsim pilosis (pilis vulgo sim- plicibus), postice apicibus conspersis ; anthemïis masculis brevi- bus, patentibus, 3-brachiatis ; perigonit 6-8-andri lobis totidem amplis, antice glabris veloque. Peruvia pastoensis (Jameson). (Herb. mus. Lessert.). 2. Vestitæ (pube simplici v. stellata), diæcæ, synandræ. 2h. C. mollicoma +, rufo-tomentosa ; foliis amplis, longiuscule petiolatis, ellipticis, oblongis v. obovato-lanceolatis, breviter acu- minatis, basi attenuatis, integerrimis v. obsolete denticulatis , utrinque molliter pubentibus ; anthemtis brevibus, pauciflorts ; pe- DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM. 39 rigoni campaniformis limbo lato, repando, integerrimo v. obsolete 9-6-crenato ; staminibus 4, monadelphis ; ovaris 8-12. Citrosma mollicoma Mart., mse. in sched. et Herb. reg. Mus. monac. Brasiliæ borealis prov. Maynas et R. Negro({Martius ; Pæppig). (Herb. mus. monac. et vindob.). Hic locus est Citriosmæ mollis HBK. quæ C. dubiam eorumd. neutiquam diversam, Kunthiana diagnosi non obstante, imeludit. 3. Tomentosæ v. lepidotæ, monœcæ, staminibus liberis, stylis autem sursum versus longe coalitis. 25. C. Pæppigiü, ramis folisque adultis parcissime lepiditeris v. penitus glabratis ; foliis oppositis, amplis, eliptico- v. obovato- oblongis, acuminatis , basi rotundatis, integerrimis, breviter pe- lolatis ; anthemiis brevissimis, subsimplicibus, 5-8-Horis, luteo- tomentosis ; perigonio obconico 4-partito, divisuris late ovatis, obtusissimis, utrinque tomentosis, velo conico et tomentoso ; car- pidus numerosis. T'etratome lepidota Pœpp. et Endl., N. Gen.etSp.,t. IE, p. A7. Brasilia boreali-occidentalis (Maynas). — (Pæppig.). (Herb. mus. vindob. et berol.). 26. C. camporum +, ramis sordide rufo-tomentosis tandem- que glabratis, foliosis; foliis oppositis, brevissime petiolatis, oblongo-ellipticis , breviter acuminatis, bast rotundis , integer- rimis, adultis supra glabris, postice autem tomentosis et rufulo- cinereis ; anthemüs brevissimis, paucifloris, sordide tomentosis ; floribus exiguis ; perigonio globoso, subrostellato, obsolete 3-6-cre- nulato ; staminibus subinclusis. Brasilia centralis (#”eddeli). (Herb. mus. par.). 27. C. Reginæ +, ramis medullosis, saturate rufo-toment(o- sis ; foliis oppositis, breviter petiolatis, longe ovato- ellipticove oblongis, acuminatis, basi rotundis, postice tomentosis, super- 10 L.-R. TULASNE. neque in costa tantum ; anthemiis erectis, adpresse tomentosis, a basi ad apicem confertifloris, semel aut semel atque iterum dicho- tomis ; floribus fœmineis subsessilibus et rufis, maseulis (superiori- bus) multo longius pedicellatis et cinereis ; perigonio masculo late aperto, integro ; staminibus 6, inclusis ; carpidiis 4. Brasilia. -— (Herb. mus. Lessert.). 28. C. cuspidata +, ramis exilibus , densissime lepidiferis proptereaque argyro-rufulis ; foliis oppositis, breviter petiolatis, oblongo-lanceolatis, longe et anguste cuspidatis, supra glaber- rimis, postice parcissime lepidiferis aut penitus glabris ; racemis confertifloris, abunde lepidiferis ; floribus femineis paucis, subses- silibus ; maris longe pedicellati perigonio 4-6-crenato, late aperto ; staminibus 4-6, brevissimis. | jbl Guiana batava (Hostmann). (Herb. mus. par., Lessert. et W'ebb.). IV. Mozuwenra R. et Pav. Tetratome Pœpp. et Endl. — Tetratome et Mollinedia End. Qui genus hoc primi observarunt conderuntque, perigoenium femineum, supra basin mox cireumscissum et instar calyptræ amplæ in ore angusto breviter 4-fidæ dimissum non viderunt. Id characteris Pœæppigium ipsum effugit qui generis Pavoniani dia- onosin sub novo cognomine inseius tradens,eam notis a Citriosma mutuatis incaute corrupit. Mollinediæ enim s. Tetratomes ovaria in receptaculo calycis truncati reliquiis marginato libera sedent, omnisque mutuæ (in stylis quidem) adglutinationis expertia depre- henduntur. Præter Mollinediam ovatam R. et Pav.etM.repandam eorumd., primarios generis {ypos, M. trifloram Spreng. et M. umbellatam ejusd. (sub Citrosma), nec non M. racemosam Schl. (T'etratomem trifloram Pæpp et Endl.), sequentes nondum descriptas videre lieuit. DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM. LA + Americanæ s. genuinæ. 1. M. gracihis +, ramis exihbus, novellis tomentosis et cinereo- fulvis ; foliis oppositis, ovatis v. lanceolatis, acute acuminatis, basi cuneato-attenuatis, serratis, tenuibus, utrinque primum adpresse sericeo-pubentibus, pallidis, breviter petiolatis ; floribus cinereo- sericeis : masculis ternatim cymosis, cymis (vulgolonge pediculatis) solitariis v. in paniculam brevem decussatim digestis ; femineis . solifarns ; carpidiis sericeo-tomentosis. Brasilia sebastianopolitana (”eddell). (Herb. mus. par.). 9, M. floribunda +, ramis novellis dense fulvo-tomentosis, adultis glabratis ; foliis oppositis, obovato- v. oblongo-lanceolatis, acuminatis, remote serratis v. crenalo-serratis, primum hine et hine sericeo-tomentosis diluteque fulvis, subinde partim glabratis ; paniculis maseulis dilute fulvo-tomentosis, gracillimis, brevibus, 2-8-brachiatis, brachüis decussatis, patentissimis, longis, 3-floris ; floribus cinereo-sericeis; staminibus 24-28. Provincia Entre dos Morros Brasiliæ (Pohl ; Lhotsky). (Herb. mus. vindobon.). 3. M.1baquensis +, ramis novellis hirto-tomentosis sordideque fulvis, adultis penitus glabratis ; foliis oppositis, ovato- v. lineari- oblongis, longe acuminatis, acutis, remote serratis, adultis utrin- que glabrats ; petiolo incrassato, tereti, tuberculoso-rimato et angustissime canaliculato ; eymis masculis breviter racemosis, fulvo-sericeis, bracteosis ; femineis depauperatis, solitaris, demum olaberrimis, fructibusque. Nova Granata (J. Goudot.). (Herb. mus. par.). k. M. longifolia +, rubiginoso-tomentosa; foliis longe lineari- lanceolatis, acutis , remote serratis, superne cilo glabratis ; cymis maseuhs triflonis, breviter pedunculatis , terminalibus , panicula- ts; floribus subsessilibus ; perigonti divisuris brevibus subæqua- h2 L.-R. TULASNE. hbus, internis membrana angusta et integerrima limbatis ; recepta- culo fructifero utrinque tomentoso ; fructibus parce et adpresse sericeis. Ager sebastianopolitanus Brasiliæ (Gomez ; Gaudichaud ; Sel- low). . (Herb. mus. par. et berolin.). 9. M. macrantha +, ramis adultis glabris ; foliis oppositis ter- nisve, breviter elliptico-lanceolatis, acuminatis, parce et remote ultra mediam aciem denticulatis, adultis superne glabris, subtus autem sparsim pubentibus ; cymis masculis trifloris, totis fulvo- tomentosis, quasi in umbellam digestis, singulis longe peduncula - Hs; perigonio crasso, subgloboso, alte 4-partito, lobis subæquali- bus ; staminibus numerosissimis. Nova Granata bogotensis (J. Linden). (ITerb. mus. par.). 6. M. campanulacea +, ramis exihibus fulvo-tomentosis, foltis- que (novellis saltem) elliptico-lanceolatis, longe acuminatis, in apice modice serratis ; cymis femineis fulvo-tomentosis, unifloris ; peduneulo gracili sub apice 2-bracteolato ; perigonio amplo, eam- panuliformi, breviter 4-lobo, lobis obtusissimis et nonnihil inæ- quilongis ; ovariis numerosis, pubenti-sericeis. Nova Granata quinduensis (J. Goudot). (Herb. mus. par.). 7. M. nigrescens +, ramis adultis glabris, teretibus ; folis oppositis, lanceolatis, longe et acute acuminatis, basi attenuato- acutis, remote serratis, mox utrinque glaberrimis ; venis omnibus præter mediam peculiariter exilibus; cymis masculis trifloris, breviter pedunculatis, xanthinis, arescendo nigrentibus ; bracteis bracteolisque squamiformibus , ovato-rotundis , aridis caducis- que; perigoni utrinque glabri lobis internis liguliformibus, trun- catis, subintegris, externis autem vix acutis. Nova Hispania tenejapensis (Ghiesbrecht). (Herb.mus. par.). DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM, h3 8. M. laurina +, ramis adults glaberrimis, nitidis, novellis dilute sericeo-fulvis ; foliis oppositis , oblongis vel Janceolato- oblongis, acutis, remotissime ultra medium denticulatis, amplis, demum glaberrimis, laxe nervosis; cymis luteolo-sericeis, solitariis v. breviter racemosis , racemo frequenter in ramum foliferum superne mutalo ; perigoni diviguris externis obtusissimis, internis latioribus ligulaque tenui longe lineari lacero-dentata nec antice cristata auctis ; staminibus cireiter 28. Guiana gallica cayennensis (Martin). (Herb. mus. par. et berol.). 9. M. wiridiflora +, ramis teretibus, demum glabratis ; foliis oppositis, petiolatis, obovato- v. elliptico-oblongis, acute acumi- natis, basi cuneatis, in apice remote parceque serratis, adultis utrinque glaberrimis ; eymis masculis 4 in basi innovationum confertim decussatis, luteolo-sericeis, trifloris ; bracteis bracteolis- que exiguis et caducis ; perigonit dentibus externis integris et vix acuts, internis vero angustioribus et in higulam repando-laceram anticeque cristatam productis ; staminibus 24. Nova Hispania oaxacensis (J. Galeotti). (Herb. mus. par.). 10.M. pellucens +, glaberrima ; ramis exilibus, teretibus ; foliis oppositis, ovato- ellipticove lanceolatis, acute acuminatis, supra medium obsolete remoteque dentatis v. integerrimis, tenuissimis, minutissime et copiosissime glanduloso - puncetatis ; petiolo brevi ; cymis solitariis, v. paucis paniculatis, patentissimis, rigidulis ; pe- rigonti masculi, coriacei lateque calyeini, lobis latis, brevibus et subæqualibus ; staminibus 20-24. Xylosma racemosum Spreng. (fide el. Otto). Brasilia sebastianopolitana (Sellow; Beyrich ; Guillemin.). (Herb. mus. par., Jalbert. et berolin.). A1. M. nitida +, tota glaberrima ; foliis oppositis, ovato-lan- ceolatis, utrinque longe attenuato-acutis, breviter petiolatis, nitidis, in apice remote denticulatis, venis secundartis part modo exilibus ; hi L.-R, TULASNE. anthemiüsterminalibus, brevissimis, e cymis k confertim decussalis, maseulis trifloris, femineis vero unifloris; pedunculis pedicellisque longe exilibus ; bracteis et bracteolis perexiguis ; perigonio globoso, tenui, 4-fido, Anne masculi internis breviter ligulatis, feminet omnibus brevioribus etinter se vixinæqualibus ; staminibus 16-24, laxis. Brasilia sebastianopolitana (Gay ; Sellow ; Beyrich ; Gadner). (Herb. mus. par., vindobon. et berol. ). 12. M. ligustrina +, glaberrima ; foliis oppositis, obovato- lanceolatis, in petiolum brevem longe attenuatis, acutis v. breviter lateque acuminatis, subcoriaceis, antice nitidis, inferne subtihiter venosis; anthemiüs masculis terminalibus vel axillaribus, folio multo brevioribus, singulis e cymis trifloris, solitarnis v. decussatim paniculatis ; perigont lobis quatuor oblongis, obtusis, integerrimis, calyculo multo longioribus, externis internos haud appendieulatos nonnihil excedentibus ; staminibus circiter 24. Brasilia meridionalis (Sellou). (Herb. mus. berol.), 13. M. clavigera +, ramis gracilibus, novellis adpresse denseque fulvo-tomentosis, adultis glabratis ; cortice tenui ; foliis oppositis, obovato- v. rhombheo-lanceolatis, acutis v. acute acuminatis, in acie subtiliter revoluta ultra medium remote dentatis, quandoque inte- gerrimis, utrinque primum sericeo-tomentosis, pube fulva pecu- liariter adpressa, vix conspicua et lente evanida ; cymis femineis trifloris, totis fulvo-tomentosis ; pedicellis clavatis, crassis ; peri- gonio globoso-utriformi , brevissime 4-dentato, dentibus internis obtusissimis etexappendiculatis. Prov. S. Pauli Brasitiæ meridionalis (Sellow). (Herb. mus. berol. et paris.). Li. M. elegans +, ramis exilissimis, novellis fulvo-tomentosis, adultis glabratis ; foliis oppositis, exiguis, rhomboideo-lanceolatis , utrinque longe acutatis, ultra medium grosse et remote serratis, adultis hine et hinc glabris; cymis gracillimis, sericeis ; perigonii globosi et exigui divisuris externis elliptico-rotundatis , internis DIAGNOSES NONNULLARUM MONIMIACEARUM, h5 autem multo latioribus et ligula angusta ac repando-lacera ter- minatis ; staminibus paucis (8-12). Prov.S. Pauli imp. brasiliant (Gaudichaud ; Sellow). (Herb. mus. par. et berol.). +7 Australasicæ. 15. M. Hugeliana +, ramis novellis fulvo-tomentosis, asperis, Oppositis, ternis v. fasciculato-verticillatis ; foliis oppositis ternisve, oblongis v. oblongo-lanceolatis, acutis, serratis v. duplicato-den- .fatis;, coriaceis, subtus dense reticulatimque prominenti-venosis, citrinis, adultis glabratis ; floribus femineis racemosis, longe pedi- cellatis et parce pubentibus ; racemis definitis v. in frondes abeun- tibus. Nova Hollandia orientalis (Hügel ; AU. Cunningham). (Herb. mus. vindobon.). 16. M. macrophylla, ex toto glaberrima, ramis tornatis, le- vissimis, colore citrinis ; foliis coriaceis, amplis, bréviter pe- tolatis, late ellipticis v. oblongis, breviter et acute attiminatis, re- mote serratis, dentibus exilibus, pungenübus ; racemis paucifloris ; perigonio utriusque sexus globoso, obtusissimo et anguste pervio ; sepalis mininüs, vix conspicuis ; staminibus perexiguis, totis in- elusis, À polliniferis, 2 glanduliformibus ; carpidiis 12-15. Hedycarya macrophylla AI. Cunningh. Nova Hollandia orientalis (R. Brown; Al. Cunningham ; Lei- chardt). (Herb. mus. par. et vindobon.). V. Hepycarya Forst. Sürpi Forsterianæ generis prototypo, nempe Hedycaryæ dentatæ Forst., illique maxime proximæ A. angushfohæ R. Cunn., plan- tam, ni fallor, congenerem, pariterque australem sociare licet. .racemosa +, ramis gracilibus, initio cineraceo-tomentosis v. fulvellis ; foliis ovatis v. oblongo-lanceolaüs, integerrimis, re- h6 L.-R. TULASNE. — DIAGNOSES NONNULLARUM, ETC. centibus sparsim piliferis ; anthemtis (racemis s. paniculis race- miformibus) masculis solitarie axillaribus, longis, laxe mulüfloris ; floribus crassis, cineraceo-tomentosis, graciliter pedicellatis ; peri- goni divisuris 4-5, æqualibus, latis, limbatis, fornicato-introflexis ; antheris puberulis. | Nova Hollandia (Hügel ; Baume). (Herb. mus. par. et vindobon.). EuPxorgiacearum ordo Hedycaryam hirsutam Spreng. vmdicare videtur. Kibaræ Endi. (Brongniartiæ B1.) et Boldeæ Juss. (Ruiziæ Pay.) quibus Monimiacearum genuinarum s. Monimiearum series clauditur, nec non Laureliæ ejusd. Jussiæi (Pavoniæ Ruiz.) quæ tertiæ s. ultimæ totius ordinis tribui, 1. e. parvulæ Athero- spermearum familiæ præest, nonnisi typi, paucissimi, Jam pridem adumbrati, mihi innnotuerunt. Genus autem ÆAthero- spermatum, A. moschatum Billard. et À. Sassafras A. Cunn. (Doryphoram Endi.) ad huc duntaxat includens, planta nova diseri- minatu facillima ditare queo. Atherosperma micranthum +, ramis adultis glaberrimis ; foliis oblongo-lanceolatis, serratis, glabris ; floribus exiguis, breviter pedicellatis, laxe paniculatis, extus glabris, androgynis ; paniculis glaberrimis, axillaribus, erectis, amplis, decussatim multibra- chiatis, axi ramulisque gracilibus; staminibus et staminodiis brevissimis, totis inclusis, in vertice obtusissimis v. truncatis. Nova Hollandia. (Herb. mus. vindobon.). CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE, Par M. Thém. LESTIBOUDOIS, Membre correspondant de l’Institut, etc., etc. Altérations de la structure primitive des Carpelles. J'ai démontré (1) que les carpelles , ou les parties constitutives _des fruits, sont formés, comme les feuilles, comme les enveloppes florales et les étamines, par les faisceaux fibro-vasculaires des tiges ; les phylles sépaliques, pétaliques, staminaires et carpellaires , sont la dernière expansion des faisceaux qui ont donné naissance aux feuilles ; elles sont composées par les mêmes éléments , elles con- servent la même symétrie ; seulement, tandis que les faisceaux des tiges et des rameaux se distinguent en faisceaux foliaires qui for- ment des expansions constituant des spires simples, et en faisceaux intercalaires ou réparateurs destinés à réparer les premiers , les faisceaux floraux s’épanouissent tous et presque à la fois de manière à former une double spire, dont les parties alternent dans les fleurs complètes et symétriques. Les sépales et les étamines sont formés par les faisceaux foliaires, les pétales et les carpelles par les faisceaux intercalaires. C’est donc à bon droit qu’on a considéré les carpelles comme des expansions foliacées. Cette vérité avait été admise en raison des conformations extérieures que présentaient de nombreux carpelles : j'en ai administré la preuve anatomique. Mais ce n’est pas assez d’avoir invoqué les lumières fournies par l'anatomie et les arrangementssymétriques des organes : pour rendre la démonstration complète et donner au principe toute sa force, nous devons prendre la tâche de vérifier le caractère originel des car- pelles dans les structures les plus compliquées où il est resté mé- connu ; cet examen aura le double avantage de rendre la loi que nous posons incontestable, et de nous faire comprendre la véritable (4) Ann. des sc. nat., 4° série, cahier n° 4. h8 LESTIROUDOIS. organisation des fruits qui semblaient échapper aux lois de la symétrie générale. Nous avons dit que, dans l’ordre le plus régulier, les feuilles carpellaires sont isolées. C'est alors que leur conformation générale reste le plus conforme au type régulier. D'abord elles se montrent, comme les feuilles ordinaires , sous forme de mamelons, elles s'élargissent, rapprochent et unissent leurs bords séminifères de manière à former autant de cavités qu'il y a de carpelles ; la mem- brane qui constitue la face inférieure de la feuille forme l'épicärpe ; celle qui constitue la face supérieure de la feuille forme l’endocarpe. Les graines sont enfermées dans les cavités , et attachées aux deux bords de la suture produite par l’union de ces bords ; le sommiet de la feuille, plus où moins prolongé, forme le style, et le tissu épaissi des bords séminifères, ou la substance trophospermique se prolonge sur les bords du style, en atteint ordinairement le sommet, devient glanduleux, et constitue le stigmate partagé ou indivis. La cavité des carpelles ainsi constituée est essentiellement et régulièrement uniloculaire. Pourtant il est utile de noter que parfois la cavité des carpelles est subdivisée par des processus de la membrane interne. Ainsi, dans le fruit des Astragalus cicer, pl. 17, fig. 18, la mem- brane externe du péricarpe s'arrête au faisceau d, qui représente la nervure médiane de la feuille carpellaire ; mais la membrane interné se replie sur les bords de la suture qui correspond à la nervure médiane , c’est-à-dire celle qui est opposée à la suture séminifère , et forme une cloison bilamellaire d’abord incomplète ( Astragalus glycyphyllos , pl. 17, fig. 17 ), et qui finit par atteindre la Suturé trophospermique avec laquelle elle s’unit, partageant ainsi la cavité unique en deux locelles, qui contiennent chacune une des rangées de graines. À la maturité le processus septiforme se sépare ét se par- tage en deux lames. Dans le genre cotylédün, qui a les cätpelles presque isolés , ce sont les bords trophospermiques qui s’allonigent dans l’intérieur de la cavité vers la nervure médiane des carpelles. Si elles se soudaient, elles partageraient d’une façon inverse la Cavité des carpelles par une cloison longitudinale. Les cloisons transversales qu'on rencontre dans certains fruits sont formées d’une manière dnälogue. Ainsi, dans le jéune fruit du ne. mot RÉ EE St CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. L9 Lotus tetragonolobus, la cavité péricarpienne n’est pas divisée, et les graines ne sont pas isolées les unes des autres ; mais bientôt l'endocarpe , qui est cellulaire, se développe, et chaque valve en- voie des prolongements enire les graines, pl. 17, fig. 15,4. IF; ces prolongements, en se développant davantage , s'unissent, de ma- nière que les graines sont séparées, et semblent nichées dans une masse cellulaire. Mais, par l'effet de l'accroissement des grai- nes , l'épaisseur du processus intra-carpellaire se réduit de plus en plus, fig. 16; de sorte que les graines ne sont plus séparées que par des cloisons transversales fort peu épaisses. Quand le fruit est arrivé à ce degré de maturité, l’endocarpe se sépare de l’épicarpe par la destruction du mésocarpe; il accompagne les graines qu'il enferme dans une membrane qui a plusieurs loges super- posées. Dans le Cassia fistula, pl. 17, fig. 19, €. IF, la gousse ligneuse est partagée par de nombreuses cloisons transversales qui portent les traces d’un mode de formationidentique. En effet, ces cloisons pré- sentent sur les deux faces une ligne de soudure qui atteste qu’elles sont formées par des processus partant de chacune des valves, empiétant et s'appliquant fortement l’un sur l’autre par une partie de leur surface. Toutes ces dispositions sont véritablement exceptionnelles ; mais il faut les connaître pour se rendre raison de certaines conforma- tions qu'on rencontre dans les fruits formés de earpelles soudés. Les carpelles, dans le plus grand nombre des végétaux, con- tractent des adhérences entre eux pour constituer un fruit unique et complexe qu’on peut appeler gamocarpelle. À mesure que les adhérences des parties deviennent plus profondes, la structure native s’obscurcit. | Ce sont done ces connexions qu'il faut étudier, pour trouver la clef de toutes les transformations que subissent les péricarpes. Pour bien comprendre les diverses soudures des carpelles , il faut se rappeler les arrangements qu'il peuvent affecter. Nous avons dit qu'en nombre défini ou indéfini , ils peuvent ne constituer qu'une spire à cycles si rapprochés, qu’on doit la consi- dérer comme représentant un eercle; lorsqu'ils sont en nombre 4e série. Bor. T. III. (Cahier n° 4.) 4 k 50 LESTIBOUDOIS. indéfini ils peuvent être capitulés, ou disposés en spires multiples affectant les divers arrangements que nous avons indiqués. Lorsque les carpelles sont polyspires, s'ils viennent à se souder ils le sont habituellement à un degré si faible qu’on reconnait cha- que carpelle particulier, et que c’est à peine si l’on considère comme un fruit unique l’assemblage qu’ils forment. Cette disposition s’ob- serve dans les Magnoha; les carpelles pressent seulement leurs voisins par la base : à la maturité ils sont distincts ; et s'ouvrent par leur suture externe et par la moitié de leur suture interne ; pour laisser sortir les graines qui pendent aux trachées persistantes de leurs cordons ombilicaux ; dans d’autres plantes, comme dans le Framboisier et les autres espèces du genre Rubus, la soudure est plus avancée , sans empêcher les carpelles de rester assez séparés pour être parfaitement distingués. On n’a pas admis de carpelles polyspires tellement soudés qu'ils forment un fruit unique, dans lequel on ne discerne plus les éléments organiques qui les composent. Il en existe cependant; il en est même dans des plantes à ovaires infères, c’est-à-dire dans les- quelles non-seulement les carpelles sont soudés entre eux, mais sont encore greffes avee le tube du calice ; de telle façon que l'unité de l'ovaire est complète, évidente, nécessaire. C’est pour n'avoir pas étudié leur mode originel de formation qu’on n’a pas eu une idée nelle de ces fruits singuliers. Le fruit du Grenadier nous en offre un remarquable exemple : ce fruit, considéré par Desvaux comme une espèce distincte sous le nom de Balauste , a été si mal caractérisé , que le plus grand nombre des botanistes ne l’ont pas admis dans leur classification carpologique. Sa structure est pourtant extrême- ment notable. Pour la bien comprendre, il faut l’examiner dans l'ovaire ; celui-ci, à la base, présente trois ou quatre loges formées de deux locelles en croissant , séparées l’une de l’autre par un tro- phosperme très large adhérent au centre et à la périphérie, pl. 47, fig. 2, t. Il. Entre les loges sont des cloisons extrêmement épaisses. Les trophospermes ne restent pas ainsi unis à la périphérie ; ils s’en détachent de manière à devenir centraux : ainsi les graines sont attachées à l'angle interne des loges. C’est ce que montrent les coupes transversales faites à un point plus élevé ou sur des fruits plus CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. o1 avancés, pl. 47, fig. 3 et 4, t. 11. Au-dessus des loges inférieures, on en trouve six ou sept autres placées plus en dehors, et orga- nisées de la même maniere , c’est-à-dire formées de deux locelles séparées par de larges cloisons cellulaires, fig. 5. Ces loges supérieures descendent plus bas que le sommet des loges infé- rieures , et ne s'élèvent pas toutes à la même hauteur; c’est ce que montre bien la coupe verticale du fruit, fig. 4. Il résulte de cette disposition qu'une coupe transversale faite à la base des loges supérieures, comprend avec elles le sommet des loges inférieures , . de sorte que cette coupe présente des loges situées intérieurement et des loges extérieures, fig: 4. Faite plus haut, cette coupe ne présente plus qu'un seul cercle de loges , fig. 5. Par les progrès du développement, les trophospermes des loges supérieures se séparent aussi par un de leurs bords, mais non de la même ma- nière que ceux des loges inférieures ; les trophospermes se séparent du centre, et restent adhérents à la périphérie, fig. 6. Les tropho- spermes axiles des loges inférieures et les trophospermes pariétaux des loges supérieures portent un très grand nombre de graines. Les arrangements que nous venons de voir dans les ovaires se retrouvent dans les friits mürs. Les loges inférieures persistent ef s'étendent sur la base étalée des fruits; leurs graines sont atta- chées à des trophospermes centraux qui sont fortement prolongés, etqui, en raison de l’excessive expansion du péricarpe, deviennent horizontaux dans leur partie inférieure ; les loges supérieures ont COnservé leur position : leurs graines sont attachées à des tropho- spermes pariétaux; ces trophospermes présentent des aréoles déterminées par la pression des graines, et des mamelons auxquels celles-ci sont attachées. Les cloisons sont devenues très minces, en raison du développement des graines fort grosses et fort nom- breuses. Le fruit du Grenadier nous présente donc le rare exemple d’un fruit parfaitement gamocarpellé, formé de nombreux carpelles pla- cés à des hauteurs différentes et polycycles, en un mot analogues aux ovaires capitulés. Il a seulement ceci de particulier que les carpelles supérieurs sont plus extérieurs que les inférieurs ; c’est le contraire qu'on devrait rencontrer. Cette disposition tient à ce que 02 LESTIBOUDOIS. les carpelles sont soudés au calice ; le tube de celui-ci s’élargissant en haut entraine avec lui les carpelles supérieurs. Si les fruits du Rosa se soudaient comme ceux du Punica, ils affecteraient la même disposition , ils présenteraient cependant une notable différence ; dans le Rosa, les carpelles sont monospermes : ils sont polyspermes dans le Punica, et sont pourvus conséquemment d’un tropho- sperme développé. La disposition variée de ses trophospermes , centraux dans les loges inférieures, pariétaux dans les supérieures, forme encore une anomalie singulière. Ce n’est qu'exceplionnéllement que les soudures, dans les fruits polvspires, sont profondes, et de nature à altérer la conformation {vpique des ecarpelles. Dans les fruits dont les carpelles sont circu- lairement disposés , elles sont habituelles, variées et complexes, au point de constituer une multitude de fruits différents dans lesquels ilest difficiie de retrouver la simple et constante structure des expan- sions foliacées qui doivent constituer lé pistil. Nous devons donc les examiner avec quelque détail. Ces fruits, comme on sait, affectent trois modes principaux de structure. Certains fruits n’ont qu’une seule loge et des trophospermes pa- riétaux, c’est-à-dire adhérents aux parois du péricarpe. Ces fruits cat les éléments de l'axe séparés, ou, si l’on veut, ils n’ont pas d'axe : ils peuvent être appelés anaæiles. D'autres fruits ont plusieurs loges, et les bords trophospermiques des carpelles , unis au eentre du fruit, constituent un axe : on peut les appeler synaæiles. Enfin il est des fruits qui n’ont qu'une seule loge, et dont les trophospermes, séparés des valves, forment un axe isolé dans la avité péricarpique ; ils peuvent être dits chorisaæiles. Nous avons à rechercher si , dans ces diverses espèces de fruits , et dans les nombreuses modifications qu’ils présentent, on peut retrouver la conformation simple des expansions foliacées. Nous commençons par les fruits anaxiles. Fruits anaæiles. — Nous avons dit que les carpelles isolés for- ment des mamelons qui s'élargissent à la manière des feuilles, re- plient leurs bords séminifères vis-à-vis la ligne médiane de Ja face CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. J9 supérieure , et enferment les graines dans la cavité qui résulte de la soudure de ces bords. Mais si les mamelons se touchent à l'origine, et confondent leurs bords; si ces bords séminifères ne s’accrois- sent pas au delà de leur soudure périphérique, les feuilles carpel- laires, au lieu de former des carpelles isolés, formeront un péricarpe unique qui s’allongera comme un anneau continu, se resserrera au sommet, se prolongera en style, et produira ses graines le Fong des sutures provenant des soudures des carpelles. Les bords de ceux-e1 constituent ainsi des trophospermes pariétaux, d'abord à peine visi- . bles, devenant de plus en plus saillants, et s'étendant jusqu'aux stigmates. C’est exactement la même organisation que présentent les carpelles isolés; seulement les feuilles carpellaires ne se pro- longent et ne se replient pas intérieurement assez pour former indi- viduellement des cavités eloses , et pour rapprocher leurs bords de manière à constituer un trophosperme par la réunion des deux marges séminifèeres d’un même carpelle ; les feuilles carpellaires restent ouvertes , et les trophospermes sont formés par les deux bords unis de deux earpelles voisins. On conçoit qu'il n’était pas indispensable que les bords carpellaires se prolongeassent pour elore la cavité des carpelles , puisque ceux-ci, en s’unissant à leurs voisins, constituent une cavité commune qui renferme les graines. Dans le plus grand nombre de ces fruits les styles ou les stig- mates conservent leur position naturelle, c'est-à-dire qu'ils répor- dent au milieu des valves, et conséquemment ils alternent avec les trophospermes pariétaux formés par Les bords correspondants de deux carpelles voisms. Il en est ainsi dans les Passiflora dont les trophospermes sont pariétaux, et dont le fruit reste indivis ; dans le Réséda , dans lequel les trophospermes sont pariétaux et corres- pondent aux bords des valves, ete. La position des styles et des stigmates présente cependant des exceptions : dans les Drosera, dont les trophospermes occupent le milieu des valves, chaque valve porte un style près de chacun de ses bords. Dans ces plantes, ces styles, alternant avec les trophospermes, sont done divisés, et ten- dent à se rapprocher de la situation occupée par ces derniers. Dans les Crucifères et les Papavéracées, les divisions du stigmate répon- dent aux trophospermes pariétaux comme si les styles s'étaient 5 LESTIBOUDOIS. partagés, et que chaque portion se fût soudée avec la portion cor- respondante du carpelle voisin. Ces dispositions n’ont rien d’étrange , car les stigmates sont na - turellement divisibles puisqu'ils doivent porter l'influence pollinique à deux lignes séminiferes distinctes, placées sur les deux bords de la feuille carpellaire ; si ces bords s’écartent, les stigmates peuvent se partager et S’unir aux divisions stigmatiques voisines, comme les bords trophospermiques s'unissent à ceux des carpelles voisins: Les faisceaux vasculaires qui sont renfermés dans les tropho- spermes nous indiquent que ces associations diverses des deux cor- dons stigmatiques sont, en eflet , faciles ; ainsi , dans les fruits qui prolongent les bords earpellaires jusqu’au centre, nous avons con- staté que ces faisceaux se soudent souvent pour former un faisceau unique vis-à-vis la suture interne à l’opposite de la ligne médiane du carpelle ; que d’autres fois 1ls s'unissent à ceux des carpelles voi- sins, de manière à constituer des faisceaux entre les carpelles, c'est- à-dire vis-à-vis les cloisons ; qu’enfin dans certains fruits ; comme ceux du Pelargontum, pl. 17, fig. 11, 42, 43, L. IE, les faisceaux trophospermiques , après avoir constitué des faisceaux vis-à-vis la ligne médiane des carpelles, se séparent pour constituer avec les voisins des faisceaux entre les carpelles , puis se séparent de nou- veau pour reconstituer les faisceaux dans leur première position. Les considérations précédentes font bien voir que les fruits anaxiles ne diffèrent par aucune altération essentielle des earpelles isolés. La seule dissemblance qu'ils présentent, c’est que les bords foliaires ne se prolongent pas vers la ligne centrale pour se souder entre eux; mais ils indiquent par toutes les transitions qu'ils ont cette tendance. Ainsi, dans certains cas, les bords des valves s’iri- fléchissent vers le centre; de sorte que les trophospermes, bien que latéraux, se touchent au centre, mais ne s'unissent pas : c'est ce qu'on remarque dans le singulier fruit de l'Hypericumi Androsæmum, pl. 16, fig. 24, t. I; dans la Chironia, ete. Dans d’autres plantes, les trophospermes sont seulement fort sail- lants; de sorte que sans inflexion des valves ils arrivent jusqu'au centre, où 1ls se touchent sans se souder, comme dans le Papaver somniferum. Dans le Parnassia, les tropnospermes , placés au CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 55 milieu des valves, s’allongent aussi de manière à former des cloi- sons incomplètes. Les trophospermes , bien que pariétaux, sont quelquefois unis par du tissu cellulaire formant une fausse cloison, c’est-à-dire une cloison qui n’est pas produite par l’inflexion des valves, et qui, con- séquemment, n’est pas constituée par un double repli de l’endo- carpe ; on voit cette disposition dans le fruit des Crucifères, par exemple celui du Cheiranthus Cheiri, du C. incana; dans le Che- lidonium , qui a le fruit organisé comme celui des Crucifères, les * trophospermes ne sont pas unis, et le fruit n’a pas de fansse cloison. Enfin, dans certains fruits, les bords des carpelles s'unissent aux carpelles voisins dans la partie inférieure, tandis que dans la partie supérieure ils se rapprochent comme dans les carpelles isolés ou dans les fruits synaxiles. C’est ce qu’on voit dans le fruit des Résédas qui à les trophospermes pariétaux, et dont les valves se prolongent supérieurement , rapprochent leurs bords pour former des pointes qui s'ouvrent à la maturité par la suture interne. Toutes les nuances qui établissent la liaison entre les fruits anaxiles et les fruits formés des carpelles isolés, servent également de transition entre les premiers de ces fruits et ceux qui sont Synaxiles, que nous avons à examiner. Fruits synaæiles. — Ces fruits représentent encore mieux, s'il est possible, un assemblage de carpelles isolés. Si les carpelles typiques clos et rapprochés viennent à se souder par les faces en contact, ils constituent un fruit synaxile ; ce même fruit sera constitué si les mamelons carpellaires , assez larges pour se rencontrer à l’origine, et former sur le réceptacle un anneau continu, prolongent vers le centre leurs bords séminifères confon- dus avec ceux des carpelles voisins , les soudent entre eux comme font les carpelles isolés, et si, en même temps, ils s’allongent et se resserrent au sommet. Alors l’ensemble des feuilles carpellaires constitue un fruit unique renfermant plusieurs cavités ou loges. Chacune représente la cavité d’un carpelle ; les cloisons qui les séparent sont formées par la soudure des parois de deux carpelles voisins ; dans l'étendue de la soudure la membrane externe dispa- rait habituellement, de sorte que les cloisons sont formées de deux 96 LESTIBOUDOIS. feuillets constitués par l’endocarpe ; les bords séminifères unis au centre forment ce qu’on est convenu d'appeler l’axe péricarpique ou le trophosperme central, lequel habituellement a deux lignes séminifères saillantes dans chaque loge. Dans ces fruits, le style continue de correspondre au milieu des valves, c'est-à-dire au milieu des feuilles carpellaires, soit que cette ligne reste indivise comme dans les Pelargonium, pl. 17, fig. 41,t. If, soit quelle se fende par la déhiscence du fruit comme dans la Tulipe, soit que le péricarpe reste indéhiscent, et que les graines soient attachées à toute l'étendue des cloisons comme dans le Vymphæa, pl. 17, fig. 82, t. I; mais, bien que conservant sa situation normale, le style parait prendre une position nouvelle par rapport aux trophospermes : les bords séminifères d’un même carpelle s'étant rapprochés et unis au centre , les styles sont placés vis-à-vis les divisions trophospermiques de l’axe central, au heu : d’alterner avec les trophospermes , comme cela à lieu, quand ceux-ci, restant latéraux, sont formés par les bords unis de deux carpelles voisins. Les fruits synaxiles sont les plus nombreux. Ce sont ceux dans lesquels les altérations sont les plus profondes, les plus variées, les plus propres à obseureir la structure native des feuilles carpellaires. Il est nécessaire de les examiner avec quelques détails. Distinets des autres fruits par la soudure des carpelles dont les bords sont en même temps soudés, ils seront surtout différents les uns des autres par les degrés de cohésion qu’ils présenteront, leurs connexions étant quelquefois moins fortes, quelquefois plus con- sidérables que dans le mode qui constitue ce qu’on a considéré comme le type de ces fruits. On trouve ainsi tous les passages intermédiaires entre les carpelles libres et ceux qui sont le plus complétement soudés entre eux, entre les fruits anaxiles et ceux dont les bords contractent les adhérences les plus profondes et les plus singulières. | Il est facile, sans recourir à un néologisme qui puisse embar- rasser l'esprit, de désigner par des mots spéciaux chacune de ces variétés distinctes ; il suffit pour cela d'employer comme nous l'avons fait, et comme le font habituellement les botanistes, le mot CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 57 choris (yweis, Sans, séparément) pour désigner la séparation , le mot syn (ch, avec, ensemble) pour désigner l’union des parties: jointes aux noms des organes , ces particules formeront les termes dont les radicaux seront à l'instant compris. Parcourant rapidement la série des principales modifications de structure des fruits synaxiles, nous signalerons les suivantes : 4° Les fruits choriscéphaliques, ou ceux dont les carpelles soudés par la base sont libres au sommet : tels sont les carpelles des Saxi- frages, des Nigelles, unis par leur partie inférieure à des degrés différents conservant les parties supérieures séparées, et les styles plus ou moins distants. Ils ont une grande analogie avec les fruits formés de carpelles libres. 2 Les fruits chorisbasiques, ou ceux dont les carpelles, unis par leur partie supérieure ou les styles, ont les parties inférieures dis- linctes ; grand nombre d’Asclépiadées ont cette singulière disposi- on. Elles ont deux follicules, bien que n'ayant qu’un style, leurs fruits ne devenant réellement multiples qu'après la chute de ce der- nier. Ces fruits ont plus d’analogie que les précédents avec les plantes dont les carpelles sont complétement soudés. On trouve, en effet, dans les Asclépiadées, des fruits qui ont ce dernier caractère. 3° Les fruits chorismésiques sont ceux dont les carpelles, unis tout à la fois par la partie inférieure et par la supérieure , ont Ja partie moyenne (écov) libre. On voit cette disposition singulière , que j'ai décrite dès 1817, dans le Ruta, le Dictamnus, etnombre de Rutacées. Dans ces plantes, les carpelles, unis dans leur partie infé- rieure, sont séparés plus haut, puis de chacun d'eux part un cordon, qui s’unit aux cordons semblables des autres carpelles pour consti- tuer un style unique ; les filets, qui forment autant d'origines par- faitement distinctes d’un style simple, naissent de points placés plus ou moins haut , au - dessus de la ligne de séparation des carpelles. Dans le Ruta, ils en sont fort rapprochés ; dans le Dictamnus, ils en sont beaucoup plus éloignés. h° Les fruits chorisphragmatiques sont ceux dans lesquels les carpelles sont réunis par leur bord interne dans toute son étendue de manière à constituer un axe commun , mais ne s'unissent pas par leurs parois pour constituer des cloisons (oséyux). On frouve 98 LESTIBOUDOIS. un-exemple de cette disposition dans le Colchicum ; on l’admiettra aussi dans le Pelargonium , pl. 17, fig. 11, t. IE, dont les valves n'ont pas de connexion, et qui ont cela de particulier qu'elles se prolongent en un filament qui reste adhérent à l’axe quand elles s'en sont détachées par leurs deux bords. 9° Les fruits choristhécaux sont ceux dont les carpelles forment des loges (#41) tellement écartées et distinctes qu’elles ne sont plus unies que par un style commun qui s'implante sur le réceptacle ou le disque, et envoie à travers la substance de ces organes des cordons aux trophospermes de chaque carpelle; ces fruits, qu’on a nom: més gynobasiques, se rencontrent dans les Labiées, les Borraginées. La séparation des loges peut aller si loin que le disque même se partage en autant de parties qu'il y a de carpelles : c’est ce qu’on voit, par exemple, dans le Symphytum. C’est à peine si ces fruits sont encore synaxiles, et on les a pris pour des graines distinctes ; pourtant, si l’on considère attentivement la structure des fruits choristhécaux, on voit qu'ils ne sont qu'une modification des fruits chorisphragmatiques dont l'axe atteint le maximum de développe- ment : pour être déprimé , et, pour ainsi dire, invisible dans les Borraginées et les Labiées, l’axe n’en existe pas moins; il est seu- lement étalé horizontalement ; mais, dans certains genres, il tend à se relever, et à réunir les carpelles autour de lui : par exemple, les Cynoglossum, pl. 17, fig. 23,24, 25, (. IE, ont un axe très long à la base duquel sont obliquement placées les loges, et même dans ces plantes, les carpelles se prolongent en un filament aplati qui s'applique contre l'axe columnifere, à l'instar de ce qu'on voit dans les fruits du Pelargonium ; de sorte que les fruits dont l’axe est le plus effacé, sont liés par une chaine non interrompue à ceux dans lesquels il est le plus apparent. Aussi, dans les Borraginées, on trouve bientôt des fruits composés de carpelles entièrement soudés, et constituant des capsules ou des baies à deux ou quatre loges. Après la série des fruits dont les carpelles restent désunis dans quelques-unes de leurs parties, mais dont les coalescences s'ac- croissent de plus en plus, viennent ceux dont la soudure est com- plète, et qui contractent même des adhérences telles que le type normal en est obseurci. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 59 6° Les fruits synthécauxæ sont ceux dans lesquels les carpelles sont soudés par toutes leurs faces correspondantes pour former un péricarpe indivis à l’extérieur, et dont la cavité est subdivisée en loges. C’est là le type normal des fruits synaxiles , et le degré le plus avancé des soudures régulières. Mais si, d’un côté, les soudures restent parfois incomplètes, de l'autre elles peuvent aller au delà de celles qu'on remarque dans les péricarpes ordinaires. 7° Les fruits synnerviques sont ceux dans lesquels la ligne mé- diane des valves ou feuilles carpellaires (vedoov, nervure) se pro- longe à l'intérieur, jusqu’à atteindre l’axe central entre les deux trophospermes marginaux, de manière à subdiviser les loges , et à constituer un nombre de cloisons double de celui des carpelles. Telle estla structure du fruit des Linum , que j'ai décrite en 1827 ; leurs fruits, pl. 47, fig. 20 , &. IF, semblent avoir dix valves, dix loges, dix cloisons ; mais les cloisons qui correspondent aux styles et aux pétales sont des cloisons incomplètes , conséquemment de fausses cloisons; elles sont formées par le prolongement de la ligne médiane de chaque carpelle, qui vient toucher, par un bord mince, l'axe central entre les bords trophospermiques qui sont épaissis, et renferment le faisceau vasculaire des graines. Celles-ci sont attachées à ces bords, et non au bord de la fausse cloison. Cette disposition est précisément la même que celle présentée, dans sa simplicité, par l’Astragalus, pl. 17, fig. 17-18, t. IT, dans lequel la membrane interne de la feuille carpellaire envoie un double repli, qui part de la ligne médiane , et va s'unir aux bords séminifères , entre les deux séries de graines. 8 Les fruits syntrophospermiques sont ceux dans lesquels la ligne médiane ne s’avance plus vers le centre ; ce sont les tropho- spermes , qui du centre s’avancent dans les loges , les partagent , et vont se souder avec la paroi externe du péricarpe. Ainsi dans le Stramonium, pl. 16, fig. 4-2, t. IT, la partie inférieure des tro- phospermes va se souder avec la périphérie, de sorte que le fruit parait avoir quatre loges dans les trois quarts de sa hauteur. Dans d’autres plantes , la soudure des trophospermes est complète , et s'effectue, par toute leur surface, entre les graines, de sorte que 60 LESTIBOUDOIS. la cavité des loges est oblitérée, et que les graines sont nichées dans un tissu cellulaire qui devient pulpeux. C’est ce qu’on observe dans les baies des Solanum, et dans celles d’un grand nombre d’autres plantes. 9° Les fruits synlomatiques ont les soudures encore plus consi- dérables ; les bords, ou marges des valves (\üux) qui s’infléchissent vers le centre pour former les cloisons, ne s'arrêtent pas à l’axe du fruit ; ils se recourbent en dehors , se portent à la rencontre de la ligne médiane des valves, se recourbent encore pour que leur bord séminifère fasse saillie dans la cavité péricarpique, et se soudent définitivement à la paroi extérieure du fruit. Cette disposition sin- oulière rend difficile l’appréciation de la structure du périearpe, et cette appréciation devient d’une difficulté extrême, si, par les pro- grès de l'accroissement des fruits, les prolongements des valves viennent à se détruire dans leur parcours dela périphérie au centre et du centre à la périphérie ; alors les fruits, dont les prolongements valvaires vers l’intérieur sont le plus considérables, et dont les carpelles ont uni dans une plus grande étendue leurs bords tro- phospermiques , paraissent être de ceux dont les trophospermes sont pariétaux , c’est-à-dire dont les carpelles ont les deux bords séparés l’un de l’autre, et nullement prolongés à l’intérieur. Les Cucurbitacées ont un péricarpe, dont le système d’organisa- tion est tel que nous venons de l'indiquer ; mais sa structure nous semble avoir été mal appréciée tout à fait. Il est à propos de l’exa- miner d’une manière spéciale, car il forme une espèce distincte de fruits; il caractérise une famille considérable de plantes, et il est le plus difficile à rattacher aux modèles normaux. Claude Richard, qui a nommé ce fruit péponide , enseignait que le tégument, que l’on considère comme l'enveloppe de la graine, était un endocarpe, parce qu'il est uni par toute sa surface avee les vaisseaux du péricarpe. Il admettait donc que celui-ci a autant de loges que de graines, et que les loges étaient disséminées sans ordre dans des prolongements charnus rayonnant du centre , et soudés avec les paroïs. Maïs on voit évidemment que les graines sont attachées par des cordons vasculaires aux parois du péricarpe, et, qu'au moment de leur formalion, les ovules sont parfaitement CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 61 distincts de celui-ei; on voit les enveloppes séminales se former comme dans les cas ordinaires : ouvertes d’abord, elles s’allongent de plus en plus, retrécissent leur ouverture pour former le micro- pyle, qu’elles rapprochent du hile, en se renversant, pour rendre les ovules anatropes. La plupart des botanistes ont considéré la péponide comme n'ayant que trois ou cinq trophospermes pariétaux , se présentant sous la forme de cordons épais descendant de la base du style à la base du fruit , et trois ou cinq cloisons qui se détruisent, et laissent au centre du péricarpe une vaste cavité ; mais 1l ne peut exister de trophospermes pariétaux en même temps que des cloisons, puisque ceux-ci ne sont tels, que parce que les bords trophospermiques des valves ne s’avancent pas dans l’intérieur du péricarpe , et que con- séquemment ils ne forment pas de cloisons. D'ailleurs, dans cette manière de considérer le fruit, on ne tient aucun compte des fais- ceaux qui, au moins dans le jeune âge, s'étendent de la périphérie jusqu'au centre, et sont interposés aux cloisons. Cette manière de voir est done en opposition directe avec toutes les lois harmoniques de la formation des organes , et fait abstraction des particularités de structure qu'on remarque dans la péponide. On ne peut les expliquer que si l’on admet que les bords rentrants des valves se portent vers le centre pour constituer un axe péricarpique, puis se recourbent en sens inverse pour aller se souder avec la périphé- rie, de sorte que leurs bords séminifères arrivent à prendre la situation pariétale. Pour admettre ce genre de structure, il faut que la péponide réunisse plusieurs circonstances organiques qui dérivent néces- sairement de cette conformation des feuilles carpellaires ; il faut qu'elle présente : 1° les éléments de cloisons formées par les bords rentrants des valves ; 2 les parties constitutives de l’axe formé par la rencontre des valves ; 3° les portions de valves formant les cloisons alternant avec les précédentes, faisant retour du centre à la circonférence, et portant les graines en leurs bords devenus exté- rieurs ; 4° enfin des trophospermes devenus pariétaux alternant avec les points où se touchent les carpelles voisins, au lieu de leur correspondre , conséquemment placés vis-à-vis les styles; or, 62 LESTIBOUDOIS. l'existence de toutes ces conditions organiques peut être constatée dans le fruit des Gucurbitacées. Si l’on examine une fleur de Cucumis ou de Bryonia, etc., dans son état le plus rudimentaire, on voit qu’elle se présente sous la forme d’un tubercule arrondi, transparent; bientôt le tubercule se creuse au sommet ; puis Sur ses bords apparaissent des mamelons extérieurs représentant les lobes du calice, et des mamelons inté- rieurs représentant les lobes de la corolle(Bryonia, pl. 16, fig. 41, t. I). Dans les fleurs plus avancées, on voit apparaître sur la face interne du tube du calice des saillies ou des mamelons qui vont former les organes reproducteurs. Dans la fleur mâle, ce sont des mäamelons qui constitueront une élamine isolée où deux étamines soudées ; dans la fleur femelle (Bryonia, pl. 16, fig. 11-49, & ID, la substance qui tapisse la face interne du calice forme des saillies, qui, au nombre de trois à cinq, représéntent l'ovaire infère ; elles n'attergnent pas d’abord le centre, et ne se touchent pas; elles ne préseñtent encore ni style, ni stigmate. Mais bientôt les saillies deviennent plus fortes et sont presque en contact ; le bord supérieur de la substance pistillaire forme des prolongements qui sont les organes stylaires. Les styles se touchent, se soudent pour fermer supérieurement l'ovaire; ils correspondent aux intervalles des saillies ovariennes (Bryoma, pl. 16, fig. 11-12-20, t. Il; Cucu- mis, pl: 16, fig. 9, t. ID; ils sont bordés par les stigmates, qui tantôt s'élèvent plus qu'eux (Bryonia, fig. 11 ; Cucumis, fig. 8-9), et qui tantôt s'élèvent moins qu'eux (Bryonia, fig. 12). Ces stig- inates sont séparés par un sillon qui se prolonge entre les saillies ovariennes, etils se continuent eux-mêmes sous forme de cordons avec les bords de ces saillies (Cucumis, pl. 16, fig. 9, t. I). En se développant , les lignes stigmatiques se touchent sur la partie moyenne des styles ; celle-ci se renverse au dehors pendant que les angles se prolongent davantage, de sorte que les styles sont bifides ou mitriformes, ete. Exemple : Bryonia, pl. 16, fig. 41-12-20, t. I; Cucumis, pl. 16, fig. 8-9, t. IT. Après avoir déterminé la situation respective des parties, si l'on veut connaitre la structure intérieure des expansions constitutives de l'ovaire, on voit, en coupant transversalement le tube du cahece, CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 68 que les saillies ovariennes alternant avec les styles sont composées d’une substance parenchymateuse ; transparente ; formant la pro- longation du faisceau fibro-vasculaire qui correspond à leur point d’origine ; cette substance s’élargit à la partie interne, et se recourbe vers la périphérie avec laquelle elle s’unit de nouveau (Bryonia, pl. 16, fig. 16-20, {. IT ; Cucumis, pl. 16, fig. 3-7, t Il): A cette époque, les saillies ovariennes laissént quelquefois encore un vide au centre (Cucumis, pl. 16, fig. 3-4, t. Il); mais le plus souvent elles sont en contact, de sorte qu’elles sont séparées par une double ligne obscure ; entre lesquelles est une ligne très étroite de substance transparente: c’est là la cloison bilamel- laire qu’on reconnaît dans le fruit. Le diamètre du fruit s’agrandissant, la substance parenchyma- teuse qui s'étend de la périphérie au centre est plus allongée, et celle qui s'étend du centre à la périphérie plus fortement recour- bée; l'extrémité externe de celle-ci s’épaissit (Bryonia, pl. 16, fig. 17-18, t. Il; Cucumis mebo, fig. h-5). Bientôt les ovules apparaissent à l'extrémité externe des replis du processus transpa- rent (Bryona, pl. 16, lig. 19, 1. Il; Cucumus, pl. 16, fig. 6, t. Il); ils ne sont pas placés dans la cavité commune de l’ovaire comme les ovules des trophospermes simplement pariétaux ; ils sont ren- fermés dans les saillies péricarpiques; ce qui ne peut s'expliquer qu’en admettant, comme nous layons énoncé, que celles-ci sont formées par les bords de deux feuilles carpellaires voisines, d’abord soudés pour former une eloison jusqu’à l’axe du fruit, s’écartant au centre et se repliant vers la paroi extérieure, en s’appliquaut alors sur l’autre bord du même carpelle pour former les cloisons bilamel- laires, recourbant enfin leur bord trophospermique lorsqu'il atteint la périphérie , et le soudant avec la paroi extérieure de l'ovaire. Pendant ce développement se sont montrés de plus en plus les faisceaux vasculaires : le principal d'entre eux est à la partie la plus interne des processus ovariens ; un autre faisceau important est au point où naissent les ovules ; le faisceau central est en commu- nication par d'innombrables ramifications anastomosées avec les faisceaux de la périphérie, et avec le faisceau qui correspond à l’attache des ovules ; ce dernier est aussi uni à la périphérie, de 6h LESTIBOUDOIS. sorte que les ovules sont renfermés dans l'intérieur des saillies ovariennes , mais non soudés avec leur substance ; ils s’enfoncent seulement dans leur tissu et s’y nichent ; mais on peut les en sépa- rer, et ils peuvent subir le mouvement de renversement qui rap- proche successivement l'ouverture micropylaire du hile. Lorsque l'accroissement fait de nouveaux progrès, le point d'attache des graines étant uni à la paroi externe de l'ovaire reste fixe; mais le pont où les processus qui constituent les cloisons bilamellaires se recourbent, pour faire saillir les ovules vers linté- rieur de l'ovaire, s'éloigne de ce point d'attache : alors les portions extérieures des cloisons bilamellaires sont écartées l’une de l’autre, pliées à angle droit, parallèles à la paroi du péricarpe, et non sou- dées avec lui, excepté au point où s’insérent les ovules (Bryonia, pl. 46, fig. 10 ,t. IT ; Cucumis, pl. 16, fig. 5-6, €. IN). C'est là l’état parfait du fruit; sa coupe transversale montre distinctement, par exemple dans le Cucumais, pl. 16, fig. 6, t. If, les faisceaux qui se rendent aux sépales et aux. pétales, b ; pius en dedans, une couche de faisceaux fibro-vasculaires divisés et anastomosés d’une manière inextricable, d ; parmi ces faisceaux il en est de considérables vis-à-vis le milieu des saillies ova- riennes, e',e, c’est-à-dire au pot où les feuilles carpellaires se confondent complétement pour former les processus intérieurs ou les vraies cloisons. La substance transparente et les ramifications de ces derniers faisceaux parenchymateux s'étendent jusqu’à d’autres faisceaux qui sont centraux; les ramilications fibreuses et le tissu parenchymateux de ceux-c1 suivent le bord de la cloison bilamellaire, et se prolongent jusqu'à l’attache des grains, où ils s'unissent aux divisions des gros faisceaux qui sont en cet endroit, et dont les ramifications s'unissent à ceux de la périphérie. On peut remarquer les mêmes dispositions dans tous les fruits des Cucurbitacées, par exemple, dans les Cucumis Melo, sativa, chate, prophetarum , le Pepo macrocarpus, le Cucurbita polymor - pha, le Bryonia, etc. Ces dispositions se remarquent même dans le fruit de l'Ecbalium Elaterium, dont le tissu intérieur est si mince, si transparent , si destructible, qu'il se réduit en un liquide, qui est chassé violemment avec les graines par l'ouverture arrondie que FN 4 EM 49 } CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 69 présente sa base, quand elle se détache du pédoncule. Si l'on coupe ce fruit transversalement, on voit très distinetement les faisceaux axiles et les réseaux vasculaires, qui les mettent en communication avec les faisceaux péricarpiques et les faisceaux trophospermiques. La coupe verticale, pl. 16, fig. 10, €. If, montre mieux encore les trames vasculaires qui indiquent les replis des feuilles carpellaires, et fait voir que les faisceaux axiles eux-mêmes n'étaient que des émanations des faisceaux péricarpiques. Ces exemples suffiraient pour ne laisser aucun doute sur la véri- table structure des Cucurbitacées ; mais il est une plante qui fait, pour ainsi dire, la préparation anatomique des doubles replis vaseu- laires que forment les feuilles earpellaires des Péponides, de ma- mère à donner la preuve matérielle et palpable de la structure que nous indiquons. Cette plante est le Benincasa cerifera. Dans son fruit le tissu cellulaire intérieur se détruit seul, la charpente fibreuse des cloisons persiste, et conséquemment leur structure se révèle avec la plus parfaite évidence ; elles se présentent sous la forme de lames formées d’un réseau compliqué, qui, partant de la péri- phérie entre les trophospermes, s'étend jusqu'au centre, et qui, partant du centre, s'étend jusqu'aux trophospermes. Si l’on coupe le fruit de cette plante à la maturité, on constate la présence de ces doubles replis vasculaires de la manière la plus évidente ; de sorte que la grande cavité péricarpienne est partagée par six processus vasculaires qui s'étendent entre les parois du péricarpe et le centre, partagent le fruit en six cavités, dans chacune desquelles fait saillie une division des trophospermes, pl. 16, fig. 24, €. HE Ainsi les fruits des Cucurbitacées remplissent exactement les conditions de structure exigible par la théorie que nous exposons. D'abord les cloisons vraies, celles qui alternent avec les styles, et qui, formées par les bords rentrants des valves, sont centripètes, existent constamment. Ce sont, à la vérité, les parties les moins bien délimitées des Péponides, celles qu'on a méconnues; mais on ren- contre toujours entre les trophospermes une masse épaisse de tissu s'étendant de la périphérie au centre, comblant la loge, et formé d'un Jacis de vaisseaux qui unissent par leurs anastomoses les fais- ceaux vasculaires situés au point d’inflexion des valves avec ceux 4° série. Bor, T. ILT, (Cahier n°42.) ! 5 66 ._ LESTIBOUDOIS. qui occupent l'axe du fruit; ces processus ont donc le caractère évi- dent des cloisons qui, n'étant formées que par les replis des feuilles carpellaires, ont pour base le réseau vasculaire qui les constitue. Quant aux vaisseaux centraux , leur présence est incon- testable dans les fruits des Cucurbitacées ; ils sont toujours appa- rents, et ce sont eux qui d’abord m'ont fait considérer comme inadmissible la pensée généralement adoptée que les fruits des Cucurbitacées étaient anaxiles. Les fruits, normalement pourvus de trophospermes pariétaux, n’ont point, en effet, de faisceaux vasculaires centraux, parce que les bords des valves ne font que se toucher latéralement, et n’envoient pas de prolongements au centre. L'existence des cloisons qu’on peut appeler centrifuges, n’est ni contestée ni contestable ; elles ont été reconnues par tousles obser- vateurs ; elles sont formées de deux lames séparées par du tissu transparent ; elles se dédoublent au contact de la paroi externe du fruit , et chacune des deux lames se recourbe pour former un tro- phosperme qui se soude à la périphérie et porte de nombreuses graines , enfermées conséquemment dans une subdivision de la feuille péricarpique. | Enfin la dernière condition exigée pour arriver à notre démon- stration , la symétrie normale des parties, ne fait pas défaut ; les: styles ne sont pas alternes avec le trophosperme comme lorsqu'ils sont formés par les bords simplement accolés des deux carpelles voisins ; ils correspondent aux trophospermes comme lorsque ceux-ci sont formés par les bords d'une même feuille carpellaire qui s'unissent vis-à-vis la ligne médiane de celle-ci, et s’en rap- prochent plus où moins. | Ainsi la structure des Péponides se rattache avec certitude au type normal des fruits synaxiles ; elle n’a été méconnue que parce qu’elle présente une disposition fort inusitée , et parce que quatre circonstances la rendent obscure : l'épaisseur et l’intime confusion des bords carpellaires au point de leur imterflexion ; l’adhérence du bord trophospermique des carpelles avec la pé- riphérie ; l'union de la surface des graines avec le tissu péricar- pique, et la destruction rapide de toutes les parties centrales du fruit. La confusion des bords carpellaires , leur soudure au point CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 67 où ils s’infléchissent, ne présente pas une disposition anormale : il n’est pas ordinaire de pouvoir distinguer les deux lames qui forment la cloison vraie. Au point où les deux feuilles carpel- laires se touchent pour former les cloisons, la membrane extérieure ( face inférieure de la feuille) disparait , et la soudure est absolue ; il ne reste que la membrane de la face supérieure des feuilles qui forme les endocarpes : cette disposition est si commune qu’elle est la règle. La soudure du trophosperme avec la partie valvaire du péricarpe n'est pas chose rare : on la voit dans le Stramonium et un grand nombre de fruits charnus. L'union des graines avec le üissu intérieur du péricarpe se voit dans toutes les baies vraies ; ainsi dans le Solanum, les trophospermes se soudent avec l’endo- carpe ; leur tissu cellulaire pulpeux enveloppe les graines et s’unit à elles, comme cela a lieu dans les Péponides : enfin la destruc- ton des parties centrales n’est qu'un accident dépendant de l’im- mense développement des Péponides , et qui n’est pas constant. Il existe des Péponides dans lesquelles le tissu vasculaire central n’est pas déchiré, et montre bien les doubles expansions fibreuses qui unissent le centre et la paroi péricarpique. En tenant compte des causes qui voilent la conformation géné- rale de ces fruits, on dégage facilement les lois qui président à leur structure , et l’on explique toutes les particularités de leur organi- sation. Quand, au contraire, avec la plupart des botanistes, on eon- sidère ces fruits comme ayant trois à cinq eloisons et trois à cinq trophospermes pariétaux , on néglige tous les faits organiques qu’ils présentent, et l’on bouleverse toutes les idées de symétrie qui résulte de la structure générale des péricarpes. En effet, on ne üent aucun compte des processus cellulo-vasculaires qui naissent entre ce qu'on appelle les cloisons , et s'étendent jusqu’au centre ; on ne tient pas plus compte des faisceaux centraux auxquels abou- üssent ces processus ; on admet des trophospermes pariétaux avec des cloisons et des faisceaux axiles , tandis que les trophospermes ne sont pariétaux, que parce que les bords des valves ne se pro- longent pas au centre, et par conséquent ne peuvent former ni cloisons, ni axe péricarpique ; on admet des cloisons qui portent à leur bord externe les graines , tandis qu'il est de l’essence des cloi- 68 LESTIROUDOIS sons de les porter à leur bord interne. Enfin, en considérant les processus bilamellés des Péponides comme des cloisons directes , c’est-à-dire comme des cloisons formées par les bords infléchis des valves, on n’aperçoit pas qu'ils sont formés d’une manière toute différente ; en effet, les bords valvaires qui forment les cloisons directes sont absolument en contact, l’un avee l’autre, au point d'introflexion, et sont immédiatement continus avec la portion correspondante du péricarpe ; fandis que les lames septiformes des Cucurbitacées, arrivées au contact de la partie externe du péricarpe, s’écartent l’une de l’autre, se pliént à angle droit, et, dans un assez long espace, marchent parallèlement à la paroi externe du fruit avant de s’y fixer. Tout cela s'éloigne done de l’ordre régulier qui préside à l’arrangement ordinaire des parties. Pour retrouver la symétrie générale dans le fruit singulier des Cucurbitacées , qui a tant de fois exercé la sagacité des botanistes, il n’est d'autre moyen que de le considérer comme nous l'avons fait ; 11 faut dire qu'ils sont composés de carpelles dont les bords s’infléchissent, et forment, en s’unissant aux bords des carpelles voisins , les cloisons ordi- naires, qu'on peut dire centripèles ou intercarpellaires ; que ces bords se recourbent pour constituer, en s'appliquant contre le bord opposé du même carpelle, les cloisons centrifuges ou intracar pel- laires, qui ont été prises pour les cloisons ordinaires (1); que les bords des carpelles, enfin, s'appliquent, dans une certaine étendue, sur la paroi externe du péricarpe, puis s’y soudent, pour former en quelque sorte des trophospermes pariétaux , composés non des bords de deux carpelles voisins , simplement rapprochés comme dans L'état normal des fruits anaxiles , mais formés des deux bords d'un même carpelle, prolongés dans la cavité formée par la feuille carpellaire qu'ils subdivisent. En un seul mot, le caractère essentiel des Péponides est de ne pas avoir les ovules insérés au point même où les carpelles sont en contact, mais au point où leur bord réfléchi se soude avec la péri- (1) Quandle fruit n’a que des cloisons centripètes, celles-ci sont entospermiques, cest-à-dire qu'elles portent les graines sur leur bord interne; quand le fruit a des cloisons centrifuges, celles-ci sont exospermiques, portant les graines sur leur bord externe; les cloisons centripètes sont, dans ce cas, aspermiques. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 69 phérie du fruit, de sorte qu’à l’origine 1ls n'apparaissent pas libres dans la cavité générale du péricarpe , mais sont renfermés dans la partie repliée de la valve qui se présente sous forme de cordons épais, étendus depuis l'organe stigmatique jusqu’à la base du fruit. Ces cordons formés par les bords greffés de deux carpelles voi- sins tiennent au péricarpe par leur point d’inflexion situé à leur partie centrale , et par leurs bords réfléchis qui reviennent s'unir au péricarpe. Ils s'étendent jusqu’au centre du fruit ; ils se sou- dent ou s'accolent seulement aux autres cordons semblables ; laté- ralement , ils s’accolent aussi aux cordons voisins ; ils forment ainsi par leur double repli, de la périphérie au centre et du centre à la périphérie , les deux sortes de cloisons, C’est le degré le plus extrême de l’introflexion des valves dans les fruits synaxiles ; c’est la forme qui s'éloigne le plus des fruits anaxiles, et celle qu’on a confondue pourtant avec ces derniers. Les fruits chorisaæiles, dont il nous reste à dire un mot, tiennent le nulieu entre ces deux dernières espèces de fruit, qui déjà sont liées par tant de nuances intermédiaires ; dans les fruits chori- saxiles on trouve un axe intérieur ; mais il est isolé, les valves ne se prolongent pas à l’intérieur du péricarpe. En étudiant les végétaux qui présentent cette disposition, on est conduit à admettre que les fruits à placentas libres ne sont tels , que parce que les bords trophospermiques des feuilles car- pellaires se sont détachés de celles-ci, soit que les trophospermes aient été laissés au centre par le retrait des cloisons, soit que, ana- logues aux trophospermes pariétaux , ils se soient détachés des parois du péricarpe. La première disposition parait la plus fréquente et la mieux con- statée : on reconnait fréquemment, en effet, que les cloisons , visibles pendant un temps plus où moins long, sont si minces, quelles s’évanouissent , et laissent un axe central libre : c'est ce que l’on constate dans un grand nombre de Carvophyllées. D'autres plantes présentent jusqu’à la maturité des portions de cloisons adhérentes aux valves; c’est ce qu'on remarque dans le Montia, dans le Telephium. Ces péricarpes ont une-évidente analogie avec ceux qui sopt synaxiles. 70 LESTIBOUDOIS. Mais dans les Portulacées, le trophosperme central se sépare déjà en autant de filets qu'il y a de styles. Dans le T'amarix ger- manica , les filets trophospermiques s’écartent du centre du fruit, et se soudent, au sommet seulement, avec les parois péricarpiques ; dans le Tamarix gallica, ces filets se soudent aux valves dans toute leur étendue ; les fruits sont done devenus complétement anaxiles, et comblentl’intervalle quiexiste entre les fruitschorisaxiles et anaxiles, Dans l’Hypericum Androsæmum, pl. 16, fig. 24, t. IE, les trophospermes, appliqués sur les bords rentrants des valves, se séparent d’abord dans la partie moyenne de leur épaisseur, mais adhèrent par leurs bords ; quand le fruit se dessèche ils se séparent complétement. Dans les Asclepias, pl. 47, fig. 7, t. IT, les folli- cules sont des carpelles isolés et clos, représentant parfaitement une portion de fruit synaxile; mais dans chaque carpelle, le tro- phosperme est latéral, et devient libre à la maturité. Tout est done nuance et transition. Il est des fruits dont les placentas libres tiennent à la base du péricarpe, et sont détachés au sommet. Beaucoup de botanistes , notamment M. AugusteSant-Hilaire, ont pensé que, primitivement, ces placentas avaient des connexions avee la partie supérieure des feuilles carpellaires, et qu'ils étaient conséquemment analogues des placentas axiformes ; mais les observations modernes ont prouvé que ces connexions n’existaient pas d’une manière constante. Ainsi, dans les Primulacées, le trophosperme basilaire , globu- leux, couvert de graines, se prolonge par un filet qui s'élève jus- qu'au sommet du péricarpe, et pénètre dans la cavité du style. L'opinion de M. Auguste Saint-Hilaire était qu'il y contractait adhérence ; les observations de M. Duchartre montrent que la soudure ne s'effectue pas. Ces dispositions ont conduit à penser que ces trophospermes basilaires , saillants dans la cavité péricarpique, sans connexions avec la partie supérieure du fruit, n'étaient pas des dépendances des feuilles earpellaires; qu'ils étaient une prolongation de l'axe pédonculaire, où une nouvelle expansion foliaire, un nouvel assem- blage de feuilles carpelaires. Le pédoneule n’a pas plus d’axe vasculaire que la tige; ses vais- CARPOGRAPHIÉ ANATOMIQUE. 71 seaux sont disposés cireulairement autour du centre médullaire ; la masse des vaisseaux trophospermiques ne peut done être la pro- longation de l’axe pédonculaire , elle pourrait représenter une nou- velle expansion foliaire. Les faisceaux fibro-vasculaires qui forment les quatre spires florales peuvent évidemment en former-un plus grand nombre ; c’est ce qu’on voit accidentellement dans la fleur pro- lifère qui produit des feuilles, même unrameau, au centre de l'ovaire ; mais c’est la une monstruosité, Doit-on l’admettre comme règle nor- male? A mon avis, cela n’est pas nécessaire : il est plus.-conforme aux lois générales de l'organisation d'admettre que les feuilles car- pellaires sont divisées jusqu'à leur base ; que leur partie médiane constitue les parois du fruit; que les parties marginales forment les trophospermes libres, qui reçoivent directement l'influence pol- linique par leur partie supérieure : cette partition de la feuille est normale et habituelle , tandis que la théorie qui se fonderait sur la formation de nouvelles spires foliaires dans l’intérieur du péricarpe conduirait à admettre des anomalies bien singulières ; il faudrait reconnaitre, comme norinales, des feuilles carpellaires ne produi- sant jamais de graines, et formant seulement les parois du péri- earpe ; tandis que d’autres feuilles carpellaires, formant une snire supérieure aux précédentes, produiraient des graines, qu’elles n’en- fermeraient jamais dans une cavité propre ; mais qu’elles place- raient dans un autre péricarpe , et qu'elles féconderaient par l’in- termédiaire du style formé par les feuilles de ce dernier. Une semblable supposition nous parait contraire aux faits connus, aux règles constatées, aux arrangements organiques , et aux analogies évidentes. Les axes isolés et portant un grand nombre de graines , comme ceux des Primulacées , réduisent le nombre de leurs graines dans les différents genres ; ils se nuancent avec les axes qui ne portent qu'une graine , et contractent adhérence au sommet de la cavité péricarpienne. Aïnsi l’on voit des fruits, comme celui du Noisetier, qui ont un long cordon qui s'élève du fond de l'ovaire, en atteint presque le sommet ; et porte une graine qui dirige sa base vers le haut; il en est d’autres, comme ceux du Plumbago , dans lesquels la graine, portée par un long cordon, applique sa base 12 LESTIBOUDOIS. — CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. si étroitement dans la cavité du style, qu’elle semble y être adhé- rente; on peut croire qu’on ne la sépare que parce que le tissu qui les unit est transparent et peu solide. Dans les Statice dont l’organisation est identique, l’adhérence est complète et ne saurait être mise en doute. Dans le Scleranthus , le cordon qui s'élève du fond de la loge s’insère au milieu de la graine, dont l’extrémité supérieure est attachée au sommet de la loge. On peut donc croire que les placentas, libres dans le péricarpe , attachés ou sans con- nexion au sommet, sont formés par la portion trophospermique de la feuille originairement divisée, et se développant isolément. Il est cependant une autre manière de considérer les placentas qui ne sont pas attachés en haut du péricarpe; ils peuvent n’être que des trophospermes pariétaux portant des graines seulement à leur base, et saillants dans la cavité ovarienne. Leur mode de formation et leur analogie sera révélée par la disposition des parties qui ser- vent à la fécondation ; si les cordons fécondateurs tapissent les pa- rois du fruit, et s'étendent jusqu'aux ovules, le trophosperme doit être considéré comme pariétal etle fruit anaxile ; si l'influence polli- nique se transmet directement au placenta qui vient s’accoler ou se souder avec la base du style, le trophosperme est indépendant des valves, et le fruit véritablement chorisaxile. Les trophospermes libres dans le péricarpe , au lieu d’être fixés à la base du fruit, peuvent l’être au sommet, conséquemment être apicellaires ; iln°y à pas à hésiter sur leur origine : lorsqu’à aucune époque ils n’ont adhéré à la base du péricarpe , ils appartiennent évidemment à des fruits anaxiles, car les faisceaux trophospermiques ne peuvent se rendre à la graine qu’en suivant les parois du péri- carpe, et les cordons fécondateurs sortent évidemment de la base du style, puisque les graines n’ont de connexion qu'avec la partie supérieure du péricarpe. Ainsi toutes les conformations des fruits si divers se rapprochent, se transforment, se confondent pour montrer qu’elles ne sont que des modifications d’un même tvpe primordial : les fruits -anaæxiles, synaxiles, chorisaxiles, dans leur structure variée, ne sont , en définitive, que des feuilles dont les limbes forment la cavité ova- rienne, et dont les bords forment les corps séminiféres, a qe RECHERCHES SUR L'ENDOSMOSE, Par M. Michel LUERMITE, Dutrochet a observé le premier que, lorsque l'on place dans un tube évasé à sa partie inférieure , et fermé au moyen d’une mem- brane organique, un liquide tel que l’alcool , et que l’on plonge l'appareil dans l’eau, celle-ci traverse la membrane, se mêle à l’al- cool. et élève le niveau de ce dernier dans le tube, nonobstant sa plus grande hauteur initiale. C’est à ce phénomène que Dutrochet a donné le nom d’Endosmose, ét 11 a nommé endosmomètre le tube évasé inférieurement et muni de la membrane. Guidé ou plutôt abusé par l'expérience de Porret sur le transport de l’eau par l’action de la pile voltaïque, l’ingénieux observateur a cru devoir attribuer aussi à l'électricité un phénomène, dans la production duquel il ne put cependant point constater la présence d’un courant. Poisson donna de l’endosmose une explication basée sur la capil- larité ; mais il ne fit jouer à l'attraction de la matière solide inter- posée sur les liquides d’autre rôle que celui de déterminer l’occu- pation de la multitude de petits canaux (dont on peut supposer la cloison formée) par l’un des liquides de préférence à l’autre, et d'empêcher l'interruption des filets fluides. Ilabandonna le mouve- ment ultérieur à l’action mutuelle des deux liquides. Dutrochet, dans ses derniers mémoires sur cette question, tout en rendant à l’affinité réciproque des liquides la part qui luirevient, laissa encore dans le vague la manière d'agir de la membrane, mais en inchinant toujours vers l'influence de l'électricité. M. Maiteucci à traité ce sujet dans un cours professé à Pise en 1844, et qu'il a depuis livré à la publicité (1) : « Quoique la théorie de ce phénomène et le principe dont 1 (4) Matteucci, Leçons sur les phénomènes physiques des corps vivants. 