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ANNALES

SCIENCES NATURELLES

CINQUIEME SÉRIE

EEE et

BOTANIQUE

Paris, Imprimerie de E. Marniner, rue Mignon, 2,

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CINQUIÈME SÉRIE

BOTANIQUE

COMPRENANT

L’'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE

MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE

TOME III

PARIS VICTOR MASSON ET FILS,

PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE

1865

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ANNALES

DES

SCIENCES NATURELLES

BOTANIQUE

ÉTUDES

SUR

LA VÉGÉTATION DU SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE,

Par M. le comte Gaston de SAPORTA (1).

DEUXIÈME PARTIE.

]

INTRODUCTION A LA DEUXIÈME PARTIE.

Avant de poursuivre la marche de la végétation tertiaire, au point nous l'avons laissée, nous croyons devoir nous arrêter un moment pour jeter un regard en arrière sur le chemin déjà par- couru et tâcher de nous rendre compte de l’enchaînement des diverses périodes entre lesquelles se partage la série des ancien- nes flores. Il est bien entendu qu'en envisageant les siècles écou- lés nous négligerons entièrement la partie la plus ancienne de l’histoire des êtres organisés pour nous attacher aux temps qui furent comme la première aube de l’époque tertiaire.

Essayons d’abord de définir ce que nous entendons par période

(4) Voyez série, t. XVII, p. 491 ;t, XIX,p. 5, .

6 GASTON DE SAPORTA.

végétale. C’est, à nos yeux, un espace chronologique dont la durée est indéterminée, mais pendant lequel l’ensemble de la végétation conserve, sans variations notables, les mêmes caractè- res généraux, soit dans sa physionomie, soit dans le mode de groupement de ses éléments principaux, soit enfin par la pré- sence d’un certain nombre de formes distinctives dont la nature et le rôle peuvent être précisés assez clairement pour fixer l’at- tention. |

Nous attachons ainsi une très-grande importance à la manière dont les éléments végétaux se trouvent combinés, à leur prépon- dérance relative, enfin à tout ce qui touche à leur marche et à leur développement. Nous croyons aussi que toute période végé- tale, lorsqu'elle est bien connue, revêt une physionomie spéciale, en sorte que le même faciès, ainsi que nous l’avons observé dans notre première Introduction, peut devenir commun à l’ensemble des espèces et fournir un caractère des plus précieux.

En suivant ces principes, on reconvait, en effet, l'existence d'un certain nombre de périodes végétales, dont quelques-unes sont bien définies, et dont les autres, à cause de la pauvreté des documents, ne sont encore que très-vaguement accusées. D'un autre côté, on peut reconnaître aussi que les limites respectives de ces périodes n'ont rien d'absolu, et que notre ignorance est la cause principale des divisions tranchées qui paraissent exister entre les divers âges. À mesure que nos connaissances s'étendent et se complètent, les lignes de séparation tendent à s’effacer ; les périodes se touchent et se confondent à l’aide de périodes inter- médiaires participant de la nature des deux époques auxquelles elles servent de lien. On peut donc croire, sans s’écarter de la vérité, que, si les observations, en se multipliant, pouvaient un jour embrasser l'ensemble des végétalions antérieures , elles finiraient, en comblant toutes les lacunes, par aboutr à un tout composé de parties liées et solidaires, analogue à celui que forme le règne végétal considéré dans l'univers entier. C'est aussi ce que l’on remarque pour les époques les mieux connues, comme ilen existe déjà quelques-unes. De résulte la nécessité d'admet- tre, à côté des grandes périodes, une sorte d'unité harmo-

E SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. v:

nique rassemble en faisceau les éléments contemporains, l’exis- tence des sous-périodes ou périodes intermédiaires, ou encore périodes de transition, pendant lesquelles le passé tend à décli- ner pour disparaître ensuite, quoiqu'il persiste partiellemen tandis que se glissent et s’infiltrent les formes encore nouvelles destinées à se développer dans l’âge suivant. Ce travail d’incu- bation des germes de l'avemir, cette juxtaposition d'éléments anciens et d'éléments nouveaux, constitue un phénomène qu’on peut observer presque à tous les degrés de la série, plus particu- lièrement à certains moments, mais qui résulte le plus souvent d’un mouvement gradué quelquefois très-lent.

Les périodes végétales n'existent donc, en réalité, avec leurs caractères distinctifs que considérées vers leur milieu; comme les couleurs du prisme, elles s’effacent, se mélangent, et se déco- lorent vers leurs points de contact. Ainsi, ce que nous avancions plus haut au sujet de l'importance du mode de groupement des végétaux et de la physionomie générale qui les caractérise recoit une sanction évidente de la marche imprimée par le temps, et l'on ne saurait concevoir en dehors de ces deux principes aucun autre qui puisse servir de guide dans l'appréciation des évolu- tions végétales. On conçoit cependant que ces évolutions consi- dérées en elles-mêmes puissent varier en nombre et en durée, suivant le point de vue que l’on adopte, c'est-à-dire, suivant que l'on s'attache à considérer seulement les plus générales, ou à décrire tous les mouvements partiels, et à décomposer, pour ainsi dire, chacun des tours de roue qui ont contribué à faire parcourir le chemm.

Mais la méthode la plus naturelle est d'observer également tous les faits, et de faire ressortir les grandes révolutions végétales, sans pour cela négliger les périodes transitoires qui mènent insensiblement de l’une à l’autre. Il est presque imutile d'ajouter que les divisions qui résultent de ces périodes, grandes et petites, ne sont relatives qu’au seul règne végétal; nous ne chercherons à les faire coïncider ni avec les étages purement stratigraphiques des divers terrains, ni avec ceux qui ont été fondés sur l'étude des mollusques, ou sur ces deux ordres de

8 GASTON DE SAPORTA.

phénomènes combinés, quoique cependant la possibilité absolue d'un pareil résultat puisse à la rigueur se concevoir comme une vaste synthèse de toutes les recherches entreprises en géologie. Dans l’état actuel de la science, la plupart des étages, tracés à un point de vue exclusif, s’'appuyent sur l’observation de faits rela- tifs aux mouvements du sol ou à la présence d'animaux infé- rieurs, dont l'existence est étroitement liée à la stabilité de ce dernier: mais ce sont des phénomènes dont la considération ne saurait être appliquée à la végétation d'une manière immé- diate, et par conséquent les résultats qu'on a déduits de leur étude ne sauraient concorder complétement avec ceux que révele l'étude des plantes fossiles. Il est bon, en effet, d’insister sur ce point que les plantes, attachées au sol comme les Mollus- ques, mais plus tenaces, vivant de l'atmosphère et plus libres en réalité, ont se trouver, sauf les cas de submersion totale ou de destruction violente, moins aisément et surtout moins immédia- tement troublées dans les conditions nécessaires à leur existence ; évidemment, elles n’ont subir qu'à la longue, à l’aide de moyens plus lents et bien distincts, les influences perturba- trices que les phénomènes géologiques de divers ordres leur ont apportées.

Cependant, nous nous hâtons de le dire, comme ces mêmes divisions par étages géologiques composent la série la plus com- plète qui existe, il est de la plus haute importance, lorsque cela est possible, de fixer par leur moyen l’âge relatif des diver- ses flores, ou de contrôler cet âge s'il se trouve controversé ; c'est par ce seul moyen, en effet, que l’on peut disposer d'une manière certaine les végétaux de chaque région sur un horizon fixe, avant de déterminer les rapports qui les unissent ou les divisent, et de les réunir en périodes distinctes à l’aide de ces notions relatives.

La végétation terrestre, dans l’état actuel des connaissances, commence avec le terrain dévonien et s'étend, sans autre discon- tinuité que les lacunes apparentes causées par la stérilité de cer- taines couches, jusqu’à l’univers contemporain de l’homme.

Dès le moment le sol des premières terres a dépassé la sur-

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 9 face de l'Océan primitif, ce sol a été couvert de plantes; et depuis, les continents successivement agrandis n’ont jamais cessé de nourrir des végétaux appropriés, dans toutes les époques, à la nature des circonstances extérieures qu'ils avaient à subir. Que le mode de cette appropriation ait été lent ou brusque, que les nouveaux éléments végétaux aient été introduits périodique- ment par des moyens qui nous demeurent inconnus, ou qu'ils aient été le résultat d’une élaboration ayant pour but de diver- sifier leurs organes en les transformant, les compliquant ou les appauvrissant, 1l n'en est pas moins évident que la vie végétale, une fois manifestée, n'a jamais cessé d'animer le globe et que les formes qu'elle a successivement revêtues ont suivi à travers bien des phases une marche et un développement pour ainsi dire réguliers. Il est également certain que les plus anciens types végétaux ont seuls disparu complétement, et qu'à mesure que l’on se rapproche de l'ère moderne on voit les végétaux être d'abord semblables par la classe, par l’ordre, puis par la famille, enfin par le genre avec ceux qui vivent aujourd'hui; ce n’est pourtant qu'à une époque relativement rapprochée de nous que l'on peut observer des plantes congénères de celles de l'Europe actuelle, et, pendant longtemps, c’est dans les régions les plus chaudes et les plus écartées du globe, et parmi les types les plus restreints et les plus rares, qu'il faut aller chercher les végétaux similaires de ceux qui vivaient alors sur notre sol. Ce n'est pas tout encore : non-seulement, à l’origine, les végétaux anciens n'avaient de commun avec les nôtres que la classe et même l’embranchement ; mais les classes les plus répandues du règne végétal actuel n’existaient pas, ou du moins, jusqu'à pré- sent, on n'a pu en constater aucune trace même éloignée. C'est ainsi que les Monocotylédones et les vraies Dicotylédones ne se sont montrées que vers le moment les Cryptogames vascu- laires et les Gymnospermes commençaient à ne plus suffire au rôle qui leur avait été dévolu jusque-là. Cet événement encore enveloppé à son origine d’une profonde obscurité, mais dont les conséquences devaient être immenses, partage en deux grandes divisions l’histoire de la végétation tout entière.

40 GASTON DE SAPORTA.

C'est donc avec pleine raison que M. A. Brongniart, dans son Tableau des genres des végétaux fossiles, a appelé règne des Angio- spermes la période qui coïncide à son début avec l’arrivée des plantes de cet embranchement. Tout ce qui précède cette épo- que appartient encore à la végétation primitive, et malgré l’exis- tence d'un assez grand nombre de formes particulières aux divers étages du terrain secondaire , les Fougères n’y conservent pas moins une grande place et en partie même la physionomie qu'elles avaient lors du terrain carbonifère; elles constituent ainsi un lien réel entre la végétation des derniers étages juras- siques et les formes primitives destemps les plus reculés, sans que le voisinage d’un nouvel ordre de choses se révèle encore aulre- ment que par la présence probable, quoique bien confuse, des premières Monocotylédones.

M. d'Ettingshausen, dans un travail considérable sur la Flore wealdienne (1), en a fait ressortir le caractère demeuré archaï- que dans plusieurs de ses parties. Avec cet étage, le dernier que l’on rencontre en remontant la série. avant la Craie, nous tou- chons au point qui marque les confins de l'ancien monde séparé du nouveau par une sorte d'espace vide que d’'heureuses décou- vertes combleront peut-être, mais que marquent maintenant plusieurs étages entièrement dépourvus de plantes fossiles. La flore wealdienne est, au contraire, une des plus riches et des mieux connues des terrains secondaires. Elle a été étudiée à la fois en Angleterre, dans l'Allemagne septentrionale et en Autri- che. Elle peut donc donner la mesure exacte de ce qu'était la végétation dans l’Europe centrale à cette époque intéressante; en voici les principaux traits rapidement analysés.

M. d'Ettingshausen énumère en tout 72 espèces dont 4 algues et 6 Carpolithes.

Les Cryptogames vasculaires sont au nombre de 30 dont à Équisétacées, 26 Fougères, 1 Marsiléacée (?).

Parmi les Fougères dominent les Sphenopteris, puis les Peco- pteris et les Cyclopieris. Les Sphénoptéridées ou Fougères à ner-

(4) Mémoires de l’Académie des sciences de Vienne, partie géologique, n. KE.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 41

vures divergentes et à segments flabellés s'élèvent à 14 contre 10 Pécoptéridées à nervures pinnées. Les formes les plus carac- téristiques sont représentées par des Cyclopteris, Sphenopieris, Tœniopteris, Jeanpaulia (Baiïera). Ce sont aussi des formes qui rattachent cette flore aux flores antérieures du Jura et du Lias ; au contraire, les formes qui servent de liaison vers celles de la Craie n’ont rien de saillant; ce sont des VNeuropteris, Sphenopte- ris, Polypodites, et surtout des Pecopteris ; elles sont au nombre de 8 en tout ; tandis que M. d'Ettingshausen en compte 20 ana- logues à celle du Jura. Ainsi en mettant de côté les Algues et les Carpolithes, les Cryptogames vasculaires composent encore à elles seules la moitié du nombre total des espèces.

Les Cycadées comprennent 19 espèces et les Pterophyllum (9 espèces) dominent parmi elles. Il est vrai que les auteurs alle- mands ont compris dans ce genre bien des formes qui ne corres- pondent que très-imparfaitement à la définition de M. Bron- gniart qui l'a fondé, entre autres le Pé. nervosum à nervures convergentes vers le sommet de la pinnule; ces espèces seraient bien mieux placées parmi les Zamites ou pourraient constituer un genre nouveau. La plupart de ces Cycadées ont leurs analogues parmi celles des terrains secondaires; il faut en excepter pourtant le Cycadiles Brongniartii Rœm. forme très-remarquable, quelques Pterophyllum et surtout les Zamios- trobus qui ont plutôt leurs analogues dans les végétaux de la Craie.

Les Conifères, au nombre de 10, se partagent en trois grou- pes très-sallants : le premier offre, sous le nom générique de Thuites, de véritables Cupressinées plus voisines, selon nous, des Calhtris que des T'huya proprement dits, mais attestant, en tous cas, la présence de cette section déjà revêtue de sa forme carac- téristique.

Le second groupe se compose des #iddringtonites Kurria- nus End. et Haidingeri Ett.; ce sont des conifères à feuilles squamiformes ou légèrement recourbées en faux, imbriquées, insérées dans un ordre spiral, qui ont la physionomie des vrais W'iddringtonia, mais qu’on pourrait aussi comparer aux Arthro-

19 GASION DE SAPOREFA.

taxis et dont la véritable attribution demeure par conséquent bien plus douteuse.

Les Araucarites qui constituent le dernier groupe paraissent être de véritables Araucaria de la section Eutassa, et dont les fruits connus sous le nom de Dammarites seraient les cônes. Cette conjecture est devenue tout à fait probable depuis qu'un exemplaire de ces derniers organes, dépouillé avec soin de la gangue pierreuse qui l'enveloppait, a laissé voir les pointes épi- neuses qui terminaient ses écailles ; cet exemplaire existe dans la collection du Muséum de Paris.

À la suite de ces divers groupes nous plaçons trois monocotylé- dones attribuées aux Graminées ? (Culmaites priscus Ett.), aux Liliacées? (Clathraria Lyelli Brongt), aux Broméliacées? (Palæobromelia J'ugleri Ett.). La seconde de ces attributions est plus que douteuse selon M. Brongniart, la dernière a pour fondement des empreintes fort singulières dont la véritable nature ne nous paraît encore que très-imparfaitement expli- quée (4); la première seule, quoique par elle-même elle n'ait rien de saillant, paraît dénoter l'existence d’une véritable Mo- nocotylédone ; ce sont des fragments de tige et peut-être de feuilles, striés longitudmalement, analogues aux parties vagi- nales des Graminées et de beaucoup d’autres Monocotylédones.

Les caractères les plus saillants de la flore wealdienne consis- teraient donc, d'après l'analyse précédente, dans la prédomi- nance des Cryptogames vasculaires et des Cycadées, ensuite des Conifères, dans la présence d’un grand nombre de formes ana- logues à celles des âges antérieurs, dans l'exclusion presque complète des classes les plus élevées du règne végétal; et d'autre part on remarquerait dans cette même flore une certaine liaison avec les types les plus archaiques de la Craie, la présence de Conifères probablement congénères de quelques-unes de celles du monde actuel, et enfin l'existence constatée quoique très- restreinte de quelques Monocotylédones.

(4) Ettingshausen, Ueber Palæobromelia aus den Abhandl. der k. k. geol., Reïchs, I, Band III, Abtheil. n. 4, Vienne, 1852.

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LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 13

Les Monocotylédones existaient alors, au moins sous une de leurs formes la plus généralement répandue depuis, la forme rubanée, engaînante inférieurement, marquée de stries et de nervures longitudinales sur une tige coupée par des nœuds de distance en distance. |

Les Dicotylédones angiospermes existaient-elles également? Rien n'autorise à le penser, sauf la présence de quelques fruits d'une nature douteuse. On ne saurait pourtant affirmer leur absence d'une manière absolue ; peut-être même vaut-il mieux croire qu'elles existaient déjà, quoique encore imparfaitement développées et dans un état de faiblesse et de subordination qui admis obstacle à la conservation de leurs empreintes ou les empêche d’être reconnues comme appartenant à cette classe.

Quoi qu'ilen soit, c’est à la base du Cénomanien de d’Orbigny,

- vers l'horizon des Ostræa (Gryphæa, Exogyra) columba Desh.., diluviana L., carinata Lam., à la hauteur de l'étage Carento-

men de M. Coquand, dans la Craie de Bohème, au sein des cou-

ches que M. Reuss, dans son grand ouvrage (1), désigne sous le

nom de Schistes argileux (Schieferthon) du Quadersandstein inférieur (Untere Quader), que l’on rencontre les premières Dico- tylédones représentées par des feuilles assez grandes, ovales (2), ou allongées linéaires (3), ou largement linéaires (4), de texture épaisse ou coriace, à nervures peu distinctes ou peu nombreu- ses, obliquement dirigées, à réseau nerveux peu compliqué ou invisible. Ces feuilles ressemblent plus à celles des Protea, Cono-

* spermum, Persoonia, qu’à toute autre parmi celles de la nature

actuelle. M. Corda, auteur de la partie phytologique de l'ouvrage de Reuss, indique encore, comme appartenant au même étage, une espèce reproduite sur la planche 50, fig. 7, avec sa nervation grossie, et qu’il désigne sous le nom de Phyllites

(4) Reuss, Versteinerungen der Boehmischen Kreideformation, Stuttgart, 1845- 1846.

(2) Reuss, Verst., t. L, fig. 1-5.

(3) Tbid., t. L, fig. 6, 7, 8, 9.

(4) Ibid., t. L, fig. 40.

1% GASTON DE SAPORTA.

angustus Reuss. Cette même espèce a été depuis décrite par M. d’Éttingshausen dans son travail sur les Protéacées fos- siles (1), sous le nom de Grevillea Reussü. Ce serait donc là, si cette attribution a quelque vraisemblance , la première Dico- tylédone rapportée avec apparence de raison à l’un des genres actuels.

Ainsi, c’est dans la période qui s'étend du Néocomien au Céno- manien, pendant la durée des étages Urgonien, Aptien, Albien de la classification de M. d’Orbigny, qu'il faut placer le temps de l'apparition et du développement organique des premières Dico tylédones. Un grand problème se rattache à ce phénomène encore inconnu dans les circonstances qui concoururent à Île pro- duire et à l'accompagner.

Les Dicotylédones offrent cette particularité dans leur marche à travers les anciennes périodes que, représentées à l’origine par un petit nombre de végétaux d'un aspect très-uniforme et. d’une organisation assez simple, au moins relativement, elles ont ensuite donné lieu à une foule de types destinés à se multiplier successivement ; en effet, la variété des combinaisons, la multi- tude croissante et le dédoublèment des types ramifiés à l'infini, semblent former le caractère distinctif de cette classé dans son mode de développement.

C'est ce qui explique en même temps la difficulté contre laquelle on est venu se heurter, en essayant de grouper à l’aide de leurs affinités réciproques les divers ordresde Dicotylédones. Si lés tentatives de ce genre ont toujoursété plus ou moins entachées d’imperfection, c'est qu'au labeur déjà grand d’analyser la valeur des caractères de relation vient s'ajouter l’incertitude l’on demeure forcément au sujet de l'existence possible d'anciens groupes aujourd hui disparus, et qui permettraient de constater peut-être certaines liaisons autrefois intimes, depuis effacées du moins voilées par des modifications organiques survenues postérieurement. Ces changements ont pu dans le cours du temps affecter simultanément toutes les parties d'un même

(4) Proteaceen der Vorwelt, p. 13

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. Â5 groupé, ou l'une d'elles seulèment, à divers degrés d'intensité, tandis que maintenant on est bien obligé d'opérer les rappro- chements en se fondant sur l’état actuel des caractères, le seul, en éffet, qui nous soit connu.

Cette pensée d’un état antérieur différent de l’état présent pour les principaux types de Dicotylédones, du moins l’exis- tence possiblé d'anciens groupes, points de départ originaires de ceux d'aujourd'hui, $e trouve confirmée par la vue des soudures ét dés avorlements qui paraissent avoir si puissament concouru à la formation des organes floraux. L'étude de ces phénomènes d’abord poursuivie théoriquement, comme donnant la clef de la plupart des particularités de structure et dés anomalies appa- rentes des végétaux, révèle, en effet, dans chacune des grandes divisions végétales une remarquable unité de plan; mais elle acquiert une importance toute spéciale, si l’on essaye de l’appli- quer à l’histoire du développement des Angiospermes et en par- ticulier des Dicotylédones. En effet, si toutes les combinaisons qui différencient la structure florale de ces plantes sont le résultat des soudures de l'avortement des diverses parties qui composent ces Organes, qui tous peuvent se rapporter, en dernière analyse, à des feuillés modifiées, il s'ensuit qu'en remontant au delà des soudures êt des avortements, on doit pouvoir affirmer, que les prèmiers végétaux Dicotylédonés ont être en même temps les plus simples, les moins compliqués, et que, par conséquent, toutes les diversités qui composent maintenant cette classe n’ont été que le résultat d'une série d'opérations ayant pour objet de produire, au moyen de complications croissantes, une multipli- cité de formes toujours croissante aussr.

Si l’on voulait, au contraire, isoler de toute application la théorie des soudures et des avortements, on la frapperait de moft, en la réduisant à n'être plus que l'expression d’une sorte de symétrie apparente et trompeuse, et dès lors elle n'aurait pas plus de raison d’être que l’ancienne hypothèse qui considérait les fossiles comme des jeux de la nature destinés uniquement à satisfaire curiosité humaine. Il vaut mieux croire, comme la raison y engage, que le seul énoncé de ces lois implique

16 | GASTON DE SAPORTA. nécessairement l'existence d’un moment le phénomène, avant de se produire, a trouvé libres les organes sur lesquels il allait s'exercer.

On peut théoriquement se figurer les premières Dicotylédones comme pourvues d'organes appendiculaires comprenant un axe accompagné d'une bordure ou limbe, réunissant entre elles les ramifications du faisceau fibreux médian et se couvrant les uns d'ovules, les autres de granulations polliniques. Dans cet état primitif qu'on ne saurait définir que d’une façon conjectu- rale, mais qui serait la plus grande simplification organique pos- sible des Dicotylédones, ces végétaux ne seraient pas très-éloi- gnés de certaines conifères comme les 4lbertia du grès bigarré des Vosges et les Thinfeldia (1) du lias. Le passage de cette structure idéale primitive, si toutefois elle a existé, à l’organisa- hon actuelle si complexe a consister, d’une part dans l’expan- sion et la diversification des organes foliacés, et de l’autre dans ia transformation successive de ces organes pour constituer aux parties de la fructification des enveloppes d’abord immédiates, puis secondaires, destinées à compliquer graduellement la struc- ture de l’appareil sexuel. Le repli de la feuille ovulifère pour renfermer l'ovaire, le rapprochement d’une ou plusieurs spires d'organes appendiculaires et leur réduction en verticilles floraux conservant d’abord assez bien l’aspect des feuilles d’où ils déri- vent, telle est la marche que la nature a suivre et qu'elle a suivie en effet, ainsi qu'ou peut le prouver au moins indirec- tement. Mais 1l semble que, dès l'abord, une différence tranchée ait s'établir entre les appareils reproducteurs ainsi transfor- més suivant leur position primitivement termmale ou axillaire. Dans le premier cas, les organes floraux ont pu se multiplier librement par l’adjonction successive de plusieurs séries de spi- res foliacées ; dans le second cas, au contraire, l'avortement plus

(4) M. d'Ettingshausen a décrit et figuré, sous le nom de Thinfeldia speciosa une Conifère (?) du lias de Steierdorf, dans le Banat autrichien, dont les feuilles subdécur- rentes inférieurement, coriaces, lancéolées-linéaires, pourvues d’une nervure médiane distincte et de nervures latérales obliques, simples ou bifurquées, ont un singulier rapport avec celles de quelques Dicotylédones et s’éloignent en réalité de toutes les formes de Conifères connues.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 17

ou moins complet du court ramule qui leur servait de support a s'opposer à l'accroissement du nombre des parties florales et les placer plus ou moins promptement à l’état de feuille carpel- laire, située à l’aisselle d’une feuille bientôt changée en bractée )Carpinus, Engelhardhia, types samariformes, Ulmus?). Ces bractées fructifères ont pu se rapprocher de plusieurs manières, se souder, se transformer, s’accroître ou avorter en partie; mais leur rapprochement, lorsqu'il a eu lieu a causer souvent leur étiolement, puis l'avortement des ovaires situés à leur base, réduits à un petit nombre ou même à un seul (Quercus) devenu terminal, tandis que les bractées pressées, confondues, plus ou moins adhérentes, ont pu former un imvolucre susceptible lui- même de se modifier pour donner lieu à un organe clos (Casta- nea) conservant à peine des traces de son origine première et de ses transformations successives.

On voit ainsi qu'une grande simplicité organique actuelle ne doit pas être regardée comme l'indice assuré d’une organisation demeurée toujours simple, et par conséquent très-anciennement fixée ; mais, qu'au contraire, la simplicité apparente des organes floraux peut s'expliquer par l'appauvrissement et la réduction des parties, et n'être alors que le résultat d'une véritable com- plication.

C'est ce qui existe, en effet, dans un grand nombre de Dicoty- lédones Apétales, et surtout parmi les Diclines qu’on serait tenté de regarder comme se rapprochant par la simplicité de leur structure des types les plus anciens de la classe; tandis qu’en les examinant de plus près on remarque souvent en elles des indices d’une série de transformations, quelquefois tellement profondes que si l’on remettait sous nos yeux l'appareil reproducteur de ces groupes, tel qu’il existait originairement, 1l serait sans doute difficile de le reconnaître comme se rattachant directement à celui qui les caractérise à notre époque.

Une particularité de structure caractéristique pour les Dicli- nes semble mettre en évidence cette transformation subie par les végétaux en apparence les plus simples ; nous voulons parler de

la différence des organes reproducteurs mâles et femelles. Plus 5e série, Bor, T. III. (Cahier 4.) 2 2

N é 18 GASTON DE SAPORTA.

cette différence est profonde, plus on est en droit de supposer l'existence de modifications apportées successivement aux deux séries d'organes respectifs. À priori, il est naturel d'admettre que les appareils mâles destinés à des fonctions plus rapidement accomplies et dont le rôle se termine par la fécondation, ont subir une plus légère transformation que ceux du sexe opposé. Le rôle de ceux-ci est, en effet, bien différent puisqu'il com- mence, pour ainsi dire, avec l'acte qui les soumet à l'influence du sexe mâle ; 1l acquiert alors seulement toute son importance, et de résulte, comme premier effet d’une nouvelle évolution, un accroissement de la feuille carpellaire fécondée, véritable transformation qui l’amèêne enfin à l’état de fruit. Pendant cette période se présentent toutes les chances pour que le fruit s’élot- gne de plus en plus de la forme qu'il avait dans l'mflorescence à l'état d’ovaire, par l'avortement des parties devenues mutiles, et pour que les effets de cette série de modifications, une fois acquis, se transmettent et se fixent héréditarement. Telle est la cause probable des différences qui séparent dans les Diclmes les orga- nes mâles des appareils fructificateurs. En théorie, 1l semble naturel de supposer, ainsi que du reste bien des traces visibles donnent le droit de le croire, qu’à un moment donné de leur vie antérieure, les deux séries d'organes sexuels maintenänt ‘dis- tincts, ont se trouver réunis sur la même mflorestence: et par conséquent, même après l'avortement du sexe mâle dans l'appareil femelle et vice versd, les deux appareils ont éonser- ‘ver longtemps encore une similitude de forme et de structure plus ou moins complète; mais cette analogie a $effacer ensuite à raison de la diversité des fonctions et produire dans les appareils mâles cette sorte d'étiolement et d'amaigrissemient qu’on y remarque, et qui semble l'effet d’une vie plus courte et d’une séve moins abondante ; tandis que les organes femelles s’éloignaient de plus en plus du type primitif en Subissant cette “série de transformations variées, dont nous venons de faire eon- naître cause déterminante probable.

Ainsi, par une suite de combinaisons dont le nombre est fin, l'organisation florale des Dicotylédones à pu passer Sans effort de

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 19 la simplicité première qu'on est en droit de lui attribuer à une structure plus compliquée, susceptible de se modifier encore, et de produire à l’aide du rapprochement des parties, de leur sou- dure et de leur avortement, non pas Seulement une complica- tion organique croissante, mais aussi une sorte de retour, par voié d'appauvrissement, à une simplicité apparente bien éloi- gnée, en réalité, de celle des types originaires.

Tous lestypes floraux, il est vrai, ne présentent point des indices de modifications aussi profondes. Il en est qui doivent avoir peu changé à partir du moment ils ontété constitués, du moins n'avoir varié que dans des limites assez faibles. Leurs appareils reproducteurs; en général hermaphrodites ou unisexués par suite d'un avortement visible, sont pourvus de parties florales limutées en nombre, régulièrement disposées, demeurées plus ou moins distinctes. On observe de ces sortes de types dans toutes les elasses et la stabilité de leur structure est en général attestée paï deux sortes de preuves, d’abord par l’uniformité que présen- tenit ces types dans l’intérieur des groupes nettement limités qu'ils constituent, et ensuite par le caractère peu diversifié des espèces fossiles qui s’y rapportent. Ces groupes constituent ainsi des familles très-naturelles, quelquefois semblables à de grañds genres et dans le sein desquelles les coupes génériques semblent se fondre par des nuances insensibles; telles sont, par exemple, les Laurinées, l’uniformité résulte d'une symétrie exacte de toutes lésparties de la fleur.

Nous ne pouvons passer sous silence les Protéacées, ce type dicotylédoné le plus ancien de cettx dont il est possible de con- stater présence à l'état fossile, et dans lesquelles l’extrème variété des combmaisons dans le fruit n'exclut pas une véritable simplicité de plan. Ici la feuille carpellaire unique, répliée sur elle-même et peu modifiée dans les Æmbothrium et Lomatia, épaissie.et ligneuse dans les Hakea, sübit par suite groupe- ment des fruits, de leur réunion en uf cône régulier composé d'écailles bractéales, une série de chäñgements qui font varier sa forine sans altérer essentiellement son type, puisque dans l’im- mense majorité des cas la fleur conserve, avec une fixité remar-

29 GASTON DE SAPORTA.,

quable, toute la symétrie de sa structure caractéristique. Ce- pendant, on conçoit parfaitement, pour les Protéacées fos- siles et primitives, non-seulement l'existence de combinaisons florales différentes de celles que l’on observe dans les Pro- téacées actuelles, et par conséquent de coupes génériques sans analogie avec celles de nos jours, mais encore la possibilité d'une structure plus simple dans les organes reproduc- teurs de celles qui paraissent le mieux correspondre aux nôtres.

C'est dans la même catégorie que l’on doit ranger tous les groupes dans lesquels la feuille carpellaire demeurant intacte ne peut dès lors se plier qu'à des modifications secondaires de forme, de consistance et de nervation, qui n’altèrent jamais ou que très-rarement sa structure intime, tout en constituant des genres très-naturels, très-nombreux et très-variés.

Dans les Légumineuses en particulier, l'irrégularité de la corolle, les diverses soudures des pièces florales, et toutes les complications provenant de l’inflorescence, ont être le résultat de phénomènes successifs ; la fleur primitive, presque rosiforme, semblable à celle des Cæsalpiniées, a présenter déjà le légume caractéristique qui la fait aisément reconnaître ; les autres chan- gements sont venus postérieurement, ainsi que le prouve l'arri- vée tardive de la tribu ils se font voir davantage, celle des Lotées.

Il n’est pas nécessaire d’énumérer les groupes dont le type plus complexe résulte, sans doute, d’une lente élaboration, et qui, par conséquent, ne se sont montrés ou du moins n'ont acquis tout leur développement que bien longtemps après les autres; ils embrassent la majorité des familles et comprennent la plus grande partie des formes du monde végétal actuel. Les Compo- sées et la plupart des Gamopétales hypogynes, probablement aussi le plus grand nombre des plantes herbacées et annuelles des autres classes, sont dans ce cas; mais si la profusion de ces plantes a lieu d’étonner dans la nature contemporaine de homme, n'oublions pas que leur avénement, quoique plus reculé qu'on ne l’a généralement supposé, est relativement

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 21 récent, qu’elles sont demeurées longtemps réduites à un petit nombre d’espèces, isolées au milieu des autres, et compléte- ment subordonnées. C’est seulement peu à peu qu'elles se sont accrues en suivant une marche ascendante ; probablement aussi elles n’ont revêtu que par degrés les caractères qui les distin- guent, quoique les phases successives de leur état antérieur nous demeurent parfaitement inconnues.

La même marche, les mêmes difficultés sont mhérentes à l'étude des feuilles ou organes appendiculaires non transformés en organes floraux. [ci, comme dans ces derniers, nous ne pou vons guère remonter au temps des premières ébauches folia- cées ; nous supposons pourtant, sans rien affirmer, que les feuilles des Dicotylédones ne sont arrivées que progressivement aux formes qui les caractérisent aujourd'hui, dans les végétaux cau- lescents de cette grande classe. Mais en quittant le domaine des hypothèses pour celui des faits, nous voyons clairement que les premières feuilles dicotylédones, c’est-à-dire des végétaux de la Craie inférieure d'Allemagne, ne diffèrent, en réalité par au- cun caractère essentiel des feuilles actuelles.

Le limbe se trouve exactement limité et le pétiole existe. Si quelque chose frappe dans ces feuilles, c’est plutôt l'absence de caractères différentiels bien saillants. Cependant, cette absence de complication, cette forme simple, entière sur les bords, qui paraît être la seule marque distinctive des plus anciennes feuilles, ne saurait être désignée non plus comme un caractère d'ar- chaisme. Pour les feuilles comme pour les organes floraux, les transiormations subies doivent être impossibles à reconnaître dans l’état actuel, et il a pu s’opérer également chez elles un retour apparent à la simplicité, résultat de rétrécissements ou de soudures succédant à un état antérieur dont ils effacent les traces ; en sorte que l'organe peut, en réalité, différer beaucoup de ce qu'il était auparavant sans cesser pour cela de se rattacher au même type. |

D'après ce qui précède, on doit comprendre la nature des obstacles qui s'opposent à la détermination des plus anciennes Dicotylédones. Ces obstacles sont pour ainsi dire insurmonta-

29 GASTON DE SAPOBTA.

bles, puisque d’une part nous ignorons si ces premiers types ne différaient pas radicalement de tous ceux d'aujourd'hui, et que, fussent-ils même analogues à ceux-ci, ils auraient pu revêtir à l'origine des caractères assez éloignés pour les rendre difficile- ment assimilables.

Nous avons dit plus haut que les premières Dicotylédones pro- venaient du Quadersandstein inférieur de Bohème; il est vrai que le nom de Quadersandstein a été appliqué, en Allemagne, à une réunion d'étages confondus qui correspondent à une grande partie de la série crétacée. Quoique le jour soit loin d’être fait à cet égard, et qu'il soit impossible encore de rapporter exaele- ment les diverses localités de cette formation des plantes ont été signalées à chacun des étages de notre terrain de Craie, tel qu'il a été divisé en France par M. d'Orbigny, et dernièrement par M. Coquand, cependant il est facile de reconnaître que, parmi ces localités, il en est de plus anciennes que d’autres, et même que toutes les plantes de chaque localité ne se rapportent pas au même horizon géognostique, en sorte qu'il y a lieu d’exa- miner toutes ces florules et de les distribuer dans un ordre qui corresponde, au moins dans une certaine mesure, à leur position relative, soit entre elles, soit vis-à-vis des étages admis dans notre classification.

On a recueilli des plantes fossiles attribuées à la Craie, en France : à l’île d'Aix, aux environs de Beauvais et du Mans; en Angleterre, dans le Sussex; dans la Suède méridionale, en Scanie; sur plusieurs points du Quadersandstein de Bohème (Perutz, Msséno, Czenezic, Trziblitz, etc.), en Saxe, à Nieder- schæna, en Silésie enfin (Tiefenfurth) ; nous négligeons à dessein les environs de Blankenburg et d'Aix-la-Chapelle que nous reportons dès maintenant à un niveau supérieur. Mais il est bien des distinctions à faire parmi les localités citées en premier lieu. |

La flore de l’île d’Aïx ne contient qu'un petit nombre de plan- tes marines, Algues et Naïadées, et une conifère le Brachyphyl- lum Orbignyanum Brngt, qui se rattache aux formes de l'ère précédente. Elle est placée par M. Coquand dans son étage Gar-

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 93

donien (1), vers la base du Cénomanien de d'Orbigny, sur un horizon un peu plus ancien que celles dont nous allons parler, et qu’elle précéderait ainsi dans la série.

M. Reuss (2) distingue plusieurs étages confusément carac- térisés, soit par leur aspect pétrologique, soit par leur posi- tion stratigraphique, soit par leurs fossiles; mais la liste de ceux-ci comprend assez d'éléments discordants pour jeter des doutes sur la légitimité de la classification proposée par l’auteur. Il partage le Quadersandstem en quatre groupes qui sont, de bas en haut: le Quadersandstein inférieur; les Marnes du Planer (Planermergel) ; le Calcaire Planer (Planerkalk) ; le Quadersandstein supérieur.

Le premier groupe paraît correspondre, pris en masse, au Cénomanien de d'Orbigny; le second au Sénonien du même auteur et plus particulièrement à l'étage Suntonien de M. Co- quand, le troisième au Campanien du même géologue, c’est-à- dire au Sénonien supérieur et à la Craie blanche de Meudon, dans le bassin de Paris.

_ Quant au dernier groupe (Obere Quadersandstein) sa position paraît énigmatique à M. Reuss lui-même. I] repose, il est vrai, sur le Quader inférieur, mais il présente une réunion de fossiles dont plusieurs lui sont communs avec la formation qu’il recou- vre, et d’autres avec la Craie blanche dont l’auteur allemand le rapproche sous toutes réserves. Il semble donc qu'il devrait être intercalé entre le premier et le second groupe; du reste, il ne renferme pas de plantes fossiles. Celles-ci appartiennent presque toutes au Quadersandstein inférieur ; mais elles se partagent en deux zones distinctes, que l’on ne peut bien saisir si l’on ne se rend pas compte des subdivisions de ce groupe inférieur. En effet, M. Reuss y distingue 5 étages dont le plus inférieur, ser- vant de base à tout le système, est désigné par lui sous le nom de Quadersandstein inférieur proprement dit.

(1) Coquand, Synopsis des animaux et des végétaux fossiles observés dans les formations secondaires de la Charente, de la Charente-Inférieure et de la Dordogne, p. 40.

(2) Reuss, Verst., p. 115.

2h | GASTON DE SAPORTA.

C'est à la partie inférieure de cette formation que se trouvent intercalés des lits d'argile schisteuse, bitumineuse (Schieferthon), renfermant sur divers points, mais particulièrement à Msséno et à Pérutz, une grande quantité de plantes terrestres qui consti- tuent la flore la plus ancienne décrite par Corda. En y adjoignant plusieurs Fougères trouvées dans les couches correspondantes du Quadersandstein inférieur de Niederschæna en Saxe, elle com- prend 13 à 15 espèces terrestres savoir : 2 Conifères (Cunningha- miles), 6 à 8 Fougères (Pecopteris) et 5 Dicotylédones (Phyllites, Grevillea Reussii Ett.). Au-dessus, M. Reuss Indique deux étages consécutifs qu'il nomme l’un Grès à Exogyres (Exogyrensand- stein) caractérisé surtout par la présence de l'Exogyraïcolumba Gold., et l’autre Grès vert (Grünsandstein).

Ces deux étages présentent peu de plantes ; la plus importante est le Crypiomeria primæva Corda (Geinitzia cretacea Endi.) qui paraît être une vraie Séquoiée, et se retrouve QE sous différentes formes.

Au-dessus de ces deux étages, M. Reuss place le Grès Planer (Planersandstein), qui paraît pourtant se distinguer assez peu du Quadersandstein inférieur, puisqu'il présente à peu près les mêmes coquilles caractéristiques, et notamment l’Exogyra co- lumba. Il est vrai que dans un mémoire de M. Roeminger, ana- lysé par M. d'Archiac (1), l’ordre des étages du Quader inférieur se trouve interverti, de sorte que le Grès Planer succède immé- diatement au Quadersandstein inférieur proprement dit, et se trouve par conséquent inférieur à l’Exogyrensandstein. Cet ordre semblerait plus naturel. Quoi qu'il en soit, le Planersand- sein renferme des plantes aux environs de Czenezic et surtout à Trziblitz.

Cette seconde flore compte 8 espèces savoir : 2 Cycadées (Za- . miostrobus et Microzamia), une Conifère, le Geinitzia cretacea et 5 Dicotylédones (Phyllites), dont deux au moins sont très-remar- quables (fig. 4, 5 et fig. 9), la première par son ordonnance palmatinerve, 3-5 lobée à lobes entiers mais bien prononcés, à

(4) D’Archiac, Histoire des progres de la géologie, t. V,p. 277 et suiv.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 25

nervures indistinctes, en dehors des principales qui sont très- saillantes. La seconde feuille, grande, lancéolée-lméaire, entière, de texture coriace, avec des nervures secondaires obliquement dirigées, mais peu saillantes, présente vers la base des incisures fort nettes, dont le caractère est singulier.

Cette flore, évidemment plus récente que celle du Quadersand- stein inférieur de Pérutz, ne peut en être séparée, à cause de l'absence de caractères différentiels, impossibles à établir sur un aussi petit nombre d'espèces. Elles doivent composer provisoi- rement, au-dessus de la Florule de l’île d'Aix, une première période Crétacée moyenne, à laquelle on doit réunir aussi les Cycadées (Zamostrobus) d'Angleterre et du Mans, les Ptero- phyllum (Zamites) cretosum et saxonicum Reich. du Quader- sandstein inférieur de Niederschæna, les quelques plantes du Langsberg, près de Quetlimburg, décrites par Stiehler (1) (#7e1- chsehia Ludovicæ St., Pierophyllum Ernestinæ St., Pandanus Simildæ St.),et peut-être aussi les plantes de Scanie signalées par Nilson (Cycadites Nülsonni Brngt, Comptonites antiquus Nils., Acerites? Salicites ?). Cette dernière adjonction, si elle se trouve justifiée, serait importante par la coexistence sur un point aussi septentrional d’une Cycadée et d’une Dicotylédone aussi tran- chée de forme que le Comptonites antiquus. M. d'Ettinghausen, dans son ouvrage sur les Protéacées fossiles (2), range ce dernier parmi les Dryandra et le regarde comme très-analogue au Dryandra (Comptonia) Meneghini Ung. de Monte Bolca; mais cette attribution est infirmée par Unger (3), et dans le doute la dénomination de Comptonites doit être préférée.

Le Quadersandstein inférieur se termine sur plusieurs points par des bancs d'Hippurites, qui ont fait donner à la dernière subdivision du groupe inférieur le nom d’Æippuritenschichten, et qui sont immédiatement inférieurs aux Marnes du Planer ou deuxième groupe. Le Quadersandstein de Saxe et de Silésie n’est qu'un simple prolongement de celui de Bohème; mais il est

(4) Palæontogr.,t. V, p. 71, tab. 12-14.

(2) Proteaceen der Vorwelt, p. 31. (3) Unger, Neu. Holland in Europa. Wien, 1861, p. 44.

26 GASTON DE SAPORTA.

impossible de reconnaître, d’après les indications confuses des divers auteurs, auquel des nombreux étages que nous venons d'énumérer se rattachent directement les plantes, la plupart Dicotylédones, recueillies à Niederschæna et à Teschen d’une part, et de l’autre à Tiefentfurth en Silésie, Cependant, ces plantes par l’ensemble de leurs caractères et surtout par leurs formes généralement plus accentuées, nous paraissent plus modernes, et nous les plaçons provisoirement sur un horizon intermédiaire entre celui donné par le Quadersandstein infé- rieur de Bohême et celui des sables d’Aix-la-Chapelle, c’est-à- dire vers le Turonien de M. d’Orbigny, en conseryant toutefois beaucoup de doute touchant la réalité de leur position.

Si l'on réunit les espèces des couches supérieures de Nieder- schæna à celles de Teschen et de Paulsdorf, et celles des localités silésiennes décrites ou signalées par MM. Brongniart (1), Gei- nitz (2), Gôppert (3), Unger, Ettingshausen, à celles de l'étage des marnes du Planer (Planermergel) de Bohème qui correspond à peu près au même horizon, on arrive à un total de 35 espèces environ, qui se décompose ainsi qu'il suit: Algues, 7 à 40; Fou- gères, 4, dont une arborescente (Protopteris Singeri Presl.) de Silésie, mais son authenticité a depuis été fort Justement révo- quée en doute (4); Conifères, 5, consistant surtout en Arauca- ria, dont les Dammarites représentent probablement les fruits.

Les Monocotylédones présentent une seule espèce, très-sail- lante, il est vrai, nous voulons parler du Flabellaria chamæropi- folia Güpp. de Silésie, qui marque la prenuère apparition cer- taine des Palmiers, puisque le Palmacites varians Corda, trouvé dans le calcaire Planer (Planerkalk), se rapporte vraisemblable- ment à un âge un peu plus récent.

(1) Brongniart, Tableau des genres de végétaux fossiles, p. 409-144.

(2) Geinitz, Characteristik der Sæchsisch-Bæhmischen Kreid.— Verstein., von Ober- sachsen und der Lausitz.

(3) Gôppert, Ueber die foss. Flor. des Quadersandstein. Zur Flora des Qua- dersand. in Schlesien.

(4) Debey und Ettingshausen, Die urweltlichen Acrobryen des Kreidegeb. von Aachen, p. 65.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 27

Les Dicotylédones sont au nombre de 16 au moins, et par conséquent composent à elles seules la moitié de la flore. Elles dépassent de beaucoup chacune des autres elasses prise en parti- culier. Cette importance croissante est bien en rapport avec l’âge moins ancien que nous attribuons à cette période. Elle serait principalement caractérisée, si les éléments que nous consultons ne trompent pas, par l'apparition des Palmiers, par la présence d’Araucaria (Eutassa) pareïls à ceux de nos jours, par la prépondérance très-marquée des Dicotylédones; et si l’on examine ces dernières, on remarque parmi elles des Protéacées d’une attribution assez probable (Grevillea Reussii et Banksia pro- totypos Ett.), et enfin un genre longtemps confondu avec les Credneria, d'affinité incertaine, à feuilles sulpalmatinerves, den- tées-incisées sur les bords, présentant déjà le réseau veineux caractéristique des Credneria, mais distinet par l'absence des nervures basilaires horizontales, et que M. Stiehler en a séparé dernièrement avec raison sous le nom de d’Ettingshausenia (1).

Les Ettingshausenia (Credneria) cuneifolia Brngt, eæpansa Brngt, tremulæfolia Brngt, Sternbergi Brngt, sont les princi- pales espèces de ce genre dont M. d'Ettingshausen a fait ressortir l’analogie apparente avec plusieurs Cissus, en proposant de le nommer Chondrophyllum, à cause de la texture coriace de ses feuilles.

Ainsi l'existence de feuilles dicotylédones déjà plus compli- quées de formes et de neryation est un des caractères de la végé- tation de cette période, non-seulementen Saxe, mais en Silésie, le Phyllites Geinitzianus présente le type lancéolé à dents marginales bien prononcées et acuminées de plusieurs Chênes de l'Inde, de Java et du Mexique. La nervation bien visible semblerait même favoriser ce rapprochement, mais cette feuille doit être surtout remarquée parce qu’elle se confond presque avec une de celles d'Aix-la-Chapelle que M. Debey a désignées sous le nom de Dryophyllum (sp. 2), dans la collection déposée au Muséum de Paris; en sorte que si elle n’est pas spéci- :

(1) Pal/æontographica, t. V, p. 66.

28 GASTON DE SAPORTA.

fiquement identique avec celle-ci, elle en est visiblement congé- nère, nouvelle preuve de l’affinité des deux flores dans un assem- blage aussi peu nombreux et à une distance considérable.

Cette liaison nous amène donc tout naturellement à la Flore des sables d’Aix-la-Chapelle ou Aachensandstein des Allemands. Cet étage est placé par M. d'Orbigny dans le Sénonien, par M. Debey lui-même un peu au-dessous de la zone du Belemnites quadratus, c’est-à-dire vers le Sénonien inférieur. D’après l'opinion de notre ami M. Matheron qui l’a exploré tout derniè- rement, il correspondrait, sans aucun doute, au Santonien de M. Coquand et à la Craie marine supérieure du plan d’Aups et de la Pomme en Provence. Toutes ces opinions concordent pour définir les sables d'Aix comme inférieurs aux couches à Credne- ria des environs de Blankenburg, dans le Harz, et pour rappor- ter celles-ci, qui correspondent nettement à l'horizon du Belem- nitella mucronata d'Orb., au Sénonien supérieur, et plus par- ticulièrement à l'étage Campanien de M. Coquand.

Nous sommes donc parfaitement fixés au sujet de la place que la remarquable flore d’Aix-la-Chapelle doit occuper dans la série géologique ; le caractère de cette flore n'est pas moins accentué.

Comme elle est encore en grande partie imédite, nous avons eu recours à M. Debey, qui a bien voulu nous transmettre à son égard quelques détails plems d'intérêt pour lesquels nous sommes heureux de lui témoigner 1er notre reconnaissance.

Le nombre des espèces connues dépasse 300, mais il doit être ramené à peu près à ce chiffre ou même à un chiffre inférieur, si l’on tient compte du double emploi amené forcément par la description des divers organes d’une même plante et surtout des fruits et des fragments d'épiderme, dont le nombre est con- sidérable. En adoptant le chiifre de 300 et le décomposant par grandes classes, on trouve : 24 Cryptogames cellulaires, Algues, Lichens, Hypoxylées; 40 Cryptogames vasculaires ou acrogènes consistant en Fougères, à l'exception d’une seule Mousse, la plus ancienne connue; 40 Conifères, 25 à 30 Monocotylédones, et 200 Dicotylédones environ. Ainsi, les Dicotylédones à elles seules comprennent les deux tiers des espèces, proportion

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 26

énorme si l’on se rapporte aux âges antérieurs et même au précédent immédiat. À la suite des Dicotylédones viennent les Fougères encore bien nombreuses, si l’on considère ce qu'elles deviennent dans l’époque tertiaire, puis les Monocotylédones qui ue forment (1) que 1/1 du nombre total et 1/12 des Phanéro- games réunies, puis les Conmifères.

Les caractères généraux de cette végétation considérée dans son ensemble sont : une variété de formes beaucoup plus grande que dans les périodes antérieures; l’assimilation possible d'une partie des espèces à des genres ou du moins à des familles du monde actuel ; enfin la substitution, dans les Fougères, de types tout à fait nouveaux, mais encore bien éloignés de ceux qui sont les plus répandus maintenant, aux types qui avaient si longtemps persisté.

En reprenant chacune des grandes classes, on reconnait l’existence des caractères suivants : les Algues se distinguent par l’affluence des Chondrites et la présence des Delesserites, ce qui les rattache plus particulièrement aux flores tertiaires du flysch par le premier de ces genres, à Monte Bolca par le second dont nous avons également constaté la présence dans les couches Santoniennes de la Pomme (2), en Provence, contem- poraines de celles d’Aix-la-Chapelle.

Les Fougères s'éloignent de celles des âges antérieurs ; leurs frondes paraissent n’avoir eu, en général, que d'assez fai- bles dimensions; elles se partagent en trois groupes : les unes d'affinité incertaine constituent des types sans analogie avec ceux de nos jours; M. Debey s’en est servi pour établir les genres Bonaventurea, Carolopteris, Monheimia, Zonopteris, Benizia, Ra-

(14) En négligeant les Algues.

(2) L’empreinte que nous avons signalée dans l'introduction à la première partie de nos études (Études sur la végétation tertiaire, t. 1, p. 18; Annales des sciences natu- relles, t. XVII, p.326), comme étant celle d’une feuille dicotylédone voisine de l’un des Dryophyllum de M. Debey, provient de la même couche et appartient probablement au même genre de la classe des Algues. La présence d’une nervure médiane fort nette et de nervures latérales explique notre erreur, que la découverte de plusieurs empreintes analogues nous a aidé à reconnaître.

80 GASTON DE SAPORTA.

phaelia, et il a réuni les plus douteuses dans le genre Pterido- leima qui comprend 22 espèces. Parmi ces Fougères, quelques- unes se rattachent de plus moins près aux Pecopteris de Bohème, de Saxe et de Silésie signalés dans le Quadersandsteim inférieur, plusieurs paraissent être des Polypodiacées analogues aux Aspidium, Woodwardia, Doodia, Gymnogramma, mais d’autres se relient plus naturellement aux Cyathacées, aux Marat- tiâcées, Danæacées, ete. Le sécond groupe se rattache de fort près aux Gleichéniées, aux Lygodiacées, aüx Danæacées de la nature actuelle, c'est-à-dire aux tribus les plus exceptionnelles, les plus exclusivement tropicales et australiennes de Fordre végé- tal de notre temps. Le plus restremt et le dernier dés trois grou- pes dénote de véritables Polypodiacées, mais il se réduit à 6 espé- ces seulement, congénères des Asplenium et peut-être aussi des Adiantum et des Pteris d'aujourd'hui.

8 Les Cycadées sont absentes, à ce qu’il paraît; mais lés Conifères, tout à fait en rapport avec celles de l’âge antérieur, ne comprennent que des Abiétinées d’affinité incertaine (Mitropi- cea), ou des Araucaria (sect. Eutassa), des Sequoiées (Cyc4- dopsis) qui ne font que continuer le genre Geinilzia, et enfin un type tout à fait nouveau (Belodendron). Ici, la litisôn avec les types tertiaires ne s'opère que par les Sequoïées.

Les Monocotylédones se distinguent, soit par déS types, tout à fait isolés comme les genres Vechalea et Thälassocharis, soit par des types dont l'assimilation f’est relative qu'à Pensemr- ble d’une famille (Pandanées, Palmiers, Liliacées?), soït énfin par plusieurs Naïadées (Zosterites) dont la présence est justifiée par celle de couches déposées sous l'influence de li mer.

Nous trouvons les Dicotylédones revètues de caractères tout spéciaux, mais qui sont le résultat du mouvement orga- nique dont nous ayons signalé les premiers indices. L’énorme prépondérance des Protéacées, qui comptent plus de 100 espèces, en est le fait le plus saïllant. Ce groupe, le premier apparü, atteint son développement définitif avant les autres, de même que nous le verrons décliner le premier. Ici, la plupart des combinaisons de forme qui distinguent les feuilles de cette famulle en Australie

SUD-EST LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 31

et au Cap se trouvent fidèlement reproduites, et l’analogie en fait observer d’autres tout à fait inconnues aujourd'hui; tels sont les Palæobanksia. |

L'existence de formes très-voisines des Leucospermum, Syna- ph@a, Grevillea, Lomatia, Banksia, Dryandra, paraît d'autant mieux établie que plusieurs d’entre elles sont ensuite long- temps perpétuées sans variations considérablés ét persistaient encore à l’époque du gypsé d'Aix ou même postérieurement. Ainsi voilà le premier fait considérable : prépondérance incon- testable des Protéacées. Le second, c’est la présence d’un certain nombre de types trés-accentués, dont l’affimté par rapport à quelques-unes des familles actuelles, surtout parmi les Apétales, semblé probable, mais qu'il est impossible de leur assimilér divéctement d’une manière sûre; on doit done les considérer comme constituant des genres même des familles distinctes des nôtres et peut-être leur ayant servi de protolypes (4) et de pomt de départ, tels sont les Dryôphyllumi qüe nous avons signa- lés en Silésie, et que nous retrouvons à la bäse du terrain ter- tiaire, dans le bassin de Paris ; tels sont encore les Credneria pro- prement dits qui commencent à se montrer à Aix-la-Chapelle, quoique très-rarement, et enfin ütie foule de Dicotylédones encoré inédites que M. Bebey fera connaître plus tard. Quelqués- uns de ces genres, comimé les Dryophyllum, ont une longue existence; d’autres, comme les Crédneriæ, ne font que se montrer, mais se trouvent remplacés dans les étages suivants par des types très-analogues. Enfin, parmi les Dicotylédones d’Aix-la-Cha- pelle, un bien petit nombre, ent dehors des Protéacées, semblent se rattacher à quelques-uns des genres encore existants (Myrica, Ficus? Eucalyptus?), mais ces assimilations ne laissent pas que d'inspirer des doutes. Plusieurs familles que nous rencontrons dans les étages suivants, par exemple les Légunimeuses, n’ont laissé d'elles aucun indice.

Quant à la physionomie générale, elle est très-variable ; beau- coup de feuilles étonnent par leur faible ditnenSion, et ce sont

(4) Ce qui nous engage à donner à ces végétaux le nom de végétaÿ# prototypiquese

82 GASTON DE SAPORTA.

justement celles, comme dans les Palmiers (Sciadum), Panda- nées, Protéacées, dont l'attribution à des familles et à des genres de l’ordre actuel peut être opérée avec le moins de doute.

D’autres, au contraire (Dryophyllum, Credneria), présentent un développement remarquable, et ce sont plutôt celles qui ne se rattachent que d’une manière indirecte aux types actuels. Nous allons voir, à partir de l'étage suivant, les formes largement dé- veloppées (feuilles platymorphiques) dominer à l'exclusion des autres qui ne reparaîtront qu'après un assez long intervalle.

En résumé, la physionomie exotique et australienne des Fou- gères, l'étrangeté de certaines Monocotylédones, la présence des Pandanées et des Palmiers, des Araucaria et des Séquoiées, la prépondérance des Protéacées, la diversité des formes, la diffi- culté des assimilations, l'apparition des Credneria, la présence de groupes (probablement apétales?), d’affinité incertaine, de physionomie très-saillante, et particulièrement des Dryophyl- lum, tels sont, à nos yeux, les principaux caractères de cette curieuse végétation.

La flore des environs de Blankenburg doit lui être postérieure de très-peu, et cependant il semble déjà qu’elle revête une phy- sionomie différente. La connaissance en est due aux travaux de Zenker (1), Dunker (2) et dernièrement de M. Stiehler (3). Cependant le total des espèces décrites ou signalées ne s'élève encore qu'à 23; mais, ainsi que l'explique M. Stiehler, c’est le long d’une plage marine, au milieu des sables fins dont la conso- lidation a formé le Quadersandstein, qu'ont été ensevelis les restes des végétaux et surtout les feuilles de ce dépôt, en sorte que nous n'avons, sous les yeux, que la dépouille des plantes immédiatement littorales.

Quoi qu’il en soit, en réunissant les données fournies par ces divers auteurs, on peut énumérer d'abord 5 Algues apparte- nant aux genres Chondrites, Conferviles, Delesserites (h), puis

(4) Zenker, Beiträge, p. 17, t. Il et III. (2) Palæontogr., t. IV, p.179. (3) Palæontogr., ti. V, p. 47. . (4) Le Delesserites Thierensis de la craie de Maestricht est compris dans ce nombre.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 35 5 Conifères, parmi lesquelles le Geinitzia (Cycadopsis ?) creta- cea Endl., qu’on retrouve à tous les degrés de la série, marque la persistance des Séquoiées à cette époque, non moims que les Abietites Gæpperti, curvifolius et Hartigi Dunk., qui nous parais- sent appartenir au même groupe, et représenter peut-être plusieurs formes d'une seule espèce. Les monocotylédones se réduisent à la mention faite par M. Stiehler d’un fragment de tige très-voisin du Palmacites varians Corda.

Les Dicotylédones, au contraire, s'élèvent à 12, formant à elles seules plus de la moitié du nombre total, et les 2/3 des plantes terrestres, proportion conforme à celle que nous avons observée dans la flore d’Aix-la-Chapelle ; parmi elles, on remarque deux Salicites (S. fragiliformis Zenk. et Hartigi Dunk.) ; mais la dé- nomination générique sous laquelle onles désigne ne doit pas faire illusion touchant le peu de probabilité de l'attribution, fondée uniquement sur la forme étroite et allongée des feuilles. Nous en dirons autant du Cytisus cretaceus Dunk. (1), qui consiste en trois empreintes de feuilles réunies vers la base, de manière à faire croire qu'elles représentent les folioles d’une feuille digitée; si cette appréciation se trouvait justifiée, ce qui n’a rien de cer- tain, nous regarderions une assimilation avec certaines Aralia- cées comme bien plus probable, puisque rien ne prouve la pré- sence des Légumineuses à cette époque, encore moins du genre Cytisus, un des plus modernes de la flore tertiaire.

L'espèce nommée par Dunker Castanea Hausmanni serait mieux rangée parmi les Dryophyllum dont elle possède quel- ques caractères ; on pourrait y Voir aussi, avec quelque raison peut-être, une Protéacée analogue à certains Banksia, Knightia, Xylomelum, et même assez voisine du Banksites aculeatus du gypse d’AIx.

Mais le genre le plus important de cette petite flore est celui des Credneria, dont les feuilles ont attiré depuis longtemps l’at- tention des naturalistes. M. Stiehler, dans son mémoire sur la flore crétacée de Blankenburg (2), énumère successivement les

(4) Palæontogr., IV, t. 34, fig. 3.

(2) Palæontogr., t. V, p. 57. 99 série, Bor. T. III. (Cahier 4.) 3 3

5h GASTON DE SAPORTA.

hypothèses mises en avant par divers auteurs au sujét de leur attribution. Aucune conclusion un peu probable ne ressort de cet examen, et il serait mutile de s’y arrêter, si M. Stiehler lui- même, adhérant à l'opinion de son ami M. Hampe, ne regardait les Credneria comme faisant partie des Polygonées et très-voisins du genre Coccoloba.

Il nous est impossible d'admettre cette manière de voir, fondée seulement sur la coïncidence amenée par la découverte d’une tige fossile dont la structure est analogue, selon l’autéur, à celle des tiges de Rheum, et enfin sur la présence dans quelques feuilles de Coccoloba de nervures basilaires horizontales dirigées dans le même sens que celles des Credneria.

Or, le rapprochement en question ne nous semble résulter que d'une comparaison superficielle des empreintes fossiles et des feuilles actuelles. Il est vrai que les feuilles du Coc. pubescens ont des nervures très-saillantes inférieurement, comme celles des Credneria, et que les feuilles du Coc. uvifera Se rapprochent un peu du Credneria subtriloba par la forme de leur base; mais; en réalité, il n'existe pas dans les feuilles de Coccoloba assez fixité dans la nervation, assez d’analogie dañs forme; pour faire admettre, sur d'aussi faibles indices, une véritable affinité entre eux et le genre si tranché des Credneria.

La difficulté n’est pas de retrouver dans l’ordre actüel des formes présentant une nervation analogue à celle des Credneria; on observe; en effet, ce mode de nérvation qui est fort simple (nous parlons du mode de ramification des veines tertiaires par rapport aux secondaires), non-seulement dans les Amentaeées (Alnus, Corylus, Quercus) il est très-ordinaire, mais dans les Pipéracées, Morées, Artocarpées, dans plusieurs Populus; dans les Hamamélidées, dans les Mélastomacées, dans la plupart dès Tilia- céés, Malvacées, Dombevacées, etc. Quant aux nervures basilai- res horizontales, elles se retrouvent également dans beaucoup feuilles, les nervures latérales inférieures plus développées que les suivantes deviennent suüprabasilaires, et par conséquent ce caractère isolé ne saurait à lui seul devenir un indice d’affi- nité. En effet, c’est seulement dans la réunion des principaux

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 95 caractères distinctifs des feuilles de Credneria que l’on dévräit puiser les éléments d’assimilation; inais il est probable que, si un pareil type existait encore dans le mondé, il äurait frappé les yeux des botanistes habiles qui se sont occupés de ce setire de recherches; la divergence dés opinions mises en avant ën démontre, au contraire, l'inanité; et nous devons plutôtcroire, conformément à l'idéé que nous avons émise sur marche ét le développement originaire dés Dicotylédones, que les Crédneria faistient partie d'un groupé qui, selon toute apparence, a dispäïu d'autant plus complétement que l’époque de son apparition à été plus hâtive et plus reculée. Il est égalé- inéht probable que cêt ancien groupe n'était pas sans liaison d’âüeune sorte avée ceux qui lui ont succédé, ét par ceux-ci avec ééux qui existent encore. Mais pour retrouver dans l'ordré actuel ühé famille liée à celle des Crednerïa, dant conservé, plus que les autres, quelques-uns des traits qui les distiigueñt, il séräit naturel de $ attaché à groupe pet nombreux, dispersé, isolé âu filiét dés dutres, sans liäison directe avèc aucun, peu iombreux En éspèces ét CÉmposé d'espèces genres disjoints. Féls Sont, éñ effet, les groupes auxquels M. A. Cändollé dans Sa Géographie botanique, ét dernièrement dans son Mémoire sur la eläSsification des Chênes, attribue les cäractères d’une tuitien- hété relative plus ou moins grande.

C'est four cela que hoùs préférons de béaucoüp, à cét égard, à toute äutre hypothèse, Celle que M. Brongniart à formulée Aépüis lorigteinps (4), en faisarit ressortir l’analogie asséz étroite dés Crétheria et des Hathämélidées. Ici l'affinité Supposée est fondée à la fois sûr le rapport de forme, sur l'ordonnance ét la diréc- tiüii dés principales nervures, le déssth du réseati véineux, l’irré- &üldrité des feuilles vérs léur basé ét disposition des nérvürés éïnises sur le coté extérné des deux principales ; c’ést ce dont il est facile s'assurer én comparant les feuilles du Pärrotià pêr- Sica AVeé 18 Crédneria subtriloba Eéhk.; et celles du F'orhérgtila älnifolia ét du Coryplosts Spicata avëc 18S Cheherflé déntiéutäta

(4) Brongniart, Tableau des genres de végétaux fossiles, p. 80.

36 GASTON DE SAPORTA.

Zenk., et subserrata Hampe. Quant aux nervures basilaires hori- zontales, elles se montrent rarement dans les Hamamélidées, à cause de la base ordinairement échancrée qui distingue les feuilles de cette famille ; cependant elles se développent parfois, quoique faiblement, dans tous les cas les grandes nervures inférieures ou l’une d'elles seulement deviennent accidentellement supraba- silaires ; c’est ce que nous avons observé assez souvent sur les feuilles de l’Hamamelis virginica. Du reste, on ne saurait préten- dre que les Credneria aient été congénères des Hamamélidées, ni même qu'ils aient appartenu à la même famille que ces plantes, aujourd'hui dispersées par petits groupes dans les deux continents. On rencontre, en effet, des Hamamélidées au Japon (Corylopsis), en Perse (Parrotia), à Madagascar (Dicoryphe) , dans l'Afrique australe (Trichocladus) et dans l'Amérique du Nord (Fother- gilla); le genre Hamamelis se partage entre la dernière contrée et la Chine. La plupart de ces végétaux, surtout les plus connus (Hamamelis, Parrotia, Fothergilla), portent des feuilles caduques, membraneuses, quoique assez fermes, peu en rapport. avec la consistance visiblement épaisse et persistante de celles des Cred- neria. Nous avons cherché à reconnaître si l’analogie signalée par M. Brongniart ne se révélait pas davantage dans la petite tribu des Bucklandiées qui habite l'Inde, elle est représentée par deux genres à une seule espèce, et dont les feuilles sont per- sistantes et coriaces. Le Bucklandia populnea Griff. présente des feuilles subcordiformes, tantôt entières, tantôt sublobées, qui ont un rapport frappant avec celles de certains Populus et Ficus ; mais en mème temps leur nervation saillante inférieure- ment et ramifiée à angle droit, l'ordonnance subpalmée des prin- cipales nervures, leur direction oblique recourbée ascendante, enfin le développement des deux nervures inférieures aux prin- cipales, étendues horizontalement, sont autant de traits qui rat- tachent ces feuilles aux Credneria. Nous signalerons de plus le renflement caractéristique du pétiole vers le point il pénètre dans le hmbe, et la manière dont se prononce le lobule latéral unique dans les feuilles non entières. Celles-ci présentent alors une grande ressemblance avec le Credneria triacuminata Hampe,

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 37

tandis que celles qui sont entières se rapprochent beaucoup des Credneria integerrima Zenk. et acuminata Hampe.

Cette analogie des Credneria avec le groupe des Hamaméli- dées n'est pas la seule que nous puissions signaler ; elle se mani- feste encore à un assez haut degré avec les Populus etles Platanus dans lesquels la ressemblance de la nervation se réunit à la pré- sence des nervures basilaires caractéristiques. M. Brongniart

avait mentionne la ressemblance de forme avec les Populus, mais pour bien saisir l’analogie du réseau veineux dans les deux gen- res, 11 faut comparer les feuilles fossiles aux Peupliers à feuilles larges et peu dentées, et surtout au Populus ciliata Wall. espèce de l'Inde.

Le surexhaussement des nervures latérales inférieures s’ob- serve surtout dans les Peupliers de la section Vigra (Margi- nalæ Heer), l’on voit se manifester en dessous des deux nervures principales une ou plusieurs paires de nervures hori- zontales, directement issues de la médiane et tout à fait pareilles à celles des Credneria, quoique beaucoup plus déliées. Il suffit, pour observer ce caractère, de choisir les feuilles les mieux déve- loppées des Populus nigra, canadensis, virginiana, angulata. On compte parfois jusqu'à à paires de ces nervures sur les feuilles de la dernière espèce.

La même particularité de nervation est bien plus saillante dans le genre Platanus, elle constitue l’état normal de la forme nom- mée PI. cuneata Wild. ; on peut observer sur les feuilles de cette variété à à 4 paires de nervures basilaires, étendues horizonta- lement dans la portion du limbe qui se prolonge inférieurement ; de plus, la disposition des veines tertiaires offre dans ce même genre d'assez grands rapports avec celles des Credneria.

On pourrait donc supposer, non sans quelque raison, que les Credneria, tout en formant un genre ou une famille depuis longtemps disparus, manifestent par les caractères que pré- sentent leurs feuilles, des indices d’affinité assez sensibles avec les Hamamélidées d’une part, les Salicinées et les Platanées de l’autre, pour qu’il soit permis de penser qu’ils ont peut-être servi de prototype et de point de départ à ces divers groupes ,

38 GASTON DE SAPORTA. sans que l'on puisse pourtant rigoureusement définir la ngture des liens qui rattachent les genres apparus en dernier lieu à celui qui les a incontestablement précédés.

La flore des Credneria termine la série de la Craie dans l'Eu- rope centrale. Située vers le Sénonien supérieur, elle ne se trouye séparée du terrain Lertiaire que par la seule Craie de Maestricht, qui correspond : à l'étage Dordonien de M. Coquand, et se confond, à ce qu'il: semble, avec le Calcaire pisolilique du bassin de Paris, et par conséquent avec le Danien de M. d'Or- bigny.

La première flore que nous rencontrons, en poursuiyant notre marche ascendante, est celle de Sézanne, comprise dans l'étage de Rilly, placé par quelques-uns à la base même de la série ter- tiaire (c'est l'opinion de M. Hébert, professeur de géologie : à la Sorbonne, etdeM. Bayle, professeur de paléontologie à l École des mines) ; mais qui devrait être reporté à à un niveau plus élevé, à la partie supérieure des sables marins de Bracheux, si l’on adop{ait le point de vue de M. Prestwich et de quelques : autres géologues.

L'âge de Rilly, d'après cette seconde hy othèse, serait cepen- dant toujours : antérieur à celui des argiles . astiques ef des lignites du Sojssonnais, Des explorations, suivies en dernier lieu par MM. Matheron et Deshayes, tendraient à confirmer cette manière de voir; mais il se pourrait que le calcaire lacustre de Rill fût l'équivalent au MpIns partiel des sables de Bracheux. Il existe. donc une lacune d un étage au moins, de deux au plus entre la flore des Cr edneria et celle de Sézanne. Cette lacune, correspon- dant à à l intervalle même qui sépare les deux époques, n'est rem- plie que très- imparfaitement par les débris végétaux que nous avons recueillis dans l'étage provençal des lignites de Fuveau. Nous les avons partiellement décrits dans la première partie de nos études (1); comme constituant la plus ancienne des flores tertiaires de Provence.

Depuis lors de nouveaux documents sont venus compléter un

+ {1) Voy. Études sur la végétation tertiaire, I, p. 38 ; Annales des sciences natu- re, série, Bor., 1, XVI, p. 191.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 39

peu cette végétation, et jeter sur elle une lumière plus vive. De plus, notre ami M. Matheron observant la liaison intime qui existe entre le groupe du lignite de Fuveau et la Craie Santo- nienne sous-jacente, à l’aide d’un étage intermédiaire lacustre et lignitifère, comme à la Brasque (plan d'Aups), aussi bien que la Craie Santonienne elle-même (Giniez, plan d'Aups) , en a conclu que la réunion en une série continue des trois étages, soit marin, soit lacustres, ressortait naturellement de l'étude des faits. En effet, d’une part, la présence constante de lits de combustible à Chaque étage, jomte au passage insensible qui mène de l’un à l'autre, donne à l’ensemble du groupe un caractère d'unité qui motive leur fusion ; d'autre part, la Craie de Provence terminée avec le Santonien se trouve ainsi complétée par l'adjonction de deux étages d’eau douce correspondant aux étages marins qui existent partout ailleurs, lorsque la série n'est pas interrompue.

Enfin, pour achever la démonstration de notre savant ami, 1 a observé que la suite si nombreuse des coquilles terrestres et fluviatiles recueillies dans ces couches n’a rien de commun avec les espèces tertiaires anciennes du bassin de Paris, tandis que, par une coïncidence remarquable, ces mêmes coquilles se rap- prochent par leur facies et par la présence de formes communes de celles trouvées à Gosau, en Tyrol, dans des lits bitumi- neux d'origine saumâtre, mtercalés entre deux étages marins crétacés.

Telles sont les raisons qui militent en faveur de l'opinion de notre ami, au sujet de l’âge réel du terrain à lignite inférieur. Nous ayons dit dans notre première introduction qu’il se compo- sait de deux puissantes assises, l’une inférieure en liaison directe avec le Santonien, et représentant, par conséquent, la Craie de Meudon et le Campanien de M. Coquand, correspondant ainsi à l'étage des Credneria, et l'autre supérieure faisant suite à la pré- cédente, renfermant les lignites principaux et qui doit être à peu près l'équivalent de la Craie de Maestricht et du Calcaire pisoli- tique dans le bassin de Paris.

Les plantes proviennent des lits qui supportent et accom- pagnent le lignite; le nombre de celles que nous avons décrites

hO GASTON DE SAPORTA.

n'est que de 12; quoique ce nombre ait augmenté depuis, il ne s'élève qu'à 20 environ; elles doivent être disposées ainsi qu'il suit :

Cryptogames vasculaires 3.

FoucÈrEes. Adiantites Vedensis (Filicites Vedensis Sap., vide supra, Et. sur la végét. tert., 1, p. 49 et suiv. Ann. sc. nat., série, Bor., 1. 17, p. 193 et suiv.). Pinnules détachées (vallée de Véde); pinnules

adhérentes au rachis, fragment de fronde (hameau des Boyers, territoire d’Auriol).

Adiantites lacerus (Filicites lacerus Sap., 1. c.), pinnules détachées (vallée de Véde, hameau des Boyers, environs de Peynier).

Ces deux espèces, mieux connues par des empreintes plus nombreuses et plus complètes, se rapprochent par leur forme et le caractère de leur nervation de plusieurs Fougères anciennes du groupe des Veuropteris ; mais elles rentrent aussi très-natu- rellement dans le genre 4diantites de M. Debey, et se relient à plusieurs genres de la tribu des Adiantariées et surtout aux Pteris (Pt. falcata R. Br.), Allosorus, Cassebeera (C. pteroi- des Pressl.), Adiantum (4. platyphyllum Poepp.). La forme des pinnules, lancéolée obtuse, légèrement cordiforme, courtement pédicellée dans la première espèce, oblongue-obovée, un peu atténuée inférieurement, à venules plus obliquement dirigées dans la seconde, les distingue suffisamment; elles rappellent l Adiantites Casseberoides Deb. (1).

Pteridoleima Sp., pinnule détachée, linéaire, analogue au Carolopteris asplenioides de M. Debey (2); elle paraît régulièrement lobée vers la partie supérieure, comme le Bonaventurea cardinalis (3) de la même flore.

Gymnospermes 2.

CYcADÉES. Z'amites serotinus, pinnule encore adhérente au rachis qui est mince, triangulaire et porte des traces de l’adhérence des autres pin-

(1) Die urweltiche Acrob., p. 45, t. IL, fig. 12-17. (2) Jbid., t. IL, ‘fig. 29-33. (3) Jbid., t. III, fig. 6, 7.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. A

nules ; la pinnule, mutilée dans une partie de son étendue, est coriace, lar- gement linéaire, faiblement rétrécie vers la base, marquée de stries lon- gitudinales peu distinctes. Cette empreinte, en mauvais état, il est vrai, semble réellement dénoter l'existence d’une Cycadée voisine des Cera- tozamia actuels (Zamia mexicana Hort.); elle se rapprocherait plutôt de certaines formes du lias d’Alberstadt (Pferophyllum Z'inkerianum Germ.), et surtout du Zamates distans Sternb., que des espèces de la Craie et des vrais Pterophyllum.

Zamites Sp., pinnules détachées (environs de Peynier). Ce sont des pin- nules elliptiques allongées, coriaces, à nervures très-fines, toutes égales, rentrant naturellement dans le genre Zamites, mais d’une attribution plus douteuse que l'espèce précédente.

Monocotylédones 8.

RHiZOCAULÉES. Æhizocaulon macrophyllum Sap., L c.; de nouveaux exemplaires montrent clairement la forme largement rubanée, amplexi- caule à la base, des feuilles nettement terminées à la partie inférieure, et par conséquent à la fin caduques. |

Rhizocaulon subtilinervium Sap., I. c.

TyrHAcÉEs. 7yphæloiïpum primævum Sap., 1. c.: l'espèce citée à côté de celle-ci sous le nom de Typh. rugosum, ne paraît être que la côte mé- diane ou le pétiole de la suivante. R

MusacéEes. Musophyllum longævum (hameau des Boyers), fragment de feuille monocotylédone pourvue d’une côte médiane et de nervures secondaires extrêmement fines, rapprochées, parallèles, obliquement émises, puis recourbées, réunies par des veinules transverses, tout à fait analogues à celles des Musa, mais sans mélange aucun de nervures de divers ordres. |

Cette espèce se rapproche beaucoup plus du Musophylium speciosum des gypses d'Aix que des Musa actuels.

Carpolithes.— Ces fruits dont nous avons décrit et figuré deux espèces et qu’on pourrait nommer Affuvelites, en comprennent au moins trois et peut-être davantage. Ils se composent d’une masse ou noyau central dont la forme varie, selon les espèces, tan- tôt arrondi, ou subcordiforme, ovale ou très-allongé. Les noyaux sont revêtus d'une enveloppe filamenteuse, tantôt intacte et finement striée, tantôt plus ou moins désagrégée. Ces organes ont un grand rapport de structure avéc les Vipadites et les fruits

12 GASTON DE SAPORTA.

du Nipa fruticans et de l Hombronia edulis Gaud., sous des pro- por tions très-réduites. Jls appartenaient probablement à Un genre étemt du groupe des Pandanées, sans qu'on puisse nier leur ressemblance avec les organes correspondants de certains Pal- MIETS ; la connaissance nécessairement im arfaite que nous avons de leur structure intérieure accroît les difficultés d'une assimilation plus précise.

Dicotylédones 7.

Mynicées. Myrica? Sp. (hameau des Boyers) ; feuille saliciforme pé- tiolée, à nervures obliques, ascendantes, denticulée et sinuée le long des bords, analogue au Myrica sinuata des gypses d'Aix.

PROTÉACÉES, Conospermum ? ? Sp. (hameau des Boyers); feuille coriace, étroitement linéaire, à trois nervures peu distinctes, un peu ana logue : au Conospermum laziflorum Endi.

Grevillea ? obscura (Phyllites obscyrus Sap., 1. c.), feuille allongée, entière, à nervures obliques que nous ayons signalée sous le non de Ph. obscurus.

Anacanpiacées, Anagcardites alnifolius Sap., L. c., pl. 2, fig. 4. Anacardites? tenuis (Phyllites tenuis Sap., 1. c.); cette seconde feuille

présente à peu près le même mode de nervation que la première, On pour rait la comparer à certains Anaphrenium ; elle est étroite et allongée.

Mynracies. Eucalyptus £ Sp. (hameau des Boyers). Lambeau de feuille largement linéaire, présentant la nervation caractéristique des M yriacées et en particulier des Æucalyptus.

L'importance des Monocotylédones dans cette flore est un fait local qui tient sans doute à la station humide et marécageuse des anciennes plages.

On ne saurait tirer aucune conclusion générale de la nature des Dicotylédones Lrop peu nombreuses et trop mal caractérisées. Cependant la physionomie des espèces n'a rien de commun avec les formes largement développées de l’âge des Credneria, et se rapproche plutôt de celle des plantes d’ Aix-la-Chapelle M. Debey signale également des Protéacées, Myricées?, Myrta- cées?. Mais la ] présence des Cycadées qui persistent dans l'Eu- Fope méridionale, alors que l'onnen trouve plus de traces dans

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 5 le Nord, constitue un fait, dont l'importance est facile à saisir . r " Nous arrivons maintenant à l’époque de Rilly et à la helle végétation de Sézanne dont voici le tableau approximatif (1)

Cryptosames 11.

HépaTIQUES. Marchantites sezannensis Brngt. Tab. des genres de Vég. foss., p. 115 ; espèce analogue au Marchantia polymorpha.

A côté de cette espèce, on peut en signaler une seconde à fronde sinueuse, beaucoup plus étroite et plus allongée.

Foucères. Lastrea thelypteroides (Polypodites thelypteroides Brngr, ibid.), espèce voisine des Z. pulchella et Fischeri Heer, qui se trouvent à la base de la mollasse suisse (voy. Heer., F1. tert. Helv.. I, p. 33 et 34).

Parmi les Fougères actuelles, les pe analogues paraissent être les Lastrea crinila et stipulacea de li île Bourbon, le L. appen-

(1) La liste des espèces de Sézanne n'a jamais été publiée, à l'exception des Crypto- games signalées par M. Brongniart ‘dans son Tableau des genres des végétaux fossiles ; celle que nous donnons ici ne peut être que très- “imparfaite, soit par le manqne de documents suffisants, soit par cette circonstance que les feuilles de cette localité ter- tiaire étant pour la plupart fort grandes. elles se trouvent ordinairement tnquées ou même nue en fragments, ce qui augmente la difficulté déjà si grande, qui s'at- tache à leur détermination. Du reste, si nous avons pu parvenir à une connaissance même ‘incomplète cètte ancienne et curieuse flore, nous le devons en grande partie à l'intervention amicale de M. le marquis de Raincourt, géologue distingué, ainsi qu à la complaisance de M. Delesse, ingénieur dés mines, qui à bien voulu nous communi- quer les échantillons déposés à l’École normale ; M. Hébert, professeur de géologie à la Sorbonne, nous a fait également part des siens ; enfin, M. Bayle a mis une grâce par- faite à nous faciliter l'accès de ceux qui sont compris dans Ja riche collection de l'école des Mines. Nous sommes heureux de témoigner ici à ces divers sayanfs notre vivé reconnaissance. Tout tira de nouvelles recherc hes ont mis entre nos mains une série d'échantillons qui accroissent, dans une notable proportion le nombre des espèces de cette riche localité. 11 nous serait impossible de les mentionner icj, même incom- plétement. La plupart, surtout les Dicotylédones, ne présentent que des éléments très- incérfains d’assimilation. Nous nous contentons de signaler quelques-unes de ces espèces nouvelles, en choisisant celles dont la détermination offre le plus de probabilité. Plus tard peut-être, pourrons-nous les publier toutes, dans un travail d'ensemble sur la Flore de Sézanne, si le temps nous permet d'aborder et de mener à bonne fin une étude d’autant plus obscure qu’elle se rapporte à un âge déjà très-reculé, n ayant plus avec le nôtre, et surtout avec la partie du monde que nous habitons, que des analogies très-faibles et très-difficilemen t perceptibles.

li! GASTON DE SAPORTA.

diculata Pressl. (Asp. deltoideum Desv.), et plusieurs autres

Lastrea des régions tropicales de l’ancien comme du nouveau continent.

Lastrea Pomelit (Pecopteris Pomelii Brngt, ibid.). Pinnules plus petites et plus profondément incisées que dans l'espèce précédente. Veines simples ; les inférieures quelquefois bifurquées.

On peut comparer cette espèce au Lastrea concinna (Asp. concinnum Meth., rivulorum Fée) et à plusieurs autres Lastrea.

Une troisième espèce se rattachant au même groupe présente des pinnules faiblement incisées, occupées par des veinules simples, peu nombreuses, et bien plus obliques que dans les espèces précédentes.

Aspidium longævum. Fronde ailée; pinnules allongées, faiblement denticulées assez profondément incisées, toujours cependant plus ou moins soudées par la base; nervation pinnée; veinules plusieurs fois ramifiées-dichotomes, obliques; les inférieures de chaque pinnule s’ana- stomosant avec celles de la pinnule voisine.

On peut comparer cette espèce à l'A. leuceanum Kunze des Philippmes.

Athyrium Wegmanni (Asplenium Wegmanni Brngt., ibid.). La pré- sence des sores, jointe au caractère tiré de la nervation, permet de déterminer génériquement cette espèce presque aussi sûrement que sielle était vivante. Elle paraît voisine de l’Athyrium (Allantodia) umbrosum Pressl.

Il existe à Sézanne un second Athyrium accompagné de ses fructifications, et très-analogue à l'A. decuriatum Presl.

Asplenium sphenopteroides.— Fronde à divisions ascendantes, à subdi- visions très-obliques, alternes, étroitement cunéiformes, décurrentes inférieurement ; l'existence des sores de forme linéaire dénote un Asple- nium; toutefois la comparaison fait ressortir une remarquable analogie entre cette espèce et les Sphenopteris des terrains anciens, surtout ceux des terrains secondaires.

La liste déjà longue des Fougères de Sézanne comprend encore un Adiantites aux pinnules de texture délicate largement cunéi-

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 6)

formes, et une grande espèce dont les divisions présentent des pinnules partagées jusqu’à la côte médiane, mais adhérentes par la base. L'absence de fructification s'oppose à une détermination rigoureuse ; mais il serait naturel de reconnaitre un Pteris dans cette dernière Fougère.

Monocotylédones 23

Cyperites? (coll. du Muséum). Feuille linéaire, striée longitudinale- ment, pourvue d’une nervure médiane en forme de carène.

Carludovica? Petite fronde malheureusement mutilée d’un côté le long de la nervure médiane; elle dénote soit un Palmier (Geonoma) de très-petite taille ou imparfaitement développé, soit une Pandanée ana- logue au Carludovica, soit enfin une Cannacée; toutefois, cette dernière ‘hypothèse semble la moins probable.

Dicotylédones 24.

a. Dicotylédones d’affinité incertaine, n'ayant avec les groupes de l’ordre actuel que des rapports trop confus pour donner lieu à une attribution un peu probable.

Sezannia. Feuilles amples, largement ovales, penninerves, à ner- vures secondaires obliques, parallèles, atteignant les dentelures du bord, soit directement, soit à l’aide de ramifications simples émises le long de leur côté externe, les: inférieures, plus développées que les suivantes, prenant naissance au-dessus de la base de manière à donner lieu à l’exis- tence d’une nervure inférieure faiblement developpée, à peine oblique, longeant le bord qui reste entier sur ce parcours ; l'intervalle qui sépare les grandes nervures est occupé par des veines transversales, simples ou bifurquées, reliées par des veinules courant dans le sens opposé; les unes et les autres émises à angle droit. Ce genre est rare à Sézanne; il rappelle évidemment les Credneria, dont il diffère par la forme aiguë des dente- lures, et par des nervures basilaires plus faiblement prononcées ou même nulles.

Sezannia Credneriæformis (coll. de l’École des mines).—S. foliis amplis, late ovatis, margine argute sinuato-denticulatis; nervis secundariis sub angulo 45 gr. emissis, suboppositis, rectis, parallelis, infimis duobus supra-basilaribus extus ramosis; tertiariis transversis, simplicibus, vel furcato-anastomosatis, venulis bus conjunctis.

Le sommet de la feuille manque dans le bel exemplaire de l’École des mines. Cette espèce se rapproche du Credneria sub-

6 GASTON DE SAPORTA. Serrata Hampe, et rappelle vaguemeht par Sa forme et l’ordon- nance de Sa nervation certaines Artocarpées él Tiliacées.

Dryophyllum Deb. msc. Dryophyllum subcretaceum, foliis lanceolatis, dentatis, nervis secundariis plurimis, suboppositis, paralielis, curvatis, apice furcatis, venulis transversim decurrentibus.

Forme analogue à celle de plusieurs Quercus mdiens et mexi- cains, mais que l’on observe à divers degrés dans bien d’autres groupes comme les Artocarpées, Dilléniacées, Sapindacées, ete. le Dr. subcretaceum est très-voisin spécifiquement du Phyllites Geinitzianus Goepp. de la Craie de Silésie, et du Dryophyllum 2 de M. Debey que nous avons déjà cité.

Dryophyllu lineare, forme plus allongée et plus étroitement linéaire.

Artocarpoides. Feuilles penninerves, entières ou faiblement et indis- tinctement denticulées çà et sur les bords; à nervures secondaires nombreuses, parallèles, recourbées le long des bords, se recouvrant mutuellement, et änidstomosées à l’aide d’une Sérié d’afcedux décrois- sants: les nervures tertiaires, toujours transvérsalés par rapport aux secondaires, sont simples ou bifurquées. La véritable affinité de ces feuilles est très-obscure; elles rappellent par leur nervation .et aussi par leur forme certains A/nus, entre autres l’A/nus nepalensis, et beaucoup de Chênes exotiques, comme le Q. argentata Korth., /ineata BI., ainsi que le Castanea Roxburgii Hook et Th.; mais plus particulièrement certaines Artocarpées des genres Coussapoa ëf C'onocephalus.

Artocarpoides perampla, foliis amplis, obovato-lanceolatis, acuminatis, basi in petiolum attenuatis, margine parce remoteque tenuissime den- ticulatis ; nervis secundariis numerosis, SeCUS marginem curvato-ascen- dentibus ; vénulis parum EXpressis transversim decurrentibus.

Artocarpoides hervosa, folis late BvAUS, mitégriusculté, nervis Sechnidartis subtus expressis, obtuse emissis, secus marginem arcu obtuso conjunctis. B. Dicotylédones d'affinité générique incertaine; dénotänt proBablérent l'étistélfce d'anciens groupes depuis disparus, mais qu’il semble possible de rattather à

des familles, moins à des classés de l’ordre actuel.

his

MYRICRES:. Myrici? rectinerois M. foliis lanceolato-linearibus, den- tatis, utrinque acuminatis; nervis Sécundariis Sub angulo fere recto emissis, sat distantibus, curvatulis.

Feuille plus analogue au Myrica cerifera L. ét aüx Dryan-

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. h7 droides des divers autéuts ällemänds qu'aux Banksia, dont on serait tenté de la rapprocher au prémier coup d'œil.

Lävminées. Sassafras? primigenia. S. foliis triplinerviis, inciso- trilobis, cæterum margine integerrimis, lobis lateralibus pärüm produe - tis, quandoque latere uno obsoletis, medio productiore, breviter acu- minato.

Les feuilles de cette espèce, assez comniune à Sézanné, sont conforinés par tous leurs caractères à celles des Sassafras et de certains Benzoin (Benzoin trilobum Sieb. et Zucc., Lindéra tri- loba Blume).

Protodaphne Delessi. P. foliis amplis, late obovato-lanceolatis, valide petiolatis, integerrimis, basin versus attenuatis, nervis subtus prominen- tibus ; nervis secundariis alternis, curvatis, versus marginem reticulato- ramosis.

Daphnogene Ung.; Daphnogéne Ruïñcourtii. Folis ovato-lañiceolätis, obtusis, integerrimis, triplinerviis; nervis lateralibus basilaribus ultra médium productis, Simplicibus, cu secundariis débilibus posted äta- stomosantibus.

Si l’on ajoute à ces trois espèces une ou deux autres plus douteuses; on aura la liste des empreintes de Sézantie susceptibles d’être rangées parmi lés Laürinées ; cepeñtait, toutes CB

1421:

atifibutions, la premièré est la à rh qui paraisse réellement probable.

HAMAMÉLIDÉES. Hamamelites. Ce sont des feuilles analogues par leurs caractères de forme et de nervation à celles des Hamamélidées et surtout du Fothergilla alnifolia. Leur consistänce était évidemment coriace; il serait encore possible de les comparer à celles des Celtis; des Urticées, de plusieurs Rhamnées et Tiliäcées; cependant le rapprochement que nous proposons est évidemment le plus naturel,

Hamamelites Fothergilloides. H. foliis petiolatis, nervis subtus fortiter expressis, lanceolatis, argute dentatis ; nervis sécundariis infimis i inæqua- liter productis, uno simplici, altero extus oblique ramoso, omnibus sécufi- dariis obliquissime emissis, parällélis, simplicibus vel fürcätis, in dettes pergentibus ; venulis numerosis simplicibus vel rca ina nosantibue transversim decurrentibus. |

LS GASTON DE SAPORTA.

AMPÉLIDÉES. Vitigene. Nous donnons ce nom à des feuilles que leur forme et leur nervation rangent naturellement parmi les Ampélidées, à côté des Vifis et des C'issus à feuilles simples.

Vitigene Cissoides. V. foliis late cordatis, basi emarginatis, angulato- dentatis, nervis secundarus infimis cæteris productioribus, extus ramo- sis, secundariis aliis oppositis, simplicibus, in dentes abeuntibus.

Cette espèce fort nettement caractérisée se rapproche du Cis- sus adnata Mor., de plusieurs espèces du Zanzibar (M. Boivin), de Manille (M. Callery), mais surtout du Cissus cordifolia L., d'Amérique.

ARALIACÉES. Araliacites. Feuilles palmées, ou folioles de feuilles digitées ressemblant par leur forme et l'ordonnance plus ou moins oblique de leurs nervures à celles des Araliacées.

Araliacites (Oreopanaz‘? ) cordatus (coll. de l’Éc. normale). A, foliis late ovato-cordatis, integris vel parce denticulatis, palmato-trinerviis, nervis lateralibus parum divergentibus, extus breviter ramosis.

Feuille ressemblant à celles de l'O. catalpæfolius Dnc. et PI., et aux feuilles entières de l'O. fraternus Dnc. et PI., espèces de la Nouvelle-Grenade.

Araliacites (Oreopanax) Aceroides. À. foliis palmato-subquinque nerviis ; nervis primariis ‘inæqualiter productis, quinto sæpius vix expresso, omnibus parum divergentibus, secundariis alternis, venulis oblique ramosis.

Fragments de feuille toujours mutilés, analogues, autant qu’on peut en juger, à l'Oreopanax lancifolius PI. et Lidl.

Araliacites Sezannensis. A. foliis digitatis? foliolis late lanceolato- oblongis acuminatis, basi inæqualiter sinuatis, petiolatis, margine dentatis; nervis secundariis obliquis, tertiariis oblique reticulato-ramosis.

Ce sont de grandes folioles à nervures principales saillantes inférieurement, détachées probablement d'une feuille digitée, analogue à celles d’un grand nombre d’Araliacées, surtout au Panax arboreum Forst., aux Gymnaphtenia, à l'Or. digitata, etc.

Araliacites laurifolius. Folioles plus petites, ovales, lancéolées, acu-

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. L9

minées, denticulées sur les bords, à nervures secondaires obliquement réticulées.

MaLvoïpées. La classe des Malvoïdées, ou Columnifères, comprenant les Malvacées, Sterculiacées, Buttnériacées et Tiliacées, paraît être large- ment représentée à Sézanne; du moins on observe dans cette flore toute une série de feuilles remarquables par leur dimension, leur forme, et leur nervation, qui semblent dénoter avec les feuilles de ces diverses familles réunies une singulière affinité. A la suite de longues hésitations, après avoir incliné d’abord à former de la plupart de ces espèces un groupe d'attribution incertaine ; nous avons été amené à reconnaître l’existence de cette liaison, dont le degré véritable est cependant très-difficile, sinon impossible à préciser. En effet, si l’on considère la grande majorité de ces espèces, elles paraissent revêtues d’une physionomie commune qui les relie les unes aux autres, sans les rattacher plus spécialement à aucun des genres ou des tribus de l’ordre actuel. On remarque encore, dans la plu- part des feuilles dont il est question, l'existence d’un caractère particulier qui consiste en ce qu'elles ne sont qu'imparfaitement palmatinerves; les nervures inférieures principales se trouvant irrégulièrement développées, parfois même désunies quoique rapprochées à leur point de départ com- mun, C'est-à-dire ne rayonnant pas toutes immédiatement du sommet du pétiole. Dans l’incertitude nous sommes, au sujet de la nature véritable de ces végétaux, nous réunissons ceux dont nous venons de parler dans un genre distinct sous le nom de Grewiopsis D'autres feuilles plus nettement palmatinerves seront décrites sous celui de Péerospermi- tes; une dernière enfin se trouve placée parmi les Dombeyopsts. Il convient d'ajouter que la présence de plantes du groupe des Malvoïdées à l’épo- que de Sézanne n’a rien qui doive étonner, puisque, parmi les fruits de l'argile de Londres, les Æightea ont été attribués à ce même groupe par Bowerbank, et que ceux que cet auteur a décrits sous le nom de Cucu- mites ont été depuis reconnus par M. Heer, avec juste raison, comme très-voisins des Apeiba (Apeibopsis), et par conséquent comme faisant partie des Tiliacées.

Grewiopsis. Ge sont des feuilles variant de forme et de grandeur, selon les espèces, quelquefois très-amples, plus ou moins cordiformes, subpal- matinerves, à nervures latéraies inférieures irrégulièrement développées, partant du même point, ou quelquefois plus ou moins espacées, rameuses extérieurement et plus ou moins recourbées ascendantes. Les autres ner- vures ordinairement alternes, assez peu nombreuses, parallèles avec les inférieures et entre elles, sont reliées par des veines tertiaires, émises à angle droit, simples ou bifurquées, réunies à l’aide de veinules courant

en sens inverse, et dont l’ensemble compose un réseau très-analogue à série. Bor. T, JIT. (Cahier 4.) 4 l

GASTON DE SAPORTA,

celui des feuilles de Credneria. Des anastomoses variées réunissent près des bords les nervures secondaires ou leurs ramifications immédiates, sans empêcher ces dernières d'atteindre directement la marge qui est toujours dentée, sinuée ou même diversement lobée.

Ces feuilles peuvent être comparées à celles des Sida et des Abutilon parmi les Malvacées, des Pterospermum et des Dom- beya parmi les Buttnériacées, des Grewia, Sparmannia, Luhea et même des Z'ilia parmi les Tihaciées. En dehors des Malvoïdées on pourrait encore les rapprocher de certains Ficus et Populus; mais la ressemblance est déjà plus lointaine.

Grewiopsis tiliacea. G. foliis amplis late ovato-cordatis, acuminatis, sinuato-denticulatis, dentibus calloso-mucronulatis, subpalmato-triner- viis, nervis lateralibus infimis curvatis, extus ramosis ; nervis secun- dariis als altermis, curvatis; tertiarlis transversim undique decurren- tibus, simplicibus aut rarius furcatis, numerosis, venulis angulo recto emissis religatis, nervis venulisque subtus prominulis.

Feuille très-nettement caractérisée, analogue à celles du T'ilia argentea Desf., du T. pubescens Vent., du Grewia indica L., _de plusieurs Luhea, du Pterospermum acerifolium, etc.,on pour- rait aussi la comparer de plus loin à des espèces des genres Ficus et Populus (Populus ciliata Wall., Ficus carica L.).

Grewiopsis sidæfolia. G. folüs cordatis, sinuato-denticulatis, nervis lateralibus infimis approximatim emissis, suprabasilaribus, curvatis,

extus ramosis ; nervis tertiaris transversim decurrentibus, furcato-anasto- - mosatis, nervis venulisque subtus prominulis.

Feuille bien plus petite, plus arrondie que la précédente, dentée de la même manière mais différant par la nervation; elle est conforme à celles de plusieurs Sida, Abutilon, Luhea et surtout du L. paniculata Mart. Les quatre nervures secon- daires inférieures sont rapprochées, mais distinctes à leur point de départ.

Grewiopsis sparmannioides. G. foliis amplis, late ovatis, subpalmato- quinquenerviis; nervis lateralibus infimis quatuor punctis diversis pro- deuntibus, curvatis, extus ramosis ; nervis secundariis aliis alternis, distantibus, curvatis: venis tertiariis transversim reticulatis, venulis flexuosis religatis,

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 51

Feuille analogue à la précédente par le dessin du réseau vei- neux, mais Construite sur de plus grandes dimensions, plus allongée, peut-être lobée, ressemblant à celles des Sparmannia. La mutilation des bords enlève la connaissance des dentelures marginales et du mode de terminaison supérieure.

Grewiopsis anisomera. G. foliis amplis, subpalmato-quinquenerviis, irregulariter inciso-lobatis repande sinuato-dentatis ; nervis secundariis alternis, infimis extus ramosis ; nervis tertiariis transversim decurrenti- bus, distantibus, venulis angulo recto emissis, furcato-anastomosantibus, religatis.

La nervation est surtout analogue à celle des Tihacées, spé- cialement du genre Sparmannia. On peut aussi comparer cette feuille au Pterospermum acerifolium.

Grewiopsis populina. G. foliüs ovato-cordatis, argute serratis; nervis secundariis curvatis ascendentibus, venulis transversim emissis secus marginem religatis, inferioribus approximatim prodeuntibus.

Feuille qui rappelle vaguement le type des Populus nigra et laurifoha; elle se rapproche aussi de quelques Rhamnus, Zizy- phus, Ceanothus ; mais 1l est encore plus naturel de la ranger auprès des Grewia, des Luhea et de plusieurs autres Tiliacées.

Dombeyopsis Ung. Dombeyopsis orbiculata. D. foliis parvis, ovato- orbiculatis, sinuato-dentatis, nervo primario valido, nervis secundariis oppositis, inferioribus approximatis, omnibus curvatis secus marginem ramoso-anastomosatis ; tertiariis transversis, nervis nervulisque subtus prominulis.

Feuille de petite taillé comparativement, analogue par sa forme et sa nervation au Dombeya erythroxylum Hort. Kew. Mais on pourrait la rapprocher aussi de bien d’autres genres, entre autres des Rhamnus et du Viburnum lantana; circon- stance qui rend son attribution au groupe du Malvoïdées fort douteuse.

Pterospermites. Pterospermites inæquifolius. P. foliis amplis, longe valideque petiolatis, petiolo ad apicem tumido, palmato-subquinque- nervis ; Dervis principalibus externis sæpius inæqualiter productis, mediis plus minusve-divergentibus extus ramosis, nervis secundariis

52 GASTON DE SAPORTA.

alternis vel rarius oppositis, omnibus in lobulos marginales pergentibus; nervis tertiariis simplicibus vel furcatis transversim sub angulo recto decurrentibus.

Feuilles comparables pour la forme et la nervation à celles de plusieurs genres de la classe des Malvoïdées, mais surtout aux Pterospermum et plus particulièrement au P. acerifolium L., ainsi qu'à plusieurs Tiliacées et Dombeyées. Elles constituent une espèce très-répandue dans la flore de Sézanne.

CÉLASTRINÉES. Celastrinites (Evonymus ?) venulosus. E. folits lanceolatis, acuminatis, penninerviis, nervis secundariis reticulatis ; tertiariis sub- tiliter venulosis; margine tenuiter denticulato.

Feuille dont l'analogie ne saurait être méconnue avec un grand nombre de Célastrinées des genres Celastrus, Élæoden- dron, Hartogia, Wimmeria, Pterocelastrus, Maylenus, mais plus encore avec les Evonymus W'allichii Ettingsh., et acumi- nata Benth. (1).

RHAMNÉESs. Protolotus. Feuilles dentées, triplinerves, conformes à celles des Zizyphus, C'eanothus, etc.

Protolotus Raincourtii. P. foliis ovato-lanceolatis, margine tenuiter argute denticulatis, triplinerviis; nervis lateralibus parum curvatis, margini subparallelis cum secundariis alternis, ultra medium conjunc- tis extus tenuiter ramosis, venulis subtilibus transversim e nervo medio prodeuntibus.

Cette feuille présente le type d’une Rhamnée à trois nervures, elle ressemble au Z. Bœænkra Mungh., au Z. Ænoplia Mill, et à plusieurs autres espèces du même genre; mais elle est aussi analogue à certains Ceanothus (C'eanothus pubiflorus DC.) ; enfin, on rencontre parmi les Urticées et les Tiliacées des feuilles dont le rapport avec celle-c1 doit être également signalé.

Telle est, dans l’état des connaissances actuelles, la flore de Sézanne, À l'inverse des lignites de Provence, elle se distingue par la prépondérance énorme des Dicotylédones (2) sur les autres

{4) Voy. Ettingshausen, Nervation der Blätter der Celastrineen, tab. 8, fig, 5, et t, 40, fig, 1 (2) On ne saurait juger de la proportion véritable des Dicotylédones dans la Flore

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L ÉPOQUE TERTIAIRE. 53

classes de Phanérogames ; mais ici, comme en Provence, cette proportion n'est pas sans doute en relation avec la moyenne de l’époque ; elle se rattache à des causes purement locales, et de même que la situation marécageuse de l’ancienne contrée amène en Provence une abondance inaccoutumée de Monocotylédones aquatiques, de même, à Sézanne, la présence du Travertin annonce des eaux de source limpides et courantes le long d’un. ancien littoral, et par conséquent la prédominance d’une végé- tation toute terrestre et forestière, analogue à celle qu’on observe, malgré la différence des temps, dans les travertins de l’âge qua- ternaire, l’on rencontre si rarement des Monocotylédones.

Sézanne estsurtout caractérisé par la présence de nombreuses Fougères congénères de celles de l'Europe actuelle, par l'am- pleur et la physionomie exclusivement tropicale des formes, par l'abondance des feuilles méquilatérales. On y remarque l’absence des Protéacées; mais à côté de ce caractère négatif, on y recon- naît l’existence de plusieurs formes similaires de celles des der- niers étages de la craie; tandis qu’à côté de ces dernières on voit se dessiner les premiers linéaments des genres modernes.

Au-dessus de Sézanne, et de l'étage des argiles plastiques, dans les grès du Soissonnais, qui les surmontent immédiate- ment, on découvre une nouvelle flore que nous avons signalée dans la première partie de nos études (1). Cette flore, dont les éléments ont été réunis par les soins de M. Watelet, doit être de la part de ce géologue l’objet d'une publication qui permettra de la connaître mieux. En attendant, nous ne pouvons en juger que par un examen superficiel que nous en avons fait il y a plusieurs années. Cette végétation conserve, en général, la physionomie de celle de Sézanne, et présente en partie les mêmes formes.

Le Lastrea thelypteroides reparaït parmi les Fougères; nous

de Sézanne par le chiffre que nous donnons en tête des végétaux de cette classe, Nous avons négligé volontairement un grand nombre d’espèces, tandis que toutes les fougères ont été énumérées. Pour approcher de la vérité, il faudrait porter à 40 au moins le nombre des Dicotylédones.

(4) Études sur la végétation tertiaire, t. 1. p. 39 (Ann, des sc. nat., série, Bor., AVI, p/192):

5li GASTON DE SAPORTA.

croyons y retrouver également le genre Dryophyllum représenté par de nouvelles espèces, des Daphnogène, enfin ne grande feuille qui semble identique avec notre Protodaphne Delessi. Les grandes Malvoïdées (Grewiopsis) ne se remarquent plus; mais on rencontre en revanche plusieurs formes qui se retrou- vent dans les étages suivants ou du moins qui s’en rappro- chent beaucoup. Nous citerons le Dryandroides (Banksites), Æmula Heer (4), qui a été signalé en Saxe, et dans les grès de la Sarthe, un Ficus? à très-grande feuille voisin du Fieus Giebelii Heer (2), espèce des mêmes dépôts, et enfin des calices coriaces à cinq segments, appartenant très-proba- blement au genre Diospyros, conformes à ceux qu'on ren- contre à la Hamerie, près du Mans.

Parmi les espèces saïllantes appartenant en propre à cette flore on observe de très-beaux Palmiers du genre Flabellaria, à frondes flabellées multifides dont les segments larges ou étroits, plus ou moins profondément bifides à leur sommet, selon les espèces, sont pourvus d’une côte médiane en forme de ca- rène. En y joignant une petite espèce à segments canalieulés, dépourvus de médiane, on compte au moins trois espèces de Palmiers. Un fruit se rapporte au groupe des Wipadites, et dénote, par conséquent, l'existence de plantes voisines des Pandanus.

Les Séquoiées sont représentées par un ramule ayant l'aspect de ceux du Sequoia sempervirens.

Les principales Dicotylédones paraissent être des Dryophyllum, des F'icuüs, des Laurinées, des Cissus, des Araliacées? des Ana- cardiacées? et enfin des Légumineuses. La présence des Légu- mineuses annoncée par des empreintes de fruits, de très-grande dimension, et dénotant au moins trois espèces de physionomie toute tropicale, est à nos yeux le trait le plus saillant de cette végétation qui termine la grande période des Dicotylédones pla- tymorphiques et nous introduit aux portes d’un âge tout diffé- rent. Ce nouvel âge s'étend du calcaire grossier Parisien et de

(4) Heer, Beïtr. sur Sächsisch-Thüring. Braunk., p. 7, t. V, fig. 14-17, et t: VE, Gas )b à. (2) Id., 2bid,, p. 6,t. IL, et t, V, fig. 8 et 9.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 99

l'argile de Londres jusque auprès de Fontainebleau, comprenant l'étage Parisien et une partie du Tongrien. {ci le changement parait avoir été fort brusque, les éléments de cette flore se trou- vent. il est vrai, combinés dès l’abord dans des proportions anor- males, puisque les fruits de l’île de Sheppey entrent pour un tiers dans le nombre total des espèces, et que celles qui provien- nent des environs de Paris ont été recueillies en assez petit nom bre dans un terrain marin, circonstance qui explique suffisam- ment la rareté comparative des plantes terrestres. Cependant, si l’on s’attache à l’ensemble des espèces, on voit qu'elles affectent des formes et un aspect bien différents de ce que nous avons signalé jusqu'ici. Le rétrécissement du limbe, la rareté des feuilles largement développées, la fréquence de celles qui sont d'une faible dimension, coriaces, allongées, entières ou denti- culées, à nervures fines, rapprochées, faiblement prononcées, constituent un phénomène évident. L'ensemble végétal lui- même se trouve autrement distribué. Les Palmiers et les Mono- cotylédones arborescentes ont pris un grand essor; les Mipa- dites, fruits rapprochés du petit groupe actuel des Nipacées, caractérisent cette période; ils abondent dans l'argile Lon- dres, mais on les rencontre aussi en Belgique, et ils ne sont pas inconnus dans le calcaire grossier. d’où provenaient deux exem- plaires en très-bon état (1) que nous avons observés dernière- ment et que nous regardons comme des formes très-voisines des Nipadites elliptieus et cordiformis Bow. Les Dicotylédones de physionomie archaïque ont tout à fait disparu ; les familles actueiles se distinguent bien, et parmi elles les Protéacées jouent de nouveau un rôle considérable. Nous citerons comme leur appartenant probablement deux espèces de Dryandra voisines des Dryandra serra KR. Br., nivea R. Br., stuposa Limdl. dont nous avons recu communication par l'inter- médiaire de M. le marquis de Raincourt. Ce sont plutôt des Dryandra que des Comptonia, ainsi que l'indiquent la nervation, peu distincte, il est vrai, l’incisure des lobes, la texture coriace

(1) Ces exemplaires ainsi que les suivants font partie de la collection de M. Munier- Chalmas, géologue attaché à la Faculté des sciences de Paris.

56 GASTON DE SAPORTA.

et la forme du pétiole. Si l'on Joint à cet indice celui que four- nissent les Petrophylloides de M. Bowerbank, on ne saurait guère révoquer en doute la présence de véritables Protéacées dans la végétation d'alors.

Cependant les Dialypétales de plus en plus distinetes des Apé- tales luttent d'importance avec ces dernières, et les surpassent en nombre non-seulement dans cet âge, mais dans les étages suivants, pourvu que la flore soit bien connue. Les Légumineu- ses naguère encore inconnues occupent rapidement une grande place attestée par les fruits et graines de Sheppey, et même par des empreintes du calcaire grossier parisien. Toute cette végéta- tion revêt un caractère tropical très-prononcé ; mais ce caractère est plutôt austro-indien qu'américain, et surtout il ne révèle pas encore d’affinité avec les types boréalo-américains. Notons encore la rareté comparative des Laurinées et du genre Cinna- momum déjà existant cependant ; à côté de ces caractères nous en trouvons un autre dans l'absence presque générale, mais mn absolue ni complète, des formes de physionomie européenne propres à l'hémisphère tempéré boréal; c'est ici, en effet, que l’on doit placer le premier point de départ de ces genres et parti- culièrement de ceux à feuilles caduques.

À partir du calcaire grossier parisien, les flores se succèdent presque sans interruption, et toutes les phases de la végétation peuvent être exactement appréciées. L'état elle était par- venue, dans la période qui comprend les dernières couches avant celles du gypse de Montmartre, c'est-à-dire les grès de Beau- champ et le calcaire de Saint-Ouen nous est révélé par les espèces recueillies dans les grès de la Sarthe et des environs d'Angers. par celles d’Alumbay dans l’île de Wight, et par la flore de Sko- pau en Saxe, que M. Heer a publiée dernièrement; cette même lacune est remplie dans le midi de l'Europe par le célèbre dépôt. de Monte-Bolca, près de Vérone. Les différences assez saillantes que l’on remarque entre ces deux groupes proviennent de l’in- fluence déjà sensible de la latitude.

L'analyse de toutes ces flores nous entrainerait trop loin; elles sont d’ailleurs assez bien connues par les travaux successifs de

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 97 MM. Sternberg, Brongniart, Heer (1) et Massalongo : nous nous contenterons d’en fixer les principaux traits. Leur synchronisme se révèle par l'existence d’un certain nombre d'espèces com- munes énumérées par M. Heer. L’Aralia primigenia Delah., le Ficus granadilla Mass., le Sterculia labrusca Ung., le Daphnogene veronensis Mass., rattachent le dépôt d’Alumbay à celui de Monte-Bolca, en laissant même de côté les espèces similaires, qui, sans être absolument identiques, présentent une étroite analogie de forme.

Si l’on s'attache aux seules localités de l’Europe centrale, on voit les grès de la Sarthe se relier aux couches d’Alumbay par la présence commune du Laurus Forbesi Delah., et par celle de l’'Asplenium Martinsi Heer, très-voisin d'une espèce de ce dernier dépôt; tandis que le Ficus Giebeli Heer, le Dryandroides æmula Heer, un Diospyros voisin du D. vetusta du même auteur, et uve empreinte pareille à celles que M. Heer identifie avec le Quercus Drymeja (2), font reconnaitre leur affinité probable avec Skopau en Saxe; d’un autre côté, Skopau et Alumbay présentent à la fois le Daphnogene veronensis Mass., le Sterculia labrusca Ung., le Laurus primigenia Ung. et le Ceralopetalum myricinum Heer; c'est-à-dire qu'un ensemble d'espèces com- munes réunit dans une même période ces trois localités. On y voit poindre pour la première fois un assez grand nombre de formes miocènes, et quelques-unes de celles que cite M. Heer comme se trouvant à Alumbay remontent jusqu'à OEningen ; il faut ajouter, cependant, que plusieurs des espèces miocènes décrites par M. Heer dans sa flore de Skopau nous paraissent plus que douteuses, entre autres le Glyptostrobus europœus. Les Lau- rinées prennent décidément l'essor, ainsi que le prouvent plu- sieurs espèces remarquables (Laurus Decaisnei Heer, L. For- besi Delah., L. primigenia Ung., L. Apollinis Heer) dont l’attri- bution par rapport à la famille nous paraît tout à fait probable. C'est aussi à ce moment qu'il faut placer l'apparition des pre-

(4) Voy. Brongniart, Tableau des genres des végétations fossiles, p. 115 ; Heer, Recherches sur le climat et la végétation tertiaire, trad. par Th. Gaudin, p. 76. (2) Heer, Beitr. z. Süchsisch-Thüring. Braunkol, Berlin, 1861,

58 | GASTON DE SAPORTA.

miers Palmiers à pétiole prolongé en pointe dans l’intérieur d’une fronde flabellée et par conséquent analogues aux Sabal de nos jours, quoique rien ne prouve qu'ils en aient été réellement congénères ; deux espèces des environs d'Angers, confondues à tort avec le Flabellaria Lamanomis Brngt., présentent nettement ce caractere. | |

Monte Bolca, comme l’a fait remarquer M. Heer (1), se distin- gue par l’affluence des formes tropicales indo-australiennes et particulièrement des Podocarpus, Ficus, Aralia, Myrtus, Eucalyptus et des Dalbergiées, Cæsalpinées, Sapindacées, Ster- culiaciées, qui donnent à cette flore un cachet particulier, en assurant aux Dialypétales une prépondérance proportionnelle incontestable. Les formes européennes ou boréales y sont presque inconnues. Il est à remarquer que, dans cette période, nous nous trouvons en présence de toute une série de genres actuel- lement étrangers à l'Europe, absents des étages précédents, dont le développement se rapporte à l’âge auquel nous sommes arrivé, et dont il faut bien admettre l'existence, puisque tous les bota- nistes paléontologistes se sont accordés à les signaler dans la plupart des localités, à partir de cet étage jusqu'au déclin des temps miocènes. Nous citerons plus spécialement les Cinnamo- mum, les Grevillea, les Sapotées, les Diospyrées, les Myrsinées, les Araliacées, les Sterculiacées, les Sapindacées, les Zantho- xylées, les Zizyphus, Eucalyptus, Dalbergia, Cœæsalpinia, Cassia, Acacia, etc.; et parmi les genres qui n'ont plus en Europe que des représentants isolés, les Myrica, Laurus, Andromeda, Celas- trus, Myrtus. C'est à ce moment que tous ces genres prirent leur essor, se fixérent, se développèrent; mais c’est aussi à la même époque que l'on doit placer la date de l'apparition des genres de physionomie européenne, d’abord trop rares et trop subordonnés pour avoir pu laisser de nombreuses traces, mais dès lors assez bien limités dans leurs principaux caractères pour être facilement reconnus.

(1ÿ Heer, Recherches sur le climat et la végétation tertiaire, trad, par Ch. Th. Gau- din, p. 78.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 59

En effet, la période qui suit immédiatement, et qu'on ne saurait regarder que Comme une continuation de la précédente, comme une suite du même mouvement déjà un peu modifié dans quelques-uns de ses éléments, est une preuve de la vérité de ce point de vue. Cette période est celle des gypses d'Aix, correspondant à l’espace géologique qui s'étend des gypses de Montmartre à la base du grès de Fontainebleau, en y compre- nant les couches d’origine saumâtre, à Cyclostoma plicatum, Cyrena semistriata, etc., qui servent de base aux grès purement marins.

Ainsi que nous l'avons démontré, le caractère tropical et indo- australien se manifeste au plus haut degré dans la flore d’Aix; seulement, l’évolution des types européens à feuilles caduques se continue, et nous avons pu y constater la présence des Betula, Ostrya, Populus, Ulmus, Cralæqus, etc. C'est, selon nous, cette juxtaposition qui constitue le caractère le plus saillant de cette nouvelle sous-période, puisqu'on y remarque en même temps le développement parallèle des types tropicaux et subtro- picaux, et surtout l'extension considérable prise de nouveau par les Protéacées (Grevillea, Lomatites, Knightites, Banksites\ avant le déclin définitif du groupe.

À partir de cet horizon les lacunes ne se font plus sentir, et par conséquent les périodes ne peuvent plus avoir ces limites tran- chées qui sont surtout l'effet de recherches incomplètes. La tran- sition lente et progressive vers un nouvel ordre de choses s'opère dans le temps qui correspond aux flores successives des environs d'Apt et de Saint-Zacharie. Ce mouvement presque insensible n’altère nila physionomie de l’ensemble, ni la combinaison de la plupart des éléments végétaux; il donne seulement un peu plus d'importance à l'élément indigène, et prépare ainsi les voies à l'évolution future par laquelle cet élément doit prendre enfin son essor. |

C'est donc ici le moment de préciser, si nous le pouvons, le caractère vrai de la période végétale qui doit être l’objet de la seconde partie de nos études sur les flores tertiaires du midi de la France.

60 GASTON DE SAPORTA,

Cette période correspond partiellement à ce que les auteurs suisses ont nommé le Tongrien, c’est-à-dire qu'elle embrasse la moitié supérieure des grès de Fontainebleau, mais qu'elle empiète aussi sur l'étage suivant, et par conséquent sur la base de la mollasse Suisse (mollasse d’eau douce inférieure). Il ne faut pas s'étonner de cette sorte de discordance; nous avons, en effet. considéré les seuls phénomènes phytologiques comme devant nous guider, et à ce point de vue, nous avons pu, malgré la liaison constante qui réunit toutes nos flores locales et les dispose comme autant d'anneaux d’une chaîne continue, circonscrire au moins un certain espace de cette chaîne et lui reconnaitre des caractères distinctifs. La longue revue que nous venons de passer nous permet de formuler en quelques mots les traits généraux qui servent à caractériser chaque végétation successive : Phy- sionomie générale; distribution relative des éléments végétaux : introduction et persistance, déclin et disparition de certains types ; importance relative et groupement, présence ou absence de certaines formes spécifiques ; telles sont les notions sur lesquelles on doit s'appuyer pour définir une période quelconque. Ainsi, la période qui va nous occuper est en réalité une période de transition. C'est par elle que nous quittons l’âge qui commence avec le cal- caire grossier et s étend jusqu'au grès de Fontainebleau, pour pénétrer dans la période tertiaire moyenne ou ancien Miocène. C'est le temps pendant lequel les types qui caractérisent cette période moyenne s'introduisent successivement et se développent en excluant ceux de l’âge précédent. Toutefois cette élimination est éminemment successive; en sorte qu'au début la physiono- mie générale de la végétation demeure celle de l’âge précédent, dont la plupart des espèces existent encore ; mais déjà l’intro- duction des formes nouvelles à commencé : c’est ainsi que les Palmiers Sabal se substituent dès l'abord aux Flabellaria pro- prement dits, que les T'huiopsis se placent à côté des Callitris, que les Pinus de la section Strobus se développent, que les Myricées et surtout les Comptonia se multiplient aux dépens des Protéacées, avant que la flore elle-même, nous le répétons, ait encore changé dans sa physionomie générale. En un mot, si la

ÎLE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 61

période prise dans son ensemble est une période de transition, la première partie sert elle-même de transition vers cette période ; c'est ce qui constitue notre premier étage, celui des calcaires marneua littoraux du bassin de Marseille, Avec l'étage suivant, c’est-à-dire avec la flore d’Armissan, nous voyons s'achever et se compléter l’évolution commencée. L'introduction des Sequoia et des T'axodium et leur coexistence avec les Callitris, les Liboce- drites et les T'huiopsis, la profusion des Pinus de toutes les sections, des Myricées, des Ilicinées, le déclin définitif des Pro- téacées, l'augmentation rapide de l'importance des genres actuellement européens (Betula, Ostrya, Populus, Acer) font toucher au doigt la révolution qui s’est opérée; mais elle est surtout caractérisée à nos yeux, d'un côté par l'élimination de la plupart des formes antérieures, de l’autre par l'ampleur qui agrandit toutes les formes, mouvement qui suffit à lui seul pour distinguer cette flore des précédentes ; enfin, par la persistance ou l’arrivée d’une foule de types tropicaux ou subtropicaux, mais plutôt américains, tandis que le nombre de ceux qui se rattachent à l'Australie tend à diminuer; marquons encore, en dernier lieu, la présence du Comptonin dryandræfolia Brngt (Dryandra Schranki Heer), qui persiste pendant toute la période, et ne se montre, ou du moins que très-rarement, ni avant n1 après.

Considérée par rapport aux flores étrangères déjà connues, notre période correspond sans doute en grande partie à Hæring, à Sagor, à Monte-Promina, à Ralligen et probablement aussi dans une certaine mesure au Monod et à Radoboj, ainsi que l’atteste la présence répétée d’un assez grand nombre d'espèces communes et caractéristiques.

IT

FLORE DES CALCAIRES MARNEUX LITTORAUX DU BASSIN DE MARSEILLE.

Saint-Jean de Garguier. Fénestrelle près d’Aubagne. Montespin près d’Allauch. Gypse de Camoins-les-Bains. Couches du bassin de carénage à Marseille.

Nous avons signalé la plupart de ces localités dans l’introduc-

62 | : GASTON DE SAPORTA. Ç tion géologique qui précède la première partie de nos études (1) ; elles se trouvent aussi mentionnées dans la carte dont elle est accompagnée. Nous avons dés lors fixé la position stratigraphi- que de ces couches en les regardant comme postérieures de très- peu à celles de Samt-Zacharie et comme correspondant dans le bassin d’Aix aux couches calcaires avec Helix, Planorbis, Neri- tina, Cerithium, etc., qui surmontent immédiatement la grande assise sableuse sans fossiles, superposée elle-même au gypse d’Aix, et que M. Matheron (2) considère comme constituant un dépôt contemporain de l’éruption basaltique de Beaulieu. Nous n'avons pas besoin de revenir sur la fixation de cet âge qui nous paraît pleinement en rapport avec le caractère même de la flore, puisque celle-ci se range très-naturellement, si l'on interroge les seules données phytologiques dans une position strictement intermédiaire entre la flore de Sant-Zacharie et celle d’Armis- san ; nous devons insister plutôt sur l’état actuel des couches à empreintes végétales, et sur la configuration de l’ancienne con- trée, dont elles servent à nous retracer l'aspect.

Notre carte (3), tout imparfaite qu'elle est, indique d’une manière assez précise les sinuosités du lac tertiaire qui remplis- sait les dépressions du bassin de Marseille à l'époque nous sommes parvenus. Ce bassin constitue maintenant la vallée infé- rieure de l’'Huveaune, depuis Roquevaire Jusqu'à l'embouchure de cette rivière ; il s'étend de l’est à l’ouest, et se trouve limité par des massifs secondaires Jurassiques ou crétacés, dont les sinuosités dessinent encore celles de l’ancien littoral lacustre. A l'entrée du bassin, vers l’est, l'Huveaune y pénètre avec peine, par un étroit défilé, aupres duquel s'élève la petite ville de Roquevaire ; les escarpements dont elle est dominée s'étendent jusqu'à Auriol et se soudent d'un côté aux contre-forts de la

(1) Études sur la végét. tert., t. I, p. 31, 32 (Ann. des sc. nat., série, Bor.,

t. XVI, p. 339). (2) Matheron, Recherches comparat. sur les dépôts fluvio-lacustres tertiaires, etc.,

p. 25 et 26. (3) Voyez la carte placée en tête de la première partie (Ann. des sc. nat., 4 série,

Bor., t. XVI, pl. 47).

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE, 65

Sainte-Baume, et de l’autre à ceux de Garlaban et à la chaîne de l'Étoile. Cette dernière montagne qui court de l’est à l’ouest sert de limite au bassin tertiaire vers le nord.

Du côté de l’ouest ce bassin disparaît sous les flots de la Médi- terranée qui nous dérobe sa véritable étendue. Cependant, il est probable que dans cette direction la formation lacustre se pro- longe sous la mer actuelle du côté du cap Pinède, de l'Estaque et de Séon- Saint-Henry, et qu'au contraire ellese termine prompte- ment vers la plage de Montredon ; puisque le rocher de Notre-Dame de la Garde qui touche la ville de Marseille, visiblement continu avec les îles Pomègue et Ratonneau, semble l'être également avec les grands escarpements secondaires qui, du cap Croisette et de la grotte Rolland, par Marseille- Veiïre, la montagne de Gineste et le mont Ludoir, vont aboutir à Cujes, et de par le mont Cruvelier à la chaîne de la Sante-Baume. Cette ligne, presque parallèle à celle que suit la chaîne de l'Étoile, borne vers le sud le bassin tertiaire. Dans ces limites qui constituent l’ancien hit- toral, c’est-à-dire le sol croissaient les plantes tertiaires, s’é- tendait l’ancien lac, dont notre carte montre les profondes sinuo- sités. Entre Roquevaire, Camoïns-les-Bains et Allauch, les masses secondaires s’avançaient de manière à resserrer l’espace occupé par les eaux lacustres en le réduisant aux proportions d’une baie étroite et profonde. Vis-à-vis Allauch et les Camoins l’escarpement de Saint-Julien formait une île; puis le lac s’éten- dait au pied de la chaîne de l'Étoile, pour aller dessiner une nou- velle baie vers le nord, du eôté de Saint-Antoine, et atteindre ensuite les Baux, non loin de l'Estaque, il se confondait avec la Méditerranée actuelle.

Ainsi que nous l'avons observé, des marnes avec poudingues intercalés, d’une date relativement récente, occupent la partie intérieure de l’ancien bassin et recouvrent presque partout les calcaires marneux avec gypse subordonné qui constituent la for- mation inférieure. Celle-ci se montre seulement le long des anciens rivages, partout les roches secondaires encaissantes, soumises à un mouvement d’érection, ont accru leur ancien relief et entrainé dans ce mouvement les couches tertiaires qui

654 GASTON DE SAPORTA.

leur étaient adhérentes, et qui ont été plus ou moins redressées, quelquefois presque jusqu’à la verticale. Ces couches apparais- sent ainsi comme de minces lisières ou cordons littoraux; elles dessinent avec précision le contour et les accidents des plages tertiaires, et Imdiquent même, si l’on tient compte du mou- vement général du sol, quel était au moment de leur dépôt le relief véritable de l’ancienne contrée. Quoique évidemment beaucoup plus plate qu'aujourd'hui, elle semble avoir constitué un pays relativement accidenté et bien en rapport avec la végé- tation en grande partie terrestre et forestière dont on observe les débris.

En partant de Roquevaire, si l’on suit le bord méridional de l’ancien rivage, dans la direction des Géménos, on rencontre bientôt à Saint-Jean de Garguier, petit hameau dépendant de cette commune, un lambeau dont les lits adossés contre la mon- tagne s’enfoncent rapidement sous les argiles de la plaine. Les empreintes végétales sont fréquentes dans cette localité, quoi- qu'il ne soit possible d'explorer que la partie des couches qui vient affleurer sur le sol, et se trouve immédiatement contiguë à l’ancienne plage. La flore que l’on y observe a beaucoup d’ana- logie avec celle de Saint-Zacharie, et, en dehors même de la physionomie générale qui est la même, la plupart des espèces communes, entre les deux étages, proviennent de Saint-Jean de Garguier. Toutefois le Pinus palæostrobus Ett., le Comptonia dryandræfolia Brngt, et les Andromeda y abondent comme dans les autres localités. Nous y avons observé aussi le Sabalites oœæyrhachis et le genre Anœæctomeria (Nymphœæites), en sorte que Saint-Jean-de-Garguier, tout en se rapprochant de Saint-Zacha- rie, ne diffère pas des autres localités du bassin de Marseille. Toutefois, les Cupressinées, Myricées et Araliacées y abondent plus qu'ailleurs.

Le premier dépôt que l’on rencontre, en poursuivant la même direction, est celui quise trouve au sud d’Aubagne, dans le quar- tier de F'énestrelle. Ici les couches affleurent à peine au-dessus du sol arable; mais des travaux d'extraction les ont mises au jour, et nous ont permis de les explorer. Elles sont très-riches

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 65 en débris végétaux de toutes sortes, et semblent annoncer une localité plus fraiche que celle de Saint-Jean-de-Garguier. Les Pinus à 2 et à 5 feuilles, les Callitris et Thuiopsis, les Betula, Compionia, Andromeda, Diospyros, les Myrsinées, les Nym- phéacées et Légumineuses, caractérisent surtout cette localité, le Complonia dryandræfolia est très-abondamment répandu.

En continuant à marcher le long du même littoral, on rencon- tre non loin de Sainte-Marguerite un petit lambeau du même terrain ; puis on atteint la plage de Montredon, et après avoir tra- versé | Huveaune, si l’on contourne le massif de Votre-Dame-de- la-Garde, à partir du Roucas-Blanc, on trouve une étroite bande des mêmes couches qui dessine avec précision le rivage, et se prolonge à travers la ville même de Marseille, jusque dans l’an- cien port. <

C'est qu'en creusant, 1i y a plusieurs années, le bassin de Carénage, on trouva dans les calcaires et les marnes bleuâtres qui les accompagnent un grand nombre d'espèces fossiles, mol- lusques, poissons, végétaux, dont la plupart furent négligés et perdus. Plusieurs belles frondes ou parties de frondes de Sabali- tes major (Flabeillaria major Ung., Sabal major Heer) ont sur- vécu, ainsi qu'un cône très-bien conservé du Pinus palæostro- bus Ett.

Pour recueillir de nouveau des plantes fossiles, après avoir rejoint le rivage tertiaire près de l'Estaque, 1l faut négliger le lambeau des Baux, celui des Aygalades qui se prolonge vers Saint-Antoine et atteindre Allauch. À partir de ce point, en se dirigeant vers la T'reille, on retrouve l'ancien littoral formant un défilé snueux, resserré par l’îlot secondaire de Saint-Julien qui s'élève vis-à-vis à peu de distance. Les couches à empreintes végétales recouvertes sur ce point par des lits crayeux d’une blancheur éclatante affleurent çà et là, le long des champs culti- vés, et près de Montespin nous avons pu recueillir un assez grand nombre d'espèces, parmi lesquelles dominent toujours les Pinus à 2 et à 5 feuilles et le Comptonia dryandræfolia. Un fragment de fronde annonce la présence du Sabalites major.

Lorsque de la T'reille on se dirige en droite ligne vers Camoins-

série. Bor. T. HI. (Cahier 2 1 5

66 GASTON DE SAPORTA.

les-Bains, on traverse les mêmes couches, ainsi que l’atteste la présence répétée des mêmes espèces, surtout du Comptonia dryandræfolia et des Pinus. À Camoins, ces couches passent sous des plaquettes Imprégnées de gypse et surmontées elles-mêmes par le gypse autrefois exploité de cette localité. Les plaquettes sont par conséquent un peu supérieures aux couches à Comptonia et s’en distinguent par l'absence de cette espèce caractéristique ; cependant la différence soit stratigraphique, soit phytologique, est trop faible pour motiver une distinction réelle; le Pinus pa- læostrobus reparaît dans ces plaquettes, quelquefois très-riches en débris végétaux de toutes sortes. Les Callitris et Thuiopsis, les Myricées, Protéacées, Myrsinées s’y montrent très-fréquemment et annoncent une association végétale peut-être un peu diffé- rente de celle des autres localités, remarquable par la faible dimension des feuilles dicotylédones, mais qui trahit plutôt l’in- fluence d'un courant venu d’un canton sec et sablonneux, que l'existence d’une révolution végétale plus ou moins générale.

Tel est l'examen rapide que suggère l'exploration des diverses localités littorales de l’ancien lac marseillais. Leur ensemble dénote une remarquable harmonie végétale; les mêmes espèces dominantes reparaissent partout ; elles se montrent presque tou- jours associées dans des proportions déterminées et d’une manière tres-uniforme. L’extrème rareté des Monocotylédones aquatiques, la présence restreinte de la plupart des essences à feuilles caduques (Acer, Ulmus, Carpinus, Populus) ou de celles dont le limbe plus largement développé indique des plantes amies de l'ombre, de la fraîcheur ou fréquentant le bord des eaux, doit être pour nous un indice de laspect que présentait cette ancienne végétation. Les plantes à feuilles coriaces, étroi- tes, épineuses; les Protéacées, Myricées, Myrsinées, Araliacées, Iicinées, abondent, ainsi que les Anacardiacées et les Légumineu- ses à folioles maigres et petites. Les Laurimées et les Diospyros se rencontrent pourtant assez fréquemment ; les Mousses, les Hépa- tiques se montrent quelquefois, les Quercus, Betula, Acer, quoique fort rares, ne sont pas inconnus. Enfin les Nymphéacées ont laissé des traces multipliées de leur présence.

LE SUD-EST DE: LA FRANCE A L ÉPOQUE TERYIAIRE. 67

En recueillant ces divers indices, tout annonce la présence d’une contrée forestière, couverte de bois composés de grands arbres (Pinus, Podocarpus, Laurus, Cinnamomum, Diospyros) ; mais surtout peuplée de plantes sarmenteuses (Smilax), d'arbris- seaux (Callitris, Widdringtonia, T'huiopsis, Myrica, 4 ndromedua, Aralia, Celastrus, [lex, etc.), très-variés de physionomie, de feuillage et de port, parsemée de clairières garnies d’arbustes et de buissons (Grevillea, Hakea, Myrica, Vaccinium, etc.).

Dans certaines stations, çà et là, se montraient quelques essen- ces de taille médiocre analogues à celles de l'Europe moderne (Betula, Carpinus, Acer). |

Les Nymphéacées (Nymphœa, Nymphœites), les Mousses, les Hépatiques habitaient les endroits humides ou submergés; mais ces retraites étaient assez peu nombreuses, et presque partout le rivage était assez élevé pour permettre aux arbres et aux arbustes de la forêt d'arriver jusque dans le voisinage des eaux.

La flore dont nous venons d’esquisser les principaux traits est la dernière qui se montre, dans le midi de la France (4), avec une physionomie qui rappelle l'Australie ou l'Afrique, plutôt que l Amérique ou les régions tempérées du Japon et de l'Himalaya. Nous allons voir cette physionomie s’altérer et disparaître dans l'étage suivant pour faire place à des formes plus amples, plus variées, à un mélange plus riche, mais peut-être moins origimal et moins accentué, de toutes les formes qui habitent maintenant la zone tempérée proprement dite et la zone tempérée chaude et subtropicale.

(4) On doit fure une exception pour celle des environs de Bonnieux (Vaucluse), dont la position stratigraphique n’est pas assez rigoureusement déterminée, dans la série tertiaire, pour la faire entrer en ligne de compie. Elle est d’ailleurs assez mal connue et ne compte qu'un petit nombre d’espèces, parmi lesquelles il faut citer le Callitris Brongniartii. Cette Florule est surtout remarquabie par la présence d’une Cycadée, le Zamites epibius Nob., que nous avons’signalé dernièrement à la Société géologique, et dont la description, accompagnée d’une figure, a été insérée dans le Bulletin de l'année 1861.

68 GASTON DE SAPORTA.

CRYPTOGAMÆ,.

HEPATICÆ. MARCHANTITES Brngt, Tab. des genres de vég. fossiles, p. 12. MARCHANTITES SINUATUS. (PI. I, fig. 2.)

M. fronde repente, gracili, hine inde vage ramosa, mediocri- ter expansa, margine irregulariter undulato submeiso-smuata. Allauch.

Le genre Marchantites a été établi par M. À. Brongniart pour une espèce de Sézanne, dont l’affinité avec nos Marchantia actuels n'a rien d'équivoque. L'espèce des environs d’Alauch que nous décrivons ici appartient au même groupe et semble très-voisine du Marchantia polymorpha ; les fragments de fron- des réunis en assez grand nombre sur la même pierre à côté du Muscites Tournalii Brngt, different par leur forme allongée, étroite, moins ramifiée, de la plante de Sézanne, dont nous pos- sédons plusieurs exemplaires; l’axe bien visible est accompagné par une expansion membraneuse d'une faible largeur, non pas festonnée, mais irréguliérement sinuée le long des bords.

MUSCI.

MUSCITES Brngt. Muscires Tournazu Brngt, var. tenella. (PI. L, fig. 4.)

M. cauliculis simplicrusculis foliatis, folis subpatentibus, laxis, scariosis, lanceolatis, subulatis, uninervüs.

Muscites Tournalit Brngt, Aist. végét. foss., 1, p. 93, pl. X, fig. 1-2.

Allauch.

Cette mousse est tellement voisine du Muscites T'ournalit d'Ar- missan, que nous n'osons pas l'en séparer. Les petites tiges sont cependant pourvues de feuilles plus étalées, et plus étroites vers la base; elles ressemblent d’une manière frappante à l’Hypnum

complanatum L., espèce qui croît sur les murs, les troncs d'arbres

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 69

et les rochers, tandis que M. Brongniart compare la sienne à l'A. riparium L., espèce aquatique. Effectivement, nos empreim- tes, consistant en brins ramules détachés, semblent provenir d’une mousse terrestre, tandis que la mousse d’Armissan, accu- mulée en débris pressés sur la même pierre, paraît avoir été entraïnée en masse au fond des eaux. Quelle que soit la valeur de ces différences, peu appréciables dans une plante fossile, l'espèce d'Allauch et celle &'Armissan constituent en tout cas deux formes très-rapprochées.

GYMNOSPERMÆ.

CUPRESSINEÆ.

CALLITRIS Vent.

Cazurrris H£gerit Sap., É6. sur la végét. Lert., 1, p. 185; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XIX, pl. IT, fig. 2. (PL. 1, fig. 3.)

C. ramulis gracilibus, parvulis, dichotome divisis, alternis vel quandoque oppositis; folis lateralibus tenuiter acuminatis, rarius obtusatis et tune abbreviatis, facialibus angulo obtuso ter- minatis. Strobili parvi valvis conniventibus, parum dissimilibus, extus rugulosis, ommibus infra apicem appendiculatis.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle. Gypse des Camoins.

L'espèce de Saint-Zacharie reparaît certainement à Saint- Jean-de-Garguier (fig. 3 A, 3B, 3C), sans variations apprécia- bles dans les principaux caractères. Une série de ramules bien conservés ainsi qu'un fruit pareil à ceux qui sont décrits et figu- rés dans la flore précédente le démontrent suffisamment. À Fé- nestrelle, nous avons également recueilli des ramules (fig. 3D), et un tres-beau fruit que la figure 3 E représente. de grandeur naturelle et grossi (E'). Ces organes nous paraissent aussi devoir être rapportés au Callitris Heerti. D'autres fragments se mon- trent aussi dans le gypse des Camoins; mais, dans cette dernière localité, le Callitris Brongniartü semble reparaître pareil à celui des gypses d'Aix, et les deux formes mélangées sont quelquefois

70 GASTON DE SAPORTA,

difficiles à distinguer. À Saint-Jean-de-Garquier, comme dans les autres dépôts, on doit signaler l'existence de deux formes ou variétés du C. Heeri assez remarquables pour ne pas être passées sous silence; nous allons les décrire sans chercher à leux attri- buer une valeur spécifique qu'elles ne sauraient avoir.

Var. 6. Ramulis omnibus vel plerisque oppositis (fig. 3 À).

Cette disposition se montre accidentellement dans quelques ramules du Callitris Brongniartii d'Aix et du C. Heeru de Samt-Zacharie, mais elle y est très-rare.

Plusieurs ramules recueillis à Saint-Jean affectent, au con- traire, avec une sorte derégularité ce mode de ramification (voy. fig.3 A’, qui les rapproche de celui qui caractérise le Libocedrites salicornioides Endi.; en sorte qu'on serait tenté de lesconfondre avec ceux de cette dernière espèce, si la forme et l'agencement des feuilles n'obligeaient d'y reconnaître une simple variété du C. Heernu.

(Var. y. Foliis abbreviatis, apice obtusato, intus recurvis (fig. 8 B).

Cette seconde variété se distingue par une distance propor- tionnelle moins grande d’un article à l’autre. Les feuilles laté- rales plus courtement acuminées se recourbent légèrement vers l'intérieur en dessinant une sorte de crochet obtus ; les ramules de cette variété, ramifiés, à divisions alternes et peu nombreuses, | paraissent se rapporter aux jeunes pousses et aux parties termi- nales de la plante. On l’observe à Saint-Jean comme à Fénes- trelle. Dans cette dernière localité nous avons recueilli l’em- preinte d'un fruit (fig. 8E et E’) dont les valves conniventes, obtuses ou légèrement atténuées au sommet, presque égales, ne différent des exemplaires de Saint-Zacharie que par des dimen- sions un peu supérieures, et des rugosités longitudinales un peu plus prononcées.

Cette variété se rapproche plus que les autres formes de Cal- litris fossiles du €. quadrivalvis Vent. Dans celui-ci, les ramifi- cations toujours alternes ne se trouvent Jamais opposées, comme dans notre variété 8. Quant aux fruits, 1ls se rapprochent par la

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 71 forme et la dimension des valves de celui que nous reproduisons

fig. 3E ; mais les valves de ce dernier sont cependant plus égales et plus profondément sillonnées.

CaLcirris BRONGNIARTIE Endl. (PI, IV, fig. 4.)

C. ramulis sæpius dichotome divisis, compressis; foliis latera- libus, linearibus, obtuse acuminatis. Seminum nucleo obconico lateraliter bialato, alis rotundatis superne emarginatis.

Gypse des Camoins.

L'espèce particulière au gypse d'Aix, avec les caractères qui distinguent ses rameaux, reparaît dans les couches qui accom- pagnent le gypse des Camoins. Une semence (pl. IV, fig. 1C) réunie sur la surface d’une grande plaque avec une foule d’au- tres débris végétaux, semble confirmer ce rapprochement qui n'a rien que de naturel, puisque le dépôt d’Arnussan nous montrera de nouveau le Callitris Brongniartii accompagné de ses divers organes,

THUIOPSIS $Sieb. et Zucc.

La découverte récente d’un fruit et de plusieurs semences pareils à ceux des T'huiopsis, recueillis dans les couches d’Armis- san à côté des ramules de T'huites est venue démontrer, qu’une partie au moins des plantes fossiles signalées sous ce nom, et probablement celles qui ont été observées dans le succin par M. Gœppert, doivent être réunies aux vrais T'huiopsis. Les empreintes, très-peu nombreuses, 1l est vrai, que nous allons décrire, sont tellement voisines de celles des environs de Nar- bonne, et concordent si bien par leur aspect avec le Thuiopsis dolabrata, que nous n’hésitons pas à les regarder comme faisant parte du même genre. La présence d’une grame, semblable par la forme à celle des T'huiopsis dans le gypse des Camoins, paraît favoriser encore ce rapprochement. Il est intéressant d'observer comment la plupart des genres de Conifères, propres au Japon et aux rivages opposés de la Chine et de l'Amérique septen- trionale, se retrouvent successivement dans la flore tertiaire. Les

72 GASTON DE SAPORTA.

Thuiopsis doivent, dès à présent, s'ajouter à cette liste déjà longue, et destinée peut-être à se compléter encore davantage.

Tauiopsis MASSILIENSIS. (PI. F, fig. 6 et IV, fig. 2.)

T. ramulis alternis et oppositis, ancipitibus, compressis; foliis quadrifariam imbricatis, squamæformibus ; lateralibus oblongis curvato-falcatis, subadnatis, breviter acuminatis ; facialhibus compresso dorso caripatis infra apicem glanduliferis obtusissime productis utrinque amplectentibus. Seminibus? (pl. IV, fig. 2) compressis, ovato-orbiculatis, nucleo parvo elliptico ala tenuiter membranacea sursum emarginata utrinque circumeincto.

Fénestrelle (ramule, très-rare), gypse des Camoins (ramule et semence ?).

Le ramule reproduit pl. L, fig. 6, et grossi en 6 À, pourrait être confondu, au premier coup d'œil, avec ceux du Libocedrites sali- cornioides Endl., ainsi que nous l’avions cru en premier lieu : il en diffère cependant en réalité, comme il est aisé de s’en assu- rer à l’aide de la figure 6 À qui le représente grossi. La forme, l'agencement des feuilles, le mode de ramification sont eeux d’un Thuia; deux ramules sont successivement émis sur un seul côté, tandis que la partie terminale semble offrir les traces de trois bourgeons nus, égaux ; cette dernière disposition ne s’observe, à ce quil nous paraît, n1 dans les T'huia, ni même dans les Liboce- drus, du moins à un degré aussi prononcé. Notre Cupressinée : est en tout analogue aux espèces de Thuites, que M. Gœppert a décrites et figurées dans son bel ouvrage sur les débris orga- niques trouvés dans le Succin (1}. Cette ressemblance est surtout frappante avec le Thuites Kleinianus (2); en sorte qu'on serait tenté de réunir les deux espèces; pourtant la nôtre présente des ramules plus larges, moins distinctement articulés; les feuilles latérales sont moins recourbées en faux et moins rétrécies à la base ; les faciales sont moins distinctement carénées; ce sont, malgré ces différences, deux formes en réalité très-voisines.

(4) Gœppert, Organische Reste im Bernstein, p. 104-102, tab. IV, fig. 25-28, tab. V, fig. 2-7. (2) Gœppert, tbid., tab. V, fig. 6, 7.

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LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 18

Comparé aux espèces actuelles, notre T'huiopsis se rapproche du Thuia occidentalis qui habite l'Amérique septentrionale, mais il ressemble aussi par la forme et l'agencement des feuilles au T'hruiopsis dolabrata , célèbre espèce japonaise; de plus, 1l est très-voisin d'une espèce d’'Armissan dont nous possédons les rameaux, les fruits et les semences, et qui se range naturelle- ment par la structure de ces divers organes parmi les T'huio- psis ; c’est ce qui nous engage à y rapporter également celle-c1.

La semence, représentée sur la planche IV, figure 2, a l'appa- rence de celles des T'huiopsis ; elle est ovale-orbiculaire, com- posée d’une aile marginale assez large, entourant de toutes parts le nucléus, excepté vers le haut elle est émarginée; malheu- reusement, elle n'a laissé à la surface de la pierre qu'une empreinte assez confuse.

WIDDRINGTONIA Endl.

WWIDDRINGTONIA ANTIQUA Sap., L'€. sur la végét. tert., 1, p. 185: Ann. se. nat., série, Bor., t. XIX, p. 33, pL 3, f. 3. (PI. I, fig. 4.)

W.ramulis nudis, parvubis ; foliis squamæformibus, adpressim linbricatis, acutis, approximatim alternis, quandoque oppositis vel subternatis.

Saint-Jean-de-Garguier (assez commun).

Les petits ramules de cette espèce sont assez répandus dans les couches de Saint-Jean-de-Garguier. On peut voir par les figures 4 À, 4 À”, 4 A" de la planche E, qu'ils ne différent pas de ceux que nous avons signalés précédemment dans la flore de Saint-Zacharie et dont nous avons décrit les fruits. Ces derniers organes n'ont pas encore été rencontrés à Saint-Jean-de-Gar- guier, m1 dans les autres dépôts du bassin de Marseille.

JUNIPERITES Brngt.

JUNIPERITES AMBIGUUS Sap., Ét. sur la végét. tert., T1, p. 58; Ann. se. nat., série, Bor., t. XVI, pl. 2, fig. 8. (PI. I, fig. 5.)

J. ramulis alterne ramosis, foliis squamæformibus, acutis, adpressis, imbricatis, oppositis vel ternatis.

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

7h GASTON DE SAPORTA,

Espèce qui devient fort rare; elle est représentée par de petits fragments de ramule qui ne diffèrent pas, autant qu’on peut en juger, des exemplaires de la flore d'Aix.

ABIETINEÆ.

PINUS L,

a. Foliis quinis (Srrosus, Endl.).

Pinus PALÆOSTROBUS Ettingsh. Tert. Fl. von Hæring, p. 35, t. VI, fig. 22, 23, Heer, F7, tert. Helu., I, p. 36, t. 21, fig. 6. (PI. IT, fig. 1 et IV, fig. 3.)

P. foliis quinis, tenuibus, laxis, triquetris, evaginatis ; strobi- lis ovato-subeylindricis, obtuse breviterque acuminatis, squama- rum apophysi plana, longitudinaliter et leviter striata, umbone crassiusculo terminali, obtuso ; seminum parvorum ala elliptica basi et apice angustata, obtusiuscula.

Saint-Jean-de-Garguier.— Fénestrelle.— Allauch. Gypse des Camoins.— Bassin de Carénage (cône).

Les feuilles (pl. HE, fig. 1 À, 41B, 1 0) fines, flexibles, souvent divariquées dès la base, quelquefois plus dressées, conniventes (pl. IV, fig. 3 A) présentent une longueur totale de 1 décimètre environ. Elles ont l'aspect et la consistance de celles de l'espèce découverte à Hæring, et comme elles se trouvent associées, en Provence, aux mêmes espèces caractéristiques que dans le Tyrol, il est probable qu’elles appartiennent également à la même forme, ou au moins à une forme très-voisine. La comparaison des cônes, que M. d'Ettinghausen ne cite pas dans son ouvrage, serait pour- tant nécessaire pour établir complétement le fait. Les cônes sont très-rares en Provence. M. Matheron en possède un exemplaire superbe recueilli par lui à Marseille, dans les argiles du bassin de Carénage. L'attribution de ce cône isolé des feuilles pourrait donner lieu à des doutes ; mais la découverte subséquente d’un écaille détachée, encore munie de son apophyse, dans les mêmes calcaires que les feuilles, à Saint-Jean-de-Garguier, doit les faire cesser entièrement.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 75 L'exemplaire de M. Matheron est presque entier, et ce qui manque est facile à suppléer. La figure LE, pl. F, le représente avec son aspect ; la figure 4 E’ de la même planche en donne une restauration très-exacte; 1l est oblong, presque cylindrique, ovoide à la base, légèrement prolongé au sommet qui est atté- nué, obtus. Il s'éloigne par sa forme et sa fable dimension (7 à 8 centim. au plus, sur une largeur moyenne de 3 centim.) de ceux du Pinus Strobus ; 1] serait plus voisin de ceux du P. ex- celsa Wall. qui sont cylindrico-coniques, mais d’une taille bien supérieure.

Les écailles, assez lâchement imbriquées, se touchent et se recouvrent pourtant, peut-être à cause de la compression subie par ces organes. Les apophyses sont planes, amincies vers les bords, médiocrement renflées sur le milieu, terminées au sommet en une protubérance obtuse, peu saillante.

L'écaille isolée (pl. IE, fig. 1 F) présente la face extérieure ; on aperçoit à sa base l'onglet qui servait à la rattacher à l’axe du cône. Elle est étroite, longue en tout de 3 centimètres, large de moins de À centimètre , et rétrécie inférieurement. Il en ré- sulte que les semences devaient être pourvues d’une nucule fort petite et d’une aile étroite et longue, caractère bien en rapport soit avec la graine reproduite sur la planche IV, fig. 3B, soitavec la figure donnée par M. d'Ettingshausen (Flor. von Hæring, t. VI, fig. 22); l’apophyse qui termine l'écaille, pareille à celles que l’on observe sur le cône complet, est marquée de stries longi- tudinales très-fines, obtuse, un peu déprimée au sommet, termi- née en une protubérance assez peu saillante, de forme rhomboï- dale et mutique.

Par l'ensemble de ses caracteres, ce Pin se rapproche du P. excelsa Wall., espèce du Népaul, elle croît par 2660 à 3900 mètres d'altitude, plutôt que du P. Strobus.

Les rameaux de Pin dépouillés de leurs feuilles que l’on trouve à Saint-Jean sont de deux sortes, les uns rugeux par les cous- sinets saillants ou bases persistantes des feuilles, les autres pres- que lisses, légèrement rugueux et ne présentant que les traces peu saillantes des cicatrices insertionnelles.

76 GASTON DE SAPORTA,

Ces derniers rameaux, dont la figure 4D de la planche HI reproduit un bel exemplaire, se rapportent sans doute au Pinus palæostrobus; du moins, on est amené à le croire, si l’on s’ap- puie sur l’analogie de ces empreintes avec les rameaux actuels des Pins de la section Strobus toujours plus lisses que dans les autres sections du même genre.

B. Foliis binis (Pinasrer, Endl.).

PINUS PSEUDOPINEA. (PI. I, fig. 8.)

P. ramis basibus foliorum residuis prominentibus asperis; fois binis, erectis, rigidis, basi in vaginam longe productam integram, transversim sulcatam, conniventibus. Amentis masCulis bracteatis, oblongo-cylindricis, connectivo in proces- sum obovatum, subrotundum, integriusculum antice producto. Strobili squamarum apophysi rhombæa, depresso-pyrami- data, transversim leviter carinata, umbone centrali rhombæo, plano, depressiusculo, medio umbonulato. Seminum ala latiuscula, recta, nucleum obovatum superante.

Saint-Jean de Garguier (feuilles, rameaux, cônes, semence). Fénestrelle (feuilles?) Allauch (feuilles, semences, chatons mâles).

Cette espèce se trouve représentée par ses divers organes, à Saint-Jean-de-Garguier, elle est associée au P. palæostrobus, dont elle diffère totalement; elle se montre également à Allauch et peut-être aussi à Fénestrelle.

Les feuilles (fig. 8 À et 8 A’) réunies par deux, longues de 1 décimèêtre au moins, sont planes, larges d'environ 4 1/2 milli- mètre, finement striées (voy. la nervation grossie fig. 8, en A'), faiblement convexes sur leur face externe, roides, dressées, piquantes, et assez longuement conniventes vers leur base elles se réunissent dans une gaine persistante, entière, longue de 1 1/2 centimètre, marquée de stries ou rayures transversales.

Les écailles du cône, dont il n'existe qu’un fragment (fig. 8 E), se terminent en forme d’écusson rhomboïdal ; leur apophyse est constituée par une saillie pyramidale faiblement prononcée,

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. PI

arrondie sur les angles et les côtés, à surface lisse ou faiblement sillonnée, légèrement carénée transversalement, à protubérance centrale déprimée, un peu bosselée, mutique ou marquée d’un point tuberculeux à peine distinct.

La nucule de la semence est ovoïde, presque carrée à son bord supérieur qui est surmonté d'une aile membraneuse, assez large, tronquée à son extrémité supérieure. Dans l'exemplaire figuré 8F, l'aile se trouve lacérée accidentellement.

La figure 8 C et 8D représente les chatons mâles trouvés à Allauch, en même temps que des feuilles et une semence.

On observe assez souvent dans les couches de Saint-Jean-de- Garguier des rameaux dépouillés de feuilles qui appartiennent très-probablement à la mème espèce. Ces rameaux (fig. 8B et B' grossi) sont hérissés par les coussinets saillants et persistants, constituant des mamelons rhomboïdaux , l’on distingue la cicatrice en forme de fossette qui marque le point insertionnel des anciennes feuilles ; inférieurement, la base décurrente et faible- ment carénée de chaque mamelon indique la place de la bractée.

Par ses divers caractères, et surtout par la forme des écailles de son cône, ce Pin montre une certaine affinité avecle P. pinea. quoique la forme de ses graines le range naturellement dans les Pinaster. Parnu les espèces de cette section, il semblerait voisin d'une espèce japonaise, le P. densiflora Sieb. et Zuce.; mais les rapprochements entre les Pins fossiles et ceux du monde actuel sont toujours bien incertains, tant les premiers présentent

de formes Intermédiaires entre les sections établies parmi les seconds.

Pinus MEGALOPHYLLA. (PI. IIE, fig. 2.)

P. folus binis, validissimis, erectis, prælongis, basi lata, trun- cata, in vaginam brevem, transversim sulcatam conniventibus. ÂAmentis masculis ovato-cylindraceis, bracteatis, connectivo in processum ovato-oblongum, margine scarioso fimbriatum, antice

producto. Seminum ala elliptica, nucleum ovato-oblongum duplo superante.

Fénestrelle, près d'Aubagne.

78 GASTON DE SAPORTA.

Les cônes sont encore inconnus; mais les feuilles (fig. 2 A et 2B), par leur grandeur inusitée, annoncent une espèce bien distincte de la plupart de celles du monde actuel. Leur dimen- sion même est cause que nous n’en possédons que des fragments; le plus complet mesure 18 centimètres de longueur, sans que rien dénote une terminaison prochaine. Leur très-grande lar- geur proportionnelle (2millim.) mdique également une étendue en longueur qu'on ne saurait évaluer à moins de 25 à 30 centi- mètres. Ces feuilles étaient planes sur leur face interne, faible- ment convexes sur la face opposée, légèrement scabres sur les bords, mais nullement serrulées ; parcourues par 6 à 8 nervures longitudinales distinctes et assez espacées, dressées, peu diver- gentes au sommet ; elles étaient assez longuement conniventes à la base qui se termine carrément, et mesure une largeur de 5 milhmètres environ. La gaine est entière, courte, marquée de stries et de rugosités transversales bien visibles, mais assez peu prononcées.

Il est naturel de rapporter à la même espece des semences recueillies dans les mêmes pierres. La nucule de ces semences (fig. 2 c) dessine un ovale elliptique un peu simué sur un des côtés; l'aile qui la surmonte ne présente aucune trace de stries ou linéaments ; son tissu est trèes-délicat ; elle est droite, un peu plus large que la graine, et dessme un elhpsoïde allongé qui dépasse à peine deux fois le diamètre de celle-ci. Les affinités de cette belle espèce avec celles du monde actuel sont très- obscures ; mais, parmi les nombreuses espèces d’Armissan, 1l en est une qui s'en rapproche évidemment.

TAXINEÆ,

PODOCARPUS Herit: Popocarpus LiNDLEYANA Sap., Ét. sur la végét. tert., I, p. 63; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XVII, p. 316, pl. 3, fig. 7. (PL T, fig. 7.) P. foliis submembranaceis, lanceolato-linearibus, bas in petiolum gracilem sensim attenuatis; nervo primario stricto, cæteris nullis.

Saint-Jean-de-Garguier (tres-rare).

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LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 79 La forme, la consistance et la dimension semblent se réunir dans l’exemplaire reproduit pl. I, fig. 7, pour dénoter la pré- sence, à Saint-Jean-de-Garguier, du Podocarpus Lindleyana. y est très-rare, et se distingue du P. eocenica Ung., non-seulement par sa nervure médiane plus fine, et par sa base plus longue- ment atténuée sur un mince pétiole, mais aussi par une con- sistance plus souple du tissu foliacé.

Popocarpus EOCENICA ? Ung., Gen. et Sp., PT, foss., p. 392; Ettingsh., Tert. Flor. von HϾring., p. 31,t.9, f. 4-18.

P. foliis subcoriaceis, linearibus vel lineari-lanceolatis, acutis margine revolutis.

Saint-Jean-de-Garguier (tres-rare).

Un fragment de feuille, analogue aux figures de la flore

d'Hæring, est le seul indice de l'existence de cette espèce très- polymorphe ou peut-être formée de la réunion de plusieurs autres. Notre exemplaire, conforme à ceux de la flore d'Hæring, figuré par M. d'Ettingshausen, s'éloigne par sa forme étroite et linéaire de ceux de la mollasse suisse qui affectent de plus larges dimensions.

MONOCOTYLEDONEÆ,

La rareté des empreintes de Monocotylédones, dans les cou- ches littorales du bassin de Marseille, n’est pas due uniquement à une circonstance accidentelle, puisqu'elle existe également dans toutes les localités de cette région, que, d'ailleurs, le même fait se répète, ainsi que nous le verrons, dans le riche dépôt d’Ar- missan, et se reproduit aussi dans ceux du même âge qui sont les plus éloignés de Provence, comme Sotzka, Hæring et Monte-Pro- mina. Il serait donc naturel de reconnaître dans cette pauvreté relative un phénomène d’un ordre général dont il est difficile, cependant, de se rendre compte ; à moins d'admettre que la configuration des lacs de l’époque ou la nature de leurs eaux

80 GASTON DE SAPORTA.

n'aient été contraires à la propagation des plantes aquatiques monocotylédones. Ce serait à une explication assez plausible, puisque la position subordonnée de la classe entière est due prin- cipalement à l'absence presque complète des Cypéracées, Gra- minées et Typhacées. La présence des Sabalites et de curieuses Smilacées qui se montrent pour la première fois en Provence, pourrait faire penser que l'exclusion dont nous parlons est loin de s'appliquer aux Monocotylédones terrestres et arborescentes.

CYPERACEZÆ.

CYPERITES Lindl. et Hutt.

CYPERITES GRAMINEUS Sap., Ét. sur la végét. tert., 1, p. 191; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XIX, p. 37.

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

Fragments de feuilles finement striées, graminiformes, pareils à ceux que nous avons signalés précédemment dans la flore de Saint-Zacharie.

CAREX L. CaREx PALÆOCARPA. (PI. IV, fig. 6.)

C. fructibus minutis, ovatis, compressis, lævibus, striatulis, apice breviter rostrato bifidis. |

Gypse des Camoins (très-rare).

Le fruit représenté pl. IV, fig. 6, et que les fig. 6 À et G A' re- produisent grossi, offre toutes les apparences de ceux des Careæ. [Il est petit, ovale, arrondi inférieurement, lisse et comprimé ; le sommet est atténué en un bec très-court et profondément bifide. Il se rapproche de ceux du Careæ vulpina L., qui sont cependant plus grands et prolongés au sommet en un bec moins profon- dément divisé.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 81

PAL\LE. SABALITES.

rondes flabellatæ, radis plerumque plicato-carinatis, rhach1- dis apice in acumen producto; rad medii secus appendicem inæqualiter affixi, non omnes simul ad basim frondis conni- ventes.

Flabellaria ex parte Sternb. vers. 1, 2, p. 27; Brngt, Prodr., p. 110; Endl., Gen. pl., p. 257; Unger, Gen. pl. foss,, p. 329. Sabal Hecr, F1. tert. Helv., 1, p. 86.

Nous réunissons, sous ce nom moins affirmatif que celui de Sabal adopté par M. Heer, les frondes fossiles dont le pétiole se prolonge au sommet en une pointe conique, acumimée, visible surtout à la partie inférieure de la fronde, et le long de laquelle une partie des rayons viennent s'insérer, tandis que les plus exté- rieurs se réunissent de chaque côté sur le sommet du pétiole et marquent le pot le prolongement de cet organe pénètre dans la fronde.

Cette organisation, dans la nature actuelle, n’est pas particu- lière au genre Sabal, et peut aussi, dans les Palmiers fossiles, avoir été commune à plusieurs genres distincts. Ce qui tendrait à le faire croire, c’est que la flore encore peu connue des grès de la Sarthe et des environs d'Angers, dont l’âge est antérieur à - celui des gypses de Montmartre, renferme déjà les empreintes de | deux Palmiers du groupe des Sabalites. De ces deux espèces con- | fondues par M. Unger avec le Ælabellaria Lamanonis, lune | parait très-voisine du Flabellaria (Sabalites) Hæringiana KEt- | üngsh. (Sabal Hæringiana Heer) ; l'autre, par son large pétiole brusquement rétréci en un prolongement étroit et acuminé, sem- ble offrir un type tout nouveau. Dans tous les cas, on voit que les | *Sabalites Palmiers à pétiole prolongé au sommet jusque dans l'intérieur du limbe datent d’une époque bien antérieure à celle qui marque le temps de leur apparition dans les couches de Provence.

série. Bot. T. LI, (Cahier 2.) 2 6

Lt

GASTON DE SAPORSA,

SABALITES OXYRHACHIS. (PI. IUT, fig. 3.)

S. petiolo tereti, latere superiore rotundato, subtus in apicem lanceolatum, acutum, abeunte ; radis medus secus appendicem decliviter insidentibus.

Palmacites oxyrhachis Siernb., vers. IF, p. 190, t. 42, fig. 2; Ælabella- réa oxyrhachis Ung. in WMart. gen. palm., p. 61; Gen., PT. foss., p. 330; Iconog., p.19, tab. 9, fig. 2-3 ; Flabellaria raphifolia, Kttingsh., Tert. flor. v. Hoœæring., p. 31, tab. 1, fig. 1-3, 8-9, tab. 2, fig. 2-3; exclusis, fig. 4-7, tab. 1 et tab. 2, quæ ad Sabalitem Hæringianum spectant.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Einpreinte réduite à la partie supérieure du pétiole et à la base des rayons avec leur insertion sur un sommet arrondi d’un côté, prolongé de l'autre en une pointe aigue. Malgré son état de mutilation,elle paraît identique avec le Flabellaria oxyrhachis Ung., que M. d'Ettingshausen a décrit comme étant une simple variété de son F.raphifolia (FT. Hæringiana Ung.). Ce qui semble démontrer le peu de fondement de cette confusion, c'est que notre parte de fronde ne présente de l'analogie qu'avec celles des figures de la Flore d'Hæring qui reproduisent le Flabellaria oxyrhachis, et presque aucune avec celles qui se rapportent au F. Hœrin- giana Ung. (Sabal Hæringiana Heer), dont les pétioles sont plus forts et terminés supérieurement par une ligne anguleuse. Cette. espèce compte d'ailleurs un nombre de rayons plus considérable que celle de Saint-Jean 1ls paraissent limités à T8 environ de chaque côte.

SABALITES MAJOR. (PI. [f.)

S. irondibus magnis, valide et inerme petiolatis, petioli apice in appendicem acuminatam longe provecto, radus cireiter 50 secus rhachidis declivitatem .. lats, erectis, longe produc-

Us, plicato -costatis.

LE SUD-EST DE:EA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 59 *

Flabellaria major Ung., Cl. prot., p. 42, & 44%, fig. 2; Ettingshausen Heœæring, p. 35, t 3, fig. 3-7; Ælabellaria maxima Ung., Ch prot., p. h1, t.12, 15, Üg. 1-2, t. 14, fig. 4; O. Weber, Palæont., 1, p. 158; Sabal major Heer, FE. tert. flele., V, p. 88, t. 35 ct 36 fig. 1-2. Calcaires du bassin de carénage. Allaueh? Environs d’Alais (collection de

M. Dumas, de Sommi®res,. Gres ossiferes du bassin de l'Agoutf, carrière de la

Massale (collection de M. Noulet à Toulouse).

Les impressions de frondes flabellées, découvertes lors du creu- sement du bassin de carénage de Marseille, sont déposées sur d'épaisses plaques d'un caleaire marneux jaunâtre, d'un grain assez grossier. Ces frondes ont été d’abord confondues avec celles du Flabeliaria Lamanonis, dont elles s’éloignent beaucoup en réalité; elles doivent être réunies au F{. major Ung. (Sabal major Heer). Deux exemplaires, que nous avons sous les yeux, se rapportent également à la face mférieure d’une fronde, mais 1ls en reproduisent des endroits différents. L'un, qui appartient à notre collection, comprend la partie moyenne d'une fronde; la terminaison mauque ainst que la base, et l'empremte est en outre assez fruste ; l’autre, provenant de Ia collection du musée de Marseille, est dans un bel état de conservation, mais 11 consiste seulement en une fronde réduite à sa base. Ce fragment, reproduit fidèlement sur la planche IF, est suffisant pour faire reconnaître l'espèce, qui se trouve con- orme aux figures de la Flore tertiaire de Suisse, et surtout à celle du Flabellaria maæima de Radoboj donnée par Unger dans son Chloris protojæa. M. Heer regarde cette forme comme identique avec le Flabellaria major du mème auteur. Le pétiole se continue au centre de la fronde en un prolongement lancéolé longuement acuminé, dont la largeur diminue insensiblement jusqu à se réduire en une pointe étroite, qui se perd enfin dans le rayon médian. Depuis la base mème de la fronde jusqu'à sa ter- minason, ce prolongement mesure au moins 20 à 22 centime- tres ; c'est à peu près la dimeusion de celui que l'on observe sur la figure de Unger (CAL. prot., tab, 13), et sur celles de Heer (F1, tert, Helv., tab, 35).

Sl GASTON DE SAPORTA.

Un magnifique exemplaire de cette même espèce, présentant une fronde presque complète, existe dans le musée de la ville de Lausanne, sous le nom de Flabellaria Lamanonis. Son origine provençale etla nature de la pierre doivent faire penser qu’il pro- vient de la même localité que les précédentes. Nous avons observé plusieurs empreintes de Sabalites major dans la belle collection de M. Dumas, de Sommières ; elles ont été recueillies à Mannas, près d’Alais, dans un étage correspondant à peu près à celui du bassin de Marseille. Enfin, pour compléter les notions que nous possédons sur ce Palmier, un des plus répandus de l'Europe ter- tiaire, nous ajouterons que M. Noulet, professeur à l'École de médecine de Toulouse, possède plusieurs beaux spécimens de Sabalites major recueillis dans le Tarn (bassin de l'Agout) sur divers points, mais principalement dans les carrières de la Massale ils ont été observés par M. Caraven dans les mêmes grès que le Palæolherium magnum et le Lophiodon lautri- cense Noulet. Cette découverte feraii remonter l’origine du Sabalites major à une époque bien antérieure à celle qui marque son apparition en Provence et dans le reste de l'Europe tertiaire, c'est-à-dire vers le temps du gypse de Montmartre. Les Sabalites existant, ainsi que nous l'avons dit, dans les grès de la Sarthe, antérieurs eux-mêmes au gypse de Montmartre, 1l semblerait que ce genre s'est d'abord montré dans l'Europe centrale et

.oceidentale pour se répandre ensuite graduellement vers l’est et.

le sud.

SUILACEZÆ.

SMILAX Tourn.

SMILAX GARGUIERI. (PI. LE, fig. 4.)

S. foliis deltoideo-cordatis, obtusissime aurieulatis, rotunda- üs, sursum breviter acumimatis; nervis lateralibus utrinque à, externis in lobos curvatin arcuatis. venulis transvershn decur- rentibus. |

EE

LA

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 85

Smilacites Garquieri Sap., Ex. anal., p. ki.

Saint-Jean-de-Garguier (collection de M. Matheron).

Forme très-voisine du Smnilax grandifolia Ung. (Ch. prolog.. tab. 40, fig. 3; Syll. pl. foss., tab. 2, fig. 5-8 ; Heer, FE. tert. Helv., 1, p. 82, tab. 30, fig. 8), espèce de Radoboj, de Bin, qui se retrouve en Suisse (Croizettes, dans Le canton de Vaud) et en Italie; par conséquent, une des plus répandues de l'époque tertiaire moyenne.

La feuilie de Saint-Jean se distiñgue du Sm. grandifolia par la forme plus atténuée de son sommet; les nervures latérales sont au nombre de trois au moins de chaque côté ; les extérieures assez fortement recourbées en arc à leur base dessinent le même contour que les lobes qui sont peu saillants et arrondis. La base est large, faiblement échancrée en cœur; la feuille, après un rétrécissement à peine sensible, se prolonge en une pointe obtu- sément acuminée. Les nervures tertiaires forment un réseau assez peu visible, dont les veines courent transversalement en dessinant des lignes flexueuses dans l'intervalle des grandes ner- vures. Le bord est enter et sans iraces de dentelure n1 d'aiguil- lons; le pétiole est large à son point d'attache et les nervures viennent s'infléchir pour se réunir sur ce point.

Parmi les espèces vivantes qui se rapprochent de celle-ci, la plus voisine est encore le Sm. mauritanica Desf., dont les feuilles, du moins d’après un exemplaire du Jardin des plantes de Paris (1), ne difièrent de celle-ci que par un moindre prolongement du sommet. Nous citerons encore le Sm. pendulina Law. de Madere, qui ressemble au nôtre par la forme largement en cœur, acu- minée de ses feuilles. Mentionnons encore, quoique le degré de similitude soit déjà plus éloigné, Le $m. purpurata Labill. de |: Nouvelle-Calédonie, et le $.oblongata Lew. des Antiiles.

(1) Kunth (voy. £nn. plant., t. V, p. 211) regarde le Smilux mauritanica du Jardin des plantes de Paris, comme identique avec le Sn. alpini Wild, espèce de Grèce

S6 _ GASTON DE SAPORFA,

L

SMILAX ABSCONDITA. (PI. Hi, fig. 5.)

S. folis lanceolato-linearibus, acumimatis, basi leviter atte- nuata brevissime subcordato-emarginatis, quinquenerviis, nervis exterioribus tenuissimis marginantibus.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Empreinte isolée, mais bien complète et remarquable par son caractère tranché. Elle se trouve sur la même pierre qu'une branche dépouillée de Pinus palæostrobus, une feuille d’Andro- meda et une de Grevillea. Cette association semble marquer la place qu'occupait alors ce Smilax dans les bois tertiaires. La feuille est lancéolée-linéaire, longue de 6 centimètres et demi, large à peine de 7 millimètres. Elle est longuement atténuée vers le sommet qui est acuminé et se terminait sans doute par une pointe mucronée.

Les bords sont fortement marqués par une nervure marginale qui pourrait bien avoir été hérissée de petites aspérités. La base est un peu atténuée et paraît arrondie ; mais, en s’aidant d’une loupe, on voit qu’elle est émargimée et légèrement cordiforme, à lobes à peine saillants. Les nervures principales sont au nombre de cinq; mais les intérieures sont bien plus prononcées que les deux autres, qui se confondent presque avec le bord qu’elles longent de fort près; des veines flexueuses courent dans l'inter-" valle des nervures principales. Le Smilax elegans W., avec des feuilles beaucoup plus larges, rappelle un peu cette espèce qui s'éloigne sensiblement de toutes celles de nos jours.

TYPHACEX. SPARGANIUM Tournef.

SPARGANIUM STYGIUM Heer, #7, tert. Helo.. 1; pe TUÛT, OR: AA

S. foliis Hinearibus; nervis longitudinalhbus septis transversis conjunctis, interstitialibus 4 vel nullis.

Saint-Jean-de-Garguier, Fénestrelle (rare),

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 87 Fragments de feuille; nous avons observé cette espèce à Aix et à Saint-Zacharie, elle se retrouve à Armissan et dans la mollasse suisse, et constitue une des formes les plus répandues de la végétation tertiaire.

DICOTYLEDONEZÆ. APETALÆ.

Les apétales, dans les couches littorales du bassin de Marseille, présentent à peu pres les mêmes caractères que dans celles de Saint-Zacharie. Seulement l'importance des Myricées augmente, tandis que celle des Protéacées s'amoindrit de plus en plus. Les Laurinées occupent une place plus considérable ; les Amentacées demeurent stationnaires. La physionomie générale change peu. Les formes sont toujours petites et en dehors des Myricées, aucune n'acquiert une grande extension,

BETULACEZÆ. BETOÜLA Tournef. B£TULA OBLONGATA. [PI IT, fig, 6.)

B. folus breviter petiolatis, membranaceis, ovato-oblongis, hasi apiceque attenuatis, dupliciter dentato-serratis, serraturis acutis, penninervis; nervis secundarlis rectis parallelis, latere uno obliquioribus, extus ramosis, infimis oppositis, tertiaris transversim decurrentubus.

Allauch. Saint-jeau-de-Garguier (rare),

Ce Bouleau dont les feuilles seules nous sont connues, semble tenir le milieu entre le Betula ulmacea de Saint-Zacharie et > Belula dryadum Brngt d’Armissan. La forme étroite et allongée, la direction des nervures un peu plus ascendantes d’un côté que de l’autre, etle dessin de la nervation, le rapprochent de l’espèce de Samt-Zacharie; il en diffère par le contour atténué de la base et la forme du pétiole qui le font ressembler aux plus petites

88 GASTON DE SAPORTA,

feuilles du Betula dryadum. H est très-analogue également au Belula Brongniartii Ettingsh., signalé sur plusieurs points de l'Europe tertiaire, à Vienne, à Radoboj, Parschlug, Swoszo- wice, par M. d'Ettingshausen (1), ainsi qu'au Monod , en Suisse , par M. Heer (2); mais l'existence d’une seule empreinte bien complète ne permet pas de déterminer la nature etle degré de ces diverses affinités. Comparée aux Bouleaux actuels, notre espèce ressemble au Betula lenta L. plus qu'à tout autre.

+ BETULA PULCHELLA, (PI. IL, fig. 7.)

B. foliis mediocribus, firmis, petiolatis, ovato-rotundatis, dentato-crenulatis, breviter acuminatis; nervis secundariis sub angulo semi-recto emissis, parallelis, apice ramosis ; tertiariis transversim oblique reticulatis.

Fénestrelle (très-rare).

Feuille dont le type diffère totalement de celui de la précé- dente ; le pétiole est grêle, assez long, le contour ovale-orbicu- laire, terminé probablement par une pointe brusquement acu- minée; mais cette partie a disparu. La dentelure se compose de crénelures égales, pointues-obtuses, qui paraissent incisées au moins dans quelques cas. La saillie de la dentelure diminue vers la base ; aux approches immédiats du pétiole, le bord est même tout à fait entier. La figure 7 A fait voir les détails grossis de la - nervation qui est assez difficile à saisir.

Ce Bouleau, dont la détermination ne semble pas douteuse, se rapproche, par la forme de sa feuille, de l'espèce que M. Unger avait nommée à tort Betula dryadum, en la figurant dans son Chloris protogæa (3), ainsi que dans l/conographia planta- : rum (k). M. Andræ a relevé plus tard l'erreur de l'auteur alle- mand relativementaux empreintes du puits de Radoboj, en impo-

(1) Ettingshausen, Flora von Wien, p. 12, t, I, fig. 18. (2)/Heer,, FT. tert. helv. LL p. 39,.t. LXIL, feust.

(3) Unger, Chlor. prolog., tab. 34, fig. 5.

(4) Id.,'Tconog. plant., tab. 16, fig. 9.

1 2

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 3 sant à celles-ci le nom de Betula Ungeri Andr. (+). Nous croyons que la même erreur s'applique aux feuilles de Parschlug qui différent totalement de celles d'Armissan. Quoique l'empreinte de Fénestrelle que nous venons de signaler se rapproche davan- tage des premières, elle s'en écarte aussi par la forme ovale- orbiculaire de son contour, tandis que ce contour est deltoide dans la figure de l’auteur allemand. Nous croyons que notre Betula pulchella constitue une espèce bien caractérisée, et très- analogue, si on la compare aux Bouleaux actuels, au Petula dahurica Pall., dont elle diffère à peine par la pointe plus acumi- née qui termine ses feuilles.

CUPULIFERÆ.

CARPINUS L.

CARPINUS CUSPIDATA Sap., ZE. sur la vég. tert., X, p, 204; Ann. sc, nat., hésème. Bot. t XX: D. 50. DL.5. fig. 7.

Saint-Jean-de-Garguier (feuille). Fénestrelle (involucre).

Une feuille assez intacte, et un fragment d’involucre recueillis, il est vrai, dans deux localités différentes permettent pourtant, à cause de la conformité des caractères, de croire à la présence de cette espèce dans la végétation du bassin de Marseille ; elle à été décrite précédemment d’après une série d'empreintes très- bien conservées.

QUERCUS L.

Quencus £Læna Ung., Ch. protog., tab. 31, fig. 4: Heer, FL. tert. Helv., If, tab. 74, fig, 11-15; tab. 454, fig. 1-3. (PL HE, fig. 11.)

Q. foliis coriaceis, breviter petiolatis, elongatis, lanceolato - linearibus, obiusis, basi in petiolum attenuatis, integerrimis ; nervis secundariis angulo subrecto emissis, areolatis.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle, Les feuilles peuvent être confondues aisément avec celles des

(4) Andræ, Foss, fl. Siebenburg. und der Bannat., p. 44, tab, 2, fig, 4-6,

90 GASTON DE S4PORTA.

Andremeda qui abondent dans les mêmes localités, et affectent à peu près la même forme et la même apparence. Le dessin de la nervation diffère complétement, mais il n’est pas toujours bien visible. La figure 41 de la planche HT reproduit une empreinte de cette espèce, toujours très-polymorphe, qui ne diffère par aucun détail essentiel de celles de Saint-Zacharie (voy. partie des Études : Flore de Saint-Zacharie, pl. V, fig. 8). Cependant la base paraît constamment plus atténuée, quelquefois d'une ma- nière très-sensible. Certaines feuilles se distinguent par leur petitesse ; elles paraissent pourtant appartenir toutes au même type légèrement modifié.

Quercus xeRvOsA, (PI. IT, fig. 12.)

Q. foliis brevissime petiolatis, coriaceis, ovato-oblongis, inte- gerrimis, penninervis; nervis secundariis alternis, curvatis, ascendentibus; tertiariis numerosis, flexuosis, transversim de- currentibus.

Saint-Jean de Garguier (rare).

La feuille est ovale-oblongue, assez petite, coriace, très- entière et un peu ondulée sur les bords, obtusément sinuée à la base et arrondie sur le pétiole qui est très-court, quoique distinct. Les nervures secondaires sont alternes ou subopposées vers la base, obliques, recourbées ascendantes, repliéesle long des bords et reliées entre elles par un réseau de veines transversales déliées et flexueuses, qui se résolvent en mailles trapéziformes irès-fines.

Le facies et le grain de l'empreinte dénotent un Chène ana- logue par la nervation et le contour extérieur aux espèces asia- tiques à feuilles entières, comme Quercus cuneata Roxb. des Indes, argentata Korth., lineata B1., Reinwarditii Korth. des îles de la Sonde ; mais sous des proportions très-réduites.

Quercus arrinis. (PI. HE, fig. 10.)

Q. folis firmis, obovato-oblongis, lanceolatis, margine undu- lato obscure dentato-sinuatis, basi in petiolum brevissimum

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 91 attenuatis; nervo primario valido, secundaris alternis, gracili- bus, obliquis, curvatis, apice plerumque furcatis, infertoribus obliquissimis ; venis tertiartis plurimis transversim decurren - übus. |

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Forme voisine du Q. Gæpperti O. Web. ; cependant la feuille recueillie en Provence est plus petite, d’une texture plus ferme, probablement plus coriace ; les nervures secondaires inférieures paraissent bien plus obliques, et le réseau vasculaire formé de veines transversales »lus fines et plus rapprochées. Cependant, ces différences qui n'ont rien d’essentiel pourraient être seule- ment l'indice d'une variété locale. Les Quercus Hamadrya- dum Ung. et furcinervis Heer, forment avec ceux-ci un groupe particulier, distingué par des caractères communs, qui semble limité à la partie inférieure des terrains miocènes.

La forme générale de notre feuille est obovale-lancéolée ; elle se prolonge inférieurement en une base assez longuement atté- nuée et enticre. Le bord de la partie supérieure est festonné de dents obtuses à peine saillantes, équivalant presque à de simples sinuosités. La forme de ces dents est irrégulière, et la feuille devait finir par une pointe assez courte.

Les nervures secondaires faiblement marquées, par rapport à la médiane qui est saillante, suivent inférieurementle mouvement de la feuille ; elles deviennent alors très-obliques et longuement développées. Alternes, parallèles, légèrement recourbées, elles sont ordmairement fourchues vers le sommet. Chacune de leurs branches va aboutir à une des incisures du bord; quelques- unes, cependant, restent simples, mais c’est l'exception. Les ner- vures tertiaires qui courent dans l'intervalle des secondaires sont transversales, nombreuses, simples ou géniculées-bifurquées, réunies par des veinules dirigées en sens inverse qui se résolvent en un réseau à mailles carrées, trapéziformes ou hexagones.

Ce Chêne, dont nous regardons la détermination comme très- naturelle, se rapproche, à notre avis, de tout un groupe meæi- cain dont les feuilles caractérisées par la forme obovale, élargie

99 GASTON DE SAPORTA,

au sommet, sont entières ou le plus souvent garnies de dente- lures peu profondes, et occupées par des nervures réticulées- lugueuses sur les deux faces. Les Quercus rugosa Née, tomen- tosa Lieb., spicata Kunth, ambiqua H.B.K., glaucescens H.B.K., pandurata H.B.K., crassifolia H.B.K., olcoides Schied., sont les principaux de ce groupe. Notre espèce se distingue de toutes celles que nous venons de citer, par sa base longuement atténuée cunéiforme, et par la pointe qui parait avoir terminé son sommet; mais l'aspect finement rugueux de l'empreinte dénote une consistance analogue, et tous les détails de la nervation con- firment ce rapprochement. C'est avec les Quercus spicala Kunth et rugosa Née, de Santa-Rosa (Mexique), qu'elle montre le plus d'affinité.

POLYGONEÆ,

POLYGONITES. PoLyGoniTEs ULMACEUS. (PI. ILE, fig. 44.)

P. fructibus in alam triplicem utrinqué rotundatam infra cordato-emarginatam late expansis; alis tenuissime reticulatis ; nervis ad peripheriam undique radiantibus, furcato-anasto- mosatis.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle,

On pourrait confondre ces fruits avec des samares d'Uimus ou de Betula. Is se distinguent des premières par leur forme particulière, des secondes par le réseau veineux très-délié, mais bien distinct qui couvre l'expansion ailée. Il est naturel de voir dans ces organes, dont il existe plusieurs exemplaires, des fruits analogues à ceux des Polygonées. L'affinité est plus grande avec ceux de l'Oxyria digyna qu'avec les fruits de Rumex et d'Atraphaæis qui diffèrent beaucoup par le mode de réticu- lation. Cependant, cette détermination est sujette à une grande incertitude, puisqu'on observe également dans les Sapindacées et plusieurs autres familles des fruits qui présentent la même apparence extérieure (voy. la nervation grossie, fig. 4% A).

LE SUD-EST DE’LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 93

LAURINEÆ.

Les Laurinées sont un peu plus multiphiées dans la flore des couches littorales du bassin de Marseille que dans celle de Saint-Zacharie ; mais elles comprennent à peu près les mêmes formes, et n’admettent pas, jusqu'à présent au moins, les espèces nettement miocènes. Pour les voir paraître, 1l faut aborder la végétation d’'Armissan qu'elles servent à caractériser.

LAURUS L. LauRus PRIMIGENIA Ung., FT. von Sotzka, tab. 19, fig. 1-4. (PI. HE, fig. 8.) L. folis subcoriaceis, lanceolato-linearibus, acuminatis vel obtusiusculis, penninervis ; nervis secundaris gracilibus, spar- sis, curvabs, reticulato-ramosis ; rete venoso tenuissimo.

Laurus phœborides ? Ett., Foss. fl. von Wien, p. 17, tab. 3, fig. 3.

Saint-Jcan-de-Garguier.

C'est bien l'espèce que nous avons signalée successivement dans les étages antérieurs. Lesexemplaires de Saint-Jean, en assez petit nombre, sont d'une admirable conservation (voy. fig. 8 A. la nervaton grossie). Ces feuilles sont toujours un peu plus grêles que celles figurées par Unger dans sa flore de Sotzka, et surtout que celles de Heer (4). Elles se rapprochent évidemment par ce caractère du Laurus phæboides Ett. (2), et surtout de l’exem- plaire figuré dans la flore de Vienne. Toutefois, un exemplaire de Laurus primigenia du Monod (Suisse), que nous possédons, paraît identique avec les nôtres, ou du moins ne s’en distingue par aucun caractère appréciable. Nous avons probablement, sous les yeux, un type très-polymorphe dont les dimensions et même la forme ont pu varier selon les temps.

(PRES EltertrHelo.s Ep. 77, trib. 89, figeb46 (2) Voy. Etlingsh., Terf. FU von Hering, tab. 492, fig. 1.

Ok GASTON DE SAPORIA.

CINNAMOMUM Burm

CINNAMOMUM LANCEOLATUM Heer, F1. tert. Helv., VW, tab. 93, fig. 6-11.

C. foliis lanceolatis vel lanceolato-linearibus, acuminatis, tri- plinervüs; nervis lateralhibus suprabasilaribus, ascendentibus, simplhicibus, cum medio parallelis.

Saint-Jean-de-Garguier.

Les exemplaires, assez nombreux, recueillis à Saint-Jean-de- Garguier sont exactement conformes à ceux de Suisse et d’Alle- magne et ne difiérent pas sensiblement de ceux que nous avons signalés dans les divers étages antérieurs à partir de celui des _gypses d'Aix.

DAPHNOGENE Ung.

DaPHNOGENE TRANSITORIA. (PI. JTE, fig. 9.)

D. foliis lanceolatis, integerrimis, basi breviter attenuatis, tri- plinerviis, nervis Intbatitits infimis vix suprabasilaribus, obli- quis, cum margine non parallelis; secundariis aliis remotis, oppositis; tertiariis parum conspicuis transversis.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Attribution incertaine à cause des nervures secondaires opposées, caractère qui s'observe rarement dans les feuilles de Laurinées.

DAPHNOGENE BASINERVIA. (PI. HF, Üg. 5.)

D. foliis ovato-ellipticis, breviter petiolatis, integerrimis, triplinerviis ; nervis lateralibus infimis vix suprabasilaribus, curvato-ascendentibus ; secundariis altis sparsis; terüarns plu- rimis transversin decurrentibus.

Saint-Jean-de-Garguicr (très-rare).

Feuilie analogue à celles d’un grand nombre de Laurinées à trois nervures. Le peu d'étendue des nervures latérales infé-

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 90 rieures terminées bien avant le sommet empêche d'y recon- naître un Cinnamomum. Les genres Daphnidium et Litsæa rénferment des formes analogues, mais les nervures laté- rales sont presque toujours nettement suprabasilaires.

SANTALACEÆ.

LEPTOMERTA R. Br.

LEPTOMERIA DiSrANS Ett., loss. fl. von Hæring., p. 48, tab. 42, fig. 19. (PI. IV, fig. 8.)

Saint-Jean-de-Garguier (çà et là).

Ramules aphylles? pareils à ceux que nous avons signalés dans la flore de Saint-Zacharie (4), et conformes aux figures données par M. d'Ettingshausen dans sa flore d'Hærmg.

PROTEACEÆ.

Les Protéacées des couches littorales du bassin de Marseille s écartent peu, dans leurs principaux traits, de celles de Saint-Za- charie ; elles comprennent en partie les mêmes espèces, et l’élé- ment végétal qu'elles représentent conserve une importance assez considérable. Ce groupe est cependant parvenu au moment de son déclin, et l’étage actuel fixe la date de cette décadence qui se précipite dans l’âge suivant de manière à devenir prompte- ment complète. Nous nous sommes efforcé, dans les flores anté- rieures, non-seulement de signaler toutes les Protéacées que nous avons cru reconnaître comme telles, mais de mieux fixer le caractère des espèces de ce groupe qu'on ne lavait fait Jusqu'ici, et d'en éloigner les formes suspectes, ou du moins de ne les admettre que sous toutes réserves. Cette méthode était facile à suivre en présence d’un certain nombre de types appar- tenant tres-légitimement au groupe des Protéacées, comme les Lomaliles, certains Grevillea, plusieurs Banksites et Knightites ;

(4) Voyez précédemment, Études sur la végét. tert.yt. 1; p: 212; Ann, sc; nat., série, Bor., t. IX, p. 58,

96 GASTON DE SAPORTA.

mais le problème se complique à mesure que nous touchons au temps les Protéacées vont être rapidement élimimées pour disparaître ensuite ; les formes douteuses semblent se multiphet ; et dès-lors, pour éviter de fâcheuses erreurs, 1l devient néces- saire d'examiner soigneusement les titres des derniers survivants de ce groupe remarquable. Or, il existe sur les limites encore indécises qui séparent les Protéacées de quelques familles voi- sines, et surtout des Myricées, un assez grand nombre de formes fossiles, à la fois saillantes et variées, que l’on voit reparaitre uniformément dans tous les dépôts du même âge, et qui ont été, suivant le penchant des divers auteurs, transportées suc- cessivement des Cupulifères dans les Myricées, et de celles-ci dans les Protéacées. Nous désignons ainsi des végétaux décrits tour à tour sous le nom de Quercus, de Myrica, de Dryan- droides, de Comptonia et de Dryandra par MM. Unger, d’Et- tingshausen et Heer. M. A. Brongniart, dans une note lue à l’Académie des sciences (1), a reconnu avec sa sagacité habi- tuelle les difficultés mhérentes à la détermination de ces espèces, en disant : « Ces hésitations et ces opinions diverses de savants aussi distingués montrent combien il est difficile de fixer la limite des genres et des familles sur les caractères seuls fournis par les feuilles, à moins qu'ils n'aient quelque chose d’exceptionnel. On peut dire, cependant, comme explication de ces doutes, que la

plupart des échantillons figurés, par MM. Unger et Heer, n'of-

fraient que des traces très-imparfaites de leur nervation, et que la famille des Protéacées est tellement variée dans la forme et la structure de ses feuilles, qu’on peut être porté à y classer bien des formes diverses de feuilles fossiles.

» Cette distinction entre les Protéacées et les Myrica n’est pas cependant sans importance au point de vue des affinités des flores de l’ancien monde avec celles du monde actuel; les genres de Protéacées auxquels on compare les espèces qui nous occu- pent étant actuellement limités à la Nouvelle-Hollande, et les

(4) A. Brongniart, Note sur une collection de plantes fossiles recueillies en Grèce par M, Gaudry (Comptes rendus de l’Académie des sciences, t, LIT, séance du 17 juin 1861).

= PS EN

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 97 Myrica, au contraire, étant des plantes cosmopolites qui ont des représentants dans les deux hémisphères, aussi bien dans l'an- cien que dans le nouveau continent. »

Le savant académicien conclut après un nouvel examen des espèces rapportées de Koumi, que l'étude de leur nervation les range plutôt parmi les Myricées que parmi les Protéacées, et que même dans quelques cas on y reconnaît de petits tubercules sail- lants qui rappellent les glandes aromatiques des Myrica. La plu- part des espèces auxquelles M. Brongniart fait allusion se mon- trent dans les étages d’Armissan et de Manosque, en exemplaires magnifiques ; et plusieurs y sont accompagnées de fructifications dont l'examen nous servira plus tard à résoudre la question de leur attribution définitive, en reconnaissant en elles de vrais Myrica. Nous avons eu soin de réserver notre opinion à ce sujet, en signalant les premiers Dryandroides dans la flore de Saint-Zacharie (1). Leur absence des couches littorales du bassin de Marseille nous aurait dispensé de toucher à cette question par avance, s'il ne se présentait dans ces mêmes couches une espèce tout à fait caractéristique, analogue aux Dryandroides, non-seulement par la position qu'on lui a généralement assi- gnée dans la série des familles, mais aussi par les diverses attributions auxquelles elle a donné lieu. Il s’agit du Comptonia dryandræfolia, signalé sous ce nom, en premier lieu, par M. Brongniart (2), qui faisait ressortir plus tard son affinité pos- sible avec les Protéacées des genres Banksia et Dryandra (3). De là, à l’attribuer à ce dernier groupe, il n’y avait qu'un pas, et depuis, en effet, MM. d’Ettingshausen et Heer, l’un en Autriche, l'autre en Suisse, ont regardé cette espèce, si répandue dans | toute l'Europe tertiaire à l'époque moyenne inférieure, comme étant un véritable Dryandra, qu'ils ont désigné, le premier sous | le nom de Dryandra Brongniartii, le second sous celui de : Dr. Schrankii.

(4) Voy. Études sur la végét. tert.,t. 1, p. 224 ; Ann, des sc. nat., série, Bor., | 6: EX, p.70. (2) Brougniart, Prodr., p. 143, 214; Ann. des sc. nat., t. AV,4p, 49, pl, 3, fig. 7. (3) Id., Tabl. des Genres de Végét. foss., p. 77.

série. Bot. T. LIL, (Cahier 2.) à 7

98 GASTON DE SAPORTEA.

La double affinité de cette forme curieuse avec les Dryandra d’une part, et de l'autre avec l'unique Comptonia de l'époque actuelle, est en effet si frappante, que la question aurait pu flot- ter incessamment au gré des divers auteurs, si la découverte récente d'un grand nombre de fructifications, dans le dépôt d’Ar- missan, n’était venu démontrer que le prétendu Dryandra était bien réellement un Comptonia congénère du €. asplenufoha, bien qu’il en diffère à plusieurs égards. Les prévisions de M. À. Bron- gniart se trouvent ainsi justifiées, et l'attribution définitive des Dryandroides et du Comptonia dryandræfolia au groupe des Myricées, réduit singulièrement le nombre des Protéacées ter- tiaires, en leur enlevant toute une série d'espèces que l’on s'ac- cordait généralement à réunir àelles. Nous donneronsles preuves de cette solution en abordant la végétation d’Arnussan ; la pré- sence du Comptonia dryandræfolia, dans les couches de Marseille, nous oblige seulement à l’effleurer, et à faire ressortir le rôle singulier de deux familles rivales, pour ainsi dire, quoique bien inégalement développées, toutes deux tres-anciennes et remar- quables par le parallélisme de formes qui fait que les Compto- nia reproduisent trait pour trait le genre Dryandra. Ce parallé- lisme serait-il l'indice d’un point de départ commun ou du moins - d'anciennes affinités voilées plus tard par des divergences crois- santes dans les organes reproducteurs diversement modifiés? On serait tenté de le croire, lorsqu'on voit, suivant l'opinion de M. Debey, les Myricées se montrer déjà aupres des Protéacées, dans la flore d’Aix-la-Chapelle, et occuper à côté de celle-ci une position toute subordonnée. Cette position respective des deux groupes se serait maintenue jusqu à l'époque des gypses d'Aix, c'est-à-dire jusqu'au moment ou les Protéacées commen- cèrent à décliner par l'élimination successive des types qu'elles comprenaient à l'origine, et dont la plupart avaient persisté sans altération à travers plusieurs périodes successives. Les mêmes causes qui amenérent la décadence des Protéacées paraissent avoir favorisé le développement des Myricées; du moins, l'im- portance du second groupe s'accroît à mesure que le rôle du premier s'amoindrit; et celui-là tend à occuper la place que

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 99 celui-e1 laisse vide, non-seulement en se substituant à lui comme élément actif de végétation, mais en présentant des formes simi- laires qui produisent le même effet, et se distinguent même diffi- cilement de celles du groupe opposé.

Pour faire mieux ressortir la physionomie et la nature de ce genre de parallélisme, nous placerons les Myricées à la suite des Protéacées, laissant à chaque famille les types qui paraïssent lui appartenir en propre, et plaçant dans une position intermédiaire ceux dont le caractère nous semblera indécis, lorsque nous er remarquerons de pareils.

1. OBLIQUINERVIÆ.

PALÆODENDRON Sap., £4. sur la vég. tert., E, p. 96; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XVIE p. 249.

Ce genre, si important dans la végétation de Saint-Zacharie, ne présente plus que des empreintes rares et isolées, qui ne différent pourtant des précédentes par aucun caractère appré- clable.

PALÆODENDRON SALICINUM Sap., Et. sur la vég. tert., À, p. 214; Ann. s nat., série, BorT., t. XIX,.p. 60, pl 1. fig. 1.

Saint-Jean-de-Garguier (assez rare).

Les feuilles paraissent un peu moins grandes et moins prolon- gées au sommet que celles de Sant--Zacharie ; leur forme est pareille, ainsi que le dessin de leur nervation. Elles sont peu répandues et ordinairement assez mal conservées.

PALÆODENDRON LANCEOLATUM Sap., LE. sur la vég. tert., À, p. 214; Ann. se. nat., série, BorT., t. XIX, p. 60, pl. 7, fig. 2.

Fénestrelle, près d’Aubagne (rare). Une seule feuille qui paraît réunir les caractères distinctifs de l’espèce de Saint-Zacharie. GREVILLEA R. Br. GREVILLEA MUCRONATA (pl. V, fig. 3).

G. folus sessilibus, coriaceis, ellhiptico-lanceolatis, integerri-

100 GASTON DE SAPORTA. mis, mucronulatis ; nervo primario stricto, cæteris parum obli- quis, secus marginem arcualis.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Espèce trés-voisine par tous ses caractères du G. myrtifolia des gypses d'Aix ; mais ici la feuille est plus grande, plus ovale, moins atténuée et un peu inégale inférieurement. Elle reproduit le type des G. punicea et buifolia R. Br.

GREVILLEA INERMIS (pl. IV, fig. 9).