70 | L'HFRMITE. découle nous soient inconnus, dit-il page 31, 1l n’en est pas moins de la plus haute importance. » Il dit aussi page 32 : « Les membranes produisent l’endosmose, jusqu’au moment où elles commencent à se putréfier; à cette époque, le phénomène n’a plus lieu , et le liquide qui s’était élevé dans le tube redescend, et filtre à travers les membranes. » «Ainsi done, il faut l'avouer, nous n'avons aucune théorie satisfaisante de | A ; cependant nous savons que les con- ditions générales du Rene sont : » 4° Que les deux liquides, ou au moins l’un d’eux ait del affinité pour la substance interposée ; » 2 Que les deux liquides aient de l’affinité l’un A | autre , et puissent se mêler. _» Si une de ces conditions manque, l’endosmose n’a plus lieu. » Le courant de l’endosmose n’est déterminé, ainsi que les expé- riences le prouvent, ni par le liquide moins dense, ni par le plus visqueux, ni par celui qui est doué de la plus grande force d’ascen- sion dans les tubes capillaires. Ce courant se fait en général vers le liquide qui a plus d’affinité pour la substance interposée, et qui s’imbibe avec le plus de rapidité. » | Bien que les données qui précèdent aient été formulées par Dutrochet, je les tire de l'ouvrage de M. Matteuceci, pour montrer où en était cette partie de la science lors de sa publication en 1847, ou tout au moins en 1844, époque des leçons faites à Pise. Dans ces derniers temps, M. Graham a fait sur l’endosmose, ou osmose comme il l'appelle, de nombreuses expériences, qui l’ont amené à cette conclusion que l’allération de la membrane est une condition indispensable à la manifestation de la force osmotique. Suivant lui, l’une des faces de la membrane est acide et l’autre basique. Ce fait se lie avec celui de la décomposition de sa sub- stance. Le mouvement a toujours lieu du côté acide au côté basique ; ainsi, tandis qu'une solution d'acide oxalique traverse la membrane : de vessie pour se diriger vers l’eau pure, celle-ci, au contraire, se transporte vers une solution de potasse ou de soude. Dans le pre- mier cas, l’eau joue le rôle de base, et dans le second celui d'acide. On voit l'opposition qui existe entre cette assertion et celle de RECHERCHES SUR L'ENDOSMOSE. 75 M. Matteucci. rapportée ci-dessus. Pour le physicien italien, l’en- dosmose ne peut avoir lieu si la membrane se décompose ; pour M. Graham , il n’y a point d'endosmose sans décomposition de cette même membrane. Voilà où en était la science quand j’entrepris mes expériences ; j'espère qu'elles démontreront nettement que l’endosmose , ou osmose, n’est le résultat ni d’une force particulière, ni d’une action électrique, mais celui de l’affinité elle-même, en étendant l’accep- tion de ce mot jusqu’à l’attraction capillaire qui en est le premier degré, et que l’on pourrait nommer affinité de tendance. Avant d'aborder la discussion des théories données par mes devanciers, je crois devoir établir d’une manière précise, par la description de mes expériences, les conditions dans lesquelles l’en- dosmose est produite. J'ai dit plus haut que, lorsque l’on prend, comme Dutrochet, un tube évasé à sa base, et fermé par une membrane, que l’on rem- plit d'alcool la partie élargie du tube, et qu'on le plonge dans l’eau, celle-ci traverse la membrane pour se mêler à l'alcool dont elle élève le niveau. Le même phénomène aurait lieu, si l’on substituait à l'alcool du tube une solution gommeuse ; l’eau monterait de même vers cette solution. Dans ce dernier cas, on est immédiatement frappé d’une chose , e’est que l’eau est évidemment bien plus apte à mouiller, à impré- gner la membrane que la solution gommeuse. Aussi, pénétrant mieux cette membrane, elle la traverse ; se trouvant alors au con- tact de la solution gommeuse qui a beaucoup d’affinité pour elle, elle est peu à peu absorbée par cette dermère. Dans la première expérience, l’eau a également plus de tendance à mouiller la membrane que l'alcool ; c’est pourquoi elle se trans- porte vers ce liquide, pour lequel elle a d’ailleurs beaucoup d’attrac- tion. Cela est si vrai, qu’en changeant la nature du diaphragme on peut faire marcher l’alcool vers l’eau ; il suffit pour cela de substi- tuer à la membrane un corps poreux pénétré d'huile de ricin, par exemple. Qu'arrive-tAl alors, c’est que l’eau, qui n'est pas soluble dans l'huile de ricin, qui ne se mêle pas avec elle, ne peut plus 76 L'RERMITE. | traverser la cloison ; l'alcool, au contraire, étant miscible à l'huile de ricin, pénètre ce diaphragme ; parvenu au contact de l'eau, il est absorbé par celle-c1, à mesure qu'il se dissout dans l'huile. Donc, si l’on place de l’eau dans l'appareil ainsi disposé, et si l’on place cet endosmomètre dans un vase contenant de l'alcool, ce liquide passe dans le tube, et fait monter le niveau de l’eau. Je puis rendre cette expérience pour ainsi dire classique au moyen de l’appareil suivant. J'emploie, à l’exemple de M. Graham, des cylindres poreux à pile de Bunsen ; je les ferme au moyen d’un liége creusé en cône à sa face inférieure , et percé d’un trou pour recevoir un tube à baromètre, dont l’extrémité vient affleurer à peine à la surface du bouchon. Cette disposition a pour but de faciliter le dégagement des gaz. On recouvre ensuite de mastic résineux un peu coulant le bouchon, etses lignes de jonction avec le tube et le cylindre. Pour bien imprégner d'huile le cylindre, il faut d’abord le dessé- cher à l’étuve, et le remplir ensuite avec le corps gras. Au bout de deux ou trois jours , il est suffisamment imbibé pour être mis en expérience. On déverse l’huile, on la laisse s'égoutter; puis après avoir adapté un bouchon et un tube comme je l’ai dit, on le remplit d'eau, et on le plonge dans l’esprit-de-vin. On ne peut pas faire monter celui-ci au-dessus du bouchon, parce qu'il attaquerait le mastic. On se trouve done placé dans des conditions défavo- rables, qui ne permettraient pas d'apprécier les différences assez petites. L'alcool d'ailleurs ne voyage que très difficilement à travers l'huile de ricin; aussi sa marche ascendante n'est-elle bien mani- feste qu’au bout de cinq ou six jours. J’ai obtenu, au bout de quinze Jours, 50 centimètres de colonne d’eau. IL est bien évident que ce résultat est dù à la présence de l'huile de ricin, parce que si l'on se sert de l'appareil simple, sans le con- cours de l'huile, ce n’est pas l’alcoo!, dont la fluidité est plus grande que celle de l’eau, qui traverse le mieux le cylindre, comme on serait tenté de le croire, c’est l'eau qui filtre à travers ses pores beaucoup plus vite que l'alcool; la différence, qui n’est pas toujours rigoureusement la même, avoisine le rapport de un à RECHERCHES SUR L'ENDOSMOSE. 771 deux en volume, quand on fait filtrer successivement les deux liquides à travers le même cylindre. Ainsi, remplissant cet appareil d'alcool à 36 degrés, on laisse les parois s'imprégner ; on rétablit le niveau caleulé , et l’on plonge l'appareil dans un vase contenant de l’eau à une hauteur évaluée à l'avance , et qui est les quatre cinquièmes de celle de l’alcoo!, en mesurant à partir du fond du vase poreux. D’après la théorie de Poisson, le niveau de l’alcoo! devrait s’abaisser ; car, outre qu’on laisse de son côté un excès de pression pour ne pas être au-dessous des conditions d'équilibre , alcool , remplissant les espaces capillaires qui composent les parois du vase, devrait être attiré vers l’eau. Loin qu'il en soit ainsi, le niveau de l'alcool s'élève, au contraire, immédiatement d’un mouvement lent, mais régulier, et qui n’a rien d’incertain. L'excès de pression qu'on à pu obtenir n’a jamais dépassé 2 ou 3 centimètres d'alcool Le passage de l'eau n’en continue pas moins , et est accusé par ce dégagement d'air qui résulte du mélange de l’eau et de l’alcaol ; mais l’excès de pression de celui-ci balance sa moindre action sur la matière du vase, et refoule de l’alcool à l'extérieur. Dans l'expérience avec l’huile de ricin, e’était l'alcool qui mar- chait vers l’eau; dans cette dernière, c’est l’eau qui va vers l'alcool. Ces expériences font parfaitement comprendre le jeu de la mem- brane , et réduisent son rôle à un phénomène d’affinité , puisque , en effet, on peut le remplacer par un corps minéral ou même par un liquide, comme le prouve l'emploi de l'huile de ricin. On peut même aller plus loin, et supprimer tout diaphragme solide. On peut, par exemple, mettre une couche d’eau au fond d'une petite éprouvette, par-dessus l’eau une couche d'huile de riein, enfin une couche d'alcool à 35 degrés au-dessus de celle-ci. Au bout de deux Jours, l'alcool à traversé l’huile, et est descendu dans le liquide inférieur. Je l'ai déjà dit plus haut, l'huile de ricin dissout en proportion notable l'alcool à 55 degrés; mais l’eau sous-jacente ayant plus d’affinité pour lui que l'huile elle-même , le lui enlève, à mesure qu'elle s’en charge. 78 L'HERMITE. Il est possible de varier beaucoup ces expériences, en opérant sur des liquides de nature diverse. On peut substituer, par exemple, l'essence de citron ou celle de térébenthine à l'huile de ricin ; l'effet est le même, l'alcool traverse ces essences et passe dans l’eau. J'ai encore expérimenté avec d’autres liquides, et j'ai toujours obtenu des résultats analogues. J'ai mis au fond d’une éprouvette de l’essence de girofle, de l'essence d'amande amère ou du chloroforme , une couche d’eau assez mince par-dessus l’un de ces corps, enfin une couche d’éther par-dessus l’eau. Dans cette circonstance , l'essence de girofle , celle d'amande amère ou le chloroforme, ne se mêle pas à l’eau ; mais l’éther est soluble dans ce dernier liquide ; il s’y dissout donc, puis il l’abandonne pour se mêler au fluide inférieur, pour lequel il a plus d'affinité. Dans ces dernières expériences faites avec trois liquides, sans le secours du diaphragme solide , 11 n’y a pas de contre-courants , parce que celui-ci, ou, si l’on veut, l’exosmose , n’est réellement due qu’à un accroissement de pression. Ici, le liquide intermédiaire, qui représente la cloison de l’endosmomètre, ayant la faculté de se déplacer, il ne peut y avoir accroissement de pression, et par suite point de contre-courant. Il me parait résulter clairement des expériences qui précèdent que l’endosmose est due exclusivement à des forces moléculaires bien connues en physique et en chimie, et dont 1l suffisait d’inter- préter l’action. Ces forces se résument par un mot : l’affinité. En ce qui concerne les corps poreux, la différence d'intensité s'explique naturellement. Si petits que soient les pores d’un vase d'argile, qui laisse filtrer de l’eau, il n’est guère douteux qu'ils ne sur- passent de beaucoup les espaces intermoléculaires d’un liquide, bien que ces intervalles se trouvent agrandis par l'interposition d’un autre fluide. Mais ici l’écartement cesse d'exister , dès qu'un autre corps vient s'emparer des molécules étrangères qui le pro- duisent. Les conditions dans lesquelles l’endosmose s'effectue sont donc : 4° La miscibilité des deux liquides en présence; 2° la propriété de l’un des deux au moins de mouiller la cloison; le cas le plus RECHERCHES SUR L ENDOSMOSE. 79 favorable est celui où l’un des deux jouit seul de cette faculté, En d’autres termes, quand l'attraction de la substance de la cloison est le plus forte possible sur l’un des deux, et le plus faible sur l’autre, attendu que c’est de la différence que dépend l'intensité de l'effet produit. On peut établir aussi comme règle générale que le liquide, qui filtre le plus vite, quand on l’essaie isolément au moyen de la cloison , est aussi celui qui passe en plus grande quantité en pré- sence de l’autre liquide. Vai dit plus haut qu'on pouvait considérer la force capillaire comme le premier degré de l’affinité chimique. En seconde ligne, on peut placer la dissolution d’un liquide dans un autre liquide, et assimiler aux faits de cet ordre la faculté dont jouissent les mem- branes de s’imbiber. Reprenons maintenant, pour en démontrer l’inexactitude ou l’in- suffisance, quelques faits ou assertions qui sont en opposition avec ce que j'ai énoncé. | Je viens de dire que de deux liquides miscibles, celui qui traverse le plus rapidement la cloison quand on l’essaie isolément , se con- duit encore. de même quand les deux fluides sont en présence. Dutrochet affirme pourtant que l’eau distillée filtre plus vite que la solution d'acide oxalique , tandis que celle-ci forme le courant prépondérant dans l’expérience de l’endosmose. Il s'appuie sur ce fait pour démontrer qu'il y a dans la force endosmotique quelque chose de particulier qui échappe aux lois connues de la physique. J'ai répété, avec tout le soin pessible, les essais de Dutrochet, en les variant autant que la simplicité du sujet le permettait, et j'ai parfaitement constaté que la solution d'acide oxalique , soit seule , soit en opposition à l’eau distillée , filtre plus vite que celle-ci. J'ai rouvé en même temps ce qui aura probablement induit Dutrochet en erreur. Deux morceaux de membrane de vessie, pris l’un à côté de l’autre dans une même pièce, qui semble parfaitement homo- gène dans toute son étendue, sont souvent fort différents comme tissus filtrants. Il est facile de s’en rendre compte par l'inégalité de texture qu'offrent ces membranes, et que l’on peut mettre en évi- denee en les faisant tremper dans une solution au dixième d'acide coxalique. On y remarque des feuillets discontinus plus denses, réu- 60 L'HERMITE. nis par d’autres tissus plus délicats. On conçoit que, pour une même membrane, la prédominance des uns ou des autres doit faire varier la pénétrabilité. Si donc l’ingénieux inventeur de l’endos- mose s’est contenté de prendre deux morceaux de vessie aussi sem- blables que possible en apparence, de mettre de l’eau dans l’un, de l’acide oxalique en sclution étendue dans l’autre , les résultats ne pouvaient pas être comparés. On n’obtient des données de quelque valeur que par des épreuves comparatives faites sur le même fragment, avec les divers liquides qui doivent être employés aux expériences de l’endosmose. On prend deux morceaux de vessie aussi semblables que les sens peuvent en juger, et l’on en fait deux cloisons d’endosmomètre. Dans l’un on met de l’eau, et dans l’autre la solution d'acide oxa : lique. Après vingt-quatre heures on note la dépense, on nettoie les appareils et on les remplit de nouveau, mais en changeant les liquides de place. Au bout d’un autre jour on compare les dépenses, et l’on recommence en changeant encore les liquides. Ces interversions ont pour but de s'assurer que , si l’acide oxa- lique filtre plus vite et l’eau plus lentement, cela ne dépend pas uni- quement de l’époque à laquelle l'expérience est faite, ni des modifi- cations que la membrane subit successivement. Ainsi ce que l’on savait de l’eau et de l’alcool renfermés dans des vessies , comparé à leurs facultés endosmotiques relatives que Dutrochet a décou- vertes, ce qui ressort des expériences que j'ai faites avec les vases poreux, s'accorde avec les inductions les plus simples et les plus naturelles, savoir, que les liquides conservent, quand on les oppose les uns aux autres, leurs facultés respectives d’imprégnation et de filtration. M. Graham, ai-je dit, veut aussi faire Jouer un rôle à la force électro-chimique. La membrane , suivant lui, subit, pendant toute la durée de l’action , une décomposition ou une réaction chi- mique qui lui semble indispensable à la production de l’endosmose, Si cette décomposition était nécessaire , il s’ensuivrait qu'avec les substances qui l’activeraient, on obtiendrait un mouvement osmo- tique plus prononcé, et vice versä. Aussi l’acide oxalique , qui, d’après M. Graham, produit l’osmose la plus énergique, doit accé- RECHERCHES SUR L'ENDOSMOSE. 51 lérer beaucoup la putréfaction de Ja membrane. Pour vérifier le fait, j'ai mis des fragments de vessie dans des liquides de nature diverse, tels que l’eau pure, l'eau sucrée, l'eau gommée, et la solu- tion d'acide oxalique. La décomposition est le plus prompte dans l'eau sucrée, puis dans Peau pure ; elle est plus lente dans l’eau gommée ; elle est nulle dans la solution d'acide oxalique. Au bout de trois mois l’aspeet et l’odeur étaient les mêmes qu'au premier jour ; seulement la tranche étant un peu dilatée laissait voir des feuillets distincis. C’est pourquoi je n'hésite pas à proposer aux anatomistes la solution d'acide oxalique au quinzième, comme moyen de conservation des {issus organiques, et la solution au dixième, au huitième, comme agent de dissection. M. Graham , voyant les solutions acides traverser la membrane animale et les vases poreux plus facilement que l’eau elle - même, a admis comme règle que les acides se portent toujours vers les bases ; car, dans les expériences avec les bases et l’eau, le courant dominant a lieu de l’eau vers la solution basique. I pense que, dans le premier cas , l’eau joue le rôle de base , et dans Le second celui d’acide ; il regarde la cloison elle-même comme constituée à l’état acide pour l’une de ses faces, et à l’état basique pour l’autre. Or, une expérience des plus simples suffit pour contenir dans ses limites la généralisation trop hâtive du savant anglais. En effet, prenez une solution d'acide sulfurique dans l'alcool, mettez-la dans un endosmomeètre fermé par une mince baudruche, plongez l'ap- pareil dans de l’eau contenant de la potasse caustique en solution , et aussitôt le liquide s’élèvera dans l’endosmomètre ; la base aura marché vers l'acide. Donc ce n’est pas eomme corps électro-néga- üfs que les acides se transportent, en général, plus facilement que les alcalis à travers les membranes, mais uniquement parce qu'ils les mouillent mieux, ee qui n’est pas, sans doute, une conséquence nécessaire de leurs propriétés électro-chimiques. Avant d'aborder la discussion de la théorie de Poisson, quelques considérations préalables sont nécessaires. Si l’on met deux liquides en communication par un tube de verre ordinaire, d’un diamètre répu'é capillaire, on n'observe au- cun changement de niveau, à moins que les hauteurs ne soient pas 4° série. Bor. T. III. (Cahier n° 2.) 2 6 42 L'HERMITÉ. rigoureusement en raison inverse des densités. Nous supposerons toujours ce rapport existant au commencement de chaque expé- rience. L'absence d'action doit tenir à ce que l'attraction des parois du tube sur le liquide cesse de s'exercer à des distances sensibles ; de telle sorte que la petite colonne fluide peut glisser comme un piston sous l’influence du moindre excès de pression. Les deux liquides ne se mêlant, en général, qu'avec lenteur, alors même que ce mélange pourrait déterminer un mouvement dans un sens plutôt que dans un autre, 1l avancerait moins à troubler l'équilibre que la pression hydrostatique à le rétablir. Quand, au contraire, les tubes sont assez étroits pour que leurs axes eux-mêmes subissent l'influence des parois, l'attraction élec- tive de la substance solide doit faire équilibre à une pression sensible. l L' Pi ms ar RARES MRnt MES SN | ao0 Soit t,{’ un de ces petits tubes, O le milieu de ce tube, où nous supposons que les deux liquides se rencontrent; prenez de part et d'autre du point O un élément annulaire Oa, 0b, et considérez l’ac- tion attractive qu'exerce Oa sur le liquide enveloppé par 06; si cette action est inférieure à celle que Ob exerce sur le liquide Oa, il est clair qu'un mouvement aura lieu de À vers B. C’est le résultat que l’on oblient avec les vases poreux. Poisson, qui a examiné la question en mathématicien plutôt qu’en expérimentateur, admet qu'une fois le mouvement commencé , la substance de la cloison n° a plus aucune part; mais si l’action se passait tout entière entre le fluide A et le fluide B, qui attirerait A avee une force supérieure à celle de A lui-même sur ses propres molécules, on pourrait déterminer à volonté le mouvement dans un sens ou dans l’autre, car fout étant réciproque dans les phénomènes d'attraction , si l'on explique la plus grande vitesse des filets A vers B par leur plus petite masse, 1l suffira d'imbiber à l'avance la cloison séparatrice avee le liquide B, pour qu'il se répande dans la masse de A. L'expérience ne justifie pas cette induction. Dutrochet et M. Graham ont objecté à la théorie de Poisson le peu d’élévation des liquides dans les tubes capillaires, comparé aux erandes différences de niveau que donne l’endosmose. Ces savants RECHERCHES SUR L'ENDOSMOSE, 55 n'ont pas pris garde que, dans les tubes ordinaires, les hauteurs ne mesurent , à vrai dire, que l’action du liquide sur lui-même. Les parois du tube agissent sur les Couches de liquide qui les mouillent, et celles-ci se substituent an tube pour exercer de proche en proche une attraction sur les parties du liquide les plus voisines de laxe. Ce qui le prouve, c’est que, à égalité de diamètre, les ascensions sont les mêmes dans les tubes de toute substance qui se laisse bien mouiller, comme si la première couche de liquide appliquée sur la paroi du tube était le siége réel de la force agissante ; tandis que la partie essentielle dans les phénomènes d’endosmose est l’action directe de la matière interposée sur les liquides. D'un autre côté , les quelques millimètres d’ élévalion , observés dans un tube d’un millimètre de diamètre, deviennent RL nôtres si l'on a affaire à des tubes d'un millième de millimètre. Ce n’est pas, sans doute, s’exagérer les faits que de supposer réduits à cette di- mension les espaces intermoléculaires d’une membrane de vessie, par exemple ; car, d’après la théorie, les hauteurs APMIEUER s'élève un liquide sont en raison inverse des diamètres des tubes. C’est un résultat vérifié par l'expérience pour des calibres mesurables. Quand leurs dimensions tombent dans les limites moléculaires, il est infiniment probable que les élévations qu’ils sont capables de produire sont encore supérieures à celles qu'assignerait le rapport inverse des diamètres. Les liquides , ainsi que l’a admis Poisson, éprouvent une condensation au contact des solides. La chaleur, développée par Pimbibition d'une masse de sable, au moyen de l’eau distillée, fait observé par M. Pouillet, ne per ie pas de douter d’un rapprochement des molécules. Or la conséquence de ce rap- prochement doit être une attraction réciproque plus considérable , et une plus grande hauteur de colonne liquide que n'indique le cal- cul, lorsque toutes les parties de cette petite colonne subissent l’action condensante de la matière solide. Les expériences récentes de M. Fabre, sur l'absorption des gaz par les corps solides, démontrent aussi parfaitement cette conden- sation et la décroissance rapide de son intensité, à mesure que la distance augmente. Les premières fractions d'acide carbonique condensées dégagent plus de chaleur que les doses ultérieures, et plus même que n’en donnerait la solidification du flaide élastique. SL L'HERMETE. — RECHERCHES SUR L ENDOSMOSE. La pénétration trop lente d’une membrane animale ne permet- trait probablement pas d’y constater les effets thermiques qui sem- blent accuser la condensation dont 1l s’agit. Avec les liquides , le fait est bien établi. Ainsi l'alcool et l’eau , qui ne forment pourtant pas une combinaison chimique, donnent le dégagement de chaleur et la diminution de volume. La discussion qui précède a pour but de montrer tout le parti que l’on peut tirer de la théorie de Poisson; son seul côté faible, c'est d’avoir supprimé l’action élective de la matière solide, alors qu'elle était encore nécessaire. Tant que les deux faces des cloisons sont baignées, l’une par un liquide doué de peu d’affinité pour elle, l’autre par un fluide miscible au premier, mais sur lequel la cloison exerce une action plus puissante, 11 Y aura, au point de rencontre des deux liquides, expulsion de l’un par l’autre, et, par conséquent, mouvement, Ce mouvement cesserait du moment où le liquide en- vahisseur toucherait seul la cloison en tous ses points. | Conclusions. Il résulte des expériences rapportées dans ce Mémoire qu'il y a endosmose toutes les fois que deux liquides, qui sont séparés par un corps poreux, ont de l’affinité l’un pour l’autre, et que l’un d'eux est susceptible d’imprégner la cloison plus facilement que l’autre ; c’est toujours ce dernier liquide qui marche vers celui qui a le moins d'affinité pour le diaphragme. Le contre-courant ou exosmose est dû à l’accroissement de pres- sion déterminé par l'élévation du niveau du liquide dans l’endosmo- mètre. Les phénomènes d’endosmose ne sont done qu'un eas particulier de la force dissolvante. Le eorps intermédiaire, membrane organique ou corps poreux quelconque , est assimilable à un liquide considéré comme dissol- vant par rapport à un autre liquide. | | La propriété que possède un liquide d'imbiber une substance solide, est le contre-pied de la solubilité d’un solide dans l’eau ou dans un autre liquide. _ mé —_L nn ——— — SUR LES FONCTIONS ET LA STRUCTURE DU ROSTELLUM DANS LE LISTERA OVATA, Par M. le D" Joseph-Dalton HOOKER. Le révérend professeur Henslow ayant appelé mon attention sur l'ivritabilité remarquable du Rostellum d'une Orchidée commune . en Angleterre, le Listera ovala, j'ai saisi l'occasion, qui s'est der- niérement présentée à moi, de poursuivre ses observations sur la plante vivante , et de faire l'anatomie de l'organe dont 1l s’agit; c'est ce travail que j'ai l'honneur de présenter à la Société royale. Le Rostellum du Laistera ovala est large, mousse et linguiforme; il termine la colonne, et se porte en avant au-dessous de l’anthère, et au-dessus du stigmate. Bientôt aprés l'épanouissement de la fleur, si l’on vient à toucher ou à irriter cet organe, deux masses blanches visqueuses font aussitôt saillie, l’une à droite, l'autre à gauche du sommet ; ces deux masses se confondent, et forment une sorte d’organe glandulaire volumineux qui s'attache à la base des masses polliniques, et continue quelquefois aussi d’adhérer fortement au sommet du Rostellum. Tel est l'effet d’une irritation produite artificiellement; et l'étude attentive d’un grand nombre de fleurs prouve que, dans l'état naturel, cette sécrétion glandulaire aide à la fécondation de la plante en dégageant les masses polliniques de la loge de l’anthère, et en les soutenant jusqu’à ce qu’elles se désagrégent ; les grains de pollen tombent alors sur les bords de l'organe, et s'appliquent à la surface stigmatique. La forme et la position du labelle semblent aussi jouer un rôle important dans ce phénoniène. Cet organe est attaché à la base de la colonne par un appendice étroit, au delà duquel il se recourbe en haut, de manière à présenter sa surface antérieure au Rostel- lum. Peu après l'épanouissement de la fleur , un fluide visqueux s’épanche le long de la ligne médiane du labelle, et retient les masses polliniques quand elles se sont accidentellement détachées de la loge de l’anthère avant l'émission des masses visqueuses du Rostellum. Jai aussi trouvé que, dans quelques fleurs, les masses 86 J.=D). HOOKER. —- FONCTIONS ET STRUCTURE visqueuses avaient sailli avec tant de force du sommet du Rostel- lum, qu’elles avaient emporté avec elles les masses polliniques au delà de cet organe, et s'étaient arrêtées sur la surface. vis- queuse du labelle où elles avaient été retenues par leurs bases, tandis que leurs sommets s'étaient trouvés en contact avec le stigmate. La structure du Rostellum du Listera ovata est extrêmement curieuse, et, autant que j'en puis juger, tout à fait unique dans cette famille; il est cependant très probable qu’on trouvera une organisation analogue dans les espèces et les genres voisins. Depuis le moment où il apparait dans le jeune bouton comme une simple ride cellulaire allongée dans le sens transversal, jusqu’à son développement complet, il ne subit pas de changement mor- phologique important; son évolution se fait avec uniformité, jusqu’à ce que dans la fleur müre il soit devenu large et lingui- forme ; il a alors un peu plus d’un millimètre de longueur et de lar- geur. Dans cet état, sa surface supérieure est un peu Concave , mais légèrement relevée le long de la ligne médiane sur les bords et à son sommet. Les bords eux-mêmes ont une certaine épaisseür, et le sommet présente une large protubérance centrale, de chaque côté de laquelle est un sinus ou cavité peu profonde. La sübstance en est extrèmement molle, blanche, semi-transparente et pulpeuse. Les deux surfaces , supérieure el inférieure, sont marquées de trente à quarante stries délicates, dont les intermédiaires sont parallèles à la ligne médiane, et les plus extérieures légèrement courbes commeles bords del’organe, mais convergeanttoutes égale- ment vers son extrémité libre. Tout à fait au sommet du Rostellum, ces stries sont coupées par des lignes transversales qui indiquent leur origine cellulaire ; À la base de l’organe, au contraire, elles s'arrêtent à un tissu cellulaire papilleux continu avec la colonne , ou se fondent graduellement avec lui. Au sommet du Rostellum, on remarque deux aréoles de teintes plus foncées que le tissu environnant, et qui oecupent le centre des dépressions dont nous avons parlé tout à l'heure; aréoles qui indiquent les points par lesquels les masses visqueuses sont expulsées, après avoir rompu le Uissu des cavités qui les renfermaent. DU ROSTELLUM DANS LE LISTERA OVATA. 87 Après avoir expulsé son contenu, le Rostellum s’affaisse consi- dérablement ; son sommet et ses bords s’infléchissent, etles grains de pollen peuvent alors tomber sur le stigmate. En coupant transversalement le Rostellum, on peut voir qu'il est entièrement formé de loges longitudinales, parallèles et conti- nues, qui correspondent au nombre des stries de la surface ; ces loges sont séparées par des cloisons d’une ténuité et d’une transpa- rence extrême , quoique en même temps très fermes, et qui, de même que les parois postérieures, ne présentent aucune trace de structure cellulaire, si ce n’est vers le sommet et la base de l’organe. Les loges sont beaucoup plus longues que larges, et beaucoup moins larges que profondes ; leur diamètre vertical, c’est-à-dire entre les deux surfaces extérieures, est environ une fois et demie plus grand que leur diamètre transversal, ou, si l’on veut, d’une cloison à l’autre , d’où il résulte que l’on peut com- parer l'apparence offerte par une coupe transversale de l'organe enter à une auge de pile galvanique , divisée en trente ou qua- rante compartiments. La consistance excessivement molle du Rostellum, sa transpa- rence, son irritabilité , et la nature visqueuse de son content , firent qu'il me fut inipossible d’en comprendre la structure sur le vivant, et que je dus recourir à des échantillons conservés dans l'alcool depuis trois ans par M. le professeur Henslow. En ouvrant les loges, je trouvai que chacune contenait un corps claviforme très allongé, d’où je conclus la forme de la loge qui le contenait. Ces corps, qui sont la sécrétion visqueuse du Rostellum à l’état durci, étaient très aplatis latéralement, graduelle- ment rétréeis en pointe vers le sommet, dont l'extrémité était un peu renflée, tandis qu’à la base ils étaient légèrement courbés et tronqués obliquement. Leurs bases, où plutôt celles des loges qui les contiennent , s'appuyaient sur le tissu cellulaire che de la colonne, qui était gonflée par un fluide, et contenat en outre de la chlorophylle et des raphides aciculaires. Lorsqu'ils Sont encore jeunes, ces corps claviformes sont plus opaques , et paraissent couverts d’aréoles hexagonales qui indi- quent leur origine cellulaire; ils sont formés d’un fluide gru- 08 J.-1). HOOKER, -— FONCTIONS ET STRUCTURE meux rempli de globules de ehlorophylle transparents, très ténus, mais d’ailleurs de dimensions variables. À mesure qu'ils avancent en âge, les parois des cellules disparaissent, et le tissu tout entier se montre plus uniformément grameux. Au moment où il est expulsé de l’éperon , ilotfre l'apparence d’une pulpe glaireuse , chargée de granules transparents et de raphides aciculaires, et présente aussi des traces d’un tissu cellulaire hexagonal ou rétiforme. L'expulsion du contenu des loges est, sans aucun doute, l'effet naturel de l’élasticité de ces dernières , et de leur distension forcée qui cause la rupture du sommet du Rostellum sur deux points différents. I serait difficile de dire si l'expulsion simultanée du contenu de toutes les loges est un acte simplement mécanique, ou s'il est du partiellement à une action vitale. Si c’est la force vitale qui y préside, le phénomène présente quelque analogie avec celui de l'émission simultanée de tous les tubes pollin'ques d’une masse de pollen extraite des anthères de l’Asclepias curassavica , que M. Brown a observé le premier. Une fois cependant , je réussis à forcer le contenu de chaque loge à en sortir séparément sous forme de masses vermiculées , en comprimant sous l’eau un Rostellum rais quin’avait pas encore atteint sa maturité, Peu après son émission, la masse vi: queuse durcit, rougit, et habituellement adhère très fortement au sommet du Rostellum. Elle n’éprouve de la part de l’iode d'autre action que de se colorer d'une légère teinte brune. La membrane qui composeles parois des loges est excessivement mince et transparente ; vue au microscope, elle est très élégante. Chaque ligne, qui marque la place des cloisons interloculaires, est bordée de stries excessivement fines, droites, obliques ou ondu- lées, qui coupent à angles droits le plan des cloisons. La position et la fonction de cet organe rappellent naturelle- ment la théorie déjà proposée pour expliquer limprégnation des Orchidées ; théorie d’après laquelle, dans un grand nombre d'espèces de cette famille, cette fonction s’eflectuerait par l’in- termédiaire de glandes situées à la base des masses polliniques ; je cherchais done attentivement, mais en vain, quelques faits qui pussent appuver celte suppositon relativement au Listera. Je DU ROSTELLUM DANS LE LISTERA OVATA. 09 ne pus découvrir à aucun moment de tubes polliniques dans le corps glanduleux, et plusieurs fois je répandis le pollen sur la matière visqueuse placée sous le microscope sans obtenir aucun résultat, tandis qu’au contraire les grains de pollen placés sur le stigmate y produisaient une grande quantité de boyaux. Au point de vue morphologique, la vraie nature de ce Rostellum, si compliqué et si bien organisé, n’est pas très évidente ; mais on peut remarquer que sa position peut suggérer l'idée d'une relation théorique avec les deux stigmates non développés de la famille naturelle des Orchidées, et dont on peut supposer que la position coïneide avec celle de chaque moitié du Rostellum. La fusion des différents organes rudimentaires, qui forment lacolonne du Listera, est toutefois si complète que , dans l’état actuel de nos connais- sances, il est peut-être plus sûr de considérer ce Rostellum comme un organe stigmatique accessoire, où un appendice du stigmate, analogue à ceux qui se présentent dans différentes familles natu- relles, et qui ont pour objet de faciliter plus ou moins directement le travail de la fécondation. D'autre part, le rapport de ces glandes à celles qui unissent ensemble les masses polliniques d’un si grand nombre d’Orchidées soitdirectement, soit indirectement, au moyen de la caudicule, est très évident ; et l'on peut suivre le passage graduel entre ces deux ordres d'organes dans les plantes, où chaque masse pollinique est munie à sa base d’une glande séparée et développée dans une fossette du Rostellum. Une autre modification dans la structure de ce dernier se montre dans certains genres voisins du Listera, et chez lesquels cet organe est décrit, comme divisé en deux bras par la résorption ou la chute de la substance intermédiaire. Dans tous les cas que nous venons de mentionner, la fonction du Rostellum parait être la même, et ils fournissent une preuve remarquable de la grande variété de modifications dont est suscep- tible la structure d’un seul organe, modifications qui, toutes, sont adaptées à l’accomplissement d’une fonction très simple, la fixation des masses polliniques. Pour ce qui est du degré de complexité présenté par les différentes modifications auxquelles nous avons fait allusion, 11 paraitrait que, si l'on cons'dère le Listera ovala comme 90 J.-D. HOOKER. — FONCTIONS ET STRUCTURE, ETC, un cas extrême, on trouvera qu'une forme très simple de pollen accompagne une orgamisation très complexe du Rostellum ; tandis que dans quelques F’andées, qui ont huit grains de pollen attachés à une caudicule en forme de ruban et fixés ensemble au Rostellum par une glande visqueuse développée extérieurement, cet organe se réduit à une simple protubérance cellulaire. Il est évident qu'entre ces formes, qui contrastent d’une manière si remarquable, il existe bien des degrés intermédiaires de structure, sans parler même des nombreuses modifications qui n’ont encore été ramenées théoriquement à aucune loi générale d'organisation. Quoique j'aie donné ici les résultats d’un examen long et attentif du Listera, je suis loin de considérer ce sujet comme épuisé. M. le professeur Henslow a eu l’obligeance d'examiner mes dissec- tions etmes dessins, qu'on trouvera, je crois, suffisamment exacts’, mais il y a encore dans la plante qui nous a occupés bien des points à éclaircir, et l’examen même des plantes les plus voisines jetterait probablement un grand jour sur la structure et les fonctions de la colonne si variée dans ses formes de la fleur des Ophrydées. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 4. Fig, 4. Fleur du Listera ovata dont on a enlevé le périanthe avant l'expulsion de la glande rostellaire : a, extrémité de la colonne ; b. loge de l’anthère ; c, masses polliniques : d. rostellum: e, stigmate ; f, bise du labelle. Fig. 2 et 3. Coupe verticale de deux autres fleurs du Listera ovata ; 2, ayant ; 3, après l'émission de la glande rostellaire qu’on voit en d (fig. 3). Les autres lettres indiquent les mêmes organes que dans la figure 1. Fig. 4. Rostellum vu d’en haut ; en (a) les points décolorés par où sont expulsées les masses glandulaires qu’il contient. Fig. 5. Section verticale de la portion antérieure de la colonne passant à travers le rostellum (a), et montrant une des loges de ce dernier avec son contenu, ainsi que le stigmate. Fig. 6. Section EE à du rostellum : a, ses loges ; b, les masses gländulaires | ss les remplissent, encore en place et cnagulèes par l’action de l' tal | Fig. 7. Une moitié du rostellum dépouillé de la paroi striée : a, le contenu de ses fs (coagulé par l'alcool) ; b, les cloisons déchirées qui séparent les loges. Fig. 8. Les loges du rostellum très grossies, avec les bandes de stries transver- sales qui croisent les plans des cloisons. Fig. 9. Masses glandulair es contenues dans les loges du rostellum. Fig. 10. Partie supérieure d’une de ces masses encore très jeune, et montrant T'aréolation de sa surface. Fig. 11. Représentation très grossie d'une masse glandulaire, vue au moment de son expulsion de la loge. Fig. 12. Grains de pollen. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS, seu Plantarum cellularium in Guyana gallica annis 1835-1849 a C1. Leprieur collectarum enumeratio universalis, Auctore C. MONTAGNE, D. M. DISCOMYCETES Fries (1). hhë. Mitrula lutea Montag. mss. : geoglossoides, stipite mediocri cum capitulo luteo, sicco fusceseenti, clavæformi confluente ; ascis longe elavatis sporas octonas simplices lineari-oblongas foventibus inter paraphyses nidulantibus. — Has. Ad terram muscosam prope Cayennam. — Coll. n. 1075. DEsc. Geoglosso viridi quoad formam et magnitudinem simillima , 2-9 1/2 centim. alta, lutea, capitulum 4-6 millim. longum cum stipite 4-2 millim. crasso confluens et clavæforme. Hymenium ex ascis et para- physibus capillaribus constans. Asei longe clavati, 8 centimillim. longi, octo- spori. Sporæ simplices, lineares, 2 centimillim. longæ , 5 millimillim. crassæ, utroque fine obtusæ, pellucidæ et intus granulosæ. O8s. Je ne saurais la comparer à aucune autre espèce, si ce n’est peut- être au MT. elegans Berk., dont elle se distingue aisément , soit par sa couleur, qui est jaune, soit par la brièveté et l'épaisseur du stipe. hhhk. Pezsiza Tricholoma Montag., Ann., 2, I, p. 77,t. 4, F2. — Has. In cortice et in peuol. folior. Astrocaryt vulgaris. — Coll. n. 890 et 891. e Ors. Les poils qui hérissent cette remarquable Pézize, déjà décrits par M. Léveillé, sont d'autant plus nombreux qu’elle est plus jeune. Au mo- ment où elle s'échappe de son nid souvent cortical, elle ressemble à un Porc-Épic , tant ses poils sont drus. Sa couleur varie du jaune au violet vineux. Elle est rarement tout à fait glabre et lisse. On la mange à Cayenne, au rapport de M. Leprieur. Le dessin qu’il m'en a donné, fait sur la plante vivante, la représente de couleur rose ou incarnate. (1) Voyez Ann. des sc. nat., 3° série, t. XIV et XVI, cahier n° 5, et 4° série, t. [, cahiers n° 2 et 3, 92 C. MONTAGNE. hh5. Peziza Hindsii Berk., Enum. of Fungi, Journ. of Bot., I, n. 21,t. 15. — Han... — Coll.. n....…, hh6. Peziza crocata Montag., Ann., 2, XII, p. 207. —- Coll. n. 139. hn7. Peziza applanata Hedw., Muse. Frond., Il, p. 18, t. 5, f. C, sub Octospora. — Has. Ad ligna putrida. — Coll. n hh8. Peziza phlyctispora Lepr. et M., Cent. V, n. 88, in Ann. se. nat., 3° sér., t. IV, p. 358. — Has. In solo arenoso, circa Cayennam. hh9. Peziza omphalodes Bull., Champ. , 1. 485, f. 1. — Fries, Syst. Myc., KE, p. 73. — Var. albo-lutex Montag. vix autem specie distinguendax. — Has. Ad terram sabulosam in sylvis guyanensibus. — Coll. n. 888. h50. Angelina Leprieurii Montag. mss. : erumpens , excipulis sessihbus navicularibus aut confluentia triquetris in cæspitulos agoregatis , disco rubricoso carnoso-tremelloso, sporis atro- punctato, madore dilatato vix lineam æquante, sieco labtis crassis fusco-atris mvoluto-approximatis clauso ; ascis clavatis sporas octonas fuscas triseptatas foventibus. — Ha. Ad corticem trun- corum in Guyana. — Coli. n. 869. Desc. Cæspites e corticis fissuris erumpentes, conferti, 3 ad 5 millim. lati. Excipula aggregata, hysterina , 2 ad à millim. longa, flexuosa, utro- que fine attenuata bilabiata, sicca clausa, madore discreta, labiis fuseis lon- gitrorsum tenuissime striatulis. Discus rubricosus pulverulentus , sporis ejectis atro-punctatus, madidus tremellinus, ex ascis paraphysibusque constans. Asci clavati, 8-spori , 18 centimill. longi. Sporæ oblongæ , hinc gibbosulæ , illine subrectæ , à centimillim. longæ, centimillim. in medio crassæ , septis ternis transversis divisæ s. quadriloculares, tandem atro- fuscæ. OBs. Elle diffère de l'A. conglomerata Schwz. (Syn. Fung. Amer., sub Ascobolo), par la couleur du disque, par des cupules moins grandes, et peut-être par ses caractères microscopiques, dont il n’est pas dit un mof. CRSPTOGAMIA GUYANENSIS. 93 h51. Lemalis Mangiferæ Montag., 2° Cent., n. 20, in Ann. sc. nat., 2 sér., avril 1840. — Has. In folis vivis Mangiferæ 1n- dicæ ad Oyae, novemb. — Coll. n. 389. h5A bis. Midotis heteromera Montag., {. c., n. 18,t. 6, F. 3, sub Peziza. — Fries, Sum. Veg. Scand., p. 362. — Ad hignum putridum in sylvis sinnamariensibus. — Coll. n. 534. h52. Cenangium æquinoctiale Montage. mss. : gregarium , erum- pens, excipulo coriaceo globoso initio elauso helvolo-furfuraceo, tandem subeupulari-explanato, disco livido-fusco pulvere sul- fureo velato; ascis cylindricis octosporis inter paraphyses ra- mosas nidulanüibus, sporis magnis ovoideis bilocularibus, locu- lis inæqualibus. — Has. Ad cortices arborum circa Cayennam. — Coll. n. 1343. Desc. Excipula e cortice erumpentia, gregaria vel cæspitoso-confluentia, primo sphærica clausa, dein hemisphærica aut compressa , À 1/2 millim. lata discusque planus , livido-fuscus , marginem crassum interdum flexuo- sum æquans , in omni ætate pulvere copioso helvolo-sulfurescente con- spersi. Asci longissimi, cylindrici, basi longe attenuati , fere 1/4 millim. æquantes, inter paraphyses ut videtur virgato-ramosas nidulantes et sporas octonas uniseriales foventes, Sporæ ovoideæ, Omm 03 longæ, 0®®,015 me- dio crassæ, loculis binis inæqualibus transversim divisæ et limbolato cinctæ. An typus novi generis ? L58. Iysterium rufulum Spreng., in Veter. Acad. Handl., 1820, p. 90. — Fries, Syst. Myc., I, p. 584. — Has. Ad corticesin Guyana. — Coll. n. hh3 et 871. Ogs. Nous avons les deux variétés de cette espèce, mentionnées par Fries dans son Ecl. Fungorum, p. 552, n° 97. Le n° 443 représente le type de Sprengel, et le n° 871 l’Hysterium confluens Kze., originaire de Surinam, et dont je possède un exemplaire authentique, reçu de l’auteur lui-même. La seule différence que présentent ces deux plantes , c’est que l’une a son disque d’un brun rougeätre ({. rufulum), et l’autre l’a parfai- tement noir (H. confluens). k5h.' Hysterium Uraniæ Montag. mss. : epiphyllum, innato- erumpens, longitudinale, ex ovato lineare, rectum, apicibus obtusum , atrum , opacum , labiis conniventibus eum labiis epi- 94 C. MONTAGNE. dermidis ruptæ tandem discretis supra trilineatum ; ascis longe clavatis 8-sporis, sporis acicularibus transverse multiseptatis.— Has. In foliis Uraniæ quyanensis. — Coll. n. 870. Desc. Hysterio plantarum per quam breviter descripto, omissis fructus characteribus , species affinis. Perithecia initio ovala, mox linearia, recta, À ad 2 millim. longa, erumpentia, nigra opaca, intus cornea , disco lineari inter labia epidermidis atratæ subdiscreta prominente. Asci longe clavati, Oum,08 ad 0®®,10 long. Sporæ octonæ, tenuissimæ, aciculares, 3 centimillim. longæ, vix Omm 002 medio crassæ , septis 10 ad 16 trans- versis divisæ. h55. Hysterium fohicolum Fries, Syst. Myc., 1, p. 593. — Xyloma hysterioides Pers., Icon. et descr., p. 58, t. X, f. 3 et 4. — Has. In pagima super. folior. Hymeneæ Courbaril. — Coll. n. 1373. h56. Phacidium Phomatoides Montag., 2 Cent., n. 62 (sub Ascospora), in Ann. sc. nat., 2% sér., décemb. 1840, t. 19, f. 7. — Has. In folis Tpdle in sylva Oyapok. — Coll. n. 40. 157. Rhytisma PAPER Montag. mss. : innatum , epiphyllum , tenue, sparsum, irregulariter oblongum, confluens, atro-fuscum opacum, demum coslis elevatis rectis hysterinis rimose ruptum secedensque.— Has. In pagina super. folior. Astrocaryr vulga- ris in Guyana. — Coll. n. 1120 et 1147. Desc. Maculas sistit hæc species tenuissimas sub epidermide ortas, fra- piles, secedentes, quoad formam magnitudinemque variabiles, eentro ni- grescentes, ambitu fuscescentes et concentrice striolatas. Mox costæ lineares, rectæ, directione variæ sensim elevantur, quæ tandem rimose dehiscunt. Asci clavati, breves, inæquilateri, interdum hinc gibbosi, deorsum in stipitem attenuati, Omw,07 longi, 0"*,02 ad Omw,03 crassi, 8-spori. Sporæ oblongæ, fuscellæ, transversim uniseptatæ, 0°*,02 longæ, diametro dimidio mino- res, quandoque ad septum leniter constrictæ. Ogs. Le nombre des espèces exotiques de ce genre est encore fort res- treint, et celles qui ont été publiées ont été si brièvement décrites, quand elles l'ont été, qu'il est fort difficile de les reconnaitre. Je n’en vois toute- fois aucune à laquelle je puisse ramener celle-ci. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 95 h58. Rhytisma Myrciæ Montag. mss. : amphigenum, innatum, e tuberculis confertis irregulariter confluentibus constans, atrum, opacum, subtus convexum læve, supra applanatum rugulosum rimis flexuosis dehiscens , intus nigrum. — Has. In folis Myr- eiæ. — Coll. n. 1140. Desc. Maculæ gregatim confertæ, atræ, opacæ, utramque fol paginam invadentes , supra deplanatæ rugosæ , tandem rimis flexuosis percursæ , subtus peritheciis primo hemisphærico-depressis dein confluentibus tuber- culosæ subpapillosæque. Perithecia lenticularia , alte sepulta , nucleum album gelatinosum foventia. Asci cylindracei, decimilim. longi, centi- millim. erassi, 8-spori. Sporæ oblongo-cymbiformes, 0"®,015 longæ , vel seriatæ vel imbricatæ ut et asci hyalinæ, quadrinucleolatæ seu ad speciem transversim triseptatæ. Paraphyses nullæ. Os. On pourrait tout aussi bien prendre cette Hypoxylée pour un Do- thidea , et comme M. Léveillé a publié un D. Myrciæ du Brésil, j'avais d’abord eru que c’était la même plante que la mienne. Mais les caractères microscopiques. qu’il attribue à son espèce m'ont facilement dissuadé. En effet, le D. Myrciæ a des thèques courtes et ovales , mélangées avec des paraphyses , et renferme des spores, sans doute simples , assez grosses , ovoïdes et légèrement courbées. D’ailleurs les périthèces, qui sont opaques dans ma plante, sont luisants dans la sienne. M. Berkeley indique un Do- thidea cayennensis, que je n’ai pu retrouver dans la Summa veget. Scan- dinaviæ , et que je ne vois décrit nulle part, a moins que ce ne soit la même chose que le Sphæria cayennensis du Systema mycologicum , espèce bien différente de celle que je viens de faire connaître, et qui se trouve aussi dans notre collection. h59. Rhytisma gyrosum Montag., Cuba, Crypt., p. 357. — Har. Im foliüs cujusdam Laurineæ in viciniis Cayennæ. — Coll. n.1143 et 1148. h60. Lembosia catervaria Montag. mss. : epiphylla, perithecns elongatis in maculas suborbiculares vel irregulares subsparsas, fusco-atras confluentibus, tandem rimose ruptis; aseis subsphæ- ricis hyalinis, sporis 8 ovato-oblongis mox fuscescentibus bilo- cularibus, medio constrictis. — Has. Ad folia coriacea mihi ignota, circa Cayennam lecta. — Coll. n. 1132 et 1154. DEsc. Perithecia primo punctiformia , dein in subiculo fibrilloso ma- 96 €. MONTAGNE. culas orbiculares atras diametro 2? ad 5 millim. metientes efformantia, tum oblonga, hysterina seu apice obtusa , interdum trigona , vix ac ne vix tertiam millim. partem longitudine æquantia , tandem rima dehiscentia. Asci ex ovato sphærici, 4 ad 7 centimillim. crassi 8-spori. Sporæ ovoideo- oblonsæ, 3 centimillim. longæ, Omm 015 diametro æquantes, binucleolatæ, medio in forma S constrictæ. Ors. Cette espèce est voisine du L. Dendrochili Lév., dont elle se distingue évidemment par ses taches régulières formées de périthèces linéaires reposant sur des fibrilles apparentes, bien que dans ce genre les poils soient étroitement appliqués sur la feuille. D'ailleurs notre Lembosie est constamment épiphylle, et croît sur des feuilles coriaces d’arbres dico- tylédonés, tandis que le L. Dendrochil se développe sur les feuilles d’une Orchidée de Java. AGL. Cheilaria ? melanoplaca Montag. mss. : epiphylla, perithe- ciis minutissimis, e globoso oblongis prominulis, atris, opacis, rima dehiscentibus, in maculas orbiculares nigras congregatis, sporis fusiformibus. — Has. In pagina superiori foliorum Justiciæ ahorumque in Cayenna. — Coll. n. 112 et 11926. Desc. Hæc species maculas in pagina superior: foliorum orbiculares , diametro 2 ad 5 millim. æquantes, nigras, opacas efficit. Perithecia per- quam minutissima, globosa, decimillim. crassa , aut oblonga 1/5 millim. longa, valde prominentia, rima plus minus longa dehiscentia, utroque fine obtusa. Asci breviter clavati, hexa-octospori, 3 ad 4 centimillim. longi, plures basi juneti, inter paraphyses hyalinas tenuissimas deorsum ramosas nidulantes. Sporæ fusiformes, 0"",015 circiter longæ, ut videtur continuæ, hyalinæ. Ogs. Cette plante est ambiguë, car elle semble reposer sur une sorte de subiculum fibreux, et alors ce serait un Lembosia. Toutefois sa fructifica- tion, quoique plus petite à tous égards, ressemble à celle que j'ai trouvée dans mon C. pulicaris, et figurée dans l’atlas de ma Cryptogamie de la Flora Chilena, planche 8, figure 9. Elle croît sur les mêmes feuilles co- riaces que le Lembosia catervaria et sur celles d’un J'usticia, aux environs de Cayenne. h62. S'aictis cruentata Montag. mss. : erumpens, convexo-plana, lenticularis, Himbo lacero-dehiscente sanguineo-pulverulento, disco planiusculo fusco-atro nudo, sporis ovoideo - oblongis CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 97 multicellulosis. — Has. Ad corticem arborum prope Cayennam. Coll. n. 805. Desc. Hypophlœa , gregaria confluensque. Discus seu hymenium sub cuticula quam erumpendo ejicit nascens, primitus limbo integro, demum labialim lacero-dehiscente, pulvere sanguineo consperso velatus, tandem nudus fusco-ater. Asci magni, clavæformes, 8-spori, paraphysibus stipati. Sporæ ex oblongo ovoideæ, 0"*,025 longæ, transversim quinqueannulatæ, annulis quadrate cellulosis. Ors. Cette espèce, qui me parait très distincte de ses congénères, est un Cryptodiseus par le réceptacle, et un Mellitiosporium par la fructi- fication. h63. Stictis Leprieurii Montag:, Crupt. Guy., Licuexes, ad cal- cem : immersa , gregaria, confluens, demum majuseula , disco rufo nudo, ore primitus albo-vela:o tandem revoluto repando, sporis elliplicis hyalinis tetrapyreniis. — Has. Ad cortices Guyanæ.— Coll. n. 806-808. Desc. Erumpens, punctiformis , agglomerato-confluens, albo-velata. Discus minutus , mox plurium confluentia latescens, 2 millim. et quod excedit diametro metiens, planus, rufus castaneusve , nudus, oôre prius connivente albo farinoso demum stellatim dentato revoluto einctus. Asci clavati, paraphysibus capillaribus stipati, decimillim. fere longi , sporas oblongas uniseriatas quadrinucleolatas includentes. O8s. Espèce voisine, mais toutefois bien différente, des S. Lecanora et S. ocellata. | hG64. Stctis variolosa Pers. in Gaudich., Voy. Uran. Bot., p. 178. — Has. Ad cortices cirea Cayennam. —- Coll. n. 1336. h65. Stictis microsticta Montag., L. c. : erumpens, minutissima, punctformis, irregulariter orbiculata, disco tremellino cæsio- prumoso, ore stellatim dentato reflexo albo-cineto ; ascis sporis- que linearibus minutissims byalinis. — Has. Ad cortices arbo- rum et fruticum Guyanæ. — Coll. n. 1331. Desc. Hypophlæa, erumpens, minutissima, quartam millim. partem diametro metiens. Discus planus , madore tremellosus, convexus, semper 4® série. Bor. T. IT. {Cahier n° 2.) 3 7 98 C. MONTAGNE. cæsio-pruinosus, ore reflexo dentato. Asci cylindrici, Oww,05 Jongi, para- physibus stipati, sporas lineares, quinque-nucleolatas hyalinas, centimillim. longas, subinconspicuas foventes. Os. Elle diffère de toutes ses congénères par l'éxieuié de toutes ses parties, et du $. Leprieurti par le même caraclére, comme aussi par son disque bleuâtre pulvérulent. PYRENOMYCETES Fries. SPHÆRIACEI Fries. 166. Cordyceps larvata Montag., Cent. IV, in Ann. sc. nat., 9°sér.;L XX, D. 960,1. 99, sub Hypocrea. — Has. In ii montosis Kau, ad cortices. — Coll. n. 102. h67. Cordyceps brevipes Montag. mss. : fusca, brevissime stipi- lata, stipite crasso plicato-siriato, in discum convexum depres- sum radiato-rugulosum subtus concavum ampliato, peritheciis periphericis minimis globosis vel ovatis monostichis erectis, ostiolis confertis ore farinosis. — Has. Ad ligna putredine con- sumpta cirea Cayennam. — Coll. n. 1073. Desc.. Pygmæa , tota vix millim. alta, fusca, intus alba, suberoso- fibrosa. Discus COnvexo- depressus, millim. latus, rugosus, superne osliolis confertis prominulis albo- -punctatus. Perithecia peripherica membranacea, ovoidea aut sphærica, erecta, 1/5-1/8 millim. minora. Asci lineares, Ow®,06 longi, 0®®,0025 crassi sporas globosas 16 uniseriales foventibus. Ogs. On voit que la place de cette Sphériacée est un peu ambigué. Avec le port .et le mode de végétation d’un Poronia, elle a les organes de reproduction des Æypocrea, auxquels je laurais volontiers réunie, si elle n’eùt été pourvue d’un stipe. Subéreuse quand elle est sèche, elle doit certainement être charnue pendant la vie. 68. Cordyceps strangulans Montag. mss. : atro-virens, armillæ- formis, nodos eulmi ambiens, ex ostiolis tenuissimis granulosa, intus pallida, ascis sporisque Cordycipilis. — Has. Ad culmos Paspah..…..… — Coll. n. 116. Desc: Dothideæformis, carnosa, atra, madida atro-virens, intus livida, nodos culmi more annuli ambiens, 2 ad 3 millim. longa, 3/4 millim. cir- CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 99 citer crassa, ex ostiolis minutissimis confertissimis extus granulosa. Peri- thecia peripherica, membranacea, pallida, ex oblongo obovata, 3 ad 4 deci- millim. longa, 10 ad 20 centimillim. crassa. Asci tenuissimi, longissimi, hyalini, illis Cordycipitis Robertsii simillimi, 0,14 longi, 0°",0075 sursum crassi, deorsum attenuati, cellula pellucida coronati. Sporæ lineares, pértenues in segmenta (sporidia?) longitudine imcerta sece- dentes. Ors. Cette Hypoxylée, à cause de sa couleur, ressemble plus à un othidea qu’à un Cordyceps ou un Hypocrea. P avoue que, malgré la fructification , Je l'eusse de préférence rapportée à ce dernier genre, si ries, dans sa Sum. Veg. Scandin., n'avait fait lui-même un Cordyceps de son Dothidea typhina , dont le nôtre est le représentant équatorial. Tous les nœuds du même chaume en sont entourés comme d’un anneau. Ceux du bas de la plante sont les plus avancés dans leur évolution. À moins que cette espèce n'ait été prise et publiée pour un Dothidea, ce qui était facile et possible au temps encore peu éloigné où l’on ne tenait pas compte de la fructification je ne connais aucun autre Gordyceps avec lequel on puisse la confondre. 469. Xylaria (Xyloglossa) guyanensis Montag., 2e Cent., n. 27, Ann. sc. nat., 2sér., tom. XII, p. 843; t. 9, F2. — Has. Ad truncos arborum putridos in monte Tigre insulæ Cayennæ. — Coll. n. 250. 70. Xylaria (Xyloglossa) polymorpha Pers., Comment., p. 17, sub Sphæria. — Montag., L. €., p. 27. — Has. Ad ligna. — Coll. n.2926! 254, 277, 280? 71. Xylaria (Xyloglossa) rhopaloides Kze. sub Sphæria in Wei- gelt, Exsicce. — Montag., l. e. --- Has. Ad ligna. — Coll. n. 256. 472. Xylaria (Xyloglossa) cubensis Montag., 2 Cent., n. 29, ct in Cuba, Crypt., éd. fr., p. 847, t. 13, f. 1, sub Hypoxylo. — Has. Cum priori. — Coll. n. 103. K73. Xylaria (Xyloglossa) tabacina Kickx, Bull. de l Acad. de Bruxelles, tom. VIH, t..2, f. 1. — Han. Ad lignum emortuum prope Cayennam. — Coll. n. 1220. 100 €. MONTAGNE. 47h. Xylaria (Xyloglossa) enterogena Montag., Cent. IT, n. 2%, l.c.,p. 342, sub Iypoxylo. --- Has. In sylvis sinnamariensi- bus et circa Cayennam ad truncos putridos. — Coll. n. 405, A1, 1902 et 1904? Os. Il faut supprimer (/. c.), dans la diagnose et les observations ; tout ce qui est relatif aux périthèces anormaux ou endogènes ; et à léur contenu. Les prétendues spores hyalines , ovoïdes-globuleuses , qui occu- penrt le centre de ces loges , je les regarde aujourd’hui plutôt comme des œufs d’insecte introduits dans la clavule pendant son jeune âge, et quand elle est encore charnue. Ce qui m’a mis sur la voie de cette rectification, c’est l'examen de nouverux exemplaires de la même espèce (n° 1202), qui présentent à l'extérieur des tumeurs brunes, de même structure que les loges centrales , et dans lesquelles j’ai rencontré les mêmes corpuscules hyalins. Jai même pu m'assurer, en outre, qu'ils sont enveloppés d’une membranule d’ane grande ténuilé , toute ponctuée de granules arrondis, qui n’ont pas plus de 0v®,0025 de diamètre, tandis que ce que je prenais autrefois pour des spores anormales offre une dimension quatre fois plus grande. Il est toujours temps de relever et de corriger les erreurs où l’on a pu tomber. Je dois encore ajouter que de nombreux renseignements m'apprennent que, pendant la vie, cette couche dont la clavule est recou- verte est d’un blanc éclatant, et que ce n’est qu’en se desséchant qu’elle devient d’un jaune ochracé. L75. Aylaria (Xyloglossa) hyperythra Montag., 2° Cent., n. 26, et, €, p. 83. — Has. In sylvis sinnamariensibus et prope Cayennam ad truncos putridos. — Coll. n. 411 pro parte et 1201. Ogs. Nous en possédons des individus dont le slipe se divise et porte deux clavules. h76. Aylaria (Xyloglossa) Gomphus Fries, El. Fung., I, p. 54, sub Sphœæria.—Har. Ad basin truncorum cirea Cayennam. Coll. n. 1245. 477. Xylaria (Xyloglossa) œnea Montag. mss. : stromate suberoso clavato obtuso plicato-rugoso tandem æneo elabro, ex ostiolis prominulis crassis exasperato, intus pallido, in stipitem brevissi- mum basi discoidea dilatatum confluente; peritheciis peripheri- CKHYPTOGAMIA GUYANENSIS, 101 cis minutis immerso-latenhibus ; sporis maxinns. — Has. In ligno emortuo apud Cayennam. — Coll. n.1197 et 1399. Desc. Stipes brevissimus, 2 ad 4 millim. longus, 1-2 millim. crassus, compressus et, ut tota stirps (an exsiccatione ?), phicato-rugosus, basi dila- tata discoidea convexa 5 millim. lata ligno affixus, mox in clavulam abiens rhopaloideam, solidam, suberosam, 1 1/2 ad 4 centim. longam, 1 1/2 ad 9 millim. medio crassam, intus pallidam, extus rugoso-collapsam (affaissée), crusta lævigata, primitus autem ex inventore griseo-rubente in sicco vero ænea aut sordide olivacea vestitam et ostiolis crassis atris obtusis perithe- clorum exasperatam. Perithecia ovoide:, fusca, pro ratione exigua, cum vix tertiam millimetri partem diametro adæquant, in ostiolum crassum et, ut jam dictum est, prominulum desinens. Asci diffluentes. Sporæ magnæ , cymbiformes, inæquilateræ , allero convexæ, altero rectiusculæ , à centi- nullim. longæ, centimillim. modo crassæ, fuscæ. Ogs. Voici encore une espèce qui ressemble à plusieurs autres de ses congénères, mais qu'il me paraît impossible de réunir à aucune autre, tant la nature s’est plu à jeter de la variété dans cette immense famille des Hypoxylées. Son stipe, à peine couvert d’un léger duvet cadue, qui, peut- être encore, ne lui appartient pas, s’épate à la base en une sorte de disque à la manière de certaines Fucacées, comme dans le X. platypoda Lév., espèce à laquelle elle ne saurait appartenir, puisque celle-ci est revêtue d’un enduit crustacé blanc. Or, dans létat de vie , la nôtre , au dire de M. Leprieur, est d'un gris rougeâtre qui, par la dessiceation, sans doute, passe à la couleur de bronze. h78. Xylaria (Xyloglossa) rhizocola Montag., 2 Cent., n. 98, l.e., p. 844, 1. 9,1. 3.—Har. In Guyanæ centralis sylvis secus amnem Znipr, aprili 1835. — Coll. n. 235. 79. Xylaria (Xyloglossa) Kegeliana Montag. — Sphæria (Cor- dyceps) Kegeliina Lév., Champ. du Mus. Paris., n. 295. — Has. Ad truncos dejectos. — Coll. n. 1214. 480. Xylaria (Xyloglossa) rhytidophlæa Montag. mss. : simplex, stromale corneo indurato tereti-compresso obtuso vel corniformi alro opaco , intus fuligineo , stipiteque brevissimo tenuissime rugoso-reliculatis; perithecus globosis immersis periphericis 102 C. MONTAGNE. atro-farctis, ostiolis prottinulis. — Has. Ad ligna dénudatà. — Col Desc. Stroma cylindraceum, compressum, utrinque æquale, obtusum , oblongum, vel leniter attenuatum ( corniforme ), intus corneo-induratüm , rigidum , fuligineum, extus tenuissime reticulato-rugosum , atrum, opa- cum, 2 ad 4 centim. altum, 3 ad 5 millim. crassum, brevissime stipitatum. Stipes 5 ad 8 millim. longus, sesquimillim. crassus, rugoso-rimulosus , fragilissimus, inferne disciformi-dilatatus. Perithecia omnia periphericä , appressa , totam clavulam ad apicem usque occupantia , globosa , minora semimillim. diametro æquantia, intus nucleo atro farcta. Ostiola depressa, in areolas prominula, sub lente poro pertusa. Asci sporæque generis, at hæ magnitudine perquam variabiles, etsi minimæ. OBs. Je crains bien que cette Xylaire ne doive être réunie au X. protea Fries (Nov. Symb. Myc.), que je n’ai pu voir, bien qu’elle me paraisse en différer par la brièveté du stipe qui est fendillé, et non longitudimale- ment cavernoso-rugosus , et par ses périthèces de petite dimension , et dont l’ostiole seul fait saillie. h81. Xylaria (Xyloglossa) columnifera Montag. mss. : stromate columella suberosa pallida filiformi persistente pereurso, clavula cylindracea compressa rugosa cortiee rigido fragih vestita, intus eava , extus fulvo-velata, tandem glabra cinereo-nigrescente stipiteque longissimo atro-carbonaceis fragihissimis ; peritheciis membranaceis. — Has. Ad ligna emortua cirea Cayenham. — Coll. n.1295 et 1227. Desc. Stipes ater, tereti-compressus , A ad 8 centim. longus, 2 ad millim. crassus, ut clavula, carbonaceus fragillimusque, laccatus, opacus, fustulatim rumpens, columella axiformi pallida e stromate residua, per- manente percursus, ita ut similitudinem cum thallo Usnearum quamdam exhibeat. Clavula distincta, teres, compressa, apice rotunda , tandem rü- gOSA medioque longitrorsum ad modum X. cubensis fissa , intus excavata, stromate in lamellas varias breves dilatato at cavitatem haud implente centro modo percursa, in frustula decidua, extus velo primitus fulvo mox cinereo tandem nigrescente vestita, cæterum lævissima. Perithecia membranacea, cortici seu strato periphærico adhærentia et cum eo decidua, madore flac- cida et nunquam carbonacea, granum Milui æquantia, grisea, nigrescentia, e floccis intricatis composita , idcireo illis X. collabentis exacte similia et CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 103 forsan eum aliis ejusdem indolis tribum inter Xÿlarias parvulam ad insti- tuendam idonea. Ostiola atra, punctiformia. Asci et sporæ denuo inqui- rendi. | Oss. Cette espèce doit être voisine du 4. papyrifera, que je connais séulément par la description qu’en a donnée mon illustre ami Fries dans son Eclogæ Fungorum. Klle me paraît s’en distinguer toutefois : 1° par sa forme, qui n’est point en massue ; 2° par un stroma réduit à un axe fili- forme persistant, autour duquel se brisent facilement et tombent en frag- ments le stipe et la clavule; 3° par des périthèces qui, loin d être enfoncés dans la couche périphérique, en sont au contraire très distincts et peuvent s’en séparer. Ils n’y sont, en effet, adhérents que comme ceux du X. col- labens, que j'ai figuré dans la planche citée, et sont d’ailleurs parfaitement sphériques, jamais déformés par une pression mutuelle. C’est une fort grande et fort belle espèce de ce genre, auquel, comme au reste de la famille, la Guyane a fourni de nombreux représentants. 182. Xylaria(X yloglossa) allantodia Berk., Desc. of Exot. Fungi, pb. 397. — Has. Ad ligna emortua. — Coll. n....…. 183. Xylaria (Xyloglossa) obovata Berk., L c. -— Has. In eodem loco. — Coll. n. 1225, 1230. h84. Xylaria (Xyloglossa) globosa Spreng., sub. Sphœæria. — Montag., L. c., p. 28. — Has. In truncis dejectis cirea Caven- nam. — Coll. n. 227 et 298. AS5. Xylaria (Xylocoryne) ruginosa Montag. mss. : elata, dicho- toma, compressa, seruposa, atro-fusca, opaca, clavulis termina- hbus ellipticis glabris profunde rugoso-rimosis, intus cornes, rigidis ; perithecis magnis periphericis immersis, ostiolis minu- üs (ad lentem), prominulis. — Has. Ad trunecos putridos prope ne Cayennam.—— Coll. n...... Desc. Truncus compressus, fusscus, scruposus vel longitrorsum rugosc- sulcatus, bis terve furcatus, cum clavulis 6-8 centim. longus, ad axillas dilatatus, deorsum 3 —sursum 2 millim. crassus. Clavulæ elliptico-oblongæ, irregulares, süpiti vel trunco concolores, glabræ, centim. longæ, 3 millim. latæ, millim. tantum crassæ, rugis aut rimis profundis sulcatæ et sub lente ostiolis parum prominulis atro -punetalæe, intus corneæ induratæ, ideo valde 40/4 C. MONTAGNE. fragiles. Perithecia pro ratione magna, peripherica, at interrupte contigua, atra, evacuata intus nitentia. Asci et sporæ generis. Oss. Il est possible que ce que je propose ici comme une espèce ne soit qu'une forme du X. adscendens Fries, Ecl. Fung. n° 62, sub Sphæria. Je conserve pourtant quelque doute qu’il en soit ainsi, par la raison que ce savant à placé plus tard son espèce dans la section suivante des Xylo- dactylæ. 186. Xylaria (Xylocoryne) multiplex Kunze in Fries, L. e., n. 61. — Montag., !. c., p. 349. — His. Ad ligna circa Cayennam. — Coll. n. 223, 246, 247 et 1193. h87. Xylaria (Xylocoryne) Berkeleyr Montag. — X. furcata Schwz. miss. in Berk. et Curt., Fung. Surin. ILerb. Schweinz., n. 45. — Sphœæria corniformis Montag. Herb. non Fries. — Has. Ad lignum emortuum. — Coll. n. 1196, 1200 et 1203. Ogs. Je n'ai point publié, mais j'ai distribué à mes amis quelques exemplaires de cette espèce sous le nom de S. cornifornus, celle de Fries ne m’étant pas alors connue. Je regrette de ne pouvoir lui conserver le nom de furcata, donné antérieurement par Fries au Xylarra dichotoma de M. Léveillé, qui faisait double emploi avec mon espèce homonyme de Cuba. 188. Xylaria (Xylocoryne) scruposa Kunze in Fries, El. F'ung., H, p. 55. — Montag., {. c. — Has. Ad truncos dejectos putri- dosque. — Coll. n. 232, 422 et 1397. h89. Xylaria (Xyiocoryne) corniformis Fries, L. c., p. 57, sub Sphœæria. — Has. Ad ligna prostrata cirea Cayennam. — Coll. n:, 1199, 1991. h90. Xylaria (Xylocoryne) anisopleura Montag., L. c., n. 32, p. 348. — Has. In sylvis montis Kau ad ligna putrida.— Coll. n. 25/4, 38, 1194 et 1198, h91. Xylaria (Xylodactyla) hypoæylon Linn., sub Clavaria. —- Bull. Champ., t. 180. — Montag., L. e., p. 349, sub Hypoxæylo cornulo Hoffm. — Has. Ad ligna emortua. — Coll. n. 245, 245. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 105 192. Xylaria (Xylodactyla) ianthino-velutina Montag., Cent. II, n. 34, {. €., p. 848. — Has. In fructibus putridis ymeneæ Courbaril cirea Cayennam. — Coll. n. 574. h93. Xylaria (Xylodactyla) Æpeibæ Montag. mss. : suberosa, fili- formis , dichotoma, divisionibus patenti-erectis , hirsutiuseula , peritheclis Sparsis exsertis mamillals atris, sporis generis. — Has. In fructibus Apeibæ muricatis cirea Cayennam. — Coll. n. 1207. Desc. Stroma suberosum, gracile, filiforme , fertile cum peritheciis exsertis millimetrum crassitudine non adæquans , atrum, intus pallidum , extus hirsutiusculum , bis furcatum , apice capillari. Perithecia globoso- depressa, erumpentia, tandem exserta subsessilia, hine inde sparsa aggre- gatave, Semen papaveris magnitudine æquantia (semimillim. erassa) atra, ostiolo mamillata, intus atro-nitentia. Asci cito dissoluti in massam fibro- sam intricati, per quam sporæ minutæ , Omm,0125 longæ , semiovatæ seu uno latere gibbæ, altero rectæ, fuscidulæ, dispersæ sunt. OBs. Cette espèce diffère évidemment du X. carpophila par son stroma plusieurs fois dichotome et velu, de même que par.ses périthèces saillants, et du X. filiformis par la présence du duvet qui garnit son stipe et ses divisions. h9h. Xylaria (Xylodactyla) collabens Montag., 2° Cent., n. 31, I. e., p. 347, t. 9, f. 6. — Acrosphæria collabens Corda, Anleit., p. 136. — Has. In sylvis Guyanæ centralis, ad ripas amnis Camopt in cortice arborum emortuarum.— Coll. n. 107 et 409. O8s. M. Corda réunit sous ce nom générique deux Pyrénomycètes, qui n’ont entre eux aucune analogie. h95. Xylaria (Xylodactyla) comosa Montag., 2° Cent., n. 30, l. c., p. 845, t.9,1.5.— Has. Ad lignum emortuum in sylvis sinnamariensibus et prope Cavennam. — Coll.n. 418, 1206 et 1216. 196. Xylarra (Xylodaetyla) Microceras Montag., 2 Cent., n. 33, l.c., p. 348,t. 9, €. 4. — Has. In syivis montosis Kaw et sinnamariensibus, ad ligna corrupta. — Coll, n. 242. 106 C. MONTAGNE. L97. Xylaria (Xylodactyla) aristata Montag. mss. : simplex aut fureata, filiformis, carnoso-suberosa; elavula ex ovoideo sphæ- rica, mucronato-aristata, umbrina, lævis ; peritheciis sphæricis latentibus membranaceis, ostiolis prominulis atris; stipite pa- tenti-villoso attenuato, sporis minutis. — H48. In foliis Guttiferæ cujusdam mihi ignotæ cirea Cayennam. — Coll. n. 1209. Desc. Stipes filiformis, L 1/2 ad A centim. altus, basi 1/2 ad 1 millim. crassus, sensim ad apicem usque attenuatus , ater, pilis patentibus hirtus, simplex aut raro semel furcatus. Clavula sup aut sphærico- Mira depressave, 11/2 ad 2 millim. crassa, umbrina , lævis , intus alba, apice longe mucronala vel rarius appendice seu seta apillif 6 millim. longa aristata. Perithecia membranacea, innato- -peripherica, vix colorata, tenuis- sima , À 15 millim, diametro æquantia , ostiolis atris prominulis instructa. Asci AE ue clavati, 6 ad 8 centimillim. longi, 5 millimillim. erassi oclospori. Sport He imæqualiter cymbiformes, nempe hinc cibbæ, illinc rectiusculæ , fuscæ , minutæ , majores vix centimillimetrum longitu- dine metiéntes. Paraphyses intricatissimæ conidia numerosissima glo- bosa, diametro 0®%,0035 æquantia, hyalina interdum moniliformi-seriata foventes. Os. Cette jolie espèce croît à la face supérieure des feuilles , dont elle semble percer l’épiderme. Celui-ci reste pourtant tellement appliqué contre la base du stipe, qu’on s'aperçoit à peine s’il a été déchiré et soulevé. On voit aussi sur ces feuilles des lignes noires flexueuses sous - épidermiques fort semblables à celles de l’Asteroma geographica ( Dothidea Fries) , et analogues conséquemment à celles dont parle l’illustre professeur d’Upsal à l’occasion de son X. gracillima. Je ne connais que deux autres Xylaires qui soient. susceptibles d’être confondues à première vue avec celle que je viens de décrire : ce sont les X. pedunculata Dicks. et X. T'hyrsus Berk. La nôtre se distingue de toutes les deux par son stipe velu, par ses spores trois fois plus petites autrement conformées , et dépourvues dé ce limbe mucilagineux qui donne aux premières une physionomie si remarquable. Elle diffère en outre du premier par ses périthèces membraneux incolores très petits , et par l’absence des ostioles saillants, remplacés par un pore | très apparent, et du second par ses périthèces sphériques dirigés en tout sens et non sursum speclantia, et surtout par ses $pores, qui ne sont ni grosses ni ellipsoïdes, ni enfin enveloppées d’un seul côté par un mucilage, de manière à figurer un testicule avec son épididyme. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 107 Je noterai ici en passant que la fructification de l’Asteroma geogra- phica est celle des Phoma ou des Phyllosticta. La spore encore fixée à son sporophore ressemble parfaitement à une baguette de tambour ; mais on ne voit bien cela qu’à un grossissement de 800 diamètres. h98. Xylaria ( Xylodactyla) axifera Montag. mss. : stipite axi- formi, filiformi, rufo-fuscescente puberulo, elavula prope apicem irregulariter globosa extus intusque atra; peritheciis paucis ma- gnis prominentibus, ostiolis inconspicuis, sporis subquaternis oblongo-cymbiformibus faseis. — Has. In ramis arborum aut fruticum in Cayenna. — Coll. n. 1192. — PI. Desc. Slipes filiformis, basi, ubi crassior, 1/2 millim. diametro me- liens, sensim ad apicem usque tenuescens , sub cortice e mycelio rhizo- morpho inter fibras ligni repente originem ducens, primitus ochraceo-rufus, pilis haud confertis patentibus hirtulus, tandem fuscescens et glaber, apice vero colorem rufum servans, intus solidus, suberosus, pallidus, inter À et 8 centim. longitudine varians. Clavula brevi intervallo sub apice valde irre- gulariter stipitem circumdat et capitulum format aut sphærico-depressum aut inæqualiter didymum utrumque latus occupans, fructum Biscutellæ referens, semper vero cum axi aut stipite concretum nec ab eo corticatum. Perithecia perpauca, 4 ad 5, pro ratione magna, millim. diametro æquantia, intus atra, opaca, stromate concolori tenui fragili immersa. Ostiola incon- spicua. Asci deliquescentes , abortu tetraspori. Sporæ oblongæ, leniter utroque fine attenuatæ, primitus hyalinæ , granulosæque, tandem fuscæ , Omm,025 longæ , quaternatim seriatæ , limbo mucilagineo angustissimo cinctæ, suprema appendice minufa ovala decolori, quæ sporam abortivam referre videtur, superata. Os. À simple vue, je croyais cette Xylaire peu distincte de la précé- dente ; mais, observée de plus près , elle en diffère essentiellement et par ses formes et par son organisation, non moins que par 5es organes de re- production. Entre les fibres ligneuses des rameaux, on voit serpenter ces lignes que Persoon rapportait au genre Rhïzomorpha. Quelquefois, mais bien rarement, le sommet du stipe se bifurque, et porte ainsi deux elavules ; d’autres fois les loges sont inégalement distribuées autour du stipe, deux d’un côté et une seule de l’autre : en sorte que l’on peut très bien voir ce stipe qui les traverse, et auquel elles se fixent comme sur un axe. 199. Xylaria (Xylostyvla) Rhisomorpha Montag., 2 Cent., n. 2, 408 C. MONTAGNE. l..c., p. 341. — Has. Ad terram in sylvis Guyanæ centralis for- san e caudice defosso enata. — Jthizomorpha guyaneïsis Fries, Sum. Veg. Scand., p. 382. —- Coll. n. 254. Os. Il est bien vrai que les périthôces sont tout à fait superficiels dans cette espèce ; mais ils le sont également ou le deviennent dans les X. por- tentosa (FT. Clul., 1. 