G. folus brevissime petiolatis, coriaceis, elhiptico-linearibus, apice obtusatis, subtus margine leviter revolutis, nervis secun- darts tenuibus, oblique ramoso-reticulatis.

Gypse de Camoins-les-Bains (rare).

Feuille hnéaire-elliptique, très-courtement pétiolée, atténuée inférieurement, obtuse et arrondie au sommet, la nervure médiane vient se terminer en un point calleux, non mucroné. Le bord est légèrement replié inférieurement et les nervures secon- daires obliquement réticulées. Cette espèce dont l'attribution semble très-naturelle ressemble au Grevillea punicea R. Br., et se rapproche parmi les fossiles du G. coriacea des gypses d'Aix, dont la feuille est cependant bien moins linéaire et moins obtu- sément terminée.

GREVILLEA RIGIDA (pl. V, fig. 2).

G. folis sessilibus, parvulis, coriaceis, punctatis, obtusis, marginibus subtus revolutis, nervis secundariüs oblique reti- culatis.

Gypse de Camoins-les-Bains (rare).

Feuille analogue à celles du G. buxifolia R. Br. et de plusieurs autres espèces. Les bords sont fortement convolutés inférieu- rement, la texture est coriace, et la surface ponctuée.

GREVILLEA ELÆOPHYLLA (pl. V, fig. 1).

G. foliis coriaceis, oblongis, basi apiceque obtuse attenuatis,

ne, je n

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 101 integerrimis ; nervo primario stricto; secundariis parum con- spicuis, oblique decurrentibus.

Allauch'(très-rare).

Feuille très-analogue à celles des Grevillea de la section Olei- fohæ Meisn., par la forme comme par la direction des nervures secondaires.

LOMATITES Sap., É4. sur La vég. tert., 1, p.99 ; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XVII, p. 252.

L'existence de ce genre se prolongea beaucoup, puisque la flore de Manosque nous montrera des Lomatites pareils à ceux des gypses d'Aix ; l'espèce suivante s’en écarte davantage; elle paraît cependant faire partie du même groupe.

LOMATITES ABBREVIATUS (pl. IV, fig. 10).

G. foliis brevissime petiolatis, coriaceis, lanceolato-linearibus, basi obtuse attenuatis, versus apicem parce tenuissimeque den- ticulatis ; nervis secundaris oblique reticulatis.

Gypse de Camoins-les-Bains.

Espèce bien distincte par la petite dimension de ses feuilles lancéolées, linéaires, terminées par une pointe obtuse, faible- ment et obscurément sinuées dentées le long des bords. Elle se rapproche de la variété brevior du Lomatites aquensis ; mais elle est beaucoup plus petite et à peine dentée. On pourrait aussi la comparer à certains exemplaires du Grevillea Hærin- giana Ett., dont les feuilles sont cependant plus grandes et tou- Jours entières, et surtout au Grevillea Jaccardi Heer, qui est quelquefois denté, mais dont la forme est plus étroite et plus allongée. Parmi les Lomatia actuels nous ne connaissons que cer- taines formes du L. polymorpha, dont les feuilles ressemblent un peu à celles-ci.

102 GASTON DE SAPORTA.

HAKEAIY Schrad

æ. Folia,

Hakea piscerPra (pl. V, fig. 4).

H. foliis sessilibus, attenuatis, subquinquenerviis ; nervo medio magis prominulo.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Fragment d’une feuille très-analogue à l’Æakea pluriner- via Ett. (1), mais trop mutilée pour donner lieu à une véritable attribution. Elle est plus atténuée vers la base, seule partie qui soit conservée, que l'espèce d'Hæring. M. d’Ettingshausen com- pare celle-ci aux Hakea laurina et cucullata R. Br. |

HAKEA OBSCURATA (pl. V, fig. 5).

H. folus breviter petiolatis, coriaceis, lanceolato-linearibus, integriusculis, marginatis, apice obtuso callosis; nervo primario stricto, secundaris sparsis, tenuissimis, oblique reticulatis.

Gypse de Camoins-les-Bains (rare).

Feuille petite et peu apparente, mais dont la forme, la con-

sistance et la nervation (Voy. fig. 5 À, la nervation grossie) sem- blent dénoter un Zlakea analogue aux Hakea marginata R. Br.,

stenocarpa R. Br., oleifolia R. Br., et à plusieurs autres espèces.

B. Fructus.

HakEA? AupaiBOLA (pl. IV, fig. 5).

H.? fructu valide peduneulato, subrotundato, folliculari, ven- tricoso, convexiusculo, corlaceo, extus leviter rugoso, apice breviter rostrato recurvo.

Gypse de Camoins-les-Bains (très-rure).

Nous trouvons une ressemblance véritable entre les fruits des Hakea et une empreinte curieuse fidèlement reproduite par la

figure 5 A (la fig. 5 B représente le même organe restauré). Elle

nous montre un organe de nature probablement coriace, forte-

(1) Ettingshausen, Foss. For, von Heæring, tab, 15, fig. 4, 2.

NT h

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 103

ment comprimé, mais n'ayant pas laissé dans le sédiment un creux en forme de moule qui permette de le recomposer. La forme de cet organe est arrondie; il est surmonté, à ce qu'il semble, d’une pointe un peu récurve; la surface est iné- gale, et marquée de rugosités bien distinctes et fines. On ne peut saisir aucun autre détail appréciable; mais la présence de la feuille décrite plus haut, sur le prolongement de la même plaque, pourrait faire soupconner que noùs avons sous les yeux l’em- preinte assez mal conservée d’un fruit de Hakea, assez semblable à ceux de l'A. gibbosa R. Br.

2. RECTINERVIÆ.

Les Protéacéesappartenantà cette seconde section sont trop peu nombreuses, et représentées par des fragments trop informes, pour donner lieu à des rapprochements réguliers. Nous avons, en premier lieu (1), signalé plusieurs Banksites; mais le prin- cipal que nous avions nommé Bandksia neglecta, doit être reporté avec sûreté parmi les Andromeda, malgré son analogie apparente avec le B. integrifolia; une autre espèce, Banksites fagineus (Banksia faginea Ex. anal.), consiste en un simple fragment de feuille qui rappelle le Banksia coccinea R. Br. par sa forme et la direction des nervures secondaires. Il ne reste, après ces retran- chements, parmi les Protéacées à nervures secondaires obtusé- ment émuses, que le seul genre Myricophyllum qui nous paraît d’une attribution douteuse, quant à la famille. Nous le laissons dans la position intermédiaire entre les Protéacées et les Myri- cées, que ses caractères semblent devoir lui assigner.

Genus inter Proteaceas Myriceasque anceps.

MYRICOPHYLLUM Sap., ££. sur la vég. tert., 1, p. 102 et 219: Ann. se. nal., série, Bor., t, XVIT, p. 255, t. XIX, p. 65.

MYRICOPHYLLUM ZACHARIENSE Sap., Et. sur la vég. tert., [, p. 220; Ann. se. nat., série, Bor., t. XIX, p. 66, pl. 8, fig. 2.

Saint-Jean-de-Garguier (assez rare). Cette espèce si répandue à Saint-Zacharie, devient assez rare

(4) Saporta, Examen anal. des Fl. tert. du midi de la France, p. M.

10/4 GASTON DE SAPORTA,

dans le bassin de Marseille elle ne se montre que dans le seul dépôt de Saint-Jean.

Les feuilles sont étroites, peut-être un peu plus petites que celles de Saint-Zacharie, munies sur les bords de dents très-fines, spinuleuses. Un exemplaire dont la nervation est admirablement conservée accuse une grande affinité dans le dessin du réseau veineux avec le Myrica æthiopica L.

MYRICOPHYLLUM OBTUSATUM Sap., É'f. sur la vég. tert., 1, p. 220; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XIX, p. 66.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Cette forme, déjà signalée à Saint-Zacharie, reparaît à Saint-Jean-de-Garguier ; elle est reconnaissable par la termi- naison obtuse presque tronquée du sommet, une texture plus coriace et des dents moins fines. Elle ne présente ici que des empreintes incomplètes et en très-pelit nombre.

MYRICEÆ.

MYRICA L. a. COMPTONIA Banks.

MYRICA (COMPTONIA) DRYANDRÆFOLIA Brngt, Ann. sc. nat., t. IV, p. 49, PI. 9, 06. 7 (DL Ÿ, ue, 8).

C. folis coriaceis, breviter petiolatis, elongato-linearibus, pinnatipartitis; lobis subfalcatis, contiguis, breviter acuminatis vel obtusiusculis, plerumque binerviis.

Aspleniopteris Schranki Sternb., Vers. [, p. 22, tab. 21, fig. 2; Dryan- dra Brongniartii Ettingsh., Proteac. der Vorwelt., p. 26, tab. 3, fig. 1-8; loss. fl. von Hæring., p. 55, tab. 19, fig. 1-26 ; FT. des Monte- Promina, p.18, tab. 14, fig. 5-6; Dryandra Schrankit Heer., F1. tert. Helv., NX, p. 96, tab. 98, fig. 20 et tab. 153, fig. 15-16.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle, près d'Aubagne. Allauch.

L'espèce est bien identique avec celle qu’on retrouve en Suisse, en Autriche et à Clermont en Auvergne. Elle s'éloigne du Comp- tonia aspleniifolia par la forme des lobes, plus étroits, plus rap-

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 105 prochés, ordinairement contigus, légèrement falciformes, divisés jusqu'à lanervure médiane, et par une texture évidemment roide et coriace. Tous ces caractères la rapprochent du Dryandra for- mosa R. Br., auquel MM. d'Ettingshausen et Heer l'avaient assi- milé génériquement. Cependant la nervation (voy. fig. 8B' et 8 C' la nervation grossie) difficile à observer, il est vrai, dans la plupart des exemplaires, ainsi que la forme du pétiole, dénotent bien plutôt un Comptonia qu'une Protéacée; nous verrons plus loin que la découverte des organes de la fructification, dans les couches d’Armissan, est venue démontrer la justesse de l’affinité proposée, en premier lieu, par M. Brongniart, en faisant voir dans cette plante un Comptonia assez peu éloigné de l'espèce moderne.

Myrica (COMPTONIA) oBTusiLoBA Heer, F1. tert. Helv., Il, p. 35, tab. 70, fig. 10 (pl. V, fig. 7).

C. foliis firmis, lanceolato-linearibus, latiusculis, inciso-pin- natifidis ; lobis obtusissimis, subrotundatis; nervo-primario sat valido, cæteris fære mconspicuis.

* Allauch {très-rare).

Quoique la connaissance de notre espèce, comme de celle de M. Heer, repose sur un exemplaire unique ; elle nous semble présenter des caractères trop analogues à ceux qui distinguent la feuille de Hohe-Rhonen pour devoir en être séparée. M. Rudolph Ludwig, dans la description qu'il a donnée des plantes tertiaires anciennes du bassin Rhénan (1), a figuré, sous le nom de Comp- lonia incisa, une espèce qui se rapproche de celle-ci, mais dont les lobes très-analogues de forme sont plus profondément inci- sés. La nôtre s'éloigne beaucoup par sa disposition simplement pinnatifide du Comptonia asplentfolia; mais on ne saurait rai- sonnablement la rapporter à un autre groupe.

(1) Fossile Pflanzen aus der ältesten Abtheilung der Rheinisch-Wetterauer Tertiär- | formation. Palæontogr., VI, p. 96, tab. 30, fig. 7-19.

106 | GASTON DE SAPORTA.

b, MYRICA ;.L.

MyriCA ELONGATA Sap., Æt. sur la vég. tert., 1, p. 200: Ann. sc. nat., série, Bor., t. XIX, p. 46, pl. 5, fig. 2.

M. folis petiolatis, oblongo-lanceolatis, acuminatis, rigidius- culs, punctulatis, acute dentatis, interdum subineisis ; nervis secundariis plurimis, oblique furcato-ramosis.

Saint-Jean-de-Garguier.

Cette espèce de Samt-Zacharie reparait à Saint-Jean avec des caractères qui ne permettent pas de la méconnaitre. Sur la partie de l'empreinte qui correspond à la page inférieure, on aperçoit à l’aide de la loupe des traces de ponctuations, petites, faible- ment marquées, peu nombreuses. La forme, la nervation, le mode d’incisure, distinguent bien cette feuille de celles des espèces voisines. Elle ressemble au M. serrata Lam.

MYrICA SUBINTEGRA.

M. folus brevissime petiolatis, coriaceis, oblongo-lanceolatis, infra attenuatis, tenuissime dentato-spinosis ; nervis secundariis plurimis, subobliquis, rigidis ; rete venoso tenui interposito.

Gypse de Camoins-les-Bains (rare).

Feuille isolée, mais bien intacte, qui reproduit, avec quelques variations dans la forme, le type du Myrica arguta de la flore d'Aix, et par conséquent du 47. œthiopica L., si on la compare aux espèces actuelles.

MYRICA BANKSIÆFORMIS (pl. V, fig. 9).

M. foliis petiolatis, coriaceis, rigidis, lanceolato-linearibus, utrinque attenuatis, denticulatis; nervis secundartis plurimis, angulo subrecto enussis.

Allauch (rare).

Feuille qui marque l'existence d’un Myrica de texture coriace, analogue au M. œthiopica et aux feuilles les plus étroites du M. serrata Lam.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 107

MyRICA ZACHARIENSIS Var. MINUTA Sap., LE. sur da vég. tert., J, p. 201; Ann. sc. nat, série, Bor., t. XIX, p. 47 (pl. V, fig. 10).

M. foliis typo normali minoribus, ellipticis, lanceolatis, in petiolum strictum breviter attenuatis, denticulatis, dentibus parum prominulis; pagina inferiore punctulata.

Myrica gracilis Sap., Ex. anal., p. 41.

Saint-Jean-de-Garguier.

Les feuilles sont généralement plus petites, plus grêles, dentées plus obtusément que la majorité de celles de Samt-Zacharie. Toutefois, il existe dans ce dernier dépôt plusieurs empremtes tout à fait pareilles à celles de Saint-Jean, et d'autres qui servent de transition avec les formes plus grandes. Nous avons désigné ces feuilles sous le nom de var. y minuta. C’est à cette même variété quenousrapportons les empreintes recueillies àSaint-Jean- de-Garguier. On peut juger de la valeur de ces différences en comparant nos figures 10 A, 10B, 10€ à celles de la planche V de la flore de Samnt-Zacharie. Les ponctuations résineuses qui caractérisent les Myrica se trouvent bien visibles à la surface de plusieurs exemplaires (fig. 10 A"). Cette forme locale s'éloigne du M. californica, que nous avons regardé comme le type de la feuille ordinaire pour se rapprocher d’une espèce du Népaul, le M. esculenta Don, à laquelle elle ressemble, sous des propor- tions réduites, par son contour elliptique et son mode de dente- lures ; elle en diffère par des nervures en général plus obliques, bien qu'elles le soient moins que dans l'espèce normale.

Myrica saciciNA Ung., /conog., p. 32, tab, 16, tig. 7; Heer, FL tert. Helv., MW, p. 36, tab. 70, fig. 18-20, tab. 71, fig. 1-4 (pl. V, fig. 6).

M. folis petiolatis, coriaceis, integerrimis, lanceolatis, utrin- que attenuatis, margme subtus leviter revolutis, subtiliter punc- tulatis; nervis secundarus tenuibus, sub angulo 45 gr. emissis, seeus marginem curvats ; tertiartis subtlissimis, oblique reticu- lato-venosis. l

Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare).

108 GASTON DE SAPORTA,

Feuille d’uneadmirable conservation. Ellenediffère que parune forme plus étroitement lancéolée des figures données par M. Heer:; mais elle présente le même caractère, et son attribution au groupe des Myricées ne nous paraît pas douteuse. Seulement, tandis que les détails de la nervation ne sont pas visibles dans les exemplaires de Radobo]j et des environs de Lausanne, on peut ici les étudier dans les plus petits linéaments. Les nervures secon- daires très-fines, à peine distinctes des autres à la vue simple, sont un peu ohliques, recourbées le long des bords, et forment par leur réunion d'étroites bandes dans lesquelles serpentent obliquement des veinules sinueuses, dont l’ensemble donne lieu à un réseau d’une extrême ténuité, que la figure 6 A, qui le représente grossi, ne rend que très-imparfaitement.

L'analogie de ce réseau avec celui des Dryandroides lævi- gata Heeret lignitum Heer est très-remarquable; elle confirme l'attribution de ces plantes au groupe des Myricées. Parmi les espèces modernes de Myrica, l'affinité la plus grande nous paraît exister avec le M. laureola, espèce nouvelle de la Loui- siane, soit pour la forme du contour général, soit pour la consi- stance du tissu foliacé, soit pour la finesse des ponctuations rési- neuses. On peut citer encore le M. Burmanni Mey., du Cap, à cause de l’analogie du réseau vemeux.

GAMOPETALÆ.

Des dix classes et des quarante-cinq familles qui composent cette division des Dicotylédones, dans la méthode d’Endlicher, deux classes et trois familles seulement se trouvent représentées à l’état fossile, dans la flore des couches littorales du bassin de Marseille, comme dans la plupart de celles qui se rapportent à la même période. Il est singulier que ce soient justement les deux dernières classes de la division, c’est-à-dire celles dont le carac- tère gamopétale est moins prononcé, dont on constate l’exis- tence, existence presque assurée, puisque, sur les six familles que comprennent les deux classes des Petalanthæ et des Bi- cornes, trois au moins, c’est-à-dire les Myrsinées, les Ébénacées

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 109 etles Éricacées, se distinguent par le nombre et la fréquence de leurs espèces. Il ne faudrait pas conclure de ce fait que l'absence des autres classes était alors complète. Les gypses d’Aix nous ont fait connaître quelques Composées et une Solanée ou Borragmée. Les Apocynéés se montrent assez souvent, et d'autres familles comme les Bignoniacées ont été parfois signalées; 1l est plus naturel de croire que l'existence de la plupart des familles Gamo- pétales reposait alors sur un trop petit nombre de genres, d'es- pèces et d'individus pour avoir laissé des traces de leur passage, sauf dans des cas tout à fait exceptionnels. Il faut observer encore que les familles Gamopétales dont nous observons des vestiges certains et fréquents ne comprennent dans l'ordre actuel que des végétaux ligneux, frutescents ou sous-frutescents, et que les plantes herbacées s'en trouvent à peu près exclues, tandis que ces mêmes plantes herbacées abondent dans les groupes dont on remarque l'absence. Ne pourrait-on pas en tirer cette conséquence que les essences herbacées ne formaient encore qu un des moindres éléments de la végétation ? Cette conclusion serait conforme avec la nature des Mammifères de l’époque, qui ne comprennent presque que des Pachydermes vivant d’écorces, de feuilles, de rameaux, de racines et de rhizomes succulents. et non pas de véritables Herbivores comme les Ruminants, dont l'arrivée et surtout la multiplication ne date que d’une période postérieure, c'est-à-dire de la seconde moitié de la mollasse suisse.

MYRSINEÆ.. MYRSINE L.

MYRSINE ceLasrroipes Ettingsh., Æoss. fl. von Hcæring., p. 60, tab. 21, fig. 3; Heer, #7. tert, Helv., NI, p. 16, tab. 103, fig. 14 (pl V, fig. 41). | M. foliis coriaceis, subsessilibus, punctatis, obovato-cuneatis

vel ovato-lanceolatis, denticulatis ; nervulis ramoso-reticulatis.

Fénestrelle, près d'Aubagne. —. Allauch,

Ce sont des feuilles intermédiaires par la forme entre les

110 GASTON DE SAPORTA.

Myrsine africana L. et retusa Vent. (1); elles varient beaucoup, tantôt obovées, cunéiformes, tantôt elliptiques-lancéolées par le mode de dentelures ; elles sont plus voisines du Âf. africana L. que de la seconde espèce. Des empreintes pareilles ontété signa- lées à Hæring et au Monod en Suisse, Celles de cette dernière localité que nous avons sous les yeux ne différent des nôtres par aucun caractere. Il ne peut exister de doute sérieux touchant l’attribution de ces empreintes au genre Myrsine, dont elles reproduisent tous les caracteres (2).

MyrsiNe suBiNcIsA (pl. IV, fig. 13, et V, fig. 12).

M. folis coriaceis, breviter petiolatis, oblongis, basi attenua- tis, apice obtusato tri vel paucidentatis, dentibus terminalibus acute InCisis. |

Gypse de Caroins-les-Bains.

Cette seconde espèce diffère de la précédente par une forme elliptique beaucoup plus allongée, atténuée inférieurement; le sommet est obtus et distinctement incisé denté ; le restant des bords est entier, ou parfois (fig. 12 A et A’) faiblement denti- culé. Ce mode de dentelure retrace d’une manière frappante celui qui distingue les feuilles du Myrsine retusa Vent. (pl. V, fig. 11 « eta'), auxquelles les nôtres semblent avoir servi de modèle en ce point, tandis que par la forme: de leur contour elles ressemblent davantage au M. bifaria Wall. de l'Himalaya. L'attribution que nous venons de faire de cette espèce au groupe du Myrsine nous paraît parfaitement légitime.

MYRSINE CUNEATA.

M. folus firmis, obovato-cuneatis, apice obtusatis, subtrunca- üs, denticulatis, dentibusacutis; nervis secundarüs obliquis, re- ticulato-ramosis, cæteris tenuissime venulosis.

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

(4) Voyez une feuille de cette espèce reproduite fig. 11 &, de grandeur naturelle et grossie en w, pour servir de comparaison soit avec le Myrsine celastroides, soit avec l'espèce suivante:

(2) Comparez la nervation grossie de l'espèce fossile fig. 11 A? avec celle de l'espèce actuelle 44 &’.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE, 111 Feuille plus grande que les précédentes, d’une affinité plus douteuse, quoiqu’elle présente les caractères de forme et de

nervation qui distinguent plusieurs Myrsine. Elle est très-voisine du Myrsine Ruminiana Gaud. (4).

EBENACEÆ.

DIOSPYROS L. | Diospyros varianS (pl. IV, fig. 44, et VI, fig. Li).

D. folis subcoriaceis, breviter petiolatis, petiolo transversim rugoso, lanceolatis, ellipticis, oblongo-lanceolatis vel _ovato- lanceolatis, basi parum inæqualibus, apice plus minusve atte- nuatis; nervo primario valide expresso ; nervis secundariis tenui- bus, reticulato-ramosis : tertiariis in rete flexuosum subtiliter venulosum abeuntibus.

Saint-Jean ,de-Garguier. Fénestrelle. Allauch.

Une nombreuse série d'empreintes recueillies dans plusieurs localités contemporaines du bassin marseillais, en nous faisant connaître à fond cette espèce, nous met à même de juger com- bien elle était polymorphe. Les feuilles varient tellement qu'elles affectent les formes les plus diverses, tantôt lancéolées-elliptiques (pl. IV, fig. 14) même lancéolées-linéaires (pl. VI, fig. 4 B), tantôt largement ovales (pl. VE, fig. 4 A), arrondies ou atténuées vers la base, obtuses ou rétrécies et presque acuminées au sommet. Elles diffèrent à peine de l'espèce de Saint-Zacharie, que nous avons réume au D. Hæringiana Ett., par des veines autrement dessinées, plus finement et plus capricieusement réti- culées (voyez la nervation grossie, pl. IV, fig. 14 A. et pl. V,AB, par une plus forte saillie de la côte médiane, et par un contour plus ovale et plus elliptique. Toutefois ces différences sont si faibles, que nous sommes loin d'affirmer la séparation des deux espèces, dont nous avouons au contraire l’extrôme ressemblance.

La distance qui sépare notre D. varians du D. brachysepala

(4) Heer, Fl tert, Helv., { Ji, tab. 103, fig, 13,

119 GASTON DE SAPORTA,

À. Braun, dont la variété lancifolia présente avec lui une véri- table analogie, est plus facile à saisir. La consistance des feuilles recueillies en Provence est plus ferme; leur pétiole, beaucoup plus court, est marqué de fines rugosités, qu'on ne remarque pas dans celles de Suisse ; en outre, la disposition du réseau vel- neux est sensiblement différente. M. Heer rattache son espèce au type du Diospyros Lotus L. La nôtre, par son pétiole court et rugueux, Sa Consistance coriace et glabre, et la finesse de sa nervation, se rapproche davantage des espèces indiennes, par- ticulièrement du D. lanceolata Roxb., et encore mieux d’une espèce de Ceylan envoyée par M. Thwaites, et que nous avons observée dans l’herbier du Muséum de Paris.

ERICACEZÆ. ANDROMEDA L.

La réalité de l'existence des Andromeda, à l'époque tertiaire moyenne, nous paraît de plus en plus démontrée. Les espèces que nous allons décrire en fournissent des preuves, que viendront bientôt confirmer des portions considérables d’inflorescence, re- cueillies à Armissan. Ce qui crée, selon nous, de véritables diffi- cultés dans l'appréciation de ce groupe, c’est plutôt l'extension qu'il prend vers l'époque nous sommes parvenus ; non-seule- ment il est alorsfreprésenté par de nombreuses espèces, mais plu- sieurs d’entre elles paraissent avoir occupé de vastes étendues, et, de plus, une certaine umiformité d'aspect leur est commune, en même temps qu'elles affectent un assez grand polymorphisme ; de résulte une confusion inévitable, puisque dans le cas la nervation est mdistincte, et les exemplaires peu nombreux ou mutilés, ce sont les détails secondaires du contour et une ana- logie superficielle de forme qui dirigent dans la détermination de chaque espèce. Cependant, un examen approfondi serait d'au- tant plus nécessaire que les Andromeda tertiaires, non-seulement sont nombreux et variés en même temps que polymorphes, mais qu’ils paraissent même devoir être rapportés à plusieurs sections de ce genre, aujourd'hui répandu sur toute la surface du globe.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE, 113

Ainsi, pour revenir d'abord sur nos pas, l’espèce du gypse d'Aix que nous avons décrite précédemment sous le nom d’An- dromeda protogæa Ung., en exprimant quelque doute (1), nous semble maintenant non-seulement différer des formes recueillies en Allemagne et en Suisse et signalées sous le même nom, mais encore comprendre peut-être deux espèces. L'une, que nousavons reproduite fig. 8 et 8 B, tout en se rapprochant beaucoup par sa forme du Leucothoe (Agaristai Don) salicifolia Benth. s’en éloigne, ainsi que des autres Andromeda de la même section, par des nervures secondaires plus recourbées, ascendantes et moins confusément réticulées. Elle se rapproche davantage par ce caractère des Andromeda des Indes orientales, dont on a formé la section Püieris. Une seconde feuille de la même localité confondue avec la précédente, mais dont la forme est plus régulièrement elliptique, moins atténuée imférieurement, à pétiole plus court et à texture plus coriace, présente, dans le mode deréticulation de ses nervures, des caractères qui la rappro- chent bien plus que la précédente espèce des Andromeda de l’île Maurice et de l'Amérique équatoriale. Nous ne pouvons juger, à cause del’'imperfection des figures, du degré d’affinité quirelie nos espèces à celles d'Hæring et de Sotzka; cependant, une forme de Saint-Zacharie nous a paru correspondre à une partie seulement des empreintes rapportées par M. Unger à son Andromeda pro- logæa, ce qui tendrait à faire croire que plusieurs espèces se trouvent confondues sous cette dénomination.

Pour ce qui est des exemplaires de Suisse, 1l est également probable que l'espèce ou la réunion de formes spécifiques publiée par M. Heer sous le nom d’Andromeda protogæa n’est pas iden- tique avec celle des savants autrichiens. Ce qui est certain, c’est qu'un très-bel exemplaire du Locle que nousavons sous les yeux, identique avec les figures 26 c, d, f, pl. 101, de la Flore tertiaire

| de Suisse, dénote, par tous les détails de sa nervation, un Andro- | meda n'ayant rien de commun avec les espèces brésiliennes, aux-

(1) Etudes sur la végét. tert., LT, p. 113; Ann. des sc. nat., série, Bor.,

| & XVIL, p. 266, pl. 11, fig. 8.

série. Bot. T, III. (Cahier 2.) 4 8

ail GASTON DE SAPORTA.

quelles M. Unger compare la sienne. Cette nervation, malgré la forme allongée de la feuille, est au contraire analogue à celle de l'Andromeda elliptica Sieb. et Zucc., espèce japonnaise de la sec- tion Pieris Don, et même de FA. (Leucothoe) mariana DC. de l'Amérique septentrionale. Les espèces du Midi de la France ont l'avantage, sur celles que nous venons de citer, d'offrir une ner- vation en général assez nette pour permettre une attribution plus précise. À partir de la flore du bass de Marseille, elles appartiennent en général à un type tellement voisin de celui des Leucothoe (Agarista Don) des îles africaines ou de l'Amérique tropicale, qu'il est permis de les ranger dans la même section. Les détails de l’inflorescence confirment suffisamment cette opinion, ainsi que nous en Jugerons plus tard.

ANDROMEDA (LEUCOTHOE) conIACEA Sap., Æf. sur la vég. tert., 1, p. 228; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XIX, p. 74.

A. foliis coriaceis, breviter petiolatis, ovato-lanceolatis, obtuse

acumipatis; venulis reticulatis, immersis, parum conspieuis. Saint-Jean-de-Garguier (rare).

Espèce de Saint-Zacharie qui reparaît à Saint-Jean-de-Gar- euier. Elle se distmgue à peine de la suivante par des dimensions plus petites, une forme plus ovale, atténuée aux deux extrémités, et une nervure médiane plus fine.

ANDROMEDA (LEUCOTHOE) NEGLECTA. (PI. TV, fig. 47.)

A. folüs coriaceis, breviter petiolatis, integris, ellipticis vel lanceolatis, quandoque corrugatis, utrinque obiusis; nervo pri- mario valido, cæteris subtiliter reticulato-venosis.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle.

Ce sont des feuilles dont la forme et la dimension varient beaucoup. On les reconnaît à leur texture coriace, à leur pétiole _médiocrement long, sillonné, rugueux, à leur forme elliptique, à leur terminaison obtuse un peu atténuée, à leur base légè- rement inégale, à leur nervure médiane sallante inférieurement, enfin au réseau fin et très-ramifié que forment les nervures,

LE SUD-EST DB LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. À159 visibles dans les empreintes qui correspondent à la page infé- rieure, indistinetes dans les autres. On serait tenté de les confon- dre soit avec les feuilles entières du genre Banksia, dont elles affectent la physionomie, soit avec celles du Quercus elæna Ung., dont elles sont voisines par la forme générale; mais observation du réseau veineux sert à les distinguer de ces deux types, et les range évidemment parmi les Andromeda de la section Leucothoë, auprès du L. buæifolia Benth. de l'île de la Réunion et de plu- sieurs espèces brésiliennes.

ANDROMEDA (LEUCOTHOE) NERHFORMIS. (PI. IV, fig. 16.)

À. folis coriaceis, petiolatis, lanceolato-linearibus, acuminatis, integerrinis, nervis secundariis immersis, tenuiter reticulatis,

Fénestrelle, près d’Aubagne (rare).

Espèce distinete par les principaux caractères ; le pétiole est rugueux, médiocrement long, la texture coriace ; la forme lan- céolée-linéaire, atténuée aux deux extrémités, acuminée au sommet; les nervures finement réticulées sont peu visibles. I est vrai que l'empreinte se rapporte à la face supérieure d'une feuille. Elle est très-voisine d’un Leucothoë, sans now spécifique, de la province de Minas-Geraës, que nous avons observ dans l'herbier du Muséum de Paris.

ANDROMEDA (LEUCOTBOE) vENULOSA. (PL. IV, fig. 15.)

À. folus breviter petiolatis, subcoriaceis, linearibus vel lan- ceolato-linearibus, bast obtuse attenuatis; nervo primario stricto, subtus prominulo ; cæteris tenuissime reticulatis.

Saint-Jean-de-Garguicr. Fénestrelle.

Espèce à peine distincte, ainsi que nous le verrons, de l’une de celles qui caractérisent le: mieux la végétation d’Armissan. Elle avait des feuilles allongées, linéaires, obtusément atténuées à la base sur un pétiole assez court. Sa consistance était moins coriace que celle des espèces précédentes ; les nervures visibles sur les deux faces (voy. fig. 15B' la nervation grossie) s’éten- daient à angle droit ou presque droit et se ramifiaient prompte-

4116 GASTON DE SAPORTA.,

ment, en donnant lieu à un réseau très-fin dont la figure 15B' reproduit les combinaisons capricieuses. Plusieurs espèces bré- siennes retracent fidèlement le même type.

ANDROMEDA MACILENTA. (PI. IV, fig. 12.) A. fois breviter petiolatis, parvulis, linearibus, basi apiceque obtusatis; nervis secundariis gracilibus, areolatis. Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare). Petite feuille d'une détermination plus incertaine que les pré- cédentes ; elle ressemble à l’Andromeda linearis des gypses d'Aix (1); mais elle est obtuse et non pas atténuée vers les deux

extrémités comme cette espèce; elle aurait comme elle de l’ana- logie avec l’Andromeda litioralis H. B. de Madagascar.

VACCINIUM S. VACCINIUM MICROMERUM. (PI. IV, fig. 44.) V. fois breviter petiolatis, membranaceis, parvulis, obovatis,

basi attenuatis ; nervulis obliquis, tenuissime reticulatis.

Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare).

Feuille qui reproduit, sous de très-petites proportions, par sa forme, sa consistance, et tous les détails de son réseau veineux, le type du Vaccinium uliginosum L. de l’Europe septentrionale.

DIALYPETALÆ. ARALIACEÆ.

Cette famille a peu changé depuis la flore de Saint-Zacharie ; elle conserve la même physionomie, les mêmes formes, et en partie les mêmes espèces.

(1) Voy. Études sur la végét, tert., t. T, p. 113 ; Ann. des sc. nat., série, Bor., t. XVII, p. 266, pl. 11, fig. 9.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, À17

ARALIA L.

a. Folia digitata, foliolis integerrimis.

ARALIA (SCIADOPHYLLUM?) ZACHARIENSIS Sap., É6. sur la vég. tert., [, p. 232; Ann. sc. nat., série, Bor., t. XIX, p. 78, pl. 5, fig. 2. (PL VL, fig. 2.)

A. folus digitatis ?, foliolis coriaceis, glabris, oblongo-ovatis, lanceolatis, breviter attenuatis vel obtusis, basi attenuatis; ner- vis secundartis curvatis; tertiariis oblique angulato-reticulatis.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle (rare).

L'espèce paraît identique avec celle de Saint-Zacharie, si l'on s'en rapporte au petit nombre des exemplaires recueillis. Celui que représente la figure 2A provient de Fénestrelle ; 1l est très- bien conservé: le sommet est plus acuminé, et les nervures secondaires plus obtusément anastomosées et disposées en aréoles plus larges que dans la plupart des empreintes de Saint-Zacharie ; cependant l'étude de la nervation ne révèle aucune différence sensible, et la forme générale se trouve exactement conforme.

AkALIA (ParaTRoplA?) Decaisnet Sap., É'4 sur la vég. tert., 1, p. 233 ; Ann, sc. nat., série, BorT., t. XIX, p. 79, pl. 9, fig. 4.

A. folus digitatis?, foliolis coriaceis, marginatis, glabris, oblongo-obovatis, basi breviter attenuatis, valide petiolatis, petiolo ad apicem incrassato; nervo primario valido, secun- darus obliquis, curvatis, immersis.

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

La foliole paraît plus large, plus obtuse au sommet, et plus grande dans toutes ses proportions que dans les exemplaires de Saint-Zacharie. Elle reproduit pourtant avec fidélité le même type, surtout par la forme de sa base et la proportion du pétiole ; | elle appartient sans doute à la même espèce ou à une espece trop | voisine pour en être distinguée dans l’état actuel.

| d 4 | ARALIA (CEPHALOPANAX?) SUBSPATHULATA. (PI. VI, fig. 5.) |

| A, foliis digitatis?; foliolis coriaceis, glabris, oblongo-obova-

VES GASTON DE SAPORTA.

is, apice oblusato-rotundatis, basi sensim attenuatis, integerri - inis; nervo primario valido; secundaris obliquis, eurvatis, lininersis, fere INCONSPICUIS.

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

Foliole remarquable par sa forme oblongue, insensiblement élargie, subspathulée au sommet, par sa texture coriace, et son faciès, qui concourt avec le peu que l’on saisit de la nervation pour dénoter une Araliacée très-analogue au Cephalopanax pachy- cephalus PI. et Lindi. de la Nouvelle-Grenade, et à quelques autres espèces du même groupe.

BG. Folia composita, foliolis dentatis.

ARALIA ( Panax?) INQUIRENDA. (PI. VE, fig. 4.)

A. folüs digitatis?; folioïis subcoriaceis, petiolatis, elongaio- lanceolatis, utrmque attenuatis, basi quandoque imæqualiter cuneatis, margine dentatis ; nervo primario stricto, secundarus obliquis, reticulato-ramosis ; tertiariis tenuissime venosis, obli- que serpentibus. Fructibus suhorbicularibus, compressis , didymis, marginatis, leviter sulcatis, disco epigyno depressius- eulo superatis.

. Panax longissimumn ? Ung., loss. FT. von Sotzka, tab, 24, fig. 21-23.

Saint-Jean-de-Garguier.

Les feuilles devraient peut-être se réunir à celles de V4. reti- culata de Sant-Zacharie dont elles se distinguent difficilement ; peut-être aussi se montrent-elles déjà dans cette localité à côté de la dernière espèce. Quoi qu'il en soit, les exemplaires de Saint-Jean sont plus larges, plus élancés, plus irrégulièrement tronqués en com vers la base ; ils ressemblent évidemment au Panax longissimum de Unger, et nous les avions d'abord indi- qués comme identiques avec la plante d'Hærmg et de Sotzka (1); toutelois les figures de la flore allemande sont trop vagues pour . donnerfleu à une assimilation définitive, et de plus elles se rap-

(4) Saporta, Æram, anal, p. 39.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 149 portent, suivant l’auteur, à une espèce à feuilles simples ; tandis que la nôtre nous paraît représenter les folioles détachées d'une feuille digitée. C’est ce qui nous engage à décrire, Comme distincte, une forme que tout nous porte à regarder comme tres- voisine de celle d'Autriche.

La consistance, la nervation, le mode de dentelure de ces feuil- les les rapprochent de celles de certains Panaæ, et spécialement du Panax arboreum Forst, de la Nouvelle-Zélande. Toutefois, l’analogie est encore assez éloignée pour rendre la détermination générique bien incertaine. Ce qui tendrait pourtant à la confir- mer, c’est la présence d’un fruit (Hg. À C) que sa structure range parmi les Ombellifères ou les Araliacées, et qui retrace fidèle- ment l'aspect de ceux de plusieurs Panaæ. Ce fruit placé à côté de la feuille (fig. 4 A), à la surface de la même pierre, est petit, un peu inégal, obové-orbiculaire, comprimé, didyme, marginé latéralement, et partagé par une commissure médiane en deux loges distinctes (voy. fig. 1€). La surface extérieure est plane, glabre, lisse ou faiblement sillonnée par quelques rides; te som met est occupé par un disque épigyne, nullement saillant, déprimé, mais bien visible selon nous. M. Heer, dans sa flore ter- liaire de Suisse (4), a figuré, sous les noms de Peucedanites specta- bilis et de Cyclosperma circularis. des fruits très-voisins du nôtre. Depuis la publication de son grand ouvrage, l'inflorescence com- plète de l’une de ces espèces a été trouvée à OEmngen, et le savant professeur de Zurich n'a pas hésité à y reconnaître les fructifications d'une Araliacée voisine du genre Panax, qu'il a signalée sous le nom de Panax circularis, et dont il à bien voulu nous communiquer un dessin, Ces fruits pédonculés, agrégés en ombelle imparfaite, articulés ainsi que les pédicelles sur un pédoncule commun, sont un peu plus grands, plus étendus transversalement, plus régulièrement orbiculaires que les nôtres, auxquels 1ls ressemblent d'ailleurs assez pour dénoter l'existence d'un même genre tertiaire, très-voisin du genre Panax actuel, sinon identique avec lui.

(2) FU lert. helw., €. TIT, tab. 104, fig. 20, 2 ; Suppl, tab, 154, fig. 9. 40.

420 GASTON DE SAPORTA,

L'affinité de ces fruits est grande avec ceux des Panax arbo- reum Forst., fruticosum L., fragrans Roxb. Les fruits d'OEnin- gen, ressemblent beaucoup à ceux du Panax fragrans; le nôtre rappellerait plutôt le Panaæ arboreum Forst. Il faut remarquer la construction biloculaire, comprimée, didyme, de tous ces fruits tertiaires, qui semblent avoir formé un groupe se liant d’un côté aux Araliacées et de l’autre aux Ombellifères, par leur constante

analogie avec celles des Araliacées qui se rapprochent le plus de ces dernières.

NYMPHÆACEÆ.

NYMPHÆA Neck.

NYMPHÆA POLYREHIZA Sap., É'4. sur la vég. tert., 1, p. 177 et 236'; Ann. se. nat., série, Bor., t. XIX, p. 82, pl. 40, fig. 4. (PL VIE, fig. 3.)

N. pulvinulis prommentibus, epidermate tenuissime granuloso vestitis, disco suborbiculari impressis, lacunis 6 majoribus et infra radicularum cicatricibus plurimis crescenti serie notatis. Sepalis in flore exterioribus 3; fructu capsulari, magno, sepalorum petalorumque, quandoque residuorum, insertionibus cicatrisato, scissione irregulari parietum ad maturitatem solubili.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle. (Rhizomes). Les fragments de fruit, fig. 3 B et C, proviennent des couches de Saint-Zacharie.

Les coussinets ou bases d'insertion des pétioles sur le rhizome (fig. 3 A) se montrent, quoique assez rarement, à Saint-Jean et à Fénestrelle. Ils diffèrent un peu des exemplaires de Saint-Zacha- rie par une moindre saillie et des dimensions plus faibles; on pourrait même les confondre avec les empreintes du Nymphæa gypsorum de la flore d'Aix, si l'apparence finement grenue de leur surface épidermique et le mode de groupement des radicu- les ne les rattachait plus naturellemeut à la première des deux espèces.

Ces portions de rhizome sont les seules traces qui dénotent jusqu'ici la présence du N. polyrhiza dans les couches du bassin

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 121

de Marseille. Cependant, l'importance que nous attachons à la connaissance des divers organes de cette espèce nous engage à décrire ici une empreinte recueillie à Saint-Zacharie, fort sin- gulière au premier abord, mais que nous avons tout lieu de regarder, comme représentant la base et une partie des parois externes du fruit de cette Nymphéacée tertiaire.

La découverte d'organes semblables, quoique non congénères, dans le dépôt d'Armissan, et la comparaison que nous avons faite de ces empreintes fossiles avec les fruits des Nymphæa actuels, nous autorisent, nous le croyons du moins, à admettre ce rap- prochement comme infiniment probable. Du reste, nous avons eu soin de figurer sur la planche VIT (fig. 3 >) un fruit du Nymphæa alba L., placé dans la position nous supposons que l'empreinte fossile (fig. 3B) se trouve elle-même, c’est-à-dire vu par dessous et privé de son pédoncule. Une comparaison attentive des deux organes permettra de saisir l’analogie de structure quiles ratta- che l’un à l’autre, et de remarquer en même temps certaines divergences partielles, dont 1l est difficile de fixer la valeur, mais qui seraient suffisantes pour motiver l'établissement d’une section nouvelle dans le genre Nymphæa, simon d'un genre distinct.

Nous avons déjà signalé dans la graine de cette espèce (1) la présence d'une ouverture béante à l'extrémité micropylaire et d'un raphé latéral assez peu prononcé; 1l faut ajouter à ces deux caractères la disposition en séries longitudinales des cellules du tissu épidermique. Cependant, parmi ces caractères, qu'on observe, il est vrai, dans la plupart des graines de Nymphéacées de l'époque à laquelle nous sommes parvenu, tous ne nous pa- raissent pas également clairs ni aisés à définir; afin de permettre d'en juger, nous avons représenté sur la planche VIT (fig. 3D) deux graines de grandeur naturelle recueillies à Saint-Zacharie, dont l'une est grossie (3 D"). On voit que l'ouverture située à l'extrémité micropylaire est faiblement prononcée (m), et

(4) Études sur la végét. tert.,t. I, p. 237; Ann. des sc. nat., !®° série, Bor., t11X, p. 83.

199 GASTON DE SAPORTA.

qu'il semble qu'elle laisse voir le micropyle sous la forme d’un petit bouton saillant. Toutefois, il n’est pas certain que cette ou- verture ou plutôt cet enfoncement ait été pourvu d’un opercule destiné à tomber lors de la germination. Par sa forme comme par sa dimension, cette semence semble mtermédiaire entre les graines de Vuphar et celles du VNymphœa alba; elle s'éloigne davantage des graines de Nymphæa de la section Lotus qui sont plus petites et s'ouvrent à la germination, au moyen d'une déhiscence valvaire très-prononcée ; c'est du moins ce qui nous à paru en comparant les grames fossiles avec celles du N. dentata. Ainsi ces organes, si l’on s'en tient aux apparences, présenteraient des caractères ambigus qui ne per- mettraient pas de les assimiler complétement aux organes cor- respondants des véritables Nymphœæa. De plus, si l’on admet comme légitime l'attribution au Nymphæa polyrhiza des portions de fruit que nous allons décrire, les parties florales elles-mêmes seraient loin d’être disposées dans le mème ordre que dans les Nymphœa actuels, puisqu'elles seraient gouvernées par le nom- bre trois, et qu'il existerait bien certainement trois sépales exté- rieurs et peut-être trois autres à l’intérieur des premiers. L'empreinte reproduite (pl. VIE, fig. 3B), avec une scrupu- leuse exactitude, représente, selon nous, la base extérieure d'un fruit de Vymphœa, tolalement comprimé, et provenant sans doute de la scission irrégulière de cet organe, ouvert et divisé à la maturité par un procédé pareil à celui qui existe dans les Nym- phœa actuels. Nous avons nous-même rencontré des fragments analogues en fouillant, au fond des eaux, dans les mares garnies de ces plantes. L’empreinte en question est d'une parfaite con- servation, elle est déposée à la surface d’une plaquette de marne crayeuse d’un blanc jaunâtre. Comme les rhizomes, elle repro- duit l'apparence extérieure et le relief de l'ancien organe, jusque dans les moindres détails. La surface épidermique a l'aspect finement granulé qu'on observe sur les coussinets ; coin- cidence qui ajouie à la probabilité du rapprochement. Si l'on veut maintenant se rendre compte de la portion de fruit repré- senté (fig. 3B), il faut supposer qu’on le voit renversé, placé de

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 125 telle manière que le milieu de l'empreinte correspond au pont d'attache du pédoncule; mais, ce dermier organe n’a laissé que des traces très-vagues de son insertion, et la place même paraît avoir subi des excoriations qui contribuent à l’effacer. Nous décrirons plus tard une empreinte trouvée à Armissan, analogue en tout à celle-c1, et la marque de l'insertion du pétiole est encore visible. L'espace central (fig. 3B en a) correspond, dans notre opinion, à la partie du fruit des VNymphœa qui s'étend depuis le sommet du pédoncule jusqu'aux premières pièces florales. On voit par la figure 3 «, que cet espace forme, dans le N. alba, une sorte de carré, cerné par un léger rebord, et en- touré par les bases d'insertion des quatre sépales. Ces cicatrices ‘dessinent une crête en forme de croissant, et laissent entre elles, vers leur point de contact, un petit intervalle dont la largeur varie, quoique dans de très-faibles proportions. Dans l'empreinte fossile, la même disposition se présente, seulement les proportions sont plus grandes ; le disque central au lieu d’être carré affecte une forme orbiculaire-elliptique ; il est cerné par un rebord fort net qui s'abaisse, dans l'intervalle sensiblement inégal qui sépare les cicatrices des pièces calvemales, trop visibles pour avoir besoin d'être indiquées. Celles-ei sont au nombre de trois seulement, et représentent par conséquent un calyce à trois sépales. En dehors d'elles, on en distingue trois autres (intérieures dans la fleur par rapport aux premières, mais extérieures en apparence par suite de la manière dont se présente le fruit) exactement appli- quées contre les premières dans l'intervalle qui les sépare, et disposées, sauf le nombre ternaire, comme dans le NV. alba (voy. la fig. 3x, les quatre sépales sont accompagnés des cicatrices des quatre premiers pétales). Plus loin encore, sur l'exemplaire fossile, paraissent cinq autres cicatrices, et le com- mencement d'une sixième placées dans un ordre spiral et à des intervalles toujours plus écartés. Cette disposition est encore pareille à celle que l’on observe en petit sur les fruits du W. alba, considérés dans une position renversée. Nous aurions done sous les yeux, si l'assimilation que nous proposons est vraie, la base ou plutôt la calotte inférieure et extérieure d’un fruit de Nym-

124 GASTON DE SAPORTA,

phœa, fragment irrégulièrement limité sur les bords, et annon- çant un mode de déhiscence analogue à celui des Nuphars actuels. Nous insistons sur cette circonstance, parce que nous verrons plus tard que le fruit de l’ÆAnæctomeria Nob. (Nymphæites Brongniartii Caspary) s’ouvrait d’une manière toute différente, par une déhiscence régulière et multifide des parois. Ainsi, on pourrait dire que le N. polyrhiza est un vrai Nymphæa, si le nombre des sépales et la structure des graines ne dénotaient en lui des caractères différentiels suffisants pour le ranger dans une section particulière.

Ün autre fragment (fig. 3 C) se rapportant aux parois latérales du fruit nous montre deux pétales encore en place, ayant per- sisté par conséquent après l’anthèse, et analogues, par la position qu'ils occupent et l’aspect de leur base d'insertion, à ceux que l’on observe, ayant en petit la même forme et la même nervation, appliqués contre les parois moyennes et supérieures des fruits du Nymphæa alba D. (voy. la figure 3 « quelques-uns de ces résidus de pétales figurent sur un des côtés du fruit). Ces rési- dus persistent longtemps, réduits à l’état de membranes sca- rieuses ; quelquefois même jusqu'à la maturité du fruit. La grande dimension des pétales fossiles annonce une fleur triple au moins de celles du Nymphæa alba, et cette proportion est en rapport avec celles du fruit, qui dépassait évidemment de beau- coup les organes correspondants de l'espèce européenne.

C'est en nous appuyant sur l’observation des deux empreintes que nous venons de décrire que nous croyons être parvenu à la connaissance des fruits du Nymphæa polyrhiza. Xs nous semblent _trop conformes à ceux des Vymphœa actuels, pour ne pas justifier l'assimilation générique de l'espèce fossile. D'un autre côté, les différences que nous avons signalées sont remarquables par la liaison qu'elles semblent établir entre la plante tertiaire et le genre Nuphar.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 195

ANOECTOMERIA.

Ductus aeri principales in petiolo 4, duobus infimis multo majoribus ; minutis alüs plurimis hine et hinc circuitim aggre- gatis, quandoque obsoletis.

Nymphæites Sp. Caspary, Ann. se. nat., série, Bor., t. VI, p. 199.

Nous donnerons plus loin la définition et l'analyse complètes de ce genre nouveau, en abordant la végétation d’Armissan ; nous en ferons connaître alors les principaux organes, ainsi que les affinités relativement aux autres Nymphéacées. Nous men- tionnons ici seulement les caractères différentiels que fournis- sent les coussinets ou bases d'insertion des pétioles sur le rhi- zome, seule partie de la plante que nous ayons encore recueillie dans les couches du bassin de Marseille. M. le docteur Robert Caspary, auteur d'un mémoire sur les Nymphéacées fossiles, est le premier qui ait connu ce type remarquable dont il a

décrit et figuré les rhizomes sous le nom de VNymphæites Brongniartii.

ANOECTOMERIA BRONGNIARTI. (PI. VIT, fig. 4.)

C. pulvinulis transversim rhomboidalibus ; ductibus aërns principalibus 4, approximatis, duobus infimis superioribus multo majoribus, als minutis plurimis circuitim aggregatis, linearibus quibusdam interpositis; radicellarum cicatricibus circiter 14 infra petiolum crescenti serie duplici dispositis.

Nymphœæa Arethusæ Brngt, Tab. des genres de vég. foss., p. 8h et 119 (quoad specimina ad Armissan pertinentia) ; Vymphæites Brongniarti Caspary, Ann. sc. nat., série, Bot., t. VI, pl. 13; Heer, F1. tert. Helv., WE, p. 195, tab. 455, fig. 20.

Saint-Jean-de-Garguier. Fénestrelle.

Il est difficile de distinguer l'espèce du bassin de Marseille de celle d'Armissan, surtout en étant réduit à la seule comparaison

| des rhizomes, les autres parties de la plante ne se montrant que

1 Î

126 GASTON DE SAPORTA.

daus ce dernier dépôt. Les coussinets, que nous avons soigneuse- ment reproduits planche VIF, fig. 1 A (Saint-Jean-de-Garguier), et 1 B (Fénestrelle), affectent la même forme rhomboïdale ; leur dimension ne diffère pas sensiblement; cependant ils sont loin d'égaler les grands exemplaires d’Armissan, et doivent au con- traire être assimilés aux plus petits de cette localité. Leur saillie, le sillon bien marqué qui les limite et les sépare, la forme du disque qui correspond à l'insertion du pétiole, tous ces carac- tères concordent bien avec ceux de l'espèce d’Armissan, en sorte que l’on est amené à reconnaître, dans celle du bassin de Mar- selle, une forme évidemment congénère, et trop voisine de la première pour ne pas lui être réunie. Cependant 1l existe, à ce qu'il nous semble, quelques différences que l’on doit noter. Les coussinets ne sont pas obliques ou du moins le sont très-peu, tandis que dans l'espèce d’Armissan cette obliquité est un carac- tère assez saillant pour que M. Caspary ait cru devoir le signaler, En second lieu, les radicules paraissent disposées dans un ordre qui n'est pas exactement semblable; elles se divisent, à parür de la plus petite, qui est la plus élevée, en deux séries croissantes et contiguës, tandis que dans les empreintes d'Armissan les petites radicules, au nombre de 9 à 13, sont plutôt groupées que partagées en deux séries longitudinales comme les grandes. Quant aux lacunes du pétiole, elles sont constamment au nombre

de quatre principales, dont les inférieures sont beaucoup plus.

grandes que les deux autres, et disposées -exactement comme dans les exemplaires d’Armissan.

Nous ferons remarquer à ce propos, que c'est par erreur que M. Caspary a indiqué seulement l'existence de deux grands canaux aériens dans le pétiole, comme étant le caractère distinctif du Vymphœites Brongniartii ; il est vrai que l’échan- tillon conservé au Muséum, et publié par ce savant, malgré sa remarquable beauté, ne présente sur chaque mamelon pétio- laire que les traces visibles de deux grandes lacunes; mais on doit attribuer cette circonstance à un accident de fossilisation ou à un avortement partiel et accidentel des organes que présente cet exemplaire ; ce qui est certain, c’est que les empreintes pro:

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LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 127 venant d'Armissan, que nous avons eu l’occasion de voir, et celles que nous avons sous les yeux et qui sont en très-bon état, pré- sentent constamment quatre lacunes principales dont les infé- rieures sont beaucoup plus grandes. Cette disposition doit être regardée comme celle qui caractérise l'espèce êt la sépare des Nymphæa proprement dits, tout en l'éloignant beaucoup moins de ce genre que lorsque le nombre des grandes lacunes se trouvait réduit à deux seulement.

Il existe encore dans les exemplaires marseillais une cir- constance que nous devons signaler, comme pouvant ouvrir la voie à ceux qui recherchent dans les plantes fossiles des transi- tions graduées d’un type vers un autre. En effet, on y remarque ce détail curieux que vers la base des deux plus grandes lacunes (voy. fig. 1 B en aa) situées au-dessous des deux lacunes supé- rieures plus petites, on distingue les traces bien visibles de deux autres lacunes dont la cicatrice est dessinée par un are de cercle quelquefois assez net inférieurement, mais qui s’efface vers le haut, et se confond avec la grande lacune ; en sorte que chacun de ces organes semble résulter de la réunion de deux autres et qu'il serait aisé, en les divisant, de rétablir l’ordre que nous avons observé dans les pétioles de Nymphæa des flores antérieures, c'est-à-dire six grandes lacunes disposées en deux séries , les intermédiaires étant un peu plus grandes que les autres. I semblerait donc que l'espèce du bassin de Marseille gar- dât encore les traces du changement opéré en elle, lorsqu'elle se serait séparée du type qui l'aurait produite. Tout ceci n’est que conjectural, puisque les éléments de comparaison font défaut en l'absence des feuilles et des fleurs. Nous n'avons pas voulu, cependant, passer sous silence une observation dont la portée h échappera à personne, et qui peut ouvrir la voie à de nou- velles recherches touchant l’origine et le dédoublement des types.

NYMPHÆITES Sternb. Nyupaæites microrgizus. (PI. VII, fig. 2.)

N. rhizomate parvulo, pulvinulis subrhombeis, orbiculatis,

198 GASTON DE SAPORTA,

prominulis; ductibüus aerüs principalibus 2, minore alio linear: imtermedio ; cicatricibus radicalibus 1-2 infra petiolum notatis.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare, coll. de M. Matheron).

Nous verrons une forme voisine de celle-ci, construite sur le même type se montrer à Armissan. Il est donc probable que toutes deux se rapportent à un genre particulier, dont les feuilles sont encore inconnues. Îl a se rapprocher, au moins par la peti- tesse de ses dimensions du VNymphæa pygmæa Ait., charmante miniature du genre, analogue aux Castalia, dont il s'éloigne assez, par son ovaire dégagé presque entièrement du torus, à sa partie supérieure, pour donner lieu à une section très-distincte sous le nom de Chamænymphæa (1). Il faudrait pouvoir en com- parer les rhizomes avec ceux de l’espèce fossile, dont 1l n'existe, du reste, qu'un petit fragment recueilli par M. Matheron et con- servé dans sa collection. Il est très-net dans sa petitesse (fig. 2), et présente des coussinets disposés dans un ordre spiral fort obli- que. Leur forme est rhomboïdale arrondie, leur saillie est assez considérable relativement à leur faible étendue ; on y distingue, vers le haut de chaque mamelon, les traces de deux canaux aériens que sépare, dans quelques cas, une lacune de forme linéaire très-peu marquée. Au-dessous on reconnait la cicatrice d'une radicule peu marquée et fort petite.

ACERINEÆ. ACER Moœnch.

ACER PRIMÆVUM Sap., £zx. anal., p. 22; Æ€. sur la vég. tert., p. 283; Ann. sc. nat., série, Bor,, t, XIX, p. 64, pl. 10, fig. 6.

L’espècé de Sant-Zacharie dénote son existence dans les cou- ches du bassin de Marseille, par une empreinte d’Allauch qui ne paraît différer par aucun détail essentiel des feuilles que nous avons déjà décrites précédemment. Du reste, l'Érable qui domine dans la flore d’Armissan s'en rapproche tellement, qu'il n’y a

(4) Planchon, Flore des serres et des jardins de l'Europe, t. NI, p. 293.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 129 rien d'étonnant à retrouver le même type dans l’époque imter- médiaire.

Allauch (tres-rare). Saint-Jean-de-Garguier ? ACER GARGUIERI (pl. VI, fig. 5).

A. folus firmis, tenuiter petiolatis, palmato-trinervis, inciso trilobis; lobis lateralibus subpatentibus, medio brevioribus; omnibus sinuato-lobulatis; nervis primarus gracihibus, latera- hhus extus ramosis ; tertiarns subtiliter reticulatis, ramoso-ana- stomosantibus.

Saint-Jean-de-Garguier (tres-rare).

La feuille de cet Acer, connue par l'empreinte unique, repro- duite pl. VE, fig. 5, se distingue de l'espèce précédente par des caractères assez saillants, quoique elle rentre évidemment dans le même type. Les nervures sont autrement disposées, surtout celles qui sont émises par les latérales primaires, le long de leur côté externe ; elles suivent une direction bien moins oblique, et sont réunies par des arceaux plus nombreux. Les nervures qui prennent naissance des deux côtés de la médiane sont tout à fait alternes ; enfin les lobules, au lieu de se prolonger en une pointe obtuse, sont formés à l’aide de simples sinuosités. Cependant, on ne peut douter de l'extrème affinité des deux espèces. Celle de Saint-Jean, dont la détermination ne repose malheureusement que sur un seul échantillon, se rapproche évidemment des Acer saccharinum Lam. et macrophyllum Pursh. Elle est voisme du premier par l'aspect de la feuille, la direction et le contour des lobes; du second par la forme des lobes et des lobules ; mais l'A. macrophyllum, comme l'indique son nom, porte de très- grandes feuilles, et le nôtre s'écarte des deux espèces vivantes que nous venons de citer, non-seulement par des dimensions restreintes, mais aussi par ses nervures principales réduites à trois seulement ; l'A. saccharinum présente cependant quelque- fois des feuilles trinerves. |

ACER MASSILIENSE (pl. VI, fig. 6).

A. folis parvulis, petiolatis, membranaceis, palmato-5-ner-

série. Bor. T. IL. (Cahier 3) 1 J

150 GASTON DE SAPORTA. vis, quinquelobis; lobis infimis parum productis, obtusis, inte- oriusculis, cæteris smuato-dentatis, apice breviter acuminatis.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Petite feuille isolée qui se distingue des précédentes non- seulement par sa taille réduite, mais surtout par son ordonnance quinquénervée, la forme et la disposition de ses lobes. Les infé- rieurs sont petits, très-divergents, les intermédiaires émis sous un angle de 45 degrés; le médian assez peu développé. Ils sont sinués, plutôt que dentés sur les bords, et se rattachent comme la précédente espèce au type de l’Acer saccharinum Lam. ; mais on peut aussi comparer Justement cette feuille fossile à certaines formes méditerranéennes de LA. opulifolium, surtout à la variété granatense de Boissier et à l’Acer Reginæ Amelie Orphan. et Boiss. des montagnes de la Grèce, à laquelle elle ressemble par la forme des lobes et la faible dimension du limbe. Nous verrons plus tard une forme analogue, mais bien mieux caractérisée, se montrer dans la flore de Manosque.

SAPINDACEÆ.

SAPINDUS L. SAPINDUS INCONSPICUA.

S. foliis pmnatis ; foliolis brevissime petiolauis, basi inæqua- libus, ovato-lanceolatis, imtegerrimis: nervis secundaruis obtuse eMISSIS, CUrVAtS.

Saint-Jean-de-Garguier.

Foliole visiblement détachée d'une feuille pmnée ; la forme de son contour, sa base très-inégale, atténuée d'un eôté, arrondie de l’autre, munie d’un pétiole trés-court, la font ressembler beaucoup aux plus petites folioles du Sapindus saponaria L.

biens nm. _

LE SUD-EST DE LAN FRANCE "A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 151

ILICINEE. ILEX L. ILEX CELASTRINA (pl. VIE, fig. 4).

1. foliis coriaceis, rigidis, brevissime petiolatis, ovato-lanceo- latis, obtusis rartius obovatis, dentato-spinosis; nervo primario valido ; nervis secundarus obliquis, numerosts, ramoso-reticula- tis; tertiaris flexuosis oblique transversin decurrentibus.

Celastrus ulmaceus Sap., Ex anal., p. M1.

Saint-Jean-de-Garguier (commun).

Nous avons mentionné ces feuilles dans un premier travail sur les flores fossiles de Provence, comme appartenant au groupe des Célastrinées; mais le mode de réticulation des nervures secon- daires, le dessin du réseau veineux et la forme des dents épineu- ses qui garnissent le bord, dénotent plus probablement un Zlex assez éloigné, il est vrai, de la plupart de ceux du monde actuel. Le pétiole presque nul, quoique très-épais, le sommet obtus, les dents marginales ordinairement fines et acérées, quelquefois presque nulles ; la direction souvent oblique des nervures secon- daires, anastomosées près du bord, le long duquel elles donnent lieu à une ou plusieurs rangées d’aréoles, distinguent bien cette espèce et lui donnent un ensemble tout particulier de caractè- res; elle se rapproche de l'Zlexæ maderiensis Lam. plus que de

toute autre. ÎLEX MICRODONTA.

1. foluis coriaceis, oblongo-ohovatis, apice obtusatis, margine parce remoteque dentato-spinosis; nervo primario fortiter

expresso ; secundariis immersis, curvatis, areolatis.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Feuille petite, coriace, légèrement bombée à la surface, à ner-

| vures peu saillantes, obtuse et presque arrondie au sommet, pour- . vue le long des bords supérieurs de dents épineuses, rares et peu | prononcées; elle constitue, à ce qu'il semble, une espèce distincte

152 GASTON DE SAPORTA.

de la précédente, et se rapproche sous de petites proportions des lex opaca Ait. et maderiensis Lam.

_ CELASTRINEÆ.

._ CELASTRUS Kunth. : CELASTRUS SPLENDIDUS (pl. VIIL, fig. 2).

C. foliis coriaceis, breviter petiolatis, obovatis, apice subemar- ginatis, dentatis, basi attenuatis ; nervo primario valido; secun- dariis obliquis, ramoso-anastomosatis ; tertiariis flexuosis oblique transversim decurrentibus, tenuiter reticulatis.

Fénestrelle {très-rare).

La remarquable conservation de cette feuille facilite beaucoup son assimilation au groupe des Célastrinées auquel elle se rap- porte par la plupart de ses caractères, surtout par la forme de la dentelure et l'ordonnance des nervures de divers ordres. Malgré son affinité incontestable avec le genre Celastrus en général, on ne peut la rapprocher spécialement que d’un assez petit nombre d'espèces. Elle nous paraît plus voisine des formes indiennes et

surtout des africaines que des autres. Son aspect rappelle le Celastrus senegalensis L., mais elle reproduit surtout le type du Celastrus Zellino Schimp. espèce d’Abyssinie. Il faudrait peut- être laréunir au Celastrus Æoli Ett. de la flore d'Hæring (1), dont la feuille est cependant beaucoup plus petite.

CELASTRUS NUMERANDUS.

C. foliis coriaceis, ovato-lanceolatis, obtusis, dentato-serratis ; nervo primario valido, secundariis tenuibus, parallelis, ramoso- reticulatis, parum conspicuis.

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

Espèce analogue au Celastrus oxyphyllus Ung. de Sotzka (2), ainsi qu'au C. cassinæfolius de Heer (3). Elle se distingue du (4) Ettingsh., F/. von Hæring, p. 72, tab. 24, fig. 9-41.

(2) Ung., Foss. FI. von Sotzka, tab. 3, fig. 22-24. (3) Hecr, F7. lert. helv., t. LIT, tab. 1214, fig. 24-25.

+.

LE SUD-EST DELA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 133 premier par sa forme régulièrement ovale-lancéolée, non acu- minée au sommet, et du second par des dents régulièrement espacées, qui s'étendent bien plus près de la base, malheureuse- ment mutilée dans notre exemplaire. La forme des dents et la vervation dénotent dans cette feuille des rapports avec les Cassine capensis L.; mais l’analogie estencore plus forte avec les espèces suivantes d'Abyssinie, telles que : Celastrus sinuato-dentatus Hochst., obscurus A. Br. et Zellino Schimp. On peut citer encore le C. buæifolius du Cap comme très-ressemblant.

ANACARDIACEÆ.

RHUS L. | Raus DERELICTA (pl. VIII, fig. 3).

R. folus pinnatis?, foliolis oblongo-ovatis, basi obtusa mæqua- _ libus, dentatis, penninerviis; nervis secundariis sparsis, curvatis, ramosis; tertiariis tenuissimis, transversim oblique decurren- tibus.

Fénestrelle (fig. 3 A, rare). Allauch (fig. 3 B).

Folholes dont l’une est mutilée et l’autre assez mal conservée ; elles ont fait probablement partie d’une feuille pinnée analogue à celles du Rhus typhina L., sous de plus petites proportions.

Raus prisca Ettingsh., Tert. fl. von Hæring, p.73, tab. 26, fig. 12-23.

R. foliis pinnatis, foliolis oblongis, lanceolatis, sessilibus, basi inæqualibus, argute serratis.

| Saint-Jean-de-Garguier.

| Folioleisolée, semblable à celles d'Hæring et de Saint-Zacharie.

MYRTACEÆ. CALLISTEMOPHY LLUM Ettingsh., Zert. fl. von Hæring, p. 83.

CALLISTEMOPHYLLUM PROXIMUM Sap., £'x. anal., p. A2.

C. foliis coriaceis, petiolatis, stricte lanceolatis, utrinque atte- nuatis, ntegerrimis, marginibus leviter revolutis ; nervo prima-

154 GASTON DE SAPORTA. rio, immerso, parum expresso, secundariis obliquis, simplicius- culis, fere inconspicuis.

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

Espèce qui paraît voisine du Callistemophyllum melaleucæ- folium Ett. d'Hæring; mais la texture en est coriace, et la ner- vation difficile à observer ; circonstance qui s'oppose à une déter- mination bien précise. M. d'Ettingshausen compare les feuilles, qu'il a figurées dans sa flore, à plusieurs espèces de Callistemon et de Melaleuca.

LEGUMINOSÆ.

Les légumimeuses de Saint-Jean-de-Garguier et des autres localités contemporaines du bassin de Marseille diffèrent peu de celles que nous avons signalées dans la flore de Sant-Zacharie. Ce sont toujours des folioles détachées, de petite dimension, assez peu diversifiées et fort rares; les espèces même sont en partie identiques avec celles de ce dernier dépôt. On peut, selon nous, en inférer cette conséquence probable, que la manière dont les éléments de ce groupe se trouvent combinés n’est pas due seulement à l'influence d’une cause locale et accidentelle ; mais que ce phénomène dépend plutôt de la nature même des choses, puisqu'il se reproduit avec des variations peu sensibles à des distances de temps et de lieu assez marquées. Il est donc pro- bable que les conditions, qui présidaient à l’ordonnance végétale de l’époque, auront influé à la fois sur la physionomie et le rôle des plantes du groupe des Légumineuses, en les dispersant au milieu des autres végétaux, et les subordonnant à eux, de maniere à amoimdrir le nombre et l'importance de leurs em- preintes au milieu des couches en voie de formation.

Nous suivrons pour leur classement le mode que nous avons adopté précédemment.

&. Dalbergieæ. DREPANOCARPUS C. F. W. Meyer.

DrEPANOCaRPuSs PUNCTULATUS (pl. VII, fig. 4),

D. folis pinnatis, foliolis ovatis, coriaceis, sessilibus, integer-

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 139

_ rimis, leviter punctulatis, penninervis; nervis secundariis

tenuissimis, sub angulo recto emissis, secus marginem arcu flexuoso obtusissimo anastomosatis, venulis in eumdem sensum quem nervi seeundarii extensis, subtiliter ramulosis.

| |

Allauch (très-rare).

L’empremte reproduite (fig. 3) est celle d’une fohole sessile, coriace, ovale un peu oblongue, entière et légèrement repliée sur les bords, un peu inégale inférieurement et marquée à la surface de ponctuations fines, très-nombreuses. Il est naturel de la rap- porter au groupe des Légumineuses ; mais il est bien moins aisé de l’attribuer à l’un des genres de cette grande famille. Cepen- dant la nervation présente un caractère très-saillant ; les nervures qui partent de la médiane, dont la finesse est extrême, naissent à angle droit et se réunissent le long des bords par des arceaux très-obtus. Cette réunion donne lieu à des aréoles transversale- ment allongées, au milieu desquelles s'étendent une ou plusieurs vemes dirigées dans le même sens que les nervures principales et reliées à elles par des vemules obliquement réticulées, per- cepübles à laide d'une loupe. Un petit nombre de Légummeu- ses, entre autres des Campsiandra et Copaifera dans les Cæsal- pinées, quelques Trioptolema, Machærium, Dipteriæ, etc., dans les Dalbergiées, présentent une nervation plus moins analo-- œue à celle-ci; mais il nous a semblé la retrouver bien plus net- tement accusée dans le genre Drepanocarpus, particulièrement dans le D. ferox Mart., dont la figure 3x reproduit une foliole comme terme de comparaison. Ier, les nervures secondaires se trouvent dirigées et ramifiées comme dans l'empreinte fossile, et l’on aperçoit à la loupe de très-fines ponctuations qui présen- tent le même aspect que dans celle-ci; seulement, la foliole d’AI- lauch est plus petite et obtusément atténuée inférieurement, tandis que celle de l’espèce brésilienne est arrondie et presque échancrée en cœur.

Le genre Drepanocarpus n’est pas mconnu à l’époque ter- taire; il se montre à Monte-Bolca, il est représenté par le D. Dacampii Mass., dont on possède des feuilles entières et des fruits. Sa présence, dans la flore du bassin de Marseille, n'aurait

136 GASTON DE SAPORTA,

rien qui dût étonner ; cependant l'attribution de notre Drepa- nocarpus punctulatus soulève encore bien des doutes.

DALBERGIA L. DaALBERGIA LEPTOLOBIANA (pl. VII, fig. 7).

D. fois pmnatis, foliohs subcoriaceis, fere sessilibus, ovato- ellipticis, apice obtuse attenuato subemarginatis, integerrimis, penninerviis; nervo primario gracil, secundariis tenuibus, parum obliquis, curvato-anastomosatis ; nervulis plurimis eodem sensu quo secundarii decurrentibus, flexuosis, oblique ramo- sis, subtiliter reticulatis. |

Fénestrelle (très-rare).

Cette foliole, unique comme la précédente, détachée visible- ment d'une feuille pinnée, peut être rapportée, sans incertitude, au groupe des Légumineuses. La finesse de son réseau veineux est trés-grande ; il est formé par des nervilles déliées, flexueu- ses, obliquement rameuses, dirigées dans le sens des nervures secondaires qui se distinguent à peine de celles de troisième ordre, et semblent se réunir en aréoles, fermées par des arceaux obtus le long des bords de la foliole. On observe un système ana- logue de nervation dans un grand nombre de Légumineuses tro- picales, surtout parmi les tribus aujourd'hui exotiques des Dal- bergiées et, des Cæsalpinées.

L'espèce fossile affecte dans son contour une forme très-ana- logue à celle de plusieurs Zeptolobium (L. tomentosum Vog., L. elegans Vog.), et comme cette ressemblance s'étend aussi à la nervation on serait tenté de la réunir à ce genre. Cependant, 1l nous à semblé que les détails du réseau veineux étaient bien plus finement compliqués dans l'empreinte fossile que dans les folioles des Leptolobium dont la consistance paraît aussi plus coriace.

Il existe, selon nous, une véritable conformité jusque dans les moindres détails du réseau veineux entre la foliole de Fénes- trelle et celles des Dalbergia et de la plupart des genres voisms, qui n'en sont qu'un démembrement.

Quoique la forme en coin élargi et émarginé au sommet soit la plus répandue parmi les folioles des Dalbergiées, elle n’y règne

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 137

pas exclusivement, et beaucoup d'espèces présentent des folioles ovales-elliptiques ou même atténuées comme celles de l'espèce fossile, dont le sommet est cependant obtus et légèrement émar- giné, comme celles de la plupart des Dalbergra.

Les espèces les plus voisines seraient les Dalbergia rubiginosa Roxb., confertifolia Benth., sympathica Nimm., cultrata Grah. des Indes orientales, plusieurs espèces de Ceylan, et dans les genres voisins le Trioptolema tomentosa, les Miscolobium viola- ceum Vog. et Spruceanum Spr.; enfin le Commnulobium (Ptero- don) polygalæfolium Benth.; la longue série de ces affinités par- tielles montre pourtant combien il est difficile de se prononcer autrement que d'une manière conjecturale au sujet des Légu- mineuses tertiaires, lorsqu'on n’en possède ni des fruits, ni des feuilles complètes, mais seulement des folioles éparses.

GB. Sophoreæ.

BOWDICHIA H. B.K.

BowpicaiA AMPHIMENIUM (pl. VIIL, fig. 6).

B. folis pinnatis, foliolis lanceolato-oblongis, breviter acumi- natis, Integerrimis, coriaceis, subtus pubescentibus, penniner- vis; nervo primario stricto, secundariis subtilissimis, obtuse emissis vel subobliquis, areolatis ; tertiaruis flexuosis in rete veno- sum tenuissime ramosum solutis.

. Fénestrelle, près d’Aubagne (très-rare).

Une seule fohole, mais dont la conservation est admirable (voy. fig. 6 et 6 A), dénote l'existence de cette espèce, dont il est difficile de déterminer la véritable place, à cause des affinités multiples qui paraissent la relier à plusieurs genres bien distincts de l’ordre des Légumineuses.

On trouve des formes très-analogues, non-seulement par le contour des folioles, mais encore par tous les détails de la ner- vation, parmi les Dalbergiées, les Sophorées et même les Cæsal- piniées. Les genres IecastophyllumKunth, Amphimentum HBK.., Miscolobium Vog., Andira Lam. dans les premières, Bowdichia

138 GASTON DE SAPORTA,

dans les secondes, Leptolobium dans les dernières, sont ceux qui nous ont offert les points de comparaison les plus naturels.

L'Hecastophyllum foliosum Benth., l'Andira grandifiora F1. Sénég., le Miscolobium Spruceanum Spr., ont plusieurs traits de ressemblance avec la foliole fossile ; ilen est de même de quel- ques Leptolobium et particulièrement des Leptolobium nitens Vog., tomentosum Pohl. et étomenteilum Pohl. Cependant l’'ana- logie augmente encore, et devient tout à fait frappante lorsqu'on aborde les genres Amphimenium et Bowdichia. On remarque dans les folioles de ces deux groupes le mode de nervation qui distingue l'empreinte fossile, et se compose de nervures secon- daires très-déliées, assez peu obliques,. anastomosées-rameuses, réuuies en aréoles irrégulières, et donnant lieu, parles ramitica- tions des veines tertiaires à un réseau capricieux, à mailles très- déliées, dont la figure 6 A, il est représenté grossi, montre la disposition.

Si l'on considère les deux côtés de l'empreinte, on voit que celui qui correspond à la face supérieure de la folole, laisse apercevoir le réseau veineux dans les moindres détails, tandis que ces détails sont beaucoup moins distincts sur la face infé- rieure, sans doute à cause d’une légère pubescence. On recon- nait aussi que les nervures n'avaient qu'une saillie très-peu pro- noncée de ce côté. Ces caractères appréciables, malgré leur insignifiance apparente, nous ont paru propres à nous diriger dans le choix d’une affinité à indiquer. Plusieurs Amphimentum se rapprochent, en effet, beaucoup de l’espèce fossile ; nous cite- rons un Amphimenium du Brésil, voisin de l'A. cauliflorum, qui existe dans l’herbier du Muséum de Paris, et surtout le Pterocarpus australis End. (4), dont les folioles ont été figurées par M. d'Ettingshausen dans son mémoire sur la nervation des Papilionacées (2).

On voit par le dessin de lanervation, que cette dernièreespèce, rangée avec doute dans les Pterocarpus par Endlicher qui n'en a

(1) Endl., Prodr. fl. Norfolkicæ, p. 94. (2) Etting., Ueber die nerv. der Blett. d. Papilionacen, tab. 12, fig. 3-5.

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 139

pas observé le fruit, se place très-naturellement avec les Amphi- mentium ; ici l'analogie, qui résulte de l'agencement des nervures de divers ordres, est très-remarquable ; cependant cette espece, comme tous les Amphimenium, a des folioles glabres sur les deux faces (1) et des nervures saillantes, double caractère qui n'existe pas, comme nous l'avons remarqué dans l'espèce fossile. Le genre Bowdichia, au contraire, concorde avec elle sous tous les rapports. Les folioles des trois espèces que nous en avons rapprochées {Bowdichia major Mart., B. nitida Spr., B. pubes- cens Benth.) présentent une forme elliptique allongée très- analogue, mais seulement un peu plus arrondie à la base ; le sommet est très-obtus dans les Bowdichia major et pubescens ; mais il se termine presque comme celui de l'empreinte fossile, dans le B. nitida. |

La nervation, dans ses principaux détails comme dans ses derniers linéaments, offre la même ordonnance que dans la foliole de Fénestrelle ; de plus, le réseau veineux, visible jusque dansses moindres subdivisions sur la face supérieure qui est glabre, est constamment peu marqué sur l’autre côté qui se trouve légère- ment pubescent dans les trois espèces ; ici donc la conformité est complète, et semble justifier le rapprochement que nous avons adopté après de longues hésitations. Le Bowdichia nitida Spruce, dont la figure 6 « reproduit une foliole comme terme de comparaison, habite le Brésil comme ses congénères. La pré- sence de ce genre dans la flore du bassin de Marseille n’a rien qui doive surprendre, puisque, en dehors des Sophora et des Cercis déjà signalés à l’état fossile, nous verrons bientôt le genre Calpurnia se montrer à Armissan, représenté par ses divers organes. Ainsi, les principaux types de la tribu des Sophorées

paraissent avoir existé en Europe, à l’époque nous sommes parvenu.

(1) La description d’Endlicher dit, en propres termes : « foliola..…."integerrima, rigide coriacea, wtrinque glaberrima ».

4h0 GASTON DE SAPORTA,

g. Cæsalpinicæ.

CASSIA L.

CassIA BERENICES Ung., Foss. fl. von Sotzka, p. 58, tab. 43, fig. 4-10; O. Weber, Paléont., IV, tab. 29, fig. 16-20; Heer, F7. tert. Helv., IT, p. 448, tab. 135, fig. 19-56.

C. foliis multijugis? foliolis ovato-ellipticis, acuminatis.

Fénestrelle, près d'Aubagne (très-rare)

o

Une empreinte de foliole très-inégale à la base, bien entière, mais dont la nervation est invisible, paraît appartenir à cette espèce très-répandue dans les dépôts tertiaires de l’âge moyen.

CÆSALPINITES Sap. CÆSALPINITES 16NOTUS (pl. VIE, fig. 9).

C. foliis compositis ; foliolis oblongis, subcuneatis, apice obli- que leviter emarginatis, integerrimis, penninerviis; nervis se- cundariis oblique areolatis.

Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).

Foliole voisine, par la forme, de celle que nous avons désignée sous le nom de Cæsalpinites litigiosus dans la flore de Samit- Zacharie (1); mais elle est plus allongée elliptique, moins cunéi- forme, et distinctement émarginée au sommet. Elle ressemble aux folioles de plusieurs Cæsalpinia; mais on pourrait aussi rapprocher, quoique de plus loin, de celles des Colutea, des Psora- lea, des Edwardsia et de plusieurs autres genres de la famille des Légumineuses. Elle rappelle beaucoup aussi le Cæsalpinia Laharpii Heer (2), signalé au Monod, vers la partie inférieure de la mollasse suisse.

CÆSALPINITES MICROMERUS (pl. VII, fig. 10). C. foliis compositis, foliolis parvulis, oblongis, sessihbus, inæ- (4) Voy. Études sur la végét. tert.,t. 1, p. 259; Ann. des sc. nat., série,

Bor., t. X,p. 105. pl, 14, fig. 15. (2) Heer, F1. tert. Helv., t. NI, p. 442, tab. 187, fig. 40,

LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 141 quilateralibus, apice obtusato emarginatis, tenuiter mucronu- latis; nervis secundartis subobliquis, curvatis.

Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare).

Petite foliole obliquement méquilatérale, légèrement tronquée- émarginée au sommet, que l’on peut comparer à beaucoup de Légumineuses, au Cæsalpinia Sappan L., au Poinsiana pulcher- rima L., à plusieurs Cassia, surtout aux Cassia longisiliqua Lam. et obtusifolia L. Cette dernière attribution semble la plus pro- bable.

CÆSALPINITES COPAIFERINUS Sap., £6. sur la vég. tert., |, p. 259; Ann. se. nat., série, Bot., t. XIX, pl. 11, fig. 12 (pl. VIIL, fig. 8).

C. foliolis coriaceis, ellipticis vel suborbiculatis, brevissime petiolulatis, marginibus subtus leviter revolutis ; nervo primario distincto ; secundartis numerosis, subtilibus, angulo fere recto emissis, tenuiter reticulatis, immersis, parum conspicuis,

Saint-Jean-de-Garguier (rare).

Cette espèce, déjà signalée à Saint-Zacharie, se montre de nouveau à Saint-Jean-de-Garguier, elle est toujours for rare. Son analogie de forme et de nervation avec le genre Copaifera est très-remarquable ; elle se rapproche particulièrement des Copaifera Langsdorffii Desf., glabra Vog. et de plusieurs espèces non déterminées que nous avons observées dans l’herbier du Muséum de Paris. Ces folioles devaient être glabres et lisses à la surface ; et leur nervation, composée de veines naissant presque à angle droit, finement rameuses anastomosées, avait peu de

salle ; car elle est difficile à observer, même avec l’aide de la loupe.

SPECIES EXCLUSÆ,

UT NON LEGITIMÆ AUT CUM ALIIS CONFUSÆ VEL PENITUS DUBIX.

Ficus SrENorHYLLA Sap., x. anal., p. 41. Diospyros varians. Var. foliis minoribus.

Ficus RESPICIENDA Sap., £'x. anal., p. 41, Araliæ folioli fragmentum ?

1142 GASTON DE SAPORTA,

BanxsiA LaHarrn? Heer, Sap., £x. anal., p. 39. Myricophyllum obtu- satum.

BANKSIA FAGINEA Sap., £'x. anal., p. h1, folii fragmentum dubiæ affi- nitatis. | :

BANKSIA NEGLECTA Sap., £x. anal., p. 11. Andromeda neglecta Sap. Var. foliis obtusioribus.

CALLISTEMOPHYLLUM MELALEUCÆFOLIUM Ett., Sap., £'x. anal., p. 39. Pa- leodendron salicinum? Var. folus strictioribus.

TABLE MÉTHODIQUE ET COMPARATIVE DES ESPÈCES DÉCRITES DANS LA FLORE PRÉCÉDENTE.

| LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE ESPÈCES FOSSILES. ; étrangères. vivantes analogues, de ces espèces. Pages Hepaticæ. .... ...... 68 MarcHantitTEs Brngt.,... 68 | Marchantites sinuatus Sap. 68/......,.|[Marchantia polymor- Ne eo Er Ci 69 phat +. ire 412 |Eurépes

Muscires Brnglsu sis ste 109 Muscites Tournalii, Brngt. 69! aArmmissan, près de Nar-

boune. . . .|HyYPnum complanatum

L. Hypnum riparium

IP, 79, 4 AU, .. | Europe. Cupressineæ, ....,... 69 CALIITRIS VERE, o 2: «we es US Callitris Heerii Sap...... 691... Callitris quadrivalvis

LE PP Afrique septentr.

Callitris Brongniartii Endi. 71 Hæring, Ra- doboj,Mont- rouge, dans le bassin de | À Paris, ete. Tauiopsis Sieb. et Zucc... 71 Thuiopsis massiliensis Sap. 721... ... Thuya occidentalis. . .| Amérique septent. Thuiopsis dolabrata Sieb. et Zucc......|Japon.

WiDpDRINGTONIA Endl...., 73

Widdringtonia antiqua S. 731. ...... Widdringtonia cupres- \ soides Endl....... Afrique australe. JUNIPERITES Brngi....…... 74 Juniperites ambiguus Sap. 741,.......|Juniperus phænicea L. Juniperus excelsa...,|Région méditerr. Abietineæ............ 74 PTS SN Lea s 1

Pinus palæostrobus Ett... 74 Hæring, Mo

| nod(Suisse)| Pinus cxcelsa Wall. [Népaul. Pinus pseudopinea Sap... 76|,,,.,... Pinüs pinea L.

| Pinus pinaster L...,.|Europe méridion, Pinus megalophylla Sap.. 78

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE.

15

ESPÈCES FOSSILES.

Taxineæ... Popocarpus Herit. .....: Podocarpus Lindleyana S.

006.

Podocarpus eocenica? Ung.

Cyperaceæ. _.....: :: Cyrerrres Lindl. et Hutt.. Cyperites gramineus Sap... Care, 4 Carex palæocarpa Sap.... Palmiæ....... D... BABALITES. . « . « «2. Sabalites oxyrachis Ung... Sabalites major Heer. ...

4 + © à »

Smilaceæ. .......4 .. Bmiracournels À : ...., Smilax Garguieri Sap....

Smilax abscondita Sap... Fyphaceæ. .. SPARGANIUM Tournef..... Sparganium stygium Heer.

Betulaceæ. .........,. BETULA Tournef......... Betula oblongata Sap.... Betula pulchella Sap... + Cupulifereæ. Carpnus. L....... Carpinus cuspidata Sap..

ss...

...

Quercus L... Quercus elæna Ung......

.

LOCALITÉS

étrangères,

Ralligen (Suisse), Hcæe- ring, Sotzka, Bonner,Koh- len,Radobo)j,

Cadibona, Novale, etc.

80 80 80 80 SÛ0l Her. 81 81 82 82

Hæring .: Hæring, Ra- doboj, mol- lasse suisse, environs de Castres,bas- sin de l’A- gout (Tarn), carrière de la Massal - leitétess 1.

doter «9 es

86

86 |Paudéze,Ro- chette, Eriz (Suisse). .

....

Mollasse suisse, Pars- chlug, bassin du Rhin, No- vale, . .

+. |Podocarpus

. |[Carpinus

. .|[Qucrcus

ESPÈCES

vivantes analogues.

nerlfolia R. Br. 28#..:4.

Podocarpus elongata 0 CE PRES

PATRIE

de ces espèces,

. [Népaul.

Afrique australe.

Carex vulpina L.....|Europe.

.[Raphis flabelliformis. .

Sabal umbraculifera Jaea seras

Smilax mauritanica Df. Smilax pendulina Law. Smilax elegans Wall...

Sparganium natans L..

Petülx lénta L, 07... Betula dahurica Pall..

orientalis Lam, 42

fe 7 O8 e ve

H.B.K4,,

_._.....,

confertifolia

. [Amérique tropic.

Afrique septentr. Madère. Indes orientales.

Europe, Amériq. Amérique septent.

Sibérie.

Carniole,Asie min.

Mexique.

Quercus cinerea Michx.| Louisiane,

Ah GASTON DE SAPORTA.

LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE ESPÈCES FOSSILES. \ étrangères. vivantes analogues. de ces espèces.

Pages Quercus nervosa Sap.... 90|....... + [Quercusargentata Kort.|Iles de la Sonde. Quercus affinis Sap:... . 1#90!-:..:4.. Quercus spicata Kunth.

Quercus rugosa N.. . [Mexique. Polygoneæ. ......... 92 POLYGONITES Sap....... 92 Polygonites ulmaceusSap. 99 Laurineæ........... 93 DAURUS LE, .42: CLONE 93 Laurus primigenia Ung.. 93{Sotzka, mol- lasse suisse,

Novale, Sal- cedo, Cadi- ES: . bona (Italie)| Laurus canariensisWebl|Îlles Canaries.

CixnaMOMUM Burm. .... 94 Cinnamomum lanceola- tum Heer.. plus. . . + 94 |Sotzka, Sie-

blos, mont- Promipna,

Sagor, Hæ- ring, Mol- lasse suisse Cadibona, Novale, ete, DAPHNOGENE Ung. ..... 94 DaphnogenetransitoriaS. 94 Daphnogene basinerviaS. 941..... ...|Litsææ Sp. Santalaceæ. -......: 95 | LEPTOMERIA R. Br..... . 99 Leptomeria distans Ett.. 95|Hæring. . .|Leptomeria Billardieri RDV EU, .. Tasmanie. Proteaceæ. ........ 95 PALÆODENDRON Sap..... 99 Palæodendron salicinum Sap. . AIN LR PL EU À au 109 Palæodendron lanceola- LUN SAP. rends 0 99 GREVILLEA R. Br....... 99 Grevillea mucronata Sap. 991........ Grevillea punicea R.B. Grevillea buxifolia R.B. Nouvelle-Hollande Grevillea inermis Sap... 100!...,.... Grevillea punicea R.B./|Nouvelle-Hollande Grevillea rigida Sap.... 1001........ Grevillea buxifolia R.B. INouvelle-Hollande Grevillea elaiophylla Sap. 100!........ Grevillea oleoides Sieb.|Nouvelle-Hollande LOMATITES Sap..... AR | Lomatites abbreviatus MAD eco ses uses dl rec Lomatia polymorphaR. LR +2 RE ..../|Nouvelle-Hollande HakEA Schrad......... 102 Hakea discerpta Sap.... 1021.,...... Hakea laurina R. Br../Nouvelle-Hollande Hakea obscurata Sap... 1021........ Hakea marginata R.Br. Hakea stenocarpa R.B. Nouvelle-Hollande Hakea? amphibola Sap.. 1021........ Hakea gibbosa R. Br..|Nouvelle-Hollande

MYRICOPHYLLUM Sap.... 103 Myricophyllum Zacha- riensé SAp...ti 4. 2,103. 4ert Myrica æthiopica L.../|Afrique australe. Banksiæ Sp... Nouvelle-Hollande

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 4145

ESPÈCES FOSSILES,

Pages. Myricophyllum obtusa-

(mms ape... si se2 (308 Myriceæ. .. ....... . 104 Mamie. :.. sise, 10 Myrica (Comptonia) dryan-

dræfolia Heer....... 104

Myrica (Comptonia) obtu- 1 1 COS SNNERE 105

Myrica elongata Sap.... 106|.

Myrica subintegra Sap.. 106 Myrica banksiæformis S. 106 Myrica Zachariensis Sap. 107

Myrica salicina Ung.... 107

Myrsineæ,....... ue MD ane Le... ..,..: 109 Myrsine celastroides Ett.. 109

Myrsine subincisa Sap.. 110

Myrsine cuneata Sap.... 110

LOCALITÉS

étrangères.

ne et

Hæring,Mon- te Promina, Monod (Suisse), Auvergne, Armissan, près de Nar-

RE RS NP PR A + EE SRE OR EE

ESPÈCES PATRIE

vivantes analogues. de ces espèces.

bonne . . .|Comptonia aspleniifolia Amérique septent.

Partie infé- férieure de la mollasse suisse . . .

.

Partie infé- rieure de -Ja mollasse suisse, Ra- doboj. . . .

Hæring, Mo- nod (Suisse)

0.2. © :

Dryandra formosa R.B. [N ouvelle-Hollande

Comptonia aspleniifolia [Amérique septent.

. [Myrica serrata Lam... {Afrique australe.

Myrica æthiopica L... [Afrique australe. Myrica æthiopica L... {Afrique australe.

. [Myrica californica Hort. | Amérique septent.

Myrica esculenta Don. [Nepaul.

Myrica laureola...... Louisiane. Myrica Burmanni Mey. {Afrique australe,

Myrsine africana L...{Iles Canaries. Myrsine retusa Vent.. {Iles Açores. Myrsine retusa Vent..{lles Açores. Myrsine bifaria Wall... Himalaya.

Ebenaceæ,.......... 411 Diospyros L. ..... dans. MEL Diospyros varianus Sap... 111|.. .|Diospyros lanceolata ROXD pres D ui Indes orientales. Ericaceæ. ...... eu 2 ANDROMEDA L......... 112 Andromeda (Leucothoë) done Sap,!....... ER 0) PMR ...|Leucothoè multiflora DO .,2.. ces Brésil. Andromeda (Leucothoë) neglecta Sap........ 0 TN ARE ..|Leucothoë buxifolia{ Bent rr. ses ss .. |Réunion. Andromeda (Leucothoë) neriiformis Sap...... MS PES. Leucothdé Sp 066 244 Brésil. Andromeda (Leucothoë) venulosa Sap........ 2 À | acer e À Leuncotho& Sp....... Brésil, série. Bor. T. HIT. (Cahier 3.) 2 10

1416 GASTON DE SAPORTA.

LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE ESPÈCES FOSSILES. | étrangéres. vivantes analogues. de ces espèces. Pages. Andromeda macilenta S. 1161........ Andromeda littoralis GE Code. Madagascar. dascraum£L..,!.7...2. 116 Vaccinium micromerum BAD Tele à TON EEEE Vaccinium uliginosum Luntelaos. . ...- 2. Europe septentr. Araliaceæ........... 116 ARALEA Le... ds denss » LI Aralia (Sciadophyllum ?) zachariensis Sap....… 11785268.4: Sciadophyllum Sp...,|Nouvelle-Grenade Aralia (Paratropia?) De- caisnei Sap;s....... eh: page Paratropia obliqua B1.|Java. Aralia (Cephalopanax ?) subspathulatalSap.... 1474...... 4. Cephalopanax pachyce- phalus PI. et Lindl. [Nouvelle-Grenade Aralia (Panax ?) inquiren- dat Sap Po pion 440hquion, Panax arboreus Forst. Nouvelle-Zélande, Rymphænaceæ.,...... 120 NymPHÆA Neck........ 120 Nymphæa polyrhiza Sap. 120 ANOECTOMERIA Sap...... 125 Anœctomeria Brongniartii Sap. bb ve ent Eee 425 Partie infé-

rieure de la mollasse suisse, Ar- missan.

Nymrazæites Sternb... . 127 Nymphæites microrhizus LU TARENSUR CS OPETS 127 Acerinæ ,..,,..... 128 Acer Mœnch..,1....... 128 Acer primævum Sap.... 428|........|Acer hybridum Bosc..|Amériqueseptent. Acer garguieri Sap.. ,- 1291-.-..... Acersaccharinum Lam. | Amérique septent. Acer massiliense Sap.... 129]....... Acer granatense Boiss. Andalousie. Acer Reginæ Ameliæ Orph. et Boiss..... Grèce. Sapindaceæ. ........ 430 SAPINDUS L.,.4..:."130 Sapindus inconspicua $.. 130 Hiicineæ. . .......... 131 DORE ET 131 Ilex celastrina Sap..... 131| Armissan, un pi llex maderiensis Lam.|lles Madère et Canaries. Ilex microdonta Sap.... 131 Celastrineæ......... 132 Csrasrrus Kth, L. 0. 132 Cclastrus splendidus Sap. 1321........ Celastrus senegalensis L'CREBL:. lEnéions Afrique tropicale.

CelastrusZellino Schpr.|Abyssinie.

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 147

: LOGALITÉS ESPÈCES PATRIE ESPÈCES FOSSILES. | | étrangères. vivantes analogues. de ces espèces.

Re Pages.

Celastrus numerandus $. 132

Anacardiaceæ. .....: 133

OT ELLES

Rhus derelicta Sap

Rhus prisca Ett

Myrtaceæ

CALLISTEMOPHYLLUM Ett..

Callistemophyllum proxi- mum Sap

Leguminosæ

Dalbergieæ

Dreranocarpus C. F. W. 1 134

Drepanocarpus punctula- fus Saba e hu 1 Drepanocarpus ferox . |Brésil.

Amériqueseptent.

DALBERGIA L Dalbergia leptolobiana S. 136 Leptolobium tomento-

sum Vog., Dalber- Indes orientales.

Sophoreæ BowpircxiA H. B.K.... Bowditchia Amphime- nium Sap Bowditchia nitida Spr. | Brésil. Amphimenii Sp Cæsalpinieæ. .. Cassia L Cassia Berenices Ung .. 140! Mollasse suisse, Sotz- ka,Reut,Bon- uerkohlen, Radobo;, Bi- ; . lin, Saizedo. |Cassia tævigata W....|Amériqueseptent. CÆSALPINITES Sap Cæsalpinites ignotus Sap. 140 Cæsalpinites micromerus

.../Copaifera Langsdorffii Desf., Copaifera gla- Brésil.

4h68 GASTON DE SAPORTA,

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 1.

Fig. 1. Muscites Tournaliï Brongt, var. tenella. À, tiges éparses à la surface d’une pierre (Allauch). On voit sur la même pierre un lambeau de feuille dicotylédone d'attribution incertaine (Diospyros?) ; A!, A!!, deux fragments de tiges, grossis.

Fig. 2. Marchantites sinuatus. À, B, C, fragments de fronde (Allauch); C?, l’un d’eux grossi.

Fig. 3. Callitris Heerii. À, ramule de la variété B, grandeur naturelle (Saint-Jean) ; A!, une partie du même, grossi; B, ramule de la variété y, grandeur naturelle (Saint-Jean) ; B/, le même, grossi; C, D, type normal, ramules, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; E, fruit, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; E/, le même, grossi.

Fig. 4. Widdringtonia antiqua. A, ramule, grandeur naturelle (Saint-Jean) ; A’, le même, grossi ; A//, autre ramule, grossi.

Fig. 5. Juniperites ambiquus. Ramule, grandeur naturelle (Saint-Jean) ; A, le même, gross.

Fig. 6. Thuiopsis massiliensis. Ramule, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; A,le même, grossi.

Fig. 7. Podocarpus Lindleyana. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 8. Pinus pseudo-Pinea. À, feuilles, grandeur vwaturelle (Saint-Jean); A4’, frag-

: ment de feuille, grossi (Saint-Jean) ; B, rameau dépouillé de feuilles, grandeur natu- relle, d’après un moulage (Saint-Jean) ; B/, une portion du même rameau, grossi pour montrer la forme et la disposition des coussinets; C, D, chatons mâles, gran- deur naturelle (Allauch); E, cône, fragment, grandeur naturelle, d’après un mou- lage (Saint-Jean) ; F, semence, grandeur naturelle (Saint-Jean).

PLANCHE ©.

Sabalites major (Flabelluria major Ung., Sabal. major Heer). Partie inférieure et médiane d’une fronde (grandeur naturelle), montrant la naissance des rayons et leur insertion sur le prolongement supérieur du pétiole dans le limbe , d’après un exem— plaire appartenant au musée de la ville de Marseille, et provenant des couches du bassin de Carénage. Nous devons la communication de ce bel échantillon à l’obli- : geance de M. Barthélemy Lapommeraie, conservateur du Musée d'histoire naturelle.

PLANCHE 3.

Fig. 4. Pinus palæostrobus Ett, A, feuilles, grandeur naturelle (Fénestrelle); B, C, autres feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean); D, rameau dépouillé de feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean); E, fruit, grandeur naturelle (bassin de Carénage), d’après un exemplaire de la collection de M, Matheron; E/, même

| | |

| | | |

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 119

organe, restauré; F, écaille isolée munie de son apophyse, grandeur naturelle, d’après un moulage (Saint-Jean).

Fig. 2. Pinus megalophylla. À, B, feuilles, grandeur naturelle ; C, graine, grandeur naturelle ; D, E, chatons mäles, grandeur naturelle (Fénestrelle).

Fig. 3. Sabalites oxyrhachis. Fragment de fronde, grandeur naturelle (Saint-Jean). Fig. 4. Smilax Garquieri. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 5. Smilux abscondita. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). À, partie inférieure, grossie.

Fig. 6. Betula oblonga. Feuille, grandeur naturelle (Aïlauch).

Fig. 7. Betula pulchella. Feuille, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, détails de la nervation, grossis.

Fig, 8. Laurus primigenia, Uug. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). À, détails de la nervation, grossis.

Fig. 9. Daphnogene transitoria. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 10. Quercus affinis. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). A, détails de la nervation, grossis.

Fig. 41. Quercus elæna Ung. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). Fig. 12. Quercus nervosa. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). Fig. 13. Daphnogene basinervia. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 14. Polygonites ulmaceus, Fruit samariforme, grandeur naturelle (Saint-Jean). B, le même, grossi.

PLANCHE 4.

Les figures de 1 à 13 sont placées dans la position occupée par les organes fossiles qu'elles reproduisent, à la surface d’une grande plaque provenant du gypse de Camoins- les-Bains, dont notre dessin retrace fidèlement l'aspect et les contours. Il nous à paru intéressant de faire voir la quantité de feuilles et d’organes de diverses sortes qui peuvent être rassemblés dans un étroit espace, et la manière dont ces fragments se trouvent associés. Ainsi, en suivant l’ordre de nos numéros, on découvre succes- sivement :

1 Fig. 4. Callitris Brongniartii Endi. A, B, D, plusieurs fragments de ramule: ces

fragments pourraient appartenir aussi bien au C. Heerii; GC, semence ailée pareille aux exemplaires du gypse d'Aix.

| Fig. 2. Thwiopsis massiliensis? Semence analogue à celle des Thuiopsis, par la forme de l’aile, émarginée au sommet, qui entoure la nucule.

Fig. 5. Pinus palæostrobus Ett, À, feuilles, exemplaire remarquable par sa belle con- servation. Les aiguilles conniventes sont plus fortes, plus roides et plus érigées que

| dans la plupart des empreintes de Saint-Jean-de-Garguier. B, semence de Pins analogue à celles de la section Sfrobus, et qu'il est naturel, par conséquent, de rappor- ter à la même espèce.

150 GASTON DE SAPORTA. Fig. 4. Semence ailée, d’affinité incertaine, un peu analogue à celles du genre Hakeu. Fig. 5. Hakea amphibola. À, fruit; la fig. 5 B montre le même organe restauré.

Fig. 6, Carex palæocarpa. Fruit; les figures 6 A et A’ montrent le même organe grossi, d’après les deux côtés de la même empreinte.

Fig. 7. Organe d'une nature indéterminée, probablement un fruit ; la fig. 7 A le montre grossi avec les stries dont il est sillonné et qui suivent de chaque côté le mouvement des contours; le sommet est surmonté d’un bec tronqué; on observe des fruits analogues parmi les Ombellifères.

Fig. 8. Leptomeria distans? Ett. Fragment de ramule aphylle ; il serait peut-être plus naturel de faire concorder ce petit fragment avec le Leptomeria gracilis du même auteur que l’on rencontre fréquemment à Manosque.

Fig. 9. Grevillea inermis. Feuille ; la fig. 9 À montre la même feuille, grossie.

Fig. 10. Lomatites abbreviatus. À, B, feuilles; les figures 10 A’ et B/ montrent les mêmes feuilles grossies.

Fig. 11. Vaccinium micromerum. Feuille ; la même se trouve grossie en A. Fig. 12. Andromeda macilenta. Feuille ; la même se trouve grossie en A.

Fig. 13. Myrsine subincisa. À, B, C, feuilles; la fig. 13 A montre l’une d'elles grossie.

Outre les espèces que nous venons d'énumérer on remarque à la surface de la même pierre : quelques fragments de feuilles monocotylédones dénotant probable- ment des Cypéracées ; ce sont peut-être les feuilles du Carex palwocarpa; plusieurs feuilles dicotylédones, d’affinité incertaine; enfin, plusieurs débris de bois ou de fragments de tige, dont il est difficile de reconnaître la nature véritable. On ne saurait en tout évaluer à moins de 20 le nombre des espèces de toute sorte comprises dans l’espace de 15 centimètres carrés environ que mesure la plaque. La plupart, sauf les Monocotylédones, se rapportent à des espèces frutescentes, surtout à des arbustes ; on y compte en résumé : 3 conifères, 4 à 2, peut-être 3 monocotylédones, 9 à 12 dicotylé- dones, dont 6 présentent des éléments de détermination; parmi celles-ci 3 sont des apétales et 3 des gamopétales; on peut y joindre probablement quelques folioles de Légumineuses.

La présence caractéristique des Callitris, Pinus, Grevillea, Lomatites et Myrsine, comme formes dominautes, semble annoncer une exposition sèche et chaude. Le limbe des feuilles est remarquablement petit, maigre, de consistance coriace. Les arbustes et les plantes sous-frutescentes dominaient évidemment dans le canton d'où proviennent tous ces débris végétaux.

Fig. 14. Diospyros varians. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). A, détails de la nervation, grossis.

Fig. 15. Andromeda venulosa. A, B, feuilles, grandeur naturelle (Saint - Jean); B/, détails de la nervation, grossis.

Fig. 16. Andromeda neriiformis. Feuille, grandeur naturelle (Fénestrelle).

Fig. 17. Andromeda neglecta. À, B, C, D, feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean).

LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. A51

PLANCHE D. É

Fig. 2. Grevillea rigida. Feuille, grandeur naturelle (Camoins), A, la même, grossie.

g. 1. Grevillea elæophylla. Feuille, grandeur naturelle (Allauch).

_

Fig. 3. Grevillea mucronata. Feuille, grandeur naturelle (Saint Jean).

Fig. 4. Hakea discerpta. Fragment de feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). À, détails de la nervation, grossis.

Fig. 5. Hakeaobscurata. Feuille, grandeur naturelle (Camoins). A, la même, grossie.

Fig. 6. Myrica salicina Ung. Feuille, grandeur naturelle (Camoins). A, détails de la nervation, grossis.

Fi

mi

g. 7. Comptonia obtusiloba Heer. Feuille, grandeur naturelle (Allauch).

Fig. 8. Comptonia dryandræfolia Brngt. Feuilles (Saint-Jean). A, empreinte d’une feuille, grandeur naturelle ; B, C, D, E, feuilles, grandeur naturelle ; B/, C/, détails de la nervation, grossis.

Fig. 9. Myrica banksiæformis. Feuille, grandeur naturelle (Allauch).

Fig. 10. Myrica zachariensis. Feuilles (Saint-Jean). A, feuille, grandeur naturelle ; A/, la même, grossie ; B, C, D, autres feuilles, grandeur naturelle.

Fig. 11. Myrsine celastroides Ett, À, B, C, D, feuilles, grandeur naturelle (Fénes- trelle) ; A/, une d'elles grossie. 11 x. Myrsine retusa Vent. Feuille, grandeur naturelle ; æ/, la même, grossie.

Fig. 12. Myrsine subincisa. Feuille, grandeur naturelle (Camoins). A, détails grossis.

PLANCHE 6,

Fig. 1. Arabia inquirenda. À, B, D, feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean) * D’, détails de la nervation, grossis; CG, fruit, grandeur naturelle (Saint-Jean) ; C!, même organe, grossi,

Fig. 2. Aralia zachariensis. À, foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; B, autre foliole, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fi

mt

g. 3. Aralia subspathulata. Foliole, grandeur natureile (Saint-Jean).

Fig. 4. Diospyros varians. À, feuille largement ovale, grandeur naturelle (Saint-Jean); B, autre feuille de la même localité, plus étroite ; B/, détails de la nervation, grossis.

Fig. 5. Acer garquieri. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). Fig. 6. Acer massiliense. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).

PLANCHE 7.

Fig. 1. Anœæctomeria Brongniartii. À, partie d'un rhizome, grandeur naturelle (Saint- Jean); B, autre fragment de rhizome, comprenant deux coussinets, grandeur natu- relle (Féuestrelle). On aperçoit en a les traces de lacunes inférieures accolées et confondues avec les deux lacunes majeures,

192 GASTON DE SAPORTA, Fig. 2. Nymphæites microrhizus. Partie d’un rhizome, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 3. Nymphœa polyrhiza. À, empreinte de coussinet située à la surface d’une pierre (Saint-Jean) ; B, empreinte de la partie inférieure d’un fruit, présentant les parois externes de cet organe, grandeur naturelle (Saint-Zacharie); on voit en a la place qu'occupait le pédoncule, et, tout autoyr, les cicatrices saillantes de l'insertion des pièces florales ; G, fragment des parois externes d’un autre fruit avec deux pétales, occupant leur place naturelle et insérés sur une base légèrement saillante, grandeur naturelle (Saint-Zacharie); D,graines, grandeur naturelle (Saint-Zacharie) ; D’, l’une d’elles grossie; on voit en » l’échancrure qui correspond à l’ouverture micropylaire. 3 a. Fruit du Nymphæa alba L., à une époque voisine de sa maturité, vu par dessous après l'enlèvement préalable du pédoncule.

PLANCHE 8.

Fig. 1. Jlex celastrina. À, B, feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 2. Celastrus splentidus. Feuille, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, détails de la nervation, grossis.

Fig. 3. Rhus derelicta. À, foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; B, fragment de foliole ? grandeur naturelle (Allauch).

Fig. 4. Drepanocarpus punctulatus. Feuille, grandeur naturelle (Allauch). L 4. Drepanocarpus ferox Mart. Foliole, grandeur naturelle, d’après un exemplaire de l’herbier du Muséum de Paris.

Fig. 5. Lequminosites. Foliole d’affinité incertaine, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 6. Bowditchia amphimenium. Foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, détails de la nervation, grossis,— 6 «. Bowditchia nitida Spruce. Foliole, d’après un exem- plaire de l’herbier du Muséum de Paris.

Fig. 7. Dalbergia leptolobiana. Foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, la même foliole, grossie.

Fig. 8. Cæsalpinites copaiferinus. Foliole, grandeur naturelle (Saint-Jean).

Fig. 9, Cæsalpinites ignotus, Foliole, grandeur naturelle (Saint-Jean).

DE L'HYBRIDITÉ

CONSIDÉRÉE COMME CAUSE DE VARIABILITÉ DANS LES VÉGÉTAUX.

Par M. Ch. NAUDIN.

( Extrait des Comptes rendus des séances de l Académie des sciences, numéro du 21 novembre 1864.)

Les altérations de la forme dans les espèces du règne végétal sont, à bon droit, considérées aujourd'hui comme un des phé- nomènes les plus dignes d'attirer l'attention des observateurs. Longtemps reléguée parmi les questions de second ordre, celle de la variabilité des espèces à pris depuis peu une importance inattendue, et, sans parler des déductions philosophiques aux- quelles elle a déjà donné lieu, on peut dire qu’elle s’'im- pose au début même de tous nos travaux descriptifs. Depuis bientôt dix ans, je lui donne toute mon attention, et, quoique tenant grand compte des faits observés dans cette voie par mes prédécesseurs, c’est cependant à mes propres expérimentations que j'ai surtout demandé de m'éclairer sur cet obscur sujet. Je n'ai pas la prétention d’avoir résolu toutes les difficultés qui s’y rattachent, mais je crois être arrivé à des résultats qui, je l’espère du moins, jetteront quelque lumière sur des points jus- qu'ici très-embrouillés de la biologie des végétaux.

Dans un mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Aca- démie il y a deux ans, j'ai établi ce fait, confirmé depuis par de nouvelles expériences, qu'à partir de la deuxième génération les hybrides végétaux, lorsqu'ils sont doués de fertilité, reviennent très-fréquemment à l’une des deux espèces dont ils sont sortis. Ce retour à des formes avouées par la nature n’est cependant pas universel : rien n’est plus commun, en effet, que de trouver, dans une collection d'hybrides de même provenance et de seconde

154 CH. NAUDIN.

génération, ou d'une génération plus avancée, à côté d'indi- vidus qui rentrent dans le cadre des espèces productrices, un reliquat d'individus, en nombre plus moins grand, qui n’y rentrent pas, ou même qui diffèrent plus de ces dernières que n'en différaient les hybrides de première génération. Quelle physionomie présentent ces hybrides réfractaires, et que devient leur descendance ? C'est ce que je me propose d'examiner dans le présent mémoire.

En 4862, j ai fait de nombreux croisements, tous heureux, entre les Datura lœvis, ferox, Stramonium et quercifolia, quatre espèces parfaitement caractérisées, entre lesquelles il n'existe pas d’intermédiaires connus, et qui, de plus, ne paraissent pas susceptibles de varier. Cependant, quoique fort distinctes, ces espèces ont assez d'affinité pour se féconder réciproquement, et donner lieu à des hybrides qui, pour être stériles dans une pre- mière phase de leur vie, n’en deviennent pas moins très-fertiles à une période plus avancée. Elles étaient done dans les condi- tions les plus favorables pour le but que je me proposais : Fob- servation de leurs hybrides pendant au moins deux générations consécutives.

Pour bien faire saisir les faits qui vont suivre, je dois dire 1e1 que les Datura du groupe sous-générique auquel appartiennent ces quatre espèces peuvent se répartir en deux séries : l'une dans laquelle les plantes ont les tiges vertes et les fleurs blanches, l’autre les tiges sont plus ou moins brunes ou pourpre noir.ét les fleurs violettes. Pour abréger, je les appellerai la série blanche et la série violette. Les Datura Stramonium, lœvis et ferox, appartiennent à la première; les Datura Tatula, querci- folia et quelques autres, à la seconde.

Ainsi que je l'ai dit toutà l'heure, j'ai fait de nombreux croise- ments entre ces espèces, qui tous ont réussi, et dans des condi- tions d'isolement telles que je ne pouvais avoir aucun doute sur les résultats obtenus. Je ne parlerai pas 1er de toutes ces expé- riences, que Je réserve pour un mémoire plus étendu ; je ne veux entretenir l'Académie que des phénomènes très-remarquables de variation qui ont été provoqués par ces croisements, et en

DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 155 tirer devant elle les conclusions qui me paraissent en dé- couler.

Les Datura lœvis et feroæ, les deux espèces qui différent le plus dans la série blanche, ayant été fécondés l’un par l'autre et dans les deux sens, j'ai pu,'en 1863, à l’aide des graines obtenues de ce double croisement, élever soixante individus de Datura lœvi-feroæ et soixante-dix de D. feroci-lævis, en tout cent trente plantes hybrides, issues des mêmes parents, ayant alternative- ment rempli les rôles de père et de mère. Toutes ces plantes ont pris le plus beau développement, et elles ont été si parfaitement semblables les unes aux autres que les deux lots auraient pu facilement se confondre en un seul. C’est une nouvelle confir- mation de ce que J'ai déjà annoncé dans le mémoire cité plus haut : qu'iln y à pas de différence sensible entre les hybrides réciproques de deux espèces, et qu'à la première génération les hybrides de même provenance se ressemblent entre eux autant que se ressemblent les individus d'espèces pures 1ssus d'un même semis. À cette première génération, je le répète, la collection entière des mdividus hybrides de même origine, quelque nom- breux qu'ils soient, est aussi homogène et aussi uniforme que le

serait un groupe d'individus d'une espèce invariable, ou d'une _ race pure et nettement caractérisée.

| Mais ces cent trente sujets hybrides présentaient un fait tout | nouveau pour moi ; s'ils étaient parfaitement semblables les uns aux autres, ils différaient étrangement des deux espèces aux- quelles ils devaient le jour. Ce n'étaient ni la taille, ni le port, ni | les fleurs, ni les fruits de ces dernières; ce n’était même rien | d’intermédiaire entre leurs formes si connues et si tranchées. | Quiconque aurait ignoré l’origine de ces hybrides n'aurait pas | hésité à en faire une espèce nouvelle, et, chose à noter, il les | aurait Classés dans la série violette, car tous avaient les fleurs de | cette couleur et les tiges brunes. Cependant, ainsi que Je l'ai dit | plus haut, les deux espèces productrices de ces hybrides appar- tiennent à la série caractérisée par des tiges vertes et des fleurs blanches.

En présence de ce résultat inattendu, on aurait pu être tenté

156 CH, NAUDIN.

de croire que deux espèces, en se mariant l’une à l’autre, peu- vent donner à leurs produits des caractères qu’elles ne possèdent pas elles-mêmes ; mais une telle conclusion était trop paradoxale pour être acceptée sans un nouvel examen. Je résolus donc de recommencer l'expérience l’année suivante, en observant de plus près non-seulement les hybrides, mais aussi les espèces dont ils provenaient. - Cette année (1864), j'ai fait de nouveaux semis des D. lœvi- ferox et feroci-lævis, et, à côté d'eux, de D. ferox et de D. lœvis de race pure. Trente-six nouveaux pieds de D. lœvi-ferox et trente-neuf de feroci-lævis reproduisirent identiquement tous les traits de leurs pareils de l’année précédente. Comme ces der- mers ils eurent les tiges brunes, les fleurs violettes et les fruits épineux. Mais, ce que je n'avais pas remarqué jusque-là, c’est que, chez le D. ferox de race pure, la tigelle, au moment de la germination, est d'un pourpre violet foncé. Cette teinte si vive s'étend de la racine aux cotylédons elle s'arrête brusquement, cédant la place à la teinte vert clair ; mais elle persiste pendant toute la vie de la plante sur le point qu'elle occupe, et elle dessine un cercle coloré. Dès ce moment, tout m'était expliqué : si les hybrides du D. ferox, alliés à une autre espèce de la série blanche, ont les tiges brunes et les fleurs violettes, c’est que le D. ferox lui-même porte le germe de cette coloration. Dans l'espèce pure, la coloration reste à l’état rudimentaire, n’occupant que le faible intervalle qui s'étend du collet aux feuilles sémi- nales ; dans l'hybride, elle prend un accroissement énorme, gagnant toutes les parties de la plante, et manifestant surtout son action sur la fleur. Voilà donc un premier mode de varia- tion amené par le croisement de deux espèces, et qui produit ses effets sur la première génération hybride. La seconde généra- tion va nous en offrir d’un autre genre et de plus remarquables encore. | Tous ces hybrides, quoique stériles dans les sept ou huit premières dichotomies, furent très-fertiles dans les suivantes. Quelques-unes de leurs graines, semées au printemps der- nier (1864), m'ont donné, pour la deuxième génération, dix-

DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 157 neuf pieds de D. feroci-lævis et vingt-six de lœvi-feroæ. Les deux lots se ressemblent encore, mais par un caractère diamétrale- ment opposé à celui qui était le trait saillant de la génération précédente. À la grande uniformité d'alors a succédé la plus étonnante diversité de figures, diversité qui est telle que, sur les quarante-cinq plantes qui composent les deux lots, on n’en trou- verait pas deux qui se ressemblassent exactement. Elles diffèrent par la taille qui varie du simple au quadruple, par le port, la forme du feuillage, la coloration des tiges et des fleurs, le degré de fertilité, le volume des fruits et leur spinescence. Sauf un seul pied du lot /ævi-ferox, qui est complétement rentré dans le D. lœvis, avec cette légère différence qu’il a encore le bas de la tige cerclé de pourpre violet, aucune de ces plantes ne s’est bien sensiblement rapprochée de cette dernière espèce, et il n'y ena qu'un très-petit nombre chez lesquelles on saisisse de vagues ressemblances avec le D. ferox ; la plupart même ressemblent plus aux D. Stramonium et D. quercifolia, avec lesquels elles n’ont aucune parenté, qu'aux espèces dont elles descendent. I y en a qui ont les fleurs blanches et les tiges vertes, tantôt unico- lores, tantôt colorées en pourpre à la base ; d’autres ont les fleurs violettes de divers tons et les tiges plus. ou moins brunes, quelquelois même d'un pourpre noir aussi foncé que dans le D. iatula, qui est le type le plus parfait de la série violette ; les fruits sont de toutes les grosseurs, depuis celle d’une aveline jusqu'à celle d’une forte noix, et ces fruits sont les uns très-épi- neux, les autres seulement couverts de tubercules ou presque dépourvus d’épines; certains individus fructifient dès la première dichotomie, certains autres seulement dans les dernières ; enfin il y en à qui ue nouent pas un seul fruit. En somme, les qua- rante-cinq plantes des deux lots constituent, pour ainsi dire, autant de variétés individuelles, comme si, le lien qui devait les rattacher aux types spécifiques s'étant rompu, leur végétation s était égarée dans toutes les directions. C’est ce que j'appelle la variation désordonnée, par opposition à une autre manière de varier bien différente dont je parlerai plus loin.

Je pourrais citer beaucoup d’autres exemples de l’excessive

158 CH. NAUDIN,

variabilité qui se manifeste à la suite des croisements. Ne pou-

_vant pas donner à cette note toute l'extension que comporterait . le sujet, je me bornerai aux suivants, qui m'ont aussi été fournis par mes expériences.

En 1863, je reçus d’un amateur d’horticulture de Paris, M. Chappellier, un pied déjà adulte de Mirabilis longifloro- jalapa de première génération, et issu, comme le nom l'indique, de la Belle-de-nuit commune, à fleurs pourpres, fécondée par le M. longiflora. À cet échantillon était jointe une graine obtenue du premier croisement des deux espèces, et qui devait me don- ner un second pied hybride, pareillement de première généra- tion. Les deux plantes cultivées à côté l’une de l’autre devinrent énormes ; intermédiaires au même degré entre les espèces pro- ductrices, qu'elles surpassaient de beaucoup par leur taille, elles se ressemblérent aussi exactement que possible, ce qui devait être, puisque toutes deux appartenaient à la première génération. Elles furent moyennement fertiles, et, sur plusieurs milliers de fleurs qu'elles ouvrirent dans un espace de près de trois mois, elles donnèrent quelques centaines de graines parfaitement con- ormées. |

La plus âgée de ces deux plantes ayant déjà fructifié l’année précédente, et quelques-unes de ses graines m’ayant été remises par le donateur, j'obtins dans la même année (1863) six autres sujets hybrides, mais ceux-ci de deuxième génération. Aucun d'eux n'atteignit à la grande taille des hybrides de première génération ; aucun d'eux surtout ne leur ressembla. De ces six plantes, 1l y en eut deux qui semblaient être la copie l’une de l’autre, tant elles différaient peu ; c'était une exception; elles fleurirent abondamment, mais, quoique très-développées et très-vigoureuses , elles demeurèrent entièrement stériles. Une _ troisième était presque rentrée dans les formes normales du M. Jalapa, dont elle avait la taille, les feuilles, les fleurs et la fertilité ; elle n'en différait que par un port un peu plus étalé et le tube plus allongé de ses corolles. Les trois dernières étaient des plantes basses, plus ou moims difformes, aussi différentes entre elles d'aspect qu'elles l’étaient des hybrides de première

DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 159 génération ; de même que les deux premières, elles furent sté- riles, ou du moins ne donnèrent que quelques fruits, dans les- quels les graines ne s'étaient qu'incomplétement formées. Trois nouvelles plantes de deuxième génération, cultivées en 1864, présentèrent les mêmes diversités de physionomie ; elles ne res- semblèrent pas plus à celles de l’année précédente qu'aux pre- miers hybrides. L'une d'elles, qui se rapprochait tres-sensible- ment du M. Jalapa, fut très-fertile ; les deux autres fleurirent très-inégalement, et ne donnèrent pas une seule graine. Ce qui ressort de plus clair de cette seconde expérience, c’est encore la variation désordonnée des produits d’une plante hybride, lors- qu'ils ne reprennent pas la livrée des espèces dont ils descendent.

On pourrait demander si cette propension des hybrides à varier se continue à la troisième génération et aux suivantes, lorsqu'ils conservent leur fertilité. Voici qui va répondre à cette question :

En 1863 et 1864, j'observais la sixième et la septième géné- ration d'un hybride que je conserve depuis plusieurs années, le Linaria purpureo-vulgaris, toutes deux représentées par quel- ques centaines d'individus. Un bon nombre de ces derniers ren- traient, les uns complétement, les autres partiellement, dans les iormes du Linaria vulgaris à fleurs jaunes, un moindre nombre dans celles du Linaria purpurea à fleurs pourpres. D’autres, très-nombreux encore, n’inclinaient pour ainsi dire mi vers l’une, ni vers l’autre de ces deux espèces, mais ne ressemblaient, pas pour cela à l'hybride de première génération. On y trouvait tous les genres de variation possibles : des tailles rabougries ou élancées, des feuillages larges ou étroits, des corolles déformées de diverses manières, décolorées ou revêtant des teintes insolites, et de toutes ces combinaisons il n’était pas résulté deux indivi- dus entièrement semblables. Il est bien visible qu'ici encore nous avons affaire à la variation désordonnée qui n'engendre que des individualités, et que l’uniformité ne s'établit entre la descendance des hybrides qu'à la condition qu'elle reprenne la livrée normale des espèces.

Des faits semblables, auxquels on n’a peut-être pas accordé toute l'attention qu'ils méritaient, se sont produits et se pro-

160 CH. NAUDIN,

duisent journellement encore dans la pratique des horticulteurs fleuristes. En voici un bien connu et bien authentique : 1l existe dans les jardins deux espèces parfaitement caractérisées de Pétunias , l’une à fleurs blanches (P. nyctaginiflora) , l'autre à fleurs pourpres (P. violacea), sans variétés connues jusqu'ici, mais se croisant avec facilité, et donnant par-là des hybrides aussi féconds qu'elles-mêmes. A la première génération, tous les hybrides se ressemblent: à la seconde, ils se diversifient de la manière la plus remarquable, les uns retournant à l'espèce blanche, les autres à l'espèce pourpre, et un large reliquat mar- quant toutes les nuances entre les deux. Que ces variétés soient fécondés artificiellement les unes par les autres, comme le font

quelques jardiniers, on en obtient une troisième génération encore plus bigarrée, et, en continuant le procédé, on arrive à des variations extrêmes, quelquefois monstrueuses, que la mode régnante fait considérer comme autant de perfectionnements. Ce qui est essentiel à noter ici, c'est que ces variétés sont pure- ment individuelles et sans fixité. Du semis de leurs graines nais- sent de nouvelles formes, qui ne se ressemblent pas plus entre elles qu’elles ne ressemblent à celles qui les ont produites.

Si nous passions en revue les autres groupes de plantes d’agré- ment se sont trouvées, au début de la culture, deux ou plu- sieurs espèces assez voisines d'organisation pour donner lieu à des hybrides fertiles, nous y découvririons les mêmes faits de variabilité mdividuelle et jamais collective que je viens de signa- ler. Les Primevères et les Rosiers, pour n’en pas citer d’autres, en sont des exemples mémorables. Mille et mille fois croisées les unes par les autres, soit avec intention par les horticulteurs, soit accidentellement par les insectes, les espèces de ces deux genres ont donné naissance à des variétés si nombreuses qu’on peut à peine les énumérer, et que les types primitifs des espèces, noyés dans cette multitude confuse et toujours changeante, n’ont pour ainsi dire plus qu'une existence de convention. Quelle que soit la variété de Rosier ou de Primevère des jardins (si bien nommée Primula variabilis) dont on sème les graines, on peut être assuré d'avance qu'elle ne se reproduira pas identiquement, et qu'on

DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 161 verra paître du semis à peu près autant de variations nouvelles que d'individus.

Ceci m'amène très-naturellement à jeter un coup d'œil sur nos arbres fruitiers, les Pommuers et les Poiriers particulièrement, dont les variétés se comptent par centaines, et je dirais même par milliers, si l'on conservait toutes celles qu'on voit naître des semis. Les arboriculteurs Imstruits sont unanimes à reconnaître que ces variétés sont individuelles et sans permanence, et que la greffe est absolument nécessaire pour les conserver et les propa- ger, ce dont M. Decaisne à donné récemment la démonstration expérimentale. Faut-il en conclure que ces variétés sont le résul- tat de croisements entre espèces et races distinctes? La preuve directe manque, mais j'oserais affirmer que c'en est bien effectivement la cause, et que sous cette multitude de formes instables se cachent plusieurs types spécifiques primitivement distincts, auxquels il n’est plus possible aujourd’hui d’assigner leurs vrais caractères. Au surplus, quelque opinion qu’on se fasse à cet égard, il faut reconnaitre que ces formes, non trans- missibles par voie de génération, manquent par cela même du caractère essentiel des espèces et des véritables races, qui est de se perpétuer fidèlement par le semis et de faire nombre. Rigou- reusement on peut dire que ces variétés ne sont encore repré- sentées, quelques-unes après des siècles de durée, que par un seul individu, toujours le même et toujours renouvelé par la greffe, c'est-à-dire par le sectionnemeni indéfini de ses rameaux.

Mais si les croisements ont produit ces phénomènes de varia- bilté irrégulière chez les plantes culuvées, ne serait-il pas pos- sible que la même cause les eût fait naître chez des plantes restées à l'état sauvage ? On est porté à le croire lorsqu'on jette les yeux sur certains groupes génériques, comme ceux des Saules, des Potentilles, des Rosiers, ete., les espèces les mieux caractérisées au premier abord se relient cependant l'une à l'autre par des formes intermédiaires si nombreuses et si bien graduées, qu'on en vient à ne plus savoir placer les limites de ces espèces ; aussi, malgré les études les plus laborieuses, ces

genres sont-ils restés un sujet de discorde pour les botanistes, Ce 5€ série. Bor, T. IE. (Cahier 3.) 11

162 CH. NAUDIN. qui rend cette supposition vraisemblable, c’est que précisément les espèces de ces divers groupes se trouvent dans les conditions physiques les plus propres à favoriser leurs croisements. Or il suffit 1c1 que deux espèces, en se croisant, donnent lieu à des hybrides fertiles ne rentrant pas tous dans les types spécifiques, pour que la variabilité désordonnée entre en jeu, et amène, au bout de quelques générations, ce chaos de formes indécises contre lequel échouent tous les efforts du botaniste descripteur. Après avoir dit comment varient les hybrides, il est temps d'examiner comment se conduisent les espèces pures de tout alliage, lorsque leurs formes se modifient. Constatons d’abord qu'au point de vue de la variabilité, elles sont très-inégalement douées. Il ÿ en a qu'on ne voit jamais varier, du moins dans le sens qu'on attache à ce mot ; il y en a d'autres qui varient, et quelquefois dans des limites extrêmement larges. Nous ignorons quelles causes déterminent ces variations ; 1l est permis de croire cependant que le dépaysement et la culture n'y sont pas étran- gers, car On voit naître à leur suite beaucoup de variétés remar- quables. Mais les espèces, lorsqu'elles varient en vertu de leurs aptitudes innées, le font d’une manière bien différente de celle que nous avons constatée dans les hybrides. Tandis que chez ces derniers la forme se dissout, d'une génération à l’autre, en variations individuelles et sans fixité, dans l'espèce pure, au con- traire, la variation tend à se perpétuer et à faire nombre. Lors- qu'elle Se produit, il arrive de deux choses l’une : ou elle dispa- raît avec l'individu sur lequel elle s’est montrée, ou elle se transmet sans altération à la génération suivante, et dès lors, si les circonstances lui sont favorables, et qu'aucun croisement avec le type de l'espèce ou avec une autre variété ne vienne la troubler dans son évolution, elle passe à l’état de race caracté- risée, et imprime son cachet à un nombre ilimité d'individus. C’est ainsi que je m'explique la formation de ces races de végé- taux économiques si tranchées, si homogènes et si stables, que culture a vues naître, et qu'elle conserve avec tant de som. À ne considérer que la régularité de leur marche, on les pren- drait pour de véritables espèces ; mais leur fragilité, lorsqu'elles

/

DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 163 sont livrées au hasard des croisements, témoigne de leur véri- table nature. Ce ne sont point des espèces dans le sens botanique du mot, ce sont des catégories dans une espèce plus vaste, ou, si l’on veut, des confréries d'individus semblables d'organisation, et portant une livrée uniforme. Cette homogénéité et cette fixité de caractères sont le-signe distinctif des vraies races, comme la diversité et le défaut de permanence sont celui des aggloméra- tious nées du métissage ou de l'hybridité. Les unes, entachées d'illégitimité, sont le fruit de la variation désordonnée, les autres celui de la variation réglée et normale de l'espèce ; je dirais même plus volontiers qu'elles sont l'espèce elle-même s’adaptant à de nouveaux milieux et à des finalités nouvelles.

J'ignore si des faits analogues à ceux que je viens de rapporter ont été observés dans le règne animal, mais je ne serais pas sur- pris que l’on vint un jour à reconnaitre que aussi les croise- ments entre races caractérisées sont une cause de variabilité tout individuelle, et qu'ils sont impuissants à créer de nouvelles races, c'est-à-dire des aggrégations uniformes et capables de durer im- définiment. I ne serait certainement pas sans intérêt d'examiner si, en S'alliant les unes aux autres, les races bien distinctes se fondent en une nouvelle race mixte, mais homogène, ou si, comme chez les plantes, le croisement a pour effet de diversifier à l'infini les physionomies et les tempéraments. Mais c’est un sujet qui n est plus de ma compétence, et que j'ai hâte de laisser aux zootechnistes de profession.

DISCOURS PRONONCÉ A L'OUVERTURE DE LA 48° SESSION

SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES

Par M. ©. HEER, Président (1).

Messieurs, il est entré dans les habitudes de notre Société que celui de ses membres auquel est dévolue l'honorable mission d'ouvrir une des sessions annuelles, cherche à exposer à ses con- frères, devenus des hôtes précieux, ce que l’histoire naturelle de la localité présente de plus intéressant. Sous ce rapport, avouons-le, le canton de Zurich n'offre rien de particulier. fl manque de hautes montagnes, et, au point de vue de leur struc- ture géologique comme à celui de leur forme, ses collines et ses vallées présentent une analogie si grande avec le reste du plateau suisse qu'elles ne peuvent prétendre à captiver votre intérêt au même degré que ces puissants voisins qui bornent notre horizon vers le midi. Cependant, je tenterai de vous faire connaître notre flore zurichoise et d'attirer votre attention sur quelques particularités intéressantes de son histoire. Elle est constituée par trois éléments bien distincts :

La flore de la plaine ;

La flore de la région montagneuse et des Alpes :

3" Les plantes d’origine étrangère introduites par le fait de l’homme.

La flore de la plaine est composée d’espèces répandues en Suisse dans toute l’étendue du domaine molassique. C’est une partie de cette vaste flore qui caractérise les zones tempérées de

(4) Tiré de la Bibliothèque universelle et Revue suisse (Arch. des sciences phys. et nat., t. XXI, livraison de décembre 1864).

SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 165 l'Europe et de l'Asie. Bien que chaque pays possède en propre quelques espèces, le plus grand nombre d’entre elles sont dissé- minées de l'Oural jusqu'en Angleterre et en Irlande. La trame et la chaîne de ce tapis végétal de l’Europe centrale sont partout les mêmes ; çà et seulement quelques fleurs particulières sont en quelque sorte brodées sur le fond du tissu. Dans le canton de Zurich, la flore de la plaine est constituée par 829 espèces pha- nérogames, que l’on retrouve presque en totalité dans le reste dela Suisse.

À la frontière septentrionale de notre canton nous voyons apparaître un certain nombre de formes germaniques, qui n’ont pas pénétré plus profondément sur notre territoire. Elles se sont établies dans le bas pays et dans les vallées de la Glatt, de la Tôss et de la Thur,; nous en retrouvons également sur les collines sèches de l’Irchel et de Läyern, mais elles ne s’avancent pas au delà vers le midi. |

La flore des Alpes est fort différente de celle de la plane. Elle nous présente une série de formes spéciales, constituées non- seulement par des espèces, mais même par des genres particu- hiers. Sans doute, nulle part dans notre canton cette flore n'appa- raîit dans toute sa plénitude, et ce n’est que dans les hautes régions de la Suisse qu'elle étale toutes ses richesses. De nom- breuses plantes de la plaine ont aussi pénétré dans la montagne, et plusieurs d’entre elles se sont élevées à des hauteurs considé- rables ou elles s'associent aux hôtes charmants de ces hauteurs éthérées. D'autre part, beaucoup de plantes des Alpes ont suivi dans les vallées le cours des glaciers et des torrents et ne forment dans les bas pays que de petites colonies, dont l'existence devient permanente, grâce à l'apport Incessant de nouvelles semences qui remplacent les mdividus à mesure qu'ils disparaissent. C’est ainsi que, dans notre voisinage, au bord de la Sihl, nous rencon- irons quelques fleurs de la montagne, qui y sont fixées ou n’Ÿ apparaissent que sporadiquement lorsqu'ellés ne peuvent s’y maintenir. La Thur et la Tôss présentent des faits du même ordre ; quant à la Limmath, elle n’amène pas à sa suite des plantes des Alpes, parce que leurs semences ne peuvent franchir

166 ©. HEER.

les lacs de Wallenstadt et de Zurich. Au débouché de la Linth dans le premier de ces lacs, à Gäsi, les bords de la rivière sont couverts de ces colons alpins, dont les semences ont été, sans doute, entrainées des hauteurs avec les limons et Les sables qui: se déposent en si grande quantité sur ce point. Les bancs de sable et de gravier de l’ancien lit de la Linth présentent encore et de ces formes alpines qui ont déjà pu s'y maintenir, bien que depuis cmquante ans elles aient cessé de recevoir des renforts.

Chose étrange, ces colonies de plantes de la montagne et même des Alpes existent également sur certaines collines de la plaine, loin des rivières comme des Alpes elles-mêmes ; elles y apparais- sent au milieu des habitants de la plaine comme des enfants _égarés des hautes régions. Abstraction faite des espèces entraf- nées fortuitement par les eaux, le canton de Zurich compte 123 de ces plantes de la montagne, parmi lesquelles 55 sont ori- ginaires des Alpes seulement et ne peuvent être classées que parmi les types alpins, et cependant la sommité la plus élevée du canton de Zurich atteint à peine 4000 (3887) pieds au-dessus de la mer. À vrai dire, cette chaîne de Hôrnli s’avance assez loin dans la direction des Alpes, mais elle n'en reste pas moins séparée d'elles par la large vallée du Toggenbourg. La chaîne de l’Albis et celle du haut Rhonen sont tout aussi séparées des Alpes, et l’Utliberg, l'Irchel et les Lävern en sont fort éloignés.

C'est dans la partie supérieure de la vallée de la Tôss, dans le voisinage du Hôrnli et du Schnebelhorn qu'existe la plus peuplée de ces colonies de plantes alpines, car sur 74 plantes de monta- gne AO y sont alpines. C’est que fleurissent dans des ravins ombreux et humides le Rhododendron hérissé, la Violette jaune des Alpes, le Mulgédium bleu des Alpes et la charmante Tozzie. Sur les rochers du Härnli, près d’Allenweil, croissent l'Auricule et la Saxifrage. Dans les pâturages de ces montagnes apparais- sent la Gentiane à grandes fleurs, la Renoncule des montagnes, l’Orchis noir à odeur de vanille, la Crépide dorée et la Potentille dorée. La Bartsie, la jolie Soldanelle des Alpes, le Myosotis alpes- tre aux fleurs d’un bleu foncé, et la blanche Dryade, s’y rencon-

SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 167

trent également. Il y a plus : au Schnebelhorn nous sommes stu- péfaits de trouver le Saule émoussé (Salix retusa) et la Véronique des rochers, que nous ne sommes habitués à rencontrer que dans les hautes Alpes.

Chacune des nombreuses collines arrondies, qui font le charme des parties méridionales et orientales de notre canton, hébergent un certain nombre de ces colons, et entre autres le Bachtel, si renommé pour sa magnifique vue.

Le haut Rhonen est dans le mème cas, et compte parmi 36 plantes de montagne 18 formes alpines. L'Albis lui-même, dont la hauteur ne dépasse pas 2800 pieds, nous en présente encore quelques-unes. C'est ainsi qu'on trouve, au signal de l’Albis, l’Aune vert qui joue un si grand rôle dans les hautes régions et constitue le combustible par excellence dans la vallée d'Urseren.

Il n’est pas jusqu'à notre petit Utlhiberg qui ne compte 6 for- mes alpines sur 33 plantes des montagnes : le Lin bleu des Alpes, l'Épilobe rouge de Fleischer et la Saxifrage faux Aizoon s’y trou- vent dans les mêmes rapports de famille qu'au bord des torrents et au flanc des glaciers; les blocs de rochers, résidus d’une ancienne moraine, qui existent au sommet de cette colline, sont tapissés de Campanules fluettes, et entourés de Rosiers des Alpes, de Digitales à grandes fleurs, de Sauges glutineuses, d'Épiaires des Alpes et d'Aconit tue-loup, comme les rochers de nos mon- tagnes.

Il est encore plus surprenant que les Lävern et l'Irchel, qui sont beaucoup plus éloignés des Alpes, en possèdent encore quel- ques émigrés. Sur les Läyern, parmi 20 plantes de montagne, nous signalerons l’Arabis et le Groseillier des Alpes, la Drabe faux Aizoon et la Saxifrage Aizoon, et sur l'frchel, parmi 14 plan- tes de montagne, l’Aune vert. Ainsi dans notre canton, sur la flore de la plaine, qui constitue pour la plus grande part le tapis végétal, vient se superposer un élément alpin, qui envahit les sommités des collines et les ravins humides et ombragés, tout en n'apparaissant en masse, que dans quelques rares localités. Dans le canton de Glaris, cet élément est représenté par 83 espè-

168 0. HEER.

ces dans la région alpine, et par 45 dans la région inférieure des neiges éternelles (7009 à 8500 pieds).

Chose singulière, les marais tourbeux de la plaine comptent quelques plantes des Alpes, et leur ont offert une station dans laquelle elles ont pu se maintenir. Nous y rencontrons entre autres l’Aiïl civette, l’Aïrelle des tourbières (7/accinium uligino- sum) et la Linaigrette des Alpes (Æriophorum alpinum). La Scheuchzérie et le Carex à longues racines (C. cordorrhiza), sans être précisément des plantes alpines, sont encore des types septentrionaux.

Le troisième élément de la flore zurichoise est constitué par les plantes introduites du fait de l'homme ou accidentellement. La surface cultivée dans le canton constitue 67 pour 400 envi- ron de l'aire totale, et un tiers de cette surface est occupé par des végétaux d'origine étrangère, la plupart de pays plus chauds. L'aspect du pays et celui de la végétation ont été, on le conçoit, profondément modifiés par cette introduction d'éléments étran- gers. Plus nombreuse encore est l’odieuse tribu des mauvaises herbes qui ont été introduites avec les plantes cultivées, et qui, malgré la guerre séculaire que l’homme leur fait sans pouvoir s’en débarrasser, envahissent les champs, les jardins, voire même les rues des villes et des villages. Ce sont en grande partie des espèces répandues dans toute l'Europe, et beaucoup d’entre elles ont accompagné l’homme sur toute la terre. Aujourd’hui le canton de Zurich compte 255 de ces cosmopolites. ,

Les plantes cultivées et les mauvaises herbes forment dans notre flore l'élément variable par excellence. Sans doute, les végétaux alimentaires ne sont pas soumis à de grands change- ments et, à l'exception de la Pomme de terre, il n’a pas été in- troduit dans notre canton, depuis des siècles, une seule nouvelle plante à fécule de quelque importance. Il en est autrement des légumes et surtout des plantes d'ornement. Chaque année nous vaut de nouvelles espèces, et toutes les parties du monde sont aujourd'hui exploitées pour orner nos jardins de nouvelles fleurs. Mais, en même temps, les plantes parasites se multiplient. H v a cinquante ans que l'orobanche du Trèfle, qui fait aujourd’hui de

SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 169 si grands ravages dans nos champs de Trèfle, était mconnue chez nous, et, sans aucun doute, il nous est arrivé du midi de la France avec des graines de cette légumineuse. D’autres plantes s’introduisent probablement dans notre pays par l'intermédiaire des sacs d'emballage auxquels leurs semences peuvent rester adhérentes. C’est dans le voismage de notre gare que surgissent ces plantes étrangères, et c’est de que se propagent certaines d’entre elles qui finissent par s’acclimater chez nous. Elles de- viennent, en quelque sorte, dans la flore, les poteaux indicateurs des routes commerciales, et la plupart d’entre elles nous sont probablement arrivées du midi de l’Europe (1).

Les plantes de culture et les végétaux parasites forment ans l’élément le plus mobile de notre flore; mais ce n’est pas à dire que les'deux autres déjà désignés ne subissent aussi des change- ments continus ; seulement, ces modifications surviennent beau- coup plus lentement, de sorte qu'elles sont à peme appréciables et passent facilement inaperçues pendant le court espace d’une vie d'homme. Ceci s'applique entre autres aux rives du lac de Zurich. Plus les villages s'étendent le long de ses bords, plus ceux-c1 reculent dans le lac, dont les endroits peu profonds dis- . paraissent peu à peu. La terre ferme s'approche de plus en plus du bord abrupt, la profondeur de l’eau augmente rapide- ment. Les places peu profondes des rives et les marécages qui s'y rattachent constituent l'habitat d’un grand nombre de plantes qui disparaissent avec le dessèchement du sol. C’est ainsi que ces dernières années, la destruction d’un fossé a fait disparaître de notre flore une plante rare, la Limoselle aquatique. Les travaux de comblement au Horn nous ont également valu la perte de plusieurs autres plantes rares (Lysimachia punctata, Heleocharis acicularis, Zannichellia, et Nitella syncarpa).

Naturellement les animaux qui vivent sur ces rivages peu pro-

(1) Les Trifolium resupinatum L., et T. hybridum viennent d’apparaître, cette année, en abondance sur la route du chemin de fer et à la Lôvengasse, Récemment le Momor- dhca Elalerium et VOxalis stricta se sont acclimatés ici. L'Amarantus retroflexus, ovi- ginaire d'Amérique, se répand, depuis quelques années, et constitue une mauvaise herbe des plus désagréables, toile

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fonds et dans ces fossés subissent le même sort. Nous l'avons déjà fait remarquer : la vie organique est intimement liée au peu de profondeur des rives et elle disparaît quand l'épaisseur de la couche d’eau augmente. À mesure que ces localités sont peu à peu comblées, la flore et la faune de notre lac s’appauvrissent, La nourriture est ainsi soustraite aux poissons, et de leur diminution dans nos eaux, depuis longtemps constatée, mais souvent attribuée faussement à d’autres causes. Si l’on détruit les endroits les poissons s’alimentent et déposent leurs œufs, il est difficile que les procédés du réempoissonnement artificiel puissent produire d’heureux résultats. C’est ainsi que les progrès de la civilisation interviennent comme éléments perturbateurs dans la faune d’un pays et la modifient, non-seulement par la destruction des grandes espèces dangereuses, mais aussi en pri- vant de nourriture celles qui nous sont utiles. Cette influence s’est également fait sentir sur de petites espèces sur lesquelles il sem- ble que l'homme peut à peine exercer son action. Ainsi, depuis que le bétail a cessé de pâturer en liberté et a été relégué dans des écuries, la faune des insectes coprophages a en grande partie disparu, et c'est en vain que nous cherchons à retrouver tout un groupe d'insectes qui n'étaient pas rares ici à l'époque de Füssli.

Mais revenons-en au règne végétal de notre canton.

Nous avons constaté que, par le fait de l’homme, le nombre des plantes cultivées et des plantes accidentelles tend à augmenter, tandis que celui des végétaux indigènes est en voie de dimmu- tion, Les vieux bourgeois sont peu à peu repoussés par les étran- gers arrivés de tous les points du globe, Mais n’existerait-il pont d’autres causes de changements, indépendantes des influences humaines et intimement liées au développement même de la nature tout entière, qui puissent modifier la flore? Certaines espèces vieillies n’auraient-elles pas disparu et été remplacées par d’autres pendant le cours des âges?

Les documeits historiques nous faisant défaut à cet égard, ce sont les débris végétaux enfouis dans le sol que nous devons consulter, et qui seuls peuvent projeter quelque lumière au milieu des ténèbres de l’histoire du règne végétal. |

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Les singulières constructions sur pilos, enfoncées dans la profondeur de nos marais tourbeux, ont assuré la conservation de nombreux débris végétaux, qui nous fournissent des notions sur la flore lacustre. A Rôbenhausen, près du lac de Pfüffikon, nous trouvons représentés les trois éléments déjà signalés de notre flore. Celle de la plaine nous apparaît avec les mêmes espèces qu'aujourd'hui. Le Hêtre, le Tilleul et le Chêne consti- tuaient déjà les bois à vraies feuilles, les Sapins, les Pins et les Ifs formaient les forêts de conifères. Les Framboises et les Fraises croissaient dans les forêts et servaient à la nourriture, comme aussi les baies de Genièvre, ainsi que cela résulte de la masse de semences qu'on rencontre par places sur l’ancien sol des habita- tions lacustres aujourd’hui recouvert de tourbe.

La Noisette apparaît déjà sous les deux formes que nous lui connaissons aujourd'hui, et 1l serait facile de citer encore un grand nombre de plantes de la plaine, représentées surtout par leurs semences et leurs fruits, quelquefois aussi par des fragments de bois et des feuilles qui sont identiques aux types actuels, ce qui légitime l’assertion qu'à cette époque la flore de la plame était caractérisée par les mêmes espèces que maintenant, Toute- fois une espèce de cette époque ne se retrouve plus dans la contrée, c'est la Châtaigne d’eau (Z'rapa natans L.) qui, com- mune en Suisse à l’époque lacustre, n’y existe plus aujourd'hui que dans un petit lac du canton de Lucerne.

La flore de la montagne est représentée à Robenhausen par le Pin de montagne et le petit Nénuphar jaune (Vuphar pumilum). Cette espèce ne vit plus en Suisse que dans les lacs de Hutten et de Greppel, dans le canton d’Appenzell, tandis que le Pin est encore répandu sur toutes nos montagnes. L'Erable Sycomore également, qui fait l’ornement des vallées de nos Alpes, existait probablement à cette époque dans la plaine. A vrai dire, nous ne l'avons pas encore obtenu des stations lacustres, mais ses feuilles sont communes dans tous les tufs d’origine ancienne, chez nous comme dans d’autres parties de la Suisse, d’où résulte le fait qu'anciennement cet arbre jouait un tout autre rôle qu’au- jourd'hui. |

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Les nombreux fruits carbonisés, recueillis surtout à Roben- hausen, prouvent que l’homme cultivait déjà un assez grand nombre de végétaux. Les lacustres de l’âge de pierre possédaient déjà, à l'exception de l’Avomme et du Seigle, toutes les céréales importantes, le Froment en deux variétés, le Froment dicoque et le Froment locular, l'Orge et la Lentille.

Ce qu'il y a d’'intéressant, c'est que l'Orge à six rangs et le Froment étaient les céréales les plus répandues, et que dans les anciens tombeaux de l'Égypte on ne trouve que cette variété d'Orge. Comme on rencontre aussi de plus gros fruits parmi les petites pommes sauvages carbonisées, il est permis d’en conclure que les lacustres n’en étaient pas réduits aux Pommes sauvages, et possédaient déjà des arbres fruitiers. Une variété de Ein, dont les petites capsules rappellent encore davantage celles du Lin vivace que celle du Lin cultivé de nos jours, a fourni la matière des différents tissus et filets qui ont été retrouvés à Roben- hausen.

Les fruits d’un Silène des champs et du Pavot des champs qui les décoraient déjà, témoignent la présence des mauvaises her- bes. Il est à remarquer que ce fruit de Pavot est également car- bonisé. Il se trouvait probablement parmi les grains de Blé lors- qu'éclata l’incendie qui détruisit la station. Ces lacustres avaient peut-être un bouquet de têtes de Pavot et d’épis suspendu dans leur demeure. On sait que les Germains avaient l’habitude de consacrer à Odin une gerbe d’épis ornée de Pavots et de fleurs des champs ; c'était l'Odinsalva ou l'Osvald, et pareille coutume s’est conservée jusqu à présent à Bàle-campagne.

De tout cela résulte que l'introduction du troisième élément de la flore remonte à une haute antiquité, à une époque bien plus reculée que celle à laquelle apparurent pour la première fois les Helvètes sur la scène du monde. La culture de notre sol remonte donc à la plus haute antiquité.

Sans doute, ce ne fut au début qu'aux bords des lacs et sur de petites surfaces qu'eurent lieu les premiers défrichements et que s établirent les premières cultures, alors que tout le reste du pays était encore couvert d’obscures forêts vierges, habitéés par

SOCIËTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 173 le Bœuf sauvage, l’'Aurochs, l'Élan et le Cerf ; néanmoins la flore locale était déjà constituée par les espèces actuelles. La différence dans l'aspect du pays, due à la nature de la flore, consistait essentiellement en ce que les plantes cultivées et parasites n°y jouaient qu'un rôle secondaire, pendant que la végétation fores- üère envahissait davantage la plaine, et présentait un plus grand nombre de formes des montagnes, comme le prouve la présence du Pin de montagne et de l'Érable Sycomore. «Toutes les espè- ces que cette période a fournies à notre étude portent leur cachet actuel, et rien ne peut faire supposer qu'il soit survenu dès lors des modifications dans leurs caractères. »

Les restes des constructions sur pilotis sont enfoncés à Roben- hausen sous une couche de tourbe de plusieurs pieds d'épaisseur, au-dessous de laquelle on rencontre à Wetzicon, des couches de sable et de gravier superposées à celles de lignites, qui sont plus développées et connues dans les localités de Durnten et d'Utznach. Ces couches de lignites nous présentent la même flore, et cepen- dant le temps qui s'est écoulé depuis ces dépôts de végétaux car- bonisés jusqu à la période lacustre peut bien être dix fois aussi considérable que celui qui nous sépare de cette dernière. Natu- rellement les plantes de culture y font défaut, car ni chez nous mi ailleurs cette période ne présente de vestiges mdiquant l’exis- tence de l’homme. Les débris d'industrie humaine trouvés en France et en Angleterre dans des couches de graviers ou des cavernes à ossements, et qui font aujourd’hui l'objet de tant de discussions, datent d’une époque plus récente. D'autre part, les deux autres facteurs de la flore actuelle se retrouvent dans les lignites comme dans la tourbe lacustre. La plupart des espèces appartiennent à la plaine, mais le Mélèze, le Pin de montagne et l'Érable témoignent que la flore des montagnes était déjà repré- sentée à cette époque.

Nous pouvons done admettre que la flore actuelle dans ses deux éléments principaux, les types de la plaine et ceux de la montagne, remonte à l'époque des lignites et y a ses origines. L'importance de ce fait et sa signification, au point de vue de l’histoire de la flore, deviennent saisissables dès que l'on consi-

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dère géologiquement la position de ces lignites. Ils sont inter- calés entre deux formations glaciaires, l’une inférieure et plus ancienne, l’autre supérieure plus récente. Il demeure hors de doute aujourd’hui, que les formations erratiques qui couvrent la plus grande partie du plateau suisse, sont le produit de l’action et de la présence sur ces points d'énormes glaciers qui ont recou- vert tout le plateau, et les mots allégués à l'appui de cette opi- nion sont d’une force telle, que peu à peu toutes les oppositions qu'avait fait naître cette manière de voir, au premier aspect si bizarre, se sont évanoules.

Les galets alpins polis et striés qui, à Wetzikon, se trouvent sous les lignites, attestent qu'avant le dépôt de ces débris végé- taux carbonisés, les glaciers étaient déjà descendus des hautes régions et avaient recouvert nos contrées. Plus tard, par suite de modifications survenues dans les conditions climatériques, ces glaciers sont entrés dans une période de retrait. Les surfaces débarrassées de leur enduit glacé se sont peu à peu recouvertesde végétation et nous savons, pour en avoir retrouvé les débris dans les lignites, que ce furent des Sapims, Pins, Mélèzes, Ifs, Bou- leaux et Chênes, des Érables et des Noisetiers qui recouvrirent les premiers de leur verdoyant ombrage les solitudes délaissées par la glace. Partout les eaux se trouvérentarrêtées, de petits animaux aquatiques commencèrent à pulluler, et leurs cara- paces calcaires, lentement déposées au fond de ces bassins, en cimentèrent le fond et y provoquèérent la formation de ces dépôts tourbeux qui ont fourni la substance des lignites. Les plantes que renferment ces charbons et les couches limoneuses qui les enve- loppent nous disent que le climat était alors analogue au nôtre, peut-être un peu plus froid qu'aujourd'hui. La puissance de ces dépôts atteste que cet état de choses a durer quelques milliers d'années. Pendant une période aussi longue, les plantes et les am- maux ont évidemment eu le temps de se répandre et de se pro- pager sur toute l'étendue de notre pays.

I survint ensuite un nouveau changement dans le climat. Les glaciers redescendirent pour la seconde fois des montagnes dans la plaine. Celui qui occupait la vallée de la Linth se réunit de

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rechef à celui du Rhin, près de Wesen, et envahit nos contrées ; il entraîna des Alpes les débris erratiques qu'il déposa sur les dépôts de lignites. Notre pays a donc vu se succéder deux épo- ques glacières séparées par celle de la formation des lignites, ce qui ne peut nous surprendre, attendu qu’en Écosse et en Scandi- navie on a également été conduit à admettre pareille opinion. Il faut donc que l’époque diluvienne ait été très-longue et qu'à deux reprises, dans l'hémisphère septentrional, le climat ait subi une diminution de température suffisante pour que les glaciers du nord aient envahi l'Écosse et l’Angleterre et atteint le nord de l'Allemagne, ils ont entrainé une quantité prodigieuse de roches scandinaves. En même temps la ceinture de glace qui sui- vait, en les recouvrant, les Alpes, le grand trait de relief de l'Eu- rope centrale, s'élargissait assez pour envelopper notre pays et en dépasser les frontières.

Si pareils changements de climat sont survenus, ils ont nécessairement modifier profondément la faune et la flore locales.

Les lignites renferment quelques plantes dela montagne, mais la majorité appartient à la plaine. On peut croire qu'il en était autrement lorsque les glaciers occupaient tout le pays, et nous pouvons supposer que les îles qui faisaient saillie au milieu de cette mer de glace, et les moraines qui la sillonnaient sur plu- sieurs lieues de leurs amoncellements de blocs, étaient ornées des mêmes plantes alpines que l’on rencontre aujourd’hui dans la région des neiges ; nous admettons également que les torrents qui entrainaient les eaux de ces glaciers, pouvaient transporter au loin les semences des plantes alpines, de manière à permettre l'extension dans la plaine de la flore des glaciers. Cette hypothèse est autoriséé par la découverte de squelettes de marmottes à Montbenon, près de Lausanne, et à Berne, par la présence d'os de chamois et de bouquetins déjà signalés dans la plaine, ainsi que du renne du Nord et de l'élan qui vivaient alors chez nous. Je ne dois cependant pas passer sous silence qu’on n’a pas encore retrouvé de restes végétaux dans nos moraines. En revanche, un autre document important affirme l'existence de la flore des Alpes dans la plaine, et ce document, « ce sont précisément

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ces colonies déjà signalées de plantes alpines dans notre can- ton. » |

Nous avons déjà mentionné le fait que ces plantes ne se trou- vant pas dans les thalvegs des rivières venues des Alpes, ce ne sont pas elles qui ont pu nous les amener; il est tout aussi impos- sible que leurs semences aient été transportées par la voie de l'atmosphère, et cela ressort des faits suivants : deux üers des colons alpins de notre flore ne possèdent pas de fruits ou de grai- nes munis d'aigrettes, d'ailes ou d’autres appareils qui puissent en rendre possible le transport aérien ; en second lieu, la distri- bution de ces plantes alpines est en rapport avec la répartition des terrains erratiques alpins à l’Uthiberg. Le Lin des Alpes et l'Épilobe de Fleischer se rencontrent côte à côte comme sur les moraines et sur les anciens fonds de glaciers de nos Alpes. Il en est de même à l'Alhis, au Bachtel, et aux Læyern les débris erratiques originaires des Alpes atteignent précisément les niveaux se rencontrent les plantes alpmes. Sous ce rapport, la manière dont se comportent nos deux rosages des Alpes est très-riche en enseignements. L'espèce à feuilles ciliées (Rhodo- dendron hirsutum) est surtout liée aux montagnes calcaires et descend à des niveaux légèrement inférieurs à ceux du Rhodo- dendrum ferrugineum. On devrait done rencontrer dans le Jura (1) la première plutôt que la seconde ; mais, chose étrange, c’est cette dernière seule qui l’habite «et c'est en même temps celle qui se retrouve à l'exclusion de l’autre sur tous les massifs qui s'étendent du Simplon au Saint-Bernard, massifs qui ont fourni tout l’erratique du Jura. »

Il faut donc en conclure que ce rosage des Alpes a été entraîné de sa patrie alpine sur le Jura, avec les masses incommensu- rables de débris erratiques qui, de ces régions, sont arrivées sur les flancs du Jura, portés par le glacier du Rhône. Chez nous, le Rhododendron ferrugineux du Haut-Rhonen et des vallées de

(1) C’est par erreur que le Rhododendron hirsutum a été signalé comme habitant le Jura. Les branches fleuries que M. Lamon en avait aperçues au Chasseral, dans une métairie, provenaient probablement de plantes apportées des Alpes. (Voy, Godet, Flore du Jura, p. 447.)

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la Tüss y est sans doute parvenu des Alpes glaronnaises septen- trionales.

En troisième lieu, constatons que le règne animal nous pré- sente des faits du même ordre, et que parmi les insectes nous rencontrons dans le haut de la vallée de la Tôss, sur l’Utliberg et les Læyern, un certain nombre de types des montagnes. Il y a plus, au Tôsstock existe une espèce (Vebria Gyllenhalii) dont le lieu de provenance le plus voisin est dans les Alpes d'Uri et des Grisons.

Tels sont, messieurs, les motifs qui, pour moi, rendent très- probable que nos colonies de plantes alpines doivent leur origine à l'époque glaciaire.

Ce fut le temps la vie alpine envahissait la plaine, et tapis- sait les morames et les pentes surplombant les glaciers de ces charmantes fleurs que nous aimons à cueillir au milieu des soli- tudes des mers de glace actuelles. Plus tard, lorsque, après le retrait des glaciers, les lignites commencèrent à se former, la flore de la plaine refoula vers les montagnes celle des glaciers, qui redescendit à son tour dans le bas pays en même temps que les glaces en reprenaient momentanément possession pour se retirer encore une fois. La flore des Alpes constitue donc la portion la plus antique de notre flore actuelle, qui, à deux époques diffé- rentes se répandit probablement sur tous les points de la plaine débarrassés de leurs neiges. Les changements survenus dans le climat firent peu à peu battre en retraite cette flore des Alpes, dont nous ne retrouvons quelques résidus que dans les sorges des montagnes, sur leurs sommités, et dans les contrées froides et marécageuses.

Les plantes qui vivent aujourd’hui dans le canton de Zurich, à l’état sauvage, sont la continuation de celles de la flore de l’épo- que diluvienne, mais leurs deux groupes, plantes de plaine et plantes de montagne, ont eu un sort différent et ont lutté pendant des siècles pour l'occupation exclusive du sol. Mais, me deman- dera-t-on peut-être, ne serait-il pas possible de faire remonter plus haut l’origine de notre flore? a primitivement pris nais- sance la flore alpine et d’où sont parties les plantes de la plaine ?

Ces problèmes sont encore enveloppés dans une profonde 9€ série, Bor. T, III. (Cahier 3.) 4 12

178 0. HEER.,

obeurité, et si j'ose les aborder ce n’est que pour montrer l’im- mensité du champ qui s'ouvre à cet égard à l'exploration.

Toutes les chaînes alpines de l’Europe centrale ont leur origine à l’époque pliocène qui a immédiatement précédé l’époque dilu- vienne. À l'époque miocène, alors que se déposait notre mol- lasse, il n'existait dans toute l'Europe centrale aucune région à laquelle nous puissions attribuer un climat ayant quelque analo- gie avéc celui de nos Alpes et qui eût pu présenter des conditions d'existence à une flore alpine. Le climat était en moyenne de 8 à 9 degrés plus chaud qu'aujourd'hui, et, en outre, le merveil- leux édifice des Alpes n'existait pas encore. D'où put donc procé- der la flore qui couvrit les montagnes alpines nouvellement émergées ?

La flore qui, à l'époque de la mollasse, recouvrait nos contrées, est totalement différente de la flore alpine, avec laquelle elle ne présente que peu de points de contact; 1l semble donc impos- sible de faire dériver cette dernière de sa devancière. En cher- chant en Europe un pays les montagnes soient de très- ancienne origine, nos regards se portent du premier abord sur la Scandinavie. Nous savons par la flore du Surturbrand islan- dais, qu'à l'époque de la mollasse la végétation de ces contrées septentrionales ressemblait fort à celle de notre zone tempérée. On pourrait donc présumer qu'il pouvait exister sur les som- miiés voisines de la Scandinavie une flore alpine. Malheureu- sement il ne nous est rien resté de cette flore ; et cependant, il est: très-remarquable que dans l’ambre, qui provient probablement en partie de ces régions, on ait constaté l'existence de quelques formes boréales de végétaux qui démontrent l'existence de ces types à l’époque de la formation de cette résine fossile.

Comme, à l’époque tertiaire, il n’est pas survenu dans les for- mations scandinaves de changements aussi considérables que dans l'Europe centrale, un développement lent et régulier de la nature organique peut s’y être opéré, de sorte qu'au commen- cement de l’époque diluvienne la flore actuelle pouvait y avoir procédé de celle de l’époque précédente.

Ce fut donc dans cette période diluvienne qu'eut lieu l’épan-

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chement des roches scandinaves sur l'Allemagne du nord, et les masses immenses de pierres et de produits erratiques du nord qui se déposèrent en Allemagne peuvent parfaitement avoir servi à la végétation comme de chaussées pour pénétrer dans des zones plus méridionales. A cet égard, je me permets de rappeler qu'aujourd'hui la végétation de tous les pays septentrionaux présente une uniformité frappante. Cette flore arctique forme à la terre comme une ceinture partout composée des mêmes espèces. De ces plantes du nord, un certain nombre atteignent les mon- tagnes du nord de l'Allemagne, le Harz et les Sudètes, et y con- stituent la flore des montagnes. La flore des Sudètes ne possède pas une seule espèce propre, et doit toute sa richesse à la Scan- dinavie. |

Un certain nombre d'espèces s’y sont arrêtées, mais la plupart sont descendues plus au sud, et apparaissent dans nos colonies alpes et sur nos hautes montagnes. Une espèce très-commune dans le nord et dans le Harz, le Saxifraga cæspitosa L. s’est arrè- tee dans les Vosges; une autre, l'Hierochloa borealis, se retrouve encore sur une petite île de la Limmat, à une demi-lieue au-des- sous de Zurich, localité unique dans toute la Suisse elle occupe en enfant perdu le poste le plus méridional de l'extension géo- graphique de cette espèce boréale. La Suisse possède aujour- d'hui environ 360 espèces de plantes alpines, parmi lesquelles 158 espèces, à peu près la moitié, appartiennent à la flore arcti- que, et parmi nos colons alpins 42 peuvent être assimilés à ces habitants du nord.

Le même phénomène a été constaté en Amérique et en Asie. Pareilles plantes arctiques existent sur les montagnes rocheuses et même sur celles de la Caroline du Nord. Il en est de même dans l'Altaï, ainsi que dans l'Himalaya, situé beaucoup plus au Sud. Ce sont, en majeure partie, des espèces qui se retrouvent égale- ment dans nos Alpes, de sorte que nos montagnes possèdent en commun avec celles d'Amérique et d'Asie un certain nombre de types végétaux, émanés du nord, leur origine commune.

Tout cela rend fort probable le fait qu'à l’époque glaciaire, la flore scandinave s'était répandue sur une notable portion de l’AI- lemagne, et existait également dans nos contrées. Comme il n’y

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avait que le grand glacier de la Suisse orientale qui pût atteindre l'Allemagne, les autres venant s'arrêter au Jura, l'immigration de la flore scandinave était plus favorisée par cette voie que par toute autre, ce qui permettrait d'expliquer le phénomène si étrange, que « dans la Suisse orientale, et spécialement dans les Grisons, il existe un certain nombre de plantes et d'animaux des régions boréales qui manquent absolument au reste de la SUISSE (}: »

La flore scandinave nous fournit donc l’origine d’une portion considérable des types alpins de notre pays, d’une moitié à peu près de nos plantes alpines, mais l’autre moitié qui ne se retrouve pas dans le nord, doit être arrivée chez nous par une autre voie, Ou avoir pris naissance dans nos Alpes à l’époque diluvienne.

Je signalerai dans cette catégorie nos jolies Primulacées qui décorent si gracieusement les arêtes les plus élevées de nos Alpes, nos magnifiques Gentianes, et nos Rosages des Alpes. Ces plantes font déjà défaut aux montagnes du nord de l'Allemagne et con- sütuent un ornement tout spécial des Alpes. Les Rosages des Alpes ne sont pas, à vrai dire, particuliers à la Suisse, on les retrouve dans les Alpes de l'Autriche orientale, et 1ls sont repré- sentés par une espèce dans les Pyrénées; cependant, nulle part en Europe, ils ne sont aussi abondants que chez nous et ils carac- térisent beaucoup mieux nos montagnes que le Gnaphalium leon- lopodium, que les montagnards bavaroïis ont choisi comme leur fleur nationale, bien qu'il appartienne à ce groupe de plantes répandues dans toute l'étendue des zones arctique et alpine.

Le Rosage des Alpes est probablement apparu dans l'Europe centrale au commencement de la période actuelle, et descendu d'une espèce tertiaire dont le genre existait à l'époque miocène. Cette plante constitue un de ces rares traits d'union, à nous connus, de la flore alpine à une flore antérieure ; mais il faut espérer qu'avec le temps on arrivera à découvrir les origines encore obscures des autres plantes particulières et caractéristi-

_ (4) Ge sont : Thadictrum alpinum L., Juncus castaneus Sk., J. stygius L., Carex Vahlii Schk., Trientalis curopæa L., et parmi les animaux : Leiochiton arcticum PK. sp Cain angularis Gyl., Attalus Cardiacæ L., spec., Chelonia Quenselit Pk., Biston lapponarius Boic.

SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE: DES SCIENCES NATURELLES, 161 ques de nos Alpes. En attendant, contentons-nous de savoir que la moitié de notre flore alpine provient de la Scandmawvie, et que l’autre a probablement revêtu son cachet actuel dans nos contrées.

La flore de la plaine se comporte d’une façon différente. Elle constitue une portion de cette grande flore qui couvre les zones tempérées d'Asie el d'Europe, et occupe par conséquent un immense territoire, à la surface duquel les espèces sont réparties de toute facon. La comparaison de leurs zones d'extension avec celles des espèces fossiles permettra d'arriver avec le temps à leur assigner des points de départ. Toutes ces plantes ont acquis leur facies actuel, alors que le double continent de l'Asie et de l'Europe a pris sa forme moderne. À l'époque miocène, les espè- ces différaient des types actuels, mais beaucoup leur étaient si semblables que nous sommes autorisés à admettre la descendance des uns aux autres. Permettez-mot d’éclaircir cette proposition par quelques exemples.

Notre Noisetier est tres-semblable à une espèce miocène perdue (Corylus Mac Quarrii Forb., spec.) qui avait alors une aire d'extension assez analogue, avec cette différence qu'elle s’avançait de 5 degrés de plus vers le nord. Probablement que c'est d'elle que notre espèce a procédé à l’époque miocène, car à cette période on la signale en Syrie et avec les lignites on la voit apparaître chez nous dans ses deux variétés actuelles. Pendant la seconde époque glaciaire, ce Noisetier disparait, puis il revient etse conserve sans changement Jusqu'à nos jours.

Ien est de même du Hêtre. Une espèce extrêmement rappro- chée de l'espèce actuelle (Fagus Deucahonis Ung.} était très- répandue à l’époque miocène, et a pris dans la période pliocène sa forme actuelle d'Italie. Elle ne se montre cependant chez nous qu à l’époque laeustre et ne parvient que plus tard dans le nord et l'ouest de l'Europe. En Normandie, dans les îles Britanniques et en Hollande elle manque à l’époque antérieure aux Romains; en Danemark elle est inconnue pendant l’âge de pierre, tandis qu'aujourd'hui elle constitue dans toutes ces provinces l’un des arbres les plus importants et les plus beaux. Nous pourrions éga- lement remonter lagénéalogie de plusieurs de nos végétaux imdi-

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gènes jusqu à l'époque miocène et les faire dériver d'espèces qui vivaient alors en Europe. Mais ce n'est pas le cas pour beaucoup d'autres qui ne paraissent pas avoir eu leur point de départ dans les mêmes régions de l’Europe. Je n'accorde pas beaucoup d’im- portance à la circonstance qu'il n’est pas possible de faire descen- dre la plupart de nos végétaux de types miocènes de nos con- trées, parce que sous ce rapport chaque jour peut nous valoir de nouvelles découvertes et combler les lacunes de nos connaissan- ces ; mais le fait que la flore miocène de notre pays avait un tout autre caractère que sa flore moderne, acquiert 1c1 une haute signification.

La circonstance que cette flore miocène nous présente de nombreuses espèces, dont on ne retrouve plus les analogues en Europe, mais bien en Amérique et au Japon, montre quelles pro- fondes modifications dans le revêtement végétal de la terre, et dans la répartition des espèces, ont survenir depuis cette épo- que ; les genres sont restés les mêmes, les espèces ont sou- vent pris un facies tout différent. Ainsi notre flore miocène compte de nombreuses espèces de Chênes, mais tous différent absolument de l'espèce actuelle, tandis que le Chêne vert des régions méditerranéennes (Q. lex) était représenté chez nous par une espèce très-voisine à l’époque miocène. Le Chène rou- vre (Q. Robur) apparaît d’abord à cette époque dans l'Europe orientale (en Hongrie) par une espèce homologue, puis se montre à l’époque diluvienne en Italie, en Suisse, en Allemagne et en Angleterre, et s’est répandu dès lors sur une grande partie de l’Europe. Il manque à l'Afrique, comme aux îles de l'océan Atlantique, tandis qu'il envahit l'Asie. Cette espèce est donc partie d'Orient pour arriver dans nos contrées. On peut en dire autant de beaucoup d’autres plantes, ce qui rend probable l'ori- gine orientale d'une grande partie de la flore de la plaine, et son immigration à une époque le climat était déjà redevenu doux et les glaciers s'étaient retirés dans les vallées des Alpes. Notre flore de la plaine proviendrait donc du mélange d'espèces en partie descendues d'espèces tertiaires de l'Europe moyenne, et surtout émigrées d'Orient. Le troisième élément de la flore, cette population mobile des végétaux cultivés et parasites, en

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constitue la portion la plus moderne. Cependant, 1l est curieux de constater chez nous la présence d’ancêtres de plusieurs de ces végétaux. Ainsi un Noyer assez semblable au nôtre était com- mun chez nous à l'époque miocène, puis 1l disparut pour se con- server en Perse et sur les montagnes de l'Asie par une espèce homologue. Cette espèce revint en Grèce, puis à Rome sous les rois, et c'est de qu'elle à retrouvé le chemin de nos contrées. De même, un Platane assez difficile à distmguer de celui d’Amé- rique, était jadis un arbre très-commun dans les forêts de notre pays, comme aussi le Liquidambar et le Cyprès chauve. Ainsi les ancêtres de beaucoup de nos végétaux cultivés ont été ancien- nement indigènes chez nous; les grandes révolutions qui ont bouleversé leur patrie et l'ont transformée, les ont chassés et ce n'est que plus tard que leurs descendants ont fait leur rentrée sans s'être modifiés. Ils semblent aujourd'hui des étrangers parmi nous, et pourtant ce sont les descendants des vrais autoch- tones qui témoignent ainsi des profondes modifications que peut subir le tapis végétal. La flore de notre pays exprime, raconte donc par sa composition, l'histoire de son passé, et la donne en quelque sorte écrite dans sa trame elle-même en hiéroglyphes difficiles à déchiffrer. | Dans ces considérations, messieurs, nous sommes partis d’un axiome, à savoir que les plantes actuelles descendent de plantes d'une période plus ancienne, qu’elles en procèdent par voie de filiation, tout en ayant pris un cachet nouveau et différent du facies primitif. Cette supposition est la seule qui puisse être trai-- tée scientifiquement et qui soit de nature à nous fournir, sur l'origine des espèces, des notions susceptibles d’être rattachées à des phénomènes connus; mais elle laisse intacte la grande question de savoir « si les modifications survenues dans les caracteres de l'espèce ont été lentes, insaisissables et incessantes, ou si elles ont eu lieu par crises à des époques déterminées. » La première opinion est celle de Darwin et de ses adhérents. Dans cette mamère de voir, les espèces passent les unes aux autres d'une manière si insaisissable que si d'un seul regard on pouvait embrasser tous les êtres qui vivent et ont vécu, il serait impos- sible de distinguer une espèce d’une autre. De la Mousse au

418l O0. HEER,

Chêne, de la Monade à l'Homme, les passages auraient été si insensibles que tracer une limite serait impossible. Ce que nous appelons espèce ne serait qu’une forme momentanée d’un type mobile, qu'on ne réussirait à distinguer d’une espèce voisine, que parce que les intermédiaires auraient disparu, ce qui force- rait à admettre que nous ne connaissons qu'une infime partie des êtres qui ont revêtu cette forme toujours changeante,

Les faits que nous venons d’énumérer sont en contradiction avec ces vues. À ceux qui disent que, depuis qu'il observe, l’homme n’a vu apparaître aucune plante nouvelle, aucun ani- mal nouveau, que les œuvres de peinture et de sculpture des plus anciens peuples, comme aussi les restes végétaux des construc- tions lacustres, reproduisent identiquement les productions de la nature actuelle, on pourrait répondre avec raison que le temps qui s’est écoulé depuis ces époques a été beaucoup trop court pour avoir pu provoquer de pareils changements.

Mais, messieurs, cet argument peut-il s'appliquer à ce que témoignent nos lignites, qui remontent au delà de la seconde époque glaciaire et sont infiniment plus anciens que les plus anti- ques monuments humains? N'est-1l pas frappant d'y rencontrer avec leurs formes actuelles un grand nombre de plantes, d'y trouver le Noisetier avec ses deux variétés qui tapissent aujour- d’hui nos collines? Si de nombreuses plantes alpines et boréales se sont propagées à partir des mêmes points, n'est-ce pas une preuve de l’étonnante fixité des caractères des végétaux, de la constance des espèces, puisqu'elles aussi remontent jusqu’à l’épo- que diluvienne, et n'ont dès lors subi aucune modification ?

On a prétendu que les espèces ne restent longtemps invaria- bles que, lorsque les conditions extérieures restant les mêmes, elles ne donnent ainsi aucune occasion aux modifications d’inter- venir; mais la flore polaire ne vit-elle pas dans des conditions tout à fait différentes de celles de la flore alpine? Malgré l’ana- logie de la température moyenne de l’année, la répartition de la lumièreet de la chaleur est tout autre au nord que dans les Alpes, et nonobstant les espèces sont restées les mêmes, les caractères spécifiques se sont conservés intacts à travers des milliers de gé- nérations! C'est avec raison que Darwin accorde une grande

SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 185 importance aux associations d'espèces, aux influences récipro- ques excessivement variées qu'elles exercent les unes sur les autres, aux limites et obstacles qu’espèces et mdividus apportent à leur extension réciproque, et qu'il croit avoir trouvé dans cette concurrence de la vie un facteur important de la transmutation ; mais encore ici tout cela devient insuffisant, car les colons alpins vivent à l'Utliberg et au Bachtel au milieu d'un entourage tout différent de celui que les mêmes espèces trouvent dans les Alpes, au Spitzberg, en Islande, sur les Alleghanys et dans l'Altaï; et malgré ces conditions toutes différentes dans la concurrence vitale de ces espèces, elles sont restées identiquement les mêmes et il est impossible de distimguer, les unes des autres, ces formes végétales provenant des diverses parties du monde et déve- loppées en de si différentes associations.

Les animaux marins témoignent des mêmes phénomènes. Dans les profondeurs des Océans il existe aussi de ces colonies datant de l’époque glaciaire, qui se sont maintenues dans cer- tains endroits favorables l’eau a pu conserver une basse tem- pérature. Les écrevisses du nord qui vivent sur la côte de Dal- matie dans les profondeurs du Quarnero, et les animaux marins qui sont restés dans quelques lacs de Norwége, y trouvent assu- rément un autre entourage que leurs similaires du nord, et cependant ils y ont conservé leurs caractères spécifiques. Il était temps, messieurs, de mettre ces faits en saillie, car l’idée que la transmutation lente des espèces est un fait hors de doute s’est emparée de beaucoup de gens, et l’on vient aujourd'hui nous redire sérieusement la vieille fable de la transformation de l’Ægilops en froment.

La constatation du fait que, d'une part, pendant de longues séries de siècles, les espèces n’ont pas subi la moindre variation, et que, d'autre part, aux limites des périodes géologiques les espèces ne passent pas les unes aux autres, mais coexistent et se superposent , infirme l'hypothèse d’une transmutation lente, non interrompue et toujours égale dans sa marche, et nous con- duit à l'idée que la modification des formes a eu lieu pendant des périodes relativement courtes, et qu'il suffit d’un temps relative- ment peu considérable pour qu'une espèce puisse se modeler

186 O0. HEER.

sous toutes ses formes possibles et s'adapter aux circonstances extérieures pour rester ensuite immobile pendant des milliers d'années, «de sorte que la période d'existence sous une forme déterminée est beaucoup plus longue pour l'espèce que la pé- riode de remaniement. » Nous avons adopté cette expression, de remaniements des espèces (1), pour désigner ce phénomène qui a, pour nous, une tout autre signification que la transmutation ou transformation de Darwin. Les conditions et les circonstances de ce remaniement des types sont encore pour nous, il faut l'avouer, absolument obscures; nous ne savons pas s'il s'opère par le fait de causes internes tenant à l'essence même de chaque être, ou sous l'influence de causes externes et de modifications dans les conditions vitales. Mais la doctrine de la transmutation est aussi incapable de soulever un coin de ce voile, et elle nous enlève, par l'accumulation des millions et des millions d'années nécessaires à ces transformations, à des hauteurs si vertigmeuses que notre esprit cesse de pouvoir les contempler.

Si j'ai essayé, messieurs, de vous présenter quelques traits de l'histoire de la flore zurichoise, mon intention était de vous mon- trer, par cet exemple, quels grands problèmes notre nature suisse propose à nos investigations.

Notre Société s’est dès longtemps proposé, comme but essen- tiel de ses travaux, l'étude complète de notre pays. Bien qu’elle ait déjà réalisé de grandes choses, un champ immense s'étend encore devant elle et devant nous tous. Plus nous y entrons et plus nous y apercevons de nouveaux territoires. Il nous semble contempler du sommet d’une montagne un horizon sans bornes, couvert de brouillards qui s’évanouissent lentement, de sorte que les pointes de montagnes que nous voyions d'abord isolées se rapprochent à leur base pour constituer un système prodigieux d’immensité et d'harmonie. Puisse notre Société continuer à cul- tiver ce champ avec succès et que cette réunion, que je déclare ouverte, nous soit pour tous comme une joyeuse impulsion vers ce noble labeur !

(4) Voy. Flore tertiaire de la Suisse, t. III, p. 256.

En attendant qu'une meilleure expression surgisse pour rendre la pensée de l’auteur, je traduis le mot Umprügung par remaniement, expression qui ne préjuge rien sur la cause et le mode de cette crise dans la vie des espèces. (Note du traducteur.)

CONSIDÉRATIONS

LA FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE,

Par ME. Ad. BRONGNIART (1).

En présentant à l'Académie, sous le titre de Fragments d'une flore de la Nouvelle-Calédonie, un premier fascicule de Notices sur quelques parties de la flore de cette contrée, résultat des études faites en commun par M. Arthur Gris et par moi, sur les végétaux de ce pays, je lui demande la permission de lui exposer brièvement quelques-uns des traits les plus saillants de la végé- tation de cette grande île, tels qu'ils résultent de l'examen des collections importantes, bien que fort incomplètes encore sans doute, qui ont été réunies depuis quelques années dans cette nouvelle colonie française ; collections qui ont un grand intérêt par la nouveauté des végétaux dont elles nous révèlent l’existence et par la rapidité avec laquelle elles se sont accrues, grâce au zèle infatigable de quelques savants explorateurs.

On sait que la Nouvelle-Calédonie fut découverte et désignée sous ce nom par Cook. Ce célèbre navigateur fit un court séjour à Balade, dans le nord de cette île, pendant son second voyage en 1774, voyage pendant lequel il était accompagné par les naturalistes Sparmann, Remold et Georges Forster. Ce dernier publia en 1786, onze ans après son retour, sous le titre de Flo- rulæ insularum australium Prodromus, une énumération trés- sommaire des plantes recueillies par lui dans les îles de l'océan Pacifique et Austral. Cinquante-deux plantes de la Nouvelle-Ca- lédonie et des îles qui l'environnent immédiatement figurent dans cet ouvrage.

Vingt ans après le voyage de Cook, en 1794, pendant l’expé- dition à la recherche de Lapeyrouse, sous le commandement de

(1) Lues à l’Académie des sciences, séance du 3 avril 1865,

188 AD, BRONGNIART.

d'Entrecasteaux, notre ancien confrère Labillardière visitait de nouveau les mêmes lieux et, pendant'un séjour de trois semaines, augmentait par ses recherches les matériaux de la flore d’un point très-circonscrit de la Nouvelle-Calédonie. Mais ce ne fut que trente ans plus tard, en 1824, qu'il publia sous le titre de Sertum austro-caledonicum le bouquet, comme 1l l'appelait, des plantes qu’il avait recueillies dans cette île. Elles étaient au nom- bre de quatre-vingts, toutes étaient décrites et figurées avec soin; onze d’entre elles étaient déjà comprises dans l’énuméra- tion de Forster. C'était donc en tout 121 espèces connues dans une ile aussi étendue.

Depuis lors jusqu’en 1860, c’est à peine si cinq ou six espèces recueillies pendant les stations rapides de quelques voyageurs ont été ajoutées à cette liste, et lorsqu'en 1853 le gouvernement français prit possession de la Nouvelle-Calédonie, ce qu’on con- naissait de sa flore n’atteignait pas le chiffre de 130 espèces.

Mais depuis cette époque, des recherches persévérantes ont eu lieu et nous ont fait connaître un des ensembles de végétation les plus remarquables ; les premières furent dues à M. Pancher, ancien jardinier du Muséum d'histoire naturelle de Paris, chargé de diriger les cultures du gouvernement, d’abord à Taïti, puis à Port-de-France à la Nouvelle-Calédonie, qui, dès 1859, nous adressait quelques plantes remarquables de ce pays. Vers la même époque, M. Vieillard, médecm de la marine, s appliqua avec une rare activité à réunir et à étudier les végétaux des diverses stations que ses fonctions l’appelèrent à visiter successi- vement; son collègue, M. Deplanche, apporta aussi son tribut très-fructueux à cet accroissement de la flore de cette île ; enfin, cette année même, M. Baudouin, capitaine dans l'infanterie de marine, à la suite d'un séjour de trois années à la Nouvelle-Ca- lédonie, a rapporté le produit des recherches faites par lui aux environs de Port-de-France; recherches qui lui ont procuré plu- sieurs plantes nouvelles fort intéressantes.

Les collections réunies par ces zélés et savants explorateurs dans l’espace de quelques années et remises par eux, soit au Muséum d'histoire naturelle de Paris, soit à l'exposition des colo-

FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 189 mes du Ministère de la marine, ont plus que décuplé le nombre des plantes connues de la Nouvelle-Calédonie, car, de 130 espe- ces, il à été porté à 1300 au moins, sans compter plus de h00 espèces de Cryptogames, parmi lesquelles les Fougères figurent en grand nombre.

Cependant la plus grande partie des côtes occidentales, les régions intérieures et élevées de cette grande île ont été à peme entrevues sur un petit nombre de points, et quelques plantes en échantillons uniques, restées dans l’herbier de M. Vieillard, ainsi que celles recueillies par le P. Montrouzier dans une petite île voisine de la Nouvelle-Calédonie, sont restées en dehors de notre relevé général.

Il est difficile de prévoir à quel chiffre pourra s'élever le nom- bre total des plantes de la flore austro-calédonienne ; mais quand on considère l'étendue de cette île, environ 80 lieues de long sur 40 à 15 de largeur, la nature accidentée du sol, et la variété des sites qui en résulte, ainsi que la petite étendue des parties explorées souvent très-rapidement, 1l est difficile de ne pas admettre que cette flore comprendra au moins 3000 espèces de plantes phanérogames, c’est-à-dire plus du double de ce que nous COnNaIssONns en Ce Moment.

Cependant il est probable, d’après la diversité des points ces plantes ont été recueillies par des botamistes qui ne s'atta- chaient pas avec une prédilection spéciale à certaines familles en parüculier, que la collection des plantes déjà réunies, quoique incomplète, peut nous donner une idée assez juste de la végéta- tion de cette contrée.

Ce qui frappe immédiatement lorsqu'on examine l’ensemble de ces végétaux, c'est la réunion de plusieurs des caractères de la flore de l'Australie à ceux des flores de l'Asie équatoriale.

La position de la Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances sur les limites de la région intertropicale, entre le 20° degré et le 22° 30" de latitude australe, et sa proximité du continent de l'Australie, dont elle est cependant séparée par un espace de plus de 1200 kilomètres, semblent rendre cette double analogie très- naturelle ; mais quand on examine la manière dont elle se mani-

190 AD. RBRONGNIART.

feste, elle offre cependant des singularités très-remarquables dont nous allons signaler les plus frappantes.

L'excellent travail du docteur Joseph Hovker sur la géogra- phie botanique de l’Australie, publié en 1859 comme introduc- tion à sa Flore de Tasmanie, nous permettra surtout d'intéres- santes comparaisons avec la végétation des parties tempérées et tropicales de ce continent.

Le caractère australien de la flore de la Nouvelle-Calédonie repose principalement sur la présence de plusieurs familles ou tribus naturelles assez nombreuses en espèces dans cette île qui sont également abondantes dans l'Australie tempérée, qui dimi- nuept rapidement dans les régions tropicales de ce continent, et disparaissent presque complétement dans les grandes îles qui le séparent du continent asiatique.

Telles sont :

Les Myrtacées à fruits capsulaires, si nombreuses dans la flore de l'Australie tempérée, beaucoup plus rares dans l’Austra- lie tropicale, et qui n'ont plus que quelques représentants épars dans les îles asiatiques et dans la Polynésie.

A la Nouvelle-Calédonie, nous en comptons 34 espèces, dont 29 appartiennent à des genres nouveaux étrangers jusqu’à pré- sent au continent australien (Fremya, Cloezia, Tristaniopsis et Spermolepis); les autres, au contraire, rentrent dans les genres Melaieuca, Callistemon, Metrosideros et Bæckea, très-abondants en Australie. Mais on doit remarquer l'absence complète du : genre Eucalyptus, le plus nombreux et le plus caractéristique des genres de Myrtacées de la Nouvelle-Hollande.

Enfin, à côté de ces Myrtacées capsulaires analogues à celles de l'Australie, se trouvent de nombreuses espèces de Myrtacées à fruits charnus dont on trouve à peine quelques représentants à la Nouvelle-Hollande et qui abondent au contraire dans les régions équatoriales asiatiques.

Les Protéacées, au nombre de 27, offrent par la majorité de leurs espèces une relation frappante avec la flore australienne, tandis que par quelques-unes d'entre elles, constituant le nou- veau genre Kermadecia, elles se relient aux Âelicia de l'Asie

FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. A91

tropicale et aux Rhopala de l'Amérique équatoriale. Mais on peut s'étonner, lorsque les Grevillea et les Stenocarpus de l'Australie s'y montrent sous des formes si variées, lorsque le genre Cenarrhenes, jusqu'alors limité à la Tasmanie, c'est-à- dire à l'extrémité australe de cette région, y possède deux espèces, de n'y trouver aucun représentant des genres Banksia, Dryandra, Hakea, Persoonia, si nombreux en Australie.

Les Épacridées, l’une des familles les plus exclusivement circonscrites dans les régions australes, et dont à peine deux ou trois espèces se retrouvent dans les montagnes des îles de la Poly- nésie, sont 1c1 représentées par 14 espèces, et appartiennent presque toutes aux genres les plus nombreux en espèces à la Nouvelle-Hollande. |

Nous pouvons encore signaler comme rappelant la végétation australienne, quoique sy rattachant moins directement : les Cunoniacées, qui par leur nombre forment un des caractères frappants de la flore austro-calédonienne ; les Rutacées, se rat- tachant en général aux genres australiens ; les Casuarina, qui, quoique peu nombreux en espèces, 4 à 5 seulement, sont une forme essentiellement australienne; quelques Légumineuses de ce groupe des Acacia à phyliodes, si nombreuses à la Nouvelle- Hollande dont elles sont un des caractères de végétation les plus frappants; les Dilléniacées, peu nombreuses il est vrai, mais la plupart de formes australiennes.

Mais à côté de ces caractères communs à la flore de l’Austra- he et à celle de la Nouvelle-Calédonie, nous devons être étonnés de l'absence complète de plusieurs des groupes les plus nom- breux à la Nouvelle-Hollande, et qui sembleraient devoir accom- pagner ceux que nous venons de citer. Ainsi nous n'avons jusqu'à ce jour aucune trace, parmi les Monocotylédones, des Restiacées, des Hæmodoracées, des X'erotes, des Xanihorrhea, et de plusieurs autres formes australiennes. Parmi les Dicotylé- dones, les Goodénoviées proprement dites l'exception des Scæ- vola), les Stylidiées, les Légumineuses des tribus des Podaly- riées et des Génistées, si nombreuses en Australie, plusieurs des genres de Composées si caractéristiques de la flore de ce conti-

192 AD. BRONGNIART.

nent, manquent complétement à la Nouvelle-Calédonie, et vien- nent ainsi affaiblir les relations de la flore austro-calédonienne avec la flore du continent australien. Ajoutons que, presque jamais, nous n’avons trouvé d'identité spécifique entre les plantes que nous avons étudiées et comparées avec soin et celles de l'Australie (1), en faisant toutefois abstraction de certaines espèces presque cosmopolites, qui se rencontrent sur les côtes de toute la région intertropicale de l’ancien continent.

Il est probable que le petit nombre d'exemples d'espèces réel- lement australiennes se retrouvant à la Nouvelle-Calédonie ira cependant en s’accroissant lorsque cette flore sera étudiée plus complétement, et surtout lorsque les espèces de la Nouvelle- Hollande orientale tropicale seront mieux connues et pourront être directement comparées avec leurs analogues de la Nou- velle-Calédonie.

Aux différences que nous venons de signaler entre ces deux flores, résultant de l’absence complète, à la Nouvelle-Calédonie, de certaines formes végétales abondantes à la Nouvelle-Hollande, s’en ajoutent d’autres en sens inverse. Ainsi M. J. Hooker signale les familles suivantes de la flore asiatique comme manquant dans les parties tropicales de la Nouvelle-Hollande : Clusiacées, Ara- liacées, Myrsinées et Acanthacées. Ces familles ont de nom- breuses espèces dans la flore si restreinte de la Nouvelle-Calé- donie. Ce sont : Clusiacées 21. Araliacées 21, Myrsinées 15, Acanthacées 10. D'autres familles sont mdiquées par le savant botaniste anglais comme diminuant rapidement dans les régions tropicales de l'Australie ; elles sont, au contraire, riches en espe- ces à la Nouvelle-Calédonie, comme le montrent les nombres qui suivent leur nom : Mvyrtacées 82, Cunoniacées 80, Rutacées 80, Protéacées 27, Épacridées 14, Conifères 47.

Telles sont les analogies et les différences que nous pouvons, dans l’état actuel de nos connaissances, signaler entre la végé- tation de la Nouvelle-Calédonie et celle de l'Australie.

(4) Nous pouvons cependant citer le Duboisia myoporoides, arbuste de la famille des Solanées, propre jusqu’à présent à la Nouvelle-Hollande tempérée, et trouvé à la Nouvelle-Calédonie,

FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 195

On pourrait peut-être en conclure que plusieurs des formes caractéristiques de la végétation de l'Australie tempérée s’éten- dent d’une manière plus prononcée dans la Nouvelle-Calédonie que dans la partie tropicale du continent même de l’Australie, ce qu’on pourrait attribuer au climat plus tempéré et moims sec de cette île comparé à celui du continent voisin.

La flore de la Nouvelle-Calédonie se lie d’un autre côté, ainsi que nous l'avons dit, à la végétation des régions intertropicales asiatiques, et surtout à celle des grandes îles qui unissent, pour ainsi dire, le contment australien à l'Asie.

Les familles qui caractérisent essentiellement cette partie de la flore austro-calédonienne sont : les Rubiacées, les Myrtacées à fruits charnus, les Euphorbiacées, les Sapmdacées, les Clusia- cées, les Méliacées et Aurantiacées, les Araliacées, les Sapotées, les Myrsinées, les Morées par le genre Fcus, les Népenthes, quelques Palmiers et Pandanées. Ces familles, soit par le nombre des espèces qu’elles renferment, soit par la nature des genres qui les représentent, donnent à la flore qui nous occupe son caractère de végétation intertropicale. |

D’autres familles occupent, on pourrait dire, une position intermédiaire, participant en même temps des caractères de la végétation australienne et de la végétation tropicale : telles sont les Graminées, les Cypéracées, les Orchidées, les Apocynées, les Composées.

Enfin, 1l est quelques familles ou quelques genres qui sem- blent présenter dans cette flore assez restreinte une prédomi- nance relative qu'ils n'ont nulle part ailleurs, et qui donnent ainsi à la végétation de ce pays un cachet tout particulier ; nous pouvons citer comme exemples : la tribu des Elæocarpées dans la famille des Tiliacées, qui comprend 16 espèces, dont 15 appartenant au genre Ælæocarpus, et 3 au nouveau genre Dubouzeha ; la famille des Pittosporées, remarquable par le nombre considérable des espèces du genre Pittosporum (16), et par l'absence complète des autres genres si variés qui la représentent à la Nouvelle-Hollande ; la famille des Ombelliféres, qui nous

offre un genre arborescent comprenant déjà au moins 4 espèces, 5e série. Bot. T. IT, (Cahier 4.) 1 413

A94 AD. BRONGNIARAE.

et qui établit une relation encore plus intime entre cette famille et celle des Araliacées. |

Parmi les faits singuliers que’ présente cette flore, on peut encore signaler l'existence de quelques genres considérés jus- qu'à présent comme exclusivement américains ; tels sont les genres Rhopala et Adenostephanus, parmi les Protéacées ; telle est surtout une belle espèce du genre Heliconia, de la famille des Musacées.

Le nombre des espèces de plantes d’une flore, comparée dans ses principaux éléments, classes familles, a toujours été con- sidéré comme offrant un intérêt particulier en mamifestant la prépondérance de certaines formes végétales et déterminant ainsi le caractère particulier de la végétation d’un pays.

Le nombre total des espèces de plantes de la Nouvelle-Calé- donie comprises dans les collections que nous avons eues à notre disposition s'élève, comme nous Pavons dit, à environ 1 300 Pha- nérogames et à 400 Cryptogames, qui se répartissent ainsi dans . les quatre grands embranchements du règne végétal :

Dicotyledones... . 180 de MP ... 1100 1300 Monod léones it, LL CE ARLES MARIE 200 Cryptogames acrogènes. .................,: 150 00 Cryptogames amphigènes (1)...... NS RÉRIS 1. 250

Ces chiffres donnent, pour le rapport des Monocotylédones aux Dicotylédones, 4 à 5,5 proportion beaucoup plus faible que celle indiquée pour la plupart des régions intertropicales, il atteint souvent 4 à 3. Si des recherches ultérieures ne le modi- fiaient pas, il serait même inférieur à celui des régions tempé- rées, qui est le plus souvent 1 à 5.

Les familles prédominantes par le nombre de leurs espèces ne se rangent pas non plus dans le même ordre que celles des flores d'Australie ou des Indes orientales. D’après le docteur $. Hooker, neuf familles, les plus considérables en espèces, comprennent

(1) Ce nombre est évidemment très-inférieur à la réalité ; il représente les espèces de Lichens et d’Algues déterminées par MM. Nylander et Kützing. Les collections de

Mousses et d'Hépatiques sont encore très-incomplètes et ne sont pas comptées dans ces nombres,

FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 195

environ la moitié des plantes de ces flores ; treize familles, les plus nombreuses en espèces, sont nécessaires pour comprendre à peu près la moitié de la flore de la Nouvelle-Calédonie.

Le tableau ci-dessous indique l’ordre de prépondérance de ces familles dans ces trois régions et le nombre de leurs espèces dans la flore calédonienne, d’après nos collections actuelles.

Australie. Indes orientales. Nouvelle-Calédonie. Légumineuses. Légumineuses. UMTS ac seu same. + 105 Myrtacées, Rubiacées. Myxtagées pis ARE AUX. 80 Protéacées. Orchidées. Euphorbiacées 6 «200 #5 002 Composées. Composées. Légumineuses........... PES 00 Graminées. Graminées. Graniinéess, ..nt. sde rer «cDZ Cypéracées. Euphorbiacées. Apocynées et Asclépiadées.... 56 Epacridées. Acanthacées. CRM ELLE PON LRO. à LOUES Goodenoviées. Cypéracées. Orchidéessr. ÆNMICANTEM Rs 38 Orchidées. Labiées. Gomposees. 2.4.2, 1 .f%' GE

Rutagées. age trade lea ÉCIEEO 30 NADINUACEC Se nr eme ee oc ee 30 Cunoniacées. ... ..... .... 30 Protéacées. . SERA T Te 27

656

Le caractère frappant de cette liste, en ce qui concerne la flore de la Nouvelle-Calédonie, c’est le nombre considérable des Rubiacées, qui occupent le premier rang, tandis qu’elles ne sont pas comprises dans les familles prédominantes de la flore d’Aus- tralle et qu'elles ne viennent qu'au second rang dans celle de l'Inde.

Les Myrtacées y occupent le second rang, comme dans la flore australienne, tandis qu’elles ne figurent pas parmi les familles les plus nombreuses de la flore indienne.

Les autres familles confirment les rapports mixtes que nous avons signalés entre la végétation austro-calédonienne et celle de l'Asie tropicale d’une part et de l'Australie d'autre part.