9, f. 2), X. coccophora, X. Apeibe, etc. Si mon illustre ami d’Upsal eût pu voir cette remarquable Xylaire, dont malheu- reusement 1l n'existe qu’un seul exemplaire dans ma collection, je crois pouvoir assurer que sur ce seul caractère, il se serait bien gardé de l’éloi- gner du genre où il me semble plus naturel de la placer. 900. Xylaria (Xylostyla) grammica Montag. , 2 Cent., n. 23 et lc, p. 341, t, 9, £ 1. — Has. Ad truncos putridos secus ripas amnis Saï, in Guyana central. — Coll. n. 253. 901. Xylaria(Xylostyla) Phyllocharis Montag. mss. : simplex, fili- formis , clavula longe cylindrica carnosa stipite glabro striatulo atro longiori mucronulata; peritheciis membranaceis innato-pe- riphericis, ostiolis atris prominulis ; ascis subtetrasporis, sporis ovoideis minutis brunneis. — Has. ad folia delapsa prope Cayen- nam,— Coll. n. 1208. Desc. Stipes filiformis, 1/2 millim. crassus, striatulus, glaber, post in- tervallum 1 ad 2 centim. a basi in clavulam teretem, æqualem, apice modo mucronulatam , velo sordido residuo striato-pulverulentam , in majoribus individuis 3 centim. longam, 3/4 millim. ad summum crassam , ostiolis atris prominulis punetatam exasperatamque abiens. Clavula haud carbo- nacea, e fibris longitudinalibus septatis fuscis approximatis et coalitis con- stans, ideo scalpello sine ruptura facile transversim secta. Perithecia mem- branacea, vix colorata , illis X. aristalæ simillima, 5 ad G in peripheria , ostiolis exsertis atris ut jam diximus instructa. Asci 4-G-spori, mox disso- luti, inter parapayses conidiis destitutas primitus nidulanies. Sporæ ovoideæ vel oblon;æ, subæquilateræ, brunneæ, liberæ, quaternatim ut plurimum seriatæ, 0"®,0135 longæ. O8s. C’est du X. filiformis, qui croît aussi sur les feuilles, que cette espèce se rapproche davantage ; elle en diffère surtout par ses périthèces non saillants, et qui occupent toute la longueur de la clavule. Ma plante ne ressemble , en aucune manière, si ce n’est par son habitat, à celle d’AI- CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 109 bertini et Schweinitz, dont je ne connais, au reste, que la figure et la des- cription malheureusement bien succincte. Le X. gracillima , que Fries compare à celte dernière, me semble aussi s’en distinguer, si tant est qu’il soit différent lui-même du À. pumila, non-seulement par son habitat sur le bois mort, mais encore par ses périthèces noirs, et par ses clavules de moitié plus grêles et plus courtes. 902. Xylaria ( Xylostyla } coccophora Montag. mss. : dichotoma, suberosa, tereli-compressa, gracilis, stipite atro bis terve dicho- tomo, sub dichotomia complanato, glabro, clavulis tereubus apice mucronatis torulosis velo fulvo a perithecus prominulo-exsertis fisso remotoque primitus vestilis, sporis generis. — Has. Ad ligna putrida cirea Cayenne.— Coll. n. 1398 et forsan n. 1228, quæ junior et Sterilis. Desc. Stipes brevis, basi disciformi affixus, teres , siccitate plicato-ru- gosus, apice flabellatim dilatatus, pluries dichotomus. Clavulæ cylindricæ , centro suberosæ, extremo apice sterili mucronatæ, À ad 2 centim. et quod exstat longæ, sesquimillim. crassæ, granulatæ, primitus velo fulvo vestitæ, tandem fulvo nigroque variegatæ. Perithecia peripherica, carbonacea, atra, sphærica, semimillim. diametro æquantia, intus evacuata atra, a basi cla- vulæ fere ad apicem prominula, et, nisi extremo apice, ubi cortice collicu- loso stromatis vestita sunt, omaino exserta, quasi sessilia, ostiolo mamillata. Asei cito diffluentes, 8-spori. Sporæ inæqualiter cymbiformes , oblique visæ plano-concavæ, fuscæ, centimillim. longæ. Os. Cette espèce ressemble à plusieurs autres déjà mentionnées , soit dans cette flore, soit par d’autres mycologues, mais ne saurait, il me semble, être confondue avec aucune d’elles. Les exemplaires qui portent le n° 1228 sont tellement semblables aux autres par le port, la grandeur et la rami- fication, que, bien que stériles, je ne crois pas me tromper en les y rap- portant. Quelques individus exceptionnels du X. scopiformis Kze., offrent quelquefvis une, rarement deux bifurcations ; mais ils se distinguent sur- le-champ de notre X. coccophora par leurs clavules irrégulières, velues, dépourvues du velum fauve , et par des périthèces toujours immergés , quoique un peu saillants. 008. Xylaria (Xylostyla) gracillima Fries in Linnœa, Ecl F'ung., p. 988. — Montag., {. c., p. 349. — Has. Ad ligna enortua prope Cayennam. — Coll. n. 378, 384 et 358. 410 €. MONTAGNE. 504. Xylaria (Xylostyla) pumila Fries, L. €. — Has. Ad ramos emortuos eirea urbem Cayennam. — Coll. n. 1210, 121 5 1212 et 1213. 505. Xylaria { Xylostyla) scopiformis Kunze in Weigelt Eæsic. — Montag. !. €. — Has. Ad ligna putrida. — Coll. 29h , 228 et 4229. 506. Xylaria (Xylostyla) Myosurus Montag. mss. : simplex, cor- nea, atra, myosuroidea, subsessilis ; peritheciis exiguis immer- sis, ostiolis subprominulis nitidis ; ascis elavatis diffluentibus, sporis 8 oblongis seriatis ob guttulam oleosam globosam specie septatis. — Has. Ad lignum denudatum. — Colt. n. 1412. Desc. Stroma corneum, intus griseum, extus atrum glabrum, teres, a basi interdum incrassata, sæpius vero angustata sensim ad apicem usque steri- lem attenuatum, myosuroideum, quandoque depresso-lanceolatum, ostiolis exiguis prominulis nitidissimis punctatum, vix 2 centim. altum , diametro À ad 2 millim. vix superans, nisi quando complanatum. Perithecia conferta, minutissima, e globoso ovata , 1/4 millim. diametro metientia, brunneo- atra, ostiolata, totam clavulam, extremo apice excepto, occupantia. Sporæ octonæ, seriatæ, cito liberatæ , fuscæ, oblongæ, specie transversim bisep- tatæ, centimillim. longæ, inter paraphyses ramosas intricatas nidulantes. Os. Cette espèce est très petite dans toutes ses parties ; elle ressemble à une de ces petites limes d’acier nommées queues de Rat, ou à un petit Ver lombric. Plusieurs individus sont souvent réunis par la base. CAMILLEA Fries. = Stroma verticale, terminiforme, carbonaceum, stipitem men- tiens, basi sæpius annulo matricali belciiformi einetum. Perithecia heterogenea, linearia, membranacea, stromate immersa, in orbem disposita et ad apicem truncatum exeavatum marginatum spectantia. Asei cylindrici, gelatinosi, deliquescentes, 8-sport, paraphysibus Capillaribus immixti. Sporæ uniseriales, oblongæ aut eymbiformes, continuæ, primitus hyalinæ, demum fuscæ, tandem liberæ, appen- diculo ut plurimum uromorpho fine altero in ætate juniori auctæ, — Bacillaria Montag., 2° Cent. | Ogs. Dès TR L AVaIs considéré comme e iype d un genre naturel LAS CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. (HE poxylon Leprieuru, et j'en avais aussi rapproché les #1. Bacillum et H. Cyclops. Toutefois je m'étais contenté d'en former pour le moment une petite tribu, que j'avais désignée sous le nom de Bagcillaria. Je n'igno- rais pas que ce nom, déjà consacré à une Diatomée , ne pouvait être con- servé comme nom générique; aussi ai-je adopté celui par lequel mon excellent ami M. ie professeur Fries a bien voulu le remplacer. De nouveaux exemplaires, rapportés en 1849 par M. Leprieur, m'ont fait voir une circonstance du développement que je n’avais pas observée lors de ma première publication. Le stroma du Camillea Leprieuri naît sous l’écorce des arbres , dont il entraine avec lui, à sa sortie , une ron- delle très nettement découpée qui reste engagée dans la cupule du sommet, et ne tombe que dans l’âge adulte. Il paraît que cette chute coïncide avec l'époque de l'évacuation des périthèces. Je n’ai pu du moins bien observer les thèques, qui sont facilement résorbées, que dans les individus encore munis de leur bouchon d’écorce. C’est ainsi que chez de jeunes individus du €. Cyclops, il m'a été donné d'observer récemment une fructification tout à fait analogue , qui était restée douteuse pour moi dans un premier examen, il y a quatorze ans. Mais ce qui mérite surtout la plus sérieuse attention, ce sont ces faux périthèces hémisphériques ostiolés que j'ai trouvés simulant des parasites au sommet et proprement autour de la marge du stroma dans le €. mu- cronata. Au lieu de thèques, ils ne renferment , en effet, qu’une masse gélatiniforme dans laquelle se voient d'innombrables corpuscules sporo- morphes , transparents, doués du mouvement brownien , et qui semblent devoir être rapportés aux spermaties de M. Tulasne. Avant cet observa- teur, on aurait regardé ces périthèces comme autant d'individus du genre Aposphæria Berkeley; car ils ressemblent à s’y méprendre au Sphæria acuta Hoffm., tant par le contenant que par le contenu. Je rapporte le fait , que je crois curieux , sans oser encore me prononcer sur son inter- prétation. | Quant au démembrement futur du genre Sphæria, il est bien évident qu'on sera incessamment forcé d’en venir là. Comment, en effet, conserver entier un genre qui , renfermant plus de 2,000 espèces , la plupart légi- times, est à lui seul plus nombreux que le reste de la famille? On est déjà arrivé à quelques coupes assez heureuses, mais elles ne suffisent pas en- core. Mais ce n’est pas chose facile que d’assigner les caractères sur les- quels des ront reposer les nouvelles divisions. En tout cas, il faudra bien se garder, à mon avis, de prendre le nucléus pour base unique du démem- brement, comme on s’est trop hâté, dans ces derniers temps , de le faire 112 €. MONTAGNE. pour les Lichens. Dans les Hypoxylées, en effet, c’est dans le stroma, sa nature, ses formes, etc. et dans le réceptacle , comme chez les Lichens, dans le thalle et les apothécies, qu’on devra chercher les caractères de première valeur. Les premiers en offrent encore un autre, qui se fait désirer dans les seconds. Bien que par les Verrucariées, les Trypéthéliées et les Graphidées , les Lichens présentent tant de points de ressemblance avec les Pyrénomycètes, que l’absence seule du thalle établisse souvent entre eux la distinction des genres , on y cherche pourtant vanement cet autre caractère si important pour la taxonomie, qui consiste à offrir deux sortes de spores, les unes nues, les autres renfermées dans des utricules nom- mées thèques. Les lichénographes auxquels je faisais allusion tout à l'heure n’ont pas assez réfléchi qu’en prenant les seuls organes de la reproduction pour base exclusive de leurs coupes génériques, ils s’éloignaient de la méthode naturelle, et remontaient tout simplement vers le système qui fait reposer la classification sur les modifications d’un seul et même organe. 507. Camillea Leprieuru Montag., 2° Cent., n. 40, l.e., p. 352, t X,f. 3, sub Iypoæylo. — Fries, Summ. Veqg. Scandin., p. 982. — Has. Ad cortices ramorum dejectorum in sylvis Guyanæ. — Coll. n. 2h3. 908. Camillea mucronata Montag. mss. : stromate cylindraceo- conico, obtuse truncato carbonaceo atro polito longitrorsum striatulo basi nudo, apiceexcavato crasse marginato, centro disei valide mamillato-mueronato ; peritheciis mordinatis confertis elongatis circa basin mucronis diseum ostiolo petentibus ; sporis oblongis. — Has. Ad ligna nigrefacta in Guyana central et gallica. — Coll. n. 1165. PI. Ld Desc. Stroma cylindraceum , sursum parum attenuatum , carbonaceum, atrum, politum, at longitrorsum striaturis vix manifestis sub lente exaratum, terminos quibus arva delimitantur exacte referens, 6 millim. altum, 3 et quod excedit millim. basi nuda, nec ut priori ocreala crassum, apice exca- vato valide marginatum et e centro disci proferens mucronem conicum acu- minatum crassum, sesquimillim. altum, interdum poro pertusum. In mar- gine autem disci adsunt perithecia aliàa hemisphærica, ostiolata, illis Sphæriæ acutæ Hoffm. ( Aposphæria Berk.) simillima, sporis simplicibus minimis imnumeris referta. Utrum hæc, ex theoria cl. Tulasnei , alteram formam, spermatia scilicet, fructificationis ejusdem stirpis, in quam parasitantur D CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 115 præbeant, an speciem sphæriæ legitimam et distinctam constituant, mihi adhuc in dubio est. Perithecia hujus Camilleæ vero membranacea , inor- dinate stromati immersa, fusiformia, longissima, 4 millim. longa, utroque fine obtusa, sursum poro dehiscentia. Os. Cette curieuse Sphériacée est, pour ainsi dire, intermédiaire entre le C. Leprieurü, dont elle atteint presque la hauteur, et le C. Cyclops, qu’elle rappelle par la forme de ses organes de reproduction. Elle diffère de l’une et de l’autre par une sorte de mamelon terminé en pointe qui occupe presque tout le disque, et lui donne un aspect singulier. Je n’ai pas vu de transition entre ces trois formes. — PI. 909. Camillea Bacillum Montag., 1" Cent., n. 32, in Ann. sc. nat., 2 sér., t. VII, p. 358, sub T'hamnomyce, ct Cuba, Cryptog., éd. fr., p. 843, sub Hypoxylo, cum descriptione. — Has. Ad higna emortua in Antillis. Mougeot : Ramon de la Sagra ; in Guyana : Leprieur. — Coll. n. 1180 1 — PI. 910. Camallea Cyclops Montag., 2°Cent.,n. A1, in Ann. sc. nat., 2° sér., Bot., t. XIIX, p. 353, t. 10,f. 4, sub Hypoxylo. — Has. Ad ligna emortua in declivis monts Tigre insulæ Cayennæ. — Coll. n. 221, 1166 et 1167. — PI. 911. Camillea Labellum Montag. mss. : erumpens, velo crasso verrucoso primitus involuta, den libera, stromate terett brevi crasso apice determinate cupulato, margine granulato ; perithe- = cus immersis ereclis oblongis im collum attenuatis et ostiolo inslruetis prominulo paptilæformi ; sporis fustformibus inæquila- teris fuseis. — Har. In truncis emortuis prope Cavennam. — Coll. n. 1178.— PI. Desc. Hæcce species valde notabilis, more congenerum inter lignum et corticem evolvitur, qua rupta sub formam Lycoperdonis cujusdam echinati in conspectum prodit. Velum primitus stroma involvens et cum eo erum- pens, mox medio circumscinditur et ejus pars superior decidit, inferior vero speciem cupulæ quercinæ æmulans permanet. In hoc statu , fungus iste glandem quercus juniorem adhue in cupula squarrosa inclusam assi- milat. Stroma tandem adultum carbonaceum, atrum, cylindricum, centime- trum altitudine crassitudineque metiens, supra cupulari-excavatum, tenuiter 4e série. Bor. T. HIT. (Cahier n° 2.) # 8 All C. MONTAGNE. marginatum, margine ad millimetrum alto, minutissimeque sub lente granu- lato, demum velo residuo cupulariformi suffultum. Discus subplanus, aut leniter convexus, ostiolis peritheciorum prominulis punetato-scaber. Peri- thecia oblongo-fusiformia, erecta conferta, bimillimetro longiora, intus eva- cuata atra , superne in collum attenuata. Asci haud inventi. Sporæ fuscæ , subfusiformes , 0%®%,03 longæ, inæquilateræ , nempe hinc rectæ, 1llinc convexæ. 512. Poronia OEdipus Montag., 2° Cent., n. 35, Ann. sc. nat., 2° sér., XIII, p. 349, et Cuba, Crypt., p. 346, t. 15, f. 2. — Sphæria punctata var. OEdipoda Montag., Notice sur les plantes cryptogames de France, in eodem Diario, VI, p. 35.— S. 1n- crassata Jungh. — Has. In fimo equino cirea Cayennam (Le- prieur) et in insula Cuba (Ramon de la Sagra). 513. Poronia Heliscus Montag., 2° Cent., n. kh, !. c., p. 355, sub Hypoxylo, t.10, f. 5. — Has. Ad truncos emortuos in syl- vis paludosis radices monts Tigre circumluentibus. — Coll. n. 292. | 514. Hypocrea phyllogena Montag., 2° Cent,,n. 29, [. c., p.340, t. 6, f. 4. — Has. In foliis adhuc vivis Coutareæ speciosæ aû oras sylvarum eirea Cayennam. — Coll. n. 588 et 1121. 915. Hypocrea rufa (Pers.) Montag., Canar. Crypt. p. 88. — Has. Ad corticem ramorum circa Cayennam. — Coll. n. 881 et 882. 916. Hypocrea fusca Montag. mss. : erumpens, carnosa, orbieu- laris, plana, extus intusque fusca ; peritheciis ovoideis in ostio- lum prommulum attenuatis; sporis binucleolatis. — Has. In petiolis fohorum Maxæimilianæ regiæ prope Cayennam, Pem- phidio confinis. — Coll. n. 1354. Desc. Stroma erumpens, carnosum, exacte rotundum , planiusculum , supra primitus furfuraceo-rimulosum, dein ob ostiola exstantia colliculosum, extus intusque fuscum, diametro 2-5 millim. adæquans, semillimetrum cras- sum, vestigio epidermidis nullo residuo cinctum. Perithecia sat numerosa , parietibus cellulosis, ovata, erecta, octavam millimetri partem longitudine CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 115 metientia, albo-farcta, ostiolata, ostiolis prominulis. Asci clavati, hyalini, octospori, Ouw,085 longi, 0ww,0075 medio crassi. Sporæ oblongæ, hya- linæ, 0®®,005 longæ, diametro triplo minori utèntes, ad speciem bilocu- lares vel nucleolos binos intervallo separatos foventes. Ogs. Cette espèce , qui, de prime-abord, a quelque ressemblance avec la précédente , en diffère essentiellement par la fructification. Son port la rapproche aussi des Diatrype disciformis Hoffm. et bullata Ehrh.; mais la structure et les spores sont fort différentes. 517. Hypocrea impressa Montag. mss. : carnosa, convexa, sparsa, pallida, supra impresso-fossulata vel colliculosa, ambitu crenu- lata ; perithectis oblongis ostiolo punetiformi colorato vix promi- nulo instructis ; sporis oblongo-cymbiformibus binueleolatis , hyalinis. — Has. Ad cortices ramorum. — Coll. n.883. Desc. Stroma carnosum, e cortice ramorum erumpens, sparsum, con- vexo-hemisphæricum vel irregulare , millimetrum et quod excedit diametro meliens, supra colliculosum aut perithecus apice collabentibus impressum, fossulatum, ambitu repando-crenulatum, carneo-pallidum, intus concolor. Perithecia quam in priori pauciora , oblonga , quintam millimetri partem longa , membranacea nec in ostiolum attenuata, sed ostiolo papillæformi minutissimo fuscidulo, in fossulis, quando præsentes, vix prominulo , vel ad apicem monticulorum prosiliente , insiructa, Asci pro ratione magni, late clavati, basi attenuata substipitati, 8 centimillim. longi, 0"",02 ad 0®®,025 medio erassi hyalint, sporas octonas biseriales aut etiam nullo ordine foventes. Sporæ cymbiformi-oblongæ, 2 centimillim. longæ, centi- millim. medio crassæ, ad speciem transversim umiseptatæ, nucleolos binos scilicet conicos oppositos includentes. Os. Cette espèce est fort voisine en apparence de l’Hypocrea gelati- nosa Tode; mais, indépendamment de quelques caractères de végétation un peu différents, elle s’en distingue très bien par sa fruclification , qui ressemble à celle de la précédente. 918. Hypoxylon (Pulvinata) Phænix Kunze in Fries, Ecl. Fung., n. 69, p. 541. — Has. In cæspitibus Graminum semicombustis cirea Cayennam, — Coll. n. 1475, Os. Les exemplaires de Cayenne sont identiques avec ceux que j'ai reçus dans le temps de Kunze lui-même. 116 C. MONTAGNE. 519. Æypoxylon (Pulvinata) Scleroderma Montag., 2° Cent. in Ann, se. nat., 2 sér., XIE, p. 353, n. 37, t. 40, f. À. — Has. Ad ligna prope Cayennam. — Coll. n. 131. 520. Hypoæylon (Pulvinata) irradians Montag., 2° Cent., n. 38, LL e.,t. 10, €. 2. — Has. In sylvis montosis ad utramque ripam armnis Conana. — Coll. n. 231. 521. /lypoxylon (Pulvinata) cænopus Fries, Ecl. Fung., n. 71, sub Sphæria. — Montag., L. c., p. 856. — Has. Ad corticem ramorum emortuorum prope Cayennam. — Coll. n. 387, 400, h25, 130 et 1164. 5922. Hypoæylon (Pulvinata) comaropsis Montag., l. c., p. 350, 2° Cent., n. 86. — Has. Ad ligna putrida in sylvis sinnama- riensibus. — Coll. n. 368. 523. Hypoæylon (Pulvinata) porosum Montag. mss. : stromate pulvinato carbonaceo crasso hemisphærico extus intusque atro ; perithecis elongatis erectis phialiformibus, ostiolis erumpenti- bus tandem late porosis ; aseis clavatis, Sporis ovoideis minimis. — Has. Ad cortices ? — Coll. n. 1177. Desc. Hæc species pulvinulos efformat minutos hemisphæricos diametro centimetrum haud superantes, basi matrici deficienti et mihi prorsus ignotæ adnatos. Stroma carbonaceum, atrum, basi inflexum aut, sed rarius, expan- sum, perithecia fovens elongata, lageniformia, erecta, 1 1/2 ad 2 millim. longa, tenuia, intus fusca, Ostiola primitus papillata, nitidula, demum ore lato aperta, ad speciem perforata. Asci breviter elavati aut obovati, cito de- liquescentes, 0”",03 longi, octospori. Sporæ (desciscentes, ovoideæ, fusci- dulæ, minutissimæ, 0°”,0035 ad 0®",005 longæ. Ogs. Les ostioles d’abord légèrement saillants, puis semblables à des pores assez largement ouverts et sans rebord, mais surtout l’exiguité et la forme ovoide des spores, feront aisément distinguer cet Hypoxylon des espèces voisines. 52h. Hypoxylon (Pulvinata) rubricosum Fries, El. Fung., M, p.63. - Montag., l.ce.,p. 890, et FE. Chil., 1, p. 442, t. 10, f. 2. — Has. Ad cortices arborum eirca Cayvennam., — Coll. n. 257. CRYPPOGAMIA GUYANENSIS. 147 92%. Hypoxulon (Pulvinata) macrospermaum Montag., 2° Cent., DE. < n. 89, {. c., p. 901. — Has. Ad ligna putrida. — Coll. n. 255. 026. Hypoæylon (Pulvinata) annulatum Schwz. in Fries, El. Fung., U, p. 64, sub Sphæria. — Montag., L. e., p. 392, et Fl. Chil., X, p. 445, t. 10, F3. — Var. depressum Fries, l. ce. — Has. Ad cortices. — Coli. n. 230, 369 ct 397. 927. Hypoxæglon (Pulvinata) conostomum Montag., 2° Cent., n. 94, Ann., 2° sér., XIV, p. 821, sub Sphæria. — Has. Ad corticem arborum eirea Cayennam et juxta amnem Conano Guyanæ centralis. — Coll. n. 363, 928. Hypoxylon (Pulvinata, endoxanthum Montag. mss. : erum- pens, subglobosum, fragile, subsimplex aut confluentia compo- situm, fusco-atrum, opacum, velo argillaceo inspersum, intus pallidum ; peritheens globosis endoxanthis, ostiolis erassis pro- minulis obtusis, sporis hujus generis. — Has. E rimis corticis ramorum longitrorsum erumpenus et sæpius seriale, — Coll. De tr 1. DEsc. Stroma globulare, seriatim erumpens , subsimplex compositum- que, magnitudine inter 3/4 et 2 millim. diametro varians , extus atrum opacum, velo argillaceo residuo frustulatim inspersum, perithecia cortice tenui carbonaceo fragili induens. Perithecia pauca, globosa, in stromate pallido nidulantia, tenuiter membranacea , intus helvola nitentia. Ostiola prominula, obtusa. Asei cito deliquescentes 8-spori. Sporæ oblongo-cym- biformes, uniseriales, Omm,02 longæ, Oum 0065 crassæ , fuscæ, nucleum obscuriorem foventes. OBs. Cette espèce ressemble à plusieurs autres, mais principalement à l'A. quisquiliarum. Elle en diffère essentiellement toutefois par la cou- leur du vélum , par celle de l’intérieur des loges , par la forme et la dis- position des ostioles, etc. 529. Hypoæylon (Pulvinata) Quisquiliarum Montag., 2° Cent., n. 92, Ann., 2: sér., XIV, p. 321, sub Sphæria. — Has. Ad corticem ramuloram apud Cayennam et in Guyana central. — Coll. n. 366 et 1173. Os. Je n’avais encore vu la plante que dans l’àge adulte. La collection 118 C. MONTAGNE. nouvelle nous la montre jeune, sortant de dessous l’écorce, et recouverte des débris du vélum qui la fait paraître tachetée de jaune. Or la couleur du stroma est noire. Elle ressemble, comme je l'ai déjà annoncé ailleurs, à l'A. comaropsis dont les spores sont de moitié plus petites, et à l'A. en° doæanthum, qui a ses loges d’un jaune paille en dedans et non pas noires , et dont la forme des ostioles, des thèques et des spores est d’ail- leurs si différente. Elle croit sur les mêmes écorces que le Nectria dis- cophora. ‘530. Hypoæylon (Concentrica) concentricum Bolton, Hist. of ‘ Fung.;t. 180. Montag., Ann., 2° sér., XIE, p. 350. — Has. Adligna. — Coll. n. 2h9. D91. Hypoxylon (Concentrica) Asphalatum Link in Fries, Ecl. Fung., n. 67, p. 540. — Montag., !. c., p. 352. — Has. Ad fruncos emortuos cirea Cayennam. — Coll. n. 436 et 1183. 532. IHypoxylon (Concentrica) exsurgens Montag. mss. : erum- pens, oblongum, pulvinatum, convexum, marginulatum, atrum, opacum ; peritheciis in stromate fuligineo-atro zonato, peripheri- cis ovoideis ostiolatis, ostiolis prominulis confertis minimis. — Has. Ad cortices. — Coll. n. 1184. DEsc. Stroma primitus subcorticale, cortice rupto mox erumpens , pul- vinatum , oblongum confluenti-irregulare , À ad 4 centim. (in nostris) longum, 3/h ad 2 centim. latum, 1 centim. altum, convexum , margine extus abrupto cinctum, atrum, opacum, e stralis pluribus fuliginoso-atris albo-punctatis constans et, ut videtur, in ætate junior: erusta tenui atra caduca obductum. Perithecia peripherica, conferta, erecta, ovoidea, mono- sticha , in collum superne attenuata, cum ostiolo prominulo minuto sub lente nitidulo fere millim. longa, evacuata ; hinc asci et sporæ haud inventi, Os. Cette espèce a la forme de quelques variétés de l'A. nummula- rium ; mais son rebord, la haute saillie que fait le stroma, dont la struc- ture est si différente, et qui d’ailleurs ne se détache pas de la matrice, l’en distinguent suffisamment. Elle se rapproche un peu de l'A. Asphalatum, mais deux caractères importants l’en éloignent : ce sont l'absence de la croûte vernissée et le mode de croissance du stroma, dont la forme est aussi fort dissemblable. Elle ne diffère pas moins de PA. glycyrhizum CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 419 Berk. par la forme de ses ostioles, qui ne s'élèvent pas au-dessus du stroma sous forme de verrues ombiliquées. 999. Hypoæylon (Glebosa) ustulatum Bull., Champ., p. 176, t. 487, f. 1. — Montag., L. c., p. 355. — Has. Ad truncos ve- tustos, crea Cayennam. — Coll. n. 225, 235 et 1182. 954. Hypoxylon (Glebosa) arecarium Bory mss. in Herb. ejus et Wailld. — Fries, cl. Fung., n.73, p. 54h, sub Sphœæria. — Montag., !. ce. — Has. Ad lignum Palmarum et aliarum circa Cayennam. — Coll. n. 432. 099, AHypoæylon (Glebosa) lucidulum Montag., 2° Cent., n. 43, L €., p. 354.—Ad ligna in sylvis collinis prope amnem Conana Guyanæ centralis. — Coll. n. 130. 996. Hypoxylon (Glebosa) incrustans Pers., Obs., I, p. 70, et Syn.F'ung., p. 62, sub Sphæria. — Has. Ad ligna denudata. — Coll. n. 1137 et 1138. Os. Cette espèce diffère de l’H. serpens par un ostiole mamelonné, c’est-à-dire dont le mamelon est entouré d’un rebord formé par le sommet du périthèce. Les spores, semblables, sont plus petites, et ne présentent point un endospore bi-trinucléolé. 537. Hypoxylon (Glebosa) Scriblita Montag. mss. : orbiculatum, placentæforme , ambitu attenuatum, atro-fuseum ; perithectis magnis ad marginem sphæricis, cæteris cubicis, ostiolo annu:ari in depressionibus stromatis carbonaceï subconfluentibus promi- nulo, sporis subfusifornubus. — Has. In cortice ramorum. —- Coll. n. 1162. Desc. Stroma carbonaceum , erumpens , orhiculare , 5 ad 45 millim. diametro metiens, millim. crassum, extus mtusque atro-fuscum, supra de- pressionibus subrotundis confluentibus semimillim. latis excavatum, ambitu attenuatum sterile. Perithecia pro ratione maxima, semimillim. longa et lata, prope marginem sphærica, cætera subcubica, angulis obtusatis, mono- sticha. Ostiola annulos minutissimos referentia, centro cujusque depres- sionis prominula. Sporæ cymbi- fusiformes, fuscæ, 0,03 longæ. Ogs. Get Hypoxylon a quelque ressemblance avec l’ÆH. fossulatum décrit 120 €. MONTAGNE. plus bas, surtout par les fossettes où viennent aboutir les ostioles. Je l’en crois pourtant suffisamment distinct par son stroma pulviné et non étalé, par la forme de ses périthèces deux fois plus grands, et surtout par ses ostioles, qui forment une sorte d’anneau ou de virole au centre des dépres- sions. Celles-ci sont souvent conîfluentes, et n'ont pas la même régularité que les fossettes de l'A. fossulatum. 538. Hypoxylon (Glebosa) monticulosum Montag. mss. : pulvina- tum , carbonaceum , pulvinis convexis orbicularibus confluenti- bus, colliculosis, extus intusque atris; perithecuis periphericis monostichis obovoideis sursum prominulis, ostiolo mamillari, sporis eymbiformibus. — Has. Ad ligna circa Cayennam. — Coll. n. 1176. Desc. Pulvinulos eflicit hæcce species convexos orbiculares, atros, opa- cos, intus concolores , initio vix millimetra bina diametro metientés tunc hemisphæricos, sensim vero ampliores centimetrum tandem æquantes de- pressioresque aut magis expansos, superficie sive pulvinorum confluentia, sive peritheciorum exstantia colliculosos. Perithecia peripherica , obovato- oblonga, 4/4 ad 1/2 millim. longa, sursum prominulo-convexa, quodque centro papillulam tandem deciduam sive ostiolum interdum et suleulo cir-- cumdatum proferens. Asci deliquescentes. Sporæ cymbiformes , fuscæ , quandoque, ut solent in hoc genere, inæquilateræ hinc gibbosulæ aut con- vexæ, Owu,0135 longæ , utroque fine acutæ , conidiis innumeris globosis minutissimis hyalinis immixtæ. Ogs. Cette espèce a des rapports avec les A. annulalum, H. teres et H. bipapillatum. Elle diffère du premier et surtout de la variété depres- sum, parce que le sommet également saillant des périthèces n’est ni tronqué ni marginé; et du second par la forme étalée, non cylindrique, du stroma, et par sa couleur noire ; et enfin du dernier par ses pulvinules plus sail- lants , par ses périthèces oblongs ou obovoïdes ( non sphériques ), et par l’intérieur du stroma, qui est noir et non pas blanc. Au surplus je ne con- nais l'A. bipapillatum que par la description bien abrégée qu’en a donnée le rév. M. TJ. Berkeley. Ses pustules se comportent à peu près comme celles de l’'H, confluens, mais sont plus confluentes et plus étalées ; enfin sa su- perficie montueuse par la saillie des périthèces ostiolés , lui donne aussi, à ne considérer que les diagnoses, quelque analogie avec l'H. mulhiforme, dont on la distinguera très facilement par l'inspection des sporidies qui sont CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 121 biloculaires dans celle-ci, et simples et continues dans Pespèce guyanaise que je propose ici. 539. Hypoxylon (Effusa) hypomiltum Montag., 2° Cent., n. 45, L e., p. 356.— Has. Ad lignum putridum in sylvis eirca Cayen- nam. — Coll. n. 571. 540. Hypoxylon (Effusa) vinosum Montag., 2 Cent., n. 46, L. c. — Has. Ad cortices dejectos. — Coll. n. A12. 5h1. Hypoæylon (Anthracina) melanaspis Montag., 2 Cent., n. 8,1. c., p. 397,t. 10,1. 7, sub Sphæria. — Ad cortices ramorum emortuorumin sylvis Guyanæ centralis et cirea Caven- nam. — Coll. nu. 238, 1185 et 1189. 542. Hypoxylon (Anthracina) heterostomum Montag., 2 Cent., n. 49, L. c., p. 398, t. 10, f. 8, sub Sphæria. —- Has. Ad cor- tices truncorum dejectorum in sylvis montis Tigre insuiæ Cayennæ. — Coll. n. 229, 395, 1189, 1190 et 1217. Ogs. La collection offre deux variétés nouvelles de cette curieuse espèce, que je désignerai par les letires grecques y et 3. Dans l’une, ; {n. 1189), le stroma dépasse peu le niveau de l'écorce et les ostioles , au lieu de se montrer sous leur forme ordinaire dans l’angle rentrant d’un chevron ou d’une sorte d’accent circonflexe, sont placés dans des dépressions linéaires qui, de la circonférence où elles sont obtuses, convergent en devenant aigués vers le centre. Ces dépressions laissent voir dans le fond du sillon qu’elles forment un autre sillon bilabié qui ressemble aux lèvres d’une opé- graphe. Quelquefois ces rayons, avant d'arriver au centre, viennent se confondre avec d’autres, et simulent une ramification. Dans l’autre va- riété 4 (n. 1217) le stroma forme des coussinets saillants, rugueux ou lisses , hémisphériques déprimés et planes ou même un peu excavés au sommet, où l’on remarque des sillons courts, elliptiques , rayonnant du centre à la périphérie. Dans cette variété les périthèces , dressés aussi, sont un peu plus longs. Sur un des boutons qui constituent le stroma, on aperçoit l’'Hypoxylon annulatum parasite dans les trois quarts environ du pourtour. On voit que cette Sphériacée varie considérablement , et que si l’on ne tenait compte des passages d’une forme à l’autre, on serait conduit à faire un groupe nouveau composé de quatre espèces. 129 C. MONTAGNE. 943. Hypoxylon (Anthracna) macromphalum Montag. mss. : erumpens , orbiculare, convexo-planum, lenticulare, atram , nitidum, centro determinate discoideo-umbilicatum ; perithecüs ovoideis erectis monostichis, centralibus ostiolatis, ostiolis 5-6 centro dise prominulis, sporis oblongis fuscis opacis. — Has. In cortice ramorum. — Coll. n. 1168. — PI, Desc. Stroma lenticulare , politum, eximie rotundatum et globulum (un bouton) atrum corneum referens, 6 ad 8 millim. diametro æquans, millim. medio crassum, carbonaceum, centro excavato umbilicatum, disco millimetro vix latiore. Perithecia ovato-oblonga, erecta, contigua, centralia manifeste ostiolata, ostiolis conico-prominulis in orbem dispositis. Asci diffluentes. Sporæ generis. Ogs. Cette espèce est fort régulière , fort jolie et bien distincte de ses congénères par la petite excavation centrale, où viennent aboutir les ostioles des périthèces privilégiés; je les nomme ainsi n’ayant pu observer de pore pour l’évacuation des autres. Il est probable que la dissémination des spores de ceux-ci n’a lieu qu'après la dissolution du stroma. Cette remarquable Sphériacée établit une transition au Camillea par le C. Cyclops. 5kh. Hypoxylon (Anthracina) eycliscum Montag. mss. : orbicu- lare, applanatum, læve, aterrimum, stromate carbonaceo ; peri- theciis ovatis, ostiolis minutissimis in depressiones punctiformes immersis. —- Has. In cortice ramorum insulæ Cayennæ. — Coll. n. 1156. Desc. Stroma orbiculare, regulare, eumorphum, primo velo cinereo vestitum , mox nudum , carbonaceum, atrum, applanatum, vix semimilli- metrum crassum, d-8 millim. latum, more digitalis tenuissime punctatum et Polyporum quemdam nigrum referens, tandem secedens, foveolam in cortice relinquens. Perithecia ovoidea, minuta, fusca, stromate immersa , ostiolis tenuissimis in fundo eavitatis disei spectantibus nec nisi oculo armato conspicuis instructa. Sporæ generis. Ogs. Cette Hypoxylée est certainement voisine par son port du Dia- trype Stigma ; mais son stroma carbonacé si régulièrement orbiculaire, et toujours le même dans de nombreux individus, suffirait seul pour l'en faire distinguer à simple vue, quand même la fructification , qui est celle des Hypoxylons, ne confirmerait pas cette distinction. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 193 545. Hypoxylon (Anthracina) fossulatum Montag. mss. : erum- pens, late effusum, stromate carbonaceo applanato subundulato atro-fusco foveolato ; perithectis oblongo-ovoideis concoloribus ostiolatis , ostiolo in quaque fovea primo albo-pruinosa tandem nuda puncüformi-prominulo centrali. — Has. Ad corticem ar- borum circa Cayennam. — Coll. n.692 et 1188. Desc. Stroma erumpens, tandem irregulariter lateque efusum, ambitu sæpe sterili undulatum, cortice eroso sertatum, forma varium, ad decime- trum extensum, millimetro crassius, foveolis regulariter orbicularibus , primitus albo-velatis , tandem nudis punctatum , junius hinc cinereum , adultum atro-fuscum. Foveolæ diametro 1/3 ad 1/4 millim. æquantes, pa- rum profundæ et centro per ostiolum punctiforme prominulum papillatæ. Perithecia oblonga aut ovoidea, erecta, 3/4 ad millim. fere longa in ostiolum superne attenuata. Sporæ haud inventæ. Os. On pourrait s’imaginer que ce caractère (ostiolis demum cingulo albo cinctis), assigné par Fries à l'A. arecarium, désigne l'espèce que je viens de décrire, et que j'aurais dû l’y rapporter. IL n’en est point ainsi, Acquéreur de la collection mycologique de Bory, jy ai retrouvé de heaux exemplaires de l’Hypoxylon qu'il avait adressé à Willdenow sous ce nom, et je puis certifier qu’elle est bien différente de la nôtre. Je ne saurais mieux faire connaître le principal caractère sur lequel je la fonde, c'est- à-dire ces fossettes régulièrement arrondies, au centre desquelles proémine un ostiole, qu’en comparant celles-ci à ce que j'ai décrit et figuré pour mon Xylaria cayennensis (voy. Ann. sc. nat., 2° sér., t. XIIT, pl. 9, fig. 2 en h et), mais seulement pour la disposition de l’ostiole à la sur-, face du stroma, car la forme du périthèce n’est pas la même. Vues de face, ces fosseltes donnent une idée du genre Porothelium de Fries. 546. Hypoxylon (Anthracina) anthracodes Fries, Ecl. Fung., n. 73, sub Sphæria. — Montag., Ann., 2° sér.. XII, p. 359. — Has. Ad ramos dejectos cirea Cayennam. — Coll. n. 222, 979 et 1187. 546 bis. Hypoxylon microsticum Montag., 2 Cent., n. 90, in Ann., L. ©, p. 439. — Has. Ad cortices dejectos in: sylvis sinnamariensibus, — Coll. n. 293. 947. Diatrype radicalis (Schwz.) Fries, Ecl. Fung., W, p.75, sub 12/ CU. MONTAGNE. Sphæria. -— Montag., Le. —- Han. Ad cortices arborum. —: Coil. n. 392. 048. Diatrype stellulata Fries, Syst. myc., H, p. 380, sub Sphæ- ria. — Has. Ad corticem ramorum cirea Cayennam. — Coll. n,4172 949. Diatrype micromeria Montag. mss. : immersa , oblonga , prorumpens, longitrorsum confluens, extus intusque atra ; peri- thecis minutis globosis, ostiolis teretibus gracilibus; aseis-spo- risque exilissimis. — Has. In cortice arborum cirea Cayennam. — Coll. n. 1174. Desc, In cortice interiori nascitur et ad lignum descendit. Stroma nigrum, ceraceum. Perithecia globosa, minuta , vix tertiam millimetri partem diametro metientia , intus grisea , in plagas orbiculari-oblongas , confluentia elongatas dense congesta. Ostiola aggregata, teretia , obtusa, sublævia, opaca, flexuosa, exilissima, 7 centimillim. crassa , longitudine millimetrum fere æquantia. Asci subfusiformes, omnium minimi, 0%®,015 longi, 8-spori. Sporæ 0®®,0035 longæ, diametro triplo minores, subreni- formes nempe leviter curvatæ. OBs. Comparée à beaucoup de ses congénères, cette espèce est particu- lièrement remarquable par la petitesse excessive de toutes ses parties , d’où le nom spécifique que je lui ai imposé. Ses glomérules, nés sous l'écorce intérieure et qui la soulèvent, sont d’abord arrondis , et mesurent environ 8 millimètres en diamètre. Plus tard ils se réunissent en séries longitudinales plus ou moins allongées. L’écorce guyanaise que sillonne celte Sphériacée est extrêmement rugueuse , grise et fragile au moindre choc. M. Leprieur ne m’a pas dit le nom de l’arbre auquel elle appartient. Je ne pourrais comparer cette espèce à aucune autre, si ce n’est peut-être au $. rostrala ; mais, outre que son mode de croître est différent , ses Spores sont aussi tout autres. 900. Diatrype erinacea Montag., 2° Cent., n. 47, in Ann. sc. nat., 2 sér., XII, p. 356, sub Hypoxylo. — Has. Ad truncos dejectos in sylvis sinnamariensibus. --— Coll, n. 396. OBs. Par l’ensemble de ses caractères, cette espèce insidieuse, qui tenait, d’un côté, par son mode d'évolution etses longs ostioles, aux V ersa- CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 195 tiles, et, de l’autre, par son tomentum , au Byssisedées du Syst. Myc., me semble aujourd’hui mieux placée dans ce nouveau genre de Fries. 551. Dothidea euglypta Montag., 2° Cent., n. 99, Ann. sc. nat., 9e sér., XIV, p. 327. — Has. Ad folia dejecta, in sylvis ad flumen Oyapok. — Coll. n. 214. 552. Dothidea Rhopalina Montag., 2° Cent., n. 60, !. c. — Has. In foliis Rhopalæ guyanensis dejectis prope Cayennam. — Coll. D. AA. 552 bis. Dothidea Phylloplacus Kze in Weig. exsic. sub Sphæria : amphigena, orhicularis aterrima plana nitida, ambitu folio deco- lorato sertata , cellulis nigrescentibus colliculosa , ostiolis laten- libus ; ascis oblongo -fusiformibus obtusis, sporis 8 oblongis continuis limbo hyalino cinetis. Nobis. -— Has. In folis cirea Cayennam. — Leprieur, n. 1152, vera Dothidea. 553. Dothidea Acrocomiæ Montag. mss. : epiphylla, innata, erum- pens, epidermide tandem rimosa tecta, cellulis amplis stromate aterrimo in series longitudinales parallelas confluentes junctis, nucleo albo, sporis oblongis chlormis grumulosis. — Ha. In foliis Acrocomiæ sclerocarpæ ceirea Cayennam. — Coll. n. 1156. Desc. Cellulæ ovoideæ, 1/5 millim. crassæ, stromati aterrimo in series paralleliter confluentes elongatas effuso immersæ, intus nucleo albo farctæ, epidermide folii rimose rupta tandem vertice denudatæ et tunc poro lato hiantes. Asci clavati, 8 ad 12 centimillim. longi, 1 41/2 ad 2 centimillim. mediv crassi, 8-spori. Sporæ uni-aut biseriales, oblongæ, altero vel utroque fine obluse acuminatæ, 2 centimillim. longæ, vix centimillimetrum crassæ, intus granulosæ et colore chlorino insignes. Ors. Cette espèce forme, à la face supérieure des feuilles d’Acrocomia, des tumeurs linéaires noirâtres, opaques , en forme de toit, qui suivent la direction des nervures et des fibres, et se fendent au sommet dans le sens longitudinal. Je ne connais point d'espèce analogue dans la section des erumpentes ; elle à le port d’un RAylisma ou d’une Sphérie, mais je n’ai pu voir de périthèce distinct. Elle diffère par le fruit du Sphæria Salz- manni Duby, et du $S. Palmarum Bory, mss. 126 C. MONTAGNE. 594. MNectria discophora Montag., Prodr. F1. J. Fernand., n. 4? {&ub Spheria), et Fl. Chilena, NI, p. 454, t. 9, fig. 6. — Has. Ad corticem ramorum cirea Cayennam. — Coll, n. 1169 et 1173. 999. Nectria coccinea Pers., Syn. F'ung., p. 49, Ice. et descr., t. 12, 1. 2 (sub Sphæria).—- Fries, Sum. Veg. Scand., p. 987. — Has, Ad cortices. — Coll. n. 1170. 556. Nectria sanguirea Sibth., Ox., p. 404, sub Sphæria. — Fries, !. €., p. 888. — Nees, Syst., [. 360. — Monlag., L. c., p. 326. — Has. Loc. sinil. — Coll. n. 582. 557. Nectria episphæria Tod., Meckl., 2, p. 21, f. 89, sub Sphœæria. — Fries, {. ce. — Montag., {. c. — Has. In Æypoxylo cænopode parasitans. — Coll. n. 255. 558. Sphæria acanthostroma Montag. mss. : byssiseda, peritheciis minutissinis globosis gregatim confertis lævibus nigris epapil- latis , mox centro depressis tandem late pertusis, Subiculo eon- colori tenui cinctis, fibris subiculhi acanthophoris. — Has. Ad corticem arborum cirea Cayennam. — Coll. n.1168. DEsc. Subiculum tenue, e fibris septatis ceratophoris seu in ramos bre- ves aculeiformes aut apice divergenti-furcatos divisis constans , atro-fus- cescens, Perithecia sphærica, minima, 4/4 ad 4/3 millim. diametro æquantia, lævia, epapillata, centro punctiformi-impressa, umbilicata depressa, tandem poro lato pertusa , extus intusque atra, opaca , subiculo tota sepulta vel undique cincta, Asci deliquescentes. Sporæ continuæ, ovoideo-cymbiformes, minutissimæ, Omm,005 longæ, hyalinæ. O8s. Le subiculum de cette espèce offre un caractère singulier, bien propre à le faire distinguer de ses congénères. Ses fibres, quoique autre- ment ramifiées et bien plus grêles , offrent quelque ressemblance avec le chevelu des Mycenastrum. 559. Sphæria Pseudo-Bombarda Montag., 9 Cent., n. 54, L.e., p. 325, & 19, F. 5. — Har. Ad corticem arborum in sylvis Cayennæ insulæ. — Coll. n. 870. 960. Sphæria schizostoma Montag. mss. : platystoma , gregaria, CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 127 convexo-conica, subelliptica, subtus applanata, atra, albo-farcta, ostiolo lineari vix prominulo , aseis cylindricis 8-sporis, sporis fusiformibus medio transverse septatis limbo mucilagmoso cinctis. — Has, In culmis arundinaceis mihi ignotis aut ad pe- tiolos Palmarum. — Coll. n..… Desc. Perithecia solitaria aut aggregata hypophlæoda seu epidermidi concreta , 2/3 millim. lata , 1/4 millim. crassa , conico-depressa , subro- tunda, atra, cpaca, apice rimose lineari-ostiolata , ostiolo 1/6 millim. longo. Nucleus lenticularis, albus, supra radiato-striatulus, ex ascis para- physibusque constans. Asci tubulosi, 17 centimillim. longi, basi attenuati, 8-spori. Sporæ illis Vectriæ aurantiæ simillimæ, fusiformes, medio uni- septatæ et ibi subconstrictæ , 5 centimillim. longæ, 0®",0075 medio crassæ, areola mucilaginosa eo ampliori quo spora junior est cinctæ. Ogs. Voisine du S. Arundinis, mais encore plus de mon S. Craterium (Cent. NI, n° 28), elle diffère de la première de ces espèces par un ostiole linéaire à peine saillant, de la seconde par l'absence du large pore apical, et de toutes deux par la fructification. 961. Sphæria verminosa Montag. mss. : gregaria, perithectis dimidiatis convexo-applanatis, epidermide tegente innatis, ostiolo papillato mitido, ascis lombriciformibus, sporis linearibus elon- gatis. — Has. In petiolis Palmarum ? cirea Cayennam. — Coll. n. 1197 et 1138. — PI. Desc. Punctiformis. Perithecia innata, dimidiata, nempe subtus defi- cientia applanata, 1/2 ad 1/3 millim. lata, atra, epidermide tegente cine- rascentia, centro papillata , papilla nitida , intus alba. Asei vermiculares seu elongato-fusiformes, flexuosi, decimillim. longi, centimillim. medio crassi, hyalini, octospori. Sporæ inordinatæ, filiformes , longitudine asco- rum at tenuissimæ, vix ac ne vix 0°*,0015 crassæ, utroque fine acutius- culæ, curvulæ. Ogs. Je ne connais aucune espèce européenne qui puisse lui être com- parée. Quant aux exotiques, le nombre en est si grand aujourd’hui que ce serait un vrai travail herculéen que de les rassembler toutes, éparses qu’elles sont dans cent ouvrages différents, où elles ont été insérées pour la plupart, sans être accompagnées d'aucune description et signalées par une simple phrase diagnostique, qui se peut appliquer à dix autres congé- nères de la même tribu. 198 C. MONTAGNE. 561 bis. Sphæria OEdema Montag., 2° Cent., n.57, L. c.. p.326, non Fries 2% Moug. et Nesil., Stirp. Vosges, n. 880, quæ est Dothideæ species. — Has. In corticibus petiolorum Mauritiæ fleæuosæ, vulgo Bache dictæ, prope Cayennam. — Coll. n. 846. 562. Sphæria Calyculus Montag., 2° Cent.,n. 53, 1. c., p. 322. — Has. Ad corticem arborum dejectarum in sylvis circa Cayennam. — Coll. n. 372 et 1218. 563. Sphœria clivulosa Montag. mss. : culmicola , epidermide atrata semper tecta, Jmearis, confluens ; peritheciis convexis de- pressis uni-aut pluriserialibus intus nigris, ostiolis minutis pro- minulis ; ascis lineari-clavatis sporas 8 oblongas fuscas foventi- bus. — Has. In culmis arundinaceis circa Cayennam. — Coll. n.... — PI. Desc. Perithecia convexo-plana, 2/5 millim. lata, serie unica, duplici triphicive sub epidermide, quam modice sublevant nigrefaciuntque coadunata et lineas longitudinales, lineari-lanceolatas, in sicco cinerascentes, madore atras , confluentia plus minusve longas efformantia. Ostiola minuta , pro- minula , poro conspicuo perforata. Nucleus ex ascis lineari-clavatis , cito evacuatis et in massam cellulosam, cui sporæ liberatæ seriato-imbricatæ , oblongæ , Omw,015 longæ, continuæ, fuscæ immixtæ sunt, intricatis constans. Os. Je n’ai jamais pu me procurer le Sphæria lincaris Nees, malheu- reusement trop brièvement décrit par Fries, et dont les organes de la fruc- tification sont passés sous silence , comme c'était d’usage à l’époque de la publication du Systema mycologieum. Je le regrette d'autant plus que ma nouvelle espèce paraît avoir quelques caractères communs avec lui. Plus tard, dans sa Summa , M. Fries compare le S. lincaris au :S. gram- modes DNitrs., avec lequel la plante de la Guyane n’a aucun rapport. 964. Sphæria stegophora Montag. mss. : bullato-erumpens, tecta, lineari-oblonga elongataque ; perithecis seriatis atris sphærieis nigro-farctis stromate concolori immersis, ostiolis globosis pro- minulis ; sporis fuscis ex oblongo amygdaloideis. — Has. In à | culmis arundinaceis aut in petiolis Mauriliæ. — Coll. n...…. " : 5 F [n | 4 5 . . . Desc. Perithecia sphærica, depressa, extus intusque atra, in serie sim- CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 1929 plici disposita, stromate atro immersa , epidermidem colore immutatam sublevantia et strias lineares , obtusas, À ad 2 centim. longas aut con- fluentia lineari-oblongas tectiformes, nempe medio elevatas, lineola nigra basi cinctas efformantia. Ostiola minuta, globosa, in rimula apicali erum- pentia et prominula. Asci haud inventi. Sporæ oblongæ vel amygdalinæ , fuscæ, 2 centimillim. longæ, e latere visæ compresso-planæ. Ogs. Cette espèce diffère par une foule de caractères saillants, mais surtout par ses spores du S. arundinacea, près duquel elle vient se placer, et de la précédente par l’épiderme immaculé de ses stries, et par ses péri- thèces noirs à l’intérieur. 565. Sphœria phaselina Montag. mss. : seriata, erumpens, li- neari-lanceolata, elevata, nigra, stromate pallido, peritheciis pluriserialhbus connatis oblongis, ostiolis crassis prominulis subseutelliformibus atris, sporis minutissimis phaseoliformibus hyalinis. — Has. In culmis arundinaceis aut in petiolis Mauri- tiæ ? — Coll. n. 19219. — PI. Desc. Innata, dein epidermide longitrorsum rupta erumpens , strias simplicissimas, lanceolatas, aut confluentia lineari-elongatas, utroque fine acutas, 2 ad 15 millim. longas, 3/4 millim. in medio latas, 3/8 millim. altas, superficie atras , cortice culmi lateraliter obvallatas efformans. Peri- thecia stromate pallido, forsan primitus albo, nidulantia s. immersa, erecta, pluriserialia, nigra, oblonga, ostiolo crasso cylindrico annulari-pro- minulo seu scutellulam referente instructa. Asci clavati, mature dissoluti, 8-spori. Sporæ singulares, reni-aut phaseoliformes, complanatæ , hyalinæ, minutissimæ, motu Browniano, dum liberæ, concitatæ, 0®",0075 longæ , Omm,0025 crassæ, 0""09,15 crassæ dorso visæ et in medio constrictæ, utroque fine ad speciem nucleolatæ. -Ogs. Notre espèce, quoique appartenant à une section bien différente, a quelque chose du facies de notre S.nterrupta (Ann. sc. nat., 2° série, I, p. 295, t. 11, fig. 1, 4, B, C ). Ses spores non-seulement l’en distin- guent, mais elles sont telles que je n’en ai pas encore observé de sembla- bles dans plus de mille espèces par moi analysées. Quand elles sont sur le côté plat, elles ont la forme d’un Haricot, et l’on observe, dans le bord échancré ou concave, un espace elliptique plus trañsparent encore que le reste. Lorsqu'on les regarde de profil et par le dos , elles représentent un double pilon à cause du léger renflement des deux bouts, ou par suite 4e série. Bor. T. II. (Cahier n° 3.) ! 9 130 C. MONTAGNE. d’une constriction médiane. Au reste, les caractères de végétation de cette Sphérie l’éloignent autant des congénères de la même section qu’elle s'en distingue par sa remarquable fructification. Toutefois, quelque étranges que paraissent ces spores au premier aspect, on peut encore les comparer à celles des Diatrype Stigma, D. lata, etc. 566. Sphæria sulcigena Montag. mss. : seriata, perithecis tectis hemisphæricis dimidiatis superne fusco-lanatis epidermidi ad- nexis, ostiolo erumpente punctiformi. — Has. In petiolis Pal- marum dejectis, sub epidermide nascens. DEsc. Perithecia in sulcis petiolorum longitrorsum seriata , dimidiata , hemisphærico-depressa, 1/3 millim. diametro metientia, stromate floccoso fusco induta et parte superiore epidermidi sic concreta ut, Si evulsa sit, hæc pars adhærens permanet. Asci deliquescentes. Sporæ fuscæ, pro ratione magnæ, ovatæ, a latere visæ, plano-concavæ, 1 1/2 ad 2 1/2 centimillim. longæ, 0®®,005 vix in plano crassæ, nucleo fibroso intricato nidulantes. Ogs. La disposition en lignes parallèles d’après laquelle sont rangés les périthèces dépend bien évidemment de ce qu’ils occupent les sillons laissés entre les fibres ligneuses du pétiole sur lequel cette plante se déve- loppe. C’est pour cette seule raison que je la rapporte à la section des Seriatæ; car, par plusieurs de ses autres caractères, elle se rapproche davantage des S. circumscissa, S. clandestina, S. lanata et S. pætula (non S. patula, comme un correcteur inexpert me l’a fait écrire dans ma Notice sur les Crypt. nouv. à ajouter à la F1. Française). Mais il sera facile de la distinguer de toutes ces espèces à ses périthèces dimidiés (non entiers) et à ses spores non cloisonnées. Je ne connais aucune espèce exotique avec laquelle on puisse confondre celle-ci. Je dois avouer pourtant que le nombre de ces espèces est déjà si grand et les descriptions qu’on en a données si courtes que, faute d’exemplaires authentiques, il est fort difficile, malgré le temps que l’on consacre à les éviter, il est même presque impossible de ne pas faire quelques doubles emplois. Mon relevé des espèces de l’ancien genre Sphæria, comprenant toutes celles qui ont été publiées en Angletérre, en Allemagne, en Suëde, en Italie et chez nous depuis le Systema mycologicum de Fries, s’élève déjà en ce moment (août 1854), à plus de huit cents. On peut juger, d’après cela, de extrême difficulté qu’on rencontre à la fois et dans la distinction certaine de Pespèce que l’on croit nouvelle, et dans le choix d’un nom con- venable qui ne soit pas encore occupé. Je dois dire aussi, pour donner CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 131 quelque confiance dans mes déterminations, que je possède dans ma collec- tion plus de deux mille Sphériacées authentiques. 967. Sphæria trachodes Montag., 2° Cent., n. 58, l. c., p. 326. — Has. Ad folia monocotyled. in sylvis, juxta amnem Gabaret. — Coll. n. 581. 068. Sphæria megalosperma Montag., 2° Cent., n. 55, L. c., p. 324. — Has. Ad cortices arborum emort. circa Cayennam, — Coll. n. 289 et 240. 569. Sphæria rhaphidosperma Montag., 2° Cent., n. 56, L. e., p. 329, t. 19, Ê. 3.— Rhaphdospora Fries, Sum. V'eg. Seand., p. 401 .— Has. Ad cortices arborum im sylvis sinnamariensibus. — Coll. n. 375. 970. Sphœæria Fusaruspora Montag., mss. : epiphylla, sparsa, perithecus globosis minutis erumpentibus atris fulvo-velatis, poro pertusis, folium utrinque olivaceo-maculantibus albo- nucleaiis, sporis fusiformibus hyalinis eurvulis, tri-quinque septatis. — Has. In foluis Bambusæ prope Cayennam. — Coll. n. 1422. — PI. Desc. Ut puneta minuta, cinereo-olivacea, in utraque pagina foliorum in conspectum prodit hæcce species, ab innumeris hujus tribus congeneri- bus distincuüissima. Perithecia sphærica, leniter depressa, primitus innata, epidermide livida tecta, atra, mox in pagina superiori erumpentia, velo fulvo cooperta, sparsa aut etiam, raro autem, bina ternaque aggregata, secundum ætatem 1/4 ad 1/3 millim. diametro metientia, apice poro vix manifesto pertusa, ascigera. Asci clavulati, 8-spori, 9 centimillim. longi, centimillim. medio crassi, deorsum attenuati, inter paraphyses filiformes simplices nidulantes. Sporæ fusiformes, curvulæ, imbricatæ, 0w,025 longæ, Oum,0025 medio crassæ, hyalinæ, transversim tri-quinque septalæ. OBs. Cette espèce a des spores analogues, non parfaitement semblables, à celles des S. serograpta, S. stenogramma DR, et Montagn. et S. cul- mifraga Fries, et même de plusieurs autres, sans pourtant leur ressem- bler autrement. Ce qui la caractérise surtout très bien à mes yeux, c’est que le ou les périthèces, rapprochés par deux ou par trois, sont comme cachés sous un velum qu’elles ont sans doute emprunté au parenchyme de la feuille. 132 C. MONTAGNE. 971, Sphœria uberina Montag. mss. : erumpens , sparsa, verru- cariæformis, peritheciis hemisphærico-depressis basi applanata epidermide irregulariter rupta cinctis brunneis opaeis ostiolatis, ostiolo nitido, ascis maximis sporisque octo fusiformibus medio septatis hyalinis. — Has. in petiolo Palmarum circa Cayennam. — PI. Desc. Perithecia sparsim gregaria, nunquam conferta, erumpentia, hemisphærica, depressa, 3/4 millim. crassa, fusco-atra, intus albo-farcta, subtus deficientia, basi epidermidis ruptæ lacinulis applicatis cincta, ma- millari-ostiolata, ostiolo nitido. Asci maximi seu elongati subeylindracei, deorsum attenuati, 8-spori. Sporæ fusiformes, leniter curvulæ, 1/20 millim. longæ, 0%®,005 crassæ, medio transversim septatæ ut et asci hyalinæ, limbo mucilagineo crasso cinctæ. Ogs. Cette espèce, bien que plus petite, ressemble beaucoup au S. um- brina Fries; mais le fond du périthèce fait défaut. 572. Sphæria nitidula Lév. Champ. exot. , n. 281, Ann., janv. 1845, p. 54. — Has. In folis Melastomatum circa Cayennam. — Coll. n. 1118 et 1127. 973. Sphœria Urhcaria Montag. mss. : pustulæformis , epider- mide adnata demum nigrata obtecta, peritheciis subsphæricis atris stromate concolori in series parallelas dispositis intus albis, ostiolis prominulis.—H4s. In petiolis Palmarum circa Cayennam. DEsc. Tumores sistit minutos, e rotundo ellipticos, 8 ad 4 millim. dia- metro æquantes, epidermide 1illæsa atrata vero obtectos. Perithecia sub- sphærica, 1/4 millim. crassa, atra, in series parallelas stromate atro-fusco juncta, intus albo-farcta, evacuata fusco-atra nitida, in collum breve atte- nuata et ostiolo nigro punctiformi prominulo instructa. Asci clavati 07,04 vix longi, sporas octonas lineari-oblongas, curvulas, centimillim. longas, 0®®,602 crassas, hyalinas, includentes. Ogs. Cette espèce est fort remarquable par sa manière de croître sous l’épiderme, qu’elle finit par soulever sous forme de petites pustules, mais sans jamais le déchirer pour se montrer à nu. Elle est voisine des S. Junci, etc., dont elle se distingue par sa fructification, qui est celle des Diatrype Stigma, lata, tetragona, etc. Appartiendrait-elle à ce dernier genre ? CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 133 57h. Sphœria mammæformis Pers. Syn. Fung. p. 6h, et Icon. pict., t. 5, Î. 6, 7. — Montag., {. c., p. 827. 975. Pemphidium nitidum Montag., 2° Cent., n. 65, {. c., p. 329, t. 19, f. 8. — Has. In cortice petiolorum Maxim - hianæ regiæ in sylvis montosis ad Oyac — Coll. n. 391. 576. Micropeltis applanata Montag. Cuba, Crypt. ed. Fr., p.325, t. 42, f. 6. — Has. In foliis Ochnaceæ cujusdam circa Cayen- nam lectæ indeterminatæ. — Coll. n. 1363. 577. Micropeltis marginata Montag. mss. : minuta, gregaria, confluens , perithecio dimidiato orbiculari convexo, ambitu reflexo marginulato atro nitido, ostiolo poroso , ascis sporisque generis. — Has. ad folia Palmarum. — Coll. n. 1134. Desc. Perithecia minuta, 1/5 millim. diametro metientia, sparsa aut sæpius aggregata, confluentia, e convexo depresso-conica, atro-nitentia, centro poro pertusa, ambitu leniter reflexo ad speciem marginata, folio arcte adhærentia, nucleum obtegentia hyalinum ex ascis fusiformi-clavatis 8 centimillim. longis, hexa-octosporis. Sporæ fusiformes, hyalinæ, Omm, 05 ad 0®®,035 longæ, Omu®,0035 medio crassæ, transverse triseptatæ. Os. Cette espèce diffère du type qui précède par des périthèces rap- prochés et confluents, quatre fois plus petits, un peu relevés dans leur pourtour, et par des spores de même longueur, mais munies de trois au lieu de cinq cloisons transversales. DicuæÆnacEet Fries. 578. Cordierites quyanensis Montag., 2° Cent., n. 65, l. c., p. 331, t. 19, Ê A1. — Has. Ad ligna dejecta putrida in mon- tübus Kau et ad scaturigines prope Rio des Cascades in Guyana. — Coll., n. 383 et 885. — PI. Ogs. Les nouveaux exemplaires reçus sous ce dernier numéro m'ont offert de vraies thèques en massue courte, renfermant sur une seule rangée 6 à 8 spores oblongues, hyalines, continues, dont la longueur atteint à peine Owm, 0075. 979. Enslima Leprieurii Montag. mss. : stromate erumpente suberoso rufo-furfuraceo intus nigro, cupulari-marginato sessili 134 . ©. MONTAGNE. aut b'eviter stipitato, perithectis in disco pulverulento rufo erectis tubulosis, ascis lineari-elavatis horizontalibus sporas globosas subsenas hyalinas foventibus.— Has. Ad cortices arborum emor- tuarum prope Cayennam.— Coll. n. 887. DEsc. Stroma pezizoideum, rufo-tabacinum, tomentoso-pulverulentum, sessile aut breviter stipitatum, 1 1/2 ad 3 millim. altum, 1 1/2 ad 2 millim. apice crassum, cupula valide marginata sursum vel lateraliter versa. Perithecia tubulosa, 1/4 millim. longa, 3 ad 4 centimillim. crassa, rufa, in disco cupulæ aperta et undique ascis vestita. Asci brevissimi, in fundo erecti, in parietibus horizontales, hyalini, lineari-elavati, 0,015 ad 0®®,07 longi sporas globosas subsenas pellucidasque foventes. Os. Cette espèce est semblable à l’Enslinia Pocula, surtout par ses caractères microscopiques; elle en diffère par son stroma, noir à l’inté- rieur, par ses périthèces, qu'on n’aperçoit pas dans une coupe longitu- dinale, etc. | PERISPORIACEI Fries. 080. Meliola oligotricha Montag. mss. : epiphylla, perithecus sparsis subsolitaris: minutissimis globoso - depressis , setulis erectis subulatis cinctis, stromate fibroso radiante ramoso fultis, ascis obovatis octosporis , sporis bilocularibus. — Has. In foliis Olyræ cirea Cayennam. — Coll. n 41149. Desc. Perithecia sphærica, depressa, minutissima, circiter decimilli- metrum diametro æquantia, atra, carbonacea, sicca fragilia, madida flaccida et sub microscopio e strato celluloso, cellulis angulosis, composita, vertice rumpentia, setulis erectis obscuris subulatis cincta, et stromati radiato- fibrilloso, fibrillis ramosis flexuosis articulatis anastomosanti-reticulatis insidentia. Setulæ seu fibræ raræ, simplices, 4/4 millim. longæ , atræ, obscure et remote articulatæ. Asci oblongo-ovoidei, basi unguiculo ad speciem pedicellati, 8-spori, hyalini. Sporæ ovoideæ, nempe altero fine attenuatæ, transversim uniseptatæ, 0®",02 et ultra longæ, centimillim. medio crassæ, primo hyalinæ, tandem fuliginosæ. Os. Ce ne peut être le M. amphitricha, qui a des spores cylindra- cées trois fois plus grandes et à cinq loges. Cette espèce ressemble à une Vermiculaire dont les individus seraient épars sur la feuille, ou rapprochés seulement au nombre de trois ou de quatre. On ne peut mieux la peindre CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 435 qu’en disant que c’est un Heliola à fructification d’Asterina. Peut-être est-ce une espèce de ce dernier genre, née au milieu des fibres d’un Helminthospore stérile. | 081. Asterina Labecula Montag. Cent. II, n. 61, Ann., 2, XIV, p. 328, sub Asteroma et F1. Chal., VI, p. 475.—Has. Ad folia coriacea in sylvis ad amnem Gabaret. — Coll. n. 664. 582. Asterina Melastomatis Lév., Champ. exot., n. 297.— Has, In foliis variis cirea Cayennam. — Coll. 1133, 1142, 1153 et 1377. CYyTISPORACEI Fries. 083. Phylaciapoculiformis Kunze, in Weig. eæsic. sub Corynelia. — Montag. Ann. sc. nat., 2e série, XII, p. 354, et Cuba, p. 342,1. 12,1. 5, sub Hypoæylo. — Has. In sylvis montosis viam quæ ad Kau ducit marginantibus , ad ligna emortua. — Coll. n. Ah et 851. SPHÆROPSIDEI Fries. 084. Hendersoma Heliconiæ Montag. mss. : innata, hypophylla, cæspitosa, perithectis ovoideis tenuissimis Stromati grumoso palldo immersis, ostiolo prominulo instructis, sporis cymbi- formibus hyalinis triseptatis sporophoro brevissimo fultis. — Has. In folus Æeliconiæ prope Cayennam. — Coll. n. 1193, Desc. Acervuli lineares, breviusculi, in lineas obliquas parallelas a nervo folii ad marginem adscendentes seriati, vix millimetro longiores, bi- millimetrum raro metientes, fusci, e stromate erumpente pallido granuloso per ostiola peritheciorum atro-punctato constantes. Quodque stroma decem ad triginta perithecia ovoidea, intus alba, decimillimetrum longa et crassa includit. Sporæ ex oblongo-cymbiformes, bi-triseptatis, vel tres tandem quatuor sporulas foventes, 0,015 longæ, hyalinæ, sporophoro brevissimo fultæ, subsessiles. OBs. Je ne connais aucune espèce de ce genre qu’on puisse comparer à celle-ci. Elle a beaucoup de ressemblance, par sa fructification, avec mon genre Aschersonia , mais son stroma l'en éloigne suffisamment. 535. Sphæropsis paradisiaca Montag. mss. : epiphylla, puneti- formis, peritheciis minimis gregariis confertis globosis-depressis 156 C. MONTAGNE. epidermide tectis atris apice poro pertusis , nucleo albo , sporis oblongis sporophoro brevi fultis. — Has. In foliis Musæ paradi- siacæ. —— Coll. n. 1124. Desc. Perithecia gregaria, conferta, minima, 1/4 millim. diametro metientia, paginæ superiori folii innata, ubi puncta minuta refert, epider- mide tecta, atra, poro pertusa et nucleum album foventia. Sporæ continuæ, juniores obovatæ sporophoro suffultæ brevissimo, mox liberæ, elliptico- oblongæ, fere 0°”,03 longæ, 0”",0135 crassæ, limbo lato cinctæ, tandem brunneolæ et sub forma cirri brevis et crassi eructæ. Episporium ab en- dosporio late discretum. O8s. Ce Sphæropsis est ponctiforme et occupe des espaces de plus de À décimètre, à la surface de la feuille. Il a quelque ressemblance éloignée avec mon S. Hypoglossi, qui croît aussi sur les feuilles; mais il en est suffisamment distinct par sa dimension trois fois moindre, par la présence des cirres et par le limbe très apparent des spores. PHYLLosTiCTEI Fries. 586. Sacidium Mauritiæ Montag., 2 Cent., n. 64, L.c., p. 330 sub Phomate. — Has. In petiolis folioraum Mauritiæ flemuosæ cum Sphæria OEdemate.— Coll. n. 345. An idem cum Sphæria Palmarum Duby,non Bory ? ostiolum autem nitidum globosum. 586 bis. Graphiola Phœnicis Poit. Ann. se. nat., À, I, p. 472, t. 26, Ê. 2.— Montag., FI. Alg., 1, p. 617. Has. et in Cayenna. —- Coll. n. 664. 986 ter. Ascospora Phomatoides Montag., Cent. Il, n. 62, Ann., 9, XIV, p. 328. — Has. In folus delapsis in sylvis ad Oyapock Guyanæ. — Coll. n. 440. Potius Sphæriæ species S. phoma- toides dicenda. GASTEROMYCETES Fries. PHALLODEr Fries. 587. Phallus (Dictvophora) indusiatus Vent., Mém. de l’Inst.,E, p. 920, & 7, L3.— Desvaux, J'ourn. Bot., IF, et Lév., Mem. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 137 Soc. Lainn. Paris, V, p. 507, t. 43, 1. 2. — Has. In sylvis umbrosis prope Cayennam, hyeme. — Coll. n. 859. Os. Cette espèce est assez rare aux environs de Cayenne. Le chapeau est rouge et perforé. Dans notre exemplaire, les mailles du réseau de l'indusium sont considérablement plus grandes que dans la dernière figure citée. Le Sophronia brasiliensis Pers. in Gaudich., Voy. Uranie Bot., p. 178, t. I, f. 2, est encore la même espèce. 588. Phallus ( Dictyophora) radicatus Montag. mss.: recep- taculo hbero hemisphærico reticulato pervio, mdusio laxo cam- panulato retiformi, interstitiis hexagonis, volva longe radicata. — Has. Ad terram circa Cayennam. — Coll. n. 838, cum icone. Desc. Fungus totus fuliginosus. Volva ovoideo-oblonga, A centim. longa, basi 3 centim., apice fisso undulato-plicato stricto 2 centim. diametro metiens, subtus e centro radices plures validas albas elongatas emittens, umbrina colore roseo tincta. Stipes validus, cribroso-cellulosus, cellulis oblongis vel elongatis, 8 ad 10 centim. longus, deorsum 4—sursum 2 centim. crassus, intus cavus. Indusium campanulatum, 3 ad 8 centim., secundum ætatem, longum, basi 5 ad 6 centim. latum retiforme; retis maculæ (ex icone ad naturam facta) regulariter in vivo hexagonæ, 4 ad 9 millim. latæ. Receptaculum magnum, hemisphæricum, hujus P. subucu- lati Montag., F1. Alg., p. 440, subsimile, basi tamen minus contracta 3 centim.—apice 2 centim. crassum lateque pervium, annulo valido mu- nitum, reticulato-rugosum, retis maculis parvulis angulatis (ex icone re- sulariter ellipticis) latice olivaceo primitus oblinitum. OBs. Peut-être cette espèce ne diffère-t-elle pas du P. DæmonumHook., figuré à la planche XX de la Botanique du Voyage du capitaine Beechey. Quoi qu’il en soit, je tiens pour très probable que ni l’un ni l’autre de ces Phallus ne saurait être rapporté à l'espèce de Rumphius. Celle-ci, que j'ai comparée à la plante d'Alger, en diffère par l'ampleur de son réseau, dont les mailles sont criblées de pores, et par les racines blanches, longues et nombreuses qui fixent dans le sol la base de la volva. 089. Phallus(Mutinus) œylogenus Montag. mss. : minimus, recep- taculo libero conico lævi impervio umbrino, stipite brevi eri- broso-lacunoso pallido , volva brunnea radices lignum intrantes 138 _ C. MONTAGNE. emittente. — Has. In ligno plane putrido cirea Cayennam. — Coll. n. 80, cum icone. — PI. Desc. Totus fungus evolutus vix centimet. longitudine superat. Volva junior et ante rupturam obovata, fusca, exsiccata 3 millim. alta, apice 2 millim. crassa, ruptavero et post capituli evolutionem ovoideo-oblonga, 5 millim, et quod excedit longa, in lobos 2-4 fissa, e basi subtus radices ramosas concolores inter ligni putredine consumpti fibras penetrantes pro- mens. Stipes teres, pallidus, primitus cribrosus tandem longitrorsum sub- sulcatus et ut ita dicam alatus, 2 millim. diametro metiens. Receptaculum initio conico-campanulatum, tandem margine expanso subhemisphæricum, fusco-umbrinum, basi haud stipiti adnata 3 millim. latum, læve, imper- vium, obtusum, Sporæ hyalinæ, oblongo-lineares, Ouw,005 longæ. Ogs. Le morcellement du genre Phallus nécessite une case pour cette »« espèce.-En effet, son chapeau n’est point soudé au stipe par la base, comme dans le Mutinus, où le placent l’imperforation et le poli de cet organe. Je préfère néanmoins le laisser dans l’ancienne section Cynophallus, pour ne pas multiplier les distinctions génériques. Cette Phalloïdée est remarquable par son habitat, qui suffira, avec la solution du chapeau, pour le différencier du P. curtus Berk. Au reste, à celui qui, comme moi, a vu ou pourra voir les deux espèces, il ne viendra jamais dans l’idée de les confondre. 990. Aserophallus cruciatus Lepr. et Mont., 5° Cent., n. 9 , on Ann. sc. nat., 3° série, IV, p. 361, pl. 14, £. 1. — Has. Ad lignum putredine consumptum in horto Nosocomi nautici urbis Cayennæ. : 091. Clathrus crispus Turpin, Dict. sc. nat. Atl., t. 6, f, À. — Berk. Not. of some Fungi coll. by C. Darwin, in Ann. and Magaz. nat. hist., IX, p. 446, pl. x1, var. obovata. —— Has. Ad terram circa Cayennam. — Coll. n. 1086. NIpuULARIACEL Fries. 592. Cyathus plicatus Fries, Ecl. Fung. in Linnæa, 1850 , n. 100 (sub Vidularia), et Nov. Symb. mycol., p. 117. — Montag., Ann. sc. nat., 2 série, XIV.—C. Pæœppigu L. et C. Tulasne, Rech. sur les Nidul. in Ann., 3° série, E, p. 77, pl. 4, ©. 23-25, et pl. v, f. 3-4.— Has. In terra nuda argillacea et ligno dejecto circa Cayennam.— Coll. n. 121. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 139 Lycopenpacer Fries. 593. Geaster Scleroderma Montag. mss. : peridio exteriori cras- siuseulo rigido extus verrucoso-aculeato ad medium paucifdo , interiori sessili tenui flaccido lacero-dehiscente, columella pistil- liformi. — Has. In terra cirea Cayennam.— Coll. n. 1089. Desc. Junior et nondum perfecte evolutus Sclerodermatr verrucoso simillimus. Peridium exterius sphæricum, 2 centim. crassum, ad medium usque in lacinias paucas fissum, crassiusculum, rigidum, extus verruco- sum, verrucis pyramidato-subspinulosis persistentibus, exsiccatione fragile, rufum, intus strato tenui umbrino fusco, ut videtur, parum hygroscopico, haud rimuloso, obductum. Peridium interius sessile, læve aut specie sub- puberulum, umbrinum vel nigrescens, apice inæqualiter lacerum vel stel- » lato-dehiscens. Columella in sectione longitudinali obpyriformis aut pistil- lum referens, pallida, 7 ad 8 millim. longa, quam inter et peridium inferius irradiant capilliti fibrillæ. Stipes nullus adest, at peridrum exterius radices crassissimas latissime expansas intricatas albas emittit. Sporæ ses- siles, minimæ, vix 0"®,0035 diametro æquantes, globosæ, atro-fuliginosæ. Ogs. Je ne saurais comparer à aucune autre cette espèce, qui ressemble d'une manière frappante à un Scleroderma, quand surtout le péridium extérieur est encore entier. La columelle, organe dont personne n'avait, il me semble, tenu compte avant Vittadini, est remarquable par sa longueur et sa forme pistillaire, la fig. Il de la planche I des Lycoperdacées de cet auteur en donne une idée exacte en D, b. 094. Geaster saccatus Fries, Syst. myc., KT, p. 16.— Berk. Darwin's Fungi, p. kh,n. 7.—Montag., F1. Chil., tom. VIE, p. 509. — Lycoperdon coronatum Plum. fil., t. 167, f. 9. — Has. Ad terram in Guyana. — Coll. n. 544. 595. Geaster mirabilis Montag. mss. : minimus, xylophilus, pe- ridio exteriori cupulari-aperto tenu rigido fragilissimo subsex- fido, laciniis deciduis , interiori sessii sphærico-depresso ardo- siaco , disco orbiculari concavo acute marginato , ore conico sericeo. — Has. Ad ligna putrida congregatus. -—- Coll. n. 843. — PI. Desc. Species profecto mirabilis ob formas quas in serie continua vege- lationis maxime varias induit. Mycelium hujus alutaceum ad lignum longe lateque explicatur, ex quo surgunt individua plura, plus minus approximata 4h10 C. MONTAGNE. interdum et aggregata. Junior fungus alhus et obovatus, Lycoperdoni haud absimilis. Tum peridium exterius 5 ad 8 millim. diametro metiens, inte- grum est adhuc et verrucis crassis concoloribus , nempe albis, ovoideo- acuminatis coopertum, intusque pallidum, columella filiformi instructum et cellulis linearibus flexuosis radiantibus repletum, ita ut in hoc vegeta- tionis statu speciem Cyclodermatis aut Secotii juniorem esse videre tibi videatur. Tandem apice in lacinias quinas, flaccidas, irregulares, patentes aut revolutas, deciduas ad medium usque finditur et inferne integra cupu- lariformis permanet. Peridium interius globoso-depressus ardosiacus, dia- metro 5 millim. æquans, flaccidus, collabens, centro umbilicato marginato. Os conicum, sericeum, primitus clausum, dein late apertum. Columella evanescens. Sporæ atræ, sessiles. Os. Ce n’est pas sans quelque raison que j’ai donné à ce Géastre l’épi- thète de mirabilis. La morphose de ce genre a été si peu étudiée jusqu’à Vittadini que si je n’avais eu dans ma propre collection une coupe longi- tudinale du G. Bryanti, reçue de mon ami Berkeley, qui m’expliquait cette morphose, j'aurais peut-être commis la faute de prendre l’état rudi- mentaire de cette curieuse espèce pour une espèce nouvelle du genre Cycloderma, que je connais, au reste, seulement par la figure qui en a été donnée dans le Linnæa. J'y observais, en effet, une columelle filiforme d’où irradiaient en tous sens des locules linéaires, sinueuses, qui la reliaient au péridium interne. Je ne suis parvenu à croire à l'identité des deux états qu'en suivant le premier par gradations successives jusqu’à la matu- rité, où le doute devait cesser, quant à la détermination générique. Quant à l'espèce, quoique analogue à la précédente, l’habitat, la dimension, l'écorce extérieure verruqueuse du péridium externe, et surtout le mycé- lium, étalé sur le bois mort comme de la peau de gant, suffiront, j'espère, aux yeux des mycologues, pour justifier la légitimité de celle-ci. 096. Bovista cervina Berk., !. c., p. 447, n. 17. — Montag. FT. Chil., NA, p. 511.-— Has. Ad terram circa Cayennam. — Coll. n. 878. 597. Scleroderma sinnamariense Montag., 2 Cent., n. 67, in Ann., 2° série, XIV, p. 331, pl. 19, f. 12. Has. Ad ligna de- Jecta et putrida in sylvis sinnamariensibus. — Coll. n. 386. 998. Antennaria tropica Montag., 2° Cent., n. 67, L. c., p. 332. Has. Arbores dejectas tomento nigro denso compactoque obdu- cit in sylvis prope Cayennam.— Coll. n. 687. k) CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 141 MYxOoGASTRES Fries. 999. Lycogala epidendrum (Linn.) Fries, Syst. mycol., I, p. 80. — Has. Ad ligna prope Cayennam.— Coll. n. 847, 848, 850, 877 et 879. 600. Æïthalium septicum Fries, !. c., p. 93.— Ad ligna dejecta prope Cayennam.— Coll. n. 8/9. 601. Leocarpus melaleucus Montag. mss. : epiphyllus, sessili- adnatus confluenti - subelongatus flexuosus , peridio exteriori crustaceo helvolo intus niveo, interiori tenuissimo , hyalino, columella floccisque nullis, sporis atris. — Has. In pagina supe- riori foliorum Musæ paradisiacæ. — Coll. n. 880. Desc. Forma gaudet varia hæc species, rotunda, oblonga, elongato- flexuosa. Peridium exterius crustaceum , lutescens aut helvolus, valvato- dehiscens, valvis laceris explanatis, intus niveum. Interius tenuissimum, hyalinum à sporis atris conglomerato-agglutinatis vix separabile. Sporæ oblongæ, Omm,008 longæ, Owm,005 crassæ, sub microscopio fuscæ et cum conidis globosis innumeris minutissimis 0"®,0015 diametro æquantibus commixtæ. Ogs. Cette espèce forme, par ses anastomoses, une sorte de réseau d’un beau blanc de neige ‘sur la feuille. À peine le péridium extérieur est-il ouvert que l’intérieur se détache et tombe. 602. Stemonites fusca Roth, Comp. FI. Germ., I, p. 448. — Grev., Scot. Crypt. Fl., t. 170.— Has. In ligno putrido circa Cayennam. 603. Arcyria Leprieuris Montag. mss. : gregaria, peridiis con- gestis linearibus süpitatis, stipitibus plerumque coaltis, capillitio elongato cylmdrico sporisque argillaceo - umbrinis. — Has. Ad hgnum putrescentem prope Cayennam.— Coll. n. 1074. Desc. Stipites 5 ad 8 coaliti, atro-fusci, 2 millim. et quod excedit longi, peridia totidem libera cylindrica, incurviuscula, eadem longitudine eum stipite gaudentia, 1/4 millim. crassa, vix calyculata fulcientes. Capil- litium ejusdem formæ, parum elasticum, colore argillaceo in cinereum vergente fibrisque ramosis flexuosis altero latere denticulatis valde insigne. Sporæ globosæ, Omm,005 diametro æquantes. Ors. Cette espèce est remarquable par la soudure constante de plusieurs 4142 MONTAGNE, pédicules, ce qui fait que les péridiums paraissent comme fasciculés au sommet d’un seul stipe. Avant l’analyse microscopique, je la prenais pour un Stemonites. Elle est très voisine de l'A. nutans Fries. GO. Arcyria punicea Pers., Syn. F'ung., p. 185.—Grev., Scot. Crypt. F1. ,t. 130. — Montag., Ann., 2° série, XIV, p. 332. — Has. Ad ramos delapsos in Guyana.— Coll, n. 24h et 374. 605. Arcyria decipiens Berk. Darwin’s Fungi, 1. c.,p. 447, n.18. — Has, Ad cortices in Guyana. — Coll. n. 87h. 606. Trichia Serpula var. Ê reticulala Fries, Syst. myc., IT, p. 188. T'. rehiculata Pers. Icon. et descr. Fung., p. 46, t. 12, [. 1.— Has. Ad cortices circa Cayennam.— Coll, n. 14072. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 9, Fig. 1, Camillea Leprieurü : a, jeune stroma sortant de l'intérieur de l'écorce , dont il entraine une rondelle en forme de bonde , et qu’on voit en place, en b, à son sommet, tandis qu'en même temps on peut voir en c l'espèce de bourrelet ou d'ocrea qui entoure la base, Je n'avais pu en donner une figure lors de ma première publication dans la 2° Centurie, cette rondelle ne m'ayant été donnée qu'avec les derniers exemplaires que M. Leprieur a rapportés de son second voyage; d présente cette rondelle vue en dehors, et e la même vue en dedans avec son petit mamelon qui se moule sur Îe disque du stroma. On voit en f le bourrelet de la base encore fixé à une portion d'écorce. Ces quatre figures sont grossies à peu près du double; g montre une thèque grossie environ 600 fois, et k deux spores encore un peu plus grossies. Fig. 2, Camillea Cyclops : a, une thèque grossie environ 500 fois ; b, une spore mûre et isolée grossie 800 fois. Fig. 3, Camillea Bacillum : a, portion d'écorce, où l’on voit en b, b deux indivi- dus de cette Sphériacée, et en cle bourrelet persistant d’un troisième qui s’est détaché de la base. On voit en d un de ces individus trois fois plus grands que nature; en e, une coupe longitudinale passant par l'axe de la partie supérieure du stroma, afin de laisser voir la disposition des loges à son intérieur , et en f, le sommet de ce stroma vu de face, et montrant les ostioles des péri- thèces ; en g, sont troisspores isolées et grossies près de 800 fois. Fig. 4, Camillea mucronata : a, deux individus vus de grandeur naturelle , et encore en place sur l'écorce qu'ils habitent; b, un de ces individus isolé et grossi de quatre à cinq fois, sur lequel on peut voir, tout autour du sommet, une couronne de périthèces parasites , et au sommet lui-même l'espèce de mucro central qui le surmonte. La figure c représente une coupe verticale du même individu pour montrer la forme et la disposition intérieure des loges. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 113 On voit en d un des périthèces parasites détaché et grossi environ huit à dix fois, et en e le même coupé verticalement par le milieu pour laisser voir sa cavité. Enfinfet g montrent lés spores renfermées dans ces derniers, grossies 380 fois en f, et 780 fois en g. Nous n'avons figuré ni les thèques, ni les spores du Camillea mucronata, parce que, excepté quelque différence dans la dimen- sion, elles sont semblables à celles du C. Cyclops. Fig. 5, Camillea Labellum : a, un individu jeune de cette espèce encore ren- fermé dans une espèce de stroma ou de mycélium noir qui le fait ressembler à une Lycoperdacée. En b, on voit un autre individu dont le réceptacle est sorti de son stroma, qui persiste à la base sous la forme d'une cupule de gland. Ces deux figures sont de grandeur naturelle, mais la collection ren ferme des individus d’une grosseur presque double. Aïnsi la figure c, qui montre une section verticale passant par le milieu de la cupule , et servant à montrer les loges contenues dans l'intérieur , n'est guère plus d’un tiers plus grande que nature. On voit en d deux spores isolées grossies 380 fois. Fig. 6, Xylaria aristata : a, portion de feuille portant cinq individus de cette Sphériacée vus de grandeur naturelle, et dont trois seulement sont fertiles, c'est-à-dire portent des clavules; b, clavule isolée et grossie, montrant la saillie des loges et l’ostiole noir qui les surmonte. On peut voir en c'une coupe transversale du milieu de la clavule pour montrer la disposition des péri- thèces; d, montre une thèque accompagnée de quelques paraphyses, à un grossissement d'environ 400 fois. Enfin on voit en e un certain nombre de ces conidies, qui abondent dans les nucléus des loges, vues au même gros- sissement. Fig. 7, Xylaria aæifera : a, portion de rameau, sur lequel on voit trois indivi- dus fertiles de cette espèce , et vus de grandeur naturelle; b, un de ces indi- vidus grossi et coupé verticalement pour montrer les loges que recèle sa cla- vule et le stipe qui traverse celle-ci. On voit en c une autre coupe horizon- tale de la même pour montrer la disposition des loges dans ce sens. La figure d montre l'agencement des spores dans les thèques, et la figure e trois de ces spores isolées, et représentées à un grossissement de 380 fois le dia- mètre. Fig. 8, Hypoxylon macromphalum : a, écorce portant plusieurs plaques de cette curieuse espèce , vue de grandeur naturelle et à différents âges. On voit presque au milieu un trou qui résulte de la chute d'une des plaques ; b, une de ces plaques grossie quatre fois, et au milieu de laquelle on peut voir au centre d’une fossette orbiculaire les cinq ostioles saillants des loges renfer- mées dans le stroma. On voit en c une coupe verticale passant par le centre de celui-ci pour montrer la forme, le nombre et la disposition des périthèces. PLANCHE (6. Fig. 1, Sphæria uberina: «a, une thèque contenant huit spores , el grossie près de 300 fois ; b et « montrent deux spores isolées, et grossies environ 400 fois. 14h C. MONTAGNE. —— CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. Fig. 2, Sphæria phaselina : a, une thèque renfermant huit spores, grossie près de 800 fois : b, apparences diverses des spores, selon qu'elles sont vues de profil et à plat, figurées au même grossissement, Fig. 3, Sphæria verminosa : a, portion du pétiole d'une feuille de Palmier, sur lequel on voit, de grandeur naturelle, un certain nombre de périthèces de cette petite, mais remarquable espèce; b, un de ces périthèces grossi 20 fois, et vu de face; c, coupe grossie environ 40 fois de ce même périthèce, pour faire voir sa forme en bouclier et la cavité où est renfermé le nucléus; d, une thèque, et e deux spores linéaires isolées, grossies près de 800 fois. Fig. 4, Sphæria clivulosa: a, une thèque, grossie 380 fois, renfermant des spores hyalines : b, deux de ces spores isolées et brunes. Fig. 5, Sphæria Fusarüspora : a, une thèque accompagnée de quelques para- physes, et grossie 400 fois; b, trois spores hyalines isolées et vues au même grossissement. Fig. 6, Cordierites guyanensis : a, deux thèques renfermant chacune six spores rondes ou un peu oblongues ; b, quelques-unes de ces spores isolées, et vues, comme les thèques, à un très fort grossissement. Fig. 7, Phallus æylogenus : a, morceau de bois pourri qui supporte en b quel- ques jeunes individus non encore sortis de leur volva, et en c deux individus adultes, vus les uns et les autres de grandeur naturelle. On voit en d deux des jeunes individus grossis , l’un dont la volva est encore entière, et l’autre où celle-ci commence à se rompre et à s'entr'ouvrir au sommet, pour laisser sor- tir le réceptacle et son pédicule, On peut voir un individu très grossi en e : on y remarque en f la volva lacérée au sommet, et munie à sa base d’un mycé- lium radicellaire qui pénètre entre les fibres du bois: en g, le pédicule réti- culé ; et en h, le chapeau lisse, campanulé, et imperforé au sommet. Enfin on voit en + quatre spores grossies 800 fois. Fig. 8, Geaster mirabilis : a, morceau de bois pourri, sur lequel on voit deux jeunes individus de cette belle espèce vus de grandeur naturelle, et dont l’un b est plus jeune et encore entier, et l'autre c, plus développé, est coupé lon- gitudinalement par le milieu pour en montrer la singulière morphose. L'une des deux moitiés , celle de gauche, est restée en place, tandis que celle de droite a été renversée. La figure & montre , à un grossissement d'environ 8 fois, la disposition des locules linéaires, qui composent la glèbe du péridion intérieur dans son jeune âge. On y voit aussi, dans le centre, le sommet de la columelle, vers laquelle viennent converger les séries rayonnantes de ces lo- cules. On voit en e trois des verrues, qui recouvrent le péridion extérieur avant qu'il se fende en étoile. Un individu adulte, vu de grandeur naturelle, est re- présenté en f, et le même plus grossi en g. Entin on voit en k une coupe verti- cale également grossie, passant par le centre du péridion intérieur , et mon- trant sa cavité remplie d’une poussière noire, et en à un filament du chevelu (capillitium), et des spores grossies près de 400 fois. ADDITAMENTUM IN FLORAM CRYPTOGAMICAM CHILENSEM , QUO LICHENES PRÆCIPUE SAXICOLAS EXPONIT WILLIAM NYLANDER, Dr M. Occasione in Museo Parisiensi liberaliter oblata, lichenes chi- lenses ‘examinandi saxicolas 1bi asservatos nondumque determi- patos , varias eorum formas vel prorsum ignotas vel floræ chilensi saltem novitias addendas sistere animadvertimus. Nec mirum, rem ia se habere, plurimaque necessario prætervisa in hoc capite occur- renda esse, Si perpenditur quanta in genere a collectoribus botani- eis, regiones exolicas sæpius festinanter perscrutantibus, difficul- tate lichenes legantur crustacei rupestres, nonnisi cum fragmento Sax1 , Qui adnascuntur sumendi. Nimis igitur neglecti fuere formæ saxicolæ exoticæ speciminibusque, etiam in herbariis europæis optmis, adhue parcissimis redueta conspiciuntur. Quæ 1taque de ea vegetationis parte constant, valde manca sint momentaque s0- lum disjuncta physiognomiæ ejusdem exprimentia, facile patet, quando fragmentis tantum paucis innitantur, quæ collectores in re hichenologica parum experti reportarunt. Materies lichenographicæ hoc modo ortæ sæpe haud inepte comparandæ sint cum illis scientiæ vegetationis palæontologieæ, reliquiis conslitutis nimis paucis, mutilatis deformatisque florarum priscarum, caussis tantum secundis, hine inde in stratis terrestribus conservatis geologiæque demum sensim traditis interpretationi. Ob raritatem notitiarum lichenes saxatiles exoticos respicientium, haud inutile existimetur, ut eorum non pauei e regione chilensi hoc commentariolo exponantur. Simul quasdam alias species addere liceat in opere celeberrimi Montagne (4) nuper editi desideratas, (4) In Historia fisica y politica de Chili, por CI. Gay, Bolanica, t. VII. Paris, 1852. | &e série. Bor, T. IIS, (Cahier n° 3.) ? 10 41h16 WW. NYLANDER. — ADDITAMENTUM simulque deinde revisionem totius vegetationis lichenosæ synopti- cam , computatis ommbus formis huie regioni cognitis, in qua conscribenda Synopsi ordinem systematis nostri lichenum adhibere conabimur. Species præcipue criticæ addendæ diagnosi vel adhuc charactere differente is privo hic memorantur. Spermogoniorum notæ allatæ exstant , ubi specimina Sæpe pauperrima visa his organis prædita fuerunt. A. MYRIANGIUM. 4. Myrianciun Duriæi Mont. et Berk. Lond. Journ. of Bot. 1845, p. 72; DR. FI. Alg. p. 24, t. 19, f. 2; Desmaz. Cr. Fr. éd. 2, n. 1598. Thallus eum apotheciis confluens in pulvinulos piceo- atros opacos nodulosos , depressiusculos, intus fere concolores obscuros ; thecæ sphæricæ vel ellipsoideæ, sporæ 8% oblongæ, non coloratæ, longitudine 0,020-25 millim. , crassitie 0,010-12 mil- lim., transversim tenuiter 5-divisæ , addita sæpius divisione lon- gitudinali plurimas transversas percurrente, omnibus vero his septulis sat irregulariter varieque dispositis. Protoplasma thecis inclusum jodo vinose fulvescens (4). Ad cortices arborum, sæpe supra thallum aliorum lichenum crustaceorum. Genus paradoxum, Arthonis in serie Lichena- ceorum potissime aflinilatem quandam offerens. M. inconspicuum Bab. FT. New. Zeal. p. 16,t. cxxvin, nobis vix differre videtur ab Arthonia lurida Ach. 2, BÆOMYCES. 1. Bæomyces RAMALINELLUS, n. sp. Thallus albidus crustaceus inæqualis, apothecia pallida sti- (1) Descriptiones nostræ semper ad statum Lichenum siccum factæ sunt, quo colores magis prodeunt privi manifestioresque cujusvis formæ. Status horum vegetabilium siccus æque normalis habendus sit ae humidus, vita eorum in suc- cessione periodica continua amborum consistente. = Énimadwetiattit quoque sporas non coloratas dici, ubi episporium pure hyalinum est, contentum plus mi- nus oleosé flavum. Sporæ itidem hæ non coloratæ intelliguntur. ubicumque dige gnosis colorem earum non indicat. IN FLORAM CRYPTOGAMICAM . CHILENSEM. A7 pitala, epitheciis concaviuseulis vel planis, plura aggregala stipite- que communi concolore supportata ; $ po ræ 8"? fusiformes, longit. circa 0,011 millim., crassit. 0,005 millim. , paraphyses haud dis- tinctæ. Gelatina hymenea jodo non colorata. Spermogonia in tuber- eulis minutis thalli obvia, conceptaeulis nigrescentibus ; spermatia recta utroque apice acutiuscula , longit. 0,004-5 millim. , erassit. 0 ,001 muillim., sterigmatibus pluri- articulatis satis gracilibus (0 ,003 millim. ont infixa. Ad terram. Quilmenco. Thallus opacus. Gonidia sphærica satis magna , ut in B. rufo Ach. Stipes apotheciorum longitudinaliter aliquoties corrugatus, hypothecio con- stricto constitutus, altit. 3 millim. in speciminibus visis vix excedens, ele- mentis filamentosis formatus agglutinatis, intus tubulosis, 0,003 millim. crassis. Epithecium sæpe tuberculis parvis obsitum , initiis , ut adparet, prolificationis apotheciorum. Sporas rite formatas non vidimus. Differt a B. rufo habitu ramalinoideo apotheciorum. — Genus Bæomyces est ad Cladonias et Stereocaula, ut Calicioidei ad Sphærophoreos. Quoad hy- pothecium Bæomyces similiter cum Lecanoreis aut Biatoris comparari potest. Locus igitur ejus nonnihil adhuc vacillans. 3. CLADONIA. 1. Cranonia peGsnerans Flk. Clad. p. 91, Fr. L. E. p. 294. Var. puyrea (Fik. !. c.). Thallus albido-granulosus , basi in- fuscatus, hine inde foliola proferens, seyphifer, scyphis proliferis. In Chili. 2. CLanonia squamosa Hffm. F1. Germ. 2, p. 195; Fr. L. E. p. 231, L. S.exs. 57; Schær. Enum. p. 198, L. H. exs. p.74. Thallus nicrophyllino-exasperatus, facile sponte decorticatus, ramosus, apothecia fusca parva apicibus ramorum insert, sæpe plura approximata vel ageregata. Im Chi. 3. CLADONIA TURGIDA Hffm. F, Germ.2,p. 194. Var. conspicua Del. (ex typo in Mus. Paris.), Schær. Enrum. p. 201. Thallus podetiis constitutus turgidis lævibus, ir 148 W. NYLANDER, — ADDITAMENTUM ramulosis, apicibus ramulorum pedicellato-fructiferis, apotheciis parvis. In Chili. Differt a forma primaria europæa thallo basi folioso insigni, podetiis basi nudioribus et præsertim superne foliolosis, dein apothecis parvis lon- gius cristato-pedicellatis. Sporæ 8"* oblongæ, simplices, longit. circiter 0,015 millim., crassit. fere 0,0035 millim., paraphyses graciles. Gelatina hymenea jodo non coloratur, ea thecarum cœrulescit. — Quoad analysin apotheciorum et spermogoniorum hujus generis consulendum est opus egregium celeberrimi Tulasne Mém. Lich. p. 171-173, t.10,f. 6-11et t. 11, f. 41-17. In diversis speciebus, ut constat, Cladoniarum sporæ et spermatia parum variant, quare ea pro quavis specie afferre negleximus. — Memoretur adhuc hic obiter varietas Cladoniæ gracilis tenera, quam inter lichenesa Bertero in insul. Juan Fernandez lectos vidimus (in Mus. Paris. ) podetiis vix pollicaribus , gracilibus , crassitie fere 0,5 millim. , seyphis margine cristato-fructiferis. h. STEREOCAULON. 1. STEREOCAULON TOMENTOSUM Laur., Fr. L. Æ.p. 204, L.S. exs. 90; Schær. Enum. p. 184. Thallus albidus podetiis ramosis tomento concolore obtectis, granulis albo-cæsiis inciso-crenatis, apothecia parva vel medio- cria fusca, terminalia lateraliaque; sporæ 8" fusiformi-cylin- dricæ elongatæ , longit. 0,027-34 millim., crassit. 0,003 millim., sæpius 3-septatæ, paraphyses graciles apice fusco-clavatæ. Gelatina hymenea jodo cærulescit (thecæ præcipue apice (1) ). Ad fretum Magellanicum, Hombron (Mus. Paris. ). (1) À substantia, quam chemistæ Licheninum vocant, verisimiliter consistit nostra « gelatina hymenea ». Eadem ad apicem thecarum intensior obvia in Ste- reocaulis, 1b1 jodo addito color oritur cœruleus insignior. Quod non confundatur cum mira Coloratione simili, quam exhibent apices thecarum in Sphæria Desma- zierii Berk. et Sph. confluente Tode, nam in his pars jodo cœrulee tincta intra orificium earum superum (quale deest lichenibus } est posita et gelatina, veri- similiter lichenina, hoc orificium obturante, expulsionemque . noli langere (Chrysothrix Mont. Chil. p. 213). A. rufella Nyl. supra p. 170. B. Species apotheciis nigris. A. spilomatoides Nyl. supra p. 169. A. complanata Fée, Mont. Chil. p. 213. Affinis videtur À. melanophthalmæ Duf., Nyl. Alger. p. 336. . hapaliza Nyl. supra p. 172. . ramosula Nyl. Alger. p. 335, supra p. 470. . tædiosa Nyl. supra p. 471. . dispersa Duf., Nyl. supra p.174. > à à à Lecaxacris Eschw. pr. p. (1). Paraphyses haud bene discretæ, sporæ ut in gen. Graphide formatæ similiter- que (episporio) jodo cœrulee obfuscatæ, gelatina hym. eodem non tincta. k. L. serograpta Mont. Chil. p. 187. B. Apothecia composita, excipulo (hypothecio) collectivo instructa. Ciopecron Ach. . Ch. cerebriforme Mont. Chil. p. 490, €. 43, F. 1. Ch. seriale Ach., Mont. Chil. 192. Ch. hypoleucum Nyl. supra p. 172. . Ch. stalactinum Nyl.supra p: 173. Gzyrris Ach. . Gl. cicatricosa Ach., vide supra p. 173. (1) Huc referendas putamus ex. gr. L. confluentem Mont. et Graphidem scal- pturatam Ach., sed L, pruinosa Eschw. et L. punctiformis Eschw. nobis Graphi- dis sunt species. IN FLORAM CRYPTOGAMICAM CHILENSEM. 187 Series VI, — PYRENODEI. Trib. XVII, — ENpocaRPeL, À. Apothecia simplicia. (Expocarrox Hedw., Ach.) VerrucariA Pers. * Gelatina hymenea jodo non tincta. Corticolæ. . V. confinis Nyl. supra p. 174. V. micromma Mont. var. leucomma Nyl. supra p. 174. V. nitida Schrad., Mont. Chil. p. 206. . V. hymnothora Ach.?, Mont. Chil. p. 205. An vere diversa a præcedenté? 5. V. coryli (Mass.) Nyl. supra p. 174. 6. V. epidermidis var. laciea Mont. Chil. p. 208.— Var. analepta Fr. (Mont. Chil. p. 208). 1. V. cinerella Fw. Vide supra p. 174, & © LO — ** Gelatina hymenea jodo vinose rubens. Paraphyses nullæ. Saxicolæ. 8. V. microspora Nyl. supra p. 175. 9. V. umbrina var. monospora Nyl. supra p. 175. B. Apothecia composita vel nonnulla peritheciis confluentia. PyreNasrrum Eschw. 4. P. chilense Mont. Chil. p. 204. Computatis omnibus in hac summa vegetationis lichenosæ chilensis receptis speciebus, invenitur numerus earum 205, quarum sunt europææ 97, extra- europææ 108. Comparationem statisticam diversarum tribuum cum flora europæa hic addere potuerimus, sin chilensem adhuc (facile omni regione europæa ditiorem) nimis incomplete cognitam censeremus, ut numeros aliquantum certos offerret. Maxime notabilis est numerus specierum insignium generis Stictæ, vel 21, qua- rum 18 Europæ sunt exsules. Similiter præcipue notanda absentia Calicioideo- rum, quorum saltem 28 species in Europa vigent; tamen observetur, Calicium trachelinum Ach. in vicina Peruvia lectum fuisse a celeberrimo Weddell. Emi- nentiis lichenosis haud paucis gaudet regio chilensis sibi privis, quales sunt ex. gr. Chiodecton cerebriforme, Ch. staiactinum, Lecanora coccophora, Pannaria Gayana, Erioderma chilense. Quamvis enumeératio supra data indubitanter valde Sit manca, nihilosecius eam momenta non spernenda ad distributionem geogra- phicam characteremque hujus vegetationis adumbrandum offerre speramus. SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL, Par le D' Hermann SCHACHT. (Communication faite, le 19 décembre 1854, à la réunion des naturalistes à Berlin, publiée dans la Flora , n°° 10 et 11, p. 145-158, 161-170.) La discussion relative à l’admission ou au rejet de la théorie de M. Schleiden, selon laquelle l'embryon prend naissance dans l’in- térieur du boyau pollinique, semble enfin approcher de son terme. En effet, cette théorie, qui, en dernier lieu, n’avait guère plus que moi pour partisan, vient de recevoir tout récemment l’appui d’un jeune homme, qui a mis dans la balance une préparation de nature à réduire pour toujours au silence les adversaires de cette manière de voir. M. Th. Deecke a publié, dans les Mémoires de la Sociélé des naturalistes de Halle pour l’année 1854, une courte note sur le développement de l'embryon chez les Pedicularis palustris et syl- vahca, et, par ses recherches, il a confirmé de la manière la plus complète mes observations sur ces deux plantes. M. Deecke a été plus heureux que moi ; en effet, il a réussi une fois à isoler l’extré- mité en forme de bec du sac embryonnaire d’un jeune ovule de Pedicularis sylvatica avec le boyau pollinique qui s’y était intro- duit, de telle sorte que sa préparation montre, en dehors du sac, un fragment de boyau pollinique long de 35 de millimètre , tandis que la portion de ce même Dpyau qui a pénétré dans le sac se pré- sente avec une longueur de de millimètre (1). La continuité (1) Sur cette préparation, que j'ai représentée tout entière dans la figure 1, il reste encore la portion du tégument simple de laquelle l'extrémité, en forme de bec, du sac embryonnaire, avait été retirée au moyen d’aiguilles. Si l'on pro- jette au moyen de la camera lucida , ou en se servant du compas, cette partie sur son ancienne place, c’est-à-dire sur l'excavation en bec (d +) qui s’est formée ainsi, on voit que % Are pollinique qui a pénétré dans le sac embryon- naire ressort d'environ % de millimètre par le micropyle de l’'ovule; d'un autre côté, on reconnaît que la portion de ce tube logée dans le sac n'est pas en- SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL, 189 du boyau pollinique à l'extérieur et à l’intérieur du sac embryon- naire est ici complète el manifeste. Y faut done considérer le tube qui se montre dans l’intérieur de ce sac comme l'extrémité du bovau qui s'y est introduit de l'extérieur. Dans le cas dontil s’agit, il s’est déjà produit dans l'extrémité de ce boyau une cellule, qui n'est rien autre chose que la première cellule de l'embryon (1). Dans une préparation semblable de la même plante que j'avais exécutée, il y a six ans, époque depuis laquelle je ne me suis plus occupé du Pedicularis sylvatica, il n’existe qu’un fragment de boyau pollinique long de 5 de millimètre, et sur lequel on voit, en outre, de plusieurs côtés des renflements variqueux (voyez pl. XX, fig. 24, de ma Pflanzeuxelle). Au contraire, dans les cas habituels, le boyau pollinique périt de bonne heure, immédiatement au-dessus du point par lequel il a pénétré dans l'extrémité en forme de bec du sac embryonnaire, et, par suite, il s’étrangle en s’arron- dissant en dehors de cette extrémité; de là, cette terminaison, for- née par étranglement, fait saillie en tout temps en dehors du sac embryonnaire, et s'annonce ainsi comme une partie qui à pénétré de l'extérieur dans l’intérieur, ce que confirme encore l’état de la membrane du sac, qui se montre infléchie au point par lequel a pénétré le boyau pollinique. M. Deecke a vu lui aussi ces particu- larités déjà indiquées antérieurement par moi, tant pour l’étran- glement de la portion du boyau qui cesse d’être nourrie, que pour linflexion dela membrane du sac embryonnaire, et il les a repré- core arrivée au terme de son trajet, et qu’elle est seulement parvenue en y, là où commence l'albumen ({ fig. 4, £ et 5) ; que plutôt elle correspond encore au processus latéral (a + ) du sac, et se fait ainsi reconnaître comme venant d'être fécondée tout récemment. (1) M. Deecke m'a autorisé à donner ici une figure rigoureusement exacte de sa préparation. Cette figure ne concorde pas exactement avec celle qui a été donnée par cet observateur lui-même dans son mémoire cité plus haut (fig. 7); mais cette discordance s'explique : d'un côté, parce que M. Deecke a dessiné sa préparation à l'état frais, dans lequel la formation de la première cellule dans l'intérieur du boyau se présentait autrement qu’en ce moment, où l'on voit la cloison et le contenu contractés ; d’un autre côté, parce que son microscope est médiocre, et ne lui à peut-être pas permis d'apercevoir les plis du boyau pol- linique. 490 M. SCHACAT. sentées très exactement sur ses figures 1, 2, 4, 8 et 9, qui corres- pondent aux figures 4 et5 de ma propre planche. Mais, maintenant, si le tube qui a pénétré dans l'extrémité en bec du sac embryonnaire du Pedicularis doit, sans le moindre doute , être regardé comme le boyau pollinique, ce à quoi on ne peut faire d’objection , quelque désir qu'on en eüt, pour peu que l’on connaisse l’état des choses chez cette plante , par cela même la naissance de l'embryon dans l’intérieur de ce boyau se trouve démontrée de manière également incontestable. Je puis, en eflet, montrer tous les états successifs depuis la première cellule de l'em- bryon jusqu’à la formation d’un globule embryonnaire composé de plusieurs cellules, même jusqu’à l'apparition des deux eotylédons, C'est seulement lorsque apparaissent les cotylédons, que cesse l’union de l'embryon naissant avec le boyau pollinique, qui disparait dès lors peu à peu. Les premières cellules de l'embryon des Pedicularis et du Lathrœæa se forment par division et non par formation cellulaire indépendante, comme je l'avais d’abord admis. La production des cellules-filles dans l’intérieur de ces premières cellules a lieu éga- lement par division. C’est encore par division que se produisent les premières cellules- mères de l’albumen ; en effet, aux deux extrémités du sac embryon- naire apparait, avant la fécondation, d’abord une cellule, et ensuite une série médiane de cellules forme le commencement de l’endo- sperme: (est plus tard seulement que les cellules médianes déve- loppent des cellules-filles ; au contraire, les cellules du haut et du bas prennent bientôt, en grossissant, un aspect granuleux; après quoi, elles disparaissent peu à peu. A la place occupée par la cellule supérieure se forment le prolongement en bec (d) et le processus latéral (a) du sac embryonnaire, dans lequel, comme on sait, il ne se forme pas de cellules plus tard. Le boyau pollinique , en péné- trant dans le sac, doit passer à côté de cette cellule qui est en voie de disparaitre ; et il paraît résulter de là qu'il se montre souvent appliqué contre la paroi de la pointe en bec du sac embryonnaire. La cellule située à l'extrémité inférieure du sac embryonnaire disparait bientot de son côté , et laisse un petit espace vide de cel- SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL. 491 lules (fig. 1, b); cet espace correspond au processus Mmférieur, également vide de cellules, que présente le sac embryonnaire de l’ovule du Lathræa (fig. 6, b). Outre cette grande cellule qui disparaît de bonne heure, il n’en existe jamais d'autre, d’après mes observations, dans la partie supérieure du sac embryonnaire des Pedicularis. M. Hofmeister s’est trompé étrangement à cet égard ; iln’y a pas de cellules, chez les Pedicularis et Lathræa , qui puissent être fécondées par le ._ boyau pollinique (1). Chez le Lathræa , il est très difficile d'isoler, en dehors du sac embryonnaire, un assez long morceau du boyau pollinique sans le rompre ; la portion extérieure de ce tube parait être résorbée ici encore plutôt que chez les Pedicularis. Néanmoins je possède une préparation dans laquelle le boyau pollinique, qui s’est arrondi en s’étranglant, se montre en dehors de la pointe du sac, sur une lon- gueur de 5 de milliinètre (fig. 7). Ici encore je puis montrer sur des préparations tous les degrés du développement de l’em- bryon, depuis la première cellule jusqu’au globule composé de nombreuses utricules, formé dans l’intérieur du boyau pollinique qui a pénétré dans le sac embryonnaire. Chez le Lathrœæa squamaria , on trouve, avant la fécondation , dans le sommet du sac embryonnaire , deux cellules que M. Hof- meister a bien figurées (Flora de 1854, tab. x, fig. 7,9, 44 et14); mais elles disparaissent, comme la cellule unique des Pedicularis, pendant que se forme le processus latéral du sac embryonnaire, et jamais elles ne donnent l’utricule, dans laquelle naissent les pre- mières cellules de l'embryon; celui-ci est toujours le prolongement direct du boyau pollinique qui a pénétré dans le sac. Jai plusieurs fois suivi l'entrée de ce boyau de la manière la plus précise; il descend entre les deux cellules situées dans la partie supérieure du (1) Comme M. Hofmeister a négligé, chez le Pedicularis, d'isoler l'extrémité supérieure du sac embryonnaire, ses figures 2, 3 et 4, publiées dans la Flora de 4851, tab. x, ont une faible valeur. C'est, en effet, uniquement par ce moyen qu'on peut voir la manière dont les choses ont lieu réellement avec assez de net- _teté pour acquérir une entière conviction : autrement on croit voir tout ce qu'on désire. 192 N. SCHACHT. sac, ét il ne commence à se renfler que lorsqu'il est parvenu au milieu de celui-ci; c’est alors seulement que naît dans son inté- rieur la première cellule de l'embryon. Dans cette plante, on voit souvent deux boyaux polliniques pénétrer dans le sac embryon- naire, tandis que ce fait est rare chez les Pédiculaires. M. Hofmeister n’a pas été non plus très heureux pour le Lathræa, chez lequel il a sans doute isolé l'extrémité de quelques sacs embryonnaires déjà fécondés ; dans ses figures relatives à cette plante, il a d’ailleurs négligé des particularités très importantes. L’inflexion de la membrane du sac embryonnaire et la saillie exté- rieure du boyau fermé à sa partie supérieure , que ne recouvre jamais la membrane du sac, n’auraient pas dù lui échapper. Pour le Fiscum et le Canna, je puis encore démontrer complé- tement la formation de l'embryon dans l’intérieur du boyau polli- nique qui a pénétré dans le sac embryonnaire. Chezle Canna, j'ai réussi plusieurs fois à isoler le boyau qui ressortait encore longue- ment par le micropyle de l’ovule , tandis qu'il avait déjà formé des cellules dans l’intérieur du sac embryonnaire (fig. 41 et 12). Chez celte plante souvent, mais pas toujours, le boyau pollinique, après avoir pénétré dans le sac embryonnaire, donne une excroissance latérale, dans laquelle prennent ensuite naissance les premières cellules de l’embryon (fig. 10). Lorsque ce fait a lieu , on dirait qu’une cellule se trouve placée à côté du boyau. Mais, dès qu’on enlève les téguments de l’ovule et le nucelle, on voit de la manière la plus claire l’état réel des choses. Toutelois, chez le Canna, il existe fréquemment (peut-être tou- jours ?), dès avant la fécondation , quelques cellules dans la partie supérieure du sac embryonnaire ; mais elles disparaissent pendant ou peu après la floraison (1). Chez ce même genre, il n’est pas rare de voir deux ou plusieurs boyaux polliniques pénétrer dans le micropyle (fig. 9) ; mais habi- tuellément un seul pénètre dans le sac embryonnaire. Je conserve (4) Pour le dire en passant, dans le sac embryonnaire du Canna et du Tro- pæolum , il ne se forme pas de tissu cellulaire ; tandis que dans tous les autres Cas à ma connaissance, même lorsque la graine mûre manque d'albumen , il en existe un au moins transitoire. 10 GC H \ 55 SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL. 193 une préparation dans laquelle on voit un boyau pollinique entré dans le sac, tandis qu'un autre s’est contourné en serpentant autour de l'extrémité de ce même sac. | Chez le Viscum, la cellule, qui existe longtemps avant la fécon- dation dans l'extrémité du sac embryonnaire (fig. 14, g), ne se change jamais non plus en embryon , comme l’admet M. Hof- meister. Ici, également, le boyau pollinique pénètre toujours lui- même dans le sac embryonnaire, dans lequel il se renfle aussitôt en globule, et il développe dans son intérieur les premières cellules de l’embryon. Lorsque celui-ei est déjà composé de nombreuses cellules , on peut souvent encore reconnaître sa continuité avec le boyau pollinique visible en dehors du sac embryonnaire (4). Les cellules qui, chez beaucoup de plantes, existent dans la partie supérieure du sac embryonnaire même avant l'entrée du boyau pollinique, et qui ont été observées pour la première fois par M. Amici, ont recu de cet observateur et de M. Hofmeister le nom de vésicules embryonnaires (Keïmblaeschen). C’est, en effet, d’une de ces cellules que se forme l’embryon, selon ces auteurs, sous l'influence fécondante du boyau pollinique qui, même d’après eux, peut pénétrer dans le sac embryonnaire , seulement dans des cas proportionnellement rares (d’après M. Hofmeister, chez les genres Canna, Érodium, Bartonia). Mais comme cette manière de voir repose sur une erreur due à l’examen de plantes peu favorables ou à une méthode d'observation vicieuse, ces cellules ne méritent pas le nom qu'on leur a donné. La véritable vésicule embryonnaire , dans le sens de M. Schleiden et le mien propre, est le renflement globuleux de l'extrémité du boyau pollinique qui a pénétré dans le (1) Chez le Gui , l'ovule n’est pas un organe particulier ; le sac embryonnaire se trouve situé dans la moelle de la portion de la tige qui s’est conformée en fleur femelle (fig. 13). Fréquemment, et particuhèrement lorsque le Gui croît sur un arbre feuillu , on trouve deux sacs embryonnaires côte à côte ; si les deux sont fécondés, ils s'unissent plus tard en une seule graine à deux embryons. Dans la fleur femelle de ce végétal on trouve quatre feuilles périgoniales qui tombent de bonne heure, et deux feuilles stigmatiques en forme de verrues ; mais il n'y a pas de cavité ovarienne, ni d'ovule distinct et séparé. Les boyaux polliniques arrivent des deux stigmates très rudimentaires dans le tissu désagrégé de la moelle, au- dessus du sac embryonnaire, et graduellement ils pénètrent dans ce dernier. 4° série. Bot. T. ITT. {Cahier n° 4.) 13 4194 H. SCHACHT.,. sac embryonnaire, duquel procède réellement l'embryon , tandis que les fausses vésicules embryonnaires , ou les cellules de MM. Amici et Hofmeister, n’ont absolument aucune importance pour la fécondation ; aussi ne les trouve-t-0n n1 partout ni toujours en même nombre, et disparaissent-elles de bonne heure sans laisser de traces. Excepté chez le Gui, nées par une formation cellulaire indépendante , ces cellules sont, en outre , toujours libres et non fixées intimement à la membrane du sac embryonnaire , comme l'est le véritable embryon naissant, circonstance dont M. Hof- meister n’a tenu aucun compte. Ces cellules, qui se montrent non- seulement dans le haut, mais aussi dans le bas du sac embryon- naire, ne peuvent être pour moi qué le produit d’une production cellulaire qui s’est opérée de bonne heure par suite de l’accumu- lation du protoplasma dans ces deux parties du sac. Déjà leur pré- sence à ces deux extrémités aurait dû donner de la prudence dans les interprétations sur ce sujet. Au reste, 1l n’est que trop facile , dans quelques cas , de confondre une de ces cellules avec le véri- table embryon naissant , c’est-à-dire avec la première cellule née dans le boyau pollinique, et souvent on ne peut se mettre à l'abri d’une pareille confusion qu’en isolant complétement l'extrémité du sac embryonnaire. Cette préparation, qui n’est pas facile, et qui exige quelque habitude, est inexécutable chez certaines plantes, par exemple chez les Orchidées , le Monotropa, les Pyrola, les Bego- mia , etc. ; dès lors ces végétaux ne peuvent fournir aucune ne Dose pour cette question. M. Crüger, à la Trinité, a déjà démontré (Botan. Zeit. de 1854, p. 57 ) que le sac embryonnaire des Citrus ne renferme pas de cellules de cette sorte avant la fécondation ; il a montré aussi que, dans ces plantes, 1l se forme plusieurs embryons. Je puis confirmer l’un et l’autre de ces faits. Tandis que , dans le sac embryonnaire de l’Oranger, il n’existe ni cellules, ni nucléus cellulaires même, au moment où le boyau ‘pollinique passe à travers le tissu de ce nucellaire, on voit se former dans l’intérieur du boyau pollinique, et cela avant qu'il perce la membrane du sac embryonnaire , de nombreuses cellules arrondies (%), qui souvent forment comme un monceau sur la membrane du sac qu’elles refoulent vers l’inté- _ SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL. 195 rieur (fig. 20). Une quelconque de ces petites cellules grandit ; par l’effet d’une résorption, elle perce la membrane du sac embryon- naire, dans l’intérieur duquel elle arrive ainsi comme embryon naissant (L). Souvent il se produit ainsi successivement six et même huit de ces embryons naissants qui, par suite, différent beau- coup entre eux quant à l’état de leur développement. Habituellement les plus âgés sont placés latéralement , les plus jeunes se trouvent plus vers le milieu. Les autres cellules, qui se sont formées de même dans le boyau pollinique, et qui se trouvent encore en dehors _ du sac embryonnaire, ne continuent pas leur accroissement ; elles jaunissent et sèchent ensuite : elles constituent alors un tissu jaune ou-brun rougeàtre qui entoure, comme un manteau, le sommet du sac embryonnaire (fig. 19, 21, 22 et 23 k). Très souvent le boyau pollinique de l’Oranger forme dans le milieu du nucelle un ren- lement qui se remplit de semblables pelites cellules arrondies (fig. 49 #), mais quelquefois aussi ce même tube pénètre dans le sac sans avoir encore formé grand nombre de cellules (fig. 22 ). Alors la formation de ces cellules et la production de l'embryon naissant par l’une d'elles ont lieu dans l’intérieur du sac, mais de la manière qui vient d’être décrite ( fig. 23). De même aussi celles d’entre ces cellules qui ne doivent pas continuer leur accroissement s'arrêtent bientôt dans leur progrès, jaunissent et meurent. Ce que M. Crüger a pris pour des nucléus cellulaires n’est pas autre chose que ces petites cellules qui se forment non dans l’intérieur du sac embryonnaire, mais dans le boyau pollinique, et le plus souvent en dehors du sac. Chez l’Oranger la membrane de celui-ci est très résistante ; aussi peut-on l’isoler complétement et sans déchirure , ef dès lors on peut reconnaitre facilement et avec toute certitude s'il existe quelque chose en dedans ou en dehors de lui. Dans les cas analogues à celui qui représente la figure 20 ; on peut détacher complétement et sans déchirure la membrane de ce sac des eel- lules (4) situées en dehors de lui, La figure 22 représente la mem- (1) Nous traduisons simplement paf embryon naissant l'expression de Xeiman- lage, pour éviter d'employer les mots dé proembryon ou préembryon, qui peuvent fäiré équivoque avec la formatioh toute différente désignée par le terme de proembryon chez les Cryptogames en germinatiôn, (Note du traducteur.) 196 H. SCHACHT. brane du sac embryonnaire (se) séparée de ces cellules (4); déjà un embryon naissant (em) se trouve dans la cavité : il est né de la cel- lule p. Ce que M. Crüger se contentait de regarder comme possible chez les Citrus, à savoir qu'il s’opérât une production cellulaire successive dans le boyau pollinique , et que des cellules ainsi for- mées provinssent plusieurs embryons l’un après l’autre, mes re- cherches en ont fait une certitude. Nous avons donc ici un cas dans lequel un seul boyau pollinique donne naissance à plusieurs embryons. IL y a déjà longtemps qu’on a signalé des boyaux ramifiés (Geles- now ) chez quelques Onagrariées et Crucifères ; j'ai prouvé moi- même qu'il en existe de tels chez l’'OŒEnothera muricata , chez le Viola tricolor, chez le T'huia orientalis, et chez le Fagus sylvatica. Chez ce dernier, presque tous les boyaux polliniques sont ramifiés , tandis que ce fait est uniquement exceptionnel chez les autres espèces. Même chez les Conifères, la première ébauche de lPembryon prend naissance à l’intérieur du boyau pollinique. Une rosette for- mée de quatre cellules se montre déjà, chez l’If, dans le boyau pol- linique, avant même qu'il traverse le corpusculum. En s’enfonçant dans celui-c1, le boyau entraine avec lui la rosette. Celle-ci grossit ensuite ; en elle naissent de nouvelles cellules desquelles provien- nent, selon un ordre déterminé , tant les vésicules embryonnaires que les cellules de l'embryon naissant. L’allongement des vésicules embryonnaires porte cet embryon naissant dans l’intérieur de l’albumen, où il se développe complétement en embryon. Chez VIF, un seul boyau pollinique peut féconder plusieurs corpus- cules. Chez le T'huia, où de nombreux corpuscules , formant comme un groupe celluleux , se trouvent réunis dans la partie supérieure du sac embryonnaire (fig. 24), un seul boyau pollinique suffit en- core pour en féconder plusieurs. On voit ici une ramification du boyau , soit dans le mamelon nucellaire ( cependant pas souvent ), soit sur les corpuscules (ici constamment) (fig. 25). Les premières cellules de l'embryon naissent également chez le Thua en rosette cellulaire (r) dans l'extrémité du corpuscule SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL. 197 (fig. 25), et dès lors certainement, ainsi que chez le Taœus, à l’in- térieur de la portion du boyau pollinique qui s'enfonce dans ce corpuseule (4). Comme chez le Taœus la rosette atteint peu à peu le fond du corpuseule, et d'elles naissent ensuite les vésicules embryonnaires (em, $S) et les embryons (em) à l'extrémité de celles-ci (fig. 26). Dans le Thuia, plusieurs corpuscules en forme de cellules oblongues , à parois assez épaisses, se trouvent adjacents , d’où il est absolument nécessaire de les isoler autant que possible. Alors on reconnaît, de la manière la plus nette, la marche descendante et progressive de la rosette du sommet du corpuscule vers sa base. Pendant ce trajet s'opère habituellement une mulüplication des cellules ; aussi , dans le fond du corpuscule , on ne voit que rare- ment, ou même jamais , une rosette de quatre cellules : générale- ment on y voit déjà toutes formées les vésicules embryonnaires et les premières cellules de l'embryon, le contenu granuleux du cor- puseule ayant été absorbé pour cette formation. Cependant, si l’on néglige d'isoler les différents corpuscules, on peut facilement être induit en erreur, et arriver ainsi, avec M. Hofmeister, à l'opinion absolument erronée que la rosette , dans le haut du corpuseule , n’a rien de commun avec les vésicules embryonnaires et l'embryon naissant qui se trouve dans le bas de la même formation ; tandis que par un examen attentif on peut se convaincre facilement que , lorsque la rosette se trouve encore dans la partie supérieure du cor- puseule , les vésicules embryonnaires manquent toujours dans sa partie inférieure, et réciproquement que, lorsque ces dernières existent, la rosétte et avec elle le contenu granuleux du corpuscule ont disparu. En outre, je conserve des préparations du Thuia orientalis dans lesquelles la rosette grossie se trouve à peu près à moitié chemin dans l’intérieur du corpuscule. Le Thuia fournit aussi la preuve de l'indépendance de ces corps, car les vésicules embryonnaires de différents corpuscules adjacents sont souvent (4) La portion du boyau qui pénètre dans le corpuscule est malheureusement, dans le Thuia, d'une telle délicatesse, qu'on ne peut l'isoler sans rupture, comme on peut le faire pour l’If; cependant, j'ai plusieurs fois obtenu des préparations semblables à celles de la figure 25. 198 H. SCHACHT. entièrement imégales entre elles, soit pour le nombre, soit pour le mode de leur développement (fig. 26). Chez le Pinus sylvestris, le boyau pollinique pénètre aussi dans le corpuscule. Peu après naissent dans son intérieur des cellules, desquelles provient une rosette de quatre cellules, qui se montre alors suspendue librement par un court suspenseur dans l'extrémité supérieure du corpuscule. Cette rosette se détache un peu plus tard de son suspenseur ; elle arrive peu à peu au fond du corpuscule , et y produit, comme chez le Taœus et le Thuia, les vésicules embryonnaires avec l'embryon à leur extrémité. Chez le Pin syl- vestre, chaque boyau ne paraît féconder qu’un corpuscule. D'après les dernières recherches de M. Hofmeister (Flora, 1854, n. 34), le boyau pollinique des Conifères pénétrerait, ilest vrai, dans le corpuseule, mais R il ne donnerait pas lieu lui-même à la pro- duction de l'embryon ; il donnerait lieu plutôt à une des nombreuses cellules libres contenues dans le corpuscule, et que M. Hofmeister nomme vésicules embryonnaires, tandis que jy vois de simples vacuoles, l'aptitude à devenir la rosette dont j'ai parlé et de laquelle procèdent ensuite les utricules embryonnaires avec l'embryon naissant. M. Hofmeister regarde aussi comme vraisemblable que dans le boyau pollinique des Conifères, il se forme des anthéro- zoïdes ; il croit, en effet, y avoir vu des cellules dans lesquelles ces petits corps pourraient bien se produire. Mais ces prétendues cellules à anthérozoïdes ne sont rien autre chose que les fausses . cellules ou les vacuoles qui existent dans le corpuscule lui-même fréquemment et de manières très diverses (par exemple, en petites vacuoles dans l’intérieur de vacuoles plus grandes). J'affirme au contraire hardiment que, à l'exception de la rosette de cellules née dans le boyau pollinique , toute véritable cellule manque dans le corpuseule. Les vésieules embryonnaires admises par M. Hof- meister dans les Conifères sont de fausses cellules, comme je lai déjà dit. Je puis prouver par des préparations, pour le Pinus et le T'huia, que la rosette ne prend pas naissance au fond du corpuscule, comme l’admet M. Hofmeister; pour le T'aæus, je puis démontrer égale- ment par des préparations qu'elle se produit dans lPintérieur du SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL. 199 boyau pollinique, même avant qu’il pénètre dans le corpuseule. Du reste, je ne conçois pas comment aurait lieu, conformément aux idées de M. Hofmeister, la fécondation des Conifères ; car per- sonne n’admettra de nos jours une fécondation opérée par le boyau pollinique à distance. D'après mes observations , la fécondation chez les Conifères ne diffère de celle des autres Phanérogames qu’en deux points : 4° la cellule-pollen des Conifères ne passe pas elle-même à l’état de _ boyau pollinique, mais il naît en elle des cellules-filles, dont une développe le boyau ; 2° celui-ei ne se borne pas à pénétrer dans le sac embryonnaire encore à l’état de cellule, mais il arrive dans une grande cellule du sac embryonnaire déjà rempli par l'endo- sperme au moment de la fécondation, c’est-à-dire dans ce qu’on a nommé corpuscule, et c’est dans l’intérieur de celui-ci qu'il com- mence ses premières formations. Ce sont les utricules embryon- naires qui, plus tard, portent l'embryon jusqu’au milieu de l’albumen proprement dit dans lequel il se développe selon la marche ordi- naire. M. Schleiden a démontré, dans le Phormium tenaxæ , que les premières cellules de l'embryon naissent à l’intérieur du boyau pollinique avant même qu’il ait percé la membrane du sac em- bryonnaire. [ci le sac embryonnaire est refoulé vers son intérieur par la formation cellulaire qui existe dans l’intérieur du boyau. Cette circonstance a fait donner à la théorie de M. Schleiden le nom de théorie du refoulement. Déjà, dans mon Mémoire couronné, j'ai prouvé que ce refoulement du sac par le boyau pollinique n’a lieu que lorsque la membrane du premier résiste à la pression du dernier, comme chez les Pedicularis, Lathrœa et Citrus, et qu’on ne l’observe jamais lorsque le boyau peut se faire jour à travers le sommet du sac embryonnaire. Dès lors le refoulement de celui-ci par le boyau pollinique n’a en lui-même aucune importance pour la question de la fécondation. Chez le Canna, M. Schleiden a isolé complétement et sans rup- ture le boyau pollinique qui avait pénétré dans le sac embryon- naire. J'ai eu le même bonheur plusieurs fois, et encore tout récemment (fig. 12). En outre, M. Schleiden a figuré un cas fourni 200 HW. SCHACHT. par l’Orchis latifolia dans lequel un boyau pollinique, s'étant insi- nué entre les téguments interne et externe , s’y est développé en embrvon naissant, ce qui fournit une troisième preuve pour la formation de l'embryon par le boyau pollinique. Je ne puis, au contraire, attribuer une grande importance aux autres faits signalés par lui. En effet, pour ces recherches , les plus difficiles de toutes celles qu’on peut faire dans le domaine de l'anatomie physiologique , les seules préparations qui aient de la valeur et de l'importance , sont celles qui mettent tout à fait hors de doute les relations du boyau pollinique avec le sac embryonnaire, et celles-là ne sont possibles qu’à la condition d’enlever avec soin toutes les parties environnantes. Ce motif fait que maintenant je regarde comme de peu de valeur la plupart de mes propres observations consignées dans mon Mémoire couronné ; tandis que celles qui s’y trouvent rapportées au sujet des genres Gloriosa, Canna , Taæus, Pedicu- laris, Lathrœa, Mesembryanthemum et Hippuris , qui toutes satisfont à ces conditions, fournissent, après comme avant, des preuves excellentes à l’appui de mes assertions. J’insiste cependant surtout sur mes recherches toutes récentes dont j'ai fait un rapide exposé, et qui se rapportent aux Lathrœæa, Canna, Viscum, Citrus, Taxus, Thura et Pinus sylvestris ; J'y ajouterai une observation fort instructive faite sur le Fiola tricolor (fig. 17), dans laquelle j'a vu deux boyaux polliniques pénétrer dans le sac embryon- naire, et par suite y donner naissance à deux embryons naissants. Les raisons que j'ai indiquées font également que je n’accorde aucune valeur pour la solution de la question aux recherches d’au- tres observateurs qui ont soutenu la doctrine de M. Schleïiden ; les seules qui me paraissent mériter d’être prises en considération, et d’être répétées, sont celles de M. Gelesnow sur le Larix, en- core ne paraissent - elles être tout à fait complètes ( Ann. des sc. nat.; 1850 ). Les belles recherches de M. Tulasne ( Ann. des sc. nat. , 189) l'ont conduit également très près de la vérité. En effet, comme il a toujours mis à nu le sommet du sac embryonnaire fécondeé, il a reconnu que l’embryon ne naît pas par suite de la fécondation d’une cellule préalablement existante. Mais comme il n’a pas aperçu SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL. 201 le passage immédiat du boyau pollinique à embryon , il a regardé celui-ci comme le produit de l’union du boyau pollinique avec le sac embryonnaire. Tout ce que M. Hofmeister a publié relativement à ce sujet difficile a incontestablement beaucoup de valeur et d'im- portance par ses résultats accessoires, mais n’est au contraire d'aucun poids pour la question principale, parce que tantôt il a totalement negligé de mettre à nu les parties essentielles ; ou que tantôt, en exécutant ces préparations souvent difficiles, 1l n’a pas été très heureux , et qu’il a ainsi méconnu les véritables relations. Au reste, des preuves négatives ne sont rien contre des faits. La préparation de M. Deecke met fin à toute discussion. Ce que je n’ai pas eu le bonheur de faire avec une parfaite certitude , en m'en oceupant pendant des années et sur différentes plantes , à savoir, mettre sous les veux des autres le véritable état des choses dans une entière perfection , M. Deecke l’a obtenu par sa prépa- ration, de sorte que, grâce à celle-ci, tous les doutes doivent s'évanouir. La doctrine de la fécondation animale est entrée , dans ces der- niers temps, dans une phase toute nouvelle, grâce aux recherches de MM. Bary, Newport, Meismer, Bischoff, etc., qui ont démontré la pénétration des spermatozoïdes dans l’œuf animal , et son con- cours matériel à la formation du germe. Tandis qu'on ne voulait jusqu'alors reconnaître à la semence du mâle qu'une influence dynamique pour la transformation du germe en œuf, on a dù, dès ce moment , lui reconnaitre une action matérielle. Je dois avouer que je ne puis me faire une idée nette d’une influence dynamique du boyau pollinique sur une cellule placée dans le sac embryon- naire , surtout lorsque cette influence doit s'exercer à distance, comme chez les Conifères, de même que je ne pouvais comprendre l'influence dynamique de la semence des animaux mâles sur l’œuf. Au contraire, la part directe que prend le boyau pollinique lui- même à la formation de l'embryon végétal, ainsi que celle que prennent les spermatozoïdes à la production du germe animal, lève le voile épais qui a caché pendant si longtemps le phénomène mys- térieux de la fécondation. Je dois aussi combattre de toutes mes lorces l’analogie qu’on est si porté à établir entre la fécondation des 202 H. SCHACHT. plantes et celle des animaux. Nous ne savons presque rien jusqu’à ce jour relativement à la fécondation animale ; on ne peut dès lors la prendre pour modèle de la fécondation végétale. On aurait dû bien plutôt se baser sur l’action matérielle du boyau pollinique , démontrée par M. Schleiden et par moi, pour admettre une in- fluence également matérielle des spermatozoïdes dans la fécondation animale , et l’on aurait ainsi trouvé depuis longtemps ce qui entre inaintenant dans le domaine des faits. Chez les Cryptogames supérieurs , on aura aussi désormais à prendre en considération de quelle manière se comportent les an- ihérozoïdes qui paraissent correspondre aux spermatozoïdes ani- maux. À moins que toutes les analogies ne trompent, les anthéro- zoïdes doivent aussi prendre une part matérielle à la formation des premières cellules du germe ou du fruit, et M. Suminski a marché réellement dans la bonne voie, lui qui, dès l’année 1847, a voulu voir la pénétration des anthérozoïdes dans l’archégone des Fou- geres, et qui leur a attribué une part matérielle dans la formation du corps reproducteur. Au reste, dans l’état de nos connaissances actuelles, on ne dit comparer le boyau pollinique et les spermatozoïdes que parce que les uns et les autres prennent part matériellement à la formation de l'embryon ; mais on ne doit pas aller plus loin , car le boyau polli- nique est une utricule dans l’intérieur de laquelle naissent les pre- inières cellules de l’embryon végétal , tandis que le spermatozoïde, en ne jugeant pas d’après les anthérozoïdes des Cryptogames supé- rieurs , n’est pas une vraie cellule , mais naît plutôt d’un nucléus cellulaire , et doit être tout au plus assimilé à ce dernier. Le rôle qu'il joue dans la fécondation animale n’est pas encore d’ailleurs suffisamment connu, à beaucoup près. Nous ne devons donc pas pousser trop loin l’analogie ; autrement nous pourrions encore, en nous laissant guider par elle , tomber dans de grossières erreurs. Rien n’a été plus nuisible à la théorie de la fécondation végétale établie par M. Schleiden , et soutenue résolûment par moi , finale- ment presque seul, que cette malheureuse analogie tirée sans motif du règne animal, laquelle est, Dieu merci, mise aujourd’hui de côté. Maintenant si, comme j'ai lieu de l’espérer, des observateurs SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL, 203 capables veulent étudier l’une ou l’autre des plantes que j'ai dési- onées comme avantageuses pour ces recherches , et mettre de la persévérance dans ces travaux très difficiles, il arrivera dans un court espace de temps, pour la doctrine de la fecondation des plantes , que la naissance de l'embryon dans l’intérienr du boyau pollinique deviendra une vérité qu'il ne sera plus possible de mettre en doute, C’est là mon vif désir et ma ferme espérance, Postscriptum. Une personne dont les paroles ont , à mes veux, beaucoup de poids, m'a fait observer, comme objection à la démonstration fournie par la préparation de M. Deecke, que plusieurs plis du sac embryonnaire et du boyau pollinique reçu par celui-ei se présen- tent comme des lignes tranchées, et nuisent ainsi à la netteté de l'image ; que, de plus, cette préparation est recouverte d'un verre épais qui ne permet pas d'employer de forts objectifs pour l’exa- miner. Dès lors il ne sera peut-être pas inutile de dire quelques mots à ce sujet. Les figures 2 et 3, qui représentent la préparation de Pedicula- ris sylvatica exécutée par M. Deecke , ont été dessinées, à mon microscope d’Oberhaeuser , au moyen de la camera lucida ; la figure 2 a été obtenue avec le système 7 et l’oculaire 4 ; la figure 3 avec le même système et avec l’oculaire 4. Pour suivre le boyau pollinique qui avait pénétré dans le sae embryonnaire sur tout son trajet, j'ai dù changer plusieurs fois le foyer ; chaque pli à été reproduit fidélement sur la figure, selon son apparence, avee la plus grande fidélité. Mais ce n’est pas la manière dont se comporte le boyau pollinique dans l'intérieur du sac embryonnaire qui donne à la préparation de M. Deecke ane si grande importance pour la question de la fécondation ; car je possède plusieurs préparations qui démontrent nettement la formation de l'embryon dans l’inté- rieur de ce boyau; ce qui fait essentiellement son prix, e’est qu'on y voit (fig. à) l'identité du boyau en dehors et en dedans du sac embryonnaire en parfaite évidence , et c’est précisément là la cir- constance la plus essentielle pour l’ensemble de la question. En effet, la formation de l'embryon, à l'intérieur du bovau logé 20/ H. SCHACHT, dans le sac embryonnaire, est mise hors de doute par la préparation du Lathræa que représente la figure 8... Ici toutes les lignes se montrent dans leur situation aussi nettement qu'il soit possible. Mais la figure 7 prouve que ce boyau a pénétré également de l’exté- rieur dans le sac embryonnaire. .…., et l’on y voit surtout claire- ment la membrane du sac infléchie vers l’intérieur sous la pression du boyau pénétrant dans la cavité. Quant à une autre objection qui consiste à dire « que le boyau, visible sur la figure 3 à l'extérieur du sac embryonnaire, serait un prolongement du suspenseur qui se serait prolongé en dehors de ce Sac, » je dois faire remarquer que mes recherches très nom- breuses et très attentives sur la fécondation du Pedicularis et du Lathræa m’obligent à regarder cette objection comme absolument sans fondement. Ce qui explique la grande difficulié qu'on éprouve à obtenir une préparation comme celle de M. Deecke, c’est que le boyau pollinique meurt de bonne heure dans sa portion restée en dehors du sac embryonnaire. On ne peut en obtenir une pareille que peu après l'entrée du boyau pollinique ; plus tard , on trouve les choses dans l’état où je les ai représentées, pour le Pedicularis dans les figures 4 et5, pour le Lathræa, dans les figures 7 et 8. Alors le boyau pollinique qui a pénétré dans le sac est compléte- ment fermé, et terminé par une extrémité arrondie, tout contre le point par lequel il est entré, comme M. Deecke l’a confirmé pour la Pédiculaire. La saillie du suspenseur hors du sac embryonnaire n’est d’ail- leurs connue que chez quelques Orchidées et chez le Tropæolum. Mais, dans ces deux cas, sa portion en saillie n’est pas un simple tube ; elle consiste, chez les Orchis et le Corallorhiza, en une série de cellules unies, comme dans un poil pluricellulé, en un filament cellulaire qui pénètre librement dans la cavité de l'ovaire; au con- traire, chez le Sturmia, où elle reste très courte, elle ne consiste qu'en une seule cellule. Enfin chezle Tropæolum, ce sont plusieurs files de cellules qui forment le suspenseur et ses deux prolonge- ments saillants en dehors de l’ovule. Dans les deux cas, ce filament celluleux ne prend naissance qu'après la fécondation, et même à l’époque où l'embryon lui-même est déjà assez développé. Au con- SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL. 9205 traire, la figure 3 fournie par la Pédiculaire nous montre un très jeune état de l'embryon réduit encore à une seule cellule. La suite du développement montre d’ailleurs que, soit chez la Pédiculaire, soit chez le Lathræa , il ne se forme des cellules , dans le suspen- seur en forme de tube, que 1à où l’albumen entoure l'embryon , et que la portion de ce tube, située dans la partie du sac qui est vide de cellules, ne se remplit jamais de pareilles formations ; plus tard, on trouve celle-ci, chez la Pédiculaire, desséchée de même que l'extrémité ‘en bee du sac embryonnaire, dans laquelle elle est située. Dés lors, il ne peut exister chez la Pédiculaire, ni chez le Lathræa, un développement du suspenseur à l'extérieur du sac embryonnaire, pareil à celui qu'on observe chez les Orchidées et chez le Tropæolum ; le suspenseur tubulé de ces plantes est plutôt la portion du boyau pollinique entré dans le sac embryonnaire qui est restée à l’état de tube, laquelle se ferme immédiatement au-des- sus de son entrée en s’arrondissant, comme le montrent les figures 4, 5 et 7, par l'effet de l’oblitération hâtive de la portion extérieure au sac. Ce filament suspenseur est, dans tous les cas, soudé de la manière la plus intime avec la membrane du sac embryonnaire , et cette membrane elle-même se montre, souvent avec la plus grande netteté, refoulée par lui vers l’intérieur. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHES 7 ET 8. Toutes les figures ont été esquissées à la chambre claire-, et poussées par ce moyen, autant que possible, jusqu'aux plus menus détails. On a reproduit fidèle- ment tous les plis du boyau et du sac , les épaississements de ces membranes, les productions cellulaires qui ont lieu dans l’intérieur du boyau pollinique. Toutes les figures ont été faites d’après des préparations conservées dans la solu- tion de chlorure de calcium, à l'exception des figures 41, 23 et 25 qui ont été faites d’après le frais. Les grossissements sont partout indiqués par un nombre fractionnaire (150/1 — 150 fois). Les mêmes parties sont indiquées par les mêmes lettres. ch — chalaze. edp — endosperme (albumen). em — embryon. [un — funicule, - 206 H. SCHACHT. integumentum externum ou tégument ovulaire externe. integumentum internum ou tégument ovulaire interne. integumentum simplex. 3 DCS micropyle. nc nucleus ou nucelle. ra raphé. tp tube {ou boyau) pollinique. Fig. 1-5. Pedicularis sylvatica. Fig. 1. Coupe longitudinale passant par le milieu d'un ovule fécondé. Un boyau pollinique a pénétré dans le micropyle (m\, et il est descendu à travers l'extré- mité en bec (d) du sac embryonnaire jusqu’à l’albumen (edp) ; ce dernier com- mence dans la région y, jusqu'à laquelle la pointe en bec (d) et le processus latéral du sac embryonnaire (a) sont sans cellules. On voit aussi à l’extré- mité inférieure de ce même sac un espace vide et sans cellules (b). Fig. 2. La préparation obtenue par M. Th. Deecke, dessinée tout entière telle qu'elle est maintenant. À gauche se trouve la pointe en forme de bec (d) du sac embryonnaire, isolée, avec le boyau pollinique qui a pénétré dans son inté- rieur ; æ désigne le point par lequel il a percé. A droite se trouve la portion du tégument simple, dans laquelle se trouvait logée auparavant la pointe en bec du sac embryonnaire. On a projeté toute la portion figurée à gauche dans son ancienne situation, et on l’a indiquée par des lignes ponctuées, On voit ainsi que le boyau pollinique (tp +) ressort par le micropyle (m), tandis qu'il n’est pas encore parvenu jusqu'au processus latéral (a +), ni jusqu’à la ré- gion (y) à laquelle commence l’albumen. L’apparence granuleuse que présente cette région y est due à la rupture des très jeunes cellules de l’albumen qui ont été détruites, de même que les parties correspondantes sur les figures 4 et 5. Fig. 3. La pointe eh bec du sac embryonnaire avec le boyau pollinique qui s'y est introduit, prise sur la figure précédente et plus fortement grossie. æ, entrée du boyau. Vers l'extrémité de celui-ci (em), on voit la première cloison encore fort délicate. La première cellule de l'embryon est donc née ici par division. Fig. 4 et 5; Deux préparations obtenues par moi. L'extrémité en bec du sac embryonnaire {d) a été complétement isolée : le boyau pollinique s'est étranglé en s’arrondissant au-dessus de l'entrée æ ; il fait cependant saillie en dehors et sur la membrane du sac embryonnaire. Celui-ci a été fortement refoulé en dedañs par le boyau, dans la figure 4 ; a, processus latéral du sac ; y, la région où commence la formation de l’albumen. — Les figures 4 et # se trouvent dans une situation analogue ; il est très facile de s’y orienter. Fig. 6-8. Lathræœa squamaria. Fig. 6. Coupe longitudinale menée par le milieu d'un ovule fécondé. m , le mi- cropyle dans lequel sont entrés trois boyaux polliniqués : x, lé point où un SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL, 207 boyau à percé l'extrémité du sac ; y, région où commence la formation de l’albumen (edp) ; a , processus antérieur et vide de cellules du sac embryon- naire ; b, processus postérieur du même également vide. Fig. 7. Sommet du sac embryonnaire isolé, avec le boyau qui s'y est introduit ; a, æ, y, comme dans la figure précédente L’albumen (edp) cache l’extrémité de ce tube pollinique, dans laquelle se forme l'embryon ; mais la figure sui- vante, dans laquelle l’albumen a été écarté, achève de tout éclairer. Fig. 8. Sommet du sac embryonnaire avec le boyau qui s'y est introduit complé- tement isolé. On a enlevé également l'albumen qui entourait l'embryon (em); il n'en est resté que quelques cellules en y ; x, entrée du boyau vue par-dessus ; f, une proéminence latérale du boyau pollinique soudée à la membrane du sac embryonnaire; a appartient au processus antérieur de ce dernier. — Les figures 6, 7 et 8 se trouvent dans la même situation. Fig. 9-12. Canna. Fig. 9. Coupe longitudinale menée par le milieu d’un ovule fécondé depuis peu. Il est entré deux boyaux dans le micropyle m; z, portion du tissu de l’ovule qui , en l’absence complète d’un albumen, remplace celui-ci pour la nutrition de l'embryon. Fig. 10. Un boyau pollinique avec l'extrémité du sac embryonnaire, sur laquelle se trouvent encore quelques cellules du mamelon nucellaire (ne) isolé. Dans l'extrémité fermée du boyau (em) qui a pénétré dans le sac, on voit deux nu- cléus. Fig. 11. Sommet d'un ovule fécondé. Fig. 12. Le boyau pollinique de la figure précédente complétement isolé. Les cellules qui existaient sur la figure 41 dans l’intérieur du boyau pollinique, et qui représentaient l'embryon (em), ont été malheureusement dénaturées par le transport de la préparation d’une lame de verre sur une autre, et par l’action du chlorure de calcium. Fig. 13-16, Viscum album. Fig. 43. Coupe longitudinale menée par le milieu d'une fleur femelle fécondée. Dans le milieu de la moelle (med) se trouvent deux sacs embryonnaires ; p désigne la place où se trouvait auparavant une feuille périgoniale , et vers laquelle se dirige,un faisceau vasculaire (les cicatrices des quatre feuilles péri- goniales se montrent encofe sur les baies müûres, sous l'apparence de quatre points bruns) ; s, stigmate formé par deux petites feuilles en verrues, presque imperceptibles. Les boyaux polliniques arrivent aux sacs embryonnaires à travers le tissu désagrégé (q). Fig. 14. Un sac embryonnaire isolé avant la fécondation. g, une cellule qui se trouve dans sün extrémité ; h; une autre cellule située dans l'extrémité inférieure du même sac. D’après M. Hofmeister, la cellule g deviendrait l'em- bryon. 208 H. SCHACHT. Fig. 15. Sommet d'un sac embryonnaire analogue fécondé. Le bovau pollinique qui y a pénétré s’est renflé en globule (em). La cellule g a pris un aspect granuleux. Fig. 16. Extrémité d'un autre sac embryonnaire également fécondé, compléte- ment isolée. La section a heureusement enlevé une partie de la forte mem- brane du sac embryounaire, ce qui a rendu encore plus facile à observer l'entrée du boyau pollinique. Dans l'extrémité fermée de celui-ci (em) se trouve un gros nucléus. Fig. 47. Viola tricolor. Fig. 17. Extrémité du sac embryonnaire dans laquelle sont entrés deux boyaux, isolée et ne conservant que quelques cellules du mamelon nucellaire (nc). L'em- bryon naissant (em +) appartient au bovau pollinique (tp), tandis que l’em- bryon em”, qui est un peu plus avancé, doit au contraire son origine au boyau pollinique tp”. Fig. 18-23. Citrus vulgaris. Fig. 18. Coupe longitudinale menée par le milieu d’un ovule fécondé depuis peu. Un boyau pollinique, nourri par la longue cellule en tube (z) du funicule, est entré dans le micropyle (m). Fig, 19. Sommité du nucelle et du sac embryonnaire, sur une tranche longitu- dinale mince; on a enlevé les deux téguments. Le boyau pollinique (tp) qui s’est élargi dans le micropyle a une consistance extrêmement délicate; arrivé dans le nucelle, il forme un renflement considérable, dans lequel se sont formées beaucoup de petites cellules (k). Fig. 20. Une préparation analogue ; les cellules (4) forment un amas épais situe encore en dehors de la membrane du sac embryonnaire; celle-ci peut en être séparée sans rupture. Fig. 21. Préparation du même genre. Les cellules (k), nées dans le boyau pol- linique, se sont disposées en manteau autour du sommet du sac. Fig. 22. Une préparation semblable, dans laquelle cependant on a quelque peu écarté la membrane du sac embryonnaire (se); on acquiert ainsi la certitude que les cellules k embrassent extérieurement l'extrémité du sac embryonnaire. Une de ces cellules (p) a, au contraire pénétré dans le sac embryonnaire et y est devenue l'embryon (em). Fig. 23. Extrémité du sac embryonnaire dans un état un peu plus avancé, prise sur une coupe longitudinale très bien réussie, menée par le milieu de l’ovule. Le tissu du nucelle a été enlevé sauf quelques cellules (nc). Ainsi, les cellules situées à l'extérieur du boyau pollinique se sont développées en boyau polli- nique. Plusieurs embryons (em), à divers états de développement, se trouvent dans l’intérieur du sac embryonnaire. SUR L'ORIGINE DE L'EMBRYON VÉGÉTAL, 209 Fig. 24-26. Thuia orientalis. Fig. 24. Coupe longitudinale menée par le milieu d'un ovule fécondé depuis peu. corp. désigne les nombreux corpuscules réunis en un groupe, au-dessus du- quel on voit plusieurs boyaux polliniques (tp) (ordinairement 2-4)renflés. Fig. 25. Cinq corpuscules d'une tranche longitudinale très mince isolés autant que possible, encore en connexion avec deux tubes polliniques tp’ et tp”. Les quatre cellules qui, avant la fécondation , ferment l'extrémité de chaque cor- puscule ont déjà disparu ; dans le corpuscule désormais ouvert s'enfonce quelque peu une branche du boyau pollinique, dans laquelle naït dès lors la rosette (r). Le contenu granuleux du corpuscule avec ses fausses cellules ou ses vacuoles n’a été représenté que dans un d'eux. Fig. 26. Six corpuscules totalement isolés; dans celui qui est marqué + , la roselte (r) est située encore à l'extrémité supérieure, et le corpuscule lui- même est encore rempli d’un contenu granuleux avec de fausses cellules ; au contraire, dans trois autres corpuscules, la rosette manque au sommet, tandis que de leur extrémité inférieure sont nées les vésicules embryonnaires (em. S.) et les embryons (em), à la formation desquels a été employé le contenu granuleux des corpuscules. Si deux corpuscules ont développé plusieurs vési- cules embryonnaires, de son côté, celui qui est désigné par + + n'en a produit qu'une seule, qui néanmoins porte un embryon (em + +). NOTES EMBRYOLOGIQUES, Par M. W. HOFMEISTER. (Flora, n° 17, du 7 mai 1855, p. 257-266.) M. Schacht a cru pouvoir déclarer que la question relative à l’origine de l’embryon des plantes phanérogames entendue comme elle l’est, soit dans ses nombreuses communications des années précédentes, soit dans son écrit récent (Flora, 1855, n° 10 et 11), est maintenant « définitivement résolue » (à son sens), et que « ses adversaires sont pour toujours réduits au silence, » à cause des observations faites par M. Deecke sur la Pédiculaire des bois. Je présenterai à ce sujet les remarques suivantes : Lorsqu'on fait une coupe longitudinale d’un ovule non fécondé de Pedicularis sylvatica, pris dans une fleur encore fermée, dont 4e série. Bor. T IIT (Cahier n° 4.) 2? 14 210 W. HOFMEISTER. les anthères ne soient pas ouvertes, et que la coupe effleure en avant et en arrière le sac embryonnaire sans l’attemdre, il n’est pas difficile de retirer des téguments ovulaires, et d'isoler entière- ment, sans altération, sous le microscope à dissection, la portion supérieure de ce sac. On voit alors très clairement, dans cette extré- mité micropylaire allongée , proportionnellement étroite et un peu comprimée, deux ou même trois cellules appliquées contre la paroi interne du sac, à différentes hauteurs , et serrées l’une contre l’autre. Les contours de ces cellules sont très délicats, il est vrai, mais nettement marqués. La Pédiculaire possède, comme beaucoup d’autres Personnées, des vésicules embryonnaires à membrane cellulaire capable d’opposer une longue résistance à l’action de l’eau, dès avant la fécondation. Mieux encore que les contours de la portion inférieure des vésicules embryonnaires pendante dans la cavité du sac se montrent les angles formés par le contact de leur extrémité supérieure, avec la paroi interne du sac auquel elles tiennent solidement. Selon la situation du sac embryonnaire, isolé par la préparation, relativement à l’axe du microscope, on voit ces angles soit sous la forme d’ellipses, soit (sur le profil) sous celle de triangles à angles émoussés, appliqués contre les côtés du sac em- bryonnaire. Même des objectifs médiocres montrent ces limites des plans de contact des vésicules embryonnaires soit non fécondées , soit fécondées avec la membrane du sac embryonnaire. En me servant d’un objectif d’Oberhauser, exécuté 1l y a six ans, je vois des images de sacs embryonnaires isolés par la dissection dans la Pédiculaire, ainsi que chez d’autres Personnées et des Crucifères , lesquelles correspondent exactement aux figures données par M. Tulasne pour les premiers états de l'embryon naissant chez les Scrofularinées et les Crucifères ; mais en employant des objectifs plus parfaits (d’Amici), je vois aussi les contours de la portion libre des vésicules embryonnaires. Je crois reconnaître là l’origine des différences qui existent entre l’opinion de M. Tulasne et la mienne. On reconnait plus facilement, mais non avec plus de certitude, même avec des instruments moins parfaits, l’existence des vésicules embryonnaires sur des coupes longitudinales bien réussies d’ovules non fécondés, dans lesquels on n’a pas préalablement disséqué le | l NOTES EMBRYOLOGIQUES. 211 sae embryonnaire pour l’isoler ; alors, en effet, Pexamen des objets est considérablement facilité par l’arrangement du contenu cellu- lire résté en place , et surtout par le revêtement des parois (qui enveloppe aussi le nucléus) formé d’un plasma fortement réfrmgent. Les anthères répandent leur pollen peu après l'épanouissement de la fleur (après environ trois heures). Les boyaux polliniques se développent très rapidement; pendant que la corolle est encore fraiche, ils arrivent en quantité dans la cavité ovarienne, et pénètrent dans les ovules. M. Deecke se trompe dès Lors complétement, lors- qu'il suppose (page 2 de son mémoire) que le boyau n'arrive au mieropyle que lorsque la corolle est desséchée. Cette erreur à du nécessairement le conduire à négliger les premières phases de l'ovule fécondé ; et, pour les observer, il est indispensable d’exa- miner des ovules du micropyle desquels ressorte le boyau polli- nique tout récemment entré, et dont la grosseur ne surpasse pas encore celle de l’ovule non fécondé. Lorsque, sur des sections longitudinales de ces ovules, on isole la partie Supérieure du sac embryonnaire de la manière que j'ai indiquée pour les ovales non fécondés , on voit que l'extrémité du boyau pollinique peut toujours se détacher de la paroï externe du sac, sans qu'on soit obligé d'exercer une traction tant soit peu forte. Cette séparation s'opère, pour ainsi dire, spontanément, lorsqu'on fut, dans le tégument de latranche ovulaire, deux entailles latérales qui pénètrent jusqu'au sae embryonnaire , et qui séparent la por-- tion supérieure ou micropylaire de ce tégument de sa portion infé- rieure, dans laquelle le nucelle est enchâssé. L’extrémité du boyau pollinique, soit arrondie, soit aiguë, présente le plus souvent sa membrane fortement épaissie, sans qu’on y découvre jamais la moindre ouverture. L’épaisseur de ses couches de dépôt surpasse souvent le diamètre du vide qui reste à l’intérieur de ce tube. Ce boyau ressemble alors à une baguette de verre, et il prend cet état lort peu de temps après son entrée dans l’ovule : souvent son extrémité présente de fortes courbures ou de très courtes saillies latérales ; quelquefois je l'ai trouvée considérablement élargie. Son contenu consiste en granules de plasma condensés , qui entourent alors généralement un vacuole. 