Ce tableau général de la végétation de la Nouvelle-Calédonie est loin de pouvoir la faire connaître sous tous ses rapports; nos matériaux sont encore trop incomplets. Beaucoup de familles naturelles n’ont encore été étudiées que d’une manière superfi- cielle, suïfisante, cependant, pour permettre d'apprécier le nombre de leurs espèces.

Nous nous sommes appliqués, M, Gris et moi, dans nos pre-

196 AD. BRONGNIART.

micres études, à examiner, soit les familles qui, par leurs rap- ports avec la flore australienne, nous paraissaient les plus inté- ressantes, soit les familles sur lesquelles nous possédions des matériaux plus complets, attendant que de nouvelles collections pussent donner plus de précision à nos travaux sur d’autres groupes naturels.

Grâce aux recherches et aux efforts des zélés explorateurs que nous avons Cités au commencement de cette notice, en cinq à six ans, nos Connaissances sur la flore de la Nouvelle-Calédonie se sont élevées de 130 plantes à 1700 ; et cependant les points les plus rapprochés des établissements français ont pu seuls être parcourus par des individus isolés et livrés à leurs seuls efforts personnels.

Pour compléter nos connaissances sur cette nouvelle colonie si intéressante au point de vue de l'histoire naturelle en général, et à laquelle son climat si salubre et la variété de ses productions présagent un avenir si prospère, 1l serait vivement à désirer que le gouvernement, venant en aide aux efforts des hommes entre- prenants qui, par leurs seuls moyens et malgré les entraves d'un service publie, ont commencé avec tant de succès cette explora- tion, püût les mettre à même d'étendre leurs recherches dans des lieux plus reculés, sur les points à peine entrevus de la côte occi- dentale, et dans les montagnes et les vallées de l’intérieur de l'île.

De ces recherches, il résulterait, sans aucun doute, non-seu- lement des découvertes pleines d'intérêt pour la science, mais aussi celle de produits utiles pour l’industrie ou la médecine, ainsi qu'une connaissance exacte des localités les plus favorables à la colonisation, et des ressources que les productions naturelles peuvent lui offrir.

OBSERVATIONS

SUR

DIVERSES PLANTES NOUVELLES OU PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE,

Par MM, Ad. BRONGNIART et A. GRIS. Suite (1).

DESCRIPTION DES PROTÉACÉES APPARTENANT AUX GENRES GREVILLEA, STENOCARPUS, CENARRHENES ET KNIGHTIA.

Dans une première notice sur les Protéacées de la Nouvelle- Calédonie, nous avons fait connaître plusieurs plantes de cette famille qui devaient constituer un nouveau genre, ou rentrer dans des types génériques étrangers à l'Australie, et nous avions ajourné la détermination et la description des espèces apparte- nant à des genres australiens : c'est le résultat de ces études que nous publions aujourd'hui.

Le genre Knightia était déja représenté à la Nouvelle-Calé- donie par une espèce que Labillardière avait décrite sous le nom d'Embothrium strobilinum ; une seconde espèce est venue s’ajou- ter à celle-ci, et indiquer un rapport de plus avec la végétation de la Nouvelle-Zélande, à laquelle appartient la troisième espèce de ce genre.

Les Stenocarpus qui n'ont pas de représentants à la Nouvelle- Zélande, et sont rares en Australie, paraissent au contraire fort nombreux à la Nouvelle-Calédonie nous en connaissons onze espèces. Cette île semble donc être leur centre principal de création.

Les Cenarrhenes nous fournissent deux espèces nouvelles, dont une surtout se présente avec un port très-singulier qui l’a fait prendre par les botanistes qui l'ont recueillie pour un Statice. Il

(1) Voy. pour la première partie, Ann, des sc, nat., série, t, 1, p. 334.

198 AD. BRONGNIARY ET A. GRIS.

est trèes-remarquable de trouver dans une île intertropicale un genre dont la seule espèce connue était confinée dans la Tas- mannie, c’est-à-dire à l'extrémité la plus australe de la région australienne.

Les Grevillea sont assez nombreux à la Nouvelle-Calédonie : en effet, les collections que nous avons reçues de cette colonie comprennent déjà sept espèces de ce genre, sans compter le Gre- villea exœul Lindl., qui, d’après la description très-incomplète qu'on'en a publiée, serait voisin de notre Grevillea macrostachya.

Toutes ces espèces semblent appartenir à un même groupe ; mais ce groupe n'est pas celui des Oleoideæ (Meisner in DC., Prodr., t. 14, p. 352), dans lequel M. Meisner a placé les Gre- villea eœul et Gillivrayi. Par leur stigmate terminal, à peine oblique dans quelques cas, par la forme de leurs follicules, et enfin par leur inflorescence, nos espèces paraissent devoir se rapporter à la section Cycloptera (loc. cit., p. 379), $ simplici- foliæ. Le Grevillea polystachya R. Br., compris dans ce para- graphe, a même une affinité très-intime avec notre Grevillea heterochroma, comme nous l’indiquerons plus loin. Par leurs longues grappes de fleurs serrées et souvent dirigées d’un seul côté, les espèces austro-calédoniennes s’éloignent de la plupart des espèces australiennes à feuilles entières, auxquelles on pour- rait être tenté de les comparer ; toutes ont le stigmate terminal ou à peine oblique, élargi en une sorte de disque avec un mame- lon conique en son milieu. tandis que la plupart des Grevillea, à feuilles entières de la section Lissostylis, ont le stigmate latéral. Il nous paraît donc certain que les Grevillea de la Nouvelle- Calédonie diffèrent de toutes les espèces connues jusqu'à ce jour à la Nouvelle-Hollande, tout en se rapprochant davantage de celles des parties tropicales de ce continent. |

L'examen des Protéacées austro-calédoniennes, qui porte le nombre des espèces recueillies dans cette ile à vingt-sept, nous montre sans doute des rapports remarquables entre la flore de ce pays et celle de l'Australie proprement dite ; mais on doit cepen- dant être frappé de l'absence complète de plusieurs des genres les plus nombreux dans cette région; tels que les Banksia,

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 199

Dryandra, Hakea, Persoonia, et beaucoup d’autres qui font des Protéacées un des groupes les plus caractéristiques de la végé- tation australienne.

GREVILLEA R. Br.

1. GREVILLEA MACROSTACHYA.

G. foliis obovato-lanceolatis, basi longe attenuatis, et subspa- thulatis, apice obtusis et submucronatis, superne lævibus, in- ferne junioribus fusco-furfuraceis, demum glaberrimis, palli- dioribus, trmervis et reticulato venosis ; racemis simplicibus vel rarius basi ramosis, longissimis (sex pollicaribus), pedicellis calycem subæquantibus, approximatis et sæpe fasciculatis, junio- ribus calycibusque sericeo-pubescentibus, sepalis inflexis, ovario stipitato styloque longissimo glaberrimis, stigmate terminali conico, basi expansa ; fructibus obovatis, lignosis, compressis, lævibus, stylo persistente superatis; semmibus elliptico-subro- tundis, planis, anguste marginatis. |

An Grevillea eœul (Lindi., Hort. transact., 1852, p. 1%, in nota).

Frutex. Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, 4116) ; Port- boisé, baie de Ména, in Nova Caledonia australiore (Deplanche, 1865, n°197).

Cette belle espèce est-elle distincte du Grevillea eœul, indiqué par Lindley comme provenant de la côte orientale de la Nou- velle-Calédomie, mais dont la description diffère à quelques égards de celle de notre plante ? D'après Lindley, les feuilles du Grevillea eœul sont oblongues, les grappes de fleurs sont pani- culées et tomenteuses, l'ovaire est longuement stipité, caractères qui ne se rencontrent pas dans la plante recueillie par les collec- teurs français.

2. GREVILLEA GizcivrAyI (3. Hook, in J'ourn. of bot,, 1854, p. 358 ; 1855, tab. 4),

200 AD, BRONGNIARE ET A GRIS.

G. folis breviter petiolatis, oblongis vel oblongo-lanceolats, obtusis, breve mucronatis, 1-nerviis, laxe pinnatim reticulato- venosis, membranaceis, margine recurvis, supra pallide viridi- bus, glabris, subtus ramulisque sericeo-pubescentibus, adultis glabris glaucescentibus ; racemis lateralibus breve pedunculatis, simplicibus, elongatis, dense multifloris, rachi pedicellis calyci- busque sericeis (albis vel flavescentibus), ovario pedicellato styloque glabro, longe exserto, stigmate terminali vel vix obliquo, basi expanso, medio apiculaio.

Frutex. Habitat in Nova Caledonia, ad flumen Boulare, floret Julio, floribus candidis (Pancher, 1860); in summitate insulæ Pinorum (Mac Gillivray et Mine, ex Hook., . c.).

3. GREVILLEA DEPLANCHEI.

G. foliis lanceolatis, vel obovatis, vel anguste oblongis, inte- gerrimis, in petiolum brevem attenuatis, apice mucronulatis, coriaceis, planis, margine revoluts, vix reticulato-venosis, et nervo submarginali notatis, junioribus utrmque ramulisque sericeo-pilosis, cinereis, vel fulvo-tomentosis; racemis termina- libus et axillaribus, longissimis, angustis, densifloris, cmereo- tomentosis; floribus breve pedicellatis, vix incurvis, pistillo glabro, stylo calyce duplo longiori, stigmate terminal conico, basi expanso. Fructibus ovatis, vix compressis, Iævibus, bast styli apiculatis. |

Frutex. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Kanala (Vieillard, 1113 ; Deplanche, 1861, 212 ; 1864, 99).

Cette espèce serait-elle une simple variété de la précédente ? Les caractères distinctifs sont peu prononcés, et cependant la contexture des feu'lles paraît très-différente; leur tissu coriace laisse à peine entrevoir le réseau vasculaire secondaire plus ré- gulier que dans le G. Gillivrayi, et formant le plus souvent deux nervures latérales, submarginales.

h. GREVILLEA SINUATA.

G. folus glaberrimms, lanceolatis, bast in petiolum brevem

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 204 longe attenuatis, apice obtusis breve cartilagineo-mucronatis, vel subspathulatis, margine sinuatis seu potius irregulariter uno alterove latere obtuse et grosse dentatis, discoloribus, e basi tri- plinerviis et laxe venosis; racemis terminalhibus elongalis, basi foliatis, fohisque longioribus, glaberrimis ; pedicellis calyce bre- vioribus ; calycibus pistillisque incurvis, glaberrimis; stigmate terminali truncato, medio con1co.

Frutex. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Kanala (Vieillard, PS GATE

5. GREVILLEA RUBIGINOSA.

G. foliis obovatis, vel obovato-oblongis, spathulatis, obtusis vel plus minusve profunde emargimatis et subobcordatis, apice cartilagineo mucronatüs, triplinerviis et reticulato-venosis, ner- vis versus apicem confluentibus, superne glabris, lucidis, subtus ramulis racemisque dense rubiginoso-tomentosis, adultioribus glabrescentibus ; racemis terminalibus ramosis, paniculatis, sim- plicibusve in axillis superioribus, elongatis, densifloris, ferru- gineo-splendentibus; pedicellis calycem subæquantibus ; pistillis glabris, stylis longissimis ; stigmate termimali expanso, medio apiculato.

Frutex diffusus, 3-4-metralis, floribus candidis vel roseis, speciosis. Floret mensibus nov. et dec. habitat in montibus Novæ Caledoniæ steri- libus ferrugimosisque (Deplanche, 1861, 213); Mont-Dore (Vieillard, 1114).

6. GREVILLEA HETEROCHROMA.

G. ramis erectis, foliis lanceolatis integerrimis, margine car- tilagineo incrassatis, revolutis, trinerviis et laxe oblique venosis, supra lucidis, subtus ramulisque sericeo-villosis, ferrugineis vel cinereis ; racemis simplicibus, terminalibus, erectis, longissimis, floribus secundis, pedicellis calycem subæquantibus sepalisque cinereo-sericeis; pistillo glabro, ovario pedicellato, stigmate terminali vel vix obliquo, late expanso, medio conico-apiculato. Fructus obovatus lævis, basi styli acuminatus. !

202 AD. EBRONGNIART KT A, GRIS.

. Frutex. Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, 1117; Deplan- che, 98).

Cette espèce est la seule parmi les Grevillées de Nouvelle-Calé- donie, qui se rapproche très-mtimement de quelques espèces de la Nouvelle-Hollande ; elle offre, en effet, beaucoup d’analogie avec le Grevillea polystachya R. Br., et probablement avec le G. gibbosa R. Br. que nous n'avons pas pu lui comparer direc- tement. Ces deux espèces ont, en effet,-comme la plupart de celles de la Nouvelle-Calédonie, de longues grappes de fleurs ter- minales et des feuilles entières étroites; mais le G. polystachya diffère évidemment par des feuilles beaucoup plus longues, très- étroites, linéaires à trois nervures parallèles très-régulières, par ses fleurs en grappes paniculées, moins longues que dans les plantes de la Nouvelle-Calédonie.

Nous devons remarquer que cette espèce et celles qui s’en rapprochent le plus, croissent dans la partie orientale et tropi- cale de la Nouvelle-Hollande, par conséquent dans la région la plus analogue, par son climat, à la Nouvelle-Calédonie.

7. GREVILLEA VIEILLARDI.

Frutex folus crassis coriaceis, obovatis, vel oblongis basi in petiolum pollicarem attenuatis, apice obtusis vel rotundatis, breve mucronatis, rarius subemarginatis, integerrimis, margine cartilagineo incrassatis, nervo medio rigido, nervis pinnatis obli- quis et reticulato-venosis ; Junioribus ramulisque utrinque sericeo fulvo-villosis ; adultis discoloribus supra lævibus læte virentibus, subtus cinereo vel fulvo-sericeis ; racemis axillaribus versus apices ramorum approximats, erectis, vix foliis longioribus, ci- nereo-villosis, pedicellis approximatis calycibus duplo brevio- ribus ; stylis longissimis ovariisque glabris ; stigmate terminali expanso, medio apiculato.

Var. 6. emarginata, folus obovatis, minoribus, emarginatis, subtus ferrugineo vel fulvo-sericeis ; spicis gracilioribus.

Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, 1112; Deplanche, 1864, 96). Var. B loco proprio ignoto (Vieillard, 1111).

L

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 203

CENARRHENES Labill.

A. CENARRHENES SPATHULÆFOLIA.

Folia alterna approximata glaberrima, integerrima, anguste spathulata, apice rotundato-truncata, basi sensim attenuata subsessilia, subenervia (nervo medio in speciminibus siccis vix notato, superficie plicata subreticulata) nigrescentia.

Flores sepalis deciduis, brevi racemosis, racemis paucifloris (6-8), receptaculo plano, symetrico, glandulis quatuor æqualibus angustis subconicis.

Fructus. Nucula pollicaris compressa obovata vel elliptica, externe suberosa, endocarpio lignoso crassissimo. Semen imper- fectum. |

Species ab unica specie cognita, €. nitida Labill. e Tasmania valde diversa forma foliorum et racemis florum brevioribus, sed, etiam deflorata, certe congener forma receptaculi, imflorescen - tia et colore nigrescente foliorum smgulart.

Frutex. Habitat in‘montibus prope Kanala (Vieillard, 1120).

2, CENARRHENES PANICULATA.

Folia approximata glaberrima cuneata, subtriangularia, basi sensim angustata et in petiolum brevem attenuata, apice dilatata subtruncata, grosse et obiuse tri-quinque dentata, supra basim trinervia, nigrescentia.

Flores in paniculam terminalem laxam longe pedunculatam dispositi, ramulis spicatis, floribus sessilibus, in præfloratione sub- pyramidatis, bracteis floralibus parvis acutis margine scariosis ; sepalis brevibus oblongo-angustatis, externe revolutis. Ovario ovaio sessili, pilis candidis elongatis tecto.

Frutex humilis. Habitat in montibus excelsis prope M’Bée (Vieillard, 819); in Nova Caledonia australi (Baudouin, 1865).

204 AD. BRONGNIART ET A, GRIS.

STENOCARPUS R. Br.

À. SrEenocARPUS Forster R. Br.

Frutex glaberrimus, ramulis graciibus erectis, junioribus angulosis compressis; foliis oblongo-lanceolatis obtusis vel oblongo-spathulatis rotundatis, basi in petiolum brevemattenua- üis, integerrimis, trmervis vel subenervis, coriaceis ; pedunculis subterminalibus angulosis, folia subæquantibus, paucifloris (6-10), pedicellis calyce sublongioribus compressis; bracteis brevissimis ; folliculis elongato-fusiformibus.

Var. «. Forsteri, foliis mmoribus, sæpius oblongo-spathulatis apice rotundats, suhenervus et subconcoloribus, pedunculis pedicellisque gracihibus angulosis non complanatis (specimini Forster: in herb. Mus. Paris conformis).

Embothrium umbellatum Forst., Gen., p. 16, t. 8 f, a, f. Stenocarpus F'orsteri R. Br., Trans. linn., 10, p. 201,

Var. &. Billardieri, foliüs majoribus, obtuse lanceolatis apice rotundaiis, discoloribus, distincte triplmervis, pedunculis pedi- cellisque complanatis subancipitibus (an species propria ?) (spe- cimini herb. Billardieri conformis). -

Stenocarpus Forsteri Labill., Sert. austr.-cal., p. 24, t. 26.

Habitat in Nova Caledonia ; var. à Mont-Dore (Vieillard, 1098), in collibus ferrugineis prope Kanala (Deplanche, 1860, 204). Var. G. In cacumine montium prope Balade (Vieillard, 1094). In Nova Cale- donia (Deplanche, 1865, 95).

2. STENOCARPUS INTERMEDIUS.

Frutex glaberrimus, ramulis diffusis, junioribus angulosis ; foliis lanceolatis, basi longe attenuatis, obtusis nec rotundatis, subenerviis vel obscure triplinerviis; pedunculis tenuibus fohis brevioribus vel vix folia æquantibus paueï vel multifloris (numero

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALUDONIE. 205 8-15), pedicellis gracilibus calyce paulo longioribus, bracteis minutis squamulæformibus.

Habitat in montibus prope Balade {Vieillard, 1096).

Obs. Cette espèce se rapproche beaucoup du SF. Forsterr et particu- lièrement de la var. B, mais les feuilles n’ont pas la forme oblongue-spa- tulée et l'extrémité arrondie de celles de cette espèce; les nervures sont à peine distinctes ; les pédoncules très-grêles diffèrent beaucoup de ceux plus épais, anguleux, ou aplatis du S% forsteri. Par plusieurs de ces caractères ce Séenccarpus ressemble au S4. gracilis, mais chez celui-ci, les pédoncules longs et grèêles ne portent que deux à trois fleurs, et les brac- tées, qui forment une sorte de collerette à ces ombelles, sont développées en petites feuilles et non pas squamiformes comme dans les deux pre- mières espèces.

3. STENOC RPUS GRACILIS.

Frutex glaberrimus, ramis gracilibus diffusis, jumioribus vix angulosis, foliis lanccolatis vel ovaio-lanceolatis chtusis (nec spathulatis nec rotundatis) triplinervus, discoloribus ; pedunculis graclibus et subeanillaribus, foltis longioribus, 2-3-floris, brac- teis inæqualibus pedicellos breves subæquantibus folnformibus ; folliculis gracihibus cylindricis arcuaüs.

Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Yate (Vieillard, 1100).

H. STENOCARPUS LAURINUS.

Arbor vel arbuscula, folüs ellipticis, obovato-ellipticis, vel ovato-elliptücis, apice acutiuseulis vel rotundatis, basi in petio- lum sat longum attenuatis, triplinerviis, margine integris undu- las, junioribus ramulisque ferrugimeo-tomentosis, deinde gla- brescentibus ; pedunculis axillaribus et subterminalibus versus apices ramorum numerosioribus, folia superantibus et subpani- culatis, umbellis multifloris (sub 20-floris), peduneulis, pedicel- lis calycibus ovariisque junioribus dense ferrugineo-tomentosis, adultis glabris.

Var. «. Arbor, foliis ellipticis utrinque acutis.

Var. 6. Arbor, foliis obovato-ellipticis apice obtusis rotun- datis, Sæpe obliquis difformibus.

206 AD. BRONGNIARYE ET A, GRIS. Var. y. Arbuseula, foliis ovato-ellipticis obtusis.

Habitat. Var. « in montibus prope Balade (Vieillard, 4092). Var. in üisdem locis (Vieillard, 1093). Var. y in insula Pinorum (Pancher, 1860, n°417).

Espèce très-variable par la forme des feuilles, qui semble se rapprocher du Stenocarpus Moorii de Müller, que ce savant bota- niste à considéré plus tard comme une simple variété du Steno- carpus sahignus. Notre plante est très-différente des échantillons de cette dernière espèce nommés par R. Brown, aussi bien que de ceux envoyés par M. Müller lui-même, par ses feuilles beau- coup plus larges, plus coriaces, toujours ondulées sur leurs bords. Les inflorescences se ressemblent beaucoup dans ces deux espèces, quoique plus longuement pédonculées dans le S. lau- rinus, et Couvertes dans leur jeunesse d’un duvet ferrugineux qui paraît toujours manquer dans le S. salignus.

5. STENOCARPUS RUBIGINOSUS.

Frutex, ramulis folisque (præsertim ad paginam inferiorem), pube rubiginosa brevi caduca vestitis ; foliis elliptico-lanceolatis obtusis integerrimis, marginerevolutis, planis, coriaceis, obscure triplhinervus, basi in petiolum brevem attenuatis ; umbellis mul- tifloris, pedunculis, pedicellis calycibusque ferrugineis.

Habitat in montibus prope Poila (Vieillard, 4095).

Cette espèce est voisine du $4. CunninghamiR. Br., qui en diffère cependant par ses feuilles oblongues tomenteuses.

G. STENOCARPUS VILLOSUS.

Arbor, ramulis foliisque junioribus dense tomentosis ; foliis adultis glabrescentibus, versus basim tantum villosis, obovato- ellipticis rotundatis im petiolum attenuatis, triplinerviis, margine _ revolutis, mollibus, concoloribus ; umbellis multifloris, peduncu- lis foliis brevioribus sæpe geminis, pedicellis et calycibus dense cinereo-tomentosis ; gynophoro grach glabro, ovario villoso. Habitat prope Balade (Vieillard, 4140).

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUV&ÉLLE=CALÉDONIE. 207 7. STENOCARPUS TREMULOIDES.

Arbor, ramulis tomentosis, foliis ovato-subrotundis, basisæpius subcordatis vel cordatis, petiolatis, e basi 3-5-7-nerviis, integris, undulatis, coriaceis, subtus ferrugineo- vel cinereo-tomentosis ; umbellis paucifloris, pedunculis fructiferis folio brevioribus, pedicellis folhculisque cinereo-villosis.

Habitat in Nova Caledonia loco M’Bée dicto (Vieïillard, 40914).

a

8. STENOCARPUS HETEROPHYLLUS.

Frutex glaberrimus, ramulis gracilibus, foliis heteromorphis, inteyris, trilobis, pluribusque bilohis (uno quadrilobo) ; integris oblongis v. oblongo-lanceolatis obtusis, margine integerrimis, corlacels enerviis lævissimis ; lobatis profunde partitis, trilohis lobis laterahibus magnitudine variantibus, bilobis lobo unila- terali; pedunculis gracilibus folio brevioribus (paucifloris), pedi- cellis fructiferis subgeminis, folhculis glaberrimis.

Habitat ad montem dictum Mont-Dore Novæ Caledoniæ (Vieillard, 4099).

9. SrenocARPus Muret 3. Hook.

Frutex glaberrimus, ramis gracilibus strictis, foliis pmnati- fidis, longe petiolatis, plerumque sub 5-partitis, rarius 3-4-7- partitis, lobis angustis linearibus obtusis subtruncatis opposits, rachi valde obliquis, enerviis, margine revolutis, inferioribus rarius lobatis ; pedunculis folio brevioribus, umbellis subsexflo- ris ; folliculis gracilibus.

Lomatia Milnei Hook., Journ. bot., 1854, p. 359 ; 1855,

tab.2.

Stenocarpus Milnei Meisn. in DC., Prodr., 41h, p. 151.

Habitat in insula Pinorum Novæ Caledoniæ (Pancher, 1860, 418).

A0. STENOCARPUS ELEGANS.

Frutex glaberrimus, ramis gracilibus diffusis, foluis bipinna- tifidis longe petiolatis, pinnulis primarus 4-5-jugis, superioribus

208 AD. BRONGNIART ET A, GRIS.

integris, inferioribus pinnatifidis, 2-3-5-lobis, lobis lineari- lanceolatis obtusis patentibus, enerviis vel obscure 1-3-nerviis, margine integerrimis planis vel paululum incrassatis ; peduncu- lis foliis multo brevioribus paucifloris (4-5-floris).

Habitat in Nova Caledonia, loco dicto Mont-Dore (Vieillard, 4101: Deplanche, 215).

Cette espèce se rapproche beaucoup de la précédente, mais elle en difiere non-seulement par ses feuilles constamment bipin- _natifides, mais surtout par la forme et la direction des lobes de ces feuilles qui sont linéaires, allongés et très-obliques sur le rachis dans le Stenocarpus Milnei; plus courts, élargis vers le milieu, et formant un angle plus ouvert avec le rachis dans le S. elegans. Le S. Milnei paraît Jusqu'à présent propre à l'ile des Pins.

A1. STENOCARPUS DAREOIDES.

Frutex glaberrimus, foliis longe petiolatis, decompositis, tri- pinnatifidis, lobis parvis angustis linearibus integris vel bi-trifi- dis, coriacels, nervo medio tantum percursis, supra lucidis.

Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard 1102).

Obs. Cette espèce dont nous n'avons vu qu'un rameau sans fructifi-

cation, appartient cependant, sans aucun doute, au même groupe que la précédente, mais ses feuilles très-divisées à lobes bifides ou trifides

comme ceux de certaines Fougères des genres Darea, Cheilanthes ou.

Gymnogramme, lui donnent un aspect tout particulier.

KNIGHTIA R. Br.

1. KNIGHTIA STROBILINA R. Br.

Arbor, folus alternisobovato-oblongis, obtusis, in petiolum lon- gum basi attenuatis, Integerrimis, utrmque ramulisque glaberri- mis, reticulato-penninerviis. Floribus spicatis, spicis axillaribus peduneulatis foliüis brevioribus, strobiliformibus, bracteis imbrica- tis,glaberrimis, mferioribusbrevioribus rotundis vel ellipücisimvo- lucrantibus, superioribus flores stipantibus et superantibus oblon-

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 209

gis acutis; floribus breve pedicellatis, in axilla bractearum ge- mins, glaberrimis (sepala, glandulæ, stamina et pistillum ut in K. excelsa, sed glaberrima); foliculis lignosis fusiformibus areuatis, basi styli superatis (non apertis).

Embothrium strobilinum Labill., Nov. Holl., 9, p. 410.

Knightia integrifolia À. Cunningh., in Ann, of nat. hist., I, p. 898.

Habitat in montibus prope Balade (Vieillard, 4118).

L'étude des fleurs de cette plante ne confirme pas l'opinion de R. Brown, quelle pourrait constituer un genre distinct du Knightia fondé sur le K. eæcelsa. L'organisation de ces deux plantes est parfaitement la même, et il n’est pas probable que le fruit, que nous n'avons pas observé complétement mûr, puisse offrir des différences de quelque valeur.

9, Kauicuria Depzancuet Vieill. mss.

Frutex fois alternis parvis oblongo-spathulatis basi in petio- lum brevem attenuatis apicem versus obtuse 3-5-7-crenatis, co- riaceis, utrinque glaberrimis, discoloribus pinnatim et reticulate nervosis; floribus spicatis, spicis terminalibus strobiliformibus, bracteis exterioribus delapsis, interioribus oblongo-lanceolatis acutiusculis margine ciholatis ; floribus dense approximatis ge- minis breve pedicellatis, bracteis caducis longe superatis.

Habitat in montibus prope Balade (Vieillard, 719).

Nous n'avons vu de cette espèce qu’un seul échantillon assez mal conservé, mais elle est si bien caractérisée qu'il est impos- sible de conserver aucun doute, soit sur sa place dans le genre Knightia dont elle offre tous les caractères, soit sur sa distinc- tion spécifique, tant elle diffère des deux autres espèces de ce genre.

ô€ série, Bot, T. IIT. (Cahier 4.) £ 14

MO AD. BRONGNIART ET A. GRIS.

OBSERVATIONS SUR LES MYRTACÉES SARCOCARPÉES ET SUR LE NOUVEAU GENRE PILIOCALYX.

Nous avons décrit, dans une première notice sur cette famille, les plantes qui se rangeaient dans la section des Myrtacées à fruits capsulaires, formes analogues à celles qui prédominent dans la végétation australienne. I nous restait à faire connaître les Myrtacées à fruit charnu qui croissent en grand nombre à la Nouvelle-Calédonie, et se rattachent pour la plupart aux genres caractéristiques de la végétation des régions intertropicales asiatiques. |

Presque toutes rentrent dans les genres bien connus de ces contrées, Myrtus, Eugenia, Jambosa, Syzygium et Caryophyl- lus. Cependant, aucune ne nous a paru pouvoir se rapporter aux espèces déjà décrites dans les flores de l'Inde ou des grandes îles asiatiques. Cette comparaison était, du reste, très-difficile à cause du nombre considérable des formes appartenant à quel- ques-uns de ces genres, et souvent par l'absence d'échantillons authentiques.

Une espèce de Syzygium, seulement, nous a paru identique avec une espèce des îles Viti, décrite par M. Asa Gray. Le voisi- nage de ces îles et de la Nouvelle-Calédonie doit, d’ailleurs, amener souvent une conformité spécifique des plantes apparte- nant aux deux contrées, conformité que nous ont offerte déjà d’autres familles, et que les études postérieures faites sur leur végétation rendra probablement très-fréquente.

Nous avons adopté les genres Myrtus, Eugenia, Jambosa et Syzygium dans les limites qui leur sont le plus souvent assi- gnées. Cependant, l'absence des fruits nous a fait attacher à a structure de l'ovaire une grande importance pour la distinction des Myrtus et des Eugenia. Les Myrtus se distinguent, en eflet, facilement des Eugenia par leurs fruits à graines petites et nom- breuses, bisériées dans chaque loge, tandis que dans ce dernier genre, les graines sont ordinairement réduites à une seule quiest volumineuse, sphérique, et d’une organisation différente. Mais

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 211 l'ovaire lui-même sert à caractériser les deux genres par la dispo- sition régulièrement bisériée des ovules dans les Myrtus, et par leur réunion en un petit groupe arrondi et multisérié sur le milieu de la cloison dans les £ugenia.

Les Jambosa diffèrent peu des Eugenia. Cependant, la prolon- sation du tube calycinal (ou de l'hypanthium) au delà de l'ovaire, permet de les distinguer aisément comme l'ont fait la plupart des auteurs.

Quant aux Syzygium ils se rapprochent, sans doute, de ce dernier genre, mais ils s’en distinguent par un aspect très- différent, et par quelques caractères qui nous ont paru suffisants pour maintenir la sépara.: on admise par beaucoup d'auteurs, surtout dans un travail dans lequel nous n'avons pas pour but de faire une révision du groupe des Myrtacées ; ainsi leur tube calycinal, dont l'orifice est le plus souvent contracté et surmonté d'un limbe très-court, leurs pétales petits, souvent imparfaits et irréguliers, appliqués étroitement les uns contre les autres et se détachant alors comme une sorte d’opercule, les caractérisent sensiblement ; cependant ce dernier trait, considéré comme la note distinctive du genre, nous a paru si diftiaile à bien appré- cier sur les boutons de fleurs ou sur les fleurs un peu plus déve- loppées, que nous n'avons pas cru devoir distinguer les Acmena des Syzygium. Nous nous sommes bornés à ajouter le nom d’Acmena aux espèces dans lesquelles nous avons pu observer les pétales libres, persistants et régulièrement étalés.

M. Asa Gray, se fondant sur Les rapports intimes qui unissent les Eugenia, Jambosa, Syzygium et Acmena, les à tous réunis sous le nom d'Eugenia; mais cette fusion ne nous a pas toujours paru très-naturelle et nous avons préféré suivre la nomenclature généralement admise.

Les Caryophyllus sont bien caractérisés par la structure de leur oyaire, de leur fruit et de leur graine. Nous ferons seule- ment remarquer que le C. ellipticus décrit par La Billardière n'a pas été retrouvé par les explorateurs modernes de la Nou- velle-Calédonie, tandis que deux espèces sont venues s'ajouter à ce genre peu nombreux jusqu’à ce jour en formes distinctes.

219 AD. ERONGNIART EN A. GRIS.

Sur quarante espèces de Mvyrtacées sarcocarpées, trente-cinq rentrent dans les cinq genres déjà connus que nous venons de citer. Les autres plantes de ce groupe semblaient, par la forme singulière de leur calyce en facon d’opercule ou de coiffe, se rapporter au genre Calyptranthes. Dans une de ces plantes cet opercule était conique et acuminé. Ce caractère, et surtout la structure de son ovaire biloculaire à ovules nombreux, bisériés et ascendants, nous l'ont fait ranger dans le genre Acicalyptus, fondé par M. Asa Gray pour une Myrtacée des îles Viti dont notre _plante diffère spécifiquement.

Les quatre autres Myrtacées à calyce operculiforme différent très-sensiblement de celle-ci par la forme de ce calyce très-dé- primé ou en cône obtus, et par la structure de l'ovaire qui les dis- tingue également des Acicalyptus et des vrais Calyptranthes amé- ricains ; dans ces derniers l'ovaire biloculaire renferme dans chaque loge deux ovules campylotropes hasilaires; dans les plantes de la Nouvelle-Calédonie chacune des deux loges de l'ovaire contient quatre à huit ovules orthotropes suspendus au sommet de la loge. Cette organisation smgulière de l'ovaire les distingue, non-seulement des autres Myrtacées à calyce calyptri- forme, mais même de tous les genres décrits de cette famille.

Nous avons donné à ce genre le nom de Piriocarvx.

Le fruit de ces plantes ne nous est pas connu, mais on ne peut douter, d'après la nature de l'ovaire, qu’il ne soit charnu et pro- bablement fort analogue à celui des Syzygium.

MYRTUS L.

1. MyYRTUS RUFO-PUNCTATA Pancher mss.

Folia parva, elliptica vel elliptico-oblonga, breviter petiolata, margine revoluta, glabra, vel, in juventute, infra puberula, supra nitentia, subtus pallidiora et glandulis rufis, hinc 1lhine prommentibus, conspersa, nervo medio tantum notata, nervis secundartiis inconspicuis; flores axillares, solitarn, subsessiles; fructus sphæricus, glaber vel vix puberulus, 3-locularis, loeulis

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 213 semina plurima, minima, subrotundata, compressa, angulo interiori biseriatim superposita ineludentibus.

Frutex ramosus, ramis divergentibus.

Habitat ad rivorum ripas in Nova Caledonia interiori (Pancher, 1861- 1862), in montibus prope Kanala (Vieiülard, 510).

2. Mvrrus vaccinioipes Pancher mss.

Folia elliptico-lanceolata, apice acuta, vel acuminata, basi m petiolum brevem attenuata, plerumaque margine revoluta undu- lataque, supra nitida, infra sæpius cinerea, seilicet pube brevi applicata plus minusve vestita. Flores solitarn, axillares, pedun- culo gracili adscendente puberulo, apice curvato, folia sub- æquante, suffulti; calyce ncano-pubescente ; fructus sphæricus, lobis calyeinis superatus, glabratus ; semina multa, plus minus irregulariter triquetra, ossea, basi excavata, embryone cylin- drico, annulari. |

Frutex ramosus.

Habitat in Nova Caledonia prope Balade (Vieillard, nis 487, 488, 489, 490); Pancher, 1861-1862; Deplanche, 541.

9. MYRTUS EMARGINATA Pancher miss.

Folia ellipiica, basi in petiolum brevem attenuata, apice emarginata, glabra (in juventute vix puberula) supra nitida, subtus pallidiora et sub lente glandulis minutis, fuscis, conspersa ; ner vis parum conspicuis, remote pinraüs. Flores axillares, soli- tar, longe peduneulati, pedunculo nutante; calyx Imcano- pubescens ; fructus subpuberulus, ovoideus, lobis calycinis per- sistentibus incano-pubescentibus coronatus.

Frutex caulibus divergentibus.

Habitat in jugis altis Novæ Caledoniæ (Pancher, 1860-1861).

h. MYRTUS ALATERNOIDES.

Folia elliptico-lanceolata, basi in petiolum brevem attenuata, apice obtuso emarginata, margine revoluta, nitida, remote pen- ninervia, nervis infra supraque paulo prominulis, infra pube

21h AD. BRONGNIART ET A. GRIS.

brevi vestita nigroque punctulata ; flores solitarn, axillares, bre- viter pedunculati, pedunculis erectis bibracteolatis ; pedunculo, bracteolis calyceque incano pubescentibus; semima minima ?, reniformia, facie una convexa, altera plana, lucida; embryone Curvo, apice spiral.

(E specimme imperfecto, deflorato ).

Frutex. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard, 495).

5. MyrTus BALADENSIS.

Fola elliptica, petiolata, margine revoluta, supra nitida, sub- tus pallidiora, sub lente nigro punctulata et vix puberula, remote penninervia ; flores cymosi, cymis axillaribus pedunculatis, sæpius trifloris, ad apicem ramorum im corymbum multiflorum confertis, pedunculis, pedicellis calyceque plus minusve incano- pubescentibus; fructus oblongo-sphæricus, longitudmaliter tri- sulcatus, transverse multi-striatus, albo-pubescens.

Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade (Vieillard, nis 491 et 493) ; Pancher, 1860.

6. Myrrus ViEILLARDI.

_Folia sat magna, elliptica, apice obtuse acuminata, breviter petiolata, margine revoluta subundulataque, glabra (jumoribus puberulis) ex utraque facie subtilissime fusco-punctulata (glan- dulis cæterum pellucidis), remote pennimervia; flores cymosi, cymis axillaribus, longe peduneulatis, fola subæquantibus, plu- rifloris, foliaceo-bracteatis, peduneulis, bracteis, pedicellis caly- cibusque albo-pubescentibus ; calyx tubo infundibuliformi.

Frutex, Habitat in Nova Caledonia prope Kanala (Vieillard, 485). Var. depauperata.

Cymis paucifloris vel unifloris, pedunculis calycibusque sub- glabris.

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE=CALÉDONIE. 2415

EUGENIA Mich.

1. EuceniA LiTToRALIS Pancher mss.

Folia elliptica, margine undulato-crispa, brevissime petiolata, apice plus minusve rotundata, basi obtuse subcordata, remote penninervia, nervis tenuibus vix prominulis, discoloria, supra vernicosa, subtus pallidiora, punetulis nigris conspersa et sub lente puberula, secundum petiolum nervique medi basim pube- scentia ; flores caulini, sessiles, albi, in fasciculos pluriflores con- gesti;, calycis tubo campanulato, ferrugineo-tomentoso, limbo h-lobo, lobis obtusis, erectis, mæqualibus ; fructus subsphæri- cus, ferrugineo-puberulus, lobis calycnis persistentibus corona- tus, mesocarpio carnoso, endocarpio solubili, fibroso-coriaceo, biloculari; semina plerumque ?, reniformia, glabra, facie una convexa, altera concava.

Frutex parum ramosus, fastigio denso.

Habitat in oris arenosis Novæ Caledoniæ (Pancher, 1860-1861).

Var. 6. Deplancheai. Folis rotundatis vel ovatis, glabris vel in juventute ferrugineo-puberulis (Vieillard, 478 prope Balade ; Deplanche, 529, 529 bis),

2. EUGENIA MAGNIFICA.

Folia ampla, oblonga, apice sensim attenuata, plus minusve obtusa, basi cordata, subsessilia, margine revoluta, remote pen- ninervia, reticulato-bullata, supra nitida, infra pallidiora, hince inc imcano-puberula, nervo medio plerumque ferrugineo- tomentoso, pellucide punctulata ; flores caulini, inæqualiter pe- dunculati, ramis vetustis tantum insidentes, in umbellam pluri- floram, pedunculis elongatis gracilibus, dispositi; calycis tubo infundibuliformi, primum incano-puberulo, demum glabro, lobis 4 triangularibus, quorum duo majores.

Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis prope Kanala (Vieillard, 480; Pancher, 1861; Deplanche, 539).

216 AD. BRONGNIART ET A. GRIS.

3. ÉUGENIA COSTATA.

Fola subsessilla, ovata, apice sensim attenuata obtusaque, supra lucida, infra glabra, pellucide punctulata ; flores caulini, in umbellas plurifloras, gracill peduneulo suffultas, dispositi ; tubo calyeimo costs 8-9 eleganter ornato, glabro; lobis 4 reflexis, tubo crciter triplo longioribus, oblongis, concavis, apice rotun- datis et denticulatis, glanduloso-punctatis.

(E specimine jam deflorato et foliis plerumque depauperato).

Frutex. Habitat in Nova Caledonia circa Balade (Vieillard, 481).

h. EuGeniA pALUuDoSA Pancher mss.

Folia ampla, lanceolata, breviter petiolata, margine undulata, apice obtusa, discoloria, supra nitida, infra pallidiora, mem- branacea , haud punctulata, glabra ; flores bibracteolati im cymas dichotomas, plurifloras, sat breves dispositi, caule nudo impositi; calycis tubo campanulato im quatuor lobos (quorum duo majores) late rotundatos expanso ; pedunculis, bracteolis, calyceque ferrugineo-velutinis.

Frutex ramosus, patens, diffusus.

Habitat in sylvis paludosis prope Kanala (Pancher, 1861), in sylvis prope Balade (Vieillard, 79).

5. EUGENIA OVIGERA.

Folia elliptica vel obovata, apice rotundata sæpissimeque emarginata, in petiolum sat longum basi desinentia, margime revoluta, glabra, supra lucida, infra pallidiora, remote penni- nervia, nervis utrinque paulo prominulis. Flores albi im pedun- culum brevem, axillarem, geminati (ex clar. Pancher);, fructus solitarii, monospermi, ovoidei, glabri, lobis calyeimis 4 persis- tentibus coronati.

Arbor ramosa. Habitat in Nova Caledonia et in insula Pinorum (Pan-

cher, 1861, Z. geminiflora mss.); vel ad ripas rivi prope Unia (Vieillard, n°473), Deplanche, 537.

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE=CALÉDONIE, 217 6. EUGENIA STRICTA Pancher miss.

Folia obovata, basi in petiolum brevem attenuata, apice emarginata, itaque sæpissime obcordata, margine revoluta, coriacea, nitida, pennimervia, glabra (seu jumioribus puberulis), glandulis minimis infra sub lente conspicuis conspersa; flores ignoti, fructus solitarn axillares, breviter pedunculati, sepalis l inæqualibus (quorum duo majora) coronati, monospermi.

Frutex parce ramosus, ramis strictis.

Habitat in Novæ Caledoniæ montibus ferrugineis (Pancher, 1860-1862).

7. EUGENIA HoRrIZONTALIS Pancher mss.

Folia parva, elliptica vel obovata, apice obtusiuscula, basi sensim in petiolum subnullum attenuata, glaberrima, supra ver- nicosa, infra pallidiora, punctis fuscis glandulosis conspersa, nervis vix conspieuis. Flores albi, minimi, bracteolis alternis duobus exiguis stipati, pedunculo gracili, elonguto, foluis fere duplo longiori suffulüi, ad apicem ramorum ramulorumque brevium solitarii vel aliquoties bini; sepala 4 (quorum duo majora), subrotundata, glabra, tantum margine ciliolata, post anthesim reflexa et tubum calycinum obtegentia ; discus stami- ngerus {-angularis, pubescens.

Frutex ramosus, ramis horizontalibus virgatis.

Habitat in Nova Caledonia prope Port-de-France (Vieillard, n. 512), in sylvis prope Balade (Vieillard, 513). Pancher 1862.

8. EUGENIA MYRTOIDES.

Fola elliptica, breviter petiolata, remote penninervia, nitida, infra, præcipue at nervum medium, puberula, petiolis incano- pubescentibus. Flores solitarti, axillares, pedunculo gracili, elongato instructi; calyx, tubo calycino campanulato limboque pils sericeis vestito, lobis 5 rotundatis.

Frutex ramosus.

Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard, 492).

218 AD. BRONGNIART ET A. GRIS.

9. EUGENIA DIVERSIFOLIA.

Folia in eodem ramo magnitudine formaque diversa, ovata, rotundata, apice obtusa, basi cordata, petiolo brevissimo suf- fulta, coriacea, vernicosa, creberrime penninervia, nervis utrin- que parum prominubs. Flores albi, axillares, pedunculo gracili elongato suffulti, solitaru, bini vel in cymas paucifloras con- gesti; sepala 5, subrotundata, glabra, margine ciliolata, tubo calyemo obconico, glabro, punctulato ; fructus globosus.

Frutex diffusus.

Habitat in Nova Caledonia ad sylvarum ores in collibus schistosis (Pancher, 1862, Myrtus coriaceus mss.), circa Balade (Vieillard, 476).

10. EuceniA VIEILLARDI.

Folia elliptica, apice obtuse acuminata, in petiolum brevem desinentia, infra supraque vernicosa, crebre penninervia, sub- coriacea, pellucide punctulata. Flores cymosi, eymis axillaribus paucifloris, foliis multo brevioribus; calyx tubo piriformi, albo- -pubescenti, lobis 5 subæqualibus, obtuse cuneatis.

Arbor ramosa.

Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard, 48h).

11. EucextA PANCHERï.

Folia elliptica vel interdum obovata emarginataque, basi m petiolum sat brevem desinentia, coriacea, glaberrima, supra vernicosa, infra pallidiora, crebre penninervia, nervis primarns secundariisque utrinque promimulis, glandulis nigrescentibus conspersa, cæterum pellucide punctulata. Flores cymosi, cymis ramosis terminalibus axillaribusque , folla haud æquantibus, bracteis foliaceis sæpius stipatis ; calyx tubo subsphærico, lobis 5 persistentibus obtuse cuneatis coronato, albo-pubescens.

Arbor ramosa, cortice nigricanti exteriore a strato rubescente inte- riore in lobulos secedente.

Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade et Yate (Vieillard, nis 508 et 526); Pancher 1861, Myrcia Caledonica mss.; Deplanche, ns 530, 531.

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 219 12, EUGENIA CLUSIOIDES.

Folia obovata, in petiolum brevem basi attenuata, glaber- rima, supra nitida foveolisque minutis sub lente conspersa, infra pallidiora glandulisque prominuks notata, cæterum pellu- cide punctata, crebre penninervia, nervis supra Infraque con- spicuis. Flores sat magni in cymas terminales dispositi, peduncu- lis bracteis subfoliaceis ovatis suffultis ; calyx tubo campanulato, glabro, glanduloso, limbo 5-lobato, lobis imæqualibus, latis rotundatis, margine præcipue pubescentibus; corolla petalis 9 (an semper?) forma magnitudmeque mæqualibus, pubescenti- bus, e parte, in videtur, post anthesim persistentibus ; stamima numerosissima, antheris dorsifixis, glandula ornatis ; ovarium 5-loculare.

Species sat ambigua. Hab. in Nova Caledonia (Deplanche, 525).

JAMBOSA Rumph.

1. JAMBOSA LONGIFOLIA.

Folia elongato-lanceolata, pedalia, apice obtuso sensim atte- nuata, basi rotundata et subcordata, margine undulata, breve petiolata, glabra, supra nitida, infra glaucescentia, nervis pin- natis sat distantibus utrmque sed infra præcipue prommulis, facie inferiore creberrime subtülissimeque sub lente foveolata ; cymæ terminales erectæ, ramis sat elongatis sed folio multo bre- vioribus, paucifloræ ; flores sessiles, magni ; staminum filamentis inter se plus minusve coalitis et basi in annulum deciduum sub- monadelphis.

Frutex ramis tetragonis margine alatis.

Habitat in sylvis montium prope Balade (Vieillard, 460).

2. JAMBOSA NERIIFOLIA.

Folia elongato-lanceolata , apice basique attenuata, breve petiolata, margine revoluta, pellucide punctata, supra nitida, uervis pinnatis utrinque conspicuis; cymæ erectæ paucifloræ,

2920 AD. BRONGNIART ET A, GRIS.

ramis gracilhibus folio brevioribus; flores sessiles, tubo calycmo infundibuliformi, basi sensim graciliter attenuato, lobis sat magnis Ovatis, aCutIS, Mmargine SCarlOsis.

Frutex ramis tetragonis, angulis alatis. Hab. in Novæ Caledoniæ monte dicto Tiare (Vieillard, 474).

3. JAMBOSA BRACKENRIDGEI.

Folia oblongo-cuneata vel obovata, apice obtusa, basi in pe- tiolum sensim desinentia, Coriacea, supra lucida, creberrime penninervia, nervis utrinque paulo prominulis, margine sub- revoluta ; cymæ multifloræ, erectæ, ramis post anthesim diva- ricatis, terminales axillaresque, floribus sessilibus, rubescentibus (ex clar. Pancher); calyx tubo infundibuliformi, lobis 5 late ro- tundatis; corolla petalis 5-6 exterioribus majoribus rotundatis, interioribus minoribus irregularibus; stamina antheris subbasi- fixis.

Eugenia PBrackenridgei Asa Gray, Unit. Stat. explor. eæp., p. 521, t. 61.

Arbor altissima, trunco amplo, cyma patente, rotunda.

Habitat in vallibus ferrugineis Novæ Caledoniæ (Pancher, 1861) et ad ripas rivi Unia dicti (Vieillard, 536).

LL. JAMBOSA PSEUDO-MALACCENSIS Vieillard mss.

Folia oblongo vel ovato-lanceolata, membranacea, breve pe- tiolata, apice basique attenuata, nervis pinnatis sat distantibus, infra nigro, cæterum pellucide punctulata; cymæ breves, erectæ paucifloræ, in axilla foliorum delapsorum productæ, floribus subsessilibus. Calyx tubo imfundibuliformi, lobis 4 late rotun- tadis.

Arbor. Habitat in Nova Caledonia circa Balade et Poipo (Vieaillard, n°/162).

D

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 221

sm

SYZYGIUM Gœrtn.

Î. SYZYGIUM MULTIPETALUM Pancher mss.

Folia sat magna, oblengo-obovata, apice rotundato-emargi- nata, breve petiolata, coriacea, lucida, reticulato-nervosa, ner- vis infra prominulis, margine paulo revoluta ; eymæ multifloræ, erectæ, rigidæ, crassæ, terminales axillaresque, floribus sessili- bus ; calyx tubo subcylindrico, sursum dilatato, apice constricto, limbo truncato ; petala 6-8 inæqualia; antheræ dorsifixæ.

Arbor. Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum locis ferrugineis (Pancher, 1861-1862). Ad ripas rivorum propeM Bee (Vieillard, 537).

2. SYZYGIUM MACRANTHUM.

Folia elliptica, in petiolum brevem sensim attenuata, glabra, supra vernicosa (in sicco rufescentia), nervis infra reticulatis prominulis Instructa; flores cymosi magni, sessiles, cymis erec- üs, tortuosis, breviter articulatis ; calyx tubo imfundibuliformi, limbo smuato et subtruncato ; petala 3, mterno rostrato ; antheræ dorsifixæ.

Arbor. Habitat in sylvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieil- lard, 161).

3. SYZYGIUM DENSIFLORUM.

Foha lanceolata vel ellipico-lanceolata, breviter petiolata, margine revoluta, nervis pinnatis sat distantibus, coriacea, supra nitida, infra pallidiora nigroque creberrime punctulata : flores cymosi, sessiles, cymis axillaribus terminalibusque versus ramo- rum apicem in corymbum ramosissimum, strictum, erectum, densiflorum congestis ; calyx tubo infundibuliformi, limbo 5-lo-

bato, lobis sat distinctis, laüs, obtuse cuneatis ; petala 5, inæ- qualia ; antheræ basifixæ.

Arbor, Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Balade (Vieil- lard, 535).

299 AD. BRONGNIART ET A. GRIS, h. SYZYGIUM NITIDUM.

Folia ovata vel elliptica, apice obtuse acumimata, basi im pe- tiolum sat longum desinentia, creberrime penninervia, nervis utrinque paulo prominulis, coriacea, nitida, subtus punctulis minimis conspersa ; cymæ multfloræ, terminales, rigidæ, erectæ, floribus sessilibus ; calyx tubo conico, lobis 5 late triangularibus; petala 5, interno rostraio ; antheræ basifixæ.

Arbor. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Unia (Vieillard, 539); Deplanche, 533.

5. SyzvqiuM PANCHERI.

Folia elliptico-lanceolata, breviter petiolata, apice plus mi- nusve obtusa, coriacea, lucida, margine revoluta, supra foveolis minutis conspersa nervis VIX Conspieuis, lisdem infra pinpatis paulo prominulis ; flores cymosi, breviter pedicellati, eymis multi vel plurifloris, axillaribus terminalibusque, ramis gracilibus, divaricatis ; Calyx tubo campanulato, limbo nullo; petala 2-3 in- terno rostrato; antheræ dorsifixæ.

Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Yaté (Vieillard, 515); Pancher 1861 (S. parviflorum mss.); Deplanche, 524.

G. SYZYGIUM TENUIFLORUM.

Folia parva, elliptica, basi cordata, apice obtusa, sessilia, pen- ninervia, nervis infra tantum vix prominulis, membranacea, glabra, supra vernicosa, infra punctulis minutis creberrime conspersa : flores minutissimi, cymosi, pedicellati, cymis termi- palibus vel axillaribus, multifloris, ramis elongatis, effusis, fili- formibus; calyx tubo turbinato, limbo nullo; petala 3-4, Inæ- qualia, externo latiore operculum sicut efformante, alus rostra- tis ; antheræ subbasifixæ.

Frutex. Habitat in sylvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard, 522).

Var. brevipes.

Foliis ovato-cordatis, pedunculis vix folio longioribus (Vieil- lard, 521 !).

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 229 7. SYzYGIuM ( ACMENA ) LATERIFLORUM.

Folia lanceolata, elliptico-lanceolata, vel oblongo-obovata, apice sæpissime acuminata, basi sensim in petiolum attenuata, membranacea, creberrime penninervia, nervis infra supraque promipulis, supra mitida, glandulis pellucidis eonspersa ; flores eymosi, pedicellati, sat parvi, cymis plerumque ex axilla folio- rum delapsorum nascentibus, ramoso-patentibus, multifloris ; calyx tubo turbinato, limbo truncato; petala haud calyptratim concreta, per anthesim persistentia; antheræ dorsifixæ.

Arbor ramosissima, diffusa.

Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum circa Kanala, Port-de- France (Pancher, 1861-1862; Vieillard, 523).

8. SYZYGIUM ( ACMENA) FRUTESCENS.

Folia elliptico-lanceolata, basi in petiolum sat longum sensim attenuata, glabra, penninervia nervis supra sat conspicuis, pel- lucide punctata ; flores cymosi, sessiles, cymis terminalibus axil- laribusque plurifloris ; calyx tubo mfundibuliformi, imbo 4-lo- bat, lohis rotundatis sat conspicuis ; petala 4, haud calyptratim concreta, per anthesim persistentia; antheræ dorsifixæ.

Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Balade (Vieillard, 520 ; Pancher, 1860).

9. SYZYGIUM (AGMENA) PATENS Pancher, mss.

Folia obovata vel obcordata, apice rotundato integra vel emar- ginata, basi in petiolum brevem attenuata, margine revoluta, coriacea, glabra, nervis pinnatis infra sat prominulis ; flores Cymosi, sessiles, cymis multifloris terminalibus; calyx tubo in- fundibuliformi, lobis brevibus obtusis ; fructus ovoideo-globosus lobis calycinis coronatus, monospermus ; petala 4 rotundata,

baud calyptratim concreta, post anthesim persistentia, patentia ; _ antheræ dorsifixæ,

| Frutex ramis patentibus. Habitat in Novæ Caledoniæ collibus ferru- | gineis (Pancher, 1861 ; Vieillard, nis 517, 518, loco dicto Mont-Dore).

221 AD, RRONGNISRT ET A. GRIS. 10. SyzyGiuM (ÂCMENA) AURICULATUM.

Folia ampla, elliptico-oblonga vel elliptica, basi rotundato auriculata, sessilia, glabra, supra vernicosa, nervis primarts pinnatis, distantibus, ex utroque latere conspicuis; flores cymosi, parvi, pedicellati, cymis axillaribus terminalibusque floribundis, ramis elongatis, gracihbus, erectis ; calyx tubo turbinato, lmbo subtruncato ; petala 3-4 imæqualia, internis rostrats, distantia, libera, ad anthesim persistentia.

Arbor. Habitat in sylvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieil- lard, nis 528, 532, 533).

11. SyzyGIuM (ACMENA) NEGLECTUM.

Folia elliptica vel obovata, basi sensim attenuata et in petio- lum brevem desinentia, supra hitida, infra punctulis minimis sub lente rufis cæterum pellucidis conspersa, penninervia, ner- vis primariis sat distantibus, promimulis; flores brevissime pe- dunculati, cymosi, cymis plurifloris, erectis folio brevioribus ; calyx tubo turbinato, hmbo truncato; petala 8 ex parte saltem ad anthesim persistentia. Antheræ dorsifixæ.

Arbor. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade (Vieillard, 527).

CARYOPHYELLUS L.

À. CARYOPHYLLUS ELEGANS.

Folia lineari-lanceolata, in petiolum brevem attenuata, apice obtusa, margine revoluta, glabra, sub lente foveolis minutissi- mis COnspersa, nervo medio præcipue notata (nervis secundarnis pinnatis parum conspicuis); flores cymosi, ad apicem ramorum congesti, cymis axillaribus terminalhibusque folho brevioribus ; calyx glaber, nitidus, glandulosus, tubo elongato, basi sensim angustato, media parte inflato, dein rursus angustato et in cupu- lam demum expanso, lobis 5 brevibus, remotis, triangularibus, apice plus minus obtusis ; fructus fusiformis lobis calycinis supe-

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 225 ratus, nitidus, glaber, glandulosus ; semen unicum subfusi- forme apice obtuso, basi sensim angustata.

Frutex ramis erectis. Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum in montibus circa Poila (Vieillard, 509).

2. CARYOPHYLLUS BALADENSIS.

Folia obovata vel elliptica, in petiolum brevem attenuata, glabra, supra nitida et foveolis minutissimis conspersa, reticu- lato-penninervia, margine revoluta, coriacea; flores cymosi ad apicem ramorum congesti; cvmuis (ut videtur e specimine incom- pleto), termimalibus, paucifloris ; calyx glaber, tubo elongato, cylindrico, apice dilatato, lobis 4 triangularibus, apice tuto sicut mucronulato.

Arbor. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus circa Balade (Vieillard, 540).

PILIOCALYX Ad. Br. et À. Gris.

Calyx, tubo ovario adhærente, ultra ovarium producto, Himbo clauso operculiformi ad anthesim circumeisse deciduo. Corolla, petalis plus minusve abortivis, minimis, inæqualibus, forma varlabili, operculo adhærentibus. Stamina numerosa, libera, margine superiore tubi calyeini plerumque bi-triseriatim inserta, lilamentis apice subulatis, antheris introrsis, subdidymis, dorsi- fixis. Ovarium inferum biloculare, placentis ex angulo centrali superiorique loculorum nascentibus, ovula 4-6, orthotropa, pen- dula gerentibus ; stylus rectus crassus, apice sensim attenua- tus, stigmate parum conspicuo. Fructus ignotus.

Arbores vel frutices foliis plerumque oppositis, subsessilibus ; floribus numerosis cymosis.

Genus insigne necnon paturale, ab Acicalypto et Calyptranthe differt præcipue forma, numero imsertioneque ovulorum.

A. PiriocALYx ROBUSTUS.

Folia opposita, elhiptica vel elliptico-oblonga, sessilia, coria- 5e série, Bor. T. TI, (Cahier 4,) 9 15

296 AD, BRONGNIART ET A. GRIS.

cea, glaberrima, apice obtusa, basi rotundato - auriculata , ramum arcte amplectentia, margine revoluta, remote penniner- via, nervis infra prominulis ; flores in cymas terminales multi- floras, erectas, elongatas congesti; operculo calyéino comico, apice obtuse acuminato.

Arbor ramosa, ramis glabris, nodosis, foliorum delapsorum cicatrici- bus late sigillatis.

Habitat in Novæ Caledoniæ montium sylvis prope Balade (Vieillard, nis 529 et 530; Pancher 1860).

2, PirioOCALYX LAURIFOLIUS.

Folia ampla, opposita, ternata vel alterna, oblongo-lanceo- lata, in petiolum brevem desimentia, coriacea, nitida, glaber- rima, supra foveolis minutis conspersa, marge revoluta, pen- ninervia, nervis infra præcipue prominulis; flores numerosi in. cymas axillares, ramosas, petiolo paulo longiores congesti, sicut que capitati; opereulo calycino subcomplanato, apice breviter obtuseque apiculato.

*Arbor ramosa. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Kanala (Vieillard, 525 ; Deplanche, 523). |

à. PiLiocALYx BAUDOUINII.

Folia opposita, parva, sessilia, ovata, basi cordata, marge undulata, nervis pinnatis infra vix pronnnulis; flores in cymas terminales, paucifloras, sat breves, congesti; operculo calyemo complanato, apiculato.

Frutex ramosus, glaberrimus, ramis gracilibus dichotome flabellatim -

que divergentibus. Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum circa Port-de-France (Baudouin 1865).

h. PiLIOCALYX MICRANTHUS.

Folia opposita , elliptica, apice rotundato-acuminata, basi sensim in petiolum brevem desinentia, nitida, creberrime pen- _ninervia, membranacea, margine undulata, glaberrima. Flores MINIMI, In Cymas axillares, vix pediolum æquantes, contractas, paucifloras congesti ; operculo calÿcino plano, apiculato.

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 227

Frutex ramosus. Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Balade (Vieillard, 5419).

ACICALYPTUS Asa Gray.

ACICALYPTUS NITIDA.

Folia elliptica, vel obovato-spathulata, sessilia seu in petiolum brevissimum basi sensim attenuäta, margine subundulata revo- lutaque, creberrime. penninervia (nervis primariis secunda- risque in nervum.marginalem confluentibus, supra parum con- spicuis, infra.paulo prominentibus), glaberrima, infra præcipue punctulata, utrinque nitida ; flores numerosi, in cymas pluries dichotomas ad apicem ramorum congesti ; tubo calycino subses- sili, elongato, infundibuliformi, ultra ovarium producto, longi- tudinaliter sulcato, glabro; calyptra calycina versus apicem sen- sim angustata, acuta, sulcata, lævissima; ovarium plus minus complete biloculare, ovulis numerosis in quoque loculo biseriatis (nec ut in icone aliæ speciei ab Asa Gray producta (4) plurise- riatis), stylo ut videtur persistente ; fructus immaturus.

Arbor ramis dichotomis, fastigiatis, glabris. Habitat in sylvis mon- tium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieïllard, nis 534 et 538).

SUPPLÉMENT AUX MYRTACÉES SCLÉROCARPÉES. FREMYA Ad. Br. et À. Gris.

À. FREMYA MYRTIFOLIA.

Folia parva, elliptico-lanceolata, basi sensim longe attenuata, sessilia, glabra, (junioribus albo-pubescentibus), supra nitida foveolis minutis conspersa, infra rufo-punctata et nervis reticu- lato-prominentibus ; flores tetrameri, axillares, solitarii, ad api- cem ramorum congesti, pedunculis erectis pubescentibus, {olio brevioribus, bibracteolatis, bracteolis elongatis, lineari-lanceo- latis; calyx cupularis, pubescens, lobis triangularibus erectis, acutis; petala plerumque elliptica, sepalis paulo longiora; ova- rium glabrum.

Habitat in Nova Caledonia (Deplanche, 1865, 39).

(4) Acicalyptus myrtoides Asa Gray, Unit, Stat, expl, exped., p. 554, tab. 67.

DD) _ AD... BRONGNIART EE A. GRIS...

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9. FREMYA SPECIOSA.

Folia ampla, oblongo-obovata vel lato-lanceolata, basi sensim attenuata, sessilia, glabra, sub lente punctulis conspersa, nervis utraque facie reticulato-prominentibus. Flores in racemum ter- _ minalem innovatione foliorum juniorum superatum dispositi,

_bracteis elliptico vel oblongo lanceolatis, pubescentibus stipati ; pedunculi solitari ex axilla bractearum nascentes, bracteolis h lanceolaüs, vel oblongo-lanceoalatis suffulti ; flores pentameri ; calyx cupularis glaber, lobis triangularibus ; petala plerumque obovata, breviter unguiculata ; ovarium glabrum.

Habitat in Nova Caledonia prope Kanala (Deplanche, 1865, 42).

TRISTANIOPSIS Ad. Br. et A. Gris.

TRISTANIOPSIS VIEILLARDII.

Folia oblongo-lanceolata, integra, petiolata, coriacea, supra lucida, glabra, junioribus puberulis ; cymæ axillares, ramosæ, plurifloræ, ad apicem ramorum congestæ; peduneuli erecti fois bractealibus stipati ; flores pedicellati bracteolati; petalis patentibus obovatis, sepala superantibus.

Tristania insularis Vieill., nrss. Arbor. Habitat in Nova Caledonia prope Wagap (Vieillard, 2075).

METROSIDEROS R. Br.

METROSIDEROS LAURIFOLIA.

M. foliis sat magnis, oblongo-obovatis vel lanceolatis, ternatim subverticillatis et ita spuria internodia efformantibus, apice plus minusve obtusis, basi in petiolum sensim attenuatis, coriaceis, glabris, margine revolutis, utrinque sub lente punctulatis, supra nitidis; pedunculis cymosim trifloris sat elongalis adscenden- tibus, rami parte foliorum denudata, scilicet verticillorum inter- nodio, insidentibus ; calyce plus minusve puberulo, sepalis inæ- qualibus, euneatis, obtusruseulis.

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE®CALEDONIE. 299 Arbor. Habitat in sylvis montium prope Balade (Vielard, nis 463, 543 et 515). Var. Minor. folus oppositis, minoribus, hagd ‘punctulatis ; capsula tubum calycinum superante.

Frutex. Habitat in montibus prope Wagap (Vieillard, ñ° 2086).

NOTICE SUR LE GENRE SOULAMEAÀ.

Le genre Soulamea a été fondé par Lamarck pour une plante désignée par Rumphius sous le nom de Rex amaroris ou Soula- moe des habitants de Ternate (Herb. Amb., I, p. 129, t. AA).

Lamarck (Dict. Bot., I, p. 449) en à donné une trés-bonne description d’après un échantillon recueilli au port Praslin par Commerson. On ne sait par quelle circonstance de Candolle, dans le Prodromus (1, p. 335), en a présenté un caractère tout différent quant à la fleur, tout en joignant à ses citations l’indi- cation (v.s.) qui indiquerait des observations propres. Sa des- eription qui transforme la fleur très-régulière et trimère du Sou- lamea en une fleur irrégulière, à calyce pentamère et à pétale unique, lui a fait placer ce genre parmi les Polygalées, avec les- quelles 11 n’a de fait aucun rapport. Endlicher tout en revenant à la description exacte de Lamarck, a laissé le Soulamea à la suite des Polygalées comme genre anomal. Enfin, MM. Bentham et J. Hooker dans leur Genera (p. 313), adoptant l'opinion déjà émise par M. Planchon (1), l'ont placé avec raison dans la tribu des Picramnieæ de la famille des Simarubeæ.

Jusqu'à présent ce genre ne comprenait qu'une seule espèce, celle déjà figurée par Rumphius ; la Nouvelle-Calédonie nous en fourni quatre nouvelles fort remarquables par des modifications importantes dans l’organisation de leur fleur et par les feuilles composées de trois d’entre elles ; la première (Soulamea Pancheri) a tout à fait l'aspect du Soulamea amara Lk., sauf la forme plus allongée de ses feuilles, mais ses fleurs sont tétramères au lieu d'être trimères comme dans l'espèce primitive : l’organisation

(4) London Journ, of Botany, #846,t, V, p. 576,

230 AD. BRONGNIART ET A. GRIS,

générale de la fleur est tellement semblable à l'exception du nombre des parties du calyce, de la corolle et de l’androcée, qu'il est Impossible de séparer ces plantes dont les fruits sont par- faitement identiques.

Dans une autre espèce (Soulamea fraxinifolia), la fleur offre le type ternaire du Soulamea amara, mais les feuilles pinnées donnent à cette plante un aspect tré iérent qui vient, cepen- dant, confirmer ses rapports avec les Picramnia et d’autres genres de cette tribu.

Enfin deux espèces réunissent les fleurs tétramères du Soula- mea Pancheri et les feuilles pmnées du Soulamea fraæinifolia, et montrent que ces plantes ne peuvent pas être séparées géné- riquement.

SOULAMEA Lan.

1. SOULAMEA PANCHERI.

Folia simplicia, oblonga, integra, longe petiolata (petiolis plus minusve ferrugineo-villosis) apice rotundata, breviter et obtuse nervo medio rigido mucronata, basi sensim attenuata, supra puberula, infra villosa reticulatoque venosa (nervis primariis pinnatis utrinque conspicuis). Flores unisexuales in racemis et stirpibus (?) distinctis, pedicellati, in racemum axillarem, elon- gatum, folia duplo sæpius superantem , ferrugineo-velutinum dispositi; femineis solitariis ; masculis fasciculatis, fascieulis : alternis, brevibus, paucifloris, bracteatis. Lobi calyeini ovati 4 ; petala totidem lineari-oblonga acuta; stamina 8, duplici serie inserta, fertilia vel sterilia, antheris bilobis extrorsis; ovarium (in floribus masculis nullum) basi pedicellatum, pedicello disei h-obi margine interiore cincto, villosum, stigmatibus duobus subsessilibus reflexis coronatum, biloculare, loculis 4-ovulatis, ovulo semi-anatropo angulo interiori affixo, nucropyle superiore. Fructus compressi, alati, subdidymi, apice emarginati, puhes- centes, stylis persistentibus superati ; semina ovata, compressa, integumento membranaceo, albumine carnoso tenui, cotyledo- nibus plano-convexis, applicatis, radicula brevi, superiore.

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 231 Ailanthus simplex Panch., mss.

Frutex. Habitat in sylvis montium propre Balade (Viillard 243), in locis sylvulosis humidis (Pancher, 1862).

2, SOULAMEA TOMENTOSA.

Folia imparipmnata, plurijuga, longe petiolata, petiolis flavo- tomentosis, foliolis suboppositis, elhpticis vel oblongis, basi mæ- quali rotundatis, apice obtusis; subemarginatis, margine imtegro plus minusve undulatis, subsessilibus, supra puberulis, infra se- cundum nervos primarios tomentosis, cæterum pubescentibus ; nervis primaris pinnatis, secundarus tenuiter reticulatis, infra præcipue conspicuis. Flores unisexuales tetrameri in racemis et stirpibus (?) distinctis ; feminei (masculi desunt) pedunculati, in racemum elongatum, folio tamen dimidio breviorem, dispo- siti, rach1 communi tomentosa, fasciculos paucifloros alternatim gerente ; lobi calycini 4 ovati, basi intus pilis rigidis et corpus- culis claviformibus ornati ; petala 4 spathulato-lanceolata, apice obtusa, glabra, sepalis duplo longiora; stamina sterilia 8; fructus immaturi obcordâti, tomentosi.

Habitat in Nova Caledonia circa Port-de-France (M. Thiébaut, 1865).

9. SOULAMEA MUELLERI.

Folia imparipinnata, paucijuga , plerumque ternata, longe petolata, petiolis puberulis, foliolis oppositis, præter nervum medium vix puberulum glabris, terminalibus longe, lateralibus breviter petiolulatis, ellipticis, basi mæquali parum attenuatis, apice rotundatis, integris, margine subincrassatis revolutisque, nervis primariis pinnatis, secundariis utrinque tenuiter reticula- üs, infra præcipue areolatis. Flores unisexales, tetrameri vel pentamert, in racemum elongatum folio paulo longiorem dispo- siti; fructus compressi alati, obcordati, glabri (e spec. unico imperfecto).

Habitat in Nova Caledonia (Mueller misit 1865).

9232 AD. BRONGNIART ET A, GRIS,

ÎL. SOULAMEA FRAXINIFOLIA.

Folia imparipinnata, plurijuga, longe petiolata, petiolis pube- rulis, fololis suboppositis, oblongo-lanceolatis, Imtegris, petio- lulatis, apice plus minusve obtusis, basi parum inæquali attenua- tis, glabris, nervis pinnatis utrinque conspicuis, infra nigro- reticulatis. Flores unisexuales trimeri in racemis et stirpibus (?) distinctis; feminet (masculi desunt) in racemum elongatum, folio dimidio breviorem, alternatim solitarii pedicellati; fructus immaturi.

Habitat in Nova Caledonia (Pancher 1861).

SUPPLÉMENT AUX OMBELLIFÈRES. MYODOCARPUS Ad. Br. et À. Gris.

1. MyopocarPus VIEILLARDI.

Folia simplicia, elliptica, longe petiolata (petiolo plerumque limbum superante), plus minusve crenata vel late dentata, mar- gine anguste revoluta, glabra. Florum umbellæ simplices, in paniculam erectam dispositæ, peduneulis circiter 12 sat brevi- bus, inæqualibus ; involueri plerumque pentaphylh foholis bre- vibus, oblongis, apice obtusis, reflexis. Fructus elliptici, pericar- pio tenui et vesiculis externe valde distinctis, ala dorsali e basi - limbi calveis nascente, secundum totam longitudinem æqualiter expansa, marginibus parallelis, inferne breviter et obtuse cor- data ; sepalis erectis, triangularibus, acutis ; stylis divergentibus, reflexis.

Arbor media. Habitat in montibus prope Balade (Vieillard, 612).

9. MYyoDOCARPUS FRAXINIFOLIUS.

Folia glabra, imparipinnata, foliolis 13 lanceolatis, late den- tatis, breve petiolatis, nervis pinnatim reticulatis ; florum um- _bellæ simplices, in paniculam amplam dispositæ, multifloræ ; peduneulis erectis, elongatis, mæqualibus, involucri plerumque

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 239 hexaphylli foliolis oblongis, subacutis, reflexis ; calycis lobis acu- tis; petalis subrotundis imbricatis ; ovario oblongo. Fructibus Ignotis.

Herba. Habitat in Nova Caledonia australi circa Port-de-France (Bau- douin, 1865). Var. Thiebaulir.

Foliis minoribus, angustioribus, vix crenatis. Arbuscula , cyma diffusa, floribus albis.

Habitat in montibus excelsis Novæ Caledoniæ (Thiebaut, 1865).

DELARBREA Vieillard (4).

Calyx turbmato-appressus, brevis, basi cum ovario connatus, limbo brevi quinquefido, laciniis obtusis erectis margine squar- rosis ; æstivatione valvato-imbricata. |

Corollæ petala 5, disco summum calycis germinisque coronante inserta, sepalis alterna et triplo longiora, basi attenuata, con- Cava, extus pruinosa, Intus Costa prominula instructa, æstiva- tione imbricato-valvata.

Stamina 5 cum petalis inserta et alterna, duplo longiora. Fila- mentis exsertis subulatis, ante præflorationem geniculato-repli- catis, sub anthesi digestis. Antheræ introrsæ, ovatæ, subdi- dymæ, longitudinaliter dehiscentes.

Germen mferum biloculare ; gemmulæ in loeulis solitariæ pen- dulæ. Styli 2 terminales basi in stylopodium germinis verticem tegens connati, post anthesim divergentes ; stigmatibus laterali- bus, crassis, sulcatis.

Fructus siccus, hmbo calycis stylisque persistentibus corona- tus, oblongo-appressus, 5-6-subsulcatus, bilocularis; semima Inversa.

(4) L'herbier du Muséum ne possédant pas les représentants des deux espèces qui se rapportent à ce nouveau genre, nous reproduisons textuellement ici les descrip- tions que M. Vieillard en a données dans le IX® volume du Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, afin de compléter ce qui se rapporte à la famille des Ombel- lifères, dans la flore de la Nouvelle-Calédonie.

231 AD. BRONGNIART ET A GRIS,

Hoc genus ab araliaceis differt æstivatione corollæ imbricato- valvata, filamentis exsertis geniculato-replicatis et inde accedit ad Myodocarpum (Brongn. et À. Gris).

Dicavi illud 1llustrissimo Delarbre (ancien directeur de la Revue coloniale).

A, DELARBREA COLLINA Vieillard.

Frutex subsimplex, truncus teres, rectus vel tortuosus, 2-4 met. alt., cicatricibus foliorum delapsorum notatus, ad summum foliosus ; foliis longis, alternis, imparipinnatis; foliolis alternis, unilateralibus, oblique adscendentibus ovato-oblongis, integris, aliquando in novellis lacimiatis, acutis, glabris, extus lucidis, veuosis, breve petiolatis.

Corymbis terminalibus, longissimis, nutantibus, racemis basi uni-bracteatis ; umbellis multifloris involucro herbaceo quinque- fido cinctis. Floribus pedicellatis albidis.

Floret augusto. Habitat in Nova Caledonia ad colles prope Wagap (Vieillard, 625).

9. DELARBREA PARADOXA Vieillard.

Frutex 4-5 met. altus, sæpius simplex aut parum ramosus ; foliis ad summum confertis, alternis, erectis, imparipinnatis, multijugis ; foliolis alternis, aliquando suboppositis, ascendenti- bus, unilateralibus, coriaceis, lucidis, integris, oblongo-falcatis, acutis, margine undulatis, sæpissime conduplicatis.

Inflorescentia longe racemosa terminali; peduneulo tereti, striato, basi suberoso, amplexicauli, nutante; umbellis multi- floris (25-30); floribus pedicellatis, 2-3 pedicello communi sæpius fasciato congestis, minimis, herbaceis , staminibus exser- tis; involucro tetraphyllo, squarroso, deciduo ; fructibus pyra- midatis, siccis substriatis, stylis calycisque dentibus coronats.

Habitat in Nova Caledonia ad montes prope Wagap (Vieillard, 627).

PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE?>CALÉDONIE. 299

DIDISCUS DC.

DipisCus AUSTRO-CALEDONICUS.

D. foliis longe petiolatis, 3-partitis, partitionibusque 2-3 parti- tis,segmentis cuneatis plus minusve incisis, apice sæpius trifidis ; ramis floriferis erectis, rigidis ; umbellis terminalibus, simplici- bus, multifloris, capitulum sicut efformantibus, pedunculis sub- æqualibus ; involucri polyphylli foliolis lineari-subulatis ; floribus albis; fructibus didymis; mericarpiis æqualibus compressis, lævibus, dorso carinatis, nervo laterali utrmque notatis. Stylis minimis erectis. |

Herba ramosa, diffusa, glabra.—Habitat ad littora maris prope Balade (Vieillard 610), et in insula Pinorum (Pancher).

HYDROCOTYLE Tournef.

HyDROCOTYLE ASIATICA L.

Habitat in pratis humidis et ad ripas rivorum Novæ Caledoniæ et in insula Pinorum (Pancher, 1862); prope Balade (Vieillard, 609).

A speciminibus plerisque indicis paululum differt umbellulis subsessihbus seu brevius pedunculatis, sed in speciminibus indicis diversis peduneuli longitudine valde variant.

HELOSCIADIUM Koch.

Hecoscrapium LEPToPHYLLUM DC.

Habitat in. Nova Caledonia et in insula Pinorum (Pancher, 1862; Deplanche, 1861). An introducta ?

TORILIS Spreng.

Toricis Noposa Gærtn., DC. Habitat in Nova Caledonia (Pancher, 1862), An spontanea ?

236 AD, BRONGNIART ET 1. GRIS.

APIUM Hoffm.

APIUM PtztéôrME Hook.

Petroselinæm fiiforme À. Rich., voyage de l’Astrolabe, Bot. . LE p. 278. Var. 6. profundius dissectun.

Habitat ad littora maris in Nova Caledonïa et 4nSuta Pinorum (Pan- cher, 1860 ; Deplanche, 1861).

SUPPLÉMENT AUX ÉLÆOCARPÉES.

11. ÉLÆOCARPUS PULCHELLUS.

Folia parvula obovata, in petiolum brevem atténuata, mar- gine revoluto incrassatoque remote et obtuse crenata, crenis mucrone brevissimo nigro superatis, glabra, supra nitida, infra pallidiora, valde nervoso-reticulata; racemi axillares, folio bre- viores, erecti ; flores parvi, nutantes, sepalis lanceolatis, pétalis cuneatis, apice 4-5-partitis; stamimibus 45, antherarum valvula postica paulo longiore, filis brevibus paucis superata.

Habitat in Nova Caledonia prope Port-de-France (Baudouin, 1865).

9. ELæocarpus vACCINIOIDES Ferd. Mueller mss.

Folia sat parva, obovata, in petiolum brevem attenuata, sub- integra vel remote obtuseque crenulata, crenulis mucrone brevi, arcuato, acuto, nigro superats, supra glabra, ad basim tantum nervumque medium puberula, infra laxe reticulato nervosa! et pube brevi vestita ; racemi axillares, erecti, folio paulo majores ; flores parvi, nutantes, sepalis lineari-lanceolatis, petalis cunea- tis apice inæqualiter 5-6 partitis; stamimibus 12, CAES valvula postica paulo longiore, apice puberula.

Habitat in Nova Caledonia (Mueller misit 1865).

Obs. Species Æ°. spathulato aïffinis differt, fois obtuse crenulatis cre- nulis mucyonatis, subtus puberulis, venis laxioribus magisque promi- nulis, in Z, spathulato tenuissimis et densioribus.

PLANTES PEU: CONNUES DE. LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 237 13. EuxocarPpus BAUDOUIN.

Folia sat magna, obovata, basi sensim attenuata, longe petio- lata, petiolis albo breveque pubescentibus, apice rotundata obtuse acuminata, margine serrato-crenulata, supra mitida, mfra palli- diora, puberula, mervis primartis pinnatis et secundarns tenuis- sime reticulatis præcipue conspicua; racemi axillares, folio longiores, erecti, albo-pubescentes ; flores parvi, nutantes; sepalis lanceolatis ; petalis cuneatis, apice 7-8-crenatis ; stamini- bus 15, valvula postica vix ultra anticam producta, apice obtusa et pilis paucis, erectis, superata; fruetus ovoideus puberulus, nucleo crasso subbiloculari.

Arbor maxima. Habitat ad ripas rivi Dombea dicti prope Port-de- France (Baudouin, 1865).

Obs. Species ƣ, rotundifolio affinis, forma foliorum et petalorum - distineta.

4h. ELæocarpus Lenormanptr Vieillard, Bull. Soc. lin. de Norm.,t. IX.

Folia elliptico-lanceolata, apice subobtuse acuminata, basi attenuata, lénge petiolatæ, integra, coriacea, glabra præter fa- ciém inferar vix puberulam, nervis infra præcipue conspicuis, primarns remote pronats, secundariis tenuissime reticulatis ; racemi axilläres, elongatr, sed foliis breviores, eretti, multiflori ; fores parvi, nutantés, sepalis lanceolatis ; petalis euneatis apice 8-9-crenatis; stamimibus 15, antherarum valvul& postica apice obtusa, ultra anticam vix produeta, pilis paucis, erectis, brevi- bus supérata ; ovario glabro; fructu olivæformi uniloculari. monospermo.

Arbor ramosissima ramis erectis. Habitat ad montes prope Wagap (Vieillard, 2067).

15. Ezæocarpus micranTaus Vieillard.

«E. foliis longe petiolatis, limbo elliptico subacuminato, margine crenulato, undulato, glaberrimo, nervis reticulato-pin- nas; racenus erectis, petiolum subæquantibus, gracilibus ;

238 AD. BRONGNIART ET À. GRIS. floribus parvulis, numerosis, sepalis länceolätis, subinconspi- cuis, petalis cuneatis, brevissime crenatis ; staminibus 42, an- theris linearibus, margine pilosiusculis. Fructibus...…. :

» Arbor ramosa, ramis erectis, apice folhosis; folia odo- rem amygdal redolentia ; accedit ad sd rotundifolium Brongn. et À. Gris. »

Habitat prope Wagap (Vieillard, 3168) ex Vieillard, Bull. Soc. linn. de Norm., t. IX. £

| SUPPLÉMENT AUX ÉPAGRIDÉES.

6. DracoraviLum TrigBauri Ad. Brong. et A. Gris.,

D. foliis lanceolatis, gramineis, basi latis, dein sénsim angusta- tis (apice tamen paululum obtuso) margine tenuiter serratis, gla- bris ; racemo terminal, elongato, erecto, glabro, longitudina- liter sulcato ; pedunculis unifloris, numerosis, in semi-verticillos uni-seriatim dispositis, inter se basi plus minusve connatis, nudis vel bracteolis duobus lateralibus lineari-filiformibus onustis , semi-verticillos alternatim superpositos efformantibus; sepalis 5 ovatis, glabris, parum concavis, margine superiore tenuissime serratis ; Corollæ tubo cylindrico, glabro, lobis cuneatis, obtusis, reflexis; staminibus exsertis, tubo corollino plus minusve adnatis; aniheris per anthesim extrorsis; ovario glabro, 5-costato, 5-locu- lari, placentis angulo Central appensis, facie anteriore plana | nudis, infra multi-ovulatis ; fructu glabro, subsphærico, apice depresso, calyce persistente sieut involucrato, stylo brevi crasso superato, loculicide 5-valvi, placentis columnæ centrali adnatis.

Habitat in Novæ Caledoniæ montibus circa Arama (CI. Thiébaut, 4865).

%

SUPPLÉMENT

A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES,

Par MM. A. DE BARY et WORONINE

( Extrait des Comptes rendus de la Société des naturalistes à Fribourg en Brisqau, vol. III, livraison II.)

Le Türavwacum officinale Wigg. présente parfois une anomalie tout à fait particulière. Les parties vertes de la plante, tant les deux faces des feuilles que le pédoncule et les bractées mvolu- crales, se recouvrent d’un nombre plus ou moins grand de petits tubercules de couleur orangée. Tant que le mal est peu déve- loppé, l'aspect de la plante n’en souffre presque pas; dans le cas contraire, les organes affectés se difforment, les limbes des feuil- les se tordent et deviennent beaucoup moins larges qu’à l’ordi- naire. On trouve souvent sur une même plante des degrés très-variés de cet état anormal, de sorte que la plante présente en même temps tous les degrés possibles de difformité et des organes parfaitement sams. Les plantes fortement affectées se reconnaissent de loin à leur couleur orangée et à leur difformité marquée. Ordinairement, la formation des tubercules et les pre- miers indices de la dégénérescence qui s'en suit paraissent dès le premier âge de la plante. Ses parties non attaquées conservent leurs qualités normales ; il arrive même que les pédoncules fortement atteints portent néanmoins des fleurs et des fruits parfaitement sains. Nous allons montrer plus loin qu’un trai- tement approprié peut produire des feuilles saines sur une plante malade. |

Les phénomènes en question s’observent ordinairement sur le l'araxacum des terrains humides tels que les fossés des prairies, des chaussées, etc. Dans les lieux secs, la plante n’est jamais

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sujette à cette maladie. Si le Taraxacum croît en groupes, le mal se répand ordinairement sur la plus grande partie des indi- vidus et quelquefois même sur tous. Son apparition n’est pas liée à une saison déterminée ; il s’observe aussi bien au commence- ment du printemps qu'à la fin de l’été et de l'automne.

Au premier aspect ces tubercules ont quelque ressemblance avec les Urédinées (notamment les Æcidinées) dans leur jeune âge. Leur couleur est la même; comme celles- c1, 1ls sont enfon- cés dans l’épiderme du végétal; mais des recherches scrupu- leuses montrent une grande différence de structure entre les premiers et les secondes.

Les tubercules à l’état de maturité, époque la mieux appro- priée à leur examen, sont des petits corps sphériques ou quelque peu allongés dans le sens de l’axe longitudinal de l'organe, for- mant des saillies très-marquées sur les nervures des feuilles et sur les pédoncules. Les plus grands ont à peu près de 1/4 à

1/2 millimètre, les plus petits sont à peine appréciables à l'œil.

Is présentent la structure suivante. Des petits corps compactes, ronds ou allongés, comme il a été déjà dit, sont enfoncés dans le parenchyme de l'organe; leur partie inférieure qui, en même temps, est la plus grande, se trouve entourée des couches pro- fondes du parenchyme refoulé, tandis que la partie supérieure et saillante de ce corps n’est que partiellement recouverte d’épi- derme. Le point le plus saillant, le sommet du tubercule, en est dépourvu, et porte une membrane épaisse, de texture homogène, se continuant dans les parois des cellules environnantes de l’épi- derme (fig. 2). Le tubercule est enchâssé dans un sac qu'il rem- plit complétement et qui, comme il est facile de s'en convaincre par des préparations appropriées, n’est autre chose que la mem- brane d’une seule cellule d’épiderme considérablement dilatée dans sa partie inférieure enfoncée dans le parenchyme du végé- tal. La membrane qui recouvre le sommet forme la paroi externe de cette cellule. En observant la surface intacte d’un tubercule, on en trouve la paroi supérieure tant soit peu aplatie, tandis que celles des cellules environnantes sont renflées, de sorte qu'il se {orme au sommet du tubercule une légère excavation. La mem-

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brane de la cellule épidermoïdale ainsi agrandie ne présente rien de particulier ; il ne peut certainement être question d'un con- tenu qui lui serait propre. Le tissu environnant conserve ses qua- lités normales, si ce n’est que les cellules refoulées sont quelque- fois légèrement comprimées. La cellule dilatée se trouve souvent entourée, dans le parenchyme des feuilles, de plusieurs couches de cellules contenant de la chlorophylle, plus petites et plus nom- breuses que ces dernières ne le sont d'ordinaire dans le tissu des feuilles, signe certain que ces cellules se multiplient avec une rapidité exagérée dans la circonférence du tubereule. Il arrive, comme exception, que les tubercules orangés se développent dans la cellule basilaire d’un poil etqu'ils se trouvent ainsi placés au-dessus de l'épiderme. |

Le corps orangé à l’âge adulte consiste en un assemblage de cellules (fig. 1, 2) dont le nombre est très-variable. Nous en trou- vames, par exemple, dans un tubercule de moyenne grandeur, de 45 à 35; des individus plus gros en contenaient jusqu’à 50 et plus; des individus peu développés n’en renfermaient pas plus de 10, et 2 au minimum (fig. 3). Dans le dernier cas, les cel- lules forment une seule couche, dans les deux premiers elles en forment plusieurs. Leurs surfaces juxtaposées présentent ainsi un tissu serré, c'est-à-dire sans iméats intercellulaires.

Les dimensions des cellules sont aussi très-variables sur un même individu, comme le démontrent les figures 1-6 et particu- lèrement la figure 4. Leur diamèêtre comporte, par exemple, de 6 à 12 parties du mieromètre oculaire, quelquefois les différen - ces sont encore plus considérables (1). Non mois variables et irrégulières sont les formes des cellules (fig. 4-6). Pour la plu- part elles présentent des polyèdres irréguliers, à peu près isodia- métriques ; leurs bords et leurs angles sont mégaux et saillants, aigus ou obtus; les parois tantôt aplaties, tantôt convexes ; quel- ques-unes sont allongées, d’autres ont la forme d’une bouteille ou présentent un aspect tout à fait bizarre. Ce ne sont que les parois extérieures des cellules de la couche périphérique du tuber-

(4) Dans nos expériences, une partie du micromètre correspond à 1/200 millim. série. BoT. T. HIT. (Cahier 4.) 4 40

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cule qui retiennent leur forme primitive, et qui, en se juxtapo- sant, donnent à la surface de ce dernier un aspect régulier, sphérique ou elliptique.

Chaque cellule du tubercule (fig. 4) est munie d’une mem- brane incolore plus ou moins épaisse aux angles et aux bords. Une solution d'iode, ou bien l'iode joint à l’acide sulfurique dilué, ne la colorent pas; l'acide seul la gonfle fortement. Le con- tenu de la cellule est une masse finement granulée, d’une belle couleur orangée, ayant une grande analogie avec le contenu des cellules orangées des Urédinées. Comme ces dernières, il a la propriété remarquable de réagir avec l'acide sulfurique par une belle couleur bleue, passant peu à peu au vert (1). L'iode colore ce contenu en vert sale, que l'influence de l'acide sulfu- rique ne relève plus en bleu. Quelquefois on trouve dans la cavité close des cellules une matière d’un rouge éclatant, sans la momdre teinte jaunûâtre.

Les cellules dont se compose le tubercule sont enfermées indépendamment du sac épidermoïdal dans une seconde membrane incolore, qui se moule exactement sur les cellules périphériques. Cette dernière membrane réagit avec l’iode par une couleur jaune ; avec l'iode joint à l'acide sulfurique elle donne une couleur brunâtre, tirant d’abord sur le violet. Elle est assez tendre, de sorte qu'on réussit rarement à l’extraire intacte avec son contenu de la cellule épidermoïdale. Le plus souvent elle se rompt pendant cette opération, et les cellules devenues libres se séparent les unes des autres.

La ressemblance entre ces corps et les Urédinées peut faire supposer un mycélium qui présiderait à leur développement. Cependant on n'en trouve pas les moindres Indices sur quelque partie que ce soit du végétal, à aucune époque de son évolution ; son développement s'opère plutôt de la manière suivante :

Si l’on plonge dans l’eau une partie du végétal portant les corps en question, aussitôt les cellules du tubercule se transfor- ment en zoosporanges, qui produisent des zoospores. Donc, ces

(4) Voyez le tome I, p. 222 de ces Comptes rendus.

SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 213 corps sont des assemblages de sporanges, et nous leur donnerons désormais le nom de sores (sori).

Le développement des zoospores se laisse le mieux étudier dans l’eau sur des sporanges rendus libres par la rupture de leur enveloppe commune. Les sporanges conservent au début leur caractère primitif, déterminé principalement par le contenu homogène qui tient en suspension une masse de granules aux- quels il doit son opacité et sa coloration (fig. 4). Les premiers symptômes de métamorphose sont marqués par le changement d'aspect et de couleur du protoplasma. Ce dernier devient plus transparent et la couleur tire de plus en plus sur le rouge. Bientôt après on aperçoit aussi des changements dans la struc- ture du contenu cellulaire. La matière homogène finement gra- nulée se divise en petits flocons séparés par un réseau de stries incolores et transparentes (fig. 5 a). Les granules äe chaque flocon se rapprochent de plus en plus entre eux; on les voit constamment diminuer en nombre et augmenter de volume, tandis que les stries deviennent de plus en plus marquées ; lorsque les granules ont atteint des dimensions qui permettent d'apprécier exactement leurs contours et ceux des interstices incolores, il est facile de se convaincre que la coloration du con- tenu ne provient que de ces granules suspendus dans un proto- plasma mcolore. Enfin, les granules de chaque flocon s’agglo- meérent en un petit nombre de grams de couleur orangée ou rouge, brillants comme des gouttelettes de graisse. Les grains d'un sporange sont tous disposés dans le protoplasma à égales distances l’un de l’autre (fig. 5 b). C’est alors que commence le développement des zoospores ; le protoplasma se divise en por- tions dont le nombre est à peu près égal à celui des grains et dont chacune en contient un seul placé excentriquement (fig. 6 a); quelques-unes, cependant, contiennent plusieurs grains à la fois. Le contenu aimsi divisé se contracte et se réduit à un moindre volume, de sorte qu'il se forme entre ce contenu et les parois de la cellule, lesquelles jusqu'alors l’entouraient intimement, un espace étroit et transparent. En même temps, les épaississements aux angles de la cellule épidermoïdale se gonflent. Ce change-

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ment s'opère tantôt en un seul endroit, tantôt en plusieurs à la fois, mais toujours il y en à un plus gonflé que les autres, aussi ce dernier point forme-t-il une saillie plus prononcée et sa membrane épaissie prend-elle l'aspect bleuâtre d’une masse géla- tineuse. Tout à coup la saillie est poussée en avant ; elle devient tout à fait transparente, ses contours disparaissent et la cellule crève à l’endroit gonflé ; l'ouverture ainsi formée comporte le quart de la grandeur du sporange et au delà. Les phénomènes qui suivent la rupture prouvent, jusqu’à l'évidence, que l’orifice n’est pas ouvert, mais fermé par un bouchon gélatineux à contours peu distincts. Les contours de la cellule une fois disparus, la masse des zoospores, qui présentent déjà quelques signes de mouve- ment, se dirige vers l'endroit gonflé, et l:s zoospores commen- cent à sortir lentement, une à une, rarement deux à deux, par le milieu de l’orifice, qu'on aurait pu croire très-large, On voit donc que l’orifice n’est en réalité qu’un canal étroit, traversant le bouchon gélatineux (fig. 6 c). Au début de la sortie des z0ospo- res, celles qui restent dans le sporange forment un groupe serré, mais quand la plus grande partie en est déjà sortie, les spores restantes se séparent et se meuvent rapidement dans la direction de l'orifice. En peu de temps le sporange est tout à fait vidé. Dans les conditions normales, ce procédé ne dure pas plus de trois heures, à partir des premiers indices de la formation des spores.

Une fois dans l’eau, les zoospores y demeurent un instant immobiles pour commencer ensuite une série de mouvements rapides.

Les spores (fig. 6c, 7) ont, en général, une forme sphérique, rarement ovale et allongée. Leur grandeur moyenne est de 1/300 millim. (4/360-1/250 millim.); on en trouve cependant de beaucoup plus grandes (fig. 10). Quelquefois, mais dans des cas très-rares, on peut voir à l’époque de la reproduction ces grands individus se diviser en deux spores de grandeur ordi- nare (fig. 9), ainsi que cela a été déjà observé pour les zoospo- res des Saprolegnieæ (1).

(4)De Bary, dans Pringsheim’s Thrb., 11, p. 175.

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Le corps mollement enveloppé des zoospores se compose d'un protoplasma homogène et incolore avec un grain rouge, placé, comme il a été dit plus haut, excentriquement. La surface de la spore porte un ou même parfois deux cils de la même lon- gueur et naissant d’un même point plus ou moins rapproché du grain. Au lieu d’un grain, les spores en contiennent quelquefois deux ou même davantage. Les cils existent déjà lorsque les spores sont encore renfermées dans l’intérieur du sporange ; pendant la sortie, elles les traïnent après elles. Les spores se meu- vent dans l’eau, se dirigeant tantôt en avant, tantôt en arrière, ou bien elles exécutent des mouvements rotaloires ou des oscil- lations saccadées ; tous ces mouvements sont, en général, très- rapides et se succèdent alternativement. Ce ne sont que les indi- vidus trop grands qui se meuvent avec lenteur.

En observant pendant quelque temps les spores nageant dans une goutte d'eau, on en voit quelques-unes tomber au fond et y ramper comme des amibes (fig. 8). Ce phénomène dure assez longtemps, et quand il cesse la spore prend une forme sphé- rique et devient immobile. Cependant il arrive quelquefois que les spores, devenues ainsi'immobiles, remontent à la surface et recouvrent leur mobilité.

Si l'on met dans l’eau une partie du Taraxacum portant des sores mûrs et intacts, la formation des zoospores s'opère sans séparation préalable des sporanges. Dans ces conditions, le déve- loppement s’effectue même avec plus de facihité que dans des sporanges séparés artificiellement, car la plupart de ces dermiers dépérissent avant la formation des zoospores ou dans les pre- mières phases de leur évolution. Dans les sores intacts, la forma- tion et la sortie des spores se fait exactement de la maniere décrite plus haut. Les sporanges accumulés en groupes se déve- loppent et crèvent l’un après l’autre, rarement plusieurs à la fois ; ceux qui occupent le sommet des sores mürissent les premiers ; quant aux autres, ils ne suivent pas, à cet égard, un ordre déter- miné. Il arrive quelquefois que l'évacuation des sporanges d'un même sore ne se répète qu'après un intervalle de quelques jours. Les enveloppes des sporanges devenues libres restent soudées

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entre elles, offrant l'aspect d’un tissu réticulaire transparent. Le mécanisme à l’aide duquel les zoospores quittent leur enveloppe se réduit à l’action de l’eau sur la paroi externe de la cellule épi- dermoïdale qui contient les sores. La rupture qui s'ensuit donne lieu à une ouverture béante dont les bords se colorent souvent en brun. Cette rupture est probablement due à la pression exercée par le gonflement des sporanges. La cause du phéno- mène na pu être cependant déterminée avec précision. Sans l'action directe de l’eau la cellule épidermoïdale reste close. Les spores sorties des couches profondes se pressent à travers les mailles formées par les capsules vides des couches supérieures, pour attendre l'orifice ‘de la cellule épidermoïdale.

Les destinées ultérieures des spores se laissent le mieux obser- ver, si l’on met dans l’eau des fragments du T'araæacum portant des sores. Déjà quelques heures après il n’y a pas de goutte d’eau qui ne fourmille de zoospores. Douze à dix-huit heures plustard, leur nombre est déjà si grand, que l’eau prend une couleur rou- geatre. Deux ou trois feuilles suffisent pour colorer un assez grand volume d'eau. Les zoospores conservées dans des vases plats cherchent la lumière, et s'accumulent en groupes serrés dans les parties du liquide les mieux éclairées. La mobilité des spores se conserve assez lontemps ; on les voit, parfois, se mouvoir encore vingt-quatre heures après leur sortie, maisaussi c’est le maximum de la durée. On pourrait même supposer, etnon sans raison, que cette longue durée de mobilité est due à ce que la formation des premières spores, ainsi que celle des dernières, se fait à de grands intervalles. En tout cas, les zoospores finissent par tomber au fond, deviennent immobiles, perdent leurs cils et meurent.

Les phénomenes prennent un tout autre caractère quand des fragments sains du Taraxacum, même des plantes entières, sont immergés dans de l’eau contenant des zoospores. Ces der- nières s’attachent alors très-rapidement à la surface de la plante et s’y fixent souvent avant qu’une heure se soit écoulée. St la partie de la plante présente les conditions nécessaires, Îles z0ospores pénètrent dans les cellules de l’épiderme pour y subir des transformations nouvelles, Les meilleures conditions pour ce

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phénomène sont offertes par les jeunes feuilles du T'araxacum, c’est-à-dire les feuilles à peine sorties des bourgeons terminaux, longues d’un demi à 4 centimètres, encore roulées en crosse et colorées en vert jaunâtre. On peut présumer que les pédoncules et les involucres se comportent de la même manière à l'égard du développement des sores, quoique nous n’ayons pas fait d'expé- riences sur ces parties du végétal. Les spores peuvent pénétrer dans les plis des feuilles non complétement épanouies ; au con- traire, tous les organes parfaitement déployés, non plus que les feuilles encore cachées dans les bourgeons, ne sont jamais atta- qués par le parasite.