212 W. HOFMEISTER. Une des vésicules embryonnaires (et c’est toujours, comme ailleurs, chez les Lathrœæa, Rosa, Vaiscum, Evonymus, Cheiran- thus, Crocus, etc.), la plus éloignée de l'extrémité micropylaire du sac, présente maintenant un commencement d’accroissement ter- minal. On reconnait, avec une netteté peu commune, que la région terminale de la voûte de la cellule piriforme, pendante dans la cavité du sac, forme seule d’abord une saillie en mamelon. Tout le reste de la vésicule embryonnaire , qui en constitue la portion de beaucoup la plus considérable, reste totalement étrangère à ce phé- nomène, etconserve, sans altération, sa forme, son genre d’attache à la paroi interne du sac embryonnaire, absolument comme l’autre vésicule qui n’a pas été fécondée, et qui reste dans son état primitif sans se modifier. Tantôt le boyau pollinique ne touche que le sommet du sac embryonnaire, tantôt il se glisse sur une faible longueur entre le tégument et la paroi interne de ce sac, Ordinairement, le point où il touche ce sac ne correspond pas à celui où adhère la vésicule embryonnaire fécondée. Au moment même où la vésicule embryonnaire fécondée com- mence à se former, la formation de l’albumen commence aussi. Dans la portion inférieure du sac embryonnaire, qu’avoisinent les cellules du tégument, un peu étendues dans le sens transversal, il se produit une cellule unique, grande, formée de parois délicates, qui remplit totalement cette région du sac. Il est facile de ne pas l’apercevoir, parce que ses parois ont si peu de consistance que, dans la dissection faite pour isoler le sac embryonnaire, les aiguilles ou le rasoir la détruisent presque toujours. Elle se multiplie par division binaire répétée ; plus tard, les cellules , auxquelles elle donne ainsi naissance, acquièrent de la consistance. J'ai réussi à isoler par la dissection de ces albumens, dans lesquels il n’existait encore que quatre cellules situées dans un plan vertical (qui cou- pait le raphé de l’ovule). À partir de cet instant, les cellules de la face interne du tégu- ment ovulaire qui sont étendues dans le sens transversal perdent leur connexion latérale. Leur face externe devient convexe. Elles sont remplies d'un plasma épais, qui paraît jaunâtre par réfraction, NOTES EMBRYOLOGIQUES. 218 comme les cellules de l’albumen nées depuis peu. Ce fait, joint à la facilité avec laquelle se détruisent les premières cellules du véri- table albumen , a conduit M. Schacht (Entw. d. Pflanzenembr., p. 409) et moi-même (Flora, 1851) à cette idée inexacte que l’al- bumen de la Pédiculaire se forme au moyen de cellules libres qui s'appliquent contre la paroi interne du sac embryonnaire. On trou- vera, du reste, que la figure que j'ai donnée alors (tab. x, fig. 4 en bas) est conforme à la nature, tandis que celle de M. Sehacht (loc. _ eit., tab. xv, fig. 3) est mexacte, en ce qu’elle représente entière- ment libres les cellules désagrégées du tégument. Chez les nom- breuses Personées que j'ai étudiées, j'ai vu l’albumen se former par division d’une seule cellule primitive. Au contraire, chez toutes les Solanacées, ce tissu est dù à une formation cellulaire indépen- dante. La différence entre les deux parait frappante. Le Salpiglossis forme son albumen à la manière des Solanacées auxquelles il appartient mdubitablement. Le mamelon développé par la vésicule embryonnaire fécondée _s’allonge rapidement en un tube qui, descendant à travers la por- tion supérieure et sans cellules du sac ‘embryonnaire, arrive dans l’albumen , alors en train de multiplier considérablement ses cel- lules, vers l’époque où la corolle est entièrement desséchée , en moyenne dix jours après la sortie du pollen. Dans Falbumen, une file axile de cellules est devenue distincte, parce que leur multi- plication par division , dans la direction de l'axe longitudinal de l’'ovule , est restée fort en arrière de celle des cellules voisines. C’est dans ce cordon celluleux (décrit par M. Schacht comme un espace intercellulaire) que pénètre l’extrémité antérieure de la vésicule embryonnaire fécondée, et devenue filiforme. Bientôt une cloison transversale sépare l’extrémité arrondie de celle-ci de sa portion supérieure cylindrique. La cellule terminale hémisphé- rique s’allonge alors à son tour en forme de cylindre; après que plusieurs divisions et allongements semblables ont eu lieu, dans la cellule terminale commence un développement dû à des cloisons inclinées en différents sens. Il se forme de la sorte un corps cellu- leux qui est le commencement de l'embryon. Pendant que le tube provenu de la vésicule embryonnaire fécon- 91, NV. HOFMEISTER. dée descend dans l’albumen, la membrane de la moitié supérieure et vide de cellules du sac embryonnaire , commence à présenter sur deux points un accroissement particulier. Peu au-dessus de la limite supérieure de l’albumen, vers le raphé, elle forme une saillie qui, pénétrant profondément dans le tissu du tégument, dont l’obli- tération a lieu proportionnellement, donne naissance à un long pro- cessus en cœcum. Toujours ce processus est visible avant que le tube provenu de la vésicule embryonnaire soit descendu jusqu’au niveau où il se forme. La région terminale du sac embryonnaire manifeste aussi la tendance à croître en longueur, quoique beaucoup plus faiblement que cette production latérale; son extension presse bientôt plus fortement l'extrémité du boyau pollinique contre le tégument. Cette particularité peut expliquer pourquoi le sac em- bryonnaire et le boyau pollinique tiennent maintenant avec plus de force l’un à l’autre. Il s’entend de soi-même que la membrane du sac embryonnaire ne peut s’accroitre à l'endroit où la surface latérale de la vésicule embryonnaire fécondée est en contact avec elle. Le motif est le même que celui pour lequel les cellules de la surface des feuilles des Sphagnum et des Leucobryacées, qui doi- vent plus tard devenir poreuses, l’emportent sur celles qui renfer- ment de la chlorophylle. Les surfaces libres des cellules s'étendent selon deux directions ; 1à où les parois latérales des cellules tou- chent intérieurement la surface de la feuille, celle-ci ne peut s’accroitre, parce que sur ce point elle n’est pas nourrie par le contenu cellulaire. De même, chez la Pédiculaire, la membrane du sae embryonnaire doit se relever autour de la place circulaire, ou elliptique, où s'attache le suspenseur , en forme de bourrelet circulaire peu élevé, rarement fermé, et le plus souvent en grande partie ouvert. Quelquefois aussi, le point d'attache de la vésicule embryonnaire fécondée se relève vers l'extérieur ; il se montre ensuite entouré d’un sillon annulaire, dont la formation tient aussi à cette circonstance que la membrane cellulaire dela surface externe h'estpas nourrie et ne peut se développer, sur les points où la mem brane de la cellule-fille (vésieule embryonnaire) est appliquée contre elle. Je possède une;série assez complète de phases du développement NOTES EMBRYOLOGIQUES. 915 qui montre ce que je viens d'exposer, particulièrement des états très jeunes du sae embryonnaire isolé par dissection, non fécondé encore ou venant d’être fécondé, états que M. Schacht et ses imi- tateurs ne connaissent pas du tout. M. Schacht prétend cependant (Pflansenxzelle, p. MAS ; Flora, 1855, p. 147) qu'il se forme avant la fécondation, dans la portion supérieure du sac embryonnaire, une celiule, à côté de laquelle passe le boyau pollinique. Je sou- mettrai volontiers mes préparations à tous les botanistes qui vou- - dront se fixer à ce sujet. La valeur démonstrative d’une prépara- tion unique n’est pas très grande ; on comprend que, sous tous les rapports, elle ne peut exister que pour celui qui a déjà étudié avec soin la même plante. C’est ce que nous prouve d’une manière frap- pante la préparation tant appréciée par M. Schacht. C’est tout sim- plement une mutation. D’après les mesures prises par M. Schacht lui-même, et d’après une comparaison avec ses figures représentant d’autres préparations dessinées sous le même grossissement , on voit nettement que le suspenseur a été considérablement éloigné de sa place naturelle, et que la portion supérieure, la voûte du sac embryonnaire, manque entièrement. Le tiraillement énergique auquel l’objet a été soumis (et dont on peut aisément s’assurer par ce fait que le processus latéral du sac a été déformé et tourné du côté qui n’est pas le sien), la voûte du sac, assez existante cepen- dant à cette époque du développement de l’ovule, a été enlevée, le suspenseur a été rompu immédiatement au-dessous de son attache, et sa portion la plus considérable de beaucoup a été tirée en arrière. Le fragment du suspenseur, situé au-dessus de la lettre æ dans la figure de M. Schacht, se trouvait originairement à l’inté- rieur du sac embryonnaire. M. Deecke l’a retiré, sans s’en aper- cevoir, de l’intérieur du sac, par la déchirure qu’on voit très nette- ment sur la figure (sous le sommet, tournée autour de l’axe propre). On retrouverait encore aujourd’hui, par un nouvel examen, pro- bablement dans le micropyle, le fragment terminal du sac embryon- naire avec la place où s’attachait le suspenseur. M. Schacht évalue à 95/400 ou 1/4 de millimètre la longueur de la portion du suspen- seur qui se trouve dans le sac embryonnaire. En examinant un très grand nombre de sujets, je trouve que la vésicule embryonnaire 216 W. HOFMEISTER, fécondée, avant que de former à son extrémité la deuxième cellule du suspenseur , descend jusqu’au-dessous du processus latéral du sac, et atteint une longueur de 1/2 à 7/12 de millimètre. C’est ce que confirme la comparaison de la figure 2 de M. Schacht avec ses figures 4 et 5, même en admettant que l'allongement de la cellule supérieure et la plus longue du suspenseur devient triple de ce que je l’ai trouvé (de 1/2 à 2/3 de millimètre). Il manque aussi dans les figures 2 et 3, au-dessous du prétendu point d’entrée du tube regardé comme boyau pollinique , le renflement du suspenseur, qui existe toujours dans la nature (portion supérieure etnon modi- fiée de la vésicule embryonnaire fécondée), etqui estindiqué même sur les figures 4 et 5 de M. Schacht. Lorsque M. Schacht présenta, à la réunion des naturalistes à Gotha, la préparation que représente la figure 24, planche XX, de sa Pflanzenzelle, l'examen que j’en fis me montra nettement la ligne de séparation entre le sac em- bryonnaire et le bovau pollinique qui n’est pas exprimée par le dessin. La description que j’ai donnée de l’organogénie de l'embryon du Pedicularis est facile à vérifier. Je me suis même proposé de pro- voquer de semblables vérifications en publiant ces lignes, avant l'époque à laquelle cette plante va fleurir. M. Schacht et moi nous engageons également les botanistes à étudier cette espèce. On l'a partout sous la main , et la dissection qu'elle exige n'est pas d’une difficulté extraordinaire. Quiconque s’en occupera sérieusement arrivera sûrement et bientôt à se fixer sur les points en litige. Qu'on veuille bien rapprocher mon exposé des fit que j'ai obser- vés de celui qu'a donné M. Schacht, et apprécier d’après cela la légitimité des conclusions que chacun de nous en déduit. Je serai très bref relativement aux autres végétaux dont il est question dans le travail de M. Schacht. Quant au Lathræa, il me suffira de faire remarquer que cet observateur nie que cette plante possède des vésicules embryonnaires ( Flora, 1855, p. 148, ligne 3), tandis qu'il lui en attribue, dans la même page et douze lignes plus loin. Il pense que, dans mon travail publié dans le Flora de 1851, j'ai oublié des particularités importantes , à savoir : la dépression de la membrane du sac embryonnaire, et la saillie du NOTES EMBRYOLOGIQUES. 217 tube fermé supérieurement que ne revêt jamais la membrane du sac. Ces faits ne sont pas prouvés ; l’un et l’autre ne se montrent ni dans tous les sacs embryonnaires, ni même dans un grand nombre, et leur apparition a lieu plus tard que la majorité des états figurés par moi. Chez le Lathrœæa, le boyau pollinique adhère d’abord très peu au sac embryonnaire, et jamais il n’existe entre les deux une union intime. Sur les nouvelles figures de M. -Schacht (et de M. Deecke) relatives au Lathræa comme aussi au Pedicularis, on ne voit nulle part un boyau pollinique ; toutes les parties désignées par ép sont simplement imaginaires. Le Lathræa est plus facile encore à étudier que la Pédiculaire. J'ai vu les préparations originales, qui ont fourni à M. Schacht les figures 4, 16 de son mémoire publié cette année dans le Flora, ainsi queles figures 7, 19, tab. ii, 19, 41, tab. 1v, de la 2e édition de son Traité du microscope. Or je trouve que ces figures ne sont pas conformes aux originaux sous tous les rapports ; elles en différent sur les points décisifs. Je m'en rapporte à cet égard au jugement de tous ceux qui auront occasion de comparer ces pré- parations avec les figures. Sur la préparation originale de la figure 7 du Flora (Lathræa), je n’ai pu voir l’appendice de la région ter- minale du sac embryonnaire entièrement rempli par la portion supérieure du suspenseur ; mais j'ai remarqué, adhérant à ce point, un court fragment (non indiqué par la figure) d'une cellule fil- forme, que je regarde comme le boyau pollinique. L’apparence d'un rebroussement du prolongement a en x est produite, paree que cette production latérale du sac est reployée sous celui-ci. Pour la figure 16 (Fiscum), je vois clairement l'extrémité du boyau pollinique sur et non dans le sac embryonnaire, au-dessus de la vésicule embryonnaire située dans l’intérieur de celui-ci. Il est à peine nécessaire de faire observer que des objets de ce genre, pour pouvoir être donnés comme des preuves en faveur de l’opi- nion de M. Schacht, doivent être vus de profil et non de face... En examinant maintes fois le ’iscum , j'ai toujours trouvé que la fécondation a eu lieu à l’époque où l’albumen commence à se for- mer ; qu'une des trois vésicules embryonnaires, dont on consiatait l'existence dès l'automne, avant la floraison, se conserve sans 218 W. HOFMEISTER, changer de manière appréciable, et commence à multiplier ses cellules, par une division oblique, seulement vers le milieu du mois de juin, lorsque l’albumen commence à épaissir. La figure 41 donnée par M. Schacht, Flora, loc. cit., pour le Canna (la vésicule embryonnaire fécondée avec le boyau pollinique), rend toute discus- sion au sujet de cette plante superflue de ma part. La figure 12 est un boyau pollinique sans embryon naissant. Quant aux Conifères , je m'en rapporte à mon Mémoire publié l’année dernière dans le Flora. Après la publication des figures de M. Schacht , tout ce que je puis y ajouter, c’est que je n’ai pu rien voir sur la préparation originale de l'organe indiqué surla figure 29, tab. 1v, du Traité du microscope, par tp, en rapport avec le cor- puscule, à droite ; que les lignes désignées par æ sur la préparation représentée par la figure 40 du même ouvrage m'ont paru telles que si elles se trouvaient sur le côté externe de la production glo- buleuse ; enfin, que la figure 11 de la même planche ne m'a sem- blé conforme à l’original que dans les contours extérieurs. Elle présente en æ des lignes lout autres que celles de la préparation ; et, d’un autre côté, celle-ci montre, un peu plus haut et à gauche, une rosette qui a été négligée dans la figure, et qui est semblable à celle représentée par M. Schacht dans sa figure 8. Quant aux rosettes r des corpuscules, à gauche, dans les figures de Thuia (Flora, 1855, t. IT, fig. 25, 26), il n’y à pas la moindre raison pour les regarder comme différentes des rosettes-couvercles qui existent déjà avant la fécondation. Maintenant, quant à ce que dit M. Schacht au sujet de la forma- tion de l'embryon des Citrus, je ne puis le concevoir. Ses propres figures (Flora, fig. 19-29) ne fournissent pas l'ombre d’un motif pour faire admettre que les petites cellules désignées par # se déve- loppent dans l’intérieur du boyau pollinique. Mais un examen quelque peu attentif suffit pour convaincre chacun que ces cellules, qui se distinguent des autres cellules du nucelle par un contenu plus sombre , sont unies avec celles-ci comme les cellules d’un tissu parenchymateux. Le sac embryonnaire de toutes les espèces de Citrus que j'ai examinées se prolonge supérieurement en une pointe conique, déjà bien figurée et décrite par M. Crüger, et que . | NOTES EMBRYOLOGIQUES,. 219 M. Schacht ne représente nulle part. Sur des individus bien poly- embryonnés, j'ai trouvé cette pointe, lorsque je l'avais isolée avant ou peu après l’arrivée du boyau pollinique, entièrement remplie d’une bouillie de cellules à eytoblaste. Peu après la fécondation, pendant que les cellules embryonnaires fécondées sont encore uni- cellulées, la moitié supérieure du sac embryonnaire, en y compre- nant sa région terminale conique, se laisse très facilement isoler par dissection, particulièrement chez les espèces, comme l'Oranger, le . Citronnier, qui, dans notre climat, fructifient peu avant l’arrivée du repos hibernal. On reconnait alors que la membrane consistante du sac est parfaitement intacte, et l'on ne voit nulle part l'indication de cette particularité que des cellules aient pu la percer par résorp- lion. Le boyau pollinique se montre fermé à toute époque, terminé par un contour bien arrêté, vide de cellules. LE PRÉTENDU TRIOMPHE DE LA THÉORIE DE LA FÉCONDATION, Proposée par M. SCHLEIDEN, Par M. HUGO von MOHEL.. (Botan. Zeitung, n° du 1°" juin 1855 , p. 385.) Dans un Mémoire publié dans les numéros 10 et 14 du Flora, M. Schacht annonce avec beaucoup d'assurance le triomphe défi- nitif et incontestable de la théorie sehleidénienne de la féconda- tion. Ce triomphe est dû à une préparation faite par M. Deecke, qui condamne pour toujours au silence les adversaires de cette théorie, puisqu'elle démontre péremptoirement que l'embryon s’est développé dans l'extrémité du boyau pollinique. En même témps, pour ne pas laisser le moindre doute aux personnes qui ne peuvent voir la préparation dont il s’agit, quoique M. Deecke l’eût déjà ligurée dans les Mémoires de la Société d'histoire naturelle de H alle (4854, tab. x, fig. 7), il en a donné de nouvelles figures (tab. 11, lg. 2 et 3) qu'il déclare extrémement exactes. Cette préparation 290 HUGO VON MOUHL. consiste en une section de l’ovule du Pedicularis sylvatica, dans laquelle on a isolé par la dissection le sac embryonnaire avec un fragment du boyau pollinique qui s’y est introduit, et l'embryon qui se trouve encore dans un état extrêmement jeune. Il est incontestable que la discussion, soutenue, depuis longtemps déjà, pour et contre la théorie de M. Schleiden, sera enfin terminée en faveur de celle-ci aussitôt que ses partisans pourront montrer inème une seule préparation qui prouve d’une manière absolument claire l’existence de l'embryon dans l’extrémité du boyau polli- nique. Le mérite d’avoir fait une telle préparation ne saurait être non plus trop apprécié par les adversaires dont elle aurait causé la défaite. Aussi ai-je été fort obligé à M. Deecke lorsqu'il a bien voulu m'envoyer pour l’examiner la préparation dont il est ici question. Cependant, dès le premier examen que j'en ai fait, je lui ai exprimé mes doutes sur la valeur démonstrative de sa préparation, et j'avais l'intention de lui demander l'autorisation, après une étude plus approfondie, de la faire dessiner et de faire usage de ce dessin. Mais, Après lavoir examinée plusieurs fois, j'ai reconnu que je n’arriverais ainsi à aucun résultat positif, la préparation n'étant pas de nature à autoriser une conclusion précise ni pour ni contre la théorie en question ; aussi ai-je dès lors renoncé à mon premier projet de publier quelque chose à cet égard. Mais comme maintenant cette même préparation est devenue le sujet d’une discussion devant le public , et que M. Schacht l’a pro- clamée de nature à mettre fin à toute contestation ; comme, en outre, ce botaniste en a publié des figures qu’il déclare être de la plus grande exactitude , dans lesquelles il affirme avoir reproduit, aussi fidèlement qu'il soit possible, d'après une image microscopique très nette, tous les plis qu'elle offrait, et qu'il doit avoir ainsi donné au public botaniste la croyance que le fait dont il s’agit est hors de tout doute et de la plus grande certitude, je ne puis me laisser appli- quer le principe : qui tacel consentire videtur. Je crois donc devoir protester contre les assertions de M. Schacht , et aussi bien relati- vement à la valeur démonstrative de la préparation sur laquelle il s'appuie qu’à l'exactitude de ses dessins. Quant au premier point, on pouvait d'avance mettre en doute si THÉORIE DE LA FÉCONDATION. 221 le tube sortant du sommet du sac embryonnaire était un boyau pollinique pénétrant de l'extérieur dans l’intérieur de ce sac, ou si ce n'était pas plutôt l'extrémité supérieure du suspenseur de l'em- brvon sortie du sac embryonnaire déchiré. La préparation ne fournit aueune preuve à l'appui de l’un ou l'autre de ces faits éga- lement possibles. Je n’attache qu'une fable importance à cette cir- constance, parce que le tube me semble être en effet un boyau pol- linique ; mais je la mentionne pour montrer que même la première question qu'on peut se proposer à la vue de la préparation ne peut en recevoir une solution positive, et que dès lors cette préparation n’est pas démonstrative pour celui qui doute que ce tube provienne d'un grain de pollen. Je ne partage pas ce doute ; seulement, lors- qu'il s’agit d’une préparation qui, affirme-t-on, doit mettre fin à une longue discussion scientifique, on est non-seulement autorisé, mais encore tenu de douter. Dans un cas pareil tout doit être clair et ne doit pas permettre des interprétations divergentes. Ce point laissé de côté, il s’agit de savoir si la préparation donne la conviction que l'extrémité du boyau pollinique qui a pénétré dans le sac embryonnaire renferme dans son intérieur le rudiment de l'embryon. Or, à cette question fondamentale, je dois répondre d’une manière absolument négative. En effet, bien loin que ce tube passe à l'embryon si clairement qu’on ne puisse concevoir de doute sur ses contours, n1 sur [a distinction entre ce qui lui appartient et ce qui appartient aux parties voisines, en réalité on ne le voit pas dégagé et à découvert, mais on voit là quantité de membranes et de plis divers superposés à différentes hauteurs. 11 en résulte tant d’obscurité relativement à la connexion des diverses parties de la préparation que, dans mon opinion , quiconque n’a pas d'idée pré- conçue d’après laquelle il explique ces particularités, sera dans l'impossibilité absolue de décider comment les différents détails de cet ensemble se comportent l’un par rapport à l’autre. On ne peut absolument prononcer, avec tant soit peu de certitude, si l’on a devant soi le sac embryonnaire avec ses plis, ses déchirures, et le boyau pollinique également très plissé et se prolongeant jusqu'à l'embryon, ou bien si le boyau pollinique se rétrécit fortement, un peu au-dessous de son entrée dans le sac embryonnaire, et étend 299 HUGO VON MOHL. son prolongement sur le suspenseur de lembryon , ete. IE faut ajouter que la solution de chlorure de calcium dans laquelle la pré- paration est conservée l’a rendue extrêmement transparente, et que, d’un autre côté , la lame de verre dont elle est recouverte est telle- ment épaisse qu'elle ne permet pas l'emploi d’un objectif puissant. Bref, après un examen plusieurs fois répété, il m'a été complétement impossible de me convaincre que l’embryon est contenu dans le boyau pollinique. Je n’ai pas pu davantage reconnaitre avec préci- sion si les choses sont disposées autrement, et je dois déclarer qu'il est impossible de déduire de celte préparation une conclusion ni pour ni contre la théorie de M. Schleiden. M. Schacht déplace la question lorsque, en parlant des difficultés que la préparation dont il s’agit présente à l'examen , 11 dit : « Mais ce n’est pas la manière dont se comporte le boyau dans l’intérieur du sac qui donne une si grande importance à la préparation de M. Deecke pour la théorie de la fécondation. Je possède, en effet, relativement à la formation de l'embryon dans l’intérieur de ce boyau, plusieurs préparations tout à fait démonstratives ; mais la figure 3 démontre péremptoirement l'identité du tube à l'extérieur et à l’intérieur du sac embryonnaire, et c’est précisément là le point le plus essentiel pour toute la question. » Or 1 ne s’agit pas du tout de savoir si le boyau pollinique entre ou n’entre pas dans le sac embryonnaire, puisque les adversaires de la théorie de M. Sehleiden reconnaissent qu'il peut y entrer : il s’agit bien moins encore de savoir ce que M. Schacht a vu dans d’autres cas ; mais, dans le cas présent, le seul et unique point dont il s’agit est de déterminer si, dans la préparation de M. Deecke, l'embryon se trouve ou non dans l'extrémité inférieure du méme tube qui pénètre dans le haut du sac embryonnaire , et, pour la solution de cette question, 1l est absolu- ment indispensable de connaitre avec la plus grande exactitude « la manière dont se comporte le boyau dans l’intérieur du sac embryon- naire. » Je nie, en outre, de la manière la plus formelle, que la pré- paration montre avec la plus grande netteté la continuité du boyau pollinique avec la membrane cellulaire de l'embryon en voie de développement. Sans doute M. Schacht fait ses dessins de telle sorte qu'il ne CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 223 puisse y avoir le moindre doute suür ce point. Mais toute la moitié inférieure de ses figures, c’est-à-dire précisément leur portion décisive, n'est pas du tout fidèle. Au lieu d’avoir reproduit tous les plis, comme il assure, il a négligé tous les détails qu'on y voit, savoir : la lamelle supérieure du sac embryonnaire déchiré qui s'étend sur l'embryon ; de plus un grand nombre de plis, en un mot tout ce qui se trouve sur le tube où est contenu l'embryon et tous les détails de ce tube lui-même ; et il a dessiné la connexion de l’em- bryon avec le boyau pollinique comme le demandait la théorie qu'il soutient, et non pas comme la montre la préparation. Celle-ci sera, sans doute, mise encore par M. Deecke sous les yeux d’autres per- sonnes, qui pourront décider si les choses sont ou ne sont pas comme je viens de les décrire. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE, Par M. Thém. LESTIBOUDOIS,. Membre correspondant de l’Institut, etc., etc. Partition. Déhiscence. Les fruits se distinguent non-seulement par les différents modes de soudure qu'ils peuvent offrir , mais aussi par la manière dont les carpelles se séparent les uns des autres, et par la mamière dont chaque feuille carpellaire se divise, à la maturité, pour ouvrir sa cavité, et laisser sortir les graines. On a assez généralement confondu la séparation des carpelles et la division des feuilles carpellaires ; on n’a pas reconnu l'identité des mêmes modes de division dans les fruits de structure différente ; enfin on n’a pas distingué tous les modes de division des feuilles carpellaires, ni leurs combinaisons avec les séparations diverses des carpelles, de sorte qu'il règne une assez grande obscurité dans cette partie importante de la carpologie; nous allons essayer de la dissiper. Les fruits ont été nonimés déhiscents, quand les cavités qui ren- ferment les graines s'ouvrent à la maturité pour les laisser sortir ; 22/ LESTIBOUDOIS. indéhiscents, quand ces cavités restent closes ; partibles, quand le fruit se partage en portions closes. Peut-être y aurait-il quelque avantage à donner le nom de déhiscence à la division des parties de chaque carpelle, et celui de partition à la séparation des carpelles ; mais, d’un côté, dans les fruits anaxiles, la désunion des car- pelles ouvre. la cavité séminifère comme la déhiscence vraie; d’un autre côté, la division de certaines feuilles carpellaires laisse leurs graines renfermées dans la cavité péricarpique comme dans les fruits partibles : ainsi dans les ombellifères, le faisceau interne ou axile se sépare du carpelle, qui reste clos ; certaines gousses lomen- tacées se partagent dans leur longueur en parties qui continuent à renfermer les graines. Il est donc mieux de laisser aux mots de déhiscence et de partition leur sens ordinaire, en indiquant cepen- dant tous les modes de division que peuvent affecter les péricarpes. La partition est intercarpellaire, si elle sépare les carpelles les uns des autres ; carpellaire, si elle sépare les parties d’un même carpelle. La partition intercarpellaire ne sépare pas toujours le fruit en parties complétement distinctes ; elle n’est pas toujours complète : elle est septicide, si elle ne sépare que les lames de la cloison, en laissant unis les bords des carpelles qui forment l’axe : exemple, les Linum ; aæicide, si elle divise l’axe lui-même. La partition carpellaire est longitudinale , quand elle sépare les parties du carpelle dans le sens des nervures fohaires ; elle est alors axifrage lorsque, les carpelles étant préalablement séparés les uns des autres, elle détache des carpelles les cordons vasculaires qui forment l’axe; ainsi, dans les Ombellifères, pl 17, fig. 9-10, axe lui-même est fendu comme la cloison, les carpelles se séparent, et se détachent des faisceaux trophospermiques au moms jusqu’au sommet ; de sorte que ceux-ci adhèrent à la partie supérieure d'un axe fendu en Y. La partition estnervifrage, quand elle opère la sépa- ration dela nervure médiane des carpelles, comme dans lAstragalus glycyphyllos, pl. 47, fig. 18, les Magnoha, etc.; cette partition est analogue à celle qui détache les nervures trophospermiques. Enfin le fruit est lomentacé, quand il est divisé , perpendiculairement à l'axe, en pièces placées bout à bout à la suite les unes des autres. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 295 L’excortication des fruits est un phénomène qui a de l'analogie avec la séparation de l'axe ou de la nervure médiane ; 1l en est de même de la fatiscence de l'endocarpe, c’est-à-dire de la séparation qui s'opère entre lui et l’épicarpe. La partition peut donc être dé- corticante ou fatiscente. La déhiscence, comme la partition, peut être longitudinale ou transversale. La déhiscence transversale est cireumscissile quand elle sépare le fruit en deux parties, l’une supérieure, l’autre inférieure ; elle a une sorte d’analogie avec la partition lomentacée. Dans le plus grand nombre de cas, elle n’est pas indiquée à l'avance; elle pro- vient d'un mode spécial de nutrition du péricarpe. Ainsi, dans le fruit de l’Hyoscyamus niger, la partie supérieure se renfle, s’épais- sit, et finit par se détacher ; mais à l’origine on ne voyait pas de distinction entre la partie supérieure et l’inférieure. Quelquefois la circeumscission tient au développement des parties renfermées dans le fruit qui tendent à rendre une zone du péricarpe moins résistante ou plus pressée que le reste de cet organe. La déhiscence cireumscissile s'opère vers le milieu du fruit dans l’Anagallis, vers le sommet dans l’Hyoscyamus, vers la base dans le Portulaca. La fente de déhiscence n’occupe pas toujours la cir- conférence entière du fruit. C. Richard appelait demi-cireumscission celle qui n’en occupait que la moitié. Outre les modes dont nous venons de parler, la déhiscence car- pellaire offre d’autres aspects. On dit 2rrégulière celle qui n’affecte aucune forme décidée. G. Richard appelait ruptiles les fruits qui s’ouvraient et se déchi- raient sans régularité. Cette déhiscence n’est pas sans analogie avec la décortication et la fatiscence des fruits partibles. La déhiscence est dite foraminaire quand le fruit s'ouvre par une ouverture arrondie, déterminée par le retrait ou Ja destruction du üssu, en un point du péricarpe. Mais ces modes ne sont, pour ainsi dire , que des exceptions. La déhiscence longitudinale est celle qui se présente le plus fré- quemment ; la déhiscence longitudinale, comme la partition, peut-être intercarpellaire et carpellaire. Les fruits anaxiles penvent 4° série. Bor. T. HIT. (Cahier n° 4.) 5 15 2926 | LESTIBOUDOIS. présenter une véritable déhiscence intercarpellaire ; leurs carpelles n'étant pas clos, la séparation qui s'effectue entre les bords tropho- spermiques ouvre la cavité séminifère. Dans ce cas les tropho- spermes sont marginaux , c’est-à-dire qu'ils sont placés sur les bords des valves ; dans les fruits chorisaxiles, la déhiscence inter- carpellaire ouvre aussi la cavité séminifère , parce que les tro- phospermes se sont préalablement séparés des valves; dans les fruits synaxiles, la séparation qui s'opère entre les carpelles ne peut être qu'une partition : il n'y a ouverture de la cavité sémi- nifère que si cette partition se combine avec un mode Lay de déhiscence. La déhiscence carpellaire offre un grand nombre de variétés : elle est dite particulièrement valvaire quand elle partage le fruit en parles plus ou moins élargies qu'on nomme valves; celles-ei peuvent rester attachées à la base où au sommet, ou tomber sépa- rément; fissuraire , quand la déhiscence ne s'opère que par des fentes longitudinales, les valves restant attachées à la fois à la base et au sommet, exemple Pyrola, Orchidées ; denticide, quand les valves ne se séparent que dans une partie de leur étendue, de manière qu'elle ne représente que des dents libres, exemple Pri- mula, Silene, etc. Le point où s'opère la déhiscence longitudimale est fort variable : elle sera nommée méricide , latéricide, maryinicide , placenticide, suturicide selun qu’elle s’opérera sur la ligne médiane, sur les parües latérales, vers les bords, entre ceux-ci et le placenta, ou dans la ligne d'union des bords des feuilles carpellaires. Nous allons rechercher quels sont les aspects divers que présentent ces modes de déhiscence dans les différentes espèces de fruits. 1° La déhiscence méricide, ou celle qui a lieu le long de la ligne médiane de la feuille carpellaire, a reçu différents noms, selon qu'elle se rencontre où dans des fruits dialycarpellés ; ou dans les fruits synaxiles, anaxiles et chorisaxiles. Dans les fruits dialycarpellés qui la présentent, on dit que la déhiscence a lieu par la suture externe ; exemple : les Gousses , les Magnolia, ete. Dans les fruits synaxiles, exemple T'ulipa, la déhis- cence méricide a été nommée loculicide, parce qu'elle divise la loge ; CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 297 mais toute déhiseence ouvre la loge ; cette expression manque donc de précision. On dit aussi que les fruits qui la présentent ont les cloisons contraires aux valves, parce que les bords rentrants des carpelles ne se séparant pas, et les feuilles carpellaires se partageant en leur milieu , les cloisons insérées sur le milieu des valves for- mées par deux demi-feuilles carpellaires semblent leur être per- pendiculaires ; exemple : Veronica. Lorsque la déhiscence méricide se rencontre dans les fruits anaxiles, ces fruits sont dits à tro- _phospermes pariétaux médians , c'est-à-dire insérés au milieu des valves ; exemple Cistus, Frola. 2 La déhiscence latéricide, ou celle qui s'opère de chaque côté de la ligne médiane, ne doit pas être confondue avec la partition nervifrage qui, séparant la nervure médiane, et la laissant isolée , n'empêche pas cependant la déhiscenee de s'opérer sur la ligne médiane , comme dans l’Astragalus , les Magnolia, ete. Dans la déhiscence latéricide , la feuille valvaire est coupée dans toute son épaisseur, sur les côtés de la nervure médiane ; conséquemment, une portion de l’endocarpe reste adhérente à la portion médiane de la feuille valvaire. | La déhiscence latéricide , dans les fruits dialycarpellés , a fait appeler ces fruits bivalves, comme s'ils étaient bicarpellés, exemple l'Epimedrum, dans lequel la partie externe de la feuille carpellaire se sépare de la partie interne qui porte le trophosperme. Dans les fruits synaxiles elle a été nommée septifrage, parce que la: valve ou la portion médiane de la feuille carpellaire se sépare du bord de Ja cloison; exemple le Stramonium. On dit aussi de ces fruits qu'ils ont la cloison parallèle aux valves, ce qui est surtout apparent dans les fruits bicarpellés, parce que les valves se séparant du bord de la cloison semblent avoir été appliquées paralièlement à celle-ci. Les fruits anaxiles qui présentent la débhiscence latéri- cide ont été dits replés, parce que la déhiscence s'effectue contre la nervure médiane , de sorte que les valves ou portions médianes ne forment plus que des filets qui entourent, en manière de châssis , les portions latérales qui sont élargies et imitent des valves portant des trophospermes au centre ; exemple les Orchidées. à La déhiscence marginicide est celle qui s’elfectue sur les 298 LESTIBOUDOIS. bords des feuilles carpellaires : dans les fruits dialycarpellés on ne peut la distinguer de la déhiscence latéricide, car elle partage la feuille carpellare, seulement un peu plus loin de la nervure mé- diane , et ne produit que des nuances qu’on ne peut guère préciser. Dans les fruits synaxiles, la déhiscence marginicide a été dite septicide, parce qu'elle ne peut s’opérer que lorsque la cloison sé- pare ses deux feuillets ; exemple le Scrophularia, dans laquelle la cloison se partage, et la feuille carpellaire se fend près de l’axe qui reste entier. Mais il est évident que l'on confond dans une même expression un mode de partition et une déhiscence qui se combine avec lui. La partition septicide peut s’opérer sans qu'il y ait déhis- cence marginicide ; exemple : les Linum, pl. 17, fig. 20. Les fruits anaxiles qui ont la déhiscence marginicide sont dits à trophospermes intervalvaires , parce que les fentes de déhiscence divisant les feuilles carpellaires près de leurs bords trophospermi- ques, ceux-ci forment des filets qui semblent des trophospermes libres entre les valves. Évidemment, dans les fruits anaxiles, les déhiscences marginicides et latéricides se nuancent, car les cloisons n’existant pas, la déhiscence qui à lieu sur le côté de la nervure médiane et celle qui a lieu près du bord séminifère, ne sont pas distinguées par une ligne fixe. I peut être fort difficile de poser la limite entre les fruits replés et ceux à trophospermes intervalvaires. h° La déhiscence placenticide se fait entre les bords mêmes de la feuille carpellaire et la substance trophospermique, de sorte qu'elle divise la partie extérieure de la suture même; puis elle détache le placenta des bords valvaires , de manière à laisser le trophosperme isolé dans l'intérieur du fruit. On voit cette dispo- sition dans les carpelles séparés comine ceux de lAsclépias, dans les fruits anaxiles à bords plus où moins rentrants comme celui de l’Androsæmum, pl. 16, fig. 2h, ete. Cette déhiscence peut se confondre facilement avec la déhiscence marginicide. Les fruits chorisaxiles ne sont que des fruits anaxiles dans lesquels les trophospermes se sont détachés des bords carpellaires : tantôt alors ils restent isolés , tantôt ils se soudent pour former un axe unique. 5° La déhiscence est suturicide quand elle sépare totalement les deux bords frophospermiques d’un carpelle, qui s'étaient unis pour CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 229 former une cavité close. Dans les fruits dialvearpellés, elle est la plus commune ; quand elle s’y rencontre, on «it les carpelles ou- verts par leur suture interne; exemple Delphinium , Pœona, Aconitum, ete. Dans les fruits synaxiles elle ne peut exister qu'en se combinant avee certaines partitions; elle peut se rencontrer, soit lorsque les cloisons et l’axe se sont séparés totalement, et que les carpelles isolés s'ouvrent par leur suture interne, comme les carpelles dialv- carpellés ; soit lorsque les carpelles voisins restent unis en leurs bords, mais que les cloisons se dédoublent, et que les carpelles * S'écartent du centre et s'ouvrent par la suture interne; exemple : Linum, pl. 17, fig. 20. Les différentes déhiscences dont nous venons de parler se com- binent tres habituellement entre elles, et s'unissent aussi avec les divers modes de partition : la déhiscence est à la fois méricide et latéricide, quand le carpelle se fend en même temps le long de la nervure médiane et au bord de la cloison, comme dans le Séramo- nium, pl. 16, fig. À ; méricide et suturicide, quand le carpelle se partage sur sa ligne médiane, et que ses bords trophospermiques s’écartent ; c'estce qu'on observe, parmi les Dialvearpellés, dans un grand nombre de gousses, les carpelles des Magnolia, et, parmi les Gamocarpellés, dans le fruit de lAcanthus qui se fend au milieu de la loge et au milieu du trophosperme ; méricide , septicide et sutu- ricide, quand la nervure médiane se fend en même temps que les feuillets de la cloison, et que les bords trophospermiques s’écartent l’un de l’autre, pendant qu'ils restent unis avec ceux des carpelles voisins, de sorte queles éléments de l’axe ne sont pas partagés comme les cloisons ; on voit un exemple de cette singulière déhiscence dans le genre Linum, pl. 17, fig. 20 ; méricide, septicide, axicide et suturicide, quand aux partitions de l'exemple précédent s’ajoute celle de l'axe vis-à-vis les cloisons ; les soudures ayant cessé, ces fruits ressemblent aux PDialyearpellés, qui s'ouvrent par la suture interne et l'externe; septicide, axicide et suturicide, quand la eloison, l’axe et le placenta, se fendent, mais que la nervure mé- diane reste intacte; exemple : Ricinus ; la soudure des carpelles avant cessé, ces fruits ressemblent alors à Ja plupart des fruits 230 LESTIBOUDOIS. dialycarpellés qui s'ouvrent par la suture interne ; septicide et laté- ricide, quand la cloison se fend, et que la valve se divise le long du bord, de sorte que l'axe reste indivis au centre du fruit; exemple Scrophularia; septicide , latéricide et méricide, quand le fruit a les deux déhiscences précédentes , et que la valve se divise, en outre,.sur sa ligne médiane ; exemple Digitalis purpurea : placen- hcide et suturicide, quand les placentas se séparent de la feuille carpellaire, et qu'ensuite la fente qui a séparé les bords de la suture se prolonge , de manière à diviser le trophosperme en deux filets ; exemple les Asclepias, pl. 17, fig. 7-8. On a reconnu par l’exposé que nous venons de faire que les tro- phospermes, qui naturellement sont situés sur les bords des feuilles, acquièrent cependant , par les différents modes d'union, de parti- tion et de déhiscence des fruits, des situations qui paraissent essen- tiellement différentes. [est bon de résumer ces positions si carac- téristiques , et de montrer par quels procédés ces organes qui ont une posilion originelle toujours semblable se présentent cependant dans des situations si différentes. Le trophosperme peut être cen- tral, axile, pariétal, réticulaire, basilaire, apicellaire. Il est central, quand les bords trophospermiques des carpelles s’infléchissent pour former au centre, par la réunion du bord in- terne des eloisons, l'axe d’un fruit synaxile , exemple Varcissus, pl. 46, fig. 28; s'il n'y a que deux carpelles , les deux cloisons, se rencontrant bout à bout, semblent n’en former qu’une, qui, sur la ligne médiane, porte le trophosperme ; dans ce PTE celui-ci est nommé seplile. Le trophosperme est aæile , quand les bords trophospermiques se sont séparés des feuilles carpellaires, et qu'ils forment un axe isolé au milieu du fruit; cet axe est quelquefois simple, comme dans plusieurs Caryophyllées, mais quelquetois il se partage en filets ; exemple : le Tamarix, les Portulacées, etc. Les filets sont opposés aux valves, quand ils sont formés par la réunion des deux bords d’un même carpelle (partition intercarpellaire); ils sont alternes avec les valves, quand ils sont formés par la réunion des bords correspondants de deux carpelles voisms (partition marginicide et suturicide). CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 231 Le trophosperme est pariétal, quand il fait corps avec les parois du fruit. Il présente plusieurs modifications importantes ; il a été dit médian ou valvaire,quand 1l oceupe le milieu des valves; mais il peut affecter cette position dans des circonstances fort diffé- rentes : 1° quand le fruit anaxile à une déhiscence méricide : la valve est alors formée de deux moitiés de feuilles carpellaires , réunies par leurs bords trophospermiques sur sa ligne mé- diane. 2° Quand la déhiscence est latéricide ; alors les valves, qui por- tent le trophosperme sur la ligne médiane, sont séparées par des filets, comme dans le fruit replé des Orchidées, pl. 47, fig. 31. Cette disposition n’est évidemment qu’une modification du tropho- sperme tntervalvarre des Chelidonium , ete.; seulement dans les Orchidées on a nommé valves, à cause de sa largeur, la partie qui, dans les Chelidonium , est nommée trophosperme. 3° Quand les bords des feuilles carpellaires infléchies jusqu’au centre se recourbent vers la périphérie pour souder les tropho- spermes au milieu des valves, et qu'ils se détruisent ensuite ; exemple : les Cucurbitacées, pl. 16, fig. 3-21. Le trophosperme pariétal est marginal, quand il est situé sur les bords des valves : il a cette situation dans les fruits anaxiles dont la déhiscence est intercarpellaire. Il est suturaire, lorsque, appliqué sur la suture de déhiscence, il se sépare des bords de cette suture, et devient libre au moment de la déhiscence. Cette disposition peut se rencontrer dans deux cir- constances très différentes : lorsque la déhiscence est intercarpel- laire, et que le trophosperme est ainsi formé par deux lignes tro- phospermiques appartenant à deux carpelles voisins, comme dans l’'Androsæmum, pl. 16, fig. 24, et lorsque la déhiscence est sutu- raire, que conséquemment le trophesperme est formé par les deux lignes trophospermiques d'un même earpelle; exemple lAsclé- pias. Dans le premier cas, le trophosperme suturaire pourrait être dit intercarpellaire ; dans le second, intermarginal. Il est intervalvaire, lorsque chaque trophosperme constitue un lilet placé entre les valves, et formant partie intégrante de la surface extérieure , avant la déhiscence. Il se rencontre dans les fruits 232 LESTIBOUDOIS. anaxiles , dont la déhiscence est marginicide; exemple les Cruci- fères ; nous avons dit qu'il se nuance avec ceux dont la déhiscence est latéricide , comme ceux des Orchidées. Le trophosperme est basilaire , quand il occupe la base du fruit ; exemples les Primulacées, les Ardisiacées ; il acquiert cette position dans les fruits chorisaxiles, quand les trophospermes sont détachés du sommet du fruit, et dans les fruits anaxiles quand les trophospermes marginaux sont assez saillants pour être soudés ensemble, et assez courts pour n’occuper que la base du fruit. Apicellaire, quand il occupe le sommet du fruit, par conséquent on le rencontre dans les fruits chorisaxiles, dont les trophospermes se sont détachés de la base, et dans les fruits anaxiles qui ont les trophospermes assez saillants pour s'unir, et assez courts pour n'occuper que le sommet du fruit. Réticulaire, quand les graines s’attachent sur toute la surface de la cloison à des nervures réticulées, plus ou moins saillantes, exemples : Butomées, VNymphæa, pl. 17, fig. 32, etc. Classification des fruits. Nous venons de voir combien les fruits montrent de différences en raison du nombre, du degré de soudure, du mode de déhiscence et de partition des feuilles carpellaires qui les constituent. Frappés de ces modifications variées et profondes, les botanistes ont admis un grand nombre d’espèces de fruits, et ont cherché à les ranger dans une classification régulière. Nous pensons qu'il est fort essentiel de disposer méthodiquement les structures diverses des carpelles, afin de faciliter leurs définitions exactes, de les faire comprendre l’une par l’autre, en montrant nettement leurs analo- oies et leurs différences; mais nous ne croyons pas qu'il soit possible d'établir autant d'espèces de fruits distincts qu'il y a de modifications dans le péricarpe : quand on à voulu le faire , on a multiplié énormément les espèces, en laissant en dehors dés caté- sories créées autant de conformations qu'en renfermaient les définitions, parce que les altérations des feuilles carpellaires sont nombreuses et leurs combinaisons infinies ; Îles caractères des espèces consacrées sont restés vagues et insuffisants , parce qu'ils CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 239 se nuancent d'une manière trop complète; enfin les rapports naturels ont été brisés , parce qu’on à omis d'indiquer l’analogie qui existe entre les fruits qui éprouvent des modifications iden- tiques dans les elasses différentes. D'après ces principes, nous pensons qu'il est utile de distribuer les fruits dans quelques classes générales ; mais qu'il faut se con- tenter d’énoncer les conformations spéciales qu'on peut obser- ver dans les carpelles, sans prétendre créer un mot différent pour -_ les exprimer autant de fois qu’elles se présentent dans chacune des grandes classes adoptées. Il est pourtant plusieurs espèces de fruits qui sont universellement acceptées ; on ne peut s'empêcher de les aamettre, parce qu'elles abrégent les descriptions ; mais 1} ne faut pas les multiplier , et surtout il faut les suivre à travers les chan- sements qu’elles subissent, sous peine de détruire toutes les analogies naturelles. Je me propose d'examiner la classification générale des fruits ; d'établir la courte nomenclature des espèces de fruits qui peuvent être maintenues ; de les suivre dans chacune des classes qui doivent être adoplées ; enfin d’énoncer méthodiquement les accidents qui les altèrent, en avant soin d'indiquer à quels types se rappor- tent les espèces de fruits antérieurement admises. Les botanistes modernes s’accordent à penser qu'il faut distinguer avec soin les fruits formés par les carpelles appartenant à une seule fleur de ceux qui sont formés des carpelles de plusieurs fleurs distinctes, plus ou moins voisines, plus ou moins greflées; qu'il faut distinguer aussi ceux qui sont formés d’un seul carpelle de ceux qui sont formés de l’assemblage de plusieurs feuilles car- pellaures; enfin ceux qui sont formés de carpelles soudés entre eux de ceux qui sont formés de carpelles entièrement distinets. De Candolle à partagé les fruits en trois classes : les fruits simples, ou ceux qui proviennent d’un seul ovaire. Les fruits multiples, ou eéeux qui proviennent de plusieurs ovaires. Les fruits aggrégés, où ceux qui proviennent d’ovaires apparte- nant originairement à plusieurs fleurs distinetes. La premiére elasse renferme les fruits formés d’un seul ear- 231 LESTIBOUDOIS. pelle ou de plusieurs carpelles ; cette classe présente donc deux inconvénients, celui d’avoir une dénomination inexacte et celui de renfermer des organes d'une structure différente. M. Lindley a divisé la première classe de De Candolle : il nomme apocarpés, les fruits formés d’un seul carpelle; syncarpés, les fruits formés par la soudure de plusieurs carpelles. Cette distinction est rationnelle; mais les mots emplayés pour désigner chacune des divisions laissent à désirer : celui d’apocarpé n’a pas de significa- tion bien précise; celui de syncarpé a été employé par quelques botanistes pour désigner quelques fruits multiples formés d’ovaires primitivement distincts, et finissant par se souder. D'ailleurs, dans la pratique, la distinction des fruits à un ou à plusieurs carpelles n'a pas été rigoureusement faite. A. Richard rectifie plusieurs des erreurs de classification que nous signalons ; mais 1l ne distingue pas encore rigoureusement les fruits formés d’une seule feuille carpellaire , de ceux qui sont formés de plusieurs de ces feuilles. La deuxième classe de De Candolle, celle des fruits multiples, doit être adoptée; mais elle est désignée par un mot dont la signi- fication n’est pas rigoureuse. M. Lindley appelle ces fruits aggrégés ; mais cette expression n’a pas plus de précision ; elle a d’ailleurs été employée par De Candolle pour désigner une autre organisation. A. Richard les nomme polycarpés ; ce nom est bien préférable ; pourtant il n’est peut-être pas d’une exactitude absolue, puisque ce sont les carpelles, non les fruits, qui sont multiples. La troisième classe de De Candolle, ou celle des fruits aggrégés, sera adoptée de même; mais on cherchera à la désigner par un mot plus caractéristique. M. Lindley a appelé les fruits qu’elle ren- ferme anthocarpés ; mais ce mot n'indique en aucune façon la plu- ralité des fleurs d’où proviennent le fruit. A. Richard les nomme synanthocarpés, mot qui indique la soudure des fleurs, mais qui a l'inconvénient d'être complexe, et de n’exprimer que d’une ma- nière éloignée l'union des fruits. Il me semblerait plus simple de désigner les fruits qui pro- viennent d’une même fleur, qui sont nés sur un même réceptacle, dans un même lit {halamus), comme disent les botanistes, sous le | | CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 235 nom de monothalamiques , et ceux qui proviennent de plusieurs fleurs, sous le nom de polythalamiques. Les fruits monothalamiques peuvent être formés de feuilles car- pellaires qui n’ont pas éprouvé de soudure , ou de feuilles carpel- laires soudées. Les premiers , pour adopter une expression dont les radicaux sont déjà consacrés par l'usage , seront dits dialycarpellés, les seconds seront dits gamocarpellés. Les premiers peuvent être formés d'un seul carpelle ou de plu- sieurs ; ils seront nommés monocarpellés ou polycarpellés. Les derniers n’ont quelquelois qu'un seul carpelle fertile , les autres étant avortés : ils ressemblent alors aux fruits monocarpel- lés , et peuvent être nommés monocarpellidés ; d'autres fois ils ont plusieurs carpelles fertiles : alors ils sont vraiment polycarpellés. Nous trouvons done cinq grandes classes de fruits. Si nous vou- lons les présenter d’une manière synoptique, et désigner substan- tivement les fraits de chaque classe afin d'éviter les circonlocu- tions, nous formerons le tableau suivant : | Monocarpellés. . Monocarpelles. ( Dialycarpellés. ) Monothalamiques | Polycarpellés . . Polycarpelles. | ( Monocarpellidés. Monocarpellides. Fruits \Gamocarpellés. l | Polycarpellés | . Polycarpellies. A AO 0e Aie des 8 Polythalamions. C’est dans ces classes qu'il faut distribuer les espèces de fruits. Si l’on veut faire une chose utile, si l’on veut conserver les rap- ports naturels des fruits , il faut s'imposer deux règles dans cette distribution : 1° Réduire les espèces admises au plus petit nombre possible ; h'accepter que celles qui sont bien caractérisées , et qui, se ren- contrant dans un grand nombre de plantes , doivent être souvent décrites. Les mots techniques adoptés pour les désigner ne sont, en effet, que des formules abrégées pour désigner leurs caractères fréquemment observés : il ne faut pas eréer des mots spéciaux pour désigner des excéptions. 2° Il faut, dans les eina classes, n'adopter que les espèces 236 LESTIBOUDOIS. admises pour la première, car les quatre dernières renferment fes mêmes carpelles que la première, multipliés , libres ou soudés, provenant d'une seule fleur ou de plusieurs. Si l’on allait, comme on l’a fait jusqu'à présent, faire dans chaque classe des espèces sans analogie avec celles de la première, on briserait tous les rapports, on n'aurait plus la moindre idée de la structure fondamentale des péricarpes. Il faut seulement, pour distinguer les espèces de chaque classe, leur assigner une désinence qui indique la catégorie à laquelle elles appartiennent. Nous allons essayer de remplir ces conditions. On a principalement distingué les fruits en raison de la consis- tance du péricarpe , de sa déhiscence , du nombre des graines qu'il renferme : le péricarpe est sec ou charnu ; celui qui est sec est dé- hiscent ou indéhiscent ; celui qui est indéhiseent est tantôt mono- sperme , tantôt polysperme. D'après ces caractères , en rangeant parmi les monocarpelles tous les fruits qui doivent y être compris , et en réduisant les espèces à celles qu'il est indispensable de re- connaitre, on peut établir les suivantes : Les Cariopses, qui ont un péricarpe sec , indéhiscent , mono- sperme , et confondu avec l’épisperme ; exemple : le Blé. L’Akène, qui à un péricarpe sec, indéhiscent, monosperme , mais non soudé avec l’épisperme ; exemple : le Careæ. Quelques auteurs confondent ces deux espèces sous le nom d’Akène. La Mucelle, qui a un péricarpe osseux. La Carcère, qui a un péricarpe sec, indéhiscent, polysperme. La Capselle, qui à un péricarpe sec, déhiscent. La Drupelle, qui a un mésocarpe charnu, et un endocarpe osseux ou ligneux. La Baccelle, qui a un mésocarpe charnu, et un endocarpe mem- braneux ou confondu dans la pulpe du fruit. Il ne nous parait pas nécessaire de multiplier les espèces de fruits au delà du nombre que nous venons d'indiquer dans la classe des monocarpelles. Pour désigner d’une manière plus expresse qu'elles sont formées par un seul carpelle , on pourrait peut-être les appeler monocariops, monakène, uninucelle, unicarcère, uni- CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 237 capselle , unidrupelle et unibacelle; mais cela n’est pas véritable- ment nécessaire. Ces conformations des carpelles élémentaires doivent nécessai- rement se retrouver dans les classes suivantes, puisque les fruits qu’elles contiennent ne sont formés que par l'agrégation de plu- sieurs carpelles. Les polycarpelles, étant formés de plusieurs feuilles carpellaires sans connexion , seront parfaitement désignés par un nom de nombre ajouté au radical exprimant la modification du carpelle. Ainsi, si le fruit est formé de deux, trois, quatre, cinq carpelles où un plus grand nombre, ce sera un di-, tri-, tétra-, penta-, poly-, cariopse. di-, tri-, tétra-, penta-, poly-, akène, bi-, tri-, quadri-, quinqué, multi-, capselle, etc, selon le nombre de Cariopses, ou d’Akènes, ou de Capselles qui le composent. La même combinaison sera suivie dans les monocarpellides , les polycarpellies, les polythalamions. On aura des di-, tri-, tétra-, poly-, cariopsides, di-, tri-, tétra-, poly-, akénides, uni-, bi-, tri-, multi-, carcérides, si le fruit est composé de plusieurs Cariopses , Akènes , Carcères soudés , dont un seul est fertile. _ On aura des di-, tri-, tétra-, poly-, cariopsies, di-, tri-, tétra-, polv-, akénies, bi-, tri-, quadri-, multi-, capsellies, etc., si le fruit est composé de plusieurs Cariopses, Akèênes, Cap- selles, ete., soudés et fertiles: cariopsions, akénions, Enfin des bi-, tri-, tétra-, poly-. capsellions, drupellions, etc., si plusieurs Cariopses, Akènes, Capselles, Baccelles, provenant de fleurs distinctes, s’unissent pour former un seul fruit, 238 LESTIBOUDOIS. Rien n’est donc plus simple que de désigner , au moyen de sept mots, toutes les combinaisons qui résultent des conformations essentielles des carpelles simples, de leurs divers modes d’'agré- gation et de leur nombre. Toutes les autres modifications doivent être désignées par des épithètes variées méthodiquement; par un autre système, on arriverait à l'impossible et à la confusion. Certes, on trouvera des particularités de structure importantes, mais souvent elles seront si rares qu'il est inutile de créer un mot pour les désigner, et toutes ensemble elles sont si nom- breuses que multipliées par les modifications premières, multiphiées elles-mêmes par le nombre des classes, elles feraient arriver à une nomenclature inadmissible. Indiquons quelques exemples. Les fruits ne sont pas charnus seulement parce que le méso- carpe se développe, et forme un tissu gorgé de sues que C. Richard appelait sarcocarpe. Quelques -uns le deviennent parce qu'il se forme des corps succulents dans l’intérieur de l’endocarpe, comme dans l’Orange , le Citron, ou parce que la graine est entourée d'un arille charnu comme dans l'Evonymus, ou parce que le tégument de la graine est lui-même sueculent, comme dans la Balauste. Le fruit peut encore être charnu, parce que des parties extérieures au péricarpe l’accompagnent après s’être gorgées de sucs. C’est le réceptacle qui porte un grand nombre d’akènes dans la Fraise ; c’est le calice dans l’Hippophae, le Mûrier; c’est le phoranthe dans la Figue, une eupule dans VIF, des bractées éparses dans le Genévrier, les pédoncules dans l’Anacardium ; peut-on créer des termes spéciaux pour désigner ces modifications ? Mais elles peuvent se répéter dans chacune des cinq classes ; et comme, dans chacune de ces classes, les fruits sont modifiés en raison du nombre des carpelles, il faudrait tout de suite une multi- tude de mots nouveaux. Peut-on au moins créer des mots généraux, c'est-à-dire modifier, par exemple, le mot de baccelle, de manière que la modification se répéterait dans chaque elasse , et dans les espèces de fruits de ces classes? Rien, en effet, ne serait plus facile que de nommer méso-baccelle, endo-baccelle, arillo-baccelle, grano-baccelle, toro-baccelle, calico-baccelle, phorantho-baccelle, : | CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 239 bractéo-baccelle, cupulo-baccelle , peduneulo-baccelle les fruits qui sont devenus charnus par le développement du mésocarpe, de l’endocarpe, de l’arille, de l’épisperme, du réceptacle, du calice, du phoranthe, de la cupule, des bractées , du pédoneule; mais plusieurs de ces mots sont déjà assez compliqués par eux-mêmes, et comme ils doivent encore se compliquer parce que les mots qui servent à désigner le nombre des carpelles dans chaque classe varient, on arriverait à former des expressions barbares. Il est bien plus rationnel et plus commode de caractériser les diverses espèces * de fruits charnus par des épithètes, et nommer ces baies mésocar- piennes, endocarpiennes, arilléennes, épispermiennes, loriennes, caliciennes, cupuléennes, braciéennes, phoranthiennés, pédoncu- léennes, etc. Nous dirons la même chose des autres modifications que les fruits éprouvent par la soudure des carpelles : ils peuvent pré- sentier {ous les degrés de connexion que nous avons précédemment indiqués. Essaiera-t-on, comme on l’a fait, de créer des mots pour désigner tous ces degrés dans leurs diverses combinaisons avec les autres caractères, et multiplier inutilement les espèces de fruits ? Il est mfiniment préférable de les réduire aux types fondamen- taux et simples que nous avons adnns, et de caractériser leurs connexions par des épithètes analogues à celles que nous avons définies : les polycarpelles seront anaxiles, chorisaxiles et synaxiles, et ces derniers seront choriscéphaliques , chorisbasiques, choris- . mériques, chorisphragmatiques, choristhécales, synthécales, syn- nerviques, Syntrophospermiques, synlomatiques, selon que la soudure des carpelles sera plus où moins complète. Les botanisies ont formé des espèces de fruits non-seulement d’après le mode de coalescence des carpelles, mais souvent aussi d’après le mode de déhiscence et de partition. H faut dire ici ce que nous venons de dire dans le paragraphe précédent : on arrive à la confusion, on crée une nomenclature incomplète, on détruitles ana- logies. On obtient des résultats bien préférables en désignant, par une épithète , dans chaque espèce primordiale , le mode de déhis- cence et de partilion ; et cela est d'autant plus nécessaire que les déhiscences et les partitions se combinent entre elles d’un grand 20 LESTIBOUBOIS. nombre de manières : les fruits seront done méricides, latéricides, marginicides, placenticides, suturicides, septicides , axicides, axi- frages, replaires, denticides, foraminaires , cireumseissiles ; et une, deux, trois de ces expressions seront employées quand le fruit présentera à la fois plusieurs modes de déhiscence et de partition. | Ce n’est pas tout : les polycarpelles, les polycarpellies, les poly- carpellions peuvent encore être distingués en ceux qui sont mono- spirés et ceux qui sont polyspirés, et d’autres distinctions se présentent encore. On reconnaitra donc l’absolue impossibilité de désigner par des termes spéciaux toutes les nuances des fruits. Maintenant qu’on peut considérer dans leur multiplicité les varia- tions du péricarpe, qui se présentent différents, en raison du nombre de fleurs dont ils proviennent, du nombre de carpelles qui les for- ment, de l'union ou de la séparation de ces carpelles, de la distinc- tion de l’épisperme et des parois de l'ovaire, de la consistance des diverses parties du péricarpe , du nombre des graines renfermées dans les carpelles , du mode de soudure, de déhiscence et de parti- tion que ceux-ci affectent, on reconnaitra qu'il faut cesser de créer des espèces. Il n’y a de système logique et pratique que celui qui consiste à créer un très petit nombre d'espèces , à les conserver dans les principales classes, en modifiant les noms qui les dési- onent, de manière à obtenir des expressions abrégées pour les modifications qui se présentent incessamment dans les végétaux , et, enfin, à caractériser par des épithètes méthodiquement définies les altérations innombrables qu’elles peuvent présenter. Nous pensons bien qu'on continuera à employer les noms les plus généralement adoptés pour désigner les fruits qu’on ren- contre fréquemment ; mais on répudiere définitivement un grand nombre de dénominations qui ont été proposées ; on n’en créera pas de nouvelles , et l’on trouvera le plus habituellement qu’on caractérise les structures variées des péricarpes avec plus de préci- sion par la méthode que nous proposons que par l’ancien procédé. Quelques mots sufliront pour montrer combien il est facile de dénommer, d’après nos prineipes, tous les fruits admis par les . | | CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 241 botanistes ; combien même on peut établir de distinctions dans les fruits mal circonscrits qui ont été admis; combien conséquem ment on distingue de structures pour lesquelles on n'avait pas de mots techniques : La cariopse et l’akène conservent leurs noms. La noix à une seule loge, à une seule valve, est la nucelle. La carcérule est une carcère ou une carcérie, selon le nombre des loges. La samare est un akène ou une akénie, ou une carcère, où une carcérie, dont l’épicarpe forme des-ailes. La camare est une uni- di- tri- quadri- multi-capselle suturicide. La gousse, une capselle suturicide et méricide. La drupe, une drupelle. Le gland, une akénide cupulifère. La noisette, une nucellide cupulifère. Le polakène est un di- tri- tétra- poly-akène. Le gynobase ou cénobion, un tétrakène choristhécal. La coque, un di- tri-tétrakène, un di- tri- tétra-carcère, un di- tri- tétra- capselle, ete., chorisphragmatique. Le follicule, une dicapsellie chorisbasique. La silique, une dicapsellie marginicide. La pride, une capsellie cireumseissile. La capsule, une capsellie, dont la structure variable peut être caractérisée par un nombre immense d'expressions différentes. La noix, une drupellie dont le tissu mésocarpique est peu succulent. La nuculaine, une drupellie dont le tissu mésocarpique très succulent renferme plusieurs noyaux. La mélonide où pomme, une baccellie, couronnée par le limbe du calice, perforée au sommet, à loges écartées. La péponide, une baccellie synlomatique. L'hespéridie, une baccellie endocarpienne. La balauste, une baccellie épispermienne, polyspirée. La æylodie, une baccellie pédonculéenne. La baie, une baccellie, dont la structure présente une multitude de conformations diverses. 4° série, Bor. T. IT, ( Cahier n° 4.) # 16 242 LESTIBOUDOIS. Le syncarpe, un fruit dialycarpellé, devenant monocarpellé à la maturité. Le sorose, un baccellion calycéen. Le sycone, un baccellion phoranthien. Le pseudocarpe Mirbel, un baccellion bractéaire. Le galbule Gæertn., et le cône, un polakénion bractéen. On voit qu’on peut caractériser de la manière la plus facile tous les fruits qu'il a plu aux botanistes de choisir, au milieu des confor- mations les plus variées, pour en faire des espèces distinctes ; on peut même établir des distinctions qu'ils n’ont pas faites ; donner aux fruits des caractères beaucoup plus précis que ceux qu’on avait tirés de leurs formes extérieures ; enfin expliquer des structures qui n’avaient jamais été comprises, et réunir par les liens de l’analo- gie toutes les variétés disparates qui ne semblaient plus provenir de la même origine. Nous avons done prouvé que les carpelles ont la plus parfaite analogie avec les feuilles ; qu'ils ont la même origine et le même mode d'expansion ; qu'ils portent les ovules sur leurs bords, rare- ment sur toute leur surface supérieure ; qu'ils les renferment en se repliant isolément , ou en se réunissant pour former une cavité commune, simple ou divisée ; que les fruits ne différent que parce que les feuilles carpellaires qui les constituent proviennent d’une même fleur ou de plusieurs fleurs distinctes, sont solitares ou multiples , séparées ou coalescentes , toutes fertiles ou en partie avorlées , d'une consistance variable par le développement ou la modification de leurs tissus, soudées à des degrés divers, divi- sées à la maturité par des procédés dissemblables , etc. En réunis- sant méthodiquement toutes les nuances que présentent ces con- figurations singulières, on peut classer le plus régulièrement et le plus naturellement tous les fruits, et l’on peut les caractériser de la manière la plus simple et la plus précise : c’est le but que je m ‘efforcais d'atteindre. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 213 EXPLICATION DES FIGURES. PLancue 16. (Tome 11.) Fig. 4. Darura Srramoxiuu. Fruit privé de parenchyme par macération, vu par la base. a, cinq faisceaux vasculaires s'anastomosant en arcades pour former les sépales, produisant en dedans un petit faisceau pour former les étamines ; b, cinq faisceaux un peu plus internes que les précédents, fournissant en dehors un petit faisceau pour former la corolle, passant au-dessus des arcades des faisceaux précédents, et s’anastomosant pour former les valves ; nn faisceau répondant à chacun des intervalles des valves {lignes médianes et bords des feuilles carpellaires), le cinquième répondant au milieu d'une valve : c, valves du fruit, formées par les ramifications des faisceaux , qui se subdivisent pour former les nervures, et se réunissent pour former les épines. Ces valves se détachent des bords de la cloison (septifrages), et se séparent au milieu des loges (loculicides). Fig. 2. Faisceaux d'une cloison débarrassés du parenchyme. a, pédoncule ; b, faisceaux sépaliques ; c, faisceaux latéraux des feuilles carpellaires, envoyant däns les valves des ramifications fines qui se rompent facilement, et dans la cloison d'autres ramifications (le faisceau vasculaire des valves qui correspondent äux fausses cloisons ne donne pas de ramilications à cette dernière) ; d, gros faisceau fourni par c, qui se recourbe et se divise en deux branches: l'une s’unit au faisceau semblable de l’autre côté, e, pour former l’axe; l’autre fournit : 1° un rameau qui s'unit au faisceau semblable de l’autre côté, f, et aux faisceaux de l'axe, après avoir donné les fibres de la partie centrale de la cloison . 2° rameau qui s’unit au faisceau semblable de l’autre côté, g, au sommet du trophosperme, après s'être partagé en deux fibres qui marchent parallélement et fournissent de nombreuses fibrilles qui pénètrent dans les trophospermes et les podospermes. Fig. 3. Cucuws Meco. Coupe transversale d’un ovaire très jeune. Trois processus carpellaires très peu développés, laissant un vide au centre, en contact latéra- lement, peu repliés sur les côtés au point où ils s'unissent au péricarpe ; leur substance parenchymateuse est peu distincte ; les faisceaux placés extérieure- ment, vis-à-vis le milieu des processus carpellaires, et ceux qui en occupent là partie interne, sont apparents. Fig. 4. Coupe d'un ovaire plus dgé que le précédent. Processus carpellaires (au nombre de quatre) ne se touchant pas au centre, étroitement appliqués laté- falement, plus recourbés au point où leurs bords s'unissent au péricarpe ; la substance parenchymateuse est très apparente au dedans des faisceaux internes, et aux bords trophospermiques. Fig. 5. Coupe transversule d’un ovaire plus âgé. Les processus carpellaires se touchent au centre et sur les parties latérales , de sorte que les cloisons centri- 2h LESTIBOUDOIS. fuges {intracarpellaires) sont formées, dans toute leur étendue, de deux feuil- lets (surfaces) appliqués et séparés par une ligne transparente, très recourbés au point d'union avec le péricarpe ; leurs bords sont séminifères ; les mem- branes des ovules laissent au sommet une large ouverture qui sera le micropyle et se rapprochera du hile par le mouvement ce renversement qu'éprouvera l'ovule. Ces ovules s'enfoncent dans la substance de la partie moyenne des pro- cessus carpellaires (cloison centripète ou intercarpellaire) , mais n’y adhèrent pas. La substance transparente qui s'étend du faisceau extérieur au faisceau central, et de celui-ci au faisceau trophospermique, est quelquefois continue, quelquefois formée d'une série de faisceaux distincts ; les faisceaux externes des processus carpellaires communiquent, par des ramifications vasculaires, avec les faisceaux internes, ceux-ci avec les faisceaux trophospermiques. Fig. 6. Coupe transversale d'un ovaire après la fécondation (grossi). a , tissu épidermique ; b, couche extérieure dans laquelle sont les vaisseaux des sépales et des pétales ; c, couche cellulaire ; d, couche formée d'un grand nombre de vaisseaux anastomosés formant la paroi du péricarpe (feuilles carpellaires) ; A, A, ÀA',elc., parties médianes des feuilles carpellaires, répondant aux styles et munies d’un faisceau principal: e, e', etc., processus carpellaires formés par les bords rentrants des valves , qui s'étendent de la circonférence au centre (cloison centripète ou intercarpellaire) ; leur partie centrale est formée de tissu cellulaire, de tissu parenchymateux et d'un réseau vasculaire émané d’un faisceau principal externe et d'un faisceau principal qui occupe l'angle interne des processus carpellaires ; /, f. parties latérales des processus carpel- laires formées par les bords des valves retournant du centre à la circonférence (cloisons centrifuges ou intracarpellaires}, se repliant parallèlement à la paroi externe du fruit, composées de tissu utriculaire, de tissu parenchymateux et d'unréseau vasculaire émané des faisceaux centraux et des faisceaux placés près de l’attache des graines; g,g', trophospermes soudés à la périphérie ; h, h', graines. Fig. 7. Coupe d'un ovaire près du sommet. Les bords séminifères ne se replient pas parallèlement à la paroi externe du fruit. APT Fig. 8. Un des styles, séparé des autres, avec lesquels il est soudé à la base, bifide au sommet, tapissé par le stigmate rabattu en dehors. Fig. 9. Portion supérieure de l'ovaire (jeune , un peu flétri, fendu verticalement et étaié), présentant trois processus carpellaires alternant avec les styles bi- fides, mais envoyant des prolongements étroits sur les bords stigmatiques. Fig. 40. Ecrauium Ecateriuw. Coupe verticale d'un ovaire. a, pédoncule dont l'extrémité forme à la base du péricarpe une saillie arrondie, se détachant à la maturité, et laissant une ouverture circulaire qui laisse sortir les graines et.le liquide formé par la destruction des tissus que l'endocarpe chasse par son élasticité ; b, faisceaux vasculaires du pédoncule ; c, prolongation des faisceaux pédonculaires dans la zone extérieure ou calicale de l'ovaire: d, faisceaux tro- CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. ITS) phospermiques unis aux faisceaux de la zone valvaire de l'ovaire : ils reçoivent des ramilications et des faisceaux calicaux, et des faisceaux du centre ; e, fais- ceaux centraux émanés des faisceaux pédonculaires, traversant la saillie du pédoncule, suivant l'angle interne des processus carpellaires , et fournissant dans toute leur étendue, des ramifications très ténues qui s'unissent à celles qui viennent de la partie moyenne des processus carpellaires (cloisons inter- _ carpellaires) et à celles qui viennent des trophospermes {cloisons intracarpel- laires) ; ces faisceaux persistent après la destruction du tissu cellulaire ; f, style et stigmates : g, débris du calice. Fig. 41. Bavoxia azsa (fleur femelle). Coupe verticale d'une fleur très jeune, mon- trant le pédicelle, les débris du calice, les processus carpellaires, les stigmates commençant à faire saillie au-dessus du point d'adhérence des processus car- pellaires avec le calice, le style encore extrêmement court, et correspondant à l'intervalle des processus carpellaires. (Voir la figure suivante pour les lettres indicatives.) Fig. 12. Coupe verticale d'une fleur plus avancée. a, pédicelle ; b, débris du ca- lice; d, processus carpellare ; e, f, divisions stigmatiques appartenant à un même style, qui est déjà plus allongé, et qui, par exception, au lieu d’être _échancré, forme un prolongement entre les deux stigmates qui lui appartien- nent; à côté de e, f, sont des divisions stigmatiques appartenant aux deux autres styles, et s'unissant respectivement à e, f, pour se rendre aux mêmes * processus carpellaires. Fig. 13. Une division stylaire [très grossie) vue de face, échancrée comme dans la figure 11. Fig. 14. Une division semblable vue de côté. Fig. 15. Une division stylaire formant un petit prolongement entre les stigmates, comme dans la figure 12, vue de face. Fig. 16. Coupe transversale d’un ovaire exlrémement jeune. Les processus carpel- laires se rapprochent du centre : mais souvent ils laissent un espace vide entre eux :; leur partie parenchymateuse, transparente, s'étend sur la ligne médiane jusqu à la partie interne des processus, puis sur leurs bords jusqu à la péri- ” phérie. Fig. 17. Coupe d'un ovaire un peu plus âgé. La partie parenchymateuse, transpa- rente, se recourbe sur les côtés, et les extrémités qui touchent la périphérie se renflent et vont devenir séminifères. Fig. 18. Coupe d'un ovaire plus âgé encore. Les processus carpellaires sont plus prolongés ; ils se touchent au centre ; leurs faces latérales, appliquées contre leurs voisines, constituent des cloisons bilamellaires bien distinctes ; leur extré- mité périphérique , au point où arrive la substance parenchymateuse transpa- rente, porte des ovules bien formés , qui sont ainsi attachés aux parois du péricarpe , vers le point qui correspond aux styles; mais ils sont renfermés dans les processus carpellaires. 