L'exactitude de ces faits est appuyée par les expériences d'inoculation du parasite que nous avons faites en grand nombre. Notre premier som consistait naturellement à nous procurer des exemplaires de T'araxacum parfaitement sains et sansles moindres indices de maladie antérieure. A cet effet, nous expérimentämes sur des exemplaires cultivés dans une chambre, avec une solli- citude particuhère, depuis deux ans pour d’autres buts, ainsi que sur des plantes tirées d’endroits secs de l’arboretum du jardin botanique de Fribourg, parmi des centaines d'individus on n'en trouve pas un seul attaqué par le parasite.

Les expériences les plus instructives sont celles qui ont été faites de la manière suivante. Des plantes, portant une ou plu- sieurs jeunes feuilles, sont déracinées, puis lavées et enfin plon- gées dans de l’eau contenant des zoospores de telle manière que toutes les feuilles y soient immergées. Quelque temps après les plantes sont retirées, plantées dans des pots et soumises à la cul- ture ordinaire. On laisse les gouttes d’eau attachées aux feuilles pendant quelques heures, en plaçant la plante dans une atmos- phère saturée de vapeur d’eau, ou on les laisse lentement s'éva- porer, ou bien encore on les enlève tout de suite avec du papier brouillard. Toutes les expériences, sans exception, donnèrent le même résultat : les feuilles déjà épanouies restent parfaitement saines et exemptes du parasite, tandis queles jeunes feuilles, ainsi que la base des limbes à demi étalés, montrent au microscope les symptômes du mal. Les organes affectés se développent avec

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rapidité et, avant de s'épanouir complétement, montrent déjà à l'œil nu leurs faces toutes parsemées du parasite. Les feuilles sorties des bourgeons après l'immersion restent de nouveau intactes.

Dans une autre série d'expériences les feuilles de la plante ont été tout simplement humectées avec de l’eau contenant des zoospores. Ici, le parasite ne se développait également que sur de jeunes feuilles, et seulement dans les points humectés; les vieilles feuilles restaient inaltérées.

Nous avons expérimenté enfin avec l’inoculation du parasite sur des feuilles détachées de la plante de divers âges, et conser- vées fraiches sous des cloches de verre. Les résultats ont été les mêmes, sinon que le parasite n'a pu se développer complétement à cause du dépérissement rapide des feuilles.

Nous abordons maintenant les phénomènes du développement du parasite même. Le mode de sa fixation se laisse directement observer à l’aide du microscope. A cet effet, on met sur le porte- objet de petites parcelles de feuilles dans une goutte d’eau con- tenant des zoospores libres. La spore se précipite d'abord vers la surface du limbe ; elle rôde en oscillant autour d’une cellule d’é- piderme comme si elle y cherchait le point le moins résistant, puis s’écarte subitement pour revenir un instant plus tard. Après avoir exécuté une série de mouvements de ce genre, elle s’atta- che aux parois de la cellule, oscille encore pendant quelques instants ou rampe comme une amibe, et, enfin, elle reste immo- bile. Le cil est toujours dirigé contre les parois de la cellule, et c'est avec son aide que la spore semble s’y fixer. Souvent plu- sieurs spores s’attachent à une seule celluie. Devenue immobile, la spore prend une forme sphérique à contours plus prononcés. il se forme au milieu du protoplasma une seule grande vacuole ou plusieurs petites; dans le dernier cas elles sont séparées par des stries radiales ; le grain orangé ne subit aucun changement (Eg. 14 a, fig. 11).

Sur des feuilles complétement épanouies les spores restent dans cet état pendant quelques jours, puis meurent.

Nous n'avons pas pu observer toutes les phases de l’évolution

SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 219 du parasite sur un seul et même individu, parce que les organes détachés de la plante dépérissent rapidement sur le porte-objet. Il est facile, au contraire, d'observer le développement dans ses différentes phases en examinant les parties affectées d’une même plante à divers intervalles après l’inoculation.

Dans nos expériences d’inoculation les spores se fixaient ordi- nairement sur les parois de la cellule dans l’espace de deux heures. L'examen suivant, qui n’était effectué que seize heures après l'moculation, nous montra des spores attachées aux parois extérieures des cellules épidermoïdales; elles n'avaient pas encore changé d'aspect ou n'étaient que légèrement aplaties (fig. 11, 12). En examinant plus attentivement et plus long- temps, on remarque pourtant que la spore pousse dans l'inté- rieur de la cellule épidermoïdale, à travers ses parois, une saillie plus ou moins arrondie et qui est d’une bien moindre épaisseur que la spore même. Cette excroissance diffère néanmoins de la partie extérieure de la spore en ce qu’elle est remplie de proto- plasma, tandis que celle-ei ne contient qu'un hiquide transparent dans lequel on aperçoit un ou plusieurs grains rouges. Sur des fragments d’épiderme détachés de la surface des feuilles, et éta- lés horizontalement sur le porte-objet, ces phénomènes s’obser- vent nettement au microscope. Il nous est arrivé une fois de voir en profil une spore perforant la base d’un jeune poil (fig. 12).

Huit heures plus tard (vingt-quatre heures après l’inocula- tion), la pénétration des spores dans l’intérieur des cellules était bien plus avancée (fig. 13). La cavité de ces dernières renferme alors un corps sphérique entouré d’une membrane molle, ayant la grandeur des spores antérieurement fixées ou la dépassant un peu. Ce corps se compose d’un protoplasma finement granulé renfermantquelquefoisune grande vacuole. Les seules traces de la spore qui se trouvent encore sur les parois de la cellule consistent en un petit Corps arrondi, communiquant avec la spore inté- rieure par un cordon court et très-tendre. Sa nature originelle se trahit par un granule orangé. Quelques individus ne présen- tent que des traces de ce granule, etil y en a d’autres même qui en sont complétement dénués. Le corps sphérique placé à l’in-

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térieur ne contient jamais de granules orangés ; 1l s'ensuit que ces derniers se décomposent ou se dissolvent pendant la perfo- ration de la cellule.

L'examen des parties affectées, quarante-huit! heures après l'moculation (il importe cependant de remarquer que ces expé- riences ont été faites à une température plus élevée que les pré- cédentes), laisse voir encore des traces de la partie extérieure de la spore sous forme d’un corps rond enveloppé d’une membrane à peine distincte, et montre le cordon comme un point assez marqué ou comme une strie. La partie. intérieure est devenue deux ou quatre fois plus grande qu’elle ne l'était auparavant (fig. 2h, c,d). Les traces de la spore à la surface de la cellule épidermoïdale étaient à cette époque souvent tout à fait Invi- sibles ; dans les périodes ultérieures, elles disparaissent com- plétement.

Il résulte donc des phénomènes décrits plus haut que la spore devenue immobile perfore la paroi de la cellule épidermoïdale ; qu'ensuite sa partie extérieure s’atrophie jusqu'à disparition, et que la partie, qui a pénétré dans l'intérieur de la cellule, s’ac- croit.

Le plus souvent une cellule épidermoïdale ne contient qu'une seule spore, quelquefois davantage. Le temps que la spore met à pénétrer dans l'intérieur de la cellule épidermoïdale ne peut être précisé au Juste. Le meilleur moyen pour attemdre ce but serait d'immerger des feuilles dans de l’eau contenant des zoospores, de les en tirer à différents intervalles, puis de les essuyer, et d'observer enfin si le parasite va se développer ou non. Des expériences de ce genre ont montré que le développe- ment du parasite se manifeste sur les feuilles après une heure de contact avec l’eau contenant des zoospores. Cependant pour obtenir le parasite en grand nombre, il faut laisser les feuilles immergées pendant deux à huit heures.

Les globules provenant des spores à l'intérieur de la cellule sont les commencements de nouveaux sores. On peut done leur donner le nom de globules primaires (Primordialkugeln), quoi- qu'ils présentent plus tard des écartements de la forme sphérique,

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Dans le premier temps après leur pénétration, ils croissent len- tement. Le sixième et le septième jour après l'inoculation, ils sont de six à douze fois ou même quinze fois plus grands que les zoospores, dont ils sont provenus. Sur des feuilles détachées où, comme nous l'avons déjà dit, le développement se fait beaucoup plus lentement, les globules n’ont vers ce temps que le double ou le triple du volume de la spore. Arrivés à ce degré, les plus grands individus sont tout aussi mollement enveloppés que les autres, et une membrane propre ne peut y être découverte. Dans cet état, les globules se composent d’un protoplasma trans- parent, parsemé d’une masse de granules assez volummeux. Le protoplasma est plus dense dans les couches périphériques qu'à l’intérieur; il est le plus souvent encore incolore à cette époque, mais quelquefois on le trouve coloré en rouge clair (fig. 15-17). Les transformations ultérieures consistent pendant les jours sui- vants en un accroissement notable du globule et dans l'augmen- tation du nombre des granules ; son contenu devient en mème temps moins transparent et plus vivement coloré (fig. 18).

Le développement des jeunes parties de la plante n’est nulle- ment entravé par la pénétration des spores. On voit ces parties, ainsi que les cellules épidermoïdales qui les recouvrent, s’ac- croître dans toutes les dimensions. Les premiers jours apres l'moculation, 11 n'y a en général aucune différence marquée dans le développement des cellules renfermant le parasite et celui des cellules intactes ; mais vers le cinquième jour ou vers le sixième, on trouve ordinairement les premières agrandies, sur- tout dans leurs parties intérieures et latérales. Dès ce moment, leur accroissement devient si fort, que bientôt elles forment ces saillies à la surface de la plante, ou bien ces sacs implantés dans l'intérieur du parenchyme, que nous avons décrits plus haut en parlant des sores mûrs (fig. 15-18). Le contenu des cellules malades ne subit aucun changement appréciable dans le premier temps qui suit la perforation de leurs parois par les spores, sinon qu'il devient quelquefois plus riche en granules opaques (gra nules de graisse?). À mesure que le volume des cellules aug- mente, le protoplasma qui y est contenu augmente aussi. Les

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globules primaires s’entourent bientôt d’une couche continue de protoplasma, traversée d’un réseau de stries changeant sans cesse de forme et de dimensions. Ces stries se dirigent vers les parois de la cellule, et ne sont que des courants du protoplasma (fig. 17, 18). On ne trouve jamais des signes de mort ou de dé- composition dans les cellules affectées.

Nous n'avons jamais vu l'accroissement de la cellule et de son globule marcher parallèlement, le dernier augmentant de vo- lume beaucoup plus vite que la première (dans les premières phases du développement). Quarante-huit heures après l’inocu- lation (fig. 14), les globules opposés excentriquement aux parois de la cellule en occupaient presque la moitié. Dans les périodes ultérieures, le rapport entre l'accroissement de la cellule et celui de son globule change en sens inverse : c’est alors la cellule qui augmente de volume plus rapidement que son globule, de sorte que ce dernier se détachant des parois de la cellule se place à son centre, suspendu pour ainsi dire dans le réseau du proto- plasma. Quand la cellule épidermoïdale est arrivée à la forme utriculaire, le globule primaire qu’elle renferme recommence à saccroître rapidement; son contenu devient de plus en plus gra- nuleux, etsa couleur orangée de plus en plus vive. Bientôt vient le moment le globule refoule le contenu de la cellule et la remplit entièrement (fig. 18). Son protoplasma est alors en tout point semblable à celui des sporanges mürs que nous avons décrits. Il est enveloppé d’une membrane tendre capsule future du sore apparaissant dans un temps difficile à préciser sur les jeunes globules, à cause de la couche de protoplasma dont 1ls sont entourés.

IL est difficile de dire si la cellule continue encore à s’accroître après s'être complétement remplie de globules, car, même à cet état de maturité parfaite, les dimensions des cellules sont encore très-variées.

; Le dernier acte du développement est la division du proto- plasma coloré en sporanges. Ce phénomène vient Immédiatement après la fin de l'accroissement du globule, car, à l’époque ces derniers occupent toute la cavité de la cellule, on les trouve rare-

SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 253 ment sans traces de division. Autant qu'il a été possible d’ob- server, tous les sporanges semblent se développer simultané- ment. Il importe cependant de remarquer que parfois on ren- contre dans des individus bien développés un contenu divisé en cellules-filles (Tochterzellen), dont les contours sont peu mar- qués, et qui néanmoins correspondent par leur nombre, leur forme et leurs dimensions, aux cellules-sporanges. Il y a même des cas les globules mûrs, tant qu'ils sont plongés dans l’eau, ne présentent aucune trace de division ; mais il suffit de les trai- ter avee de la glycérine pour que la division apparaisse ; les cellules-filles se séparent les unes des autres probablement par suite de leur contraction ; aussi, dans ces cas, les cellules-filles ne différaient-elles toujours des sporanges mûrs que par l’ex- trème délicatesse de leurs contours. Nous n'avons rien vu qui puisse faire supposer que la division se fasse par dédouble- ment progressif. Quoique nous ayons observé des individus divisés en deux, quatre, etc., cellules-filles, ces exemplaires étaient toujours petits, et les cellules-filles s'y trouvaient déjà munies de la membrane épaisse des sporanges plus âgés; nous en vimes même de tout à fait mûres contenant des zoospores développées.

Il arrive même de voir chez les petits individus une absence complète de division; le globule primaire de la cellule épider- moïdale se développe alors en un seul sporange.

Les sporanges une fois formés, la membrane épaisse dont nous avons parlé plus hautse développe à leur surface, et la for- mation du sore, qui nous a servi de point de départ dans notre description, est achevée.

La durée du développement complet d’un sore est à peu près celle du déploiement total de la partie de la plante qui porte le parasite. Tous les exemplaires du parasite se trouvant dans une seule et même feuille suivent tous dans leur évolution, à peu d'exceptions près, une marche égale. Le temps compris entre la perforation de la cellule épidermoïdale par la zoospore et la maturité des sores est de douze à quatorze jours. Dans nos expé- riences d'inoculation faites pendant de belles journées d’été, le

25h V. DE BARY ET WORONINE.

parasite était visible à l'œil nu neuf à douze jours (une fois même huit Jours) après l’inoculation ; done, en tout cas, il touchait à cette époque à son développement complet. Il s'ensuit donc que le développement du parasite est bien plus rapide dans ses phases ultérieures que dans les précédentes, qui suivent immédiate- ment l'inoculation.

Il est aisé d'observer que sur les plantes qui croissent en plein air les phénomènes décrits suivent le même cours que dans nos essais de culture. Après la rosée ou la pluie, on voit ordi- nairement les gouttelettes d’eau, attachées aux parties de la plante qui portant des sores mürs, fourmiller de zoospores. Ces gouttes sont quelquefois d'un rouge vif, et l’on trouve alors les sporanges en partie évacués, et les spores sortant par l’orifice de la cellule. L'eau qui découle sert de véhicule aux zoospores, et les répand sur les jeunes feuilles et sur les plantes voisines. En arrosant le Taraxacum à l’état sauvage avec de l’eau qui con- tient des zoospores, on obtient des effets d’inoculation en tout pareils aux précédents. Les phénomènes d'évolution du parasite s’accordent parfaitement avec ceux que nous avons étudiés sur nos plantes cultivées. On conçoit facilement, d'après ce qui vient d'être dit, pourquoi le parasite se multiplie si rapidement sur les plantes des terrams humides, et ne se trouve guère dans des lieux secs ; pourquoi 1} diminue pendant un temps sec; enfin il devient clair qu'une plante affectée ne peut donner des feuilles saines qu'autant qu'elle est soustraite à l'influence de la pluie et de la rosée.

Tant que les organes du T'araxacum conservent leur fraîcheur, leurs sporanges conservent la faculté reproductrice, même sil se passe des semaines entières sans les conditions nécessaires au développement des zoospores. Mais quand l'organe affecté se dessèche et dépérit, les sores mûrs meurent aussi bientôt après. Si alors on les met dans l’eau, on les voit se décolorer et périr. Donc il ne peut être supposé que le parasite puisse se conserver sous cette forme pendant longtemps, qu'il puisse par exemple

passer l'hiver. Si le parasite ne dépérit pas en hiver, c’est que sans doute il

SUPPLÉMENT A L' HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 255 existe une forme particulière d'organes sous laquelle 1] se con- serve, Organes que nous n'avons pas encore abordés, et que nous désignerons sous le nom de cellules stables (Dauerzellen) (pl. , fig. 1-7). A la première apparition du parasite, nous n'avons pas trouvé cette forme, peut-être aussi nous a-t-elle échappé ; mais à partir du mois de mai, les cellules stables deviennent de plus en plus nombreuses. Sur les parties de la plante portant le para- site mûr, on peut souvent remarquer parmi les sores orangés des petits corps qui, à un examen superficiel, présentent l'aspect de sores incolores ou jaunâtres. Ils sont en général beaucoup moins nombreux que les sores. Ces corps se composent d’une cellule épidermoïdale en tout pomt semblable à celles qui renferment les sores véritables. Dilatée en guise de sac, elle s'enfonce comme celles-ci dans le parenchyme, et n’en diffère ordinairement que par sa moindre grandeur. Le sac renferme généralement une cellule incolore et opaque, de forme irrégulière, sphérique ou ovale. Celle-ci reste suspendue dans le réseau du protoplasma, qui plus tard se liquéfie de plus en plus (fig. 2, 3). La cellule rappelle done plus ou moins l’état se trouvent les sores, en- viron le septième jour de leur développement. La seule diffé - rence entre les deux formes consiste en ce que le nouveau corps est enveloppé d’une membrane résistante à double contour, laquelle, d’abord incolore et simple, se sépare ensuite en deux couches; l’interne, plus épaisse, reste incolore, tandis que la couche externe prend une teinte brun jaunâtre. Le contenu in- colore de ce corps, rendu opaque par une multitude de granules de graisse, laisse voir au centre un petit espace transparent de forme sphérique (vacuole ou nucléus ?) (fig. 2-h),.

Le corps qui vient d’être déerit est la cellule stable du parasite. Sa maturité est caractérisée par la couleur brun jaunâtre. On ne remarque d'abord aucun changement dans son aspect ; sa gran- deur est à peu près celle des plus grands sporanges d’un sore. Les cellules stables sont toutefois moins volumineuses que les cellules épidermoïdales qui les renferment. Les dernières n’en contiennent pour la plupart qu'une seule, moins souvent deux et rarement trois ou quatre (fig. 1-3).

256 A. DE EARY ET WORONIKE.

Les premières phases du développement des cellules stables sont identiques avec celles des sores. Dans les individus âgés de sept jours, tous les globules primaires ont absolument le même aspect, la même délicatesse des contours et la même position au centre de la cellule. Une grande partie d'entre eux se trans- forme en sores ; le reste se développe très-lentement en cellules stables, ainsi que le montrent plusieurs formes transitoires faciles à observer. Les globules primaires, destinés à devenir cellules stables, s’'Imprégnant de plus en plus de granules de graisse, deviennent opaques, et s’entourent bientôt d’une membrane pour prendre ainsi la forme définitive d’une cellule stable (fig. 1).

Donc 1l est probable au plus haut degré que les sores et les cellules stables proviennent d’un seul et non de deux parasites associés. Cette manière de voir est, en outre, confirmée par l'existence de formes transitoires entre les sores et les cellules stables. Les sporanges de couleur orangée, remplissant, comme nous l'avons vu plus haut, complétement leurs cellules épider- moïdales, et provenant directement d’un globule primaire non divisé, doivent être considérés comme étant ces formes.

Entre les sporanges et les cellules stables on rencontre encore, quoique rarement, une autre forme transitoire, notamment une cellule parfaitement semblable à la cellule stable, mais ayant un contenu orangé.

L'identité générique des corps en question peut être bien mieux prouvée par les expériences d'inoculation, si toutefois on est sûr d'inoculer des zoospores exemptes d’autres organismes. Pour en être sûrs, nous ne prenions pour l’imoculation que des fragments de feuilles, lesquelles, soumises préalablement à l’exa- men microscopique, ne présentaient aucun indice d’autres for- mations parasites, excepté les sores mûrs. La première expé- rience nous fournit déjà un résultat définitif : huit jours après l'inoculation, les jeunes feuilles affectées présentaient déjà une masse de sores rouges; et dix jours plus tard, un examen scru- puleux découvrait parmi ces sores une masse de cellules stables.

Puisqu'il est impossible de poursuivre pendant longtemps le développement d’un même individu, 1} ne pouvait être décidé si

SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 257

les zoospores, destinées à devenir sores ou cellules stables, dif- fèrent entre elles avant ou pendant l’époque de leur pénétration dans l’épiderme ; ou bien s'il y a quelque rapport entre la desti- née future des zoospores et la différence dans leurs dimensions et le nombre de leurs cils.

La signification des cellules stables ne peut être révoquée en doute, si l’on fait attention au mode de leur développement ulté- rieur. Les cellules stables, qu'on supposait mûres, étant prises sur une plante vivante et plongées dans l’eau, n’offraient pas de transformation appréciable, et dépérissaient peu à peu. Au con- traire, les cellules stables, conservées pendant deux mois envi-

ron sur des feuilles et des pédoncules morts spontanément et

devenus secs, montrèrent une série de transformations après qu’elles eurent été déposées sur la terre humide. Le parenchyme des feuilles se putrétia ; les cellules stables au contraire persis- tèrent (fig. 4). Huit à douze Jours plus tard, l’espace transparent au centre (le nucléus?) de la cellule disparaît, le contenu devient uniformément granuleux et prend une temte rougeâtre. La colo- ration devient de plus en plus prononcée, et peu de jours après le contenu de la cellule a déjà l'aspect de celui d’un sporange ordinaire (fig. 5). Si l'on met alors ces cellules dans une goutte d’eau, elles donnent naissance aux zoospores, égales à celles des sporanges des sores (fig. 6, 7). De même que dans un sporange, les zoospores sortent 1c1 par la rupture d'un point gonflé de la cellule. Les zoospores dans les deux cas sont absolument iden- tiques (fig. 7). Sans aucun doute, les spores provenues des cel- lules stables peuvent perforer l'épiderme des jeunes organes du Taraxacum, quoique nous n’ayons pas fait d'expériences en ce sens. Il importe de noter encore que la membrane brun jaunâtre des cellules stables se déchire avant que le contenu ait atteint une coloration rouge, en lambeaux qui se détachent peu à peu de la couche intérieure ; dans d’autres cas, la membrane colorée persiste cependant jusqu'à la sortie des zoospores.

Il résulte des observations que nous venons de détailler, que les cellules stables sont des formes sous lesquelles notre parasite

peut survivre à l'époque il ne trouve pas les conditions néces- série. Bor. T. IT. (Cahier 5.) 1 17

258 A. DE SARY ET WORONINE. saires à son développement ; done, les cellules stables sont. dés formes sous lesquelles il peut hivernér.

Les phénomènes du développement de notre parasite indi- quent clairement sa parenté avec le genre Chytridium, décrit en premier lieu par A. Braun, et lui assignéït une placé dans la famille des Chytridiacées, laquelle comprend encore le Rhizi- dium d'A. Braun (Î). Dans cette famille, 1l est le représentant d'un troisième genre que nous désignerons sous le nom de Syn- chytrium, et l'espèce qui vient d’être décrite sous celui de Synchy- trium Taraæaci. Ce genre est caractérisé par la division simult4- née des globules primaires en un grand nombre de sporanges agglomérés en sores, tandis que, chez le Chytridium, ces glo- bules restent non divisés et forment un seul sporange; chez lés Rhizidium ces globules se divisent en deux cellules : une cellule basilaire ramifiée et un zoosporange placé dessus. Sous tous les autres rapports le Synchytrium est identique avec les déux genres mentionnés. Il faut noter, cependant, que les observations sur les cellules stables du Ahizidium sont encore trop peu nom- breuses (2). L'espèce Chytridium roseum, dont nous traiterons plus loin, montre que la coloration du protoplasma n’a que péu d'importance dans la distribution des genres. |

Le Synchytrium Taraæaci ne se développe que sur le Taraæa- cum ordinaire. Les recherches futures devront montrer si notre parasite peut se développer également sur quelques autres Chicoracées. Dans les prairies et suf les pelouses on le trouve en masse, le parasite n'attaque aucune autre plante que le

(4) Botan. Zeit., 4858, Beil., p. 96; Ueber Chytridium und Rhizidium ; À. Braun, Monatsber. d. Berlin. Acad., juin 1855, décembre 1856; Abhanñdl. dér Acad, 4855, p. 21; Schenk, dans les Verhandl. d. physic. medic. Gesellsch. Würzb:, Beil. VIIT, p. 235, 246 ; Schenk, Ueber d. Vorkomm. contractil. Zellen im Pflanzenreiche, Würzb., 1858. D'après les observations de Kloss, Ciencowsky et Schenk, le mode de perforation de l’épiderme par les spores des Chytridinées est tout à fait semblable à celui que nous avons décrit pour ie Synchytrium.

(2) D’après A; Braun (Berlin. Monatsb., 1856, p. 588, 591), on n'a trouvé jus- qu'à présent les cellules stables que chez le Chytridium anatropum et le Rhizidium mycophilum, et encore dans ces derniers les transformations de ces cellules n’ont pas été observées.

SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 299

T'aracæacum. 1 y a des raisons pour supposer, au contraire, que le Synchytrium Taraæaci n’est pas la seule espèce du genre, et, en effet, nous pouvons en citer une seconde, le Synchytrium Succisæ. Cette dernière espèce fut trouvée, en 1852, dans un pré humide, aux environs de Berlin, sur les feuilles et la tige du Succisa pratensis, mais nous avons vainement cherché à le retrouver. La description du parasite vivant et les dessins faits d'après nature, en 1852, montrent une parfaite analogie entre les sores et les sporanges de cette espèce et ceux de S. Taraæaci. La même analogie existe entre les cellules stables que nous avons observées sur des plantes séchées et conservées depuis lors. Mais les organes de ces deux parasites, ainsi que les cellules épider- moïdales qu’ils habitent, présentent quélques différences con- stantes dans les deux espèces. Il importe pourtant de remarquer que cette question ne peut être complétement résolue que par des observations sur les individus vivants; nous ne toucherons pas maintenant à ces détails. Il suffit, quant à présent, de mettre en avant la raison principale qui nous fait croire que le S. Suc- cisæ et le S. Taraæaci forment deux espèces distinctes : c’est l'insuecès de nos tentatives pour inoculer les spores du S. Ta- raæaci Sur le Succisa pratensis.

Le Synchytrium présente un intérêt particulier en ce qu'il végète sur des plantes terrestres, et ne reste, durant son déve- loppement, que peu de temps sous l’eau; tandis que tous les parasites connus jusqu'à présent sous le nom de Chytridium demeurent constamment sous l’eau.

Il parait, cependant, que le Synchytrium n’est pas le seul représentant des Chytridinées terrestres, et que le nombre de ces dernières est au contraire assez grand. Une série d’observa- tions, pour ainsi dire fortuites, dont nous n’extrairons que les plus complètes, va nous en donner la preuve.

Arrètons-nous d'abord sur le parasite de l ÆAnemone nemorosa. que de Candolle a désigné sousle nom de Dothidea Anemones (1),

(1) Fries, Syst. myc., Il, p. 563.2 11 ne peut être décidé si le Septoria Anemones, cité avec le nom de Candolle par Fries, dans « Summa veget. Scand,», se rapporte

260 A. DE BARY ET WORONINE.

et qui est cité, sous le même nom, par Mougeot et Nestler (Crypt. Vogeso-Rhenan, 87), et par Kneïff et Hartmann (Crypt. Magn. Duc. Badens., 188). La même forme se trouve dési- gnée sous le nom de Sphæria Anemones (1) dans Klotzsch’s Her- bar. mycolog., 847, et sous le nom d’'Urocystis Anemones dans Jack, Leiner et Stitzemberger’s Cryptogam Badens, 51 (du moins dans l'exemplaire de cette collection que nous avons eu en main). Notre parasite n’a rien de commun avec l'Uro- cystis, et il n’a qu'une ressemblance tout à fait superficielle avec le Dothidea et le Sphæria.

Le parasite (pl. 10, fig. 8-16) végète sur tous les organes de l'Anemone, souvent sur le calice et quelquefois même sur les jeunes pousses du rhizome, mais principalement sur les feuilles, les pétioles et les pédoncules de la plante. Il forme à la surface du végétal de petits tubercules colorés ordinairement en violet foncé ou presque en noir ; il arrive cependant que ces tuber- cules sont à peu près incolores. Leur nombre est très-variable, quelquefois il est si grand, que l’une ou l’autre partie de la plante en est entièrement couverte. Chaque tubercule con- siste principalement en une, ou plutôt en plusieurs cellules épi- dermoïdales, dilatées comme dans le Synchytrium en forme de sacs. Les parois des cellules affectées présentent ordinairement peu de changements au dehors, mais leurs parties internes s’en- foncent dans le parenchyme, et refoulent les cellules voisines en les soulevant un peu (fig. 8, 9). La forme des cellules est pour la plupart sphérique; leur membrane épaisse est traversée par de longs pores; la surface de ces cellules est souvent colorée en brun, mais reste d'ailleurs parfois incolore. Chez les jeunes individus ces cellules renferment une seconde cellule de moindre volume parfaitement semblable aux cellules stables du Synchy-

à la même forme, puisque l’Anemone présente en effet les formes des Septoriæ. Dans son Syst. mycol., Fries cite ensuite les exemplaires de Mougeot et Nestler, et ceux-ci présentent à coup sûr la même forme que le Dothidea.

(4) D’après H. Hoffmann, Zadex mycologicus, la centurie correspondante de l’Herbar. mycolog. n’a pu être consultée dans le moment. Le parasite en question est désigné également sous le nom de Sphæria Anemones dans Babenhorst (D. crypt. Flora).

SUPPLÉMENT À L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 261

trium. Elle a une forme plus ou moins sphérique, une enveloppe incolore et épaisse, enfin un contenu incolore, troublé par une masse de granules de graisse qui y sont suspendus. Au milieu de ce contenu on voit souvent un espace rond et transparent (fig. 8, 10). La cellule qui vient d'être décrite est entourée d'un réseau de courants protoplasmatiques renfermant quelquefois dans ses mailles de grosses gouttes de graisse colorées en jaune. La coloration foncée des tubercules provient non des corps décrits, mais d’une matière colorante violette dissoute dans le liquide des cellules épidermoiïdales saines, voisines de celles qui sont affectées. Dans les périodes avancées de leur évolution, on trouve ces corps plus volumineux et remplissant presque entière- ment la cavité des cellules. La membrane de ces corps s’entoure en même temps d'une croûte épaisse, brune, qui envoie des excroissances épineuses dans les pores de la cellule épidermoï- dale. Comme le dernier phénomène s'opère graduellement, on peut l’observer dans ses différentes phases, et les formes inter- médiaires montrent clairement que la croûte provient du dessé- chement du contenu des cellules épidermoïdales.

En observant les parties malades de l’Anémone, on ren- contre souvent des cellules épidermoïdales qui renferment évidemment le parasite, sans être pour cela agrandies. Les cellules du parasite sont naturellement petites dans ce cas, et leur forme correspond à celle de la cellule épidermoïdale. Sous tous les autres rapports, les petits individus ne diffèrent en rien des grands (fig. 10).

C'est sous cette forme qu'on rencontre ordinairement le para- site, quand l’Anémone se flétrit et meurt spontanément. Une formation de zoospores, un autre développement ultérieur n a pas été observé jusqu'à présent. En raison d’une parfaite ressemblance entre la structure des corps parasites de l’Ané- mone et celle des cellules stables du Synchytrium, attendu, comme nous le verrons plus loin, que cette forme doit être con- sidérée comme correspondant à l’état de repos du parasite (dont les organes reproducteurs correspondant aux zoosporanges doivent être cherchés à l'époque la plante déploie ses feuilles

262 A. DE BARY ET WORONINE.

etses pédoncules), nous nous croyons autorisés de donner à cette forme le nom provisoire de Chytridium ? Anemones.

Une autre observation à mentionner ici se rapporte à une forme parasite qui envahit le Taraxacum en même temps que le Synchytrium, {orme parasite que nous avons vue quelquefois et à laquelle nous donnerons le nom de Chrytridium (Olpidium) simulans. Les sporanges de ce parasite (pl. 10, fig. 41-16) sont renfermés dans des cellules qui, pour la plupart, conservent leur iorme et leur grandeur primitives (fig. 41, 14); quelquefois cependant elles sont dilatées (fig. 12, 18). Une cellule épider- moïdale renferme ordinairement un seul sporange, qui la remplit entièrement. Dans le cas il en existe deux ou plusieurs dans une même cellule, les corps du parasite se rejoignent l’un à l’autre par leurs surfaces aplaties (fig. 14). L’enveloppe des sporanges est incolore et si tendre, qu'au premier aspect, on ne peut la distinguer que difficilement de celle de la cellule épidermoïdale, à l'endroit les cellules se touchent. Il est clair, d’après ce qui vient d'être dit, que la surface du sporange ne présente pas ici ces fils ramifiés qui jouent, pour ainsi dire, le rôle de racines et carac- térisent plusieurs espèces voisines. Les sporanges en question pos- sèdent."à l’endroit ils adhèrent à la membrane de la cellule épidermoïdale, une ou plusieurs (chez les grands individus } (fig. 11 a) excroissances de forme cylindrique ou arrondie, qui perforent la paroi de la cellule, mais dépassent à peine la surface de cette dernière ; donc la longueur de ces excroissances est à peu près égale à l’épaisseur des parois de la cellule épidermot- dale. Si l’on examine des fragments d’épiderme en face, ces excroissances apparaissent sous forme de corps ronds, à doubles contours (fig. 11-15). Ils ont le même aspect trouble que les longs cols de Chytr. entophyllum À. Br., et d’autres semblables espèces du genre Chytridium.

Le contenu des sporanges est incolore, demi-transparent, gra- nuleux (fig. 12), et renferme souvent une multitude de vacuoles. L'apparition des dernières semble être toujours l'indice de la for- mation des zoospores ; mais nous n'avons pas pu nous en convaincre définitivement. Pendant la formation des zoospores, observée par

SUPPLÉMENT À L' HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 263

nous sur quelques individus plongés dans l'eau, le protoplasma se divise en petites fractions entourées d’une membrane très-déliée, les cols s'ouvrent et le contenu divisé sort par leurs ouvertures. Une fois nous avons vu les spores sortir par deux cols à la fois. L'évacuation du sporange s'effectue rapidement. Les zoospores sont des corps incolores, d’une forme le plus souvent elliptique, quelquefois sphérique ; leur grandeur moyenne est de 1/200° de millimètre. A l’une de leurs extrémités on voit ordinairement une petite tache réfractant la lumière plus fortement que le reste du corps, et à côté de celle-ci (il nous a été impossible, à défaut de matériaux, de préciser la chose plus nettement) deux cils diver- gents (fig. 16). Les mouvements très-viis des zoospores consis- tent en rotation ou translation rectiligne ; les mouvements sacca- dés des autres Chytridmées leur manquent. La pénétration de ce parasite dans la plante, ainsi que les premiers degrés de son évolution, enfin ses cellules stables, n’ont pas été observés jusqu'à présent. La présence simultanée de deux formes parasites sur une seule et même plante (le Taraxacum) pourrait faire croire que les zoosporanges récemment décrits ne sont que desorganes particuliers du Synchytrium. Nos expériences ne confirment cependant pas cette manière de voir, et d’abord, puisque l’ino- culation du Synchytrium ne nous a jamais fourni de forme pareille au parasite décrit, nous le considérons donc comme le représentant d'une espèce particulière. Les propriétés de ses zoospores, bien que des recherches minutieuses manquent encore, font même présumer que ce parasite appartient à un genre distinct du Chytridium.

La troisième forme à mentionner ici se rapporte à une espèce qui végète sur la terre,et ne peut par suite de cela être regardée comme parasite. On pourrait nommer cette forme Chytridium roseum (section Rhizophydium Schenk) (pl. 40, fig. 17-90). Elle fut trouvée, en 1862, sur des pois à fleurs remplis de ter- reau et tenus humides pendant plusieurs semaines. La surface de la terre était et colorée en rose, et déjà à l’œil nu on pou- vait voir que cette coloration était due à une masse de granules roses qui, au microscope, se montrèrent être des sporanges. Ces

961 A. DE BARY ET WORONINE.

sporanges à l’âge mür sont grands de 1/45° de millimètre, mais ils sont aussi de moindre dimension, et quelquefois même ils n'atteignent que la grandeur de 1/300° de millimètre. Ils sont composés en majeure parte d'une cellule plus ou moins sphé- rique (quelquefois ovale ou claviforme), qu’on doit nommer son corps. Chez les petits mdividus, ce corps ne porte qu’une seule excroissance (les grands en ont plusieurs disposées sans aucun ordre), en forme de col cylindrique ou conique élargi à son extrémité extérieure (fig. 17, 18 a).

Le corps en question est rempli d'un protoplasma finement granulé et coloré en rose vif. Son enveloppe est une membrane dure, glabre et incolore chez les petits individus, jaunâtre et parsemée d’une masse de petits points transparents (comme des piqûres d’épingle) chez les grands.

La membrane enveloppe exactement le protoplasma du corps, de sorte même que ce dernier est séparé des cols mentionnés plus haut par des cloisons convexesà l'extérieur. Chacun des cols est couvert sur les côtés d’une membrane qui se continue dans celle du corps ; mais la première est ordinairement moins épaisse que la seconde. A l'extrémité du col, la membrane est béante et l'ouverture laisse voir une goutte gélatineuse d’un aspect trou- ble, remplissant le col en guise de bouchon (fig. 17, 18 a). La surface du sporange porte quelquefois, outre les cols, des fils cylindriques, tubuleux et transparents, environ deux fois plus minces que les cols. Leurs parois sont souvent à l'état de colla- bescence (fig. 17). Nous les avons trouvés quelquefois aussi longs que le sporange même, et encore dans ces cas ils étaient toujours rompus.

En mettant un sporange dans l’eau, on peut immédiatement observer le développement des zoospores. Le protoplasma se divise de la même manière que chez le Synchytrium ; sa colora- tion perd de sa vivacité et prend une teinte brun rougeätre (fig. 18 b). La masse des zoospores nouvellement formées se con- tracte ; la cloison qui sépare le col du corps devient concave ; la masse gélatineuse remplissant les cols disparait; enfin, on voit se former au milieu de la cloison une petite ouverture par

SUPPLÉMENT À L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 9265

laquelle les zoospores se dirigent dans les cols une à une ou deux à deux : ici elles demeurent un instant immobiles, pour commen- cer ensuite les mouvements saccadés des Chytridinées (fig. 18 c). Lesspores ont une forme sphérique et une grandeur de 1/300° de millimètre ; leur structure paraît être celle de la plupart des Chy- tridinées. À l'endroit d’où naît le cil, le protoplasma est plus épais et sa couleur plus foncée ; il renferme, en outre, un petit corps arrondi plus réfringent et pareil au grain luisant de la plupart des spores des Chytridinées, mais il est moins apparent que celui-ci (fig. 19).

Les mouvements saccadés des spores ne durent pas plus d’une heure. Placées sur le porte-objet dans une goutte d’eau, et exa- minées au microscope, elles finissent par tomber au fond et se meuvent alors, rampant comme des Amibes et traînant après elles leurs cils. En même temps elles augmentent de volume. Quelques heures plus tard elles sont déjà immobiles ; leur corps prend une forme sphérique, les contours deviennent distincts ; quelques-unes commencent même à émettre des excroissances filformes. |

Plus tard, à peu près dix-huit heures après leur sortie, les spores cultivées sur le porte-objet augmentent encore de volume (de à à A iois de leur volume primitif), et laissent voir quelques glo- bules au milieu d’un protoplasma homogène. Le corps pousse des saillies filiformes et ramifiées, tantôt d’un seul côté, tantôt de deux {fig. 20).

À cette époque, toutes les zoospores conservées sur le porte- objet périssaient ordinairement, même celles qui avaient été ino- culées aux Algues vivantes ou mortes (OEdogonium, Oscillaria). Mises en contact avec les Algues, les zoospores devenues immo- biles rampaient sur la plante, poussaient leurs saillies, mais ne se fixaient jamais, c'est-à-dire ne perforaient jamais la surface de la plante.

Les phénomènes du développement de cette espèce n’ont pas été étudiés plus loin. Cependant il est bien probable que le corps sphérique formé par la zoospore se développe à son tour en sporange. Une partie des excroissances filiformes se changent

266 A. DE BARY ET WORONINE.

peut-être en cols, leur bout effilé périt, et la base prend alors la structure décrite plus haut. Le reste des excroissances pourrait se transformer en poils transparents qui sont attachés aux spo- ranges mûrs.

SUPPLÉMENT A L'APPENDICE.

Le Synchytrium Taraxaci a été inséré par nous dans les édi- tions de M, Rabenhorst : Die Algen Europa’s, cahier. dou- ble, déc. 57 et 58, 1579, Dresden, 1863 ; »° Fungi euro- pæi eæsiccali, editio nova, series secunda, cent. VIE (1864), 698.

EXPLICATION DES FIGURES,

PLANCHE 9.

Synchytrium Taraxaci.

Fig. 4. Sore sphérique mür, détaché de la plante. (Le dessin est un peu réduit sur un grossissement de 190.)

Fig. 2. Sore mür allongé, renfermé dans une cellule épidermoiïdale dilatée d’un pédon- cule du Taraxacum. Le sore remplit complétement la cavité de la cellule, de sorte que sa membrane est indistincte, (Gross. 490.)

Fig. 3. Contours des sores mürs, contenant de 2 à 7 cellules. (Gross. 190.)

Fig, 4, Sporanges mûrs, tirés d’un sore vigoureux. (Gross. 190 ; le dessin est cepen- dant un peu agrandi.) )

Fig. 5 a. Sporange mür après un séjour d’une demi-heure dans l’eau. Le protoplasma, \ us transparen S gre ë or s anguleux sépa- devenu plus transparent, montre les granules agglomérés en groupes angul ép rés entre eux par des interstices transparents,

Fig. 5 b. Même sporange, une heure et demie plus tard. Les groupes granuleux sont réunis en grains rouges d’un volume plus grand, distribués symétriquement dans un protoplasma incolore. Dans cet état le sporange mourut. (Gross. 390.)

Fig. 6. Sporange de moindre volume, pendant la formation et l'évacuation des z00- spores (Gross. 390). a, formation des zoospores par voie de division récemment ter- minée. La membrane commence à se gonfler aux deux angles. D, peu de temps après. La masse des zoospores est refoulée sur elle-même. Le gonflement de la mem- brane est plus marqué. c, zoospores s’échappant par l’un des angles gonflés de la cellule (quelques minutes plus tard que b).

SUPPLÉMENT A L’HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 267

Fig. 7, Zoospores tuées par une solution très-diluée d'iode. (Gross. un peu au delà de _ 390.)

Fig. 8. Formes successives d’une z00spore rampant comme une Amibe, (Gross, de la fig. 7.)

Fig. 9. a,zoospore exceptionnellement grande ; b-d, sa division en deux spores de

volume normal ; division accomplie. (Gross. 390.) Fig. 10. Spores de forme et de volume anormaux à l’état de repos. (Gross, 390.)

Fig. 11. Fragments d’épiderme d’une feuille humectée d’eau contenant des zoospores seize heures après l’inoculation. On voit sept spores immobiles ; la plus grande partie de leur corps reste encore à la surface de l’épiderme; dans le dessin elle est représentée par des figures rondes et contient un protoplasma tantôt tout à fait trans. parent, tantôt trouble et renfermant une ou plusieurs vacuoles. Les sept exem- plaires renferment encore un ou deux grains rouges. Tous présentent une petite saillie remplie de protoplasma poussée dans l'intérieur de la cellule. Cette excrois- sance est représentée par un cercle à l'intérieur auprès .des contours de la spore, (Gross. près de 700,)

Fig. 42. Fragment de la base d’un jeune poil (pris sur l’exemplaire de la fig. 44), qui montre en profil la perforation de l’épiderme par la spore. (Gross. près de 700.)

Fig. 43. Fragment d’épiderme de la même feuille qui est représentée dans les fig. 44 et 12, mais vingt-quatre heures après l’inoculation. a, spore qui s’est fixée, mais n'a pas encore perforé l’épiderme; b, spore dans le même état que dans la figure 11 ; en cet en d, l'entrée de la spore est presque terminée. La plus grande partie se trouve déjà à l’intérieur de la cellule, tandis que l’autre, contenant encore en c un granule rouge, reste à sa surface, (Gross, environ 700,)

Fig. 14. Fragments d’une autre jeune feuille quarante-huit heures après l’inoculation. (Gross. 720). a, b, spores qui se sont fixées, mais n’ont pas encore perforé l'épi- derme. En b, le grain rouge a déjà disparu ; en c, d, au milieu de la cellule épider- moïdale, se trouve un corps arrondi (globule primaire) consistant en un protoplasma granulé. À la surface de la cellule, en c et en d, on voit encore une partie de la spore qui n’a pas pénétré à l’intérieur de la cellule; en €, on voit (par en haut), sous forme d’un point, Le cordon qui perfore la membrane,

Fig, 15 et 16. Fragments d’épiderme de la nervure médiane d’une feuille, Le septième jour après l’inoculation du Synchytrium (Gross. 390). La membrane de la cellule épidermoïdale est représentée par une seule ligne. Le contenu n’est pas dessiné,

Dans la figure 45 on voit trois cellules épidermoïdales dilatées ; l’une d’elles ren- ferme deux globules primaires, les autres n’en renferment qu'un.

La figure 16 montre deux cellules semblables. La troisième s’est dilatée plus forte- ment à l’intérieur, et son globule est plus grand que les autres. a représente la paroi externe de la cellule ; ses parois latérales se trouvent placées sous les cellules voi- sines.

Fig. 17. Épiderme de la nervure médiane d'une feuille détachée d’une plante de Taraxacum non cultivée. La cellule occupant le milieu est dilatée et renferme un

jeune globule primaire du Synchytrium, suspendu dans le réseau du protoplasma. (Gross. 390.) À ù

268 A. DE BARY ET WORONINE.

Fig. 18. Fragment d'épiderme pris sur un pédoncule de Taraxacum à peine déve- loppé (Gross. environ 200). Des deux cellules épidermoïdales, fortement dilatées, l’une renferme un globule primaire beaucoup moins développé que l’autre; les deux globules sont entourés de courants protoplasmatiques.

PLANCHE 10.

Fig. 1-7. Synchytrium Taraxact.

Fig. 1. Fragment d’épiderme du pédoncule, montrant six cellules dilatées qui ren- ferment de jeunes cellules stables. Ces dernières diffèrent des jeunes sores par leur contenu incolore et trouble. Une de ces cellules (a) est déjà recouverte d’une mem- brane. (Gross. 190.)

Fig. 2 et 3. Fragments d’épiderme d’une feuille épanouie. Une cellule fortement dila- tée renferme une cellule stable presque müre. (Gross. 190.)

Fig. 4. Cellules stables müres. (Gross. 490.) Fig. 5. Cellule stable desséchée depuis longtemps, mise pendant dix jours sur de la

terre humide. Le contenu est granuleux, d’un rouge éclatant ; la couche externe brunâtre de la cellule s’est détachée. (Gross. environ de 300.)

Fig. 6. Cellule stable dans laquelle les zoospores commencent à se développer (Comp. pl. 1, fig. 5 b, et 6).

Fig. 7. Zoospores sorties d’une cellule stable. (Gross. 320.)

Fig. 8-10. Chytridium? Anemones.

Fig. 8. Épiderme du pétiole de l'Anemone nemorosa.|La cellule qui se trouve au milieu (elle n’est indiquée que par un trait sur le dessin) est dilatée à l’intérieur en guise de

: sac, et renferme une cellule stable à moitié développée au milieu des courants proto- plasmatiques. (Gross. 390.)

Fig. 9. Croquis de la coupe transversale du pédoncule de l’Anemone nemorosa, avec deux cellules épidermoïdales dilatées qui avaient renfermé des cellules stables. Les exemplaires sont moins grands que ceux de la figure 8. (Gross. 1490.)

Fig. 10. Épiderme détaché de la base d’un pétiole adulte. Dans une cellule de grandeur presque normale on voit une cellule stable du parasite. (Gross. 190.)

Fig. 41-16. Chytridium simulans, dans l’épiderme des nervures des feuilles du Taraxacum. (Gross. 300-390.)

Fig. 11. Deux cellules épidermoïdales à peine dilatées, contenant chacune un spo- range qui la remplit entièrement. a possède trois cols; l’autre en a un. En 6, corps ovoide à l’intérieur d’une cellule épidermoïdale; peut-être un jeune sporange du parasite.

Fig. 12-13. Sporanges dans l’intérieur d’une cellule épidermoïdale fortement dilatée. La figure 42 montre plusieurs petites vacuoles dans le protoplasma. a, enveloppe d’un sporange évacué.

Fig. 44. Contours d’une cellule épidermoïdale renfermant sept sporanges placés à côté l’un de l’autre.

SUPPLÉMENT À L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 269 Fig. 45. Membrane propre du sporange évacué, ne remplissant pas complétement la cavité. de la cellule épidermoïdale. h, col béant ; p, trois globules granulés à l’inté- rieur du sporange, peut-être des zoospores réduites à l’état de repos. Fig. 16. Zoospores dessinées pendant leurs mouvements; les cils sont plus marqués sur le dessin qu'ils ne l’étaient en réalité.

Fig. 17-20. Chytridium roseum. Fig. 17. Sporange mür muni d’un côté de deux cols, et de l’autre d'un filtransparent : l'extrémité est rompue. (Gross. 190.)

Fig. 148. Exemplaire plus petit, à un seul col. a, sporange mûr avant sa division; b, formation des zoospores par voie de division. La masse des zoospores est contrac-

tée. c, la sortie des zoospores. (Gross. 190.)

Fig. 19. Zoospores. (Gross. 390.)

Fig. 20. Zoospores réduites à l’état de repos et sur le point d'évolution ultérieure, dix heures après leur sortie du zoosporange. (Gross. 390.)

PRODROMUS FLORÆ NOVO-:GRANATENSIS

ou ÉNUMÉRATION DES PLANTES DE LA NOUVELLE-GRENADE AVEC DESCRIPTION DES ESPÈCES NOUVELLES,

Par MM. J. TRIANA ET J. E. PLANCHON

SELAGINELLEZÆ.

Auctore Alexander BRAUN.

I. SELAGINELLA.

(Spring, in Regensb. bot. Zeit., 1838, 1, p.148; Monograph. Lycopod., IT, 1848, p. 52.)

Macrosporangia 4-spora, rarius 2- vel 8-spora. Microsporan- gia polyspora. Macrosporæ et microsporæ rotundato-tetraedricæ.

À. Homotropæ (Homæophyllæ Spring). Folia homomorpha, undique directa. (Habitus lycopodioideus.)

a, PorysricHÆ. Folia polysticha.

« CYLINDROSTACHYæ. Bracteæ polystichæ (desunt in Flora Novo-Gra- natensi).

B. TETRAGONOSTACHYÆ. Bracteæ tetrastichæ. À. SELAGINELLA RUPESTRIS Spr., Monogr., Il, p. 55. Lycopodium rupestre L. var. brevipila À. Br. Selaginella rupestris & tropica Spr., I. c., ex part.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 271

Ad ripam fluminis Marañon prope Jaen de Bracamoros (Humb. et Bonpl. in h. Berol.); paramo de Mucuchies et Merida (Moritz in h. Ber.); Soacha, Bogota, altit. 2600 metr. (Lindig. n. 1593); in Andibus Quiten- sibus, altit. 627000 ped. (Jameson in h. Hook. ex Spring); prope Soña (Purdie in h. Hook, ex Spr:.).

Obs. Différt a forma typica furculis gracilioribus, elongatis, laxius eæspitosis ! foliis angustioribus, margine ciliis numerosioribus (utrinque 9-10) brevioribus antrorsum diréctis obsitis, mucrone vix piliformi brevi (vix 1/2 millim. longo) rigido flavescente sublævi terminatis, bracteis margine dense fimbriato-dentatis, macrosporis quaternis. Forma typica Selaginellæ rupestris, longe per orbem terrarum, imprimis Americam Septentrionalem divulgata, folia habet margine ciliis remotioribus longio- ribus patülis obsita, pilo longiore albo molli grosse dentato terminata, nec nôn bracteas remotius, et longius ciliatas. Macrosporas in hac ple- rütque binas observavi, cæterum ut in varietate brevipila luteas densé sed parum conspicue reticulato-rugulosa.

AbNot.— Sub S. rupestris B tropiea Spr. plures militant varietates, imo formæ nonnullæ, quæ specierum dignitatem affectant, e. gr. Sel. torti- - pila À: Br: foliis subintegerrimis, dorso sub apice gibbis, pilo albo lon- gissimo contorto subdenticulato terminatis, bracteis subintegerrimis, macrosporis quaternis laxius reticulatis dipicta, quam in Carolina australi legit Dr. Curtis, in Carolina septentrionali Rugel.

b. TETRASTICHÆ (desunt).

B. Dichotomæ (Heterophyllæ Spr.). Folia tetrasticha, dimorpha, bifariam expansa. (Habitus jungermannioideus. )

a. CoNTINUZ. Caulis continuus, radices posticæ.

x. TETRAGONOSTACHYÆ. Bracteæ homomorphæ vel subhomomorphæ , spicæ tetragonæ.

* Repentes. Surculi prostrati, undique radicantes, à. SELAGINELLA MICROPHYLLA Spr., l. C., 80, p. 88. Lycopodium microphyllum Kunth. Species foliis supra convexis, siccitate deorsum convolutis valde insignis.

Provincia Popayensis (Humb;,et Bonpl. im h. Berol.) ; Merida (Moritz in h. Berol.). Choachi, prov. Bogot. (Lindig., n. 1519); Ecuador ad mon- tem Pichincha (Jameson in h, Boiss.).

272 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (A. ERAUN\).

3. SELAGINELLA CAVIFOLIA À. Br. Surculi tenelli, re- pentes, humo adpressi, undique radiculosi, alternatim ramu- losi, ramulis brevibus simplicibus vel pauci divisis, nonnullis elongatis surculo primario simihbus. Caulis tenuissimus, a dorso subcompressus, obscure tetragonus, pleurotropus, antice sub- sulcatus. Folia pallide viridia, diaphana, subtus albonitentia, undique dimorpha, paululum distantia vel subcontigua, versus apices ramulorum imbricata : lateralia postica, subangulo fere recto patentia, late ovata vel suborbiculata, obtusiuscula, basi utrinque rotundata, superiore magis dilatata caulem obtegentia, margine remotiuscule denticulata, supra obtuse carinata et mar- ginibus elevatis concava, subtus secus nervum late canaliculata, cæterum convexa. Folia intermedia duplo minora, subdiver- gentia, recta vel paululum introrsum curvata, suboblique ovata vel oblonga, basi exteriore deorsum producta, breviter acumi - nata, denticulata, inde a basi carinata ! Spicæ ramulos breviores terminantes, ramulorum plano latiores, breves, a dorso sub- compressæ. Bracteæ subhomomorphæ, posticæ paulo majores et pallidiores, omnes e basi gibba ovatæ, brevissime acuminatæ, denticulatæ, obtuse carmatæ; macrosporæ 1/5 mm. vel paulo ultra crassæ, tuberculis irregularibus minutissimis et confertis- simis asperæ, luteæ, vertice aurantiacæ. Microsporæ rubræ, ele- vato-reticulatæ (?).

Salto de Tequendama (Triana); Boqueron, Bogota, altit. 2700 metr. (Lindig., n. 1511).

Obs. Selaginella serpente Spr. 47, quam habitu æmulatur, tene- ritate ovariorum partium, colore, foliorum forma et excavatione, ciliarum

elongatarum defectu, nec non macrosporarum indole, quæ in $. serpente albæ et lævigatæ sunt, valde differt.

ADNOT.— S. serpens Spr. (vera, in hortis passim sub nomine S$. varia- bilis, mutabilis, argenteæ et jamaïicensis culta), nonnisi insulas Indiæ occidentalis, Cubam, Jamaicam et St-Domingo incolit ; plantam mexica- nam herbarii Berol., quam cl. Spring sub $. serpente citat, sub nomine S. Schiedeanæ (Ind. sem. h. Ber., 1857, app. p. 14) distinxi. Altera spe- cies mexicana, hucusque cum S$. serpente confusa et sub hoc nomine inter plantas Sartorianas et Schaffnerianas a cl. Schultz Bip. distributa, est S. saccharata À. Br., quæ, præter alias notas, surculis fructiferis

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 273 adscendentibus, foliis lateralibus acutiusculis, intermediis basi tantum ciliatis et utrinque auriculatis, præsertim vero macrosporis et microspo- ris dense et irregulariter tuberculatis, quasi saccharo obductis, distingui- tur. Huic denique proxima est $S. delicatissima À. Br., Znd., 1. c., p. 43; Ann. des sc. nat., 1. c., 60. Cujus patria ignota est et quæ per decennium, fere in horto bot. culta fructificationem nondum protulit.

h. SELAGINELLA TRUNCATA À. Br., Znd. sem. h. Berol., app., p. 15; Ann. sc. nat., série, t. XII, p. 65, in adnot. ad S. Breynii. Surculi solo arcte adpressi, radiculis teneris affixi, laxe ramosi, ramis erecto-, inferioribus subhorizontaliter patentibus, pauciramulosis. Caulis a dorso compressus, facie bisulcatus medio et margine carimatus, dorso convexus et (sicci- tate) leviter exaratus. Folia undique dimorpha et dense conferta, subcontigua, versus apicem surculorum imbricata, atroviridia, subtus subaureo-nitentia ; lateralia postica, rectangule patentia, planum horizontale vel supra concaviusculum 8-10 mm. latum formantia, lineari-oblonga, antce latiora, truncato-rotundata, obiusissima, margine anteriore infra medium denticulis longio- ribus instructa, cæterum minutissime serrulata, margine poste- riore basi cils paucis instrueta, dein subintegerrima, apice minutssime denticulata, basi oblique adnata, antice dilatata et rotundata, caulis dorsum tegentia ; intermedia triplo minora, adpressa, plana, vix nervo carinata, apicibus convergentia, oblique ovata, brevissime acuminata, obtusa, albo-marginata, latere exteriore rotundato basi breviter ciliato superne denti- culato, mteriore leviter curvato denticulato. Spicæ ramos ramu- losque terminantes, nonnunquam geminatæ, ramulorum plano quadruplo angustiores. Bracteæ ovato-triangulares , acutius- culæ, denticulatæ, carmatæ, carina superiorum aspera. Micro- sporæ rufescentes, 4/33 mm. crassæ, remote tuberculatæ, macrosporæ albæ, 4/4 mm. crassæ, laxe et subreticulatim ru- gOs0-exasperatæ.

Bogota (Karsten, h. Bcrol.); prov. Bogota, Susumuco, alt. 1000 metr.

(Triana).

Ab affini S. Breynii Spr., |. c. 64, p. 119, facile distinguitur foliis 5€ série. Bor. T. III, (Cahier 5.) 2 18

27 4. FRIANA EF J,-E. PLANCHON (A. BRAUN).

lateralibus apice truncato-rotundatis, folüis intermediis brevissime et obtusiuscule acuminatis, nec aristatis. S. Breynii hucusque in Guyana et Brasilia tantum observata est; quæ sub hac specie a cl. Spring, in Cor- dilleris chilensibus citatur (Lycopodium atrovirens Presl.), foliis latera- libus basi superiore auriculatis, intermediis basi oblique cordato-auricu- latis a planta genuina difiert et S. campylatis nomine distinguatur.

5. SELAGINELLA CALOSTICHA Spr., |. C., 145, p. 206.

In provincia Caracas, altit. 5000 ped. (Funck. et Schlim., coll. Linden. n. 3321). |

À Selaginella jungermannioide Spr., L c., 62, p. 117, cui valde similis est, præter folia lateralia non ciliata, præsertim caule dorso carina mediana instructo differt, quamobrem in Springii monographia contra rectum naturæ locum ab illa remotissimum tenet. Alteram e contubernio Selaginellæ jungermannioidis speciem caule dorso carinato gaudentem in Peruvia prope St-Gavan detexit Lechler (coll. Hohenacker, 2405), S. appla- natam À. Br., quæ folüs lateralibus, ciliatis a S. calosticha differt et S. jungermannioidi propius accedit; tertiam his affinem, cui nomen S. Homaliæ propter similitudinem quandam cum Æomalia trichoma- noide imposui, el. R. Spruce prope Panure, ad rio Uaupes legit (n° 2534).

** Adscendentes. Sureuli plus minusve eriguntur, radices ex inferiore parte demittentes, plerumque a basi ramosi.

6. SELAGINELLA CHRYSOLEUCA Spr., |. C., 137, p. 197. Selaginella Sprucei Hook., Select. cent. of Ferns, t. 83.

Obs. In herbario Berolinensi sub nomine imedito S. platystichæ Klotzsch specimen unicum a cl. Karsten prope Puerto Cabello lectum asservatur,.quod non sine dubio pulcherrimæ huic speciei adnumero. Planta Karsteniana omnibus partibus paulo minor est quam genuina in Peruvia à d’Orbigny et Spruce lecta, lætius colorata, subtus albo-nitens ; folia lateralia paulo breviora, 6 millim. longa (in planta genuina 7-9), intermedia ovata, vix acuminata, parallele biseriatim imbricata (in plant. gen. evidentius acuminata, conniventia). Spicarum rudimenta, quæ adsunt, lateralia. An species propria ?

7. SELAGINELLA SPECIOSA À. Br. Priori simillima, sed spe- ciosior, subtus aureo-bombyemo-nitens. Folia lateralia 10 mm.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 245

longa. Folia intermedia, quæ in S. chrysoleuca subæquilatera sunt, in hac specie maxime inæquilatera, latere exteriore semi- orbiculari, mteriore semilanceolato, longe cuspidata. Spicæ im ramis elongatis terminales et laterales apici approximatæ, gemi- natim vel ternatim congestæ, nec omnes laterales et ab apice remotæ, ut in præcedente.

Bogota (Triana).

ApNoT.— In contubernium Selaginellæ chrysoleucæ præter hanc perti- nere videtur S. bombycina Spr., 130, p. 191, quæ secundum descriptio- nem auctoris habitu caulescente, ramis pinnatim ramulosis, foliis latera- libus basi superiore, intermediis basi exteriore ciliatis distinguitur. $, articulata Spr., 149, p. 211. Statura quidem similis est, sed caule articulato, radiculis anticis et spicarum indole longe diversa est.

8. SELAGINELLA INCRESCENTIFOLIA Spr., |. €., 52, p.106, ex p.; Mett., Fil. h. Lips., p. 123; À. Br., End. sem. hort. Ber., 1. c., p.16; Ann. sc. nat., sér., t. XIE, p. 69. :

Pichincha (Jameson, h. Hooker) ex Spr., IL. c.; Venezuela (Kunze, /nd. Fil, in hort, cult.), |

Equidem specimina spontanea hujus speciei non vidi. CI. Spring hanc et sequentem speciem commiscuit, hine loco natalia, quæ indicat, ambi- gua sunt. Planta d'Orbignyana e Bolivia, quam sub hac specie citat, speciminibus authenticis examinatis, varietatem angustifoliam sequentis speciei sistit, Planta inde ab anno 1848 (sec. Kunze) in hortis culta et a me Î. c. descripta, de cujus patria et introductione nihil certi habeo, inter species hujus generis quam maxime singulares pertinet, quippe quæ sola inter cognitas bulbillis propagetur. Rami ramulique inferiores, nec non superiorum nonnull, flagelli instar attenuantur in prolongationes fili- formes tenuissimas foliis minimis remotis obsitas et apice denique in bul- billes minimos (1-3 millim. crassos) subglobosos foliis squamiformibus minimis vestitos intumescunt. Imo spicæ nonnumquam ex apice hujusce modi bulbillos, pedunculo cernuo insidentes, emittunt. Surculi tot: quotannis emoriuntur, bulbillis solis hiemem perdurantibus. Bractesæ, ut in sequente, subdimorphæ, ex ovato longe acuminatæ, margine ciliato- denticulæ, superiores carina acutiore elevata instructæ. Sporas bene ma- turatas nondum vidi. Præter bulbillos a sequente specie fohis lateralibus tinerviis, argute denticulatis, sed vix ciliatis, tuto distinguitur.

976 3. URIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).

9. SecaGinertaA ciLIATA À. Br., Ind. sem. h. Ber., 1. c., p. 16; Ann. se. nat., sér., t. XI, p. 68.

Lycopodium ciiatum Willd., Sp. pl., V, p. 38 (non Desv.). Lycopodium Novæ-Hollandie Sw., Syn. Fil., p. 18h et 110. Selaginella Novæ-Hollandiæ Spr., 1. c., 147, p. 208. Selaginella increscentifolia ejusd. |. c., ex part.

In devexo Andium Quitensium, altit. 1000 metr. (Francis Hall. in herb. Kunth. nunc Berol. et Jameson in herb. Boiss.), Paime, Chimbe et Villeta, altit. 41-4400 metr. (Lindig., n. 1517). (In Costa Rica quoque legit C. Hoffmann, h. Ber.).

Obs.— Species tenella, rigidiuscula, parvifolia, a simili præcedente præ- sertim foliis lateralibus, margine anteriore longius ciliatis et propagandi more distincta. In speciminibus spontaneis stolones filiformes elongatos ex infima caulis parte progredientes vidi, in planta hortensi a cl. de War- scewicz e Nova Granata introducta (S. Warscewiczii Klotzsch in h. Ber.), cæterum cum planta spontanea congruente, propagula breviora cylin- drica vel clavato-incrassata, carnosa, e carneo rufescentia ex apice ramo- rum superiorum vel inferiorum orta, rarius stolones paulo longiores e ramis infimis progredientes, sed mox simill modo incrassatos observavi. Microsporæ (sec. specim. Lindigiana) rubræ 1/40-1/30 millim. crassæ, læves vel vix granulatæ. Macrosporæ lacteo-albæ, 1/5-1/4 millim. crassæ, reticulato-tuberculatæ.

10. SELAGINELLA MOLLIS À. Br. Similis S. cihalæ, a qua differt surculis flaccidioribus, in eodem plano bipmnatim ramo- sis, Circuitu anguste lanceolatis, plumæfornubus ; caule mol- liori, ad basin usque sulcato ; foluüs mollioribus, lateralibus vix inæquilateris, in caule primario latioribus, late ovatis, brevis- sime et obtusiuscule acumimatis, in ramis ramulisque e contrario angustioribus, omnibus utroque margine reflexis, 1ta ut ciliæ la- teris anterioris immarginati retrorsum versus nervum medianum folii dirigantur ; porro folüs imtermediis latioribus, basi exteriore minus longe productis, angustius marginatis, brevius denticu- latis. Stolones filiformes e parte infima caulis, nec non rami infimi nonnulli apice in stolones excrescentes, ut in S. ciliata ; spicæ breves, ramulorum plano non angustiores. Bracteæ anticæ et posticæ magnitudine æquales, sed posücæ pallidiores.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 277

In provincia Ocana, altit. 4000-6000 ped. (Schlim., n. 1029 in coll. Lindeniana h. Boiss.).

*** Caulescentes. Surculi°e basi stolonifera erecti, inferne simplices, superne flabellatim ramosi frondem compositam stipitatam for- mantes, Folia in stipite homomorpha.

A1. SELAGINELLA SPRUCEI À. Br. (non Hook.). Sureul elati, erecti,alte stipitati, superne in frondem oblongam, laxe bipin- natam, ad basin subtripmnatam expansi (basi stolontfer1?). Stipes ulirapedalis, validus, 4 mm. et ultra crassus, strammeus, go- notrope obtuse tetragonus ; in rhachide et ramis frondis caulis angulo dorsal depresso pentagonus evadit, supra bicanalicu- latus. Rami frondis utrinque 6-7, erecto-patentes, utrmque 7-9- ramulosi. Folia in stipite subhomomorpha, adpressa, squamifor- mia, ovata, breviter acuminata, apice denticulata, altero mar- gine prope basin, altero ultra medium ciliis tenuissimis elongatis unicellularibus barbatula. Folia frondis heteromorpha, supra saturate viridia, subopaca, subtus albo-nitida, in rachide remo- tiuscula, in ramis ramulisque contigua, demum imbricata et versus apicem ramorum vix decrescentia : lateralia postica, erecto-patentia, 6-7 mm. longa, oblongo-lanceolata, subfalcato- incurva, acutiuscula, superne subæaquilatera, a basi ad tertiam longitudinis partem aatice in alam membranaceam albo-hyali- nam cilis tenuissimis elongats barbatulam et caulis dorsum tegentem dilatata, cæterum margine anteriore tenuissime serru- lata, posteriore integerrima et plerumque revoluta, apice minute denticulata, nervo subtus prominulo, supra subimpresso. Folia intermedia triplo minora, adpressa, apicibus lateraliter incurvis conniventia, imo in ramulis decussantia, oblique ovata, valde inæquilatera, latere scilicet exteriore angustata, basi oblique adnata (non producta), breviter acuminata, præter apicem den- ticulatum integerrima, supra basin exteriorem cils nonnullis barbata, dorso nervo incurvo obtuse carinata. Frucüficatio ignota.

In Andibus Ecuadorensibus (Spruce, n. 4780, sub nomine S. flabel- latæ, h. Boiss.), ŒISE *

9278 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).

Descriptio ad specimen unicum, sterile. Planta speciosa, quæ habitu et characteribus medium tenere videtur inter S. bombycinam et flabel- latam, a priore præter surculos evidentius caulescentes et frondiformes præsertim foliis intermediis breviter acuminatis (nec aristato-cuspidatis), ab ulteriore ramificatione laxiore, ramulis vix decrescentibus, foliis late- ralibus longioribus minus rigidis antice versus basin membranaceo-alatis et ciliis longioribus et tenuioribus instructis distincta.

12. SELAGINELLA FLABELLATA Spr., L. €., 115, p. 175. Lycopodium flabellatum L.

Rio Cuello Mariquita (Linden, coll. n. FM re ds ); Panama (h. Hooker, ex Spr.); Tovar (Fendler, P/. Venez. Lu Venezuela (coll. Funk et Schlim, n. . 57).

Species per Americam meridionalem et Indiam occidentalem latius divulgata, valde polymorpha. Specimina Fendleriana varietatem pro- priam sistunt (S. flab. var. latifrons AL. Br.), frondis amplitudine et foliorum magnitudine insignem. Hæc folia lateralia, hæc angustiora ovato- lanceolata, minus acutata, usque ad 8 millim. longa, in ramulis ultimis ad 4 millim. decrescentia (in forma typica 3-4 millim. longa, ad 2 millim. decrescentia); intermedia latiora, brevius acuminata, plana, nervo vix ad apicem subcarinato. Spicæ angustæ, 2 millim. latæ. Micro- sporæ (ut in forma typica) ochraceo-fuscæ, 1/33 millim. crassæ, verrucis sparsis exasperatæ. Macrosporæ albæ, 1/4-1/3 millim. crassæ, evidentius reticulatæ. Planta in hortis culta (/nd. sem. h. Berol., 1. c., p. 18) varieta- tem laxam humiliorem, minus concinne pinnatam et remotifoliam sistit, qualem spontaneam hucusque non vidi.

Specimina collectionis Funk et Schlim, n. 57, foliis versus apicem nisi tenuissime serrulatis transitum ad speciem sequentem, rectius forte cum S$. flabellata denuo conjungendam, efformant.

13. SELAGINELLA ANCEPs Presl, Abh. d. bœhm. ges. d. Wass., UE, p. 581.

Lycopodium anceps ejusd., Rel. Hænk., 1, p. 90. Selaginella flabellata B expansa Spr., 1. c., p. 175.

Nova Granada (coll. Linden, n. 1004, herb. Boissier); la Vega et Muzo, altit. 1200 metr. (Lindig. n. 1515) ,/Estrecho, inter Tuquerres et Barba- coas, altit. 900 metr., et prov. Bogota (Triana). ? |

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 279

Sel. flabellatæ valde affinis, sed foliis lateralibus versus apicem et in margine posteriore integerrimis, basi superiore in auriculam minutam productis facile distinguenda. In Peruvia (Lechler, 2159) et insulis Philippinis quoque occurrit.

Ah. SELAGINELLA viricucosA Klotzsch, Flor. œæquin. in Lin- nœæa, XNI, p. 524; Spr., 1. c., 126, p. 186 ; À. Br., Ind. hort. Ber., 1. c., p. 18 ; Ann. sc. nat., sér., t. XIE, p. 75.

Prope Caracas (Moritz, h. Ber.; Goilmer, h. Ber.; Fendier, n. 322) ; Galipan, altit. 5000 ped. (Linden ex Spr.; Moritz, h. Ber.); la Guayra (E. Otto, h. Ber.; Gollmer, h. Ber.); Puerto Cabello (Karsten, h. Ber.) ; Chagres (Sinclair, h. Hooker ex Spr.).

15. SELAGINELLA HARTWEGIANA Spr., !. c., 128, p. 188.

In declivitate Andum prope Nanegal (Hartweg, man prope Baños et ad Pillyhum (Jameson, h. Hooker ex Spr.); Quito (Ded. Cuming, h. Ber.).

Sel. viticulosæ affinis, sed foliis distantioribus, rigidioribus, lateralibus longius acuminatis et evidentius falcatis, basi tantum breviter, ciliatis intermediis basi exteriore auriculatim productis facile distinguenda.

16. SELAGINELLA LEPTOBLEPHARIS À. Br. Surculi (e basi repente stolonifera) erecti, in frondem brevius stipitatam, laxius brpinnatam oblongam basi interruptam expansi. Rachis stricta ; rami ramulique erecto-patentes. Caulis goniotropus, angulo antico explanato et subexarato, postico valde obtusato fere hexa- gonus, angulis lateralibus acute prominentibus anceps. Folia im basi stipitis homomorpha, adpressa ; superiora dimorpha ; late- ralia omnino postica, erecto-patentia, recta, ovato-oblonga ; superiora late lanceolata, paululum inæquilatera, acutiuscula, basi obliqua obtusa, propter particulam mediam baseos adnatam specie excisa, margine anteriore ultra medium ciliata, superne denticulata, margine posteriore versus Dasin ciliata, superne subintegerrima, nervo recto supra prominulo subtus subsulcato percussa. Folia intermedia duplo-quadruplo minora, adpressa, plana, late ovata, subito in aristam laminam æquantem acumi- nata, utroque margine ültra medium ciliata, versus apicem den-

280 3, TRIANA ET 49.-E, PLANCHON (4. BRAUN).

üculata. Ciliæ foliorum unicellulares, elongatæ, tenuissimæ, molles et subflexuosæ, passim denticulis minoribus intermixtæ. Spicæ in ramulis ultimis brevioribus, ramulorum plano duplo angustiores, bracteis paululum dimorphis, superioribus paulo longioribus et acutius carmatis, omnibus ovatis, sensim acutatis, utroque margine remote denticulatis. Microsporæ rufescentes, 1/59 -1/45 mm. crassæ, remoie verruculosæ, macrosporæ luteo- albæ, 1/4 mm. et paulo ultra crassæ, reticulatim rugulosæ.

Salto de Tequendama (Triana); la Vega, altit. 2400 metr. (Lindig. n. 1506).

Obs. Affinis Sel. viticulosæ et Hænkeanæ Spr., a quibus præsertim differt frondibus rigidioribus, foliis lateralibus rectis, nec falcatis, inter- mediis longius cuspidatis, bracteis subdimorphis.

17. SELAGINELLA ERYTHROPUS Spr., L. C., 97, p. 155.

Lycopodium erythropus Martius, Zcon. sel, PI. crypt., p. 39, L20,L8

Tocaima, altit. 400 metr. (Lindig. n. 1510); Guayaquil (Jameson, h. Hooker; Gaudichaud, h. Deless. ex Spr.); insula Gorgona (Hind, h. Hooker ex Spr.); Ocana (coll. Schlim., n. 660); bague (Goudot).

Specimina novo-granatensia pleraque hujus speciei, quæ in Brasilia et regno chilensifquoque occurrit, ad varietatem minorem pertinent. Maxime speciosa, 1-1 1/2 pedalis, in hortis evadit (/xd. sem. h. Ber., 1. c., p. 18), et rarius spontanea occurrit. Specimina collectionis Schlim., n. 660, ad hanc formam majorem pertinent.

18. SELAGINELLA HÆMATODES Spr., L. C., 98, p. 196.

Lycopodium hœæmatodes Kunze, in Linnæa, IX (1834), p. 9, et Farnkr. in color. Abbild., X, p.61, t. 30.

Selaginella filicina Spr., I. c., 129, p. 489.

Selaginella Karsteniana Klotzsch, ined.

Im provincia Caracas (Funk. et Schlim., coll. Linden, n. 3313 ex Spr.; prope Guarena, coll. Funk. et Schlim., n. 327; prov. de Carabobo, coll.

Funk., n. 777; Fendler, P{. Venez., 461); mter Puerto Cabello et Valen- cia, altit, 2000-3000 ped. (Linden, 327); Puerto Cabello (Karsten);

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 281

la Palma, Muzo, Minas, altit. 700 metr. (Lindig. n. 1509). Susumuco, Andium Bogotensium, altit. 1000 metr. (Triana).

Species pulcherrima, frondium tripinnatorum amplitudine, colore caulis roseo-coccineo, foliorum lætissime viridi insignis. In cl. Spring monographia bis describitur, primo loco inter species caule pleurotropo gaudentes sub nomine %$. Aæmatodis, secundo inter goniotropas sub nomine $. filicinæ, altera Peruviana, altera præsertim Columbica; sed comparatis utriusque speciminibus authenticis omnino identicas esse certior factus sum. Caulis revera octogonus est, planorum directione una caulis pleurotropi et goniotropi characterem præbens. Colitur in hortis (/nd. sem. h. Ber., 1. c., p. 18, nec non 1859, p. 22; Ann. sc. naf., Le sér., t. XII, p. 74).

FFT Rosuldtæ {Circinatw Spr.). Surculi ordine spirali succedentes, circa sympodium centrale abbreviatum erectum rosulati, ple- rumque a basi ramosi et siccitate circinatim involuti.

19. SELAGINELLA CONVOLUTA Spr., 1. c., 11, p. 69.

Lycopodium convolutum Wallr. Arnott in Mem. of the Wern. Dean Vip. 199.

« In sylvis siccis Novæ Granatæ prope St Marta (Purdie, h. Hooker) », Spr., L.c.

In Brasilia et Guyana vulgatior; in hortis sæpe sub nomine Se/. para- doxæ culta.

20. SELAGINELLA CuspIDATA Link, Fülic. hort. Ber., p. 158; Spr., L. c.,9, p.66 ; A. Br., In. sem. h. Ber., 1. c., p. 20; Ann. sc. nal., sér.,t. XHIE, p. 8.

Lycopodium cuspidatum Link, Hort. Ber., Il, p. 161. Lycopodium pallescens Presl, Relig. Hænk., 1, p. 97. B. elongata Spr., I. c.

Selaginella cordifolia Hort.

Selaginella Avilæ Karst., ined. Selaginella sulcangula Spr., 1. c., 104, p. 163.

Li

282 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).

Caracas (Ed. Otto, h. Ber., «etf; Moritz, n. 382, h. Ber., «: Plée, H. M. P.. B S. sulcangula ex Spr.; Fendler, P/. Venez., 321, :); Galipan (Gollmer, h. Ber., var. B; Funk. et Schlim. in coll. Linden, 3317, «, ex Spre); Valencia et Merida (Moritz, n. 315 et 376, var. 8); Martha (Purdie, h. Hooker, «, ex Spr.) ; Nevado de S'* Martha (Purdie,h. Hooker, £s., Sel. sulcangula ex Spr.).

Species præterea per Americam centralem et regnum Mexicanum divul- gata, maxime variabilis. Formæ extremæ, surculis in « a basi concinne ramosis, circumscriptione oblongis, in rosulam humilem et depressam expansis, in G erectis et ad altitudinem pedalem et ultra elevatis, longius stipitatis et superne in frondem ampliorem dilatatis, habitu adeo inter se differunt, ut vix ejusdem speciei esse credideris, fisi forméæ. intermes: diæ exstarent. Hinc cl. Spring error quoque explicandus est, qui varie- tatem GB suam iterum sub nomine S. su/cangulæ à forma typica longe remotam et in contubernium S. caulescentis translatam descripsit.

B. PLaTysTICHÆ. Bracteæ dimorphæ, plerumque anticæ majores bifariam expansæ, posticæ minores adpressæ ; hinc spicæ quasi resupinatæ.

* Repentes vel adscendentes, flagelliferæ.

21. SELAGINELLA CLADORRHIZANS À. Br., S. caudala Moritz, in Sched., Herb. (non Spr.). Pusilla, tenera, flaccida, pallide viridis, diaphana. Surculi prostrati, laxe et patenter ramosi, rhacheos primariæ et ramorum majorum apicibus plerumque in flagella filformia microphylla demum radicantia excurrentibus. Folia lateralia postica, sed caulis dorsum parum tegentia, re- motiuscula, sub angulo fere recto patula, oblongo-lanceolata, paulo mæquilatera, antice versus basin latiora, obtusiuscula vel acutiuscula, non acuminata, ima basi paululum atteñuata,tevi- denter marginata, denticulis in margine anteriore remotis lon- gioribus, in posteriore minoribus inconspicuis instructa, prope apicem confertius minute denticulata, lucr objecta celluhis scle- renchymaticis valde elongatis longitudinahier striata. Folia in- termedia quadruplo minora, divergentia, ovata, dorso carinata, in aristam laminam subæquantem asperam acumimata, basi attenuata, oblique adnata, marginata et remote denticulata, denticulis utrinque 6-8. Spicæ ramulorum plano duplo angus- tiores, fere tetragonæ. Bracteæ anticæ erecto-patentes, rectæ

+ «

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 283

(non falcaitæ), carina dorsali superne in cristam subdentatam producta ; posticæ vix minores, dilutius virides, carina vix cris- tata gaudentes. Microsporæ rubræ, 1/33 mm.'crassæ, tuberculis elongatis obtusis laxe muriculatæ, macrosporæ albidæ, 1/4 mm. crassæ, reticulatim rugosæ,

Ad coloniam Tovar (Moritz, 4l8 ; Fendler, 324 mixta cum S. ambigua et Moritziana).

Obs. Confundebatur hucusque in herbariis eum S. Zychnucho, quæ flagellis omnino caret et præter habitum diversum foliis immarginatis, margine anteriore longius ciliatis, striis sclerenchymaticis foliorum parum conspicuis, bracteis evidentius dimorphis satis differt.

Ad S. cladorrhizam pertinet S. marginata Breutel. in sched. ex insula St Kitts, nonnisi denticulis prope basin marginis posterioris foliorum lateralium magis elongatis paululum recedens. Specimen mexicanum in herb. Berol. asservatum (ex collectione Uhde) formam majorem hujus speciei sistit. |

Speciei huic quam maxime affinis est S. albonitens Spr., 1. c., 22, p. 80 (S. mollis l'Hermin. ined.), insulas St Domingo, Guadualupam, Cubam(Wright, n. 940) incolens, surculis adscendentibus, anguste pyra- midatis, e basi tantum stolones tenuissimos flagelliformes emittentibus ; folüs lateralibus paulo angustioribus, basi magis attenuatis, margine posteriore subintegerrimis; striis foliorum magis etiam conspicuis hya- linis; macrosporis denique minoribus, 1/5 millim. crassis discedens.

29. SELAGINELLA Morirziana Spr., |. c., 187, p. 249. Præcedente major et firmior, plerumque saturatius colorata et minus diaphana. Surculi cæspitosi, repentes aut omnino pro- strati, aut e basi prostrata adscendentes, varie ramosi, ex infima præsertim parte ramos plus minus flagelliformes et microphyl- los plerumque epigæos emittentes. Folia lateralia postica, caulis dorsum valde tegentia, remotiuscula vel conferta, erecto- vel subhorizontaliter patentia, ovata, basi utrinque subito dilatata, valde mæquilatera, antice latiora et versus basin rotundata, acute vel plus minusve acuminata, non conspicue marginata, margine anteriore denticulis numerosis versus apicem sensim minoribus et confertioribus instructa, posteriore prope apicem denticulata, versus basin integerrima et plerumque anguste

28 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (A. BRAUN).

revoluta. Folia intermedia duplo triplove minora, parallela vel ‘subdivergentia, dorso carinata, brevius vel brevissime acuminata (non aristata), basi oblique adnata, marginata, denticulata, den- ticulis in latere interiore 12-20, in latere exteriore paucioribus. Spicæ plerumque breves, ramulorum plano paulo angustiores vel latitudine subæquales, evidentius complanatæ et supra planæ. Bracteæ latius vel angustius ovatæ, sensim acuminatæ, anticæ paulo majores, longius acuminatæ, rectæ vel subfalcatæ vel apice Imcurvæ, Carina plerumque anguste cristata et versus apicem dentata instructæ ; posticæ minus intense virides vel pal- lidæ et diaphanæ, carina elevata aspera sed vix cristata instructæ. Microsporæ rubræ 1/33-4/30 millim. crassæ, læves vel sublæves. macrosporæ 1/3-2/5 millim. crassæ, albidæ, vertice ex auran- tiaco fuscescentes, dense et irregulariter rugoso-tuberculosæ, asperæ.

Species maxime variabilis, difficile circumscribenda, cujus varietates sequentes distimguendæ sunt.

a. normalis. Firmior, minus diaphana, e viridi subfuscescens. Surculi e basi repente adscendentes, duplicato-ramosi, ramis pauci-ramulosis , ramis inferioribus nonnullis flagelliformibus epigæis. Folia lateralia remotiuscula, erecto-patentia, caulis dorsum valde tegentia, breviter acuminata. Denticuli m margme anteriore c. 25. Margo posterior revolutus, lævis. Nervus supra sulcatus, subtus prominulus. Folia intermedia duplo minora, breviter acuminata, convexiuscula et valde carinata. Spicæ ra- mulos latitudine æquantes. Bracteæ anticæ anguste cristatæ.

Merida (Moritz, 377, h. Ber.).

B. conferta. Priori similis, sed minor, pallidior, densior. Folia lateralia contigua et imbricata, supra convexiuscula. Nervus parum conspicuus, neque supra, neque infra evidenter pro- minulus.

Ad coloniam Tovar (Fendler, in h. Boiss. sine numero).

y. laxa. Tenera, læte viridis, magis diaphana, flaccida, sur- culis omnino repentibus, laxissime et subsimpliciter ramosis. Rami nonnulli inferiores, nec non surculus primarius, passim

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 285

flagellatim excurrentes. Folia lateralia longius remota, basi an- gustiora, caulem minus tegentia, longius acuminata. Denticuli in margine anteriore €. 20, ad-apicem usque laxe dispositi. Margo posterior (nec non interdum anterior) revolutus. Nervus plerumque supra subprominulus. Folia intermedia anguste ovata, longius acuminata. Bracteæ angustiores, longius acu- minatæ.

In Venezuela leg. H. Karsten (H. Ter.).

d. elongata. Præcedente major et paulo firmior. Sureuli omnino prostrati, elongati, laxe et breviter ramosi, ramis pa- tulis simplicibus vel pauciramulosis, mfimis nonnullis subflagel- liformibus. Folia lateralia remota, sub angulo recto patentia, basiantice minus dilatata, dorsum caulis vix tegentia, acuta (nec acuminata). Denticuli m margine anteriore c. 20, margo poste- rior anguste revolutus, asper. Nervus supra (!) promimulus, subtus sulcatus. Folia intermedia triplo minora, brevissime acu- minata, plana, anguste carinata. Spicæ ramulorum plano an- gustiores. Bracteæ anticæ brevius acummatæ, latius cristatæ. Habitus fere $. serpentis.

Ad coloniam Tovar (Fendler ni 322 et 323), Bogota (Lindig.,n. 4505).

e. pseudopoda. Humilior, flaccidior, adscendens (?), parce et simpliciter ramosa, habitu fere S. apodæ. Flagella vel stolones non vidi. Folia lateralia basi valde dilatata, sensim acutata, vix acuminata, concaviuscula et siccitate sæpe sursum involventia. Denticuli in margine anteriore c. 20, inferiores quam in reliquis varietatibus paulo longiores et patentiores. Margo posterior ple- rumque non revolutus, basi denticulis 1-3 instructus. Nervus supra prominulus. Folia intermedia angustius ovata, breviter acuminata, basi exteriore paulo magis producta et denticulis nounullis deorsum directis mstructa. Bracteæ anticæ angustio- res et anguste cristatæ.

Manzanos, altit. 4700 metr. (Lindig., n. 1518).

Obs. Aliam porro hujus speciei varietatem (suberectam) in Costa Rica legit C. Hoffmann (n° 84 et 609 in h. Ber.), formæ normali proxi- mam, sed surculos basi subterraneos et stolones filiformes albidos subter-

286 3. 'TRIANA ET 9.-E. PLANCHON (A. BRAUN).

raneos emittentibus, e parte repente subito adscendentibus, triplicato- ramosis et late pyramidatis, foliis lateralibus latissime ovatis, brevissime acuminatis, denticulatis in margine anteriore numerosioribus c. 30 dis- tinguendam.

Speciem $. Moritzianæ valde ducs mexicanam pr. Vera-Cruz detexit Sartorius, $. porphyrosporam À. Br., flagellis ramigenis, ut in S. clador- rhizante; foliis duris, vix diaphanis, atroviridibus ; lateralibus anguste ovatis, sensim acuminatis, margine anteriore parce et inconspicue denti- culatis, posteriore revolutis asperis ; folus intermediis in aristam lamina breviorem acuminatis, parcissime denticulatis; microsporis macrospo- risque denique atropurpureis insignem.

23. SELAGINELLA AMBIGUA À. Br. Media quasi inter præce- dentes, foliorum lateralium forma S. Moritzsianæ, foliorum tene- ritate, colore et plerisque alus notis S. cladorrhizanti similior, habitu proprio gaudens. Surcul elongato-pyramidati, minus laxi, procumbentes, ramis infimis, rarius e rhachi primaria fla- gellatim excurrentibus. Folia pallida, diaphana ; lateralia late ovata, in caule primario basi subcordata, in ramis angustiora basi rotundata, inæquilatera et acuminata ut in S. Moritziana, evidenter marginata ut in $. cladorrhizante. Denticuli in mar- gine anteriore c. 20, superiores sensim minores et confertiores, in margine posteriore plano minus numerosi, ad basin fere des- cendentes. Folia intermedia late ovata, in aristam asperam la- mina paulo breviorem acuminata, denticulis utrinque 7-8. Bracteæ anticæ angustiores et magis divergentes quam in S, Moritsiana et cladorrhizanti, longe acuminatæ et apice ple- rumque ineurvæ, Caripa in cristam mediocrem asperam pro- ducta. Bracteæ posticæ triente breviores, adpressæ, pallidæ, nervo carinato sed vix cristato percursæ. Microsporæ et macro- sporæ iis $. cladorrhizanti similes.

Vidi specimina pauca inter S. cladorrhizantem Fendlerianam

(h. Boiss., etc.) et specimen unicum e quebrada del Impossibile, prov. Cumana None, n. 2%,inh. Ber.).

Obs. Hujus sectionis et numero specierum americanarum porro sun : S. cordifolia Spr. 48, p.103. fex insulis St Domingo, Porto-Rico, etc.,

By Mr.

XI

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 287 evidenter platystachya! S. ambiguæ habitu et foliorum forma haud absi- milis, sed foliis lateralibus evidentius cordatis, margine anteriore longius ciliatis facile distinguenda. In monographia cl. Spring hæc species in Columbia quoque indicatur « Caracas (Moritz, 67 teste Klotzsch) », sed in herb. Ber. planta à el. Klotzsch citata non adest, neque in aliis her- bariis veram S. cordifoliam e Columbia vidi.

S. flagellata Spr., 146, p. 207, e Guyana gallica ; surculis regulariter pinnato-pyramidatis flagellatim excurrentibus, foliis parvis, lateralibus basi truncatis vel subcordaiis, intermediis falcato-incurvatis conniven- tibus aliisque notis facile distinguitur.

S. deltoides Al. Br., prope Panuré, ad rio Uaupès detecta (Spruce, n. 2532 et 2535), quamvis flagellis careat, tamen ad consortium S. Mo- ritzsianæ pertinere videtur. Habitus fere S. serpentis. Folia rigida, parum diaphana, lateralia ovato-deltoidea, acutissima, margine anteriore versus basin breviter ciliolata, posteriore integerrima anguste revoluta et aspera. Folia intermedia late ovata, in aristam laminam subæquantem acu- minata. Bracteæ anticæ posticis longius acuminatæ, dorso anguste cristato-carinatæ. Microsporæ rubræ laxe granulatæ. Macrosporæ albidæ 1/4 millim. crassæ, grosse rugoso-tuberculatæ. |

** Adscendentes vel erectæ, flagellis stolonibusque expertes.

2h. SELAGINELLA LYCHNUCHUS Spr., |. C., 186, p. 247. Tenera, surculis e basi breviter repente adscendentibus simplici- ter vel composite ramosis, elongato-pyramidatis, ramis erecto- patentibus. Folia pallide viridia, plus minusve diaphana, cellulis sclerenchymaticis minus distincte striata : lateralia postica, erecto- patentia, remotiuscula, lata, superne angustius lanceolata, recta, subinæquilatera, antice versus basin paululum dilatata, sed caulis dorsum parum tegentia, prope basin attenuata, acutius- cula, præter basm anteriorem immarginata, margine anteriore inferne ciliolata, superne remote, apice confertim denticulata, margine posteriore à medio ad basin integerrima, nervo parum conspicuo versus apicem evanescente. Folia intermedia quadru- plo minora, ovata, in aristam laminam æquantem arcuato- patulam denticulatam acuminata, versus apicem carinata, mar- ginata, utrinque denticulata, denticulis nonnullis interdum in cilias elongatas productis. Spicæ ramulorum plano paulo an-

288 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (A. BRAUN).

. gustiores, bracteis anticis eleganter pectinato-distichis. Bracteæ valde dimorphæ ; anticæ ovato-lanceolatæ, longe acuminatæ, subfalcatæ, carina dorso superne in cristam latam dentatam produeta ; posticæ plus quam triente breviores, hyalinæ, ovatæ, cuspidatæ, carina non cristata. Microsporæ rubræ, 1/30 millim. crassæ , granulis oblongis adspersæ. Macrosporæ luteæ, vix 4/4 millim. crassæ, satis grosse rugosæ.

a«. flaccida Spr.,l. c., tenerior, pallidior et magis diaphana.

B. rigidiuscula Spr., L. c., firmior, intensius colorata et minus diaphana, cilus foliorum longioribus.

0. pusilla À. Br., humilior (1-2-pollicaris), simpliciter et pauciramosa, fous lateralibus sub angulo recto patentibus, falcato-subrecurvis, margine posteriore ad basin usque denticu- latis ; spicarum bracteis superioribus longius cuspidatis, falcato- recu VIS.

Galipan (Moritz, 71, h. Ber., var. &); Merida (Moritz, 318, h. Ber., var. G); Caracas (Gollmer, h. Ber., var. y).

Obs. Huic accedit S. portoricensis À. Br., surculis robustioribus, firmioribus ad sequentes species accedens; foliis lateralibus ovato-lanceo- latis, antice magis dilatatis, dorsum caulis valde tegentibus, marginatis, utroque margine ad basin usque denticulatis, denticulis ad apicem fohi remotis, nec confertis; foliis intermediis ovatis, in aristam laminam æquantem acuminatis; bracteis minus evidenter dimorphis, anticis anguste cristatis et structura anatomica ab omnibus affinibus distinctis, æquilateris.

25. SELAGINELLA KARSTENIANA À. Br. Surculi e basi bre- vissime decumbente erecti, elatiores (fere pedales), ex inferiore tantum parte radiculas demittentes, anguste pyramidati, ramis erecto-patentibus, brevibus, pauciramulosis. Caulis quam in præcedentibus robustior et firmior, inferne teretiusculus, su- perne pleurotrope obtuse tetragouus, antice bisulcatus, medio carinatus. Folia saturate viridia, subtus pallhidiora et nitida, subdiaphana, inde a basi heteromorpha ; lateralia postica, cau- lis dorsum valde tegentia, ovata, valde mæquilatera, antice la- tiora et rotundata, sensim acuminata, ipso apice obtusiuscula,

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 289 margine anteriore marginata et denticulata, posteriore immargi- nata et subintegerrima, prope apicem utrinque mtegerrima (!). Nervus in utraque pagina parum conspieuus. Folia mtermedia triplo minora , ovato-oblonga, in aristam Jlamina breviorem lævem (!) acumimata, oblique adnata, dorso carinata, utrmque denticulata. Spicæ breves, sæpe geminatæ, ramulorum plano paulo angustiores, vix complanatæ. Bracteæ minus evidenter dimorphæ, ovatæ, sensim acuminatæ ; anticæ longius cuspidatæ et dorso angustissime cristatæ, cuspide cristaque lævibus (!). Microsporæ tuberculis elongatis laxe adspersæ. Macrosporæ luteæ, 41/3 millim. crassæ, dense et minute verrucoso-tuber- culatæ.

Puerto Cabello (H. Karsten, 174, H. Ber.).

26. SELAGINELLA LEPTOSTACHYA À. Br. Surculi (e basi pro- cumbente?) adscendentes, elatiores (palmares), regulariter py- ramidati, e basi tripinnatim ramosa decrescentes, apice longius producti et simpliciter pinnati. Rami erecto-patentes. Rhachis recta, superne subflexuosa. Radiculæ tenues, ad axillas ramo- rum inferiorum posticæ. Caulis stramineus, dorso convexus, antice trisulcatus. Folia undique heteromorpha, læte viridia, subtus pallidiora nitidula, paulo flaccidiora et magis diaphana quam in præcedente, striis sclerenchymatücis brevioribus et mi- nus distinctis notata ; lateralia inferiora remotiuscula subhori- zontahter patentia, superiora subcontigua erecto-patentia, 3 superiora 2 millim. longa, postica, séd caulis dorsum paululum tantum tegentia nec latus oppositum attimgentia, oblonga, inæ- quilatera, antice latiora et linea convexa cireumscripta, postice linea fere recta terminata, basi antericre rotundato-angustata, posteriore paululum produeta truncata, acuta, utrinque margi- nata, remotiuscule prope apicem confertius denticulata, mar- gine posteriore præter regionem apicalem integerrima, nervo supra subsuleato, subtus prominulo percursa. Folia intermedia triplo minora, apicibus convergentia, oblique ovata, basi sensim attenuata et oblique adnata (latere exteriore parum decurrente), in aristan lamima breviorem asperam acuminata, derse carinata,

5 série. Bot. T. IL, (Cahier 5) 8 19

9290 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).

marginata et utrinque denticulis minutis remotis (6-8) instructa. Spicæ partim terminales (ia caule primario et ramis), partim laterales, aut ramulis abbreviatis insidentes, aut (superiores 3-4) omnino sessiles, graciles et elongatæ (2 decim. vel ultra longæ), ramulorum plano paulo angustiores (2 1/2 millim. latæ). Bra- cteæ magnitudine et colore quidem non multum diversæ, sed tamen evidenter dimorphæ, anticæ paulo longiores, magis pa- tulæ vel subfalcato-squarrosæ, ovato-lanceolatæ, sensim longe acuminatæ, dorso crista elevala aspera munitæ, marginatæ, remote denticulatæ ; posticæ magis adpressæ, pallidiores, bre- vius acuminatæ, carina aspera vix cristata præditæ. Microsporæ rubræ, 1/45 millim. crassæ, breviter et confertim tuberculatæ. Macrosporas non vidi.

W Muzo Minas, altit. 700 metr. (Lindig. 1514).

Obs. Unicum tantum hujus speciei specimen in herb. Metten. exa- minare mihi licuit, sed ab affini præcedente adeo distinctum ut de valore specifico non dubitandum sit. Differt præsertim foliis lateralibus apice confertim denticulatis (nec apice integerrimis), foliis intermediis obliquis, bractearum angustiorum crista dentato-aspera (nec lævi). Præ- terea species tres huic et præcedenti affines ex America australi cognitæ sunt, scilicet : |

Selaginella brasiliensis À. Br.; Lycop. brasiliense Radd. Fil. Brasil. (1825), p. 82, tab. I, £ 4 (saltem ex parte); S. apus B tetragonosta- chya Spr., 1. c., p. 77; S. crassinervia ejusd., 19, p. 77 (var. nervo sub- tus incrassato subatrato); S. polysperma ejusd., 20, p. 78 (var. brevi- caulis spicis elongatis); S. pallida Beyrich. in sched.; S. Beyrichii A. Br. Ind. sem., 1857, p. 13. Vulgatissima in Brasiliæ prov. Rio de Janeiro, Bracteis evidenter dimorphis a S. apoda, quacum hucusque confunde- batur, longe distat; a præcedentibus facile distinguitur surculis repen- tibus, vel parum adscendentibus, foliis lateralibus ovatis vel ovato-oblon- gis, antice valde dilatatis subcordato-rotundatis, plerumque acutis, ad apicem usque denticulatis ; foliis intermediis in aristam scabram lami- nam æquantem excurrentibus; bracteis anticis longe cuspidatis, crista mediocri dentata carinatis; microsporis tuberculis elongatis obsitis ; macrosporis laxe reticulato-rugosis et angulo circulari distincto coro- natis.

S. anocardia À. Br., cum præcedente in herbaris sæpe confusa et ex üsdem locis proveniens, distinguitur surculis laxius ramosis ; foliis remo. tioribus, lateralibus obtusioribus, evidentissime semicordatis, præter

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 291 basin superiorem immarginatis, parcius denticulatis ; intermediis brevius cuspidatis ; bracteis anticis brevius acuminatis, crista lata superne grosse dentata ornatis; macrosporis dense reticulato-rugosis.

S. anomala Spr., 1. c., 185, p. 247, e Guyana gallica et anglica S. bra- siliensi maxime affinis est, sed surculis gaudet plerumque magis adscen- tibus et pyramidato-ramosis, folis lateralibus obtusioribus, intermediis brevissime acuminatis nec aristatis, bracteis anticis crista latiore ornatis. Macrosporæ lis S. brasiliensis omnino similes.

27. ? SELAGINELLA STENOPHYLLA À. Br., Ind. sem., 1. c., p. 22; Ann. sc. nal., |. c., p. 83. Hujus speciel, à præce- dentibus longius ist quæ in hortis botanieis ubique colitur et quam genuinam e regno mexicano habemus, esse videtur specimen sterile in herb. Ber. asservatum, a cl. Fée communi- catum, Qui patria «Columbia » adseripta est. |

b. ARTICULATÆ, Caulis ad ramorum originem articulatus; radices anticæ, Omnes tetragonostichæ, bractea plerumñque unica (infima) macrospo- rangium, reliquis omnibus microsporangta foventibus.

* Repentes et adscendentes, neque caulescentes neque stoloniferæ, undique heterophyllæ.

28. SELAGINELLA MARGINATA Spr., Monogr., I, 150, p. 212.

Lycopodium marginatum Humb. et Bonpl. in Wuld. sp. pl., V,p. Al.

Ad flumen Orinoco (Humboldt in herb, Wild.) ; (in Bragiliæ provincia Minas Geraes et Goyaz legerunt Poll et Claussen).

Caule obtuse tetragono goniotropo, foliis lateralibus et intermediis pel- tatum affixis uniauriculatis, lateralium auricula elongata calcariformi facile distinguitur. Habitu $. sfoloniferam (Sw.) Spr., 148, p. 210, insulas . Indiæ occidentalis habitantem æmulatur, quæ præsertim foliis lateralibus evidenter biauriculatis differt. Caulis indole et foliorum insertione porro his accedunt $. distorta Spr., 151, p. 212, et S. excurrens Spr., 452, p. 214, utraque brasiliana.

ApNOT.— Patria plantæ Humboldtianæ in Monogr. ci. Spr. « In sylvis Mmexicanis » indicatur, quod erroneum esse puto, quum in schedula spe-

292 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4, BRAUR). ciminis in herbario Willdenowiano asservati Orinoco » ab ipsa manu Humboldtii scriptum legitur.

299, SELAGINELLA SULCATA Spr., Monogr., UE, 153, p. 214. ._Lycopodium sulcatum Desv.in Ænc. bot. suppl., HE, p. 549.

« In Columbia (Cuming in h. Hook.), Guayaquil (Hall in h. Hook.) », Spor. LC.

ApNot.— Specimina Novo-Granatensia huie speciei a el. Spring adscri- pta nulla vidi et vereor ne ad sequentem speciem pertineant. S, sulealu vera, per plures Brasiliæ partes longe vulgatissima, valde insignis est sur- culis adscendentibus radices validas demittentibus, caule tetragono pleu- rotropo, supra profunde bisulcato, folüs lateralibus anticis vel potius exacte lateralibus biauriculatis, auricula superiore descendente elongato- calcariformi decolorata et breviter ciliata, folis intermeditis peltatim affixis late uniauriculatis.

30. SELAGINELLA HORIZONTALIS À. Br.

Lycopodium horizontale et Lycopodium marginatum Pres, Rel. Hœnk., À, 78.

Plurimus notis cum præcedente convenit, sed statura minore, habitu laxiore, caule radicibusque tenuioribus primo adspectu discedit. Surculi steriles longe repentes, remote pinnati, ramnis paucidivisis ; fertiles adscendentes. Caulis tetragonus et superne sulcatus, ut in præcedente. Folia lateralia paulo angustiora, oblongo-lanceolata, acutiuscula, apice et maïgine superiore serrulata, biauriculata, auricula inferiore minuta et inconspi- Cua, superiore maxima, decurva, quam in præcedente latiore et multo longius ciliata, ciliis unicellularibus 4/2-2/3 millim. lon- gis ! Folia mtermedia oblique ovata, acuminaia, margine exte- riore serrulata, interiore parce serrulata vel subintegerrima, basi peltatim affixa et uniauriculata, auricula magis angustata quam in præcedente, cilis nonnullis instructa, Macrosporæ üs $. sulcatæ minores, fere 1/2 millim. erassæ, albidæ, laxius ele- vato-reticulatæ. Microsporæ fuscescentes 3/00 nullim, erassæ, muricalæ,

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSES, ous

Porto Bello (Billberg in h. Ber.). (In vallibus Cordillerarum Peruviæ ; Hienke in herb. mus. Bohem.).

ADNOT.— Lycop. horizontale Presl., plantam sterilem repentem, L. snar- ginatum ejusdem plantam fertilem adscendentem sistit. CL. Spring, hanc cum Sel. Pœppigiuna commiscuit (Monogr., IE, p. 78), illam inter species iinus notas enumerat (p. 217).

Species tertia S. su/catæ et horizontali cognata hucusque nondum descripta est. #. eurynota je Costa Rica (C. Hoffmann, 907) caule sub- erecto dorso valde dilatato, foliis remotioribus, lateralibus revera anticis, basi superiore brevius auriculatis et brevius ciliatis, intermediorum auri- cula magis etiam angustata et elongata distinguitur.

31. SELAGINELLA HumgozpriAna À. Br. Habitu et caulis indole cum S. sulcata convenit, differt autem folis flaccidiori- bus, siccitate sursum convolventibus; lateralibus acutioribus, evidentius marginatis, basi superiore auricula multo breviore vix dimidiam fol latitudinem æquante pallida et breviter ciliata, basi inferiore auricula muito longiore latitudinem folii æquante vel superante descendente calcariformi acuta munitis ; interme- diis basi peltatis et late uniauriculatis (ut in S. sulcata), sed lon- gius cuspidatis.

Ad flumen Orinoco (Humboldt, in herb. Beroi., ubi specimen unicum, olim in herb. Kunthiano asservatum adest).

92. SELAGINELLA MICROTUS À. Br. An S. lingulata Spr., Monogr., 161, p. 224 ?.

Surculi procumbentes, undique radicantes, valde elongati, laxe ramosi. Caulis complanatus, anceps, dorso leviter convexus vel plamusculus, facie media elevatus bisulcatus et tricarinatus. Folia m caule primario longe remota inque ipsis ramulis remo- tiuscula, opaca, subtus parum nitentia ; lateralia omnino antica ! sub angulo fere recto patentia, oblonga, recta et subæqualitera, f-5 millimi. longa, 1 1/2-2 millim. lata, obtusiuscula, utraque basi subæqualiter minute cordato-auriculata, margine superiore serrulata, inferiore integerrima, ad apicem utrinque minute et confertim denticulata, versus basin ad auriculas breviter ciliata, nervo supra paululum prominente, subtus subsulcato. Folia

29% s. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (4. BRAUN).

intermedia triplo-quadruplo minora, plerumque convergentia, præter cuspidem adpressa, oblique ovata, margine exteriore rotundato-curvato, interiore fere rectilineo, utroque margine serrulata, apice in cuspidem angustam denticulatam lamina breviorem acuminata, basi peltatim affixa et in auriculam uni- cam magnam longitudine laminam dimidiam æquantem et dimi- dio fere angustiorem repando-rotundatam ciliolatam expansa, dorso versus apicem nervo prominente anguste carimata. Cilræ auricularum unicellulares, 0,07-0,09 millim. longæ. Spicas non vidi, |

In provincia Guayaquil prope Balao (Jameson, 374, in h. Boiss.).

Habitus fere Selaginellæ Galeottii, caulis S. eurynotæ, folia intermedia

S. sulcatæ et affinium, a quibus omnibus foliorum lateralium forma et auriculis minutis subæqualibus facile distinguitur.

ADNOT. Clar. Spring S. lingulatæ suæ, a cl. Jameson in monte Pichincha lectæ, folia lateralia acuta et integerrima nec non imtermedia integerrima et basi latere exteriore valde producta adscribit, quamob- rem de identitate cum specie supra descripta dubius sum.

233. SELAGINELLA SERTATA Spr., Monogr., 9, p. 104. In Panama (Sinclair, H. Hook., sec. Spr., L. c.).

: ADnoT.— CI. Spring huic speciei, quam videre mihi non licuit, æque ac S. diffusæ (de qua infra), locum inter Selaginellas cauke continuo gauden- tes attribuit, sed ob radices anticas sectioni articulatarum eam inserere non hæsitavi. Quoad descriptionem autoris insuper cum præcedente spe- cie adeo convenire videtur ut maxime ei affinem, nisi forte cum ea identicam, esse crediderim.

3h. SELAGINELLA PoPPIGIANA Spr. in Flora, 1858, 1, p. 185 (exclusa planta Pœppigiana) et Monogr., 155, p. 217 (ex parte).

Lycopodium Pæœppigianum Hook. et Grev., Ind. Fil. in Bot, Misc. UT (1833), p. 106.

Lycopodium stoloniferum 1bid., I (1831), p. 360 (exclusa planta Guyanensi).

Surculi longe prostraii, demum adscendentes, valde ramosi,

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 295

ramis sæpe expansis. Caulis tetragonus, pleurotropus, dorso con- vexus vel planus, facie minus profunde trisulcatus. Folia inferne longe remota, nec non superne et in ramulis parum distantia, opaca, subtus paulo pallidiora et vix nitentia ; lateralia «antica » (potius exacte lateralia), sub angulo fere recto patentia vel (in caule primario) parum retrorsum directa, 4-5 millim. longa, 4 1/2-2 4/2 millim. lata, oblonga, inferiora latiora et evidentius inæquilatera, superiora angustiora, margine superiore versus basin dilatata, usque ad medium remote denticulata, margme inferiore integerrima et revoluta, obtusa vel acutiuscula, prope apicem minute et confertius denticulata, basi superiore adnata (nee auriculata), inferiore paululum excisa et rotundata, supra convexiuscula, nervo (præsertim versus apicém fol) prominente. Folia axillaria lateralibus paulo breviora, sed non angustiora, ovata, subæquilatera, exauriculata. Folia intermedia inferne duplo, superne triplo-quadruplo minora, obovata, margine in- teriore remote denticulata, exteriore subimtegerrima, apice in aristam lamina breviorem incurvam subintegerrimam attenuata, dorso versus apicem subcarinata, basi biauriculata, auriculis dilatatis rotundatis, exteriore plerumque majore, mteriore non- nunquam denticulis nonnullis instrueta. Spicæ ramulis breviori- bus (supremis brevissimis) insidentes, breves. Braciteæ ovato- triangulares, sensim acuminatæ, obtuse carmatæ, serrulatæ. Macrosporæ (in var. peruviana tantum observatæ) 0,85-0,90 millim. crassæ, albidæ, demum fusco-cinerascentes, angustius elevato-reticulatæ. Microsporæ fuscescentes, 0,03 millim. crassæ, dense muriculatæ.

In Andibus Quitensibus (Jameson in h. Boiss.); ad montem Pichincha (Jameson sec. Hook. et Grev.), in suburbanis Quitensibus (Francis Hall.

in b. Ber.); in Andibus Ecuadorensibus (R. Spruce, 4585, in h. Boiss.) ; prope Tocarema altitudine 2500 metr. (Lindig., n. 1508).

Species, ut videtur, polymorpha. Varietas peruviana (Lechler, P1. Peruv. ed. Hohenacker, 2015, prope Tabina lecta) differt habitu den- siore, sureulis magis adscendentibus, ramis minus expansis, foliis latera- libus toto margine superiore denticulatis, nec non margine inferiore remotissime denticulatis basi inferiore potius angulatis quam rotundatis, foliis intermediis in cuspidem latiorem vix aristiformem abeuntibus,

296 J. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (4. BRAUN).

utroque margine subæqualiter denticulatis, auriculis valde inæqualibus, exteriore magna, elongata et subpeltatim affixa, interiore brevissima.

ApNor. Hook. et Grev. hanc speciem olim pro S. stolonifera Sw. habuerunt, S. stoloniferam genuinam autem, a el. Pœppig. in insula Cuba lectam, nomine S. Pœppigianæ salutaverunt. Postea de Swartziü planta certiores facti nominibus commutatis S. Pæppigianæ nomen speciei attri- buerunt, quam celeberrimus Americæ meridionalis perscrutator neque detexit nec unquam imvenit. CI. Spring in monographia sub nomine S. Pœppigianæ plures species commiscuit. Zycop. marginatum Presi., inter synonyma S. Pœppigianæ citatum, est S. horizontalis supra des- cripta ; planta peruviana a cl. Pœppig. lecta, quam cl. Kunze et Spring ad S. Pœppigianam duxerunt, est S. Æunzeana, infra describenda; planta mexicana prope Jalapam a cl. Schiede lecta secundum specimina herbarii Berolinensis ad $S. Galeottii pertinet; plantam Guyanensem

sub nomine $S. affinis distinguo, brasiliensem denique comparare mihi non licuit.

S. affinis À. Br. (S. Pœppigiana y, Guyanensis Spr., Monogr., p. 218), a S. Pœppigiana differt surculis mox adscendentibus, foliis minus remo- tis, ramulorum subeontiguis, lateralibus angustioribus, lanceoiatis, sub- falcatim incurvis, margine superiore parum dilatatis et evidentius serru- Jlato-denticulatis, posteriore integerrimo non revolutis, basi posteriore leniter excisis, foliis axillaribus dimidio brevioribus et angustioribus lan- ceolatis, intermediis quadruplo ad quintuplo minoribus paulo brevius acuminatis, spicis in ramis-ramulisque elongatis terminalibus, macro- sporis denique laxius et grossius reticulatis. Cum hac omnino convenire videtur planta in hortis sub nomine S. rigidæ obvia (S. Pæppi- giana À. Br. in /nd. sem. h. Ber., 1859, p. 23; Ann. des sc. nat., 1. c., p. 94), difficile colenda et hucusque sterilis. Altera species Guyanensis S. affint proxima et valde similis est S. epirrhizos Spr., Monogr., 156, p. 218 (S. Pœppigiana Kunze in Hostm. et Kappl., P/. Surin., 3), quæ facile distinguitur ramis flaccidioribus elongatis, foluis majoribus, latera- libus superne magis dilatatis et ultra mediam longitudinem versus mar- ginem membranaceis et decoloratis, basi inferiore evidentius cordato- auriculatis et denticulatis, foliis intermediis brevius et latius acuminatis, basi brevius et subæqualiter biauriculatis.

39. SELAGINELLA KUNZEANA Al. Br.

Lycopodium radiculosum Knze in sched., coll. Pœppigianeæ. Selaginella Pœppigiana Knze in Linnœa, IX (183), p. 11. Præcedente omnibus partibus debilior et laxior. Caulis dorso

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 297 magis dilatatus, hinc foliorum lateralium insertio omnino autica. Folia lateralia angustiora, lingulato-lanceolata, recta vel paulu- lum falcatim recurva, acutiuscula, evidenter marginata, margine superiore serrato-denticulata, posteriore præter basin et apicem subintegerrima, basi super iore adnata, inferiore evidenter auri- culata, auricula margini :inferiori parallela vel plus minusve sursum ineurvata. Folia axillaria lateralibus minora, lanceolata, toto margine serrato-denticulata. Folia intermedia oblique ovala vel oblonga apice in cuspidem aristiformem denticulatam atte- nuata, basi biauriculata, auricula exteriore majore rotundata denticulis nonnullis instructa. Spicæ laterales, ramulis brevis- simis suffultæ vel subsessiles, nonnunquam elongatæ. Macro- sporæ 0,58-0,60 millim. crassæ, grosse elevato-reticulaiæ. Microsporæ 0,03 millim. crassæ, aculeolis longioribus mu- ricatæ.

Prope la Palma (Triana, 3) et Muzo, Minas, altit. 700 metr. (Lindig., n. 14513);? prope Quito etad montem Pichincha (Jameson, h. Hook., sec. Spring sub S. suaut) ;? Panama (Hinds, H. Hook., sec. Spring, tbed.). Præterea in Peruvia (Pavon, h. Boiss.); ad Pampayaco Peruviæ (Pœæppig., 495, h. Ber., etc.).

Apnor. Cl. Spring hanc speciem partim cum $. Pæœppigiana, partim cum $. suavi, inter quas medium tenet, confudit. Vera S. suauis Spr., Monogr., 154, p. 216, quæ Brasiliæ australi propria esse videtur, distin- guitur babitu magis concinno, surculis mox adscendentibus, superne cu- neatim vel subflabellatim ramosis, foliis lateralibus sulco laterali insertis, approximatis, pulchre pectinatim dispositis, falcatim subincurvis, acutio- ribus, margine superiore versus basin dilatatis membranaceis et decolo- ratis, ad basin inferiorem auricula elongata angusta extrorsum deflexa et descendente instructis.

86. SELAGINELLA LanpiGn Al. Br.— Habitus fere S. Kun- zeanæ. Surculi prostrati, elongati, laxe ramosi, demum adscen- dentes. Caulis tetragonus, pleurotropus, dorso leviter convexus vel planus, facie bi- vel passim trisulcatus. Folia inferiora valde remota, superiora quoque remotiuscula, duriuscula , læte viri- dia, subtus nitentia : lateralia sulcis lateralibus inserta, angulo fere recto patentia, 3-3 1/2 millim. longa, oblique ovata, ovato-

298 9, TRIANA ET J.=E. PEANCHON (A, BRAUN).

lanceolata vel lanceolata, plerumque falcatim subrecurva, valde inæquilatera, margine anteriore dilatato et valde arcuato linea pallida cimeta (marginata) et denticulata, margine posteriore rectlineo integerrima revoluta, apice minutissime et confertim denticulata, basi minute biauriculata, auricula superiore paulo majore oblonga incurva obtusa caulis dorso adpressa breviter ciliolata, inferiore brevissima recta subintegerrima in sulco caulis laterali occulta. Ciliolæ unicellulares, rigidæ, 0,05-0,06 millm. longæ. Nervus infra prominulus. Folia axillaria latera- libus vix breviora, æquilatera, æqualiter biauriculata, auriculis oblongis ciliolatis. Folia intermedia duplo-triplo minora, ad- pressa, nervo Carinata, ovata, superiora oblonga, acuminata, recta vel apice parum incurva, marginata, ad apicem usque denticulata, margine exteriore’ versus basin integerrima, eximie biauriculata,auriculis longitudine laminam dimidiam fere æquantibus divaricatis, exteriore dilatata rotundata vel subtruncata subintegerrima , interiore angustata fere lineari prope apicem ciholis 2-6 rigidis plerumque reversis munita. Spicæ ramulos breviores terminantes, breves. Bracteæ ovato- triangulares, nervo crasso carinatæ, serrulatæ. Macrosporæ albidæ, 0,60-0,72 millim. crassæ, reticulatim rugosæ. Micro- sporæ fuscescentes, 0,03 millim. crassæ, muriculatæ.

Im "(a Granata, loco speciali non indicato, alt. 1600 metr. (Lindig. 1507); Andes de Bogota, el Salto Tequendama, altit. 2559 metr. (Triana, 4); in Andibus Ecuadorensibus (R. Spruce, n. 4798, sub nomine S. lingulatæ, h. Boiss.).

Variat foliorum latitudine. Specimina Spruceana varietatem latifoliam sistunt, insuper foliis durioribus, macrosporis paulo majoribus, micro- sporis aculeosis longioribus obsitis msignem.

97. SELAGINELLA SERICEA Al. Br.— Surculus primarius repens, secundarios adscendentes pedales ad sesquipedales laxe fastigia- tim ramosos emittens. Caulis validus, 2 1/2 millim. crassus, tri- gonus, plano dorsali dilatato-convexo, vel si mavis goniotrope tetragonus, angulo dorsali evanido, superne (siccitate) compres- sus anceps facie dorsoque sulcatus. Folia undique dimorpha,

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 299

inferne remotiuscula, superne pulchre coneimna et imbricata, rigida, coriacea, flavo-viridia, demum aureo-fuscescentia, sub- tus pallidiora, utrmque sericeo-nitida : lateralia postica et cau- lis dorsum tegentia, subhorizontaliter vel erecto-patentia, dorso convexiuscula, ovato-lanceolata vel lanceolata, 8-7 (superiora ramorum 6-7 millim. longa, à 4/2-2 millim. lata, recta vel pau- lulum sursum falcata , obtusa, inæquilatera, latere superiore supra basim dilatata et zona lata membranacea albo-marginata, specie Imtegerrima, sed sub microscopio margine superiore et apice minutissime serrulata, basi subæqualiter biauriculata, auriculis latissimis rotundatis, superiore inferiorem sæpe obte- gente, nervo recto, supra evidentius, infra paululum promi- nente. Folia axillaria lateralibus multo minora, æquilatera, eodem modo biauriculata. Folia intermedia duplo-triplo minora, adpressa, apicibus plus minusve conniventibus decussata, oblique ovata, margine exteriore valde curvata acuminata, nervo valde curvaio versus apicem subcarinata, pallide marginata et incon- spicue serrulata, basi biauriculata, auricula exteriore paulo majore, utraque lata et rotundata, altera alteram partim obte- gente. Spicæ in ramis elongatis terminales, necnon prope api- cem ramorum laterales, hine specie geminatæ vel ternatæ, graciles, 2-2 1/2 millim. crassæ. Bracteæ e basi subcordata elon- gato-triangulares, obtuse carinatæ, minutissime et inconspicue serrulatæ. Macrosporæ 0,80-0,90 millim. crassæ, in fundo fuscescente vel demum nigricante albo-reticulatæ, reticulo satis angusio, elevato, passim irregulari et meandriformi ; micro- sporæ fuscescentes, 0,03 millim. crassæ, muriculatæ,

Quito (Cuming, 82, h. Ber.); in Andibus Ecuadorensibus (R. Spruce, n. 4786, sub nomine S. bombycinæ var.,h. Boiss.).

Ut videtur varietates duæ distinguendæ sunt : latifolia (Cumingiana) {oliis lateralibus margine superiore late membranaceis, intermediis bre- vius acuminatis ét minus curvatis, auriculis foliorum se invicem late obtegentibus, et angustifolia (Spruceana) foliis lateralibus margine supe- riore minus evidenter membranaceis, intermediis longe acuminatis et apice valde inCur vis, auriculis foliorum 5e invicem vix tegentibus, Descriptio fructificationis ad var. secundam pertinet.

200 J.'TRIANA ET JE, PLANCHON (4. BRAUN,

Apot.— Inter speciosissimas generis pertinet nec ulla affinitate arctiore cum reliquis hujus sectionis speciebus connectitur. S. articulata Kunze (Spr., Monogr., 149, p. 211), e Peruvia statura speciosa quidem accedit, sed foliis lateralibus caulis dorsum minus tegentibus (lateraliter insertis) margine superiore herbaceis et integerrimis, auficulis foliorum latera- lium et intermediorum multo minoribus et inæqualibus aliisque notis longe distat. S. bombycina Spr., jam supra commemorata, ad Selaginellas caule continuo gaudentes pertinet. S. membranacea Spr., 113, p. 178, species insulis Africæ orientalis propria, auricularum evolutione nec non foliorum margine membranaceo similitudinem quandam cum S$. sericea præbet, sed præter caulem continuum toto habitu et reliquis characte- ribus valde diversa est.

38. SELAGINELLA MNIOIDES Al. Br.

Lycopodium mnioides Sieber in Flor. mixta, 395 ; Hook. gt Grev. Enum. Fil. in Bot. Miscell., H (1831), p. 394.

Selaginella mnioides G. cihiala Spr., Monogr., 160, p. 224. Selaginella ciliauricula ejusd., 157, p. 249. Selaginella cirrhipes ejusd., 159, p. 221.

Surculi prostrati, expanse ramosi, undique radicantes. Caulis obtuse tetragonus, pleurotropus, dorso convexus vel planus, facie bisulcatus, carina media plus minusve elevata sæpe iterum sulco exarata. Folia undique remotiuscula, opaca vel subtus parum nitentia : lateralia insertione aut exacte lateral, aut magis in dorsum conversa gaudentia, subhorizontaliter patula, ovato- lanceolata, mæquilatera, superne versus basin latiora, obtusius- cula vel acuta, basi breviter cordato-auriculata, auricula supe- riore latiore rotundata, mferiore breviore et angustiore suban- gulata, marginata, margine superiore à basi ad medium usque longe et molliter ciliata, basi inferiore eilüs paucis instructa, prope apicem minutissime denticulata, cæterum integerrima. Folia intermedia duplo-quadruplo mimora, ovata, plus minusve acuminata, plus minusve curvata et conniventia, biauriculata, auricula exteriore magna ovata subangulata, inferiore duplo vel triplo breviore et angustiore, marginata, à basi ultra medium

PRODROMUS. FLORÆ NOYO-GRANATENSIS. 901 molliter ciliata, superne ad apicem usque denticulata. Ciliæ foliorum tenues et subflexuosæ, 0,50-6,70 millim. longæ, e cellulis 3-4, nonnunquam 5-8 compositæ ! Spicæ in ramulis par- tim terminales, partim laterales subsessiles. Bracteæ ovaio- triangulares, vix acuminatæ, dense serrulatæ, macrosporæ 0,60 millim. crassæ, albidæ, grosse et irregulariter reticulatæ. Microsporæ fuscescentes, 0,03 mullim. crassæ, dense muricu- latæ. Variat :

x. minor (S. cirrhipes Spr.). Surculis brevioribus; caule radi- cibusque tenuioribus ; foliis confertioribus opacis, lateralibus subposticis planis vel denique supra concaviuseulis, acutioribus, ner vo supra VIX COnspicuo, infra subprominulo, auricula infe- riore minus distincta pareissime ciliata ; folus intermedus lon- gius et angustius acuminatis, magis curvatis et conniventibus, auricula interiore minus evoluta vel subnulla.

B. major (S. ciliauricula Spr.). Sureulis longioribus ; caule crassiore; radicibus valhdis ; folits inferne remotioribus, latera- lLbus exacte lateralibus supra subeonvexis, subtus nitidioribus, obtusioribus, nervo supra evidenter prominulo, subtus subsul- cato ; foliis intermediis brevius acuminatis, vix Curvatüis, eviden- tius biauriculatis.

Utraque varietas præsertim in provincus septentrionalhibus divulgata esse videtur. Var. minor lecta est pr. Galipan (Moritz, 379, h. Ber. ; Funk. et Schlim, in coll. Linden., 335); ad coloniam Tovar (Fendler, P4. Venez., 319); Bogota (Karsten, h. Ber.); in prov. Bogota prope Susumuco, altit. 1000 metr. (Triana), nec non in Costa Rica (Hoffmann, 569, h. Ber.); var. major, pr. Merida (Moritz, 360, h. Ber.); Ocana, alt. 5000-6000 ped. (Linden, 493, h. Boiss.); Quindiu, altit. 2300 metr. (Triana), nec non in insula Trinitatis (Crüger, in h. Kunze).

ADNOT. S. ciiauriculam Spr. et S. cirrhipedem ejusd. certis limitibus separare frustra tentavi, cum priore omnino Convenit Zycopod. mnioi- des Sieberi, secundum specimina Sieberiana jampridem a el. Hooker et Grev. descriptum, quod ci. Spring, singulari modo deceptus, cum Sel. Kraustana Kunze (hortensi Mett.), specie capensi longe diversa, in hortis ubique culta, commiscuit. Patria plantæ Sieberianæ ab auctoribus in insula Mauriti indicatur, quod certo certius erroneum est, quum spe- cimina Siebertana cum Crügerianis ex insula Trinitatis omnino congruant

302 3. TRIANA ES J.-E. PLANCHON (4. BRAUN). et Sieberum plantarum collectiones in hace insula instituendas curavisse cognitum sit.

Sel. mnioidi valde affinis et forsan varietatis loco habenda est S. ma-

gis) et latioribus, pallidioribus et magis diaphanis, intermediorum auri- cula interna evanida, externa ciliis destituta distinguenda. A. el. Spring cum $. Galeottit confundebatur.

89. SELAGINELLA DIFFUSA Spr., Monogr., 50, p. 104. Lycopodium diffusum Presl, Rel. Hœnk., I, p. 78.

Præcedenti valde similis, differt autem foliis lateralibus evi- denter posticis, caulis dorsum tegentibus, acutissimis, versus basin superiorem maxime dilatatis et membranaceis, In auricu- lam longiorem descendentem productis. Folia intermedia bi- auriculata, late et breviter acuminata, ut in præcedenti varietate majore. Ciliæ in folorum lateralium parte dilatata, nec non in auriculis foliorum imtermediorum longissimæ (4 millim. longæ), e cellulis 5-8 compositæ !

Panama (Hænke, h. mus. Ber., et Fendler, 382).

ADNOT. CI. Spring hanc speciem inter Selaginellas caule continuo gaudentes recensuit, sed radices anticæ sunt, nec caulis articulatio deest, geniculis, ut in præcedente, parum tumidis.

RO. SELAGINELLA GALEOTTI Spr., Monogr., 158, p. 220; AT. Br., Znd. sem. 1657, p. 21. et Afin. Sc. nal., ser. t. XIIE, p. 82.

Maxime affinis S. ciliauriculæ, quacum plurimis notis, inpri- mis foliorum clis multicellularibus convenit. Differt præsertim folus remotioribus, lateralibus minus inæquilateris et plerumque obtusioribus, ad auriculam superiorem (rarius mferiorem) cuis paucioribus et brevioribus instructis. Folia intermedia quoque cils paucioribus ad basin interiorem et auriculas gaudent.

In Panama (Sinclair, h. Hooker, sec. Spr., L. c.).

ADNOT. Specimine e loco indicato non vidi. In regno Mexicano abundat et in hortis botanicis ubique colitur.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 303

*** Caulescentes. Surculis frondiformibus stipitatis, e basi stoloniferis, foliis deorsum homomorphis.

1. SELAGINELLA GENICULATA Al. Br.

Lycopodium geniculatum Pres, Relig. Hænk.,{ (1830), p. 80. Selaginella geniculata Spr., Monogr., 164, p. 227. Selaginella ferruminata, ibid., 167, p, 230.

Selaginella conduplicata, 1bid., 166, p. 229.

Selaginella elongata Klotzsch in Linnæa, XVI (4844), p. 522.

Inter cognatas hujus sectionis species excellit fronde alte stipitata, late pyramidata, tripinnata ; ramis multiramulosis ; ramulis brevibus bifidis vel simplicibus ; caule pleurotropo, dorso plano, nodis articularibus acute prominentibus et (in sicco) circumsulcatis ; foliorum lateralium insertione exacte laterali ; folis lateralhbus erecto-patentibus, subfaicatim incurvis ovato- oblongis vel oblongo-lanceolatis, apice attenuatis sed obtusius- culs, basi superiore adnatis vel minutissime subauriculatis, inferiore latioribus excisis cordato-subauriculatis, nonnisi mar- gine superiore denticulatis, inferiore et apice integerrimis ; fols intermedus breviter et late acuminatüis, peltatim affixis et in au- riculam magnam rotundatam ad latus internum lobulo breviori plerumque auctam productis. Variat :

a. elongata (Klotzsch, L c.; S. ferrumainaia Spr., 1. ce.) Fronde plana (?), ramis angustioribus valde elongatis ; foliis lateralibus angustioribus, evidentius falcatis, acutioribus, mar- gine superiore ultra medium denticulats, basi superiore subau- riculatis, inferiore latius rotundatis.

B. conduplicata (Spr., 1. c.). Fronde secundum Spr, in for mam nidi complicata, ramis latioribus, fois lateralibus majo- ribus, latioribus, obtusioribus, minus falcatis, margine superiore versus basin tantum denticulatis vel undique subintegerrimis, basi superiore adnatüs, inferiore auriculam minorem forman- tibus.

Var. & lecta ‘est prope Esmeraldas (Hall, h. Hook, sec. Spr.) ; ad pedem Andium versus Guayaquil (Jameson, h. Boiss. ! h, Hook.);

90! J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4, BRAUN).

ad la Vega (Lindig., 1522, h. Mett.); in isthmo Panamæ (Fendler, 383, h. Mett.); præterea in Peruvia (Pœppig., 189, h. Ber., et Mathews, h. Hook.) et in Brasilia ad flumen Amazonum (de Buren, h. Neocom.). Var. BG prope Porto Bello (Billberg, h. Ber.), nec non in Costa Rica (Hoffmann 803, h. Ber.), Guyana gallica (Perrott. et Leprieur sec. Spr.), et Brasiliæ provincia Para ad flum. Amazonum (v. Martius, sec. Spr.).

ADNoT. Cl. Presl. S. geniculatam suam insularum Philippinarum incolam esse tradit, sed specimina Hænkeana in museo Bohemico asser- vata nullo modo a planta Americana serius sub nomine S. ferruminatcæ descripta differunt. Hinc errorem quemdam in indicatione patriæ sub- repuisse crediderim, quod eo facilius fieri potuit quum plantæ Hæn- keanæ post mortem collectoris dispositæ et determinatæ sint, quodque eo certius admittendum est quum neque hæc, neque ulla alia hujus sectionis species ab aliis collectoribus extra Americam reperta sit.

h2. SELAGINELLA TOMENTOSA Spr., Monogr., 168, p. 231.

In insula Gorgona (Hinds, h. Hook., sec. Spr.). Species mihi ignota, quæ caule tomentoso valde simgularis esse

videtur.

Anxor. Ad Selaginellas articulatas caulescentes demum pertinent species complures in Americæ meridionalis regionibus vicinis detectæ, sed intra fines Novæ Granatæ nondum repertæ, quarum paucis men-

tionem facere haud inutile duxi :

S. Parkeri Spr., Monogr., 163, p. 226 (emend.); Lycopod. Parkerr Hook. et Grev., Enum. Fil. in Bot. Mise., H (1831), p. 388; S. lucidi- nervia Spr., Enum. Lycop.in Bull. 4cad. Brux., X, 1(1843), p. 230.5 pe- cies valde speciosa, foliorum magnitudine insignis. Rami frondis pyram!- datæ longe pinnati; ramuli plurimi simplices pulchre pectinati. Caulis goniotropus. Folia lateralia postica, oblonga, versus apicem falcatun incurva, acuta, nervo diaphano percursa, margine superiore ultra medium pallida et serrulata, basi utrinque cordato-auriculata, auricula superiore minima. Folia mtermedia basi peltata. Spicæ in ramulis soli- tariæ. Macrosporæ rugis elevatis anguste reticulatæ. Microsporæ breviter tuberculato-muricatæ. In Guyana gallica (Leprieur, etc.) et anglica (Par- ker, Appun, 48).

S. euryclada A1. Br., a præcedente differt statura validiore, ramifica- tione frondis minus composita, ramis pauciramulosis, ramulis simplici- bus valde elongatis latissimis ad apicem attenuatum spicas plures spicatim congestas gerentibus; foliis lateralibus longioribus et angustioribus, mar- gine superiore nonnisi prope basin serrulatis, nervo non diaphano, sed

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 909 obscuro percursis, ad basin superiorem vix auriculatis. Prope Panuré ad rio Uauyés detexit R. Spruce (2540).

S. pedata KI, FT. æquin. in Zinnœæa, XVI (1844), p. 521; S. nodosa Kunze in Kappler, PL. Surin.; S. Parkeri Spr. ex parte. Ab affini S. Par- keri differt foliis minoribus, basi inferiore in auriculam parum elongatam productis, macrosporis laxius grosse meandriformi-reticulatis, micro- sporis tuberculis longioribus muricatis. In Guyana anglica (Schomburgk, 118) et gallica (Sagot, 750); Surinam (Kappler, 1744) et Brasiliæ, pro- vincia Para ad cataractas fluminis Aripecura (R. Spruce, 549).

S. fragilis AL. Br., a simili præcedente differt fronde apice haud raro in sarmentum elongatum excrescente, caulibus tenuioribus fragilibus ; folis remotioribus, lateralibus basi superiore adnatis, inferiore in auri- culam angustam sursum uncinato-curvatam productis; intermediüs bi- auriculatis, auricula exteriore dilatata peltata, interiore angusta patula. Prope San Gabriel et Panuré ad rio Uaupés detexit R. Spruce (2533).

S. calcarata Al. Br.; ZLycopodium stellatum Will. herb. ex parte; S. stellata Spr., in Endl. et Mart., #7. Bras., I, p. 129, tab. 8; Monogr., 165, p. 288. Habitu inter caulescentes et repentes medium tenet, haud raro ex apice frondis stolonifera. Folia lateralia acutissima, biauriculata, auricula superiore longiore descendente calcaritormi; folia intermedia auricula exteriore dilatata et rotundata, interiore elongata lineari patula calcariformi instructa. In Guyana gallica (Leprieur), Surinam (Kappler), in Brasilia, pr. Para (Hoffmannsegg, Martius, Berchtold, Spruce, 27). Nomen Willdenowianum lapsu calami ortum est ; in tota planta nihil stellati reperitur. |

S. asperula Spr. in Endl. et Mart., F7. Bras., À, p. 127, Monogr., 162, p. 225; Lycopodium asperulum Mart., mss. Surculis rigidioribus, foliis lateralibus dense mmbricatis, ovatis, acutis, biauriculatis, auriculis majus- culis rigide denticulatis facile distinguitur. In Peruvia (Mathews, de Buren), in Brasiliæ provincia Rio Negro pr. Barra et Panure (R. Spruce, 1317) et provincia Paraënsi (Martius). Specimina e Brasiliæ prov. Bahiensi (Martius) non vidi.

IL. ISOETES.

L., Iter scan. (4751), p. 420.

À Selaginella præter habitum differt macrosporangiis poly- sporis et microsporis oblongis, nec globoso-tetraedris. De sectio-

nibus hujus generis conferatur Al. Braun in Monatsber. Bert. ot série, Bor. T. IL. (Cahier 5.) 4 20

306 J. TRIANA EF J.-H. PILANCAHON (a. BRAUN).

Akad., 1863, p. 598. In Nova Granata species unica sectionis primæ hucusque observata est.

À. Aquaticæ. Folia lacunis amplis prædita, stomatibus, fasciculis fibrosis et phyllopodiis carent. Vegetatio submersa, continua.

Isoxres KarsTeni Al. Br., in Ÿ’erhandl. d. Brandenb. bot. V'ereins, IV (1862), p.332. Rhizoma bilobum. Folia crassa, rigida, ad dimidiam fere longitudinem fusco-membranaceo- marginata. Velum clausum. Lingula brevis, cordato-triangu- laris, obtusiuscula. Macrosporæ albæ, læves. Microsporæ muri- culatæ, |

In lacu montano prope Merida, altit., c. 8000 ped., anno 1853 detexit H. Karsten.

ADNOT. Àb affini specie peruviana, Z. Lechleri Mett. (Fil. Lechler., fasc. II, p.36; A. Br., loc. cit., p. 331), differre videtur statura minore, foliorum marginibus membranaceis minus alte accurrentibus, micro- sporis muriculatis, nec minute tuberculatis, convenit autem velo clauso et macrosporis lævibus.

LYCOPODIACEZÆ Sw. ; DC. LYCOPODIUM L. 4. LycoPopium Saururus L.; Spring, Monogr. Lycop., I, p. 21; Il, p. 6.

Bogota; Andes de Antiochia, Paramo de Ruiz (Triana); Tolima, prov. Mariquita (coll. Linden. n, 1003).

2. Lycoponium RurEscENs Hook., Zc. plant., I, t. 36; Spring, Monogr., 1, p. 24; IE, p. 9.

Paramo de San Urban, prov. Pamplona (coll. Linden. n. 1235); las Cruces, prov. Pamplona (coll. Funck. et Schlim. n. 1474); Ocana, (Schlim. n. 341); Paramo de Ubaque, prov. Bogota (Goudot); Pitayo

(Hartweg. n. 1475). | Auctore G. Mettenius.

8, Lycoponiuu myrTuosum Spring, Monogr., UE, p. 7. Rio Magdalena (Purdie) ex Spr.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 407

h. Lycoponium Firmum M. ‘Truncus crassitiem pennæ cygneæ adæquans, 4-2" longus, adscendenti-erectus bis dicho- tomus, firmus, ramis erectis. Folia multifaria densa, summis erecto-fasciculatis exceptis. Feflexo-imbricata coriacea nitida, 3" 1/2 longa, 1/2" lata, lanceolata sensim attenuata acuminata, nervo supra leviter prominulo tenuiter carinata, infra basi leviter sulcata, versus apicem manifestius carinata, fertilia sterilibus conformia, basi vix latiora margine tenuissime callose dentata.

La Peña, Bogota, altit. 2900 metr. (Goudot, coll. Lindig. n. 4521).

Obs. Inter Z. myrtuosum Spr. et reflezum L. collocandum, habitu et trunci crassitie priori, foliorum directione posteriori comparandum.

9. LYCOPODIUM REFLEXUM Lam.; Spring, Monogr., E, p. 25; Il, p.10.

Tocarema, prov. Bogota (coll. Lindig. n. 1503); Nova Granada (Har- tweg. n. 1480) ex Spr.; prope Ocana (Schlim. n. 57); Popayan (Hartweg. n. 1480).

6. Lycopopium TErTRAGONUM Spr., Î. €.

Popayan (Hartweg. n. 1467).

7. Lycopopium sARMENTOSuM Spring, Monogr., IE, p.13, n. 120.

Paramo Tolima (Goudot); Popayan (Hartweg. n. 1464).

8. LyCOPODIUM LINIFOLIUM L.; Spring, Monogr., E, p. 30 ; I, p. 12. |

La Trocha, Quindio (Goudot); super arbores, in Andibus Popayanen- sium (Hartweg. n. 1469); Ocana (Schlim. n. 1031, 470, 597, 642, 6m); Manzanos, altit. 2800 metr. (coll. Lindig. n. 1520); Bogota ; prov. de Choco, altit. 2000 metr. (Triana) ; Tolima, prov. Mariquita (Linden. n. 14001).

9. Lycopopium manpioccanum Radd.; Spring, Monogr., I, p. 4h; IL, p. 20.

Popayan (coll. Hartweg. n. 1478) ex Spr.; Ocana (Schlim. n, 473), las Cruces, Pamplona (Funck. et Schlim. n. 1473).

10. Lycoroniüm crusnrum Spring, Monogr., U, p. 34.

Nova Granada (Purdie) ex Spr.

O0S J. RIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN). 11. Lycoronium cernuum L.; Spring, Monogr., 1, p. 79; I, P. 97. Santa Anna, prov. Mariquita (Lewy); Muzo, altit. 1600 metr. (coll. Lindig. n. 1516). Var. Caule foliisque ubique setis minutis asperulis.

Prov. de Choco, Acostadero, altit. 2500 metr. (Triana).

12. Lycoronium TrickiaTuM Bory; Spring, Monogr., 1, p. 91; IL, p. 45. |

La Peña Nueva, Bogota (Goudot); Cipacon, altit. 2800 metr. (coll. Lindig. n. 1501).

13. LycopopiuM contiGuum Spring, Monogr., I, p. 43. Nova Granada (Purdie) ex Spr.; Pasto (Hartweg. n. 1479).

4h. Lycoronium vesrirum Dsv.; Spring, Monogr., 1, p. 94; IF, p- Ah.

Nova Granada ex Spr.

B. herbaceum Spring, Monogr., IL, p. 45.

Prov. de Tuquerres, altit. 3000 metr. (Triana).

15. Lycopopium PARADOxUM Mart.; Spring, Monogr., I, p.99; Il, p. 47.

Nova Granada (Purdie) ex Spr.

46. LycopoDiuM coMPLANATUM L.; Spring., Monogr., I, p.101: Il, p. 47.

Bogota, altit. 2700 metr. (Goudot, coll. Lindig. n. 1502; Triana) ; Paramos Ocana (Schlim. n. 390).

17. Lycoropium Jussieur Dsv.; Spring, Monogr., 1, p. 106: Il, p. A9.

In Paramo de Guanacas, prov. Popayan (Hartweg. n. 1475); Boque- ron, Bogota (Goudot); Zumbador, Pamplona (coll. Linden. n. 1346); Bogota, altit. 2750 metr. (Triana).

PRODROMUS FLORÆ NOYO—-GRANATENSIS. 309 15. LycopopiuM vEeRTICILLATUM L.; Spring, Monogr., I, p. 46; Il, p. 21. Santa Martha (Purdie) ex Spr.

49. Lycoropium TENUE Humb. Bonpl.; Spring, Monogr., I, p. 47; Il, p. 21.

Pasto (Jameson) ; Ocana, Paramos (Schlim. n. 342).

20. LycopopiumM PASSERINOIDES HBK., Nov. Gen., I.

Paramos, Ocana (Schlim. n. 506).

24. LycopopiuM ECHINATEM Spring, Monogr., IE, p. 24.

Nova Granada (Purdie) ex Spr.; Pasto (Jameson.

22, Lycoronium Linoenu Spring, Monogr., I, p. 27. Paramo, Tolima, prov. Mariquita (coll. Linden. n. 1002).

23. LycopobiuM carLcirricHæFroriuM M. Caulis tener pen- dulus flaccidus, foliis margine costaque decurrentibus tenuiter striatus, e basi pluries dichotomus. Folia tetrastiche inserta bifa- ria verticalia subrectangule patentia, subapproximata, 2 1/2-3" longa, 4°” 1/2 lata, obovato-oblonga, basi attenuata adnata, apice obtusa s. brevissime apiculata ; costa tenera. Amenta plu- ries dichotoma gracilia. Bracteæ imbricatæ s. laxe imbricatæ ; ovaiæ s. late ovatæ acutæ, dorso carinatæ. Sporangia bracteas superantia.

Bogota (Triana).

Obs. L. Aquatupiano Spr., proximum, forma et directione foliorum abunde recedens.

24. LycoPoprum susuzarum Dsv.; Spring, Monogr., I, p. 71; Il, p. 32.

In ascensu ad Sorata, prov. Popayan (Hartweg. n. 1476); el Boqueron, Bogota (Goudot); Monserrate, altit. 2900 metr. (coll. Lindig. n. 1504); Paramos, Ocana (Schlim. n. 468, 474, 475); rio Hacha, Sierra Nevada (Schlim. n. 881); Pasto (Jameson).

25. LYCOPODIUM ALOPECUROIDES.

Sierra Nevada, rio Hacha !Schlim. n. 880); Paramos, Ocana (Schlim. n. 470).

le]

910 3. TRIANA ET S.-E. PLANCHON (A. BRAUN).

RHIZOCARPEZÆ Batsch.

[. MARSILEACEÆ A. Bronen. d

I. MARSILEA L.

MARSiLEA STRIATA M. Foliola integerrima ; nervi flabellati in maculas elongatas angustas anastomosantes, ultimi arcu intra- marginal confluentes; striæ fuscæ in medio longitudinali macu- larum in pagina inferiore superficiales. Sporocarpia plerumque bina distincta, 1" supra basin petioli inserta et 4" inter se distan- tia, 2 1/2 longa, ad 4" 4/2 lata, oblonga obtusa longitudina- liter obtusé quinquangularia, basi dentibus destituta, pedun- culata, pedunculo ad 4" 1/2 longo, primitus erecto, denique horizontal.

Aposentos, Ilano de Ibague, prov. de Mariquita, altit. 500 metr. (Triana).

Obs. Inter species, quarum sporocarpia supra basin petioli plerum- que bina pedunculis distinctis, rarius singula, emergunt (Conf., À. Braun., Ueb. Marsilea und Pilularia in Sitzungsb. der Berl.-Académie, 1863, p. 419, n. 5-10) et quarum pedunculi erecti seu adscendentes dicuntur, absentia dentium in basi sporocarpiorum insignis; directione pedunculi erecta s. horizontali ab M. deflexa A. Braun (oc. cit., 4 41), quæ proxima et sporocarpiis edentatis longitudinaliter obtuse quinquan- gularibus nostræ non absimilis videtur, diversa.

In Ÿ. deflexa pedunculi perpendiculariter deflexi, longitudiné sporo- carpiis sesquilongiores dicuntur.

De nervatura sporocarpiorum pauca addenda sunt.

Costa, e continuatione fasciculi vasorum pedunculi orta et in dorso sporocarpii decurrens, utrinque nervos circiter 10 emittit, nervi isti paralleli decurrunt, macularum series 2 efformant, radiosque abbreviatos indivisos s. furcatos, rarissime anastomosantes versus süturam ventra- lem sporocarpii emittunt; maculæ sériei uniuscujusque sunt æquilongæ, seriei superioris ceterum sunt breviores et cellulis post dehiscentiam spo- rocarpiorum gelatinose tumentibus obteguntur ; maculæ seriei inferioris sunt longiores et soris occupantur ; nervus receptaculi sororum plerum- que ex arcu externo macularum superiorum, rarlus e basi arcuum late- ralium macularum seriei secundæ originem ducit.

Striæ foliorum fusco colore imbutæ, supra indicatæ, quæ specie m

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 311 « striatam » nominare jubent, in pagina inferiore leviter prominent ; stomatibus sunt destitutæ et cellulis epidermidis rectis subelongatis for- mantur; epidermis parenchymatis adjacentis contra e celluiis parietibus lateralibus flexuosis formatur et stomatibus crebris obsita est.

Striæ tales, mihi nisi in A. mutica, M. notæ, non sunt confundendæ cum striis pellucidis, quæ in foliolis M, Coromandelianæ W., eum I. tri- chopoda Lepr., M. distorta À. Br. et M. muscoide Lepr., occurrunt; lamellas s. septula in parenchymate foliolorum effingunt et cellulis elon- gatis subcallosis componuntur.

SALVINIACEÆ Baril. AZOLLA Lam.

AZOLLA MAGELLANICA Willd., Spec.. V, p. 51. Bogota, altit. 2600 metr. (Humb. et Bonpl., Goudot, coll. Lindig. n. 4500, Triana).

ADNoOT. Saluinia lœvigata W., Spec., V,p. 527; Kunth in Humb. Bonpl., Nov. Gen., 1, p. 44; Syn., p. 101; Schlecht., ZLinn., V, 624, delenda est; specimina Humboldtiana Trianœam bogotensem Karst., Linn., XXVIIE, p. 424, 425 ; mexicana Lemnam sistunt.

EQUISETACEZÆ DC.

EQUISETUM L.

1. Equiserum BoGoTENSE HBK., Nov. Gen., E, p. 42.

Prov. de Tuquerres, altit. 3000 metr. (Triana); Cipacon, Bogota, altit. 2700 metr. (coll. Lindig. n. 1512); crescit prope Bogota ad vies et prope alto del Roble in quercetis, altit. 2700 metr. (Humb. et Bonpl.).

2. EQuiserum ciçanreuu L., Willd., Spec., V, p. 9 (4).

Tena, prov. de Bogota et Quindio, altit. 2650 (Triana).

(4) Ex recensione clarissimi Dr. Milde,

OBSERVATIONS SUR LE PISTIL OU

LE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS,

Par M. D. CLOS.

I. L'’axe et l’appendice dans le pistil du genre Pavot.

En 1862, l'étude d’une monstruosité du Papaver orientale et de quelques faits signalés chez des Pavots par M. Hugo de Mohl d'une part (1), et M. Morière de l’autre (2), m'avaient conduit à cette conclusion opposée aux principes jusqu'alors admis en morphologie, savoir : que de vraies cloisons peuvent naître du milieu de la feuille carpellaire et correspondre aux stigmates (Deuxième fascic. d'observ. térat., dans Mém. de l’ Acad. des sc. de Toulouse, sér., t. IV, p. 51-70).

J'ignorais à cette époque une observation de même genre publiée, en 1845, par MM. Trécul et Paty, dans le Journal de pharmacie, reproduite par la Revue botanique, t. 1°, p. 294 et 295, et qui avait conduit ces botanistes à un résultat identique avec le mien, et ainsi formulé par eux : « Le placenta repré- sente la nervure médiane, et non les bords des feuilles soudés entre eux ou avec le prolongement de l'axe, comme le pensent les botanistes. »

Deux conclusions aussi semblables, basées l’une et l’autre sur des faits, pouvaient-elles laisser quelque doute sur la significa-

(4) La théorie d'après laquelle les placentas représentent le bords des carpelles, dit M. de Mohl, a été exprimée d’une manière beaucoup trop générale, et est sujette à de nombreuses exceptions : Der Satz, dass die Placenten der Carpellarrändern entspre- chen, viel zu allgmein ausgesprochen wurde und vielfache Ausnahmen erleidet (Ver- mischte Schriften, p. 44).

(2) M. Morière a publié, sous ce titre, en 1862: Transformation des étamines en carpelles dans plusieurs espèces de Pavots, un intéressant travail accompagné de 2 planches.

SUR LE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS, 313

tion des cloisons de l'ovaire des Pavots? Mais elles n'en sont pas moins restées comme non avenues, Car je ne sache pas que depuis cette époque aucun botaniste ait pris soin de soumettre la question à un nouveau contrôle ; et cependant peu de pistils sont de nature à susciter autant d'intérêt, puisqu'on peut se deman- der tout d’abord s'ils rentrent dans la classe des pistils de nature carpellaire ?

Ouvrez le Traité d’organogénie de Payer, et comparez la des- cription du développement floral du Pavot à celui des autres genres de la famille des Papavéracées. À propos de ces derniers, il y est mention de mamelons carpellaires devenant promptement cornés pour constituer un sac plus ou moins allongé. Il en est autrement pour le Pavot; l'auteur ajoute bien, lorsqu'il résume le développement floral des Papavéracées : « Dans les Papaver, les Argemone..…, cenombre des mamelons est toujours plus con- sidérable (p.220). » Mais comment concilier ces conclusions avec le passage suivant du même ouvrage relatif au genre Pavot : «L’extrémité du réceptacle est recouverte par le pistil, sorte d'enceinte circulaire continue, des parois intérieures de laquelle partent des placentas, pl, qui tendent vers le centre »(n. 22h) ; et les figures 19 et 20 de la planche 47 montrent les placentas correspondant au milieu des crénelures, de ce qui a été considéré jusqu'ici comme autant de feuilles carpellaires.

J'ai pu vérifier moi-même l'exactitude de cette dernière asser- tion. Le 26 avril dermier, j'ai choisi sur des pieds de Papaver Rhœas les plus jeunes boutons de la plante ; ils avaient 2 milli- mètres, et l'ovaire, d’une longueur moitié moindre, s’y montrait sous la forme d’une soucoupe verdâtre, ouverte au centre, un peu crénelée à son bord libre, offrant à l’intérieur de petites côtes longitudinales, mdices des cloisons futures. Le style et le stigmate faisaient défaut.

Le Pavot n'a donc point de mamelons carpellaires primitifs. Faut-il admettre que son pistil est de nature tigellaire? On sait combien M. Schleiden a voulu étendre le nombre de ces pistils, qu'il appelle Stengel pistil (Stengelfruchtlnoten), puisqu'il y com- prend, parmi les Superovariés, ceux des Légumineuses, des

910 D. CLOS. Passiflorées et des Liliacées, mais il ne signale pas ceux du Pavot (Grundzüge d. Wissensch. Botan., édit., p. 315).

On objectera peut-être les cas assez nombreux l’on trouve dans la fleur des Pavots des pistils surnuméraires libres occu- pant la place d’un certain nombre d’étamines. Mais ces faits me paraissent au contraire venir confirmer mes conclusions, De Candolie figure dans son Organographie (t. I, pl. 89) une monstruosité de Papaver somniferum, dont une étamine porte, à la place de l’anthère, un petit fruit semblable au fruit central et à Siigmate pellé et crénelé. La Revue horticole de 1860 a donné aussi (p. 294) une figure de fleur de cette même espèce de Pavot, la plus grande purtie des étamines a élé changée en car- pelles plus ou moins formés (Grœnland), et chacun de ces pré- tendus carpelles est couronné d’un stigmate discoïde à 3-7 rayons (1). Si une étamine est le représentant d’une pièce florale, comment peut-elle produire à elle seule un pistl, qui, dans les idées reçues concernant le Pavot, doit être formé d'autant de CARPELLES quil y à de doubles crêtes stigmatiques sur le style discoïde (2)? |

Payer à constaté pour la formation des pistils dans les genres Bocconia, Macleya, Chelidonium, Eschscholtzia, Glaucium,l'exis- tence originelle de deux bourrelets distincts devenant prompte- ment cornés en {ormant un sac allongé (Loc. cit.); il y aurait donc chez les Papavéracées deux sortes de pistils : les uns, peut-être, de nature foliaire, et dont les éléments naîtraient isolés ; les

(4) Toutefois il en est autrement dans une monstruosité de Papaver bracteatum figu- rée par Turpin (Atlas de l'Histoire naturelle de Gæthe, t. 1V, fig. 23), les étamines voisines du pistil s'étaient transformées en carpelles uniloculaires ; les filets s'étaient épaissis et creusés, et ils produisaient des ovules pariétaux situés du côté intérieur. Les anthères, en se crispant, avaient pris la forme de stigmates sessiles, analogues à ceux qui couronnaient l'ovaire central.

[(2) On lit en effet dans les Leçons élémentaires de botanique de M. Le Maout (4'tédit., t. 11, p. 468), à la description du pistil du Coquelicot : «Chaque cloison vous montre les ovaires de deux carpelles différents repliés à l’intérieur.» Et à la page suivante : «Le fruit du Coquelicot est formé de plusieurs ovaires soudés ensemble.» M. Kirschleger _ commence à son tour de la sorte la description de la tribu des Papavérées : « Capsule composée de 4 à 21 carpelles. » (Flore d'Alsace, ?. T; p. 32.)

SUR LE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS. 319

autres, peut-être, de nature axile, apparaissant sous forme de cupule, et propres au genre Papaver (y compris très-probable- ment le Meconopsis cambrica) (1). Ce résultat tendrait à affaiblir beaucoup l'importance en tant que caractère de la nature ou de la signification du pistil.

Toutefois la transformation des étamines en carpelles dans le Pavot semble au premier abord peu favorable à cette distinction, car il résulte des intéressantes observations de M. Morière que, dans ce cas, le filet se creuse pour former l'ovaire, tandis que les valves de l’anthère, en s’étalant, produisent un stigmate sessile à deux ailes ou deux rayons (2). Ce fait a bien sa signification ; sans doute, on pourrait invoquer, à l'appui des idées émises dans la présente note, l'opinion d’Agardh et d'Endlicher, qui regar- deñt le filet comme un axe et l’anthère comme représentant deux feuilles opposées. Mais cette interprétation de l’étamine, repoussée du réste par la plupart des botanistes, ne saurait être admise d’une manière générale. La transformation accidentelle des étamines en pistils chez les Pavots suffit-elle à y démontrer une communauté d’origine à l’état normal entre ces deux sortes d'organes ? Je pose la question sans y répondre. C’est le propre de la morphologie végétale de laisser toujours à la suite d’un problème résolu un nouveau problème à résoudré.

(1) La tribu des Papavérées est diversement limitée. Endlicher la compose de huit genres; MM. Bentham et Hooker y comprennent onze genres, tandis que M. Grach la réduit à ceux-ci : Papaver, Meconopsis et Argemone. L'organogénie pourait éclairer sur la question de savoir si ce dérnier a un pistil même nature que celui des Pavots et doit ou non appartenir à la même tribu que lui. Celui de l’Arge- mone ochroleuca, examiné alors qu'il n’avait encore que 14 millimètre de long, s’est montré sous la forme d’un petit corps urcéolé à cinq côtes, et je n’ai pu y découvrir les traces des cinq stigmates.

(2) M. Morière figure (/oc. cit., pl. 2, fig. 3 et 8) de nombreux caryelles (?) prove- nant aussi de la transformation des étamines, mais soudés par 2, 3, 4, jusqu’au som- met du stigmate, de manière à former des ovaires représentant parfois, dit-il, à s’y méprendre et dans des dimensions plus ou moins grandes, des ovaires à l’état normal. Y a-t-il bien dans ce cas soudure? La figure déjà citée de la Revue horticole nous représente fous les pistils provenant de la transformation des étamines (et ils sont nom- breux) surmontés chacun d’un disque (style et stigmate) à plusieurs rayons, et rien n'indique que chacun de ces pistils provienne de la soudure de plusieurs.

316 D. CLOS,

IT. Du fruit des Citrus.

Les mnombrables bizarreries que présentent les fruits dans le genre Cîtrus ont fait dire aux deux monographes de ce groupe : «Ce n’est que dans la famille des Orangers qu’on trouve très- fréquemment de ces jeux de la nature : de tout temps, les phi- losophes ont cherché à les expliquer, mais jusqu'ici aucun n'est parvenu à satisfaire pleinement la physiologie à cet égard. » (Risso et Poiteau, Histoire naturelle des Orangers.)

Le fruit des Citrus est, en effet, un de ceux qui varient le plus (1), un de ceux qui ont exercé le plus les mvestigations des physiologistes. On à interrogé tour à tour la tératologie et l'or- ganogénie ; mais, malgré les précieuses données fournies par elles, il reste encore quelques points à éclaircir, et c’est princi- palement à dévoiler la nature de l'écorce des Orangers que cette note est destinée.

Au mois de janvier dernier, j'observais au centre d'une Orange, parfaitement conformée quant à ses autres caractères, un corps ovoide-conique composé de trois petites côtes, en tout semblables aux extérieures, à part la grosseur, et que l’on pouvait facilement isoler.

Cette circonstance me fit vivement désirer d'étudier les Oranges fœtifères ou enceintes signalées par Ferrari, parGallesio, par Risso, etc. Je dois à l’obligeance de M. l'abbé Montolivo (de Nice) d’avoir pu me satisfaire, ce botaniste ayant bien voulu se procurer, pour me les offrir, une douzame de ces sortes de fruits. |

Le seul caractère extérieur qui les distingue des Oranges ordinaires est un ombilic terminal et circulaire, orifice d’une cavité sous-jacente, fermé par de petites excroissances jaunes et de la nature de l’écorce, au nombre de 2 à 5, diversement

(4) On peut consulter, pour l’étude de ces anomalies, les nombreuses planches des Hesperides de Ferrari (in-fol., 1646), celles de l'ouvrage cité de Risso et Poiteau ; et aussi l'Atlas de l'Histoire naturelle de Gœthe par Turpin, les Lecons de botanique par Le Maout (37° étude), the Vegetable Kingdom de Lindley, p. 457.

SUR LE FRUIT DES GENRES PAPAYER ET CITRUS. 917 mcurvées et unies par leur base, et qui quelquefois font légère- ment saillie au-dessus de cet ombilic.

L'écorce de ces Oranges ne diffère pas de celle des autres ; son ablation montre un cercle de côtes normales, mais dont la suture ventrale, au lieu de représenter une ligne droite, est fortement incurvée pour pouvoir s'appliquer sur un second rang de côtes intérieures à dos également convexe, mais de moitié plus courtes. Généralement ces deux cercles alternent, l’arête intérieure des côles externes correspondant aux lignes de sépa- ration des côtes du rang interne, et l’un et l’autre renferment quelques graines.

Un gros faisceau cellulo-vasculaire et blanc occupe l’axe ver- üical du fruit, envoyant des ramifications sur ces deux rangs de côtes; 1l vient s'épanouir au-dessous des excroissances jaunes terminales dont 1l a été question, englobant en ce point trois (plus rarement quatre) petites côtes, composées comme lesautres de vésicules jaunes à suc doux, mais dépourvues de graines, et tellement adhérentes entre elles et aux tissus ambiants, qu’on ne les obtient guère que par voie d’énucléation (1).

On ne saurait douter que les excroissances terminales ne soient peau ou l'écorce de ces petites côtes, cette peau s'étant développée seulement celles-ci ont pu recevoir l’action de l'air et de la lumiere.

Cette orgamisation des Oranges fœtifères soulève le dilemme suivant :

Ou le zeste n’est pas une partie intégrante essentielle du péri- carpe, puisqu'il fait absolument défaut à la partie dorsale du second cercle intérieur de côtes.

Ou bien celles-ci, par suite même de leur développement à l'abri du contact de l'air et de la lumière, ont perdu leur épi- derme, comme il arrive aux feuilles des plantes naturellement submergées.

(1) Ce fait de la production de carpelles supplémentaires à l’intérieur du fruit se retrouve dans une plante cultivée, la Tomate (Lycopersicum esculentum Dun.). aussi le nombre des carpelles est variable, et l’on voit souvent le cercle extérieur de ces

organes s'écarter au sommet ou au point de convergence, pour laisser voir une sorte d'ombilic à deux ou trois mamelons.

318 D. CLOS.

Ce qui plaiderait en faveur de cette seconde interprétation, c’est la présence d’une écorce sur le cercle sous-omhilical des petites côtes signalées en dernier lieu, et seulement aux points de ce troisième rang de côtes exposés à l'air et à la lumière.

Mais, d'autre part, des faits bien avérés démontrent qu'eæcep- tionnellement l'écorce peut se produire à l’intérieur de l'Orange, et dans des cavités parfaitement closes. Je citerai les sul- vanis :

a. On dit que, dans la monstruosité de l’Orange appelée mel- larose ou bizarrerie, de petites Oranges jaunes, conformées, aux dimensions près, comme les Oranges ordinaires, occupent dans chaque tranche ou loge, et au sein du parenchyme succulent de celles-ci, la place des graines (4).

b. Le docteur Perrier a vu dans l’intérieur d’une Orange un second fruit de la grosseur d’une forte aveline, recouvert à sa base d’une enveloppe diaphane analogue à celle qui tapisse les carpelles avec lesquels elle est en contact, et, dans sa moitié supé- rieure, d’une écorce épaisse, d'un beau jaune orangé, doublée sur elle-même à l'instar des enveloppes séreuses. Notre confrère ajoute : « La face mterne ou fongueuse de l'écorce du fruit supplémen- taire est donc en rapport, d’un côté avec l'enveloppe transpa- rente de ses carpelles, de l’autre avec la face interne de l'écorce de l’Orange nourricière. » (Dans Bulletin de la Sociélé lin- néenne de Normandie, t. IX [1865], p. 109-113.)

c. On doit encore à M. Eudes-Deslongehamps la connaissance d’un cas d'Orange fœtifère ainsi décrit dans le même volume (page 41h) : « L'Orange parasite, quoique prenant aussi son ori- gine au pédoncule de l'Orange enveloppante, se déviait de la direction de l'axe et venait se placer de côté entre les carpelles ; la peau particulière de lOrange parasite n'était pas retroussée comme dans le cas observé par M. Perrier, mais enveloppait ta petite Orange d’une manière régulière ; sa surface était intacte, et n’adhérait point aux parties environnantes ; elle était jaune,

(4) La mellarose, que je n'ai pas eu l’occasion d'étudier, est décrite avec détail däns les ouvrages déjà cités de Turpin et de M. Le Maout.

SURLE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS. 219 granulée comme celle des Oranges ordinaires, bien qu'elle fût environnée de toutes parts, et ne fût point en contact avec l'air et la lumière. »

d. À ces faits je puis en ajouter un observé sur deux de mes Oranges fœtifères de Nice. Une des côtes du rang placé sous la peau, semblable aux autres par ses caractères extérieurs, offrait, au milieu de sa pulpe peu abondante, une lame épaisse de la nature du zeste, jaune et subcartilagineuse comme lui, et qui paraissait devoir son origine à la fine pellicule blanche (endo- carpe) eirconscrivant la côte ; car les deux lames de cette pellt- cule, au lieu de s’arrèter et de se confondre à leur point d'union, rentraient dans l'intérieur de la côte par une sorte d'invagina- tion, et donnaient ainsi naissance à cette écorce, qui, comme celle de l’'Orange, montrait un cercle de vésicules entourant une substance jaune coriace.

La conclusion de ce fait n'est-elle pas que, dans certaines cir- constances spéciales, l’endocarpe peut aussi donner naïssance au zeste de l'Orange? Toutefois, dans la très-grande majorité des cas, les deux pellicules péricarpiques externe et interne du genre Citrus (épicarpe et endocarpe) engendrent des tissus addition- nels celluleux trés-différents au point de vue des sucs qu'ils éla- borent. |

L'organogénie ne peut guère éclairer sur la nature du zeste de l’Orange, car le développement du tissu cellulo-glanduleux commence dès l'apparition des carpelles (4).

Il est étrange que, de l'avis de Risso et Poiteau, ce soit le zeste, c'est-à-dire un tissu accessoire, qui fournisse, par la forme des vésicules oléifères, le meilleur caractère distinctif des Oranges et des Bigarades, ces vésicules étant extérieurement convexes dans les premières, concaves dans les secondes.

Si l'interprétation donnée dans cet écrit, du péricarpe des Citrus, est exacte, il conviendra de conserver à ce fruit la déno-

(4) M. Lestiboudois, qui a publié dans les tomes II et TITI de la série des Annules des sciences naturelles, un grand mémoire sur les fruits, figure la coupe d’un jeune péricarpe de Citrus (t. IT, pl. 17, fig. 30), mais ne se prononce pas sur la nature des couches de ses parois.

920 | D. CLOS.

mination d'hespéridie (a bon droit préférée à celle d’hespéri- dion proposée par Desvaux en 1812), et sur l’utilité de laquelle les auteurs sont loin de s’accorder. C’est qu’en effet cet organe s'éloigne de tous les autres, non-seulement par des caractères bien manifestes, mais encore par le double développement d’un üssu cellulaire accessoire à la face externe de l’épicarpe, à la face interne de l’endocarpe.

Qu'il me soit permis, en terminant ces considérations, de signaler quelques points d'analogie entre les genres Papaver et Citrus. Dans les deux, on avait fait intervenir dans la constitu- tion du pistil une couche étrangère, le torus ; dans les deux, on a constaté l'existence de carpelles surnuméraires, tantôt exté- rieurs et tantôt intérieurs; dans les deux, on cite des cas de transformation d’étamines en carpelles; dans les deux, enfin, la nature des placentas suggère quelques doutes.

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REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES,

Far NE. J. DECAISNE.

Malgré les travaux importants auxquels le groupe des Péda- linées a donné lieu, la répartition des espèces dans les genres qui le constituent laissait beaucoup à désirer. Ceux-ci, en effet, bien que très-naturels, sont, dans les ouvrages de botani- que descriptive, un assemblage d'espèces fort dissemblables que jai cherché à mieux répartir. Jai été conduit à cette étude par l'examen des fruits d’une nouvelle espèce d’Harpagophytum recueillis sur la côte occidentale de Madagascar, Quant à l’or- ganographie, elle lasse peu à désirer, puisque, à l'exception des Pedalium, dont la structure des graines mériterait une étude suivie, que je n'ai pas eu l’occasion de faire sur le vivant, elle a donné lieu aux travaux importants de R. Brown, d'Endlicher, et tout récemment à ceux que M. Bureau à publiés dans sa Monographie des Bignoniacées.

Quoique de formes très-différentes dans la série des genres, le fruit des Pédalinées peut néanmoins se rapporter à un même type, si l'on conçoit le nucule discoïde du Pretrea comme un fruit déprimé de Pedalium, et le fruit de ce dernier comme un modèle réduit des gros fruits cornus des Proboscidea.

Le tableau ci-dessous démontrera, en peu de mots, les carac- tères de chacun des genres réunis actuellement dans le groupe des Pédalinées, dont j’exelus les genres Eccremocarpus et Tour- retia que M. Bureau y a joints, malgré leur mode différent de végétation, la structure de leurs graines et la forme de leur embryon étant identiques avec ce que nous voyons dans les Bignoniacées, auxquelles ces deux genres doivent, à mon avis, r'ester assoClés.

9€ série, Bor, T. 11L, (Cahier 6.) ! a

329 J, DECAISNE,

SYNOPSIS GENERUM PEDALINEARUM.

A. == FLORES RACEMOSI. * Corollæ tubus ventricosus ; fructus rostralus.

Marrynia. Calyx alte 5-fidus.

PROBOSCIDEA. Calyx spathaceus. ** Corollæ tubus gracilis, longissimus; fructus ovatus suberostris. CRANIOLARIA. Calyx spathaceus.

B, FLORES AXILLARES.

*** Colyx parvus, corollæ tubus cylindraceus v. ventricosus.

_

HarracoPayTuM. Fructus harpagonibus instructus.

PepaLium. Fructus ovato-pyramidatus, inferne acuminibus 2-h instructus.

JoseriniA, Fructus rotundatus, undique verrucoso-spinüulosus. PRETREA. Fructus depressus, pelviformis, in medio tubereulis v. acuminibus instructus.

Preroniscus. Fructus compressus, 4-pterus, m medio verfucosus.

MARTYNIA Lin.

Calyx alte quinquefidus v. pentaphylius, segmentis submer- branaceis inæqualibus, exterioribus latioribus, bibracteatus, brac- teis majusculis submembranaceis calyei subæquahbus. Corolla ringens, tubo ventricoso calyeem superante, fauce campanulata, lmbo 5-lobo lobis patentibus. Siamina fertilia 2 v. 4, didynama, quiato rudimentario ; antheræ oblongæ, didymæ. Stylus stamina superans. Fructus ovatus, rostro brevi v. elongato unematus, loculis mono-v, polyspermis, Herbæ annuæ, viscidæ, odore stramoni v. uicotianæ ; folia cordata integra v. sublobulata.

À. Marrynia pranprA Willd. M. annua; foliis cordatis, angulatis v. repando-dentatis v. Cor-

REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 928 dato-orbiculatis, dentatis, pubescenti-viscidis ; foliolis calycinis ovaüs, subæqualibus ; floribus roseis, labis in medio violaceo maculatis, 2-andris; fructibus ovatis pollicaribus breve rostratis.

Martynia diandra Glox., Obs., p. 4h, tab. 1; Ehr., Pic, tab. 1, fig. À et analys.; Jacq. Schœnb., vol. I, p. 20, tab. 289; Willd., Spec., I, p. 263; Bot. Reg., vol. XXII, app., tab. 2001; ÆHerb. amat., W, tab. 193; Descourt., Antill., vol. IV, p. 180; Andr., Bot. Repos., vol. XCE, p. 575, t. 576,

Martyna angulosa Lamk, Encycl. IE, p. 112; Turp. Dict., tom. X, p. 456, tab. | |

Hab. in Louisiana et Imp. Mexicano, circa Veram Crucem, prope Tan-

toyuca, prov. Huasteca (Ervendberg., 114). Vulgo Griffe-de-Chat, Bicorne, Cornaret.

9. Martynia LUTEA Lindi.

M. annua, diffusa ; foliis suborbicularibus, cordatis, integris, interdum subobliquis, majusculis pubescenti-viscidis; calyeinis foholis latitudme inæqualibus, exter. latioribus, bracteis binis ovalibus stipats; corolla tube curvato calycem superante, lutea; fructu longe rostrato, incurvo.

Martynia lutea Lindi., Bot. reg., 93h ; DC. Prodr., EX, p. 295. |

3, MARTYNIA MONTEVIDENSIS Cham.

M. foliis subrotundis, cordatis, subangulatis, dentatis, denti- bus inæaualibus brevibus mucronulatis, sinubus arcuatim excisis interjectis ; calycibus pentasepalis, foliolis lanceolatis obtusis. Habitu, viscositate floribusque affinis W. diandræ; folia 20-25 centim. longa et lata. Corolla 4 centim. longa.

Martynia montevidensis Cham., in Linn., 1832, p. 791: DC. Prodr., IX, p. 254.

Hab. in Brasiliàa-meridionali, prov. Cisplatina.

32 J. DECAISNE,

PROBOSCIDEA Schm.

Calyx spathaceus, subeucullatus, submembranaceus, antice fissus, inæqualiter 5-lobus, basi bracteolatus, bracteis calyce brevioribus lineari-lanceolatis. Corolla ringens, tubo ventricoso calycem vix superante, fauce campanulata, limbo 5-lobo, lobis patentibus v. superioribus reflexis. Stamina fertilia 4 didynama, faucem æquantia, quinto rudimentario ; antheræ cohærentes. Stylus stamina superans. l’ructus ovatus, plus mmusve rostratus. Herbæ annuæ viscidæ, ramosæ, patulæ ; foliis oppositis v. alternis, cordatis v. suborbiculari-cordatis, integris v. obscure lobulatis, graveolentibus.

1. ProBoscipeA Jussiær Schmid. P. folus suborbicularibus, integris v. obscure simuatis, bas cordatis ; corolla pallidissime rubente v. sordide Hlacina, macu- lata, lacinia inferiore introrsum ad faucem barbata; fructu longe rostrato, uncimato, viscido.

Proboscidea J'ussiæi Schm., Zcon., p. 49, tab. 12 et 13 (1793).

Martynia annua L., Sp., p. 862; Gært., Fruct., Il, p.131, tab. 110.

Martynia caule ramoso, foiiis cordato-ovatis pilosis, Mill., Icon., tab. 286.

Marhynia proboscidea Willd., Sp., vol. IE, p. 264; Ait, Kew., W, p. 339; Glox., Obs., p. 14; Bot. Mag., 1056; DC., Prodr., IX, p. 255.

Martynia allernifolia Lamk; Encycl., WE, p. 142.

Hab. in Louisiana, Carolina, etc.

2. PROBOSCIDEA ALTHÆIFOLIA +.

P. foliis alternis, cordato-ovatis, simuato-3-7-lobis ; calyce obliquo, 5-lobo, corollæ tubo plus duplo breviore. « Herba rudis, viscosa ; folia omnia alterna. Calyx utin Proboscideu Jussiær sed multo minor, vix 2 centim. longus, corollæ tubus 3-4 centim.

REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 825 Jougus. Drupa rostro neglecto 6 centim. longa, rostro 42 cen- tim. longo, incurvo. » Martynia altheæfolia Bth., Sulf., p. 37, n. 127.

Hab. in Magdalenæ sinu.

3. PROBOSCIDEA FALLAX +.

P. glanduloso-pubescens, viscidula ; foliis cordato-ovatis , obtuse 5-lobis, crenulatis ; corollæ tubo campanulato, eurvulo. basi breviter attenuato ; cornibus drupam subæquantibus, Drupa e basi attenuata ellipsoidea, seminibus rhombeis com- pressis.

Martynia fallax Kunze, Ind. Sem. Hort. Lips., 1848.

Cramolaria fallax Alph. DC., Prodr., VX, p. 254.

Hahe..…

. PROBOSCIDEA UNIBRACTEATA +.

P. caule perenni?; folius cordatis, subangulatis, dentatis, corollæ tubo longitudine calycis unibracteati , limbo patente 5-lobo, lob. inferiore paulo majore. Herba 1-1 1/2 metralis, corolla pallide sulphurea, in fundo punctis purpureis picto.

Craniolaria unibracteata Nees et Mart., Nov. Act. nat. Cur., vol. XI, p. 67, tab. 4.

Holoregmia viscida Nees, Bot. Zeit., 1861, Bd. F, p. 800 et 990 ; Nees, Brasil. Reis. Neuw., Bd. I, D. 239 et 34h; DC. es -Ei p:25/1.

Hab. in Brasilia circa Cahueram et ad Rio das Contas.

9. PROBOSCIDEA VIOLACEA +.

P. annua ; foliis alternis, cordatis, repando-sinuatis, acute denticulatis, glabriusculis ; bracteis lanceolatis calyce obliquo infra usque ad basin fisso dimidio brevioribus ; rostro pericar- pium superante. Folia 12-18 centim. longa et vix latiora, in-

LA

326 3. DECAISNE,

conspieue sinuato-lobata v. dentata; flores rubentes violaceo maculati, mag. ill. Martyniæ diandre.

Martynia violacea Engelm., Sketch of the Bot. of Wislic. Exped. adnot., p. 17; Torr., Emory eæped., p. 110.

Hab. in Novo Mexico, ad lacum Encinillam prope Chihuahua,

6. PROBOSCIDEA ARENARIA +

P. annua, glanduloso-pilosa ; foliis alternis, cordatis, 3-5-7-lo- batis, lobis rotundatis repando-denticulatis ; bracteis lanceolatis calycem infra fissum dimidium &quantibus ; rostro pericarpium æquante. --- Folia 46 centim. longa; flores lutei, intus fusco maculati, paulo minores quam in Proboscidea Jussiæi.

Martynia arenuria Engelm., Sketch of the Bot. of Wislic. Exped. adnot., p.16; Torr., Emory exped., p. 110.

Hab. in Novo Mexico, locis sabulosis infra EI Paso.

7. PROBOSCIDEA FRAGRANS +.

P. annua ; foliis cordatis, angulatis v. grosse dentatis, viscidis ; calycibus campanulatis subvesiculosis bracteisque plus minusve violaceis ; corollæ tubo calycem vix superante. Corolla formosa, violacea,

Martynia fragrans Lindi., Bot. Reg., 1861, Misc. 206. tab, 6; Bot, Mag., 1292.

Cramolaria fragrans Dene, Ind, sem. hort. Par., 1852,

8. PROBOSCIDEA TRILOBA +.

P. foliis pseudo-oppositis, apices versus alternis, oblongo- deltoideis, omnino evolutis trilobis, lobo medio maxime pro- ducto, basi inæqualibus subcordatis, margme smuatis undulatis et obsolete denticulatis ; floribus tetrandris ; calycibus breviter bibracteolatis, 5 lobis, obliquis, antice fissis.

Martynia triloba Schlt. et Cham.,.Zinn., 1830, p. 121; DC. Fredr IX, ii 253,

REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES, 397

Hab, in Mexico, circa Veram Crucem.

9. ProBosGiDEA BOTTERI +.

P. sublignosa, viscidula ; foltis oppositis v. alternis, cordato- hastatis, plus minusve 3-lobatis, marginibus mæqualiter denti- culatis, denticulis acutis; calyce corollæ tubo breviore; fructu uneinato, recurvo. Caulis erassitudine pennæ anserinæ, sub- lignosus ; folia 9 cent. longa, 6 lata, viscidula, longe petiolata ; corolla ut videtur violacea. Valde aff, P. trilobæ si non eadem.

Hab. in fmperio Mexicano circa Orizabam (CI. Botteri, 797, Herb, Mus. Par..

Obs. J'ai adopté pour la plupart des plantes disséminées entre les Martynia et les Craniolaria le nom générique établi par Schmidel, par la raison que l’épithète de proboscidea rappelle très-heureusement la forme des fruits de toutes les espèces du groupe, et que le nom spéci- fique (Proboscidea Jussiær), admis par ce célèbre botaniste, ne laisse plus de place à la confusion à laquelle avait donné lieu le nom de Martynia annua, appliqué à des plantes de genres différents.

CRANIOLARIA Jacd.

Calyæ Spathaceus, submembranaceus, antice fissus, inæqua- liter 5-lobus, bast bracteatus, Corolla tubo gracili longissimo, fauce campanulata, limbo patente 5-lobo inæquali. Stamina h didynama, subexserta, quinto rudimentario, Stylus stamina superans, stigmatibus 2. Fructus drupaceus, ovatus, suberostris. Herbæ americanæ, radice alba tenera eduli, vulgo Escor- zonera; toliis integris v. cordato-5-7-lobatis, lobis repando- dentatis ; floribus albis.

1. CRANIOLARIA ANNUA Jacq., Am., p. 173, tab, 410.

Martynia Craniolaria Willd., Sp., t. HT, p. 264; Swartz, Obs., 230; Gloæ., Obs., p. 14.

Martynia annua villosa el viscosa aceris folio, flores alba tubo ongissimo. Ehrt., Pict., tab. 4, fig. 2,

928 J. DECAISNE. Hab. prope Carthagenam Americæ, Nova Granata, in insula Sanctæ Crucis, et seçus flumina Magdalenam et Ormocum.

9. CRANIOLARIA INTEGRIFOLIA Cham.

C. « foltis integris cordatis reniformibus subrotundis acute acuminatis obsolete mucronulato-denticulatis. Calyx spathaceus membranaceus. Corolla semipedalis et ultra, tubo gracili 4 4/2

-poll. longo, fauce late campanulata, limbo expanso diametro bipollicari majorique. Fructus €. annuæ ut a Jacq. descriptus, rostra nucis valida, brevia, acutissima antrorsum uncinata. »

Craniolaria integrifolia Cham., Linn., 1832, p. 725; DC., Prodr., IX, p. 255.

Hab. in Brasilia meridionali.

HARPAGOPHYTUM DC.

Calyæ 5-partitus, lobis linearibus subæqualibus. Corolla tubo ventricoso v. ventricoso-tubuloso, limbo 5-lobo inæquali. Sta- mina h fertilia didynama, quinto effœto rudimentarlo. Fructus ovatus, plus minusve depressus, lignosus v. pergamaceus, har - pagontbus pluribus instructus ; loculis oligo-v. polyspermis. Semina ovata v. compressa, integra v. margine denticulato- erosa. Herbæ africæ australis v. Madagascariæ, humifusæ, pruinoso-glaucæ, foliis lobato-incisis, e bast 3-5-nerviis. Flores purpurel.

1. HARPAGOPHYTUM PROCUMBENS DC.

H. caulibus pruinosis, glaucescentibus; foltis ovatis v. ovato- oblongis, inciso-lobatis ; floribus ventricoso-tubulosis ; fructibus cartilagineis, harpagonibus compressis, margine spinoso-den- tatis, uncis inæqualibus; seminibus oblongis, rugosis, nigres- centibus. Flores purpurei, 3 centim. longi, lobis subæqualibus.

Harpagophytum procumbens DC., Prodr., vol. IX, p. 257; Deless., Icon. select., vol. V, tab. 94, fig. 12 (aliæ exclusæ).

Uncaria procumbens Burch., Trav., 1, p. 556 et 539, Icon. fruct.

Ÿ

e

7)

1

REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES, 320

2, HARPAGOPHYTUM ZEYHERI +.

H. cauhibus rugulosis, fuscescentibus ; foliis ovatis v. ovato- rotundis, Inciso-lobatis ; fructibus rotundatis, sublignosis, harpa- gonibus brevissimis compressis marginibusque uncimato-spino- sis.— Flores 6 centim, longi. Fructus suborbicularis, à centim. longus.

Harpagophytum procumbens DC. (partim), in Deless., Zcon. select., vol. V, fig. 1-11 (excel. fig. 12) ; coll. Zeyher, 1205.

Hab. in Africa aust.; Macalisberg (Burch. Herb. Kew. et Zeyh. Herb. Par.).

d. HARPAGOPHYTUM Burcaezzu Dene.

H. ...fructibus lignosis, ovatis, antice compressis, harpago- nibus gracilibus teretibusque apice uncinatis.

Harpagophytum Burchelhii Dene in Duchart., Rev. bot., vol. I, p. 516.

Hab. in Africa austr., ad Kalagari (Coll. Delessert).

h. HARPAGOPHYTUM LEPTOCARPUM+.

H. .….fructibus pergamaceis, ovatis, antice in laminas bifidas attenuatis, harpagonibus gracilibus teretibusque apice uncinatis; seminibus compressis, subcordatis, margine denticulatis.

Hab. Madagascar, in ora occidentali (Herb. Mus. Par. CI. Monestier).

Obs. La planche 94 des /cones selectæ qui représente l’Æarpagophy- tum procumbens offre plusieurs inexactitudes : ainsi la figure 12 se rap- porte seule à la plante de Burchell; le rameau fleuri et tous les détails analytiques qui s’y rattachent appartiennent, au contraire, à notre H. Zeyheri. De plus, le dessinateur, en représentant la fleur de grandeur naturelle (fig. 1), a renversé la corolle de manière à placer le lobe inférieur à la place du supérieur ; enfin, la structure des anthères n’est pas repré- sentée avec plus d’exactitude, comme on pourra s’en assurer en Compa- rant mes analyses à celles de Heyland.

330 J. DECAISNE.

PEDALIUM D. Royen.

Calyæ parvus, 5-partitus, laciniis subæqualibus, superiore breviore angustioreque. Corolla tubulosa, tubo inferne parum incurvo et constricto, limbo 5-fido, lobis rotundatis, infimo ma- jore. Stamina 5; quatuor fertilia didynama, quintum effœtum rudimentarium ; antheræ rotundatæ reniformes. Stylus filifor- mis; stigma bifidum. Fructus nucamentaceus, exsuccus, inde- hiscens v. superne parum dehiscens, ovato-pyramidatus, des- siccatione subtetragonus, spinis 2-4 conicis ad basin siipatus, 3-h-locularis, loculis 2-spermis. Semina pendula, anatropa ; testa arido-membranacea, quasisacecata, granulosa ; membrana interna tenuis. Embryo cotyledonibus ovatis. Herbæ mdicæ v. afri- canæ, annuæ, succulentæ, odorem moschi fundentes mucilagi- neque scatentes ; folia petiolata, ovato-rotunda, dentato-ineisa, basi trinervia et subeuneata ; flores breviter pedicellati, axillares, ad basin glandulis nigris carnosulis stipati, bracteolis se taceis destituti. |

A. Peparium Murex L.

P. glaucum; foliis rotundatis v. ovato-rotundis, sinuato- erenats v. dentatis, basi cuneata trinerviis ; floribus axillaribus, subsessilibus, solitartuis, flavidis, fauce introrsum fusco lineolata ; fructibus semipollicaribus , subpyramidato-tetragonis, cornibus vel spinis 4 infra medium mstructis; seminibus testa tenui cru- stacea pallide fusca obtectis. Herba parva, 10-20 centim.

Pedalium Murex L., Sp., 892; Burm., F1. Ind., p. 139, tab. A5, fig. 2, pessima quoad floris positionem ; Gært., Fruct., E, p. 276, tab. 58; DC., Prodr., IX, p. 256. à

Cacu-Mullu Rheed, Malab., 40, tab. 72.

Hyoscyamus maritimus, fructu Tribuli aculeato, monospermo. Burm., Thes, Zeyl., p. 122.

Hab. in India orientali, etc.

REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES, 331

2, Peparium ROGERIA +.

P, folus latiusculis, trilobatis v. rotundato-sinualis, dentibus glandulosis v. apieulo crassiusculo instructis, basi cuneatis tr1- nerviisque ; floribus axillaribus, subsessilibus, aggregato-cymosis; fructibus pollicaribus, subpyramidato-tetragonis, acuminatis, cornibus v. spinis 6 inæqualibus ab basin instructis, ab apice ad basin longitrorsam dehiscentibus ; seminibus testa crustacea nigra, maturitate bivalvi. Herba annua, erecta, 2-3-metralis, vix ramosa; flores magni, A-cent. longi, purpureo-violacei; fructus 3 cent. longus, basi calyce persistente stipatus.

Rogeria adenophylla J. Gay, Ann. sc. nat, A" série, 1824, p. 457; Delil., Cent. pl. Meroë voyag. Caill. p. 78, tab. 63, fig. 3, optima.

Pedalium Caillaudii Hochsti., in PE. Kotschy It. Nub., n. 174; fide Alph. DC., Prod.

Obs. En réunissant le Æogeria aux Pedalium je n'ai fait qu'adopter la manière de voir de Delile, qui avait déjà reconnu, avec sa sagacité ordi- naire, l'identité des deux genres, mais afin de ne pas faire complétement oublier le premier, je l'ai conservé comme nom spécifique et avec d'autant plus de raison que les feuilles de tous Les Pedalium présentent des glandes,

S. PEDALIUM LONGIFLORUM +.

P. folnis ovatis v. ovato-rotundis, basi cunealis, trinerviis, sinuato -repandis v. obscure dentatis, dentibus glandulosis ; flori- bus axillaribus, subsessilibus, solitariis ; fructibus 6-7 centim. longis, oblongis, acuminatis, superne tantum dehiscentibus, inferne hinc 2-cornutis. |

Kogeria longiflora X. Gay, !. e.; DC., Prodr., vol. IX, p. 257.

Martynia longiflora L., Syst., p. 559, edit. Murr.; Willd., Sp., I, p. 265 ; Au. Kew., IV, p. 20.

Martynia capensis Glox., Obs. T, p. 13.

Hab, in Africa australi,

399 J. DECAISNE,

l. P&DALIUM MIGROCARPUM <-.

P. herba erecta, nana, glabra ; caule, petiolis, fructibus et foliis junioribus parce puberulis, lepidibus minutissimis niveis intermixtis obtectis, dein nudis ; folüs flabelliformibus, grosse- dentatis, basi in petiolum longum attenuatis, subtus pallide viridibus; floribus axillaribus, brevi-pedicellatis, in alabastro dense lepidotis ; calycis laciniis lanceolato-acuminatis ; corollis flavidis, subinfundibuliformibus; fructibus parvis, 4-spinosis.

Rogeria microcarpa Kltzsch., in Peters, Reise mossamb., 1, D. 190.

Hab. Rios de Sena.

Obs. Endlicher donne le Xogeria longiflora conne le type du genre Carpoceras À. Rich.; mais il me semble que Richard à eu en vue une autre plante, si l’on en juge par le passage suivant, extrait du rapport fait par Mirbel à l’Académie des sciences sur le mémoire, resté inédit, d'A. Richard, ayant pour objet les plantes à placentas pariétaux. « …. Ce dernier genre (Martynia) établi par Linné comptait autrefois trois espèces, le À. perennis, le proboscidea et l'angulata ; aujourd’hui M. Richard démontre que la plante nommée W. angulata non-seulement n'appartient pas au Martynia, mais même qu'elle doit être classée dans une autre famille. Il le renvoie aux Pédalinées de M. R. Brown, sous le nom de Carpoceras. » (Noy. Bull. Ferrus., 1830, t. XXE, p. 98, et Rich., Elem. bot., 186, p. 706.)

JOSEPHINIA Vent.

Calyx 5-partitus, subæqualis. Corolla tubo brevi, fauce magna campanulata; limbo 5-lobo patente, labni inferioris lacinia media longiore. Stigma h-fidum. Fructus L-8-locularis, echinatus, indehiscens, loculis monospermis. Semina ovata, testa tenui saccata, cotyledonibus ovatis, radicula infera.-- Herbæ diffusæ. lFolia integra. Flores albidi purpureo-punctati, v. lilacini.

A. JOoSEPHINIA IMPERATRICIS Vent.

J. folis Tinearibus v. lanceolato-ellipticis, acutis, subtus caule-

REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 999 que pubescentibus ; calvcibus æqualibus ; fructibus 4-locula- ribus, pubescentibus.

Josephinia imperatricis Vent., Malm., tab. 103; KR. Br., Prodr., p. 520 ; Dene, ÆHerb. Tim., p. 76.

Josephinia grandiflora R. Br., !, c., var. 5, DC. Prodr.

Josephinia celebica BI., Bijdr., p. 779.

PRETREA J. Gay.

Calyx 5-parütus, fohohis lnearibus subæqualibus. Corolla campanulato-rmgens; tubus supra basin constrictus, subgib- bosus, introrsum ad basin annulatim glanduloso-pilosus ; limbus 5-lobus, lobo superiore breviore bifido, mferiore longiore por- recto. Stamina 5 ; quatuor fertilia didynama, quintum effœtum rudimentarium ; antheræ sagittatæ. Fructus pelviformis, supra medioque cornibus 2 x. tubereulis instructus. Semina ascenden- lia, tesla crustacea quasi saccata, membrana interna tenu; embryo cotyledonibus ovatis carnosis. Herbæ afficanæ, ra- mosæ, ramis graclibus humifusis; foha smuato-pinnatifida v. ovato-lobulata, subtus glaucescentia; flores roser, glandulose - puberuli, longe pedicellati, axillares, solitarn ; pedicelli ima bas bracteolis setaceis glandulisque carnosulis haud raro stipat.

1. PRETREA ZANGUEBARICA J. Gay.

D. ramulis,puberulis v. glabratis; foliis ovatis v. oblongis, pinnatilobatis, lobis mæqualibus, obtusis, supra glabriusculis, subtus glauco-papillosis ; floribus longe pedicellatis ; calycinis foliolis lanceolatis; corollæ limbo oblique 5-lobo, inæqual ; fructibus glabratis, semipollicaribus, superne tuberculatis et in medio bicornibus.

Pretrea zanguebarica J. Gay, Ann. sc. nal., À" série, vol. F, p. 4957 (182h).

Pretrea Bogeriana Deue in Duchtr., Rev. bot., vol. E, p. 517.

331 J. DECAISNE, Pretrea artemisiæfolia Kitzsch., in Peters, Reise mossamb., X, p. 189, tab. 31.

Pretrea senecioides Kltzsch., 1. c., p. 189, tab. 32.

Dicerocaryum sinuatum Boj., Ann. sc. nal., série, 1835, vol. IV, p. 269, tab. 10,

Martynia zangueburica Lour., Coch., p. 386 (Herb. Mus. Par.).

Hab, in sabulosis maritimis insulæ Zanzibar (Loureiro, Bojer, Boivin).

9. PRETREA FORBESI +.

P, ramulis pubescenti-hirtis; folis ovatis, duplicato-smuato- lobatis, obtusis, supra hispidulis, subtus glauco-papillosis nervis- que hispidulis ; floribus longissime pedicellatis, pedicellis hispi- dulis ; foliolis calycinis lineari-lanceolatis ; corollæ limbo oblique 5-lobo, lobo inferiore porrecto ; fructibus superne bicornibus, cupula magna cartilaginea. |

Hab. ad sinum Delagoa Africæ australis (CL Forbes, 1822, Herb, Soc. Hort. Lond. et Mus. Par. ).

3, PRETREA LOASÆFOLtA Kltzsch.

P. herbacea, hirsuto-pubescens ; foliis cordato-ovatis, obtusis, brevibus, sinuato-dentats, supra saturate viridibus, subtus in- canis, utrinque hirsuto-pubescentibus ; calyeinis foliolis plosis, dense et minutissime albido-lepidotis ; corollis brevibus, villosis ; fructibus maximis (3 centim. Im diametro), hirtis.

Pretrea loasæfohia Kitzsch., L. c., p. 188.

Hab. Inhambane Mozamb.

h. PrerRea ErtocARpa Düne,

P, ramulis pubescentibus ; foliis ovalibus v. rotundato-ovatis, sinuato-lobatis, obtusis, supra tenuissime papilloso-puberulis, subtus glauco-papillosis, nervis hispidulis ; floribus pedicello pubescente gracih; calycinis foholis lineari-lanceolatis ; eorollæ

REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 999 hmbo oblique 5-lobo, lobo infer. longiore ; fructibus Junioribus dense rufo-villosis, superne ad medium bicornibus.

Pretrea eriocarpa Dene in Duchtr., Rev. Bot., vol. I, p. 517.

Hab. Africa australis circa Litakoun (CI Lemue, Miss, evang., Herb. Deless. et Mus. Par.).

Obs. Les deux P. loasæfolia et Forbesii, que je viens de caractériser aussi nettement que possible, seront peut-être réunis un jour en une seule espèce, mais le manque de bons échantillons ainsi que leur différence d'aspect et d’origine m'ont engagé à les séparer.

PTERODISCUS Hook. |

Calyæ parvus, alte 5-partitus. Corolla intundibulformis, limbo patente 5-lobo, lobis rotundatis subæqualibus. Stamina 5 ; qua- tuor fertilia didynama, quintum effœtum rudimentarium ; an- theræ per paria cruciatim affixæ, loculis duobus triangularibus poris oblongis dehiscentibus. Ovarium ovatum, dorso basi sub- gibboso, Fructus coriaceus, capsularis, mdehiscens, subrotundo- compressus, marginibus late bialatus, disco subtuberculatus, bilocularis v. pseudo 6-locularis, loculis duobus seminiferis; se- mina soltaria, pendula, oblonga, tereti-compressa, margine superne producta subulata, subutriculosa. Embryo inversus ; cotyledonibus oblongis, hemisphæricis. Herbæ Aïfricæ austra- lis, radice tuberosa; foliis oppositis oblongo-sinuato-dentatis, petiolis brevibus utrinque uniglandulosis; floribus axillaribus, solitartis, speciosis, purpureis,

À. Preroniscus sreciosus Hook.

P. foliis lanceolatis v, oblongo-lanceolatis, sinuato-dentatis, breviter petiolatis, petiolis utrinque ad basin glandulosis ; corollis roseis vel purpureis. |

Pterodiscus speciosus Hook., Bot. Mag., tab. 4117; Van Houtt., F1, des serres, vol. I, tab. 6 ; Zeyh., £æsic., 1203,

Hab. in Afr. austr. ad Macalisberg,

296 J. DECAISNE.

2. Preropiscus GAYI +.

D. foliis obovato-spathulatis, obtusis, denticulato-repandis, m pelolum brevem attenuatis, Junioribus pruimoso glandulosis, glandulis rotundatis depressis juxta petiolum stipatis; corollis infundibulhiformibus, purpureo-violaceis.

Rogeria brasiliensis J. Gay, Ann. se. nat. 1"° série, 1894, D. h57; DC., Prodr., IX, p. 257. à

Martynia longiflora. Quipungo ; Novembr. (Schedul., H. Mus. Par.). |

Obs. C'est par erreur que cette plante a été indiquée comme étant originaire du Brésil. Le mot (uipungo indique une localité de la côte occidentale d'Afrique.

EXPLICATIO TAB. 11.

Fig. 1. A, Harpagophylum procumbens. Klos mag. nat. LISS 2 H. procumbens. Fructus mag. nat. coll. Delessert, Fig. 3. B, H. Zeyheri, Flos mag. nat. Fig H. Zeyheri. Antheræ et filamenta superne tantum papillosa. 5) H. Zeyheri. Siamen abortivum filamento villoso. 6 H. Zeyheri. Ovarü sectio horizontalis, Fig. 7, C, Harpagopliytum Burchellit, Dene. Fructus mag. natural. 8

. D, Harpagoghytum leplocarpum, Dene. Fruct. mag. natural.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENS

OU

ÉNUMÉRATION DES PLANTES DE LA NOUVELLE-GRENADE

AVEC DESCRIPTION DES ESPÈCES NOUVELLES,

Par MM. J. TRIANA ET J. E. PLANCHON

MUSCI.

Exposuit E. HAMPE.

A. CLEISTOCARPI.

I. SYSTEGIUM Schpr.

Sysrecrom Lannien Hpe. Monoicum, subacaule, mini- mum, aggregato-ramosum, intense viride, cirrato-crispulum. Folia conferta, patula, carinata, lanceolata, obtusiuscula, inte- gerrima ; nervo solido, apice evanido, cellulis angulato-rotun- datis, weissioideis subhyalinis, versus apicem foliüs flavescentibus. Theca in ramis segregatis solitaria, breviseta, subrotunda, api- culata. Calyptra cucullata, apice attenuata fusca.

Bogota, Guadalupe, alt. 3100 metr., inter Wielichoferias, augusto 1863 leg. A. Lindig.