2h16 LESTIBOUDOIS. Fig. 19. Coupe transversale d'un ovaire plus âgé encore. Les processus carpel- laires, en raison de l'accroissement del'ovaire, se sont développés latéralement au delà de leur bord séminifère fixé au péricarpe, de sorte qu'extérieurement ils sont repliés et marchent parallèlement à la paroi péricarpique, Fig. 20. Fleur femelle débarrassée du limbe du calice, fendue verticalement. a, pé- doncule; b, ovaire présentant des processus carpellaires distincts, alternant avec les styles ; c, prolongement du calice au-dessus du sommet de l'ovaire, plein, d'autant plus développé que l'ovaire est plus âgé ; d, base du limbe du calice ; e, une des parties du style trifurqué ; un stigmate largement échancré, légèrement rabatta en dehors. Fig. 21. BeniNcasa cerirera. Coupe transversale du fruit mür (de grandeur natu- relle). &, une partie de la substance extérieure du péricarpe, charnue, blanche, ferme, succulente, dont l'épiderme est couvert d’un enduit blanc, se détachant facilement, analogue à la cire; b, b, faisceaux fibro-vasculaires , répandus dans le tissu utriculaire, au nombre de 12 à 14 et correspondant sensiblement aux cloisons et aux intervalles des cloisons; d, appareil vasculaire formé par les faisceaux carpellaires, dont les ramifications forment un réseau extérieur (valves) et six processus intérieurs. Trois de ces processus résultent de la soudure des bords des valves voisines qui s’avancent vers le centre {cloisons intercarpellaires ou centripètes); ils sont composés de fibres irrégulières, anastomosées , unies et séparées tour à tour, entremélées de tissu utriculaire, dont les utricules sont souvent isolées et représentent des grains arrondis ; brillants. Ces processus se réunissent au centre et constituent un axe irrégu- ler ; puis les deux bords valvaires qui les composent se séparent ; chacun d’eux se porte vers la ligne médiane de la cavité du carpelle, auquel il appar- tient, et s'y unit avec l'autrebord de ce carpelle, ces bords unis se replient jus- qu'à la paroi extérieure du péricarpe (cloisons centrifuges ou intracarpellaires), s’écartent l'un de l'autre, marchent parallèlement à cette paroi, et soudent avec elle leur bord qui porte une série de graines placées ainsi dans l’une des sub- divisions des loges. La cloison qui répond au point d est centrifuge ; les cloi- sons qui viennent après sont centripètes, et celles qui suivent centrifuges; eelle qui est opposée à d est centripète. Fig. 22. Tuuira GEsNERIANA. Section transversale de la partie moyenne d'un ovaire, au moment de l'épanouissement. a , fente de déhiscence placée sur l’un des angles du fruit, correspondant à l’un des stigmates et des sépales externes; vis-à-vis chaque fente est un faisceau vasculaire (nervure médiane) , uni par une ligne transparente avec la loge : b, valves dont les bords, unis avec ceux des valves voisines, forment par inflexion une cloison très épaisse ; à l’origine de celle-ci est un faisceau vasculaire (nervures latérales); les trois cloisons s'unissent au centre, mais entre elles est une ligne transparente à trois bran- ches , trace de leur séparation primitive ; c, loge très petite, présentant à l'angle interne deux lignes trophospermiques qui portent des graines superpo- CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 217 sées, etqui sont séparées par une ligne transparente, trace de l'union des bords trophospermiques : à ces bords correspondent deux faisceaux vasculaires blan- châtres, qui sont des émanations de nervures médianes (nervures marginales). Fig. 23. Nancissus porricus. Coupe transversale de l'ovaire. Un faisceau corres- pond au milieu de la loge, un autre au point d'inflexion des cloisons, un seul au bord interne des cloisons. Fig. 2%. Hypericum ANDRosÆmuM. Un fruit coupé transversalement. a, péricarpe à trois valves, ayant un faisceau vasculaire au milieu des valves , un autre au point d'inflexion; b, demi-cloison formée par les bords rentrants des valves ; €, trophosperme muni d'un faisceau vasculaire central, appliqué sur _ les bords recourbés des valves: d'abord uni avec eux, se détachant prompte- ment dans sa partie centrale, ne se détachant par ses bords que par la dessicca- tion, portant des graines nombreuses insérées au point où les trophospermes restent unis au bord des valves. Praxcie 47. (Tome If.) Fig. 4. Punica GranaTum. Section verticale d'un bouton. a , tube du calice supère, soudé avec les carpelles ou loges: b, l’une des loges inférieures s’élevant plus haut que la partie inférieure des loges supérieures , ayant leurs tropho- spermes atlachés à l'angle interne; c, l’une des loges supérieures placées plus en dehors que les loges inférieures, ayant leurs trophospermes attachés à la paroi externe; 4, limbe du calice: e, style fistuleux, dont la cavité descend presque jusqu'aux loges inférieures ; f, pétales (la fleur est double), à préflo- raison Corrugative. Fig. 2. Coupe transversale du calice comprenant les loges inférieures. a, zone cellulaire ; b, cercle vasculaire: c. l'une des trois logesinférieures presque rem- plie, divisée par un très large trophosperme adhérant au centre et à la péri- phérie, de sorte que la cavité de la loge est partagée et représentée par deux petits vides en forme de croissant ; d, l’une des cloisons qui séparent les loges. Fig. 3. Coupe plus élevée que celle de lu figure 2. Les mêmes lettres indiquent les mêmes objets ; les trophospermes se sont détachés de la phériphérie, de sorte que les loges ne sont plus divisées. Une des loges, plus larges , a le tropho- sperme divisé et une saillie de la paroi extérieure vis-à-vis sa division, le trophosperme s'étant séparé d’une façon particulière ou cette loge étant formée par la réunion de deux loges; e, partie inférieure d'une des loges supérieures. Fig. 4. Coupe plus élevée que celle de la fiqure 3. Les mêmes lettres désignent les mêmes objets. Les loges, c, c', sont très petites: e, une des sept loges supé- rieures {quelquefois il n'y en à que six) divisées par des trophospermes adhérant à la partie centrale et aux parcis du péricarpe, séparées par des cloisons d; les loges nouvelles répondent assez régulièrement aux loges an- ciénnes et à leurs cloisons ; deux loges répondent à la loge c’. Fig. 5. Coupe plus élevée qué celle de la figure 4. Les mêmes lettres indiquent les 218 LESTIRBOUDOIS. mêmes objets. Les loges inférieures sont tout à fait disparues; au centre est une lacune , f, prolongation de la cavité du style fistuleux. Les trophospermes qui divisent encore les loges sont plus étroits dans la partie centrale que dans leur extrémité périphérique. Fig. 6. Coupe supérieure d'un ovaire plus avancé que le précédent ; les mêmes lettres indiquent les mêmes objets. Les trophospermes ne tiennent plus au centre, conséquemment les loges ne sont plus divisées. Fig. 7. AscLepras NicrA. Coupe transversale d'un follicule. a, valve contenant un nombre irrégulier de faisceaux fibro-vasculaires ; b, trophosperme appliqué sur la face interne de la suture , divisé par une ligne transparente et séparé de la valve par une autre ligne transparente, excepté dans la partie moyenne qui tient au bord de chaque valve; au point d'union, il y a de chaque côté un faisceau transparent, Au centre de chaque moitié du trophosperme, il y a un groupe vasculaire irrégulier; c, graines coupées transversalement. Fig. 8. Trophosperme détaché. a, face du trophosperme appliquée sur la valve, présentant une fente longitudinale partageant le trophosperme en deux par- ties; b, graines pendantes, imbriquées, attachées au trophosperme par des funicules qui se divisent en fibrilles blanches très ténues , tubuleuses, transparentes, simples , présentant quelques rares rétrécissements , mais non des cloisons. Fig. 9. Ærausa Cynariun. Coupe transversale du fruit, formé de deux carpelles. a, b,c,d, e, cinq côtes arrondies, contenant un gros faisceau vasculaire, parenchymateux à la circonférence; &, e, sont appliqués sur des côtes sem- blables de l'autre carpelle, de manière à ne faire qu'une côte apparente, parta- gée à la maturité ; f, g, h, à, quatre sillons séparant les côtes du fruit, corres- _ pondant à des groupes de vaisseaux propres ou lacunes, jaunâtres ; j, groupes de vaisseaux propres, jaunes, placés sur la face interne des carpelles : l, périsperme blanc constituant la plus grande partie de la graine ; k, axe ou faisceau trophospermique au sommet duquel pend le carpelle après la partition du fruit, et auquel répond l’attache de la graine : ce faisceau est uni avec celui du côté opposé, et s'en sépare jusqu’à la base à l'époque de la partition du fruit. Dans quelques Ombelliferes , les faisceaux trophospermiques restent réunis à la base et forment ainsi un filet en Y. En dedans de l'axe est une partie parenchymateuse placée sur le côté interne de la graine, contenant un faisceau vasculaire très petit. Fig. 10. Laserpirium mispioum. Coupe transversale du fruil. a,b,c,d,e, cinq côtes arrondies répondant aux faisceaux fibro-vasculaires; f, g, h, i, quatre ailes membraneuses répondant aux groupes de vaisseaux propres, de sorte que les parties les plus saillantes ne répondent plus aux sillons de la figure précédente, et sont seulement au nombre de quatre au lieu de cinq ; j, groupe de vaisseaux propres placé sur la face interne; k, axe ou faisceau tropho- spermique ; !, périsperme formant la plus grande partie de l'amande. CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 219 Fig. 11. PELARGONIUM MACRANTBUM. Fruit (grossi). a, basigyne; b, b, valves des carpelles séparées l'une de l'autre, ma,s plus rapprochées au milieu, portant une nervure médiane fine, détachant leurs bords près de l'axe à la maturité, de sorte que celui-ci forme de petits ailerons quise joignent aux valves ; c, pro- longement de la valve appliqué sur l'axe, OU environ 0,63, me donne le diamètre du tubercule. Voici mainte- nant quelques mesures obtenues par celte méthode, et prises sur des échantillons de chacune des trois formes. Le prenier nombre à gauche est le diamètre du tubereule le plus ancien, et le dernier à droite celui du plus récent. L'unité de longueur est partout le millimètre. Forme À. — 1° GROUPE. 3,2 2,8 9,5 5 3 3,5 » 2 | 1,9 » I est inutile de multiplier ces exemples, les nombres étant par- 284 FABRE, — RECHERCHES tout à peu près les mêmes. Les différences sont si petites, que je n'oserais en déduire aucune conséquence , si je n'étais encouragé par une merveilleuse concordance entre toutes les observations que j'ai pu faire sur ces minimes plantes. Sur une douzaine d’échan- tillons, les seuls que j'aie pu me procurer, j'ai reconnu constam- ment une décroissance analogue aux précédentes. Il me parait done très probable que ces plantules ne proviennent pas de graines qui auraient germé il y a deux ou trois ans, car alors la plante devrait suivre une progression ascendante, et marcher plus ou moins ra- pidement vers un état plus parfait. Elles proviennent plutôt, soit d’un bourgeon latéral des pousses de la forme A deuxième groupe, soit du bourgeon inférieur des pousses de la forme B. D’année en année plus appauvries, ces plantules dégénérées doivent finir par s'étendre. Forme À, — 2° GROUPE. b. CG. 6,3 8.8 11 5 6,3 9 7 9,2 12 5 7 » 6,3 7 » Ici se présente, au contraire, une progression rapidement ascen- dante , dans laquelle non plus je n’ai pas trouvé d’exception. Le tubercule, parti de la valeur moyenne de 6 millimètres, a, en deux ans, atteint à peu près le diamètre moyen de ceux de la seconde forme. Il est donc probable que l’année suivante la plante aurait appartenu à cette forme ; par conséquent, il s’écoule trois ans au moins avant que la plante, qui produit un seul tubercule aux dépens de sa gemmule terminale, soit remplacée par une autre, dont les bourgeons axillaires remplissent la même fonction. SUR LES TUBERCULES DE L'HIMANTOGLOSSUM HIRCINUM. 285 Forue B. ( d e. [ » 10,7 14,5 17 » 412 15,6 19 » » 15,2 18 » » 14,4 16 10 43 » » » 11,3 44 » 8,4 12,4 14 » 9,5 12 » » Les quatre premiers exemples sont tirés de pousses ayant trois feuilles ; les quatre autres, de pousses ayant seulement deux feuilles. En admettant que les nombres placés sur la même ligne verticale appartiennent au même degré d'évolution, ce qui est exact pour les nombres qui terminent chaque série horizontale, on voit que les deux colonnes intermédiaires appartiennent à des pieds portant deux feuilles, et que la première colonne , à gauche , représente probablement la dernière colonne du tableau précédent, et corres- pond à des pousses de la première forme. Si, comme tout le fait croire, les pousses, portant actuellement trois feuilles et correspon- dant à la colonne f, doivent donner naissance à des pousses florales, trois générations produisant uniquement des feuilles précéderaient celle qui doit fleurir, et il y aurait encore un intervalle de trois ans entre la première pousse mulüplicatrice et la pousse florale. N'’est- il pas remarquable de voir reparaitre ici ce nombre trois, qui à été trouvé plus haut par d'autres considérations ? Forme C. d. ë. fe g. » 13,8 17.5 23 » 14,5 » 23 A1 15,2 » 20 » » 46 19 412 » » 18 Ce tableau confirme les résultats précédents. Les pousses de la colonne f sont suivies par des pousses florales, On voit même aussi 286 FABRE. — RECHERCHES Le par les deux exemples où la colonne f est vide, et par le dernier où les colonnes e, f, le sont également, que, dans des circonstances favorables , la transition d’une pousse de la seconde forme à une pousse florale s'effectue brusquement en franchissant un et même deux états intermédiaires. Il pourrait se faire cependant que les premiers nombres fussent mal placés, et qu'il fallüt les avancer vers la droite d’un rang ou de deux, et alors tout rentrerait dans le cas général ; car dans cette coordination, je n’ai eu pour guide que la valeur même des nombres, et l’on conçoit combien grandes sont, avec de telles données , les chances d'erreur dans le classement d'organes qui sont bien loin de présenter dans leurs dimensions une rigueur mathématique. Aussi je ne me fais pas illusion sur la valeur de ces résultats; je ne les regarde que comme une approxi- mation grossière, qui, pour devenir plus précise, demanderait de longues années d'observation sur la série des plantes issues d'une origine commune. Ce n'es! done qu'avec beaucoup d'incertitude que j'évalué à six ans le laps de temps écoulé entre l’apparition de la forme A et celle de la forme C qui en dérive, et à trois ans l’in- tervalle qui sépare la forme C de la forme B. Malgré cela, ces tableaux me paraissent établir d’une manière suffisante qu'il s’effec- tue au passage ascendant d'une forme à l’autre, ce qui est le but principal que je me proposais. [IT. Quel est enfin le mode d'évolution des plantules venues de graines? Quoique mes tentatives pour assister à la germination soient restées infructueuses, bien que je n’aie pu observer de pousses reconnaissant positivement une origine autre que la gemmation , à cause de la corrélation intime qui existe entre un embryon monocotylé et une gemme , entre la germination et la gemmation, je ne crois pas trop m'écarter de la vérité en attri- buant aux plantes venues de graines les mêmes phases que présen- tent celles qui proviennent de gemmes. Et d’abord l’extrême ténuité des graines ne permet pas de supposer que les plantules qu'elles produisent aient, dans les pre- SUR LES TUBERCULES DE L'HIMANTOGLOSSUM HIRCINUM. 287 miers temps, un développement plus avancé que celui de la figure 41 ; il est même probable que c’est en deçà de cette limite que se trouve la vérité. Le renflement amylacé, qui enveloppe la base de la radicelle unique, et qui envahit quelquefois la base entière des pousses les plus petites, ne rappelle-t-il pas le tubercule qui se forme à la base de la tigelle issue d’une graine ; n’est-il pas croyable qu'il y a entre les deux organes une grande analogie? Or, comme il a été précédemment reconnu que ce renflement appartient à la base de la tige et non à la radicelle , les conclusions de M. le docteur Clos, qui voit un renflement du collet (1) dans le tubercule d'Orchis suite de germination, se trouveraient ainsi confirmées. Malheureusement, ne connaissant point le tubercule venu de graine, je ne saurais établir jusqu'à quel point ma compa- raison est fondée. La jeune plante provenant de germination acquiert-elle par un rapide développement la faculté de produire la même année une hampe florale ? Ce n'est nullement probable; la disproportion entre le point de départ et le point qu’elle doit atteindre pour fleurir est trop considérable pour admettre que quelques mois suffisent à cette évolution. D'ailleurs, ce qui a été reconnu pour les pousses venues de bourgeons doit apparemment s'appliquer ici. La plantule venue de graine doit donc, pendant plusieurs années , progresser peu à peu vers un état plus parfait. Mais pendant ce laps de temps, comment avec sa faiblesse, son exiguïté, résistera-t-elle aux ardeurs de l’eté ou aux rigueurs de l'hiver? Quelquesfeuilles en petit nombre viennent s'épanouir à l'air; mais le bouquet central de feuilles rudimentaires , la gemmule terminale, organe précieux qui doit devenir la souche primitive d'une nombreuse lignée, n’affronte pas encore les intempéries atmosphériques. Avec une provision de matières nutritives accumulées dans un renflement de l'axe, ce bourgeon terminal s'enfouit dans lesol, etle reste de la plante périt. L'année suivante, nouvelle évolution partielle du bourgeon ainsi dérobé à la destruction qui le menace; nouvelle formation d'un tubereule entraînant avec lui dans le sol la gemmule centrale , et ainsi de suite pendant plusieurs années. Or, dans ce temps , le (1) Loc. cit. 288 FABRE. “— RECHERCHES bourgeon devient plus vigoureux ; le tubercule qui le nourrit, plus riche en substances nutritives; ce qui permet enfin à la pousse d'atteindre le degré d'évolution qui caractérise la seconde forme. Le bourgeon développe alors toutes ses feuilles:, mais ne produit pas de hampe florale; seulement avant de périr, il donne nais- sance à un Ou plusieurs tubercules, au moyen de ses gemmes latérales. En ne tenant compte que des apparences, chacune de ces pousses, que nous venons de voir se succéder pendant plusieurs années , serait indubitablement prise pour un individu distinct. I n’en est rien cependant, c’est le même axe qui grandit d’un côté, tandis qu'il se détruit de l’autre; ces diverses pousses sont la con- tinuation et non la reproduction l’une de l’autre; en un mot , elles ne forment qu’un seul individu. Cet individu primitif ne fleurit point; mais avant de périr, il laisse pour lui succéder un ou plu- sieurs tubercules dépositaires d’un bourgeon. Pour plus de clarté, ne supposons qu'un seul tubercule. Que deviendra ce dernier ? En continuant à se laisser guider par l’analogie, on voit que la pousse quien provient correspond à celles que j'ai classées dans la seconde série. Il doit done y avoir encore pendant quelques années succes- sions d'individus incapables de fleurir , mais multipliant l'espèce par des tubercules. Ces individus sont annuels, au lieu de traverser, comme l'individu primitif, un laps de plusieurs années. Enfin apparait une pousse capable de développer son axe en épi floral, et la reproduction par graines, vient remplacer la reproduction par gemmes. Au point où nous sommes arrivés vient se clore le cercle de l’évolution de la plante, et un même ordre de choses recom- mence à parcourir le même evycle. Cette alternance d'individus dépourvus d'organes sexuels , et se reproduisant uniquement par gemmes , et d'individus pourvus de ces organes et mürissant leurs ovules tandis que leurs gemmes avortent presque entièrement; cette succession périodique de formes diversement organisées ne rappelle-t-elle pas , de la ma- nière la plus frappante, ce qui se passe chez quelques animaux ? Abstraction faite des expressions botaniques , ne croirait-on pas entendre l’histoire de quelqu'une de ces merveilles du règne animal qu'on a désignées sous le nom de génération alternante? SUR LES TURERCULES DE L'HIMANTOGLOSSUM HIRCINUM. 289 Conclusions. Je résume rapidement les pomis les plus saillants de ce travail sur l’Himantoglossum hircinum : 1° L’organe souterrain propagateur est le produit d’un bourgeon tantôt latéral dans les pousses les plus avancées , tantôt terminal dans les pousses les plus jeunes. % Le tubercule n’est ni une racine ni un faisceau de radicelles . soudées , mais la portion supérieure et renflée excentriquement du second entre-nœud d'un rameau dont le bourgeon terminal et unique reste stationnaire jusqu’à la parfaite maturité du tubereule. 3 Le cordon pédicellaire, qu'il soit très court comme dans l’Himantoglossum hircinum , ou bien qu'il atteigne une grande longueur comme dans le Serapias linqua , est formé par le reste du même entre-nœud auquel se soude la seconde feuille du rameau. La cavité vaginale de cette feuille forme le canal qui parcourt le cordon d’un bout à l’autre. Le simulacre gemmaire qui persiste à l’aisselle de l’écaille où le rameau a pris naissance est formé par la pointe de la même feuille invaginée dans la feuille du premier entre-nœud, feuille bientôt arrêtée dans son évolution, et percée de part en part pour livrer passage au tubercule. h° Dans une série continue de pousses dérivant l’une de l’autre par voie de tubereules , celles qui doivent fleurir n’apparaissent que périodiquement, et sont séparées l’une de l’autre par plusieurs générations intermédiaires incapables de fleurir. 9 Une pousse qui fleurit ne produit qu’un seul tubercule, d’où émane une seconde pousse incapable de fleurir, mais qui développe en tubercules inégaux les trois bourgeons axillaires, ou au moins les deux supérieurs. 6° Ces derniers tubercules produisent suivant leur force des pousses diverses. Les plus gros donnent naissance à des pousses annuelles qui ne fleurissent pas, mais qui multiplient les tubercules, et après un certain nombre d’évolutions pareilles , apparaît une se- conde hampe florale. Les plus faibles produisent des pousses dont la somimnité de l'axe se renfle en un tubereule qui entraîne avec lui dans le sol le bourgeon terminal. La vitalité de ce bourgeon, con- &° série. Bor. T. III. (Cahier n° 5.) 5 19 290 | FABRE. — RECHERCHES servée ainsi pendant plusieurs années, finit par acquérir assez de force pour lui permettre de se développer en une pousse pareille aux précédentes, et produisant des tubercules d’où dériveront plus tard d’autres pousses florales. 7° L'espèce se compose de trois formes qui se complètent mu- tuellement : 4° la forme florale, dont l’axe se développe en un épi de fleurs : sa fonction est de propager l'espèce par graines ; 2° la forme multiplicatrice dont l’axe ne produit pas de hampe florale , mais simplement des feuilles, tandis que sa base développe ses semmes en tuberecules : sa fonetion est de multiplier ces derniers ; 3 la forme disséminatrice dont l'extrémité de l’axe s'organise en tubercule, tandis que les bourgeons latéraux périssent : sa fonction est d'empêcher l'accumulation des tubercules en un même point, en permettant par une disposition spéciale une sorte d’émi- gration. 8° Ilest très probable que la plante venue de graine acquiert simplement cette dernière forme , et qu'après la métamorphose de sa gemme terminale en tubercule répétée plusieurs années, elle meurt sans fleurir, ayant produit un ou plusieurs tuber- cules , qui, suivant leur volume , se comportent comme 1l vient d’être dit. 9 Par suite, ce n'est qu'après plusieurs pousses dépourvues d'organes sexuels et se perpétuant par gemmes, que surgit la plante munie de ces organes, et reproduisant lespèce par oraines. 10°. La génération de l’Æimantoglossum hircinum , et proba- blement des autres Ophrydées, est done alternante. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHES A2 ET 13. Fig.-4. Coupe du bourgeon axillaire supérieur de l'Himantoglossum hircinum. Longueur, 1 millimètre. Fig 2. Le même, plus avancé. Longueur, 2 millimètres. Fig. 3. Pousse florale d'H. hircinum. La troisième écaille est un peu écartée, pour montrer le bourgeon qu'elle abrite à son aissellé et qui doit produire le tubercule futur. SUR LES TUBERCULES DE L'HIMANTOGLOSSUM HIRCINUM. 291 Fig. 4. Le bourgeon précédent détaché et vu par sa face interne. Fig. 5. Base d'une pousse florale d'H. hircinum. On a enlevé le vieux tubercule, les radicelles et les deux écailles inférieures, pour montrer les trois bourgeons et leur inégal développement. Fig. 6. Coupe du bourgeon axillaire supérieur d'une pousse pareille à la précé- dente. Fig. 7. Base d'une pousse florale de Serapias lingua. Les trois écailles infé- rieures sont enlevées. Les deux bourgeons supérieurs ont produit chacun un tubercule ; le bourgeon inférieur porte une aréole, indice d’un troisième tubercule rudimentaire. - Fig. 8. Coupe du tubercule snpérieur de la pousse précédente et de son cordon | pédicellaire. Fig. 9. Coupe de la sommité d'une pousse d'A. hircinum, dont le bourgeon ter- minal produit un tubercule. Fig. 10. Coupe d’une pousse pareille, mais dont le tubercule terminal plus avancé s’est fait jour à travers les tissus de la plante. Fig. 11, 12, 13. Plantules dégénérées d'H. hircinum, forme disséminatrice. Une aréole marque le point où doit se faire jour le tubercule formé aux dépens de la gemme terminale. Leur base se renfle surtout autour de la radicelle unique. Fig. 44. H. hircinum , forme disséminatrice, avec l'aréole et le renflement des plantules précédentes. Osservarion. — Les rédacteurs ont reçu communication , avant la remise du travail de M. Fabre, d'un Mémoire de M. Grenier, professeur à la Faculté des sciences de Besançon, relatif au développement des tubercules des Ophrydées. Ce travail, qui porte sur des espèces différentes de celles étudiées par M. Fabre, et que l'auteur avait désiré compléter par de nouvelles observations pendant le printemps de cette année, devra donc être considéré comme tout à fait indépen- dant de celui de M. Fabre, et résultant de recherches faites simultanément. AFFINITÉS SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES NOUVEAUX OÙ PEU CONNUS, Par M. J.-E. PLANCHON. Suite. — Voyez tome IT, page 255. 33. TRICHANTHERA , Ehrenb, in Linn., IV, O1. — Endl,, Gen., n. 6037. Genre placé à tort parmi les Zygophyllées. Il est fondé sur une espèce de Mahernia. Trichanthera modesta , Ehrenb. — Mahernia modesta , Planch. 3h. KozBia, Paliss. Beauv., F1. d'On., I, p. 91, t. 120. N'est probablement pas autre chose qu’une espèce de Modecca, dont la partie inférieure du calice aura été prise et dessinée pour un calice adhérent, et le limbe calicmal pour une corolle. C’est ce que _ paraît avoir soupçonné Endlicher, et ce que je n'aurais pas négligé de vérifier si la plante ne manquait dans l’herbier de Palissot de Beauvois, conservé au Musée Delessert. 35. Apexoniscus, Turezan., Bull. de Mosc., XIX, 504. —- Belotia, Ach. Rich., FT. Cub., 207. — Grewia, L. Adenodiscus meæicanus , Turezan., !. ©. — Grewia mexi- cana, DC. 36. OBELANTHERA , Turezan., £. €., XX, p. 148. — Saurauja , Willd. 37. Auiacosriema, Turczan., /. €., XIX, p. 149. — Rhynchotheca, Ruiz et Pav. AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 293 28. Hereroczapus, Turezan., /. €, XX, 152. = Corraria, L. Heterocladus caracasanus, Turez. — Coriaria thynmufoha , Willd. 99. Homazozeris, Turczan., Flora (Bot. Zeit.), XXXI, 709, ex Walp., Annal. Bot. Syst., I, p. 245. — Simaba, Aubl. 40. Nozria, Schumach.— Endl., Gen., n. 6867 (parmi les genres dubiæ sedis). D’après la description, on ne peut guère douter que ce ne soit un Diospyros. h1. Dumarrroya, Gaudich., Voy. de la Bonite. = Maluisia, Blanco F1. de Filip., 789, ex Endl., Gen. suppl. !, 1880. Ce genre appartient à la tribu des Morées dans la famille des Urticées. Il est représenté dans la Chine, Archipel malayen et les régions tropicales de Ja Nouvelle-Hollande. J’extrais d’un travail inédit sur les Morées les diagnoses de ce genre, que renfermait, il y a quelques 1nnées, l’herbier de sir William Hooker. 1. Mazaisra scanpexs ( T'rophis scandens, Loureiro ; Morus java- nca, Blume , Bijdr., p. 488? Dumartroya fagifolia, Gaudich., l. c., t. 97). — Foliis oblongis basi subcordatis apicem in cau- dam brevem abrupte contractis repande dentieulatis nune sub- integris, amentis maseulis elongatis, fœminorum pedunculis peuolo longioribus. Chine, près de Canton, Loureiro.—Mhillett. —Reeves in Wallich, Catal., n. 4652. — Java, Zollinger, n. 708. msn ananas « 2. MazaisiA virinescexs. — Foliis ellipücis utrinque obtusis apics mucronulatis margine integerrimis subsinuato undulatis glabris nitidis exsiccatione atro-viridibus , amentis masculis 3-4 secus rachin brevem spicatis linearibus, fæmineis geminis v. solitartis subsessihbus. Nouvelle-Hollande, côte orientale intertropicale. Allan Cun- ningham | Arbor parva, habitu robusto (AU. Cunn.) inflorescentia excepta glaber- 29/ J.-E. PLANCHON. rima. Folia 5-6 centim. longa, dimidio lata, nitida, reticulato-venosa Petioli teretes supra leviter sulcati 3-6 lin. longi, rachi añentorum mascul subæquales v. longiores. Amenta fœminea globosa Piso minora. 3. Mäcasia Cunnixétamn. — Glaberrina, foliis obovato-oblongis basi Sæpius cunéatis apice tridentatis v. sæpius integerrimis amentis maseulis geminis v. solitariis oblongo-linearibus bre- vissime peduneulatis, fœmineis geminis v. ternis subsessilibus Nouvelle-Hollande, côte orientale intertropicale ; dans les forêts épaisses de la rivière Brisbane et de Moreton-Bay. Allan Cun- ningham. Arbor circit. 8-metralis, habitu diffuso, ramis extremis scandentibus (AU. Cunningh.), teretibus, epidermide castanea lenticellis creberrimis asperata. Folia circiter 3-5 centimet. longa, dimidio lata, sicca pallide flavescenti-viridia reticulato-venosa. Petioli 4-6 millim. longi, castanei. Amenta mascula 9-15 millim. longa, crassiuscula, pedunculo brevissimo, cinereo-pubescente. Flores confertissimi, puberuli. Amenta fæminea Piso multo minora. h. Maraisia rorruosa (Malaisia tortuosa, Blanco, FI. de Filip., p. 789), fohis parvis oblongis utrinque acutiuseulis apicem ver- sus paucidentatis v. integerrimis, amentis fœmineis 5-8 secus rachin axillarem brevissime peduneulatis. Ile Luçon. Cunningh., n. 1314. Rami teretes , epidermide saturate castanea lenticellis albis creberrimis adspersa. Folia circit. 3 centimetr. longa, sæpe breve acuminata. Racemi amentérum fœm. nunc brevissimi sæpius fere à centim. longi. Amenti diametrum stigmatibus pluries brevius. 5. Mapaisia AcUMINATA. — Glabra, folis ovato-lanceolatis sensim acuminatis acutis basi obtusis imtegerrimis , exsiccatione pallide flavescentibus, amentis fructiferis petiolo longioribus. Nouvelle-Hollande, sur le mont Marshall , dans le distriet d’Il- lawara, Bakhouse in herb. Hook. Folia 0w,08-0",10 longa, petiolo vix 0",008 ‘longo. Nuces oblongæ , AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 295 obsolete striatæ, Taxi nucula æmulantes et eis paulo minores, in amento quovis obortu solitariæ, geminæ v. ternæ. 42. Prieræria, Liebm., Philet. en ny anomal Slaegt af Polemo- niacernes F'amilie (Kjoebenh., 1850, 4°), p. 5, t& 1, ex Walp. Ann. Bot. Syst., HT, p. 104. = Fouquiera. L'auteur danois rapporte son genre aux Polémoniacées. Kunth, en plaçant à côté des Portulacées ses genres Fouquiera et Bronnia (aujourd’hui reconnus identiques), comparait le premier aux Can- tua aussi bien qu'aux Épacridées. La place des Fouquiéracées me paraît encore fort douteuse. h3. Kincssoroucnia, Liebm., Widenskabelige Meddelser fra den naturhist. Forening à Kjoebenhavn, 1850, p. 60. Ce genre est fondé sur le Mellingtonia alba, Schlecht. Je l'avais signalé, sans le décrire, en 4849, dans un article de la Flore des serres, sous le nom de Llavea. TN diffère, du reste, à peme du sui- vant, dont il ne s’écarte que par ses fleurs à quatre sépales au lieu de cinq, et ses pétales plus largement imbriqués. hh. Lorenzgana , Liebm., /. c., ex Walp., {. c. = Meliosma , Blume. Je ne puis saisir aucune différence essentielle entre ces deux genres. Les Lorenzeana me paraissent donc les espèces améri- * caines du type plus connu sous le nom de Meliosma dans la flore de l'Asie. J’en connais depuis longtemps une espèce du Brésil et plusieurs de la Nouvelle-Grenade, faisant partie des collections de M. Linden. Toutes ces espèces ont les feuilles simples. h5. OPniocaryon, Endl., Gen. pl. suppl, E, p. 1425.— Benth. in Hook. Lond. Journ. of Bot., IV, 376 ( quelques fautes d’im- pression rendent la description générique peu intelligible ). — Walpers, Repert., V, p. 364. — Planch. in Van Houtt., F4. des serr., V, Misc., n. 300, p. 522° (caractère générique ex- pliqué ). | Je crois avoir le premier signalé laffinité de cette singulière 296 J.-E. PLANCHON. —— AFFINITÉS, ETC. plante avec les Meliosma, affinité tellement étroite qu’on peut dou- ter si l’étude d'exemplaires plus complets que ceux qu’on possède de l’Ophiocaryon ne conduira pas à la fusion des deux genres. Dans le même article de la Flore des serres, j'ai exprimé l'opinion que le genre Sabia de Colebrooke (Meniscota, Blume) représentait la forme symétrique et régulière de la petite famille des Méliosmées, dont les trois genres précédents seraient les formes altérées par des métamorphoses'et des avortements constants. On place d'ordinaire les Méliosmées parmi les Sapindacées , ou du moins tout à côté d'elles. Ce rapprochement me paraît pourtant contredit par plusieurs raisons, notamment par la position du disque relativement aux étamines. Dans les vraies Sapindacées , en effet, comme dans toutes les familles qui s’en rapprochent (Hippocasta- nées, Acérinées, Staphyléacées, Mélianthées, Tropæolées), le disque est situé entre les pétales et les étamines. Chez les Méliosmées, cet organe glanduleux s’interpose entre les étamines et l'ovaire, abso- lument comme chez les Térébinthacées, parmi lesquelles divers senres, tels que le Mangifera, l'Anacardium, ete., présentent des réductions dans le nombre des étamines analogues à celles qui s’ob- servent dans la plupart des Méliosmées. Par ces raisons et par l’analogie de facies, je placerais volontiers les Méliosmées à la suite des Térébinthacées. Notons en passant les singulières coïncidences qui se présentent sur divers points de la structure, et même de l’aspect entre les Méliosmées et les Myrsinées, particulièrement entre les Sabia et les - Embelia. Même opposition des étamines aux pétales ; mêmes pone- tuations glanduleuses dans le tissu des fleurs; enfin cette ressem- blance de facies que l’æil saisit sans que la plume puisse le rendre. Ce sont là des traits utiles à signaler, alors même que les diver- sités si flagrantes dans la structure des fruits s'opposent à tout rapprochemenc mmediat entre les familles en question. A6. Borrvosycios , Hochst. PI. (Bot. Zeit.), XX VII, À, ex Walp... Repert., N, p. 774. Ce prétendu genre de Passiflorées n’est rien autre qu’une espèce de Dioscorea à feuilles digitées. NOTE SUR LES ORGANES GLANDULEUX DU GENRE DROSERA, Par M. Johannes GROENLAND. Ayant fait, en 1851, une étude particulière des couches épider- miques des végétaux et de leurs organes accessoires, j’examinai aussi les glandes des feuilles du genre Drosera , dont: les trois espèces , D. rotundifolia , intermedia et longifolia , se trouvent en abondance dans les nombreux endroits marécageux des environs de Hambourg et d’Altona. Je fus fort surpris de trouver à ces glandes une structure très compliquée, et cela m’engagea à suivre avec un soin particulier le développement de ces organes , pour me rendre compte de leur valeur organographique. Plusieurs auteurs avaient décrit et mème figuré ces glandes. En 1657, Meyen avait donné une description et une bonne figure des glandes pédicellées du Drosera anglica , en faisant observer que les glandes du Drosera rotundifolia avaient absolument la même organisation (L). Il avait observé une trachée dans le pédi- celle de la glande sans avoir pu la poursuivre dans la glande même, à cause de l’opacité du tissu cellulaire qui la forme ; mais en cou- pant et écrasant la glande, il lui est parfois arrivé de dérouler le bout de la spirale contenu dans la glande elle-même. Il a de même observé un mouvement lent des corps solides qui sont suspendus dans le contenu liquide de cellules du pédicelle. Meyen ajoute en- core que les pédicelles des glandes qui se trouvent sur la surface extérieure des utricules du Vepenthes sont aussi pourvus de tra- chées très étroites. Il ne se prononce nulle part sur une différence organique entre les glandes du Drosera et celles des autres végé- taux dont il donne la description, et qui sont considérées par lui (1) Ueber die Secretionsorgane der Pflanzen, von F.-J.-F. Meyen. Berlin, 1337. 298 J. GROENLAND. — NOTE comme des organes accessoires de l’épiderme, conime des poils glanduliféres. M. Schleiden (L) ne dit que quelques mots des glandes du Drosera, qu'il considère, lui aussi, comme des poils contenant des trachées. M. Naudin (2), dans une note sur des bourgeons nés sur une feuille du Drosera intermedia, parle de même des « poils glandulifères qui recouvrent la face supérieure des feuilles, et qui, surtout, en couronnent les bords comme une frange. » Je trouve enfin, dans l’atlas de M. E. Le Maout (3), une figure très exacte d’un prises germant. Telles sont les seules indications organo- graphiques que j'ai pu consulter sur ma plante. Pour bien comprendre un organe, il faut, avant tout, suivre son développement dès sa première apparition jusqu’à son entier déve- loppement. Cette idée m'a guidé quand j'ai fait les recherches dont je me permets de publier aujourd’hui les résultats. Mes observa- tions, quoique ajoutant très peu de nouveaux faits au travail de Meyen, en différent cependant considérablement par les conglu- sions auxquelles j'arrive par mes recherches. Pour moi, les pré- tendus poils des Drosera ne sont point des poils, mais des lobes de la feuille (4). En 18592, j'eus l’occasion de communiquer mes idées à ce sujet à M. Schacht pendant son séjour à Hambourg , et il fut entièrement. d'accord avee moi. Dans la même année il a annoncé que j'avais sur ce point une opinion différente de celle des auteurs précédents, voulant me laisser le mérite de publier moi-même ces obsérvations (5). Pour suivre successivement le développement de l'organe en question , je fus obligé de faire souvent des dissections des feuilles 1) M. Schleiden, Grundzuege der wissenschaftlichen Botanik, Bd. 1458, p. 268. ) Annales des sciences naturelles, 2° série, t. XIV, p. 14. 3) E. Le Maout, atlas, p. 115, Droséracées. (4) M. Trécul a récemment communiqué à la Société botanique, dans la séance du 25 mai 1855, les résultats de ses recherches sur le même sujet. Sa manière de voir se rapproche beaucoup de la mienne, mais elle en diffère cepen- dant à plusieurs égards. La priorité des observations qui nous sont communes a été suffisamment constatée, en ma faveur, dans la même séance. Voyez le procès- verbal de la séance du 25 mai 1855 de la Société botanique de France. (5) H. Schacht, Die Pflanzenzetle, $ 30, p. 234. Berlin, 1852. * SUR LES ORGANES GLANDULEUX DU GENRE DROSERA. 299 et même des glandes de ma plante. Lorsqu'il s’agit de coupes très minces de feuilles , je me sers ordinairement d’un bouchon fendu dans sa longueur, dans lequel je serre l’objet à couper à l’aide d’un large anneau de cuivre. En coupant des lames très minces de bou- chon, j'obtiens ainsi en même témps des fragments extrêmement fins de la feuille (1). Les feuilles du Drosera, à leur première apparition, se montrent comme un petit bourrelet, fig. 2, b, inmédiatement au - dessous - du sommet de l'axe a. Un peu plus tard, ce bourrelet se replie au sommet du côté de l’axe c. Cétte partie recourbée est destinée à former la lame de la feuille. En même temps, on voit naître des deux côtés du pétiole les stipules d. Peu après on aperçoit au bord de la lame des échancrures qui rappellent l’état jeune d’une feuille pinnatifide, fig. 3,e; tandis qu’à la surface extérieure du pétiole et de la lame se forment des poils nombreux d’une forme très bizarre, qui, dans léur développement complet, sont ordinairement formés de quatre cellules, fig. 3, 4, 5, 6, e. Les échancrures de la jeune feuille , en se prolongeant, se plient ensuite vers l’intérieur, fig. 4, 5, f. Quand on coupe une jeune feuille à cette époque, fig. 4, 5, on voit s'élever de la face intérieure de la lame un cer- tain nombre de petites bosses, fig. 4, 5, g. Vers le bord de la feuille, ces bosses se développent dès 16 commencement plus forte- ment , fig. A, de manière à former déjà de bonne heure des tran- sitions entre les lobes du centre et ceux du bord. Dans la coupe transversale de la feuille, chacun de ses organes correspond avec un point plus transparent du parenchyme de la feuille h. Les som- mets des bosses , ainsi que ceux des lobes marginaux , prennent plus tard un développement claviforme, fig. 6, g, et ces derniers acquièrent peu à peu une longueur considérable, étant enroulés avant l’épanouissement de la feuille. Quand le développement de la feuille est terminé et que celle-ci est près de s'ouvrir, fig. 7, la partie claviforme de ces organes est devenue ovoïde. La longueur du pédicelle des lobes du centre de la lame est à peu près égale à (4) M. H. Schacht, dans son livre intitulé Das Microscop. (édit. I, p. 28, Berlin, 1851), décrit en détail la manière de se servir du bouchon pour obtenir des préparations microscopiques. 900 J. GROENLANB. — NOTE la longueur de leur partie claviforme, tandis que les lobes margi- naux et leurs voisins ont des pédicelles de quatre à huit fois plus longs. | Si nous examinons la structure anatomique de la feuille , la coupe transversale, fig. 4, nous permet de distinguer déjà de bonne heure les trois éléments de la feuille : l’épiderme avec ses organes accessoires, ep; le parenchyme, pa; et les faisceaux fibro-vascu- laires, À, qui sont représentés, avant la présence de la trachée, par des points d’un tissu plus transparent. Je remarquais déjà tout à l'heure que ces points sont toujours en rapport avec les lobes ; le fait est que chacun d’eux envoie une trachée très fine dans son lobe. Dans un état très jeune de la feuille, il est extrêmement diffi- cile d’apercevoir ces trachées ; mais bientôt après leur apparition, elles commencent à se remplir d'air, et elles se montrent alors, sous le microscope, comme des stries noires qui se prolongent jusque dans la partie claviforme, fig. 7, tr. Quelquefois, en faisant des coupes longitudinales de la feuille, on obtient des préparations, qui montrent très nettement le point où la trachée du lobe se détache du réseau fibro-vasculaire de la feuille, fig. 10. La partie elaviforme offre une organisation toute particulière : une coupe transversale, fig. 9, nous montre d’abord extérieurement un épi- derme dépourvu de stomates formé par de grandes cellules, ep, qui contiennent un liquide limpide ou avec quelques grains de chlo- rophylle en suspension, ensuite un parenchyme formé de petites cellules qui sont remplies d’un liquide d’un beau rouge foncé, pa. La trachée centrale, tr, est enfin entourée par huit à douze grandes cellules spirifères, sp, qui ne contiennent pas de matières colo- rées, mais qui sont toujours remplies d’un liquide limpide , tandis que la trachée , comme je viens de le dire, est remplie d’air. Ces grandes cellules spirifères sont faciles à observer par transparence dans la glande, fig. 8, sp ; elles ont une forme cylindrique allon- gée, et leur spirale est très prononcée. Quelquelois il s’opère dans les glandes une altération très bizarre, qu’un examen superficiel peut faire prendre facilement pour une organisation particulière , fig. 11. Dans ce cas, l’épiderme d’une glande parfaitement déve- loppée se fend longitudinalement d’un côté, et met à nu une partie SUR LES ORGANES GLANDULEUX DU GENRE DROSERA,. 301 du parenchyme de la glande : c’est une espèce de hernie. Ce sont surtout les lobes des feuilles plus petites et maladives qui montrent ce phénomène; les plantes vigoureuses n’en sont presque jamais atteintes. Cela tient-il à un excès de sécrétion des cellules du paren- chyme ou à l’action de l'humidité ? Je l’ignore; le fait est que l’aspect de la glande est alors considérablement changé (4). Quoique, par ces observations, je pense pouvoir déjà établir Ja nature fohiacée des glandes du Drosera , je me permets de donner pour comparaison une courte description du développement des poils glanduleux du Pinguicula. Une des cellules de l’épiderme supérieure des feuilles s’allonge, fig. 12, a, et se divise en deux, 6. La cellule inférieure se divise quelquefois encore une fois horizon- talement, fig. 13, aa. Dans la cellule du sommet se forment d’abord deux nüclei, fig. 13-14, c, et plus tard elle se partage en deux par une cloison verticale, fig. 44, d. Cette division verticale se répète encore plusieurs fois dans les cellules du capitule du poil, qui prend ensuite la forme très gracieuse d’une ombrelle, fig. 16, e, fig. 47. Souvent le pédicelle de la glande ne se développe pas du tout ; nous avons alors des glandes sessiles, fig. 14-15-16, f; quelque- fois, au contraire , il est formé par plusieurs cellules allongées , fig. 44, 45, g. Il est évident qu'il n’y a pas le moindre rapport entre le développement de ces glandes et de celles du Drosera. Dans la première plante, l’épiderme seul donne naissance aux glandes, qui ont par conséquent une nature purement cellulaire ; ce sont des organes accessoires, tandis que chez le Drosera, tous les éléments de la feuille, c’est-à-dire l’épiderme, le paren- chyme et le réseau fibro-vasculaire, entrent dans la composition (1) Il paraîtrait que M. Trécul regarde cette anomalie comme l’état normal des glandes marginales des feuilles du Drosera. S'il en est ainsi, il est évident que le manque des matériaux a causé cette erreur. En examinant seulement une douzaine de plantes vigoureusement développées , il aurait eu de la peine à en trouver deux ou trois qui lui auraient montré cette formation. Il a, en outre, négligé de suivre le développement des lobes, et les figures qu'il a communiquées à la Société botanique ne montrent aucune dissection de l'organe en question ; ce sont précisément ces deux derniers points qui me semblent indispensables pour bien comprendre la vraie valeur d'un organe si compliqué que ces glandes. 202 JS. GROENLANB, — NOTE des glandes, qui ne sont point des poils, mais de vrais lobes de la feuille. L'aspect des premières feuilles de la plante germante, fig. 1, rappelle d’alleurs assez la forme d’une feuille lobée. I serait très important d'étudier et de comparer le développement des poils épineux du F’ictoria, qui, selon les recherches de M. Planchon, sont aussi pourvus de trachés, comme ceux des Mepenthes dont parle Meyen: Peut-être trouverait-on ainsi des analogies entre des organes qui, par leurs fonctions, jouent évidemment des rôles très différents. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 9. Fig. 4-11. Drosera rotundifolia. Fig. 1. Une plante germante : ct, les deux cotylédons qui ne sont point lobés ; fl, les deux premières feuilles de la jeune plante : à, le sommet de l’axe enve- loppé par deux jeunes feuilles encore enroulées. Fig. 2. Un bourgeon terminal avec plusieurs jeunes feuilles qui l'entourent : a, l'axe: b, la feuille la plus jeune; c, deux feuilles plus avancées; d, leurs stipules. Fig. 3. Un état plus avancé du bourgeon terminal. Les lettres correspondent à celles de la figure précédente. Fig. 4. Coupe transversale d’une jeune feuille . e, poils de la surface extérieure . de la feuille ; f, les lobes marginaux de la feuille ; g, les lobes qui s'élèvent de la surface intérieure de la feuille; h, parties plus transparentes du tissu de la feuille qui sont en rapport avec les lobes ; ep, épiderme; pa, parenchyme de la feuille. Fig. 5. Coupe longitudinale d’une jeune feuille. Les lettres ont la même signifi- cation que dans la figure précédente. Fig. 6. Coupe transversale d’une feuille un peu plus avancée. Même signification des lettres. Fig. 7. Une partie d'une feuille à peu près entièrement développée : tr, les tra- chées des lobes. Fig. 8. Le sommet d'une glande. On voit par transparence les grandes cellules spirifères, sp, qui entourent la trachée. Fig. 9. Coupe transversale de la partie claviforme d'un lobe : tr, trachée cen- trale ; sp, les cellules spirifères qui l'entourent; pa, parenchyme; ep, épi- derme. Fig. 10. Partie d'une coupe longitudinale de la feuille, montrant le point d'u- nion de la trachée d’une glande au réseau fibreux de la feuille, SUR LES ORGANES GLANDULEUX DU GENRE DROSERA. 303 Fig. 14. Une glande altérée, dont l'épiderme est ouvert longitudinalement d'un côté et met à nu le parenchyme. Fig. 12-417. Pinguiculu vulgaris. Fig. 12 à 46. Les différents états de développement des poils glandulifères de l'épiderme des feuilles. Fig. 47. Le capitule d’un poil glandulifère vu d'en haut. ORGANISATION DES GLANDES PÉDICELLÉES DES FEUILLES DU DROSERA ROTUNDIFOLTIA, Par M. A. TRÉCUL. Il est quelques plantes dont certains organes sont susceptibles d'exécuter des mouvements fort remarquables sous l'influence d’une excitation mécanique. De ce nombre sont les Mimosa pu- dica, sensitiva ; le Dionœa muscipula , les étamines des Ber- beris , ete. Le Drosera a été rangé parmi les plantes qui jouissent de cette singulière propriété. On pense généralement que dès qu’une mouche où un autre insecte, attiré par le sue visqueux sé- erété par les poils glandulifères qui couvrent la surface de sa feuille, vient à se poser sur celle-ci, les poils se redressent, se courbent vers ceux du côté opposé, et forment ainsi une sorte de rets sous lequel le petit animal demeure emprisonné. On trouve, en effet, fort souvent un et même plusieurs insectes qui s'agitent ou qui ont suc- eombé sous les poils de cette feuille. C’est 1à, je crois, la meilleure preuve que l’on possède en faveur de l’excitabilité et du mouvement des poils glanduleux du Drosera rotundifoha. À. Pyr. De Candolle, qui cite cette plante après en avoir signalé plusieurs autres chez lesquelles le phénomène n’est pas douteux, ne parait pas bien con- vaineu de cette propriété du Drosera ; car il dit à la page 868 de sa Physiologre : « Les feuilles du Drosera, qui ont quelque analogie botanique avec le Dionæa, offrent aussi un mouvement excitable , 304 A. TRÉCUL. — GLANDES PÉDICELLÉES mais Moins évident : les poils dont ces feuilles sont revêtues se couchent sur la surface lorsqu'on les irrite. » Ces deux mots (moins évident) me paraissent indiquer bien clai- rement que cet excellent botaniste n’a pas observé le mouvement des poils du Drosera, et s’il y croit, c’est probablement sur Ia foi d'autrui, ou sur l'existence des mouches gisant sous ces poils à la surface des feuilles. Eh bien! je pense que ces organes ne sont pas excitables ; je crois qu'ils ne sont pas susceptibles d'exécuter les mouvements qu'on leur attribue. J’ai souvent cherché à les irriter, et je ne suis jamais parvenu à déterminer chez eux rien qui accusàt la plus légère excitabilité. Je me trouvais cependant dans des conditions très favorables pour faire ces expériences. Après un rempotage récent des Orchidées du Muséum d'histoire naturelle, il s’était développé parmi les Sphagnum que l’on avait employés pour cette opération un très grand nombre de Drosera. 1 y eut pendant longtemps des feuilles à tous les âges dans la serre , de manière qu’il me fût facile d’expérimenter sur des organes à divers degrés de développement. Malgré cela , je n’ai jamais aperçu la plus minime inflexion qui ne fût pas occasionnée par la pression plus où moins forte que j'exer- eais. Voici, il me semble, à quelle cause il faut rapporter la capture des insectes par les feuilles du Drosera. Ces feuilles, pendant leur développement, sont infléchies sur elles-mêmes ; les bords du limbe sont recourbés vers le centre, et les poils ont la même direction. En s’accroissant, le limbe s'étale peu à peu; les poils se redressent aussi successivement de la eir- conférence au centre. Si, avant ce redressement de tous les poils, quelque msecte vient pomper le suc visqueux qui exsude de leurs olandes, 1l s’introduit dans l’espace qu'ils laissent entre eux au centre de la feuille, et s'embarrasse de la mucosité, qui le retient prisonnier. Cependant l'accroissement de Ia feuille continue, les poils ineurvés se dressent les uns après les autres , mais le malheu- reux insecte a suceombé avant leur redressement complet. Les glandes qui sécrètent la matière visqueuse dont 1l vient d’être question sont dignes de fixer l’attention du botaniste par leur intéressante structure, quin’avait pas été suffisamment étudiée jus- DES FEUILLES DU DROSERA ROTUNDIFOLIA. 209 qu’à ce jour. Des anatomistes qui en ont parlé , Meyen est celui qui en donna la description la plus détaillée. [l'en parla dans sa Physio- logie, et surtout dans son Mémoire publié en 1837, et qui à pour titre : Ueber die Secretion-Organe der Pflanzen (Sur les organes de sécrétion des plantes). La description qu'il donne des glandes du Drosera, bien que minutieuse en apparence, est cependant bien incomplète. Voici la traduction de ce qu’il dit à la page 48 de son mémoire : « ...... La présence d’un canal spiral dans les pédicelles des glandes qui ornent si agréablement la face supérieure des Drosera est par conséquent très remarquable. Dans la figure 40, table VI (c’est l'indication des figures de Meyen), est représentée une telle glande pédicellée de la partie centrale de la face supérieure du Drosera anglica ; ces glandes du centre ne sont point aussi grosses que celles du pourtour de la feuille, et les glandes du Drosera rotun- difolhia ont la même organisation. Le pédicelle de cette glande est lixé par le bout ab, immédiatement sur la feuille, et à son autre extrémité, c’est-à-dire cd, est attachée la grosse glande elliptique. Le pédicelle, dont les cellules sont incolores chez les glandes pla- cées au milieu de la feuille, et remplies d’un suc rouge chez celles qui sont au bord, montre entre ses cellules assez longues , dans le milieu même du pédicelle, et, à la vérité, dans toute sa longueur, un seul vaisseau spiral simple , qui passe jusque dans la glande. À cause de l’opacité de la masse des cellules qui forment la tête de la glande, on ne peut reconnaître le vaisseau spiral dans son inté- rieur; cependant on réussit quelquefois , par un démembrement soigneux de cet organe , à dérouler le tube spiral ; mais le vaisseau spiral du pédicelle se déroule avec plus de facilité. Dans ce cas, un vaisseau Spiral va de la sorte par le pédicelle à travers et dans la substance de la glande ; les cellules de cette glande du Drosera sont remplies d’une substance brun rougeâtre, et sécrètent manifeste- ment une grande quantité de mueus visqueux qui se laisse tirer en longs fils. » M. Schleiden est beaucoup plus bref; il dit seulement dans ses Grundzüge der wissenschaftlichen Botanik, A partie, page 284, en parlant des poils en général : « Un vaisseau unique se montre même quelquefois dans les poils, par exemple chez le Drosera. » 4° série. Bor. T, III. (Cahier n° 5.) # 20 206 A. MRÉCÜL. — GLANDES PÉDICELLÉES M. Ad. de Jussieu, dans son Cours élémentaire de Botanique, s'exprime ainsi en parlant des glandes : «..... Mais il n’en est pas moins vrai que les trachées se montrent souvent dans leur voisi- nage, et pénètrent sinon leur propre tissu, du moins le tissu envi- ronnant. On le voit même arriver quelquefois jusque dans le pied des glandes pédicellées , dans le Drosera, par exemple. » Voilà ce que l’on connaissait des glandes du Drosera lorsque j'eus l’occasion de les étudier. Toutes les observations se réduisent à ceci : on a vu sur les feuilles du Drosera des glandes elliptiques supportées par des pédi- celles, au milieu de chacun desquels est un vaisseau spiral qui, dit Mevyen, se prolonge dans la glande. Cet anatomiste ajoute aussi , dans sa Physiologie (1), page 478 , que la glande consiste en un tissu cellulaire bien compacte comme le pédicelle. Voyons maintenant si telle est réellement la structure de ces or- ganes sécréteurs. Avec un peu d'attention, nous ne tarderons pas à nous apercevoir qu'elle a été mcomplétement décrite. Nous re- connaîtrons tout de suite, par exemple , que la forme des glandes du pourtour de la feuille du Drosera rotundifolia n’a pas même été indiquée. En effet, Meven n’a décrit que des glandes elliptiques pédicellées, et cependant il parle des glandes marginales et des glandes centrales; mais il ne distingue entre elles que leur inégalité de volume : il a vu seulement que les marginales sont plus grosses que les autres ; 1l n’a pas reconnu qu’elles n’ont pas la même orga- nisation. Les figures que je donne de ces organes montreront nettement les caractères des unes et des autres (voyez pl. 10). Meyen n’a signalé que la forme des glandes centrales , il n’a pas remarqué celle des marginales. Les premières , en effet, sont de simples têtes plus ou moms ovoïdes ou elliptiques (pl. 10, fig. 5 et 6, g); les plus externes sont teintes d’un beau rouge carminé (fig. 5, g), les plus centrales sont incolores (fig. 6, g) ou commencent à prendre une légère couleur rosée ; les unes et les autres ont un peu de matière colorante verte au sommet du pédicelle. (1) Meyen, Pflanzen-Physiologie, in-8. Berlin, 4 838. | | DES FEUILLES DU DROSERA ROTUNDIFOLIA. 307 Les glandes périphériques, celles qui constituent les cils du limbe, ont une forme bien différente, qui contraste beaucoup avec celle des glandes de la surface de la feuille. La substance du pédi- celle semble s’étaler en une élégante cupule oblongue, au fond de laquelle s'étend le tissu glandulaire carminé. La figure 2 représente une de ees glandes vue de profil, et la figure À une glande vue de face; g est le tissu glandulaire rouge posé sur la cupule composée des tissus e et b ; p est une partie du pédicelle. On reconnait donc, par cette description et par l’examen des figures, que la forme singulière de ces glandes marginales avait échappé aux botanistes qui en ont parlé. La structure des glandes centrales , aussi bien que celle des périphériques, n’était pas mieux connue ; car ce n’est point seulement un vaisseau spiral unique qui existe dans la glande, comme le prétend Mevyen; c’est, au contraire, un groupe volumineux de larges cellules réticulées qui occupe le centre de cet organe. Ces cellules réticulées sont à mailles dilatées dans les glandes incolores et centrales du limbe (fig. 6, vw), à mailles étroites dans les glandes plus rapprochées du bord de la feuille (fig. 5, v). Le milieu des glandes périphériques est aussi occupé par un groupe très considérable de cellules semblables, dont la figure 4 pourra donner une idée assez exacte; mais ce que je viens de dire ne suffit pas pour faire comprendre la disposition rela- tive des éléments de la glande et de la cupule. C'est pourquoi quel- ques nouveaux tlétails ne seront pas superflus. Auparavant je dirai quelques mots de la structure du pédicelle. Les pédicelles de ces glandes marginales sont dilatés à la base et de couleur verte ; ils se rétrécissent insensiblement ; leur couleur verte pâlit, et est remplacée par du rose dans la partie supérieure, qui est étroite (fig. 2, p), et supporte une glande allongée, un peu atténuée par le bas (fig. 4). Le pédicelle est composé d’un épiderme, d’un parenchyme coloré, et d’un système vasculaire. 1° L'épiderme est formé de cellules longues, qui vont en dimi- nuant peu à peu de longueur de la base du pédicelle à son sommet ; incolores à la partie inférieure de cet organe, les cellules sont tein- tées de rose à sa partie supérieure. Dans beaucoup de cas, les ntri- cules épidermiques, où plutôt superficielles, étaient munies de 908 A. 'TRÉCUL. — GLANDES PÉDICELLÉES grains de chlorophylle sur la paroi contiguë au parenchyme vert. C’est là un fait que je signale à l'attention des anatomistes. Quelques petits stomates sont le plus souvent répandus entre ces cellules de l’épiderme sur la base dilatée du pédicelle ; on en trouve même quelquefois assez haut sur celui-ci. La figure 3, qui représente l'épiderme de sa partie inférieure élargie, montre quelques-uns de ces stomates en 0,0, et leur disposition par rapport aux cellules épidermiques. Quelques petites éminences sont aussi dispersées à la surface de l’épiderme; elles sont souvent composées de deux utricules superposées : l’une, terminale, hémisphérique ; l’autre sous-jacente, très déprimée, repose ordinairement sur deux cel- lules collatérales, disposées l’une par rapport à l’autre, et relative- ment aux cellules de l’épiderme, comme celles des stomates. D'autres fois l’utricule hémisphérique terminale est remplacée par deux utricules plus où moins longues, qui , étant insérées l’une à eôté de l'autre, constituent un poil bifurqué à branches plus ou moins développées. 2 Le parenchyme vert du pédicelle est aussi composé de cellules allongées; elles renferment une proportion de chlorophylle tout aussi considérable que celle du tissu parenchymateux de la feuille elle-même. Ce parenchyme va en s’atténuant avec le diamètre du pédicelle, de manière que, vers le haut, il n’est plus constitué que par une ou deux rangées de cellules autour de l’axe vasculaire ; la matière verte va aussi en diminuant dans l’intérieur des cellules, et finit même par être quelquefois complétement remplacée par la couleur rose. | 8° Le système vasculaire est ordinairement constitué par un seul fascicule central; mais on découvre parfois vers le bas du pédicelle deux faisceaux distants l’un de l’autre, qui se réunissent à une plus grande hauteur. Chaque faisceau est composé de deux ou trois trachées d’une très grande délicatesse, ayant souvent deux spiri- eules un peu écartées tournant dans le même sens. Telle est la structure du pédicelle des glandes qui bordent la feuille. Si nous examinons celle des glandes elles-mêmes, de leur face postérieure à l’antérieure, c’est-à-dire de celle qui correspond à la face inférieure de la feuille, à celle qui répond à la face supé- DES FEUILLES DU DROSERA ROTUNDIFOLIA, 309 rieure de cet organe, nous trouverons les mêmes éléments répartis de la manière suivante. Nous aurons d’abord, en arrière, un épi- derme de cellules incolores ou teintées de rose (fig. 2, e); une couche de cellules contenant de la chlorophylle d’un vert pâle, presque jaune (fig. 2, b) : ces deux parties forment la cupule oblongue, un peu concave, signalée plus haut, au fond de laquelle est placé le système vasculaire considérablement augmenté, qui est représenté figure 4. Enfin, ces vaisseaux ou ces cellules réticulées - sont recouvertes par les petites utricules colorées en rouge, mdi- quées par g dans les figures 1 et 2. Elles forment, à la surface de la cupule, avec les cellules vasculaires qu’elles enveloppent, une glande saillante oblongue, qui est bordée très élégamment par le pourtour de la cupule. L'ordre suivant lequel se présentent ces éléments n’est pas sans analogie avec celui qui préside à l’arrangement de ceux d’une tige de dicotylédoné. Aussi peut-on comparer, à cet égard, ces glandes marginales , ainsi qu’on l’a fait pour les feuilles, en général , à un segment de la tige d’une plante à deux cotylédons. En effet, on a, à l'extérieur de la glande , un épiderme , comme dans le segment de tige; ensuite une couche de cellules contenant de la matière verte, qui rappelle l'enveloppe herbacée ; puis les vaisseaux comme dans la tige ;’enfin le tissu cellulaire rose de la glande rappelle la moelle. Cette comparaison est d'autant plus juste que ees glandes qui bordent la feuille ne sont pour ainsi dire que la terminaison des dents déhiées de celle-ci, constituées par les pédicelles, de même que les glandes marginales des stipules des Rosiers terminent les dents bien plus courtes, et même les nervures de ces stipules. Celte comparaison de la structure de ces glandes vasculaires avec celle des feuilles et des tiges m'a suggéré l’idée que voici. Je me suis demandé si ces rameaux adventifs, qui naissent quelquefois, ainsi que l’a vu M. Naudin, sur la face supérieure des feuilles du Drosera , ne doivent pas être attribués à la transformation d’une de ces glandes pédicellées en un bourgeon ou en une petite plante. C'est là un point intéressant, sur lequel j'appelle l'attention des botanistes qui auront l’occasion d'observer ce phénomène. Il est vrai que M. Naudin a dit, dans sa note sur ce sujet, publiée 310 A. TRÉCUL. —— GLANDES PÉDICELLÉES dans les Annales des sciences naturelles, 2° série, t. XIV, p. 45 : « Je crois donc que les petits Drosera émanaient uniquement du tissu cellulaire, sans communiquer directement avec les vaisseaux de la feuille. » Ce passage du travail de M. Naudin n’est pas con- eluant ; car ordinairement les bourgeons qui naissent de la sorte sont en communication vasculaire avec les nervures des feuilles sur lesquelles ils sont nés ; et 1l ne serait pas surprenant que cette communication eût échappé à M. Nandin qui (il le dit lui-même), au moment où il découvrit ces bourgeons adventifs, n'avait pas de microscope à sa disposition. Ce n’est done que plus tard qu'il a pu les examiner, c’est-à-dire lorsque ses plantes étaient probablement déjà flétries , et par conséquent difficiles à étudier ; aussi n’a-t-il pas découvert l’organisation des glandes du Drosera, ainsi que le prouve le passage suivant, inséré aussi à la page 45 : « Ayant exa- miné au microscope les feuilles du Drosera intermedia , je les ai trouvées presque uniquement formées d’un tissu cellulaire assez lâche, où l’on distinguait à peine une nervure médiane qui ne m'a pas paru se ramifier dans le parenchyme. J'ai vu distinctement ce tissu formé de cellules allongées donner, par extension, naissance à ces poils glandulifères qui recouvrent la face supérieure des feuilles, et qui, surtout, en couronnent les bords comme une frange. » Je ne rapporte 1e1 ce passage que parce qu'on me l’a opposé à la Société botanique de France, en disant que M. Naudin avait parfaitement fait connaître la constitution des poils glanduli- fères du Drosera. Le rapprochement de sa description et de la mienne prouve assez que cette assertion n’était nullement fondée. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 10,. Fig. 1. Une glande du bord de la feuille, vue de face : p, partie supérieure du pédicelle, au milieu duquel est un petit faisceau vasculaire s. Le tissu du pédicelle semble s'étendre en une cupule e, b, dans laquelle est couchée la glande g, g, colorée en rouge carminé. Fig. 2. Une glande du bord de la feuille vue de côté : p, pédicelle; s, fascicule vasculaire de ce pédicelle ; g, g, tissu glandulaire carminé ; e, b, tissu de la cupule sur laquelle repose le système vasculaire représenté figure 4; e, cel- DES FEUILLES DU DROSERA ROTUNDIFOLIA, 311 lules épidermiques colorées en rose ; b, cellules contenant de la matière colo- rante verte. | Fig. 3. Portion de l’épiderme de la base des pédicelles qui bordent la feuille : 0, o, stomates; d, d, poils très courts. Fig. 4. Groupe de cellules vasculaires étroitement réticulées qui occupent le centre des glandes marginales de la feuille. Fig, 5. Une glande de la surface du limbe de la feuille : p, pédicelle, au milieu duquel on aperçoit un petit vaisseau trachéen s; g, glande elliptique colorée en rouge. On découvre par transparence les cellules réticulées qui en occupent le centre. * Fig. 6. Une glande du centre du limbe ; elle est incolore gg, et laisse voir à son centre un groupe de cellules largement réticulées v: p, portion du pédicelle coloré en vert à son sommet ; s, trachée du centre du pédicelle. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS, seu Plantarum cellularium in Guyana yallica annis 1835-1849 a CL. LEPRIEUR collectarum enumeratio universalis (1). Aucetore C. MONTAGNE, D. M. J'arrive enfin au terme d’une tâche commencée depuis bien longtemps, etque je m’estime heureux d’avoir pu conduire à bonne fin. Mon Énumération des Mousses et des Hépatiques recueillies par M. Leprieur pendant son premier voyage à travers la Guyane centrale pour découvrir les sources du Maroni, laquelle a été publiée dans ces Annales, remonte, en effet, à 1835, c'est-à-dire à près de vingt ans. Ilest vrai que, depuis cette première époque, j'ai consacré ma seconde Centurie presque entière, el une grande partie de la troisième , à la description de nombreuses espèces nouvelles de cet ordre, mais surtout des plus smgulières formes d’Hypoxylées et de Lichens qui nous soient parvenues du nou- veau monde. C'est la communication d'une troisième collection (du n° 641 au n° 4443) faite aux environs de Cayenne, et rapportée en août 1849, (1) Voyez Ann. des sc. nat., 3° série, tomes XIV et XVI, cahier n° 5; 4° série, tome [. cahiers n° 2 et 3 ; et tome IIE, cahiers n° 2 et 3, 912 C. MONTAGNE. qui m'a suggéré l’idée de réunir en une seule publication , sous le nom de Cryptogamia guyanensis, toutes les plantes cellulaires que nous devons aux actives et intelligentes explorations de cet infati- gable botaniste. Bien que ce titre, un peu ambitieux peut-être, reçoive une sorte de justification de la phrase dontje l'ai fait suivre, je dois cire toutelois que, pour la Guyane française du moins, personne, avant M. Leprieur, n'avait pour un tel travail rassemblé une si grande masse de matériaux, ni de plus précieux. J’ajouterai qu'aucun autre collecteur n’a montré plus d’habileté dans les in- vestigations, ni eu la main aussi heureuse. Sur les 724 espèces dont se composent ces trois collections , il y a 76 Algues (50 nouv.), 7 Collémacées (2 nouv.), 179 Lichens (50 nouv.), 179 Hyménomycètes (86 nouv.), 24 Discomycètes (16 nouv.), 124 Pyrénomycètes (86 nouv.), 20 Gastéromycètes (9 nouv.), 65 Hépatiques (24 nouv.) et 55 Mousses (11 nouv.). Ce sont donc en tout 335 espèces nouvelles que j'ai suecessive- ment décrites, et qui prouvent que je n’ai rien exagéré en signalant à plusieurs reprises l’importance des découvertes de M. Leprieur dans le vaste champ de la Cryptogamie. Je dois dire, en outre, que presque toutes ces espèces ont subi depuis longtemps le contrôle des botanistes, et qu’elles sont pour la majeure partie admises à figurer dans les Species des différentes familles auxquelles elles appartiennent. Neuf genres nouveaux ont même dû être établis pour des productions qui ne pouvaient entrer dans aucun des cadres existants. Soixante-six espèces ont été successivement figu- rées dans ce recueil. Il ne faut pas que j’omette de rappeler à l'attention des crypto- gamistes plusieurs faits intéressants que j'ai déjà signalés chacun en son lieu. Ce sont : 1° pour les Champignons charnus, cette longue série d'Hyménomycètes dessinés vivants, et si bien conser- vés que j'ai pu assez facilement les déterminer et les décrire; 2% pour les Hypoxylées, cette foule de formes singulières de Xylaires, d'Hypoxylons et de Sphéries, qui avaient à peine des analogues dans ceux que l'on connaissait; 3° pour les Lichens, ces nombreux et magnifiques exemplaires du genre T'rypethehium, qui m'ont mis à même de donner sur la‘tribu tout entière quelques CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 218 considérations générales propres à en éclairer le mode de végéta- tion; 4° enfin pour les Algues , d’abord le fait jusqu'iet exception- nel d'espèces qui, bien qu'appartenant pour la plus grande part à des genres marins, ont néanmoins été recueillies dans des eaux douces à une grande distance des côtes de l'Atlantique, et qui plus est sur des plateaux assez élevés au-dessus du niveau de la mer (150 mètres) ; puis cette suite d’élégants Batrachospermes, qui en ajoute neuf au nombre assez restreint des bonnes espèces déjà _. connues. Revenant de nouveau sur le titre de Cryptogamia quyanensis que j'ai adopté, et sur lequel je suis tout le premier à convenir qu'il y aurait quelque objection à faire, puisque je n’ai pas cru devoir tenir compte des espèces recueillies par d’autres avant M. Leprieur, je dirai pour mon excuse que rien ne m’eût été plus facile que d’en faire le dépouillement dans les rares ouvrages où on les trouve mentionnées ; mais que le nombre de celles de la Guyane française, les seules dont j'aurais dù m'occuper, est si restreint comparative- ment, qu'on ne s’apercevra guère qu’elles font défaut ici. HEPATICÆ. JUNGERMANNIDEÆ N. ab E. 607. Plagiochila patula N. et M., Syn. Hep., p. 26. — Lindbe., Monogr. gener. Plagiochilæ, n. 10, t. 3. — P. disticha ? Montag., Cent. IT, in Ann., 1. e., p. 382. — Coll. n. 263. 608. Plagiochila Montagner N. ab E., Ann. sc. nat., 1836, p. 2, t. 2,1. 1.— J'ungermannia Martiana Montag., Enumér., 1. e., M EL, non N.abE. —— Coll.s.n. 609. Plagiochila distinctifolia Lindbg., L. c., n. 8,t. 3. Typus % et var. lahfolia #. — Syn. Hep., p.30. — Coll. s. n. 610. Plagiochila rutilans Lindbge., L. e., n 26, t. 9, var. laxa.— Syn. Hep., p.83. — Coll. s.n. 611. Plagiochila blepharophora N. ab E. — Syn. Hep. et var. tenera Lindbe., {. c., n. 68, t. 21. — Coll. s.n. ol! C. MONTAGNE. 612. Plagiochila hypnoides Lindbg., /. c., n. 19, €. 7. — Syn. Hep., p. 45.— L. cristata, N. ab E., p. p. — Montag., Ann., 2, XIV, p. 333. — Coll. n. 261 et 289. 615. Plagiochila Biserrula Montag. mss. : caule primario repente ramoso, ramis erecis subsimplicibus aut vage ramosiuseulis, madefactis curvatis ; foliis trimorphis laxe subimbricatis, infe- rioribus ovatis obtusis apice vix ac ne vix dentatis, superioribus semiovato-oblongis patenti-erectis, margine dorsali recto longe decurrente subinflexo integerrimis , ventrali convexo horizon- tal apiceque obtuso parce grosseque dentatis, mediis tandem arctius imbricatis (an folia perigonialia juniora ?) oblongis repan- diuseulis autintegris, omnibus siccitate crispulo-repandis sordide viridibus ; fructu... — Has. Ad cortices arborum in vicinüs Cayennæ. — Coll. n. 1389. Os. — Cette espèce a le port du P. blepharophora Nees et les feuilles du P. repanda Hook. Elle diffère du premier par ses feuilles non ciliées et sa tige non flagellifère, et du second par ses feuilles lâchement imbri- quées et à bord dorsal infléchi, etc. 614. Plagiochila serrata Lindbg., L. c., n. 16, . 6, var. surina- mensis. — Syn. Hep., p. 4h. — Has. Ad cortices arborum. — Coll.s.n. 615. Lophocolea connata Swartz, et N. ab E., Syn. Hep., p. 153. — Has. Ad ligna emortua prope Cayennam. — Coll. n. 1393. 616. Calypogeia Miquel Montag., in N. ab E., Syn. Hep., p. 200. — Has. Ad terram argillosam cirea Cayennam. — Coll. n. 1387. 617. Mastigobryum bidens Gotische et Lindbe., Syn. Hep., p. 298.— Lindbg., Monogr. gen. Mastigobr., n. 50, t. 15, f. A. — Jungermannia serpentina et J. tridens? var. Montag., Enumér., |. c., n. 39 et 40. — Herpetium stoloniferum var. bidens N. ab E. in Ann., 2, XIV, p. 303. — Coll. n. 280 p. p. 618. Mastigobryum stoloniferum(Swartz) Linmdbg., Monogr., L. c., CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 315 t. 44. — Var. rregulare N. et M., 1. c.— Coll. n. 280, p. p. et 292. 619. Macropteryqium vulgare N. ab E., Lindbg. et G., Syn. Hep., p. 234. —- Herpetium Pterygophyllum N. ab E., im Schedula. — Jungermannia Pterygophyllum Martius, Le. sel. PI. crypt., p. 5h, t. 19. — Has. Cum Hypno Richardi com- mixta prope Cayennam frequens. — Coll. n. 339, 340 et 1388. 620. Radula pallens N. ab. E., Syn. Hep., p. 256. — Montag., Enumér., 1. e.,n. 38. — Var. loborhiza N. et M., Syn. Hep., 1, ce. — Has. Ad cortices, et varietas ad folia arborum.— Coll. S. N. 621. Radula stenocalyx Montag. Sylloge, mss. : dioica , caule pusillo arcte repente ramosiusculo, ramis brevibus divarieatis ; foliis subimbricalis obovatis aut ovato-oblongis rotundatis inte- gerrimis, basi decurrente complicato-bilobis, lobulo cauli ad- nato rhizophoro margine Hbero convexo vel antrorsum truncato in folium confluente, involucralibus minoribus lobulo erecto plano truncato vel acutiuseulo; perianthio pro ratione longissimo corniformi ore subdilatato crenulato ; spicis masculis (in planta diversa) longis, foliis perigoniahbus bilobis, lobis rotundatis, majore subpatente. — Has. Ad folia Filicum prope Cayennam. — Coll. n. 1395 pro parte. Desc. Planta minuta, vix bi-trilinearis, arcte ad folia adrepens, ramo- siuscula, ramis brevibus bivaricatis. Lobulus foliorum cauli totus adnatus, margine libero convexus aut truncatus basi inflatus, radicellis instructus. Folia involucralia bina, caulinis breviora, vix 3/4 millim. longitudine æquantia. Perianthium subcylindricum cornu ad instar recurvum, sesqui- millimetrum longum, ore paululum dilatatum, crenulatum. Inflorescentia mascula in individuis distinctis, ut videtur, positæ. Juli laterales, sessiles, tria millim. longi recti aut curvuli. Folia perigonialia imbricata, alterna, saccata, apice breviter biloba, lobis inæqualibus rotundatis, dorsali majore exstante. O8s.— Voisine du À. Novæ-Hollandiæ, cette jolie et curieuse espèce 916 C. MONTAGNE. en diffère par son exiguité et par ses feuilles obovales arrondies obtuses et non aiguës. La forme du lobule et la longueur remarquable du périanthe empêcheroni de la confondre avec la variété loborhiza de la précédente. 622. Bryopteris filicina (Swartz.) N. ab E., Syn. Hep., p. 28h. —J'ungermannia Swartz.—Hook., Musc. eæot., t. 112, var. — Frullania (Bryopteris) filicina N. ab E., in Europ. Leberm. — Montag., Ann., 2, XIV, p. 334. — Coll. n. 258. 6235. Phragmicoma Leprieurii Montag. Sylloge — Frullama Le- prieur Montag. et Nees, in Ann., 1. c., p. 333 , t. 20, f. 4. — Has. Ad cortices arborum. — Coll. 275 et 277. OBs.— Tout bien considéré, et contre l'opinion de MM. Lehmann et Lin- denberg, je pense que notre plante diffère de leur Phragmicoma corhca- ls par un trop grand nombre de caractères, dont plusieurs sont impor- tants, pour qu’on soit autorisé à l’y réunir, comme ils l'ont proposé à la page 297 du Synopsis Hepaticarum. Je la maintiens done ici comme une espèce légitime du genre Phragmicoma. 624. Lejeunia granulata N. ab E., Syn. Hep., p. 311.—Montag., Enumér., 1. c., n. 38.—Var. aut forma minor.— Har. Ad cor - tices. Item ad folia cum Radula stenocalyce, Lejeunia elliptica , L. microdonta et L. peruviana. — Coll. n. 1392. 625. Lejeunia Leprieurii Montag., Enumér., 1. e., n. 36, €. 4, {. 2.— Syn. Hep., p. 319. — Has. Ad cortices arborum im sylvis palustribus Guyanæ centralis. — Coll. n. 293. 626. Lejeunia squamata (Wild.)N. ab E., Syn. Hep., p. 322. — Montag.,{. c., n. 32. — Phragmicoma N. ab E., in Eur. Le- berm. — Montag., Ann., 2, XIV, p. 234. — Coll. n.283. — Var. ocellulata, Syn. Hep., 1. ce. — Phragmicoma ocellulata N. et M., in Montag., Cent. IV, n. 42, Ann., 2, XIX, p. 259. _— Coll. n. 1394. 627. Lejeunia lunulata ( Web.) N. ab E., Syn. Hep., p. 326. — Var. calcarata N. ab E., !. c. — Phragmicoma calcarata Montag., Cent. IV, n.4h,1.c.— Has. Ad folia in sylvis Guyanæ, — Coll. Leprieur, s. n. — Splitgerber, n. 1206. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 917 628. Lejeunia surinamensis Montag., Cent. I, n. 84 (sub Phragmicoma). — Has. Surinamo a Splitgerbero detecta et hic pro memoria tantum inserta. 629. Lejeunia microdonta Gotische, Syn. Hep., p. 337. — Has. Ad folia prope Cayennam.— Coll. n. 1379 et 1392, p. p. 630. L. peruviana L. et Lindbg., Puy. V, n. 18 , et Syn. Hep., p. 839.—L,. dolabriformis Montag., Hb.— Has. In folio plantæ eujusdam e Liliacearum ordine prope Cayennam. — Coll. 121992, D. D. 631. Lejeunia crenata M. et N. im Montag., Cent. [, n. 84. — Syn. Hep., p. 481. — Has. In Maicropterygio vulgari repens.— Coll. s.n. 632. Lejeunia oxyphylla M. et N., in Montag., Cent. IV, n. 55. Syn. Hep., p. 357. — Has. Ad folia viva fruticum cum L. cu- neata L. et Lindbg. — Coll. $s. n. 333. Lejeunia macroloba N. et M., im Montag., Cent. IV, n. A5. — Syn. Hep., p. 359. — Has. Ad cortices.— Coll. n. 34h. 634. Lejeunia contiqua N. ab E , Syn. Hep., p. 362.—Montag., Ann., 2, XIV, p. 8895. — Coll. n. 15, 268 et 294 cum cap- sulis. 635. Lejeunia amæna Gottsche, Syn. Hep., p.363.— L. sordida N.ab E. in litt. — Montag., Enumér., |. c., n. 3h. — Coll. S. D. 636. Lejeunia myriantha N. et M., in N. ab E., Syn. Hep., p. 869. — Has. Ad cortices. — Coll. n. 45, p.p. 637. Lejeunia clausa M. et N., in Montag., Cent. If, n. 73, {. c., t. 20, Î. 3. — Syn. Hep., p. 865.— Coll. n. 276. 638. Lejeunia adnata Kunze, in L. et Lindbg. Pug. VE, n. 21.— Syn Hep., p. 370. — Has. In folio Astrocaryi alisque cum L. cucullata 6 tenui et L. radicosa.— Coll. n. 1395. 318 C. MONTAGNE. 639. Lejeunia rigidula M. et N., in Montag., Cent. If, n.74, 1. €. — Has. Ad cortices arborum montis Serpent. — Coll, n. 257 et 287. 640. Lejeunia arguta L. et Lmdbg., Pug. IV, n.19, et Syn. Hep., p. 384. — L. thymifohia var. laæa Montag., Enumér., 1. e., n. 39.—L. thymifolia var. e grandistipulata N. et M., Ann., 2, XIV, p. 835. — Coll. n. 269. 641. Lejeunia fleœuosa Lindbg., Syn. Hep., p. 385. — Has. In Calympere. -— Nune ad manus non est. 642. Lejeunia cucullata var. exilis N. ab E., Syn. Hep., p. 800. — Has. In foliis Hymenophylli ciiati. — Coll. n. 1393, p. p. 643. Lejeunia tenuis N. ab E., Syn. Hep., p. 390. — J'unger- mannia Ejusd., Hep.Jav., n. 89. — Has. Cum priore. Ghh. Lejeunia marginata L. et Lindbz. Pug. V, n. 11, et Syn. Hep.,p. 393. — L. hyalino-marginata N. ab E., im Montag., l. ©. — Coll. n. 655 et 1395. 615. Lejeunia pellucida Meissner, in Spreng., Cur. Post. Syst. V'eg., p. 825, sub J'ungermannia.— Syn. Hep., 1. 6.—L. ocel- lulata M. et N., in Montag., Cent. IV, n. 57, Ann., 2, XIX.— Has. In folus repens. — Coll.s. n. 646. Lejeunia cuneata L. et Limdbg., Pug. IV, n. 23, et Syn. Hep., p. 394. — L. obliqua N. et M., in Montag., Cent. IV, n. 96, /.c. — Coll.s. n. 647. Lejeunia cardiocarpa Montag., Cuba, Crypt., édit. franç., p. 476, t. 18,1. 4. — Syn. Hep., 1. ec. — Has. In folüs coria- ceis. —- Coll. s. n. 648. Lejeunia ceratantha N. et M., in Montag., Cent. IT, n. 70, t. 20, 1.2. --- Syn. Hep., p. 896. — Hab. Ad cortices in sylvis humidis. — Coll. n. 271. 649. Lejeunia guyanensis N. et M., !. c., n. 69. — Syn. Hep., p. 297. — Coll. n. 281 et 291. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 919 650. Lejeunia cornuta Lindbg., Syn. Hep. Europ., p. 28. — Syn. Hep., p. 399. — Has. Cum Frullania Ecklonu. — Coll. sf 651. Lejeunia involvens N. et M., {. c., n. 72, t. 20, f. 4. — Syn. Hep., p. 400, var. « et 6.— Coll. 256, 287, 659 et 1395, p. p. 652. Lejeunia radicosa N. et M., im Montag., Cuba, Crypt., p. 475, non J'ungermannia radicosa L. et Lindbg. quæ species Sphagnoecetis. — Syn. Hep., p. AOL.— Has. In foliis coriaceis cum L. adnata Kze. 653. Lejeunia elliptica L. et Lindbg., Pug. V, n. 13, sub J'un- germannia. — Syn. Hep., p. 403. — Has. In folüs coriaceis. — Coll. n. 658, 1391 et 139, pro parte. Go. Lejeunia orthophylla N. et M. im Montag., Cent. IV, n. 59. Videtur status morbosus prioris. — Has. In foliis cum Glotricho Casseliæ simili. 655. Lejeunia torhifohia N. et M.,/. c., n. 58. — Syn. Hep., _p. 406. — Has. In folio ignoto. — Coll. s. n. 656. Frullania gibbosa N. ab E., Syn. Hep., p. 411. — Montag., Ann., 2, XIV. p. 333. — J'ungermannia obscura Swartz, pro parte.— Coll. n. 278. 657. Frullania Ecklonu Spreng., Sysi. Veg., IV, 2, p. 32h, sub . Jungermannia. — Syn. Hep., p. 413. — Has. Cum Lejeunia cornuta. — Coll. s. n. 658. Frullania hians L. et Lindbg., Pug. IV, n. 22, sub J'un- germannia. — Syn. Hep., p. Ath. — J'ungermannia obscura Swartz, pro parte.— Frullania obscura N. ab E. in litt. var.— -- Montag., /. c., — Coll. n. 265. 659. Frullania Thuillieri N. abE., Syn. Hep., p. 13h. — J'un- germannia replicata N. ab E., in Mart. F1. Bras., 1, p. 869.— Montag., Enumér., n. 37, et Frullania replicata, Ann., 9, XIV, p. 333. — Jungermannia Thuillieri Schwægr. — Coll. n. 267 et 279. 320 C. MONTAGNE. 660. F'rullana subtilissima Lindbg., Syn.Hep.,p. hh3.—F.atrata B subthlissima M. et N., in Montag., Cent. II, Ann., 1. ce. — Has. Ad truncos Bixæ Orellanæ secus flumen Kau. — Coll. 264 (non 254) et 270. 661. Frullania gymnotis M. et N., in Montag., Cent. IV, n. 39, Ann., 2, XIX, p. 257.— Syn. Hep., p. khh.— Has. Ad cor- tices.— Coll. n. 360 et 366. 662. Frullana Leprieurii Lindbg., Syn. Hep., p. 449 (non au- tem M. et N., quæ Phragmicoma Leprieurii Montag.).—#F. pa- rasitica Montag., Ann., 2, XIV, p. 8385, non Hampe. — Coll. n. 272. 663. Frullania Montagnei Gottsche, Syn. Hep., p. 456.—F'. cor- distipula var. folus submucronatis Montag. in Sched. ad celeb. Nees ab Esenbeck missa. — Har. Ad cortices.— Coll. s. n. FronposÆ N. ab E. 664. Symphyogyna sinuata M. etN.,in d'Orb., Foy. Amér.mérid., Flor Boliv., p. 61, et Syn. Hep., p. 182. — Jungermannia Swartz, Diplolæna N. ab E,. , in Montag., Cent. If, L. c., p. 387. 665. Aneura pinnatifida N. ab E., Syn. Hep., p. 495 var. « 2 contexta Ejusd. — Montag., Ann., 2, |. ©. — Coll. n. 262 et 1388. 666. Aneura palmata N. ab E., {. c., p. 498.— Montag., /. €. — Coll.n. 274. 667. Metzgeria furcata N. ab E., Hep. Europ., M, p. 485, et Syn. HHep., p. 502.— Var. £ L'communis major, ibid. — Montag., l. c., — Coll. n. 259. MARCHANTIEÆ N. ab E. 668. Marchantia chenopoda Linh., Sp. PI., p. 1603. — Syn. Hep., p. 535. —Har. Ad terram prope urbem Cayennam. — Coll. n. 1386, indiv. femin. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 321 MUSCI. EnToPxyLLocarPr Brid. 669. Conomitrium radicans Montag., Ann. sc. nat., 2, XIV, p. 845 (sub F'issidente). — C. Müll., Syn. Musc., IL, p. 526.— Has. Ad cortices arborum.— Coll. n. 306 et 310. 670. Fissidens leptophyllus Montag., !. c., p. 344. —C. Müll., l. e., p. 530.— Has. Ad terram nudam. — Coll. n. 285. 671. Fissidens Hornschuchii Montag., /. c., p. 842. —C. Müll., l. e.,1, p. 54. — F. serrulatus Hornsch. in Mart. et Endl., F1. Bras., 1840, p. 91, t. 2, f. 3, non Bridel. — Hab. Ad terram, — Coll. n. 300. 672. Fissidens Kegelianus C. Müll., £. c., p. A9.— Har. Ad ter- ram lodS umbrosis prope Cayennam, — Coll. n. 1382. 673. Fissidens prionodes Montag., Énumération des Mousses et des Hépatiques de la Guyane centrale in Ann. sc. nat., 2, XIE, p. 294, n. 12, t. 3,1. 1. —C. Müll., L c., p. 67, et IT, p. 554. — Has. Ad terram et ligna putride. — Coll. absque numero. 674. Drepanophyllum fulvum C. Rich. in Hook., Muse. Eæot., 445. — Montag., Enumér.,n. 1.— Has. In truncis putridis. — Specimina copiose fructifera ut et exemplaria mascula à Guyana central relata sunt. PLEUROCARPI Brid. 675. Hypnum lonchophyllum Montag., Sylloge mss. : caule flui tante debihi intricato vage ramoso, ramis iterum ramulosis , ra- mulis brevibus ; foliis laxis longe lanceolatis patentibus flaccidis viridibus enerviis, apice dentatis, lineari-vel fusiformi-areolatis, perichætialibus paucis brevibus, peduneulo lævi e vaginula co- nico-truncata ascendente ; capsula minuta , ovoideo -urceolata, tandem pendula, sub ore constricta, peristomii interioris cils solidis, ciliolo unico interjecto, operculo e basi convexa rostratos £® série. Bor. T, III. (Cahier n° 6.) ! 21 329 €. MONTAGNE. — Has. In aquis dulcibus Guyanæ, prope Cayennam , fluitans. — Coll. n. 1378. Desc. Caulis debilis, ruber, ramosus, intricatus, 12-15 centim. et ultra lonigus. Rami primarii vagi, satis elongati, minorés tamen caulé primario, ramulos brèves et brévissimios patentes aut patenti-érectos hinc indé emit- tentes. Folia distantia, Spiraliter ciréa caulem et ramos 2/5 disposita, a basi angustata eximie lanceolala (unde nomen), longa , prorsus enervia, margine à medio ad apicem usque irregulariter dentata, planiuscula, flaccida, patentia, viridia. Reticuli aréolæ vermiculari-lineares, limitibus crassis. Perichætii folia 6-7 longitudine varia ut et forma, exteriora bre- viora ovato-lanceolata, interiora caulinis conformia, vaginulæ longiusculæ conico-truncatæ pistillis aliquot residuis onustæ inserta. Paraphyses nullæ. Folia omnia Fragiluriæ specie nova mox describenda conspurcata.Pedun- culus in caule ramisque lateralis, folio bracteatus, ruber, gracilis, lævis, e basi incurva erectus, pro ratione breviusculus, vix centimetrum longitu- dine, 5 centimillim. diametro metiens. Capsula minuta, ovoidea, dein urceolata, nutans tandem pendula,sub ore constricta, an vetustate rugosa ? subæqualis, millimetro brevior, fusca. Operculum e basi convéxa rostra- tu, rostro incurvo capsula longiore. Peristomii exterioris dentes 16, 15 ad 47 centimillim. longi, triangulares, apice inflexi, trabeculati, obscure rubro-fusci, fere ad apicem usque lineolis longitudinalibus ternis, média profundiori, exarati, interioris membrana cellulosa luteo-rufa in cilia toti- dem carimata haud lacunosa fissa, ciliolis solitariis interjectis. Calyptra pallida, longe conica, latere fere ad apicem acuminätum fissa. OBs. Cet Hypne se distingue de la plupart des congénères aquatiques par ses feuilles sans nervure et par l’exiguité de sa capsule. Il est probable qu'il est dioïque, car je n’ai pu trouver une seule fleur mâle. La structure des dents du péristome extérieur est aussi fort remarquable. Je ne saurais avec quelle autre espèce, soit indigène, soit exotique, comparer celle-ci. Les tiges et les feuilles sont couvertes et comme salies par une espèce de Fragilaire, que je crois également nouvelle, où que, du moins, je ne trouve ni décrite, ni figurée dans le beau travail de mon ami M. Kützing sur la famille des Diatomacées. Elle est voisine du F. virescens, et en la voyant de champ, ilserait difficile de l’en distinguer. Je ne puis imaginer que ce soit le F.2 glabra Ehrenb. (Amer., p. 127) ainsi caractérisé : F. linearis, lœvis, apicibus altenuatis obtusis. Quoique cette Fragil- laire soit aussi originaire de la Guyane , on comprend combien il est mal- aisé, sur une si courte diagnose et en l’absence de toute figure, de se pro- CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 328 noncer sur l'identité de ma plante avec celle de M. Ehrenberg. Voici ma diagnose : | Fr. brevis Montag. mss. : abbreviata, fere quadrata, articulis hinc parallelogrammis lævissimis, a latere secundario oblongo-linearibus ob- tusis. Les plaques que forment les individus par leur jonction où juxtaposition latérale (car on ne peut leur donner le nom de rubans) sont courtes, qua- drilatères, et leur axe est dirigé dans tous les sens. Quelquefois même . plusieurs plaques se recouvrent dans une direction différente; elles sont ordinairement un peu plus longues que larges, mais pas toujours. Leur largeur, mesurée par la longueur des frustules, varie, au reste, entré 8 et 7 centimillimètres. Vu de plat, chaque frustule représente un quadrilatère ou plutôt un petit parallélogramme de la longueur mentionnée, et de Owm,015 de largeur. Examiné de profil ou de côté, il est linéaire-oblong, obtus, mais non acuminé aux deux extrémités, comme dans les P. vires- cens et F. glabra , mais au contrairé insensiblement atténuées. Dans ce sens, l'épaisseur vers le milieu est de 0%,0075 à Omm,01. Ce milieu est ou convexe des deux côtés, quelquefois moins d’un côté que de l’autre où il ést comme äplati, plus rarement légèrement concave. Quand la mousse est sèche, les plaques réfléchissent vivement la lumière. 676. Hypnum patulum Swartz. — Hedw., Sp. Musc., p. 279, t. 73. — Montag., Añn., 2, XIV, p. 337. — H. cirrhiferum Spreng. im Brid., Bryol: univ., If, p. AO, et Montag., L. c.— Pilotrichum patulum CG. Müll., & e., Il, p. 455.—Coll. n. 3h8. — Sterile lectum. 677. Hypnum plänum Brid., Sp. Musc., I, p. 97. — C. Müll., l. c., p. 264. — Y. elegantulum Montag., {, c., non Hooker. — ÎT. Auberti Schimp. in litt.— Coll. n. 337 et 338. 678. Hypnum Richardi Schwægr., Suppl., 1, IE, p. 205, t. 93. — Montag., L. c., et Enumér., 1, c., n. 26.—C. Müll., /. c., p. 289. — Coll. n. 339 et 340. 679. Hypnum cupressoides C. Müll., L. c., p. 303.— H. Chamis= sons Montag.? var. (non Hornsch.) Enumér., |. e., n. 29 (non 26), cum observationibus nonnullis. — Has. Ad cortices arborum Guyañtæ centralis, ad fontes amnis Jarry, Martio-Majo. — Coll, n. 8. 021 | C. MONTAGNE. 680. Hypnum involvens P. B., Prodr., p. 65, ex C. Müll.,£. ec, p. 495. — H. gratum Schwægr., Brid. et Montag., Enumér., 1..e., n. 28.— Har. Ad cortices arborum in Guyana central. — Coll. s. n. 681. Hypnum subsimplex Hedw., Sp. Musc., p 270, 1. 69. — Montag., Ann., 2, XIV, p. 857.—C. Müll., {. c., p. 283. — Coll. n. 305 cum sequente 682. Hypnum leptochæton Schwægr., Suppl., 1, I, p. 296.— Montag., lc. -— C. Müll., /. c., p. 286. 683. Hookeria depressa Hook. et Grev. in Brewster, Edinb. Journ. of sc., 1826, p. 251. —C. Müll., /. c., p. 218. — Montag., Enumér., 1. c.,n.22, cum observationibus nonnullis. — Leskea depressa Hedw., Sp. Musc., p. 215, t. 53.— Has. Ad truncos in sylvis montosis Guyanæ centralis.— Forma aquatica : folis caulinis normalibus, ramealibus elongato-ianceolatis vix acuminatis. — An species propria ? sed sterihis vix distinguenda. — Har. In aquis duleibus prope Cayennam. An casu delapsa ? — Coll. n. 1380. 68h. Hookeria scabriseta Schwægr., Suppl., UT, Il, 1,t. 275 a (non Hooker). — Montag., Enumér., |. e., 2, XIV, p. 340. — H. pallida Hornsch. ex C. Müll., £. c.,p. 220.— Coll. n. 314. 685. Leskea microcarpa Brid., Bryol. univ. , 1, p. 289. — Mon- tag., Enumér., 1. c.,n. 23. — HypnumC. Müll., L. e., p. 826. — Coll. n. 1379. 686. Leskea cœspitosa Hedw., Sp. Musc., p. 233, 1. 49.— Mon- tag, L. c., n. 24.— Hypnum Swartz.—C. Müll., /. €., p. 880. — Coll. n. 1379, cum priori commixta. 687. Leskea pungens Swartz, Bridel, Montag., {. c., n. 25.— Hypnum Hedw., Sp. Musc., t. 60. — C. Müll., /. e., p. 387. — Has. Ad truncos in sylvis montosis. — Coll. n. 304. 688. Pterogonium pulchellum Hook., Muse. Exot., t. k.— Mon- tag, Ann., 2, XIV, p. 340.—Neckera pulchellaC. Müll., L e., | CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 325 p. 78. — Coll. n. 313. — An et n. 283? quod certe non est P intricatum Schwæzgr. | 689. Pilotrichum bipinnatum Brid., £ c., p. 263. — Montag., Enumer., 1. c.,n, 20. — Coll. n. 326. 690. Püilotrichum polytrichoides Brid. Mant. Musc., p. 140. — Montag., /. c., n. 21.—Neckera Schwægr.—HHookeria Spreng. — C. Müll., 4 e.,p. 105.— Coll. n. 301 et 32/4. | 691. Veckera scabriseta Schwægr., Suppl., L, Il, p. 153, t. 82. = Montage. , L. c., n. 49, et Ann., 2, XIV, p. 338. — Lepido- pilum subenerve Brid. — Hookeria Hampe.—C. Müll., 4. c., p. 196.— Coll. n. 303 et 1381. 692. Neckera vulpina Montag., Enumér., 1. e., n. 17 m Ann., 2, I, p. 205 ; t. 4, Ê. 4. — C. Müll., /. c., p. 79. — Has. Ad truncos arborum in sylvis montosis Guyanæ centralis ad fontes amnis Jarry. 693. Neckera filicina Hedw., Muse. Frond., WE, p. 45, t. 18.— Var. longipes Montag., Ann., 2, XIV, p. 339. An species pro- pria? — Coll. n. 323. 6914. Neckera quyanensis Montag., Sylloge mss. : sureulo repente, caule procumbente pinnato, folis oblongo-ovatis sub apicem utrinque plica inflexa acuminatis, acumine patulo , quinquela- ram subspiraliter imbricatis mtegerrimis enervis tenuissime lineari-areolatis, perichætialhibus exterioribus minoribus late ova- His longeque acuminatis , interioribus lanceolatis plus duplo longioribus; capsula in ramis fateralr perichætio immersa pe- dunculo brevissimo subnullo fulta, ovoideo-oblonga truncata , opereulo longitudine capsulæ conico subacuminato, calyptra co- nica, basi modo hine breviter fissa.— Has. Ad ramulos in sylvis Guyanæ. — ÂVeckera imbricala var. brachypoda Montag., !. c., p. 398. — Coll. n. 325. Os. Sous le nom de N. imbricata, plusieurs espèces, comme les N. rigidu, versicolor et imbricata, ont été publiées, qui se ressemblent toutes par la forme des feuilles et le mode de ramification. La nôtre se 326 C. MONTAGNE. distinguera très facilement de ses congénères que je viens de nommer par la brièveté de son pédoncule, qui mesure à peine un demi-millimètre, cir- constance à laquelle est due l’immersion complète de la capsule dans un périchèse très long. 695. /Veckera undulata Hedw., Musc. Frond., WU, p. 31, t. 21. — Montag., {. 1. €. ce. — Pilotrichum P. B, —C. Müll., L. e., p. 447. — Coll. n. 312. 696. Veckera disticha Hedw., L. c., p. 58, t. 22.—C. Müll.,Z. c., p. 46. —N. retusa Brid.— Montag., !. c., p. 838. Ha n. 212, 824 et 666. 697. Phyllogonium fulgens Brid., L. c., 1, p. 671. —C. Müll., l. c.,p. 2. — Plerogonium Schwægr. — Montag., Enumér., n. 16, et Ann., l. ©., p. 840. — Coll. s. n. CLAapocarpPi Brid. 698. Hydropogon fontinaloides Brid., Bryol. univ., 1, p. 770.— Montag., Enumér., 1. c., n. 11. — Grimmia Hook., Musc. Exot. 1. 21.— Palotrichum C. Müll., L. e., p. 151, — Has. In flumine Oyapock Guyanæ centralis. — Coll. n. 661. ACROCARPI Brid. 699. Macromatrium Leprieurii Montag., Ann., 2, XIV, p. 347. t. 20, f. 5. —C. Müll., L. c., 1, p. 725. — Has. Ad truncos prope Cayennam.— Coll. n. 33h. 700. Macromatrium brachyrrhynchum Schimp. in C. Müll., L e., p. 741. — Schlotheimia Schwægr. — S. viticulosa Monte. 3 l. c., p. 348. — Coll. n. 325. Stérile. 701. Macromitrium mucr se Schwægr., Suppl., TE, LE, I, p. 61, t. 170. — Montag., L. c. — Coll. n. 396 et 327. 702. Macromitrium cirrhosum Brid. ,L.€., 1, p.à16.—Montag., Enumér., 1. c., n. 9, et Ann.,l. ec. —(C. Müll., Fe.,p. 792: — Schlotheimia Schwægr. Suppl, I, 1, & 201. — Coll. _n. 328, 829, 351 et 335. | | | | | | | CRYPTOGAMIA GUYANENSIS. 327 703. Schlotheimia rugifohia Brid., {. c., p. 322. — Montag., Ann., 1. e.,—C. Müll., /. 6., p. 760. — Coll. n. 350. O8s. Quand j'ai voulu revoir dernièrement le Schlotheimia squarrosa de l'Énumération et de la 2e Centurie, il m’a été impossible de mettre la main sur les échantillons de Cayenne. Je me suis en conséquence décidé à le négliger ici. Cette mousse avait d'autant plus besoin d’être étudiée de nouveau, et comparée à des types sûrs, qui manquaient alors à ma collec- tion, qu’elle semble limitée à la seule île de la Réunion ou de Bour- bon. 704. Angstræmia tenuis C. Müll., £. c., p. 441. — Dicranum Ke. — Schwægr., Suppl., IV, t. 308. — Montag.; Ann., 2. XIV, p. 247. — Has. Ad terram argillosam. — Coll. n. 286. 705. Holomatrium crispulum Mart., Ze. PI. Crypt. Bras., p. 35, t. 48, f. 2.—C. Müll., Z. c., p. 350 ! — Montag., [. c., p. 850! _— Coll. n. 322. 706. T'ortula agraria SWartz, El. Ind. Occid., M, p. 1763. — Montag., !. c., p. 347. — Barbula Hedw., Muse. Frond., WU, t. 6. — C. Müll., L. c., p. 604. — Coll. n. 308 et 309. 707. Pottia (Hyophila) Leprieurii Montag. mss. : caule humili basi decumbente repente inde subramoso ; fois e basi angusta oblongo-lanceolatis solidmerviis apice obtuse acuminato denticu- lato subserrulatis, margine mvolutis siceitate uncinato-ineurvis ; capsulæ erectæ elongato-cylindricæ annulatæ gymnostomæ ore subcoarctato, opereulo capsula 3-plo breviore longe conico acu- minato, perichætiahbus convolutis nervo ultramedio instruetis lenuissime erenulatis, vaginula longiuseula , paraphysibus bre- viter artieulatis , artieulo supremo obovato. — Gymnostomum involutum Montag., !. ce, n. 350, non Hooker. — Hs Ad cortices arborum. — Coll. n. 284. Ogs. Cette mousse est évidemment distincte du Gymnostomum involu- tum Hook., auquel je l'avais réunie comme variété dans ma 2° Centurie. Elle est plus voisine du G. cylindricum Hook., que j'ai également reçue du célèbre directeur du Jardin royal de Kew, mais elle en diffère suffisam- ment par la nervure excurrente de ses feuilles caulinaires. Ge dernier 220 C. MONTAGNE. caractère lui est commun avec le Pottia Pæœppigiana G. Müll., L, e., p. 562, qui se distingue de notre espèce par des feuilles périchétiales également excurrentinerviées. | 708. Syrrhopodon androgynus Montag. Enumér., |. c., n.5, t. 3, f. 2 (sub Calympere). —S. longisetaceus C. Müll., p. 535. — Has. Cæspitose ad cortices arborum.— Coll. n. 319 et 320. 709. Syrrhopodon Leprieurii Montag., Enumér., 1. e., n. 6, t. 3, f. 8.—C. Müll.,/. c., p.541.—Has. Cum priori. — Coll. n. 318. 710. Syrrhopodon elatus Monitag., {. e., n. 7.—C, Müll., 4. c., p. 945. — Coll.s. n. 711. Syrrhopodon ligulatus Montag. mss. : cæspilosus , subsim- plex aut basi modo ramosiusculus, parvulus, cum capsula centi- metrum longus; folüs inferne laxins— superne densius imbrica- tis a basi vaginante quadrata quadrate cellulosa ad 4/3 pellucida linearibus, apice obtusissimo aut emargimulato incurvis ligulais, siccitate cirrhoso-mvolutis, margine (augmento maximo) tenuis- sime crenulato-denticulatis, singula scilicet cellula marginali quadrata extus bidentata, nervo continuo aut apicis emargina- turam excedente ; operculo rostrato capsulam brevissime pedun- culatam ovoideam erectam æquante, cum calyptra subulata fere ad apicem fissa deciduo ; peristomin dentibus sedecim inæquali- ter ab invicem distantibus, quandoque subgeminatis irregulari- bus acutis 8-10 articulatis. — Has. In corticibus arborum Guyanæ. — Coll. n. 1384. Ogs. Cette espèce est une des plus distinctes du genre; elle diffère du S. Miquelianus (que du reste je ne connais que par sa diagnose) par ses feuilles ligulées très ohtuses , non dentées, et par son opercule en bec et non pas droit. Elle se distingue, en outre, du S. rigidus C. Müll. (non Hook.) par sa petitesse, par une tige simple, par des feuilles incurvées, non rongées au sommet, et par une nervure médiocre. 712. Calymperes lonchophyllum Schwægr., Suppl. 1, IF, t. 98. — Montag., Enumer., |. e., n. 4. — C. Müll., /. c., p. 526. — Coll. n. 32 et 519. CRYPTOGAMIA GUYANENSIS, 929 713. Calymperes Afzelii Swartz. — C. Müll., /. c., p. 523. — C. Berterii Spreng. — Montag., Ann. 2, XIV, p. 349. — Has. Ad cortices arborum. — Col!. n. 316, p. p. 714. Calymperes Richardi C. Müll., {. e., p. 524. — C. Palison Schwægr. pro parte.— C. Afzelii Brid. pro parte. — Montag., Enumér.,l.c.,n. 3, et Ann.,l. C., p. 849 — Coll: n. 314. Ogs. A l’occasion de cette dernière espèce, que j’admets pourtant, je me suis mis à examiner plus de cinquante exemplaires de ma collection por- tant le nom de Calymperes Afzelir, et provenant de localités fort diverses, et me suis convaincu que certains caractères tirés des organes foliaires étaient très variables dans la même touffe et sur la mème tige. Je penche donc à croire qu’il est peut-être téméraire de chercher à fonder sur eux de bonnes et légitimes espèces. 715. Bryum coronatum Schwægr., Suppl. LE, If, t. 71. — Mon- tag., Enumér., |. c., n. 15; var. a laxæifohium. —- C. Müll., l. e., p. 807. — Has. Ad terram nudam. — Coll, n. 307. 716. Leucobryum albicans Schwægr., Suppl. IT, If, t. 186 (sub Dicrano). — Montag., Ann., 2, XIV, p. 247. — L. longifo- lèum Hampe, in C. Müll., {. ç., p. 77. — Coll. n. 3h2. 717. Octoblepharum albidum Hedw., Musc. Frond., HE, p. 15, t. 16. — Montag., Enumér., |. €., n. 2. —-C. Müll., £ c., p. 86. — Coll. n. 297-299. 718. Octoblepharum cylindricum Schimp. in Bryophylacio proprio et Æampeano. — Montag., Ann., 2, XIV, p. 349. —C. Müll., l..c.,p. 87. — Coll. n. 282. NOTE SUR LA GETAH-LAHOE, OÙ NOUVELLE CIRE VÉGÉTALE DE SUMATRA, ET SUR LES CIRES VÉGÉTALES EN GÉNÉRAL, Par le D" BLEEKRODE, Professeur à l'Académie royale de Delft. Il y à deux ans, la Société néerlandaise de commerce (Weder- landsche Handelmaatschappij) à importé une substance végétale inconnue, et dont la valeur commerciale restait ignorée, faute de moyens de l’employer dans la pratique. On sait que rien n’est plus difficile que d’mtroduire de nouveaux produits dans le commerce de l’Europe. Le professeur Royle, dans un Mémoire présenté à la Société des arts, a déjà signalé les obstacles qui s'opposent à ces introductions de substances nouvelles et inconnues. Ce qu'il dit relativement à l’Angleterre peut s’appli- quer actuellement à la Hollande, en ce qui regarde l'objet qui nous occupe. Le prénom de Getah (qu’on prononce ordinairement gutta; par exemple, Gutta - percha) signifie , dans la langue ma- laise, un suc végétal s’'écoulant par une ineision faite à l'arbre qui le produit, et s’épaississant après son extraction. La Getah-Lahoe offre à l'extérieur quelque ressemblance avec là Gutta-percha native. La couleur en est d’un gris noirâtre; la texture très poreuse ; l’intérieur d’une couleur rose tendre ; elle est très fragile; cette dernière propriété la distingue de la Gutta- percha, qui est au contraire très tenace. La Getah-Lahoe peut être réduite en poudre ; seulement, si le frottement se continue, la cha- leur qui se développe fait que ses particules s’agglutinent. Elle peut être malaxée comme la cire d’abeilles; elle conserve les im- pressions des ongles, et devient douce et polie par les frictions. M. Stanislas Jullien (Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, 1840, p. 550) a le mérite d’avoir bien distingué les dif- NOTE SUR LA GETAH=LAHOE. 391 férentes origines des cires végétales chinoises. I a donné une des- cription de linsecte à cire (La-Tsjong ) particulier à différents climats, et vivant sur les Rhus succedanea , Ligustrum glabrum (Ibutta où ubeta de Kæmpler), et Hibiscus syriacus (Alokhser de Kæmpler). Les auteurs du xvi‘ siècle ont fait mention d’un insecte à cire, que sir G. Staunton a appelé Flata limbata. Nonobstant toutes les descriptions, je dois dire, avee M. Mac Gowan, qu’on ne sait pas encore si l’insecte sécrèle lui-même la cire, ou si elle est une exsu- dation des plantes produite par sa piqüre. Cette espèce de cire blanche et diaphane est nommée Pe-la par les Chinois (cire des insectes ). La Chine produit en outre la cire des Abeilles , la cire et la graisse végélales. La distinction devient encore plus difficile pour la cire du Japon, substance aujourd’hui exportée par les Chinois et les Hollandais. Il y à vingt ans qu'on a importé des États-Unis d'Amérique en Allemagne de la cire du Japon; le docteur J.-B. Trommsdortf n'a pas voulu admettre cette origine, parce qu'il n’y avait que les Hollandais qui fussent en état de la livrer au commerce, de première main. Cette cire du Japon, dont parle M. Trommsdortff, a une couleur blane-jaunètre; elle fond à 47 degrés 1/2, se dissout entière- ment dans l'alcool bouillant, et se saponifie avec les alcalis. M. Dumas dit aussi quelques mots de la cire du Japon produite par le Rhus succedanea dont le point de fusion est à 50 degrés , et il conelut qu'elle est de l’æthaline. Le commerce de la Hollande avec le Japon , connu sous le nom de kambang-handel, exporte deux espèces de cire , savoir : une cire d'Abeilles, qui est jaunâtre , et une cire végétale, en disques ronds et plats, qui est blanche et transparente. Celle-ci est le pro- duit des fruits d’un arbre, qui parait être une variété du Rhus succe- danea, qu’on à essayé de transplanter à Java, afin d’en recueillir la cire. On paie au Japon environ 80 fr. pour 60 kilogr. (1 picol) de cire végétale , et 220 fr. pour la cire d’Abeilles, Il est hors de doute, nous le répétons, que la cire originaire du Japon ait été mise dans le commerce, et exportée par les Hollandais et les Chinois. 992 BLEEKRODE. Le commerce de la cire à été très animé de 4826 à 1830, et M. von Siebold évalue l’exportation du Japon à 42 ou 15,000 picols (chaque picol de 60 kilogr.) par an. On n’a pas seulement essayé de transplanter et de cultiver à Java le Rhus succedanea ; il y a là une autre plante indigène, le Cyli- codaphne sebifera, BL. (Museum botanicum, n° 970), appelée par les naturels Tangkallak où Tangalak, dont les fruits donnent une espèce de cire analogue à celle du Rhus. Dès 1824, M. Blume en à proposé la culture; mais on n’a pas encore mis ce conseil à exécution. Jetons enfin un dernier coup d'œil sur les cires du Nouveau- Monde. La cire des Palmiers , celle de l'écorce du Ceroxylon an- dicola, ont été décrites par Teschemacher (Phil. mag., t. XXVIIE, p. 850 ). M. Boussingault a mentionné celle des Andes de Quindiu (Ann. de chim. et de phys., t. XXIX, p. 330, et LIX, p. 19), ainsi que Bonastre (Journal de pharmacie, t. XIV, p. 349). M. Lewy a indiqué, dans les Ann. de chim. et de phys., t. XI, p. 439, les propriétés de la cire des feuilles d’une espèce de Cha- mærops , la Carnauba du Brésil ; celle des fruits du Myristica dans le Para et la Guyane; l'Ocotea et le Bicuhyba. Le Candleberry tree ou T'allow shrub des États méridionaux de l'Amérique septentrio- nale, qui est le Myrica cerifera , produit une cire végétale d’une couleur jaune verdâtre, et qui fond à 47 degrés 1/2. A lexposi- üon de Londres, on voyait dans la collection du Cap de Bonne- Espérance (Worcester district) la même espèce de cire sous le nom de berry wazæ (cire de baies) ; d’après la forme des fruits, on a pensé qu'elle était produite par une autre espèce de Myrica, le Myrica quercifohia. I est bien connu que les baïes de l’unique espèce du genre Myrica croissant en Europe, le Myrica Gale, contiennent aussi un peu de cire Dans la Guyane aribise les semences du Dal, ou Müschdies sauvage (espèce de Myristica) dans le district de Bérhiéé, donnent une cire, ou un suif végétal, propre à faire des bougies. La cire végétale de Vera-Cruz est le produit d’une espèce de Laurier , dont on trouve une énorme quantité dans les bois du Guatemala. Telles sont d'une manière générale les espèces de graisses NOTE SUR LA GETAH-LAHOE. 239 et de cires produites par les fruits et les semences de végé- taux exotiques. Nous n'avons pas encore fait mention d’une autre sorte de cire produite par le suc laiteux des arbres, extrait au moyen d’une incision. Berzelius en décrit une ressemblant à la cire des Abeilles obtenue par la coagulation du sue laiteux dont elle forme 50 pour 100) de l’arbre-vache où arbre à lait (Brosimum galacto- dendron ou Galactodendron utile), croissant aux environs de Caracas et de Nueva Barcelona. Berzelius dit qu'elle est blanche, jaunâtre ; qu'elle devient molle à 40 degrés et se fond à 60; qu’elle se saponifie très facilement avec les alcalis. C’est Ià un caractère qui mérite une attention sérieuse, attendu que ce sont spécialement les matières cireuses qui ne se saponifient pas, ou du moins que très difficilement. Nous devons faire observer qu'on comprend sous le nom d'arbre à la vache plusieurs espèces d’Artocarpus ou de Ficus. Le suc laiteux nommé hya-hya, de l'arbre à la vache de Démérary, est le produit du T'abernæmontana utilis. Nous avons jugé qu'il était intéressant de connaître la plante dont la Getah Lahoe est le produit. M. le contrôleur Walland a, par l'intermédiaire de la Société du commerce, envoyé : 4° Une branche avec des fruits, fig. À de la planche 44 ; 2° Un jeune rameau ; 9° Des fruits ; h° Des feuilles ; 9° L'écorce du tronc et des branches. Les indigènes parlent d’un Lahoe ordinaire et d’un Lahoe rouge; mais d'après des recherches faites sur les lieux, ces arbres pa- raissent n'être que la même espèce à des âges différents. Il a été facile d'y reconnaître un Ficus, mais il ne l’a pas été de dire à quelle espèce l'arbre appartient parmi les quatre cents qu'on con- naît déjà dans le genre. Je dois à mon excellent collègue, le célèbre professeur Blume, la description suivante, qu’il a placée entre celle du Ficus laterifolia, Vahl., et celle du Ficus subracemosa, Blue. Ficus cerifera, BI. : folus e basi subcordata ovatis elipleisve aeulis vel breviter acuminatis subrepandis (in ramulis novellis re- note denticulatis ) mixtinerviis glabris; eœnanthiis fructiferis glo- 884 BLEEKRODE. bosis pedunculatis lateralibus. Lahu mejrah 1. e. Lahu rübra indi- génarum. Has. In provincia Palémbang, insulæ Sumatra Desc. Arbor cortice fusco-rubiginoso, tempore maturitatis foliis pene nudata. Folia alterna, petiolata; arboris adultæ minora et rigidiora, h ?-5 poll. longa, 2 ! poll. lata, ex ovato elliptica, ab basim subcordata et interdum nonnihil obliqua, apice acuta v. in acumen breve obtusiusculum producta, marginibus subreparidis, nonnihil revoluta, coriacea, mixtiner- via, Supra nitida, glahérrima et inter nervos depressos obsolete reticulata, nérvis Subtus prominéntibus per vénulas tenues transversales connexis et pubé subtilissima inconspicua brévi apressa tectis. Petioli 1-1 © poll. longi, tefetiusculi, obscure canaliculati, interitu epidérmidis ioutititl fürfuracer. In stirpe juniore ramisqué novellis rubigimosis folià plerümique majora et lon- gius petiolata, 8-10 poll. longa, 5-5 ? poll. lata, cordato-ovata, acumi- nâta, inæqualiter remote denticulata, denticulis oblusis v. partim acutis. Cœnanthia peduneulata, terna, quaternä plurave gemmis fructiferis tuber- culiformibus, quæ hic 1llic trunco v. ramis foliis orbatis enascuntur, fasci- culata, magnitudine pruni quod dicitur Reine-Claude, globosa, in vertice umbilicata, pallide mellina, punctis raris adspersa ; pedunculo pollicari v. longiore, teretiusculo, cernuo. Ainsi l'arbre a une écorce brunâtre, son bois est fibro:spon- gieux, ses feuilles sont caduques à l’époque de la iatürité des fruits. La plante habite les districts de Sumatra, Ogan, Dele, Ennius et Kommering-Delæ. De inêmie que les sucs végétaux, dont la récolte se fait par les in - digènes ; la Getah-Lahoe est chargée de parcelles de feuilles, de tiges, étc.; les blocs récemment importés donnent aussi une grande quantité d’eau ayant uñe odeur mielleuse. La Getah-Lahoë, déessé- chée à la température de 100 dégrés, perd de 5 à 10 pour 400 de son poids. La quantité de cendres est de 0,45 pour 100; elles ont une couleur foncée ochreuse. La Getäh-Lähoe s’enflimme facilement ; sa flarnme est longue et blanche, et produit beaucoup de fumée. Nous pouvons comprendre par là que les habitants des lieux où l'arbre se trouvé l’emploient pour faire des flambeaux. La matière brute s’enflamme en se bour- souflant ; de grosses goultes de cire se détachent, et en se modi- NOTE SUR LA GETAH-LAHOE. 385: fianit forment une masse brune et transparénté. Fondue dans un tube de verre, la Getah acquiert les mêmes qualités. A la température de 35 degrés, elle devient visqueuse, et se laisse étirer en fils, qui sont légèrement élastiques. A la température de 45 à 50 degrés, elle forme un liquide sirupeux , et à la tempé- rature de 75 degrés, elle se liquéfié complétement. Elle est plus légère que l’eau , et, lorsqu'elle est fondue avec celle-ci, elle sur- nage, et forme en $e réfroidissant une masse de cire brune et com pacte. A la température ordinaire, la Getah-Lahoe est insolublé däns l’alcool; elle s’y dissout lentement lorsqu'il est à son degré d'ébullition ; l'alcool sé colore alors en brun , et quand la tempéra- ture s’abaissé, la Getah se précipite sous la forme d’une poudre blanche, granuléuse et cristalline ; l'alcool qui surnagé alors en retient toujours une petité quantité. Quand on renouvelle l'alcool plusieurs fois, il reste au fond du vase une matière brunâtre très ténace, ressemblant à la Gutta-pereha. La poudré séparée dé l'alcool forme la Getah-Lahoe, laquelle se fond à 55 degrés, en formant une masse compacte nacrée. L’éther sulfurique, le chloroforme et le benzole , dissolvent la Getah - Lahoëe à la température ordinaire ; mais ils la’ dissolvent plus vite lorsqu'ils sont échauffés. La solution est au commence- ment un peu laiteuse, mais elle se clarifié après quelques mi- nutes en précipitant une matière brunâtre , laquelle surnage à la solution du chloroforme , en raison de sa moindre pesanteur spécifique. Il était important de savoir si les solutions indiquées ci-dessus contenaient deux substances hétérogènes qui, étant combinées, formeraient la Getah. Dans ce but, les solutions ont été versées sur un disque de verre, afin que l’on püt observer les cristallisations qui restaient formées après une très lente évaporation spontanée. On observe alors seulement des eristallisations dendritiques , les- quelles peuvent aussi être reproduites en laissant spontanément et pendant plusieurs jours évaporer les solutions dans de longs tubes bouchés. La Getah-Lahoe se dissout aussi dans l'essence de téré- benthine, et donne un précipité brunâtre. La Getah-Lahoe étant caractérisée par une grande solubilité 386. . BLEEKRODE,. dans l'alcool, l’éther et l’essence de térébenthine, cette propriété peut servir à la distinguer au premier abord de la Gutta-percha et du Caoutchouc. Il importe beaucoup d’y faire attention, puisque l’action des réactifs que nous venons de nommer la rapproche de ces substances. L’acide sulfurique monohydraté donne, à la température ordi- naire, une couleur brunâtre ; à une température plus élevée, la cou- leur devient plus foncée ; et enfin, en développant le gaz acide sul- fureux, elle devient violet foncé ; si la réaction continue, la Getah se carbonise. La couleur violet foncé se manifeste ici de la même manière que dans la saponification sulfurique des acides gras. L’acide chlorhydrique n’exerce sur elle aucune influence. L’acide nitrique est sans action aussi à la température ordinaire ; mais en chauffant le mélange, une réaction très énergique se manifeste par un dégagement de vapeurs rutilantes nitreuses. La Getah devient une masse Jaune, spongieuse, dure et fragile ; elle se dissout faci- lement dans l’éther, le chloroforme et le benzole, lesquels se colo- rent en jaune ; ellese comporte vis-à-vis de l'alcool et del’essence de térébenthine comme la Getah native. La matière brunâtre est seu- lement changée en une matière jaune qui forme en même temps de l’acide oxalique, lequel se trouve dans la solution nitrique. La Getah se sépare des solutions nommées en poudre cristalline, ou cris- taux dendritiques. L’acide nitrique change aussi la Gutta-percha en une masse dure et fragile, mais en lui donnant une couleur rou- geñtre. Si l’on fait passer seulement du gaz nitreux dans la Getah- Lahoe liquéfiée, l’altération ne diffère pas de celle qu’on obtient par l'acide nitrique. Le chlore et l’acide sulfureux ne blanchissent pas la Getah-Lahoe. Les alcalis caustiques (kali, natron et ammoniaque) n’exercent au- cune influence sur elle. Par une ébullition longtemps continuée avec les alcalis, la matière brunâtre se dissout, et la Getah-Lahoe devient blanche. La matière brunâtre peut être séparée de la solution par sa neutralisation avec l’acide sulfurique ; alors le liquide parait déco- loré. La Getah n’a pas changé de qualité après ce blanchissage alca- lin; mais elle ne se solidifie pas si vite en refroidissant. Si l’on fond la Gêtah avec de la potasse ou du natron caustique, on obtient une | | NOTE SUR LA GETAH-LAHOE, 337 substance dure et branâtre, de laquelle la Getah se sépare, sans changement, en ajoutant de l’acide sulfurique. On peut distiller la Getah dans une cornue de verre sur la flamme d'alcool ; le résidu consiste en un peu de charbon et autres matières étrangères. Le fluide qui se distille est brunâtre , tant que Pair atmosphérique n’est pas évacué; mais ensuite il devient jaunâtre avec une nuance verte. Cette matière distillée se fond à la tempé- rature de 37 degrés 1/2 ; elle forme un savon blanc, et donne, par - la pression ou par sa solution dans le benzole , une substance cristalline blanche nacrée, ressemblant à la paraffine. Les bougies faites de cette matière distillée ne différent pas de celles de parat- fine. Nous supposons, en attendant l’analyse élémentaire, qu’elle constitue une forme métamérique de la Getah-Lahoe. En distillant par la vapeur d’eau surchauffée, à la manière des acides gras, on obtient une masse cristalline blanche perlée. Un échantillon de cette distillation se trouve à l'exposition des Pays- Bas, dans la galerie de l'Annexe ; cette substance se laisse trans- former en bougies, seule ou mêlée avec les acides gras. Quand on traite la Getah, avani la distillation, par l'acide nitreux, la matière résineuse est promptement détruite. Tous les caractères chimiques ont par conséquent montré que la Getah-Lahoe est une cire végétale ; il nous reste à en faire l’analyse élémentaire, et à indiquer à l’industrie la manière de l'employer. : L'application technique de l'huile de palme, de coco, de la gutta- percha, du caoutchouc, peut servir à montrer combien il se passe de temps avant qu’on ait surmonté les difficultés, et obtenu les résultats importants qu’on à lieu d'attendre d’une substance. Il y a en même temps une autre problème à résoudre , savoir : si la cire végétale, appelée Getah-Lahoe, diffère réellement des diverses espèces de cires végétales qui ont été de temps en temps importées en Europe. I est aussi d'une grande importance de connaître l'arbre duquel la Getah-Lahoe s'écoule, afin d’être cer- tain que les indigènes ne mêlent pas les différentes sortes de sucs laiteux. Pendant ces dernières années, plusieurs sortes de matières vé- gétales grasses, à l’état solide, ont été importées en Eu rope. Outre 4° série. Bor, T. III. (Cahier n° 6.) ? 22 998 _: BLEEKRODE, l’huile de coco lil faut bien distinguer entre l’huale de coco (Cocoa nut oil) et le beurre de coco (cocoa fat)| et l'huile de palmes, impor- tées principalement de la côte occidentale d’Afrique et de Ceylan, on fait mention en Angleterre du vegetable tallow, du vegetable fat, du concrete or solid oil provenant du W’ateria indica, appelé par les indigènes Hæp, et connu aussi dans le Malabar sous le nom de Piney-T'allou, ainsi que dans le Kanaca et à Mangalore. C'est le produit de semences , dont l’huile exprimée donne une graisse solide et bonne pour faire des bougies ; sa production est de peu d'importance. Les Anglais ont compris sous la dénomination de vegetable fat plusieurs autres sortes de graisses solides de la Chine et de l'archipel Indien; ce mot peut se traduire par beurre végétal. Telles sont les huiles exprimées de diverses sortes de Bassra ; le B. butyracea, qui donne le Ghee de Kemaon ; le B. latifolia, qui fournit la Muohwa de Moorsjedabad , l’{llopa Zennai de Mangalore , l’{ppa-Næœnæ du Kancua ; le B. longifohia, qui produit l’Ellæpæ de Madoera et Tinni- velly, l'Illæpæ de Indes et l’Zllæpæ jennoi de Tangore (4). Ce sont des graisses saponifiables, qui sont toutes à bases de glycérine. Le Bassia Parkii donne, en faisant bouillir ses fruits avec de l’eau, un produit connu sous le nom de beurre de Shea, depuis que Mungo Park l’a trouvé dans les contrées de l’Afrique occidentale. (Pour l'examen chimique, voyez J.-J. Virey et O. Henry, dans Licbig, Annalen der Chemieund Pharmacie, vol. X VIT, p.96-101.) Le beurre de Galam n’en diffère pas beaucoup. (Voyez L. Vauque- lin, Journal de pharmacie, XVI, p. 53; et Guibourt, Journal de chimie médicale, voi. {, p. 175.) Sous le nom de Concrete or solid ol, les Anglais ont compris le Crab-oil de la Guyane, produit du Xylocarpus carapa ou cacapa. (Voyez Cadet, dans le Journal de pharmacie, t. V, p. 49 (1819); et P.-F.-G. Boullay, tbid., VII, p.293.) Le Bears-grease (graisse des Ours), employé en Angleterre pour faire des pommades, et par les indigènes comme médicament et aliment, est le produit de la semence du Garcinia purpurea. (4) The quarterly journal of the chemical Sociely of London, vol. II,p. 234,et le Journal de pharmacie, vol. XVII, p. 455. NOTE SUR LA GETAH-LAHOE. 399 L'huile, ou beurre de Khatzum , est le produit d’une espèce de V'ernonia (V. anthelminthica ?). [n’y a pas vulgairement de distinction bien nette entre le vege- table tallow et le vegetable waæx. Le commerce de la cire végétale s’est spécialement développé en Angleterre depuis qu'on a changé les droits d'importation; il y avait autrefois un droit d'environ 135 francs pour l'importation de 50 kilogrammes (1 ewght) de cire végétale. La cire d’abeilles était seulement chargée d’un droit - de 10 shillings (12 francs) environ. Mamtenant les droits sont les mêmes pour toutes sortes de cires, et ils sont très minimes ; en conséquence , l'importation de la cire végétale, et spécialement de celle de la Chine, s’accroit promptement chaque année. Les importations de toutes espèces de cires en Hollande se sont aussi augmentées annuellement de la manière suivante : En 1846. :, : 850 kilogr. EN AO. ps ce 24,500 HP ASS, 2 5 «à 33,000 Les tables statistiques des deux dernières années ne sont pas encore publiées. Sous les noms de vegetable tallow et de vegetable wax, on com- prend en Angleterre la graisse de Chine, produite par les fruits du Stillingia sebifera. Le docteur Rawes a donné une description de la méthode d'extraction employée à l’île de Chusan ; d’autres produits analogues sont extraits d'espèces de Bassia, de Pternan- dra ou de Dipterocarpus. Low a mentionné une espèce de cire ressemblant au spermaceti, avec laquelle on fait des bougies à Manille sous le nom de Meneabang pinang , et celle-ci est aussi connue sous le nom de Miniak me- neabang et Miniak tankawan à Bornéo; on l'extrait de semences. Les essais chimiques faits avec la cire de Chine démontrent pleinement comment on à pu comprendre sous cette dénomination des matières très différentes. M. Lewy (4nnales de chimie et de physique, vol. XIIT, p. 438) en a essayé une espèce blanche et cristalline comme le spermacetlt, qui est produite par le Rhus succe- danea ; elle se saponifie avec la potasse, se fond à la température de 82 degrés 1/2, et est peu soluble dans l'alcool et l’éther 3/10 BLEEKRODE, -— NOTE SUR LA GETAH-LAHOË. bouillants Brodie (Philosophical transactions, 18h48) parle d’une cire chinoise, produite par un insecte appelé Coccus ceriferus ; elle se fond à 83 degrés dans les mêmes conditions que celle de M. Lewy , mais elle ne se saponifie pas. Ure (Annales de pharma- cie, VOL. I, p. 74) parle aussi d’une autre cire chinoise ressem- blant au spermaceti, dont le point de fusion est à 68 degrés, qui est insoluble dans l’alcool, et ne forme pas de savon. R.-D. Thomson etE.-T. Wood (Philosophical magazine, vol. XXXIV, p. 350) parlent d’une cire chinoise provenant des semences du Croton ou Shllingia sebifera. Mais après des recherches faites en 1851, cette substance a été reconnue pour de la graisse végétale (tallow), pro- venant des fruits d’une plante nommée en langue chinoise Khan- shu (Pharmaceut. Centralblatt, 1851, p. 555 ; et J.-B. von Borck, dans le Journal für practische Chemie, vol. XLIX, p. 395); son point de fusion est à 37 degrés, et par la saponification on en sépare un acide gras, nommé acide stillistéarique, dont le point de fusion est de 61 à 62 degrés. Cette matière, qui est produite par les fruits de la plante, a été envoyée de Chine par l'ambassadeur de Suède, M. Lilj-Waleh. Il ajoute qu'on obtient par l'expression des fruits une huile solide et une huile liquide ; il est done hors de doute qu'il y a plusieurs espèces de cire comprises sous la même dénomination. La Getah Lahoe promet de devenir un produit important pour la fabrication des bougies, même de celles où la cire entre comme matière première. J'ai commencé à en faire l'application, et les résultats que j'ob- üendrai seront publiés le plus tôt possible. C’est par la pratique que doivent être confirmés les essais du laboratoire, afin qu’on puisse décider de la valeur industrielle et de l’avenir de la Getah Lahoe. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE A1. Fig. 1. Rameau du Ficus cerifera, BI. Fig. 2. Fruit de grandeur naturelle. Fig. 3. Le même coupé transversalement. Fig. 4. Jeune rameau diminué de grandeur. Fig. 5. Feuille vue par dessus. Fig. 6. La même vue par dessous, pour montrer le réseau des nervures. Fig. 7, Feuille de grande dimension, es DE L'INFLUENCE DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES SUR LA VÉGÉTATION DES ARBRES DICOTYLÉDONÉS, Par M. 4. TRÉCUL. L'influence des décortications annulaires sur la végétation des arbres dicotylédonés, sur la prolongation de la vie dans ces mêmes arbres après l'opération , est un point qui n’est pas encore bien élucidé. Elle constitue une question très importante pour celui qui étudie la physiologie et l’organogénie, puisqu'elle peut concourir au succès de ses recherches relatives à la solution de divers pro- blèmes qui intéressent la science de l’organisation. Les opinions sont encore partagées sur ce sujet qui, comme beaucoup d’autres , a été assez souvent controversé. Des hommes éminents par leurs talents d'observation ont souvent émis les idées les plus opposées , en se fondant les uns et les autres sur des faits. Des observations nombreuses sont citées de part et d’autre. Pour . éclairer la question , il ne suffit donc pas d'indiquer si des arbres ont vécu plus ou moins longtemps après que la décortication a été opérée ; il faut de plus signaler l’état de leurs différentes parties pendant le temps qu’ils ont continué à vivre. Mon objet est de donner iei la description de quelques faits que j'ai eu l’occasion d'observer pendant les expériences que j'ai faites au Muséum d'histoire naturelle, pour étudier l'accroissement en diamètre des arbres dicotylédonés. Si ces faits ne sont pas jugés suffisants pour que l’on puisse porter un jugement définitif, ils feront connaitre au moins quelle a été la marche de la végétation des arbres mis en expérience ; et leur publication mettra sur la voie, peut-être, de la solution de ce problème. Deux opinions opposées, ai-je dit, ont été soutenues. En effet, certains observateurs ont cru que les décortications annulaires dont 3112 A. TRÉCOL. — DE L'INFLUENCE la réparation n’a pas lieu tuent les arbres en quelques années ; tandis que d’autres ont prétendu qu’une telle décortication n’a au- cune ou presque aucune influence sur la végétation de ces arbres. Parmi les premiers se trouve l’illustre Duhamel du Monceau , qui pensait (Physique des arbres, t. Il, p. 46) que si l’on ne pré- vient pas le desséchement de la plaie, quand elle est étendue, il n’y a pas de réparation , qu'il ne se fait ni productions corticales ni productions ligneuses, et que l'arbre périt nécessairement tôt ou tard. Il parle d'arbres qui n’ont succombé que la quatrième année. Dès 1709, Magnol paraissait être de cet avis. C’est ce qui ré- sulte au moins d’une observation de lui relatée dans l’Histoire de l'Académie (à l’année indiquée, page 50). Il y dit qu’en Languedoc on ente les oliviers en écusson au mois de mai, quand ils com- mencent à être en séve au tronc ou aux grosses branches ; que l’on coupe l'écorce horizontalement de ia longueur de trois ou quatre doigts tout autour du tronc ou des branches, un peu au- dessus de la greffe ; que l'arbre ne perd pas pour cela ses feuilles, et qu’il porte dans cette année des fleurs et des fruits au double de ce qu'il avait coutume d’en porter; mais qu'ensuite les branches meurent au-dessus de la greffe. Des faits analogues sont assez connus de tous les arboriculteurs pour qu'il soit inutile de multiplier davantage les citations. Les observations que l’on a opposées à cette manière de voir sont assez nombreuses. J'en signalerai quelques-unes. En 1709 , Parent communiqua à l’Académie l'observation sui- vante (1) : « Un orme des Tuileries, qui, à l’entrée du printemps de 1708 , était entièrement dépouillé de son écorce depuis le pied jusqu'aux branches, ne laissa pas de pousser sa séve dans toutes ses parties, et d'entretenir ses feuilles pendant tout l’été suivant, avec moins de vigueur cependant que les autres ormes. » M. Dupuis, premier jardinier des Tuileries , ne jugeant pas que cet arbre püt subsister à l'avenir, le fit arracher, et Parent exprime le regret qu'il en éprouve. Dans la séance de l’Académie des sciences du 11 mai 1852, (1) Histoire de l'Académie, 1709, p. 50. DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 213 M. Ach. Richard, dans un rapport sur mon mémoire intitulé : Observations relatives à l’accroissement en diamètre des végétaux dicotylédonés ligneux, dit, au nom de la commission, en parlant d’un arbre que j'ai rapporté de la Louisiane, et qui avait été écorcé cireulairement sur une étendue longitudinale de 45 centimètres : «.... Malgré cette grave mutilation, l'arbre avait continué de vé- géter et de croître ; il était couvert de feuilles, et portait des fruits tout près de leur maturité. C'était déjà à un fait remarquable et . intéressant, puisque , dans l'immense majorité des cas, un arbre dicotylédoné que l’on soumet à une semblable décortication , cesse de végéter, et ne tarde pas à périr. » M. Gaudichaud (Comptes rendus du 31 mai 1852) combattit ce passage du rapport, et cita des arbres de Saint-Cloud , du Luxem- bourg et de Fontainebleau, qui ont vécu un grand nombre d’années après avoir subi de telles décorlications, dont ils ne paraissaient pas s'être ressentis, dit-il, quoique les surfaces dénudées de leurs troncs fussent en partie décomposées. M. Gaudichaud pense avoir prouvé que la différence dans les résultats obtenus par les divers observateurs est due , soit aux phénomènes généraux météoriques , soit aux époques de l’année où la décortication à été faite. Dans la séance de l’Académie des sciences du 7 mars 1853 , le même botaniste revient avec quelque détail sur un tilleul de Fon- tainebleau dont une description avait été donnée à la Société cen- trale d'agriculture, le 1% décembre 1852, par M. Jacquin aîné. Je me suis transporté à Fontainebleau pour étudier ce tilleul, et pour en exécuter le dessin, qui est ici reproduit dans la planche 44. Cet arbre, en effet, était digne de toute l'attention des physiolo- gistes. La description que je vais en donner sera d'autant moins superflue que quelques-unes des mesures publiées par M. Jacquin, et rappelées par M. Gaudichaud , ont été considérablement exagé- rées, n'ayant été indiquées, sans doute, que de souvenir. C’est ainsi que la circonférence, au-dessus de la décortication, a presque été doublée. M. Jacquin la porte à 4 mètre 40 centimètres , tandis que je ne l'ai trouvée que de 60 centimètres. Suivant le même observateur, la circonférence au-dessous de la partie malade serait de 59 centimètres ; c’est à peu près le chiffre exact : je l'ai trouvée LA Shi A, WRÉCUL, — DE L'INFLUENCE de 54 centimètres. Les déductions que l’on a tirées de ce fait ne sont donc pas rigoureuses. C’est le 29 mars 1853 que je fis mes observations. Cet arbre, qui avait été écorcé irrégulièrement, avait aussi son bois altéré et détruit tout autour, si profondément qu'il ne restait plus qu'une portion minime du corps ligneux central , à l'endroit de cette dé- cortication, pour soutenir la partie supérieure de l’arbre, et servir de véhicule aux sucs qui montaient des racines. Ce qui restait du bois était si considérablement altéré que l’arbre semblait divisé en deux parties vivantes, l’une supérieure, l’autre inférieure, unies par un axe de bois mort. Il était soutenu par des perches fixées à ses branches et à celles des tilleuls voisins. Ce tilleul, placé vers le milieu de l'allée qui suit les bâtiments du château, près de la porte qui est vis-à-vis le bassin des par- terres, avait été planté vers 1780 ; il fut écorcé en 1810 par des tombereaux employés à des terrassements. Il avait donc trente ans, et était par conséquent fort et vigoureux quand l’accident Jui est arrivé. En 1853, sa cime, taillée comme celle des tilleuls de cette avenue, était élevée de 5 à 6 mètres; son diamètre, au-des- sus de la partie altérée, était de 20 centimètres; le diamètre de la partie inférieure égalait 18 centimètres ; la portion en voie de destruction était de 32 centimètres de longueur, du côté du nord, et elle commençait, de ce côté, à 57 centimètres au-dessus du sol. Vers le sud, l’altération était beaucoup plus étendue ; elle commençait au niveau de la terre et montait jusqu’à 1 mètre 5 cen- timètres. La figure de la partie malade est donc très irrégulière, ainsi que le montre le dessin que j'en donne ic (pl. 14). Le corps ligneux de cette surface dépourvue d’écorce était si vermoulu et si desséché , si réduit dans la région moyenne de la nécrose, qu’on l’eût dit entièrement mort. Son plus grand dia- mètre, qui était de l’est à l’ouest, n’avait que 10 centimètres ; et le plus petit, du sud au nord, n'avait que 5 centimètres 1/2. Autorisé par le directeur des cultures, M. Souchet, je détachai un peu du bois mort superficiel, et je pus reconnaître que la partie . L DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 245 centrale vivait encore, mais qu'elle n'avait plus que 2 centimè- tres 1/2 d'épaisseur. Elle avait tout l'aspect d’un bois jeune et vi- goureux, et elle était pleine de sues. Aïnsi, c'était par un axe li- gneux de 2 centimètres 1/2 d'épaisseur et d’une largeur qui ne pouvait être beaucoup plus grande, que passaient tous les liquides puisés dans le sol par les racines, dans leur trajet de ces organes vers les parties supérieures de l'arbre. Bien que cet axe ligneux vivant fût aussi limité, la végétation de ce ülleul n’en paraissait pas ralentie, et, le 29 mars, ses bour- geons étaient tout aussi nombreux et aussi avancés que ceux des arbres environnants de même espèce; il s'est couvert comme eux de feuilles et de fleurs. Sur ma recommandation, M. Souchet eut l’obligeance d’obser- ver l’époque de la chute des feuilles cette année-là, ce qu'il n'avait pas fait antérieurement ; et il remarqua que ces organes étaient entièrement desséchés dès le mois d'août. Cette observation con- corde avec plusieurs autres que je déerirai plus tard. Il est une circonstance importante à noter dans l’histoire de cet arbre singulier : c’est qu’il existait à la base de la partie vivante inférieure, surtout du côté de l’ouest, des broussins épais de 5 ou 6 centimètres, d’où naissaient de nombreuses petites branches qui pouvaient exercer une grande influence sur l'entretien de la vie dans cette partie inférieure du tronc, laquelle n’était pas en com- munication par l’écoree avec l'extrémité foliacée. Ces brindilles, par les feuilles qu’elles portaient , satisfaisaient donc, dans une certaine mesure, aux besoins de la respiration si nécessaire à l'existence des arbres , qui périssent infalliblement quand cette fonction est longtemps suspendue, soit dans leurs racines , soit par la suppression complète et continuelle de leurs feuilles (4). La présence de ces petites branches, bien qu’elles eussent été souvent détruites, puisque la plus forte n'avait que 2 centimètres de diamètre, n’était probablement pas étrangère à la prolongation de la vie dans cet arbre pendant plus de quarante ans après l'enlè- vement de l'écorce. (1) Je sais que cette importance des feuilles est contestée par quelques bota- nistes ; je reviendrai sur cette question à la fin du mémoire. (Note de l'auteur.) a 316 A. TRÉCUL. —— DE L'INFLUENCE La destruction du bois a donc été très lente ; mais dans ces der: nières années, elle paraît avoir marché avec plus de rapidité ; car dans l’espace d’un an, d’après les mesures prises en 1852 par M. Souchet, et par moi en 1853, l'épaisseur de la couche né- crosée pendant cette année aurait été de À centimètre, c’est-à-dire qué le diamètre du bois vivant, déjà si réduit, avait diminué de 2 centimètres. Aujourd'hui, cet arbre n'existe plus, il est mort en 1854. Il est vrai que mon exploration et celle de M. Souchet, bien qu’elles n'aient mis à découvert qu'une étendue extrêmement minime du bois vivant, pourraient bien avoir contribué à hâter sa fin. Voici un autre exemple de même genre rapporté par M. le doc- teur Lindley, en 1852, dans le Gardener’s Chronicle(13 novembre, p. 726). Il consiste en un vieux pommier élevé contre un mur exposé au sud, dont une branche , plusieurs années auparavant , avait été endommagée près de sa jonction avec la tige, et cepen- dant elle avait continué à vivre, bien que le point d’union eût été réduit à la plus petite portion possible de duramen, et que l'écorce et l’aubier manquassent. Ce cas serait bien plus étonnant encore que notre tilleul ; car, dans celui-ci, j'ai parfaitement constaté que le bois central avait tous les caractères de l’aubier, tandis que dans le pommier du Gardener’s Chronicle, l'aubier serait complétement détruit, il ne resterait que du duramen. Mais il est bien probable que ce pom- mier ne vivra pas quarante-trois ans, si, dans l’espace de quelques années, ce bois a été si considérablement réduit. Au reste , à part l’état de son corps ligneux , il se trouverait dans des conditions plus favorables que le tilleul de Fontainebleau , puisque les au- tres branches de ce pommier pouvaient suffire à la conservation de la vie dans la partie inférieure du trone. L'idée que j’émets ici , que la vie étant conservée dans la partie inférieure de l'arbre par des rameaux adventifs où normaux doit aider à préserver de la mort les portions placées au-dessus de la décortication, me semble incontestable ; et c’est là que réside la solution du problème posé à la science par le tilleul de Fontaine- bleau ; mais les botanistes n’ont pas envisagé la question de cette DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 3117 manière : ils ont raisonné comme si la partie inférieure de cet arbre continuait à vivre sans le secours des feuilles avec lesquelles elle n'était plus en communication directe. C’est là ce qu'ont voulu expliquer les défenseurs de certaines théories fort ingé- nieuses , mais inexactes ; et c’est Ià ce qui causait l’étonnement d'hommes mieux instruits des phénomènes physiologiques par des études mieux dirigées. Ainsi, la question est bien simplifiée ; car, 4° le tilleul de Fon- tainebleau n'avait point 4",10 de circonférence au-dessus de la décortication, et seulement 59 centimètres au-dessous , de sorte que, si cela eût existé, le trone se serait considérablement accru en diamètre du côté des feuilles, tandis qu'il serait resté station- naire à l'extrémité opposée , comme on le supposait ; 2 ce tilleul était muni de rameaux foliacés à la base. En réalité le tronc avait, comme je l'ai dit, 60 centimètres de circonférence au-dessus de la partie écorcée et 54 au-dessous , de manière que pendant les quarante-trois ou quarante-quatre ans qu'a duré cet état de choses, l'accroissement n’a varié que de 2 centimètres en diamètre dans les deux parties. Cette différence n’a plus lieu de nous étonner, puisque les fonctions des feuilles, ou mieux de la respiration, car les racines mêmes respirent, ne s'exerçaient pas en haut et en bas dans la même proportion. L'exercice de toutes les fonctions étant assuré dans les deux moitiés de l'arbre, la portion dénudée seule avait à lutter contre les agents extérieurs. Conservant elle-même toute sa vitalité, elle transmettait à la partie supérieure les sucs que l’inférieure puisait dans le sol par les racines. Mais comment conserva-t-elle cette vi- talité? Les conditions pour la partie centrale du tronc n'étaient réellement pas bien changées ; car, en admettant que les sues cor- ticaux lui soient nécessaires, elle ne les reçoit jamais directement. C’est toujours par l'intermédiaire des tissus plus extérieurs, rayons médullaires ou autres, que ces sucs lui arrivent. Or, il est prouvé, par une multitude d'expériences positives, par des sections faites dans tous les sens, par exemple, que dans le corps ligneux, les sucs peuvent cireuler dans toutes les directions. Les sues corti- caux pourraient donc arriver à la partie vivante du bois décor- 3h8 A, ŒRÉCUL, — DE L'INFLUENCE tiquée, du tronçon supérieur ou de l’inférieur, ou bien de tous les deux à la fois. Je suppose ici les conditions les plus défavorables puisqu'il n’est pas démontré que ces sucs corticaux soient utiles à ces par- ties ligneuses. Maintenant, tous les arboriculteurs savent que le bois du Tilleul reste fort longtemps à l’état d’aubier, et la partie centrale de celui dont 1l s’agit jouissait, ainsi que je l'ai dit, de toutes les propriétés de ce dernier état ; il n’est donc pas surpre- nant que ces éléments organiques aient continué à exercer leurs fonctions jusqu'au moment où chacun d’eux fut attaqué par les agents atmosphériques. S'il en est ainsi, me dira-t-on, pourquoi n'observe-t-on pas plus souvent ce phénomène? D'abord, il parait qu'il n’est pas aussi rare qu’on pourrait l’imaginer ; M. Gaudichaud le dit commun, et les exemples qu'il cite dans son Organographre, p. 24 , et qu’il représente, pl. XVIT, fig. 4, 2 et 7, étaient même munis de ra- meaux adventifs très développés, si l’on en juge par les figures 4 et 2. Et puis, il faut avoir égard à l'espèce, à l’âge de l'individu et à la vigueur de cet individu. Tel meurt d’une lésion très légère, tel autre résiste aux effets de blessures excessivement graves. Les décortications annulaires sont toujours dangereuses pour les végétaux; cependant, quand on prend certaines précautions, leur cicatrisation est facile sur certaines espèces, surtout si la plaie n'est pas fort étendue (exemple , l’Orme). Je ne parle pas ici de ces petites circoncisions que pratiquent quelquefois les horticulteurs pour obtenir plus de fruits et pour les faire muürir plus tôt ; je ne parle que des décortications annulaires assez étendues pour que la réparation de la plaie soit impossible lorsque celle-ci est exposée à l’air libre, qui dessèche la surface des tissus dénudés, et empêche la production d'éléments organi- ques nouveaux en assez grande quantité pour recouvrir la surface mise à nu. Du Petit-Thouars, dans son Douzième essai sur la végétation, en parlant de la circoncision, dit (p. 255 ) « que l’arbre ne périt pas » quand même la plaie n’a pas été mise à l’abri du contact de l’air; mais je remarque, à la page 256, qu'il dit qu’au-dessous du DÉS DÉCORTICATIONS ANNULAIRES, 3h9 bourrelet mférieur il part souvent des scions qui croissent quel- quefois avec rapidité. La naissance de ces scions plaçait évidem- ment ces arbres dans les mêmes conditions que notre tilleul. Bien que Du Petit-Thouars prétende que l'arbre ne périsse pas, on trouve an bas de la même page la petite note suivante, qui au- rait dû l’engager à émettre son assertion avec quelques restric- tions. Voici cette note : « Sur une vingtaine d'espèces d'arbres que j'ai soumises l’année dernière à cette opération, il n’y en a que trois ou quatre qui lui aient survécu. » Du Petit-Thouars était un observateur aussi habile que conscien- Cieux. Avait-il une opinion préétablie , il la posait nettement, sans hésitation ; puis, à côté de ce qu'il jugeait comme des arguments favorables à cette opinion , 1l produisait toujours les faits les plus contraires à son idée favorite lorsqu'ils étaient tombés sous son observation. Ce qu'il fait iei à propos de l'influence de la cireonci- sion sur les arbres , 1l l’a fait contre sa théorie phytogénique ; il a mis en avant, comme des difficultés très graves, qu’il reconnaissait ne pouvoir expliquer par sa théorie, des faits qui auraient suffi pour en détourner un esprit moins convaineu que le sien ( voyez p. 253, 25h, etc. ). On voit, par ce qui précède, qu'il est important que les observa- teurs qui enregistreront des faits touchant cette question, constatent bien l’état de la surface de ces arbres au-dessous de la circoncision, et qu'ils aient égard au temps pendant lequel ces plantes ont con- tinué de végéter depuis l’opération ; car je suis incliné à penser, d’après les observations que j'ai faites, que des arbres qui ont été écorcés circulairement, et sur lesquels il n’est pas né de bourgeons sur la partie inférieure du tronc, meurent ordinairement dans l’es- pace d’un petit nombre d'années. Je ne prétends pas affirmer que la présence de ces jeunes scions puisse toujours les sauver ; mais , d’après les citations que je viens de faire, 1l se pourrait qu’ils exerçassent beaucoup d'influence sur la conservation de ces arbres. Je ne donne ces réflexions que comme des présomptions basées sur un petit nombre de faits; l'expérience viendra les confirmer ou les contredire ; je ne les inscris ici que pour attirer sur ce point 390 A. TRÉCUL. — DE L'INFLUENCE important l'attention de toutes les personnes qui s'intéressent au progrès de la botanique, et de la physiologie en particulier. Les expériences que j'ai faites au Muséum d'histoire naturelle , on le sait, avaient pour but d'étudier, soit la production du bois et de l'écorce par l’aubier décortiqué , soit la production du bois par l'écorce seule. Les résultats que j'ai obtenus sont consignés dans les tomes XIX et XX de la troisième série des Annales des sciences naturelles. Ces expériences ont élé très variées , et elles m'ont fait voir que toutes les fois que la communication entre les parties supérieure et inférieure à la décortication annulaire n’était pas rétablie, les arbres mouraient à une époque plus ou moins rappro- chée. Si l'arbre continue à vivre, comme le tilleul de Fontainebleau, l’action de l’air et de l’humidité, en détruisant ses tissus dénudés, _entrainera nécessairement sa mort un peu plus tôt ou un peu plus tard. Je vais donc maintenant parler d'arbres qui ont succombé plus vite des suitès de semblables décortieations. J'avais cru, jusqu’à ces dernières années , qu’un arbre dont les racines et la partie inférieure du tronc, à la hauteur de 2 mètres, étaient mortes l’année précédente, ne continuerait pas à s’accroître en diamètre dans sa partie supérieure , et à donner des bourgeons adventifs. C’est pourtant ce que j’ai observé, et ce que j'ai fait con- stater par plusieurs botanistes, entre autres par MM. Ad. Bron- gniart, Pépin, etc. Ce sont deux Paulownia imperialis qui m'ont donné lieu de faire ces observations. Ils avaient subi chacun deux décortications annulaires simultanées au printemps de 1852. Sur l’un d'eux, qui avait 15 centimètres de diamètre, chaque décortication avait 22 cen- timètres de longueur, et elles étaient placées à 35 cenümètres l’une de l’autre ; l’inférieure était à 1 mètre 43 centimètres du sol, et la supérieure à 2 mètres. J'avais gratté la partie supérieure de la plus élevée pour prévenir toute communication avec les feuilles par les éléments fibro-vasculaires récemment formés. Ces deux décortica- ions furent ensuite enveloppées de toile enduite de caoutchoue , avec les précautions que j'ai indiquées dans la seconde parte de mon mémoire sur la Reproduction du bois et de l'écorce par le bons DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 304 décortiqué ( Ann. se. nat., 3° série, t. XIX ). Elles donnèrent des productions fibro-vasculaires et corticales qui ont été décrites dans le mémoire cité, mais qui étaient imsuffisantes pour satisfaire à une réparation complète, d'autant plus que la partie supérieure de la plus élevée avait été grattée. Ces productions fibro-vaseulaires, qui n'avaient aucune relation directe avec les feuilles, ont vécu jusqu’à l'hiver; mais pendant cette saison, n'ayant point été protégées contre le froid, exposées à l’action des agents atmosphériques , elles furent tuées par les gelées qu'elles eurent à supporter à plu- sieurs reprises, ou plutôt elles moururent avec toute la partie mfé- rieure de l’arbre. L'écorce altérée de celle-ci s’en détachait par lambeaux au printemps suivant. Pour m'assurer de l’état des racines, j'en fis déterrer quelques-unes, et je vis qu’elles étaient rñortes, ainsi que toute la souche. Le bois de lextérieur du tronc étant mort, il m'importait de vérifier si le bois intérieur vivait encore, Pour atteindre ce but, je fis à la décortication inférieure une ouver- ture de 6 centimètres de longueur et de 4 4/2 de largeur, par la- quelle j'enlevai tout le bois central , de manière qu'il y avait une cavité interne de 8 centimètres 1/2 de diamètre. Je constatai ainsi que le corps ligneux était entièrement privé de vie, en sorte que les liquides qui pouvaient monter des racines étaient obligés de traver- ser cet anneau ligneux, à travers lequel les portait la capillarité , et peut-être aussi la succion exercée par la partie supérieure de l'arbre qui était restée vivante, si toutefois 1l y avait ascension de liquides. Pendant tout l'hiver, j'avais surveillé l’action alternative de la pluie et du froid sur la partie inférieure de mes Paulownia, et sur mes productions cellulo-vasculaires nouvelles. Je vis périr succes- sivement ces productions sur les parties décortiquées, ainsi que l'écorce et le bois de la base des arbres. La morts’étendit jusqu'aux racines. Néanmoins, toute la partie supérieure du tronc, les grosses branches et les principaux rameaux , restèrent vivants. J’attendis avec impatience Île printemps pour voir ce qui en résulterait. Dans le courant de mai, je fus agréablement surpris de voir les cellules de la couche la plus interne de l'écorce se gorger de sucs, comme si l'arbre eüt été en bonne santé, et l'écorce se détacher avec faci- 352 A. TRÉCUL. — DE L'INFLUENCE lité comme celle des autres Paulownia, qui n'avaient pas subi d'opération. Le développement des éléments corticaux et fibro-vasculaires reprenait donc sa marche habituelle (je m'assurai, par l'examen microscopique , de la nature des tissus formés); et cépendant il n'existait sur l'arbre aucun bourgeon, car ceux de tous les jeunes rameaux ne se développèrent pas, ceux-ci étant morts pendant Phiver. : La reproduction utriculaire qui se mamifestait dans ce que l’on est convenu d'appeler la couche génératrice, ne pouvait done être attribuée à l’action vivifiante des bourgeons, puisqu'il n'y en avait pas ; mais, plus tard, quelques bourgeons adventifs se développèrent sur mes deux Paulownia. Les premiers parurent seulement vers le commencement de juin; ils naquirent près de l'insertion des branches inférieures sur le tronc. Quelque temps après, j'en observai d’autres sur les branches, à la jonction de leurs rameaux principaux. Ils apparurent done de bas en haut, c’est-à-dire que ce sont ceux qui étaient insérés le plus bas sur l'arbre qui se sont montrés les premiers ; il en parut ainsi successivement pendant assez longtemps. Ces bourgeons n'étaient pas vigoureux; les plus grands rameaux qu'ils produisirent en s’allongeant n’atteignirent que 15 à 20 centimètres de longueur. Quand je déterrai les racines de ces Paulownia, elles contenaient une abondante quantité d'humidité. Je ne sais si elles fournissaient au tronc, par les seules forces de la capillarité, beaucoup de ma- lières nutritives ; il me paraît bien probable que la vie était surtout entretenue par celles qui étaient accumulées dans la tige et dans les branches. Cependant il ne serait pas impossible qu’une petite quan- tité de liquides eùt monté des racines à travers le corps ligneux mort de la partie inférieure de l'arbre. Le second Paulownia , qui avait supporté deux décortications dans des conditions un peu différentes (la supérieure, large seule- ment de 5 centimètres, avait toujours été exposée à l'air ; l’infé- rieure, de 30 centimètres, avait été recouverte comme les précé- dentes), avait donné des résultats identiques. Dans ces arbres, la vie se maintint pendant une grande partie DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 309 du second hiver, mais la végétation ne se réveilla pas au printemps de 1854. L Ces phénomènes vitaux, dans de telles circonstances, me parais- sent fort remarquables. Pourtant, je n’en voudrais pas exagérer l'importance ; car ils pourraient être, jusqu’à un certain point, comparés à ces arbres, abattus et placés dans des lieux frais, qui donnent naissance à quelques bourgeons adventifs , ou déve- loppent quelques-uns de ceux dont ils étaient pourvus avant d’avoir = été coupés. Toutefois, je crois devoir faire remarquer que les con- ditions sont bien différentes, car mes Paulownia étaient debout, et leur partie inférieure était morte très lentement ; la partie supé- rieure, à partir de la décortication la plus haute, était au contraire restée vivante. Je ferai remarquer aussi qu'il s’est passé un au- tomne et un hiver entre les deux végétations, et que les bourgeons adventifs qui sont nés ont commencé à paraître seulement au mois de juin, c’est-à-dire longtemps après que la végétation eut repris Son cours dans la partie supérieure de ces arbres, à l’époque pré- cise à laquelle elle se manifeste dans les arbres de même espèce à l’état normal, vers le commencement d'avril. En faisant connaître ces curieux phénomènes, j'ai principale- ment pour but de montrer la végétation dans sa progression dé- croissante sur des arbres qui ont subi les mutilations qui nous occupent. Les partisans d’une théorie qui n’est plus soutenable, après l'examen des faits que j'ai décrits dans mes diversmémoires, pour- ront voir là un argument favorable à leurs idées favorites ; ils pour- ront cire : la vie se maintient dans la partie supérieure de l'arbre, parce que à est le siége ordinaire des bourgeons. Cette objection m'a été faite verbalement; mais elle n’est pas fondée, car ce sont précisément les jeunes rameaux de l’année qui sont morts les pre- miers; ce ne sont pas eux, par conséquent, qui entretiennent la vie, la végétation , dans les branches et dans le tronc, au-dessus de la décortication. Ce ne sont pas non plus huit à neuf bourgeons adventifs, qui ne sont nés qu’au mois de juin, quatre ou cinq mois après la mort des plus jeunes rameaux, et seulement lorsque la vé- gétation était la plus active dans le tronc et dans les branches. 