Ab omnibus notis exiguitate differt, oculis nudis vix discernendum. Pauca specimina lecta sunt.

Il. SPORLEDERA Hpe,

A. SPORLEDERA SUBENERVIS Hpe. Monoica, erecta, sinplex, lutescens, laxe cespitosa. Caulis basi attenuatus, apice patentim foliatus. Folia inferiora breviora, lanceolata, cuspidata, appresse imbricata ; superiora longiora, oblongo-lanceolata, cuspidata,

5€ série, Bor. T. III, (Cahier 6,)2 22

338 J. TRIANS ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).

patentia, integerrima ; nervo obscuro, dilatato, e cellulis densius agsregatis notahii; cellulis basilaribus tetragono-cylindricis amplioribus pellucidis, superioribus dense aggregatis lineari- bus translucentibus. Theca globosa, subsessilis, apiculata; ca- lyptra minima, mitriformis, latere excisa.

Bogota, Pacho, alt. 2200 metr., ad Barrancas inter ///ecebrariam pauea specimina a Lindigio lecta.

A Sporledera palustre m. proxima differt : Caule strictiore, foliis caulinis appressis, perichætialibus magis patulis fere recurvis, nervo indistincto subevanescente et calyptra minima breviori.

2, SPoRLEDERA LinpiGiANA Hpe. Monoica, pusilla, subacau- lis, interdum e ventre adaucta, flavescens, laxe cespitosa, gre- garia. Folia inferiora abbreviata, minora, patentia, tandem re- curva, carinata, lanceolato-subulata, integerrima, nervo obscuro ad apicem producto, cellulis minoribus densioribusque intense rufescentibus ; superiora flexuosa, concava, latiora, oblongo- lanceolato-subulata, integerrima, cellulis basilaribus anguste pentagono-linearibus rufescenti-diaphanis, mtermediis elongatis pellucidis pallidioribus in subula linearibus, omnibus interstitiis tenuioribus notatis lutescenti-diaphanis. Theca elliptico-rotun- data, obtuse acuminata; calyptra brevissima campanulata styli- fera, basi lacera glabra.

Bogota, Pacho, alt. 3200 metr., inter //lecebrariam, julio 1863 leg. À. Limdig.

Sporlederæ Schwægrichensi nostræ proxima ; differt : foliis superiori- bus latioribus, magis pellucidis, nec subula opaca.

B. STEGOCARPI. I. ACROCARPI. Ï. LEUCOBRYACEZÆ.

1. OCTOBLEPHARUM Hedw.

OcToBLEPHARUM ALBIDuM Hedww. Ab Lindigio tres formæ lectæ sunt :

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 339 1.) Compacta strictior. Ad saxa arenaria, San Juan, alt. 1400 metr., jun. 2.) Folus pateutibus demum recurvatis. Ad arbores, Honda, alt, 500 metr.; Pie de Cuesta, alt, 4200 metr., et ad flumen Magdalenæ. Decemb. 3.) Laxior, foliis majoribus violaceis.

Ad Barrancas umbrosas, Muzo Minas, alt. 700 metr, Sterilis.

IF. LEUCOBRYUM Hpe.

1. LEUCOBRYUM VULGARE Hpe.

Monte del Morro, alt. 2200 metr., cum Orthodontio sterile leg. À. Lindig,

2. Leucorryum Martianum Hpe.

Bogota, Chucuri, alt. 1400 metr., in sylv. cum /icrano sterile leg. À, Lindig.

I. SCHISTOMITRIUM Dozy et Molkb.

SCHISTOMITRIUM OBTUSIFOLIUM C. M. Folia anguste oblongo- lanceolata, profunde canaliculata, substricta, seniora perfecte obtusata, apicem versus margine conniventia mempbranaceo- cucullata, basi membranaceo-limbata et cellulis longis flavidis decurrentia ; calyptra mitriformis.

Santa Martha, Minca, alt. 1200 metr., in sylv. super truncos arborum leg. Funck et Schlim, in collect. Lindeniana 913, Steriie.

I. FÜNARIACEX, I. AMPHORITHECA Hpe,

Calyptra cueullata, peristomium nullum. Auctorum sectio Entosthodontis (nomen contrarium) eperistomati.

1. AMPHORITHECA LUTESCENS Hpe.— Monoica, humilis, aggre- gata, lutescens; caulis basi auctus ; fructifer major, basi atte-

540 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).

puatus, superne rosulatus. Folia oblongo-ovata, acuminata, inte- gerrima, margine cellulis condensatis limbata, nervo lutescente apice evanido, cellulis amplis pellucidis, interstitiis crassis cir- cumdatis lutescentibus. Seta caulem duplo superans; theca breviter piriformis, ore erecto patulo, operculo plano.

Bogota, San Fortunato, alt. 2900 metr., inter alia parce leg. A. Lindig.

À cæteris affinibus foliis integerrimis difert,

2. AMPHORITHECA PSEUDO-MARGINATA Hpe. Monoica, pallide flavescens, humilis, gregaria, basi parce ramosa. Caulis basi attenuatus, foliis parvis remotis patulis obsitus. Folia superiora in rosulam congesta, flaccida, humida planiuscula, sieca ceri- spata, oblongo-ovata cuspidata, margine sublimbata, cellulis flavidis prominentibus, rude dentata, nervo flavescente ante apicem evanido, cellulis amplis, versus apicem minoribus pellu- cidis. Seta erecta, caulem triplo superans ; theca erecta, urni- gera, ad basim attenuata, operculo plano.

Bogota, Tequendama, alt. 2500 metr., ad Barrancas, martio leg. A. Lindig.

3. AMPHORITHECA UNDULATA Hpe. Monoica, elatior, intense viridis, aggregata , basi e radicibus fuscis adaucta, ramosa. Caulis basi attenuatus, nudiusculus. Folia superiora in rosulam congesta, firmiora, valde undulato-flexuosa, humida nec plana, elongato-oblongo-lanceolata, breviter acuminata, margine cellu- larum serie unica flavicantium sublimbata, cellulis amplioribus basi subelongatis, mtermedis latioribus, superioribus in acumine minoribus densioribusque subrhomboiïdeis, nervo flavido apice evanido. Seta erecta, caulem duplo vel triplo superans. Theca parum obliqua, piriformis, sicca apophysata, ore parum con- tracta, operculo umbonato planiuseulo.

Bogota, Guadalupe, alt. 3200 metr., inter alias parce legit A. Lindig.

L. AMPHORITHECA Jamesont Hpe. Physcomitrium Tayl.

Paramo de San Fortunato, alt. 2900 metr.; Bogota, Pacho, 3200 metr., ad Barrancas umbrosas, julio leg. A. Lindig.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, al

5. AmPuoriTHecA LainniGit Hpe. Monoica, in terra nuda dispersa, lutescens. Caulis brevissimus, erectus. Folia concava, laxe imbricata, Immarginata, oblongo-lanceolata, longe acumi- nata, quasi pilifera, integerrima, nervo aureo superne evane- scente; cellulis laxis, elongatis, flavescenti-diaphanis ; gemma mascula radicalis. Seta crassa, adscendens. Theca piriformi- clavata, operculo plano.

Bogota, Pacho, alt. 3200 metr., ad Barrancas, julio leg, A. Lindig.

Physcomitrio apophysato Tayl. æmula, sed Amphorithecæ Jamesoni magis affinis, difiert : foliis longe cuspidatis, quasi piliferis.

IL FUNARIA Schreb.

A. FUNARIA HYGROMETRICA Hedw. Bogota, Guadalupe, alt. 3200 metr., ad Barrancas, aug. leg. A. Lindig.

2. FuNARIA CALVESCENS Schwægr.

Bogota, rio Arzobispo, alt. 3200 metr., leg. junio A. Lindig. Prov. Ocana, alt. 1000 met., augusto leg. Schlim. |

IT. SPLACHNACEÆ. I. TAYLORIA Hook.

TavyLoriA Morirzrana C. M.

Bogota, Tequendama, et in sylv. Manzanos, alt. 2500-2700 metr., jul., aug. leg. Lindig.

II. DISCODON Grev. et Arn.

Discopon scaABriseTus Grev. et Arn.

Bogota, Tequendama, alt. 2500 meir., in sylvis ad truncos putridos parce leg. À. Lindig.

Variat : gracilis, seta graciliore elongata thecaque minore, in societate formæ normalis.

342 J. TRIANA EN J.-E. PLANCHON (E, HAMPE).

IV. POTTIACEZÆ.

Tri. I. CALYMPERES. 1. CALYMPERES Sw.

CazvmPeREs LinpiG Hpe. Dense cespitosum, humile, usque unciale, Intense viride. Caulis subsimplex, parce ramosus, basi fusco-tomentosus, subfastigiatus, dense foliosus, rigidus. Folia decussata, laxe imbricata, humida concava erecto-patula, sicca laxe accumbentia, late spathulato-lanceolata, obtusa, im- marginata, integerrima, margine plus minusve revoluta ; nervo rufescente, crasso, excedente, apice incrassato, globulifero, cel- lulis laxis angulato-quadratis, versus apicem minoribus, omnino lutescenti-diaphanis ; cætera desunt. |

Bogota, Pacho, ad rad. arb., inter Fabroniam, sterile, leg. A. Lindig.

Statura C. Richardi sed C. disciformi C. M. proximum, differt : foliis immarginatis et cellulis lævibus.

IL. SYRRHOPODON Schwæegr.

Sect, I, HyoPxiLipium.

1. SYRRHOPODON FRAGILIS Hpe. Laxe cespitosus, humilis, simplex vel diviso-ramosus, gracilis, fere uncialis, rufescens. Caulis erectus, basi fusco-tomentosus, laxe foliatus. Folia e basi vaginante latiore oblonga, carinata, lanceolato-linearia, elon- gata, acuta, integerrima, humida erecto-patentia apice incurva, sicca complicata involuto-cirrata, nervo lutescente percursa et apiculata; cellulis in basi vagimante pentagono-quadratis vel abbreviato-parallelogrammicis, hyalinis, in lamina dense con- densatis, punctatis, fere opacis. Seta gracilis, semi-uncialis. Theca erecta, cylindrica, deoperculata.

In sylv. Santa Marta, alt. 2000 metr., leg. L. Schlim.

Bogota, Tequendama, inter Macromitria parce lectus A. Lindigio, quoque ad Pacho.

PRODROMUS FLORÆ NOVO=GRANATENSIS, SE

Sect. II, ORTHOTHECA,

2. SYRRHOPODON LYCOPODIOIDES Brid. Rio Hacha, alt. 3100 metr., leg. L. Schlim.

Sect. III. EusyrrH1oPopon.

3. SYRRHOPODON PROLIFER SChWægr.

Bogota, Tequendama, Pie de Cuesta et in monte del Morro inter alia, alt. 2200 metr., sterile, leg. A. Lindig.

Tri8. If. EUPOTTIACEZÆ,.

UT. HYOPHILA Brid.

Hyopaica Lapin Hpe. Dense cespitosa, compacta, in- tense rufescens. Caulis humilis, 2-3" longus, erectus, inferne laxe, superne stellato-foliatus. Folia canaliculata, lanceolata, obtusa, integerrima, humida patula, sicca involuto-uncinata crispula, nervo crasso rufescente ad apicem producto, cellulis basilaribus subquadratis laxioribus hyalinis, interstitiis tenuissi- mis, versus apicem folii minoribus, demum subrotundis, fere opacis. Seta gracilis, fere uncialis. Theca anguste ovata, sub ore Gontracta , hymenostoma, operculo brevi conico subulato obliquo, calyptra angusta longissima operculum duplo supe- rante.

Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., ad Barrancas, augusto 1863 les. À. Lindig.

Ab 7. caripensi proxima differt, foliis angustioribus et theca breviore hymenostoma,

IV. ANACALYPTA Rœhl. ANACALYPTA SUBCESPITOSA Hpe. Monoica, laxe cespitosa,

humida croceo-viridis. Caulis humilis, diviso-ramosus, erectus, subfastigiatus, Folia brevia, anguste ovato-lanceolata, involuto-

344 S.'FRIANA ET 9.-E, PLANCHON (E. HAMPE).

carinata, obtusa, undique patentia, sicca crispula ; cellulis basi- laribus oblongo-quadratis diaphanis, superioribus condensatis rotundatis opacis; folia perichætialia convoluta, majora et te- nuiora, magis perspicua, Omnia integerrima, nervo ad apicem produeto. Seta erecta, flavescens, cespites quadruplo superans. Theca oblongo-cylindrica ; opereulo brevi conico rostrato ; den- tüibus peristomn brevibus, lanceolato-subulatis, apice bifidis, parce nodulosis, flavescentibus, annulo maximo cinctis, calyptra angusta glabra.

Bogota, los Laches, alt. 2800 metr., ad Barrancas, julio leg. A. Lindig.

Ex habitu ab À. cespitosa Br. differt : foliis angustioribus, obtusis, humi-

dis croceo-viridibus, theca oblongo-cylindrica dentibusque peristomii angustioribus. |

V. TRICHOSTOMUM, Hedw.

L. Tricaosromum Scazimn C. M., Botan. Zeitung, 1857. Dioicum, humile, gracile, parce ramosum, intense viride. Folia sicca spiraliter torta, humida stellatim patentia, flexuosa, an- guste linearia, carinata, margine erecto integerrimo, obscure

_viridia, nervo pallidiore in apiculum producto ; cellulis parvis, quadratis, in basi vaginante rectangularibus, flavescentibus, pel- lucidis. Seta gracilis, tortilis, erecta. Theca erecta, cylindrica, operculo brevi conico-subulato obliquo.

Bogota, Guadalupe, alt. 3100 metr., inter Polytrichum, augusto leg. à. Lindig. Prov. Santa Martha, Minca leg. Schlim, in collect. Linden. - à, 914, pauca specimina intermixta ab auctore et me ipso inventa sunt.

2. TRICHOSTOMUM CAMPYLOCARPUM C. M., Synopsis.

Bogota, Cipacon, Chiquinquira, Guadalupe, Tequendama et Pacho, altit, 2200-3100 metr., leg. jul., aug., sept. A. Lindig copiose.

Sect. LeproponTium Hpe.

3. TRICHOSTOMUM FILESCENS Hpe. Dioicum, dense aggrega- tum, intense rufescens, minus. Caulis gracilis, innovationibus filiformibus auctus. Folia laxe disposita, inferiora minora abbre- viata, versus apicem accrescentia majora, sicca accumbentia inflexa, humida flaccida patula, ovata et oblongo-lanceolata,

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 2119 acuta, apice denticulata, margine anguste revoluta, basi con- tracta biplicata, nervo lutescente percursa, celluhis basilaribus laxioribus luteo-diaphanis, cæteris dense aggregatis papillosis subopacis ; perichætialia, longiora convoluta, cellulis laxioribus magis diaphana. Seta erecta, flavescens. Theca erecta, cylin- drica, operculo brevi conico-acuminato, peristomi dentibus T. fleæifolii Sm. Calyptra longa, thecam fere involvente, apice scabriuseula.

Bogota, Guadalupe, 2900 metr., ad Barrancas, paramo Choachi in tectis, alt. 3600 metr., aug., sept. leg, A, Lindig.

Tr. flexifolio maxime affine, tamen surculis filescentibus rufescen- tibusque primo visu discernendum.

h. Tricaosromum LuTEuM Hpe. Didymodon Taylor. Ela- tum, innovando-ramosum, croceo-lutescens. Caulis inferne nu- diusculus, tandem laxe foliatus, elongatus, subæqualis. Folia cau- lina breve vaginantia, ovato-lanceolata, basi margine revoluto integerrima, versus apicem denticulato-serrata, flaccide patula, sicca flexuosa crispula, superiora tandem spiraliter contorta ; nervo lutescente percursa, apiculata ; perichætialia subconfor- mia, cellulis basilaribus oblongo-quadratis, intense aureis, imtermedus elliptico-hnearibus lutescentibus, in pagina superiore dense aggregatis rotundatis subopacis. Seta solitaria, vel binis ternisque flavescentibus uncialibus. Theca elliptico-cylindrica erecta, operculo breve conico-subulato, dentibus peristomi intense aureis, 32 per paria approximatis, subulatis, parce no- dulosis, calyptra flavescente angusta lævi.

Bogota, Guadalupe et la Penna, altit. 2900-3100 metr., inter frutices, augusto leg. A. Lindig.

VI. BARBULA, Hedw,

Sect. IIT. SENOPHYLLUM.

4. Nervo ad apicem producto.

1. BARBULA LONGIROSTRIS Hpe. Monoica, gregaria, hbumilis, lucide viridis. Caulis erectus, e basi parce ramosus, laxe folia- tus. Folia caulina accumbentia, canaliculato-involuta, uncinata,

346 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).

torta, brevia, e basi concava late ovata lanceolata, obtusa, inte-

gerrima, cellulis basilaribus oblongo-quadratis, secundis angu- lato-subrotundis pellucidis, in lamina superiore dense aggrega- tis, omnino opacis ; nervo crasso lutescente ad apicem producto.

Seta gracilis, erecta, caulem pluries superans. Theca parva,

erecta, anguste ovata vel elliptico-cylindrica, operculo longis- simo thecam subæquante, conico-subulato, recto ; peristomium longissimum, sinistrorsum, intense aurantiacum, calyptra an-

gusta longissima flavescente.

Monte del Morro, altit. 2200 metr., in terra nuda, julio leg. A. Lindig, parce in statu vetusto.

Ab Barbula puludosa confinis longe diversa.

2. BARBULA NOVO-GRANATENSIS Hpe. Dioica, cespitosa, dense aggregata, rufescenti-viridis. Caulis brevis, gracilis, mnovatio- nibus subfastigiatis adauctus ; folia sicca accumbentia erecta, humida undique imbricata erecto-patula, e basi ovata subito attenuato-lanceolata, margine arcte reflexo integerrima, nervo crasso rufescente ad apicem producto, perichætialia longiora laxe convoluta, superiora accumbentia late oblongo-lanceolata, longe acuminata, cellulis basilaribus laxis hyalinis, versus api- cem decrescenti-minoribus, demum dense aggregatis papilloso- punctatis, nervo crasso percursa. Seta gracilis, elongata, uncialis, erecta , theca anguste ovato-cylindrica ore rubro cincta, oper- culo conico-subulato erecto, dentibus peristomii pluvies contortis opacis, basi membrana brevi tessellata conjunctis, annulo lato circumdatis.

Bogota, Cipacon, altit. 2500 metr., A. Lindig.

Var. gracilior, densior, foliis magis erectis subappressis, innovationibus gracilibus notabilis.

B. teretiusculæ Schimp. æmula ; an propria ?

Bogota, Cipaquira, ad rad. arborum, septembr. 1863 leg. A. Lindig. An Barbula rectifolia Tayl..….? |

3. BARBULA srenocarpa Hpe. -- Monoica, subhumilis, laxe

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 317 cespitosa, olivaceo-viridis. Caulis siperne diviso-ramosus, ramis brevibus subfastigiatis ; folia canaliculata, margine reflexo inte- gerrima, inferiora breviora, superiora elongato-lanceolata obtu- siuseula, humida patentia, superiora recurva, sicca inflexa tertilia, cellulis basilaribus quadratis hyalinis, Intermediis rotun- datis papillatis, supremis densioribus subopacis, nervo crasso flavescente ad apicem producto ; seta gracilis, rufo-fusca, erecta ; theca anguste elliptico-cylindrica, operculo subulato-elongato, peristomio longissimo dentibus, didymis flavidis glabris pluries tortis. Calyptra fuscata, lævis, basi pallidiore.

Bogota, la Penna, altit. 2800 metr., in terra umbrosa, april 1865, vetustam parce legit A. Lindig.

Barbulæ fallaci affinis, theca angusta et operculo aciculari satis diversa.

4. BARBULA GLAUCESCENS Hpe. Dense aggregata, pulvina- tim cespitosa, subcompacta. Caulis gracilis, semiuncialis, nferne fuscescens, superne diviso-ramosus, ramis teretibus subfastigia- tis glaucescentibus. Folia spiraliter accumbentia, madefacta erecto-patentia, anguste ovato-lanceolata, apice cucullato-con- tracta, margine revoluta, nervo crasso rufescente percursa ; cellulis basilaribus elongatis, alaribus et intermedus quadratis diaphanis, versus apicem sensim densioribus minoribusque subrotundatis, fere opacis, perichætialia pauca appressa stric- tiuseula erecta longiora, omnia integerrima ; seta gracillima caulem fere duplo superans, subuncialis, apice flavescens ; theca ovato-cylindrica rufescens ; operculo conico-subulato parum curvato, tertiam aut fere dimidiam partem thecæ metiente, dentibus peristomii parce nodulosis aurantiacis, in membrana brevissima tessellata connexis, parum superne tortis. Calyptra lævis, rufescenti-fuscata.

Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., ad rupes augusto leg. A, Lindig.

2. Nervo excurrente.

9. BARBULA APICULATA Hpe. Dioica, laxe cespitosa, aggre- gala, croceo-viridis. Caulis semiusque sesquiuncialis, bas

QJIte J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).

fuscescens attenuatus, apice plus minusve fastigiato-ramosus croceo-viridis ; folia undique laxe imbricata, erecto patentia, sicca spiraliter accumbentia, concava, brevia, ovato-lanceolata, obtusa, margine arcte revoluto integerrima, nervo crasso per- cursa, apiculata, cellulis alaribus quadratis hyalinis, intermedis elongatis lutescenti-diaphanis, versus apicem folii densissimis rotundatis opacis ; perichætialia e basi vaginante longiora, sub- conformia. Seta brevis, gracilis, erecta, semi vix uncialis ; theca elliptico-cylindrica, subapophysata, fuscata, operculo conico-su- bulato, peristomii dentibus albicantibus contortis basi membrana laxe reticulata brevi connexis, annulo angusto.

Bogota, la Penna et la Sabana, altit. 2600-2800 metr., et Fontibon, altit. 2600 metr., ad muros et Barrancas, mart., april. leg. A. Lindig.

Barbulæ unguiculatæ affinis ; firmior, jam foliis siccis spiraliter accum- bentibus differt.

Sect. IV. HyopPxizina.

6. BARBULA DECOLORANS Hpe. Dense aggregata, subfasti- glata, olivaceo-viridis, decolorans. Caulis innovando-ramosus, innovationibus laxe apice stellato-foliatis. Folia canaliculata, lanceolata, margine revoluto-integerrima, humida patula, sicca uncinato-tortiha, cellulis basilaribus laxioribus elongato-qua- dratis teneris limpido-hyalinis, versus apicem sensim breviori- bus, demum in apice fol rotundatis, fere opacis ; perichætialia conformia patula, nervo crasso lutescente apice evanido. Seta caulem æquans, flavescens, demum fuscata, erecta, ob innova- tiones sæpe pseudo-lateralis ; theca rufescens elliptico-cylin- drica, operculo conico-subulato concolore, peristomi dentibus pallide aurantiacis longis didymis superne parce tortis.

Bogota, Guadalupe, altit. 3100 metr. ad Barrancas aug. 1863, leg. A. Lindig,.

Sect. V. —: SYNTRICHIA.

7. BARBULA FRAGILIS Tayl. Bogota, los Laches et Fuquene, altit. 2700-2800 metr., les. A. Lindig,

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRZNATENSIS. 319

8. BARBULA AFFINIS Hpe. Dioica, fusco-viridis, subhumilis, dense cespitosa. Caulis subsimplex vel parce ramosus, subfasti- glatus ; folia sicca complicato-incurva tortila, humida plana, lngulata, basi vaginante tenera, integerrima ; nervo flavescente apiculata : cellulis basilaribus latere quadratis, mtermediis elon- gatis hÿalinis, in pagina superiore cellulis densissimis minimis papillosis griseo-viridibus opaca, margine cellulis prominentibus muricata; seta semiuncialis vel paulo longior, gracilis, flaves- cens, erecta; theca’elliptico-cylindrica, erecta, parum curvata ; operculo conico-subulato erasso, peristomi dentibus subulatis flavidis glabris apice parum tortis, basi membrana brevissima connexis.

Bogota, la Penna, in sylv., altit. 2700 metr., et los Laches, leg. A. Lindig.

A priore differt foliis latioribus lingulatis.

9. BaRBULA BOGOTENSIS Hpe. Dioica, dense cespitosa, tomento fusco connexa, adscendenti-erecta, rigida, subfastigiata, fusco-viridis elatior. Caulis diviso-ramosus, attenuatus, tomento interrupto foliatus, striatus. Folia caulinia fragilissima, carinato- concava, e basi vaginante hyalina lato-lanceolata, obtusiuscula, integerrima, humida patula, sicca complicato-inflexa crispata, cellulis basilaribus elongato-quadratis hyalinis, versus apicem foli decrescenti-abbreviatis, tandem condensatis angulato-rotun- datis papillosis griseo-viridibus transparentibus, nervo lutes- cente versus apicem attenuato in aristam parce dentibus hyalinis adauctam producto, perichætialia subconformia evidenter pili- fera. Seta caule brevior, flava, fere uncialis, erecta ; theca e basi parum obliqua elliptico-cylindrica, brunnescens, nitida ; oper- culo subulato, fere dimidiam thecam metiente; peristomni flavidi dentibus gracihbus, nodulosis, usque ad basim partitis, parce contortis ; calyptra intense rufescente, apice fuscata, lævi.

Bogota, Guadalupe, altit. 2900 metr., in nemorib., august. 1863 leg. Lindig.

B. piliferæ MHook. affinis et cum Z. crinata Sch., et B. tasmanica Nob. confertim fragilitate, 2. fragili Tayl. et Z. Trianæ C. M. proxima.

290 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).

10. BarBura Trianæ C. M. Dioica, cespitosa, tomentosa, elata, mollis. Caulis parce ramosus ; folia laxe imbricata, maxime fragilia, rufescentia, e basi angustata sensim oblongo-acuminata, nervo purpureo Crasso, In aristam brevem rufescentem patulam denticulatam producto, folia margine supra basin paulisper revoluta, flexuosa, profunde canaliculato-concava, baseos mar- gine cellulis angustoribus, quasi marginata, cellulis omnibus minoribus vel angustioribus, multo lævioribus quam in B. andi- cola ; theca in pedunculo torso erecta, cylindracea, elongata, subcurvata, longe subulato-operculata.

In Nova Granada leg. J. Triana. Thecam immaturam observavit auctor. Ab 2. andicola Mont. proxima diversa.

11, Bareuca Gounoru Hpe. Dioica, dense cespitosa, elon- gata, biuncialis, basi ferrugineo-tomentosa, fusco-viridis, sub- concolor. Caulis erectus, apice diviso-ramosus, fastigiatus. Folia inferiora erecto-patentia, late oblongo-ovato-lanceolata, planius- cula, breve acuminata, pilifera, margine revoluta , superiora accumbentia erecta, parum flexuosa, longius acuminata, nervo rufescente percursa, pilo hyalino dentato coronata, cellulis basi- laribus laxis, oblongo-quadratis, hyalinis, latere intense aureis, in lamina superiore dense aggregatis angulato-rotundatis parce papillosis rufescenti-opacis, in acumine hyalino elongatis ; folia perichætialia subconformia. Seta erecta, uncialis; theca cylin- drica, curvata, ore rubro notata, operculo conico-subulato flavescente, peristomii dentibus subulatis flavidis sub lente gri- seis lævioribus pyramidato-conniventibus parce contortis; caly- ptra fuscata. |

Bogota; Tolima ad truncos, sub 37, leg. Goudot.

Barbulæ affint proxima, sed differt : caule elatiore, inferne ferragineo- tomentoso, foliis piliferis (nec fragilibus) et structura interna. Ab B. andicola Mntg. foliis lævioribus nec scaberrimis et seta longiore et

peristomio diversa.

VII. STREPTOPOGON, Wies |: "wie À. Srreprorogon £RYTHRODONTA WiH. Barbula Tayl. Laxe

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 391

cespitosus, erectus, olivaceo-lutescens, uncialis, fere biuncialis. ramosissimus, flaccidus. Folia erecto-patentia, elongato-lanceo- lata, acuminata, marginata, apice serrulata, nervo percursa longe excedente setaceo-apiculata; theca breviseta, exserta,

elliptico-cylindrica, evacuata flavescens, peristomio cmnabarino concolore ; calyptra scabra.

Bogota, Pacho, altit. 2200 metr.; rio Arzobispo, altit. 3700 metr. ; paramo Choachi ad ramos, altit. 3000 metr., julio, augusto, novembr. leg. A. Lindig.

2. STREPTOPOGON Lanpiqis Hpe. Laxe cespitosus, erectus, olivaceo-lutescens, humilior. Caulis rigidiusculus, parce ramo- sus, subfastigiatus. Folia latiora, minus acuminata, marginata, parce apice dentata, nervo percursa, setaceo-apiculata, pungen- ta; theca ampla, elliptica, breviseta, in folis perichætialibus recondita. Peristomium miniatum, basi decolorans, albidum. Calyptra læviuscula, vix scabra.

Bogota, Pacho, altit. 2200 metr., in sylv. cum priori sociatim.

Ab priore differt : caule humiliore rigidiusculo, minus ramoso, foliis latioribus minus acuminatis, nervo excedente longiore aristatis, theca ampliore breviseta, nec exserta et peristomio bicolore.

V. WEISSIACEÆ. I WEISSIA, Hedw.

4. WeissiA vIRIDULA Brid. Var. canaliculata differt : colore croceo, statura minore, minus ramosa, foliis constanter involuto- canaliculatis, cellulis basilaribus tenuioribus.

Bogota, los Laches et Fuquene, altit. 2800 metr., leg. A. Lindig.

2. WeissiA Bocorensis Hpe.—Elatior, laxe cespitosa, rufes- cens vel intense crocea. Caulis basi parce radiculosus, fusces- cens, tandem irregulariter ramosus, semi usque sesquiuncialis, subfastigiatus. Folia cirrato-crispula, humida, laxe, imbricata -erectiuscula, canaliculato-concava, elongate lanceolato-lingulata

392 J. FKIANA ET J.-E, PLANCHON (E. HAMPE).

vel elongato-lanceolata, obtusa, apice muricato-denticulata ; nervo valido, ad apicem producto, cellulis basilaribus oblongo- quadratis pellucidis, versus apicem folii sensim minoribus, inter- stitiis nodulosis, superne papillatis, fere opacis. Seta lutescens, erecla, apice incrassata ; theca lævis, elliptico-ovata, sub ore contracta, basi strumulosa, operculo brevi conico rostrato pal- lido; peristomit dentibus late lanceolato-subulatis, integerrimis vel irregulariter hinc inde fissis, valde trabiculatis, basi pur- purescentibus, apice rufis; calyptra glabra, dimidiam thecam attimgente.

Bogota, la Penna, altit. 2900 metr., ad latera umbrosa, maio leg. A. Lindig.

Sect. RHABDOWEISSIA.

3. Waissia LinpiGiANA Hpe.— Humilis, dense cespitosa, sub- fastigiata, basi parce fibrilloso-fuscata, superne flavescenti-viri- dis, sicca crispula. Caulis ramosissimus, dense foliatus, vix semi- uncialis. Folia humida patula vel subrecurva carinata, parce flexuoso-lineari-lanceolata , elongata, acuta, subintegerrima ; cellulis basilaribus elongato-quadratis hyalinis, interstitiis angus- tioribus, secundis abbreviatis, superioribus angulato-rotundatis subpapillosis ; lamina tota flavescenti-diaphana; nervo rufes- cente ad apicem producto. Seta brevis, pallida, erecta, tortilis ; theca elliptico-ovata, suberecta, parvula, parce apophysata, humida striata pallescens, ore angulo angusto rubro ornata, sicca sub ore parce contracta, evidenter sulcata ; operculo conico- rostrato, thecam dimidiam paulo superante ; peristomii dentibus elongatis, sanguineis, basi vix latiore capillaribus, remote arti- culatis. Calyptra angusta, flavescens, glabra, apice fuscaia,

Bogota, rio Arzobispo, in umbrosis humidis, altit. 2804 moe junio 1863 parce leg. À. Lindig.

ADNoT. Weissiæ fugaci Hedw. simillima, sed differt primo visu : theca angustiore, ovato-elliptica.

IL CERATODON, Brid.

CerAropon Novo-GRANATENSIS Hpe. Dioicus, humilis, usque uncialis, superne ramosus, rufescens, basi fusco-tomen-

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 399 tosus, bicolor. Folia caulina ovato-lanceolata, integerrima, mar- gine reflexa, nervo crasso virente pereursa, cellulis basilaribus pentagono-oblongis, intermediis subquadratis, superioribus angulato-rotundis, folia lutescenti-diaphana; perichætialia in- teriora e basi late ovata abrupte acuminata, cellulis penta- gono-ellhipticis, in acumime angulato- rotundis, pellucida. Seta gracillima junior flavesceus. Theca angusta, basi strumulosa, cylindrica, curvata, siccitate corrugato-plicata, operculo brevi conico acuto, peristomii deutibus croceis gracihbus elongatis subulatis glabris, basi dense trabiculatis, per paria connexis.

Bogota, Guadalupe, altit. 2900 metr., in sylvis ad Barrancas; Boque- ron, 2700 metr.; Tequendama, altit. 2500 metr.; martio et augusto, la Penna, altit. 2900 metr., leg. A. Lindig; rio Hächa, leg. L. Schlim. Variat, theca breviore et longiore; prius cum C. sfenocarpo commuta-

tus, peristomi indole recedit, ex habitu €. chloropodi Hornscheapensi consimilis.

TriB. SELIGERIACEXÆ.

HE BRACHYODUS, Fürnr.

BRACHYODUS FLEXISETUS Hpe. Dioicus, gregarius, pulvi- natim expansus, humilis, intense rufescens, nitidus. Folia undique imbricata, erectiuscula, parce flexuosa, e basi vaginante ovata, subito acuminato-subulata, obtusiuscula , integerrima, nervo

-obscuro, superne in subula imdistincto, cellulis basilaribus sub-

quadratis diaphanis, in subula condensatis opacis. Seta flexuosa, adscendens vel incurva, flavescens. Theca ovata striata flaves- cens; opereulo subulato subrecto, thecam dimidiam metiente : calyptra mitrata conico-subulata bast 9-40-lobata, peristomii dentibus erectis brevibus solidioribus annulo cmetis.

Bogota, la Penna, ad saxa riparum, altit. 2900 metr., august. leg. A. Lindig.

IV. SELIGERIA, Ar. et Ich.

SELIGERIA ANDIGIANA Hpe.—Dioica, gregaria, laxe cespi-

losa, expansa, humilis, rufescens. Caulis simplex, erectus vel 5€ série, Bor, T. INT. {Cahier 6,)5 23

354 4. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (E. HAMPE).

superne diviso-ramosus, attenuatus ; folia carinata, subappressa stricta, inferiora laxe disposita breviora ovato-lanceolata, coma- lia dense conierta longiora et acutiora integerrima, nervo lutescente valido apicem attingente percursa, cellulis basila- ribus elongato-quadratis pellucidis, versus apicem folii decres- centi-minoribus, flavescenti-diaphana. Seta lutescens, parum tortilis, erecta, apice incrassata, theca erecta parva ovato-rotun- data nitida rufescens, operculo brevi subulato obliquo, peri- stomii dentibus brevibus lanceolato-subulatis mtegris croceis.

: Bogota, Socorro et Pie de Cuesta, altit. 1260-1400 metr., ad Barran- cas in umbrosis, sept. 1863 leg. À. Lindig.

S. Kunzeanæ C. M. affinis, sed robustior, seta et operculo breviore et peristomii dentibus non perforatis.

Tri. ANGSTROEMIACEÆ.

V. ILLECEBRARIA, Hpe.

Calyptra cucullata; theca gymnostoma, annulo maximo præ- dita. (Gymnostomum julaceum Hook.)

ILLECEBRARIA JULACEA Hpe.

Bogota, los Laches et Guadalupe, altit. 2700-3200 metr.; ad Barrancas copiose leg. A. Lindig mense augusto.

VI. ANGSTROEMIA, C. M.

Sect. I. EUANGSTROEMIA.

A. ANGSTROEMIA ACEROSA Hpe. Dioica, laxe cespitosa, rufescens; caulis erectus, subsimplex, usque uncialis, gracilis, omnino folius obvallatus, teres; folia remota, e basi latissima obo- vata, amplexicauli-arcte appressa, subito im subulam canalicu- latam patentem producta, integerrima, nervo rufescente dilatato obseuro percursa, cellulis im vagina lutescenti-pellucidis paral- lelogrammicis, in subula opaca cellulis minimis condensatis punctatis ; seta gracilis caulem superans, rufescens, apice parum

PRODROMUS FLORÆ NOVO—GRANATENSIS. 999 incrassata, erecta; theca adscendenti-erecta, ovato-elliptica, aureo-splendens, vetusta fuscata, opereulo conico-subulato obli- quo subconcolore, thecæ longitudinem fere æquante ; peristomii dentibus longissimis, apice conniventibus, profunde partitis, lan- ceolato-subulatis nodulosis rufis, calyptra angusta glabra.

Bogota, altit. 2800 metr., ad Barrancas umbrosas, cum Pryis com- mixtam martio parce leg. A. Lindig.

Species memorabilis, Angstræmiæ Gayanæ GC. M. affinis, transitum ad Dicranellas vaginatas indicans. AD À, Gayana differt : foliorum apicibus magis productis aceroso-patentibus et seta elongata gracili. Ab Angstræ- mia vaginata C. M. proxima, differt : caule subsimplici et foliis arcte vaginantibus appressis nec apice patulis, quoque colore lætiore.

Sect. II, CAmPyYLOPODIUM.

2, ANGSTROEMIA CURVISETA Hpe.— Pusilla, gracilis, rufescens ; caulis humilis, laxe foliatus, erectus, simplex; folia undique erecto-patentia, e basi concava subvaginante lanceolato-subu- lata, canaliculata, imtegerrima; nervo rufescente percursa subulam totam occupante, folia superiora longiora e basi ob- ovata latiore subito canaliculato-subulata, cellulis basilaribus elongato-quadratis lutescenti-diaphanis, nodulis splendentibus clausis, versus apicem fol sensim minoribus et in subula stria- tis, fere opacis. Seta primo deflexo-curvata, flavescens, tandem flexuoso -adscendens ; theca breve elliptico-ovata, operculo tenui subulato, peristomii dentibus brevibus profunde divisis, valde trabiculatis, sanguineis, apice palhidioribus. Calyptra basi truncCata.

Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., pauca specimina inter alia leg. A. Lindig.

Angstræmiæ euphorocladæ C. M. affinis, sed diversa.

Sect. III. DiICRANELLA.

Folia homomalla, theca callosa,

3. ANGSTROEMIA CRASSINERVIS Hpe.— Dioica, dense pulvina- tim cespitosa, rufescens, nitens; caulis subsimplex, humilis vel

396 J. 'FRIANA ET J,-E. PLANCHON [(E. HAMPE), “interrupte innovationibusramosus, inferne laxe, superne densius foliatus ; folia homomalla, falcata, e basi latiore caviuscula lan- ceolata, in subulam canaliculatam educta, subintegerrima vel vix apice imciso-dentata ; nervo crasso fere tertiam folii partem basi metiente, cellulis basilaribus oblongo-quadratis, interstitnis crassis viridibus receptis, diaphanis, in subula cum nervo con- flatis opacis. Seta erecta, semiuncialis vel paulo longior, gracilis, rufescens; theca curvato-adscendens, oblique ovata, intense rufescens, basi callosa, operculo conico-subulato rostrato theca paulo breviore; peristomium magnum ferrugimeum, dentibus basi integris, valde trabiculatis, superne fere ad medium bifi- dis, laciniis parce nodulosis, calyptra brevi thecam vix attingente.

In sylvis Manzanos ad Barrancas, altit. 2700 metr., julio leg. À. Lindig.

Ex habitu A. heteromallæ C. M. nervo crasso et theca callosa facile d'scernenda.

h. ANGSTROEMIA STRUMULOSA pe. Dioica, dense pulvi- natim cespitosa, rufescens. Caulis basi attenuatus, fusco-tomen- tosus, superne diviso-ramosus, gracilis, subfastigiatus ; folia in- feriora erecta, superne parce secunda, falcata, e basi vaginante cuneato-obovata, subito subulata, subula apice canaliculata inte- gerrima, nervo basi vix quartam partem fol, subulam vero totam occupante, cellulis basilaribus anguste oblongo-quadratis, flavicanti-diaphanis, versus apicem folii abbreviatis, minoribus, in subula condensatis opacis. Seta brevis, erecta, gracilis, flava, theca anguste ovata oblique erecta, basi callosa, substrumulosa, operculo conico-subulato obliquo fere longitudine thecæ, peri- stomio mediocri; dentibus profunde divisis, basi aurantiacis, apice pallidioribus ; calyptra longiore, fere thecæ basin attin- gente.

In sylv. Manzanos, altit. 2700 metr., julio.

Var. minor subsimplex, foliis parum secundis et seta lougiore; in monte del Morro, altit. 2200 metr., ambæ formæ ab A. Lin- dig Julio lectæ.

Ex habitu Angstr. subulatæ C. M. ob thecam strumulosam A. cervicu- latæ proxima.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 9391

5. ANGsrrogMiA pirissim\ Hpe. Dioica, dense aggregata, contigua, fere uncialis, ditissime fructifera, rufescens, aureo- micans. Caulis gracilis, basi simplex, superne mnovationibus brevibus auctus. Folia laxe imbricata, erecta, superiora longiora homomalla, e basi latiore brevi ovata lanceolato-subulata, cana- liculata, integerrima, nervo lato ad basin tertiam foli partem, subulam vero totam occupante lutescente, cellulis, basilaribus angustis, interstitits parce uodulosis aureo-splendentibus, fere tota folia intense lutescentia. Seta brevis, erecta, apice parum incrassata; theca ovata, suberecta, minime callosa, operculo conico, oblique rostrato, thecæ longitudine vel paulo breviore ; dentibus peristomii profunde bifidis, basi purpurascentibus, apice pallidioribus. |

In sylvis Manzanos, altit. 2800 metr., ad Barrancas, april. leg. A. Lindig.

Theca estrumosa.

6. AnGsrRoemiA Bocotensis Hpe. Bioica, humilis, sub- simplex, rufo-fusca. Caulis basi attenuatus, inferne remote superne densius foliatus, parce incrassatus. Folia erecta, comalia seeunda, ovato-lanceolato-subulata, subula canaliculata mteger- rima, nervo valido fusco percursa subulam fere totam occu- pante, cellulis pentagono-elliptieis, interstitiis noduloso-clausis, rufescenti-diaphanis. Seta rubens, caulem superans ; theca par- vula, ovata, oblique adscendens, peristomii dentibus crassis bre- vibus apice divisis inflexis cruentibus. Operculum deest.

Bogota, altit. 2800 metr., ad Barrancas, inter alias, martio deopercula -

tam parce leg. À. Lindig.

Angstræmiæ rufescenti affinis ; diflert foliis firmioribus et rigidioribus, subula angustiore, cellulis angustioribus, magis nodulosis et theca obli- qua nec recta,

SECT. IV. Follis crispulis.

7. ANGSTROEMIA MuraALIS Hpe. Monoica, humilis, cespi- tosa, ramosa, rufescens. Caulis basi adaueto-ramosus, dense

358 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).

foliatus, brevis. Folia humida patula, circa flexuoso-crispula, a basi latiore concava lineari-lanceolata, carinata, nervo flavescente ante apicem evanido, cellulis inferioribus laxis pellucidis, inter- stituis tenuioribus noduloso-clausis, intermedis minoribus nodu- loso-punctatis in acumine folii confluentibus, lutescenti-dia- phana; folia perichætialia basi latiora, pellucida, interiora majora, apice parce dentata. Seta ad basin aperta, pallide flaves- cens, erecta, à-4-linearis, apice parce incrassata ; theca parvula cvata, vetusta elliptico-cylindrica, sub ore contracta, operculo curvirostro, pallido, peristomi annulo maximo cireumdati den- tibus lanceolatis basi aurantiacis usque infra medium divisis, cruribus teneris subulatis elongatis pallidis.

Bogota, Pacho, altit. 1900 metr., ad muros, julio 1863 leg. A. Lindig.

À. tenuirostræ C. M. affinis, sed minor, rufescens, cellularum interstitiis tenuioribus, et peristomio aurantiaco dentibus brevioribusque differt.

Sect. V. Foliis strictis.

8. ANGSTROEMIA PUSILLA Hpe. Dioica, gregarie dispersa, exigua, rufo-flavescens. Caulis pusillus, erectus, subsimplex vel innovando-auctus. Folia carinata, erecto-patentia, sicca accum- bentia, inferiora breviora, superiora longiora, ovato-lanceolata obtusa integerrima, nervolutescente percursa, cellulis basilaribus laxioribus elongato-quadratis lutescenti-pellucidis , in superiore lamina foli dense aggregatis, minoribus, subopacis. Seta flave- scens, erecta, parum apice Incrassata, flexuosa, caulem duplo vel triplo superans; theca parvula, adscendenti-erecta, oblique ovato- elliptica, deoperculata sub ore cimgulo rubro notata contracta ; operculo conico-subulato, obliquo, pallido, thecæ longitudine interdumque longiore ; peristomin dentibus lanceolato-subulatis, tenerrimis , basi croceis, apice pallidioribus, fere usque ad basin divisis.

Bogota; Pie de Cuesta, altit. 1200 metr., ad Barrancas, sept. 1863 leg. A. Lindig.

A. exiqua G. M. affinis, colore saturatiore, theca longius pedicellata et peristomii dentibus longioribus differt.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 399

SECT. VI. Foliis patentibus squarrulosis.

9. ANGSTROEMIA CALLOSA Hpe.— Dioica, dense cespitosa, rufo- fusca. Caulis erectus, elongatus, gracilis, usque sesquiuncialis, apice parce innovationibus auctus, basi fuscus, superne rufes- cens. Folia undique laxe imbricata, subsquarruloso-patentia, e basi obovata amplexicauli latiore sensim subulata, mtegerrima, subula canaliculata, cellulis basilaribus anguste elongato-qua- dratis flavescenti-diaphanis, intermedis brevioribus, summis cum nervo conflatis opacis. Seta erecta, mediocris, fere uncialis, flavescens, demum fuscata ; theca curvata, adscendens, oblique obovata, basi callosa, operculo erasso conico brevi recto, peri- stomii dentibus rubris inflexis apice bifidis brevibus.

Bogota, Sincha, Salto, altit. 2600 metr., febr. leg. À. Lindig.

- Ex habitu A. AA TRS ARE sed foliis squamoso-patulis , theca BE inclinata et operculo brevi conico satis differt.

10. ANGSTROEMIA VAGINATA C. M. Dicranum Hook.

In convallibus Andium Granatensium, inter Aimaguer et Pasto, altit. 2400-3000 metr., leg. Humboldt et Bonpland.

VII. SYMBLEPHARIS Mont.

SYMBLEPHARIS LANDiGt Hpe. Monoica, laxe cespitosa, 4-2-uncaalis, fusco-crocea. Caulis parce ramosus, adscendens, basi fusco-tomentosus, apice croceus. Folia undique imbricata, e basi latiore vaginante appressa, reflexo-patula, lanesolato-stibu: lata, eanaliculata, cirrata, integerrima, nervo lutescente apice evanido, cellulis basilaribus anguste elongato-quadratis, versus apicem fol cellulis minoribus rotundatis, parce incrassatis, folia tota lutescenti-transparentia. Seta brevis, erecta, lutescens, basi folus perichætialibus involuta ; theca cylindrica, erecta, operculo subulato recto; calyptra longa, fere basin thecæ attingente ; peristomii dentibus lanceolatis cuspidatis per paria approximatis integris vel parce fissis, columella sæpe exserta.

Bogota, paramo Choachi, altit. 2600 metr., ad ramos, septembr. leg. A. Lindig.

æ

360 4, 'ARIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE). S. Œrstedianæ C. M. similis, differt : monoica, foliis subintegerrimis, - nec valde serrulatis.

VII. LEPTOTRICHUM Hpe.

LepTOTRICHUM RUFESCENS Hpe. Dioicum, pulvinatim ces- pitosum, subfastigiatum, rufescens, sericeo-aurescens. Caulis brevis, parce ramosus, inferne pallide fibrilloso-fuscus, superne comoso-foliosus, erectus. Folia Inferiora breviora, erecto-patula, superiora longissima patenti-flexuosa, parce homomalla, e basi latiore subito sabulato-elongata; subintegerrima ; nervo dilatato percursa subulam tolam occupante, canaliculata, cellulis basi- laribus latioribus, angulato-ellipticis, cæteris angustioribus lineari-ellipticis rufescenti-aureis subdiaphanis ; perichætialia breviora, e basi lanceolata subulata, magis diaphana, integer- rima. Seta flavescens, gracillima, usque uncialis, caulem supe- rans, erecta, apice parce incrassata ; theca ovato-elliptica, tan- dem curvula, obliqua, ore cimgulo rubro notata, operculo conico- subulato, peristomii dentibus subulatis didymis longis.

Bogota, la Penna, Paramo, San Fortunato, Bogota, Guadalupe, altit. 2800-3200 metr., ad Barrancas, jan., aug., octobr. leg. A. Lindig.

IX. CYNODONTIUM Schwægr.

CynononrTium Bocortense Hpe. Dioicum, pulvinatim cespi- tosum, elatum subfastigiatum, basi fusco-tomentosum, su- perne rufescens, aureo-micans. Caulis adscendens, plus mi- nusve elongatus, 1-8-uncialis, parce ramosus, gracilis. Folia homomalla, inferiora breviora patentia, superiora longiora fal- cala, e basi lanceolata sensim elongato-subulata, canaliculata, apice planiuscula, parce dentata, nervo dilatato percursa quar- tam partem fol basi, subulam vero totam occupante, cellulis elongato-quadratis angustis flavescenti-diephanis, intermedis brevioribus, in subula cum nervo conflatis rufescenti-transpa- rentibus. Seta erecta, lutescens, subuncialis ; theca e basi parum latiore cvlindrica, brunnescens, opereulo brevi conico-attenuato

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 361

obtusiusculo; peristomi dentibus lanceolato-subulatis, valde trabiculatis, pertusis vel irregulariter fissis.

Bogota, la Penna, altit. 2900 metr., junio les. A. Lindig.

Trig. BLINDIACEÆ.

À. SPHÆROTHECIUM Hpe.

Peristomium simplex, minutissimum, internum ; dentes breves 16 angusti simplices, annulo maximo protuberante cir- cumdati. Calyptra cucullata basi eleganter fimbriata.

SPHÆROTHECIUM COMOSUM Hpe. Dioicum, laxe cespitosum, humile, phascoideum. Caulis erectus, basi attenuatus, fuscus, superne incrassatus, Comoso-ramosus, rigidus, viridis. Folia stricta, lanceolato-subulata, canaliculata, apice subdenticulata, comalia latiora et longiora, nervo lutescente dilatato striato ad basin tertiam partem folii, subulam vero fere totam occupante, cellulis alaribus angulato - rotundatis incrassatis fusco - luteis subopacis, lateralibus subquadratis, versus apicem folii ovalibus sensim minoribus, flavescenti-pellucidis, in subula condensatis subopacis. Seta brevis, incurvata; theca parva, subrotunda, recondita vel parum exserta, operculo minutissimo apiculato obtuso.

Bogota, los Laches, altit. 2800 metr., ad terram, august. leg. A. Lindig.

Var. elatius, unciale, coma longiore f. comosum.

Bogota, Cipaquira, altit. 2600 metr. inter Polytricha pauca specimina ab Lindigio intermixta lecta. Campylopodia nana æmulans, peristomii indole magis Zlindiis affine.

Syn. Thysanomitrium phascoides in schedulis.

XI PILOPOGON Schwæsgr.

1. Piopocon GRacis Schw. Valde variabilis, uncialis et triuncialis, gracillimus vel comosus, omnes varietates folia apice

362 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE). dentata nervo percursa evanido habent (ex icone Schwægri- chenïii integerrima), in locis humidis et siccioribus obviæ.

Bogota, altit. 2900 metr.; la Penna, altit. 3000 metr.; Manzanos, altit. 2700 metr.; Bogota, Pacho, altit. 2000 metr.; monte del Morro, altit. 2200 metr.; Cipaquira, altit. 2600 metr.; los Laches, altit. 2700 metr., aug., sept. leg. Lindig.

2. Piropocon anus Hpe.— A priore differt caule humiliore, rigido, folis caulinis brevioribus, nervo crassiore, seta breviore, crassiore, torquata, et theca minore folia perichætialia vix supe- rante.

Bogota, los Laches, altit. 2800 metr.; Guadalupe, altit. 3200 metr., parce statu juniore et thecis vetustis, leg. Lindig.

An varietas sequentis ?

8. PizoroGon Picirerus Hpe.— Laxe cespitosus, humilis, uncia- lis vel sesquiuncialis, fusco-lutescens, nitidus. Caulis subcom- pressus, erectus, basi attenuatus fusco-nigricans, superne diviso- ramosus lutescens, ramis attenuatis vel comosis. Folia undique imbricata, arcte appressa, erecta vel erecto-patentia, Imferiora oblongo-lanceolato-acuminata, apice canaliculata, integerrima, superiora comalia apice canaliculato-hyalino pilifera, pilo ser- rato-dentato, nervo dilatato striato rufescente basi tertiam par- tem folii occupante, subulam fere totam obtingente, cellulis alaribus anguste pentagonis ellipticis rufescenti-diaphanis, late- ralibus tenuioribus brevioribus subhyalinis noduloso-clausis, cæteris ad marginem superiorem anguste ellipticis rufescenti- diaphanis, in subula condensatis opacis. Folia perichætialia con- voluta, e basi latiore subito longe subulata, apice pilo hyalino striato-dentato instructa. Seta gracilis, exserta, erecta; theca subcylindrica, erecta, operculo subulato, thecam dimidiam superante.

Bogota, Boqueron, altit. 2800 metr., in siccioribus, febr. 1863, statu vetusto leg. À. Lindig.

Var. prolifero-comosus.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 308

Bogota, Tequendama, altit. 2800 metr., in sylv., mart. 1863, in statu vetusto leg. À. Lindig.

XII. THYSANOMITRIUM Schwægr. emend.

Peristomium simplex, internum; dentes 32 filiformes, erecti carnosi, basi per paria approximati. Calyptra mitriformis, basi sursum dense fimbriata.

TaysanomirRiom MuerLert Hpe. Dioicum, dense cespito- sum, rigidum, dense foliatum, robustum, diviso-ramosum, basi nigricans, apice lutescens. Caulis fructiferus simplex, crassus, dense foliatus, attenuatus, superne comoso-capitatus ; sterilis elongatus, sæpe divisus, elevato-acutus. Folia caulina accumben- ti, humida patenti-erecta, dense imbricata, rigida; comalia pa- tentia, e hasi convoluta oblongo-lanceolata, longe subulata, cana- heulata, mtegerrima, pilo stricto dentato-serrato terminata, nervo dilatato striato subulam totam occupante, cellulis alaribus angu- lato-rotundatis crassis sæpe fuscatis opacis, intermediis in lamina inferiori anguste parallelogrammicis , interstitiis crassis coar- ctatis, in lamina superiori minoribus condensatis ellipticis rufe- scenti-diaphanis; setis aggregatis rugulosis crassis brevioribus flexuosis nigricantibus ; theca anguste elliptica, lævi, horizontali, brunnescente, operculo conico-subulato recto rubro; calyptra brevis, mitriformis, tota glabra, opaca, basi dense sursum fim- briata, lacmus albescentibus.

Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., ad Barrancas, aug. 63, sterile leg. À. Lindig.; prope Paramo, Cipacon, altit. 3000 metr., fertile leg. J. Triana.

Obs. Thysanomitrium Richardi Schwægr. nobis, solum ex icone (tab. 118) notum ; multo gracilius, foliis brevioribus, setis longioribus et gracilioribus, etiam calyptra apice scabra a nostro distat.

An auctor peristomium perfectum vidit? dubito. Operculo deficiente dentes certe abrupti erant. Amicissime C. Müller in Synopsi confessus est specimina Columbiana statura diversa ; peristomium bene vidit.

An Campylopus lævis Tayl. in Andium monte Pichincha, prope Quito

36/4 3. 'RIANA ET J.-E. PLANCHON (FE. HAMPE).

ab Jamesonio lectus, cum planta nostra congruit? Hujus loci (genere) certe erit, et Thysanomitrium Taylor: esse potest.

XII, HOLOMITRIUM Brid.

Hocomirrium LONGIFOLIUM Hpe.— Caulis adscendenti-erectus, tomentosus, apice diviso-ramosus, sesquiuncialis. Folia e basi concava vaginata, longiora obovata, integerrima, lanceolato- subulata, canaliculata, elongata, patentia, cirrato- -crispula , superne remote spinuloso-dentata, nervo solidiore percursa, cellulis in angustiore parte folii minus condensatis, laxioribus, magis diaphanis. Theca angustior, cylindrica.

Alto del Trigo, altit. 2000 metr., julio 1860, in sylv. ad arbor., sub 2116 leg. A. Lindig.

In schedulis sub Æalonutrio crispulo editum, differt : statu graciliore minus rigido, foliis longioribus minus crispatis, basi elongata obovata sensim lanceolato-subulatis, superne latioribus, cellulis laxioribus, magis diaphanis; in 7. crispulo minimis dense condensatis fere opacis. Hæc species Weissiæ calycinæe Hedw affinior.

XIV. DICRANUM Hedw.

4. Seta erecta, theca curvata. ScoPARIA.

4. Dicranum FRiGiDuM C. M.; D. validum Hpe prius. Dioi- cum. elatum, lutescenti-viride. Caulis tomentosus, adscendens, diviso-ramosus. Folia plus minusve secunda, falcata, parce undulata, e basi concava apice convoluta, ovato-lanceolata, subulata, elongata, subula costaque argute serrata, nervo basi dilatato-striato obscuro, in subula angustato-spissiore percursa, apiculala, cellulis alaribus elongato-quadratis dense congestis rufescenti-aureis, Intermedus laxe reticulatis hyalinis, cæteris li - nearibus diaphanis; perichætialia convoluta, late oblongo-ovata, subito in acumen lanceolato-subulatum producta, apice parce dentata, nervosa. Seta erecta, uncialis et altior., lævis: theca cur- vato-oblongo-cylindrica, operculo umbonato subulato theca bre- viore, dentibus peristomii lanceolatis sangumeis valde trabicu-

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 209 latis ad medium bifidis vel subtrifidis, cruribus subulatis torulosis, calyptra glabra straminea.

Bogota, Tequendama, la Penna, Guadalupe et Chiquinquira in sylv., altit. 2600-3100 metr., aug. et septbr. leg. A. Lindig. et J, Triana.

2. Seta et theca erecta. ORTHODICRANUM.

9, DicRANUM LonGiserum Hook.

Bogota, Fusagasuga, in sylvis leg. Humboldt et Bonpland.

Dom. A. Lindig Dicranum longisetum in pluribus formis variantibus parce legit, quæ cum icone Hookeriana minus con- gruentes tamen vix separandæ sunt :

a. Laxius cespitosum, foliis magis falcatis longioribus, seta flavescente, uncialis et supra.

Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., in sylvis, augusto.

8. Densius cespitosum, fois minus falcatis, setis brevioribus vix uncialbus. |

| Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., in sylvis, augusto, et in monte

del Morro, altit. 2200 metr., sept.

Nomen ex comparatione cum Picranella heteromalla Schp. ortum, tamen minus aptum.

3. DicranuMm Gouporit Hpe. Dioicum, laxe cespitosum, gracile, sesquiunciale, basi fusco-tomentosum, rufescenti-viride. Caulis adscendenti-erectus, parce diviso-ramosus, interrupte tomentosus, laxe foliatus, apice parce falcatus vel comoso- erectus. Folia erecto-patentia, parum flexuoso-secunda, ovato- lanceolata. longe subulata, subula canaliculata, sicca tortili, summa apice cum nervo rufescente striato percursa confluente, parce denticulata, cellulis alaribus pentagono-quadratis lutes- cenübus, interstitiis fuscis receptis, in lamina elongatis lineari- bus, in subula condensatis ellipticis, folia tota lutescenti-dia- phana; perichætialia convoluta, e basi oblongo-lanceolata Concava, subito lanceolato-subulata, subula breviore, nervo obsoleto. Seta erecta, subuncialis, apice tortilis ; theca erecta,

366 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E, HAMPE). ovato-elliptica, lævis, opaca, rubens, ore rubro, operculo conico- subulato subrecto flavescente; peristomii dentibus rubris brevi- bus lanceolatis apice fissis ; calyptra fuscata.

Bogota, Tolima, in truncis, sub n. 34 leg. J. Goudot, 1844.

Dicrano interrupto aliquid æmulans sed robustius, inter Dicrana ortho- carpa memorabile, caule masculo prolifero-ramoso, foliis latioribus.

h. Dicranum maAcropon Hook.

Bogota, Aserradero et Manzanos, altit. 2500-2700 metr., in sylv., ad rad. arb., julio leg. À. Lindig.

5. Dicranrm sPeciosum Hook. Patria, Nova-Granada, Purdie. N. v.

Sect. I. CAmPyLOPus. 4. Calyptra nuda, nec fimbriata. a. Foliis epilosis.

6. Dicranum PpauPERuM Hpe. Dioicum, pulvinatim cespi- tosum, humile, rufescenti-lutescens, aureo-micans. Caulis inferne attenuatus, parce fusco-tomentosus, interdum prohfer, apice incrassatus, rosulato-congestus. Folia inferiora erecto- accumbentia, superiora longiora, parum flexuosa, undique patentia, interdum subsecunda, e basi vaginante latiore lan- ceolato-subulata, canaliculato-concava, apice parce dentata, nervo dilatato striato tertiam vel basi quartam folit partem, subulam vero fere totam occupante ; cellulis alaribus incrassatis, amplis, intense rufescentibus, intermediis elongato-quadratis, superioribus lateralibus ovalibus, in subula condensatis minimis, lutescenti-diaphana. Seta brevis, flavescens, varie flexuosa ; theca gibbosa, oblique ovata, striata, curvula, operculo brevi umbo- nato-acuminato, rostro brevi; peristomii dentibus lanceolatis, rubris, supra medium fissis, laciniis subulatis hyalinis, calyptra cucullata basi truncata nuda.

In sylvis Manzanos, altit. 2700 metr., julio 1860 leg. Lindig sub 2013.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 367 Var. minus, brevicaule, caule nec apice rosulato.

In monte del Morro, altit. 2200 metr., inter C{adontias, parce jul. 1863 leg. A. Lindig. 3

7. Dicranum PRoPINQUuUM Hpe. Dioicum, dense pulvinatim cespitosum, humile, rufescenti-lutescens. Caulis basi fusco- tomentosus, erectus, parce attenuatus, superne ramosus, fastigia- tus. Folia longa, capillaria, erecto-patentia, flexuosa, superiora latiora et longiora comosa, parce secunda, caulina lanceolato- subulata elongata canaliculata, apice plus minusve spinuloso- dentata, nervo et structura interna priori simile, seta paulo-lon- giore, theca magis gibbosa, deoperculata corrugata cylindrica, evidenter strumulosa ; operculo longiore, dentibus peristomii lanceolatis, basi sanguineis apice hyalinis fere ad medium fissis. Calyptra cucullata, basi nuda.

In sylv. Manzanos, altit. 2700 metr., ad Barrancas, julio 1860, sub 2119 leg. A. Lindig.

Priori maxime affine, caule graciliore, foliüs longioribus capillaceis, theca magis strumulosa et operculo longiore differt.

8. Dicranum susconcoLor Hpe. Dioicum, pulvinatim cespitosum, basi fuscescenti-tomentosum, superne pallescenti- fusco-viride, sesqui-usque biunciale, subfastigiatum. Caulis adscendens, erectus, inferne attenuatus, superne incrassato.… diviso-ramosus. Folia e basi latiore ovata lanceolato-subulata,. canaliculata, summo apice parce dentata, nervo latissimo fusco- lutescente, basi tertiam partem fol, subulam vero totam occu-- pante; cellulis alaribus amplioribus, interstitiis crassis nodulosis cinctis, pellucidis, intermediüs elongato-quadratis crassis, ad marginem linearibus tenuissimis hyalinis, superne cum nervo conflatis, striatis, opacis, seta solitaria, vel aggregatis, flexuoso- erectis, brevibus; theca elliptico-ovata, parce callosa, humida lævis, erecta, fuscata ; operculo conico-subulato, obliquo, thecam dimidiam æquante vel paulo longiore; peristomi dentibus cruentis, fere ad medium divisis, lacinuüs subulatis pallidis.

368 J. TRIANA ET J.-K. PLANCHON (E. HAMPE. Calyptra cucullata, dimidiam thecam involvens, basi truncata nuda.

Bogota, la Penna, altit. 2900 metr., in sylvis ad Barrancas, maio leg. A. Lindig..

Ex habitu 2. concoloris Hook. differt : seta longiore, theca erecta, humida lævi, operculo longiore et calyptra basi nuda. |

2. Calyptra basi fimbriata.

9. DicranuM rosuLATUM Hpe. Dioicum, laxe cespitosum, sesqui- vel biunciale, basi fusco-tomentosum, rufescenti-flaves- cens. Caulis strictiusculus, erectus, attenuatus, diviso- vel proli- fero-ramosus, superne rosulato-incrassatus, interdum innovatio- nibus caudatis auctus. Folia caulina dense imbricata, erecta, comalia patentia, inferiora lanceolata convoluto-subulata, apice parce dentata ; nervo latissimo striato, partem tertiam folii basis, subulam vero totam occupante ; cellulis alaribus laxis, intersti- tiis crassis cinctis, lutescentibus, ad latera linearibus, versus api- cem condensats parvis ellipticis incrassatis, demum cum nervo conflatis, subopacis; folia comalia latiora, nervo angustiore, cellulis paulo laxioribus, in cæteris conformia, setis aggregatis brevibus emergentibus curvato-flexuosis lutescenti-furcatis apice parce Incrassatis ; thecis parum curvatis, oblique oblongo- cylindricis, corrugato-striatis, basi strumulosis ; operculo brevi conico-subulato, dimidiæ thecæ longitudine ; dentibus peristomii solidis, fere ad dimidium fissis, cruentis, apice pallidis. Calyptra cucullata, basi fimbriata, mediam thecam attingente,

Bogota, la Penna et Pacho, altit. 2200 metr., ad Barrancas, in sylv., julio et aug. leg. Lindig.

D. exasperatum GC. M. æmulans, inter Campylopodes nec piliferos sin- gulare.

10, Dicranum concoLor Hook.

Bogota, Chiquinquira, altit. 2700 metr., in sylv. sept. 1863; Bogota, Pacho; altit. 2200 metr., julio; B. Guadalupe, altit. 2800 metr, et 2015 metr. leg. Lindig ; in alto de Aranda prope Pasto, altit. 3000 metr., leg. Humboldt et Bonpland prius et J. Triana deinde.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 369 A1. DicraxumM Jameson: Hook.

Bogota, Guadalupe, altit. 2900 metr., inter frutices, ‘aug. sub n°2015, parce leg. A. Lindig.

12. Dicranum cuionopxizum C. M. Synops.

Bogota, Canoas, Cipacon, Chiquinquira, Guadalupe et Tequendama, altit. 2500-2900 metr.

VI BARTRAMIACEZXÆ. Ï. GLYPHOCARPA R. Br.

4. Philonotula, Ships.

1. GLypnocarpa Livnien Hpe. Hermaphrodita, parvula, flavescenti-viridis, subfastigiata, laxe cespitosa, vix semiuncia- lis. Caulis erectus, basi parce fusco-fibrillosus , attenuatus , superne fasciculato-ramosus, ramis gracilibus parum curvatis. Folia parva, undique imbricata, lanceolata, erecta vel parum secunda, supra medium denticulato-serrata, nervo lutescente solido percursa, cellulis subquadratis, interstitus crassis nodulo- sis cinctis, lutescenti-pellucidis, in acumine folii cum nervo con- flatis, densioribus, subopaca. Seta lutescens, apice incurvata, ramos superans; theca nutans vel horizontalis, subglobosa, leptoderma, humida lævis, sicca corrugata; opereulo planiusculo umbonato, sicco collapso, medio excavato-nunctato; calyptra cucullata, straminea, apice fuscatà.

Bogota, la Penna et rio Arzobispo, altit. 2700 2800 metr., sub n 2144, in dechivibus locis leg. A. Lindig.

Minima generis, G/. Roylii Hook. fil. proxima sed minor, foliis bre-

vioribus et cellulis laxioribus differt ; ab G/. cycnea Mont., inflorescentia hermaphrodita distat.

2, Bartramidula Schpr. & longiseta.

2. GLypaocaRPA srRuMOsA Hpe. Hermaphrodita, cespitosa, humilis, subfastigiata, lutescens. Caulis subsimplex vel diviso- ramosus, basi fusco-fibrillosus, adscendens, ramis binis fastigia-

ts undique foliatis parum flexuosis. Folia rigida, erecto-paten- série. BorT. T. IIL. (Cahier 6} 4 24

970 3. TRIANA ET 9.-E. PLANCHON (E. WAMPE).

tia, apice parum recurvata, e basi vaginante cuneato-quadrata, e cellulis elongatis flavescentibus diaphanis tenuiora, subito lan- ceolato-subulata, convoluto-canaliculata, toto margine muricu- lata, apice parce dentata; nervo dilatato-striato, flavescente, in subula opaco, cum cellulis densissimis papillosis conflato, per- cursa. Seta gracilis, Semi-usque uncialis, erecta, caulem duplo vel triplo superans; theca erecta, plicato-siriata, subrotunda, basi strumoso-producta, primo breve piriformis, deoperculata basi truncata ; operculo brevi conico obtuso.

Bogota, Guadalupe, Pacho et rio Arzobispo, altit. 2800-3200 metr., ad Barrancas, julio et aug. leg. A. Lindig.

Glyphocarpæ compactæ capensi proxima, sed thecæ formæ, primo adspectu, ab omnibus notis differt.

Bartramidula B breviseta.

3. GLypaocarpA TayLort Hpe.— Bartramia subsessilis Tayl.

Bogota, las Laches et Guadalupe, altit. 2800-3200 metr., aug. et sept. leg. A. Lindig.

IL. CRYPTOPODIUM Schwægr.

Crypropopium Hookerr Hpe. Leucodon bartramioïdes Hook.; Bartramia viridissima C. M. Syn. I, 196.

Bogota, Guadalupe et la Penna, altit. 2900-3200 metr., malo, aug. leg. A. Lindig. |

III. BARTRAMIA Hedw. SuBGEN. PHILONOTIS Brid.

A. BARTRAMIA FonNTANELLA Hpe. Dioica, dense cespitosa, 2-l-uncialis, basi fusco-tomentosa, superne lutescens. Caulis basi attenuatus, superne fasciculato-ramosus, ramis subteretibus dense foliatis apice parum curvatis. Folia undique dense imbri- cata, erecto-patentia, interdum paulisper secunda, late ovata, acuminata, biplicata, fere sursum denticulato-serrata ; nervo rufescente crasso percursa, cuspidata, cellulis basilaribus penta- gono-quadratis perspicuis, superioribus densioribus angustato- linearibus flavescenti-diaphanis ; folia omnia interstitus nodu-

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. o71

losis dissite punctata; perichætialia appressa, subconformia, tenuiora, fere ad apicem hyalina, plicato-striata. Seta gracilis, flexuosa, adscendens, canaliculata, unctalis et paulo longior. Theca basi gibba, dorso amplior, obliqua, subrotunda, horizon- talis, plicato-striata; operculo plano-convexo, mamillato-apicu- lato, peristomi dentibus exterioribus lanceolato-subulatis valde trabiculatis sanguineis inflexis, interiorum membrana lutescente plicata laciniata normal.

Bogota, Boqueron et Guadalupe, altit. 2800-3000 metr., ad rivulos julio et augusto leg. A. Lindig.

Bartramieæ fontane simillima, setis gracilioribus, thecæ textura tenuiore et operculo plano primo visu facile dignoscitur.

2. BARTRAMIA GRACILENTA Hpe. Dioica, dense fasciculato- cespitosa, fusco-tomentosa, superne rujescens, 1-3-uncialis, fastigiata. Caulis gracilis, strictiusculus, usque ad ramos radiato- fasciculatos fusco-tomentosus ; ramis brevibus, erectis vel apice parum curvaüs. Folia caulina tomento connexa, elongato-lan- ceolata, margine inferiore minute, superiore argutius dentata, nervo rufescente percursa, evidenter cuspidata, cellulis qua- dratis, versus apicem minoribus, omnia nodulis parvis ornata, lutescenti-diaphana. Folia ramorum conformia, strictiora, ma- gis nodulosa, pareius diaphana, perichætialia interiora e basi ovato-lanceolata , nervo percursa et aristata, cellulis laxioribus hyalhinis Iævibus imtegerrima. Seta canaliculata, flexuoso-erecta, apice parum incrassata, subuncalis ; theca e basi truncata sub- globosa horizontalis, sicca corrugato-plicata ; operculo subplano, obtuse mamillato, pallido, mammilla sicca collapsa, medio fo- veolaio ; peristomium duplex, exter. dentibus lanceolatis brevi- bus cruentis, inter. membrana pallidiore plicata laciniis lan- ceolatis æquilongis, calyptra normalis.

Bogota, Cipaquira, altit. 2600 metr., sept., et in monte del Morro, altit. 2200, forma minor ab A. Lindig lecta.

Ex habitu 2. marchiræ, sed foliis aristatis differt.

3. BARTRAMIA VERSIFOLIA Hpe. Dioica, dense cespitosa, humilis, 1/2-2°, rufescens. Caulis basi fusco-fibrillosus, tenuis.

372 J. MRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).

laxe foliatus, superne fasciculato-radiatus ; ramis brevibus, gra- cilibus, subeurvatis. Folia caulina inferiora ovato-lanceolata , margine parce revoluto superne denticulata, nervo crasso per- cursa et cuspidata, cellulis basilaribus subquadratis hyalinis, ver- sus apicem rectangulis longioribus, omnibus lævioribus, flaves- centi-pellucidis. Folia ramorum minora, sicca appressa, humida erecto-patentia, minus cuspidata, cellulis omnibus conformibus quadratis, interstitiis noduloso-granulatis, lutescenti-diaphana, apice obscuriora. Folia perichætialia longe cuspidata, hyalima, lævia. Seta canaliculata erecta, fere uncialis, apice parum im- crassata, flavescens; theca parce gibbosa, subrotunda, parvula, adscendenti-horizontalis, striata ; operculo umbonato-apiculato. Peristomium duplex, ext. dentibus arcte trabiculatis, lanceolatis ferrugineis, apice incurvis, inter. membrana plicata crocea, cruribus carinatis, cilis subulatis interpositis. Calyptra flaves- cens glabra.

Bogota, Boqueron, altit. 2700 metr., in humidis, febr. 1863, leg. A. Lindig.

Bartramiæ tenellæ affinis, sed structura foliorum diversa.

BL. BARTRAMIA CURVATA Hpe. Androgyna, minor, gracilis, fasciculato-ramosa, basi parce fusco-tomentosa, superne rufes - cens. Caulis brevis, fasciculato-ramosus, ramis gracilhbus brevi- bus recurvatis. Folia undique laxe imbricata,'lanceolata, erecta, sursum fere usque ad basin remote denticulato-serrata, nervo ru- fescente percursa et breve cuspidata, cellulis basilaribus hyalinis oblongo-quadratis, secundis angustioribus elongatis nodulosis in apice folli cum nervo conflatis densioribus, lutescentia. Seta canaliculata, gracilis, subradicalis, ramos longe superans,uncalis et longior, erecta, apice parum incrassata ; theca e basi parce gibbosa, oblique globosa, adscendenti-horizontalis, adulta am- pla plicato-striata, operculo pallido umbonato-plano mamil- lato ; peristomium duplex, exter. dentibus late lanceolatis acu- tis sanguineis, inter. cruribus late carinatis integris croceis ; calyptra normalis.

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 3/9

Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., in humidis locis, aug. 4861 les, A. Lindig.

5. BARTRAMIA ELEGANTULA Tayl. fB minor.

In sylvis Manzanos, altit. 2600 metr., in humidis locis, julio leg. À. Lindig.

6. BARTRAMIA MINUTA Tayl. Bogota, Cune, altit. 1100 metr., julio leg. A. Lindig.

SUBGEN. BRENTELIA Schamp.

7. BARTRAMIA PINNATA Hpe. Gracilis, basi rufescenti-to- mentosa, prolifero-ramosa. Caulis capitato-fasciculatus, deinde ramis lateralibus pinnatus. Folia ovato-lanceolata, nervo-flaves- cente percursa et cuspidata, apice denticulata, cellulis chloro- phyllosis tuberculatis ubique aspera, subdiaphana, margine cellulis promimentibus muriculata ; folia perichætialia lanceo- lato-subulata, longe setacea, piliformia, cætera desunt.

Bogota, Tolima, Sammita, in regione nivali, leg. sub. 10, 3. Goudot.

Ex habitu proprio, ramis pinnatis, vix altis Phtilonotibus affinis.

8. BARTRAMIA SUBARCUATA C. AÏ., Synops. In exempl. nostris theca breve piriformis !

Bogota, los Laches, altit. 2700 metr., in nemoribus, junio leg. À. Lindig.

9. BARTRAMIA MACROTHECA Hpe. B. macrocarpa ejusd. Dioica, subdendroidea, elata, 3-4-uncialis, rufescenti-flaves- cens, mtidula. Caulis adscendenti-erectus, valde ferrugineo- tomentosus ; latere parce, coma radiato-ramosa. Folia erecto- patentia, e basi pluries plicata, oblongo-ovata, lanceolata, nervo lutescente tenui setaceo-cuspidata, basi margine anguste reflexo, superne remote denticulata, cellulis alaribus angulato-oblongis hyalinis limpidis, intermediis anguste ellipticis, versus apicem folii sensim angustioribus abbreviatis dense condensatis, nodu- lis punctaus splendentibus clausis, folia tota lutescentia. Seta brevis, canaliculata, erecta,apice parce incrassata, curvata ; theca leptoderma, e basi brevissime piriformi-globosa, magna, adscen-

971 3. TRIANA ET 9.-E. PLANCUON (E. HMAMPE).

denti-horizontalis, lævis, sicca corrugata ; operculo minuto, umbonato, apiculato ; peristomium parvum, inflexum, dentibus exter. solidis lanceolatis acutis intense aurantiacis; membrana inter. lutescens, cruribus lanceolatis noduloso-trabiculatis.

In sylv. Manzanos, altit. 2600 metr., in terra umbrosa julio (sub 2115) leg. A. Lindig.

B. tomentosæ aïfinis, sed differt : statura robustiore, foliis erecto-patu-

lis nec squarrosis, theca ampliore, e basi breve piriformi globosa, et foliüis perigonialibus firmioribus.

10. Barrramia Triaxæ Hpe.— B. scopariæ ex habitu proxima, sed robustior et densiusramulosa, minus tomentosa. Folia latiora, dense imbricata, subsecunda et erecto-patentia, e basi contracta pluries plicata, ovato-lanceolata, margine imferiore revoluta, superne remote denticulata, nervo rufescente angusto cuspidata, in summo argutius dentata; cellulis lateralibus laxis, elongato- quadratis, interstitiis fuscis receptis pellucidis, intermediis linea- ribus, versus apicem folii abbreviatis, densioribus, minutissime noduloso-punctatis, folia tota lutescenti-diaphana ; folia peri- gonialia firmiora, e basi latiore late ovato-lanceolata, plicata, nervo percursa et brevius cuspidata, parcius denticulata. Cætera desunt.

Bogota, Paramo, Cipacon, altit. 3000 metr., pauca specimina sterilia leg. J. Triana.

Ab 2, scoparia Schwægr., habitu robustiore et foliis latioribus dense imbricatis satis difiert.

SuBGEN. EUBARTRAMIA. Ser. II, syn.

44. BartramrA Bocotensis Hpe. Hermaphrodita, laxe ces- pitosa, humilis, lutescenti-viridis, pallescenti-glaucescens. Cau- lis basi fusco-fibrillosus, undique foliatus, parce ramosus, erec- tus, rigidulus. Folia erecto-patentüa, sicca accumbentia rigida, e basi vaginante cuneato-oblonga, quadrata, tenera, integerrima, cellulis elongatis limpido-hyalina, subito lanceolato-subulata , subula canaliculata, argute denticulato-serrata, cellulis conden- satis papillatis;opaca ; nervo basi dilataio-striato, viridi, in subula

PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 379

obseuro, percursa. Seta adscendens, erecta, semiuncialis, cana- liculata ; theca basi callosa, adscendenti-horizontalis, oblique subglobosa, corrugata, plicata ; opereulo parvulo, umbonato- conico, obtuso; dentibus peristomii exter. inflexis, cruentis, trabiculatis, integris, lanceolatis, inter. membrana fugax.

Bogota, Guadalupe, altit. 3100-3200 metr., ad Barrancas, augusto leg. A. Lindig, parce obvia.

B. flavicanti Mitten proxima videtur. Interdum theca inclinata, more Conostomi memorabilis.

12. BartRamiA sugparens Hpe. B. patenti Brid, similis, sed differt : vagina foliorum oblongo-cuneata nec superne dilatata, valde rotundata, et theca brevius pedicellata minore nec magna.

Bogota, Chiquinquira, altit. 2700 metr., inter alia pauca specimina imperfecta leg, A. Lindig.

13. Bartramra Porosica Monig.

In cacumine montium, Montaña Herveo, regionis nivalis, Tolima, leg, sub 36, etiam sterilem, Goudot,

VII. GRIMMACEÆ. L GUEMBELIA Hpe.

1. GuemgeLiA Bocotexsis Hpe.— Dioica, pulvinatim expansa, fastigiata, griseo-viridis. Caulis basi attenuatus, fusco-fibrillo- sus, superne diviso-ramosus, strictus vel parum spiralis. Folia inferiora fuscata mutica, superiora undique imbricata, humida erecto-patula, carinato-sulcata , elliptico-lanceolata, integer- rima, nervo pereursa, pilo longo denticulato hyalino coronata, cellulis basilaribus oblongo-quadratis, fusco-viridibus, laterali- bus limpido-hyalinis, versus apicem folii sensim mimoribus, ca- tenulatis; summis densissimis, punctatis, subopacis. Seta brevis, erecta, tenera ; theca vix emersa, parva, elliptica, basi calloso- truncata, lævis, junior flavescens, adulta cuprea, sub ore rubro parum contracta; opereulo croceo, obliquo, comco-rostrato, brevi ; peristomii dentibus rubris, lanceolato-subulatis, mtegris,

876 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. WAMPE).

annulo dentato croceo cinctis; calyptra demum cucullata, dorso basi pluries fissa.

Bogota, los Laches et Boqueron, altit. 2800 metr., ad rupes, febr. et julio leg. A. Lindig.

G. montanæ similis, differt : seta breviore vix pilos superante, theca basi calloso-truncata, dentibus peristomii rubris angustioribus integris.

II, RACOMITRIUM Brid.

1. RacomwiTRiuM cucuLLaTirozium Hpe. Laxe pulvinatim cespitosum, deinde prostratum, fusco-croceum, plus minusve nigrescens. Caulis gracilis adscendens, diviso-ramosus, uncialis et altior. Folia accumbenti-erecta, humida undique patentia, carinata, apice cucullato-contracta, e basi utroque latere hastato- producta, parce amplexicauli-ovato-lanceolata, obtusiuscula, margine paulsper reflexo integerrima, nervo concolore crasso percursa, Canaliculata, cellulis alaribus subquadratis, basilaribus angulato-ellipticis, cæteris minoribus catenulato-seriatis punc- tatis, tota folia crocea; perichætialia convoluto-appressa, confor- mia. Seta gracilis,'erecta, vix uncialis, fusco-lutea ; theca elliptico- cylindrica, lævis, brunnescens, ore rubro ornata, operculo e basi umbonato-subulato, recto, peristomi dentibus usque ad basin fissis subulatis fusco-luteis annulo circumdatis ; calyptra an- gusta, apice scabriuscula, basi lobata mitriformis.

Bogota, la Penna et Chapinero, altit. 2700-3000 metr.; aug. et octob. ad rivulos leg. A. Lindig.

R. fasciculari Similis, sed gracilior et foliis apice cucullato-contractis ab affinibus differt.

2. RACOMITRIUM CONTERMINUM. Grimmia contermina C. M., Synops., Il, 655. Nova Granada, sime loco natali, verosimiliter in regione temperata

montosa, leg. J. Triana, collect. Linden, 94.

3. RACOMITRIUM LANUGINOSUM Brid.

Tolima, Summita, sterile leg. Goudot.

ADDITION A LA FLORE BRÉSILIENNE,

Par M. Ladislaù NETTO,

Directeur de la section de botanique et d'agriculture au Muséura impérial de Rio de Janeiro,

(Partie botanique du rapport (sous presse) sur le bassin du haut San Francisco.)

M. Liais, que J'ai accompagné en 1862, lors de l'expédition scientifique qu'il a dirigée dans la province de Minas-Geraës, m'ayant permis de partager mon temps entre nos travaux géné- raux et la récolte des plantes de cette province, j'ai pu, pendant le court séjour que nous y avons fait, recueillir une petite collec- tion qui, réunie à quelques plantes des environs de Rio de Janeiro, constitue aujourd'hui un herbier peu considérable, 1l est vrai, mais contenant un nombre relativement assez grand de plantes de ces deux provinces. La flore brésilienne passe pour être inépuisable. En effet, pour peu qu'il s'éloigne de Rio de Janeiro, et à la porte même de cette ville, le botaniste est presque sûr de trouver des plantes nouvelles, et à plus forte raison si, comme moi, après avoir franchi les chaînes de la Mantiqueira et d'Ouro-Branco, il suit la vallée de l’un des grands affluents du San Francisco.

La province de Minas-Geraës n’est pas pourtant, aujourd’hui, un champ inexploré; car, depuis le père Velloso, le correspon- dant de Vandelli, elle a été le rendez-vous de tous les natu- ralistes qui ont visité le Brésil. M. Claussen y a même séjourné pendant près de trente ans ; d'Orbigny l’a également habitée quelques années, et le docteur Lund, à qui de Candolle a dédié un genre de Bignoniacées, y habite encore. Mais telle est, d’une part, l'étendue de cette province, et, de l’autre, la richesse végé- tale du Brésil, que la croyance des botanistes passe de plus en plus à l'état de vérité démontrée. Il était à prévoir que, dans la collection que j'ai rapportée de cette province, il y aurait des espèces nouvelles. C’est ce qu'il m'a été facile de constater, après l'avoir comparée avec celle des plantes brésiliennes de l’herbier du Muséum de Paris. La publication äe ces nouvelles plantes devait être faite un peu plus tard et tout d’une fois, mais étant

378 L, NETTO.

obligé d'envoyer à M. de Martius, ‘pour sa flore classique du Brésil, toutes les Mélastomacées que j'ai récoltées, j'ai me hâter de publier la seule espèce nouvelle de cette famille qui s'y trouvât, réservant pour un autre moment, qui n’est d’ail- leurs pas éloigné, la publication des autres.

{. TREMBLEYA PrAposrAnA Nett.

T. fructicosa, erecta, ramosa, floribunda, undique hispidula ; caule ramisque subquadrangulis ; foliis late ovalibus, acutis, bre- viter petiolatis, 3-5-nervis, insigniter ciliatis; floribus parvulis, ut videtur roseis purpurascentibusve. Planta circiter semi- metralis, erecta, ramis patentim hispidis, supremis floriferis, floribus in paniculas breves foliosas bracteatasve digestis, Calyx suburceolatus, déntibus angustis. Corolla vix centimetrum lata, rosea aut purpurea? Stamina 10 ; 5 majora connectivo ultra filamenti insertionem in appendiculam cordatam producto, 5 minora connectivo fere castrato. Capsulæ maturæ calyce ur- ceolato vestitæ, 1lliusque dentibus coronatæ, 5-valves, Semima irregulariter ovoidea, hine excavata, illinc curvula, subtiliter scrobiculata,

Habitat in campis ad flumen Rio das Velhas, propre vicum Trahiras, in parte centrali provinciæ Minas Geraes, ad altitudi- nem 600 metr. supra Oceanum, Mense maio florentem leai,

Je dédie cette Mélastomacée à M. le baron de Prados, savant brésilien, à qui je dois de nombreux rensergnements sur la flore de Minas-Geraës, et surtout d'excellents conseils qui ont beau- coup encouragé mes premiers essais dans la carrière botanique.

Obs. Les poils qui entourent abondamment le bord des feuilles de cette plante sont assez caractéristiques. Son ovaire, ordinairement à 5 loges, très-rarement à 4, m'a fait considérer le nombre 5 comme l’état normal. Je ne me rappelle pas la couleur des fleurs, mais la tige dessé- chée ayant conservé une teinte pourpre, ce caractère indique presque à coup sûr que telle était aussi, à quelques nuances près, la couleur des fleurs.

Un autre caractère qui paraît appartenir aussi à ce Trembleya, c’est que l’un des deux rameaux opposés, près de chaque nœud, s’atrophie et périt sur la tige adulte, épuisé par le développement de l’autre,

ADDITION À LA FLORE BRÉSILIENNE. 379

C'est dans la province de Minas-Geraës que l’on a trouvé jusqu'ici la presque totalité des espèces qui composent le genre 7rembleya, et dont deux ou trois seulement ont été récoltées dans les provinces voisines. Le T. Pradosiana est la treizième espèce connue aujourd’hui (4). La région je l'ai trouvée, quoique appartenant aux Campos ou aux plaines du Sertao, très-explorées des botanistes, n'avait été visitée que par M. Claussen, plus de vingt ans avant moi. Je n’ai moi-même exploré cette région que très- superficiellement, n'y ayant pas séjourné, et surtout n’ayant guère pu consacrer à chaque herborisation que trois heures par jour.

Il faut donc espérer que le genre Trembleya, qui paraît concentré dans cette partie du Brésil, s’augmentera encore de quelques espèces, lorsque de nouveaux botanistes se trouveront à même de la visiter mieux que je n’ai pu le faire.

EXPLICATION DE LA PLANCHE 12,

Fig, 4. Rameau du Trembleya Pradosiana.

Fig, 2, Pétale détaché.

Fig. 3, Une des grandes étamines.

Fig. 4. Une des petites étamines.

Fig. 5. Fruit arrivé à tout son développement, grossi au triple de son diamètre. Fig. 6. Coupe longitudinale du même, un peu moins grossie.

Fig. 7. Coupe transversale du même, grossie au triple.

Fig. 8 Graine fortement grossie d’un fruit mûr.

RECHERCHES

SUR

LA FLEUR FEMELLE DU PODOCARPUS SINENSIS, Par M, Ernest FAVRE,.

La fleur femelle du Podocarpus a été interprétée de différentes manières par les botanistes. La science est aujourd’hui encore partagée entre di- verses opinions sur sa nature, et ce problème semble avoir d'autant plus d'intérêt, que sa solution pourra peut-être jeter quelque jour sur le sens morphologique des organes de fructification des autres Conifères.

En 1838, l’illustre Rob. Brown (2) considérait la fleur du Podocarpus

(4) Voy. Naudin, Monogr. des Mélastomacées, in Ann. des se. nat., Le série, t. IL, p.194; e6t XIE, p. 264.

(2) G. Bennett et R. Brown, P/antæ Javanicæ rariores, 1838 : « Flores feminei, » squamula fructifera, testæ seminis inversi omnino adnata, »

380 E. FAVRE,

comme un ovule orthotrope renversé, soudé dans toute sa longueur à une écaille fructitère. Il insistait de plus sur la présence de deux enveloppes autour du nucelle de l’ovule.

Peu de temps après, Endlicher (1) regardait ce même organe comme formé d'un disque charnu portant un ovule anatrope à micropyle inférieur ; mais, en 1847 (2), il revenait entièrement à l'opinion de R. Brown.

L. C. Richard (3), dans son Mémoire sur les Conifères et les Cycadées, admet que la fleur renversée est soudée dans toute sa longueur à un disque charnu, et qu’elle présente un pistil enveloppé d’un calyce.

Enfin, Payer (4) décrit cette même fleur comme formée d’un ovaire supère surmonté d’un style. Cet ovaire est, selon lui, uniloculaire et con- tient un seule ovule sans enveloppe, attaché au fond de sa cavité.

Ayant eu récemment l’occasion de faire l'étude de la fleur femelle du Podocarpus sinensis, il ne me semble pas inutile de présenter ici en quel- ques mots le résultat de mes observations, faites, du reste, en dehors de toute idée préconçue.

Le rameau fructifère de cette plante se termine par quatre écailles opposées deux à deux; les deux inférieures, peu développées, alternen avec les supérieures, qui sont renflées, charnues et soudées ensemble dans presque toute leur longueur. La plus volumineuse des deux porte, non loin de sa partie supérieure, l'organe de fructification libre, mais adossé à un prolongement de cette écaille. La partie la plus intérieure de cet organe est une sorte de cône lisse, très-large à sa base et tronqué au som- met. Il est creusé d’une vaste cavité contenant un sac embryonnaire. Le cône lui-même est par conséquent un nucelle, et comme le sac embryon- naire s'étend bien au-dessous du point le nucelle devient libre, il faut reconnaître que ce corps est adhérent, dans sa moitié inférieure environ, avec sa tunique enveloppante.

Cette tunique se compose de deux couches de tissu cellulaire distinctes. La couche interne, soudée au nucelle dans sa moitié inférieure, circon- scrit une cavité tubuleuse qui se termine en un petit entonnoir dont les bords sont frangés.

La couche externe, formée de cellules plus grandes, est intimement unie dans presque toute son étendue avec la couche interne; elle s’en détache et devient libre seulement vers son extrémité inférieure, pour constituer à

(1) Endlicher, Genera Plantarum, 1840, p. 262 : «Ovulum unicum, disci lobo » postico insertum, anatropum, raphe lata, chalaza apicali, rostelliformi, micropyle » infera. »

(2) Endlicher, Synopsis Coniferarum, 1847.

(3) L. C. Richard, p. 125, tab. 29.

(4) Payer, Familles naturelles des plantes, p.60,

FLEUR FEMELLE DU PODOCARPUS SINENSIS. 981

son tour un entonnoir extérieur à bords dentelés, qui embrasse et dépasse l'orifice du tube formé par la couche cellulaire interne.

Le nucelle est donc protégé par une double enveloppe, dont la plus externe fixe à l’écaille l'ensemble de la fleur. Un faisceau trachéen partant de cette écaille s’élève dans l’épaisseur du tégument externe pour s’épa- nouir un peu au-dessous du sommet de l’organe.

Il se divise en un grand nombre de ramifications qui s'étendent cir- culairement dans le plan de séparation des deux téguments, et forment ainsi, autour de l’enveloppe interne, une cupule vasculaire quise prolonge jusqu'au point cesse l’adhérence du nucelle.

Cette expansion trachéenne est donc plus rapprochée du centre que le faisceau ascendant.

Des coupes longitudinales et transversales nous ont complétement éclairé sur cette disposition. |

Un organe ainsi constitué ne peut laisser aucun doute dans l'esprit d'un observateur attentif. Il présente, sans aucune hésitation possible, tous les caractères d’un ovule anatrope, dont je viens de décrire succes- sivement le nucelle, la secondine et la primine parcourue par un raphé.

On peut facilement reconnaître, dans les organes que L. C. Richard (1) nomme « l’écaille dorsale florifère et le calyce», les téguments de l’ovule ; « le sommet du calice perforé » devient le micropyle, très-nettement composé d’un exostome et d’un endostome; enfin, « la partie supérieure » libre de l'ovaire » n’est autre chose que le nucelle semi-adhérent.

Mais trouver dans cet ovule la moindre analogie avec l'ovaire et le style dont parle M. Payer?

Nous n’avons enfin reconnu aucune trace de l’écaille dorsale fructifère signalée par quelques auteurs, car c’est à peine si la primine offre du côté du raphé un léger épaississement ; elle est d’ailleurs, dans toute son étendue, d'unestructure parfaitement homogène. L’ovule orthotrope ren- versé de ces auteurs devient donc un ovule anatrope dressé.

Cet organe présente, il est vrai, certaines anomalies de structure. Les deux téguments sont soudés dans la plus grande partie de leur surface. Le nucelle est semi-adhérent, et la secondine est entourée d’une expansion chalazienne particulière,

Mais ces faits ne sont point en opposition avec l'opinion que je viens d'émettre et servent plutôt à les corroborer, car cette structure donne à cet ovule une frappante analogie avec celui du Ricin, si bien décrit par M. Ar- thur Gris (2). L’ovule du Ricin présente, en effet, un nucelle semi-adhé- rent et une expansion chalazienne quientoure la moitié inférieure de ce

(1) Richard, Loc. cit., explication de la planche I. (2) A. Gris, Note sur le développement de la graine du Ricin (Ann. des sc. nat., série, t. XV).

389 | E. FAVRE.

corps. Qu'une soudure s'opère sur une partie des téguments, et que la chalaze, au lieu d’envelopper directement le nucelle, revête la secondine, nous aurons exactement l’ovule du Podocarpus.

Les deux enveloppes, quoique presque entièrement unies, semblent cependant conserver une indépendance relative. Nous avons déjà vu que le tissu de [a primine est différent de celui de la secondine; l'expansion chalazienne du raphé s'étend entre elles. Enfin, dans le jeune âge de l’ovule, la secondine, plus développée, fait saillie au dehors, la primine ne formant alors qu'un bourrelet extérieur; puis celle-ci, s'accroissant à son tour, finit par recouvrir entièrement l’endostome. C'est, en général, de cette manière que l’évolution ovulaire s'opère chez les Angiospermes. |

En résumé, on peut donc conclure sans hésiter, de ces observations, que l'organe de fructification du Podocarpus est un ovule anatrope dressé, parcouru par un raphé qui se termine en une expansion chala- zienne, et que cet ovule présente :

Une primine; une secondine soudée à la primine dans presque toute son étendue ; un nucelle semi-adhérent.

. J'hésite d'autant moins à établir ces conclusions, que M. Ad. Bron- gniart a tiré de mes préparations, qu'il a bien voulu examiner, les mêmes déductions,

eh, chalaze ; r, raphé ; , nucelle ; end, endostome ; ex, exostome.

FIN DU TROISIÈME VOLUME.

TABLE DES ARTICLES

CONTENUS DANS CE VOLUME.

ORGANOGRAPAIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES,

De l'hybridité considérée comme cause de variabilité dans les végétaux, par 0. 5 à os te eo à Got Supplément à l'histoire des Chytridinées, par MM, A, DE Bary et WORONINE. Observations sur le pistilou fruit des genres Papaver et Citrus, par M. D. CLos. . Recherches sur la fleur femelle du Podocarpus sinensis, par M. Ernest FAYRE. .

FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.

Considérations sur la flore de la Nouvelle-Calédonic, par M. An. BRONGNIART. Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle- Calédonie, par MM. Ad. BRONGNIART et A. GRIS, + , : . . 4 Prodromus Floræ Novo-Granatensis, ou Énumération des plantes de la Nouvelle- Grenade. Selaginellæ, auctorce Al. BRAUN. "Rhizocarpeæ, auctore METTENIUS - à 4 4 4 + : 4 à . à NE AUCIOré HAMPE: « 1. À th, 2 Addition à la Flore brésilienne , par M. Ladislau NETTO, . , 4, . , .

PALÉONIOLOGIE VÉGÉTALE.

Études sur ja végétation du sud-est de la France à l’époque tertiaire, par M. je Eomie-Csion de SAPORTA., : . 0 ab eno etbsen o 0ta

MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES,

Revue du groupe des Pédalinées, par M. J. DECAISNE. 4 à . 4 , à à

MÉLANGES,

Discours prononcé à l'ouverture de la 489 session de la Société helvétique des sciences naturelles, par M. O. HEEer. ;

153 239 312 379

187 197 270 310

337 377

3241

164

TABLE DES MATIÈRES

PAR NOMS D'AUTEURS.

Bary (A. DE). Supplément à l'é- tude des Chytridinées.. . . . . . BRAUN (Alex.). Prodromus Floræ Novo-Granatensis.— Selaginelleæ. BRONGNIART (Ad.). Considérations sur la Flore de la Nouvelle-Calé- donie. ME et A. Gris. Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-Calédonie. CLos (Dom.). Observations sur le pistil ou fruit des genres Papaver et Citrus. DECAISNE (J.). Revue du groupe des Pédalinées; essil ratée FAVRE (E.). Recherches sur la fleur femelle du Podocarpus sinensis. Gris (Arth.). Voy. BRONGNIART. Hawpg (Ernest). Prodromus Floræ Novo-Granatensis : Musci

Hger (Oswald).—: Discours prononce à l'ouverture de la 48e session de la Société helvétique des sciences naturelles.

MerTenius (Georg. Heinr.). Pro- dromus Floræ Novo-Granatensis : Lycopodiaceæ, Equisetaceæ, etc.

NauDiN (Charles). De l’hybridité considérée comme cause de varia- bilité dans les végétaux. . . . . .

Netro (Ladislaü). Addition à la Flore-bresilienne. + . . 44.

312}PLAncuoN (J. E.). Voy. BRAUN, MET-

TENIUS, etc. | 321|SaporrTa (comte Gaston DE). Etu- des sur la végétation du sud-est de la France à l’époque tertiaire.

TRIANA (José). Voy. BRAUN, METTE- NIUS, elc.

337| WoronINE (Mich.). Voy. BARY (DE).

239

270% Mmaturelles.h:.. J.-M

187

197

379

TABLE DES PLANCHES

RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME.

Planches 1 à 8. Plantes fossiles du terrain tertiaire de la Provence.

9, 10. Organisation des Chytridinées.

11. Harpagophytum procumbens, Zeyheri, Burchellii ct leptocarpum.

12. Trembleya Pradosiana.

ERRATA.

Page 271 ligne

6, furculis /isez surculis

271 16, reticulato-rugulosa Zsez reticulato-rugulosas 271 21, dipicta Zisez distincta

272 18, majores lisez minores

273 5, 60. cujus lisez 60, cujus

273 27, ovariorum lisez omnium

276 21, lacteo-albæ lisez luteo-albæ

278 16, hæc lisez habet

285 21, pseudopoda lisez pseudapoda

286 34,et lisez ex

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