4e série. Bor. T. IIT. (Cahier n° 6.) 5 23 35 A. TRÉCUL. — DE L'INFLUENCE En admettant toutes les conditions les plus favorables à la théorie des fibres radiculaires descendant des feuilles, c’est-à-dire en supposant que ces bourgeons adventifs se fussent développés sous l'influence de la végétation de quelque reste des bourgeons nor- maux qui sont morts, par exemple, sous l'influence de leur pro- longation radiculaire, telle que peuvent l’imaginer les défenseurs de cette théorie (ce qui du reste en sortirait complétement) ; en admettant, dis-je, ces circonstances purement hypothétiques, il semblerait naturel de croire que les bourgeons adventifs doivent apparaitre dans le sens de l'allongement de ces prétendues racines, c’est-à-dire de hauten bas. Nous avons vu que c’est précisément le contraire qui a lieu. J'ai dit plus haut que le développement de ces bourgeons s’est effectué d’abord à la base des principales branches, et qu'ils se sont montrés successivement de bas en haut. Si j'insiste autant sur ce sujet, ce n’est pas parce que je crois ces arguments nécessaires au soutien des principes que je professe, Les phénomènes anatomiques et organogéniques que j'ai décrits sont plus que suffisants pour celui qui voudra renouveler mes expériences. Je ne produis 1ei ces objections que pour montrer ce qu'il y aurait d'irrationnel à vouloir ürer de ces faits des preuves en faveur de la théorie des fibres radiculaires envoyées par les feuilles pour accroître le diamètre des végétaux. Quelques autres arbres , plus robustes que des Paulownia , et que je n'ai pas vus mourir tous parce que quelques-uns ont été arra- chés trop {ôt pour que je puisse terminer mes observations à cet égard, m'ont aussi présenté des phénomènes assez remarquables pour que je eroie utile de les rapporter ici, bien que plusieurs rentrent dans ce qui a été dit déjà par quelques auteurs. La chute plus précoce des feuilles sur des arbres décortiqués cireulaire- ment, par exemple, a été signalée par Duhamel. Cette chute pré- coce s’est préséniée sur tous mes arbres, au moins la seconde année. Pendant la première, je ne remarquai pas qu’elles fussent tombées plus {tôt que sur les individus qui n’avaient pas été soumis à une opération. Parmi ces arbres, il y avait des ormes, un marronnier DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 309 d'Inde, un tilleul, un noyer, des robiniers, un érable, un gleditschia. | Le marronnier et le noyer périrent les premiers. Il donnèrent la première année des feuilles et des fleurs comme à l'ordinaire ; les fruits nouëèrent, mais je n’ai pas noté qu'ils fussent arrivés à maturité. La seconde année, ils produisirent des feuilles et des fleurs comme la première, seulement leurs feuilles tomberent vers la fin de juillet, et ils périrent vers la fin de l’année. Quelque- _ fois les feuilles se dessèchent tout à coup ; il semblerait qu’elles aient été brülées : c’est ce qui est arrivé pour les feuilles de mon marronnier; c’est aussi ce qui a fait dire à M. Gaudichaud (Or- ganographie, p. 21), en parlant d'arbres qui avaient suecomhé dans les mêmes circonstances : « Deux sont morts en août 1834, par l’effet des grandes chaleurs. » C’étaient précisément des mar- ronnmiers ( Æsculus Hippocastanum). I me parait bien certain que la chaleur ne les eût pas tués s'ils n'avaient pas été écorcés cir- culairement. | Le noyer, de 9 centimètres de diamètre, avait une décortica- tion annulaire de 25 centimètres, qui fut protégée contre l’action des agents extérieurs. La décortication du marronnier, qui avait 12 centimètres de diamètre, était de 50 centimètres de longueur. Préservée du contact de l'air, elle végéta bien d’abord, mais elle fut envahie par des moisissures qui firent périr ses productions. La décortication du noyer ne donna que quelques plaques cellulo- vasculaires de peu d’étendue. Le Tilleul, qui n’avait que 7 centi- mètres de diamètre, se comporta à peu près de même la pre- mière année ; il n’en. fut pas ainsi la seconde, car ses rameaux supérieurs ne donnèrent pas de feuilles, et il mourut pendant l'hiver suivant. Les autres arbres vivaient encore quand on les à enlevés, pen- dant l’hiver de 1854 à 1855. Un jeune orme, de 12 centimètres de diamètre, très vigoureux , dont la décortication était de 50 centi- mètres de longueur, donna des feuilles et des fleurs la première année comme les autres ormes; il donna aussi des feuilles et des fruits en 4853, mais ses feuilles tombèrent vers la fin de juillet; en 1854, ses plus jeunes rameaux ne produisirent pas de feuilles, 996 A. TRÉCUEL. — DE L'INFLUENCE surtout les supérieurs ; celles qui se montrèrent se desséchèrent de bonne heure, pendant que quelques-uns des plus petits rameaux inférieurs en développaient de nouvelles, qui ne vécurent que jus- que vers le commencement d’août. La végétation de cet orme eut pu aller ainsi en S’appauvrissant pendant un an ou deux tout au plus, s'il n'avait pas été arraché avant sa mort. Les Robinia et le Gleditschia donnèrent des signes de déca- dence analogues, et d'abord sur leurs jeunes rameaux, comme les arbres précédents. Ils eurent, la première année, beaucoup de feuilles et des fleurs. Les robiniers, qui étaient de fort petit dia- mètre (l’un de 6 centimètres 1/2, l’autre de 7 centimètres) péri- rent dès la fin de la seconde année. Quant au Gleditschia, qui avait 9 centimètres de diamètre , il se comporta d’abord à peu près comme l’orme ; puis, la troisième année, il ne produisit plus que quelques bourgeons adventifs près de l'insertion de ses bran- ches et de ses rameaux principaux ; les supérieurs, étant morts , demeurèrent stériles. C’est alors qu'il fut enlevé. Surtous ces végétaux, les expériences furent faites de très bonne heure, dans la première quinzaine d'avril, avant l’élongation des bourgeons; sur un jeune Robinia de 6 à 7 centimètres de dia- mètre, et sur trois Paulownia, l'un de 14 centimètres de dia- mètre et deux de 42, chez lesquels les décortications ne furent pratiquées qu’à la mi-juin, c'est-à-dire lorsque la végétation était dans toute sa vigueur, les conséquences en furent immédiatement de la plus grande gravité, et les résultats tout différents de ce que j'ai obtenu sur les deux Paulownia dont j'ai parlé d’abord. Une décortication en hélice avait été pratiquée sur le Robinia , et abandonnée au contact de l'air; bien qu'elle n'empêchàt pas toute communication par l'écorce entre les deux extrémités de l'arbre, les jeunes rameaux de l’année, très vigoureux, longs de 75 centimètres à À mêtre, se flétrirent promptement , se cour- bérent au bout de quelques jours et furent bientôt desséchés. La partie supérieure du tronc, que l’on avait étêté au moment de sa plantation, donna au mois d'août de nouveaux scions qui périrent au mois de septembre. La partie inférieure de l'arbre développa des bourgeons adventifs dont la végétation fut très active ; elle con- DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES, 997 inua de vivre, mais le sommet languit et succomba des suites de cette opération. Chez les trois Paulownia, deux décortications annulaires avaient été exécutées le 12 juin ; un anneau de bois , de 4 à 5 millimètres de profondeur, avait même été enlevé à la base de la décortication inférieure, qui avait été faite dans des conditions spéciales qu'il est inutile de rapporter ici, parce qu'elles ont été décrites ailleurs. Ces décortications inférieures avaient ensuite été garanties du con- *_ tact de l'air; les supérieures au contraire furent abandonnées à Pair libre. Les conséquences de cette opération se firent sentir sur-le- champ. Une demi-heure après, les feuilles des rameaux inférieurs se flétrissaient, s’affaissaient ; les parties herbacées de ees rameaux eux-mêmes s’infléchirent comme les feuilles. Ce phénomène se re- produisit des rameaux inférieurs aux supérieurs, de sorte que, dans l’espace de deux heures, toutes les feuilles des trois arbres étaient flétries, excepté néanmoins les deux ou trois plus jeunes de chaque pousse de l'année, qui, incomplétement développées, sont restées rigides plus longtemps que les autres; peu à peu cependant elles perdirent aussi leur rigidité ; enfin , toutes ces feuilles se détachèrent des arbres les unes après les autres, de manière qu'au bout de onze jours, le 23 juin, il n'y en avait plus une seule sur ces trois Paulowmia. Les jeunes rameaux périrent promptement, et la mort s’étendit progressivement aux branches et au tronc. | Chez deux de ces arbres, l'expérience ne réussit pas, ils mou- rurent tout à fait; chez le troisième, sur lequel Popération avait été disposée plus favorablement, la partie située au-dessus des décortications périt seule dans le courant de la seconde année. La partie inférieure, gorgée de sucs, me donna les résultats que j’a- vais espérés de mes expériences ; ils ont été consignés dans mon mémoire intitulé : Production du bois par l'écorce. Au printemps de la seconde année, cet arbre donna, près de sa base , des bour- geons adventifs qui y conservérent la vie jusqu’au moment où il fut arraché. | Les conséquences diverses résultant de ces opérations, suivant 298 A. ÆRÉCUL. — DE L'INFLUENCE que celles-ci ont été faites au commencement du printemps ou à la fin, se comprennent sans qu'il soit à peine nécessaire de les expli- quer. On conçoit très bien, en effet, que si l'opération a été faite à la mi-juin, lorsque la couche ligneuse récente était déjà considé- rable, cette couche, qui conduit les sues des racines aux jeunes rameaux et aux feuilles, aussi bien et mieux même que les couches plus centrales, parce qu’elle est en rapport plus direct avec ces organes, cette couche, dis-je, étant interrompue par sa section transversale, comme dans les trois Paulownia , ou desséchée sur les parties parcourues par la spirale écorcée, comme dans lé Ro- binia, prive tout à coup les jeunes rameaux et les feuilles d’une abondante quantité de sucs. Les nouveaux tissus de la tige encore imparfaitement constitués, gorgés de sucs, souffrant de la même suppression, en sont aussi très profondément affectés, et meurent plus où moins longtemps après les feuilles. Quand , au contraire , la décortication a été opérée au moment où la végétation commence sur le trone, avant l'épanouissement des bourgeons , ceux-e1 ne subissant aucune diminution dans la quan- tité de leur matière nutritive, puisqu'ils n’ont pas commencé à s’accroitre, peuvent donc se développer, pour ainsi dire, normale- ment. D'un autre eôté, la multiplication cellulaire, qui se fait hori- zontalement sur toutes les faces latérales du tronc et des branches, et la multiplication fibro-vasculaire qui en est la conséquence, s’ef- fectuent comme à l'ordinaire, moins considérable peut-être, mais elle a lieu. Rien n'est done changé d’une manière appréciable pour cette année-là; mais, les années suivantes, il n’en est plus de même : les couches ligneuses , mises À nu par les décortications , se dessèchent, et les personnes qui ont fait des expériences de cette nature savent quelle quantité énorme de liquide s'échappe souvent par ces plaies. Les tubes de verre dont Duhamel et Meyen environ naient les parties dénudées , se remplissaient de séve, et j'ai fré- quemment trouvé les mêmes espaces , sous mes toiles enduites de caoutchouc, presque entièrement ou tout à fait remplis de liquide. Il se fait done , quand les plaies sont à nu , une déperdition consi- dérable de substances alimentaires par cette surface dénudée ; de plus, ces tissus exposés à l'air s'allèrent , el c’est la partie la plus DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 309 vivante qui se détruit ainsi la première, celle qui peut aider le plus et avec le plus d'efficacité à la nutrition des bourgeons et des jeunes rameaux, quand l’aubier se change vite en duramen. Les jeunes rameaux ont employé à leur accroissement une grande partie de la matière nutritive qu'ils ont reçue pendant l’an- née de leur naissance ; la provision qu'ils ont faite est peu considé- rable ; elle est utilisée, pendant la seconde année , à produire des brindilles qui sont souvent chétives. Recevantune nourriture insuf- _fisante, ces rameaux s’épuisent et meurent à la fin de la première, de la deuxième, ou plus rarement de la troisième année. Les rameaux de deux, de trois ans, etc., succombent successi- vement. Les plus volumineux, et les branches, chez lesquels les tissus vivants sont considérables, persistent plus longtemps ; ils donnent alors naissance à quelques bourgeons adventifs, mais épuisés à leur tour ils finissent par périr. D'un autre côté, la partie inférieure de l'arbre a besoin de l'in- Îluence des feuilles; et, dans le pommier cité par le Gardener's Chronicle, dont une seule branche avait été écorcée à sa base, les autres branches exercaient cette action bienfaisante. Mais comment, me dira-t-on, le tilleul de Fontainebleau a-t-il vécu quarante-quatre ans après avoir été décortiqué ? C’est bien probablement parce que la vie a été entretenue, dans la partie inférieure, par tous les bour- geons adventifs développés en brindilles couvertes de feuilles dont j'ai parlé. La vie étant ainsi conservée dans cette partie du végétal, la circulation à pu se faire à travers le corps ligneux qui, dans Île Tilleul, comme l’on sait, reste fort longtemps à l’état d'aubier. C'est pourquoi la circulation se concentrait de plus en plus vers l’axe du trone de cet arbre singulier, À mesure que la surface se désor- ganisaif. | Je sais bien que, se basant sur ce que la souche d’un orme dont le tronc avait été coupé à quelques pieds au-dessus du sol, a été vu donnant quelques couches ligneuses sans le secours des feuilles , puisque l’on enlevait les bourgeons adventifs à mesure qu'ils appa- raissaient, quelques personnes sont portées à croire que les feuilles ne sont pas nécessaires à cet accroissement (4). Il me semble que (4) Gardener's Chronicle, 1852, octobre, p. 643. 360 A. TRÉCUL, — DE L'INFLUENCE c'est là ne pas apprécier les phénomènes à leur juste valeur. En eflet, les feuilles, par la fonction respiratoire qui s’accomplit en elles, et que, il faut bien l’avouer, nous ne connaissons guère, con- courent, au moins indirectement, à l’élaboration des matières nu- triives qui servent à la multiplication utriculaire, ou qui, s’accu- mulant dans les diverses parties du végétal, sont ensuite employées à son accroissement, C’est pour cela que lorsqu'un arbre a été abattu, sa souche ne périt pas nécessairement. Les matières ali- mentaires réunies dans cette souche et dans les racines servent à la nutrition des jeunes tissus de la couche génératrice. Celle-ei ne recevant plus la séve descendante qui les féconde, emprunte aux tissus anciens, corticaux ou ligneux, les substances nutritives dont ils ont besoin pour se multiplier, pour donner de nouvelles couches ligneuses et corticales, et des bourgeons adventifs. Mais cet accrois- sement ne continuera pas ainsi indéfiniment. Si l’on enlève les bourgeons qui se développent , la provision des substances nutri- tives s’épuise, et la souche meurt. Cette provision alimentaire doit donc être renouvelée. La nature pourvoit de deux manières à ce renouvellement : L° par le déve- loppement de bourgeons adventifs, de feuilles par conséquent; 2 par l'influence des feuilles des arbres voisins, de même espèce, lorsque les racines de notre souche sont soudées avec celles de ces arbres. Ce fait, reconnu par Dutrochet, n’est pas encore admis par tous les botanistes ; et pourtant, rien n’est plus exact. Je l’ai constaté sur le T'axodium distichum des forêts marécageuses de la Louisiane, si intéressant d’ailleurs par les belles excroissances coniques qui s'élèvent de ses racines, quelquefois jusqu’à la hauteur de 4 mètre et 75 centimètres. J'ai vu plusieurs fois des racines de deux arbres voisins mises à nu par les eaux, et greflées. Les souches de quel- ques-uns, privées de leur tronc, qui avait été coupé à 50 ou 60 cen- timètres au-dessus du sol, continuaient à végéter avec vigueur ; il y en avait de 50 à 75 centimètres de diamètre qui étaient creuses au centre. Leurs productions ligneuses et corticales, débordant de tout le pourtour de la troncature, s'étaient étendues en lames de 4 à 2 centimètres d'épaisseur sur la surface de celle-ci, qu’elles recou- DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 961 vraient entièrement ; etmême, dans quelques cas, ces productions ayant gagné les bords de la cavité centrale, s'y prolongeaient en s’enfonçant dans son intérieur. La végétation est si intense dans cet arbre, que des copeaux, ne tenant plus au tronc que par une lame étroite d'aubier et d’écorce, sont recouverts quelquefois sur leur face interne par lesproductions qui naissent de leurs bords. Au reste, cette vigueur de la végétation est plus commune qu'on ne le croit. Le Paulownia, si connu par la facilité avec laquelle il se multiplie par des boutures, m'a offert des exemples bien remar- quables. Enlevant du tronc, pour mes études, des petits fragments pourvus de bois et d’écorce, lorsque l'arbre était en pleine végéta- tion, et les conservant dans ma boîte avee d’autres plantes, ces pe- tits fragments continuaient à végéter ; la multiplication utriculaire était si grande qu’elle donnait souvent lieu à de gros bourrelets inégaux et tuberculeux, à la jonction du bois et de l'écorce. Ces faits prouvent que le tronc de ces arbres peut augmenter en diamètre sans le concours de fibres radiculaires descendant des feuilles; mais ils ne prouvent pas que ces feuilles ne soient pas nécessaires à cet accroissement, ainsi que certains botanistes in- chinent à le penser. On a invoqué aussi contre l'influence des feuilles sur cet acerois- sement des végétaux , le développement que prennent certains tu- bercules et certaines racines, après que les tiges et les feuilles ont été enlevées. Il faut bien se garder d’assimiler des faits qui ne sont pas assimi- lables ; toutes les plantes n’ont pas le même mode de végétation. La Truffe / Tuber cibarium) ne végète pas comme l’Orme, et l’Orme aune végétation différente de celle de la Patate ou de l’Ipo- mœa de Sello, qui, d’après les expériences rapportées par le Gardener's Chronicle, peuvent évidemment s’accroître beaucoup sans le concours des feuilles. I paraît, d’après les mêmes expéri- mentateurs, qu'ilen serait de même des tubercules des T'ropæolum. Cependant il semble bien établi, d’un autre côté, que la récolte de la Pomme de terre est d'autant moins abondante que les feuilles ont été enlevées à une époque plus éloignée de la maturité, Cela résul- 302 A, ŒMRÉCUL. — DE L'INFLUENCE terait des observations faites par Anderson en Angleterre, et par M. Mollerat. Voici les chiffres donnés par Anderson, et cités par M. le comte de Gasparin dans son magnifique Cours d'agriculture, talVyp: 48 à Anderson'a constaté que les feuilles enlevées le 2 août diminuaient la récolte de. . . . . . 1 A kr DE DR EUR un à 0,60 DETTE ARRET PS CRE RRTRERENT EU 0,55 CR AMOR ENTRE UT ON RSI CU AU 0,325 lecbanaseamubehre hoc 0e a) ste ue bp 0,245 16 1,0 ÉD Sur hs hr hnerélcule done 0,110 la récolte ayant été faite le 28 octobre. Quant à la Patate et à l’Zpomæa de Sello, s’il leur a été donné, comme au T'uber cibarium, de s’assimiler immédiatement ce qu'ils prennent au sol et à l’air qui le pénètre, oh ne peut pas induire de là que la souche de l’Orme jouisse des mêmes propriétés, de manière à pouvoir prolonger indéfiniment son existence sans le secours des feuilles, par cela seulement que l’on a vu une telle souche former quelques couches de bois, ‘bien que l’on ait eu soin d'enlever tous les bourgeons adventifs qui se développaient à sa surface. Conclusions. De ce qui précède il paraît résulter : 1° Qu'un arbre qui a subi une décortication annulaire d’une cer- taine étendue, et qui ne se recouvre pas, doit mourir par sà partie supérieure, au moins dans un temps plus ou moins rapproché. 2 Pour que la partie supérieure d'un arbre survive longtemps à l'opération, il paraît nécessaire que la vie soit entretenue dans la partie inférieure du tronc par le Fe een de bourgeons adventifs. 9° Pour que la vie se conserve dans la arte supérieure, il faut encore que la nature du corps ligneux soit telle que la circulation puisse s’y continuer au centre à mesure que la surface se détruit : de tels arbres succombent par la destruction graduelle du corps ligneux sous l'influence des agents extérieurs. | DES DÉCORTICATIONS ANNULAIRES. 363 he Dans les arbres que j'ai opérés at commencement du prin- temps, la végétation n’a pas été interrompue la première année : les arbres ont continué à vivre deux ou plusieurs années. 5° La partie supérieure des arbres qui ont été opérés au milieu de juin est morte dans l’année. 6° Chez mes arbres écorcés circulairéement, les feuilles, sinon la première année, au moins la deuxième et les suivantes, sont mortes dans le mois de juillet ou d’août. 7° Les rameaux supérieurs sont morts les premiers ; les ra- meaux inférieurs et les branches ont donné quelques ce 6 adventifs et ont ensuite succombé. 8° Deux arbres dont les racines et la base du tronc étaient en- tièrement mortes, ont continué à végéter dans la partie supé- rieure aux décortications. EXPLICATION DE LA FIGURE. PLANCHE A4. Elle représente un tilleul de Fontainebleau qui fut écorcé circulairement en 1810 par des tombereaux employés à des terrassements. Ce tilleul continua sa végétation jusqu'à la fin de 4854, bien que le tronc fût réduit, à l'endroit de la décortication, à une partie minime du corps ligneux. SUR LA FÉCONDATION ET LA GERMINATION DES ALGUES, Par M. N. PRINGSEHEEM (1!) La croyance à la sexualité des plantes ne s’est établie que lente- ment dans la science : sans doute , l’analogie qu’on admettait à cet égard entre les animaux et les plantes portait à présumer l'existence desexes chez ces dernières ; mais avant que l'observation et l’expé- rience eussent fourni sur ce sujet des données positives, la science (4) Monalsbericht der Koenigl. Preuss. Akad. der Wissensch. zu Berlin, cahier de mars 1855, p. 133-165, avec une planche. Tiré à part en brochure in-8 de 33 pages et une planche double coloriée. 361 N. PRINGSHEIM, -— SUR LA FÉCONDATION sérieuse ne pouvait se contenter de conjectures qui n'avaient pour base qu’une hypothèse non démontrée. Au reste, la vive dispute littéraire qui, à différentes époques, a eu lieu entre les partisans et les adversaires de la sexualité des plantes , et qui s’est prolongée jusqu'à ces derniers temps , a suffisamment montré qu'il était né- cessaire d’étayer la doctrine des sexes dés plantes par de meilleurs arguments qu'une analogie supposée avec les animaux. Mais comme les grandes différences morphologiques que les plantes des différentes divisions du règne végétal présentent entre elles, quant à leur structure et à leur accroissement, peuvent faire penser qu'il existe une ligne de démarcation entre celles qui ont des sexes et celles qui en sont privées , il faudrait, pour dissiper tous les doutes , que la question de la sexualité füt résolue pour toutes les classes de végétaux. Les sexes des Phanérogames , la nécessité de l'union du boyau pollinique et de l’ovule végétal pour la formation de l'embryon, ne peuvent plus être contestés aujourd’hui. Les organes sexuels des Cryptogames supérieures sont aussi déjà connus, grâce à la persé- vérance infatigable de physiologistes encore vivants; mais nous n'avons encore que de simples conjectures sur la manière dont 1ls prennent part matériellement à l'acte de la fécondation, et même sur la nécessité de leur concours. Chez les Floridées, les Fucoïdées, les Lichens et les Champi- gnons, des observations, tant anciennes que récentes, nous ont du moins fait connaitre des organes auxquels peuvent appartenir les fonctions sexuelles. Enfin les recherches les plus récentes entreprises pour démon- trer l’existence d’anthéridies chez les Algues d’eau douce, à part quelques indications heureuses, sont restées complétement sans ré- sultat. Cet état de nos connaissances sur les sexes des végétaux est encore peu satisfaisant; car s’il ne suflit pas de savoir qu’il existe chez eux des organes différents auxquels peuvent être assignées les fonctions sexuelles, et s’il faut de plus démontrer le concours de ces organes pour la formation de la graine ou de la jeune plante, il est certain que la sexualité, même dans les divisions du règne végétal, ET LA GERMINATION DES ALGUES, 369 dans lesquelles on connait déjà des organes qu’on regarde comme sexuels, n’est pas encore démontrée avee une précision qui dissipe tous les doutes. Les arguments sur lesquels est basée la doctrine de la sexualité chez les Cryptogames ne consistent, à proprement par- ler, que dans l'analogie des formations contenues dans les anthéri- dies avec les spermatozoïdes des animaux, dans quelques observa- tions isolées sur la stérilité des Mousses et Rhizocarpées femelles en l'absence des plantes ou des organes mâles ; enfin sur l’existénce . des Fougères hybrides. Ces faits rendent sans doute très vraisemblable l'importance des anthéridies, mais ils ne suffisent pas pour l’établir scientifique- ment. Ce qui manque encore pour une démonstration claire et con- vaincante, c’est d’avoir vu, au moins dans un cas,le spermatozoïde végétal pénétrer dans l'organe femelle, et d’avoir constaté son action sur celui-ci avec une parfaite netteté. Or c’est ce qui reste encore à désirer pour les Cryptogames tant inférieures que supé- rieures. Sans doute, les observations de M. Thuret (4), qui a démontré ex- périmentalement la sexualité des Fucacées, ont une grande impor- tance, mais elles laissent encore quelque incertitude à l'égard des phénomènes relatifs à la fécondation : l'observation directe des faits visibles est infiniment plus démonstrative que des expériences, surtout M. Thuret n’ayant fait connaitre que les résultats auxquels il est arrivé, sans indiquer avec précision la manière dont il a procédé. Ses expériences démontrent la nécessité du concours de deux organes pour la formation de la jeune plante, mais elles n'indiquent pas comment a lieu l’acte même de la fécondation. L'auteur reconnait aussi la valeur des assertions de M. Suminski, qui dit avoir vu les spermatozoïdes pénétrer dans l’archégone du Pteris serrulata, et l'importance de l'observation de M. Hofmeister qui a observé des faits analogues chez l’Aspidium Filix ; mais il fait observer que, dans ces deux cas, le tissu qui entoure l'arché- gone rend l'observation exacte des faits très difficile, et que le (4) Voy. Comptes rendus, vol. XXXVI, p.745, et Ann. des scienc. nal., Le série, vol. IT, p. 5 et suiv. 366 N. PREINGSHEIN. -— SUR LA FÉCONDATION hasard peut seul favoriser un observateur , au point de lui décou- vrir la marche intime du phénomène. Dès lors on doit regarder comme une circonstance très heu- reuse que j'aie pu réussir à voir le phénomène complet de la féeon- dation chez une plante qui permet de suivre avec toute la clarté et la netteté désirables, jusque dans les détails les plus minutieux, la pénétration des spermatozoïdes dans l'organe femelle. Cette plante possède, en effet, une organisation tellement avantageuse, qu'on peut observer chez elle, sans préparation et dans leur état naturel, les organes reproducteurs ; la transparence de son organe femelle permet mème d’y suivre exactement l’action des sperma- tozoïdes pendant toute sa durée... D'ailleurs mes observations ayant été faites sur le Vaucheria sessilis, l'une des Algues d’eau douce dont la structure est la plus simple.….., il n’est pas permis de douter que la sexualité ne soit une propriété essentielle de tous les organismes , et qu’elle ne se montre dans une analogie merveilleuse chez les animaux de l’organisation la plus élevée comme dans les plantes cellulaires les plus simples. I. Le J’aucheria possède , outre la multiplication non sexuelle par les zoospores , une véritable reproduction sexuelle opérée à l’aide des deux organes connus sous la dénomination de cornicule (das Hoernchen) et de spore de ces végétaux. Déjà Vaucher, qui a vu le premier ces organes, soupçonnait l'importance des cornicules, qu'il prenait pour des anthères, et il admettait que la poussière fécondante qui, d’après lui, remplissait tout le tube, venait sortir par ces cornicules. Ce naturaliste , dont les observations datent déjà de plus de cinquante ans, ne pouvait, avec les moyens qu'offrait son époque et avec les seules connaissances qu’on eût alors de la vie végétale, reconnaitre plus profondément la véri- table marche du phénomène. L'opinion de Vaucher sur l'importance des cornicules était beau- coup plus près de la vérité que les idées des algologues modernes sur une copulation de cet organe avec la spore adjacente, idées que contredit la situation relative de l'ouverture de ces deux parties, soit avant, soit après la fécondation. ET LA GERMINATION DES ALGUES. 367 Voiei quelle est la marche véritable de la fécondation chez les V'aucheria, ainsi que celle du développement de leurs deux organes sexuels, la cornicule et l’organe courbe adjacent, qu'il serait plus convenable de nommer sporange que spore. Ces deux organes se relèvent en papilles et comme de simples rameaux de l’utricule- tube , non loin l’un de l’autre; ordinairement la papille qui doit devenir la cornicule apparait plus tôt que celle qui doit donner Ja spore (fig. 1). Dés l'origine, ces deux mamelons se distinguent par * la différence de leurs dimensions avec une telle netteté, qu'il n’est guère possible de les confondre l’un avec l’autre. Bientôt celui qui doit devenir le cornicule s’allonge en un rameau court, eylindrique, grêle , qui s'élève d’abord perpendiculairement au tube , qui se recourbe ensuite pour se diriger vers celui-ci, qui se recourbe souvent encore une seconde, une troisième fois , et qui finit tou- jours par former un rameau plus ou moins enroulé, présentant souvent plusieurs tours en limaçon. C’est généralement à l’époque où la cornicule commence à se courber pour ia première fois que se montre la papille destinée à devenir le sporange adjacent ; cepen- dant l’époque de son apparition n’est pas parfaitement fixe, et elle a lieu tantôt de très bonne heure , lorsque la cornieule est encore tout à fait droite, tantôt beaucoup plus tard, après que ce même corps s’est déjà recourbé, et qu'il a formé ainsi deux portions presque de même longueur. | La papille destinée à devenir le sporange se renfle peu à peu en une grosse excroissance latérale du tube, qui surpasse beaucoup en largeur la cornicule, mais qui n’a, d’un autre côté, qu’une lon- gueur à peu près égale à celle de la portion droite de cette dernière (fig. 2). Cette excroissance, d’abord symétrique vers tous les côtés, envoie ensuite un prolongement en forme de bee dirigé vers la cornicule, ou le processus rosiriforme du sporange, d’où celui-ci prend sa forme caractéristique , qui est celle d’un ovule demi- anatrope (fig. à). Jusqu'à cette époque , aucune cloison ne sépare la cavité de la cornicule, ni celle du sporange de celle du tube qui les porte, et l’intérieur des trois se trouve ainsi en parfaite conti- nuité. La cornicule et le sporange présentent, en outre, un contenu semblable à celui du tube, Un grand nombre de granules de chloro- 268 N. PREINGSHEIM, -— SUR LA FÉCONDATION phylle, ayant pour portion fondamentale un plasma albuminoïde, jamais de la fécule, et des gouttelettes d'huile de grosseur variable, forment un revêtement épais à l’intérieur du tube, du sporange et de la cornicule. Entre ce revêtement granuleux et l’épaisse mem- brane cellulosienne proprement dite, se trouve une couche très mince de substance incolore, que j'ai nommée couche-membrane du contenu cellulaire (Hautschicht der Zellinhaltes). Le sporange se distingue encore, à ce que les gouttelettes d'huile s'y ramassent en très grande quantité, et paraissent en remplir exactement la cavité. A cette époque du développement, il se forme subitement à la base du sporange une cloison transversale, et, dès ce moment, cet organe forme une cellule indépendante, entièrement distincte du tube (fig. 4). Avant même que cette séparation ait lieu, on voit dans le processus en bec de ce corps une matière incolore, très finement granuleuse, se ramasser lentement ; c’est la matière même qui recouvre intérieurement la paroi du tube et du sporange, et que j'ai nommée couche-membrane. L’agglomération de cette matière augmente de plus en plus après la formation de la cloison qui sé- pare le sporange du tube, et elle refoule ainsi graduellement, en arrière et vers la base du sporange, tout le reste du contenu : les gouttes d'huile, la chlorophylle et Le plasma. Pendant que ces mo- difications s’opéraient, la cornicule a, de son côté, subi des chan- gements très remarquables. À son extrémité, qui, pendant tout le développement de l’organe, se comporte absolument comme le sommet des rameaux végétatifs en voie d’accroissement du Vau- cheria, le contenu s’est presque complétement décoloré par dispa- rition de la chlorophylle; 1l ne reste plus ensuite que quelques grains de chlorophylle äisséminés çà et à en quantités plus ou moins grandes. Ainsi la cornicule sembie maintenant, comme le sporange, remplie d’une substance incolore, qui n’est cependant pas due à l’accumulation de la couche-membrane à cette place, mais bien à une modification de forme et de couleur du contenu qui se trouvait d'abord à cette extrémité. Cette différence dans le mode de formation de la substance incolore qui se trouve , d’une part, au bout de la cornicule, et ET LA GERMINATION DES ALGUES. 969 d’une autre à celui du sporange, mérite bien d’être remarquée ; elle se rattache essentiellement aux différentes destinations de ces deux substances. Dès que le contenu de l’extrémité de la cornicule s’est décoloré comme il vient d’être dit, il paraît formé d’une sub- stance mucilagineuse, très finement granulée, qui ne laisse encore rien distinguer nettement dans sa manière d’être. Maintenant, lorsque cette transformation du contenu à eu lieu, l'extrémité de l'organe, dans toute sa portion décolorée, se sépare subitement de . la portion inférieure, encore verte , par une cloison; elle forme ainsi une cellule distincte soit du tube, soit de la portion basilaire de l’organe lui-même. La cloison se forme donc ici, non pas à la base, comme pour le sporange, mais vers le milieu ; seulement la place où elle se produit n’est pas fixe, et la portion extrême de la cornicule qu'elle isole est tantôt plus grande, tantôt plus petite. Après la formation de la cloison dans la cornicule, le mucilage incolore de son extrémité prend peu à peu une forme plus arrêtée, et l’on y reconnait bientôt aisément un grand nombre de petits bâtons rapprochés en sens différents, dont un certain nombre sont encore entourés de mucilage incolore ou qui y sont enfoncés. Dés ce moment, une observation attentive fera reconnaitre dans quel- ques-uns d’entre eux un mouvement prononcé, et qui indique une tendance à se porter en avant. L'état parfait de la cornicule coïncide avec l’époque où, dans le sporange, la couche-membrane est arrivée à son plus grand déve- loppement dans le processus en bec, et ces états des deux organes précèdent immédiatement la fécondation. En effet, la pression exer- cée par l'accumulation toujours croissante de la couche-membrane sur les parois du sporange, et particulièrement vers le processus en bec devenant toujours plus forte, la membrane de cet organe se rompt enfin à son bec, et la matière qui à déterminé sa rupture sort par l’ouverture (fig. 6). La portion sortie se sépare de celle qui est restée dans le sporange, en présentant tous les phénomènes qui accompagnent la division lente d’une matière mucilagmeuse en deux parties, et en montrant ainsi, avec la plus grande netteté, qu'elle n’est pas entourée d’une membrane ; elle s’arrondit ensuite en une goutte mucilagineuse, qui reste dans le voisinage de l’ou- ke série. Bor. T. III. (Cahier n° 6.) 4 24 970 N. PRINGSHEIM. — SUR LA FÉCONDATION verture du sporange, et, sans s'organiser le moins du monde, elle absorbe de l’eau, et finit par disparaitre (fig. 7 et 8). L’accumula- tion de la couche-membrane dans le sporange, vers le processus en bec, et l'expulsion d’une partie de cette matière constituent le seul mécanisme qui produit l'ouverture destinée à l’entrée des sperma- tozoïdes. Immédiatement après que le sporange s’est ainsi ouvert, par une coïncidence merveilleuse, la cornicule s'ouvre aussi à son extrémité, et verse son contenu à l’extérieur (fig. 5). D’innom- brables eorpuscules, extrêmement petits , en forme de bâtonnets, dontbeaucoup sont déjà complétement libres, mais dont plusieurs aussi sont encore englobés dans le mucilage, au milieu duquel ils ont pris naissance, sortent à la fois par l’orifice de la cornicule. Ceux qui sont déjà isolés se dirigent dans tous les sens par un mouvement d'une rapidité extraordinaire ; ceux qui sont encore baignés dans le mucilage s'en dégagent peu à peu, et suivent rapi- dement les premiers. Bientôt le champ du microscope est couvert de ces bâtonnets locomotiles. Au nombre de vingt, trente ou davan- tage, ils pénètrent dans l'ouverture adjacente du sporange, et ils la remplissent presque entièrement (fig. 9). Ils arrivent à la portion de la couche-membrane , qui est restée dans l’intérieur du sporange ; celle-ci, quoique n'étant encore limitée par aucune membrane vi- sible , s'oppose néanmoins, par l'effet de sa consistance en muci- lage dense, à ce qu'ils pénètrent plus avant. Pendant plus d’une demi-heure, ils continuent à s’insinuer vers la couche-membrane ; repoussés à sa limite, ils reviennent en arrière, s'avancent de nou- veau, et continuent sans relâche ce mouvement de va-et-vient , offrant ainsi à l’observateur un spectacle singulier. Ce phéno- mène dure depuis quelque temps, lorsque tout à coup on voit appa- raitre une ligne-limite nette sur la surface extrême de la couche- membrane (fig. 10); c’est la première indication d’une membrane qui se forme autour de cette matière. A partir de ce moment, les corpuseules locomotiles sont séparés de la couche-membrane par une membrane qui empêche leur action ultérieure surson contenu. À la vérité, ils continuent à se mouvoir dans le processus en bec, et leur mouvement dure souvent encore pendant une heure; mais il devient de plus en plus lent, et il cesse enfin tout à fait. Pendant ET LA GERMINATION DES ALGUES: 971 plusieurs heures après l’accomplissement de la fécondation, on voit encore ces corpuseules en repos et morts dans l’intérieur du pro- cessus, au-devant de la spore qui s’est produite dans le sporange, jusqu'à ce qu’enfin ils disparaissent sans laisser la moindre trace. Comme la portion de la couehe-membrane , qui est restée dans le sporange au-devant du contenu vert, forme une masse épaisse de substance incolore et transparente, derrière l'ouverture de cet or- oane , il en résulte qu’on aperçoit avec la plus grande netteté l'entrée des bâtonnets locomotiles, c'est-à-dire des spermatozoïdes du J’aucheria, dans l'orifice du processus en bee, ainsi que leurs efforts continuels contre la matière de la couche-membrane, efforts qui semblent montrer qu'ils veulent pénétrer dans cette substance. J'ai vu même quelquefois avec beaucoup de netteté, quelque temps après que les spermatozoïdes avaient pénétré dans le sporange, un de ces corpuscules, plus gros et incolore, se montrer subitement à la limite de la couche -membrane; mais (fig, 10) jusque-là on ne voit jamais le moindre indice de ce cor- puscule dans cette matière. Son apparition subite après la fécon- dation , sa situation excentrique relativement à cette substarice , sa consistance et son aspect, ne permettent pas de douter que ce corpuscule ne soit dû à un spermatozoïde qui s’est introduit dans celle-ci. Plus tard, je montrera quelque chose d’analogue dans l’acte de la fécondation chez les Fucacées; je veux faire seulement remarquer ici que la fécondation ne s'effectue pas entre une cellule déjà formée et nn ou plusieurs spermatozoïdes ; mais que l’action des spermatozoïdes s'exerce sur le contenu du sporange, et que c’est seulement après l’acte de la fécondation que celui-ci devient une cellule pourvue d’une membrane, ou la vraie cellule embryon- naire. Relativement à la structure des spermatozoïdes (1) du Fau- cheria, je me contenterai de dire que, pendant leur mouvement, ils se montrent comme des bâtonnets oblongs de la grosseur de 1/180° de ligne. Tués par l’iode pendant leur mouvement, ils ne m'ont pas présenté de structure particulière ; au contraire , ceux qui, sans avoir pénétré dans l'ouverture de la spore , mouraient (4) M. Pringsheim tient à ce nom. (Rédact.) DE N. PRINGSHEIM --— SUR LA FÉCONDATION après avoir nagé pendant longtemps, se montraient sous la forme de petites vésicules transparentes, mesurant également 1/180° de ligne ; ils présentaient un point bien marqué , sombre, mais non brun, et, comme je l'ai vu avec la plus grande netteté, deux cils, dont un long et un court. Leur mouvement a évidemment plus de ressembiance avec celui des corps contenus dans les anthéridies des Fucus qu'avec celui des zoospores. On a vu plus haut que la portion de la couche-membrane, restée dans l'intérieur du sporange après sa rupture au sommet, ne s’entoure d’une membrane qu'après la fécondation, c’est-à-dire après l'entrée des spermatozoïdes, et qu’alors seulement se forme une cellule remplissant exactement le sporange, c’est-à-dire la cellule-embryonnaire. La formation de cette membrane ou cel- lule embryonnaire chez les Vaucheria est un des faits les plus dé- monstratfs en faveur de l’opinion que j'ai déjà publiée au sujet de la naissance des parois cellulaires par transformation immédiate de la couche-membrane (utricule primordiale). La séparation d’une partie de cette couche prouve que , au moment de l'ouverture du processus en bec, le contenu du sporange n’est pas entouré d'une membrane. Mais on reconnaît en même temps que la couche- membrane qui, même après la sortie d’une portion de sa masse par l'ouverture, ‘enveloppait encore le contenu vert, et qui se pré- sentait en une couche plus sensiblement épaisse du côté qui regar- dait cette ouverture , diminue visiblement lors de la formation de la membrane qui suit la fécondation , et qu'elle décroît toujours à mesure que cette membrane gagne en épaisseur (fig. 40, 44, 12,13). lei on peut presque suivre de l'œil la transforma- tion de la couche-membrane en membrane. Celle-ci gagne ensuite peu à peu en épaisseur; plus lard, elle paraît formée de nom- breuses couches minces, et elle s'applique partout contre la mem- brane du sporange qui reste ouverte en avant (fig 14). La couche- membrane, d'abord si fortement développée, ne laisse presque pas de traces plus tard, quand une fois la membrane de la spore pro- prement dite s’est formée ; il n’en reste qu’un revêtement des parois extrêmement mince. Le contenu vert du sporange, qui avait été refoulé en arrière par l’accumulation de la couche-membrane,s’est ET LA GERMINATION DES ALGUES. 979 répandu de nouveau peu à peu et uniformément dans la spore, et, de même que dans toutes les cellules, 1l forme une assise épaisse sous la paroi. Ainsi , la véritable spore formée par la fécondation repré- sente une grosse cellule qui remplit totalement le sporange, et dont l’épaisse membrane, formée peut-être par suite de la fécon- dation, et certainement après cet acte, paraît épaissie par couches. Elle est enveloppée de tous les côtés par la membrane du sporange encore existante, qui est ouverte en avant, et qui s’allonge pour former le processus en bec. La spore persiste quelque temps dans cet état, sans se déta- cher du tube sur lequel elle est née. La couleur de son contenu, qui, au moment de sa formation, était un beau vert, pàlit peu à peu ; la spore devient enfin tout à fait incolore , et ne présente dans son intérieur qu'un ou plusieurs corps plus gros et d’un brun sombre (fig. 14 et 16). Lorsqu'elle à complétement pàli, elle s’isole du tube, parce que la membrane du sporange commence à se décom- poser (fig. 17). Au bout d’un temps assez long , environ trois mois, d’après ce que j'ai observé, celte spore, qui est facile à reconnaitre aux grains brun rouge qui se trouvent dans sOn inté- rieur, commence subitement à redevenir verte (fig. 18), et, peu après, elle s’allonge en un jeune tube de Y’aucheria, parfaitement semblable à la plante-mère (fig. 19, 20. Comme l’apprend une observation attentive, c’est la couche la plus interne de son épaisse membrane qui, en s’accroissant , peree les couches externes , et s’allonge pour former le jeune tube, absolument comme je l'ai décrit antérieurement pour la spore des Spirogyra en germination. La germination de cette spore prouve que la cellule qui s’est formée sous l'influence des spermatozoïdes , est la véritable cel- lule reproductrice des Vaucheries produite par un acte sexuel. IT. La fécondation des Fucacées a lieu d’une manière analogue à celle du Vaucheria. M. Pringsheim a répété à Helgoland , avec beaucoup de soin , les expériences intéressantes de M. Thuret, en se servant du Fucus vesiculosus, qui, à, se montre dioïque. I a obtenu les mêmes résultats que l’habile observateur français ; il a cherché aussi à reconnaître, avec l’aide du microscope, l'influence 97 N. PRINGSHEIM. —— SUR LA FÉCONDATION matérielle des spermatozoïdes sur les spores de cette plante, et voici en résumé les résultats de ses recherches. Chez le Fucus vesiculosus, ce n’est pas non plus la spore qui est fécondée. La prétendue spore de cette plante est une grande cellule à parois épaisses, portée sur un pédicule court, unicellulé, et toute remplie d’un contenu granuleux. A la maturité ce contenuse divise en huit parties, en spores partielles ou sporidies ; il ést expulsé de la membrane épaisse et transparente de la spore, et: s'échappe par l'ouverture du conceptacle (fig. 21). Ceci a lieu d'ordinaire quand le flux laisse la plante à sec. À ce même moment les anthé- ridies sont rejetées par les plantes mâles ; au reflux , elles s’ou- vrent de la manière décrite par MM. Thuret et Decaisne, et laissent sortir les spermatozoïdes qui, se dirigeant de tous les côtés, arrivent aux sporidies ramassées devant les ouvertures des con- ceptacles femelles. Ces sporidies, qu’englobait une gelée commune au moment de leur sortie (fig. 21), se sont maintenant isolées par suite de la disparition de cette gelée. On voit très bien que chacune d'elles est enveloppée d’une couche gélatineuse très mince , inco- lore (fig. 22), et qu'elle ne possède pas encore de membrane de cellulose à elle propre. C’est ce dont on peut s'assurer parfaite- ment, surtout en observant les deux dernières sorties de la spore (fig.21, a). En effet, ces deux sporidies se prolongent , d’un côté, ‘en pointe; et lorsqu'elles s’isolent, elles changent de forme, ce que rendrait impossible la présence d’une membrane. Ce sont ces masses sans membrane enveloppante, ou ces spores partielles, revêtues seulement d’une mince couche gélatineuse , qui reçoivent les spermatozoïdes , et qui, après la fécondation, se développent en jeunes Fucus. Le premier indice de leur germination est l’appa- rition, sur leur contour , d’une membrane résistante, due ici encore évidemment à une transformation de leur enveloppe gélatineuse, et qui se montre à peu près vingt-quatre heures après la rencontre des spermatozoïdes. Aussitôt que la membrane s’est formée autour des sporidies , on découvre au-dessous d’elle nombre de petits grains brun rouge qu'on n’y voyait pas auparavant (fig. 23). Ces petits corps appa- raissent à la limite de la sporidie en même temps que la membrane ET LA GERMINATION DES ALGUES. 879 qui constitue l'enveloppe de cette dernière, et ils ne disparaissent que plus tard, quand la sporidie fécondée est en voie de développe- ment (fig. 24). L'auteur ne doute nullement que ces grains ne soient des spermatozoïdes qui ont pénétré dans la matière fécondée. Il résulte donc de ce fait que , comme chez le Vaucheria , l'acte de la fécondation ne consiste pas dans l’action des spermatozoïdes sur une cellule déjà dépouillée de sa membrane, mais dans la pénétra- tion d’un ou plusieurs spermatozoïdes dans une matière granuleuse encore dépourvue de membrane, et que cet acte seul détermine /a formation d'une membrane qui enferme à la fois cette matière, et les spermatozoïdes qui y ont pénétré. La spore-mère chez les Fucus, et le sporange chez le Vaucheria, ont organiquement la même valeur que la cellule centrale de l’archégone chez les Fougères et les Mousses, et que le sac em- bryonnaire des végétaux phanérogames. L'auteur dit s'être assuré que , dans cette cellule centrale de l’archégone, la véritable cellule embryonnaire ne se forme qu'après l'entrée des spermatozoïdes autour d’une portion du contenu, et en entourant ainsi les sperma- tozoïdes qui s’y sont introduits. Il se demande si le même phéno- mêne n'aurait pas lieu chez les Phanérogames, et si l’extrémité du boyau pollinique , qui s’introduit dans le sac embryonnaire de ces plantes, ne cacherait pas dans son intérieur les spermatozoïdes. II espère, dit-il, pouvoir publier avant peu ses observations sur ce sujet. | | IT. Chez les Floridées, on a trouvé depuis longtemps des organes qu'on à regardés comme des anthéridies. Après la découverte des filets spiraux par M. Unger chez les Mousses, et par M. Nægeli chez les Fougères, on à voulu retrouver des corps analogues dans toutes les anthéridies. M. Nægeli a dit les avoir observés dans celles des Floridées; mais il est certain aujourd'hui qu'il s’est trompé, et qu'il n'existe rien de pareil dans les anthéridies de ces Algues. Maintenant, comme on sait que la fécondation , chez les Fucus et les Vaucheria, est due à des corpuscules motiles très différents des filets spiraux, on est obligé d’admettre que plusieurs formes diffé- rentes de corps spontanément mobiles remplissent chez les végétaux les fonchons des spermatozoïdes animaux. 210 N. PRINGSHEIM. -— SUR LA FÉCONDATION Il est tout aussi important de reconnaitre quels sont les organes des Floridées fécondés par les anthéridies que de montrer l'exis- tence de ceux-ci. Pendant le court séjour qu'il à fait à Helgoland, M. Pringsheim n’a pu faire sur ce sujet des recherches compa- rables à celles de M. Thuret. Il a tâché cependant de contribuer à résoudre la question en observant la germination du Ceramium rubrum. On ne connaît que peu de recherches de ce genre sur les Floridées, et il reproche aux botanistes à qui on les doit de ne les avoir pas poursuivies assez longtemps pour qu’on püût être sûr que la plante provenue de la spore était semblable à la plante-mère. Les Ceramium se prêtent très avantageusement à cette étude, sur- tout quand on a, comme l'auteur, préalablement déterminé la loi qui préside au développement de leur tige, et qui permet de les reconnaître toujours. Or cette loi est que ces Algues s’accroissent par une cellule terminale, de laquelle proviennent , par divisions successives et horizontales, les différents articles ; et que les pre- mières cellules de la couche corticale sont dues à des parois obliques qui se produisent dans les cellules des articles dans une direction de haut en bas, et de dedans en dehors. Ces premières cellules corticales se subdivisent ensuite plusieurs fois. Dans sa sermina- tion , la tétraspore du Ceramium suit la même loi; elle-même constitue la cellule terminale de la jeune plante. Lorsque celle-ci ne possède encore que deux ou {rois cellules, on y voit la forma- tion des articles par division de la cellule terminale, et celle des premières cellules corticales par division oblique des cellules- articles. On peut donc y reconnaitre déjà des Ceramium avec sûreté. | M. Pringsheim croit pouvoir conclure de ses observations, que les tétraspores des Floridées servent, comme des bourgeons, à une reproduction non sexuelle de ces végétaux , tandis que les spores conceptaculaires, ou sont les véritables organes sexuels femelles des Floridées, ou qu'elles produisent du moins, comme les spores des Fougères, un organe qui remplit en quelque manière les fonctions sexuelles femelles. IV. Pour les Fucoïdées d’Agardh, la démonstration de l’exis- tence des anthéridies chez les vraies Fucacées ( Angiospermées, ET LA GERMINATION DES ALGUES. 277 Kütz.) n’est déjà plus un fait isolé. M. Thuret a découvert ces or- ganes chez le Cutleria. M. Pringsheim, de son côté, les a trouvés, il y a déjà deux ans, chez le Sphacelaria tribuloïdes. La cellule terminale du Sphacelaria, qui, tant que la branche est jeune , donne naissance à de nouveaux articles par des divisions horizontales successives , cesse plus tard subitement de se diviser ; elle grossit beaucoup, et constitue dès lors la sphacèle des algolo- ques. Dans l'intérieur de cette sphacèle , comme des cellules ana- logues , se forment ensuite une ou plusieurs grosses cellules , qui sont les anthéridies du Sphacelaria. Le contenu de ces anthéridies, d’abord brun, pâlit peu à peu et paraît obscurément organisé, en matière mucilagineuse finement granulée, incolore , divisée peu nettement en corpuscules arrondis , très analogues au contenu de l’anthéridie des Mousses encore non ouverte. Peu après, la mem- brane de l’anthéridie s’allonge d’un côté en un long prolongement tubuleux qui traverse la paroi de la sphacèle (fig. 25), et qui s'ouvre au sommet. En même temps, commence une vive agitation dans l'intérieur de Panthéridie , et l’on reconnait que l’absence appa- rente d'organisation de son contenu tenait uniquement à l’agglomé- ration de petits corps incolores pressés dans un étroit espace. La plupart de ces corps sortent maintenant avec rapidité par le pro- longement en forme de tube, et ils se meuvent rapidement et libre- ment dans toutes les directions. Ceux qui sont restés dans l’intérieur s’y meuvent aussi, mais avec moins de rapidité. M. Pringsheim a suivi leur mouvement pendant plus d’une heure, tandis qu'il à vu ceux qui étaient sortis s'arrêter après quelques minutes. Le mou- vement de ces derniers, ainsi que celui des spermatozoïdes des Fucacées et du Vaucheria, diffère de la locomotion des zoospores en ce qu'il est interrompu et sautillant, tandis que la locomotion des zoospores est continue et uniforme. Les spermatozoïdes du Sphacelaria représentent de très petites vésicules limpides, sans point obseur ni coloré, et ils ressemblent extrêmement aux cellules-anthéridies des Floridées ; mais ils ont deux cils comme ceux des Fucacées, et ils se meuvent de la même manière que ceux-ci. Hs semblent done intermédiaires à ceux des Fucacées et des Floridées, S'ils se sont arrêtés si promptement dans 378 N. PRINGSHEIM. —— SUR LA FÉCONDATION les observations de M. Pringsheim, la cause en est dans l'absence d'individus femelles. Des anthéridies tout à fait semblables, s’ouvrant de même par un prolongement tubulé, ont été découvertes par l’auteur, l'été dernier , à Helgoland, chez le Cladostephus spongiosus. Ici c’est la cellule terminale des rameaux latéraux verticillés qui devient la cellule-mère de l’anthéridie ou la sphacèle. V. Achlya prolifera (Saprolegnia ferax) se rapproche beau- Coup, sous le rapport physiologique, des Vaucheria, dont il est très éloigné au point de vue systématique. La multiplication non sexuelle par les zoospores a été déjà décrite par MM. Unger, Thuret, Al. Braun, et par MM. Pringsheim et de Bary. Mais, outre les zoospores, cette plante possède encore des spores globuleuses en repos, contenues dans des sporanges de configuration particu- lière. La formation de ces spores dans l’intérieur de leurs spo- ranges a été décrite par M. Pringsheim dans le vingt-troisième volume des Actes del Académie impériale Léopoldine. Y] a vu aussi que ces spores germent de la même manière que celles du V'au- cheria. I a reconnu encore que, avant la formation des spores, le sporange se perce de plusieurs trous, qui certainement sont desli- nés à permettre aux spermatozoïdes d'arriver jusqu'à la matière intérieure qui se divise en spores. Là aussi, l’action des spermato- zoïdes doit s'exercer sur la matière contenue dans le sporange en voie de se diviser, et non organisée encore en spores formées. Parmi les Algues d’eau douce, M. Pringsheïm étudie encore, au point de vue de la fructification, les OEdogonium, Bulbochæte et Coleochæle, qui tous, outre les zoospores représentant la repro- duction non sexuelle, possèdent encore des spores formées très probablement à la suite d’une véritable fécondation. Il a retrouvé dans le sporange des CEdogonium et Bulbochæte une ouverture ou un micropyle permettant l'accès dans l'intérieur de cet organe. Chez les OEdogonium, avant la formation de la spore dans la cel- lule-mère, le contenu se ramasse comme chez le Vaucheria. De même, la membrane du sporange se rompt sur un côté, la couche- membrane sort quelque peu (fig. 26) ; seulement il ne s’en sépare pas une partie comme chez le Vaucheria, mais elle revient sur ET LA GERMINATION DES ALGUES,. 379 elle-même, et, plus tard, tout contenu non encore entouré d’une membrane se {ransforme en spore, très vraisemblablement sous l'action des spermatozoïdes qui ont pénétré par l’ouverture. Cet orifice estici plus petit que chez le V'aucheria, et il forme une fente ovale bien circonscrite (fig. 27). Chez le Bulbochæte, des phénomènes analogues amènent la for- mation, sur la cellule-mèêre, d’une déchirure transversale, plus ou moins au-dessus du milieu (fig. 28, 29). Très souvent aussi, on voit se former plusieurs de ces déchirures transversales, qui sont alors parallèles entre elles. Ces ouvertures sont faciles à voir chez les grosses espèces, comme le Bulbochæte setigera. Les morceaux de la membrane séparés par la déchirure tiennent encore longtemps en place, et tombent en forme de couvercle an moment de la ger- mination des spores. Outre les zoospores et les spores en repos, il existe encore chez ces plantes une troisième sorte de spores qui se forment dans des cellules particulières, petites, très différentes des cellules végéta- tives ordinaires (fig. 60, a). M. AT. Braun les a signalées le pre- mier ; il les a nommées microgonidies, et il a prouvé qu'à la ger- minalion elles ne donnent que de très petites plantes, généralement bicellulées. Ces microgonidies ont tout à fait l’organisation des zoospores ; elles se trouvent avec une régularité remarquable ou sur le sporange , ou dans son voisinage. On les voit chez les OEdo- gontum , tantôt sur la membrane du sporange, tantôt sur une cel- lule située très près de cette membrane, et, chez les Bulbochæte, toujours sur le sporange (fig. 28, 29, 50). Elles s'ouvrent aussitôt qu'elles ont produit une ‘ou deux courtes cellules, et elles versent leur contenu à l'extérieur. Bien qu’on n’y ait pas encore trouvé de spermatozoïdes , lévacuation de leur contenu tout près de l'orifice du sporange chez les OEdogonium, et de ses fentes transversales chez les Bulbochæte, amène nécessairement à penser que cette matière versée au dehors pénètre dans les sporanges, et l’auteur ne doute pas qu'on ne découvre les éléments fécondants des OEdogoniumetdes Butbochæte dans cés plantules provenues des microgonidies. Cette fécondation différerait essentiellement de celle des Vaucheries, puisqu'il n’y aurait pas comme ici les organes des 280 N. PRINGSHEIM. — SUR LA FÉCONDATION deux sexes sur la plante développée, mais qu'il existerait pour l'appareil mâle une formation particulière , un simple proembryon portant les anthéridies. Le développement des spores en repos chez les Bulbochæte n’a pu être observé par M. Pringsheim l'hiver dernier. Les premiers indices d’un développement se sont montrés à l’au- teur au commencement de janvier. La spore à parois épaisses , en- tiérement rouge, a verdi à son bord ; sa couche la plus interne s’est étendue, a percé les couches plus extérieures et la membrane du sporange. C’est ainsi qu’elle est sortie du sporange revêtue seule- ment de sa paroi cellulaire interne et mince, en relevant les parois déchirées en manière de couvercle (fig. 31) ou en en soulevant la moitié (fig. 80). Cette cellule, devenue libre, s’est allongée, en un petit nombre d'heures, en un corps ovoïde-oblong (fig. 32, 33) dont le contenu s’est bientôt divisé en quatre parties superposées (fig. 33). Dès ce moment, on pouvait déjà distinguer sur ces par- es une place latérale plus claire (fig. 33). Pendant que la mem- brane qui enveloppait cet ensemble s’étendait de plus en plus, perdait de sa consistance, se résolvait en gelée, on voyait déjà un faible mouvement des quatre corps verts et rouges. Déjà il n’était plus possible de méconnaître la structure de ceux -ei ; chacun d'eux présentait à sa partie antérieure un point clair, autour duquel se montrait une couronne de cils (fig. 34) ; ils se mouvaient, autant que l’espace le leur permettait, avec une extrême vivacité, en agitant continuellement leurs cils, et en tournant incessamment sur eux- mêmes. Ainsi se formèrent dans l’intérieur de la spore quatre zoospores entièrement semblables de‘structure et de grosseur aux zoospores ordinaires des Bulbochæte, et S'en distinguant unique- ment à ce qu’elles renfermaient encore, du moins en partie, l'huile rouge qui remplit les spores en repos. Ces zoospores, sor- es de leur enveloppe, se fixent et germent. Leur formation rappelle ce qui se passe chez le Chlamydococcus pluvialrs. Chez les OEdogonium , l’auteur n’a pas encore réussi à voir le développement des spores, qui doitavoir lieu de la même manière ; il l’a vu, au contraire, tout à fait identique chez les Coleochæte. Ainsi, tandis que, chez les F’aucherra, l’Achlya, la spore se ET LA GERMINATION DES ALGUES. 381 développe immédiatement en jeune plante, chez les Bulbochæte , Coleochæte, Edogonium, elle n’est que la cellule-mère de zoospores motiles, et ce sont celles-ci qui s'organisent en jeune plante. Enfin la fécondation des Bulbochæte et OEdogonium semble jeter du jour sur la vraie nature des microgonidies , dont l'existence a été dé- montrée par M. Al. Braun dans les familles les plus diverses d'Algues d’eau douce, et dont la présence dans les Algues marines parait constatée par les belles observations de M. Thuret sur quelques familles de Fucoïdées. Il ne reste plus que deux séries d’Algues d’eau douce qui s’écar- tent de ce que l’on connaît maintenant relativement aux relations sexuelles des Algues : ce sont, d’un côté, les Spirogyres et les Desmidiacées, dont les corps reproducteurs sont produits par copulation, et, de l’autre, les êtres analogues aux Oscillaires, que Kützing réunit sous le nom d’Oscillarinées. VI. M. Pringsheim tire des observations ci-dessus les conclu- sions suivantes : 1° Quant à l’essence même de l'acte de la fécondation, les sper- matozoïdes ne fécondent pas une cellule déjà formée ; mais la fé- condation consiste en ce qu'un ou plusieurs spermatozoïdes arrivent jusqu’à un contour cellulaire encore dépourvu de membrane ; cette matière, encore amorphe, ne s’entoure qu'après l’entrée des spermatozoïdes, d’une membrane qui enferme en même temps ces petits corps. Dés lors, la vraie vésicule embryonnaire n’eæiste pas avant la fécondation : elle se forme après que cet acte a eu lieu. 2° Relativement à la fructification des Algues , une reproduction sexuelle a lieu chez ces végétaux, et, de plus, 1l y existe une mul- üiplication non sexuelle ét par bourgeon. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 15. Fig. 1-20. Vaucheria sessilis. Grossissement, 250 diamètres. Fig. 1-4. Phases du développement des organes sexuels avant la fécondation. Fig. 5. Les organes sexuels pendant la fécondation. Fig 6-8. Manière dont l'organe femelle (sporange) s'ouvre, dont la couche- membrane sort et se partage en s'étranglant. 382 N. PRINGSHEIM. — SUR LA FÉCONDATION, ETC. Fig, 9. Arrivée des spermatozoïdes à l'organe femelle avant la formation de la membrane de la cellule embryonnaire {la vraie spore), Fig. 10. Extrémité de l'organe femelle après la formation de la membrane de la vraie spore. Fig. 41 et 42. États plus avancés de la spore après la fécondation. Fig. 13-16. États plus avancés des organes mâle et femelle après la féconda- tion. Ils montrent la destruction lente et graduelle de la membrane de l’or- gane mâle (l'anthéridie formée par l'extrémité de la cornicule) et la coloration progressive du contenu de la spore logée dans l'organe femelle (le sporange). Fig. 47. Spore tout à fait décolorée après qu’elle s’est détachée du tube. Fig. 48. Une spore détachée du tube qui, après trois mois, est redevenue verte, signe du développement qui commence. Fig. 49-20. Germination de spores reverdies. Fig. 21-24. Fucus vesiculosus. Grossissement, 200 diamètres. Fig. 21. Grande spore (sporange) qui a laissé sortir son contenu, c’est-à-dire les huit spores partielles tenant encore les unes aux autres. Fig. 22. Spore partielle isolée avant la fécondation; la place médiane claire montre la véritable cavité cellulaire remplie seulement de liquide, Fig. 23. Spore après la fécondation. Les spermatozoïdes qui sont entrés sont reconnaissables à l'intérieur de la membrane. Fig. 24. Première phase de la germination d'une spore partielle ou sporidie fé- condée. Fig. 25. Sphacelaria tribuloides. Grossissement , 300 diamètres. Fig, 25. Bourgeon secondaire dont la cellule terminale s’est transformée en spha- cèle, s’est vidée en partie, et se montre en partie remplie de spermatozoïdes. Fig. 26-27. OEdogonium tumidulum. Grossissement, 250 diamètres. Fig. 26-27. Sporange pendant (fig. 26 ) et après (fig. 27 ) la formation de l'ou- verture pour l'entrée des spermatozoïdes, Fig. 28-34. Bulbochæte. Grossissement, 250 diamètres. Fig. 28. Sporange du Bulbochæte setigera ; entrée dans le sporange est déjà formée par une fente transversale, Une microgonidie a germé sur le spo- range el a versé Son contenu. Fig. 29. Même état d'un sporange de Bulb. crassa (nov. sp.). Fig. 30-31. Sporanges de Bulb. intermedia, crevés par le développement com- mençant de la spore. La spore couverte seulement par la paroi cellulaire la plus interne ressort du sporange. Fig. 32. La spore sortie s’est un peu allongée. Fig. 33. Son contenu s’est divisé en quatre. Fig. 34. La division est complète ; les quatre zoospores vertes et rouges, qui proviennent du contenu de la spore, se sont déjà complétement développées. FIN DU TROISIÈME VOLUME. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES,. Recherches sur la fécondation des Fucacées et les anthéridies des Algues, par M. G. Taurer. , :. MN ntdol exs 5 Carpographie anatomique, par NE 25 TR sb .tueiukonte sondhet2483 Recherches sur l'endosmose, par M. Michel Lnermire. dit 73 Sur les fonctions et la structure du rostellum dans le Listera ovata, par M. J. Dazrox Hooker. RUN NC NORMES PE DENT 85 Sur l'origine de l'embryon végétal , par le docteur Hermann Scnacur. 188 Notes embryologiques, par M. W. Horwegister. +. “PEOUNONN AS Le prétendu triomphe de la théorie de la fécondation, par M. Huco von Mouz. ; "APP A: OPEN AE ESPN ME 318 Recherches sur les Ponles del Ru hircinum, par M. Fasre, 253 Note sur les organes glanduleux du genre Drosera, par M. Johannes GRroEN- LAND. : : 7 ANNE DIT PT Organisation des nd pédicellées FT, pos rolundifolia, par M. À... Tréeux,. , pics FE rod à. à C0 3 De l'influence des éhndié cap ts toi sur rs végétation de arbrd dicotylédonés, par M. A. Trécur. LEA 341 Sur la fécondation et la germination des hit par Nr. N er UN 363 MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES, Diagnoses nonnullas e Monimiacearum recensione tentata excerptas præ- mittit L.-R. TuLasne. PÉRER Ur L Additamentum in floram D room D encon a quo Horn præcipue saxicolas exponit William NyLanper. sn 08 145 Affinités et synonymie de quelques genres nouveaux et peu connus, par M. J.-E. PLaxcnon. 291 FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE, Cryptogamia Guyanensis, seu plantarum cellularium in Guyana annis 1835-1849 a cl. Lerriur collectarum enumeratio universalis, auc- AC MONTAGNMENT. LS oMlaietao dot SSP | MÉLANGES. Note sur la Gétah-Lahoe, ou nouvelle cire végétale de Sumatra, et sur les cires végétales en général, par le docteur BLBECKRODE, . . . . 330 TABLE DES MATIE ÊRES . PAR Bzeeckrope.— Note sur la Gétah- Lahoe , ou nouvelle cire végé- tale de Sumatra, et sur les cires végétales en général. . Fagre. — Recherches sur les tu- bercules de l’Himantoglossum hircinum. s. AU TA SANTE GroexcanD (Johan.). — Note sur les organes glanduleux du genre Drosera. FA Mur Hooxer (J. Dalton ). — Sur les fonctions et la structure du rostellum dansle Listeru ovata. Luermire (Michel). —Recherches sur l’endosmose. SNL Lesrigounors (Them. ).— Carpo- graphie anatomique. . Mour (Hugo von).—Le prétendu triomphe de la théorie de la fécondation. } MonraGxe (Cam). —- Cryptogamia Guyanensis , 1835-1849 a cl. Leprieur collectarum enumeratio uni- versalis. . babe dd NyLanper (Will.). = Additamen- seu plantarum . cellularium in Guyana annis : 330 253 297 85 13 47-223 318 94-311 : TrécuL. (A) NOMS D'AUTEURS. tum in floram cryptogamicam Chilensem quo Lichenes præ- cipue saxicolas exponit. . PLancaon (J.-E.). — Affinités et synonymie de quelques genres nouveaux:et'peu connus. PRINGSBEIM (N. ).— Sur la fécon- dation et la germination des Algues! : . Scaacar, (Herm.). — Sur L origine de l'embryon végétal. Tucasne (L.-R.). — Diagnoses nonoullas e Monimiacearum recensione tentata “excerptas præmittit. Taurer_ (Gust.). — Recherches sur la fécondation des Fuca- cées et les anthéridies des Al- gues. JO EOL US OS — Organisation des glandes pédicellées du Drosera rotundifolia. : — De l'influence des décortica- tions annulaires sur la végé- tation des arbres’ dicotylédo- nés, TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME, À. Listera ovata, R. Br. 2. Dictyota dichotoma, Lmx. ‘3. Furcellaria fastigiata, Ag. -— Rhodymenia palmata, Grev. 4. Peyssonelia squamaria, .Dcne: 5 Camillea Leprieurii. C. Cyclops. C. Bacillum. C. mucronata. C. labellum .— Xylaria aristata. X. aæifera. — Hypoxylon macromphalum. 6. Sphæria uberina..S.:phaselina.. S: verminosa.°S.: clivulosa.'S. fusariispora. — Cordierites gquyanensis. — Phallus æylogenus. — Geaster mirabilis. 7 et 8. Formation de l'embryon végétal. ( 9. Drosera rotundifolia. — Pingucula vulgaris. ne Glandes pédicellées du Drosera, . Tilleul de Fontainebleau. É et 13. Développement du tubercule de FRS hircinum. 14, Ficus cerifera, BL. (Lahoe Boom vel Getah-Lahoe.) 15, Fécondation et germination des Algues. FIN DE LA TABLE, D serie Se TT : ni ME Douhok se Lislera ovala . VW. femond unp.r. des Noyers. 65. Paris. Lt JS PR ET TT y- £.. PT: Pot. Tom. 3. erce.. rat. 4 Crenc- N ÿ À K à à Ÿ Ÿ SS NS S . NN N Ÿ W.Aemond 1mp. 7 … 4 Q R l ‘ É 5 ? à: 1 \ / { ee L 4 ! : ; - ‘ ‘ . # } & # : s / , nr” 4 5 $ … ; E \ S f ré = à LL e … - 2 2 : PE 4 0 RE à ; ” Pl «7, : } - , F * STATS : ”. SES RS 4 # / < S * ; dev ÿ - 4 = ee L : AC: £ “EE LA Le 7 ‘ i mt A nu $ à , 5 Fe ê -d È F ” , » - ; " + ‘ a : È or - & - de È JL È < F “ : = è PR ë “ Ann. des Science. nat. 4° Série. Das. Tom: JU. £ ï 12 (} { Ÿ} 44 M ji) Prcart sc. Züurcellaria Jasligiate, 49. = Hhodymenia Palnala, bre». — Li = des. des Science. nat. 4° S RE , rFÉXC À À À. = 0 $ FO DEAITEESS EN We seu DRAP ETES 10 À È à = leyssornrela SJUARATIA, Dene. erce. “ ù É | j : 2 j er np. , ? à + ; a x / # “+ ju .. TN : 2 ä mi: ä. des Jecenc. nat. 4 "Serte. Pot. Tom. 3. LE, CENTER | à. herbauer del . MN!" Douliol se Carnillea Lepricuri 1 (Ur Cops 1. 8. CDacdlumr 1. 4. Cmaucronala 1. à. ! Labellum GXylaria aristlitr 7, X axifèrea » À. llypoxylon nacromphea li A. £ e € { « 2 TN /emond np. 1 des leyers. 65. Zarer. # n. des Secenc. nat. 4° Serte. «a ferbauer del. 2 Jphærta uberina 1 2. S phaselna M. 8. Sivernunosa M 4. fe lusaruspor a M CCorderues quyanenses m7. l’hallus xylogenus 1. La Le Î. Aemond tmp. r.des Myers, 68, larw. Pot, Tom: 3, PLUG. (74 ê AQU ES NAN mere PEN f QHS WA MT Doutiot JS choulosa ». &. Coaster rirabilis D DL (SL A Lecnunn Schacht del. \ 7 ÿe UE Poutrot se \ Zormation de L Ambryor végetal. NOTA CT Te it RE, RS She 71 FFE, Pot. Tom. s Jecene. nat. 4° Série. WT Poutiot se. Jelal. " 4 G YO De. ce Zormalion de l'Lnby 2 T 18 W Aemond imp.r. des Noyers, 65. l'art. 11 . En A = - _ r Ld _ » : ns : — us, = 2 é . “ l \ 4 -i » | Û CN \ _ FE — ; ft CA . =. À à, e- 4 « 4 er # vil St: « “ , - { Li . rl HT Douliot se. Rat 22-17. l'inquicula vulgars . N. Aémond imp. r. dex Noyers. 65, fartr. 1-11. Nrosera rolundifolia . n. des Science. nat. 4° WJerte. Vis PDoulot JE. Orgarnisalion des glandes æe le, feuille du Drosera rotundifolia. .r. des Noyers, 63. Paru. VE Tone PL ER M Douliot s 1 Jrecul del, Jilleul de Pfonlaisntbleau. 4 } dk ‘us . 4 s sù e ES Fe EPRLOREET . à OP « ; à 1 3 % / / 4 “ . f l } ’ à : e ER L ' = \ Ê : r es u : Û » & : * Poe. (me ST ET ré, Ann.,des Seënc. rat 4° Serre. on an nn, ET tete ba 2 AR M7 Douliot se. labre del. Developpement du Tubercule de l'Uimantoglossum Le VW Remond imp. r. des Noyers, 65. l'art +Y \ = 7 Ann.des Science. nat. 4°Serte. Bot. Zome 3. PL. 13 N 7° Doulrot sc. Zeveloppement du Tubercule de L'Hinantoglossun, N. Aemond tmp.7r des Noyers, 65 arts nat = ? - SEE Fe ( Le - Mycer T 1, LE Bot. Tom: 37 FL, 14. M7 Pouhot sc. Picus ceriferaæ ht. (Lahoe- Boom) NW. Zemord. 2/2 r. des Nevers. 65. Zaris. Ann des Seine. nat. 4° Serre. Dot. Ton. 3 PL 15. : MI Douliotuse Zecondalion et «gerrurator des Algues. Mémand impr des Angers, 65 Paris. ' ‘ » "| ral - . LL y s LA Î "1 ni - 6 «“ F , 9 + ù A cite À Pr * t : l ” 0 Ê l = 4 Las LAA ‘à ; e À à = La î A ñ ! l 4 — l à D / VA » 1 . je ° # , N L x LL, à d'. ee. * À Ê — D \ « Se E hs, \ I 4 L ‘ “ \ — d ù : » t # \ Vos AL v À F* Û al , ' î c Ê mt ff ja e R ' Te 1 % à \ \ ga. n t » "A un OM x 0 R ; i î EE = CT" 4 ah. j 1 Ve 1 ll jé 4 ñ il ' * 4 * & * H | { ï # AT k * È ï je . ” PE + La à r : 4 PS AE Na. à er , ’ te 1 ñ g" LC ‘nef À nt 4 Vas 4. « 78 PRE CARE LE PR EUR \ # Ne ini ATEN.